Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Etude du projet de loi no 200 Loi modifiant la charte
de la ville de Montréal
(Dix heures vingt-quatre)
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires municipales et de l'environnement
poursuit, ce matin, l'examen du projet de loi no 200, Loi modifiant la charte
de la ville de Montréal. Les membres de cette commission sont M. Alfred
(Papineau), M. Beauséjour (Iberville), M. Brassard (Lac-Saint-Jean)
remplacé par M. Paquette (Rosemont), M. Caron (Verdun), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dubois (Huntingdon),
M. Dussault (Châteauguay), M. Gold-bloom (D'Arcy McGee), M. Lavigne
(Beauharnois) remplacé par M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Léger
(Lafontaine), M. Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par M.
Lefebvre (Viau), Mme Ouellette (Hull) remplacée par M. Laberge
(Jeanne-Mance), M. Saindon (Argenteuil), M. Tardif (Crémazie), M.
Vaugeois (Trois-Rivières) et M. Verreault (Shefford).
Avant que nous ne reprenions l'examen des articles nous en
étions d'ailleurs à l'article 169 j'ai deux communications
à vous faire. La première, nous avons reçu un
télégramme de l'Association des travailleurs grecs qui se lit
comme suit: "Commission parlementaire sur la charte de Montréal,
Parlement du Québec, Québec. L'Association des travailleurs grecs
de Montréal dénonce les amendements aux articles 521 et 1150b,
proposés par la ville de Montréal et qui constituent un danger
direct à nos droits humains fondamentaux et nos libertés
démocratiques. Nous demandons à la commission parlementaire sur
la charte de Montréal de rejeter les amendements".
Or, dans le cas de l'article 521, il s'agissait, je pense, du paragraphe
b) qui, de toute façon, a été retiré. Nous ne
sommes pas encore arrivés à l'article 1150b, mais je pense qu'il
y aura sans doute une proposition du même ordre qui sera faite à
ce moment, s'il n'y a pas déjà un papillon d'inscrit à cet
effet.
M. Péloquin (Jean): C'est cela, M. le Président, il
faudrait savoir quand le télégramme a été
préparé, sur quel texte on s'est basé pour formuler les
objections parce que le texte qui sera présenté à la
commission est sensiblement différent du premier texte qui était
au projet de loi.
Le Président (M. Bertrand): Exactement.
Deuxièmement, j'ai reçu une lettre de M. Fernand Desjardins qui
est conseiller municipal à la ville de Montréal et, à la
suite de l'exposé qu'avait fait hier M. Perron, M. Desjardins
s'était senti, et pour cause, visé par le témoignage,
l'intervention de M. Perron. M. Desjardins m'a communiqué une lettre
dans laquelle il tente de rétablir les faits et je pense que la
commission donnerait son accord si M. Desjardins pouvait, pour le journal des
Débats, nous lire cette lettre qui n'a que deux pages et demie, de sorte
que ses droits puissent être protégés par la commission
parlementaire, étant donné qu'il y a déjà des
écrits au journal des Débats qu'il pourrait certainement tenter
de rectifier ici, devant nous.
Des Voix: Consentement, M. le Président.
M. Desjardins (Fernand): Lors de la réunion de la
commission parlementaire tenue hier, mercredi le 9 novembre, pour
étudier la charte de la ville de Montréal, un Monsieur Raynald
Perron, de Montréal, a fait des affirmations qui commandent une
négation formelle de ma part.
Comme ce monsieur a parlé en mon absence, je vous saurais
gré, M. le Président, de bien vouloir me permettre de
rétablir les faits.
Quelque temps après mon élection comme membre du
comité exécutif de la ville de Montréal, Mme Mariette
Lapierre, conseiller municipal de Rivière-des-Prairies, m'a
téléphoné à l'hôtel de ville pour me demander
d'examiner le cas d'un propriétaire de son district, en l'occurrence, M.
Perron, dont le terrain lui appartenant sur le boulevard Gouin avait
été homologué par la ville, ce qui lui portait
préjudice, à son dire.
M. Perron a communiqué avec moi et est venu à mon bureau
à l'hôtel de ville avec sa famille pour me montrer les plans de
l'emplacement de son terrain et m'inviter à soumettre son cas à
l'exécutif.
A sa demande, je suis allé visiter avec lui son terrain, à
Rivière-des-Prairies. Je l'ai invité à se mettre en
communication avec M. Claude La-londe, conseiller technique du service de
l'urbanisme dont les services avaient été prêtés au
secrétariat administratif et particulièrement affecté aux
problèmes des citoyens de Rivière-des-Prairies.
M. Lalonde a pris charge de ce cas. Chaque fois que M. Perron a
communiqué avec moi par la suite, je lui ai dit de continuer ses
démarches auprès de M. Lalonde. Quelque temps plus tard, M.
Perron communiquait à nouveau avec moi, cette fois, pour m'informer
qu'une coupe pratiquée par le service de la voie publique en face de sa
demeure, boulevard de l'Assomption, avait été mal
réparée et, en conséquence, les véhicules lourds
qui circulent sur cette rue endommageaient sa maison en causant des
lézardes dans les murs et des dommages au talus du terrain.
Fidèle à une habitude que j'ai gardée d'aller
constater sur place les difficultés ou les dégâts, dont se
plaignent mes électeurs, je me suis rendu en face du domicile de M.
Perron pour voir l'état de la chaussée. Mon épouse
m'accompagnait en vue d'autres courses que nous avions à faire.
M. Perron était dehors. Je suis descendu de voiture et mon
épouse est restée à l'intérieur de l'auto. M.
Perron m'a fait constater les dommages
causés au talus de son terrain et il m'a fait part des
dégâts que subissaient les murs du selon de la maison. Il a alors
invité mon épouse à venir constater de visu ces dommages.
Nous avons pénétré dans le salon seule pièce
de la maison que nous avons vue et je lui ai promis d'attirer
l'attention du service de la Voie publique sur cette situation.
Il n'a pas été question entre nous d'acheter la
propriété de M. Perron. Depuis bientôt 27 ans, je suis
propriétaire d'une maison unifamiliale à 5753, rue Viau, à
Cité Jardin. C'est le seul immeuble que je possède. J'y ai
élevé ma famille et il n'est pas, pour les miens et pour moi,
dans nos préoccupations et nos projets de déménager.
A la suite de l'incident dont il est fait mention ci-haut, chaque fois
que M. Perron a voulu communiquer avec moi, j'ai demandé à ma
secrétaire de le référer aux responsables des
différents services auxquels ses demandes pouvaient s'adresser.
Je regrette, M. le Président, d'avoir eu à requérir
aujourd'hui un temps précieux de cette commission et je vous remercie
d'avoir compris l'obligation dans laquelle je me trouvais de rétablir
les faits.
Il y a des circonstances dans la vie où l'homme public doit payer
chèrement et cruellement la liberté d'expression que l'on accorde
et reconnaît à certains types de citoyens.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. Desjardins.
Me Péloquin.
M. Péloquin: M. le Président, au sujet de ce
même incident, est-ce qu'il me serait permis de vous demander de faire
retrancher du journal des Débats, ou de trouver tout autre moyen
approprié pour donner justice à tout le monde, certaines
déclarations qui ont été faites par moi-même
relativement à la pétition, à la déclaration qui a
été distribuée par M. Perron et dont une partie du texte
contenait des propos calomnieux. Malheureusement, lorsque j'ai mentionné
cette déclaration, je n'avais pas à l'idée que mes propos
étaient enregistrés au journal des Débats.
J'ai ainsi permis que ces propos soient reproduits au journal des
Débats, alors qu'il n'y a pas de moyen pour les personnes visées
de faire une preuve ou une déclaration à leur encontre, si ce
n'est de les nier de façon générale en déclarant
qu'ils sont mal fondés, qu'ils sont non avenus. J'aimerais simplement le
souligner, faire un parallèle avec ce qui se produit devant les
tribunaux. L'article 168 du Code de procédure civile dit que le
défendeur peut demander la radiation d'allégations non
pertinentes, superflues ou calomnieuses qui sont contenues dans une
déclaration qui est déposée devant la cour et cela
s'applique à toutes les autres pièces de procédure.
Je pense que ce serait simplement respecter les règles
élémentaires de la justice que de permettre que de tels propos ne
soient pas enregistrés au journal des Débats, parce que les
parties qui sont visées ne sont pas ce matin en mesure de se
défendre en apportant des faits précis à rencontre de ces
déclarations.
Le Président (M. Bertrand): Me Péloquin, je vous
remercie de nous faire part de cette demande, je peux vous assurer que, sans
pouvoir prendre de décision à ce moment-ci sur la question, j'en
référerai dès ce matin au président de
l'Assemblée nationale, lui demandant de statuer dans ce cas et je peux
vous assurer qu'une réponse vous sera donnée le plus rapidement
possible.
M. Péloquin: Je vous remercie, M. le Président.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... à cet égard, j'aimerais demander
un éclaircissement, est-ce que Me Péloquin veut dire qu'il s'est
exprimé en croyant que son micro était fermé?
M. Péloquin: Non. C'est que, quand je me suis
exprimé, M. le député de D'Arcy McGee, je n'avais
simplement pas à l'esprit que tout ce qui est dit ici est
enregistré. Il arrive souvent, devant les tribunaux, que des
déclarations sont faites en présence de sténographes, mais
le procureur ou le juge dit souvent aux sténographes: Ne prenez pas
ça, cela ne fait pas partie des débats, ainsi de suite. C'est
tout de même assez facile, non pas de faire retrancher une partie de la
preuve devant les tribunaux, mais de faire retrancher certains commentaires qui
peuvent être faits par une partie ou même par le tribunal et qui ne
sont pas pertinents à la chose qui doit être jugée.
Projet de loi no 200
Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal
Le Président (M. Bertrand): Nous revenons à nos
travaux, à l'article 169.
Me Péloquin, vous pouvez indiquer en quoi le papillon modifie la
loi.
M. Péloquin: Oui, M. le Président. Il y a un
papillon au sujet de cet article par lequel nous avons retranché, d'une
part, après les mots "dans le cas d'une infraction à une
disposition", les mots "d'une loi ou" et nous avons ajouté, d'autre
part, après les mots "d'un règlement", les mots "de la ville",
afin de préciser, dans ce dernier cas, qu'il s'agit d'un
règlement de la ville. Dans le premier cas, la référence
aux lois que nous visions est maintenant contenue à l'article 1140b de
la charte qui se trouve à être l'article 171 du projet, où
nous disons, de façon précise, que c'est la Loi des transports,
plus particulièrement le règlement provin-
cial sur le taxi, qui est visée. Le tout, pour permettre qu'une
seule et même procédure soit suivie pour la poursuite
d'infractions à la circulation ou à l'usage d'un véhicule
automobile, que ce soit un taxi. Autrefois, les taxis étaient
réglementés par un règlement de la ville et il n'y avait
pas de difficulté. Depuis quelques années, il y a un
règlement provincial qui réglemente les taxis, mais c'est encore
l'autorité locale qui voit à la poursuite des infractions et
à l'application de ce règlement.
La procédure que nous devons suivre actuellement relativement au
bruit des véhicules, relativement aux infractions de stationnement qui
sont prévues dans les règlements de zonage ou dans le Code du
logement, mais qui ne sont pas prévues dans le règlement de
circulation comme tel est beaucoup plus lourde que la procédure qui est
suivie dans le cas d'infractions de circulation qui est la remise d'un billet
de contravention ou d'un billet d'assignation.
Dans les autres cas, si nous n'avons pas la modification que nous
demandons, la police ou les autres officiers responsables de l'application de
ces règlements doivent procéder tout au long, par la
procédure habituelle qui est l'émission de sommations. C'est
demandé, tant dans l'intérêt de la ville que dans
l'intérêt des contrevenants qui ont, avec le billet de
contravention, plusieurs possibilités de payer, suivant un paiement
libératoire à différents stades de la procédure,
sans qu'ils n'aient à être obligés de se déplacer
pour comparaître devant le tribunal.
M. Tardif: M. le Président, quant à nous, l'article
169, tel que modifié dans le papillon, est adopté.
Le Président (M. Bertrand): Article 169, adopté.
Article 170?
M. Péloquin: A l'article 170, M. le Président,
c'est une concordance avec la modification qui a été
demandée et qui vient d'être accordée à l'article
précédent. Toutefois, je voudrais souligner qu'il faudrait
retrancher, biffer le dernier alinéa de cet article qui commence par les
mots: "Lorsqu'une assignation est faite par avis public suivant la formule
36..", ceci, en concordance avec la décision de la commission rendue
hier de ne pas accorder le pouvoir prévu à l'article 168 du
projet.
M. Tardif: C'est le dernier alinéa de l'article 170.
Le Président (M. Bertrand): Le dernier paragraphe:
"Lorsqu'une assignation est faite par avis public..."
M. Tardif: M. le Président, adopté.
Le Président (M.Bertrand): Adopté, tel
qu'amendé, Article 171?
M. Péloquin: II y a un texte dans le cahier bleu au sujet
de cet article, auquel j'ai fait référence tout à l'heure
en parlant de l'article 169 du projet. Essentiellement, comme je l'ai dit,
c'est de pouvoir permettre de poursuivre pour une infraction à un
règlement provincial sur le taxi de la même façon que nous
le faisons pour une infraction au Code de la route.
Le Président (M. Bertrand): C'est le deuxième
paragraphe qui est nouveau, Me Péloquin?
M. Péloquin: C'est cela, M. le Président. Le
Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Péloquin: II y a aussi, dans le premier paragraphe,
après les mots "une infraction au Code de la route", les mots suivants
qui ont été ajoutés: "ou à un règlement
provincial sur le taxi".
Le deuxième paragraphe est le même que celui qui
était à l'article 1140b, sauf que, encore là, après
les mots "ledit code" ont été ajoutés "ou la Loi des
transports". Au troisième paragraphe, après les mots "les cas
d'une infraction à une disposition", on a retranché les mots
"d'une loi ou".
M. Tardif: M. le Président, en rapport avec l'article 171,
nous avons deux avis dont un du ministère des Transports, à
savoir que tous les mécanismes d'application de ce règlement sont
déjà prévus à l'intérieur même du
règlement, enfin de la loi qui les régit. Le ministère ne
voit pas pour l'instant, ne croit pas opportun d'introduire dans la charte des
dispositions particulières à l'application de cette
réglementation.
Le deuxième commentaire que nous avons, c'est celui du
ministère de la Justice qui s'oppose à ce que le billet de
contravention soit déposé à un endroit apparent du
véhicule et ne soit pas signifié personnellement au conducteur.
Déjà, le billet d'assignation tient lieu d'avis préalable
et de signification, en quelque sorte. Il semble que le service personnel de
cette assignation, de l'avis du ministère de la Justice, devrait
être continué, et non pas laissé comme cela sur un
véhicule.
M. Allard (Jules): M. le Président, quant au premier
point, je comprends que tous les mécanismes sont prévus dans la
Loi des transports, ainsi que dans le règlement du taxi. Maintenant,
dans le cas d'une ville comme Montréal, à peu près 2500
à 3000 infractions par année sont constatées par la
police.
Dans les mécanismes prévus actuellement, ceci nous oblige,
à la Cour municipale, à établir pour ce genre de
poursuites, un cheminement différent du cheminement régulier pour
le reste des infractions que constate la police. Ces infractions sont
constatées par voie de billets; par la suite, si le contrevenant ne paie
pas immédiatement son amende, il reçoit un avis préalable
qui lui permet encore de faire un paiement libératoire.
Là-dessus, ce serait conforme à cette possibilité de
procéder que nous proposons dans la charte et qui ne serait pas
incompatible avec ce qu'il y a dans la loi actuellement; cela nous permettrait
d'utiliser le sys-
tème d'informatique et de venir greffer à ce
système d'informatique les poursuites relatives aux taxis. Il n'y aurait
pas de préjudice pour le défendeur et cela accommoderait
même le défendeur, à l'heure actuelle à la Cour
municipale. C'est un cas un peu particulier, je ne pense pas que cela viendrait
déroger... Evidemment, dans le système, à la Cour
municipale de Montréal, un défendeur, il faut bien le dire, a
cinq occasions de payer: il peut payer sur réception du billet, sur
l'avis préliminaire, et s'il n'a pas payé sur réception de
l'avis préliminaire, il reçoit une sommation et, jusqu'au moment
fixé pour comparaître à la cour, il a encore la
possibilité de se libérer en effectuant le paiement de son
amende, même après que la sommation est échue, s'il y a
condamnation par défaut, il reçoit un avis de jugement qui lui
permet encore de payer. Finalement, bien sûr, s'il ne paie pas,
après avoir reçu l'avis de jugement, le mandat n'est pas
exécuté avant qu'un autre avis l'informant qu'un mandat
d'emprisonnement a été émis lui ait été
signifié. C'est donc toute une procédure qui fonctionne, je dois
dire, très bien à la Cour municipale et qui serait
avantageusement appliquée dans le cas des infractions aux
règlements sur le taxi, et qu'on emploie déjà pour les
infractions du Code de la route. C'est une loi qui prévoit aussi une
certaine façon de procéder et, depuis 1971 que cela fonctionne,
nous n'avons vraiment éprouvé aucune difficulté dans son
application à la Cour municipale.
M. Tardif: M. le Président, le point de vue du
ministère des Transports, sur cette question, est que, si une
procédure de billet de sommation pour les infractions relatives à
la loi sur le taxi devait être introduite, elle le soit par le biais de
la loi générale et non pas par une procédure d'exception
ou d'amendement à la charte de Montréal exclusivement. A ce
sujet, je veux bien transmettre à mon collègue des Transports les
représentations de la ville de Montréal pour recommander une
analyse plus complète de la part du ministère, encore une fois en
lui demandant s'il croit bon d'apporter ces amendements à la
réglementation ou à la loi générale.
M. Péloquin: Je voudrais simplement ajouter, M. le
ministre, qu'il y a seulement Montréal où il y a vraiment un
système complet, informatisé, de poursuites d'infraction à
la circulation qui comprend différentes étapes de paiement. Aux
autres endroits, on se contente d'envoyer un simple avis par la poste et si le
contrevenant ne paie pas, on réfère le dossier à un
procureur et là, il y a une intervention au niveau judiciaire. Il y a
une sommation envoyée. Le contrevenant doit comparaître à
la cour, ce qui est extrêmement lourd dans une ville comme
Montréal où il y a plus d'un million d'infractions à la
circulation qui sont distribuées chaque année, et simplement au
niveau du taxi, il y a 2500 et 3000 plaintes chaque année.
Il n'y a certainement pas une ville dans la province qui peut avoir des
chiffres comparables. Il n'y aura pas une autre ville, dans la province non
plus, qui pourrait probablement justifier le système informatisé
que nous avons mis sur pied tant dans l'intérêt de la ville que
dans l'intérêt des justiciables et des contrevenants.
M. Tardif: Je veux bien que la ville de Montréal soit, sur
le plan de l'informatique munie d'équipements et de ressources
techniques que ne possèdent pas les autres villes, ce qui
n'empêche pas ces autres villes, de nous faire des représentations
dans le sens précisément de la ville de Montréal, puisque
depuis le début de la présente session, nous n'avons eu pas moins
de treize projets de loi privés venant de diverses municipalités
qui nous ont demandé des pouvoirs similaires sur le plan de
l'émission de billets de circulation tenant lieu d'assignations ou de
sommations. Dans tous les cas, l'attitude du ministère des Transports et
du ministère de la Justice a été de dire: C'est par le
biais de la loi générale que ces amendements seront faits, le cas
échéant, et non pas par le moyen de charte ou de bill
privé. Encore une fois, je ne dis pas que les interventions de la ville
de Montréal ne sont pas fondées, mais que
précisément, si elles ont leur raison d'être, il
conviendrait qu'elles soient examinées dans le contexte de la loi
générale.
A tout le moins, c'est l'avis que mes deux collègues de la
Justice et des Transports m'ont fourni à ce sujet.
Le Président (M. Bertrand): Alors, l'amendement indique
que... Donc, le ministre des Affaires municipales propose le rejet de l'article
171.
M. Péloquin: M. le Président... Le Président (M.
Bertrand): Oui.
M. Péloquin: Si l'article était rejeté
complètement, il y a dans cet article une concordance, à la fin,
avec les articles précédents, qui ont été
adoptés. On pourrait peut-être, pour le moment, le suspendre, de
façon à suggérer un nouveau texte qui ne ferait pas
disparaître cette concordance qui est accordée, mais qui ferait
disparaître, par ailleurs, les additions qui ne sont pas acceptées
par la commission. Il faudrait remplacer le troisième alinéa
actuel par un nouveau texte.
Le Président (M. Bertrand): D'accord, si la ville est en
mesure de préparer la rédaction d'un troisième
alinéa, on va suspendre pour l'instant et on reviendra.
M. Allard: Je pense qu'on pourrait peut-être en disposer
tout de suite. Il suffirait de remplacer le troisième alinéa de
l'article 1140b, par le texte qui apparaît au troisième
alinéa du papillon. Je pourrais peut-être le lire.
Le Président (M. Bertrand): Oui, faites donc.
M. Allard: L'article 1140b de ladite charte édicté
par l'article 76 du chapitre 96 des lois de
1971 est remplacé par l'article 89 du chapitre 77 des lois de
1973 et de nouveau modifié par le remplacement du troisième
alinéa par le suivant: "Ce billet de contravention ou ce billet
d'assignation a, pour le surplus, la même force et le même effet et
doit être traité de la même façon que le billet de
contravention ou le billet d'assignation prévu dans les cas d'une
infraction à une disposition d'un règlement relatif à la
circulation, à la sécurité publique ou à l'usage
d'un véhicule automobile ou d'un accessoire d'un tel
véhicule".
Ceci permettrait d'établir la concordance, M. le
Président, avec les dispositions de l'article 1139 qui ont
été adoptées tantôt lorsque nous avons
étudié l'article 169 du projet de loi.
M. Tardif: Me Allard, on suggère que dans l'alinéa
que vous venez de nous lire, par souci de concordance avec 169 que nous venons
d'adopter, on dise à la septième ligne: Les cas d'une infraction
à une disposition d'un règlement de la ville.
M. Allard: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Alors, le règlement de
la ville... relatif à la circulation...
M. Tardif: M. le Président, quant à nous, l'article
1140b tel que modifié à l'instant même nous est
acceptable.
Le Président (M. Bertrand): D'accord, adopté tel
qu'amendé. Article 172.
M. Allard: M. le Président, relativement à
l'article 172, suite à des représentations, nous avons
reformulé un nouveau texte qui vous est distribué à
l'instant même.
Le Président (M. Bertrand): Me Pothier.
M. Pothier (Roger): M. le Président, pour le Barreau du
Québec, même le texte reformulé, qui améliore
effectivement la rédaction de l'article 1150, nous paraît soulever
des problèmes, plus particulièrement le premier alinéa
qu'on veut introduire et qui concerne le locataire.
Le problème qui est soulevé, c'est que vous avez...
Le Président (M. Bertrand): Un peu plus fort, s'il vous
plaît, rapprochez le micro seulement.
M. Pothier: Le principal problème qui pourra se poser
à l'égard du locataire est que le locataire, en principe, n'a
aucun contrôle sur l'immeuble. Il s'agit ici d'infractions qui sont
relatives à l'immeuble; le paragraphe qui existait déjà
permettait de poursuivre le propriétaire ou l'occupant ou d'autres
personnes qui, en principe, ont un contrôle sur un immeuble pour des
infractions relatives à cet immeuble.
Maintenant, il sera permis de poursuivre également le locataire
pour des infractions résultant d'un règlement applicable soit
à l'immeuble lui-même ou à la partie de l'immeuble qui est
occupée par le locataire.
Vous pourrez avoir les situations suivantes qui se présenteront
assez fréquemment: par exemple, le locataire d'un immeuble à
bureaux où on pourra constater des infractions aux règlements
municipaux qui concernent le système de climatisation ou d'autres
parties communes de l'immeuble, ou qui concernent la partie occupée par
le locataire.
Vous avez également le problème de tous les petits
locataires ou des locataires dans les immeubles locatifs ordinaires qui
pourront être poursuivis parce que le système de chauffage est
défectueux ou dangereux.
Il est, en principe, inadmissible que quelqu'un puisse être
poursuivi civilement ou pénalement pour une infraction à quelque
chose dont le contrôle lui échappe totalement. Cela nous
apparaît souverainement injuste d'accorder un pouvoir semblable.
En second lieu, nous désirons également attirer
l'attention de votre commission sur la rédaction du second paragraphe de
l'article 1150, tel qu'il se lit présentement, qui permet de poursuivre
une personne, individuellement ou conjointement avec une autre, en mentionnant
le nom d'une de ces personnes ou en y ajoutant les mots "et autres".
Nous avons de la difficulté à comprendre pourquoi la ville
de Montréal a besoin d'une telle disposition pour poursuivre un
contrevenant lui-même, qui est partie à une infraction. Si on veut
dire par là qu'on peut poursuivre et faire condamner, devant la Cour
municipale ou devant d'autres tribunaux, un contrevenant, simplement en
permettant de mettre dans une poursuite M. X, en le désignant sous son
nom "et autres" et en le faisant condamner sous le nom "et autres", cela veut
dire qu'on permettra de faire condamner quelqu'un sans qu'il ait
été nommément appelé devant les tribunaux et sans
qu'il ait eu l'occasion de se défendre. Cela nous paraît aller
à l'encontre d'un principe de justice naturelle qui veut que toute
personne ait le droit à une défense pleine et entière et
soit condamnée ou innocentée à la suite d'un procès
auquel elle a été régulièrement appelée.
C'est un texte qui existe déjà, cependant, dans la charte
de la ville de Montréal.
En troisième lieu, nous désirons également attirer
l'attention de votre commission sur le dernier paragraphe de l'article que l'on
veut introduire, qui est amélioré, effectivement, de beaucoup,
mais qui nous paraît également soulever un problème. La
personne qui veut faire une défense a le droit de faire la
défense qu'elle veut devant les tribunaux. Bien souvent, les petits
justiciables essaient, devant les tribunaux, de façon malhabile et sans
le concours d'un avocat c'est leur droit de se représenter seuls
et de faire la défense qu'ils croient être juste devant les
tribunaux, y compris la Cour municipale de Montréal de faire
valoir tous les moyens de défense qu'ils ont.
Ici, cependant, on permettrait à la ville et à la cour de
condamner quelqu'un pour un moyen de
défense qu'il estime approprié mais qui aurait
été rejeté à des frais, alors qu'aucune
échelle de frais n'est prévue. La condamnation pourrait
être totalement arbitraire. Le principe même d'une telle
disposition nous paraît infiniment discutable.
Ce sont là les observations que le Barreau avait à vous
soumettre sur les propositions contenues dans l'article 172.
M. Allard: M. le Président, le motif pour lequel la ville
a demandé que l'on modifie l'article 1150 relativement aux locataires,
c'est dans le but d'apporter une précision à la charte, suite
à une décision rendue par la Cour d'appel dans le cas d'un
locataire qui avait fait un usage dérogatoire d'un local.
Comme la charte précise que l'occupant est une personne non
seulement qui occupe un immeuble, mais qui en retire les revenus, et que,
d'autre part, la charte contient une définition différente du mot
"locataire", la Cour d'appel en est arrivée à la conclusion que
seul le propriétaire ou l'occupant pouvait être poursuivi
relativement à un usage dérogatoire de l'immeuble.
En vue de préciser l'article, nous avons donc demandé
d'inclure le mot "locataire" à l'article 1150, afin que toutes les
personnes qui peuvent commettre une infraction ou avoir une
responsabilité dans la commission de l'infraction puissent être
atteintes. En ce faisant, nous nous sommes rendu compte que nous allions
peut-être trop loin. C'est le motif pour lequel nous avons voulu
reprendre le premier alinéa qui vous a été
distribué ce matin.
Si cela pouvait répondre aux voeux du Barreau, nous n'aurions pas
d'objection à ce que l'on précise que l'infraction à un
règlement applicable à l'immeuble soit une infraction relative
à un règlement portant sur un usage dérogatoire de
l'immeuble, parce qu'il se peut qu'un propriétaire loue un local
à une personne qui le transforme ou se livre à des
activités qui sont dérogatoires à un règlement de
zonage, par exemple. A ce moment-là, il devient odieux de poursuivre le
propriétaire pour une infraction qui est réellement commise par
le locataire qui fait l'usage dérogatoire.
Dans ce sens, nous sommes prêts à atténuer encore la
portée de l'article en le restreignant à l'usage
dérogatoire et, à cet effet, peut-être que ce premier
alinéa pourrait se lire ainsi: "Tout locataire peut aussi être
poursuivi devant la Cour municipale pour une infraction à un
règlement relative à un usage dérogatoire de l'immeuble
qu'il occupe".
J'aurai également, M. le Président, des commentaires
à apporter sur les deux autres points que l'intervenant, qui a
parlé au nom du Barreau, a soulevés.
Le Président (M. Bertrand): Vous enlèveriez les
mots "applicable à" pour les remplacer par les mots "relative à
l'usage dérogatoire"?
M. Allard: Oui, M. le Président. M. Pothier: M. le
Président...
Le Président (M. Bertrand): Oui, Me Pothier.
M. Pothier: Peut-être que l'amendement relève d'une
bonne intention, en ce sens qu'il réduit le champ possible des
infractions. Cependant, le sens de l'objection que nous avions ou des
observations que nous avons formulées, cela pourrait être
résolu par un autre type d'amendement, je pense. Nous désirons
qu'un locataire ne puisse pas être condamné pour une infraction
à laquelle il n'est pas partie. Si on disait "tout locataire, pourvu
qu'il soit partie à l'infraction", à ce moment-là, nous ne
verrions pas d'objection à un texte semblable à celui qui est
apporté ou semblable à celui qui est amendé ou qu'on veut
à nouveau amender, pourvu qu'on poursuive le locataire uniquement pour
les actes qui lui sont imputables.
M. Tardif: Est-ce que...
M. Blank: Puis-je avoir la permission des membres de la
commission de parler?
Le Président (M. Bertrand): Oui, je pense que la
commission vous donne son consentement.
M. Blank: Je pense qu'à l'amendement que Me Allard a
proposé, si on peut ajouter les mots "usage dérogatoire par lui
à l'immeuble", cela va satisfaire le Barreau et...
M. Allard: Oui, j'accepterais la suggestion du
député de Saint-Louis.
M. Tardif: Le procureur de la ville a-t-il le texte de
l'amendement qu'il vient de nous lire? On veut peut-être le relire.
Le Président (M. Bertrand): Je peux le relire
attentivement. M s'agirait de remplacer les mots "applicable à"...
M. Tardif: Lire l'article en entier.
Le Président (M. Bertrand): Je le lirai ensuite en
entier.
M. Tardif: Très bien.
Le Président (M. Bertrand): Remplacer les mots "applicable
à" par les mots "relative à l'usage dérogatoire de".
L'article se lirait donc comme suit: "Tout locataire peut aussi
être poursuivi devant la Cour municipale pour une infraction à un
règlement relative à l'usage dérogatoire de l'immeuble ou
de la partie de l'immeuble qu'il occupe".
M. Blank: Mon amendement...
Le Président (M. Bertrand): Pour l'instant, on ne l'a pas
mis là.
M. Blank: Je pense qu'il est accepté par la ville.
Le Président (M. Bertrand): La ville l'accepterait?
M. Tardif: Oui.
Le Président (M. Bertrand): L'article se lirait comme
suit: "Tout locataire peut aussi être poursuivi devant la Cour municipale
pour une infraction à un règlement relative à l'usage
dérogatoire par lui de l'immeuble ou de la partie de l'immeuble qu'il
occupe".
M. Allard: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Oui?
M. Allard: ... si nous pouvons maintenant aborder les deux autres
points soulevés par l'intervenant parlant au nom du Barreau, il y a la
question de l'expression "et autres" qu'il a relevée et qui
n'apparaît pas, évidemment, dans le projet de modification qui
vient de vous être distribué et qu'il n'était pas,
d'ailleurs, dans l'intention de la ville de vouloir faire modifier. Je dois
dire que l'explication provient du fait que les rôles ne mentionnent pas
tous les noms des copropriétaires d'un immeuble. C'est la raison pour
laquelle, dans la charte, cette disposition avait été
adoptée.
En ce qui nous concerne, nous n'aurions pas d'objection à ce que
ces mots soient biffés. Nous sommes conscients que cela peut
paraître abusif que de pouvoir poursuivre des personnes sans les nommer
dans un bref d'assignation ou dans une sommation et de les désigner par
l'expression "et autres". Si le représentant du Barreau fait une motion
pour que ce paragraphe de l'article 1150 soit modifié, il suffirait que,
dans le second paragraphe de l'article actuel, 1150, on retranche les mots "et
il suffit de mentionner le nom d'une de ces personnes" en y ajoutant les mots
"et autres".
Le Président (M. Bertrand): Me Pothier, est-ce que...
M. Pothier: Cette proposition nous agrée. Nous pensons
cependant que la ville se restreint peut-être indûment. Il
suffirait simplement que l'on indique que, pourvu que le nom de la personne
poursuivie apparaisse dans la poursuite, c'est-à-dire dans la
dénonciation... Maintenant, la proposition de la ville nous est
acceptable.
Le Président (M. Bertrand): Bon. Messieurs les avocats,
votre article se lirait maintenant, à 173, de la façon suivante:
"L'article 1150 de ladite charte, remplacé par l'article 21 du chapitre
76 des lois de 1972, est de nouveau modifié par l'insertion à la
suite du premier alinéa des alinéas suivants: Tout locataire peut
aussi être poursuivi devant la Cour municipale pour une infraction
à un règlement relative à l'usage dérogatoire par
lui de l'immeuble ou de la partie de l'immeuble qu'il occupe". Vous continuez
avec l'allégation?
M. Allard: Oui.
Le Président (M. Bertrand): A la suite...
M. Allard: II y aurait le troisième...
Le Président (M. Bertrand): Chacune de ces
personnes...
M. Allard: Oui. Tel que modifié maintenant.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Nous allons revenir
pour l'instant au paragraphe qui commence par l'allégation.
M. Allard: Je pense qu'au point de vue technique, il ne faudrait
plus parler d'une insertion après le premier alinéa, mais
plutôt d'un remplacement du second alinéa par les trois, puisque
nous en aurons trois maintenant, et qui comprennent les deux premiers que nous
suggérons ce matin...
Le Président (M. Bertrand): Et le deuxième du texte
actuel?
M. Allard: Voilà.
Le Président (M. Bertrand): Le troisième du texte
actuel serait...
M. Allard: Tel que modifié.
Le Président (M. Bertrand): Le troisième du texte
actuel est, à toutes fins pratiques...
M. Allard: Le troisième du texte actuel resterait.
Le Président (M. Bertrand): Le troisième du texte
actuel... La preuve testimoniale est admise...
M. Allard: Le troisième du texte actuel va continuer
à demeurer. Il n'y a pas d'objection là-dessus.
Le Président (M. Bertrand): C'est cela. Alors, le
deuxième paragraphe de l'article 1150 est, à toutes fins
pratiques, remplacé par trois nouveaux paragraphes, dont l'un commence
par "Tout locataire", le deuxième par "L'allégation" et le
troisième par "Chacune de ces personnes".
M. Allard: C'est cela, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, en ce qui concerne
l'alinéa commençant par "L'allégation", malgré
l'adoucissement très marqué qu'il comprend par rapport au texte
original, ne comporte pas moins une inversion du fardeau de la preuve. Comme
tel, il nous apparaît, ainsi qu'au ministère de la Justice
inacceptable. On stipule ici que: "L'allégation dans une plainte ou une
sommation qu'une personne est propriétaire, locataire ou occupant d'un
immeuble n'a pas à être prouvée à moins qu'elle ne
fasse l'objet d'une dénégation".
Il nous semble qu'il s'agit là d'un renversement, encore une
fois, d'un fardeau qui incombe,
en vertu des principes de droit, à la poursuite. Or, il ne nous
apparaît pas souhaitable d'introduire cela dans la loi.
Le Président (M. Bertrand): Oui, monsieur, allez-y.
M. Allard: M. le Président, avec infiniment de respect,
j'aimerais dire que le texte qui est proposé, ce matin, ne comporte pas
de renversement de fardeau de la preuve. C'est-à-dire qu'on n'obligera
pas le propriétaire ou le locataire à faire la preuve qu'il n'est
pas locataire ou qu'il n'est pas propriétaire; on n'obligera pas le
défendeur à faire cette preuve, cela va demeurer à la
poursuite de continuer à faire cette preuve. La seule chose qu'on va lui
demander, c'est de nous dire, au départ, qu'il nie tout simplement le
fait qu'il soit propriétaire ou qu'il soit locataire. Il suffira qu'il
fasse une dénégation et ce sera à la poursuite de faire sa
preuve. Dans ce sens, il n'y a pas de renversement de fardeau de preuve.
J'aimerais ajouter ceci. Cette façon de procéder existe
couramment devant les tribunaux de juridiction civile où les juges
demandent aux parties, avant de commencer un procès, si elles ont des
admissions à faire. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit d'environ
3000 à 4000 plaintes par année relativement à des
infractions à des règlements municipaux où la poursuite,
en vue de préparer son procès, se doit d'aller chercher une
preuve écrite relative, soit au droit de propriété, soit
au fait qu'un individu est un occupant d'un immeuble, alors que jamais cela
n'est contesté dans les faits, en pratique.
Je pourrais mentionner, par exemple, le cas d'une personne qui serait
accusée d'avoir fait une construction dérogatoire au
règlement relatif à la construction. Cette personne ne viendra
pas nier le fait qu'elle est la propriétaire de son
établissement, elle va plutôt nier le fait qu'elle n'avait pas
à faire les réparations qu'on exigeait d'elle. Elle va
plutôt chercher à nier le fait qui constitue le coeur même
de l'infraction. C'est donc en vue de dispenser la ville et, par
conséquent, les contribuables des frais assez importants
occasionnés inutilement pour aller rechercher des preuves sur une
matière qui n'est à peu près jamais contestée;
donc, si le défendeur nous informe qu'il entend contester cette
question, nous allons d'abord examiner cette question. S'il a raison, nous
allons, bien sûr, retirer la plainte; la chose est normale. Mais si le
défendeur n'a pas raison, nous allons tout simplement faire la preuve,
et la preuve va demeurer entièrement sur nos épaules. Il n'y aura
donc pas de renversement de fardeau de preuve.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, en ce qui me concerne, il me
semble que c'est surtout la deuxième phrase de l'alinéa qui
crée un problème, c'est-à-dire là où on dit:
"Si le défendeur est trouvé coupable, la cour peut le condamner
à des frais additionnels si elle juge que la dénégation
était frivole".
Même s'il n'y a pas, techniquement, renversement du fardeau de la
preuve, comme vous le dites, j'ai l'impression que cette partie de
l'alinéa met une pression additionnelle sur les citoyens pour qu'ils ne
se prévalent pas de leur droit de faire une dénégation
selon laquelle ils sont propriétaires, locataires ou occupants d'un
immeuble. Il me semble que ceci est excessif.
Je comprends assez bien la première partie, c'est par souci
d'efficacité, d'épargner des frais aux contribuables. Mais, du
moment qu'on demande à la personne en cause si elle a l'intention de
faire une dénégation et qu'après la preuve continue
à incomber à la poursuite, il me semble que c'est suffisant sur
le plan de l'efficacité administrative.
Bien sûr, il y aura probablement encore des
dénégations frivoles, mais il me semble qu'il faut accepter cela
si on veut respecter le principe que, normalement, le fardeau de la preuve,
dans ce cas, doit incomber à la poursuite. Je ne pense pas qu'on doive
mettre de pression particulière sur les individus pour qu'ils ne se
prévalent pas de leur droit de nier qu'ils sont propriétaires,
locataires ou occupants d'un immeuble.
Le Président (M. Bertrand): Allez-y.
M. Allard: M. le Président, j'aimerais tout simplement
apporter un renseignement pour l'information du député de
Rosemont. La loi générale qui s'applique en matière de
poursuite sommaire, la Loi des poursuites sommaires, prévoit
déjà une disposition semblable à celle qui apparaît
dans la dernière partie de l'alinéa dont nous traitons.
J'aimerais simplement référer à l'article 28a de la
Loi des poursuites sommaires qui permet, depuis 1972, à la poursuite de
déposer un rapport provenant d'un agent de la paix ou d'un fonctionnaire
chargé de faire appliquer une loi, rapport qui tient lieu de preuve
testimoniale, de témoignage. Ce fonctionnaire n'est pas obligé de
se déplacer pour venir à la Cour.
Toutefois, le défendeur demeure libre de vouloir le
contre-interroger. S'il désire le contre-interroger, à ce moment,
le fonctionnaire est convoqué et il vient à la Cour. S'il appert,
en vertu des dispositions de l'article 28a que ce déplacement
n'était pas justifié, qu'on n'avait pas raison de le convoquer
à la Cour, je cite la disposition de l'article 28a: "Toutefois, un
prévenu peut requérir la présence d'une telle personne
à l'audition, mais le juge de paix, s'il trouve le prévenu
coupable, peut le condamner à des frais additionnels dont il fixe le
montant s'il est d'avis que la simple production du rapport eût
été suffisante..."
Le cas que nous proposons, c'est une mesure analogue. Si la
dénégation est complètement frivole et a simplement pour
but de créer une entrave inutile, de retarder les procédures et
de causer une perte de temps ainsi qu'une perte de cer-
tains frais pour les contribuables, le juge peut, à ce moment,
décréter un certain montant de frais additionnel que ce
défendeur devra payer, mais ce n'est uniquement que dans le cas
où sa dénégation serait totalement frivole.
Bien sûr, comme je vous l'ai expliqué, si un contribuable
se défend de bonne foi, le tribunal l'appréciera et il n'aura pas
à imposer cette sanction additionnelle.
Le Président (M. Bertrand): Me Pothier.
M. Pothier: Le texte de la Loi des poursuites sommaires qu'on
vous a lu est radicalement différent de ce qu'on veut introduire dans la
charte de la ville de Montréal. Il s'agit de la possibilité pour
un poursuivant de faire une preuve sur un simple rapport en évitant de
faire venir un témoin, ce qui implique, cependant, que le poursuivant a
quand même le fardeau de la preuve.
Ici, dans cet alinéa, on dit que la simple allégation
constitue une preuve et le principal problème qui est créé
par cette disposition, dans la pratique, c'est le cas des contrevenants ou des
personnes poursuivies qui font défaut de comparaître et qui sont
condamnées par défaut. C'est très fréquent, devant
une Cour municipale, qu'un simple citoyen, qui est poursuivi, qui n'a pas les
moyens de se payer un avocat, ne soit pas là à dix heures du
matin, parce qu'il est en train de travailler dans un chantier de construction
ou ailleurs, et qu'il soit condamné par défaut. L'exigence d'une
preuve est certainement une garantie que la justice sera rendue. C'est
là qu'est le problème concret, parce que si la personne qui
comparaît peut être là et peut dénier, justement, le
fait qu'elle est locataire ou propriétaire, mais celle qui n'y est pas
n'a pas cette possibilité.
M. Tardif: M. le Président, j'ai écouté
attentivement les représentations de Me Allard révélant
que dans les quelques... Je m'excuse...
Le Président (M. Bertrand): Le député de
Saint-Louis avait demandé la parole avant vous.
M. Blank: Avant que le débat ne soit clos, je voudrais
ajouter la raison pour laquelle je suis contre cet avis, et même le
Barreau, je voudrais demander à Me Allard combien sur les 3000 ou 4000,
sont des condamnations par défaut?
M. Allard: Je n'ai pas de renseignements précis à
vous fournir à ce sujet. Seulement j'aimerais attirer votre attention
sur une autre disposition de la charte qui permet la condamnation par
défaut sur le vu du billet ou d'une plainte qui fait foi de son contenu,
c'est la disposition de l'article 1129. Cela est déjà dans la
charte depuis plusieurs années. La poursuite n'est pas tenue de faire
une preuve complète ou détaillée. Ce n'est rien de
nouveau.
M. Blank: Me Allard vous êtes d'accord avec moi que ces
billets dont vous parlez sont faits par l'officier ou l'inspecteur sur le
champ, c'est comme un dépôt de la preuve suivant les convictions
sommaires. Mais ici, cela peut être une plainte signée par une
personne autre que l'inspecteur, la plainte qui est à la base de la
sommation peut être faite par n'importe quelle personne, signée
devant la cour et la déclaration des faits allégués dans
la sommation n'est pas nécessairement vue par la personne qui a
signé la plainte. Il n'est pas nécessaire que la personne signe
la plainte. Vous avez une personne qui peut être condamnée par
défaut, sans aucune preuve et, comme vous le savez, M. Allard, vous avez
beaucoup d'expérience à la Cour municipale je me souviens
que vous étiez en charge de cette cour il y a beaucoup de gens,
quand ils reçoivent une sommation, qui disent: Ce n'est pas moi, je ne
suis pas coupable. Ils ne viennent pas.
Ce n'est pas comme une cour civile où une personne est
condamnée à payer tel ou tel montant et où elle peut faire
réviser le jugement par la suite en payant les frais. Ici, la
condamnation, c'est une amende ou tant de jours en prison, et quel est le moyen
pour faire rouvrir le cas? Il n'y en a pas. C'est la différence entre la
cour civile. Ici, c'est peut-être une condamnation pénale et je
pense qu'on doit exiger une preuve, au moins une sorte de preuve devant le
juge, pas seulement déposer le bref de sommation, et c'est fini, vous
êtes coupable.
M. Tardif: M. le Président, j'ai écouté
attentivement les plaidoiries et, particulièrement, celle de Me Allard
par laquelle il nous dit: Dans les 3000 ou 4000 causes, un bon nombre n'est pas
contesté. Evidemment, il y a possibilité que la personne ne se
présente pas et qu'elle soit condamnée par défaut.
Le député de Saint-Louis a dit comment cela pouvait
finalement constituer un déni de justice. Il y a le fait qu'un bon
nombre de personnes qui vont se présenter à la Cour municipale,
comme vous l'avez vous-même mentionné, ne contestent pas et
finalement elles disent: Probablement que je suis coupable de l'infraction
qu'on me reproche et je vais payer l'amende.
Et finalement, il y a celui qui va se présenter et qui va offrir
une dénégation à l'effet qu'il n'est pas
propriétaire, locataire ou occupant de l'immeuble, auquel cas, la ville
n'aura d'autre choix que, cette fois, d'aller au rôle d'évaluation
ou au bureau d'enregistrement afin de voir qui est, effectivement,
propriétaire. De sorte que ce qu'on fait, c'est retarder, en quelque
sorte, le processus d'in-dentification correcte de la personne poursuivie.
Je comprends qu'on est ici en face d'un souci d'efficacité
administrative, mais je pense que les arguments invoqués sur le plan de
l'efficacité et de l'administration ne sont pas suffisants pour
bousculer ce principe de droit qui est de permettre aux personnes de jouir
d'une défense pleine et entière. Là-dessus, le point de
vue du ministère de la Justice est formel et je me rends compte qu'il
est partagé également par les membres de la commission.
Je demanderais que l'alinéa qu'on avait pensé
insérer ici et commençant par "l'allégation" soit tout
simplement biffé de l'article 172.
Le Président (M. Bertrand): Deuxième alinéa,
"l'allégation dans une plainte" est rejeté. Pour le reste...
M. Tardif: Adopté tel qu'amendé, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Comprenons-nous bien, pour que
ces choses soient très claires pour le journal des Débats.
L'article 172 se lirait de la façon suivante: "L'article 1150 de ladite
charte, remplacé par l'article 21 du chapitre 76 des lois de 1972, est
de nouveau modifié par l'insertion, à la suite du premier
alinéa, de l'alinéa suivant...
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, mais je crois
bien qu'il faudra ou bien faire deux alinéas et, a) insérer, b)
retrancher des mots dans le deuxième alinéa actuel ou bien faire
lire au premier paragraphe "est de nouveau modifié par le remplacement
du deuxième alinéa par les suivants".
Le Président M' Bertrand): Est-ce qu'il ne serait pas plus
simple, M. le député de D'Arcy Mc-Gee, je ne sais pas si c'est
conforme à l'esprit juridique de procéder de cette façon,
de simplement remplacer l'article par un nouvel article?
Une Voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): S'il y avait moyen que
quelqu'un le rédige de la façon la meilleure, on pourrait
peut-être même s'entendre très vite: "L'article 1150 de
ladite charte, remplacé par l'article 21 du chapitre 76 des lois de
1972, est remplacé par le suivant: "Tout propriétaire, occupant
ou usufruitier d'un immeuble, à titre individuel ou conjoint, peut
être poursuivi devant la Cour municipale pour une infraction à un
règlement de la ville applicable à cet immeuble, de même
que ceux qui ont l'administration de cet immeuble à titre de
gérant, de syndic, de fiduciaire ou autre, ainsi que l'agent d'un ou de
plusieurs d'entre eux. Tout locataire peut aussi être poursuivi devant la
Cour municipale pour une infraction à un règlement relatif
à l'usage dérogatoire par lui de l'immeuble ou de la partie de
l'immeuble qu'il occupe. Chacune de ces personnes peut être poursuivie
individuellement ou conjointement avec une autre. "La preuve testimoniale est
admise pour établir la relation de ces personnes entre elles ou la
relation d'une ou de chacune à cette propriété".
Est-ce que cela est conforme à ce que nous venons d'adopter?
Adopté.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Simplement une
technicité, quand on a dit, "est remplacé", au début,
c'est, "est de nouveau remplacé". D'accord?
Article 173. Il y a un nouveau papillon.
M. Péloquin: M. le Président, il y a un papillon
pour l'article 173 du projet qui se réfère lui-même
à deux articles, ce qui serait devenu l'article 1150a de la charte,
d'une part, et l'article 1150b de la charte, d'autre part.
La ville a été informée qu'il y aurait des
intervenants qui pourraient s'opposer à la formulation et à
l'adoption de l'article 1150a. Afin d'accélérer les travaux de la
commission, la ville n'aurait pas d'objection à ce que l'article 1150a
soit retranché. De la sorte, nous pourrions passer immédiatement
à l'étude du texte de l'article 1150b qui deviendrait
évidemment l'article 1150a.
Le Président (M. Bertrand): M. Cliche.
M. Cliche (Paul): M. le Président, j'avais l'intention
d'intervenir au nom du RCM pour demander le retrait de l'article 1150a. Donc,
c'est fait.
Le Président (M. Bertrand): C'est fait.
M. Cliche: A l'article 1150b, j'aurais quelques questions, par
votre entremise, M. le Président, à poser à la ville.
Présentement, on sait que le chapitre des pouvoirs de
réglementation contenus dans la charte, article 521, paragraphe 11,
permet à la ville d'adopter un règlement concernant l'affichage
et en particulier l'affichage dit sauvage.
A ma connaissance et c'est là que j'aimerais
vérifier la ville ne s'est pas encore prévalue de ce
pouvoir contenu dans la charte concernant l'affichage proprement dit. Il y a
bien un règlement qui a été refondu dernièrement,
qui est le règlement 5128 et qui concerne les enseignes,
panneaux-réclames et modules publicitaires, mais ce règlement,
sauf erreur, ne concerne pas l'affichage proprement dit.
Je voudrais vérifier, en premier lieu, M. le Président, si
tel est bien le cas, qu'il n'y a pas de réglementation, malgré
les pouvoirs que la ville a, qu'il n'existe pas présentement de
réglementation concernant l'affichage proprement dit.
M. Péloquin: La ville a ces pouvoirs de réglementer
l'affichage en vertu de l'article auquel s'est référé
l'intervenant précédent. Il existait, depuis 1964, le
règlement 2889, qui traitait de tous les aspects de l'affichage. Ce
règlement a été repris au cours de l'année, il a
été remplacé par le règlement 5128, qui traite
plutôt de l'affichage commercial, mais qui contient tout de même
une disposition qui interdit toute forme d'affichage par voie d'inscriptions et
de dessins. Je voudrais lire ici l'article 3 du règlement.
Inscriptions et dessins. Les figures et les textes inscrits,
gravés, sculptés, peints, dessinés, collés ou
placardés sur les murs, clôtures, poteaux, trottoirs ou
pavés, tels les graffiti, caricatures, croquis, tableaux, affiches et
autres choses semblables qui peuvent se décrire ou s'interpréter
comme reliés à des fins publicitaires, sont, aux fins de
l'application du sous-paragraphe 6.2.1 et 6.2.3 et des articles 11, 32, 42 et
43, assimilés à des enseignes ou panneaux-réclames qui ne
peuvent faire l'objet d'aucun permis.
J'apporte la précision suivante: Cet article, en soi, a
été fait dans le cadre du règlement qui visait l'affichage
à des fins publicitaires, évidemment, on dit ici, qui peuvent se
décrire ou s'interpréter comme reliés à des fins
publicitaires.
Une fois que ce règlement a été
préparé, il était de l'intention de la ville de
présenter un nouveau règlement qui compléterait les
dispositions qui n'ont pas été retouchées du
règlement 2889, relatives à l'affichage sauvage. Ce
règlement n'a pas encore été adopté, mais il
pourrait l'être en tout temps.
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Cliche: M. le Président, je note que, concernant
l'affichage autre que l'affichage commercial, il n'y a pas de
réglementation à la ville. Mon argumentation suit la logique
suivante: C'est que l'administration Drapeau vient demander au
législateur d'édicter une présomption de
culpabilité qui est, comme on le sait, une procédure qui, en
vertu du Code pénal et de toute la philosophie de notre système
juridique, est une procédure d'exception très rare, pour
application dans un éventuel règlement qui concernerait
l'affichage, non seulement l'affichage commercial, mais, si on lit bien 1150b,
celui qui ne relève pas de la section commerce et industrie, des
pouvoirs de réglementation; lorsqu'une affiche est collée, elle
est illégalement apposée; il s'agit de tous les genres
d'affichages, affichages pour raisons politiques, syndicales et autres.
Il nous apparaît dangereux, au RCM, d'accorder ces pouvoirs, avant
même que la ville se soit prévalue de son pouvoir de
réglementation, d'accorder le pouvoir de renverser le fardeau de la
preuve, le pouvoir de la présomption de culpabilité avant
même que la ville se soit servie de son pouvoir de
réglementation.
Notre raisonnement serait le suivant: En principe, nous constatons qu'il
y a des abus quant à l'affichage en ville et qu'il y a même des
dommages causés à la propriété publique et
même privée par certains genres d'affichages. Nous aimerions qu'on
nous soumette un règlement au conseil. Nous l'étudierions. Nous
verrions les modalités. La ville pourrait voir, après un certain
laps de temps, si elle peut l'appliquer de façon efficace sans avoir le
droit, le pouvoir, la présomption de culpabilité et, si elle
constatait, après un certain laps de temps d'application raisonnable,
que la présomption de culpabilité est absolument
nécessaire, elle viendrait la demander au législateur
québécois lors d'une comparution subséquente devant cette
commission.
Nous sommes dans un domaine très explosif sur le plan social.
L'adoption d'un tel règlement risque fort de créer, dans la ville
de Montréal, un climat d'agitation et nous, du RCM, concevons un peu
comme une provocation ce genre de pouvoir que demande l'administration
Drapeau.
Le Président (M. Bertrand): Me Pothier.
M. Pothier: M. le Président, le Barreau s'op- pose
également ou a des objections à ce texte pour quelques raisons.
La première, évidemment, c'est qu'on est, encore une fois, en
matière pénale et qu'on crée une présomption. A
moins qu'on puisse démontrer, à moins que le requérant qui
veut faire introduire dans sa charte une telle présomption
démontre que c'est essentiel au fonctionnement de son institution
judiciaire qu'une telle présomption existe, nous ne croyons pas que ce
soit opportun de la créer. Créer une présomption, en
matière pénale, c'est renverser les règles du jeu
communément admises. Le Barreau s'y oppose ou, du moins, y voit
certainement des conséquences, une brèche dans des principes qui
sont reconnus dans notre système judiciaire.
En second lieu, même si le règlement existant à la
ville de Montréal est un règlement qui ne vise ou ne viserait que
l'affichage commercial, le texte de loi a une portée beaucoup plus
générale et pourra s'appliquer à n'importe quel type
d'affichage.
On peut facilement illustrer les conséquences possibles de cette
loi. J'imagine qu'elles n'ont pas été envisagées. Prenez
le cas, par exemple, d'un parti municipal électoral, hypothétique
qui déciderait de poser des affiches imputables à un parti
adverse. Par le jeu de la présomption, il pourrait facilement
embarrasser et harceler, de façon judiciaire, un parti adverse. Nous ne
croyons pas que ce soit vraiment l'intention de la ville de viser à un
tel objectif, mais cela pourrait s'appliquer à n'importe quelle
matière, autre que les matières électorales.
D'ailleurs, vous remarquerez que le texte ne vise que les affiches
collées. Peut-être que les affiches électorales
brochées sur les poteaux ne seront pas visées, mais enfin, on se
demande pourquoi on ne vise que les affiches collées. C'est un
détail, mais nous faisons remarquer, à tout le moins, que ce type
de loi un peu envahissante n'est pas tout à fait conforme à la
tradition juridique. Nous nous y opposons.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: J'ai une objection personnelle. J'ai encore des
centaines et des centaines de posters des dernières élections,
qui sont affichés sur les murs de la ville de Montréal. Je suis
la personne qui en profite, parce que le profit, on peut le voir, je suis ici,
et j'ai peur d'être poursuivi par la ville, avec ce texte de loi. Elles
sont collées au mur. Elles sont très collées, qu'un an
après les élections, elles sont là encore. Il y a des
adversaires qui me soupçonnent de les renouveler tous les six mois, ce
n'est pas vrai.
M. Paquette: Vous n'avez pas un peu... Le Président (M.
Bertrand): Me Péloquin.
M. Péloquin: M. le Président, je me demande
pourquoi ce serait l'ensemble des contribuables qui devrait payer pour faire
enlever les affiches du député de Saint-Louis.
M. Caron: C'est vrai, il en reste encore. J'ai constaté
cela.
M. Péloquin: Maintenant, sur un ton plus sérieux,
je voudrais situer le débat. Le représentant du Barreau a dit
qu'il s'opposait à ce qu'il y ait une telle présomption qui soit
incluse dans nos lois, à moins que ce ne soit essentiel. Justement, si
la ville demande ce pouvoir, c'est qu'il est essentiel qu'il soit fait quelque
chose à l'égard des affiches collées. Nous disons bien les
affiches collées. Pourquoi les affiches collées et pas les
autres? C'est qu'évidemment les affiches collées causent
énormément de dommages et coûtent très cher à
l'ensemble de la population pour qu'elles soient enlevées.
J'aimerais brièvement faire lecture à la commission d'un
rapport qui a été envoyé par un fonctionnaire au directeur
du service de la voie publique, qui disait ce qui suit: "Nous désirons,
par la présente, souligner l'envergure du problème soulevé
par l'affichage inconséquent de l'entreprise privée sur nos
lampadaires. En effet, nos lampadaires servant à l'éclairage des
rues sont en passe de devenir un lieu normal pour l'affichage publicitaire, la
tenue de réunions, l'annonce d'objets perdus, les récriminations
envers la société, etc. Cette attitude de certains citoyens cause
des dommages au bien public et entraîne des dépenses croissantes
d'année en année pour l'enlèvement de cet affichage.
Certaines affiches sont constituées de papier et de colle à toute
épreuve et ne peuvent être enlevées de nos lampadaires
qu'à un coût prohibitif. Dans ce cas, nous nous contentons de
peinturer l'enseigne à la couleur du lampadaire, ce qui n'élimine
pas pour autant le dommage causé". Cela évidemment, ne vient que
du service chargé des lampadaires. Imaginons ce que cela serait s'il
fallait lire les témoignages des autres services qui sont chargés
du nettoyage général de la ville.
Le Président (M. Bertrand): N'est-ce pas là, Me
Péloquin, pour éclairer l'opinion publique?
M. Péloquin: C'est peut-être la seule façon,
avec le lampadaire. Déjà, en 1976, il y a eu un article du
journaliste Cyrille Felteau, de la Presse, intitulé "Les tristesses de
1976 dans le Vieux-Montréal". On y voyait des photos, et la rubrique
suivante sous la photo: "Rue Saint-Paul-Est, ce pan de mur couvert de restes
d'affiches aurait vraiment besoin d'un nettoyage. Peut-on tolérer de
telles horreurs dans le Vieux-Montréal"?
Evidemment, ce n'est pas nouveau, ce problème a été
souligné dans différents journaux; il y avait d'autres textes qui
disaient: "Forme sournoise et coûteuse de pollution sur les murs de la
ville, les collants" et on disait que cela coûtait très cher aux
contribuables chaque année.
Un deuxième point; ce que nous avons visé,
c'étaient vraiment ceux qui n'usent pas, comme le dit le texte du
deuxième alinéa de l'article proposé, de diligence
raisonnable. Il n'est aucunement question et le texte a
été reformulé à cet effet de permettre que
des personnes dont les affiches auraient pu être apposées à
leur insu puissent être condamnées. L'article est très
clair sur ce point, le deuxième alinéa dit: "Toutefois, cette
personne n'encourt aucune peine et ne peut être tenue responsable des
dommages si elle prouve qu'elle a usé de diligence raisonnable pour
prévenir la commission de l'infraction et les dommages en
résultant ou que cette affiche a été faite et
distribuée à son insu". Evidemment, au point de vue du fait
qu'une telle présomption est essentielle, on peut voir, sur le mur, la
multitude d'affiches qui sont collées les unes sur les autres. Il n'y a
évidemment pas un policier qui se tient à proximité de
chaque mur et de chaque lampadaire à chaque instant de la
journée, et nous constatons ceci, un bon matin, à
Montréal: On déambule sur une rue et on voit que toutes et
chacune des petites enseignes relatives à la défense ou à
l'interdiction de stationner sont revêtues d'un de ces collants. Il faut,
à ce moment, sortir la machine à vapeur, faire travailler les
employés de la ville, dépenser des sommes considérables
contre cette forme de pollution parce que c'est vraiment une forme de
pollution et, évidemment, il nous semble que cet article
proposé, sans aller jusqu'à porter atteinte aux droits des
citoyens de s'exprimer librement... Parce qu'il y a eu toutes sortes de
déclarations au sujet de cet article, on a prêté des
intentions que la ville n'avait jamais eues; la seule intention, c'était
de réprimer l'abus et de faire en sorte que, lorsque quelqu'un imprime
des collants ou les fait distribuer, cette personne, dès ce moment,
sache qu'elle a une responsabilité à l'égard de la
distribution, de façon que ce ne soit pas apposé, que ce ne soit
pas collé illégalement sur le bien public ou même sur la
propriété privée et que cela n'entraîne pas des
dommages considérables aux personnes qui en sont victimes et qui doivent
faire enlever ces collants.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Deux-Montagnes et, ensuite, M. le député de Rosemont.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'estime que le
procureur de la ville de Montréal n'a pas vraiment répondu
à l'importante objection qu'a présentée le Barreau, que je
ne voudrais pas mal citer, mais qui me semble tenir, en particulier, à
l'expression "la personne au profit de laquelle cette affiche apparaît",
parce que l'hypothèse du représentant du Barreau me paraît
être de la plus grande vraisemblance. Ce règlement pourrait
devenir une arme entre les mains de quelqu'un, par exemple, dans le domaine
politique, comme il en a évoqué la possibilité, pour
créer des ennuis sans fin à des adversaires par un affichage
ostensiblement fait au profit de cet adversaire.
Par ailleurs, quant aux objections que l'intervenant vient de citer, par
rapport au coût que représente, par exemple, le nettoyage de
certains lampadaires et autres aménagements publics, je pense que cet
argument du coût ne doit pas emporter le morceau puisque,
déjà, nous avons tous
convenu que la démocratie coûte cher. Ce que nous faisons
actuellement à l'Assemblée nationale, en commission
parlementaire, coûte cher. Nous connaissons le coût de chaque
minute que nous passons, ici en commission, et pourtant cela nous paraît
indispensable de le faire.
Vous avez cité M. Cyrille Felteau, qui a présenté,
dans un journal, des photos du Vieux-Montréal et, dans la
légende, on indique qu'il y a un coin de la rue Saint-Paul où il
faudrait faire du nettoyage. Justement, M. Felteau ne dit pas qu'il n'aurait
pas fallu afficher. M. Felteau dit qu'il faut faire un nettoyage.
Si, d'autre part, la ville, dans un esprit beaucoup plus ouvert que ce
que manifeste ce projet-ci, voulait ouvrir certains espaces très
largement à l'affichage, de sorte que les gens soient encouragés
à utiliser ces espaces et, indirectement, dissuadés de trop en
mettre sur, par exemple, les avis d'interdiction de stationner, peut-être
pourrait-on étudier une telle possibilité, mais ce n'est pas du
tout ce que nous avons devant nous; quant à moi, pour les raisons que
j'ai indiquées ce que nous avons devant nous, le projet de
règlement 1150b doit être soit retiré, soit rejeté
parce que cela porte effectivement atteinte à un droit fondamental et
cela ouvre la porte à des abus, comme le Barreau nous l'a
signalé.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Mon collègue de Deux-Montagnes a
exprimé une bonne partie des opinions que je voulais exprimer.
Peut-être en boutade, on a parlé des lampadaires. Je dirais que
les lampadaires ne doivent pas simplement éclairer
matériellement, mais il y a aussi des citoyens qui ont trouvé des
façons d'éclairer intellectuellement leurs concitoyens et cela
m'apparaît excellent. Je pense que, là, il y a une question
fondamentale en jeu, qui est la question de la liberté d'expression, et
je suis convaincu que ce n'est pas dans les intentions de la ville de voir
cette liberté d'expression diminuée.
Bien sûr, il y a certains coins de la ville où on a des
spectacles peu agréables, où des propriétés
publiques ou privées sont endommagées. Il ne semble pas je
circule régulièrement dans les rues de la ville que cela
soit un mal si répandu que cela. Je comprends les difficultés
pratiques et les coûts que cela peut entraîner, mais je pense qu'il
faut être prêt à accorder un certain coût aux citoyens
pour leur permettre de s'exprimer librement, d'autant plus qu'il me semble
exister d'autres moyens beaucoup plus incitatifs qui permettraient de limiter
au maximum les problèmes en question, et la ville a tout le loisir
d'adopter un règlement à cet effet, mais on nous demande, avant
même d'avoir vu la nature de ce règlement, d'insérer dans
la charte de la ville de Montréal, une présomption de
culpabilité sur des personnes, ce qui comporte un certain nombre de
dangers. Pour le moment, en attendant que la ville publie les mécanismes
plus précis par lesquels elle compte pallier les problèmes, je
pense qu'il faut retirer cet amendement.
Je souhaite, également c'est un souhait comme contribuable
de Montréal que la ville pourra trouver le moyen de pallier
certaines des difficultés techniques que pose ce problème, mais
tout en donnant la priorité à la liberté d'expression des
citoyens.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, la prolifération des
affiches est clairement une pollution, comme l'a dit Me Péloquin, et
c'est une pollution indéfendable. Nous parlons depuis quelques
années du visage du Québec et le visage du Québec se
présente certainement mal, s'il y a un abus de cette nature.
Il me semble donc que nous sommes d'accord sur l'existence d'un
problème et même sur la nature de ce problème. Ce qui n'est
pas facile à déterminer, c'est le remède, et celui
proposé par la ville semble un peu excessif.
Il me semble que... Ce n'est pas par manque de compréhension du
problème. Il me semble inacceptable que l'on ait une liberté
totale d'afficher n'importe où, n'importe quoi, n'importe quand.
Il faut qu'il y ait des contraintes, il faut qu'il y ait de l'ordre dans
cela, un ordre qui respecterait une certaine liberté d'expression,
respectant en même temps la propriété publique, la
propriété privée et le visage du Québec. Alors,
même si je suis d'accord avec mes collègues qui suggèrent
que la modification proposée soit retirée, dans mon esprit, je
pense que c'est simplement la remise d'un débat qu'il faudra renouveler,
parce qu'il faudra trouver une solution. Je suis quand même, à
l'instar de mes collègues, mal à l'aise devant ce qui est
proposé ici qui me paraît aller un peu trop loin.
Le Président (M. Bertrand): Le RCM et M. le maire
ensuite.
M. Lebeau: Je voudrais, dans ce sens-là, M. le
Président le député de D'Arcy McGee a employé
un exemple en parlant des remèdes dire que nous sommes d'avis, au
RCM, qu'effectivement la question de l'affichage à Montréal cause
sûrement des dommages à la propriété publique et
à la propriété privée. Cela coûte
sûrement des sous. Cela coûte sûrement beaucoup de sous,
après certaines campagnes, d'enlever les affichages qui sont nombreuses
et qui sont, effectivement, souvent difficiles à enlever. Mais, pour
reprendre l'exemple du député de D'Arcy McGee, s'il faut trouver
un remède et nous en cherchons, nous en avons proposé au
conseil municipal, je vous en parlerai tantôt il est clair
toutefois qu'il ne faudrait pas trouver un remède qui ait pour effet de
tuer le malade.
Il nous semble bien que cette proposition, qui avait été
présentée devant le conseil de la ville, a été
considérablement adoucie, suite à une vraie
levée de boucliers de tous ceux qui, à Montréal,
s'inquiètent de toute atteinte à la liberté d'expression.
Même si cette proposition a été considérablement
adoucie, par le fait notamment de retirer de l'article les
références qu'il y avait à la distribution de circulaires,
maintenant cela concerne seulement les affiches, et même les affiches
collées... Elle a été considérablement adoucie et
on considère que c'est une victoire pour ceux qui ont à coeur de
protéger les intérêts des citoyens de Montréal dans
cette question.
Mais nous croyons quand même que l'article 1150b est encore
très dangereux et, pour cette raison, nous aussi, nous souhaitons qu'il
soit rejeté, comme la plupart des intervenants l'ont demandé
jusqu'à maintenant.
Si les dommages causés à la propriété
peuvent être importants, et ils le sont, nous croyons qu'ils sont quand
même infiniment plus petits ces dommages causés non
seulement à la propriété publique, mais à
l'environnement dans lequel vivent les Montréalaiset causent
infiniment moins de dégâts que toutes les autres formes de
pollution, que les autoroutes qu'on a bâties à Montréal,
que les centaines de logements barricadés, que les centaines de
logements qu'on démolit chaque année à
Montréal...
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je pense que là on est nettement antiréglementaire.
Je n'accepterai pas qu'on déborde le cadre des affiches sur les murs
pour parler d'autre chose.
M. Lebeau: Je m'excuse, M. le Président. Vous avez raison.
Tout cela pour dire qu'effectivement le problème est réel et
qu'on doit trouver d'autres solutions que celle qui nous est indiquée
ici. Dans ce sens-là, nous avons proposé au conseil de la ville
de Montréal, à l'administration, parmi d'autres mesures, la
suivante: que la ville contribue, non pas à restreindre la circulation
de l'information, mais à faire en sorte que les citoyens aient plus de
moyens, au niveau local, au niveau d'un quartier, au niveau d'une rue,
d'informer les autres citoyens de la rue, d'informer leurs concitoyens du
quartier, en installant eux-mêmes des panneaux un peu partout sur
lesquels les citoyens prendraient l'habitude d'afficher les choses relatives
à la tenue d'une assemblée publique, à un
événement culturel local quelconque, soit toute autre forme de
manifestation publique.
Nous croyons donc que la ville devrait et pourrait certainement
contribuer à la libre circulation de l'information, plutôt que
d'adapter ou chercher à adapter des mesures semblables qui auraient
l'effet contraire de restreindre la circulation de l'information.
Le Président (M. Bertrand): M. le maire.
M. Drapeau: M. le Président, j'aurais voulu m'abstenir de
participer à ce débat, laissant aux avocats de la ville le soin
de présenter, avec le brio qu'on leur reconnaît et leurs
convictions, les ar- guments au soutien de cet article. Seulement, je crois
qu'étant donné la tournure que semble prendre le débat et
les insinuations ou les conclusions qui pourraient en découler, de
certaines choses dites ici, je suis obligé de rectifier certaines de ces
tendances d'interprétation. Depuis bien des années, la situation
s'aggrave. La fonction de colleur d'affiches est un métier noble en soi,
il y a des gens qui ont des permis pour coller des affiches et qui gagnent leur
vie à coller des affiches là où c'est permis. Il ne s'agit
dont pas d'empêcher des gens de gagner leur vie comme poseurs ou colleurs
d'affiches.
Encore faut-il s'entendre sur les endroits où ce métier,
cette profession, cette occupation va s'exercer. Le droit à la
liberté d'expression n'implique pas le droit à la liberté
de causer des dommages. Si je réclame, personnellement, le droit de
poser, de faire poser des affiches au moyen de la colle et qu'à partir
de ce moment-là, j'accepte de payer le poseur, l'affiche et la colle,
pourquoi n'aurais-je pas l'obligation de payer pour enlever l'affiche, le
papier et la colle?
Il ne s'agit pas de priver quelqu'un d'un droit, mais de le mettre en
face de l'obligation correspondante à son droit. Il y a des
périodes où l'affichage est permis aux lampadaires et à
certains supports publics à l'occasion de grandes campagnes de
charité, par exemple et ça comporte l'obligation d'enlever les
sollicitations. Pourquoi, lorsqu'il s'agit d'affiches collées, le droit
à l'expression inclurait-il le droit de causer, clandestinement, des
dommages, le droit de se servir de supports publics, mais non pas l'obligation
de les nettoyer plus tard?
Là-dessus, je pense qu'on peut s'entendre. La question est de
savoir comment y parvenir. Il faut bien partir d'indices. Quand il y a une
infraction commise, il faut parfois, par un concours de circonstances, en
arriver, en remontant les pentes arides des enquêtes, finir par trouver
qui est l'auteur de telle infraction ou de tel crime, ou qui est l'auteur de
tel délit en droit civil, par exemple.
Dans le moment, ce qu'il faut, c'est que les autorités je
ne parle que des autorités municipales de Montréal
puissent disposer de moyens que les citoyens réclament, car cette forme
de pollution, il y a des moyens de la combattre, d'autres; les moyens sont
beaucoup plus difficiles. Mais cette forme de pollution, il y a des citoyens
qui réclament de la combattre, et de la combattre aux frais de ceux qui
la causent, non pas aux frais de tous les citoyens qui, eux, n'exercent pas
cette liberté d'endommager les biens publics.
Pourquoi le service des permis et inspections, qui n'est pas un
organisme de police, ne pourrait-il pas voir son enquête facilitée
par certaines présomptions de fait et certaines obligations
facilitées précisément par ces présomptions de
fait, pour permettre de remonter aux responsables, afin de pouvoir, ou
réclamer des dommages civils, ou les traduire devant le tribunal, parce
qu'ils ont enfreint un règlement?
C'est évident que les citoyens de Montréal s'adressent
d'abord aux autorités municipales,
aux services municipaux, aux élus municipaux, et nous
blâment de ne pas prendre les moyens d'empêcher cela. En nous
adressant ici, en requérant l'adoption de ce texte, si difficile que ce
soit d'être heureux de le faire, nous de le présenter, et les
membres de la commission et de l'Assemblée nationale de l'adopter, au
moins, nous tentons de prouver à nos concitoyens que nous avons
formulé le désir que les services municipaux soient munis des
moyens de supprimer cette forme de pollution, non pas de supprimer le droit
à l'information.
Les affiches peuvent être attachées. C'est pourquoi on a
posé la question tout à l'heure: Pourquoi les affiches
collées et pas les autres? C'est bien évident que si elles sont
attachées pour quelques jours, avec une corde ou même
clouées, l'enlèvement se fait à de moindre frais, les
dommages sont bien moins considérables, mais l'affiche collée,
c'est une plaie.
Je suis obligé de signaler cela, parce qu'avant d'apporter ce
projet de loi, nous en avons pesé toutes les conséquences et nous
avons même pesé les conséquences du rejet, car c'est bien
évident qu'on ne pouvait pas avoir la naïveté de croire que
cette proposition allait être adoptée avec joie et empressement.
Nous avons même pesé les conséquences du rejet. Je n'ai pas
besoin de vous dire qu'à partir du moment où ce moyen ne sera pas
accordé à la ville de Montréal, le rejet de cette demande
encouragera les poseurs clandestins d'affiches et tous ceux qui ont recours
à ces moyens je ne parle pas sur le plan politique, sur le plan purement
commercial, sur le plan pré-sumément de l'art et de la culture
on invite les gens à aller à une belle exposition
culturelle, mais on salit les murs, on salit les lampadaires, on salit tout
cela, au nom de l'art le rejet de cette demande, dis-je, encouragera
nécessairement tous ceux qui se livrent à ce saccage à le
faire avec beaucoup plus d'assurance et, en conséquence, la situation
empirera.
Quant à nous, M. le Président, je veux informer la
commission que nous allons sûrement accepter sa décision, mais il
n'est pas question que nous retirions la demande qui est devant vous.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, évidemment, le souci
d'économie qui inspire en quelque sorte l'amendement qui nous a
été présenté par la ville, et même le souci
d'un certain esthétisme à préserver, à
l'intérieur des limites de la ville de Montréal, honorent sans
aucune doute, ceux qui nous ont présenté cet amendement.
Je pense également que le souci de démocratie, qui n'est
certainement pas étranger aux autorités de la ville de
Montréal, de même que le souci de respect des droits et
libertés fondamentales qui ont été invoqués devant
cette commission pour suggérer par exemple que la fluoration pourrait
constituer une atteinte sur le plan des libertés fondamentales, ce
souci, dis-je, je crois qu'il y aurait lieu de l'étendre, malgré
les inconvénients très réels rapportés par le maire
de Montréal à cette liberté d'affichage.
Je ne me souviens plus de la date, mais je sais qu'à Paris, sur
les édifices publics, on retrouve une affiche, une enseigne, que la
ville elle-même a dû apposer sans aucun doute, selon le texte d'une
loi du 29 juillet.
M. Drapeau: 1881.
M. Tardif:... 1881, disant qu'il est interdit d'afficher. Je ne
sache pas que cela a eu tellement d'effets. C'est pour prévenir la
commission de semblables infractions.
Des suggestions ont été faites voulant que si des espaces
étaient ouverts à l'affichage, que si le pouvoir actuel de
réglementation était peut-être exercé de
façon encore plus efficace, il serait peut-être possible de
minimiser les dégâts causés par les affiches
collées.
Je pense également qu'on ne peut pas s'empêcher d'imaginer
les difficultés d'application d'un tel article, lorsqu'on parle de la
personne au profit de qui cette affiche est apposée. J'imagine une
affiche avec le photo de Karl Marx et une poursuite intentée contre la
personne dont la photo apparaît sur l'affiche. Enfin, je prends un cas
extrême, M. le maire, M. le Président, mais on pourrait imaginer
des situations pour le moins difficiles d'application.
On pourrait prendre d'autres exemples où divers mouvements
appelés Unité Canada, Action Canada, Action Québec, ou
appelons-les comme on voudra, mouvements plus ou moins spontanés, plus
ou moins structurés, décidant de faire campagne pour ou contre
certaines grandes options politiques qui pourront se présenter au
Québec, ces personnes ou ces groupements au profit de qui ces affiches
auraient pu être apposées, hors de leur connaissance, pourraient
faire l'objet de poursuite.
Pour ces raisons, M. le maire, M. le Président, au nom du
gouvernement, il ne nous apparaît pas, tout en reconnaissant qu'il
y a là un problème réel sur le plan de la
détérioration des édifices publics acceptable
d'adopter l'alinéa 1150b de l'article 73 et nous demandons que cet
article soit biffé.
Le Président (M. Bertrand): Autres intervenants? M.
Keaton.
M. Keaton (Robert): M. le Président, je ne veux pas entrer
dans un grand débat sur la question qui touche sensiblement aux droits
fondamentaux, mais je veux simplement dire quelques mots sur le
problème, non pas en termes de pollution, parce que je pense que c'est
une expression inappropriée à la situation. La
prolifération des renseignements est une chose à promouvoir,
quelque chose dans la démocratie à laquelle on devrait assister,
la prolifération des renseignements des groupes populaires, culturels,
politiques, syndicaux, n'importe qui. Le problème se définit en
termes de dommages causés par certai-
nes façons de communiquer publiquement les renseignements. Au
lieu de parler d'un remède sévère qui va trop loin, je
pense qu'on devrait songer à essayer de minimiser les dommages, ne pas
penser à les éliminer, parce que ce serait impossible; mais ce
serait peut-être possible de minimiser les dommages. C'est seulement une
suggestion. Je crois que le gouvernement du Québec a une
responsabilité autant que la ville de Montréal de trouver une
solution.
Je ne crois pas qu'on puisse, en bonne conscience, laisser à la
ville la solution en rejetant leur proposition. Je crois que les deux niveaux
devraient travailler ensemble pour trouver une solution qui peut être la
suivante, par exemple. Les affiches collées, c'est cela le
problème des dommages, non pas les placards, les brochures, ces
choses-là. Cela ne cause pas de dommage. C'est peut-être un
inconvénient, mais, en démocratie, il faut tolérer les
inconvénients. Tolérer des dommages, c'est une autre chose. J'en
parlais tantôt avec mon collègue d'à côté,
peut-être qu'on peut suggérer que le problème se trouve
dans une chose aussi simple que la colle. Est-ce possible de
légiférer pour que les imprimeurs ne puissent pas utiliser, en
imprimant ces collants, une colle qu'on ne peut pas enlever? Cela existait,
à un moment donné, dans certaines villes. C'est vrai. Cela veut
dire que la loi exige que l'imprimeur ne peut pas appliquer sur un collant, une
colle qu'on ne peut pas enlever. Je m'excuse. Aujourd'hui, mon français
m'échappe un peu.
M. Paquette: Dites-le en anglais!
M. Keaton: Vous comprenez ce que je veux dire. C'est possible de
minimiser, pas d'éliminer le problème, mais de minimiser le
problème en légiférant pour les imprimeurs
eux-mêmes. Naturellement, il y aura des activités clandestines.
Alors, il faut tolérer cela. Quand même, cela va minimiser, dans
une grande mesure, le problème des dommages causés par les
collants. On devrait penser en ces termes au lieu de songer à une loi
globale. On ne devrait pas parler en termes de pollution des renseignements
publics. C'est seulement un addendum.
Le Président (M. Bertrand): S'il fallait interdire la
colle, M. Keaton, ce n'est pas les imprimeurs qui nous en voudraient, ce sont
les étudiants de CEGEP. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'ai simplement une chose
à ajouter. Je comprends l'argumentation du maire de Montréal. Je
pense que, sur les principes, nous sommes d'accord. Il ne s'agirait pas de
faire en sorte que les gens interprètent la décision de la
commission comme une caution aux gens qui endommagent la
propriété privée sans prendre leurs
responsabilités. Nous disons simplement qu'à choisir entre la
liberté d'expression et aussi un certain accroc aux principes de notre
droit et certaines difficultés d'application, il faut privilégier
les libertés et les principes plus fondamentaux, puisqu'il nous semble
qu'il doit y avoir moyen de pallier les problèmes que pose l'affichage
d'une autre façon que celle qui est proposée. C'est uniquement
là-dessus que la divergence se pose. D'ailleurs, je voulais citer ici
certains éléments du rapport de la Fraternité des
policiers de la ville de Montréal qui vont également dans la
même direction que nous, tout comme la Ligue des droits de l'homme, tout
comme le Barreau. Il me semble qu'il y a une suffisante unanimité pour
nous faire penser que nous avons raison de proposer le retrait de cet article.
Par exemple, la Fraternité des policiers dit ceci: "Nous concevons
très mal, à la fraternité, comment ce principe de
présomption de culpabilité qui est appliqué dans le
domaine des débits de boisson, domaine des plus particuliers, puisse
être associé à la réglementation sur l'affiche
commerciale et industrielle". Un peu plus loin, on dit: "Nous ne pouvons y voir
là qu'un accroc sérieux à l'esprit du Common Law". Je
pense que cela a été mis en évidence très
nettement. Avant de faire une présomption de culpabilité envers
des personnes, procédure très exceptionnelle, il faut vraiment
s'assurer qu'il n'y a pas d'autre moyen. La ville ne nous a pas
démontré qu'il n'y avait pas d'autre moyen. Comme je le dis, ce
n'est pas une caution aux gens qui endommagent la propriété
privée. Nous souhaitons que la ville adopte un règlement pour
pallier les problèmes techniques, mais tout en privilégiant,
d'abord et avant tout, les libertés fondamentales, et, en particulier,
la liberté d'expression et les principes du droit qui font que la
présomption de culpabilité doit être utilisée
uniquement en dernier recours.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je suis profondément
démocratique, mais il me semble que certains citoyens ou groupes de
citoyens abusent de certains privilèges qu'ils ont et que ces citoyens
ou groupes de pression devraient agir avec un peu plus de civisme en
matière d'affichage.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Très brièvement, M. le
Président, je voudrais simplement dire que le problème est
réel et majeur, j'en conviens. Il me semble qu'il faut chercher des
moyens de réprimer cet abus. Ce qui m'a inquiété au sujet
de la proposition de la ville, c'est que le résultat, à mes yeux,
aurait été qu'un certain nombre d'honnêtes citoyens
auraient été obligés de se présenter devant les
tribunaux pour fournir une preuve qu'ils n'étaient pas responsables de
cet affichage abusif, tandis que le problème me paraît en
être un de clandestinité; c'est plutôt un travail policier
d'aller trouver les responsables de quelque chose qui aurait été
fait à l'insu d'une personne honnête, qui n'aurait pas voulu
endommager la propriété publique.
Il faut, à mon sens, définir où l'affichage peut se
faire, de quelle façon, etc. Mais, pour aller plus
loin, il me semble que faire venir d'honnêtes citoyens et les
obliger à prouver qu'ils n'avaient pas de responsabilité pour un
geste, tandis que les gens qui agissent dans la clandestinité,
continueraient de le faire, à moins que la police ne réussisse
à les retracer, je trouve qu'il y a quelque chose qui fait défaut
là-dedans et c'est pour cela que j'ai appuyé la position prise
par le ministre.
Le Président (M. Bertrand): Article 173, rejeté.
Article 174.
M. Allard: M. le Président, en ce qui a trait à
l'article 174, la principale modification que la ville désirait voir
apporter avait trait au troisième paragraphe, paragraphe qui est
relié à certains articles qui ont été
rejetés par la commission, notamment l'article 168. Or, dans les
circonstances, nous ne demandons plus la modification suggérée
à l'article 1159 de la charte.
Le Président (M. Bertrand): Article 174, retiré.
Article 175.
M. Allard: L'article 175, M. le Président, comporte deux
petites modifications de concordance qui ne devraient pas poser de
problème.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article
176.
M. Tardif: M. le Président, la note que nous avons du
ministère de la Justice, en ce qui concerne l'article 176, demande que
l'on remplace ou que l'on modifie le préambule. On dit: "En outre de ce
qui est prévu à l'article 1162, le juge en chef de la Cour
municipale peut, sur requête motivée du directeur du service de
police, annuler..."
M. Allard: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Alors, "...peut..."
M. Tardif: ... "sur requête motivée..." plutôt
que le libellé.
Le Président (M. Bertrand): "... sur requête
motivée...". D'accord. Y a-t-il autre chose?
M. Tardif: C'est tout.
Le Président (M. Bertrand): Alors, l'article 176 est
adopté tel qu'amendé. Article 177?
M. Tardif: L'article 177 est adopté quant à nous,
M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Article 177, adopté.
Article 178, adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article
179?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article
180?
M. Péloquin: II s'agit de la formule à laquelle on
fait référence à l'article 124 du projet, l'article 883 de
la charte. C'est pour établir la concordance avec cet article, dont la
modification a été accordée.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article
181?
M. Péloquin: La ville serait prête à retirer
cet article, vu que c'est l'article qui prévoit une formule pour
l'assignation des propriétaires de véhicules
étrangers.
Le Président (M. Bertrand): L'article 181 est
retiré. Article 182.
Mme Charbonneau (Andréanne): M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Oui, madame.
Mme Charbonneau: Andréanne Charbonneau. Je
représente la cité de Westmount. J'ai fait préparer au
sujet de l'article 182... M. Péloquin a expliqué hier qu'il
devait se lire avec l'article 60. L'article 182 permet aux villes
mentionnées dans le premier alinéa de régler certains
différends avec la ville de Montréal, différends qui ont
eu lieu à partir de 1971-1972.
J'ai fait photocopier le texte de l'article 182 avec certaines
suggestions que je voudrais faire en accord d'ailleurs avec la cité de
Côte-Saint-Luc et la ville d'Outremont.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez copie de...
Mme Charbonneau: Oui, j'ai fait préparer des
photocopies.
Le Président (M. Bertrand): Article 182. Ce sont de
grandes feuilles. On va suspendre la séance, pour l'instant, madame, si
vous nous le permettez, le temps de faire des photocopies.
Mme Charbonneau: D'accord. Le Président (M. Bertrand):
183... M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 184,
retiré, n'est-ce pas?
M. Péloquin: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): L'article 184 est
Tetiré. Article 185? Concordance?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Adopté. Article 187?
Adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Article 188, on y reviendra.
Nous allons suspendre nos travaux au maximum deux ou trois minutes et nous
revenons immédiatement après, le temps d'avoir la photocopie de
183.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
Reprise de la séance à 12 h 48
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs, s'il
vous plaît!
Alors, madame Lafond? Charbonneau?
Mme Charbonneau (Andréanne): Andréanne
Charbonneau.
Le Président (M. Bertrand): Mme Charbonneau, vous aviez
trois feuilles à votre document, n'est-ce pas?
Mme Charbonneau: Exact.
Le Président (M. Bertrand): II y avait l'article 182, qui
était compris sur une feuille.
Mme Charbonneau: C'est exact, j'aimerais revenir...
Le Président (M. Bertrand): Et l'article 60 sur deux
feuilles.
Mme Charbonneau: Oui, j'aimerais revenir à l'article 60
tantôt.
Le Président (M. Bertrand): On va commencer par l'article
182.
Mme Charbonneau: On va commencer par l'article 182.
Le Président (M. Bertrand): Alors, ces trois feuilles vous
sont distribuées en ce moment.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... pour la bonne intelligence de ceux que nous
allons entendre; j'ai cru comprendre qu'il y avait essentiellement une entente
entre les municipalités intéressées. Est-ce que les
propositions que Mme Charbonneau va nous faire ont été
discutées avec les représentants de la ville de
Montréal?
M. Charbonneau: C'est exact, M. le député. M.
Goldbloom: Boni
Le Président (M. Bertrand): Est-ce que la ville de
Montréal a donné son consentement?
M. Péloquin: Ces modifications ont été
discutées, c'est exact, avec moi. Mais, au premier paragraphe... est-ce
qu'on parle de l'article 182?
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Péloquin: Au premier paragraphe des "soit, soit", je ne
peux pas m'opposer à ça, ce sont des cosmétiques, mais, si
ça peut embellir le texte, je n'ai pas d'objection.
Mme Charbonneau: C'est pour la meilleure compréhension du
texte, c'est tout.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Me Pé-loquin,
aux troisième et quatrième paragraphes?
M. Péloquin: On dit: Au lieu de "dans les cités de
Westmount", "dans le territoire". Je ne peux pas avoir d'objection non
plus.
Le Président (M. Bertrand): Mais sur le prix de la
fourniture?
M. Péloquin: Sur le prix de la fourniture, on retrouve
tant dans les règlements municipaux que dans la charte, les expressions
quant à l'eau, "prix de l'eau" et "taxe de l'eau". Maintenant dans les
règlements dont il s'agit, 4591, 4761, 4875 et 4964, on avait
employé le terme "taxe". C'est pour cette raison que quand nous avons
préparé la modification, nous avons employé ce terme. Si
ma consoeur...
Le Président (M. Bertrand): Comme c'est le seul amendement
sur lequel vous semblez un peu réticent, est-ce qu'il y aurait moyen de
demander à Mme Charbonneau pourquoi il faut indiquer le prix de la
fourniture?
Mme Charbonneau: Pour le paragraphe 3 de 182, c'est simplement
une question de concordance, tout d'abord avec le premier paragraphe de 182 et
également, avec 628. Je réfère au premier alinéa de
628. Il est toujours question du prix de la fourniture de l'eau dans le
territoire d'une ou des villes en question.
M. Péloquin: Evidemment, de temps en temps, on parle du
prix. Ce qui arrive, c'est que ce prix est chargé aux contribuables de
ces municipalités, par la ville de Montréal, sous forme d'une
taxe. Les comptes de taxes sont envoyés aux contribuables de la ville de
Montréal et de ces contribuables.
Mais si ma consoeur est d'avis que pour une meilleure concordance, on
devrait employer les mots "le prix de la fourniture", il n'y aurait pas
d'objection au point de vue juridique.
Le Président (M. Bertrand): A ce moment-là, les
amendements proposés seraient adoptés? Me Péloquin? C'est
de la concordance. C'est de la concordance avec le même article, dans le
fond.
M. Péloquin: Oui, mais au premier paragraphe, on dit: Le
prix de la fourniture de l'eau. C'est ce qui serait transigé entre les
municipalités de Westmount, Côte-Saint-Luc, Outremont, d'une part,
et la ville de Montréal. C'est vraiment un prix. C'est un coût.
C'est ce qu'on fait établir par la Commission municipale, à
chaque année. C'est le prix.
Ce prix, une fois qu'il est établi, il est mis dans un
règlement municipal et imposé aux citoyens de ces
municipalités sous la forme d'une taxe. C'est pour cela qu'on trouve que
ce ne serait pas illogique de retrouver, dans ce même article, au
paragraphe 1), le terme "le prix", lorsqu'on parle du prix global, le
coût de l'eau, et de retrouver le terme "taxe" au troisième
alinéa.
Les règlements de la ville auxquels on réfère en
employant le mot "la taxe"... Je crois personnellement qu'il est
préférable d'employer encore le mot "la taxe" de l'eau.
Le Président (M. Bertrand): On s'amuse beaucoup entre
linguistes. Le prix d'une fourniture d'eau, c'est une taxe.
M. Péloquin: Cela devient une taxe lorsque c'est
imposé et perçu des contribuables.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Simplement pour ajouter, M. le Président,
qu'au paragraphe 3), on parle de perception. A mon sens, on perçoit une
taxe, plutôt que le prix de la fourniture de quelque chose.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Tardif: En fait, M. le Président, c'est que les deux ne
sont pas synonymes. On sait pertinemment qu'il peut y avoir un écart
très grand entre le prix réel de production de l'eau et la taxe
d'eau, l'autre partie étant assumée dans la taxe foncière
générale.
Le Président (M. Bertrand): Mme Charbonneau,
reviendriez-vous à "taxe"?
Mme Charbonneau: M. le Président, après avoir
écouté mon confrère, sur le paragraphe 3) uniquement, pour
les deux alinéas, je suis prête à laisser aller la taxe,
parce que je comprends que c'est plutôt une question de concordance cette
fois avec le règlement de la ville et non la loi elle-même. Alors
qu'à deux endroits, ce serait la taxe de l'eau, dans le territoire de
Westmount et Côte-Saint-Luc et, un peu plus bas, c'est la taxe de l'eau
dans le territoire de la ville d'Outremont.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Est-ce que cela
irait comme cela?
M. Péloquin: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Adopté, tel
qu'amendé.
Mme Charbonneau: M. le Président... Le Président
(M. Bertrand): Oui, madame.
Mme Charbonneau: Au sujet de l'article 60, j'aimerais y revenir,
en m'excusant d'ailleurs d'avoir été hier très silencieuse
quand il a été adopté. Je suis restée silencieuse,
parce que je croyais que vous aviez déjà en main un petit
amendement que j'avais suggéré et semble-t-il que vous ne l'aviez
pas.
Le Président (M. Bertrand): Non, malheureusement.
Mme Charbonneau: ... J'ai fait distribuer le texte de l'article
60 et d'autres raisons. Si vous voulez regarder, sur le premier feuillet de
l'article 60...
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
Mme Charbonneau: ... au troisième alinéa, à
la onzième ligne, on pourrait dire en commençant à la
dixième ligne "ce prix pouvant être basé sur la valeur
locative"; on est d'accord avec les trois villes de Westmount,
Côte-Saint-Luc et Outremont, pour suggérer qu'on dise plutôt
"ce prix pouvant être basé sur la valeur... On insère
"réelle des immeubles, sur la valeur locative", et ainsi de suite.
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, si je comprends bien, il
est proposé à ce troisième alinéa du nouvel article
628 qu'il y ait un nouveau régime pour l'avenir. Le régime actuel
qui existe comme entente entre les villes ne porte-t-il pas sur la valeur
locative? Est-ce que ce n'est pas la valeur locative qui y est
mentionnée?
Mme Charbonneau: C'est la valeur locative, M. le
député. Ici, c'est une option qui est donnée, la
possibilité d'une option. On s'est dit: S'il y a cette
possibilité, aussi bien essayer de prévoir toutes sortes de
possibilités justement dans le même amendement, entre autres, la
possibilité de percevoir cette taxe que pourraient percevoir les villes
respectives qui ont cette option sur la valeur locative, qui est
déjà là, ou réelle des immeubles.
Le Président (M. Bertrand): Me Péloquin.
M. Péloquin: Quant à la ville, remarquez bien que
nous en sommes au stade où ces municipalités auraient payé
à la ville de Montréal le prix de la fourniture de l'eau,
globalement, et là, on en est au mode de répartition entre les
citoyens de ces villes. Est-ce que cela doit être réparti entre
les locataires ou les occupants apparaissant au rôle des valeurs
locatives ou est-ce que cela doit être réparti entre les
propriétaires apparaissant au rôle foncier? Cela ne concerne pas
la ville de Montréal. Est-ce que c'est l'endroit pour mettre cela? Je ne
veux pas me prononcer là-dessus. Je saisis simplement la commission de
la possibilité que cela soit dans la charte de ces
municipalités.
Mme Charbonneau: En fait, la possibilité existe
déjà. On nous donne la possibilité de percevoir de deux
façons, pourquoi ne pas en mettre une troisième? Ce sera
là.
Le Président (M. Bertrand): Me Paquet.
M. Paquet: M. le Président, j'interviens ici, non pas
comme procureur, mais comme associé du procureur de la ville
d'Outremont, pour signaler à la commission qu'à mon avis une
municipalité régie par la Loi des cités et villes a le
loisir, en vertu de la Loi des cités et villes, d'imposer la taxe d'eau,
soit au propriétaire soit au locataire.
En l'absence de l'amendement demandé par Mme Charbonneau, cette
possibilité, qui existe dans la Loi des cités et villes, serait
enlevée aux municipalités de Westmount, d'Outremont et de
Côte-Saint-Luc.
M. Péloquin: Dans ce cas, M. le Président, je n'ai
aucune espèce d'objection à ce que ce soit confirmé, ici,
dans ce texte, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté et que la Loi des
cités et villes puisse s'appliquer à l'égard de cette
disposition particulière également.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, puisque ces
autres municipalités sont effectivement régies par la Loi des
cités et villes.
Le Président (M. Bertrand): Un instant, le ministre...
M. Laberge: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Laberge: La question que je me pose concernant l'expression
"valeur réelle", est-ce qu'on veut dire la valeur réelle de
l'immeuble, pour fins de vente, ou si c'est la valeur fixée par le
rôle d'évaluation?
Mme Charbonneau: Par le rôle d'évaluation.
M. Laberge: Est-ce que cela devrait être mentionné
ou si cela peut prêter à confusion?
Mme Charbonneau: A ce moment, on songeait à
l'évaluation foncière.
M. Laberge: Ceci peut prêter à confusion.
M. Tardif: M. le Président, l'article 60, tel qu'il est
libellé, présentement, si on le relit sans l'amendement
proposé par l'intervenant de la cité de Westmount, se lit comme
suit: et je me réfère où est le renvoi "Ce
prix pouvant être basé sur la valeur locative", il n'est pas dit
qu'il doit être basé sur la valeur locative, il dit: "pouvant
être basé sur la valeur locative", ce qui n'exclut donc pas qu'il
pourrait être déterminé d'une autre manière.
Mme Charbonneau: M. le ministre, ce sont simplement des
possibilités qu'on avance ici. Les villes en question choisiront, parce
qu'elles ont le droit de le faire. Il n'y a aucun mode de prévu,
même dans la Loi des cités et villes, pour percevoir ce genre de
prime ou de taxe.
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Goldbloom: Je ne veux pas faire une chicane de mots, mais il
me semble que quand le ministre cite le texte qui dit: "Ce prix pouvant
être basé sur la valeur locative, ou, dans le cas d'un
bâtiment muni d'un compteur réglementaire sur la quantité
d'eau consommée", le verbe "pouvant" étant suivi de deux choix
seulement, il laisse seulement ces deux options. Me Charbonneau veut en
introduire une troisième.
M. Tardif: L'économie de la Loi des cités et villes
qu'on a invoquée tantôt dit bien que le prix pour l'eau peut
être imposé soit au propriétaire, soit au locataire, mais,
à ce moment, la taxe d'eau n'est pas vraiment assimilée à
une taxe foncière, ce qu'on ferait, en quelque sorte ici, en disant que
la taxe d'eau peut être basée sur la valeur réelle de
l'immeuble.
La taxe d'eau n'est pas, dans la Loi des cités et villes, une
taxe foncière. C'est une taxe de service et, à ce moment, si la
municipalité veut s'en servir comme critère, notamment du
rôle de valeur locative ou de la quantité d'eau consommée,
elle peut le faire, mais l'introduction de cet article aurait pour effet
d'assimiler, à toutes fins pratiques, la taxe d'eau à une taxe
foncière.
Mme Charbonneau: J'aimerais seulement porter à votre
attention l'article 442 de la Loi des cités et villes, le
quatrième alinéa de cet article, qui ne dit pas vraiment comment
elle peut le percevoir.
Il est dit: "Le conseil peut faire des règlements pour fixer la
taxe de l'eau, en sus de la taxe spéciale mentionnée dans
l'article 439 et de celle mentionnée dans l'article 441, pour fournir
des compteurs qui sont placés dans les bâtiments ou
établissements afin de mesurer la quantité d'eau qui y est
consommée et pour fixer le prix de l'eau et de la location de ces
compteurs."
Ensuite, cinquièmement, "pour prescrire que la taxe de l'eau est
due et payable par versements et dans les délais qu'il juge à
propos de fixer".
Finalement, on ne dit rien là-dedans. On peut tout faire. On peut
l'avoir soit sur la valeur réelle ou sur la valeur locative,
qu'importe.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Je constate qu'il est déjà 13 h 5. Nous
avions déjà, pour ce qui est de l'article 60, demandé
à la Commission municipale son avis sur l'ancien article 60. Comme nous
devons, je pense, suspendre nos travaux, je profiterais de l'occasion pour
reporter l'étude de ce point et, entre-temps, consulter la Commission
municipale.
Le Président (M. Bertrand): Bien. Alors, avant que nous ne
suspendions nos travaux, je voudrais, parce que je ne suis pas certain que je
serai ici cet après-midi, rendre la décision concernant la
demande de Me Péloquin de ce matin. J'ai consulté le
président de l'Assemblée nationale et voici de quelle
façon nous avons décidé de résoudre le
problème.
Notre règlement actuel permet de corriger les
procès-verbaux et le journal des Débats à la suite
seulement d'erreurs techniques qui ont pu s'y glisser. Cependant, il n'existe
aucun précédent qui nous permette de biffer des mots ou des
phrases qui ont été effectivement prononcés.
Il y a même un peu plus que cela. Si un député est
obligé de retirer des paroles offensantes qu'il a pu prononcer, telles
paroles apparaîtront quand même au journal des Débats. Il y
a simplement une rectification ou un retrait de parole, post facto, qui
pourrait survenir, mais les mots restent inscrits au journal des Débats.
D'ailleurs le cas qui se présente devant cette commission ne cause pas
un préjudice important à quiconque peut être
concerné par les paroles qui ont été prononcées. En
effet, après avoir cité quelques mots qui étaient contenus
dans le document de M. Perron, M. Péloquin d'un même trait, s'est
empressé d'ajouter: "Je crois qu'on ne doit pas tolérer que des
documents circulent ainsi avec des allégations qui sont absolument mal
fondées, qui sont absolument injustes à l'égard des
personnes qui pourraient être visées." R/579-B/AM, page 1.
C'est consigné au journal des Débats.
Par cette dernière affirmation ou dénégation,
l'équilibre a été rétabli, du moins dans une
certaine mesure. En conclusion, qu'on ait cité, à tort ou
à raison, en partie ou au long, un document régulièrement
ou irrégulièrement déposé ou non
déposé, on ne peut faire biffer, au journal des Débats,
des paroles effectivement prononcées. On ne peut que permettre à
celui qui a commis une erreur quelconque de s'expliquer, et les explications,
comme l'erreur, apparaîtront au journal des Débats.
M. Péloquin: Je vous remercie, M. le Président, et,
à l'avenir je serai sur mes gardes.
Le Président (M. Bertrand): Merci, Me Péloquin.
Alors, nous ajournons nos travaux sine die, mais nous attendrons un
ordre de la Chambre cet après-midi. Dans les circonstances, je pense
qu'il y aura peut-être entente pour que les parties puissent recommander
au leader parlementaire du gouvernement que nous siégions après
la période des questions cet après-midi, mais cela demeure sous
réserve des décisions de l'Assemblée nationale.
(Fin de la séance à 13 h 8)
Reprise de la séance à 16 h 53
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons poursuivre l'étude du projet de loi no 200, Loi
modifiant la charte de la ville de Montréal. Les membres de la
commission pour cet après-midi sont: M. Alfred (Papineau), M.
Beausé-jour (Iberville), M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplacé
par M. Paquette (Rosemont); M. Caron (Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
de Belle-feuille (Deux-Montagnes), M. Dubois (Huntingdon), M. Dussault
(Châteauguay), M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Lacoste (Sainte-Anne)
remplace M. Lavigne (Beauharnois); M. Léger (Lafontaine), M.
Léonard (Laurentides-Labelle) est remplacé par M. Lefebvre
(Viau); Mme Ouellette (Hull) est remplacée par M. Laberge
(Jeanne-Mance); M. Saindon (Argenteuil), M. Tardif (Crémazie), M.
Vaugeois (Trois-Rivières) et M. Verreault (Shefford).
M. Blank: II est remplacé par M. Blank de Saint-Louis.
Le Président (M. Bertrand): M. Verreault (Shefford) est
remplacé par M. Blank (Saint-Louis).
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, si vous n'avez
pas d'objection, j'aimerais mieux que ce soit M. Saindon (Argenteuil) qui soit
remplacé par M. Blank (Saint-Louis).
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
Nous en sommes à l'article 60. Nous en étions à la
question de la valeur réelle des immeubles. Est-ce qu'il y a des
développements depuis ce matin?
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais poser une
question. Peut-être le ministre voudrait-il répondre et
peut-être Me Paquet qui s'est exprimé sur la question voudrait-il
répondre aussi.
Il est proposé par Me Charbonneau d'introduire une allusion
à la valeur réelle des immeubles, outre la valeur locative, ce
qui donnerait trois options quant à la façon par laquelle le prix
de l'eau pourrait être déterminé. Cela, c'est une question.
L'autre est l'identité de la personne qui recevrait le compte de taxes.
Serait-il possible que le prix de l'eau soit déterminé selon la
valeur locative seulement, mais que le compte de taxes soit quand même
envoyé au propriétaire ou au locataire selon le cas?
Est-ce qu'il y a un lien absolu entre les deux ou sont-ce deux
considérations différentes?
Le Président (M. Bertrand): Me Paquet.
M. Paquet (Jean-Marie): M. le Président, en vertu de
l'article 442, paragraphe 4, de la Loi des cités et villes, une
municipalité a le pouvoir de déterminer le prix de l'eau, mais
les critères de détermination ne sont pas établis par la
loi elle-même. Il existe cependant un phénomène, c'est que,
pour fixer le prix de l'eau sur la base de la valeur locative, encore faut-il
que la municipalité fasse confectionner, par le commissaire à
l'évaluation de la Communauté urbaine de Montréal, un
rôle de valeur locative. Il s'agit là d'un travail qui implique
des coûts relativement considérables, coûts qui pourraient
être évités, à mon avis, si on adoptait possiblement
la valeur réelle au lieu de la valeur locative comme critère,
permettant à la municipalité de ne faire confectionner, si elle
en a besoin, qu'un rôle de valeur locative pour fins de taxe
d'affaires.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président, c'est une
réponse utile.
M. Tardif: M. le Président, les légistes du
ministère ne sont pas encore arrivés. Ils devaient
procéder à une vérification avec la Commission municipale.
Je vous demanderais, s'il était possible, de reporter ceci de quelques
instants, jusqu'à ce que nous ayons eu la réponse.
Le Président (M. Bertrand): On passe à d'autres
articles. Normalement, nous devons revenir à l'examen des articles 54,
55, 131, 132, 134, 135, en commençant par 54, si ma mémoire est
bonne.
Toujours sur l'article 54.
M. Tardif: M. le Président, après consultation avec
le ministre des Transports, de qui relève l'application d'une partie de
la Loi de l'expropriation, notamment les articles qui nous concernent, dans le
cas à tout le moins de l'article 54, celui-ci nous dit qu'il n'a pas
d'objection de principe quant au fond même de l'article. Il n'en est pas
nécessairement de même pour les autres que nous verrons
tantôt, mais la question plus fondamentale qu'il pose est la suivante...
Justement la Loi de l'expropriation, le chapitre 38 des lois de 1973, a
été adoptée dans le but d'avoir une législation
uniforme dans tout le Québec en matière d'expropriation.
Evidemment, chaque fois qu'une municipalité obtient des pouvoirs
particuliers en vertu d'une charte, à ce moment-là, le
législateur, l'Assemblée nationale, soustrait une partie de la
population dans le cas de Montréal, c'est évidemment une
partie importante des dispositions de la loi générale.
Le point de vue du ministre des Transports, du ministère des
Transports, sur cette question j'ai également eu des
consultations avec les ministres du comité de législation
est celui-ci: Si ces mesures se défendent et doivent être
adoptées, on doit procéder plutôt par voie d'amendement
à la loi générale de l'expropriation que par voie de
pouvoirs particuliers à la ville de Montréal.
Si bien, encore une fois, que l'objection n'en est pas une sur le fond
ou sur les pouvoirs qui sont demandés, mais bien plus sur
l'opportunité de légiférer de façon très
particulière pour Montréal, dans ce cas-là.
Le ministre des Transports est même soucieux d'essayer de traduire
dans la loi générale un certain nombre des représentations
qui sont faites ici par la ville de Montréal.
Le Président (M. Bertrand): Me Péloquin.
M. Péloquin: M. le Président, j'aimerais exposer
les motifs pour lesquels nous croyons qu'il devrait y avoir des dispositions
particulières, même si, évidemment, la ville, comme tout
corps expropriant, est soumise à la même procédure
d'expropriation et d'imposition des réserves depuis la Loi de
l'expropriation. Hier, la commission parlementaire a approuvé l'article
10, qui est l'article 106 de la charte et qui dit au paragraphe r): "Le
comité exécutif peut décréter l'imposition de
réserves pour fins publiques; après l'adoption de ce
décret, le comité exécutif doit le soumettre au conseil
pour approbation à la première assemblée qui suit le 60e
jour de son adoption."
On voit que, pour la ville de Montréal, il y a adoption d'une
réserve par le comité exécutif qui se fait habituellement
sur ce qu'on appelle un plan préparé par le service de
l'habitation et de l'urbanisme. Subséquemment à cela, ce plan est
transmis au service des travaux publics pour faire confectionner un plan
d'arpentage qui, lui, pourra être enregistré conformément
à la Loi de l'expropriation. Ce n'est que deux mois après que le
comité exécutif saisit le conseil de ce projet d'imposition des
réserves. Par la suite, il y a un avis qui est envoyé à la
personne conformément à la Loi de l'expropriation, qui est
réservé, et la ville va le faire enregistrer dans les quinze
jours.
Nous soumettons qu'à cause de cette procédure
particulière, il s'imposerait que le gel s'effectue dès que la
ville a fait connaître son intention de réserver un terrain par un
décret du comité exécutif. C'est le même principe
que celui qu'on retrouve au paragraphe o) de l'article 106 qui prévoit
le gel des permis, lorsque le comité exécutif étudie un
projet de règlement de zonage pour le soumettre éventuellement
à l'approbation du conseil. C'est le principe de geler avant
l'opération et non pas de geler après l'opération. Ceci,
c'est pour la procédure d'imposition des réserves. Je suis
d'accord avec le ministre qu'il y a déjà une disposition dans la
Loi de l'expropriation sur les effets d'imposition des réserves à
l'égard des permis, c'est à l'article 78.
Toutefois, dans le cas de l'expropriation, et nous avons greffé
ici le texte qui était aux articles 611 et 611 a, nous les avons fondus
dans un nouvel article 611, qui reprend les mêmes termes que la Loi de
l'expropriation. Dans ce nouvel article, on traite de la situation qui
s'applique à l'émission des permis, eu égard à une
expropriation. A cet égard, il n'y a aucune disposition dans la Loi de
l'expropriation qui nous permet de connaître la conduite que devrait
adopter la ville ou son directeur du service des permis et inspection à
l'égard d'un permis qui serait demandé lorsqu'il y a un
décret d'acquisition. Lorsqu'il y a un décret d'acquisition ou un
décret d'expropriation, il faut environ une année à la
ville de Montréal avant que les expertises soient faites et que les avis
soient envoyés aux expropriés, parce qu'il faut bien savoir
quelle est la valeur de cet immeuble, de façon à pouvoir faire
notre offre d'indemnité provision- nelle équivalente à
70%, soit de l'évaluation municipale ou de la valeur de notre offre.
A cet égard, il y avait déjà une disposition qui
disait: Lorsque la ville a révélé publiquement qu'elle
veut acquérir un terrain c'était l'article 611a il
y a gel de permis. Si quelqu'un va au service des permis et inspection, il est
logique que, dès ce moment-là, le directeur du service des permis
et inspection dise: Je ne peux pas émettre le permis, parce que la ville
va vous exproprier, monsieur. Elle va acquérir votre terrain, elle va
acquérir votre immeuble et, si je vous donnais un permis et si vous
commenciez à construire, ce serait une pure dépense. Vous seriez
évidemment compensé par la ville, mais il faudrait que les
citoyens paient pour une construction qui aurait été
érigée absolument inutilement.
C'est pour ces motifs que nous croyons que, étant donné la
situation particulière de la ville, il s'impose que des dispositions
particulières à l'égard de la conduite de la ville quant
aux demandes de permis qui sont formulées, dès que la ville a
fait connaître son intention soit d'imposer une réserve ou
d'exproprier, soient insérées à la Charte de la ville de
Montréal.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, je comprends
le bien-fondé des représentations du procureur de la ville,
à savoir que le gel devrait commencer à partir du moment
où il y a une résolution du comité exécutif, et non
pas à partir du moment où est signifié et dûment
enregistré l'avis d'expropriation. Et si c'est vrai pour Montréal
que cet intervalle qui s'écoule peut donner lieu effectivement à
des travaux, à des réparations, c'est également vrai pour
les autres municipalités du Québec.
C'est la raison pour laquelle le ministre des Transports a pris bonne
note des représentations de la ville à ce sujet et s'est
déclaré prêt à revoir la loi générale
de l'expropriation.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Une simple question au ministre. Je partage son
attitude, en général, quant aux projets de lois privés,
c'est-à-dire que s'il y a lieu de modifier la loi
générale, telle est toujours la procédure
préférable.
Il nous est arrivé quand même dans le passé, sous
tous les gouvernements, de reconnaître que pour une municipalité
demanderesse il y avait un besoin assez immédiat et que, dans une
perspective raisonnable de l'activité de l'Assemblée nationale,
il ne serait pas possible de modifier la loi générale dans les
semaines qui viendraient.
Je voudrais tout simplement lui demander si le ministre des Transports
s'oppose, formellement, à l'acceptation de ce qui est proposé par
la ville de Montréal.
M. Tardif: C'est à la fois le ministre des Transports et
le comité de législation qui ont demandé de surseoir
à l'adoption de cet article dans le ca-
dre des amendements à la charte pour pouvoir étudier la
possibilité de l'introduire dans la loi générale.
M. Goldbloom: Dans ce cas, il me serait impossible d'insister
davantage.
Le Président (M. Bertrand): Alors, votre proposition
à l'article 54 est rejetée. Article 54, rejeté. Article
55.
M. Tardif: Par le fait même, cela ne devrait-il pas
être rejeté?
Le Président (M. Bertrand): C'est une concordance?
M. Tardif: Bien oui.
M. Péloquin: C'est au même effet.
M. Tardif: C'est cela.
M. Péloquin: C'est au même effet que l'article
précédent. Cela avait été combiné.
Le Président (M. Bertrand): Rejeté. Article
131.
M. Tardif: Dans le cas de l'article 131, M. le Président,
j'aimerais demander à la ville de nous résumer brièvement
pourquoi elle croit que cet article est nécessaire, considérant
le fait qu'il existe déjà, à Montréal, un Office
municipal d'habitation, et de nous exposer, pour le bénéfice de
la commission, en quoi l'organisme qu'on se propose de créer pourrait
agir dans un domaine dans lequel ne peut pas ou n'agit pas présentement
l'Office municipal d'habitation.
M. Péloquin: M. le Président, en quelques mots, il
s'agit ici de créer une corporation qui pourrait être le pendant
de l'Office municipal d'habitation, mais qui aurait une vocation quelque peu
différente, en ce sens qu'elle aurait pour fonction de restaurer
principalement des bâtiments qui sont vacants et qui pourraient
être mis à la disposition de personnes cherchant des logements,
qui seraient de toutes les conditions sociales, et cette corporation,
contrairement à l'Office municipal d'habitation, ne recevrait pas de
subvention comme telle pour permettre aux locataires de pouvoir payer le
coût du logement. En définitive, cette corporation devrait faire
ses frais. Elle devrait facturer aux locataires des bâtiments qu'elle
restaurerait ou qu'elle acquerrait le prix que cela lui a coûté.
C'est une vocation différente de celle de l'Office municipal
d'habitation qui voit à construire et à aménager des
logements qu'on appelle subventionnés aux personnes à faible
revenu ou à revenu modique.
Dans ce cas-ci, il n'est pas question des revenus des personnes qui
pourraient habiter ces logements et qui pourraient être des personnes de
toutes les classes de la société. Vu que l'Office municipal
d'habitation prend de plus en plus d'importance, il a été
jugé utile de demander des pouvoirs particuliers pour créer une
autre corporation, qui serait gérée de façon distincte
pour ces fins particulières.
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Est-ce que je dois comprendre qu'une des raisons
pour lesquelles la ville fait cette proposition, c'est que ce genre
d'activité ne conviendrait pas à une municipalité comme
telle et qu'il serait donc préférable que ce soit un organisme
à part, à but non lucratif, qui s'en occupe? Peut-être,
pendant que je pose des questions, que je pourrais demander sans doute
M. Lamarre serait intéressé à réagir quelle
augmentation de cette activité la ville prévoit-elle par la
constitution de cet organisme? Il y a actuellement une certaine activité
dans le domaine de la restauration des maisons, mais si la ville veut
créer un organisme additionnel, c'est sûrement pour faire
davantage; quelles sont les perspectives à cet égard?
Le Président (M. Bertrand): M. Lamarre.
M. Lamarre: M. le Président, à l'intérieur
d'une politique complémentaire, mais véritable, dans le domaine
de l'habitation, nous avons, à la ville de Montréal,
appliqué premièrement le Code du logement, qui s'adresse à
35 zones de la ville de Montréal, qui touche environ le tiers de la
ville. Nous avons aussi un programme de subsides à la restauration
résidentielle et nous avons l'office municipal qui a jusqu'à
maintenant construit 7000 logements à prix modique à
Montréal.
Nous voulons que cette politique complémentaire puisse avoir un
quatrième volet, c'est-à-dire la création d'une
corporation sans but lucratif qui nous permettra de restaurer dans un premier
temps des maisons que les propriétaires ne peuvent pas restaurer. Comme
le ministre le disait déjà dans une déclaration, il y a
actuellement à Montréal 1500 à 2000 logements
placardés ou abandonnés; le pouvoir que cette modification nous
donnerait nous permettrait d'aller chercher ces logements, de les restaurer et
de les mettre sur le marché de la location.
Je dois dire que cette corporation s'adresse aux ouvriers
spécialisés, aux salariés moyens, aux cols blancs, aux
cols bleus. Elle ne s'adresse pas à des loyers modiques, c'est un loyer
modéré, elle doit s'autofinancer, et si nous ne voulons pas,
surtout dans les vieux quartiers, créer des ghettos facilement
identifiables, je pense qu'il est absolument nécessaire et essentiel que
la législature provinciale nous accorde le pouvoir de créer cette
corporation.
Nous voulons, dans un premier temps, tenter de restaurer 1000 logements
par cette corporation qui pourra se financer, s'autofinancer, par
différents moyens et, en plus, bénéficier des subsides
à la restauration résidentielle, comme tout autre
propriétaire peut en bénéficier.
Nous voulons mettre à la disposition de tous les
éléments de notre population, des loyers à prix
modérés, dans des quartiers qui sont en perte de vitesse. Nous
voulons tenter, par ce quatrième volet d'une politique
complémentaire, de régénérer, de revitaliser les
quartiers, les vieux quartiers de Montréal qui en ont besoin
actuellement.
Je pense que c'est absolument essentiel; depuis deux ans
déjà que nous avons, à l'intérieur des
modifications, fait voter, devant le conseil, cette demande de nous accorder le
pouvoir de le faire et j'espère que la commission se prononcera
positivement sur cette question.
Le Président (M. Bertrand): Oui, monsieur.
M. Lebeau: Je voudrais, au nom du RCM, dire quelques mots
là-dessus pour signifier l'importance qu'on accorde au fait que la ville
puisse se prévaloir du droit de se doter d'une société
sans but lucratif, avec les pouvoirs que la ville demande ici.
Nous croyons et c'est ce que nous répétons depuis
longtemps, c'est ce que nous avons notamment répété il y a
quelques semaines, lorsque quelques députés de la région
de Montréal ont tenu des audiences publiques sur la question du
logementnous croyons que la question du logement est fort complexe, qu'il
n'y a pas de solution unique à la question, qu'il y a de nombreuses
pistes à explorer, et celle qui permettrait à la ville d'agir,
dans le sens qui lui est demandé, est une piste que nous trouvons
souhaitable. C'est certainement une piste qu'il vaut la peine d'explorer, qu'il
vaut la peine d'expérimenter.
Cette société sans but lucratif pourrait s'avérer
un instrument important pour la ville de Montréal. Au plus grand profit
des citoyens de Montréal, elle pourrait s'avérer un instrument de
contrôle, d'une certaine forme de contrôle, pour maintenir la
qualité du stock de logements à Montréal.
Lorsque cette question avait été débattue au
conseil de ville, nous avions posé un grand nombre de questions à
l'administration sur ce qu'effectivement, allait impliquer un tel pouvoir pour
la ville. Nous avions, et nous avons encore, de nombreuses réserves sur
certains aspects de cette question.
Par exemple, il n'y a rien, par cet amendement, qui peut nous garantir
que cette société sans but lucratif ne deviendra pas un immense
appareil bureaucratique, inhumain, comme l'est devenu, malheureusement,
à mon avis, l'Office municipal d'habitation. Il n'y a rien qui peut nous
garantir, avec l'adoption de cette mesure, que les logements que la ville
décidera d'acquérir et ensuite, de gérer, ne seront pas
seulement des logements barricadés et vraiment taudifiés. Parce
que, si la ville, à notre avis, se servait de cette disposition de la
loi pour n'acquérir que des logements vraiment barricadés, il
pourrait être à craindre que finalement, ce soit un moyen de
réparer les pots cassés de certains propriétaires qui
procèdent à des manoeuvres de dégradation, pour qu'ensuite
la ville, après un certain nombre d'années que les logements
n'ont pas été entretenus ou réparés, arrive et
achète ces logements, les restaure et les remet sur le marché
locatif à des coûts évidemment très
élevés.
J'attire l'attention de la commission sur le fait que la commission
Legault, qui avait étudié cette question et qui avait
proposé ce genre de mesure, fixait le coût des logements, une fois
restaurés, une fois gérés de cette façon, à
environ $350, ce qui actuellement à Montréal ne nous semble pas
répondre à un besoin, en tout cas dans les quartiers
populaires.
Mais, ceci dit, malgré les réserves que nous avons encore
sur la façon dont cette société sans but lucratif pourra
fonctionner, nous croyons essentiel que la ville soit dotée d'un tel
pouvoir, d'une société sans but lucratif, parce que c'est un
moyen de plus... Ce n'est pas le seul. Il n'y a pas une seule façon de
contrer la crise du logement, il y en a plusieurs. Cela suppose plusieurs
mécanismes, plusieurs moyens à la disposition des
autorités publiques. Nous croyons que cette façon de
procéder peut s'avérer un instrument très efficace ou,
tout au moins, très utile, comme un des nombreux moyens de
contrôle que les divers niveaux de gouvernement peuvent utiliser. Je vous
remercie.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je dois dire que je trouve
passablement intéressant ce qui est proposé par la ville. Le
ministre aura peut-être des commentaires de nature technique. Je crois
que le but est tellement louable et nécessaire que, sur le principe,
pour ma part, je vois mal que nous ne soyons pas d'accord.
En ce qui concerne les réserves émises par le RCM
c'est M. Lebeau, je pense, qui avait la parole ma réaction est
que l'on n'aura jamais l'assurance, avant de vivre l'expérience, que
tout ira bien. Mais, puisque dans le moment on ne comble pas ce vide dans le
programme, j'aimerais, pour ma part je parle pour l'Opposition
officielle en ce disant qu'un essai loyal soit fait de cette
expérience qui pourra être un exemple pour d'autres
municipalités.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, en ce qui regarde le
deuxième parti de l'Opposition, nous félicitons la ville d'avoir
pris cette initiative afin de combler une lacune, et nous appuyons cette
demande.
Le Président (M. Bertrand): M. George.
M. George (Kenneth): M. le Président, je voudrais d'abord
faire remarquer que le RCM est d'accord avec la proposition. Cependant, nous
amènerons un amendement tantôt. Ce sur quoi
nos réserves portent, ce n'est pas sur le fait que la ville
puisse exercer ce pouvoir, mais sur l'exercice que fera l'administration
actuelle de ce pouvoir. Il y a une nuance. Que la société soit
nécessaire en fonction d'une de ces pistes, il n'y a aucun doute dans
notre esprit. Il n'y a aucun doute dans notre esprit non plus, compte tenu des
informations obtenues du conseil municipal par le conseiller Le-beau, que la
façon dont cette société fonctionnera ne correspond pas
à ce que nous percevons comme des besoins prioritaires. Mais c'est au
conseil municipal, exclusivement, que ce niveau de débat doit se
faire.
Par ailleurs, il est un aspect dans cette proposition qui mérite
de retenir l'attention, à savoir le degré de contrôle
qu'auraient les résidants des logements sur les logements. Des
renseignements obtenus également du conseil municipal, nous savons qu'on
ne cherchera pas, à travers cette société, à
favoriser la gestion des logements par les résidants. On sait
également que les résidants impliqués ne seront pas
invités à participer à la gestion de la
société elle-même. Il nous semble que ce sont là des
aspects importants à faire valoir. Il semble aussi important qu'on
accentue une piste particulière en termes de solution à la crise
du logement à Montréal. Pour ces raisons, nous proposons à
la commission de recevoir l'amendement suivant, au second alinéa,
à la phrase: "Elle peut les aliéner aux conditions qu'elle
détermine". Nous proposons à la commission d'accepter
l'amendement suivant: "Elle peut les aliéner à des
coopératives d'habitation et à des sociétés
d'habitation sans but lucratif aux conditions, etc."
Il s'agit essentiellement de faire valoir la priorité à
une façon d'appropriation et d'occupation des logements. Il s'agit
d'assurer que les résidants participent à la gestion des
logements.
Le Président (M. Bertrand): Pouvez-vous me faire
transmettre copie de votre suggestion? Oui?
M. Goldbloom: M. le Président, si vous me le permettez,
j'ai une première réaction. Il me semble que le texte
proposé par la ville n'exclut point des transactions impliquant des
coopératives et d'autres mouvements, mais il me semblerait regrettable
que l'on exclue d'autres particuliers qui pourraient bénéficier
de ces mesures.
Le grand débat sur le coopératisme se poursuit
présentement. Il y a beaucoup de discussions qui ne sont pas
terminées. Il me semblerait regrettable d'ainsi restreindre l'action
possible.
C'est M. George lui-même qui a dit que le grand débat,
quant à l'exercice de ce pouvoir par la ville, par
l'intermédiaire de la corporation à but non lucratif, devra se
faire sur le parquet du conseil municipal. Si des citoyens, qu'ils soient
conseillers municipaux ou non, trouvent que la corporation n'agit pas dans
l'intérêt de la collectivité, dans l'intérêt
des citoyens, il faudra mettre cela en relief, mais il me semble que
l'amendement proposé est une restriction excessive.
Le Président (M. Bertrand): M. George, est-ce que je peux
savoir si, dans le texte des propositions que le RCM a soumis, on retrouve
cet...
M. George: Pas dans ce texte, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Avez-vous une copie de
l'amendement que vous avez rédigé?
M. George: On trouverait une explication et la proposition dans
le mémoire que le Rassemblement a présenté à la
commission aux paragraphes 101, 102 et 103.
Le Président (M. Bertrand): Oui, alors, nous allons
disposer de l'amendement immédiatement. Je le répète: Au
premier alinéa de l'article 964b, à la cinquième ligne, on
lirait: "Elle peut les aliéner", et les nouveaux mots sont: "à
des coopératives d'habitation et à des sociétés
d'habitation sans but lucratif", et on ajouterait: "aux conditions qu'elle
détermine, etc.." Là-dessus seulement.
Me Péloquin.
M. Péloquin: M. le Président, sur l'amendement, la
ville s'oppose fortement à ce qu'il y ait cette restriction d'indue
à l'article et ceci, pour le motif qu'il faut favoriser l'accès
à la propriété de tout le monde. Or, il pourrait bien
arriver qu'un bâtiment, qui aurait été restauré par
la Corporation municipale d'habitation et dont un des logements serait
loué à un locataire, que le locataire soit capable, à un
moment donné, d'accéder à la propriété et
qu'il désire acheter cet immeuble, je ne vois pas pourquoi la ville ne
pourrait pas lui vendre cet immeuble, parce qu'il ne fait pas partie d'une
coopérative ou d'une société d'habitation et, d'ailleurs,
ces bâtiments pourraient ne contenir que deux, trois ou seulement
quelques logements et ça ne vaudrait vraiment pas la peine...
Probablement qu'il y a une coopérative, et des personnes qui habitent
dans ce bâtiment.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je voulais ajouter, M. le Président, que
l'on pourrait se trouver dans la situation où la corporation aurait
procédé à la restauration d'un certain immeuble et qu'il
n'y aurait aucune coopérative intéressée à
l'acquérir, mais il y aurait un particulier qui voudrait le faire et qui
serait empêché d'y procéder par un tel amendement.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je suis contre cet
amendement, étant donné qu'il semble viser simplement le conseil
de ville actuel, car à l'article..." ... à exercer ce pouvoir par
l'administration actuelle". Il semble mettre en doute l'honnêteté
du conseil actuel de la ville de Montréal.
Etant donné que l'on vise l'honnêteté du conseil,
qu'on met en doute l'honnêteté du conseil, je ne peux accepter
cette proposition telle
que libellée, parce que premièrement, on ne peut juger si
la société qui sera créée sera bien
administrée ou non.
Je suis contre cet amendement.
Le Président (M. Bertrand): M. Normandin.
M. Normandin: II manque peut-être une information, M. le
Président. C'est que la façon dont la ville l'a
présenté, s'adressant à certains bâtiments et
à une classe de la population, il va peut-être en résulter
que ces immeubles seront trop chers pour qu'une coopérative puisse les
acquérir; surtout que la coopérative est soumise à des
normes de revenu pour les membres de la coopérative et il y a
possibilité qu'elle n'ait pas moyen de les acheter, justement à
cause de cela, parce que les membres de la coopérative n'auront pas les
revenus suffisants pour assumer le coût des loyers de ces immeubles.
Cela peut être un danger.
Le Président (M. Bertrand): Oui monsieur.
M. Lebeau: Je voudrais expliquer ou peut-être nuancer,
suite à l'intervention du député de Saint-Hyacinthe. Quand
on fait référence au conseil, ce n'est pas qu'on met en doute
l'honnêteté du conseil. C'est que, lorsqu'il y a eu un
débat là-dessus au conseil municipal, débat qui a
été très long, nous avons posé des questions au
directeur du service de l'habitation ainsi qu'aux représentants de
l'administration... Nous avons posé des questions très
précises, par exemple, s'il y avait un plan de gestion, un organigramme
quelconque qui était déjà là et qui incluait la
participation des locataires, des résidants. La réponse a
été non.
Quand on a demandé ce que voulait dire des logements qui
s'adressaient à des gens de classe moyenne, après quelques
questions, on a eu des réponses assez précises. Cela voulait dire
que les logements allaient coûter au minimum $350 par mois, en
moyenne.
C'est en référence à des questions très
précises qu'on avait exprimé des réserves au conseil.
C'est dans ce sens qu'on dit qu'à partir de ce qui a été
affirmé publiquement au conseil, on a certaines réserves sur la
façon dont la ville entend administrer cette société sans
but lucratif et peut-être que cela n'était pas clair
tantôt mais ce n'est pas mettre en doute des affirmations faites.
C'est tout simplement que les affirmations faites ne correspondent pas à
ce que nous aurions aimé avoir comme modèle de gestion
proposé.
Le Président (M. Bertrand): M. George et M. Lamarre par la
suite.
M. George: Par le directeur du contentieux, l'administration
actuelle a fait valoir qu'une de ses orientations politiques était de
favoriser l'accès à la propriété partout et pour
tous. C'est effectivement un des objectifs de l'amendement que nous proposons.
Nous y ajoutons, cependant, une né- cessité de la participation
à la gestion de tous les résidants.
On a souligné que l'amendement que nous proposons était
restrictif et exclusif, c'est-à-dire qu'il exclut certaines
personnes.
Ce que je préférerais que l'on comprenne de notre
amendement, c'est qu'il privilégie nettement une forme d'occupation des
logements et d'accession à la propriété. En ce sens, notre
choix est clair, eu égard à la société. Certes,
comme on l'a dit tantôt, il faudrait attendre que la
société soit en opération pendant un certain temps pour
l'évaluer, quitte à le réorienter. Volontiers, sauf que
nous voudrions, dès le début, l'orienter d'une façon
particulière et évaluer cette façon d'organiser
l'occupation des logements à Montréal. On a dit que
c'était peut-être trop cher pour les coopératives, pour un
regroupement de X familles. Si c'est trop cher pour un regroupement de X
familles, comment est-ce qu'une famille pourrait en payer le loyer?
Le Président (M. Bertrand): M. Lamarre.
M. Lamarre: M. le Président, tout à l'heure on a
voulu insinuer certaines choses. Je voudrais dire en premier lieu que, lorsque
j'ai fait l'exposé, j'ai bien dit que nous voulions favoriser tous les
éléments de notre population et j'ai bien spécifié,
que ce soit l'ouvrier spécialisé, le salarié moyen, le col
blanc ou le col bleu. Nous voulons, par la location, mais aussi par la revente,
permettre à tous les éléments de notre population d'aller
vivre dans les quartiers de Montréal. Cette corporation veut bien
être le reflet de cette intention de l'administration.
Je voudrais aussi, si vous me le permettez, M. le Président... On
a parlé de loyers de $350. J'ai dit, devant le conseil, que nous avons
quand même une expérience assez grande dans le domaine parce que,
depuis au moins cinq ans, grâce à nos programmes de subsides
à la restauration, nous avons des logements qui ont été
restaurés et qui aujourd'hui sont loués entre $110 et $225. C'est
un loyer que nous appelons, à Montréal, modéré.
Je pense que cette corporation, qui s'adresse non pas à la
construction neuve dans un premier temps, mais à la restauration et
à la remise en état de l'habitabilité des logements
vétustes ou délabrés, s'adresse à cet
élément, à ces loyers modérés, à ces
salariés moyens.
Je puis dire ici que nous voulons que tous les éléments
puissent y avoir accès. Que ce soit des coopératives
d'habitation, des corporations ou encore de petits propriétaires, nous
pensons que nous pouvons faire une revente à tous ces
éléments de notre population.
Le Président (M. Bertrand): M. Normandin.
M. Normandin: Je me demande, M. le Président, suite aux
remarques du conseiller Lamarre, si on ne pourrait pas amender cet amendement
en ajoutant peut-être des mots comme "les offrir en premier lieu à
des coopératives", ce qui n'exclu-
rait pas la possibilité, si des ententes ne pouvaient pas se
faire avec des coopératives ou des sociétés sans but
lucratif, de laisser l'occasion à un particulier d'acheter la
maison.
M. Tardif: M. le Président, je comprends le sens de
l'amendement du RCM qui veut s'assurer que les logements achetés,
restaurés et rénovés à même les deniers
publics ne soient pas, ne risquent pas d'être cédés ou
aliénés à vil prix.
C'est sans doute là le motif qui inspire leurs amendements. Il
reste que cet amendement m'apparaît restrictif dans la mesure où,
tout en favorisant l'accès à la propriété
collective, soit par le truchement de coopératives à des
sociétaires, soit à un organisme sans but lucratif, il y a
d'autres formes d'accession collective à la propriété
comme la copropriété divise ou indivise, selon le cas. Je me
demande si une des façons d'y pallier et d'atteindre l'objectif
souhaité, mais sans imposer de restriction indue lorsqu'il y aurait deux
ou trois logements seulement et qu'on ne trouverait pas suffisamment de
sociétaires pour se former en coopérative et se porter
acquéreur, ne serait pas d'imaginer que le texte pourrait être
remanié pour dire que l'aliénation pourrait être faite aux
conditions que détermine la ville, "elle est aurotisée à
louer, à administrer ou à restaurer les bâtiments
érigés sur les immeubles acquis en vertu, etc.."
La ville peut les aliéner, soit à un OSBL, un organisme
sans but lucratif, ou à une coopérative aux conditions qu'elle
détermine, ce qui pourrait être au prix coûtant ou
même en bas du prix coûtant, soit à titre onéreux et
alors sujet à l'approbation de la Commission municipale du
Québec, dans les autres cas d'aliénation que ceux consentis
à un OSBL ou à une coopérative. Si bien que la ville
aurait quand même sa marge de manoeuvre pour procéder comme elle
l'entend et aussi, on s'assurerait que lorsqu'il y a cession ou
aliénation en faveur de quelqu'un d'autre qu'une coopérative ou
un OSBL, à ce moment-là, c'est fait à titre
onéreux. Donc, les deniers publics reviennent, en quelque sorte,
à la collectivité.
Je ne sais pas dans quelle mesure, quitte à formuler ceci,
j'essayais de suivre le débat de part et d'autre et de...
M. Lamarre: M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Oui, M. Lamarre.
M. Lamarre: Je pense, M. le ministre, qu'à
l'intérieur des demandes que nous faisons, il y a l'approbation de la
Commission municipale, dans tous les cas, lorsque nous voulons revendre.
M. Tardif: Oui, absolument; mais remarquez que je
suggérais qu'on puisse, lorsqu'il s'agissait d'une aliénation
faite à une coopérative ou à un organisme sans but
lucratif, dispenser la ville de ce placet de la Commission municipale et ne le
garder que pour les aliénations à des particuliers.
Mais...
M. Blank: Vous pouvez arriver avec une situa- tion qui va
à rencontre de ce que le RCM veut accomplir. Il veut avoir tous les
contrôles sur l'administration de la ville et vous laissez la porte
ouverte à la ville de céder ou de transiger avec des groupements
sans l'approbation de la Commission municipale, vous ouvrez la porte
possiblement à des abus. Je ne dis pas à des abus, mais
possiblement...
Tel que rédigé maintenant, vous avez le contrôle
absolu de la Commission des affaires municipales et si elle veut donner au OSBL
ou à n'importe quel groupe, gratuitement ou à un prix moindre que
le prix coûtant, cela prend l'approbation. Cela empêche toutes les
possibilités d'abus.
Si on fait deux classes d'aliénation, une avec approbation, une
sans approbation, ça peut ouvrir la porte à toutes sortes de
manoeuvres.
M. Tardif: M. le Président, dans mon esprit,
l'aliénation en faveur d'un organisme sans but lucratif ou d'une
coopérative faisait en sorte que l'investissement demeurait dans le
patrimoine collectif.
M. Blank: Mais une coopérative peut être
formée de trois amis de M. le maire. Je ne le sais pas. Je vous donne un
exemple extrême.
M. Tardif: Je présume que...
M. Blank: Mais pourquoi ouvrir la porte à ces
choses-là, quand on a le contrôle ici?
Le Président (M. Bertrand): Me Péloquin.
M. Péloquin: Je crois qu'on doit se demander aussi, M. le
Président, si la coopérative d'habitation ne pourrait pas
aliéner, à son tour, cet immeuble, quelque temps après, et
réaliser un profit qui serait partagé entre les
sociétaires. Si elle est incapable d'aliéner cet immeuble et que,
pour une raison ou pour une autre, elle est incapable de fonctionner, parce que
les coopérants ou les sociétaires ne s'entendent pas, à ce
moment-là, il risque d'y avoir délabrement de cet immeuble que la
ville a restauré.
Le Président (M. Bertrand): Oui.
M. Lebeau: C'est peut-être un argument à
étudier, ce que vient de dire Me Péloquin, mais je pense qu'on
pourrait préciser cela facilement dans des conditions de
rétrocession. Si, effectivement, le cas soulevé par Me
Péloquin se produisait, il pourrait être précisé
quelque part que la rétrocession doit se faire en faveur de la ville,
doit se faire en faveur de la société.
Je voudrais, à la suite de quelques remarques des membres de la
commission, préciser que, dans ce cas-ci, c'est clair que l'objectif de
notre amendement, la philosophie qui sous-tend notre amendement fait
référence, il ne faut pas l'oublier, à un aspect social
vraiment important. Le gouvernement a manifesté, à plusieurs
occasions, son intérêt pour le développement du secteur
coopératif d'habitation, surtout le secteur coopératif
autogéré d'habitation.
Nous croyons que c'est un élément extrêmement
important qu'il faut favoriser. Il faut, concrètement, lorsqu'on a des
articles comme ceux-là, je pense que c'est le temps, de toutes sortes de
petites façons, d'accorder vraiment, j'irais jusqu'à dire un
privilège au développement du mouvement coopératif. S'il
est important et c'est très important sur le plan social
de redonner la ville aux citoyens qui l'habitent, c'est-à-dire aux
résidants, dans chaque rue, dans chaque quartier, il faut
développer des modes d'habitat qui correspondent à cette
philosophie et nous croyons que le petit amendement que nous proposons est une
des nombreuses façons d'aller vers la réappropriation collective
de notre habitat et de notre environnement. C'est vraiment cet aspect qu'il
faut avoir en tête quand on considère l'amendement que nous
proposons.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'on est ici devant
une initiative louable de la ville de Montréal, celle de contribuer, de
façon encore plus active qu'elle ne le faisait, au règlement, en
partie, du problème de l'habitation, de la restauration, de la
préservation du parc de logements, et il me semblerait peut-être
abusif, même si je comprends l'objectif visé par ceux qui nous
présentent l'amendement, au départ, d'encadrer, à tout le
moins, l'action de la ville dans ce domaine.
On dit ici que la ville pourra aliéner ces immeubles aux
conditions qu'elle détermine avec l'approbation de la Commission
municipale du Québec. Il y a la Commission municipale qui sera
là, en quelque sorte, pour avaliser ou non les gestes que la ville aura
posés. En plus de cela, il y a un poste qui a été
créé hier, qui est celui de vérificateur
général, qui pourra aussi se pencher sur les gestes posés
par cet agent de la ville que serait la corporation et faire rapport au
conseil, qui pourra toujours poser des questions sur les transactions qui ont
eu lieu.
Au départ, je serais d'accord pour qu'on laisse l'article tel
qu'il est formulé présentement.
Une Voix: Adopté.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): Un instant! On s'entend sur le
fait que l'amendement est rejeté?
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Bertrand): L'amendement est
rejeté?
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Bertrand): On revient à
l'étude de l'article 131.
M. Tardif: M. le Président, en demandant hier la
suspension de cet article, j'ai fait part que j'at- tendais les commentaires du
ministère des Affaires intergouvernementales. J'ai eu cette note du
ministère:
Dans la mesure où, évidemment, on dit que la ville peut
emprunter les sommes nécessaires et demander des subventions
prévues par la loi pour l'exercice de ses pouvoirs et aux fins
d'effectuer un prêt, etc., la corporation formée en vertu du
présent article;
Dans la mesure où on dit qu'une telle corporation ainsi
constituée a entre autres pouvoirs ceux d'une corporation formée
par lettres patentes sous le grand sceau... et est un agent de la ville;
Dans la mesure où il existe une loi dite la Loi des affaires
intergouvernementales (chapitre 15 des lois du Québec de 1974) où
il est fait état des restrictions en matière de
négociations avec le gouvernement du Canada, celui d'une autre province
ou celui d'un gouvernement étranger ou d'un ministère ou
organisme de l'un de ces gouvernements;
Le ministère des Affaires intergouvernementales suggère
que nous ajoutions, à la toute fin de l'article 131 qui nous est
proposé, après les mots "est un agent de la ville", les mots
suivants "et est réputé être une corporation municipale aux
fins de la Loi du ministère des affaires intergouvernementales. (1974,
chapitre 15)".
Je ne sais pas si on vous distribue cet amendement.
M. Goldbloom: M. le Président, il me semble que c'est une
précision qui est tout à fait dans l'ordre. Nous sommes
prêts à adopter l'article avec cet amendement.
Le Président (M. Bertrand): La ville n'y voit pas
d'objection?
Me Péloquin, est-ce que cet amendement pose des problèmes
chez vous?
M. Péloquin: Non, il n'y a pas de problème. Le
Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Péloquin: Cela permet de respecter les termes du
chapitre 15.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. L'amendement est
adopté, ainsi que l'article?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Bertrand): Article 131, adopté.
Passons à l'article 132. Est-ce qu'il y avait un papillon
là-dessus? Non?
M. Goldbloom: Si, dans le cahier bleu.
M. Tardif: Le cahier bleu. Dans le cas des articles 132, 134 et
135, sans, encore une fois, préjuger et entrer dans des questions de
fond, les mêmes remarques qui ont été formulées
tantôt en rapport avec l'article 54, s'appliquent, à savoir que,
si de tels amendements s'imposent, tant le
ministre des Transports que le comité de législation
préféreraient que ce soit fait par le biais d'amendements
à la loi générale plutôt qu'à la charte de
Montréal.
Le Président (M. Bertrand): M. le maire.
M. Drapeau: M. le Président, vu qu'on semble bien
s'entendre à savoir que c'est une disposition louable, tellement louable
qu'il faudrait envisager son application dans toute la province, est-ce qu'il
ne pourrait pas y avoir une adoption?
S'il faut ajouter deux lignes, on dira: Cet article cessera de
s'appliquer lorsque la loi s'appliquera à toute la province? Puisqu'on
est d'accord que c'est bon; il n'y a pas un ministère qui dit: J'ai des
objections; au contraire, c'est bon. Or, pourquoi est-ce qu'on retarderait son
application à Montréal en attendant que la loi
générale soit adoptée? Ce sont les mêmes remarques
que j'ai laissées passer tout à l'heure; aux articles 54 et 55,
on dit: C'est tellement bon que ça devrait s'étendre dans toute
la province, mais en attendant, on ne le donnera pas à Montréal.
Peut-être qu'on pourrait commencer par adopter ça à
Montréal, l'appliquer et, l'expérience se faisant, la loi
provinciale pourrait ensuite s'inspirer non seulement du texte, mais de son
application et on pourrait faire une loi encore meilleure que ces dispositions,
basée sur l'expérience. Ensuite, on comprendra que cette
disposition de la charte est abrogée, parce qu'elle sera
remplacée par une meilleure loi. Très souvent, il faut
l'expérience pour améliorer les lois, et nous sommes prêts
à faire l'expérience. A moins que j'aie mal compris. S'il y a des
objections... Mais j'ai compris qu'il n'y en avait pas. C'est tellement bon
qu'il faudrait le faire pour toute la province, mais on n'a pas le temps.
M. Tardif: M. le Président, je pense que M. le maire est
allé un petit peu plus loin que ce que j'avais dit, à savoir que
le ministère des Transports s'était penché sur ces
articles, avait trouvé certains des amendements intéressants et
disait que s'il était nécessaire de le faire, il le ferait pour
tout le Québec. Ce qui n'implique pas, automatiquement, qu'il soit
nécessairement d'accord ni sur le fond de tous les points, ni sur le
libellé. Je n'ai pas mandat ici d'exposer les réserves que peut
entretenir le ministère des Transports. Mais, notamment, si vous me
demandez, en rapport, par exemple, avec l'article 132 qui permettrait à
la ville de devenir titulaire absolue des servitudes néces- saires
à la pose des installations: conduits, poteaux, fils, etc., et cela, de
façon absolue, dès qu'il y aurait eu, en quelque sorte,
décret à cet fin, et permettrait à la ville de prendre
possession préalable de ce qui a été exproprié
avant même que le jugement final ait été rendu et que les
indemnités aient été payées. Bon! Enfin, ce sont
là quelques-unes des réserves qui ont été
formulées par le ministère des Transports sur la question.
Aux yeux du ministère des Transports, ceci marque un recul par
rapport aux droits des expropriés, tels qu'ils existent en vertu de la
loi actuelle. Encore une fois, j'ai voulu plutôt faire part ici du
désir, de l'intérêt du ministre des Transports pour
étudier toutes ces questions, ce qui n'impliquait pas pour autant qu'il
était prêt à les adopter telles quelles maintenant.
M. Drapeau: Quand on voit le dernier article, on voit qu'il ne
peut pas y avoir de préjudice. Le présent article n'empêche
pas les expropriés de réclamer devant le tribunal de
l'expropriation une indemnité supérieure à ce montant.
C'est sous toute réserve.
Nous craignons que, tant que la ville n'aura pas ce droit, des
préjudices seront subis, et par la ville et par les expropriés
éventuels. Cela se fait de gré à gré. C'est
prévu que cela se fera de gré à gré et, si le
montant offert par la ville n'est pas suffisant, le présent article
n'empêche pas l'exproprié de réclamer devant le tribunal de
l'expropriation une indemnité supérieure à ce montant.
La ville établit un montant, offre un montant de gré
à gré et c'est...
M. Tardif: Encore une fois, grâce à cet amendement
qui est peut-être bien fondé, la ville aurait plus de pouvoirs que
n'en a présentement le gouvernement du Québec en matière
d'expropriation. C'est aussi une des raisons qui font que le ministre des
Transports voudrait revoir cette question.
M. Drapeau: Je remercie M. le ministre d'avoir ajouté
cette explication à laquelle je n'ai rien à répondre.
Le Président (M. Bertrand): Messieurs, de toute
façon, nous devrons continuer nos travaux. Nous avons encore du travail
à accomplir. Il est 18 heures. Tel que le stipulent nos
règlements, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures
ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
Nous en étions à l'article 132, l'article 134, l'article
135.
M. Caron: M. le Président, vous remarquerez que les
collègues du ministre le laissent tomber. C'est dommage.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre, les articles
132, 134, 135. Vous aviez émis le voeu qu'on rejette ces articles.
M. Tardif: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, nous sommes obligés
d'être d'accord avec le ministre, mais je voudrais quand même lui
poser une question, parce qu'il a cité son collègue des
Transports, entre autres, pour indiquer que les idées contenues dans ces
articles semblent bonnes et que le gouvernement va se pencher sur elles pour en
arriver à des modifications à la loi générale. Sans
méchanceté, j'aimerais lui demander tout simplement: quand?
M. Caron: Je me rappelle qu'on s'est déjà fait
demander cette question-là.
M. Goldbloom: La question, je pense, est difficile.
M. Tardif: M. le Président, hier soir, j'en ai
déjà saisi, encore une fois, mon collègue des Transports
et je ne peux pas m'engager en son nom. Il y a un an, lors de la mini-session,
je m'étais engagé à délivrer une marchandise
beaucoup plus rapidement. Maintenant, la sagesse m'a appris, après
à peine un an, qu'il est préférable de ne pas s'engager
comme cela, surtout dans un domaine qui ne relève pas de mon
ministère, par surcroît.
M. Goldbloom: Un ministre reconnaît quand même que
nous avons devant nous des gens qui se sont vu refuser une demande qui,
néanmoins, paraissait intéressante au gouvernement. Il ne me
semblerait pas juste que ces mêmes gens soient obligés d'attendre
très longtemps.
M. Tardif: M. le Président, j'ai déjà
transmis à mon collègue des transports les amendements en
question dès que je les ai reçus de la ville. Si bien que
maintenant, je vais également lui transmettre les
délibérations de cette commission à ce sujet.
M. Goldbloom: Bravo!
Le Président (M. Bertrand): Article 132 rejeté,
article 134, rejeté. Article 135, rejeté. Article 188,
rejeté.
M. Péloquin: II y avait, M. le Président, l'article
165.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez raison, Me
Péloquin, article 165.
Me Péloquin, vous serez prêt tantôt, pour l'article
60? "La valeur réelle des immeubles".
M. Péloquin: Je crois que quelqu'un, M. le
Président, devait venir avec un nouveau texte.
Le Président (M. Bertrand): Ce n'était pas vous, Me
Péloquin?
M. Péloquin: Non, M. le Président.
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse, j'avais
demandé aux gens du ministère de consulter la Commission
municipale; cette consultation a eu lieu, donc les légistes du
ministère demandent quelques minutes de répit pour s'entendre
avec les procureurs de la ville pour libeller le texte.
Le Président (M. Bertrand): On va quand même
discuter de l'article 165 avant, si vous voulez bien.
M. Tardif: En ce qui concerne 165, M. le Président, j'ai
également ici la note du ministre de la Justice disant qu'il ne lui
apparaît pas souhaitable pour l'instant que les modifications
suggérées à l'article 165 soient introduites. Elles
auraient pour effet, dit-il, de créer deux catégories de
huissiers au Québec. Il demande que cet article soit retiré.
Le Président (M. Bertrand): Me Péloquin.
M. Péloquin: II y a quelque chose qui ne m'apparaît
pas clair. Je ne pense pas que l'effet de cet article soit de créer une
autre catégorie de huissiers, mais simplement de déterminer une
nouvelle façon, pour la ville, de les nommer. S'il y a une nouvelle
catégorie, elle existe déjà en vertu du texte actuel. Le
juge municipal en chef, peut avec l'autorisation du conseil, nommer en tout
temps des huissiers de la cour. Cela existe depuis l'ancienne charte.
L'objet n'était pas cela. C'était simplement de les
assujettir à la procédure normale de nomination de tous les
autres fonctionnaires de la ville, de façon qu'ils subissent des examens
de la commission de la fonction publique municipale.
M. Tardif: En fait, M. le Président, je comprends qu'il ne
s'agit pas de créer une nouvelle catégorie de huissiers. Il y en
a déjà deux qui existent, j'en conviens. Il n'y a que la ville de
Montréal, en dehors de Québec, qui a ses propres huissiers. Mais
ce qui est suggéré ici, c'est, en quelque sorte, que ces
officiers de justice dépendent non plus du tribunal et du pouvoir
judiciaire et de la Cour municipale, et du juge en chef, mais bien, en quelque
sorte, d'un directeur de service de la ville. C'est particulièrement sur
cette modalité que le ministère de la Justice exprime des
réserves.
M. Péloquin: M. le Président, si vous le permettez,
je crois qu'ils relèvent tout de même des directeurs de service.
Ces gens-là sont nommés par la ville, payés par la ville,
et c'est le juge municipal en chef qui les recommande. Dans le cas de la
modification que nous proposons, il a encore un droit de regard. La seule
différence, c'est qu'on dit qu'il va puiser à même une
liste d'admissibilité. Il va y avoir un concours, comme pour tous les
fonctionnaires, et c'est le juge municipal en chef qui va faire une
recommandation.
Les personnes qui leur sont recommandées seront nommées.
J'attire l'attention du président sur le fait que c'est simplement le
premier alinéa qui est modifié et le deuxième demeure.
"Ces huissiers prêtent serment devant un juge municipal de remplir
fidèlement leurs fonctions. Ils sont officiers de la cour. Tout juge
municipal a aussi le droit de requérir les services des constables,
etc." C'est un autre sujet.
M. Tardif: M. le Président, si je comprends bien les
remarques qui viennent d'être formulées par le procureur de la
ville, rien n'empêcherait, même avec l'article actuel, que le juge
en chef de la Cour municipale s'astreigne à choisir ses huissiers parmi
une liste d'admissibilité que lui fournirait le directeur du service de
la fonction publique, auquel cas je ne vois pas l'utilité de cet
amendement.
M. Péloquin: Oui, mais c'est par voie d'exception aux
autres articles de la charte. Si le juge municipal en chef veut demander qu'ils
soient soumis à un concours de la Commission de la fonction publique,
peut-être qu'il y aura un concours d'organisé, mais s'il ne
désire pas ou s'il n'exprime pas ce désir, il n'y en aura pas
à ce moment-là.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, pourrait-on connaître
le contenu de l'article 134?
M. Tardif: L'article 134 de la charte dit: "Les directeurs de
service, sauf prescriptions contraires de la charte, répondent
directement au comité exécutif de l'administration de leur
département respectif. Ils choisissent, nomment et remplacent leurs
employés subalternes avec l'approbation du comité
exécutif, à la demande du comité exécutif. Ils
doivent lui fournir tout rapport ainsi que leur avis verbal ou écrit sur
toute question touchant leurs services".
C'est un article très général qui soumet en quelque
sorte les huissiers au contrôle du directeur du service. En l'occurrence,
on réfère à quel directeur de service en particulier
ici?
M. Péloquin: Dans ce cas-ci, c'est le service du
contentieux.
M. Tardif: Me Péloquin?
M. Péloquin: C'est bien cela, M. le ministre.
M. Tardif: II m'est difficile de passer outre à l'avis du
jurisconsulte du gouvernement sur cette question.
Je me demande, compte tenu de la réserve encore une fois d'abord
formulée verbalement par le ministère et maintenant, par
écrit, à savoir qu'il n'apparaît pas souhaitable que cette
modification soit faite, et compte tenu que rien n'empêcherait, avec le
texte actuel, que le juge en chef de la Cour municipale choisisse ses huissiers
à même une liste d'admissibilité établissant la
compétence des candidats à l'exercice de la fonction, il me
semble qu'il devrait être possible de fonctionner avec le texte actuel et
possiblement de voir, après, quelle sorte d'amendements à la loi
le ministre de la Justice pourrait suggérer à ce sujet.
M. Péloquin: C'est certainement possible de continuer
à fonctionner selon le système actuel. C'était simplement
que ces personnes font partie de la même association de salariés.
Elles sont soumises à toutes les autres conditions de travail des
mêmes employés de la ville qui font partie du syndicat, mais n'ont
pas à passer des examens de la fonction publique, ce qui est un
anachronisme aujourd'hui.
Le Président (M. Bertrand): Article 165,
rejeté?
M. Tardif: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Rejeté. Reste donc
l'article 60. Les articles 182 et 183 sont réglés. Les articles
182 et 183 sont adoptés. Il reste l'article 60.
M. Dussault: M. le Président... Le Président (M.
Bertrand): Oui?
M. Dussault: ... à l'article 5, j'ai une note qui dit que
c'était reporté à la fin. Je ne sais pas si on l'a revu
par la suite, mais il me semble que non.
M. Paquet: C'est qu'il est censé être en concordance
avec l'article 66.
Le Président (M. Bertrand): C'est exact. On ne l'avait
malheureusement pas inscrit sur la feuille préparée par le
secrétariat ici.
M. Dussault: C'est un souci de rapporteur.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez parfaitement raison,
je vous remercie, M. le député de Châteauguay. A l'article
5, on me dit que c'était pour faire changer le chiffre "1972" par
"1962". C'est inexact?
M. Goldbloom: C'était une erreur d'impression à
laquelle vous venez de faire allusion, M. le Président, mais il y avait
plus que cela. Il s'agit de rayer le troisième alinéa de
l'article 76 de la charte.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Tardif: M. le Président, avec votre permission, on me
signale qu'au moment où les articles 182 et 183 ont été
adoptés, les légistes du ministère étaient
occupés à consulter. Ici, nous aimerions obtenir une
précision du procureur de la ville. Le dernier alinéa de
l'article 182 parle du taux de la taxe de l'eau dans la ville d'Outremont, qui
est fixé à 1,823% pour l'exercice financier de 1974/75 et
à 1,842% pour l'exercice financier 1975/76. Ce qui est demandé
ici, c'est 1,823% et 1,842% de quoi?
M. Péloquin: C'est bien ça. C'est 1,823% pour
1974/75 et 1,842% pour l'exercice financier...
M. Tardif: Oui, mais par rapport à quoi? De la valeur
locative?
M. Péloquin: De la valeur locative, oui. M. Tardif:
Alors, il faudrait l'ajouter.
M. Péloquin: Excusez-moi. Il ne faudrait pas qu'on se fie
au texte qui a été distribué à la demande de Me
Charbonneau, parce qu'il y a une erreur qui était dans notre premier
cahier, mais que nous avions demandé de modifier lors de l'impression du
projet de loi no 200 et cela a été corrigé. A la
dernière ligne de l'article, il faut lire: L'exercice financier 1975/76,
au lieu de l'exercice financier 1976/77.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. 182. Mais, est-ce
que...
M. Tardif: Oui, ça corrige l'année, très
bien. On avait déjà noté la correction. Si je ne l'ai pas
lu correctement, c'est ma faute, mais c'est le 1,823% de quoi?
M. Péloquin: De la valeur locative, M. le
Président.
M. Tardif: Alors, à ce moment-là, il faudrait
l'ajouter.
Le Président (M. Bertrand): On peut l'indiquer dans
l'article.
M. Péloquin: II n'y a pas d'objection à l'indiquer
dans l'article, oui. Le règlement le dit déjà. Ce serait
plus clair.
Le Président (M. Bertrand): Le taux de la taxe de l'eau
dans la ville d'Outremont est fixé à 1,823% de la valeur locative
pour l'exercice financier 1974/75 et à 1,842%...
M. Tardif: De la valeur locative...
Le Président (M. Bertrand): II ne serait pas
nécessaire qu'on le répète...
M. Tardif: Non. D'accord.
Une Voix: II n'est pas nécessaire de le
répéter.
M. Tardif: Et la même remarque vaut, M. le
Président, pour l'article 183 où, pour Saint-Pierre, on parle
d'un taux de 2,2338%.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Revenons aussi
à l'article 5.
Article 5. Pour l'article 60, le texte n'est pas
rédigé.
Une Voix: II est prêt. Il n'est pas
dactylographié.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. Mais on peut revenir
à l'article 5 parce que, pour l'article 60, il faut qu'il y ait une
entente entre les conseillers juridiques.
L'article 5 avait été reporté.
M. Tardif: Alors, M. le Président, cet article avait
été reporté, en effet, dans la mesure où il se
référait à l'article 76 de la charte qui fixe les
traitements des membres du conseil. Etant donné que des
représentations ont été faites par le RCM, notamment, et
certains conseillers, privément, j'avais demandé, à ce
moment, qu'on reporte l'étude de cet article, et possiblement aussi dans
le but de réexaminer les articles 66 et 85 de la charte.
Alors, compte tenu encore une fois des représentations qui nous
ont été faites avant ou qui sont partiellement contenues, de
toute façon, dans un des mémoires qui nous ont été
présentés par le RCM, j'aimerais que les personnes qui veulent se
faire entendre là-dessus expriment leur point de vue.
Le Président (M. Bertrand): M. George.
M. George: M. le Président, l'article 5 de la charte ne
peut pas être considéré en lui-même. Ce qu'il importe
de saisir, il me semble, c'est un des aspects, un des impacts qu'a eus le
Rassemblement des citoyens de Montréal dans la communauté
montréalaise...
Des Voix: C'est un vote.
Le Président (M. Bertrand): Continuez, M. George. On peut
certainement continuer encore pendant trois...
Vous en avez pour combien de temps à peu près, M.
George?
M. George: Au moins cinq à dix minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Nous allons suspendre nos
travaux. Cela permettra aux conseillers juridiques de la ville de
Montréal de s'entendre avec ceux du ministère sur la
rédaction de l'article 60. Nous avons un vote à
l'Assemblée nationale. Nous reviendrons dans dix minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 38)
Reprise de la séance à 20 h 56
Le Président (M. Bertrand): A l'ordre, messieurs!
Alors, M. George, vous alliez entreprendre une envolée oratoire
sur l'article 5?
M. George: M. le Président, il est loin d'être de
mon habitude de faire des envolées oratoires. Il y a quelques mois, nous
avions l'honneur de rencontrer le leader parlementaire du gouvernement. Nous
lui expliquions une des conditions de travail des conseillers municipaux de
l'aile parlementaire du parti, et spécifiquement que si un conseiller
voulait présenter une motion au conseil municipal, il devait la
présenter à une séance du conseil municipal et cette
motion serait débattue à la séance suivante. M. le leader
n'en revenait tout simplement pas. Il nous rappelait que du temps qu'il
était dans l'Opposition, quand il devait attendre deux jours pour faire
débattre ses motions, il trouvait le temps trop long.
Ce dont il est question à l'article 5 de la charte, M. le
Président, c'est d'une condition de travail, la clause salariale. Il est
impossible, M. le Président, de parler de cet aspect sans parler de la
fonction en elle-même. On a assisté pendant longtemps, à
Montréal, à une certaine conception de la démocratie, et
dans ce cadre, de l'exercice de la fonction de conseiller municipal. Depuis
trois ans, il y a eu des changements majeurs dans l'exercice de la fonction de
conseiller municipal. Un parti politique est né et a tenté de
témoigner; sans fausse humilité, j'ajouterais qu'il a
réussi à témoigner d'une certaine conception du rôle
du conseiller municipal, rôle qui pourrait être défini en
trois volets. D'une part le conseiller municipal dans son quartier, en second
lieu au conseil municipal et en troisième lieu dans le parti politique
auquel il appartient.
Pour aider les membres de la commission, je les référerais
au mémoire que nous avons présenté, les paragraphes 15
à 25. Ce que nous tentons de modifier, M. le Président, c'est une
situation où le conseiller municipal à Montréal n'a de
conseiller que le nom. J'ai donné tantôt un exemple d'un moyen
d'action qui n'existait pas pour le conseiller municipal et auquel cette
commission s'est arrêtée hier ou avant hier.
Je pourrais citer d'autres exemples, M. le Président, mais ce sur
quoi je voudrais davantage insister c'est sur l'exercice quotidien du travail
de conseiller municipal. Depuis 1975, il y a un groupe d'hommes et de femmes
qui, quotidiennement, travaillent dans leur milieu. Travailler dans leur
milieu, cela veut dire être continuellement en contact, bien sûr
avec des individus, mais aussi avec des groupes.
Cela veut dire prendre connaissance, approfondir la connaissance des
problèmes propres à un quartier particulier, cela veut dire
multiplier les démarches auprès des groupes, cela veut dire
encourager, animer des groupes, susciter des projets, participer à
toutes les étapes de l'élaboration et de la mise en oeuvre du
projet. Cela correspond a ce que j'ai appelé le premier volet du travail
du conseiller municipal.
Dans un deuxième temps, même si, là encore, les
moyens d'action sont fort limités, le conseiller municipal a à
jouer un rôle de second plan, spécifiquement au conseil municipal.
L'étude de dossiers propres non à un quartier, mais à
l'ensemble de la ville, suppose un tas de recherches, de consultations. Elle
suppose toute une organisation interne qui, elle-même, demande
énormément de temps; sur un plan plus global, la mobilisation de
l'opinion publique ou la mobilisation de citoyens en manifestations explicites
d'espoirs et de revendications suppose également un travail continu et
quotidien.
A un troisième plan, M. le Président, le
phénomène des partis politiques, on peut s'imaginer que cela
n'existe pas à Montréal, cette imagination ne correspond à
la réalité, et quand, de surcroît, ce parti politique a
comme caractéristique d'avoir un membership qui s'étend
au-delà des candidats, des conseillers élus et qui est
essentiellement démocratique et voit à ce que les institutions de
ce parti appellent la participation des membres et des conseillers, c'est dire,
M. le Président, un autre aspect du travail du conseiller municipal.
M. le Président, je ne voudrais surtout pas laisser l'impression
qu'il s'agit là de conceptions de l'avenir, il s'agit de
réalités vécues depuis trois ans par des hommes et des
femmes, citoyens montréalais.
Globalement, on pourrait dire que le conseiller municipal, tel que nous
l'avons envisagé en 1974 et tel que nous le vivons depuis 1974, c'est un
homme ou une femme qui travaille à tous ces trois niveaux. Et cela nous
amène à suggérer que la disponibilité exigée
du conseiller est telle qu'il nous faut considérer les revenus qu'il
tire de sa fonction comme devant correspondre à un emploi à temps
plein.
C'est en fonction de ces conditions que nous suggérons de
réévaluer les indemnités accordées aux conseillers
de même que leurs conditions de travail, mais je me limiterai aux
indemnités. Il est important, dans cette société, de
considérer cet aspect de la vie. On l'a considéré dans
toutes les sphères de l'activité humaine, on ne l'a pas
considéré depuis le 15 juillet 1965, eu égard à la
condition salariale de travail des conseillers municipaux. En faisant
référence à 1965, il nous faut considérer que, tout
simplement du point de vue de l'indexation au coût de la vie, il faudrait
multiplier l'indemnité actuelle par 207%. Je noterai qu'il y a une
erreur typographique dans le mémoire que nous avons distribué,
c'est écrit 20%, mais c'est effectivement 207%.
M. le Président, il ne s'agit aucunement de hausser le salaire,
les indemnités aux conseillers municipaux. Cette question est tout
simplement un corollaire à une définition nouvelle, mais
réelle, empirique et non théorique, à la fonction du
conseiller municipal, tel que ce parti, non seulement tente de la vivre, mais
l'incarne depuis 1974.
Pour cette raison, nous avons formulé la proposition qui est
devant la commission. On pour-
rait, de diverses façons, argumenter sur les chiffres.
Le paragraphe 21, par exemple, suggère qu'en 1965, le revenu des
conseillers était de 6,27% plus élevé que la moyenne des
salaires dans l'industrie, dans la région de Montréal.
Actuellement, la moyenne des salaires dans l'industrie atteint $12 476. Pour
obtenir la même relation que celle de 1965, le montant versé aux
conseillers devrait être porté à $13 249, uniquement pour
maintenir la relation établie en 1965, sans aucune considération
des modifications dans l'exercice de la fonction.
Ce qui est en cause, M. le Président, derrière la question
des indemnités aux conseillers, c'est, bien sûr, une question de
justice sociale. Mais c'est aussi, et cela est très important,
l'ouverture du système politique à ceux pour qui la fonction ne
serait pas que source de prestige.
Ce qu'il est important de faire, et l'ensemble de notre mémoire,
en particulier son introduction, en témoigne, c'est d'assurer une
ouverture du système politique montréalais à l'ensemble de
la citoyenneté municipale. Actuellement, et c'est confirmé par un
côté du conseil municipal que le bas niveau des indemnités
a pour conséquence de n'attirer que ceux qui ont déjà les
moyens financiers de se permettre de n'en retirer que le prestige.
Le jeu démocratique à Montréal est, de ce fait,
faussé. M. le Président, il nous semblait important de faire ces
points, deux ordres de points. Le premier, pertinent à la
réalité actuelle; le second, pertinent à la
nécessité de l'ouverture du système politique municipal.
Compte tenu de cela, il nous fallait établir une norme qui permette
d'évaluer à quel montant devrait être l'indemnité
des conseillers.
Il nous a semblé, M. le Président, que le meilleur outil
de travail serait la moyenne des salaires des travailleurs syndiqués de
la région de Montréal. Il y a des raisons techniques
derrière cela, entre autres, on emploie la notion de région de
Montréal et non pas ville de Montréal. C'est à cause de la
disponibilité de renseignements.
Il nous semble que cette commission, compte tenu d'une
réalité nouvelle qui existe, non pas qui existera, mais qui
existe depuis trois ans, serait à même d'apprécier et de
recevoir la proposition que nous formulons.
Il importerait également, M. le Président, de voir
à l'indexation de cette indemnité des conseillers. Finalement, M.
le Président, par mesure de justice sociale, il nous semblerait
également important que la rétroactivité soit
assurée depuis le 1er janvier 1977.
M. le Président, il pourrait être gênant de parler de
cette question. Nous croyons avoir suffisamment témoigné,
à travers l'activité quotidienne de notre aile parlementaire, que
notre demande à cet égard est fort justifiée. Je pourrais
énumérer une liste très longue d'actions dans lesquelles
militants et conseillers du RCM ont été impliqués, dans
l'une ou l'autre des sphères d'activité dont j'ai
parlé.
Je crois, par ailleurs, qu'à travers les media d'information, les
membres de la commission sont suffisamment informés de cet aspect.
Compte tenu de cette définition, non théorique, je le
répète, mais réelle, et ce, depuis trois ans, de
l'exercice de la fonction de conseiller municipal, il nous semble que la
commission pourrait recevoir la proposition que nous formulons.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. George. M.
Poulin.
M. Poulin (Raymond): Avant de passer au sujet proprement dit,
j'aurais une remarque à faire.
Si je suis arrivé en retard mardi matin, c'est parce que j'ai
été obligé de retarder mon départ, parce que
l'administration de la ville de Montréal a refusé de solder mes
frais de représentation. Je n'ai pas besoin de vous dire que mes moyens
sont limités.
Je ferai remarquer aussi à cette noble assemblée et au
ministre des Affaires municipales que je suis maintenant porte-parole d'un
parti nouvellement formé et en plus, incorporé, selon la loi des
incorporations. C'est pour cette raison d'ailleurs que nous avons un
mémoire qui n'est pas très long parce que nous n'avons pas eu le
temps d'étudier cette charte de A à Z, mais j'espère que
vous avez le texte.
Ce qui réfère à la rémunération des
conseillers se trouve aux pages 5 et 6 de ce mémoire, en bas de la page
4. Une rémunération convenable, selon l'esprit et la lettre de
notre droit municipal, les conseillers municipaux de Montréal, comme
ceux de toute autre ville, assument, bien sûr, collectivement la
responsabilité pour la bonne administration des deniers du contribuable.
Le budget du 30 avril dernier prévoit des dépenses de $684
millions.
En outre, les conseillers de Montréal représentent
à la Communauté urbaine de Montréal une population de 1,2
million. Pour des responsabilités aussi considérables, les
conseillers de Montréal reçoivent des rémunérations
et allocations suivantes. J'espère que tout le monde ici est au courant
et que je n'ai pas besoin de les désigner.
En tout et partout, le conseiller municipal de Montréal
reçoit $7500 par année avec ses allocations de la
Communauté urbaine. Dans nombre de petites villes de 50 000 habitants et
plus, les conseillers municipaux reçoivent un traitement
supérieur. Selon notre expérience des trois dernières
années mon expérience personnelle, si vous voulez, dans ce
cas-là le conseiller municipal de Montréal siège
environ 780 heures par année aux séances du conseil de la ville
de Montréal et à celles de la Communauté urbaine.
En outre, les fonctions ordinaires d'information, de contacts et de
représentation des citoyens nécessitent pas moins de 1650 heures
par année, 1650 heures de représentation, de contacts avec les
contribuables et étude des dossiers de la ville et de la CUM plus 780
heures de séances, ce qui fait un total de 2430 heures environ.
Si le conseiller municipal de Montréal était payé
selon le taux courant du salaire minimum pour les heures qu'il consacre
à sa fonction, il re-
cevrait $7654.50 par année, plutôt que les ridicules $7500
qu'il reçoit à l'heure actuelle. Est-il juste et raisonnable que
le conseiller municipal de Montréal reçoive moins que le salaire
minimum pour les heures qu'il consacre à administrer plus de $750
millions, ville et CUM comprise, de deniers publics?
C'est pourquoi nous demandons instamment à l'Assemblée
nationale et à cette noble commission d'amender la charte de la ville de
Montréal pour que soit versé un traitement décent et
raisonnable aux conseillers municipaux de Montréal. Nous sommes d'avis
que, dans l'immédiat, ce traitement devrait s'établir entre $12
000 et $15 000. Ceci constituerait même un minimum, par année,
à peu près le salaire que reçoit un commis de bureau
à la ville de Montréal pour 32 heures et demie de travail par
semaine. Je vous remercie.
Le Président (M. Bertrand): Merci, M. Poulin. Oui.
M. Normandin (Paul): M. le Président, je représente
un groupe de conseillers, d'anciens conseillers et d'anciens membres du
comité exécutif qui m'ont demandé de faire des
représentations. J'ai déposé un mémoire...
Le Président (M. Bertrand): Vous êtes Me
Normandin?
M. Normandin (Paul): Oui, Paul Normandin, avocat.
Le Président (M. Bertrand): D'accord.
M. Normandin (Paul): ... concernant les pensions des conseillers
qui se greffent à la question des salaires. J'ai compris, au
début de l'étude de la séance, que le ministre devait
introduire des modifications aux divers articles traitant du salaire du maire,
du président du comité exécutif, des conseillers, etc.
Comme la question des pensions se greffe et est traitée dans les
mêmes articles qui traitent du salaire, je demanderais au
président si les représentations que nous devons faire, si nous
pouvons les faire en même temps, à l'occasion de l'étude de
ces articles ou si la commission préfère nous entendre plus tard
et séparément.
Le Président (M. Bertrand): Quant à moi
personnellement, je ne suis pas fermé du tout à cette
proposition, d'autant plus que la discussion autour des pensions rejoint la
discussion autour des salaires. A moins que des membres de la commission ne s'y
opposent, je suis prêt à donner mon consentement. Très
bien, Me Normandin, vous pouvez y aller.
M. Normandin (Paul): M. le Président et MM. les membres de
la commission, je proposerais que les échelles de salaires
proposées soient introduites et discutées avant que je parle de
la pension, parce qu'il y a un lien évidemment. La pension est
généralement corollaire du traitement, plutôt que
l'inverse. Je crois qu'il y aurait lieu et je suggére- rais que l'on
énonce les salaires qui seront proposés et nous pourrons traiter
de la question de la pension par la suite.
Le Président (M. Bertrand):... Me Normandin, qu'il y a de
toute façon dans votre mémoire certaines déclarations de
principe, même des suggestions concrètes qui, jusqu'à un
certain point, touchent les salaires; mais vous posez quand même le
problème des pensions davantage que des salaires.
M. Normandin (Paul): Je ne traite pas du tout du salaire.
Le Président (M. Bertrand): Vous ne traitez pas du tout du
salaire.
M. Normandin (Paul): Je ne traite pas du tout... C'est le
corollaire, évidemment, du salaire.
Le Président (M. Bertrand): Si vous préférez
qu'on ait discuté de l'article et qu'on ait voté une
résolution qui concerne les salaires, peut-être pourriez-vous
revenir avec les pensions à ce moment-là?
M. Normandin (Paul): Peut-être, parce qu'il est très
difficile de faire une proposition sur les pensions sans savoir quel est le
salaire qui est attaché à la fonction.
Le Président (M. Bertrand): De toute façon, je
pensais que votre mémoire pourrait nous éclairer avant qu'on vote
quelque chose sur les salaires, mais en tout cas...
M. Normandin (Paul): Non, je ne vous parle pas
nécessairement avant le vote, mais une fois que se précisera quel
est le salaire que l'on discute...
Le Président (M. Bertrand): D'accord. D'autres?... M. Roy,
vous aviez demandé la parole.
M. Roy (Jean): M. le Président, je demanderais, s'il est
possible au personnel de la commission, de distribuer deux tableaux qui
illustrent bien la situation actuelle du conseiller. Les chiffres
diffèrent un peu du mémoire que nous avons
présenté, simplement pour la raison qu'ils ont été
mis à jour depuis que nous avons fait la rédaction du
mémoire. Les chiffres que nous avons pour l'indice du coût de la
vie sont ajustés à septembre 1977. Le salaire moyen dans
l'industrie pour la région de Montréal est pour le mois
d'août 1977. Les autres étaient pour des dates antérieures.
Donc, l'indice et le salaire moyen sont un peu moindres.
Le Président (M. Bertrand): Vous avez ces tableaux en
votre possession?
M. Roy (Jean): Je les ai envoyés tout à l'heure.
Ils sont sur la table derrière vous. L'autre tableau donne des
précisions quant à la situation d'ensemble sur les sommes que
consacre l'administra-
tion de Montréal à la rétribution de ses
conseillers. Ce tableau comprend les chiffres de population, le nombre de
conseillers, le salaire de base, les dépenses qui y sont
ajoutées, les revenus tirés de la communauté urbaine, le
revenu total des conseillers et une dernière colonne qui reprend les
colonnes a) et b) où sont indiqués les frais de la ville per
capita pour chacun de ses conseillers. Dans cette liste qui vous est maintenant
distribuée, je crois bien... On en distribue seulement une à la
fois, et on vous a distribué la première.
Le Président (M. Bertrand): Cela s'en vient. M. Roy
(Jean): Comme je le disais...
Le Président (M. Bertrand): A chaque fois que la ville de
Montréal vient présenter des amendements à sa charte, on
réalise à quel point on manque de personnel à nos
commissions parlementaires.
M. Roy (Jean): Vous avez dans cette dernière colonne le
montant dépensé par rapport au nombre de conseillers et aux
salaires payés par la ville. Comme salaires de base, la colonne a), et
comme dépenses non taxables, la colonne b). Cela donne une
échelle sur laquelle Montréal se situe nettement au dernier rang.
Vous avez $0.48.7 dans le cas de Laval, $0.54.7 dans le cas de Longueuil,
$0.63.3 dans le cas de Québec, $1.42 dans le cas d'Ottawa, $0.68 dans le
cas de Toronto et vous avez $0.25.5 dans le cas de Montréal.
C'est le tableau qui situe l'ensemble et qui prouve que,
présentement, la ville de Montréal consacre finalement
très peu d'argent per capita à la rétribution de ses
conseillers, même si son conseil est de beaucoup le plus grand de tous
ceux qui sont alignés dans la deuxième colonne. Maintenant, je
vais prendre l'autre tableau qui vous a été distribué, qui
concerne le salaire du conseiller et qui fait un rapport sur la situation
actuelle du conseiller. On l'a dit tout à l'heure dans la
présentation de notre président. En juillet 1965, date à
laquelle a été sanctionnée la dernière augmentation
des indemnités pour les conseillers de la ville de Montréal, le
salaire moyen, pour la région de Montréal, était de $4707,
alors que le conseiller avait, à ce moment-là, comme c'est le cas
maintenant, $5000 au total, qu'il retirait de la ville de Montréal, si
bien que la situation du conseiller était de 106%, était
avantageuse de 6% à celle de n'importe quel employé de
l'industrie dans la région de Montréal. Sur ce point, comme on
l'a aussi mentionné, sans modifier en quoi que ce soit la fonction de
conseiller ou la conception qu'on a du conseiller, pour que le même
avantage soit maintenu, il faudrait maintenant, à cause des
augmentations qui, heureusement, ont été obtenues par les gens
qui travaillent dans ce secteur, maintenant, il faudrait que le salaire de
conseiller soit augmenté à $13 963. Non, je m'excuse, si on le
fait à 106%, c'est la ligne suivante, ça donne $14,850.
Maintenant, simplement pour rattraper le pouvoir d'achat qu'avait un
conseiller en 1965, il fau- drait multiplier par 102% le revenu actuel du
conseiller, ce qui donnerait, du simple point de vue de l'indexation, pour que
le conseiller oeuvre dans les conditions similaires, égales à
celles de 1965, il faudrait que son indemnité soit augmentée
à $10 100.
Maintenant, un dernier point de comparaison, qui vous touche de
près ici, à l'Assemblée nationale, M. le Président;
c'est celui de comparer la situation du conseiller à Montréal
avec celle de l'ensemble des villes, simplement du point de vue de la Loi des
cités et villes qui prévoit, présentement, avant
l'adoption du projet de loi no 54, que, dans une ville de 50 000 habitants, un
conseiller retire un revenu de $4750. Il suffirait d'ajouter à ça
$250 pour faire le même salaire que celui que nous avons à
Montréal, si bien que, présentement, du point de vue de
l'ensemble des cités et villes, nous sommes payés comme quelqu'un
qui administre dans une ville de 60 000 habitants.
Si on prend les indemnités qui sont prévues dans le projet
de loi no 54, il suffira d'une ville de 50 000 habitants pour dépasser
le salaire que nous recevons présentement à Montréal. Cela
donnera $5295, si les prévisions qui sont inscrites au projet de loi no
54 sont acceptées par l'Assemblée nationale.
Une dernière constatation, c'est que, du point de vue des
salaires qui sont octroyés aux conseillers dans l'ensemble des villes et
prenant la population de Montréal comme exemple je viens de
donner l'exemple qu'on est maintenant comme une ville de 60 000 et qu'on
deviendrait comme une ville de 50 000, du point de vue des salaires si
on prend les taux qui sont prévus, il faudrait, dans le moment, avoir un
salaire, à cause de la population de Montréal qui est de 1 080
000 habitants présentement, il faudrait un salaire de $18 507 et, avec
la nouvelle loi, il faudra hausser ce salaire à $22 983.
C'est le contexte, M. le Président, dans lequel se situent nos
réclamations.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas
être celui qui empêche les choses de tourner en rond, et je ne
voudrais pas intervenir de façon à chercher à couper court
à cette discussion.
Je me sens quand même obligé de porter à votre
attention un fait qui me paraît troublant. J'ai devant moi une photocopie
des pages 9829 à 9832 inclusivement de la Gazette officielle du
Québec datée du 22 octobre 1977 et j'y trouve l'avis de la
présentation de ce projet de loi privé de la ville de
Montréal. L'avis expose les dispositions de la charte, les
matières qui feront l'objet de notre débat. Il y a 49 articles
qui exposent ces matières et il n'y a aucune mention du traitement des
membres du conseil.
La démocratie s'exprime de diverses façons, et un des
éléments fondamentaux de la démocratie est sûrement
la liberté de parole. C'est pour cette raison que je ne veux point
m'opposer au fait que nous parlions ici de la question salariale en ce
qui concerne les membres du conseil municipal. Mais la démocratie
s'exprime aussi par l'avertissement que l'on peut donner aux citoyens, aux
contribuables qui doivent payer des montants, que l'Assemblée nationale
pourrait agir de façon à modifier les montants que ces
contribuables seraient appelés à payer.
Je vous rappelle que la Loi des cités et villes permet à
un conseil municipal de présenter et adopter, mais en séance
publique, une résolution pour augmenter le traitement des membres du
conseil. Or, si je comprends bien, puisqu'il n'y en a aucune mention dans
l'avis, je présume, j'ai ouï-dire qu'il y a eu certaines
discussions, que le conseil municipal n'a pas voulu présenter à
l'intérieur de ce projet de loi des propositions salariales pour les
membres du conseil. Et même si l'article 5 du projet de loi propose une
modification à l'article 76 de la charte de la ville de Montréal
et que, dans cet article 76, on trouve le deuxième alinéa qui
porte sur le traitement des membres du conseil, l'article 5 du projet de loi ne
propose aucune modification à cet alinéa et je reviens à
l'avis qui n'en fait pas mention.
Je ne voudrais pas que nous intervenions pour empêcher la
discussion et je ne voudrais même pas aller jusqu'à dire que si le
ministre avait une proposition, nous ne devrions pas l'examiner avec lui. Mais
c'est pour éviter que nous créions un précédent
dangereux que je me suis senti obligé de porter à votre attention
que la population de la ville n'a pas été saisie du fait que, le
soir du 10 novembre, la commission parlementaire des affaires municipales
parlerait du traitement des membres du conseil municipal de la ville de
Montréal. Et puisqu'il y a des citoyens de Montréal, conseillers
municipaux possiblement dissidents et autres, qui se sont
déplacés, je présume, parce qu'ils ont pris connaissance
de l'avis ou du contenu du projet de loi pour s'exprimer sur nos débats,
il y a un danger qui nous entoure dans cette discussion qui se poursuit. Je
soutiens donc respectueusement qu'il y a toujours le moyen d'un projet de loi
privé que des personnes peuvent présenter, même si une
entité, une institution comme la ville de Montréal ne choisit pas
de poser un geste de cette nature.
Ayant dit cela, M. le Président, je voudrais vous assurer de la
plus grande collaboration possible de la part de l'Opposition officielle. Je ne
voudrais pas que la discussion cesse. Je ne voudrais même pas dire que
nous ne pourrions nous rallier à une proposition du ministre, mais il y
a un principe très fondamental qui est impliqué ici et je voulais
le souligner.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Pâquette: Sur la question que soulève le
député de D'Arcy McGee, je tiens à dire que je comprends
ses préoccupations. Je pense que cela pose une question de principe
extrêmement importante et une question plus particulière
liée au sujet même de la discussion sur le salaire des
conseillers. La question de principe est la sui- vante: Au niveau d'un bill
privé, n'est-il pas souhaitable, particulièrement lorsqu'il
s'agit d'une municipalité dont un gouvernement provincial doit respecter
l'autonomie, que cette municipalité ait le loisir de présenter ce
qu'elle veut dans un projet de loi privé. Je pense qu'on sera d'accord
qu'il aurait été embêtant qu'après
présentation du projet de loi 200, le proposeur, en accord avec,
possiblement, le gouvernement, se mette à y ajouter des articles et des
remarques dont celles qui ont paru dans la Gazette officielle d'une part.
D'autre part, il y a un autre principe en cause qui est extrêmement
important aussi, une fois ce projet de loi privé devant
l'Assemblée nationale et devant une commission: Devons-nous nous
empêcher, nous, en tant que législateurs responsables de
l'adoption de cette loi, d'y faire des amendements même sur les sujets
qui ne sont pas prévus à l'origine? Voilà pour la question
de principe général. Je réponds par un oui aux deux
questions. C'est pour cela que je trouve la procédure acceptable.
D'autre part, il s'agit d'une question de salaires, et il est extrêmement
délicat de demander à une ville de venir elle-même se
proposer des augmentations de salaires. Je pense qu'il est assez normal que ce
soit nous qui ayons la délicatesse d'ouvrir la question. D'autres l'ont
fait avant. Personnellement, j'aurais soulevé la question de toute
façon. Je ne sais pas si le député de D'Arcy McGee veut
suggérer que, pour fins d'information de la population parce
qu'il reste ce problème, une fois posés les deux principes que je
viens de souligner de l'information de la population. Il y a toujours une
possibilité, qui serait d'ajourner dans deux semaines ou un peu plus
tard pour laisser le temps aux intéressés de revenir se
présenter devant la commission, ceux qui auraient pu ne pas être
au courant que nous allions discuter cette question ou toute autre question.
Voilà la question que je pose, à la fois au député
de D'Arcy McGee et à nos invités. Bien sûr, il y a des
avantages également à en terminer avec ce projet de loi cette
semaine, si possible.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je crois que nous sommes en
face d'un dilemme, après l'exposé du député de
D'Arcy McGee et son opposant, de l'autre côté, concernant la
recevabilité de la question, à savoir si on peut changer quelque
chose au projet tel que soumis. J'aimerais demander votre opinion, M. le
Président.
Le Président (M. Bertrand): Je vous remercie de le faire,
M. le député de Saint-Hyacinthe, c'est délicat de votre
part. Sachez que j'allais, de toute façon, donner mon opinion,
étant donné que cela fait partie des responsabilités
délicates qui sont celles de la présidence. C'est, je crois,
comme l'a souligné le député de D'Arcy McGee à
juste titre, un point qui mérite notre très haute
considération dans le sens suivant: II est bien clair que le mandat de
cette commission est d'étudier un projet de loi qui porte le no 200 et
qui s'appelle la Loi
amendant la charte de la ville de Montréal. Pour que ce projet de
loi puisse être discuté devant la commission parlementaire, il
fallait qu'il y ait des avis qui paraissent dans les journaux, dans la Gazette
officielle, et qui annoncent à l'opinion publique, aux citoyens de la
ville de Montréal, à l'ensemble des Québécois,
qu'une loi allait être présentée et discutée
à l'Assemblée nationale, en commission parlementaire, et que
cette loi allait recouvrir un certain nombre de sujets qui ont
été discutés au préalable par les gens du conseil
municipal de la ville de Montréal, qui sont introduits dans des articles
à l'intérieur d'une loi.
Or, nous avons devant nous 188 articles, nous avons un mandat
particulier précis qui est d'étudier cette loi et nous avons
l'obligation d'entendre toutes les personnes, tous les groupes qui veulent
émettre des commentaires sur ces articles de loi que nous allons ou que
nous avons étudiés. Dans les circonstances, tout
élément additionnel, même un amendement, à la
limite, qui est présenté par les promoteurs du bill privé,
par les députés et forcément par ceux qui n'étant
ni les députés membres de la commission, ni les promoteurs du
projet de loi, sont cependant intéressés par la question,
à savoir les groupes ici présents, il est bien clair que si c'est
déjà important de s'assurer que les promoteurs de la ville de
Montréal, les autorités de la ville de Montréal, les
membres de la commission se font un devoir de s'assurer que les amendements
qu'ils apportent sont des amendements qui réfèrent à la
loi qui est devant nous, et non pas des éléments
extérieurs à cette loi ou qui ne sont pas en tout cas inclus dans
le mandat de la commission, il faut faire très attention, parce que
c'est une porte ouverte à un précédent qui peut aller
très loin.
Il est bien clair que l'article no 5 du projet de loi 200, qui
réfère tout de même à l'article 76 de la charte,
lequel article parle des indemnités versées aux conseillers,
c'est une porte ouverte je pense que M. le député de
D'Arcy McGee l'admettra avec moi à une discussion qui peut
s'élargir. Même si l'article 5 ne porte pas
précisément sur l'alinéa qui concerne l'indemnité
des conseillers, il n'en demeure pas moins que, comme on l'a vu pour d'autres
articles où ce n'était pas nécessairement le voeu de la
ville de Montréal que nous en discutions.
Le ministre s'est même permis, à une occasion, d'introduire
un nouvel article, l'article 13a qui ne faisait pas nécessairement
l'objet d'une proposition de la ville de Montréal. Mais si l'article 5
permet qu'on puisse sans doute aborder la discussion autour de la question des
indemnités versées aux conseillers municipaux, il faut faire bien
attention qu'une telle porte ne permette pas qu'on glisse à
l'extérieur du mandat de la commission et qu'on s'aventure à
proposer de nouveaux articles à la charte de la ville de
Montréal, ou de nouveaux articles au projet de loi no 200 qui seraient
extérieurs au mandat de la commission qui est d'étudier 188
articles soumis par la ville de Montréal. Ou bien, comme le disait
l'avis émis dans la Gazette officielle, une quarantaine
d'éléments, en fait une cinquantaine pour être plus
précis, puisqu'il y en a 49, de discussion qui sont retenus à
travers 188 articles.
Dans les circonstances, bien sûr que si j'ai le consentement de la
commission, je vais permettre que par l'ouverture que laisse l'article 5, on
puisse discuter de l'indemnité des conseillers municipaux. Mais qu'on
comprenne bien dans quel esprit cela peut être fait. Il est bien clair
que jusqu'à un certain degré, nous dérogeons aux
règles admissibles en commission parlementaire qui étudie un
projet de loi privé, à savoir que l'opinion publique aurait
dû être avertie que l'ouverture d'un amendement à l'article
76 de la charte par l'article 5 du projet de loi 200, pourrait donner lieu
à une.dis-cussion sur les indemnités, ce qui n'a pas
été mentionné dans la Gazette officielle.
Mais puisque l'article 5 est là et que, de toute façon,
l'article 5 réfère à l'article 76 il est
question d'indemnité, je pense qu'il faut avoir la souplesse d'admettre
que ce sujet puisse être discuté. Mais je ne dis pas que cela doit
aller plus loin.
C'est la raison pour laquelle, sur l'article 5, je me permets même
de demander que ce soit du consentement des membres à la commission que
nous puissions aller jusqu'à discuter de l'indemnité qui est
versée aux conseillers municipaux, parce que la porte est ouverte par
l'article 5.
Cependant, tantôt, pour d'autres éléments et
je pense que les gens qui sont parmi les intervenants à cette table
savent de quoi je veux parler parmi les autres articles ou amendements
qui pourraient être soumis et qui ne sont pas inclus dans le mandat qui
est celui de la commission, il faudra être davantage prudents et savoir
évaluer jusqu'à quel point on peut étendre le mandat de la
commission, élargir le débat et embrasser l'ensemble de la charte
de la ville de Montréal, en dehors des 188 articles qui sont soumis
à notre attention.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, immédiatement, je
vous dis qu'en ce qui concerne l'Opposition officielle, vous avez le
consentement que tous les intéressés parlent de cette question et
que Me Normandin, en particulier, élargisse la discussion pour parler
des pensions qui découlent de la question salariale. C'est lorsqu'il
s'agirait éventuellement de prendre une décision sur un texte
quelconque que nous aurions une difficulté plus grande.
Vous vous rappellerez, au tout début de nos travaux, que je me
suis permis de poser la question à M. le ministre, et il m'a
répondu, gentiment et clairement, qu'il n'avait pas l'intention, de son
côté, de proposer des modifications en profondeur. On laisse
toujours une certaine liberté, au ministre notamment, d'apporter
certaines modifications, même si l'on élargit un peu le cadre de
l'action, même pas de la discussion, mais de l'action, quand le ministre
fait cela.
Mais il y a une différence importante entre les mécanismes
qui sont prévus en ce qui concerne les projets de loi publics, pour
l'information de l'opinion publique, et les mécanismes prévus
pour
les projets de loi privés. Puisque nous sommes dans le droit
privé je ne sais pas si cette expression s'utilise, mais vous
comprenez sûrement ce que je veux dire par cela je crois que nous
devrons, de peur de créer un précédent très
dangereux, nous astreindre aux règles qui entourent le débat, en
commission parlementaire, sur les projets de loi privés.
Pour cette raison, pour répondre à l'interrogation de
l'honorable député de Rosemont, il me semble qu'à moins
que le ministre lui-même ne veuille présenter une proposition, je
n'irais même pas jusqu'à dire que, si la commission ajournait ses
travaux et revenait pour en discuter, sans avis officiel et je sais
pertinemment que la majorité de la population ne lit pas la Gazette
officielle du Québec, mais c'est quand même un mécanisme
qui est formel et qui est prévu dans nos statuts je n'aimerais pas
que nous revenions, tout simplement après un délai, pour adopter
des propositions qui viendraient de divers témoins qui pourraient venir
devant la commission.
Si le ministre veut nous proposer quelque chose, c'est autre chose.
Mais, à ce moment-là, il me semblerait plus logique que, demain
matin, en appendice au feuilleton, nous trouvions un projet de loi, au nom du
ministre des Affaires municipales, qui s'intitulerait: loi concernant le
traitement des membres du conseil municipal de la ville de Montréal.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Tardif: Sur cette question de règlement, je voudrais
quand même me référer aux règlements annotés
de l'assemblée législative, 1941, texte qui a inspiré
l'actuel règlement, notre actuel règlement, qui se lit comme
suit, à l'article 631: "Les promoteurs d'un bill privé ne sont
pas admis à soumettre des amendements à un comité
permanent ou à un comité spécial, à moins qu'un
exemplaire du bill contenant les amendements projetés n'ait
été déposé au bureau des bills privés un
jour franc avant que le comité mette le bill à l'étude."
C'était le premier alinéa.
Le deuxième, M. le Président, se lit comme suit: "Tout
membre du comité peut cependant proposer des amendements qui n'ont pas
été déposés."
Je pense que la présentation en bonne et due forme d'un
amendement par un des membres du comité, pourrait, en tout respect pour
la présidence, être recevable.
Le Président (M. Bertrand): La présidence se permet
simplement de rappeler au ministre qu'il y a deux façons de lire cet
article. Je ne fais pas d'avocasserie. Je n'ai pas eu cette chance unique de
poursuivre des études en droit, mais on apprend, même à
l'extérieur de l'université.
Quand il est mentionné que les promoteurs d'un bill privé
ne sont pas admis à soumettre des amendements à un comité
permanent ou à un comité spécial, à moins qu'un
exemplaire du bill contenant les amendements projetés n'ait
été déposé au bureau des bills privés un
jour franc avant que le comité mette le bill à l'étude, je
pense que vous avez bien compris, M. le ministre, qu'il s'agit d'amendements au
bill que les promoteurs apportent eux-mêmes devant la commission.
En d'autres mots, il y a déjà deux types d'amendements qui
ont été apportés par la ville à son propre projet.
Les amendements contenus dans le supplément bleu et les amendements
contenus dans les papillons qui sont accrochés à un trombone et
qui ne sont pas inclus dans le supplément bleu.
Je pense qu'effectivement, dans le cas des papillons, ils ont
été apportés ici à la commission, le matin
même, à moins que je ne me trompe, Me Péloquin. Comme c'est
l'ancien règlement, vous n'avez pas contrevenu au règlement,
parce que celui-ci ne figure plus dans le nouveau règlement. Mais quand
il est mentionné, au deuxième point, M. le ministre, que tout
membre du comité peut cependant proposer des amendements qui n'ont pas
été déposés, encore là, il s'agit
d'amendements aux articles présentés par les promoteurs du bill
privé.
En d'autres mots, ce sont des amendements aux 188 articles
présentés par des promoteurs du projet de loi no 200. C'est dans
cet esprit qu'il faut lire l'article no 631. Quand il est question
d'amendements, il est vraiment question d'amendements à des articles qui
nous sont soumis et non pas d'amendements à la charte de la ville de
Montréal, parce qu'il ne faut pas se laisser tromper par le titre du
projet de loi qui dit Loi amendant la charte de la ville de Montréal.
Pour nous, ce ne sont pas des amendements à la charte de la ville de
Montréal au sens parlementaire du terme qui sont devant nous, ce sont
des articles d'un projet de loi. Les amendements sont présentés
à ces articles. C'est, je pense, une distinction subtile, mais qu'il
fallait faire, ne vous en déplaise, M. le ministre.
Sur ce, parce que nous avons le consentement, nous pouvons donc
continuer de discuter de cette question des indemnités, étant,
bien entendu... Je pense avoir bien interprété les propos du
député de D'Arcy McGee en ce sens qu'il n'accepterait d'aller
plus loin dans la discussion, c'est-à-dire sur une proposition, que dans
la mesure où le ministre signifierait quelles sont ses intentions
à ce point de vue. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec les propos du député de D'Arcy McGee. Vous pouvez
compter sur le parti de l'Union Nationale pour entendre les commentaires de
ceux qui veulent se faire entendre ici à la commission.
Le Président (M. Bertrand): Merci.
M. Tardif: M. le Président, sans m'embarquer dans une
querelle de procédure, on me fait remarquer ici, évidemment
à l'article 3 de l'actuel règlement, que la procédure de
l'Assemblée natio-
nale du Québec est réglée par, 5e entre
autres, on lit par les lois, par le règlement, etc. 5e, "par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement."
On dit: "Dans un cas non prévu par les règles de
procédure ou dans un cas de divergence d'opinions sur
l'interprétation d'une règle de procédure, le
président décide en tenant compte des usages de
l'Assemblée depuis son origine."
Par ailleurs, on dit à l'article 163 de l'actuel règlement
que: "A moins de dispositions contraires ces dispositions contraires,
semble-t-il, n'existent pas les règles relatives à
l'Assemblée nationale s'appliquent aux commissions."
Les règles relatives au fonctionnement de l'Assemblée
nationale permettent à un député de faire des amendements
à un projet de loi.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je soutiens quand
même que vous avez interprété correctement le texte que
vous avez cité. Les amendements devraient porter sur les 188 articles,
et pas sur les autres éléments de la charte de la ville de
Montréal. Comprenez bien, M. le Président et je suis certain que
vous nous comprenez, que le ministre le comprend et que tous les membres de la
commission le comprennent, ainsi que tous les in-. vités ici; je trouve,
pour ma part, j'exprime une opinion personnelle, que le traitement des
conseillers de la ville de Montréal est insuffisant et devrait
être modifié. Mais il y a toute la question des projets de loi
privés à l'avenir et nous ne devons pas créer un
précédent. Je soutiens respectueusement que si le ministre
partage mon avis que ce traitement est insuffisant et veut poser un geste
à cet égard, il devrait procéder de la façon que
j'ai suggérée et faire inscrire en appendice au feuilleton un
projet de loi à son nom et agir comme ministre au moyen d'un bill
public.
Le Président (M. Bertrand): De toute façon, je
pense avoir été très clair. Il s'agit à ce moment
d'accepter que la discussion se fasse du seul fait de l'ouverture que permet la
discussion sur l'article 5, qui est un article, ne nous le cachons pas, qui se
réfère à l'article 76 de la charte de la ville de
Montréal, lequel article traite spécifiquement des
indemnités qui sont versées aux conseillers de la ville de
Montréal. Dans les circonstances, je ne pourrais pas refuser qu'un
membre de la commission, qu'il soit ministre ou député, prenne
prétexte de cet article 5, non seulement pour discuter de la question
des indemnités qui sont versées aux conseillers, mais aussi pour
proposer un amendement à cet article 5. En d'autres mots, il ne s'agit
pas, dans les circonstances, d'un nouvel article qui n'est pas compris dans les
188 qui ont été présentés à la commission.
Il ne s'agit pas de l'article 75 de la charte. Il ne s'agit pas d'un article
4a. Il s'agit d'un article qui est inclus dans le mandat qui est celui de la
commission. Donc, dans les circonstances, je ne peux certainement pas refuser
que la discussion se fasse. Je ne peux pas non plus refuser a priori qu'un
membre de la commission sente nécessaire d'apporter un amendement
différent de celui qui est suggéré par la ville de
Montréal à l'article 76 de la charte. Dans les circonstances, je
permets donc que le débat se fasse sur cette question. M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'interviens pour une
seule raison. Vu la fonction que vous remplissez, chacune de vos paroles fait
jurisprudence. Je voudrais revenir sur un aspect que le ministre a
signalé très brièvement. Nous devons nous en remettre aux
usages de l'Assemblée nationale depuis qu'elle existe. Or, je crois que
les usages de l'Assemblée nationale, siégeant en commission
parlementaire pour étudier des bills privés et en particulier des
bills privés relatifs à la charte de la ville de Montréal,
indiquent que ces délibérations en commission ont
généralement permis de discuter les grandes orientations de la
politique municipale de Montréal, que cela ait été
fondé très directement ou non sur un article particulier du bill
privé lui-même; premier aspect. Deuxième aspect: nous avons
devant nous des intervenants qui nous font des représentations verbales
et qui aussi, dans certains cas à tout le moins, nous ont
présenté des mémoires.
Je pense que les usages de l'Assemblée en commission sont tels
qu'à l'audition des témoins et de leur mémoire, tout
membre d'une commission peut présenter des motions et peut, à
partir des représentations faites à la commission, non pas
introduire de nouveaux sujets, mais donner suite aux sujets qui se trouvent
ainsi présentés à la commission, même si, ce qui
n'est pas le cas à l'heure actuelle, vu l'article 5, il n'est pas
directement question de ces matières dans les articles du bill
privé.
C'est une directive que je vous demande, M. le Président.
Le Président (M. Bertrand): Nous n'en sommes pas encore
là, M. le député de Deux-Montagnes. Cela viendra dans
quelques minutes, une fois que nous aurons résolu ces questions.
Effectivement, les intervenants ont des mémoires qu'ils voudraient
livrer à la commission. Ils pourront le faire. Il y a dans ces
mémoires des recommandations formelles qui sont faites, dans certains
cas, sous forme de propositions ou de motions précises, et il
appartiendra à la commission de décider quel sort elle leur
réserve.
Mais, pour l'instant, nous voyant pris avec un problème
très précis, qui concerne l'article 5, je croyais qu'il
était bon de rendre un jugement ou une directive ou une décision
sur cet aspect plus particulier en attendant de faire face à l'autre qui
viendra dans quelques minutes. Quant à cet aspect particulier de
l'article 5, la décision que j'ai rendue, c'est que nous pouvons aborder
l'étude de cette question et nous verrons ensuite, s'il y a une motion
d'amendement qui est présentée à l'article 5, quel sort
nous devons lui réserver dans le cadre de l'article 5.
M. le ministre, est-ce que vous avez, effectivement sur cet article 5,
une motion d'amendement à apporter?
M. Tardif: M. le Président, nous avons entendu les
représentations du RCM, nous avons entendu les représentations du
Parti progressiste de Montréal. Je crois qu'il conviendrait d'entendre
les représentations du maire de Montréal sur la question.
M. Drapeau: M. le Président, je me proposais bien de dire
quelques mots sur cette question, même si je me propose d'être
bref.
Les membres du conseil municipal sont dans une situation
privilégiée par rapport aux membres de l'Assemblée
nationale, en ce sens que les membres de l'Assemblée nationale doivent
décider eux-mêmes de cette question quand ils sont
impliqués. Nous sommes privilégiés. Nous n'avons pas
à nous évaluer et à rendre jugement, ni sur la fonction,
ni sur notre façon de la remplir. Nous nous soumettrons donc à la
décision de la commission et de l'Assemblée nationale.
Il importe cependant, je pense, que je fasse connaître sur quoi
nous sommes d'accord et sur quoi nous ne sommes pas d'accord avec certains des
principes qui ont été émis par des intervenants
antérieurs. La fonction de conseiller, son rôle, nous en avons
entendu même deux définitions, à trois reprises, disons, et
je ne peux que souscrire, par mon propre témoignage, à la plupart
des choses qui ont été dites. Le rôle de conseiller
municipal est un rôle important. Peu importe le style du conseiller
municipal, peu importe le style du parti ou du groupement auquel il appartient,
le rôle de conseiller comporte des responsabilités. Sans
exception, quant à la ponctualité, quant à
l'assiduité aux séances et quant à l'intérêt
porté aux questions, je suis heureux de rendre témoignage,
à peu près sans réserve, à tous les membres du
conseil municipal de Montréal qui témoignent de
l'intérêt qu'ils portent à remplir leur fonction. Donc, de
ce côté, ce n'est pas le point principal de la divergence
d'opinion.
Quand on tente, cependant, d'établir un rapport entre le salaire
moyen des syndiqués et l'indemnité d'un conseiller, là, je
crois devoir dire que ça me paraît fautif. Le salaire des
syndiqués, et même des autres, est en fonction de l'obligation de
gagner son pain et celui de sa famille, de sa carrière, de son
métier, alors que dans le cas du serviteur public, on doit tenir compte
d'une volonté de service public.
Il y a, dans le service public, le service public de l'élu et le
service public du citoyen qui, tout en gagnant sa vie par son métier,
son occupation, sa profession, son travail quel qu'il soit, consacre
également beaucoup de temps, beaucoup de ses loisirs à des bonnes
oeuvres, que ce soient des oeuvres sociales, culturelles, charitables,
sportives, de loisirs ou autres. Il y a un élément dans la vie de
l'homme, et nous devons nous en réjouir, un élément qui
est constitué précisément de sa bonne volonté, de
son désir de servir ses sembla- bles. Il y a donc des citoyens qui,
retranchant de la part qu'ils souscriraient volontiers en temps, en
énergie et en santé à des bonnes oeuvres, consacrent
plutôt cette part aux services publics élus ou électifs.
Dans les circonstances, cela me paraît absolument fautif de comparer
l'indemnité de l'élu, qu'il soit provincial,
fédéral, municipal, scolaire, paroissial, à un salaire de
syndiqué.
Autre point: la comparaison d'une ville à l'autre. J'ai, depuis
mon premier mandat, de 1954 à 1957, tenté, sur bien des points,
de faire des rapprochements entre certaines villes et la ville de
Montréal ou entre certaines villes entre elles pour comparer ce que
j'appelle des comparables. Et, mon Dieu, qu'il est difficile d'en arriver
à des conclusions satisfaisantes, parce qu'on s'aperçoit que les
mêmes mots n'ont pas exactement le même contenu et que la
conception diffère, de sorte que, dans bien des cas, qu'il s'agisse des
principes d'évaluation, qu'il s'agisse des indemnités, qu'il
s'agisse de quoi encore, il devient extrêmement difficile d'avoir la
certitude qu'on compare des comparables. Donc, que ce soit par rapport au
salaire moyen des syndiqués ou par rapport au salaire moyen des autres
villes, je crois qu'il est difficile d'avoir là des points de
repères absolument solides. Comment arriver à une
évaluation? Je crois qu'il faut évaluer objectivement et par
rapport à la conception qui a prévalu dans le passé,
tenant compte des modifications qu'il faut apporter graduellement à ces
conceptions, et ensuite, donc, évaluer, tenter d'évaluer
objectivement.
Quant à la rétroactivité, j'ai l'impression que je
vais peut-être en faire sursauter au moins quelques-uns, j'affirmerais
plutôt tout à fait le contraire de la rétroactivité.
Car, dans le mandat public, il y a le mot "mandat" et ceux qui ont
été élus en 1974 savaient parfaitement les conditions du
mandat qu'ils sollicitaient de leurs électeurs et les électeurs
savaient parfaitement les conditions financières du mandat qu'ils
allaient confier aux élus. Donc, personne n'a été pris par
surprise. Je crois, cependant, qu'il faut corriger des chiffres qui ne
correspondent plus à la réalité quant à la
quantité de services, quant à l'ampleur des services et quant,
également, au rapport qu'il doit y avoir entre la valeur de ces services
et le coût de la vie. Donc, il y a une correction à faire. Mais,
je serais porté à penser que le meilleur moyen de corriger cette
situation serait, lorsque le gouvernement, l'Assemblée nationale aura
arrêté son choix sur des chiffres, que ce soit applicable à
partir du prochain mandat, c'est-à-dire à partir de la fin de
1978. Les électeurs sauraient exactement combien vaudront les hommes
qu'ils éliront, combien ils seront payés s'ils ne savent
pas exactement combien ils valent, ils sauront combien ils seront payés
et puis les candidats sauront également à combien
l'Assemblée nationale a évalué leurs services.
Ainsi, je pense que le public aurait une conviction, c'est qu'il n'y a
pas eu de transaction, pas au sens péjoratif du mot, qu'il n'y a pas eu,
chez les parlementaires, comme chez les municipaux, un
échange d'intentions dont personne ne parlait, alors que tout le
monde en chuchotait. Cela serait à mon sens une façon de
régler la situation.
Je dois dire que, la dernière fois, on le sait, qu'il y a eu une
modification à la charte sous ce rapport, c'était en 1965,
à ce moment-là non plus cela ne devait pas nécessairement
venir lors de l'étude d'un projet de loi amendant la charte de
Montréal, cela s'est présenté très subitement
à la fin de la session de la commission. J'étais retenu à
Montréal par d'autres fonctions, l'étude du bill allait se
terminer. C'est une suggestion que j'aurais faite à ce moment-là
si la ville de Montréal avait comparu devant une commission
parlementaire pour amender sa charte en 1973; nous aurions pris l'initiative de
demander au gouvernement d'étudier la question des indemnités et
de voir à ce que ce soit applicable à partir du mandat
suivant.
Il s'agit d'une situation extrêmement délicate. On ne peut
tout de même pas vouloir donner l'impression que tous les élus
municipaux, qu'ils soient du Parti civique ou d'un autre groupement, sont
absolument désintéressés des biens de ce monde. Je n'ai
pas la naïveté de croire que le public nous croirait, même si
nous voulions projeter cette image. Il faut être réaliste, il faut
corriger la situation, mais je me permets de dire que, dans l'ensemble, la
population verrait qu'il y a un correctif d'apporté et que ce correctif
serait apporté à partir d'un nouveau mandat, toutes les parties
au mandat, les électeurs et les élus, étant parfaitement
au courant des modifications apportées à l'aspect financier de ce
mandat.
Je voudrais seulement ajouter un mot pour corriger un petit peu une
information qui a été communiquée tout à l'heure
par le conseiller Poulin, qui a fort justement dit qu'il était venu ici
à ses frais. Ce qui est moins juste, c'est quand il dit que
l'administration municipale a refusé de payer ses dépenses. Le
choix des représentants du conseil municipal a été
établi ainsi. Comme l'opposition, en gros, représente à
peu près le tiers du conseil et le parti au pouvoir les deux tiers, il a
été établi que le parti au pouvoir aurait les deux tiers
des représentants et l'opposition un tiers. Ce n'est pas facile de
savoir comment subdiviser le tiers de l'opposition, parce qu'il y a là
plus qu'un groupe ou plus qu'un parti. Il a donc été
établi, apparemment à la satisfaction du RCM, que le RCM aurait
droit à six représentants et comme il y en a cinq
indépendants, il y en aurait deux, les noms devaient être mis
ensemble je ne dirai pas dans un chapeau, je ne suis sûr que cela
ait été dans un chapeau, mais c'est l'expression consacrée
et que deux devaient être choisis au hasard. Le conseiller Poulin
a fait savoir au conseiller Lo-range, qui avait été
mandaté pour procéder à ce tirage, qu'il refusait que son
nom soit mis dans le chapeau. C'est la raison pour laquelle la ville n'a pas pu
tirer son nom au sort. C'est cela. Par la suite, on a appris qu'il avait
fondé un parti et qu'il était chef de parti. Si cela avait
été connu avant le tirage au sort, peut-être qu'en sa
qualité de chef de parti, l'administration aurait dit: Les chefs de
partis seront ex officio représentants du conseil.
Mais lorsque le choix a été déterminé, il
n'était pas chef de parti. Je pense, toujours à cause du journal
des Débats, qu'il était important que la précision soit
apportée, car il n'y a pas à un près cette intention de la
ville de réduire le nombre des gens qui pourraient avoir eu, au conseil
municipal de Montréal, une justification d'être ici, puisque, dans
l'ensemble, nous avons pensé que 24 représentants du conseil
municipal parmi les conseillers seulement, ce pouvait être un nombre
suffisant.
Etant donné aussi que s'il y a un autre projet de loi amendant la
charte de Montréal l'an prochain, ceux dont les noms seront mis dans le
chapeau seront ceux qui n'ont pas été choisis cette année.
Quant aux partis d'opposition ou aux groupes organisés, ils
établissent leurs procédures comme ils l'entendent, comme le
parti au pouvoir a établi sa procédure comme il l'entendait.
C'est ainsi qu'on a procédé.
Le Président (M. Bertrand): M. Normandin.
M. Normandin: Me permettez-vous de corriger un point? C'est
peut-être la procédure qui avait été établie
avant la consultation avec, soit le groupe d'opposition, le RCM ou les
conseillers indépendants, mais ça me déplaît
énormément qu'au journal des Débats, ça puisse
laisser percevoir que si je suis ici, c'est parce que mon nom a
été tiré au sort dans un chapeau. Cela a été
fait à la suite de consultations et d'une mise en candidature.
Le Président (M. Bertrand): D'accord. De toute
façon, il s'agit de régie interne qui ne concerne que la ville de
Montréal. Oui?
M. Lebeau: M. le Président, je me permettrais d'ajouter
certains commentaires à ce sujet qui, pour nous, revêt une
certaine importance.
Quand on considère la question du travail que doit faire un
conseiller municipal, ce serait sûrement fausser la compréhension
de la réalité que de ne considérer que ce qui
relève de la juridiction municipale. Quand on considère le
travail d'un conseiller municipal, on doit tenir compte de la
multiplicité et de la complexité des différents
problèmes relatifs au phénomène urbain. Quand on
considère le travail d'un conseiller municipal, on doit tenir compte des
multiples problèmes auxquels il a à faire face et dont il doit
s'occuper. Pensons aux problèmes de logement, aux problèmes de
transports, aux multiples facettes des problèmes de la santé,
etc., qui ne relèvent pas toujours du strict point de vue des
juridictions municipales, mais ce sont des problèmes auxquels les
conseillers municipaux, qui entendent faire leur travail honnêtement et
du mieux possible, doivent porter une attention, doivent étudier les
dossiers, réagir à différents événements,
soit des décisions gouvernementales, soit un projet de
développement dans un quartier, etc.
Les conseillers ont à réagir à un grand nombre
d'événements qui sont relatifs au phénomène urbain
si complexe et si ample soit-il. Les conseillers ont à répondre
aussi à des revendications
d'individus ou de groupes d'individus, de groupes de citoyens qui se
préoccupent aussi fort peu de ce qui normalement relève de la
juridiction d'un membre du conseil de la ville de Montréal et demandent
à leur conseiller d'intervenir sur un grand nombre de sujets qui n'ont,
souvent, pas grand-chose à voir avec les juridictions strictes du
conseil.
Ce qui veut dire, pour un conseiller qui veut faire son travail du mieux
qu'il le peut, beaucoup de travail. Le travail d'un conseiller municipal, bien
sûr, c'est comme un certain nombre d'autres occupations, celle d'un
professeur, d'un député ou de n'importe qui, il y a moyen de
travailler peu, sûrement, mais il y a aussi moyen de travailler beaucoup.
Quelqu'un qui veut travailler, du mieux qu'il peut, je pense que je n'ai pas
besoin de vous convaincre qu'il y a du boulot constamment, il n'y a pas assez
d'heures dans une journée pour passer à travers tout ce
boulot.
Dans le cas d'un système bipartite ou multipartite à
l'avenir, mais actuellement bipartite qui s'établit et qui va se
consolider sûrement à Montréal au cours des prochaines
années, il faut considérer particulièrement le travail des
membres de l'opposition, qui, en tant que membres de cette opposition, doivent
c'est leur devoir être suffisamment informés,
suffisamment au fait de tous les dossiers qui peuvent, de près ou de
loin, affecter le développement de la ville et de leur quartier, doivent
assumer considérablement leur tâche de recherche dans
différents domaines.
On pourrait penser, c'est bon de le répéter, parce que
c'est un phénomène assez peu connu en dehors de Montréal
et peut-être même en dehors des membres du conseil, qu'il n'y a
actuellement pour les conseillers à Montréal aucun service de
soutien technique, sauf deux secrétaires qui sont à la
disposition des 54 conseillers de Montréal, sans distinction de
parti.
Le seul soutien technique qu'on peut avoir à Montréal,
c'est, une fois de temps en temps, de faire dactylographier une motion ou une
lettre quelconque, mais sans plus. Donc, on peut dire qu'il n'y a effectivement
aucun soutien technique, aucun soutien de service de secrétariat
à l'appui du travail des conseillers.
Est-ce que nous pouvons bénéficier d'un service de
recherche pour les différents dossiers auxquels nous avons à
faire face, comme il serait normal, surtout pour les membres d'un parti
d'Opposition qui ont à critiquer les décisions de l'appareil
administratif? Est-ce qu'on a un service de recherche, pour appuyer notre
travail? Non, pas du tout. Est-ce qu'on a même des bureaux pour nous
permettre de faire des réunions, pour travailler, pour rencontrer les
citoyens ou nous rencontrer entre nous pour discuter de certains
problèmes? Encore, c'est non.
Le travail d'un conseiller à Montréal, surtout un
conseiller membre de l'Opposition, se fait dans un contexte extrêmement
difficile. Et pour qui veut bien faire son travail, le plus honnêtement
et le mieux possible, cela suppose que ce conseiller accomplit une grande
série de travaux que normalement, il ne devrait pas accomplir.
Je prends l'exemple des députés de l'Opposition. Il y a
quand même beaucoup de recherche faite par les recherchistes au service
de l'Opposition. Il y a tout le travail de secrétariat qui est fait par
les services de secrétariat de l'Opposition. A Montréal, toutes
ces tâches de recherche et de dactylographie d'un texte, n'importe quoi,
ce sont les conseillers qui doivent les assumer personnellement, et cela prend
du temps.
Dans le mémoire qu'on vous a soumis, on décrit, bien
sûr, un type de conseil municipal qui est loin d'être celui qui
fonctionne actuellement à Montréal. On décrit un conseil
municipal avec un fonctionnement de commissions parlementaires permanentes,
avec des assemblées régulières, statutaires, avec une
gamme de nouveaux processus qui n'existent pas actuellement.
Mais il faut bien comprendre que même sans commissions
permanentes, par exemple, pour les problèmes de logement, les
conseillers qui se préoccupent de cette question ont
énormément de travail à faire sur le dossier logement,
même en l'absence de structures de commissions du conseil.
Je pense que cela justifie le fait que même sans une refonte plus
en profondeur de toute la structure politique municipale, il va de soi qu'on
doive, dès maintenant, favoriser un peu plus le conseiller municipal
dans son travail et lui donner un minimum et vraiment un minimum de moyens pour
fonctionner.
Je voudrais faire une remarque sur la question des indemnités. On
a fixé tantôt le chiffre des indemnités à $7500;
c'est dit comme cela, mais ce n'est pas tout à fait exact. Les
indemnités d'un conseiller municipal à Montréal sont de
$3500, plus une somme de $1500 pour ses dépenses. Comme je l'ai dit
tantôt, comme on n'a pas de services de secrétariat et de
recherche, dans l'Opposition, pour soutenir notre travail, ce sont des sommes
qui passent effectivement dans des dépenses. L'entretien de bureau, tout
le monde sait ce que cela coûte.
Donc, le salaire d'un conseiller à Montréal, c'est $3500,
plus $1000 qu'il reçoit du fait qu'il siège au conseil de la
Communauté urbaine de Montréal. Cela rend encore plus
impératif d'agir là-dessus et de changer les indemnités
des membres du conseil.
Pourquoi compare-t-on, dans notre mémoire, avec la moyenne des
travailleurs syndiqués de la région de Montréal?
Effectivement, c'est assez arbitraire d'avoir choisi ces critères. On a
envisagé un grand nombre de critères, on a étudié
les chiffres qui s'attachaient à d'autres critères, à
d'autres types de fonctions dans la société. On a regardé
les salaires des hauts fonctionnaires, notamment ceux de Montréal, et on
a pensé que $40 000 ou $45 000, c'était un peu trop, et que ce
n'était pas ce qu'on voulait.
On a pensé un peu aux cadres moyens, généralement
dans le service public ou dans l'entre-
prise privée et il s'est avéré assez difficile,
là encore, d'établir des critères de définition des
tâches qui nous permettaient de faire une comparaison avec les cadres
moyens. Mais on a étudié les revenus normaux des cadres
moyens.
On a aussi étudié les revenus d'autres membres de conseils
d'autres grandes villes du Canada, d'autres villes de l'Amérique du
Nord, d'autres villes du Québec, des villes de différente
importance. C'est la raison pour laquelle on est arrivé sensiblement au
chiffre proposé.
Mais la raison pour laquelle finalement on a choisi de comparer notre
travail à celui d'un travailleur syndiqué moyen de la
région de Montréal, c'est qu'il nous apparaissait, socialement le
plus justifiable, politiquement le plus correct, le plus juste, pour faire la
comparaison, si on conçoit le travail d'un conseiller municipal comme
devant occuper une grande partie de son temps, avec ce que gagne un travailleur
moyen syndiqué de la région de Montréal.
C'est un chiffre effectivement arbitraire. Parmi tous ceux qu'on a
envisagés, on a pensé se comparer avec des permanents syndicaux
ou avec une grande gamme d'autres fonctions. Il s'est avéré que
même ce chiffre, cette comparaison et le chiffre qui en découle
sont effectivement arbitraires. C'était un chiffre qui, socialement,
était très défendable et qui répondait à un
principe sûrement très juste.
Sur la question de la rétroactivité, le maire de
Montréal dit qu'en 1974 les élus savaient à quoi
s'attendre. Je peux vous dire humblement, en mon nom personnel que je ne
m'attendais pas à ce que, comme membre d'une aile parlementaire d'un
parti de l'Opposition à Montréal, on n'ait aucun service de
recherche, aucun service de secrétariat, aucun bureau, aucune chaise
à notre disposition, aucune espèce de soutien technique. C'est
cela finalement, en grande partie, qui peut, je pense, contredire ou nuancer
tout au moins l'argument du maire de Montréal tantôt.
Je voudrais souligner aussi je terminerai là-dessus
que cela fait déjà deux ans, soit depuis avril 1975, que des
militants et des conseillers du Rassemblement des citoyens de Montréal
ont commencé à étudier la question des amendements
à apporter à la charte de Montréal. On avait
terminé notre document en avril 1975, parce qu'on s'attendait à
la tenue d'une commission municipale sur la charte de Montréal en juin
1975. Nous nous croyons donc tout à fait justifiés de faire
allusion à une rétroactivité.
Je voudrais finir seulement en disant ceci cette fois-ci, c'est
vrai, je vais finir c'est que nous ne nous sentons pas du tout
gênés de revendiquer ce que nous revendiquons maintenant. Pour
nous, c'est un choix politique qu'on a à faire entre des conseillers qui
conçoivent leur travail au conseil municipal comme un travail de bonnes
oeuvres, d'oeuvres charitables ou de soutien d'organismes de loisirs locaux, et
cette conception qui est la nôtre de conseillers qui étudient
sérieusement les différents dossiers qui leurs sont soumis, qui
ont à faire face à des ordres du jour du conseil très
considérables, 70, 80, 120 points à l'ordre du jour, qui
impliquent des sommes considérables, des conseillers qui ont à
faire face à une multiplicité de problèmes très
com-plexes e ntermes de logement, de transport, de circulation,
d'aménagement de parcs, etc. Le choix, pour nous, est très clair.
Nous prétendons être de la deuxième catégorie et,
pour être de cette deuxième catégorie, on ne peut vraiment
pas, je le pense honnêtement, se contenter de l'indemnité actuelle
des membres du conseil.
Le Président (M. Bertrand): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, après ce débat
de procédure que nous avons eu et qui, par le consentement unanime de
cette commission fait, je pense, que nous pouvons discuter de cet article,
puisque, malgré le règlement, l'Assemblée et ses
commissions sont vraiment souveraines quant aux matières qu'elles
veulent bien étudier et le consentement ayant été
donné par les membres de l'Opposition, je pense qu'il convient d'aborder
cette question.
D'autant plus qu'il semble y avoir consensus, tant chez les
représentants de l'équipe ministérielle que chez ceux de
l'Opposition, que du maire de Montréal et des représentants des
deux partis qui sont ici, également de la ville de Montréal, pour
dire que la situation, quant aux indemnités des conseillers, est
vraiment anachronique. Le fait est qu'elle n'a pas été
ajustée depuis 1965 et, que, depuis cette époque, effectivement,
beaucoup de choses ont changé. Je n'ai pas à rappeler que
l'indice moyen du coût de la vie au Québec a augmenté de
plus de 90% au cours de cette période, que, pour l'ensemble du Canada,
l'indice moyen a crû de 103%, et qu'au cours de la même
période, la somme de travail exigée des conseillers s'est accrue,
de l'aveu même de M. le maire, avant que nous procédions hier
à l'adoption de cet article 13a qui imprimait une certaine
périodicité mensuelle dans les réunions
régulières du conseil, de l'aveu même de M. le maire, il a
été démontré, déclaré que, l'an
dernier par exemple, le conseil s'était réuni en assemblée
régulière à au moins neuf reprises. Et ce, malgré
l'article de la charte qui disait que le conseil devait se réunir quatre
fois l'an. A partir du rythme prévu dans la charte même, on a
constaté que, dans les faits sans parler de la longueur des
séances, je n'ai pas utilisé cet étalon
déjà, la quantité de travail avait doublé. Je ne
parlerai pas du nombre de fonctionnaires de la ville qui a sans doute
doublé au cours de la même période, ou pas loin. Je ne
parlerai pas du budget qui a probablement plus que doublé au cours de
cette même période.
Evidemment, que tout le monde reconnaisse que c'est là une
situation anachronique qu'il y a lieu de corriger, c'est une chose. On aurait
peut-être pu souhaiter que la ville de Montréal nous
présente elle-même, dans la série d'amendements, un autre
amendement, parmi les 188, pour demander que le gouvernement vienne
remédier à cette situation. Je comprends la gêne qu'une
telle requête aurait pu inspirer à M. le maire. C'est
peut-être ce qui fait également, lors du dernier
ajustement en 1965, que celui-ci a également été
"imposé" d'office par le premier ministre du temps, M. Lesage.
Il y a, évidemment, en plus de ce fait, où l'on
reconnaît qu'il y a une situation à corriger, peut-être un
élément, disons, secondaire et un autre plus important qu'il y a
lieu de souligner. Il y a le fait que les citoyens il y a un dicton,
quelque part, que je me souviens d'avoir lu, bien qu'encore une fois, je me
défende d'être un juriste, qui dit qu'il n'est pas simplement
important que justice soit faite, mais il faut qu'elle semble être faite
je me demande dans quelle mesure le citoyen qui voit, qui connaît
les émoluments des membres du conseil ne pourrait pas être
amené à se poser la question: Est-ce que les membres du conseil
d'une ville aussi importante que Montréal ne se contentent pas
d'émoluments semblables, parce qu'ils ont des sources moins avouables de
revenu? C'est le genre de question que certaines personnes pourraient
être amenées à se poser et qui ne contribuent en rien, je
pense, au bon renom des hommes publics, et qui peut même éloigner
de la chose publique un certain nombre de personnes qui vont se garder loin de
tout poste électif à cause de cette aura plus ou moins
malodorante qui peut s'en dégager parfois.
A l'heure actuelle, les conditions des conseillers à
Montréal sont telles que, finalement, seuls des professionnels, des
hommes d'affaires, des commerçants dont les occupations font qu'ils
jouissent d'une certaine liberté d'action, peuvent s'intéresser
à la chose publique.
Le salarié, qui doit être au bureau ou à son poste
de neuf à cinq, ne peut pas littéralement s'occuper de la gestion
de la chose publique, surtout si son employeur enlève de son salaire le
temps qu'il prend pour assister aux séances du conseil.
Ce n'était pas, sans aucun doute, le désir, ni des
autorités de la ville, ni du législateur, mais la
conséquence de cela ou une des conséquences pourrait être,
finalement, non pas une assemblée du conseil démocratique, mais
une assemblée du conseil fondée sur une certaine je
pèse mes mots "ploutocratie".
A cet égard, après avoir regardé attentivement,
même si toute comparaison peut être difficile à faire, j'en
conviens, et les chiffres qu'on a pu citer pour Toronto où les
conseillers sont plus ou moins... Il y en a 22 seulement. Ce sont des gens
à temps plein, à peu près la même chose dans la
ville d'Ottawa notamment, et même si, encore une fois, on ne peut pas,
dans le contexte actuel, assimiler la fonction de conseiller municipal,
même dans une ville importante comme Montréal, à une
fonction à temps plein, néanmoins, il est plus que temps de
rétablir une certaine injustice à l'endroit des gens qui oeuvrent
pour le plus grand bien de la collectivité.
Il y a présentement, M. le Président, devant
l'Assemblée nationale, deux projets de loi qui ont déjà
été adoptés en deuxième lecture. Il s'agit des
projets de lois no 54 et 55. Le projet de loi no 55 régissant les
municipalités tombant sous le Code municipal, et 54, pour les
municipalités régies par la Loi des cités et villes.
J'aurais pu, en effet, ainsi que l'a souligné le
député de D'Arcy McGee, utiliser comme technique
législative, le biais de la loi 54, qui est présentement devant
l'Assemblée nationale et qui fixe les salaires des conseillers et des
maires de toutes les municipalités, à l'exception de
Montréal, Québec et Laval, j'aurais pu, dis-je, enlever cette
exception, faire tous les ajustements de concordance et établir, de la
façon qu'on vous indiquera à ce sujet-là, je
demanderais qu'on distribue le tableau que j'ai ici, M. le Président
une espèce de continuum entre les salaires de la plus petite
municipalité au Québec, jusqu'à la métropole.
Cependant, je pense qu'on aurait trouvé étrange
qu'après la tenue d'une commission parlementaire sur la charte de
Montréal, je n'aie pas reçu d'une part les représentations
des divers conseillers municipaux de tous les partis, y compris le Parti
civique, et que, après avoir reçu ces représentations, je
n'aie pas ici, à cette assemblée, à cette commission,
abordé cette question. On aurait trouvé étrange, dis-je,
que choisissant, malgré les représentations, de ne pas l'aborder
ici, j'aille le faire deux ou trois jours ou une semaine plus tard à
l'Assemblée nationale et que je profite de l'étude de la loi 54
pour régler la question. On m'aurait dit: Mais pourquoi, M. le ministre,
n'avez-vous pas, lorsque la commission parlementaire était réunie
précisément pour étudier la charte de la ville de
Montréal, abordé cette question? C'est la raison pour laquelle
j'ai demandé que l'on profite de l'ouverture, assez mince, j'en
conviens, que donnait l'article 5 modifiant l'article 76 et traitant donc des
indemnités des conseillers, pour suspendre l'étude de cet
article.
Le document que l'on vous remet présentement indique
l'échelle des traitements prévus dans les lois 54 et 55
présentement devant l'Assemblée nationale. Il s'agit là,
évidemment, d'indemnités fixées en fonction de la
population.
M. Poulin: Est-ce que je peux en avoir une copie, s'il vous
plaît? Je m'excuse, mais je n'en ai pas.
M. Tardif: II s'agit là, étais-je en train de dire,
d'échelles établies en fonction de la taille des
municipalités; l'on a, dans une première colonne,
évidemment, la taille de chacune des municipalités, le traitement
actuel et le traitement proposé Evidemment, ce tableau, je vous le ferai
remarquer, n'est pas dans le texte de loi lui-même. Ce qui est dans la
loi, c'est le montant per capita. Ce que nous avons établi dans ce
tableau, ce que nous avons fait, c'est strictement la projection, selon la
taille des municipalités, de ce que donne l'application, encore une
fois, de deux projets de loi présentement adoptés en
deuxième lecture par l'Assemblée nationale et qui veulent que le
taux dans les municipalités pour les premiers 5000 de population soit de
$0.55 par personne, par habitant, de $0.50 pour les 10 000 suivants cela
c'est
pour la fonction de maire de $0.31 pour les 35 000 suivants et
ainsi de suite, en décroissant graduellement. Ceci nous donne donc, M.
le Président, dans ce tableau fait en conformité de la loi
présentement devant l'Assemblée nationale, les chiffres qui
apparaissent dans la troisième colonne pour la fonction de maire et dans
la sixième colonne pour la fonction de conseiller. C'est ainsi que l'on
voit que, pour des villes de 100 000 habitants, le salaire du maire est de $25
600 et celui de conseiller de $7295. Le tableau n'a pas été
continué plus loin que 100 000 de population pour la simple raison
qu'au-delà de ce chiffre, à part les villes de Montréal,
Laval et Québec, il y en a très peu, les autres étant
très voisines de 100 000 habitants. Ce montant, incidemment, est
composé de deux éléments: dans une proportion de deux
tiers, il s'agit d'une indemnité, ou du salaire, et, pour un tiers,
d'une indemnité pour frais de déplacement, frais divers, autres
dépenses.
A l'heure actuelle, dans le cas de la ville de Montréal, on a
fait état du salaire des conseillers, qui était de $3500, plus
$1500 d'allocation, soit un total de $5000. Dans le cas du maire, le traitement
est de $22 500, l'allocation de $6000, pour un total de $28 500. Je vous
rappellerai que le salaire d'un sous-ministre, qui n'a pas, n'en
déplaise à mon sous-ministre ici, tout à fait les
responsabilités d'un magistrat comme celui de la ville de
Montréal, se situe presque dans une proportion du simple au double par
rapport au traitement du maire de la métropole. Dans le cas du
président du comité exécutif, son traitement est de $18
000 par année, avec une allocation de $5000 pour un total de $23 000. Le
vice-président du comité exécutif reçoit $18 000
par année, $14 000 étant son traitement et $4000 son allocation,
et les autres membres du comité exécutif ont $14 000, soit $10
000 de traitement et $4000 d'allocation.
Il s'agit là de gens exerçant une fonction très
importante et, dans le cas du président et du vice-président du
comité exécutif, de fonctions qui sont largement à temps
plein. J'ai donc demandé, M. le Président, aux fonctionnaires du
ministère de préparer un tableau qui soit la continuation de la
courbe que nous donne celui que je vous ai fait distribuer pour l'ensemble des
cités et villes, de façon à accrocher au passage les
villes de Québec, de Laval et de Montréal. Ce tableau, M. le
Président, nous donne des chiffres que je vais vous
révéler à l'instant même, c'est-à-dire, dans
le cas du maire de Montréal, une indemnité de l'ordre de $40 000,
toujours avec la proportion d'un tiers et deux tiers, dans le cas du
président du comité exécutif, $36 000 par année,
dans le cas du vice-président du comité exécutif, $32 000
par année, dans le cas des membres du comité exécutif, $24
000 et dans le cas des conseillers municipaux, $10 000 par année.
Evidemment, l'extrapollation des courbes nous donnait des cents et des chiffres
qui ont été arrondis. Ceci donnerait, pour la fonction de maire,
dont les ajustements, encore une fois, remontent à 1965, un taux
d'accroissement annuel moyen de 2,9%; dans le cas du président du
comité exécutif de 2,1%; dans le cas du vice-président, de
2,8%; dans le cas des membres du
Comité exécutif, de 2% et dans le cas des conseillers, de
5,9%.
M. le Président, j'aurais évidemment pu, à propos
de cette question des traitements, je pourrais et je peux encore utiliser une
variété de techniques ou d'approches. L'une d'elles aurait pu
consister à dire: Bon, si la ville de Montréal, le conseil n'a
pas demandé, par résolution, par règlement, n'a pas
voté une telle demande, on n'en parle pas. Je pense avoir indiqué
les raisons pour lesquelles il me semblait important d'en parler.
J'aurais également pu, M. le Président, je pourrais
toujours suggérer, faire une motion pour que l'échelle qui est
présentement devant nous soit adoptée par cette commission, pour
être incluse dans le projet de loi et, évidemment, à ce
moment-là, le faire soit en lui donnant effet à compter de
l'adoption du projet de loi, soit le faire rétroactivement ainsi qu'il a
été demandé par certains intervenants, soit encore
prévoir l'entrée en vigueur à compter de la tenue des
prochaines élections, ainsi qu'il a été
suggéré par M. le maire.
Une autre technique pourrait consister à amender les textes qui
sont devant nous, de façon à permettre à la ville de
Montréal ou au conseil, pardon, de s'octroyer ces augmentations sur
règlement du conseil, si bien que le débat pourrait se faire
à la salle du conseil sur cette question. Ou encore utiliser une
combinaison des deux hypothèses précédentes,
c'est-à-dire introduire les nouvelles échelles dans la charte,
stipulant que ces échelles entreront en vigueur à compter, par
exemple, des prochaines élections ou avant, sur règlement du
conseil.
Je soumets bien humblement, M. le Président, ces diverses
approches sur lesquelles je ne me suis pas totalement fixé. Je vous les
soumets ainsi que je les ai mijotées depuis quelques jours afin de vous
indiquer qu'il n'est pas dans mon intention de bousculer quiconque, mais il me
semble important que cette question des traitements soit véritablement
réglée. Je dis à cette commission que, personnellement, je
favoriserais plutôt la détermination ici même, hic et nunc,
d'une échelle par la commission et que la question soit
réglée une fois pour toutes. Je vous remercie.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais d'abord dire
et je l'ai déjà dit que je suis totalement d'accord
avec le ministre qu'il est temps, qu'il est grand temps, que nous
réglions le problème. Ce soir même, avant le
dépôt de ce tableau par le ministre, un membre de cette
commission, que je ne nommerai pas, m'a indiqué que le traitement d'un
conseiller à la ville de Montréal est moindre que celui d'un
conseiller à la ville de Verdun.
M. Tardif: ... le salaire du maire à Verdun. Vous ne
l'avez pas nommé.
M. Goldbloom: Je reconnais aussi, M. le Président, que le
ministre a présentement, devant
l'Assemblée nationale, un projet de loi qui modifiera le
traitement du maire et des conseillers dans les autres municipalités,
à toutes fins pratiques, de la province. Avant lui, il y a deux ou trois
ans, moi aussi, j'ai posé le même geste. J'ai apporté une
modification à la Loi des cités et villes et au Code municipal,
pour augmenter le traitement des maires et conseillers à travers la
province. A l'époque, nous n'avons pas touché au traitement du
maire et des conseillers à la ville de Montréal et à la
ville de Québec, disant: II y a toujours la charte. Il y a cette
tradition que les grandes villes viennent régulièrement avec des
projets de loi privés, donc, ce sera l'occasion de régler le
problème.
Pour plusieurs raisons, la ville de Montréal n'est pas venue ces
deux ou trois dernières années, donc, nous n'avons pas eu
l'occasion d'en parler. Nous avons cette occasion ce soir.
Si je me suis opposé sur le plan de la procédure, dans un
certain sens, c'est pour une raison très simple, qui sera facilement
comprise. Il ne faudra pas, par principe, que les membres d'un conseil
municipal partent de chez eux pour se rendre à Québec, ayant dit
à la population: Nous allons demander telle et telle chose, et revenir
avec d'autres choses, dont la population n'avait pas été
informée. C'est un principe qui est assez simple et qui est assez
fondamental.
Je pense que nous avons ici un problème qui est plus complexe,
parce que, justement, le gouvernement prend sur ses propres épaules la
responsabilité de fixer le traitement du maire et des conseillers dans
les autres municipalités.
Pour cette raison, je n'ai pas vraiment d'objection que nous le fassions
ici.
Il me semble qu'il y a cependant une question qui est également
fondamentale, qu'il faudra examiner. Le ministre a fait allusion à cette
considération. Dans le moment, non seulement par le fait du traitement
qui est accordé, mais aussi par une espèce de définition
qui est donnée dans l'esprit dé l'opinion publique, ce n'est pas
encore un poste à temps complet. Il me semble qu'il y a un
problème de tout ou rien, c'est-à-dire que ce n'est pas seulement
une question de prendre un montant qui existe aujourd'hui et de l'augmenter. Si
cette augmentation ne suffit pas pour permettre la transformation du poste en
responsabilité à temps complet...
C'est une décision qui est importante. Il me semble que la
population aurait intérêt à connaître l'intention du
gouvernement et le désir des conseillers municipaux pour que le
conseiller élu ne soit plus obligé de gagner sa vie autrement;
parce que s'il est obligé de gagner sa vie autrement, normalement, il
faut qu'il consacre une journée de travail, cinq fois par semaine,
à cette autre occupation. Donc, son poste de conseiller est fatalement
un poste à temps partiel.
M. le Président, je ne voudrais pas prolonger mon intervention.
J'ai exprimé les réserves et les raisons de ces réserves,
quant à la procédure. Mais je constate, avec le ministre, que la
procédure est hybride de toute façon et, puisque nous le faisons
pour d'autres municipalités, je n'ai pas d'objection à ce que
nous le fassions pour la ville de Montréal, à condition que nous
le fassions pour les autres villes qui sont régies par des lois
particulières.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, si je suis bien
informé, les membres du conseil de Montréal font aussi partie de
la Communauté urbaine de Montréal. J'aimerais savoir sur quelle
base est le traitement qu'ils reçoivent de la Communauté urbaine
de Montréal. Est-il basé sur la rétribution actuelle que
les conseillers reçoivent à la ville de Montréal ou est-ce
à 50%? J'aimerais savoir sur quelle base est la rétribution des
conseillers.
M. Tardif: M. le Président, le salaire et l'allocation
dont on faisait état ici de $3500 de traitement et de $1500
d'allocation, c'est en tant que conseillers de la ville de Montréal.
M. Cordeau: Conseillers à la ville, oui. M. Tardif:
Un montant fixe de $2500... M. Cordeau: C'est un montant fixe?
Parfait.
M. Tardif: C'est cela. ... est alloué comme membres du
conseil de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Cordeau: C'est un montant fixe.
M. Caron: M. le Président, si je comprends bien, ce sera
$10 000 plus $2500 à la Communauté urbaine?
Une Voix: Parfait.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais dire à la
délégation de la ville qu'il ne faudrait pas qu'elle
considère cette proposition que vient de faire le ministre comme un
cadeau en récompense des longues heures d'attente que nous leur faisons
subir, mais c'est plutôt un cadeau aux citoyens de Montréal.
Je pense quand on regarde le sort qui est réservé aux
élus des autres villes du Québec, le ministre a parlé
tantôt d'un élément de justice, qu'il y a également
un élément de justice face aux citoyens qui ont droit de
s'attendre à certains services des gens qu'ils élisent et qui
pourraient, à juste titre, se sentir lésés de la situation
qui est faite aux conseillers municipaux, au maire et aux membres du
comité de l'exécutif de Montréal.
Le député de D'Arcy McGee s'est posé la question,
à savoir si on se trouvait à considérer ou à
consacrer le principe que les conseillers à Montréal sont
à temps plein. Il me semble que le ministre a été
très clair là-dessus. C'est également mon avis. Si je
regarde l'augmentation qui est suggérée, elle est autour de 100%.
Si on compare avec
le traitement de 1965, c'est à peu près
l'équivalent de l'augmentation de l'indice du coût de la vie,
autrement dit, tout ce que cela fait, c'est que cela empêche les
conseillers municipaux par rapport à 1965, de voir leur pouvoir d'achat
diminué, ce qui m'apparaît un minimum tout à fait
acceptable. Je suis d'accord que la comparaison avec toute catégorie de
salariés ou de professionnels peut poser des problèmes, sauf
peut-être dans le cas du maire et des membres du conseil exécutif.
Dans le cas des conseillers, cela peut poser des problèmes. La
comparaison avec d'autres villes, aussi, les responsabilités
n'étant pas les mêmes.
Je pense, personnellement, que la décision quant au fait que ce
soit un poste à temps plein ou non, devra être
considérée en même temps que la révision du
régime politique de l'ensemble des villes qui sera déposé
dans le livre blanc dont on a parlé à maintes reprises, et
qu'à ce moment, peut-être devrait-il y avoir
réévaluation également des salaires, à la fois dans
les lois 54 et 55, et à la fois dans les chartes des trois autres villes
qui sont régies par des chartes.
Par conséquent, j'aimerais terminer sur la question que nous a
laissée le ministre à la fin de son exposé. Puisque cette
augmentation des indemnités des conseillers correspond à peu
près à l'augmentation de l'indice du coût de la vie, donc
consiste tout simplement à faire en sorte que le pouvoir d'achat des
conseillers ne soit pas diminué, je pense qu'on conserve les principes
qui avaient cours en 1965, il reste dans cette approche une part de
bénévolat nécessaire qui va demander, de toute
façon, aux élus, et par conséquent, il me semble qu'on
devrait continuer la logique qui nous amène à cette
échelle d'extrapoler les dispositions des lois 54 et 55.
Je rappellerai que, dans la loi 54, il y a une
rétroactivité au 1er janvier 1977. Il me semble qu'étant
donné l'anachronisme que tout le monde a souligné, étant
donné qu'il s'agit simplement d'une augmentation qui correspond à
l'augmentation de l'indice du coût de la vie, il est tout à fait
indiqué même là, ça ne compensera pas pour
les préjudices qu'ont subis les conseillers dans le
passéd'aller au mieux qu'on peut faire, il me semble, qui est de
mettre ça rétroactif au 1er janvier 1977. Laisser le choix au
conseil de ville de Montréal de trancher sur la date, c'est le mettre
dans la situation difficile que le maire de Montréal a soulignée,
que nous partageons au niveau du Parlement québécois de fixer
nous-mêmes nos augmentations, et je pense que le résultat sera
tout simplement de remettre ça le plus tard possible pour des raisons
politiques qu'on peut imaginer facilement. Donc, je pense qu'il faut trancher
la question de la date ici même et fixer ces augmentations au 1er janvier
1977.
Le Président (M. Bertrand): M. le député de
Papineau, brièvement.
M. Alfred: M. le Président, l'un des objectifs du
gouvernement, c'est l'autonomie municipale. L'autonomie municipale implique la
notion de responsabilité. C'est la raison pour laquelle ça ne me
surprend pas que le ministre des Affaires municipales ait pris une telle
décision qui, pour moi, revêt une grande importance. Etant
donné que j'étais moi-même conseiller municipal, le
conseiller lui, est rivé aux égouts et aux aqueducs toute la
journée. C'est un travail qui le préoccupe, qui l'occupe 24
heures sur 24; même pendant son sommeil, il est appelé par les
gens. Il est le lien entre la population de son quartier et l'hôtel de
ville. Il est l'animateur de son quartier, l'élabora-teur de programmes
et d'objectifs, etc. Le fait, pour le gouvernement, maintenant, de prendre
cette décision me réjouit, d'autant plus que le travail du
conseiller et du maire, devient de plus en plus exigeant, face à une
population de plus en plus exigeante. Donc, je ne peux que me réjouir de
voir que, une fois pour toutes, pour les prochaines années, le
gouvernement ait décidé de prendre cette décision. Je ne
peux, bien sûr, que féliciter le ministre d'avoir
dévoilé, dès ce soir, cette décision qui est un
point vers l'autonomie municipale, qui est l'un des objectifs de notre
programme.
Le Président (M. Bertrand): Avant que nous n'ajournions
nos travaux, je voudrais simplement dire aux membres de la commission que je
viens enfin de m'accrocher à une sécurité sur la
décision que j'ai rendue tantôt parce que, le 1er juin 1974, dans
la Gazette officielle du Québec, au moment où l'avis de
comparution de la ville de Québec était annoncé sur un
projet de loi privé qui concernait sa charte, il n'avait aucunement
été fait mention du sujet des indemnités du maire et des
conseillers, et le ministre des Affaires municipales de l'époque,
aujourd'hui simple député de D'Arcy McGee, avait des papillons en
réserve sur la question des indemnités au maire et aux
conseillers. Effectivement, j'ai retrouvé le journal des Débats
du samedi 13 juillet 1974, où on a discuté de la question des
indemnités du maire et des conseillers de la ville de Québec.
Cela me rassure beaucoup que la jurisprudence soit elle-même assise
à cette table.
M. Goldbloom: M. le Président, tout ce que je peux vous
dire, c'est que j'ai été encore plus simple à
l'époque. Je crois, de mémoire, que le conseil municipal de
Québec avait quand même discuté de la question en
séance ouverte avant de venir à la commission parlementaire.
J'aimerais bien poser rapidement deux questions. Est-ce que le ministre
a l'intention d'ouvrir en même temps cet autre article de la charte de la
ville de Montréal qui porte sur le salaire de mon ami le maire?
M. Tardif: M. le Président, en effet, je pense qu'il est
évident, par les tableaux que j'ai présentés, qu'on ne
saurait profiter simplement de l'ouverture de l'article 76 et qu'en toute
équité ce sont les articles 66 et 85 également qu'il
faudrait modifier.
M. Goldbloom: D'accord. Deuxième question, M. le
Président, puisque nous avons des invités ici et que nous sommes
sur le point de terminer nos
travaux pour cette semaine, si je comprends bien, avons-nous une entente
sur l'article 60 qui était en suspens?
Le Président (M. Bertrand): Oui, il y a une entente et
elle sera annoncée quand nous reprendrons nos travaux demain,
normalement, si la Chambre nous donne cet ordre, et je pense qu'elle nous le
donnera demain après la période des questions.
Messieurs, nous nous excusons, mais comme la démocratie a besoin
de temps pour se faire en- tendre, nous devrons revenir sans doute demain pour
poursuivre l'examen du projet de loi no 200, et le terminer, effectivement,
nous l'espérons, tous ensemble. Demain, la Chambre est convoquée
à dix heures. Après la période des questions il y a une
motion pour nous inviter à siéger. Cette motion sera faite par le
leader parlementaire. Je ne sais même pas s'il va la faire ou pas, mais
je pense que le ministre des Affaires municipales va lui recommander de faire
cette motion. Nous siégerions donc vers 11 h 15 demain matin.
(Fin de la séance à 23 h 4)