(Neuf heures trente minutes)
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'Assemblée nationale ouverte et je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Je vous
rappelle que le mandat de la commission est de procéder à l'étude du rapport
préliminaire de la Commission de la représentation électorale.
Documents déposés
Avant de
céder la parole aux députés de l'Abitibi, je vais déposer copie des lettres que
nous a fait parvenir le député de Portneuf avant-hier.
Auditions (suite)
Alors, nous
allons maintenant poursuivre les échanges avec les représentants de la
Commission de la représentation électorale
et, comme je l'indiquais, nous allons dans l'Abitibi-Témiscamingue. Et je cède
la parole au député d'Abitibi-Est, à qui je souhaite la bienvenue. M. le
député.
Commission de la
représentation électorale du
Québec (CRE), Abitibi-Témiscamingue
M. Bourgeois : Merci,
M. le Président. Membres de la commission,
M. le Président, il me fait plaisir d'être ici pour faire
connaître nos opinions concernant la refonte qui nous est proposée.
Première préoccupation. Je pense que, dans le
cadre de sa tournée, la commission n'est pas venue en Abitibi-Témiscamingue, ce qui n'a pas permis à la population de se rendre directement pour témoigner
auprès des membres de la
commission, et je pense que ça illustre d'emblée une réalité au niveau du territoire
québécois. Et, quand je regarde la tournée
de consultation qui s'est faite, il n'y a pas eu de participation, à ma connaissance, au
niveau de la Gaspésie,
au niveau de la Côte-Nord
également. Cette réalité-là des régions ressources qui font partie du Québec, à ma connaissance, qui
sont des apports importants dans l'ensemble de ce qu'est le Québec d'aujourd'hui, fait en sorte d'amener des préoccupations importantes sur la suite des choses.
Si on ne juge
pas à propos de se déplacer sur le territoire pour permettre à la population
de s'exprimer sur un enjeu crucial
qui est son poids démographique, effectivement, mais son poids comme citoyens
à l'intérieur d'une province, qui détermine un mode de scrutin, évidemment,
pour ces populations-là, ça amène des questions légitimes à se poser. Qu'adviendra-t-il éventuellement de notre statut
dans un avenir plus ou moins rapproché? Les courbes démographiques nous le démontrent bien, les croissances dans ces
régions-là sont beaucoup plus ténues que ce qu'on retrouve ailleurs au
Québec. Donc, à quelle conclusion ça
va nous mener éventuellement? Et là-dessus moi, je peux vous dire que la population m'a adressé cette préoccupation-là, de faire en sorte de s'assurer à la fois que,
oui, le comté d'Abitibi-Est, avec sa réalité territoriale, un territoire assez vaste englobant des communautés
autochtones, avec des statuts différents pour trois communautés : Kitcisakik,
une communauté qui n'est pas sous le statut de réserve; Lac-Simon, qui a, elle,
un statut de réserve et également
une population autochtone qu'on retrouve de plus en plus dans
les centres urbains tels que Val-d'Or, avec une population, dans le secteur de Val-d'Or, de 800 habitants
autochtones à l'intérieur même de la ville de Val-d'Or; on trouve également ce
phénomène-là dans le secteur de Senneterre... Donc, vous
comprendrez que, cette réalité-là à la fois avec les autochtones mais aussi dans les villes et villages du comté,
qui est vaste — la
ville de Senneterre est la ville avec le troisième plus grand territoire
en termes de superficie — couvrir ce territoire-là, donner accès à
la population pour pouvoir échanger avec ses élus, si, advenant une suite, selon la
logique qui nous est présentée par
rapport aux comtés d'exception, parce que...
Et là je fais
le parallèle avec la Mauricie. Quand je regarde l'ensemble de la démarche,
ultimement, la première région qui va
être touchée, c'est la Mauricie, mais celle qui suit, c'est l'Abitibi. Donc, ça
nous préoccupe énormément de
savoir que... On comprend les enjeux en termes de la démographie, mais il y a
aussi d'autres facteurs qui sont à considérer
au niveau des choix qui sont faits, je l'ai dit, la géographie, la sociologie,
les communautés autochtones. Il y a des
liens, il y a des réalités d'occupation du territoire, il y a des réalités
d'échange entre les citoyens des secteurs qui font en sorte que, quand
on regarde notre voisinage, si on veut aller vers les périmètres extérieurs,
chez nous il y a le parc La Vérendrye.
Il y a plus de 200 kilomètres, là, d'épinettes, et de lacs, et de pins gris.
Donc, mon collègue va sûrement vous en parler tout à l'heure, parce
qu'on peut aller vers le nord, et c'est la même situation.
Donc, ces
réalités-là font en sorte qu'on a une crainte de perdre soit l'identité, parce
qu'à ce moment-là on atrophie par le nombre dans un territoire comme
l'Abitibi-Témiscamingue... Et souvent nous, on considère aussi la région du Nord-du-Québec. Donc, de
ce côté-là, encore là, l'enjeu devient encore plus, je dirais, d'une taille
démesurée. Et là on se dit :
Bien là, si on va vers le sud, comment on fait pour aller vers le sud? Vers les
Laurentides? Vers l'Outaouais? C'est surréaliste.
Mais il y a aussi un apport de cette population-là, qui a ses couleurs, ses
particularités, qui doit être respecté. Je pense que toute la notion d'offrir à nos populations une
représentativité qui tient compte de cette réalité-là, elle est non
seulement importante, mais essentielle.
Je comprends
que votre rôle n'est pas facile. On vous impose aussi, en contrepartie, des
enjeux en termes de nombre de comtés,
en termes de statistiques. Un individu, ce n'est pas une statistique. Une
région, ce n'est pas une statistique, c'est
autre chose que ça, c'est des gens qui habitent ces territoires-là avec
l'histoire, avec les réalités socioéconomiques, les profils économiques,
et on veut encourager les populations, par exemple, au niveau de l'immigration,
mais, pour pouvoir aller dans cette
dynamique-là, il faut aussi créer des conditions favorables, une appartenance,
une identité, et d'aller jouer dans
les paramètres des comtés, ça a toujours un effet. Et je suis convaincu que, de
ce côté-là, tant mes collègues qui sont de la région métropolitaine, que
ce soit du secteur de Montréal ou de Québec... vont vous l'adresser. Quand on vient jouer dans ces éléments-là, c'est toute
l'identité d'une population en lien avec sa réalité depuis des temps... Je
prends l'Abitibi-Témiscamingue. L'Abitibi, c'est une région jeune, mais
quand même, avec maintenant des municipalités qui
ont plus de cent ans, les gens s'identifient et ont du vécu, et on est déjà aux
troisièmes ou quatrièmes générations dans certains cas. Si on décristallise ces réalités-là pour les retransformer
autrement, ça a des impacts indéniables, une perte d'identité, et je pense qu'on doit porter une
attention toute particulière à cela. Dans une région, de prendre une décision
de ce type-là peut vraiment déstabiliser à
la fois l'appartenance mais également toute la dynamique socioéconomique du
territoire.
• (9 h 40) •
Donc, là-dessus, j'adresse humblement ma
préoccupation. Et je crois que les comtés d'exception, ils ont été reconnus,
parce que c'est une réalité du vaste territoire québécois, de son histoire
aussi en termes de développement à la fois
économique mais aussi d'occupation du territoire. Il ne faut pas l'oublier, cet
aspect-là, l'occupation du territoire. Et est-ce qu'on veut favoriser l'occupation du territoire
par l'identité à un territoire, donc avec une reconnaissance spécifique d'une région, ou on veut l'atrophier au bénéfice
d'une concentration vers des grands centres? C'est une question
légitime. La population se la pose.
On a un défi
en région chez nous en termes d'emplois pas parce qu'on manque d'emplois, parce
qu'on manque de travailleurs pour combler ces postes-là, et, là-dessus, la clarté de ce qu'est la
région de l'Abitibi-Témiscamingue, de ce qu'est
le comté d'Abitibi-Est, pour nous, elle est primordiale. On ne peut pas
se permettre de jouer avec les frontières tout simplement sur le fait
d'un facteur mathématique. Il y a, je pense, les autres impératifs, les autres
considérations qui doivent primer un peu
plus là-dessus. Et c'est pour ça que moi, je maintiens que, un, il est important
de maintenir les comtés d'exception à travers le Québec, parce que ce
que je vous dis là, il est tout aussi légitime pour les gens de la Côte-Nord,
pour les gens de la Gaspésie, pour les gens de la Mauricie. Pour moi, les
régions ressources qui ont aidé à développer
le Québec, on doit en tenir compte, parce que, dans une
perspective de développement, si on ne permet pas à ces régions-là de garder leur identité et de
pouvoir éventuellement — soyons optimistes — corriger l'aspect démographique et
l'amener à pouvoir retomber dans les données mathématiques souhaitées...
Vous me
permettrez également des commentaires. J'ai déjà parlé de la situation de la
Mauricie, qui me préoccupe parce que
je m'imagine, pour les gens des comtés là-bas, que déjà ça doit être une source
importante de préoccupation, à
savoir : Qui serons-nous au lendemain de cette refonte de la carte
électorale? Est-ce que c'est réellement nécessaire par rapport à la
Mauricie? C'est une bonne question à se poser. Et, en parallèle, je regarde la
situation dans la proposition qui est faite
actuellement au niveau des Laurentides et de l'Outaouais. On vit le processus
inversé. En Outaouais, on a des comtés qui sont bien nantis en termes
populationnels. La même chose dans le territoire de Laurentides-Lanaudière.
Mais, cependant, ce que je constate, c'est
qu'en termes de régions... et là je vois mon collègue d'Abitibi-Ouest ici,
nous, la région chez nous, on est
trois comtés. On extensionne avec Ungava. On a la prétention de pouvoir
englober Ungava, donc on est à quatre
comtés. L'Outaouais, ils sont à cinq comtés. Les Laurentides sont à 15
comtés... Laurentides-Lanaudière. Dans
le poids démographique de régions, parce que, oui, il y a des enjeux de comté,
mais il y a des enjeux de régions, quand
on regarde dans la capacité d'accueil, dans la capacité à attirer à la fois des
populations, à la fois des investissements ou des projets, ça a un impact non négligeable. Ce n'est pas juste
mathématique, c'est psychologique. Il y a un impact dans ces
situations-là, et l'équilibre, il est important.
Là, on nous
propose deux nouveaux comtés dans le secteur de Laurentides-Lanaudière, mais on
ne propose pas de nouveau comté en
Outaouais. Mais, l'Outaouais, il y a cinq comtés; Laurentides-Lanaudière, il y
en a 15. Moi, je me dis : Bon,
la répartition de Laurentides-Lanaudière, l'excédent est peut-être plus facile
à faire, parce que déjà, et vous l'avez vu dans vos statistiques, dans la répartition de la population, il y a des
développements domiciliaires qui se font, importants, hein? L'étalement se fait donc sans avoir à
influencer ces situations-là. Cet étalement-là se fait, donc le croisement des
lignes de comté, si je peux dire, est
beaucoup plus facile parce que ça se touche, la population se touche dans ces secteurs-là. Moi, si je veux toucher à mon voisin de Chapleau ou d'Abitibi-Ouest, qui est mon voisin immédiat, là, on a quand même des kilomètres entre les
habitations, là, d'un comté à l'autre, donc la redéfinition, elle est plus
simple pour absorber l'excédent de population par rapport aux statistiques.
Donc, j'adresse humblement, encore, là, cet
aspect. Je m'explique mal pourquoi on aurait besoin d'ajouter deux comtés dans les Laurentides-Lanaudière quand on juge qu'il n'est pas approprié de le
faire en Outaouais. Et, encore là, en Outaouais, dans le secteur plus particulièrement de Gatineau, on le voit, l'explosion démographique qu'il y a
là, elle est encore plus importante
que dans les Laurentides et, de fait, elle est très concentrée aussi dans le
secteur de Gatineau. Je
l'ai vécu encore récemment à une visite dans le secteur, où les développements domiciliaires qu'il y a là et l'activité économique qui s'y rattache...
Les gens ne vont pas s'installer juste pour le fun, là. C'est parce qu'il y a une réalité de territoire
qui fait en sorte que ça crée ces situations-là.
Vous me permettrez également
d'adresser, je pense, une préoccupation qui est d'un autre ordre mais qui est
quand même importante, c'est toute la
question de l'identification d'un comté à sa dénomination. On a vu qu'il y a
certains députés qui ont adressé à la
commission des demandes par rapport aux noms des comtés. Encore là, ça fait
référence à l'appartenance, à la
réalité de ces territoires-là. Changer le nom d'un comté, on ne fait pas ça
juste par plaisir, on le fait parce qu'il y a comme cette notion-là de vouloir bien attacher le comté
avec la population, et je pense que les députés, dans ce sens-là, avec leurs
représentants de la population, quand ils
présentent ces demandes-là, en général, c'est parce qu'il y a eu, justement, une
mûre réflexion ou des commentaires sur ce
qui s'est fait dans le passé, pour dire : Ce n'est pas nous autres, ce
comté-là. Cette identification, ce
n'est pas nous. Nous, on se retrouve soit dans l'ancienne identification avec
une modulation en lien avec la
réalité du territoire ou carrément parce qu'on souhaite vraiment s'identifier
de façon plus spécifique avec soit l'histoire, la réalité géographique
de ce comté-là, et je pense que là-dessus la commission doit être sensible
parce que c'est la population soit
directement ou via le biais de son député qui adresse cette notion-là, et moi,
je pense qu'on doit y accorder une attention toute particulière.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député d'Abitibi-Est,
pour ces commentaires, ces représentations.
Il reste deux minutes. Je ne sais pas si vous souhaitez réagir, M. Reid... ou
les membres de votre équipe.
• (9 h 50) •
M. Reid (Pierre) : En fait, je pense que le député a bien exprimé les difficultés que
posent les régions, les grandes régions
comme l'Abitibi, ou la Côte-Nord, ou la Gaspésie, et effectivement, comme la
loi nous le permet, les considérations, les explications que peut donner le député viennent justifier les
raisons pour lesquelles il y a des circonscriptions d'exception. Je l'ai dit l'autre jour, oui, il y a des
circonscriptions d'exception, mais c'est sûr que la commission ne peut pas
prétendre aujourd'hui qu'il y a des
droits acquis. Les seuls droits acquis... puis, là encore, c'est peut-être un
peu fort, parce qu'il appartiendra au législateur d'en décider, il y a
seulement les Îles-de-la-Madeleine qui sont protégées dans la loi.
Quand
vous abordez l'Outaouais, Laurentides-Lanaudière... effectivement, l'Outaouais
est sur le bord, là, d'être en... une
sous-représentation, et on est tous
conscients que les prochains travaux vont probablement nous amener à
regarder du côté, particulièrement, de l'Outaouais.
Du
côté de Laurentides—Lanaudière, je
le répète, ce n'est pas une augmentation à la marge, c'est une augmentation
importante. Déjà, vous avez deux circonscriptions en exception, et on regarde
pour 2020 : ça va être presque cinq circonscriptions.
On se doit d'agir parce qu'on revient... Je comprends qu'on semble, en tout
cas, nous dire, nous reprocher... en
tout cas, nous demander d'être prudents. Quand on nous dit : Ce n'est pas
juste un calcul mathématique, il n'y a pas seulement des chiffres, mais il y a quand même le principe d'assurer une
représentation effective de chaque électeur, que chaque électeur ne voit pas son vote diminuer par rapport à un électeur
d'une autre région. C'est le grand défi, là, auquel on doit faire face.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci. Alors, cela met un terme aux
discussions concernant Abitibi-Est. Allons maintenant du côté de notre
collègue vice-président de l'Assemblée nationale, Abitibi-Ouest, qui est élu
sans interruption depuis près de 40 ans
aujourd'hui et qui a sûrement vu beaucoup de réformes de la carte électorale.
Alors, je lui cède la parole. M. le député d'Abitibi-Ouest.
M.
Gendron : Oui. Je vous remercie, M. le Président de la
commission, et je vous salue. Je salue également les collègues de la commission. Je salue les membres,
M. le président d'abord, de la Commission de la représentation électorale
ainsi que madame et les autres membres.
C'est
clair que, d'entrée de jeu, je tenais à participer à cette commission-là pour
bien des raisons, là. La longévité y
est pour quelque chose, mais c'est plus le principe fondamental que j'ai
toujours défendu. Je suis convaincu d'être un représentant des régions du Québec. Et, lorsqu'on réfléchit sur la notion
de la représentation des régions ou de la représentativité des régions du Québec, j'en suis. J'avais eu l'occasion
de produire d'ailleurs la première réflexion d'envergure, au Québec, qui s'appelait Le choix des régions,
pour que cette connexion entre l'État central et les régions du Québec soit plus habilitée à faire valoir ses
prérogatives, ainsi de suite, mais ce n'est pas la place, parce qu'on n'a pas
beaucoup de temps.
Moi,
je vais commencer comme je souhaite le faire et je veux vous féliciter
sincèrement mais rester un peu plus, là, sur qu'est-ce que j'ai observé. J'ai observé que vous avez conclu...
même si ce n'est pas définitif, c'est sommaire, c'est préliminaire, mais vous avez conclu que vous aviez
les éléments qu'il vous faut pour consacrer six comtés d'exception, et ça, je salue cette noble, digne initiative. Je
la salue, là, d'une façon très importante. Et je n'ai pas envie de vous lire,
mais il faudrait quand même vous lire un
peu, là : «Les arguments amenés par la commission en 2011...» Pensez-vous
que je ne le sais pas, qu'on est en 2016,
là? Je le sais. Mais les arguments qui ont été mis en évidence, qui
s'appelaient le contexte géographique particulier de ce vaste
territoire — alors,
c'est bon d'avoir pris connaissance du vaste territoire — «ainsi que la difficulté d'établir des
circonscriptions équilibrées numériquement — à qui le dites-vous — tout en respectant les communautés naturelles et les limites administratives
du territoire»... et vous dites que ces arguments, que vous aviez antérieurement jugés valables, le
sont toujours et le sont davantage, ce qui vous permet d'arriver à une
conclusion intelligente, selon moi et selon bien des commettants.
Puis
là, comme je représente la circonscription d'Abitibi-Ouest, est-ce que je suis
content que vous la consacriez circonscription d'exception? Bien, c'est
clair que la réponse, c'est oui. Je voudrais quand même, parce qu'il y a des
collègues qui ne savent jamais la réalité... 38 municipalités — c'est
un nombre de municipalités le plus important au Québec — quatre
TNO — je parle
de ma circonscription — une réserve autochtone, ç'est ça, mon vaste territoire. Je vous
félicite également, parce que, dans votre
petite note, là — c'est
rare qu'on parle correctement de l'Abitibi-Témiscamingue — vous l'avez fait partiellement : vous n'avez pas dit «le Nord-Ouest»,
vous avez dit «à l'extrême ouest». Alors, ça, je vous félicite. On n'est
pas au nord-ouest, on est à l'ouest du Québec. Ça, juste de savoir ça, là,
c'est un geste de respect.
«Toutefois, elle compte
parmi les régions dont le nombre d'électeurs est le moins élevé.» On a un
problème. Il n'y a pas d'immigration, on
n'est pas frappé pantoute par l'immigration. Puis on n'a pas beaucoup
d'électeurs puis on a un vaste
territoire. Puis on a beau regarder à gauche, à l'est... à l'ouest, c'est
l'Ontario. À La Reine, là, c'est l'Ontario. Alors, je ne peux pas aller me chercher des électeurs dans la rivière ou
en Ontario. Et, un peu plus loin, c'est la limite du 48e nord parallèle.
Il y a eu un choix de trois petites communautés, VVR, Val-Paradis et
Beaucanton, qu'on appelle Valcanton, et
Villebois, puis ils ont décidé d'appartenir à la 10, dans le comté d'exception
d'Ungava, même s'ils le regrettent un
peu, mais ça, j'aurais d'autres raisons à déployer puis je n'ai pas le temps. Et, là où il y avait
une petite lacune, là, quand vous parlez de l'Abitibi avec... C'est
quatre villes, pas trois. La Sarre n'est toujours pas de bonne humeur,
parce que l'Abitibi, c'est un losange. Un losange, c'est un carré qui a eu une
claque sur la gueule. Excusez l'expression, mais... Alors, Val-d'Or, Rouyn,
La Sarre, Amos, ça, c'est les quatre villes de l'Abitibi, il faut savoir
ça. Et, quand on parle d'Abitibi-Témiscamingue,
il faut se rappeler qu'il y a une ville au Témiscamingue qui s'appelle
Ville-Marie, il faut la nommer.
Mais moi,
j'ai beau vous lire ça, là, plusieurs fois, là... et je conclurais pour ce
premier volet-là, là : «La commission privilégie une délimitation respectueuse du contexte géographique — vous avez raison — des communautés [culturelles]...» On n'en a pas. Ça ne nous dérange pas, mais vous
dites : Ça, on a ça comme objectif
ailleurs. Vous faites bien. «Et des limites administratives de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue». Mon collègue l'a bien décrit, puis moi, je l'ai bien décrit. Mais
pourquoi je suis venu? C'est pour ajouter un paramètre, et
cela, c'est là qu'il devrait être, mon argument de fond. J'avais déjà produit une réflexion, quand
j'avais une autre responsabilité, comme leader de ma formation politique, dans un groupe de travail : Est-ce que le moment est venu
d'envisager de modifier la Loi électorale pour ajouter un paramètre qui aurait plus de mordant, qui
s'appellerait... moi, j'ai toujours appelé ça, là, la représentation effective,
réelle, objective qui tient compte de l'homogénéité du territoire, du
passé du territoire, de son histoire, de sa réalité et de la capacité pour
celui qui va hériter du mandat de représenter ses commettants de le faire
intelligemment. C'est ça que j'appelle, moi,
la représentation élective. Le puriste légaliste, moi, là, j'y... Je n'accepte
jamais de prendre un principe intégralement,
sans nuance, sans distinction, comme si c'était une mécanique, parce que ça me
fait penser à ce qui m'est arrivé à
un moment donné dans Abitibi-Ouest. On voulait tellement donner des électeurs
que je n'avais pas, on a dit : Bien, ce n'est pas compliqué, on va lui donner Lebel-sur-Quévillon puis
Matagami. Je me rappelle de ça, moi. Et là je ne blâme pas les
personnes. Qu'est-ce que vous voulez, vous avez un mandat presque infaisable
pour le vrai, là. Vous êtes extraordinaires
d'arriver à proposer quand même quelque chose avec tous les paramètres qui vous
contraignent. Mais, moi, là, me donner Lebel-sur-Quévillon puis Matagami
dans Abitibi-Ouest, c'était fou raide, là, il n'y a pas d'autre expression, là,
tu sais, il n'y a aucune réalité de territoire.
Or, le principe de l'égalité du vote, je crois à
ça, moi, mais pas en totalité. Ça fait assez longtemps que je suis député, là. Il y a d'autres paramètres, et
je pourrais vous en parler longuement. Je vais juste vous donner quelques
exemples de paramètres qu'il faut tenir compte. Bon. Moi, c'est ma
marotte, là, les panneaux bleus. Bon. C'est quoi, cette affaire-là? C'est la présence du gouvernement dans les comtés.
Moi, j'ai deux petites villes : La Sarre, Amos. Oui, il y a
un peu de présence du gouvernement à Amos puis il y en a un peu à La Sarre, mais il n'y en a
pas dans mes 40 autres municipalités. Le citoyen de Normétal, quand même qu'il
chercherait un panneau bleu, il va chercher toute la journée puis il ne
trouvera rien. Il n'y en a pas. C'est
quoi, un panneau bleu? C'est la présence du gouvernement : c'est la
Régie du logement, c'est telle affaire, et puis là je ne peux pas tous les nommer, c'est
la CSST, ainsi de suite. Mais moi, j'ai tenu des statistiques dans ma petite durée de vie parlementaire, là, et, si je vous disais que 60 % des types qui viennent à mes deux bureaux permanents... Je suis le seul député qui, dès 1976, avait
deux bureaux de comté. On n'avait pas le droit de faire ça, mais je l'ai fait pareil, puis ça, ça ne
me fait rien d'être délinquant parfois, en autant qu'on est délinquant correct,
là. Alors, moi, j'avais un bureau de
comté à Amos puis j'avais un bureau de comté à La Sarre. Puis 60 %
des gens qui viennent au bureau,
c'est pour de l'information, ils ne savent pas telle affaire. Bon. C'est sûr
qu'entre-temps ça a changé un peu. On
a Internet puis on ne l'avait pas quand j'ai commencé. Mais êtes-vous au
courant que, Internet, chez nous, là, il y a 35 % de mon territoire qui n'est pas couvert par Internet haute
vitesse? Puis je suis convaincu que Guy est d'accord avec ça. Puis ça fait des années qu'on en parle. C'est
quasiment comme le pain puis le beurre aujourd'hui, là, c'est requis d'être
branché sur Internet. Mais on le répète, on le répète, mais on ne l'est pas
encore complètement.
Mais tout ce
que je veux vous dire, c'est que : Est-ce qu'un député d'un comté rural
est pas mal plus sollicité, pas mal
plus identifié, pas mal plus connu que n'importe quel autre député pour avoir
fait des tests à la pièce avec des noms, des «buddies»? C'est clair que oui. Dans certains comtés urbains, ils
disent : Je n'ai pas de dossier de mines, je n'ai pas de dossier de forêt,
je n'ai pas de dossier de CPTAQ. Puis c'est tout vrai, là, puis je pourrais en
additionner encore. Donc, la fonction,
elle n'est pas de même nature. Est-ce que nous autres, on est beaucoup plus
sollicités dans les bureaux ruraux? La réponse, c'est oui.
• (10 heures) •
Donc, je
reviens à ce que je prétends. La définition de ma représentation réelle,
effective, là, c'est la capacité objective de mieux et bien représenter
les électeurs d'une circonscription avec un territoire qui a de l'allure, qui a
une certaine homogénéité avec l'histoire, le passé puis les liens naturels. Et
ça, ça a même un effet... puis, encore là, je pourrais le déployer davantage dans un mémoire un jour, ça a
même des effets sur le droit de vote. Il y a des gens qui disent : Je
n'irai pas voter, si vous ne me
respectez pas plus dans le territoire que vous avez découpé, parce que je ne
suis pas à la bonne place. Moi, j'ai entendu ça souvent. Alors, la carte
électorale, c'est fondamental par rapport à la valeur démocratique. Il faut que le comté, là, il ait un peu d'allure.
Puis là, bien, permettez-moi pour certains de dire : Ah! moi, c'est grand,
c'est vaste, mais, je comprends, c'est des
caribous, de la forêt, puis ainsi de suite. Attention, là! Moi, je veux que
vous restiez avec des électeurs. Puis
je suis contre ce qu'on a vu à quelque part, là, d'introduire la population en
général, parce que ça se peut que
l'immigration bouge l'affaire. Mais, écoutez, moi, j'ai le même problème avec
les enfants, que je ne peux pas prévoir : Est-ce qu'on va faire plus d'enfants dans mon
comté dans quelques années? Je le souhaite, mais je ne le sais pas, là.
Ça fait que, non, non, là, je veux que vous
restiez, de grâce, avec mon mandat, les électeurs, pas la population en général. Ça, ça viendrait encore le complexifier inutilement, puis
n'achetez pas ça, là. Mais une représentation
effective de qualité pour sortir du
purisme... et il y a toutes sortes d'opinions, puis il faut respecter ça. Ça ne
veut pas dire que moi, j'ai toujours
raison, là, puis je ne veux pas avoir toujours raison, mais je veux plaider mes
convictions, par exemple. Ça, je l'ai
toujours fait puis je vais le faire, mais... reçu une lettre d'un maître, là,
que je connais très bien, M. Reid, là, puis je le respecte, je le
connais, mais là il dit : Vous vous éloignez énormément du principe de la
représentation effective des électeurs en
procurant deux votes à certains endroits. Moi, un, je ne suis pas de cet
avis-là, que c'est si dramatique que ça,
et, dans certains cas, c'est dangereux de ne pas faire attention à ça. Donc, je
suis d'accord que vous fassiez attention à ça au niveau constitutionnel
mais pas inintelligemment. Et c'est pour ça que je croyais que, dans ce que
vous avez déposé pour les comtés d'exception... je crois que vous avez tenu
compte d'un réalisme pragmatique et j'adhère à ce réalisme pragmatique de six circonscriptions d'exception pour les mêmes
motifs que d'autres avocats me disent : Attention à la santé
démocratique du Québec — j'ai
le même point de vue qu'eux autres — attention à la santé
démocratique du Québec, quand on est trop
puriste, quand est trop braqué sur une seule réalité en disant : Ah! il
faut absolument que le poids d'un
vote soit le même partout. Ce n'est pas pratique, ce n'est pas concret, ce
n'est pas réaliste. Ça ne tient pas compte de la réalité du territoire,
ça ne tient pas compte du glissement des régions, parce que ce n'est pas
l'urbanité qui est condamnée, là, au Québec,
c'est les régions, et ça fait longtemps que les régions sont condamnées. Elles
sont condamnées pour toutes sortes de raisons.
Le phénomène de
déperdition dans la ruralité, je le vis constamment. Guy avait raison. Excusez.
M. le député d'Abitibi-Est avait raison. Il
dit : Il faut absolument s'occuper de l'occupation dynamique du
territoire. Pourtant, c'est dans les
cartons du gouvernement, mais souvent c'est une phrase, ce n'est pas réaliste
pantoute. Pour s'occuper de l'occupation dynamique, il faut que ce soit traduit dans plusieurs législations qui
en tiennent compte. L'autre phénomène, l'immigration, on peut bien en parler, il faut faciliter... il
faut qu'elle puisse s'étendre dans les régions du Québec, mais ce n'est pas
pantoute, pantoute la réalité. Quand
on a moins de 1 % d'immigrants, on ne me fera pas accroire que ça a un
impact majeur pour l'ensemble de l'Abitibi. Donc, c'est clair que c'est
les régions qui sont condamnées à glisser au fil des années, ainsi de suite.
Je
voudrais faire deux commentaires avant d'avoir des réactions de votre part. Moi,
pour ce que j'ai entendu, puis on l'a
entendu massivement, parce qu'on
sentait, là, tu sais... puis bien respectueusement auprès de mes collègues,
c'est clair qu'on sentait qu'il y
avait une belle petite commande, là, de vous dire collectivement que ce n'est
pas correct de faire ce que vous avez
envie de faire dans Laurentides-Lanaudière par rapport à l'Outaouais. Pourtant,
vous l'avez expliquée 15 fois plutôt qu'une, l'explosion démographique,
pas les nuances à l'échelle sur le bord de la norme. L'explosion démographique, d'une façon très importante, est
dans Laurentides-Lanaudière. Moi, j'ai un paquet d'amis qui vivent là. Puis on a essayé de dire : Il n'y a plus de
place, il n'y aura pas de développement. Ce n'est pas la réalité pantoute, et
les gens l'ont très bien démontré. Et
je crois que, sur cette suggestion-là, vous êtes couverts, encore là, selon
moi. Moi, j'ai lu votre rapport, et
il me semble que vous êtes adéquatement couverts, et c'est une réalité
objective, et tantôt je vais finir avec une question là-dessus.
Pour
ce qui est de... moi aussi, ce n'est pas chez nous, mais on ne peut pas être
régionaliste juste quand ça fait notre
affaire dans notre circonscription ou dans notre région. C'est clair que je
n'endosse pas d'envisager de perdre un comté
dans la Mauricie. C'est encore un affaiblissement progressif des régions et, à
chaque fois que les régions s'affaiblissent quant à leurs pouvoirs de
représentation globale, c'est une perte pour la thèse que ça fait 40 ans que je
défends. Les urbains, là, je les aime, il
n'y a pas de trouble, mais ils sont toujours mieux outillés pour se défendre,
avec bien des affaires. Avec les
structures, le personnel, ils sont avantagés. Puis là je pourrais y aller
de : Il y a le transport urbain, le
métro, ainsi de suite. On n'a pas ça, nous autres, là, puis on n'a rien de ça
puis on n'aura jamais ça. Puis nous autres, on ne parle pas d'un autre couloir, puis c'est le troisième, pour les
deux rives, pour contrer les problèmes, mais il y a juste une affaire que je fais, moi, je paie pour ça, là.
Puis on me demande tout le temps : Il faut que tu paies, Gendron, pour ça,
là, parce que c'est important, c'est la
capitale puis c'est la métropole. Je sais tout ça, mais il y a un bout, là,
pour toujours en remettre, en
rajouter, là. Et les plus souffrants, là, sur bien des aspects, là, c'est les
régions du Québec, et moi, je trouve que, dans votre positionnement,
vous avez tenu compte de ce réalisme.
Et je terminerai avec
deux questions si on veut échanger un peu. Combien qu'il me reste de temps?
Le Président (M.
Ouimet) : Un peu moins de cinq minutes.
M.
Gendron : Bon, un peu moins... Ça fait que, première
question, là, je veux très concrètement que vous rappeliez, entre l'Outaouais puis les Laurentides-Lanaudière,
l'écart prévisionnel de ce que j'appelle l'éclatement de la population.
Il me semble que c'était du cinq pour un,
là, comme perspective. Alors, quand on est dans du cinq pour un par rapport à
l'explosion démographique puis on fait semblant qu'on ne l'a pas entendu, on a
un problème.
Alors,
moi, je veux que vous me rappeliez ça, là, le chiffre exact de ce que vous avez
mentionné, pourquoi que vous prétendez qu'il y a lieu d'avoir une
correction immédiate. Parce que je fais une analogie rapide avec
l'Abitibi : Pourquoi que vous consacrez
le principe de deux comtés... six, mais deux en Abitibi? C'est parce que, vous
avez beau regarder ça année après
année, là, ça va être le même portrait puis ça va être le même portrait pour
tout le temps, même si les gens, ils pensent, là, qu'il n'y a pas de
croissance en Abitibi. Bien oui qu'il y en a, mais elle est concentrée, il l'a dit, à Val-d'Or, à Rouyn-Noranda, un peu à
Amos, un peu La Sarre, mais pas dans les villages, certain. Donc, au net,
il y a une croissance, mais ça ne pourra
jamais changer notre réalité, d'avoir un territoire différent avec lequel on
pourra jouer. Alors, j'aimerais ça que vous répondiez à ça.
Puis
la deuxième : Est-ce que vous croyez qu'il serait opportun, effectivement,
et que vous seriez plus en mesure de
mieux travailler, même si je trouve que vous avez bien travaillé, si on
modifiait la loi puis on ajoutait des précisions quant à la notion de ce que j'ai appelé, moi, tantôt une représentation
effective, mais pas sur le poids du vote, là, sur d'autres éléments, pour que celui qui a le mandat de
représenter son monde, là, soit vraiment capable de le faire convenablement,
pour les raisons que j'ai mentionnées?
J'aimerais ça que vous déployiez là-dessus et je vais vous écouter
religieusement.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci, M. le député d'Abitibi-Ouest. M. Reid, quelques
commentaires, quelques réponses aux questions posées par le député?
• (10 h 10) •
M. Reid
(Pierre) : Oui. Juste au
niveau des chiffres, peut-être que ce qu'on disait l'autre... je pense, c'est
mardi, dans l'Outaouais, si on se place en date d'août 2016, c'était
presque 27 000 électeurs qui s'ajoutaient, alors que, les
Laurentides-Lanaudière, on était dans les 116 663 électeurs. Et, par
rapport à votre proposition d'une représentation effective, là, tenant compte,
je dirais, d'autres facteurs que légal ou numérique, c'est sûr que l'objectif
est intéressant, mais moi, je rappelle qu'on
revient toujours... et là c'est la Cour suprême, là, qui, dans le fond, nous
l'a quand même indiqué, c'est
d'assurer un vote qui ne soit pas plus important ou moins important par rapport
à un autre vote. C'est sûr que, dans les éléments que vous avez décrits, on
peut en tenir compte, mais vous comprendrez que ces facteurs-là ne votent
pas, là. Vous avez un lieu historique, mais, s'il n'y a personne, vous n'avez
pas de vote, là.
Donc, c'est
pour ça qu'on revient toujours au critère numérique, mais la Cour suprême nous
avait quand même indiqué — c'est ce qui se reflète dans la Loi
électorale — qu'il y
a d'autres facteurs dont on doit tenir compte, comme les communautés naturelles, et d'autres facteurs sociologiques. Donc, en ce sens-là, on essaie de... puis, comme je l'ai dit l'autre jour, c'est un peu l'équilibre qu'on essaie d'assurer, mais c'est sûr que, le
critère numérique, on ne peut pas l'éliminer. Et la Cour suprême aussi avait été claire par rapport... et c'était la situation, parce
que la cause qu'elle avait devant
elle, c'était la Saskatchewan, et effectivement il y avait un comté, ou
une circonscription, dans le Nord, et je pense que la Cour suprême comprenait bien
les particularités de cette région, et c'est un peu dans le même
sens que, nous, les particularités
des régions qui sont en exception, pour
nous, répondent à ces critères-là d'exception, compte tenu de l'étendue du
territoire et d'une population qui
est concentrée ou étendue sur le territoire. Donc, on se doit d'en tenir compte
et d'assurer à ces régions une
représentation effective des électeurs de ces régions.
Le
Président (M. Ouimet) : Voilà.
Alors, voilà qui met un terme à cette discussion sur le comté d'Abitibi-Ouest
et les régions. Allons du côté maintenant
des comtés urbains de l'Île-de-Montréal, et je souhaite la bienvenue à Mme la
députée de Crémazie, à qui je cède la parole.
Commission de la représentation électorale du
Québec (CRE), Île-de-Montréal (suite)
Mme
Montpetit : Je vous remercie, M. le Président. Permettez-moi d'abord
de saluer mes collègues de la banquette ministérielle, mais également de l'opposition. Bien contente de vous
revoir après cet été, qui a sûrement été chargé également dans vos
circonscriptions.
M. le
directeur, MM. les commissaires, on s'était vus il y a un petit peu plus qu'un
an, lors des consultations. Donc, vous
avez déjà entendu mon argumentaire, mais que je vais refaire au bénéfice du
directeur, qui, lui, ne l'a pas entendu mais qui a certainement consulté le mémoire qui avait été déposé à
l'époque ainsi que le verbatim, les retranscriptions des échanges. On vous a déposé, il y a quelques minutes,
le mémoire, donc, que j'ai soumis en début de semaine au directeur des élections ainsi qu'aux commissaires, qui est
accompagné également de lettres dont je ferai mention un petit peu plus tard,
des maires de l'arrondissement d'Ahuntsic mais également de l'arrondissement de
Montréal-Nord. Et mon collègue, tout
juste avant, qui parlait, il parlait de représentativité effective. Donc, je
vais aborder deux points, là, pour commencer, qui font référence à la
Loi électorale, donc l'article 14, l'article 15.
Un, sur la
représentativité effective, j'étais surprise et je me questionne encore sur le
pourquoi de la proposition qui a été
faite concernant Crémazie. C'est une circonscription, donc, qui a
47 038 électeurs — la moyenne québécoise, on le rappelle, elle est de 48 000 — donc, à une centaine d'électeurs près de la
moyenne québécoise. La circonscription de Bourassa-Sauvé, qui a
48 536 électeurs, donc, encore une fois, une circonscription qui est à
quelques centaines, voire dizaines de la moyenne québécoise... et la
proposition que vous faites est de retrancher, donc, 5 000 électeurs de la
circonscription de Crémazie pour les ajouter
dans la circonscription de Bourassa-Sauvé, ce qui amène donc les deux
circonscriptions à des écarts de plus de 10 % de la moyenne québécoise.
Dans ce
contexte-là, je comprends, et je pense qu'on s'en était parlé à l'époque, votre
démarche est d'avoir une certaine
adéquation entre les arrondissements de Montréal et les circonscriptions. Je
pense que votre rôle premier comme directeur
des élections, c'est le respect de la Loi électorale, et, dans la Loi
électorale, la question de la représentativité, elle est bien définie. Je pense que tout le monde l'a exposée à
plusieurs reprises. C'est un droit aussi de la Charte des droits et
libertés de la personne. Donc, un vote égale un électeur.
Dans les cas
de Crémazie et de Bourassa-Sauvé, il n'y a rien qui nécessite de faire des
ajustements en termes de nombre d'électeurs, et, pour ces raisons, et
c'est ce que je vous avais dit la dernière fois quand on s'était rencontrés, je pense qu'en tous points on est mieux de
favoriser la continuité pour favoriser la participation au vote plutôt que de
faire des changements pour faire des
changements, changements qui non seulement ne nous rapprochent pas des articles
de la loi, mais nous en éloignent dans le cas qui nous concerne. Et
j'ajoute aussi que cette partie-là du territoire avait été, à l'époque d'un des derniers redécoupages,
transférée de la circonscription de Bourassa-Sauvé, qui portait un autre nom à
l'époque, vers Crémazie. Et je suis certaine que vos
démographes pourront aussi souligner le fait que je suis dans une circonscription qui était extrêmement stable pour
des raisons géographiques, socioéconomiques, c'est-à-dire beaucoup de maisons unifamiliales, donc très peu de
croissance démographique versus la circonscription de Bourassa-Sauvé.
Et je présume que vous aurez donc le même redécoupage à faire dans une dizaine
d'années, parce que, Bourassa-Sauvé, non
seulement vous l'amenez à 10 %
d'écart de la moyenne québécoise, mais elle sera probablement beaucoup plus
loin de la moyenne québécoise encore lors du prochain redécoupage.
Donc,
pour toutes ces raisons, et elles sont bien expliquées dans le mémoire, je me
questionnais sur le pourquoi si on se fie seulement sur la question de
la représentativité effective.
Et
là je vais sur la question des communautés naturelles, parce qu'il est bien
écrit dans votre démarche que vous avez apporté une attention
particulière à la question des communautés naturelles, et votre proposition
pour la région de Montréal, donc, visait à
faire une adéquation entre l'arrondissement et la circonscription. Je comprends
dans les discussions qu'on a eues
l'année dernière que c'est peut-être une demande qui avait été faite en 2007,
je crois, par certaines personnes. Je
pense qu'il est important de statuer qu'un arrondissement à Montréal... puis je
vais parler vraiment pour Crémazie,
pour Montréal, parce que je pense qu'en région déjà une MRC, une municipalité
prend un sens qui est complètement
différent, alors qu'à Montréal... Mon comté fait six kilomètres carrés, donc
c'est une tout autre réalité. On traverse
une rue, on n'est plus dans le même arrondissement, on n'est plus dans la même
circonscription provinciale, on n'est
plus dans la même circonscription fédérale, et c'est des frontières qui sont
extrêmement intangibles pour le citoyen. Donc, c'est une noble initiative mais qui, je pense, en bout de ligne,
apporte très peu ni aux élus, ni aux citoyens, ni aux électeurs. Et un
arrondissement, en partant, n'égale pas forcément une communauté naturelle.
Et,
dans le cas qui nous occupe, la section qui est concernée dans Crémazie — c'est la section qui est à l'extrême est — comprend de nombreuses résidences. Il y a
vraiment une concentration de résidences pour aînés, des grandes tours qui se trouvent là, et ce sont principalement des
citoyens d'Ahuntsic, d'anciens résidents d'Ahuntsic qui logent dans ces résidences-là, qui se trouvent, donc, à moins de
six kilomètres de leurs résidences d'origine, et qui décident d'aller vivre
dans ces résidences pour avoir une certaine
continuité, dans le fond, avec la vie qu'ils mènent, donc continuent de
fréquenter les mêmes clubs sociaux,
et compagnie. Et, à cet effet-là, il y avait un dépôt, d'ailleurs, dans les
lettres que vous avez reçues, du
maire d'Ahuntsic, qui, d'ailleurs, habite cette section, donc, comme maire
d'Ahuntsic, habite la section du comté qui est dans Montréal-Nord, et je me permets de le citer, où il
disait : «Les Nord-Montréalais fréquentent quotidiennement les parcs, les commerces, places publiques et clubs de
l'âge d'or d'Ahuntsic sans égard aux délimitations des arrondissements. Habitant moi-même ce secteur, je peux
personnellement vous confirmer que les liens qui les unissent à Ahuntsic et
Crémazie sont réels, tangibles et
importants. De par ses attributs sociodémographiques, ce territoire a des
intérêts convergents sur de nombreuses
questions de juridiction provinciale, la santé notamment, avec certains
districts de mon arrondissement, soit ceux
d'Ahuntsic, du Sault-au-Récollet et du Domaine St-Sulpice. Incidemment, que
l'ensemble de ces citoyens soient représentés par le même élu à
l'Assemblée nationale est une situation, à mes yeux, positive et souhaitable.»
Et
vous avez également, et je vous laisserai en prendre connaissance, une lettre
du maire de l'arrondissement de Montréal-Nord qui va également en ce
sens.
Donc,
je ne m'épandrai pas plus longtemps sur ces arguments-là, parce que je pense
qu'on a eu de beaux échanges, d'ailleurs,
l'année passée. Et, M. Courville, je me permettrai de vous citer, parce que je
vais relire le verbatim, et, bien, j'espère
que votre position n'a pas changé par rapport à l'année dernière, où vous me
disiez, puis je vais le lire pour être sûre de ne pas mal vous citer,
là : «Si ce que vous suggérez ne pose aucun problème en regard de la loi,
[...]bien, on va y faire droit. Comme je
vous dis, la préoccupation de la commission, ça a été de jouer avec les
arrondissements. Mais ce n'est pas un
cas de force majeure, c'est-à-dire que, si on ne tenait pas compte des
arrondissements, ça ne changera pas grand-chose, de toute façon.» Donc,
j'espère que vous logez à cette enseigne.
Et,
sur ces volets-là de ma proposition, en fait, ce que je vous suggère, c'est la
continuité, c'est de maintenir les limites
de Crémazie. Je pense que, de façon générale, à moins de force majeure, on ne
devrait pas changer les limites d'une circonscription,
si ce n'est que pour favoriser l'appartenance à une circonscription. Favoriser,
vous le savez, la participation au vote, je ne vous l'apprendrai pas,
est un enjeu. Donc, le moins on bouge de choses, le plus on la favorise.
• (10 h 20) •
Et, dans un tout
autre ordre d'idées, et vous en avez sûrement entendu un peu parler, je vous
amène aussi une proposition. Vous avez une lettre entre les mains, de l'Association de hockey mineur des Braves d'Ahuntsic, qui font la demande de changer le nom de la circonscription. Et je sais que ça peut être délicat, dans certains cas, comme démarche,
mais je suis bien à l'aise de vous l'amener parce que... donc, pour la renommer
Maurice-Richard.
Évidemment,
vous en avez entendu parler. Maurice Richard était un citoyen
qui a habité 50 ans dans la circonscription d'Ahuntsic, et c'est M. Courville, hein,
je crois, qui a résidé dans Ahuntsic, donc il doit être bien au fait de cette situation.
Il a habité une cinquantaine d'années dans la circonscription, très, très
impliqué dans la communauté aussi. On
le voyait régulièrement jouer au baseball au parc Ahuntsic. Il a fondé
l'association des Braves d'Ahuntsic, dans laquelle ses fils ont joué,
qui est la plus vieille association de hockey mineur. Et, depuis une dizaine
d'années, cette association, avec la
famille, cherchait une façon d'honorer le nom de Maurice Richard dans la
circonscription, et l'opportunité se présente, par vos travaux, de faire
cette demande pour renommer la circonscription en son nom. Et, à travers les
démarches qu'on a faites pour trouver une façon de l'honorer, j'ai été très
surprise de consulter la Commission de toponymie
du Québec, qui faisait état du fait que, malgré que Maurice Richard aurait 100
ans dans cinq ans, est décédé depuis déjà 16 ans, il y a seulement cinq
lieux au Québec qui portent son nom, cinq lieux publics, lieux pas très significatifs, et je vais me permettre de les nommer,
là : une place, une rue à Vaudreuil-Dorion, un lac à Baie-de-la-Bouteille,
un petit parc à Montréal et un aréna à
Montréal également. Ce sont les cinq seuls lieux publics au Québec qui honorent
un homme, évidemment, qui incarne la fierté
des Québécois, la fierté nationale, qui a marqué des générations, qui marque
encore des générations aujourd'hui.
Et,
en ce qui concerne Crémazie, il y a un peu plus d'une trentaine de lieux qui
portent son nom, dont le métro Crémazie, le
boulevard Crémazie à Montréal même, dans ma circonscription même, qui est
emprunté par des milliers de
personnes chaque jour, une bibliothèque à Québec, un boulevard à Québec aussi.
Et je ne veux pas tomber dans des débats
d'«on dénomme quelqu'un pour renommer quelqu'un», je pense qu'on doit trouver
une façon d'honorer nos héros modernes,
et il s'en ajoute à chaque décennie, et on ne construit pas des infrastructures
non plus tous les jours, donc il faut
trouver des façons nouvelles de donner une place à ces nouveaux héros modernes,
et c'est la proposition que je vous fais aujourd'hui, donc, qui émane de
la communauté.
J'en profite aussi
pour... parce que ce n'est pas seulement le joueur de hockey, hein, c'est toute
la question du symbole, de l'homme, là,
qu'on doit souligner nationalement, et j'en profite pour citer, puis vous êtes
peut-être familiers avec ça, une
étude de l'Université Laval qui a été faite il y a tout juste deux ans, trois
ans, en 2013, avec le musée de la civilisation
du Québec, qui proposait, en fait, qui montrait de nombreuses photos. C'est une
enquête assez profonde sur les symboles pour identifier les images
emblématiques fortes du Québec. Et donc les gens se faisaient présenter de nombreuses photos et devaient identifier celles
qui représentaient le mieux le Québec et son histoire, et Maurice Richard,
dans toute la liste, arrive troisième.
Donc,
je pense qu'il faut collectivement trouver une façon d'honorer son nom. Je
pense que la Commission de toponymie
devra se pencher sur cette question-là. Évidemment, il répond à tous les
critères, c'est-à-dire qu'il a un lien local
avec la circonscription, ce qui n'est pas, d'ailleurs, le cas de Crémazie, là,
et... il a un lien local, il est décédé depuis plus d'un an et il a eu, évidemment, un rayonnement national, je n'ai
pas besoin de le souligner. Et donc, dans cette étude-là, on soulignait bien le caractère du héros mythique,
la fierté d'un peuple également. Donc, je pense que c'est une figure
emblématique qui mérite grandement sa place dans le Québec.
Et j'en profite aussi
pour vous lire... Il me reste un peu de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Ouimet) : Il reste sept minutes.
Mme
Montpetit : Ah! bien, il nous reste beaucoup de temps, alors je vais
prendre le temps de vous lire... la proposition
s'est faite mardi, et j'ai reçu de nombreux courriels de citoyens, et c'est
toujours intéressant, courriels qu'on a soumis, qu'on transfère au fur et à mesure à la famille, hein? Vous
savez, il a sept enfants qui sont encore vivants. Et un des citoyens nous écrivait justement hier puis il
dit, bon : «Quelle excellente — puis je ne veux pas souligner l'excellence
de l'initiative, ce n'est pas mon objectif,
là, c'est plus l'histoire — initiative de renommer le comté. J'ai vécu 45 ans dans le quartier et j'ai rencontré M. Richard à
quelques reprises. M. Richard avait l'habitude d'être devant sa résidence et de
saluer les gens lors du passage du Tour de l'île.»
Donc,
on a eu beaucoup de témoignages, dans les derniers jours, de gens qui l'ont
côtoyé durant les 50 ans où il a vécu...
et, comme je le disais, où il jouait à la balle, au parc Ahuntsic, au hockey.
Un homme très, très, très impliqué dans sa communauté. Donc, la proposition que je fais, elle est vraiment
dans un objectif, oui, de souligner l'homme, l'athlète, le
symbole, mais également l'homme de famille et son attachement à la communauté
du quartier que je représente, la circonscription que je représente. Merci.
Le Président (M.
Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Crémazie.
Documents déposés
Vos documents sont
officiellement déposés à la commission. Des réactions de la part de M.
Courville?
M.
Courville (Serge) : Merci, M. le Président. Je voudrais rassurer la députée : je suis toujours en accord avec moi-même et avec mes
propos.
Le Président (M.
Ouimet) : Jusqu'au moment où vous changez d'idée. Ce qui arrive aussi.
M. Reid.
M. Reid (Pierre) : Oui. Concernant la dénomination de la circonscription de Crémazie,
effectivement, comme vous l'avez dit, nous allons
demander l'avis de la Commission de toponymie. Je pense que c'est un des
critères de la commission que, quand il y a un nom, un toponyme qui
peut bien représenter la circonscription et un lieu... je pense qu'ils sont
assez favorables. D'ailleurs — je pense, c'est mardi — lorsque...
Il y avait aussi, pour certaines circonscriptions où on voulait ajouter un troisième nom, la difficulté
où la Commission de toponymie, en fait, pour éviter de diluer un
peu le nom de la circonscription, essaie de trouver un nom qui puisse bien refléter
la circonscription. Bon, la commission
nous renseignera, nous fournira un avis, et,
je pense, elle vous a écoutée, et je pense
que M. Richard semble satisfaire à ces conditions... à plusieurs d'entre
elles, en tout cas.
Par ailleurs, puis là ce n'est pas seulement pour Crémazie, j'aimerais peut-être pour l'ensemble
des collègues... la Commission de toponymie a déjà, je dirais, souligner, fait
part qu'il y a une sous-représentation — on
parle de représentation — une
sous-représentation de toponymes féminins. Et moi, je profite de l'occasion...
On a parlé de M. Parizeau dans L'Assomption. Je pense qu'il y
a Mme Marie-Claire
Kirkland-Casgrain, dont l'anniversaire de décès, je pense,
est au mois de mars 2017. Il y a peut-être d'autres noms, mais je voulais quand même
porter à votre attention... où la commission
a fait part, à quelques occasions, de cette sous-représentation de
toponymes féminins. Donc, je porte ça à votre attention.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien.
Merci, M. Reid. D'autres commentaires, Mme
la députée de Crémazie?
Mme Montpetit :
Non, outre le fait que, je pense, c'est extrêmement judicieux de mentionner ce
que vous venez de faire. Effectivement, je pense que c'est quelque chose qui nous
préoccupe tous, mais je comprends qu'il
y a une démarche ouverte qui
se fait en ce sens.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien.
Merci. M. Jean, je vous cède la parole.
M. Jean (Bruno) : J'aurais aimé
revenir tantôt — mais
là on est hors d'ordre — en
Abitibi, là, mais...
Une voix : ...
M. Jean (Bruno) : On aura l'occasion...
Le Président (M. Ouimet) : Bien, écoutez — il
reste trois minutes — s'il
y a un consentement de la part des parlementaires, il n'y a aucun problème, là.
M. Jean
(Bruno) : Juste très rapidement.
Vous avez évoqué le nombre d'électeurs versus le nombre de résidents dans une circonscription.
Les paramètres de la commission,
c'est les électeurs, et on ne peut pas les changer. C'est ce qui nous est donné, donc ce n'est pas dangereux qu'on
change... Vous sembliez dire qu'on pouvait, qu'on avait le choix. On n'a
pas le choix.
M.
Gendron : ...de la
loi. C'est ça que j'ai dit.
M. Jean
(Bruno) : D'accord.
Et, je voulais dire aussi, et le président
de notre commission l'a souligné, l'«explosion»
démographique, je pense que c'est le mot qu'il faut employer pour les
Laurentides et Lanaudière. Ce n'est pas une simple croissance et un
ajustement à la croissance.
Juste une image : il y a eu, sur 10 ans,
plus d'électeurs qui sont arrivés dans cette région — 116 000,
on a dit tantôt — qu'il y en a en Abitibi depuis longtemps.
Donc, c'est une réalité incroyable. Mais j'ai surtout pris la parole pour
souligner l'à-propos des propos de Mme la députée de Crémazie quand elle dit
qu'en ville les frontières, elles sont intangibles
pour les citoyens, elles ne sont pas visibles. Donc, elles sont floues. Donc,
j'ai beaucoup aimé la formule. Merci.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci, M. Jean. Donc, cela met un terme aux discussions
relativement au comté de Crémazie.
Passons maintenant au beau comté de Jeanne-Mance—Viger. Je salue sa députée et je lui cède
la parole. Mme la députée.
• (10 h 30) •
Mme
Rotiroti :
Merci, M. le Président. Alors, M. le Directeur général des élections, MM. les
commissaires, chers collègues, merci
de me permettre de m'exprimer en tant que députée du comté de Jeanne-Mance—Viger, qui est situé dans l'est de Montréal. Évidemment, mon comté
n'est pas touché par rapport à cette refonte, mais, dans le passé, le comté
a été touché dans les refontes passées.
Alors, tout
d'abord, tout le processus de la refonte de la carte électorale est basé sur
des principes très clairs : la représentation effective des
électeurs, et le poids relatif du vote, et le respect des communautés
naturelles. D'ailleurs, la Loi électorale précise notamment dans l'article 15
que les circonscriptions doivent représenter des communautés naturelles en se fondant
sur des critères d'ordre démographique, géographique et sociologique tels que
la densité de la population et le taux relatif de croissance, la configuration
de la région, l'accessibilité, la superficie, les frontières naturelles du milieu et les territoires des
municipalités locales. Il est mentionné dans le rapport de la commission
qu'elle a délimité les circonscriptions en prenant attention
particulièrement aux communautés naturelles. Les commissaires justifient le
transport de 5 043 électeurs de Crémazie vers Bourassa-Sauvé comme faisant
uniquement partie de la délimitation de l'arrondissement de Montréal-Nord,
alors que les gens s'identifient depuis toujours dans le comté de Crémazie.
D'ailleurs, M. Reid, vous avez dit, pas plus tard que lundi dernier, vous
avez affirmé que la proposition de délimitation
qui touche Bourassa-Sauvé et Crémazie se veut une adéquation entre
l'arrondissement de Montréal-Nord et le comté de Bourassa-Sauvé.
Je vous fais
remarquer que le redécoupage visé, c'est une zone surtout occupée par des
résidences de personnes âgées, et ces
résidents sont originaires d'Ahuntsic. Ils font le choix d'habiter dans cette
partie de Montréal dans un esprit de continuité,
selon le mode de vie qu'ils avaient dans leur quartier d'origine. Leurs
habitudes restent très liées à celles de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville et non de celles de
Montréal-Nord. C'est une catégorie de population qui possède des besoins
importants en matière d'accompagnement, évidemment, et par conséquent le lien
avec la députée est très important. C'est
ça, la représentation effective, s'assurer que la qualité de lien entre la
députée et sa population est de même nature et de même qualité partout.
Cet attachement, les liens, est déjà fait naturellement avec le comté de
Crémazie. Autrement dit, les analyses ne tiennent pas compte de tout, de ce
sens d'appartenance de la population. De plus, le redécoupage proposé pour
Crémazie et Bourassa-Sauvé a l'effet d'éloigner l'atteinte de cet objectif de
représentation effective des citoyens,
puisque l'écart négatif de Crémazie passera de moins 13,2 %... et l'écart
positif de Bourassa passera de plus 10,7 %.
Sur le
même sujet, au niveau des communautés naturelles, je vais vous parler du comté
de Mont-Royal et Outremont. Évidemment,
ça aussi, la fusion des deux circonscriptions nuit au principe et du respect
des communautés naturelles. Le partage
de l'actuel comté d'Outremont entre les comtés de D'Arcy-McGee et Westmount—Saint-Louis et de Mercier a un effet similaire et
fragilise le principe même du respect des communautés naturelles. Êtes-vous
conscients du déracinement de
10 % de la communauté juive hassidique vers la circonscription de Mercier,
un comté provincial qui ne possède pas d'histoire
naturelle avec cette communauté-là? Comment pouvez-vous expliquer que vous vous
êtes basés sur le respect fondamental du principe de l'article 15 touchant les
communautés naturelles, alors que l'exemple que je viens de vous donner illustre totalement le contraire? En
voulant supprimer le comté d'Outremont, c'est évident que la représentation
effective des citoyens est compromise. De
plus, la fusion des deux comtés va créer un écart positif de plus 15,7 %.
On s'éloigne plus loin encore de l'équilibre. Encore là, la
représentation effective des citoyens est-elle améliorée?
La loi
s'appuie uniquement sur le concept d'électeur. Par contre, nous devons tenir
compte d'une réalité qu'on vit sur
l'Île-de-Montréal, c'est-à-dire les non-électeurs et l'immigration. Je vais
vous parler un petit peu de l'immigration et aussi de l'électeur versus la population, parce que c'est une réalité
à Montréal qui n'est pas prise en considération. Et je comprends bien
que ce n'est pas dans la loi, mais, quand on regarde au niveau des autres
paliers de gouvernement, la population est un facteur qui est considéré.
Alors, selon
les données de la commission, de l'Institut de la statistique de Québec, celles
de 2014, la croissance de la
population de la région de Montréal se situe à 3,2 %, par rapport à
7 % pour l'ensemble de la province. Ces statistiques cachent une
réalité déterminante pour le travail des élus montréalais : c'est à
Montréal que les milliers d'immigrants établissent
leurs résidences. Savez-vous qu'en
2014, puis ça, c'est les chiffres
qu'on avait dans les rapports, là, 85,3 % des résidents permanents du Québec vivaient à
Montréal? Selon le Recueil de statistiques sur l'immigration et la diversité
au Québec, 71,3 % — c'est au-delà de 183 000 et quelques personnes — de l'immigration récente, entre quatre ans,
au Québec s'établit dans la région
administrative de Montréal. Ce sont là des potentiels nouveaux électeurs dès
les prochaines élections, évidemment,
en 2018. D'ici 2031, selon les projections démographiques, la population des
immigrants à Montréal pourrait s'élever à 30,3 %, par rapport à
5,3 % dans le reste du Québec.
La population
de Montréal croîtra de manière à représenter près de la moitié de la population
du Québec d'ici 2027. Ça, c'est selon
l'Institut de la statistique du Québec. Nous souhaitons également porter à
l'attention des commissaires l'aspect...
Ça, c'est tout le volet immigration. Alors, il faut que vous compreniez que,
dans les 50 000 immigrants qu'on accueille
à toutes les années, il y a 80 % de ces personnes-là qui viennent
s'établir à Montréal, un petit peu partout dans tous nos comtés. C'est des gens
qui ne sont pas nécessairement inscrits tout
de suite sur la liste électorale,
mais c'est des gens qu'on dessert
pareil et, la plupart du temps, c'est ces gens-là qui viennent nous voir dans
nos bureaux de comté parce qu'ils ont besoin des services d'accompagnement et des
services de... ne serait-ce que de savoir comment aller quérir des services à Emploi-Québec, etc. Alors, la
charge de travail, elle est là, et, malheureusement, ces gens-là, avec les statistiques qu'on a et dans les réformes de la carte
électorale qu'on fait, même dans le passé, on ne les considère pas, ces
gens-là, parce que ce n'est pas tout de suite des électeurs. Alors,
nous, on se base strictement sur le nombre d'électeurs.
Et j'en viens
à l'exemple d'un électeur versus la population. Et je sais que la population, dans notre loi à
nous, n'est pas un facteur de
considération, mais c'est une réalité que nous, à Montréal,
on vit. Je vais vous donner l'exemple de
mon comté. J'ai environ 50 000
électeurs inscrits, 48 924 pour
être exact, là, et je dessers une population d'environ 70 000. Ça veut dire que
moi, en tant que députée, là, sur ma liste électorale, j'ai 50 000
électeurs, mais j'ai 70 000 personnes dans mon comté, des gens qui... Autant ceux qui sont sur la liste
électorale et ceux qui ne l'ont pas demandent des services, et je dois les desservir. Mais ces gens-là ne sont
pas comptabilisés quand vous faites des changements de délimitation de
comté ou quand vous regardez de fusionner des comtés à Montréal.
C'est plutôt facile de fusionner à Montréal et
d'ajouter des comtés ailleurs, quand on parle de croissance de population, mais, M. le Président, il y a une
croissance de population aussi sur l'Île-de-Montréal qui n'est pas prise en
considération, et ça me touche, parce que
nous, les députés de Montréal... Oui, ma collègue de Crémazie a dit tout à
l'heure : Les frontières sont
intangibles, dans le sens qu'on peut traverser... Moi, de mon comté, je suis
limitrophe dans le comté de Viau, de
mon collègue David Heurtel. Les gens passent d'un comté à l'autre sans
nécessairement réaliser qu'ils ont passé du comté de Viau au comté de Jeanne-Mance—Viger. Par contre, la réalité est qu'on dessert
tous ces gens-là, des gens qu'on ne
trouve pas à nulle part pour le moment mais qui deviennent des futurs
électeurs. Alors, je veux juste que vous soyez conscients que ces gens-là, en 2018, bien, ils vont être sur la liste
électorale. Alors, nous, là, le nombre d'électeurs est en constante
croissance.
Alors, je voulais vous sensibiliser à ça, parce
que c'est une réalité, je dirais, qui appartient à Montréal, parce qu'évidemment on a 80 % de cette immigration
qui viennent à Montréal. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas ailleurs, mais,
dans la majorité, c'est chez nous que ça se passe, c'est sur l'Île-de-Montréal.
• (10 h 40) •
Je vais vous
dire que ça me déçoit beaucoup quand on regarde la fusion du comté de Mont-Royal
et Outremont. Oui, on peut parler,
comme je viens de dire, de représentation effective, oui, mais, quand on parle
d'immigration, je vais vous donner
juste quelques statistiques pour que vous réalisiez à quel point que ces comtés-là
sont en pleine expansion. Puis je
vais vous parler... en plus, du fait qu'ils sont en croissance au niveau
de la population, ils sont aussi en développement urbain aussi.
Alors, entre 2006 et 2011, le comté d'Outremont
a reçu près de 6 975 nouveaux arrivants qui... des potentiels électeurs en 2018. Pour la même période, Mont-Royal
a reçu 11 845 nouveaux arrivants qui, en 2018, vont être de potentiels
électeurs. La population de Montréal
risque de croître pour représenter près de la moitié de la population
en 2027. Les comtés sur Montréal,
là, vont représenter... puis c'est important, je vais le répéter, là, on va
représenter la moitié de la population du Québec d'ici 2027. Selon les projections démographiques
à l'horizon pour 2020-2031, la proportion des immigrants dans la population totale pourrait s'élever à 30,3 % dans la grande région versus 5,3 %
dans le reste du Québec. La forte
majorité, évidemment, des nouveaux arrivants du Grand Montréal choisissent
l'Île-de-Montréal pour s'établir, pas les banlieues.
Je
vais vous dire qu'on vit un autre phénomène aussi, c'est que... Vous avez
raison quand vous dites : Les gens, ils partent de Montréal pour
s'installer dans les banlieues. Bien, je vais vous dire qu'est-ce qu'on est en
train de vivre présentement, et je le vis
dans mon comté, c'est que les gens quittent les banlieues pour revenir
s'installer dans les grands centres.
Une raison pourquoi je vous dis que mon comté est en pleine expansion, si vous
regardez les tours, là, de condos qui
sont en train de se construire, bien, c'est toute ma génération qui a quitté
parce que ça coûtait trop cher pour s'établir à Montréal. On est partis dans les banlieues, on s'est acheté une petite
maison, un terrain, et etc., et là on a eu des enfants, ils vont à l'école, et tout ça, et on veut
revenir, on veut se rapprocher des grands centres, on veut se rapprocher de nos
parents, qui, eux, ont resté sur
l'Île-de-Montréal. Alors, tout de suite, ce phénomène-là, on ne le voit pas à
nulle part. On dirait que c'est un strict
calcul quand on regarde la carte de Montréal puis on dit : Parfait, bien
là, on va couper telle rue, telle rue
pour mettre, bien, tant d'électeurs dans tel comté, sans prendre en
considération le sens d'appartenance de ces gens-là, sans prendre en considération la croissance de population, qui
est réelle, sur l'Île-de-Montréal. Alors, c'est simplement un strict
calcul mathématique.
Alors, je
vais vous dire que je demande aux commissaires de bien regarder tous ces
éléments-là et de les garder en tête quand ils regardent la fusion de
Mont-Royal et Outremont.
Puis je vais
vous parler un petit peu du développement qui se fait aussi dans les prochaines
années, puis, je pense, c'est quelque
chose aussi qu'on doit considérer pour Mont-Royal et Outremont. Vous regardez
le comté de Mont-Royal, il y a tout
le projet immobilier qui va se faire pas loin de Blue Bonnets. Pour Mont-Royal,
c'est tous les ajouts avec la nouvelle
station de... c'est-à-dire, Outremont, tu as tout le développement qui se fait
autour du métro Namur et Jean-Talon. Ça, c'est tous des gens, des
potentiels électeurs qui... je me demande si on les a pris en considération.
Alors, tous
ces éléments, M. le Président, me portent à vouloir demander à la commission de
vraiment... Et je sais que vous
l'avez fait. Je suis sûre que c'est très difficile quand on est obligé de
regarder carte électorale et essayer de jongler de tous ces éléments-là. Mais, en tant que députée sur
l'Île-de-Montréal, en tant que députée qui a subi, je vous dirais, à plusieurs... Le comté a subi plusieurs refontes.
Moi-même, j'étais en un comté qui, à l'époque, était deux comtés et qui a été fusionné. Je vais vous dire, là, il y a un
effet réel sur le terrain, il y a un effet réel pour les citoyens qui habitent
dans nos circonscriptions. Et je pense que ce sens d'appartenance là
prend tout son sens quand on regarde comment on a découpé les délimitations des comtés de Crémazie et de Bourassa-Sauvé.
Et, cette fusion qu'on veut faire avec Mont-Royal et Outremont, on
déracine carrément des communautés envers des comtés qui n'ont aucune affinité
avec ces gens-là.
Alors,
humblement, je demanderais aux commissaires de peut-être revoir, évidemment, le
transfert des électeurs que vous
faites dans le comté de Crémazie à
Bourassa-Sauvé et évidemment reconsidérer tout cet aspect de fusion des
comtés de Mont-Royal, Outremont. Alors, autrement dit, je vous demande de garder le statu quo sur l'Île-de-Montréal.
Merci.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien.
Alors, merci à vous, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Des réactions de la part des représentants de la Commission de la
représentation électorale? M. Reid.
M. Reid
(Pierre) : Oui. Bien, en
fait, je vais peut-être répéter les mêmes propos, pour Crémazie et
Bourassa-Sauvé, naturellement, on a convenu qu'effectivement la situation
serait corrigée pour tenir compte d'une communauté naturelle et non pas seulement de l'arrondissement de Montréal-Nord. Quant à Mont-Royal—Outremont, effectivement, comme lorsque le
député de Mont-Royal et la députée
d'Outremont se sont présentés, nous allons revoir, là, les paramètres, là,
de cette portion de l'Île-de-Montréal.
Et je pense qu'on va devoir travailler sur un autre secteur, qui est peut-être
le secteur un peu plus, je dirais, est-sud-ouest, là, Sainte-Marie—Saint-Jacques, Westmount—Saint-Louis,
regarder, de ce côté-là, si, dans le fond, en retravaillant de ce
côté-là, on respecterait davantage les communautés naturelles.
Par ailleurs, juste préciser — peut-être que ça va être utile pour ceux qui nous écoutent — je
veux dire, le travail que la commission
fait, il ne s'agit pas seulement de déposer une carte sur un bureau et de
commencer à faire des départages, il
y a quand même de l'information. Dans le fond, oui, il
y a des chiffres, on ne peut pas y
échapper, mais on a quand même
une équipe qui se déplace sur le terrain
pour aller vérifier. Comme la députée le soulignait, par rapport à des développements qui sont en cours à Montréal,
oui, il y en a, mais, naturellement, on se doit de regarder dans quel délai de
réalisation ces projets prendront vie. Et je rappelle que nous
travaillons pour les deux prochaines élections, donc jusqu'en 2022, et c'est là qu'on soupèse tout ça. On tient compte,
oui, des projets de développement à partir des plans d'urbanisme, des schémas d'aménagement. Des gens, comme je le
disais tantôt, se déplacent sur le terrain pour voir même l'évolution
depuis qu'on a entrepris nos travaux, et, donc, tout ça, à la suite des commentaires
du public.
Et également
les commentaires que vous nous apportez vont nous demander de
poursuivre nos travaux pour en arriver
avec une carte la plus équilibrée possible en respectant la représentation
effective des électeurs mais également
les communautés naturelles.
Le Président (M. Ouimet) : Merci. M.
Courville.
M.
Courville (Serge) : Oui.
Merci, M. le Président. Je suis tout
à fait d'accord avec les propos de la députée
concernant l'immigration, les tendances lourdes d'arrivée-départ, et de
mouvement démographique, et de mouvement aussi dans l'espace, mais je tiens quand
même à rappeler une chose, bon, qui a
déjà été dite : mais il ne faut pas oublier que la carte électorale qui est proposée ne vaut que pour deux élections.
C'est un instantané d'une situation dans le temps. Quand vous dites qu'en 2027 il se passera tel ou tel
phénomène, bien, il est clair que, de toute façon, il y aura modification à cette carte-là.
Par ailleurs, je me posais une question en vous écoutant, parce que c'était revenu, ça,
souvent sur le tapis à l'occasion de
la dernière carte électorale. La question que je me pose, c'est que, dans des situations
comme la vôtre, où il y a effectivement un écart quand
même important entre la population
électorale et la population totale... la question que je me pose, c'est : Est-ce
que le problème est tant une question de délimitation territoriale ou alors de moyens mis à la disposition du député
pour tenir compte de ces situations très particulières, au fond? C'est une
question que je me suis posée, ça.
Le Président (M. Ouimet) : Mme la
députée.
Mme
Rotiroti :
Oui. Merci. Au niveau des moyens, c'est sûr que, dans nos bureaux de comté, on
a le personnel. C'est sûr que, si on avait un petit peu plus de moyens
pour avoir une ressource de plus, ça aiderait.
Le point que
je voulais vous faire, c'est que ces gens-là, ils viennent dans nos comtés, ils
ne sont pas nécessairement inscrits
sur la liste électorale tout de suite, mais d'ici un an, un an et demi, parce
qu'en principe, là, dans un an et demi de
l'arrivée de l'immigrant, il reçoit sa citoyenneté canadienne. Alors,
normalement, ces gens-là deviennent des futurs électeurs. Alors, si on
regarde précisément la refonte que vous faites là, ces gens-là, normalement, en
2018, en partie, devraient être des
citoyens, ce qui n'est pas considéré, parce que, quand vous faites vos
réaménagements pour cette carte-ci, vous regardez strictement le nombre
d'électeurs. Vous l'avez bien précisé.
Alors, je voulais juste vous sensibiliser à cet
effet-là, que, sur l'Île-de-Montréal, la majorité des comtés vit ce phénomène-là,
et c'est des personnes, je dirais ça comme ça, qui ne sont pas comptabilisées
dans... parce que vous dites : La refonte se fait sur
les personnes qu'on voit sur la carte électorale. Alors, c'était juste vous
sensibiliser là-dessus.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Ouimet) : Très bien.
Alors, ça va mettre un terme à ce bloc avec la députée et le comté de Jeanne-Mance—Viger.
Merci. De l'est de Montréal, dirigeons-nous vers l'ouest de Montréal. Et je salue M. le député
de Robert-Baldwin et ministre des Finances
et je lui cède la parole pour nous parler de son comté et de l'Ouest-de-l'Île de Montréal. M. le député.
M.
Leitão : Très bien.
Merci beaucoup, M. le
Président. Nous sommes aussi voisins,
d'ailleurs. Alors, M. Reid, MM. les commissaires, bonjour,
chers collèges de l'Assemblée nationale. Bonjour, tout le monde.
Comme vous
savez, la Commission de l'Assemblée
nationale est convoquée afin de
procéder à l'étude du rapport préliminaire
de la Commission de la représentation
électorale portant sur la réforme de la carte électorale, dont le rapport
a été déposé en mars 2015, et nous procédons maintenant à son analyse.
Maintenant, en tant que députés provenant des quatre
coins du Québec, nous, les députés, connaissons en détail les réalités de
chacun de nos comtés, et notre tâche, je dirais même notre devoir est de
suggérer des bonifications, des améliorations à l'ouvrage qui nous a été
présenté, notamment en y insufflant la
perspective des commettants que nous représentons. Donc, c'est non seulement notre
tâche, mais c'est notre devoir d'être ici et de participer à ce
processus.
Rappelons aussi que, dans notre système
électoral, où le gouvernement est nommé en fonction du nombre de députés obtenu par chaque formation politique, cet
idéal serait théoriquement que tous les comtés aient exactement le même nombre d'électeurs, ce qui coïnciderait,
évidemment, avec la moyenne, qui est de 48 387. Bon. Cette situation
ferait en sorte que le poids d'un vote serait strictement égal à celui
dans tous les autres comtés et qu'aucun ne serait dilué ou sous-représenté. Étant donné que la réalité est
tout autre pour des raisons historiques, pour des raisons géographiques — je regarde
ici nos collègues qui viennent d'autres régions — donc, la réflexion doit tendre à atténuer
les écarts à la moyenne des électeurs
par circonscription. Nous devons également garder en tête que le processus en
cours aujourd'hui concerne les deux
prochaines élections générales et donc constitue un exercice de projection, à
moyen et à long terme, de ce que sera
le Québec possiblement dans six ans. Ainsi, nous devons anticiper la manière
dont la démographie sera influencée par
les facteurs sociologiques et culturels. Cet élément est particulièrement
important pour mon comté, de Robert-Baldwin, ainsi que pour
l'Île-de-Montréal en général.
En ce qui
concerne mon comté, de Robert-Baldwin, que j'ai l'honneur de représenter depuis
avril 2014, il s'agit d'un comté de
55 318 personnes disposant de la capacité de voter, donc d'électeurs, en
date du 30 novembre 2014. Cela représente
6 931... de plus que la moyenne québécoise. En d'autres mots, les
électeurs de mon comté ont un vote qui pèse 14 % de moins que la moyenne de la province. Bon. Cette situation
n'est pas, bien sûr, unique. Mes voisins de Saint-Laurent ou de Nelligan ont aussi des citoyens dont le vote
est encore plus dilué que Robert-Baldwin. En ce qui concerne mon collègue de
Saint-Laurent, son écart à la moyenne est le plus grand de toute
l'Île-de-Montréal, écarts négatifs et positifs confondus.
Bon.
Robert-Baldwin a un tissu social assez particulier et une démographie affectée
tant par les naissances que par
l'immigration. Bien que les chiffres du recensement de 2016 ne deviendront
disponibles qu'un peu plus tard en 2017, il est néanmoins raisonnable d'affirmer qu'une proportion significative
des 6 400 immigrants n'ayant pas le droit de vote en 2011 l'ait obtenu en 2018, et probablement
davantage en 2022. Et, je pense, c'est ça, la question qui a été soulevée
par ma collègue et d'autres collègues avant,
c'est ce processus dynamique de la démographie où l'immigration mène vers
la citoyenneté. Donc, ce n'est plus
seulement une question de faire des projections démographiques, mais il faut
ajouter à cela ce passage d'immigrant
à citoyen, donc avec le droit de
vote. Donc, les écarts de 2014, écarts entre la moyenne, et leur probable accroissement entre 2018 et 2022
semblent ne pas avoir été pris en considération... cette dynamique de
passage d'immigrant à citoyen.
Paradoxalement,
deux comtés situés à proximité de Saint-Laurent et ayant des écarts moindres
que le nôtre font l'objet d'un changement majeur. Bien sûr, je parle ici
du projet de fusion des comtés de Mont-Royal et d'Outremont. Permettez-moi, M. le Président, d'accorder un peu plus de temps à ce passage du rapport, étant donné que la disparition
d'une circonscription est bien plus lourde de conséquences que de simples
ajustements de frontières.
En bref, le
rapport souhaite répondre à deux problématiques qui ressortent des chiffres cités,
couvrant la période de 2007 à 2014.
D'une part, l'étude invoque une diminution relative du poids électoral de la
région de l'Île-de-Montréal dans l'ensemble du Québec
et, d'autre part, elle mentionne un secteur présentant une concentration de
circonscriptions comptant un faible
nombre d'électeurs. Bon. Il en ressort donc que la recommandation du rapport ne vise pas principalement
à atténuer de possibles écarts à la moyenne dans le secteur, mais plutôt à
trouver un endroit où retrancher un comté à Montréal.
Dans un premier temps, permettez-moi, M. le
Président, de réitérer que nous conduisons ici un exercice d'anticipation... démographique — excusez-moi,
la session recommence, on est un peu rouillé, on va y arriver — donc,
démographique de 2018 et 2022. Les
variations d'électeurs entre 2011 et 2014, à mon humble avis, ne permettent pas
vraiment de saisir l'impact à retardement des milliers d'immigrants qui
deviennent citoyens, et, je pense, à mon avis, c'est vraiment
un point majeur. Rappelons que Montréal est la région où s'établissent, comme ma collègue
l'a mentionné, la très grande majorité
des immigrants au Québec. On a parlé de statistiques — on
n'a pas besoin de les répéter : l'augmentation
de la population, l'augmentation de l'immigration, le poids de l'immigration à Montréal.
Mais, encore une fois, je reviens à cet aspect dynamique de passage
d'immigrant à citoyen.
Maintenant,
les données du recensement de 2016 ne sont pas encore disponibles, et c'est
malheureux, parce que le recensement de 2016, de l'avis de tous les
spécialistes, a été un grand succès. Le recensement de 2011, il y a
eu toutes sortes de questions, et je
ne veux pas revenir là-dessus, mais disons que, d'un point de vue historique, ça n'a pas été un grand
succès de précision et donc de valeur statistique. Par
contre, le recensement de 2016 a eu
un taux de participation bien
supérieur à la moyenne, et donc on s'attend... enfin, tous les chercheurs
s'attendent à ce que les données qui vont sortir du recensement de 2016 soient vraiment d'une qualité bien
supérieure à celles de 2011. Donc, je pense qu'on devrait tenir ça aussi
en considération.
Maintenant — parce qu'on a passé sur ça, on n'a pas
besoin de revenir sur ces choses-là — je vais juste peut-être mentionner que, bien que les frontières ne soient
plus exactement les mêmes en ce qui concerne, si jamais il y avait ce changement qui se ferait, Outremont et Mont-Royal,
évidemment, ça aurait des effets aussi sur les circonscriptions voisines,
que ce soit D'Arcy-McGee, NDG, etc. Donc,
c'est un changement majeur qu'on s'apprête à considérer, et moi, j'inviterais
la commission à être prudente dans cet
exercice-là, sachant que, d'abord, ce n'est jamais agréable démocratiquement de
retirer un comté à une région, ça a
des effets sur la représentativité et la démocratie elle-même, et,
deuxièmement, le temps est assez
court. De 2014 à aujourd'hui, je pense qu'on n'a pas eu assez de temps pour
évaluer ce processus de changement démographique venant de l'immigration
et d'avoir les meilleures données possible qui vont nous être fournies par le
recensement de 2016.
Alors, en terminant, donc permettez-moi de
réitérer qu'en l'absence des données du recensement de 2016 un redécoupage aussi majeur dans l'ouest de Montréal,
à mon avis, semble difficile à justifier. Et donc je réitère à la commission
que la commission devrait limiter ses
modifications à la carte électorale au strict nécessaire et maintenir le plus
possible le statu quo actuel, bien sûr, jusqu'à ce qu'on puisse avoir
des chiffres plus à jour. Merci beaucoup.
• (11 heures) •
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci à vous, M. le député de Robert-Baldwin. Quelques réactions
de la part des membres de la commission? M. Jean.
M. Jean
(Bruno) : Oui. Écoutez, moi, quand on a fait nos travaux, j'ai été
très surpris de voir ce déphasage entre l'évolution démographique de Montréal globale, qui est globalement
positive, et l'évolution du nombre d'électeurs. Et une des raisons qui expliquent... il y a un
changement à quelque part, c'est-à-dire que la stabilité et l'évolution
démographiques de Montréal dépendent
de plus en plus des migrations internationales, parce que les migrations
internes au Québec, qui traditionnellement allaient sur
l'Île-de-Montréal, vont dans les banlieues de Montréal beaucoup plus qu'avant,
vont même ici, à Québec. Et votre collègue a
mentionné un phénomène qui est assez lourd, c'est la migration des Montréalais
vers ces zones de banlieue, bien qu'il y ait
le phénomène de retour, que les statistiques commencent à capturer et, évidemment,
qui est à encourager. Mais moi, je pense que la base de données que nous avons
de la liste électorale permanente et les
projections qu'on peut en faire... Je ne pense pas que les données, si fiables
soient-elles, du recensement de 2016 changeraient beaucoup de choses à
nos analyses et aux prévisions qu'on peut faire.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci, M. Jean, pour cette intervention. M. Reid, vous souhaitez
intervenir?
M. Reid
(Pierre) : Peut-être un
élément d'information. Quand on parle de recensement, l'Institut de statistique
du Québec, dans ses projections, là, entre
2011 et 2036, dit : «Malgré l'augmentation de sa population, le poids
démographique de la région
administrative de Montréal ne changerait qu'à peine, baissant de 23,9 % à
23,8 %, tandis que les quatre régions qui l'entourent, Laval, Lanaudière, Laurentides et Montérégie,
progresseraient collectivement de 36,5 % à 38,9 %.» Point
d'information.
Le Président (M. Ouimet) : M. le
député de Robert-Baldwin.
M.
Leitão : J'en conviens et j'aimerais juste revenir sur ce que vous
avez mentionné tantôt, l'aspect dynamique de l'immigration, c'est-à-dire : les gens arrivent comme immigrants
et, quelques années plus tard, deviennent citoyens. Donc, en effet, c'est un déplacement de la
population de l'Île-de-Montréal vers les banlieues, mais la population de l'île
demeure relativement stable parce qu'il y a
des gens de l'extérieur qui viennent. Mais, les gens de l'extérieur qui
viennent, c'est seulement un peu plus
tard qu'ils deviennent citoyens et donc qu'ils deviennent électeurs. Et la
concentration de ces nouveaux
arrivants dans certains quartiers, dont justement Outremont particulièrement,
fait en sorte que, quand on fait des projections d'augmentation des électeurs
dans des quartiers comme Outremont, je pense qu'on doit aller un peu plus
loin que seulement l'aspect démographique, mais tenir en considération cet
aspect de passage, bon, de résident à électeur.
Le Président
(M. Ouimet) : Très bien.
Alors, merci, M. le député de Robert-Baldwin, pour ces interventions.
Retournons dans l'est de l'Île-de-Montréal, et je souhaite la bienvenue
à — bien
sûr, il participe à nos travaux depuis les
débuts — M. le
député de LaFontaine, porte-parole pour la formation ministérielle, mais il
porte son chapeau de député de LaFontaine aujourd'hui.
M. Tanguay :
Tout à fait. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, vous me permettrez de
saluer les collègues, bien
évidemment, et de saluer nos trois commissaires. Je pense qu'on peut vous
appeler comme ça, vous êtes des commissaires. Alors, M. Reid, M.
Courville et M. Jean, merci beaucoup d'être là avec nous aujourd'hui.
Pour ce qui
est de LaFontaine, vous allez voir, mes commentaires vont de façon plus large
que mon comté, de LaFontaine. J'ai
bien évidemment noté à la page 84 qu'il n'y avait pas de changement de prévu.
Je veux faire écho à l'importante notion
de communauté naturelle. Pourquoi... qu'il n'y a pas de changement dans le
rapport, pourquoi nous en parle-t-il? Techniquement,
il y aurait toujours loisir pour vous, dans votre rapport final, d'aller
toucher à LaFontaine et, quand on parle
de communautés naturelles... mais je vois que ce n'est pas dans les livres, là,
mais de modifier LaFontaine. Il fait partie de l'arrondissement
Rivière-des-Prairies—Pointe-aux-Trembles.
Rivière-des-Prairies,
c'est LaFontaine, c'est copier-coller, si bien que, quand je me présente
partout à la population, je dis : Bonjour. Marc
Tanguay, député de
LaFontaine, député
de Rivière-des-Prairies. Je ne
demande pas un changement de nom, parce que
LaFontaine, évidemment, est un personnage historique majeur, mais
Rivière-des-Prairies et LaFontaine, c'est du un pour un. Pointe-aux-Trembles,
c'est ma collègue — vous
me permettrez un écart au règlement — ma collègue de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger. Alors, je ne la nommerai plus par son nom. Et, ma collègue
de Pointe-aux-Trembles, même si c'est le même arrondissement, c'est une tout autre réalité. Puis ce n'est pas juste le fait
que la 40 nous divise, dans le sens pas péjoratif, mais très clairement il y a
un sentiment très fort des Prairivois et Prairivoises.
Les gens de Rivière — on
est de Rivière, nous autres — c'est
LaFontaine. Donc, ça, la communauté naturelle, c'est très, très fort.
Ceci étant
dit, M. Reid, puis j'ai 20 minutes, j'ai beaucoup d'éléments sur lesquels
j'aimerais attirer votre attention, et
le premier n'est pas... c'est-à-dire, le second n'est pas le moindre. Vous avez
dit, M. Reid, mardi dernier, le 13 septembre, et je vous cite : «...la préoccupation de la commission, c'est
d'avoir une carte électorale qui ne porte pas flanc à la contestation
judiciaire. [...]je pense que notre carte franchirait [...] toute contestation
judiciaire.»
J'aimerais
savoir, M. le Président, de la bouche de M. Reid s'il a une opinion juridique
confirmant que votre carte franchirait toute contestation judiciaire.
M. Reid (Pierre) : Non, je n'ai pas
d'opinion juridique en ce sens.
M. Tanguay :
Très bien. M. le Président, nous avons eu communication d'une opinion juridique
datée du 9 septembre 2016 qui nous a
été communiquée, à tous les membres de la Commission de l'Assemblée nationale,
du doyen de la Faculté de droit de
l'Université de Montréal, un constitutionnaliste, Me Jean-François
Gaudreault-DesBiens, qui nous a communiqué ladite opinion juridique.
J'aimerais savoir si les commissaires ont lu l'opinion juridique.
M. Reid (Pierre) : Oui, M. le
Président.
M. Tanguay :
Parfait. Dans ladite opinion juridique, M. le Président — vous me permettrez de la citer — à la page 23, on précise le point majeur, que la finalité du droit, le corpus
législatif, qui est la Loi électorale et la Constitution du Canada, la Charte des droits et libertés de la
personne, article 3 et article 22, charte des droits du Québec... la finalité
du droit, c'est faire en sorte d'avoir un
meilleur gouvernement pour l'ensemble de la population. C'est l'objectif. Et,
dans cette opinion juridique là, je vais citer deux extraits, moi, M. le
Président, qui me préoccupent beaucoup, beaucoup, beaucoup. Page 2 et page 3, deux citations, l'opinion juridique. Le
doyen de la Faculté de droit à l'Université de Montréal, je le cite : «...nous estimons que, sous
plusieurs aspects, l'analyse et les propositions formulées par la commission
dans son rapport préliminaire — rapport qu'on étudie — sont porteuses de violations potentielles
des droits démocratiques.» Fin de la première citation.
Page 3, deuxième citation : «Ces violations
potentielles de ces droits démocratiques fondamentaux découlent principalement
de la distorsion déraisonnable et potentiellement inconstitutionnelle que fait
subir la commission au principe de la
représentation effective du citoyen, particulièrement à la lumière de la saisie
qu'elle fait de la situation des électeurs des circonscriptions de la
Mauricie et de Montréal...» Fin de la citation.
J'aimerais,
M. le Président, entendre les commissaires sur ce drapeau rouge majeur. La Loi
électorale du Québec leur donne des balises dans son application. Il
peut y avoir une révision, c'est toujours un potentiel... une révision judiciaire de la Loi électorale du Québec, mais
aussi une révision, c'est un fait, du rapport de mars 2015 et du rapport final,
qui imposera la nouvelle carte électorale.
J'aimerais avoir les commentaires de M. Reid quant à cette opinion juridique,
qui ne vient pas du moindre, là,
constitutionnaliste, du doyen de la Faculté de droit de l'Université de
Montréal, qui lève un important
drapeau rouge quant au rapport qu'on étudie, qu'il pourrait y avoir des
contestations judiciaires, selon ce que
nous révèle l'opinion juridique. Moi, là, comme législateur, comme électeur
mais comme citoyen, ça me préoccupe énormément.
Qu'entendent faire M. Reid
et les commissaires quant à ce danger hautement risqué pour notre démocratie,
M. le Président?
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, M. le député de LaFontaine. M. Reid.
• (11 h 10) •
M. Reid
(Pierre) : Nous avons pris
connaissance de l'avis juridique. Nous allons l'analyser davantage et nous
allons tenir compte des commentaires qui
sont faits dans cette analyse. Mais, pour le moment, je n'ai pas l'intention de discuter ici, et vous comprendrez, de cette opinion juridique. Effectivement, il y a des commentaires
qui sont faits. On a déjà eu des commentaires similaires lors de la
révision de... en fait, lors de la carte électorale il y a quelques années. Mais on les prend en considération. Et c'est sûr
que, comme commissaires, on vise à ce que la carte ne puisse pas être
contestée judiciairement. Mais, naturellement, chaque citoyen est libre de
prendre une action judiciaire. Mais, en ce sens-là, moi, je n'ai pas... comme je vous dis, je suis
juriste, mais je ne veux pas non plus entrer dans un débat, dans des discussions sur la valeur des arguments qui
peuvent être amenés par le doyen, je
pense, de la faculté de l'Université de Montréal... la Faculté de
droit.
M. Tanguay : ...M. le
Président, puis je ne veux pas aller...
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci. M. le député.
M. Tanguay :
...je ne veux pas aller au fond des choses, moi non plus, c'est une opinion
juridique. Là, j'entends de la bouche
de M. Reid et des commissaires qu'il n'y a pas eu, jusqu'à maintenant, d'opinion
juridique. C'est un fait. Là, il y en
a une. C'est débattable. On n'ira pas, ce matin, au fond des choses, mais c'est
un gros drapeau rouge. J'aimerais savoir
si M. Reid a l'intention de demander... s'il a les ressources pour le
faire. Aussi, j'aimerais le savoir, parce que c'est notre Commission de
la représentation électorale. A-t-il les ressources financières?
Va-t-il
demander une opinion juridique pour étayer ce qu'il a dit? C'est qu'il pense
que lui, il est à l'abri de toute contestation
judiciaire, lui étant l'institution. Va-t-il en commander une? Et, le cas
échéant, en vertu, M. le Président, de la Loi électorale, j'aimerais qu'il s'engage à pouvoir nous en communiquer
une copie avant que le rapport final soit déposé.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Merci, M. le député. M. Reid.
M. Reid
(Pierre) : Oui. Nous allons
prendre connaissance de l'avis et évaluer... Naturellement, on pourra voir...
et là j'aurai une rencontre avec les deux
autres commissaires pour évaluer, effectivement, l'opportunité de... par
rapport aux commentaires qui sont faits dans l'opinion juridique ou dans
les commentaires qui nous viennent de membres de la commission, si
effectivement un avis juridique est nécessaire à cet effet-là. Mais la décision
n'est pas encore prise.
M. Tanguay : Et, dernier point là-dessus, M. le
Président. Après ça, je vais aller, moi, de façon factuelle, comme député de
LaFontaine, parce que ce n'est pas juste le débat juridique, sur quatre
déséquilibres qui sont créés par le rapport de mars 2015, qui ne nous mettent pas à l'abri de contestations
judiciaires. Donc, j'en prends bonne note. Si d'aventure il y a une opinion juridique, en vertu de
l'article 26 de la Loi électorale, que les commissaires connaissent mieux que
moi, où il est dit que la Commission de la représentation électorale
doit lui fournir, à nous, la Commission de l'Assemblée nationale, tous les documents et renseignements nécessaires, je prends
pour acquis que, s'il y a une opinion juridique qui est demandée, on va en recevoir copie puis que, si
on n'en reçoit pas de copie, bien, c'est parce qu'il n'y a pas eu d'opinion juridique.
Mme
Maltais : Sur
cette question.
Le Président (M. Ouimet) : Sur une
question de règlement.
Mme
Maltais :
Oui, oui, parce que, là, on n'est plus du tout dans le débat sur la carte
elle-même, on est sur un débat
différent, c'est-à-dire : Est-ce qu'on impose au Directeur général des
élections et à la commission de déposer ces avis juridiques? Il y a plusieurs opinions là-dessus, M. le Président. Je me
rappelle que justement le même collègue a exigé les avis juridiques sur la charte puis n'en a jamais plus parlé quand,
après ça, on demandait des avis juridiques sur le projet de loi
n° 59 de notre côté.
Aujourd'hui,
il veut forcer la Commission de représentation électorale à déposer un avis
juridique. Au collègue de LaFontaine : Opinion varie, bien fol qui
s'y fie, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Moi, comme président, j'ai entendu les questions du député de LaFontaine,
j'entends également les souhaits qu'il émet.
Par la suite, ça appartiendra à la Commission de la représentation électorale
de faire sa réflexion et de décider de la marche à suivre par la suite. M. le
député.
M. Tanguay :
Et, M. le Président, moi, je ne peux pas forcer les membres de la Commission de
la représentation électorale, mais, quand je lis l'article 26, puis on
n'est pas du tout dans le débat d'une opportunité législative ou pas, l'article
26 — puis
ça me surprend d'une collègue de l'opposition officielle, où on veut, dans les
commissions parlementaires, faire toute la
lumière puis on veut de la transparence — l'article 26 est l'esprit de la Loi
électorale et fait en sorte que nous, nous puissions, les 125 députés à l'Assemblée nationale,
nous prononcer au vu et au su de tous les éléments pertinents. Je ne verrais pas en quoi il y aurait
un droit constitutionnel à notre Commission de la représentation électorale
de garder par-devers elle une opinion juridique quant au bien-fondé... Encore
une fois, j'en prends bonne note.
Puis, M. le Président, il y a des rappels au
règlement, mais j'ai besoin de mon temps. J'espère que vous serez indulgent,
là, à la fin de mon 20 minutes, M. le Président, pour ne pas...
Alors, en
vertu de l'article 26, la commission doit lui fournir tous les documents et
renseignements nécessaires. Et j'ai
pris bonne note que M. Reid avait cette intention-là, si d'aventure il y
avait une opinion juridique, de faire preuve de transparence et de la communiquer,
le cas échéant.
Le Président (M. Ouimet) : ...ne pas
mettre des mots dans la bouche du président de la commission.
M. Tanguay : Il peut me
corriger.
Le
Président (M. Ouimet) :
C'est ce que vous voulez dire, là. Il en prend note, et puis il va réfléchir et
puis par la suite il décidera
de la marche à suivre.
Mme
Maltais : ...un
commentaire à faire, une question de règlement, là, parce que, là, on est
ici...
Le Président (M. Ouimet) : Oui. Je
vais vous réserver votre temps, M. le député de LaFontaine.
Mme
Maltais : Oui,
oui, tout à fait, parce que ce n'est pas dans la...
Le Président (M. Ouimet) : Il vous
reste 8 min 50 s. Je vais vous réserver ça.
Mme
Maltais : Je suis un peu étonnée de voir qu'à travers le
processus de révision de la carte électorale le député de LaFontaine
entreprend une révision de la constitutionnalité de la loi qui nous gouverne,
de la Loi électorale, depuis longtemps. Je pense que cela est un autre débat et qu'il
aurait dû le faire ailleurs. En le faisant ici, je... Comment puis-je échanger avec le collègue? Comment puis-je
débattre de ce qu'il dit à travers cette mécanique? Ça
m'oblige à procéder par questions de règlement.
Alors, si le
député et si le parti du gouvernement veulent contester la constitutionnalité de la Loi
électorale, qu'ils le fassent dans
les règles et non pas à travers la facilité du fait d'être le seul à avoir le droit de parole, parce qu'on n'est pas normalement en train de parler
de ça, on est en train de parler de cette carte électorale.
Le Président (M. Ouimet) : M. le
député d'Orford, sur la question de règlement.
M.
Reid
(Orford) : Sur la question de règlement, rapidement, M. le
Président. On a eu à en débattre
déjà, là. Je pense que tous les membres de la commission, tous
les députés disent des choses pour lesquelles parfois d'autres députés ne sont pas d'accord — ça m'est arrivé plusieurs fois — mais on a convenu qu'on n'interviendrait pas
et on n'en ferait pas de débat. Je pense qu'il faut continuer la
représentation. Le député de LaFontaine fait son travail.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien.
Bon. Et, question d'opinion, moi, je pense que le député de
LaFontaine est maître des 20 minutes, et comment il souhaite
les utiliser, ça lui appartient. J'entends bien le point que vous soulevez,
Mme la députée de Taschereau, mais moi, je ne peux pas dire au député de
LaFontaine comment utiliser son temps de parole. Ça lui appartient.
M. Tanguay : M. le Président,
merci beaucoup.
Le Président (M. Ouimet) : M. le
député de LaFontaine, là, on retombe sur votre temps, donc le compteur...
M. Tanguay : Oui, puis j'ai dit ce que j'avais à dire là-dessus, puis, si je résume ma position, c'est
que la transparence est de mise, c'est notre démocratie.
Il y a une minute qui a été compilée.
Pouvez-vous me remettre à 9 min 30 s, s'il vous plaît? Je vous
en fais la demande, M. le Président — j'ai beaucoup d'éléments — si on pouvait avoir
9 min 30 s, parce qu'il y a eu une minute de premier rappel au règlement.
Le Président (M. Ouimet) : On a
arrêté... et je vous l'avais indiqué, on a arrêté le chronomètre.
M. Tanguay : Après une minute
de ma collègue.
Le Président (M. Ouimet) : Non,
c'est ça, on l'a arrêté, le chronomètre...
M. Tanguay : O.K. Alors, il
me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ouimet) : ...au
moment où elle est intervenue sur la question de règlement.
M. Tanguay :
Il me reste donc 8 min 30 s.
Le Président (M. Ouimet) :
8 min 30 s, à peu près.
M. Tanguay : D'accord. Je
vous remercie, M. le Président.
En
8 min 30 s, je vais, M.
le Président, essayer de démontrer
quatre déséquilibres majeurs qui sont créés par la proposition de carte
électorale de mars 2015 qui est contenue dans le rapport.
Il y a d'abord
ce que je vais souligner. De mémoire, à la page 23, il y a
d'identifiés huit comtés avec des écarts négatifs. On enlève les Îles-de-la-Madeleine.
Donc, en excluant les Îles-de-la-Madeleine, il y en a sept, comtés avec écart négatif. Le rapport de mars 2015, puis c'est tout à fait correct, fait en sorte
qu'il resterait six comtés avec écart négatif. C'est correct. Ça, j'en
suis, pas de problème là-dessus. Mais on vient régler les trois comtés à écart
positif, à savoir Rousseau, Mirabel et La Pinière, on vient les régler,
eux, totalement. Alors, les écarts positifs sont réglés totalement.
La solution
qui a été mise de l'avant pour La Pinière. La Pinière avait plus
25,8 %. Alors, on prend des 60 000
électeurs de La Pinière... on en donne 7 000 à Laporte et on fait en
sorte que La Pinière passe de
25,8 % à 11 %. C'est ce que j'appelle la solution
La Pinière. Je vous invite à appliquer la solution La Pinière — vous me voyez venir — à Rousseau et Mirabel, et, si vous faites
ça, La Pinière — vous
prenez 7 000 électeurs, vous les mettez à Laporte, il passe de 25,8 % à 11 % — vous déplacez 7 000 électeurs. Si vous
dites : J'applique la solution La Pinière à Rousseau et Mirabel,
donc je les fais passer de plus 33 % et
plus 28 % à 11 %, vous déplacez 19 000 électeurs, vous avez 15
comtés pour le faire. Très facile à faire, selon moi. Premier élément.
Deuxième élément : écart, déséquilibre
majeurs. Vous décidez de ne pas appliquer la solution La Pinière à Laurentides-Lanaudière, vous décidez de ne pas
déplacer à travers 15 comtés 19 000 électeurs. À quel prix? Puis c'est
là où il y a un biais, je pense, M. le
Président, puis je le dis respectueusement, puis il y a un écart, un manque
démocratique : au prix de dire
aux gens de Saint-Maurice : Vous
perdez votre député. C'est
35 000 personnes. Puis vous dites aux gens de Mont-Royal et
Outremont — en
moyenne, les deux comtés ont 40 000 électeurs : Vous perdez votre
député.
• (11 h 20) •
Donc, pour ne
pas appliquer la solution La Pinière, de déplacer 19 000 électeurs à travers 15 comtés, vous décidez de ne pas le faire, vous faites plutôt perdre à
35 000 — Saint-Maurice — électeurs et à 40 000 électeurs de
Mont-Royal et d'Outremont... vous
leur faites perdre leurs comtés. Moi, j'y vois là un déséquilibre démocratique
qui, je crois bien humblement, ne se justifie pas.
On a parlé
beaucoup de Montréal et de la population. Moi, quand je suis élu député de
LaFontaine, je me dois à toute la
population. On a fait très peu de cas... et on a toujours voulu, je pense, dans
plusieurs interventions qui touchaient à
la population, dire : Bien, c'est le nombre d'électeurs, c'est le nombre
d'électeurs, c'est le nombre d'électeurs. Oui, mais l'article 15 fait en sorte qu'il doit y être
considéré, bien évidemment, la population. Et c'est dit : La
circonscription représente une
communauté naturelle, et il doit y avoir des considérations d'ordre démographique,
sociologique et des taux de croissance de
la population. Alors, qu'on ne vienne pas me dire : Nous, c'est juste les
électeurs, on ne peut pas considérer la population que vous desservez,
parce que, là, M. le Président, il y a un déséquilibre démographique et
démocratique.
Et je refaisais mes calculs tout à l'heure,
parce que j'ai beaucoup réfléchi sur la situation de Montréal. Donc, contexte : Montréal, où, ce qui est proposé,
on ne veut pas déplacer 19 000 électeurs dans Laurentides-Lanaudière à
travers 15 comtés. On dit à
Montréal : On vous fait perdre un comté, au préjudice de 40 000
électeurs. Bien, savez-vous, M. le Président,
qu'il y a une statistique extrêmement importante et parlante, la différence
entre la population et les électeurs? Au
Québec, en vertu des données de 2011, il y a 7 millions... je vais vous
sortir les chiffres, au Québec, il y a 7 millions... Ça, c'est les
chiffres de 2011. On est à plus de 8 millions, mais on prend les chiffres
comparables. 2011 : 7,9 millions de population, 6 millions
d'électeurs. Donc, il y avait 1,9 million de plus de population que
d'électeurs. 1,9 million sur 6 millions,
c'est 31 %. Donc, pour la grandeur du Québec, 31 % est la marge
supérieure du nombre d'électeurs — 31 %.
On dit :
Laurentides-Lanaudière, c'est épouvantable, il faut ajouter deux comtés.
Laurentides-Lanaudière, la marge supérieure,
c'est 32 %. Elle est en plein dans les statistiques du Québec :
31 %, 32 %. Outaouais, cette marge-là n'est pas à 31 %,
32 %, elle est à 40 %; et, tenez-vous bien, à Montréal, à 53 %.
Moi, j'ai 42 000 électeurs. Bien, au-dessus de 42 000 électeurs, M. le Président, j'ai 53 % de plus de gens
que je dois desservir. Une moyenne : sur 28 comtés à Montréal, prenez le nombre d'électeurs, ce qui est une
donnée, mais ajoutez-y en moyenne 25 000 personnes. Ça, c'est deux fois et
demie les Îles-de-la-Madeleine. Ajoutez-y
25 000 personnes. Pourquoi? 53 %, nous le tenons en soustrayant de la
population Montréal :
2 millions. En 2011, c'est 1 999 795. Montréal :
2 millions de population moins 1,3 million d'électeurs donnent
un différentiel de 695 000 personnes. 695 000 personnes représentent
quoi par rapport aux électeurs, ce qui est 1,3 million?
C'est 53 % de plus. 695 000 divisé par 28 comtés, c'est 25 000
personnes. On pourrait me dire, M. le Président : Allons plus
loin — il
me reste deux minutes — ce
sont des jeunes, ce sont des jeunes. Non, parce que, de ce 53 % là, M. le Président, 23 % — 53 % moins 23 % — 23 % de ce 53 % là sont des jeunes
de 0-14 ans. Je n'ai pas, malheureusement, la statistique 0-18, mais
0-14 ans, c'est 23 % du 53 %. Le 30 %, c'est 14 000.
Donc, je suis
député de LaFontaine, un comté de Montréal. J'ai mon nombre d'électeurs.
Ajoutez-y 25 000 citoyens qui
n'ont pas le droit de vote, qui ne sont pas électeurs. J'enlève les 0-14 ans.
Il m'en reste 14 000. Ce qui explique que, quand je faisais du porte-à-porte, puis du porte-à-porte, M. le
Président, en élection... J'avais une personne qui réside, depuis 30, 40 ans,
dans Rivière-des-Prairies, en face du parc Alexis-Carrel. On va aller voir mon
bon ami — on
discute, on discute, on discute — un homme qui a bâti sa maison, et une femme
qui ont une soixante d'années, peut-être même plus... 70 ans et plus, ont bâti leur maison. Ça fait 30 ans qu'ils sont
à Rivière-des-Prairies. Un bon ami de la personne qui m'accompagne, mais je lui ai dit : Il n'est
pas sur la liste électorale, non, il n'a pas qualité d'électeur, mais lui,
quand il a un problème, il vient me voir.
Et
c'est ça qu'on dit : 80 %, ou à peu près, de l'immigration vient à
Montréal, il y a des gens qui sont hors statistiques. Et la meilleure
façon de voir la pointe de l'iceberg, c'est cette façon-là.
M. le
Président, je vois que vous me faites signe. La Mauricie, en enlevant un comté
sur cinq, on la fait monter dans le
hit-parade des régions en termes de nombre d'électeurs. L'Outaouais demeurerait
à plus 13 %, moyenne générale; Mauricie, à plus 10 %; et le
troisième, c'est 5 %, c'est la Capitale-Nationale. Alors, la Mauricie, je vois
là un autre déséquilibre. On enlève un
comté, on la propulse dans le hit-parade des régions ayant un taux d'électeurs
très élevé.
Et là, M. le
Président, vous allez me permettre de conclure sur le fait que, bon an, mal an,
là, les réformes de carte électorale,
ça s'est fait en 1992, 2001, 2011, ça s'est fait sur neuf, 10 ans. Bon an mal
an, sur neuf, 10 ans, il s'est fait les réformes de la carte électorale. Aujourd'hui, on travaille... la
dernière élection, 2012, l'élection de 2018, on travaille sur six ans.
Nous n'avons pas non seulement le bénéfice du dernier recensement 2016...
Le Président (M. Ouimet) : En
conclusion.
M. Tanguay : Je conclus en 20
secondes, M. le Président. Non seulement nous n'avons pas le bénéfice du recensement 2016, qui est imparfait... N'oubliez
pas, moi, j'ai mes électeurs. Rajoutez-moi-z-en 14 000, de gens qui sont
majeurs. Enlevez les 15-18 ans, là.
14 000; gardez-moi-z-en 10 000 qui sont majeurs, qui ne sont pas
citoyens et qui n'ont pas le droit de vote, puis c'est toujours eux
qu'on voit dans notre bureau de comté.
Je termine en disant : Faites attention. On
a parlé de l'opinion juridique, on a parlé de possibles contestations
judiciaires. Vous n'avez pas le bénéfice de quoi?, de quatre années supplémentaires
de données, de statistiques, puis l'exemple
le plus frappant, c'est les données du recensement 2016. Puis, cette carte-là,
là, pourquoi on est sur six ans? C'est
parce qu'il y a eu un gouvernement minoritaire, puis rapidement on est tombé
là-dessus, l'esprit de la loi et de le faire aux neuf, 10 ans, comme les
derniers éléments.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien.
M. Tanguay : Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Ouimet) : Merci,
M. le député de LaFontaine. En passant, nous avons largement rattrapé votre
minute et demie qui avait été prise par l'opposition officielle.
M. Tanguay : Merci. Je vous
reconnais bien, là.
Le Président (M. Ouimet) : Juste
vous le signaler amicalement, en passant.
Alors, merci
à vous. Passons maintenant à la région de la Montérégie, et je salue Mme la
députée de Vaudreuil, à qui je cède la parole.
Commission de la
représentation électorale
du Québec (CRE), Montérégie (suite)
Mme
Nichols : Oui. Alors, merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon
tour de saluer mes collègues et de vous saluer, M. le Directeur général
et MM. les commissaires.
Alors, voilà,
députée de Vaudreuil, qui est ici aujourd'hui pour vous faire des
représentations. Vous êtes d'ailleurs passés
en avril dernier, là, dans le magnifique comté de Vaudreuil, et je sais que
vous avez rencontré des gens de Vaudreuil et de Soulanges, des citoyens et certains élus, et vous avez aussi reçu
le mémoire du maire de la ville de Vaudreuil-Dorion, qui est touchée par
les propositions que vous avez émises.
Alors, à mon
tour, j'ai fait ma tournée dans le comté et j'ai consulté et j'ai approché les
citoyens, j'ai approché des élus. J'ai
aussi eu beaucoup de discussions avec des membres de mon exécutif qui sont
d'ailleurs touchés par les recommandations
qui sont émises, puisque, dans vos recommandations, vous suggérez de transférer
la ville d'Hudson dans Soulanges et
une partie de la ville de Vaudreuil-Dorion dans Soulanges aussi. Vous
comprendrez que les réticences sont
beaucoup à l'égard de la division de la ville-centre, qui est Vaudreuil-Dorion.
Je ne vous cacherai pas qu'il y a un sentiment
d'appartenance énorme à la ville de Vaudreuil-Dorion. Vous comprendrez, puis
vous en avez parlé, j'ai lu vos commentaires
à l'effet que l'île Perrot, qui comporte quatre villes, soit
Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, L'Île-Perrot, Pincourt et Terrasse-Vaudreuil, est un peu particulière,
est délimitée par l'eau, c'est une île. Ça va de soi que ça reste dans le comté
de Vaudreuil, mais même L'Île-Perrot fait
affaire avec la ville-centre, qui est Vaudreuil-Dorion. Donc, c'est difficile
pour les gens eux-mêmes de
Vaudreuil-Dorion de comprendre pourquoi L'Île-Perrot va continuer à faire
partie du comté de Vaudreuil mais que
des gens qui habitent la ville de Vaudreuil ne feront plus partie du comté de
Vaudreuil. C'est là où il y a, je
vous dirais, une certaine difficulté. Il y a un sentiment d'appartenance. Il y
a une incompréhension citoyenne à ce niveau-là.
Pour ce qui
est du comté d'Hudson, vous l'avez mentionné aussi, c'est une ville qui est un
peu enclavée, mais c'est une ville
aussi qui crée un lien particulier avec la ville de Vaudreuil-Dorion.
Vaudreuil-Dorion, c'est la ville-centre. Je comprends qu'il y a une démographie croissante impressionnante au
Québec. D'ailleurs, je pense que c'est une... dans les 22 circonscriptions de la Montérégie, là, je
comprends que c'est la circonscription où il y a une démographique en
pleine effervescence.
• (11 h 30) •
Il faut cependant tenir compte de certains
éléments importants, entre autres — puis vous n'en avez pas tenu, là, dans les différents... et, même dans les
présentations qui vous ont été faites, ça a plus ou moins été soulevé — la ville de Vaudreuil-Dorion n'a plus
de terrain à développer. Donc, je pense que c'est important
d'en tenir compte, parce que vous faites
des prévisions à long terme pour la ville de Vaudreuil-Dorion comme si c'était
pour prendre une expansion énorme. Non.
Vous pouvez discuter avec le maire de la ville de Vaudreuil-Dorion. Je pense
qu'ils sont pas mal plafonnés. Il n'y a plus de terrain à développer. Il
y a peut-être un peu de densité à
faire sur des terrains qui existent déjà, mais il n'y a pas de développements urbains qui s'en viennent, contrairement à
Soulanges. Soulanges est une ville... est un comté, pas une ville, là,
mais est un comté où il y a beaucoup encore d'agriculture, il y a beaucoup de
zones blanches, donc on parle d'y installer un pôle logistique. Soulanges est beaucoup
touché par l'autoroute 30 aussi. Donc, si on compare un peu Vaudreuil et Soulanges, moi, ce que je vous dis,
c'est qu'il faut être très prudent, parce que ce n'est pas le fun de se faire
faire des refontes électorales, tu sais,
pour les citoyens, là, ça crée quand même une certaine
incertitude auprès d'eux. Ce n'est
pas le fun de savoir que tu switches d'un comté à l'autre. Ce n'est pas le fun
pour eux de se poser la question : À qui
je me réfère comme député? Je suis citoyenne de Vaudreuil, mais je vais aller me référer à la députée
de Soulanges?
Donc,
moi, ce que je vous dis, c'est qu'il faut être prudent, il faut tenir compte de
l'évolution de la population
mais aussi tenir compte de la capacité des
villes à développer. Donc, Vaudreuil et Soulanges sont départies un petit peu à l'ouest de Montréal,
et on a senti le déplacement du West Island vers Vaudreuil et vers Soulanges,
mais ce que je vous dis, c'est que la
capacité de Vaudreuil est presque au maximum. Donc, je ne vois pas la nécessité... et les citoyens non plus ne voient pas la nécessité de transférer une
grande partie de nos électeurs vers un autre comté. Alors, je pense que c'était
un des points particuliers.
Je
vous ai mentionné aussi, bien, le sentiment d'appartenance, les communautés naturelles.
Je pense que c'est des critères dont
vous tenez compte. Tel que mentionné précédemment, tous les services... ou, en
fait, la majorité des services sont
dans Vaudreuil-Dorion, donc les gens se déplacent. L'hôpital s'en vient dans
Vaudreuil-Dorion, donc autant les gens d'Hudson,
les gens... Puis là on va faire référence au «fief», je pense que c'est le mot
que vous utilisez, là, pour la petite partie
de Vaudreuil que vous souhaiteriez transférer, puis ça ne représente pas quand
même beaucoup d'électeurs. Je pense qu'on parle de 700 électeurs. De
mémoire, là, je pense qu'on parlait à peu près de 700 à 750 électeurs.
Donc,
c'est quand même un gros bouleversement pour 750 électeurs de s'en aller dans
Soulanges, alors que, eux, leur lien d'attachement est encore avec la
ville de Vaudreuil-Dorion.
D'ailleurs,
vous avez sûrement pris connaissance un peu du mémoire du maire, qui, lui, est
vraiment... il ne comprend pas. Il
dit que ça va rendre la tâche presque impossible, auprès de ses citoyens,
d'expliquer ça et de travailler avec eux et il demandait à la commission : S'il vous plaît, ne rendez pas la tâche
impossible. Donc, je vous transmets ses paroles, bien que je sois bien
au courant que vous en avez pris connaissance. Puis il donnait une petite anecdote
pour cerner le problème d'identité et il
nommait un jeune qui est passé à l'émission La Voix sur TVA, un des
finalistes, qui s'est défini tout au
long du concours comme étant un résident d'Hudson, alors que, dans le fond, sa
famille habite... Non, il habite Hudson, mais il disait tout le temps
qu'il habitait à Vaudreuil-Dorion. Donc, même s'il habite Hudson, on sent
l'appartenance à Vaudreuil-Dorion. Donc,
c'est un exemple que je trouvais comique, qui était rapporté mais qui était
bien réel et qui a circulé beaucoup.
Donc,
voilà. Je tenais à vous faire part, entre autres, des... Je ne veux pas
élaborer plus que ça, je sais qu'il y a une certaine redondance aussi puis je sais que le temps est limité, mais je
tenais à vous rapporter les commentaires des citoyens, des élus et du
Conseil exécutif. Sachez que, même moi, dans mon association du comté de
Vaudreuil, il y aura des changements à
apporter s'il y a des transferts de la sorte, mais, le sentiment
d'appartenance, je pense qu'on ne peut pas passer à côté.
Vaudreuil
est une référence pour les gens. Je vous demande encore une fois de tenir
compte du développement. C'est superimportant de savoir que Vaudreuil-Dorion
n'aura pas de développement supplémentaire. Il y aura peut-être un
peu plus de commercial, le parc
industriel qui reste à développer, mais, au niveau de la population, au
niveau du nombre d'électeurs qui
pourraient... ça n'augmentera pas de façon fulgurante ni dans Vaudreuil-Dorion
ni même dans Hudson. Là, on s'entend que, Hudson, là, le comté est
complètement développé, alors que c'est tout autre pour ce qui est de Soulanges. Et d'ailleurs, historiquement, en 1985,
quand on a créé le comté de Soulanges, on a utilisé un peu la notion des terres agricoles pour diviser et Vaudreuil et
Soulanges. Alors, Soulanges est le comté où il reste encore plusieurs terres
agricoles, comparativement à Vaudreuil, qui est... on appelle ça urbain, mais
ce n'est vraiment pas urbain si on compare à Montréal ou si on compare à
l'ouest de l'île, à Sainte-Anne-de-Bellevue, là, qui sont à proximité.
Alors, voilà les commentaires que j'avais à vous
apporter et j'espère que vous en tiendrez compte, du moins pour le
futur, pour ne pas avoir à apporter des changements fréquemment, là, auprès de
nos citoyens.
Le Président (M.
Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Vaudreuil, pour ces
commentaires. Quelques réactions de la part de la commission? Alors,
M. Courville.
M.
Courville (Serge) : Merci, M. le Président. Mme la députée parlait du
sentiment d'appartenance. J'aimerais savoir ce qu'il en est très
exactement d'Hudson, la ville d'Hudson. L'impression que j'avais, c'est que le
sentiment d'appartenance allait d'abord à Hudson, mais c'est peut-être
uniquement une impression, là.
Mme Nichols :
...le sentiment d'appartenance? Je n'ai pas compris.
M. Courville
(Serge) : Il allait davantage à la ville d'Hudson que Vaudreuil ou...
Mme
Nichols : En fait, Hudson, c'est un village... je vais utiliser le mot
«anglophone», là, mais je n'aime pas ça
catégoriser par la langue, là, mais c'est un village plutôt anglophone. Mais
Hudson utilise tous les services avec la ville de Vaudreuil-Dorion, puis même ils se partagent beaucoup de services.
J'ai parlé aux deux maires, là, au maire d'Hudson et au maire Guy Pilon, de Vaudreuil-Dorion, et ils
ont beaucoup d'ententes de partenariat pour des services en commun. Ça
aussi, je pense qu'il faut en tenir compte. Puis ça a quand même un impact
assez important.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. M. Reid.
M. Reid
(Pierre) : J'espère que vous
me permettez, M. le Président, juste de préciser, et je pense que vous l'avez
fait, que la commission ne prend aucun
engagement quant au dépôt d'un avis juridique sur la proposition de carte
électorale. Je tenais à préciser ça.
J'aurais eu à
réagir par rapport à certains propos, là, du député de LaFontaine. Je ne sais
pas si vous m'y autorisez, puisque son temps était écoulé.
Le
Président (M. Ouimet) : On a
fait le débat là-dessus. On est sur le temps de la députée de Vaudreuil. Maintenant, si elle a terminé... Je vois des mains
qui se lèvent. On a eu cette situation-là, rappelez-vous, mardi et on avait
décidé de laisser les députés parler de
leurs circonscriptions électorales pour ne pas politiser un peu le débat.
Alors, moi, je ne souhaiterais pas...
puis je vais vous entendre dans deux minutes, je ne souhaiterais pas, par votre
réaction, qu'on réouvre le débat, bien que je voie les deux oppositions
très, très, très dynamiques ce matin pour reprendre la balle au bond.
Mme la députée de Taschereau puis, après, M. le
député de Deux-Montagnes.
Mme
Maltais : Question de directive, M. le Président. Vous avez permis au
député de LaFontaine... vous avez dit :
Son droit de parole lui appartient. Et, à mon sens, c'est une opinion. Nous
trouvions qu'il sortait du débat, mais vous avez dit que son temps lui
appartenait. Je pense qu'on pourrait avoir le même respect pour le DGE.
Le Président (M. Ouimet) :
Consentement, M. le député de Deux-Montagnes?
M. Charette :
En fait, je me souviens de la discussion qu'on a eue avant-hier qui visait à
éviter le débat partisan. Je pense
qu'on ne peut certainement pas reprocher au Directeur général des élections de
tenir un discours partisan. Donc, ce serait la moindre des choses de lui
donner cette opportunité.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, si tout le monde est d'accord, et je comprends qu'il n'y aura pas de
réaction de la part des
parlementaires par rapport aux réponses fournies par le Directeur général des élections,
je vous cède la parole, M. Reid.
• (11 h 40) •
M.
Reid (Pierre) : C'est
seulement, en fait, peut-être des informations additionnelles ou compléments
d'information. Lorsqu'on parle... et
nous sommes bien sensibles par rapport à des circonscriptions lorsqu'il y a une
population... et c'est vrai sur
l'Île-de-Montréal, une population non électrice, si on peut dire, mais la loi
nous demande de travailler avec des électeurs,
et c'est ce que nous faisons. Par ailleurs, je pense que, sans qu'on mette en
doute... En tout cas, on questionne peut-être nos projections
démographiques, puis ça, j'aimerais que je sois clair sur cette question-là.
D'abord, en
fait, la croissance ou la décroissance de
la population, nous les regardons à partir, là, de notre liste
électorale permanente, qui a plus de... je
pense, c'est 25 ans, 25 ans. Donc, au cours des dernières années, nous suivons
l'évolution, parce que notre liste est alimentée quotidiennement par la Régie
de l'assurance maladie.
Nous avons
aussi de l'information qui nous vient de la société québécoise
de changement d'adresse et également
de citoyenneté Canada
quant aux personnes, aux résidents qui deviennent citoyens
canadiens. Donc, c'est pour ça qu'on observe ces variations. Et ces
projections-là, donc, c'est un peu un regard unitaire qu'on fait, mais, en même
temps, comme je l'ai dit plus tôt, on veut valider cette information-là en
consultant les plans d'urbanisme, les schémas d'aménagement,
des visites sur les terrains et aussi les commentaires que les gens nous
ont apportés, pour vraiment voir si, dans
le fond, nos projections, l'évolution
en décroissance... ou en décroissance se tient. Et également
nous regardons les chiffres de l'Institut de la statistique du Québec, et je vais vous dire que, les derniers exercices
qui ont été faits, nous, nous rentrons dans les chiffres de l'Institut
de la statistique du Québec, sauf pour Montréal, où, Montréal, il y a peut-être
une légère... comment je pourrais dire, il y a peut-être plus de population. En
fait, nos chiffres ne correspondent pas... électeurs-population, dû au fait, effectivement...
à l'immigration. Et d'ailleurs, pour Montréal, les exercices qui avaient été
faits en 1991 et en... en fait, en 1992 et en 2001... en 1992, on prévoyait...
en fait, la commission retirait trois circonscriptions de l'Île-de-Montréal, pour passer de 33 à 30, et, en 1993‑1994,
la projection s'est avérée exacte, puisque
le poids électoral de l'Île-de-Montréal atteignait 30 circonscriptions. Et, en 2001,
la CRE retirait deux circonscriptions de
l'Île-de-Montréal, pour passer de 30 à 28, et, encore là, en 2007,
ça se validait, que le poids électoral de l'Île-de-Montréal avait atteint 28 circonscriptions.
Donc, c'est
pour ça que, quand... et nos méthodes, qui datent quand même... Comme je vous dis, ce n'est pas la première fois qu'on le... c'est un exercice qui date de plusieurs
années. Je pense que le démographe, à l'époque, qui avait été consulté, il nous avait dit que notre méthode
était bonne. Donc, c'est pour ça que les projections, là, ce n'est pas une
boule de cristal, là, je pense qu'on essaie
de les appuyer, et c'est pour ça qu'on a des auditions publiques, c'est pour ça
qu'on vous entend : vous nous amenez de l'information pour voir si effectivement tout se valide, là, et pour avoir, encore une fois, la carte la
plus équitable possible.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci pour ces précisions,
M. Reid.
Compte tenu que nous
avons épuisé... pas tout à fait épuisé... mais que la députée de Vaudreuil a
terminé son intervention, je vais suspendre les travaux et je vous donne rendez-vous
à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 43)
(
Reprise à 14 heures)
Le Président (M. Ouimet) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je constate
le quorum et je déclare la séance de la Commission de l'Assemblée nationale ouverte. Et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Je
vous rappelle que le mandat de la commission est de procéder à l'étude du rapport préliminaire
de la Commission de la représentation électorale. Et nous nous
dirigeons maintenant vers l'ouest de l'Île-de-Montréal. Je vois que le député
de Nelligan est parmi nous. Je lui souhaite la bienvenue. M. le député est, par ailleurs, ministre. Et je vous cède la parole.
Commission de la représentation électorale
du Québec (CRE), Île-de-Montréal (suite)
M. Coiteux :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour, tout le monde, bonjour à tous
et à toutes.
D'abord, j'aimerais
remercier les membres de cette commission, mes collègues députés et tous ceux
qui ont participé à la préparation du
rapport préliminaire qui fait aujourd'hui l'objet de cette commission. C'est un exercice
très important pour notre démocratie, c'est un exercice auquel je
souhaite apporter ma contribution.
Alors,
évidemment, oui, c'est un plaisir pour moi d'être présent
parmi vous à cette commission
parlementaire et je le fais, je
dirais, à titre de différentes fonctions, je vous dirais, ou de
responsabilités : bien sûr, à titre de ministre responsable de la région de Montréal — je pense que c'est important que je
m'exprime aussi dans ce contexte; à titre de collègue de députés qui sont touchés par les changements
proposés à la carte électorale sur l'Île-de-Montréal mais, je dirais, d'abord
et avant tout, à titre de député de
l'Île-de-Montréal. C'est de mon devoir de m'assurer, de ce point de vue
justement, que les citoyens de la
région de Montréal soient justement représentés à l'Assemblée nationale par
leurs élus. Ma présence aujourd'hui
est motivée par la volonté de contribuer à ce qu'on représente, de façon
effective et optimale, les citoyens selon les critères qui sont invoqués
par la Loi électorale.
Je
souhaite que la délimitation des circonscriptions électorales soit à la hauteur
des besoins de nos citoyens afin que
nous, députés de l'Assemblée nationale, puissions répondre et livrer les
meilleurs services possible à nos concitoyens.
En
effet, je tiens à le rappeler, en tant qu'élus de l'Assemblée nationale, notre
mission principale est de défendre les
intérêts des citoyens, des résidents de nos circonscriptions respectives. Et,
quand je parle de citoyens et quand je parle de résidents, je ne parle pas seulement des électeurs, parce que, comme
députés, nous représentons aussi et nous rendons des services et nous nous préoccupons également de tous ceux qui n'ont
pas encore le droit de vote, certains d'entre eux qui l'auront très prochainement, mais donc de tous
ceux et celles qui habitent le territoire des circonscriptions que nous représentons, donc ça comprend, bien sûr, les
nouveaux arrivants et les enfants. Et c'est en vertu de ce principe fondamental
que j'aimerais vous faire aujourd'hui part
de mes commentaires. Et je vais me concentrer sur deux modifications qui sont
proposées et qui touchent la région de Montréal.
Alors,
ce dont je vais vous parler, ce sur quoi j'aimerais donner mon point de vue,
c'est sur la fusion des comtés de
Mont-Royal et d'Outremont, d'une part, et, d'autre part, le transfert de
5 043 électeurs de la circonscription de Crémazie vers celle de
Bourassa-Sauvé.
Avant
de m'exprimer plus en détail sur ces deux propositions, je pense que c'est
important de rappeler que nos réflexions, les réflexions que nous
partageons dans le cadre des travaux de refonte de la carte électorale doivent
être guidées par ce que la loi prévoit à l'article 15, c'est-à-dire que chaque
«circonscription représente une communauté naturelle
établie en se fondant sur des considérations d'ordre démographique,
géographique et sociologique, telles que la densité de la population, le taux relatif de croissance de la
population, l'accessibilité, la superficie et la configuration de la région, les frontières naturelles du milieu ainsi
que les territoires des municipalités locales». Dans ce contexte, je comprends
qu'il faut respecter, dans la mesure du possible, les affiliations naturelles
entre les citoyens et leurs circonscriptions respectives.
C'est
important de rappeler avant toute chose que notre métropole a un caractère
particulier. Elle se distingue de différentes façons, mais elle se distingue
tout particulièrement par sa diversité, et la diversité de notre métropole
s'exprime notamment par sa forte
population immigrante et l'arrivée continue de nouveaux électeurs potentiels.
Selon le Recueil de
statistiques sur l'immigration et la diversité au Québec, 71,3 % de l'immigration récente — on parle de 2011 à 2015 — au Québec
s'est établie dans la région administrative de Montréal. C'est ainsi dire que, dès 2018 — ça s'en
vient, ça, très rapidement — et pour les élections subséquentes, il
s'agit d'un important bassin d'électeurs que nous devons prendre en
considération.
La
diversité de notre métropole s'exprime également par la présence importante de
nombreuses communautés culturelles,
dont certaines s'expriment dans une autre langue maternelle que le français,
bien qu'elles soient en francisation également,
et certaines s'expriment aussi en français déjà même en arrivant. Ce sont là des particularités importantes qui
doivent être prises en compte par la commission.
D'abord,
d'entrée de jeu, je dirais que je suis en désaccord avec la proposition de
fusionner les circonscriptions de
Mont-Royal et d'Outremont. Les citoyens de ces deux circonscriptions ont une identité qui leur est propre. Ils ont des
caractéristiques qui les distinguent de façon telle
qu'une fusion ne serait pas désirable. Il est important de se rappeler que les circonscriptions de Mont-Royal et d'Outremont se caractérisent par une forte population
anglophone de même qu'une forte présence de communautés culturelles.
Et, bien que je ne sois pas un député de ni l'une ni l'autre, bien entendu,
mais, en tant que député de la
circonscription de Nelligan dans l'ouest de l'Île-de-Montréal, qui elle-même
comporte une forte proportion de
population anglophone, moi-même, je suis capable d'apprécier à quel point c'est
important qu'on tienne compte de cette caractéristique dans le contexte
de la refonte de la carte électorale.
Les deux
comtés se caractérisent également par une forte proportion de citoyens qui ne sont
pas électeurs aujourd'hui mais qui nécessitent quand même
le travail de leurs députés, et là il
y a des chiffres qui parlent
d'eux-mêmes. Si je prends la circonscription de Mont-Royal, lorsque je regarde le pourcentage d'électeurs versus la population
résidente du comté, c'est 59 %; et, dans la circonscription
d'Outremont, c'est 61 %. Donc, il y a une très forte proportion de la population qui demande des services à son député
qui ne sont pas aujourd'hui électeurs. Et ce n'est pas partout comme ça au Québec, c'est une caractéristique qui est
particulière. Je peux donner des
exemples, par exemple, pour qu'on comprenne ce que ça veut dire, un tel pourcentage : si je prends Deux-Montagnes, le même pourcentage serait de 77 %; si je prends Bertrand, le même pourcentage serait de
84 %. On comprendra qu'on a
affaire à des réalités qui sont très, très différentes. Ces pourcentages illustrent la réalité, évidemment, de la
présence importante de non-électeurs sur le territoire des deux circonscriptions, qui doit être prise en
compte pour la qualité du travail de représentant et d'accompagnateur
des citoyens qu'est le travail... et qui est à la base même le travail du député
ou de la députée.
Par ailleurs,
la nouvelle circonscription proposée, si
effectivement il y a une telle fusion, aurait dès le départ près
de 56 000 électeurs, oui, mais environ 100 000 résidents. Donc, les
pourcentages que je viens de vous indiquer, là, autour de 60 %, on descendrait à 56 %.
Visiblement, une anomalie par rapport à ce qu'on peut observer ailleurs sur le
territoire du Québec. Mais ça, c'est une réalité très montréalaise aussi
dont on doit tenir compte, c'est très fréquemment le cas à Montréal. Et, si ça s'arrêtait là, on dit :
On doit tenir compte de la croissance de la population, on doit tenir compte de
ce que va être l'évolution immédiate
de la situation. On ne peut pas changer la carte électorale puis ne pas se
préoccuper de ce qui va se passer l'année suivante. On ne fait pas cet
exercice-là à chaque année. Du moins, il faudrait qu'on ait deux élections par année, savez-vous, pour qu'on
soit en train de faire ça à chaque année. Or, je ne pense pas qu'on souhaite une telle instabilité de nos institutions.
Alors, quand on le fait, il faut réfléchir à ça également. Je prends juste le projet de développement de l'ancien
hippodrome dans Mont-Royal. Juste ça, ça engendrerait l'ajout d'environ 8 000 nouvelles résidences, dont 30 %
seraient destinés au logement social et communautaire. Alors, pour moi, il
m'apparaît primordial que la commission tienne compte d'un aspect comme
celui-là, et notamment de projets de développement comme celui-là, qui vise à revitaliser un secteur de notre ville et qui
va amener, bien entendu, rapidement de nouveaux électeurs.
Par ailleurs,
la circonscription d'Outremont se caractérise par une forte présence de
communautés culturelles, certes, mais aussi une forte population
étudiante aux alentours de l'Université de Montréal, ce qu'on ne retrouve pas
dans Mont-Royal. Quand je parle de
communautés naturelles, d'identité propre, de caractéristiques spécifiques, je
me réfère également à ça.
• (14 h 10) •
Et puis permettez-moi de souligner qu'il y a des
projets très importants qui s'en viennent, comme le Réseau électrique métropolitain, qui est piloté par la Caisse de dépôt et placement, la construction du pavillon des sciences
de l'Université de Montréal, qui sont deux facteurs qui, à eux seuls,
sont susceptibles de faire augmenter le nombre de citoyens dans les circonscriptions visées. Et là je n'ai pas épuisé
toutes les choses qui vont à l'encontre d'une telle fusion, selon moi, mais j'en ai énuméré certaines qui
m'apparaissent être extrêmement importantes d'être prises en considération.
Je voudrais
vous parler maintenant du projet de transférer 5 043 électeurs de Crémazie
vers Bourassa-Sauvé. Et je suis en
désaccord aussi avec cette proposition, je suis en désaccord, parce que ces
deux circonscriptions, telles qu'elles existent
actuellement, répondent au besoin de représentation effective des citoyens. Et
là permettez-moi de vous dire... peut-être
que certains le savaient, peut-être que certains l'apprendront, mais j'ai
longtemps habité, moi-même, le comté de Crémazie. J'ai été, pendant de nombreuses années, un citoyen de
Crémazie, donc je connais bien le quartier, je connais bien la réalité du milieu en particulier. J'ai été
suffisamment d'années là-bas pour comprendre la forte identité, le puissant,
je dirais, sentiment d'appartenance qu'ont
les citoyens de Crémazie à l'égard de ce qu'ils ont toujours appelé Ahuntsic,
ce qu'on appelle, dans la délimitation des
arrondissements montréalais, l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville. Les
gens, avant tout... Où est-ce que tu
habites? Bien, il dit : J'habite à Ahuntsic. Et Ahuntsic et Crémazie,
c'est ensemble.
Alors, le
redécoupage proposé affecte une partie de la population, des personnes âgées,
des nouveaux arrivants qui possèdent
des besoins importants en matière de soutien citoyen par leur députée, qui est
actuellement ma collègue Marie
Montpetit, et la partie de la circonscription actuelle de Crémazie, les fameux
5 043 électeurs, située dans l'arrondissement
de Montréal-Nord et délimitée par la limite de l'arrondissement de
Montréal-Nord dans la rivière des Prairies
incluant l'île du Cheval de Terre, les boulevards Pie-IX, Henri-Bourassa et
Saint-Michel et la limite de l'arrondissement de Montréal-Nord, où on a
des gens qui sont souvent considérés ou se considèrent eux-mêmes comme des
citoyens d'Ahuntsic. Donc, le redécoupage
porterait atteinte, je pense, de manière injuste à cet attachement profond et
au principe même de la communauté naturelle.
Et puis j'aimerais
également souligner à la commission qu'actuellement ces deux circonscriptions
ne présentent pas d'anomalie par rapport à la moyenne provinciale en termes de
nombre d'électeurs. Crémazie est à moins 2,8 % par rapport à la
moyenne provinciale. Bourassa-Sauvé est à plus 0,3 % par rapport à la
moyenne provinciale d'électeurs. Quel est
l'enjeu ici? Pourquoi on séparerait les gens qui sont de communautés naturelles
bien définies, alors que, dans le fond,
on n'a pas de problème avec la représentation dans ces deux circonscriptions?
Le transfert d'environ 5 000 électeurs de Crémazie vers Bourassa-Sauvé ferait en sorte de créer un déséquilibre
injustifié en regard des raisons sociologiques, géographiques et historiques qu'entretiennent les
citoyens de Crémazie avec l'arrondissement d'Ahuntsic—Cartierville. Et là je vous ai parlé qu'on ne s'éloignait pas de la norme avant, des
2 virgule quelques pour cent, 0,3 %. Le transfert ferait en sorte que Crémazie aurait un écart négatif de
moins 13,2 %, et Bourassa-Sauvé verrait son écart passer à 10,7 %.
Pourquoi on ferait ça? Quel problème
on serait en train de corriger? On serait en train de créer un problème qu'il
faudrait immédiatement résoudre par la suite. Alors, ça m'apparaît
nécessiter une attention toute particulière, cette situation-là.
Je
pourrais m'exprimer sur d'autres enjeux. J'ai voulu m'en tenir à des enjeux
montréalais, pour les raisons que j'ai
évoquées au début. Et donc j'arrêterais ici simplement en vous remerciant de
m'avoir donné l'opportunité d'exprimer mes
préoccupations et, encore une fois, dans le cadre d'un exercice qui est
extrêmement important et qu'on doit prendre avec tout le sérieux
nécessaire. Merci.
Le Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Nelligan, pour ces
réflexions, ces commentaires. Je suis
convaincu que le Directeur général des élections et président de la commission
a quelques réactions à vos propos. M. Reid.
M. Reid (Pierre) : Oui. Peut-être rassurer le député de Nelligan par rapport aux deux préoccupations
concernant Mont-Royal, Outremont et Crémazie, Bourassa-Sauvé.
Comme
on l'a indiqué cet avant-midi et même lorsque la députée d'Outremont et le
député de Mont-Royal ont comparu,
c'est qu'effectivement nous allons retravailler, là, peut-être ailleurs que sur
les territoires de Mont-Royal et Outremont une délimitation des circonscriptions. Et, pour Crémazie,
Bourassa-Sauvé, en fait, on répondait
peut-être un peu facilement
à l'arrondissement de Montréal-Nord, mais je pense que les explications
qui sont venues des citoyens et également de la députée
de Bourassa-Sauvé, elles nous ont
éclairés et, comme vous, M. le député de Nelligan, nous ont vraiment, je vous
dirais, convaincus, là, de la nécessité peut-être de respecter la communauté
naturelle, là, d'Ahuntsic.
Par rapport à l'immigration, je vous entends, on a entendu, je pense
que je reprends peut-être des propos que j'ai déjà
tenus, il est vrai que, puis j'avais des chiffres aussi de 2006 à 2015, en
moyenne le Québec a reçu... c'est, quoi, c'est 50 000
immigrants. Effectivement, la concentration est à Montréal, sauf que, comme je
l'expliquais en fin de séance ce matin,
nous, quand on observe, là, dans la liste électorale, l'évolution, les
augmentations, je comprends que c'est des chiffres importants, 50 000, mais ça ne ressort pas
quant à l'augmentation des électeurs et même quand on essaie de valider nos
chiffres avec ceux de l'Institut de la
statistique du Québec. Effectivement, on va constater que la population
augmente plus que nos électeurs, mais
c'est vrai que c'est la portion immigrante, mais ça ne se traduit pas dans la
liste électorale, parce que nous
recevons également les données de citoyenneté Canada qui nous informent. Quand,
dans le fond, le nouveau citoyen
accepte que l'information nous soit transmise, au DGE, on a l'information des
nouveaux citoyens canadiens qui, à ce moment-là, sont inscrits à la
liste électorale.
Une
préoccupation ou une question : Est-ce que, parmi les nouveaux citoyens
canadiens... est-ce qu'ils s'inscrivent ou est-ce qu'ils veulent s'inscrire à la liste électorale? Je dois vous
avouer que c'est ma question ce matin. Puis je me rappelais de situations. Depuis que je suis DGE, depuis un
an et demi, j'ai reçu deux lettres de citoyens de communautés culturelles
que je n'identifierai pas mais qui me
demandaient d'être rayés de la liste électorale, et pour la simple raison qu'on
ne veut pas faire de politique ou on ne veut pas de partisanerie. Et on leur a
expliqué... Moi, j'ai demandé à mes gens : Vous allez contacter cette personne, vous allez lui expliquer
que le Directeur général des élections est une institution indépendante,
impartiale, neutre et qui a le respect des
parlementaires. Mais, pour la personne... puis je pouvais comprendre, en raison
de la situation du pays d'où il venait,
qu'il n'était pas intéressé. En fait, en même temps, il voulait avoir
l'assurance... ou je décodais ou on comprenait l'assurance d'avoir...
mais : Est-ce que mes données demeurent confidentielles? La liste électorale n'est pas confidentielle, dans le sens
que les partis politiques obtiennent quatre fois par année la liste des
électeurs, ça veut dire le nom, l'adresse, le sexe et la date de
naissance.
Donc,
pour moi, c'est une préoccupation, et je pense que le DGE aura des
représentations à faire, là, au sein du Comité consultatif à cet égard-là, parce que moi, j'ai également la
préoccupation que les nouveaux citoyens canadiens sont des citoyens, sont des électeurs et doivent
se retrouver sur la liste électorale pour participer à notre vie démocratique.
Pour moi, c'est un enjeu, cette question-là.
Donc,
voilà. Je voulais quand même faire ce commentaire-là, parce que, je dois dire,
ça me questionne quand on me parle
d'immigration, de nouveaux citoyens canadiens, mais j'aimerais savoir : Où
sont-ils? On ne les voit pas apparaître dans notre liste électorale
permanente. Et est-ce que c'est le fait qu'ils ne veulent pas l'être, inscrits?
Et le député de LaFontaine, ce matin, nous parlait, d'ailleurs, d'un couple
qu'il avait rencontré, qui sont établis au Québec depuis plusieurs années, qui
ont la citoyenneté canadienne mais qui ne sont pas électeurs.
Moi,
je me dis, au-delà de... je vous dis ça sans partisanerie aucunement, mais,
pour moi, je veux dire, chaque électeur
au Québec, chaque personne qui rencontre les droits d'électeur, les qualités
d'un électeur devrait être sur la liste électorale et participer. Et moi, je suis intéressé de savoir pourquoi
que les gens refusent de s'inscrire sur une liste électorale et moi,
j'en fais un enjeu. Merci.
Le Président (M.
Ouimet) : Merci, M. Reid. Il reste moins de 45 secondes, M. le
député de Nelligan.
M.
Coiteux : Oui. Ça nous interpelle tous. Ça nous interpelle tous, on
veut que les citoyens s'inscrivent sur les listes électorales, mais
j'aimerais réitérer une chose : il y a la question du nombre d'électeurs
qui vont apparaître immédiatement au cours
des prochaines années, c'est un enjeu, mais il y a un enjeu ici qui est que le
député ou la députée représente l'ensemble
des résidents et des citoyens dans le secteur et il y a des pourcentages
radicalement différents qu'on retrouve sur l'Île-de-Montréal qu'on ne
retrouve pas ailleurs, et je dis qu'on doit en tenir compte.
• (14 h 20) •
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, le point est fait. Merci
à vous, M. le député de Nelligan. Passons maintenant à M. le député de D'Arcy-McGee,
à qui je souhaite la bienvenue, et je lui cède la parole.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Chers collègues parlementaires, M. le Directeur
général, Mme, MM. les commissaires, je suis reconnaissant de cette
opportunité importante de réagir, au nom des résidents de la circonscription de D'Arcy-McGee, à la proposition
de délimitation de la carte électorale du Québec.
L'accès égal
et équitable au droit de vote est un incontournable de notre démocratie.
Une personne, un vote, un réseau de
médias libres et indépendants, un débat constant, ouvert et transparent des
candidats et des formations politiques, voilà
les pierres angulaires de cet accès, mais tout ça, vous le savez bien, tout ça
n'est guère réalisable si les délimitations de la carte électorale, dans tous leurs détails et toute leur
complexité, ne sont pas aussi fondées sur ces mêmes notions d'égalité,
équité et démocratie. Donc, voilà l'importance fondamentale de l'exercice
actuel devant nous.
Je comprends
que vos délibérations soient encadrées par la Loi électorale ainsi que les
chartes des droits canadienne et québécoise et la jurisprudence qui accompagne ces trois
actes. La tâche donc n'est pas facile. Vous devez à la fois, et entre autres, respecter les communautés naturelles et les frontières géographiques;
limiter le nombre total de circonscriptions au
maximum de 125 malgré les fluctuations de la population, un critère pas toujours
facile à respecter; vous imposer une constance,
une harmonisation, une vue d'ensemble en effectuant des changements à la carte
électorale à travers le Québec;
assurer que le nombre d'électeurs dans
chaque circonscription ne dépasse pas avec la marge de plus ou moins
25 % la moyenne pour la totalité
des circonscriptions, à part celles qui seraient désignées comme
exceptions; et, de plus, respecter, selon la jurisprudence, un standard strict
qui vous pousse à réfléchir très prudemment, très prudemment avant d'instaurer
des changements majeurs à la configuration des circonscriptions actuelles.
Vous avez, de
plus, la responsabilité de sauvegarder et toujours bonifier le niveau de
confiance et de compréhension de
l'électeur et de tous les citoyens envers notre système électoral. Et, cette
fois-ci, il est important de nous rappeler que nous ne sommes qu'à six ans des dernières
révisions de la carte électorale. La loi impose un tel exercice après chaque
deux élections, on en convient, mais, compte
tenu de l'ancien gouvernement minoritaire, l'écart, cette fois-ci, n'est que
de six ans. Toutes ces exigences appellent à la grande rigueur, à la plus
grande prudence, à mon avis.
Je soumets
humblement que les changements que vous proposez à la circonscription de D'Arcy-McGee et aux circonscriptions avoisinantes ne
respectent pas plusieurs des exigences que je viens d'énumérer.
Premièrement, D'Arcy-McGee se distingue actuellement
par au moins trois critères uniques de communauté naturelle : a, c'est la seule circonscription avec une pluralité de résidents issus de la communauté
juive; b, c'est une des très rares
circonscriptions au Québec avec une majorité de Québécois de langue anglaise;
et c, c'est la circonscription, si je
ne m'abuse, au Québec avec la plus forte concentration de résidents aînés.
Voilà trois communautés naturelles. Les changements que vous proposez auraient un impact négatif et prononcé sur
chacune de ces trois communautés naturelles au sein de la
circonscription de D'Arcy-McGee. Ce n'est pas anodin.
Cette
commission aurait reçu le dépôt des observations écrites sur la carte
électorale proposée de Me Jean-François Gaudreault-DesBiens, professeur titulaire de la Faculté de droit de
l'Université de Montréal. Il pose de sérieuses questions sur la légitimité et même la constitutionnalité de
plusieurs modifications, entre autres, en ce qui a trait à D'Arcy-McGee,
Outremont, Mont-Royal et Mercier.
Je me permets
de le citer : «...en ce qui a trait aux circonscriptions montréalaises
abritant des segments importants — et
souvent contigus — des
communautés anglophone et juive du Québec, les propositions de la commission
posent [un] problème sur le plan constitutionnel
en ignorant les communautés naturelles formées par ces circonscriptions, qui sont redécoupées ou retirées en fonction d'objectifs
numériques employés sans véritable égard au principe de la représentation effective.»
Me Gaudreault-DesBiens poursuit par la suite, et je le cite à
nouveau : «L'impact de la dilution indue du vote de ces citoyens en tant que citoyens d'une circonscription de l'Île-de-Montréal se trouve dès lors amplifié du fait de leur appartenance à des groupes
minoritaires, notamment en ce que cette dilution réduit l'influence
qu'ils peuvent exercer sur [la prise]
de position de leurs représentants ainsi que leurs chances de faire élire une
personne issue de leurs communautés.» Fin de la citation.
Actuellement, 61,3 % des résidents de
la circonscription de D'Arcy-McGee sont des Québécois de langue anglaise,
43 % sont de religion juive. La
commission propose d'ajouter à D'Arcy-McGee le district complet de Snowdon
ainsi qu'un tiers du district de
Côte-des-Neiges. Selon les statistiques compilées par la ville de Montréal, la
proportion de résidents de langue
anglaise dans ces territoires ajoutés est moins que la moitié de celle de
D'Arcy-McGee; la proportion de Juifs, moins
du tiers. Donc, les communautés naturelles et uniques de la circonscription
seraient diminuées de façon dramatique. Oui, ces
modifications risquent d'avoir donc un effet antidémocratique.
Je
suis très fier d'être le député de tous les résidents de D'Arcy-McGee, langues,
religions, âges confondus, but I am equally proud to be the sole MNA from Québec's Jewish community and
keenly aware of the additional and solemn responsibility imposed upon me by that reality, and I am respectful and
proud of my obligation to give voice to the majority English-speaking community as well as the
particular and pressing concerns of the thousands of senior citizens who form
the natural community of D'Arcy-McGee. Le juge Iacobucci, dans l'arrêt Figueroa contre
Canada, de la Cour suprême, en 2003,
confirme la légitimité de cette obligation en citant l'article 3 de la
Charte canadienne des droits et libertés, qui protège le droit de tout citoyen, et je cite, «non seulement d'être
représenté par un député fédéral ou provincial et d'élire ce député,
mais aussi celui de jouer un rôle significatif dans le processus électoral».
Fin de la citation.
La
circonscription de D'Arcy-McGee compte actuellement quelque 41 000
électeurs, un écart raisonnable de 10 % de la moyenne. Les changements ajouteront plus que 14 000 nouveaux
électeurs, ce qui augmenterait l'écart de presque la moitié. J'imagine que ces changements sont, en
quelque part, causés par les modifications proposées aux circonscriptions
avoisinantes à D'Arcy-McGee, mais, avec tout
respect, ces modifications, et vous l'avez entendu déjà de plusieurs de mes collègues, ces modifications ne répondent pas non plus
aux exigences de la loi et de la jurisprudence. Je parle d'Outremont et de
Mont-Royal.
Ces deux
circonscriptions desservent actuellement des communautés naturelles distinctes
et uniques aussi. Toutes les deux sont à un écart tout à fait raisonnable de la
moyenne du nombre d'électeurs actuellement. De plus, à Mont-Royal, comme on l'a entendu déjà, au moins deux projets
domiciliaires et commerciaux vont faire en sorte que le nombre d'électeurs
va augmenter significativement avec l'ajout de plus de 8 000 nouveaux
logements, ce qui signifierait au moins, un
«guess» modeste, au moins 15 000 nouveaux résidents dans un proche avenir.
En ce qui a trait à Outremont, nous
sommes devant une modification pour le moins surprenante, je vous le propose
avec tout respect, un changement qui
ferait en sorte que la communauté naturelle et longtemps établie de Juifs
hassidiques serait divisée entre la nouvelle circonscription fusionnée
d'Outremont et Mont-Royal et la circonscription de Mercier.
• (14 h 30) •
Un des aspects sacrés de la démocratie est le
droit, en tant que communautés naturelles, de revendiquer le bien-être de ces communautés. Une fois divisé, ce pouvoir est compromis et réduit. Une proportion de la communauté hassidique se
trouverait dans Mercier, une circonscription sans la moindre histoire ni lien avec cette
communauté, comme j'ai dit, si établie et si ancrée dans la circonscription
actuelle d'Outremont.
Je me
permets, M. le Président, finalement d'adresser une autre modification proposée sur l'Île-de-Montréal.
Pour les circonscriptions de Crémazie et de Bourassa-Sauvé, ce redécoupage s'explique mal, étant donné qu'il augmente fortement l'écart, une autre fois, de la moyenne d'électeurs
des deux circonscriptions. De plus, il divise une communauté naturelle de personnes aînées originaires
d'Ahuntsic actuellement dans la circonscription de Crémazie
pour réaligner les frontières avec les arrondissements montréalais. De
mon avis, c'est symptomatique de deux tendances que je trouve franchement
troublantes dans la proposition entière et c'est une adhérence qui m'apparaît
quasi arbitraire aux critères quantitatifs,
aux dépens des critères qualitatifs, et à l'intention portée, en tout respect,
à géométrie très variable, au critère légitime et important des
communautés naturelles.
Je reviens
aux principes qui encadrent cet exercice, qui devraient justifier chacun des
changements proposés par la commission.
Un, la
confiance de l'électeur. Est-ce que sa compréhension de la carte électorale,
son identification à sa circonscription,
son accès au droit de vote sont renforcés et bonifiés par les changements?
Est-ce que l'efficacité de chaque vote
est protégée? Est-ce que la prudence exigée, comme j'ai dit, à la fois par les
deux chartes des droits et libertés et par la jurisprudence avant d'imposer des changements majeurs est respectée
par les propositions devant nous? M. le Président, je vous soumets avec
le plus grand respect que la réponse à ces questions, de mon avis, est non.
En
conclusion, je me permets de poser les questions suivantes aux commissaires, si je peux. Premièrement, est-ce que la Commission
de la représentation s'est dotée d'une évaluation de la constitutionnalité des
modifications qu'elle propose dans ses
propositions de délimitation, et, si oui, est-ce que cette évaluation serait
dûment déposée à la Commission de
l'Assemblée nationale? Deux, est-ce que la commission a dûment analysé l'impact
sur les communautés naturelles des Québécois de langue anglaise ainsi
que la communauté juive avant de finaliser ses modifications proposées pour
l'Île-de-Montréal?
Finalement, la représentation équitable et
efficace des électeurs de l'Île-de-Montréal est essentielle, on va en convenir, c'est sûr. Il est impossible quand même
d'ignorer que le nombre de circonscriptions d'exception pourrait avoir un impact sur cette représentation, compte tenu de
la limite maximale actuelle de 125 circonscriptions prescrite par la Loi
sur les élections. À examiner un jour peut-être? Compte tenu que la commission
propose que six circonscriptions additionnelles
soient maintenues en tant que circonscriptions d'exception et compte tenu que
l'écart entre le poids de vote des
électeurs dans les circonscriptions en région et les circonscriptions urbaines,
déjà important, soulève des questions sur la constitutionnalité de notre
exercice démocratique, est-ce que la commission a évalué l'impact à long terme,
les conséquences d'ajouter d'autres circonscriptions d'exception à la carte
électorale du Québec? Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de D'Arcy-McGee, pour vos réflexions,
commentaires et les questions que vous adressez aux représentants de la
Commission de la représentation électorale. M. Courville souhaite répondre.
Alors, je vous cède la parole, M. Courville.
M.
Courville (Serge) : Merci, M. le Président. J'aimerais peut-être apporter
une précision quant à la durée de temps
qui s'écoule entre deux cartes électorales, celle de 2011 et celle que nous
déposerons au terme des consultations actuelles, en reprenant les
différentes étapes qui ont conduit à la réalisation de ces cartes-là.
Les données
qui ont servi à la carte de 2011 datent du 30 novembre 2007. Bon, on sait qu'il
y a eu une loi qui a retardé les
travaux jusqu'en 2011 et la carte de 2011. L'opération actuelle repose sur des données du 30 novembre 2014.
Donc, nous sommes déjà à sept ans de distance entre les deux. Nous
sommes en 2016. De sept ans à 2016, nous sommes déjà à neuf ans de distance par rapport aux données qui ont servi à la carte actuelle. Et, comme cette carte-là
doit servir à l'élection de 2018,
nous sommes déjà à 11 ans, et elle doit être utile, sa durée de
vie utile, au moins jusqu'en 2022, donc 15 ans, autrement dit, la durée de carte que nous avons actuellement sur la table, dans le rapport
préliminaire et dans le rapport qui
sera révisé, aura une durée utile, finalement, de 15 ans. Donc, c'est un petit
peu préciser que le six ans, en réalité, six ans par rapport à 2013 ou
2014... mais, en réalité, nous sommes plus que dans... débordant des délais,
quoi.
M. Birnbaum : ...
Le Président (M. Ouimet) : M. le
député. Bien oui.
M. Birnbaum : ...deux
choses qui m'interpellent. On parle quand même d'instaurer une nouvelle carte
dans un délai raccourci. Et l'autre
raison pourquoi je me permets de mentionner ce délai, c'est en nous rappelant de
la jurisprudence ainsi que de la loi
actuelle, qui vous invitent, dans les circonstances routinières, de vous
imposer la plus grande prudence. Je
n'ai pas à vous dire — vous le respectez, c'est au fond de votre mission — la solennelle importance de cette carte-là
et le fait que les changements doivent, en quelque part, susciter la confiance,
la reconnaissance, la compréhension de notre système démocratique.
De
ces deux optiques, on parle d'un écart qui est rétréci. Alors, pour moi, ça
vous impose presque davantage un niveau de prudence dans vos
délibérations.
Le Président (M. Ouimet) : Merci. D'autres réactions, commentaires? Ça va
aller comme ça? Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, merci à nouveau.
Et
là nous allons passer à une circonscription voisine de la mienne, la
circonscription de Marguerite-Bourgeoys. Je salue son député et je lui
cède la parole. M. le député.
M.
Poëti : Merci, M. le Président. Mme la ministre, M. le
Directeur général des élections, MM. les commissaires, chers collègues, merci de me permettre de
m'exprimer aujourd'hui en tant que député de la région de Montréal et comme
un acteur de terrain depuis maintenant quatre ans.
M.
Reid, mes collègues et le rapport préliminaire le réitèrent à maintes reprises,
le principe directeur de tout le processus
de refonte, c'est la représentation effective des électeurs. Le poids relatif
du vote et le respect des communautés naturelles garantissent ce
principe. Aussi, ce sera un argument crucial de mon plaidoyer pour conserver les
limites actuelles des circonscriptions de Bourassa-Sauvé, et de Crémazie, et
d'Outremont.
Ne
répare pas ce qui n'est pas cassé. L'adage illustre bien l'enjeu auquel sont
confrontées les circonscriptions de Bourassa-Sauvé et de Crémazie.
Celle-ci se trouve actuellement à moins 2,8 % d'écart par rapport à la
moyenne provinciale d'électeurs; celle de
Bourassa-Sauvé, à plus 0,3 %. Cet équilibre est, de toute évidence, rompu
par le transfert proposé de
5 043 électeurs de Crémazie vers Bourassa-Sauvé. Lundi dernier, M. Reid
affirmait la chose suivante, et je le cite :
«La proposition de délimitation touchant Bourassa-Sauvé et Crémazie veut une
adéquation entre l'arrondissement à Montréal-Nord et la circonscription
de Bourassa-Sauvé.» Je ferme la citation.
On
part donc du principe, si ma compréhension est bonne, que les habitudes de la
circonscription correspondent à
celles de l'arrondissement. C'est une communauté naturelle. Or, il n'en est
rien, puisque les arrondissements montréalais ne représentent pas nécessairement les communautés naturelles. Le
redécoupage vise une zone surtout occupée par des résidences pour personnes aînées. Nombre de ces
résidents sont originaires d'Ahuntsic, endroit où j'ai demeuré pendant près de 25 ans, et ont choisi d'habiter cette partie
de la ville selon les habitudes qu'ils avaient dans leur quartier d'origine.
Le lien naturel est avec Ahuntsic-Cartierville.
• (14 h 40) •
Il
ne sert manifestement pas de déplacer ces électeurs, surtout que la manoeuvre
résulterait en un écart majeur. Ce sont 12 000 électeurs de plus
qui se retrouvent à Bourassa-Sauvé par rapport à Crémazie. C'est près de 10
fois la différence actuelle entre les deux circonscriptions, qui est autour de
1 200 électeurs.
Ensuite, au-delà des
électeurs, il y a la population de la circonscription. On est tenus de
représenter tout le monde en tant que députés. La différence entre le
nombre d'électeurs et la population est de 28 234 dans la circonscription de Bourassa-Sauvé. Elle est par ailleurs de 18 892
dans celle de Crémazie. Elle est par ailleurs de 18 992 — pardon — dans
celle de Crémazie. Ce n'est pas
négligeable. Beaucoup de familles monoparentales, de familles
nombreuses et de nouveaux arrivants
choisissent de s'établir dans ce coin de l'île. Ils ont besoin d'être guidés,
et on ne leur dira certainement pas non.
La circonscription de
Bourassa-Sauvé a reçu plus de 7 125 nouveaux arrivants entre 2006 et 2011.
C'est là non seulement des électeurs potentiels lors des prochaines
élections générales, mais des habitants à part entière qui peuvent solliciter les services de leur députée. Pour la
même période, ma propre circonscription, celle de Marguerite-Bourgeoys, en a reçu près de 5 940, selon les données du
dernier recensement. Je peux m'imaginer le travail colossal que doivent déjà
assumer nos deux députés. Avec les personnes âgées, c'est une catégorie de la population
à laquelle on reconnaît des besoins
spécifiques en matière d'accompagnement citoyen. C'est cela, la représentation effective :
s'assurer que la qualité du lien entre le représentant et sa population
est de même nature et de même qualité partout.
Les manoeuvres
proposées s'intéressent à deux circonscriptions qui répondent déjà très bien
aux besoins de représentation effective des
citoyens. Le redécoupage propose de les éloigner de l'atteinte de cet objectif,
puisque l'écart négatif de Crémazie passerait à moins 13,2 % et
l'écart positif de Bourassa-Sauvé, à plus 10,7 %.
Je
vous propose d'explorer la notion de représentation effective, cette fois, dans
le contexte de la surpression de la circonscription d'Outremont. La distribution d'Outremont entre les circonscriptions de D'Arcy-McGee, de Westmount—Saint-Louis et de Mercier a un effet similaire et met en péril le principe
de respect des communautés naturelles. L'écart négatif de Mont-Royal est de moins 9,1 %, à l'heure où je vous
parle, et celui d'Outremont, de moins 18,3 %, pour une moyenne sommaire de moins 13,6 %. La fusion
des deux circonscriptions en crée une nouvelle dont l'écart positif est de
plus 15,7 %, d'emblée, soit plus loin encore du quotient électoral
provincial.
En
clair, la représentation effective des citoyens est compromise par la
proposition de supprimer la circonscription
d'Outremont. Par ailleurs, sa fusion avec la circonscription de Mont-Royal
diluerait indûment le poids électoral des communautés
juive hassidique, immigrante et anglophone. Plusieurs ménages juifs hassidiques
seraient ainsi intégrés à la circonscription de Mercier, qui ne possède pas d'histoire naturelle avec la communauté
juive, d'aucune façon. Bref, la proposition passe outre le principe de respect de la communauté naturelle. Entre
2006 et 2011, Outremont a reçu près de
6 975 nouveaux arrivants. Pour la même période, la circonscription de Mont-Royal en a reçu 11 845. Encore une fois, de potentiels électeurs dès 2018 mais surtout des personnes
avec des besoins et des conditions hétérogènes.
Est-il
raisonnable de continuer à croire que les manoeuvres qui visent Montréal sont
destinées à améliorer la représentation
effective des électeurs? Selon les projections démographiques de l'ISQ, à
l'horizon de 2031, la proportion des
immigrants dans la population totale pourrait s'élever à 30,3 % dans le
Grand Montréal, alors qu'elle serait à 5,3 % dans le reste du Québec. La forte majorité de
ceux-ci choisissent l'Île-de-Montréal
pour s'établir. Justement,
la circonscription de Mont-Royal, dont on parlait plus tôt, accueillera, dans les
prochaines années, près de 8 000
nouvelles résidences dans le cadre du projet immobilier Blue Bonnets.
M.
le DGEQ et MM. les commissaires, les chiffres ne disent pas tout, surtout sur
les réalités du terrain. Il faut tenir
compte de l'hétérogénéité des besoins des électeurs et des électeurs en
devenir, parce que ce sont, d'abord et avant tout, des personnes à part entière. Le député qui reçoit des électeurs
d'une autre circonscription dans les contextes décrits plus tôt doit rétablir
un lien de confiance pour que ceux-ci lui reconnaissent une légitimité en tant
qu'adjuvant de leur vie citoyenne.
Je
finirai en réitérant qu'il faut conserver les limites actuelles de la région de
Montréal. Des raisons sociologiques et une nécessité de respecter les
communautés naturelles viennent appuyer cette position. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, pour ces interventions, ces commentaires.
Souhaitez-vous réagir, M. Reid? Bien sûr. Alors, à vous la parole.
M. Reid
(Pierre) : Oui. J'aimerais souligner : par rapport aux propos du
député de Marguerite-Bourgeoys au regard de
Crémazie et Bourassa-Sauvé, oui, nous avons bien entendu que, dans le fond, la
définition d'une communauté naturelle
ne se définit pas seulement au niveau de délimitations administratives. Et on
nous a bien expliqué, je pense, ce matin — la députée de Jeanne-Mance—Viger — la particularité de Montréal au niveau de
ses communautés dites naturelles, et
c'est en ce sens-là que nous allons retravailler, revoir, là, les délimitations
qui ont été apportées au niveau des circonscriptions.
Mais je dois quand même vous dire qu'au regard de l'Île-de-Montréal le poids
électoral, avec les chiffres que nous
avons puis par rapport aussi à l'explosion démographique dans
Laurentides-Lanaudière, nous amène à considérer que Montréal devrait se retrouver avec un poids électoral de 27
circonscriptions avec les données. Et c'est pour ça que, ce matin et
dans les jours précédents, quand on nous dit que, oui, il y a des électeurs
potentiels, que ce soit par les développements de projet immobilier, par
l'immigration, nous en sommes.
Nous
répétons que nous travaillons sur une carte électorale pour les deux prochaines
élections. Donc, à ce moment-là, les
chiffres, à moins que vous ayez des informations que nous n'avons pas, nous ne
voyons pas comment l'augmentation de la population de Montréal pourrait
lui permettre de conserver le poids électoral actuel. Mais nous sommes ouverts
à recevoir toutes les informations qui pourraient nous amener à revoir les
choses.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci, M. Reid. M. le député, y a-t-il autre
chose à ajouter?
M.
Poëti : Bien, écoutez, j'entends et je comprends les propos. Il
y a non seulement la question des immigrants, mais il y a aussi des gens de banlieue qui reviennent sur
l'Île-de-Montréal, et c'est un facteur qui est reconnu actuellement, qui est clair. Alors donc, c'est sûr qu'il y aura
une augmentation nécessairement sur le retour sur l'Île-de-Montréal, au-delà de l'immigration, qui, on le sait, et les chiffres
sont à l'appui... que leur choix premier, c'est l'Île-de-Montréal. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, le point est fait. Merci infiniment. Voilà
qui met un terme à nos discussions concernant le comté de
Marguerite-Bourgeoys.
Passons
maintenant à notre collègue député de Matane-Matapédia, à qui je souhaite la
bienvenue. Et nous faisons une
incursion dans la région du Bas-Saint-Laurent. Même si son comté a un don
d'ubiquité — il est
du Bas-Saint-Laurent mais également de la Gaspésie — il
saura nous l'expliquer. M. le député.
Commission de la représentation électorale
du Québec (CRE), Bas-Saint-Laurent
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. Je veux saluer les membres
de la Commission de la représentation électorale. Ce n'est pas la première fois qu'on se rencontre.
Au cours des dernières années, on s'est rencontrés notamment lorsque ma circonscription, de Matane, a disparu.
Maintenant, elle a 45 municipalités, 48 000 de population. Alors, si
ça peut servir d'exemple aux
collègues d'en face de ce que ça peut représenter, une charge de travail d'un
député en milieu rural, je suis prêt
à exposer le cas de ma circonscription, qui n'a pas ému tant que ça les membres
du gouvernement à l'époque qu'elle a disparu.
Ceci
étant dit, lorsqu'on plaide pour la représentation d'une circonscription, il
faut d'abord être capable de la nommer, et le problème qu'on a avec le nom de la circonscription de
Matane-Matapédia, c'est qu'il ne tient pas compte de la réalité
territoriale de cette circonscription.
• (14 h 50) •
Je
m'explique. Lors de la dernière réforme électorale, la fusion de l'ancien comté
de Matane, donc la MRC de La Matanie,
et de la circonscription de la Matapédia a donné simplement le nom de
Matane-Matapédia. Pourtant, cette circonscription est constituée de
trois MRC, et ce qui est occulté, c'est la dénomination «Mitis», et c'est
pourtant une MRC à part entière qui existe depuis 1982, dont le chef-lieu est
la ville de Mont-Joli.
La MRC de La
Mitis, elle a une riche histoire, c'est la patrie de plusieurs
personnalités : je pense, entre autres, à l'auteur-compositeur René Dupéré, à Jean Lapointe, à la comédienne
Marie-Thérèse Fortin, à Robert Piché, et combien d'autres. C'est un territoire qui est bien vivant
au Bas-Saint-Laurent. Cette MRC, qui n'est pas représentée dans le nom
mais qui l'est au fédéral, compte plus de population
que la MRC de La Matapédia, mais pourtant on ne la nomme pas. Alors, je me dis, si on veut représenter une circonscription, parler d'elle à l'Assemblée
nationale, parler d'elle lorsqu'on
plaide auprès du gouvernement du
Québec ou en toutes circonstances, il
faut être capable de la nommer. Est-ce
que ça cause préjudice qu'on la nomme? La dernière fois qu'on s'est rencontrés,
l'institution du Directeur général
des élections m'a dit : On ne
peut pas avoir trois noms. Pourtant, lorsque je regarde le nom des circonscriptions, non seulement il y a des circonscriptions qui ont trois noms, mais qui ont plus...
qui sont plus longues que serait Matane-Matapédia—Mitis. «Rouyn-Noranda—Témiscamingue», c'est plus long à dire que «Matane-Matapédia—Mitis». J'en ai trouvé plusieurs comme ça qui sont plus longues, il y a
plus de lettres. Ce que je veux vous dire, c'est que c'est plus préjudiciable
de ne pas nommer La Mitis que ce que
ça pourrait causer comme inconvénient d'ajouter un nom de plus. Au fédéral, il y en a quatre.
Puis je suis convaincu que j'ai d'autres collègues qui vont plaider ça aussi.
Et, pour avoir discuté avec le député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata samedi dernier, je pense qu'il va vous
proposer d'ajouter Les Basques, qui est une MRC du Bas-Saint-Laurent. Il fait bien de le faire. Est-ce que vous êtes
en mesure de proposer cette modification? Je le souhaite. À l'époque, le député a proposé un projet de loi privé qui
n'avait pas eu de suite, mais moi, je souhaite vivement qu'au terme de
cet exercice on puisse nommer ce territoire. C'est important de le faire.
La MRC de La
Mitis a été constituée de parties des MRC de Matane, de La Matapédia et de
Rimouski. Elle est à l'ombre de la capitale régionale, donc elle a
besoin d'une identité forte pour se distinguer. Ce n'est pas un dortoir de
Rimouski. Moi, je plaide pour cette MRC.
Être député
en milieu rural — j'évoquais,
tout à l'heure, 45 municipalités — c'est d'être présent partout. Alors, moi, j'ai trois bureaux de circonscription dans
les trois villes principales de chacune des MRC, Matane, Amqui, Mont-Joli,
puis, pour être sûr de bien faire le
travail, je n'ai même pas d'adjoint à Québec, pour que la masse salariale soit
totalement dévolue aux gens qui sont
en contact avec les citoyens dans le comté. C'est le choix que j'ai fait. Et, à
chacun des endroits, je nomme le
territoire de La Mitis, qui a une très, très longue histoire. À l'époque, les
Amérindiens, les Algonquins, les Malécites,
fréquentaient déjà la rivière Mitis, depuis plusieurs milliers d'années avant
notre ère. Puis les Malécites, ils pêchaient
le saumon et l'anguille puis ils ont choisi de nommer les termes «metiwee», qui
signifie «tremble» ou «petit peuplier»,
qui est une essence très présente le long de la rivière Mitis, une excellente
rivière à saumon, ainsi que «métioui», ou
«lieu de rencontre». Les bandes y tenaient leurs réunions estivales annuelles.
Plus tard, l'arrivée des colons francophones et anglophones a provoqué le mélange des deux termes et le changement de
leur consonance pour donner le nom de Mitis, à ne pas confondre avec Métis, qui est le nom d'une municipalité dans ma
circonscription bien connue pour ses jardins, entre autres.
Lorsqu'on
regarde dans la toponymie ou dans le nom des groupes, on a recensé une
vingtaine de groupes de la MRC qui
portent le nom de Mitis : la chambre de commerce Mont-Joli-Mitis, le CLD
de La Mitis, la MRC de La Mitis, la
SADC de La Mitis, le club Gymn'As de La Mitis, la Table jeunesse de La Mitis,
et j'en passe. Alors, les citoyens de ma circonscription, ils se disent
à chaque fois qu'ils entendent parler de leur député ou de leur
circonscription : Mais est-ce qu'il est
député aussi de Mont-Joli, ou de Price, ou de Padoue, ou de La Rédemption?
Alors, ils se sentent exclus. Il
m'apparaît que, lorsqu'on veut représenter un territoire, la première des
choses, c'est de bien le nommer. Vous allez avoir des représentations en ce sens. Mais chez nous, dans un comté
rural, il faut être bien capable d'identifier le territoire.
Alors,
avant de commencer nos échanges, puis j'espère qu'on en aura, je souhaite vous
dire que ce serait très apprécié dans
ma région qu'on puisse reconnaître ce préjudice qui est causé à l'ensemble des
municipalités de La Mitis, qui m'appuient toutes inconditionnellement par des voies de résolution que vous avez
déjà reçues. Alors, moi, je souhaite, à la prochaine élection, que ce
soit moi ou quelqu'un d'autre, que la prochaine personne élue dans cette
circonscription... ça soit Matane-Matapédia—Mitis et que je cesse de me faire interpeller
quand j'ajoute moi-même le «Mitis», à l'encontre de vos règles. Jusqu'à maintenant, vous m'avez laissé
faire sans trop me taper les doigts, mais vous comprenez que j'aimerais beaucoup qu'à l'Assemblée nationale, à chaque fois
que le président ou la présidente me nomme, résonne ce nom historique, ce nom fabuleux qui nomme une population du
Bas-Saint-Laurent et que je suis très fier de représenter à l'Assemblée nationale
depuis maintenant quatre ans, M. le Président. Voilà.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Matane-Matapédia et, possiblement, Mitis.
On va céder la parole à M. Reid pour répondre, et puis je reviendrai à
vous par la suite, M. le député.
M. Reid (Pierre) : Bien entendu,
nous avons déjà reçu la proposition du député et, également, de citoyens.
En vertu de
la Loi électorale, la commission doit obtenir l'avis de la Commission de
toponymie, laquelle n'est pas favorable
à... comment je pourrais dire, à la création de listes de noms pour décrire une
circonscription ou un autre lieu. Moi,
je vous dirais, pour éviter peut-être un préjudice à l'une ou l'autre des
communautés administratives, si j'ose les appeler ainsi, que vous représentez, comme je l'ai fait ce
matin — vous
avez cité des gens, des personnes — ce matin, j'ai demandé... Puis ça, c'est en référence à l'information que
nous donne la Commission de toponymie à l'occasion, que les circonscriptions
au Québec sont sous-représentées de toponymes féminins. Je ne sais pas si c'est
dans votre région.
Pour éviter des préjudices pour l'un ou l'autre
et pour faire un certain consensus, ne pourrait-il pas y avoir la désignation
d'un toponyme féminin?
Le Président (M. Ouimet) : Merci, M.
Reid. M. le député.
M.
Bérubé :
M. le Président, non seulement je suis d'accord, mais le nom officiel de la
MRC, c'est la MRC de La Mitis. Alors,
je pense que ça répond à votre préoccupation. Donc, Matane-Matapédia—La Mitis. Alors, je pense répondre à une de vos conditions. Et
vous comprenez — puis je
vois mon collègue de Rivière-du-Loup—Témiscouata — l'importance que ça a chez nous. Au fédéral, ça peut être long pour les journalistes
de le prononcer. Quatre MRC, quatre noms. Trois MRC, deux noms. On est capable de faire un effort
supplémentaire. Puis, je vous ai donné l'exemple tout à l'heure, ce ne sera
pas plus long que d'autres noms de
circonscription. Dans «Charlevoix—Côte-de-Beaupré», il y a plus de lettres que dans
«Matane-Matapédia—Mitis»
et d'autres circonscriptions comme celle-là.
Alors,
vous comprenez bien le sens de ma proposition. Je comprends qu'il faudrait
modifier la loi pour y arriver. Ou
vous pouvez vous-même en arriver à cette conclusion-là dans le rapport final,
et là, lorsqu'on le recevra, là on l'ouvrira puis on se dira : Peut-être qu'ils ont dit oui. Alors, c'est le
souhait que j'exprime. Donc, ça, c'est pour la première partie de mon
intervention.
Je n'avais pas prévu
avoir de deuxième partie. Je ne sais pas combien j'ai de temps.
Le Président (M.
Ouimet) : Ah! il vous reste 11 minutes.
M.
Bérubé : Je vais les prendre. L'enjeu de la carte
électorale, j'ai joué dans ce film-là, moi, ma circonscription a disparu. Je vous ai raconté que ça a fusionné.
J'entends les arguments de l'autre côté. Il y a un terme anglais qui s'appelle
«gerrymandering». J'espère qu'on ne tend pas vers ça.
Chez
nous, on ne s'est pas posé la question beaucoup sur le sens des communautés
puis là est-ce qu'on séparait des
gens. Les gens ne seront pas séparés, là, ils vont continuer d'habiter où ils
habitent, avec les beaux paysages autour de chez eux, puis ils vont pouvoir visiter qui ils veulent quand ils
veulent. Mais ça a fait mal chez nous, parce que, dans un comté rural, contrairement à un comté
anglophone, les distances qu'on a à faire, la complexité des enjeux... Parce
qu'on fait de tout. On fait de la
forêt, on fait des pêches, on fait de l'agriculture, on est commissaire
industriel, on est aumônier. On est
souvent ceux qui suppléent à l'absence de services gouvernementaux. C'est
énorme. Un jour, on devra se pencher sur
le rôle d'un député en région, qui a une complexité supplémentaire, en plus des
distances. 45 maires de municipalité multipliés
par six pour le nombre de conseillers, c'est énorme. Alors, on vit avec ça à
48 000 de population. Et je sais que mon collègue de Gaspé vit avec ça aussi. J'ai parcouru sa
circonscription il n'y a pas tellement longtemps. C'est énorme.
Alors,
l'enjeu des circonscriptions d'exception, je sais que ça a été évoqué par les
députés libéraux, je ne sais pas si, dans
leur compréhension, ça inclut les circonscriptions des Îles-de-la-Madeleine et
d'Ungava. On m'indique que, dans votre
compréhension, elles seraient incluses. Alors, j'imagine qu'on entendra le
député des Îles-de-la-Madeleine dire sur les ondes de la radio CFIM des Îles-de-la-Madeleine
ou dans Le Radar des Îles-de-la-Madeleine qu'il est en faveur que
les Îles-de-la-Madeleine se joignent au
continent avec la circonscription de Gaspé. Pas sûr que c'est le cas. En tout
cas, je n'ai pas vu de déclaration du
député des Îles dans ce sens-là. Et c'est un peu antinomique, parce que, dans
la Mauricie, ils vont vivre ce qu'on
a vécu au Bas-Saint-Laurent puis en Gaspésie. Donc, vous regardez la population
puis vous avez décidé de retirer une
circonscription. Alors, si ça ne prend pas d'exception, pourquoi qu'il y en
aurait une en Mauricie?
• (15 heures) •
Je
cherche un peu c'est quoi, la ligne directrice des interventions des députés.
La dernière fois, ça a été très difficile de s'entendre. Finalement, c'est le directeur des élections qui a
tranché, puis on a fait nos représentations mais sur la base, je dirais,
de la complexité des enjeux, sur la distance. C'était beaucoup ça qui était en
question.
Je ne suis pas
Montréalais, mais j'ai la prétention de croire que les distances sont un peu
moindres et que les services gouvernementaux
sont plus présents sur le territoire
pour quelqu'un qui a besoin de trouver un service. Alors,
les exceptions, même si
je n'en suis plus une, parce qu'on a à peu
près 46 000 de population
pour Matane-Matapédia, bien que les prédictions démographiques ne soient
pas tellement encourageantes, je vais plaider pour mes collègues, tous partis confondus, et qui pourraient être
représentés par d'autres formations politiques à la prochaine élection, que ce
n'est pas pour rien que vous avez
créé des exceptions, que c'était généralement admis, que le premier ministre
Jean Charest était en accord
avec ça. Je me souviens de l'avoir entendu en Chambre. On s'était entendus sur
beaucoup d'enjeux. On a décidé de
garder ça. Puis il y a eu toutes sortes d'échanges sur comment ça devait se
faire, mais ultimement on a vécu avec cette
carte électorale. Moi, là, à l'extérieur de ma région, je n'ai pas entendu
beaucoup de députés se plaindre de la disparition du comté de Matane. Si c'est le cas, là je ne m'en
souviens plus. Mais je suis prêt à changer ce que je viens de dire si on
me prouve le contraire.
Alors,
je veux bien comprendre la tristesse créée par un boulevard, ou une rue, ou un
bloc ou un pâté de maisons qui va passer
d'un comté à l'autre quand les gens, souvent, ne sont même pas au courant où le
comté commence, où le comté finit. Je
peux vous dire une chose, chez nous, ça a eu un impact, je veux vous le livrer
comme ça, et l'enjeu qu'il faudra
aborder, puis ce n'est peut-être pas vous qui devrez l'aborder, mais
l'Assemblée nationale, c'est l'enjeu des moyens mis à la disposition des députés ruraux pour bien faire leur travail. Je
parle, entre autres, des moyens de communication, des moyens pour engager du personnel, engager même
pour l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale ne serait-ce qu'un recherchiste pour leur travail en
circonscription. Ça, c'est des enjeux qui sont importants, qui pourraient
faciliter le travail des parlementaires.
Mais je tiens fortement
à rappeler le débat que j'ai vécu quand ma circonscription a disparu et je veux
bien comprendre, là, les arguments de
l'autre côté, mais il m'apparaît que c'est étonnant qu'on en arrive
soudainement à ça. Moi, j'ai
participé aux audiences de Québec et là j'ai appris qu'il y avait des nouveaux
concepts, comme par exemple on allait
prévoir le nombre de personnes qui allaient devenir citoyens canadiens en
présumant qu'ils allaient s'installer à
tel endroit, qu'ils n'allaient pas déménager, qu'ils n'allaient pas s'en aller
en banlieue, par exemple, ou en région, où ce serait parfois souhaitable qu'il y ait également une immigration plus
présente, en région. Alors, il m'apparaît que c'est un concept étonnant,
et je ne sais pas si vous allez le retenir, mais je ne pense pas qu'il va
passer le test légal.
Alors, c'est
des commentaires. Je ne sais pas si vous avez envie d'échanger avec moi
là-dessus. Sinon, je reviendrai avec d'autres éléments.
Le
Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le député de Matane.
Des réactions, M. Reid?
Une voix :
...
Le Président (M. Ouimet) : Matane-Matapédia,
oui, oui, oui. Et La Mitis bientôt, peut-être.
Donc, je reviens à vous, M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Oui. Peut-être une interaction?
Le Président (M.
Ouimet) : Non, ils n'ont pas de réaction, pas de commentaire.
M.
Bérubé :
Combien il me reste de temps?
Le Président (M.
Ouimet) : Il vous reste 5 min 40 s.
M.
Bérubé :
Bon. Alors, je vais plaider pour La Mitis à nouveau, je vais renforcer mon
argumentaire.
Je
vous ai parlé, tout à l'heure, de cette région, qui a besoin de signaux forts.
D'abord, vous l'avez remarqué tout
à l'heure, il fait être capable de la situer. Les gens pensent que ma circonscription est en Gaspésie. Alors, il faut que je leur explique qu'elle est en Gaspésie touristique mais
qu'elle est au Bas-Saint-Laurent administratif. Ça crée toutes sortes de confusions. Puis après il faut nommer les
territoires. Le nombre de fois où, par
exemple, dans des cabinets
ministériels, par exemple, quels qu'ils soient, lorsqu'on parle de
Mont-Joli, ça se ramasse dans un dossier de ministre régional de la
Gaspésie ou l'inverse, c'est arrivé...
Alors, ça évite cette confusion-là lorsque les trois MRC seraient dans le même
nom.
Je
souhaite que vous soyez capables de changer la loi pas uniquement pour
moi, mais également pour la circonscription de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Il y en aura peut-être d'autres, je
ne le sais pas, mais ça envoie un signal
positif, parce que, si on avait, par exemple, une volonté de nommer un
territoire par le nom d'un personnage historique du Bas-Saint-Laurent, ça serait difficile de se retrouver pour les gens
dans notre région. Alors, cet enjeu-là n'existe pas vraiment, là. On aime mieux identifier les
territoires comme au fédéral, et c'est comme notre dernière chance, là, de
plaider auprès de vous. Je vous sens réceptifs, j'ai bien confiance en
vous, d'ailleurs.
Je
vous ai déjà rencontrés dans d'autres contextes lorsqu'on était au gouvernement,
mais je veux vous dire que cette
institution du DGE a eu des sensibilités historiques de bien représenter la
population. Puis ce que je plaide aujourd'hui, ce n'est pas un changement. Je ne veux pas revenir à la situation antérieure.
Elle a été choisie par le directeur des élections, elle a été entérinée par l'Assemblée nationale. Ce
que je plaide aujourd'hui, c'est une dimension différente : nommer un
territoire pour bien le représenter à l'Assemblée nationale et sur toutes les
tribunes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Matane-Matapédia. J'ai senti M. le Directeur général des élections réceptif à tous les propos de tous les
parlementaires, mais par la suite on verra le résultat final. M. Jean,
vous souhaitez réagir.
M. Jean
(Bruno) : D'abord, je salue quelqu'un qui a déjà suivi mon cours à
l'université il y a longtemps.
Une voix :
...
M. Jean
(Bruno) : Moi, c'est un territoire que je connais bien, hein, étant de
Rimouski. Et il y a un nom qui a émergé que
moi, je trouvais intéressant. Malheureusement, ça ne fait peut-être pas un nom
de député. On désigne les trois M,
hein, parce que c'est trois M que vous nous avez présentés. Les gens qui
travaillent sur le terrain, souvent, pour faire vite, ils disent : Ah! bien, trois M, trois M, mais ça ne fait,
malheureusement, peut-être pas un nom très sympathique pour un comté.
Mais la Commission de toponymie nous dit que : Essayez de trouver un nom,
dans ce cas-là, qui est englobant, tu sais.
Ce n'est pas nécessairement évident non plus. Ça a été discuté hier, dans
d'autres circonstances, ou avant-hier.
Voilà. Mais, bon, moi, j'aime bien les trois M, mais peut-être pour un autre
niveau de discussion que le nom d'un comté.
M.
Bérubé :
...enregistrée, 3M, qui font toutes sortes de produits novateurs. Alors, voilà.
Et, comme monsieur est un professeur
de développement régional à l'UQAR, il connaît bien la réalité de notre
territoire, pour l'avoir étudié, puis... convaincu que cette réalité-là
sera tenue compte. J'ai espoir.
Le Président (M.
Ouimet) : Merci, M. le député. M. Courville.
M. Courville (Serge) : M. le Président, j'étais là au moment de
l'amputation et je peux vous dire que, si ça vous a fait mal... à nous aussi. Simplement rappeler le
rôle de la CRE. Notre rôle n'est pas d'ajouter, de supprimer. Notre rôle est
vraiment d'équilibrer la représentation à des fins électorales, donc
d'équilibrer la carte à des fins de représentation électorale.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, ça clôture donc nos discussions
concernant le comté de Matane-Matapédia.
Restons dans la même belle région du Bas-Saint-Laurent, et j'accueille en votre
nom M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, à qui je cède la
parole.
M.
D'Amour : Alors, merci beaucoup, M. le Président. D'abord,
permettez-moi de saluer nos collègues cet après-midi
et les membres de la commission. C'est un grand plaisir pour moi d'être là.
J'ai failli être en retard, parce que j'arrive de Contrecoeur, où j'ai
eu le plaisir, ce matin, de faire une annonce importante concernant
l'établissement ou l'implantation d'une zone industrialo-portuaire pour
laquelle bien des projets sont envisagés à ce moment-ci.
Ceci
dit, c'est un dossier dont je vais vous parler, cet après-midi, qui m'est
particulièrement cher. J'ai été élu, moi, dans une élection partielle, député du comté de Rivière-du-Loup le 22
juin 2009, et, dans les documents que j'ai préparés, vous allez voir les premières résolutions du monde
municipal chez nous se rapportant à ce que je vais vous présenter :
6 juillet 2009. C'est dire à quel point non
seulement c'est important pour le député que je suis, mais c'est surtout
important pour la population que je représente.
Dès
2009, je disais : Le comté de Rivière-du-Loup devrait s'appeler
Rivière-du-Loup — Les
Basques. Malheureusement, ça ne s'est
pas fait. Nous avons assisté, par la suite, en 2011, à une nouvelle
délimitation qui a créé un nouveau comté, c'est-à-dire qu'on a ajouté une MRC. Alors, dans l'appellation, on
retrouve maintenant Rivière-du-Loup—Témiscouata. Ma circonscription s'appelle donc Rivière-du-Loup—Témiscouata. Et, pendant ce temps, malgré qu'il
existe une MRC qui s'appelle Les
Basques, on ne l'a pas du tout considérée dans la dénomination du comté, et, à
mon sens, c'est tout à fait dommage,
et je m'explique. Lorsqu'on a défini le nouveau comté de Rivière-du-Loup—Témiscouata, pourquoi on ne l'a pas appelé Rivière-du-Loup — Les Basques ou Les Basques — Témiscouata? Qu'est-ce qui a amené ce nom,
alors qu'on a mis de côté carrément
la MRC des Basques? La MRC des Basques, c'est un territoire qui est composé de
11 municipalités, 9 600 citoyens.
C'est un territoire, tout de même, sur le plan géographique, qui est grand, qui
est vaste. Moi, traverser mon comté
en voiture, là, c'est pratiquement 1 h 30 min de route par beau
temps. Alors, c'est un vaste territoire dans lequel on retrouve trois territoires de MRC : il y a
la MRC de Rivière-du-Loup, qui a un caractère de centralité — c'est aussi un grand territoire; il y a la
MRC de Témiscouata, qui vit beaucoup de la forêt, qui vit du tourisme, de
l'acériculture, de l'agriculture
également; et il y a la MRC de Rivière-du-Loup, qui a ses... c'est-à-dire, des
Basques, qui a ses caractéristiques propres.
Et aujourd'hui, en 2016, quelques années plus tard, on nous redit la même
chose : On n'a pas le pouvoir d'accorder ce nom, qui est réclamé.
• (15 h 10) •
Ce
que je vous demande, ce que j'ai toujours sollicité, c'est le voeu d'une
région. C'est la MRC de Rivière-du-Loup qui a déjà mentionné par voie de résolution : Nous, on
est d'accord. C'est la MRC de Témiscouata qui a fait exactement la même chose et c'est la MRC des
Basques qui s'est exprimée clairement : On fait partie de ce comté, on veut que notre
nom s'y retrouve.
Alors,
c'est Rivière-du-Loup, Témiscouata, Les Basques. Les réponses qu'on m'a
faites dans le passé : on a dit : C'est trop long. Je vais le prononcer encore : Rivière-du-Loup, Témiscouata, Les Basques. Je ne suis pas plus fatigué que je l'étais tantôt. Ça se fait très bien,
ça se dit très bien et ça aurait au moins l'avantage de faire en sorte que, les gens de chez nous,
bien, finalement, ça viendrait renforcer leur sentiment d'appartenance. Présentement, dans toutes les correspondances
officielles, que ce soit mon papier de député, dans toutes les correspondances
officielles, le comté de Rivière-du-Loup—Témiscouata existe, mais nulle part
on ne retrouve «Les Basques». Alors, quand vous êtes un commissaire industriel, par exemple, vous travaillez à
la ville de Trois-Pistoles ou au CLD des Basques et que vous faites une
proposition à quelqu'un,
vous dites : Nous, c'est le territoire de la MRC des Basques, la réponse qu'on nous
fait, c'est : C'est où? Ce n'est
pas connu beaucoup. Et pourtant, et pourtant il y a
un service de traversiers entre Trois-Pistoles et Les Escoumins. On a, évidemment,
une polyvalente, on a un hôpital, on a des services de santé. Bref, aux
Basques, on retrouve des Québécois et des Québécoises. Moi, j'aimerais que, les Québécois
et les Québécoises que je représente sur le territoire
de la MRC des Basques, bien, leurs
noms se retrouvent à l'intérieur du nom complet de notre circonscription. Je pourrais vous parler jusqu'à demain.
Le
sentiment d'appartenance en région, c'est très important. Voyez-vous, on a
fait des choses, dans le passé, pour les
Îles-de-la-Madeleine, et moi, j'en suis particulièrement fier. J'arrive des Îles-de-la-Madeleine. J'étais là
cette semaine avec un groupe de
diplomates de partout dans le monde. On est fier de présenter Les Îles, mais on
est surtout fier de présenter le
caractère particulier des Îles-de-la-Madeleine. Ça figure, en fonction de la
loi, à titre de comté dit particulier. On est fier de ça, on est
content, on reconnaît les Îles-de-la-Madeleine. Moi, j'aimerais qu'on
reconnaisse l'ensemble de nos circonscriptions dans la mesure de ce qui est
représenté dans nos circonscriptions. Rivière-du-Loup, Témiscouata, Les
Basques, vous allez me dire : Bien, écoutez, on n'a pas le pouvoir.
Moi,
j'aimerais qu'on m'explique aujourd'hui l'article 18 de la Loi électorale,
qui dit : «La commission attribue un
nom à chaque circonscription qu'elle délimite, après avoir pris l'avis de la
Commission de toponymie instituée par la Charte de la langue française.» Il me semble que cet article-là vous
accorde un certain pouvoir. Vous me corrigerez si je me trompe, ça
m'arrive de me tromper, c'est humain, mais cet article-là m'apparaît comme
étant une solution. Si une modification
législative devait être apportée dans vos recommandations, sans doute
allez-vous l'écrire, allez-vous le noter, allez-vous nous le faire
savoir pour qu'à titre de parlementaires nous puissions prendre les
orientations nécessaires.
Je n'ai pas
l'intention de faire un très, très long discours cet après-midi, parce que je
vais vous laisser toute la documentation,
hein, qui a été réalisée à partir de mon bureau de comté depuis sept ans, parce que
ça fait sept ans qu'on en parle. On
n'en a pas parlé à tous les jours. Après 2011, je vous avoue, après le dernier
découpage, pour nous, c'était clair, ça a été refusé, mais j'y vois aujourd'hui
l'occasion de revenir à la charge. On a de la suite dans les idées, et en région, pour nous, c'est important,
tout en reconnaissant les caractères particuliers de bien d'autres comtés au Québec, mais
le phénomène régional fait en sorte qu'on se retrouve. Je pense
que c'est important, dans l'ordre ou dans le désordre, que, «le Témiscouata», on en parle à l'intérieur
du nom, que, «Rivière-du-Loup», on en parle, c'est tout à fait normal. Alors, sur la même base de la normalité, il
m'apparaîtrait tout à fait pertinent d'inclure la MRC des Basques.
Alors, je
vous ai présenté ma circonscription. Je vous fais grâce, vous le savez, du nombre
total d'électeurs. Je n'ai pas besoin
de revenir là-dessus. Je n'ai pas besoin de vous redire que c'est 7 300 et plus kilomètres carrés. Je vous
parle, de façon plus
spécifique, des Basques, avec 9 600 citoyens, pour vous dire que c'est un
territoire non seulement qui existe,
mais qui est très présent sur le territoire de ma circonscription. On y vit, on
en est fiers, on y fait de belles et de grandes choses. Il me semble qu'ensemble on devrait être capables de
trouver le moyen, un peu comme d'autres comtés... Moi, je suis assez
d'accord avec mon collègue de Matapédia-Matane, il manque un élément.
Là-dessus, on n'est pas tout le temps
d'accord, mais là-dessus je pense qu'on est capables d'établir une entente
assez facilement. Rivière-du-Loup, Témiscouata,
Les Basques, ça coule, c'est comme l'eau dans le Saint-Laurent. Moi qui ai une
responsabilité maritime, voyez-vous,
ça m'enchante, ça m'interpelle. Bon, je blague, mais je pense que nous avons
aujourd'hui une belle occasion de
dire à une population de chez nous, dans le Bas-Saint-Laurent, dans Les
Basques : Vous êtes à ce point importants, vous aussi, comme les autres, pour qu'on trouve votre nom et qu'on
puisse l'utiliser fièrement, parce que Les Basques, pour nous, c'est
l'objet de grande fierté.
Voilà. Je
reviens, en terminant. On va échanger ensemble, j'en suis convaincu, mais,
l'article 18, là, je voudrais bien
connaître votre interprétation. Et je ne m'attends pas à ce que vous me donniez
une réponse, on n'est pas là pour ça, mais
je m'attends aujourd'hui de votre part que vous nous donniez quelques
indications pour y arriver. Je m'en doute, là, vous allez peut-être me
parler de modifications législatives, mais avant, si on interprète bien
l'article 18, peut-être y a-t-il-là une
piste de solution, une façon de faire
les choses qui pourrait satisfaire l'ensemble des parties prenantes dans cette
discussion-là. Voilà. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Alors, M. Reid, on a entendu à quelques reprises votre réponse par
rapport à la Commission de la toponymie, mais à vous la parole.
M. Reid
(Pierre) : Mais, en fait, je
dois préciser effectivement qu'à l'article 18 il n'y a pas besoin de
modification législative. Il
appartient à la commission d'attribuer un nom aux circonscriptions, mais la
commission se doit de prendre un avis
de la Commission de toponymie, et je pense que, par le passé, les avis ont été
passablement suivis. Mais c'est un pouvoir qui appartient à la
commission.
Je vous
entends comme nous avons entendu le député de Matane-Matapédia. En fait, je
réitère, là, mes commentaires de
tantôt par rapport à... en fait, on désigne des circonscriptions par les noms
des MRC. C'est peut-être la particularité
régionale, parce que, quand je regarde Montréal, c'est beaucoup de noms de
personnages historiques à qui on accorde le nom d'une circonscription.
Comme je l'ai fait pour le député de Matane-Matapédia et comme je l'ai soulevé ce matin, est-ce qu'au sein de votre circonscription, Rivière-du-Loup—Témiscouata, et aussi la MRC des Basques il y aurait un toponyme féminin de... parce que la
Commission de toponymie nous a souvent fait part, là, d'une sous-représentation de toponymes féminins. Je ne
sais pas si dans votre circonscription il pourrait y avoir un consensus
d'un nom de... d'un toponyme féminin qui permettrait, à ce moment-là, peut-être
de rallier les trois MRC.
Je vous
invite à ça, mais je vous entends par rapport à votre demande d'identifier la
circonscription en fonction des trois MRC.
Le Président (M. Ouimet) : Merci. M.
le député.
M.
D'Amour : Voyez-vous, M. le Président, on peut bien faire de longs
détours. Je vous ai fait une présentation et je vais répéter certains éléments. Ça m'apparaît important, puisque
le message, de toute évidence, n'a pas été entendu.
J'ai été élu en juin 2009. Le 6 juillet 2009, à
compter de ce moment, des résolutions de municipalité, des élus municipaux dans les municipalités localement, dans
les MRC, ont déjà statué. Il y a un sentiment d'appartenance. On est fiers de ces noms-là. Notre histoire, là, c'est
Témiscouata, c'est Rivière-du-Loup et c'est Les Basques. Moi, Montréal, c'est Montréal, et je respecte Montréal. Montréal,
il y a d'autres raisons de faire les choses autrement. Ce n'est pas à moi,
qui suis ministre responsable du Bas-Saint-Laurent, de me mêler de ça. Je
comprends que vous avez aussi, sur votre territoire,
Montréal. En ce qui nous concerne, et en tout respect, ce débat-là, monsieur, a
été fait 1 000 fois plutôt qu'une. Et j'arrive ici aujourd'hui avec tout un cahier composé de résolutions
des gens de chez nous. Moi, je ne retournerai pas dans ma
circonscription demain matin en me grattant la tête puis en disant : Vous
savez, on était en commission hier, puis il
y a quelqu'un qui a soulevé, là, qu'on pourrait peut-être avoir un nom d'une
personne. Écoutez, un grand territoire avec des données particulières à
chacun des territoires des MRC, alors, trouver un nom qui va rassembler tout
ça, là, ces 43 municipalités, vous savez,
réparties sur 7 300 kilomètres carrés. Je ne sais pas pourquoi... Puis je
vais vous poser une question. Puis je
ne sais pas si vous pouvez y répondre. En 2011, pourquoi a-t-on choisi
Rivière-du-Loup, pourquoi a-t-on
choisi le Témiscouata et pourquoi on n'a pas choisi Les Basques? Sans doute
avez-vous des raisons de le faire. Vous êtes soumis à des règles, vous
êtes soumis à des contraintes, hein, à un encadrement, je vais le dire ainsi.
Pourquoi, encore une fois, c'est Les Basques qui
ont été tassées? Je ne veux pas tasser personne d'autre, mais pourquoi
avez-vous choisi ce nom plutôt qu'un autre?
Le Président (M. Ouimet) : M. Reid.
M. Reid (Pierre) : En fait,
l'explication, comme on a pu le donner plus tôt... c'est sûr que la Commission
de toponymie favorise seulement deux noms
afin d'éviter d'avoir une liste de plusieurs noms dans la désignation de lieux
ou de circonscriptions. Mais, comme je vous dis, c'est l'avis de la
Commission de toponymie, là, qui nous guide.
M.
D'Amour : ...pas à ma question. C'est le nom. Oui, je comprends, vous
aviez droit à deux. Pourquoi ça n'a pas
été Rivière-du-Loup—Les Basques ou
Témiscouata—Les Basques?
Pourquoi? Alors, quand il y a des décisions qui sont prises, habituellement il y a des raisons qui
font qu'on prend une décision plutôt qu'une autre. Pourquoi Les Basques?
Ça existe, vous savez, puis je vous invite,
c'est un territoire magnifique. On peut même aller sur la Côte-Nord à partir
de Trois-Pistoles. Vous allez découvrir le Québec. Vous allez l'aimer, j'en
suis convaincu.
Le Président (M. Ouimet) : M.
Courville.
• (15 h 20) •
M.
Courville (Serge) : M. le Président, rapidement. On pourrait faire un colloque et s'en parler. Il y a
une science qu'on appelle la science
toponymique. Dans le cas du Québec, et là on parle au niveau institutionnel, dans le cas du Québec, les
normes ou les critères sont définis évidemment sur les plans national, provincial, sur le
plan local, mais aussi sur le plan international. Donc, ces normes
existent, ces critères existent.
Prenons le
cas de Rivière-du-Loup, prenons le cas de Témiscouata. Historiquement,
ce sont deux seigneuries qui vont finir par donner leurs noms à des
comtés, comme on les appelait à l'époque, alors que Les Basques, c'est une municipalité régionale de comté. Moi, j'essaie d'interpréter un petit peu l'avis de la Commission de toponymie. Alors, je me dis, il
y a une antécédence historique.
Il y a un niveau, ou un palier, si
vous voulez, où on a les circonscriptions existantes, et, quand elles
sont existantes, on ne modifie pas les noms. Ensuite, il y a
des paliers administratifs, des
circonscriptions électorales, donc Rivière-du-Loup—Témiscouata. Au niveau municipal, bien, il y a
deux paliers : il y a la municipalité régionale de comté puis il y a la municipalité locale. Ce que vous nous
dites : Donnez un nom de municipalité régionale de comté accolé à deux noms de circonscription
électorale. C'est ce que vous... Moi, j'entends très bien votre message.
Nous allons y réfléchir. Voilà.
Le Président (M. Ouimet) : M. le
député.
M.
D'Amour : Quelques
arguments. Vous dites : On a pris le nom qui existait. Je regrette, là,
c'était Rivière-du-Loup et Kamouraska-Témiscouata. Rivière-du-Loup—Témiscouata n'existait pas, hein? On a créé ce
comté-là avec deux MRC, O.K., puis on en a ajouté une troisième.
Moi, je vais
retourner chez nous, monsieur, là, puis je vais leur raconter ça, là, ce soir
ou demain matin, là : En vertu
de la science toponymique. D'accord, je vous suis, on n'est pas fous, on
comprend, là, O.K., mais, si on est rendus à changer les choses, bien, peut-être qu'on peut l'envisager, parce que,
chez nous, là, ça ne tient pas la route, monsieur — puis là on va se parler franchement et clairement, là — parce qu'au gré des redécoupages cette
MRC-là a été maltraitée, et je m'explique.
À certaines occasions, Saint-Simon, Saint-Mathieu, Saint-Guy, Saint-Médard...
un petit bout de temps dans la MRC du
côté de Rimouski, puis à un autre petit bout de temps on revenait à
Rivière-du-Loup, puis à un autre petit bout de temps on les envoyait avec le Témiscouata, puis on les ramenait à
Rimouski puis peut-être... Ça a été l'histoire des Basques, mes amis, puis ça a été l'histoire des Basques
depuis les 30 dernières années. Vous irez vérifier vos affaires, vous allez
comprendre ça. À un moment donné, les choses se terminent.
Le
redécoupage de 2011, c'est le comté tel qu'on le connaîtra aux prochaines
élections encore. Et c'est très bien. C'est
une circonscription magnifique que je suis très fier de représenter, il faut
bien s'entendre, mais, à un moment donné, là, je pense qu'il faut être conséquent. Moi, la science toponymique, je
respecte ça, mais, en même temps, dans la vraie vie, là, dans la vie de mon monde, dans les municipalités, ils
aimeraient ça, eux autres, s'asseoir à la table puis manger avec la famille. Ils sont à part. On ne les
retrouve nulle part. On ne les retrouve même pas dans le nom des commissions
scolaires. Moi, je veux qu'on corrige ça, tu
sais, puis qu'on le fasse ensemble, puis qu'on le fasse à visière levée. Puis
on dit : Vous êtes des citoyens
québécois, vous faites partie d'un comté, c'est juste normal que votre nom se
retrouve là. Moi, quand vous
m'écrivez une lettre, vous n'écrivez pas juste «Jean» ou «D'Amour», vous
écrivez «Jean D'Amour». C'est vrai,
on n'a pas le droit de se nommer ici, M. le Président. Je pense que c'est
important. Ça forme un tout, parce que vous l'avez décidé, à juste titre. Vous
avez redécoupé un comté, vous avez créé une entité composée de trois MRC.
Vous avez tenu compte des... là-dessus, je
vous félicite, vous avez tenu compte des trois territoires de MRC pour former
votre comté, notre comté, à plus de
50 000 et quelques centaines de citoyens. C'est très bien. Le seul trait
d'union qui manque, le seul petit
bout qu'il nous reste à franchir ensemble, c'est d'inclure le nom des Basques.
Et vous nous dites que, l'article 18, on n'a pas besoin de modification
législative. Mais voilà une très grande et une très bonne nouvelle.
Alors, je comprends qu'il y a des choses qui
peuvent se faire. Ma foi, faisons-le. Moi, je travaille là-dessus depuis 2009, mais je ne suis pas seul à
l'intérieur du parlement. Il faut entendre ce message-là. La science
toponymique, aussi importante
soit-elle... l'avis, aujourd'hui, est aussi important. Et mes gens souhaitent
simplement l'intégrer dans l'appellation, dans la dénomination du comté,
être là. Je pense que c'est d'une simplicité désarmante.
Alors, je pourrais plaider jusqu'à demain, mais
je pense que j'ai dit pas mal de choses. En tout respect, entendez-nous, s'il
vous plaît.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, merci, M. le député de Rivière-du-Loup. Des réactions? Alors, le message
a été bien compris.
M. D'Amour : ...Témiscouata, M. le
Président, en attendant Les Basques.
Le
Président (M. Ouimet) : Oui.
Je m'étouffais, mais Témiscouata s'en venait. Alors, merci à vous, M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Et
dirigeons-nous maintenant vers la belle région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine. Et je reconnais M. le
député de Gaspé, qui est avec nous. Je lui souhaite la bienvenue. Et je vous
cède la parole, M. le député.
Commission
de la représentation électorale du
Québec (CRE), Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
M. Lelièvre : Merci beaucoup, M. le
Président. Je tiens à saluer Mme la ministre, mes collègues ainsi que les
membres de la commission.
Écoutez, ça
me fait extrêmement plaisir d'être ici aujourd'hui pour un dossier, un sujet
extrêmement importants. Je me souviens, en 2011, j'étais dans un autre
siège, à un autre niveau dans la région. J'avais également participé aux consultations qui nous ont permis d'arriver à la
carte actuelle de délimitations
électorales. Malheureusement, à l'époque, la Gaspésie, et le comté de Gaspé principalement, avait
été largement modifiée dans ses mesures, dans ses délimitations, puis
finalement on avait ajouté une MRC complète au territoire du comté de Gaspé.
Puis ce que je tiens à vous dire aujourd'hui, c'est que la densité de la population,
oui, n'est pas grande en Gaspésie, mais l'étendue du territoire
est énorme, et ça fait en sorte que l'accessibilité tant pour le député
à ses citoyens que pour les citoyens à leur député n'est quand même pas
chose facile. Pour vous donner un exemple qui image ça, moi, je parle d'un territoire,
dans le cas du comté de Gaspé, de 350 kilomètres linéaires, et, si j'ajoute la route 198, qui
traverse la Gaspésie, qui fait partie également, en bonne partie, de mon comté, un 150 kilomètres
de plus pour le secteur de Murdochville, donc c'est tout près de 500 kilomètres,
là, de territoire à parcourir pour desservir les citoyens et citoyennes
de ma circonscription.
Donc, moi, je
salue votre ouverture et, je dirais, la démonstration de connaissances, hein, des principes de la ruralité, des régions puis de l'occupation du territoire, puis «l'occupation
du territoire» est un terme qu'on utilise beaucoup dans les dernières années mais qui, malheureusement, souvent est très galvaudé. Mais je vois que, dans l'exercice que vous
avez fait, vous avez tenu en compte les
principes de l'occupation du territoire,
et je rajouterais même le
mot «digne», hein, une digne
occupation du territoire, parce
qu'occuper un territoire, c'est une chose, mais s'assurer que les gens qui
habitent ce territoire-là ont des
conditions d'occupation dignes des citoyens et des citoyennes du Québec en
2016, c'est une autre chose. Donc, le
fait qu'il y ait une recommandation à l'effet de maintenir le statu quo pour le
caractère d'exception du comté de
Gaspé me satisfait, comme député, et satisfait également la très grande
majorité, pour ne pas dire l'unanimité de la population du comté de
Gaspé.
Je reviens
sur le fait que la carte actuelle a déjà amené un certain traumatisme au niveau
des citoyens et citoyennes du comté de Gaspé. Quand on a décidé
d'ajouter les citoyens de La Haute-Gaspésie avec le comté de Gaspé, donc la région de Grande-Rivière, Gaspé, ça a été un choc,
parce que ce sont deux communautés relativement divisées au plan géographie, mais, bon, après quelques années, on
apprend à travailler ensemble, on apprend à mieux se connaître, puis le choc s'estompe, mais il ne faudrait surtout pas
agrandir le comté ou aggraver la situation. J'ai lu dans le document... puis
j'avais lu à l'époque aussi, au début des
années 2000, toute la question du principe de représentation effective, qui est
extrêmement important. Vous savez, quand on
joue avec les délimitations d'un comté, on joue également avec la population,
avec les hommes et les femmes qui occupent ce territoire-là, et il est sage de
considérer des éléments autres que, tout simplement, des considérations, je
dirais, basées sur un chiffre, sur une donnée.
On sait que
la moyenne des comtés au Québec est autour de 48 000 électeurs,
électrices. La loi permet un différentiel de plus ou moins 25 %. Donc, ça nous donne des comtés entre
36 000 et 60 000, grosso modo, de population. Ça, c'est une logique mathématique, mais, au-delà de cette
logique mathématique là, c'est clair qu'il faut considérer aussi, comme
vous le mentionnez dans votre documentation ou dans vos recommandations,
l'aspect démographique, le sentiment d'appartenance,
les communautés naturelles, l'accessibilité aux députés, les particularités du
territoire, puis ça, ça m'apparaît intelligent
comme démarche, et c'est une démarche qui devrait être aussi imitée par
beaucoup d'autres organisations au sein de l'appareil politique
gouvernemental. Je pense que ça aiderait beaucoup à la situation des régions.
Donc, oui, je
suis, comme député, en faveur de la recommandation pour ce qui touche le comté
de Gaspé, mais j'aimerais amener
aussi une certaine mise en garde. Dans les dernières décennies, dans les
dernières années, on a assisté, malheureusement,
à ce que j'appelle, moi, la fracturation politique et la fracturation sociale,
à la limite. Ce sont des constats que j'arrive en regardant souvent la
façon qu'on gère le Québec.
• (15 h 30) •
Et, vous savez, au début des années 2000, il y a
eu un rapport du Conseil des affaires sociales qui s'appelait Deux Québec dans un, hein, qui a été écrit notamment par Yvon
Leclerc, une personnalité que, je suis certain, plusieurs d'entre vous connaissent, mais je dirais
qu'aujourd'hui, dans la situation où on se retrouve, au Québec, on peut se
demander si on n'a pas trois Québec
dans un, et tout ça, cette situation-là, est souvent occasionné par la façon où
on gère... de la façon qu'on gère le
territoire. Et il faut faire
attention, parce que les régions ont besoin d'être considérées en fonction
de leurs particularités et le fait de
baser les territoires des comtés strictement sur une logique de chiffres,
comptable, c'est sûr que ça amènerait
les comtés dans une situation qui serait extrêmement dommageable. Donc,
attention à cette tendance-là, où on ne tient pas assez en compte les
éléments autres que les logiques mathématiques pures ou absolues.
Donc, toute
la question de la représentation effective est extrêmement importante, vous
avez bien expliqué les composantes de ça, et il m'apparaît extrêmement
important que votre travail continue de se baser dans le respect de ces
critères-là.
C'est
important aussi que la carte électorale du Québec ne devienne pas un
objet de politique partisane. On le sait, nous avons des enjeux. On a vu le positionnement
du gouvernement, bon, qui est différent du positionnement
d'autres formations politiques. Je lisais dans La Presse récemment les
commentaires des médias. On travaille, chacun, pour notre coin de pays, on a des valeurs, on a des gens à
représenter comme parlementaires, mais il est important qu'il y ait une instance au-dessus de la politique
partisane, qui est, en l'occurrence, votre organisation, qui s'assure de faire
un travail de façon objective et pour le bien de l'ensemble de la population,
notamment de la population qui réside dans nos régions, qui ont
grandement besoin de sentir qu'il y a une équité au niveau de l'ensemble des
décisions gouvernementales.
Vous
savez, je terminerais ma présentation
en vous disant : En 2011, ça a été un choc, vraiment, là, la délimitation
de la carte électorale en Gaspésie. Et, chez
nous, ce qui se dit, souvent dans la population... vous savez, notamment, un
des résultats de la carte qui est
applicable présentement, donc la carte de 2011, c'est qu'on a donné quatre
comtés supplémentaires à la région de Montréal, qui est une belle région
avec beaucoup de défis puis qui a ses besoins, j'en conviens, mais on a enlevé quatre comtés dans les régions. Je défie
n'importe qui ici, dans cette salle, après-midi de se rendre au centre-ville de Montréal puis de
demander à la population, aux électeurs, électrices : Quelle est la
principale distinction de la carte de
2011 et de la carte antérieure? Autrement dit, est-ce qu'il y a eu des
changements? Je ne suis pas sûr qu'il
y ait beaucoup d'électeurs, d'électrices qui remarqueraient cette différence,
qu'ils ont gagné quatre comtés. Mais
rendez-vous en Gaspésie, dans les comtés de Matane, Bonaventure, Gaspé et dans
d'autres régions où on a perdu un
comté et où... Moi, mon comté a été agrandi de tout près de
150 kilomètres, ce qui fait que, mes électeurs, électrices de La Haute-Gaspésie, je dois faire six heures de
route pour les voir, et vice versa. Eux, ils vont vous dire : Oui, la
carte de 2011, voici les différences et voici l'impact dans notre
quotidien, les impacts que nous devons vivre là-dessus.
Puis ça, je
dis ça en tout respect pour les gens de la communauté métropolitaine, qui ont
des grands défis à relever, des
belles particularités. Puis je suis fier de ma métropole, mais aussi il faut
tenir compte de la réalité des régions. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Merci à
vous, M. le député de Gaspé, pour ces commentaires, de partager avec nous vos
réflexions. Des commentaires?
M. Reid
(Pierre) : On vous remercie
des commentaires que vous avez formulés. En fait, vous illustrez bien le défi
qui nous est imposé, que vous venez de dire
dans vos derniers commentaires, M. le député : les régions, les
particularités des régions, les
besoins d'une représentation effective et, en même temps, le défi de
l'Île-de-Montréal, indépendamment de...
Je comprends que c'est une île avec... quand on dit que les gens peut-être ne
savent pas quelles étaient les délimitations des circonscriptions, mais je pense qu'avec ce qu'on entendu ce matin on
tient compte que, Montréal, il y a des communautés naturelles, mais vous comprendrez que c'est là le
défi : essayer de maintenir une représentation effective des électeurs qui sont en région et, en même temps, de donner un
poids équivalent aux électeurs qui sont dans les régions urbaines, dont
l'Île-de-Montréal, Laval ou Laurentides-Lanaudière. Merci.
Le Président (M. Ouimet) : Merci à
vous. D'autres commentaires, M. le député de Gaspé?
M. Lelièvre : Non, c'est complet.
Le
Président (M. Ouimet) : Ça a
fait le tour? Alors, merci à vous. Allons maintenant du côté du beau comté de
Bonaventure. Et je cède la parole à M. le député à qui je souhaite la
bienvenue.
M. Roy :
Merci, M. le Président. Je salue mes collègues. Membres de la commission, mes
salutations, M. Reid.
Je salue la proposition de redécoupage des
circonscriptions proposée par la Commission de la représentation électorale. Le choix de maintenir le statut
d'exception pour la circonscription de Bonaventure est logique, pertinent puis
respectueux des communautés naturelles qui y
vivent. L'attachement à des pôles est un élément essentiel à la cohésion
du vivre-ensemble et au sentiment d'appartenance qui unit les individus.
Bonaventure,
comme vous le savez, c'est de L'Ascension-de-Patapédia jusqu'à
Saint-François-de-Pabos, de l'autre bord
de Chandler. Bon, actuellement, vous proposez le statu quo :
circonscription d'exception. S'il y avait une, bon, volonté d'agrandir la circonscription, si on le faisait
par l'ouest, ça impliquerait de traverser toute la vallée de la Matapédia, où
il n'y a à peu près rien, pour se rendre à Causapscal, Amqui, où les gens n'ont
pas réellement de lien socio-identitaire ensemble. Donc, les gens de la vallée vont plutôt vers Matane, vers
Rimouski, et les gens du fond de la baie des Chaleurs vont plutôt vers le centre de la baie des
Chaleurs, vers Carleton, Bonaventure. Donc, on a des pôles d'attraction qui
sont naturels. Les agrandir vers
l'est, bien, ça serait d'aller dans la circonscription de Gaspé, ce qui n'est
pas faisable, parce que, bon, il y a déjà un déficit.
On parle de
10 000 kilomètres carrés, 26 municipalités, 36 000 électeurs, et un
peu plus. Nous avons trois bureaux de
circonscription : on en a un à Chandler, un à Bonaventure et un à
Carleton. Pour aller au bout de la circonscription et revenir, c'est 6 h 30 min de route,
tout dépendamment des chevreuils qu'il y a dans le chemin ou quoi que ce soit.
Moi, souvent, je dis que je suis un
routier. Nous sommes des routiers, les gens des régions. On fait 80 000
kilomètres par année. Et d'agrandir le territoire, bien là ça voudrait
dire, bon, encore plus de millage. Mais, pour notre vie, souvent, on est obligés d'arrêter, de retour d'un événement, de
dormir sur le bord du chemin, parce que c'est immense, c'est grand, puis
c'est des petits chemins de campagne,
souvent, avec tout le gibier qui s'y déplace. Je suis porte-parole de la faune,
hein, il fallait que j'en parle un peu. Donc, l'accessibilité aux députés n'est
pas toujours évidente. Et le temps que, bon, on passe dans le chemin, comme je le disais, fait de nous
des routiers. Nous n'avons pas de transport par train, en plus. On a un circuit d'autobus qui est famélique puis une
desserte aérienne déficiente. Donc, on n'a pas le choix, nous, de se promener
en voiture, on n'a pas grand-chose d'autre. Donc, ça complique passablement
notre travail.
Notre
démographie est liée à quoi, hein? Notre perte d'individus, c'est lié à la
déstructuration socioéconomique de notre
région puis à l'atrophie de nos institutions. Les gens quittent parce qu'ils
n'ont pas de travail. Il y a des gens qui vont déménager pour avoir des soins de santé, parce qu'ils ne peuvent
pas prendre le train avec la couchette que ça implique, parce que leur condition, bon, s'est dégradée,
déménagent pour aller avoir des soins de santé. Nos jeunes nous quittent
pour aller aux études. On perd nos enfants, nous.
Donc,
pour ces raisons, l'accessibilité aux députés est vitale pour avoir une réelle
représentation régionale et défendre les nombreux enjeux de nos collectivités.
Donc, remettre en question les circonscriptions d'exception et le découpage actuel de Bonaventure, dans mon cas,
c'est vouloir affaiblir... Et là je ne parle pas à vous, là, vous comprenez,
là, je sais que vous avez préconisé le statu
quo, mais donc nous, on appuie vos propositions, hein, ça, c'est clair. Mais
ce que je voulais dire, c'est que de vouloir
revoir les circonscriptions d'exception, c'est affaiblir politiquement la
population de la Gaspésie, qui est déjà passablement affaiblie, et ça,
c'est inacceptable. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Bonaventure, pour
vos réflexions, vos commentaires.
Des
réactions de la part de M. Reid? Non. Alors, voilà. Vos propos ont bien été
entendus. Moi, je rigolais un peu. Vous
parliez des gibiers au niveau de la route. À Montréal, c'est les cônes jaune
orange, mais là s'arrête la comparaison, par exemple. Alors, merci à
vous. Et je pense que cela met un terme aux discussions et aux auditions
concernant les circonscriptions électorales comme telles.
Remarques finales
Nous
allons maintenant passer à l'étape des remarques finales et nous allons
commencer avec M. le député de Deux-Montagnes, porte-parole pour la deuxième
opposition en ces matières. Alors, M. le député de Deux-Montagnes, à
vous la parole.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je n'ai pas l'intention de répéter
tout ce que j'ai pu mentionner avec mes collègues au cours des derniers jours, mais je comprends aisément le
défi qui vous revient. On a pu entendre différents points de vue au
cours des derniers jours.
• (15 h 40) •
Donc,
un défi colossal qui vous attend, mais, en même temps, ce qui me rassure, c'est
que vous êtes accompagnés par une
loi, et la loi a déterminé des critères qui sont très objectifs, et qui vous
aidera très certainement à nous
produire un rapport qui, lui, sera
final. C'est bien certain que chaque circonscription ou chaque député peut avoir des préoccupations sur sa capacité de bien représenter ses électeurs, j'en suis. Cependant,
ce qui est cher à nous yeux, au niveau de la Coalition avenir Québec,
c'est la représentation effective des électeurs.
Et
j'entendais mes collègues du Parti libéral, du gouvernement, dire, par exemple,
et j'ai retenu un chiffre, mais plusieurs
ont été mentionnés, qu'une éventuelle fusion des circonscriptions de Mont-Royal
et d'Outremont amènerait un écart de
plus ou moins 15 %. C'est un écart qui est notable, mais cet écart-là
demeure bien en deçà des écarts qui nous touchent au niveau des Laurentides. Et je ne veux pas donner
l'impression de défendre une région plutôt qu'une autre, mais cette région, des Laurentides, illustre très
bien la problématique de ce vote qui n'est pas égal d'une région à l'autre.
Oui, le 15 % de la fusion potentielle
d'Outremont et de Mont-Royal amènera peut-être une révision dans x années, mais
actuellement, dans les Laurentides, les
chiffres qui sont les nôtres font plutôt référence à des écarts de 25 %,
26 %, 27 %, 28 %; et
on laissait entendre que, dans un avenir très, très prochain, d'ici quelques
années à peine, cet écart-là, si aucun changement n'était apporté,
serait plutôt de l'ordre de 40 %. Donc, le 15 % qui a été évoqué par
mes collègues gouvernementaux, ma foi, me
semble presque enviable, dans les circonstances, pour une région comme celle
des Laurentides qui serait visée, et
la région de Lanaudière, par les propositions de modification que vous nous
proposez. Donc, oui, rassuré par le fait que vous êtes tenu de respecter
des critères bien objectifs.
Et,
moi, ce que j'ai retenu au cours des dernières journées, c'est que cette
carte-là n'est pas permanente dans le temps.
Il y a un processus de révision qui est prévu. Donc, si des circonscriptions
sont actuellement à 15 %, 16 %, 17 %, 20 %, peut-être que la prochaine révision
sera l'occasion d'apporter des modifications. La carte doit être le reflet de
ce qu'est le Québec d'aujourd'hui, et
la démographie et les mouvements de population font en sorte qu'il y a
changement après deux élections, et c'est très bien ainsi.
Je ne veux pas
revenir sur le débat entourant l'immigration, et tout ça, sur le nombre de
personnes versus le nombre d'électeurs
effectif. En fait, ce débat-là a été, plus souvent qu'autrement, répété, mais
on ne doit pas s'arrêter à ce type
d'argument, parce qu'un immigrant,
c'est-à-dire un citoyen en devenir parce que résident permanent actuellement,
peut très, très bien être le jeune d'une autre région qui a 15, 16 ou 17
ans et qui aura aussi droit de vote au cours des prochaines années. Donc, on est très soucieux, au niveau de la Coalition avenir Québec, de s'en tenir au statut d'électeur.
Et
je dois vous avouer en toute franchise qu'il
y avait des propos qui m'ont inquiété
au niveau des communautés naturelles.
On en est. Ce concept-là est important, mais le concept de communauté naturelle
ne doit pas non plus être un argument
pour favoriser des groupes très, très homogènes qui peinent peut-être à se
mêler à d'autres. Moi, pour moi, ce n'est pas un argument de dire qu'on
ne doit pas diviser telle circonscription parce qu'une communauté culturelle,
par exemple, ne serait plus homogène dans un
territoire donné. J'aime l'idée d'une intégration équilibrée. J'aime l'idée où
une communauté peut partager avec ses
voisins sans qu'il y ait référence uniquement à une origine, qu'elle soit
culturelle ou religieuse. Donc, oui
au concept de communauté naturelle, mais il ne faut pas faire en sorte que ça
devienne non plus des ghettos, et on
serait très, très malavisés, comme société, si on devait délimiter nos
circonscriptions sur la base de communautés uniquement culturelles, ou
sinon religieuses.
Bref,
beaucoup a été dit au cours des derniers jours. Je m'en remets à votre
jugement — vous
avez pu démontrer depuis le début de
la semaine que ce jugement-là est éclairé — en espérant maintenant que les différents
commentaires qui vous ont été
partagés puissent vous aider à finaliser un projet de carte qui sera, lui,
appliqué pour les prochaines élections, en 2018. Et, dans tous les cas, merci pour votre écoute et pour les
commentaires que vous avez pu nous partager. Merci.
Le Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Deux-Montagnes,
pour ces remarques finales. Mme la députée de Taschereau, porte-parole
de l'opposition officielle en matière de Loi électorale, je vous cède la
parole.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci, M. le Président, chers collègues. Messieurs de la Commission de la
représentation électorale, merci
beaucoup de votre écoute attentive,
d'abord, à travers la tournée du Québec que vous avez faite et, ensuite, de l'écoute
attentive que vous avez eue envers tous les députés de la commission parlementaire.
Mais
je tiens à saluer véritablement votre travail. Vous l'avez dit, et on le constate
à chaque fois, c'est un travail extrêmement difficile. Vous avez trouvé, je pense, une carte
qui atteint un certain équilibre face à l'état actuel du nombre d'électeurs dans le territoire québécois.
D'abord, d'ajouter des circonscriptions électorales d'exception — je
pense, vous avez entendu mes collègues qui sont ici, le député de Gaspé
et le député de Bonaventure, qui ont salué cela — c'est extrêmement important pour réussir à représenter les électeurs de façon
effective, et enfin, l'ajout de deux circonscriptions
dans Laurentides-Lanaudière, je
vais revenir là-dessus, mais ce sont les deux éléments vraiment
qui sont les deux grandes différences de cette réforme. Je vais vous parler de
la représentation effective, je vais
vous parler du débat citoyen ou électeur et enfin de l'ajout de deux
comtés.
D'abord, sur la
représentation effective, il y a eu quelque chose qui m'a étonnée beaucoup
aujourd'hui, c'est de la part — pas systématiquement, mais quasiment — de beaucoup de députés du côté
gouvernemental qui sont venus nous
dire qu'il fallait revoir cette idée de circonscription d'exception. Les
Îles-de-la-Madeleine existent depuis 1895, donc le concept de circonscription d'exception existe depuis 1895. C'est
quelqu'un de la commission qui me l'a appris tout à l'heure.
Deuxièmement, il faut
savoir qu'il n'y a aucun droit acquis. Ce n'est pas parce qu'il y a une
circonscription d'exception aujourd'hui
qu'elle le sera à la prochaine réforme. Ça, ça a été établi très clairement, et
je pense que c'est un principe très
sage qu'on a actuellement, qui nous a été présenté. Et il faut savoir aussi
qu'il y a l'accessibilité du député qui
est importante. C'est sûr qu'une grande concentration de citoyens en devenir
sur le territoire montréalais, ça peut effrayer un député, mais c'est le citoyen qui est effrayé quand il n'arrive pas à
avoir accès aux services gouvernementaux et aux députés dans les circonscriptions d'exception. Et c'est le citoyen qui
n'a plus accès à son député. Ce n'est pas le député qui dit : Je n'arrive pas à trouver du temps
de travail dans mon horaire, et tout. C'est le citoyen qui n'a plus accès à son
député, et c'est là qu'il y a une énorme
différence, pour moi. Et, de ce côté-là, seule la circonscription d'exception
peut nous faire face, peut répondre à
l'occupation dynamique du territoire et à ce besoin qu'on a, de représentation
effective.
Ce
qui m'a beaucoup étonnée dans ce dossier-là aussi, ça a été la contestation,
par un avis juridique — évidemment, c'est arrivé par lettre, mais ça a été repris
par le député de LaFontaine — de la constitutionnalité de la
circonscription d'exception, ce qui existe
au Québec depuis 1895. Je trouve cela très sérieux. Notons toutefois, bien sûr,
que l'auteur de la lettre est un
avocat qui a déjà travaillé avec Fernand Lalonde, qui a une... libérale connue
depuis très, très, très longtemps, et
que Me Gaudreault-DesBiens, qui a écrit l'avis juridique, est, lui, dans L'Idée
fédérale, qui est présidé par l'ancien premier ministre Jean Charest. Je
ne voudrais pas là, bien sûr, y voir une démarche partisane, mais l'alignement
des astres est l'alignement qu'il y a, je suis obligée de le noter.
Alors,
de ce côté-là, pour moi, une remise en question de la constitutionnalité des
circonscriptions d'exception est
totalement aberrante et contraire à toute la tradition parlementaire qu'on a
ici, d'essayer de faire représenter les régions, puis la représentation effective, l'occupation dynamique du territoire.
Cette fois-ci, dans la réforme, vous avez bien répondu à ce besoin-là.
Deuxièmement :
citoyen ou résident. On nous a parlé d'immigration, des gens qui sont en
devenir d'accession à la citoyenneté.
Puis je peux comprendre que ça donne une certaine charge de travail. Ça, je
l'entends bien des collègues, puis,
je pense, bien sûr, vous devez le prendre en considération, mais que dire des
autres, que dire des enfants? Si une carte
est sur 10 ans, ça veut dire qu'on commence à compter à partir de huit ans
jusqu'à 18 ans pour la prochaine carte. Il y a une aberration là-dedans qui mérite... Avant d'accepter quelque
chose comme ça, il faudrait l'étudier beaucoup plus, et je pense qu'on n'est pas prêt à ça. On n'a pas
eu ce débat-là, autre qu'ici aujourd'hui, et c'est un peu, en tout cas, à mon
avis, un non-sens présentement, d'autant que
ce n'est pas sur le territoire montréalais que, dans les dernières années, et
vous l'avez très bien expliqué, il y a eu de l'augmentation de population,
c'est dans Laurentides-Lanaudière.
• (15 h 50) •
Et je remarque aussi que la Commission de la
représentation électorale nous a bien dit : Toutes nos prévisions,
sur l'île, électorales se sont avérées exactes au fil du temps. Ça, ça m'a
impressionnée.
Donc,
jusqu'ici, quoi qu'aient dit parfois les parlementaires — et moi, je sais, j'ai déjà eu une petite
grogne envers la Commission de la représentation électorale parce qu'on
déplaçait des quartiers de mon comté — les gens s'y sont retrouvés, finalement, puis ils ont réussi à se
replacer. Mais, sur les grands territoires larges comme Montréal, vous avez
toujours, effectivement, réussi à bien
prévoir les mouvements. Donc, nous nous verrons dans 10 ans et nous verrons si
ça a bougé, comme vous le disiez, mais je pense que ce que vous apportez
est très bien.
L'autre
chose que j'ajouterais à ça, c'est qu'il faut se rappeler que notre loi parle
d'électeurs, et ce qu'il est important de
savoir, c'est qu'aussitôt qu'une personne a sa citoyenneté elle obtient son
droit de vote. Le droit fondamental, le droit si important et pour lequel je serais prête à me battre aussi, là, de façon
vigoureuse, c'est le droit de vote. Et ça, ils l'obtiennent, elles l'obtiennent aussitôt qu'ils ont leur
citoyenneté pas par le recensement, mais par la liste de la RAMQ, par tout ça.
Donc, ce mécanisme-là, lui, il est très,
très bien protégé. Ce qu'on essaie de faire, c'est des projections, et vous,
vous l'avez. Donc, ça, c'est pour ce point-là.
Une autre
chose : l'ajout dans Laurentides—Lanaudière. Je comprends que, de 2007 à 2014, il y
a 116 000 électeurs de plus dans
ces régions-là. Ça, c'est une réalité. Ce n'est pas une projection, là, c'est
une réalité, et, d'après la loi, on est obligé de faire face à cette réalité
immédiatement. Parce qu'il y a d'autres collègues qui sont venus, puis je
comprends, dire : Dans l'Outaouais, par exemple, ça a bougé, il y a
eu des augmentations. Mais ce que je comprends, c'est qu'en électeurs actifs déjà il y a deux comtés de plus,
effectivement, de façon effective, dans Laurentides—Lanaudière. C'est pour ça qu'on appuie cette carte-là aussi. Ils sont là, les 116 000
électeurs. Ils ne sont pas en attente, ils ne sont pas en projection,
ils ne sont pas en devenir, ils sont là présentement. Donc, bravo pour ça!
Je vais avoir
un dernier mot sur le phénomène religieux. Je sais puis je comprends...
Écoutez, je suis près de la communauté
juive de Montréal, j'en connais beaucoup, puis j'ai des amis, mais je ne peux
pas faire... Puis je comprends les
mots «communauté naturelle», mais moi, je pense qu'on pourrait avoir intérêt,
au contraire, à ce que le phénomène religieux
ne se concentre pas mais que plein de députés représentent diverses religions.
Il y a déjà eu une musulmane dans cette
Assemblée nationale. Je pourrais faire un... puis dire : C'est dommage,
elle n'est plus là. On la connaît, la députée de La Pinière. À mon sens, elle représentait les catholiques et les
chrétiens autant que les musulmans, que les hindous, que les sikhs. Et je souhaite qu'une catholique,
un jour, représente en partie la communauté hassidique... ou une anglicane,
et tout, ou une hindoue, parce que je crois
d'abord au fait que les députés représentent tous leurs citoyens et citoyennes
de façon égalitaire et de façon convaincante.
Je pense qu'on est dans un système laïque et que
ce système doit rester laïque et je pense qu'on a intérêt, au contraire, à voir à ce que la diversité se répande
mais aussi que les députés soient attachés à toute la diversité du Québec.
Alors, de ce côté-là, moi, je sais que vous
allez regarder ça. Je comprends que vous ayez à répondre aux députés, mais
je vous porte une attention, à éviter ce qui
a amené plus des problèmes ailleurs, le communautarisme, mais bien d'aller
vers un partage maximum d'information, de connaissances, et ça passe par là
aussi, je pense, par des députés qui sont conscients de la diversité de leurs
territoires ou bien par des citoyens qui acceptent d'être représentés par la
diversité.
Alors, voilà
ce que j'avais à dire. Je vous remercie pour votre travail fouillé. J'ai écouté
attentivement. Je trouve que vos
propositions sont fondées. Je sais que vous faites toujours des travaux à la
marge. Je pense à la députée de Bourassa-Sauvé, qui...
Une voix : ...
Mme
Maltais :
...pardon, de Jeanne-Mance—Viger,
qui a dit : La députée de Crémazie est venue faire des commentaires. Il y a plusieurs députés qui sont
venus faire des commentaires sur des travaux à la marge. De ce côté-là, je
pense que vous avez toujours été respectueux et je vous fais confiance pour la
suite. Merci.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée de Taschereau, pour ces remarques finales.
Je cède maintenant la parole à Mme la
ministre responsable de l'Accès à l'information et de la Réforme des institutions
démocratiques pour ses remarques finales. M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay :
Oui. J'aimerais me prévaloir de l'article 212, très brièvement, pour des propos
mal compris ou déformés. J'ai, par
respect, laissé la collègue terminer son intervention tel qu'il se doit, en
vertu du deuxième alinéa. Mais, très rapidement, pour souligner... Et
j'invite les gens... Donc, vous me le permettez, M. le Président?
Le Président (M. Ouimet) : Tout à
fait.
M. Tanguay :
En vertu de 212, je dois le faire immédiatement après son intervention, mais
brièvement. Ce sera le cas. J'invite
les gens qui nous écoutent à aller réécouter mon intervention de ce matin. Et
je tiens à préciser des propos soit mal compris ou déformés : je
n'ai en aucun cas remis en question les comtés d'exception. Point.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, le point est fait. Merci, M. le député de LaFontaine. Mme la
ministre, pour vos remarques finales.
Mme Rita Lc de
Santis
Mme de
Santis : M. le Président, MM. Reid, Courville et Jean,
Mme Lagacé, Mme la députée de Taschereau, M. le député de Deux-Montagnes, chers collègues députés, c'était un
privilège pour moi, en tant que ministre responsable de l'Accès à l'information et à la Réforme des
institutions démocratiques, d'être ainsi aux premières loges d'un exercice
démocratique essentiel à la représentativité effective lors des élections.
Une quarantaine de députés ont fait valoir des
aspects propres à leurs circonscriptions et des raisonnements destinés à soutenir la CRE dans la publication de
son second rapport en février 2017, selon les prédictions du Directeur général des élections. Par ailleurs, nous avons pu
constater la récurrence de l'argument qui encourage au respect de la communauté naturelle, cité dans la Loi électorale,
en tant que constituant de la représentation effective. Pour la circonscription
d'Outremont, il se traduit par la
préservation de l'intégrité électorale des communautés juive, anglophone et
immigrante, qu'une abolition fragiliserait.
Tel qu'évoqué par plusieurs collègues, tenir
compte seulement des éléments numériques pour délimiter une circonscription est insuffisant. Avant les
électeurs, il y a les personnes, et, comme l'a souligné le député d'Abitibi-Est,
une personne, ce n'est pas une statistique.
On sait que la circonscription de Mont-Royal est constituée de près de
60 % d'électeurs. Va-t-on pour
autant suggérer que le député ignore les 40 % qui n'ont pas ce statut?
C'est une réalité qui ne m'est pas inconnue.
Mon propre comté, Bourassa-Sauvé, est constitué d'une part non négligeable de
nouveaux arrivants, des électeurs en devenir. Ce sont des résidents qui sollicitent
fréquemment l'aide de mon équipe. C'est probablement le cas dans plusieurs régions du Québec qui accueillent
des nouveaux Québécois. On peut leur reconnaître un besoin marqué en matière de soutien à la citoyenneté, un soutien
qu'on n'hésite pas à leur apporter lorsque requis, puisqu'on souhaite
que l'intégration citoyenne se fasse de la manière la plus équitable qui soit.
Le
principe d'équité entre les personnes est au coeur de notre législation. La Loi
électorale évoque certes les électeurs, mais la Cour suprême du Canada, à travers l'arrêt Carter, rappelle qu'il
est de rigueur de tenir compte d'un ensemble de facteurs sociologiques,
démographiques, linguistiques, géographiques pour définir les limites d'une
circonscription. Je me réfère ici à la page
160 de la décision, que je cite : «Des facteurs comme la géographie,
l'histoire et les intérêts de la
collectivité et la représentation des groupes minoritaires peuvent devoir être
pris en considération afin de garantir que nos assemblées législatives représentent réellement la diversité de
notre mosaïque sociale.» Si le présent processus de refonte tient compte des projections
démographiques, on ne peut tenir à l'écart les considérations du nombre réel
d'habitants d'une circonscription.
Rappelons-nous que l'article 15 de la Loi électorale dit qu'une communauté
culturelle se fonde, entre autres,
sur la densité de la population et le taux relatif de la croissance de la
population. Notez, l'article 15 ne réfère pas aux électeurs, mais bien à
la population.
• (16 heures) •
Quant
aux comtés d'exception, trois statuts d'exception avaient été formellement
attribués en 2011, en plus des Îles-de-la-Madeleine. Le rapport de 2015
prévoit, quant à lui, trois circonscriptions d'exception de plus. Ce sont donc sept circonscriptions affectées d'un écart négatif
prononcé. On a eu des témoignages éclairants sur les conditions géographiques, démographiques et sociales qui
justifient la présence de circonscriptions d'exception. Je vous renvoie ici à celui de ma collègue de Laviolette. Elle
nous a amenés à nous poser la question suivante : Est-il justifiable, dans
le cas de Laviolette, de considérer des arguments essentiellement
numériques et d'ajouter près de 17 500 électeurs à une circonscription avec un important écart négatif,
quand sa représentante devra parcourir des centaines de kilomètres pour rencontrer ses résidents? Rappelons que Laviolette
est la troisième plus grande circonscription en termes de superficie au Québec. Si on parle de Gaspé, Bonaventure,
réfléchissons un moment à Laviolette. Le député d'Abitibi-Ouest, député depuis près de 40 ans, nous éclairait, quant
à lui, sur la difficulté d'avoir 42 municipalités sur son vaste
territoire. Je le comprends.
Nous
devons assurément explorer une façon d'augmenter les moyens mis à la
disposition des députés représentant les vastes circonscriptions du
Québec.
La
participation des élus de la Mauricie a provoqué une certaine prise de
conscience parmi les collègues présents, au-delà des dynamiques partisanes. Le député de Saint-Maurice a, en
effet, livré un discours très évocateur sur les besoins hétérogènes en matière de représentation. On
propose de supprimer son comté. Pourtant, son travail n'est pas moindre
parce qu'il a moins d'électeurs. Au contraire, une moyenne d'âge élevée et la
vulnérabilité économique des ménages qui y résident exigent son entière disposition
et celle de son équipe quotidiennement.
Tel
qu'évoqué le 13 septembre 2016, la région des Laurentides-Lanaudière a, en
effet, connu une augmentation de l'ordre de 116 000 habitants. Il
faut néanmoins rappeler que cette croissance s'est opérée sur 15 circonscriptions,
comparativement à celle de l'Outaouais, qui
a observé, toujours selon le DGEQ, une augmentation de l'ordre d'environ
27 000 résidents mais, cette fois-ci, sur cinq circonscriptions. Dans le
premier cas, on propose de créer pas un, mais deux
comtés additionnels. Dans le deuxième cas, on a simplement redistribué les
électeurs. Les deux régions sont comparables, elles devraient donc être traitées de manière équitable. Les critères
qui devraient s'appliquer à l'une devraient également s'appliquer à
l'autre de la même façon qu'ils doivent s'appliquer à Montréal ou à toute autre
région du Québec.
Un
dernier enjeu a été apporté par les députés à l'attention de la commission.
Plusieurs ont effectivement formulé une requête pour que le nom de leur
circonscription soit modifié afin que la nomenclature représente au mieux la population et l'historique du territoire. Je crois
que de tels souhaits sont plus que louables et qu'il faut que nous gardions
en tête que la représentation, c'est aussi de
veiller, en tant qu'élus, à ce que le sentiment d'appartenance à un comté soit
préservé et même bonifié, dans la mesure du possible.
Je
remercie tous les députés de tous les partis pour votre engagement soutenu ces
derniers jours. Un merci particulier aux
membres de la CRE à qui revient la lourde tâche de décider de l'issue d'un
exercice sensible de manière complètement neutre et en tenant compte de la représentation effective, étant le
principe directeur de la réforme de la carte électorale, et de l'équité
interrégionale.
Nous
discuterons de l'actuelle réforme de la carte électorale dans quelques mois,
étant donné qu'à la suite du dépôt du second rapport un débat limité à cinq
heures aura lieu à l'Assemblée nationale. Tous les députés seront membres
de la Commission de l'Assemblée nationale pour les besoins de ce débat. Au plus
tard le 10e jour suivant le débat, la CRE
établira la délimitation des circonscriptions et leur attribuera un nom après
avoir pris l'avis de la Commission de toponymie. Enfin, la CRE publiera
dans la Gazette officielle du Québec le nom et la délimitation
des circonscriptions électorales.
Tout
au long de la commission, les députés, de tous partis confondus, ont été
appelés à s'exprimer librement sur le rapport préliminaire de la Commission
de la représentation électorale, ce qui est leur droit le plus strict, et
j'aimerais rappeler à tous qu'en bout de
piste c'est la Commission de la représentation électorale qui a le dernier mot.
Il n'y a pas de «gerrymandering». La
nouvelle carte électorale entrera ainsi en vigueur dès les élections de 2018.
Je fais cependant un constat : nous devons, en tant qu'élus,
réfléchir à la représentation électorale effective en tout moment, pas seulement lors de la refonte de la carte.
Je
veux remercier tous mes collègues. Je
vous remercie. Je vous souhaite bonne
chance dans vos délibérations, et à bientôt.
finales, M. Reid, vous disposez
également de 10 minutes.
M. Pierre Reid,
président de la CRE
M. Reid
(Pierre) : Merci, M. le Président. Je serai bref. Nous tenons à remercier Mmes, MM. les députés de nous avoir fourni vos commentaires, vos suggestions, qui nous permettront, j'en suis certain,
d'approfondir notre réflexion sur la proposition de notre deuxième rapport. Nous avons un guide, dans le fond, nous avons la loi, mais également, au-delà
de
la loi, nous avons également la préoccupation de chaque électrice et chaque électeur du Québec
afin qu'ils soient bien représentés,
donc la représentation effective, mais également, aussi, comme la loi le prescrit mais comme nous
l'avons entendu, le respect de communautés naturelles, dans la mesure du
possible.
Donc, avec
vos commentaires et suggestions ainsi que ceux que nous avons reçus lors
d'auditions publiques, nous poursuivrons nos travaux afin d'apprécier
tous ces commentaires et d'en arriver avec une proposition qui soit le plus
équitable possible pour l'ensemble des électeurs et électrices du Québec.
Donc, la
prochaine étape, ce sera de déposer un second rapport à l'Assemblée nationale, ce que nous comptons faire au début du
mois de février 2017. Donc, merci, encore une fois, de vos commentaires et suggestions.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. Reid, pour ces remarques
finales. Merci à tous les parlementaires pour leur excellente collaboration au déroulement des travaux de cette commission. Merci à vous, M.
Reid, et aux membres de votre équipe. Merci à tous ceux et celles qui
ont facilité les travaux de cette commission.
Et, la commission ayant accompli son mandat,
j'ajourne ses travaux sine die. Merci. Bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 16 h 7)