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Etude des projets de loi nos 205, 223, 225, 227, 234
et 242
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales et de l'environnement est
prête à étudier des projets de lois privés.
Il y a des remplacements: M. Perron (Duplessis) remplace M. Brassard
(Lac-Saint-Jean); M. Mercier (Berthier) remplace M. Dussault
(Châteauguay); M. Michaud (Laprairie) remplace Mme Ouellette (Hull). On
doit nommer un rapporteur. Est-ce que la commission est d'accord pour nommer le
député de Laprairie, M. Michaud?
Adopté? Merci.
On a six projets de lois privés aujourd'hui. L'ordre de nos
travaux sera le suivant: Le premier sera le projet de loi no 205, Loi modifiant
la charte de la ville de La Prairie; le deuxième, Trois-Rivières;
le troisième, Mont-Laurier; le quatrième, Fermont; le
cinquième, Richelieu et on garde l'Ile-Bizard pour le dessert.
Ne vous inquiétez pas, les gens de l'Ile-Bizard, ça ne
prendra pas trop de temps.
Le premier projet de loi privé no 205, Loi modifiant la charte de
la ville de La Prairie. Je pense que le député de Laprairie veut
présenter les gens qui présenteront le projet.
Projet de loi no 205:
Loi modifiant la charte de la ville de La
Prairie
M. Michaud: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
présenter Me Michel Delorme, qui est le procureur de la ville de La
Prairie, la requérante; M. le maire Jean-Marie Lamoureux; M.
l'arpenteur-géomètre Jean Tétrault; le
secrétaire-trésorier de la ville, M. Guy Dupré, ainsi que
l'ingénieur municipal, M. Lanctôt.
Messieurs, c'est à vous de présenter le projet de loi
privé concernant la ville de La Prairie.
M. Delorme (Michel): M. le Président, il s'agit
essentiellement d'un bill, divisé en deux articles, qui vise tout
d'abord à entériner par un texte légal une situation de
fait qui existe déjà depuis un certain temps...
Le Président (M. Blank): Si vous voulez vous asseoir, vous
pouvez le faire. Ce sera plus facile de vous servir du micro.
M. Delorme: La ville de La Prairie avait été
bornée, en 1909, aux termes de sa loi constitutive, par le fleuve
Saint-Laurent tel qu'il existait en 1909. Ce qui s'est produit vers les
années soixante, au moment de la construction de la voie maritime du
Saint-Laurent, c'est qu'on a apporté certaines parcelles de terre le
long du fleuve
Saint-Laurent, tel qu'il existait en 1909, ce qui a eu pour effet qu'en
définitive, une partie de terrain est devenue adjacente à la
ville de La Prairie et fait désormais partie d'un territoire non
organisé.
Après avoir étudié l'ensemble de la question, et
après s'être posé précisément la question
principale, qui était de savoir s'il y avait possibilité
d'annexer une telle portion de territoire, on en est venu à la
conclusion que c'était impossible, puisqu'une ville n'a pas le pouvoir
d'annexer un territoire non organisé, ce qui a fait que la ville de La
Prairie s'est donc vue dans l'obligation de demander à
l'Assemblée nationale d'adopter une loi spéciale pour
définir maintenant que le territoire de la ville de La Prairie sera
désormais borné non plus par le fleuve Saint-Laurent, tel qu'il
existait en 1909, mais bien par une ligne qui est tracée entre les
limites actuelles des villes de Brossard et Can-diac, les limites
légales telles qu'elles se trouvent présentement, ce qui a pour
effet que la limite constituera en fait la ligne médiane du fleuve
Saint-Laurent. Il s'agissait simplement d'un tracé des limites
territoriales telles qu'elles existaient.
C'est le sens de l'article 1 du projet de loi no 205. Pourquoi y
avait-il intérêt pour la ville à intervenir plus
particulièrement cette année? J'ai parlé tout à
l'heure d'une situation de fait, c'est qu'en définitive, la ville a
construit diverses infrastructures sur cette portion précise de
territoire, je peux citer l'usine de pompage d'égoûts de La
Prairie qui se trouve actuellement à l'extérieur de ses limites
territoriales. Il y a un espace communautaire au centre-ville qui se trouve
actuellement en dehors des limites territoriales de la ville, il y a la marina
qui est également en dehors des limites territoriales. C'est le sens, en
définitive, de l'article 1, qui reprend la description territoriale de
l'ensemble du territoire de la ville de La Prairie.
On peut se demander pourquoi on n'a pas procédé comme on
l'avait fait dans le cas de la ville de Montréal-Est, en
procédant simplement par annexion. C'est qu'à l'étude du
territoire ou des dispositions législatives concernant le territoire de
la ville de La Prairie, on s'est rendu compte qu'elles avaient
été amendées à un certain nombre de reprises,
alors, au lieu d'avoir un texte qui se trouvait amendé, qui existait en
1909 et qui avait pu être amendé en cours de route, on a
préféré reprendre, en fait, la description territoriale
telle qu'elle existe et qui, en définitive, reprend l'ensemble des
modifications qui avaient été apportées au territoire
depuis 1909, en y ajoutant cette portion du territoire qui s'y est
ajoutée vers les années 1960.
Comme précédent à cet article 1, j'ai cité
l'exemple de Montréal-Est. Il s'agit d'une loi de 1972, chapitre 84,
où précisément la ville de Montréal-Est avait un
problème semblable. Il s'agissait de décider si la ville de
Montréal-Est avait le pouvoir de taxer certaines constructions
aménagées dans le fleuve Saint-Laurent. Au terme du chapitre 84
des lois de 1972, on a effectivement prolongé
les limites territoriales de Montréal-Est pour les amener
jusqu'au centre du fleuve Saint-Laurent.
L'article 2 du projet de loi 205 vise à modifier, en ce qui
concerne la ville de La Prairie, l'article 426.45 de la Loi des cités et
villes. Le but de cet article est de permettre à la municipalité
de réglementer l'usage des embarcations à moteur sur l'ensemble
des eaux situées dans la municipalité. L'historique de cette
disposition peut être retracé en deux étapes. Il y a tout
d'abord le fait que la ville de La Prairie a déjà construit un
lac qui ne satisfait pas aux exigences de la Loi des cités et villes
telle qu'elle existe actuellement, à savoir l'article 426.45. Il a donc
fallu vous suggérer un amendement en conséquence. Il y a
également la question de certaines embarcations à moteur
circulant à proximité des rives du fleuve Saint-Laurent qui ont
pour effet de polluer considérablement l'environnement, notamment, par
le bruit.
L'article 2 vise essentiellement à la protection de
l'environnement d'une partie importante, soit la partie riveraine du fleuve
Saint-Laurent et la partie riveraine du lac qui vient d'être construit et
qui est le premier d'un ensemble de lacs qui seront construits dans ce qui est
désormais appelé le projet La Citière, à la ville
de La Prairie. Il s'agit du nouveau développement résidentiel et
commercial, éventuellement industriel, de la ville de La Prairie; le
projet de ville nouvelle.
Alors, si vous avez des questions, il me fera plaisir d'y
répondre. On a déjà présenté les gens qui
sont ici présents et qui pourront également apporter certaines
précisions.
Le Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, en ce qui concerne les
dispositions de l'article des mesures semblables ont déjà
été adoptées par deux autres municipalités au
Québec, soit Sept-Iles et Montréal-Est. Là, des portions
de territoires riverains comme ceux-là ont été inclus dans
la définition de la municipalité.
Il y a une espèce de territoire n'appartenant à personne,
un "no man's land" entre l'autoroute et le bord du fleuve, il me semble que
c'est une requête qui est tout à fait justifiée de la part
de la municipalité dont une partie des infrastructures d'ailleurs se
prolonge dans le fleuve en plus. Quant à la deuxième disposition,
il me semble également que cela ne cause pas de problème quoique,
de mémoire, il me semble que la loi sur la marine marchande permet aux
municipalités de contrôler l'usage des embarcations à
moteur sur les eaux de leur territoire. A tout événement, ceci
n'exclut pas que les municipalités puissent se doter d'autres
réglementations à ce sujet. Mais je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, pour notre part, nous
voyons essentiellement d'un bon oeil la demande de la ville de La Prairie. Il y
aurait cer- tains éclaircissements que j'aimerais avoir. J'aimerais
aussi faire une suggestion. Nous avons, dans le passé, à cette
commission parlementaire, eu l'habitude, quand il s'est agi des limites
territoriales d'une municipalité, de suspendre pendant deux ou trois
minutes et de regarder ensemble la carte afin de voir clairement de quoi il
s'agit. Pour ma part, j'aimerais avoir un portrait des limites proposées
pour la ville de La Prairie, notamment dans le fleuve Saint-Laurent, par
rapport aux limites de Candiac à l'est et de Brossard à l'ouest.
Je pense que cela étant très important pour notre
compréhension de la situation.
Aussi, j'aimerais savoir et c'est peut-être pour l'avenir,
parce que le journal des Débats demeurerasi les autorités
municipales de La Prairie ont quelque intention que ce soit de procéder
à du remplissage sur le lit du fleuve ou de proposer un tel remplissage.
Je reconnais que ce genre de remplissage exige des approbations de la part du
ministre des Richesses naturelles et du ministre de l'Environnement, mais,
quand même, je pense qu'il serait important pour l'histoire que nous
ayons au journal des Débats un engagement de la part des
autorités municipales qu'il ne s'agit pas d'un projet quelconque de
remplissage ultérieur sur le lit du fleuve.
M. Michaud: M. le Président, si je peux ajouter...
Le Président (M. Blank): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: ... quelque chose aux propos du député
de D'Arcy McGee, c'est que nous en avons déjà discuté et
je ne sais pas si le mot est fort, mais la ville de La Prairie est mise en
garde pour ne pas faire le remplissage indu de ces berges. Le but premier est
d'en faire un aménagement pour les rendre aux citoyens qui en ont
grandement besoin.
M. Goldbloom: Cela me satisfait M. le Président. Sur
l'article 2, j'aimerais tout simplement dire que, dans le passé, nous
avons eu des difficultés, justement, quant à
l'interprétation de nos statuts, en ce qui concerne le pouvoir des
municipalités de réglementer l'activité des embarcations
à moteur. Il me semblait, et il me semble toujours souhaitable qu'il y
ait un règlement général ou un article
général dans la Loi des cités et villes et dans le Code
municipal permettant à toutes les municipalités d'agir de cette
façon. Mais, puisque nous n'étions pas rendus et nous ne sommes
pas rendus à ce point, je n'ai pas, pour ma part, d'objections à
ce que, par ce projet de loi privé, la ville de La Prairie
acquière ce pouvoir et protège ainsi son environnement.
Le Président (M. Blank): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, le député de
Laprairie vient de mentionner le remplissage indu. Je trouve que ce n'est pas
tellement précis. J'aime-
rais bien y voir quelque chose de plus précis parce qu'à
un moment donné, cela peut porter à controverse. Alors, qu'est-ce
que vous entendez par remplissage indu?
M. Michaud: Ce que j'entends par cela, c'est que nous en avons
parlé avec les autorités de la ville de La Prairie. Ce n'est pas
leur idée de le faire. Tout ce qu'elles veulent faire, c'est un
aménagement de ces berges qui sont propices à une marina.
Déjà, il y a un petit quai pour une marina, mais il faudrait que
cela soit aménagé. Maintenant, jusqu'à aujourd'hui, c'est
un territoire qui appartient à tout le monde. Ce qui fait qu'il y avait
de grandes possibilités de pollution, les gens venaient jeter des choses
là, il y avait du vandalisme, il y avait un peu toutes sortes de choses.
Maintenant que la ville aura autorité sur ce territoire, elle va pouvoir
aménager un genre de parc pour les citoyens. Pour ceux qui connaissent
la ville de La Prairie, elle est coupée du fleuve par une autoroute.
Sous l'autoroute, il y a un passage pour les piétons. De l'autre
côté de l'autoroute, à quelques pieds, la ville commence,
c'est la vieille ville de La Prairie où il n'y a pas de parc.
Ce serait un parc naturel et l'aménagement serait fait par la
ville à un coût très bas. Les citoyens de la ville
pourraient en profiter. La ville de Laprairie sera le premier défenseur
de ce territoire. Cela fait plusieurs années qu'elle veut l'avoir pour
le donner à la population et pour pouvoir le diriger d'une façon
correcte.
M. Saindon: Si je dis cela, c'est que, dans plusieurs endroits,
dans plusieurs municipalités, il y a déjà eu du
remplissage comme cela où il y a eu passablement d'empiétement
sur le lit du fleuve. J'aimerais voir, dans le bill, les limitations et savoir
exactement ce que la ville veut faire pour qu'une fois accepté elle ne
puisse dépasser les plans prévus.
Actuellement, je pense qu'il n'y a rien qui prévoit une
limitation quelconque.
Le Président (M. Blank): Je pense que...
M. Lamoureux (Jean-Marie): Jean-Marie Lamoureux, maire de La
Prairie.
Le Président (M. Blank):... le maire de La Prairie a
quelque chose à ajouter.
M. Lamoureux: Oui. En ce qui a trait à
l'aménagement, je ne veux pas m'engager, ni engager les conseils
municipaux à venir dans dix ou vingt ans, mais, actuellement, les seuls
projets sont d'enjoliver, de poser du gazon et peut-être de
protéger la berge existante des conséquences possibles de
l'érosion. Je peux vous donner l'assurance ici, aujourd'hui, que la
ville de La Prairie, si jamais il y avait un apport de terre quelconque
à la marina dont les citoyens se serviraient demanderait l'autorisation
et le projet serait soumis en bonne et due forme au ministère de
l'environnement.
A court terme aussi, certains résidents font justement ce que la
commission essaie de prévoir ou de faire comme mise en garde. Cela va
nous permettre d'exiger au moins un permis et de voir à ce que ceux qui
sont dérogatoires se conforment à la loi.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, on est d'accord, bien
sûr, pour ce projet. Je ne sais pas si j'ai bien compris les explications
de M. Delorme tantôt qui a spécifié que,
déjà, la ville de La Prairie avait des services municipaux
d'installés sur ces terrains. Je me pose la question comment il se fait
qu'une ville ait pu construire des services municipaux sur un terrain qui ne
lui appartenait pas.
M. Lamoureux: Puis-je expliquer cela? Ces terrains appartenaient
à la voie maritime du Saint-Laurent. Il y a déjà eu des
arrangements avec elle, lorsqu'elle a fait la voie maritime. Cela a
perturbé un peu au point de vue des émissaires des égouts.
Des arrangements, dans le temps, ont été faits pour pousser les
égouts sous la voie maritime dans le fleuve Saint-Laurent.
Par la suite, en 1972, concernant l'ancien lit du fleuve,
c'est-à-dire entre la ville actuelle et l'autoroute no 3 qui a à
peu près une démarcation assez rectiligne, certaines portions de
terrains ont été remplies. Alors, la ville les a achetés.
Là où est notre usine de filtration, c'était le terrain
qui appartenait à la voie maritime, et on s'en est porté
acquéreur. Toutes ces choses, de fait, sont déjà à
la ville de La Prairie depuis 1972. On a une population, le public s'en sert.
Ce sont des équipements communautaires sur lesquels on aimerait avoir
une certaine juridiction au point de vue de la sécurité, si
jamais il y a une contravention qui est signifiée, au moins que cela ne
soit pas contesté devant les tribunaux. Il est hors de question de
mettre une pancarte en ce qui a trait au bruit: Par ordre du chef de police ou
du conseil municipal, on n'est pas chez nous légalement.
M. Cordeau: Maintenant, est-ce qu'il y a eu entente avec la voie
maritime du Saint-Laurent? Vous avez déjà eu des ententes avec la
voie maritime du Saint-Laurent?
M. Lamoureux: Assurément. Tout est fait depuis 1972. On
est propriétaire des terrains.
M. Cordeau: Vous êtes propriétaires des
terrains?
M. Lamoureux: Par contre, les limites actuelles de la ville
n'englobent pas ces portions.
M. Cordeau: Ah bon!
Le Président (M. Blank): Le député de d'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis presque satisfait.
Nous avons établi que la ville n'a au-
cune intention de faire du remplissage, qu'elle reconnaît la
nécessité de passer par les procédures normales
d'approbation, s'il y a lieu de corriger quelque chose. Nous avons
établi qu'il n'y a pas d'irrégularité dans la situation
antérieure où la ville a pu construire des installations, des
services municipaux sur du territoire qui, à l'époque, ne lui
appartenait pas. Il reste seulement la requête que j'avais
formulée. Si nous pouvions voir exactement comment les nouvelles limites
concorderaient avec celles de Candiac et de Brossard, je serais parfaitement
satisfait.
Le Président (M. Blank): Est-ce que le maire pourrait nous
montrer cette carte? Elle a l'air assez grande pour...
M. Lamoureux: ... j'ai déplié seulement la portion.
C'est à gauche ici. C'est l'autoroute no 3. La limite de Candiac ici et
celle de Brossard...
Le Président (M. Blank): D'accord, on suspendra la
commission pour trois ou quatre minutes pour...
M. Michaud: On peut prendre la carte que j'ai ici.
Le Président (M. Blank): Oui, montrez cela aux membres. On
suspend les travaux de la commission pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 33)
Reprise de la séance à 10 h 37
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs! La
commission reprend ses travaux. Article 1, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Article 2?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article 3,
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Le préambule,
adopté? Le titre, adopté? Le projet de loi est adopté.
Merci!
M. Goldbloom: On descend le fleuve et on s'arrête à
Trois-Rivières.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs! Le projet
de loi no 223, Loi modifiant la charte de la cité des
Trois-Rivières.
Projet de loi no 223:
Loi modifiant la charte
de la cité des Trois-Rivières
M. Méthot (Jean): Jean Méthot, avocat, ville de
Trois-Rivières.
La ville de Trois-Rivières a dans son territoire un terrain
d'exposition. Sur ce terrain, il existe une piste de courses. Cette piste de
courses existe depuis, je dirais, 1945. Elle a été
exploitée au début, de 1945 à 1951, par la ville de
Trois-Rivières et, par la suite, messieurs Michaud et Simard sont venus
aux Trois-Rivières et en ont continué l'exploitation dans les
années soixante jusqu'à une date avancée.
Par la suite, nous avons eu un peu de difficulté avec nos
administrateurs. Nous voulons donc essayer d'obtenir des gens qui peuvent
exploiter une piste de courses, tels que Michaud et Simard, et nous sommes
prêts à demander des soumissions. Toutefois, nous ne voudrions pas
être pris par surprise, et nous demandons le droit d'exploiter
nous-mêmes cette piste de courses, vu que les derniers admimistrateurs
ont laissé les terrains dans un état qui exige sûrement
beaucoup de rénovation et cela exige aussi de nouveaux investissements.
Nous devons faire les réparations nécessaires et nous devons
nous-mêmes nous intéresser à notre bien.
Pour ces raisons, nous voulons légaliser notre bien et nous
demandons le droit d'exploiter cette piste qui existe dans la ville de
Trois-Rivières.
Je crois, je sais même, qu'une demande semblable a
déjà été faite par la ville de Québec, qui
se trouvait un peu dans la même situation que nous, et ce projet de loi a
été adopté il y a environ deux ans. Nous sommes exactement
dans la même situation que la ville de Québec.
Le Président (M. Blank): M. le ministre des Affaires
municipales, avez-vous des objections?
M. Tardif: Non.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee?
M. Goldbloom: M. le Président, ce projet de loi
évoque pour moi des souvenirs, parce que c'est justement au Parc de
l'Exposition de Trois-Rivières que j'ai fait un peu de mon service
militaire, et je me rappelle que nous étions admis gratuitement dans les
estrades du champ gauche du parc de baseball. Alors, je suis très
favorable à ce projet de loi.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe, êtes-vous d'accord?
M. Cordeau: Oui.
Le député de Trois-Rivières, êtes-vous
d'accord?
M. Vaugeois: Je suis d'accord, et je remercie le procureur de la
cité de sa présentation. Je n'ai
rien à ajouter, si ce n'est que je dirai avec lui que la demande
de la ville consiste en somme à régulariser un peu la
situation.
Actuellement, la ville a une structure de façade qui lui permet
d'exploiter indirectement cette piste de courses. Je pense que c'est un bon
geste de la part de la municipalité de vouloir régulariser la
situation, d'autant plus qu'il y a maintenant un précédent. Je
dirai au procureur Méthotqu'il n'en soit pas étonné
que je n'ai rien à lui apprendre sur les questions juridiques.
J'en ai fait l'expérience au mois de février.
Quant à l'aspect historique, je me permettrai de lui signaler que
cette piste de courses est visible sur des plans de 1881, on l'appelait
d'ailleurs le rond de courses.
M. Méthot: Merci.
Le Président (M. Blank): L'article no 1,
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): L'article no 2,
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Préambule,
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Titre adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Projet de loi no 227:
Loi concernant la ville
de Mont-Laurier
Le Président (M. Blank): Projet de loi no 227, Loi
concernant la ville de Mont-Laurier. M. le député de
Papineau.
M. Alfred: II me fait plaisir de vous présenter Me Pierre
Chartrand, procureur de la requérante, M. Vianney Therrien, maire de la
ville de Mont-Laurier, M. Vianney Landreville, greffier de la ville de
Mont-Laurier, Mme Christine Lauzon, greffier adjoint.
C'est avec plaisir que je parraine ce projet de Joi no 227.
Le Président (M. Blank): Me Chartrand, vous avez la
parole.
M. Chartrand (Pierre): M. le Président, la ville de
Mont-Laurier a été instituée ville le 22 novembre 1950 et,
depuis ce temps, aucun des règlements qui a été
adopté par les différents conseils municipaux n'est entré
en vigueur, faute de publication desdits règlements dans les journaux,
de sorte que la ville est dans la situation présente que tous ses
règlements, depuis sa constitution, sont inexistants pour le moment.
Le but du présent projet de loi est de vous demander de nous
dispenser de la publication par avis dans les journaux de ces
règlements. Dans le cas contraire, vous comprendrez dans quelle
situation la ville serait. C'est-à-dire qu'aucun de ces
règlements ne serait existant, y compris les règlements de
fusion, tous les règlements de taxation, tous les règlements
d'emprunts. Le problème est assez facile à expliquer, je ne pense
pas que j'aie d'autre particularité à vous donner, sauf,
naturellement, que je suis à votre entière disposition ainsi que
M. le maire et le greffier, pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Blank): Merci, M. Chartrand. M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Evidemment, M. le Président, c'est avec une
certaine stupéfaction que j'ai pris connaissance de ce projet de loi
privé de la ville de Mont-Laurier, puisque, tout nouvellement
arrivé au ministère, je me suis immédiatement posé
la question: Comment se fait-il qu'une municipalité puisse, pendant 26
ans, opérer, et je mets entre guillemets "dans
l'illégalité"? Dans l'illégalité, non pas que les
gestes qu'elle pose soient illégaux, en soi, mais la procédure,
elle, n'étant pas respectée, ils n'ont pas force de loi ou de
règlement.
J'aimerais quand même pour ma propre instruction, poser la
question aux autorités de la municipalité et demander: Comment se
peut-il que, pendant 26 ans, on ait pu fonctionner de cette façon?
M. Therrien: Si vous permettez, Mont-Laurier a obtenu ses lettres
patentes la constituant en ville en 1950. Avant 1950, c'était
évidemment une corporation régie par le Code municipal et les
corporations régies par le Code municipal ont l'obligation d'afficher
leurs règlements, habituellement, à l'hôtel de ville,
à un endroit désigné à cet effet, mais les
corporations régies par le Code municipal n'ont pas l'obligation qui est
prévue dans la Loi des cités et vilies de publier, dans un
journal local, un avis selon lequel tel règlement a été
adopté.
D'après les recherches que nous avons faites, avant 1950, nous
étions régis par le Code municipal. Quand Mont-Laurier a eu sa
charte comme ville, c'est le même greffier qui est devenu greffier de la
ville et il a continué à afficher comme il affichait auparavant.
Apparemment, il n'a jamais vu que, dans la Loi des cités et villes, il
avait l'obligation de publier dans le journal local. Ce n'est qu'en 1976 que
nous nous sommes aperçus de la chose.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee, vous avez des commentaires?
M. Goldbloom: Tout ce que je peux dire, M. le Président,
c'est que nous parlons souvent et d'une façon favorable de bonnes
vieilles habitudes, mais on constate qu'il s'agit ici de bonnes vieilles
habitudes devenues mauvaises en 1950. La chose s'explique, mais c'est quand
même une stupéfaction que je dois partager avec le ministre de
voir que nous avons devant nous un tel projet de loi. Je
pense que nous n'avons pas d'autre choix que celui de l'adopter.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Therrien: Nous avons été stupéfaits, nous
aussi, de l'apprendre.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Hyacinthe, avez-vous des commentaires?
M. Cordeau: Le procureur de la ville, tantôt, a dit que
c'était facile à expliquer, mais, pour nous, c'est très
difficile à comprendre.
Le Président (M. Blank): Merci. Article no 1? M.
Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article no 2,
adopté. Article no 3, adopté.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article 4.
Adopté.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Le
préambule est adopté. Le titre est adopté et le bill est
adopté. Encore une autre fois, merci. Vous pouvez dormir en paix!
M. Therrien: Merci beaucoup.
Projet de loi no 234:
Loi concernant la ville de Fermont
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs! Projet de
loi no 234, Loi concernant la ville de Fermont et je donne la parole au parrain
du bill, le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que
je présente les représentants de la ville de Fermont aux membres
de cette commission. Vous avez M. Jean-Claude Ménard, qui est le maire
de la ville de Fermont, une toute nouvelle ville. Vous avez M. Alain
Bérubé, qui est le gérant de la ville de Fermont, et Me
Pierre Bélanger, avocat de la ville de Fermont. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): Merci. Est-ce que le procureur
veut présenter ses remarques?
M. Bélanger (Pierre): M. le Président, avant de
commencer la présentation du projet de loi no 234, j'ai une liasse de
documents qui pourraient éclairer la commission sur le raisonnement qui
est sous-jacent au bill.
Le Président (M. Blank): Le greffier va les prendre et les
faire distribuer. M. le procureur, voulez-vous présenter...
M. Bélanger: M. le Président, le projet de loi
comme tel est extrêmement simple et ne comporte que deux articles dont le
premier a pour but de permettre à la ville de Fermont d'acquérir,
de toute façon que ce soit, des immeubles, des maisons d'habitation,
pour loger ses employés ou officiers municipaux. Pour comprendre un peu
le raisonnement, vous me permettrez de me référer à un
premier document qui porte l'en-tête de la ville de Fermont et qui porte
la date du 17 mars 1977, qui était une lettre adressée au
ministre actuel des Affaires municipales.
Ce document qui n'est pas tellement long, brosse un petit peu
l'historique de la ville, et également l'historique des démarches
qui ont été entreprises, tant par les officiers de la ville que
par ses procureurs. Brièvement, la ville de Fermont a été
construite à l'occasion du grand projet de mont Wright, entrepris par la
compagnie minière Québec Cartier. La ville a été
construite et payée par la compagnie minière Québec
Cartier, et avait pour but premier de loger les employés de la
compagnie. Une fois que les installations municipales ont été
transférées à la ville, il est survenu un problème
un peu particulier, c'est que la compagnie minière était
propriétaire de l'ensemble des résidences et que la ville
n'était propriétaire d'absolument rien.
Maintenant, pour permettre à la ville de recruter des officiers
et des employés, il s'agissait de loger ces gens. Il faut comprendre que
la ville de Fermont est extrêmement isolée et située
à au moins 500 milles, par la voie des airs, de Montréal, et une
couple de centaines de milles de la ville de Sept-Iles par la voie des airs. La
ville de Fermont n'est reliée par aucune route carrossable. Pour un
individu qui désire s'installer à Fermont, il lui en coûte
environ $75 000 pour se construire une résidence décente. Vous
comprendrez qu'il est extrêmement difficile pour la ville de convaincre
des gens de venir s'installer et travailler pour elle, même à
très bon salaire, alors qu'ils doivent encourir des coûts de $75
000 pour se loger.
Ce problème n'est pas unique à la ville. Ce
problème a été affronté par toutes les instances du
gouvernement qui ont dû s'installer à Fermont et procurer des
services. Ce problème a été affronté par le
ministère de l'Education qui a dû louer et faire construire par un
promoteur privé une maison d'appartements qu'il a dû louer
à fort prix pour relouer, par la suite, à ses enseignants
à des prix comparables. Il faut comprendre, également que
l'ensemble des gens qui travaillent à Fermont sont logés dans des
maisons unifamiliales, pour la plupart, ou des maisons jumelées, et
qu'ils paient des loyers qui varient entre $150 et $300 par mois. Il est
extrêmement facile, par la suite, de comprendre qu'il est impossible de
voir au recrutement de gens, si on doit demander à ces gens de
défrayer des loyers de $700 à $900 par mois, alors que leurs
confrères de travail, dans la même municipalité, ne paient
que $150, $200, $250 ou $300 par mois.
Maintenant, cela est un petit peu l'historique. Pour ce qui est des
démarches qui ont été entreprises pour pallier ces
difficultés, vous pourrez en
voir le résumé dans le document que je vous ai fait
transmettre. Il y a des premières démarches qui ont
été faites à la Société d'habitation du
Québec en avril 1975 afin de sonder le terrain et voir s'il était
possible pour la ville de Fermont de s'intégrer dans un plan quelconque
d'habitation. Evidemment, c'est être un petit peu présomptueux
parce que vous serez tous d'avis avec moi que les gens qui vivent dans les
villes nordiques ne sont pas des gens qui ont de faibles revenus. Suite
à ces démarches, il y a une première conclusion ou un
premier consensus qui a été atteint indiquant qu'il fallait
procéder par bill privé. Cependant, plusieurs solutions ont
été avancées, dont le recours à une
société à but non lucratif qui verrait à construire
des maisons unifamiliales ou des immeubles à logements, et qui verrait
à louer ces immeubles à la ville qui les relouerait à ses
employés.
L'impasse demeurait la même, étant donné que la Loi
des cités et villes ne permet pas à la ville de Fermont de louer,
pas plus qu'elle ne permet de construire des maisons unifamiliales ou en
rangées pour loger ses employés. Finalement, après toutes
les démarches qui ont été entreprises, nous en sommes
venus à la conclusion que seul le bill privé était la
solution dans ce cas particulier. Maintenant, nous sommes extrêmement
conscients qu'il s'agit d'un précédent et qu'il s'agit d'un
écart extrêmement grave à la Loi des cités et villes
dans son article 26, alinéa 2.
Maintenant, nous vous demandons de considérer le contexte
particulier de la ville de Fermont, et les problèmes spéciaux qui
existent dans ces villes nordiques. Dans la deuxième série de
documents, ce sont les annexes. Vous pourrez lire quand bon vous semblera le
résumé des diverses démarches et des diverses
communications qui ont été faites. Et finalement, dans la
troisième liasse de documents, il s'agit du projet de loi et
également d'une lettre du ministre actuel des Affaires municipales au
maire de la ville de Fermont, qui exprimait son souhait ou son désir que
la ville procède par voie de bill privé.
Nous serons à votre disposition pour répondre aux
questions qui seront nécessaires.
Le Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, on est d'accord avec le
principe. Tantôt, j'aurai quelques petites modifications à
suggérer pour le libellé même du projet de loi.
Le Président (M. Blank): D'accord. Le député
de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je pense également, M. le Président,
à la lecture et à l'écoute de l'historique de ce
problème que nous n'avons pas d'objection au principe du projet de
loi.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Moi non plus, je n'ai pas d'objection, mais quelle
est la population de Fermont actuellement?
M. Bérubé: 5000.
Le Président (M. Blank): M. le ministre, avez-vous des
suggestions d'amendement?
M. Tardif: Oui, M. le Président. A l'article 1, nos
registres suggèrent que l'article soit modifié de façon
à se lire... Est-ce qu'on a distribué des textes?
L'article 1 serait modifié en ajoutant il y a d'abord un
préambule, excusez-moi, qui n'a pas été reproduit, mais
que je vais vous lire ici: "L'article 26 de la Loi des cités et villes
(Statuts refondus, 1964, chapitre 193) est modifié pour la ville de
Fermont par l'addition, après le sous-paragraphe 2) du paragraphe 1), du
sous-paragraphe suivant - on tombe à 2a) qui est ici et que vous
avez devant vous. Donc, cet article a pour effet de permettre à la
ville de Fermont "de construire, d'acquérir par achats, donations, legs
ou autrement des immeubles pour y loger ses employés, consentir des baux
à cet effet et disposer de ces immeubles suivant le sous-paragraphe 2."
Ce changement a évidemment pour but d'assujettir l'alinéation de
tels immeubles au régime général prévu dans la Loi
des cités et villes qui dit que toute aliénation doit être
faite à titre onéreux et lorsqu'elle est faite de gré
à gré, elle requiert l'approbation de la commission municipale.
Tout en accordant à la ville de Fermont les pouvoirs demandés, il
s'agit quand même de la soumettre à l'économie
générale de la Loi des cités et villes en la
matière. Voilà donc le sens de cet amendement.
Le Président (M. Blank): La commission est-elle d'accord
avec cet amendement?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Blank): Maintenant, l'article no 1 va se
lire comme suit: L'article 26 de la Loi des cités et villes (Statuts
refondus, 1964, chapitre 193) est modifié pour la ville de Fermont par
l'addition, après le sous-paragraphe 2) du paragraphe 1), du
sous-paragraphe suivant: 2a) construire, acquérir par achats, donations,
legs ou autrement des immeubles pour y loger ses employés, consentir des
baux à cet effet et disposer de ces immeubles suivant le sous-paragraphe
2. L'article 1 est-il adopté tel qu'amendé?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Article 2, adopté?
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Blank): Le préambule,
adopté? Le titre, adopté? Le Bill, adopté? Merci.
Projet de loi privé no 242, Loi concernant la ville de
Richelieu.
Le député d'Iberville.
Projet de loi no 242:
Loi concernant la ville de Richelieu
M. Beauséjour: M. le Président, permettez-moi de
vous présenter les gens qui seront à notre disposition pour
éclairer la commission touchant la présentation du projet de loi
no 242:
M. Pierre Lareau, maire de Richelieu, M. Gilles Auclair, échevin,
M. Orner Gougeon, échevin, Mme Claire Burke, trésorière,
Me Major, procureur de la ville, Mme France Laurin-Lemay, directeur
général du CLSC.
Le Président (M. Blank): Merci.
M. Beauséjour: Veuillez m'excuser, et M. Serge Frappier,
architecte.
Le Président (M. Blank): Me Major, voulez-vous faire vos
représentations?
Mme Major (Micheline): Le projet de loi 242 vise un but, c'est de
permettre à la ville de Richelieu de construire un immeuble et de le
louer au Centre local des services communautaires de Ri-cheiieu. Je vais vous
expliquer pourquoi c'est essentiel et important pour la ville que ce projet de
loi soit adopté.
En 1975, lors de sa formation, le CLSC, après avoir
désespérément tenté de se trouver un local, s'est
adressé au conseil de la ville. A ce moment-là, on a
trouvé une solution temporaire. Le conseil a accepté de mettre
à la disposition du CLSC la salle qui servait aux assemblées du
conseil et les sessions se tiennent maintenant à la sacristie.
Par la suite, le CLSC a pris de l'ampleur et a occupé tout le
deuxième étage de l'hôtel de ville et on a dû
déplacer les services municipaux qui s'y logeaient. Cette situation dure
depuis deux ans. Le CLSC continue de se développer et à donner de
plus en plus de services à la population de sorte qu'il a besoin d'un
local plus grand et la ville a également besoin de
réintégrer ses locaux.
Le CLSC a demandé des soumissions publiques pour la construction
d'un immeuble et les prix qui ont été soumis étaient
exorbitants de sorte que le CLSC ne pouvait payer le loyer qu'on lui demandait.
Il s'est à nouveau tourné vers la municipalité pour lui
demander de construire l'immeuble. Or, les pouvoirs nécessaires pour
construire l'immeuble et le louer au CLSC ne se trouvent pas dans la Loi des
cités et villes et c'est pour cette raison que la municipalité
demande l'adoption du projet de loi, pour lui permettre de construire
l'immeuble et de le louer.
Le Président (M. Blank): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, je dois déclarer que je
suis d'accord avec le principe du projet de loi tel que présenté
par la ville de Richelieu. J'aimerais cependant souligner ici la
nécessité dans laquelle nous serons probablement de repenser la
définition des fins municipales telle que l'écono- mie
générale du Code municipal et de la Loi des cités et
villes le prévoit présentement.
Nous venons d'adopter une autre loi privée, il y a quelques
minutes, pour permettre à une municipalité d'acquérir, de
posséder, d'aliéner des immeubles pour des fins d'habitation,
dans ce cas-là, de ses employés à elle. Nous avons
présentement une requête pour permettre à une
municipalité d'acquérir, de posséder ou d'aliéner
un immeuble pour les fins de la création d'un CLSC, c'est-à-dire
les fins de l'application de la Loi des services de santé et des
services sociaux.
La question qu'il convient de poser ici, après une série
de cas d'autres municipalités ont déjà fait des
requêtes semblables par le passé serait: Ne conviendrait-il
pas, éventuellement et dans un avenir très rapproché,
d'étendre la juridiction ou le pouvoir des municipalités
d'acquérir, de posséder ou d'aliéner des immeubles pour
des fins autres que ces fins strictement limitées que sont les fins
municipales, c'est-à-dire des emprises de rues, des parcs et des choses
semblables? A partir de ce moment, on pourrait, je pense, admettre que
l'habitation, que les services de santé et les services sociaux peuvent
être aussi considérés comme entrant dans le champ des
occupations ou des préoccupations des municipalités, à
tout le moins, de façon non pas exclusive, mais également.
Je pense que la multiplication des projets de loi privés, dans ce
sens il y a quand même déjà certaines
municipalités qui ont de tels pouvoirs pourrait nous amener
à faire en sorte que, si ceia a été bon pour une
demi-douzaine, pour une douzaine ou pour une vingtaine de municipalités,
cela ne devrait pas être étendu.
Enfin, nous venons d'avoir deux cas, un à la suite de l'autre. Il
y en a d'autres aussi. Je souligne cela, M. le Président, pour qu'on en
fasse peut-être une règle générale
éventuellement.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que ce que le
ministre vient de souligner, est tout à fait intéressant et
juste. Je crois, néanmoins, que nous ne sommes pas rendus à ce
débat général sur l'opportunité d'élargir
les pouvoirs des municipalités.
Je crois que nous sommes pris dans une situation où il y a un
problème à régler et nous voulons le régler. Nous
devons, en ce faisant, respecter le principe qui veut que, quand il s'agit d'un
projet de loi privé, présenté par une municipalité,
qui vise la solution d'un problème, nous devons voir à la
solution de ce problème, mais, en ce qui concerne des pouvoirs
généraux qui pourraient dépasser la
nécessité immédiate, nous devrions plutôt faire ce
genre de modifications au niveau de la Loi des cités et villes, en
l'occurrence.
Je dois dire qu'au premier abord, le projet de loi m'a semblé un
peu exorbitant quant aux pouvoirs accordés à la ville.
Après étude et avec des renseignements additionnels que j'ai pu
obtenir, il me semble que nous devons être parfaitement
d'accord avec la nécessité pour la ville de Richelieu de
résoudre un problème qui devient passablement aigu et qui
risquerait, même s'il n'y avait pas de solution, de lui faire perdre son
CLSC, ce qui ne serait point désirable. Alors, il n'y a pas pour moi de
problème quant au principe du projet de loi.
Il y a une seule chose qui me tracasse, c'est que l'article 1 du projet
de loi, à son premier alinéa, n'est quand même pas
parfaitement précis. Si je comprends bien la situation, il y a un
emplacement qui est choisi. La ville est propriétaire du terrain en
question. Le fait de construire sur ce terrain réglera en même
temps un problème de vieux dépotoir et nettoiera une chose
désagréable. J'aurais préféré, pour ma part,
que la rédaction de cet article soit plus précise, soit plus
spécifique et dise tout simplement que la ville est autorisée
à donner à bail ou à aliéner à titre
onéreux un immeuble à être construit sur l'emplacement qui
peut être identifié et pous les fins d'y loger le CLSC.
On indique ici un immeuble appartenant à la municipalité
et que cet immeuble pourrait être loué ou vendu à un
établissement public, au sens de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux. Ce qui voudrait dire que la ville... Ce ne serait pas
nécessairement une mauvaise chose, mais ce serait quand même un
élargissement des pouvoirs généraux des villes. Si une
ville avait un tel pouvoir, d'autres devraient pouvoir le réclamer et il
serait logique que ce soit dans la Loi des cités et villes.
C'est vraiment le seul commentaire que j'ai. Ce n'est pas une objection
formelle, mais j'aurais préféré que le texte
précise l'emplacement sur lequel sera construit l'immeuble pour qu'il
soit clair que ce serait l'immeuble en question qui serait affecté au
CLSC et que le pouvoir général viendrait, éventuellement,
après un débat convenable, parce qu'il y a d'autres
implications après tout quand le ministre proposera des
modifications à la Loi des cités et villes.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aurais une question à poser. A l'article 2,
on fait mention que, sans avoir préalablement demandé des
soumissions publiques, la ville aurait le droit de construire, d'accorder des
contrats de construction. Je me demande si c'est légal. J'ai des
réserves.
M. Tardif: Nous en étions peut-être à
l'article 1. M. Cordeau: D'accord. Parfait, dans ce cas. M. Tardif:
Au principe de l'article 1...
M. Cordeau: Oui, au principe de l'article 1.
M. Tardif: ... sur le libellé même, j'aurai des
suggestions, enfin, des modifications à proposer. Quant à
l'article 2, il y aura des ...
M. Cordeau: Des amendements. D'accord.
Le Président (M. Blank): Est-ce que le ministre a des
amendements à proposer à l'article 1?
M. Tardif: Oui. M. le Président. Concernant l'article 1,
tout en étant d'accord avec le principe pour les raisons
mentionnées, il reste que les mêmes arguments invoqués dans
le projet de loi que nous avons étudié tantôt s'imposent
ici, à savoir l'obligation d'assujettir le pouvoir aux dispositions de
la Loi des cités et villes actuelles, si bien qu'il y aurait lieu de
modifier l'article 1 de cette façon: La Loi des cités et villes
est modifiée pour cette ville en insérant, après l'article
26, l'article suivant, 26 a): "Le conseil peut donner à bail ou
aliéner, à titre onéreux, un immeuble ou partie de tel
immeuble appartenant à la municipalité en faveur d'un
établissement public au sens de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux, 1971, chapitre 48, et il possède à cette
fin tous les pouvoirs requis pour acquérir, construire et
aménager un tel immeuble".
Le Président (M. Blank): Est-ce que cet amendement est
adopté par les membres de la commission?
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président. Il y a aussi la
suite du texte. Pour être valide et lier les parties, le bail, selon le
cas, l'acte de cession, doit être approuvé au préalable par
la Commission municipale du Québec.
M. Goldbloom: M. le Président, je crois que le texte
proposé par le ministre est une amélioration. Je
préfère qu'a la fin du premier alinéa on écrive "un
tel immeuble", au lieu de mettre cela au pluriel. Mais le nouveau texte ne
répond pas, non plus, à l'interrogation que je m'étais
faite quant à l'opportunité de spécifier l'immeuble en
question quant à son emplacement, puisque l'emplacement est connu et
choisi.
M. Tardif: Peut-être pourrions-nous demander à la
municipalité M. le Président, ce qu'elle pense de cette
suggestion du député de D'Arcy McGee d'écrire
précisément, dans ce cas-là, l'immeuble... Enfin, les
raisons pour lesquelles elle ne pourrait pas préciser...
Mme Major: II n'y a pas de raison de ne pas préciser cela.
L'emplacement est connu. C'est un terrain dont la municipalité est
déjà propriétaire. C'est la subdivision 108 du lot
originaire 55 de la paroisse de Richelieu.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne fais pas de
procès d'intention à qui que ce soit, surtout pas à la
ville de Richelieu qui a exprimé très clairement son
problème et ses intentions.
Il me semble que si nous adoptons pour la ville de Richelieu un projet
de loi qui donne un pouvoir dépassant les besoins de la situation
actuelle, la nécessité de régler le problème du
CLSC, d'autres municipalités pourraient venir et invoquer
ce précédent en disant: Voilà, vous avez
donné à la ville de Richelieu le pouvoir de construire des
immeubles, de les louer ou de les vendre à des institutions reconnues en
vertu de la Loi sur les services de santé et les services sociaux. C'est
pour cette raison que je préférerais que l'on précise
l'identité de l'immeuble et son emplacement.
M. Tardif: M. le Président, il y a deux précisions
qui sont apportées par le député de D'Arcy McGee, à
savoir que c'est un type d'immeuble particulier, soit un CLSC et que c'est
à un endroit précis. En effet, le libellé, tel qu'il est,
n'implique pas d'endroit ni de type d'immeuble particulier, si bien qu'on
pourrait concevoir que cela pourrait éventuellement donner des pouvoirs,
ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose, pour d'autres types d'immeubles au
sens de la Loi sur les services de santé et les services sociaux qui
pourraient être un foyer d'accueil, une garderie ou d'autres choses
semblables.
La question à se poser, dans ce cas, est: Est-ce qu'on doit
apporter les deux précisions, soit le type d'immeuble et son
emplacement, ou seulement le type d'immeuble?
Mais si on me dit que l'emplacement est déjà choisi, je
n'ai aucune espèce d'objection, auquel cas je suggérerais
peut-être qu'on suspende la séance pour quelques instants, pour
permettre au procureur de la municipalité de consulter nos
légistes et de s'entendre sur le libellé exact qui permettrait
d'apporter des précisions.
M. Goldbloom: M. le Président, si je peux suggérer
une procédure légèrement modifiée, le ministre
semblait indiquer qu'il y avait des modifications à suggérer
à l'article 2. Peut-être pourrions-nous en prendre connaissance
et, par la suite, les représentants de la ville de Richelieu pourraient
prendre le temps qu'il nous faudra pour étudier l'autre projet de loi
qui concerne Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard, pour les consultations
nécessaires et nous arriver, à la fin, avec un texte
convenable.
M. Tardif: M. le Président, l'article 2, tel que
libellé et tel que souligné par le député de
Saint-Hyacinthe, nous apparaît tout à fait inacceptable. Il nous
apparaît en effet inadmissible que l'on puisse déroger aux
dispositions de l'article 610 de la Loi des cités et villes, qui
prévoit les normes régissant l'octroi de contrats comportant
notamment une dépense supérieure à $10 000 pour
l'exécution de travaux municipaux et la fourniture de matériaux,
dont notamment celle touchant la demande de soumissions publiques dans les cas
visés à l'article 1. C'est la raison pour laquelle nous pensons
que les dispositions générales de la Loi des cités et
villes, en ce qui concerne l'octroi des contrats, devraient être
respectées, à moins que des...
M. Goldbloom: M. le Président, il me semble quand
même qu'il y a sûrement des raisons...
M. Tardif: ... à moins que la municipalité ait...
lorsque vous m'avez demandé...
M. Goldbloom: Je vois mal une municipalité venir devant
cette commission parlementaire et demander des pouvoirs exorbitants s'il n'y
avait pas une raison fondamentale bien importante. Je pense que nous devrions,
comme dit le ministre, écouter les intéressés avant de
nous prononcer.
Le Président (M. Blank): Voulez-vous vous identifier, s'il
vous plaît? Qui va répondre?
Mme Major: II existe une raison, c'est qu'il y a
déjà eu des soumissions qui ont été
demandées par le CLSC. A l'époque où les soumissions ont
été reçues, comme les prix de location étaient
exorbitants, la municipalité, à son tour, a demandé
d'autres soumissions aux mêmes soumissionnaires. De sorte qu'on ne met
pas réellement de côté l'article 610 de la Loi des
cités et villes; il y a déjà eu des demandes de
soumissions de faites, et c'est à partir de ces soumissions qu'il y a eu
des discussions c'est ainsi, à partir de celles-ci qu'on est
arrivé à un prix de location au pied carré.
M. Goldbloom: M. le Président, puis-je demander quand ces
soumissions ont été demandées, et si elles sont toujours
valides? Y a-t-il des prix fermes qui sont connus?
Mme Major: II y a des prix fermes jusqu'au 1er août de
cette année.
M. Goldbloom: En vertu de soumissions publiques demandées
à quelle époque?
Mme Lemay: Cela fut demandé en mai 1976, M. le
Président. A cette époque, c'est le CLSC qui avait demandé
les soumissions, pour connaître les personnes intéressées
à construire le CLSC dans la région, parce qu'on avait
déjà de graves problèmes de locaux. A ce moment, on a
reçu les réponses de six soumissionnaires qui venaient de partout
à travers la région, de Longueuil jusqu'à Granby. Les
soumissions étaient demandées à partir de
précisions très complètes qui indiquaient quel genre de
bâtisse le CLSC désirait, l'espace et la constitution interne des
locaux. On a eu sept soumissionnaires avec des prix fermes. Après, le
CLSC a appris du ministère des Affaires sociales qu'il ne pouvait pas
demander des soumissions directement, sans arrêté en conseil.
C'est à ce moment que la municipalité est intervenue, elle
était déjà soumissionnaire, et qu'elle a obtenu
l'arrêté en conseil qui lui permettait de construire le CLSC
à un prix ferme qui était nettement concurrentiel avec les autres
soumissionnaires. C'est comme cela que les choses se sont
déroulées.
Mme Major: II y a effectivement eu demande de soumissions.
Mme Lemay: J'ai copie, je pourrais effectivement vous lire
l'annonce que le CLSC a fait paraître à l'époque.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Elle a répondu qu'il y avait eu sept
soumissionnaires. C'est ce que je voulais savoir.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai dit, au début
de mes remarques, qu'au premier abord le texte du projet de loi me semblait
exorbitant mais qu'à l'étude plus détaillée, je
trouvais lademande moins exorbitante.
Je remarque que l'article 2 ne demande pas une exemption
générale, mais s'applique seulement à l'immeuble dont la
construction serait autorisée par l'article 1. Si je comprends bien les
explications, il ne s'agit pas vraiment d'éviter de passer par le
mécanisme des soumissions publiques, mais plutôt de permettre
à la ville de profiter de soumissions déjà obtenues et
encore valides jusqu'au 1er août sans être obligée de
demander de nouvelles soumissions qui risqueraient d'être plus
élevées.
Le Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais bien m'assurer
on a parlé des soumissions demandées par le CLSC et de
soumissions demandées par la municipalité s'il s'agit des
mêmes soumissions?
Mme Lemay: Ce sont les mêmes qui ont fait les soumissions,
mais la ville a demandé également de nouvelles soumissions.
M. Tardif: Est-ce que la ville, en faisant cette demande de
soumissions, l'a faite conformément à l'article 610 de la Loi des
cités et villes?
Mme Major: Non, il n'y a pas eu d'avis dans les journaux. La
ville s'est adressée directement par lettre aux mêmes
soumissionnaires, aux sept soumissionnaires qui avaient déjà fait
des soumissions au CLSC.
Mme Burke: Aux mêmes soumissionnaires.
Mme Lemay: Le CLSC a pris son dossier et l'a remis à la
ville. On a pu comparer comme telles les dispositions. Cela avait
été fait dans le journal. Le CLSC avait fait sa demande dans
plusieurs journaux locaux de la région.
M. Caron: Est-ce que les deuxièmes soumissions qui ont
été demandées par la ville étaient au même
montant, ou si cela a varié?
Mme Lemay: Ce sont sensiblement les mêmes montants sauf que
les deuxièmes étaient encore plus détaillés. Ce
sont sensiblement les mêmes montants, mais on disait déjà
que les coûts augmentaient et on est déjà inquiet à
cause de la lenteur des procédures.
Mme Major: Ce qui rendait le prix exorbitant pour le CLSC,
c'était le coût de location. Le CLSC n'entendait pas se porter
acquéreur de l'immeuble et le prix de location exigé par les
entrepreneurs qui étaient disposés à construire l'immeuble
selon leurs exigences dépassait de beaucoup ce que la ville exige
actuellement au pied carré pour prix de location.
M. Lareau (Pierre): Je m'excuse, Pierre La-reau, maire de
Richelieu. Cette façon de procéder a été un peu
hors de l'ordinaire vu qu'une ville n'avait pas le droit de prendre les deniers
publics et de les dépenser, même pour demander des soumissions.
Alors, nous avons procédé d'une façon un peu hors de
l'ordinaire en faisant une proposition de construction. C'est de cette
façon qu'on a obtenu des plans et devis et des prix pour pouvoir baser
notre prix de location. C'est pourquoi on veut essayer de respecter les
coûts qu'on a. On s'est basé sur un prix de location selon les
coûts qui nous avaient été donnés sans avoir
à dépenser un cent des deniers publics. C'est dans ce contexte
qu'on veut, avant le 1er août, définir exactement notre
position.
M. Tardif: M. le Président, est-ce que l'édifice va
être utilisé entièrement et exclusivement par le CLSC ou
également en partie par la municipalité.
M. Lareau: Entièrement par le CLSC. Mme Major:
Entièrement par le CLSC.
M. Tardif: Est-ce que la municipalité doit emprunter pour
les fins de cet immeuble?
M. Lareau: II y a un arrêté en conseil du
ministère des Affaires sociales qui garantit en totalité le
montant déboursé et les intérêts sur une base de dix
ans.
M. Tardif: Si bien que le fait d'adopter cet article, enfin les
articles au complet, n'implique pas une subvention de la municipalité au
CLSC?
M. Lareau: D'aucune façon.
M. Tardif: Le mode de financement permet de pourvoir aux
frais.
M. Lareau: Oui.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce que votre entente avec
le CLSC comprend également, au point de vue de location, les extra qui
pourraient survenir à un moment donné? Dans une construction, il
peut arriver des extra.
Mme Lemay: Jusqu'à maintenant, c'est prévu. Si
extra il y a, le ministère des Affaires sociales nous a prévenus,
cela s'est déjà produit ailleurs; a ce moment-là les extra
seraient étudiés en détail et on demanderait un
arrêté en conseil supplémentaire pour couvrir les
extra.
M. Cordeau: Vous avez dit tantôt que vous aviez une entente
de dix ans avec le CLSC.
Mme Major: Le bail est pour une période de dix ans.
oui.
M. Cordeau: Vous payez cette bâtisse probablement sur une
période de 20 ans.
Mme Major: Non, l'emprunt va être pour la même
période que le bail.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Justement, M. le Président, depuis le
début, nous parlons d'un bail et de la location de l'immeuble par le
CLSC et pourtant, dans l'article 1, on lit: Peut donner à bail ou
aliéner à titre onéreux un immeuble. Est-ce que c'est que
l'achat est également envisagé? Est-ce que c'est une
espèce de bail-achat qui serait conclu?
Mme Major: Le projet de bail qui est annexé à
l'arrêté en conseil prévoit que c'est une location, mais,
effectivement, c'est une vente avec le paiement du prix de vente sur une
période de dix ans.
M. Goldbioom: Donc, au bout'de la période de dix
années, le CLSC deviendrait propriétaire et la ville se serait
fait rembourser et ne serait pas perdante.
Mme Major: Elle serait même quelque peu gagnante.
M. Goldbloom: Oui?
Mme Major: Le prix de location annuel, au niveau des discussions,
a été de $133 752. Le coût total de l'emprunt prévu,
incluant les frais accessoires, est de $791 000. Ce qui fait que la ville peut
payer le capital, les intérêts, tous les frais accessoires et
même la compensation qu'elle sera en mesure d'exiger si l'immeuble ne lui
appartenait pas.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que le coût du terrain, après dix
ans, est aussi inclus dans la location?
Mme Major: Oui, la ville avait payé le terrain $1.
M. Cordeau: D'accord, mais aujourd'hui à $1...
Mme Major: Dans le calcul des coûts, le terrain a
été évalué à $50 000.
M. Cordeau: Bon, d'accord.
Le Président (M. Blank): Est-ce que le minis- tre a des
suggestions d'amendements à cet article avant que le procureur demande
une suspension?
M. Tardif: Je pense que cela répond aux questions, mais le
député d'Argenteuil...
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, on sait que les CLSC, dans
les autres municipalités, sont financés par le ministère
des Affaires sociales, qu'ils louent ou construisent eux-mêmes les locaux
dont ils ont besoin. Je me demande, dans ce cas-ci, comment il se fait que la
municipalité se substitue au ministère des Affaires sociales ou
aux CLSC. Je ne comprends pas comment il se fait que la munici-paiité
s'implique dans ce problème quand on sait que le CLSC lui-même
pourrait louer, après approbation du ministère des Affaires
sociales, ou construire ses propres immeubles. Je me demande pourquoi la
municipalité s'embarque là-dedans.
Une Voix: La réponse...
Mme Lemay: France Lemay, directeur général du CLSC,
j'aurais dû me présenter plus tôt. Je vais vous expliquer
cela parce qu'effectivement, c'est le point le plus important de toute la
question. Si la ville de Richelieu, si le CLSC demande à la ville de
Richelieu, entre autres, de s'impliquer dans cette question,
premièrement, c'est que, dans la région, ii n'y a aucune autre
sorte de local de disponible que le CLSC pourrait louer pour y installer ses
locaux.
Deuxièmement, pourquoi la municipalité s'implique-t-elle
et pourquoi est-il intéressant pour un gouvernement qu'une
municipalité s'implique dans la construction de CLSC? C'est parce que la
municipalité, en faisant construire un édifice public avec un
arrêté en conseil lui garantissant le paiement, lui permettant de
faire un emprunt et de payer la construction d'établissements dans les
trois mois ou dans les six mois suivant la fin de la construction, peut
garantir ainsi à l'entrepreneur qu'il va être payé dans un
certain laps de temps très rapproché de la fin de la
construction. De sorte que les prix, les soumissions qui ont été
faites ont été faites en conséquence. Cela ressortait
d'une façon vraiment spéciale parce qu'il y avait vraiment des
différences au niveau des prix de location. Quand la personne savait
qu'elle n'attendrait pas, par exemple, un an ou un an et demi pour être
payée, cela pouvait influencer dans le coût de la
construction.
Les études économiques qui ont été faites
par les ingénieurs, par les architectes et la municipalité et le
ministère ont démontré que c'était vraiment un
avantage. Tout ce que je peux dire, c'est que c'est la première fois
depuis longtemps que le ministère va pouvoir avoir un édifice qui
va lui revenir à un prix honnête, une bonne construction qui a
été vérifiée également par des architectes
et des ingénieurs et qui, en même temps, va revenir à
un prix vraiment concurrentiel et avantageux pour le ministère et
le gouvernement. C'est tout ce que je peux faire après un an et demi
d'études du dossier. C'est tout ce que je peux dire.
Le Président (M. Blank): D'accord. M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Si je comprends bien les explications de madame ou de
mademoiselle, c'est qu'en passant par les municipalités, on aurait un
moyen de payer plus rapidement les gens ou les entrepreneurs impliqués
dans la construction que si on passait directement par le ministère des
Affaires sociales. C'est cela?
Mme Lemay: Oui. Le ministère des Affaires sociales, avec
le déroulement actuel, ne pouvait pas construire le CLSC en moins de
deux ans, deux ans et demi. Et cela, c'était en novembre dernier.
D'ailleurs, quand le CLSC est arrivé avec ses prix au ministère
des Affaires sociales en disant: Nous avons une municipalité qui est
intéressée à nous construire un édifice à
tel prix, et à l'ouvrir à telle date, cela a fait un brouhaha
terrible au ministère des Affaires sociales. On regrettait presque de
l'avoir fait moi, en tout cas à cause des autres CLSC qui
avaient des projets semblables en cours avec le ministère. La
différence au niveau des prix de location et de construction
était vraiment flagrante.
Le Président (M. Blank): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, s'il fallait invoquer la
raison que madame vient de nous donner à savoir que l'entrepreneur
serait payé plus rapidement, je pense bien qu'on se ramasserait avec un
paquet de projets privés pour toutes sortes de choses, et ce, dans tous
les autres services du gouvernement.
Mme Major: Ce cas-là est différent. C'est un
service de santé et cela touche directement la population. Cela implique
le bien-être de la population parce qu'à Richelieu, il n'y a pas
de clinique médicale. Avant...
M. Saindon: Tous les services publics touchent la population.
Mme Major: Pas aussi directement que celui-là. D'ailleurs,
sous l'ancienne Loi de l'hygiène publique, les municipalités
avaient des pouvoirs dans ce domaine, qui sont disparus avec l'abrogation de la
Loi de l'hygiène publique. C'est un service que la municipalité
rend directement à sa population. 30% des résidents de Richelieu
ont des dossiers au CLSC, et ce CLSC dessert 36 000 personnes. D'ailleurs, la
municipalité s'est impliquée au début, malgré elle,
parce que personne d'autre ne voulait le faire. Cela traînait en longueur
et à un certain moment on s'est rendu compte que si c'était la
municipalité qui le faisait, cela irait plus vite et ce serait meilleur
marché. Les entrepreneurs qui ont soumissionné en ont tenu compte
dans leur soumission, parce que sachant qu'ils seraient payés plus vite,
ils ont soumissionné plus bas.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Duplessis.
M. Perron:. Merci, M. le Président. Cela veut donc dire,
Mme la directrice, que vous avez déjà fait des demandes au
ministère des Affaires sociales pour obtenir un CLSC et que
l'échéancier du ministère était trop
éloigné pour les besoins du milieu. Est-ce cela que vous voulez
dire?
Mme Lemay: Cela revient à cela, mais ce n'est pas
directement cela. La démarche faite par la municipalité a
été encouragée par le ministère des Affaires
sociales. Dès le départ, parmi les soumissions qui nous ont
été présentées, il y avait des soumissions
d'entrepreneurs et de la municipalité. Ce que je voudrais ajouter
surtout, c'est qu'actuellement il y a 33 personnes qui travaillent au CLSC et
nous nous trouvons dans 3500 pieds carrés. On est ouvert 7jours par
semaine à partird'octobre, nous sommes censés ouvrir 7
jours par semaine, 24 heures par jour, à cause des besoins de la
population. Les locaux que nous avons ne sont pas tellement
adéquats, d'autant plus que l'hiver s'en vient. L'hôpital le plus
près se trouve à 16 milles; il n'y a aucun moyen de transport
direct. On espère vraiment entrer dans nos locaux à partir de
novembre ou de décembre prochain pour offrir des services
adéquats à la population.
Le Président (M. Blank): Le député de
Duplessis.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, vous n'avez fait aucune
demande officielle au ministère des Affaires sociales pour un CLSC.
Mme Lemay: Oui, monsieur, on est inscrit sur le plan quinquennal
de développement, depuis le printemps 1976.
M. Perron: Et pour quand était prévu votre CLSC
financé par le ministère des Affaires sociales?
Mme Lemay: On n'a pas fait d'études plus poussées,
quand on a vu les soumissions que nous amenions. On nous a dit de continuer
dans ce sens avec la municipalité. Si je compare avec les autres CLSC
qui ont des projets de soumis, cela reviendrait à un minimum de deux ans
et demi, entre deux ans et demi et quatre ans, au minimum.
Le Président (M. Blank): Le député de
Beauharnois.
M. Lavigne: Pour enchaîner avec ce que disait mon
confrère, je m'aperçois qu'en procédant
comme vous nous proposez de le faire, vous gagnez du temps, et je serais
curieux de savoir aussi le montant d'argent que vous pouvez économiser
en procédant comme cela, plutôt qu'en passant par le
ministère des Affaires sociales? Avez-vous un chiffre approximatif?
Mme Lemay: On économise environ $400 000.
M. Lavigne: En tant qu'administrateur des deniers publics au
gouvernement provincial, je me demande si on ne crée pas ici un
précédent heureux et si on ne devrait pas faire en sorte que tous
les CLSC passent par les municipalités en tenant compte que l'on gagne
et du temps et de l'argent.
Cela semble peut-être un peu farfelu, je vois le ministre des
Affaires municipales qui trouve que je m'embarque, mais cela me semble
tellement merveilleux, leur façon de procéder, que je me pose
cette question. C'est une expérience pilote.
Le Président (M. Blank): Le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. J'ai eu l'avantage
d'étudier ce dossier depuis quelques mois. J'aimerais faire quelques
commentaires, premièrement, féliciter la direction
générale du CLSC et les dirigeants de la ville de Richelieu pour
s'être impliqués et avoir rendu possible un projet pilote et un
projet collectif de la sorte. C'est tellement intéressant, votre esprit
d'équipe et de travail que, même dans mon propre comté, je
l'annonce peut-être au ministre...
M. Tardif: M. le député d'Argenteuil.
M. Michaud: ... nous sommes à essayer de mettre sur pied
un projet semblable qui, nous en sommes persuadés, sauvera
énormément de temps et d'argent aux contribuables et, finalement,
après dix ans, l'immeuble deviendra la propriété des
citoyens, et je crois que c'est un enrichissement collectif. Encore une fois,
félicitations, et j'espère qu'on va l'adopter avant le 1er
août.
Mme Major: Nous aussi, parce qu'on veut réintégrer
notre hôtel de ville.
Le Président (M. Blank): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, on a peut-être fait la
preuve ici, on est peut-être en train de faire la preuve que
l'administration locale, donc municipale, peut agir plus vite et mieux qu'une
grosse organisation éloignée des préoccupations
immédiates des populations. C'est peut-être riche d'enseignements,
comme on l'a souligné d'ailleurs, sur une politique éventuelle du
gouvernement en matière de décentralisation du processus de prise
de décision et d'administration des services.
Je pense qu'il y a un autre argument qui n'a pas été
invoqué et qui, selon moi, est important ici; c'est le fait que, s'il
est rentable pour une entreprise privée de bâtir un CLSC et de le
louer avec un bail garanti pendant dix ans il faut que cela le soit pour
qu'on puisse le faire, Dieu sait que dans beaucoup de contrats et
d'édifices gouvernementaux cela a été fait pourquoi
est-ce que ce ne le serait pas pour une municipalité, d'autant plus
qu'au bout de dix ans, à ce moment-là, la municipalité ou,
dans ce cas-là, le CLSC, serait propriétaire de l'immeuble et non
plus l'entreprise privée, qu'on aura payée, encore une fois, pour
ses frais, sur cette période, et reste propriétaire et continue
de louer? Or, ceci, en soi, constitue selon moi, une raison suffisante, non
seulement pour donner mon accord de principe à ceci, mais, encore une
fois, comme je l'ai mentionné au tout début, pour voir dans
quelle mesure il ne serait pas intéressant d'étendre ces pouvoirs
des municipalités pour ces fins de la loi.
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai deux commentaires,
après avoir entendu ce que le ministre vient de dire. Si, par un tel
mécanisme, nous arrivons éventuellement à alléger
le budget du ministère des Affaires sociales, je pense que nous rendrons
un fier service à la collectivité et à chaque gouvernement
successif, parce que chaque ministre des Finances est aux prises avec le
même problème, il a deux éléphants à nourrir,
les Affaires sociales et l'Education, et les autres doivent circuler autour et
essayer d'avoir un peu de nourriture.
Mon deuxième commentaire est simplement d'encourager le ministre
à provoquer, dans les meilleurs délais, le débat sur la
question générale, justement pour qu'il y ait un principe
général plutôt qu'une succession de bills privés
pour obtenir des règlements de cas d'espèce.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, cette franche collaboration
que nous voyons naître à Richelieu entre la municipalité et
le CLSC est un exemple flagrant que j'aimerais voir publiciser à
l'échelle du Québec. Pour nous, c'est très important que
les groupes s'interpénètrent et travaillent ensemble et, moi,
j'aimerais personnellement que cela soit diffusé à
l'échelle du Québec. C'est un exemple que, personnellement, en
tout cas je vais diffuser dans mon comté, parce que vous êtes pour
moi un exemple.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, je reconnais qu'il y a un
côté positif au projet de la ville de Richelieu, mais je reconnais
aussi qu'il s'agit là de la municipalité à ce
moment-là à qui on permettra, par le projet de loi, de faire
concurrence à l'entreprise Drivée.
Il faut se demander où, sans l'entreprise privée, serait
le gouvernement. S'il fallait qu'un projet
comme celui-là s'étende partout et que cela se multiplie
dans d'autres domaines et dans d'autres activités publiques, qu'est-ce
qui arrive de l'entreprise privée? Je reconnais qu'il y a des avantages,
mais on fait concurrence à l'entreprise privée, ce qui est un
gros désavantage. Cela dépend de l'opinion de chacun en
sociologie, mais je ne suis pas d'accord, lorsqu'on commence à faire
concurrence à l'entreprise privée. Il y a une certaine mesure de
concurrence qui doit se faire probablement. Mais lorsqu'on commence à
vouloir étendre cette concurrence un peu partout, à ce moment, je
ne suis pas d'accord.
Le Président (M. Blank): Le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, c'est un sujet qui
m'avait préoccupé que celui de la concurrence de l'entreprise
privée, mais quand j'ai considéré qu'en
réalité l'argent venait de tous les citoyens, du gouvernement,
d'un ministère pour être transféré à un
autre, je me suis dit, à ce moment: A ce niveau, je n'y vois pas de
concurrence à l'entreprise privée, mais je vois simplement une
économie du gouvernement dans la façon de fonctionner et aussi de
distribuer ses montants.
M. Saindon: Où est-ce que vous pensez que le gouvernement
prend son argent?
M. Beauséjour: De tout le monde.
M. Saindon: C'est cela. L'entreprise privée...
M. Beauséjour: C'est tout de même l'entreprise
privée qui construit.
Le Président (M. Blank): A l'ordre messieurs! Le
député de Verdun.
M. Caron: Pour ma part, je suis assez éclairé. Je
pense qu'on ne devrait pas parler des autres cas. Ce matin, ce qui compte,
c'est le cas précis qu'on a devant nous. On a eu un bon exposé.
Il y a un esprit d'entente entre le CLSC et la ville qui est très bien.
On va rendre service à la population. On va l'avoir à meilleur
marché. Qu'on procède donc. Je suis assez éclairé.
Je suis bien d'accord qu'on procède et qu'on le donne aux gens de
Richelieu.
M. Michaud: Merveilleux.
M. Caron: On épargne de l'argent, en plus de cela. Si tout
le monde, si toutes les municipalités et tous les groupes faisaient leur
part comme cela se fait là. on aurait plus de services pour le
même montant d'argent dans les budgets qui se font. Je pense que si on
fait un petit examen à travers le Québec, on va s'apercevoir
qu'il y a bien du gaspillage. Avec le temps, c'en est une façon d'en
éliminer, et, en continuant, le ministre a de bonnes intentions
je le lui ai dit dernièrement pour ma part, quand le ministre va
arriver avec de bonnes intentions, je vais l'endosser.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Vous n'avez rien demandé?
M. Caron: Non, je n'ai rien demandé. Je n'ai absolument
rien demandé au ministre.
M. Cordeau: M. le Président, à l'article 2, est-ce
que M. le ministre a des suggestions à faire, sur le contrat sans
soumissions?
M. Tardif: M. le Président, j'avais dit que c'était
inacceptable, à moins que... mais je pense qu'on a fourni les
explications voulues, à savoir qu'une procédure
régulière de soumissions a été suivie par le CLSC
avec avis public. Sept soumissionnaires ont déjà fait des
soumissions; qu'on reprenne ces soumissions, cela me semble tout à fait
acceptable. En conséquence, il n'y a aucune objection à
l'insertion de l'article 2 pour les fins de l'édifice prévu
à l'article 1.
Le Président (M. Blank): Merci. Maintenant, on suspendra
ce projet de loi jusqu'à une nouvelle rédaction de l'article 1
avec...
M. Tardif: On peut prendre l'article 3, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): L'article 3...
M. Tardif: L'article 3, oui. J'aimerais quand même poser la
question à la municipalité. J'imagine que c'est relié
à l'article 2, à savoir que l'article 1 de \a présente loi
a effet depuis le 1er mai 1977.
Mme Major: La municipalité avait adopté un
règlement d'emprunt permettant la construction de la bâtisse et
appropriant les deniers. Ce règlement a été soumis aux
électeurs. Il n'y a aucun électeur qui a demandé qu'il
fasse l'objet d'un scrutin. Alors, la municipalité ne voudrait pas
être obligée d'adopter un nouveau règlement. C'est la
raison pour laquelle on demande l'article 3.
M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Blank): Me Major, la commission va
continuer ses travaux jusqu'à 13 heures. Normalement, le mercredi, on
finit à midi, mais, voyant qu'il n'y a pas de caucus à midi, on
continue jusqu'à 13 heures. On entreprendra l'étude du projet de
loi concernant l'Ile-Bizard après la suspension.
Si votre amendement est prêt, on peut peut-être prendre deux
minutes pour l'étudier et vous libérer.
Mme Major: II sera prêt.
Le Président (M. Blank): Nous allons suspendre
l'étude du projet de loi no 242.
Maintenant, le projet de loi privé no 225, Loi concernant la
municipalité de la paroisse de Saint-Raphaël-de-l'ile-Bizard.
A l'ordre, messieurs! Je donne la parole au député de
Deux-Montagnes, afin qu'il nous pré-
sente les intéressés en rapport avec ce projet de loi.
Projet de loi no 225:
Loi concernant la municipalité de la Paroisse
de Saint-Raphaël-de-l Ile-Bizard
M. de Bellefeuille: M. le Président, la
municipalité de la paroisse de Saint-Raphaël-de-l'Ile-Bizard est
représentée par son maire, le Dr Bernard Patry voulez-vous
vous lever, s'il vous plaît, Dr Patry? et par Me Armand Poupart,
procureur de la requérante. La liste que nous avons devant nous nous
informe qu'apparaît également au dossier Me Marcel Trudeau,
conseiller juridique de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Léger (Jean-Louis): Je suis Me Jean-Louis Léger,
qui remplace...
M. de Bellefeuille: Me Jean-Louis léger... M.
Léger: Léger, c'est ça.
M. de Bellefeuille: M. le Président, ce projet de loi est
relatif à une municipalité qui n'est pas située dans mon
comté. Je voudrais vous expliquer rapidement comment cela s'est
présenté. C'est la municipalité, en la personne du Dr
Patry, qui a fait une démarche auprès de moi pour me demander de
parrainer ce projet de loi. Le maire avait déjà consulté
le député du comté où se trouve cette
municipalité, c'est-à-dire le député de
Robert-Baldwin, et le député de Robert Baldwin a donné son
accord pour que la municipalité me demande de parrainer le projet de
loi. C'est une chose que j'ai vérifiée moi-même
auprès du député de Robert-Baldwin, comme quoi il
était d'accord à ce que la municipalité s'adresse à
moi pour parrainer ce projet de loi.
J'ai accepté de le faire pour des raisons évidentes, pour
que le projet de loi ne soit pas orphelin, qu'il ait un parrain, qu'il puisse,
par conséquent, être étudié devant
l'Assemblée nationale. Mais, en donnant mon accord, j'ai indiqué
à M. le maire Patry, de vive voix et, ensuite, par écrit, qu'en
consentant à parrainer ce projet de loi, je ne m'engageais pas à
l'appuyer.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Suivant nos règlements, le
parrain du projet de loi n'est pas lié avec le projet de loi, c'est
seulement un moyen pour les citoyens de faire venir leurs projets devant cette
commission.
M. Poupart (Armand): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission, je me présente à titre de
conseiller juridique de la requérante. Je suis accompagné du Dr
Patry, à ma droite, ainsi que des conseillers municipaux de la
municipalité de Saint-Raphaël-de-l'Ile-Bizard, ainsi que d'une
délégation de citoyens qui se sont levés de bonne heure ce
matin et qui se sont rendus ici afin d'être en mesure d'assister à
cette pré- sentation, étant donné qu'ils sont les
principaux intéressés.
D'abord, je voudrais simplement vous résumer la façon dont
le projet de loi sera présenté. Il y aura d'abord une
présentation visuelle. Ce sera le Dr Patry qui s'en occupera, ensuite il
y aura un dépôt aux membres de la commission du dossier complet du
cas de l'Ile-Bizard, et enfin, il y aura des questions et les gens qui sont ici
en avant seront ici pour y répondre.
Maintenant, si on s'en rapporte au texte même du projet de loi no
225, il y a un préambule qui est assez explicatif, et qui se
résume comme suit: La municipalité de
Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard en 1969 a été incluse dans une
agglomération de municipalités pour former ce qu'on a
appelé la communauté urbaine. Cela fut un cas d'exception, parce
que l'Ile-Bizard n'est pas une municipalité urbaine, c'est une
municipalité qui est régie par le Code municipal de la province
de Québec d'une part, et deuxièmement, ce n'est pas une
municipalité qui fait partie du territoire de l'île de
Montréal. Nous venons ici pour demander de revenir à la loi
générale. C'est le principe qu'on veut faire admettre et qu'on
veut soumettre, avec notre dossier, à la commission.
Là-dessus, l'article 1 de notre projet de loi procède de
la façon dont l'Ile avait été intégrée dans
la communauté urbaine. Nous demandons d'en être
libérés et d'en sortir de la même façon en enlevant
le nom de la municipalité de l'annexe A qui était le
véhicule par lequel elle était intégrée en 1969
à la communauté urbaine. Là-dessus je demanderais au Dr
Patry de procéder à la présentation de l'argument de fond
sur ce projet de loi.
M. Patry (Bernard): Merci, Me Poupart. Je remercie le
président de la commission d'avoir bien voulu accepter que nous
présentions, ce matin, une représentation audio-visuelle.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, je tâcherai d'être aussi bref que possible, bien que
les gens de l'Ile-Bizard m'aient confié de très nombreux et
urgents messages. Je ne serai, tout au long de cet exposé, que l'humble
porte-parole de l'ensemble des 4000 résidents de l'île qui,
spontanément, il y a quelque temps, par voie de requêtes
signées, demandaient à leur conseil d'entreprendre des
démarches dont l'aboutissement est notre présence ici
aujourd'hui.
Mon exposé sera divisé en deux parties liées toutes
les deux par le même thème: démontrer que, d'une part,
l'inclusion de l'Ile-Bizard dans la CUM a été et est une erreur,
et, d'autre part, que de l'y conserver serait une plus grande erreur. La
première partie sera relativement courte, démontrer l'injustice
de la CUM, c'est également jeter en lumière l'inefficacité
de ses services, leur éloignement du citoyen ordinaire, les luttes
stériles de pouvoir entre la ville de Montréal et les villes de
banlieue, et de façon générale l'impuissance de la CUM
à résoudre les problèmes pour lesquels elle a
été créée et les problèmes nouveaux qu'elle
a elle-même engendrés du fait de son existence.
Je crois qu'en tant que membres de l'Assemblée nationale, vous
êtes en mesure d'analyser et de juger plus globalement et plus
profondément que je ne puis le faire, la loi de la CUM, les hommes qui
l'appliquent et la valeur réelle de cette application.
De plus, nous déposons aujourd'hui une série de dossiers
sur les services de la CUM en ce qu'ils touchent ou ne touchent pas les
citoyens de l'île Bizard. L'analyse de ces pièces permettra une
meilleure compréhension des problèmes de la CUM, tels qu'ils sont
perçus par les habitants de sa seule municipalité de paroisse.
Permettez, toutefois, que je donne ici les faits saillants de ces dossiers. Au
chapitre de l'évaluation, l'application, en 1975, du principe des 100%
de la valeur réelle a fait passer l'évaluation de $26 millions
à $50 millions sans qu'aucune visite ou vérification sur
l'île n'ait eu lieu. Déjà, en 1970, contrairement aux
assurances qui nous avaient été données, la
création de la Communauté urbaine de Montréal a fait
tripler les taxes. Cinq ans plus tard, on les double de nouveau. Ces
augmentations ne représentent pas un paiement équitable pour des
services, puisqu'à toutes fins pratiques nous n'en recevons pas. Elles
ne sont pas non plus une application de justice distributive, puisque nos gens
n'ont pas cette capacité de payer. Le gigantisme et la
dépersonnalisation de la CUM sont des plus évidents lorsqu'on
constate qu'en brimant les 4 000 citoyens de l'île par de telles
augmentations, la CUM n'augmente son budget que de cinq centièmes pour
cent. Les conséquences d'une telle escalade du fardeau fiscal sont plus
pernicieuses à moyen et à long terme lorsqu'on examine la
situation de l'île par rapport au West Island.
Je n'apprendrai rien au présent gouvernement en disant que le
statut socio-économique du francophone est inférieur en moyenne
à celui de l'anglophone. Cette situation est des plus évidentes
dans la région ouest de Montréal où les secteurs à
prédominance francophone, le vieux Sainte-Anne, Sainte-Geneviève,
une partie de Pierrefonds et l'île Bizard, sont ceux où la moyenne
des revenus est inférieure à la moyenne métropolitaine et
jusqu'à deux fois moindre que certains secteurs anglophones. La
présence d'un stock de logements accessibles aux classes moins
favorisées est due principalement à deux causes: D'une part, la
qualité inférieure ou plus ancienne des logements, d'autre part,
le faible niveau de taxes, soit $0.25 des $100 d'évaluation à
l'île Bizard. En augmentant les taxes de façon aussi draconienne,
on élimine une de ces causes: On rend plus difficile l'accès de
l'île à des catégories de niveau moins élevé
que ceux du West Island en général. On élimine pour une
certaine classe la possibilité d'obtenir un logement décent dans
un environnement sain.
Au chapitre de la police, ce service est devenu d'une telle
complexité quant à son organisation, son fonctionnement et ses
coûts qu'il serait vain de tenter d'en analyser les erreurs,
l'efficacité ou le rendement. Ce que les citoyens savent toutefois,
c'est que plus ce service s'éloigne d'eux en termes de besoins
quotidiens, plus il leur coûte cher et plus, semble-t-il, si on s'en
tient aux analyses de la Presse du 22 au 27 mai, l'insatisfaction grandit chez
les policiers eux-mêmes. A l'île Bizard, les policiers ne sont
vraiment pas présents. Il est difficile de se plaindre publiquement du
manque de protection, de prévention policière sans
dévoiler que l'île Bizard est mal protégée, sans
entraîner aussi un certain ressentiment de la part des policiers qui
n'obéissent qu'aux ordres. A l'île Bizard, le service policier se
limite à un service ambulancier qui nous coûte environ $700
l'appel. Il n'y a qu'à vérifier à ce sujet les rapports
des six derniers mois de l'officier commandant, d'octobre 1976 à mars
1977. Pour six mois, des 1907 appels en provenance de l'île Bizard
logés au poste no 25 de Pierrefonds, les policiers n'ont répondu
qu'à 490; ils ont transporté six blessés d'accident de la
route et distribué 26 billets de circulation. Ces services nous ont
coûté au pro rata plus de $240 000, soit le coût annuel de
tous les services de protection incendie et police de la ville de Lorraine.
Tout récemment, les municipalités non membres de la
Communauté urbaine de Montréal, qui ont eu à faire face
à des augmentations du coût de leur service de police, ne se
seraient jamais plaintes si elles avaient comparé les taux payés
par L'Ile-Bizard. Etant donné que 86,6% de notre contribution à
la Communauté urbaine de Montréal va au service de
sécurité, c'est $405 000 que nous avons déboursés
en 1976 pour ce service et $556 000 que nous déboursons en 1977, soit
une augmentation de 37%. Avec une telle somme, vous savez, la ville de Candiac,
avec une population de plus de 7150, aurait pu doubler le salaire de ses onze
policiers et leur acheter des Cadillac, des Mercedes pour remplacer ses deux
voitures de patrouille.
Dans le domaine de l'épuration des eaux, nul n'est plus
concerné par ce problème que les résidents de l'île
puisque l'eau fait partie de leur vie quotidienne; elle les entoure. Mais ces
travaux sont extrêmement coûteux, tel que l'a dit récemment
le ministre des Affaires municipales: L'épuration des eaux, c'est la
voirie des prochaines années. N'y aurait-il pas des solutions
intérimaires moins coûteuses, comme une petite usine
d'épuration avec traitement secondaire à l'Ile-Bizard au
coût de $100 per capita à comparer au système primaire
proposé par la Communauté urbaine de Montréal, qui
coûtera $6 milliards, soit une somme de près de $3000 per capita
et ce pour toute la population de la CUM.
Quant aux autres services relevant de la compétence de la CUM,
nous les paierions $1 que ce serait déjà trop cher.
Il faut, à ce stade, dissiper d'abord une notion qui a
été galvaudée à cause de et parfois par certains de
nos concitoyens plus illustres. L'Ile-Bizard n'est pas une banlieue riche,
huppée, qui tente de protéger égoïstement ses
richesses au détriment de priorités régionales. Mais, me
diriez-vous, comment vos gens, s'ils ne sont pas riches, ont-ils payé
cette note de la CUM chaque année? Ils l'ont payée, bien
sûr. La loi les y obligeait. Mais ils l'ont
fait au détriment d'autres services tout aussi essentiels ayant
trait à la qualité du fonctionnement municipal et à la
qualité de la vie urbaine.
En conclusion de cette première partie, je dirai que l'injustice
majeure de ces sept dernières années ne tient pas seulement dans
les factures trop élevées pour des services inférieurs, ni
dans la machine technocratique qui empêche nos citoyens d'avoir
accès ou droit de regard sur les services qui les touchent directement.
Car bien que ces deux thèmes soient les arguments courants de presque
toutes les municipalités de la CUM, sauf Montréal, bien entendu,
l'injustice perçue par les citoyens de l'Ile-Bizard se situe beaucoup
plus dans les conséquences de telles factures et de telles pratiques
technocratiques sur la vie et la qualité de la vie municipale.
A regarder d'un oeil rapide l'évolution des dépenses pour
l'Ile-Bizard comparativement à d'autres municipalités, on serait
tenté de conclure que l'administration mégalomane y a tenu des
Olympiques. Vous savez, en 1971, avec les $32.13 per capita donnés
à la CUM, Saint-Raphaël commence à sortir de la normale des
autres villes. Deux ans plus tard, en 1973, le per capita à la CUM a
plus que doublé et les dépenses de l'Ile-Bizard dépassent
des municipalités où le coût du développement a
entraîné des hausses appréciables. En 1975, le coût
de la CUM met l'Ile-Bizard au-dessus des autres municipalités, sauf
Lorraine, où un service de la dette relativement élevé et
des services récréatifs importants gonflent les
dépenses.
En 1976, l'Ile-Bizard prend les devants. Au chapitre des
dépenses, dépassant même des villes de près de 8000
de population. Ces $115.84 par tête enlevés à
Saint-Raphaël passent cette année à $146.01 et nous
dérobent 42% de notre budget. "Vive selon nos moyens", cette phrase qui
devient le leitmotiv de toutes les administrations publiques comporte tout de
même le mot vivre. Et vivre implique l'existence de conditions
socio-économiques, écologiques, physiques et techniques qui
assurent le bien-être individuel et collectif des citoyens.
Ces conditions du bien-être urbain, les gens de l'Ile-Bizard les
ont examinées. Ils les ont recherchées et, oserais-je dire, les
ont même inventées. Ce projet collectif d'une vraie ville à
l'échelle de l'homme urbain, et ceci sera la deuxième partie de
mon exposé, est déjà amorcé à
l'Ile-Bizard.
Ce dont rêvent, ces temps-ci, tous ceux qui analysent ou vivent le
problème urbain dans toute agglomération métropolitaine a
déjà un début de réalité dans notre ville.
Il sera possible pour ce rêve de se réaliser entièrement
à la condition d'enlever le carcan technocratique de la CUM à
notre jeune communauté. Nous ne prétendons pas posséder la
solution urbaine ultime, mais nous croyons avoir en main les meilleurs outils
pour que se réalise progressivement, et d'année en année,
une ville harmonieuse, à l'échelle de l'homme et des
communautés qui y vivront selon des principes d'équilibre social
et économique et des pratiques d'écologie humaine et physique,
une ville en association économique et organique avec la région
qui l'entoure.
Comme outils, il y a d'abord nous, la population de l'île actuelle
et future, que ce soit en tant qu'individus de tout âge, en tant que
groupes spontanés, groupes d'intérêt, comités ad hoc
ou conseil élu. Vous savez, dans les municipalités comme la
nôtre, la démocratie et la participation en matière
d'affaires urbaines sont toujours possibles. Non seulement sont-elles
possibles, mais elles sont aussi vécues dans le quotidien. C'est cette
démocratie qui a joué quand l'analyse de l'avenir de
l'Ile-Bizard, de ce qu'elle peut devenir a été discuté,
démocratie qui a joué dans la formation de comités
d'étude pour examiner la concrétisation de ces propositions
d'avenir dans un même plan directeur d'urbanisme et c'est cette
même démocratie qui m'amène devant vous, porteur de 27
requêtes signées par près de 80% de nos familles.
Cette possession du contrôle et de la gestion de leur
environnement, les gens de l'île veulent en rapatrier les parties que
leur a enlevées la CUM et assurer pleinement, en adultes, la
responsabilité de leur devenir urbain. Comme deuxième outil, nous
avons ce plan dont j'ai parlé tantôt, qui est, de fait, plus qu'un
plan, qui est une proposition de mode de vie urbaine. Cette proposition de vie,
nous l'avons voulue la plus détaillée possible, la plus
créatrice aussi d'interéchanges humains, et la plus
évolutive au sens des changements contenus dans les phases de vie des
citoyens. Pour mieux la détailler, nous avons effectué des
études en profondeur de toutes les composantes physicospatiales des 5650
acres de l'île, nous avons regardé son sol et son sous-sol sur
lesquels devront s'asseoir et s'intégrer les éléments
d'abri des diverses activités humaines. Nous avons vu les diverses
espèces végétales qui y vivent, nous avons défini
leur degré de sensibilité à servir l'homme dans et autour
de son habitat.
Parallèlement, nous nous sommes regardés nous-mêmes
comme dans un miroir. Nous avons découvert ces facettes de
nous-mêmes, tant dans notre organisation humaine que dans nos structures
physiques et naturelles, facettes ou valeurs qu'il nous semble important de
sauvegarder pour qu'à travers les fibres mêmes de la nouvelle
société et de la nouvelle ville, s'imprègne le sentiment
originel d'appartenance et d'identité communautaire.
Sur la base de cet examen approfondi de nos ressources et de nos
potentiels, nous avons élaboré les principes directeurs du projet
d'avenir collectif. La ville à créer devra être axée
sur les besoins de l'homme: habiter, travailler, se récréer sans
que la satisfaction d'un de ses besoins nuise à la satisfaction d'un
autre. Il nous a semblé essentiel, avant de déterminer la
structure urbaine propre à satisfaire ces besoins, d'explorer les
solutions que d'autres avant nous ont proposées ou
réalisées: les cités-jardins anglaises, les villes
nouvelles françaises comme Cergy-Pontoise, plus près de nous, aux
Etats-Unis, les villes de Reston et de Columbia. Tous ces exemples puisent aux
mêmes sources, depuis Léonard de Vinci jusqu'aux urbanistes
modernes.
Nous avons retenu de cette exploration les
éléments de structure qui nous ont paru les'plus
intéressants et nous les avons adaptés à notre projet.
Ces éléments structurants, alliés à nos
volontés de protection des éléments d'identité, ont
produit la ville nouvelle que voici: L'unité de base de la structure est
la cellule qui "spatialise" un environnement social immédiat à
l'échelle de l'homme où l'on ne compte qu'une soixantaine
d'individus.
Le module regroupe dix anciennes ou nouvelles unités de base,
soit 600 individus, autour d'un noyau qui reçoit certains
équipements de base. C'est la taille optimale pour une participation
communautaire maximale. Sur l'île, actuellement, plusieurs modules sont
eh place: l'île Mercier, le domaine Grilli, la Riviera, le parc de
maisons mobiles Wilson, le domaine du tour, le campaction.
Le voisinage qui, à son tour, regroupe dix modules, ou 6000
individus, est le niveau structurel idéal pour insérer dans son
noyau les équipements reliés aux besoins commerciaux, scolaires
et récréatifs. A ce niveau, déjà, certains
mécanismes ou structures ont été établis pour
encadrer la participation. Deux voisinages forment un quartier dont le coeur
sera constitué par un élément urbain majeur selon ses
caractéristiques physicospatiales ou sa participation dans les besoins
globaux de la ville. A l'échelle du quartier apparaissent les notions de
représentativité et de responsabilité de la vie
communautaire, telles les conseils de quartier, les comités d'action et
les conseillers municipaux.
Finalement, c'est la ville, avec son centre autour duquel gravitent sept
quartiers. A ce niveau sont localisés les appareils administratifs et
exécutifs qui assurent les réalisations et les interventions
souhaitées par les quartiers.
Chacun des éléments décrits est interrelié
organiquement et spatialement par trois types de réseaux: le
réseau gris, c'est-à-dire les communications routières et
le transport en commun; le réseau vert, les pistes cyclables et les
voies piéton-nières; le réseau bleu, particularité
de l'île de communiquer par la périphérie.
Comment maintenant cette ville s'intégrera-t-elle à la
région qui l'entoure, aux villes voisines? D'abord, au niveau des
emplois, nous voulons que sur l'île même existe un potentiel
d'emplois équivalant à au moins 40% de la main-d'oeuvre active,
les pôles d'emplois de la Transcanadienne et du parc industriel de
l'ouest lavallois demeurant des destinations idéales et
immédiates pour les autres travailleurs de l'île.
Au niveau des communications, en plus évidemment des trois
réseaux internes dont on a parlé, l'île recevra sur son
territoire l'axe du prolongement de la 440. A ce sujet d'ailleurs, l'île
Bi-zard a négocié et obtenu des planificateurs de la voirie
provinciale, condition sine qua non, que l'on réduise au maximum les
nuisances possibles de ce lien autoroutier, qu'on le transforme même en
éléments positifs à l'intérieur de la ville en
établissant pour cette voie un profil et un caractère de type
voie-promenade ou "parkway". Ce profil, tel qu'on le voit ici, permet
même l'utilisation des zo- nes tampons dans l'emprise pour
compléter nos circuits piétonniers aux cyclistes.
Au niveau du transport en commun, nos études actuelles
démontrent l'implantation progressive d'un réseau de transpport
en commun de huit circuits d'autobus internes dont six circuits ont leur
origine et arrivée à la station Ste-Dorothée du R.E.M.
Deux-Montagnes et deux, comme le réseau existant, vers le centre
commercial Fairview. Planifier ainsi le transport en commun assurerait 40% des
déplacements totaux des résidents de l'île.
Au niveau récréatif, l'île a toujours
été utilisée comme pôle récréatif par
des gens de partout, sans que des équipements précis y existent.
Dans la nouvelle ville, ces équipements seront créés; une
forêt domaniale de soixante acres, plusieurs parcs sportifs, des
installations pour voiliers, esquifs ou simplement canots, chaloupes ou
même pédalos, des dizaines de milles de sentiers
piétons-cyclistes se transformant en pistes de ski de randonnée
ou de raquette l'hiver, en plus de préserver la rive ouest de
l'île en face du cap Saint-Jacques comme extension à son futur
parc régional.
Les échanges de services au niveau municipal, comme l'eau et
l'épuration des eaux, sur une base temporaire ou permanente,
compléteront les liens physiques de l'île avec les
municipalités voisines.
Un point essentiel qu'il faut souligner, c'est que la description
enthousiaste que je viens de faire de cette future ville, vous la trouverez
dissimulée ou sous-jacente à travers tous les rapports concernant
ce plan. Ce que vous trouverez, ce sont des exercices parfois ardus de calculs,
de prévisions, une approche rationnelle et économique du
développement urbain, qui, tout en s'inspi-rant des aspirations de
l'homme urbain,'en assure leur réalisation. A titre d'exemple de ces
outils plus rationnels, l'étude du plan directeur d'égout et
d'aqueduc, l'étude de circulation et de transport, l'étude du
premier plan quinquennal d'immobilisation 1976-1981, l'étude des
coûts d'aménagement des sentiers piétonniers et des pistes
cyclables dans les premiers voisinages, sans énumérer toutes les
études sectorielles contenues dans le rapport du plan directeur
d'urbanisme, ni les facettes particulières des règlements de
zonage, de lotissement et de construction.
M. le ministre et MM. les députés, j'aimerais, en
terminant, mentionner qu'alors que plusieurs citoyens s'interrogent sur
l'avenir de leur ville, ceux de l'Ile-Bizard pensent à leur ville de
l'avenir, que, depuis trois ans déjà, ils ont en main les outils
pour la réaliser graduellement, sauf cette dépossession par la
CUM d'une partie majeure de leurs ressources. Ce ne sont pas des subventions ni
des lois d'exception, ni des privilèges que réclament les
citoyens de l'île, mais bien son retour à un statut de
municipalité autogérée. Dans ces temps d'interrogation
profonde sur l'étouffement et la dépersonnalisation
autodestructrice de nos villes, n'y aurait-il pas intérêt à
laisser poindre et éclore un modèle nouveau, comme une sorte
d'amorce et d'exemple de l'oecumenopolis tant annoncée? Merci
beaucoup.
M. le Président, si vous permettez, j'aimerais donner à
chaque membre de la commission permanente des affaires municipales, le dossier
avec tous les faits c'est un dossier complet pendant que
messieurs vont le distribuer. Vous verrez à l'intérieur l'action
collective qui a été entreprise, pour commencer par les citoyens
de l'Ile-Bizard, par la suite, les renseignements donnés par la
municipalité aux citoyens. Vous avez les pétitions à
l'intérieur, vous avez les dossiers de presse, vous avez le dossier des
finances comparant l'Ile-Bizard avec cinq autres villes de grandeur identique
à celle de l'Ile-Bizard, vous avez le dossier municipal, vous avez le
dossier d'évaluation, vous avez le dossier de la police, ainsi que,
finalement, le dossier de villes nouvelles. Je suis prêt à
répondre à toutes les questions que vous daignerez bien me poser.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Blank): Je cède la parole au
ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, je tiens à
féliciter le maire Patry de l'Ile-Bizard pour sa présentation. Je
pense que c'était vraiment un vibrant plaidoyer, sinon, en tout cas,
pour la partie de l'appartenance à la communauté, à tout
le moins, pour le développement vraiment futur et futuriste de sa
municipalité. J'aimerais, toutefois, puisqu'il y a quand même une
question de principe ici qui est évoquée, laisser les membres de
la commission poser des questions aux représentants de l'Ile-Bizard.
Le Président (M. Blank): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, j'aimerais demander au maire
Patry quel est le pourcentage de la contribution de l'Ile-Bizard au budget de
la CUM. Ce pourcentage du budget de la CUM auquel contribue l'Ile-Bizard,
représente quel pourcentage de son propre budget?
M. Patry: Le pourcentage que représente actuellement
l'Ile-Bizard pour la CUM, c'est cinq centièmes pour cent, et, au budget
municipal, pour nous autres à l'Ile-Bizard, ça représente
42% de notre budget total.
M. Saindon: Alors, ce que vous payez à la CUM, c'est 42%
de votre budget.
M. Patry: Oui, exactement. C'est 42% de notre budget. En 1977,
notre appartenance à la Communauté urbaine de Montréal se
chiffre, avec la surtaxe de $0.60 du $100 d'évaluation pour les
édifices au-dessus de $100 000 d'évaluation, par $643 000 pour
nos 4040 résidents de la municipalité.
M. Saindon: Vous avez payé $640 000? M. Patry: $643
000 pour cette année.
M. Saindon: Pour cette année, et votre budget était
de combien?
M. Patry: C'est 42%, autour de $1,4 million.
Le Président (M. Blank): Le député de
Mercier.
M. Mercier: Berthier.
Le Président (M. Blank): Berthier, excusez-moi.
M. Mercier: Vous avez une population de quelque 4200 habitants
présentement. Quelle est la proportion de la partie urbaine par rapport
à la partie à caractère plutôt rural?
M. Patry: Actuellement, dans la municipalité, si je
comprends bien votre question, c'est 5% de la municipalité qui est
développée. C'est tout. C'est un peu la facette de votre
question, et...
M. Mercier: Oui... M. Patry: Pardon? M. Mercier:
D'accord. M. Patry: 5% du territoire.
M. Mercier: Bon! Supposons qu'on accepte ce projet de loi, que
vous vous retiriez de la Communauté urbaine et tout ça, quel
impact cela peut-il avoir sur le développement de la
municipalité? Que serait l'Ile-Bizard dans dix ans d'ici?
M. Patry: Disons que cela peut avoir un très grand impact.
L'impact, je le vois de la façon suivante: C'est qu'actuellement,
à cause du carcan technocratique de la Communauté urbaine de
Montréal, la capacité de payer des gens a atteint son maximum.
Vraiment, c'est leur maximum. On leur donne simplement les services les plus
essentiels, les services essentiels d'administration, de voirie municipale et
la Communauté urbaine de Montréal.
Les autres services à l'intérieur de la
municipalité, on ne peut pas les donner, ça coûte trop
cher, on n'a plus d'argent.
A long terme, sur le développement, ça va nous donner un
outil pour pouvoir préserver la qualité de vie telle qu'elle
existe actuellement dans la municipalité.
J'insiste là-dessus, en ce sens que, si on peut poursuivre nos
cheminements de piétons, nos cyclistes, la ville nouvelle telle qu'on
l'a commencée dans la municipalité, si on persiste dans cette
voie, on va être capable de retenir les entrepreneurs, les
spéculateurs, les grosses compagnies qui veulent développer
l'île. Mais, à cause de l'augmentation toujours progressive des
taxes, ce qui va arriver, c'est que les citoyens vont être
étouffés par les taxes. A ce moment-là, le conseil va
dire: Cela va prendre plus d'évaluation. Pour avoir plus
d'évaluation, on va laisser bâtir des grosses affaires, au lieu
d'avoir des fenêtres sur l'eau, parce que l'Ile-Bizard, c'est joli, tout
ça, au lieu d'avoir des parcs sur le bord de l'eau, accessibles à
toutes les caté-
gories de citoyens, à ce moment-là, on va se dire: On va
laisser bâtir une grosse maison d'appartements, une grosse affaire. On
déshumanise la population. Le conseil du temps ne sera pas capable de
maintenir la qualité de vie. Tant qu'on sera dans la communauté
urbaine, ça va devenir de pis en pis, il n'y a pas de problème
là-dessus. Cela fait sept ans qu'on est à l'intérieur de
la Communauté urbaine de Montréal; ça fait sept ans qu'on
attend des promesses. C'est dépersonnalisé au possible. Vous
n'avez pas d'idée comment ça peut être. L'Ile-Bizard a un
représentant au comité exécutif sur onze villes et,
à ce moment-là, si j'ai un vote, elle a trois voix sur 2250.
Vous imaginez-vous ce qu'on vient faire dans cette galère? Cela
se décide, c'est le comité exécutif, 95% des
résolutions qui sont adoptées au conseil de la Communauté
urbaine de Montréal regardent le Métro. On est pas mal loin du
métro à l'Ile-Bizard, on en est même très loin, on
n'en veut même pas. Vous savez, toutes ces choses sont loin, c'est une
grosse ville. Nous, on veut faire une ville à l'échelle de
l'homme. On veut que les gens soient heureux de revenir chez eux le soir,
qu'ils disent: Je vais faire mon ski de randonnée, l'hiver; je vais
faire de la piste cycliste; tout cela, on veut le garder tel que c'est. On est
certain que si on ne sort pas de la Communauté urbaine de
Montréal, on va se faire étouffer à plus ou moins longue
échéance, c'est définitif.
Le Président (M. Blank): Avant de continuer avec les
questions des membres de la commission, je pense que cela serait mieux si on
peut entendre le représentant de la CUM pour peut-être nous donner
son accord.
Me Léger.
M. Léger (Jean-Louis): Merci, M. le Président. A
entendre M. le maire Patry, je me rappelais certains extraits de la tirade du
nez de Cyrano, et je serais un peu porté à lui dire: C'est un peu
court, jeune homme, en ce sens que peut-être que plusieurs des
rêves ou enfin, non pas des rêves, mais des projets strictement
développés par le conseil municipal de l'Ile-Bizard pourraient,
je pense, avec un peu d'imagination créatrice, s'incorporer dans la
structure peut-être actuelle ou peut-être modifiée de la
Communauté urbaine actuelle.
J'en veux pour exemple le programme d'urbanisme. Il s'agirait de
rencontrer M. Desautels pour savoir que, lui aussi, en tant que directeur du
service de l'urbanisme, a peut-être eu une préférence
vis-à-vis de l'Ile-Bizard comme espace vert.
On a fait grief également de la police. Je sais que, selon les
journaux, il appert que le législateur se penchera très
prochainement sur une modalité de structure différente de celle
qui existe à l'heure actuelle et qui pourrait, peut-être à
l'intérieur de ce changement de structure, apporter un service plus
bénéfique aux gens de l'Ile-Bizard.
A tout événement, la Communauté urbaine de
Montréal n'a pas, je pense, vis-à-vis du législateur et de
votre propre comité, à venir prendre non pas opposition ou fait
et cause, mais, puisqu'elle était elle-même mise en cause par la
présentation de ce projet de loi, elle m'a délégué,
et je pense que c'est en toute déférence que la communauté
se joint aux voeux que la commission pourra elle-même tirer de cette
présentation et de cette liste de griefs ou de voeux qu'on a bien voulu
vous présenter ce matin.
Le Président (M. Blank): Merci, M. Léger. M. le
député de D'Arcy McGee et, après, le député
de Deux-Montagnes.
M. Goldbloom: M. le Président, avant de poser deux ou
trois questions aux représentants de Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard,
je me dois de dire encore une fois ce que j'ai déjà dit au
ministre à l'Assemblée nationale que, si j'avais vu revenir cette
municipalité devant cette commission parlementaire avec le même
projet de ioi qu'elle a déjà présenté, je me serais
dépêché de convoquer cette commission parlementaire pour
étudier la Communauté urbaine de Montréal dans son
ensemble.
Je constate, avec tous les membres de cette commission, que le fait de
ne pas avoir procédé à cet examen général
nous place aujourd'hui dans une situation qui est encore plus difficile et plus
délicate que celle à laquelle je devais faire face en 1973.
C'est-à-dire que, dans l'intérim, j'avais convoqué les
dirigeants municipaux de la CUM.
A mon invitation, ils avaient constitué des comités. Ils
avaient réussi, parce qu'au départ c'était les plaignants
qui avaient stimulé cette action, et les plaignants sont les
municipalités dites de banlieue. Ces municipalités ont
néanmoins tendu la main à la ville de Montréal, et la
ville de Montréal a envoyé des représentants, des
porte-parole aux nombreuses réunions des comités en question,
celles qui ont eu lieu en présence du ministre, sous la
présidence du ministre, et celles qui ont eu lieu entre les
intéressés eux-mêmes.
Je ne dirai pas, parce que ce ne serait pas vrai, qu'il y avait une
entente entre tous les intéressés. Je ne sais même pas s'il
y avait unanimité parmi les municipalités de banlieue autour de
certains points de vue, de certaines recommandations qui étaient
formulés dans les rapports des deux comités; mais il y avait
quand même un dialogue qui se poursuivait, un dialogue qui impliquait la
ville de Montréal, et qui était prometteur au moins pour
l'évolution constructive, positive, de cet important et lourd
organisme.
Aujourd'hui, je me trouve, pour ma part, dans une situation où je
ne pourrai donner ce n'est pas à moi de donner une réponse
définitive, mais comme membre de cette commission, j'ai clairement le
droit de m'exprimer et d'exprimer un avis personnel je ne pourrai, comme
membre de cette commission, dire aujourd'hui à
Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard: Nous aimerions voir tout le problème
et essayer de trouver des moyens d'améliorer la communauté
urbaine. Pour cette raison, il serait préférable de faire
attendre les revendications de l'Ile-Bizard.
Je crois que le gouvernement doit aujourd'hui, puisqu'il a choisi
d'entendre aujourd'hui le projet de loi privé de
Saint-Raphaël-de-l'lle-
Bizard, plutôt que d'entendre tous les intéressés
prendre une décision. Nous avons un représentant de la
Communauté urbaine de Montréal qui est ici et qui parle au nom de
cet organisme, mais il reconnaîtra sûrement avec moi qu'en parlant
pour l'organisme, il ne parle pas pour chacun de ses membres, et il y aurait
des divergences de vue très prononcées. Puisque le gouvernement a
choisi d'entendre Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard, je dois présumer
qu'il est prêt à prendre une décision quelconque sur ce
projet de loi aujourd'hui.
Je dois dire qu'en 1973 et en 1974, quand la municipalité est
venue devant cette commission j'avais l'honneur de siéger comme
ministre à l'époque c'est avec une sympathie personnelle
assez profonde que j'ai accueilli les revendications de
Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard.
Je ne me trouvais pas dans une situation administrative où je
pouvais donner raison à la municipalité et accepter tout
simplement le projet de loi. Mais, cette sympathie est accentuée
aujourd'hui avec la présentation encore plus étoffée, qui
couvre évidemment une période de temps plus longue, et qui est
donc plus dramatique quant à sa nature. Je voulais exprimer cette
sympathie et je voulais poser, tout simplement une question à mon
confrère, qui est le maire: Par le plan d'urbanisme que vous avez
présenté dans ses grandes lignes, vous prévoyez une
population maximale de combien? Ce plan d'urbanisme, une fois
réalisé, porterait la population à quels chiffres?
M. Patry: M. Goldbloom, pour commencer, disons que je ne voudrais
pas changer la notion du débat comme tel, je voudrais revenir au
problème de l'Ile-Bizard et non pas au problème de la
Communauté urbaine de Montréal. Les citoyens qui sont ici avec
moi aujourd'hui, la CUM, ils ne veulent plus en entendre parler et, quand bien
même le gouvernement nous dirait qu'il a l'intention de modifier la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal, qu'il a l'intention
d'améliorer les services policiers dans la province de Québec, le
problème de l'Ile-Bizard, c'est qu'on ne veut plus être dans la
Communauté urbaine de Montréal.
Certes, 0,05%, c'est très minime pour le budget de la
Communauté urbaine de Montréal, mais c'est 42%. Je voudrais bien
que le débat se concrétise aujourd'hui sur l'Ile-Bizard, et non
pas en faire un débat sur toute la Communauté urbaine de
Montréal. Pour répondre à la question, pour revenir
à votre question quant à la population maximale de l'île,
disons que les études, tel que nous l'avons fait pour la ville nouvelle,
de la façon dont nous la développons actuellement,
démontrent qu'on commence par de petites cellules, à ce moment,
de petits modules, et, après les modules, nous en arrivons à un
voisinage.
Nécessairement, si la municipalité se développe au
complet, la population maximale, je ne peux pas; vous la prédire, tout
ce que je peux dire, c'est qu'on y va graduellement et que, dans cinq ans,
selon les prévisions actuelles, nous avons un taux d'augmentation de
1500 personnes par année. Ce qui veut dire que, dans cinq ans, ce serait
7500 de plus de population et dans dix ans, peut- être 5000 à 10
000. Il y a tellement de facteurs socio-économiques. Disons que, cette
année, la construction est à la baisse, cela veut dire que
l'augmentation de la population de l'Ile-Bizard ne sera pas de 1500 de
population. Mais, la population optimale dans 15, 20 ans ou 25 ans, je ne peux
pas vous la prédire. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a les
outils pour protéger l'Ile-Bizard, pour la garder.
Vous avez mentionné aussi les espaces verts. Mon collègue
de la CUM mentionnait que M. Desautels avait des vues sur l'Ile-Bizard pour les
espaces verts. Nos citoyens aussi ont des vues sur l'Ile-Bizard pour les
espaces verts. La preuve, c'est que nous avons été la
première municipalité de la province de Québec à
demander un bill privé à cette même commission
parlementaire; ce bill nous a été accordé en 1973, pour
donner 10% en parcs au lieu de 5% comme prévu dans la loi. Suite
à cette initiative de la municipalité rurale de l'Ile-Bizard, la
loi a été modifiée pour toute la province de
Québec. Cela fait que nos espaces verts, on est capable de les grouper
comme nous, chez nous, on le veut. On n'a pas besoin de Montréal. Que
Montréal protège ses espaces verts, que Montréal s'occupe
de sa grosse ville, de sa mégalomanie de faire des grosses villes qui
étouffent tout le monde. Nous autres, on va s'occuper de notre ville
nous-mêmes, Chez nous, on est convaincu qu'on va vous convaincre.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
Suivant nos règlements, on n'a pas le droit de manifester. J'ai
laissé faire après la projection, mais je ne veux pas que les
participants manifestent pour ou contre des déclarations des membres de
la commission ou des requérants. Maintenant, le député
de...
M. Goldbloom: Excusez-moi, M. le Président, je n'avais pas
tout à fait terminé. Je voudrais dire d'abord au maire que ce
qu'il vient d'exprimer au début de sa réponse,
c'est-à-dire son désir que la commission parlementaire se penche
sur l'Ile-Bizard, non pas sur l'ensemble des problèmes de la CUM, c'est
exactement ce que j'avais dit avant lui dans des mots différents.
J'aimerais lui poser une dernière question pour l'instant. Je ne
voudrais pas qu'elle soit perçue comme désobligeante, mais je
suis pertinemment informé que dans le passé, notamment au
début quand le plan d'urbanisme a été rendu public, a
été discuté il n'y avait pas unanimité à
l'île quant à l'opportunité de suivre un tel plan
d'urbanisme. Je dois dire que depuis un certain temps je ne suis plus saisi de
divergences de vue. J'ai plutôt l'impression que le plan d'urbanisme a
obtenu une large acceptation parmi la population. Je voulais simplement
demander si tel était le cas ou si, en toute honnêteté,
comme c'est toujours l'habitude de M. le maire de répondre, il y a
encore des divergences de vue quant à l'opportunité du plan
d'urbanisme tel que présenté.
M. Patry: Les divergences de vue, il y en a nécessairement
eu lorsque le conseil municipal a
présenté son plan d'urbanisme au complet à la
population, au début de janvier 1975. Maintenant, il faut bien
comprendre qu'il y a eu une élection au mois de novembre 1975, et que la
population s'est prononcée à ce moment-là. Je veux dire
que le mandat qui a été donné au présent conseil de
la municipalité était un mandat, et l'élection s'est faite
simplement sur un thème, le thème de l'urbanisation
deï'Ile-Bizard. Cela a été un thème de la ville
future. Je vous l'ai présenté ce matin.
Si, aujourd'hui, la'population est derrière moi pour m'appuyer,
à ce moment-là, je crois que les gens sont très satisfaits
du conseil municipal, de l'ouvrage qui a été fait, de la
façon dont l'urbanisation se fait. J'ouvre aussi une parenthèse
et cela, je l'ai toujours dit le conseil municipal, si la
Communauté urbaine de Montréal, si le gouvernement désire
que l'Ile-Bizard devienne un parc dans toute l'île... Les citoyens ne
sont pas contre cela non plus. Mais, même en laissant l'Ile-Bizard en
parc régional partout, les taxes vont augmenter à la
communauté urbaine et à ce moment-là le pouvoir restreint
de chaque citoyen va diminuer, parce qu'il n'y aura pas d'autres personnes pour
payer les taxes. Ce sera toujours le même petit noyau. Ce qui veut dire
que si on demeure parc, s'il n'y a pas de développement, la
capacité va toujours augmenter les taxes selon l'évolution du
coût de la vie. C'est un problème très complexe. Je
l'accepte avec vous, j'en conviens. Mais c'est un problème urgent et je
ne crois pas que cela puisse attendre une étude de la Communauté
urbaine de Montréal. Je ne crois pas, pour revenir à votre
question, que la population... 80% des familles nous ont appuyés selon
leur désir et c'est très important.
M. Goldblbom: Merci.
Le Président (M. Blank): Le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais poser
quelques questions à M. le maire afin de mieux connaître la
municipalité de l'Ile-Bizard, peut-être que mes questions seront
des redites. Il s'agit peut-être de choses qui sont déjà
dans le dossier, mais on n'a pas toujours l'attention également
soutenue, à tout moment, vous me par-donnerez s'il y a des choses qui
m'ont échappé L'été, y a-t-il une augmentation
marquée de la population de l'Ile-Bizard? l'été? Y a-t-il
une population estivale assez importante?
M. Patry: La population estivale, l'été, le taux de
croissance est peut-être de 1000 de plus de population, dans les petits
chalets d'été le long du lac des Deux-Montagnes et de la
rivière des Prairies. C'est très minime. Dans la pétition
qui nous a été remise par les citoyens, ces gens n'ont pas
été demandés, les pétitions proviennent seulement
des résidents à longueur d'année permanents, de la
municipalité.
M. de Bellefeuille: Dans votre texte, à la page 11, vous
faites allusion à votre désir de voir un po- tentiel d'emploi
'équivalant à au moins 40% de la main-d'oeuvre active. La
main-d'oeuvre active re-présente quelle proportion de la population
permanente de l'Ile-Bizard?
M. Patry: La main-d'oeuvre active, si vous prenez une population
de 1200 familles dans la municipalité, cela vous donne un peu le nombre
de familles. Il y a plusieurs cultivateurs, il y a plusieurs rentiers dans la
municipalité, des gens d'un certain âge. A ce moment-là,
les pôles d'attraction comme tels, cela a toujours été une
des raisons pour lesquelles on a voulu inclure l'Ile-Bizard dans la CUM. On
nous le dit toujours. Les gens de l'Ile-Bizard vont travailler à
Montréal, ils doivent donc payer une taxe. C'est facile, c'est leur taxe
de travail à Montréal, mais cela est faux, cela a
été amené par certaines personnes de l'île. Il n'y a
pas 20% des gens de l'Ile-Bizard qui travaillent à Montréal; ils
travaillent dans la région de l'Ile-Bizard. Dans la région, il y
a les Transcanadiennes; il y a Vaudreuil; il y a l'ouest lavallois, un petit
"ferry" qui nous amène à Laval, et les gens ne vont pas
travailler à Montréal. Cette idée de dire qu'à
l'Ile-Bizard, les gens vont travailler à Montréal et doivent
payer pour Montréal, c'est faux; parce qu'à ce moment-là?
faites monter tous les gens qui vont travailler à Montréal,
mettez des postes,de péage sur les ponts, vous allez voir qu'il y a
beaucoup plus de gens qui viennent de Laval, de Longueuil, de
Saint-Jérôme, de partout dans la province, qui viennent travailler
à Montréal. C'est pour cela qu'il faut faire bien attention pour
les pôles d'attraction comme tels, pour savoir où les gens
travaillent. Mais il y a environ 1200 familles dans la municipalité, si
cela peut répondre à votre question.
M. de Bellefeuille: Vous avez déjà commencé
à répondre, M. le maire, à d'autres questions que j'avais
en tête. Pouvez-vous préciser un peu ce que vous venez de dire? En
termes de pourcentage, sur la main-d'oeuvre active parmi la population de
l'Ile-Bizard, quelle proportion travaille dans l'Ile-Bizard, quelle proportion
travaille dans le reste de la Communauté urbaine de Montréal,
quelle proportion travaille dans Laval, quelle proportion travaille
ailleurs?
M. Patry: Localement c'est beaucoup plus facile de
répondre localement sur les gens qui travaillent dans l'Ile-Bizard
je pourrais dire que, dans la population active, il y a environ 25% des
gens qui ont leurs emplois actuellement dans l'Ile-Bizard. Dans la
région, je voudrais simplement vous reprendre, de l'ouest de l'île
de Montréal, je ne voudrais pas dire de la Communauté urbaine de
Montréal parce que Pointe-aux-Trembles fait aussi partie de la
communauté et on est à 35 milles de Pointe-aux-Trembles; à
ce moment-là, l'ouest de Montréal... J'inclus l'île
Per-reault et les compagnies qui sont situées le long de la
Transcanadienne jusqu'à la frontière onta-rienne, c'est le grand
pôle pour ces citoyens, il y a environ 60% à 70% des gens qui
travaillent dans cette région.
A Montréal même, il y a peut-être 20%, c'est le gros
maximum des gens qui travaillent à Montréal.
Si je prends le conseil municipal, il y a une personne qui travaille
à Montréal dans tout le conseil municipal.
M. de Bellefeuille: Et dans Laval?
M. Patry: Dans Laval, je ne peux pas vous répondre, on n'a
pas fait d'étude sur le secteur de Laval. C'est très difficile
parce qu'auparavant, beaucoup de gens prenaient le petit traversier qui nous
amène à Laval-sur-le-Lac; depuis la venue de l'autoroute 13,
beaucoup de gens emploient l'autoroute 13 pour aller travailler.
Mais, nécessairement, de la façon dont on le voit, l'ouest
lavallois deviendrait un pôle d'attraction, et surtout pour le
réseau de transport en commun, nous vouions nous intégrer avec le
R.E.M. des Deux-Montagnes pour éviter cette congestion de voitures qui
viennent à Montréal. Nous croyons qu'à ce moment, 40% de
tout le transport en commun pourrait être dirigé vers l'ouest
lavallois.
Le Président (M. Blank): Le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, quand M. le maire est venu ici
faire son exposé le 27 juin 1973, j'ai suivi le débat du
commencement à la fin. Réellement, le maire m'avait convaincu.
Après, j'avais discuté avec le maire après la commission,
mais je pense que le ministre des Affaires municipales du temps voulait
rencontrer à nouveau tous les maires de la Communauté urbaine de
Montréal. Un peu comme je disais au ministre la semaine dernière,
un malaise existe. La loi qui a formé la Communauté urbaine de
Montréal a été votée en décembre 1969 par
l'Union Nationale, et je répète encore ce que j'ai dit en
Chambre, probablement qu'un autre parti n'aurait pas fait mieux dans les
circonstances. Il y avait un problème dans le temps, c'était le
problème des finances. On voulait sauver la ville de Montréal. Il
ne faut pas se le cacher, il faut le dire tel que c'est.
Il y aura huit ans bientôt, on a fait de petits amendements
à l'occasion pour essayer de dépanner. On peut appeler cela comme
le fait le ministre du Travail, il met son casque de pompier et il va
dépanner. Je pense que ce n'est pas cela. Il faudrait avoir une
rencontre avec tout le monde. Quand on regarde la façon dont cela nous
est présenté, les montants, je ne sais pas quelle décision
le ministre prendra c'est lui qui aura à la prendre, ce n'est
peut-être pas une décision facile mais si on retranche la
paroisse de Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard de la communauté urbaine,
on va rendre énormément service à ce groupe et on
n'enlève pas beaucoup à la communauté urbaine. Quand on
regarde le budget que l'Ile-Bizard lui donne, pour celle-ci, c'est beaucoup,
mais quand on regarde l'ensemble, je pense bien qu'il faut continuer, il va
falloir vivre avec la Communauté urbaine de Montréal. J'ai dit
moi-même au ministre qu'on ne pouvait pas retourner en
arrière.
Géographiquement, on peut enlever l'Ile-Bizard de la
communauté urbaine. On va économiser, on va pouvoir continuer
à progresser en épargnant de l'argent. On a une preuve dans le
projet de loi 242, qui a été étudié tout à
l'heure; on nous a prouvé que ce groupe va épargner de l'argent,
va rendre service à la ville et au groupe. Pour ma part, j'ai
discuté avec l'ancien ministre par après, à plusieurs
reprises, et, moralement, je ne sais pas si je devrais me rendre jusque
là, le ministre des Affaires municipales nous endossait. On avait
discuté, quelques députés de notre groupe, et le ministre
semblait moralement nous endosser.
Pour ma part je parle en mon nom personnelje serais bien
d'accord à donner mon consentement, M. le Président, M. le
ministre, pour qu'on sorte la municipalité de la communauté. Je
pense qu'on lui rendrait un grand service et on ne nuirait pas à la
communauté urbaine. Vous savez, quand on parle des services, plus c'est
gros, moins on a de services, moins on est capable de rejoindre... On
appelle... On en a un exemple ici, dans les ministères. Ce n'est pas la
faute des ministres; ce n'est pas la faute des sous-ministres. On appelle
quelque part; on nous transfère à trois ou quatre endroits,
ça nous prend, parfois des semaines et des mois. Même les membres
de l'Assemblée nationale ont de la difficulté à avoir des
renseignements. Je ne dis pas qu'il y a de la mauvaise foi, remarquez bien,
mais, quand c'est gros... Pour ma part, je donne l'exemple que j'ai, comme
conseiller de la ville de Verdun; quand on était chargé du
service de la police, on donnait un bien meilleur service qu'actuellement. On
appelle là... Tout le monde est un numéro. La population paie
plus cher avec moins de services.
Pour ma part, je ne voudrais pas être trop long. Si le ministre
est prêt à donner son consentement, je serais bien en faveur qu'on
vote et qu'on redonne à ces gens les droits qu'ils avaient avant 1969.
Ces gens seront heureux; ils bâtiront une ville que, dans dix, quinze et
vingt ans, on sera bien fier d'avoir dans la province de Québec. Je
pense que c'est dans le sens aussi de la politique du gouvernement qui est au
pouvoir, de décentraliser. On a entendu parler de ça, je crois
qu'il veut réellement le faire, il a une bonne occasion ce matin de nous
prouver qu'il veut réellement décentraliser et aider les
municipalités du Québec.
Le Président (M. Blank): Le député de
Berthier.
M. Mercier: J'avais commencé, tout à l'heure, une
série de questions et j'ai été interrompu. Mais j'ai eu
quand même une réponse à ce que je demandais. J'ai
demandé comment vous voyiez la ville dans un certain nombre
d'années, dans cinq ans ou dans dix ans. Vous me disiez: Un taux
d'accroissement de l'ordre de 1 500, peut-être 2 000 personnes par
année. Cela m'amène à poser le problème dans les
termes suivants: Sortir de la Communauté urbaine de Montréal
équivaut, bien
sûr, à une diminution des taxes que vous aurez à
payer momentanément. Seulement, je ne sais pas si la population est bien
consciente que, parallèlement à ça, si ça doit
entraîner un développement urbain de L'Ile-Bizard, à ce
moment-là, en termes d'augmentation du coût des services, ce sera
probablement bien supérieur à ce que vous avez à payer
comme surplus de taxes du fait de votre appartenance à la
Communauté urbaine de Montréal.
Je vais plus loin. A un moment donné, étant devenus
urbains, vous vous insérez vraiment dans la Communauté urbaine de
Montréal et vous vous retrouvez avec sensiblement la même
contribution, que ce soit à la lutte contre la pollution, à
l'aménagement des réseaux routiers, à l'aménagement
des services de transport municipaux, sur tout cet ensemble. Je pense bien
qu'il ne faut pas escamoter cette partie-là.
Vous me donnez l'impression d'être un peu dans la position,
d'avoir un problème qu'on vit dans les campagnes, où vous avez,
par exemple, la ville et la paroisse autour. A un moment donné,
étant donné le faible taux de taxe dans la paroisse, les gens
quittent la ville, vont dans la paroisse et on se retrouve avec des paroisses,
mais qui ont un développement urbain tout à fait
échevelé, où ça coûte des centaines de
milliers et des millions de dollars pour corriger ça ensuite.
Votre argument semble séduisant au départ, mais, enfin,
j'ai vu plusieurs fois des promoteurs présenter leurs projets, comme les
petits oiseaux, etc, qui est l'environnement d'une municipalité en
pleine campagne, mais, concrètement parlant, ce que cela donne, c'est
énormément de problèmes pour les gens de cette population
qui ont à supporter le coût d'un développement de plus en
plus dispendieux. Un environnement agréable se transforme en un
environnement urbain, avec tous les problèmes que cela comporte.
C'est cet aspect que j'aimerais voir développer.
M. Patry: Merci, cela me fait plaisir que vous me posiez cette
question, parce que c'est une question qui m'a été posée
à maintes reprises par différents citoyens de la
municipalité.
Le premier volet à votre question, on pourrait y répondre
de la façon suivante: Nécessairement, à court terme, les
taxes vont diminuer dans la municipalité, mais elles ne diminueront pas
de façon très sensible, je suis bien d'accord avec vous.
Nécessairement, la municipalité devra se doter d'un service
policier et d'un service d'évaluation que nous avions avant
l'entrée en vigueur de la Communauté urbaine de Montréal.
Nous avons, à l'intérieur même du dossier, une étude
à court terme, comme telle. Nous avons une étude de
rentabilité au complet de la municipalité et cela, à long
terme. Nous l'avons faite. Si vous voyiez la façon dont se fait le
développement, de la municipalité actuellement, vous verriez
qu'il ne se fait pas, comme vous en avez fait mention, de façon
anarchique, comme dans certaines municipalités. Vous avez dit: Une
municipalité avec la paroisse, tout cela, les deux finissent par se
fusionner. Il y a des petites rues et des bouts de rues un peu partout et cela
augmente les coûts. Les gens ne sont plus vraiment heureux. Ils sont
allés là et dix ans après, le taux de taxe a doublé
ou triplé. Ce n'est pas ce qu'ils désiraient au tout
début. Chez nous, c'est fait en petits noyaux qui s'en vont en
progressant à partir du noyau pour commencer et diminuer le coût
de l'infrastructure. Cela est très important, parce que l'infrastructure
est très dispendieuse.
Toute cette étude de rentabilité a été faite
à long terme. Nous ne disons pas aux citoyens non plus qu'ils n'auront
plus de taxes dans dix ou quinze ans à l'Ile-Bizard. Ce qu'on leur dit:
Si on reste dans la Communauté urbaine de Montréal avec
l'épuration des eaux, le transport et toutes les choses dans lesquelles
on peut se faire embarquer, là, cela va coûter cher. Là on
est sûr de ce qu'on avance parce que cela fait sept ans qu'on le vit chez
nous, qu'on le vit tous les jours, des promesses... Il y a quatre ans, on s'est
fait dire la même chose. On va en avoir, cela va revenir, cela va aller
mieux et tous les ans, tout ce qu'on fait, c'est de la voirie, c'est du
"patchage": on bouche un petit trou ici et un petit trou là.
Chez nous, les gens sont conscients. Le "gambling" de dire: Est-ce qu'on
le veut ou on ne le veut pas? Les gens sont prêts à le prendre,
parce que cela ne peut pas être pire que ça l'est actuellement.
C'est beau prévoir. On a prévu du point de vue
développement humain comme tel dans la municipalité, mais il faut
aussi vivre au jour le jour. Aujourd'hui, c'est important. C'est beau de penser
pour nos enfants, pour l'avenir. On y pense dans la qualité du
développement, mais il faut quand même vivre selon nos moyens
d'aujourd'hui et la Communauté urbaine de Montréal, c'est trop
pour nos moyens. Si au moins on avait de la qualité de service. On peut
vous en parler des services. Quand je pense que cela coûte $700 l'appel
pour traverser le pont de l'Ile-Bizard chaque fois qu'on vient. Demandez aux
citoyens s'ils ont un service de prévention. C'est quoi, la
prévention pour la police dans le bout? Cela n'existe pas, la
prévention. C'est impossible. Il y a même eu des ordres. Ils ont
été enlevés, ces ordres, parce que le maire a fait de
l'ingérence politique. Des ordres ont été donnés au
poste 25 de Pierrefonds: II était strictement défendu de
patrouiller l'Ile-Bizard passé l'église. Il y a 32 milles de
chemin chez nous, cela prend un demi-mille pour se rendre à
l'église. On les a donnés, ces ordres. Des ordres donnés
par l'officier commandant parce que l'Ile-Bizard, c'est trop lourd à
patrouiller, on ne veut pas en entendre parler.
Cela, on le vit au jour le jour et chez nous, on s'est dit: On va
prendre le pour et le contre de tout cela. Si 80% des citoyens ont
signé, c'est qu'ils sont prêts à suivre le conseil
municipal. Cela est très important. Le développement anarchique,
chez nous, il n'y en a pas.
Si le ministre des Affaires municipales, si le gouvernement provincial,
veut nous donner de l'aide technocratique et nous dire: On va vous envoyer des
urbanistes à l'Ile-Bizard. on va le faire de
concert avec vous, on est prêt. On est prêt à toute
ouverture d'esprit positive pour l'Ile-Bizard.
C'est bien important, mais pas de la façon négative dont
on a été inclus dans la Communauté urbaine de
Montréal. Je vais vous faire une petite rétrospective. Jusqu'en
octobre 1969, l'Ile-Bizard n'a jamais été incluse. La
communauté urbaine a été créée à la
suite du rapport Blier dans lequel il y avait M. Camille Blier, il y avait M.
Dawson, maire de la ville de Mont-Royal, et il y avait M. Lucien Saulnier.
L'Ile-Bizard n'a jamais été incluse. Tout d'un coup, en
première lecture ils ajoutent quatre ou cinq petits mots,
Saint-Raphaël-de-l'Ile-Bizard. On se trouve dedans. On n'est pas
préparé. On arrive ici. Là on a eu des promesses. Les
taxes n'augmenteront jamais à l'Ile-Bizard. De la qualité, vous
allez en avoir, cela va être supérieur. Demandez aux citoyens
s'ils ont des services. Pas simplement de la police. Pensez-vous qu'on a besoin
d'un développement économique à l'Ile-Bizard? On a un
petit fascicule. Vous regarderez notre fascicule économique. Vous ouvrez
la première page, il y a un commerce, il y a une église et il y a
une école, c'est tout. On ferme le fascicule, cela nous coûte $10
000 par année. On n'a pas besoin de cela. On ne vit pas dans la
région du Montréal métropolitain. On est dans le
Montréal métropolitain, mais on n'est pas une grosse ville dans
la ville de Montréal. C'est ce qui est bien important.
M. Mercier: Vous resteriez à 4000, 5000 de population,
vous resteriez un centre essentiellement rural, agricole, je pense bien...
Enfin, je serais bien disposé à accepter une solution semblable,
mais, dans la mesure où vous entrevoyez un développement, dans
cinq ans, vous êtes source de problème, de pollution
d'environnement. Vous êtes aux prises avec un coût des services et
il va s'ajuster sur l'ensemble de l'environnement métropolitain, et,
à ce moment-là, ce sera tout à fait justifié de
vous faire entrer à nouveau dans la Communauté urbaine de
Montréal. Est-ce qu'on va permettre qu'une population de 10 000, ou 20
000 habitants déverse des eaux usées dans le fleuve et soit une
source de pollution, alors qu'on impose un fardeau important au reste de la
communauté pour ces mêmes besoins d'environnement qui sont devenus
essentiels? Vous resteriez comme vous êtes là? parfait! A ce
moment-là, vous avez une caractéristique qui vous identifie
très bien par rapport à l'ensemble et vous n'êtes pas
source de coûts. Dans la mesure où vous voulez vous
développer, je ne vois pas l'utilité de vous sortir de la
Communauté urbaine de Montréal.
M. Patry: II faut bien comprendre ici. Ce n'est pas la
municipalité qui veut se développer. Il faut bien se comprendre
là-dessus. Les facteurs nous poussent à nous développer.
Vous avez amené quelques facettes. Simplement pour reprendre votre
argumentation, sur le point de vue de l'épuration, d'accord,
l'Ile-Bizard déverse ses eaux dans la rivière des Prairies, tout
le monde le sait. Nommez-moi une ville dans la province de Québec,
autour de l'île de Montréal, qui n'en déverse pas, il n'y
en a pas.
M. Mercier: Trouvez-vous cela normal?
M. Patry: Non, ce n'est pas normal, mais ce n'est pas à
cause de l'Ile-Bizard. Il faut bien se comprendre là-dessus.
L'Ile-Bizard suit des lois provinciales, des lois qui lui ont été
dictées par la province de Québec, par le ministère des
Affaires municipales. L'Ile-Bizard les déverse dans le milieu de la
rivière des Prairies. On fait pratiquement un traitement primaire
actuellement. Mais on a fait l'étude à l'intérieur,
qu'est-ce que coûterait une petite usine d'épuration avec un
traitement secondaire à 90% des eaux usées dans la rivière
des Prairies? Cela va coûter $100 per capita pour 20 ans. Qu'est-ce que
cela va coûter per capita? $3000 per capita à tous les citoyens de
la Communauté urbaine de Montréal; ce qu'on est en train de
faire, des gros tuyaux. On pourrait entrer des camions là-dedans et on
amène toutes les eaux usées à partir de l'Ile-Bizard avec
l'ouest de Pierre-fond jusqu'au bout de Rivière-des-Prairies. Vous avez
une étude qui vient de sortir actuellement pour la ville de Laval. La
ville de Laval ne fait pas partie de la Communauté urbaine de
Montréal. On voulait envoyer les eaux usées aussi à
Rivière-des-Prairies dans l'ouest, et Laval n'est pas arrivée
avec cette étude-là. On a dit: On va faire plusieurs petites
usines. Chez nous, nous sommes prêts à prendre nos
responsabilités, et on dit: si le gouvernement décide, il n'y a
pas de problème*. On ne veut pas épurer, on va épurer nos
eaux. Ce n'est pas un problème. Les citoyens sont conscients de cela, on
est très conscient de cela. Mais l'appartenance à la CUM ne
réglera pas nos problèmes, cela va faire quintupler nos taxes,
simplement du point de vue de l'épuration.
Vous avez dit: On va se développer, on va avoir d'autres taxes,
des augmentations de taxes. Vous regarderez notre dossier des finances. Il
existe d'autres villes dans la province dè'Québec. Vous prenez
Candiac, qui est à l'ouest du pont Mercier. La ville de Candiac a
actuellement une population de 7800 et dépasse les 8000.
Regardez tout ce que cela leur coûte pour le service policier.
Avec onze policiers, un chef de police, avec un parc industriel à 20%
développé dans la municipalité c'est très
important un parc industriel, cela demande beaucoup de policiers
à ce moment, cela leur coûte, pour 1976, cela ne leur a pas
coûté $300 000. Ils sont actuellement 8000 de population pour
payer cela. On est 4000, on paie $643 000. Prenez une ville comme Lanoraie,
dans le nord de Montréal, à une trentaine de milles; le budget de
Lanoraie, vous l'avez ici, on l'a comparé, le budget de Lanoraie est en
bas de $250 000. Les gens ont une bonne police. Les policiers sont près
des citoyens.
M. Mercier: Ce n'est pas Lanoraie, c'est La-chenaie que vous
voulez dire. Il n'y a pas de service de police.
M. Patry: C'est de Lanoraie que je parle, il y a la ville de
Lachenaie, ce n'est pas la même chose. On a toutes ces documentations. On
a prévu pour les cinq prochaines années, ne me demandez pas
de prévoir pour vingt ans. On prévoit le
développement, s'il doit se faire dans la municipalité. S'il ne
se fait pas, ditez-vous bien une chose, égoïstement, je vais
être heureux parce que j'aime l'île. Mais s'il doit se faire, aussi
bien le bien faire. Ailleurs, cela a été mal fait. On vous
propose un modèle. Vous voulez nous aider à créer ce
modèle. On est d'accord avec vous. Mais les autres villes,
jusqu'à 8000 de population, cela leur coûte à moitié
moins cher. Elles ont des services de voirie, nous autres aussi. On a 33 milles
de rues à entretenir à l'Ile-Bizard. Il y a treize milles de
tour. Cela fait bien des milles de rues. Actuellement, on le fait avec
$0.25.
Ecoutez, regardez aussi ce que les autres villes paient en taxes.
Regardez une ville comme La-noraie. Il y a des arénas, il y a des
piscines semi-olympiques, il y a un paquet de trucs. Nous autres, qu'est-ce
qu'on a chez nous? On n'a rien.
M. Mercier: Ce n'est pas Lanoraie, vous confondez parce que
Lanoraie n'a pas cela.
M. Patry: Lachenaie. Je suis heureux que ce soit dans votre
comté.
Le Président (M. Blank): Je pense qu'il est 12 h 55
maintenant. On doit ajourner les travaux à une heure. Si on veut finir
le bill de Richelieu, on va libérer ces gens, cela va prendre une ou
deux minutes. Mais je pense que le dialogue est très intéressant
dans ce projet et cela prendra un peu de temps. On ajournerait sine die, mais
on demanderait l'ordre de la Chambre à trois heures pour continuer
immédiatement après la période des questions; cela veut
dire entre 4 h 15 et 4 h 30.
M. Patry: Cela veut dire que les citoyens peuvent demeurer ici et
qu'à 4 h 15, 4 h 30, on va revenir ici dans cette chambre.
Le Président (M. Blank): Exactement, aujourd'hui
même.
M. Patry: On est d'accord avec cela.
Le Président (M. Blank): L'étude du bill 225 est
suspendue. Maintenant, le bill 242, la ville de Richelieu. Parce que ça
prend un ordre de la Chambre...
A l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons céder la place
à Me Major, la plus belle de nos avocats d'aujourd'hui.
La commission reprend l'étude du projet de loi 242. Je pense que
le ministre a un amendement à l'article 1.
Reprise de l'étude du projet de loi no
242
M. Tardif: Oui, M. le Président. Le texte sur lequel
l'avocat de la ville de Richelieu et nos légistes se sont entendus
à proposer serait le suivant: L'article 1 se lirait comme suit
excusez-moi, vu qu'il vient d'être rédigé de ne pas l'avoir
polyco- pié la loi des cités et villes (Statuts refondus,
1964, chapitre 193) est modifiée pour la ville de Richelieu par
l'insertion, après l'article 26, du suivant: 26a) Le conseil est
autorisé à acquérir le lot 55-108 du cadastre du village
de Richelieu, à y construire et à y aménager un immeuble.
Il est également autorisé, en tout ou en partie, à le
donner à bail au centre local de services communautaires de Richelieu ou
à l'aliéner à titre onéreux en faveur dudit centre.
Pour être valide et lier les parties, le bail ou l'acte
d'aliénation doit être autorisée au préalable par la
Commission municipale du Québec.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai une seule question. Le
texte utilise le verbe acquérir. Est-ce que la municipalité doit
acquérir le terrain?
Mme Major: On en est déjà propriétaire, mais
on l'avait acquis à une autre fin. Comme on voulait s'en servir
à.une fin qui n'était pas de notre ressort à cette
époque...
M. Goldbloom: D'accord. Très bien.
Le Président (M. Blank): Est-ce que cet amendement de
l'article 1 est accepté? Adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): L'article 2, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): L'article 3? Adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Article 4, adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Blank): Le bill, adopté? Le
député d'Iberville veut dire quelques mots avant que je remercie
les gens.
M. Beauséjour: Au nom de la même collaboration qui a
existé entre les autorités de la ville de Richelieu et les
responsables du CLSC, je remercie la commission de cette collaboration qu'on a
retrouvée ici. J'espère que les idées qu'on aura
trouvées dans ce bill auront aussi des répercussions en vue,
peut-être d'apporter des solutions à des budgets qu'on trouve
parfois difficiles à combler au niveau même du Québec.
.
Le Président (M. Blank): Le bill 242 est adopté,
avec amendements.
M. Tardif: M. le Président, je veux simplement dire que je
retiens la suggestion du député de D'Arcy McGee, celle de voir le
plus rapidement possible à faire en sorte qu'on ne soit pas pris
à faire du cas par cas. Si ces dispositions sont bonnes pour une, elles
pourraient être bonnes pour les autres municipalités du
Québec.
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Ajournement de la séance à 12 h 59)
Reprise de la séance à 16 h 30
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Etude du projet de loi no 225 (suite)
La commission va continuer l'étude du projet de loi 225, mais
avant, je voudrais .confirmer les changements suivants: M. Mercier (Berthier)
remplace M. Brassard (Lac-Saint-Jean); M. Michaud (Laprairie) remplace M.
Dussault (Châteauguay); M.Gagnon (Champlain) remplace M. Léonard
(Laurentides-Labelle). Le rapporteur sera le même que ce matin, M.
Michaud (Laprairie). M. le député de D'Arcy McGee.
M. Godlbloom: M. le Président, j'aimerais dire quelques
mots, rendu à cette étape de notre étude du projet de loi
en question. Je suis député d'un comté de l'île de
Montréal qui comrpend deux municipalités dites de banlieue et un
important territoire qui est compris dans la ville de Montréal. J'ai
été pendant trois années et trois quarts le ministre des
Affaires municipales. J'ai l'impression que les dirigeants de la ville de
Montréal ont parfois eu l'impression que le ministre d'alors
était particulièrement favorable aux municipalités de
banlieue et, fort probablement les dirigeants des municipalités de
banlieue ont trouvé que le ministre du temps était un peu trop
favorable, à certains moments, à la ville de Montréal.
J'ai essayé, évidemment, de faire la part des choses et de
maintenir un équilibre indispensable sur l'île de
Montréal.
Quand on est ministre, on est obligé de dire ce que pense le
gouvernement dont on est mem-bre. Quand on siège de l'autre
côté de la table, on doit, de toute évidence, dire ce que
pense la formation politique dont on est membre, mais on a également une
certaine liberté de dire ce que l'on pense soi-même. C'est ce que
j'aimerais dire en ce moment.
Les porte-parole de Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard ont
invoqué certaines considérations à l'appui de ce projet de
loi. D'abord, le fait que c'est la seule des trente municipalités
impliquées dans la Communauté urbaine de Montréal qui est
régie par le Code municipal. Je dois dire, entre parenthèses,
que, dans les deux autres communautés, il y a quand même des
municipalités régies par le Code municipal et d'autres
régies par la Loi des cités et villes. Néanmoins,
Saint-Raphaël-de-l'Ile-Bizard est la seule à faire exception
à la règle générale qui prévaut à la
Communauté urbaine de Montréal. Il y a la situation
géographique de l'île; le fait qu'elle est liée à
l'île de Montréal par un seul pont, relativement étroit; le
fait que les services qui, en principe, et dans les faits, sont fournis
à Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard ne se situent pas sur l'île,
mais sont situés sur l'île de Montréal, et doivent
traverser ce pont pour atteindre le territoire de la municipalité en
question, et donc être à la disposition des citoyens. Il y a
l'importance relative, invoquée par les porte-parole, de la contri-
bution des citoyens de l'Ile-Bizard, d'une part, contribution à
la Communauté urbaine de Montréal, et l'importance de cette
contribution dans la totalité du budget de la Communauté
urbaine.
M. le Président, ayant analysé et évalué
toutes ces considérations, je viens à la conclusion suivante: Je
ne voudrais pas, je pense que nous ne pouvons pas envisager une dissolution de
la Communauté urbaine de Montréal.
Pour cette raison, si d'autres municipalités situées sur
l'île de Montréal devaient venir devant cette commission
parlementaire inspirées par un succès possible de
Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard aujourd'hui ce qui serait un moment
historiqueet demander leur désaffiliation de la communauté
urbaine, je pense que je serai obligé de m'opposer à un tel
geste. Mais il me semble que la situation particulière de
Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard appelle aujourd'hui notre appui à ce
projet de loi. Je voudrais me prononcer en faveur de l'adoption de ce projet de
loi, M. le Président.
Ce disant, je reconnais une chose: L'adoption de ce projet de loi serait
la crevaison d'un abcès, et il faudrait en arriver rapidement avec la
thérapeutique, ce à quoi j'ai déjà invité le
gouvernement actuel à plus d'une reprise. Il me semble que si ce projet
de loi est adopté, il faudra, de toute évidence, en arriver
à un examen global de la situation de la Communauté urbaine de
Montréal et apporter les améliorations nécessaires pour
donner une plus grande satisfaction à tous les contribuables de
l'île de Montréal. Mais, puisque le gouvernement a choisi
d'accepter l'étude de ce projet de loi aujourd'hui plutôt que de
procéder, au préalable, à cet examen de l'ensemble du
problème de la communauté urbaine je l'ai
déjà dit ce matin il me semble que nous devons donc, comme
les porte-parole de Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard nous demandent de le
faire, dissocier la question de la communauté urbaine comme telle du
problème particulier de la municipalité demanderesse. C'est pour
cette raison, étant appelé à porter un jugement sur le
projet de loi, que je me prononce en faveur de l'adoption de ce projet de
loi.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a d'autres
opinants?
M. le député de...
M. Cordeau: ... les remarques et l'opinion de M. le ministre
concernant ce projet de loi.
Le Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, j'aimerais, avant de donner
mon point de vue et le point de vue du gouvernement sur cette question, faire
un certain nombre de remarques et poser peut-être quelques,
questions.
Je veux bien, pour employer la figure de style du député
de D'Arcy McGee, s'il y a abcès à crever, qu'il le soit.
M. Lavigne: M. le Président, on m'indique qu'on n'entend
pas bien le ministre.
M. Tardif: Je voudrais bien, pour employer l'image du
député de D'Arcy McGee, si abcès il y a, qu'il soit
crevé. Cependant, je ne suis pas sûr sans jeu de mot pour
la profession qu'exerce le député de D'Arcy McGee
j'espère que ce n'est pas la thérapeutique qu'il emploie,
dès lors qu'un patient vient le voir et qu'il a un petit bobo,
c'est-à-dire qu'immédiatement il prenne la décision
d'amputer l'individu d'un membre pour régler le problème qu'il a
diagnostiqué.
M. de Bellefeuille: Surtout avec des enfants.
M. Saindon: Si c'était un abcès de gangrène,
peut-être serait-il obligé d'amputer.
M. Tardif: Je ne voudrais pas m'aventurer plus loin sur ce
terrain qui n'est pas le mien, mais, encore une fois, la thérapeutique
de l'amputation m'apparaît une mesure de dernier recours. Je pense qu'il
est possible de soigner des malaises du type de ceux avec lesquels on est
confronté par d'autres types de thérapeutique, mais sans
préjuger des décisions qui pourraient être prises.
On a fait état ce matin... M. le maire Patry a fait état
du fait que 25%... enfin, d'abord, du caractère rural de l'Ile-Bizard en
disant: C'est la seule municipalité qui est régie par le Code
municipal et non par la Loi des cités et villes.
Le député de D'Arcy McGee a souligné à bon
droit qu'il existe, dans la Communauté urbaine de Québec et dans
la Communauté régionale de l'Outaouais, des municipalités
qui sont également régies par le Code municipal et qui font
néanmoins partie de ces communautés.
Ce n'est donc pas là, je pense, un argument "prohibant" dans ce
cas-là, d'autant plus que cette appartenance au Code municipal ou le
fait d'être régi par le Code municipal plutôt que par la Loi
des cités et villes ne change rien à la situation de fait...
cette situation de droit ne change rien à la situation de fait puisque
l'Ile-Bizard se trouve en plein milieu fortement urbanisé, celui de la
métropole du Canada. Je pense que cette situation de fait prime sur
toute considération que l'on voudrait fonder encore une fois sur le fait
qu'une municipalité puisse être régie par le Code municipal
plutôt que par la Loi des cités et villes, et d'autant plus que le
rapport que cette commission a remis à mon prédécesseur,
d'ailleurs, indique que ces distinctions entre municipalités
régies par le Code municipal et municipalités régies par
la Loi des cités et villes sont appelées à
disparaître, si l'on se base, à tout le moins, sur les
recommandations de la Commission de refonte des lois municipales.
C'est une fiction à tout le moins, surtout encore une fois,
compte tenu du contexte précis de cette municipalité sur
l'île de Montréal.
Deuxième élément, on a fait allusion dans la
présentation du maire Patry au fait que la population de l'Ile-Bizard
travaillait, que la main-d'oeuvre active, pour 25%, elle, travaillait sur le
territoire de l'Ile-Bizard.
J'aimerais avoir des précisions sur ce fait, car, que je sache,
il n'y a pas d'industrie sur l'Ile-
Bizard, il n'y a pas d'école secondaire, il n'y a pas de CEGEP,
il n'y a pas d'université, il n'y a pas de cinéma, il n'y a pas
de salle de spectacle et, sauf les deux terrains de golf qu'on y trouve,
à moins de dire que 25% de la population de l'île travaille au
golf, ce qui est peut-être exagéré, je me demande où
effectivement travaillent ces 25% de la main-d'oeuvre active. Peut-être
pourrait-on avoir une réponse à cela?
M. Patry : Merci, M. le ministre. Je vous remercie beaucoup de
ces quelques précisions. Je vais commencer par le premier volet de votre
intervention sur le caractère rural de la municipalité. Je ne
voudrais pas m'étendre là-dessus, mais comme vous l'avez
mentionné, peut-être que dans d'autres communautés urbaines
comme celle de la région de l'Outaouais ainsi que celle de
Québec, il y a d'autres municipalités à caractère
rural qui en font partie, mais je tiendrais à mentionner une chose
à propos des limites territoriales de ces communautés; je ne les
connais pas comme telles, maisje suis certain que l'île d'Orléans
ne fait pas partie de la Communauté urbaine de Québec. On n'est
pas allé chercher l'île d'Orléans, et l'argumentation du
caractère rural n'est pas une argumentation de fond, une argumentation
sur laquelle j'ai voulu baser mon intervention ce matin.
L'argumentation est complètement différente. On ne
reviendra pas sur l'injustice comme telle, mais là où je veux en
venir, c'est que, si on tient à cette argumentation parce qu'on fait
partie d'une région métropolitaine, la région
métropolitaine comme telle ne se termine pas à l'Ile-Bizard. La
région métropolitaine, Longueuil, Laval, et toutes les
municipalités au nord de la métropole ainsi que sur la rive sud
on n'a tout simplement qu'à écouter le matin les
pronostics au sujet des ponts pour les gens qui vont travailler à
Montréal, il n'y a qu'un seul pont qui n'est pas bloqué par la
circulation, et c'est le pont de l'Ile-Bizard il y a des personnes
autres que de l'Ile-Bizard qui vont travailler à Montréal.
Disons que je ne veux pas m'embarquer sur le sujet du caractère
rural parce que, sur la question de justice distributive, je crois que
l'inclusion de 1969 a été une erreur politique. Ce fut un but
politique comme tel, ce fut une décision politique en 1969. Il est
malheureux qu'aujourd'hui cela doit être encore une décision
politique, mais je voudrais la dépolitiser. Je voudrais vraiment que
cela soit une réponse humaine sur l'injustice créée
à nos citoyens et sur l'injustice qui sera perpétuée, si
on demeure à l'intérieur de la communauté.
La deuxième facette, le deuxième volet, vous avez
parlé de la main-d'oeuvre active. Nécessairement, les deux golfs,
comme vous l'avez mentionné, n'engendrent pas 25% de la main-d'oeuvre
active de la municipalité. Cela peut créer environ une
cinquantaine d'emplois.
Il y a plusieurs commerces dans la municipalité comme telle. Je
ne les énumérerai pas, mais nous en avons au moins une dizaine.
Nous avons un entrepreneur d'autobus, qui a une cinquantaine d'autobus, et
c'est au moins 50 emplois de plus. Nous avons aussi des chantiers de construc-
tion dans la municipalité, et nous avons des entrepreneurs, notamment
des entrepreneurs en plomberie et en électricité. Nous avons
différents services qui sont donnés par les citoyens, et le
chiffre 25% comme tel peut être 24% ou 26%.
Il ne faut pas quand même non plus dire... je vous retournerai la
question en disant qu'il n'y a pas plus que 25%, il y en a à peine 20%
qui vont travailler à Montréal. A ce moment-là, on est
dans le contexte régional et c'est sur ce point que je voudrais appuyer
mon argumentation cet après-midi. Même si la population ne
travaille pas toute à l'Ile-Bizard, elle travaille dans la région
de l'Ile-Bizard; or, la région de l'Ile-Bizard, ce n'est pas la ville de
Montréal, ce n'est pas l'est de la ville de Montréal, ce n'est
pas la Communauté urbaine de Montréal. C'est cela
l'argumentation.
M. Tardif: M. le Président, on a précisé un
point, je pense, qui avait été avancé ce matin, entre
autres, que l'Ile-Bizard pouvait fournir un emploi à 25% de sa
main-d'oeuvre active. Je pense que cela donne peut-être un autre
éclairage. Je voudrais quand même relever ici la comparaison avec
l'île d'Orléans. Je ne sache pas que l'île d'Orléans
ait un beau plan d'urbanisation comme celui que nous a présenté
le maire ce matin. Il est tel, ce plan, que la Loi pour la préservation
du patrimoine l'empêcherait de se réaliser, puisque, quand
même, il y a des raisons pour la conservation de l'île
d'Orléans que l'on ne retrouve quand même pas à
l'Ile-Bizard.
L'autre élément important, M. le Président, en
termes de questions, c'est là, je pense, après avoir
invoqué le caractère rural de l'Ile-Bizard, qu'on a
constaté, d'après les chiffres que j'ai vu défiler devant
moi, que l'Ile-Bizard s'était quand même urbanisée de
façon assez substantielle depuis son entrée dans la
communauté urbaine. Sa population a presque doublé ou pas
très loin, en tout cas a augmenté d'au moins 50%, passant de 2900
à un peu plus de 4000 soit 25% à 30%, et M. le maire nous fait
des projections assez optimistes d'augmentation de l'ordre de 2000 par
année pour les 5 ou 10 prochaines années. On assiste donc
à un véritable phénomène d'urbanisation ici,
d'autant plus qu'en voyant défiler rapidement ces diapositives, j'ai pu
voir des projets d'habitation apparemment assez récemment
réalisés et qui, il me semble, sont bâtis, après
vérification rapide, me dit-on sur des lots de 22 pieds de largeur. Ceci
m'apparaît un autre trait dominant et important de ce que j'appelle ce
phénomène d'urbanisation. Ce n'est plus le monde rural, et on
s'achemine, par cette présentation, encore une fois, que je trouve
extrêmement intéressante, avec ce développement de
cellules, de noyaux et de groupements modulaires et tout ceci réuni,
dans un plan d'urbanisation fort intéressant. Mais, encore une fois, on
ne s'achemine pas vers la conservation du caractère rural de cette
municipalité ou de cette entité; au contraire, on va vers une
forme d'urbanisation et même à assez forte densité.
J'aimerais là-dessus le souligner; enfin j'en déduis cela en
partie d'après les diapositives que j'ai vues et de certains
renseignements pris.
M. Patry: En effet, comme vous en avez fait mention, la
municipalité n'est pas propriétaire des terrains. Le seul terrain
que nous ayons, c'est les 10% en espaces verts qui nous sont donnés par
les développeurs. L'urbanisation de la municipalité se fait, elle
s'est faite lentement. Comme vous en avez fait mention, en 1969, il y avait
2950 de population et nous sommes rendu à 4040, une augmentation de 1000
dans sept ans. C'est très lent quand même. Par la suite, avec
cette urbanisation, vous avez fait mention des lots de 22 pieds; les lots de 22
pieds ont été créés, ce ne sont pas tous des lots
de 22 pieds; à l'Ile-Bizard, vous avez la possibilité de vous
acheter une maison, quel que soit le revenu annuel que vous puissiez avoir.
Je veux y venir. On a essayé de créer la
possibilité pour tout citoyen d'avoir sa propre maison. A cause du
coût très élevé, dont vous avez fait mention, pour
l'infrastructure municipale, l'égout, l'aqueduc, toutes ces choses, nous
avons essayé de rentabiliser le plus possible en développant et
en permettant de développer des secteurs par environ 40 arpents, 40
acres à la fois, ce qui veut dire, qu'en rentabilisant un secteur, nous
avons donné la possibilité de créer à ce
moment-là un certain environnement pour les gens qui viennent vivre
à l'Ile-Bizard.
Nécessairement, avec 22 pieds, comme vous l'avez
mentionné, la diapositive peut parfois induire en erreur. Le lot de la
personne n'est que de 22 pieds sur 90 ou 100 pieds de profondeur; c'est un
très petit lot, mais la maison qui est construite sur ce lot a quand
même 1200 pieds carrés de superficie. Ces maisons sont
possiblement accessibles à une minorité, non pas à une
minorité, mais à la majorité des citoyens à faible
revenu. Ces maisons sont subventionnées par les gouvernements, ce qui
veut dire qu'on crée u-n environnement pour permettre à toute la
population de vivre dans un milieu sain.
A ce moment-là, il faut comprendre que les 22 pieds sur 100
pieds... La municipalité, avec ses cheminements piétonniers, ses
pistes cyclables... Tous les citoyens qui demeurent dans ce secteur vous
n'avez pu voir cela sur les dispositives à l'intérieur
même de 1000 pieds, ont accès à un territoire, à un
parc municipal d'environ quinze acres, sur lequel parc municipal la
municipalité veut accroître ses équipements sportifs. Le
tout, c'est de rentabiliser, à l'intérieur même, selon la
politique même du gouvernement actuel, les services municipaux et de
permettre à tout citoyen d'avoir son chez-soi, de vivre dans un milieu
sain.
M. Tardif: Je voudrais bien, M. le Président, que l'on me
comprenne bien. Il ne s'agit pas, pour moi, de réprouver un
développement planifié et d'une densité visant à
rentabiliser au maximum les équipements collectifs. Je pense qu'au
contraire l'exemple de l'Ile-Bizard sur ce plan devrait être suivi,
d'autant plus que nous administrons un programme qui permet aux
municipalités de recevoir $1000 par unité de logement,
précisément, lorsque des normes de densité sont
respectées. J'apportais ce point non pas pour dire que c'est ce qu'il ne
faut pas faire, mais, au contraire, pour démontrer à l'Ile-Bizard
on est en train de vivre un développement de type urbain.
Le deuxième point, M. le Président, une autre
précision que j'aimerais apporter, c'est qu'on a mentionné, dans
les rapports et dans ces diapositives, que les coûts de
l'épuration de la Communauté urbaine de Montréal se
chiffreraient à $6 milliards. Je ne sais pas si c'est une erreur de la
présentation, mais les divers chiffres fournis sont de l'ordre de $1,6
milliard, non pas de $6 milliards. Est-ce que c'était...
M. Patry: C'est fait après vérification
auprès de M. Marcotte du Bureau d'assainissement des eaux de la CUM. Le
coût, ce n'est pas terminé...
M. Tardif: Je voulais rattacher, M. le Président
l'ensemble des travaux d'épuration de la Communauté urbaine,
à moins qu'on n'inclue, à ce moment-là, tous les
prolongements de réseaux qui viendraient s'y relier, mais si on pense en
termes de collecteurs...
M. Patry: Les prévisions pour la CUM... Oui, c'est
cela.
M. Tardif: ... un des points avancés, c'est de dire: Nous
pouvons régler nous-mêmes nos propres problèmes
d'épuration et nous construire une belle petite usine d'épuration
fonctionnant très bien à notre échelle, ce qui est, je
dois dire, M. le Président, un argument séduisant et d'autant
plus intéressant, comme l'ont souligné certains
députés, qu'effectivement il se peut que le principe de
pollueurs-payeurs soit un principe auquel nous devrions revenir de plus en
plus. Les individus ou les collectivités restreintes devraient voir
à régler localement leurs problèmes dans la mesure du
possible sauf que, dans le cas de l'Ile-Bizard, je pose la question: Quelle
sorte de dépollution leur procurerait le traitement des eaux
usées provenant des seuls résidents, si ce n'était fait
sur le territoire de la communauté urbaine et dans quelle mesure
pourrait-on utiliser les rives et les berges des rivières des Mille-Iles
et des Prairies, enfin la pointe du lac de Deux-Montagnes, si cela ne faisait
pas partie d'un projet d'ensemble de dépollution? Je pense que le
règlement de ce problème majeur de la dépollution
déborde les cadres de l'Ile-Bizard et doit être envisagé
dans une optique plus globale qui est celle de la communauté
urbaine.
M. Patry: Vous avez parfaitement raison, mais de la façon
dont vous voyez cela, M. le ministre, c'est que, concernant les rives autour de
l'Ile-Bizard, l'eau qui coule autour de l'Ile-Bizard ne provient pas de
l'Ile-Bizard, elle vient de la rivière Outaouais.
A ce moment, c'est un problème global, j'en conviens. La solution
de se rattacher à la Communauté urbaine de Montréal
à un coût prévisible de $6 milliards pour tous les
équipements d'épuration des eaux de l'île de
Montréal comporte à ce mo-
ment un coût très énorme pour nos citoyens. Ce qu'on
dit, c'est qu'il faut bien comprendre que l'épuration des eaux par la
ville de Montréal, les eaux usées qui vont être
amenées à la rivière des Prairies, c'est un traitement
primaire. Un traitement primaire, qu'est-ce que c'est? C'est tout simplement de
la décantation des matières usées comme telles.
Actuellement, les égouts de l'Ile-Bizard se déversent dans la
rivière des Prairies. Dans la rivière des Prairies, le traitement
est primaire, parce que les eaux usées se déversent dans des
remous. On l'a pratiquement, notre traitement primaire. Ce n'est pas bon, j'en
conviens, il faut trouver la solution. La solution, est-ce d'aller en
centralisant, à ce moment, à des coûts excessifs, au lieu
de décentraliser pour notre petite population à un coût
exclusivement pour nous, et avoir un traitement secondaire en traitant les eaux
usées à 90% comme tel. C'est cela la solution. Le coût
préconisé par les citoyens de l'Ile-Bizard est nettement
inférieur au coût que la communauté urbaine nous
amène. On veut le décentraliser, non pas qu'on veuille se
dérober à nos problèmes comme tels. On veut trouver les
solutions, mais non pas trouver la solution seulement de l'Ile-Bizard. Si c'est
seulement l'Ile-Bizard, à ce moment, qui épure ses eaux, la
rivière des Prairies, le lac des Deux-Montagnes et le fleuve
Saint-Laurent vont être encore pollués. Donc, si c'est toutes les
municipalités, suite à l'action du gouvernement, et je suis
sûr que le gouvernement, avec son ministre de l'Environnement, ainsi que
les autres ministres, va trouver des solutions, l'Ile-Bizard est prête
à contribuer, mais pas toute seule. La façon dont on va
contribuer avec la Communauté urbaine de Montréal sera tout
simplement un début. Quel est le pourcentage créé par la
pollution, comme vous avez mentionné les pollueurs payants, les citoyens
mêmes, à même les eaux usées? Ce n'est pas 100%.
C'est loin d'être 50%. Ce sont les compagnies. A ce moment, il faut
prendre le problème dans son ensemble. L'Ile-Bizard, va-t-elle payer
pour les autres? On n'est pas intéressé. Cela fait sept ans qu'on
paie pour la Communauté urbaine de Montréal, pour la ville de
Montréal comme telle. Ce qu'on veut, ce n'est pas se dérober
à nos problèmes, mais les régler, et on est prêt,
à ce moment, à venir demander l'aide technocratique du
gouvernement. On est prêt à travailler de concert avec le
gouvernement, mais on est bien assuré, d'après nos chiffres,
qu'il va en coûter beaucoup moins cher à l'Ile-Bizard de
s'épurer par elle-même que de centraliser avec la
Communauté urbaine de Montréal. La preuve, c'est le rapport qui
vient de sortir la semaine dernière sur l'île de Laval,
préconisant plusieurs usines d'épuration, au lieu d'une grosse,
majestueuse, gigantesque usine d'épuration à
l'extrémité est de l'île de Laval.
M. Tardif: M. le Président, il y a un point important qui
a été souligné par le maire Patry, de l'Ile-Bizard, c'est
la nécessité de prendre le problème dans son ensemble.
C'est précisément ce qui, je pense, s'impose dans ce secteur de
la dépollution. Je dois dire que je partage entièrement son point
de vue, à savoir que la pollution commence quand même en amont du
territoire de la communauté urbaine. On peut penser à ces usines
du long de l'Outaouais qui sont cause de pollution. Il n'est peut-être
pas inutile ici de reprendre ce que disait hier le ministre
délégué à l'aménagement, à savoir que
nos 60 moulins à papier au Québec polluent plus qu'une population
de 18 millions de citoyens, et que, s'il y a des priorités à
apporter, c'est peut-être du côté de la dépollution
industrielle, ce avec quoi je suis d'accord.
Il reste néanmoins que, dans le cadre de la Communauté
urbaine de Montréal, ce que le législateur a défini comme
étant la Communauté urbaine de Montréal en 1969, il y a
quand même un problème de dépollution qui doit être
abordé, comme vous l'avez mentionné, dans son ensemble. On
verrait mal chacune des municipalités constituantes de la
communauté... Je ne vous dis pas qu'au départ, si chacune avait
pris ses responsabilités à cet égard, qu'on n'aurait pas
pu envisager des solutions parcellaires. Le problème ayant maintenant
pris l'ampleur qu'il a, je pense que les diverses ordonnances qui ont
été émises par les services de protection de
l'environnement, du temps où mon prédécesseur occupait le
fauteuil que j'occupe, visaient précisément, en l'absence d'une
action, d'une volonté d'agir des municipalités constituantes,
à apporter une solution plus globale au problème..
Un des points, et je pense que cela se rattache à un certain
nombre d'assertions aussi qui ont été faites, et qui sont les
suivantes: C'est le fait, et c'est relié, je pense, à ce dont on
parlait tantôt sur le pourcentage de la population qui trouve emploi sur
le territoire de l'Ile-Bizard, j'ai mentionne M. le maire en a convenu,
M. le Président qu'il n'y avait pas, sur le territoire de
l'Ile-Bizard, d'industrie; il n'y avait pas d'école secondaire; il n'y
avait pas de CEGEP; il n'y avait pas d'université et pas tellement
d'endroits, non plus, de spectacles et autres, si bien que les citoyens de
l'île doivent, évidemment, en sortir pour travailler, pour
s'instruire, pour se divertir, bref, pour toutes fins autres qu'y
résider paisiblement, auquel cas là, c'est tout à
fait normal ils sont en partie solidaires de cette grande
communauté qui est à leur porte et ils contribuent, durant cette
période où ils y sont, huit heures par jour pour y travailler ou
pour y fréquenter ses écoles, collèges, CEGEP,
universités ou ses endroits de divertissement, auquel cas ils
contribuent, à certains égards et sans exagérer, à
la pollution dans cette grande ville. Ils contribuent à ses besoins en
sécurité, et là, je voudrais m'ins-crire en faux contre
l'assertion qui a été faite ce matin à cet égard,
selon laquelle chaque blessé sorti de l'Ile-Bizard par le service
ambulancier de la police coûte $700 par voyage. Je suis un
résident du boulevard Gouin, dans mon comté de Crémazie.
J'habite ce comté depuis une quarantaine d'années et le boulevard
Gouin depuis une bonne quinzaine d'années et je n'ai fait appel à
la police, je pense, qu'une fois encore et c'était pour un de mes fils
qui s'était blessé à un membre. Si je
fais la division, depuis les 40 ans ou les 15 dernières
années que j'habite le boulevard Gouin, de ce que j'ai payé en
taxes pour le maintien du service de la police et que je divise ça par
le nombre de services que m'ont rendu les ambulances de la police, c'est
évidemment à un coût extrêmement élevé,
à ce moment-là, que reviendrait, si vous voulez, le coût de
ce service ambulancier.
Je ne pense pas qu'on puisse faire ce genre de calcul parce que je
considère que, me rendant à mon travail tous les jours à
l'université, à l'époque, et mes enfants voyageant dans
cette ville, sillonnant la ville en tous sens, à ce moment-là, si
j'avais été victime d'un accident de la circulation n'importe
où sur le territoire de la communauté, si j'avais
été assailli en me rendant dans un endroit de spectacles, ou si
on m'avait dérobé, à ce moment-là, j'aurais eu
recours aux services de cette police de la communauté urbaine.
Il est donc souverainement injuste, je pense, de diviser le coût
uniquement en fonction des services soi-disant rendus sur le territoire de
l'île, services dont on a déploré, m'a-t-on dit, la
qualité. Or, que je sache, il n'y avait pas, avant la création de
la Communauté urbaine de Montréal, de services de police sur le
territoire de Nle-Bizard. La Communauté urbaine de Montréal a
donc été, à certains égards, sur le plan de la
sécurité publique, un avantage pour les citoyens de l'Ile-Bizard,
qui ont vu, qui ont été assurés d'une présence
policière sous forme d'une voiture de patrouille ce n'est pas un
poste de police, m'a-t-on dit à tout le moins d'une
présence qui, auparavant, encore une fois, était inexistante. Et
à moins, encore une fois, que M. le maire veuille réagir à
ceci, je pense qu'il y aurait peut-être lieu de tenir compte à la
fois de cette présence qui n'existait pas avant la communauté et,
deuxièmement, de cette protection qui suit le citoyen lorsqu'il est sur
le territoire de la grande île de Montréal.
M. Patry: Je vais certainement réagir, M. le ministre.
M. Tardif: Je m'en doutais.
M. Patry: J'en suis certain. Disons que, lorsque j'ai
mentionné un coût de $700 l'appel, il ne s'agissait pas d'appel
avec transport de blessés, parce que, dans les six derniers mois, il y a
eu six transports de blessés. Si, à ce moment-là, j'avais
voulu charrier la commission et diviser $240 000 par 6 transports de
blessés, on serait arrivé à un coût de, je ne sais
pas, $240 000 divisé par 6. Cela aurait coûté plusieurs
milliers de dollars.
Disons que, dans cette approche, les $700 proviennent du fait que la
Communauté urbaine de Montréal se dit un service très
sophistiqué, un service qui, nécessairement, est à
l'échelle de la ville de Montréal, un grand service, avec la
"gendarmerie", tout ce que vous voulez, tout le tralala, tandis qu'à
l'Ile-Bizard, on n'a pas besoin d'un tel service sophistiqué.
On en n'a pas besoin. On en a convenu. On ne nous en donne pas. Ce n'est
pas plus compliqué que cela. On a fait d'autres statistiques. C'est fa-
cile de faire des statistiques sur la police à l'Ile-Bizard, comme vous
l'avez mentionné. Il y a un pont. On met un employé municipal
à l'entrée du pont et on prend un chronomètre pour
calculer le temps qu'ils peuvent passer à l'intérieur de
l'île. Nécessairement, le service policier n'est pas simplement le
transport de blessés, je suis bien d'accord avec vous... C'est tout
simplement une des facettes. Mais, c'est quoi d'autre, le service policier? La
prévention? Il n'y en a pas chez nous. Il ne faut pas s'en faire. Il n'y
en a pas. Le policier va retourner au pont de l'Ile-Bizard, il va à
l'église, il retourne là, et on est chanceux d'avoir une
relève... le monsieur va dîner chez lui parce qu'il demeure
à l'Ile-Bizard... Le policier va dîner chez lui et il revient.
C'est tout. C'est cela le service policier. Il n'y a pas autre chose, que ce
soit de la patrouille, de la prévention de tout genre, cela n'existe pas
chez nous.
Vous avez abordé le fait que lorsque le citoyen de l'Ile-Bizard
va à l'extérieur, sur le territoire de l'île de
Montréal, à ce moment-là, il est protégé par
la Communauté urbaine de Montréal, par son service policier... Je
suis bien d'accord. Là, on peut aussi charrier que lorsque je viens
à Québec, je suis protégé par la police de la ville
de Québec. On s'embarque très loin avec cela, mais là
où je veux en venir, c'est qu'avant 1969, il y avait un service policier
à l'Ile-Bizard. Il y avait la Sûreté du Québec et,
demandez aux citoyens, comparativement aux services que la CUM nous donne
aujourd'hui, s'ils sont prêts à y revenir, même avec une
demi-heure d'attente par appel comme c'était le cas en 1969, je suis
certain que la réponse serait: On retourne à la
Sûreté du Québec, et ce n'est pas simplement une question
de cents et de piastres, parce qu'il n'y a pas de service. Vous appelez la
police et vous lui dites: On a un problème chez nous. Elle va
répondre: A l'Ile-Bizard, votre règlement... On n'a pas de
règlement. La semaine prochaine, on va leur apporter un
règlement, il n'y a pas encore d'autre règlement. Vous avez un
appel de blessés, il y a simplement une ambulance. On ne le dit pas
publiquement. Il n'y a qu'une ambulance pour la relève de nuit qui
couvre tout le secteur 25 après dix heures ou minuit.
Le service policier chez nous, c'est inexistant. On est même
prêt à se créer un service policier et nous serions
très heureux de retourner à la Sûreté du
Québec. Avant 1969, il y avait un service policier à l'Ile-Bizard
et il y en avait beaucoup plus que nous en avons actuellement. Actuellement,
c'est inexistant. Vous avez mentionné autre chose. Vous avez
mentionné qu'au point de vue... que les gens de l'Ile-Bizard vont
à Montréal pour se divertir. Je suis bien d'accord avec vous,
mais en se divertissant, c'est l'argent des contribuables de l'Ile-Bizard qui
est dépensé à Montréal... et les revenus de la taxe
de vente, c'est Montréal qui les a.
Je ne veux pas trop embarquer dans ce jeu. Ce sont les mêmes
arguments qui ont fait qu'on a créé la Communauté urbaine
en 1969 et ces arguments, on les a rejetés en 1969, on les a
rejetés en 1973 et on les rejette toujours, parce que ce ne sont pas des
arguments de fond. Ce ne sont pas de bons arguments. Si on veut que tous les
gens
qui vont à Montréal... qu'on mette des postes de
péage et qu'on fasse payer tout le monde. Qu'on trouve une autre
façon de faire payer des taxes aux gens. Mais la façon de faire
payer seulement les gens de l'Ile-Bizard, ce n'est pas juste. C'est totalement
une injustice.
Géographiquement, l'Ile-Bizard ne fait pas partie de l'île
de Montréal. Je suis bien d'accord que c'est une décision
difficile à prendre, que d'autres municipalités voudraient...
Cela pourrait amener des réactions en chaîne de la part des autres
municipalités membres de la Communauté urbaine de
Montréal.
Faites un genre de Gallup et d'information auprès des autres
maires de la Communauté urbaine de Montréal. Ils ne sont pas tous
malheureux d'appartenir... parce qu'ils ont des affinités comme telles.
Ils ont des affinités beaucoup plus grandes que nous-mêmes en
avons. Nous n'avons pas d'affinité avec la Communauté urbaine de
Montréal. Le fait que 20% ou 25% aillent travailler à
Montréal, ce n'est vraiment pas suffisant. Nous avons toujours
rejeté cet argument et nous le rejetons encore.
M. Tardif: Evidemment, ayant déjà établi
qu'une bonne partie de la population actuelle de l'Ile-Bizard exerce ses
activités en dehors, notamment, en partie sur le territoire de la
Communauté urbaine, lorsque le maire dit: Lorsque je viens à
Québec, je bénéficie de la protection, sauf qu'on ne vient
pas à Québec tous les jours pour y travailler, alors qu'on va
à Montréal tous les jours y travailler. On va tous les jours au
collège, au CEGEP, à l'école secondaire. Tous les jours,
les résidents de l'université... On cause, à ce moment, un
problème différent de celui que cause le touriste qui se rend
dans une ville, même si parfois on peut penser que les
déplacements à des fins touristiques peuvent être plus
générateurs de problèmes que ceux des activités
quotidiennes.
Un autre point, c'est que la communauté urbaine et la formule des
communautés urbaines qui a été, encore une fois,
adoptée par un gouvernement antérieur, ne visait pas à
remplacer les collectivités locales ou les municipalités. Les
municipalités dans les communautés urbaines continuent d'exercer
la plupart des compétences que leur reconnaît ou bien la Loi des
cités et villes ou bien le Code municipal. Il n'y a qu'un certain nombre
de fonctions très précises, très limitées qui sont
de la compétence de la communauté urbaine. Si bien que, toute
cette vie communautaire, tout cet aménagement du territoire selon les
projections et selon le plan, encore une fois, je dois dire, extrêmement
bien présentés par le maire Pa-try, peuvent s'exécuter, se
faire, se développer, encore une fois, sans qu'il y ait besoin de
requérir l'approbation de la communauté urbaine sur ce plan. Ce
n'est donc pas, si vous voulez, l'existence ou l'appartenance à une
communauté pour des fins qui transcendent les besoins de la
collectivité locale, ce n'est donc pas un empêchement de
fonctionner, de s'administrer, de gérer la chose municipale sur le plan
local.
M. Patry: M. le ministre, vous parlez de compétences
exercées par la Communauté urbaine de Montréal et des
compétences qui sont exercées par les municipalités, qui
sont laissées à des municipalités. Je vais vous faire une
brève énumération des compétences qui sont
exercées par la Communauté urbaine de Montréal et des
compétences qu'elle peut exercer, qu'elle pourra exercer. Les
compétences exercées, ce sont: l'évaluation
foncière, le schéma d'aménagement, les systèmes
intermunicipaux d'eau potable, les égouts intermunicipaux et ouvrages
intermunicipaux d'épuration des eaux, pollution de l'air, services de
santé, promotion économique, intégration des services de
police, transport en commun. Les compétences à exercer dans
l'avenir: un système central de traitements des données, un
projet de réaménagement des limites territoriales, la
circulation, les normes de construction, les logements à loyers
modiques, les dispositions des ordures, loisirs et parcs à
caractère régional, bibliothèques intermunicipales,
intégration des services d'incendie. Qu'est-ce qui reste aux
municipalités? Il ne leur reste plus que la voirie municipale. Il ne
leur reste plus rien, c'est tout ce qui leur reste. Actuellement, nous
exerçons certaines compétences, mais la communauté peut
toujours les exercer, c'est dans la loi, nous faisons face à la loi.
Autre chose, vous nous avez donné la raison, M. le Ministre, j'en
conviens, on a encore des compétences a exercer, mais, pour les exercer,
cela prend de l'argent. On paie $643 000 cette année, je
considère que c'est 42% de notre budget; c'est quoi dans le budget de la
Communauté urbaine de Montréal? C'est une "peanut". On l'a dit,
cinq centièmes pour cent. Ce n'est rien, rien pour les gens de la
Communauté urbaine de Montréal; pour nous, c'est tout, cela nous
empêche... Vous avez mentionné par la suite qu'on va se
développer. On va se développer, oui, mais, si le coût de
taxation continue à monter à l'Ile-Bizard parce que l'Ile-Bizard
ne se développe pas, à ce moment-là, nous ne serons plus
capables de contrôler notre développement et ce sera un
développement anarchique, ce sera un territoire qui est vert
aujourd'hui, un territoire qu'on peut développer en une ville nouvelle,
un territoire qui sera gaspillé.
Actuellement, que le gouvernement nous propose de garder tout le
territoire vert, qu'il l'exproprie, je vous l'ai dit ce matin, pour en faire
tout simplement des espaces verts, les citoyens seront d'accord; pas de
problèmes, pour autant que nous ne serons plus dans la Communauté
urbaine de Montréal, parce que les taxes augmentent tous les ans. Il y a
des gens qui ont, on ne dira pas la folie des grandeurs, mais, écoutez,
quand la communauté touche à quelque chose, cela coûte le
double. Dans n'importe quel domaine, cela coûte le double; on en a
l'expérience, cela fait sept ans que l'on vit avec cela, M. le
ministre.
Ce n'est pas venir écouter ou présenter des
récriminations sans expérience, cela fait sept ans qu'on le vit
au jour le jour. La voix de l'Ile-Bizard à la Communauté urbaine
de Montréal: 3 voix sur 2 250, avec un président et son marteau
et tout ce
que vous voudrez en avant. C'est très difficile, la
démocratie. Je vous l'ai dit, je ne veux pas embarquer dans la
démocratie à la Communauté urbaine de Montréal,
mais, de la façon que l'Ile-Bizard peut se développer, c'est
impossible d'y vivre; qu'on en sorte, qu'on n'en sorte pas, les taxes sont
très hautes actuellement. On veut en sortir, les citoyens sont
prêts à prendre leurs responsabilités dans tous les
domaines.
M. Tardif: M. le Président, dans
l'énumération des compétences qu'a faite le maire de
l'Ile-Bizard, il y a quand même un bémol qu'il importe de mettre
là-dessus, à savoir que très peu de ces compétences
sont inscrites dans la loi comme devant s'exercer automatiquement, en ce sens
qu'un bon nombre d'entre elles sont facultatives; c'est à-dire que ce
n'est que lorsque le conseil de la communauté, par ses
représentants au sein desquels, évidemment, il y a l'Ile-Bizard,
selon l'importance démographique qu'elle a sur le territoire de la
communauté, décide démocratiquement de se saisir d'exercer
une des compétences prévues dans la loi, à ce
moment-là, et seulement à ce moment-là, la
communauté se substitue à la municipalité pour les fins
d'exercer cette compétence. Ce n'est donc pas un transfert automatique,
sauf, j'en conviens, dans quelques cas précis, notamment
l'évaluation et notamment les services de police et de
dépollution.
M. Patry: Je suis bien d'accord avec vous, mais c'est simplement
pour vous expliquer ce processus. Vous parlez de démocratie, j'en
conviens. Vous dites que la démocratie est exercée seulement
lorsque le Conseil de la Communauté urbaine de Montréal
décidera que cet exercice, cette compétence exercée
deviendra force de loi, après les approbations requises. Simplement pour
vous donner un exemple; actuellement, l'Ile-Bizard fait partie du West Island,
la région ouest de Montréal. Nous sommes onze
municipalités dans ce secteur avec un membre au comité
exécutif. Toutes ces municipalités sont des municipalités
vraiment urbaines, le territoire développé comme tel; elles font
des demandes actuellement, des pressions auprès du gouvernement et
auprès de la Communauté urbaine de Montréal pour amener un
transport en commun dans l'ouest.
Le transport en commun, ce n'est pas une compétence
exercée actuellement, elle va peut-être s'exercer dans un avenir
très rapproché. L'Ile-Bizard a une voix sur onze, ses citoyens
n'en veulent pas; elle a 3 voix sur 2250 au Conseil de la Communauté
urbaine de Montréal, cela va passer comme dans du beurre, cela va passer
assez vite qu'on va se retrouver, d'après les chiffres de M. Hanigan
il est venu l'expliquer à la ville de Pierrefonds il y a un mois
avec encore $0.23. Les chiffres de M. Hanigan, les chiffres de la
communauté urbaine, c'est bien beau, bien doré, quand cela part,
mais, au bout de deux ans et de trois ans, cela remonte. Cela va coûter
$0.23 les $100 d'évaluation de plus et, à ce moment-là,
qu'est-ce que l'Ile-Bizard va avoir de plus? Un petit autobus qui va venir
faire le tour une fois de temps en temps, à toutes les heures; ce n'est
pas rentable. L'Ile-Bizard n'en veut pas. C'est tout simplement pour vous
démontrer que le processus démocratique à la CUM, quand
bien même c'est de la démocratie et la loi, pour l'Ile-Bizard,
cela n'en est pas parce que nous sommes différents;
géo-graphiquement, nous sommes différents. C'est très
important.
M. Tardif: Encore une fois, il en est pour le transport en
commun, je pense, comme pour la police tantôt, à savoir que faire
une espèce d'équation entre le coût de la
répartition du transport en commun sur le territoire de l'Ile-Bizard,
pour les gens de l'Ile-Bizard, avec le fait qu'un autobus ira sur le territoire
de l'île pour desservir les gens... On dit: Cela n'a aucune commune
mesure avec le coût et, à ce moment-là, on n'en veut pas,
ce sera trop cher. Pour les mêmes raisons, je pense que les citoyens de
l'Ile-Bizard, lorsqu'ils sortent de leur île pour aller travailler dans
la grande ville, pour s'y instruire, ou dans la grande ville ou dans la grande
île, devrais-je dire, à ce moment-là, utilisent, je pense
bien, comme un bon nombre de gens, les services de transport en commun. Si je
voulais pousser à sa limite logique l'argument invoqué par M. le
maire, à ce moment-là, c'est tout le système de transport
en commun qu'il faudrait remettre en question. Un citoyen pourrait
décider de ne pas payer sa quote-part, même un citoyen de
l'île de Montréal, parce que l'autobus ne passe pas dans sa rue,
le citoyen de l'Etat du Québec qui défraie présentement
50% du déficit d'exploitation des commissions de transport, le citoyen
de la ville de Québec, celui de Lévis ou celui de Gaspé
qui paie présentement de ses taxes 50% du déficit d'exploitation
des commissions de transport, et Dieu sait quand ils utilisent le métro
ou l'autobus... Si bien que faire, de façon trop immédiate, cette
relation entre le service de façon très immédiate et le
compte de taxes, sans tenir compte de ce contexte plus large, je pense, peut
nous amener à des comparaisons qui, à tout le moins, en tout cas,
ne sont pas tout à fait exactes.
M. Patry: Elles ne sont peut-être pas tout à fait
exactes, mais à l'île, chez nous, on en a fait mention dans la
présentation; sur le système du transport en commun, on est
d'accord; on est d'accord, on a fait notre étude de circulation chez
nous et on veut amener le transport en commun, de la façon la moins
coûteuse possible, avec le R.E.M. des Deux-Montagnes. C'est cela, la
solution de l'Ile-Bizard.
A l'Ile-Bizard, au problème d'avoir des autos pour traverser le
pont et de congestionner toutes les grandes artères, de congestionner la
Transcanadienne et tout cela, de polluer, de contribuer à polluer
l'atmosphère comme telle, chez nous, on a trouvé des solutions.
La solution du transport en commun, c'est pour Laval, c'est par l'Ouest
lavai-lois, avec le R.E.M. des Deux-Montagnes. A ce moment, la question de
justice distributive comme
telle, si j'ai mentionné le fait du transport en commun, c'est
pour vous dire qu'on peut se faire embarquer dans n'importe quelle
galère avec la CUM et on n'a pas un mot à dire. On a un mot
négatif à dire. C'est cela qui est très important. Les
citoyens de chez nous, actuellement, avec l'augmentation, le taux de croissance
que nous avons eu durant les sept dernières années, même
s'il va aller en augmentant, non pas de 2000, mais de 1500, et, cette
année, cela va être à peine de 1000 de population, à
ce moment, dans cinq ans, la population de l'Ile-Bizard sera à peine de
7000 à 8000. Les chiffres de la Communauté urbaine de
Montréal, les compétences à exercer, c'est effarant. Notre
expérience acquise au cours des années avec 42% de notre budget,
nous empêche de devenir un peu plus humains comme tels, de donner plus
d'équipements sociaux, d'équipements sportifs à nos
citoyens. Toutes ces choses, les citoyens sont en droit aussi de les avoir.
Pourquoi d'autres municipalités, comme le R.E.M., ce matin, je
faisais des lapsus ce matin avec la ville de Lanoraie, c'est le R.E.M. que je
voulais mentionner, ont-elles la possibilité d'avoir des arenas, des
piscines et tout le tralala, d'avoir autre chose, et que nous, à
l'Ile-Bizard, on ne peut pas? Ecoutez, à ce moment, c'est grave.
Pourquoi? C'est à cause du carcan technocratique de la CUM. On ne peut
pas demander aux gens de payer plus, il n'y en a pas plus. Notre voirie
municipale, avec les 33 milles de chemin à entretenir l'hiver et tout
cela, c'est extrêmement dispendieux. Devant l'escalade des coûts et
toutes ces choses, la capacité de payer des citoyens a tellement atteint
sa limite que les gens nous disent: Ecoutez, faites le strict minimum. Venez
vous promener dans le village de l'Ile-Bizard, venez voir l'état de nos
trottoirs, venez voir cela. La sécurité des enfants, c'est
important. La sécurité des enfants, on ne l'a pas actuellement.
Au comité de parents, on reçoit des lettres. La commission
scolaire régionale nous écrit: On va être obligé de
transporter vos enfants à l'intérieur du territoire d'un mille,
parce qu'il n'y a pas de trottoir, il n'y a pas de déneigement suffisant
pour les jeunes. C'est dangereux. A cause de toutes ces choses, on ne peut pas
doter nos citoyens de services, parce qu'il n'y en a pas d'argent. Les citoyens
n'en ont plus. Les quatre dernières années de la CUM nous ont
convaincus que cela va de pis en pis, sans le moindre doute.
M. Tardif: M. le Président, lorsque M. le maire de
l'Ile-Bizard fait état de la situation financière pénible
qui fait que les citoyens de l'Ile-Bizard ne peuvent pas se doter de services
d'aréna comme d'autres municipalités, d'après les
données que nous avons au ministère ici, il semblerait on
peut le constater que le taux d'effort fiscal par $100
d'évaluation de l'Ile-Bizard est le quatrième plus bas de
l'île de Montréal et que, parmi les 28 ou 29 municipalités
composant le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, il
y en a quand même 25 dont le taux de taxation est beaucoup plus
élevé, enfin plus élevé, et parfois de façon
nettement significative, que celui de l'Ile-Bizard.
M. Patry: Vous avez des statistiques. Vous savez, ces
statistiques, on les interprète d'une façon ou d'une autre. Je
vais tout simplement retourner la question de la façon suivante. Sur un
coût de taxation tel que mentionné dans les statistiques que vous
avez, comme étant le quatrième ou le troisième plus bas
par $100 d'évaluation, il faut bien comprendre que dans une ville comme
Montréal, toute l'infrastructure est à même la taxe
générale, c'est bien important. Prenez une ville comme
l'Ile-Bizard. Dans notre dossier, on a une taxe générale, qui
était de $0.25, on a une taxe de la CUM, qui était de $0.85. Il
faut parler de la taxe d'eau aussi, il faut parler de la taxe des ordures
ménagères, il faut parler des taxes d'amélioration locale.
Les taxes d'amélioration locale, cela existe. Au coût de
l'infrastructure actuelle, sur des règlements de 20 ans, vous avez des
citoyens avec de petites maisons qui paient plus de $1000 par année en
taxes municipales. Si vous ajoutez à cela les taxes scolaires, ils vont
avoir à payer $1200 à $1300 environ. Lorsque je parle de justice
distributive, nos citoyens à revenu faible, cela aussi, c'est l'autre
problème. A l'Ile-Bizard, on en a fait mention dans notre
présentation, le revenu des citoyens est inférieur à la
moyenne du revenu de la région métropolitaine. Il est doublement
inférieur au revenu de la région du West Island. Cela aussi est
bien important.
On est peut-être les plus bas pour la taxe municipale, parce qu'on
ne peut pas l'augmenter, parce que les gens... Ce n'est pas le taux qui est
important, c'est la facture au bas du taux. C'est ça qui est très
important. Le type, lui, que ce soit $0.25 les $100, dira que cela ne lui fait
rien, il est évalué à 100%. On ne peut pas comparer deux
taux quand les évaluations ne sont pas identiques. C'est très
important, ça. Et, au point de vue justice distributive, à
l'Ile-Bizard, ce sont les citoyens qui ont les revenus les moins
élevés qui sont les plus taxés, parce que ce sont les
seuls qui demeurent dans le village, et ce sont les seuls qui se sont
dotés, suite à des ordonnances du gouvernement provincial en 1969
et 1970, de services d'infrastructures. Cela veut dire que nos petits
propriétaires, ce sont les plus taxés et les gros
propriétaires, ce sont les moins taxés. C'est ça, la
justice distributive, et c'est ce à quoi on veut remédier chez
nous, pour nos citoyens.
M. Tardif: M. le Président, je pense que M. le maire admet
que l'Ile-Bizard est dans une situation relativement privilégiée
sur le plan du fardeau fiscal.
M. Patry: Non, je ne l'admets pas. J'avais l'impression que
j'avais fait...
M. Tardif: Enfin, que, à tout le moins, le taux se trouve
quand même plus bas. On a même invoqué des raisons pour
justifier que, finalement, les coûts des infrastructures à
bâtir à l'Ile-Bizard imposent des charges, mais, néanmoins,
je pense que la situation de fait est celle décrite dans ce
document.
M. Patry: Non, c'est totalement faiix. Je m'excuse. Pas
totalement faux, mais c'est la façon dont on l'interprète.
Vous prenez simplement la ville voisine, celle de
Sainte-Geneviève, si vous avez vos statistiques, c'est la ville voisine,
je la connais très bien. Quel est le taux de Sainte-Geneviève?
C'est d'environ $1,50, $1.60 peut-être, je ne sais pas, quelque
chose...
M. Tardif: $3.79 les $100 d'évaluation... M. Patry:
Bon! C'est ça.
M. Tardif: ... comparativement à $2.53 à
l'Ile-Bizard.
M. Patry: Oui, mais tous les services sont inclus à
Sainte-Geneviève. Il n'y a pas de service d'amélioration locale,
il est inclus à même la taxe générale. C'est la
façon dont l'interprétation de ces chiffres est faite. Il n'y a
absolument pas, à Sainte-Geneviève, de taux de taxe
d'amélioratiorf locale. C'est même inclus dans tous les
règlements. C'est très simple. C'est un territoire de 1,1 mille
de longueur. A ce moment-là, tous les gens sont habilités
à payer sur tous les règlements. Donc, ce n'est pas, comme je
vous l'ai dit, le taux qui importe, c'est la facture en bas du taux. C'est
ça, qui est important.
Prenez chaque compte de taxe municipale j'en ai un ici
$963, $616 pour une maison évaluée à $15 800. Vous avez
une évaluation de $15 800... Ce n'est pas un château, une maison
de $15 800 sur la rue Cherrier, ce n'est pas un gros château. Cela
coûte $616 par année, à part de la taxe scolaire, cela
frise les $1000. Allez voir les gens à revenu modeste qui demeurent dans
ces maisons et vous verrez que c'est beaucoup plus qu'ils peuvent payer. Les
$0.25 comme tels, ce n'est rien. Des $0.25 et tout ça, on peut arriver
et monter à $0.50, $0.75, et diminuer l'évaluation, vous savez.
Ce n'est pas ça et je ne veux pas m'embarquer là-dedans, mais les
taux, tels que comparés avec les autres villes de la Communauté
urbaine de Montréal, ce n'est pas la même chose.
Regardez aussi les équipements sportifs de la ville de
Montréal. Regardez les équipements sportifs... On est en bas des
autres......de la ville de
Mont-Royal, de Westmount, de toutes les autres villes du "West Island",
de Pointe-Claire, avec son parc industriel, de Beaconsfield; elles ont des taux
plus élevés, mais regardez ce qu'elles ont pour leur argent.
Nous, à l'Ile-Bizard, on n'a rien pour notre argent. Ecoutez! C'est
là-dessus qu'on dit: Laissez-nous notre argent chez nous. On va se doter
de services et on va faire plaisir à nos citoyens. Mais, actuellement,
à cause de la CUM, on n'a absolument rien chez nous. Il faut se comparer
aussi à Montréal. Ecoutez! Vous avez un service de métro
à Montréal, il y a des autobus. On l'a mentionné, chez
nous, on n'en a pas. On n'en parle pas, parce qu'il y a une taxe
spéciale à part, là-dessus. Mais regardez quand vous dites
qu'un citoyen de l'Ile-Bizard va se divertir, qu'il va à
Montréal à l'université, qu'il va au CEGEP; lui
aussi, il dépense, ça lui coûte $1.50, chaque matin, pour
son enfant et $1.50 pour revenir chaque soir. Cela coûte $3 par jour, $15
par semaine, pour un citoyen à faible revenu, pour envoyer son enfant
dans un CEGEP en dehors de l'Ile-Bizard. Il paie là-dessus. Sa
capacité de payer, ça fait partie des taxes...
Le citoyen de Montréal, il les a à sa portée,
à ce moment-là. C'est totalement différent. Il faut
prendre la taxation dans son ensemble et non pas simplement un chiffre de $0.25
les $100 d'évaluation.
M. Tardif: Ecoutez! Je pense que le principe même de la
subvention de l'Etat au déficit du transport en commun implique que ce
n'est pas le prix que paie l'usager qui suffit à défrayer le
coût du transport en commun. Il faut que ce soit acquis au départ
et, à ce moment-là, je pense qu'il ne faudrait quand même
pas charrier dans le sens de faire encore une fois ce genre d'équation
ou d'adéquation à courte vue, je pense, entre un service et ce
que paie l'usager. C'est bien évident que si on met ça ainsi, que
ça coûte $500 par année pour aller à
l'université, pour former un médecin, et Dieu sait que ça
coûte énormément plus cher que ça, c'est $5000 par
année.
Ce sont tous les Québécois qui paient cela et ce n'est pas
les $500 de frais de scolarité... Ge n'est pas non plus les $0.25 ou les
$0.30 qu'on met dans la boîte aux billets d'autobus qui paient le service
du transport en commun. Ce sont évidemment nos taxes aussi.
Encore une fois, je m'excuse. Cela fait plusieurs fois qu'on revient
là-dessus, mais c'est tromper, je pense, les gens que de simplifier les
choses de cette façon. Je m'excuse de le dire, M. le maire, mais cela
s'impose.
M. Patry: M. le ministre, il y a peut-être une petite
correction que je voudrais apporter sur le transport en commun. La façon
dont je voulais vous l'amener... Je comprends très bien votre point de
vue. Je l'endosse à 100%, mais le citoyen de l'Ile-Bizard paie $1.50
pour aller et revenir; ce n'est pas à l'entreprise publique que cela
revient, mais à l'entreprise privée. Le citoyen de l'Ile-Bizard
paie 100%, parce que les entreprises privées, que ce soit la compagnie
Voyageur ou le transport provincial, ne reçoivent pas de subvention des
gouvernements, ce qui veut dire que les citoyens de l'Ile-Bizard se trouvent
défavorisés par les autres citoyens qui eux reçoivent, par
le biais de nos taxes, des taxes des citoyens de l'Ile-Bizard aussi, des
subventions... subventionner les citoyens qui demeurent à
l'intérieur de la Communauté urbaine de Montréal. Chez
nous, c'est la compagnie de transport métropolitain. On paie 100%.
Je ne veux pas embarquer là-dedans, mais c'est une
précision.
M. Tardif: Je serai le premier à appuyer le maire et les
résidents de l'Ile-Bizard pour qu'ils
aient, dans les meilleurs délais, si tel était le
désir de la population, les services de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal. Cela nie semble aller... Si on
dit: On veut avoir ce genre de service et il semble, selon ce qu'on me dit...
Pardon?
M. Patry: Non. Les citoyens ne veulent pas avoir la CTCUM.
M. Tardif: Alors, il faudrait quand même s'entendre.
M. Goldbloom: Le ministre me permettrait-il d'intervenir
brièvement?
M. Tardif: Oui.
M. Goldbloom: Je n'ai pas voulu l'interrompre, mais puisqu'on
parle de plusieurs sujets, j'aimerais faire un commentaire sur cette question
du transport en commun. Le ministre invoque le fait que ce sont tous les
contribuables du Québec qui fournissent l'argent qui est
redistribué par le gouvernement en subventions aux commissions de
transport. Cela est vrai, mais si cela est vrai, cela veut dire que les
contribuables de Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard contribuent à ces
subventions et paient déjà leur part de cette masse
monétaire qui est utilisée à cette fin; mais il y a plus
que cela.
Quand le gouvernement du Québec accorde une subvention à
la Communauté urbaine de Montréal pour le transport en commun
pour soulager le fardeau du contribuable, cette subvention n'est d'aucun
bénéfice pour les onze municipalités de l'ouest de
l'île qui ne reçoivent pas de service.
M. Tardif: Je suis totalement d'accord avec cette analyse de la
situation, mais je vous dis que c'est la faute des municipalités du
"West Island" si elles ne veulent pas du service de transport en commun de la
communauté urbaine. Elles n'ont qu'à le demander et elles
l'auront.
M. Goldbloom: Je ne veux pas du tout faire de débat
là-dessus. J'ai l'impression que le ministre n'est pas aussi bien
renseigné qu'il pourrait l'être sur le point de vue des
contribuables des onze municipalités qui sont membres de la
communauté urbaine et qui ne sont pas membres du système de
transport de la CTCUM. Le désir n'existe pas tellement et il y a un
problème à cause de cela. Nous devons quand même parler de
la situation actuelle qui est, à plusieurs égards,
défavorable aux personnes en question et, notamment, aux contribuables
de l'Ile-Bizard dont nous parlons en ce moment.
M. Tardif: Ou bien les municipalités de l'ouest de
l'île de Montréal désirent le transport en commun, auquel
cas, je dis qu'elles y ont droit pour les raisons en partie invoquées...
Elles font partie de la communauté et elles contribuent, à
certains égards, par les taxes et les impôts qu'elles paient,
même s'ils ne sont pas répartis pour la dette de la Commission de
transport... mais je dis ceci: Si elles n'en veulent pas, qu'elles ne se
plaignent pas de ne pas l'avoir, mais si elles le veulent, je dis que je suis
prêt à m'en faire l'apôtre, le partisan, auprès des
autorités concernées pour faire en sorte que ce service soit
étendu.
Je voudrais quand même relever un point qui a été
mentionné tantôt quant aux revenus des citoyens de l'Ile-Bizard.
J'ai des données qui datent de 1975 et qui indiquent un revenu moyen
pour le chef de famille de l'ordre de $12 780 par année. Evidemment,
compte tenu du fait M. le maire l'a mentionné, ce n'est pas
péjoratif qu'il y a un certain nombre de personnes
retraitées ou rentières je pense que cela a
été l'expressio"n utilisée cela peut, dans certains
cas; faire baisser la moyenne qui pourrait être plus
élevée. Au même moment, la moyenne des revenus de chef de
famille québécoise."est de l'ordre de $9500 par année.
C'est donc dire que dans le cas de Saint-Raphaël-de-l'lle-Bizard le revenu
est supérieur d'au moins $3000. Je voudrais aussi apporter cette
précision, puisqu'on a invoqué, entre autres, ce point.
M. Patry: M. le ministre, je suis parfaitement d'accord, mais
dans la précision que vous venez d'apporter je n'ai pas les
chiffres devant moi, ce sont les chiffres que vous avez vous avez fait
mention d'une moyenne québécoise. Dans ma présentation,
j'ai parlé d'une moyenne métropolitaine. Nécessairement,
vous savez que la moyenne métropolitaine est beaucoup plus
élevée que la moyenne québécoise.
A l'Ile-Bizard, je vous l'ai dit, il y a deux catégories de gens.
Il y a des gens très à l'aise. Il y a des professionnels, il y a
plusieurs médecins. Il n'y a pas de problème là-dessus, je
me mets dans le bain. Officiellement, nous avons des revenus plus
élevés que ceux de la moyenne. Il y a des présidents de
compagnies. Il y a de très grandes résidences huppées. Ces
gens contribuent à faire augmenter nettement le revenu des citoyens. Les
citoyens qui sont ici aujourd'hui, demandez-leur quel est leur revenu, un par
un, si vous voulez. Ils vont vous le dire. Ce sont des chauffeurs d'autobus,
des cultivateurs. Des gens ordinaires, des gens comme tout le monde. Le revenu
de ces citoyens se chiffre en 1977 en 1975, je ne peux pas vous le dire
autour de $10 000 par année.
Mais quand vous prenez $10 000 par année et que vous avez un
compte de taxes municipales et scolaires de plus de $1000 et cela ne
comprend pas le rabais de capital et intérêts sur votre maison
il ne vous en reste pas beaucoup pour vivre. Avec $10 000 aujourd'hui,
on ne vit pas beaucoup.
Ce que j'ai voulu démontrer dans la présentation, c'est
que l'Ile-Bizard fait quand même partie d'une région de l'ouest de
Montréal et que le revenu des citoyens de l'Ile-Bizard est doublement
inférieur à celui du "West Island". Les gens qui viennent y
demeurer, ce sont des gens... On a essayé de démontrer que si on
persiste dans l'augmentation des taxes, on va faire une ville huppée,
qui ne sera pas accessible à tous les citoyens. On veut qu'elle soit
accessible à tous les citoyens de la
province de Québec, parce que ce ne sont pas tous les citoyens
qui ont un environnement sain. On veut que toute la population de la province
de Québec, tous ceux qui désirent venir s'installer chez nous
bénéficient de cet environnement sain. C'est très
important.
Vous le savez comme moi, on peut toujours faire dire aux chiffres ce
qu'on veut bien leur faire dire. La moyenne de l'Ile-Bizard, comparativement
à la moyenne métropolitaine, est inférieure, si on regarde
simplement la moyenne des gens dans la grosse agglomération, dans le
village, ce qu'on peut appeler le noyau principal des citoyens de la
municipalité.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Berthier avait demandé la parole.
M. Mercier: J'aimerais revenir, en somme, sur l'argument qui me
paraît le plus fondamental dans l'exposé du ministre tout à
l'heure. En définitive, et vous l'avez vous-même
évoqué, vous dites que, géographiquement, vous êtes
différents. Vous insistez sur cette particularité de
l'Ile-Bizard. Seulement, à partir du moment où vous dites, et
vous l'avez dit nettement ce matin, que vous entrevoyiez une expansion de 2000
personnes par année d'ici cinq ans, vous n'êtes plus
différents des autres. Vous êtes pareils à tout le monde,
vous vivez dans le même environnement urbain avec les mêmes
problèmes que tous ceux qui sont autour de vous, en termes
d'infrastructures et de services.
Je suis un peu surpris de voir à quel point les populations
mesurent mal les conséquences d'une expansion rapide de leur population.
En définitive, bien sûr cette taxe que vous payez à la
communauté urbaine me semble passablement lourde, c'est évident.
Mais c'est extrêmement lourd aussi de supporter le coût de la
réfection des réseaux routiers, de l'agrandissement du pont, des
services d'usine d'épuration et de filtration, des réseaux
d'aqueduc et d'égouts, des constructions d'infrastructure,
d'écoles et de tout ce que vous voudrez, que nécessite absolument
un accroissement aussi substantiel de la population.
A ce titre, je me demande si les citoyens sont bien sensibilisés
à ce danger que représente une expansion aussi rapide en ce qui
concerne l'accroissement des coûts qu'ils auront à supporter, et
qui seront sans doute bien supérieurs à ceux qu'ils ont à
payer maintenant.
M. Patry: Les citoyens sont très sensibilisés,
parfaitement sensibilisés sur leur raison d'être ici aujourd'hui.
Pour le coût comme tel c'est là les
municipalités qui sont bien administrées, il y en a dans la
province de Québec et il y en a beaucoup qui ne l'ont peut-être
pas été toujours auparavant, je ne peux en parler, je ne veux pas
parler de cela, mais ce que je veux dire, dans notre processus comme tel, c'est
que nous avons les preuves qu'il y a des municipalités de 8000 de
population. L'augmentation de l'Ile-Bizard, ce n'est pas de 2000 par
année, elle a augmenté de 1000 dans les sept dernières
années, incluant deux an- nées de développement. Nous
sommes rendus à 4040. Ce sont des prévisions de 1500 par
année.
Lorsque la municipalité a fait son étude de plan
quinquennal, un plan de 1976 à 1981 sur son développement, on
maintient toujours au même niveau le taux des taxes, parce qu'une
municipalité qui peut prévoir non pas une croissance rapide... Ce
n'est absolument pas une croissance rapide d'avoir 1500 de population de plus
par année. En 1977, ce sera à peine 1000 de plus, et ce sera
définitivement en bas de 1000, parce que la construction domiciliaire a
diminué dans notre secteur et dans toute la province, à ce qu'on
dit, mais certainement dans notre secteur. A ce moment-là, ce n'est pas
une croissance rapide, c'est une croissance planifiée. Quand c'est
planifiée, cela ne coûte pas plus cher. Ce qui coûte cher,
c'est d'avoir un développement anarchique, d'un côté et de
l'autre, qui n'est pas planifié. Chez nous, c'est planifié. Notre
équipement pour la voirie est bon pour aller jusqu'à 10 000 de
population.
Si le pont comme tel, vous avez fait mention d'un pont, n'est pas assez
gros, ce n'est pas de nature municipale de grossir des ponts. Vous avez
parlé des commissions scolaires, il y en a une dans la région.
Pensez-vous que c'est normal, même aujourd'hui, avec 4000 de population
que, chez nous, les jeunes soient obligés de toujours voyager, parce
qu'on ne veut pas en construire chez nous? On l'accepte, parce qu'on se dit que
cela diminue les coûts. Si on l'accepte aujourd'hui, on sera capable de
l'accepter dans deux ans, dans trois ans, dans cinq ans. Les gens sont
sensibilisés.
Autre chose, si les coûts augmentent, on sera plus de gens pour
les payer aussi. Si on n'est pas plus de gens pour payer, les coûts vont
toujours augmenter; le coût de la vie va augmenter de façon
beaucoup plus rapide que le coût du revenu moyen de nos citoyens qui
demeurent dans le village. C'est cela qui est important, la capacité de
payer diminue de jour en jour pour nos citoyens. Comme je vous en fait mention,
avec un taux de taxation tel qu'il est actuellement, des gens paient des
comptes de taxes au-dessus de $1000 par année, ce qui est nettement
au-dessus de leurs moyens pour des services qui n'existent pas et c'est cela
qui est important.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Robert-Baldwin.
M. O'Gallagher: Je veux simplement soulever quelques points.
L'Ile-Bizard est située dans mon comté de Robert-Baldwin. Je
connais cette municipalité depuis une quinzaine d'années, et je
peux appuyer tous les points de vue du maire Patry; surtout, si vous avez la
charge de l'Ile-Bizard, vous pouvez constater immédiatement que le pont
pourrait avoir seulement quelques centaines de pieds de longueur, mais on
traverse au moins une distance d'une dizaine de milles au point de vue de la
géographie, de la culture du pays. C'est un endroit qui est
complètement séparé de l'île de Montréal, ce
n'est pas le même genre de vie du
tout. Je peux vous assurer qu'il y a des citoyens qui sont vraiment
blessés par cette taxe de la CTCUM. Les loyers qui étaient
à prix modique il y a quelques années ne sont maintenant plus
à prix modique. Il y a des gens qui vraiment n'ont pas les moyens de
payer cette taxe.
Du fait même que c'est une île retirée de
Montréal, au point de vue des services, soit les travaux publics,
l'aqueduc et l'égout, les communications, la police, la protection
contre le feu, la récréation, la voirie, les transports publics,
ce n'est pas néessaire de traverser d'autres municipalités, tout
peut se faire isolément. Il n'est pas question de traverser d'autres
municipalités pour desservir l'Ile-Bizard. Elle peut assurer tous ses
services elle-même et à un meilleur coût qu'ailleurs sur
l'île de Montréal.
Les $600 000 que paient les citoyens de l'Ile-Bizard, en ce moment,
pourraient sans doute être mieux placés dans un service de police
qui serait plus efficace et qui rendrait service à la population. Ce
montant d'argent irait certainement plus loin et pourrait servir à
établir un système de récréation comme une
aréna ou une piscine. Je pense qu'on a tout à fait raison de
porter cette demande au gouvernement. Vu qu'il n'y a pas tellement d'avantages
pour la CUM d'avoir l'Ile-Bizard dans son réseau, je pense que le
gouvernement ferait très bien d'accorder cette demande.
Le Président (M. Blank): Le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, j'aurais quelques
remarques à faire. M. Patry, d'après vos remarques, j'en
viendrais à la conclusion que pour le montant que vous payez vous ne
semblez pas avoir les services que vous attendez. Est-ce que cela pourrait
venir du fait qu'il n'y a, d'après la carte que j'ai devant moi, qu'un
pont qui relie l'île à l'île de Montréal? Est-ce que
cela peut être une des raisons principales?
M. Patry: C'est une des raisons assurément. Il n'y a
qu'une entrée pour venir à l'Ile-Bizard, une seule sortie et une
seule entrée, sauf un petit bac qui amène les gens à
Laval, qui est négligeable. Si on avait deux entrées, il n'y
aurait pas plus de service. C'est sûr. On n'aurait pas plus de services
de police. Cela ne changerait pas le problème, absolument pas. Le
montant que nous payons actuellement représente 42% du budget. Pour un
service inexistant, la qualité du policier est là. Ce n'est pas
le policier comme tel que je veux attaquer, c'est la quantité. On
pourrait se doter d'un service convenant à nos besoins, d'un service
pour nos citoyens, avec un policier qui serait près de nos citoyens, non
pas de policiers tels que nous les connaissons actuellement. Ce service nous
coûterait beaucoup moins cher. A ce moment, on augmenterait la
qualité et on diminuerait les taxes. La municipalité pourrait se
doter d'autres équipements. Les gens seraient très satisfaits.
C'est cela que les gens veulent avoir chez nous. Le fait que nous soyons
reliés par un pont est la raison pour laquelle on fait partie de la
Communauté urbaine de Montréal. Je l'ai mentionné ce
matin, tous les rapports précurseurs de cette communauté ne nous
ont jamais inclus. On a été inclus à la dernière
minute, une semaine avant que le projet de loi ne soit présenté
ici en commission parlementaire. C'est la première fois, comme je
l'avais dit au ministre des Affaires municipales d'alors, que nous avions
été invités ici à la commission parlementaire.
M. Beauséjour: Maintenant, M. le Président, je
remarque, sur la carte que j'ai devant moi, qu'il y a un tracé pour la
route 440. Je ne sais pour quelle année c'est prévu, mais est-ce
que vous ne craignez pas, dans un certain sens, si elle se fait d'ici peu
d'années, que l'augmentation dont vous avez parlé puisse doubler
ou tripler?
M. Patry: L'augmentation de quoi?
M. Beauséjour: De la population. Cela pourrait apporter
une population beaucoup plus grande.
M. Patry: Assurément, c'est un réseau routier. Il
faut bien comprendre le point de vue de la municipalité. Le gouvernement
nous a mis devant des faits. On nous a dit: On veut prolonger la route 440, on
veut qu'elle traverse l'axe de l'Ile-Bizard. Les premières
réactions du conseil ont été: On n'en veut pas de la route
440. On a dit: On passe la route 440. Qu'est-ce que vous avez à nous
proposer? A ce moment, on était un petit conseil municipal. On a
négocié. On était conscient de l'environnement. On a
proposé des solutions au gouvernement pour essayer de minimiser l'impact
d'une autoroute, d'une voie de béton. On a demandé au
gouvernement, on a obtenu l'assurance du ministère de la Voirie que
cette voie de promenade serait totalement pour les véhicules automobiles
ordinaires; pas de camionnage, pas de camions, ce n'est pas une voie
d'évitement qu'on voulait avoir à travers l'Ile-Bizard. On ne
voulait pas de la transcanadienne pour aller rejoindre la route 13 et les
autres autoroutes. On n'en voulait pas chez nous.
On a exigé du gouvernement que, sur chaque côté, sur
les voies d'à côté, il y ait des zones tampons, des zones
antibruit et antipollution avec des talus de dix pieds de hauteur, avec une
plantation d'arbres sur ces talus antibruit pour minimiser l'effet de la
pollution pour nos citoyens qui auraient à subir cette autoroute. Vous
savez, on la subit; on ne l'a pas voulue. Tout ce que les citoyens demandent,
c'est un autre pont, afin de pouvoir se rendre plus facilement, selon le
système de transport qu'on préconise, au R.E.M. au train de
Laval-sur-le-Lac, dans la région de Laval. On ne l'a pas voulue.
A ce moment-là, comme on était forcé, on a
parlé d'autoroute antibruit, antipollution et on a demandé au
gouvernement d'inclure à l'extérieur, sur la partie sud de cette
autoroute, de cette voie de promenade, une piste cyclable, afin d'augmenter
d'une dizaine de milles la possibilité pour nos
piétons, et surtout pour nos cyclistes et ceux qui font du ski de
randonnée l'hiver, de se doter d'autres équipements. Tout
ça a été accepté par le gouvernement. On a lu les
récentes déclarations des nouveaux ministres. Ce n'est
certainement pas pour aujourd'hui. Ce n'est pas dans un programme quinquennal.
Ce n'est pas avant 1980. Il semble y avoir des changements d'opinion. Les
maisons ont été expropriées; les terrains ont
été expropriés. C'est une banque, encore une fois,
d'espaces verts. Se construira-t-elle? Ne se construira-t-elle pas? Je ne le
sais pas, mais ça ne nous empêche pas d'essayer d'obtenir que, si
elle se construit, et c'est la même chose pour l'Ile-Bizard, ce soit pour
le bien-être des citoyens. C'est ça qu'on essaie de
prévoir.
A l'Ile-Bizard, actuellement, ce qu'on est venu chercher aujourd'hui, ce
n'est pas un affrontement avec le gouvernement. Non. On veut le
dépolitiser comme tel. On veut que notre demande soit acceptée au
mérite. On a voulu démontrer l'injustice d'être inclus dans
la communauté; on essaie de trouver des solutions. Il n'y en a pas
d'autres pour nous, citoyens, que le fait de se retirer. On espère que
nous aurons une réponse favorable du gouvernement, mais ce n'est pas un
affrontement qu'on veut avoir de la part du gouvernement.
On veut démontrer le. bien-être chez nous. Le fait que
ça s'urbanise, on n'en est pas heureux; on n'en est pas plus heureux que
ça. Ecoutez! Tout le monde, égoïstement, on est bien heureux
de demeurer dans notre petit patelin et tout ça, mais, si ça doit
se faire, nous autres, on essaie de le prévoir. On a toujours dit que
les conseils municipaux ne prévoient pas assez loin; un an, deux ans,
c'est le maximum. Chez nous, on s'est dit: On va se donner des structures
rigides en 1975, 1976, 1977, afin que ces structures puissent être
suivies par les conseils qui vont nous succéder plus tard. C'est
ça qui est important chez nous. Si ça ne se construit pas, on
sera bien heureux de ça. Il n'y a pas de problème
là-dessus, mais les règlements existent; nos outils existent et
on veut les garder. On veut prévoir pour l'avenir. Mais, actuellement,
à cause du coût de cette Communauté urbaine de
Montréal, on ne peut rien faire d'autre. Il faut aussi penser à
vivre en 1977. C'est bien important. Les gens s'en rendent compte chez
nous.
M. Beauséjour: M. le Président, je n'ai pas la
réponse précise que je voudrais avoir. C'est au sujet de cette
fameuse route 440. Vous nous dites que vous ne la vouliez pas. Si, par hasard,
elle devait passer, est-ce que cela accroîtrait la population,
d'après vous?
M. Patry: Non, cela n'accroîtra la population d'aucune
façon, tout simplement parce qu'étant une municipalité
dans la province de Québec, toute municipalité est soumise
à des lois qui sont adoptées à la Commission municipale.
Chaque fois qu'un conseil municipal adopte des règlements
d'infrastructure, il se doit de suivre une certaine rentabilité dont
j'ai parlé plus tôt et il se doit, à ce moment-là,
de venir en parler au ministère des Affaires municipales. Ce qui veut
dire que, nécessairement, et ça, je l'ai dit auparavant, on est
prêt à accepter toute l'aide technique possible de la part de tous
les services de tous les ministères du gouvernement. Le fait d'amener
cette autoroute, cette voie de promenade à travers l'Ile-Bizard,
ça va augmenter, comme telle, la circulation chez nous, mais ça
n'augmentera certainement pas la population. Ce n'est pas pour aujourd'hui.
M. Beauséjour: J'avais d'autres questions à poser,
mais...
Le Président (M. Blank): Je pense qu'on n'a pas le temps
pour d'autres questions. Il y a un vote en Chambre et on doit terminer nos
travaux à 18 heures parce qu'il n'y a pas de session ce soir. Mais je
pense que le ministre veut faire une petite déclaration pour
éclaircir la situation.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il y a lieu de
féliciter chaleureusement le maire Patry pour le vibrant plaidoyer qu'il
a fait.
M. Caron: J'espère qu'il va rester maire bien longtemps.
Cela vaut la peine pour...
M. Tardif: Je pense qu'il a réussi à sensibiliser
le ministre des Affaires municipales, la commission présente et le
gouvernement sur un certain nombre de problèmes qu'il y a de vivre dans
une communauté, la Communauté urbaine de Montréal, en
l'occurrence.
Je voudrais toutefois citer quand même un extrait du journal des
Débats du 27 juin 1973 où mon prédécesseur disait
ceci je cite à la page B-3599 : "II me semble qu'il serait
injuste à l'endroit du gouvernement lui-même qu'il accepte
immédiatement un projet de loi qui touche une municipalité, sans
tenir compte des effets de cette action au point de vue d'autres
municipalités, sur le sort d'autres municipalités".
Cette remarque de mon prédécesseur avait été
faite en attendant le dépôt du rapport Hanigan, qui a suivi de
quelques semaines ou de quelques mois cette déclaration. C'était
quand même en 1973 et mon prédécesseur, pour des raisons
qu'il lui appartient de donner, n'a pas jugé bon, à ce moment,
dans les deux années qui ont suivi, de poser de geste concret à
ce sujet, et je dois dire que je ne les blâme aucunement, c'est une
situation complexe.
Je voudrais que le maire Patry et que les membres de cette commission
comprennent que, venant d'arriver dans une administration qui est celle de mon
ministère, je veuille regarder ce problème dans son ensemble. Je
ne peux pas, encore une fois, faire abstraction des requêtes qui
pourraient m'être formulées, venant d'autres coins de la
communauté urbaine, des autres communautés urbaines au
Québec, d'autant plus que des décisions importantes sont
prévues concernant précisément la Communauté
urbaine de Montréal au cours des prochains mois.
Je pense au rapport du CTRM, qui doit être déposé au
cours du mois d'août. Je pense aux décisions majeures en
matière d'épuration qui touchent également la
Communauté urbaine de Montréal.
Donc, pour ces raisons, et compte tenu de la réponse que j'ai
donnée en Chambre à un certain moment, à savoir que je
voulais revoir les trois lois des communautés urbaines de
Montréal, de Québec et de l'Outaouais, je demande encore une
fois, après à peine sept ou huit mois dans mon ministère,
qu'on m'accorde le temps voulu. Je pense qu'on m'a sensibilisé à
un bon nombre de dimensions, qu'il y a effectivement des difficultés,
des problèmes, j'en conviens.
On a parlé de fardeau fiscal élevé pour le petit
propriétaire foncier et j'en suis, et je peux immédiatement vous
dire que j'ai demandé que des études soient faites en vue
d'alléger ce fardeau du petit propriétaire en me faisant faire
une étude comparée de ce que paie une industrie au Québec,
en Ontario et au Nouveau-Brunswick, pour me rendre compte que, quand
même, on a drôlement bien traité les industries à
certains égards au Québec, et qu'une des façons
d'alléger le fardeau fiscal pourrait être non seulement de se
détacher de la communauté urbaine ou de l'amputer d'un membre,
mais peut-être de revoir aussi la redistribution de la taxe
foncière.
Or, ceci dit, je suggère que la commission ajourne ses travaux
sine die, et que ce dossier ou l'analyse de ce dossier de l'Ile-Bizard soit
repris au moment où le gouvernement sera prêt à
suggérer ou à proposer pour la Communauté urbaine de
Montréal, en particulier, et pour les communautés urbaines en
général, une réforme des structures.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas le temps pour
une longue réplique. Je voudrais simplement souligner d'abord que la
réponse que donne le ministre, étant essentiellement la
même que j'ai donnée il y a quatre ans, doit aujourd'hui, nous
décevoir, parce qu'entre-temps, il y a eu des gestes posés. Il y
a eu un cheminement que j'ai décrit, qui nous aurait amenés vers
une solution du problème.
Le maire a demandé de séparer le problème de
l'Ile-Bizard de l'ensemble du problème de la communauté. J'aurais
accepté cette dissociation, parce que je pense que le problème
est différent, nettement différent.
Alors, M. le Président, nous devons vivre d'espoir. Le ministre
n'a pas fermé la porte, il a dit: Nous reprendrons l'étude,
à un moment donné. J'espère que ce moment viendra
très rapidement. J'espère que nous ferons la distinction qui
s'impose entre le problème particulier de cette municipalité et
l'ensemble des problèmes de la communauté urbaine.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je souhaite que la population
de cette localité n'ait pas à revenir dans quatre ans pour
redemander encore l'étude de ses dossiers.
Le Président (M. Blank): Excusez-moi, mais...
M. Patry: Je veux simplement remercier M. le ministre des
Affaires municipales, les députés de cette Assemblée.
Le Président (M. Blank): Est-ce que la motion pour
ajourner les travaux sine die est adoptée? Adopté. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)