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Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des affaires municipales et de l'environnement
se réunit pour l'étude des crédits se terminant le 31 mars
1978.
Les membres de cette commission sont: M. Alfred (Papineau), M.
Beauséjour (Iberville), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun),
M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) est remplacé par M. Grenier
(Mégantic-Compton); M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dubois
(Huntingdon), M. Dussault (Châteauguay), M. Goldbloom (D'arcy McGee), M.
Lavigne (Beauharnois) est remplacé par M. Laberge (Jeanne-Mance); M.
Léger (Lafontaine), M. Léonard (Laurentides-Labelle), Mme
Ouellette (Hull), M. Roy (Beauce-Sud), M. Saindon (Argenteuil), M. Tardif
(Crémazie), M. Vaugeois (Trois-Rivières), M. Verreault
(Shefford).
Nous sommes rendus au programme 2, élément 4.
M. Grenier: Avez-vous rayé le nom de M. Cordeau ou si vous
m'avez ajouté seulement? M. Cordeau reviendra.
Le Président (M. Laplante): J'ai dit: M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe) remplacé par M. Grenier (Mégantic-Compton).
M. Grenier: Pourra-t-il reprendre ses fonctions, s'il revient
dans une heure?
Le Président (M. Laplante): On pourra le nommer
remplaçant d'un autre membre de la commission qui n'est pas ici. On peut
toujours faire des échanges. D'ailleurs, n'importe quel
député peut venir poser des questions, en commission
parlementaire, sur l'étude des crédits.
M. Grenier: Mais en cas de vote... A ce compte, étant
donné que M. Dubois est à l'étude des crédits de
l'Agriculture, il serait peut-être préférable que je
remplace M. Dubois au lieu de M. Cordeau, puisque M. Cordeau reviendra; si vous
n'avez pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): D'accord, je n'ai pas
d'objection. Dans ce cas, M. Dubois est remplacé par M. Grenier
(Mégantic-Compton).
M. le député de D'Arcy McGee, programme 2,
élément 4.
M. Grenier: M. le Président, j'ai dû m'absenter
depuis mardi dernier, à cause de maladie, et c'était mon
intention de venir siéger ici à la commission. Je vois que vous
avez étudié pendant mon absence le programme 11. Est-ce qu'il me
sera possible d'y revenir pour poser deux petites questions?
Le Président (M. Laplante): Lorsque nous serons rendus aux
programmes 10 et 11, si les membres le veulent, je n'ai pas d'objection.
M. Grenier: D'accord, merci.
Aide et surveillance administratives et
financières
M. Goldbloom: Aucune objection. M. le Président,
j'aimerais poser des questions au ministre sur le champ général
de la taxe foncière. L'élément que nous avons devant les
yeux s'intitule "Compensation en guise d'impôt foncier municipal". C'est
un élément fort restreint de ce champ de taxation. C'est la
compensation versée par le gouvernement en vertu du fait que nos statuts
empêchent à un palier du gouvernement d'en taxer un autre
directement.
Peut-être, si nous adoptons l'élément 4, que ce
serait à l'élément 5 que nous pourrions parler de cette
question de taxe foncière municipale et de taxe foncière
scolaire.
M. Tardif: II n'y a pas de problème. On peut le faire
à l'élément 4 ou à l'élément 5. Dans
ce cas-ci, il s'agit de ces "en-lieu" de taxes qui sont versés par le
gouvernement sur les immeubles qui lui appartiennent.
Il serait peut-être préférable de le faire, quoique
là, c'est au terme des revenus de transfert... Enfin, posez votre
question.
M. Goldbloom: M. le Président, justement, parce que les
questions que j'aimerais poser portent sur une action qui n'a pas
été entreprise par le nouveau gouvernement.
C'est l'abolition de la taxe foncière solaire. Il n'y a pas de
programmes ou d'éléments, à mon sens, qui
représentent exactement cet élément. Il s'agirait du
déplacement d'une importante ressource financière du
système scolaire vers le système municipal.
D'abord, j'aimerais poser une question qui n'est point malicieuse. Je
voudrais tout simplement demander au ministre si le gouvernement a toujours
cette intention, maintes fois exprimée, d'abolir complètement la
taxe foncière scolaire.
M. Tardif: Excellente question, M. le Président.
L'objectif demeure. C'est une masse considérable évaluée,
grosso modo, à $550 millions pour cette année.
Ce que les municipalités réclament, c'est effectivement
l'occupation complète de ce champ d'impôt foncier,
c'est-à-dire le retrait des commissions scolaires. Cela peut rester un
objectif, comme on peut également penser que des fonctions accrues
incomberont aux municipalités à partir du moment où elles
occuperont ce secteur. Des journalistes m'avaient demandé si j'allais
donner aux municipalités l'impôt foncier scolaire et je leur avais
répondu par cette question: Ne
devrait-on pas, au même moment où on leur demande cet
impôt foncier, leur donner également ce qui va avec cela,
c'est-à-dire la formation élémentaire et d'autres choses
que vous savez, comme, par exemple, le fonctionnement des organismes
communautaires?
Tout ceci pour indiquer qu'il s'agit là de plus qu'un transfert
de fonds. Il y a peut-être aussi des responsabilités qui sont
attachées à cela. Cela demeure donc un objectif du gouvernement
d'effectuer ces modifications profondes à la fiscalité, mais
également au partage des compétences à divers niveaux. Je
ne voudrais pas en dire plus que cela. Cela demeure une de nos
préoccupations. Ce qui a été fait cette année,
c'est une continuation de ce que l'ancien gouvernement avait fait en un sens.
C'est-à-dire qu'on a quand même plafonné l'impôt
foncier scolaire, pour l'empêcher d'augmenter en taux et en valeur,
à un plafond de 10%.
M. Goldbloom: M. le Président, cela veut-il dire que, dans
le budget de cette année, il y a une augmentation des crédits du
ministère de l'Education pour compenser ce plafonnement?
M. Tardif: Oui. Les dispositions du discours du budget qui a
été présenté par le ministre des Finances et qui
impliquent ce plafonnement à 10% de la valeur imposable ont
été prises en compte pour la préparation du budget du
ministère des Finances. Cette opération s'est effectuée au
niveau...
M. Grenier: Suite à votre question principale, pourrait-on
savoir à quel point les négociations avec le ministère de
l'Education sont rendues?
M. Tardif: Les négociations entre qui et...?
M. Grenier: Le ministère de l'Education et le
ministère des Affaires municipales, au sujet de la taxe foncière,
entre les deux ministres. Les journaux ont rapporté des nouvelles qui
n'étaient pas toujours tranquillisantes.
M. Tardif: Je dois dire que les "négociations " entre le
ministère des Affaires municipales, le ministère de l'Education
et celui des Finances en sont substantiellement au point où elles
étaient sous l'ancien gouvernement. Le ministre des Finances, dans la
préparation de son budget, a été saisi du dossier. Le
même plafonnement des augmentations a été accordé
cette année et cette question devrait être revue en entier. Cela
fait partie de cette réforme majeure de la fiscalité à
laquelle nous nous sommes engagés, mais qui doit être
harmonisée avec les questions d'autonomie locale et aussi cette
redistribution d'où viendront les $550 millions que le ministère
de l'Education devra injecter dans le système scolaire, à
supposer que le champ soit complètement occupé par les
municipalités.
M. Grenier: Théoriquement, peut-on s'atten- dre à
ce que les deux ministres s'entendent sur la disposition de la taxe
foncière?
M. Tardif: On s'entend sur le principe de revoir la question. Le
ministre de l'Education est sous la pression des commissions scolaires, qui
disent que, pour elles, c'est une condition sine qua non d'avoir ce
supplément. Il faut également penser qu'il y a la question de
tous les non-admissibles, financés aussi par ce moyen-là. On se
trouve évidemment en face de deux séries de requêtes. D'une
part, celles des municipalités, d'autre part celles des commissions
scolaires. Il y aurait un arbitrage à faire à un moment
donné.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis
obligé...
M. Tardif: II n'est pas question de le faire ce matin.
M. Goldbloom: Peut-être pas de le faire, mais
peut-être de le commencer dans une certaine mesure, parce que je suis
obligé de rappeler au ministre que la formation politique dont il est
membre a déjà tranché la question, a fait son lit, l'a dit
publiquement, et pendant son séjour dans l'Opposition et dans son
programme électoral. C'est catégorique: On va abolir la taxe
foncière scolaire. Point. Alors, puisque c'est l'engagement du
gouvernement, il me semble qu'aujourd'hui nous avons le droit de demander au
ministre d'expliciter davantage la pensée du gouvernement.
M. Tardif: M. le Président, premièrement, ils'agit là d'un engagement du Parti québécois et non
pas du gouvernement. Deuxièmement...
M. Goldbloom: Quelle est la différence?
M. Tardif: Un moment! Donc un engagement du parti et non pas du
gouvernement. Ces engagements du parti doivent être respectés et
le seront jusqu'à ce qu'on ait la preuve que les réaliser irait
à l'encontre du sens commun ou d'une saine administration de la chose
publique. En ce qui concerne le retrait du champ d'impôt foncier
scolaire, il y avait plus qu'une boutade lorsque, pressé par les
journalistes de dire quand nous allions donner aux municipalités ce
qu'elles demandent, j'ai dit: Pourquoi ne leur donnerions-nous pas, au
même moment que cet impôt foncier scolaire, par exemple, les
écoles élémentaires? Il y avait plus qu'une boutade. Dans
la mesure où, après une visite de mon comté, je recevais
des représentations des citoyens qui se plaignaient que, face à
un comté montréalais relativement bien équipé sur
le plan scolaire, éducatif, sportif, culturel, etc., on ne pouvait avoir
l'usage de ces équipements éducatifs, sportifs et culturels dans
les écoles, collèges du coin et qui étaient sous
l'égide de la CECM ou d'une autre commission scolaire ailleurs et qui
étaient payés à même leurs deniers, je pense qu'il y
a plus que strictement une boutade. On peut penser que cette espèce de
prise en charge par la population d'une municipalité des questions
d'in-
térêt local, je me demande pourquoi on ne pourrait pas
envisager que la formation élémentaire puisse devenir une
préoccupation municipale.
Quand le député de D'Arcy McGee me demande de trancher la
question, ce matin, je lui dis qu'il y a une réflexion qui se fait. Je
lui en ai livré certains éléments et je dis que
l'engagement du parti est là. Quand on lit un texte il faut lire
l'ensemble de la loi, l'économie générale du texte et non
pas le libellé d'un article. Il y a d'autres articles qui consacrent des
principes comme celui de l'autonomie locale, d'autres articles qui consacrent
l'utilisation maximale des équipements collectifs. Comment concilier ces
principes, d'une part, de ce retrait du champ foncier qui vise à donner
aux municipalités une plus grande autonomie. Cette plus grande autonomie
peut également aller dans le sens d'une prise en charge totale par elles
de certaines fonctions locales, municipales. C'est pour cela que c'est plus
qu'un simple transfert d'argent. Il peut y avoir des fonctions très
nettes qui pourraient être attachées à la fonction
municipale, sur la description desquelles, il n'y a pas lieu de s'embarquer
à ce stade-ci.
M. Goldbloom: Je trouve assez intéressant les
réflexions du ministre sur cette question. Je lui fais quand même
remarquer que, dans la requête maintes fois formulée par les
municipalités d'obtenir la totalité du champ de taxation
foncière, il n'y a jamais eu une demande d'acquérir en même
temps d'autres responsabilités. C'est-à-dire que les
municipalités en demandant cette masse financière qui, l'an
dernier était autour de $500 millions, et le ministre nous indique que
c'est maintenant $550 millions, ont voulu l'obtenir pour accomplir leurs
tâches actuelles, pas pour en acquérir d'autres. Au contraire, les
municipalités se sont opposées quand, par exemple, le
ministère des Transports a transféré aux
municipalités la responsabilité de l'entretien d'une partie du
réseau routier...
M. Tardif: Sans transfert équivalent, M. le
Président.
M. Goldbloom: Exactement, oui.
M. Tardif: Ce qui ne serait quand même pas le cas ici, M.
le Président.
M. Goldbloom: Non. Justement, les municipalités disent:
Nous avons des responsabilités déjà grandissantes, nous
avons besoin d'argent additionnel. Notamment, je me permets un autre
commentaire, entre parenthèses, parce que le ministre lui-même a
fait allusion à l'importance des emprunts municipaux. J'aimerais, s'il
n'y voit pas d'objection, qu'à l'intérieur de cette
parenthèse, il puisse nous dire s'il est vrai c'est une chose que
j'ai entendue sans avoir eu de confirmation précise que le total
des programmes d'emprunt des municipalités pour 1977 est plus
élevé que pour 1976.
M. Tardif: M. le Président, je ne suis pas en mesure de
donner le chiffre pour l'année 1977 puisque, enfin l'année
n'est pas terminée, les règlements nous arrivent
régulièrement mais la progression des règlements
d'emprunt pour les années 1974, 1975, 1976 a été: $325
millions en 1974, $800 millions en 1975 et un milliard en 1976.
Selon l'estimation que j'avais, on pouvait s'attendre cette année
à quelque chose de l'ordre de $600 millions, possiblement. Je me demande
d'où provient ce chiffre estimé à... ce n'était pas
dans ce document, monsieur...
C'est que, quand même, comme le député de D'Arcy
McGee le sait sans aucun doute, la Commission municipale n'approuve pas que les
règlements d'emprunt à long terme des municipalités, mais
également des commissions scolaires, à court terme.
Il n'y a aucune prévision d'indiquée dans les documents
émanant de nos services et de la commission quant au nombre
prévu. On s'attend que ce soit substantiellement moindre. Il faut quand
même tenir compte du fait que le chiffre de un milliard pour
l'année 1976 comprenait la partie montréalaise de la dette
olympique.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre sera
sûrement d'accord que si nous voulons diminuer le fardeau des emprunts
municipaux, le fardeau imposé par la génération actuelle
à la suivante, il n'y a que deux façons de le faire: On peut
réduire les projets ou bien on peut assimiler en plus forte proportion
ce genre d'investissement au budget de l'année courante.
Le ministère, appelé souvent à analyser le budget
d'une municipalité, a établi la politique d'identifier de telles
dépenses comme devant être faites par règlement d'emprunt
là où la municipalité demandait de l'aide parce que les
dépenses de l'année étaient élevées.
Il me semble que si nous voulons agir de façon à diminuer
cette pression des municipalités sur le marché de l'argent, il
faudra accepter que les municipalités assument des dépenses
d'investissement à même le budget de l'année courante.
Est-ce que c'est dans l'esprit du ministre la tendance qu'il voudrait
imprimer à l'administration municipale?
M. Tardif: M. le Président, je pense que, de cette
façon qui lui est particulière, le député de D'Arcy
McGee a fait référence aux subventions dites d'équilibre
budgétaire qui ont été versées par le
ministère aux municipalités, subventions auxquelles j'ai mis un
terme par ma déclaration ministérielle du 22 décembre
dernier, après en être venu à la conclusion que ceci menait
systématiquement à de la mauvaise gestion de la part des
municipalités qui pouvaient être moins tentées de faire un
budget équilibré puisqu'elles pouvaient espérer une aide.
C'en était au point je vous rappellerai ma déclaration
ministérielle du 22 décembre que les municipalités
régies par la Loi des cités et villes qui devaient
présente ce n'était pas le cas pour celles régies
par le Code municipal un budget équilibré pour le 31
décembre venaient me voir à mon bureau, venaient
voir tout le personnel de mon cabinet en disant: M. le ministre, nous
devons faire notre budget, mais nous ne savons pas comment nous pouvons
arriver. Voulez-vous nous donner une subvention et nous allons retourner faire
notre budget. C'était même formulé dans les termes:
Donnez-nous ce que vous pouvez. J'avais vraiment l'impression que
c'était une campagne de charité que l'on faisait. J'ai dit: Bon!
C'est très simple, le budget est entièrement utilisé. Il
n'y a aucun poste budgétaire qui existe comme tel au chapitre des
subventions dites d'équilibre budgétaire, et il n'en est pas
question. Si des crédits étaient disponibles à mon
ministère pour le prochain exercice financier, cela le sera à
l'intérieur de cadres précis et non pas une espèce de
couverture en fin d'année ou en fin d'exercice financier.
J'ai eu la très grande satisfaction de constater, en recevant le
rapport du Vérificateur général, il y a de cela une
semaine ou deux, que celui-ci s'opposait de façon très
précise à cette procédure, et là je cite un extrait
du rapport du vérificateur général, à la page 1-52:
"L'octroi des subventions d'équilibre budgétaire aux
municipalités n'est régi par aucune loi spécifique ni
réglementation spéciale. Le ministre possède un pouvoir
discrétionnaire et la décision finale d'accorder une subvention
lui revient. Pour que cette décision soit prise d'une façon
rationnelle et équitable nous suggérons que les normes et
critères non formels présentement appliqués lors de
l'étude d'une demande de subvention soient officialisés par
l'approbation du ministre". En ce qui concerne le rôle du
ministère, il y a peut-être deux points intéressants ici,
où le Vérificateur général dit ceci: "Le rôle
du ministère consiste à faire l'analyse des demandes de
subventions qui lui sont soumises, à suggérer des moyens de
combler l'écart budgétaire et à fournir une aide
financière lorsqu'il le juge nécessaire. Depuis décembre
1975 environ, le ministère a pour objectif de ne plus verser de
subventions lorsque la demande lui en est faite après que le
déficit a déjà été réalisé ou
les dépenses déjà encourues. Nous avons examiné 19
dossiers relativement aux demandes de subventions d'aide financière
provenant de municipalités éprouvant des difficultés
à équilibrer leur budget. Pour 50% d'entre elles, des subventions
au montant de $1 454 000 ont été versées. A l'égard
de ces dernières, nous désirons faire les commentaires suivants:
Dans un cas, le rapport des analyses du ministère recommandait de ne pas
verser de subventions parce qu'il n'y avait aucun besoin financier qui aurait
pu la justifier. Le ministre a quand même décidé d'octroyer
une subvention de $50 000 à cause de promesses antérieures. Dans
un autre cas...
M. Goldbloom: Le ministre est-il en mesure de me dire de quelle
municipalité il s'agit? S'agit-il de la ville de Shawinigan?
M. Tardif: M. le Président, le Vérificateur
général, dans son rapport à la page 1-52, ne mentionne pas
le nom de la municipalité. Il serait sans doute possible de le demander
au Vérificateur général. Mais...
M. Goldbloom: Je pense qu'il s'agit de la ville de
Shawinigan.
M. Tardif: Dans le sens de la réponse, il ne s'agit pas de
nier les besoins des municipalités sur certains plans. La mise sur pied
en six mois de six programmes complets visant à répondre à
des besoins spécifiques sur le plan de l'alimentation en eau, de
l'évacuation des eaux usées, de l'évaluation
foncière, d'équipements en cas d'incendie et d'autres programmes
qui viendront, indique vraiment que le ministère fait tout ce qu'il est
possible de faire pour que cette aide soit disponible aux municipalités,
mais à des fins très précises, à des conditions
décrites dans ces divers programmes. Il reste, et cela est en accord
avec ma déclaration ministérielle, qu'il y avait néanmoins
une porte ouverte à une aide gouvernementale dans des cas précis.
Et j'en ai cité trois. A l'occasion de désastres majeurs, tels
que l'incendie d'une usine, un glissement de terrain, ayant pour effet de
priver de façon substantielle une municipalité des revenus
qu'elle aurait prévus pour l'année en cours ou d'augmenter
brusquement et fortement ses dépenses.
Tout le monde a à la mémoire des cas comme
Saint-Jean-Vianney et d'autres semblables, ou la principale usine de Cap-Chat.
Il y a quand même une action précise qui est prise s'il y a un
sinistre ou un désastre qui survient dans une localité.
Deuxièmement, pour ajouter un complément aux subventions
statutaires insuffisantes à l'occasion de regroupement, fusion, annexion
ou en attendant que la loi soit amendée. M. le Président,
à l'heure actuelle, la loi visant à favoriser le regroupement des
municipalités prévoit des subventions de $3 par tête
pendant cinq ans, donc $15 en tout. Dans les cas de regroupement, le
ministère, à la suite des nombreuses représentations et
pour les raisons évoquées, à savoir que le taux des
dépenses des municipalités s'accroissait de façon plus que
proportionnelle à la taille de ces mêmes municipalités, a
toujours ajouté à cette aide statutaire un montant qui
était versé aux municipalités. J'avais le choix, en
arrivant au ministère, entre tenter d'amender la loi, puisque les
montants en cas. de fusion n'étaient pas suffisants, pour les doubler,
par exemple, ou bien d'assujettir ces montants, qui étaient
généralement du double, alloués aux municipalités
regroupées, de les assujettir à des règles.
Plutôt que de modifier la loi de façon à porter, par
exemple, à $6 par habitant par année le montant qui est
actuellement de $3, j'ai préféré la deuxième
formule qui est celle qui consiste à assujettir ce supplément de
subvention, dans les cas de regroupement par exemple, à un calcul qui
tient compte de la taille des municipalités intégrées.
Ainsi, vous allez comprendre immédiatement, M. le
Président, que verser une subvention doublée, de $6 par
tête au lieu de $3, à une ville comme celle de Québec ou la
ville de Montréal qui
annexerait une petite ville de banlieue, comme elle l'a fait dans le cas
de Saraguay qui est un petit village, et verser une subvention à
Montréal de $6 par tête qui aurait pour effet que l'annexion de ce
petit village n'occasionnerait pas des dépenses telles à la ville
de Montréal, donc, qu'elle doit bénéficier d'une telle
subvention...
C'est ce qu'aurait pour effet de faire une loi qui serait basée
strictement sur un per capita et qui viserait à doubler le montant.
Au lieu de cela, M. le Président, une formule mathématique
assez simple a été élaborée qui consiste à
prendre la population totale de la nouvelle ville intégrée, de la
diminuer de la population de l'ancienne ville la plus populeuse et de faire le
quotient sur, également, l'ancienne ville la plus populeuse, ce qui
donne, finalement, un ratio.
Ce ratio, étant appliqué au calcul, nous donne une
subvention possible additionnelle jusqu'à concurrence de $9 pendant
trois ans, $9 la première année de la fusion, $6 la
deuxième et $3 la troisième pour les municipalités, pourvu
que le rapport soit supérieur ou égal à un.
Je vais vous donner un exemple. Dans le cas d'une municipalité
nouvellement intégrée qui aurait 12 000 de population, par
exemple, résultant d'une agglomération d'un certain nombre de
municipalités, la population totale étant de 12 000, l'ancienne
ville la plus populeuse étant de 6000, on prendrait la population de la
nouvelle ville, 12 000, moins 6000 sur 6000, cette même population, ce
qui donne un ratio de 1. La municipalité est admissible au plein montant
de $9, $6, $3; lorsque le ratio sera de 0,75 ou 0,50, peu importe le
pourcentage, elle sera admissible à ce même pourcentage de ces
subventions.
Tout ceci pour dire, M. le Président, que des efforts ont
été faits et continuent d'être faits pour éliminer
la partie dite strictement discrétionnaire dans l'octroi des
subventions. Encore une fois, sans mettre d'accent péjoratif sur le
terme discrétionnaire, on tente de l'assujettir à des normes,
à des règles qui collent et qui répondent aux besoins des
municipalités.
Le troisième secteur où j'ai décidé de
canaliser les montants prévus pour les fins de subventions auparavant
dites d'équilibre budgétaire, c'est celui à l'occasion de
l'implantation de politiques gouvernementales en milieu municipal. C'est
sûr, par exemple, que, si une loi d'urbanisme était
édictée qui exigerait des municipalités la confection de
plans d'aménagement, de zonage, de lotissement, une aide serait
prévue.
C'est le cas de la loi sur l'évaluation foncière où
un autre programme prévoit une contribution gouvernementale de 50%. Ce
serait la même chose s'il y avait une politique de
régionalisation. Donc, aide gouvernementale dans le cas d'implantation
de politiques québécoises qui seraient imposées aux
municipalités. Voilà comment, M. le Président, cette
question des besoins financiers des municipalités a été
traitée et comment j'entends la traiter à l'avenir.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis très
intéressé à entendre le ministre parler du dévelop-
pement d'une formule pour calculer certaines subventions, parce que,
contrairement à ce qui semble être son impression depuis son
arrivée au ministère, c'est exactement ce que j'ai essayé
de faire pendant trois années et demie.
Au début, quand je suis arrivé, il y avait
véritablement un régime qui laissait une marge
considérable pour la discrétion du ministre. J'ai essayé
progressivement d'éliminer ce genre de geste. Je me suis retrouvé
avec de rares dossiers, où je devais soit refuser, soit accepter des
choses qui m'étaient indiquées. Je me rappelle deux cas
particuliers. Je crois que ces deux cas ont effectivement été
cités, parmi les centaines et les centaines de dossiers que le
ministère fait examiner chaque année, par le Vérificateur
général.
Il y avait le cas d'une ville et d'une paroisse qui avaient
effectué une fusion au moment même, si ma mémoire est
fidèle, où mon prédécesseur a quitté le
ministère. Les dirigeants municipaux sont venus me voir pour affirmer
que mon prédécesseur avait promis une subvention. J'ai
communiqué avec le député en question, qui a
confirmé qu'il avait fait cette promesse. Il y a eu, entre-temps, comme
le ministre l'a indiqué, une analyse de la situation financière
de la nouvelle ville regroupée; or, cette analyse indiquait que,
véritablement, la municipalité pouvait s'administrer
convenablement sans cette aide additionnelle qui était de $50 000 ou $60
000. A ce moment, j'avais le problème de respecter l'engagement moral
donné par un autre ministre. J'ai décidé de respecter la
parole donnée, parce que les témoignages la confirmaient.
L'autre cas était celui de la ville de Shawini-gan. Le
problème était assez inusité. Je pense qu'il est
maintenant réglé. Il y avait dans la ville de Shawinigan ce que
l'on appelle communément une cour à ferraille, à
côté d'un terrain de jeux, dans un quartier résidentiel
où les contribuables se plaignaient considérablement de la
présence de ce commerce de ferraille. Le conseil municipal a voulu
obtenir le déménagement de cette entreprise dans son parc
industriel ou ailleurs; de toute façon, à l'extérieur de
ce quartier résidentiel.
J'ai demandé au conseil municipal d'envisager la
possibilité d'exproprier le terrain. Le conseil a examiné cette
possibilité et a trouvé qu'il aurait fallu procéder par un
règlement d'emprunt et que le règlement en question aurait
été exposé à un référendum à
l'échelle de toute la municipalité. Il était
évident que les résidents du quartier en question auraient
voté massivement en faveur du règlement d'emprunt, mais que les
autres résidents, en forte majorité, qui habitaient les autres
quartiers, qui n'étaient pas affectés par l'inconvénient
de la présence de cette entreprise de ferraille, auraient voté
contre le règlement. C'est comme cela qu'il y a eu une assez longue
discussion et plusieurs rencontres entre les autorités municipales et le
propriétaire: les négociations ont abouti à une
évaluation que le ministère n'a pas faite comme telle, mais il a
aidé à déterminer la valeur raisonnable du terrain du
commerce en question. C'est comme cela que la ville a dit: Nous n'avons
vraiment pas les moyens, à même le budget de
cette année. Si le ministère peut nous aider dans une
certaine mesure, nous ferons notre effort, de notre côté.
C'est comme cela que nous avons divisé le montant en deux. Le
ministère a contribué pour la moitié parce qu'autrement le
problème n'aurait pas été réglé.
Ce genre de problème va sûrement se présenter de
temps en temps sur la table de l'actuel ministre. Mais quand il parle des
subventions d'équilibre budgétaire, il y a une distinction
à faire, et une importante, entre les municipalités
créées par regroupement et les autres. Quant aux autres, les
refus, de mémoire, je dirai, se chiffraient à au moins 90%. Dans
chaque cas, sans exception, les fonctionnaires examinaient le budget
proposé par la municipalité pour déterminer s'il y avait
moyen d'augmenter les revenus et de diminuer les dépenses. Les
augmentations de revenus provenaient généralement d'un ajustement
dans le montant représenté par la redistribution d'une partie du
produit de la taxe de vente. La municipalité n'étant pas en
mesure de savoir qu'il y avait cette possibilité d'augmentation, le
ministère pouvait lui dire: Vous aurez plus de revenus que prévu
et, plus que cela, communiquez avec les autorités compétentes
pour faire augmenter les versements bimensuels.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il y avait souvent
des dépenses en capital qui étaient proposées comme
dépenses courantes a même le budget de l'année. Le
ministère a dit: Agissez comme les autres, traitez ces dépenses
par des règlements d'emprunt et vos dépenses diminueront.
Egalement, nous avons fait une analyse serrée du service de la dette et
souvent nous avons trouvé que le service de la dette était
surestimé et que la municipalité prévoyait des
dépenses qu'elle n'aurait pas eu à effectuer au cours de
l'année. De cette façon, la forte majorité des demandes a
essuyé un refus. Dans quelques cas, il a semblé nécessaire
de donner de l'aide et cela toujours selon une formule qui impliquait une
augmentation de l'effort local et la prise par la municipalité de la
partie du champ de taxation scolaire libérée par la diminution
progressive du taux normalisé par le gouvernement
précédent.
C'est assez loin de cette notion de subvention discrétionnaire
donnée simplement pour la beauté des yeux ou, comme certaines
personnes malignes ont eu le plaisir de le suggérer, pour la couleur
politique, ce qui est une accusation passablement étrange quand il y
avait à un certain moment 102 comtés du côté
ministériel et 8 seulement du côté de l'Opposition. La
couleur politique était à peu près la même partout.
Nous avons essayé d'être absolument justes et équitables
à l'endroit de tout le monde et je prends à témoin le
député de Beauce-Sud, qui n'a pas été
négligé pendant les trois années et demie où j'ai
siégé au ministère.
M. Roy: M. le Président, suite à ce que vient de
dire le député de D'Arcy McGee, je m'excuse, mais il m'a pris
à témoin, M. le Président, et, en vertu de notre
règlement, j'aimerais bien faire une mise au point de façon
à être bien clair là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Faites-la.
M. Roy: Lorsque l'ex-ministre des Affaires municipales a dit
qu'il me prenait à témoin que les comtés n'avaient pas
été négligés, je ne sais pas ce qui s'est
passé dans les autres comtés de la province, mais je sais
qu'actuellement le nouveau ministre des Affaires municipales a
été sensibilisé à la question. J'ai des dossiers,
dans le comté de Beauce-Sud, qui font réellement pitié
puisqu'au niveau du financement il y a eu des négligences assez
sérieuses et des négligences assez graves. Je ne sais pas ce qui
s'est passé au niveau des 102 comtés ministériels, il n'y
avait que huit comtés de l'opposition, et, dans ces huit comtés
de l'Opposition, il faut dire qu'il y avait quatre comtés qui
étaient urbains dans la ville de Montréal, il restait
effectivement quatre comtés dans la province qui avaient à
traiter directement avec le ministère des Affaires municipales. Je peux
vous dire que je suis loin d'être réjoui de la situation qui a
été faite au comté de Beauce-Sud.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Goldbloom: J'invoque mon privilège pour répondre
brièvement au député de Beauce-Sud...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, en arrivera-t-on à vos anciens crédits ou à
ceux du ministère...
M. Goldbloom: Posez cette question au ministre, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): ...oui, mais je crois que
c'est à vous de la poser actuellement. Le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Quant à ma question, le ministre y a
partiellement répondu, à savoir qu'un équilibre
budgétaire serait dorénavant réduit à des points
très précis, comme des "act of God", des événements
imprévus, ou conflagrations qui sortent un peu de l'ordinaire. C'est le
sens d'une administration qui se veut équilibrée, de plus en plus
précise et efficace. C'est certainement ce à quoi visait aussi
les anciens gouvernements. Je lui souhaite bien de le réaliser à
court terme.
Cependant, je crois comprendre également que dans la
déclaration du ministre, cela n'élimine pas pour des
années à venir, même cette année, d'autres
équilibres qui pourraient se faire au niveau des municipalités.
J'ai cru comprendre que tout n'est pas arrêté. Est-ce que cela
veut dire qu'il y a des dossiers qui pourraient être revus au niveau de
certaines municipalités?
M. Tardif: M. le Président, strictement sur le plan des
subventions appelées, auparavant, d'équilibre budgétaire,
et encore une fois, je le ré-
pète, qui n'avaient aucun fondement légal, il n'est pas
question de revenir à ce mode. Si des subventions ou une aide
gouvernementale est prévue, ce sera à l'intérieur de
programmes précis, donc ce sera fait... Les trois seules
possibilités seront celles mentionnées tantôt en cas de
cataclysme ou de sinistre affectant une région, dans les cas de
regroupement et dans les cas d'implantation d'une politique
gouvernementale.
Il y a, évidemment, une série de programmes à des
fins spécifiques, je l'ai mentionné tantôt, l'alimentation
en eau, l'aqueduc, les égouts, l'évaluation foncière, la
préparation de plans d'urbanisme et autres. Là-dessus, de
nouveaux programmes sont en préparation et sortiront au fur et à
mesure. On en a sorti six en six mois, c'est quand même une bonne
moyenne.
M. Grenier: Est-ce que la déclaration que vous venez de
faire est celle qu'on connaît depuis le 22 décembre, cette aide
d'équilibre qui peut être donnée va sur les programmes 4 ou
5 ou si vous faisiez allusion seulement à un programme?
M. Tardif: M. le Président, le programme 4... la
permission a été accordée au député de
D'Arcy McGee de poser une question qui touchait peut-être davantage le
programme 5 que le programme 4. Le programme 4 étant strictement les
montants versés à titre de "en-lieu" de taxes.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, mais est-ce
que l'on parle de programme ou d'élément?
M. Tardif: Je m'excuse. On parle de l'élément 5,du
programme 2.
M. Goldbloom: M. le Président, j'avais proposé que
l'élément 4 soit adopté.
M. Tardif: Ah! bon.
M. Grenier: Vous ne parliez que de 5 dans votre
déclaration, j'imagine.
M. Tardif: C'est à l'intérieur de
l'élément 5 que se situent, en effet, ces aides.
M. Grenier: Est-ce que ces six programmes ont déjà
été déposés ou si on pourrait en prendre
connaissance.
M. Tardif: II y en a au moins quatre qui ont été
publiés, rendus publics: PAIRA en est un, Liquidation, celui sur
l'évaluation, celui sur les incendies, etc. Il y en a quatre et les deux
autres, je les ai signés et ils seront distribués
également dans toutes les municipalités et à tous les
députés.
Le Président (M. Laplante): M. le député du
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Merci M. le Président, cela porte
également sur l'aide financière aux municipalités. Le
ministre a décidé d'abolir en décembre, à juste
titre, les subventions d'équilibre budgétaire, ce qui
encourageait, comme il le disait tout à l'heure, la mauvaise
administration dans les municipalités. Ce n'était pas très
sain sur le plan administratif et cela a créé, dans les
municipalités, comme il le mentionnait également, l'habitude de
quémander. Cependant, il y a quand même des cas limites et ce sont
de ces cas limites dont je voudrais parler. Qu'arrive-t-il dans le cas d'une
municipalité qui fait face à une situation financière
telle, qu'elle doit imposer aux contribuables un si lourd fardeau fiscal qu'il
devient inacceptable et même injuste? Je pense, par exemple, à la
ville de Dolbeau, d'où je reviens, après cette fin de semaine.
Suite à ce qu'on disait et à ce qui a été
révélé par un rapport d'enquête de la commission
municipale, révélation d'une gestion pitoyable des finances de la
municipalité, Dolbeau se débat dans des difficultés
financières considérables.
La solution, la mise en tutelle par la Commission municipale, est
déjà chose faite. La ville de Dolbeau est en tutelle. Et,
malgré la mise en tutelle, il y aura, semble-t-il, cette année
encore, un déficit budgétaire important. Que peut-il y avoir
après la mise en tutelle, et si cette dernière ne parvient pas
à assurer un budget équilibré à la
municipalité dont elle supervise l'administration, à moins de
hausser à un niveau inacceptable le taux de la taxe foncière?
Le cas de Dolbeau est vraiment caractéristique, exemplaire, mais
il y a sûrement d'autres cas limites au Québec. Je veux bien
croire que l'abolition des subventions d'équilibre budgétaire
devait se faire, que c'était indispensable, nécessaire, mais
qu'advient-il, dans ces cas limites, même chez des municipalités
qui sont déjà mises en tutelle?
Une sous-question également: Les recommandations contenues dans
le rapport de la Commission municipale sur la ville de Dolbeau seront-elles
appliquées, respectées par le ministère des Affaires
municipales? Y a-t-il un début d'application? Y a-t-il même des
amendements à la loi qui vont se faire, à la suite de ces
recommandations contenues dans le rapport sur la ville de Dolbeau?
M. Tardif: M. le Président, je suis heureux de la question
parce que, précisément, le cas de Dolbeau est un cas type qui
pourrait être multiplié à de nombreux exemplaires au
Québec. Dans ce cas, on a eu l'avantage d'avoir une enquête de la
Commission municipale, enquête qui a révélé une
situation vraiment anarchique et de mauvaise gestion qui, selon moi, n'a
même pas encore été suffisamment mise en lumière,
où l'on constate toutes sortes d'anomalies. J'emploie un
euphémisme pour qualifier certains gestes, certains actes posés
par les élus municipaux qui, par exemple, dans le cas du maire, signait
des chèques en blanc, qui étaient, par la suite,
transférés de différents comptes de banque et de caisse.
J'emploie également un euphémisme lorsqu'on parle de comportement
pour le moins irrégulier, à la suite d'un passage sibyllin du
rapport de la Commission municipale, où il était dit et je
cite à peu près tex-
tuellement, de mémoire: La commission a constaté,
après enquête, que beaucoup d'employés municipaux
possédaient la clef de la pompe à essence qui sert à faire
le plein des camions de la municipalité. Evidemment, j'aurais
aimé savoir ce que ceci signifiait. On m'a dit, et je cite textuellement
ce qui m'a été rapporté: Tout le monde "gazait", comme on
dit. A ce moment, j'aurais aimé qu'on tente de déterminer qui
faisait ainsi le plein d'essence et, à défaut de pouvoir le
désigner nommément, que l'on puisse, à tout le moins, par
une étude de la consommation d'essence sur une période de temps
et du nombre de véhicules automobiles de la municipalité, en
arriver à un taux de consommation nettement exagéré. Il y
a des choses comme cela.
Il y a des choses encore plus suaves, lorsqu'on constate des passages
d'un rapport d'enquête, où il est dit à peu près
ceci et je cite encore de mémoire : La Commission
municipale a constaté que la consommation d'eau à Dolbeau est
d'environ 400 gallons d'eau par jour, par citoyen, ce qui serait à peu
près trois fois la consommation moyenne des citoyens dans les autres
municipalités du Québec. On lit un passage suave, qui se lit
à peu près comme ceci: La commission en conclut que si, cette
consommation excédentaire, ou à peu près, je mets
les virgules à l'oeil était due au fait que l'eau
chlori-née et fluorée de la municipalité sert à
alimenter l'usine de papier Domtar, ceci ne devrait plus se continuer. Je pose
la question: Est-ce que, effectivement, l'eau de la municipalité servait
au fonctionnement de l'usine?
On a relevé ainsi je pourrais multiplier les exemples
à l'infini une situation vraiment intolérable.
M. Brassard: Y avait-il des travaux exécutés sans
même l'assentiment du conseil municipal?
M. Tardif: Sans l'assentiment du conseil municipal, les permis
émis également, les permis de construction sans que des
règlements ne soient adoptés à cet effet. Bref, des
montants empruntés sans règlement d'emprunt. Tout ceci pour dire
que cette municipalité se retrouve, après quatre ou cinq ans
d'une telle gestion, dans une situation financière difficile en raison
de ces actes-là, notamment, mais aussi parce que, pendant la même
période, ces citoyens ont été sous-taxés. On n'a
pas, durant cette période, pris les mesures nécessaires pour
faire supporter le poids de la gestion municipale comme on aurait dû le
faire, si bien qu'aujourd'hui, après cette mise en tutelle, après
cette enquête de la commission, on constate qu'il y a évidemment
un rattrapage à faire au niveau des taxes. Cela me semble être un
juste retour des choses.
Maintenant, en ce qui concerne les recommandations de la Commission
municipale, elles étaient de deux ordres. La première
série visait la reconduction de la tutelle pour une année, ce qui
a été proposé au Conseil des ministres et
décrété par arrêté en conseil, donc la
tutelle se continuera pendant un an à Dolbeau. Je crois que les
élec- tions sont prévues pour l'automne prochain, donc
jusqu'à ce qu'il y ait la tenue d'une élection dans cette
municipalité. La deuxième série de recommandations
visait à amender la loi de façon que des mesures très
strictes soient prévues pour les cas de règlements d'emprunts non
autorisés, pour les cas où les travaux seraient faits sans
l'adoption de règlement en bonne et due forme. Ces recommandations ont
fait l'objet d'un mémoire au Conseil des ministres, mémoire qui a
été adopté et qui sera traduit, qui est en train
d'être traduit, sous forme d'amendement à la Loi des cités
et villes et qui sera présenté incessamment.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aurais évidemment des
questions à poser sur ce programme, mais vous me permettrez d'apporter
quelques précisions aux propos que j'ai tenus tout à l'heure. Je
veux quand même être juste envers l'ancien ministre et dire qu'il y
a effectivement des travaux qui ont été effectués dans le
comté de Beauce-Sud, au cours des années 1973 et 1976, dans deux
municipalités. Mais par contre il y a trois municipalités qui ont
vécu des situations tout à fait anormales et j'aimerais que cela
soit bien clair, bien connu, bien spécifique et que cela soit inscrit
dans le journal des Débats.
Le 7 mai 1975 le nouveau ministre est d'ailleurs au courant
le maire de la ville de Saint-Georges-Est recevait une lettre du
ministre des Affaires municipales de l'époque indiquant qu'une
subvention de $2 944 780 était accordée par le ministère
pour la construction d'une usine de filtration. Cela faisait partie d'un
programme conjoint entre le fédéral et le provincial en 1973, un
programme de prêts consenti par le gouvernement fédéral.
Or, le 16 février 1976, le maire de Saint-Georges, M. Sylvester Redman,
envoie un télégramme à l'ex-ministre des Affaires
municipales pour dire qu'il n'avait encore reçu aucune tranche de la
subvention alors qu'il était normalement supposé en recevoir une
tranche un an plus tôt.
C'était le 16 février 1976. Immédiatement, au mois
de janvier, j'ai entrepris des démarches auprès du nouveau
ministre des Affaires municipales, puisque la question n'était pas
encore réglée, pour apprendre finalement que le ministère
des Affaires municipales n'avait pas réussi à obtenir
l'arrêté en conseil qui aurait permis à la
municipalité de vendre les obligations pour financer ladite usine de
filtration, avec cette conséquence que, aujourd'hui même, deux ans
trois jours se sont écoulés depuis l'annonce officielle de la
subvention par le ministre des Affaires municipales de l'époque, alors
qu'une seule tranche de la subvention a été versée,
c'est-à-dire un acompte de $200 000... Non, j'ai des questions
là-dessus à poser au ministre.
Le Président (M. Laplante): C'est que vous tombez dans le
programme 11, je pense que vous étiez ici à ce moment-là.
Il a été adopté...
M. Roy: M. le Président, j'étais ici et cela va
m'amener...
Le Président (M. Laplante): Pour le bien de la commission.
Parce que si je vous l'accorde à vous, M. le député de
Beauce-Sud, je serai obligé de l'accorder aux autres aussi. Il y a
plusieurs programmes à passer. Si vous pouviez poser votre question tout
de suite, je pense que cela faciliterait la tâche du
Président.
M. Roy: Je veux en venir à la conclusion. Si vous
permettez, j'en arrivais à la conclusion. Pour dire, qu'effectivement
deux ans et trois jours se sont écoulés depuis l'autorisation
accordée par le ministre des Affaires municipales, depuis l'annonce
faite par le ministre des Affaires municipales et la municipalité de
Saint-Georges-Est vient tout juste de recevoir une lettre l'autorisant à
vendre la dernière tranche de ses obligations. Une lettre du nouveau
ministre m'a confirmé que la subvention viendrait seulement un an
après l'octroi de la subvention tel que prévu dans les
règlements et conformément à la façon de
procéder des Affaires municipales.
Ce qui m'amène à dire que Saint-Georges-Est ne recevra la
première tranche de sa subvention qu'exactement trois ans après
l'annonce que cette subvention a été accordée. Ce qui a
fait c'est là que je veux en venir avec la question des
subventions pour l'aide aux municipalités ce qui a fait que
Saint-Georges-Est, qui était en excellente situation financière,
a dû payer des frais d'intérêt de $1000 par jour pendant 500
jours, ce qui totalise un demi-million de dollars. Aujourd'hui, elle est
obligée de recharger à la dette, d'obtenir un nouveau
règlement d'emprunt pour être capable de refinancer ses
intérêts. Ce sont des situations comme celle-là qui placent
les municipalités dans des situations extrêmement pénibles.
Ce n'est pas la faute des administrateurs municipaux ni de la population, mais
à cause de toutes sortes de complications administratives, on se
retrouve dans des situations extrêmement déplorables. Je pourrais
évidemment parler du cas de Saint-Prosper. Je ne veux pas aller plus
loin. Mais parce que le ministre m'a piqué au vif tantôt quand il
a dit qu'il me prenait à témoin, alors que j'en ai fait, des
pèlerinages à son bureau. Il y en a des gens qui ont fait, des
pèlerinages dans son bureau. Alors que des programmes étaient
acceptés par la Société d'habitation du Québec, on
a attendu la campagne électorale pour venir donner à la ville de
Saint-Georges-Est et j'ai une photocopie du chèque ici
$200 000 en acompte à la subvention. $200 000, alors que le reste, soit
$94 000, aurait dû être versé en même temps et pour
apprendre aujourd'hui que cela va prendre un an avant que la subvention de $294
000 ne soit versée. Alors, imaginez-vous que la municipalité est
obligée d'emprunter, à part le demi-million, est obligée
d'emprunter à cause du retard du gouvernement. Aujourd'hui, elle est
obligée d'emprunter pour payer les intérêts à cause
de deux subventions de $294 000 chacune qui auraient dû lui être
versées.
Quand on vient me dire qu'on me prend à té- moin que le
comté de Beauce-Sud a été bien servi, M. le
Président, c'est là que je m'inscris en faux.
Pour revenir sur le programme qui nous occupe plus
particulièrement en ce moment, puisqu'on parle d'aide financière
aux municipalités, j'aimerais demander au nouveau ministre des Affaires
municipales cette question, je l'ai posée bien des fois à
l'ancien ministre s'il a l'intention de procéder à un
réaménagement concernant la redistribution de la taxe de
vente.
M. Tardif: M. le Président, j'ai touché ce point
dans ma présentation générale avant l'étude des
crédits, programme par programme, à savoir qu'il y a
effectivement une demande des municipalités qu'on porte de 2% à
3% le pourcentage de la taxe de vente qui leur est versé. J'ai
également dit que cet objectif qui implique ce un pour cent, fait appel
à un montant global de l'ordre de $200 millions. Cela a
été partiellement inclus procurer des revenus
supplémentaires dans le discours du budget qui accorde aux
municipalités au-delà de $100 millions, c'est-à-dire plus
de un demi pour cent de ce montant de la taxe de vente. Cette question
s'inscrit, comme celle de l'impôt foncier scolaire qui avait
été abordé par le député de D'Arcy McGee,
dans ce réaménagement de la fiscalité municipale et
là-dessus des pourparlers sont en cours avec le ministre des Finances
pour effectuer ces transferts ou cette réforme de la fiscalité.
Le ministre des Finances a annoncé dans son budget que ces deux blocs
d'impôt foncier: scolaire, $550 millions et la taxe de vente, $200
millions, étaient des mastodontes qu'il ne pouvait déplacer en un
laps de temps aussi court, mais l'objectif est là.
M. Roy: J'aimerais savoir, parce que j'avais bien noté les
remarques, les annonces que nous avait faites le ministre des Affaires
municipales lors de la présentation de ses crédits... Ce que je
veux surtout souligner, c'est l'aspect de la distribution du pourcentage actuel
qui est redistribué dans les municipalités. Je m'explique. Dans
beaucoup de régions du Québec, vous avez des municipalités
qui ont à peu près une population identique.
Vous avez des municipalités à vocation commerciale et
industrielle et vous avez d'autres municipalités qui ont un
caractère surtout résidentiel, voire institutionnel, les
hôpitaux, les écoles et ainsi de suite.
Pour des populations identiques, on se retrouve avec des écarts.
J'aurais un cas à signaler à l'attention de l'honorable ministre,
pour des populations d'environ 8000 âmes, pour deux municipalités
voisines séparées par une rivière, il y en a une qui a $3
de remboursement de taxe de vente alors que l'autre a seulement $1.
Ce qui amène les municipalités, effectivement, à se
promener et à faire des démarches auprès des
autorités des Affaires municipales pour avoir des subventions
d'équilibre budgétaire parce que les problèmes de
développement sur le plan résidentiel existent quand
même.
Ces municipalités, au lieu de recevoir environ
$300 000 si la taxe de vente était équilibrée, se
voient pénalisées de $150 000 puisqu'elles ne reçoivent,
effectivement, que $150 000.
Puisque cela a été discuté, je ne peux pas aborder
la question de la possibilité d'augmenter le pourcentage de la taxe de
vente qui est remis aux municipalités. J'aimerais savoir, à
l'intérieur de l'enveloppe actuelle, quelles sont les intentions du
ministre?
M. Tardif: M. le Président, la distribution actuelle des
2%, de l'enveloppe actuelle qui va aux municipalités, provenant de la
taxe de vente, se fait en fonction d'une formule de péréquation,
de la façon suivante: II y a 50% de la taxe de vente perçue par
une localité qui lui revient, il y a 40% qui est une redistribution de
la taxe de vente perçue dans la région économique en
question et il y a 10% qui est au prorata de l'importance de la population
locale dans l'ensemble du Québec.
On tient compte de trois facteurs: la population locale, la population
régionale et la population de l'ensemble du Québec pour le calcul
de la distribution de cette enveloppe de 2%.
A l'heure actuelle, des représentations nous ont
été faites au sujet de cette péréquation et j'ai
saisi le ministre des Finances de cette question. Les opinions sont
partagées, à savoir si cette formule devrait être
repensée. Il semble que, dans certaines municipalités, la taxe de
vente représente une bonne part du revenu de la municipalité
parce que des commerces, des centres commerciaux se sont établis
là. Evidemment, il y a des coûts afférents pour les
municipalités qui les ont. C'est non seulement une source de revenus,
mais c'est également une source de dépenses, de bruit, de
pollution et tout, lorsque des entreprises vont s'installer sur leur
territoire.
La question est ouverte. Je recevrai volontiers les suggestions de
l'Union des municipalités, des conseils de comté quant à
la façon la plus équitable de redistribuer ce produit en tenant
compte, non seulement des trois facteurs déjà mentionnés,
mais bien de tout autre facteur qui pourrait être applicable.
M. Roy: II y a déjà eu, M. le Président, des
représentations qui ont été faites par l'Union des
municipalités du Québec à l'occasion de ses
congrès. Cela fait même l'objet de résolutions à
chaque congrès annuel. Evidemment, la formule est toujours la
même.
J'aimerais bien dire ceci à l'honorable ministre, étant
donné que la principale difficulté, la plus grande objection
vient, actuellement, du fait que des municipalités se trouveraient
privées d'un budget qui leur est acquis à l'heure actuelle.
Il y aurait peut-être lieu, en tout cas j'en fais une suggestion,
de tenir compte, par exemple, d'un gel de la masse globale qui est
distribuée dans les municipalités. Pour ce qui a trait à
l'excédent annuel qui vient s'ajouter par rapport au
développement de la municipalité, par rapport à
l'inflation, par rapport à tous les facteurs qui ont des incidences
directes, il y aurait peut-être lieu de prévoir une formule qui
tiendrait compte un peu plus de la population et peut-être un peu moins
de l'aspect commercial.
Au sujet du rôle des municipalités, je conviens avec
l'honorable ministre qu'elles ont l'obligation de faire des installations
lorsque s'installent des industries, des commerces, parce que la taxe de vente
touche surtout le secteur commercial, mais la municipalité a des
obligations plus grandes encore vis-à-vis de la population. C'est le
rôle social, en somme. Ce rôle social dans la distribution de la
taxe de vente compte dans la proportion d'à peu près 10%. Il y a
seulement 10% des cas où on fait une distribution qui concerne
directement la population comme telle.
Dans le cas de deux villes de mon comté, les deux principales,
Saint-Georges-Ouest et Saint-Georges-Est... Je pense que vous avez la
même chose à Shawinigan et la même chose dans les Cantons de
l'Est, et vous retrouvez la même chose, je pense, dans la région
de Saint-Hyacinthe et dans d'autres régions de la province. Tant et
aussi longtemps qu'on ne fera pas en sorte de modifier cette formule... Mais
c'est bien important, cependant, de tenir compte de la masse financière,
de l'enveloppe que les municipalités, en vertu de la formule actuelle,
reçoivent pour ne pas les priver de $100 000 ou de $150 000 dans le cas
d'un éventuel réaménagement.
Je pense que, si on veut en venir à une correction qui soit
vraiment significative dans quatre ou cinq ans, il faudrait amorcer tout de
suite ce redressement.
M. Tardif: La remarque du député de Beauce-Sud est
tout à fait juste, à savoir que tout réaménagement
dans la distribution du produit de la taxe de vente, la quote-part qui va aux
municipalités, ne devrait pas avoir pour effet de priver les
municipalités des revenus qu'elles reçoivent actuellement et que
ces réaménagements devraient être appliqués
plutôt à l'excédent, à supposer que le ratio soit
porté de 2% à 3%, ce 1% additionnel pourrait être en
fonction d'autres critères qui viseraient à atteindre l'objectif
mentionné.
C'est tout à fait, je pense, dans cette ligne qu'il faut se
diriger.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau.
M. Alfred: Je suis d'accord avec le ministre sur les
critères qu'il a établis pour supprimer ce qu'on appelle la
subvention discrétionnaire. Cependant, la ville de Gatineau qui comprend
75 000 habitants et qui a été forcée malgré elle...
vit maintenant une situation déplorable, pour ne pas dire
inexorable.
Hier, j'ai pris la peine de la visiter. Il y a tellement de maisons
à vendre qu'on l'a décrite comme une ville à vendre.
Malheureusement, le ministre n'a pas pu se rendre compte de ce que je viens de
dire parce que, lorsqu'il a été dans l'Outaouais, il a
été uniquement à Hull. Il n'a pas pu se rendre compte,
bien sûr, de ce qui se passe dans la ville de Gatineau.
Il l'a appris en théorie, mais, en pratique, il ne
l'a pas vu. Cette ville a connu une croissance démographique
exceptionnelle, d'une part, à cause des 6000 Québécois de
Hull qui ont été déportés lors de l'invasion des
édifices fédéraux et, d'autre part, parce que les maisons
dans cette ville étaient moins chères et que les gens d'Ottawa
venaient se construire chez nous.
Malheureusement, dans toute cette ville, il n'y a que des unifamiliales
qui, bien sûr, financent un budget de $22 millions à $25 millions
de ces 75 000 habitants. Bien sûr, devant une telle situation, en
dépit de tous les critères et objectifs qu'on définit ici,
cela implique que le gouvernement québécois intervienne pour
réparer les pots cassés. Pour ma part, se cacher la tête
dans le trou...C'est une vérité qui est là, à
laquelle il faut faire face.
Lors de l'étude du budget supplémentaire de
décembre dernier, le ministre des Affaires municipales avait dit qu'il
avait fait exception de critères et d'objectifs pour donner la
subvention, que la ville de Gatineau et la ville de Jonquière faisaient
exception.
Devant la situation de détresse qui existe dans la ville de
Gatineau, dont je fais partie et dont je suis le représentant, je ne
peux pas, bien sûr, ne pas demander au ministre maintenant, pour pouvoir
rassurer ces gens qui sont aux prises avec des difficultés
énormes, quel sera le montant de complément budgétaire
parce que, ces jours-ci, il ne faut plus parler de subvention qui
sera avancé à la population, ce qui permettrait de diminuer le
fardeau financier de certains secteurs lourdement taxés, notamment le
secteur de Templeton et le secteur de Pointe-Gatineau dont la mauvaise gestion
a été pour le moins inégalée.
M. Tardif: Conformément à ma déclaration
ministérielle du 22 décembre où, encore une fois, les
trois exceptions pour l'aide gouvernementale s'appliquaient, d'une part, aux
sinistres; deuxièmement, à l'application de politiques
gouvernementales et, troisièmement, pour ajouter un complément
dans les cas de regroupement de municipalités et les subventions
statutaires déficitaires ou déficientes ou insuffisantes, la
ville de Gatineau a bénéficié, jusqu'à maintenant,
à la suite de ces regroupements, de montants de l'ordre de...
Je vous donne l'ordre de grandeur des chiffres, le montant exact pour
les années antérieures, on peut l'obtenir évidemment en
communiquant avec le ministère, mais pour la première
année qui a suivi son regroupement, un montant de l'ordre de $660 000 a
été versé à la municipalité; la
deuxième année, de l'ordre de $303 000 et, pour l'année
qui vient, ce sera un montant de l'ordre de $180 000. A ces montants qui,
totalisés, nous donnent au-delà de $1 million, aide
spécifique dans les cas de regroupement, en sus de l'aide statutaire de
$15 par habitant étalée sur cinq ans et qui, elle, se continue
également, la ville de Gatineau, comme je l'ai mentionné
lorsqu'on a étudié le programme 11, a
bénéficié d'une série de subventions d'aqueduc et
d'égouts, et je cite: Je prends le montant global, puisqu'il s'agit
quand même de subventions étalées sur dix ans, $210 860
dans un cas, $570 000 dans un autre et $450 000 dans un autre. Dans le cas de
l'ancienne ville de Templeton-Est, qui faisait partie de la ville de Gatineau,
un montant de $1 169 000. Gatineau, pour le territoire de l'ancienne ville de
Touraine, $412 800. Voilà, en gros, divers montants qui indiquent que la
ville de Gatineau ne s'est pas retrouvée sans aucune aide
gouvernementale à la suite du regroupement forcé, je le veux
bien, mais qui, quand même, bénéficie encore une fois d'une
aide appréciable.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, j'aimerais connaître
quelles sont les statistiques démographiques qui guident le
ministère dans la distribution de la taxe de vente aux
municipalités.
M. Tardif: Les statistiques, M. le Président, sont les
statistiques du recensement de Statistique Canada, recensement
évidemment décennal d'abord, puis quinquennal, puisque, chacun le
sait maintenant, en plus des recensements décennaux de 1951, 1961, 1971,
à la période intermédiaire, donc 1966-1976, il y a un
recensement également qui est effectué. C'est là-dessus
que nous nous basons et c'est là-dessus que sont... Entre ces
périodes de recensement nous devons procéder par extrapolation.
Jusqu'à maintenant, la tendance pour fins d'utilisation de chiffres de
subventions a été à la hausse, c'est-à-dire qu'on
extrapolait en fonction d'une croissance venant des années
d'après-guerre et tout, les dernières données du
recensement de 1971 et celles de 1976 surtout nous permettent de constater
aujourd'hui que ces extrapolations de population auront été
vraiment trop généreuses. Elles sont réduites... Nous
avons l'avantage de bénéficier d'un recensement récent,
qui est celui de l'année 1976.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 4 adopté, oui?
M. Goldbloom: Elément 4, oui, M. le Président.
M. Tardif: C'est déjà fait, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): II a été
adopté.
M. Goldbloom: A mon sens...
Le Président (M. Laplante): Elément 5.
M. Tardif: Nous en étions là, M. le
Président.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, il me reste quelques
questions à ce sujet. Nous avons ce n'est pas dans un sens
péjoratif que je le dis fait du coq-à-l'âne un peu.
J'ai dit que ce n'était pas dans un sens péjoratif. Je constate
que nous avons touché plusieurs sujets et j'aimerais pouvoir revenir sur
quelques points.
D'abord, en écoutant le ministre qui, depuis le début de
son mandat, exprime son intention déjà mise en application
d'éliminer tout ce qui peut être considéré comme
discrétionnaire, je nourris quand même une inquiétude. Elle
porte sur le genre de municipalité qui, face à une situation
difficile, quelles qu'en soient les raisons antérieures, face à
un niveau relativement élevé de taxation et face à une
réponse de la part du ministère: Vous devrez faire un effort
additionnel à votre niveau, se trouverait dans la situation
suivante:
Parlons, comme exemple, d'une ville de 2000 ou 3000 habitants
entourée d'une paroisse. Dans la ville, les taxes sont
déjà beaucoup plus élevées que dans la paroisse. La
ville a une force policière que la paroisse n'a pas. La ville a une
bibliothèque. La ville a un service de loisirs avec des
équipements et la ville a effectué des améliorations
locales, comme on les appelle traditionnellement.
Alors, il coûte déjà plus cher de vivre dans la
ville que de vivre dans la paroisse. Ceux qui regardent cette petite
agglomération comme lieu éventuel de résidence auront
clairement une tendance à aller habiter la paroisse, avec le
résultat que la paroisse connaîtra une augmentation de sa
population et de ses revenus et ses citoyens continueront quand même
d'aller à la bibliothèque, à l'aréna ou aux autres
services de loisirs de la ville sans payer, et l'écart ira grandissant
au point de devenir éventuellement un cercle vicieux. Personne ne voudra
aller dans la ville. Tout le monde voudra aller dans la paroisse et la ville
sera incapable de sortir de son marasme. Si je pose comme hypothèse un
tel exemple, c'est parce que j'en ai vu des cas dans les faits, au
Québec. J'aimerais savoir comment le ministre, dans son optique,
voudrait, à l'avenir, soit éviter de telles situations, soit les
corriger. Autrement, le cercle vicieux va continuer de tourner pour de telles
villes.
M. Tardif: Je pense qu'il n'y a qu'une seule solution au
problème très réel évoqué par le
député de D'Arcy McGee et qui est le drame non seulement de la
petite municipalité rurale où il y a un exode de la population du
noyau urbain vers la périphérie, mais également des plus
grands centres comme Montréal, comme Québec et ailleurs,
où il y a cet exode des citoyens vers la banlieue.
Je pense qu'il n'y a qu'une seule solution et c'est de laisser jouer les
vrais coûts, de faire en sorte que la population qui s'en va dans la
banlieue ne s'attende pas à recevoir de cette banlieue le même
niveau de services qu'elle aurait dans la grande ville. C'est cela, je pense,
un des drames de la région de Montréal, c'est patent, où
on s'en va comme cela à la périphérie et où on
exige très tôt le même réseau d'infrastructures, le
même réseau routier, d'avoir même le même
réseau de transport en commun, d'avoir les mêmes services, alors
qu'au même moment, dans la grande ville ou dans la ville centrale, dans
le noyau urbain central, il y a de tels services, qui sont aussi
déficitaires je pense au transport en commun notamment par
suite de la densité trop faible de population entre autres.
Je pense qu'il y a lieu de laisser jouer les vrais coûts et de ne
pas tenter de produire cet équilibre artificiel par le biais de
subventions ou d'aide aux municipalités et aussi de faire en sorte que
non seulement ces vrais coûts jouent, mais que les citoyens en soient
dûment informés. Et, encore là, je réfléchis
tout haut, que l'on vienne presque à exiger des municipalités
qu'elles informent les citoyens, un peu comme la loi oblige le vendeur
itinérant à le faire lorsqu'il veut vendre de porte à
porte, donc d'indiquer toutes les conditions de l'achat, ou encore lorsqu'un
marchand vend à crédit, qu'il annonce non seulement le prix du
téléviseur au moment de l'achat, mais après le
financement, et je pense que nous devrions exiger des municipalités
qu'elles informent également leurs citoyens des coûts impliquant
le financement.
C'est la seule façon de réaliser cette solution et je
pense que le député d'Argenteuil sera d'accord avec moi
là-dessus.
M. Goldbloom: Quand le ministre parle de laisser jouer les vrais
coûts, irait-il jusqu'à développer une formule pour obliger
les contribuables de la paroisse à payer une partie des coûts
d'investissement et d'exploitation des services fournis dans la ville comme
ceux que j'ai mentionnés, bibliothèques, loisirs et ainsi de
suite?
M. Tardif: M. le Président, c'est le principe qui
sous-tend présentement les trois communautés urbaines
régionales, enfin les deux communautés urbaines et la
communauté régionale que nous avons, c'est-à-dire celle de
Montréal, celle de Québec et celle de l'Outaouais, de faire
partager un certain nombre de coûts dits communautaires à
l'ensemble de la population. Il y aura peut-être des extensions à
avoir de ce côté, le fait étant qu'encore une fois, la
population de la banlieue a besoin de la grande ville, s'y rend tous les jours
pour je l'ai mentionné encore s'y inscrire, pour y
travailler, pour se divertir, sans toutefois en payer les coûts. Alors,
je pense que c'est un principe qui devrait être sûrement reconnu,
c'est-à-dire celui de faire partager par l'ensemble d'une population les
coûts sociaux ou les coûts collectifs.
M. Goldbloom: Alors, c'est toujours la notion de
communautés urbaines ou municipalités régionales qui
revient?
M. Tardif: C'est là une conclusion que je vous laisse, que
je laisse au député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'ai lu le programme.
M. Tardif: Quelle sera la structure politique pour assumer ou
pour réaliser cette redistribution des coûts? Je pense qu'il est
prématuré de le dire ici.
M. Goldbloom: M. le Président, deuxième question
sur quatre. Le ministre a évoqué la pos-
sibilité de transférer vers les municipalités la
responsabilité de l'éducation au niveau
élémentaire, a-t-il dit. Quand nous voyons des
municipalités en difficulté depuis deux ou trois ans, nous avons
une tendance à faire une comparaison répétée,
à soulever le spectre de la faillite de la ville de New York. Quand nous
examinons la différence... Je ne dis pas que la comparaison est valable,
je dis que partout, quand on parle de la difficulté financière
d'une municipalité québécoise, on dit que cela pourra
tomber en faillite comme New York. Pourtant...
M. Tardif: New York s'occupant de l'éducation, donc
mutatis mutandis. Je vois tout le raisonnement.
M. Goldbloom: Oui. Alors, j'aimerais que le ministre me dise s'il
a examiné cette considération, parce que justement, c'est
à cause de coûts que ne supportent pas nos municipalités
que la ville de New York a eu des difficultés.
M. Tardif: M. le Président, il reste qu'il y a quand
même une différence entre ce que j'ai énoncé comme
étant une possibilité, à savoir la formation
élémentaire, et ce qu'assume la ville de New York sur le plan de
l'éducation, puisque la ville de New York s'occupe de formations
élémentaire, secondaire, du "high school", du "college" et de
l'université également. Deuxièmement, dans le domaine de
la santé, elle s'occupe de tout depuis les services communautaires
jusqu'aux hôpitaux qui sont sous son administration. C'est donc
véritablement, à la fois une ville, un ministère des
Affaires sociales et un ministère de l'Education, tout cela
réuni. Alors, je pense qu'il n'est pas question d'en venir à
cette espèce d'impérialisme au niveau municipal. Justement pour
répondre à la question du député de D'Arcy McGee,
il reste un constat qu'il a évoqué lui-même en parlant de
services communautaires, de bibliothèques, de facilités dont la
ville doit se doter. Je dis que, si nous avons sur le plan scolaire au niveau
élémentaire ou peut-être même secondaire, des
installations scolaires qui comprennent une bibliothèque, un gymnase,
une piscine et qu'au même moment, la municipalité doit investir
dans une piscine municipale, dans une bibliothèque municipale, dans un
gymnase municipal, nous avons là un dédoublement inutile des
coûts en termes d'équipement collectif. Je ne mets pas cela comme
étant la solution à tout le problème du fonctionnement. Je
dis que le principe qui pourrait consister, encore une fois, en réponse
aux demandes administratives qui disent: On veut avoir le champ de
l'impôt foncier scolaire... On sait que c'est au niveau
élémentaire, possiblement secondaire, mais le secondaire c'est
déjà un autre problème, puisque, avec les polyvalentes,
c'est vraiment au niveeau régional que se situe la formation secondaire
dans beaucoup de cas. Mais, je pense que sur le plan de
l'élémentaire, il y aurait quand même une marge où
il y aurait possiblement des choses intéressantes à faire sur le
plan de la prise en charge par une po- pulation des affaires de sa
communauté, de la collectivité, une marge entre cela et ce qu'est
la ville de New York.
M. Goldbloom: M. le Président, depuis que je siège
dans cette Chambre, les gouvernements successifs parlent de la
nécessité de rendre les équipements scolaires disponibles
à l'ensemble de la population, et notamment, au niveau de la
municipalité comme administration locale. Il y a, effectivement, des
ententes qui existent, encore insuffisantes en nombre, mais tous les
gouvernements ont encouragé la conclusion de telles ententes.
Il me semble que l'on n'est pas obligé de transférer vers
les municipalités la responsabilité administrative et
financière de l'éducation élémentaire pour mettre
à la disposition de toute la population les équipements de
loisirs et le reste.
M. Tardif: Non, mais cela peut être l'occasion, M. le
Président.
M. Goldbloom: Troisième question, M. le Président.
Dans le dossier conjoint des Affaires municipales et de l'Education, je parle
des deux ministères surtout, il y a un élément qui a
retenu notre attention assez longuement, qui avait fait l'objet d'une certaine
amélioration mais qui n'avait pas été réglé
complètement. C'est le problème posé par l'article 373 de
la Loi de l'instruction publique, qui accorde aux commissions scolaires des
pouvoirs dans le domaine de l'évaluation foncière. Est-ce qu'il y
a un progrès à cet égard? Est-ce que nous sommes plus
près aujourd'hui qu'il y a une année, disons, de
l'établissement d'une seule autorité en matière
d'évaluation foncière, ce qui a toujours été mon
désir?
M. Tardif: La mise sur pied du nouveau programme de confection
des rôles d'évaluation, la nouvelle génération de
rôles d'évaluation qui résultera de l'adoption de ce
règlement et de cette ordonnance que j'ai émise il y a quelques
semaines aura pour effet, justement, de rendre désuète
très rapidement cette seconde opération qui est
présentement menée par les commissions scolaires. Nous voulions,
avant de nous substituer à cette opération, attendre la
confection de cette nouvelle génération de rôles qui
servira d'appui. Là, je vois sourire le député de D'Arcy
McGee, mais c'est, je pense, un prérequis essentiel.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais expliquer mon
sourire. C'est parce que le ministre a employé les mots "très
rapidement". J'aimerais qu'il définisse très rapidement, parce
que mon impression est qu'il y a une période de six à huit
années qui est impliquée. Si pour lui c'est très
rapidement, il a une confiance de longévité politique et autre,
dont je le félicite.
M. Tardif: Dans une perspective anthropologique, six ou huit ans,
c'est un moment.
M. Goldbloom: Très bien.
Dernière question, M. le Président. Un problème
existe au niveau des municipalités, qui touche les contribuables
plutôt que l'administration municipale elle-même. La base du
financement municipal demeure toujours, à part les transferts et autres
considérations manifestées par le gouvernement, la taxe
foncière, imposée selon la valeur de la propriété.
Il n'y a pas, présentement, de lien au Québec, contrairement
à certaines autres provinces, entre la valeur d'une
propriété et le revenu annuel du propriétaire, à
même lequel il doit payer les taxes foncières. J'avais, pour ma
part, fait évoluer la pensée du ministère et du
gouvernement antérieur vers un certain degré, une certaine mesure
de déductibilité des taxes foncières du revenu imposable.
Est-ce que le nouveau gouvernement a l'intention de procéder dans ce
sens et d'accorder une telle déductibilité aux contribuables
fonciers?
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il faut savoir
gré au député de D'Arcy McGee d'avoir, comme il le
souligne, été un de ceux qui ont fait évoluer le
gouvernement antérieur vers certains soulagements pour certaines
catégories de citoyens, notamment les personnes âgées. Il
dit avoir contribué à cet objectif, donc ce
dégrèvement pour les personnes âgées sur le plan de
l'impôt foncier scolaire. Je pense que cela reste un objectif qui devrait
pouvoir être étendu également à l'impôt
foncier municipal.
Cela fait partie de ces mesures qui, comme je l'ai mentionné dans
mon allocution de présentation au début de l'étude des
crédits, devraient se situer à ces deux extrêmes du
continuum. Le député de D'Arcy McGee, M. le Président, a
tout à fait raison quand il dit qu'il n'y a pas de corrélation
entre le revenu d'un individu et le type de propriété dans
laquelle il habite, ce sur quoi je suis substantiellement d'accord. Cette
corrélation statistique parfaite n'a jamais été
démontrée. Il reste néanmoins que pour la période
active d'un individu, on peut présumer, sauf exception, on fait
l'hypothèse que cette corrélation existe et que, somme toute, en
taxant l'immeuble dans lequel il habite, on taxe également son revenu.
Maintenant, ceci n'est plus vrai aux deux extrêmes du continuum: ce sont
les jeunes ménages et les ménages non familiaux et les personnes
âgées ou à la retraite qui n'ont plus les sources de revenu
adéquates. Je pense qu'il est tout à fait juste de viser à
soulager les groupes à ces deux extrêmes. Nous en sommes
très conscients et nous y travaillons, M. le Président.
M. Goldbloom: M. le Président, quant à moi,
l'élément 5, adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 5, adopté. Programme 2, élément 6,
adopté?
M. Goldbloom: M. le Président, je respecte votre
empressement, mais...
Le Président (M. Laplante): M. le député
de
D'Arcy McGee, cela m'aurait surpris si vous n'aviez pas eu de questions
sur les communautés urbaines.
Aide financière aux Communautés
urbaines
M. Goldbloom: Alors, je ne voudrais pas vous décevoir. Il
me semble, M. le Président, que nous devons poser au ministre certaines
questions sur l'évolution de ces trois organismes. Pendant que le
ministre consulte, je pourrais peut-être m'adresser brièvement
à un autre membre de la commission parlementaire, parce que je me
rappelle que, lors d'une séance antérieuse, l'honorable
député de Trois-Rivières a fait allusion à
certaines difficultés qui existent dans la ville du même nom. Il a
évoqué, si ma mémoire est fidèle, le fait que les
municipalités avoisinantes, notamment Trois-Rivières-Ouest,
peut-être dans le sens de ce que je disais tout à l'heure, ne
contribuent pas parfaitement dans une juste part. Je voudrais lui demander s'il
a l'intention d'engager la bataille avec l'actuel député de
Johnson, ancien député de Champlain, qui s'élève
contre toute modification possible des structures des municipalités de
son coin et ce qu'il ferait si le ministre proposait la constitution d'une
communauté urbaine trifluvienne.
M. Vaugeois: M. le Président, je remercie le
député de D'Arcy McGee de l'attention qu'il me prête, pour
ne pas dire de l'occasion qu'il me donne de commenter une question qui est fort
délicate. Je voudrais expliquer principalement le sens des propos
auxquels il se réfère.
Ma préoccupation, en les exprimant, ce n'est pas tellement le
voisinage de municipalités de dimensions diverses et, à ce
moment-là, il ne faut pas penser uniquement à
Trois-Rivières-Ouest. On peut tout aussi bien penser à
Bécancour et on peut penser à Saint-Etienne. On peut penser aussi
au Cap-de-la-Madeleine. Le cas le plus délicat pour moi, c'est celui de
Bécancour, qui est une ville issue du regroupement de onze
municipalités dans la perspective d'un développement industriel
exceptionnel. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce développement
tarde à se manifester et que les infrastructures municipales
projetées ne se seraient justifiées que dans la perspective de
l'expansion réelle et rapide du parc industriel de Bécancour. Ce
phénomène se faisant attendre, je pense qu'il faut poser le
problème du développement de Bécancour en relation avec
les autres municipalités existantes, là où les
infrastructures municipales rendraient possible un peuplement qui pourrait
facilement toucher le double de ce qu'il est actuellement. Ce n'est pas
à vous que j'apprendrai, M. le député je parle par
l'intermédiaire de M. le Président que
Trois-Rivières, pour sa part, perd sa population, ce qui n'est pas un
phénomène unique.
Plusieurs villes d'une importance moyenne perdent de leur population
pour toutes sortes de raisons. Dans mes propos, j'ai voulu plaider, d'une part,
cette préoccupation du développement urbain de la région,
mais j'ai surtout voulu plaider
pour une approche d'urbanisme qui prévoit des densités
raisonnables des villes existantes, pour rentabiliser, au départ, les
infrastuctures municipales existantes. Je donnerai un exemple concret. A
Trois-Rivières. Vous avez le quartier Saint-Philippe dont la population
est passée de 8000 à 4000, nous venons d'y dénombrer
actuellement 108 lots vacants pour lesquels des services que je n'ai pas besoin
d'énumérer existent et ne sont pas utilisés.
C'est à cet égard d'ailleurs que je trouve que le budget
actuel qui est proposé, en prévoyant des taxes spéciales
sur les lots vacants, remplit ou rejoint, à mon avis, un objectif qui
est le mien et qui est sans doute le vôtre également.
Quant au regroupement municipal, je pense que l'urgence est d'abord de
regrouper certains services, de faire fonctionner certains services ensemble.
Je vous donnerai un exemple précis. La ville de
Trois-Rivières-Ouest est environ un quart de mille du principal poste
à incendie de Trois-Rivières. Vous avez le village des Forges,
qui a été annexé à Trois-Rivières, et qui
est à quelque 10 milles du même poste. Or, le village des Forges
ne se targue pas d'avoir un camion à incendie tout neuf avec un service
de pompiers bien organisé. Il dépend du service de la ville de
Trois-Rivières et se rattache à la ville de
Trois-Rivières. Trois-Rivières-Ouest, de son côté,
essaie de s'équiper pour un service d'incendie alors qu'il est à
proximité du principal poste à incendie.
Des situations comme celle-là sont un peu troublantes. Nous
pourrions également parler du transport en commun. Ainsi, les gens de
Trois-Rivières-Ouest n'ont pas de correspondance pour leur service de
transport pour passer dans la ville de Trois-Rivières. La même
chose existe pour le Cap-de-la-Madeleine. A mon avis, plutôt que de se
pencher sur des approches théoriques de regroupements municipaux, on
peut peut-être se pencher sur des problèmes concrets comme
ceux-là, c'est-à-dire de mise en commun d'un certain nombre de
services.
Je reviens au point majeur pour moi, ce qui est important, ce sont des
densités raisonnables de nos villes et pour ça, je pense qu'il
peut avoir une préoccupation majeure, celle des centre-ville et des
populations avoisinant les centre-ville. C'est ma préoccupation.
Le Président (M. Laplante): Je vais être
obligé de vous couper, je crois que le député de D'Arcy
McGee, dans votre courte réponse, a compris, parce qu'il capte vite.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Tardif: M. le Président, si vous me permettez, je pense
que le député de Trois-Rivières a parlé comme s'il
était l'adjoint parlementaire aux Affaires municipales, et je n'ai rien
à ajouter à sa réponse très complète.
Le Président (M. Laplante): Je n'ai pas osé lui
prêter ce titre-là, M. le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est une chose que je
pourrais souhaiter au ministre. Je suis heureux d'avoir fourni, même si
c'était avec un sourire que j'avais posé la question, cette
occasion au député de Trois-Rivières de faire des
commentaires que j'ai trouvés fort justes et sensés. Je l'en
remercie.
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous indique quelle
est l'évolution du dossier... commençons peut-être par la
Communauté régionale de l'Outaouais. Je ne voudrais pas qu'il se
sente obligé de tout passer en revue et, pour cette raison, j'aimerais
lui poser une question plus précise. Le transport en commun a beaucoup
préoccupé les dirigeants municipaux de l'Outaouais. Il y a eu
notamment la plainte que nous avons entendue à Québec et à
Montréal, que le budget de la Commission des transports,
préparé par celle-ci, et adopté par un mécanisme
que l'on connaît, et que les municipalités sont appelées
à payer la note sans avoir à leurs yeux eu un mot suffisant
à dire sur la confection de ce budget et sur l'opportunité des
dépenses proposées, et encore moins sur les politiques qui
peuvent influencer les revenus, par exemple, et la qualité et
l'étendue du service fourni aux passagers.
Il y a eu un début d'entente entre les deux organismes pour
arriver à un moyen qui aurait permis aux dirigeants municipaux d'avoir
plus directement leur mot à dire dans l'administration de la commission
de transport. J'aimerais demander au ministre s'il y a des
développements dans ce dossier.
M. Tardif: M. le Président, le problème
soulevé par le député de D'Arcy McGee en ce qui concerne
la CTCRO n'est pas unique à cette région, mais on retrouve
évidemment le même problème dans le cas de la CTCUQ et de
la CTCUM où vous avez trois organismes responsables du transport au plan
de communautés urbaines ou régionales et qui échappent au
gré des élus municipaux et des communautés urbaines,
à ce qu'ils considèrent être le contrôle qu'ils
devraient exercer normalement sur la gestion de cette fonction urbaine
très importante.
Si bien que ce n'est pas uniquement en réglant le problème
de la CTCRO, mais bien en abordant le problème dans son ensemble que la
question doit être abordée. Là-dessus, je dois dire que je
suis tout à fait sensible aux arguments des élus municipaux, des
membres des conseils des communautés urbaines et régionales
à l'effet que cette procédure d'adoption automatique des budgets
qui a pour effet, en quelque sorte, de priver les conseils, les
communautés urbaines d'exercer tout le contrôle qu'ils devraient
normalement exercer sur les budgets, par exemple lors de l'adoption du budget
notamment, mais aussi sur les grandes orientations de ces organismes, cela
m'apparaît une chose qui doit être corrigée.
Quelle sera la formule utilisée, est-ce qu'on en viendra quand
même à garder une formule analogue à celle qui est
employée par l'Assemblée nationale à savoir que puisqu'il
faut néanmoins... prenons le cas de la CTCUM où 28 ou 29
municipalités ne parviennent pas à s'entendre sur le
budget, il faudrait prévoir l'adoption automatique de tranches de
1/12 du budget, le reste étant soumis à la discussion du conseil.
Enfin, il y a là, je pense, des mécanismes à rechercher
pour permettre aux élus d'exercer un contrôle efficace sur cette
fonction urbaine et interurbaine importante et nous sommes présentement
à l'étudier.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre a parlé
fort justement de ce problème de l'adoption automatique des budgets. En
ce qui concerne les rapports entre la Communauté régionale de
l'Outaouais, dans le cas qui nous préoccupe, et la commission des
transports, il y a aussi d'autres éléments. Il y a la
représentativité municipale, la présence des dirigeants
municipaux au conseil d'administration.
Si ma mémoire est fidèle, les dirigeants municipaux, dans
l'Outaouais, avaient préféré un mécanisme de
consultation, de rencontres un certain nombre de fois par année,
où l'on soumettrait à l'approbation des dirigeants municipaux,
siégeant toujours comme membres de la communauté
régionale, des éléments de politique budgétaire de
la commission de transport sans nécessairement créer des
sièges au conseil d'administration de la CTCRO pour ces dirigeants
municipaux.
Pour ma part, j'étais disposé à entériner
cette proposition, mais nous n'étions pas rendus à la
législation nécessaire. Est-ce que le ministre a l'intention de
présenter un projet de loi sur la CRO et la CTCRO et, si oui, est-ce que
ses intentions iraient dans le même sens?
M. Tardif: M. le Président, de la même
manière que je n'ai pu parler du seul problème de la CTCRO sans
évoquer la situation à la CTCUQ et à la CTCUM, il
m'apparaît que je ne saurais aborder la stricte fonction du transport
lorsque viendra le temps de réviser les lois des communautés
urbaines ou régionales, mais il y a également d'autres fonctions
contentieuses, comme le député de D'Arcy McGee le sait, où
la procédure de l'adoption automatique du budget joue également;
je pense notamment à la Communauté urbaine de Montréal en
ce qui concerne le Conseil de sécurité publique et le budget fort
important de la police.
Lorsque la question m'est posée, à savoir si des
amendements très précis seront apportés en matière
de transport, sujet sur lequel je dois également dire que mon
collègue, le ministre des Transports, a maintenant une
responsabilité jusqu'à un certain point, puisque son
ministère subventionne maintenant jusqu'à concurrence de 50% des
déficits d'exploitation de ces commissions, c'est ensemble que nous
devrons aborder la question de transport, et c'est aussi ma
responsabilité de ne pas voir uniquement la fonction communautaire de
transport, mais bien l'ensemble des fonctions des communautés urbaines.
Or, je ne suis pas en mesure, à ce moment-ci, de dire à quel
moment des amendements seront proposés, mais je puis indiquer que le
sens général de ces amendements tend vers un contrôle plus
réel et plus efficace des élus municipaux ou enfin des or-
ganismes supraminicipaux sur ces fonctions. Je ne peux pas, à ce
stade-ci, préciser exactement de quelle façon.
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre dit, avec
justesse, qu'il est difficile de parler d'une des communautés sans faire
des comparaisons avec les deux autres. J'aimerais lui demander si sa
pensée va jusqu'à vouloir établir exactement le même
régime dans les trois cas, c'est-à-dire, si nous parlons de la
présence possible de dirigeants municipaux au conseil d'administration
de la commission de transport, si c'était le désir d'une des
communautés urbaines.
Prenons un peu au hasard un exemple. Si, à Québec, les
dirigeants municipaux voulaient siéger directement au conseil
d'administration de la CTCUQ et si, dans l'Outaouais, les dirigeants municipaux
voulaient un autre mécanisme, une autre formule qui leur permettrait
d'avoir leur mot à dire, sans siéger au conseil d'administration
de la CTCRO, est-ce que le ministre aurait une objection fondamentale à
ce genre de variation?
M. Tardif: M. le Président, non. Les modalités, la
façon dont les structures seront aménagées pour permettre
ce contrôle efficace des élus, je pense que c'est ouvert à
la discussion. Le principe est le même, soit de permettre à ceux
qui sont responsables devant la population du bon fonctionnement de la
communauté, également de percevoir les taxes, d'avoir un droit de
regard très réel sur le fonctionnement d'un organisme de
transport régional.
Quant aux modalités, est-ce qu'elles devront toutes être
coulées dans le même moule? Je n'irais pas jusque-là, M. le
Président; le principe est de sauvegarder un droit de regard
important.
Evidemment, à partir du moment où le droit de regard en
viendrait c'est cela l'écho que nous donnent les
présidents des organismes de transport à ce que les
élus aillent jusqu'à décider du tracé, du trajet de
chaque parcours d'autobus, de l'arrêt d'autobus à tel endroit ou
de la construction d'un édicule pour les piétons en attendant
l'autobus on dit: C'est le genre de boulot qui relève d'un PDG, d'un
président-directeur général. Un conseil d'administration
ne devrait pas se pencher sur des problèmes semblables, sauf que
l'expérience aurait démontré, par le passé, que
c'est le genre de problèmes dont s'occupaient effectivement certains
élus, beaucoup moins que des problèmes d'orientation et de
politique majeure.
Je pense que l'objectif est là; il est normal que les élus
exercent un contrôle sur cette fonction urbaine importante, mais on n'en
est pas à devoir figer dans une seule et unique formule la façon
de réaliser ou d'atteindre cet objectif.
M. Goldbloom: Autrement dit, là où il y a des
hommes, il y a de l'hommerie, la nature humaine étant ce qu'elle
est.
M. le Président, peut-être que le ministre a répondu
et que je n'ai pas capté sa réponse. Est-ce
qu'il a l'intention de présenter un projet de loi touchant la
Communauté régionale de l'Outaouais?
M. Tardif: Pas au moment présent, M. le Président,
et je ne crois pas que cela se fasse au cours de la présente session. Je
veux quand même compléter un certain nombre de consultations avant
de faire ces modifications qui, encore une fois, je le répète,
débordent la stricte question du transport. Le même principe est
invoqué en ce qui concerne la police à la CUM.
M. Goldbloom: J'ai cité le transport comme exemple
seulement parce que l'ensemble du dossier est toujours là.
M. Tardif: Evidemment, M. le Président, cela ne veut pas
dire qu'il ne pourrait pas y avoir des amendements apportés en ce qui
concerne la politique d'achat de certains organismes, par exemple en
matière d'autobus.
M. Goldbloom: Mais ce ne serait pas une loi particulière
pour la CRO dans ce cas. Ce serait une loi générale.
Maintenant, M. le Président, nous étions plus près,
si ma mémoire est fidèle, de la présentation d'un projet
de loi sur la CUQ et les organismes qui lui sont affiliés. Quel est
l'état de ce dossier et quelles sont les grandes lignes des
modifications que le ministre s'apprêterait à apporter à la
CUQ, à la CTCUQ et aux autres organismes?
M. Tardif: M. le Président, c'est
précisément en pensant à l'ensemble du dossier que,
tantôt, j'ai débordé la stricte question de transport pour
la situer dans tout ce problème des fonctions interurbaines et
communautaires. Au-delà des discussions qu'avait entreprises mon
prédécesseur, sur la CUQ, la Communauté urbaine de
Québec, il est fort au courant, puisqu'il a assisté à ces
trois jours de commission organisés par le caucus du Parti
québécois de la région de Québec, où
diverses représentations, les maires des villes concernées, les
organismes communautaires, la commission de transport et d'autres organismes
sont venus faire des représentations.
J'ai reçu l'ensemble de cette documentation et la transcription
de tous les témoignages entendus et de tous les mémoires
présentés. J'ai demandé aux gens de mon ministère
de faire l'analyse de ces documents et de voir quelles sont les recommandations
que nous pourrions tirer de ces mémoires et de ces auditions en vue de
modifier la Loi de la communauté urbaine de Québec ce
document est en voie de préparation et de le confronter
également avec des documents qui avaient été
préparés par mon prédécesseur, M. le
Président. C'est en train de se faire.
M. Goldbloom: Le fait que le nombre de municipalités ait
diminué depuis relativement peu de temps a modifié le tableau
dans la région de la capitale. Je crois avoir entendu le ministre
mentionner antérieurement que des pourparlers se pour- suivent
présentement entre la ville de Québec et deux
municipalités voisines. Est-ce que je me trompe? Je crois que cela a
été mentionné, Québec, Lac-Saint-Charles et
Saint-Emile. Est-ce que j'ai raison?
M. Tardif: Vous avez raison, M. le Président. En ce qui
concerne les projets de regroupement possible, à l'étude par la
direction générale... Au programme 1, élément 1,
aide à la restructuration municipale, on m'a posé la question
suivante: Quels sont les projets de fusionnement ou de regroupement au cours de
l'année qui s'annonce? J'ai fait état de Québec,
Lac-Saint-Charles et Saint-Emile qui sont présentement à
l'étude.
M. Goldbloom: Maintenant, si un tel regroupement devait
s'effectuer, les municipalités qui, aujourd'hui, sont au nombre de
treize, si ma mémoire est fidèle, n'en seraient que onze, dont
quatre relativement grandes et sept relativement petites. Comment le ministre
envisage-t-il l'évolution de cette situation? Je pose cette question
pour deux raisons. D'abord, la ville de Québec a pris, sur le plan
territorial, une certaine expansion au cours de plusieurs des récentes
années.
La ville de Sainte-Foy a acquis, il y a un certain temps, le quartier
Laurentien, autrefois dans la municipalité de l'Ancienne-Lorette, mais
ne semble pas désireuse d'aller plus loin et d'englober un territoire
plus vaste dans le moment. Puisqu'elle a à effectuer d'importants
investissements sur son territoire urbanisé, on peut comprendre cette
hésitation, mais la situation où il y a quatre importantes
municipalités plus sept ou neuf, selon le cas, qui sont relativement
petites, est différente de celle qui pourrait un jour exister où
il y aurait simplement quatre grandes municipalités qui partageraient la
responsabilité administrative du territoire.
J'aimerais peut-être tirer les vers du nez du ministre à
cet égard et savoir quelle est sa vision de révolution de cette
région de notre capitale.
M. Tardif: M. le Président, la référence
à l'élément 1 du programme 1 et aux regroupements
possibles de Lac-Saint-Charles et de Saint-Emile à la ville de
Québec, en vertu de la Loi des regroupements volontaires des
municipalités, sont une chose et la Communauté urbaine en est une
autre, en ce sens que, dans la mesure où chaque conseil municipal,
c'est-à-dire celui de Lac-Saint-Charles et celui de la ville de
Québec, adoptent des résolutions en bonne et due forme visant
à se regrouper entre elles, elles peuvent le faire,
indépendamment des structures communautaires existantes ou futures.
Quant au problème posé par l'existence de blocs
importants, la ville de Québec, Sainte-Foy, Sillery, Beauport, d'autre
part, et ces petites villes, ii n'est pas propre à la région de
Québec. Le député de D'Arcy McGee, M. le Président,
sait pertinemment que, dans le cas de Montréal, le problème est
encore plus aigu avec un bloc massif; la
ville de Montréal, avec au-delà de un million, et la ville
suivante qui est celle de Montréal-Nord, je crois, avec à peu
près 100 000 de population, donc un million et 100 000, c'est
l'écart; évidemment, jusqu'à des parcelles du type de
l'île Dorval avec deux citoyens qui y demeurent.
Je pense que cette situation, qui a d'ailleurs été
évoquée dans le rapport Hanigan, n'exclut pas cette
possibilité de regroupement de façon à mieux
équilibrer les forces en présence, mais je pense que le sort qui
a été réservé au rapport Hanigan est assez
éloquent à ce sujet, c'est-à-dire que beaucoup de travail
devra être fait avant d'en venir à une espèce de
réaménagement du territoire, je dirais même peut-être
encore plus dans le cas des communautés urbaines qu'ailleurs, où
on semble être figé ou vouloir rester figé dans les
frontières existantes.
M. Goldbloom: M. le Président, le sens de ma question est
le suivant: Un Québec métropolitain, administré par une
communauté urbaine et treize municipalités, paraît une
nécessité dans le contexte actuel, à cause des
disparités et des relations un peu complexes entre les divers
éléments, les diverses autorités d'administration. Est-ce
que, aux yeux du ministre, une communauté urbaine, telle que nous la
connaissons aujourd'hui, serait tout aussi nécessaire si le
Québec métropolitain était administré par quatre
instances seulement d'autorités municipales.
M. Tardif: M. le Président, au-delà des structures
formelles qui pourraient être prévues, souhaitables ou
souhaitées par des urbanistes qui se pencheraient sur la carte de la
région de Québec il y a, je pense, une question fort importante,
celle du leadership qui pourrait être assumé par l'une ou l'autre
des municipalités, avec une force de persuasion suffisante pour amener
cette espèce de fusionnement ou de regroupement dans des blocs plus
comparables, mieux équilibrés. La solution qui sous-tend les
propos du député de D'Arcy McGee ressemble étrangement
à celle qui a été vécue à Toronto à
travers les années, depuis le regroupement du Toronto
métropolitain en 1954, avec la disparition de treize
municipalités, le regroupement subséquent d'un certain nombre
d'entités mieux équilibrées. Je pense que toutes ces
questions devront effectivement être étudiées mais que
présentement, nous n'en sommes pas au point de devoir dire: Pour la
région de Québec, ce sera quatre blocs majeurs, et ce sera cinq
ou ce sera six et pas plus dans la région de Montréal. C'est un
travail qu'il reste à faire, de déterminer à partir de
quel moment on trouvera ou éclora dans la population, cette
espèce de conscience supra-municipale, ce qui est peut-être une
façon gentille de dire qu'on se départira peut-être d'un
certain esprit de clocher et qu'on envisagera les problèmes à
l'échelle de la région.
M. Goldbloom: Quelles sont justement les intentions du ministre
à l'égard de la Communauté urbaine de Montréal pour
arriver au dernier cas?
M. Tardif: Déjà on a abordé la question de
la Communauté urbaine de Montréal, sous ses différents
aspects. On a déjà parlé du transport, du problème
de l'adoption automatique du budget dans le cas également de la police
et du Conseil de sécurité publique. Je pense que le
problème se pose là également avec d'autant plus
d'ampleur. Personnellement, j'ai l'intention de relire attentivement le rapport
Hanigan que j'avais parcouru à l'époque de façon plus
détachée, pour voir un certain nombre de recommandations qui y
étaient contenues sur le plan des réaménagements. Mais,
encore une fois, à partir du moment où ni les élus, ni la
population ne sont imbus de cette espèce de conscience communautaire, de
cette conscience régionale, je pense qu'il serait difficile de poser des
gestes dans ce domaine, M. le Président.
M. Goldbloom: M. le Président, rapidement, le ministre
a-t-il l'intention de faire siéger cette commission parlementaire pour
entendre les intéressés, c'est-à-dire les dirigeants
municipaux de l'île de Montréal et d'autres
intéressés qui pourraient vouloir s'exprimer sur l'avenir de ce
territoire?
M. Tardif: M. le Président, à partir du moment
où nous aurons un dossier relativement étoffé sur les
différentes hypothèses pour les communautés urbaines et
régionales, il est bien évident qu'il y aura une commission
parlementaire de convoquée pour recueillir ce point de vue.
M. Goldbloom: A-t-il l'intention je reviens pour un
instant seulement à la CUQ de présenter un projet de loi
au sujet de la CUQ et des organismes affiliés, cette année?
M. Tardif: Je doute que cela puisse se faire, M. le
Président, au cours de la première session. Est-ce que cela se
fera au courant de l'automne ou au début de l'autre session? C'est plus
probable, M. le Président.
M. Goldbloom: M. le Président, avant d'accepter l'adoption
de l'élément 6 et du programme 2 dans son ensemble, me
permettriez-vous de revenir pour un seul instant à
l'élément 5 pour poser une question que j'avais oublié de
poser? J'y remarque une diminution du montant de quelque $2,2 millions.
J'aimerais simplement que le ministre nous explique comment il se fait que
l'aide financière aux municipalités est diminuée d'autant.
En même temps, pourrait-il nous dire sur...
Je m'excuse, j'ai mal calculé, parce que c'est $10 millions de
différence. Pourrait-il nous dire, sur ces $62 millions, combien, quelle
masse est représentée par les subventions statutaires per capita
aux municipalités de 10 000 âmes et plus?
M. Tardif: M. le Président, cette baisse est en partie
attribuable d'une part à la disparition des subventions dites
d'équilibre budgétaire. D'autre part, une partie du montant est
maintenant dirigée par le biais de subventions statutaires aux
popula-
tions entre 10 000 et 15 000, aux mêmes taux que celles qui
avaient 15 000 auparavant. On sait que ces taux vont de $6.40 à $22 ou
$23, selon la taille de la municipalité et, qui plus est, ces taux ont
été indexés au coût de la vie à compter du
présent exercice financier, M. le Président.
Cette année, les montants prévus, sur le plan des
subventions statutaires, représentent donc un montant de $55 477 000,
comparativement à $53 577 000 l'an dernier. La raison principale de
ceci, M. le Président, d'une augmentation en apparence relativement
mineure, provient du fait que nous avons utilisé les chiffres de
population du dernier recensement, c'est-à-dire de l'année 1976,
et que, évidemment, tous les gonflements de population dus à des
extrapolations plutôt généreuses quant au taux de
natalité québécoise, on n'en tient plus compte
maintenant.
M. Goldbloom: M. le Président, quant à moi, le
programme 2 est adopté.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 6, adopté. Programme 3, élément 1.
Excusez, programme 2, adopté dans son ensemble?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci. Programme 3,
élément 1.
M. Goldbloom: Je n'ai pas personnellement de question sur le
programme 3, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Vous avez... M. Grenier:
Au programme 3.
Le Président (M. Laplante): ... des questions au programme
3...
M. Cordeau: Moi, M. le Président, j'aurais seulement des
félicitations à offrir, parce que, dans le rapport du
Vérificateur, il est spécifié que, dans toutes les
feuilles de temps au ministère, aucun retard n'a été
souligné durant toute l'année. C'est fantastique,
l'assiduité qui existe au ministère.
Le Président (M. Laplante): Programme 3...
M. Tardif: Comme durant une partie de l'année, le
ministère était quand même sous la direction du
député de D'Arcy McGee, une partie du crédit lui
revient.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. M. Grenier:
C'est un grand surveillant. Une Voix: Pas de problème au
programme 3.
Le Président (M. Laplante): Pas de problème au
programme 3, élément 1, adopté. Programme 3,
élément 2 adopté. Programme 3, adopté dans son
entier.
Sécurité-incendie
Le programme 4 a déjà été adopté. Le
programme 5, sécurité-incendie, élément 1. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'aimerais tout simplement demander au ministre
comment progresse le programme de cette direction générale qui a
souvent été la fierté du ministère, la protection
de la vie et des biens des Québécois étant une
responsabilité de première importance. Le ministère a
été appelé à collaborer avec les
municipalités, à les aider considérablement, et il y a un
programme de regroupement des services qui est de l'intérêt de la
collectivité. Est-ce qu'il y a un progrès qui peut être
explicité à cet égard?
M. Tardif: M. le Président, le programme se continue. Il
est administré par les mêmes personnes compétentes qui
étaient là du temps de mon prédécesseur, sauf que
je l'ai formalisé, M. le Président, dans un texte qui est
à l'impression et qui est déjà distribué aux
municipalités et qui le sera incessamment aux députés.
Ce programme... Pardon? Il n'y a aucun changement majeur à ce
programme, si ce n'est, encore une fois, qu'il est décrit de
façon formelle et vise précisément à inciter les
municipalités à faible population à s'équiper pour
intervenir en cas d'incendie, en cas de sinistre et, qui plus est, à
inciter ces mêmes municipalités à mettre en commun leurs
ressources.
C'était le sens de l'ensemble du programme, c'est-à-dire
une mise en commun des ressources de lutte à l'incendie, et ce programme
prévoit des conditions d'admissibilité, des frais qui peuvent
être partagés et un mode de contribution gouvernementale de trois
types. Donc, l'aide peut être accordée pour l'acquisition
d'autopompes, de camions-citernes, la construction de réservoirs d'eau
et pour de l'équipement de communications dans certains cas et
également pour la construction de casernes.
Ce qui est important, pour encore mieux souligner l'aspect de
l'interdépendance et de la mise en commun des ressources, c'est que
cette aide gouvernementale est accordée en fonction du degré
d'entente ou du niveau d'entente ou du parapluie offert par une
municipalité à un ensemble d'autres municipalités; l'aide
gouvernementale va de 75% dans les cas d'une entente couvrant un territoire
plus vaste, en baissant à 50% et même à 25% lorsque,
finalement, la couverture appliquée à une autre
municipalité est très faible ou très minime.
M. Grenier: Dois-je comprendre que, dans chaque cas, il y a de
l'aide, que dans chaque cas de construction de caserne ou d'achat de camion, il
y a de l'aide? Ou, encore, les municipalités peuvent-elles être
éconduites par le ministère qui leur dit: Allez taxer, vous
n'êtes pas suffisamment taxées pour...
M. Tardif: L'aide n'est pas accordée en fonction, d'une
part, du fardeau fiscal assumé ou non par les municipalités, mais
bien en fonction de ces liens d'interdépendance que j'ai
mentionnés et également en fonction du fait que les
municipalités ne reçoivent pas de subventions statutaires,
c'est-à-dire qui s'adressent automatiquement, puisqu'on sait maintenant
que les subventions statutaires sont données aux municipalités de
10 000 âmes et plus, et que ce sont des sources de revenu
inconditionnelles.
Dans le cas des municipalités rurales ou même régies
par la Loi des cités et villes, mais de moins de 10 000 âmes et
qui n'ont pas ces subventions inconditionnelles, ce programme leur est
particulièrement adressé; dans un deuxième temps, il est
également adressé aux municipalités de plus de 10 000
âmes, donc même admissibles à une aide statutaire, mais qui
couvrent la population d'une municipalité rurale. Par exemple, prenons
une ville ayant 12 000 ou 15 000 de population, mais couvrant le territoire de
la paroisse autour; dans ce cas, elle est admissible à cette
subvention.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Tantôt, le ministre nous faisait part que ce
programme avait déjà été distribué aux
municipalités, si j'ai bien compris.
M. Tardif: II est en voie de distribution. Il est
imprimé.
M. Cordeau: Bon. Parfait. Ce serait simplement pour demander au
ministre s'il serait possible que les députés reçoivent
ces programmes en même temps que les municipalités.
M. Tardif: Exactement. Au même moment où il est
envoyé aux municipalités, il est envoyé aux
députés.
M. Grenier: Dois-je comprendre également que cela ne
touche pas que les cités et villes? Ce programme dont vous venez de
parler touche également toutes les municipalités?
M. Tardif: Cela touche toutes les municipalités rurales,
surtout.
M. Grenier: Une question bien technique pour permettre de
vérifier cela. Qu'arrive-t-il à Scots-town?
M. Tardif: A-t-on le dossier de Scotstown?
M. Grenier: C'est peut-être bien technique. Cela va nous
permettre de savoir jusqu'à quel point c'est vérifié.
M. Tardif: On trouvera sûrement réponse à la
question précise du député de
Mégantic-Compton...
M. Grenier: Ses délégués ont reçu le
mandat de s'en retourner et de taxer!
M. Brassard: Toujours relativement à ce programme, vous
dites que ce programme existait déjà sous l'ancien gouvernement.
Y a-t-il des éléments nouveaux qui ont été
apportés à ce programme? Par exemple, est-ce que le fait de fixer
un maximum aux subventions existait déjà? Il y a, je pense, un
maximum qui est fixé pour les subventions.
Est-ce que cela existait déjà auparavant? Pour une pompe
à incendie, par exemple, ou un camion, il y a des maximums qui sont
fixés.
M. Tardif: II y avait déjà, M. le Président,
des montants maximaux qui prévoyaient une contribution financière
de la municipalité. Ce que nous avons fait, cela a été de
formaliser ceci dans un programme très précis j'en ai une
copie ici de l'admissibilité des municipalités, des
équipements visés et, dans le cas de la construction des casernes
de pompiers, nous avons limité de telles casernes jusqu'à
concurrence de 3-B, alors qu'auparavant il y en avait quatre, parfois
même plus. Dans le cas des autopompes, cela a été
limité à un maximum de deux autopompes. Les camions-citernes
également, je pense que c'est un camion-citerne... Pardon?
M. Brassard: C'est pour ce qui est de l'équipement; mais
pour ce qui est des montants comme tels, également, je pense que le
ministère a fixé aussi des maximums.
M. Tardif: Oui, M. le Président. Il y avait effectivement
un programme qui existait, sauf qu'on informe qu'il n'y avait pas de
règle précise quant au pourcentage exact de la contribution du
gouvernement ou de la municipalité. C'était à la suite de
l'analyse de chaque cas et du budget de la municipalité que l'on
décidait d'y aller d'une contribution globale ou autrement.
Le Président (M. Laplante): ...je pense qu'il y a une
petite vérification.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse. Pour une fois,
le ministre est mal informé. Il y avait des pourcentages très
précis, 75% dans le cas d'un regroupement, 50% dans le cas d'une
municipalité qui agissait seule, 60% dans le cas d'une
municipalité isolée qui ne pouvait se regrouper et dans certains
cas, où il y avait refus de la part d'une municipalité d'accepter
un regroupement recommandé fortement par le ministère,
c'était 40%. La définition des dépenses admissibles
était très claire, c'était la partie d'une bâtisse
affectée au service de protection contre l'incendie; si la même
bâtisse devait abriter le service de police, le calcul était fait
selon les pieds carrés de plancher et tout. Alors, c'était une
politique assez précise qui n'impliquait point l'analyse du budget de la
municipalité.
M. Tardif: M. le Président. Je m'excuse si j'ai induit en
erreur la commission. Il y avait effectivement des limites quant au pourcentage
de contribution. Ce qu'il n'y avait pas, ce qui est nouveau, c'est qu'on dit:
La subvention sera jusqu'à concurrence de 75% ou jusqu'à
concurrence de 50%, mais il se peut qu'elle soit moins que cela. Par exemple,
dans le cas de l'acquisition d'une pompe portative lourde, dans le cas d'un
premier appareil, le montant maximal prévu est de $7000 de subvention et
à ce moment-là, on dit: C'est jusqu'à concurrence de 75%,
mais cela ne saurait, en aucun cas, dépasser $7000. Dans le cas d'un
deuxième et d'un troisième appareil de pompe portative, le
montant maximal est de $5000. Dans le cas de camions-pompes, dans le cas d'un
premier appareil, la subvention maximale prévue est de $37 000 ou 75%,
mais ne devant jamais excéder $37 000 et dans le cas d'un
deuxième appareil, le montant maximal prévu est $27 000. Donc, en
plus des pourcentages prévus de contribution, selon le type d'entente
intermunicipale existant, il y a également des montants maximaux qu'on
ne saurait dépasser selon qu'il s'agit d'un premier, d'un
deuxième ou d'un troisième appareil d'intervention, M. le
Président.
M. Brassard: Si les municipalités veulent se payer du
luxe, elles doivent l'assumer.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez eu une
réponse pour Scotstown?
M. Tardif: Dans le cas de Scotstown, M. le Président, je
m'excuse, mais le directeur général de la prévention des
incendies, M. Lamothe, n'est pas ici ce matin. Je m'en excuse et je fournirai
la réponse au député de Mégantic-Compton
aussitôt que je pourrai l'obtenir.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le Président, dans le cas de ce que vous
venez de mentionner, la ville de Gatineau, à cause du regroupement,
avait reçu un engagement de la part du ministère d'un montant de
$75 000, 75% du montant de l'autopompe. Ce montant de 75% provenant de
critères antérieurs et auxquels, bien sûr, le
ministère était consentant. Est-ce qu'il est encore
consentant?
M. Tardif: M. le Président, avant que d'implanter cette
nouvelle politique en matière d'aide ou de contribution gouvernementale
à la protection-incendie, j'ai effectué une opération de
nettoyage des dossiers qui étaient au ministère et dans tous les
cas où il y avait eu un engagement ferme du gouvernement ou du
ministère vis-à-vis d'une municipalité et que celle-ci
avait déjà commandé son autopompe, parce qu'on sait qu'il
y a quand même des délais de livraison, c'est fait de façon
individuelle, presque, cet équipement. Donc, nous avons honoré,
je dirais, tous les engagements, sauf dans les cas patents où,
après des délais de deux ans, aucune action n'avait
été entreprise par la municipalité pour faire
l'acquisition des dits équipements. Mais de façon
générale, nous avons honoré ceux qui étaient
là, et voici à partir de maintenant ce qui s'applique.
M. Alfred: Dans le cas de la ville de Gatineau, il y a $9000
d'instruments qui ont été achetés en fonction même
de cette autopompe qui avait été promise et les
équipements sont là à ne rien faire.
M. Tardif: Comme pour le député de
Mégantic-Compton, M. le Président, je peux prendre note du cas
précis de la ville de Gatineau et fournir les réponses au
député de Papineau.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy Me Gee.
M. Goldbloom: M. le Président, sans vouloir brimer le
droit de parole de qui que ce soit, je constate qu'il ne nous reste qu'une
vingtaine de minutes. J'aimerais suggérer respectueusement que nous
adoptions le programme 5 et que, par la suite, nous traitions et ceci a
été notre habitude dans le passé les programmes 6,
7, 8, 9 et 10 ensemble et que nous puissions poser des questions...
Une Voix: ... la chance de poser des questions. D'accord?
Le Président (M. Laplante): Cela voudrait dire que le
programme 5, élément 1, adopté. Elément 2.
Adopté. Elément 3. Adopté. Programme 5, tout entier,
adopté.
Maintenant, nous étudierons les programmes 6, 7, 8, 9 et 10
ensemble. Est-ce que cela est conforme aux voeux des membres?
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas
monopoliser la discussion. J'aimerais commencer par deux ou trois questions au
ministre et ma première concerne le programme 10.
M. Tardif: Les gens de la Société d'habitation vont
remplacer ceux du ministère pour l'étude des crédits.
Régie des loyers
M. Goldbloom: Pendant ce temps-là, pendant le changement
de fauteuils, je voudrais poser une question qui touche la Régie des
loyers et le programme 10.
Le gouvernement a agi de façon à faire disparaître
les mesures anti-inflation, donc le contrôle des prix et des revenus, et
voici qu'il maintient le contrôle des loyers. Est-ce que le ministre peut
nous indiquer quelle est sa politique à l'égard de ce genre
d'intervention? Il nous a indiqué son intention d'arriver, plus tard
cette année, avec un projet de loi sur le contrôle des loyers, sur
la conciliation entre propriétaires et locataires. Serait-il
prématuré de lui demander quelle est sa pensée à
cet égard? Est-ce que l'enlèvement des
contrôles dans d'autres domaines similaires laisse présager
l'enlèvement des contrôles aussi dans ce domaine?
M. Tardif: M. le Président, je constate que, sous le terme
contrôle, on peut profiter du fait qu'on parle de contrôle, en
général, pour raccorder contrôle des mesures anti-inflation
et, d'autre part, contrôle des loyers. Même si, sur le plan des
principes, cela peut se débattre, je pense que c'est vraiment joindre
deux choses, deux mesures qui, dans le temps, n'ont jamais été
reliées, puisque les mesures anti-inflation sont de facture et
d'adoption très récentes et également de disparition
très récente, tandis que le contrôle des loyers est un
phénomène qui remonte dans le temps, assez loin dans le temps,
une mesure instituée durant la guerre, d'une part, par le gouvernement
fédéral, retenue en 1951 par le gouvernement de l'Union Nationale
du temps, M. Duplessis à l'époque, reconduite d'année en
année depuis ce temps-là et à l'égard de laquelle
nous en sommes arrivés, au mois de novembre dernier, à
l'obligation de devoir reconduire une loi qui se terminait le 31
décembre, ce que nous avons fait par la loi 78, en cherchant à
combler d'autres lacunes de la loi.
Un comité de refonte est présentement au travail,
comité créé par arrêté en conseil, pour me
présenter, pour septembre, un projet de loi qui vise à refondre
cette législation, mais sûrement pas à supprimer les
contrôles, sûrement pas, en tout cas, à une époque
où les taux de vacance, ou d'inoccupation de logement sont
inférieurs à 1% dans les principaux centres urbains du
Québec.
Le comité n'a pas pour mandat de savoir s'il serait opportun ou
non opportun d'avoir le contrôle des loyers. Il a pour mandat de me
préciser les modalités d'un tel contrôle, M. le
Président.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne sais pas si
l'honorable député de Lac-Saint-Jean veut continuer sur le
même programme ou sur un autre.
M. Brassard: Non, ce n'est pas sur ce programme, c'est sur un
autre.
M. Goldbloom: Je me permettrais peut-être de poser une
autre question et de lui céder la parole par la suite, même si ma
deuxième ne porte pas sur le même programme.
Je pense qu'il est important que la commission soit informée sur
l'état d'avancement des négociations avec le gouvernement
fédéral en matière d'habitation. Où en sommes-nous?
Qu'est-ce que nous pouvons prévoir comme apport au Québec de la
part du fédéral?
M. Tardif: M. le Président, dois-je conclure que nous en
avons terminé avec le programme 10 et que celui-ci est
adopté?
M. Goldbloom: Pour moi, oui, M. le Président. Mais, comme
je l'ai dit tout à l'heure, nous avons eu, dans le passé,
l'habitude de parler d'habitation dans son ensemble et, à la fin,
d'adopter en bloc tous les programmes.
M. Tardif: D'accord. En ce qui concerne l'état des
dossiers avec le gouvernement fédéral, j'ai, présentement,
un groupe de fonctionnaires de mon ministère qui est en train de me
faire l'état de la question. Nous avons reçu, de la
Société centrale d'hypothèques et de logement, des
chiffres quant à l'ensemble des montants qui, dans sa propre
programmation, ont été prévus pour le Québec pour
l'année 1977.
Ceci inclut les divers programmes existants d'aménagement de
quartiers, de dégagement de terrains, d'aide à l'habitation, de
construction de foyer du type construit par la Corporation d'hébergement
Québec, de logements d'étudiants, d'autre part, et
également, je crois, mais dans une correspondance différente, la
mise sur pied éventuelle d'un programme de subventions aux loyers, tout
cela, nous voulons le reprendre. Nous avons reçu cette communication de
la Société centrale d'hypothèques et de logement au cours
des dernières semaines seulement et j'ai demandé au gens de la
société d'habitation de me faire un rapport là-dessus. Je
devrais être en mesure d'aller négocier avec mon homologue
fédéral sur l'ensemble de cette programmation 1977 et
possiblement même pour des programmations antérieures dont on
aurait peut-être bénéficié autant que nous aurions
pu ou que nous aurions dû.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Société d'habitation du
Québec
M. Brassard: Ma question porte sur la Société
d'habitation du Québec dont l'efficacité, c'est le moins qu'on
puisse dire, a été, à plusieurs reprises, mise en doute,
remise en question en tout cas depuis quelques mois, ce qui expliquerait,
semble-t-il, entre autres choses, que la programmation 1977 de la SHQ ait
été mise entre parenthèses, selon votre expression, en
décembre 1976.
Deux questions, en fait, relativement à la Société
d'habitation du Québec. Qu'advient-il de cette programmation 1977?
Est-ce qu'on peut espérer que les parenthèses seront
bientôt levées? Parce qu'il est évident que beaucoup de
municipalités s'en informent et s'en inquiètent.
Deuxièmement, est-ce que cette programmation sera
modifiée? Parce que la plupart des projetsje pense, en tout cas
qui en font partie ont été adoptés ou
autorisés sous l'ancien gouvernement, avant le 15 novembre. Est-ce que
cette programmation sera modifiée?
Enfin, une question relativement à la SHQ, elle-même.
Est-ce que des réformes sont à venir dans son fonctionnement, par
exemple, au niveau des délais? Je sais qu'il y avait un problème
assez grave de délais entre l'acceptation d'un projet et sa mise en
chantier. Le nombre de mois était assez élevé...
Une Voix: Et d'années également.
M. Brassard: ...même d'années. Question
précise relativement à la programmation 1977. Qu'est-ce qu'il en
advient, à propos même du fonctionnement de la
Société d'habitation du Québec comme telle?
M. Tardif: M. le Président, je comprends la hâte du
député du Lac-Saint-Jean et d'un bon nombre d'autres personnes
qui sont intervenues à diverses reprises à l'Assemblée
nationale ou dans les conversations que j'ai eues, de voir se lever ces
parenthèses qui encerclent, qui enferment présentement le
programme 1977.
Ce que je veux toutefois souligner je ne veux pas encore une fois
qu'on interprète mes propos comme étant des blâmes à
l'endroit d'individus c'est qu'au rythme actuel de croisière de
cet organisme, de cette machine qui s'appelle la Société
d'habitation du Québec et, encore une fois, sans que des individus
soient nommément responsables de ceci, mais, par la loi organique qui
crée cette société, par le biais des ententes qui doivent
être avalisées par, d'une part, les municipalités, les
offices municipaux d'habitation, la société, le Conseil du
trésor, le Conseil des ministres, la Société centrale
d'hypothèques et de logement, il y a tout un système qui fait que
cette programmation 1977, même si j'avais levé les
parenthèses, aurait peut-être été mise en chantier
quelque part en 1980.
J'en veux pour preuve le fait qu'au moment où nous nous parlons,
pas une seule pelletée de terre n'a été levée pour
la programmation de 1975. Dans les deux ou trois cas où il y en a eu, il
s'agit de projets antérieurs à 1975 qui ont été
rebaptisés, redatés de 1975. Tout ceci pour dire que nous avons,
par cette loi et par ces façons de procéder, une procédure
extrêmement lourde, et que mon souci de faire construire du logement est
tel que j'ai pensé remonter à la source, c'est-à-dire
à ces programmations de 1974 et même avant 1974 il y en a
qui datent de 1973 qui ne sont pas réalisées je dois dire que
c'est surtout dans le cas de la ville de Montréal et de voir
pourquoi elles ne l'avaient pas été. Je commence à avoir
une idée de l'ensemble de la situation. J'espère être en
mesure, dans un délai relativement court, de proposer au Conseil des
ministres des solutions qui viseront à accélérer le
processus.
Ce qui est important de souligner, c'est que la programmation de 1975
qui est encore une programmation sur papier au moment où nous nous
parlons, au mois de mai 1977, qui en est à l'étape de la
confection des plans et devis donc l'étape de l'acquisition de
terrains est terminée dans ce cas l'étape des plans et
devis, elle-même, se subdivise en trois étapes; l'étape A,
qui est celle des esquisses préliminaires, est terminée dans la
plupart des cas; celle des plans et devis préliminaires, qui est la
deuxième étape de confection des plans, est également
terminée dans presque tous les cas, sauf quelques-uns; donc, nous en
sommes à la phase 3 qui est celle des plans et devis complets avec
cahier de charges et tout. Or, dans ce cas, sur 92 projets pour l'année
1975, nous n'avons reçu que pour 28 projets des jeux complets de plans
de la part des firmes d'architectes, et encore, de ces 28, un certain nombre
doit leur être retourné, parce qu'ils ne sont pas conforme, parce
qu'ils ne sont pas à l'intérieur des limites de prix
fixés, bref pour toutes sortes de raisons, si bien que dans 92 moins 28
on peut faire l'opération dans 64 cas, les firmes
d'architectes 33 firmes dont les services ont été retenus
pour confectionner les plans de ces 92 projets parce qu'on faisait
fabriquer de nouveaux plans pour chaque projet dans 68 cas, les firmes
d'architectes, au sens du contrat de services que nous avons conclu avec elles,
peuvent être déclarés et j'ai demandé
qu'elles le soient, effectivement déclarées en
défaut, parce qu'il y avait des délais précis dans le
contrat. Elles avaient, en principe, 20 jours pour soumettre la phase A, 30
jours pour la phase B, et en moyenne, 30 jours pour la phase C. Elles ont pris,
en moyenne au moins deux fois plus de temps pour chacune des phases. Je veux
bien qu'il y ait des délais qui nous soient imputables, qui soient
imputables à la société, au gouvernement et à la
procédure d'approbation et tout cela, mais voilà où nous
en sommes pour la programmation de 1975, c'est-à-dire que nous avons
reçu des plans pour 28 des 92 projets, et même pour ces 28
projets, ce n'est pas acquis qu'ils soient tout à fait conformes
à ce que nous attendons.
Deuxième élément, en ce qui concerne la
programmation de 1976, nous en sommes à l'étape de l'acquisition
de terrains, et ceci n'est pas encore entièrement terminé.
Programme d'acquisition de terrains qui, au départ, est en voie de
réalisation, mais qui, sur la foi des représentations que j'ai
reçues de personnes de la Société d'habitation, a
été un peu retardé, du fait que le ministère de la
Justice était, avait-on dit, incapable de fournir les notaires
suffisants pour instrumenter dans les cas de ces acquisitions de terrains. A ce
moment, j'ai émis cette directive, pour ne pas retarder ce processus
d'acquisition de terrains et afin de ne pas substituer une liste de notaires
à une autre, que la Société d'habitation retienne les
services du notaire, du vendeur, pour instrumenter dans chaque cas. Si on
achète des terrains d'un citoyen, ce sera son notaire qu'on prendra dans
ce cas. Nous en sommes à cette étape pour l'année 1976
seulement.
Ce que je veux souligner, c'est que l'ensemble de la programmation
1975-1976-1977 qui est, encore une fois, uniquement sur papier
représente 9452 logements. Autre élément fort important. A
supposer que nous décidions de reconnaître tous ces projets comme
fondés, comme valables, ce qui n'est pas acquis au départ,
là pour une raison très simple je vais mettre de
côté toute considération politique qui aurait pu
présider au choix de ces projets je vais les mettre entre
parenthèses aussi, comme je l'ai fait pour l'ensemble des projets
et dire qu'à l'heure actuelle, nous ne disposons pas, la
Société d'habitation du Québec ne dispose pas d'un
relevé complet, empirique, des besoins en matière de logement sur
le territoire
québécois. Jusqu'à maintenant, on estimait ces
besoins à partir des demandes des municipalités d'une part, ou
encore de divers groupements intéressés d'autre part, et parfois
sous les pressions ou les demandes des députés qui disaient: Dans
notre région, nous aimerions avoir un foyer pour personnes
âgées. Nous n'avons pas de connaissance intime, empirique, des
besoins en logements de la municipalité. Lorsqu'à un certain
moment je voyais un projet de construction de logement pour personnes
âgées de 60 appartements, à Saint-Bruno, la question d'un
résidant de cette ville à qui je posais la question: Où
va-t-on les prendre, les personnes âgées, à Saint-Bruno
pour les mettre là-dedans...?
Ceci dit, je pense que cette étude des besoins est à
faire. Lorsque j'ai posé la question à la Société
d'habitation et à son président qui est à mes
côtés, M. Jean-Jacques Lemieux, au mois de décembre,
celui-ci m'a dit: Ecoutez, M. le ministre, nous n'avons jamais
procédé à une telle étude empirique. Je pense que
cela s'impose et les gens de la Société d'habitation ont
demandé au bureau des statistiques du Québec de les aider
à faire un tel relevé sur les besoins en logements. Evidemment,
je ne veux pas attendre qu'un tel relevé soit disponible pour
débloquer des logements et j'ai pris des mesures qu'un tel relevé
soit disponible pour débloquer des logements et j'ai pris des mesures
concrètes pour accélérer le processus dans le cas de ces
9452 logements, en tenant pour acquis, à moins qu'on me fasse la preuve
du contraire, que cela répondait à un besoin. Je répondrai
peut-être de façon plus précise...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Hull, une courte question.
Mme Ouellette (Hull): M. le Président, j'ai moi aussi,
comme tant d'autres Québécois, dénoncé l'inertie du
gouvernement qui nous a précédés, en matière de
logements et d'habitation au Québec et par le fait même aussi,
dénoncé l'inertie de la Société d'habitation du
Québec. J'ai pris bonne note de ce que le ministre a dit tantôt.
Par ailleurs, le ministre n'est pas sans reconnaître que l'Office
municipal d'habitation de Hull a remis, à plusieurs reprises, un plan
quinquennal d'habitation. Il a aussi remis, à plusieurs reprises, au
gouvernement qui nous a précédés, donc au titulaire
responsable des Affaires municipales du temps, une série de documents,
de rapports, démontrant très bien la situation du logement et de
l'habitation dans la région de Hull et, bien sûr, ces projets
n'ont pas encore abouti. Le plan quinquennal démontrait des besoins
criants en habitation à Hull. Les besoins sont encore là. Cela
s'est accentué durant les dernières années à cause
des expropriations massives causées par la venue des édifices
fédéraux, je dois le rappeler encore, et à ce moment-ci la
population de Hull est privée de logements adéquats. Il y a
toujours une liste d'attente de 1600 noms à l'Office municipal
d'habitation à Hull. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas de plan
d'ensemble. Il est évident que, pour une fois, il va fal- loir se doter,
et vous l'avez souligné à plusieurs reprises, d'une
véritable politique d'habitation au Québec.
Ce n'est pas parce qu'ailleurs cela n'est pas encore tout à fait
complété qu'il faille priver les citoyens de Hull de logements
adéquats. La programmation de 1975/76 n'est même pas en chantier,
on attend la programmation 1977, et Dieu sait quand on va l'avoir, et les gens
commencent à désespérer. On se dit que les besoins ont
été clairement identifiés. Ce que j'allais dire
tantôt, c'est que même si on connaît tous ces besoins,
même si la programmation de 1975/76 et de 1977 est
réalisée, il va y avoir encore un manque de logements à
Hull et on ne sait absolument plus quoi répondre aux citoyens qui ont
droit au logement à Hull et on ne sait absolument plus quoi
répondre aux citoyens qui ont droit au logement. Or, c'est un droit,
à mon avis, au même titre que la santé et
l'éducation.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez faire
rapidement, parce qu'on est rendu à l'heure de...
Mme Ouellette: Tout ce que je veux poser comme question à
ce stade-ci au ministre, M. le Président, c'est: A quand la
décentralisation? Quand est-ce qu'on va remettre, par exemple, à
l'Office municipal d'habitation de Hull la responsabilité du logement,
de l'habitation? J'ai l'impression, M. le Président, que ces programmes
seraient réalisés beaucoup plus rapidement si on remettait
à cet office les responsabilités de l'habitation et du
logement.
Le Président (M. Laplante): Une réponse très
courte, M. le ministre.
M. Tardif: Ce que le député de Hull nous demande,
c'est de revenir à la situation d'avant 1974, qui a été
modifiée à ce moment-là parce que le gouvernement
fédéral a tenu à être l'interlocuteur auprès
des municipalités. Le gouvernement du Québec du temps a dit: Non,
c'est nous, l'interlocuteur, et, à ce moment-là, il est devenu
maître d'oeuvre dans la plupart des cas. Ceci dit, M. le
Président, dans le cas spécifique de Hull, en dehors de cette
question qui sera abordée avec mon homologue fédéral lors
des rencontres que je dois avoir avec lui, le projet du secteur Fournier est
donc en marche. Il ne l'est peut-être pas au rythme de croisière
qu'on aimerait qu'il soit, mais il est en marche présentement et,
deuxièmement, à la demande du député de Hull, Mme
Ouellette, j'ai accepté la suggestion que l'on se porte acquéreur
du terrain évacué par la CTCRO dans le centre de Hull, du fait
que la CTCRO déménage ses garages à l'extérieur, et
que l'on réserve ceux-ci pour fins d'habitation.
Le Président (M. Laplante): Programme 6,
élément 1. Adopté.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense,
quant à moi, que si nous pouvons nous entendre pour prendre
seulement deux ou trois minutes de plus, nous pouvons adopter l'ensemble des
crédits du ministère. Je voudrais faire un seul commentaire
à l'égard de l'échange qui vient d'avoir lieu entre le
député de Hull et le ministre.
Le député de Hull a parlé d'inertie. Je voudrais
lui rappeler que justement parce que je n'étais pas du tout satisfait de
la performance de la Société d'habitation du Québec
à l'époque, j'ai fait entreprendre une enquête. Le
résultat de cette enquête étant une série de
recommandations, j'ai voulu donner suite à ces recommandations, et une
d'entre elles qui n'était pas précise, mais qui était
implicite, était un changement à la tête de la
société. M. Lucien Saulnier est arrivé et a
réclamé le temps de revoir le dossier lui-même et de tirer
des conclusions. Malheureusement, il n'a pas été en mesure de
continuer très longtemps son mandat. Donc, ce n'est qu'avec
l'arrivée du nouveau président qu'il y a eu, pour moi, le
déblocage, le début d'un déblocage que je cherchais.
Je voudrais souligner cependant, en ce qui concerne la ville de Hull et
la région de l'Outaouais, mais plus particulièrement la ville de
Hull, qu'étant bien conscient des besoins criants à cet endroit
dans cette région, j'avais demandé que dans le secteur que nous
voulions ouvrir, celui des suppléments aux loyers qui ne
nécessiteraient pas la construction, mais simplement la
disponibilité d'argent...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee...
M. Goldbloom: Je termine là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que vous
vous étendiez là-dessus. On a passé l'heure, on n'a pas eu
l'assentiment de l'assemblée encore, je ne voudrais pas que ce soit une
règle générale de passer l'heure, que ce ne soit qu'un cas
d'exception. Je voudrais m'en tenir actuellement à l'adoption des
programmes, s'ils sont pour être adoptés. Je ne crois pas que vous
ayez à défendre actuellement votre politique passée du
temps où vous étiez ministre.
M. Grenier: Le député de Hull l'a attaqué
dans sa politique antérieure. Il a le droit de se défendre, je
pense bien.
M. Goldbloom: Quand il y a des commentaires qui sont faits, je
pense que l'on a le droit de réagir. Tout ce que j'ai voulu dire, c'est
que nous avons justement désiré fournir rapidement des
unités de logement dans la ville de Hull, à même ce
mécanisme de location d'unités et de suppléments aux
loyers. C'était une reconnaissance des besoins. Ce disant, je suis tout
à fait disposé à réserver d'autres questions pour
un autre moment, et déclarer adoptés les crédits du
ministère des Affaires municipales.
Le Président (M. Laplante): Adopté dans son entier,
le programme 6, le programme 7 dans son entier, le programme 8 dans son entier,
le programme 9 dans son entier, le programme 10 dans son entier, bref, les 11
programmes qui concernent les Affaires municipales sont adoptés.
Je prierais, à ce moment, le rapporteur désigné de
faire rapport à l'Assemblée nationale que la commission a
terminé ses travaux. Merci à tout le monde. M. le ministre, vous
aviez quelque chose à ajouter pour compléter.
M. Tardif: M. le Président, je pense que j'ai abusé
du temps, à un moment donné, pour répondre de façon
plus explicite à certaines questions. J'aurais volontiers apporté
beaucoup de précisions, s'il y en avait eu, sur ces programmes
d'ensemble sur l'habitation. C'est vrai qu'il y a eu de la part de mon
prédécesseur cette initiative qui nous a valu d'arriver au
pouvoir avec un rapport qui faisait le tour de la question, le rapport Legault,
qu'il y a eu des changements à la tête de la Société
d'habitation en y mettant l'ancien président du comité
exécutif de la ville de Montréal, M. Lucien Saulnier. C'est aussi
vrai que M. Saulnier, au bout de six mois, n'a pas pu fonctionner tout à
fait à l'intérieur des contraintes qui pouvaient découler
jusqu'à un certain point de la loi, des règlements et des
procédures administratives, et que, finalement, nous retrouvons, encore
une fois, ceci dit sans préjudice pour les personnes qui ont
assumé ces fonctions, mais bien face à un système qui est
très lourd et qui fait en sorte qu'à moins d'être
modifié de façon assez substantielle, je pense que le meilleur
individu ou le meilleur directeur qui serait mis à la tête d'un
tel organisme pourrait difficilement fonctionner à l'intérieur
des contraintes existantes.
C'est au niveau des systèmes que des modifications s'imposent et
c'est dans cette voie que je travaille présentement.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais dire, tout
simplement pour ma part, que des réponses du ministre n'ont pas
constitué un abus du temps de la commission. Bien au contraire, il a
fourni des explications, des renseignements assez détaillés et
nous devons l'en remercier. Nous devons le prier de transmettre nos
remerciements à ceux qui l'ont secondé, soit les fonctionnaires
de son ministère, soit les dirigeants des organismes dont il est le
ministre responsable.
Nous avons pu faire un tour d'horizon qui, pour une première
expérience pour le ministre, n'a pas, j'espère, été
trop désagréable. Nous avons essayé de travailler avec le
sourire la plupart du temps, lancer les flèches d'usage c'est
normal dans les échanges parlementaires et faire le tout avec un
respect mutuel. Ce n'est pas une tâche facile, j'en sais quelque chose.
Je voudrais à la fin, comme au début, souhaiter au ministre un
agréable et fructueux séjour à la tête du
ministère.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Quant à nous, je fais miens au
nom de notre parti, les propos de M. Goldbloom, qui parle au nom de
l'Opposition. Cette expérience de M. Tardif, à qui nous avions
affaire ici à cette commission, est celle de quelqu'un qui oeuvre dans
le secteur depuis déjà plusieurs années. On sentait qu'on
pouvait y aller avec beaucoup de sécurité et nos questions ont
trouvé réponses sur le champ ou encore, ces réponses n'ont
su tarder en tout temps. Certaines questions techniques peuvent rester, bien
sûr, en suspens à cause de la brièveté du temps,
mais il est assuré que dans ce ministère nous pourrons trouver
des réponses à nos questions qui ne sont quand même pas
tellement élaborées...
C'est une expérience, au nom de mon collègue de
Saint-Hyacinthe qui a suivi de plus près les débats, qui a
été intéressante, sachant que dans les autres
ministères les armes se font de façon différente, mais ici
on peut dire qu'il y a eu réponse à chacune de nos questions...
On sait que pour le ministre, il y a du pain sur la planche. On a même
une programmation qui dépasse celle de plusieurs ministères.
Assuré du bon fonctionnement de ce secteur qui était
déjà bien "engrené" par les années qui ont
précédé, connaissant les hommes qui ont oeuvré
à ce ministère, nous sommes assurés que déjà
il peut y avoir beaucoup d'espoir au ministère des Affaires
municipales.
Le Président (M. Laplante): Merci à tous les
membres de cette commission.
(Fin de la séance à 13 h 13)