(Quatorze heures deux minutes)
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de l'Assemblée nationale
ouverte et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Le mandat de
la commission est de procéder à l'étude du rapport préliminaire
de la Commission de la représentation électorale.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que 43 députés se sont
inscrits au secrétariat de la commission afin d'intervenir dans le cadre de cette étude.
Je précise que, lors des comités directeurs de la commission
du 1er juin dernier, il a été convenu des
choses suivantes : premièrement, la commission procédera à une étude par région, dans la mesure
du possible, sans exclure la possibilité que tout député puisse intervenir à un autre moment que celui prévu par
sa région; deuxièmement,
chaque député disposera d'une période de 20 minutes pour intervenir avec
les représentants de la Commission de la représentation électorale — je
précise que cette période inclut la réponse, donc 20 minutes questions-réponses;
troisièmement, la ministre responsable sera membre de la commission pour la durée de ce
mandat; quatrièmement, le mandat débutera par un exposé de la Commission
de la représentation électorale d'une durée maximale de 30 minutes; par la
suite, la ministre responsable ainsi que les porte-parole des groupes
parlementaires disposeront chacun de 10 minutes pour effectuer des remarques préliminaires et finales;
enfin, la Commission de la représentation électorale complétera cette
étude avec des remarques finales de 10 minutes.
Alors, nous débuterons
sans plus tarder. Je vois que M. Reid a pris place. Je vous souhaite la
bienvenue au salon rouge de
l'Assemblée nationale. Auriez-vous la gentillesse de nous présenter les
personnes qui vous accompagnent, avec leurs titres? Et puis, par la
suite, nous procéderons avec vos remarques préliminaires.
Exposé du président de
la Commission de la représentation
électorale (CRE), M. Pierre Reid
M. Reid
(Pierre) : Merci, M. le
Président. Je vous présente, à ma droite, M. Serge Courville, qui est géographe
et professeur émérite de l'Université Laval,
et, à ma gauche, M. Bruno Jean, sociologue et professeur à l'Université du
Québec à Rimouski. Nous sommes accompagnés
de Mme Catherine Lagacé, qui est adjointe et secrétaire de la commission.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, vous disposez de 30 minutes. À vous la parole.
M. Reid
(Pierre) : M. le Président,
Mmes, MM. les députés, je vous remercie de nous accueillir dans le cadre
des travaux de la Commission de l'Assemblée
nationale. C'est à titre de président de la Commission de la représentation
électorale que je suis ici afin d'entendre vos commentaires sur la proposition
de délimitation des circonscriptions conformément à l'article 25 de la Loi
électorale.
Comme vous le
savez, la carte électorale provinciale doit être revue à toutes les deux
élections générales. L'étape d'aujourd'hui
viendra donc compléter notre consultation qui a débuté avec la tenue
d'auditions publiques dans plusieurs régions
du Québec à la suite du dépôt du rapport préliminaire le
17 mars 2015. L'analyse de la proposition de délimitation par la Commission de l'Assemblée nationale est une
étape importante pour nous. Les commentaires et suggestions que vous allez nous soumettre viendront enrichir notre réflexion en vue de la proposition révisée de délimitation, qui fera l'objet d'un second rapport.
Avant de vous
présenter les changements proposés dans le rapport préliminaire, j'aimerais que
nous prenions un moment pour expliquer les principes qui guident la commission
dans l'élaboration de la carte électorale.
La Loi électorale prévoit que le Québec est divisé en circonscriptions électorales
délimitées de façon à assurer le
respect du principe de la représentation
effective des électeurs. Concrètement, cela signifie de faire en sorte que le
poids d'un électeur ne soit pas
disproportionné par rapport à celui d'un autre électeur. Pour y parvenir, la
loi impose un critère numérique pour assurer une équité entre les
électeurs de chacune des circonscriptions. Au Québec, dans le cadre du présent
exercice, la moyenne d'électeurs par circonscription est d'environ 48 000
électeurs, selon la liste électorale permanente.
En vertu de l'article 16 de la Loi électorale, la population électorale
d'une circonscription ne doit pas s'éloigner de plus ou moins 25 %
de cette moyenne provinciale. Cette norme, qui est parmi les plus élevées au
Canada, laisse à la commission une marge de manoeuvre qui lui permet de bien
tenir compte des particularités de chaque région. La commission a le pouvoir de déroger à ce critère numérique, mais celui-ci
ne peut être utilisé que dans des cas exceptionnels. L'article 17 prévoit que la décision de déroger à
ce critère doit toutefois être motivée par écrit. L'article 15 de la Loi
électorale précise aussi que les circonscriptions doivent représenter
les communautés naturelles.
La
densité de population, son taux relatif de croissance, la configuration des
régions, leur accessibilité, leur superficie, les frontières naturelles du milieu et les territoires des municipalités
sont autant d'éléments dont la commission doit tenir compte au moment de la délimitation des
circonscriptions. Le sentiment d'appartenance des gens, la façon dont la vie
est organisée
sur le territoire, la présence de pôles régionaux ou de communautés d'intérêts
économiques sont également des facteurs que nous avons pris en
considération. Ainsi, au-delà de l'aspect mathématique, les règles de la Loi
électorale sont porteuses d'équité et de
justice pour l'ensemble des électrices et des électeurs du Québec, et c'est de
cette façon que l'on peut établir un équilibre entre les différentes
régions.
C'est
donc après avoir considéré la réalité du terrain à la lumière des critères
prévus par la loi que nous en sommes arrivés
à notre proposition de carte électorale présentée dans le rapport préliminaire.
Par la suite, la commission a recueilli de nombreux commentaires dans le
cadre de sa tournée de consultation publique. Au cours des 10 auditions qu'elle
a tenues dans autant de villes du Québec, la
commission a entendu plusieurs intervenants qui lui ont fait part de leurs
visions des réalités territoriales,
démographiques et économiques de leurs régions. À ce jour, c'est près de 280
documents portant sur la proposition
de délimitation des circonscriptions qui ont été soumis à notre attention.
Force est d'admettre que la consultation
publique a bien rempli son rôle et qu'elle a enrichi notre connaissance des
différentes régions du Québec.
Par
ailleurs, il faut savoir que chacune des demandes formulées dans le cadre de
cette consultation a été analysée avec
soin. Le second rapport, qui sera produit à la suite des travaux de la
Commission de l'Assemblée nationale, tiendra également compte des commentaires et suggestions qui seront exprimés par
les députés dans le cadre de cette commission.
Permettez-moi
maintenant de vous dire un mot sur le second rapport et sur la suite des
choses. Le second rapport de la
commission présentera une délimitation révisée pour l'ensemble des
circonscriptions électorales du Québec. Nous prévoyons pouvoir le déposer à
l'Assemblée nationale au mois de février 2017. En vertu de la loi, ce second
rapport fera l'objet d'un débat de
cinq heures dans les cinq jours suivant son dépôt à l'Assemblée nationale. Par
la suite, la Commission de la
représentation électorale établira définitivement la délimitation des
circonscriptions électorales dans un délai maximal de 10 jours
suivant le débat à l'Assemblée nationale. Cette décision fera l'objet d'une
publication à la Gazette officielle, et la nouvelle carte électorale entrera en
vigueur au moment de la dissolution de l'Assemblée nationale.
Maintenant,
laissez-nous le soin de vous rappeler la proposition de délimitation des
circonscriptions pour l'ensemble du Québec telle que décrite dans le
rapport préliminaire.
D'abord,
sur les 125 circonscriptions, mentionnons que 36 font l'objet de changement ou
d'ajustement. Depuis l'adoption de la
dernière carte, l'évolution démographique du Québec s'est poursuivie plus
fortement vers la périphérie des
grands centres urbains que dans certaines autres régions. Cette réalité a eu
des répercussions directes sur la qualité de la représentation des électeurs. Les changements que nous proposons
touchent, en fait, huit régions du Québec, mais trois de façon plus
importante, soit les Laurentides-Lanaudière, l'Île-de-Montréal et la Mauricie.
La commission tient à souligner que, dans le
cadre de ses travaux, elle a accordé une attention particulière au respect des
communautés naturelles tout en s'efforçant de respecter les limites des
régions administratives, des municipalités régionales de comté et des
arrondissements.
Mes
collègues commissaires vous feront un résumé de la délimitation des
circonscriptions proposée dans le rapport préliminaire. J'invite d'abord
M. Serge Courville à en faire la première partie.
• (14 h 10) •
M.
Courville (Serge) : Merci, M. le Président. Alors, commençons par la
région des Laurentides-Lanaudière, où nous proposons l'ajout de deux
nouvelles circonscriptions en regard de l'augmentation considérable du nombre
d'électeurs qui est survenue depuis la dernière révision de la carte
électorale.
De
fait, cette région est celle qui a connu la plus forte croissance à ce chapitre
depuis la dernière révision, soit depuis 2007. Elle constitue
présentement la région la plus sous-représentée du Québec, de sorte que son
nombre de circonscriptions est maintenant
inférieur à son poids électoral dans l'ensemble du Québec. Devant cette
situation, nous proposons d'ajouter deux circonscriptions dans la région
des Laurentides-Lanaudière afin que les électeurs soient représentés de façon juste et équitable. La
première circonscription que nous proposons d'ajouter est formée des
territoires des circonscriptions de
Blainville, de Masson et de Mirabel. Son introduction a pour but de diminuer le
nombre d'électeurs des
circonscriptions de Mirabel et de Blainville. Nous proposons de nommer cette
nouvelle circonscription Les Plaines. La
seconde circonscription que nous proposons d'ajouter est située au nord de la
ville de Saint-Jérôme. Elle est formée des municipalités des
circonscriptions actuelles de Bertrand et de Rousseau. Le nom que nous
proposons pour cette nouvelle
circonscription est celui de Prévost. D'autres modifications sont également
proposées pour la région. Au total, l'ensemble des ajustements que nous
proposons touchent huit des 15 circonscriptions actuelles de la région. De
plus, ils établissent une délimitation qui respecte presque intégralement la
limite de la Communauté métropolitaine de Montréal
sur le territoire. Avec notre proposition, la région des Laurentides-Lanaudière
comporterait donc 17 circonscriptions plutôt que 15 afin d'assurer une
représentation juste et équitable aux électeurs de cette région.
Sur
l'Île-de-Montréal, nous avons constaté que le nombre d'électeurs a augmenté à
un rythme inférieur à celui du Québec depuis la dernière révision de la
carte électorale. Bien que les données les plus récentes indiquent que la croissance du nombre d'électeurs sur
l'Île-de-Montréal semble se stabiliser à un rythme similaire à celui de la
croissance de la population
électorale du Québec, nous avons constaté que l'île présente un nombre de
circonscriptions supérieur au poids
que représente sa population électorale par rapport à celle de l'ensemble du
Québec. Ainsi, l'Île-de-Montréal se
retrouve, à l'heure actuelle, en situation de surreprésentation électorale.
Dans ce contexte, nous proposons de retirer une circonscription sur l'Île-de-Montréal. Ce retrait est effectué dans
un secteur au centre de l'île où l'on retrouve une concentration de
circonscriptions ayant un faible nombre d'électeurs. La délimitation que nous
proposons regroupe essentiellement, à
l'intérieur d'une même circonscription, les territoires actuels des
circonscriptions de Mont-Royal et Outremont.
Nous suggérons que la circonscription issue de ce regroupement porte le nom de
Mont-Royal—Outremont.
Notre proposition prévoit plusieurs ajustements dans le secteur avoisinant,
celui de la circonscription proposée de Mont-Royal—Outremont. Outre les circonscriptions de
Mont-Royal et d'Outremont, la proposition modifie les limites des
circonscriptions de D'Arcy-McGee, de Mercier, de Notre-Dame-de-Grâce, de
Saint-Henri—Sainte-Anne
et de Westmount—Saint-Louis.
Enfin,
à l'est de l'île, la commission suggère des modifications à la délimitation des
circonscriptions de Crémazie et de Bourassa-Sauvé afin que le territoire
de cette dernière corresponde intégralement à celui de l'arrondissement de
Montréal-Nord.
La
proposition de délimitation établirait donc à 27 circonscriptions sur
l'Île-de-Montréal... plutôt que 28 afin de respecter l'égalité relative du vote des électeurs. Au total, huit des
28 circonscriptions sont touchées par les changements que nous proposons sur l'Île-de-Montréal. Dans la
mesure du possible, ces changements sont effectués dans le respect des
limites administratives sur le territoire, dont celles des arrondissements.
En Mauricie,
nos analyses démontrent que l'évolution récente de la population électorale a
amplifié la situation de surreprésentation électorale dans laquelle la
région se trouvait en 2011, de sorte qu'elle présente actuellement un nombre de
circonscriptions supérieur à son poids électoral dans l'ensemble du Québec. De
plus, la circonscription de Laviolette se
retrouve maintenant en situation d'exception négative alors que celle de
Saint-Maurice est sur le point de le devenir. Dans ce contexte, nous
proposons de retirer une circonscription de la région de la Mauricie. Nous
suggérons également un ensemble de
modifications qui ont pour effet de créer quatre circonscriptions dont le
nombre d'électeurs est équilibré.
Mon collègue
le commissaire Bruno Jean poursuivra le résumé de la délimitation des
circonscriptions proposées pour les autres régions.
M. Jean
(Bruno) : Donc, dans cinq autres régions, nous proposons d'ajuster la
délimitation de 14 circonscriptions afin
d'établir un meilleur équilibre de leurs populations électorales. Il s'agit des
régions suivantes : Montérégie, Outaouais, Laval, Capitale-Nationale,
Estrie—Centre-du-Québec.
En quelques mots, je vous résume les changements que nous suggérons pour
chacune de ces régions.
D'abord, dans
la région de la Montérégie, nous avons constaté que la circonscription de
La Pinière est actuellement en
situation d'exception positive, avec quelque 60 885 électeurs. Afin de
corriger cette situation, la commission propose de retrancher une partie du territoire de la circonscription au nord et
de la joindre à la circonscription de Laporte. Cette partie du territoire
correspond à deux quartiers de la ville de Brossard. Plus à l'ouest, il est
nécessaire de corriger la situation de la
circonscription de Vaudreuil, dont le nombre d'électeurs pourrait rapidement
dépasser le seuil maximal prévu par
la loi. Pour ce faire, nous proposons que la ville de Hudson ainsi que la
partie de la ville de Vaudreuil-Dorion située
à l'ouest des villes de Saint-Lazare et de Hudson soient transférées de la
circonscription de Vaudreuil à celle de Soulanges.
Dans la
région de l'Outaouais, la commission propose de joindre la municipalité de
Chelsea à la circonscription de Hull
afin de réduire le nombre d'électeurs de la circonscription de Gatineau, qui
pourrait dépasser la limite maximale permise
dans les prochaines années. Il est également proposé de déplacer légèrement
vers l'est la limite entre les circonscriptions de Chapleau et de
Papineau sur le territoire de la ville de Gatineau de manière à réduire le
nombre d'électeurs de la circonscription de Papineau.
Dans la
région de Laval, une intervention est requise dans la circonscription de
Chomedey afin que son nombre d'électeurs ne dépasse pas le seuil maximal permis
par la loi dans les années à venir. À cette fin, nous proposons de
déplacer un secteur résidentiel de la circonscription de Chomedey à celle de
Fabre.
Dans la
région de la Capitale-Nationale, c'est la circonscription de Chauveau qui
pourrait bientôt se retrouver en situation
d'exception positive en raison de la croissance récente de son nombre
d'électeurs, qui a été importante. Afin de corriger la situation, nous proposons d'agrandir la circonscription
de Charlesbourg par le déplacement de sa limite nord à l'intérieur du
territoire de la circonscription de Chauveau.
Finalement,
dans la région de l'Estrie—Centre-du-Québec, les circonscriptions de Richmond et d'Arthabaska
présentent un nombre d'électeurs qui se
situe assez près de la limite maximale permise par la loi. Dans le but de
diminuer le nombre d'électeurs de la
circonscription de Richmond, la commission propose de transférer les
municipalités de Maricourt et de Racine, le canton de Valcourt et la
ville de Valcourt dans la circonscription d'Orford. Quant à la circonscription d'Arthabaska, nous estimons qu'elle continuera à
respecter le critère numérique de la loi au cours des prochaines années.
Ceci termine le résumé des principaux
changements proposés par la commission.
Maintenant, il est important de préciser que la
commission a décidé de maintenir la délimitation actuelle des circonscriptions de sept régions du Québec, soit
l'Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent, la région de
Chaudière-Appalaches, la Côte-Nord, la Gaspésie, le Nord-du-Québec et le
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Actuellement,
le Bas-Saint-Laurent, la région de Chaudière-Appalaches et le Saguenay—Lac-Saint-Jean présentent un nombre
d'électeurs ainsi qu'un poids électoral équilibrés. C'est pourquoi aucun
changement de délimitation de circonscription n'est proposé pour ces régions.
Quant aux
régions qui présentent une ou plusieurs circonscriptions dont le
nombre d'électeurs est inférieur à la limite
permise — c'est
le cas de l'Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord, de la Gaspésie et d'Ungava — la
commission juge que les situations
qui permettraient de rétablir leur situation ne favoriseraient pas le respect
des communautés en place. La commission justifie donc la situation
d'exception négative de six circonscriptions, soit Abitibi-Est, Abitibi-Ouest, René-Lévesque, Gaspé et Bonaventure... À
l'exception de cette dernière, la commission avait reconnu un statut
particulier à ces circonscriptions lors de sa dernière réforme de la
carte électorale.
• (14 h 20) •
M. Reid
(Pierre) : En conclusion, il
faut se rappeler que les changements que nous proposons à la carte électorale
reflètent l'évolution démographique du
Québec. En traduisant les réalités actuelles du territoire, notre proposition
permet d'établir une délimitation des circonscriptions juste et
équitable pour l'ensemble des électrices et des électeurs du Québec.
Nous
sommes maintenant prêts à entendre vos commentaires sur cette proposition, et
ils viendront s'ajouter à toute l'information
qui a été recueillie depuis le dépôt du rapport préliminaire en mars 2015 et
constitueront un intrant important à
la production du second rapport. Ils aideront la commission à établir une carte
électorale à l'image du Québec dans le respect de l'égalité relative du
vote des électeurs et des communautés culturelles.
M. le Président, Mmes, MM. les députés, je vous
remercie de votre attention.
Le
Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci à vous pour la présentation de ces remarques préliminaires.
Remarques préliminaires
Nous allons
maintenant passer aux remarques préliminaires de Mme la ministre, et donc je
vous cède la parole. Vous avez un droit de parole de 10 minutes
pour vos remarques préliminaires. À vous la parole.
Mme Rita Lc de
Santis
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. M. Reid, M. Courville, M. Jean,
Mme Lagacé, chers collègues députés, bonjour.
Tracer deux
petites lignes en forme de croix est le geste le plus simple qu'on puisse
imaginer. Pourtant, ce droit de faire une marque sur un bulletin de vote
a une signification aussi profonde que le geste est simple. Ces marques,
systématiquement compilées, deviennent, grâce à nos croyances et à nos lois, le
meilleur moyen d'expression de la population.
Ainsi a écrit J.P. Boyer
dans Election Law in Canada : The Law and Procedure of Federal,
Provincial and Territorial Elections. Pour le juge de la Cour suprême Cory dans l'arrêt Haig
contre le Canada, le droit de vote est le fondement
de toutes les formes de gouvernement démocratique. En l'absence de ce droit, il
n'y a pas de démocratie. La marque apposée sur un bulletin de vote est
la marque distinctive des citoyens d'un pays démocratique, c'est le fier symbole de la liberté. Au Québec, le droit de vote
est un droit démocratique fondamental protégé par l'article 3 de la Charte
canadienne des droits et libertés et
l'article 22 de la charte des droits et libertés de la personne du Québec, et
la façon qu'on comptabilise les votes est aussi importante que le droit
de vote lui-même.
En tant que
ministre responsable de l'Accès à l'information et la Réforme des institutions
démocratiques, j'ai le plaisir et l'honneur d'être ici aujourd'hui avec
vous pour l'étude du rapport préliminaire de la Commission de la représentation
électorale.
Tout d'abord,
rappelons que la refonte de la carte électorale est un exercice non partisan
encadré par la Loi électorale et nécessaire pour assurer une
représentation effective des citoyens. En la révisant une fois toutes les deux
élections générales, la Commission de la
représentation électorale a la responsabilité de s'assurer que les changements
à apporter seront conformes à
l'esprit de la loi. Des auditions publiques ont d'ailleurs eu lieu en avril et
mai 2015, et les citoyens affectés par ce rapport ont eu l'opportunité
de partager directement leurs préoccupations avec les commissaires et le Directeur général des élections. Des critères
doivent guider la Commission de la représentation électorale dans son mandat
actuel, le premier étant la représentation
effective des électeurs. Elle se traduit par la possibilité pour l'électeur
d'avoir accès à son député et pour l'élu d'avoir accès à ses électeurs.
Par ailleurs,
afin d'éviter la surreprésentation ou la sous-représentation, le poids d'une
voix ne devrait pas être grossièrement
disproportionné par rapport au poids d'une autre voix électorale, sinon on mine
la légitimité du système démocratique. Dans la mesure du possible, le nombre
d'électeurs dans une circonscription électorale ne devrait être ni supérieur ni inférieur de plus de 25 % au
quotient obtenu par la division du nombre total d'électeurs par 125. Dans notre
cas aujourd'hui, c'est entre
36 290 et 60 484 électeurs, une représentation effective et équitable
garantie d'une bonne administration, et l'objectif visé est la règle de
base. Mais comment établir les circonscriptions électorales? Pas facile. Complexe.
L'article 15
de la Loi électorale indique que chaque circonscription électorale est établie
en tenant compte des considérations d'ordre géographique, démographique,
sociologique qui font d'une circonscription une communauté naturelle. On tient compte de : la densité de
la population, le taux relatif de croissance de la population, l'accessibilité,
la superficie, la configuration de la
région, les frontières naturelles du milieu ainsi que les territoires des
municipalités. Et, même si la Loi
électorale retient comme variable déterminante de l'analyse le nombre
d'électeurs plutôt que le nombre d'habitants, le nombre d'habitants
étant le cas dans les autres juridictions canadiennes, des considérations
relatives à la population au sens large par rapport à la population électorale
peuvent et, dans certains cas, doivent être intégrées à l'analyse.
En 2011, la population provinciale moyenne par
circonscription était de 63 244 habitants. Dans le comté de Mont-Royal, il y avait 74 985 habitants; à
Outremont, 64 280 habitants. Dans les deux cas, plus que la moyenne
provinciale, mais on propose de les
fusionner. Les habitants qui n'étaient pas alors électeurs deviendront, en
grande partie, des électeurs, parce qu'ils auront atteint 18 ans ou
parce qu'ils vont devenir citoyens canadiens.
En raison de réalités exceptionnelles, la
Commission de la représentation électorale peut s'écarter de l'écart numérique de plus ou moins 25 % par rapport à
la moyenne provinciale. À l'heure actuelle, il y a, selon le rapport
préliminaire produit par la commission, 11 circonscriptions qui
sont en situation d'exception, c'est-à-dire qu'elles dépassent les seuils permis par la loi. Je constate que, mettant
de côté les Îles-de-la-Madeleine, car elle est une circonscription d'exception
statutaire, en 2011, la Commission de la
représentation électorale a créé trois circonscriptions d'exception — trois — et que,
le 30 novembre 2014, trois ans plus tard, dans les faits, il y avait
déjà 10 circonscriptions d'exception. Pourquoi autant de changements dans
si peu de temps? Aujourd'hui, trois circonscriptions excèdent le seuil positif
de 25 %, soit Rousseau, Mirabel et La Pinière. Huit autres
excèdent le seuil négatif de 25 %, soit les Îles-de-la-Madeleine, Gaspé, Bonaventure, René-Lévesque,
Laviolette, Abitibi-Est, Abitibi-Ouest et Ungava. Parmi ces huit, le rapport
préliminaire de la Commission de la
représentation électorale attribuait le statut d'exception à toutes, sauf une,
Laviolette, les Îles-de-la-Madeleine étant statutairement une
circonscription d'exception.
• (14 h 30) •
Aujourd'hui,
les députés sont invités à partager leurs préoccupations selon un point de vue
d'acteur de terrain. Je les encourage
vivement à évaluer les mécanismes ayant mené aux ajustements proposés par la
commission en tenant compte à la fois des critères de représentation
effective et de leur propre réalité en matière de représentativité et de
proximité avec les habitants.
Je suis
certaine que les observations qui seront apportées devant la commission au
cours de ces auditions sauront guider
cette dernière dans les dernières étapes du processus. La nouvelle carte
électorale entrera en vigueur dès les élections de 2018.
En terminant,
j'aimerais rappeler que, si le Québec est une société riche et diversifiée, ce
n'est pas seulement en raison de
l'égalité juridique et démocratique que la loi accorde à ses citoyens, mais
également grâce à la contribution de ses régions. Il faut se le
rappeler.
Merci, M. le
Président, et merci aux collègues députés qui porteront une voix citoyenne
devant la Commission de l'Assemblée
nationale dans le cadre d'un exercice démocratique que tous et toutes, nous
reconnaissons... est complexe mais essentiel. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Merci à
vous, Mme la ministre responsable de l'Accès à l'information et de la Réforme
des institutions démocratiques.
Nous passons
maintenant du côté de l'opposition officielle, et je vais céder la parole à la
porte-parole, Mme la députée de Taschereau. À vous la parole.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Bonjour, M. le Président. Merci de me passer la parole. Je veux d'abord saluer
la ministre, qui vient de faire ses remarques, les collègues de
l'Assemblée nationale, de tous partis confondus.
Ici, on est
vraiment dans un travail de représentativité, on n'est pas normalement dans un
travail partisan. On pense à notre monde, on pense aux régions, de
quelque couleur qu'ils soient. M. Reid, M. le Directeur général des élections, messieurs qui l'accompagnent, bienvenue à cette
commission parlementaire, où on va parler... Ou, plutôt, je vais dire, on parle souvent du mode de scrutin au Québec,
hein, on parle de réforme du mode de scrutin, c'est en train de se parler
aussi au niveau canadien, mais, quand on en
parle, c'est parce qu'on considère qu'il y a des imperfections, bien sûr, mais
il y a une chose qui est claire, nous avons
toujours été très attentifs à deux choses ici, au Québec, à deux
éléments : d'abord, la
représentation effective des électeurs et électrices, ce dont a parlé
effectivement la ministre — nous avons un très grand territoire,
et il faut que les gens soient bien représentés par leurs députés — ainsi que la représentation des régions.
Nous n'avons pas une deuxième chambre
comme, par exemple, nous en rêvons ou en discutons parfois chez nous quand on
parle d'un Québec indépendant. On parle de
créer, par exemple, une chambre des régions. Ce serait une possibilité. Ça
aurait peut-être pu se faire dans le cadre
du Québec actuel, d'ailleurs, mais nous ne l'avons pas. Alors, on voit à ce que
des élus québécois puissent représenter les
régions du Québec. C'est ces deux éléments qui ont toujours été très présents
dans ces moments où on vérifie la capacité de représentation de l'actuelle
carte électorale.
Nos députés
ne sont pas élus par des listes comme dans d'autres modes, ils sont élus sur le
territoire directement par des électeurs inscrits sur une liste
électorale permanente révisée régulièrement. À chaque élection, il y a une
liste électorale qui est révisée, et c'est à
eux et à elles qu'on rend des comptes. Je rappelle que ce qui a été un peu...
Peut-être ce qu'a omis de dire la
ministre non pas par... elle n'a pas péché par omission, mais nous n'avons que
10 minutes : si la carte
électorale n'est faite qu'après deux élections, la liste électorale, elle
représente effectivement le nombre d'électeurs et d'électrices présents
sur la circonscription, puisqu'elle est bâtie à partir d'à peu près
10 listes, dont principalement la liste
du régime d'assurance maladie du Québec. Donc, on voit à ce que les électeurs,
électrices du Québec aient droit de
vote. Il y a une différence entre la carte électorale et le droit de vote des
électeurs et électrices auxquels on est très attentifs.
Donc, nous
appuyons, M. Reid, mesdames messieurs, la proposition de carte électorale de la
Commission de la représentation
électorale, car elle respecte notre position historique, qui prône une
occupation dynamique du territoire. La
proposition de la Commission de la représentation électorale respecte cette
donne de deux manières particulièrement. D'abord, elle crée deux circonscriptions électorales dans la région
ayant enregistré la plus forte croissance démographique. On pense à Laurentides‑Lanaudière. Je pense qu'on
est tous et toutes conscients et conscientes qu'il y a un déplacement de population et qu'il y a des populations qui
arrivent en Laurentides‑Lanaudière beaucoup. Il y a aussi un fort taux de
naissance là-bas, c'est une région à jeunes
familles. Donc, il faut actualiser la carte en fonction de cette réalité. Et
elle crée six circonscriptions
électorales d'exception bâties à partir de la liste électorale permanente. Et
ça, on le disait souvent, les régions
doivent exister au Québec, et c'est la manière dont on a trouvé pour préserver
la qualité de la représentation électorale.
«Représentation», M. le Président, ça veut dire «droit de parole dans cette
Assemblée nationale». Il n'y a pas tant
que ça de députés des régions au Québec, mais il y a des régions qui sont
extrêmement importantes. C'est souvent là que vont se faire les grands projets de développement. Alors, que
d'avoir ici des députés des régions, un certain nombre, ça demeure extrêmement important. Donc, on est
d'accord véritablement avec ces deux modifications, qui sont les majeures,
que vous nous proposez.
Cependant, dans la même veine, nous voulons
faire nôtres les inquiétudes de notre instance régionale du Parti québécois en Mauricie quant à la représentation
de la circonscription électorale de Saint-Maurice, qui disparaîtrait, et
de son effet sur la
représentation des électeurs de cette région. Évidemment, on comprend toutefois
qu'on est en surreprésentation. Nous
comprenons le dilemme, mais nous voulons vous transmettre que nous entendons
bien ce que nous ont dit nos gens de la Mauricie.
Nous croyons
que la commission a fait son travail en respectant la lettre de Loi électorale.
C'est votre devoir, partir d'abord de
la loi, respecter la loi. Nous avons bien entendu la partie... non, je dirais,
je rappellerais à la partie gouvernementale que les critères de délimitation prévus à notre Loi électorale se basent
sur le nombre d'électeurs et non pas sur le nombre de citoyens et de citoyennes ou de résidents et de
résidentes, et surtout pas sur les citoyens en devenir ou les électeurs en devenir. C'est sur la représentation effective
parce que la liste électorale est révisée régulièrement. Donc, même si un
citoyen est en devenir, sur la liste, dès
qu'il deviendra citoyen, il aura le droit de vote, il n'y a pas d'attente de ce
côté-là, mais, quant à la carte électorale, c'est sur le nombre
d'électeurs et d'électrices.
Je sais que la directrice du Parti libéral est
allée demander que l'on regarde plus le nombre de résidents et de résidentes que le nombre d'électeurs et
d'électrices, et je vais simplement faire miens les propos du politologue Alain
Noël, qui disait, et je le
cite : «C'est un argument qui va un peu à l'encontre du principe même du
découpage électoral qui consiste à
donner à chaque citoyen qui a le droit de vote un poids égal dans la décision.
Qu'il y ait d'autres personnes dans le comté, ça ne change rien à ce principe qui veut que chaque vote citoyen ait le
même poids dans la décision.» Je sais qu'on a parlé, par exemple, des citoyens en devenir qui
pourraient le devenir via l'accession à la citoyenneté, mais, comme notre carte
peut parfois s'étirer sur 10 ans, imaginez,
si on calculait tous les citoyens en devenir, il faudrait aller jusqu'aux
citoyens ayant huit ans, puisque les
gens qui ont huit ans auront droit de vote après 10 années de... une nouvelle
carte électorale. Vous comprenez la complexité. Il faudrait qu'on prenne
les mouvements de rotation et les mouvements de migration interrégionaux.
Donc, je
pense que la sagesse a été, jusqu'ici, de s'en tenir au nombre d'électeurs et
d'électrices et que c'est le chiffre le
plus stable que nous ayons, étant donné, je tiens encore à le rappeler, que le
droit de vote, lui, s'exerce automatiquement dans le vote qui suit la
journée où quelqu'un devient électeur ou électrice, atteint ses 18 ans ou a sa
citoyenneté.
Donc, une
dernière chose, M. Reid, M. le Directeur général des élections. Il y a quelques
mois, le président du Parti québécois
a fait cheminer une demande au Directeur général des élections afin de rendre
hommage à M. Jacques Parizeau en
donnant son nom à la circonscription de L'Assomption. C'est une circonscription
qui a été représentée à l'Assemblée nationale
par M. Parizeau de novembre 1976 à 1984 puis de 1989 à 1986. Il est devenu
ensuite premier ministre. Alors, j'aimerais
déposer la lettre que nous vous avons envoyée, pour laquelle vous avez
effectivement accusé réception, je vous en remercie, et je vais citer
deux paragraphes :
«De
Pierre-Joseph-Olivier Chauveau à René Lévesque, déjà 13 anciens premiers
ministres ont donné leurs noms à autant de circonscriptions électorales.
«Le Québec
pourrait rendre à Jacques Parizeau l'hommage qui lui est dû en donnant son nom
à la circonscription de L'Assomption, qu'il a représentée à l'Assemblée
nationale de novembre 1976 à 1984 puis de 1989 à 1996.»
Et je tiens à déposer cette lettre. C'est un
voeu de la part des militants du Parti québécois, mais je pense qu'il
rallierait beaucoup de gens au Québec. Alors, voilà, M. le Président.
Document déposé
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, votre document est déposé. Merci.
Merci, donc,
pour ces remarques préliminaires, Mme la députée de Taschereau. Nous passons
maintenant du côté de la deuxième
opposition, et je vais céder la parole à M. le député de Deux-Montagnes pour
son intervention. À vous la parole, M. le député.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, M. le Président.
À mon tour de saluer la ministre ainsi que les collègues de la partie gouvernementale, ma collègue de l'opposition
officielle, et des salutations mais également
des remerciements à M. Reid et les gens qui l'accompagnent aujourd'hui.
• (14 h 40) •
C'est effectivement, sans doute, un des plus beaux exercices de démocratie que celui que nous vivons en ce moment.
Ce n'est pas la dernière étape, mais on se rapproche de la fin d'un long
processus qui est, oui, comme la collègue de l'opposition le mentionnait, basé
sur une loi, mais une loi qui a sa pertinence et qui a des racines loin dans le
temps. Dès 1979, le Québec a convenu de déléguer à une instance complètement indépendante le fruit de ses cogitations sur le découpage électoral. Et on est dans cette belle
lignée là aujourd'hui. Cette indépendance, elle est importante, pour ne
pas dire fondamentale. C'est certain qu'au lendemain d'un premier rapport préliminaire comme
il a été déposé l'année dernière chaque
formation politique va regarder un petit peu quel est l'impact
sur sa réalité en termes de chances, de gains, sinon de pertes de circonscription.
C'est un exercice qui est normal, qui est légitime,
mais on ne doit pas s'arrêter à ce simple calcul là. On a évoqué la représentation
effective à bon nombre de reprises, mais c'est le seul élément qui doit guider
notre réflexion, et la partisanerie n'a pas d'emprise sur la décision ultime
qui sera prise. Et, si le débat est intéressant du point de vue démocratique, c'est aussi après la publication
d'un autre rapport qu'il y aura débat à l'Assemblée nationale pour conclure
ou clore la démarche. Donc, un bel exercice
qui mérite tout notre respect. Donc, encore une fois, merci à celles et ceux
qui y ont travaillé. C'est bien certain qu'à
la lecture nous, on a un avis favorable. D'ailleurs, demain, des collègues de
ma formation politique m'accompagneront pour
évoquer davantage la réalité des Laurentides, qui nous touche particulièrement. Donc, oui, un avis favorable, mais on
aimerait rappeler l'importance de l'article 14, également, de la Loi électorale, qui actuellement laisse une
marge de manoeuvre, c'est-à-dire : le nombre total de circonscriptions
doit se situer quelque part entre 122
et 125. Donc, il y aurait toujours possibilité de modifier cet article-là,
mais, au niveau de la Coalition
avenir Québec, on vous met et on se met en garde contre l'idée de le faire. On
aime rappeler que, du côté de l'Ontario, par exemple, on a sensiblement
moins de députés pour une population qui est, elle, passablement plus importante. Bref, le compromis auquel on doit
parvenir doit se situer dans le respect de l'article 14 actuel. Et, si on doit
s'y fier, c'est parce qu'il y a aussi des réalités qui sont particulières à
certaines régions.
J'ai bien
aimé le passage sur les régions des Laurentides et Lanaudière. Oui, on en
parlera davantage demain, mais on
peut vous confirmer, dans notre quotidien, pour les députés qui représentent
cette circonscription-là, qu'il y a réellement eu hausse de la démographie au cours des dernières années. Et, si je
vous parle, moi, de la circonscription de Deux-Montagnes, qui n'est pas actuellement visée par un
redécoupage... et je ne vous invite pas non plus à procéder dans le cadre de
cet exercice-ci, je sais par contre
qu'il y a plusieurs nouveaux quartiers résidentiels qui sont sur le point de
voir le jour au cours des prochaines années et qui auront un impact sur
la démographie. Mais ces nouveaux quartiers résidentiels là que je m'apprête à
accueillir dans ma circonscription, ils sont bien implantés du côté de la
circonscription voisine, de Mirabel, à
travers tout le développement résidentiel qui s'est fait notamment dans la
circonscription... non pas dans la circonscription,
mais dans la municipalité de Sainte-Marthe. Donc, bien content qu'il y ait des
considérations à ce niveau-là.
Tout à
l'heure, j'insistais pour dire que l'exercice doit se faire en dehors de toute
partisanerie. Et ce n'est pas un reproche
que je m'apprête à adresser à la ministre, mais j'aurais aimé être rassuré à
travers son propos, parce qu'indirectement
elle a mentionné ou redit ce que la directrice du Parti libéral a eu l'occasion
de dire à bon nombre de séances de
consultation du comité... en fait, de la commission de la réforme électorale,
et ces propos-là, oui, ma collègue l'a
mentionné, ont été condamnés par plusieurs, mais ils sont surtout excessivement
inquiétants. Tout à l'heure, je disais qu'il
y a beaucoup de nouveaux développements résidentiels dans nos secteurs. S'il
fallait prendre en considération les gens
qui, dans une année, sinon deux, sinon trois, sont sur le point d'obtenir leur
citoyenneté, on serait en droit, de notre côté, d'exiger pareille considération pour nos jeunes électeurs de 15,
16, 17 ans qui, eux aussi, dans le même laps de temps, vont obtenir leur
droit de vote.
Donc, autant
l'argument du Parti libéral que ceux de sa directrice générale de l'époque ou
encore de la ministre aujourd'hui
nous inquiètent sur la signification véritable de la représentation effective,
et j'espère qu'on va s'en tenir à des critères
uniquement — et
uniquement — objectifs
et qu'on ne prendra pas des considérations qui nous feraient dévier de
ce parcours.
Ceci dit,
l'exercice se déroule bien jusqu'à maintenant, on a bon espoir qu'il se poursuive, mais ça
demeure notre principale préoccupation à ce moment-ci que les positions
qui ont été défendues, là, ces derniers mois et encore cet après-midi, malheureusement,
par la ministre. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Deux-Montagnes, pour ces remarques préliminaires.
Auditions
Nous allons maintenant
procéder à la période d'échange avec les députés et les membres de la Commission de la représentation électorale. Nous commencerons avec
les députés de la belle région de la Capitale-Nationale, et je rappelle que — nous allons débuter avec vous, je pense, M.
le député de Jean-Lesage — vous disposez d'un temps de parole de 20 minutes, ce qui inclut le temps de réponse, si
tant est que vous souhaitiez adresser des questions aux représentants de la
Commission de la représentation électorale. Alors, à vous la parole, cher
collègue de Jean-Lesage.
Commission de la représentation électorale du
Québec (CRE), Capitale-Nationale
M. Drolet :
Merci beaucoup, M. le Président. Mme la ministre, M. le Directeur général des
élections, MM. les commissaires,
chers collègues de tous partis, merci de nous donner l'occasion de faire valoir
une dernière fois notre avis sur le rapport préliminaire de la
Commission de la représentation électorale.
J'ai bien
entendu Mme la ministre et M. Reid sur les critères qui guident l'actuel
processus de refonte, l'égalité relative
des votes et le respect des communautés naturelles. Je tâcherai de m'y référer
dans la présente argumentation.
En 2012, les
limites de ma propre circonscription, celle de Jean-Lesage, ont été modifiées.
Cette décision était basée sur des
résultats d'études de projections démographiques. En effet, selon les données
disponibles, la densité de la population de certaines zones de mon comté
augmenterait de façon significative dans un avenir rapproché. Ce fut, à l'époque, un réel défi pour nous. Une portion de
mes électeurs avec qui j'avais développé de solides liens de confiance m'était enlevée alors que, parallèlement, une zone
historiquement reliée à un autre comté, celui de Taschereau, de ma collègue, m'était attribuée, d'ailleurs qui avait
été très bien travaillée. Par conséquent, ce changement a eu un impact sur
une partie significative du travail de
député : la représentation effective des électeurs, qui se traduit par une
continuité d'engagement de celui-ci.
De toute évidence, les chiffres ne disent pas tout. Il faut tenir compte de
l'hétérogénéité des besoins des électeurs.
En 2012, avec
11 500 nouveaux électeurs intégrés du secteur du Vieux-Limoilou, je
recommençais à zéro. Ça n'a pas été
anodin. Je ne les connaissais pas, et ils ne me connaissaient pas. J'en étais
donc à rebâtir un lien de confiance pour
que les nouveaux électeurs me reconnaissent une légitimité comme représentant,
une légitimité comme accompagnateur au
fait de leurs réalités. Il fallait connaître pour pouvoir représenter.
Pourtant, ce devait être l'inverse : représenter parce qu'on connaît,
représenter parce qu'on partage des préoccupations, un vécu citoyen. C'est ce
qu'on entend par le principe de respect des communautés naturelles.
Il y a une
cohésion sociale, géographique à respecter. On le remarque par ailleurs avec la
proportion de supprimer Saint-Maurice,
une manoeuvre hautement risquée, puisque, rappelons-le, elle placerait la
Mauricie en second rang des régions
les plus populeuses. Elle surpasserait même Laurentides-Lanaudière, dans
laquelle le rapport préliminaire prévoit l'ajout de circonscriptions, deux, au total. Quand on se penche sur le
nombre régional moyen d'électeurs, Laurentides-Lanaudière est, avant la proposition, à 55 064 électeurs. On lui
ajouterait deux comtés. La CRE est donc en train de nous dire qu'elle... Saint-Maurice aujourd'hui pour
l'intégrer d'ici deux élections générales, puisque la proportion...
proposition, pardon, situerait à
53 385 le nombre régional d'électeurs moyen en Mauricie. Même si celle-ci
est ralentie, la croissance démographique
de la région, selon l'Institut de la statistique du Québec, demeure et restera
stable jusqu'en 2020. C'est, au final, une opération de division du poids
électoral d'une région qui, en plus, nuit à la cohésion et au sentiment d'appartenance invoqués plus tôt. La suppression
de la circonscription de Saint-Maurice résulterait, entre autres, dans
le déplacement de Shawinigan-Sud vers la circonscription de Maskinongé. Le
secteur visé est isolé par la rivière Saint-Maurice et l'autoroute 55, des
conditions géographiques qui donnent un indice de la qualité moindre du
sentiment d'appartenance des électeurs actuels de Saint-Maurice pour
Maskinongé.
Enfin, au-delà
des électeurs, il y a les personnes, parce que ça, ce n'est pas vrai que le
travail de terrain se limite aux
besoins des électeurs seuls ou de ceux qui se présentent aux urnes. On parle,
pour Saint-Maurice, de plus de 1 000 enfants dont les parents ont recours à l'aide sociale, de
13,5 % de familles monoparentales, de 42 % de personnes vivant sous
le seuil de la pauvreté. Le député de Saint-Maurice est donc une
protection, une voix pour un segment particulièrement vulnérable de la population, une population réputée pour posséder des
besoins plus importants en matière d'accompagnement citoyen.
L'entretien
et la promotion du lien avec le député est donc de première importance. Je suis
ici solidaire de mes collègues de la
Mauricie et davantage des électeurs et des habitants de nos régions.
Saint-Maurice doit demeurer. Des raisons
socioéconomiques, géographiques et une nécessité de respecter la communauté
naturelle le justifient pleinement. Merci beaucoup, M. le Président.
• (14 h 50) •
Le Président (M. Ouimet) : Alors,
merci à vous, M. le député de Jean-Lesage, pour la présentation de vos commentaires. Maintenant, j'inviterais Mme la
députée de Chauveau à s'approcher et à prendre place à la table des députés
du côté ministériel pour la présentation de
vos remarques, votre mémoire, vos commentaires sur la proposition de la carte
électorale. Alors, à vous la parole, Mme la députée de Chauveau. Vous disposez
de 20 minutes.
Mme
Tremblay : Alors, M. le
Président, chers commissaires, Mme la ministre, collègues membres de la commission, d'entrée de jeu, je tiens à vous
préciser que j'accepte, sans
contester, le redécoupage qu'on propose pour mon comté. Évidemment, comme députée
de Chauveau, je ne peux pas dire
que c'est agréable de perdre une partie de mes électeurs au profit d'un autre comté. On s'attache à nos citoyens,
et je suis fière de les représenter. Mais, en même temps, je suis aussi consciente que la population
augmente rapidement dans mon comté, j'ai déjà atteint un nombre
d'électeurs qui dépasse de 20 % la moyenne provinciale par
circonscription, qui est le seuil critique.
Si je veux
continuer à offrir un bon service aussi à mes citoyens, je pense que ce qui est
proposé est une formule logique. À Charlesbourg, avec le gain de
3 859... 3 849 électeurs, pardonnez-moi, l'augmentation de l'écart va
passer de 9 % à 17 %, tandis que
dans Chauveau la perte d'électeurs va faire en sorte de faire passer l'écart de
20 % à 12 %, ce qui laisse quand
même un jeu pour faire face aux projets de développement futurs dans mon comté.
Les électeurs que je vais perdre au
profit du comté de Charlesbourg ont déjà, oui, plus d'affinités naturelles avec
Charlesbourg notamment pour les
services qu'ils reçoivent. Ils demeurent dans l'ancienne ville de Charlesbourg,
donc ce qui est une communauté naturelle pour eux.
Ceci dit, je
ne suis pas d'accord, par
contre, avec toutes les propositions qui sont dans le rapport. Par
exemple, en Mauricie, je ne comprends pas vraiment pourquoi il est
recommandé d'abolir une circonscription en Mauricie, celle de Saint-Maurice. Je vous explique mon point. Pour mieux
représenter les régions, on a donné une circonscription d'exception au
Nord-du-Québec, à la Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine, à la Côte-Nord, à l'Abitibi-Témiscamingue,
alors que la Mauricie, qui est quand même
la région qui occupe le cinquième rang des régions qui ont l'écart inférieur
le plus marqué, eh bien,
non seulement elle n'a aucune circonscription d'exception,
mais en plus elle en perdrait une. Donc, j'ai un peu de difficultés à voir une explication logique. Je pense que,
dans ce cas-ci, le statu quo mériterait d'être appliqué. La démographie
de la Mauricie ne connaît pas une croissance fulgurante, c'est vrai, mais elle
est quand même en augmentation constante, autour de 3,3 % par année. En ce moment, si on garde le
statu quo, la Mauricie a environ 12 % moins d'électeurs que la moyenne provinciale, mais, si on enlève un
comté, là on se retrouve avec une région où la moyenne d'électeurs est de 10 % plus élevée que la
moyenne provinciale. Donc, la seule région qui aurait une moyenne d'électeurs
plus élevée serait l'Outaouais, avec 13 %.
Je trouve que
c'est peut-être un peu prématuré d'enlever un comté à la Mauricie, ce qui
enlèverait en même temps un élu à
cette région, qui a besoin d'être bien représentée. N'oublions pas que les
ménages de la Mauricie sont vulnérables sur le plan de l'économie. Selon
les chiffres de 2011, 42 % des
ménages du comté de Saint-Maurice vivaient avec un revenu annuel de
20 000 $ et moins, donc sous le seuil de la pauvreté. Et cette région
a un fort potentiel de développement économique et démographique. Je pense que
ce serait une grave erreur de lui enlever un comté.
Maintenant,
pour ce qui est de Laurentides-Lanaudière, je suis contre l'ajout de
deux comtés, là aussi. Je dirais même
que je suis un peu surprise de voir qu'on en fasse la proposition. Je regardais la moyenne d'électeurs par région, et il y
a à peine 220 électeurs de différence
entre Laurentides-Lanaudière et l'Outaouais. Donc, c'est tellement minime comme différence que ça
ne représente même pas un point de pourcentage pour ce qui est de la moyenne,
donc environ 13 % et quelques poussières dans les deux cas.
Pourtant, on propose d'ajouter deux comtés pour Laurentides-Lanaudière mais zéro comté pour l'Outaouais. Alors, je pense
que dans Laurentides-Lanaudière on devrait faire comme dans la région de
Québec, donc tout simplement redistribuer les électeurs au sein de la même
région sans ajouter de comtés.
Pour Montréal, en ce
qui concerne cette région, je suis également d'avis qu'il faudrait maintenir le
plus possible le statu quo. Je dirais :
Attention avant d'enlever un comté en se basant uniquement sur le concept
d'électeur. À Montréal, il y a
beaucoup de résidents non électeurs, les élus de la métropole qui doivent
travailler aussi pour des milliers d'immigrants qui ne peuvent pas voter
aujourd'hui mais qui sont de potentiels nouveaux électeurs pour 2018.
Quant
à l'ajout de comtés d'exception, donc, qui vont passer, de ce que j'ai vu, de
quatre à sept, bien, personnellement, je comprends l'importance de
défendre nos régions. Est-ce que donner le statut de comté d'exception est la
meilleure solution à long terme? Bien, je
pense qu'il faudrait se pencher éventuellement sur la question, mais je pense
aussi que ce serait justifié
d'augmenter les budgets alloués à ces comtés, qui ont un territoire
exceptionnellement grand, exceptionnellement étendu. Ça permettrait
d'améliorer l'accessibilité aux bureaux de comté.
Alors,
voilà. Merci beaucoup de m'avoir permis de m'exprimer sur le sujet, et je suis
disponible pour répondre à vos questions si vous en avez.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, Mme la députée de
Chauveau, pour ces remarques. Je ne sais pas s'il y a des réactions de
la part des représentants de la Commission de la représentation électorale.
S'il n'y en a pas — il
ne semble pas y en avoir — nous
allons passer maintenant la parole...
Une voix :
...
Le Président (M.
Ouimet) : Oui. Alors, M. Jean, oui, je vous écoute.
M.
Jean (Bruno) : Je voulais juste que vous me rappeliez le chiffre sur
les... Quand vous avez comparé l'Outaouais avec la région des Laurentides-Lanaudière,
vous avez donné un chiffre de chaque région.
Mme Tremblay : Oui. Je disais que c'était 13 %, là, la moyenne, là, environ, là,
13 point quelques, pour ce qui est des deux régions.
M.
Jean (Bruno) : Mais vous avez dit, et ce n'est pas celui-là que
j'ai... vous avez dit qu'il y avait une différence très faible
d'électeurs entre les deux régions.
Mme Tremblay : C'est ça. La différence moyenne, là, de ce que je voyais, c'était 220
électeurs de différence entre Laurentides-Lanaudière et l'Outaouais.
M. Jean
(Bruno) : La moyenne de circonscription. O.K.
Mme
Tremblay : Oui.
M. Jean
(Bruno) : Merci.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci pour l'éclaircissement. D'autres
questions, commentaires? Sinon, cédons la
parole maintenant à Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Vous disposez de 20 minutes,
Mme la députée.
Mme
Simard : Merci, M. le Président. Alors, MM. les commissaires et
Mme l'adjointe au président et secrétaire, d'abord, chers collègues, je voudrais vous dire que je suis très
heureuse de prendre la parole dans cette commission pour m'exprimer sur
le sujet de la refonte de la carte électorale et je le ferai particulièrement
en prenant en exemple ma circonscription, donc celle que je représente, qui est
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Alors,
je suis de ces personnes d'abord qui jugent qu'il ne faudrait pas se fier
uniquement sur le nombre d'électeurs pour
délimiter les limites d'une circonscription électorale. Dans la circonscription
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
par exemple, il y a quatre réalités
différentes que l'on sent sur le territoire et que l'on reconnaît, soit celle
de la Côte-de-Beaupré, celles de
Charlevoix-Est et de Charlevoix-Ouest, qu'on pourrait fusionner, et celle de la
réalité insulaire, les deux îles qui
composent ma circonscription, soit celle de l'île aux Coudres et de l'île
d'Orléans. Alors, autant de réalités, autant de besoins différents pour ces clientèles. C'est donc dire que la circonscription
comprend des électeurs résidant en banlieue de la ville de Québec, des gens vivant en territoire semi-urbain ou
semi-rural puis une population habitant un territoire rural, même un endroit dévitalisé, ce qui les
distingue tous définitivement par leurs réalités. Et, lorsque je pense aux
réalités de ma circonscription,
souvent on va mentionner que ce sont les régions finalement qui sont les moins
bien représentées lorsqu'on se fie uniquement aux groupes d'électeurs.
La
circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré s'étend sur près de 250 kilomètres, et cela prend
trois heures pour la traverser,
environ, d'une extrémité à l'autre. Alors, on sait bien que, lorsqu'on pense à
Boischatel, par exemple, et qu'on
pense à Baie-Sainte-Catherine, qui est la porte d'entrée de la
Capitale-Nationale, alors on ne voit pas du tout la situation de la même façon. Elle regroupe 27
municipalités, donc autant d'élus municipaux avec lesquels collaborer et
des besoins similaires parfois et toujours différents lorsque l'on prend les
deux extrémités.
• (15 heures) •
Plutôt
que se fier uniquement au nombre d'électeurs pour former une circonscription,
alors les réalités des populations devraient être tenues en compte,
considérées, et puis la circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré également devrait pouvoir être en mesure d'être
mieux représentée, ne serait-ce que par son nom également. Et là je pense
au fait que la circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré comprend maintenant l'île d'Orléans. Elle est dorénavant composée d'électeurs de circonscriptions, soit celles de Charlevoix et de Montmorency, et ce, depuis la réforme de la carte électorale en 2011. Faisant partie maintenant de la circonscription provinciale de Montmorency depuis de nombreuses années, les municipalités de
Château-Richer, L'Ange-Gardien et Boischatel ainsi que l'île d'Orléans sont maintenant
dans l'appellation de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Certaines municipalités forment la Côte-de-Beaupré et se retrouvent...
Cependant, ce n'est pas le cas de l'île d'Orléans. Et c'est d'ailleurs
pour offrir un meilleur sentiment d'appartenance, parce que je pense aussi que c'est un des éléments lors
des redécoupages. On redécoupe sans nécessairement considérer, dans mon cas, par exemple, en 2012, l'île d'Orléans. Alors, les gens de
l'île d'Orléans, qui étaient rattachés à Montmorency dans le passé, aimeraient voir leur identité se
retrouver au sein du nom de la circonscription.
Alors,
c'est pour un meilleur sentiment d'appartenance et par respect pour, en fait,
les citoyens et les citoyennes de l'île d'Orléans, qui font partie du berceau
de l'Amérique française, que je vous demanderais aujourd'hui également
d'ajouter le nom de l'«Île d'Orléans»
à celui de la circonscription pour qu'elle devienne «Charlevoix—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans». Permettez-moi de préciser que ce n'est pas la première fois qu'une telle
demande est effectuée afin d'inclure l'«Île d'Orléans» au nom d'une circonscription. En 2013, il y
a un décret de représentation électorale qui a été confirmé par la circonscription fédérale qui, aujourd'hui, s'appelle Beauport—Côte-de-Beaupré—Île d'Orléans—Charlevoix. Alors, je vous remercie beaucoup.
Et, si vous avez des questions, ça me fera plaisir à mon tour.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, pour vos remarques préliminaires. Je ne sais pas si vous avez des
commentaires, des questions à formuler, Mme la députée.
M. Reid.
M. Reid (Pierre) : Peut-être un petit
commentaire par rapport au toponyme, là, de la circonscription. Je sais qu'on
aura d'autres demandes concernant les
toponymes de circonscription ayant un nom composé. C'est sûr que les règles,
là, de la Commission de toponymie sont à l'effet qu'il n'y a
pas plus de deux noms dans une description, sauf qu'en même temps je ne sais pas si... puis je le vois avec
vous, est-ce qu'il y aurait un toponyme qui pourrait représenter les trois
entités dont vous venez de parler. Je ne sais pas. C'est un peu la même
demande qu'on pourra faire lorsqu'on aura d'autres représentations à cet
égard-là pour les circonscriptions du Bas-Saint-Laurent.
Mme Simard : Je
vous dirais qu'on a...
Le Président (M. Ouimet) :
C'est noté. Mme la députée.
Mme
Simard : Pardon. Je vous dirais qu'on s'est prêtés à l'exercice
d'essayer d'identifier déjà, dans le passé, des noms qui pourraient être représentatifs. Bien sûr, lorsqu'on est du
côté de la Côte-de-Beaupré ou de l'île d'Orléans, l'île d'Orléans va nous proposer le nom «Félix-Leclerc»,
alors que, dans Charlevoix, on va nous proposer «Félix-Antoine-Savard» ou encore «Gabrielle-Roy», et là on nous dira que
Gabrielle Roy ne vient pas du tout de la région. Alors, on a essayé de trouver un nom qui pouvait être représentatif des
trois, mais ce serait de délaisser le sentiment d'appartenance pour l'un
ou l'autre des secteurs, en fait, que je représente.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Merci. Ça va? Alors, merci à vous, Mme la députée
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Nous
allons maintenant changer de région, et je vais faire un petit saut dans notre
ordre du jour, puisque M. le député
de Champlain est parmi nous, et donc on procéderait maintenant à la région de
la Mauricie, et je céderais la parole à M. le député de Champlain pour
une période maximale de 20 minutes pour ses interventions.
Commission de la représentation électorale
du Québec (CRE), Mauricie
M.
Auger : Merci, M. le Président. À mon tour de saluer Mme la ministre,
mes collègues, bien sûr, représentants de la commission, donc, MM. Reid,
Courville, Jean et Mme Lagacé. Merci d'être là aujourd'hui.
Écoutez,
c'est avec plaisir, à titre de député de Champlain, bien sûr, et de président
de la Commission de l'aménagement du
territoire, que je vais vous faire part de mes commentaires concernant la
proposition de délimitation de la carte électorale que vous avez présentée, soit, bien sûr, la
disparition principalement du comté de Saint-Maurice, d'un comté à Montréal,
de la modification des autres comtés de la
Mauricie et d'autres régions du Québec, et en créant, bien sûr, deux comtés
dans les Laurentides-Lanaudière. D'entrée de
jeu, je suis conscient que ce rapport doit être considéré à la lumière du
contexte et des paramètres
législatifs imposés à la commission, de la difficulté de l'exercice et de la
discrétion dont vous disposez.
Dans
un premier temps, vous allez me permettre de présenter le comté de Champlain,
et ce, de façon très, très sommaire. Donc, ça va vous permettre de connaître un
peu plus cette magnifique circonscription. Donc, Champlain est l'une des plus anciennes circonscriptions du
Québec, puisqu'elle a été créée en 1829. Elle fait partie des 65 premières
circonscriptions de la province de Québec lors de la fondation du Canada et est
inchangée depuis la refonte de 1972.
Champlain
s'étend sur 937 kilomètres carrés couvrant neuf des 10 municipalités de la
MRC des Chenaux ainsi qu'une partie de la ville de Trois-Rivières, soit
les secteurs Cap-de-la-Madeleine, Sainte-Marthe-du-Cap et de
Saint-Louis-de-France. La population, approximativement : 59 000 et
49 000 électeurs.
Le comté de
Champlain est principalement composé de quatre rivières : bien sûr, la
rivière Saint-Maurice, qui scinde la
ville de Trois-Rivières, la partie est et l'ouest, donc le secteur de
Cap-de-la-Madeleine; les rivières Champlain, Batiscan et Sainte-Anne, qui se jettent toutes dans le fleuve Saint-Laurent.
Champlain, c'est une partie du chemin du Roy où on y retrouve deux municipalités de plus de 350 ans d'histoire, soit
bien sûr Champlain et l'un des plus beaux villages du Québec, Batiscan, et une à
Sainte-Anne-de-la-Pérade, qui est connue pour la pêche aux petits poissons des
chenaux, et qui aura également 350
ans en 2017. Champlain, c'est aussi
le sanctuaire du cap, où plus de 400 000
visiteurs y passent, et ce, année
après année. C'est un territoire agricole et forestier : 97 % en ce
qui concerne la MRC des Chenaux. Le comté de Champlain, c'est aussi et
principalement une qualité de vie exceptionnelle.
Champlain,
bien sûr, est l'une des cinq circonscriptions de la Mauricie, complétée par,
bien sûr, les comtés de Laviolette,
Maskinongé, Saint-Maurice et Trois-Rivières. Bien que la Mauricie ait
connu un déclin démographique à la fin des années 90, la Mauricie
voit sa population augmenter dans les années 2000 et être en croissance, selon
l'ISQ, jusqu'au début des années 2020. La
population de la Mauricie, selon Statistique Canada, s'établissait à
266 907 en 2014 et, selon les
projections de l'ISQ pour les prochaines années, elle pourrait être d'environ,
et toujours en croissance, de 274 000 en 2021 et de 290 000 en
2036.
Je vous
mentionnerais que, pour s'assurer d'une croissance démographique, ça prend des
conditions favorables, soit une croissance économique, et en s'assurant
qu'une région puisse se développer. La Mauricie a longtemps été caractérisée par la grande industrie des secteurs
traditionnels. Bien qu'ils soient encore présents chez nous, stables à
15 %, on assiste à un renouveau, et le contexte économique en
Mauricie change, se diversifie. Le secteur des nouvelles technologies prend de
l'expansion tout comme les entreprises de communication. L'agriculture va bien.
On parle de croissance. La construction
résidentielle a subi un ralentissement, mais la construction industrielle va
s'accélérer dans un contexte
économique favorable et entraînera vraisemblablement une reprise de la
construction résidentielle. L'emploi au
niveau des services — 97 000
emplois — représente
75 % de l'emploi régional. Vous comprendrez que c'est un secteur
majeur pour la Mauricie.
En résumé, on
anticipe de fortes progressions au niveau des services professionnels,
scientifiques et techniques ainsi qu'au niveau de la santé, du commerce de gros, du transport et de
l'entreposage. Notons que le taux de
chômage est passé de 8,2 %
à 6,1 % en un an, soit le deuxième meilleur résultat au Québec.
Quels
sont les impacts de la décision de la commission? Premièrement, cette décision constitue une perte significative
de la représentativité et du leadership
économique, d'autant plus que notre région se relève lentement mais sûrement
d'une période très difficile
économiquement. On ne doit pas abandonner, même si ça va mieux. Bien au
contraire, nous avons besoin de leadership
fort pour assurer la transformation de notre économie, et les députés font partie prenante de cette
transformation. Ces derniers doivent être accessibles, présents, impliqués et, pour
cela, ils doivent être en mesure de bien représenter les intérêts des citoyens et les réalités de la Mauricie. D'ailleurs,
j'aimerais rappeler les trois rôles des députés, soit, bien sûr, législateur, contrôleur de l'action du gouvernement et le rôle d'intermédiaire entre l'administration publique,
les citoyens et le gouvernement. En fait, le député représente ses concitoyens.
Chaque semaine où il n'est pas à l'Assemblée
nationale, il travaille dans sa circonscription, il traite des demandes de citoyen,
s'assure que sa communauté reçoit sa juste part des programmes publics.
Il s'assure que les citoyens soient traités sans injustice. Le député fait la
promotion du développement régional. Il fait valoir les besoins de sa circonscription
auprès des ministres, des fonctionnaires et du gouvernement.
Autre impact. Au 30 novembre 2014, la
Mauricie regroupait 213 539 électeurs inscrits, pour une moyenne de 42 707 électeurs pour chacune des cinq
circonscriptions. Bien que la région se trouve légèrement sous la moyenne
provinciale de 88 387 électeurs, elle se maintient à l'intérieur
des seuils requis, avec un écart de moins 11,74 %. En éliminant Saint-Maurice, la Mauricie obtiendrait une moyenne
de 53 385 électeurs pour chacune des quatre circonscriptions restantes.
Elle se retrouverait avec un écart de plus
10,33 % pour ainsi se retrouver au deuxième rang des régions du Québec
avec un nombre d'électeurs le plus
élevé. Dans un cas comme dans l'autre, nous nous retrouvons largement à
l'intérieur du seuil minimal ou maximal permis par la loi, dont l'écart
par rapport à la moyenne provinciale doit varier de plus ou moins 20 % à
plus ou moins 25 %.
• (15 h 10) •
À mon avis,
et juste sur ce point, cette décision est très discutable et ne constitue pas
de façon positive à l'équilibre démocratique
du territoire québécois, car, dans un souci d'équilibre et de saine occupation du territoire,
il est primordial de permettre aux régions du Québec de conserver une représentativité
à l'Assemblée nationale.
De plus,
cette proposition ne correspond pas aux objectifs visés par l'article 15 de la
Loi électorale, qui précise que les
circonscriptions doivent représenter les communautés naturelles. D'ailleurs, la
commission reconnaît qu'elle doit considérer
également des facteurs tels que le sentiment d'appartenance des citoyens, la
communauté d'intérêts, la présence des
pôles de développement régionaux, le patrimoine culturel et historique, les
limites des quartiers urbains et les différentes limites administratives sur le territoire. À mon avis, nous devons
également considérer les réalités socioéconomiques, les défis de développement et les enjeux
territoriaux, car les réalités ne sont pas les mêmes, qu'on soit à
Trois-Rivières, Shawinigan ou encore dans la MRC des Chenaux.
Un autre
impact négatif est le rapatriement de l'ancienne ville de Shawinigan-Sud dans
le comté de Maskinongé. Il y a des limites naturelles importantes à considérer,
soit l'autoroute 55 et la rivière Saint-Maurice, qui isolent de part et d'autre. Il n'y a et n'y aura aucun, mais aucun
sentiment d'appartenance possible. Il en est de même pour certains
arrondissements montréalais. Le
sentiment d'appartenance d'un individu à une collectivité se développe avec la
capacité qu'il a d'exprimer ses besoins, ses attentes et le sentiment d'être
reconnu dans ce qu'il peut apporter à la collectivité. Le sentiment
d'appartenance s'inscrit dans les
logiques sociale et culturelle, il se construit avec le temps par des symboles,
des émotions. C'est une question d'identité transmise culturellement et
historiquement. Une région a son histoire, son vécu, sa communauté d'intérêts. Elle a son désir de vouloir se
développer, se reconnaître et grandir. Une sous-région, une localité ont ces
mêmes besoins.
Finalement, j'ai quelques questionnements,
observations ou commentaires.
Premièrement,
selon la nouvelle proposition de la commission, le statut de circonscription
d'exception serait élargi à six circonscriptions, en plus des
Îles-de-la-Madeleine, bien sûr, qui est reconnue implicitement par la loi. Par
ailleurs, 11 circonscriptions sont, selon le
rapport préliminaire, en situation d'exception, et 15, en situation critique.
Sur quoi sont basés les choix en ce
qui concerne les circonscriptions d'exception? Par exemple, qu'en est-il du
comté de Laviolette, qui touche à 13
autres comtés au Québec, un comté d'étendue de 35 328 kilomètres carrés
avec, par exemple, plusieurs communautés d'intérêts, différents pôles de
développement et des enjeux territoriaux très différents?
Ma
deuxième question : Pourquoi établir une nouvelle circonscription, soit
Les Plaines, dans les Laurentides-Lanaudière, constituée de 38 000 électeurs, ayant déjà un écart critique de
moins 20 % par rapport au ratio provincial dès le départ?
Troisièmement,
pourquoi diminuer le poids démocratique de la Mauricie en passant de 1,1 à 0,9
sans prendre en considération les
intérêts économiques et géographiques mis en péril par ce changement en
devenant la deuxième plus faible
représentativité du Québec? Pourquoi la Mauricie? Donc, vous comprendrez que
j'ai la Mauricie à coeur et que vous entendrez mon argumentaire. Sur ce,
merci. Et peut-être la possibilité de répondre à mes trois interrogations.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci à vous, M. le député de
Champlain. Des réactions, des commentaires? M. Reid.
M. Reid (Pierre) : Le constat qui a été fait dans la région de la Mauricie, malgré
l'augmentation de la population, les
projections démographiques, c'est que le pourcentage d'augmentation demeure
passablement en dessous de la moyenne provinciale.
Donc, le fait qu'une population augmente en région mais que la population
moyenne au Québec augmente, c'est là qu'on a le mandat, en tant que
commission, d'assurer un partage équitable des électeurs.
Dans
le cas de la Mauricie, quand même, on constate que Saint-Maurice et Laviolette
étaient en situation d'exception, donc
c'est pour ça que le réaménagement qui a été fait, là, dans le rapport
préliminaire a tenté d'équilibrer la
situation, mais nous vous entendons. C'est sûr que les commentaires que vous
faites et que nous aurons l'occasion de relire, là, par le verbatim de la Commission de l'Assemblée vont nous
permettre, là, de réfléchir à nouveau sur la situation et de regarder les possibilités qui pourraient
nous amener à améliorer ou à revoir
les choses, mais vous comprendrez qu'on se doit d'assurer une représentation
effective des électeurs. Et c'est sûr qu'à l'égard d'une circonscription, si on
touche à une circonscription, on y
apporte une modification, c'est un peu l'effet domino aussi, parce que, là, il
faut regarder qu'est-ce qui se passe
sur les autres circonscriptions, et c'est là la difficulté. C'est toute
l'évolution démographique du Québec. Les gens se déplacent, et c'est ce qu'on essaie de... Quand on établit la
proposition, c'est sûr qu'on regarde les projections jusqu'en 2020 et c'est ce qui nous amène... Tantôt,
quand on parlait de Laurentides-Lanaudière, on sait que la... si je prends
la circonscription de Rousseau, qui est
présentement à 65 000, mais, dans cette région, les projections nous
indiquent que ça va continuer d'augmenter au-delà de la moyenne provinciale.
Donc,
c'est tout un exercice, là, d'équilibre auquel on fait face et avec le même
objectif, d'avoir une carte qui soit la plus juste et la plus équitable
pour l'ensemble des électrices et électeurs du Québec.
Le Président (M.
Ouimet) : M. le député de...
M. Auger :
Je peux encore...
Le Président (M.
Ouimet) : Mais oui, bien sûr.
M.
Auger : Oui, effectivement, je suis très, très à l'aise et très
sensible avec la notion d'équilibre, mais est-ce que la Mauricie peut se comparer de la même manière avec
d'autres régions du Québec? Est-ce qu'il y a d'autres comparables à la
Mauricie qui, eux, ne sont pas touchés de la même manière que la Mauricie, avec
une perte d'un comté?
M. Courville
(Serge) : M. le Président...
Le Président (M.
Ouimet) : Oui. Alors, M. Courville.
M.
Courville (Serge) : ...j'aimerais peut-être attirer l'attention du
député sur la façon... Au fond, quand on parle d'exception, ou quand on parle de suppression, ou quand on parle
d'ajout, c'est toujours une résultante du principe de représentation effective, ce n'est pas arbitraire.
C'est une interaction entre les différents critères qui interviennent, non
seulement une interaction à l'intérieur d'une région, mais de cette
région avec le reste du Québec.
Alors,
je prends l'exemple que vous avez soulevé. Bien, moi, quand je regarde
l'évolution de la population électorale entre les deux cartes, bien, dans un
cas, c'est 13,7 %, Laurentides-Lanaudière, et, dans l'autre cas, c'est
3,3 %. Donc, le déséquilibre, il
est là en partant. Je suis obligé de comparer avec le reste de la province mais
aussi à l'intérieur de la région. Donc, c'est une résultante de la
représentation effective.
M. Auger : Bien, je ne
veux pas me comparer avec le plus, je veux me comparer avec le comparable. La
Mauricie se compare avec d'autres
régions du Québec qui, elles, ne sont pas significativement touchées de la même
manière que la Mauricie. J'ai fait le
constat, tout à l'heure, de moins 11 %. On est vraiment à l'intérieur des
seuils. On serait à 10 %, donc dans
le plus, dans le positif, encore là, à l'intérieur largement des seuils de plus
ou moins 20 %. J'ai beaucoup de difficultés à concevoir... et, sincèrement, là, c'est... vous
avez présenté tout à l'heure votre argumentaire, là, et, pour un impact majeur
du retrait de la Mauricie, là, l'argumentaire de vos pages 10 et 11, là, par
rapport à l'impact, je trouve que c'est léger.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci pour le commentaire, M. le député de
Champlain. Je ne sais pas s'il y a des...
Aucune réaction? Ça va? Alors, est-ce qu'il y a d'autres collègues qui veulent
intervenir sur la région de la Mauricie? La réponse étant non, ça
termine ce bloc.
Nous
allons maintenant passer à la région de Chaudière-Appalaches. Et je constate
que M. le député de Beauce-Sud est
parmi nous. Alors, M. le député, bienvenue, et je vous cède la parole. Vous
disposez d'un temps de parole de 20 minutes.
Commission de la représentation électorale du
Québec (CRE), Chaudière-Appalaches
M. Busque :
Merci, M. le Président. Alors, mesdames et messieurs de la Commission de la
représentation électorale, bonjour. Alors,
merci de me donner l'opportunité d'être la voix des citoyennes et des citoyens
de Beauce-Sud en Chaudière-Appalaches.
Toute
personne a droit à une représentation équitable, c'est-à-dire qui respecte le
droit à la représentation effective. Personne
ou une circonscription ne doit, en dedans de certains critères, avoir plus de
poids qu'une autre, et c'est pour cette raison que cette commission
siège afin d'assurer à tous les citoyens une représentation équitable.
À
mesure que la population des circonscriptions augmente ou diminue, les limites
de celles-ci doivent être revues. Dans la proposition de délimitation de la
carte électorale, aucune modification n'est proposée pour la région
Chaudière-Appalaches, région à
laquelle ma circonscription appartient. Beauce-Sud est présentement à moins
0,1 %, et la circonscription proposée sera identique à la circonscription actuelle. Il n'y a également aucune
des quatre circonscriptions limitrophes, soit Bellechasse, Beauce-Nord,
Lotbinière-Frontenac et Mégantic, pour lesquelles des changements sont
proposés.
• (15 h 20) •
Beauce-Sud
est constituée de 24 municipalités réparties
dans quatre MRC. Cette situation n'est certainement pas unique
à ma circonscription, et cela met en évidence le fait que
l'appartenance à un comté n'est pas liée aux territoires des MRC. Dans ma circonscription, huit municipalités font partie de MRC dont les territoires sont majoritairement
dans d'autres comtés. C'est le cas de
Saint-Ludger, Courcelles et de Saint-Robert-de-Bellarmin, qui font partie de la
MRC du Granit, de Sainte-Clotilde, qui est dans la MRC des Appalaches,
et de quatre autres municipalités qui sont dans la MRC des Etchemins. Les 16 autres sont dans la MRC de
Beauce-Sartigan. Ces municipalités ont toutes un fort attachement pour le
caractère beauceron de leur circonscription.
En
2012, lors du dépôt du rapport préliminaire de redécoupage de la carte
électorale fédérale, aucun changement pour les municipalités de
Saint-Ludger et de Saint-Robert-de-Bellarmin n'avait été proposé. En
conséquence, aucune représentation n'avait
été faite à la commission. Cependant, le rapport déposé après les audiences
déplaçait Saint-Ludger et Saint-Robert-de-Bellarmin dans une autre
circonscription sans que les citoyens aient eu la possibilité de se faire entendre. Je suis ici aujourd'hui afin d'être la
voix des électeurs de ces municipalités, qui, bien que non touchées
présentement, pourraient l'être dans
le redécoupage final. Traditionnellement, ces municipalités ont leurs affinités
avec Beauce-Sud, où elles reçoivent la plupart de leurs services, dont
ceux en éducation et en santé.
En
2015, Saint-Robert-de-Bellarmin a reçu l'appui de la MRC du Granit afin de
demeurer dans la circonscription électorale
de Beauce-Sud. Je vous rappelle également qu'en février 2010 des
représentations avaient été faites à la Commission des institutions par
les municipalités de Saint-Ludger et de Courcelles afin que leur appartenance à
Beauce-Sud soit maintenue. Cette
appartenance à Beauce-Sud est supportée par 95 % des citoyens de
Saint-Ludger, qui avaient eu la possibilité de s'exprimer sur le choix
du comté auquel ils désiraient appartenir.
Établir
des limites du comté de la carte électorale en faisant fi des enjeux
d'appartenance territoriale, d'affinité naturelle, des habitudes culturelles et de loisirs et des liens d'affaires
pourrait également conduire à une perte d'intérêt des citoyens pour les élections et, par le fait
même, conduire à une démobilisation, alors qu'élection après élection, tant
fédérale que provinciale, des efforts sont
déployés afin d'augmenter le taux de participation. Ne se reconnaissant pas
dans les nouvelles circonscriptions auxquelles les municipalités sont
assignées, les gens ne votent pas.
Toutes les municipalités de Beauce-Sud
s'identifient comme beauceronnes, sont fières de l'être et elles désirent
demeurer dans la circonscription telle qu'elle est définie présentement. C'est
également mon désir, d'autant plus qu'aucuns changements ne sont proposés pour les circonscriptions
limitrophes. Merci beaucoup, messieurs. Merci, madame. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Beauce-Sud,
pour cette intervention. Y a-t-il des questions, des commentaires? Ça
semble aller. Très bien.
Alors,
nous passons maintenant aux échanges concernant la région de la Côte-Nord. Et
je vois que notre collègue député de
René-Lévesque est parmi nous. Je vous souhaite la bienvenue et je vous cède la
parole pour une durée maximale de 20 minutes.
Commission de la représentation électorale du Québec
(CRE), Côte-Nord
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Salutations à Mme la ministre, salutations aussi aux collègues du
gouvernement, ma collègue de Taschereau,
ainsi que de la deuxième opposition. Messieurs madame de la Commission de la représentation électorale,
M. Reid, M. Courville, M. Jean ainsi que Mme Lagacé, merci pour votre travail à
cette commission.
Territoire
d'exception pour la circonscription de René-Lévesque. Vous savez, ce n'est pas
la première fois que nous entendons
parler de ce mot, «exception», pour caractériser notre territoire. Nous avons
un majestueux fleuve et des baies splendides à Portneuf-sur-Mer et à
Longue-Rive. Nous avons, dans notre arrière-pays, le génie québécois qui a construit le complexe hydroélectrique Manicouagan,
qui fait de nous des gens
d'exception. L'étendue de la forêt boréale au nord de par Franquelin, Baie-Comeau, Forestville et Sacré-Coeur fait, encore une fois, de nous des forestiers d'exception. Sans oublier aussi la présence
de baleines à Tadoussac ou de requins du Groenland à Baie-Comeau pour
l'observation reconnue mondialement... font effectivement de nous,
encore une fois, un territoire d'exception.
Nous
sommes hors normes, mais parfois aussi nous le sommes de façon négative. Dans
ma circonscription, c'est aussi
l'endroit avec le plus haut taux d'infractions sexuelles. C'est aussi le plus
haut taux de violence conjugale. Depuis 10 ans, nous avons perdu 2 200 de nos résidents, et près de 1 100
emplois ont été rayés de la carte. Selon le dernier bilan démographique du Québec, la région de la Côte-Nord est
d'ailleurs la plus grande perdante, toutes proportions gardées, des échanges
migratoires avec les autres régions en raison notamment d'une hausse
importante du nombre de sortants ainsi qu'une baisse considérable des entrants. Toujours selon le bilan, en 2036, si la
tendance se maintient, la région pourra compter 3 % de moins qu'en 2011. Nous sommes donc l'une des
quatre régions qui se dirigent vers une décroissance de leur population totale. Voilà quelques aspects socioéconomiques de
mon comté. Mais, dans les faits, la circonscription de René-Lévesque représente 34 197 électeurs sur
52 132 kilomètres carrés, ce qui représente une densité de deux
habitants par trois kilomètres
carrés. Malgré ces chiffres et ces distances, je peux vous confirmer que, chez
nous, on aime autant bien le bon voisinage que quelques bonnes chicanes
de voisins.
Dans
les limites présentes et connues de ma circonscription, pour être disponible et
offrir un espace et un moment pour
rencontrer mes citoyens, j'ai ouvert un bureau à Baie-Comeau, à la ville centre
de la circonscription. À l'est, pour me
rendre jusqu'à Baie-Trinité, les gens doivent faire 89 kilomètres. Plusieurs
résidents travaillent donc à Baie-Comeau, et donc c'est facilitant pour eux de venir me rencontrer. Au nord, dans
le territoire non organisé de la Rivière-aux-Outardes, 300 kilomètres séparent mon bureau des monts
Groulx. Et, je tiens à le spécifier, on ne trouve pas juste des chalets ou
des résidences saisonnières dans le nord du
Québec, mais plusieurs personnes ont établi leurs résidences principales et
vivent, l'hiver comme l'été, dans le nord du
Québec. À l'ouest, pour couvrir les 250 kilomètres pour me rendre à la limite,
j'ai dû ouvrir deux bureaux, donc, un à Forestville, à 100 kilomètres de
Baie-Comeau, et un autre prochainement à Sacré-Coeur, à la limite de ma
circonscription.
Donc,
vous comprendrez que, pour couvrir ma circonscription, c'est 350 kilomètres
d'est en ouest et 300 kilomètres du
nord au sud, et ce, de façon linéaire. Autrement dit, je ne peux boucler la
boucle, je dois revenir sur mes pas et refaire le chemin inverse. Tout comme la collègue de Chauveau tout à l'heure,
j'aurais effectivement besoin de plus d'argent pour faire un travail
plus adéquat, parce qu'au-delà du fait d'ouvrir des locaux je dois aussi
déplacer mon personnel politique. Alors,
j'espère avoir, un jour, les représentations nécessaires et l'ouverture du
Bureau de l'Assemblée nationale pour obtenir les sommes supplémentaires
afin de munir mes bureaux de personnes permanentes.
Lorsqu'on regarde le
travail qui a été fait par les gens de la commission, c'est sûr que ma
circonscription est à moins 30 % de la
moyenne provinciale, mais, si on veut l'agrandir, on doit toucher à la circonscription
de Duplessis et, si on fait ça, on
fait juste basculer le problème de la représentation négative dans celle de
Duplessis. Si on veut ragrandir vers
l'ouest, donc vers Charlevoix ou Saguenay, vous serez d'accord avec moi que les
communautés naturelles ne peuvent s'appliquer, considérant la rivière
Saguenay mais considérant aussi tout le territoire couvert par Charlevoix.
Donc, pour nous, la communauté naturelle,
elle est présentement statuée à l'intérieur des limites de la circonscription
de René-Lévesque.
• (15 h 30) •
Mon
territoire est à caractère d'exception, M. le Président, les gens de la
commission, mais je serai heureux, un jour, pour venir vous voir et vous demander de faire enlever ce caractère
d'exception. J'espère que les engagements gouvernementaux ainsi que toutes les promesses de développement
économique, que ce soient celles du Plan Nord
ou de la Stratégie maritime, pourront un jour porter leurs fruits et permettre à ma population
de gagner leur vie, mais surtout permettre à ceux et celles qui veulent venir s'établir en Côte-Nord, mais
spécialement dans la région de René-Lévesque, d'obtenir travail pour venir grossir ma circonscription. J'en serais
le plus fier, de vous demander de lever ce statut d'exception, mais je suis
tenté de vous dire aujourd'hui qu'il est nécessaire et plus que
démocratique de le maintenir et de le considérer.
Je
tiens à souligner le travail de la Commission sur la représentation, parce qu'on parle beaucoup d'occupation dynamique du territoire, et, pour une occupation dynamique du territoire,
ça prend effectivement des lieux et des gens qui s'y occupent et qui l'habitent. Alors, j'appuie la
carte électorale, mais j'appuie aussi surtout la région des Laurentides-Lanaudière, qui est un grand territoire
un peu comme le mien, mais qui fait face à une augmentation de population
et qui a plus de gens pour l'habiter.
Alors, pour moi, cette occupation dynamique du territoire est un bel
équilibre avec ce que vous proposez.
Alors, je suis plus que d'avis que les représentations qui ont été faites mais
surtout les recommandations que
vous en faites sont les choses les plus justes et les plus équitables qu'il
nous est donné à être évaluées aujourd'hui
pour la représentation électorale.
Alors,
sur ce, je termine et je suis prêt à répondre à vos questions
concernant ma circonscription. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Côte-Nord, pour ces... ou M.
le député, plutôt, de René-Lévesque,
pour ces interventions. Y a-t-il des questions, des commentaires? M. Jean, à
vous la parole.
M.
Jean (Bruno) : Oui. Je voulais rappeler, là, la notion de circonscription
d'exception, qui a été évoquée à quelques reprises cet après-midi. Dans certains cas,
d'ailleurs, la loi, les textes nous rappellent qu'on peut
aussi tenir compte de la géographie.
Dans certains cas, il y a exception, parce que, par exemple, dans le nord-ouest du Québec, on ne peut pas annexer l'Ontario pour balancer le nombre d'électeurs, parce que,
si on met... Il reste deux comtés. Si on les met ensemble, bien là ils sont d'exception positive. C'est la
même chose en Gaspésie, dans la pointe de la Gaspésie. Donc, on est rendus
aux limites des capacités de... et c'est un peu la même chose que vous avez
expliquée pour la Côte-Nord.
Donc,
autrement dit, la commission, quand elle utilise ce recours-là, c'est vraiment
une exception, c'est dans les situations assez limites, dans le fond, et, grâce à
notre personnel... Puis moi, je ne suis pas là depuis des siècles dans cette
commission, mais depuis un certain nombre d'années, mais j'ai regardé l'histoire
de la commission puis de cette situation des comtés
d'exception, et le summum qu'on a atteint, c'était en 1998, où, si j'ai bien compris, il y avait 10 circonscriptions en
exception positive et neuf en négative. La commission, aujourd'hui, donc 15 ans après, ramènerait dans la proposition à zéro positive et
les sept négatives. Donc, comme commission, même si moi, je n'étais pas là à ce moment-là... je pense que les
commissaires qui étaient là et la commission ont joué de prudence avec la
notion d'exception. Moi, c'est ma compréhension. Et les exceptions qui sont là,
très souvent, sont des réalités géographiques incontournables.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci. D'autres questions,
commentaires? Sinon, chers collègues — nos travaux
se sont déroulés rondement — il nous reste à entendre la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne,
qui parlerait au nom de
l'Île-de-Montréal, si j'ai bien compris. Malheureusement — elle est en route — elle n'est pas arrivée à l'Assemblée nationale
encore. Elle était censée être entendue vers les 16 h 20. Il est
15 h 35. On me dit qu'elle va arriver vers les 16 heures. Alors, je vous propose une
suspension de nos travaux jusqu'à 16 heures pour permettre à la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne
de se faire entendre par cette commission électorale.
Donc, les travaux
sont suspendus jusqu'à 16 heures.
(Suspension de la séance à
15 h 34)
(Reprise à 16 h 7)
Le Président (M. Ouimet) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'Assemblée nationale reprend
ses travaux.
Au moment de la
suspension, nous nous apprêtions à aborder la région de l'Île-de-Montréal.
Et
je vois que la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne et ministre est parmi nous. Alors, Mme
la députée ministre, je vous cède la
parole pour votre présentation. Vous disposez d'un temps de parole de 20
minutes, ce qui inclut les réponses des représentants de la Commission
de la représentation électorale. Alors, à vous la parole.
Commission de la
représentation électorale
du Québec (CRE), Île-de-Montréal
Mme
Anglade : Parfait. Bien, merci, M. le Président, puis je salue tous
les membres de la commission et mes collègues de l'Assemblée nationale
qui sont ici présents.
Alors,
aujourd'hui, je viens spécifiquement parler de la refonte de la carte
électorale dans le comté de Saint-Henri—Sainte-Anne, et le rapport préliminaire qui a été
déposé en mars 2015 propose que la circonscription de Saint-Henri—Sainte-Anne, en fait, soit modifiée selon deux limites importantes, puis, je pense,
c'est important de le mentionner dès le départ, parce qu'il y a une limite en particulier sur laquelle
j'aimerais insister. Une de ces limites, à l'est, c'est l'autoroute
Bonaventure, et l'autre de ces
limites, c'est au nord de la rue Notre-Dame, entre l'autoroute Bonaventure et
Guy, et ensuite Saint-Antoine nord vers
l'ouest. Et l'idée là-dedans, c'est qu'il y a une partie de cette
circonscription-là qui passerait du côté de Westmount—Saint-Louis.
Je
pense qu'il est important dans le contexte que l'on refasse une perspective un
peu historique de ce quartier-là, parce que le quartier dont il s'agit,
c'est vraiment le quartier de la Petite-Bourgogne et de Griffintown.
Je
vous dis d'entrée de jeu que, dans la proposition qui est soumise par les commissaires,
je n'ai pas vraiment d'enjeu avec la
proposition de l'est de Bonaventure. Pourquoi? Parce que c'est une limite qui
est naturelle. C'est une limite qui peut
bien s'expliquer et qui ne fait pas en sorte que la population soit subdivisée
à l'intérieur même de son territoire. Cela dit, Griffintown et la
Petite-Bourgogne, à l'ouest de Bonaventure et au sud de l'autoroute Ville-Marie, ça, c'est un
endroit qui est particulièrement important, parce que ça représente une seule et même entité, puis les
raisons historiques que je vais évoquer vont l'expliquer.
• (16 h 10) •
À
partir de 1908, le quartier de la Petite-Bourgogne est un quartier qui vit des difficultés
importantes, c'est un quartier qui
est enclavé. C'est le premier quartier noir, en fait, de Montréal,
et, à un moment donné, il représentait 40 % de la population noire
de la ville de Montréal. Et la
Petite-Bourgogne a acquis ce caractère particulier là à travers les années, et
le Griffintown aussi a acquis ce caractère-là particulier.
Dans les
années 50 et 60, ce qui s'est produit, c'est qu'on a voulu s'assurer que la
communauté qui faisait partie de la
Petite-Bourgogne ne soit pas marginalisée, ne soit pas ostracisée, qu'il y ait
une meilleure redistribution de la richesse, qu'il y ait une meilleure
mixité sociale, en fait, pour le quartier de la Petite-Bourgogne, et la manière
de le faire, ça a été de vraiment intégrer le
Griffintown avec la Petite-Bourgogne. Alors, à partir des années 50 et des
années 60, on voit qu'il y a vraiment
cette mixité sociale qui commence à évoluer et qui fait en sorte qu'il y ait
une meilleure redistribution de la richesse. Il y a des changements qui
se sont perpétués, donc, dans les dernières années, jusqu'à ce qu'aujourd'hui
on considère que le tout, Griffintown et Petite-Bourgogne, fasse une seule et même
entité.
La Loi électorale
précise à l'article 15, comme vous le savez, que les circonscriptions doivent
représenter des communautés naturelles en se fondant sur des critères qui sont
d'ordre démographique, d'ordre géographique, sociologique, l'accessibilité et
les frontières naturelles. Et aujourd'hui, lorsqu'on regarde la frontière
naturelle de la Petite-Bourgogne et du quartier de Griffintown, on constate
qu'il y a toute une logique à ce que la partie au sud de l'autoroute
Ville-Marie demeure intacte.
Alors,
la raison pour laquelle je questionne les limites proposées à l'ouest de
l'autoroute Bonaventure, c'est, d'abord et avant tout, une question, d'abord, des familles. Les écoles... il y
en a une, en fait. Il y a une école primaire pour tout le quartier, c'est l'école De La Petite-Bourgogne
qui est là. Ensuite, quand on parle d'écoles secondaires, il y a deux écoles
secondaires auxquelles vont les enfants qui finissent leur primaire de l'école
De La Petite-Bourgogne : il y a l'école Honoré-Mercier
et puis il y a l'école Saint-Henri, donc, Honoré-Mercier dans Ville-Émard et
Saint-Henri, évidemment, dans le
quartier Saint-Henri. Tout ça, Saint-Henri, Honoré-Mercier, la
Petite-Bourgogne, fait partie du seul et même comté. Donc, encore une
fois, ça démontre bien la dynamique qui a été créée à l'intérieur de cette
circonscription-ci.
Autre
élément important par rapport au tissu social de ce comté-là. Le Centre sportif
de la Petite-Bourgogne, le CHSLD des
Seigneurs, le CEDA, qui est un centre communautaire, le jardin communautaire
George-Étienne-Cartier, tout ça, ce
sont des organismes publics qui oeuvrent et rendent des services quotidiens aux
gens du secteur, et donc, enlever ça,
on brise, en fait, tout le travail qui a été fait pendant des années pour nous
assurer qu'il y ait vraiment une belle dynamique.
Et je parlais, en fait, du Jardin communautaire Georges-Vanier lorsque je
parlais d'un des organismes du comté.
L'autre
élément que j'aimerais attirer votre attention, c'est l'École de technologie supérieure. L'École de technologie
supérieure fait partie du comté de Saint-Henri—Sainte-Anne et forme des ingénieurs et des chercheurs qui représentent 25 %
de toute la population étudiante au baccalauréat en génie au Québec et, au
Canada, se situe parmi les cinq plus grandes écoles de génie à travers
le pays. Et, dans les limites que l'on propose, on va, en fait, séparer l'École
de technologie supérieure. On va séparer
l'École de technologie supérieure de sorte que des bureaux administratifs se
retrouveraient dans Westmount—Saint-Louis, des bureaux où il y aurait également
des résidences pour les étudiants se retrouveraient dans Westmount—Saint-Louis, mais l'autre juste en face de la rue
se retrouverait dans le comté de Saint-Henri—Sainte-Anne. Encore une fois, ça montre qu'il n'y a pas énormément de logique à créer
cette dissension-là, surtout pour une seule et même université qui se
retrouverait alors dans deux comtés.
L'autre
volet, puis là c'est évidemment la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne mais également la ministre de l'Innovation qui parle, le Quartier de
l'innovation. Ça prend du temps, bâtir un quartier de l'innovation. Ça prend
beaucoup d'énergie, ça prend beaucoup
de personnes qui décident de mettre la main à la pâte. C'est vrai que l'ETS y a
contribué, mais l'ensemble du
quartier y a contribué. Or, la proposition qui est faite au sud de Bonaventure
vient couper le Quartier de
l'innovation en deux, et là on se retrouve avec un quartier de l'innovation qui n'a pas grand-chose à voir avec Westmount—Saint-Louis au nord puis qui, en fait, n'est pas en phase avec le reste de la circonscription. Donc, l'innovation étant au
coeur de notre développement
économique, l'innovation étant au
coeur de ce que nous devons faire quand on parle de manufacturiers, d'exportation, d'entrepreneuriat, il m'apparaît
clair que cette notion de Quartier de l'innovation est importante.
Donc,
pour l'ensemble de ces raisons, en fait, lorsqu'on regarde ce
qu'est le Quartier de l'innovation, les centres communautaires, l'ETS,
toutes ces initiatives-là depuis des décennies ont vraiment permis à la
communauté de la Petite-Bourgogne puis de
Griffintown de ne former qu'un tout puis de nous assurer de cette mixité
sociale, qui est tellement importante pour une ville comme Montréal,
et c'est dans cette optique-là, en fait, que je propose qu'on ne change pas les
limites au nord du comté et qu'à l'est, par contre...
Vous verrez que l'argumentaire ne tient pas la route à l'est, parce qu'à l'est, effectivement, passé l'autoroute Bonaventure, il y a moins de
logique, et, que ça aille dans le comté de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
on pense qu'il n'y a pas d'enjeu à ce moment-là.
Donc,
voilà, ça termine ce que je voulais présenter, puis je suis disposée à répondre
à des questions s'il y en a.
Le Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne
et, par ailleurs, ministre. Y a-t-il
des questions, des commentaires de la part des membres de la Commission de la
représentation électorale?
M. Reid (Pierre) : Peut-être juste pour remercier les commentaires, les informations qui
nous ont été donnés. C'est le genre
d'informations qui nous sont très utiles, je vous dirais, cette information
fine qui nous aide encore mieux... et
c'est pour ça qu'il y a des auditions, d'avoir ces informations-là pour essayer
de répondre le plus adéquatement possible à la communauté naturelle
d'une circonscription.
Mme Anglade :
Parfait.
Le Président (M.
Ouimet) : Très bien. Oui, Mme la députée.
Mme
Anglade : Bien, tout simplement pour vous dire que... Non, mais,
encore une fois, toutes les initiatives qui ont vu le jour, même dans
les cinq dernières années, dans les 10 dernières années, c'est, encore une
fois, toute cette communauté-là
qui se prend en main, et puis on ne voit pas dans quelle mesure la diviser
répondrait aux besoins de la communauté. Voilà.
Mais merci de
votre écoute infiniment, à tous les membres de la commission et à mes collègues
de l'Assemblée.
Le Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci à vous, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Document déposé
Avant
d'ajourner nos travaux, je vais déposer une lettre que nous avons reçue de la
part de Me Jean Masson, et cette lettre est adressée aux membres de la
commission. Donc, le document est officiellement déposé. Et voilà.
J'ajourne les
travaux jusqu'à demain, 9 h 30, où la commission se réunira afin de
poursuivre ce mandat. Merci. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 16 h 17)