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(Douze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires municipales est réunie pour
étudier, article par article, le projet de loi 38, Loi sur la
participation gouvernementale au financement des municipalités.
Les membres, pour aujourd'hui, sont: M. Laplante (Bourassa), M. LeMay
(Gaspé), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Dauphin (Marquette), M. Fallu
(Groulx), M. Lachance (Bellechasse), M. Léonard (Labelle), M. Rochefort
(Gouin), M. Lincoln (Nelligan), M. Saintonge (Laprairie), M. Tremblay
(Chambly).
Les intervenants sont: M. Maciocia (Viger), M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Rocheleau (Hull), M. Middlemiss (Pontiac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet),
M. Leduc (Saint-Laurent), M. Léger (Lafontaine) et M. Paré
(Shefford).
Nous étions à étudier la motion du
député de Laprairie. M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Oui, j'allais juste, avant le début,
confirmer ce qu'on avait convenu hier, que, suivant la coutume, au début
de chacune des séances, nous pourrions faire les ajustements
nécessaires au niveau des membres et intervenants.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx.
M. Saintonge: Convenant aussi qu'on n'a pas plus de temps que les
huit...
M. Léonard: Oui, oui. Quelqu'un qui a utilisé son
droit de parole, son remplaçant ne l'a pas.
M. Saintonge: D'accord. M. Léonard: D'accord.
Motion pour accorder le droit de parole à tous
les députés (suite)
Le Président (M. Desbiens): C'est un consentement; alors,
la motion du député de Laprairie se lisait ainsi: Que les
députés, qui ne sont ni intervenants ni membres de la commission
permanente des affaires municipales, puissent s'y faire entendre sans devoir
obtenir la permission et ce, pour toutes les séances que tiendra ladite
commission relativement à l'étude article par article du projet
de loi 38.
Les temps d'intervention qu'il reste: Au député de Groulx,
quatorze minutes - c'est pour ceux qui sont déjà intervenus - au
député de Chambly, treize minutes; le député de
Jeanne-Mance est remplacé par le député de Hull, donc, M.
le député de Hull a dix minutes; le député de
Pontiac a encore douze minutes pour son intervention...
Une voix: II est en probation!
Le Président (M. Desbiens): ...et le député
de Bellechasse, 14 minutes. Il n'y a pas eu d'autres interventions.
Une voix: M. le Président, combien de temps?
Le Président (M. Desbiens): ...20 minutes.
Une voix: Maximum?
Le Président (M. Desbiens): Vous, votre temps est
écoulé. Cela veut dire que, pour les autres, soit que leur temps
est écoulé ou qu'il le leur reste en entier. Alors, M. le
député de Pontiac avait la parole; il vous reste douze
minutes.
M. Middlemiss: Je passe la parole à mon collègue
de...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull. C'est cela?
Une voix: II va revenir après.
M. Middlemiss: Je vais revenir après, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Alors, merci, M. le Président. Disons
qu'hier soir, nous avions déposé un amendement, une motion
plutôt, à l'effet de permettre à tous ceux qui ne sont ni
membres ni intervenants à cette commission de pouvoir s'adresser et de
faire valoir le point de vue, à toutes fins utiles, de chacune des
régions du Québec, de chacun des comtés du Québec.
Et afin de permettre
ceci, nous avions demandé que chacun des membres de cette
Assemblée nationale, tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition, puisse être entendu.
M. le Président, je trouve très malheureux le geste qu'a
posé hier soir à l'Assemblée nationale le leader du
gouvernement en imposant le bâillon alors que nous aurions
souhaité entendre tous les députés au cours de cette
commission parlementaire qui est très importante parce qu'il y a un
enjeu considérable pour la vie économique de nos
municipalités. Je trouve d'autant plus regrettable ce geste arrogant du
leader du gouvernement que nous avions à peine commencé la
commission parlementaire alors que nous avions, par certaines motions,
tenté de convaincre le gouvernement d'apporter des changements dans son
attitude. Mais nous connaissons l'arrogance du ministre des Affaires
municipales qu'il maintient très bien dans toutes les commissions
parlementaires où nous avons eu à nous rencontrer dans le
passé. Il maintient toujours très bien cette arrogance envers
l'Opposition, la population du Québec, les principaux intervenants du
monde municipal, c'est-à-dire les municipalités.
Je trouve d'autant plus malheureux ce bâillon que la motion que
nous avions déposée hier soir aurait permis à l'ensemble
des députés d'être entendus pour approfondir davantage le
sujet en litige entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral, sur le dos des municipalités du Québec.
Cela découle de l'intransigeance du ministre des Affaires municipales
à ne pas s'entendre avec le gouvernement canadien.
Longuement, on a tenté, du côté ministériel,
de vanter certains mérites du ministre des Affaires municipales, car il
a conclu des ententes au cours des dernières années qui pouvaient
totaliser 1 200 000 000 $ alors que l'on disait du même coup que le
ministre des Affaires municipales du temps que le chef de l'Opposition
était responsable des Affaires intergouvernementales avait conclu des
ententes totalisant près de 400 000 000 $.
Il faut quand même tenir compte d'un élément fort
important. C'est que la situation économique au Québec, dans le
temps, ne préoccupait pas autant les municipalités parce que
ça allait bien au Québec dans ce temps-là, parce que le
Québec était florissant, parce que le Québec,
économiquement, était rentable, parce que le Québec
pouvait se suffire à lui-même. Mais, aujourd'hui, la
volonté de ce gouvernement de mal gérer les biens du
Québec fait qu'il est obligé d'aller conclure des ententes avec
Ottawa dans le but de faire bénéficier notre population.
On se pose de sérieuses questions. Nous aurions souhaité
que tous les députés puissent se faire entendre parce que les
députés sont représentants de régions distinctes au
Québec, d'un ensemble de municipalités, de plusieurs
municipalités. Celles-ci sont prises aujourd'hui dans une espèce
de trappe. On les rend responsables de tout montant qui sera versé par
le gouvernement fédéral à l'intérieur de leur
juridiction alors que l'on sait que les municipalités n'ont pas de
juridiction quant à l'émission de permis, soit de construction ou
autres, afin de pénaliser des organismes du gouvernement
fédéral. Mais tel n'est pas le point, M. le Président.
Nous sommes en commission parlementaire pour à peine encore quelques
heures. Nous avons un bâillon; alors on discute à toutes fins
utiles sachant que, déjà, le ministre des Affaires municipales ne
veut rien entendre.
Hier matin et hier après-midi, nous avons entendu le
représentant de l'Union des municipalités régionales de
comté, Me André Asselin, faire une intervention de
dernière minute en tentant de demander au ministre des Affaires
municipales d'être plus conciliant, plus compréhensif envers les
municipalités que son union représente. Le ministre des Affaires
municipales, de la façon qu'on le connaît bien lorsqu'il a un
interlocuteur devant lui, semble toujours acquiescer aux demandes qu'on lui
fait.
Si cela avait été le cas, M. le Président, on
n'aurait pas eu, hier à minuit, le bâillon tel qu'il a
été annoncé par le leader du gouvernement. Par le fait
même, M. le Président, l'ensemble de nos collègues de
l'Assemblée nationale n'auront pas cette occasion de faire valoir les
points qu'a fait ressortir le président de l'Union des
municipalités régionales de comté et qui peuvent affecter
autant le gouvernement, de par l'application du projet de loi 38, projet de loi
qui sera appliqué d'une façon intégrale, à moins
que le ministre, dans les derniers instants, ne comprenne le mal qu'il est en
train de faire à l'ensemble des municipalités et des intervenants
économiques du milieu, qui sont aussi considérés dans le
monde municipal.
Quand on dit, M. le Président, et cela je le regrette
terriblement... Pourquoi le gouvernement ne tente-t-il pas, plutôt que
d'adopter la loi 38, une loi qui comporte un titre allant absolument à
l'encontre du motif pour lequel il veut qu'on l'adopte. Loi sur la
participation gouvernementale au financement des municipalités. On n'est
pas encore arrivé à l'article 1, on y arrivera bientôt,
mais c'est le seul article qui fait semblant de parler d'une participation,
alors que tous les autres articles sont des articles punitifs à
l'égard des municipalités qui sont, à toutes fins utiles,
non seulement des intervenants importants, mais des partenaires.
Comment un gouvernement peut-il, aujourd'hui, agir de la sorte avec un
partenaire? Comment un gouvernement peut-il traiter les intervenants, traiter
ceux qui
ont été élus dans une municipalité par la
même population qui élit, à l'Assemblée nationale,
les députés pour représenter leurs régions ou leurs
comtés respectifs. Comment peut-il traiter de la sorte ceux qui sont
élus, M. le Président, alors qu'eux aussi ont à rendre
compte de leur mandat auprès de leurs citoyens. S'ils n'ont pas
été heureux de la gestion de l'administration donnée
à leur municipalité, les citoyens n'ont simplement qu'à
les changer pour d'autres.
Pourquoi le ministre des Affaires municipales veut-il toujours leur
piler sur les doigts, leur passer le bâton, être intransigeant et
arrogant avec ces gens qui sont là pour bâtir le Québec?
Quand on dit que cela va bien partout dans les municipalités, que le
Québec va bien et que l'économie du Québec est
prospère, pourquoi veut-on la ralentir? Quelle idée macabre le
ministre des Affaires municipales peut-il avoir quand on doit tenir compte,
aujourd'hui, du nombre d'assistés sociaux et de chômeurs que nous
avons dans les différentes municipalités du Québec. Ces
gens sont privés de travail, sont privés de programmes par la
faute du gouvernement du Québec. C'est tellement la faute du
gouvernement du Québec que si l'ensemble des députés avait
pu intervenir devant cette commission parlementaire, nous aurions
sûrement pu discuter des points qui sont traités dans les autres
provinces canadiennes.
Au cours de l'été, j'ai eu la possibilité de
visiter une partie de mon pays: la Nouvelle-Écosse,
l'Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick. J'ai pu voir,
à l'entrée des municipalités, des affiches
annonçant des programmes conjoints, provincial et fédéral.
En revenant chez nous, au Québec, aucun programme n'était
annoncé dans le secteur municipal, justement à cause de
l'intransigeance du ministre. J'aurais aimé entendre les perroquets,
tels qu'on les décrit dans l'article de Jean-Louis Roy du Devoir, du
côté ministériel.
Une voix: Les bedeaux!
M. Rocheleau: Oui, les machines à voter.
Une voix: Les bedeaux de...
M. Rocheleau: Du côté de l'Opposition, quand on est
témoin d'un vote qui se prend à l'Assemblée nationale,
cela nous fait penser un peu à celui qui tire sur la chaîne quand
on voit les pattes se lever. C'est cela, le côté
ministériel, une majorité servile, au service d'un ministre des
Affaires municipales arrogant, intransigeant, d'un ministre des Affaires
municipales qui, depuis quelques années, se contente de passer.
M. le ministre, réalisez-vous le tort que vous faites au monde
municipal? Est-ce que vous en êtes conscient ou si votre majorité
servile vous embaume de bons souhaits avant de vous coucher tous les soirs? Le
premier ministre ne pourrait-il pas vous rappeler à l'ordre, à un
moment donné, M. le ministre des Affaires municipales? Si on prend
l'exemple de la loi 37, on constate une fusion forcée de
municipalités à la discrétion, encore une fois, du
ministre qui décide. Si on prend le projet de loi 38, cela ressemble
à un revolver; les municipalités ont le revolver sur la tempe et
si elles bougent, on fait feu. Qui fait feu? Le ministre des Affaires
municipales.
Toutes les lois sont maintenant faites par décret; on a eu le
décret de la loi 111, concernant les enseignants et les enseignantes au
printemps.
Le Président (M. Desbiens): Si vous voulez bien
conclure.
M. Rocheleau: Le ministre des Affaires municipales, en concluant,
a pris l'habitude de d'autres ministres qui fonctionnent par décret dans
ce gouvernement. J'ose souhaiter que, même si on a ce pendule qui joue
d'un côté et de l'autre, même si on nous impose le
bâillon, on pourra voir jaillir une petite étincelle dans l'esprit
du ministre afin qu'il présente des amendements importants, quelque
chose d'aussi important que de retourner uniquement à l'application de
la loi 56 aux municipalités, qui sont déjà conscientes...
Tous, nous sommes d'accord, tant du côté de l'Opposition que du
côté du monde municipal, pour dire que les juridictions
provinciales au niveau municipal sont vraiment des juridictions provinciales.
Même le gouvernement fédéral est d'accord avec cela. Il n'y
a qu'un individu dans ce gouvernement qui ne le comprend pas, et qui aide la
majorité servile à ne pas comprendre...
Le Président (M. Desbiens): Votre temps est
écoulé, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: ...c'est le ministre des Affaires municipales.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac, il vous reste douze minutes.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Hier soir, au
moment du couvre-feu, j'étais en train d'expliquer qu'une des raisons
fort probables de la loi 38, c'était l'attitude du gouvernement
péquiste qui, en plus d'être au pouvoir au Québec, voudrait
devenir l'Opposition fédérale à Ottawa.
J'ai tenté, hier soir, de démontrer qu'à la suite
de l'énoncé du président des MRC
du Québec, le ministre des Affaires municipales semblait avoir
été éclairé et démontrait une certaine
ouverture d'esprit qui n'existait pas, même en Chambre, au moment
où on a présenté une motion de report de cinq jours. Notre
intention, par cette motion de report, était de donner la chance au
ministre d'entendre d'autres sons de cloche. Il nous dit en avoir eu, mais si
on en juge par les télégrammes, les éditoriaux, etc., il
semblerait qu'il y a un autre son de cloche peut-être plus fort que celui
que le ministre a entendu. C'est certain que le Parti québécois,
avec son option, est porté à vouloir démontrer que le
gouvernement fédéral, dans tous ses agissements, est contraire
à sa thèse. Le but - et ce n'est pas seulement le projet de loi
38 - du gouvernement, c'est de démontrer que le
fédéralisme n'est pas rentable. On a vu au moment des
élections, alors qu'il y a du capital politique à obtenir,
après la décision des Québécois le 20 mai 1980, de
réfuter la souveraineté-association, avec ou sans trait d'union,
parce qu'il y a un risque, on peut perdre le pouvoir, on n'en parle pas. Mais
le lendemain, aussitôt qu'on est assuré qu'on a au moins quatre
ans, quatre ans et demi ou cinq ans, on se sent très libre de parler de
l'indépendance et de continuer à miner le
fédéralisme.
Vu que les membres du Parti québécois se veulent, en
étant le gouvernement du Québec, aussi l'Opposition au
gouvernement libéral d'Ottawa, je me demande pourquoi dans le
passé, s'ils voulaient devenir l'Opposition ou le pouvoir au niveau
fédéral ils n'ont pas tenté leur chance. J'ai choisi
d'oeuvrer sur la scène provinciale et même le député
de Chambly, hier, dans son intervention, a certainement démontré
que j'avais à un certain moment eu l'occasion de défendre les
droits du Québec et je l'ai fait. C'est lui qui l'a dit. Donc, cela doit
être vrai. On n'est pas censé mentir ici. Il n'y a aucun doute que
je suis ici pour défendre les droits de la province de Québec. On
ne pourra pas me dire que je suis plus sympathique à l'égard du
gouvernement fédéral qui a ses juridictions. Comme le monde
municipal l'a dit, on est tous d'accord avec le principe, mais...
M. Lachance: M. le député de Pontiac, est-ce que
vous pouvez me permettre une question?
M. Middlemiss: Certainement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: J'aimerais savoir s'il est exact, comme c'est
inscrit dans la biographie qui est à la disposition des membres de
l'Assemblée nationale...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! II y a
consentement pour une question.
M. Middlemiss: Oui, laissez-le faire...
M. Lachance: J'aimerais savoir, comme il est indiqué dans
le livre bleu à la disposition des membres de l'Assemblée
nationale, s'il est exact que l'actuel député de Pontiac
était organisateur du Parti libéral fédéral dans
son comté?
Une voix: Ah! Ah!
M. Middlemiss: Oui, je l'étais.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre! M. le député de Pontiac.
Une voix: Le défenseur du Québec!
Une voix: Le jupon dépassel
Une voix: Vous êtes des drôles, vous autres.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Pontiac. À l'ordre!
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Si j'avais voulu
garder cela secret, je me serais assuré que cela ne soit publié
nulle part, mais le fait que je le lise, j'en suis fier. Je peux faire la
distinction. Lorsque j'ai choisi d'oeuvrer sur la scène politique
provinciale, c'est que je croyais que je pouvais aider la situation du
Québec et, par ricochet, aussi assurer que le Québec serait
toujours une partie du Canada. J'en suis fier et jamais je n'aurai honte... M.
le Président, contrairement aux membres du Parti québécois
qui, en période d'élection, mettent leur option de
côté pour y revenir une fois qu'ils sont au pouvoir, qu'ils sont
assurés qu'il n'y aura pas d'élection avant au moins quatre ans
et demi, cinq ans. On en parle beaucoup et on continue à créer
des problèmes. Qu'ils soient donc un peu sérieux. Qu'ils
acceptent la décision que les Québécois ont prise le 20
mai 1980. Si vous avez du courage, et j'espère que vous en avez, si vous
avez autant de courage que nous en avons de ce côté-ci de
défendre les droits des Québécois, la prochaine fois,
laissez donc les gens du Québec voter sur une élection sur
l'indépendance. Il y a six mois, c'était assez définitif
mais là, on commence à approcher la date de l'élection et
on n'est plus certain, surtout à la suite des résultats des
dernières élections partielles, surtout dans Jonquière.
C'était le château-fort du Parti québécois, le
comté qui avait élu un député du PQ par une
majorité 12 000, qui avait voté à 60% pour le "oui".
N'y a-t-il pas un message qui survient de ces gens? Ces gens-là
n'ont-ils pas eu
assez de votre façon de gérer le Québec. Une
voix: Cest temporaire.
M. Middlemiss: Oui, c'est temporaire. On y verra. Si vous
êtes tellement certains, prenez votre courage à deux mains et
dites-le.
M. le Président, sur ce projet de loi -j'y reviens encore parce
que c'est bien important - le ministre a refusé notre motion de report
de cinq jours seulement; ce n'était pas dans l'intention de remettre
cela aux calendes grecques, c'était de donner l'occasion aux gens du
monde municipal de venir s'expliquer.
Lorsqu'on voit la façon dont le ministre, hier, a
été éclairé et qu'il a félicité le
président de l'Union des MRC du Québec d'avoir apporté des
amendements au nombre de trois ou quatre, j'espère que...
Une voix: Huit.
M. Middlemiss: Huit. D'accord. C'est encore bien mieux.
J'espère que le ministre... Maintenant que le président est
parti, qu'on a mis le bâillon, on va s'assurer que ces huit amendements
vont être inscrits.
Une voix: II ne faudrait pas que...
M. Middlemiss: Oui, d'accord. Bien, non. Regardez, on veut
collaborer mais on nous a limité le débat jusqu'à minuit
demain soir. On a toujours espérance que les autres
députés, que ce soit du côté ministériel ou
de l'Opposition, à la suite de la lecture du journal des Débats,
sur la présentation, hier, du président de l'UMRC, M. Asselin, et
aussi à la suite de la lecture du mémoire qui a été
présenté par l'Union des municipalités du Québec,
pourront voir les vraies raisons pour lesquelles les gens du monde municipal
s'opposent à la loi 38, pourquoi ils s'y opposent.
Aussi, la lettre que le président de l'Union des
municipalités régionales de comté a adressée au
ministre des Affaires municipales à la suite de leur rencontre du 24
novembre, je crois, où il y a eu des pourparlers d'une
possibilité d'un sommet Ottawa-Québec-municipalités. Comme
l'a expliqué le président de l'Union des municipalités
régionales de comté, ce n'est pas que le président voulait
voir remplacer le Québec à cette table mais d'être un
observateur et de tenter, avec le ministre des Affaires municipales du
Québec, d'accepter les programmes qui pourraient être
présentés par le gouvernement fédéral.
La raison que donnait le président de l'Union des
municipalités régionales de comté, je l'ai vécue;
j'ai été neuf ans membre d'un conseil de ville. S'il y a un
gouvernement qui est près de la population, c'est certainement le
gouvernement municipal. Quelle frustration que le gouvernement provincial nous
dise toujours qu'on a une autonomie mais qu'on procède à passer
des lois qui ne respectent pas nécessairement les voeux des conseils
municipaux.
Toute loi ou toute décision de la part du gouvernement provincial
qui a pour but d'augmenter les dépenses des municipalités mais
c'est le contribuable qui doit directement payer cette note, ceci sans que le
gouvernement, au niveau municipal, ait souvent l'occasion d'exprimer son
désir. Lorsque le ministre - je le voyais hier lorsque le
président, M. Asselin, disait que ce qui était important
c'était la population. Il faut tenter d'écouter et prendre le
pouls de la population. (12 h 45)
C'est malheureux. Je ne sais pas si la région de l'Outaouais est
la seule où le ministre semble faire la sourde oreille aux voeux de la
population. Je sais que depuis un an, dans mon comté, il y a une
municipalité qui voulait se retirer de la CRO pour se joindre à
la nouvelle MRC de Pontiac. Cette municipalité, la plus populeuse, celle
qui aurait pu donner le plus de direction, la plus grande participation et
aurait pu renforcer la MRC de Pontiac... À deux reprises, la population
elle-même a voté à 82% et 92% pour le retrait de la CRO,
pour se joindre à la MRC de Pontiac.
M. le Président, cela me fait de la peine. Je ne pourrai pas
toucher à l'autre aspect. J'espère que j'aurai l'occasion de
revenir. En concluant, même si le député de Bellechasse,
l'ex-maire de Saint-Nazaire, nous a dit hier qu'au caucus il y avait discussion
ou négociation du projet de loi 38, suivant l'expérience
vécue, cela ne me rassure pas, parce qu'après avoir vécu
l'expérience de consultations et de négociations dans mon
comté, lorsque la décision fut prise par le ministre, elle le fut
totalement, à l'encontre du voeu de la population, des maires des
différentes municipalités et du préfet de la MRC. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal. M. le député de Groulx?
M. Léonard: M. le Président, j'avais demandé
la parole.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, on a un débat
qui dure et s'éternise. Mes collègues sont quand même
informés du projet de loi. Cela fait presque six mois qu'il a
été déposé. Il a été
déposé le 21 juin. Alors,
tout le monde a eu le temps de s'en parler, d'en prendre connaissance et
de voir les conséquences. Si les gens d'en face s'étaient
promenés le moindrement dans leur comté, ils le sauraient.
M. le Président, je vais bientôt rejoindre mes
collègues au Conseil des ministres, de 13 heures à 15 heures,
où nous allons effectivement discuter des propositions d'amendements et
de celles qu'a déposées M. Asselin. Nous reviendrons ensuite.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull, une question de règlement?
M. Rocheleau: Le ministre des Affaires municipales a
été très silencieux depuis hier. Est-ce parce que la
télévision est arrivée qu'il prend la parole?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Léonard: Je vais rejoindre mes... Le
Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Léonard: Oui, le député de Hull, il n'y a
pas bien de différence quand il a le droit de parole et qu'il ne l'a
pas. Ce qu'il dit, et rien, c'est à peu près pareil. Quand il dit
que cela allait bien dans le temps du gouvernement libéral d'avant,
comment se fait-il qu'il s'est présenté candidat de l'Union
Nationale? Je ne sais pas s'il avait des choses à reprocher. J'aimerais
bien voir les discours qu'il a faits dans le temps.
M. Rocheleau: Pour que cela aille mieux.
M. Léonard: Oui. Donc, nous allons examiner les
amendements qui nous ont été proposés par Me Asselin, le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec. Je compte bien, en revenant, en faire part
à cette commission.
Je voudrais insister sur le fait que nous avons la volonté de
négocier et que nous avons négocié avec le gouvernement
fédéral. Je considère que le projet de loi 38 se situe
dans ce cadre de négociation à l'heure actuelle et que nous
devons l'adopter parce que cela nous donne de bons instruments de
négociation vis-à-vis du gouvernement fédéral
présentement.
M. le Président, sans plus tarder, on pourrait aller tout de
suite à l'étude de l'article 1 du projet de loi. Il nous reste 17
heures de travail. Ce projet de loi comprend 17 articles. Cela nous fait une
heure par article, ce qui est déjà, à mon sens,
raisonnable, à condition qu'on veuille bien travailler. Quant à
nous, de ce côté-ci, nous sommes prêts à travailler
à ce projet de loi le plus vite possible parce qu'il s'agit de le
bonifier et de le baliser. Je suis d'accord et je l'ai dit que j'étais
d'accord pour le faire. Donc, au lieu de faire des motions dilatoires, comme
les gens d'en face en font à l'heure actuelle, nous serions mieux de
travailler très concrètement à améliorer chacun de
ces articles.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre voudrait faire
porter le blâme sur nous en disant que nous faisons des motions
dilatoires. J'aurais ceci à dire au ministre: Si vous aviez
accepté hier la motion du député de Laprairie, on n'aurait
pas passé trois heures à essayer de vous convaincre et à
essayer de parler sur cette motion pour demander que les députés
puissent avoir le droit de parole à cette commission. Vous n'auriez eu
qu'à dire oui, cela n'aurait pas changé le nombre de votes, cela
n'aurait pas changé le nombre d'interventions. Le règlement
s'applique sur les vingt minutes quand même. Votre motion sur 156, vous
l'auriez quand même faite. Et, qu'est-ce que cela aurait changé?
Cela aurait peut-être précipité la discussion du projet de
loi.
M. le Président, ce n'est pas nous qui devons avoir les reproches
d'essayer de retarder les travaux. Je pense que c'est le gouvernement qui nous
met dans la position où nous voulons insister pour que tous les
députés aient le droit de parole. Et si le gouvernement avait
accepté, on aurait pu procéder à la prochaine étape
de nos travaux parlementaires. M. le Président, la première
motion que nous avions faite pour ajourner les travaux, pour entendre M.
Asselin, je pense qu'elle s'imposait. Ce n'est pas cette motion qui a
retardé les travaux parce que celle-ci ne prenait que dix minutes.
Seulement dix minutes nous étaient allouées. Mais, pour
établir un principe qui était assez important pour nous, on avait
un invité ici et celui-ci, qui devait revenir à huit heures, ne
s'est pas présenté à la commission parlementaire. Je pense
qu'on se serait dégagé de notre responsabilité si on avait
laissé passer sous silence le fait que l'invité n'était
pas devant la commission parlementaire. Pour cette raison, pour établir
des principes importants, nous avons fait cette motion.
Maintenant, à ce moment-ci, le ministre n'aurait absolument rien
à perdre s'il acceptait cette motion. Je ne vois pas pourquoi le
ministre continue à refuser son consentement à tous les
députés d'intervenir à cette commission parlementaire. Je
pense qu'il y a des raisons assez valables. Le
ministre a dit qu'il avait la volonté de négocier avec le
gouvernement fédéral...
M. Fallu: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx, sur une question de règlement.
M. Fallu: Je m'excuse. C'est une vérification technique
que je me dois de faire, compte tenu des ententes. Le député de
Mont-Royal est-il membre de la commission ce matin ou intervenant?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal est membre.
Une voix: Qui remplaçait-il, M. le Président?
M. Fallu: II est membre. Hier, il a été
remplacé?
Le Président (M. Desbiens): Hier, il était
également membre.
M. Fallu: Hier, il n'a pas été remplacé?
Le Président (M. Desbiens): II n'a pas parlé sur
cette motion, non.
M. Fallu: Merci. Mes excuses.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Très bien. Une des raisons pour lesquelles
nous aurions voulu que vous acceptiez la motion du député de
Laprairie, c'est que nous aurions aimé avoir le ministre de la Justice
présent à cette commission parlementaire. Il y a beaucoup de
questions sur l'application de certains articles, l'interprétation de
certains articles qui nous ont été présentés par le
ministre. Et, avec tout le respect que je dois au ministre des Affaires
municipales, je ne pense pas que ce soit lui qui puisse nous donner des
opinions juridiques sur la légalité de certains articles.
Même le premier article, on va y venir, je ne pense pas que cela ajoute
à la loi, je ne pense pas que ce soit un article qui donne des droits
nouveaux dans cette loi. Je pense que c'est un droit qui existe
déjà dans une autre loi. Il n'y a pas seulement l'article 1. On
parle de bonifier la loi. Ce sont les mesures discrétionnaires, mesures
que j'appelle arbitraires et que le ministre appelle discrétionnaires,
dans le projet de loi qui font l'objet de l'opposition des
municipalités.
Par exemple, dans l'article 2, on dit aux municipalités: Au
jugement du gouvernement. On parle de l'estimation qu'en fait le ministre. On
parle de bénéfices directs ou indirects. Je crois que, pour
essayer de bonifier la loi, que cela aurait été nécessaire
- nous aurions aimé cela -d'avoir le ministre de la Justice pour lui
demander son opinion sur la façon que cette loi pourrait être
appliquée. Quand on dit qu'une municipalité va recevoir un
bénéfice direct, c'est une chose. Quand on dit qu'elle va
recevoir un bénéfice indirect et que le gouvernement va pouvoir
déduire, des montants fournis à la municipalité, un
montant selon l'estimation du ministre, j'aurais voulu demander au ministre de
la Justice de quelle façon cela serait appliqué. Est-ce que cela
n'ouvre pas la porte à des procédures judiciaires, à
l'inapplicabilité de cette loi? Je pense que cela aurait vraiment
été utile, pour les travaux de la commission parlementaire, que
le ministre de la Justice soit ici. Ce n'est pas la première fois, dans
d'autres commissions parlementaires, nous avons porté à
l'attention du gouvernement l'illégalité de certains articles de
loi. Quand un article est ambigu et ouvre la porte à des
procédures judiciaires, cela n'aide pas le climat social, la
conciliation, la coopération qu'on espère avoir des
différents intervenants, des personnes et organismes qui seront
affectés par le projet de loi.
On pourrait donner des exemples de plusieurs lois où il y a eu
des contestations et où il y a eu des retombées assez
négatives pour ceux qui ont été affectés. Je pense
que c'est encore le temps, maintenant, pour le gouvernement, pour ne pas se
faire de reproches, pour ne pas qu'on puisse, nous, lui faire des reproches, de
dire: Très bien. On va accepter la motion du député de
Laprairie.
Il y a une autre raison, c'est qu'on nous force à siéger
jusqu'à deux ou trois heures du matin; on est obligés de
préparer nos interventions à l'Assemblée nationale, de
faire nos travaux parlementaires à toutes les heures que le gouvernement
juge à propos. Il n'y a pas de limite pour lui, excepté la
règle pour les commissions parlementaires qui doivent se terminer
à minuit.
La motion du député de Laprairie aurait permis aux
différents députés qui veulent faire des interventions de
le faire à cette commission et même aux députés qui
sont ici présents d'aller poursuivre d'autres travaux, de faire d'autres
interventions. Il y a des troisièmes lectures, il y a des prises en
considération de rapports de commissions parlementaires. Il y a des
amendements qui peuvent être apportés à ces rapports, des
interventions. Alors, nous sommes limités. Nous sommes obligés,
nous, les huit députés qui siégeons à cette
commission parlementaire, de rester ici, nous empêchant de poursuivre
d'autres travaux, dans d'autres commissions ou à l'Assemblée
nationale. Je
pense que la motion du député de Laprairie n'est pas
dilatoire. Le fait qu'elle a été présentée à
plusieurs occasions dans le passé ne devrait pas être
automatiquement interprété comme étant pour uniquement
retarder les travaux. Il y avait des raisons très pertinentes,
très valables, très importantes de la faire et cela aurait
simplement accéléré les travaux. Que le gouvernement ne
vienne pas nous dire que nous avons présenté une motion
dilatoire, que nous avons retardé les travaux de cette commission et
surtout qu'il n'essaie pas de justifier la motion qu'il a faite à
l'Assemblée nationale par l'article 156, spécialement quand on
dit ici: "Lorsqu'une commission a étudié un projet de loi pendant
une période de temps correspondant à l'importance ou à la
longueur du projet". Nous n'étions en commission que depuis quelques
heures et le gouvernement a jugé d'imposer la clôture.
Alors...
Le Président (M. Desbiens): II est 13 heures. La
commission des affaires municipales suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 15 h 22)
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des Affaires municipales reprend ses travaux pour étudier
article par article le projet de loi 38, Loi sur la participation
gouvernementale au financement des municipalités. Pour que cela soit
consigné au journal des Débats, M. Polak (Sainte-Anne) remplace
M. Rocheleau (Hull) comme intervenant à la commission. Le consentement
ayant été donné ce matin pour toute la journée.
M. Rochefort: Est-ce qu'on peut voter là-dessus, M. le
Président? On pensait que cela excluait M. Rocheleau d'un départ
précipité de la commission.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal avait la parole. Il vous reste dix minutes d'intervention sur la
motion...
M. Ciaccia: M. le Président, il n'y a même pas
d'horloge dans cette salle. On ne sait pas...
M. Rochefort: Ah! Cela va faire l'objet d'une motion.
Le Président (M. Desbiens): On va faire comme hier, on va
se fier à la montre du président.
Une voix: On pourrait suspendre jusqu'à ce qu'une horloge
soit installée.
M. Rochefort: C'est mieux une motion.
M. Ciaccia: Allez-vous me dire cinq minutes, trois minutes, deux
minutes?
M. Rochefort: C'est un beau discours. Cela est
intéressant.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole.
M. Ciaccia: On est retourné siéger dans le
garde-robe.
Juste en résumé sur la motion du député de
Laprairie. Je pense qu'à ce stade-ci, quand on sait qu'on peut
siéger à la commission parlementaire jusqu'à demain soir
seulement, que, vendredi matin, nous devrons faire rapport sur les travaux de
la commission, je pense que le gouvernement n'aurait rien à perdre et
tout à gagner s'il acceptait la motion du député de
Laprairie. Cela faciliterait les travaux, cela permettrait... Je vais vous
donner un cas très précis. Il y a un rapport qui a
été déposé, aujourd'hui, à
l'Assemblée nationale. Une prise en considération du rapport sur
la loi 46. Il y a certains amendements qui doivent être
préparés pour ce rapport. Demain, il va falloir faire une
intervention à l'Assemblée nationale. Si la motion était
acceptée par le gouvernement, cela permettrait de libérer
certains députés pour aller faire d'autres travaux. Cela
n'augmenterait pas le temps, le droit de parole des intervenants et des membres
de la commission. Cela pourrait permettre aux députés de vraiment
poursuivre les autres travaux qu'ils ont soit en commission, soit à
l'Assemblée nationale. Il me semble que cela serait tout à
fait...
M. Tremblay: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question au député?
Des voix: Consentement.
M. Tremblay: II est courant qu'à l'Assemblée
nationale, on fasse des ententes, les deux partis au pouvoir. Probablement que
le ministre et les gens de ce côté-ci de la salle seraient
d'accord pour accepter cela, pour autant qu'on commence immédiatement
l'étude article par article...
M. Ciaccia: On va y arriver, ce ne sera pas long.
M. Tremblay: ...et qu'il n'y ait pas d'autre motion
dilatoire.
M. Ciaccia: Avez-vous vérifié cette
entente avec votre ministre?
M. Tremblay: Non, je vous demande, à vous, si vous seriez
d'accord.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pas de problème.
M. Maciocia: Pas de problème, est-ce que vous avez
demandé à votre ministre?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal a la parole.
M. Ciaccia: Alors, je vais poser une question.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Ciaccia: On m'a posé une question, M. le
Président. Avant de répondre, je voudrais savoir si le
député de Chambly a eu le consentement du ministre pour cette
entente possible.
M. Tremblay: Je pourrais probablement négocier cela avec
le ministre si vous me donnez votre parole que ce serait cela qui serait
accepté.
Une voix: C'est pour le député de Mont-Royal.
M. Maciocia: Cela a l'air très intéressant.
M. Ciaccia: Le ministre a l'air très surpris.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal a la parole.
M. Ciaccia: L'autre raison pour la nécessité
d'avoir tous les députés et qu'ils aient le droit d'intervenir
dans le projet de loi c'est que, comme on a déjà
mentionné, cela affecte toutes les municipalités au
Québec. Il faudrait donner l'occasion à des députés
qui ont eu des représentations spécifiques de leurs
municipalités particulières dans leurs comtés de pouvoir
venir devant cette commission et faire les représentations
nécessaires pour qu'ils puissent informer la commission et le ministre
des objections que ces municipalités pourraient avoir au projet de loi.
L'Union des municipalités régionales de comté avait
émis un communiqué de presse à savoir que le Québec
doit retirer son projet de loi 38 qui a pour effet d'imposer une forme de
tutelle aux élus locaux. Ce serait important de voir les
différents députés qui ont beaucoup de
municipalités dans leur comté venir devant cette commission et
expliquer de quelle façon certaines municipalités voient cette
forme de tutelle, quelles recommandations, quels changements ils auraient
à faire. Je ne veux pas écouler tout le temps, parce que je sais
qu'il me reste du temps sur cette motion, mais je crois que vraiment ce serait
un signe de bonne foi de la part du gouvernement d'accepter la motion du
député de Laprairie.
Une voix: Adopté.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Desbiens): C'est terminé...
M. Ciaccia: C'est terminé, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): ...M. le député
de Mont-Royal? M. le député de Chambly a demandé la
parole.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: Tout simplement pour dire que je m'explique mal
l'obstination des membres de l'Opposition, leur insistance pour que tous les
députés aient le droit de parler sans avoir demandé la
permission sur ce projet de loi. Je me suis longuement posé la question
si c'était de l'inconscience ou s'ils ne veulent pas se prononcer sur le
projet de loi. Comme l'article 99.9 ne me reconnaît pas le droit de leur
prêter d'intention, je suis obligé de conclure que c'est par
inconscience. Cela se manifeste comme ceci, M. le Président, c'est que
depuis deux jours nous sommes réunis et on a déjà
accepté qu'à chaque séance de notre commission on puisse
changer les membres de la commission. Ils auraient parfaitement pu utiliser
cette technique pour changer les huit membres, et tous les
députés du Parti libéral qui auraient voulu s'exprimer
là-dessus auraient pu le faire. Donc, je ne comprends toujours pas. Et
plus ils parlent, plus je suis convaincu que ce n'est là qu'une motion
qui vise à retarder les travaux de la commission. Je suis même
persuadé que si on l'acceptait, ils proposeraient une nouvelle motion
dilatoire de façon à retarder encore.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oh, non! Des voix: Non, non!
M. Tremblay: Ce n'est pas mon intention de vous prêter des
intentions.
Une voix: C'est ce que vous faites.
M. Tremblay: J'ai le droit de me poser des questions sur ce qui
se produirait si... J'en suis venu à la conclusion, en observant
les députés de l'Opposition, que leur seul objectif
était de retarder les travaux de la commission. On n'est pas pour se
prêter à ce petit jeu. On sait maintenant qu'il nous reste
jusqu'à vendredi pour discuter de ce projet de loi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Jusqu'à demain soir.
M. Tremblay: Jusqu'à demain soir, minuit, jeudi, minuit.
Il nous reste encore beaucoup de temps.
M. Maciocia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger sur une question de règlement.
M. Rochefort: En vertu de quel article, M. le
Président?
M. Maciocia: M. le Président, c'est complètement
farfelu, ce que dit le député de Chambly.
M. Rochefort: Ce n'est pas une question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): C'est quoi, votre question de
règlement?
M. Rochefort: Sur quel article?
M. Maciocia: II est en train de dire...
M. Saintonge: Écoutez, vous allez le savoir.
M. Maciocia: ...que nous allons faire des motions dilatoires
jusqu'à vendredi, c'est complètement faux, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): C'est une question d'opinion,
M. le député de Viger.
M. Maciocia: C'est la première qu'on présente.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Je termine en disant que j'ai des doutes, que je me
pose des questions pour savoir...
M. Leduc (Saint-Laurent): Posez, posezl
M. Tremblay: ...si ce n'est pas la crainte de la discussion du
projet de loi article par article qui les incite à retarder
indûment les travaux de la commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): La motion du
député de Laprairie est-elle adoptée? M. Maciocia:
Adopté. M. Saintonge: Adopté. Une voix:
Rejeté. Le Président (M. Desbiens): Rejeté?
M. Saintonge: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Le vote enregistré est
demandé.
M. Laplante (Bourassa), M. LeMay (Gaspé), M. Ciaccia
(Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Fallu
(Groulx)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M.
Lachance (Bellechasse)?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Léonard
(Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M.
Saintonge (Laprairie)?
M. Saintonge: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M.
Tremblay (Chambly)?
M. Tremblay: Contre.
Une voix: Vous avez oublié M. Rochefort.
M. Rochefort: M. le Président, j'espère que vous ne
me retirerez pas mon droit de vote.
Le Président (M. Desbiens): M.
Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Cinq contre, quatre pour.
La motion est rejetée.
J'appelle l'article 1 du projet de loi 38.
M. Saintonge: M. le Président, j'aurais une question.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'aimerais savoir du ministre s'il pourrait
déposer dès maintenant les amendements qu'il a l'intention
d'apporter au projet de loi, considérant le fait qu'il nous a
mentionné qu'il devait les présenter au Conseil des ministres ce
midi. Cela nous donnerait l'occasion, je pense, de les examiner à la
suite des représentations qui ont été faites hier et cela
nous permettrait de vérifier quel genre d'amendements le ministre entend
apporter à sa loi. Nous pourrions ainsi juger des amendements
possiblement apportés au caractère discrétionnaire et
abusif, entre autres, de la loi; non seulement son caractère
discrétionnaire, mais également son caractère
discriminatoire, déraisonnable et imprécis.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, nous allons, je
suppose, aborder l'étude du projet de loi article par article et au fur
et à mesure que nous aborderons chacun de ces articles, je
déposerai les amendements.
M. Rochefort: C'est un incitatif à commencer
l'étude.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je vous ferai remarquer, à la suite des
paroles du député de Gouin et celles du ministre, que l'incitatif
à travailler d'une façon plus intelligente serait justement du
fait que nous puissions avoir...
M. Rochefort: Ce n'est pas nous qui l'avons dit.
M. Saintonge: Je ne dis pas que notre façon de travailler
n'est pas intelligente, je dis qu'on pourrait le faire de façon plus
intelligente lors de l'analyse article par article du projet de loi. Je
pèse mes mots. Je n'ai pas dit "d'une façon plus intelligente que
ce que nous avons fait jusqu'à maintenant". Nous n'avons
présenté qu'une seule motion par laquelle nous demandions que
l'ensemble des députés puissent venir à cette commission
et justement donner le "feed-back" ou l'impression que les maires et les
conseillers de leur municipalité ont sur ledit projet de loi. Cela
pourrait être très profitable à la commission.
Je mentionne que pour travailler d'une façon plus intelligente
à l'étude article par article qui s'en vient, il faut savoir
globalement de quelle façon le projet de loi peut être
bonifié. Les amendements que le ministre pourrait apporter permettraient
précisément d'enlever ce qu'on reproche principalement à
ce projet de loi: son caractère pénal, son caractère
discrétionnaire, abusif, excessif.
Évidemment la seule façon de travailler d'une
manière intelligente dans une perspective globale d'un projet de loi,
c'est de savoir exactement de quelle façon le ministre entend amender
son projet de loi, qu'il nous dise où on s'en va exactement et non pas
de nous faire des surprises au fur et à mesure comme nous en avons
souvent eu dans le passé. Cela nous permettrait aussi de juger, en
adoptant tel ou tel article, ce qui va intervenir plus loin. Il faut remarquer
que dans le projet de loi les articles ont quand même plusieurs
interrelations.
En ayant des amendements à la pièce au fur et à
mesure que nous étudions un article, on n'a pas la possibilité
d'avoir cette vue globale nécessaire à un projet de loi aussi
discrétionnaire. C'est dans ce sens que je renouvelle ma demande au
ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'on peut
aborder le projet de loi à l'article 1. Qu'on fasse l'étude de
l'article 1 et ensuite nous déposerons les amendements.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, vous me permettrez de faire
la motion suivante: Que l'on suspende l'étude article par article du
présent projet de loi 38...
Une voix: Elle était déjà
préparée. Alors... M. le député de Laprairie, lui,
lit...
M. Saintonge: M. le Président, je pense que j'ai la
parole. J'étais tellement convaincu du refus du ministre des Affaires
municipales de nous donner ces amendements. C'est une habitude. Je pense que je
peux en profiter pour dénoncer ici l'attitude absolument intransigeante
du ministre qu'on retrouve - cela fait deux ans et demi que je participe aux
commissions parlementaires des affaires municipales...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, vous avez commencé à lire une proposition...
M. Saintonge: On m'a interrompu, M. le Président. Je pense
que je peux rectifier les faits qui ont été donnés.
Le Président (M. Desbiens): Je vous donne la parole pour
que vous présentiez votre motion.
M. Saintonge: Oui, oui. Je vais présenter ma motion, M. le
Président, mais je pense que je peux corriger certains faits, certains
propos qu'on m'a imputés de l'autre côté, principalement de
la part du ministre où je mentionnais que depuis deux ans et demi que je
participe aux commissions parlementaires, surtout lors des fins de session,
c'est toujours la même chose. On a amendements par-dessus amendements
à la pièce, papillon, deuxième papillon, troisième
série, quatrième série et on arrive avec des
conséquences comme dans le cas, par exemple, de la loi de
Saint-Léonard que mon confrère, le député de Viger,
M. Maciocia, pourrait confirmer, où le projet de loi est imprimé
et on se rend compte qu'il y a des erreurs parce qu'on ne se retrouvait pas
dans les papillons, deuxième, troisième, quatrième,
cinquième série. C'est aussi simple que cela.
Cela ne me surprend pas. C'est pour cette raison que j'ai pu
préparer une motion. Ce n'est pas compliqué a préparer
parce que j'étais convaincu de l'attitude du ministre. C'aurait
été une surprise, je serais tombé en bas de ma chaise, si
on avait accordé la permission d'accéder à notre demande
de nous donner des amendements.
M. Maciocia: Deuxièmement, M...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie a la parole pour présenter sa motion.
M. Maciocia: Si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Une question de
règlement, M. le député?
M. Maciocia: Oui, si vous voulez. Une question de directive.
Une voix: Une question de directive. Bon.
M. Maciocia: C'est la suivante: si le ministre avait
déposé les amendements, automatiquement on n'aurait pas de
motion.
Le Président (M. Desbiens): Quelle est la directive que
vous voulez avoir là-dessus?
M. Maciocia: C'est cela. Si le ministre est disposé
à les déposer...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, s'il vous plaît.
Motion proposant de suspendre l'étude
du projet de loi jusqu'au dépôt
des amendements
M. Saintonge: D'accord. Donc ma motion, M. le Président,
c'est que l'on suspende l'étude article par article du présent
projet de loi 38 jusqu'à ce que le ministre des Affaires municipales ait
déposé les amendements qu'il entend apporter à ce projet
de loi.
Le Président (M. Desbiens): Avez-vous une copie de votre
motion?
M. Saintonge: Je vais vous en faire une. Je peux vous donner
celle-là si vous comprenez mon écriture.
Le Président (M. Desbiens): On peut essayer. Pendant que
le député de Laprairie écrit sa motion, est-ce qu'il y a
des intervenants sur la recevabilité? Voulez-vous intervenir sur la
recevabilité?
M. Saintonge: M. le Président, elle m'apparaît
recevable. Je ne sais pas s'il y a des arguments contre.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est une motion
préliminaire.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal, pour la recevabilité.
M. Ciaccia: Oui. C'est une motion préliminaire aux travaux
de la commission parlementaire du même genre que la motion que le
député de Laprairie avait faite voulant que chaque
député ait le droit d'être entendu devant cette commission
parlementaire. C'est une motion qui se fait habituellement, qui peut se faire,
spécialement dans le cas où le ministre... On lui a
demandé de déposer les amendements. Il a refusé. Alors,
c'est une motion tout à fait recevable qui satisfait aux exigences de
notre règlement.
M. Fallu: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx, sur la recevabilité?
M. Fallu: ...vous savez, puisque vous présidez cette
commission, que nous avons été convoqués en cette salle
pour faire l'étude article par article du projet de loi 38. C'est donc
dans le cadre de l'étude article par article que des amendements doivent
être apportés. On connaît la tradition parlementaire.
Habituellement, on ne dévoile pas un projet de loi avant le
dépôt à l'Assemblée nationale.
Une voix: C'est une cachette.
M. Fallu: C'est une tradition parlementaire. On sait qu'elle a
tendance à disparaître quelquefois, notamment par les intentions
du gouvernement qui sont connues à travers un livre blanc ou autrement.
Néanmoins, en termes de jurisprudence parlementaire, on pourrait
toujours faire reproche de dévoiler le contenu d'un projet de loi avant
son dépôt à l'Assemblée nationale.
Or, mutatis mutandis, nous sommes ici en commission. Nous n'avons pas
entamé l'article 1. Donc, nos travaux parlementaires, en fonction de
notre mandat, ne sont pas commencés. Il serait par conséquent
techniquement irrégulier de déposer à ce moment-ci, avant
d'avoir appelé l'article 1, des projets d'amendement. Donc, M. le
Président, je vous demanderais, d'abord, avant de recevoir quelque
proposition de cette nature, d'appeler l'article 1 pour que nos traditions
parlementaires soient respectées.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan, sur la recevabilité de la motion.
M. Lincoln: M. le Président, le député de
Groulx a parlé de coutumes ou de traditions parlementaires. Je ferai
remarquer au député que, dans beaucoup de commissions où
nous avons siégé - et peut-être que lui aussi y a
siégé, je parle de la commission qui a siégé hier
et avant-hier sur la loi 57 -il est tout à fait coutume, il est tout
à fait dans notre tradition, il est tout à fait acceptable que
des ministres déposent en liasse toute une série d'amendements
sur des projets de loi. Le ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration, lors de l'étude du projet de loi 57, nous a laissé
voir toute une série d'amendements sur tous les articles de son projet
de loi pour qu'on puisse les étudier. Comment le ministre peut-il
vouloir que nous prenions connaissance des amendements qu'il va faire sur le
projet de loi, article par article, au moment où ils sont
déposés? C'est impossible. Ce qu'il faudra faire alors, comme on
a dû le faire à d'autres commissions parlementaires, ce sera de
suspendre ces articles afin que nous puissions les étudier. Et c'est une
contradiction parce qu'il voudrait lui-même que le débat se fasse
beaucoup plus vite. Il voudrait lui-même accélérer les
travaux.
Pourquoi ne pas déposer les amendements en liasse? Pouvez-vous me
dire quelle logique il y a là-dedans? Qu'y a-t-il de tellement secret
dans vos amendements que vous ne vouliez pas les faire connaître?
Pourquoi, par exemple, vos collègues... Je vous cite le cas du ministre
des Communautés culturelles et de l'Immigration, lors de l'étude
du projet de loi 57, qui a certainement une portée beaucoup plus
importante pour l'avenir que le vôtre qui est tellement négatif,
qui est un projet de loi à court terme. Pourquoi ce ministre n'aurait-il
aucune objection à déposer en liasse les amendements pour nous
laisser savoir, pour nous laisser étudier, pour nous laisser faire de la
recherche là-dessus? Le ministre va déposer les amendements un
à un, article par article, et espérer qu'on pourra étudier
cela d'une minute à l'autre et, en même temps, paradoxalement, il
va nous presser pour qu'on accepte cela au pied levé. Tout ce qu'on vous
demande, c'est que vous déposiez au moins les amendements que vous allez
faire pour qu'on puisse les étudier, pour qu'on puisse en faire une
étude intelligente. Je ne vois rien dans le règlement, je ne vois
rien dans la loi qui dise que le ministre ne peut pas déposer ses
amendements. La coutume veut très bien que cela se fasse tous les jours
et cela s'est fait bien souvent dans toutes les commissions.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin. Vous parlez toujours sur la recevabilité?
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je vais tenter
d'être pertinent sur la question qui est actuellement débattue,
à savoir la recevabilité de la motion du député de
Laprairie. Je doute que cette motion puisse être recevable puisque, dans
un premier temps, l'ordre de la Chambre est d'étudier article par
article les différents articles du projet de loi 38. On ne peut donc
présumer qu'il y aura des amendements sur chacun de ces articles ni sur
quels articles des amendements seront proposés, tant par le ministre que
par n'importe quel autre membre de la commission, qu'il soit de la
majorité ministérielle ou de l'Opposition à
l'Assemblée nationale. (15 h 45)
Deuxièmement, pour qu'un amendement soit discuté, il doit
être reçu par vous; vous devez le juger recevable. Et, pour le
juger recevable, il faut que vous sachiez en vertu de quel article il est
déposé, quel article du projet de loi 38 il vise à
amender, à changer, à clarifier, à nuancer. Donc, si vous
n'avez pas appelé l'article qui serait amendé par la proposition
d'amendement qui est sur la table, comment pourrez-vous juger de la
recevabilité de l'amendement? Et si vous n'avez pas à juger de la
recevabilité de l'amendement, comment pourrions-nous discuter d'un
amendement sur lequel vous n'avez pas rendu une décision quant à
sa recevabilité ou non? Alors, je ne vois d'aucune façon, M. le
Président, comment notre règlement peut permettre à une
commission d'exiger... C'est bien de cela que nous parlons: il y a une motion
sur la table
qui vise à exiger du ministre des Affaires municipales qu'il
dépose ses amendements. Alors, je ne vois pas comment on peut exiger
qu'il le fasse à ce moment-ci puisque notre règlement est tel que
je l'ai décrit tantôt.
Évidemment, il y a eu une coutume d'établie à
certaines occasions, pas à toutes les commissions, pas à
l'étude de tous les projets de loi au moment de l'étude article
par article; donc, je pense qu'on doit juger que cette coutume est
peut-être viable et peut être retenue lorsque l'on sent que les
députés sont de bonne foi et intéressés à
étudier article par article le projet de loi. J'ai la conviction
profonde que le ministre des Affaires municipales, dès qu'il verra que
nous discuterons de l'article 1, nous indiquera d'emblée, dès le
début, avant même qu'on ait commencé les discussions
préliminaires sur l'article 1, quels sont les amendements qu'il veut
apporter à l'article, s'il a des amendements à apporter à
cet article. C'est là que vous pourrez juger s'ils sont recevables ou
pas, donc, si on peut en tenir compte.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le fait de demander au ministre de déposer ses
amendements, ce n'est pas une question de savoir s'ils sont recevables ou
irrecevables. Le dépôt de ces amendements, c'est comme un
dépôt de documents.
Une voix: Non.
M. Ciaccia: De nous montrer les amendements qu'il va proposer,
cela ne les rend pas comme des amendements à chacun de ces articles au
moment où il nous en donne communication. C'est juste que nous voulons
voir la teneur de ces amendements parce qu'ils vont affecter d'autres articles.
Et, au fur et à mesure... Et cela n'empêchera pas le ministre, non
plus, d'apporter d'autres amendements s'il le veut ni quelqu'un
d'apporter des sous-amendements aux amendements que le ministre va proposer.
Et, quant à l'argument que l'ordre de la Chambre est d'étudier le
projet de loi article par article, c'est vrai que c'est bien l'ordre de la
Chambre. Mais cela ne vous a pas empêchés, hier, d'avoir une ou
plusieurs motions préliminaires, avant de commencer l'étude de
l'article 1. Et de la même façon que la motion, hier, était
une motion préliminaire, celle-ci en est une autre du même genre
et c'est pour faciliter les travaux de la commission parlementaire. Cela ne lie
pas le ministre à seulement ces amendements, cela ne les rend pas
recevables ou irrecevables, cela ne les constitue pas des amendements par le
fait de déposer un ou plusieurs documents nous démontrant le
genre d'amendements qu'il propose, ou de communiquer un document qui propose
certains amendements, mais cela nous permet de prendre connaissance de ce que
le ministre propose pour l'ensemble du projet de loi; ceci va faciliter la
discussion du début, en commençant par l'article 1.
M. Tremblay: M. le Président, pourriez-vous relire la
proposition, pour que je sois bien certain des termes qui sont
utilisés?
Une voix: II n'écoutait pas.
Une voix: Comme toujours, il n'écoute rien.
Une voix: On peut suspendre cinq minutes pour aller faire des
photocopies.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre!
Une voix: On n'a pas besoin de suspension...
Une voix: II nous dérange. II nous dérange et il
n'écoute rien.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Chambly, sur la recevabilité.
M. Tremblay: Je voudrais que vous me relisiez la proposition
avant que je m'exprime.
Une voix: Tu serais d'accord, peut-être!
Le Président (M. Desbiens): Que l'on suspende
l'étude, article par article, du présent projet de loi 38
jusqu'à ce que le ministre des Affaires municipales ait
déposé les amendements qu'il entend apporter au projet de
loi.
Une voix: C'est encore pis.
M. Tremblay: Bon; M. le Président, de toute
évidence, la motion est irrecevable puisque, en commission
parlementaire, on ne peut déposer de document.
M. Ciaccia: ...communication avant.
M. Tremblay: Plusieurs personnes ont essayé, dans
différentes commissions, d'en déposer et on a toujours dit qu'on
ne pouvait accepter de dépôt de documents dans une commission
parlementaire...
M. Ciaccia: On ne dépose pas.
M. Tremblay: ...et, encore plus, dans
une commission parlementaire qui a pour mandat d'étudier article
par article un projet de loi.
M. Ciaccia: Bien, il ne dépose pas, c'est tout.
M. Tremblay: Bien oui, c'est la proposition.
Une voix: ...déposé devant l'Assemblée.
M. Saintonge: On va l'amender, ce n'est pas grave.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin, sur la question de recevabilité.
M. Rochefort: Oui, est-ce que vous me permettez une
deuxième intervention?
Le Président (M. Desbiens): Oui, oui.
M. Rochefort: Merci. M. le Président, j'ai
écouté attentivement le député de Laprairie nous
présenter son amendement. Ou bien j'ai manqué, quelques secondes,
d'attention, ou bien le texte n'est pas celui qu'il nous a lu, le texte
présentement devant nous.
M. le Président, il faut quand même le faire, l'Opposition
libérale refuse d'entreprendre l'étude article par article du
projet de loi en présentant des motions dilatoires et, tout à
coup, elle nous arrive avec une motion nous demandant de suspendre
l'étude article par article. Il faudrait peut-être la commencer
avant de la suspendre.
Deuxièmement, comment pouvons-nous suspendre l'étude
article par article alors que la Chambre nous en a donné le mandat? M.
le Président, franchement, vous n'êtes pas sérieux,
l'Opposition libérale n'est pas sérieuse dans son travail. Non,
je suis obligé de m'adresser à vous, parce qu'on ne doit pas
s'adresser directement...
Une voix: La forme avait l'air curieuse.
M. Rochefort: ...aux parlementaires. Vous savez bien, M. le
Président, que j'ai toujours reconnu le très grand sérieux
avec lequel vous remplissez vos fonctions de membre de l'Assemblée
nationale et de président de commission.
Une voix: ...la Chambre.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, ce sont les
députés qui proposent cette motion qui ne sont pas
sérieux. Ils nous demandent de suspendre quelque chose qu'ils refusent
d'entamer, mais pour lequel nous avons reçu un ordre de la Chambre.
Le Président (M. Desbiens): Bon.
M. Rochefort: Franchement, M. le Président, ils pourront
faire le débat en Chambre la prochaine fois peut-être. Ils se sont
peut-être trompés de débat, encore une fois, mais...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, une dernière intervention peut-être.
M. Saintonge: M. le Président, en fin de compte, si je ne
m'abuse, le mandat qui a été confié à la commission
par le leader du gouvernement, après avoir déféré
le projet de loi 38 à la commission permanente des Affaires municipales,
c'est l'étude article par article du projet de loi, globalement. On ne
nous a pas dit d'étudier les articles 1, 2, 3, 4 et 5, c'est une
façon globale de parler. C'est vrai à un point tel que même
au niveau des Affaires municipales...
Une voix: II parle pour parler.
M. Saintonge: Ah non! Je ne parle pas pour parler. Vous avez
parlé pour parler tantôt. Si les propos du député de
Gouin étaient retenus, cela veut dire qu'on a une absence de temps, il
s'est volatisé quelque part depuis la dernière journée
parce que, depuis hier après-midi, on n'a rien fait.
Une voix: II est volage, au moins.
M. Saintonge: Vous comprendrez que le mandat, y compris
l'audition du président de l'UMRCQ devant cette commission...
Une voix: Y a-t-il consentement pour cela?
M. Saintonge: Le consentement, c'est que le ministre a dit que
c'était une coutume, au niveau municipal, qu'on commençait
l'étude article par article des projets de loi en entendant les
représentations des unions. Il a bien dit l'étude article par
article; donc, c'est le mandat de la commission, dans le cadre du mandat, et
c'est ce qu'on faisait.
Dans un premier temps, nous avons entendu, hier, le président de
l'UMRCQ, qui a fait part au ministre, non pas de son accord quant au projet de
loi, mais il a maintenu ce qu'il avait dit antérieurement sur le projet
de loi, des propos assez véhéments. Les citations de journaux, il
ne les a pas niées, il n'a pas nié non plus les propos que
l'UMRCQ avait tenus concernant le caractère du projet de loi, que c'est
la loi des mesures de guerre du monde municipal.
II ne niait pas cette chose, mais il se fiait au ministre des Affaires
municipales, en disant qu'il voulait jouer le jeu en venant ici. C'est comme
cela que j'interprète la comparution, devant cette commission, du
président de l'UMRCQ devant la commission, pour tenter, puisque le
projet de loi avait été adopté en deuxième lecture,
de le bonifier d'une certaine façon, de mettre certaines balises par
rapport au pouvoir discrétionnaire que le ministre pouvait avoir dans ce
projet de loi, en suggérant certains amendements.
Le ministre a répondu, dès ce moment, qu'il prendrait en
considération les propos et les demandes du président de l'UMRCQ,
qu'il verrait de quelle façon il pourrait y donner suite, en consultant
ses fonctionnaires, et qu'il présenterait certains amendements. Il
m'apparaît extrêmement important, dans le cadre de l'étude
du projet de loi, justement avant même de l'entreprendre article par
article, qu'on puisse savoir exactement vers quel genre de projet de loi on va
se diriger, si on reste toujours avec un projet de loi à
caractère vraiment pénal et non pas un projet de loi qui vient
reconnaître le principe de la compétence constitutionnelle du
Québec en matière municipal. Le projet de loi, tel que
dénoncé partout, poursuit un but à caractère
pénal contre les municipalités.
Est-ce que le ministre, par les amendements qu'il va apporter, pourra,
à tout le moins, au niveau de la discrétion extrême qu'on
confie au gouvernement et au ministre par délégation dans ce
projet de loi, amenuiser le caractère d'une certaine façon et
même l'enlever totalement? Peut-on vraiment voir où on s'en va
dans le cadre global de ce projet de loi? C'est le but de la motion. C'est
aussi simple que cela. C'est de voir exactement vers quoi on se dirige, parce
que c'est bien beau d'avoir un amendement à l'article 3 ou à
l'article 4... M. le Président, si vous regardez les articles en
question, il y a des interrelations. À l'article 6, il est dit: "Les
articles 2 à 4, n'affectent pas le droit d'une municipalité..."
Tout est interrelié. Étant donné que tout est
interrelié, à l'article 9, on revient avec le décret de
l'article 3. Cela m'apparaît absolument essentiel que l'on puisse savoir
vers quel genre d'amendement on se dirige pour évidemment...
Une voix: Pour savoir...
M. Saintonge: Non, non, pour discuter sérieusement le
projet de loi... Quant au caractère qu'on veut nous imputer, au niveau
de l'étude du projet de loi, en disant, dès le départ,
qu'on veut simplement retarder tout cela par des motions dilatoires, je vous
ferai remarquer, encore une fois, qu'on a discuté une seule motion
jusqu'à présent qui est de permettre à tous les
députés de venir à cette commission parlementaire. Pour le
reste, nous avons entendu le président de l'UMRCQ et nous lui avons
posé certaines questions. Hier soir, une motion a été
présentée selon laquelle on s'étonnait que le
président de l'UMRCQ ait quitté les lieux sans l'autorisation du
président. Sachant pertinemment bien que mon confrère de
Jeanne-Mance, au moins, était clairement inscrit au niveau de la
présidence pour lui poser des questions. Ce n'était pas
dilatoire, c'était simplement pour protéger les droits
mêmes de l'Assemblée nationale et des commissions parlementaires
vis-à-vis les personnes entendues et qu'on décide d'entendre. Car
si on entend un témoin devant cette commission, il est normal que ce
témoin ne décide pas de son gré de s'en aller quand il
veut après avoir dit ce qu'il voulait. Il est important pour nous de
faire préciser certains autres points que nous n'avons pu obtenir: les
réactions du président de l'UMRCQ. C'était la motion,
hier.
La seule autre motion, c'est celle sur laquelle on vient de voter, il y
a quelques minutes; elle concernait le fait que tous les députés
puissent venir. Donc, on n'a pas fait un travail pour reporter dans le temps la
commission, parce qu'on n'a même pas posé de questions sur la
question - et je le mentionne entre autres - du rapporteur. Nous avons
commencé directement à écouter le président de
l'UMRCQ.
M. le Président, il m'apparaît fondamental, au niveau du
projet de loi, surtout si on regarde, dans le fond, le contenu même du
projet de loi, si on veut vraiment voir l'orientation et exactement savoir
où on se dirige, cela nous prend les amendements d'une façon
globale à mon point de vue. Cette motion, loin d'être dilatoire,
permettra possiblement d'accélérer l'étude article par
article du projet de loi.
Le Président (M. Desbiens): Je vous remercie, M. le
député de Laprairie pour votre éclairage. Ma
décision est basée sur les deux faits suivants: un amendement
doit toujours se rapporter à un article ou à une motion qui
existe. Il faut qu'il y ait un objet sur la table pour qu'il y ait amendement.
Or, il n'y a encore aucun article du projet de loi sur la table. Donc, à
ce moment-là, il n'y a pas de motion et il n'y a pas possibilité
de présenter un amendement à une motion. De plus, il n'y a pas,
non plus, en commission parlementaire, de dépôt de documents.
Étant donné ces deux faits, je juge la motion
irrecevable.
M. Rocheleau: M. le Président, me permettez-vous?
Une voix: C'est réglé.
M. Fallu: M. le Président, j'ai une motion à
faire.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 1. (16 heures)
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 1.
M. Maciocia: Un instant, M. le Président.
M. Fallu: Je vous demanderais d'appeler l'article 1 du projet de
loi 38, s'il vous plaît, M. le Président.
M. Maciocia: Ce n'est pas une motion.
Étude article par article
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 1 du
projet de loi.
M. Maciocia: M. le Président.
La Président (M. Desbiens): L'article 1...
M. Maciocia: Un instant, M. le Président. Un instant parce
qu'il y a aussi...
M. Léonard: L'article 1 est le suivant: "Par une entente
entre le gouvernement et celui du Canada ou leurs ministres ou organismes,
conclue conformément à la loi, une municipalité peut, aux
fins de son financement et selon les conditions prévues à
l'entente, bénéficier d'une participation du gouvernement du
Canada ou de l'un de ses ministres ou organismes. "Le premier alinéa
n'affecte pas le droit d'une municipalité de recevoir du gouvernement du
Canada ou de l'un de ses ministres ou organismes, le paiement: 1 d'une taxe ou
d'une compensation en tenant lieu ou 2° d'une somme versée
conformément à une entente visée à l'article 22 de
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales (L.R.Q.,
chapitre M-21).
M. Rochefort: ...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Maciocia: Non, c'est le ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Étant donné que le premier
article a été lu, est-ce que je peux demander une suspension de
dix, quinze minutes, s'il vous plaît?
Une voix: Pas d'objection.
M. Maciocia: Est-ce qu'il y a des raisons?
Le Président (M. Desbiens): Alors la commission suspend
ses travaux pour quinze minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 1)
(Reprise de la séance à 16 h 36)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! La
commission des affaires municipales reprend ses travaux. Nous étions
à l'article 1. L'article 1 est-il adopté?
M. Maciocia: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Léonard: Je voulais faire quelques commentaires.
Le Président (M. Desbiens): Excusez. D'accord. Alors, M.
le ministre.
M. Maciocia: Je veux reprendre la question que j'avais
posée au moment du départ du ministre. Est-ce qu'on pourrait
connaître les raisons des 35 minutes...
M. Ciaccia: Nous avons...
M. Léonard: Nous avons eu à nous consulter...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je pense que le député responsable de
l'Opposition n'est pas arrivé.
Le Président (M. Desbiens): On pourrait suspendre quelques
instants pour l'attendre.
M. Ciaccia: Juste pour quelques instants, parce qu'il a une
question qu'il voulait poser au ministre au début. Est-ce qu'on pourrait
attendre quelques minutes?
Le Président (M. Desbiens): Nous allons suspendre quelques
instants. À l'ordre! La commission reprend ses travaux. À
l'ordre! M. le ministre, vous avez la parole. Il y avait une intervention, je
crois.
M. Maciocia: Une question.
Le Président (M. Desbiens): Une question posée par
le député de Viger.
M. Léonard: II y a des suspensions qui sont
demandées par l'une ou l'autre des parties. Nous avions à faire
des consultations. Elles sont faites à l'heure actuelle. Maintenant, je
suis prêt à commencer les notes explicatives de l'article 1.
M. Maciocia: Je dois vous poser une autre question, M. le
ministre. Est-ce que cela veut dire que vous ne vous attendiez pas qu'on arrive
à l'article 1? Vous faites les consultations après. Si vous avez
des amendements à faire, vous les avez déjà. Est-ce qu'il
y a des raisons particulières? Nous, on voudrait être mis dans le
coup.
M. Léonard: II y a des suspensions qui se produisent.
Nous-mêmes, on accepte à l'occasion, des suspensions de ce type,
des suspensions de courte durée.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1... Vous
avez les notes. M. le député de Mont-Royal.
Motion proposant le dépôt immédiat
des amendements
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Je pense que l'on devrait revenir sur la question des
amendements possibles. Vous allez remarquer que, durant la dernière
demi-heure, ce n'est pas nous qui avons retardé les travaux de cette
commission parlementaire. On croit que c'est assez important qu'on obtienne du
ministre les amendements qu'il va proposer pour l'ensemble du projet de loi et
je voudrais faire la motion suivante: "Que cette commission invite le ministre
des Affaires municipales à distribuer immédiatement à tous
les membres et intervenants les amendements qu'il entend présenter au
projet de loi 38". Quant à la recevabilité, je voudrais vous
référer à la jurisprudence au sujet de la commission
élue permanente des richesses naturelles qui étudiait le projet
de loi 70, loi constituant la Société nationale de l'amiante.
Dans le rapport de cette commission, il y avait eu une motion de M. Forget, de
Saint-Laurent, qui se lisait comme suit: "Que cette commission invite le
ministre des Richesses naturelles à distribuer dès maintenant aux
membres et intervenants de cette commission les documents qu'il a promis lors
de la séance du 16 mars 1978 à la commission permanente des
richesses naturelles." Elle avait été jugée recevable. Il
y a eu un vote qui a été pris sur la motion. Je fais cette
motion.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur la recevabilité?
M. Fallu: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: Si ce n'est pas cette motion que nous
débattrons, c'en sera une autre de nature dilatoire. Comme il y a des
précédents sur l'acceptation de cette motion, aussi bien la
débattre et la battre.
M. Saintonge: M. le Président, question de
règlement. Nous, nous sommes d'accord avec cela, mais je ferai remarquer
que le député de Groulx nous impute toujours des motifs.
Le Président (M. Desbiens): Voici donc la motion du
député de Mont-Royal: "Que cette commission invite le ministre
des Affaires municipales à distribuer immédiatement à tous
les membres et intervenants les amendements qu'il entend présenter au
projet de loi 38." De toute façon, elle est de consentement.
La motion est reçue. M. le député de Mont-Royal sur
la motion d'amendement.
M. Ciaccia: Oui. Je crois qu'il est très important que le
ministre dépose ces amendements et nous communique les changements qu'il
entend apporter au projet de loi. Il y a tellement de représentations
qui ont été faites au sujet de certains articles, et je crois
que, même avant de commencer à discuter l'article 1, c'est
important pour nous de savoir, premièrement, si le ministre a des
amendements à apporter au projet de loi. Il pourrait nous le dire. Hier,
M. Asselin a fait une série de recommandations. Il suggérait
certains amendements à l'article 3, question de préavis, question
de droit d'appel, question d'aller devant la Cour supérieure. Il avait
aussi suggéré d'autres amendements qui seraient assez importants.
Par exemple, il avait recommandé qu'une municipalité qui n'a pas
prêté son concours direct à une participation
financière fédérale sur son territoire ne puisse faire
l'objet d'un décret en vertu de l'article 3 de la loi. Je crois que cela
nous aiderait vraiment de savoir si le ministre entend apporter cet amendement
au projet de loi. Il avait aussi demandé si une municipalité
peut, par résolution, demander au ministre des Affaires municipales
d'être exemptée de l'application de la loi 38 pour un projet ou un
programme particulier impliquant une participation financière
fédérale sur son territoire.
Vous savez, je vais vous dire que ce n'est pas notre intention de nous
rendre jusqu'à 22 heures, ce soir, sur cette motion. On a à
décider ce qui suit: on s'oppose à
certains aspects du projet de loi. On ne s'oppose pas à la
juridiction du Québec sur les affaires municipales, à l'article
1, qui était déjà contenu dans une autre loi. Si on sait
maintenant qu'il va y avoir des modifications importantes qui seront
apportées au projet de loi, naturellement, notre approche va être
d'une certaine façon, on va aborder l'étude article par article
dans un esprit différent, si on ne sait pas d'avance quels changements
le ministre veut apporter au projet de loi. Si on sait maintenant que le
ministre n'a aucune intention de modifier les aspects qui sont les plus
contestés du projet de loi, je pense que vous allez comprendre que nous,
de ce côté-ci, sur chaque article, nous allons nous y opposer,
faire des changements, des propositions, et le débat va être
complètement différent. Si on sait d'avance -et c'est pour cela
que si vraiment le ministre veut nous indiquer quels changements il va apporter
au projet de loi -cela va complètement changer, je pense, les travaux de
cette commission, cela va nous permettre de savoir, nous, quelles sont les
intentions du gouvernement. Est-ce qu'il va tenir mordicus au projet de loi tel
qu'il l'a déposé ou bien est-ce qu'il va accéder aux
demandes qui lui ont été faites par tous les intervenants du
milieu? Je fais référence plus spécifiquement au
président des MRC, M. Asselin. Si on savait maintenant que ces
changements seront apportés, je crois que vous allez comprendre et je
pense que le ministre aussi va comprendre que les discussions que nous pourrons
avoir sur chaque article vont être complètement
différentes.
Prenez même l'article 1, M. le Président. Vous avez
appelé l'article 1, qui n'ajoute rien au projet de loi. C'est du droit
qui existe déjà dans une autre loi. Si on sait que l'esprit de la
loi de 1974 va se continuer dans les autres articles du projet de loi, nos
interventions sur l'article 1 seront certainement différentes que si on
sait d'avance que non seulement le ministre veut répéter la loi
de 1974 dans son projet de loi, mais qu'il veut aller plus loin, créer
une loi punitive et maintenir toute la discrétion, tous les pouvoirs
arbitraires, les pouvoirs discrétionnaires; naturellement, il va nous
obliger à faire un débat différent, même sur
l'article 1. Je pense que c'est dans l'intérêt de l'information de
cette commission et, si on n'a que jusqu'à demain soir pour
étudier le projet de loi, pas par notre faute à nous, mais parce
que le gouvernement nous aura imposé l'article 156, qu'on est
limité dans les débats, cela va affecter sensiblement les propos
que nous allons tenir.
Nous ne savons pas présentement quelle est l'intention du
ministre. Si on savait qu'il va faire certains changements aux trois premiers
articles et qu'il y aura un changement plus important plus tard, on pourrait
suspendre certains articles et aller au coeur des articles qu'il ne veut pas
amender. Cela pourrait totalement changer l'approche et les travaux de cette
commission. Par exemple, si on savait que dans le projet de loi le ministre...
Prenons seulement l'article 2: "Une municipalité qui, au jugement du
gouvernement..." Si on savait d'avance qu'à l'article 8 où il est
écrit "...selon l'estimation qu'en fait le ministre", il entend amender
cet aspect de la loi où il n'y aura pas de pouvoirs arbitraires,
naturellement, nos interventions seraient complètement
différentes, mais, si on sait qu'à l'article 2 il n'a pas
l'intention de faire les changements qui s'imposent à l'article 8, nous
allons être obligés d'aborder la discussion sur l'article 2 d'une
façon complètement différente.
Il y a des aspects du projet de loi qui sont très
contestés et je me demande, vu que le ministre refuse de nous
communiquer les changements possibles, parce que c'est une pratique à
d'autres commissions... On vient juste de terminer l'étude du projet de
loi 46, à la commission parlementaire des transports. Au début de
la commission, le ministre a déposé une série de papillons
- je pense qu'il y en avait une quarantaine - et, au fur et à mesure, on
a vu - on a examiné brièvement le contenu de ces papillons - la
teneur des changements. Cela nous a guidés dans la discussion du projet
de loi. Ce n'est pas un précédent. Ce n'est pas quelque chose de
dangereux pour la commission. Je pense que c'est dans l'esprit et dans la
tradition de la commission qu'un ministre dépose les amendements qu'il
propose au début. C'était un projet de loi dont certains aspects
pouvaient être contestés et qui sont encore contestés par
le milieu concerné, mais cela nous a guidés dans nos travaux.
Soit que le ministre n'ait aucune intention de modifier le projet de
loi, soit qu'il ne soit pas prêt, que les changements ou que les
modifications ne soient pas prêtes, nous voudrions savoir à quoi
nous pouvons nous attendre sur les clauses qui sont vraiment contestées
dans le projet de loi. Pour toutes ces raisons, M. le Président, nous
demandons que le ministre nous communique les amendements qu'il entend
apporter. Qu'il nous donne au moins des indications assez précises pour
qu'on puisse savoir à quoi s'attendre et dans quelle direction nous
allons dans les discussions sur les articles du projet de loi. Pour le moment,
je vais restreindre mes remarques sur ce sujet, quitte, plus tard, si c'est
nécessaire, à intervenir de nouveau pour parler d'autres points
de la motion que j'ai présentée.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx.
M. Élie Fallu
M. Fallu: Tout à l'heure, à bon droit, vous avez
refusé une telle motion, puisque nous n'étions pas
déjà en train d'étudier le projet de loi. Maintenant que
nous sommes en train d'étudier le projet de loi, l'Opposition revient
avec une motion de même nature. D'ailleurs, on a sorti les appareils
électroniques, on a sorti les vieilles cassettes et on a à
nouveau mis en marche les disques anciens. Le député de
Mont-Royal était habitué à faire jouer son disque
ailleurs, il s'était entraîné. D'ailleurs, on sait qu'il
n'est pas à court de munitions, il en a de nombreuses en
réserve.
Comment parler de cette motion autrement que d'une motion de
flibusterie? Cela fait maintenant partie de la panoplie que j'ai appelée
hier soir la panoplie du musée des horreurs, quand ce ne sont pas le
calendrier des saints, la géographie, les anniversaires de naissance des
députés, des membres de l'Assemblée nationale, du
curriculum vitae des parlementaires ou quoi encore; la panoplie nous est bien
connue.
On a déjà connu ici, dans cette vague, une motion
d'ajournement; à propos, on n'en a pas eu encore aujourd'hui, sans doute
faut-il s'attendre à en avoir une.
Une voix: Non.
M. Fallu: Non? Ah bon! On a donc eu, hier, une motion
d'ajournement. Évidemment, on sait qu'on ne pouvait en avoir qu'une
seule dans une séance et on y a eu droit avec un long débat. Par
la suite, on a eu une motion, très traditionnelle, celle-là, pour
faire passer le temps, une motion pour faire siéger tous les
députés à cette commission; on y est habitué. Elle
est un peu éculée comme motion, mais elle est revenue,
néanmoins. À mon avis, ce n'est pas tellement habile puisqu'elle
est tellement fréquente, celle-là, qu'elle est la manifestation
même d'un début de flibusterie.
C'est dommage que nous en soyons à "verbier" sur de telles
motions alors que nous étions enfin rendus à l'article 1. Il nous
restait, au début de la séance, 17 heures de travail pour
étudier très exactement 15 articles puisque le 16e article et le
17e article sont plutôt constants dans nos lois; ce sont les modes
d'application.
M. Maciocia: Vous êtes parti pendant 35 minutes.
M. Fallu: Nous sommes bien mal partis puisque nous n'avons pas
encore commencé. Pourtant, hier, nous avions néanmoins fait du
bon travail après avoir parlé de la dimension de la table, du
nombre de chaises, de la température de la pièce, du confort ou
de l'inconfort des journalistes; nous avions quand même fini par faire du
bon travail en fin d'après-midi, jusqu'à l'ajournement de 18
heures.
Là, nous étions enfin à l'article 1. Il serait
intéressant de rappeler à ce moment-ci que l'article 1 aurait pu
apprendre à l'Opposition que cet article venait changer en profondeur
l'article 20 de la loi 59 votée par ces gens au moment où ils
faisaient partie du gouvernement, en 1974. Contrairement à la loi qu'ils
avaient votée à l'époque, la loi 38 permet maintenant aux
municipalités, dans un plus grand nombre de cas, de traiter avec le
fédéral, de recevoir des fonds fédéraux et
directement: notamment, de deux façons: la première, par le
paiement par le fédéral d'une taxe ou d'une compensation tenant
lieu de taxe et la seconde, par le biais d'ententes signées en vertu de
cet article 1.
Avec tout cela, les gens d'en face oublient; ils oublient le confort des
municipalités, ils oublient la volonté de négocier des
ententes, ils oublient... On aurait pu parler longuement, leur rappeler ce
qu'ils connaissent déjà de toute façon. Si besoin avait
été, on aurait pu leur rappeler toutes les conversations avec les
ministres fédéraux, les propositions très concrètes
faites à la suggestion du monde municipal, sans dévoiler
néanmoins, comme il est de tradition, le contenu des conversations aux
tables entre les fonctionnaires du ministère des Affaires municipales,
des Affaires intergouvernementales et du gouvernement fédéral. On
aurait pu à nouveau faire état, si besoin avait
été, de cette volonté de créer des ententes.
M. le Président, on nous refuse encore une fois, comme
parlementaires, le simple droit - je ne dis pas le privilège - d'exercer
ici la fonction parlementaire qui est nôtre en vertu d'un ordre de la
Chambre, qui est celle d'étudier article par article le projet de loi
38. Nous étions enfin rendus à l'article 1. Nos travaux allaient
débuter et la flibuste continue.
M. le Président, quoi dire d'autre? Je pense que la meilleure
chose à faire est peut-être de les laisser parler, de les laisser
user le temps. C'est dommage mais...
M. Maciocia: C'est ce que vous faites.
M. Fallu: ...nous ne faisons pas notre travail de parlementaires
au moment où nous débattons une telle motion de l'Opposition.
M. Maciocia: N'est-ce pas ce que vous êtes en train de
faire?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que la motion est
adoptée?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Desbiens): Excusez. M. le
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. M. le
Président, on a eu un bel exemple de ce qu'est un "filibuster" par la
partie ministérielle même. On pourrait être tenté de
prendre exemple sur elle, mais on ne le fera pas. On va discuter de la motion
fondamentalement pour vous dire pourquoi cette motion est nécessaire et
très utile dans le cadre du débat.
Le député de Groulx doit faire ses petites
récriminations. Je voudrais simplement citer à nouveau une partie
du texte que j'ai cité hier. Il n'a pas compris, et le ministre non
plus, après les représentations du président de l'UMRCQ,
qui a dénoncé la loi, qui a dit qu'il ne retirait pas les paroles
qu'il avait dites sur la loi telle qu'elle était
présentée. La loi telle que présentée est
celle-là. Reprenons les citations, à l'époque, du
président de l'UMRCQ: Une loi sur les mesures de guerre, une loi
hypocrite, une loi despotique. Il en a mis plus qu'il n'en fallait. Je pense
que tout le monde au niveau municipal était d'accord avec cela.
L'Opposition a dénoncé le caractère de la loi, une
loi strictement pénale, qui est complètement à
l'opposé de ce que le ministre tente de nous faire croire en disant que
c'est une loi qui affirme la compétence constitutionnelle du
Québec, que c'est une loi fiscale. Ce sont des termes qui ne seraient
peut-être pas parlementaires que je devrais employer mais on
détourne le débat d'une façon absolument volontaire. Je
pense qu'on fait même preuve de mauvaise foi d'une certaine façon
en qualifiant la loi de ces caractéristiques.
L'article 20, le caractère... On a dit que c'était une loi
fiscale, M. le Président. Des personnes au niveau du parti
ministériel ont dit que c'est une loi à caractère fiscal,
une loi fiscale. Ils ont répété ces termes. Quoi qu'il en
soit, même si on le dit à caractère fiscal, le principe est
là, c'est pour pénaliser. Pourquoi demande-t-on les amendements
maintenant? Tout le monde est d'accord. Peut-être que l'UMRCQ dirait: Au
point où on est, on veut jouer le jeu parlementaire,
c'est-à-dire: puisque la loi a été adoptée en
deuxième lecture, soit! On n'est pas d'accord avec la loi, nullement sur
la façon dont le ministre veut s'interposer au niveau des
municipalités. Puisque c'en est rendu là, venons faire le jeu.
Faire le jeu de quoi? Faire le jeu du ministre, à mon point de vue.
Si le ministre, aujourd'hui, est vraiment de bonne foi, après la
façon dont il a accueilli le président de l'UMRCQ, la
façon dont il l'a remercié en partie ici - il a sûrement
complété son remerciement après, j'en suis convaincu,
c'est un homme poli, de ce côté-là, si le ministre veut
donc faire preuve de bonne foi et de respect envers les responsables de
l'UMRCQ, il devrait déposer en commission parlementaire
immédiatement les amendements qu'il a l'intention d'apporter à
cette loi, précisément pour mettre certaines balises, enlever le
caractère pénal outrancier qu'on lui reconnaît pour qu'on
puisse nous-mêmes les examiner, d'une part. (17 heures)
On pourrait même les faire examiner par l'Union des
municipalités régionales de comté et même par
l'Union des municipalités du Québec, qui s'est donné la
peine, pour les municipalités qu'elle représente, de
déposer un mémoire faisant état de certaines
caractéristiques contenues dans le projet de loi et qu'on lui reproche.
On parle de normes discrétionnaires, de déraisonnables, abusives,
imprécises, de l'absence de règles élémentaires de
justice naturelle à l'intérieur même du projet de loi.
C'est-à-dire qu'on refuse aux parties impliquées le droit
d'être entendues et on n'agit pas avec équité à
l'égard des municipalités. C'est ce qu'on reproche au projet de
loi lui-même et c'est pour cela qu'on s'oppose au projet de loi et qu'on
en demande le rejet au niveau de l'UMQ.
Si le ministre veut bonifier son projet de loi, veut mettre des balises
et veut démontrer sa bonne foi, pourquoi n'apporte-t-il pas ses
amendements au projet afin que le monde municipal puisse les examiner un tant
soit peu et faire connaître sa réaction dans un court laps de
temps vis-à-vis un tel projet de loi qui, chose curieuse, doit
absolument être adopté.
On reproche à l'Opposition de faire un "filibuster". On met une
motion de clôture à la loi après moins de trois heures de
discussions en commission parlementaire. On a entendu le président de
l'UMRCQ; nous sommes retournés de l'autre côté; le
président de l'UMRCQ n'est pas revenu. Qu'est-ce qu'on demande? On
s'interroge, on demande de le ramener, parce qu'on voulait avoir des
précisions. Cela a pris une heure. On a commencé à
discuter à 9 h 20. À 9 h 20, il y a eu un premier article
où on a réclamé le droit pour les députés
d'être présents; à 11 heures, on a convoqué le
député de Marguerite-Bourgeoys, leader parlementaire de
l'Opposition, pour une conférence des leaders pour imposer le
bâillon. Dans mon livre, de 9 h 30 à 11 heures, c'est une heure et
demie de discussions entamées sur un projet de loi. On dit quoi? On
impose le bâillon, le projet de loi est déposé depuis le
mois de juin et on l'amène en Chambre le 6 décembre. Il s'est
écoulé presque six mois entre les deux dates. On a
bénéficié d'un congé parlementaire pour travailler
fortement à des projets de relance
économique. Vous avez ici un exemple de ce qui bloque la relance
économique. Vous auriez dû agir dès le début. Depuis
le mois de juin que les municipalités vous le demandent, vous n'avez
rien accepté, d'aucune façon.
Je reviens à ce que j'avais commencé à dire au
début de mon intervention. M. Jean-Louis Roy, dans le Devoir, que j'ai
lu hier -le député de Groulx ne s'en souvient pas -...
M. Rochefort: Les bedeaux du fédéralisme?
M. Saintonge: ...disait - les bedeaux du
fédéralisme; lancez des injures si cela vous amuse.
M. Rochefort: Non, non, M. Jean-Louis Roy, le 10 novembre 1981,
parlait de vous.
M. Saintonge: Si vous avez lu M. Jean-Louis Roy, il n'a pas
parlé de bedeaux et de fédéralistes dans ce cas-là.
Voici ce qu'il a écrit: "Déposé en juin dernier par le
ministre des Affaires municipales, M. Jacques Léonard, le projet de loi
sur la participation gouvernementale au financement des municipalités,
projet déposé à l'Assemblée nationale la semaine
dernière, doit être substantiellement amendé, sinon
abandonné." Ce n'est pas nous qui le disons, c'est M. Jean-Louis Roy,
qui est d'accord avec ce qu'on a demandé depuis longtemps.
Il dit un peu plus loin: "L'Opposition libérale se dissocie alors
du projet de loi 38 et avec raison. Les représentants des
municipalités du Québec se rebiffent et prédisent une
détérioration du climat dans leurs relations avec le gouvernement
Lévesque. Il n'était pas nécessaire, pour conduire la
guerre des principes avec le gouvernement fédéral, de miner les
rapports avec les partenaires du monde municipal." Et à la fin: "Tel
qu'il est, le projet de loi 38 ne doit pas franchir les dernières
étapes parlementaires et devenir la législation du
Québec."
Cela ne peut pas être plus clair que cela "tel qu'il est". Donc,
en d'autres mots, M. Roy demande simplement, tout comme nous, que,
là-dessus, on retire ce projet de loi ou, à tout le moins, qu'on
l'amende substantiellement. Et si c'est important de l'amender
substantiellement, ce n'est pas une affaire mineure. Donnez le temps de faire
un travail sérieux. Le député de Groulx va faire son
travail. Il va peut-être faire son travail, si le ministre est
derrière lui, vis-à-vis des interventions du président de
l'UMRCQ qui lui présentait certains amendements que, lui, il
suggérait... Il n'est peut-être pas légiste à
l'Assemblée nationale, il est avocat quand même. Le ministre a
dit: J'ai besoin, pour consulter sur cela, de me référer à
mes fonctionnaires, à mes conseillers juridiques et à mes
conseillers techniques: une attitude responsable. On demande la même
attitude à l'égard de l'Opposition. On ne demande pas d'avoir de
petits amendements à la pièce, tranquillement, pas vite, comme on
y était habitué depuis deux ans et demi que je suis dans ce
Parlement. Aux Affaires municipales, on arrive au début de commission,
avec un paquet de papillons qui sont amendés par un paquet d'autres
papillons en surplus et en troisième série. C'est comme cela
qu'on procède aux Affaires municipales. Les gens se perdent en
conjonctures, on ne sait plus ce qui se passe; vous avez des projets de loi
comme celui de Saint-Léonard, où des articles se retrouvent
là-dedans qui ne devraient pas y être; on dit: Ce n'est pas grave,
on va amender cela, on corrige cela par un avis dans la Gazette officielle.
C'est cela qui arrive.
On veut faire un travail responsable à ce niveau. Par travail
responsable, qu'est-ce qu'on demande? Déposez-nous donc les amendements
que vous voulez apporter au projet de loi. Donnez-nous un minimun de temps pour
les examiner avec notre groupe parlementaire. Nous aussi, on a peut-être
des conseillers juridiques et des attachés politiques qui pourraient
regarder avec nous certains éléments de ce projet de loi.
Donnez-nous une couple d'heures pour l'examiner. On va suspendre au souper, on
aura deux heures, on pourrait le faire là. Donnez-nous une heure
après les avoir déposés pour qu'on puisse les examiner et
faire un travail sérieux. C'est juste cela qu'on demande.
M. le Président, si vous appelez cela et si ces gens appellent
cela tenir le temps, perdre du temps pour retarder la commission,
personnellement, je n'embarque pas là-dedans, je ne suis pas d'accord
avec cela et je déplore, d'une façon absolue, la façon de
procéder du gouvernement. De toute façon, qu'est-ce qu'on veut
faire avec les amendements? J'ai bien hâte de voir quel genre
d'amendements le ministre va nous amener. Parce qu'il nous les cache, il veut
les amener à la petite cuillère, tranquillement, pas vite,
à chaque article. Dieu sait pourtant qu'il y a dix-sept articles
là-dedans. Mais dix-sept articles où on se
réfère... À l'article 6, renvoie aux articles 2 à
4, un autre article, on le renvoie aux articles précédents et,
d'une certaine façon, tout se tient. Son projet de loi, il l'a bien
construit. Il n'a pas mis de porte. Le ministre des Affaires municipales, je le
reconnais pour une chose, c'est un ministre qui veut mettre des pièges
partout. Il met des pièges partout, mais, quand il y a une souris dans
la salle, soyez assuré d'une chose, elle ne sortira nulle part. Il prend
le monde municipal... Oui, il va tendre ses pièges pour la pincer. Il va
tout fermer, partout. Le ministre des Affaires municipales fait preuve
d'une
confiance inouïe dans le monde municipal. À ce niveau, le
gouvernement provincial libéral de l'époque, en 1974, avec la loi
59, avait amené dans la Loi sur les affaires
intergouvernementales...
Une voix: La loi 56.
M. Saintonge: La loi 59, M. le Président. On peut vous
vérifier cela, M. le ministre, on va vous démontrer, même
avec les photocopies, que c'est la loi 59. La loi votée à cette
époque par le Parti libéral du Québec affirmait vraiment
la compétence du Québec en matière d'affaires municipales.
Elle ne prévoyait pas nécessairement des sanctions aussi
répressives que celles qu'on a là; elle prévoyait qu'il y
avait une possibilité - si on ne respectait les ententes, si ce
n'était pas dans le cadre d'ententes - que cela était nul. La
sanction, c'était la nullité de telles ententes, si ce
n'était pas fait avec le gouvernement provincial. Si le gouvernement et
le ministre font preuve de leadership envers les municipalités du
Québec, font preuve de confiance, je pense qu'il n'y a pas besoin de
gestes de répression de cet ordre avec le monde municipal et de
transposer la guerre des drapeaux au niveau des municipalités.
J'attendais donc avec impatience que le ministre puisse nous
déposer ses amendements et qu'on puisse nous aussi faire un travail
sérieux et les examiner attentivement pour voir vraiment le nouveau
caractère que le ministre veut donner à sa loi. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent.
Une voix: II a décidé de lever l'ancre au plus
vite.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas d'autres
intervenants. Est-ce que la motion est adoptée?
Une voix: Rejeté, M. le Président.
M. Maciocia: On demande le vote nominal.
Le Président (M. Desbiens): Un vote nominal.
Le vote enregistré sur la motion du député de
Mont-Royal. Est-ce que je dois la relire?
M. Saintonge: Relisez-la...
Le Président (M. Desbiens): La motion du
député de Mont-Royal se lit comme suit: "Que cette commission
invite le ministre des Affaires municipales à distribuer
immédiatement à tous les membres et intervenants les amendements
qu'il entend présenter au projet de loi 38." M. Ciaccia
(Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Desbiens): Pour. M. Dauphin
(Marquette)?
Une voix: Parti.
Le Président (M. Desbiens): M. Fallu (Groulx)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Contre. M. Lachance
(Bellechasse)?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Contre. M. Léonard
(Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Contre. M. Rochefort
(Gouin)?
M. Rochefort: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Contre. M. Lincoln
(Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M.
Saintonge (Laprairie)?
M. Saintonge: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M.
Tremblay (Chambly)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Alors la motion est
rejetée: Cinq voix contre trois.
Une voix: Cela s'améliore.
Le Président (M. Desbiens): Alors, l'article 1, M. le
ministre, vous aviez des commentaires?
Les ententes avec le gouvernement du Canada
M. Léonard: M. le Président, je veux simplement
reprendre l'article lui-même, donner quelques commentaires
là-dessus.
Le premier alinéa que nous avons rappelle, par une formulation
plus positive, le contenu de l'article 20 de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales, qui se lisait comme suit: "Sauf dans la
mesure prévue expressément par la loi, aucune commission
scolaire, commission régionale, corporation municipale,
communauté urbaine ou communauté régionale ne peut, sous
peine de nullité, négocier ou conclure des ententes avec le
gouvernement du Canada, celui d'une autre province, un gouvernement
étranger ou un ministère ou un organisme de l'un de ces
gouvernements." En fait, c'était sous peine de nullité absolue.
Tandis que là, on affirme un principe: Les municipalités peuvent
toucher des fonds fédéraux ou bénéficier d'une
participation du gouvernement du Canada dans la mesure où c'est à
l'intérieur d'une entente. Donc, je pense que c'est transcrit d'une
façon très positive.
Le deuxième alinéa précise qu'outre les ententes
entre le Québec et le fédéral qui concernent les
municipalités, ces dernières peuvent recevoir aux fins de leur
financement des sommes du fédéral en deux autres temps:
premièrement, lorsqu'il s'agit du paiement par le gouvernement
fédéral d'une taxe ou d'une compensation en tenant lieu; et,
à ce sujet, le gouvernement du Québec souhaiterait que le
gouvernement du Canada modifie sa loi C-4 de façon à se conformer
à l'esprit de la nouvelle fiscalité municipale
québécoise en payant ses taxes comme tout contribuable et tel que
le gouvernement du Québec le fait, en particulier en acceptant de se
soumettre à la loi en ce qui concerne l'évaluation
foncière dans toutes ses modalités, ou, en tout cas, dans la
mesure où lui-même - je reprends, dans l'ordre de ses
modalités, je pense bien. Il faut que, au fond, ses immeubles, dans
l'ensemble, soient évalués; je ne pense pas qu'il y ait tellement
de grands secrets, sauf de rares exceptions où il peut y avoir des
secrets d'État. Mais, en général, il n'y en a pas. Donc,
il peut très bien le faire. Il peut aussi payer ses taxes d'affaires,
des bureaux. En ce qui concerne le gouvernement du Québec, nous payons
nos taxes d'affaires en calculant le taux global de taxation, donc...
M. Saintonge: Le ministre fait de l'obstruction.
M. Léonard: Alors, je pense qu'il pourrait payer ses taxes
et nous ne voulons pas priver la municipalité de pouvoir recevoir les
"en lieu" de taxes du gouvernement du Canada.
L'autre exception est celle où, par décret du gouvernement
du Québec, certaines catégories d'ententes ont été
désignées selon l'article 22 de la Loi sur le ministère
des Affaires intergouvernementales et qui peuvent donc être validement
conclues par la municipalité ou l'organisme concerné. Il s'agit,
le plus souvent, d'ententes pour de l'aide financière à
l'aménagement ou à l'amélioration des aéroports
municipaux, ou d'ententes sur des échanges de terrains entre une
municipalité et le gouvernement du Canada ou un de ses organismes.
Alors, dans le cours de l'application de ces ententes-là, la loi 38 ne
s'appliquerait pas. Mais vous savez, par exemple, que, dans le cas des
aéroports municipaux, alors que l'administration des aires est sous le
contrôle fédéral et qu'il s'agit de faire des travaux sur
ces terrains d'aéroports municipaux qui tiennent compte de
l'administration, des responsabilités fédérales en la
matière, il était donc important, en ce qui nous concernait,
d'exclure ces ententes, et cela a été fait déjà par
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales, à
l'article 22. Donc, cela aussi est exclu de l'application de la loi 38.
Alors voilà les explications. Je ne voudrais pas reprendre tout
ce que nous avons dit là-dessus. Je crois, cependant, encore une fois
très utile d'affirmer que le projet de loi vise à aller chercher
les fonds du gouvernement du Canada, mais par le biais d'ententes. S'il y a des
fonds disponibles, il doit nous en revenir une part et notre part. Je crois
qu'il y a moyen de procéder comme cela. Et, à ce
moment-là, cela va être clair pour tout le monde, la façon
de procéder. Je pense que c'est l'esprit positif de ce projet de loi qui
se manifeste ici, c'est le canal par lequel on veut que ces sommes d'argent
transitent, que nous voulons définir ici. (17 h 15)
Je sais que l'Opposition, c'est son rôle évidemment,
insiste beaucoup sur des sanctions qui peuvent être appliquées
à ceux qui ne suivent pas les canaux prévus. L'article 1, selon
les termes de la loi 38 et je dirais aussi selon les termes de l'article 20 de
la Loi sur les Affaires intergouvernementales. Au fond, nous aurions
souhaité que tout le monde respecte cette dernière loi, à
ce moment-là, nous n'aurions pas été obligés de
préciser - le fait correctement et le fait positivement. Nous
précisons qu'il y a des ententes et que c'est le biais par lequel on
procède. Donc, en ce qui nous concerne, c'est une approche positive que
nous avons vis-à-vis de tout cela. Je ne reviendrai pas sur tout ce que
nous avons dit en deuxième lecture là-dessus mais c'est
fondamental pour cette loi. Il y a des ententes à ce moment-là,
il n'y a plus de députés fédéraux qui se
promènent dans le décor, dans le paysage, et qui distribuent des
fonds de façon discrétionnaire. Mais, en ce moment, c'est
vraiment discrétionnaire: pas de dossiers, les députés
fédéraux ne répondent pas à des questions en
Chambre comme le ministre va être amené à répondre.
On a des questions en Chambre, s'il y a des sanctions, et le gouvernement va
être amené à répondre, parce que, lui, il va prendre
les décisions. Je pense que l'on parle
beaucoup de certains aspects discrétionnaires, mais il faudrait
voir que, de l'autre côté, du côté de ceux qui
enfreignent la loi directement ou indirectement, de toutes sortes de
manières, c'est finalement là que se trouve le véritable
discrétionnaire. Alors qu'est-ce qu'on nous propose en face pour
corriger cela? J'aimerais bien voir. On le verra par la suite du projet de loi.
Je suppose que, quand les gens d'en face vont arriver à l'article 2, ils
vont nous apporter des suggestions, nous proposer des choses précises,
puisqu'ils se disent en désaccord avec la loi. Donc, eux-mêmes
feraient autre chose dans le cas où l'article 20 ou l'article 1 seraient
transgressés. J'ai hâte de voir ce qu'on va nous proposer, s'ils
ont de bonnes suggestions. Peut-être bien qu'on pourra les recevoir.
Mais, au fond, ce que nous souhaitons, c'est que, finalement, il n'y ait plus
de transgressions à la loi, qu'on procède selon l'article 1 et
que ceux qui nous ont finalement imposé la constitution, le 5 novembre
1981, soient les premiers à respecter la loi et non pas les premiers
à transgresser la loi, la loi fondamentale du pays.
Une voix: ...
M. Léonard: C'est exact. M. le député, vous
pouvez dire ce que vous voulez. C'est ça qui se passe à l'heure
actuelle. On fait indirectement ce qu'il est défendu de faire
directement, de toutes sortes de façons. On fait de la corruption des
institutions présentement. Alors, qu'on procède selon l'article
1, c'est cela la voie royale pour administrer, pour faire de la bonne
administration publique, pour aller chercher des fonds qui nous reviennent. On
évitera la double autorité gouvernementale par rapport aux
municipalités qui seraient un mal épouvantable. On voit à
quoi cela conduit finalement. Même maintenant, même s'il
s'agit de peu de fonds finalement, il reste que les conséquences
sont terribles sur le territoire.
Alors, M. le Président, je propose donc l'adoption de l'article
1.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: On a eu droit à la cassette du ministre.
Cela ne me surprend pas. Mais il parle de cadres d'entente dans cet article 1
entre le gouvernement du Québec et celui du Canada. Encore faut-il
qu'une entente soit signée, menée d'une façon positive. Le
ministre n'a jamais fait la preuve qu'il veut une entente. Au contraire, et
c'est connu, le ministre des Affaires municipales, M. Léonard, a
déjà dit aux municipalités: "La seule façon
d'arriver à quelque chose, c'est l'indépendance du
Québec". C'est ce qu'il prône. C'est ce qu'il prône
au niveau municipal depuis deux ans. C'est ce que le monde municipal rejette
depuis deux ans. Il s'étonne que les gens, par la suite, arrivent avec
des dispositions qu'il prend vis-à-vis des situations d'où on ne
peut sortir au niveau municipal. On laisse passer le train comme on dit dans le
cadre d'une situation économique vraiment délicate où on
devrait s'amuser à ne rien faire, ne pas profiter de certains programmes
qui pourraient être mis en vigueur si le ministre acceptait de
négocier de bonne foi avec le fédéral et de faire des
ententes avec des modalités qui seraient satisfaisantes au niveau du
monde municipal.
M. le Président, j'aurais quelques questions à poser au
ministre là-dessus. Je me demande quand on lit l'article 1 et qu'on
arrive à "...une entente entre le gouvernement et celui du Canada et
leurs ministres ou leurs organismes, conclue conformément à la
loi, une municipalité peut...", ce que le ministre entend par là.
À quoi fait référence le projet de loi quand on parle de
"municipalité"? Le projet de loi 38 ne définit pas ce qu'est une
municipalité, ne fait aucune référence à une loi
qui pourrait définir le terme "municipalité". Ce peut être
un cadre extrêmement large. Qu'est-ce qu'on veut définir? Est-ce
qu'on s'entend sur la définition du dictionnaire dans un tel cas?
Y-a-t-il un sens commun à "municipalité"? Qu'est-ce que le
ministre veut viser par l'article 1, par le terme municipalité?
M. Léonard: Bien, la municipalité, au sens de la
Loi sur les cités et villes ou du Code municipal, comprend les
municipalités de paroisses, les municipalités de villages, les
villes, les cités, quoique le nom "cité" ait été
modifié ou transformé en "ville". Cela comprend aussi les
communautés urbaines et les municipalités régionales de
comté. Je dirais, de façon générale, que c'est
cela. Il y a aussi les territoires non organisés qui peuvent être
administrés, des cantons ou des choses comme cela. Alors, cela comprend
tout cela.
Je reviendrai peut-être sur...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que M. le
député de Laprairie a terminé?
M. Saintonge: Non, mais ma question s'adressait au ministre. Je
veux savoir...
M. Léonard: La municipalité...
M. Saintonge: Vous êtes quand même en droit
statutaire. Nous sommes quand même en droit statutaire, qui est un droit
précis. Dans ce cadre, le ministre nous a fait part... On a entendu,
moi, j'ai entendu dans ses discours en Chambre, en tout cas qu'un de ses grands
soucis était la question de l'équité
et de s'assurer que tout le monde est sur le même pied.
Quiconque lit: "une municipalité", qui n'est définie
d'aucune façon, qui fait référence à la Loi sur les
cités et villes, mais il n'y a aucune référence
précise dans ce cadre, dans le cadre de la loi 38, à la Loi sur
les cités et villes concernant le terme même de
municipalité. Quand on dit que le projet de loi est imprécis
d'une certaine façon, il m'apparaît, à sa face même,
qu'il y a une certaine imprécision au niveau de la définition de
municipalité. Il y aurait lieu, à mon point de vue, si l'on veut
vraiment définir clairement, d'une façon précise, à
quoi on se réfère, à quelles institutions on se
réfère, que la loi définisse clairement ce à quoi
le terme municipalité se réfère, puisque, encore une fois,
en droit statutaire, c'est précisément le terme même qui
serait défini par la loi.
En conséquence, si l'on regarde la règle
d'interprétation de la loi: municipalité, projet de loi 38, et
qu'on voit qu'il n'y a pas de référence, on s'en tient, selon la
règle d'interprétation, à la définition usuelle.
Une définition usuelle ne comprend pas une communauté urbaine;
elle ne comprend pas un canton; elle pourrait comprendre la ville de
Montréal ou la ville de Québec, mais, à mon point de vue,
il me semble que dans un tel cas il faudrait clairement définir dans la
loi, à l'article 1, le terme municipalité. Je comprends bien
qu'à l'article 12, on dit que l'article 20 est modifié - on parle
d'une commission, d'une corporation, d'une communauté ou d'un organisme
visé au premier ou deuxième alinéa - mais je maintiens
toujours que c'est l'article 20. L'article 1 ne fait pas
référence, ni l'article 2, ni quelque autre article, à la
définition de municipalité.
Il y aurait sûrement lieu, à mon point de vue, pour amener
une précision dans la loi 38, précision souhaitable, si on veut
en faire une interprétation valable ultérieurement, de savoir
vraiment à quoi on se réfère pour assurer une certaine
équité, pour être sûr que, si le ministre veut mettre
tout le monde sur le même pied, il mette d'avance tout le monde sur le
même pied de par son projet de loi en spécifiant clairement ce
qu'il entend par "municipalité", en intégrant dans le projet 38
un article de définition où l'on retrouverait, défini
clairement, le terme "municipalité" et exactement ce à quoi le
ministre se réfère dans un tel cas.
À titre d'exemple, je vous ferai remarquer que dans le projet de
loi 46 - est-ce que c'est bien 46? Pas 46, mais le projet de loi sur le taxi,
47 - on définit "autorité régionale" comme étant la
Communauté urbaine de Montréal, la Communauté urbaine de
Québec, la Commission régionale de l'Outaouais; on dit
également une municipalité régionale de comté. On
définit ultérieurement le terme "municipalité" dans le
cadre du projet de loi 47. Cela m'apparaît une façon tout à
fait légale de procéder, puisque, en droit statutaire, la loi
doit parler par elle-même et elle n'a pas à se
référer à autre chose qu'à elle-même. Dans ce
cadre, on ne peut pas dire que le projet de loi 38 comprenne les
définitions de la Loi sur les cités et villes, celles de la loi
125 ou celles de quelque autre loi, ni celles de l'ancienne loi 59,
c'est-à-dire le chapitre M-21 des Lois refondues du Québec.
Je souhaiterais que le ministre puisse nous apporter, dans le cadre de
son projet de loi 38, un article de définition dans lequel nous
pourrions clairement voir à quels organismes exactement, en
totalité, il se réfère au niveau d'un tel projet de loi.
Est-ce que le ministre est prêt à considérer cette demande
et, éventuellement, à nous proposer un amendement pour
définir ce qu'il entend par une municipalité, ce qu'il veut viser
par son projet de loi?
Encore une fois, c'est simplement pour assurer une équité
absolue à tout le monde. C'est le but, semble-t-il, qu'on veut viser. On
en parle dans le projet de loi. Donc, il m'apparaîtrait souhaitable qu'on
précise exactement la définition du terme "municipalité"
parce que, si je prends le dictionnaire Robert, par hasard... J'ai le
dictionnaire Larousse à côté, on pourrait faire la
vérification; mon confrère de Nelligan avait besoin de
dictionnaires tantôt. Profitons-en. Si je regarde à
municipalité, on définit cela ainsi: "Le corps municipal;
l'ensemble des personnes qui administrent une commune. La municipalité
d'une commune comprend le maire, ses adjoints et les conseillers municipaux. Le
petit parc dont la municipalité avait doté la ville. Par
extension, siège de l'administration municipale. On parle aussi de la
circonscription administrée par une municipalité. En droit
administratif, réunion du maire et des adjoints, à l'exclusion
des conseillers municipaux." C'est le sens général de
municipalité dans le dictionnaire.
Je pense que le ministre aurait avantage à préciser cela
dans le projet de loi 38, comme cela a été fait dans le projet de
loi 47. Je ne me souviens pas si, dans le projet de loi 46, la
municipalité est définie, mais c'est fort possible. En tout cas,
je vous avoue que je n'ai pas le projet de loi ici. Je me souviens pertinemment
bien que, dans le projet de loi 47, il y a une distinction très nette
entre ce qu'on entend par une autorité régionale, une MRC, une
communauté, une commission, la CRO... Et si, dans certaines lois, on
vient donner des précisions exactes, on fait une distinction entre une
autorité régionale et une municipalité locale, à
plus forte raison dans un tel projet de loi, comment peut-on dire que le
terme
"municipalité" ici comprend dans son entité non seulement
les municipalités locales du Code municipal, les municipalités de
la Loi sur les cités et villes et toute autre municipalité non
régie par l'une de ces deux lois et, également, les
communautés urbaines? Est-ce que, dans un tel cas, on pourrait dire que
le projet de loi 38 pourrait s'appliquer à la municipalité de
Saint-Prosper, à la municipalité de Saint-Philippe, à la
municipalité de Saint-Léonard ou de Laprairie, à la
municipalité de Charlesbourg, mais ne s'appliquerait pas à la
ville de Montréal ou à la ville de Québec, ne
s'appliquerait pas à la Communauté urbaine de Montréal, ni
à la Communauté urbaine de Québec ou à la
Communauté régionale de l'Outaouais? Je ne pense pas qu'on fasse
preuve d'équité dans un tel sens et cela m'apparaît
essentiel, en tout cas pour assurer ce principe, qu'on y inclue une
définition du terme "municipalité".
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur l'article 1?
M. Saintonge: Est-ce que le ministre pourrait répondre
à cette interrogation?
M. Léonard: Le mot "municipalité" est clair pour
tout le monde, cela s'entend dans le contexte des lois. Une municipalité
comprend les corporations municipales et, comme je l'ai dit tout à
l'heure, au sens de la Loi sur les cités et villes et du Code municipal,
en particulier, les municipalités qui disposent de chartes
particulières, comme la ville de Québec ou la ville de
Montréal et un certain nombre d'autres. Je pense que c'est dans ce sens
que cela s'entend.
M. Saintonge: Le ministre ne prend pas en considération la
suggestion de définir clairement le terme "municipalité" au sens
de la loi.
M. Léonard: C'est clair dans le contexte.
M. Saintonge: Même dans le contexte de
l'interprétation juridique, vous trouvez cela suffisant que vous allez
couvrir les communautés urbaines et les communautés
régionales. Je maintiendrai toujours qu'à mon point de vue, cela
m'apparaît d'un caractère absolument imprécis dans la loi
qui fera preuve d'inéquité dans l'interprétation
judiciaire d'un tel projet de loi puisque, dans un cas, l'appareil judiciaire
ou tout juge qui aura à juger effectivement dans un cadre
précis... Il suffit qu'un avocat lui dise: Écoutez, les
municipalités, ce n'est pas défini, c'est le sens commun. Dans
d'autres projets de loi, nous prenons la peine de définir une
distinction fondamentale entre municipalité et autorité
régionale comme communauté urbaine. Si le législateur
prend la peine de l'intégrer dans certains projets de loi, c'est que
cela doit valoir la peine de le définir clairement, en droit statutaire
à tout le moins. Donc, dans ce cadre-ci, il m'apparaît essentiel
encore une fois que nous puissions le définir. Autrement, je suis
convaincu qu'il pourrait y avoir justement un trou dans la loi et le ministre
aime tellement cela, comme je l'ai dit tantôt, fermer toutes les portes
possibles et ne donner ouverture à aucune autre chose que ce qu'il veut
viser. Ce serait un cas particulier pour assurer l'application de la loi de
façon uniforme sur le territoire de la province de Québec pour
qu'on puisse faire référence exactement à ce qu'on entend
par une municipalité. Je suis convaincu qu'une communauté urbaine
ne se sentirait sûrement pas liée et qu'un tribunal pourrait
difficilement tenir coupable d'un manquement au principe de la loi, à
l'article 1, une communauté régionale ou une communauté
urbaine qui ne se prévaudrait pas des dispositions dans le cadre actuel
de cette loi. Je pense que c'est mon rôle d'attirer l'attention du
ministre là-dessus et de lui suggérer à tout le moins de
présenter un amendement pour justement... (17 h 30)
M. Léonard: Le fait qu'on amende à l'article 12
l'article 20 de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales réfère très clairement à ce
qu'on entend ici par municipalité puisqu'on parle d'une corporation, une
communauté, un organisme visé, etc. Donc, cela vise les
municipalités nécessairement de façon
générale.
M. Ciaccia: Sur ce point...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre vient d'ajouter un argument selon lequel
il faut absolument avoir une définition pour les municipalités.
À l'article 12, vous êtes spécifique; vous dites: une
commission, une corporation, une communauté, un organisme, etc.
D'après la Loi d'interprétation, cela peut être
interprété de la façon suivante; puisque vous êtes
spécifique à l'article 12 et que vous ne l'êtes pas
à l'article 1, à l'article 1, cela peut être une
municipalité au sens plus large. Il pourrait même y avoir une
autre interprétation qui pourrait être donnée à
l'article 1 de la définition d'une municipalité, soit que vous
vouliez dire que c'est une corporation municipale, ou vous pourriez prendre le
mot "municipalité" dans le sens le plus large. Une municipalité
peut bénéficier, par exemple, indirectement d'une subvention qui
serait donnée à une entreprise ou une société
privée pour la construction d'une industrie ou d'un édifice.
Si c'est fait sans entente avec le gouvernement par la corporation
elle-même, il serait possible - je ne dis pas que c'est votre intention -
de donner comme interprétation que la municipalité a contrevenu
aux termes de la loi, parce qu'il y a un bénéfice qui a
été accordé; Ce n'est pas la corporation qui a reçu
l'argent, mais la municipalité, au sens large, aurait
bénéficié d'une subvention qui aurait pu être
donnée à une société privée. Dans ce sens,
cela aiderait au financement de la corporation, parce que les taxes qui
seraient payées par cette entreprise, certainement directement, seraient
payées à la municipalité. Si le ministre, son successeur
ou ceux qui vont interpréter la loi voulaient l'interpréter au
sens le plus large, ils pourraient pénaliser la corporation par le fait
que la municipalité, dans le sens le plus large, a
bénéficié d'une subvention qui a été
donnée à une société privée et la
corporation n'avait rien à faire avec elle. Elle n'a même pas eu
à intervenir. Je pense, au moins pour cette raison, qu'il faudrait une
définition du mot "municipalité", parce que, si vous regardez la
Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales, c'est
très clair qu'à l'article 20 ils ne réfèrent pas
à une municipalité. Ils disent: aucune commission scolaire,
commission régionale, corporation municipale, communauté urbaine
ou communauté régionale. C'est très précis.
Juridiquement, ce n'est pas ouvert à toutes sortes
d'interprétations.
Dans votre premier article, c'est ouvert à des
interprétations et même, d'après la Loi
d'interprétation, il faudrait que ce soit interprété au
sens le plus large. Cela ne se peut pas que l'interprétation du mot
"municipalité" soit restreinte seulement au cas où c'est une
corporation municipale, parce que, si cela avait été le cas, vous
l'auriez dit. C'est ce que quelqu'un va argumenter. Si quelqu'un veut se
prévaloir de cet article de la loi pour l'interprétation d'une
façon plus large, il peut facilement utiliser ces raisons et cela peut
causer des problèmes. Je suis certain que ce n'est pas l'intention - je
ne le crois pas - du gouvernement ou du ministre de pénaliser, par
exemple, la corporation de ville Mont-Royal parce qu'une industrie dans le parc
industriel a reçu une subvention de 100 000 $ du gouvernement
fédéral, mais, d'après l'article 1, vous pourriez donner
cette interprétation. C'est une interprétation; c'est une
interprétation dangereuse. Alors, au moins pour cette région,
vous devriez préciser la définition d'une municipalité,
soit par un article qui donne une définition ou bien en amendant
l'article 1 pour spécifier qu'une municipalité veut dire
"corporation municipale". C'est le premier point, pour enchaîner avec le
point soulevé par mon collègue, le député de
Laprairie.
Il y a un autre point que je voudrais porter à l'attention du
ministre. C'est que l'article 1 n'ajoute rien aux lois existantes. Je pense que
le ministre va être d'accord. Si vous examinez la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, les articles 20 et 22
permettent exactement la même chose que ce que vous dites à
l'article 1. Il n'y a aucune différence. Ce n'est pas libellé de
la même façon, mais, en termes de conséquences, en termes
d'effets juridiques, en termes de possibilités, en termes d'ententes sur
les paiements des "en lieu" de taxes ou les sommes qui seraient versées
en vertu d'une entente visée à l'article 22, tout cela est
possible dans la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales. Je pense qu'il y a un principe qui dit qu'on n'inclut
pas, dans une loi, un article qui n'ajoute aucun droit additionnel ou qui
n'apporte pas de conséquences additionnelles. Si l'article est inutile
pour les fins de la loi existante, je me demande pourquoi cet article est
là. Cela est un autre argument pour définir le mot
"municipalité" parce que, si un conseiller juridique arrive et dit:
Écoutez, le législateur est présumé vouloir donner
un effet par l'article 1, vous ne pouvez jamais présumer que le
législateur voulait rédiger une loi ne donnant pas d'effets
additionnels aux droits existants. Si le législateur inclut l'article 1
dans la loi, c'était pour lui donner un effet juridique plus fort que ce
qui existe dans les lois actuelles. Alors, si on prend cette
interprétation, on va définir le mot "municipalité" au
sens plus large - cela devient un autre argument - que celui inclus dans la Loi
sur le ministère des Affaires intergouvernementales.
Mais hors de l'aspect de définition du mot "municipalité",
l'article 1 n'ajoute absolument rien aux lois existantes. Je pourrais demander
au ministre pourquoi cela est inclus dans le présent projet de loi. Il
pourrait peut-être y avoir... Si le ministre veut lui donner des effets
politiques, la loi doit avoir des effets juridiques, des conséquences
juridiques et, non uniquement des conséquences politiques.
Le ministre a mentionné, dans ses remarques, au sujet du
comportement du gouvernement fédéral, qu'il ne respectait pas la
constitution. C'est possible, dans les démarches des
députés fédéraux, qu'ils donnent des subventions
ici et là; ils ne respectent pas la constitution. Je ne veux pas me
porter défenseur des gestes de ces députés qui vont
clairement à l'encontre de la constitution canadienne, du BNA Act, parce
que les affaires municipales, c'est la juridiction du Québec. Cependant,
quand on accuse le gouvernement fédéral de ne pas respecter la
constitution, il faudrait avoir les mains assez propres nous-mêmes.
Une voix: Oui.
M. Ciaccia: Qu'on la respecte, nous, la constitution! Je pense
que le gouvernement du Québec serait en meilleure posture d'accuser le
gouvernement fédéral de ne pas respecter la constitution si, au
moins, il la respectait lui-même. Je pourrais lui donner certains
exemples où il ne le fait pas. On a eu une commission parlementaire sur
le projet de loi 57, où il a été question de la charte des
droits de la personne; on est venu souligner certaines entraves à la
charte du Québec et certaines entraves à la charte canadienne.
Alors, sur la question de la charte des droits...
M. Fallu: II n'y a aucun tribunal qui...
M. Ciaccia: Vous parlerez après, M. le
député de Groulx. Alors, vous ne respectez pas la charte des
droits. La clause Canada, vous ne la respectez certainement pas. Vous avez
déjà un tribunal de première instance qui a dit que c'est
légal. Cela ne vous préoccupe pas. Pour des raisons politiques,
cela fait votre affaire de ne pas respecter la clause Canada. Je ne veux
même pas parler des problèmes internationaux, des relations au
niveau international: c'est clairement du domaine fédéral. Ce
n'est pas toujours respecté et je ne ferai référence
à aucun incident. Non, je ne veux pas.
Mais quand on accuse le gouvernement fédéral de ne pas
respecter la constitution...
Une voix: Compris!
M. Ciaccia: En anglais, il y a une expression "People in glass
houses should not throw stones". Vous seriez dans une meilleure posture si vous
ne pouviez pas vous faire accuser vous-mêmes de ne pas la respecter la
constitution. C'est un autre point que je voulais apporter sur l'article 1.
Vous avez mentionné les paiements tenant lieu de taxes. C'est
vrai qu'il n'y a pas d'obligation, le gouvernement fédéral n'est
pas obligé de contribuer sur la base de l'évaluation municipale.
Je ne sais si le gouvernement du Québec, lui, contribue sur la base de
l'évaluation municipale. Je ne veux pas me faire donner des chiffres.
Vous allez dire que le gouvernement du Québec contribue des montants
globaux qui sont plus élevés que ceux du gouvernement
fédéral: nécessairement ils doivent l'être, parce
que je suis convaincu que le gouvernement du Québec a beaucoup plus de
bâtisses au Québec que le gouvernement fédéral. Je
ne pense pas que si on donne des chiffres -50 000 000 $ pour le Québec
versus 10 000 000 $ pour le fédéral - on aurait le vrai portrait.
Ce qu'il faudrait voir, c'est la mesure de la contribution, sur quelle base
elle est faite. Peut-être que je suis d'accord que le gouvernement
fédéral devrait s'engager, d'une façon plus
précise, à payer des montants plus réalistes. Je ne sais
pas sur quelle base c'est fait, sur quelle base contribue le gouvernement du
Québec. Par exemple, à la Communauté urbaine de
Montréal, est-ce que l'évaluation des édifices du
gouvernement du Québec est faite par la CUM? Je ne crois pas. Juste sur
ce point, j'aimerais avoir des précisions.
M. Léonard: Le gouvernement du Québec est assujetti
à la Loi sur l'évaluation foncière, tous les articles du
Code municipal et de la Loi des cités et villes sur l'évaluation
foncière.
M. Ciaccia: Et à la Communauté urbaine de
Montréal?
M. Léonard: Et à la Communauté urbaine de
Montréal aussi.
M. Ciaccia: Voulez-vous dire que l'évaluation est
faite...
M. Léonard: L'évaluation est faite par les bureaux
d'évaluation foncière dans le Québec là où
ils existent, par exemple, dans les MRC ou aux communautés urbaines.
M. Ciaccia: Mais qui définit les normes?
M. Léonard: Ce sont les mêmes pour tout le
monde.
M. Ciaccia: Sur quel...
M. Léonard: Les normes sont quand mêmes
fixées par...
M. Ciaccia: Est-ce que...
M. Léonard: ...le manuel d'évaluation...
M. Ciaccia: Quand ma résidence est évaluée
elle l'est à sa valeur marchande, valeur qui double tous les deux ans.
Est-ce que c'est la même chose pour les édifices du gouvernement
du Québec?
M. Léonard: Les fluctuations des édifices publics
comme celles des édifices résidentiels, commerciaux,
évoluent. Vous savez, par exemple, à la communauté
urbaine, les propriétés industrielles ou commerciales ont
gardé à peu près la même valeur durant trois ou
quatre ans. Tout-à-coup, elles se sont mises à évoluer.
C'est le marché qui a fait cela. Alors que dans le cas du
résidentiel, surtout de l'unifamilial, duplex et triplex, le
marché a bougé plus. Mais c'est le même manuel
d'évaluation. Le gouvernement fédéral n'accepte pas de
laisser évaluer ses édifices là-dessus.
M. Ciaccia: Excepté que je suis
convaincu que les normes d'évaluation ne doivent pas être
tout à fait les mêmes pour un édifice du gouvernement du
Québec que pour un édifice dans le secteur privé.
M. Saintonge: Le ministre peut reconnaître qu'au niveau du
gouvernement provincial, le ministre possède des pouvoirs
d'intervention. L'évaluation est un domaine de compétence
provinciale. Le ministre possède un pouvoir d'intervention dans certains
cas qui pourrait faire en sorte, au niveau de l'évaluation, de
contrôler d'une certaine façon - je comprends qu'il peut
l'appliquer à tout le monde - certaines normes d'évaluation au
niveau provincial. Donc, il peut légiférer d'une certaine
façon au niveau de l'évaluation comme telle, alors que, dans ce
cadre-là, le gouvernement fédéral n'a aucun moyen,
excepté de vérifier ou de se protéger, de se
prémunir contre la façon dont les évaluations sont faites.
Il garde, d'une certaine façon, par son pouvoir de loi une certaine
compétence pour vérifier l'évaluation municipale et
l'appliquer en conséquence. (17 h 45)
Est-ce que le ministre ne pourrait pas me dire également dans ce
cadre précis de l'évaluation municipale... À ma
connaissance, dans plusieurs municipalités où j'ai fait des
vérifications personnellement où je posais des questions sur le
service d'évaluation aux gérants, aux maires des villes, on
m'informait que le gouvernement fédéral ne contestait pas de
façon générale les évaluations municipales et que
sur l'évaluation des bâtisses gouvernementales, il y avait des
discussions entre les autorités municipales et fédérales
pour arriver facilement à des ententes là-dessus et qu'il n'y ait
pas de problème.
M. Léonard: Je pense que c'est important de
répondre à cela. Nous faisons le Code municipal, la Loi sur les
cités et villes qui comportent des articles sur l'évaluation
foncière. La loi 57 a été votée par le
gouvernement. Au-delà de cela, c'est l'évaluateur municipal qui a
la responsabilité, soit quelqu'un a contrat ou à salaire, de
faire l'évaluation. Le gouvernement, par la suite, est soumis à
l'évaluation qui a été faite par l'évaluateur
municipal. Il est soumis comme n'importe quel autre contribuable. S'il n'est
pas content, il peut se plaindre au BREF, au Bureau de révision de
l'évaluation foncière comme n'importe quel autre. C'est le
processus général.
Il est d'ailleurs arrivé, par exemple, dans le cas des HLM que
des HLM avaient été surévalués. Le gouvernement
s'est plaint comme un autre contribuable. Dans certains cas, il peut avoir
gagné, dans d'autres c'est resté ce que c'était.
Le gouvernement fédéral - vous l'avez justement
mentionné - va discuter avec la municipalité de son
évaluation. Cela devient pratiquement objet de négociations,
l'évaluation foncière, par exemple, d'un bureau de poste. C'est
justement...
M. Saintonge: Cela correspond généralement.
M. Léonard: ...cela prend un évaluateur. C'est lui
qui détermine cela sur une base professionnelle. Si le gouvernement
n'est pas content, il se plaint. Je pense que le fédéral pourrait
se plaindre au BREF de la même façon que le gouvernement du
Québec peut le faire.
M. Ciaccia: Oui, mais avec une seule exception. C'est que les
normes d'évaluation, le manuel d'évaluation est sous le
contrôle du gouvernement du Québec. Vous pouvez fixer un manuel
d'évaluation.
M. Léonard: C'est universel.
M. Ciaccia: C'est sous votre contrôle. Vous avez inclus des
normes avec lesquelles vous êtes prêts à vivre. Au niveau
fédéral, ils n'ont pas ce contrôle. Je présume que
la raison...
M. Léonard: Ce sont des normes qui s'appliquent à
tout le monde, au privé, au public, à tous les
édifices...
M. Ciaccia: Les normes pour les écoles s'appliquent
à toutes les écoles, excepté que c'est seulement vous qui
avez des écoles.
M. Léonard: Oui, mais...
M. Ciaccia: Comprenons-nous. Les normes pour les maisons
unifamiliales vont s'appliquer à toutes les unifamiliales. Le
gouvernement du Québec a très peu de maisons unifamiliales.
M. Léonard: II n'y a pas d'évaluation pour les
écoles.
M. Ciaccia: Vous allez avoir des cas... Pardon?
M. Léonard: II n'y a pas de normes d'évaluation
pour les écoles.
M. Ciaccia: Comment évaluez-vous une école?
M. Léonard: Elle est évaluée sur les
matériaux de construction, d'après tous les critères
professionnels de l'évaluation.
M. Saintonge: Qui fixe les critères?
M. Léonard: La même chose que si
vous avez des...
M. Ciaccia: Qui fixe les critères? M. Léonard:
Le manuel d'évaluation.
M. Ciaccia: C'est sous quelle juridiction?
M. Léonard: C'est la profession, les évaluateurs
qui en discutent. Il y a un manuel.
M. Ciaccia: Quel niveau de gouvernement...
M. Léonard: ...les municipalités...
M. Ciaccia: ...est responsable du manuel d'évaluation?
M. Léonard: Tout le monde.
M. Ciaccia: Non, le gouvernement du Québec, voyons.
M. Léonard: Ce n'est pas le voisin qui va
décider.
M. Ciaccia: On joue sur les mots.
M. Saintonge: Répondez honnêtement à la
question, dites-le. Faites état de ces choses-là.
M. Ciaccia: Vous jouez sur les mots.
M. Léonard: C'est lui qui a ouvert la porte.
M. Ciaccia: C'est un élément important. Comme
niveau de gouvernement, vous ne voudrez jamais vous assujettir à un
autre niveau de gouvernement...
M. Léonard: La corporation... Je regrette, mais il y a une
corporation d'évaluateurs professionnels.
M. Ciaccia: Un instant! Comme niveau de gouvernement, vous ne
voudrez jamais vous assujettir à un autre niveau de gouvernement pour
décider du montant de taxes que vous allez payer. C'est cela que vous
voulez que le gouvernememt fédéral fasse. Quand vous avez une
bonne cause sur la question de ne pas distribuer de subventions, on est avec
vous. Ne charriez pas sur la question des taxes parce qu'il y a un
problème très réel là-dessus. Vous ne pouvez pas
vous attendre qu'un niveau de gouvernement va s'assujettir à votre
juridiction pour déterminer le montant de taxes municipales qu'il va
payer. Il ne faut pas être indépendantiste ou
fédéraliste pour comprendre ce bon sens-là. C'est une
question très pratique. Des deux côtés de la table, ils
peuvent le comprendre.
M. Maciocia: Le taux pour l'évaluation.
M. Léonard: L'évaluation, c'est la
municipalité aussi.
M. Ciaccia: II reste quand même que...
M. Léonard: C'est basé sur les critères des
évaluateurs professionnels. Vous avez une corporation, des règles
techniques.
Le Président (M. Desbiens): Je pense qu'on
s'égare.
M. Saintonge: C'est le ministre qui nous a parlé de cela,
M. le Président. M. le ministre a...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Saintonge: Je regrette, M. le Président, mais quand on
est arrivé...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît! C'était le député. De
toute façon...
M. Saintonge: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Saintonge: Question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Saintonge: J'aurais une question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît. C'est le député de Mont-Royal qui avait la parole de
toute façon et vous avez...
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): ...enchaîné sur
le...
M. Saintonge: C'est une question de règlement et non une
question d'opinion.
Le Président (M. Desbiens): Oui, oui. Je l'ai compris.
Vous aurez droit de parole quand je vous le donnerai.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Je disais, M. le
député de Mont-Royal, que c'est vous
qui aviez le droit de parole et la discussion a pris une direction
nouvelle avec l'intervention du député de Laprairie. M. le
député de Laprairie, votre question de règlement.
M. Saintonge: Question de règlement. Ce n'est pas cela,
c'est qu'on mentionne que...
Une voix: Quel article?
M. Saintonge: Quel article. Écoutez donc un peu au lieu de
crier.
M. Maciocia: ...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Oui. M. le Président a mentionné
qu'on sort du débat et on n'est pas là. On est arrivé au
deuxième paragraphe de l'article 1 où c'est
spécifié: "Le premier alinéa n'affecte pas le droit d'une
municipalité de recevoir du gouvernement du Canada ou de l'un de ses
ministres ou organismes le paiement d'une taxe, ou d'une compensation en tenant
lieu..." Là le ministre est venu nous parler du gouvernement
fédéral qui ne payait pas ses taxes, etc. Qu'on ne vienne pas
dire que c'est nous qui avons ouvert le débat sur le sujet. C'est le
ministre lui-même qui l'a ouvert, qui a amené cet
élément dans le débat. On devrait corriger certaines
situations, lui faire valoir notre point de vue sur des choses sur lesquelles
on n'est pas d'accord.
Le Président (M. Desbiens): C'est un point d'ordre. M. le
député de Mont-Royal, il vous reste cinq minutes.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. La raison pour
laquelle j'ai soulevé la question des taxes et la question du
gouvernement fédéral, c'est parce que ce sont des propos qui ont
été soulevés par le ministre. Il a fait certaines
affirmations et j'ai répondu aux affirmations du ministre. Ce n'est pas
moi qui ai commencé à parler de l'article 1 et des taxes que le
gouvernement... M. le Président, je pense que ce sont des sujets
très pertinents. On ne devrait même pas répondre aux
interruptions des députés ministériels qui n'ont
même pas le droit de parole et qui envoient des accusations. Qu'on
n'essaie même pas de...
Pour revenir à la question des taxes... Il faut faire ces points
parce que des affirmations sont faites en Chambre à la suite de
réponses et le règlement de l'Assemblée nationale ne nous
permet pas de nous lever et de discuter du sujet. Alors, cela peut induire la
population en erreur et...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: On pourrait dire deux choses au ministre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal, vous pouvez continuer dans l'ordre.
M. Ciaccia: Premièrement, l'obligation que le gouvernement
du Québec s'est donnée de payer les taxes municipales, cela
existe depuis quand et en échange de quoi? Vous avez fait des
échanges, il y avait certaines subventions que vous donniez avant aux
municipalités. Vous avez enlevé ces subventions et vous avez dit:
dorénavant on va payer nos taxes d'après les normes que nous
allons établir nous-mêmes. C'est vrai, les évaluateurs.
Mais les évaluateurs changent et ce sont des professionnels. Ils sont
liés par des manuels, par des lois. C'est le gouvernement du
Québec qui fait sa loi. Je me fais toujours dire cela quand mes taxes
doublent à tous les deux ans. L'évaluateur dit: Ce n'est pas ma
faute. Va te plaindre au gouvernement du Québec. C'est lui qui fixe les
normes.
Deuxièmement, dans les négociations entre le gouvernement
fédéral et les différentes municipalités pour le
paiement de leurs taxes, est-ce que le ministre sait dans combien de cas il y a
vraiment des conflits et que les deux parties ne viennent pas à une
entente où ils acceptent que l'évaluation soit basée sur X
dollars et que la taxe soit fixée sur une base mutuellement acceptable?
On accuse, on donne des chiffres mais est-ce que le ministre peut nous dire
dans combien de cas ils ne s'entendent pas? C'est vraiment un chiffre qui n'est
pas acceptable par les municipalités.
M. le Président, le but de mon intervention était de
répondre... On ne veut pas orienter la discussion sur la façon
d'évaluer ou d'imposer les taxes municipales. C'est un sujet sur lequel
on pourrait discuter en d'autres circonstances mais pas sur l'article 1. Je
voulais seulement répondre aux affirmations qui n'étaient pas
tout à fait exactes et pas tout à fait complètes du
ministre des Affaires municipales. Le point que je voulais faire valoir, en
résumé, sur l'article 1, c'est que, essentiellement, c'est
un article qui n'ajoute aucun droit. C'est un article, pour utiliser un mot
qui semble cher aux ministériels, superfétatoire.
Une voix: Oh!
M. Ciaccia: Deuxièmement, je crois qu'il est essentiel de
donner une définition du mot "municipalité" dans l'article 1.
Autrement, cela peut être interprété d'une façon
trop large et causer des difficultés à
certaines municipalités dans certains cas où des
subventions seraient données pour des projets qui seraient inclus dans
le terme municipalité, dans un sens plus large.
Le Président (M. Desbiens): C'est terminé?
M. Ciaccia: Pour le moment, oui.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse?
M. Lachance: Non, M. le Président, cela va.
Le Président (M. Desbiens): Non? Excusez-moi, je pensais
que vous aviez levé la main. M. le député de Viger?
M. Maciocia: M. le Président, c'est sûr qu'on a
discuté très longtemps sur le mot "municipalité". Le
ministre devrait, à un certain moment, comme il le dit, l'encadrer,
faire une balise autour du mot "municipalité", sur ce que veut dire
"municipalité". Mais il y a un autre mot qui, je crois, est très
important aussi, que le ministère devrait spécifier, quand on
dit: "la municipalité peut bénéficier d'une participation
du gouvernement du Canada". Cela veut dire quoi bénéficier? On
peut bénéficier de toute manière, de n'importe quelle
façon, de quelque chose, mais je regarde dans le dictionnaire Larousse,
au mot "bénéfice"; cela veut dire gain, profit, avantage d'une
nature quelconque. C'est quoi un avantage de nature quelconque?
Bénéficier des circonstances atténuantes, de l'âge,
de la dignité ecclésiastique. C'est quoi bénéficier
de quelque chose? Parce que c'est très important ici.
"Bénéfice" est un mot très large. Est-ce que c'est, je ne
le sais pas, n'importe quelle communauté à l'intérieur
d'une municipalité? Elle peut obtenir une subvention du gouvernement
fédéral pour faire une amélioration quelconque à
l'intérieur d'un local auquel elle participe et qui appartient à
la municipalité? Est-ce que c'est considéré comme un
bénéfice pour la municipalité? Vous savez très
bien, M. le Président, qu'il y a des groupes de l'âge d'or dans
toutes les municipalités du Québec qui ont un local dans
certaines municipalités et, automatiquement, ces personnes demandent des
subventions au gouvernement fédéral pour repeindre ou mettre une
porte à l'intérieur de ce local. Par conséquent, à
cause de l'article 1, est-ce un bénéfice que reçoit la
municipalité?
Il faut savoir ce que veut dire bénéfice. On ne sait pas
actuellement ce que cela veut dire. Est-ce un bénéfice... Si on
se réfère à l'article 2 du même projet de loi, on
dit: "...directement ou indirectement et sous quelque forme que ce soit...". On
peut quasiment dire que les municipalités bénéficient de
n'importe quel cent qui va entrer, de la part du fédéral,
à l'intérieur de cette municipalité, que ce soit par
l'entremise de l'âge d'or ou par celle d'autres organismes à but
non lucratif. C'est quoi? Le ministre, dans ses propos préliminaires, en
expliquant l'article 1, n'a pas parlé du mot "bénéfice";
"peut bénéficier". Cela veut dire quoi "peut
bénéficier"? J'aimerais que le ministre nous dise, avant qu'on ne
parle de l'adoption de l'article 1, ce que veut dire
"bénéficier"?
Le Président (M. Desbiens): M le député, je
regrette de vous interrompre. Il est 18 heures. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures, à la salle 81.
((Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise de la séance à 20 h 21)
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous permettez, je demanderais la
suspension jusqu'à 20 h 30. Je vais appeler mes collègues.
M. Rochefort: Je voudrais savoir pour quelles fins le
député de Saint-Laurent demande la suspension des travaux. M. le
Président, c'est sérieux. Qu'est-ce qui justifie cela?
M. Leduc (Saint-Laurent): Apparemment, c'est la soirée des
réceptions.
M. Rochefort: Nous sommes cinq députés
ministériels. Nous sommes prêts à fonctionner toute la
soirée.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): À quelle heure, M. le
Président, devaient recommencer les travaux?
Une voix: 20 h 15.
M. Leduc (Saint-Laurent): II est à peine 20 h 20.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre? M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Je refuse mon consentement si on ne nous explique
pas la
raison de la suspension des travaux de la commission.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je n'ai pas à disserter
là-dessus, M. le Président. Mon collègue, en face,
connaît parfaitement la raison.
M. Rochefort: Je peux peut-être aider le
député de Saint-Laurent. Est-ce que ce serait parce qu'il est le
seul membre de l'Opposition présent à cette table actuellement?
Est-ce la raison, M. le député de Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne sais pas.
M. Rochefort: Regardez à votre gauche et à votre
droite. Est-ce qu'il y a des gens?
M. Leduc (Saint-Laurent): Je fais confiance à mes
collègues. Ils vont arriver sous peu.
M. Rochefort: Eux, ils vous font une confiance aveugle.
Le Président (M. Desbiens): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 h 30.
(Suspension de la séance à 20 h 23)
(Reprise de la séance à 20 h 47)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission... À l'ordre! La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux. Nous en étions
à l'étude de l'article 1. M. le député de Viger
avait la parole. Il vous reste 17 minutes.
M. Léonard: Je m'excuse.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Le député peut continuer, je ne
voudrais absolument pas le brimer dans son droit de parole, mais j'aurais une
directive à vous demander. J'ai un amendement prêt pour l'article
1; il a été dactylographié; est-ce que vous seriez
d'accord, avec le consentement de l'Opposition, pour le distribuer ou si l'on
veut attendre?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, une question de directive.
Étant donné que le ministre l'avait déjà lu et
qu'il n'avait pas d'amendement à faire à l'article 1...
M. Léonard: Non, il n'y en avait pas.
M. Maciocia: ...est-ce qu'il peut le faire en ce moment?
Des voix: Ah oui!
M. Maciocia: C'est la seule question...
Le Président (M. Desbiens): N'importe quand, à
n'importe quel moment, il peut le faire, si ce n'est pas adopté.
M. Maciocia: D'accord.
M. Léonard: Voulez-vous qu'on le distribue tout de suite,
M. le Président? Est-ce qu'on est d'accord?
M. Maciocia: Oui, oui. J'aimerais qu'on discute de cela parce
que, autrement, je vais parler pour rien, M. le Président.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien sûr, on veut connaître
la teneur...
M. Fallu: II ne faut surtout pas faire cela.
M. Maciocia: C'est cela. Vous le savez.
Une voix: ...délégation. Il vous manque le
député d'Orford.
M. Léonard: La substance, la substance.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! L'amendement
proposé par le ministre est le suivant: L'article 1 du projet de loi 38
est modifié, premièrement, par la suppression, à la fin du
premier paragraphe du deuxième alinéa...
Une voix: Avez-vous des problèmes?
M. Rivest: M. le Président, quel est mon statut ce soir?
Intervenant?
Le Président (M. Desbiens): Comme il avait
été conclu ce matin. Il y a des modifications...
M. Rivest: Je m'excuse, mais mon formalisme fait sourire le
ministre. Je me demande pourquoi.
Le Président (M. Desbiens): M. Rivest (Jean-Talon)
intervenant. Vous remplacez M. Polak (Sainte-Anne). M. Houde (Berthier)
remplace, comme membre, M. Dauphin (Marquette) et M. Kehoe (Chapleau) remplace
M. Lincoln (Nelligan). Je reprends la...
Une voix: ...à Albert.
Le Président (M. Desbiens): Je l'ai mentionné. Je
reprends donc la motion d'amendement du ministre. L'article 1 du projet de loi
38 est modifié, premièrement, par la suppression, à la fin
du 1er paragraphe du 2e alinéa, du mot "ou". Deuxièmement, par le
remplacement, à la fin du paragraphe 2 du 2e alinéa du point par
ce qui suit: ", ou". Troisièmement, par l'addition, après le 2e
paragraphe du 2e alinéa, du suivant: "3° d'une somme versée
conformément à une entente conclue en vertu de la Loi sur les
villages cris et le village naskapi (L.R.Q. chapitre V-5.1) ou de la Loi sur
les villages nordiques et l'administration régionale Kativik (L.R.Q.
chapitre V-6.1), ou d'une somme versée conformément à la
Convention de la Baie James et du Nord québécois ou à la
Convention du Nord-Est québécois, comme elles sont
définies dans ces lois." Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je ne reconnais pas
l'amendement proposé par le président de l'UMRCQ, mais c'en est
peut-être un que mon confrère de Mont-Royal aurait pu
proposer.
M. Léonard: II n'y avait pas pensé encore.
M. Ciaccia: Non, on était pour le proposer ce soir.
M. Saintonge: ...C'est sûrement cela...
M. Ciaccia: En ce qui concerne la Convention de la Baie James, il
y a toutes sortes de sommes d'argent qui sont données par le
gouvernement fédéral au gouvernement régional ou aux
communautés des villages cris.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Quant à l'amendement, si je comprends bien,
ce sont les numéros 1, 2 ou 3, c'est cela?
M. Léonard: C'est cela.
M. Saintonge: D'accord, adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté.
M. Doyon: Vous n'y avez pas pensé avant?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté tel qu'amendé?
M. Saintonge: Non, M. le Président. Je pense que la parole
était à mon confrère de Viger. Je demanderais qu'il
puisse...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, on revient à votre droit de parole; vous avez, à ce qu'on
a dit, 17 minutes.
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Comme je le disais
tantôt, j'ai posé une question au ministre quelques minutes
seulement avant l'ajournement, à savoir s'il voulait nous expliquer ce
qu'il entendait par "peut bénéficier d'une participation du
gouvernement fédéral". Est-ce que le ministre pourrait au moins
nous donner un aperçu de ce que veut dire dans la loi "peut
bénéficier d'une participation du gouvernement du Canada"? Au
moins, comme cela, ce sera un peu plus clair et je n'aurais probablement
même pas besoin de parler pendant 17 minutes pour avoir des explications
sur cet aspect.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je pense que le mot "bénéficier"
est clair en soi, c'est évident: "bénéficier d'une
participation du gouvernement du Canada."
M. Maciocia: Oui, mais je vous ai donné un exemple de ce
qu'on entend par "bénéficier" dans le cas d'un club de
l'âge d'or... Vous savez très bien que, dans les
municipalités - dans la mienne et d'autres -on présente des
demandes de subvention au gouvernement fédéral, comme au
gouvernement provincial. Vous êtes sans doute au courant de cela. Lorsque
le club de l'âge d'or, dont le local appartient à la
municipalité, fait une demande pour peinturer le local, pour ajouter une
porte ou pour faire n'importe quoi d'autre à l'intérieur de ce
local, cela veut-il dire que la municipalité bénéficie
alors de la participation du gouvernement fédéral? Est-ce que
cela entre dans les "bénéfices" dont il est question à
l'article 1? Quand je parle de l'âge d'or, M. le ministre, je parle aussi
des associations, de ligues de hockey de soccer ou de n'importe quoi. Est-ce
que cela est compris dans cet article?
M. Léonard: Cela pourra être précisé
dans un bulletin d'interprétation qui va porter sur l'explicitation de
l'article.
M. Maciocia: Je comprends très bien votre réponse,
mais elle ne veut rien dire. Est-ce que cela...
M. Léonard: Cela dépend... Il y a des clubs de
l'âge d'or dans les sous-sol des hôtels de ville, il y en a un peu
partout. Cela dépend aussi dans quelle sorte de municipalité vous
vous trouvez.
M. Maciocia: Oui, mais...
M. Saintonge: C'est le caractère fiscal de la loi qui fait
que vous allez donner des bulletins de...
M. Maciocia: Ce n'est pas très clair pour moi.
Probablement que je ne vous ai pas tellement bien saisi, mais quand j'ai
mentionné l'âge d'or, je parlais aussi des ligues de hockey. Vous
savez qu'il y a une aréna... On a besoin de chandails et tout cela.
Quelquefois, la municipalité achète pour ces équipes. Mais
si l'association ou la ligue de hockey fait une demande au gouvernement
fédéral pour obtenir une somme de 2000 $, 3000 $ ou de 5000 $,
pour acheter des chandails et des hocheys pour les laisser dans l'aréna
de la municipalité parce qu'ils sont là pour s'en occuper, est-ce
que cela sera inclus dans les bénéfices de la
municipalité?
M. Léonard: Nous pourrons voir jusqu'où ira
l'extension donnée dans le cas d'organismes de loisirs qui agissent dans
des locaux municipaux, sur les propriétés municipales. Je pense
qu'il y a toutes sortes de comités de loisirs au Québec. Vous
avez des comités de loisirs complètement indépendants des
municipalités, qui ont leurs propres locaux, qui assurent leur propre
financement. Dans la mesure surtout où il n'y a pas de financement lourd
impliqué dans ces équipements, il y a des comités de
loisirs qui fonctionnent de façon indépendante.
Cependant, règle générale, pour les comités
de loisirs où il y a des équipements importants - quand vous
parlez d'arénas - on est dans des propriétés municipales
la plupart du temps. Le fonctionnement, c'est cela qui peut être
précisé dans un bulletin d'interprétation.
M. Maciocia: Cela veut dire...
M. Léonard: Un document d'interprétation.
M. Maciocia: Dois-je comprendre que vous allez les exclure de
l'article 1?
M. Léonard: On verra à ce moment-là.
M. Maciocia: Si vous pensez que je suis plus
éclairé qu'avant, je ne le crois pas, M. le ministre. Vous dites
qu'on verra. Qui décidera? De quelle façon déciderez-vous?
Quel motif vous faut-il pour décider dans un sens ou dans l'autre?
Est-ce qu'il y a...
M. Léonard: C'est un comité de loisirs municipal ou
non municipal? C'est un organisme municipal. C'est du financement
fédéral dans un organisme municipal, cela dépend. Vous
avez toutes sortes de statuts dans les comités de loisirs.
M. Maciocia: Oui mais c'est toujours... M. Léonard:
C'est cela.
M. Maciocia: Vous savez très bien que ces personnes
travaillent bénévolement et tentent d'obtenir du financement de
plusieurs sources. Je sais que moi, par mon budget hors normes, j'en donne
à des organismes comme cela. Je suis convaincu que le ministre en donne
à des organismes comme cela, à des organismes à but non
lucratif. C'est la même chose qui est faite. Je crois que la demande qui
m'est faite en tant que député provincial est aussi faite
à un député fédéral. Si ces
gens-là... Je ne parle pas d'un budget hors normes; il peut s'agir d'un
autre budget au fédéral qui fournira 2000 $ ou 3000 $. Est-ce que
ce sera pénalisé? Selon le ministre, c'est cela, ils seront
pénalisés. Il ne peut pas nous dire aujourd'hui si cela est
inclus dans l'article 1. Il nous dit: on verra. Une telle réponse ne
m'éclaire pas. Cela ne veut dire ni oui, ni non. C'est ce que je
voudrais savoir du ministre.
M. Léonard: C'est là qu'on produira un bulletin
d'interprétation.
M. Maciocia: Avant de proposer une loi, est-ce qu'on ne peut pas
le dire dans la loi ou, au moins, avoir des règles selon lesquelles on
pourrait vérifier qui a droit et qui n'a pas droit.
M. Léonard: Est-ce qu'on est bien dans un comité de
loisirs municipal?
M. Maciocia: Un comité de loisirs municipal. Cela pourrait
être un comité de loisirs municipal, comme cela pourrait
être...
M. Léonard: Qu'est-ce que dit l'article 92.8 de la
constitution et l'article 20 de la loi des Affaires intergouvernementales?
M. Maciocia: Article 20...
M. Léonard: L'article 92.8 de la constitution et l'article
20 de la loi des Affaires intergouvernementales. Vous me parlez d'un
comité de loisirs municipal. Voilà.
Une voix: Vous couvrez tout à ce moment-là.
M. Maciocia: Vous couvrez tout à ce moment-là. Vous
savez aussi que l'âge d'or fait partie des loisirs municipaux.
M. Léonard: Pas toujours.
M. Maciocia: Une grande partie, du moins dans ma
municipalité.
M. Rivest: Vous évoquez souvent...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, brièvement. Vous évoquez souvent et
à bon droit l'article 92.8 qui donne juridiction totale au gouvernement
provincial, au gouvernement du Québec sur les affaires municipales. Le
problème constitutionnel qui surgit, et ce qui permet d'ailleurs
à votre interlocuteur fédéral d'inscrire dans sa lettre un
endossement de principe au fait qu'il respecte la juridiction provinciale, le
problème constitutionnel n'est nullement au niveau de l'article 92.8. Le
même type de problème, soit l'intervention du
fédéral, pourrait se poser dans le domaine de la santé,
dans le domaine des affaires culturelles, dans le domaine de
l'éducation. C'est l'exercice du pouvoir de dépenser du
gouvernement fédéral - je ne me souviens pas de l'article, je
crois qu'il s'agit de 91.1, le fondement du pouvoir de dépenser - c'est
cela le problème constitutionnel. (21 heures)
Je ne vous fais qu'une remarque: Dans le cadre de la révision
constitutionnelle... d'autant plus que de cette question précise, on en
a parlé beaucoup lorsque j'étais critique des Affaires
intergouvernementales. J'en ai discuté avec M. Claude Morin et avec M.
Jacques-Yvan Morin. M. Ryan l'a aussi soulevé à plusieurs
reprises. Le grand problème du déséquilibre du
fonctionnement du régime fédéral qui est l'essence
même de ce projet de loi provient de l'incapacité dans laquelle,
au niveau du gouvernement canadien et du Québec et des autres provinces
aussi, on est arrivé à limiter l'exercice du pouvoir de
dépenser. Le reproche qu'on peut faire au gouvernement du Québec
- c'est vraiment une illustration assez tragique de cela - c'est que dans les
propositions constitutionnelles, il y avait une chose où vous auriez pu
faire avancer concrètement le respect de l'autonomie provinciale, sans
égard et en mettant en réserve l'option politique à
laquelle vous adhérez. Cela aurait été justement de foncer
carrément sur des propositions concrètes de limitation à
l'exercice du pouvoir de dépenser et d'autant plus facilement, à
mon avis, où on aurait pu avancer. Vous n'avez pas fait de
contre-proposition dans le contexte du rapatriement pour les raisons que l'on
connaît. Je ne reviens pas sur cela. D'autant plus qu'il y avait eu des
propositions du temps de M. Pearson, du temps du début du mandat de M.
Trudeau. Il y a eu des livres blancs qui ont été publiés
sur cela. Il y avait des propositions émanant du gouvernement
fédéral qui ont été abandonnées par la
suite, j'en conviens, par le même gouvernement fédéral, qui
étaient drôlement intéressantes et qui auraient
évité ce genre de problèmes. Actuellement, ce que le
député de Viger illustre, c'est votre incapacité de
contrer ce pouvoir qui est beaucoup plus puissant et beaucoup plus
général qui est le pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral, même avec un projet de loi qui est très
dur.
Depuis la fin des rondes de négociations sur le plan de la
révision constitutionnelle, on n'a jamais évoqué ce
problème, le problème que vous vivez et qui est un
problème réel, on ne l'a pas contesté de ce
côté-ci. À mon avis, vous pourrez mettre ce que vous
voudrez dans votre projet de loi. C'est pour cela que vous êtes
obligés de vous rabattre, sans doute à contrecoeur, non pas sur
le gouvernement fédéral qui exerce son pouvoir et qui est
absolument sans limite - alors que le problème est causé vraiment
par une limitation du pouvoir de dépenser à ce niveau - mais sur
les récipiendaires ou les bénéficiaires pour essayer de
contrer cela. Vous ne réussirez jamais à couvrir tous et chacun,
même avec votre manuel de directions, toutes les failles que va avoir
votre projet de loi. Il va toujours être très mal
rédigé parce que c'est un petit morceau que vous essayez de
couvrir, alors que le problème est beaucoup plus large. C'est un petit
remède pour un problème qui est beaucoup plus grand dans le cadre
du fonctionnement du fédéralisme.
M. Léonard: M. le Président, si on me permet de
répondre. Il reste que ce que dit l'article 1, c'est qu'il y a une
façon de procéder dans les domaines de juridiction exclusivement
des provinces, c'est une entente. Si le gouvernement fédéral veut
procéder, veut dépenser, qu'il exerce son pouvoir de
dépenser par le canal d'une entente. Sur quoi cela s'applique-t-il? On
peut être plus ou moins large sur cela selon le bon vouloir du
fédéral sur cette question. Mais, en ce qui nous concerne, ici au
niveau des Affaires municipales, nous voulons couvrir le champ d'action des
municipalités. Dans la mesure où les loisirs sont de la
responsabilité municipale - ce qui est en train de devenir de plus en
plus le cas - il y a moyen de procéder par une entente par laquelle
transiteraient les fonds fédéraux pour arriver aux comités
de loisirs municipaux et aux municipalités. Cela peut s'appliquer, cela
peut s'exercer comme ceci. Le canal est précisé.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Juste pour vider cette question. Je comprends la
réponse du
ministre, sauf que l'interprétation même de la juridiction
municipale est dans un texte qui a été écrit en 1867
où les municipalités faisaient un certain nombre de choses
relativement précises. Or, vous le savez mieux que moi, le secteur des
loisirs en est un exemple absolument patent.
M. Léonard: Oui.
M. Rivest: Ceux qui ont rédigé le texte
constitutionnel de 1867, qui est le même qui a été
reporté dans la Loi constitutionnelle de 1982, n'avaient absolument pas
idée que des administrateurs municipaux étaient pour s'occuper du
loisir comme ils le font en ce moment. C'est pour cela que même l'entente
que vous allez faire, vous réussirez mal à la couvrir parce que
le domaine des affaires municipales, l'habitation, l'aménagement,
l'urbanisme, etc., tout cela n'existait pas au moment où les textes
constitutionnels ont été rédigés. Même si
vous réussissez à le faire pour négocier une entente - je
sais que vous le savez - il y a le dossier ou les faits objectifs qui sont sur
la table, mais il y a aussi ce qu'on appelle - et ce qui est bien important en
matière de négociation - le "bargaining power". Tant qu'on n'aura
pas réglé au Canada le problème de la limitation du
pouvoir de dépenser, malgré que vous vous donniez - je pense que
c'est le sens de ce projet de loi - un instrument de négociation pour
renforcer votre pouvoir de négociation pour colmater tous les trous qui
pourraient survenir en arrière de vous, vous ne vous donnez même
pas avec ce projet de loi un "bargaining power" équivalent au
"bargaining power" dont dispose le gouvernement canadien pour négocier,
parce que son "bargaining power" est chiffré. Il a de l'argent et il va
le dépenser. Quand il y a de l'argent disponible, essayez de trouver une
façon d'empêcher les gens qui sont susceptibles de recevoir de
l'argent pour des causes auxquelles ils sont profondément
intéressés de le prendre. Je trouve qu'il y a un
déséquilibre incroyable.
Moi, personnellement, je vous dis que la responsabilité, - je
regrette ce projet de loi que je trouve punitif pour les municipalités:
c'est l'essence de ce projet de loi - que je mets sur le gouvernement est bien
davantage votre refus, pour des raisons politiques que je peux, par ailleurs,
comprendre, de vous engager, comme gouvernement inscrit jusqu'à nouvel
ordre, dans l'ordre constitutionnel canadien présent, à
travailler avec les autres gouvernements des provinces à ce qui est,
à mon avis, la clé d'une réforme nécessaire du
régime fédéral qui est la limitation du pouvoir de
dépenser. Je vous dis cela parce que vous avez énormément
insisté sur le partage des juridictions dans vos interventions sur
l'article 92.8, ce sur quoi vous avez raison, mais je trouve que là
n'est pas le problème. Comme vous n'avez fait aucune proposition comme
gouvernement, aucun effort pour en arriver à convenir avec les autres
provinces et avec le gouvernement canadien de limiter le pouvoir de
dépenser, vous allez vous retrouver devant des situations que vous
essayez de colmater. Au fond, avec un sac de ciment, vous essayez de colmater
une brèche incroyable dans le fonctionnement actuel du système
fédéral canadien.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Par rapport au pouvoir de dépenser,
effectivement, ce qu'il y a comme matière ici, c'est l'article 92.8. On
peut prendre les suivants, mais disons surtout l'article 92.8. Ce sont deux
clauses importantes de la constitution. Les affaires locales, comme vous dites,
n'avaient pas l'importance dans le temps qu'elles ont prises maintenant. En
tout cas, les municipalités faisaient des routes et il y avait des
villes, mais il reste que, sur le plan de la constitution, c'est clair. Ce qui
s'est passé, c'est que le gouvernement fédéral,
effectivement, a usé et abusé de son droit de dépenser et
il l'a fait d'autant plus gaillardement qu'il était faible sur le plan
politique. Il s'est renforcé à partir de là. Je ne sais
pas jusqu'à quel point il a le droit d'user de son pouvoir de
dépenser, mais je sais que ce que nous faisons dans le présent
projet de loi, nous avons le droit de le faire en vertu de l'article 92.8.
M. Rivest: Oui, constitutionnellement parlant, d'accord.
M. Léonard: C'est cela.
M. Rivest: Je trouve que vous ne devriez pas le faire, mais vous
avez le droit de le faire.
M. Léonard: Non, il faut voir. Le gouvernement
fédéral va-t-il se mêler maintenant, en termes
d'équilibre des forces à l'intérieur d'un pays, d'affaires
de loisirs? Est-il normal qu'il s'occupe de cela? Est-il normal qu'il aille
s'occuper de n'importe quoi? À ce moment-là, il est encore plus
centralisateur, finalement, même que le gouvernement du Québec,
que le gouvernement de la province par rapport à ses
municipalités. Le projet de loi est là. Je considère qu'il
pose un principe de base et il pose une discussion. Elle est importante et je
suis convaincu que, dans un rééquilibre des forces à
l'intérieur du Canada, il va falloir qu'on assure une place très
nette aux municipalités et aux provinces là-dessus. S'il veut
utiliser son pouvoir de dépenser, là, c'est une façon de
l'utiliser, balisée par des ententes qui
vont nécessairement requérir l'apport des provinces, ou du
Québec pour nous. Vous dites que vous ne l'auriez pas fait. Il reste
que, dans la mesure où les municipalités vont fonctionner avec le
gouvernement du Québec, on peut régler un problème qui
traîne depuis fort longtemps, en tout cas, en ce qui concerne le champ de
l'administration locale et municipale.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je ne veux pas prolonger le débat, je veux
simplement renvoyer le ministre - parce que j'ai relu le document, entre
autres, qui a été publié par le Parti libéral -
à ce qu'on appelle le livre beige sur cette partie-là. Il y a
précisément cette distinction. La position de notre parti sur
cette question est exprimée dans deux très courtes pages, mais
très bien rédigées. Même si cela est du domaine
municipal, il y a toutes les infrastructures, les ports, les aéroports,
etc. Cela a des incidences très nettes sur l'aménagement et sur
le développement municipal. Théoriquement, on pourrait aller
jusqu'à dire que les municipalités pourraient avoir beaucoup plus
leur mot à dire. C'est pour une partie.
La deuxième partie du problème, c'est l'exercice du
pouvoir de dépenser. Dans les propositions constitutionnelles que nous
avons comme formation politique, il y en a - on peut être d'accord ou pas
d'accord, c'est une chose - qui font référence non seulement
à ce que l'on croit que devrait être le fonctionnement du
régime fédéral, mais, en plus, on a eu la force de
s'appuyer sur des propositions concrètes émanant du gouvernement
fédéral de M. Lester B. Pearson et même des
premières années du régime de M. Trudeau.
Là, on est pris, on vit le problème et vous arrivez avec
un projet de loi. Je termine sur cela. Simplement, je veux vous dire que je
veux bien que, pour renforcer votre pouvoir de négociation, vous ayez
avec vous, comme vous l'avez indiqué à la fin de vos remarques,
les municipalités. Mais très franchement, après les
contacts que mon collègue, le député de Laprairie, a eus
et mes autres collègues ici à l'Assemblée nationale et
même avec des collègues de l'autre côté, quand vous
avez des partenaires associés avec vous par force, franchement, vous
pouvez mesurer la valeur du partnership et de la société que vous
allez constituer pour combattre l'autre qui arrive avec ses millions et son
pouvoir de dépenser.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: C'est là qu'il faut faire une
évaluation politique qui, il me semble, est importante. Sur cela, il
peut y avoir aussi une évolution politique. Quand vous dites que les
municipalités sont contre, elles ne sont pas contre tant que cela. On
peut sortir un bon nombre d'articles de journaux et d'éditoriaux sur
cette question où, après un premier choc vis-à-vis du
projet de loi, on a compris et admis la démarche sur cela. Dans la
mesure où il y a des enjeux concrets, le partnership peut très
bien s'établir avec le Québec sur cela vis-à-vis du
fédéral, très, très bien. Tout le monde va
comprendre. Je crois que c'est cela. L'article 1, c'est de là qu'il
tient son importance...
M. Rivest: Une dernière question.
M. Léonard: ...quel que soit le parti au pouvoir au
Québec.
M. Rivest: Dans les propositions de négociation du
gouvernement du Québec que vous avez soumises ou transmises au cours des
dernières semaines ou des derniers mois, est-ce que vous aviez
associé les municipalités à la détermination des
exigences que vous soumettiez au gouvernement fédéral ou si c'est
le ministère simplement qui les avait faites?
M. Léonard: Non. J'ai fait une tournée, le
printemps dernier, et on a discuté d'un certain nombre de choses et de
la nature même des projets qui avaient été soumis. On a
discuté aussi du programme PRIME qui avait été
lancé le printemps dernier. Quand je suis repassé cet automne, il
y a eu aussi des discussions sur ce qu'on peut mettre dans cela. On sait
très bien que, depuis tout le temps, bon nombre de ces projets
financés par les députés fédéraux ou le
gouvernement fédéral concernent les loisirs. On demande aussi
depuis longtemps, les municipalités et nous, que le
fédéral paie une partie de l'assainissement des eaux, des chemins
municipaux, etc. Cela fait partie de toutes les démarches que nous avons
eues. Il y a déjà des tentatives du gouvernement
fédéral de financer l'amélioration des centre-ville. Cela
va de soi que les volets que nous avons mis viennent des contacts que nous
avons de toute façon avec le monde municipal.
Par ailleurs, nous avons toujours dit et j'ai toujours dit au cours de
la tournée de l'automne: Bon, nous avons ces volets, on peut en mettre
12, si vous voulez, on peut en mettre 20. Cela dépend. Je voyais,
à un moment donné, une dame maire qui me parlait des travaux
à faire contre les glissements de terrain dans certaines
municipalités - c'est très important et il y en a un peu partout
au Québec - ce sont des travaux d'importance qui concernent les cours
d'eau où, parfois même, le lit du cours d'eau est de
propriété fédérale. Je trouve que sur cela on peut
faire des ententes. Il y a des
champs très larges sur cette question.
Le programme de l'assainissement des eaux, c'est un des programmes les
plus importants qu'on peut mettre sur la table à l'heure actuelle et que
le fédéral pourrait financer. Lorsque je l'ai
déposé, nous financions, nous, comme gouvernement du
Québec, 80% à 82% des coûts, en moyenne. J'ai
demandé de payer la part des municipalités dans cela. Au fond,
cela ne coûterait pas grand-chose au fédéral de le faire
parce que, pour 1 $ d'investissement, il va retirer 0,13 $ en termes de taxes
et de retombées. Si lui, il en met 18 $ ou 20 $, il va en
débourser 6 $ ou 7 $ et toute l'économie du pays va s'en
ressentir. (21 h 15)
Là-dessus, je dis que les volets ne sont pas du tout
fermés. Dans la mesure où il y a des responsabilités
municipales aussi qui évoluent, on peut très bien faire en sorte
que, s'il y a des fonds au niveau fédéral, ils transitent, mais
par le biais d'un canal unique, une façon de faire qui soit
généralisée et que tout le monde connaisse.
M. Rivest: Est-ce que vous admettez, lorsque vous dites cela, que
les volets sont illimités? Même, tantôt, il y a un
député qui me racontait que - c'est toujours l'exercice du
même pouvoir - le gouvernement fédéral est rendu qu'il
subventionne des réparations et des réfections d'églises.
Il est maintenant rendu dans les fabriques. Il donne des subventions directes
aux fabriques.
Une voix: II est même rendu dans les cimetières.
M. Rivest: ...à Tingwick ou je ne sais trop où dans
le comté de Richmond. Finalement, les volets que vous allez mettre sur
la table, vous pouvez en mettre cinq, dix qui vous paraissent prioritaires ou
plus importants. J'en conviens. Entendez-vous avec les municipalités.
Essayez de négocier une entente avec le gouvernement canadien, mais on
ne réglera pas le problème. Il va constamment demeurer. Vous
allez pouvoir allonger la liste ad infinitum parce qu'on peut y aller tous
azimuts. Le gouvernement fédéral y allant tous azimuts dans
l'exercice de son pouvoir de dépenser, je pense qu'il va finir... Il y a
beaucoup d'illustrations. En tout cas, c'est contraire à ma conception
et à la conception que le parti a d'un système
fédéral qui doit fonctionner. Et, si on ne réussit pas
à limiter cette question du pouvoir de dépenser où il y
aura une obligation constitutionnelle... Il n'y a pas d'obligation
constitutionnelle pour le gouvernement fédéral. C'est cela qu'on
recherche, une obligation constitutionnelle de limiter son pouvoir de
dépenser par la voie d'une entente, par la voie d'un respect des ordres
de priorités ou par l'octroi d'un droit de veto lorsqu'il excerce son
pouvoir de dépenser dans des champs de juridiction impartis aux
provinces. C'est cela qu'on propose, nous, comme formation politique, dans le
cadre du système fédéral auquel on croit et on
adhère.
C'est une question qui vous est apparue secondaire comme parti, compte
tenu de votre option de fond. Comme gouvernement du Québec fonctionnant
à l'intérieur du régime fédéral, c'est cela
que je vous reproche. Vous avez eu beau dire que vous respectiez l'ordre
constitutionnel actuel, vous l'avez sans doute respecté, mais cette
espèce d'attitude d'attente fait que qui n'avance pas recule. C'est
là, le principe. Comme vous n'avez pas avancé dans le sens d'une
évolution du fédéralisme conforme à
l'évolution des sociétés, des besoins nouveaux des
sociétés, effectivement l'autonomie du Québec, les droits
du Québec n'ont pas cessé de reculer. Il y a toutes les raisons
politiques, libérales, péquistes, etc., et je fais la part des
choses. Il y a les députés libéraux et les
députés péquistes qui se promènent pour être
le premier à aller planter son drapeau. Je trouve cela extrêmement
sympathique. Je suis très solidaire des députés. Cela
m'apparaît assez secondaire par rapport à la question de fond que
je soulève. Je sais que le ministre est conscient que c'est un peu cela,
la réalité. Comme Opposition, on peut certainement vous faire ce
reproche qui, à mon avis, est extrêmement sérieux. Cela
donne lieu à des projets de loi aussi saugrenus que celui-ci.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, loin de là.
Absolument loin de là. Il dit: Le fédéralisme,
l'évolution naturelle des choses. Je pense qu'on pourrait s'en reparler.
Il n'en reste plus beaucoup, dans le monde, des modèles
fédéralistes à l'heure actuelle. Il n'en reste plus, en
fait. Il y a à peu près seulement ici que cette formule demeure;
en tout cas, il y a quelques rares exceptions. Au-delà de cela, quelles
que soient les perspectives que l'on ait, dans la réalité
d'aujourd'hui, il y a, vis-à-vis des municipalités,
vis-à-vis de l'administration municipale, une nécessité de
limiter le pouvoir de dépenser. À mon sens, ce projet de loi en
est un par lequel on peut définir ce que sont les administrations
locales, municipales, par lequel on peut contenir le pouvoir de
dépenser. Quand vous dites: II peut aller au-delà des 20 volets,
mettez-en 100 et il va aller en trouver un 101e. En réalité, les
volets qui seront admis seront ceux qui seront réglés par
entente. Les autres ne seront pas admis. Donc, vous avez là le
dispositif pour limiter le pouvoir de dépenser, compte tenu des
priorités.
M. Rivest: Je suis d'accord avec vous. Je trouve que c'est un
dispositif inadéquat, incomplet. Une entente, c'est
éphémère. À un moment donné, cela se termine
et le bal recommence. Je ne pense pas qu'on fait des choses positives, surtout
quand il y a une dimension politique que personne n'ignore.
M. Léonard: Je pense qu'il faut que vous admettiez que,
s'il n'y a pas d'ententes, à ce moment-là il n'y aura pas de
financement.
M. Rivest: II va, justement, y en avoir et c'est là que
sera le problème.
M. Léonard: On verra. C'est là qu'on verra qui aura
avantage à financer en dehors de l'entente.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, j'ai un petit problème, est-ce que vous aviez commencé une
intervention?
M. Rivest: Je m'excuse auprès de mon collègue.
M. Maciocia: Je voulais terminer.
M. Tremblay: Cela serait sur la discussion que nous avons
présentement et qui est fort intéressante. Je trouve que le
député de Jean-Talon a élevé le débat.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. le député de Chambly.
M. Tremblay: II serait intéressant de regarder un peu de
ce côté.
Une voix: Ils ne veulent plus rien comprendre.
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. le
député de Viger. Est-ce qu'il y a consentement? Après,
nous reviendrons à vous.
M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Je vous remercie, M. le député de
Viger. Je trouve que l'analyse qui a été faite du problème
par le député de Jean-Talon est exacte dans le sens que le
véritable problème soulevé par cela, c'est le pouvoir de
dépenser du gouvernement fédéral. Vous pouvez accuser le
gouvernement actuel de tous les péchés du monde - ah, juste un
-il demeure un fait, c'est que la constitution canadienne, présentement,
permet au gouvernement fédéral de dépenser et modifier la
constitution canadienne, c'est un processus fort long.
M. Rivest: Dans lequel vous n'êtes pas bien forts, vous
autres.
M. Tremblay: Dans lequel le Québec s'est fait
rouler...
M. Rivest: On verra bien.
M. Tremblay: ...c'est évident. On s'est fait rouler
à un point tel qu'on a utilisé le droit de veto moral qu'on
avait...
M. Rivest: Moral!
M. Tremblay: Oui, c'est cela, la Cour suprême nous l'a dit.
Que voulez-vous, c'est cela qu'elle a dit, c'est un droit de veto moral.
Pardon?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Chambly a la parole.
M. Tremblay: On connaît l'histoire. C'est une situation de
fait qui existe et qu'on est obligé de reconnaître. C'est dans la
constitution et, pour modifier la constitu-ttion, c'est long. Surtout si cela
venait du Québec, c'est bien sûr que cela compliquerait encore
plus la situation. Ce n'est pas nouveau. Tous les gouvernements du
Québec qui ont tenté d'apporter des modifications à la
constitution ont toujours eu plus de difficulté à faire avancer
les dossiers que n'importe quel autre gouvernement au Canada. La situation
étant ce qu'elle est, je vous dis que nous sommes pris maintenant avec
un problème concret où le gouvernement fédéral
dépense - et vous l'admettez volontiers - dans un domaine qui est de la
juridiction du Québec. Il y a une action à prendre
immédiatement; sinon, c'est un champ qu'ils vont envahir. Lorsqu'on
réussira à négocier une nouvelle constitution, ils auront
déjà envahi ce champ de juridiction du Québec et il va
falloir les faire reculer sur cela avant de les faire reculer sur le droit de
dépenser. Qu'est-ce que vous préconisez présentement pour
arrêter immédiatement le gouvernement fédéral de le
faire?
M. Rivest: Négocier.
M. Tremblay: Nous sommes d'accord sur cela, on ne demande que
cela, négocier. Mais pour négocier...
M. Rivest: II faut avoir le pouvoir de négociation et une
volonté de négociation, toutes choses que vous n'avez pas.
M. Tremblay: II faut aussi avoir un bâton. C'est comme un
syndicat dont les membres ont dit dans un vote de grève: Non, on ne fera
pas la grève. Le syndicat n'a plus rien à négocier. La loi
38, c'est exactement
cela, c'est un vote de grève. Nous disons: Nous allons utiliser
un pouvoir que nous avons pour faire en sorte que vous signiez.
Une voix: Qui va être puni?
M. Tremblay: Cela va être les citoyens du Canada qui seront
touchés et qui ne retireront pas les sommes. Les municipalités,
ce sont des citoyens. Ce seront les citoyens du Québec qui sont aussi
des citoyens canadiens et qui ont le droit de recevoir des sommes qui leur
appartiennent et qui ont été payées par leurs taxes autant
qu'ailleurs. C'est eux qui seront pénalisés dans cela. Lorsque
des syndiqués décident d'aller en grève, vous pouvez me
dire: Mais qui va être gagnant dans cela? Il n'y a personne de gagnant
dans une grève. La meilleure solution, c'est qu'il y ait une entente
négociée, excepté qu'à l'occasion les syndicats et
les syndiqués sont obligés de brandir le bâton et de dire:
Nous allons faire la grève si vous ne négociez pas. C'est ce que
fait la loi 38.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Si on peut vider seulement...
M. Leduc (Saint-Laurent): Tu permets que je pose une question au
député de Jean-Talon?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, encore une fois.
M. Doyon: Vous êtes en grève. M. Rochefort:
L'article 1.
M. Leduc (Saint-Laurent): La question soulevée par mon
collègue de Jean-Talon...
Le Président (M. Desbiens): Sur l'article 1.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...est sûrement très
intéressante et très importante. On a mentionné que ce
n'était peut-être pas la bonne façon de s'y prendre. On
peut peut-être blâmer le gouvernement pour la façon dont il
s'y prend. Cela m'intéresserait beaucoup de savoir - parce que c'est un
homme très compétent, un député remarquable - ce
qu'il suggérerait, ce qu'il propose pour régler ce
problème.
M. Rochefort: Oui, c'est cela.
M. Léonard: C'est la question que le député
de Chambly a posée.
M. Rochefort: Mais là, comme c'est un de ses
collègues qui la lui a posée, il va peut-être
répondre.
M. Léonard: S'il a une réponse.
M. Rivest: Je ne voudrais pas commettre un impair en
répondant à mon collègue en faisant acte de
partialité. M. le Président, vous savez que je suis...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, il y a une autre sorte de problème avec vous, c'est que vos
20 minutes sont écoulées.
M. Rivest: Ah! Je ne peux pas répondre.
M. Tremblay: M. le Président, ce serait vraiment
bête de ne pas avoir ce débat, qui est le seul de valeur qu'on
aura eu depuis que la commission est commencée.
M. Houde: Des deux côtés.
M. Tremblay: Ah! Des deux côtés.
M. Houde: Je n'y étais pas, tout à l'heure.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est-à-dire qu'ils n'ont rien
dit de l'autre côté.
M. Tremblay: Effectivement, on n'a pas pu, on a discuté de
motions dilatoires.
M. Rochefort: Présentées par vous.
M. Rivest: Le même problème s'est posé quand
le ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration, M.
Gérald Godin, a cité le texte de Pierre Elliott Trudeau sur les
subventions aux universités qui étaient plus limitées.
À ce moment, il faut qu'il y ait un accord ou une admission de la part
du gouvernement canadien que le pouvoir de dépenser pose un
problème; deuxièmement, un engagement à voir, sur le plan
constitutionnel, à limiter ce pouvoir de dépenser et,
troisièmement, la négociation d'une entente ad hoc pour
régler, dans un certain nombre de domaines - à mon avis, pas
seulement dans le domaine municipal -l'exercice du pouvoir de dépenser
en attendant que cela arrive.
Mais il y faut deux conditions, deux prérequis à cela.
Dans le climat politique actuel, plus ou moins préélectoral
à un ou deux ans, à Québec comme à Ottawa, je ne
crois pas du tout, pour vous parler très franchement, sachant
que la politique existe, que, de part et d'autre, vous puissiez avoir la
crédibilité nécessaire, la confiance réciproque
pour négocier quelque chose de raisonnable, sauf s'il y a pression de
l'opinion publique. Je ne crois pas à cela;
actuellement, je ne crois pas qu'il y ait des conditions réunies
entre le gouvernement canadien et le gouvernement du Parti
québécois pour arriver à quelque chose. Peut-être
qu'on trouvera une entente ad hoc quand tout le monde aura crié, mais on
aura perdu un temps incroyable et on aura ce genre de projet de loi.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre a
demandé la parole.
M. Léonard: Je pensais que...
Le Président (M. Desbiens): Auparavant, M. le
député de Jean-Talon, vous aviez le loisir de répondre
puisque c'est pris sur le temps de M. le député de Saint-Laurent;
c'est lui qui a posé la question.
M. le ministre.
M. Léonard: II a posé une question au
député de Jean-Talon et celui-ci a fourni une réponse qui
a été essayée longtemps: la négociation, le partage
des pouvoirs. Depuis combien de temps les provinces demandent-elles au
gouvernement fédéral de rester chez lui, de respecter leurs
juridictions et de négocier s'il voulait absolument imposer des
priorités aux provinces?
Au-delà de cela, ce dont il faudrait parler vraiment, si on est
sérieux - je pense que c'est l'objet de la question - c'est du partage
des impôts et des revenus publics. C'est cela, le problème. Au
lieu de négocier des petites ententes ad hoc, une après l'autre,
on pourrait aussi bien négocier sur un point d'impôt et on
réglerait la question. On ne serait plus enfargé dans des
"giddy-giddy" administratifs. Cela est fondamental. C'est cela, la
solution.
M. Rivest: Dans les années soixante avec M. Lesage, dans
les infrastructures routières, la Transcanadienne s'est faite, mais il y
avait des gouvernements - je regrette - qui travaillaient et qui étaient
sur la même longueur d'onde.
M. Léonard: C'est une approche très partisane que
vous prenez là, M. le député. Cela clôt les
débats
M. Rivest: Sur les travaux d'hiver de 1972, il y a eu une
entente.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre!
M. Léonard: On va revenir à l'article 1, dans ce
cas.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, vous avez la parole.
M. Rivest: Excusez-moi, M. le député.
Le Président (M. Desbiens): II vous reste dix minutes.
M. Maciocia: Parfait. M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Sur l'article 1, oui, c'est
cela.
M. Maciocia: M. le Président, je voudrais quand même
comprendre. On a parlé, tantôt, des loisirs. Je crois que le
ministre nous a dit que, s'il s'agissait de loisirs qui appartenaient à
la municipalité, cela rentrait automatiquement dans la loi.
M. Léonard: À moins qu'il n'y ait entente. (21 h
30)
M. Maciocia: À moins qu'il n'y ait entente. Si c'est un
organisme indépendant, je parle d'un organisme à but non
lucratif, d'une association de hockey mineur, de soccer, de l'âge d'or
mais complètement indépendant - je vais poser la même
question à nouveau parce que je n'ai eu la moitié de la
réponse - qui occupe un local de la municipalité?
M. Léonard: Mais ils sont rendus municipaux.
M. Maciocia: Comment sont-ils rendus municipaux?
M. Léonard: Parce qu'ils sont dans des
propriétés municipales.
M. Maciocia: Vous voulez dire...
M. Léonard: Donc, il y a au moins un mode de financement
municipal. Ce que j'en sais, c'est que très souvent la
municipalité achète le terrain, fournit même le local et le
tout est loué pour 1 $ par année, des choses comme
celle-là. On est carrément dans le champ d'administration
municipal.
M. Maciocia: En conséquence, même ces organismes
indépendants tombent sous la loi 38?
M. Léonard: Ce n'est pas impossible, en tout cas, qu'ils
tombent sous la loi 38.
Une voix: Ce n'est pas sûr.
M. Maciocia: Mais vous n'êtes pas sûr?
Une voix: Qui décide?
M. Léonard: On le précisera.
M. Maciocia: La question est: Quand allez-vous le
préciser?
M. Léonard: Je pense qu'il faut qu'on
arrive à signer des ententes sur toute forme de subvention du
fédéral qui touche les municipalités. C'est cela.
M. Maciocia: Mais, M. le Président...
Une voix: Qui touchent les municipalités?
M. Léonard: Qui sont municipales.
M. Maciocia: M. le Président, je conviens avec le ministre
qu'il faut signer des ententes. C'est clair.
M. Léonard: C'est cela.
M. Maciocia: Le gouvernement fédéral, je crois
qu'il est prêt à le faire. Mais cela prend une volonté de
part et d'autre, d'aller signer ces ententes. Il ne suffit pas seulement
d'avoir une loi et de dire: Je veux avoir ceci et cela et je ne veux pas donner
cela.
On a eu l'exemple que tout le monde connaît; il y a eu, de la part
du gouvernement fédéral, des subventions à la province de
Québec dans le domaine de l'environnement. Qu'est-il arrivé? Le
gouvernement du Québec n'a pas employé ces sommes dans
l'environnement, mais dans d'autres domaines. À ce moment, le
gouvernement du Québec qui arrive et dit: Écoutez...
M. Fallu: L'année dernière? M. Maciocia:
Oui, oui. Une voix: L'année dernière?
M. Maciocia: C'est cela, l'année dernière. Il y a
eu des montants d'argent expressément versés pour
l'environnement. C'était dans le cadre de l'environnement, mais à
un certain moment le gouvernement les a employés dans d'autres champs
qu'il croyait plus appropriés pour ses besoins.
M. Fallu: Oui, mais cela a été
négocié.
M. Léonard: II n'y a pas eu de détournement de
fonds.
M. Maciocia: On peut discuter de cela demain, après
demain, quand vous voulez, M. le ministre.
M. Léonard: II n'y a pas eu de plaintes là-dessus
de la part des députés fédéraux.
M. Maciocia: Quand on voit, M. le Président, que tout le
monde va tomber sous cette loi, que ce soient des organismes
bénévoles ou à but non lucratif, il faut se poser la
question: Où le gouvernement veut-il aller? Jusqu'où veut-il
aller?
Motion d'amendement
Par conséquent, M. le Président, je ferai un amendement
à l'article 1: Que le premier alinéa de l'article 1 soit
modifié en remplaçant, dans la quatrième ligne, les mots
"bénéficier d'une participation" par les mots "recevoir une
subvention".
Le Président (M. Desbiens): Vous avez une copie de votre
amendement? L'amendement du député de Viger est le suivant: Que
le premier alinéa de l'article 1 soit modifié en
remplaçant, dans la quatrième ligne, les mots
"bénéficier d'une participation" par les mots "recevoir une
subvention".
Est-ce qu'il y en a qui entendent intervenir sur la recevabilité
de l'amendement?
M. Léonard: Je voudrais poser une question au
député à ce moment.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Une chambre de commerce fait des trottoirs
pour une municipalité. La municipalité ne reçoit pas une
subvention du gouvernement fédéral, mais bénéficie
d'une participation du gouvernement fédéral. Comment couvrez-vous
cela? Vous êtes d'accord que c'est une responsabilité... Ah,
excusez.
Le Président (M. Desbiens): Sur la
recevabilité.
M. Maciocia: Je crois, M. le Président, qu'elle est
très recevable.
Le Président (M. Desbiens): Je pense qu'elle est
recevable. Alors, l'amendement est reçu. Est-ce que vous voulez nous en
parler?
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: M. le Président, je voudrais seulement
intervenir quelques minutes. C'est précisément dans le sens de
délimiter la portée du projet de loi. On a entendu tantôt
les réponses du ministre lorsqu'on lui a posé des questions
concernant les organismes bénévoles. Comme on l'a dit
tantôt, que ce soient des clubs de l'âge d'or, des associations
d'art culinaire, des associations de soccer ou quoi que ce soit, du moment
qu'ils occupent un terrain pour jouer au hockey ou au soccer ou qu'ils occupent
un local de la municipalité, ils tombent sous le projet de loi 38. On ne
peut absolument pas être d'accord avec cette
situation, avec cet article.
Cependant, avec l'amendement qu'on a proposé, M. le
Président, ces organismes reçoivent expressément une
subvention. Cela veut dire que les municipalités qui recevront une
subvention de la part du gouvernement pour telle et telle raisons tomberont
sous le projet de loi 38. On peut très bien accepter cela. On l'a dit au
début, on est d'accord avec le principe que les municipalités
soient sous la juridiction de la province, que ce soit au Québec ou dans
une autre province, mais on ne peut pas se donner un outil qui va
pénaliser des gens qui n'ont rien à voir avec la querelle qui
existe actuellement entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
du Canada parce qu'ils ne sont pas capables de s'entendre. Je blâme l'un
comme je blâme l'autre, les deux ensemble. Ils ne sont pas capables de
s'asseoir à une table, comme nous sommes assis ce soir ici, et de se
parler comme des adultes, d'arriver à des conclusions, d'arriver
à des ententes et de se dire: Écoutez, c'est cela qu'on va faire.
Mettons un peu d'eau dans notre vin d'un côté comme de l'autre et
arrivons à des conclusions. Pour arriver à des conclusions, il
doit y avoir la volonté politique de le faire. Actuellement, à
cause de chicanes entre personnages politiques ou à cause de chicanes
d'options politiques ou pour d'autres raisons, il n'y a pas cette
possibilité de s'entendre entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement fédéral.
Pour ma part, je ne pourrai jamais accepter que des gens qui ont tant
donné pour le Québec et pour le Canada - à ce moment-ci,
je parle des gens comme ceux de l'âge d'or qui se trouvent des fois dans
des situations de nécessité; je le sais pertinemment, ils
viennent à mon bureau pour avoir une subvention pour se rendre à
la cabane à sucre, pour acheter des cartes afin des jouer dans un local
de leur municipalité ou pour faire d'autres choses - soient
pénalisés à cause d'une querelle qui ne peut se
régler entre le gouvernement du Québec et le gouvernement du
Canada. C'est la raison pour laquelle je fais mon amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Je voudrais revenir un peu sur cela. Je
comprends ce que veut dire le député. Ce qui est dit, c'est que
la municipalité doit bénéficier de... Donc, elle en tire
un avantage quelconque. Si le club de l'âge d'or est en train de
construire une salle qui est aussi propriété municipale sur des
terrains appartenant à la municipalité, la municipalité,
finalement, en bénéficie. Si le club de l'âge d'or,
même s'il est dans des locaux municipaux, reçoit une subvention
pour ses activités, cela ne bénéficie pas à la
municipalité, cela bénéficie au club de l'âge
d'or.
M. Maciocia: M. le ministre, vous devez quand même
comprendre que ces gens ne peuvent pas s'amuser pendant la journée ou le
soir dans ce que je pourrais appeler une porcherie. À un certain moment,
il faut faire des arrangements dans ces locaux: il faut acheter une table pour
ce local, il faut arranger une porte, ouvrir une fenêtre pour faire
sortir la fumée. Il ne faut quand même pas que ces gens soient
pénalisés. C'est aussi clair que cela.
Une voix: Pour ouvrir la fenêtre, ils pourraient demander
une subvention au fédéral.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: II y a une question que je me pose. Vos conseillers
juridiques l'ont probablement examinée sur le plan juridique au moment
de la rédaction du projet de loi. Vous donnez l'exemple d'une chambre de
commerce qui se met à faire des trottoirs.
Une voix: Une fois.
M. Rivest: C'est arrivé une fois, oui, je sais, en fait
deux fois, peu importe. En tout cas, ce sont des trottoirs. Ce qui
m'inquiète, c'est de savoir si ces organismes qui ne sont pas municipaux
ou gouvernementaux, ont une personnalité juridique.
M. Léonard: Au moins selon la troisième partie de
la Loi sur les compagnies.
M. Rivest: S'ils ont une personnalité juridique, qui est
le grand patron de la troisième partie de la Loi sur les compagnies? Par
exemple, je prends le domaine de la santé, des foyers pour personnes
âgées, tout le problème des foyers clandestins. Pour le
moment, c'est commercial, mais si, par exemple, quelqu'un ouvrait un
hôpital demain matin - on en est rendu à ce plan-là, quand
on dit que la chambre de commerce va faire un trottoir -le gouvernement du
Québec, en vertu de sa juridiction dans le domaine de la santé,
par ses lois sur les services de santé, a les moyens d'intervenir pour
empêcher cela.
Les Institutions financières approuvent la charte des organismes
corporatifs qui, recevant des subventions, engagent des gens pour construire
ceci ou cela. S'il y a malfaçon, s'il y a des problèmes, il y
aura des poursuites. Il faut donc qu'il y ait une personnalité
juridique. Or, vous êtes maître
comme gouvernement du Québec des chartes constitutives de ces
organismes. Quand vous accordez une charte à une chambre de commerce,
par sa charte elle a le droit de faire un certain nombre de choses. J'imagine
qu'aucune chambre de commerce, dans la charte dont elle dispose en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies, n'a le droit de faire des
entreprises commerciales, parce que c'est à but lucratif, on en
convient, ou même des entreprises non commerciales qui ne sont pas
spécifiquement énumérées dans la charte
approuvée par les Institutions financières. Si elle fait ces
choses-là, y a-t-il des recours d'injonction pour empêcher une
activité complètement dérogatoire à la charte que
l'organisme a eue?
M. Léonard: M. le Président, je pense que dans
l'exemple qui nous est donné, par cette loi, on voudrait qu'on
contrôle les activités des chambres de commerce.
M. Rivest: Vous avez l'air d'être contre.
M. Léonard: Quand la charte est émise, elle
contient un certain nombre de pouvoirs très généraux.
Après qu'elle est émise, le gouvernement n'a plus de
contrôle là-dessus.
M. Rivest: Voyons donc:
M. Léonard: Du moins, très peu de contrôle en
termes pratiques. Je pense que ce serait très difficile d'application,
sinon impossible.
Je ne sais pas si je peux intervenir maintenant sur l'amendement du
député de Viger. Vous risqueriez de limiter la portée de
la loi si on acceptait votre amendement parce qu'il suffirait que le
gouvernement fédéral, au lieu de dire que c'est une subvention,
emploie un autre terme et c'est fini, la loi ne s'applique plus. Il pourrait
appeler cela une compensation; ce ne serait plus une subvention. Je pense qu'on
limite ainsi la portée de la loi. On met un mot très
précis dans la loi. Ce que nous utilisons c'est
"bénéficier, d'une participation". Il faut que la
municipalité bénéficie, il faut qu'elle en retire
elle-même des avantages pour les fins pour lesquelles elle existe. La
participation peut se faire sous différentes formes; cela peut
être sous forme de subvention, cela peut être, comme on l'a dit, la
chambre de commerce qui fait son trottoir. La participation est sous forme de
trottoir.
M. Rivest: Ce sont des situations complètement absurdes
parce qu'il y a des règles. Je vais vous dire bien franchement que je
suis contre le fait qu'une chambre de commerce fasse un trottoir ou construise
un édifice public parce que je crois qu'elle n'est pas responsable de la
sécurité, des normes. Je m'oppose à cela. Je trouve que
c'est complètement absurde si on est rendu à ces situations.
M. Léonard: M. le député de Jean-Talon, je
suis tout à fait d'accord avec vous. On est rendu avec deux sortes de
municipalités. Comment se fait-il qu'il y ait des fonds qui transitent
par une chambre de commerce en provenance du gouvernement
fédéral?
M. Rivest: Si la France donnait des subventions comme
celles-là, est-ce que vous vous opposeriez avec autant de vigueur?
M. Léonard: II doit y avoir une autorité. (21 h
45)
M. Rivest: Excusez-moi, M. le ministre. Le maire de Québec
à une ligne ouverte -j'écoutais cela la semaine dernière
s'opposant, évidemment, au projet de loi 38, donnait un exemple. Avec la
loi 38, on est obligé, comme municipalité, de refuser une
subvention qui vient du gouvernement canadien. Par contre, on pourrait accepter
une subvention à des fins municipales qui viendrait d'un gouvernement
étranger ou d'un organisme quelconque.
M. Léonard: Non, M. le Président, un instant!
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Dans l'article 20 de la loi des Affaires
intergouvernementales...
M. Saintonge: Une chance qu'on était là:
M. Léonard: Mais vous, vous n'étiez pas là
à ce moment-là.
M. Rivest: Moi, j'ai travaillé là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, c'est vous qui avez la parole. À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Léonard: M. le Président, je veux juste relire
l'article 20.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard: "Sauf dans la mesures prévue
expressément par la loi, aucune commission scolaire, commission
régionale, corporation municipale, communauté urbaine ou
communauté régionale ne peut, sous peine de nullité,
négocier ou conclure des ententes
avec le gouvernement du Canada, celui d'une autre province, un
gouvernement étranger ou un ministère ou un organisme de l'un de
ces gouvernements." C'est déjà couvert. Il n'a pas le droit de
faire cela. Même la France n'en aurait pas le droit.
M. Rivest: Cela couvre une municipalité, mais votre
chambre de commerce n'est pas couverte par l'article 20.
M. Léonard: On est au niveau de l'entreprise privée
et non au niveau des institutions publiques.
M. Rivest: Quand vous pénalisez la municipalité
parce que le gouvernement fédéral a transigé avec une
entreprise privée, c'est exactement la même chose.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Je voudrais que le ministre m'écoute
seulement 30 secondes.
M. Léonard: D'accord, excusez. Oui.
M. Maciocia: Vous avez dit tantôt que l'article 20 de la
loi de 1974 des Affaires intergouvernementales couvre les gouvernements ou les
organismes étrangers, et vous êtes d'accord avec cela. Vous avez
dit tantôt que les règlements de la loi des Affaires
intergouvernementales couvrent cet aspect et, de cette façon, vous
êtes protégés. La même loi couvre aussi l'aspect
canadien. Comment se fait-il que vous considérez que cette loi est
parfaite pour les gouvernements étrangers et qu'elle est inacceptable
pour l'aspect canadien?
M. Léonard: Non, c'est pareil dans les deux cas.
M. Maciocia: Bien non! M. Léonard: Bien oui!
M. Maciocia: Si c'est couvert et que vous l'acceptez, vous n'avez
aucune nécessité actuellement de le placer à
l'intérieur de l'article 1 du projet de loi 38. Vous ne voyez aucune
nécessité de mettre ici l'aspect étranger. Pourquoi
mettez-vous seulement l'aspect canadien? Quelle est la raison?
Une voix: La guerre des drapeaux, politique.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, avez-vous terminé?
M. Maciocia: J'aimerais avoir des réponses à mes
questions.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Non.
M. Maciocia: Je ne voudrais pas que ce soit de la
partisanerie.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard: À l'heure actuelle, c'est le
fédéral qui agit dans le domaine et pas du tout des gouvernements
étrangers. Il n'y a pas de gouvernement étranger qui finance une
municipalité à l'heure actuelle.
M. Maciocia: Admettons...
M. Léonard: Si cela devenait un système, je
comprends que je m'y opposerais avec la même force. Il n'y a pas de
raison. Il faut toujours respecter le principe de l'autorité
législative par rapport aux institutions politiques locales, absolument.
C'est le Québec qui est responsable des municipalités. Je pense
que je suis tout à fait d'accord avec vous là-dessus. À
l'heure actuelle, c'est le fédéral qui finance de toutes sortes
de façons. Écoutez, financer des trottoirs par un tiers...
M. Maciocia: Mais, encore là, M. le ministre, vous ne
pouvez pas prendre un cas ou deux - je ne sais pas combien de cas sont
arrivés comme ceux-là - et arriver avec un projet de loi qui
pénalise tout le monde. Pour une subvention à une chambre de
commerce, comme vous le dites, que je ne connais pas...
M. Léonard: Non, je pense qu'il y a beaucoup
d'interventions. Il suffit de lire les journaux à l'heure actuelle,
c'est rempli.
M. Maciocia: Je l'ai.
M. Léonard: Je prends ce cas-là. C'est très
clair: il y a intervention par un tiers dans le champ municipal. Je pense que
jusqu'ici il n'y a pas d'autres provinces qui sont venues intervenir
vis-à-vis des municipalités ici au Québec. Peut-être
que cela s'est fait. Règle générale, cela passe toujours
par le ministère des Affaires intergouvernementales. Les
municipalités tiennent à respecter la légalité.
S'il y avait un gouvernement étranger qui voulait intervenir
vis-à-vis des municipalités - il me semble que ce n'est pas comme
cela que les choses se font - ce serait vraiment exceptionnel et, encore
là, les gens respecteraient la légalité. Je suis tout
à fait d'accord que, si cela devenait un système de ne pas
respecter la loi et de traiter directement avec les municipalités et
qu'après avertissement il n'y avait pas
correction de la situation, il faudrait mettre des
pénalités. Je suis d'accord.
M. Maciocia: Justement, est-ce que ce ne serait pas vraiment une
chose à faire que se mettre d'accord avec les municipalités et
faire des balises sur lesquelles les municipalités s'entendraient avec
le gouvernement du Québec? Alors, je crois que, même si le
gouvernement fédéral arrivait avec des subventions aux chambres
de commerce pour faire des morceaux de trottoir, des arénas ou quoi que
ce soit, les municipalités, en étant dans le coup,
n'accepteraient jamais que ce soient ces organismes ou d'autres qui fassent des
trottoirs, construisent des arénas et tout cela. C'est pour cela que je
dois, malheureusement, revenir en arrière pour vous dire qu'il fallait
que vous ayez une entente avec les différentes municipalités par
l'entremise des unions, ce que vous n'avez jamais voulu faire.
M. Léonard: Non. Les ententes se feront avec le
gouvernement là-dessus. Les ententes constituent le canal par lequel on
peut faire transiter les fonds. On ne peut pas avoir d'autres systèmes.
Je dirais que le débat, depuis un an, a beaucoup progressé sur ce
plan. Il y a un an, les municipalités ne voyaient que les fonds qu'il y
avait là et, après coup, elles se rendent compte que cela ne peut
pas fonctionner. Un système politique avec des institutions à
différents niveaux ne peut pas fonctionner lorsque, tout à coup,
dans le champ, toutes sortes d'organismes tiers comme ceux-là
interviennent. Je pense que le débat avance et qu'il a progressé.
Je considère que les discussions que j'ai eues cet automne avec les
élus municipaux, comparativement à celles que j'avais le
printemps dernier, déjà étaient différentes.
Une voix: Elles sont prises dans un dilemme.
M. Léonard: Non, je pense que la loi 38 a fait prendre
conscience d'un bon nombre de choses, aussi, là-dessus.
M. Maciocia: Vous savez pourquoi?
M. Rivest: Juste une précision d'ordre historique.
M. Rochefort: Est-ce que le député de Jean-Talon a
encore le droit de parole?
Une voix: Oui.
M. Rivest: Juste une remarque. L'article 20 que vous
invoquez...
Une voix: II a un droit de parole illimité.
M. Rivest: ...quand il a été fait en 1974, n'avait
pas du tout comme intention au départ - malgré que j'admette
l'interprétation que le ministre peut en tirer aujourd'hui - de limiter,
de quelque façon que ce soit - on ne se faisait aucune illusion avec cet
article et avec cette loi l'exercice du pouvoir de dépenser du
gouvernement canadien, malgré qu'il soit nommément inscrit dans
la loi. D'ailleurs, il faut savoir que l'article 20 est situé dans le
chapitre III de la loi et que ce chapitre était purement pour des
raisons de cohérence interne au gouvernement du Québec parce que
le ministre des Affaires intergouvernementales, en vertu de l'ancienne loi du
ministère, n'avait pas tous les pouvoirs vu que les municipalités
et les communautés urbaines, etc., relevaient, finalement, des ministres
sectoriels. Ce qui se produisait, c'était que les corporations
municipales et les universités signaient des ententes avec des
gouvernements des autres provinces, avec des gouvernements étrangers et,
souvent, le ministère des Affaires intergouvernementales n'était
même pas associé à cette démarche. La raison du
chapitre III, c'est qu'on a voulu qu'il y ait, à l'intérieur du
gouvernement du Québec, un lieu qui était le ministère des
Affaires intergouvernementales parce que l'article 16 dit que le ministre des
Affaires intergouvernementales doit signer et doit être associé,
etc. Vous allez voir toute l'économie du chapitre.
C'est tellement vrai que, même avec l'existence de l'article 20,
l'exercice du pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral,
qui est le noeud de la question, n'est en aucune manière limité,
malgré l'interdiction qui est faite. Ce que vous invoquez, au fond,
c'est que vous allez plus loin que l'article 20. Je ne pense pas qu'il y avait,
dans la loi des Affaires intergouvernementales, des sanctions de nullité
avec l'article 20. Je pense que ce projet de loi est l'illustration du fait que
la nullité n'était pas assez forte et là, vous arrivez
avec des punitions. Mais, vous ne réglez pas le problème. Le
problème est au niveau du pouvoir de dépenser.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Rivest: L'article 20 est un problème de
cohérence interne du gouvernement.
M. Léonard: Est-ce que je peux répondre, s'il vous
plaît? Ce n'est pas tout à fait sûr quand même.
Malgré ce que vous en dites, sans vous prêter de mauvaises
intentions, il reste que, si cela avait été le cas, l'article 20
aurait pu être rédigé de façon très
différente. On aurait pu permettre aux municipalités de continuer
à signer des ententes, mais avec la permission du ministère des
Affaires intergouvernementales.
Je pense que c'est comme cela que vous l'auriez rédigé,
sûrement, connaissant votre esprit politique.
M. Rivest: On ne voulait pas cela pour une raison très
simple, c'est que les municipalités partaient à l'étranger
en mission. Elles avaient des problèmes administratifs. Elles partaient
allègrement sans prévenir personne, ni le ministère. Elles
revenaient, concluaient des ententes, demandaient des rendez-vous et arrivaient
au ministère, puis disaient: Voici, on a une entente, mettez cela dans
le plan.
M. Léonard: Je voudrais quand même reprendre cela,
M. le Président, parce que, si le gens des Affaires
intergouvernementales et le gouvernement à l'époque ont
voté cela de cette façon, c'est, à mon sens, qu'on a
manqué de culture historique dans le dossier. Je vous ramènerai
à des discours de M. Duplessis de 1944, 1945, sur ce sujet.
C'était déjà une préoccupation très grande
à l'époque non seulement de M. Duplessis, mais de M. Godbout
aussi. Où on disait: Le fédéral veut subventionner les
écoles, il veut pénétrer dans les écoles, dans les
municipalités, etc. Déjà, c'était très
présent dans les préoccupations de tout le monde. Cela
l'était aussi et surtout à partir du moment où on a
créé le ministère des Affaires intergouvernementales. On
ne l'a, d'ailleurs, pas créé pour rien. C'était pour
assurer une cohérence interne. Je comprends parce que c'était en
train de fuir de tous côtés et qu'il y avait des relations
directes qu'on voulait empêcher sous peine de nullité absolue.
M. Rivest: Vous allez plus loin que la nullité.
M. Léonard: II y a la cohérence interne, mais il y
a aussi des principes de bonne administration publique là-dessus qui
s'appliquent.
M. Rivest: En tout cas.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, mon confrère de
Viger doit quitter. Celui qui devait le remplacer...
M. Maciocia: M. Marx pourrait me remplacer.
M. Saintonge: Mon confrère de D'Arcy McGee pourrait le
remplacer, si vous acceptez.
M. Rivest: D'Arcy McGee?
Le Président (M. Desbiens): Consen- tement?
M. Saintonge: D'Arcy McGee à la place de Viger.
Des voix: Consentement. M. Maciocia: Merci.
M. Léonard: II vous restait quelques minutes?
M. Saintonge: C'est cela, il ne prendra pas plus que son
temps.
M. Léonard: Vous allez au "party", alors.
Le Président (M. Desbiens): C'est toujours la même
question de temps.
M. Léonard: Vous n'allez pas au "party".
Le Président (M. Desbiens): Consentement?
Une voix: D'accord, consentement.
Le Président (M. Desbiens): Cela va? Cela va?
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! II y a consentement pour que le député de D'Arcy
McGee remplace le député de Viger. M. le député de
Laprairie, vous avez demandé la parole.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci. Il est venu pour avoir la chance de se faire
photographier par le photographe officiel de Noël tantôt. Une belle
chance.
M. le Président, l'amendement de mon confrère de Viger
pour remplacer par "recevoir une subvention" les mots "bénéficier
d'une participation", je pense que c'est un peu pour circonscrire le
débat. Cela précisera d'une certaine façon ce qu'on a pu
constater dans la discussion, à savoir que les termes employés
dans l'article 1, "bénéficier d'une participation", sont
tellement larges, tellement vagues, tellement imprécis que cela confirme
ce qu'on craignait. Tantôt, je jetais un coup d'oeil sur le
mémoire de l'UMQ, où on notait, justement, l'imprécision
des termes. Ils sont tellement imprécis que cela amène, en fin de
compte, à ce niveau presque une discrétion absolue du
ministre.
Qu'est-ce qu'il nous disait? Ah, bien, ce sera précisé par
des bulletins d'interprétation. On est rendu au point que, même
dans le texte de loi, on ne peut pas
savoir ce qu'on va viser. Ultérieurement, le ministre
décidera par un bulletin d'interprétation nullement
sanctionné par un appel possible à une autre autorité.
C'est simplement le ministre qui décidera. Le gouvernement
défère son pouvoir au ministre des Affaires municipales. C'est le
ministre qui va venir nous donner des bulletins d'interprétation pour
savoir si, oui ou non, c'est couvert.
Ce dont les municipalités se plaignaient lors du
dépôt du projet de loi, c'est, justement, de l'imprécision
absolue qu'on y retrouve. Cette imprécision amène une
discrétion. C'est tellement discrétionnaire que cela devient
discriminatoire et abusif envers les municipalités. Le ministre aura
toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête
des villes.
Avant la suspension de 18 heures, on parlait d'une définition de
"municipalité". À quoi est-ce que cela s'étend? C'est du
domaine municipal. On ne définit pas ce qu'est une municipalité.
On veut étendre la notion de domaine municipal à peu près
à n'importe quoi. D'après ce que je peux comprendre des
interprétations qu'on donnait tantôt, c'est possible que, dans tel
cas, ce soit couvert, c'est possible que ce soit la municipalité. Le
loisir est rendu du domaine municipal. Un club de l'âge d'or peut
bénéficier indirectement à une municipalité, s'il
est dans un local d'une ville et reçoit une subvention. (22 heures)
Même, dans certains cas, on voit que les députés
fédéraux les aident par certains programmes. C'est la seule
façon par laquelle des clubs de l'âge d'or - c'est comme cela dans
mon comté et c'est comme cela dans les . comtés de mes
confrères -peuvent se faire aider pour avoir un certain matériel
pour s'occuper: que ce soit des machines à tisser ou simplement des jeux
de poches ou des tables à cartes. Mais, aujourd'hui, la
municipalité serait pénalisée si un club de l'âge
d'or, qu'il soit dans un local municipal ou dans un centre communautaire
municipal, recevait une telle compensation, bénéficiait d'une
participation du gouvernement du Canada. On pénaliserait la
municipalité; c'est presque cela que je vois dans la loi, d'après
les réponses du ministre tantôt.
Selon moi, il serait absolument essentiel de mieux circonscrire le
débat. Au lieu de parler de "bénéficier d'une
participation", le ministre, au minimum, parle d'une municipalité -
j'espère qu'on arrivera à une définition de
"municipalité" dans le projet de loi - qui recevra une subvention. On
aura une catégorie claire d'opérations. Si le ministre se rend
compte, d'autre part, que le gouvernement fédéral vient offrir
aux municipalités des subventions ou qu'un organisme sollicite des
programmes de subventions offerts par le gouvernement fédéral "at
large" à différents organismes, et qu'aux yeux du ministre c'est
carrément une façon de contourner la loi, je pense qu'il reste
quand même l'article 20 qui n'est pas aboli. L'article 20 est là;
c'est sous peine de nullité. Le ministre pourra prendre des recours,
à ce moment-là, les faire appliquer par les tribunaux par voie
d'injonction et faire arrêter une telle transaction entre le gouvernement
fédéral et un organisme particulier. Il fera valoir son point de
vue au tribunal et c'est le tribunal qui devra trancher d'une façon
absolue. Cela m'apparaît beaucoup plus précis; cela élimine
le côté discriminatoire où on arrive au
déraisonnable et à l'abusif parce que, demain matin, on ne saura
pas plus, dans les municipalités du Québec, après
l'adoption du projet de loi 38 tel qu'on le voit actuellement, dans quel cas on
peut faire ceci ou on peut faire cela.
Le domaine municipal est tellement large, selon l'interprétation
du ministre, qu'à toutes fins utiles toute action du gouvernement
fédéral, à quelque niveau que ce soit, sera touchée
par cela. Si une compagnie, par exemple, vient s'installer dans un parc
industriel, qu'elle bénéficie de subventions
fédérales et qu'il s'adonne qu'au niveau des services
donnés à cette compagnie, au niveau des services implantés
par voie de subventions à la compagnie en question, la
municipalité bénéficie d'avantages, on vient tout de suite
intervenir et la municipalité sera pénalisée d'autant. On
bloque le développement industriel, on bloque le développement
économique de la municipalité simplement pour une chicane de
drapeaux, parce qu'il y a des programmes qui existent déjà.
Le ministre a confirmé par une réponse qu'il a
donnée tantôt le but de ce projet de loi. On touche à
l'article 20 de la loi des Affaires intergouvernementales, mais on ne touche
que les subventions fédérales-provinciales. On ne s'occupe pas
des autres choses qui sont couvertes par l'article 20. On pénalise
uniquement les relations fédérales-provinciales. C'est une loi
absolument aberrante, à mon point de vue. J'ai déjà dit
que cela pénalisera des municipalités qui ne sont pas parties
parfois aux transactions, qui ne pourront pas être parties directement
à des transactions et qui ne veulent même pas y participer. C'est
ce que le président de l'UMRCQ disait au ministre. On parle des
municipalités qui, sous quelque forme que ce soit,
bénéficient d'une participation. Le ministre peut dire: Vous en
avez bénéficié et vous êtes automatiquement
privés d'un certain montant de taxes ou de compensations qu'on devait
vous donner. Cela m'apparaît tout simplement déraisonnable,
absolument abusif.
Au moins, par l'amendement proposé, on fixera que le
bénéfice de la participation
sera une subvention. Tout au long du débat de deuxième
lecture à l'Assemblée nationale, on a toujours entendu dire qu'on
en voulait expressément aux députés fédéraux
qui se promenaient dans le paysage et qui donnaient des subventions. Avec
l'amendement qu'on vous propose, on parlera, à ce moment-là,
d'une municipalité qui aura reçu une subvention. Si vous voulez
adopter le projet de loi, on circonscrira le débat à ce
niveau-là dans la loi 38. Ce sera un cas où il pourra
s'appliquer. Je ne vous dis pas que je suis d'accord avec cela parce que la
municipalité se trouve carrément, à mon point de vue,
prise en otage indirectement à cause d'un manque de collaboration ou
d'un manque d'entente entre deux paliers de gouvernement. La
municipalité est en dehors du débat, ne participe pas aux
débats au niveau de l'entente; si l'entente bloque d'une quelconque
façon, les municipalités n'ont rien à dire. Elles n'ont
qu'à subir les contrecoups de cela du point de vue
économique.
Dans certaines circonstances, il pourrait être absolument
essentiel que les municipalités puissent, dans le cadre conjoncturel
actuel, bénéficier d'une certaine aide. S'il y a des programmes
au niveau du pouvoir de dépenser du fédéral auxquels on
veut s'attaquer, qu'on s'y attaque, mais qu'on limite, dans le cadre
présent, ce que les municipalités peuvent vraiment toucher,
où elles peuvent intervenir, où elles pourront être
directement impliquées.
C'est dans ce sens-là, à mon point de vue, que
l'amendement proposé par le député de Viger pourrait
donner un certain éclairage aux municipalités quant à
l'interprétation des termes employés à l'article 1. Dans
ce sens, M. le Président, je suis favorable à un tel
amendement.
Le Président (M. Desbiens): La parole est au
député de Chambly.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: Oui, M. le Président. Je pense que
l'amendement proposé enlève toute substance à la loi,
parce que le but visé... Je vous demande d'être aussi attentif que
vous l'êtes habituellement, M. le Président, parce que
j'espère...
M. Saintonge: II va boire vos paroles.
M. Tremblay: ...vous convaincre de rejeter, en vertu de l'article
65, l'amendement qui est sur la table.
M. Saintonge: On ne peut pas remettre en question votre
décision de recevoir l'amendement. Vous l'avez déclaré
recevable.
M. Tremblay: Pas du tout. Pas du tout.
M. Saintonge: Mais oui!
M. Tremblay: M. le Président, je vais vous lire l'article
65.
M. Saintonge: II met en doute votre autorité, M. le
Président.
Une voix: C'est terrible!
M. Tremblay: "Le président doit mettre en
délibération toute motion, mais dès qu'une motion lui
paraît irrégulière en elle-même ou par les buts
qu'elle veut atteindre, il doit le signaler à l'Assemblée et il
peut, après avoir motivé sa décision, refuser qu'on en
délibère ou qu'on la mette aux voix." Je ne fais que vous
signifier que mon intervention vise à vous convaincre de prendre une
telle décision.
M. Rivest: C'est nouveau, cela.
M. Tremblay: M. le Président, ai-je le droit de...
Le Président (M. Desbiens): Vous avez la parole, M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: ...faire mes interventions comme je veux les
faire?
Le Président (M. Desbiens): Pourvu que ce soit à
l'intérieur du règlement, cela va.
M. Tremblay: Voilà! Et j'en suis persuadé.
M. Rivest: Vous voulez faire un "filibuster".
M. Marx: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: II n'y a pas de rétractation des jugements. C'est
une chose jugée. Vous avez déjà jugé.
M. Rivest: C'est comme dans la loi. Il n'y a pas d'appel.
M. Marx: II n'y a pas d'appel.
M. Tremblay: Je m'excuse, mais l'article 65 du règlement
le permet.
Cela étant dit, il faut se rappeler, M. le Président, la
raison pour laquelle...
M. Marx: C'est au président de statuer sur ce point. Le
règlement le permet-il?
M. Rivest: Vous avez raison, M. le député de D'Arcy
McGee.
Une voix: Une chance que tu es là.
M. Rivest: Vous n'auriez pas pu dire tout cela au caucus?
Le Président (M. Desbiens): Oui, allez- y.
M. Tremblay: Le projet de loi 38, M. le Président, vise
à faire en sorte que les municipalités, d'une façon
directe et indirecte, ne puissent recevoir des subventions du gouvernement
fédéral sans qu'il y ait eu une entente préalable avec le
gouvernement du Québec. Si on acceptait l'amendement, cela ferait en
sorte qu'il pourrait y avoir des subventions indirectes qui viendraient du
gouvernement fédéral. On sait, par expérience, puisque
déjà on fait face à ce problème, que le
gouvernement fédéral, systématiquement, offre des
subventions - on le sait, c'est prouvé - à des organismes
à but non lucratif pour des fins municipales. Donc, ces subventions
sont, de fait, des subventions indirectes.
Le député de Viger a dit tout à l'heure que cela
prendrait une volonté politique pour arriver à une entente. Je
suis bien d'accord avec cela. Je suis même persuadé que c'est la
seule manière de régler le problème. Sauf que, si on
regarde la situation, comment le gouvernement fédéral peut-il
avoir cette volonté politique quand présentement il agit en toute
impunité et en toute liberté pendant que c'est le gouvernement du
Québec qui est en train de perdre une juridiction? Il faut donc que le
gouvernement du Québec pose un geste concret qui force le gouvernement
fédéral à avoir cette volonté politique de
négocier avec le gouvernement du Québec. Le projet de loi 38 fait
exactement cela, en tout cas, nous l'espérons. Il n'est sûrement
pas parfait, mais il risque de forcer le gouvernement fédéral, au
moins, à regarder ses implications, parce que cela a effectivement un
effet important sur les municipalités et sur les citoyens du
Québec. Avec le projet de loi 38, elles devront négocier une
entente avec le gouvernement du Québec, comme cela existait
auparavant.
Je veux ajouter, M. le Président, que ce n'est pas nous qui avons
cessé d'avoir une entente avec le gouvernement fédéral;
c'est le gouvernement fédéral qui s'est retiré de nos
ententes.
M. Rivest: Je m'en doutais bien.
M. Tremblay: C'est cela, la réalité; on ne peut pas
se la cacher. C'est cela, il y avait des ententes auparavant...
Une voix: PAEC.
M. Tremblay: ...comme PAEC et le gouvernement
fédéral est sorti de cela. M. Rivest: On s'en doutait.
M. Tremblay: Le gouvernement du Québec, depuis ce
temps-là...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Tremblay: ...demande au gouvernement fédéral
d'arriver à des ententes. C'est le gouvernement fédéral
qui nous dit "niet" et, pendant ce temps, il gruge la juridiction du
Québec en dépensant allègrement, d'une façon
directe et indirecte, dans les municipalités.
En ce qui concerne le bulletin d'interprétation, M. le
Président, il est fort possible que, si on inscrivait non pas des
critères, mais des barèmes, si on délimitait très
bien quelles sont les subventions qui peuvent être reçues ou non,
cela limiterait à ces choses les sanctions que pourrait prendre le
gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral,
imaginatif comme il est, trouverait d'autres moyens de passer à
côté et on serait obligés d'adopter un nouveau projet de
loi. La manière logique d'agir, c'est de faire en sorte que ce soit
ouvert et qu'à l'occasion le gouvernement du Québec indique aux
municipalités du Québec que la façon que le gouvernement
fédéral prend pour contourner la loi et utiliser son pouvoir
illimité de dépenser n'est pas conforme à la constitution
du Canada et qu'il doit négocier des ententes concernant cela aussi.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je devrai poser d'autres questions au
député, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): En fait, le
député se trouve à avoir soulevé une question de
règlement. C'est ce qu'il a tenté d'expliquer concernant
cela.
M. Marx: Non, pas sur la question de règlement, sur une
autre question concernant son intervention, si vous voulez.
Le Président (M. Desbiens): Allez-y. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: J'ai deux questions à poser. Premièrement,
j'ai compris qu'il y a un grand problème dans le
fédéralisme canadien concernant son pouvoir de dépenser.
Le député de Jean-Talon est un de nos grands experts sur cette
question. Je comprends qu'il a déjà fait une longue intervention.
Ma question est la suivante: Supposons qu'on
règle ce problème du pouvoir de dépenser du
gouvernement fédéral, est-ce que votre parti ou votre
gouvernement serait prêt à signer cette constitution canadienne
qui réglerait ce problème?
Le Président (M. Desbiens): Je pense qu'on s'écarte
de la question de règlement. Je pense que je vais en venir à la
demande du député de Chambly. Sur la question de
règlement, M. le député de Jean-Talon?
M. Rivest: M. le Président, l'amendement du
député de Viger limite la portée du projet de loi, ce qui
a été le sens de l'intervention du député de
Chambly. C'est tout à fait régulier. Alors, l'article 65 ne
s'applique pas. Si le ministre et ses collègues ministériels ne
sont pas d'accord pour limiter la portée du projet de loi, ils voteront
contre la proposition. Vous avez déclaré cette proposition
recevable. Je pense que vous avez eu raison. Elle est "débattable" et on
va la débattre.
Le Président (M. Desbiens): Elle a été
jugée recevable. C'est ma décision. Elle reste recevable,
puisqu'il y a eu consentement. Cette motion a été acceptée
par consentement et la décision a déjà été
rendue là-dessus.
M. Rivest: J'ai une remarque. Le député de
Laprairie a souligné, je pense, les inconvénients de cela. En
tout cas, je ne sais pas, peut-être...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, on revient à la proposition d'amendement du
député de Viger.
M. Rivest: C'est là-dessus que j'interviens.
Le Président (M. Desbiens): Oui, vous avez encore du
temps.
M. Rivest: Une seconde. Je pense qu'un des aspects
soulevés est la fameuse discrétion ministérielle; je
comprends qu'on pourra la regarder à l'article 2. Pourquoi ne
mettez-vous pas la Commission municipale là-dedans?
M. Léonard: Est-ce qu'on passe à l'article 2?
M. Rivest: Non je ne sais pas. Je vous pose la question
immédiatement. (22 h 15)
M. Léonard: Non. C'est le gouvernement. La décision
est prise au niveau gouvernemental.
M. Rivest: Étant donné que c'est très large,
c'est pour cela qu'on limite l'affaire. Étant donné que vous avez
un pouvoir discrétionaire, absolument tous azimuts, on ne veut pas que
ce soit de l'avis du gouvernement. C'est le gouvernement qui fait la loi, qui
va édicter le manuel d'interprétation, qui va constater
unilatéralement l'infraction et qui va punir selon ses propres
critères. C'est toujours le gouvernement ou le ministre. Franchement, on
a des organismes. Il ne s'agit pas de multiplier les organismes pour rien.
J'aimerais que le ministre puisse constater le fait, s'il le veut, mais que la
municipalité puisse en appeler de ce premier constat, de cette
constatation prima facie que le ministre ferait à un organisme comme la
Commission municipale ou je ne sais trop lequel. Là, au moins, cela
baliserait un peu. Je ne sais si cette suggestion a déjà
été faite.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, on est à l'article 1 et non à l'article 2.
M. Rivest: Cela pourrait être la Cour supérieure ou
peu importent les tribunaux. Je demande cela comme évocation parce que
cela nous permettrait de mieux nous prononcer sur l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): Si M. le ministre veut
répondre.
M. Marx: J'ai posé une question au député de
Chambly et j'ai été interrompu.
Le Président (M. Desbiens): Une question au ministre?
M. Marx: Je suis sûr que le ministre va me permettre de
poser cette question.
Le Président (M. Desbiens): D'accord? Alors, allez-y, M.
le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: J'ai seulement deux petites questions pour le
député de Chambly. Premièrement, si on règle le
problème du pouvoir de dépenser du gouvernement
fédéral dans la nouvelle constitution, est-ce que le Parti
québécois ou le gouvernement péquiste sera prêt
à signer cette nouvelle constitution?
M. Tremblay: En tout cas, il me paraît évident que
le gouvernement du Québec était prêt à signer une
nouvelle constitution pour autant qu'elle respecte les demandes traditionnelles
du Québec qui incluent également un droit de veto. On serait
même prêt à accepter un droit de compensation
financière pour les choses dont on se retire et d'autres
modalités. C'est bien sûr qu'il n'y a aucun gouvernement du
Québec, qu'il soit
libéral ou qu'il soit du Parti québécois, qui
signera une constitution canadienne qui n'inclura pas un droit de retrait pour
le Québec.
M. Marx: Pourquoi voulez-vous renouveler le Canada étant
donné que vous voulez vous en retirer? Je pense qu'il y a une
contradiction là.
M. Tremblay: Effectivement, vous pouvez penser cela,
excepté qu'il y a une situation que l'on reconnaît. On dit qu'on
est le gouvernement du Québec et tant et aussi longtemps que les
citoyens du Québec n'auront pas décidé de sortir de la
Confédération, ce qui, à mon avis, serait la meilleure
solution, on va agir en bon gouvernement du Québec et négocier
selon les demandes traditionnelles du Québec.
M. Marx: II n'y a pas de contradiction: on peut renouveler la
constitution tout en voulant se retirer du système
fédéral?
M. Tremblay: II y aurait la même contradiction si
c'était le gouvernement fédéral qui était là
si vous vous exprimiez comme très fédéraliste et que vous
continuiez à faire les demandes traditionnelles du Québec. Est-ce
que ce serait contradictoire?
M. Marx: Non.
M. Tremblay: Voilà:
M. Marx: Ce ne serait pas contradictoire parce qu'on veut rester
dedans. Tout ce qu'on veut faire, c'est l'améliorer. Vous ne voulez pas
rester dedans mais vous voulez l'améliorer. Cela n'a pas de bon
sens.
M. Tremblay: Attendez. Il faut faire la nuance. Je pense que vous
êtes capable de la faire. Le gouvernement du Québec,
présentement, n'est pas un gouvernement indépendantiste.
M. Marx: Le ministre n'est pas d'accord.
M. Tremblay: C'est un gouvernement provincial et nous n'avons pas
été élus pour faire l'indépendance du
Québec.
M. Marx: Non.
M. Tremblay: On ne la fait pas.
M. Marx: II fait partie de l'aile dissidente.
M. Tremblay: Non, pas du tout. Le programme de notre parti vise
à arriver à cela.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Marx: On a compris la réponse à ma
première question. Ma deuxième question est: Le Québec a
aussi un pouvoir de dépenser qui est illimité,
c'est-à-dire la couronne, au chef du Québec, peut faire des
cadeaux, des dons à qui que ce soit. Est-ce que vous seriez prêt
à limiter ce pouvoir de dépenser du gouvernement du
Québec? Par exemple, le gouvernement du Québec a le pouvoir de
prélever des impôts pour des fins provinciales à
l'intérieur du Québec, mais le gouvernement du Québec fait
des dons, des cadeaux à des organismes à l'extérieur du
Québec. Le gouvernement du Québec dépense de l'argent pour
les "affaires étrangères" qui ne relèvent pas de la
compétence du gouvernement du Québec. Êtes-vous prêts
à donner l'exemple au gouvernement fédéral et à ne
pas utiliser le pouvoir de dépenser du Québec?
M. Tremblay: Je n'ai jamais entendu le gouvernement
fédéral se plaindre, par exemple, que l'Ontario ait des maisons
du Québec à l'étranger.
M. Marx: Ce n'est pas cela. Les maisons du Québec, c'est
une autre question.
Une voix: Non, l'Ontario n'a pas de maison du Québec
à l'étranger.
M. Tremblay: Des maisons de l'Ontario, je m'excuse.
M. Marx: Mais nous avons un ministre des Affaires
intergouvernementales qui va à l'étranger pour faire valoir la
politique étrangère du Québec, au même chef que le
gouvernement du Canada. Je vais vous donner un autre exemple. Le Québec
donne des subventions aux organismes à l'extérieur du
Québec dans d'autres provinces ou à l'extérieur - je ne
sais pas si c'est francophone ou ukrainien ou quoi - mais c'est un pouvoir de
dépenser qui est utilisé à l'extérieur du
Québec qui n'est pas directement dans la juridiction du
Québec.
M. Tremblay: Si le gouvernement fédéral est contre
cela, qu'il le dise.
M. Marx: II n'est pas nécessaire que le
fédéral soit contre cela. Cela veut dire: Est-ce que vous
êtes prêts à respecter les mêmes règles que
vous voulez imposer au fédéral?
M. Tremblay: Cela est évident.
M. Marx: Cela est évident. Vous pouvez commencer en
donnant l'exemple.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais fournir
une réponse très précise au député de
Jean-Talon qui m'a posé une question tout à l'heure. Je savais
que je pouvais demander un certain nombre de rapports à la commission.
Alors, j'ai trouvé la référence exacte. Je voudrais vous
répondre là-dessus. À l'article 95 de la Loi sur la
commission municipale, il est dit ceci: "La commission est tenue de fournir au
ministre tous les rapports que celui-ci peut requérir." À
l'article 91: "La commission, chacun de ses membres ou
délégués peuvent: 1° Pénétrer dans tout
endroit, bâtiment ou ouvrage appartenant à une municipalité
ou sous son contrôle et en faire l'inspection; 2° inspecter tous
travaux, construction, matériel roulant ou autres biens de telle
municipalité; 3 dans les cas non spécialement prévus par
la présente loi, requérir la présence de toutes personnes
qu'il est jugé utile d'assigner et d'interroger, et prendre les
témoignages de ces personnes et exiger la production de tous livres,
règlements et autres documents;". Vous pourrez faire
référence à la loi. Vous voyez qu'au fond, le ministre
peut demander à la commission municipale tout rapport sur des sujets,
elle est tenue de requérir et elle a des pouvoirs d'inspection, vous
trouverez cela à la section 11 des dispositions générales
concernant la Commission municipale du Québec.
M. Rivest: Vous entendez utiliser...
M. Léonard: Et pas les tribunaux de droit commun, la
commission municipale.
M. Rivest: Pas les tribunaux de droit commun?
M. Léonard: II y a des recours que les
municipalités ont, de toute façon, vis-à-vis des tribunaux
de droit commun. C'est le gouvernement qui prend la décision. C'est le
texte de la loi à l'article 2, quand on y arrivera. C'est le
gouvernement. Maintenant, il a un jugement éclairé, - c'est cela
que ça veut dire - dès qu'il y a recours, comme cela.
M. Saintonge: Vous n'avez pas d'ouverture à recours, une
espèce d'appel...
M. Rivest: De révision.
M. Saintonge: De révision. La décision que vous
allez prendre est complètement arbitraire.
M. Rivest: Je parlais plutôt en termes de révision
de la décision. Vous allez constater - je comprends la loi -
l'infraction au sens de la loi 38. Après cela, les sanctions
s'appliquent, etc. Je trouve que l'intervention de la commission municipale -je
ne sais pas si mon collègue de Laprairie -ou des tribunaux de droit
commun, je ne sais trop, qu'il y ait un endroit quelconque, une
municipalité, parce que le ministre peut exercer son pouvoir
discrétionnaire comme cela arrive pour tous les pouvoirs
discrétionnaires d'une façon injuste. D'abord, le droit
d'être entendu, ne serait-ce que celui-là, parce qu'il va
être pénalisé. La règle audi alteram partem. De
toute façon, je pense que si le ministre exerçait son pouvoir de
discrétion, sans même entendre la municipalité, il pourrait
y avoir ouverture à des recours judiciaires. Franchement, vous allez
embarquer les municipalités là-dedans. Pourquoi ne pas
prévoir dans la loi un mécanisme d'assouplissement de l'exercice
-si le ministre y tient - de son pouvoir discrétionnaire, des pouvoirs
d'adoucissement par l'intermédiaire de la commission municipale ou des
pouvoirs d'appel? Je ne sais pas, mon collègue de Laprairie qui a
regardé de plus près la question pourrait peut-être
poursuivre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je veux juste poser une question. On y reviendra
tantôt. Ce que je peux comprendre, d'après ce que l'adjoint
parlementaire du ministre vient de mentionner, dans les amendements
ultérieurs que vous allez apporter, on pourra toucher à ce qui
avait été soulevé, entre autres.
M. Léonard: C'est moi qui ai dit cela, M. le
Président; j'ai dit qu'on y reviendra à l'article 2 parce que
là...
M. Saintonge: M. le député de Groulx a dit la
même chose. Vous repreniez je n'avais pas compris le ministre.
M. Fallu: Je reprenais parce que cela n'avait pas
été saisi.
M. Saintonge: Ma question, M. le ministre...
M. Léonard: J'ai dit simplement que nous allons
l'étudier à l'article 2. Le mécanisme est là.
M. Saintonge: Je comprends de votre intervention...
Le Président (M. Desbiens): Un instant, s'il vous
plaît. M. le ministre.
M. Léonard: Par rapport à ce que disait le
député de Jean-Talon, si vous permettez. Est-ce que vous
permettez, M. le député de
Laprairie?
M. Saintonge: Oui. Excusez-moi.
M. Léonard: Je pense qu'on veut... M. le
député de Jean-Talon, les recours devant les tribunaux de droit
commun existent pour la municipalité. Si le gouvernement outrepasse sa
juridiction, la municipalité a toujours ses droits d'appel
là-dessus. S'il y a des choses incorrectes, les tribunaux sont là
pour en juger.
M. Marx: C'est un recours extraordinaire...
M. Rivest: C'est tout un débat. La loi est confuse. Les
municipalités sont... Je ne veux pas dire cela dans un sens
péjoratif. Elle n'est pas confuse mais elle est difficile à
interpréter. Il va toujours y avoir un certain doute chez les
municipalités. Elles vont apprendre à un moment donné que
le ministre a décidé par décret et il n'y aura pas de
mécanisme de révision.
Le Président (M. Desbiens): Ce qui arrive c'est qu'on
discute de l'article 2. On est sorti de l'article 1. On va y revenir.
M. Rivest: Tout cela pour faire des municipalités des
partenaires du ministre pour affronter le fédéral.
Le Président (M. Desbiens): Dernière question, M.
le député de Laprairie.
M. Saintonge: M. le ministre, quand même, une question se
pose à la suite de la réponse que vous avez donnée
à mon confrère de Jean-Talon: Même si la
municipalité a un recours de droit commun, à partir du moment
où la loi est tellement large que le tribunal n'a rien à
interpréter, c'est tout à la discrétion du ministre. La
seule chose qui reste au tribunal à ce moment, c'est de vérifier
à nouveau si oui ou non les règles de justice naturelle ont
été appliquées dans cela. Il n'y a pas de recours.
À toutes fins utiles, cela ne veut rien dire quand vous mentionnez cela.
Donc, vous gardez une discrétion absolue. La seule façon à
mon point de vue c'est que le tribunal pourra constater sur un appel, sur un
pouvoir en cour au niveau de la constitutionnalité de la loi. Si la loi
est tellement abusive qu'elle devient illégale en soi, c'est la seule
chose qui va rester.
M. Léonard: Est-ce que je peux répondre?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, il ne reste que... Il
faut bien voir qu'une municipalité peut bénéficier d'une
participation du gouvernement. Je pense que les articles 1 et 2
interprètent aussi là-dessus. Si la municipalité
bénéficie d'une participation en dehors d'une entente, c'est
là qu'elle tombe sous le coup de la loi. Donc, il y a quand même
des choses à juger sur ce plan.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, j'aimerais savoir... J'ai un exemple
dans mon comté. C'est un club de l'âge d'or qui a loué un
local depuis deux ans. C'est la municipalité qui paie le loyer du club
de l'âge d'or. Lorsque les réparations vont être faites
à l'intérieur de l'hôtel de ville, le même club de
l'âge d'or va avoir une subvention du gouvernement fédéral
pour faire les réparations...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Excusez, M. le
député de Berthier. M. le député de Gouin, sur une
question de règlement.
M. Rochefort: Je fais des efforts inouis mais j'essaie de relier
l'intervention du député de Berthier à la motion
d'amendement...
M. Houde: Ah non! Ah non!
M. Rochefort: ...du député de Viger qui nous
demande de changer "bénéficier d'une participation" par "recevoir
une subvention". Franchement, la pertinence...
M. Houde: Ce n'est pas cela... Non, non. Cela regarde...
M. Rochefort: Mais on parle de l'amendement.
M. Houde: Cela regarde la loi 38 quand même.
Le Président (M. Desbiens): M. le
député...
Une voix: ...sur la question de règlement.
M. Rochefort: On parle de l'amendement.
Le Président (M. Desbiens): Non, non. Je suis assez
éclairé. M. le député de Berthier a le droit de
parole et c'est à la suite de ce qu'il va dire...
M. Rochefort: La pertinence.
Le Président (M. Desbiens): Oui. C'est à la suite
ce qu'il va dire qu'on va pouvoir en juger.
M. Houde: Merci, M. le Président. Depuis deux heures qu'on
parle de ces choses. Je vais prendre deux minutes pour expliquer mon cas au
ministre. Qu'est-ce que le ministre va dire à la suite de cela?
Une voix: C'est un cas de comté.
M. Houde: Mais non, un cas de comté... Je peux bien vous
parler d'un cas en général d'abord si vous voulez.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Berthier. À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Houde: Tel cas, parmi d'autres. Tantôt vous parliez d'un
trottoir. C'était dans une municipalité donnée. Ce n'est
pas dans toute la province de Québec. Je ne le pense pas toujours. Je ne
sais pas où est le trottoir en question. En tout cas.
Pour continuer, M. le Président, merci. Les réparations
qui vont se faire à l'intérieur de l'édifice municipal,
c'est une subvention que le club de l'âge d'or reçoit du
gouvernement fédéral. Comment expliquer, M. le ministre, si la
municipalité sera pénalisée à la suite de cela?
Comment expliquer cela? C'est un cas et on peut prendre des moyens
détournés quand on en veut, si réellement une
municipalité ou un comté va avoir des montants d'argent pour une
municipalité donnée. En tout temps, ils vont avoir des montants
d'argent. S'ils ne le donnent pas directement, ils vont le donner
indirectement. . Alors le projet de loi que vous mettez sur la table
aujourd'hui, quand va-t-il tout ramasser? C'est impossible. Comment
répondre à ma question dans ce cas?
M. Léonard: Nous pensons que la meilleure réponse
est qu'on est au niveau des ententes, qu'on a signé une entente. On est
en train de réaménager un hôtel de ville. On est vraiment
dans un hôtel de ville, donc dans une propriété municipale.
Cela m'étonnerait même que la salle de l'âge d'or, à
l'intérieur de l'hôtel de ville, bénéficie seulement
au club de l'âge d'or. Cela bénéficie à la
municipalité. (22 h 30)
M. Houde: M. le Président, l'hôtel de ville est
tellement grand qu'ils peuvent donner deux pièces au club de l'âge
d'or qui va pouvoir... Au lieu de payer à l'organisme en question, ils
vont le leur donner gratuitement. À ce moment-là, ils auront fait
des réparations.
M. Léonard: Je pense qu'à la minute que vous faites
des travaux de réfection, de rénovation dans un édifice
public comme un hôtel de ville, c'est vraiment une
propriété municipale.
M. Houde: Oui, c'est clair.
M. Léonard: Donc, je pense que cela tombe sous le coup de
la loi à l'heure actuelle, à première vue.
M. Houde: Bon, bien...
M. Léonard: Je dis bien à première vue. Je
voudrais bien voir ce qui en est exactement. Vous êtes dans un
hôtel de ville.
Une voix: On vote.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent a demandé la parole.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous me le permettez, M. le
Président, avant de toucher à la question des ententes et
à la question de la volonté de négocier, je voudrais
relever l'assertion de mon collègue de Chambly, car il faudrait
peut-être savoir où le bon sens arrête. Il nous disait
tantôt: On n'a pas été élus pour faire
l'indépendance. Il faut se référer à la
déclaration du ministre de l'Éducation quand il a dit, il n'y a
pas longtemps: On n'a jamais reproché à Bourassa de pratiquer le
fédéralisme, ne nous reprochez pas de pratiquer
l'indépendance. On n'a pas l'impression de tricher. C'est textuel. Vous
regarderez dans le journal La Presse. Il faudrait peut-être qu'il y ait
une concordance entre...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est textuel. Il faudrait
peut-être qu'il y ait une...
M. Rochefort: Questions de règlement, M. le
Président.
M. Ciaccia: Quel numéro du règlement?
Le Président (M. Desbiens): Mais là, M. le
député de Saint-Laurent...
M. Rochefort: La pertinence du débat.
M. Leduc (Saint-Laurent): J'y arrive, monsieur. Votre
collègue, tantôt, a lui-même soulevé la question. Je
voulais simplement relever son assertion qui, à mon sens,
était...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Leduc (Saint-Laurent): ...méritait au moins
qu'on...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent, s'il vous plaît! Je vous demande de vous reporter à
l'amendement de l'article 1. Ce qui a été soulevé comme
débat tantôt est parti à la suite d'une question du
député de D'Arcy McGee au député de Chambly. Si
vous voulez revenir à l'amendement, s'il vous plaît!
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien sûr, je voulais simplement
mettre les choses au point pour dire qu'il fallait qu'il y ait tout de
même concordance entre les paroles et les actes. Je pense que
c'était peut-être les prémisses.
En ce qui concerne la volonté de négocier, on parle, dans
cet article, d'entente. Il y a quelque chose. Je pense que le ministre
tantôt a laissé tomber le morceau. Il a reconnu
expressément que l'article 20 de la loi constitutive du ministère
des Affaires intergouvernementales était suffisant pour brimer ou
empêcher les initiatives d'autres provinces ou d'autres pays, mais qu'il
n'était peut-être pas suffisant pour brimer les initiatives
d'Ottawa. Je pense que c'est une affirmation déterminante.
En fait, ce qu'on dit également... Mon collègue de
Jean-Talon l'a également souligné, c'est qu'il fallait
insérer une pénalité. C'était, que je sache, avec
le Canada et les autres provinces que vous deviez négocier l'entente de
souveraineté-association. Imaginez-vous donc, que cela prend absolument,
à ce moment-là, des pénalités, comme des
épées de Damoclès. Je pense que, si l'on veut
négocier avec un partenaire, il faut suspendre ces épées
de Damoclès, ces pénalités qui, à mon sens, sont
absolument inutiles. Si on veut s'entendre, il faut d'abord qu'il y ait des
prémisses à cette entente.
À mon sens, quand on parle de pénalités, c'est
peut-être ce qu'il y a de pire dans cette loi. La loi est inutile, mais
surtout cette partie. Ce qu'on fait avec Ottawa, on se parle par loi. Il
faudrait peut-être...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent, j'ai beaucoup de difficulté à rattacher votre
argumentation.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je parle d'entente.
Le Président (M. Desbiens): Non, l'amendement...
M. Leduc (Saint-Laurent): Certainement, c'est très
relié.
M. Rivest: II parle de la difficulté de la portée
de la loi, c'est exactement cela.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement...
M Leduc (Saint-Laurent): Je parle d'entente, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Je relis l'amendement, M. le
député. Que le premier alinéa de l'article 1 soit
modifié en remplaçant, dans la quatrième ligne, les mots
"bénéficer d'une participation" par les mots "recevoir une
subvention".
M. Leduc (Saint-Laurent): Certainement, j'y arrive aux
subventions. C'est exactement cela.
Le Président (M. Desbiens): Alors, allez-y. On va essayer
de trouver cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): II faut négocier. Si vous voulez
arriver à vous entendre sur les subventions, il faut négocier.
Comment voulez-vous qu'on négocie? Tantôt, le ministre a
soulevé la question du partage des pouvoirs. Il a dit qu'il y avait des
choses qu'il fallait régler, comme le partage des pouvoirs. On a
parlé également du pouvoir de dépenser, mais on ne peut
même pas parler avec le fédéral, sauf par des lois. Il faut
une loi... On établit, par une loi, qu'on va se parler et on
établit une pénalité. Ce sont des choses qui doivent
être dites. On a également parlé d'ententes avec le
gouvernement fédéral. Je me rappelle parfaitement du temps de
Duplessis, c'était impensable; on ne pouvait pas s'entendre. Combien
a-t-on perdu d'entreprises, de développements, à cause du refus
de Duplessis de s'entendre avec le gouvernement fédéral sur la
Transcanadienne.
Une voix: II est mort, Duplessis!
M. Leduc (Saint-Laurent): Où ces entreprises se sont-elles
installées? En Ontario. Ce sont des réalités, des choses
qu'on a vécues. Pendant ce temps, l'Ontario se développait. S'il
y avait une chicane au Québec, qu'on ne pouvait pas s'entendre sur la
Transcanadienne, alors, il n'y avait pas de Transcanadienne. Mais, quand le
gouvernement de M. Lesage est arrivé au pouvoir, il y a eu des ententes
possibles. Qu'on pense également aux subventions aux
universités...
M. Rivest: M. Lévesque était là-dedans?
M. Leduc (Saint-Laurent): Également, oui, bien sûr.
On pense également aux subventions des universités.
C'était encore une chose impensable. Il n'y avait pas moyen d'accepter
les subventions, il n'y avait pas
moyen de s'entendre. Quand M. Lesage est arrivé au pouvoir, il y
a eu des ententes.
M. Rivest: Non, non, il faut rendre justice à M. Antonio
Barrette, qui a bien amorcé le...
Une voix: Et à M. Sauvé.
M. Rivest: II n'a pas été là longtemps, mais
c'est M. Antonio Barrette qui a réglé cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais c'est vrai. Si vous permettez, je
vous dirais que c'est un discours, un principe, une philosophie constante chez
ce gouvernement. Il y a des choses qui doivent être dites...
Le Président (M. Desbiens): C'est un discours qui
m'apparaît, encore une fois, loin de la proposition d'amendement.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, c'est un
discours, une philosophie constante. C'est toujours la même philosophie.
On ne veut pas en convenir, c'est de l'affrontement constant. Pour bien
indiquer que c'est un discours, une philosophie constante, l'autre jour, je
suis intervenu sur ce projet de loi, la loi 38, et votre collègue de
Maisonneuve m'a fait la remarque suivante: M. le député de
Saint-Laurent, votre discours était très bien; c'était
très pertinent. Mais il y a une chose, je ne comprends pas comment vous
pensez que vous allez pouvoir vous entendre avec le gouvernement
fédéral; elle a dit: C'est impensable. C'est exactement la
philosophie. Comme je vous le disais tantôt, il faudrait que vous vous
entendiez, que vous vous mettiez tous sur la même longueur d'onde. C'est
l'une de vos collègues, sûrement qu'elle vous le
répéterait, qui me disait: C'est impensable, vous n'êtes
pas sérieux, M. le député de Saint-Laurent, jamais vous
n'en viendrez à une entente; c'est impensable. Elle me posait la
question: Qu'est-ce que vous feriez? Je lui ai mentionné: II y a
peut-être quelque chose qui nous sépare; c'est que vous avez une
option séparatiste, alors que nous pensons qu'on pourrait
peut-être s'entendre.
On reconnaît le droit indiscutable du provincial en matière
municipale. D'ailleurs, on a dit constamment que le saupoudrage des subventions
à gauche et à droite... Chez moi - je vous le dis - on a
donné des subventions à des églises, à des
synagogues; à mon sens, c'est impensable; c'est inqualifiable. Mais il
faudra s'entendre. Tant qu'on ne s'entendra pas sur les subventions et que
notre argent -je pense que c'est notre argent - sera distribué d'une
façon qui est inacceptable... Mais, pour arriver à distribuer ces
sommes, il faudra s'entendre, se parler et peut-être le faire autrement
que par des lois. Prenez le téléphone et appelez de temps en
temps; assoyez-vous avec les gens du gouvernement fédéral;
peut-être que vous risquez de vous entendre et cela pourrait être
profitable pour le Québec.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais simplement
dire...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: ...au député de Saint-Laurent
que c'est exactement ce que j'ai fait. J'ai rencontré les
représentants du gouvernement fédéral le 4 octobre. Nos
fonctionnaires se sont aussi rencontrés.
M. Leduc (Saint-Laurent): À ce moment-là, laissez
donc la loi de côté.
M. Léonard: Oh, pardon! Même en discutant et en
négociant, il traîne dans le paysage toutes sortes de choses qui
sont, comme vous l'avez dit, inacceptables et inqualifiables.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ce n'est pas nécessaire pour les
pays étrangers et les autres provinces.
M. Léonard: Non, parce qu'eux ne le font pas.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais c'est nécessaire pour le
Canada. On appartient encore au Canada. Respectez donc cela.
M. Rivest: En ce qui concerne...
M. Leduc (Saint-Laurent): Respectez donc l'assertion de votre
député de Chambly qui disait tantôt: On n'a pas
été élus pour se séparer...
M. Saintonge: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! M. le
député de Pontiac a demandé la parole, mais votre
collègue voudrait... M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: J'ai une question pour le ministre. Le ministre me
dit qu'il négocie et que c'est pour cela qu'il veut garder le projet de
loi dans le paysage. Est-ce que le projet de loi est contre le
fédéral ou contre les municipalités? Il négocie
avec le fédéral; je ne vois pas de quelle façon vous venez
nous imposer cette épée de Damoclès - vous le confirmez
encore une fois - aux municipalités pour vous attaquer à un autre
ordre de gouvernement. Ce n'est pas exact, selon les propos que vous venez de
tenir.
M. Léonard: Cela empêche les députés
fédéraux de distribuer de l'argent aux municipalités. Je
pense que, par rapport aux négociations, cela nous donne un bon levier
de négociation.
M. Saintonge: Quelle est la relation que vous voulez engendrer
à ce moment-là avec vos partenaires municipaux? C'est ce que je
ne comprends pas. Vous vous attaquez à un partenaire qui n'est pas dans
ce cadre de négociation. Si les ententes ne sont pas signées et
que les députés fédéraux veulent venir distribuer
des montants, vous avez un recours possible. C'est sous peine de nullité
par l'article 20; servez-vous de l'injonction. Vous parlez des tribunaux de
droit commun; vous étiez prêt à conseiller aux
municipalités de s'en servir. Pourquoi le ministre ne s'en sert-il pas
lui-même?
M. Léonard: Quand vous parlez de l'article 20 et que les
fédéraux procèdent de façon indirecte, je pense que
vous commencez à avoir quelques trous dans la loi de 1974. M. le
Président, je reviens sur une chose: il faut qu'il y ait des ententes et
il n'y a pas d'autres canaux que nous accepterons. Il faut qu'il y ait des
ententes, mais je vous souligne que les fédéraux sont revenus
à la table après le dépôt du projet de loi, 38 parce
qu'ils y étaient alors forcés.
M. Saintonge: M. le ministre, vous ne répondez quand
même pas à ma question. Ce sont les municipalités que vous
attaquez. Je vais vous donner un exemple. À supposer qu'une
municipalité, pour la rénovation d'un centre-ville, pourrait
bénéficier d'une subvention fédérale et qu'il n'y a
pas d'entente-cadre signée, est-ce que le ministre pourrait envisager
dans un tel cas, où ce serait profitable pour la municipalité du
point de vue économique, à l'avantage de ses citoyens, une telle
solution?
M. Léonard: M. le Président, les
municipalités bénéficient d'un système fiscal qu'on
a mis au point ensemble. Ce système les protège de bien des
choses qui survenaient dans le passé et qui surviennent maintenant avec
le système fédéral qui s'applique à l'heure
actuelle. Les culs-de-sac auxquels on a abouti, c'est fantastique. Il n'y a
plus personne qui en veut. Même les municipalités, actuellement,
par rapport à ces subventions qui traînent dans le paysage, se
posent beaucoup de questions. Il y en a qui bénéficient de
quelque chose, mais il y en a d'autres qui n'en bénéficient pas.
Tout de suite, sur le plan de l'efficacité du système en
régime démocratique municipal, je pense que le système que
nous avons est supérieur. Sur le plan de l'équité, ce que
font les députés fédéraux à l'heure actuelle
est absolument inacceptable.
M. Saintonge: M. le Président, ce n'est pas la question.
La question précise...
M. Léonard: On est au fond de la question.
M. Saintonge: On parle d'efficacité. Je vous demandais si,
dans le cas où une municipalité voulait respecter l'ordre
constitu-tionnnel, sachant que la compétence du Québec est au
niveau municipal, sachant qu'il n'existe pas d'ententes-cadres précises,
si, dans le cas où une municipalité voudrait
bénéficier d'une subvention fédérale qui pourrait
lui être offerte dans le cadre d'un programme qui est ouvert à
d'autres, mais qui peut être ouvert à une municipalité,
comme une rénovation de centre-ville, si le ministre pouvait
considérer la possibilité, pour cette municipalité, si
elle s'adresse au gouvernement du Québec, en demandant de pouvoir
bénéficier d'une telle subvention dans le cadre du respect de la
constitution, en ayant l'accord du gouvernement du Québec, en faisant
une entente particulière, si le ministre peut considérer, dans ce
cas particulier, qu'une telle entente pourrait être possible.
M. Léonard: Les municipalités ont un droit de taxer
qui leur est réservé par le Québec dans le champ de
l'impôt foncier. Les autres sources de revenus de la part du gouvernement
vont provenir de subventions, de compensations tenant lieu de taxes, mais
surtout de subventions. Pour préserver l'unité de
l'autorité institutionnelle, il faut que les subventions du gouvernement
fédéral procèdent par le même canal. Il me semble
que je ne devrais pas expliquer cela à un fédéraliste.
C'est l'essence même du système que les différents paliers
de gouvernement ou les différents niveaux d'institutions ne se
court-circuitent pas, parce qu'à ce moment-là, il n'y a plus de
fédéralisme. Il n'y a qu'un gouvernement central. Je trouve que
je ne devrais pas être en train de vous expliquer cela parce que, lorsque
vous remettez cela en cause, vous n'êtes même plus un
fédéraliste. Je me demande ce que vous faites ici alors!
M. Saintonge: Je ne remets cela en cause en aucune façon.
Je vous pose un cas particulier, un cas patent, un cas clair... (22 h 45)
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Cela est encore un
peu pour éclaircir lorsqu'on parle de bénéficier d'une
participation. Dans son discours, aux pages 37 et 38, le ministre disait: II ne
s'agit pas
d'organismes sans but lucratif qui ont une charte en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies ou autrement. Vous avez
dit cela...
M. Léonard: Les municipalités.
M. Middlemiss: Disons que nous prenons un cas
hypothétique. Dans une municipalité, il y a un organisme à
but non lucratif qui a été formé selon la troisième
partie et qui a pour but d'aménager des équipements de loisir. On
construit alors une aréna. Cette aréna est louée à
la municipalité. C'est parce que vous l'avez dit; si je prends vos mots,
il ne devrait y avoir aucun problème. L'organisme loue à la
municipalité, ce n'est pas un équipement qui appartient à
la municipalité. Son but est d'aménager l'aréna et la
municipalité loue l'aréna. Si ces gens touchent une subvention
pour un agrandissement ou quelque chose du genre pour l'aréna...
M. Léonard: Pour l'aréna?
M. Middlemiss: Oui. Est-ce que la ville peut être
pénalisée pour cela?
M. Léonard: L'aréna appartient à la ville ou
à la corporation...
M. Middlemiss: Non, elle appartient à l'organisme
qui...
M. Léonard: ...mais c'est la ville qui s'en sert.
M. Middlemiss: Oui, elle paie le loyer. Cela existe.
M. Léonard: C'est le cas classique, l'aréna.
M. Middlemiss: Disons que cela existe depuis 1972. Qu'arrive-t-il
dans un tel cas?
M. Léonard: C'est la municipalité qui assume
l'aréna. Cela existe depuis 1972?
M. Middlemiss: Oui.
M. Léonard: Si cela existait.. C'est de la fiction. C'est
exactement cela, on a fait des tas d'affaires.
M. Middlemiss: Je crois que votre inquiétude, c'est que
vous ne voulez pas que les municipalités s'embarquent dans des
équipements.
M. Léonard: La municipalité loue l'aréna,
c'est-à-dire qu'elle donne une subvention à l'aréna pour
la faire fonctionner.
M. Middlemiss: Elle paie un loyer de tant par mois pour la
location de l'aréna, etc.
M. Léonard: C'est vraiment de la fiction.
M. Middlemiss: Disons que c'est dans le cas où cela a
été fait bien avant votre inquiétude aujourd'hui. Si ce
n'est pas un fardeau pour la population, la population en
bénéficie. Il y a d'autres aménagements dans tout
cela.
M. Léonard: Si la municipalité paie le prix du
marché pour la location de l'aréna, il faudrait voir.
M. Rivest: II ne faut pas que cela soit une subvention
déguisée.
M. Léonard: C'est exactement cela. Cela vaut quoi, une
aréna? Combien la municipalité paie-t-elle pour l'aréna
à l'heure actuelle?
M. Rivest: Cela doit exister?
M. Léonard: Si elle paie le prix du marché, elle ne
bénéficie pas d'une participation ou d'une subvention ou d'un
avantage.
M. Middlemiss: Le fait que...
M. Léonard: Je pense qu'on est devant une question de
circonstances,
M. Middlemiss: Disons que, pour l'avenir, cet organisme a un
besoin pour agrandir...
M. Léonard: Dans le domaine des arénas, je n'en
connais pas, peut-être qu'il en existe, mais je ne connais pas de cas
où une aréna fonctionne sans l'AIDE de la municipalité. Je
dirais le mot "aide" en majuscules. Une aréna ne fonctionne pas si ce
n'est pas aidé pour une municipalité en s'appuyant sur le pouvoir
de taxer, sur la force financière de la municipalité, parce que
cela ne se rentabilise pas, règle générale. On fait face
à des équipements municipaux ou paramunicipaux, si c'est une
corporation qui est créée et qui fonctionne en dehors de la
municipalité. En définitive, qui va avoir à payer? Les
déficits de votre aréna, même si elle est privée,
sont assumés par la municipalité. C'est le pouvoir de taxation de
la municipalité et ce que fournissent les contribuables qui arrivent
à faire fonctionner l'aréna. Je trouve cela difficile de
répondre de façon très précise à l'heure
actuelle à ce que vous me demandez. Mais dans le cas, il faudrait tout
de même voir... La municipalité est dans le portrait,
d'une certaine façon, elle est là. C'est quoi le montant
de sa subvention à l'aréna? Cela couvre-t-il seulement le
déficit? Cela couvre-t-il le service de la dette? Est-elle en train de
le payer? Les gens qui ont construit l'aréna en 1972 l'ont construite
avec quoi? Des fonds municipaux?
M. Rivest: Avec les programmes de travaux d'hiver...
M. Middlemiss: Non.
M. Léonard: Avec des travaux d'hiver?
M. Middlemiss: Oui, des subventions fédérales.
M. Léonard: Des subventions de la CCN ou des choses comme
cela?
M. Middlemiss: Non, non, des subventions
fédérales-provinciales et aussi une campagne de financement de la
part des citoyens.
M. Léonard: Y avait-il eu une entente à ce
moment-là, parce que vous dites
"fédérales-provinciales"?
M. Middlemiss: Oui. Il y en a eu deux. M. Léonard:
Ah!
M. Middlemiss: Mais je regarde l'avenir. Si, par hasard...
M. Léonard: Oui, mais s'il y a eu une entente...
M. Middlemiss: ...il y a un besoin... M. Léonard:
Oui, d'accord.
M. Middlemiss: ...d'agrandir pour des salles de douches ou des
choses comme cela et qu'elle reçoit une subvention, qu'arrive-t-il
à ce moment-là? En réalité, la bâtisse
appartient à l'organisme, mais il la loue à la
municipalité. Il faut penser que, si l'organisme n'avait pas mis des
fonds au tout début, cela aurait été un fardeau pour la
municipalité. Donc, ce sont les citoyens...
M. Léonard: Ce que vous me dites, c'est qu'il y a un
avantage pour la municipalité qui en bénéfie,
finalement.
M. Middlemiss: Oui, d'accord. Elle en bénéficie
dans le sens que ce sont les citoyens qui ont réellement payé une
partie de toute cette chose-là.
M. Léonard: Oui, cela m'en a l'air.
M. Rivest: Comme dirait le ministre des Affaires
intergouvernementales, dans la foulée de la question, allez-vous faire
des recherches sur les situations qui existent, antérieures à la
loi, où, effectivement, le gouvernement fédéral a
contribué par des programmes dans le passé? Est-ce qu'une
municipalité va encourir les sanctions de la loi si des situations
"ante" ont existé?
M. Léonard: Non. M. Rivest: Non?
M. Léonard: "Ante", non. Avant le 21 juin. Il n'en est pas
question, de toute façon...
M. Middlemiss: Une autre question, on va laisser ce domaine.
C'est que...
M. Léonard: ...dans le projet de loi. Oui, c'est cela. Il
faut que le bénéfice soit postérieur au dépôt
du projet de loi, pas avant.
M. Middlemiss: Oui. Si on regarde... Je vais vous poser une
question...
M. Rivest: Si c'est un... M. Middlemiss: D'accord.
M. Rivest: ...programme qui existe de la part du gouvernement
fédéral, un bénéfice qui est renouvelable,
même si la base est une entente antérieure, allez-vous mettre fin
aux pratiques qui existent et qui sont continues? Vous en avez pris large.
M. Léonard: Oui.
M. Rivest: Oui, mais une chose est certaine pour les...
M. Léonard: Oui, nous voulons nettoyer le paysage
là-dessus, clarifier les horizons.
M. Rivest: II y a une affaire qui a été
réglée ce soir, pour ce qui est des gouvernements
étrangers. Il est absolument exclu que l'Italie donne une subvention
à quelque organisme du Québec, après ce qui est
arrivé ce soir.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac n'avait pas terminé.
M. Middlemiss: Oui, d'accord. Tout à l'heure, on se
référait à l'article 20 et on disait: On nomme toutes
sortes de choses. Qu'arriverait-il dans le cas où un individu donnerait
une somme d'argent à une municipalité avec un but
spécifique, par exemple, pour construire des trottoirs? Un individu
laisse de l'argent à une municipalité pour construire des
trottoirs et la municipalité
construit des trottoirs. Quelle serait l'attitude du ministre
vis-à-vis d'une telle situation?
M. Léonard: Un individu peut faire des dons à des
organismes sans but lucratif. Il peut faire des dons au gouvernement. Il peut
faire des dons à une municipalité ou à qui il veut. Oui,
si c'est un individu.
M. Middlemiss: Oui.
M. Léonard: On est au niveau des institutions politiques
et des administrations publiques, un individu peut faire un don.
M. Middlemiss: Oui, mais il semble que votre préoccupation
était que, souvent, les municipalités acceptaient ces sommes,
s'embarquaient dans des travaux et qu'après un certain temps, cela
devenait un fardeau pour la municipalité. Dans un cas comme cela, la
même chose ne pourrait-elle pas se reproduire?
M. Léonard: Pour le gouvernement...
M. Middlemiss: En d'autres mots, un individu peut faire...
M. Léonard: Oui, oui, mais je pense qu'il y a moins de...
D'abord, les cas ne sont pas aussi généralisés que
ceux-là. Il n'y a pas les mêmes intérêts et, quand il
y a des donations, en général, il y a aussi des fonds pour
prévoir au fonctionnement par la suite -très souvent, en tout cas
- et je pense que cela devient une négociation entre la
municipalité et l'individu, s'il y a des dons. Non, je pense que la loi
ne couvre pas cela et nous n'avons pas l'intention de couvrir cela.
M. Middlemiss: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Peut-on appeler le vote sur la motion de mon
confrère de Viger?
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que...
M. Saintonge: Un vote enregistré, si vous voulez.
Le Président (M. Desbiens): ...la motion d'amendement du
député de Viger est adoptée?
M. Saintonge: Vote enregistré.
M. Rivest: Appelez les gens.
M. Saintonge: II n'y a pas de cloche?
Le Président (M. Desbiens): Vote enregistré. M. le
député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Berthier?
M. Houde: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Grouix?
M. Fallu: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse?
M. Lachance: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Labelle?
M. Léonard: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie?
M. Saintonge: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau?
M. Kehoe: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly?
M. Tremblay: Contre, M. le Président.
M. Saintonge: Serait-ce une partie nulle? Mon Dieu! Dans ce
temps-là, lorsqu'il y a égalité des voix, c'est tenu comme
accepté.
Le Président (M. Desbiens): C'est le président qui
décide...
M. Saintonge: Je considère que le président va
être de notre côté. J'imagine qu'il va comprendre le
bienfait de l'amendement qu'on propose. Il a écouté avec
diligence et avec...
M. Rivest: M. le Président, c'est un
précédent. Je pense que vous devriez consulter et suspendre la
séance.
Le Président (M. Desbiens): Non. À l'ordre!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Rivest: Vous devriez suspendre les travaux, M. le
Président! Vous savez qu'il y a une jurisprudence à cet
égard. Je vous inviterais à être extrêmement
prudent.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le vote est en cours. Le président vote contre la
motion.
M. Saintonge: Ce n'est pas possible. Une voix: Pardon?
Le Président (M. Desbiens): La motion est
rejetée.
Une voix: Sa neutralité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je pensais qu'il était
neutre.
Le Président (M. Desbiens): On revient à
l'article.
M. Rivest: M. le Président, si vous votez contre, il faut
que vous en donniez les raisons.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ah oui! M. Saintonge: Oui.
Le Président (M. Desbiens): À quel article du
règlement?
M. Rivest: Ah oui! II faut que vous en donniez les raisons. Vous
ne pouvez pas faire cela comme cela et vous en tirer aussi simplement, M. le
Président. À ce moment-là, comment peut-on continuer
à...
Une voix: Avec ces conditions-là.
M. Rivest: On veut bien vous faire confiance parce qu'on sait que
vous êtes un bon garçon, mais, pour les fins du journal des
Débats, M. le Président, je pense que vous devriez motiver votre
décision.
Le Président (M. Desbiens): En vertu de quel article, M.
le député?
M. Rivest: C'est l'article 74, paragraphe 2, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, l'article 74 n'a qu'un paragraphe.
M. Rivest: Cela a été quatre à quatre. Tu as
failli te faire tuer.
Une voix: Quatre à quatre.
Une voix: Le président a montré ses couleurs.
Une voix: Le président vous a sauvés.
Le Président (M. Desbiens): L'article 1 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Leduc (Saint-Laurent): Mon Dieu!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je demanderais un vote
enregistré.
Le Président (M. Desbiens): Vote enregistré...
M. Léonard: Sur l'article 1? M. Saintonge: Sur
l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): ... sur l'article 1 tel
qu'amendé.
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
Une voix: Le vote est commencé. Il n'était pas
assis au moment...
M. Rivest: Le député de Gouin n'était pas
à son fauteuil. Vous aviez appelé le vote. Il n'a pas le droit de
voter.
M. Léonard: II était dans la salle. M. Rivest:
Quelle salle?
Le Président (M. Desbiens): Cela ne fait rien, il n'y a
pas de...
Une voix: De toute...
M. Rochefort: Question de règlement.
M. Rivest: Je ne connais pas cela.
M. Saintonge: À l'article 73 paragraphe 3, on dit que,
s'il n'est pas assis à son fauteuil quand le vote est
appelé...
M. Rivest: Ah bon! il était là quand
même.
Le Président (M. Desbiens): Le président...
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rochefort: Vous n'avez plus besoin de moi, maintenant?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Rivest: II n'était pas là, M. le
Président.
M. Saintonge: Le président t'a remplacé en
votant.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! Le
député de Laprairie... À l'ordre! Le député
de Laprairie a demandé un vote enregistré, mais le
président n'avait pas
encore appelé le vote. J'appelle le vote sur l'article 1 tel
qu'amendé. M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Président (M. Desbiens): On vote sur l'article 1 tel
qu'amendé.
M. Houde: Contre.
Le Président (M. Desbiens): Contre.
M. Léonard: Ils sont contre les ententes.
Le Président (M. Desbiens): M. Fallu (Groulx)?
M. Fallu: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M.
Lachance (Bellechasse)?
M. Lachance: Je suis pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Léonard
(Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M.
Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Kehoe (Chapleau)?
Une voix: On verra.
Une voix: Contre.
M. Rochefort: Absent.
Une voix: II n'est pas là.
M. Saintonge: II est parti sur le budget.
M. Leduc (Saint-Laurent): II nous a donné le mandat.
Le Président (M. Desbiens): M.
Saintonge (Laprairie)?
M. Léonard: Comment se fait-il qu'ils étaient
quatre tout à l'heure? Qu'est-ce qui est arrivé?
M. Saintonge: II était là. Il a fallu qu'il
sorte.
Le Président (M. Desbiens): II vient seulement de sortir.
M. Tremblay (Chambly)?
M. Tremblay: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Pour. L'article 1 est
adopté tel qu'amendé à cinq voix contre trois.
J'appelle l'article 2. M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je constate qu'on progresse
à grands pas.
M. Rivest: Cela va très bien. C'est l'article
principal.
M. Saintonge: C'est cela.
M. Rivest: Je pense que l'article 1 est l'article principal et
les débats ont pas mal tous été faits.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, sur l'article
2.
M. Léonard: Oui.
M. Rivest: M. le ministre, est-ce qu'on pourrait prolonger
au-delà de minuit. Si on a presque terminé l'étude du
projet de loi?
Une voix: Je donnerais mon consentement.
Le Président (M. Desbiens): On verra cela à 11 h
59. M. le ministre.
M. Léonard: On peut relire l'article. "Une
municipalité qui, au jugement du gouvernement, a
bénéficié autrement que selon l'article 1 d'une
participation du gouvernement du Canada ou de l'un de ses ministres ou
organismes, directement ou indirectement et sous quelque forme que ce soit,
perd ainsi, conformément à l'article 4, le droit d'exiger du
gouvernement du Québec ou de l'un de ses ministres ou organismes: 1°
une taxe municipale ou une compensation en tenant lieu, 2° une subvention,
3° une autre somme constituant un élément de participation
gouvernementale à son financement, et 4° la partie de sa quote-part
des revenus provenant de l'application de l'article 221 de la Loi sur la
fiscalité municipale (L.R.Q., chapitre F-2.1) qui est attribuable aux
taxes payées en vertu de cet article par une société
mandataire de la couronne du chef du Québec." (23 heures)
Cet article a pour objectif, d'une part, de déterminer le champ
de l'application de
la loi et, d'autre part, de préciser la nature des sanctions dont
serait passible une municipalité contrevenante. Le champ de
l'application de la loi, par les termes; "directement ou indirectement" vient
rappeler et compléter la portée de l'article 20 de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales. Dans le domaine municipal,
lors de l'adoption de cette loi, en 1974, l'article 20 n'identifiait
expressément...
Le Président (M. Desbiens): Excusez, M. le ministre.
À l'ordre, s'il vous plaît.
Des voix: ...à notre droite...
Le Président (M. Desbiens): Oui, il y a des discussions
des deux côtés de la table.
M. Marx: ...que le président de l'Italie a remis le
passeport qu'il a reçu de M. Lévesque.
Une voix: C'est absolument faux.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre...
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! À l'ordre!
M. Léonard: Par les termes "directement ou indirectement",
on vient rappeler et compléter la portée...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Excusez. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Berthier, s'il vous plaît! M. le
député de Bellechasse!
M. Saintonge: II n'a pas sa caméra, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous aviez la
parole sur l'article 2.
M. Saintonge: II y a une dissipation extrême ici.
M. Léonard: En ce qui concerne le champ de l'application
de la loi, par les termes "directement ou indirectement", on vient rappeler et
compléter la portée de l'article 20 de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales. Dans le domaine municipal,
lors de l'adoption de cette loi en 1974, l'article 20 n'identifiait
expressément que les corporations municipales comme celles étant
soumises à la loi. En 1981, on a étendu la portée de la
loi à tous les organismes dont la majorité des membres sont
nommés par la municipalité ou dont celle-ci contribue à
plus de 50% au financement. Aujourd'hui, par le projet de loi 38, on vient
colmater les brèches laissées par la loi antérieure; on y
indique qu'une municipalité ne peut pas, sans entente préalable
entre les gouvernements à ce sujet, profiter d'un financement de la part
du gouvernement fédéral et ce même si ce profit lui vient
indirectement. Le terme "indirectement" fait référence à
tous les organismes qui auraient reçu des sommes du
fédéral et dont les sommes ainsi versées pourraient
bénéficier à la municipalité, que ce soit au plan
des équipements ou des services ou au strict plan financier.
En ce qui concerne la nature des sanctions, si une municipalité
enfreint la loi, elle ne pourra plus exiger du gouvernement qu'il lui verse les
montants d'argent qu'elle aurait autrement pu recevoir. C'est donc la
municipalité, par ses agissements, qui se prive des sommes
d'argent du gouvernement du Québec parce qu'elle a accepté une
participation financière du gouvernement du Canada sans entente
préalable entre les deux gouvernements.
Les différents types de financement que la municipalité ne
pourra plus exiger du Québec sont énumérés aux
quatre paragraphes. Il s'agit, premièrement, d'une taxe municipale, soit
certaines taxes de service sur les immeubles gouvernementaux, ou des taxes
foncières sur des édifices appartenant à des organismes
mandataires du gouvernement, d'une subvention tenant lieu de taxes, soit les
"en lieu" de taxes foncières et les "en lieu" de taxes d'affaires des
immeubles gouvernementaux et celles des réseaux de l'éducation et
des affaires sociales payées conformément à l'article 255
de la Loi sur la fiscalité municipale; deuxièmement, d'une
subvention conditionnelle, soit des subventions offertes sur approbation de
projets dans le cadre de programmes gouvernementaux; d'une subvention
inconditionnelle, et depuis la réforme de la fiscalité, il ne
reste que très peu de ces subventions inconditionnelles; au
ministère, trois programmes sont encore en vigueur: le programme de
transfert minimum, le fonds de péréquation et d'aide au
regroupement municipal; troisièmement, de toute autre somme, il s'agit
ici d'une disposition générale dont le but est de s'assurer
qu'aucune forme de participation financière du gouvernement ne soit
exclue de cette loi, notamment, les cas où une subvention est
désignée sous un autre nom; quatrièmement, de la partie de
sa quote-part des revenus provenant, etc. Les montants d'argent ainsi
visés sont les impôts perçus par le Québec
auprès des entreprises de télécommunication, de gaz et
d'électricité, les TGE, qui sont ses mandataires, sommes qui sont
redistribuées aux municipalités en vertu de la Loi sur la
fiscalité municipale.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que
l'article 2 est adopté?
M. Saintonge: Non, M. le Président, loin de là.
Une voix: Vous n'avez pas prévu de mettre une clause
omnibus, au cas où vous en auriez échappé?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'aurais une question à adresser au
ministre. J'ai bien entendu que le président de l'UMRCQ aurait fait
certaines demandes, certaines recommandations aussi au niveau d'amendements
qu'il pouvait suggérer. Il me semble que certains amendements auraient
pu se retrouver facilement à l'article 2, par exemple, sur le fait que
la municipalité voulait que la question de la pénalité
s'applique seulement à une municipalité qui a prêté
un concours direct et non pas un concours indirect. Je remarque ici que le
ministre conserve "directement ou indirectement". Je comprends que le ministre
a rejeté la demande de l'UMRCQ concernant ce point précis. Cela
m'apparaissait assez clair dans les interventions du président de
l'UMRCQ, à savoir qu'il souhaitait que, si la municipalité
n'avait pas prêté son concours directement, on excluait cette
municipalité du champ d'application de la loi à ce
moment-là. Donc, en conservant le mot "indirectement", on va
évidemment contre le voeu exprimé par Me Asselin dans son
exposé que le ministre semblait, à ce moment-là,
accueillir favorablement. Je me serais attendu que le ministre nous arrive avec
une disposition particulière à cet égard.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, il y a deux
éléments que nous avons considérés par rapport
à la demande du président de l'UMRCQ. Premièrement, il y a
dans l'article 1, que nous venons d'adopter, l'affirmation que la
municipalité doit bénéficier d'une participation du
gouvernement fédéral. Donc, il doit y avoir un avantage et,
à ce moment-là, cela exclut un organisme qui a reçu une
subvention, mais à son propre avantage et non à l'avantage de la
municipalité. Donc, il y a quelque chose qui est plus précis sur
ce plan. Par ailleurs, je pense que ce qui était important pour le
président de l'UMRCQ, c'est que la municipalité devait pouvoir
faire valoir si elle avait concouru ou non à l'obtention d'un tel
bénéfice. À ce moment-là, lorsqu'il nous a
proposé de donner 60 jours à la municipalité pour
réagir à la décision du gouvernement, cela donnait
ouverture à établir sa participation ou non et à dire, par
exemple, que, même si c'était indirectement, il est très
possible qu'elle n'ait pas bénéficié et qu'elle n'ait pas
concouru. Donc, je trouve, étant donné que nous apporterons un
amendement à l'article 3, que nous allons répondre en très
grande partie à sa demande.
M. Saintonge: M. le Président, si c'est là toute la
question que j'ai soulevée cet après-midi, c'est-à-dire le
but de notre motion, qui n'était nullement dilatoire, on travaille dans
le vide absolu, on s'en va dans une affaire et on ne sait pas où on s'en
va. Cela aurait été si simple de nous donner les amendements pour
qu'on puisse les examiner à l'intérieur du cadre global de la
loi. Le ministre reconnaît lui-même que dans l'article 2, on
retourne à l'article 1 et qu'on va retourner à l'article 3. C'est
une espèce de "merry-go-round". On ne sait pas où on s'en va avec
les amendements qui vont être apportés.
Une voix: Vous pourriez en apporter.
M. Saintonge: C'est ce qu'on fait, mais il me semble que ce
serait bien plus profitable et qu'on pourrait se comprendre bien mieux. Le
ministre me dit que le président de l'UMRCQ parlait de participation
financière. J'en suis qu'il en parlait, mais il reste que vous avez - je
ne sais pas quel terme employer - l'audace de nous dire qu'on retourne à
l'article 1. On parle de bénéficier d'une participation, mais,
à l'article 1, on ne parle pas... On a voulu le cadrer d'une
participation financière en parlant de subventions. Le ministre a
voté contre avec son équipe. Le président vous a
même appuyé là-dessus. Ce que l'UMRCQ...
M. Léonard: N'oubliez pas que vous avez voté contre
les ententes.
M. Saintonge: On n'a voté contre les ententes d'aucune
façon.
Des voix: Oui, oui, oui.
M. Léonard: Oui, c'est cela.
M. Saintonge: Ne faites pas d'imputation.
M. Léonard: Vous avez voté contre l'article 1.
M. Saintonge: D'aucune façon.
Une voix: On ne peut pas avoir voté contre les
ententes...
M. Saintonge: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Oui, on vient de nous dire qu'on a voté
contre les ententes. Je n'en reviens pas. C'est de la mauvaise foi la plus
absolue, même de la part du ministre, de cette
façon-là.
M. Léonard: Vous avez voté contre l'article 1. Il
me semble que vous auriez dû voter pour.
M. Saintonge: Premièrement, l'article 1 est inutile et,
deuxièmement, le ministre a reconnu lui-même le caractère
abusif de l'article 1 dans le cadre d'une discussion, parce qu'il peut
intervenir, arriver avec des bulletins d'interprétation et dire oui ou
non. C'est quelque chose d'abusif. Il n'y a pas de définition. Il va
décider. Cela dépend du matin. Si, un matin, il y a une
tempête de neige et que cela va mal, il va dire: Non, cela ne va pas. Un
autre jour, s'il fait soleil, il pourra être de bonne humeur, son
bulletin va changer. C'est à son gré, quand il veut, au
gré du vent. C'est ce que le ministre va nous donner. Il nous l'a
confirmé à l'article 1. Il n'y a rien de plus
discrétionnaire, une discrétion absolue qui amène un
caractère abusif et excessif à la loi.
M. Léonard: L'article 1? Pas du tout.
M. Saintonge: Certainement, M. le Président. C'est pour
cela qu'on a voulu le déterminer.
Le Président (M. Desbiens): C'est l'article 2,
celui-là.
M. Saintonge: On a voulu déterminer
"bénéficier d'une participation". C'est tellement large et global
que le ministre a reconnu lui-même que cela dépendait, qu'il ne le
savait pas. On verra, dit-il. Il ne peut pas le fixer. Au minimum, le
président de l'UMRCQ venait nous parler d'une participation
financière. Dans quel temps? Par exemple, au niveau de l'article 1, on
retrouve cela, qu'à une municipalité, à l'article 2, va
être pénalisée, car elle a bénéficié
elle aussi d'une participation. On revient avec les mêmes termes.
À ce moment-là, le bénéfice d'une participation
peut être quelque chose d'établi financièrement. Cela
pourrait être quelque chose d'établi par un service. Le ministre
en a même parlé tantôt au niveau d'un service, c'est
lui-même qui a dit cela, au plan financier, au plan des
équipements, au plan des services. Ce qui veut dire
qu'éventuellement, dans le cadre d'une subvention à un groupe de
l'âge d'or, dans un local qui appartient à une municipalité
ou à un centre communautaire bâti sur le terrain d'une
municipalité, la table de ping-pong qui est là pourrait
peut-être servir aux loisirs municipaux des jeunes, le vendredi soir, en
cours d'année. Il va décider, à un moment donné,
que cela s'applique. Si, dans cette construction, il y a eu des services
accessoires du fédéral, cela va être au plan des services,
au plan de l'équipement et on vous pénalisera dans les deux cas.
On va voir un peu plus loin que cela va être établi au jugement du
ministre, à sa discrétion.
M. Rivest: Au caprice!
M. Saintonge: Et à son caprice, exactement, selon
l'estimation qu'il va en faire. Il n'y a rien de plus discrétionnaire,
de plus absolu que cela, et je n'en reviens pas. Le ministre vient nous dire
qu'il a tenu compte des représentations du président de l'UMRCQ.
J'aurais bien aimé que le président de l'UMRCQ soit encore assis
dans notre salle pour lui voir le visage ce soir en entendant dire que le
ministre a tenu compte de sa représentation au niveau de la
participation financière dans l'article 1. Je n'en reviens pas. Je ne
comprends pas, M. le ministre, que vous ayez mentionné une telle
chose.
M. Rivest: On va faire affaires avec M. Bellerose.
M. Saintonge: Si je comprends bien, M. le ministre, la
participation qu'on retrouve ici, "bénéficier d'une
participation", c'est aussi large à l'article 2 qu'à l'article 1,
n'est-ce pas? Reconnaissez-vous que la définition
"bénéficier d'une participation", qu'on retrouve chez une
municipalité qui a bénéficié d'une participation du
gouvernement du Canada, c'est aussi large au niveau de la définition du
terme? On a les mêmes termes dans deux articles consécutifs. Donc,
on vise plus qu'une participation financière. On vise plus que cela.
Vous l'avez mentionné. Est-ce que j'ai bien compris?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Ce qui a été dit dans l'article
1, c'est bénéficier d'une participation du gouvernement du Canada
et cela comprend l'article 2. Je dirais qu'à l'intérieur
de l'article 1, c'est l'entente qui est visée, puis on dit
"bénéficier d'une participation". Donc, cela peut être
aussi sous différentes formes, mais dans le cadre d'ententes. Je pense
que c'est un système que vous avez rejeté.
M. Saintonge: On ne l'a rejeté d'aucune façon.
M. Léonard: Vous avez voté contre l'article 1.
M. Saintonge: On n'a pas voté contre l'entente. Il ne faut
quand même pas nous imputer des motifs.
M. Léonard: Vous avez voté contre l'article 1.
M. Saintonge: II faut être plus sérieux que
cela.
M. Léonard: Vous êtes contre le fait que, par une
entente...
Une voix: Vous n'avez qu'à voter contre.
M. Saintonge: ...c'est bien évident qu'on va voter
contre...
M. Léonard: ...les municipalités peuvent
bénéficier...
M. Saintonge: Bien non, on n'est pas contre cela, au
contraire.
M. Léonard: ...d'une participation.
M. Ciaccia: Cela donne raison au député de Hull,
parce qu'il a dit qu'il ne faudrait pas les lui donner. On vous a dit les
raisons pour lesquelles on a voté contre l'article 1.
Premièrement, il est incomplet et imprécis par rapport à
l'article 20. Deuxièmement, vous ne donnez pas la définition de
la municipalité. C'est vague, c'est ambigu. Ces deux raisons, c'est
assez pour voter contre l'article 1. Ce n'est pas qu'on est contre les
ententes.
M. Léonard: Ce n'est pas loin.
M. Ciaccia: Cela ne va pas loin. C'est tellement large, la
question de bénéficier...
M. Léonard: M. le député de Mont-Royal, vous
n'avez jamais lu la Loi sur les cités et villes...
M. Ciaccia: Bénéficier d'une part divisée en
deux.
M. Léonard: ...parce qu'on dit tout au long
là-dedans la municipalité ou une municipalité. C'est cela,
la Loi sur les cités et villes. Le mot "municipalité" est un
terme...
M. Saintonge: Vous avez une définition de la
municipalité dans le Loi sur les cités et villes? Où vous
référez-vous à la Loi sur les cités et villes
là-dessus?
M. Ciaccia: M. le Président, vous avez une
définition de la municipalité dans la Loi sur les cités et
villes. Dans l'article 20 de la Loi sur les affaires intergouvernementales,
c'est clair, car ce sont la commission scolaire et la corporation municipale.
Ce n'est pas municipal dans le sens le plus large. C'est une des raisons.
Deuxièmement, on a fait un amendement aux mots "bénéficier
d'une participation" dans l'article 1, car c'était trop vague. Il ne
faudrait pas vraiment que le ministre essaie de nous faire dire des choses
qu'on n'a pas dites. Ces deux raisons, c'est assez pour voter contre l'article
1. On n'a jamais contesté la question des ententes. On vous a même
dit que l'article 1 était inutile, parce que vous l'avez
déjà dans la Loi sur les affaires intergouvernementales.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, vous aviez commencé à parler sur l'article 2?
M. Rivest: Une information de détail, M. le
Président. "Directement ou indirectement", ces mots pourraient-ils se
traduire par "ni de près ni de loin"? Est-ce que cela voudrait dire
à peu près la même chose? C'était une expression
très connue à une certaine époque. Vous auriez au moins pu
mettre cela. (23 h 15)
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. Rivest: Non, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Léonard: On peut voter; on va voter.
M. Rivest: Attendez, on est à l'heure du café.
M. Léonard: ...qu'on commande le café. M. Rivest:
M. le Président, c'est... Une voix: La pause-café. Une
voix: Ils ne prennent pas de sucre. M. Rivest: Deux sucres, une
crème.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je me rends compte, par les explications que le
ministre vient de nous donner... Il a parlé de colmater les
brèches. Ce que je disais cet après-midi est tout à fait
véridique. Le ministre veut fermer toutes les portes possibles et
impossibles qu'il peut trouver, prendre toutes les précautions
imaginables et inimaginables, sans faire confiance en aucune façon aux
municipalités. Il s'en tient aux termes employés, où on
parle d'une municipalité qui a bénéficié
d'une participation, il veut couvrir tous les termes, non seulement les
termes financiers, mais couvrir toute participation du fédéral
qu'il pourrait estimer valoir tel montant d'argent, directement ou
indirectement.
M. Léonard: En dehors de l'entente.
M. Saintonge: C'est sûr, mais l'entente...
M. Léonard: Dans une entente, c'est permis.
M. Saintonge: S'il n'y a pas d'entente.,. Je comprends que ce
soit permis dans une entente, mais, si l'entente n'est pas signée, hors
d'une entente, si la municipalité ne participe pas aux
négociations de ces municipalités...
C'est le temps du café. Il est 23 h 15; je comprends qu'on prenne
un café.
Une voix: ...
M. Saintonge: Vous n'avez pas parlé souvent,
là-dessus.
M. Rivest: Donnez votre point de vue. Ce n'est pas seulement
à nous.
M. Saintonge: On vous donne la chance et vous n'osez même
pas. Vous ne votez même pas. Vous êtes
désintéressés d'une façon absolue.
Une voix: Quand c'est le temps d'accomplir votre devoir, vous
n'êtes même pas ici pour le faire.
M. Saintonge: Je n'aurais jamais cru cela de la part du
député de Gouin.
M. Rivest: C'est un des députés studieux...
M. Saintonge: C'est dommage que le député de
Bellechasse n'ait pas sa caméra; on aurait pu faire une belle photo.
M. Lachance: M. le Président, est-ce que je peux
intervenir?
Le Président (M. Desbiens): Non, c'est le
député de Laprairie qui a la parole.
M. Lachance: II veut qu'on parle et on ne peut pas parler?
M. Saintonge: Je vais vous laisser la parole dans 30 secondes.
J'ai posé une question au ministre.
M. Lachance: Ah bon! Allez-y, M. le député.
M. Saintonge: J'ai vu que vous ne suiviez pas les débats,
parce que le ministre était occupé.
M. Rivest: Ils sont traumatisés par la...
M. Saintonge: Je dis, M. le Président, que le ministre a
voulu fermer toutes les portes possibles et impossibles, hors du cadre d'une
entente. Encore faut-il que l'entente puisse être signée. Nous
avons vu, dans le cadre du débat du projet de loi, une lettre que le
ministre Roberts adressait au ministre des Affaires municipales, M.
Léonard, lui expliquant que, dans le respect de la juridiction, le
fédéral était prêt à accepter. Il disait
aussi qu'il y avait un droit de veto au Québec au niveau des
possibilités de subventions à être données aux
municipalités. Il proposait d'intégrer cela dans une entente
éventuelle. Tout ce qu'on sait, de ce côté-ci, et ce que
les municipalités savent également, c'est qu'il y a des
discussions qui sont en cours. Certaines rencontres ont eu lieu au niveau des
ministres, des rencontres au niveau sous-ministériel, des rencontres au
niveau des fonctionnaires.
D'autre part, on ne sait pas à quoi riment ces rencontres. On ne
connaît pas la façon dont le provincial négocie dans ce
cadre-là. Est-ce qu'il négocie d'une façon souple, le
gouvernement fédéral reconnaissant la compétence des
municipalités pour le Québec, reconnaissant un point fondamental
comme, par exemple, le fait qu'un droit de veto serait accordé dans ce
cadre précis pour bloquer toute demande venant d'une municipalité
dans le cadre d'une entente? Je trouve curieux qu'on vienne nous dire: On veut
tout bloquer tant qu'il n'y a pas d'entente. Les ententes ne se signent pas. Le
ministre s'étonne que les municipalités, dans les circonstances
actuelles, dans la conjoncture économique, se disent: Cela ne
débloque pas... Toutes les municipalités ont dit qu'elles
étaient prêtes à recueillir de telles subventions dans le
cadre d'ententes, mais encore faudrait-il qu'elles soient signées. On
tentait, du côté municipal, de pousser le ministre à signer
une entente. On a fait au niveau des municipalités; certaines
démarches le ministre a cité, ce matin, une lettre entre autres
qui avait été envoyée au ministre, M. Roméo
LeBlanc, où le maire de Québec, je pense, se plaignait que le
ministre vous avait écrit en date du 17. C'était le 30 mars. Il
disait au ministre LeBlanc qu'il n'avait pas répondu à la lettre
du ministre Léonard, le 17 mars. C'est monsieur...
M. Léonard: Dufour.
M. Saintonge: M. Dufour, de l'UMRCQ, d'accord.
M. Léonard: De l'UMQ.
M. Saintonge: Excusez, de l'UMQ.
M. Léonard: Je vois que vous ne le voyez pas souvent.
M. Saintonge: Je pense que, le temps aidant - j'attends mon
café - il y a M. Dufour, de l'UMQ, exactement, mais je peux vous dire
qu'il parlait de la lettre du 17 mars que le ministre Léonard avait
envoyée au ministre Roméo LeBlanc. M. Dufour écrivait cela
en date du 30 mars. La même journée, M. LeBlanc répondait
au ministre Léonard, donc à cette même date, c'était
entre le 17 et le 30. Dans mon livre, c'est treize jours, ce n'est quand
même pas si éloigné que cela. Le ministre LeBlanc
répondait d'ailleurs à M. Dufour qu'on avait répondu dans
quel cadre cela se situait. De toute façon, c'est pour vous
démontrer que le fédéral était quand même en
négociation. Vous faites référence, d'une certaine
façon, à des négociations potentielles. M. LeBlanc vous
disait que ce n'était plus lui, mais son autre confrère. Il ne
pouvait pas dire que c'était lui qui négociait. Il avait
déjà averti le ministre des Affaires municipales à
l'automne 1980 que le programme était fini, que c'était un autre
programme qui s'appliquait à ce moment, que c'était un programme
au niveau de la création d'emplois, avec M. Axworthy, à
l'époque. Donc, il avait amené dans le paysage une certaine
négociation. Le genre de subventions qui sont proposées
actuellement, c'est au niveau de la création d'emplois que vous
êtes en train de négocier.
Ce que je veux noter ici, c'est que vous avez un pouvoir
d'interprétation extrêmement large que vous vous conservez. Les
municipalités sont prises dans un carcan tout à fait rigide,
elles ne peuvent pas bouger de là. Vous fermez les portes de partout.
Mais, d'autre part, ces municipalités ne peuvent négocier, ne
peuvent avoir aucune influence sur la négociation. Il semble que, dans
les négociations que vous avez eues avec les municipalités, ce
n'était pas sur la façon, sur le contenu des négociations
que vous pourriez avoir avec Ottawa, sur le genre d'ententes qui pourraient
être acceptables pour vous ou pour elles, ou qu'elles souhaitaient
être acceptables. Mais c'est plutôt que vous les informiez des
conséquences de la loi 38 et que c'était nécessaire de
faire ceci et de faire cela. C'étaient les discussions, pour autant que
j'en ai été informé, que vous avez eues avec les
municipalités. Je m'étonne, à ce moment-ci, M. le
Président, de voir, encore une fois, que le ministre ne donne pas suite
aux demandes, uniquement à être sanctionnées, du
président de l'UMRCQ concernant la question du concours direct des
municipalités.
Au moins, il acceptait cela, au pis-aller. Il était contre la
loi, mais il a dit: On va tenter de l'amender le mieux qu'on peut. Au
pis-aller, un concours direct pourrait être pénalisé. Au
pis-aller, on parle maintenant d'un concours direct, mais on parle aussi de
participation financière; d'aucune façon je ne retrouve cela dans
les amendements apportés à l'article 2.
À l'article 1, à l'amendement que le ministre nous a
soumis tantôt, pour ajouter un troisième paragraphe à
l'alinéa 2, il n'y a absolument rien qui soit en discussion. C'est un
oubli qu'on ajoute dans la loi. Finalement, on complète la loi. C'est
toujours admissible, au stade où on en est, mais cela reste quand
même qu'on ne sait pas si c'était une demande. Cela ne respectait
d'aucune façon les demandes que l'UMRCQ avait présentées.
Je le déplore. Je me demande pourquoi le ministre n'a pas donné
suite aux demandes en ce sens présentées par l'UMRCQ.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, puisqu'on a fait
référence à des échanges de lettres, je voudrais
simplement rappeler un certain nombre de choses là-dessus. J'ai
écrit à M. LeBlanc en octobre 1982 et j'ai eu une réponse
de M. LeBlanc le 23 novembre 1982, à peu près un mois
après, un peu moins d'un mois.
M. Saintonge: C'est un peu moins long que les réponses
qu'on peut attendre de certains ministres du gouvernement.
M. Léonard: M. le Président, je n'ai pas interrompu
le député de Laprairie. Je pense que je vais pouvoir lui
répondre, je l'espère bien. Voici la réponse qu'il m'a
faite: "Cette initiative des subventions du gouvernement fédéral
n'est pas financée en vertu du PCET, je crois plutôt qu'il s'agit
d'un programme administré par le ministre fédéral de
l'Emploi et de l'Immigration. J'ai donc pris la liberté de transmettre
une copie de votre lettre à mon collègue l'honorable Lloyd
Axworthy qui, j'en suis sûr, y donnera suite dans un avenir prochain." Ce
que je veux dire par là, c'est que, finalement, il a
transféré la responsabilité à un autre. Je lui
avais posé une question sur les PAEC, les programmes d'aide aux
équipements communautaires, qui relevaient de sa compétence
jusqu'en novembre 1980. Il a dit: Non, les raisons vous sont connues. Ce sont
des raisons de priorité. Ce n'était pas dans les priorités
du gouvernement fédéral et il n'avait pas les fonds
nécessaires ou suffisants pour mettre des fonds là-dedans.
Finalement, cela a été sa réponse de la fin de mars ou du
début d'avril. Je pense que cela a été, à toutes
fins utiles, une fin de non-recevoir qui
s'est maintenue.
Vous avez parlé aussi du télégramme ou de la lettre
de M. John Roberts. J'ai répondu à cette lettre. Vous n'en parlez
pas, mais je pense qu'il convient qu'à ce moment-ci je fasse état
de cette lettre. Elle est datée du 7 décembre 1983 et
adressée à M. John Roberts. Je lui dis ceci après
son télégramme: "J'ai pris connaissance avec étonnement de
votre télégramme du 30 novembre 1983. Votre attitude m'a surpris,
puisque j'étais demeuré sous l'impression, depuis notre rencontre
du 4 octobre, que les échanges entre nos deux ministères se
déroulaient dans un climat positif et avaient réellement
progressé. En effet...
M. Saintonge: Seulemement une question de règlement, M. le
Président. Seulement une seconde. Est-ce que le ministre a une copie de
cette lettre qu'il pourrait nous transmettre?
M. Léonard: Oui, je pourrai la transmettre au
député, "...le ton plutôt négatif qui
caractérise votre message m'amène à croire que vous
êtes très pessimiste sur l'issue des négociations qui sont
actuellement en cours. À moins que vous n'ayez déjà
arrêté votre position sans égard aux démarches qui
se poursuivent toujours entre nos fonctionnaires, je vois mal les
éléments qui ont pu vous amener à intervenir de cette
façon. Pour ma part, je crois plutôt que les discussions sur les
programmes de création d'emplois temporaires sont bien engagées
et conservent de très bonnes chances de déboucher sur la
définition d'une formule qui permettrait aux municipalités du
Québec d'y participer dans le respect des principes et exigences des
deux gouvernements. "Comme vous le mentionnez, nos représentants se sont
déjà rencontrés à plusieurs reprises depuis notre
propre rencontre du 4 octobre dernier. Une rencontre prévue pour le 8
décembre 1983 nous fournira l'occasion de vous soumettre un projet
formel d'entente qui, nous l'espérons grandement, saura vous satisfaire.
Il serait bien dommage qu'à un stade aussi avancé des pourparlers
des réactions émotives viennent réduire les chances de
franchir avec succès l'étape finale. Voilà pourquoi je
vous demande de poursuivre avec nous les efforts en vue de conclure dans les
meilleurs délais une entente dont le premier bénéfice
retombera sur les municipalités et les citoyens du Québec. Je
peux vous réitérer la volonté ferme du gouvernement du
Québec d'arriver à cet objectif. Je tiens toujours pour acquise
la détermination tout aussi arrêtée du gouvernement du
Canada d'arriver lui-même aux mêmes fins. "Quant aux propos que
vous avancez concernant le projet de loi 38, je me permets encore là de
vous faire remarquer que votre analyse me semble empreinte d'un
négativisme injustifié. Je trouve même symptomatique
à beaucoup d'égards qu'un projet de loi qui vise essentiellement
à consolider le cadre législatif actuel et qui s'inscrit dans le
sens même dicté par l'arrangement constitutionnel de 1867 puisse
soulever tant d'appréhension dans les milieux fédéraux. Je
ne crois pas, à vrai dire, que les inquiétudes que vous
nourrissez puissent être fondées sur l'intérêt bien
compris des municipalités du Québec; tout au contraire, je suis
persuadé que les précisions qu'apportera cette loi quant au cadre
à l'intérieur duquel une municipalité peut
bénéficier d'une participation financière du gouvernement
fédéral seront très bien reçues par la très
grande majorité d'entre elles. "Enfin, je ne partage pas votre point de
vue à l'effet que le premier ministre et moi-même aurions
contrevenu à notre entente de ne pas rendre public le contenu des
négociations en cours. D'abord, je crois que les interventions publiques
dont vous parlez ont porté essentiellement sur le projet de loi 38 qui a
été déposé à l'Assemblée nationale il
y a plusieurs mois déjà et dont j'ai parlé abondamment
dans une tournée des diverses régions du Québec. Par
ailleurs, j'ai, à l'occasion, informé mes interlocuteurs du
milieu municipal de la proposition écrite que nous avons
déposée à l'intention de votre collègue, M.
Johnston, lors de notre rencontre du 4 octobre dernier. "Les
négociations sur ce volet n'étant pas encore engagées,
puisque le gouvernement fédéral n'a pas encore réagi
à notre demande, nous n'avons pas pu rompre quelque entente que ce soit
en informant la population de notre position. De toute façon, je peux
vous assurer que ces interventions auront été faites dans un
esprit positif et qu'il serait erroné d'y voir des intentions
malicieuses. À ce sujet, vous aurez sans doute remarqué que votre
collègue, M. Johnston, lors d'une intervention faite à Rimouski,
le 4 novembre dernier, et votre adjoint parlementaire, M. Dubois, lors d'un
débat à Victoriaville, le 10 novembre, ont, de leur
côté, fait certaines déclarations regrettables. Je crois
que la retenue à laquelle vous nous invitez pourrait être bien
indiquée dans de tels cas. Si nous n'avions pas voulu soulever
publiquement cet accroc à notre accord du 4 octobre, c'est que,
au-delà de toute considération politique, nous ne voulions pas
porter atteinte aux négociations en cours. Mon sous-ministre avait
cependant saisi votre sous-ministre de ces incidents dès la rencontre du
14 novembre. "En terminant, je tiens à vous redire que le secteur
municipal demeure pour le gouvernement du Québec d'une très haute
importance et que nous voulons absolument
que les actions de l'un et l'autre gouvernement s'adressant aux
municipalités se fassent dans un cadre bien défini. Nous
demeurons persuadés, parce que cela s'est déjà fait il y a
quelques années à peine par les deux mêmes gouvernements,
qu'il est possible, si la volonté y est de part et d'autre, de trouver
une solution acceptable et profitable pour l'ensemble des intervenants.
"Veuillez agréer, M. le ministre, l'expression de mes meilleurs
sentiments." Je signe.
M. Rivest: M. le Président, il... (23 h 30)
M. Léonard: Cette lettre, M. le Président, a
été déposée à l'Assemblée nationale
quelques jours après. Vous pourrez en obtenir copie. Je pense que c'est
le 9 décembre ou quelque part par là.
M. Rivest: Ce qui m'étonne, M. le Président, c'est
que, dans ce domaine comme dans d'autres, ils s'écrivent, ils
s'écrivent, mais ils ne se parlent pas... J'ai manqué mon coup,
il n'a pas compris. Une question peut-être. Quand il y a des
problèmes de cette nature - vous avez correspondu, etc. - y a-t-il des
communications qui sont faites, téléphoniques ou autres, des
rencontres, etc.? Ce que je trouve absolument... Ce qui m'étonne - ce
n'est pas seulement vous, remarquez - dans le fonctionnement, c'est que c'est
incroyable ce que les ministres fédéraux et les ministres
péquistes s'écrivent, les lettres qu'ils s'écrivent, et
ils sont là qui attendent les réponses. Quand ils
réussissent à en trouver un qui a attendu quinze jours ou trois
semaines sans recevoir de réponse, ils disent à la presse: Voyez
comment cela va.
Le téléphone existe. Vous parlez-vous, à un moment
donné, et vous rencontrez-vous pour dire: Je t'ai envoyé une
communication, une proposition et je n'ai pas eu de réponse? Est-ce
qu'on pourrait se voir? Nos fonctionnaires pourraient-ils se voir? Je trouve
invraisemblable que les négociations et toute la démarche, en
particulier dans le domaine municipal, cela se fasse à coup
d'épîtres comme celle que vient de nous lire l'apôtre de
Labelle aux Corinthiens d'Ottawa. Je trouve cela absolument incroyable qu'on en
soit réduit à cela. Cela aboutit à des impasses et
à des projets de loi 38. Je trouve cela irresponsable de part et
d'autre. Les fédéraux sont rendus pareils à vous autres
à bien des égards, hélas!
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'il y a des
rencontres et il y a des appels téléphoniques, il y a des gens
qui se parlent. Quant à nous, je répète encore que nous ne
sommes pas pessimistes. Quand vous nous reprochez d'écrire une lettre,
je vous signalerai ceci, M. le député de Jean-Talon, que je
n'avais pas écrit, mais nos gens se parlaient
régulièrement, sauf que M. John Roberts m'a envoyé un long
télégramme dont il a fait parvenir copie à toutes les
municipalités du Québec.
M. Rivest: Ils sont pareils à vous?
M. Léonard: Je pense que je me devais, dans ces
circonstances, de lui répondre, parce que, quand même, il y a un
bout! C'est un ministre qui écrit à toutes les
municipalités, une chose qu'on ne voyait pas auparavant. M. Lalonde a
écrit, il y a quelques semaines, et c'est M. John Roberts
maintenant.
M. Rivest: Ce n'était pas comme cela avant, parce qu'il y
avait un climat de négociation et de confiance. Pourquoi les ministres
du fédéral communiquent-ils directement avec les
municipalités? Parce qu'ils ont peur, à tort ou à raison,
peu importe - je ne veux pas les défendre ni les absoudre - que vous
interprétiez mal leur point de vue auprès des
municipalités, et vous faites la même chose. Cela aboutit à
des incongruités qui font perdre du temps à tout le monde et cela
aboutit à des projets de loi 38.
M. Léonard: M. le député, je pense
que...
M. Rivest: Vous ne me ferez jamais...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je trouve que vous nous imputez des motifs
politiques très largement depuis le début de la soirée,
d'ailleurs, en disant: C'est toujours la faute de ceci ou de cela, du
gouvernement, évidemment, et jamais...
M. Rivest: Non, non, le gouvernement fédéral a
aussi sa part là-dedans. Je lui en donne un peu.
M. Léonard: Quant à nous, c'est nous qui avons
demandé à rencontrer les fédéraux et c'est M.
Roberts qui a été désigné par le premier ministre
Tudeau. La première occasion où nous l'avons rencontré,
c'était le 4 octobre et les fonctionnaires ont travaillé depuis.
Je considère que les nôtres travaillent dans un esprit positif
là-dessus.
M. Rivest: Je suis convaincu que les fonctionnaires travaillent
dans un esprit positif.
Le Président (M. Desbiens): L'article 2 est-il
adopté?
M. Saintonge: Non, M. le Président. Une voix:
Adopté.
M. Léonard: Ce ne serait pas nécessairement votre
cas, pas ce soir.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je vais prendre mes
feuilles, si vous voulez bien me donner deux secondes. Le ministre seulement
une question - a mentionné tantôt qu'en réponse à la
lettre de M. Roberts, il avait répondu et que certaines interventions
avaient été faites, mais simplement dans le cadre du projet de
loi 38. J'ai bien compris tantôt que vous avez mentionné que M.
Roberts vous reprochait, d'une certaine façon, d'avoir parlé de
vos négociations en public. Vous mentionnez dans votre
lettre-réponse que vous aviez simplement fait allusion au fait que vous
aviez parlé dans vos communiqués, non pas des négociations
en cours, mais du projet de loi 38.
M. Léonard: Ce que j'ai voulu dire, en tout cas,
très succinctement, à M. Roberts a été ceci. Je
faisais une tournée, de toute façon, sur le projet de loi 38.
Premièrement, même avant que nous nous voyions, nous avions
parlé du projet de loi 38 au Québec. Deuxièmement, j'ai
parlé du contenu des propositions que nous avions déposées
à Ottawa en ce qui concerne les équipements structurants; elles
étaient destinées à M. Johnston. Les négociations
n'étaient pas commencées. En ce qui concerne le programme de
création d'emplois temporaires, je ne me rappelle pas avoir parlé
du contenu des propositions que nous avions faites. Quand on m'a posé
des questions là-dessus, j'ai toujours montré un optimisme
prudent sur cette question.
M. Saintonge: Dans votre lettre, vous dites, à la page 2,
troisième paragraphe: "Enfin, je ne partage pas votre point de vue
à l'effet que le premier ministre et moi-même aurions contrevenu
à notre entente de ne pas rendre public le contenu des
négociations en cours."
M. Léonard: Les négociations portaient sur les
programmes de création d'emplois temporaires alors que ce dont je
parlais, c'étaient surtout des volets d'équipements structurants
du genre de l'assainissement des eaux, pour bien montrer dans quel sens cela
serait intéressant de signer des ententes avec le gouvernement
fédéral.
M. Saintonge: Dans le cadre de vos ententes, vos discussions
étaient simplement avec M. Roberts. Quand vous dites, dans vos
communiqués aux journaux de l'époque: "Trudeau devrait
étendre l'initiative de paix aux municipalités du Québec",
et que vous parlez des subventions qui sont données, vous touchez quand
même au cadre des négociations qui vous concernaient. Quand vous
mentionniez les bonbons qui sont distribués, cela m'apparaissait un peu,
d'une certaine façon, au niveau du fédéral...
M. Léonard: Écoutez, si...
M. Saintonge: ...simplement vouloir aiguiser le feu, je pense,
dans ce cadre-là.
M. Léonard: M. le député, si on parle des
bonbons, je pense qu'on parlait de subventions distribuées par les
députés fédéraux, en dehors de toute entente,
pendant qu'on négociait. Je trouve cela inacceptable et c'est absolument
inacceptable. Ce n'est pas parler du contenu des négociations que de
décrier une telle façon de procéder.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Article 2, accepté?
M. Saintonge: Ce n'est pas accepté. Dans les amendements
proposés, au minimum, je comprends que le ministre n'a pas donné
suite aux demandes. Il n'a pas proposé d'amendement. On va tenter, de
notre côté, de proposer certains amendements au ministre qui
pourraient, disons, rendre la loi moins discrétionnaire, moins
arbitraire.
M. Léonard: Est-ce que je peux poser une question? Il est
rumeur à l'heure actuelle que le Parti libéral du Québec
aurait écrit au gouvernement fédéral pour le prier de
signer une entente avec le gouvernement du Québec? Est-ce que cela est
exact?
M. Saintonge: Je peux vous dire que, de mon côté, je
n'ai pas envoyé de lettre dans ce sens-là, M. le ministre.
M. Rivest: On téléphone.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard: Je comprends que vous ayez voté contre
l'article 1.
M. Saintonge: Non, au contraire. Je peux vous dire que...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Saintonge: M. le Président, je ne voudrais surtout pas
vous enlever votre droit de parole, M. le député de Gouin.
Tantôt vous me reprochiez...
M. Rochefort: Vous ne voulez pas répondre à mes
questions.
M. Saintonge: ...non, je vous laisse la parole.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Vous pourriez peut-être faire un caucus,
à savoir si vous m'accordez...
M. Saintonge: Absolument pas. Je vous dis que je ne me priverai
pas du plaisir de vous entendre. Vous parlez tellement peu souvent. Vous voulez
parler au ministre, je suppose.
M. Rochefort: M. le Président, en réponse à
une question du ministre, le député de Laprairie a
répondu: Moi, je n'ai jamais fait cela. Est-ce que vous êtes au
courant si d'autres de vos collègues ou si votre chef, qui n'est pas
encore un parlementaire, aurait envoyé une lettre ou aurait entrepris
des contacts avec le Parti libéral fédéral?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Laprairie.
M. Rochefort: C'est une question sérieuse que je vous ai
posée? Oui ou non.
M. Saintonge: Je vous ai dit que je n'avais pas... La question du
ministre...
M. Léonard: Vous ne pensez pas que cela aiderait aux
négociations...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Léonard: ...le fait d'écrire à vos amis
d'Ottawa pour les prier de signer une entente avec le Québec?
M. Saintonge: Je n'ai pas écrit.
M. Léonard: Cela aiderait aux négociations.
M. Saintonge: Vous m'avez demandé si j'avais écrit.
J'ai dit que je n'avais pas écrit. Je peux vous dire que j'ai
rencontré M. Roberts. Je lui ai fait part de mon souhait que les
ententes puissent se signer le plus rapidement possible. M. Roberts m'a
confirmé qu'il vous avait rencontré, il m'a dit dans quel cadre
l'entente se situait. Il a cru de son devoir, par rapport à ce qu'on
entendait un peu partout, de venir spécifier, par la lettre qu'il a
envoyée aux municipalités, dans quel cadre il voulait orienter
son affaire. Il reconnaissait la compétence constitutionnelle du
Québec.
M. Léonard: Vous êtes en train de nous dire
finalement que vous étiez au courant qu'il devait écrire aux
municipalités du Québec.
M. Saintonge: Je n'ai jamais dit cela, M. le ministre. Ce n'est
pas cela que je viens de dire. Vous avez mal compris.
M. Léonard: Cela frôle passablement ce que vous
venez de dire.
M. Saintonge: Non, ou bien vous avez l'esprit
détourné, si vous interprétez ce que je viens de dire de
la façon que vous le faites. J'ai dit que M. Roberts avait écrit
au ministre et envoyé copie de cette lettre aux municipalités. Je
pense que cela est connu. Le ministre a même reproché
lui-même en Chambre au ministre Roberts d'avoir envoyé copie de sa
lettre du 30 novembre aux municipalités.
M. Léonard: Vous nous avez dit juste un peu auparavant que
vous l'aviez rencontré.
M. Saintonge: Oui, je l'ai rencontré.
M. Léonard: Avant qu'il envoie sa lettre. C'est cela que
j'ai compris de ce que vous avez dit.
M. Saintonge: II ne m'a dit d'aucune façon qu'il enverrait
une lettre aux municipalités.
M. Léonard: Ce n'est pas vous qui lui avez fait cette
suggestion?
M. Saintonge: Bien, voyons donc! Trêve de
plaisanteries...
M. Rivest: On retient les règles de discrétion
qu'on observe.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! On revient à
l'article...
M. Saintonge: On revient à l'article...
M. Léonard: Regardez ce que vous venez de dire!
M. Rivest: On ne s'est jamais fait retourner notre passeport
jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Messieurs les membres de la commission,
il faut demander le droit de parole au président. Si on parle tous
ensemble...
M. Saintonge: Mon Dieu! Il y a un nouveau président!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Si on parle tous ensemble, le monsieur
là-bas a de la difficulté à enregistrer.
M. Rivest: Avec l'autre président, on y allait comme
cela.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): J'en ai entendu parler tout à
l'heure. La parole est à M. Saintonge.
M. Saintonge: C'est le député de Laprairie.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est le député de Laprairie,
M. Saintonge.
M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. M. le ministre, je
veux quand même dire une chose au point de départ par rapport
à ce que vous avez dit et à ce que le député de
Gouin a mentionné. Quand j'ai rencontré le ministre Roberts, sur
la rive sud de Montréal...
M. Léonard: À quelle date?
M. Saintonge: La date exacte, je ne l'ai pas ici, mais
c'était peu après la rencontre, la seule, d'ailleurs, je crois,
que vous ayez eue avec M. Roberts. Votre rencontre date du 8 octobre?
M. Léonard: Du 4 octobre.
M. Saintonge: C'est quelques jours après. Je me souviens
fort bien que c'était un vendredi soir. Je me souviens du voeu que M.
Roberts m'exprimait au nom du gouvernement fédéral,
c'était d'en arriver à une entente le plus rapidement possible
avec le gouvernement du Québec et le ministre des Affaires municipales.
Il manifestait toute sa bonne volonté d'en arriver à une entente.
Il m'expliquait qu'il vous avait affirmé qu'il voulait respecter le
cadre constitutionnel canadien, respecter la compétence du Québec
dans le domaine municipal. Il parlait même alors de la possibilité
de donner un droit de veto au Québec sur les programmes municipaux sur
lesquels les municipalités pouvaient faire des demandes. Ce sont des
choses que M. Roberts m'a mentionnées dès ce moment-là. Le
premier ministre Trudeau avait également confirmé au premier
ministre Lévesque la même chose par lettre au cours du mois
d'août. Le débat était clairement engagé. Le genre
d'ententes qu'on voulait faire au niveau du fédéral était
clairement identifié. C'est ce que j'ai voulu mentionner.
J'ai transmis au ministre Roberts que ce souhait était aussi le
mien et que la position que moi, à titre de représentant aux
affaires municipales, je voulais défendre et que nous voulions
défendre, c'était le respect de la compétence
constitutionnelle du Québec, conformément à ce qui avait
été établi antérieurement et qui est dans la
constitution canadienne et même dans la loi de 1974.
M. Rochefort: À quelle date?
M. Saintonge: Au début du mois d'octobre.
M. Rochefort: À quelle date sommes-nous? Nous sommes le 15
décembre.
M. Saintonge: Les négociations, à ma
connaissance...
M. Rochefort: Vous n'avez pas une grosse influence sur la maison
mère!
M. Saintonge: Ce n'est pas notre maison mère,
premièrement. Vous autres, votre maison mère, votre filiale s'en
va à Ottawa. D'une façon ou d'une autre, M. le Président,
on peut étudier le projet de loi Léger. Ce n'est pas le projet de
loi Léonard; c'est le projet de loi Léger pour le Parti national
québécois.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On revient à l'article.
M. Saintonge: Je pense que c'est comme cela qu'on peut
l'identifier clairement. Le but exprès de la loi, selon ce qu'on a
constaté et nonobstant l'article 20, est de viser les relations entre la
province de Québec et le gouvernement fédéral. On ne
touche pas aux autres points de l'article 20, à tel point que l'on dit
même que les autres affaires sont couvertes par l'article 20. On voit
donc clairement dans quel sens le projet de loi 38 a été
fait.
M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: ...je suis heureux de vous voir de retour. Je
voudrais, au départ... Je vais vous présenter une motion, M. le
Président, une motion d'amendement puisque le ministre ne semble pas,
malgré les considérants qu'il avait mentionnés au
président de l'UMRCQ, qu'il prenait bonne note des amendements
proposés... On ne les a pas vus encore et nous en sommes à
l'article 2. Le ministre a reconnu que les deux principaux articles
étaient les articles 1 et 2.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
M. le député de Laprairie, vous avez une motion
d'amendement?
M. Saintonge: Je vais vous présenter un amendement qui se
lirait comme suit: "Que l'article 2 soit modifié en remplaçant,
dans la première ligne, les mots "du gouvernement" par les mots "des
deux tiers des membres de l'Assemblée nationale".
M. Léonard: Au jugement des deux tiers...
M. Rivest: Est-ce que vous pouvez répéter
l'amendement, M. le député?
M. Rochefort: Aux deux tiers...
M. Saintonge: "Que l'article 2 soit modifié en
remplaçant, dans la première ligne, les mots "du gouvernement"
par les mots "des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale."
C'est donc dire que l'article se lirait: "Une municipalité qui, au
jugement des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale, a
bénéficié..."
Le Président (M. Desbiens): En avez-vous une copie?
M. Rivest: J'ai une question à poser au
député. Est-ce que son amendement...
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous en avez une
copie? (23 h 45)
M. Saintonge: Je vais vous en donner une copie, mais elle est un
peu mouillée.
M. Léonard: C'est irrecevable.
Le Président (M. Desbiens): Sur la recevabilité, M.
le ministre.
M. Léonard: Je pense que c'est un amendement irrecevable.
Cela équivaut pratiquement à faire une loi chaque fois que le
gouvernement voudrait adopter un décret. C'est cela que ça veut
dire, parce qu'il reste quand même que, chaque fois que
l'Assemblée nationale devrait décider si la municipalité a
bénéficié d'une subvention ou pas, d'une participation du
fédéral, si l'amendement était accepté, il faudrait
donc, pour qu'il décide, il faudrait, pour que le gouvernement puisse
intervenir, que l'Assemblée nationale siège. C'est bloquer le
fonctionnement de la loi en fait.
Le Président (M. Desbiens): Sur la recevabilité, M.
le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Personnellement, je dois le dire en toute franchise,
j'ai des doutes sur la recevabilité. Je peux m'expliquer
là-dessus, oui?
Une voix: C'est bien, cela. M. Léonard: Pas trop
fort.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je pense que la préoccupation du
député de Laprairie m'apparaît tout à fait
légitime, c'est celle d'éviter que le ministre use d'une
discrétion qui est nettement abusive dans le projet de loi, mais le
ministre sait, comme membre de l'exécutif, et c'est le sens de
l'article, qu'un des principes de fond... Je pense, M. le député
de Laprairie, que votre amendement est irrecevable. Peut-être que vous
êtes d'accord avec moi, je crains que votre amendement, au sens du
règlement de l'Assemblée nationale, soit irrecevable. Sur le
fond, je serais porté à être assez d'accord avec la
proposition du député, mais je crains que ce soit difficilement
recevable, M. le Président, parce que l'amendement a pour effet de
transférer une responsabilité de l'exécutif vers le
législatif. Au sens de notre règlement, il y a sans doute un
article que vous trouverez, peut-être que c'est un amendement, qui
modifie substantiellement le principe de l'article. M. le député
de Laprairie, je ne sais pas si vous avez songé à cet aspect de
votre amendement. Le règlement vous empêche de faire... Ce serait
une excellente chose, en soi. Par exemple, sur le fond, je serais pas mal
d'accord, mais, sur la recevabilité, c'est purement une question
formelle et j'ai des réserves.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y en a d'autres
qui veulent s'exprimer sur la recevabilité? M. le député
de Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, si le député
de Laprairie me le permet, j'aurais une question à lui poser.
Une voix: II n'écoute pas.
Le Président (M. Desbiens): Sur la
recevabilité?
M. Lachance: Oui, justement, cela concerne la
recevabilité. C'est lui qui peut nous le dire ou quelqu'un d'autre de sa
formation politique. Si, par une hypothèse très improbable, la
majorité gouvernementale
acceptait cet amendement, j'aimerais savoir si les gens de
l'Opposition...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, est-ce que vous permettez?
M. Saintonge: Si c'est sur la recevabilité, oui.
M. Lachance: Cela touche la recevabilité. Si, par une
hypothèse improbable, je le répète, on acceptait cet
amendement, est-ce que vous vous engageriez à voter pour le projet de
loi?
M. Saintonge: Jamais de la vie...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! La question
n'a pas de rapport avec la recevabilité.
M. Lachance: J'ai ma réponse, M. le Président,
merci beaucoup. Cela prouve le sérieux de ces gens.
Le Président (M. Desbiens): S'il n'y a pas d'autre
intervenant, donc, le fait...
Voulez-vous intervenir encore sur la recevabilité?
M. Saintonge: Non. On peut enlever...
Le Président (M. Desbiens): Je juge l'article... Vous
voulez le retirer?
M. Saintonge: Je vais le retirer.
Le Président (M. Desbiens): Vous allez le retirer.
M. Rochefort: Faites un caucus pour être sûrs que,
sur le prochain, vous allez vous entendre.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
retiré.
M. Saintonge: Je vais en présenter un autre.
Le Président (M. Desbiens): Oui.
M. Saintonge: L'amendement se lirait comme suit: "Que l'article 2
soit modifié en remplaçant, dans la première ligne, les
mots "au jugement du gouvernement" par les mots "de l'avis de la Commission
municipale du Québec, après audition."
M. Rivest: Autrement dit, ce n'est pas le ministre parce que,
à la Commission municipale... Enfin, c'est sur le fond. Je pense qu'il
est recevable. C'est vraiment l'exécutif. Sur le fond, mon
collègue va intervenir et je voudrais intervenir par la suite.
Le Président (M. Desbiens): Sur la
recevabilité?
M. Rivest: Non, non, c'est recevable.
Le Président (M. Desbiens): Y a-t-il des interventions? Il
n'y a aucune intervention.
M. Rivest: La beauté de l'affaire, c'est que le
président, cela va le...
Le Président (M. Desbiens): Oui, l'amendement... Oui, M.
le ministre. Il veut intervenir.
M. Léonard: M. le Président, cet amendement n'est
pas plus recevable que l'autre, parce que, cette fois, au lieu de
transférer le pouvoir de l'exécutif au législatif, on le
transfère de l'exécutif au quasi judiciaire.
M. Rivest: Absolument pas. Absolument pas, justement.
M. Léonard: Au jugement de la Commission municipale.
M. Rivest: Continuez votre argument, je vais vous expliquer
pourquoi. Avez-vous la loi concernant la Commission municipale?
M. Saintonge: Non.
Une voix: Quelle grande tolérance que celle du
député de Jean-Talon!
M. Saintonge: Eux, par exemple, ils l'ont.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Le ministre vient d'affirmer que la Commission
municipale fait partie du judiciaire.
M. Léonard: J'ai dit du quasi judiciaire.
M. Rivest: Est-ce le judiciaire ou le quasi judiciaire?
M. Léonard: Le quasi judiciaire, ai-je dit.
M. Rivest: Un organisme quasi judiciaire, M. le Président,
relève de l'exécutif, parce qu'un organisme quasi judiciaire
n'exercera pas que des fonctions judiciaires. Autrement, ce serait un tribunal
de droit commun, ce qui serait effectivement du domaine... Un organisme quasi
judiciaire n'a pas comme responsabilités uniquement des
responsabilités judiciaires, qui appartiennent aux tribunaux. Ce serait
le pouvoir judiciaire. Un organisme quasi
judiciaire a des responsabilités administratives. Comme question
de fait, l'organisme quasi judiciaire en question relève de
l'exécutif et est une branche de l'exécutif. La nomination des
membres, le contrôle, les budgets, enfin le fonctionnement et tout cela
relèvent de l'exécutif. Cela reste dans le domaine de
l'exécutif. Ce n'est pas du tout de la même nature. Il est
recevable. On peut être d'accord ou non pour confier cela à la
Commission municipale, mais, concernant la recevabilité de l'amendement,
si le député de Laprairie avait suggéré que ce soit
de l'avis de la Cour supérieure ou de la Cour provinciale, il y aurait
eu un problème, mais la Commission municipale, c'est un organisme qui
est une émanation de l'exécutif.
Le Président (M. Desbiens): Je me guide sur une
décision déjà rendue le 26 avril 1978: "Pourvu qu'une
motion d'amendement proposée en vertu de l'article 70 'du
règlement se rapporte à la question principale, ne la
dénature pas ou ne constitue pas une négation amplifiée de
cette question, elle est recevable." Ici...
M. Rochefort: Vous permettez, M. le député de
Jean-Talon?
Le Président (M. Desbiens): Pardon?
M. Rochefort: Je pense que c'est important, M. le
Président. Le député de Jean-Talon me faisait une
confidence. On pourrait peut-être la répéter. Vous disiez
que c'était une "quasi-dénaturation".
M. Rivest: J'essayais de lui expliquer... M. le Président,
je n'aime pas vous interrompre.
M. Léonard: Allez-y!
Le Président (M. Desbiens): Vous aviez...
M. Rochefort: C'est un éclairage important, M. le
Président. Je suis convaincu que vous êtes prêt à
vous laisser interrompre pour entendre ce qu'on m'a confié.
Le Président (M. Desbiens): ...un éclairage
additionnel important?
M. Rivest: Non.
M. Rochefort: On insiste.
Une voix: On sait de quel côté vous cherchez des
lumières.
M. Saintonge: Le député de Groulx n'est pas
sérieux, M. le Président. Je ne voulais pas insulter le
député de Groulx. Le député de... Je vais finir
par...
Une voix: De Gouin.
M. Saintonge: Le député de Gouin veut
intervenir.
M. Rochefort: M. le Président, le député de
Laprairie oublie souvent la circonscription électorale d'où je
viens. Il a bien raison; l'important, c'est de se souvenir de mon nom.
M. Saintonge: Je suis d'accord avec vous, sauf qu'il semble que,
d'après les règles parlementaires, on ne peut pas vous appeler
par votre nom.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! L'amendement du député de
Laprairie est reçu.
Motion d'amendement à l'article 2
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, je voudrais parler sur
l'amendement, à la suggestion du député de Laprairie.
L'idée de cet amendement, parce que cela a été une des
grandes préoccupations des intervenants municipaux, que l'aspect
discrétionnaire du ministre, enfin du gouvernement... Le ministre, c'est
la même chose. Au jugement du gouvernement et dans la mesure où il
y a des sanctions, si c'était uniquement un projet de loi
établissant les politiques ou enfin les orientations... Là, c'est
un projet de loi qui risque de pénaliser les municipalités. C'est
tout le processus quasi judiciaire et non judiciaire. Je me demande quels sont
les inconvénients. Étant donné que, dans l'application de
ce projet de loi, le ministre pourrait confier à la Commission
municipale l'équipement, enfin le mandat, je préférerais
beaucoup, et je pense que les municipalités préféreraient
également avoir le droit, parce que, devant la Commission municipale,
les règles de droit s'appliquent, les deux parties peuvent être
entendues, le pour et le contre d'un dossier... Il n'y aura pas, j'imagine, si
ce projet de loi finit par être adopté, des centaines et des
milliers d'interventions. D'ailleurs, si c'était le jugement du
ministre, il ne se serait pas confié cette responsabilité, parce
que cela le surchargerait. Je ne pense pas que cela puisse surcharger
indûment la Commission municipale. Pour le "due process", pour
procéder sur le plan du respect des règles
élémentaires de justice, étant donné que des
sanctions et des pénalités sont imposées aux
municipalités qui auraient enfreint la loi 38, je demande au ministre de
considérer très sérieusement de transférer cette
responsabilité à l'article 2, c'est-à-dire: "Une
municipalité qui, au jugement de la Commission municipale, a
bénéficié autrement que selon l'article 1, etc. Il me
semble que là, cela respecterait beaucoup plus le sens de
l'équité, de la justice et de ce qu'on appelle le "due process of
law". Je ne veux pas insister plus qu'il ne le faut, parce qu'on achève
notre séance, il est près de minuit moins quatre, mais je
demanderais au ministre de bien y penser.
D'autant plus, M. le ministre, que le constat que vous pourriez garder
à l'article 3, le constat par décret, par exemple, des
informations... Mais j'aimerais que vous l'établissiez avec vos
conseillers juridiques, aussitôt que le constat de fait, la plainte, si
vous voulez... Appelons-la d'une façon analogique, la plainte pourrait
vous être adressée, je n'ai pas d'objection là-dessus.
Là où j'ai des réserves et des objections, c'est que vous
décidiez de la recevabilité de la plainte et que vous en
disposiez. Les informations qui vous sont transmises en tant que ministre,
disons que cela me laisserait assez indifférent, mais pour savoir si,
effectivement, il y a eu infraction aux dispositions de la loi 38, il serait de
beaucoup préférable qu'un organisme quasi judiciaire puisse
être habilité à en décider, pour ensuite amener une
municipalité qui aurait enfreint les dispositions de la loi 38 à
encourir les pénalités prévues à la loi,
pénalités qui sont extrêmement sévères. Ce ne
sont pas des choses...
J'ai un autre argument, c'est que, par-delà les
municipalités - parce qu'on parle beaucoup du gouvernement
fédéral, du gouvernement du Québec et des
municipalités -il y a les citoyens qui ont des besoins à
satisfaire. Pour une municipalité qui se verrait couper les subventions
auxquelles elle aurait droit en vertu de cela, il y a tout un problème
vraiment. Je sais qu'il y aura toujours le fait que les citoyens pourraient se
retourner éventuellement contre la municipalité au moment de
l'élection, cela pourrait être considéré comme un
acte de mauvaise administration de la part de leurs élus municipaux,
mais la sanction serait très éloignée.
Étant donné l'importance même de la dynamique dans
laquelle on s'inscrit ou du processus dans lequel on s'inscrit lorsque cette
loi deviendrait applicable et, compte tenu de la très grande
réserve et vraiment de tous les commentaires qu'on a vus dans la presse
et dans les municipalités sur l'utilisation, sur le caractère...
Disons que c'est discrétionnaire, que c'est arbitraire, mais on peut
faire confiance au ministre qu'on ne sombrera pas nécessairement dans
l'arbitraire. Parlons de pouvoir discrétionnaire. Je pense qu'il serait
de beaucoup préférable qu'un organisme quasi judiciaire puisse
avoir un droit de regard, parce qu'à ce moment-là, les droits des
parties pourraient être beaucoup mieux protégés que par le
projet de loi.
En terminant, M. le Président, puisqu'il ne me reste que quelques
secondes, je sais qu'il faudrait peut-être revoir de plus près la
rédaction de l'amendement, parce que l'amendement proposé par le
député de Laprairie n'est pas nécessairement dans la
meilleure forme possible, mais je demanderais au ministre de considérer,
dans les heures qui nous séparent de la prochaine séance, le sens
de cet amendement, qui est de confier à un organisme quasi judiciaire le
soin de déterminer s'il y a eu ou non infraction, selon les
règles de droit que l'on connaît. Je pense que c'est dans
l'intérêt de tout le monde.
Le Président (M. Desbiens): II est minuit. La commission
des affaires municipales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)