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Etude du projet de loi no 3:
Loi concernant certains
immeubles loués
(Dix-sept heures cinq minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, mesdames,
messieurs!
La commission permanente des affaires municipales et de l'environnement
est réunie pour étudier, article par article, le projet de loi no
3 intitulé Loi concernant certains immeubles loués.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont
MM. Alfred (Papineau), Beauséjour (Iberville), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Caron (Verdun), Cordeau (Saint-Hyacinthe), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Fontaine (Nicolet-Yamaska), en remplacement de M. Dubois
(Huntingdon); MM. Dussault (Châteauguay), Goldbloom (D'Arcy McGee),
Lavigne (Beauharnois), Léger (Lafontaine), Léonard
(Laurentides-Labelle), Mme Ouellette (Hull), MM. Roy (Beauce-Sud), Saindon
(Argenteuil), Tardif (Crémazie), Vaugeois (Trois-Rivières), Blank
(Saint-Louis), en remplacement de M. Verreault (Shefford).
M. Goldbloom: M. le Président, avec votre permission, je
remarque...
Le Président (M. Clair): M. le député de
D'Arcy McGee, si vous permettez, nous pourrions procéder
immédiatement à la nomination d'un rapporteur.
M. Goldbloom: C'est sur la liste dont vous venez de faire
lecture, M. le Président.
Le Président (M. Clair): C'est sur la liste.
M. Goldbloom: Je remarque que le Dr Sain-don,
député d'Argenteuil, n'est pas parmi nous et que le
député de Marguerite-Bourgeoys, M. La-londe est ici. J'aimerais
que la substitution de nom se fasse, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Si vous permettez, j'en avais parlé au
président. Je ne l'ai pas demandé, parce que je dois quitter la
commission dans quelques minutes pour participer au débat en Chambre.
J'ai présumé que j'aurais quand même le droit de parole du
consentement unanime pour le début de la commission.
Le Président (M. Clair): Si...
M. Lalonde: Si vous insistez, je peux être membre de la
commission quand même.
Le Président (M. Clair): Si vous désirez être
membre remplaçant; vous pourriez revenir aussi, si vous le jugiez bon
à un moment donné.
M. Lalonde: Cela va.
Le Président (M. Clair): En remplacement de M. Saindon
(Argenteuil), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys).
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que je dois
demander la permission de la commission, parce que je ne suis pas membre...
Le Président (M. Clair): Si vous n'êtes pas membre,
nous pourrons demander plus tard à la commission.
M. Blank: Vous pourriez remplacer...
Le Président (M. Clair): Oui, vous pourriez remplacer des
gens qui sont absents.
M. Lalonde: II faut que je remplace...
M. Charbonneau: M. Léonard n'est pas ici.
M. Blank: Vous pouvez remplacer M. Léonard.
Le Président (M. Clair): II y a consentement unanime de ce
côté? En remplacement de M. Léonard (Laurentides-Labelle),
M. Charbonneau (Verchères). Il y aurait maintenant lieu de nommer un
rapporteur. Je suggère à la commission, M. Brassard
(Lac-Saint-Jean). Est-ce que cette suggestion est accueillie?
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Clair): Adopté. M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) agira comme rapporteur. M. le ministre des Affaires
municipales.
Remarques préliminaires
M. Tardif: Ainsi qu'il a été présenté
lors de la présentation en deuxième lecture, ce projet de loi,
qui est présentement devant la commission, comporte trois séries
de dispositions, les unes visant à permettre des reprises de possession
dans les cas où il y avait eu offre d'achat faite avant le 1er
février et enregistrée avant le 1er mars, donc d'une façon
générale; une deuxième disposition visant à
décontrôler les immeubles construits après le 31
décembre 1978 et une série de dispositions concernant le cas
connu sous le nom de Val-Martin. Ainsi, l'étude article par article nous
permettra de faire les commentaires appropriés quant à chacun
d'entre eux. Je ne voudrais pas reprendre la discussion ici sur l'ensemble du
projet.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Pour enchaîner avec le propos du ministre des
Affaires municipales, en effet, nous avons pris à bon droit, j'en suis
sûr, la parole du ministre voulant que, lorsque nous arriverons aux
articles en question, ils seront retirés, ne laissant que les
articles 1, je crois, 3, 4, 6, 9 et 10 qui sont, dans une bonne partie, des
articles de concordance.
J'aimerais toutefois indiquer, avant de commencer l'étude article
par article que, dans le cas où des articles sont retirés
cela touche surtout Val-Martin si le ministre avait des propositions
précises qui ne violaient pas ce qui, d'après nous, sont des
principes fondamentaux, nous serions prêts sûrement, c'est notre
rôle, à les considérer dans le cadre de la discussion
actuelle, pour tenter de trouver quand même, dans l'intervalle, un
traitement équitable pour toutes les parties, dans le cas de Val-Martin
en particulier.
Naturellement, c'est la responsabilité du gouvernement de nous
proposer des solutions compatibles avec notre économie du droit. Non
seulement nous sommes tout à fait d'accord, mais nous l'invitons
même à le faire, parce qu'il reste que vu l'urgence de
l'adoption de ce projet de loi qui nous est quand même parvenu il y a
moins d'une semaine des individus, des personnes, des gens sont
affectés par la situation actuelle, à Val-Martin, en particulier.
Ce sont des gens qui sont propriétaires on les appelle petits
propriétaires, pas parce qu'ils sont de plus petites gens, mais ce sont
des gens comme les autres, sauf que, pour la majorité des cas, c'est
à peu près tout ce qu'ils ont ou des locataires. N'ayant
aucun parti pris ni pour un ni pour l'autre, je crois que c'est notre
rôle d'essayer de trouver des solutions équitables. Nous assurons
le ministre, quant à nous, de notre collaboration.
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: C'était seulement pour faire quelques
remarques préliminaires. Il est bien entendu que, selon la proposition
qui serait faite par le ministre d'enlever certains articles du projet de loi,
nous tomberions d'accord sur le reste, sauf qu'il faut prendre en
considération que le fait d'enlever ces articles brime des droits qui
avaient été accordés par d'autres projets de loi, d'autres
lois. Ayant eu l'occasion de rencontrer et les propriétaires et les
locataires, je pense qu'il serait opportun de donner l'occasion à ces
gens de s'exprimer peut-être après que le ministre aura
proposé des solutions à leur égard.
Etude article par article
Le Président (M. Clair): Nous allons maintenant
procéder à l'étude du projet de loi, article par article,
à moins qu'il y ait d'autres interventions. Article 1?
M. Tardif: M. le Président, l'article 1 apporte en
matière de reprise de possession d'unités de
copropriété les mêmes modifications que celles
prévues par le nouveau paragraphe 1 de l'article 16b et contenues
à l'article 3 du projet de loi. C'est donc de permettre la reprise de
possession dans les cas d'enregistrement de copropriété avant le
1er mars, comme pour ce qui est des autres types d'unités de
logement.
M. Blank: Vous parlez des unités de
propriété de grands immeubles, de condominiums?
M. Tardif: C'est cela.
M. Blank: Est-ce qu'il y avait beaucoup de cas, parce que je
trouve rare que quelqu'un qui achète un condominium...
M. Tardif: Non, mais il s'agit... M. Blank: On peut avoir
des cas...
M. Tardif: II s'agit des demandes qui étaient
enregistrées, en fait, qui étaient pendantes. Vous vous
souviendrez que, par les amendements apportés par le chapitre 84 des
lois de 1975, il y avait un moratoire d'imposé sur les transformations
en copropriété, sauf pour les demandes qui avaient
été faites avant cette date et pour lesquelles des jugements ou
des décisions de la commission ont été rendus, pendant la
période, mais même si ces décisions étaient rendues,
il n'était pas possible de reprendre possession. Alors, maintenant, ces
mêmes dispositions qui sont élargies pour l'ensemble des
propriétés au Québec, le sont également pour
celles-là, mais uniquement dans ces cas. Cela ne lève pas le
moratoire sur les nouvelles transformations en copropriété.
M. Blank: Cette fois-ci, vous ne faites pas d'ingérence
dans la justice, vous aidez la justice. Vous poursuivez le but des juges quand
ils rendent le jugement en faveur de ces personnes. C'est une bonne
démarche.
M. Tardif: Je note vos commentaires.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que le ministre peut
nous assurer qu'il n'y a pas dans cet article d'autres modifications que des
modifications de date, c'est-à-dire que l'application de l'article
adopté en décembre est reportée pour permettre à
certaines personnes de jouir de droits qu'elles auraient dû pouvoir
exercer? Il n'y a pas d'autres effets.
M. Tardif: II n'y a pas d'autres effets, hormis le dernier
alinéa, qui décale la date d'envoi des avis de reprise de
possession, la date limite, du 1er au 15 avril, puisque c'est demain seulement
le 1er avril, et que, même avec l'adoption, en troisième lecture
demain, de ce projet de loi, il faut quand même donner un certain temps
pour le rendre public et que le programme justement mis de l'avant implique une
publication, enfin, un calendrier de publication permettant que ces amendements
soient connus le plus largement possible avant le 15 avril pour l'envoi de ces
avis.
M. Goldbloom: M. le Président, compte tenu de la
réponse que vient de nous donner le ministre, je dois me limiter, je
pense, à souligner notre
opposition à la mesure qui a été adoptée en
décembre. Nous avons effectivement voté contre la loi en
question, parce que nous avons trouvé que l'équilibre qui a
existé depuis un temps considérable a été quelque
peu chambardé par cette mesure. Pour cette raison, tout en étant
plus heureux de l'application, parce qu'il y a un assouplissement au calendrier
disponible aux propriétaires pour leur action, nous ne sommes quand
même toujours pas d'accord avec l'idée de base qui anime cette
mesure. Je tiens à souligner que nous n'avons pas changé notre
avis à cet égard.
Le Président (M. Clair): Article 1, adopté?
M. Caron: M. le Président, avant d'adopter l'article 1,
est-ce que le ministre peut nous assurer que ce sera la dernière
année qu'on fonctionne... J'ai vu dans les journaux... Cela fait
longtemps qu'on y pensait. Est-ce que le ministre peut nous assurer, à
cette commission, ou prétend que ce sera la dernière année
qu'à partir de l'an prochain, le petit qui veut s'acheter une
propriété aura la chance d'y habiter?
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, j'ai déposé,
lors de la présentation en deuxième lecture, copie de
l'arrêté en conseil mandatant un groupe de personnes pour faire
cette refonte de la loi souhaitée par tous.
M. Caron: On l'espère de tout coeur. Le
Président (M. Clair): M. le député...
M. Blank: J'espère que les gens qui vont faire la nouvelle
loi vont la rédiger en un français que les gens pourront
comprendre. Parce que la loi actuelle, même les avocats ne la comprennent
pas.
M. Tardif: Je l'espère également, M. le
député.
M. Blank: Au moins la rédiger en un langage que tout le
monde va comprendre. Pour les avis dans les journaux quant à la date,
pour cette loi-ci, j'ai eu des difficultés, moi-même, à
comprendre ce que vous vouliez dire. C'est pour ça que les dates qu'on a
données ici, le 1er février ou le 1er mars, je ne sais pas si le
monde ordinaire a compris vos annonces et sait la situation actuelle. Je ne
sais pas si c'est effectivement possible de changer ces dates pour le 1er avril
ou le 31 mars, quelque chose comme ça, pour la question des
délais. Mais je suis certain que le public "at large" n'a pas compris
vos avis dans les journaux vis-à-vis de ces changements, pas
particulièrement sur les condominiums, parce que ces gens sont plus
informés; c'est l'article 4 ou 5 pour des petits propriétaires
qui achètent des duplex, des triplex. Ils ne comprennent pas... Ces gens
font encore des achats et sont très étonnés de voir qu'ils
ne peuvent pas entrer. Ils ne comprennent pas. J'espère qu'après
avoir adopté la loi, on fera une publicité pour faire comprendre
à ces gens qu'ils ont perdu un droit.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, j'ai parlé
tantôt, justement, du calendrier de publicité. En effet, en
présumant de l'adoption de ce projet de loi et de sa sanction avant 13
heures le 1er avril, c'est-à-dire demain, un programme de
publicité sera fait dans les quotidiens à travers le
Québec le mardi 5 avril, le jeudi 7 avril; dans les hebdos, le samedi 9
avril, et à nouveau, dans les quotidiens, le mercredi 13 avril,
c'est-à-dire à quatre reprises avant l'entrée en
vigueur...
M. Blank: Cela veut dire que tous les gens qui ont fait des
achats ou des affaires entre le 1er mars et le 1er avril sont dans un
"limbo"?
M. Tardif: C'est-à-dire, M. le Président, que, de
toute façon, une personne qui se serait portée acquéreur
ou qui se porterait acquéreur d'une maison à compter du 1er
avril, demain, ne pourrait pas, normalement, sans même cette loi-ci, en
reprendre possession avant le 30 juin 1978, si bien que la seule période
finalement qui reste est celle du 1er mars au 31 mars, c'est-à-dire
aujourd'hui.
M. Blank: On doit avoir une loi et se chicaner pour trois jours
et dépenser l'argent de l'Assemblée nationale pour une question
d'un mois. Pourquoi ne fait-on pas cela pour le 1er février ou
ôtez-le complètement, et cela ne change rien?
M. Tardif: C'est-à-dire, M. le Président, que dans
ce cas-ci, cela a été précisément cette loi
annoncée dans les journaux, à plusieurs reprises. Les amendements
qui vous sont proposés à l'article 1 et à d'autres
articles ne sont apportés que parce qu'au mois de décembre
je l'ai dit en première lecture lors de la présentation de ce
projet de loi j'avais de bonnes raisons de croire que la bonne foi des
gens avait été quelque peu surprise dans ce projet adopté
le 23 décembre, à la veille des Fêtes et que ce n'est plus
le cas maintenant.
Je voudrais quand même ajouter un autre élément.
Finalement, les amendements apportés au mois de décembre,
même si aujourd'hui, ils sont assouplis pour les raisons que j'ai
mentionnées, c'est-à-dire manque de publicité d'une part
et cette question du plan d'épargne-logement d'autre part, ont eu quand
même un effet, je pense, recherché qui était de
décourager dans le cas du projet de Elmhurst Development, entre autres,
sa transformation et sa vente en pièces détachées, ne
serait-ce que cela, c'était déjà 240 logements de
sauvés.
M. Blank: Oui, mais on n'a pas le temps... Si vous vous souvenez
du débat ici en décembre, ce n'était pas seulement des
projets comme Elmhurst. On a parlé de petits duplex, de triplex, de
petits propriétaires et maintenant, on fait une loi
pour brimer les droits de ces petits propriétaires qui ont fait
des achats dans une courte période, soit du 1er mars au 1er avril. Toute
la loi, c'est pour un mois. Cela arrive à ça.
M. Tardif: Toute la loi n'est pas pour un mois.
M. Blank: Oui. Parce que, après le 1er avril, il ne peut
pas donner l'avis... peut faire jusqu'au 30 juin 1978, même avant, sans
cette loi-ci, ... et vous avez fait les changements le 16 décembre 1976
jusqu'au 1er mars 1977, ces gens sont libres, mais les seules personnes qui
sont brimées sont les personnes qui enregistrent une vente du 1er mars
au 1er avril.
M. Tardif: Contrairement à ce qui s'est passé dans
le cas de la loi 78 où il y a eu d'abord la loi, puis bien longtemps
après la publicité, cette fois, c'est le contraire. Il y a eu la
publicité d'abord et la loi après, si bien qu'on ne saurait
invoquer...
M. Blank: Oui. Je suis d'accord avec vous, mais l'effet
réel de cette loi, c'est pour un mois.
M. Tardif: L'effet réel, c'est finalement de permettre
à ces gens, effectivement, à qui on avait garanti la libre
jouissance et l'occupation de leur habitation, d'y rester.
Le Président (M. Clair): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: II y a quand même une situation qui reste
inchangée pour les personnes qui, en vertu du troisième
alinéa et l'article 1 que nous avons sous les yeux
n'étaient pas enregistrées à titre de propriétaires
au 1er février etc., or, nous voici au 1er avril et le gouvernement fera
dorénavant jusqu'au 15 avril de la publicité pour informer des
personnes de leur droit. Je me demande s'il n'y a pas lieu d'assouplir
l'application de cette mesure pour tenir compte du fait que la situation ne
sera pas modifiée pour ces personnes qui, au 1er février,
n'étaient pas propriétaires, n'étaient pas partie à
une promesse d'achat ou de vente etc.
Il y avait quand même des actes posés de bonne foi par de
telles personnes.
Le Président (M. Clair): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: L'assouplissement pour les mois de janvier et de
février nous apparaît, en raison justement de la publicité
qui a été faite, non seulement dans les media d'information, mais
auprès de tous les notaires et également de toutes les agences
d'immeubles, que ceux-ci informaient normalement les gens qui se portaient
acquéreurs des nouvelles dispositions de la loi, si bien que l'effet net
de cette loi est de permettre à des gens qui auparavant n'auraient pas
pu prendre possession de leur logement de le faire. Donc, elle donne un droit
nouveau à des propriétaires et elle ne l'en- lève pas
à des gens à qui la loi 78 l'avait enlevé pour un
mois.
M. Goldbloom: M. le Président, nous sommes quand
même au 31 mars et nous faisons une distinction assez importante entre un
geste posé le 31 janvier, qui était un lundi, et un geste
identique posé le 2 février qui était un mercredi. Et nous
arrivons aujourd'hui avec la constatation de la part du gouvernement
lui-même que l'application de ces mesures laissait à
désirer et nous disons: Oui, il y a eu des difficultés qui ont
été créées par une adoption un peu rapide d'une loi
qui était complexe et qui était l'objet, par la suite, d'une
certaine publicité, mais, si la publicité avait eu la
portée et l'effet voulus, il n'y aurait pas eu besoin de revenir avec
l'article 1, je pense bien. C'est parce qu'il y a eu des difficultés que
le ministre revient avec le projet de loi no 3 qui comporte l'article 1 qui
modifie un régime d'application. Et voilà que, dans le
passé, il y a eu des situations qui, aux yeux du gouvernement,
constituaient une injustice quelconque. Si cette situation s'est produite le 31
janvier, le gouvernement dit: Aujourd'hui, nous regrettons ce contretemps. Nous
allons corriger la situation. Mais, deux jours plus tard, la même
situation aurait pu, de bonne foi, se produire et le gouvernement dit: Non,
nous regrettons, ce n'était pas une injustice à l'endroit de qui
que ce soit parce que c'est arrivé le 2 février au lieu du 31
janvier.
M. Tardif: M. le Président, le citoyen pouvait
raisonnablement, lors de l'adoption ou par suite de l'adoption de la loi 78,
invoquer une ignorance de la loi, ce qui, aujourd'hui, trois mois après
son adoption, n'est plus le cas. Si bien qu'encore une fois, l'assouplissement
proposé, compte tenu que la situation du logement en termes de
disponibilité et de taux de vacance et de taux d'inoccupation n'a pas
été tellement modifiée au Québec, cette mesure,
donc, m'apparaît être le maximum au-delà duquel il ne
saurait être question d'aller, je pense, compte tenu encore une fois
qu'il s'agit d'une loi qui, est-il nécessaire de le rappeler, se termine
le 31 décembre 1977 et qu'un comité a mandat de faire cette
refonte. Alors, je pense que... Pardon?
M. Goldbloom: L'archiviste du ministre lui fait honneur, mais
quand même.
M. Blank: Le ministre a parlé de publicité. Je
trouve très curieux qu'on voie des ministères différents
du gouvernement faire des choses différentes. Si vous avez une
publicité ici et que vous voulez attirer l'attention de tout le monde,
des petits propriétaires, vous placez des annonces dans les journaux et
vous avez une copie d'annonce et vous envisagez un autre schéma de
publicité pour l'avenir, mais je trouve très curieux de trouver
les annonces en français dans les journaux anglais. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce, dans une situation moins sérieuse, les
heures d'ouverture et de fermeture durant les fêtes, publie des annonces
en anglais et en français dans les jour-
naux anglais. C'est plus difficile pour beaucoup de gens de cette
province; si on veut réellement attirer l'attention des petites gens,
même des petits propriétaires qui n'ont pas la chance d'être
bilingues... Ces gens-là, même dans leurs propres journaux,
italiens, grecs, anglais, n'ont pas l'occasion de le voir dans une langue
qu'ils comprennent. Au moins, si vous voulez faire des annonces dans des
journaux d'une langue autre que le français, ayez au moins la politesse
ce n'est pas une question d'égalité de les publier
dans la langue que ces gens-là peuvent comprendre.
M. Tardif: J'ai pris bonne note des représentations du
député de Saint-Louis à ce sujet et j'espère que la
charte de la langue viendra apporter des réponses à ce genre de
situation.
Le Président (M. Clair): L'article 1 est-il
adopté?
M. Goldbloom: M. le Président, je ne veux pas
étirer le débat, mais j'aimerais quand même poser deux
questions au ministre. Est-ce que le ministre peut nous indiquer quel a
été le calendrier de publication des annonces à la suite
de l'adoption du projet de loi no 78, le 23 décembre?
M. Tardif: Ecoutez, je n'ai pas les dates par coeur...
M. Goldbloom: Non, je ne les demande pas, simplement...
M. Tardif: ...je peux vous dire que je l'ai trouvé assez
peu insatisfaisant que, d'une part, je me suis occupé personnellement de
voir à me faire communiquer celui pour la loi qui va sortir demain et
qu'il y a eu toutefois, peu après l'adoption, comme première
mesure, de la loi 78, une lettre envoyée à la Chambre d'immeubles
du Québec et également celle des notaires, étant
donné que nous pensions que c'était là peut-être le
premier endroit où les gens auraient pu normalement être
informés des dispositions de la loi, et ceci par une lettre personnelle
du président de la Commission des loyers, le juge Desjarlais, qui a
envoyé cette communication, puis, par la suite, ces avis qui ont
été publiés dans les journaux. Ils ont paru au moins
à trois ou quatre reprises. Vous dire exactement les dates, je suis
incapable de le faire ici.
M. Goldbloom: Mais ces trois ou quatre...
M. Tardif: II y a également eu des communiqués
à la presse.
M. Goldbloom: Oui, d'accord. Ces trois ou quatre reprises et les
autres mesures publicitaires, est-ce qu'elles se situaient avant le 1er
février, est-ce que c'est en fonction de cette campagne de
publicité qui aurait pris fin vers le 1er février que cette date
a été choisie?
M. Tardif: Absolument, M. le Président. C'est que ces
dates ont été fonction du moment de pa- rution et ce n'est pas au
hasard qu'on a pigé la date en question. La publicité s'est faite
au cours du mois de janvier.
M. Goldbloom: Ma deuxième question est, je crois, la
dernière, M. le Président. Le ministre a fait allusion tout
à l'heure à cette question controversée du taux
d'inoccupation. A-t-il fait faire une étude de l'impact
prévisible de cette mesure sur le taux d'inoccupation, disons sur
l'île de Montréal?
M. Tardif: L'impact de quelle mesure, M. le Président?
M. Goldbloom: La mesure qui se trouve dans la loi adoptée
le 23 décembre, modifiée quant à ses dates d'application
par l'article 1 du projet de loi no 3. Si la préoccupation que nous
devons tous partager a été de poser un geste qui aurait
aidé à régler le problème du faible taux
d'inoccupation, est-ce que le ministre a fait analyser l'impact et est-ce qu'il
peut nous dire de quelle façon et dans quelle mesure il compte aider a
régler ou soulager ce problème par l'adoption de cette loi?
M. Tardif: M. le Président, il est bien évident
qu'une mesure visant à geler une situation, visant à permettre
à des locataires de continuer d'occuper leurs logements n'augmente pas
le nombre de logements. Le taux d'inoccupation ou le taux de vacance est
fonction du nombre de logements disponibles. Donc, le fait de dire aux gens:
Vous pouvez continuer d'occuper vos logements pendant un certain temps, parce
que, précisément ce taux, dans la région de
Montréal ou dans les grandes villes, est inférieur à 1%,
n'augmente pas pour autant le nombre de logements disponibles. Ce n'est pas
à ce niveau, par ce moyen, que l'on peut augmenter le stock de
logements.
M. Goldbloom: Nous nous entendons là-dessus, M. le
Président, mais c'est pour cela que nous étions en
désaccord avec l'approche du gouvernement parce que, comme je l'ai dit,
au ministre en décembre, ce n'est pas le locataire qui effectue la mise
de fonds, la mise de capitaux pour créer une augmentation de stock de
logements, c'est, par définition, celui qui est constructeur et, dans
une proportion importante de cas, propriétaire par la suite. C'est cet
investissement qui augmente le stock de logements; si l'on décourage les
propriétaires, si on leur met des bâtons dans les roues, alors
là, on aura un effet contraire sur le problème du faible taux
d'inoccupation.
M. Tardif: Je pourrais retourner l'argument du
député de D'Arcy McGee à l'envers et dire que, dans la
mesure où il y a gel des évictions et dans cette mesure
même où précisément un acquéreur, en
puissance, ne pourrait acheter une maison pour l'occuper pour ses fins, pourra
peut-être être incité à se retourner et à s'en
faire bâtir une neuve qu'il pourra occuper en toute jouissance et en
toute liberté.
Cela dit, on peut retourner l'argument de côté et je pense
que ce n'est pas un moyen de régler, à
court terme, le problème du "stock" du logement. D'accord?
Le Président (M. Clair): L'article 1 est-il
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Clair): Article 2.
M. Tardif: Le retrait de l'article 2 et des articles concernant
Val-Martin. Je voudrais être très clair à ce stade-ci. J'ai
fait l'engagement, tantôt, en Chambre, de demander ce retrait suite,
entre autres, à la motion du député de Saint-Louis visant
à reporter tout le projet d'un mois. Quand on connaît les
délais et les travaux de la Chambre pour les prochaines semaines
après le discours du budget et les discours en réponse au
discours du budget, il aurait été probable que ceci
équivaille à ajourner ou à renvoyer aux calendes grecques
l'adoption de ce projet de loi.
J'ai partiellement accepté de retirer, de sus-prendre, en quelque
sorte, des parties du projet de loi qui portaient à toutes sortes
d'interprétations, non pas que je partageais ces interprétations,
puisque je pense que, contrairement à ce qui a été dit,
cette loi ne comportait aucune infraction nouvelle. Deuxièmement, le
principe nulla poena sine lege était intégralement
respecté puisqu'il n'y avait pas de caractère pénal
rétroactif. Troisièmement... Non. Puisque les dispositions de
l'article 13 de la loi 78 continuaient de s'appliquer, M. le Président,
lesquelles dispositions de l'article 13 de la loi 78 disaient bien et je cite:
"Le présent article ne s'applique pas aux poursuites pénales
relatives à une infraction audit article 16". Si bien que si
rétroactivité il y avait, ce n'était que sur le plan
civil. Je pense que sur ce plan-là...
M. Blank: Le principe est le même. M. Tardif:
Pardon?
M. Blank: C'est le même principe, ce n'est pas un bon
principe.
M. Tardif: J'ai dit, si rétroactivité il y avait,
puisque encore là, M. le Président, à tout
événement, je ne voudrais pas... j'essaie d'expliquer dans quel
contexte cela s'est fait. Cependant, ce qui est en quelque sorte la principale
raison, quand j'ai parlé des faits nouveaux qui justifient ceci, c'est
qu'il y a présentement un certain nombre de jugements rendus par la
commission qui sont exécutoires, c'est-à-dire qui
décrètent, en quelque sorte, ou qui permettent la reprise de
possession, un certain nombre de reprises de possession à
Val-Martin.
Dans le contexte actuel, même la loi 3, après la loi 78 et
après le chapitre 84 présenté par l'ancien gouvernement en
1975, le problème Val-Martin restait entier et impliquait que l'on
recherche une solution à ce problème.
Précisément, parmi les faits nouveaux invoqués
depuis le dépôt de la loi, c'est, d'une part, une certaine
assurance morale de la part du représentant des petits
propriétaires pas petits par rapport au sens péjoratif du
terme, mais par opposition aux gros propriétaires du projet je
préférerais parler des acquéreurs plutôt que des
propriétaires, donc, les avocats de ces acquéreurs ayant consenti
à geler volontairement l'exécution de ces avis de reprise de
possession, si bien que ce que le législateur voulait faire
là-dedans, il semblerait que l'on soit engagé sur la voie
où au moins une des parties, sinon toutes, parviennent au même
résultat et ce, par suite d'une action ou d'une décision
volontaire de leur part.
Je voudrais cependant informer ici la commission que si ce moratoire ou
cette espèce de gel volontaire n'était pas respecté, que
si une solution n'était pas trouvée, je reviendrai devant
l'Assemblée nationale avec une autre loi pour légiférer ou
régler, présenter ou proposer que soit réglé le cas
Val-Martin. J'espère ne pas avoir à le faire. Je dis bien ceci,
que ce retrait que je me suis engagé à faire, il découle
en quelque sorte de ces négociations qui ont cours et que je
n'hésiterai pas, encore une fois, à revenir devant la Chambre au
besoin.
M. Blank: Mais je...
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska avait demandé la parole avant, s'il vous
plaît.
M. Fontaine: Juste une question, M. le ministre. Il y a eu une
entente entre l'avocat des acquéreurs comme vous le dites, à
quelle date ce gel a-t-il été décrété ou
entendu? Est-ce qu'il y a également une entente avec les locataires?
M. Tardif: L'idéal aurait été d'obtenir que
ce gel volontaire soit jusqu'au 30 juin 1978, ce que nous avons dit le premier.
On nous a proposé un gel d'un mois. Semble-t-il, nous nous acheminons
vers une solution d'un gel de trois mois, c'est-à-dire jusqu'au 30 juin
1977.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: M. le ministre...
M. Tardif: Je m'excuse, mais à la deuxième partie
de la question, est-ce que ce gel a été accepté par les
représentants des locataires? Je n'ai pas la réponse formelle
dans leur cas, mais je dois dire ceci: C'est que le jugement, en ce qui
concerne les avis de reprise de possession, étant entre les mains,
présentement en tout cas, des acquéreurs et de leur procureur, ce
sont eux en quelque sorte qui en retiennent volontairement l'exécution.
On en est à ce stade-là.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je veux remercier le ministre pour son exposé,
d'être franc avec ses idées sur le pro-
blème de Val-Martin. Comme vous le savez, nous autres en 1975,
nous avons essayé de le régler, mais cela n'a pas marché.
C'était peut-être de nouveaux faits, de nouveaux incidents
arrivés depuis 1975, à Val-Martin. Je ne parle pas des
événements dans la province, je parle de Val-Martin. C'est une
situation déplorable. C'est la responsabilité du ministre et du
gouvernement de trouver une solution, ce n'est pas à nous autres.
La seule raison pour laquelle on a fait des oppositions en Chambre, dans
cette affaire, c'est parce qu'on trouve que le moyen de trouver une solution
par une loi générale, devant l'Assemblée nationale, avec
des principes qui vont à l'encontre de toute la propriété
des lois ou "the rule of law" comme on peut dire en anglais, on trouve cela un
peu trop.
Même après l'exposé du ministre, on peut voir que le
seul moyen de régler ce problème, s'il y a possibilité de
règlement... parce que, franchement, si on me demande quelle solution je
peux offrir, je n'en ai aucune. Je ne suis pas au courant de tous les faits et,
jamais, à l'Assemblée nationale, on ne peut trouver les vrais
faits. Le seul moyen de régler ce problème, c'est d'avoir les
locataires ici, les propriétaires, les acquéreurs ici, non pas
des avocats, nonobstant que je sois avocat, pour essayer de régler le
problème eux-mêmes. Peut-être que devant une commission
parlementaire ou peut-être que devant un arbitrage ou devant des
personnes de bonne foi, de discuter le problème et d'essayer de trouver
un règlement, jamais avec une loi devant l'Assemblée nationale
qui demande 110 personnes dont au moins 99 ou 100 ne savent pas ou ne
connaissent pas le problème de tout cela... Le seul moyen, c'est face
à face avec une tierce partie pour arbitrer la discussion. C'est le seul
moyen de régler un problème qui, à mon avis, à ce
moment-ci, n'est pas réglable.
J'espère que le ministre qui en a la responsabilité
trouvera une solution. Il n'a pas besoin de venir devant l'Assemblée,
d'utiliser l'Assemblée nationale, qui a de grands problèmes, pour
essayer de régler un cas particulier avec une loi
générale. C'est à la base de l'Opposition officielle. Ce
n'est pas parce qu'on ne veut pas donner raison aux locataires ou aux petits
propriétaires ou aux grands propriétaires. Ce n'est pas cela du
tout. Du moment que tu donnes raison à un, tu fais mal à l'autre,
à moins qu'il y ait un accord entre les deux. Ici, il n'y a pas deux
parties, il y a trois parties. Il y a les gros propriétaires, les
acquéreurs, les locataires. Jamais, avec une loi semblable, on
réglera le problème, parce que, dans trois mois, vous aurez un
autre problème qui viendra à cause de cette loi. Une bonne
journée, on va prendre toutes ces parties ensemble et on va essayer de
régler cela.
Le Président (M. Clair): Si on revient plus
spécifiquement à l'article 2, M. le ministre.
M. Blank: Le ministre veut le retirer.
Le Président (M. Clair): M. le ministre, est-ce que nous
devons comprendre que vous proposez l'abrogation de l'article 2?
M. Tardif: Abrogation de l'article 2. M. Blank:
D'accord.
Le Président (M. Clair): L'article 2 est-il
abrogé?
M. Tardif: Abrogé.
Le Président (M. Clair): Avant d'appeler l'article 3, je
demanderais...
M. Fontaine: M. le ministre...
Le Président (M. Clair): ... tant au ministre qu'aux
députés intervenants de bien vouloir tenir compte de l'article
154.1, qui dit qu'en commission élue, après la deuxième
lecture, on ne peut discuter que les détails d'un projet de loi. Alors,
je demande simplement aux intervenants de bien vouloir tenir compte de cet
article, autant que faire se peut. L'article 3?
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Oui, M. le député
de Nicolet-Yamaska.
Motion pour audition de témoins
M. Fontaine: A ce stade-ci, je ferais motion pour entendre les
locataires qui sont présents à la commission.
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Franchement...
M. Fontaine: On est à l'article qui les concerne
précisément.
M. Goldbloom: M. le Président, si vous permettez, sur la
motion du député de Nicolet-Yamaska. Normalement, une Opposition
réclame pour toute personne intéressée le droit de se
faire entendre et le gouvernement exerce une certaine prudence et essaie de ne
pas exposer la bonne structure de ses lois à des critiques
intempestives, et le reste, et le reste. Il me semble, cependant, que nous nous
trouvons dans une situation où la question, ayant été
posée, le gouvernement a répondu: Non, nous n'enverrons pas le
projet de loi avant la deuxième lecture à la commission
parlementaire et, pour cette raison, si nous partons de la discussion que nous
avons eue sur l'article 1, fondée de la part du ministre sur la
publicité donnée à la mesure adoptée en
décembre, et les séquelles que nous examinons aujourd'hui, il a
été de notoriété publique que les
intéressés ne seraient pas entendus. Il me semble que nous devons
assurer un éclairage égal et juste sur les
questions qui sont portées à l'attention d'une commission
parlementaire.
Je trouve que la motion du député de Nicolet-Yamaska
procède d'une excellente intention. J'aurais aimé, pour ma part,
et c'était le point de vue de l'Opposition officielle, et sans doute de
l'Union Nationale aussi, j'aurais préféré que le
gouvernement accepte au départ que la discussion se fasse publiquement
en écoutant les intéressés, pas simplement sur le cas
d'espèce de Val-Martin, mais sur l'ensemble des considérations,
parce qu'il y a, et nous l'avons répété, des implications
pour les locataires et des implications pour les propriétaires, les
constructeurs également. Pour cette raison, je me demande si nous
pouvons rendre justice à tous les intéressés et bien
éclairer la lanterne des membres de la commission parlementaire en
écoutant seulement les quelques personnes qui se trouvent ici
aujourd'hui, quand nous savons qu'il y a de nombreuses personnes
représentant des tendances de pensée différentes qui
auraient bien aimé être averties de la possibilité de venir
se faire entendre.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Un mot simplement pour apporter une clarification
là-dessus. Je pense que le ministre a affirmé tout à
l'heure qu'il avait rencontré les propriétaires et que justice
semble avoir été rendue dans leur cas puisqu'ils ont
accepté de geler les évictions pour une période de trois
mois, les petits propriétaires, c'est ça que je veux dire.
A ce moment-là, je pense qu'il serait honnête d'entendre
également le point de vue des locataires pour voir s'ils acceptent cette
façon de voir du gouvernement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'appuie la proposition de mon collègue. Je
crois que, même si on entend les locataires aujourd'hui, on aura au moins
un côté de la médaille. Il en manquera seulement un. Si le
gouvernement juge à propos, à un moment donné, d'entendre
l'autre version... D'ailleurs, le ministre a mentionné tantôt
qu'il avait rencontré les avocats des propriétaires. Je crois que
ce serait démocratique... Je crois même qu'avant les Fêtes,
lors d'une commission, sur un autre projet de loi, on avait entendu les
intéressés et ceux-ci nous avaient réellement rendu
service, puisqu'on avait accepté leur point de vue.
Le Président (M. Clair): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense qu'il y a une
clarification qui est nécessaire en ce moment précis.
Parlons-nous de représentants d'un groupe de personnes qui sont
locataires dans le projet du complexe Val-Martin? Si oui, M. le Prési-
dent, j'ai cru comprendre que le gouvernement avait décidé de
retirer du projet de loi les articles touchant le complexe Val-Martin, donc, de
ne pas en discuter. Nous venons d'écarter la discussion sur l'article 2,
qui a été retiré par le ministre. Il me semble donc que
s'il s'agit du problème de Val-Martin, il faudra, puisque la
décision est déjà prise par le gouvernement, attendre le
résultat de cette entente d'honneur intervenue à un certain
niveau entre certaines personnes, et si le ministre revient avec un projet de
loi touchant le complexe Val-Martin, à ce moment-là, comme l'a
dit tout à l'heure mon collègue de Saint-Louis, il me semble
qu'il faudra absolument j'insisterais là-dessus que nous
entendions tous les intéressés, parce que, à ce
moment-là, nous siégerons comme tribunal pour essayer de trancher
une question, le genre de question qui viendrait normalement, je dirais, dans
un contexte un peu moins compliqué par des projets de loi privés
où les intéressés viendraient et s'exprimeraient. S'il ne
s'agit pas de Val-Martin, mais bien d'une expression d'opinion
générale sur le problème des locataires et des
propriétaires, là aussi, M. le Président, il me semble
qu'en toute justice pour l'ensemble de la population, il faudrait annoncer la
tenue d'une séance publique où tout le monde serait
intéressé, parce qu'il y a des constructeurs de maisons qui
voudraient s'exprimer. Il y a des associations de propriétaires,
sûrement, qui voudraient aussi se faire entendre sur la question
générale.
J'aimerais que la lanterne de la commission soit éclairée
au moins sur ce point. Je devrais peut-être poser la question à
l'honorable député de Nicolet-Yamaska, qui a fait la proposition.
Est-ce que c'est au nom d'un groupe de personnes impliquées dans le
problème de Val-Martin, ou est-ce que c'est une expression d'opinion
générale sur le problème d'un équilibre entre
propriétaires et locataires?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, il s'agit de locataires qui
sont impliqués directement dans le problème de Val-Martin, le
projet de loi 78 voulait que ces gens puissent avoir une prolongation de bail
jusqu'au 30 juin 1978; or ces gens, par le fait du projet de loi 3
actuellement, duquel on veut enlever certains articles, se voient privés
de ce droit et ils se verront obligés de déroger au...
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: Les principes que vous avez invoqués quant
à la tenue, la nécessité de la tenue d'une commission
parlementaire où outes les parties pourraient se faire entendre, j'en
suis et c'est ce qui se fera lors de l'étude du projet de refonte de
cette loi en entier.
Cependant, ce que nous avons devant nous
aujourd'hui/avec le retrait des articles 2, 5, 7 et 9 vise d'une part,
à soustraire de la loi, temporairement, une protection accrue qui
était accordée aux locataires de Val-Martin dans le projet de loi
3 et ce sont eux, ce sont leurs représentants qui sont ici
présentement si bien que s'il y a quelqu'un qui oevait être
lésé par ce retrait, ce sont eux et non pas les petits
acquéreurs d'accord? si bien que les ententes, je pense,
ne porteraient pas préjudice aux petits acquéreurs.
D'autre part, il faut se rappeler que le retrait de ces articles 2, 5, 7
et 9 n'invalide pas ou n'abroge pas les dispositions de la loi 78 qui continue
de s'appliquer dans ce cas-là.
Ceci dit, je serais prêt, si la commission et je pense que
cela sera le consentement pour ces raisons, d'entendre les
représentants, brièvement je ne sais pas quelles sont les
règles de procédure ici peut-être l'exposé ou
enfin...
M. Blank:... dans cette affaire ici, ce n'est pas qu'on ne veut
pas entendre les locataires, mais je suis certain que le ministre les a
entendus ce matin comme M. Lalonde, le député de
Marguerite-Bourgeoys les a reçus ce matin. Je suis certain que l'Union
Nationale les reçoit aussi. Ils vont répéter en public ce
qu'ils nous disent en privé et qu'est-ce que cela ajoute? Parce qu'on ne
légifère pas, vous avez décidé de le retirer et
vous avez conclu une entente avec les avocats des petits acquéreurs
qu'un gel d'un mois à trois mois va venir et que ces gens ne seront pas
lésés dans leur droit pendant cette période de gel. Vous
le dites vous-même: S'il fallait que cette période ne fonctionne
pas, vous reviendriez ici avec une nouvelle loi. C'est cela. Ces gens ont tous
eu, comme vous le dites en anglais "his day in Court". Ils sont venus chez
nous. Ils sont allés à l'Union Nationale et ils sont allés
chez vous. Qu'est-ce qu'ils ont à nous donner du côté
pratique?
Si on veut faire un spectacle, d'accord. Je n'ai aucune objection
à les entendre, mais qu'est-ce que cela va donner?
Le Président (M. Clair): Messieurs les membres de la
commission, à ce stade-ci, sans influencer les membres de la commission,
je crois de mon devoir de rappeler que, sauf erreur, il n'est pas de tradition
d'entendre le public, lors d'une commission parlementaire, lorsqu'on
étudie un projet de loi article par article, mais cependant, je souligne
le fait qu'à l'article 154, on mentionne qu'on ne peut discuter que les
détails d'un projet de loi et qu'il ne peut y avoir audition publique
que devant une commission élue, pourvu que celle-ci y consente.
Je demande donc, à ce stade-ci, au député de
Nicolet-Yamaska, si vous me le permettez, s'il en fait une motion formelle ou
s'il s'agissait plutôt d'une suggestion à l'endroit de la
commission.
M. Fontaine: Je pensais pouvoir obtenir le consentement de la
commission, mais je ne sais pas... Il me semble que du côté du
gouvernement, on est d'accord. Du côté du parti libéral, on
ne serait pas d'accord. Si on n'a pas le consentement...
M. Blank: Ce n'est pas parce qu'on n'est pas d'accord. C'est
l'utilité de cette affaire.
M. Beauséjour: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: Si on a fait du lobbying à
l'extérieur de cette salle, il serait quand même important pour
nous éclairer qu'on...
M. Blank: On retire les articles. On ne fait rien. Même si
on est 100% d'accord avec ces messieurs, le gouvernement a décidé
de retirer ces articles. Il n'y a rien qu'on peut faire aujourd'hui à ce
projet de loi pour les aider. Même si on veut donner tout ce qu'on peut
donner, le gouvernement a décidé, pour des raisons qu'il
connaît, des nouveaux faits, des arrangements, toutes sortes de raisons
valables, de retirer ces articles. Même si on est d'accord 100% avec ces
personnes ici, qu'est-ce que cela donne?
Le Président (M. Clair): Le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: M. le Président, je m'excuse, mais
on m'a interrompu dans mon intervention.
M. Blank: Excusez-moi.
M. Beauséjour: II reste quand même que ces articles
touchent d'une façon spéciale ces locataires. Vous avez eu des
représentations de leur part, mais pour ce qui est des
députés qui sont ici, c'est un éclairage quand même
qui serait important, mais il reste que le ministre, ce n'est quand même
pas les députés et il serait important pour notre
éclairage...
M. Goldbloom: Très heureux de savoir cela.
M. Beauséjour: ...qu'on puisse quand même
voir...
M. Blank: S'il y a un problème de communication entre
vous, ce n'est pas ma faute. Quand M. Lalonde a rencontré ces
gens-là, il a communiqué avec nous. Nous sommes au courant.
M. Beauséjour: ...toutes les rencontres, vous le savez
bien...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Beauséjour: Je vous remercie de m'interrompre encore
une fois.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Iberville.
M. Beauséjour: II reste quand même que toutes les
communications de rencontres, vous savez bien, vous êtes au courant, on
n'a quand même pas toujours les résumés de ce qui se passe.
Pour en savoir un peu plus, question de vote et savoir
un peu le fond du problème, je crois qu'il serait quand
même d'intérêt et il resterait seulement vous deux à
décider si la commission ici peut avoir...
Des Voix: Trois.
M. Beauséjour: ...un peu plus d'information de leur
part.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Papineau, M. le député de D'Arcy McGee, ensuite.
M. Alfred: L'argumentation précédente du
député complète ce que j'allais dire. Je ne vois pas
pourquoi on n'entendrait pas les gens qui sont présents.
M. Blank: Parce qu'on va les entendre encore dans un mois, quand
le bill reviendra la prochaine fois. Je suis certain que le bill va revenir
parce qu'un règlement hors cour est possible. On va revoir le bill, on
va entendre toutes les parties, parce que le gros problème, M. le
député de Papineau, c'est qu'on va entendre la version des
locataires ici aujourd'hui et ils vont nous dire leur réalité;
mais si le côté des opposants était ici, il pourrait dire
sa vérité qui peut être un peu différente de celle
qui est ici. Entendre une partie sans la présence de l'autre partie, je
trouve cela injuste.
M. Alfred: M. le député de Saint-Louis...
Le Président (M. Clair): A l'ordre s'il vous plaît.
M. le député de Saint-Louis, je voudrais vous souligner que
j'avais accordé la parole à votre collègue le
député de D'Arcy McGee avant vous.
M. Blank: Excusez-moi.
Le Président (M. Clair): Simplement pour demander votre
collaboration. Est-ce que, M. le député de Papineau, vous avez
terminé votre intervention?
M. Alfred: Non, je n'ai pas terminé parce que le
député de Saint-Louis...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Papineau.
M. Alfred: M. le député de Saint-Louis, je regrette
le temps que vous prenez pour dire qu'ils n'ont pas le temps de parler. Ils
auraient eu le temps de dire ce qu'ils ont à dire.
M. Blank: Ce n'est pas une question de temps...
Le Président (M. Clair): M. le député de
D'Arcy McGee, s'il vous plaît.
M. Goldbloom: M. le Président. Je veux invoquer un
principe assez fondamental, soit celui de l'honnêteté
intellectuelle. En disant cela, je ne veux point suggérer que qui que ce
soit autour de cette table a manqué d'honnêteté
intellectuelle. Ce n'est pas la portée de mes remarques. Je voudrais
examiner, notamment par votre intermédiaire avec le ministre, les
implications en termes de cette honnêteté intellectuelle que nous
devons avoir à l'endroit de la commission elle-même et à
l'endroit de ceux qui pourraient réclamer la possibilité de se
faire entendre devant nous. Quelles seraient les implications de ce geste?
D'abord, si nous invitons quelqu'un, qui que ce soit, à s'exprimer
devant la commission parlementaire, nous devons, je crois, avoir à
l'endroit de ces personnes, l'honnêteté intellectuelle de leur
dire: ou bien il y a une possibilité de modification de la
décision déjà indiquée par le gouvernement et
acceptée par la commission, ou bien il n'y a pas une telle
possibilité.
Alors, je pense qu'il faut commencer par cela et je souligne que si en
faisant entendre des gens, le gouvernement dit à ces gens-là et
donc à la commission: Vos paroles pourront avoir une influence sur notre
décision et peut-être que nous agirons différemment. A ce
moment-là, s'il y a une modification de l'attitude du gouvernement, il y
aura sûrement une modification par ricochet de l'attitude des autres
membres de l'Assemblée nationale, d'abord de la commission
parlementaire, et ensuite, de l'Assemblée nationale tout
entière.
Or, je pense qu'il faudra examiner ensemble ces implications. Est-ce que
le ministre, en suggérant que les personnes ici présentes soient
entendues leur dit: Ce n'est pas simplement pour la forme, une mesure de
politesse, c'est vraiment parce que vous pourrez influencer une décision
déjà indiquée par le gouvernement?
Si tel est le cas, alors, que nous le sachions tous et c'est dans ce
contexte-là que nous saurons ce qui va arriver et par la suite, nous
pourrons peut-être demander à la commission parlementaire de
suspendre ses activités et d'inviter d'autres intéressés
à venir s'exprimer. C'est simplement cela que constitue la prise de
position de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Clair): II est présentement six
heures; à moins que les membres de cette commission n'insistent ou qu'il
y ait un consentement unanime pour continuer les travaux, nous suspendrions
immédiatement jusqu'à 8 heures.
M. Goldbloom: II y a consentement, sûrement, M. le
Président, si l'on veut continuer pour vider cette question.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On pourrait peut-être vider
immédiatement la question à savoir si on entend ces gens ou si on
ne les entend pas. Si on n'a pas l'unanimité, on ne les entendra
pas.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'il y a consentement
unanime sur ce point pour vider la question?
M. Tardif: M. le Président.
M. Goldbloom: Vider la question, oui, j'aimerais entendre le
ministre là-dessus.
M. Tardif: M. le Président, j'ai pris bonne note des
remarques du député de D'Arcy McGee concernant
l'honnêteté intellectuelle et du fait qu'il ne prêtait
à personne des intentions à cet égard. Il est bien
évident que l'engagement qui a été pris tantôt en
Chambre, il est là et qu'il ne saurait être question de changer le
principe même de cet engagement. Cependant, je tiendrais à
rappeler, en me référant au journal des Débats du 11
décembre 1975, lors d'une commission parlementaire,
précisément sur ce cas de Val-Martin, qu'elle avait
accepté de suspendre temporairement ses débats pour permettre
à un M. Steckler, le promoteur précisément de ce projet,
de se faire entendre.
Puisqu'il est six heures, est-ce qu'il serait acceptable à cette
commission de suspendre ses débats, cependant de rester ici et
d'entendre pendant quelques minutes les représentants des locataires, ce
qui nous permettrait de reprendre nos débats normalement à huit
heures?
M. Blank: II y a une différence entre ce qui s'est
passé en décembre et aujourd'hui, parce qu'en décembre, il
y avait des articles qui étaient dans la loi, qu'on étudiait,
qu'on pouvait modifier après avoir entendu les témoins.
Aujourd'hui, il n'y a pas d'article ou il n'y en aura pas qu'on peut modifier,
parce que le ministre a décidé. Si le ministre veut retirer sa
décision, d'accord, on va retourner à ma motion en haut.
C'est très simple. On va entendre les gens et on ne peut rien
changer. En décembre, on a entendu des gens et on pouvait changer...
M. Tardif: Non, non, c'est exactement la même situation, M.
Blank.
M. Blank: On avait tous les articles qui n'étaient pas
changés, même des représentations de M. Steckler en
arrière dans les couloirs et on a eu des changements après
aussi.
M. de Bellefeuille: Appel au règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): Je soumets humble- ment aux
membres de cette commission qu'on s'éloigne pour le moment de la
question fondamentale qui est présentement débattue. M. le
député de Papineau et ensuite M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Alfred: Je ne peux pas concevoir la position
législative du député de Saint-Louis, d'une part et,
d'autre part, il y a déjà eu un précédent qui a
été créé, lequel précédent vient
d'être mentionné par le ministre des Affaires municipales et
troisièmement, je ne comprends pas qu'on puisse refuser d'entendre des
gens qui sont là, du principe de... je ne comprends pas ça de
l'Opposition libérale.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Deux-Montagnes, M. le député de Saint-Louis immédiatement
après.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je n'accorde pas mon
consentement quant à moi, à la poursuite des travaux de cette
commission autrement que selon la formule proposée par M. le
ministre.
M. Blank: C'est exactement ce que je veux dire. Si on suspend la
commission maintenant jusqu'à 8 h 15, tout le monde est libre d'aller
rencontrer ces gens pour discuter avec eux. Aucun problème, d'accord.
Cela règle le problème, tout le monde...
Le Président (M. Clair): Y a-t-il consentement unanime
pour que la commission...
M. Blank: On peut discuter librement, sans les règlements
de la Chambre...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Louis, y a-t-il consentement unanime de la commission pour qu'on suspende
les travaux jusqu'à 20 h 15?
M. Blank: D'accord, on fait ce qu'on veut maintenant, on peut
aller rencontrer les...
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 15 ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
Reprise de la séance à 20 h 25
Etude article par article (suite)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
Nous en étions à l'article 3 du projet de loi no 3, Loi
concernant certains immeubles loués. M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, l'article 3 stipule
substantiellement la même chose que l'article 1, mais, cette fois, pour
les propriétés "ordinaires"; alors que le cas de l'article 1
s'adressait aux immeubles vendus en copropriétés, l'article 3,
qui modifie l'article 16b de la loi 78, permet les reprises de possession dans
les mêmes délais et selon les mêmes modalités que
celles prévues à l'article 1.
Le Président (M. Clair): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a deux paragraphes
à l'article et ce que le paragraphe 1 établit, le paragraphe 2
l'enlève en disant: Le présent article ne s'applique pas à
tels articles.
M. Tardif: Oui.
M. Goldbloom: A tels immeubles. D'abord, j'aimerais, pour que
nous soyons en mesure de comprendre parfaitement, comprendre le but de cet
article en ce qui concerne les immeubles construits après la date du 31
décembre 1973.
Il y a une exclusion qui est faite quant à l'application de
l'article 16b et, si je comprends bien, l'effet de cette exclusion est de
permettre à l'acquéreur de requérir une unité de
logement dans l'immeuble, pour ses propres fins, si la construction a
commencé après le 31 décembre 1973.
Qu'est-ce qui arrive à l'application de la loi en
général aux immeubles construits après le 31
décembre 1973, c'est-à-dire qu'il y avait une exclusion pour ces
immeubles quant à l'application de la loi dans son ensemble, le
contrôle des loyers ne s'appliquait pas? Il y a eu un peu de confusion
après l'adoption du projet de loi 78, à savoir si on avait
enlevé cette exemption. Si oui, est-ce qu'on la rétablit
maintenant par l'article qui est devant nous?
M. Tardif: M. le Président, en effet, comme le souligne le
député de D'Arcy McGee, le paragraphe 2 de l'article 3
décontrôle les immeubles de moins de cinq ans, les immeubles
construits après le 31 décembre 1973, et qui n'étaient pas
soumis à la juridiction de la Régie des loyers, par la loi, avant
l'adoption de la loi 78.
Je dois dire qu'il s'agit là, puisque nous sommes à
tailler dans du vieux, de ces lois amendant une loi qui en amende une autre,
qui en amende une autre; il s'agit là d'un effet non recherché
qui, d'une part, a inclus, donc, soumis au contrôle ces édifices
qui redeviennent, qui reprennent le statut qu'ils avaient avant la loi 78, sauf
pour un point.
Le décontrôle revient pour ce qui est de la fixation des
loyers et les reprises de possession, mais il demeure pour ce qui est des
changements dans "destination et d'usage"; donc, pour fins de conversion d'un
local d'habitation, comme on dit ici, qui contient un établissement
commercial ou industriel pour subdiviser ce local ou le démolir,
à moins qu'il ne représente un danger pour le public et les
occupants. Sur ce plan, on revient à la situation anté-loi 78
hormis pour les changements de cette nature.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre une explication un peu plus détaillée sur un aspect de
ce qu'il vient de nous exposer.
Je retiens de ce qu'il a dit que les immeubles en question, ceux dont la
construction a commencé après le 31 décembre 1973, sont
exemptés du contrôle des loyers pour les cinq premières
années et l'acquéreur peut occuper, avec les avis prévus
aux articles 23 et 24, un local. Est-ce que j'ai fait une erreur quant
à...
M. Tardif: Ce n'est pas en vertu, si vous lisez, M. le
député de D'Arcy McGee...
M. Goldbloom: Oui.
M. Tardif:... le deuxième alinéa de l'article 2...
Il s'agit donc des avis donnés en vertu de l'article 1660-1 du Code
civil et non pas des articles 23 et 24 de la Loi de conciliation entre
propriétaires et locataires.
M. Goldbloom: Pourquoi, M. le Président?
M. Tardif: Parce que la loi de conciliation ne s'applique pas
à ces immeubles de moins de cinq ans.
M. Goldbloom: Très bien. Je comprends maintenant la
réponse, elle est claire, mais, ce qui n'est pas clair, et c'est ce sur
quoi j'aimerais poser une question additionnelle, c'est par quel
mécanisme le premier alinéa du paragraphe 2 va trouver son
application. Cette question de conversion en établissement commercial ou
industriel et tout cela, qui va déterminer si le propriétaire a
agi conformément à la loi ou contrairement aux prescriptions de
la loi? Justement parce que la Loi pour promouvoir la conciliation entre
propriétaires et locataires ne s'appliquant pas, la régie n'aura
pas d'autorité là-dessus.
M. Tardif: Absolument, à cause du fait que ces locaux
d'habitation échappent au contrôle de la régie et ce sont
les tribunaux ordinaires qui auront à statuer sur ces cas.
M. Goldbloom: Celui qui agit contrairement à ce qui est
édicté au premier alinéa du paragraphe 2 serait passible
de quelle pénalité?
M. Tardif: L'article 16f du bill 78... J'ai ici le
bill 78. Alors, article 16e de la loi 78 devenue le chapitre 51 des Lois
de 1976: "Une personne autre qu'une corporation qui contrevient à l'un
des paragraphes des articles 16, 16a ou 16b commet une infraction et est
passible d'une amende de mille dollars." "Une corporation qui contrevient,
etc.."
M. Goldbloom: II me semble un peu compliqué cependant,
quand on dit, à l'article 16e que celui qui pose un geste qui est
contraire à ce qui est édicté dans les articles
précédents est passible de certaines pénalités. On
exclut ici des immeubles de l'application de l'article 16b.
M. Tardif: ... exclut de l'application de l'article 16b.
M. Goldbloom: C'est assez clair, le présent article ne
s'applique pas à un immeuble.
M. Tardif: Ne s'applique pas.
M. Goldbloom: Si plus tard on dit, l'application de l'article 16b
implique des pénalités quelconques, mais il y a des immeubles qui
sont exclus.
M. Tardif: M. le Président, il faut lire l'article dans
son entier. Le paragraphe 2 dit: "Le présent article ne s'applique pas
à un immeuble dont les travaux de construction ont commencé
après le 31 décembre 1973". C'est donc le premier
énoncé qui l'exclut, mais il y a ce qui suit: "Toutefois..."
Donc, il le resoumet en partie ici et nul ne peut à compter de telle
date faire ceci. C'est une exclusion quant à la date, mais c'est une
inclusion quant à la destination ou l'usage de l'immeuble.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, ici au paragraphe 2, il est
dit: "Toutefois, le projet d'un tel immeuble ne peut, à compter du 16
décembre 1976, convertir un local d'habitation."
Que va-t-il advenir si un type a acheté un immeuble construit
après le 31 décembre 1973, qui a acheté, disons au 1er
janvier, et qui a déjà converti cet immeuble actuellement;
étant donné que cet article n'était pas dans le projet de
loi 78?
M. Tardif: Déjà, en vertu du projet de loi 78, il
n'était pas autorisé à évincer le locataire pour
quelque fin que ce soit. D'accord? Il ne pouvait pas le faire.
M. Caron: Mais, si par hasard, ils "spannent" eux-mêmes,
est-ce que cela leur donne carte blanche?
M. Tardif: Dans le cas de la transformation, absolument pas. Ici,
la restriction quant à la conversion...
M. Caron: ...en tant que logis...
M. Tardif: ...et quant à la destination...
M. Goldbloom: M. le Président, je soumets quand même
respectueusement qu'il ne s'agit pas vraiment de la même
considération rendue au paragraphe 2 que dans le paragraphe 1, parce que
dans le paragraphe 1, on parle d'évincer des personnes afin d'occuper
les locaux soi-même. Il y a une défense qui est appliquée
à cela. Le paragraphe 2 ne dit pas que l'acquéreur peut
évincer une personne, un locataire occupant pour prendre possession
lui-même de ces locaux, pour lui ou pour les membres de sa famille, qui
sont définis dans la loi. L'article va plus loin le paragraphe 2
il dit que pour aucune considération, cet acquéreur ne
peut convertir le local à des fins commerciales et industrielles. Il me
semble que là, on va plus loin, et que l'on risque de créer des
injustices sur le plan économique à l'acquéreur. Il me
semble, en toute déférence, que c'est le genre de chose que l'on
détermine au niveau municipal par des règlements de zonage,
plutôt que de les déterminer dans une loi provinciale qui est,
pardessus le marché, une loi d'exception.
M. Tardif: M. le Président, les mesures adoptées
dans la loi 78 qui visaient, en quelque sorte, à étendre la
période de prolongation de baux et de protection des locataires qui,
normalement, aurait dû s'étendre du 1er avril 1977 au 30 juin
1978, qui avait rapproché ceci de trois mois, c'est-à-dire
à compter du 1er janvier, avec, par inadvertance c'était
appliqué aux logements de moins de cinq ans quand je dis par
inadvertance, c'était aussi bien, je dois le dire, de la part du
gouvernement que de l'Opposition, qui n'avait pas vu cette modalité...
Ce que nous faisons aujourd'hui nous rétablissons des contrôles
pour une période, pour les logements de moins de cinq ans, mais en ce
qui concerne les reprises de possession, c'est-à-dire que pour
l'ensemble des logements au Québec, à partir du 1er mars, il y a,
à toutes fins pratiques, un gel des évictions. Les gens sont
assurés de continuer de pouvoir rester chez eux. Dans le cas des
logements de moins de cinq ans, ceci ne s'applique pas, hormis lorsqu'il s'agit
de transformation pour les fins mentionnées. Tout ceci, dans cette
optique de pénurie de logements mentionnée ce matin où,
quand même, ce genre de transformation pour les immeubles de moins de
cinq ans, est quand même relativement moins fréquente.
Alors, les transformations en copropriété sont interdites
par le législateur depuis déjà le mois de novembre 1975.
Les évictions pour l'ensemble des logements le sont depuis le mois de
mars et la transformation dans la destination de l'immeuble l'est maintenant
exactement comme pour ce qui est des reprises de possession pures et simples.
Cette période, encore une fois, couvre ce gel qui ne s'applique que
jusqu'à ce que la loi expire, c'est-à-dire le 31 mars
prochain.
M. Goldbloom: M. le Président, il me semble quand
même qu'à deux titres, on crée deux classes de citoyens.
D'abord, parce que, pour les immeubles dont la construction a commencé
après le 31 décembre 1973, on permet l'éviction, et, pour
les autres, on ne la permet pas. Voilà quelque chose qui est
différent de cette considération économique de laisser une
exemption de l'application de la loi quant au contrôle des loyers pour
les cinq premières années d'un nouveau bâtiment. Cela,
c'est autre chose.
Voici: On fait une distinction, quant au droit d'évincer, selon
l'âge du bâtiment, et je ne comprends pas pourquoi on fait cette
distinction.
Deuxièmement, on crée une distinction par rapport au droit
de conversion en établissement commercial ou industriel. On dit: C'est
un peu l'inverse, parce que là, on donne des droits à ceux qui
sont propriétaires d'un immeuble construit avant le 31 décembre
1973 et on empêche cette conversion pour les immeubles plus
récents. Je ne comprends pas le raisonnement.
M. Tardif: Le raisonnement est le suivant et il est très
simple: les immeubles de moins de cinq ans ou construits après le 31
décembre 1973 étaient exemptés de tout genre de
contrôle. La loi 78 est venue imposer un gel des évictions,
incluant les immeubles de moins de cinq ans. La loi 3 retire ce contrôle,
sauf pour une raison, c'est celle de la transformation de ces immeubles
à des fins autres qu'à des fins de logement locatif ou de
logement, point. C'est tout ce qu'elle fait. Donc, l'absence totale de
contrôle qu'il y avait avant la loi 78 est rétablie à
toutes fins que de droit, sauf pour un aspect bien particulier ici, et, encore
une fois, qui est commandé dans cette crise de pénurie de
logements.
M. Goldbloom: M. le Président, je reviens quand même
à ma question à savoir pourquoi, si la préoccupation,
parfaitement compréhensible et louable du ministre, et le faible taux
d'inoccupation, cette restriction, qui ne porte pas sur l'éviction d'un
locataire, mais qui porte en général sur des transformations, est
appliquée aux immeubles récents et ne s'applique pas aux autres?
Parce que le problème existe et même, dans un sens, pourrait
exister dans le cas d'un immeuble plus vieux, parce qu'après une
certaine période de temps, la vétusté pourrait amener le
propriétaire à vouloir effectuer une transformation
quelconque.
M. Tardif: Pour ce qui est de la transformation des vieux
immeubles, ceux-ci sont soumis au contrôle de la Régie des loyers,
à ces fins.
M. Goldbloom: Et s'il n'y a pas de locataire qui occupe le local
à ce moment-là et qui, donc, ne porte pas plainte, parce qu'il
n'est pas là, qu'est-ce qui arrive? Quand même? Là, je pose
la question pour information.
M. Tardif: Ils sont quand même soumis au contrôle
pour ce qui est du changement dans la destination de l'immeuble.
M. Goldbloom: Oui. M. le Président... Le
Président (M. Clair): ... l'article... Oui?
M. Goldbloom: Presque. Pas nécessairement avec
l'approbation de l'Opposition officielle, mais il y a un élément
que je voudrais soulever.
M. Tardif: L'article 27 de la loi pour favoriser la conciliation
entre propriétaires et locataires dit: "Nul ne peut, sans l'autorisation
de l'administrateur, convertir une maison d'habitation en établissement
commercial ou industriel". Je pense qu'une telle restriction existe
déjà, peu importe l'âge du bâtiment.
Le Président (M. Clair): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fontaine: Le ministre vient de répondre à ma
question.
Le Président (M. Clair): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: II y a eu une déclaration faite par le
ministre lors de sa récente conférence de presse qui me laisse un
peu perplexe parce que ce qu'il a dit ne semble pas conforme à ce qu'il
nous a donné comme explication au cours de ce débat, et je cite
l'alinéa en entier pour qu'il n'y ait pas d'accusation de citation hors
contexte: "Voilà donc dans quel contexte ces deux amendements importants
se tiennent, le gel des évictions, d'une part, à cause du
problème technique des ventes en pièces détachées
par des promoteurs qui veulent profiter un peu de la crise du logement pour
faire quelques sous, à cause du gel des évictions,
évidemment. Pour que ce droit ne soit pas illusoire, il faut enlever les
périodes d'exemption de cinq ans sur les maisons nouvelles."
Mais ce n'est pas ce que le ministre fait dans le projet de loi. Au
contraire, par le paragraphe 2, il maintient l'exemption de cinq ans sur les
maisons nouvelles. Je voulais simplement qu'il donne un éclaircissement
sur cela et peut-être parce que nous allons sûrement revenir au
sujet le ministre l'a indiqué il voudra effectuer une
réforme en profondeur de la question. Quelle sera sa politique? Est-ce
parce qu'il ne trouve pas applicable, sur une base pragmatique,
l'enlèvement de cette exemption dans le moment?
Le Président (M. Clair): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: II n'y a rien de contradictoire. C'est
précisément parce que les deux éléments se tiennent
qu'on retrouve ici à la fois la levée ou le
décontrôle des logements de moins cinq ans et la permission de
reprise de possession dans ces cas ou des émissions en vertu de
l'article 1661 du Code civil.
La seule restriction finalement qui reste est le changement dans la
destination de l'immeuble et ceci est déjà, encore une fois, dans
l'économie
générale de la loi, mais c'est précisément
parce que les deux éléments se tiennent que les deux sont
enlevés.
Le Président (M. Clair): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je remercie le ministre de
cette réponse. Je dois revenir au premier alinéa du paragraphe 2
parce que, justement en regardant la loi, et je regarde l'article 27 qui se lit
et je cite: "Nul ne peut, sans l'autorisation de l'administrateur, convertir
une maison d'habitation en établissement commercial ou industriel". Le
paragraphe 2 de l'article 3 de 16b va quand même plus loin et parle de
subdivision du local et de démolition.
M. Tardif: II y a l'article 27a qui régit la subdivision
en plusieurs logements et l'article 27b qui régit les
démolitions. Comme il ne s'agissait pas pour nous de
répéter intégralement les articles 27, 27a et 27b, mais de
retenir le principe de cette réduction du stock de logements par toutes
ces mesures, voilà pourquoi on les retrouve; mais, déjà,
cette transformation en locaux d'établissement commercial ou industriel,
la subdivision en un plus grand nombre de logements plus petits et la
démolition sont déjà, encore une fois,
contrôlés.
M. Goldbloom: Je note que l'article 27b, qui parle de la
démolition, précise qu'il faut que le local soit occupé
par le locataire, c'est-à-dire que l'administrateur ne peut permettre
qu'une telle démolition soit faite ou entreprise pendant que la maison
est occupée par un locataire en vertu d'un bail, etc.
M. le Président, je ne veux pas prolonger inutilement le
débat. Il y a quand même une dernière chose. Je ne veux pas
non plus reprendre tout le débat du mois de décembre, mais le
ministre se rappellera que nous avons, à cette époque,
évoqué la distinction qui nous semble valable. Nous ne nous
sommes jamais entendus sur un chiffre, sur une ligne de démarcation,
mais il y a quand même, à notre sens, une distinction entre le
petit propriétaire et le grand, le gros, si on veut l'appeler comme
cela. Celui qui a un immeuble qui contient 100 unités de logement est
dans une situation tout à fait différente de celui qui
achète un duplex et qui veut occuper le haut ou le bas. J'aimerais que
le ministre se prononce encore une fois, s'il est toujours du même avis,
sur l'opportunité de créer une distinction et de permettre
l'éviction d'un locataire par l'acquéreur dans le cas d'un
immeuble de moins de six ou de quatre ou de huit unités. Est-ce que le
ministre maintient mordicus son refus de songer à une distinction de
cette nature et d'établir un seuil, qui était à 100
unités en ce qui concerne la conversion en copropriété, et
qu'il a voulu ramener à un niveau très bas, quand il a
décidé de ramener cela à zéro, à une
unité de logement? Est-ce qu'il maintient toujours cette attitude?
M. Tardif: D'abord, le seuil de 100 unités de logement ne
visait pas, M. le Président, la transformation d'immeubles en
copropriété. Les ventes en copropriété
étaient régies par l'article 16 et, dans le cas de ces ventes
d'ensembles immobiliers de plus de 100 logements, il ne s'agissait pas de
copropriété, mais bien, dans ce cas-ci, d'exemple comme celui de
Val-Martin. Quand vous demandez si le ministre fait la distinction entre de
petites unités de deux, quatre, six ou huit, le problème n'en est
pas un de nombre. Si cela avait été, cela aurait
été relativement facile à trancher. Le fait est qu'un
ensemble immobilier de plus de 100 logements du genre de celui de Val-Martin,
qui comprend en fait 584 unités de logement, mais regroupés en
unités de deux, quatre, six ou huit duplex accolés les uns aux
autres, il suffit donc que je parte de ce grand ensemble immobilier de plus de
100 logements, en l'occurrence 584, que j'en découpe une partie de
quatre duplex pour, néanmoins, même si j'établissais ce
seuil à quatre, être confronté au même
problème technique de duplex non autonomes pour toutes les raisons
déjà invoquées. Si bien que cette distinction, qui n'avait
pas été faite, qu'il était impossible techniquement de
faire au mois de décembre, et qu'il n'est pas plus possible
techniquement de faire maintenant, n'a plus de toute façon aucun sens
maintenant puisque, en date d'aujourd'hui, le 31 mars, normalement, pour toute
reprise de possession, qu'il s'agisse d'un petit immeuble, d'un petit duplex
ordinaire ou d'un grand ensemble immobilier, les avis d'éviction ne
seraient envoyés que si les baux se terminaient pour la période
allant du 1er juillet 1977 au 30 juin 1978 et que finalement cela ne change
plus absolument rien, cette distinction entre immeubles de plus ou moins de 100
logements pour les duplex ordinaires. On n'a plus, maintenant, à se
soucier de cette distinction. Demain, que vous vous portiez acquéreur
d'un gros ensemble ou d'un petit immeuble, s'il y a un bail, vous devez le
respecter jusqu'au 30 juin 1978; cela ne change plus rien.
M. Goldbloom: Ce que le ministre nous dit essentiellement, c'est
qu'ayant déclenché un processus, il est maintenant trop tard pour
revenir là-dessus, mais, puisque nous n'étions pas d'accord en
décembre, nous ne pouvons être davantage d'accord aujourd'hui avec
le résultat de ce déclenchement. Pour cette raison, M. le
Président, je pense que, si vous voulez que l'article soit
adopté, je vous prierai respectueusement d'inscrire la dissidence de
l'honorable député de Verdun et celle de celui qui vous
parle.
M. Caron: M. le Président, juste avant de l'adopter, c'est
pour ça que je vous disais, au début de la séance de cet
après-midi, j'en avais parlé, si, au mois de décembre,
vous aviez fait garder au moins les duplex, nous aurions été
d'accord avec vous, M. le ministre, mais vous comprenez, ce n'est pas les vues
du gouvernement au pouvoir de ne pas prendre la part du petit
propriétaire, c'est là-dessus que je ne comprends pas le
ministre, parce que vous voulez prendre la part du propriétaire. Si vous
saviez l'impact que cela a, surtout dans la région de Montréal,
le dé-
sappointement du petit qui veut s'installer et qui ne peut pas le faire.
C'est pour ça que je vous demande, j'espère pour l'an prochain,
que nous aurons une loi-cadre pour pouvoir redonner au petit ce qu'il avait
avant ça.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Tardif: J'aimerais faire seulement une dernière
remarque. Dans le cas patent, précis de Val-Martin, il s'agit
précisément de duplex, accolés les uns aux autres et c'est
la même chose sur la rue Connaught et sur la rue McLynn.
M. Caron: C'est ça qui déclenche...
M. Tardif: Mais encore une fois, j'espère que cette
difficulté technique de définir dans un texte de loi, quels sont
les duplex dotés d'une autonomie de service et qui peuvent être
vendus sans préjudice et sans embarquer son acquéreur dans des
complications inextricables et quels sont les duplex qui ne peuvent pas
l'être; déjà j'ai demandé à une équipe
de la Société d'habitation du Québec, formée d'un
ingénieur, d'un architecte et d'autres personnes, de se pencher
là-dessus et de me faire les recommandations voulues.
Le Président (M. Clair): Dois-je comprendre que l'article
3 est adopté sur division du député de D'Arcy McGee et du
député de Verdun?
M. Goldbloom: Simplement une technicité, M. le
Président, ce n'est pas sur division, mais tout simplement que soit
inscrite au journal des Débats la dissidence des deux
députés.
Le Président (M. Clair): Alors c'est adopté
sur...
M. Goldbloom: Avec la dissidence.
Le Président (M. Clair): ... avec la dissidence des
députés de Verdun et de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Ou si vous voulez, malgré la dissidence.
Le Président (M. Clair): L'article 4.
M. Tardif: L'article 4, M. le Président, n'ajoute pas
grand-chose, hormis de supprimer l'ambiguïté créée
par les mots "la présente loi" et pour désigner à la place
la loi, enfin les deux textes différents, c'est-à-dire chapitre
84 des lois 75 et chapitre 51 des lois de 1976. Parce que la présente
loi, avec tous ces amendements, on ne savait plus à quoi ça
reférait, alors maintenant, on le précise.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Clair): Article 4. Adopté. M. Tardif:
Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Article 5.
M. Tardif: L'article 5 donc se rapportant essentiellement
à Val-Martin est supprimé tout comme l'article 2.
Le Président (M. Clair): L'article 5 est
abrogé.
M. Tardif: L'article 6 soustrait l'article 16b du champ
d'application de l'article 16i, ceci en raison du nouveau paragraphe 2 de
l'article 16b qui règle le cas en décontrôlant certains
édifices récents. C'est une conséquence du nouveau
paragraphe 2.
Le Président (M. Clair): L'article 6 est-il
adopté?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté. Article 7.
M. Tardif: L'article 7 modifie 16k pour ôter
également l'ambiguïté créée par l'utilisation
des mots "la présente loi".
Pardon, je m'excuse, M. le Président, l'article 7 est
retiré, l'article 8 est retiré.
Le Président (M. Clair): Les articles 7 et 8 sont
abrogés. Article 9.
M. Tardif: Ces notes ayant été
rédigées avant les retraits proposés. L'article 9, un
nouveau texte vous est proposé ici.
M. Goldbloom: M. le ministre voulait dire tout à l'heure
que les notes avaient été rédigées avant le
début de la sagesse?
M. Tardif: M. le Président, pendant qu'on distribue ces
papillons, la sagesse a peut-être été justement de faire
comprendre aux parties qu'il était temps de s'asseoir à une table
de négociation. La loi aurait-elle eu cet effet que ce serait
déjà beaucoup.
M. Caron: Si on l'avait fait au mois de décembre,
probablement qu'on n'aurait pas ce problème. On l'a, on vous l'a dit, M.
le ministre, mais vous ne vouliez pas dans le temps.
M. Tardif: Vous voulez dire que si la loi du mois de
décembre avait eu encore plus... oui.
M. Goldbloom: M. le Président, je dois reconnaître
que le journal des Débats est incapable d'enregistrer le sourire avec
lequel j'ai fait la remarque.
M. Tardif: L'article 9 qui vous est proposé, M. le
Président, essentiellement, reprend le même texte,
c'est-à-dire qu'il fait en sorte que les dispositions de la loi
rétroagissent au 16 décembre 1976... La réserve concernant
les avis s'explique en ce sens que l'on ne veut pas que certaines personnes,
principalement dans le cas du paragraphe 2 du nouvel article 16b, puissent
profiter de ce
qu'elles ont envoyé un avis qui était illégal
lorsqu'il a été donné.
Le nouveau texte reprend le premier alinéa ici. Et le
deuxième, ici, où on dit qu'un avis de reprise de possession
donné en contravention de l'article 16b tel qu'édicté par
l'article 12 du chapitre 51 des lois de 1976... En d'autres termes, de nouveaux
avis devront être envoyés.
M. Goldbloom: Evidemment, M. le Président, j'aimerais
commencer par un commentaire d'ordre plutôt général sur
l'article. C'est une rétroaction qui a pour but de corriger, je pense
bien, des choses qui, à la réflexion, n'ont pas été
trouvées parfaites ou parfaitement satisfaisantes en
décembre.
Mais, depuis l'adoption de la loi de décembre, il y a eu des
gestes qui ont été posés par des personnes et nous
présumons, depuis le début de ce débat, que ces personnes
ont agi de bonne foi et en connaissance de la loi. Tenons ces deux
considérations pour acquises. Nous devons quand même nous
interroger sur l'impact de cette rétroaction.
Est-ce qu'il y a des préjudices qui pourront être subis par
des personnes qui, après l'adoption de la loi, ont posé des
gestes quelconques, de bonne foi, selon ce qui était
édicté dans la loi de décembre?
M. Tardif: En vertu de la loi de décembre, un certain
nombre de personnes qui, normalement, auraient pu reprendre possession de leur
logement, par exemple, mais qui, à cause de la loi 78 n'ont pas pu le
faire et qui, néanmoins, par ignorance de la loi ou autrement, ont
envoyé des avis... Nous disons tout simplement ici que nous ne pouvons
reconnaître ces avis qui avaient été envoyés
illégalement, contrairement aux dispositions de l'article 78, et qu'ils
devront en envoyer de nouveaux.
Le locataire risquerait d'encourir un préjudice sérieux
s'il n'en était pas ainsi, parce que le locataire, ayant reçu un
tel avis, se fiant à la loi, aurait pu le jeter carrément au
panier en disant: La loi me protège.
M. Goldbloom: Oui. Le propriétaire, qui aurait posé
un tel geste sans mettre en question sa bonne foi et qui se trouverait
aujourd'hui, en vertu de cet article 9, dans la situation où il devrait
reprendre ces procédures, aura-t-il la même liberté et la
même légalité dans lesquelles il pourra entreprendre ces
procédures, nonobstant le temps écoulé et les autres
exigences de la loi?
M. Tardif: Le fait est que, sauf erreur, nous augmentons
même le délai à l'intérieur duquel il peut envoyer
un tel avis, par exemple en reportant la date du premier au quinze avril.
M. Goldbloom: Est-ce que je comprends donc que, pour que les
nouvelles procédures ou les procédures reprises soient valides,
il faudrait qu'elles soient entreprises avant le quinze avril?
M. Tardif: Absolument. C'est là que j'ai fait état
de ce programme de publicité orchestrée jusqu'au quinze.
M. Goldbloom: Oui. M. le Président, je ne sais pas si
d'autres membres de la commission ont des commentaires à faire. Sinon,
je ne voudrais pas demander la suspension des travaux de la commission, mais
j'aimerais quand même avoir quelques secondes, puisqu'un nouveau texte
vient d'être remis, pour un peu de consultation.
M. Tardif: D'accord!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Hyacinthe désire intervenir. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, est-ce que ceux qui ont
enfreint la loi en envoyant une contravention sont passibles d'amendes, en
vertu de l'article 16e, parce que c'est rétroactif au 23
décembre?
M. Tardif: La loi, techniquement, on pourrait argumenter
là-dessus, je ne sais pas, mais elle n'interdisait pas d'envoyer un
avis. Elle interdisait de reprendre possession. Est-ce que l'infraction
consiste à envoyer un avis ou à expulser?
Une Voix: Messieurs les avocats.
Une Voix: On n'a pas le droit d'envoyer des avis.
M. Caron: Tu n'as pas le droit de l'envoyer. Pour l'augmenter,
d'accord, mais à part cela, tu n'as pas le droit. C'est bien clair.
M. Tardif: On me dit que l'article 16b constituait un droit pour
les personnes occupant des locaux d'habitation de rester dans ces lieux et ne
faisait pas, du fait de donner un avis d'éviction, une infraction. Il
rendait l'avis sans effet.
M. Goldbloom: Est-ce que le ministre peut répéter
ce qu'il vient de dire parce que j'aimerais comprendre parfaitement?
M. Tardif: La loi 78 accordait aux personnes occupant un local
d'habitation à la date du 16 décembre le droit d'y rester. Elle
ne faisait pas, donc, une infraction, le fait d'envoyer un avis. Elle
conférait un droit.
M. Goldbloom: Est-ce que je dois comprendre alors que le fait
pour un propriétaire d'envoyer un tel avis...
M. Tardif: Oui.
M. Goldbloom: ... ne constituait donc pas une infraction, parce
que le geste était nul...
Une Voix: Sans effet.
M. Goldbloom: ... et donc sans effet.
Une Voix: Nul et sans effet.
M. Goldbloom: La personne qui a envoyé un tel avis n'a pas
commis une illégalité et n'est pas passible de quelque
pénalité que ce soit.
M. Tardif: C'est cela, l'avis est sans effet. La seule
pénalité qu'elle peut encourir, c'est que son avis ne soit pas
respecté et soit sans effet.
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Clair): Avant de procéder à
l'adoption, s'il y a lieu, de l'article 9, pour le bénéfice du
journal des Débats, je vais procéder à la lecture de
l'article 9 tel que proposé par le ministre, suite à l'amendement
qu'il propose, si l'article 9 tel qu'amendé par la proposition du
ministre est adopté, il se lirait comme suit: "Article 9. La
présente loi a effet à compter du 23 décembre 1976. "Elle
ne valide pas un avis de non-prolongation ou de non-renouvellement de bail
donné en contravention de l'article 16b tel qu'édicté par
l'article 12 du chapitre 51 des lois de 1976 par le propriétaire d'un
immeuble dont les travaux de construction ont commencé après le
31 décembre 1973 ou "un avis de reprise de possession donné en
contravention de l'article 16b tel qu'édicté par l'article 12 du
chapitre 51 des lois de 1976".
L'article 9 tel que je viens de vous en donner lecture est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
Une Voix: Quel article?
Le Président (M. Clair): L'article 10.
M. Goldbloom: On devrait peut-être dire sur division.
Le Président (M. Clair): L'article 10, est-il
adopté?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté. Je remercie tous
les membres de la commission de leur bonne collaboration.
(Fin de la séance à 21 h 10)