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Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des affaires municipales se réunit
pour l'étude des crédits financiers de l'année se
terminant le 31 mars 1977. Les membres suivants font partie de cette
commission: MM. Alfred (Papineau), Beauséjour (Iberville), Brassard (Lac
Saint-Jean), Caron (Verdun), Cordeau (Saint-Hyacinthe), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Dubois (Huntingdon) remplacé par M. Grenier
(Mégantic); MM. Dussault (Châteauguay), Goldbloom (D'Arcy McGee),
Lavigne (Beauharnois), Léger (Lafontaine) remplacé par M. Marquis
(Matapédia); M. Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par
M. Boucher (Rivière-du-Loup); Mme Ouellette (Hull), MM. Roy
(Beauce-Sud), Saindon (Argenteuil), Tardif (Crémazie), Vaugeois
(Trois-Rivières), Verreault (Shefford).
Est-ce qu'on voudrait bien proposer un rapporteur, s'il vous
plaît?
M. Vaugeois.
M. Vaugeois: Pour faire quoi?
Le Président (M. Laplante): M. Vaugeois
(Trois-Rivières), vous êtes d'accord pour être le
rapporteur?
M. Vaugeois: Vous me direz quoi faire, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville) est toujours présent.
M. Caron: II faut qu'il soit présent. Nous ne nous
opposons pas, cela nous fait plaisir.
Le Président (M. Laplante): Cela vous fait plaisir.
M. Goldbloom: On finit pas avoir qui, comme rapporteur?
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour
(Iberville).
M. Goldbloom: Et nous avions la possibilité d'avoir, pour
une fois, un écrivain.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour est un
écrivain.
M. Goldbloom: Un écrivain aussi? M. Vaugeois en est
un...
Le Président (M. Laplante): Non, M. Vaugeois est...
M. Goldbloom: Mais votre choix tombe sur M.
Beauséjour.
Le Président (M. Laplante): M. Beauséjour. M.
Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, c'est à
vous...
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez des
commentaires à faire avant de commencer l'étude des affaires
municipales programme par programme?
Exposé préliminaire du ministre M. Guy
Tardif
M. Tardif: Oui, M. le Président. J'aimerais, avant de
commencer cette étude programme par programme, faire état des
quatre grands secteurs d'activité au sein du ministère, pour
lesquels j'entends apporter un certain nombre de mesures, qui
déjà transpirent, jusqu'à un certain point, dans le
discours du budget du ministre des Finances, donc, dans une partie des
crédits qu'on est en train d'étudier.
Ces quatre grands secteurs de préoccupations qui sont les miennes
et que j'ai tenté d'insuffler au personnel du ministère,
personnel que j'ai trouvé à la fois nombreux, dynamique, bien
préparé à ce genre d'action ou de renouveau, je dois dire,
portent sur les aspects suivants.
Le premier de ces points, qui m'apparaît essentiel, et dont on
retrouve peut-être moins de traces dans le discours du budget et dans les
autres documents jusqu'à maintenant a trait au fonctionnement de la vie
politique municipale. Deux éléments, deux qualités
essentielles doivent, selon moi, marquer cette vie politique municipale. Ce
sont celles qui ont marqué, depuis ses débuts, le parti qui est
le mien et c'est cette notion de transparence, d'une part, et celle de
participation, d'autre part.
Comment atteindre ces objectifs, si ce n'est en faisant en sorte que la
population puisse mieux participer au fonctionnement ou à la gestion de
la chose publique sur le plan local, ce qui implique ou ce qui peut impliquer
une réforme électorale, réforme dont, heureusement,
beaucoup d'éléments nous sont déjà fournis par le
rapport de la Commission de refonte des lois municipales, dans la
deuxième tranche du premier document qu'elle a remis, déjà
depuis quelques années, à l'ancien gouvernement qui l'avait, en
fait, demandé de façon détachée ou
séparée du reste en vue possiblement de procéder à
une telle refonte ou à une telle réforme, mais qui, pour des
raisons que j'ignore, en est resté à l'état d'étude
ou de document produit par la Commission de refonte?
A ce premier document vient se greffer aussi tout le travail fait par
mon collègue à la réforme parlementaire en ce qui concerne
la réforme parlementaire, la réforme électorale, les
listes électorales, les partis politiques et le financement des partis
politiques. La grande question qu'il y a lieu de se poser, c'est dans quelle
mesure, jusqu'à quel point ces réformes qui seront
appliquées à l'ensemble du Québec pourront être
transposées et transposables au niveau des municipalités
Egalement, toute cette question de la représentation sur le plan
municipal, à savoir si l'on devrait ou non utiliser la formule de un
conseiller par quartier, un conseiller, un quartier. Divers rapports ont refait
les recommandations dans ce sens. Le plus récent et qui fait
peut-être le plus autorité, en tout cas, dans les documents soumis
au gouvernement en matière d'urbanisme, c'est un autre rapport soumis
également à l'ancien gouvernement, le rapport Castonguay, qui
recommande précisément d'en venir à cette formule de un
conseiller par quartier. Des mouvements politiques locaux, à
Montréal, le RCM, à Québec, un parti d'Opposition
également, et d'autres représentants ailleurs ont
réclamé l'application de cette formule. Or, comme chacun le sait,
cette formule qui existe présentement dans certaines
municipalités du Québec est présentement l'exception, la
règle générale étant donc d'avoir plusieurs
représentants par quartier. C'est le cas, notamment, à
Montréal, où, en moyenne, sauf exception, dans les parties de
territoire récemment annexé, nous avons trois conseillers par
quartier. C'est le cas à Québec, où, à part encore
une fois des annexions récentes, la règle, c'est quatre
échevins par quartier et ainsi de suite, jusqu'à des situations,
dans certaines municipalités où les six conseillers élus
et le maire le sont pour l'ensemble du territoire.
Donc, au sujet de cette question fort importante pour laquelle, encore
une fois, nous disposons de renseignements d'autant plus précieux que
ces études ont été faites, ont été
effectuées, nous nous devrons, je pense, de revoir cette question de la
représentation. Egalement, fort importante dans les grands centres est
l'idée de la création de conseils et de quartiers maintes fois
avancée et également contenue en substance dans le rapport
Castonguay et surtout dans l'une des annexes de ce rapport. Dans les centres
urbains de faible et de moyenne importance, il peut ne pas sembler
nécessaire d'avoir recours à une formule semblable, étant
donné que dans une ville de 10 000 ou de 25 000 de population, le maire
et les cinq ou six échevins peuvent être considérés
comme ayant des contacts ou ayant la possibilité d'avoir au moins des
contacts face à face avec la population locale.
Evidemment, dans les grands centres comme Montréal et, à
un moindre degré, comme Québec, ces possibilités sont
plutôt réduites. Lorsqu'un échevin ou trois échevins
sont responsables ou représentent, soi-disant un quartier qui a entre 25
000, 30 000 ou 40 000 de population, cette relation entre l'échevin et
son quartier est évidemment beaucoup plus ténue. La participation
du citoyen à la gestion de la chose municipale, l'hôtel de ville,
cela reste quelque chose de très loin, vers lequel on va très peu
souvent.
La création de tels conseils de quartier, qui est
réclamée par certains, est présentement à
l'étude dans mon ministère, et, encore une fois, nous disposons
de diverses recommandations à ce sujet. A partir de quel seuil de tels
organismes devront-ils être créés ou implantés? Ceci
reste à voir et à déterminer après étude,
mais je pense que l'idée de tels conseils de quartier répond,
dans les grands centres à tout le moins, à un besoin réel
de faire participer les gens à la gestion de la chose municipale.
Un autre secteur fort important quant au fonctionnement de la vie
politique municipale a trait à cette question de l'éthique
municipale. Présentement, diverses dispositions de la Loi des
cités et villes, du Code municipal de la Loi de la corruption des
fonctionnaires municipaux et du Code criminel, évidemment, touchent
à divers aspects de ce qu'on peut appeler l'inconduite ou des
comportements dérogatoires chez des fonctionnaires ou chez des
élus municipaux. Je pense qu'il y a lieu de resserrer la
législation à tout le moins; il n'est pas question de retoucher
au Code criminel ici, qui est de compétence fédérale, pour
l'instant, mais, à tout le moins, en ce qui concerne un certain nombre
d'autres dispositions qui auraient intérêt à être
resserrées de façon à éviter tout conflit
d'intérêts chez les élus et chez les hauts fonctionnaires
municipaux. Nous sommes fidèles en cela, encore une fois, à la
politique adoptée par le gouvernement d'exiger de ses ministres une
déclaration d'intérêts et qu'ils se départissent de
tout intérêt susceptible de les mettre en conflit et de
gêner l'accomplissement de leur tâche.
Cette question de l'éthique municipale est également
très importante et très intimement liée, selon moi,
à un sain fonctionnement de l'appareil municipal et même si,
encore une fois, une telle loi n'a aucune incidence budgétaire et
n'apparaît pas là-dedans, il m'apparaissait important, à
tout le moins, d'en faire état ici puisque je pense que cela revêt
une très grande importance.
D'autres mesures liées au fonctionnement de la vie politique
municipale touchent des points comme, par exemple, cette question du
référendum; pas "le" référendum, mais les
référendums municipaux qui peuvent être tenus
périodiquement sur des questions de zonage, de règlements
municipaux et que des amendements récents ont rendu plus difficiles.
Il fut une époque où la signature de vingt citoyens
était suffisante pour tenir un tel référendum sur un
règlement d'emprunt ou autrement. Maintenant, ce seuil, dans beaucoup de
cas, a été augmenté à 500 signatures. On se pose la
question: N'aurait-on pas rendu la question trop sévère, trop
rigide, cette exigence minimale, et, encore une fois, tout ceci, dans le
dessein d'essayer de faire participer les gens et les impliquer dans la gestion
de la chose municipale?
De la même manière, un autre élément fort
important lié au fonctionnement de la vie politique municipale est
l'institution, avec les accommodements qu'il faudra y apporter, de
l'équivalent de la
fonction de Vérificateur général qui existe
à l'Assemblée nationale, qui fait rapport à
l'Assemblée nationale sur la façon dont l'Exécutif a
administré les fonds.
Je ne vous cacherai pas que l'institution d'une telle fonction d'un
Vérificateur général qui ferait rapport au conseil dans
son entier et à la population de la façon que les fonds ont
été gérés par les municipalités pourrait
avoir un effet plus que salutaire dans certains cas.
Voilà, en gros, un certain nombre de points liés, je l'ai
dit, à la réforme électorale, aux structures municipales,
à l'éthique et à d'autres mesures telles la consultation
populaire et la vérification, donc, qui sont susceptibles de donner ce
que je qualifiais tantôt de ces deux traits importants que sont la
transparence et la participation de la population.
Il y a également et je pourrais souligner
brièvement en passant lorsqu'on parle des structures municipales,
d'autres points fort importants, j'ai parlé, dans les grands centres, de
la nécessité d'en venir à une unité de consultation
plus petite. Il est bien évident que dans certains cas, il faut
constituer des unités ou des structures plus grandes. C'est là
que la constitution de conseils d'agglomération dont on aura l'occasion
de parler tantôt à propos d'urbanisme, que les communautés
urbaines, que la question des fusions, des regroupements, doit également
être étudiée pour finalement s'arrêter à
l'institution vénérable que constituent les conseils de
comté, institution qui remonte à 1855, mais qui, après
avoir connu une vie plutôt tranquille et même après avoir
été presque à l'article de la mort, a été
ressuscitée ces dernières années et connaît un
regain de vie aujourd'hui, mais qui ne dispense pas pour autant de revoir,
à la fois, et sa compétence et le découpage territorial
qui existe et qui, encore une fois, a plus de 100 ans maintenant... Le dernier
rapport de la Commission de refonte des lois municipales a été
distribué à l'Assemblée nationale la semaine
dernière. Ce rapport fait état, précisément, des
compétences des conseils de comté, à la fois
étendues et limitées. Etendues, dans le sens de la
possibilité que les conseils de comté auraient d'exercer des
fonctions. Cette possibilité est relativement grande sauf qu'ils se
voient, disent-ils, couper de tous les moyens à partir du moment
où dès qu'une municipalité devient viable, prend de
l'ampleur, elle doit sortir des conseils de comté étant
incorporée en vertu de la Loi des cités et villes.
Donc, toute cette question des structures municipales en
redécoupant ou en faisant participer de plus petites entités dans
les grands centres sous la forme de conseils de quartier et dans les centres de
moyenne importance, en les regroupant dans des touts plus facile à
travailler ou, en tout cas, permettant aux gens de se réunir autour
d'une même table.
Voilà, en gros, un certain nombre des préoccupations qui
sont les miennes quant au fonction-nament de la vie politique municipale et,
encore une fois, dont on trouverait peut-être difficilement trace dans ce
budget, mais qui peuvent avoir des implications sur les grandes orientations du
ministère.
Le deuxième secteur, évidemment, qui est relié au
premier, c'est celui des finances et de la fiscalité, dont on a
semblé faire, jusqu'à maintenant, dans les divers discours que
j'ai entendus depuis le 15 novembre, le principal, comme si c'était le
seul et unique problème des municipalités et je devrais dire
qu'on a surtout, parmi ces problèmes, mis l'accent sur la
fiscalité.
Généralement, en mettant l'accent sur la fiscalité
pour réclamer deux sortes de mesures, la première étant
donc l'octroi aux municipalités d'un pourcentage plus
élevé de la taxe de vente, on réclamait une part de 2%
à 3%; la deuxième c'est le retrait des commissions scolaires du
champ de l'impôt foncier pour le remettre aux municipalités.
Je pense que c'est simplifier drôlement le problème que,
d'une part, ne s'attaquer qu'à l'aspect fiscalité, l'aspect
revenus et de ne pas s'arrêter pendant un moment à l'aspect
dépenses des municipalités. En effet, si on veut assainir la
situation financière des municipalités, il ne suffit pas, il ne
serait pas suffisant dans le contexte actuel, de songer uniquement à
leur procurer des revenus additionnels, il importe également de
resserrer le contrôle sur les dépenses et de les diminuer.
En effet, il n'y a que deux façons, je pense, d'assainir une
situation: augmenter les revenus en est une, mais diminuer ou réduire
les dépenses et l'endettement en est une autre.
Il y a diverses façons d'apprécier l'état
d'endettement de nos municipalités. La première consiste à
prendre la dette globale et à la diviser par le nombre de citoyens d'une
ville et nous obtenons ainsi ce que nous appelons un taux d'endettement per
capita. Une deuxième façon consiste à prendre le service
de la dette, annuellement, et voir quelle est la proportion du budget annuel
consacré au service de la dette. Nous nous rendons compte que ce service
de la dette peut atteindre entre 25%, 30% et même jusqu'à 35% et
40% annuellement dans certains cas, ce qui est énorme.
Une troisième façon qui est celle habituellement retenue
au ministère, que je n'ai pas inventée, est celle du taux
d'endettement sur la base de l'évaluation foncière, puisque cette
évaluation sert précisément donc, d'appui, d'assise
à tous ces règlements d'emprunt qui sont votés. Or, ces
montants ou l'évaluation de la dette municipale sur la base de
l'évaluation foncière, nous a permis d'en arriver à des
constatations une analyse de cet endettement pour le moins
effarantes.
Ainsi, après avoir établi ce qu'on appelle une cote
critique de 15% quant au taux d'endettement, c'est-à-dire le ratio de la
dette sur l'évaluation foncière, multiplié par 100, donc
une cote critique de 15%, nous en sommes arrivés au constat que 160
municipalités du Québec excèdent cette code d'alarme de
15% d'endettement; deuxièmement, nous constatons qu'il y a, sur les 160
qui excèdent cette cote, environ 60 municipalités qui
dépassent le seuil de 20%.
Evidemment, on me dira: Ecoutez, il y a des distorsions dans les
rôles d'évaluation. Toutes les
municipalités ne sont pas évaluées à 100% de
leur valeur; lorsqu'elles le seront, la dette, le ratio, automatiquement, sera
rajusté. Je veux bien qu'il en soit ainsi. Je veux bien que la
confection des nouveaux rôles d'évaluation nous permette d'en
arriver à réduire ces taux.
Mais il reste qu'en chiffres absolus, cette fois, on peut
également apprécier l'endettement de plus en plus
accéléré des municipalités. J'en veux pour exemple
les montants des règlements d'emprunt approuvés par la Commission
municipale au cours des années 1974, 1975 et 1976.
En effet, uniquement pour les municipalités, car on sait que la
Commission municipale approuve également les règlements d'emprunt
des commissions scolaires et autres organismes, uniquement pour les
municipalités, en 1974, la Commission municipale a approuvé pour
quelque $325 millions en règlements d'emprunt. En 1975, ce montant
dépassait $800 millions pour la seule année 1975, pour les
règlements d'emprunt autorisés par la Commission municipale.
Et, en 1976, les règlements d'emprunt autorisés
dépassaient le cap du milliard de dollars, pour la seule année
1976.
C'est donc dire qu'il y a eu, au cours de ces trois seules
années, une progression presque du triple dans le montant des
règlements d'emprunt autorisés par la Commission municipale pour
les municipalités, si bien que, tout en faisant ces réserves sur
la valeur de la dette calculée sur la base de l'évaluation
foncière, il reste que, en chiffres absolus, le taux d'endettement des
municipalités s'est accru, donc l'endettement s'est accru de
façon appréciable et qu'il est temps de freiner ces
dépenses considérables, dépenses qui, pour une part, en
tout cas, découlent dépenses de fonctionnement, je veux
bien, mais dans le cas de la dette des dépenses liées aux
infrastructures et sur lesquelles je dirai un mot tout à l'heure.
Face à cette situation, le discours du budget et les
représentations que j'ai faites auprès du ministre des Finances
ont eu pour effet de diriger vers les municipalités pas moins de quelque
$100 millions additionnels, c'est-à-dire environ 1/2% ou la
moitié du fameux 1% de la taxe de vente que les municipalités
réclamaient.
On sait que faire passer le taux de la taxe de vente de 2% a 3%,
c'était un montant de l'ordre de $200 millions qu'il aurait fallu
déplacer vers les municipalités, que le champ d'impôt
foncier qui était réclamé, c'était un montant de
$550 millions qu'on aurait dû faire passer du côté des
municipalités, ce qui aurait impliqué évidemment que le
ministère de l'Education aurait été dans l'obligation
d'obtenir du ministre des Finances par l'impôt sur le revenu et les
autres sources de revenu du Québec les montants ou le manque à
gagner de ce côté.
Il n'était pas possible de déplacer de tels mastodontes en
un espace de temps aussi court et, à supposer qu'il soit souhaitable de
déplacer entièrement ceux-là, diverses mesures ont
été adoptées dans le dernier discours du budget.
La première de ces mesures a eu pour effet, conformément
à l'engagement du Parti québécois et à cette notion
de transparence de participation que j'ai énoncée tantôt,
et je devrais dire, cette fois maintenant, d'autonomie municipale, de viser
à augmenter ce qu'on appelle la marge de revenus autonomes des
municipalités, c'est-à-dire de ces revenus qui ne
dépendent plus de la volonté de Dieu le Père à
Québec, en leur ouvrant un nouveau champ fiscal, à savoir les
plaques d'immatriculation des véhicules à moteur.
Les municipalités avaient réclamé, depuis un bon
moment déjà, que l'automobile qui est pour elles source de
dépenses, en termes d'ouverture de rues, d'éclairage, de
signalisation routière, de déneigement soit également
source de revenus. Elles l'avaient demandé par le truchement d'une taxe
sur l'essence. Le ministre des Finances a préféré leur
accorder par le biais de cette taxe sur les plaques d'immatriculation d'un
montant de 30% qui sera redistribué aux municipalités moyennant
des frais d'administration par le gouvernement du Québec si bien que
l'adresse étant inscrite sur le permis, ou l'enregistrement, permettra
au ministère du Revenu de redistribuer ces sommes aux
municipalités. Il s'agit donc de revenus autonomes, mais qui sont
perçus par le Québec et ne supposent pas, pour les
municipalités, la mise en place de tout un appareillage pour la
perception.
Un deuxième élément important, je pense, en ce qui
concerne les revenus dits autonomes, a été l'augmentation ou la
possibilité pour les municipalités de percevoir des droits
supplémentaires sur les terrains vacants viabilisés. Chacun sait
que, compte tenu du coût des infrastructures, ces terrains vacants qui
sont dotés de tous les services quand même coûtent de
l'argent aux municipalités, parfois même ces terrains vacants
résultent ou ont été le résultat de pertes
financières pour les municipalités, puisqu'on pouvait parfois y
trouver là des édifices, des immeubles qui ont été
démolis, amenant ici une baisse de revenus pour la municipalité,
transformés pendant un certain temps peut-être en terrains de
stationnement ou autrement et, après un temps plus ou moins long,
revendus à profit par un promoteur ou le propriétaire dudit
terrain.
Cette possibilité qu'ont, maintenant les municipalités
d'imposer une surtaxe de 50% sur les terrains vacants viabilisés vise
à une utilisation optimale des investissements collectifs qui ont
été faits et consentis pour permettre à la
municipalité de bien fonctionner et de bien gérer son
patrimoine.
De la même manière, il y a une mesure dans le budget qui
vise à assimiler les maisons mobiles à des immeubles pour fins de
taxation. Alors, ceci a été fait en deux temps. Vous l'avez
constaté dans le discours du budget. D'une part, si on considère
les maisons mobiles comme des immeubles, il faut les soustraire, à tout
le moins en ce qui concerne la main-d'oeuvre, du 8% de la taxe de vente, ce qui
a été fait dans le discours du budget, mais, par ailleurs,
également, si on est pour les considérer comme des immeubles et
les taxer comme tels, puisqu'elles exigent, ces maisons mobiles, les
mêmes services des municipalités en termes d'égouts,
d'aqueduc, de rues, etc., sans toutefois
rapporter, et de loin, aux municipalités les mêmes revenus,
puisqu'elles étaient taxées selon un taux fixe de $10 par mois ou
environ... Donc, le discours du budget vise à normaliser la situation
dans le cas des maisons mobiles, à les assimiler à des immeubles
qu'elles sont en réalité puisque, jusqu'à un certain
point, on peut les considérer comme des immeubles et les
hypothéquer et tout cela, et, ce faisant, donc, de le faire sans
provoquer une hausse subite et dramatique pour ces gens. Si bien que, cette
année, l'augmentation sera de 33 1/3% et sera graduée, de
façon à en arriver à une certaine parité, quant au
mode d'évaluation, avec ce qui se fait pour les autres immeubles.
Donc, toutes ces mesures sur les plaques d'immatriculation, revenu
également sur les terrains vacants viabilisés, sur les maisons
mobiles, sont autant de mesures visant à donner aux municipalités
ce qu'on appelle des revenus autonomes et qui, pour la première
année d'opération, rapporteront à ces dernières
environ $40 millions. Les autres mesures, qui traduisent également le
souci du ministère et du gouvernement de s'éloigner de cette
attitude subventionniste et de rendre le moins discrétionnaire possible
l'octroi des deniers publics, ont consisté à augmenter les
subventions statutaires de la façon suivante, c'est-à-dire
d'étendre à un plus grand nombre de municipalités celles
qui sont admissibles aux subventions statutaires. On sait que ce seuil,
auparavant, commençait à 15 000 de population; il a maintenant
été baissé à 10 000 de population et, qui plus est,
ce montant de subvention statutaire per capita a été
indexé et sera, dorénavant, indexé à l'augmentation
moyenne du coût de la vie. Donc, voilà deux mesures importantes,
encore une fois, qui assurent les municipalités de revenus stables,
indexés, indépendants de la volonté du prince à
Québec, quel qu'il soit.
Autres mesures importantes également et qui ont trait, cette
fois, aux subventions conditionnelles, qu'on estime toujours nécessaires
pour des municipalités dont la faible population finalement ne
procurerait pas, si on les englobait dans celles admissibles au per capita, des
revenus suffisants pour répondre a des besoins précis, comme, par
exemple, la construction dans une petite municipalité rurale d'un
réseau d'aqueduc et d'égouts. Or, dans ce cas, des subventions
conditionnelles, c'est-à-dire rattachées à
l'exécution de certaines fonctions, continueront d'être
données; cependant, et c'est là, je pense, aussi une mesure
importante, j'ai tenté, depuis quelques mois, d'assujettir ces
subventions conditionnelles à des programmes précis,
publiés, connus de tous, de façon à m'enlever toute cette
part du discrétionnaire, sinon du discriminatoire, et de façon
à faire en sorte que les municipalités qui sont admissibles
puissent se qualifier et qu'il ne soit plus nécessaire pour elles de
faire ces humiliants pèlerinages annuels ou semi-annuels à
Québec. C'est ainsi que le programme PAIRA a été
lancé, programme PAIRA dont le sigle, sans jeu de mots ou avec jeu de
mots selon le cas, signifie tout simplement programme d'aide à
l'implantation de réseaux d'aqueduc.
Qui dit implantation suppose non-existence d'un tel réseau. Cela
suppose que l'on part de rien et qu'on en bâtit un. Or, quelles sont les
modalités de ce programme? C'est, d'une part, de se limiter à la
partie bâtie des villages, des paroisses et ne pas agrandir d'un
demi-mille de chaque côté, à grands frais et de se limiter
dans ces zones plus densément peuplées, plus densément
habitées. C'est ce que fait le programme PAIRA. Il prévoit donc
une participation gouvernementale de l'ordre de 75% du coût de tels
travaux, une participation maximale de 75%, le reste étant à la
charge de la municipalité. Le tout sujet à une contribution pour
chaque propriétaire de l'ordre de $180.
D'autres programmes ont été mis de l'avant. Le
deuxième, c'est le programme liquidation. Liquidation dont le nom,
encore une fois, implique non seulement qu'on veut fournir de l'eau, du liquide
aux municipalités qui en ont besoin, mais également qu'on veut
liquider un certain nombre de cas problèmes. Monsieur fait signe,
également: fournir l'argent liquide. C'est un fait, également,
dans la mesure du possible. Mais ce programme dit de liquidation, on peut
l'interpréter de trois façons: Fournir de l'eau, régler
les cas problèmes, fournir de l'argent pour les régler. Il a
été mis de l'avant et s'adresse de façon plus
particulière à ces municipalités qui sont situées
entre le PAIRA et le per capita, c'est-à-dire entre le système
éligible aux subventions décrites précédemment pour
les municipalités rurales, c'est-à-dire jusqu'à 3000 ou
4000 de population, celles régies par le Code municipal, et celles qui,
en raison du fait qu'elles ont 10 000 de population et plus, sont
éligibles à une subvention per capita. Celles entre les deux ont
maintenant droit à ce programme liquidation qui vise essentiellement
à répondre à des besoins urgents d'alimentation en eau
lorsqu'il y a pénurie grave ou lorsque la qualité fait craindre
pour la santé des gens. Il ne s'agit pas, ni dans PAIRA, ni dans
celui-là, ni dans ce programme liquidation, d'aider, de favoriser du
développement nouveau, mais uniquement de répondre aux besoins
urgents des municipalités locales implantées. D'autres
programmes, que je passe rapidement, comme celui sur la protection contre
l'incendie. Il a été également mis au point, il est
signé, il devra être distribué dans la population,
auprès des députés incessamment en ce qui concerne les
ententes intermunicipales en cas d'incendie; on l'a également soumis
à des règles. Le programme de contribution gouvernementale
à la confection des nouveaux rôles d'évaluation est
également assujetti à de telles règles, et il
prévoit une participation financière de l'Etat
québécois de 50% de la confection de ces nouveaux rôles
d'évaluation. Dans le cas d'équipement contre l'incendie, selon
la nature des ententes intervenues, la contribution gouvernementale à
l'achat d'équipement, autopompes, camions-citernes, casernes de
pompiers, pourra varier entre 25% et 75% selon qu'il y aura des ententes plus
ou moins élargies, plus ou moins étendues, de services
intermunicipaux.
Le programme liquidation, je l'ai dit, la participation gouvernementale
dans ce cas-là est de l'ordre de 50% et, dans le cas de PAIRA, elle est
de
l'ordre de 75%. Egalement, des programmes en matière de
confection de plans d'urbanisme sont à être mis au point lorsque
des municipalités voudront préparer de tels plans. Un programme
existera, qui leur permettra de se rendre éligibles à une
subvention et enfin, un programme de participation financière du
gouvernement dans les cas de fusion ou suite aux cas de fusion et
d'annexion.
On sait que la loi pour favoriser le regroupement des
municipalités prévoit une subvention de $3 par année ou
$15 pendant cinq ans aux municipalités regroupées. On sait
pertinemment que les frais afférents aux fusions elles-mêmes
où les nivellements se font rarement par la base, mais
généralement par le sommet, et que les meilleures conditions de
travail dans une municipalité sont généralement
étendues aux autres, que les coûts résultant des fusions,
des annexions, des regroupements, ont été passablement
onéreux pour les municipalités, si bien que, de tout temps,
l'Etat y est allé de contributions supplémentaires à ce
qui est déjà prévu dans la loi.
Or, ces contributions supplémentaires qui, bon an mal an, ont
donné lieu à des subventions qui ont eu pour effet de doubler,
à toutes fins utiles, les montants prévus dans la loi,
c'est-à-dire de $3 par année pendant cinq ans ou de $15 par
tête de pipe, il est maintenant projeté de conformer
également cette tranche additionnelle consentie par l'Etat à un
programme précis qui tiendra compte des coûts
supplémentaires et de la nature des fusions.
Il est bien évident que de donner une subvention de $10 ou de $15
supplémentaire par tête d'habitant, à l'ensemble des
citoyens, à la suite d'une fusion, par exemple, un petit hameau de 500
âmes qui serait annexé à la ville de Québec ne
causerait pas, dans ce cas, de surcroît de dépenses énormes
pour la ville de Québec, d'intégrer un tel groupement de
population alors que dans les cas de fusion de deux municipalités de
3000 ou de 4000 de population chacune ou de 4000 ou de 5000 de population, les
coûts afférents sont plus considérables, si bien qu'une
stricte règle mathématique du genre: tant par tête de pipe
pour l'ensemble de la population, ne règle pas le problème et
c'est là qu'un programme plus souple donnant cette partie
supplémentaire sera préparé, mais encore une fois, ce
programme ainsi que tous les autres seront mis par écrit, seront rendus
publics, seront communiqués et les municipalités pourront
elles-mêmes calculer, compte tenu des résultats ce à quoi
elles ont droit.
Voilà en gros les principes qui m'ont inspiré dans la
préparation d'un certain nombre de ces mesures et de ces programmes et
qui, encore une fois, visent à s'éloigner de cette attitude
subven-tionniste et paternaliste de l'Etat.
La capacité financière des municipalités, j'en suis
drôlement préoccupé depuis que j'ai pris connaissance de
leur état financier. J'ai fait les représentations voulues
auprès du ministre des Finances et j'ai bénéficié,
je dois le dire, d'une oreille attentive de sa part, si l'on considère
que beaucoup d'autres ministères ont vu leur budget coupé alors
que j'ai quand même réussi à obtenir pour les
municipalités beaucoup plus que ce qu'elles n'avaient auparavant, si ce
n'est même au chapitre de la marge de manoeuvre gouvernementale,
c'est-à-dire de l'argent neuf. C'est quand même un montant de $31
millions qui a été ajouté aux municipalités, soit
pour les infrastructures d'égout, d'aqueduc, soit encore en
matière d'habitation et cela en soi, représente presque 20% de la
marge de manoeuvre de $175 millions du gouvernement, ce qui n'est pas
négligeable.
Voilà donc un certain nombre de points sur lesquels il
m'apparaissait important de parler avant d'aborder l'étude du budget en
rapport avec ces questions de finance et de fiscalité.
Des mesures législatives seront apportées pour faire en
sorte que, maintenant, les municipalités régies par le Code
municipal soient contraintes, tout comme les municipalités régies
par la Loi des cités et villes à déposer un budget annuel
avant le 31 décembre, ce qui n'était pas le cas jusqu'à
maintenant.
Deuxièmement, des mesures législatives seront
également proposées de façon à étendre
à l'ensemble des municipalités les contraintes imposées
à la ville de Montréal en ce qui concerne la préparation
d'un plan triennal d'investissement, et ceci à tout le moins, pour les
cités et villes.
Donc, voilà autant de mesures qui seront proposées et qui,
je pense, contribueront à assainir l'état des finances et de la
fiscalité municipale.
Ceci m'amène, quand même, maintenant, à un
troisième point fort important et c'est cette question de l'urbanisme.
On sait que l'ancien gouvernement avait déposé un projet de loi,
la loi 12, sur l'urbanisme, projet de loi qui avait le mérite, à
tout le moins, sans contraindre les municipalités, comme cela avait
été le cas avec les lois des communautés urbaines,
à dispenser dès le départ des services, service de police
dans le cas de la Communauté urbaine de Montréal ou service de
transport ailleurs, donc qui les forçait non pas de se charger de
l'exécution d'un service, mais bien de se charger d'une tâche
peut-être plus noble, plus à la hauteur des autorités ou
des élus, c'est-à-dire de penser ensemble la vocation de leur
région et de s'asseoir autour d'une même table et de penser
aménagement, de penser urbanisme, de penser lotissement, de penser
développement et de ne pas penser uniquement, encore une fois, gestion
d'un petit service ou d'un service en particulier, fût-il aussi important
budgétairement que celui de la police.
Je pense que c'était un des mérites de la loi que
d'insuffler ou de tenter d'insuffler aux municipalités ou à un
groupement de municipalités ayant entre elles des liens de communication
quotidienne, de débordement, parfois, d'un centre principal avec des
villes périphériques. C'était donc le mérite,
dis-je, de cette loi. Sauf que le hasard a voulu qu'on la laisse tomber en
cours de route par suite des élections, qu'elle devienne caduque, ce qui
n'implique pas que nous ne la reprendrons pas, bien au contraire. Il y a des
fort bons éléments dans ce projet de loi et nous voudrions, c'est
tout à fait normal, peut-être y ajouter de notre cru, ce que, je
pense, on nous permettra de
faire, dans deux directions. D'une part, j'aimerais savoir, et j'ai
posé la question à nos urbanistes, dans quelle mesure il serait
possible de faire la synthèse de cette loi qui implique la participation
des gens d'une même région a la définition vraiment de la
vocation de leur territoire. J'aimerais, dis-je. faire la synthèse de
cette préoccupation qui est tout à fait normale et bien
exprimée, je pense, dans le texte de loi; j'aimerais faire la
synthèse de la création de ces conseils de quartier dans les plus
grands centres, pour déterminer comment faire en sorte que les quartiers
puissent participer également à la définition de la
vocation de l'ensemble du territoire urbanisé, comme dans le cas de
Montréal. Il faudrait déterminer comment un citoyen, si on est
tout à fait d'accord que le citoyen de la petite ville de
Saint-Antoine-des-Laurentides, en banlieue de Saint-Jérôme, par
exemple, peut participer éventuellement, comme c'était le cas
prévu en vertu de la loi, dans le cadre d'un conseil
d'agglomération, à la définition de la vocaton de cette
région. Il faut savoir pourquoi le citoyen du quartier
montréalais Untel ne participerait pas à la participation des
grandes orientations, des règlements de zonage et des changements qui
affectent son quartier. Comment opérer cette synthèse? Je sais
que ce n'est pas une tâche facile. C'est en tout cas un boulot que j'ai
confié aux gens de notre direction de l'urbanisme et ils sont
présentement au travail.
Mais, liées à cette question de cette loi de l'urbanisme
qui a été discutée, il y a eu des attitudes
contradictoires. D'une part, l'Union des municipalités s'est
déclarée relativement d'accord avec la loi proposée; les
conseils de comté, eux, ont eu des réserves quant à cette
loi, puisque, pensaient-ils, avec les conseils d'agglomération, leur
rôle serait diminué d'autant. Une autre question a
été posée aux urbanistes de mon ministère et
c'est sensiblement la même question qui aurait été
posée, je pense, par l'ancien gouvernement, à la suite des
représentations des conseils de comté. Comment est-il concevable,
comment est-il possible d'intégrer la structure, de se servir de la
structure politique existante des conseils de comté à
l'intérieur de cette loi? C'est aussi donc un des mandats qui a
été confié à ceux à qui j'ai demandé
de revoir ce projet de loi.
Voilà, en gros, notre principale préoccupation en
matière d'urbanisme. Je dois dire que ce n'est pas la seule, qu'on doit
étudier à ce comité interministériel de
l'aménagement du territoire où existent ces questions
d'urbanisme, de développement, de consommation effrénée
des sols arables, surtout dans la région de Montréal et où
le problème de la spéculation, celui de la densification, celui
de la création de municipalisation du sol, sont autant de questions
à l'étude présentement.
Ce que je pense un document important, que j'avais l'occasion
d'évoquer brièvement lors d'une rencontre avec des urbanistes
à Montréal, il y a une semaine, a trait à cet autre
document, commandé, non pas par moi, mais par, encore une fois, l'ancien
gouvernement. Il porte sur le schéma d'aménagement du
Montréal métropolitain, schéma d'aménagement lourd
de conséquences et qui impliquera des déboursés publics,
des sommes, au cours des dix prochaines années, si on laisse les
tendances historiques se continuer pour les dix prochaines années, de
l'ordre de $6,2 milliards. Je vous pose la question. C'est quatre olympiades.
On en a eu une en une décennie. Je pense que c'est suffisant. Est-ce
qu'on peut s'en payer cinq ou l'équivalent de cinq en une
décennie? Et ceci, sans penser que l'on n'a pas du tout, mais du tout,
évalué les répercussions de ce financement, de ces
développements sur, par exemple, la répartition, l'impôt
foncier municipal. On ne saurait, je pense, continuer impunément
à mettre de l'avant des projets de développement sans penser
à l'impact et à la note, à celui qui va finalement payer
la note.
J'aurai peut-être l'occasion d'élaborer les
développements possibles en matière d'urbanisme lorsqu'on
arrivera à la direction générale de l'urbanisme.
J'aimerais quand même passer maintenant un dernier moment sur
cette question du logement. C'est également une de mes
préoccupations et à double titre.
D'une part, en tant que ministre responsable de la Société
d'habitation du Québec et d'autre part, en tant que ministre responsable
de la Régie des loyers, organisme passé de récente date,
du ministère de la Justice, au ministère des Affaires
municipales. Evidemment, il y a un lien logique entre les deux, du fait que ces
deux fonctions se retrouvent au sein d'un seul et même ministère.
Même si on doit dire qu'il aurait été souhaitable que le
passage de la Justice aux Affaires municipales se fasse après que la
question de cette refonte de la Loi de conciliation ait été
réglée, alors qu'elle avait été quand même
promise et évoquée depuis des années, cette loi, qui a
été reconduite depuis 26 ans. Nous nous sommes retrouvés,
le 15 novembre dernier, devant l'obligation de reconduire une loi qui devenait
échue le 31 décembre et d'essayer de colmater des brèches
que l'ancien gouvernement avait essayé de colmater avec le chapitre 84
des lois de 1975, sans succès d'ailleurs, pas plus que, je dois
l'admettre, nous n'en avons eu avec la loi 78. Bien qu'il ait été
nécessaire de se représenter avec une loi 3, mais en attendant la
refonte complète de la loi demandée à un comité qui
est présentement au travail.
Ce que j'aimerais quand même évoquer, ce sont les
conditions qui ont donné naissance à, entre autres, un certain
nombre des problèmes vécus par Val-Martin, Aylmer, Connaught,
McLynn. D'autres semblables sont nés, je pense, d'un problème de
relation entre la Société centrale d'hypothèques et de
logement et, à tout le moins, son pendant québécois
ici.
Je me demande si on a songé sérieusement aux implications
avant de se départir de ces projets à dividendes limités
et de les céder ainsi, à toutes fins pratiques, aux mains de
spéculateurs. Nous récoltons aujourd'hui, encore une fois, les
conséquences d'actions posées par un autre organisme
gouvernemental dans ces matières et sur le rôle duquel il est
urgent de s'interroger.
Ce comité de refonte en matière de concilia-
tion est au travail et doit nous présenter un projet de loi avant
le mois de septembre. J'ai toutefois averti ces gens qu'il n'y aurait aucune
permission de vacances si je n'avais pas un brouillon de projet de loi au mois
de juin, tellement je suis impatient d'en avoir un.
En ce qui concerne la Société d'habitation du
Québec, nous procéderons évidemment à
l'étude de ses crédits tantôt. Je pense que nous avons
essayé, contrairement à ce qui a été dit
précédemment, non pas de freiner l'action de cet organisme, mais
au contraire, de l'accélérer, l'accélérer à
un point tel qu'on l'amène à produire, autant que possible, toute
cette quantité de logements que l'organisme s'est déjà
engagé à produire et qui, malheureusement, pour toutes sortes de
raisons, ne sont pas encore en chantier.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'au moment où on se
parle, il n'y a pas une seule pelletée de terre de levée pour la
programmation de 1975. La programmation de 1977 qu'on réclamait, que
certains membres de l'Opposition réclamaient à grands cris comme
étant susceptible de relancer l'emploi au rythme de croisière
actuel, ç'aurait été quelque part en 1980 qu'on aurait
commencé à la réaliser. Si bien que ce qui est important,
je pense, c'est de trouver des façons d'accélérer le
rythme de production. Nous sommes, à la suite de réunions avec
les gens de la Société d'habitation, en train d'examiner diverses
possibilités d'accélérer ce rythme.
J'aurai l'occasion d'en parler tantôt. Mais jusqu'à
maintenant, même dans le cas de projets, nous avons tenté, par
exemple, dans un cas, d'en débloquer certains qui avaient
été refusés par l'ancien gouvernement, à la ville
de Montréal notamment, lorsque la ville avait soumis l'an dernier un
projet de construction de 2600 logements. L'ancien gouvernement, pour toutes
sortes de raisons, peut-être explicables, avait accordé à
la ville de Montréal 800 logements et en avait mis de côté
1600. Pensant donc que les besoins en logement étant plus aigus à
Montréal, j'ai demandé de voir le vice-président du
comité exécutif et M. Legault, président de l'Office
municipal d'habitation, avec le président de la Société
d'habitation, pour dire à la ville de Montréal: Est-ce que vous
êtes prêts? Est-ce que vous avez les terrains? Est-ce que vous avez
les plans?
Est-ce que vous êtes prêts avec ces 1600 logements? La
réponse a été: Oui, évidemment, mais si vous nous
donniez quelque temps et si vous nous disiez ce qui est arrivé aux 800
logements que vous aviez déjà à l'étude, ou
déjà autorisés, en principe, au ministère?
A ce moment-là, des recherches effectuées m'ont permis de
constater que, pour les 800 logements en question, l'approbation était
bloquée, à toutes fins utiles, par le Conseil du trésor.
Pourquoi? Après enquête, j'ai pu me rendre compte que les
coûts fournis par la ville de Montréal ne correspondaient pas au
coût global de chaque projet et que ce que nous avions obtenu
était des coûts de construction et non pas des coûts de
réalisation; si bien que n'entraient pas dans les coûts de
construction les coûts d'acquisition de terrains, ce qui nous a permis,
incidemment, de nous rendre compte qu'on voulait nous vendre un terrain, sur la
rue Sherbrooke, à $30 le pied carré, de même que d'autres
choses semblables. Entre les coûts de construction, strictement, et les
coûts de réalisation, il y avait un écart
considérable. J'ai demandé aux gens de la Société
d'habitation de procéder à une conciliation de ces chiffres avec
les autorités de la ville de Montréal.
De fait, on a procédé à cette conciliation; nous
sommes arrivés à un écart moyen entre $6000 et $10 000 de
l'unité de logement, ce qui n'est pas mince, qui dure toujours et qui
est attri-buable, encore une fois, en bonne partie, à cette question du
coût des terrains.
Tout ceci pour dire que, finalement, le Conseil du trésor, dans
ce cas-là, a fait son boulot correctement. La question qu'on peut se
poser, c'est: Est-ce que la ville de Montréal nous avait, dans la
transmission de ses dossiers... Est-ce que l'étude qui avait
été faite par notre propre organisme, il y a quelques mois, en
transmettant ces dossiers au Conseil du trésor, avait été
faite avec toute la rigueur qui aurait dû accompagner la transmission de
tels dossiers? Si bien que la réalisation de certains
éléments de programme en matière d'habitation est une
priorité, j'en conviens, mais pas à n'importe quelle condition et
je pense que l'expérience qu'on a vécue dans le cas de
Montréal nous amène, nous oblige à nous pencher à
deux fois sur les chiffres qui nous sont soumis en matière de
réalisation.
Voilà, en gros, un certain nombre de points sur lesquels je
voulais élaborer avant de commencer l'étude des crédits
programme par programme. Un comité de travail existe également,
formé de fonctionnaires de la direction générale
d'urbanisme de la Société d'habitation et de mon cabinet, qui est
en train de préparer les éléments d'une politique
d'habitation au Québec, ceci, parallèlement à cet autre
comité qui se penche sur la refonte de la loi.
Ces quatre grands secteurs, ces préoccupations en matière
de logement terminent ce quatrième volet des préoccupations qui
sont les miennes et qu'on retrouve reproduites à des degrés
divers dans le livre des crédits qui est devant vous aujourd'hui.
Sur ce, M. le Président, je terminerai cet exposé fleuve
général pour répondre aux questions spécifiques,
programme par programme, s'il y en a.
Remarques de l'Opposition M. Victor C.
Goldbloom
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est absolument sans
reproche que je constate que le ministre a parlé assez longuement,
peut-être 55 minutes. Je n'ai pas l'intention de l'imiter, je n'ai pas
l'intention de reprendre, point par point, les sujets qu'il a abordés.
Je voudrais être relativement bref.
Mes premiers mots et ce n'est pas par de-
voir, mais par sincérité d'appréciation que je le
fais s'adressent aux fonctionnaires du ministère. J'ai eu
l'honneur de diriger l'action de cette équipe pendant trois
années et demie. C'était, sur le plan intellectuel, sur le plan
de la qualité du travail échangé, sur le plan des
relations humaines, une expérience tout à fait exceptionnelle. Je
leur dois une reconnaissance vive et profonde et je voudrais la leur
témoigner ici, aujourd'hui.
Il y a évidemment, pour chaque ministère, une
clientèle générale qui est toute la population du
Québec.
Il y a, pour certains ministères, une clientèle plus
facilement définissable; tel est le cas des Affaires municipales. Cette
clientèle est importante, puisqu'elle partage avec les autres paliers de
gouvernement je ne veux pas engager cette discussion sémantique,
à savoir si l'on peut considérer les municipalités comme
un palier de gouvernement disons, pour être très
précis, que les autorités municipales partagent, avec les
gouvernements provincial et fédéral une responsabilité
administrative et donc humaine à l'endroit de la population. Presque
toute la population du Québec habite un territoire municipalisé.
Il y a quelques exceptions, mais, à toutes fins pratiques, cette
généralité est valable. Nous avons, à cause de ce
partage, une responsabilité un peu spéciale. Je pourrais, dans
d'autres circonstances et dans d'autres contextes, chercher à souhaiter
que, le gouvernement en place étant constitué par une formation
politique, il ne réussisse pas des choses valables pendant son mandat.
Je n'ai pas le droit d'exprimer un tel souhait, même en mon for
intérieur, à cause de ce partage de responsabilités.
C'est pour cela que mon deuxième commentaire, ma deuxième
intervention, sera de souhaiter au ministre un vrai succès au cours de
son mandat. Nous ne savons jamais, quand nous assumons la responsabilité
d'un ministère, combien de temps nous y resterons. Il y a des
décisions qui sont prises, soit par un premier ministre, soit par la
population, qui peuvent limiter cette durée. Je lui souhaite autant de
plaisir et de satisfaction que j'ai eu l'honneur d'en connaître pendant
mes trois années et demie à la tête de ce
ministère.
Je voudrais quand même entrer brièvement dans la substance
des remarques faites par le ministre en ouvrant les débats sur les
crédits du ministère. Il y a évidemment un certain nombre
de points précis, de cas particuliers même que nous pourrons
examiner en cours de route. Je voudrais, autant que possible, éviter de
me servir de cette intervention à caractère plutôt
général pour le faire, mais il va sans dire qu'en essayant de
commenter les remarques du ministre. Il faudra que je relève certains
points précis, au moins à titre d'exemple.
Il faudra, en effet, que j'aille plus loin que cela, parce qu'un
gouvernement, dans notre système parlementaire et politique, est un
parti, un parti qui a eu l'appui de plus d'électeurs que les autres
partis et qui a obtenu cet appui en présentant un programme. Rendu au
pouvoir, il a la responsabilité de mettre en vigueur son programme ou,
au moins, d'avoir de bonnes explications.
Peut-être que, dans un cas ou dans l'autre, nous aurons, de la
part du ministre, des réponses utiles à la compréhension
de ce qui se passe et de ce qui s'envisage au ministère des Affaires
municipales sous sa direction.
Il a fait allusion, dans le deuxième grand chapitre de son
discours d'ouverture, à des problèmes et des désirs du
côté des municipalités en matière de
fiscalité. Il a utilisé ce mot très général
qui n'identifie personne, "on".
Il a dit: On demande une augmentation des transferts, on demande un
déplacement de la taxe foncière scolaire vers le secteur
municipal, on demande une augmentation de la part de la taxe de vente
transférée aux municipalités .
Je ne voudrais pas suggérer que le ministre ait été
intentionnellement mystérieux en utilisant le pronom "on". J'ai
plutôt eu l'impression, de ces paroles, qu'il faisait allusion aux
municipalités qui, effectivement, ont demandé ces choses, et
cela, depuis un certain temps. Quand on examine toutefois qui pourrait
être ce "on" mystérieux, on trouve qu'il y a, entre autres, une
personne qui n'est pas du tout mystérieuse, au moins quant à son
identité, qui s'appelle René Lévesque.
J'ai devant moi une coupure de journal, il s'agit de la Presse du
mercredi, 24 novembre, or, la veille de l'assermentation du ministre, si ma
mémoire est fidèle. Je vois ici et je cite, sous un titre. Pour
sauver de la faillite les municipalités: M. René Lévesque
a promis de réaménager rapidement la fiscalité municipale
pour éviter la faillite de nombreuses municipalités et briser le
cercle vicieux qui les étouffe. Il s'est formellement engagé
à accorder la priorité absolue à la réforme de
l'impôt foncier... Je ne cite pas tout le texte, mais je continue quand
même pour terminer la phrase... ainsi qu'à augmenter leur pouvoir,
leur revenu et leur possibilité d'emprunt.
Voilà que j'ai entendu le ministre s'élever contre
l'importance des emprunts des municipalités. Le premier ministre
indique, par contre, qu'il y a un besoin d'augmenter leur capacité
d'emprunt. Plus précisément, et je concède volontiers dans
l'intérêt de la vérité et de
l'honnêteté, que les allusions au point que j'ai soulevé
tout à l'heure, sont entourées d'une certaine précaution.
Dans deux cas, il est indiqué: Pas nécessairement durant le
premier mandat du Parti québécois. Et cela s'applique à
l'élimination de l'impôt foncier scolaire et à la remise
d'une part de la taxe de vente. Soit sauf que je reviens à la citation
du début: Réaménager rapidement la fiscalité
municipale. Si on ne le fait pas pendant son premier mandat, ce mandat est
appelé à être de très courte durée. Est-ce
que cela traduit une intention de déclencher prochainement des
élections?
Il y a une question ici d'éviter la faillite de nombreuses
municipalités. Sûrement, s'il y a un danger de faillite, ce danger
est relativement immédiat. Il y a une priorité absolue à
la réforme de l'impôt foncier. Il me semble que s'il y a une
priorité absolue, on pose des gestes par son premier budget.
Maintenant, j'aimerais avoir un éclaircissement, parce que, si
j'ai bien compris, le ministre a
parlé d'une somme d'approximativement $100 millions qui serait,
effectivement, transférée vers les municipalités à
même le revenu de la taxe de vente. J'ai cherché pendant qu'il
parlait, dans les crédits imprimés, sans trouver ce montant.
J'aimerais qu'il nous indique si, effectivement, cela veut dire, nonobstant de
nombreuses déclarations dans le passé de la part du premier
ministre et du ministre des Finances, que la transparence de ce nouveau
gouvernement s'exprimerait par, entre autres choses, un effort réel
d'éviter la présentation de budget supplémentaire. Je
constate qu'il y a ici, pour les Affaires municipales, une augmentation de $154
millions à $188 millions, en chiffres ronds, ce qui ne traduit pas une
augmentation d'un transfert de $100 millions vers les municipalités. Je
pense donc que nous devons avoir des éclaircissements sur la nature
réelle de ce transfert, du moment auquel il s'effectuera.
Je voudrais commenter une deuxième considération. Le
ministre a parlé du logement comme étant une de ses
priorités et il a indiqué que son désir était
d'amener la Société d'habitation du Québec à
produire une quantité considérablement augmentée
d'unités de logement et ainsi répondre aux besoins. A d'autres
occasions, il ne l'a pas mentionné ce matin, il s'est
élevé en quelque sorte contre l'entreprise privée. Il a
dit que l'entreprise privée a failli à la tâche de fournir
le nombre d'unités de logement requises annuellement et, pour cette
raison, et il confirme l'impression que j'avais en l'écoutant il y a
quelques semaines, pour cette raison, dis-je. il voudrait que le secteur public
se rende responsable.
Il y a un certain nombre d'inquiétudes qui me sont
inspirées par cette perspective, la plus importante étant le
coût extrêmement élevé par unité de logement
que nous connaissons dans le secteur public. Nous avons devant nous des projets
qui, pour une unité avec une seule chambre à coucher, devraient,
suite à leur construction par l'entreprise publique, se louer à
des montants de $500 par mois. Quand on fait le tour des ministres, des
sous-ministres, des hauts fonctionnaires et des députés, des
personnes qui gagnent des salaires assez importants, on leur demande: Monsieur,
ou madame selon le cas, combien payez-vous pour votre logement et pour combien
de chambres à coucher? Or, l'on trouve qu'il y a des gens qui sont
très confortablement logés dans des immeubles construits par
l'entreprise privée avec deux et trois chambres à coucher pour
$300 et $325 par mois. Je suis donc obligé de m'interroger vivement sur
cette préférence du ministre d'accorder à la
Société d'habitation du Québec la responsabilité
principale dans ce domaine. Je voudrais qu'il nous explique de quelle
façon il va réussir à ramener le coût par
unité de logement, dans le secteur public, au niveau déjà
connu dans le secteur privé, et quel avantage il y a pour celui qui doit
payer, soit, le locataire à faible revenu, soit le pouvoir public qui
doit compenser la différence. Je me demande, dis-je, quel avantage il y
a à faire construire tout cela par l'entreprise publique.
Ma deuxième inquiétude à cet égard, c'est
que, par le prolongement de son raisonnement et de sa pensée, le
ministre, à d'autres occasions aussi, je ne crois pas l'avoir entendu se
prononcer sur ce point précis ce matin, a indiqué que toujours la
transparence et la pureté du gouvernement doivent s'exprimer par
l'élimination de toute action discrétionnaire dans le choix des
agents qui effectueront certains travaux. Quand il s'agit de la construction
domiciliaire, il est évident que les ressources humaines de la
Société d'habitation du Québec ne suffisent pas aux
besoins.
Donc, quand le ministre dit que, pour mettre en application, la
programmation 1977, il faudrait une période de trois années ou
plus, ce qu'il ne dit pas, c'est ce que cette affirmation vaut si l'on accepte
sa première hypothèse que la Société d'habitation
du Québec fasse le tout avec son propre personnel, avec ses propres
effectifs.
Mais justement, si l'on veut faire du rattrapage, l'entreprise
privée, et le secteur privé ne demanderait pas mieux s'il y a des
contraintes et des règles à imposer, d'accord, mais l'entreprise
privée ne demanderait pas mieux que de créer des emplois et de
créer des unités de logement. Cela implique une surveillance
professionnelle. Cela implique un appel au secteur privé pour que des
architectes, des ingénieurs, d'autres personnes assument une
responsabilité de surveillance et d'exécution.
Il est clair que si le ministre, ayant assumé la
responsabilité, décide de ne plus faire affaires avec
l'entreprise privée, avec les professionnels du secteur privé, il
est incapable de faire réaliser une programmation 1977 en 1977. Mais
s'il s'adresse au secteur privé, il est capable de le faire et je pense
que la population a le droit de savoir pourquoi il a choisi de ne pas le
faire.
J'aimerais corriger un petit point lorsqu'il a dit que devant la demande
de la ville de Montréal de 2600 unités, le gouvernement
précédent en a accordé 800 et en a oublié 1800. Je
m'excuse, M. le Président, ces 1800 se retrouvent dans la programmation
1977, et à la condition que soit conclue avec le gouvernement
fédéral une entente qui permettrait un supplément au loyer
et qui permettrait d'aller louer dans des immeubles déjà
construits par ce méchant secteur privé, des unités qui
seraient relouées avec subvention pour les rendre accessibles
financièrement aux familles et aux personnes âgées à
faible revenu, à des conditions raisonnables.
Alors, voilà une autre perte que nous subissons en vertu de la
politique du gouvernement actuel.
Finalement, le ministre, comme depuis son arrivée, utilise le mot
discrétionnaire avec une connotation péjorative et
désobligeante. Le mot peut avoir cette connotation. C'est clair. Mais,
ce que le ministre est en train de dire, c'est qu'il voudrait traiter tout le
monde sur un pied d'égalité. Cela est extrêmement louable
comme principe fondamental, sauf que les municipalités ne se trouvent
sur un pied d'égalité.
Il n'y a pas deux municipalités absolument comparables, l'une
à l'autre, point pour point, au Québec. Si on les compare par
leur population, il y a une municipalité qui a 500 âmes et une
autre qui
a 500 âmes, mais les deux n'ont pas le même niveau de
taxation, les deux n'ont pas les mêmes services, les deux n'ont pas les
mêmes fardeaux et les deux n'ont peut-être pas les mêmes
ressources en termes d'industries ou d'autres commerces qui peuvent aider
à alimenter le trésor de l'une ou l'autre de ces
municipalités.
Cette idée presque séduisante de mettre de
côté tout résultat... Je fais la distinction entre le
mécanisme et le résultat. Le mécanisme a été
le même dans tous les cas.
Les résultats ont été différents justement
parce que les municipalités étant différentes les unes des
autres, il faut tenir compte de leurs différences pour arriver à
des conclusions et des résultats justes et valables pour que les
citoyens, qui sont après tout des êtres humains, reçoivent
les mêmes bénéfices, reçoivent les mêmes
services, à des coûts directs, en termes de comptes de taxes,
à peu près comparables.
C'est cela qui est mis de côté par l'approche du
gouvernement. Il est facile d'invoquer un principe pour éliminer les
différences au niveau du ministère des Affaires municipales. Les
différences vont demeurer quand même au niveau des
municipalités et le traitement réservé aux
municipalités sera différent, justement à cause du souci
d'égalité et d'élimination de ce que l'on appelle une
action discrétionnaire.
Alors, M. le Président, je pense que nous pouvons reprendre
divers points en examinant les programmes et leurs éléments un
par un. Je pense que les municipalités du Québec constituent pour
nous une richesse assez particulière et cela, en vertu du vieux principe
que l'administration municipale est plus près du peuple. C'est un
principe qui n'est pas toujours respecté par les êtres humains qui
occupent les fauteuils autour de la table du conseil municipal. Cela est vrai,
mais, s'il y a dans un troupeau des moutons noirs, ce n'est pas une raison
d'envoyer tout le troupeau chez le boucher.
Il y a, en forte majorité, des gens très honnêtes,
très dévoués qui veulent bien faire et qui sont en mesure
de répondre plus facilement que nous, qui siégeons au niveau
provincial, dans la capitale de la province, aux aspirations et aux besoins de
leur population. Si ces personnes sont plus sensibles, ce n'est pas simplement
à cause d'un fait administratif, le fait d'être élu sur un
territoire plus restreint qui s'appelle une municipalité ou même
un quartier d'une municipalité; c'est aussi parce que ces personnes,
contrairement à presque tous les députés, passent leurs
journées et leurs semaines entières auprès de leur
population, en face de leur population. Le député qui quitte sa
demeure pour se rendre à Québec est à l'abri de la plupart
des pressions immédiates que peuvent exercer ses électeurs. Le
maire qui part de chez lui pour se rendre à l'hôtel de ville est
exposé à ces pressions tout le long de son chemin, et tout le
long de la journée dans son bureau.
C'est avec un profond respect que j'ai assumé mes
responsabilités de ministre des Affaires municipales et c'est en toute
humilité que j'ai constaté, que j'ai dit souvent aux dirigeants
municipaux que ma tâche, même si j'avais tous les maux de
tête des municipalités de la province, était quand
même plus facile que la leur parce que je n'avais pas cette pression
immédiate. J'avais aussi une marge de manoeuvre, surtout si j'avais la
possibilité d'un peu de compréhension de la part du ministre des
Finances et du Conseil du trésor. Justement, le ministre actuel a
évoqué ses bons rapports avec le ministre des Finances et le
Conseil du trésor et cela est de bon augure pour les
municipalités.
Cela donne à un ministre des Affaires municipales une marge de
manoeuvre dont ne jouissent pas les membres d'un conseil municipal. Leur
tâche est beaucoup plus difficile et c'est justement pour cette raison
qu'il me semble que nous devons être à l'écoute de leurs
problèmes, de leurs points de vue et que nous devons reconnaître,
dans leurs situations très variées, des différences dont
nous devons tenir compte dans l'application de nos politiques et de nos
mesures.
Si j'ai un désaccord fondamental à exprimer avec la
philosophie qu'imprime le nouveau ministre à l'administration des
Affaires municipales, c'est précisément dans ce domaine. Je pense
que, quand nous essayons de rendre toute notre action gouvernementale uniforme
et de répondre à des critères absolus, sans soupçon
de discrétion, on s'éloigne d'une réalité humaine
qui existe dans les municipalités du Québec; j'espère
qu'au cours de son mandat, le ministre deviendra plus sensible à cette
question de variation réelle et moins insistant sur la pureté de
l'absence d'action discrétionnaire dans l'administration de son
ministère.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: M. le Président, depuis quelques
années, le ministère des Affaires municipales est
confronté avec des problèmes d'envergure qui sont en train de
faire la preuve qu'il presse de reconsidérer et de transformer
l'approche que nous avons face à ce secteur.
Le principal domaine qu'il presse de réformer, c'est celui de la
fiscalité municipale. Je pense qu'il est juste d'affirmer que tous
s'entendent là-dessus. Le discours du budget précise de
façon formelle l'intention du gouvernement de doter le Québec
d'une politique de fiscalité municipale dès le prochain exercice
financier. Il s'agit là d'une intention louable, mais l'ensemble des
propositions contenues dans le programme du Parti québécois reste
à venir.
Je ne voudrais pas prendre trop de temps à la commission sur des
questions de détail, d'autant plus que nous pourrons discuter de ces
détails lors de l'étude des crédits programme par
programme. Permettez-moi néanmoins d'adresser quelques questions d'ordre
plus général au ministre.
La première question que nous nous posons concerne l'état
des négociations entre les ministères des Affaires municipales et
de l'Education rela-
tivement au problème de l'impôt foncier scolaire. Est-il
permis d'espérer la disparition de l'impôt scolaire dès le
prochain exercice financier? Nous aimerions également savoir si le
ministre a déjà envisagé d'abandonner complètement
les modes de taxation scolaire et municipale pour les remplacer par un
impôt sur le revenu qui serait une façon de résoudre le
problème causé par le caractère socialement injuste de la
taxation à partir de l'évaluation foncière.
Le ministre pourrait-il nous expliquer pourquoi, puisqu'il admet que
l'impôt foncier est dépassé, il entreprend avec autant
d'éclat le travail d'uniformisation d'ici 1983 des règles
d'évaluation foncière? Est-ce à dire qu'il projette un
mode de taxation qui tiendra compte de la valeur des immobilisations et des
terrains plutôt que du revenu des occupants? Enfin, je voudrais citer le
rapport Castonguay, qui prévoit qu'en 1980/81, le secteur municipal ne
retirera de ses sources de financement autonomes que 48% de ses revenus totaux,
soit moins de la moitié, la balance, 52% provenant de l'aide
financière du Québec.
En considérant ces prévisions, le ministre pourrait-il
préciser l'orientation de sa politique? Vise-t-il à affirmer
l'autonomie de ces municipalités ou, au contraire, une dépendance
de plus en plus grande vis-à-vis du gouvernement central? Les
commentaires du ministre à ce sujet devraient nous aider à voir
plus clair dans la politique du gouvernement en matière d'affaires
municipales. Je sais que M. le ministre, dans l'exposé qu'il vient de
nous faire, nous a donné un aperçu sur certaines questions que
nous lui posons, mais nous aimerions recevoir des renseignements
additionnels.
Nous aussi, nous souhaitons un heureux séjour à M. le
ministre à la direction du ministère des Affaires municipales et
nous espérons que ses fonctionnaires pourront prendre leurs vacances
durant l'été, car il aura alors en sa possession un projet de loi
promis depuis plusieurs années.
Je remercie également M. le député de D'Arcy McGee
pour la sympathie qu'il témoigne envers les dirigeants des
municipalités car, faisant moi-même partie d'un conseil municipal,
étant aussi assez près de la population, je suis en mesure
d'apprécier ses commentaires.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, le ministre, ce matin, nous a
donné un aperçu général assez juste, j'oserais
dire, de la situation qui prévaut dans le domaine des affaires
municipales, concernant l'administration gouvernementale comme telle. Il a fait
aussi un grand survol de l'administration municipal, avec les lois municipales,
la fiscalité municipale, le financement des municipalités. Il
nous a parlé également des codes d'éthique, des conflits
d'intérêts, des référendums.
M. le Président, je ne voudrais pas relever tous ces points un
par un. Nous aurons l'occasion, au cours de l'étude des crédits,
article par article, programme par programme, de pouvoir faire les commentaires
qui s'imposent à ce sujet.
Mais je voudrais relever trois points qui ont été
soulevés par le ministre. Concernant le financement des
municipalités, les propos qu'il nous a livrés, les
inquiétudes dont il nous a fait part ce matin dénotent clairement
que le ministre est conscient de la situation qui prévaut dans le
domaine du financement municipal.
Je dois ajouter, M. le Président, que le ministre n'est pas le
premier à nous dire ces choses. Ses prédécesseurs
étaient également conscients du problème du fardeau
fiscal, du fardeau municipal.
Mais nous nous retrouvons toujours dans la même situation. J'ose
espérer que cette fois-ci le nouveau ministre pourra apporter les
redressements qui s'imposent dans ce domaine, de façon à donner
l'autonomie, à garantir l'autonomie et la souveraineté
j'insiste, M. le Président, la souveraineté dont nos
administrations municipales ont besoin pour être capables de remplir leur
rôle et de donner les services que la population réclame.
L'ex-ministre des Affaires municipales nous a dit que c'était le
premier gouvernement, et nous sommes entièrement d'accord, le plus
près de la population, qui assure, en quelque sorte, les premiers
services à la population.
Mais pour que ces gouvernements municipaux, ou même
supramunicipaux, lorsqu'on touche le deuxième palier de l'administration
municipale, soient en mesure d'être efficaces, d'être dynamiques,
ils ont besoin d'outils, mais ils ont aussi besoin d'une marge de manoeuvre.
C'est pourquoi, lorsque le ministre a dit qu'on allait obliger les
municipalités qui sont régies par le Code municipal à
déposer un budget au ministère, j'ai un peu sursauté, tout
à l'heure.
Je ferai la remarque suivante, non pas que je m'opposerais à ce
que les municipalités soient obligées de soumettre un budget au
ministère des Affaires municipales, mais à la condition,
toutefois, que ce budget n'ait pas à faire l'objet d'une approbation par
le ministère des Affaires municipales, mais qu'il soit un document de
consultation.
Je pense que c'est totalement différent. Si on regarde les
délais que les municipalités doivent encaisser à l'heure
actuelle dans l'exécution des travaux, dans des réponses
gouvernementales, dans des autorisations de financement, dans des autorisations
d'emprunts, dans des autorisations de ventes d'obligations municipales, dans
les subventions qui sont censées survenir, il y a un danger très
sérieux qu'on paralyse davantage l'administration municipale.
Qu'on demande un budget aux municipalités régies par le
Code municipal pour qu'il soit soumis aux autorités du ministère
des Affaires municipales chaque année, je n'ai rien contre cela,
à condition que ce soit à titre de document consultatif.
Par contre, le ministère pourrait exercer un rôle de
surveillance dans l'administration munici-
pale, à partir du moment où le gouvernement peut
posséder le bilan, les états financiers à la fin de
l'année financière.
Il y a quand même des municipalités, M. le
Président, dans le Québec, qui administrent des budgets de $50
000, de $60 000; de moins de $100 000, il y en a plusieurs. J'en ai dans mon
comté. Si on oblige ces municipalités à avoir recours,
à retenir les services de firmes comptables, d'experts, pour
préparer des budgets selon les normes exigées par le
ministère des Affaires municipales, on vient en quelque sorte leur
imposer des dépenses additionnelles, on vient tout simplement alourdir
le fardeau municipal, alors que ces municipalités, en vertu de nos lois,
doivent faire rapport à la fin de l'année à leurs
administrés, faire un état financier des revenus et des
dépenses, faire un bilan de la municipalité, et ce bilan peut
être revu par le ministère des Affaires municipales et
analysé pour faire des recommandations et les recommandations qui
s'imposent à titre d'aide, de services techniques, de services
consultatifs additionnels qui pourraient contribuer à aider
considérablement nos dirigeants municipaux.
Sur le plan du financement, les municipalités du Québec
ont la forme de financement la plus dispendieuse qu'on puisse trouver au
Québec, parmi toutes les formes de financement qui existent, je dirais
même la plus archaïque. La forme d'évolution du financement
de nos municipalités du Québec n'a pas évolué, je
pense, depuis la création des conseils de comté en 1855, comme a
dit le ministre. Quand je vois des municipalités rurales qui ont besoin
d'un petit budget de $20 000 pour réaliser des travaux et qu'elles n'ont
même pas l'autorisation, parce que nos lois ne permettent pas ce
n'est pas un reproche que je fais aux officiers du ministère des
Affaires municipales de faire un emprunt global à la caisse
populaire locale qui aurait l'argent pour les financer, on oblige ces gens
à faire imprimer des obligations, faire financer tous leurs besoins
d'argent selon les systèmes traditionnels, exactement au même
titre que s'il s'agissait d'un financement de $1 million ou de $2 millions...
Ayant été dans le domaine des caisses d'épargne et de
crédit pendant un certain nombre d'années, j'ai été
en mesure de vérifier et de constater qu'il en a coûté $40
000 à des municipalités, c'est-à-dire le double de ce que
cela aurait pu coûter s'il y avait eu des formes plus souples, beaucoup
plus souples de financement des municipalités. Je pense que vous avez
là un point extrêmement important qui pourrait faire en sorte
d'apporter des correctifs extrêmement valables, surtout pour les petites
municipalités et aussi pour les plus grosses municipalités qui
ont des projets particuliers qui nécessitent un besoin de capitaux
beaucoup moins grand que dans les grands projets. C'est ce qui va de soi.
On a parlé aussi d'un office de crédit municipal. Le Parti
québécois a parlé d'un office du crédit municipal
au cours de la dernière campagne électorale. J'en étais
très heureux. L'Union Nationale a également parlé d'un
office du crédit municipal; ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui à
peu près tout le monde parle d'un office du crédit mu- nicipal.
J'ai été un peu surpris, pour ne pas dire déçu de
ne pas entendre le ministre nous en parler tout à l'heure.
Qu'on se rappelle bien que, dans le domaine industriel, il a
été nécessaire à un moment donné de former
l'Office de crédit industriel qui est devenu, aujourd'hui par la force
des choses, par l'évolution, la Société de
développement industriel, de façon à pouvoir offrir des
crédits rapides, plus souples, plus appropriés aux besoins du
développement industriel. Qu'on se rappelle qu'il y a plus d'une
génération, on a décidé de former un Office du
crédit agricole au Québec, pour financer le développement
agricole, pour offrir des crédits plus faciles, plus souples pour
être en mesure de consolider, de développer et de donner une
expansion assez considérable aux exploitations agricoles du
Québec et surtout sortir l'agriculture de la situation pénible
dans laquelle elle se trouvait. On l'a fait à l'endroit des
pêcheurs de la Gaspésie. On le fait dans certains domaines et,
dans les affaires municipales, surtout pour les petits besoins d'emprunts, les
emprunts de moins de $100 000, dans une première étape et dans un
premier rôle que pourrait jouer cet office du crédit municipal,
avec des taux d'intérêt réduits qui pourraient compenser
les subventions discrétionnaires que tout le monde déplore de
façon à placer, au niveau des emprunts, toutes les
municipalités sur le même pied. Je pense que ce serait
déjà là quelque chose d'extrêmement valable et
surtout, peut-être qu'on modifie certaines structures et certains
changements dans l'administration et dans le fonctionnement du ministère
des Affaires municipales en ce qui a trait aux exigences au niveau du
financement.
J'ai plusieurs dossiers, non seulement de mon comté, mais
d'autres comtés également que je connais, dans le domaine des
affaires municipales, qui m'ont démontré clairement que les
municipalités ont été obligées d'emprunter pour une
période de trente ans et même ont été
obligées de procéder à des émissions d'obligations
nouvelles à tous les dix ans, alors que le gouvernement de la province
se permet d'emprunter pour 29 ans, 28 ans, 27 ans. On se rappelle les emprunts
de l'ancien gouvernement, dont le ministre des Finances, M. Garneau, nous a
fait part et de la façon que la province allait chercher les montants
dont elle avait besoin pour se financier à long terme. Alors, pourquoi
une municipalité est-elle obligée de refinancer sa dette sur une
période, de trois reprises, lorsqu'il s'agit de financement de trente
ans? Dans un deuxième temps, et là, j'attirerais l'attention des
techniciens, des spécialistes du ministère des Affaires
municipales, dans des municipalités, on a fait des travaux et on ne
s'est pas soucié suffisamment, à cause justement de ces
difficultés techniques de la permanence des installations qui devaient
être faites. Il y a des municipalités qui ont dû emprunter
pour une période de 30 ans pour financer des projets de
développement dans des développements domiciliaires, des
prolongements du réseau d'égout et d'aqueducs, et les normes
qu'on leur a imposées ont fait en sorte qu'après dix ans et
après douze ans, elles ont été obligées
de recommencer à cause de la grosseur des tuyaux, parce qu'on n'a
pas prévu, sur le plan technique, les besoins d'expansion qui
étaient inévitables à cause de la situation
géographique, à cause de la localisation de ce quartier
municipal. On l'a vu également dans d'autres municipalités de la
province.
Tout cela, ce sont de petits sujets qui, ajoutés les uns aux
autres, font en sorte que l'endettement municipal atteint des proportions
catastrophiques, je dirais même pyramidales. Aujourd'hui, on a des
municipalités qui sont obligées de consacrer au service de la
dette 47% de leur budget annuel. Elles ont encore des besoins de
développement. Elles n'auront pas fini de payer leurs dettes et elles
devront faire des travaux de remplacement des équipements. En quelque
sorte, ces municipalités sont placées, comme disait le ministre
des Affaires municipales et comme le disait son prédécesseur, le
député de D'Arcy McGee tout à l'heure, il y a des
municipalités qui sont au bord de la faillite.
M. le Président, j'aurais d'autres recommandations à faire
sur un autre plan au niveau du gouvernement. Je pense que, ce matin, si on
avait ici, à cette table, les dirigeants municipaux, ils pourraient le
dire. Mes prédécesseurs n'en ont pas parlé. Je suis
prêt à admettre que cela prend peut-être une certaine dose
de courage pour aborder ce sujet. Cela concerne les relations qui existent ou
qui doivent exister entre l'administration municipale et le gouvernement
provincial. Quand j'ai des lettres dans mes dossiers, datées du 4
février, et pour lesquelles je n'ai pas eu de réponse encore, et
que la municipalité va voir son député, que ce soit les
députés du Parti québécois, de l'Union Nationale,
du Parti libéral ou d'autres députés à
l'Assemblée nationale, on est obligé de dire: Cela prend
tellement de temps à avoir des réponses qu'on ne sait plus quoi
faire. On a effectué nos travaux, les dépenses sont faites, on
est obligé de payer les entrepreneurs, on se finance avec des emprunts
à court terme, sur reconnaissance de dettes auprès des banques,
cela nous coûte $500 par jour d'intérêt. J'ai une lettre
ici, et cela a coûté à la municipalité $1000 par
jour d'intérêt pendant onze mois pour attendre les autorisations
du ministère des Affaires municipales.
Je ne veux pas faire le procès du ministère. Je prends ce
dossier à titre d'exemple pour faire l'illustration, parce que je sais
qu'il y en a d'autres et que je ne suis pas le seul député avec
ces problèmes. Les députés, on se rencontre, même si
on n'est pas dans le même parti, on peut quand même se parler de
temps en temps. On découvre que, dans les autres comtés de la
province, les mêmes choses existent. Alors, on est obligé
d'attendre et les municipalités sont obligées d'attendre. A ce
moment, les municipalités sont obligées d'ajouter tout
l'intérêt qui est payé sur des travaux de $2 millions,
d'ajouter $375 000 d'intérêt au fardeau de la dette. A ce moment,
on ne finance pas des investissements, on finance des intérêts
à long terme. C'est un facteur extrêmement sérieux et qui
nuit considérablement et qui écoeure les dirigeants municipaux
qui ont à coeur d'administrer leur municipalité de la meilleure
façon possible et de donner une bonne administration.
M. le Président, je dis que la lenteur des réponses au
ministère des Affaires municipales est un facteur actuellement qui
contribue, pas à lui seul, je veux quand même être juste,
actuellement, à alourdir les problèmes financiers des
municipalités.
Quand on attend pendant un an et demi pour la construction d'une usine
de filtration, quand on attend un an et demi pour donner l'autorisation
à la municipalité de vendre ses obligations, je me pose de
sérieuses questions sur l'efficacité dans certains domaines.
Il y a aussi le coût des études. On en fait des
études au Québec! On fait des études dans tous les
domaines. Cela finit toujours par coûter quelque chose et on attend les
rapports qui découleront de ces études avant de prendre des
décisions. Ce qui fait que des municipalités, après avoir
commencé des projets, la réalisation de travaux municipaux
d'égouts et d'aqueduc, sont obligées d'attendre quatre et cinq
ans avant de pouvoir mettre leur projet à exécution; si on ajoute
à cela le taux d'inflation, qui est de 8%, 9%, 10%, celui qu'on a connu,
vous avez des augmentations de 30%, 40%, 45%. C'en est un autre facteur!
Je sais que je ne serai pas agréable ce matin, M. le
Président, mais ces choses doivent être dites, il faut avoir le
courage de se les dire et je les dis sans animosité. Je les dis dans un
but bien objectif, de façon qu'on fasse un examen attentif. Les
députés ont leurs responsabilités, le ministre a les
siennes ainsi que ses collaborateurs. Nous avons tous des comptes à
rendre où que nous soyons, peu importe le secteur où nous pouvons
être placés dans l'administration de la chose publique.
Il y a le coût des études, les délais
d'exécution, et aussi les exigences superflues. Parfois, on va forcer
des municipalités qui ont des travaux minimes à faire et qui
pourraient être exécutés dans des délais très
brefs, à des coûts réduits, à avoir recours aux
services gouvernementaux; on les oblige toujours à aller devant les
grandes firmes d'ingénieurs; cela ne répond pas aux normes de
l'Ordre des ingénieurs, elles sont obligées de suivre les normes
de l'ordre et ceci, évidemment, augmente le coût des travaux qui
pourraient être faits à un coût moindre, ce qui permettrait
quand même à la population de bénéficier de services
avec un coût réduit.
En dernier lieu, je voudrais soulever la question du logement. J'ai un
peu sursauté quand j'ai entendu le ministre tout à l'heure nous
dire que l'entreprise privée avait failli à sa tâche dans
le domaine de l'habitation. Je comprends que l'entreprise privée n'a pas
fourni la quantité suffisante de logements dont la population du
Québec a besoin. Pour cela, je suis d'accord avec le ministre, avec
l'ex-ministre et avec tous les membres de cette commission parlementaire pour
dire que la réalité est là. Nous avons moins de 1% de
logements disponibles au Québec, ce qui contribue de faire en sorte que,
dans certaines régions, certains
propriétaires en abusent, ce qui nécessite des lois
gouvernementales coercitives. Avec les lois gouvernementales coercitives, on
fait en sorte de décourager l'initiative, de décourager les
investisseurs ou les personnes intéressées à construire
des immeubles d'habitation, des duplex, des triplex, en somme de construire de
l'habitation grâce à l'entreprise privée.
M. le Président, il y a aussi un autre facteur et ce n'est pas le
moindre. Je comprends qu'il n'est pas de la responsabilité du ministre
des Affaires municipales, mais j'aimerais quand même attirer l'attention
du ministre sur ce sujet, parce que ces discussions devraient être faites
au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. J'aimerais que le
ministre des Affaires municipales examine la situation qui prévaut au
niveau de l'habitation au Québec en ce qui a trait aux exigences
imposées par l'Office de la construction, les règlements de
l'industrie de la construction, qui sont stupides, ridicules, inacceptables, et
je ne trouve pas les mots dans le dictionnaire pour bien exprimer ma
pensée là-dessus. On a arrêté des personnes,
propriétaires d'un petit immeuble de trois appartements, parce qu'elles
avaient eu le malheur d'aller peindre un des logements qu'elles n'habitaient
pas, dans leur propriété à elles, et on les a poursuivies
devant les tribunaux, parce que les exigences de l'industrie de la construction
sont devenues à ce point stupides qu'on a développé un
égoïsme condamnable à tout point de vue.
Ceci est un facteur qui fait en sorte qu'on manque de logements dans la
province. Combien de personnes seraient intéressées aujourd'hui
à faire des investissements dans ce secteur, qui contribueraient
à créer des emplois, à stimuler le développement de
l'entreprise par la fabrication des matériaux, des plombiers, des
électriciens et autres, à donner du travail à nos jeunes
qui vont sortir sur le marché du travail, aux diplômés de
nos polyvalentes, comme j'en ai déjà parlé à
l'Assemblée nationale et qui, à cause de ces restrictions, se
retrouvent obligés d'attendre?
A ce moment-là le gouvernement a recours aux HLM, aux fameux HLM,
qui coûtent comme prix de revient dans un comté comme la Beauce,
$350 ou $375 et même $425 par mois alors que l'entreprise privée
réussit à construire des logements beaucoup plus vastes pour un
prix moindre de $200, je dis bien à un prix moindre de $200, ce qui fait
que les logements construits par les lois et par les investissements faits par
le gouvernement avec les programmes des HLM coûtent plus du double que le
logement construit par l'entreprise privée.
On a déjà parlé des quêteux à cheval.
On est à veille de parler des quêteux en Cadillac. Il ne faudrait
pas continuer de rêver en couleur de ce côté. Il y a quand
même des limites. Les municipalités rurales vont voir leur
député pour avoir des HLM parce qu'il n'y a pas de logement dans
la municipalité et il n'y a pas de logement dans la municipalité
parce que les lois de la construction du Québec ne permettent pas qu'il
y en ait.
Alors, tant qu'on ne se donnera pas la peine et qu'on ne prendra pas
notre courage à deux mains pour aller regarder les causes de la
situation c'est bien beau analyser une situation et tant et aussi
longtemps qu'on en n'aura pas examiné les causes de façon
à corriger ce qui doit être corrigé, de façon que
l'on revienne dans la réalité et qu'on revienne les deux pieds
sur terre, je dis qu'on va tout simplement continuer à changer les
conséquences, à changer le mal de place.
Je suggérerais au ministre peut-être d'organiser un petit
comité interministériel non pas que je veuille faire faire
des études additionnelles parce que je déplore qu'il y ait
toujours trop d'études, mais il y en a, à un certain moment, qui
s'imposent un comité qui pourrait examiner entre la
Société d'habitation du Québec et le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, de façon qu'on examine la situation de
ce côté et ne pas en faire un rapport dans deux ans ou dans trois
ans, mais voir qu'un rapport puisse être fait le plus tôt possible
de façon que le ministre des Affaires municipales, responsable de la
Société d'habitation du Québec, responsable de tous les
plans d'habitation à loyer modique, puisse être en mesure de
connaître la situation, voir quels correctifs peuvent être
apportés, doivent être imposés de façon que le
ministre puisse remplir son rôle de responsable dans ce domaine.
M. le Président, il y avait une loi au Québec, j'en ai
déjà parlé j'ai fait des reproches à
l'ex-ministre des Affaires municipales, l'actuel député de D'Arcy
McGee à plusieurs reprises qui permettait de stimuler
l'accès à la propriété pour un grand nombre de
familles au Québec, les petits salariés, entre autres, la Loi de
l'habitation familiale.
On nous a répondu à l'Assemblée nationale qu'il y
avait des députés aujourd'hui qui bénéficiaient
encore de la loi. Cela ne me surprend pas, parce que dans cette loi, il y avait
une lacune. Au lieu de corriger la lacune qu'il y avait dans la loi de
façon à vérifier l'augmentation des revenus ou la
promotion qu'un individu pouvait avoir au cours des années, on n'aura
seulement qu'à vérifier son rapport d'impôt, ce qui sera
une formule assez simple, assez souple et très peu dispendieuse, mais
qui aurait pu quand même permettre à un certain nombre de
personnes, de jeunes couples à l'heure actuelle qui se cherchent des
logements, parce qu'il n'y a pas suffisamment de politique incitative, de
politique qui permettrait de les aider de façon qu'ils puissent avoir
accès à une propriété le plus rapidement possible,
ce qui contribuerait à libérer un certain nombre de logements, ce
qui pourrait permettre aux personnes âgées et aux autres de
pouvoir avoir des logements sans avoir recours à la formule la plus
dispendieuse qu'on connaisse au Québec actuellement, soit les logements
à loyer modique.
Le Président (M. Laplante): Le ministre veut-il donner une
réponse au...?
Réplique de M. le ministre
M. Tardif: Brièvement, M. le Président, puisque je
ne pense pas qu'on ait apporté beaucoup de faits nouveaux. Il y a des
choses sur lesquelles
je suis substantiellement d'accord; notamment, les commentaires de la
part du député de Beauce-Sud en ce qui concerne les
intérêts corporatifs de certains groupes et en ce qui concerne le
secteur de la construction en particulier. Je suis totalement d'accord sur ces
points qui me semblent nettement abusifs.
Ceci dit, je remarque que le gros des commentaires de l'Opposition a
porté sur le problème de la fiscalité et des engagements
du Parti québécois évoqués par le
député de D'Arcy McGee comme devant, évidemment, inspirer
l'action du gouvernement.
Or, je me plais à lui dire que je suis tout à fait dans la
ligne de pensée de ces engagements et que j'ai même mis un
acharnement, que certains de mes collègues des autres ministères
enviaient, à défendre justement ce qui était contenu dans
ce programme et qui portait essentiellement sur quatre grands
éléments: D'une part, accroissement des revenus autonomes des
municipalités. C'est important. Ce n'est pas n'importe quelle sorte de
revenus. Ce ne sont pas leurs revenus de transfert, revenus de subvention qui
dépendent, encore une fois, de la volonté du prince au pouvoir;
donc, augmentation des revenus autonomes, augmentation des revenus statutaires
prévus dans la loi, indexation de ces revenus et, également,
deuxième secteur important, prise en charge, disait-on dans le
programme, de l'évaluation foncière.
Là-dessus, je pense que j'ai assez indiqué que,
déjà, l'Etat du Québec prend en charge 50% du coût
de confection des nouveaux rôles d'évaluation et on en arrive
à l'un des derniers points mentionnés: la création d'un
office municipal du crédit qui est là, également, dans le
programme et pour lequel j'ai demandé aux fonctionnaires de mon
ministère, des rapports. A l'heure actuelle, il existe de semblables
offices en Ontario et en Colombie-Britannique, mais ce n'est pas du tout pour
remplir les fins exprimées par le député de Beauce-Sud,
à savoir venir en aide aux petites municipalités situées
loin des grands centres et pour de petits prêts, mais bien, dans le cas
de l'office ontarien, en tout cas, d'assurer un crédit aux
municipalités qui ne peuvent pas, parce que leur crédit n'est pas
bon, trouver preneur sur les marchés financiers présentement. Or,
je ne suis pas sûr que ce soit nécessairement là la
fonction du gouvernement que d'assurer uniquement les mauvais risques, remplir
l'équivalent de ce qu'on appellerait, en assurance, assurer les mauvais
risques, et que si un office municipal du crédit doit être
institué, il doit l'être dans un esprit peut-être
différent de celui qui existe présentement en Ontario. Le dossier
est toutefois à l'étude. Tout ceci pour dire que cet engagement
du Parti québécois et du gouvernement, il est là et nous
allons le respecter, mais, comme a dit le député de D'Arcy McGee,
à l'intérieur d'un mandat. Et jusqu'à nouvel ordre, un
mandat, c'est d'une durée de quatre ans. Qu'on ne nous demande pas
à l'intérieur d'une année et même de moins d'une
année, puisqu'on a préparé ces documents en moins de trois
mois, de réaliser un programme de quatre ans. Malgré ce court
délai, des mesures très concrètes ont été
apportées.
Le député de D'Arcy McGee dit: J'ai cherché en vain
ce montant de $103 millions qui est évoqué comme étant des
crédits supplémentaires aux municipalités. Il me fera
plaisir de souligner au passage chacun des éléments, mais qu'il
suffise de citer brièvement, si le montant est plus élevé
que $103 millions, qu'on ajoute les diverses composantes qui finalement vont
aller dans un territoire urbanisé puisque, pour employer son expression,
la majorité du Québec vit dans du territoire urbanisé. Je
cite, à titre d'exemple, le cas de l'augmentation de la part de la taxe
de vente aux municipalités qui est due strictement à
l'accroissement de cette taxe qui s'élève à $45,5
millions, la taxe d'hôtellerie de $4,2 millions, les subventions aux
communautés urbaines qui connaissent un accroissement de l'ordre de $500
000, les subventions statutaires per capita indexées qui accroissent de
$1,5 million et la part scolaire de l'impôt foncier des services de
distribution de gaz et de télécommunication qui augmente environ
de $500 000 également, ce qui, pour cette partie, représente $52
millions. Pour ce qui est de l'aide conditionnelle qui provient de l'ensemble
de l'effort gouvernemental et qu'on ne retrouve pas uniquement à
l'intérieur du budget du ministère des Affaires municipales
concernant les installations de sport et de loisir, $2,6 millions, les
augmentations sur le plan des infrastructures, travaux d'aqueduc et
d'égouts, $21,8 millions; l'épuration des eaux usées,
$3,25 millions; l'habitation, $5,6 millions; les transports, $8,8 millions; le
développement régional, $4,6 millions et diverses autres sources,
$14,2, ce qui totalise les $103 millions qui sont évoqués et je
n'inclus pas là-dedans, M. le Président, les revenus autonomes
prévus par le discours du budget du ministre des Finances; cette
augmentation des revenus autonomes doit provenir des plaques d'immatriculation,
des terrains vacants viabilisés et des maisons mobiles de l'ordre de $40
millions. Je n'inclus pas la somme estimée à $30 millions de
cette loi adoptée au cours de la mini-session du mois de décembre
qui permet aux municipalités de se prévaloir d'un droit sur les
mutations de propriétés, ce qui rapportera, en gros, $30 millions
aux municipalités et je n'inclus pas non plus, M. le Président,
une somme additionnelle de $15 millions qui a été versée
pour le développement du secteur de l'habitation, des
coopératives et pour la rénovation de logements. Donc tout ceci
pour dire que la somme de $103 millions, quant à l'accroissement des
revenus, avec ce qui est ajouté en plus en termes de revenus autonomes
de l'ordre de $70 millions et de l'habitation, représente en gros, d'une
façon ou d'une autre, une injection nouvelle dans les
municipalités de plus de $175 millions.
C'est presque l'équivalent de ce fameux 1% de la taxe de vente
que réclamaient les municipalités et qui, s'il avait
été transféré en bloc, c'est-à-dire en
portant de 2% à 3% la part qui irait aux municipalités, aurait
représenté, en gros, $200 millions. Qu'on vienne nous dire que,
dans ce premier bud-
get, fait quelques mois après l'arrivée au pouvoir, on ne
s'est pas soucié de l'état des finances et des besoins des
municipalités en matière de revenus, je pense que ce n'est quand
même pas tout à fait conforme au document que vous avez devant
vous présentement.
Je voudrais également signaler un autre point important
après avoir évoqué cette référence au
programme du Parti québécois qui, je pense, contrairement
à ce qui a été dit, est en voie de réalisation, en
ce qui concerne le problème. Je voudrais encore, avant de quitter le
domaine de la fiscalité et des finances, dire que ceci,
évidemment, ne dispense pas de cette autre réforme en profondeur,
qu'on repense cette question du champ de l'impôt foncier et cette
évacuation possible des commissions scolaires du champ de l'impôt
foncier. Mais c'est évidemment un mastodonte, ces $550 millions qu'il
faut déplacer lorsqu'on décide d'évacuer ce champ, et on
ne peut pas improviser et déplacer de telles masses d'argent en un
espace de temps aussi court sans envisager les répercussions des
formules de rechange.
Néanmoins, sur ce plan, nous avons également gardé
quand même le plafond de 10% de l'augmentation de la valeur
foncière imposable pour les commissions scolaires et maintenu à
son taux actuel de $1 les $100 d'évaluation le taux de la taxe scolaire.
Donc, il n'y a pas eu de changement, il n'y a pas eu progression si vous
voulez, autrement que dans un taux fixe mentionné, de ce champ. C'est
donc dire que sa croissance a été limitée, sans pour
autant qu'il soit réduit pour l'instant.
Revenant aux préoccupations des membres de l'Opposition en ce qui
concerne les questions du logement, M. le député de Beauce-Sud
s'est dit horrifié d'entendre dire que j'aurais mentionné que le
règne de l'entreprise privée en matière d'habitation
tirait à sa fin. Je lui soulignerai tout simplement...
M. Roy: Je m'excuse...
M. Tardif: ...que ce n'est pas moi qui ai dit ça, c'est
bien le député de D'Arcy McGee, ce matin, dans la réplique
qu'il faisait à mes remarques. Effectivement, ce que j'ai
déclaré est que des journalistes, faisant bien leur travail, ont
réussi à s'approprier un document de travail
préparé par des gens au ministère qui repose la question
de l'habitation, qui souligne, à bon droit d'ailleurs, comme d'autres
rapports, le rapport Legault remis, entre autres, à l'ancien
gouvernement au cours de l'année dernière seulement et qui
déplorait, avec une kyrielle d'autres rapports qui l'avaient
précédé, l'absence d'une politique d'habitation au
Québec.
Ce groupe s'est mis au travail et en est venu à la conclusion
qu'il y avait effectivement au Québec un problème sérieux
en matière d'habitation, problème sérieux sur le plan,
d'une part, de la rareté ou de la pénurie des logements,
pénurie qui se constate par des taux de vacance, d'inoccupation
inférieurs à 1% dans les principales villes du Québec;
Montréal, Québec, Hull, Trois-Rivières, Chicoutimi. Ce
problème se constate aussi du fait qu'en 1971, on aurait mis en chantier
au Québec 27 000 unités de logement locatif alors qu'en 1975, on
avait baissé à 20 000. C'est une diminution de près de 50%
des unités de logement locatif, donc multifamilial en faveur
évidemment d'un type de propriété, de développement
de type unifamilial pavillonnaire en banlieue qui cause
énormément de problèmes que les municipalités
connaissent présentement. En effet, cet étalement du tissu urbain
provoque des coûts énormes sur le plan des infrastructures pour
les municipalités, sur le plan du transport en commun et, tantôt
également, sur le plan des équipements scolaires et collectifs
qu'il faudra bâtir. Alors qu'au même moment où on doit
bâtir des écoles pour de petites villes de banlieue qui ont
poussé comme des champignons à la périphérie de
Montréal, et ceci au détriment évidemment des sols arables
du Québec, au même moment, la CECM annonce pour le mois de
septembre prochain la fermeture de 28 écoles, non pas de vieilles
écoles, mais des écoles bâties à grands frais,
à même l'argent des contribuables à peine au début
des années soixante.
Je pense qu'il y a là un problème quand on parlait
des relations de fiscalité, d'urbanisme, de développement
et de logement, c'est que tout ceci se tient et croyez bien que, lorsque j'ai
demandé à mes gens de se pencher sur le problème de
l'habitation, je leur ai demandé de le faire autrement que dans une
attitude uniquement sectorielle et d'aborder le problème sous ses
diverses composantes de finance, de fiscalité municipale et d'urbanisme
également. Donc, problème de pénurie, de rareté de
logement.
Problème également du coût élevé des
logements. Selon le rapport Legault, encore une fois, on estimait, selon les
statistiques de 1971, qu'il y avait au-delà de 280 000 ménages
tout porte à croire que la situation ne s'est pas
améliorée depuis le temps; au contraire qu'il y avait
au-delà de 280 000 ménages au Québec qui payaient plus de
25% de leurs revenus bruts pour le logement. Dans le cas des
propriétaires de logements ou de maisons neuves, au-delà de 60%
de la mensualité payée allait à l'amortissement de la
dette.
Je pense que ces deux facteurs combinés, la rareté et le
coût élevé, soulignent, à bon droit, comme l'ont
fait les divers rapports, l'urgence d'intervenir, sans compter les aspects
qu'on peut souligner sur la détérioration du stock du logement.
Legault, toujours, estimait, en 1971, à 360 000 le nombre de logements
à rénover ou à restaurer au Québec. A l'heure
actuelle, ce stock de logements se détériore plus vite que le
rythme de rénovation qui, lui, est excessivement lent.
Tout ceci pour dire que ce portrait d'ensemble, lorsqu'on le regarde et
lorsqu'on le regarde dans une perspective historique, nous constatons une
chose, c'est qu'il n'est pas nouveau et que déjà, il y a 100 ans,
à Montréal, dans un document produit par un chercheur de l'UQUAM,
on constatait qu'il y avait déjà, à Montréal,
à cette époque, plus de 75% de locataires.
Or, aujourd'hui, malgré les programmes d'accès à la
propriété mis de l'avant par la Société centrale
d'hypothèques et de logement, on se re-
trouve, 100 ans plus tard, avec 80% de locataires à
Montréal, 75% à Québec. Qu'on vienne me dire que
l'entreprise privée a solutionné, a la solution au
problème de l'habitation et du logement, je dis qu'on passe
complètement à côté du problème.
Est-ce à dire qu'il faille non pas s'en remettre à cette
entreprise pour produire les unités de logement? Je dis que, dans le
contexte actuel, ce n'est pas possible et on devra continuer de compter sur
elle pour produire ces quelque 60 000 à 70 000 unités de
logements annuellement dont nous avons besoin, pas pour un accroissement de la
population du Québec, mais pour la progression assez
phénoménale de ces ménages dits non familiaux qui se
situent à ces deux extrêmes du continuum chez les jeunes et chez
les personnes âgées et qui requièrent des logements en
nombre plus considérable que cette population qui vivait en famille, il
y a à peine quelques années, au Québec. Les besoins sont
là et sont occasionnés dans ces deux secteurs.
Mais ce qu'il est important de souligner, c'est ce que contenait le
document de travail qui a été rendu public. C'est la
nécessité de ne plus agir uniquement de façon
conjoncturelle, de ne plus concevoir le logement essentiellement comme un bien
économique, un bien spéculatif, un bien qu'on doit promouvoir
pour favoriser les producteurs de logements. Jusqu'à maintenant, se
servant du fameux dicton qui dit: Quand le bâtiment va, tout va, on a
surtout conçu le logement comme un moyen de relancer l'économie.
On se foutait éperdument des besoins des locataires, des besoins des
Québécois de se loger, on mettait de l'avant des programmes
axés essentiellement sur les besoins de l'industrie de production de
logements.
Ce que nous disons tout simplement, c'est que s'il ne faut pas, au lieu
de considérer le logement essentiellement comme un bien
spéculatif, comme un bien qu'on transige, qu'on vend, duquel on tire
profit, est-ce qu'on ne doit pas le considérer essentiellement comme un
besoin, un droit essentiel des Québécois, non pas à la
propriété, mais bien à être logés, sous
quelque forme d'appropriation ou d'occupation ou de droit d'occupation qu'on
voudra bien leur conférer ou qu'ils voudront bien, eux, choisir, soit
sous forme de copropriété, soit sous forme de coopérative,
de membres sociétaires d'une coopérative ou autrement?
Ce que nous disons, c'est qu'il ne faut plus de ces actions, de ces
actions ponctuelles ou conjoncturelles, il ne faut plus agir uniquement sur la
conjoncture. Je suis d'accord qu'il faut agir, encore que là, il y a des
décisions malheureuses dont nous récoltons les
conséquences aujourd'hui en termes de pénurie de logements,
après une analyse sommaire de la tendance ou de ce pattern de la
construction au Québec ces dernières années, les
conséquences de certaines décisions où on voit tout
à coup s'infléchir, de façon dangereuse, la courbe de
production de logements, comme, par hasard, en 1966-1967, au moment où
c'était l'Expo, à Montréal, et en 1974-1975 à l'oc-
casion des Jeux olympiques, comme par hasard également.
Vous allez me dire: II fallait y penser, oui, certainement qu'il fallait
y penser, puisque ce moment-là, la machinerie, les entrepreneurs, les
ouvriers étaient tous monopolisés par ces chantiers qui primaient
surtout et, au même moment évidemment, les mises en chantier
faisaient drôlement défaut. Aujourd'hui, on se retrouve avec un
problème d'autant plus aigu que les ouvriers ont obtenu, à la
suite de ce travail sous pression 24 heures par jour, des conditions de travail
qu'ils ne seront pas prêts à relâcher lorsqu'ils retomberont
dans la petite construction unifamiliale, individuelle, domiciliaire,
résidentielle, problème qui accentue encore les
difficultés qui témoignent de la nécessité de
revoir le problème, non pas uniquement, si vous voulez, dans la
conjoncture, mais également qui forcent le gouvernement à agir,
je pense, sur les éléments structurels que sont les modes de
production de logements, d'appropriation de ces logements et les modes de
consommation.
Qu'est-ce que cela veut dire agir sur ces éléments
structurels? Cela veut dire agir sur les éléments de production.
Cela veut dire que l'entreprise privée continuera à produire du
logement, mais qu'elle ne sera plus la seule à le produire. Nous voulons
que l'Etat soit aussi un producteur de logements, nous voulons que le secteur
coopératif soit également un producteur de logements et que ces
trois secteurs, soient en saine compétition, puisque cela semble
être un des objectifs des tenants ou des membres de l'Opposition qui ont
revendiqué le rôle de l'entreprise privée dans ce secteur.
Je pense qu'à partir du moment où on aurait des producteurs de
logements, quand je dis producteurs cela ne veut pas nécessairement dire
l'Etat qui bâtit, mais elle peut faire des commandes, dans certains coins
précis pour répondre à des besoins, à l'entreprise
privée ou à d'autres en modifiant les normes drôlement
tatillonnes auxquelles a fait allusion le député de Beauce-Sud.
Je suis totalement d'accord, à ce moment là que la situation ne
serait pas du tout la même à partir du moment où on aurait
une multiplicité d'intervenants tant dans la production que dans
l'appropriation des logements.
Le député de Beauce-Sud, M. le Président, a fait
allusion à des mesures incitatives, du type de la Loi de l'habitation
familiale qui, selon lui, devraient être rappelées. Je pense qu'il
y a certainement un fondement dans ses remarques, toutefois, avec la
réserve mentionnée, à savoir que des hauts fonctionnaires
du gouvernement qui sont aujourd'hui dans des échelles de traitement de
l'ordre de $30 000, $40 000 ou plus par année reçoivent toujours
cette petite ristourne de 3% qu'ils avaient en vertu de la Loi de l'habitation
familiale.
Présentement, qu'il soit nécessaire d'instituer une aide,
un programme de subventions, soit en accession, soit en location pour les
jeunes ménages, pour la période difficile, parce que tout le
monde sait que, évidemment, lorsqu'on achète une maison, la
mensualité peut atteindre $300 ou
$400 par mois ce qui est drôlement difficile au début; au
milieu, cela va et, à la toute fin, finalement, cela devient, avec
l'inflation et tout, relativement léger à supporter comme
fardeau.
Précisément, à l'heure actuelle, j'ai
demandé à nos gens de regarder ce qui pouvait être
institué en termes de programmes incitatifs, soit à l'accession,
soit à la location pour cette période difficile que peuvent
connaître de jeunes ménages. Une aide ponctuelle pourrait leur
être apportée pour couvrir cette période, tout ceci pour
souligner que, lorsque le député de D'Arcy McGee dit: Si on
laisse l'entreprise privée, si on confie au gouvernement
présentement la production d'unités de logement, il est bien
évident que le ministre n'obtiendra jamais les unités de logement
qu'il désire et, au contraire, s'il s'en remet aux firmes
d'ingénieurs et d'architectes de l'entreprise privée, il les
obtiendra. Je lui ferai remarquer que, présentement, si nous n'avons pas
un seul des plans et devis de la programmation 1975 qui est terminée,
contrairement d'ailleurs aux contrats de services qui ont été
signés entre le ministère et les firmes d'architectes, c'est que,
précisément, aucune d'entre elles n'a honoré encore ses
engagements et son contrat de services et qu'au terme du contrat qui les lie
avec nous, elles pourraient d'ailleurs être toutes
considérées comme étant en défaut. Le
problème est là justement.
C'est que nous nous en sommes remis aux intérêts
corporatistes, encore une fois, aux intérêts des corporations
professionnelles qui, chaque fois, pour chaque projet d'habitation, font de
nouveaux plans. C'est comme si on devait inventer les boutons à quatre
trous, chaque fois. Chaque fois, pour les 92 projets de la
Société d'habitation du Québec pour l'année 1975,
on a confié à une firme d'architectes un nouveau plan à
refaire, de nouveaux plans et devis, chaque fois. Parfois c'est le même
plan et pour quelques coups de crayons, on paie trois fois les honoraires,
évidemment.
Or, il y a 33 firmes d'architectes dont on a retenu les services pour
cette programmation 1975 et qui, alors que je ne conçois pas... je ne
peux pas concevoir quant à la Société d'habitation qui
possède à son service 25 architectes et dix ingénieurs, ce
qui, à mon sens, est un gros bureau d'architectes, que l'on n'ait pas eu
recours à ses services pour produire justement des plans ou, à
tout le moins, pour donner, demander des plans à des organismes
extérieurs, les bonifier ces plans. Lorsqu'on regarde cette
programmation des années 1974, 1975, 1976 et 1977, on se rend compte
qu'il y a des chiffres magiques. On décide de lancer dans le
décor, en répondant... pas en réponse aux besoins, parce
que les besoins, on les ignore, on a été incapable, lorsque je
suis arrivé là, de me dire quels sont les besoins en logement
à tel ou à tel endroit. On ne les connaît pas. Le choix des
sites de construction se faisait selon les demandes des municipalités et
selon les pressions des députés des comtés en question. En
aucun moment, on ne sait vraiment sur une base empirique, objective, les
besoins dans les différents coins du Québec en matière de
logement. Ce que j'ai demandé donc, c'est que l'on regarde dans ce qu'on
avait réalisé de mieux à la Société
d'habitation jusqu'à maintenant ou dans les offices municipaux
d'habitation, qu'on retrouve de ces plans types, qu'on pourrait reproduire en
plusieurs exemplaires, à supposer que l'on découvre, à un
moment donné, un beau projet, un projet moins citron que les autres qui
a été réalisé et qu'on décide de le
reproduire en un plus grand nombre d'exemplaires. Voilà donc, quand je
parle de mettre à profit l'expertise, les gens qui travaillent au
ministère des Affaires municipales, ces 25 architectes qui n'attendent
pas mieux que de produire des plans, mais qui, à l'heure actuelle,
étaient mis de côté en faveur de l'entreprise
privée, et pour lesquels, évidemment, l'Etat paie quelque chose
entre $6 millions et $7 millions d'honoraires professionnels par année.
Voilà, lorsqu'on parle de l'entreprise privée, j'en suis, mais si
au même moment, on décide d'avoir ici un bureau d'architectes
composé de 25 architectes au ministère, je dis qu'à un
moment donné, c'est précisément ces rouages qui remettent
entièrement à des intérêts corporatifs et
privés le soin d'élaborer et de réaliser des plans qui, au
départ, devraient être conçus, réalisés chez
nous, quitte à recourir à toutes les expertises, mais dans le
cadre de projets précis auxquels je veux, évidemment, mettre un
terme au plus coupant...
Alors, tout ceci pour dire que lors de l'étude des crédits
en détail, je pourrai apporter des précisions si j'ai des
questions précises, mais soyez assurés que j'ai les mêmes
préoccupations que vous en matière de logement et que je ne veux
pas freiner, au contraire, la production, je veux l'accélérer.
Lorsque je dis que l'Etat doit être "décideur", doit
décider des grandes orientations et de la politique du logement, c'est
que celui-ci, ayant décidé, ayant passé des commandes,
pourra fort bien les passer à l'entreprise privée. L'État
pourra fort bien demander à un entrepreneur en produisant un beau plan
type et des cahiers de charge type pour des unités, par exemple, de 15
logements d'habitation, les imprimer, ces plans, comme des calendriers, les
distribuer aux entrepreneurs et leur demander des prix là-dessus, mais
c'est cela qu'on veut à tel endroit sur tel terrain, si vous pouvez les
bâtir oui ou non. Je pense que cette espèce de standardisation
s'impose.
Evidemment, cela m'amène peut-être à l'attitude
quand le député de D'Arcy McGee a parlé du ministre dont
le souci était louable, principe louable de mettre un terme à ces
éléments discrétionnaires de décision, ces aspects
discrétionnaires... Il a fait allusion à une connotation
péjorative. Ce n'est pas moi qui ai mis la connotation péjorative
là-dedans, c'est lui. Je n'ai pas fait allusion à cela. Je n'ai
pas parlé de discriminatoire, lequel terme aurait été
vraiment péjoratif. Tout simplement, je pense à la
nécessité. Cela répond à la
nécessité, donc, de se sortir de cette approche du cas par cas.
Évidemment, je ne voudrais pas être méchant
vis-à-vis du député de D'Arcy McGee et dire qu'il y a
peut-être là un élément de déformation
professionnelle, médecin de profession qui reçoit chaque patient
individuellement, qui l'écoute patiemment, qui l'ausculte et qui,
sortant son carnet de prescriptions, prescrit un médicament trois
fois
par jour ou une subvention de tant sur dix ans. M. Goldbloom: Ce
n'est pas méchant du tout.
M. Tardif: Ce n'est pas méchant du tout. Personnellement,
il me pardonnera de prendre une approche tout à fait différente
et d'essayer non plus de faire ce cas par cas, de cette approche clinique, mais
bien de prendre une approche plus globale, donc qui vise
précisément à répondre aux besoins selon les
pressions, selon les représentations qui sont faites individuellement,
je ne sais pas comment il a pu faire au cours de ces années, pour
recevoir les représentations de ces 1600 municipalités qui
venaient l'assaillir littéralement dans son bureau.
Personnellement, je voudrais mettre un terme à ce genre de
visites et leur distribuer autant que possible chez elles les
éléments dont elles ont besoin, qu'elles sachent clairement
à quoi s'en tenir. Ce changement d'optique doit être de nature
à éviter cette attitude qui consiste à tout attendre de
l'Etat et d'aller faire des pressions auprès du ministre
responsable.
Je veux bien être cet interlocuteur privilégié
qu'ont les municipalités auprès du gouvernement pour
réaliser leurs fins essentielles, celles pour lesquelles elles ont
été créées. Je ne veux pas le faire dans cette
perspective du cas par cas qui, forcément, avec la meilleure
volonté du monde, et avec le plus de patience du monde, ne peut que nous
amener cette espèce de situation où, présentement, l'Etat
se voit contraint de subventionner des projets qui répondent
peut-être aux besoins des résidents locaux des
municipalités. Par exemple, on autorise des règlements d'emprunt,
ou on accorde des subventions à des résidentsdans une
municipalité, et l'Etat doit subventionner à raison de $6000 par
unité de logement une municipalité pour fins d'aqueduc et
d'égouts là où actuellement il y a à peine 2000
résidents à longueur d'année. Le reste, ce sont des
vacanciers montréalais qui vont dans le coin. Je pense que cette
attitude subventionniste nous mène à des situations semblables et
je suis particulièrement désireux de m'éloigner de ceci et
d'établir une certaine équité, mais une
équité basée sur autre chose que cette approche du cas par
cas. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Monsieur... Discussion
générale
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre me
permettrait-il une question, posée avec le sourire et dans le même
esprit que l'allusion qu'il a faite à ma profession? J'espère que
sa déformation professionnelle n'est pas de chercher dans chaque dossier
le crime et la contravention...
M. Tardif: Non, mais de chercher parfois à qui profitait
le crime.
M. Caron: M. le Président. M. le ministre, par une loi,
vous allez donner aux municipalités le droit de charger 30% sur les
plaques d'immatricu- lation des automobiles. En plus, naturellement, le
gouvernement va soutirer un certain montant au point de vue de
l'administration. Je ne voudrais pas vous être désagréable,
ni à vous ni au gouvernement au pouvoir, mais je pense que si vous
laissez aux municipalités le pouvoir de taxer, oui ou non, le
gouvernement ne prend pas ses responsabilités, il passe le "buck" aux
municipalités. Savez-vous, question d'augmenter les taxes, ce n'est pas
populaire. Déjà à ce jour, on l'a vu dans le budget, dans
plusieurs domaines, le gouvernement a ajouté des taxes. Il se dit: Les
municipalités, si elles veulent avoir la différence, vont taxer.
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas pris la responsabilité de dire: On
va plutôt aller chercher à même la taxe de vente un certain
montant et le distribuer comme on faisait avant?
M. Tardif: Pour la simple raison, M. le Président, que
nous voulons nous éloigner de cette attitude subventionniste de l'Etat
providence qui perçoit les taxes et qui les redistribue. Nous nous
opposons à cela vis-à-vis du gouvernement fédéral,
qui vient chercher nos impôts, qui nous les redistribue dans des
programmes que lui juge prioritaires en disant: Nous devons percevoir nos
propres impôts et décider de nos priorités. Nous sommes
logiques avec nous, même lorsque nous disons aux municipalités: On
vous ouvre de nouveaux champs fiscaux, vous les occupez, si vous voulez, cela
va dans le sens de renforcer cette notion d'autonomie locale, d'autonomie
municipale. On aurait fort bien pu imposer cette taxe, elle n'est pas
obligatoire, vous le remarquerez. Seules les municipalités qui voudront
s'en prévaloir le feront. S'il y a des municipalités riches qui
ne sentent pas le besoin de taxer les automobilistes, même s'ils sont
cause de dépenses considérables pour les municipalités,
cause de pollution, cause de tout, alors, libre à elles de le faire. Je
pense qu'à l'heure actuelle, cela s'inscrit nettement dans ce courant,
cette volonté du gouvernement de doter les municipalités de
revenus autonomes et de renforcer l'autonomie des municipalités.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je voudrais demander à
M. le ministre s'il pourrait nous présenter les personnes qui l'aident
ce matin s'il vous plaît?
M. Tardif: Avec plaisir. Je pense que c'est une de mes erreurs.
J'ai oublié. Donc, M. Bolduc, sous-ministre au ministère des
Affaires municipales; M. Lapointe, responsable de la préparation du
budget et des documents que vous avez devant vous; M. Poiré, de la
direction de l'administration financière; M. Jean-Jacques Lemieux
je m'excuse le président de la Société d'habitation
du Québec; M. Arsenault, également du service de M. Lapointe ici
et deux membres de mon cabinet; Michel Lemieux que certains d'entre vous
connaissent puisqu'il était déjà dans le décor
depuis quelque temps et Gilles Ethier.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'ai soulevé un point tout à l'heure que le
ministre a probablement oublié durant sa réplique. J'ai
touché la question des relations qui doivent exister entre le
ministère des Affaires municipales et les municipalités.
J'ai déploré la lenteur des réponses et les
difficultés de contact, les longues études qui sont faites et
j'aimerais bien savoir si le ministre est conscient de cette situation, s'il la
réalise, d'une part, et deuxièmement, s'il a l'intention
d'apporter des modifications et de donner des instructions à ses
collaborateurs pour éviter que ces délais ne se transforment en
coûts additionnels considérables pour les municipalités
comme pour les cas que j'ai eu l'occasion de mentionner tout à
l'heure.
M. Tardif: Je m'excuse auprès du député de
Beauce-Sud de ne pas avoir inclus cet élément dans ma
réplique; j'avais pris des notes au moment de son intervention pour
poser les questions appropriées aux gens de mon ministère, mais
effectivement, lorsqu'il parle de retard d'un an et demi à apporter
certaines réponses, je lui soulignerai qu'il y a au moins douze mois sur
dix-huit où nous n'y étions pas.
M. Roy: Je tiens à être bien clair là-dessus.
Ce n'est pas un reproche que je fais à l'actuel ministre. J'ai
parlé du ministère des Affaires municipales, d'une situation
actuellement.. Etant donné ces faits qu'ont eu à subir des
municipalités, qu'entend faire le nouveau ministre?
M. Tardif: II y a diverses raisons qui peuvent expliquer ceci. Je
ne vous donnerai pas l'excuse trop facile de ces derniers jours où
pendant onze jours on n'avait pas accès à nos bureaux du
30ème étage à cause de la grève des
mécaniciens d'ascenseur, mais c'est un fait, néanmoins.
La principale raison est que beaucoup de municipalités font des
travaux sans même obtenir d'autorisation. On va partir de la situation
telle qu'elle existe présentement. Dans beaucoup de
municipalités, un besoin réel ou exagéré
d'alimentation en eau existe. Parfois, le besoin est là. Il est plus ou
moins latent, à tout le moins, parfois, une firme
d'ingénieurs-conseils se charge de dire à la municipalité
qu'elle a un besoin et qu'ils peuvent y apporter une réponse d'autant
plus que, non seulement, ils peuvent apporter cette réponse en
préparant des plans pour la confection d'un réseau d'aqueduc,
mais également qu'on peut leur obtenir une subvention ou qu'on pouvait
leur obtenir une subvention.
Des plans sont préparés qui, parfois, et dans beaucoup de
cas et j'aurai des exemples concrets si on m'en demande
impliquent des capacités excédentaires considérables. On
prépare ces plans et on les soumet au service de protection de
l'environnement. Celui-ci évidemment, autorise les plans dans la mesure
où ils sont conformes aux règles de l'art. Le service de
protection de l'environnement qui est formé lui aussi
d'ingénieurs, formés sur les mêmes bancs d'uni-
versité, regarde les plans en question et dit: Oui, c'est beau. C'est
fait selon les règles de l'art, sans se poser de questions pour savoir
si la municipalité a vraiment besoin de ce réseau
coûteux.
Parfois, les municipalités, sur la foi de simples promesses
et ceci évidemment n'accélère pas le processus
se lancent dans des travaux avant d'avoir obtenu de la Commission
municipale les autorisations voulues avant d'obtenir du ministre des Affaires
municipales l'approbation des règlements d'emprunt, on se lance dans des
travaux au moyen d'emprunts à court terme avec, évidemment, des
intérêts et tout cela. Lorsque la division de l'administration
financière du ministère se met à étudier
l'état financier de la municipalité, son dossier, et qu'elle
constate des situations parfois frontières et voisines des seuils que
j'ai mentionnés tantôt, lorsque la Commission municipale en vient
à la même conclusion, à ce moment-là, il y a une
série d'échanges avec la municipalité pour savoir comment
celle-ci pourrait réaliser son projet tout en évitant de
s'endetter indûment. Ceci implique parfois, que des normes sont
imposées par la Commission municipale, la direction financière,
en termes de densification, par exemple, de l'habitat, quand on sait qu'un
lotissement dans une municipalité ou une extension de réseau
d'aqueduc et d'égouts amène des coûts considérables
et que les coûts ont triplé à peu près au cours des
trois ou quatre dernières années, et que, pour chaque tranche de
$1000 investie dans les réseaux d'égouts et d'aqueduc cela prend
au moins $6500 d'évaluation foncière pour supporter cela, c'est
le genre de calcul que beaucoup de municipalités n'ont pas fait et qu'on
tente de leur expliquer au cours de multiples rencontres que nous avons avec
elles.
Finalement, lorsque tout ceci est fait, il s'agit maintenant, puisque
l'autorisation des travaux et des règlements d'emprunt, qui sont une
chose, impliquaient auparavant l'octroi d'une subvention basée sur la
foi d'une promesse du ministre qui, encore une fois, patiemment, avait
écouté les doléances des municipalités, sauf qu'il
fallait par la suite aller au Conseil du trésor et lorsque cela
dépassait $1 million, aller au Conseil des ministres. Voilà en
gros une partie de ces délais qui peuvent être expliqués de
cette façon-là... C'est bien sûr qu'à partir du
moment où une enveloppe budgétaire de $X millions est
accordée pour fins d'infrastructures d'égouts et d'aqueduc,
à partir du moment où le Conseil du trésor et le Conseil
des ministres a dit: D'accord sur le programme PAIRA ou le programme
liquidation, à ce moment-là, nous voulons même nous sortir
de cette dynamique d'être obligés d'aller chaque fois, pour chaque
cas, devant ces instances, et pouvoir administrer le programme directement
auprès du ministère de façon à
accélérer ce processus que vous souligniez, qui peut être
encore une fois, explicable par toute cette dynamique et cette façon de
fonctionner. Je me demande comment mon prédécesseur pouvait
réussir à vivre avec cette pression des demandes individuelles et
ces analyses du cas par cas qui implique une somme de temps et d'énergie
vraiment phénoménale.
M. Goldbloom: C'est peut être l'habitude du
médecin.
M. Roy: M. le Président, en guise de question
additionnelle, le ministre a parlé du processus sur lequel je suis bien
d'accord et avec lequel sont aux prises les municipalités, compte tenu
des exigences gouvernementales, de la procédure administrative, des lois
fiscales et des exigences, tout cela. Mais j'ai soulevé aussi le point
des projets autorisés, ce matin, des projets qui sont effectivement
autorisés et qui ont fait l'objet de lettres, autorisations
d'exécution des travaux, ainsi de suite, et qu'une fois que ces projets
sont acceptés, les autorisations pour mettre en marche le
mécanisme de financement ne viennent pas. Cela ne m'apparaît pas
normal, M. le Président. C'est la raison pour laquelle j'ai
soulevé ce deuxième point à l'intention du ministre. Pour
ce qui a trait actuellement au ministère des Affaires municipales, c'est
pour cela que j'ai posé la question ce matin, pour savoir s'il va y
avoir du changement là-dedans, parce que j'ai des lettres ici, je l'ai
dit au ministre ce matin, qui datent du 3 février et pour lesquelles je
n'ai pas encore eu de réponse, malgré que j'aie
répété les appels téléphoniques. J'ai trois
cas, M. le Président.
M. Tardif: M. le Président, s'il s'agit du cas de
Saint-Georges-Ouest, on a des réponses, elles ont déjà
été fournies verbalement au député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Non, ce n'est pas le cas de Saint-Georges-Ouest, il
s'agit d'autres cas dans le comté. Et il y a d'autres
députés qui sont aux prises avec les mêmes cas, c'est qu'on
n'a pas de réponse. J'ai essayé, à l'intérieur du
ministère, à la suite des plaintes qui m'avaient
été formulées par des autorités municipales, de
trouver la personne responsable pour donner l'autorisation. On m'a fait monter
l'échelle administrative jusqu'en haut et rendu en haut, on m'a fait
redescendre sans que j'aie trouvé le responsable.
J'aimerais quand même que le ministre nous dise aujourd'hui s'il a
l'intention d'examiner cette question. Je comprends que c'est une question
délicate. Comme je le disais ce matin, je ne voudrais pas être
désagréable à l'endroit des collaborateurs du ministre,
mais il y a quand même une question d'efficacité, il y a un budget
pour le ministère des Affaires municipales et la commission
parlementaire est l'endroit idéal pour que tout le monde dise ce qu'il a
à dire, fasse les recommandations qui s'imposent et c'est dans un sens
très positif que je le fais.
Je ne voudrais pas que les municipalités de mon comté, et
d'ailleurs au Québec, je parle des municipalités en
général, aient à déplorer ce genre de choses: qu'on
soit obligé d'attendre, d'attendre, de répéter les
demandes, etc, etc.
M. Tardif: M. le Président, je pense que je dois
reconnaître, pour avoir été saisi d'un certain nombre de
cas j'ai d'ailleurs rencontré le conseil d'une des
municipalités qui était accompagné, ce jour-là, par
le député de Beauce-Sud qu'il y a effectivement des
délais extrêmement longs, en tout cas en ce qui concerne
l'approbation de certains règlements d'emprunt. Je suis tout à
fait d'accord avec lui qu'il est urgent qu'on en vienne à réduire
ces délais et qu'on puisse dire à la municipalité, de deux
choses l'une: ou c'est autorisé ou ce ne l'est pas. Du moins, elles
sauront à quoi s'en tenir. Croyez bien que j'ai demandé au
président de la Commission municipale de faire en sorte que son
organisme se prononce dans les meilleurs délais sur les
règlements qui sont à l'étude présentement.
Ce qui se produisait, faute de normes sur les seuils d'endettement,
parfois, on mettait le dossier là en espérant que, par quelque
miracle, quelque subvention, la situation financière de la
municipalité s'améliorant, on puisse un jour débloquer ou
autoriser le règlement d'emprunt. Aujourd'hui, je pense qu'il faudra
procéder de façon beaucoup plus rapide, dire à la
municipalité: II n'en est pas question, règlement d'emprunt
refusé, carrément, et à ce moment-là, ça
voudra peut-être dire pour le promoteur d'aller ailleurs refaire son
développement si la municipalité n'a pas les moyens de supporter
le coût des infrastructures en question. Je pense que vous avez tout
à fait raison, M. le député de Beauce-Sud de dire que ce
qui est important, c'est qu'elles sachent à quoi s'en tenir et qu'elles
ne soient pas dans cette incertitude qui, encore une fois, est un peu largement
tributaire de cette façon d'être attaché à
l'idée d'une subvention qui, elle, devait recevoir évidemment
l'approbation du Conseil du trésor ou du Conseil des ministres selon le
cas.
M. Goldbloom: M. le Président, dans quelques secondes,
j'aimerais vous suggérer que nous abordions l'étude de
l'élément 1 du programme 1. Il me reste deux choses avant cela.
Le ministre, tout à l'heure, faisait allusion à l'enthousiasme,
ce n'est pas son mot, c'est le mien, de certains ingénieurs-conseils qui
produisent des projets possiblement exagérés. A-t-il eu
également des pressions de la part de firmes, d'études d'avocats
pour l'obtention de subventions au nom de municipalités?
M. Tardif: J'ai eu des représentations de conseillers
juridiques agissant pour et au nom de conseils municipaux, en effet. Comme j'en
ai eu également de firmes d'ingénieurs, aussi soumissionnaires
dans certains cas, donc auprès des municipalités.
M. Goldbloom: Est-ce que ce serait l'intention du ministre
d'écarter aussi cette classe d'intermédiaires?
M. Tardif: Absolument.
M. Goldbloom: L'autre chose, ce n'est peut-être pas une
question, M. le Président, et je vais l'exprimer rapidement avant que
vous ne me disiez que j'enfreins le règlement, mais je ne peux
m'empêcher de relever une chose délicieuse pon-
due un peu plus tôt par mon ami, l'honorable député
de Beauce-Sud, qui a parlé de la souveraineté que devraient
acquérir les municipalités. J'aimerais savoir si, une fois cette
souveraineté obtenue, lés municipalités devraient
négocier un régime d'association avec le ministère des
Affaires municipales.
M. Roy: Je tiens à dire à l'honorable
député de D'Arcy McGee que ce n'est pas dans ce sens que je l'ai
dit.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): On ne comprend pas tous dans
le même sens.
M. Tardif: Puisque le député de D'Arcy McGee a fait
allusion aux quelques cas où des firmes d'ingénieurs
enthousiasmés produisaient ils sont évidemment
payés sur une base d'honoraires à pourcentage des projets
parfois au-delà des capacités financières des
municipalités, il nous est arrivé, dans le cas d'une petite
municipalité de 125 000 âmes, de voir un projet dûment
soumis de $1,8 million pour ladite municipalité. Heureusement, il
n'avait pas suivi toute la filière et les gens de la place sont venus
nous supplier de ne pas bâtir en nous disant: Ecoutez, pour
répondre à notre besoin d'alimentation en eau, nous avons
repéré, en dehors du village, deux ou trois sources. Il suffirait
de bâtir un réservoir au coût de $50 000 et nous
réglerions notre problème de cette façon, M. le
ministre.
J'ai dit: C'est merveilleux, pour une fois qu'une municipalité ne
vient pas nous demander des subventions, mais de réduire l'ampleur d'un
projet j'aimerais terminer j'ai dit: C'est merveilleux, allez de
l'avant et on l'étudiera lorsqu'on aura le dossier.
Ils ont dit: Le hic, M. le ministre, c'est que nous avons
présentement, en plus de cela, c'est que nous aurions besoin d'une autre
subvention, parce que nous avons une facture de $62 000 de la part d'une firme
d'ingénieurs-conseils pour lesdits plans.
L'évaluation foncière totale du petit village en question
était quelque chose comme $500 000 et on proposait un projet d'aqueduc
de $1,8 million. Quand je parle d'exagération, de cette dynamique du
système qui vise parfois à satisfaire possiblement, au
départ, des besoins réels d'une municipalité, mais aussi
des intérêts corporatifs, je pense que l'exemple donné le
démontre et j'en aurai d'autres au besoin, si on m'y invite.
M. Goldbloom: M. le Président, sans commenter l'exemple
précis offert par le ministre, je voudrais m'exprimer en accord avec le
point de vue qu'il vient d'exposer, à une seule condition, c'est que les
ingénieurs des Services de protection de l'environnement soient
d'accord, sur le plan professionnel, avec la solution proposée par les
citoyens, parce que, dans certains cas, les citoyens vont invoquer la
disponibilité d'une nappe d'eau souterraine à côté
du village et les ingénieurs trouvent que la qualité n'est pas
satisfaisante, que la quantité n'est pas suffisante et que ce n'est pas
une solution valable. Des fois, il faut dépenser beaucoup d'argent pour
peu de monde, à cause de ces contraintes professionnelles, mais
professionnelles du côté du gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Rivière-du-Loup.
M. Boucher: M. le Président, M. le ministre a parlé
tout à l'heure de la nécessité d'évaluer les
besoins de logements des municipalités. Le ministère des Affaires
municipales entend-il remettre cette responsabilité aux
municipalités elles-mêmes qui, je pense, possèdent quand
même une connaissance de leur territoire, du type de logements qu'elles
ont et qui pourraient, je pense, dans un temps record, donner au
ministère des Affaires municipales des statistiques sur l'état du
logement et leurs besoins de logements?
Je me souviens, au départ, qu'avec la Société
d'habitation, il y avait eu de la part de la Société d'habitation
une demande aux municipalités de faire l'évaluation des besoins
de logements chez elles et je pense que le travail qui s'était fait
avait été assez complet, du moins j'en parle pour la ville de
Rivière-du-Loup. Je pense que les gens de chacune des
municipalités sont plus en mesure d'évaluer les besoins, compte
tenu du type de logements qui y existe, surtout dans les régions en
dehors des grands centres, pour démontrer au gouvernement quel type
d'habitations on a et quel type d'habitations on a l'intention de conserver et
d'avoir.
M. Tardif: M. le Président, en réponse à la
question du député de Rivière-du-Loup, lorsque, au mois de
décembre, je demandais à la Société d'habitation du
Québec de faire un tableau des besoins en logements au Québec, on
m'a dit: On n'a pas de telles données présentement. J'ai
posé cette sous-question: Pourquoi ne pas s'adresser aux offices
municipaux d'habitation là où il y en a, pour obtenir d'elles les
réponses voulues? Là également, on m'a dit qu'on allait
essayer et la réponse est venue très rapidement que les offices
municipaux d'habitation, là où il en existait, n'étaient
pas au courant non plus des besoins, n'avaient pas procédé
à une telle étude empirique.
Si bien que la Société d'habitation du Québec m'a
recommandé de faire une entente avec le bureau de la statistique du
Québec pour faire cet inventaire des besoins des municipalités.
Ceci est présentement en train de se faire et l'entente a
été signée entre le bureau de la statistique et la
Société d'habitation pour en arriver à cet inventaire des
besoins des municipalités sur le plan du logement.
Le Président (M. Laplante): Vous avez une dernière
question.
M. Goldbloom: M. le Président, puisqu'il sera
bientôt 13 heures, je pense que j'aimerais réserver mes questions
sur le programme 1 pour la reprise
de nos travaux. J'aimerais, avant la suspension, prier le ministre de
bien vouloir déposer la liste des membres de son cabinet avec
peut-être un court curriculum vitae pour que nous puissions savoir qui
sont ces personnes. Deuxièmement, il a mentionné qu'il y a
maintenant 25 architectes et 10 ingénieurs, si ma mémoire est
fidèle, à la Société d'habitation. Il serait
sûrement consentant à déposer la liste de ce personnel pour
que nous puissions avoir une idée, savoir depuis combien de temps ces
personnes sont en poste.
M. Tardif: M. le Président, je n'ai pas objection à
la déposer, mais on n'a procédé à aucun engagement
depuis le 15 novembre de ce côté. Alors, c'étaient tous des
gens qui étaient en fonction lorsque mon prédécesseur
était là. Maintenant, s'il tient à avoir la liste...
M. Goldbloom: C'est ce que je voulais savoir surtout.
D'accord.
M. Roy: Avant de suspendre la séance, M. le
Président, j'aurais peut-être une dernière question
à poser au ministre concernant l'habitation. Il a parlé tout
à l'heure d'une chose que je trouve extrêmement
intéressante, c'est-à-dire que, dans le secteur de l'habitation,
de la construction de HLM, entre autres, le ministre veut faire préparer
des plans qui pourraient être utilisés ailleurs. Ce ne serait pas
un précédent sur le plan gouvernemental puisqu'il y a un certain
nombre d'années, un gouvernement avait préparé des plans
d'école. On retrouvait ces écoles dans toute la province. Est-ce
que c'est un peu le même principe? Seulement pour m'éclairer un
peu, est-ce que c'est le même principe que le ministre veut proposer?
J'ai re- marqué que, dans différents comtés du
Québec c'est exact ce que le ministre a dit il y a des
plans d'architecte, des plans d'ingénieur totalement différents
d'un projet à l'autre. Est-ce qu'il y aurait divers plans pour faire en
sorte... Est-ce qu'il y aurait plusieurs plans ou si on imposerait un plan
unique dans toute la province? Il y a quand même une série de
plans qui pourraient être faits et choisis en tenant compte,
évidemment, de la région, de l'endroit, du
caractère...
M. Tardif: Oui. M. le Président, je pense qu'il serait
totalement exagéré d'aller dans l'autre extrême et de
passer d'un mode de confection de plans différents pour chaque
établissement comme c'est le cas présentement à un plan
unique, standard, partout. Il serait convenable que nous ayons pour des types
d'unités de construction de quinze logements un ensemble de deux ou
trois plans qui pourraient se marier assez bien à divers types
d'environnement. Je pense que l'idée générale
derrière cela, c'est d'éviter, chaque fois, de refaire de
nouveaux plans avec, évidemment, les honoraires, les délais que
cela entraîne et tout ceci dans un souci d'économie de temps et
d'argent.
M. Roy: Je suis entièrement d'accord avec le ministre
là-dessus. Je trouve sa suggestion extrêmement positive et elle va
contribuer à soulager les municipalités et le gouvernement.
Le Président (M. Laplante): Nous ajournons les travaux de
la commission sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 58
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
Nous poursuivons les travaux de la commission parlementaire des affaires
municipales et de l'environnement pour l'étude des crédits allant
jusqu'à mars 1978.
Les membres de cette commission sont M. Alfred (Papineau), M.
Beauséjour (Iberville), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun),
M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dubois
(Huntingdon), M. Dussault (Châteauguay), M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M.
Lavigne (Beauharnois), M. Léger (Lafontaine), M. Léonard
(Laurentides-Labelle) remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup);
M. Ouellette (Hull), M. Roy (Beauce-Sud), M. Saindon (Argenteuil), M. Tardif
(Crémazie), M. Vaugeois (Trois-Rivières), M. Verreault
(Shefford).
Aide à la planification et à la
restructuration municipale
Tel que convenu, nous commençons cet après-midi avec le
programme 1, élément 1. M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais poser une
question simple, qui appellera peut-être une réponse plus
complexe. Qu'est-ce que c'est qu'une municipalité régionale?
Qu'est-ce que cela va devenir dans l'échiquier des
responsabilités au Québec? Comment une municipalité
régionale va-t-elle être constituée? Quels seront ses
responsabilités et ses pouvoirs? Quels seront les rapports des
municipalités que l'on connaît aujourd'hui et des conseils de
comté que l'on connaît aujourd'hui avec cette municipalité
régionale dont parle le gouvernement actuel?
M. Tardif: Le député de D'Arcy McGee peut-il me
dire dans quels documents ou à quel endroit des crédits il est
fait mention de ces municipalités régionales?
M. Goldbloom: M. le Président, les crédits donnent
simplement des titres de programmes et d'éléments et quelques
petites explications de ce que chaque poste représente, mais il y a
eu...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, si vous vous en tenez à l'élément 1, aide
à la restructuration municipale, est-ce que cela peut aller
là-dedans?
M. Goldbloom: Justement oui.
Le Président (M. Laplante): Aide à la
restructuration municipale, c'est dans l'élément 1?
M. Goldbloom: C'est justement parce que nous parlons de
structures, M. le Président. J'ai vu dans des articles de journaux,
notamment, des allusions à la volonté du nouveau gouvernement de
créer des municipalités régionales.
Il y a des structures de cette nature en Ontario, par exemple, et
j'aimerais savoir si la pensée du ministre suit la même ligne. Je
cite, M. le Président, le programme du Parti québécois.
C'est le document, la bible sans doute, l'évangile. Je vois ici...
créer des municipalités régionales selon les
modalités suivantes... et ainsi de suite.
Je ne vois pas dans ceci des détails suffisants pour me permettre
de comprendre la pensée du ministre, qui a sûrement
participé à la rédaction de ce texte. Je voudrais savoir
si, effectivement, il est d'accord avec ce que son parti a mis de l'avant.
M. Tardif: M. le Président, c'est
précisément parce que je pensais que c'était d'abord dans
le programme du Parti québécois, où était
puisée cette question, que j'ai demandé, de façon plus
exacte, de préciser la source de la question.
En effet, il se pose des problèmes d'intermunicipalités,
je n'apprendrai rien au député D'Arcy McGee, dans les cas
très concrets, par exemple, dans le cas de l'alimentation en eau potable
sur la rive sud et dans d'autres endroits au Québec, où un
arrêté en conseil adopté sur recommandation, d'ailleurs, du
député D'Arcy McGee à l'époque, prévoyait la
remise éventuelle d'une subvention du gouvernement pour la
réalisation d'un réseau en alimentation en eau sur la rive sud,
soit à Lon-gueuil, soit à une autre municipalité, soit
à une entité supramunicipale à être
créée, laquelle n'a jamais été créée,
incidemment.
Il y a également le conseil métropolitain du
Haut-Saguenay, qui confère à un ensemble de municipalités
de la région des compétences dans un certain nombre de
champs.
Voilà deux cas concrets. Il s'en pose d'autres, également,
lorsqu'il s'agit de problèmes, notamment, d'alimentation en eau dans
d'autres coins également.
A l'heure actuelle, je dois dire que cette question est à
l'étude à notre direction générale des structures
municipales. Nous n'avons pas arrêté de modèles,
étant donné que nous sommes déjà aux prises avec
les trois lois existantes des communautés urbaines, enfin les deux
communautés urbaines de Montréal et Québec, et la
Communauté urbaine régionale de l'Outaouais également.
Nous avons, en plus, ce que j'ai mentionné ce matin, l'ancienne Loi 12
sur l'urbanisme, la Loi-cadre sur l'urbanisme, qui prévoyait la
création de conseils d'agglomérations, c'était
l'expression utilisée à ce moment, et qui prévoyait aussi
le regroupement d'un certain nombre de municipalités autour d'une ville
principale, donc avec des villes satellites pour des fins de réalisation
de schémas d'aménagement, d'urbanisme, de zonage et de
lotissement. Voilà l'état de la question. Dans quel sens
irons-nous? Irons-nous vers des formules plus apparentées à celle
des communautés urbaines? Je pense qu'il est trop tôt pour le
dire.
J'ai demandé aux gens du ministère d'examiner la question.
Ce que j'ai déclaré, notamment en fin de semaine, c'est qu'il ne
serait pas question de procéder à des regroupements
forcés, sans consultation avec la population. J'ai d'ailleurs an-
nonce la semaine dernière et présenté au Conseil
des ministres un projet d'amendement à la loi 98, qui prévoyait
précisément une fusion forcée, donc automatique, des
villes de Chicoutimi et de Jonquière pour le 1er janvier prochain,
précisément dans le but de consulter la population, et,
après avoir reçu les représentations des deux conseils
municipaux, cette intégration des deux villes en question dans une seule
et unique ville du Saguenay a été reportée.
Tout ceci pour dire que le problème de
l'in-termunicipalité est très réel, très
présent et que nous étudions présentement cette question
à la lumière des nombreux dossiers, d'ailleurs, qui avaient
été amorcés au ministère.
M. Goldbloom: Le ministre assimile-t-il à cette notion de
municipalité régionale la notion plus simple d'un regroupement
municipal? Est-ce cela que la notion qui se retrouve dans le programme du Parti
québécois veut dire pour lui? Simplement un regroupement, ou
est-ce un autre palier administratif, avec, dans son sein, des
municipalités qui conserveraient une certaine autonomie quand
même?
M. Tardif: Je pense que la question est fort pertinente et le
partage des pouvoirs entre ce que pourrait être une entité
supramunicipale, qu'on l'appelle municipalité régionale,
communauté urbaine, ou conseil métropolitain, d'une part, et,
d'autre part, les municipalités constituantes, cette définition
des pouvoirs n'est pas arrêtée. Je pense qu'il est tout à
fait normal qu'on déplace vers cette instance supramunicipale un certain
nombre de fonctions qui débordent les limites d'une municipalité,
comme il est tout à fait normal que l'Etat québécois songe
à décentraliser vers ses instances régionales des
fonctions qu'il accomplit lui-même présentement. Ce n'est pas,
encore une fois, une formule qui est élaborée, qui est au point,
mais qui reste vraiment à faire.
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il d'autres questions
sur l'élément 1?
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre, je crois qu'une de vos
préoccupations est la préparation d'une loi-cadre sur
l'aménagement du territoire?
M. Tardif: Non.
M. Cordeau: Du ministère?
M. Tardif: Non plus, je m'excuse, M. le député,
c'est une préoccupation du ministre d'Etat à l'aménagement
que de préparer une loi-cadre sur l'aménagement du territoire. Ma
préoccupation est une loi-cadre sur l'urbanisme, ce qui est un peu
différent. La loi-cadre sur l'aménagement viendra chapeauter les
lois sectorielles du ministère des Affaires municipales en-
matière d'urbanisme, du ministère de l'Agriculture, en
matière de zonage agricole, par exemple, du ministère des parcs,
en ce qui concerne les parcs et les aires récréatives, tout ceci
se situant à l'intérieur d'une loi-cadre sur l'aménagement
du territoire.
Ma compétence ne s'étend pas à tout ce champ
extramunicipalisé.
M. Cordeau: De toute façon, vous allez y collaborer?
M. Tardif: Etroitement, dans ce comité ministériel
de l'aménagement du territoire.
M. Cordeau: C'est dans ce sens. Compte tenu de ces grandes
préoccupations qui vous touchent de très près, au domaine
de la planification, nous sommes surpris de la diminution des crédits
relatifs au programme 1, dans l'ensemble. Pour quelle raison l'ensemble des
montants accordés à ce programme est-il inférieur à
l'exercice précédent?
M. Tardif: D'une part, l'engagement moral dans lequel nous nous
sommes placés de consulter les populations avant de procéder
à des regroupements, notamment ce qui est le cas de cette fusion qui
devait se produire automatiquement dans le cas de Chicoutimi et
Jonquière, dans la nouvelle ville de Saguenay, réduit les
exigences et, si vous voulez, les montants requis, puisque l'on sait que dans
tous les cas de regroupement, des subventions statutaires de $3 par personne
sont prévues pour une période de cinq ans et qu'à ce
moment-là, cela peut indiquer ce lien logique que nous faisons entre la
consultation et le fait de prévoir moins de crédits, étant
donné qu'il n'est pas dans notre intention, au départ, de
précipiter des regroupements sous cette phase de consultation.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je m'excuse d'avance au cas où la question aurait
été posée il y a quelques minutes. J'aimerais savoir du
ministre combien il y a eu de regroupements au cours de la dernière
année pour l'exercice qui se termine le 31 mars 1977,
c'est-à-dire du 1er avril 1976 au 31 mars 1977 puisque le rapport
municipal nous donne quand même les chiffres pour l'année
précédente.
M. Tardif: M. le Président, au cours de la période
de 1976-1977 il y a eu en tout 46 projets de regroupement analysés. Ces
projets impliquent 11 municipalités rurales et 2 cités et villes,
les autres étant des portions de territoires non incorporées en
municipalité. Globalement il y a donc eu 13 regroupements
effectués au cours de la période. Je pourrai vous donner le nom
de chacune des entités regroupées, si cela est
nécessaire.
M. Roy: Oui, j'apprécierais que vous me les donniez ainsi
que la population concernée.
M. Tardif: Bon. Je peux vous les donner maintenant si vous
voulez.
M. Roy: D'accord.
M. Tardif: Donc, Roberval, cité et municipalité
donc fusion de la ville de Roberval avec la municipalité ou la paroisse
environnante, population de la nouvelle entité, je ne le
répéterai pas, cela sera toujours la population de la nouvelle
entité donc 10 240; Saint-Félicien, ville et
municipalité: 6976; Evain, village et municipalité: 1616;
Je m'excuse si je vais trop vite pour le député de Beauce-Sud
; Saint-Stanislas, paroisse et village: 1433; Lister, paroisse et
village: 2060; Saint-Sylvère, paroisse et village: 1032; Saint-Henri,
Rivière-Boyer: 3260; Lambton, village et canton: 1568; L'Avenir...
M. Roy: La ville de Lambton, je m'excuse, est-ce le Lambton dans
le comté de Mégantic-Compton ou est-ce un autre Lambton?
M. Tardif: Le comté n'étant pas indiqué, je
demanderais... C'est cela c'est dans le comté...
M. Roy: De Mégantic-Compton?
M. Tardif: C'est cela. L'Avenir, village et municipalité:
1011; Sainte-Marie-de-Blandford, paroisse et village: 384, après la
fusion. Après la fusion, oui! Sainte-Anne-du-Lac, canton Décarie:
670; Mistas-sini: 4868 et Notre-Dame-de-Montauban: 1013, affectant globalement
36 131 citoyens québécois.
M. Roy: Cela, ce sont des regroupements qui se sont faits en
vertu de la Loi des municipalités du Québec?
M. Tardif: C'est cela.
M. Roy: Ce ne sont pas des regroupements faits en vertu d'une loi
spéciale tel que le regroupement urbain autour de Québec pour les
villes de Beauport, Charlesbourg, cela n'est pas inclus?
M. Tardif: Cela n'a pas été fait au cours de cette
période, de cet exercice financier.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le ministre, avez-vous été mis au
courant de l'étude qu'avait entreprise le ministre des Affaires
municipales, M. Goldbloom, sur la spéculation du sol dans l'Outaouais?
Cette étude existait-elle? Je sais qu'il y a des gens qui sont
allés dans l'Outaouais pour faire cette étude. On me pose bien
des questions dans l'Outaouais québécois sur cette
étude-là. Pouvez-vous me dire où nous en sommes
rendus.
M. Tardif: Le dossier dont j'ai été saisi n'avait
pas trait à la spéculation du sol dans l'Outaouais, mais bien au
problème des frontières Hull-Aylmer.
Annexion de parties de territoire qui a été
retardée pour des raisons purement techniques puisque
l'arrêté en conseil qui avait été adopté par
l'ancien gouvernement, nécessitait, d'abord, pour son entrée en
vigueur, sa publication dans la Gazette officielle et que cet
arrêté en conseil ne comportait pas la description technique qui,
normalement, aurait dû accompagner un tel arrêté en
conseil.
Ce qui fait que cet arrêté a été
rescindé par la suite. A la suite de représentations de la part
des autorités municipales concernées, le découpage en
question que la loi les invitait à faire elles-mêmes mais qu'elles
n'ont pas fait, le ministre a alors tranché la question dans une
décision qui se voulait celle d'un Salomon, mais qui n'a pas eu l'heur
de plaire aux parties en présence. Donc ce regroupement de
municipalités a été, à ma demande,
complètement annulé pour l'instant.
M. Alfred: La question que j'ai posée est celle-ci: II y
avait une étude entreprise par le ministère des Affaires
municipales sur la spéculation du sol dans l'Outaouais
québécois. Je sais, pertinemment, que des fonctionnaires ont
été dépêchés dans l'Outaouais pour faire
cette étude. Est-ce que cette étude sur la spéculation du
sol existe? Etes-vous au courant s'il y a une étude? Est-ce qu'il y a
une ébauche d'étude? Est-ce que vous avez le résultat du
travail qui a été effectué par ces fonctionnaires qui ont
été dépêchés dans l'Outaouais
québécois pour faire cette étude sur la spéculation
du sol, notamment, dans la région d'Aylmer.
M. Tardif: Oui. C'est-à-dire, on m'a fait part de
l'existence d'un dossier faisant état de certaines transactions
situées dans cette région. Ce n'est pas une étude
approfondie de la question. Transactions dont il était d'autant plus
difficile d'apprécier l'impact sur la spéculation que des
transferts de propriétés avaient eu lieu par le truchement de
compagnies de fiducie. Les dossiers n'étaient pas disponibles, ou
difficilement disponibles. Cette étude n'a jamais eu vraiment de suite
au ministère. Elle est restée à l'état où
elle était lorsque j'ai pris le ministère.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le ministre, nous étudions un
élément qui parle de restructuration municipale. J'imagine que
cela réfère surtout à une opération de regroupement
de municipalités. Est-ce que le même service peut, à
l'occasion, faire face à des situations de dégroupement de
municipalités?
M. Tardif: Théoriquement, oui.
M. Vaugeois: Oui. Est-ce qu'il y a des cas précis qui sont
effectivement étudiés?
M. Tardif: J'ai cité, tantôt, le cas patent de la
ville de Jonquière et de Chicoutimi...
M. Vaugeois: ...oui.
M. Tardif: ...dont la loi prévoyait l'intégration
en une seule ville, celle de Saguenay, à compter du 1er janvier
1978.
L'arrêté en conseil qui a été adopté a
eu pour
effet de retarder cette fusion et de l'assujettir à la tenue d'un
référendum devant avoir lieu vers le mois de mai 1979.
Evidemment, selon le résultat d'un tel référendum, la
fusion pourrait avoir lieu.
M. Vaugeois: Est-ce que le cas de Bécancour a
été porté à votre attention?
M. Tardif: Si le cas de...
M. Vaugeois: De Bécancour.
M. Tardif: Non. Le cas de Bécancour n'a pas
été retenu à l'étude.
M. Vaugeois: Mais effectivement, est-ce que vos services sont
prêts à recevoir ce genre de démarche et à
l'étudier si le contexte économique d'une région ou le
problème municipal... vous avez fait allusion, ce matin, à
certains facteurs qui jouent contre les villes. Il peut arriver, assez
curieusement, que la création d'une nouvelle ville, à des fins
qu'on ne rencontre plus aujourd'hui, puisse avoir le même effet.
M. Tardif: Nous avons reçu des représentations
d'anciens conseils municipaux de la nouvelle ville de Gaspé, qui nous
ont fait des représentations dans ce sens.
J'ai également reçu des représentations des gens de
la ville de Buckingham qui, également, ont fait état des
difficultés de fonctionnement dans une municipalité très
étendue et, finalement, dont les limites n'ont de sens que dans la
mesure où on les analyse et qu'on colle cette partie du Québec
sur le territoire de la CCN, la Commission de la capitale dite nationale.
Il en est de même, je pense, dans le cas de la ville de
Bécancour bien que nous n'ayons pas reçu de
représentations qui présente un cas particulier dans la
mesure où cette ville a été créée presque de
toutes pièces par un acte du gouvernement lorsqu'il a voulu créer
ce parc industriel, il y a de cela quelques années. On a
également des problèmes analogues dans le cas de la ville
très étendue de Mirabel où, cette fois, des
propriétaires fonciers qui sont maintenant devenus locataires de leur
terre se disent dans une situation d'autant plus difficile que ces terrains ne
serviront à peu près jamais pour les fins aéroportuaires
ou autrement. Ils se disent non seulement dépossédés de
leur terre, mais incapables d'en faire une exploitation rationnelle, puisque le
bail qui les lie au ministère des Transports, au gouvernement
fédéral, est un bail qui peut être révoqué en
tout temps. Si bien que pour un cultivateur, faire des travaux de drainage
agricole, préparer le sol pour la culture et cela vient de se
produire tout récemment, enfin pour la présente saison agricole
ceci représente des investissements, et ils se posent toujours la
question: Est-ce que vraiment on saura si dans six mois, un an d'ici, on sera
toujours sur cette terre?
La question est fort pertinente et pour tout groupement de
municipalités ou de contribuables qui demanderait à notre
Direction de la planifica- tion de la restructuration municipale de revoir ces
regroupements parfois fort étriqués, je pense qu'il serait tout
à fait normal que nous le fassions, bien que la tendance historique a
été plutôt le contraire, c'est-à-dire de
regrouper.
Maintenant, il faut quand même se rendre à
l'évidence qu'il y a sur le territoire québécois entre
1500 et 1600 municipalités pour le nombre exact au dernier
recensement, il faudra tenir compte des fusions puis des disparitions et des
regroupements volontaires dont environ 800 ont moins de 1000 de
population. A ce moment, il est bien évident que dans la mesure
où il est possible de procéder à des regroupements et de
réduire le nombre d'entités pour en arriver à des
unités viables sur le plan du fonctionnement des services municipaux,
cela reste quand même un objectif à poursuivre.
Le Président (M. Laplante): Une question additionnelle au
député de Beauce...
M. Vaugeois: M. le Président, si vous me permettez,
j'aimerais ajouter un commentaire. Etant donné la réponse du
ministre, je veux faire remarquer que je suis parfaitement conscient des
implications que pourrait avoir ma question. Je ne voudrais pas qu'on en
déduise que je favoriserais, à ce moment-ci, peut-être la
dislocation de cette nouvelle municipalité. L'inquiétude vient du
fait, principalement, que des programmes d'emprunt assez énormes sont
envisagés alors que la population de la région n'a pas tendance
à grossir. Il serait assez aberrant qu'on favorise des programmes
d'emprunts peut-être excessifs pour une faible population, ce qui
pourrait signifier une attraction sur les populations urbaines de la
région, alors que la population urbaine de l'ensemble de la
région n'augmente pas. A ce moment, une ville nouvelle pourrait se
construire à grands frais, au détriment des populations qui sont
déjà bien servies par des villes voisines.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud, une question additionnelle.
M. Roy: M. le Président, une question additionnelle
à la question que j'ai posée tout à l'heure. Le ministre a
parlé de 46 projets de regroupement. Effectivement, il y en aurait
treize qui ont été exécutés. Qu'est-il advenu des
33 autres projets? Est-ce qu'il y en a parmi ceux-là qui ont
été refusés par le gouvernement, par le ministère
des Affaires municipales? J'aimerais aussi savoir dans un deuxième temps
combien il y a de projets, actuellement, à l'étude au
ministère?
M. Tardif: J'ai bien dit qu'il s'agissait de projets
analysés par nos services. Parfois, il s'agit non pas d'annexion totale
d'une municipalité par une autre, mais bien d'annexion de parcelles de
territoire qui se font sans que l'on qualifie, l'on présente ou l'on
introduise ceci dans nos statistiques sur les fusions véritables de
municipalités lorsqu'une municipalité cède une partie de
son territoire à une autre.
Quant aux projets qui sont présentement à l'étude,
le rapport que j'ai devant moi fait état de sept cas principaux de
véritables regroupements de municipalités, et ce
indépendamment de ces cas de récupération de parcelles de
territoires.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Roy: Combien y en a-t-il? Est-ce qu'il y en a qui ont
été refusés? Est-ce qu'il y en a eu qui furent
refusés par le ministère?
M. Tardif: II y a eu un cas qui a été porté
à mon attention et qui était celui du canton Masson-Laviolette
avec la municipalité de Saint-Michel-des-Saints. Dans ce cas-là,
il y a eu une opposition massive de la population du canton à ce
regroupement avec la ville de Saint-Michel-des-Saints et j'ai demandé
qu'on surseoie à cette fusion afin d'obtenir l'avis du conseil de
comté sur cette question.
C'est là que je me suis rendu compte que, dans ce cas-là,
on n'avait pas de conseil de comté et que la municipalité du
canton Masson-Laviolette était administrée par un de nos
fonctionnaires-maires, si je peux les appeler ainsi, puisque nous avons une
vingtaine de fonctionnaires qui, au moment où je suis arrivé au
ministère, agissaient comme administrateurs de ces territoires non
incorporés en municipalités et, donc, de certains de ces cantons.
J'ai demandé à mes gens de faire le nécessaire pour que
l'on récupère, au ministère, cette vingtaine de
fonctionnaires-administrateurs et que l'on confie la gestion de ces territoires
aux conseils de comté comme tels.
M. Roy: Combien y a-t-il actuellement de projets de regroupement
à l'étude au ministère?
M. Tardif: On me dit qu'il y a présentement au
ministère peut-être une soixantaine de dossiers rendus à
diverses étapes. Lorsque j'ai parlé tantôt de sept projets
possibles, c'est ce que nous pensions pouvoir réaliser au cours de
l'année. Ces dossiers de regroupement ou de fusion, qui sont à
l'étude encore, impliquent parfois une visite de la part des deux
conseils municipaux au bureau du ministre ou encore à la Direction
générale de la restructuration et de la planification du
territoire. J'ai eu l'occasion, encore récemment, de rencontrer deux
conseils municipaux, ceux de Forestville et de Saint-Luc, par exemple; les deux
conseils sont venus me rencontrer pour manifester leur intention de s'unir pour
le meilleur et pour le pire. A ce moment-là, je les ai envoyés
à nos gens, à notre direction du ministère pour
procéder aux études nécessaires. Est-ce que cela
résultera ou non en un mariage? On ne le sait pas.
M. Roy: Comme dernière question sur ce point, le ministre
a fait état tout à l'heure de 800 municipalités au
Québec qui ont moins de 1000 âmes. Le ministre a
déclaré c'était dans le Montréal-Matin ce
matin "Finie la fusion obligatoire des municipalités."
L'ère des fusions obliga- toires des municipalités est
désormais révolue. Je suis bien d'accord avec le ministre, si on
me permet de faire une parenthèse, en passant. J'aimerais cependant
demander, étant donné que cela semble un sujet
d'inquiétude au ministère, le fait d'avoir un si grand nombre de
municipalités si peu populeuses, quelles sont les mesures que le
ministère entend prendre, justement, pour les regrouper ou pour
regrouper certains services ou pour leur donner une structure plus forte que
celle dont elles disposent à l'heure actuelle, même si ces gens ne
le désirent aucunement. Le problème, c'est que ces gens-là
ne le désirent pas. J'aimerais savoir, du côté du
ministère, comment on envisage le problème.
M. Tardif: Le chapitre 53 des Lois de 1971 comporte des mesures
incitatives au regroupement volontaire. On sait que ces mesures incitatives
sont sous la forme d'une subvention au regroupement, même si elle est
relativement minime. Il y a également, par le truchement de certaines
ententes intermunicipales, par exemple en matière de protection contre
les incendies, programme auquel nous arriverons tantôt, où la mise
en commun des services de protection contre les incendies, des
équipements de lutte contre l'incendie est favorisée par, encore
une fois, un apport de l'Etat québécois à ces
équipements.
Egalement, d'autres mesures peuvent être envisagées dans
les cas, par exemple, d'alimentation en eau, où il est concevable que,
de la même manière que c'était explicitement
déclaré dans l'arrêté ministériel qui
traitait du problème de l'eau sur la rive Sud, l'on prévoie pour
ces cas, donc, la constitution d'un organisme supramunicipal aux fins
mentionnées. Alors, de plus en plus, dans le domaine du transport en
commun, dans le domaine de l'alimentation en eau, des problèmes
semblables surgissent et peuvent constituer une incitation à ces
regroupements.
La loi 12 sur l'urbanisme, par exemple, par la création de
conseils d'agglomération, avait également pour effet de
rassembler et de réunir autour d'une même table, les gens d'une
même région et les amener à régler ensemble un
certain nombre de leurs problèmes. Je pense qu'il est tout à fait
utopique de penser que l'on pourra regrouper en un tout des
municipalités dispersées sur un immense territoire. Mais dans
beaucoup de cas où il y a ces relations très quotidiennes entre
une ville centrale et un certain nombre de villes satellites, il est concevable
d'en arriver, je pense, à des ententes sur le plan du regroupement.
Je voudrais citer trois cas précis qui sont en voie, presque,
d'aboutir et où ces relations fonctionnelles intermunicipales sont
très réelles. Je pense aux villes de Baie-Comeau et Hauterive,
où il y a vraiment interrelation très étroite; le cas de
Québec, Lac-Saint-Charles et Saint-Emile, également, où le
dossier est à l'étude; et les cas de Brassard et de
Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, sur la rive sud de Montréal, où
également les dossiers sont très avancés.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbioom: M. le Président, je crois que le
député de Papineau voudrait enchaîner et je pourrais
attendre après son intervention.
Le Président (M. Laplante): Les questions accessoires, je
voudrais qu'elles tombent toutes dans le même élément 1;
pour moi, elles sont toutes pareilles. C'est une suite, allez-y le
député de Papineau.
M. Alfred: M. le Président, au cas où un
regroupement a eu lieu par tordage de bras et que ce regroupement n'a jamais
été accepté par la population appropriée, est-ce
qu'il est possible, par exemple, d'arriver à une formule de regroupement
sur la base de relations fonctionnelles intermunicipales?
M. Tardif: C'est une possibilité. Maintenant j'aimerais
quand même souligner, à l'intention du député de
Papineau, le cas très concret qui est celui de la ville de Buckingham.
Dans ce cas précis, les mesures annoncées dans le discours du
budget, qui ont eu pour effet d'inclure les municipalités qui ont plus
de 10 000 âmes, et non plus simplement à partir de 15 000, dans le
groupe des municipalités éligibles à une subvention
statutaire per capita, privilégient la population de Buckingham. Le
défusionnement, dans ce cas, les priverait de cet apport additionnel
dont ils semblent avoir grand besoin. Si bien que, finalement, ce sera
peut-être une solution assez réaliste que de s'accommoder de ces
frontières élargies, étendues, j'en conviens, de
Buckingham jusqu'à cette municipalité au nord,
Notre-Dame-de-la-Salette merci M. le député de D'Arcy
McGee. Il est peut-être souhaitable, dans ce cas, d'essayer de vivre avec
les frontières qu'elles ont.
M. Alfred: Une question additionnelle encore.
Je suis d'accord avec vous. Par exemple, je tiens à faire un bref
historique de cette affaire. Je me rappelle, avant les élections,
parlant de ce regroupement qui a été, bien sûr, le
succès de M. Goldbioom, lorsqu'il était en place, celui-ci savait
très très bien qu'aucune des municipalités ne voulait ce
regroupement-là, et que ce regroupement a été fait
forcé.
Quand lui-même, son candidat, s'est présenté pour
revoir en profondeur ce regroupement, et comme lui n'était pas au
courant de l'intervention de son candidat sur le groupement, il s'est mis les
pieds dans les plats en disant qu'il n'en est pas question parce que cela a
été fait obligatoirement, ce qui signifie que dans cette question
de regroupement le problème qui est posé n'est pas le
regroupement en soi, mais la façon dont cela a été vendu.
Nous sommes en face, depuis deux ans, en 1975, de treize solitudes qui
prétendent administrer une ville.
Est-ce que vous pensez que ces treize solitudes qui administrent une
ville peuvent arriver à une entente dans cette histoire? Pour
administrer il faut s'entendre.
Le Président (M. Laplante): J'espère que c'est une
question au ministre actuel que vous posez..
M. Alfred: Oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Alfred: Je voulais la poser pour que le ministre se situe dans
le contexte du regroupement. L'ancien est là pour l'éclairer.
M. Tardif: Je ferais remarquer, M. le Président, que je
n'aurais pas objection si l'ancien ministre voulait répondre à
cette question.
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas l'étude
des crédits du député de D'Arcy McGee.
M. Tardif: Je ne veux pas vous embarrasser.
M. Goldbioom: Pas du tout, je voulais simplement commenter le
fait historique, soit que les unités de regroupement avaient
été tracées sur la carte de l'Outaouais plusieurs
années auparavant. Il y avait donc un processus qui était en
marche. Si je comprends bien, le député de Papineau, pour la
deuxième fois, me témoigne sa gratitude parce que, dit-il, j'ai
contribué à le faire élire. Bienvenue à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbioom: M. le Président, j'ai trois questions. La
première est une bagatelle. Parce que le ministre a mis un petit accent
sur le nom et la population de la nouvelle municipalité de
Sainte-Marie-de-Blandford, est-ce que le nombre de 384 âmes comprend la
population de villégiature aussi, parce que c'est quand même une
municipalité beaucoup plus active en été? Cela n'a pas
trop d'importance.
M. Tardif: Oui, c'est fort possible, mais il reste que les
données de recensement sont basées sur la population
résidente et non pas flottante.
M. Goldbioom: Ma deuxième question a une importance
beaucoup plus grande. J'ai entendu le ministre parler tout à l'heure non
seulement des intentions du gouvernement quant à la dernière
étape du regroupement de ce qui a été
désigné comme l'éventuelle ville de Saguenay, mais d'une
certaine action déjà entreprise par le gouvernement, un certain
geste déjà posé. Je l'ai écouté aussi
attentivement que possible et j'ai compris qu'il a fait allusion à
l'adoption par le Conseil des ministres d'un arrêté en conseil.
Là où je ne comprends pas ce que fait cet arrêté en
conseil, c'est que, de mémoire je n'ai pas le texte de la loi
devant moi la loi définit le calendrier des étapes, et
puisque c'est une loi, ce n'est pas un arrêté en conseil qui peut
la modifier. Or, que vient faire l'arrêté en conseil?
M. Tardif: M. le Président, tout simplement, le
député de D'Arcy McGee sait, comme moi, qu'avant de
déposer un projet de loi à l'Assemblée nationale il faut
d'abord qu'il y ait un mémoire de soumis au Conseil des ministres, ce
qui a été le cas, et un arrêté en conseil autorisant
la préparation par les légistes d'un projet de loi qui sera
déposé incessamment... ce n'est pas par une action de
l'exécutif que l'on va chambarder des choses établies par le
législateur, l'Assemblée nationale.
M. Goldbloom: D'accord. Maintenant, M. le Président, je
voudrais en dernier lieu revenir à ma toute première question. Je
vous avoue que non seulement je n'ai jamais fait du programme officiel du Parti
québécois ma lecture de chevet, mais c'est aujourd'hui la
première fois que je l'ai entre les mains.
Je ne l'avais pas lu en détail jusqu'à tout à
l'heure et j'ai même fait erreur en posant la première question
quand j'ai dit que le programme du parti n'était pas explicite sur la
nature et le mandat des municipalités régionales. Pour que le
ministre puisse me répondre d'une façon plus précise, M.
le Président, j'aimerais et je suis convaincu que vous ne
m'empêcherez pas faire inscrire au journal des Débats un
extrait du programme officiel de votre formation politique. J'aimerais citer ce
qui suit: "Comme par ailleurs les municipalités du Québec sont
trop nombreuses et ont souvent trop peu de ressources pour bien remplir leur
rôle, la revalorisation du pouvoir local passera par une diminution
graduelle de leur nombre jusqu'à ce qu'on en arrive à un nombre
restreint de municipalités bien équipées.
En conséquence, un gouvernement du Parti québécois
s'engage à: 1... 2... 3..." L'article 3 se lit comme suit: "Créer
des municipalités régionales selon les modalités
suivantes: a)Le conseil de ces municipalités sera formé de
personnes élues directement par la population dans chacune des
municipalités locales: de représentants des conseils des
municipalités locales et, en plus petit nombre, de représentants
du gouvernement choisis par une commission régionale qui appliquera les
mêmes critères que la Commission de la fonction publique. b)La
formule, le statut et les pouvoirs des municipalités régionales
seront adaptés aux cas particuliers. L'application et
l'échéance de cette politique seront flexibles. c)Ces
municipalités exercent dans le cadre du plan les compétences
suivantes: 1-La planification et l'aménagement du territoire, ce qui
implique l'équipement prioritaire de métropoles régionales
et la conception d'un plan de regroupement municipal. 2-La promotion
économique et les fonds industriels. 3-La voirie régionale. 4-Le
secteur de l'habitation, y compris la relocalisation. 5-L'environnement,
l'approvisionnement en eau potable et l'épuration des eaux usées.
6-Le transport en commun. 7-L'administration des services et équipements
communautaires dans les domaines qui leur auront été
confiés par des municipalités locales. 8-La promotion et
l'aménagement touristique. 9-L'administration des corps policiers
régionaux. 10-L'administration des pêches commerciales. d)Le
budget de ces municipalités sera préparé à la
lumière des recherches, des projets et des recommandations venant des
municipalités locales, des comités de citoyens et des corps
intermédiaires avec l'assistance des spécialistes du gouvernement
au besoin. e)Les municipalités locales et régionales auront des
sources directes de revenus fiscaux en accord avec les fonctions qui leur
seront confiées. De plus, des mécanismes de
péréquation et de subventions permettront de fournir des revenus
additionnels aux municipalités et aux régions dont les sources
directes de revenus fiscaux seront insuffisantes. f) Les municipalités
auront la responsabilité d'établir des garderies gratuites et on
leur fournira les ressources financières requises à cette fin. g)
Dans la mesure du possible et particulièrement dans les
municipalités et les régions où cohabitent
résidents permanents et résidents temporaires, on verra à
ce que les contribuables reçoivent des services équitables en
rapport avec les charges fiscales qu'ils assument."
M. le Président, je découvre un exposé magistral
qui donne tout le concept de ce que seront les municipalités
régionales. Je m'excuse du fait que c'était d'une façon
trop innocente et insuffisamment basée sur une lecture du document que
j'ai posé ma première question, mais je dois revenir à
elle pour demander exactement quelles sont les intentions du gouvernement et
combien de municipalités régionales seront créées
au Québec.
Quelle proportion du territoire du Québec sera
administrée, dans un avenir raisonnablement rapproché, par des
instances de cette nature, qui semblent, à mon avis, constituer un
palier additionnel d'administration? Il me semble que les détails
fournis dans ce programme sont tellement abondants que le Parti
québécois a fait son lit et a dit: Voici ce que nous allons
faire. Si on a accordé à ce propos plus de la moitié du
texte consacré aux municipalités, à partir de
l'expression, "en conséquence, un gouvernement du Parti
québécois s'engage à...," au moins les deux tiers
du texte qui suit cet engagement qui sont consacrés à cette
notion de municipalités régionales il me semble que ce
n'est pas pour en créer deux ou trois seulement que l'on aurait mis tous
ces détails et accordé toute cette importance à la notion
de municipalités régionales.
Il serait donc bon que les municipalités actuelles du
Québec soient en mesure de connaître les intentions
précises du gouvernement.
M. Tardif: M. le Présdient, je suis bien heureux
de voir que le député de D'Arcy McGee se livre à
des lectures édifiantes comme celle du programme du Parti
québécois. Il est regrettable qu'il ne l'ait pas fait avant; cela
aurait pu inspirer un certain nombre de politiques au moment où il
était à la tête du ministère. Ceci dit, M. le
Président, j'ai évoqué tantôt le fait
qu'effectivement il y avait et je persiste à le croire
beaucoup trop de municipalités au Québec. J'ai cité des
chiffres. Selon la dernière publication des statistiques municipales,
publiée au moment où le député de D'Arcy McGee
était responsable du ministère, il y avait, à ce moment,
1581 municipalités exactement au Québec, dont 813 avaient moins
de 999 habitants, et dans ces 813 municipalités dites rurales vivait 6%
de la population du Québec seulement.
Donc, qu'il y ait un problème de dispersion des
municipalités, je pense que c'est l'évidence même. Ce
programme du Parti québécois, il est le nôtre et c'est un
programme à réaliser à l'intérieur au moins d'un
mandat, non pas, donc, d'un premier budget et d'un premier effort après
quelques mois de pouvoir seulement.
Ceci dit, il reste que la volonté du gouvernement, je pense,
d'une manière très concrète, s'est affirmée en
créant un ministère d'Etat à l'aménagement, avec
mission précisément d'effectuer cette étude sur
l'aménagement du territoire et des entités municipales ou
supramunicipales qui existeront. Je pense que le caractère viable des
entités municipales et que le regroupement comme tel n'est pas une fin
en soi, mai un moyen de doter ces municipalités de services et de
niveaux de services adéquats. J'ai mentionné tantôt,
lorsqu'on m'a posé la question d'ouverture, qu'il est non seulement
souhaitable qu'il y ait de tels regroupements, mais également que l'on
assiste, d'une part, à un déplacement de fonctions qui sont
présentement accomplies par le palier municipal vers ces instances
supramunicipales et à un déplacement également de
fonctions présentement remplies par l'Etat québécois vers
ces niveaux régionaux ou supramunicipaux d'administration publique.
Je pense que cet objectif est là pour y demeurer et nous comptons
y parvenir. Egalement, j'ai noté, dans la lecture qu'a faite le
député de D'Arcy McGee, un paragraphe où il était
question d'une politique et d'un échéancier flexibles, où
il n'était pas question d'imposer de tels regroupements.
L'expérience qui a été vécue à ces
trois communautés urbaines, celle de Montréal, celle de
Québec et la communauté régionale de l'Outaouais, pose, je
pense, d'emblée, le problème des organismes représentatifs
de ces entités supramunicipales, du partage des compétences, de
l'assiette fiscale de ces entités. Présentement, il serait
prématuré de dire combien il y aura de telles entités. Je
pense que le député de D'Arcy McGee sait pertinemment que la loi
12 sur l'urbanisme prévoyait déjà un certain nombre de
pôles, disons, urbains principaux qui amèneraient,
évidemment, ces conseils d'agglomération qui regrouperaient les
municipalités satellites.
A ce stade-ci je le répète, le programme du Parti
québécois est là, il est là pour être
réalisé me demander si on a déjà
procédé au découpage de la carte du Québec, la
réponse est non, ni de la carte, ni des compétences, ni de
l'assiette fiscale.
M. Goldbloom: Je remarque deux choses, M. le Président,
c'est que le texte dont j'ai fait lecture fait une distinction très
claire entre un simple regroupement, fusion de municipalités, où
deux, ou trois, ou quatre en deviendraient une seule, et la constitution d'une
municipalité régionale où il est précisé
qu'il y aurait, à l'intérieur de cette municipalité
régionale, des municipalités locales qui seraient
appelées, même, à envoyer des représentants
siéger au niveau de la municipalité régionale. Les mots
sont différents, mais il me semble que la notion est largement
superposable. Ce dont on parle ici en l'appelant "municipalité
régionale" est drôlement similaire à ce que d'autres, et
notamment un de nos prédécesseurs qui, à l'époque,
n'était pas du Parti québécois, et qui, aujourd'hui, en
est membre, a appelé communautés urbaine ou régionale,
dans le cas de l'Outaouais.
Justement, à cause de l'expérience vécue avec les
trois organismes que l'on connaît, il me semble d'une importance assez
capitale de mettre en relief ce qui est exposé ici, qui me semble, tout
simplement, une recommandation de créer des communautés
régionales additionnelles. Les personnes et municipalités
visées auraient intérêt à en être averties
à l'avance pour pouvoir profiter de tout cela. Je remarque, en passant,
je ne veux point déformer la pensée du ministre, mais j'ai lu un
texte qui se rapporte à la création de municipalités
régionales et je n'ai pas trouvé dans ce texte une allusion
à la tenue d'un référendum. Et pourtant, c'est une chose
qui revient souvent dans l'expression du point de vue du Parti
québécois quand il parle de ce genre de problème.
Le Président (M. Laplante): Programme 1,
élément 1, adopté. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Lecture étant faite du programme du Parti
québécois une partie, toujours, publicité gratuite
ici, dans le compte rendu de la commission, également concernant
les regroupements, et tantôt, M. le ministre nous a donné des
explications concernant les restructurations municipales dont quelques-unes ont
été plus ou moins heureuses, doit-on comprendre, M. le ministre,
qu'il n'y aura plus de regroupement ou de fusion sans le consentement de toutes
les parties en cause, même pour réaliser le programme du Parti
québécois?
M. Tardif: Je pense qu'il y a une distinction à faire. Il
y a une confusion qui semble avoir été semée ici, je ne
sais pas si c'est délibérément ou non, entre les fusions
et regroupements. J'ai dit, en effet, qu'il n'était pas question de les
ordonner de façon autoritaire, sans consultation avec la po-
pulation, sans qu'il y ait des résolutions émanant des
conseils municipaux, ou les souhaitant, et, d'autre part, la création
d'instances supramunicipales du type des communautés urbaines dans la
ligne de ce que disait le député de D'Arcy McGee, ou encore dans
la ligne de cette entité fort honorable qui existe depuis 1855 et qui
s'appelle les conseils de comté qui sont, précisément, des
instances supramunicipales pour le milieu rural. Vous avez tout à fait
raison dans ce cas-là. Il n'est pas question, dans les cas de fusions et
de regroupements, de procéder à des regroupements forcés,
sans consultation, sans l'accord de la population. Dans le cas de
création d'instances supramunicipales qui laisseraient vivre des
instances locales, le problème est différent.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais poser une question au
ministre tout en me permettant de faire une remarque au ministère.
Lorsqu'on parle de 800 municipalités au Québec qui ont moins de
1000 âmes, j'aimerais savoir du ministre si on tient compte qu'il y a
deux catégories bien distinctes de municipalités. Vous avez d'un
côté des municipalités exclusivement rurales, des
municipalités agricoles, qui n'ont pas de problèmes financiers
pour la très grande majorité. Je pense qu'on est au courant de
cela au ministère. Il y a d'autres petites municipalités qui sont
des municipalités de banlieue qui causent des problèmes au
développement urbain. Je pense qu'il faudrait tenir compte de ces deux
particularités au ministère, de façon à ne pas
imposer les politiques des uns aux autres, ou encore pour ne pas brimer les
droits des autres et en venir à ne pas régler les
problèmes des premiers, qui causent des obstacles extrêmement
graves au développement et à l'expansion des communautés
urbaines, des régions urbaines. J'aimerais bien qu'on ne s'enfarge pas,
mon terme est peut-être grave, mais je pense qu'il veut dire ce qu'il
dit, dans une réglementation trop générale qui viserait
à faire en sorte de trouver une solution mitoyenne qui créerait
des problèmes aux deux et qui ne réglerait absolument rien. Je
veux poser la question au ministre, parce que c'est l'habitude, dans les
grandes administrations gouvernementales, de trouver la norme magique capable
de répondre et de régler le problème dans son ensemble.
Evidemment, qui trop embrasse mal étreint, et on risque à ce
moment-là de trouver une formule qui n'est ni blanche ni noire, ni
rouge, ni verte, ni bleue. On fait une mixture de solutions qui ne règle
absolument rien et contribue à faire perdurer des situations
extrêmement déplorables.
M. Tardif: M. le Président, je prends bonne note de ces
remarques fort judicieuses du député de Beauce-Sud. Dans ces
projets de regroupements ou d'entités supramunicipales, il est bien
évident que j'ai parlé de réunir entre elles des
municipalités qui avaient des liens organiques, des liens quotidiens
d'échange de débordements d'une ville principale vers une ville
satellite. Il n'est pas question d'aller chercher comme cela dans le paysage un
ensemble de municipalités fort éloignées et qui n'ont
à peu près aucun lien avec ces pôles principaux.
Le Président (M. Laplante): II nous reste du temps pour
une courte question du député de Papineau.
M. Alfred: C'est pour l'édification de mon comté.
M. le ministre, vous avez reçu des pétitions provenant de Masson,
d'Angers, de La Salette, provenant également de Buckingham-Canton.
Maintenant, étant donné qu'il n'y a pas eu de réponse
à ces pétitions et à ces travaux, la population de
Buckingham commence à dire que je ne vous ai pas fait parvenir les
documents que vous avez entre les mains. Auriez-vous l'obligeance de faire
parvenir à ces gens la preuve que leurs documents vous sont parvenus au
ministère des Affaires municipales, qu'ils n'ont pas reçu de
réponse du ministère, mais que Jean Alfred, comme courroie de
transmission entre la population du comté et vous, le travail a
été fait et qu'il vous appartient maintenant de prendre la
décision de dire si oui ou non, vous acceptez le travail qui a
été fait.
M. Tardif: Je prends bonne note également de ceci, mais je
tiendrais quand même à rassurer, d'une part, le
député de Papineau et la population de son comté que,
effectivement, leur représentant a été non seulement une
courroie de transmission, mais a joué un rôle moteur, à un
certain moment, lorsque nous avons pris la décision d'envoyer sur place
à Buckingham un administrateur qui est là depuis quelques
semaines déjà. Nous avons fait plus qu'un simple accusé de
réception de la correspondance reçue, nous avons
dépêché et nous avons là depuis quelques semaines un
administrateur sur place.
Le Président (M. Laplante): Avant de suspendre,
acceptez-vous l'élément 1? Ou avez-vous autre chose à nous
dire?
M. Goldbloom: Pour ma part, M. le Président, pour celle de
l'Opposition officielle, oui, à une seule condition. Cette condition
s'inspire même de l'intervention du député de Papineau qui
a parlé pour son comté.
Comme vous le savez, M. le Président, c'est la seule occasion, au
cours de l'année, que tout député peut utiliser et dont il
peut profiter pour parler de son comté. Il y a des députés
qui siègent présentement à d'autres commissions
parlementaires. Si nous pouvons nous entendre simplement par gentilhommerie
afin que, ce soir ou demain, s'il y a un membre de l'Assemblée nationale
qui veut poser une question au sujet d'une municipalité de son
comté, nous ne le déclarions pas hors d'ordre, nous pouvons
certainement adopter l'élément 1 du programme 1.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, je crois que c'est une des seules
occasions dans les règlements, lors de l'étude des
crédits, où tout député peut venir poser des
questions...
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Laplante): ...sans être
brimé par personne. C'est seulement au moment d'un vote qu'on est
obligé de tenir compte des membres officiels de la commission. Nous
serons très larges là-dessus.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, je vous en
remercie, mais ce n'est pas exactement le point que j'ai souligné. Le
point est que si nous avons entre-temps adopté l'élément 1
du programme 1 et que le député du comté X, Y, Z arrive
demain matin et veut poser une question au sujet de la fusion possible de deux
municipalités de son comté, nous ne lui refusions pas, en
invoquant le fait que nous avions fini.
Le Président (M. Laplante): II y a toujours moyen de s'en
sortir. Le député d'Argenteuil.
M. Saindon: J'aurais une question ce soir, ou quand vous voudrez,
je suis bien d'accord aussi pour le programme 1, à condition que je
puisse poser une question au sujet du regroupement, justement.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
L'élément 1 est adopté. Nous suspendons les travaux
jusqu'à 8 heures. Au retour, je vous laisserai le droit de parole, M. le
député d'Argenteuil.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 21
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, mesdames,
messieurs! Reprise des travaux de la commission des Affaires municipales sur
les crédits. M. le ministre me demandait si on pouvait aller au
programme 4, vu qu'un de ces messieurs sera obligé de quitter plus
tôt que prévu. Avec l'assentiment du député de
D'Arcy McGee qui me dit "oui", je demanderais le consentement de l'Union
Nationale. Je vous remercie.
J'avais promis auparavant, par exemple, au député
d'Argenteuil une dernière question sur l'élément 1. Est-ce
que vous y tenez encore, M. le député d'Argenteuil?
M. Saindon: Oui, certainement.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous la poser tout de
suite, avant de passer au programme 4?
M. Saindon: Je peux la poser tout de suite ou, si cela fait mieux
l'affaire, je peux la poser après.
Le Président (M. Laplante): Vous avez le choix.
M. Saindon: M. le Président, je voulais porter à
votre attention un dossier que j'ai en main ici; comme vous pouvez voir, il est
assez volumineux. C'est un dossier qui remonte à tout près d'une
couple d'années; il concerne un projet d'annexion qui avait
été demandé par certaines municipalités. Le
ministère des Affaires municipales a ce dossier quelque part. Je ne sais
pas trop où, par exemple. Je regrette de ne pas pouvoir vous donner le
numéro de dossier du ministère, parce que je ne l'ai pas,
malgré passablement de correspondance que j'ai eue avec le
ministère.
De toute façon, si vous voulez, je peux, pour situer le
problème, vous lire une partie d'une lettre que j'écrivais le 15
janvier 1976. Il s'agit d'une demande d'annexion à la
municipalité du canton Amherst de la part d'une partie de la
municipalité de La Conception, d'une partie de la municipalité du
canton Labelle et d'une partie de la municipalité des cantons unis
Suffolk et Addington.
Je comprends que les journaux ont rapporté, M. le ministre, que
des fusions il n'y en aurait plus. Je suis d'accord, dans certains cas, c'est
probablement la meilleure chose qui pouvait avoir lieu.
M. Tardif: Je ne savais même pas qu'il y avait ce
dossier.
M. Saindon: Pardon?
M. Tardif: Quand j'ai dit cela, je ne savais surtout pas qu'il y
avait ce dossier.
M. Saindon: De toute façon, je pense bien qu'on n'a jamais
porté ce dossier à votre attention.
M. Tardif: Jamais, monsieur!
M. Saindon: Dans ces municipalités, il y a deux lacs,
trois lacs en fait. La moitié de chacun de ces lacs appartient à
une municipalité et, l'autre partie du lac, appartient à l'autre.
Ces municipalités appartiennent à la municipalité de La
Conception.
Pour desservir ces municipalités, La Conception serait
obligée de passer par le bois et les montagnes. Cela prendrait un chemin
de 25 milles. Il n'en est pas question. Pour les usagers de ces lacs, qui ont
des propriétés, ils doivent faire le grand tour, passer par le
Lac Simon, Saint-André-Avellin, Chénéville et tout cela,
pour se rendre là. Bien sûr, ils peuvent recevoir les services
municipaux, mais seulement de la part de Saint-Rémi. Ils voudraient
être rattachés aux cantons unis de Suffolk et Addington, en
d'autres mots, à la municipalité de Saint-Rémi-d'Amherst.
Alors, j'ai tout le dossier ici. La procédure a été
suivie. Il y a eu, bien sûr, quelques accrocs, comme dans toute
procédure un petit peu compliquée, mais, en fait, le dossier
semble complet. Ces gens, à toutes fins pratiques, voudraient, pour bien
des raisons, être rattachés à l'autre municipalité,
et pourtant, on n'a jamais réussi à faire aboutir le projet. La
raison de mon intervention, c'est pour vous demander de vous pencher sur ce
problème qui, je le crois, de même que les habitants de ces
municipalités, est urgent. Si vous pensez qu'il vous sera plus facile
que je vous envoie une copie du dossier plutôt que de chercher celle que
vous avez en main, je suis bien prêt à vous en envoyer une.
M. Tardif: M. le Président, écoutez, je suis
heureux d'informer le député d'Argenteuil que je prends note de
la question et que je tenterai, dans les jours qui viennent, au cours des
travaux de cette commission, de lui apporter des éléments de
réponse quant à l'état de ce dossier dont j'apprends
l'existence.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Vous êtes
avancé un petit peu plus. C'est une lueur d'espoir. Maintenant...
M. Saindon: Une chose certaine, c'est que, si, dans un
délai raisonnable, comme on dit souvent, je vois qu'il n'y a rien qui
bouge, je reviendrai à la charge.
Le Président (M. Laplante): C'est votre droit.
M. Saindon: J'espère qu'à ce moment, le ministre me
recevra, par exemple.
Aide financière à la
Société d'aménagement de l'Outaouais
Le Président (M. Laplante): Le programme 4 est l'aide
financière à la Société d'aménagement de
l'Outaouais. Le programme 1, élément 1, est terminé.
Là, on va au programme 4 où il y a seulement un
élément qui concerne l'aide financière à la
Société d'aménagement de l'Outaouais; crédits
à voter, $5 millions.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais,
évidemment, poser des questions à ce sujet. D'abord, j'aimerais
demander au ministre ayant été ministre moi-même, je
ne lui en fais point de reproche je voulais simplement savoir s'il a
été retardé parce qu'il a pris le temps de relire le
programme du Parti québécois.
M. Tardif: Non, M. le Président...
M. Goldbloom: II n'a pas d'explication à donner...
M. Tardif: Non, mais, quand même, il me fait plaisir de la
fournir. Néanmoins, j'étais en réunion avec les gens de la
Société d'habitation du Québec en prévision des
autres rencontres et des programmes 6, 7 et 8 que nous étudierons.
J'avais l'impression que la reprise des travaux était à 20 h 15,
comme à la Chambre, et c'est mon erreur.
M. Goldbloom: II n'y a pas de faute. M. le Président,
d'abord, la Société d'aménagement de l'Outaouais est un
organisme qui a beaucoup contribué au progrès de la région
et qui a assumé certaines responsabilités. Au moment où
j'ai quitté le ministère, il restait encore des choses à
accomplir. La société voulait être une présence
à l'intention de la population touristique et à l'intention des
industries qui pourraient être attirées vers l'Outaouais. Sur le
plan touristique, notamment, la présence de la société
devait s'établir, était en train de s'établir
essentiellement dans chacune des vallées de rivières, des bassins
de rivières de la région. Certaines installations ont
été ouvertes pendant cette période où j'avais la
responsabilité du ministère. J'aimerais demander d'abord au
ministre s'il peut nous fournir un rapport progrès pour nous indiquer
quelle sera l'utilisation, effectivement, des montants que nous nous
apprêtons à voter, quels sont les éléments du
programme de la SAO qui seront les réalisations de la prochaine
année et, s'il veut aller un peu plus loin, parler de deux ou trois
années à venir, je n'aurais pas d'objection du tout.
M. Tardif: M. le Président, le montant de $5 millions
inscrit au programme 4 pour la SAO, comme l'a dit le député de
D'Arcy McGee, est la dernière tranche d'une subvention globale de $25
millions qui avait été prévue, votée et
adoptée pour la SAO. Cette dernière tranche de $5 millions est
cette année consacrée d'une part, à des frais
d'administration des diverses initiatives amorcées par la SAO, pour un
montant jusqu'à $2,3 millions environ, $2,8 millions; les taxes qui
grèvent ces propriétés de la SAO sont pour un montant de
$200 000; le déficit d'exploitation des centres touristiques
opérés par cet organisme représente un montant de $1
million, et il y a également un montant de $1 million dans le cadre des
études pour la réalisation possible d'un centre des
congrès à Hull, qui était également dans les plans
de cet organisme. A ce stade-ci, M. le Président, je dois dire que
j'aimerais beaucoup que le président de l'or-
ganisme lui-même, M. Grégoire, qui est ici présent,
puisse donner certaines indications quant aux réalisations de
l'organisme et je reviendrai possiblement après sur les orientations
futures.
M. Goldbloom: M. le Président, la demande que formule le
ministre n'est pas sans précédent. Je ne voudrais m'opposer
formellement à sa requête que le président de la SAO, M.
Grégoire, puisse prendre la parole.
Il y a deux formules qui ont été utilisées dans le
passé. Il est évident qu'une commission parlementaire peut
décider d'entendre un témoin qui fournirait des renseignements
sur un sujet en discussion. Il y a cette autre formule que, pour ma part, je
n'ai jamais aimée, qui consiste en une série de réponses
de la part du membre de l'équipe, d'un fonctionnaire
généralement, ces réponses étant inscrites au
journal des Débats au nom du ministre, comme si le ministre les avait
données. Quand on relit le journal des Débats, on trouve que cela
fournit une rédaction passablement boiteuse. Je ne voudrais pas
être désagréable à l'endroit du ministre et je ne
voudrais pas être désagréable à l'endroit de M.
Grégoire non plus. Je préférerais que ce soit le ministre
qui donne ces réponses. S'il insiste, je me tairai, sauf que je ne
serais pas heureux que ce soit la règle, là où d'autres
organismes qui relèvent de la responsabilité du ministre seront
impliquées.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
D'Arcy McGee, dans d'autres commissions parlementaires, à l'étude
des crédits, que j'ai consultée moi-même, dans les
années antérieures, à maintes reprises, un ministre fait
intervenir les personnes ressources qu'il a autour de lui et tout est inscrit
sous la responsabilité du ministre. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui
il pourrait y avoir une dérogation à ça, si le ministre
accepte que ce que dira M. Grégoire soit inscrit en son nom, à
lui, comme si c'était une de ses réponses personnelles.
M. Goldbloom: M. le Président, vous avez raison. Je l'ai
dit, il y a des précédents pour cela, sauf que vous parlez de
dérogation. C'est effectivement une dérogation. Le fait que cette
dérogation ait été commise à plusieurs occasions
dans l'histoire de l'Assemblée nationale n'en fait pas moins une
dérogation. La confirmation du fait qu'il s'agit d'une dérogation
se trouve dans cette tradition que les paroles prononcées par une autre
personne sont imprimées comme si le ministre les avaient
prononcées. Je sais que, pour l'actuel ministre, le député
de Crémazie ayant été depuis relativement peu de temps
à la tête du ministère, il peut éprouver un certain
désir de se faire appuyer par d'autres personnes, non seulement par la
fourniture de mémos et de paroles soufflées à l'oreille,
mais par une contribution directe. Je comprends et je respecte le fait que vous
invoquiez le précédent. J'y ai fait allusion moi-même. Mais
je me permets d'exprimer un désaccord sur cette habitude et, pour ma
part, j'aimerais qu'elle disparaisse de nos traditions. Ayant dit cela, je
cède la parole au député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je ne connais pas le règlement qui nous
permet, à nous, membres de la commission, de poser des questions
directement à un fonctionnaire. Je pense que le règlement veut
qu'on pose des questions au ministre par votre entremise, M. le
Président.
Par contre, c'est un précédent qui a été
créé, qui est exercé à toutes les commissions, le
ministre peut, normalement, avec l'accord unanime des membres de la commission,
demander qu'un fonctionnaire réponde. A ce moment, c'est pour cette
raison qu'il est obligé de répondre à la place du
ministre, étant donné qu'il n'a pas le droit, selon les
règlements, de répondre en son propre nom. C'est la raison,
l'application, la formule.
Peut-être le député de D'Arcy McGee n'a-t-il pas eu
l'occasion, lorsqu'il était ministre, de faire parler un fonctionnaire
à sa place, mais, dans les circonstances, cela raccourcit les travaux;
en ce qui me concerne, je suis d'accord sur cette formule comme on l'a fait
dans d'autres commissions.
M. Goldbloom: Je voulais justement...
Le Président (M. Laplante): Si je comprends bien, c'est
presque une question de règlement que vous avez soulevée.
M. Goldbloom: Oui. Je voulais redemander la parole pour souligner
que, effectivement, je l'ai fait une année je me le rappelle
et je n'ai pas aimé cela du tout, ni pendant que cela se
déroulait, ni quand j'ai relu le texte après. C'est pour cette
raison que je me permets, chacun étant libre d'exprimer son point de
vue, de m'opposer à ce mécanisme, mais pas au point de vouloir
refuser un consentement, si c'est un consentement qui est requis à la
table et si le ministre veut procéder de cette façon, sauf que,
comme je l'ai dit, je ne serais pas heureux que cela soit la règle et
que chaque organisme soit défendu de cette même façon.
Le Président (M. Laplante): Ce que vous avez
invoqué surtout, ce n'est pas dans les règlements, mais il y a
déjà la coutume de le faire. A la dernière commission que
j'ai présidée, soit celle des consommateurs, coopératives
et institutions financières, cela a été accepté par
toutes les parties. Aujourd'hui, je crois que cela appartient encore au
ministre de faire comme bon lui semble pour faire répondre ses gens
à sa place, mais ils seraient inscrits en son nom.
M. Russell: C'est la commission qui a l'autorité, par les
règlements, et cela prend le consentement unanime des membres de la
commission.
M. Tardif: Une précision quand même, M. le
Président. Je voudrais faire remarquer que, dans le cas de la
Société d'aménagement de l'Outaouais et dans le cas de la
Société d'habitation du Québec, il ne s'agit pas de
fonctionnaires, mais bien de présidents de sociétés
d'Etat. La différence est de taille.
Deuxième élément important et qui a
été reconnu par le député de D'Arcy McGee, c'est
que lui-même, il y a deux ans, a précisément permis au
président de la Société d'aménagement de
l'Outaouais d'intervenir au cours des travaux de la commission parlementaire
sur l'étude des crédits.
Troisième élément que je voudrais apporter. Il ne
s'agit aucunement pour moi de me défiler quant aux orientations qui
seraient données à cet organisme, mais tout simplement de
permettre aux députés de l'Opposition de poser des questions sur
les réalisations de cet organisme auprès de son président.
Je ne demande donc pas au président de porter des jugements de valeur
sur les politiques antérieures ou futures, mais bien de préciser,
de répondre aux questions des membres de l'Opposition ici
présents, qui voudraient l'interroger sur les réalisations de cet
organisme. Quant aux orientations, je l'ai dit, il me fera plaisir d'apporter
des précisions sur lesdites orientations.
M. Goldbloom: Sûrement, M. le Président, que le
ministre n'a pas décelé dans mes paroles la moindre suggestion
suivant laquelle il voulait se défiler devant ses
responsabilités. Ce n'était pas sur ce plan-là.
Le Président (M. Laplante): Qui commence par les
questions? Vous avez des questions?
M. Goldbloom: Je pense que la question est celle que j'ai
posée, M. le Président. Une perspective des activités
prévues et des précisions quant à l'utilisation de
l'argent que nous nous apprêtons à voter.
M. Tardif: Pour répondre à la question, M. le
Président, je voudrais d'abord rappeler que la Société
d'aménagement de l'Outaouais existe déjà depuis sept ans.
Elle a entamé récemment sa huitième année. La SAO a
été créée, on se le rappelle, à la suite
d'une recommandation de la commission Dorion et l'intention du gouvernement du
temps était d'accentuer la présence du gouvernement du
Québec dans l'Outaouais québécois. L'omniprésence
fédérale, en particulier, suggérait fortement on le
voyait d'ailleurs dans les recommandations et les commentaires du rapport de la
commission Dorion d'implanter dans la région un organisme qui
prendrait en charge certaines responsabilités bien précises.
Donc, la loi qui a constitué la Société
d'aménagement de l'Outaouais lui a également confié les
responsabilités du développement industriel et commercial ainsi
que du développement touristique et récréatif d'une
région comptant, à ce moment-là, avant divers
regroupements, une centaine de municipalités. Au cours de ces sept
années, l'organisme a mis en place, a réalisé huit centres
à caractère touristique qui agissent comme catalyseurs dans
divers secteurs géographiques de la région, également dans
la partie métropolitaine. De ces sept centres touristiques, il y en a
trois qui sont considérés comme des parcs urbains en milieu
métropolitain. Dans ce même secteur également du Hull
métropolitain, la SAO a implanté trois parcs industriels dont
l'un, le parc Richelieu, qui était une addition à ce que la ville
de Hull avait elle-même amorcé quelques années auparavant,
est maintenant rendu à maturité et les deux autres parcs
industriels doivent démarrer successivement. Le plus important, celui
qui se trouve dans Gatineau, à l'est de l'aire métropolitaine,
devrait démarrer incessamment. Dans ce même espace industriel
qu'on appelle l'aéroparc industriel de Gatineau, il y a un projet
d'aéroport qui en fait partie intégrante, aéroport qui est
déjà partiellement en activité et qui devrait trouver sa
plénitude d'ici septembre prochain.
On parle d'un aéroport à caractère régional,
mais qui comprend quand même une piste, une piste unique, de 6 000 pieds
qui pourra accueillir des avions, des transporteurs de taille qui permettront
à la population de l'Outaouais d'avoir des communications plus
étroites et plus fréquentes avec Québec et le reste de la
province.
En passant, je voudrais signaler que la région de l'Outaouais,
comme région du Québec, est une des rares régions, sinon
la seule, à dépendre que d'un seul transporteur aérien
d'importance. Présentement, il y a une demande devant la Commission
canadienne des transports, de la part de la compagnie Québécair,
pour l'obtention d'un permis pour pouvoir assurer le service
Québec-Gatineau-Hull dès la fin de 1977, début 1978.
En bref, l'organisme qu'est la SAO a eu pour mission, dans un premier
temps, de doter la région d'infrastructures qui lui manquaient dans les
domaines que nous avons mentionnés il y a quelques secondes.
Mais il y a aussi, à l'intérieur de l'organisme, des
équipes à caractère technique, de diverses disciplines,
qui travaillent sur des dossiers d'intérêt régional, en
collaboration étroite avec plusieurs ministères du gouvernement
du Québec. L'organisme qu'est la SAO est loin de tenter de monopoliser,
si on veut, l'action ou les responsabilités dans l'Outaouais, mais
travaille, d'une manière assez autonome, dans des domaines
précis, mais de façon plus générale, en
étroite collaboration avec divers ministères.
Entre autres situations qui se déroulent présentement, la
SAO travaille sur un dossier de grande importance avec le ministère des
Terres et Forêts, le ministère fédéral de
l'Expansion économique régionale et le ministère de
l'Industrie et du Commerce du Québec, sur la question de l'exploitation
forestière dans la région. C'est un des dossiers très
importants dans lequel la SAO est plongée. Egalement, avec le
ministère de l'Agriculture, la SAO est, en bonne partie, maître
d'oeuvre d'un dossier qui comprend l'élevage des bovins qui est une
dimension très importante de l'économie de l'Outaouais
québécois, ce qui explique l'avènement possible et assez
prochain d'un encan régional, d'un abattoir, d'un réseau
agro-alimentaire.
En fait, la mission principale de la SAO, en un mot, est de favoriser
l'essor économique de l'Outaouais. J'ai tenté d'esquisser assez
rapidement les sphères d'action et les principales inter-
ventions que l'organisme a eues et continue d'avoir dans la
région. Il me ferait plaisir de répondre à d'autres
questions plus particulières, s'il y en avait.
Mme Ouellette: Est-ce que je peux me permettre d'ajouter des
commentaires là-dessus pour éclairer davantage les gens sur la
situation assez particulière de la région de l'Outaouais?
Le Président (M. Laplante): II y a deux membres qui
avaient demandé la parole. S'ils consentent à vous laisser la
parole, je suis d'accord, pour autant que je suis concerné. Vous
êtes d'accord? Allez-y, le député de Hull.
Mme Ouellette: Ce que je veux ajouter, c'est que cette
région frontalière, la région de l'Outaouais, a connu,
bien sûr et je pense que ce n'est pas un secret de polichinelle
les gens commencent à le redécouvrir si je puis dire, une
présence massive du gouvernement fédéral. De par sa
nature, la Commission de la capitale nationale, à toutes fins pratiques,
a détruit toute la structure économique et forcément,
sociale, d'une région, de la métropole de l'Ouest
québécois, qui fait que bon nombre d'industries,
c'est-à-dire l'industrie principale qui faisait vivre bon nombre de
Hullois, une partie des usines E.B. Eddy a été, à toutes
fins pratiques, brisée en deux.
Plusieurs industries, entre autres autour du ruisseau de la Brasserie
ont été achetées de gré à gré et
certaines ont été expropriées avant ça par la
créature du fédéral qu'est la Commission de la capitale
nationale, de sorte que la région immédiate de Hull était
en train de devenir une ville dortoir, une ville de banlieue. On s'est plu
à dire souvent, une chambre de décompression pour les
fonctionnaires, en grande partie, unilingues anglophones qui traversent chaque
matin les ponts de l'Outaouais pour venir travailler dans les édifices
fédéraux.
De sorte que toute la vocation naturelle d'une métropole a
été brisée et tous les gouvernements qui se sont
succédé à Québec, finalement, ont laissé la
région de l'Outaouais se faire adopter par le gouvernement qui est face
de chez-nous. Ce qui est important pour les Québécois de
l'Outaouais, c'est de pouvoir reprendre en main leur économie, leur
vocation première, une vocation industrielle forestière. Je pense
que cet organisme qu'est la SAO entre autres, va pouvoir intensifier son action
pour faire en sorte que la région de l'Outaouais ne soit plus une
banlieue d'Ottawa, mais soit vraiment et devienne une véritable capitale
régionale où les gens vont pouvoir s'épanouir à
partir de leurs intérêts, mais à partir aussi du "pourquoi
' ils sont demeurés attachés à cette région et
à ce territoire.
A cet égard, je pense que bon nombre d'industries sont
intéressées, une fois que la situation sera très claire
elle commence à se dessiner à venir s'implanter
dans la région de l'Outaouais. Et il faut, je pense, parce que les
Québécois de la région de Hull et de la région de
l'Outaouais regar- dent et suivent de très près tout ce qui se
passe maintenant à l'Assemblée nationale... Je pense que c'est la
première fois depuis déjà presque deux
générations qu'enfin, des gens, un organisme ont vraiment
décidé de faire en sorte que l'Outaouais soit partie
intégrante du territoire du Québec.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Très bien, ce que Mme le député
de Hull vient de dire. Mais je crois que cette société
d'aménagement de l'Outaouais date déjà de quelques
années. De 1969. Je crois que le gouvernement actuel ne devrait pas
prendre tout le crédit de ce qui a été fait dans le
passé.
Mme Ouellette: Je veux simplement... écoutez...
M. Cordeau: Ceci dit, parce que je ne voudrais pas m'induire en
erreur, je suis nouveau ici et je voudrais partir sur le bon pied.
Mme Ouellette: Oui, oui.
M. Cordeau: Maintenant, j'aimerais poser une question à M.
le Président. Dans les chiffres que M. le ministre a
détaillés tantôt, il y avait $1 million pour études
ainsi de suite, entre autres pour l'opportunité d'implanter un centre de
congrès à Hull. Est-ce que la société a l'intention
de continuer dans ce sens ou ce projet peut-il être retardé
quelque peu, le centre de congrès?
M. Tardif: M. le Président, c'est dans le domaine des
responsabilités de l'organisme; il touche aussi le développement
commercial. Le centre de congrès à Hull s'intègre dans un
projet de grande envergure qui porte le nom de Place du centre qui est un
complexe immobilier d'environ $100 millions. Actuellement, environ $50 millions
ont été investis. Il comprendra donc un édifice qui doit
regrouper les ministères du gouvernement du Québec, d'une part,
mais ausi des espaces qui doivent contenir du commerce de détail, un
hôtel et un centre de congrès.
Dans les crédits qui sont à l'étude à cette
commission, il y a $1 million prévu qui serait une première
tranche de participation à la construction de ce centre de
congrès, mais participation qui prévoit au total $3 millions,
soit trois tranches successives de $1 million; la première se trouve au
budget de cette année.
M. Cordeau: M. le Président, j'aurais une autre question.
Quel est le montant que la Société d'aménagement de
l'Outaouais a payé pour les infrastructures des trois parcs industriels
que vous avez mentionnés tantôt? Quel montant a été
versé, s'il y a eu montant?
M. Tardif: La société a procédé
à l'acquisition des terrains, à la planification, et au choix des
si-
tes. Elle a conclu une entente avec la Communauté
régionale de l'Outaouais comme municipalité, pour qu'elle dote
ses parcs industriels de l'infrastructure voulue. C'est par le biais de la taxe
d'amélioration locale que les services y ont été
installés par la Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Argenteuil. Vous avez une question?
M. Saindon: Oui. M. le Président, la Société
d'aménagement de l'Outaouais a dépensé des millions dans
le parc Papineau-Labelle. L'aménagement de ce parc relève, bien
sûr, de la SAO. Il y a plus ou moins 80% du parc Papineau-Labelle qui est
dans le comté d'Argenteuil.
M. Tardif: Je m'excuse, mais le parc Papineau-Labelle ne fait pas
partie de ces projets de la SAO.
M. Saindon: Non, mais la SAO fait des travaux aux abords du parc.
Les travaux qui ont été faits à l'entrée du parc,
dans le bout du lac Simon et de tout ce coin, ont été faits par
la SAO.
M. Tardif: II s'agit là du centre touristique du lac
Simon, qui est une propriété entièrement
détachée du parc Papineau-Labelle.
M. Saindon: Je parle du parc parce que cela se trouve là
où la Société fait ses travaux. C'est pour cela que je
situe...
M. Tardif: A proximité du parc, si vous voulez, mais ce
n'est pas dans le parc Papineau-Labelle. J'ai ici l'ensemble des projets
touristiques développés par la SAO, et c'est pour cela que je dis
que cela n'en fait pas partie.
M. Saindon: La raison de mon intervention est que la
Société, si je ne m'abuse, a un bureau de direction
composé de cinq directeurs, je crois. Depuis plusieurs années, il
y a eu des millions dépensés dans le comté d'Argenteuil.
Ce que je trouve un peu curieux, c'est que, au bureau d'administration de la
Société, il n'y ait aucun représentant du comté
d'Argenteuil. Je comprends qu'il y a des millions qui se sont
dépensés dans le comté et il n'y a aucun
représentant du milieu.
Je crois que les travaux que la Société fait dans le
comté sont d'une extrême importance. Elle est à mettre en
place la base, les structures du développement économique et
social futur de cette partie du comté d'Argenteuil. Tout cela, sans
qu'un représentant du comté ait directement un droit de regard,
sans qu'un représentant, qui que ce soit, participe aux
délibérations ou aux décisions prises par le bureau.
Remarquez que je ne blâme pas du tout le bureau. J'ai parlé de
cette situation pour le moins anormale, à mon sens, depuis la fin de
l'année 1972. On m'a toujours dit que, pour qu'un représentant
local ou du moins du comté d'Argenteuil siège à ce bureau,
il faudrait amender la constitution de la Société et nommer un
directeur de plus. Cela devait se faire. On m'a toujours dit oui, mais cela ne
s'est jamais fait. Je me demande encore s'il ne serait pas possible, je pense
que ce serait normal et à l'avantage et à la satisfaction
de tous ceux qui sont concernés qu'un représentant du
milieu siège au bureau d'administration de la Société.
Cela répondrait à un voeu de la population locale.
M. Tardif: M. le Président, le nombre de membres du
conseil d'administration de la SAO a été porté par
l'ancien gouvernement de cinq à sept. On m'informe qu'il y a
présentement trois postes vacants. Des représentations m'ont
été faites afin de compléter ce conseil d'administration
en y ajoutant des gens de l'arrière-pays de cette région.
Je pense, à plus ou moins court terme, qu'on pourrait voir des
représentants de ces régions s'ajouter au conseil
d'administration de la SAO.
M. Saindon: M. le Président...
Accueil d'enseignants étrangers
Le Président (M. Laplante): Au nom des membres de cette
commission, il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue aux professeurs de 35
pays représentant le Comité international de coopération
syndicale des enseignants, accompagnés de M. Yvon Charbonneau,
président de ia CEQ. Vous êtes les bienvenus chez nous.
M. le député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Est-ce que vous me permettriez, non pas à
titre d'adjoint parlementaire aux Affaires intergouvernementales, mais comme
ancien chargé de mission dans certains pays qui sont
représentés ici, de saluer de façon spéciale
certains enseignants qui sont d'ailleurs représentés de
façon significative à l'Assemblée nationale et à
cette commission, et de leur souhaiter de façon très
spéciale la bienvenue en leur indiquant que le peuple du Québec
est associé de façon extrêmement profonde à la lutte
que certains d'entre eux mènent dans leur pays à ce moment.
Le Président (M. Laplante): Permission accordée, M.
le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: II faudra, de toute évidence, que vous
accordiez la même permission à un porte-parole de l'autre
côté de la table pour que l'unanimité se fasse autour de
cet accueil que nous voulons, de toute évidence, offrir à ceux
qui nous rendent visite d'un peu partout dans le monde.
C'est un enrichissement pour nous de pouvoir prendre contact avec des
confrères de tous les domaines, de tous les secteurs d'activités.
Il s'agit de l'enseignement, en l'occurrence, mais nous
avons eu d'autres occasions de rencontrer des visiteurs d'autres
professions et, chaque fois, nous constatons à quel point nous avons des
idées communes, des préoccupations communes et, en même
temps, que nous avons des différences qui nous instruisent
énormément et profondément.
Je voudrais m'associer au porte-parole du gouvernement pour offrir
à tous les visiteurs le plus chaleureux des accueils au
Québec.
Le Président (M. Laplante): Permission accordée, M.
le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, il me fait plaisir
d'être le porte-parole du deuxième parti de l'Opposition
officielle à cette Assemblée nationale pour vous souhaiter
à tous la plus cordiale bienvenue. Que votre séjour dans la
province de Québec soit le plus fructueux pour vous tous.
Le Président (M. Laplante): Merci monsieur. Le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, il me fait plaisir de me
joindre à mes autres collègues pour souhaiter un bon
séjour à tous ces visiteurs. Le Québec est toujours
heureux de recevoir surtout des gens de la même culture et de constater
qu'il n'y a pas seulement au Québec qu'il se fait un travail dans ce
domaine bien particulier. A eux, bon séjour, et j'espère qu'on
pourra les accueillir encore plus souvent.
Le Président (M. Laplante): Je m'en voudrais de ne pas
accorder la parole à notre seul député de couleur.
M. Alfred: Je tiens à saluer avec émotion ces
professeurs qui travaillent comme moi dans le gouvernement du Québec. Je
tiens aussi à faire remarquer à cette délégation
combien il est facile pour un Québécois, quelle que soit son
origine, de s'intégrer à cette collectivité. Je tiens
à leur dire qu'il m'a été très facile de
m'intégrer à cette collectivité québécoise
et je me sens très fier de travailler, bien sûr, dans cette
société québécoise. Je tiens à leur dire
aussi que je me sens très à l'aise dans ma peau. Je tiens
à leur dire aussi que mon action politique, je l'ai entreprise, bien
sûr, dans mon militantisme au niveau de la CEQ, dont M. Charbonneau est
le président.
Le Président (M. Laplante): M. Charbonneau, vous voulez
donner une réplique?
M. Charbonneau (Yvon): M. le Président de la commission,
madame, messieurs les députés membres de la commission, je
voudrais, en des termes très simples, au nom des participants à
la rencontre internationale et au nom de la CEQ, vous remercier de ces quelques
instants que vous nous avez accordés dans le cadre de vos travaux de la
commission des affaires municipales. Nous avons ici été
accueillis tout à l'heure par le vice-premier ministre, au Café
du Parlement, à une réception dont nos participants se
rappelleront cer- tainement très longtemps. Nous avons voulu organiser
ici au Québec une rencontre à caractère vraiment
international. Nous avons lancé des invitations à toutes les
organisations internationales représentatives des syndicats de
l'enseignement à travers le monde, quelle que soit leur orientation
socio-politique, socio-économique, idéologique. Nous avons voulu
avoir la rencontre la plus ouverte possible à toutes les organisations
syndicales représentatives des syndicats de l'enseignement. Notre appel
a été largement reçu puisque nous avons eu le plaisir
d'accueillir, depuis lundi, une cinquantaine d'organisations syndicales
représentatives des travailleurs de l'enseignement, venant de quelque 35
pays de toutes les régions du monde et de tous les régimes
socio-politiques du monde également.
Nous discutons depuis lundi, depuis hier, des conditions de travail et
d'emploi des enseignants à travers le monde en relation avec le
financement des systèmes éducatifs. Je crois qu'il y a là
matière à beaucoup d'échanges très fructueux, et
également à une connaissance élargie, pour nous,
travailleurs de l'enseignement du Québec, des réalités des
autres pays, et également d'un échange profitable pour tous.
Depuis quelques années, nous avons eu nous-mêmes l'occasion
d'être reçus et de participer à de nombreuses
conférences à l'extérieur, dans d'autres pays, et, en
retour, nous avons voulu essayer à notre modeste mesure, au
Québec, avec l'aide du gouvernement d'ailleurs, d'accueillir ces
représentants des organisations professionnelles et syndicales
d'enseignants de partout dans le monde. Nous avons voulu être le plus
hospitaliers, le plus chaleureux possible à leur égard. Nous vous
remercions de ces quelques moments d'accueil de votre part.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Charbonneau.
Nous continuons avec le député de Hull, qui était
à la suite. Pas de questions?
Le député de Papineau. Pas de questions? Le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, tantôt le ministre nous
faisait part que ce montant de $5 millions que nous nous apprêtons
à voter était la dernière tranche d'un engagement de $25
millions. Le ministre pourrait-il nous faire connaître s'il a l'intention
de continuer à verser des subventions d'une telle envergure à la
Société d'aménagement de l'Outaouais?
M. Tardif: II est bien évident, je pense, que la
nécessité d'une présence québécoise dans
l'Outaouais québécois sera aussi nécessaire à
l'avenir que dans le passé. Cette présence, il n'est pas question
de la diminuer, bien au contraire. Cependant, du point de vue de l'orientation
qui devrait être impartie à la SAO, je pense que la seule
certitude qui existe présentement, c'est la nécessité de
stabiliser le niveau actuel des immobilisations de cet organisme dans le
secteur récréatif et touristique, parce que, notamment, on
constate une certaine saturation de plus en plus évidente, dans
cette région sur ce plan. La première tournée que
j'ai faite hors des territoires de Montréal et Québec a
été précisément pour cette région où
j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Grégoire, le président de la
SAO; nous avons plutôt discuté de ce changement plus
accentué d'orientation vers la promotion économique et
industrielle de la région qui vise précisément à
remplacer toute cette structure économique qui a été plus
ou moins bouleversée par suite des agissements ou de l'action fort
intempestive du gouvernement fédéral qui a changé
complètement la vocation de cette région de vocation au
départ industrielle, en une vocation de fonctionnaires de ville de
service à col blanc. C'est dans ce sens que devra s'orienter la SAO.
Dans quels termes, selon quelles modalités tout ceci reste à
préciser et, encore une fois, je pense qu'il n'est pas question de
diminuer la présence québécoise dans ce coin de
territoire. Bien au contraire.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Verdun.
M. Caron: Le ministre, en donnant sa réponse au
député de Saint-Hyacinthe, me satisfait, c'est la question que je
voulais lui poser.
Le Président (M. Laplante): Cela a été
court! Le député de D'Arcy McGee. Vous avez des
complémentaires monsieur? Allez-y sur le même sujet.
M. Russell: Simplement au point de vue de l'information de cette
commission, le ministre pourrait-il me dire quel montant a été
dépensé par le Québec depuis la formation de cette
commission en 1969?
M. Tardif: II y a une distinction à faire, M. le
Président, entre les subventions accordées à cet
organisme, qui atteignent $25 millions. Avec le montant inscrit aux
crédits pour le présent exercice et en termes de prêts
consentis par le ministère des Finances, le montant
s'élève à $23,8 millions pour fins d'immobilisations.
M. Russell: En plus des $25 millions?
M. Tardif: En plus des $25 millions, sous forme de prêts du
ministère des Finances.
M. Russell: Excusez-moi, M. le Président. Le ministre
mentionnait tout à l'heure qu'il y avait un centre de $50 millions.
Pourrait-on dire à la commission qui est le promoteur de ce centre de
$50 millions?
M. Tardif: On m'informe qu'il s'agit de la compagnie Cadillac, de
Toronto, Cadillac Fairview, de Toronto, qui est le promoteur
intéressé au développement de ce centre de Hull.
M. Russell: C'est dans ce même centre que nous aurons un
centre de congrès. Est-ce la cor- poration municipale ou cette
société qui fera le développement de ce centre au
coût de $3 millions?
M. Tardif: La réalisation du Centre des congrès
comme tel est faite conjointement par la ville de Hull et la SAO.
M. Russell: Conjointement?
M. Tardif: Pardon?
M. Russell: II s'agit d'une réalisation conjointe dans le
cas du Centre des congrès comme tel.
M. Tardif: Oui, pour ce qui est du financement.
M. Russell: Je comprends mal le genre de structure qui pourrait
exister lorsque c'est la Commission municipale et la SAO qui font un centre
conjoint... Qui aura le contrôle de cela? Est-ce simplement un
investissement que la SAO fait au nom du gouvernement? De quelle façon
cela peut-il fonctionner? Qui a le contrôle?
M. Tardif: Présentement, il est prévu que la
Société d'aménagement investirait, je parle au
conditionnel parce qu'il doit y avoir un protocole qui n'est pas encore
conclu $3 millions lorsque la ville de Hull, à titre de
municipalité, verserait $1,5 million. Cela ressemble étrangement,
au point de vue de complexe immobilier, à ce qu'on retrouve ici pour le
Centre des congrès de Québec, à l'exception près
que la structure financière, qui rend ce Centre de congrès
possible, est différente à certains égards de ce qui a
été convenu à Québec. Mais le protocole de gestion
prévoit que les organismes qui contribuent au financement de ce Centre
de congrès auront voix au chapitre pour sa gestion, au prorata de
l'argent investi.
Je pourrais peut-être ajouter à l'intention du
député, suite à sa question, qu'une loi, adoptée
par l'Assemblée nationale il y a trois ans, et s'inti-tulant Loi
créant la place du Centre, a établi les modalités servant
de base à ce développement et aux ententes en train d'être
négociées et pour lesquelles le protocole n'est pas encore
finalisé. Une loi adoptée par l'Assemblée nationale.
M. Russell: M. le Président, si je comprends bien, depuis
sept ans, on a dépensé presque $50 millions dans cette
région, c'est-à-dire que la commission d'aménagement a
dépensé tout près de $50 millions ou dépensera tout
près de $50 millions. Quel contrôle le ministère des
Affaires municipales ou le gouvernement provincial a-t-il sur cette
dépense?
M. Tardif: Je m'excuse, mais quel est le dernier
élément de la question?
M. Russell: De quelle façon le ministère des
Affaires municipales ou le gouvernement du Québec contrôle-t-il
ces dépenses?
M. Tardif: Le vérificateur est nommé par le
ministre des Affaires municipales et le contrôle ultime des
crédits de cet organisme est fait ici en commission. Jusqu'à
maintenant, des rapports sont produits régulièrement par la
société quant à sa réalisation.
On m'informe également que, dans tous les cas d'acquisition de
terrain, ceci doit se faire par arrêté en conseil et dans le cas
de vente, d'aliénation également. Si bien qu'encore là, le
Conseil des ministres exerce périodiquement un contrôle des
transactions pouvant être effectuées par la SAO.
M. Russell: M. le Président, si je comprends bien, on
discute les crédits, mais on a un montant global. On n'a pas de
détails, il faut les sortir un à un pour essayer d'avoir les
informations. La commission ne dépose pas un budget
détaillé. Actuellement, tous ces travaux sont faits à la
discrétion des membres de la commission et le contrôle...
M. Tardif: M. le Président, la SAO produit un rapport
annuel de ses activités pour chaque exercice ou chaque année
financière. J'ai déposé lors de la mini-session le rapport
annuel du dernier exercice de cet organisme.
M. Russell: Pour les dépenses, mais pour les $5 millions
sur lesquels on vote, M. le Président, il n'y a pas de détails
comme...
M. Tardif: C'est-à-dire qu'il y a deux documents, d'une
part, le budget approuvé par l'Assemblée nationale et, d'autre
part, le rapport annuel qui fait état des activités...
M. Russell: ... passées...
M. Tardif: ... des activités passées. Au cours de
l'exercice, il y a évidemment le même contrôle exercé
par le ministère sur les parcs industriels dans les différentes
municipalités qui en ont et les fonds industriels.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Goldbloom: M. le Président, si je pouvais seulement
ajouter un mot sur ce sujet, n'est-ce pas la réponse que la SAO est
dirigée par son conseil d'administration et que ce dernier est
nommé par le gouvernement?
C'est le gouvernement qui...
M. Tardif: II y a aussi, M. le Président, c'est
l'élément supplémentaire, un fonctionnaire du
ministère qui siège au conseil d'administration de la SAO.
Le Président (M. Laplante): Allez.
M. Cordeau: M. le Président, je trouve très louable
l'aide que le gouvernement a apportée à la région de
l'Outaouais. Elle en avait besoin, c'est tant mieux. Par contre, d'autres
régions qui ne sont pas représentées à cette table
auraient aussi besoin d'une aide aussi substantielle pour le
développement du Québec, comme on l'entend.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, M. le ministre il y a $23,8
millions d'immobilisations jusqu'à présent, fournis naturellement
par le ministre des Finances; est-ce qu'en plus des $5 millions, d'autres
millions seront prêtés par le ministère des Finances?
M. Tardif: Le budget du ministre des Finances, M. le
Président, qui a été déposé cette
année, prévoit un montant de $1 million en termes de
prêts.
M. Caron: En termes de prêts? M. Tardif: Oui, en
termes de prêts.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau.
M. Alfred: Je m'empresse d'ajouter quelques arguments à
ceux du député de Saint-Hyacinthe. Il doit savoir que l'Outaouais
québécois accuse un retard de dix ans dans son
développement industriel et touristique. Il faut ajouter aussi que
l'Outaouais québécois a été une des régions
les plus victimes au Québec, en ce sens que, avec l'arrivée
massive des édifices fédéraux à Hull, non seulement
la ville de Hull a été la victime de cette région, mais
encore que la ville de Gatineau, qui comprend maintenant 75 000 habitants, a
reçu les 6000 déportés victimes de l'arrivée
massive des fonctionnaires fédéraux à Hull.
Ce n'est que combler des retards que la région outaouaise a
accusés depuis dix ans, donc ce n'est que justice pour la région
outaouaise.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il était
inévitable, si nous devions parler de l'Outaouais, que nous entendions
un réquisitoire contre le gouvernement fédéral.
Dans ses remarques, l'honorable député de Hull, vers la
fin, a dit: Enfin, il y a quelque chose qui se fait. L'histoire du
Québec racontera que la Société d'aménagement de
l'Outaouais a été créée, si ma mémoire est
fidèle, à la fin de 1959 par le gouvernement de l'Union
Nationale, à l'intérieur de la loi constitutive de la
Communauté régionale de l'Outaouais. C'est donc au cours de toute
cette période qu'il y a eu une action qui a été
poursuivie.
Nous avons tous nos défauts, M. le Président. Madame le
député de Hull en a probablement moins que moi. Elle en impute
sûrement à son prédécesseur, mais elle ne pourrait
lui imputer ce-
lui de n'avoir rien fait pour l'Outaouais. Il y a bien des choses qui
ont été faites. C'est une personne qui s'est
intéressée assez activement à sa région et ce fut
peut-être le vrai début d'un certain épanouissement. Nous
savons tous à quel point, dans le passé de notre histoire, et
c'est une chose dont nous ne pouvons être fiers, l'Outaouais a
effectivement été négligé et il fallait faire
quelque chose. Et voilà que la SAO est un des instruments qui ont
été créé. Indépendamment des couleurs
politiques je pense que nous devons tous, les trois gouvernements qui se sont
succédé au cours de cette période de sept années,
nous réjouir de la contribution de cet organisme.
Je pense que tout à l'heure, le député de
Saint-Hyacinthe a fait un commentaire, sous la forme d'une question. Si oui,
cette question n'a pas eu sa réponse. C'est pour tenir compte d'un fait
historique que la SAO a été créée comme organisme
tout à fait exceptionnel. Il n'y en a pas d'autre au Québec.
Pourtant, il y a d'autres régions, comme l'a souligné le
député de Saint-Hyacinthe, qui ont des besoins, et, dans certains
cas, des besoins majeurs. Je ne suis pas en mesure d'évaluer
l'importance relative de ces besoins, mais simplement de constater qu'il y en a
ailleurs. Et voilà que le gouvernement envisage la création
d'autres communautés régionales ou urbaines. Je pense que la
question a son importance. Est-ce l'intention du gouvernement, en créant
de nouvelles communautés urbaines, qu'il appelle municipalités
régionales, de créer, à l'intérieur de ses
structures, des sociétés d'aménagement pour
répéter l'exploit, répéter cette expérience
qui, dans une bonne mesure, se trouve heureuse?
M. Tardif: M. le Président, aurons-nous demain ou non une
SAY, une société d'aménagement de la Yamaska ou de la
région, je ne saurais l'affirmer à ce stade-ci? Il reste que la
question du député est très pertinente et je l'invite
à la poser au ministre d'Etat à l'aménagement, de qui
relève le développement régional. Effectivement, des
montants importants prévus au secteur du développement
régional et une récente rencontre en ce qui concerne le
schéma et le problème de l'épuration des eaux dans la
région de la Yamaska s'inscrivent à l'intérieur d'une de
ces ententes régionales.
Je tiendrais quand même à souligner ici qu'il y a quand
même une différence appréciable entre la Yamaska et ses
problèmes et l'Outaouais et les siens. Il n'y a pas dans la Yamaska une
CCN qui est là, omniprésente, qui vient détruire le tissu
urbain, qui vient chasser littéralement les industries présentes
et qui les remplace par un fort contingent de fonctionnaires, de cols blancs
qui envahissent cette ville tous les jours pour y travailler.
Je pense que l'urgence du problème, qui avait été
reconnue par le parti auquel appartient précisément le
député, qui a été maintenue sous le gouvernement
antérieur, libéral, selon nous, la solution s'avère tout
aussi urgente, même si nous pouvons nous interroger et nous poser la
question, à savoir si ce n'est pas le temps de repenser cette vocation,
dans le sens d'ailleurs qu'a indiqué M. Grégoire, et qui est
déjà commencée du côté du
développement industriel, ce qui nous apparaît essentiel.
Affirmer ceci à propos de l'Outaouais, ce n'est pas nier
l'existence de besoins ailleurs, mais je pense qu'il est
prématuré ici d'annoncer comme cela une SAY ou toute autre
société d'aménagement régional.
M. Goldbloom: II y a quand même, M. le Président,
une différence de points de vue entre les deux côtés de
cette table, parce que celui qui vous parle et la formation que je
représente, nous ne sommes pas d'accord sur cette thèse, qui se
retrouve dans le programme du Parti québécois, de la
création de communautés urbaines outre celles qui existent
déjà. J'accepte que le ministre ne se sente pas en mesure
aujourd'hui d'annoncer qu'il y aura d'autres sociétés
d'aménagement. Je voulais, c'est normal, lui tirer les vers du nez, dans
une certaine mesure. Aussi, je voulais faire une distinction que je n'ai pas
faite tout à l'heure, parce que j'ai fait le lien entre le programme, en
ce qui concerne les communautés urbaines ou municipalités
régionales et les sociétés d'aménagement. La
question des sociétés d'aménagement demeure
pertinente.
Je suis reconnaissant au député de Papineau de trouver mes
paroles amusantes.
M. Alfred: Je me sens tellement rassuré de voir que
l'élaboration de la base du Parti québécois vous
édifie.
M. Goldbloom: Mais j'ai dit que je ne suis pas d'accord avec
cela. Il y a quand même, pour revenir à un commentaire
sérieux, une mise de fonds assez considérable dans la SAO qui
rapporte des fruits. Il faudrait, si l'on était pour poser un geste
semblable ailleurs dans la province, en toute justice, il me semble, effectuer
une mise de fonds, maintenant que l'Outaouais a une avance de sept
années sur les autres régions, par rapport à l'existence
d'une société d'aménagement.
J'ai souligné tout à l'heure le retard d'autrefois. Je ne
nie pas cela, je dis tout simplement que, maintenant qu'il y a eu un geste de
posé qui a permis un certain progrès dans l'Outaouais, il y a
peut-être une possibilité de mettre de côté des
montants d'argent qui pourront servir à d'autres régions qui ont
leurs besoins.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Hull.
Mme Ouellette: Dans la première partie de vos
commentaires, je voulais simplement ajouter ceci: C'est bien sûr que, sur
le plan de la structure, l'Outaouais, indépendamment de ce qui arrivera
éventuellement au niveau des structures municipales ou régionales
ou que sais-je encore... Bien sûr que je savais que c'était le
gouvernement de l'Union Nationale qui avait, à ce moment, mis en place
la Société d'aménagement de l'Outaouais, il n'en reste pas
moins qu'encore, à l'heure actuelle,
on accuse, comme le député de Papineau disait, un retard
de dix ans à toute espèce d'égard dans tous les
domaines.
Vous m'avez fourni l'occasion de mettre le doigt sur la cause, celle-ci
était, qu'on le veuille ou pas, d'ordre politique, et je pèse
bien mes mots, c'est-à-dire la lâcheté politique de mon
prédécesseur, qui a laissé le gouvernement
fédéral, et partant de là, la créature du
fédéral qui est la Commission de la capitale nationale, accaparer
35% du seul territoire de la ville de Hull. Cela a bousillé, à
toutes fins pratiques, toute la structure économique de l'Outaouais. Ce
qu'il s'agit de faire simplement pour remettre la situation à la
normale, c'est de donner une certaine colonne vertébrale à la
région de l'Outaouais pour qu'elle puisse se développer en
fonction des besoins et des intérêts de la population
québécoise de l'Outaouais. On ne va pas s'enfarger dans les
fleurs du tapis, à savoir si cela fait sept ans, cela fait trois ans,
cela fait deux ans. Les faits sont là et les faits sont d'autant
là que la population les subit. Alors, ce n'est pas un cadeau que le
gouvernement du Québec fait à la région de l'Outaouais.
C'est simplement qu'on est en train de récupérer tranquillement,
et Dieu sait qu'on en a encore pas mal à faire avant de pouvoir
rejoindre les autres régions du Québec pour pouvoir
évoluer avec ces régions, mais on est simplement en train de
dire: Bon! Dans l'état actuel des choses, on va continuer en
espérant, et c'est dans ce sens là qu'on y travaille, intensifier
enfin la présence du Québec dans la région de l'Outaouais.
Ce n'était pas le cas avant. Vous êtes venu quand même assez
souvent dans la région de l'Outaouais, M. le député, pour
le constater, on avait quand même deux députés
fédéraux à Hull il n'y a quand même pas tellement
longtemps.
M. Goldbloom: M. le Président, je résisterai
à la tentation de faire un débat autour de la personne de
l'ancien député de Hull. Je n'ai pas...
Mme Ouellette: Je vous en fournis l'occasion.
M. Goldbloom: D'accord. Je n'ai pas suggéré qu'il
s'agissait d'un cadeau à l'Outaouais. Tout ce que j'ai dit, et, pour
être précis, les régions que j'avais à l'esprit
étaient la Gaspésie, certaines parties de la Côte-Nord et
l'Abitibi, c'est simplement qu'il y a d'autres régions qui n'ont pas les
mêmes particularités que l'Outaouais, mais qui ont les leurs et
qui ont des besoins. Ce ne serait pas un cadeau dans leur cas non plus. Je
demeure quand même un petit peu perplexe quand j'entends tout le fardeau
du blâme rejeté sur les épaules du gouvernement
fédéral. Est-ce que la ville de Québec a souffert de la
même façon que la ville de Hull de la présence importante
du gouvernement fédéral?
Mme Ouellette: Non, parce qu'à ce moment, le gouvernement
fédéral n'avait pas dessein d'installer sa capitale nationale
fédérale à n'importe quel prix, indépendamment des
citoyens de l'Outaouais, et partant de là, des citoyens de Hull, c'est
autre chose, parce que des politiciens d'Ottawa ont décidé de
faire de l'Outaouais une région pour essayer de démontrer la
dualité soi-disant linguistique, c'est-à-dire implanter le
bilinguisme "from coast to coast", indépendamment des besoins de la
région de l'Outaouais et de la population de l'Outaouais. C'est une
autre paire de manches. On a été pris, à toutes fins
pratiques, en otage. On a parlé de la déportation des
Acadiens.
Le Président (M. Laplante): Là, je serai
obligé de vous rappeler à l'ordre un petit peu. Cela allait bien,
mais je voudrais qu'on s'en tienne aux crédits à voter, parce que
cela devient un débat à deux personnes.
Mme Ouellette: M. le Président, je ne voulais que
souligner ceci...
Le Président (M. Laplante): Le ministre a actuellement
à répondre de son budget. Je ne sais pas si le
député de D'Arcy McGee a d'autres questions à poser avant
l'adoption...
M. Vaugeois: Une question de privilège.
Le Président (M. Laplante): Je n'accorde pas de question
de privilège dans une commission.
M. Caron: Ce n'est pas bien. Il me semble qu'on devrait...
Le Président (M. Laplante): Si vous avez une question de
règlement, soulevez-la.
Mme Ouellette: Vous comprendrez que cela fait tellement longtemps
qu'on n'a pas entendu parler de l'Outaouais à Québec, on en a
profité.
M. Caron: M. le Président...
M. Goldbloom: Cela ne fait pas tellement sérieux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, c'est pour dire au
député de Hull, que, depuis 1970, on a souvent entendu les
collègues se plaindre; nos propres collègues se plaignaient. Ils
disaient: Comment se fait-il que le ministre a tout dans ce bout...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun, je ne veux pas retomber dans ce dont j'ai parlé tout à
l'heure.
M. Caron: Donc, comme le député de D'Arcy McGee
vous l'a dit, il y a d'autres comtés...
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 4 est
adopté? monsieur...
M. Goldbloom: Presque, M. le Président. Je voudrais tout
simplement demander au ministre
s'il peut nous fournir la courbe de fréquentation de certaines
des installations de la SAO. Est-ce que le monde vient au lac Simon, au lac de
l'Argile? Ce sont des installations qui ne sont pas là depuis
très longtemps, mais si nous pouvions avoir une idée de leur
fréquentation, parce qu'il y a quand même d'importants
investissements et d'excellentes installations.
M. Tardif: II s'agit quand même d'une question très
factuelle impliquant la fréquentation des parcs. Je pense qu'il convient
de laisser le président donner ce genre de renseignements, à
supposer... Je ne sais pas s'il existe un document comme tel quant à la
fréquentation. Je demanderais au président de donner les
précisions là-dessus.
Il existe des documents qui ne sont pas entre nos mains ici, mais qu'on
pourrait faire parvenir. En quelques mots, je pourrais dire qu'en ce qui
concerne les trois parcs urbains, où il y a des activités d'hiver
et d'été, c'est occupé à une forte densité
durant l'été et durant la période d'hiver; on peut avoir
des activités d'hiver dans ces centres urbains. Quant aux centres
touristiques qu'on retrouve dans l'arrière pays, qui comprennent, en
fait, plages, terrains de camping, sentiers de nature qui sont ouverts
l'été et l'hiver, ces parcs aussi, en périodes de pointe,
sont remplis à capacité. Evidemment, la courbe moyenne est
peut-être de l'ordre de 20% à 25%, parce qu'il y a des temps de
l'année où il n'y a pas d'occupation du tout, mais il y a un de
ces centres en particulier, parce qu'il a été le premier à
voir le jour, c'est le Centre touristique de la Petite-Rouge, dans la
vallée du même nom, qui est à peu près saturé
durant les périodes actives. Par exemple, lorsqu'on parle de la saison
d'hiver, de bonne heure l'automne, toutes les fins de semaine et de bonnes
parties de semaine sont déjà réservées par la
population pour toute la saison.
Or, ces divers développements à caractère
touristique sont situés dans des secteurs bien précis de la
région, dans certaines vallées, etc.; ils servent de catalyseurs
et provoquent même un débordement qui fait que l'entreprise
privée aussi en retire des retombées. Il s'agit d'être
présent autant pour offrir une infrastructure à l'échelle
des besoins que pour servir de moteur à la stimulation de
l'économie dans ces divers secteurs géographiques de la
région.
En bref, c'est sur les équipements touristiques que portait la
question. Ils sont largement utilisés par la population de l'Outaouais
et sont également, de plus en plus, utilisés par des visiteurs de
l'extérieur, par le touriste externe.
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse, mais la
consultation du rapport annuel distribué lors de la mini-session
fournira au député de D'Arcy McGee un certain nombre de
renseignements. Le Centre touristique du lac de l'Argile a accueilli, au cours
de l'été 1975, 2974 campeurs et 5392 visiteurs d'un jour; le
Centre touristique du lac Simon, 1700 campeurs; le Centre touristique de la
Petite-
Rouge, on note ici, on calcule le nombre de repas servis qui donnent une
idée de l'achalandage, avec 10 426 repas servis en été et
13 993 en hiver. Il n'y a pas de tableau récapitulatif de la
fréquentation, mais, à tout le moins, on retrouve ça et
là dans le document une idée de la fréquentation de ces
centres.
M. Vaugeois: Vous me permettrez une remarque. Tout à
l'heure, vous avez mis un terme, je pense, avec raison, à ce que vous
avez considéré, momentanément, comme un débat qui
pouvait s'engager entre deux députés ici présents. Je ne
voudrais quand même pas que notre silence soit mal
interprété parce que le député de D'Arcy McGee a
posé une question très directe sur le sort fait à la ville
de Québec en demandant si la présence fédérale dans
la ville de Québec avait nui à la population de cette ville. Je
pense que là n'est pas la question. La question est celle de
l'intégrité du territoire québécois et le
gouvernement de l'Union Nationale, à l'époque, s'était
alarmé de cette situation et avait créé une commission
d'enquête qui, je pense, a produit des documents fort
révélateurs dont nous n'avons pas beaucoup entendu parler au
cours des dernières années. Ce n'est pas le moment de
débattre cette question, j'en conviens, mais je voudrais quand
même indiquer que, comme député du Parti
québécois, je reste drôlement préoccupé par
la question de l'intégrité du territoire du Québec. C'est
à un autre moment que nous aurons l'occasion d'en parler, mais notre
silence de ce soir sur cette question ne devrait pas être
interprété comme une indifférence devant cette question
qui est prioritaire pour un gouvernement comme le nôtre.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: II me semble que vous avez permis la
réouverture d'une porte et que je dois réagir très
brièvement en disant simplement ceci. Si l'on parle de
l'intégrité du territoire, si j'ai invoqué l'exemple de
Québec, c'est parce qu'un pourcentage aussi élevé du
territoire de la ville de Québec est entre les mains du gouvernement
fédéral. Evidemment, je ne dis pas cela pour provoquer une
prolongation du débat, c'est simplement pour exprimer un point de vue
bien connu, aussi bien connu que celui exprimé par les
députés du côté ministériel. Pour
l'Opposition officielle, le gouvernement fédéral n'est pas un
gouvernement étranger et il y a une participation des
Québécois aux activités du Canada et au financement...
M. Vaugeois: Je m'excuse. Si nous devons débattre cette
question, M. le Président, je voudrais que vous annonciez le
débat sur cette question; autrement, les propos du
député...
Le Président (M. Laplante): A l'ordre! A l'ordre! Je vais
vous expliquer clairement le jeu.
M. Goldbloom: Ce n'est pas celui qui vous parle qui a rouvert la
porte.
Le Président (M. Laplante): Je vais vous expliquer
clairement le jeu, si vous voulez. Chaque membre de la commission, sur le
même article, peut parler pendant vingt minutes, mais s'adresser au
président. Ce qui s'est produit tout à l'heure est ceci: Le
député de D'Arcy McGee s'adressait au député de
Hull et le député de Hull s'adressait au député de
D'Arcy McGee. Si le député de Hull s'était adressé
au président pour finir par une question, si elle voulait finir par une
question, je l'aurais laissé aller. La même chose pour le
député de D'Arcy McGee. Vous-même, lorsque vous avez ouvert
le débat, M. le député de Trois-Rivières, vous vous
êtes adressé au président.
Vous auriez pu parler pendant vingt minutes sur le sujet et je vous
aurais laissé aller. Le député de D'Arcy McGee,
actuellement, même si son temps est presque fini, parle sur la même
question; pour être loyal avec lui, avec tout le monde, je dois le
laisser continuer à parler, pour autant qu'il s'adressera au
président.
M. Goldbloom: Je pense que nous aurons d'autres occasions de
discuter de cette question et que nous ne sommes pas à un cheveu
près de nous entendre sur ces considérations. Donc, j'aimerais
revenir à la SAO pour poser une dernière question.
J'aimerais savoir quel est l'état d'avancement du projet de parc
industriel près de l'intersection de l'autoroute Deschênes et
l'autoroute 50, au nord de l'axe Pinck-Saint-Raymond. Y a-t-il du
progrès dans ce dossier et quelle est, en même temps, de
façon très sommaire, la situation des autres parcs industriels
quand à l'occupation du sol disponible? Est-ce que les autres sont
maintenant suffisamment comblés que le développement de ce parc
industriel auquel je viens de faire allusion soit devenu une
nécessité immédiate?
M. Tardif: Le parc Richelieu, qui se trouve presque à
l'épicentre même de la ville de Hull et du Hull
métropolitain, est, à toutes fins pratiques, rempli.
Le parc que nous appelions de l'Est, mais qui porte maintenant le nom
d'Aéroparc de Gatineau, qui est un bloc global de terrains d'environ
2200 acres, dont 1800 seront consacrées à l'aire
aéroportuaire, comprend aussi une portion de ce territoire qui est
doté des services. Il s'agit d'environ 150 acres nettes de terrain qui
est prêt à recevoir des implantations au moment où je
réponds à la question. Ce parc est situé à 10
milles du centre de Hull. Le dernier parc qui pourrait être amorcé
d'ici environ un an est celui qui se trouve dans Aylmer, que nous appelons le
parc de l'Ouest, qui se trouve, lui, à cinq milles du centre. Mais
à cause de plusieurs contraintes, comme par exemple le tracé de
l'autoroute 50, qui a été connu il n'y a que quelques mois,
plusieurs lignes de transmission d'électricité de
l'Hydro-Québec, qui existent déjà et d'autres qui doivent
être installées éventuellement, étaient de nature
à charcuter cette partie de territoire à un tel point que
l'aménagement en était presque impossible. Donc, plusieurs
discussions avec l'Hydro-Québec ont amené celle-ci à
réviser son plan d'implantation de nouvelles lignes électriques
et même à faire des modifications au réseau qui s'y trouve
déjà. Nous connaissons maintenant le tracé de l'autoroute
50 et le plan d'aménagement à proprement parler du parc
lui-même est maintenant terminé. Nous en sommes à la phase
de la préparation du plan directeur des services, qui comprendra
également les plans et devis de la première phase de
l'implantation de ce service, qui touchera environ 75 acres. Donc, on peut
envisager que, d'ici un an au plus, on pourra accueillir les industries dans ce
troisième parc. Nous aurons alors deux parcs à offrir, un
à cinq milles du centre de Hull, l'autre à dix milles.
M. Goldbloom: M. le Président, en exprimant mes
remerciements pour toutes les réponses détaillées que nous
avons eues, il me reste à prier de bien vouloir transmettre au
président et aux membres de la SAO nos remerciements, nos
félicitations et nos bons voeux pour la continuation du travail de cet
organisme.
Le Président (M. Laplante): Alors, une dernière
question...
M. Russell: M. le Président, avant que le ministre ne
transmette ses voeux au président, je voudrais simplement m'associer
à quelques remarques, si vous me le permettez. Mon temps est
certainement limité, je ne sais pas combien il me reste de minutes, mais
je ne pouvais pas laisser passer cette occasion de dire au député
de Hull qu'on est drôlement intéressé à la
région de l'Outaouais. J'ai été associé de
près d'abord à la formation de cette société
d'aménagement et ceci n'est peut-être pas étrange du fait
que cette société a créée lors des
négociations de la capitale nationale, ce qui n'a pas été
aussi facile qu'on l'aurait désiré. Cela a été,
comme vous le savez, un contrepoids. Par contre, ce soir, nous sommes
intéressés à discuter pour savoir de quelle façon
le président va recommander au ministre de dépenser ces $5
millions. C'est ce qui nous inquiète, c'est ce que nous voudrions
savoir.
On a parlé tout à l'heure de huit centres touristiques.
Quelle est la partie des $5 millions qui va être dépensée
dans ces centres touristiques? Vous parlez de trois parcs industriels. Combien
d'industries sont installées dans ces parcs industriels? Quel est le
montant d'argent dépensé dans ces parcs industriels
jusqu'à maintenant? Quel sera le montant dépensé cette
année pour les compléter? On a parlé d'un aéroport.
Est-ce le fédéral qui construit un aéroport dans cette
région, est-ce réellement la société qui le fait ou
la municipalité ou le gouvernement du Québec?
M. Saindon: Cela va prendre la permission du député
de Hull.
M. Russell: M. le Président, ce sont des questions
auxquelles je voudrais que le ministre réponde par des informations
qu'il pourrait obtenir.
Mme Ouellette: Je ne suis pas le député
régional, moi.
M. Russell: On a parlé aussi d'un centre d'élevage
de bovins. C'est une question, j'en suis convaincu, qui intéresserait
d'autres régions de la province, le développement de ce centre
dans cette région, pour ne pas en créer d'autres. Si cela marche
avec les faits, si cela ne coûte pas cher, quel sera le montant de
l'investissement du Québec dans ce centre?
Ce sont des questions, je pense, auxquelles le ministre va être
heureux de répondre pour pouvoir informer cette commission pour qu'on
puisse renseigner les Québécois de chacune des autres
régions de l'Outaouais qui ont un besoin peut-être, pas aussi
urgent que le besoin de l'Outaouais dans le temps, mais il ne faudrait pas que
l'Outaouais dépasse les autres régions du Québec et que
ça devienne...
Mme Ouellette: ... Pas encore, si vous saviez!
M. Russell: M. le Président, je m'aperçois que le
député de Hull n'a pas voyagé tellement en province
encore, mais elle aura l'occasion certainement de le faire et de visiter
d'autres régions. Par contre, ça me fera plaisir...
Le Président (M. Laplante): Est-ce une question que vous
posez au ministre?
M. Russell: M. le Président, elle pourra s'adresser au
ministre, oui, et obtenir la permission pour voyager dans le Québec,
visiter les régions de la capitale nationale qu'il voudra qu'elle ait
développées.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous aviez une
question dans votre exposé?
M. Russell: Oui, j'ai posé une série de questions,
je pense que le ministre avait l'air intéressé...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, si vous voulez
répondre aux questions.
M. Russell: ... à en prendre note pour me donner des
réponses. Je serais bien déçu si je n'avais pas des
réponses à toutes ces questions, pour savoir quelle partie des $5
millions va être dépensée et de quelle façon.
M. Tardif: M. le Président, j'ai déjà
donné un certain nombre d'indications à savoir que
l'administration des divers centres touristiques et des parcs existants
implique déjà des dépenses de l'ordre de $2,8 millions;
deuxièmement, que le montant des taxes qui affecte ces ensembles, ces
projets, ces immobilisations, s'élève à $200 000 et que
également, pour les déficits d'exploitation des centres
touristiques, un montant de $1 million est prévu. Si vous totalisez,
ça vous donne $4 millions et il y a $1 million prévu pour le
Centre des congrès.
M. Russell: Combien y a-t-il de fonctionnaires qui travaillent
pour...
M. Tardif: 75 fonctionnaires. M. Russell: 75
fonctionnaires.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que le programme 4 est
adopté? Adopté.
M. Tardif: M. le Président, avant de transmettre les bons
voeux du député de D'Arcy McGee à la société
et à son président, j'aimerais quand même lui rappeler une
parole qu'il aurait dite il y a quelques années. Il déclarait que
jamais, au grand jamais, il ne tolérerait que le fédéral
fasse dans la région de Montréal ce qu'il a fait dans la
région de l'Outaouais. Paroles du journal des Débats.
M. Goldbloom: M. le Président, je me suis
élevé assez souvent, à l'instar de beaucoup de
collègues des deux côtés de la Chambre, contre certaines
ingérences du gouvernement fédéral et contre l'action de
la Commission de la capitale nationale, la différence étant que
je ne vais pas plus loin que cela pour condamner le gouvernement
fédéral pour tous les maux du Québec, contrairement
à certains collègues qui siègent présentement en
cette Chambre.
M. Tardif: Simplement, M. le Président, que dans un...
Mme Ouellette: ... une prise de conscience qui indique le choix
normal...
M. Tardif: M. le Président, je ne voulais pas rouvrir le
débat, je voulais le fermer.
M. Goldbloom: Vous ne vouliez pas, mais vous l'avez fait.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez fermer le
débat...
M. Caron: M. le Président, si on peut avoir le
référendum, une fois pour toutes, on va avoir la réponse.
J'espère que le ministre, au Conseil des ministres...
Le Président (M. Laplante): Quelle réponse?
M. Caron: ... vous savez que la réponse va être
très bonne pour nous...
Le Président (M. Laplante): On va aller aux choses
sérieuses, vu qu'on veut avancer...
M. Caron: II n'y aura pas de séparation.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que
l'élément 4 est adopté?
M. Caron: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. On va
retourner...
M. Cordeau: C'est adopté. Par contre, je voudrais me
joindre au député de D'Arcy McGee pour faire au président
les meilleurs voeux possible.
Le Président (M. Laplante): On retourne au programme 1,
élément 2. Si vous avez un message à passer, vous le
passerez lorsque viendra votre tour à parler.
M. Alfred: II va porter, M. le Président, et comme un
Outaouais Québécois, j'aimerais envoyer mes bons voeux à
M. Grégoire, c'est comme un acte de politesse de la part d'un
député de l'Outaouais québécois, de dire que nous
avons des Québécois qui travaillent très fort.
M. Russell: M. le Président, y a-t-il un Outaouais autre
que québécois?
M. Saindon: C'est une...
Le Président (M. Laplante): Je ne répondrai pas
à cette question. Après l'adoption du programme 4, on revient au
programme 1, élément 2. Le député de Verdun.
Aide à la planification et à la
restructuration municipale (suite)
M. Caron: M. le Président, est-ce que le ministre des
Affaires municipales a l'intention de convoquer une commission parlementaire
des affaires municipales afin d'étudier le rapport Cas-tonguay sur
l'urbanisation au Québec? J'imagine que le ministre doit avoir pris
connaissance du rapport. L'a-t-il soumis au comité d'aménagement
du territoire? S'il l'a soumis, est-ce l'intention du gouvernement et du
ministre des Affaires municipales de mettre en application les recommandations
du rapport Castonguay?
M. Tardif: En effet, j'ai parcouru, lu en entier et annoté
le rapport Castonguay. Je dois dire qu'il y a là des
éléments fort intéressants avec lesquels je suis d'accord.
J'entends bien proposer au conseil des ministres et ultimement à
l'Assemblée nationale divers projets de loi qui pourront s'inspirer de
mesures préconisées dans le rapport Castonguay.
J'ai fait allusion, ce matin, dans mon exposé sur la
présentation des crédits, à la réforme des
structures municipales, possiblement sur la base mise de l'avant dans le
rapport Castonguay de un conseiller par quartier, de conseils de quartiers,
éléments qu'on retrouve dans ce rapport. Cependant il n'est pas
dans mon intention de convoquer une commission parlementaire pour
étudier l'ensemble du rapport, mais bien, à l'occasion de projets
de lois sectoriels sur les structures municipales, à l'occasion de
projets sur la fiscalité, puisque une partie du rapport Castonguay
traite de la fiscalité, à l'occasion de la loi-cadre sur
l'urbanisme. Evidemment, on aura abondamment l'occasion de confronter les
recommandations du rapport Castonguay avec les projets de lois que seront
présentés.
M. Caron: Juste une petite question. Est-ce que le ministre
prévoit déposer un projet de loi en 1977, ou si, avec tout ce
qu'il a à faire, cela peut aller en 1978?
M. Tardif: Deux projets de lois majeurs sont au programme pour la
présente session, possiblement le deuxième terme de la
présente session. Le projet de loi sur la conciliation entre
propriétaires et locataires, c'est une priorité parce que je ne
voudrais pas que le député de Maisonneuve réalise ce qu'il
a prédit, c'est-à-dire qu'il allait, en l'occurrence, se faire
brûler vif sur la place publique, si ce projet de loi n'était pas
présenté. Je ne voudrais pas qu'on perde ce membre de
l'Assemblée nationale. Deuxièmement, j'ai l'intention de
reprendre cette loi-cadre l'urbanisme et de la déposer le plus tôt
possible. Est-ce que cela sera vers la fin de la présente partie de
cette session ou au tout début de l'autre? Je n'en sais rien, mais ce
sont les deux projets majeurs qui sont au programme pour cet session.
Evidemment, une série d'amendements ou de lois mineures
pourraient être proposés dans d'autres secteurs, une série
d'amendements on déjà été approuvés au
Conseil des ministres, amendements à la Loi des cités et villes,
mais ce ne sont pas de grands projets de législation.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais savoir si,
déjà, le ministre a pris sa décision quant au traitement
qu'il voudrait réserver au projet de loi sur l'aménagement du
territoire, plus précisément dans le même sens que la
question posée par mon collègue de Verdun. A-t-il
déjà l'intention de demander que ce projet de loi soit
envoyé dès après la première lecture, à une
commission parlementaire, celle-ci présumément, pour un examen en
public par tous les intéressés qui sont évidemment
nombreux?
M. Tardif: Je voudrais, encore une fois, préciser qu'il ne
s'agit pas d'une loi-cadre sur l'aménagement du territoire qui, elle,
sera parrainée par le ministre d'Etat à l'aménagement,
mais bien d'une loi-cadre sur l'urbanisme. La réponse au
député de D'Arcy McGee est évidemment qu'une commission
parlementaire devra étudier cette loi-cadre sur l'urbanisme.
M. Goldbloom: Ah! bon. il y a une distinction que fait le
ministre et j'aimerais qu'il la précise davantage. Nous avons, dans le
passé, envisagé une seule loi qui aurait porté un titre
comme "Loi sur l'urbanisme et sur l'aménagement du territoire". Le
gouvernement dont je faisais partie avait ajouté à ce titre le
mot "municipal", à la fin, pour préciser que c'était au
niveau des municipalités et impliquant leurs responsabilités.
Le ministre a laissé entrevoir une espèce de scindement de
ce projet de loi en deux parties, dont une porterait sur des
considérations plutôt générales, si je comprends
bien, en aménagement de territoire et l'autre porterait sur
l'application de mesures urbanistiques au développement des
municipalités.
Est-ce que j'interprète correctement cette distinction qu'il
fait? Sinon, j'aimerais qu'il corrige mon tir.
M. Tardif: Non, le député de D'Arcy McGee, M. le
Président, interprète très bien. J'ai d'ailleurs
évoqué ce fait une nouvelle fois ce matin, lors de ma
présentation, en disant qu'il y avait une distinction à faire
entre une loi-cadre sur l'urbanisme, dont j'ai la responsabilité, une
loi, par exemple, sur les territoires agricoles, qui sera
présentée par le ministre de l'Agriculture et une loi-cadre sur
les parcs publics qui relèvera du ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, mais tout ceci sera chapeauté par une loi-cadre sur
l'aménagement du territoire qui inclura, qui intégrera les divers
éléments que sont une loi-cadre sur l'urbanisme, une loi-cadre
sur le zonage agricole, l'autre sur les parcs et sur les autres lois avec
incidence sur l'aménagement.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Crémazie n'est pas encore ministre de l'Agriculture. Je ne sais pas s'il
brûle du désir de l'être un jour, mais est-ce qu'il est
quand même en mesure de nous dire si le projet de loi sur le zonage
agricole fait également partie de la programmation législative du
gouvernement pour cette année et, plus précisément
c'est le sens de ma question est-ce que nous aurons l'occasion de
regarder comme trois éléments d'un tout le projet de loi sur
l'aménagement du territoire, le projet de loi sur l'urbanisme et le
projet de loi sur le zonage agricole?
M. Tardif: Je pense qu'il appartient au ministre de l'Agriculture
de répondre à cette question, à savoir à quel
moment il sera prêt à déposer une loi sur le zonage
agricole. Ce que je peux dire, toutefois, c'est qu'en tant que membre du
COMPAT, c'est-à-dire du Comité ministériel pour
l'aménagement du territoire qui...
M. Goldbloom: COMPAT, pas combat.
M. Tardif: Le COMPAT. ... est présidé par le
ministre d'Etat à l'aménagement dont je fais partie avec,
évidemment, mes collègues de l'Agriculture, du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, des Transports, de l'Environnement, des Richesses
naturelles et j'en passe...
M. Goldbloom: Alouette!
M. Tardif: ... nous essayons de coordonner notre action dans ce
secteur. Lorsque le député de D'Arcy McGee dit que le
député de Crémasie n'est pas ministre de l'Agriculture,
c'est un fait, de sorte que je ne peux répondre à sa question,
mais je dois dire que les préoccupations qui sont les siennes sont
évidemment très voisines des miennes, dans la mesure où le
développement urbain dans la région de Montréal et dans
beaucoup d'autres régions se fait à même et au
détriment de sols arables. On sait que la quantité en est
drôlement limitée au Québec. Les développements
urbains dans les régions de Mascouche et de Sainte-Julie notamment sont
des crimes contre l'agriculture, n'en déplaise à d'autres qui
parlent de crimes contre toutes sortes de choses.
M. Goldbloom: N'ouvrez pas d'autre porte.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Verdun. Vous avez fini, monsieur?
M. Caron: Je voudrais revenir, vu qu'on parle du rapport
Castonguay, M. le ministre, en passant toujours par le président... Il
fait très bien cela, entre parenthèses. Je lisais un article
dernièrement, je ne me rappelle pas dans quel journal, où le
maire de Laval se demandait si vous alliez avoir le temps d'adopter votre loi
pour empêcher qu'il y ait des caisses occultes au point de vue des
élections municipales. Je ne sais pas si vous avez vu cet article, mais
enfin... Pour cette année?
M. Tardif: Je n'ai pas lu l'article auquel vous faites allusion,
sur le souci du maire Paiement, mais je pense qu'il y a des élections
à Laval au mois de novembre prochain et je doute personnellement qu'un
projet de loi sur le financement des partis politiques municipaux soit
prêt pour cette élection. On verra peut-être pour la
prochaine élection à Laval.
M. Caron: Je demande seulement ça.
M. Tardif: Elément 2 du programme 1, adopté?
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais... Non, je
cède la parole au député de Brome-Missisquoi qui...
M. Russell: Ici, à l'élément 5,
c'est-à-dire... Programme 2.
Le Président (M. Laplante): Ah non! programme 1,
élément 2, monsieur.
M. Russell: D'accord, excusez-moi. Ma question était sur
l'autre.
Le Président (M. Laplante): Elle était sur l'autre.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je voudrais faire confirmer une chose par le
ministre, M. le Président. J'ai déduit de ses remarques et de ses
réponses de tout à l'heure qu'il réserve ses explications
sur le contenu de son projet de loi, pour le moment où il le
déposera. J'aimerais quand même lui poser une question
précise quant à ses intentions. Il a parlé, ce matin, de
ce projet de loi sous sa forme antérieure. Il a fait allusion à
la constitution de conseils d'agglomération. Puisque ma pensée
avait évolué entre le dépôt du projet de loi et mon
départ du ministère, j'aimerais demander au ministre s'il a
l'intention de conserver cette notion de
conseil d'agglomération. Si oui ou si non, de toute façon,
comment envisage-t-il le rôle des conseils de comté par rapport
à l'application de son futur projet de loi?
M. Tardif: M. le Président, je pense que le
député de D'Arcy McGee sait pertinemment que c'est là
peut-être le coeur du problème, le noeud du problème,
à savoir le rôle des conseils de comté. Les
représentations faites par l'Union des municipalités suite au
dépôt du projet de loi avaient été, en
général, assez favorables, alors que l'Union des conseils de
comté s'était opposée au projet de loi, notamment, en
raison du fait qu'ils se considéraient, à toutes fins utiles, en
dehors complètement de la partie. Présentement, ce que nous
examinons, c'est la possibilité d'utiliser cette structure politique
existante qui est celle des conseils de comté comme charnière
pour cette concertation des municipalités qui seraient regroupées
dans ce qu'on a appelé, dans le projet de loi, des conseils
d'agglomération. Maintenant, on peut poser la question, à savoir
si ce ne devrait pas être à l'intérieur de conseils de
comté. Il est bien évident que si on s'en remet aux limites
actuelles, aux frontières actuelles de ces conseils de comté
dont, encore une fois, les frontières géographiques remontent
à une autre époque, ceci n'aurait aucune coïncidence avec la
réalité géopolitique du territoire dans certains cas, et
que des réaménagements s'imposent. Donc, sous réserve de
tels réaménagements, je pense qu'il serait possible, au lieu de
créer de toutes pièces de nouvelles structures politiques,
à savoir des conseils d'agglomération, possiblement d'utiliser
cette structure existante, mais remaniée, remodifiée quant
à son territoire, sinon quant à ses fonctions. Alors, c'est le
pari que j'ai demandé aux urbanistes du ministère d'essayer de
tenir, de voir comment il était possible de concilier les deux. C'est ce
sur quoi ils s'emploient à travailler présentement.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, c'est une question que
j'aimerais poser au ministre en référant au texte du programme 1.
On dit que ce programme vise à aider les municipalités à
planifier leur développement par une aide à la réalisation
de projets de restructuration, de schémas d'aménagement et
d'urbanisme. L'élément 2 précise l'aide à la
préparation de plans d'urbanisme et d'aménagement. Ici, on a
devant nous des crédits. Derrière les crédits, il y a des
fonctionnaires. Donc, on suppose que ces gens, soit par leur compétence
professionnelle, soit à un certain moment par des contributions
financières, viennent en aide aux municipalités. Il y a une autre
façon pour le gouvernement de remplir ces objectifs. Là, je
partirai d'exemples concrets, d'une ville qui est la mienne. On a vu au cours
des dernières années le gouvernement nettoyer de larges portions
du centre-ville dans le but d'y construire des édifices gouvernementaux.
Le ministère de la Justice l'a fait. L'Hydro-Québec, à
certains moments, l'a fait. Les Travaux publics l'ont fait. Les années
passent et les travaux ne démarrent pas, de telle façon que, par
des interventions gouvernementales, on met en difficulté le
centre-ville. Or, je pense que tout le monde admettra dans cette commission
qu'un des drames de nos villes, c'est la faiblesse de la concentration
urbaine.
Il me semble qu'une des premières façons d'aider les
villes à maintenir une concentration urbaine raisonnable ce qui
est à l'origine, je pense, de toutes les solutions qu'on pourrait
envisager c'est une politique articulée du gouvernement, d'abord
par son ministère des Travaux publics, pour valoriser les espaces des
centre-ville et exproprier ou nettoyer des quartiers, lorsqu'on est bien
certain de pouvoir réaliser certains projets gouvernementaux.
J'aimerais savoir du ministre si, en plus des fonctionnaires et des
budgets, il y a actuellement une concertation très étroite qui
s'articule avec d'autres ministères dont, principalement, celui des
Travaux publics, pour une politique de localisation des édifices
publics. Je voudrais savoir également si ces attitudes politiques
rejoignent aussi les sociétés d'Etat, comme la
Société des alcools, l'Hydro-Québec, etc.
M. Tardif: M. le Président, il y a un fait que je n'ai pas
mentionné ce matin et, tantôt, lorsqu'on m'a parlé de
projets majeurs qui pourraient être mis de l'avant, projets de loi, j'ai
parlé de deux projets majeurs, à savoir la loi de conciliation
propriétaires et locataires et cette loi-cadre sur l'urbanisme. Il reste
quand même, pour répondre à la question du
député de Trois-Rivières, un projet de loi qui pourrait
possiblement être présenté à très court terme
et qui viserait précisément à doter les
municipalités de pouvoirs en ce qui concerne les interdictions de
démolition. Un tel projet, qui existe de façon assez
limitée et restrictive, je dois dire, en vertu de la loi qui
régit le patrimoine culturel, ne saurait évidemment être
utilisé pour préserver des démolitions de centre-ville
pour des raisons autres que celles mentionnées dans la loi. Donc,
présentement, j'ai déjà un dossier sur un tel projet de
loi; il serait quand même relativement facile de le préparer, de
le mettre au point et de le déposer assez rapidement. Un tel projet de
loi s'appliquerait, évidemment, aux interventions des gouvernements,
quels qu'ils soient.
Un deuxième élément important, c'est que le
ministre des Transports et actuellement ministre des Travaux publics
également siège au COMPAT, ce comité ministériel
pour l'aménagement du territoire, et toute décision susceptible
d'affecter, dans l'un ou l'autre des ministères membres de ce
comité ministériel, la vie urbaine ou encore le zonage agricole
est discutée dans les réunions de ce comité.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai une dernière
question au sujet de l'élément 2, qui concerne effectivement
l'ensemble du pro-
gramme. Je constate qu'il y a, par rapport à l'an dernier, une
diminution de quelque $220 000 dans le total des crédits et que cette
diminution est principalement à la catégorie transfert où
il y a une baisse de plus de $400 000 avec des augmentations à d'autres
catégories pour réduire l'écart global à $220 000,
mais c'est quand même une diminution, et cette diminution de plus de $400
000 à transfert veut dire qu'il y aura moins d'argent qui sera
disponible aux municipalités. Pourquoi cette baisse? Quels seront les
programmes du ministère à cet égard pendant
l'année? Quelle sera l'utilisation de ce montant qui reste? Est-ce que,
plus précisément, le ministre a l'intention de continuer quand
même, au cours de l'année, le programme d'aide aux petites
municipalités pour la confection de plans d'urbanisme et,
évidemment, à d'autres municipalités aussi?
M. Tardif: M. le Président, la baisse notée dans
les crédits provient de deux facteurs. Le premier provient des
restrictions budgétaires du gouvernement, d'une part, et, d'autre part,
du fait du retard apporté à l'adoption du projet de loi-cadre sur
l'urbanisme. Si une telle loi-cadre sur l'urbanisme était adoptée
relativement tôt au cours de cette session et s'il fallait des
crédits pour donner effet à cette loi, à ce
moment-là, il serait possible, je présume, de puiser à
même le fonds consolidé du gouvernement. On me dit que c'est
pratique courante lors de la première année d'application d'une
loi qui peut avoir des incidences budgétaires. C'est la raison pour
laquelle les crédits n'ont pas été ce qu'ils auraient
dû être, la loi étant retardée pour les raisons que
vous connaissez.
M. Goldbloom: C'est de pratique courante à condition que
le ministre des Finances et le Conseil du trésor soient d'accord.
M. Tardif: Evidemment.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, quand on sera rendu à
la fin de l'élément 2, je ne sais pas s'il y aurait
possibilité qu'on revienne pour une minute à
l'élément 1. J'aurais une suggestion à faire, à
condition, bien sûr, que ce soit accepté.
Le Président (M. Laplante): Je n'y vois pas de
problème, pour autant que ce soit le voeu, que ce soit
accepté.
M. Saindon: A mon sens, ça touche la restructuration
municipale. J'en ai déjà parlé, d'ailleurs; pas ici, mais
antérieurement.
Dans notre formule actuelle de mode d'élection municipale, vous
prenez les municipalités rurales les petites municipalités
où il y a six sièges et dans lesquelles
municipalités, en général, tout le monde se connaît,
tout le monde est plus ou moins parent, si ce n'est pas de la fesse gauche,
c'est de la fesse droite; il arrive souvent que deux cousins germains, sinon
deux frères, se présentent l'un contre l'autre au même
siège et j'en connais quelques-uns, surtout dans une
municipalité, où la chose est arrivée il y a 25 ans et
où les deux frères ne se parlent pas encore.
Alors, pour éviter ceci, plusieurs m'ont suggéré
à différents endroits, que dans une municipalité rurale
où il y a six sièges et 25 candidats, que les six candidats qui
recueillent le plus grand nombre de suffrages soient les six échevins
élus. De cette façon, il n'y aura pas de chicane de clocher, il
n'y aura pas de chicane de famille. Tout le monde vivra plus heureux dans le
meilleur des mondes.
M. Tardif: Je pense qu'on ne peut que noter votre suggestion et
la soumettre à nos responsables de la restructuration municipale.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je vois peut-être qu'il y a des avantages, dans
le sens que, lorsqu'il y a six sièges à combler et qu'il y a cinq
candidats valables il y en a un qui n'est pas bon, il y en a un autre
qui se présente alors, tout le monde est sujet à passer au
crible, à la votation à cause...
Le Président (M. Laplante): Vous me corrigerez, mais je ne
sais pas si on s'en va dans la bonne direction.
M. Caron: On aura l'occasion, j'imagine, dans un projet de loi,
de discuter de ce système.
M. Tardif: II reste que nous avons un document fort important qui
est le rapport de la Commission de refonte des lois municipales. La
deuxième tranche du rapport est précisément
consacrée à la réforme électorale municipale et
j'ai parcouru ce document. Je ne me souviens pas d'avoir vu une suggestion du
genre de celle formulée par le député d'Argenteuil, mais
néanmoins, cette réforme qui sera proposée en temps et
lieu, je pense qu'on pourrait l'examiner.
M. Caron: J'aimerais, toujours par votre intermédiaire, M.
le Président, dire au député de Trois-Rivières que
s'il veut meubler son centre-ville, il n'a qu'à dire à son parti
d'arrêter d'énerver tout le monde et cela va moins...
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau.
M. Alfred: Je ne vais pas répondre à la question du
député de Verdun. Le ministre des Affaires municipales a-t-il
l'intention de convoquer une commission parlementaire sur l'aménagement
du territoire?
M. Tardif: J'ai dit et répété tantôt
que l'aménagement du territoire comme tel relevait du ministre d'Etat
à l'Aménagement et que pour ma part, je me limite aux territoires
urbanisés ou en
voie de l'être. Donc, si une commission parlementaire était
convoquée sur l'aménagement, elle le serait par le ministre
responsable et non pas par moi.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, je m'adresserai à
vous et non pas au député de Verdun, mais par votre
intermédiaire, je voudrais bien souligner à l'intention du
ministre que tout à l'heure, il m'a rassuré en indiquant qu'il
avait dans sa serviette un projet de loi éventuel destiné
à donner des pouvoirs accrus aux municipalités. Je pense qu'il a
touché là un point fort important.
Je voudrais plaider avec insistance pour une politique de localisation
des édifices gouvernementaux. Cet aspect n'est peut-être pas
compris dans le projet de loi auquel vous avez fait allusion, mais je pense que
le moment est venu pour le gouvernement, pour ses ministères, d'avoir
une politique de localisation des édifices publics et non seulement
gouvernementaux, mais publics et je donnerai un exemple pour me faire bien
comprendre.
L'Université du Québec à Trois-Rivières a
commencé dans le centre-ville. La présence de cette
université dans le centre-ville était un facteur extraordinaire
pour les commerces, l'habitation et les logements.
Par une décision du ministère de l'Education de
l'époque, pour récupérer un début de campus de
collège secondaire, on a décidé de déplacer cette
université vers ce qu'on appelle chez nous les coteaux. En ce faisant,
on a déplacé, je pense, un centre d'attraction extraordinaire en
périphérie de la ville organisée de telle façon que
la ville de Trois-Rivières, qui comptait il y a quelques années
60 000 habitants, aujourd'hui, avec 52 000, occupe une surface
organisée, équipée de services, qui a plus que
doublé. D'après les prédictions des officiers municipaux,
nous sommes tout près de tripler actuellement par des services la
surface occupée de Trois-Rivières alors que la population a
diminué. Je pense que la fiscalité municipale se porte mal pour
plusieurs raisons, mais certainement qu'on en trouve une dans cette absence de
politique de localisation des édifices publics. On vit après cela
des drames comme ceux-ci. On trouve, bien sûr, de l'argent pour la
question de l'eau et des égouts, mais on n'en trouve plus, bien
sûr, pour les loisirs, la récréation, etc. Tout à
l'heure, j'ai voulu plaider pour deux aspects, lutter contre des
démolitions hâtives et peut-être non suffisamment
planifiées, mais également plaider pour une politique de
localisation, non seulement des édifices gouvernementaux je me
corrige mais des édifices publics en général. J'ai
vérifié d'ailleurs à l'occasion du passage du premier
ministre chez nous. L'université du Québec a déjà
drainé quelque chose comme $20 millions d'équipements et
d'installations qui contribuent à un facteur d'appauvrissement de la
vitalité urbaine de la ville.
M. Tardif: M. le Président, j'ai pris bonne note des
remarques du député de Trois-Rivières. Je l'inviterais
toutefois à reformuler les mêmes remarques à la commission
parlementaire des travaux publics, mais je puis l'assurer, par suite des
discussions que nous avons au comité ministériel auquel j'ai fait
allusion tantôt, que la préoccupation du ministre des Travaux
publics à ce sujet est très vive et que la création de la
commission parlementaire sur l'aménagement de la colline parlementaire
s'inscrit précisément dans ce souci de ne pas implanter comme
cela des édifices gouvernementaux sans prendre en considération
l'impact sur le milieu et les centre-ville.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Papineau.
M. Alfred: Vous n'êtes pas sans savoir, M. le ministre, que
la ville de Gatineau connaît un problème aigu de localisation de
son centre-ville. Est-ce que le gouvernement peut intervenir lorsque toutes les
études révèlent la localisation d'un centre-ville,
lorsque, par exemple, toutes les instances locales et régionales
reconnaissent l'endroit où implanter le centre-ville, lorsque l'argent
dépensé au montant de $300 000 l'a été pour
localiser un centre-ville et que, en dépit de toutes ces interventions,
sept conseillers municipaux tiennent en otage la grande ville de Gatineau qui
va nous mettre sur les bras, bientôt, un problème au point de vue
de la fiscalité municipale, car il y a une crise qui se prépare?
Les gens ne pourront plus faire face aux taxes qui vont pleuvoir sur eux.
M. Tardif: M. le Président, la loi actuelle créant
la Communauté régionale de l'Outaouais prévoit la
confection d'un schéma d'aménagement par cet organisme qui doit
étudier qui a plein mandat pour étudier cette question de
l'aménagement de la ville de Gatineau et de son centre-ville. Cet
organisme doit nous soumettre, en vertu de la loi un rapport sur
l'aménagement de la communauté régionale, rapport que nous
attendons, et nous prendrons les actions nécessaires.
Le Président (M. Laplante): Vous êtes prêts
à voter le programme 1, élément 2?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Programme 1, au
complet, adopté. On s'en va au programme 2, élément 1,
Aide à la gestion municipale.
Aide à la gestion municipale
M. Goldbloom: M. le Président, évidemment, on
pourrait poser toutes sortes de questions. J'aimerais commencer par un cas
particulier et cela en vertu du fait que ce programme en général
vise à fournir de l'aide aux municipalités. J'ai continué
ma lecture, contrairement au ministre, mais lui, il l'avait lu
déjà et il était sûrement d'accord avec tout ce
qu'il y avait dans ce beau document.
Je vois ici que le Parti québécois s'engage à
établir dans l'Outaouais un programme spécial de création
de nouveaux emplois fondés sur l'établissement, à Hull,
d'un centre administratif des institutions d'associations avec le Canada et la
localisation dans la région de certains services administratifs qu'il
n'est pas nécessaire de localiser à Québec.
Est-ce que, à même ce programme, il y aura de l'aide pour
réaliser ces beaux rêves?
M. Tardif: M. le Président, la partie du programme du
Parti québécois que lit actuellement le député de
D'Arcy McGee s'applique évidemment après la déclaration de
l'indépendance du Québec.
M. Goldbloom: Cela va tout résoudre.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions? Est-ce que
vous avez des questions, M. le député de Brome-Missisquoi? C'est
votre tour.
M. Russell: Cela va être quand, la proclamation de
l'indépendance?
M. Tardif: Après la tenue du référendum.
M. Russell: On ne pourra pas discuter de ces crédits
après.
M. Saindon: ... être le référendum.
M. Tardif: C'est que ça n'a absolument rien à faire
avec l'adoption des crédits au programme actuel, M. le Président,
dans la mesure où il est question, dans ce programme, de la mise sur
pied, enfin de la création d'organismes d'échanges
intergouvernementaux. Pour l'instant, ces échanges peuvent se faire
encore de Québec.
Le Président (M. Laplante): Programme 2,
élément 1, adopté.
M. Goldbloom: M. le Président, peut-être que nous
pourrons parler des éléments 1 et 2 ensemble, parce que parfois,
c'est un peu difficile de savoir exactement où devrait se situer une
question. Y a-t-il présentement des enquêtes qui sont en cours,
menées par le ministère? Si oui, est-ce qu'il y a de nombreuses
municipalités qui sont visées par ces enquêtes et est-ce
qu'il y a un rapport-progrès que le ministre peut nous donner à
cet égard?
M. Tardif: M. le Président, malgré le lien qu'a
fait le député de D'Arcy McGee entre l'élément 1 et
l'élément 2, il serait peut-être bon d'établir une
certaine démarcation et différence entre les deux.
L'élément 1 du programme en question, le programme 2, vise, d'une
part, à aider comme le dit le titre, Aide à la gestion
municipale, mais comprend quand même trois sections, qui sont le Service
de la formation des administrateurs municipaux, le Service de l'analyse
régionale et également le Bureau régional de Rimouski.
Il y a présentement, et avant de répondre de façon
précise au deuxième élément, dans le cas de la
formation des administrateurs municipaux, évidemment divers programmes
de formation qui ont été mis au point, dont un très
important, en accord avec l'ENAP, en ce qui concerne la formation, la
réalisation ou la confection des nouveaux rôles
d'évaluation. Donc, cette partie du programme, "Aide à la gestion
municipale" qui, encore une fois, est essentiellement axée sur la
formation des administrateurs municipaux, est différente de ce
deuxième élément qui est la surveillance de la gestion
municipale comme telle.
Dans le cas de la surveillance de la gestion municipale, il y a
présentement, quant aux municipalités qui sont sous surveillance,
deux types de municipalités: celles qui, d'une part, sont sous
surveillance administrative.
Ceci comprend, évidemment, dans le cadre de la Loi de
l'organisation municipale de certains territoires les 21 municipalités
je pourrais nommer ces municipalités, que tout le monde
connaît, qui sont administrées par des gens du ministère.
Il y a présentement cinq villes en tutelle: Dolbeau,
Sainte-Anne-des-Monts, Saint-Léonard, Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
Schefferville et Val-Bélair. Si je compte bien, cela en fait six quand
même. Evidemment, lorsque ce document a été
préparé, Val-Bélair n'était pas encore sous
tutelle. Elle a été ajoutée par la suite. Il y a
maintenant six municipalités sous tutelle.
Quant aux municipalités sous enquête publique, en vertu des
pouvoirs de la Loi de la Commission municipale, il n'y a présentement
que la ville de Longueuil, dans le cas des collectivités nouvelles.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, dans le cadre de
l'élément 1 et de l'élément 2, notamment, sans
doute, de l'élément 1, je me permettrais de faire une
réflexion à haute voix, qui serait peut-être une suggestion
au ministre des Affaires municipales.
Il y a diverses formes d'aide aux municipalités qui, de plus en
plus, tendent vers la réforme fiscale. Il y a de l'aide technique qui
s'instaure, soit pour l'évaluation foncière, soit pour la gestion
même de la municipalité, mais, au-delà de ces programmes
déjà entrepris, il y en a un qui me vient à l'esprit
depuis un bon moment. Je trouve ce soir l'occasion pour en faire la suggestion.
C'est le programme relatif à une assistance technique dans le domaine
des travaux généraux à entreprendre dans les
municipalités. Actuellement, que ce soit par le biais de PAIRA
notamment, les municipalités doivent d'abord faire une réflexion
critique sur leur milieu de vie, sur leur équipement.
Mais elles le font, et on le sait, par le biais essentiellement
d'organismes qui sont, à toutes fins pratiques, des bureaux
d'ingérieurs. On connaît d'ailleurs certains programmes
chromés qui en ressortent. Ma suggestion serait que le ministre songe
à mettre sur pied une faible équipe, qui pourrait peut-être
être de l'ordre de quatre ou cinq
personnes ressources au ministère, qui, dans un premier temps,
créerait ce que j'appellerais une sorte de grille d'analyse pour les
municipalités, pour qu'elles puissent, par elles-mêmes, au
départ, évaluer diverses approches multiples, puits,
réseaux d'aqueduc, puits individuels, puits collectifs, bref, analyser
au départ des moyens à entreprendre pour solutionner leurs
problèmes, d'une part, et d'autre part, l'équipe qui, donc,
relèverait directement du ministère, serait au service des
petites municipalités, notamment, pour leur fournir une assistance
technique rapide d'analyse et de synthèse, avant même qu'elles
aient recours à de grosses sociétés
d'ingénierie.
M. Tardif: M. le Président, à l'heure actuelle, les
services du ministère, sur le plan de l'urbanisme, sont
évidemment accessibles aux municipalités. Les services de
spécialistes de la protection de l'environnement sont également
disponibles aux municipalités, lorsqu'il s'agit d'étudier les
problèmes qu'ils ont, en matière d'infrastructure, d'alimentation
en eau, d'évacuation des eaux usées.
Notre objectif d'exiger ou de demander aux municipalités de nous
présenter un programme triennal d'investissement vise exactement aussi
le même but sur le plan des immobilisations, et une équipe
procédera à l'analyse et pourra aller sur place conseiller les
municipalités quant à leurs dépenses d'immobilisation.
Voilà autant de mesures qui existent déjà ou qui
seront mises de l'avant, lorsque, encore une fois, la loi sera amendée,
qu'un projet de loi sera proposé visant à exiger ou à
demander un plan triennal d'investissement. Les divers programmes auxquels vous
avez fait allusion, le programme PAIRA, le programme liquidation et celui sur
l'évaluation contiennent en plus, à la fin de chacun d'eux, le
nom précis du service du ministère et de la personne avec qui on
peut communiquer pour avoir de l'aide avant de présenter un projet au
ministère.
Il y a, sur place, des gens au ministère prêts à
aider les municipalités dans ces domaines. C'est la même chose sur
le plan de l'urbanisme où, lorsqu'il est même question de
préparer un projet, ne serait-ce qu'en vue d'aller à
l'extérieur, pour le donner à contrat, comment une
municipalité devrait procéder, je pense à l'ordonnance qui
a été émise et au manuel promulgué pour
l'évaluation foncière qui fournit même aux
municipalités un projet de contrat type assigné à des
firmes d'éva-luateurs pour procéder à la confection des
rôles d'évaluation, on leur fournit un tel contrat type et elles
n'ont qu'à faire remplir. Sur ce plan, divers services existent. S'il y
a lieu d'en ajouter d'autres, c'est évidemment notre souci de
répondre à ce besoin des municipalités.
Le Président (M. Laplante): Le député
d'Argenteuil.
M. Saindon: M. le Président, le ministre vient de parler
un peu des plans d'urbanisme. Dans bien des petites municipalités et
dans des municipalités un peu moins petites, aussitôt qu'elles
commencent à loucher du côté des plans d'urbanisme, elles
s'aperçoivent que le cadastre des municipalités doit être
refait. Cela s'est produit dans mon comté et presque toutes les
municipalités se plaignent qu'elles n'ont pas les finances
nécessaires pour refaire à nouveau les plans de cadastre de leur
municipalité. Je demanderais au ministre s'il a des provisions à
cet égard, c'est-à-dire s'il prévoit être capable
d'aider les municipalités à préparer des plans, à
refaire leur plan de cadastre.
M. Tardif: M. le Président, cette question a effectivement
été discutée au COMPAT, le Comité
ministériel de l'aménagement du territoire et, là-dessus,
je dois dire que nous reconnaissons aussi le besoin de procéder à
cette réforme du cadastre pour tout le Québec. Toutefois, sur ce
plan, nous sommes tributaires de la décision de l'ancien gouvernement
qui a décidé, lorsque confronté avec la possibilité
de faire à la fois la réforme cadastrale et la réforme de
l'évaluation foncière, compte tenu des moyens financiers du
gouvernement et des municipalités, de donner priorité à la
réforme de l'évaluation, ce que nous continuons. Ce qui ne veut
pas dire qu'il ne faudra pas se lancer un jour dans la réforme
cadastrale, mais, pour l'instant, c'est une entreprise qui est
évaluée au bas mot entre $400 millions et $500 millions comme
réforme. C'est énorme évidemment. Ce n'est pas pour demain
cette réforme, même si, encore une fois, on est bien conscient
qu'il faudra la faire un jour.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, sur la question de
l'évaluation, je ne sais pas si le ministre trouve cela normal...
Le Président (M. Laplante): Excusez-moi, c'est parce que
vous abordez l'élément 3. Peut-on auparavant adopter les
éléments 1 et 2?
M. Russell: C'est le ministre qui y a fait allusion tout à
l'heure. Je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Laplante): S'il n'y avait pas d'objection
d'aller dans les quatre éléments ensemble et de les adopter en
bloc, cela ne me fait rien.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais suggérer,
bien humblement, aux collègues autour de la table que
l'élément 3 est quand même un sujet passablement distinct.
Il y aurait peut-être lieu de nous pencher là-dessus de
façon précise. Pour ma part, il me reste deux questions sur les
deux premiers éléments. Si mon collègue de
Brome-Missisquoi n'a pas d'objection, je voudrais demander tout simplement si
le ministre a l'intention de créer d'autres bureaux
régionaux.
M. Tardif: Nous avons eu, en effet, une de-
mande dans le cas de l'Abitibi. Cette demande est présentement
sur mon bureau et à l'étude.
M. Goldbloom: Pas de décision, pas d'engagement?
M. Tardif: Pas de décision.
M. Goldbloom: Le ministre ne s'étire pas le cou.
M. Tardif: II y a un problème très réel
d'effectif à cause des contraintes budgétaires. L'ouverture d'un
bureau régional implique, évidemment, du personnel et un budget
supplémentaire. Pour le moment, c'est là.
M. Goldbloom: M. le Président, ma deuxième question
est la suivante: Plusieurs porte-parole du gouvernement ont mentionné
l'idée de réduire les dépenses des municipalités
et, en même temps, d'aider l'économie québécoise en
appliquant une certaine politique d'achats, d'un côté, qui
pourrait possiblement, dans l'esprit de certaines personnes je ne veux
pas déformer la pensée de qui que ce soit; c'est une impression
que j'ai retirée des commentaires de certains membres du gouvernement
prendre la forme, sinon d'une certaine centralisation, au moins d'une
régionalisation ou d'un regroupement d'achats de façon à
obtenir des diminutions de coût unitaires. Je ne demande pas au ministre
d'aborder un débat là-dessus; je lui demande tout simplement s'il
y a du progrès dans cet élément du dossier. Il y a cette
idée d'utiliser le pouvoir d'achat des municipalités, de
l'ajouter au pouvoir d'achat du gouvernement provincial et d'autres instances
de responsabilités pour aider l'économie du Québec. Alors,
j'aimerais simplement savoir où nous en sommes.
M. Tardif: M. le Président, le document sur la politique
d'achats du gouvernement a été transmis aux divers
ministères dont, évidemment, le ministère des Affaires
municipales. Présentement, mes fonctionnaires se réunissent
régulièrement avec ceux des autres ministères et les
fonctionnaires responsables au ministère de l'Industrie et du Commerce
de l'implantation de cette politique d'achats. Il s'agit donc de prendre et de
traduire maintenant pour l'usage des municipalités ce document et de
voir dans quelle mesure on peut y donner suite. Un premier texte est en
préparation. Il m'a été soumis. J'ai demandé qu'il
soit simplifié, parce qu'on posait, quand même, toute la
problématique des contrats, des achats, des soumissions et tout. J'ai
demandé qu'il soit réduit à sa plus simple expression et
qu'il me soit représenté. Nous sommes donc en train de traduire,
si vous voulez, pour les fins municipales, les implications de cette politique
d'achats et, aussitôt qu'elle sera connue, elle sera
déposée en Chambre. C'est un document public.
M. Russell: M. le Président, est-ce que je dois
interpréter les paroles du ministre à l'effet qu'il y aura des
directives envoyées aux municipalités en vue de les diriger dans
leurs achats?
M. Tardif: II y aura des suggestions faites aux
municipalités quant au fait qu'il pourrait être souhaitable,
à tout point de vue, de suivre la politique d'achats qui leur est
proposée. Nous pourrions, cependant, dans les cas d'achats faits avec
des deniers provenant de l'Etat du Québec sous forme de subventions et
autrement, exiger que ce soit une des conditions, qu'il y ait
préférence pour des matériaux ou, enfin, des biens
fabriqués ici au Québec. C'est ce qui a été fait,
d'ailleurs, dans un programme que j'ai rendu public récemment, en ce qui
concerne l'achat d'équipements, par exemple, d'autopompes en
matière de protection contre l'incendie.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, il y avait 25% du budget des
municipalités qui servaient pour le service de la dette en 1974. En
1976, le pourcentage était de 33%. Est-ce que le ministère
s'appuie sur des règles strictes au niveau de la surveillance de la
gestion municipale ou s'il ne s'agit que de la surveillance de la
moralité de la gestion municipale?
M. Tardif: M. le Président, c'est là une question
fort complexe que j'ai eu l'occasion de discuter avec les hauts fonctionnaires
du ministère et les représentants de la Commission municipale,
à savoir l'établissement de normes et de critères
d'approbation de règlements d'emprunt. Je dois dire que les documents
qui m'ont été produits à la fois par le ministère
et la Commission municipale ne m'apparaissent pas au point et il n'est pas
question pour l'instant de les sortir tels quels. Il est évident qu'il y
aura des normes, qu'il y aura des règles quant aux finances, à
l'endettement des municipalités, à ces seuils critiques qu'on ne
saurait permettre de dépasser et nous sommes présentement en
train de les préparer.
J'ai mentionné ce matin dans mon exposé qu'il y avait
diverses façons de calculer l'endettement des municipalités, le
taux d'endettement per capita en était un, le pourcentage du budget
annuel consacré au service de la dette en est un autre, et
l'évaluation sur la base de l'évaluation foncière en est
une troisième également. A l'heure actuelle, nous sommes en train
d'établir des critiques qui permettront non pas de retarder, je dirais,
indéfiniment l'approbation de règlements d'emprunt, comme
c'était parfois le cas en guise ou à la place d'un refus
catégorique, mais que, les règles étant
édictées, elles seront communiquées aux
municipalités et elles sauront qu'à partir d'un certain seuil, il
n'est plus question d'autoriser des dépenses.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'arcy MGGee.
M. Cordeau: J'avais une dernière question.
Le Président (M. Laplante): Additionnelle? Allez-y.
M. Cordeau: Elle concerne la politique d'achat chez nous. Il
arrive parfois, lorsque l'on demande des contrats, des soumissions pour
l'exécution de travaux d'aqueduc, d'égoûts, etc que des
compagnies de notre localité arrivent peut-être avec $100 de plus
qu'une compagnie d'une localité située à 150 milles de
notre localité. Actuellement, c'est entendu, le plus bas soumissionnaire
doit avoir le contrat, quelle que soit la différence entre le plus bas
soumissionnaire ou le deuxième. Peut-être serait-il avantageux
pour une municipalité, lorsqu'un type paie des taxes, engage des
personnes de la localité, d'accorder les contrats à ces
entrepreneurs plutôt qu'à d'autres. Je ne sais pas si le ministre
peut nous donner quelques explications.
M. Tardif: En vertu de la loi, M. le Président, le
ministre a le pouvoir discrétionnaire d'autoriser et d'octroyer le
contrat à un autre que le plus bas soumissionnaire. Je dois dire que la
coutume a voulu, au ministère c'est celle que j'ai suivie depuis
que je suis là de demander l'avis de la Commission municipale
avant de ce faire. Maintenant qu'une politique d'achat est
édictée par le gouvernement et est en train d'être traduite
et adaptée sur le plan municipal, quel sera l'impact de cette politique
sur l'octroi des contrats? Je pense qu'il y a un paquet
d'éléments à analyser. Je crois qu'établir une
règle qui décréterait une préférence pour
des industries locales à partir d'un certain pourcentage pourrait avoir
un effet non recherché, donc d'augmenter systématiquement les
soumissions de ce pourcentage, si bien qu'on ne serait pas, en fin de compte,
tellement plus avancé sur le plan d'une sage gestion des deniers
publics. Une telle politique d'achat, selon moi, doit être beaucoup plus
incitative qu'autre chose et ne saurait être fixée de façon
trop rigide dans des normes et des pourcentages et il faut garder cette marge
de manoeuvre. Encore une fois, je préférerais attendre que
l'adoption de la politique gouvernementale au secteur municipal soit mise au
point et que l'on puisse la transmettre aux députés.
Le Président (M. Laplante): Le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, quant à la mise en
application d'une politique d'achat, si j'ai bien compris les porte-parole du
gouvernement, l'objectif de 70% de contenu québécois aurait
été fixé.
Le ministre a indiqué qu'il y a une étude qui se fait.
Puisqu'il s'agit d'une prise de position du gouvernement si je me trompe
sur les chiffres, je suis sûr que le ministre me corrigera ce que
je veux savoir est ceci: Ce n'est pas du jour au lendemain que l'on peut passer
d'un pourcentage X qui existe aujourd'hui à un pourcentage Y qui est
établi comme objectif.
Nonobstant le fait qu'il y a une étude qui se poursuit
présentement, y a-t-il un calendrier pour le début de la mise en
application d'une politique d'achat, et est-ce que ce calendrier comporte un
objectif dans le temps pour l'atteinte du pourcentage qui est visé comme
objectif?
M. Tardif: La première phase du calendrier est celle de la
connaissance des sources d'approvisionnement des municipalités. C'est ce
que nous ne connaissons pas présentement et c'est ce que nous voulons
chercher à savoir avant d'orienter de façon définitive ou
de tenter d'orienter de façon définitive les achats dans un sens
ou dans l'autre. Nous ne connaissons pas les principales sources
d'approvisionnement des municipalités en matière
d'équipement divers, si ce n'est peut-être dans le secteur, comme
je l'ai mentionné, de pompes à incendie et autres. On sait
pertinemment qu'il y a un endroit où ils sont fabriqués. Les
tuyaux d'égout et d'aqueduc, on sait, dans certains cas, où ils
sont fabriqués, mais en dehors de ces deux secteurs, je dois dire que
nous n'avons pas de données tellement précises.
Le Président (M. Laplante): Programme 2. Elément 1.
Adopté? Elément 2. Adopté?
M. Goldbloom: Adopté. Je pense que c'était notre
collègue de Brome-Missisquoi qui voulait parler de
l'élément 3.
M. Russell: Exactement. Sur l'évaluation foncière,
actuellement, nous avons énormément de plaintes qui nous viennent
de ces petites municipalités qui se retrouvent avec des factures qui
semblent sinon exagérées, du moins très
élevées. Je prends pour exemple une municipalité qui a un
revenu foncier de $21 000, qui se retrouve avec une facture d'évaluation
foncière d'au-delà de $30 000 et qui a tenté de faire un
règlement, divisé sur trois ans, à $10 000 par
année. Ce qui veut dire que 54% de la taxe foncière va aller
payer la facture de l'évaluation foncière pendant trois ans,
à ce moment, on fera la révision et il y aura une autre facture
de la révision qui s'implantera.
Cela ne semble pas très normal. Je trouve que ces coûts
sont un peu élevés et je me demande s'il n'y a pas une
façon que le ministère des Affaires municipales pourrait trouver
pour corriger cette situation.
M. Tardif: La réforme de l'impôt foncier, de la
confection des rôles d'évaluation qui a été rendue
publique tout récemment et qui a été, en quelque sorte,
annoncée par la Loi de l'évaluation foncière,
promulguée en 1971, comportait ceci de particulier le
député de Brome-Missisquoi n'était pas ici ce matin
à l'occasion de mon exposé comportait ceci de particulier,
dis-je, qu'une participation gouvernementale de l'ordre de 50% du coût de
confection des nouveaux rôles d'évaluation est prévue, et
dès le présent exercice financier.
Il y aura donc une aide très substantielle pour
la confection de ces rôles. Ceci, évidemment,
n'éliminera pas complètement les cas où il pourrait y
avoir des surcharges ou des abus dans les factures qui sont faites aux
municipalités pour la confection de tels rôles, quoique des
mesures, encore une fois, ont été prises dans la
préparation, encore une fois, de projets de contrat type à
être signé avec des firmes d'évaluateurs pour la
réalisation de ces rôles. Je pense qu'on fait évidemment
tout ce qui est possible pour maintenir les coûts de cette
évaluation et de la confection de ces rôles à un sommet
raisonnable.
M. Russell: Je comprends la préoccupation du ministre, et
la subvention qui sera versée aux municipalités sera la
bienvenue. Si je comprends bien, les municipalités qui ont
déjà payé la facture auront droit d'être
compensées par une subvention, étant donné qu'elles ont
déjà fait la dépense.
M. Tardif: Les montants prévus sont pour les nouveaux
rôles. Il y a toutefois certains travaux faits dans la confection des
nouveaux rôles qui pourront être considérés pour fins
de participation gouvernementale. Je pense, entre autres, aux matrices
graphiques et aux rapports analytiques qui sont des éléments qui
pourront être intégrés, s'ils ont été faits
conformément aux manuels d'évaluation, tels quels dans les
nouveaux rôles. Donc, il y a certains éléments de travaux
déjà faits qui pourraient être intégrés.
M. Russell: M. le Président, on semble avoir une exigence
pour des gens censément qualifiés, dit-on, avant qu'ils soient
engagés pour la confection des rôles des municipalités. A
la consultation de plusieurs normes qui sont utilisées dans chaque
municipalité, ces gens, censément qualifiés, ne semblent
pas se servir exactement des mêmes normes ou n'arrivent pas aux
mêmes fins. Il semble y avoir beaucoup de variations entre les
édifices, même dans les mêmes municipalités. Je me
pose beaucoup de questions sur la valeur je ne parle pas
d'intégrité, mais de la valeur des normes qui sont
utilisées pour l'évaluation municipale actuellement par ces
firmes-là.
M. Tardif: Précisément, M. le Président,
jusqu'à ce que je les rende publiques il y a deux semaines, il n'y avait
pas de normes uniformes dans tout le Québec pour la confection des
rôles d'évaluation. Chaque rôle était fait, à
certains endroits de façon plus scientifique, ailleurs au
pifomètre où le secrétaire-trésorier ou d'autres
personnes pouvaient passer dans la municipalité et estimer la valeur de
tel endroit à tel montant, mais il reste qu'il n'y avait pas,
indépendamment des qualifications que croyaient avoir les personnes qui
confectionnaient ces rôles, il n'y avait pas de méthode uniforme.
Maintenant, il y a un manuel qui a mis cinq ans à être au point,
je pense, depuis l'adoption de la loi, et ces manuels d'évaluation sont
maintenant à la disposition des municipalités et des
évaluateurs et un programme d'information pour les maires des
municipalités, pour les cadres supérieurs, pour les
évaluateurs, a été prévu, programme de formation
également avec l'ENAP et c'est précisément pour
remédier à ce que déplore le député de
Brome-Missisquoi à savoir que ces manuels qui ont été
préparés visent précisément à uniformiser
l'évaluation foncière sur le territoire du Québec.
M. Russell: M. le Président, juste une question, pour
enlever de mon esprit, et peut-être à d'autres membres de la
commission, cette inquiétude. Actuellement, il y a des conseils de
comté qui ont engagé ces firmes entre lesquelles il y a un
certain écart dans leur façon de travailler, à des taux
assez élevés. Si je comprends bien le ministre ou si
j'interprète bien ses propos, il vient d'établir des normes pour
uniformiser le travail, la façon d'évaluer une
municipalité. Les conseils de comté dont 50% des travaux sont
faits à des prix énormes, est-ce qu'il va y avoir des correctifs
apportés, et qui paiera la facture?
M. Tardif: M. le Président, les manuels
d'évaluation rendus publics, il y a à peine deux semaines, vont
devoir être utilisés par toutes les municipalités pour
confectionner de novo le nouveau rôle d'évaluation. Ce qu'il est
important, cependant, de souligner, c'est que les municipalités ont
jusqu'au 31 décembre 1983 pour procéder à la confection de
ces nouveaux rôles en fonction de ces manuels et donc dans le cas de
celles qui se sont engagées avec des firmes, évidemment, nous
pourrons leur prêter tout le concours technique du ministère, mais
cela reste une responsabilité locale et jamais on n'exigera assez des
administrateurs municipaux pour qu'ils se méfient avant de s'engager
dans des contrats, fût-ce avec des firmes d'évaluateurs.
Le Président (M. Laplante): Avec l'accord de tout le
monde, je vous donnerai le premier droit de parole demain.
Nous ajournons à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h)