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(Onze heures cinquante-six minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales se réunit aux fins
d'étudier article par article le projet de loi 38, Loi sur la
participation gouvernementale au financement des municipalités.
Les membres de cette commission sont: M. LeMay (Gaspé), M.
Laplante (Bourassa), M. Dauphin (Marquette), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Fallu
(Groulx), M. Lachance (Bellechasse), M. Léonard (Labelle), M. Rocheleau
(Gouin)...
M. Rochefort: M. le Président, question de
privilège. Mon nom est Rochefort.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. C'est la
deuxième fois que l'erreur se fait.
Une voix: II n'y a pas de question de privilège en
commission.
M. Rochefort: Dans ce cas...
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Compte tenu de la salle qu'on a, je vous demande d'être
calmes et de demander la parole aussi, parce que ce sera impossible de
s'entendre.
Alors, M. Rochefort (Gouin), M. Maciocia (Viger), M. Saintonge
(Laprairie) et M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: M. Gratton (Gatineau), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Desbiens (Dubuc), M. Middlemiss
(Pontiac), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Leduc (Saint-Laurent), M.
Léger (Lafontaine), M. LeMay (Gaspé) et M. Paré
(Shefford).
Au tout début, je demanderais la nomination d'un...
M. Saintonge: M. le Président. Le Président (M.
Gagnon): Oui.
M. Saintonge: Vous l'avez nommé deux fois.
M. LeMay: Est-ce que j'ai droit à deux votes?
Une voix: Vous n'avez droit à aucun vote.
Le Président (M. Gagnon): Vous étiez intervenant et
membre en même temps. M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, avant de commencer, je veux
m'assurer qu'on puisse faire...
Le Président (M. Gagnon): Avant de commencer aussi, je
voudrais être certain d'avoir un rapporteur pour cette commission.
Attention! Il va falloir faire attention de ne pas parler trois ou
quatre en même temps, parce que cela n'a pas de sens. M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: J'hésiterais avant de nommer un rapporteur qui
pourrait ne pas avoir place à cette table de la commission.
M. Rochefort: M. le Président, je peux vous dire le nom de
quelqu'un qui a place à la table.
M. Gratton: De notre côté, on souhaiterait que la
salle soit aménagée de façon que nos quatre intervenants
puissent prendre place à la table de la commission. Il me semble que
c'est un minimum. Ne trouvez-vous pas?
Le Président (M. Gagnon): Mais, actuellement, il y a plus
de quatre...
Une voix: Cela en prend huit. Il nous en manque deux.
M. Gratton: On a droit à quatre membres et quatre
intervenants. On a de la place pour six, M. le Président, comme vous le
constatez. Un, deux, trois, quatre, cinq et six. On voudrait en asseoir deux
autres. Y a-t-il possibilité de prendre les moyens pour que cela puisse
se faire?
Le Président (M. Gagnon): Je vous suggère d'en
asseoir deux autres à la table, au bout.
M. Gratton: Je n'ai pas d'objection sauf que, lorsque nos
invités vont arriver, quelqu'un devra se déplacer parce que, si
je comprends bien, on va entendre le président de l'Union des
municipalités régionales de comté.
Le Président (M. Gagnon): Actuelle-
ment, j'ai le mandat de faire étudier le projet de loi article
par article; libre à la commission de changer le mandat.
M. Gratton: Non. On ne changera pas le mandat, on va seulement
essayer de s'asseoir autour de la table.
Le Président (M. Gagnon): On va s'entendre. De toute
façon, s'asseoir autour de la table, c'est ce que je cherche à
faire. Qu'est-ce qu'on fait avec cela? Il y a de la place au bout. Alors, on
pourrait prendre ces places à la table du bout.
Une voix: C'est parfait.
M. Ciaccia: On n'a qu'à l'allonger.
Le Président (M. Gagnon): Cela va?
M. Saintonge: On va s'installer, M. le Président. Avant de
commencer nos travaux je demanderais qu'on permette aux deux membres de notre
parti de s'installer comme il faut. Ensuite on commencera nos travaux.
Le Président (M. Gagnon): Oui.
Une voix: La température est-elle adéquate pour
commencer?
Une voix: Non, mais cela, on y verra.
Le Président (M. Gagnon): On y verra en temps et lieu.
Une voix: J'ai l'impression qu'il va faire un petit peu plus
chaud tantôt.
Le Président (M. Gagnon): On va suspendre le temps qu'on
organise la salle. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise de la séance à 12 h 3)
Le Président (M. Gagnon): Nous recommençons donc.
J'étais à vous demander une suggestion... M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je remarque que vous avez fait de la place pour les
membres de l'Opposition, mais qu'il y a beaucoup de journalistes qui n'ont pas
d'endroit pour s'asseoir. Ils sont debout. Est-ce qu'il y a moyen d'accommoder
les journalistes?
Le Président (M. Gagnon): Écoutez, il y a...
Une voix: Pouvez-vous parler plus fort?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: ...également que les gens au fond semblent
avoir de la difficulté à comprendre ce qui se passe à
notre commission.
M. Ciaccia: Ils ne peuvent pas entendre.
Le Président (M. Gagnon): D'abord, pour se comprendre
nous-mêmes et pour que les autres nous comprennent, on va arrêter
de parler tous ensemble. On va commencer nos travaux dans l'ordre et je pense
que le tout va rentrer dans l'ordre. On n'a même pas commencé et
j'en reconnais toujours trois ou quatre qui prennent la parole en même
temps. On sait que c'est une salle qui se prête plus ou moins bien
à une commission parlementaire, mais je pense que, si tout le monde
apporte sa collaboration, on va réussir.
Les journalistes, je les inviterais...
Une voix: II y a moyen de changer de salle.
Le Président (M. Gagnon): Je pense qu'il y a de la place
en arrière. Normalement, c'est la place des invités. Oui, M. le
député de Laprairie.
M. Gratton: Est-ce que vous entendez là-bas?
Des voix: Non.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous entendez
bien?
M. Ciaccia: M. le Président, normalement...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Normalement, quand les gens sont assis à cet
endroit dans les autres salles, il y a des haut-parleurs et les gens, les
journalistes, les invités peuvent nous entendre. Si on se parle ici et
que les journalistes sont complètement à l'autre bout et ne
peuvent pas nous entendre, je ne pense pas que cela les aide à vraiment
accomplir leur travail.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que vous entendez bien en
arrière? De toute façon, on est là pour étudier le
projet de loi article par article.
Une voix: Ils ne répondent pas.
M. Ciaccia: Le type au fond là-bas a
secoué la tête. Non, il n'entend pas du tout. Vous avez
demandé s'il entendait et il a secoué la tête pour dire
non.
Le Président (M. Gagnon): Je demande la nomination d'un
rapporteur à cette commission.
M. Saintonge: M. le Président, avant la nomination d'un
rapporteur...
M. Gratton: Est-ce qu'on... M. Ciaccia: Les
journalistes...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: II y a un des journalistes qui est debout à la
porte.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laprairie a la parole. À l'ordre!
M. Ciaccia: On n'a pas parlé encore. On n'a rien fait.
M. Saintonge: M. le Président, il y a deux choses, de
toute façon. C'est l'étude article par article, mais je pense
qu'une commission parlementaire, c'est public. Vous avez un projet de loi qui
intéresse plus de 1600 municipalités du Québec, d'une
part. Vous avez également un projet de loi qui a suscité
l'intérêt manifeste des chambres de commerce de la province de
Québec: la Chambre de commerce de Montréal, la Chambre de
commerce de Québec, la Chambre de commerce de Laval et j'en passe, le
Conseil du patronat, etc. Plusieurs organismes ont manifesté...
Même ce matin, on mentionne que le Conseil du patronat demandait
d'être entendu en commission parlementaire dans la mesure du possible. Ce
pourrait être intéressant que des organismes adjacents au monde
municipal puissent venir faire valoir leur opinion.
Si dans l'opinion du président, ce n'est pas important, puisque
l'on étudie article par article, qu'on puisse permettre à tout le
monde dans cette salle qui veut venir entendre les débats, d'entendre
correctement et d'une façon complète les débats qui se
passent, je me demande encore une fois si ce n'est pas vraiment une parodie de
la démocratie, tel que le soulignait l'Union des municipalités du
Québec dans le télégramme adressé au
président même de l'Assemblée nationale.
Je pense, M. le Président, qu'au départ, on devrait
régler le cas pour les journalistes - qu'ils puissent s'asseoir comme il
le faut -et, pour les gens de l'extérieur qui veulent venir;
également, on devrait s'assurer que ces personnes puissent entendre sans
que, de notre côté, on ait à élever la voix. On se
comprend, on va être ici jusqu'à minuit ce soir et peut-être
plus longtemps demain ou après-demain, je ne sais pas, et il va arriver
que les gens vont manquer d'un peu de force dans la voix, c'est
évident.
M. le Président, on va vous donner tous nos points mais voici un
autre point au départ: je me rends compte qu'il fait déjà
assez chaud dans cette salle. On ferme les portes. Je me demande de quelle
façon on sera dans une demi-heure, dans une heure.
Le Président (M. Gagnon): En ce qui concerne l'opinion du
président, le président est là pour la bonne marche des
travaux de l'Assemblée nationale, pour la bonne marche de la commission
parlementaire et une preuve qu'on était peut-être en train de
faire... Je ne veux pas dire qu'on est très confortable mais, M. le
député de Laprairie, j'ai vu les gens en arrière de la
salle qui faisaient des signes de tête prouvant qu'ils étaient
d'accord ou en désaccord avec vos propos. Cela prouvait, de toute
façon, qu'ils entendaient très bien ce que vous disiez.
Ceci veut dire que, si on veut travailler dans l'ordre, il s'agirait
qu'on se donne la main pour ne pas semer le désordre. Si on prend la
parole l'un après l'autre, on sera capable, je pense, de très
bien s'entendre.
M. Saintonge: M. le Président, une correction à la
suite de ce que vous dites. Je comprends que les gens peuvent faire signe de la
tête. Est-ce que vous m'entendez bien? Mais, entre m'entendre bien et
m'entendre, c'est un élément distinct. Si je hausse la voix et
que je demande aux gens s'ils m'entendent bien là-bas, ils peuvent me
dire oui.
Le Président (M. Gagnon): M. le
député...
M. Saintonge: Si je parle moins fort, ils peuvent m'entendre
moins bien, ils peuvent perdre des propos qui peuvent être
importants.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député de Laprairie. J'ai pris la peine de vous laisser parler en
remarquant que vous parliez sur un ton normal et en remarquant que les gens,
dans la salle, faisaient des signes de tête prouvant qu'ils vous
comprenaient.
M. Saintonge: Alors, j'aurais une demande, M. le
Président, à vous formuler immédiatement, pour m'assurer
d'une chose. Puisque, dans le cadre des travaux parlementaires actuellement, il
y a plusieurs commissions qui sont appelées à siéger, je
voudrais essayer d'avoir au minimum l'accord du président et des membres
du parti
ministériel pour qu'on puisse, en cours de journée,
remplacer certains intervenants ou certains membres de la commission qui
peuvent être appelés à aller dans d'autres commissions
parlementaires.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Voulez-vous approcher votre
micro, s'il vous plaît?
Une voix: II est de l'autre côté de la table et ils
ne l'entendent pas.
M. Fallu: J'acquiescerais à une telle demande, du moins
pour aujourd'hui, du fait que nous avons exactement les mêmes
problèmes que les membres de l'Opposition car certains de nos membres
doivent nous quitter à un moment ou l'autre pour aller, soit
présider une commission ou participer à une autre. Donc, on peut
s'entendre au moins, non pas pour l'ensemble de la séance mais pour les
parties de séances, c'est-à-dire les reprises des travaux.
M. Saintonge: On peut s'entendre qu'à chaque reprise de
séance, les travaux...
Le Président (M. Gagnon): Du moins, pour aujourd'hui.
M. Saintonge: Pas "du moins pour aujourd'hui", M. le
Président. Si on fait quelque chose de ce côté-là,
je pense que ce devrait être valable jusqu'à la fin de la
commission. C'est que nous sommes... En fin de compte, aujourd'hui ou demain,
c'est la même chose.
Le Président (M. Gagnon): C'est l'habitude, M. le
député, je crois, qu'on a prise au début de chaque
séance normalement, de faire des changements de membres ou
d'intervenants. Je pense que, par habitude, on fait cela.
M. Saintonge: Je veux m'assurer qu'on aura l'accord du
côté ministériel à cette demande. Le
député de Groulx m'en a fait la mention avant même que j'en
parle ici.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, lorsqu'il y a un changement
d'un membre du côté de l'Opposition ou du côté
gouvernemental, il prend la place de l'autre. Cela veut dire que si l'autre
personne a parlé sur un sujet donné, sur un article du projet de
loi, ce droit de parole n'est pas donné à un nouveau membre.
Le Président (M. Gagnon): Cela va de soi.
M. Tremblay: Alors, on s'entend.
Le Président (M. Gagnon): On me dit, et je ne voudrais pas
avoir induit les gens en erreur, que la tradition est que, lorsqu'un membre est
nommé, il est là pour la journée. Alors, effectivement,
cela prend un consentement pour nommer de nouveaux membres.
Une voix: On l'a donné.
Le Président (M. Gagnon): Vous l'avez donné. On me
dit aussi...
M. Saintonge: Je comprends, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): ...que ce soir, on aura une
meilleure salle.
M. Saintonge: Je comprends qu'on a également le
consentement du côté ministériel à cette chose.
M. Léonard: En utilisant les droits de parole. Lorsque
c'est un droit de parole épuisé, c'est épuisé.
M. Saintonge: Le remplaçant n'a pas le droit de
parole.
M. Léonard: C'est cela.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Je m'oppose. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui on
changerait la tradition de l'Assemblée nationale. C'est de tradition
qu'on nomme les membres pour la journée. Je ne vois pas pourquoi on
changerait cela aujourd'hui. Il n'y a rien de particulier. C'est courant qu'il
y ait trois commissions qui siègent. Souvent, l'Opposition donne
son consentement à cela. Je ne vois pas pourquoi on changerait cela.
Une voix: Votre whip adjoint vient de dire...
Une voix: Entendez-vous.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: ...pas suspendre, que les membres du parti
ministériel s'entendent entre eux.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Quelle incohérence.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, après avoir entendu
le député de Chambly, qui semblait être...
M. Gratton: Pas si fort.
M. Saintonge: Je m'excuse, mon confrère de Gatineau.
Même si vous pensez que c'est mon timbre normal de voix, je parle un peu
plus fort que de coutume.
M. le Président, après avoir entendu le
député de Chambly, qui semblait contredire un peu les propos du
député de Groulx, je voudrais m'entendre avec vous pour savoir si
on a ou non le consentement du côté ministériel pour qu'au
début de la séance on puisse faire les changements
nécessaires, tel que convenu généralement à cette
période-ci de l'année.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laprairie, j'ai compris qu'on avait le consentement. C'est cela? Est-ce que
j'ai bien compris? M. le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: C'est difficile de travailler. Le
député de Viger vous a demandé la parole depuis
tantôt et vous ne l'avez même pas entendu.
Le Président (M. Gagnon): Cela aurait été de
toute façon difficile d'avoir la parole jusqu'à maintenant, mais
je la lui cède immédiatement.
M. Maciocia: M. le Président, c'était seulement
pour demander si c'est possible de donner une directive aux membres de la
commission et aux autres de ne pas fumer, parce que je crois qu'on sera
étouffés tantôt, parce qu'on est dans une salle très
petite.
Une voix: Je m'oppose.
Une voix: Plus fort, on ne t'entend pas.
M. Maciocia: Pour ma santé et celle d'autres personnes, je
voudrais au moins qu'on arrête de fumer, que vous donniez un ordre dans
ce sens-là.
Une voix: Impossible.
Le Président (M. Gagnon): Je ne comprends pas que les gens
de ce bout-ci ne vous aient pas entendu, parce que je vous ai très bien
entendu. Ceux qui ont dit qu'ils ne vous comprenaient pas étaient plus
près de vous que moi.
M. Gratton: C'est parce que vous lisez sur les lèvres. Je
suis de côté, je ne peux pas...
Le Président (M. Gagnon): Alors, je demande aux gens qui
sont dans cette salle, premièrement, aux membres de cette commission, si
on veut s'abstenir - je n'ai pas d'ordre à donner - le plus possible de
fumer; c'est un fait que cela nous aiderait à faire nos travaux.
Je demande la nomination d'un rapporteur. M. le député de
Groulx.
M. Fallu: M. le Président, je demande que le
député de Bellechasse soit notre rapporteur.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Bellechasse est donc le rapporteur.
M. Gratton: M. le Président, sur la motion...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: En temps normal, nous aurions beaucoup de choses
à dire sur cette nomination que nous propose le député de
Groulx. D'ailleurs, on a déjà dit passablement de choses au sujet
du député de Bellechasse au moment où il avait servi comme
rapporteur de la commission des finances, je pense, sur un projet de loi
quelconque.
Une voix: Plus fort. M. Gratton: Pardon?
Une voix: Plus fort.
M. Gratton: Je m'excuse. Si ce n'était du fait que nous
devons entendre le président de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec ce matin, la tentation
serait grande de faire l'examen très complet des qualifications et des
compétences du député de Bellechasse pour assumer ce lourd
poste de rapporteur de la commission. (12 h 15)
Nous avons toujours l'impression que le président de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec doit
être entendu dès le départ de nos travaux. Avant qu'on
acquiesce à la motion du député de Groulx, j'aimerais que
le ministre nous indique que le président de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec sera
effectivement entendu dès après la nomination du rapporteur de la
commission. Après quoi, nous pourrons souscrire à la nomination
du rapporteur.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je pense que
dès qu'on sera prêt à vraiment travailler, on va
procéder. Je pense que l'ordre habituel des travaux de la commission,
c'est de nommer le rapporteur et ensuite on ouvre la commission. Je pense que
cela va aller dans l'ordre. Il n'y a pas de problème.
M. Gratton: Oui, une fois... Le ministre est très fort
pour répondre sans répondre. Ce que je veux savoir, quand on
ouvrira la commission après... D'ailleurs elle est ouverte.
M. Léonard: Elle est ouverte?
M. Gratton: Oui. Les portes sont fermées, il fait chaud,
mais la commission, elle, est ouverte. Les journalistes ne nous entendent pas,
la population ne sait pas ce qu'on dit mais selon vous, la commission
est ouverte.
M. Léonard: C'est enregistré, monsieur.
M. Gratton: Bon. Ce que je voudrais savoir du ministre:
très clairement, une fois qu'on aura procédé à la
nomination du rapporteur de la commission, est-ce que, immédiatement, on
invitera le président de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec à venir nous dire ce
qu'il a à nous dire, à répondre à nos questions
avant d'entamer l'article 1?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, il semble qu'il est de
coutume qu'après avoir nommé le rapporteur, on dise quelques mots
de bienvenue de ma part et de celle des représentants de l'Opposition.
Puis, tout de suite après, on entendrait le président de l'UMRCQ.
On pourrait donc dire quelques mots de bienvenue et on l'entendra
après.
M. Gratton: M. le Président, quant à nous, nous
sommes prêts à acquiescer à cette nomination du
député de Bellechasse.
Une voix: Bravo.
M. Gratton: Vous voyez comme cela n'est pas malin.
Le Président (M. Gagnon): Donc, c'est le
député de Bellechasse qui est le rapporteur. Je cède
immédiatement la parole au ministre.
M. Gratton: M. le Président, avant de... Me
permettriez-vous...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Me permettriez-vous...
Le Président (M. Gagnon): On vient de dire qu'on vous
donnait la parole.
M. Gratton: Oui. Mais je voudrais quand même saisir le
ministre d'une situation qui n'est pas normale. Je pense qu'il va en convenir
tout de suite. J'imagine que le ministre ne veut pas parler dans le vide. Il ne
veut pas parler seulement aux membres de la commission non plus. Il voudrait
sûrement que, par le biais des reportages que les journalistes qui sont
là-bas, là-bas... Vous m'entendez là-bas?
Une voix: Plus fort.
M. Gratton: Vous m'entendez là-bas, les journalistes?
Une voix: Ils sont là. Ils sont derrière vous.
M. Gratton: M. L'Heureux, là-bas, m'entend?
Le Président (M. Gagnon): Juste derrière vous.
M. Gratton: Est-ce que M. L'Heureux m'entend là-bas dans
le fond de la salle?
Une voix: M. L'Heureux, est-ce que vous entendez?
M. Gratton: M'entendez-vous, M. L'Heureux?
Une voix: Non.
Motion proposant de demander à siéger
dans une autre salle
M. Gratton: Non. Alors, vous voyez, M. le Président, on
vient de faire la démonstration que c'est tout à fait... On peut
en rire, mais c'est tout à fait loufoque comme situation. M. le
Président, le leader se sent visé. Je le regarde simplement parce
qu'il est là. M. le Président, j'aimerais faire une motion que je
suis en train d'écrire, qui est écrite au brouillon. C'est une
motion dite préliminaire: Que la commission fasse rapport à
l'Assemblée nationale pour l'informer qu'il lui est impossible de
s'acquitter de son mandat de façon convenable à la salle 80-A
telle qu'aménagée et qu'elle demande à être
assignée à un local plus adéquat. Si vous jugez cette
motion recevable, M. le Président, j'aimerais expliquer très
brièvement pourquoi je la fais.
Le Président (M. Gagnon): D'abord, je
voudrais être éclairé sur la recevabilité de
la motion.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Je pense que vous savez
que le règlement prévoit qu'en tout temps, un
député qui a la parole peut présenter une motion de faire
rapport intérimaire à l'Assemblée nationale. C'est ce que
je fais.
En supposant que vous la considérez adoptée, il me semble
qu'on pourrait tout de suite l'adopter. Le leader parlementaire du gouvernement
est devant nous. Il pourrait même prendre les dispositions
immédiatement pour qu'on se transporte dans une autre salle. Je trouve
que c'est complètement... Je la présenterai une fois que vous
l'aurez déclarée recevable.
Le Président (M. Gagnon): M. le leader.
M. Bertrand: M. le Président, je vous ferai valoir que la
disponibilité des locaux à l'Assemblée nationale n'est pas
du ressort du leader parlementaire. Le député de Gatineau
reconnaît cela. La disponibilité des locaux...
M. Gratton: Mais là, réglons la question de la
recevabilité avant.
M. Bertrand: C'est précisément sur la
recevabilité. M. le Président, à toutes fins utiles, ce
que le député de Gatineau vous transmet, c'est une demande de
directive à vous comme président puisque, dans le fond, les
députés qui sont autour de cette table, à la fois ceux de
l'Opposition et du côté ministériel, savent quelles sont
les salles disponibles pour l'enregistrement des débats. Les salles qui
sont disponibles en ce moment pour l'enregistrement des débats
sont...
M. Gratton: Ce n'est pas sur la recevabilité
M. Bertrand: Oui, oui. Ce sont le salon rouge...
M. Gratton: Parlez-nous de l'article 161. C'est là de la
recevabilité.
M. Bertrand: ...la salle 81-A et la salle 80-A. Je crois savoir
qu'il y a des travaux en cours...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bertrand: ...à la salle 91-A. C'est une demande de
directive...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bertrand: M. le Président, je vous fais valoir que ce
n'est pas une motion qui est soumise à la commission...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bertrand: ...pour débat puisque la commission ne peut
pas disposer de ce genre de motion.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Gatineau.
M. Gratton: Premièrement, je ne sais pas si le leader du
gouvernement a droit de parole à la commission mais dans le moment il
s'agit de savoir si ma motion est recevable. Je soutiens qu'en vertu de
l'article 161, deuxième paragraphe, elle est recevable. Qu'il n'y ait
pas de salle, ce n'est pas mon problème. Le leader sait fort bien que
cela n'a rien à voir avec la recevabilité de la motion.
Le Président (M. Gagnon): Je vois bien le sens de la
motion et j'aimerais bien qu'on s'entende pour commencer les travaux. J'ai
déjà l'assurance que dès ce soir, on aura une autre salle.
Je pense qu'on est ici pour faire l'étude de ce projet de loi. On
devrait commencer les travaux le plus rapidement possible.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Pour ce qui est de la
recevabilité, je vais prendre avis, je vais consulter et je vous
donnerai...
M. Gratton: On va suspendre. On n'est quand même pas pour
commencer dans des conditions que vous pourriez juger ou que la commission
pourrait juger inacceptables si elle devait adopter ma motion une fois que vous
l'auriez déclarée recevable. Je soumets respectueusement que la
seule façon de procéder, si vous devez la prendre en
délibéré, c'est de suspendre les travaux de la commission
en attendant que vous ayez décidé. C'est fondamental. Est-ce
qu'on peut faire un travail adéquat ici, oui ou non? Je prétends
que non et si le gouvernement prétend le contraire, on débattra
la motion que je viens de vous présenter.
Le Président (M. Gagnon): M. le leader.
M. Bertrand: M. le Président, il est
évident, cela saute aux yeux de tout le monde, que les gens
préféreraient être au salon rouge ou être à la
salle 81-A. Il y a la commission de la santé et de la
sécurité du travail qui a infiniment...
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
M. Bertrand: ...plus de monde...
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole.
M. Bertrand: À la salle 81-A, il y a aussi infiniment plus
de monde pour entendre Hydro-Québec. Je vous ferai valoir que ce n'est
pas la première fois qu'une commission parlementaire siège dans
la salle 80-A. Ce n'est pas la première fois. Il y a d'autres
commissions qui ont travaillé ici; il y en a qui ont travaillé
ici, celle des communautés culturelles et de l'immigration.
M. Gratton: II ne parle pas de la recevabilité. Question
de règlement, M. le Président.
M. Bertrand: C'est une salle qui a été mise
à notre disposition...
M. Gratton: Question de règlement. M. Bertrand:
...par la présidence... M. Gratton: Question de
règlement.
M. Bertrand: ...et nous allons travailler, M. le
Président.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, il me semble que le leader du
gouvernement enfreignait le règlement. Il argumente sur le fond de la
motion que vous n'avez pas encore déclarée recevable. Est-ce que
ma motion est recevable, oui ou non?
Des voix: Oui, elle est recevable.
M. Gratton: Article 161, deuxième paragraphe, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Bourassa, sur la recevabilité de la motion.
M. Laplante: II ne faut pas oublier, M. le Président, le
principe que l'Assemblée nationale a donné un mandat, pour
étudier, article par article, à une salle donnée, le
projet de loi 38. On ne peut...
M. Gratton: C'est le fond, M. le Président.
M. Laplante: ...sans retourner à l'Assemblée
nationale. C'est comme si on faisait rapport de nos travaux à
l'Assemblée nationale et qu'on disait: On n'a pas pu travailler, M. le
Président, il y a un article relatif aux travaux. Les travaux sont
commencés et on ne peut pas changer de salle aussi facilement que
cela.
Le Président (M. Gagnon): Effectivement, lorsqu'on a eu
l'ordre de l'Assemblée nationale, l'ordre était libellé de
telle façon qu'on devait venir travailler ici, c'est-à-dire
à la salle 80. Je pense qu'on a obtenu l'unanimité à
l'Assemblée nationale là-dessus.
M. Gratton: M. le Président, si nous étions
arrivés à la salle 80-A et qu'on avait constaté que les
fenêtres étaient brisées et qu'il était impossible
de siéger ici...
Une voix: On ne l'a pas constaté.
M. Gratton: ...je présume... Non, on n'a pas
constaté que les fenêtres... Vous pouvez peut-être me
laisser terminer ma phrase, M. le Président. On a constaté qu'on
ne pouvait pas faire notre travail avec la possibilité pour les
journalistes de suivre ce qui se passe. Pour ceux de l'autre
côté qui pourraient s'imaginer qu'il s'agit là d'un caprice
des députés de l'Opposition qui voudraient que leurs propos
soient rapportés, je vous suggère respectueusement, M. le
Président, qu'il est quand même assez important que les 1200
municipalités qui sont représentées par le
président, M. Asselin, de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec, aussi bien que les citoyens
qui habitent ces municipalités soient informés de la meilleure
façon possible de ce qui se passe à la commission
parlementaire. Et on n'exclut pas les villes qui représentent encore
plus de citoyens puisque, elles aussi ont présenté un
mémoire et elles sont très intéressées par la loi
38.
M. le Président, je vous expose que, à l'article 161,
deuxième alinéa, de notre règlement, on dit ceci:
"Une commission peut en tout temps faire à l'Assemblée des
rapports spéciaux ou intérimaires, sur une motion qui ne peut
être faite qu'une seule fois au cours d'une séance."
M. le Président, si on avait voulu éliminer la
possibilité de faire une telle motion de rapport spécial
ou intérimaire parce qu'on venait tout juste d'adopter la motion donnant
mandat à la commission de siéger immédiatement, on
l'aurait inscrite dans le règlement. On aurait dit: sauf le cas
où les travaux ne sont pas commencés.
M. le Président... Sur la recevabilité, M. le
Président s'il vous plaît! J'ai droit à vingt minutes, si
je ne m'abuse. Je ne prendrai pas vingt minutes, mais je voudrais, au moins,
m'assurer que vous avez compris que, quant à la motion que je fais,
qu'elle soit acceptable ou non par le gouvernement, on n'a pas à en
juger immédiatement. Il faut d'abord qu'elle soit jugée
irrecevable avant
qu'on puisse en débattre. Tout ce qu'on fait, à ce
moment-ci, c'est de vous prier de la considérer recevable en vertu de
l'article 161, deuxième alinéa.
Il n'y a aucune autre considération qui entre en ligne de compte.
Sauf si cette motion avait déjà été faite une fois,
l'article 161, deuxième alinéa, dit bien qu'une telle motion ne
peut être faite qu'une seule fois au cours d'une séance. On la
fait dès le début parce que c'est dès le début des
travaux de la commission qu'on s'aperçoit qu'on ne peut pas s'acquitter
convenablement de notre mandat. Je vous prie de nous dire si la motion est
recevable et ensuite on en débattra.
Le Président (M. Gagnon): Je vous rappelle l'article 140.1
dit: "Une commission élue est convoquée par le secrétaire
des commissions à la demande du leader parlementaire du gouvernement. La
demande et l'avis de convocation doivent indiquer l'heure, l'endroit et l'objet
de la réunion et aucun autre sujet ne peut y être
discuté."
Donc, on vient tout juste d'avoir l'ordre de l'Assemblée
nationale, ce qui a été accepté à
l'unanimité. Et, dans l'ordre de l'Assemblée nationale, le leader
a bien mentionné à quel endroit nous nous réunirions pour
étudier le projet de loi 38 article par article. Cela s'est fait
à l'instant.
Oui, M. le leader.
M. Bertrand: C'est tellement vrai, M. le Président, que,
à la demande de l'Opposition officielle, on a changé les salles
pour la commission qui siégeait pour entendre la Commission de la
santé et de sécurité au travail et celle qui
siégeait pour entendre Hydro-Québec. Je vous fais valoir, M. le
Président, que, pour être allé dans les deux autres
salles...
M. Gratton: La recevabilité. Il pourra nous dire cela
quand on débattra la motion, M. le Président. Il pourra nous dire
cela quand la motion aura été déclarée
recevable?
M. Bertrand: La salle où nous sommes dans le moment est
une salle où nous pouvons très bien travailler. Il y a la
moitié de la salle qui peut être occupée par des gens, en
ce moment.
Le Président (M. Gagnon): Sur la recevabilité, je
la déclare donc non recevable. Je me sens suffisamment informé.
Je la déclare irrecevable...
M. Ciaccia: Sur la recevabilité, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): ...pour une autre raison. C'est
que la commission ne peut certes pas faire de rapport, à ce moment-ci,
à l'Assemblée nationale. On n'a même pas
commencé.
M. Ciaccia: On a un rapporteur. On a commencé.
M. Gratton: On a un rapporteur; donc, on a commencé.
Le Président (M. Gagnon): Moi, je tiens pour acquis que
l'ordre de l'Assemblée nationale, on vient tout juste de l'avoir et, en
haut, cela a fait l'unanimité.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas revenir sur
votre décision, mais prenons le cas suivant: l'ordre de
l'Assemblée nationale nous dit: Allez à la salle 80-A.
M. Rochefort: M. le Président, M. le
Président...
M. Ciaccia: Supposons qu'on aurait... Laissez-moi dire...
Le Président (M. Gagnon): Question de
règlement.
M. Rochefort: M. le Président, le député de
Mont-Royal est en train de remettre en question votre décision...
M. Ciaccia: Non, je demande une directive.
M. Rochefort: II plaide de nouveau sur une décision que
vous avez rendue.
M. Ciaccia: Non, M. le Président, je demande une
directive. Supposons que le leader du gouvernement nous convoque à la
salle 80-A. On arrive à la salle 80-A et on ne peut pas siéger
pour des raisons physiques. Si on ne pouvait pas siéger pour des raisons
physiques, c'est vrai que, à l'unanimité, on a accepté la
salle 80-A. On arrive ici et on est incapable de siéger. Est-ce que vous
voulez nous dire que cette motion serait irrecevable, qu'on serait
obligé de siéger quand même, même s'il y a eu un
ordre à l'unanimité à l'Assemblée nationale si,
physiquement, c'est impossible de le faire? Est-ce que c'est ce que vous nous
dites?
M. Rochefort: M. le Président, on conteste votre
décision...
M. Ciaccia: Non, je demande une directive.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mont-Royal, j'ai présidé, personnellement, au moins trois
commissions, à cette salle-ci, dont une hier soir. Je pense que tous les
députés connaissaient la salle et je crois qu'on aurait eu la
chance, lorsque le leader
a fait sa motion de faire siéger les commissions, de dire: Oui,
on donne notre consentement pour autant que cela ne soit pas à cette
salle-ci parce que la salle était, dans la motion, l'endroit où
l'on devait se réunir. C'est là-dessus que je m'appuie. (12 h
30)
M. Ciaccia: M. le Président, on ne savait pas les
conditions à ce moment.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je ne contesterai pas votre décision que je
trouve tout à fait irrégulière. J'ai le droit de dire
qu'il me semble que votre décision ne traduit pas l'esprit du
règlement. On verra si on doit le dire ailleurs qu'ici par le biais
qu'indique le règlement. Je vous demanderais tout simplement, au cours
de nos travaux, de tenter d'éviter de faire le travail de bras du
gouvernement, comme vous venez de le faire en déclarant ma motion
irrecevable.
Le Président (M. Gagnon): M. le leader.
M. Bertrand: C'est un appel au règlement. Je pense que les
dernières paroles tenues par le député de Gatineau,
jointes à celles qui avaient précédé, qualifiant
votre décision d'irrégulière, sont des propos qui doivent
être retirés. C'est une atteinte à la
présidence...
M. Gratton: Retirez-vous donc, vous!
M. Bertrand: ...à ses droits, à ses
privilèges. Je pense que les propos du député de Gatineau,
dans les circonstances, doivent être retirés, M. le
Président.
M. Gratton: Je regrette, mais je les maintiens parce que je les
pense.
Le Président (M. Gagnon): Effectivement, M. le
député de Gatineau, je ne vous demanderai pas de retirer vos
propos, mais je n'accepte pas ce que vous venez de dire. Je fais le travail de
président, et ce travail c'est de faire en sorte que chaque parti qui
est représenté ait le droit de s'exprimer. J'applique le
règlement. Selon moi, la décision que j'ai...
M. Gratton: Très mal.
Le Président (M. Gagnon): ...prise était le
règlement, et là-dessus je n'accepterai plus de discussion. Donc,
M. le ministre, je vous donne la parole pour commencer...
M. Gratton: À l'avenir, ne faites pas la job du
gouvernement, laissez-le la faire!
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Sur une question de règlement. Je ne sais
pas si le ministre l'accepterait.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je comprends qu'il est coutume de faire des
remarques préliminaires sur la commission parlementaire qui s'engage,
pour situer d'une certaine façon le débat. Nous avons chacun un
représentant: le ministre du côté ministériel et,
pour l'Opposition, un porte-parole. Je me demande si le ministre n'accepterait
pas que nos remarques préliminaires puissent être faites, sur le
projet de loi, après avoir entendu l'Union des municipalités
régionales de comté, puisque cela pourrait sauver du temps, d'une
certaine façon, d'entendre immédiatement ses remarques et,
deuxièment, pour nos remarques préliminaires, cela pourrait aussi
faire partie...
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je remarque que quand il y a une question de
règlement de notre côté, il y a toujours le
député de Bourassa qui vous signale...
Le Président (M. Gagnon): Si vous l'avez remarqué,
je ne l'ai pas entendu.
M. Ciaccia: ...la décision. Qui est le président?
Est-ce vous?
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Mont-Royal, si vous l'avez remarqué, je ne l'ai pas entendu, je ne l'ai
même pas vu.
M. Ciaccia: Pas entendu...
Le Président (M. Gagnon): La parole est au...
M. Ciaccia: Qu'il s'asseoie de l'autre côté. Qu'il
essaie de faire la présidence de l'autre côté de la
table.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au député de Laprairie. Est-ce que
vous aviez terminé, M. le député?
M. Saintonge: Non. M. Gratton: C'est celui...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Saintonge: Ma demande est simplement que nous puissions
entendre immédiatement le président de l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales sur les représentations qu'il a à
faire selon l'invitation qui lui a été transmise par le
gouvernement, et que, ultérieurement, nous passions aux remarques
préliminaires sur la question du projet de loi. Simplement un mot de
bienvenue, cela pourrait être suffisant.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, il est coutume,
lorsque nous recevons des gens ici, de leur souhaiter au moins la bienvenue.
C'est ce que je compte faire dans mes remarques préliminaires en donnant
le contexte de la rencontre. Je pense qu'il n'y a pas lieu de déroger
à une attitude que nous avons adoptée très
régulièrement.
M. Gratton: Pourrais-je demander au ministre de parler un peu
plus fort parce que, quand il va souhaiter la bienvenue à M. Asselin, il
ne l'entendra pas là-bas?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, l'Assemblée
nationale vient de confirmer, malgré l'Opposition, les droits exclusifs
du Québec en matière municipale. Nous recevons, à la suite
de ce vote qui vient de se tenir, des représentants du monde municipal.
En particulier, nous avons le président de l'Union des
municipalités régionales de comté, Me André
Asselin, qui est maire de Sainte-Émilie-de-l'Énergie et
préfet depuis un bon bout de temps; M. Georges Filion, maire de
Saint-Sauveur, dans les Laurentides; Me Gaétane Martel, directeur
général de l'Union des municipalités régionales de
comté, à qui je souhaite bien cordialement la bienvenue à
notre commission. J'espère qu'ils auront tout le loisir d'exposer leurs
points de vue. Nous allons entendre très attentivement ce qu'ils auront
à nous dire ici. Je signale aussi la présence d'un observateur de
l'UMQ, M. Lacharité, directeur général, à qui je
souhaite aussi la bienvenue.
Quelques notes au point de départ. Il est important, je pense, de
rappeler que le projet de loi 38 pose comme principe de base, à
l'article 1, que les municipalités peuvent toucher des fonds en
provenance du gouvernement fédéral à la condition que ce
soit par le biais d'ententes. C'est un principe fondamental de la loi qui est
exprimé positivement, alors qu'il avait été plutôt
exprimé négativement dans la loi 56 de 1974. Il faut inciter tous
les gens à recevoir de l'argent, si on veut, mais par le biais d'un
canal unique, qui soit l'entente. C'est là le sens de l'article 1. Il
faut que cela soit fait dans l'ordre.
Les principes qui sont en cause ont été débattus
très largement en commission parlementaire. Il y a celui de l'article
92.8, qui statue sur le droit constitutionnel, qui recèle ce droit en la
matière: les municipalités, l'administration municipale, c'est du
ressort exclusif des provinces. Mais, au-delà, j'ai bien
mentionné durant le débat, qu'il s'agissait derrière cet
article d'un principe de saine gestion, de bonne administration publique
d'abord et avant tout, qui a été reconnu par la constitution de
1867 et appliqué maintenant. C'est de cela qu'il s'agit quand on veut
que les directives transitent par un canal unique, qu'il y ait une
autorité législative et réglementaire pour chacune des
municipalités.
Par la suite aussi, il y a évidemment en cause un principe
d'équité. À l'heure actuelle, dans le paysage, il y avait
des municipalités qui touchaient des fonds du gouvernement
fédéral, directement ou indirectement, ce qui faisait en sorte
que celles qui ne respectaient pas la constitution touchaient des fonds, alors
que celles qui respectaient la constitution, comme il n'y avait pas d'entente,
ne peuvent pas toucher de fonds. Il faut, je pense, mettre de l'ordre dans
cette situation et faire en sorte que les municipalités qui respectent
la loi fondamentale du Canada, à l'heure actuelle, puissent toucher des
fonds alors que les autres, normalement, ne devraient pas en toucher. C'est
cela l'important.
Nous en sommes maintenant à l'étape de l'étude
article par article de ce projet de loi, donc à l'étude des
modalités d'application, ce sur quoi les représentants du monde
municipal disent avoir des questions, disent avoir des réserves et
disent aussi avoir des suggestions à nous faire. Quant au principe,
quitte à le vérifier tantôt, nous sommes d'accord. Les
unions se sont déclarées d'accord sur le fait que les
municipalités ne devaient pas traiter directement avec le gouvernement
fédéral. Les municipalités étaient d'accord pour
qu'elles-mêmes ou l'administration municipale soient de juridiction
exclusivement provinciale ou québécoise. C'est ce qui a
impliqué que, finalement, au niveau des principes, comme nous sommes
d'accord, il est important d'avoir le débat de deuxième lecture
à l'Assemblée nationale et que, par la suite, compte tenu qu'on
avait des suggestions, des questions et des réserves peut-être sur
le projet de loi article par article, on vienne au début de
l'étude article
par article.
Il y a eu des démarches auprès du monde municipal. Je
voudrais simplement les rappeler, faire une brève chronologie de ces
démarches. On ne remontera pas trop loin mais je voudrais rappeler que
le gouvernement libéral qui a précédé le
nôtre avait adopté, en 1974, la Loi sur les Affaires
intergouvernementales et que l'article 20 défendait aux
municipalités, sous peine de nullité absolue, d'avoir des
relations directes avec le gouvernement fédéral. Ceci
étant dit, cette loi avait été largement respectée,
je pense, jusque là, mais, au mois d'août dernier, il reste qu'il
y a eu des propositions ou des pressions très précises de la part
des députés fédéraux pour traiter directement avec
des municipalités.
À partir de là, s'enclenchent différentes
interventions sur le plan politique vers les municipalités ou des
municipalités elles-mêmes et du gouvernement pour essayer de bien
sensibiliser tout le monde au fait qu'il ne devait pas y avoir de relation
directe.
Le 31 août 1982 - je rappelle simplement ceci - il y a eu une
lettre de M. Francis Dufour, président de l'UMQ, aux membres de l'union
- c'est un appui de l'UMQ à la position du Québec: "Le conseil
d'administration de l'UMQ soumet donc à ses membres que, dès le
moment où elles reçoivent des offres formelles, écrites,
de leur député, elles en avisent le ministère des Affaires
municipales pour respecter la tradition et les règles déjà
établies."
Le 21 octobre 1982 - de la part du monde municipal encore - dans un
passage du discours du président, M. Moreau, à l'époque,
lors de l'ouverture du congrès annuel de l'UCCQ, c'est là aussi
un appui à la position du Québec. On dit ceci en particulier:
"S'il est un point sur lequel la constitution canadienne est claire, c'est bien
sur la juridiction exclusive des gouvernements provinciaux envers les
municipalités. Il importe de ne pas s'écarter de cette ligne
directrice." Je pense que c'était clair, devant le congrès,
devant les 1100 à 1200 maires membres de l'union.
Le 26 octobre 1982, j'ai moi-même écrit à M.
LeBlanc, moi qui était ministre responsable de la SCHL, en ce qui
concerne l'offre de subventions fédérales discrétionnaires
aux municipalités. Dans cette lettre, j'ai dénoncé la
procédure fédérale et j'ai proposé ceci: "De
chercher ensemble une autre façon mutuellement acceptable de permettre
aux municipalités québécoises de bénéficier
de fonds nouveaux mis à leur disposition", l'une des façons
proposées étant la reconduction de l'entente sur le programme de
subventions aux équipements communautaires, PSEC ou PAEC, comme on
dit.
Le 28 octobre 1982, j'ai écrit à toutes les
municipalités du Québec au sujet des offres du gouvernement
fédéral. Comme ministre, j'ai informé les
municipalités que j'avais demandé la réouverture de
l'entente sur le PSEC et j'ai signalé que les membres du gouvernement
étaient ouverts à tout mécanisme permettant aux
municipalités du Québec, dans le respect des juridictions
respectives, de profiter des retombées des taxes que nous payons tous
à Ottawa. Il y a donc là une ouverture. Je passe sur un certain
nombre d'événements.
Le 17 mars, j'ai écrit à nouveau à M. LeBlanc. Je
lui ai rappelé qu'aucune réponse de ses collègues
n'était parvenue et que les subventions discrétionnaires se
poursuivaient. J'ai demandé à nouveau une rencontre pour discuter
d'une éventuelle entente là-dessus.
Le 30 mars 1983, dans un télégramme de M. Dufour à
M. Roméo LeBlanc, il est dit: "Nous déplorons que le ministre
Léonard n'ait obtenu de votre part, à ce jour, aucune
réponse à sa demande du 17 mars dernier, demande pourtant fort
urgente dans le contexte économique extrêmement difficile que nous
connaissons actuellement".
Le 28 avril 1983, j'ai fait un discours devant l'Union des
municipalités du Québec rappelant toujours la même position
du Québec. Le 1er mai 1983, M. Lévesque, à la
clôture du congrès de l'UMQ disait, et je cite: "Notre
gouvernement, pas plus que tous les autres qui l'ont
précédé, n'acceptera jamais ce genre d'anarchie -
c'est-à-dire les subventions discrétionnaires du
fédéral malheureusement très voulue et qui est
terriblement gaspilleuse d'argent autant que de temps et d'énergie."
M. le Président, il y eu ensuite, le 14 juillet, une lettre que
j'ai envoyée à tous les maires sur le projet de loi 38, lettre
qui était accompagnée d'une copie de la lettre de M.
Lévesque à M. Trudeau datée du 26 mai ainsi que de
quelques communiqués de presse et éditoriaux parus peu
après le dépôt du projet de loi 38.
Le 26 juillet 1983, une lettre de M. Jean-Marie Moreau, président
de l'UMRCQ, aux préfets, maires et conseillers disait: ceci: "L'UMRCQ
appuie la position du Québec sur ce dossier, mais ne veut pas faire les
frais des querelles entre Ottawa et Québec. On réclame qu'une
entente soit signée dans le respect de la constitution et la
reconnaissance de la compétence exclusive des provinces en
matières municipale et urbaine. Il est possible pour les
municipalités de recevoir les fonds disponibles à Ottawa tout en
respectant les dispositions du pacte constitutionnel. Cela peut et doit se
faire par le biais d'une entente dûment négociée et
signée à la fois par Québec et par Ottawa". Cela rejoint
encore notre position.
M. le Président, au-delà de cela, au printemps, à
l'automne, j'ai fait une tournée, région par région, je
suis même passé deux fois dans certaines régions. J'ai
rencontré
plus de 1100 maires sur les quelque 1600 maires ou mairesses du
Québec. J'ai eu des rencontres plus personnelles, à l'occasion,
avec des gens, des maires du Québec, tels que MM. Drapeau et Rivard;
donc deux présidents. Je pense que les gens ont été
informés. Ils connaissent notre position.
Plus récemment encore, j'ai eu des rencontres avec les dirigeants
de l'Union des municipalités du Québec et de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec; j'en
ai eu une, en particulier, avec le président de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec et le
président de l'UMQ les 17 et 26 novembre, alors que nous nous
réunissions à Montréal. D'ailleurs, vendredi j'ai
téléphoné à M. Dufour, président de l'UMQ,
et samedi j'ai rencontré longuement M. le président de l'UMRCQ,
qui est ici présent et qui a pu rencontrer, encore hier soir, mes
fonctionnaires. Je pense qu'il y a eu beaucoup de gens qui se sont parlé
sur ce sujet.
(12 h 45)
Maintenant nous allons entendre l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec l'UMRCQ. C'est elle qui est
ici présente et qui représente la plus grande partie du monde
municipal, comme l'Opposition l'a mentionné. Le président de
l'UMRCQ représente quelques 1200 municipalités au Québec.
Nous regrettons évidemment l'absence de l'Union des municipalités
du Québec. J'ai quand même fait étudier leur mémoire
par mes fonctionnaires. Nous verrons si nous pouvons nous rendre à
certaines de leurs remarques d'ici l'adoption du projet de loi. Sur ce
plan-là, nous regrettons qu'elle ne soit pas ici.
L'an passé, il y a eu le même processus par lequel nous
avons entendu les unions, les élus municipaux, au début de
l'étude article par article avant qu'on commence, en début de
commission. Je regrette en particulier le ton du dernier
télégramme de l'UMQ. Je pense que les élus de
l'Assemblée nationale ont leur responsabilité et c'est celle de
passer des lois et de juger du bien commun du Québec. Il semble que les
municipalités ou que l'Union des municipalités du Québec
devrait se rendre quand même compte du travail que nous faisons et du
mandat que nous détenons de nos électeurs.
Au point où nous en sommes, M. le Président, je
considère important que nous passions à l'étude article
par article. Nous sommes ouverts à des amendements qui bonifieront le
projet de loi. Mais nous ne voudrons pas hypothéquer les principes du
projet de loi. Il faut que, compte tenu de tout ce qui s'est passé
depuis un an et demi, à un moment donné le désordre cesse
sur ce plan, qu'on respecte la juridiction exclusive du Québec. Il faut
que les municipalités qui respectent la loi ne soient pas
pénalisées et qu'au contraire ce soit elles qui puissent
bénéficier des fonds qu'il pourrait y avoir à leur
disposition; que ce ne soit pas celles qui ne respectent pas la loi qui en
bénéficient.
Compte tenu de tout le système fiscal municipal, de tout ce que
nous nous sommes donné et qui favorise l'autonomie municipale, je pense
qu'il est urgent de dire à Ottawa de respecter les règles du jeu
que nous nous sommes données, dans le respect aussi de la constitution
canadienne; qu'Ottawa aussi les respecte directement ou indirectement. Il est
quand même scandaleux de voir des députés
fédéraux subventionner la construction de trottoirs, qui sont
nettement du ressort des municipalités. Je pense aussi qu'il s'agit de
forcer le gouvernement fédéral à respecter la
constitution, sa propre constitution.
Je reviens tout simplement... Ce projet de loi a comme objectif une
saine gestion, une bonne administration publique; il a comme objectif de
rétablir l'équité entre les municipalités du
Québec. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: M. le Président, je voudrais quand
même relever certaines choses que le ministre a mentionnées. Je
souhaiterais évidemment, au début, la bienvenue au
président de l'UMRCQ ainsi qu'à ceux qui l'accompagnent, aux
représentants de l'Union des municipalités du Québec,
ainsi qu'à l'ensemble des intervenants du monde municipal qui peuvent
être présents ici.
Je dois tout d'abord, M. le Président, déplorer fortement,
comme mon confrère de Gatineau l'a fait tantôt, l'état de
la salle dans laquelle on nous convoque pour étudier une telle loi.
Heureusement que le monde municipal a délégué simplement
quelques représentants. Si nous avions dû recevoir plusieurs
maires de municipalités qui auraient manifesté le désir
d'être présents ici, ce serait d'une façon absolument
aberrante que nos travaux auraient pu se poursuivre.
Deuxièmement, je pense que par respect pour nos invités,
on aurait dû nous convoquer dans une salle où la chaleur est
peut-être moins intense et aussi où l'on peut entendre plus
facilement les paroles qui seront prononcées au cours de cette
commission. Ce qu'il faut comprendre, c'est un projet de loi extrêmement
important à mon point de vue, qui touche, nous l'avons mentionné,
les 1600 municipalités du Québec, avec les conséquences
que le projet peut avoir pour les municipalités du Québec. Cela
veut dire que, dans mon livre, cela touche l'ensemble des citoyens du
Québec, car
chacune des municipalités du Québec regroupe tous les
citoyens du Québec sans exception.
Ce projet de loi va effectivement toucher toutes les
municipalités et, par ricochet, les citoyens pour une seule et bonne
raison, c'est que ce projet de loi, nonobstant ce que le ministre vient de
mentionner au niveau du principe, nonobstant ce que nous avons pu entendre en
Chambre lors des discussions en deuxième lecture et lors des discussions
sur la motion de report, est un projet de loi carrément à
caractère pénal.
Il a été déposé comme un projet de loi qui
porte le titre Loi sur la participation gouvernementale au financement des
municipalités. Ce n'est pas une loi sur la participation gouvernementale
au financement des municipalités, c'est plutôt par ses principes
mêmes, comme je l'ai relevé tantôt, une loi qui parle de la
"départicipation" gouvernementale au financement des
municipalités puisqu'elle va pénaliser des municipalités
dans un certain cadre et que le gouvernement du Québec pourra retenir
les montants d'argent qu'il devait envoyer aux municipalités du
Québec à cause de certaines circonstances particulières
qui sont décrites d'une façon assez nébuleuse dans ledit
projet de loi.
Ce projet de loi n'est donc nullement un projet de loi sur la
participation gouvernementale au financement des municipalités. Loin de
là. Ce n'est pas non plus un projet de loi à caractère
fiscal, comme on a tenté de le faire croire en disant: C'est normal dans
un projet de loi à caractère fiscal la
rétroactivité, que le projet de loi a effet dès son
dépôt à l'Assemblée nationale. Il n'y a rien de plus
farfelu que cela. Je pense que c'est un peu odieux de faire prendre aux gens
des vessies pour des lanternes, puisque c'est un projet de loi carrément
à caractère pénal dans un tel cas.
Maintenant, M. le Président, je veux mettre exactement au point
le principe même du projet de loi 38. Le ministre nous dit qu'il a
rencontré dans tout le Québec plusieurs maires de
municipalités, plusieurs intervenants, qu'il a également
rencontré dans tout le Québec les présidents des unions et
d'autres représentants des municipalités, nous laissant toujours
sous-entendre que dans ce cadre il avait l'appui de la province entière,
d'après ce que j'ai pu comprendre, sur son projet de loi. Lors du
débat en deuxième lecture, en Chambre, j'ai mis le ministre et
n'importe qui du gouvernement au défi de donner un seul
télégramme d'appui, une seule lettre d'appui véridique et
substantielle au projet de loi 38, Loi sur la participation gouvernementale au
financement des municipalités. Quant à moi, je n'ai vu d'aucune
façon, il n'a été nullement démontré
à la Chambre qu'un appui quelconque, si minime soit-il, ait
été donné au ministre sur le projet de loi 38.
Le ministre parle de principe, du principe du projet de loi 38, en
disant qu'il a eu des appuis sur le principe; sur le principe, mais pas le
principe du projet de loi 38. Qu'est-ce que c'est le principe du projet de loi
38? Ce n'est pas la question de la compétence exclusive du Québec
en matière municipale. Ce principe est établi de par la
constitution canadienne à l'article 92. C'est clair, la constitution
canadienne. À un moment donné, on a cru bon au gouvernement de
rappeler ce principe et c'est advenu en 1974 où, à l'article 20,
dans les affaires intergouvernementales, on réaffirmait ce principe de
toute façon.
L'article 20, je vais le lire pour ceux qui ne l'ont peut-être pas
lu du côté ministériel: "Sauf dans la mesure prévue
expressément par la loi, aucune commission scolaire, commission
régionale, corporation municipale, communauté urbaine ou
communauté régionale ne peut, sous peine de nullité,
négocier ou conclure des ententes avec le gouvernement du Canada, celui
d'une autre province, un gouvernement étranger ou un ministère ou
organisme de l'un de ces gouvernements."
Donc, dans l'article 20 de la Loi sur les affaires
intergouvernementales, en 1974, on reconnaissait le principe intégral
qu'on retrouve dans le projet de loi 38, un des principes, c'est-à-dire
le principe de la compétence du Québec dans ces matières
et de la nécessité de passer par une entente avec le gouvernement
fédéral pour effectivement obtenir une aide financière
quelconque ou des subventions quelconques.
Quand on dit que, dans la Loi sur les affaires intergouvernementales de
1974, le gouvernement du Québec n'avait prévu aucune sanction,
qu'il n'y avait aucune sanction directe, j'en suis. Il est quand même
mentionné, dans un tel projet de loi, que c'était sous peine de
nullité. On nous rabâche les oreilles depuis une semaine en
Chambre. Semble-t-il que dans tout le Québec les municipalités
auraient accepté d'une façon tout à fait
inconsidérée des subventions directes du fédéral,
que toutes les municipalités du Québec seraient pratiquement en
désaccord avec ce principe ou auraient plutôt contrevenu à
un tel principe de loi. Des municipalités ont pu y contrevenir, j'en
suis. Il semble que dans certains cas... Je n'ai pas pu vérifier
personnellement, mais on a rapporté des faits où on dit que des
municipalités ont accepté directement des subventions. Mais,
est-ce que le gouvernement, dans un tel cas, comme la loi sur les affaires
intergouvernementales de 1974 nous donnait la possibilité de faire
déclarer la nullité de telles ententes, aurait pu
procéder, comme le député d'Argenteuil le mentionnait, par
exemple, à l'injonction,
pour faire déclarer nulle une telle façon de recevoir un
tel montant d'argent? Cela aurait été une possibilité pour
le gouvernement du Québec de prendre un moyen pour tenter de mettre en
lumière les actions qui pouvaient se passer au niveau des
municipalités.
On a préféré ne pas agir de cette façon,
laisser courir un peu le débat et, plutôt, présenter un
projet de loi 38 qui fait preuve d'une difficulté réelle au
niveau d'un principe: l'application du principe. M. le Président, toutes
les municipalités du Québec, l'Opposition et des observateurs de
la scène politique et de la scène municipale, tout le monde a
été unanime à reconnaître que le principe comme tel
de la compétence exclusive du Québec était acquis au
Québec. Cela va aller même plus loin que cela. Le gouvernement
fédéral, dans une lettre on ne peut plus claire du premier
ministre du Canada, M. Pierre Elliott Trudeau et également du ministre
d'Emploi et Immigration, M. John Roberts, a reconnu et s'est engagé
à respecter la compétence du Québec dans cette
matière et à vouloir négocier une entente avec le
gouvernement du Québec.
Malheureusement, cela ne semble pas être le voeu du ministre des
Affaires municipales de s'asseoir et de négocier une entente et d'en
arriver à une entente à brève échéance.
Mais, quand on négocie une entente, de toute façon, ce qu'il faut
retenir, M. le ministre, c'est que vous avez négocié une entente
avec le gouvernement central. Ce n'est pas nécessairement une entente
dans une seule catégorie, comme le ministre veut le dire. Il est
évident que, dans une certaine négociation, on veut prendre une
ligne de conduite dure, une ligne de conduite qui va respecter ce
qu'antérieurement nous avions, comme certaines modalités dans une
entente qui avait été conclue.
On peut fort bien se dire: On ne bouge pas d'un certain point de vue. On
ne veut pas déroger d'une quelconque façon à certaines
modalités d'entente. Mais ce n'est pas de la négociation ouverte
d'aucune façon et c'est rechercher simplement l'affrontement avec un
autre gouvernement. Mais ce qu'il est important de regarder dans un tel cas,
c'est au mépris de qui c'est fait. C'est au mépris des
municipalités du Québec et de l'ensemble des citoyens du
Québec, puisque ce sont eux, dans ces circonstances, qui sont
privés de certaines sommes d'argent qui pourraient revenir clairement au
niveau des municipalités du Québec.
Dans ce cas, l'argent du gouvernement fédéral qui pouvait
être dévolu aux municipalités dans le cadre d'ententes ou
dans le cadre de certains contrats, ces sommes d'argent sont quand même
venues au Québec d'une certaine façon et dans certains cas dans
des ententes qui ont pu être négociées, même avec
d'autres ministres du gouvernement actuel, dans certaines circonstances
précises. Mais, ce sont les municipalités du Québec qui
sont clairement exclues à ce moment-ci de tout le débat. C'est
principalement le point majeur qui devrait occuper le ministre des Affaires
municipales dans un tel cas.
Si les municipalités du Québec sont vraiment des
partenaires majeures du gouvernement et sont réellement des
entités administratives qui ont un rôle à jouer au niveau
de la relance économique du Québec que tout le monde souhaite -
tout le monde veut dans les meilleurs délais amener le déblocage
au niveau économique dans le Québec - à ce
moment-là, il serait important qu'elles puissent participer, avec le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, à la
relance de cette économie. Pourtant, malheureusement, ce n'est nullement
le cas.
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse. Comme il est 13
heures, je dois suspendre les travaux jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise de la séance à 15 h 12)
Le Président (M. Gagnon): La commission des affaires
municipales poursuit ses travaux afin d'étudier article par article le
projet de loi 38, Loi sur la participation gouvernementale au financement des
municipalités. Lors de la suspension de nos travaux pour le dîner,
c'était le député de Laprairie qui était sur le
point de terminer son intervention préliminaire. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Ce matin, au
début de mon intervention, j'ai souligné quel était le
principe en jeu dans le projet de loi 38. Je pense que cet après-midi,
à la reprise, il est important de le noter. La loi 38 n'est pas une loi
qui vient confirmer le principe même de la compétence du
Québec, mais c'est une loi uniquement punitive envers les
municipalités du Québec, qui les attaque pour tenter de
résoudre un problème au niveau de la juridiction
fédérale-provinciale, qui est déjà admise. On dit
tenter de régler un contentieux politique que le gouvernement actuel
veut entretenir, principalement le ministre des Affaires municipales, avec le
gouvernement fédéral, et on a décidé de
présenter le projet de loi 38 pour attaquer, de façon directe et
claire, les municipalités du Québec.
C'est la seule façon d'interpréter ce projet de loi 38. M.
le Président,
curieusement, le ministre a déposé le projet de loi 38 le
21 juin dernier. On a attendu jusqu'au début décembre pour
discuter à l'Assemblée nationale du Québec du projet de
loi en question. Je l'ai mentionné au ministre ce matin, j'ai mis au
défi le gouvernement et quelques membres de l'équipe
ministérielle de nous prouver qu'il pouvait y avoir simplement un accord
de principe sur le projet de loi 38, non pas sur le principe de la
compétence du Québec, mais un accord, sur le projet de loi 38,
des municipalités du Québec et, en aucune façon, on n'a pu
nous prouver un tel appui des municipalités envers la loi 38.
M. le Président, l'Opposition aurait souhaité qu'une
commission parlementaire soit tenue, une commission parlementaire avant... On
me fait signe, M. le Président, qu'on a de la difficulté à
m'entendre en arrière.
Le Président (M. Gagnon): Les portes sont
fermées.
Une voix: C'est M. Ciaccia qui dérange.
Le Président (M. Gagnon): Bon, les portes sont
fermées et il y a une entrevue aussi en arrière. À
l'ordre, à l'ordre, s'il vous plaît! L'entrevue va se terminer.
Allez-y et on va demander de barrer les portes.
M. Saintonge: Alors, M. le Président, je voulais quand
même noter que ce que je trouve absolument...
M. Léonard: M. le Président, je trouve
absolument...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, sur une question
de règlement.
M. Léonard: M. le Président, je trouve
complètement inadmissible qu'on donne une conférence de presse
dans les locaux mêmes où siège la commission parlementaire
des affaires municipales pendant qu'on siège, nous. Il me semble que
cela n'a pas de sens, M. le Président.
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président, aussi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laprairie, sur la question de règlement.
M. Léonard: C'est un des membres de la commission qui est
assis à la table.
Le Président (M. Gagnon): ...
M. Saintonge: Possiblement, M. le Président, mais à
ce moment-là, je vous ferai remarquer, sur la question de cette
conférence de presse, que cette interview était commencée
avant même que je ne prenne la parole et que le président ne mette
la commission en marche. J'ai remarqué cela, et à
l'extérieur il y avait extrêmement de bruit. Le président
aurait pu s'assurer de la chose avant de commencer la commission
parlementaire.
M. Léonard: Sur la même question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Sur la même question de
règlement, M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, si la commission
parlementaire qui a été convoquée ici à 15 heures a
commencé à siéger, je pense que d'autres activités
doivent cesser parce que c'est vous qui avez le contrôle des lieux
ici.
Une voix: Qu'est-ce que vous voulez faire, là?
M. Léonard: Dites-le, on va suspendre, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): On va suspendre pour quelques
minutes.
Des voix: Bon! (Suspension de la séance à 15 h
15)
(Reprise de la séance à 15 h 16)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Laprairie, est-ce que vous aviez
terminé?
M. Saintonge: Non, M. le Président, je n'ai pas
terminé. Je calcule que ce n'est pas sur mon temps non plus.
Le Président (M. Gagnon): Non, absolument pas. M. le
député de Laprairie vous avez la parole.
M. Saintonge: Merci M. le Président. Ce que j'étais
en train de dire c'est que je m'étonnais grandement que, malgré
l'impact que le projet de loi 38 a causé dans le milieu municipal
après son dépôt le 21 juin dernier, on se retrouve
aujourd'hui le 13 décembre devant le projet de loi en question dont nous
avons commencé l'étude la semaine dernière,
c'est-à-dire jeudi dernier.
M. le Président, ce qui m'étonne, c'est qu'entre le 21
juin et le mois de décembre, le ministre n'ait pas trouvé le
moyen d'entendre les représentants des municipalités et des
unions de municipalités en commission parlementaire pour vraiment savoir
ce que les gens avaient à dire sur un tel projet de loi; sur le principe
du projet de loi et sur
les modalités d'intervention du ministre dans un tel projet de
loi.
L'Union des municipalités du Québec a requis d'être
entendue. L'Union des municipalités régionales de comté a
requis d'être entendue. Le Conseil du patronat a requis d'être
entendu en commission parlementaire. Le maire de Québec a requis
d'être entendu en commission parlementaire et plusieurs autres
municipalités ont fait le même voeu. Le ministre a fait la sourde
oreille, à tel point que nous avons eu quoi comme résultat? C'est
que l'Union des municipalités du Québec vis-à-vis ce
qu'elle a qualifié, en fait, de parodie de la démocratie, a
décidé de ne pas venir en commission parlementaire
convoquée après l'adoption en deuxième lecture.
M. le Président, une commission parlementaire devrait permettre
aux intéressés de faire valoir leur point de vue avant qu'on
adopte le principe même dudit projet de loi en deuxième lecture.
Qu'on entende les unions avant l'étude article par article. On limite
les débats, c'est évident, à deux unions seulement alors
que des corps intermédiaires avaient manifesté le désir
d'être présents, que d'autres municipalités qui vont
être directement touchées avaient manifesté le désir
d'être présentes. Cela n'a aucune espèce d'importance pour
le ministre mais le genre de commission parlementaire qu'on veut tenir, avant
l'étude article par article, après l'adoption en principe du
projet de loi, c'est ce que le monde municipal a décrié. L'Union
des municipalités l'a fait de façon formelle et l'Opposition
était absolument d'accord avec la dénonciation avec vigueur de la
commission parlementaire, que l'Union des municipalités du Québec
a faite.
M. le Président, on dit souvent que l'Opposition veut se faire du
capital politique. Vous me permettrez ici de citer quelques lignes de
l'éditorial de M. Jean-Louis Roy dans le Devoir du lundi 12
décembre 1983, où il dit simplement: "Que le gouvernement du
Québec tienne sa compétence exclusive dans le domaine municipal
pour non négociable et cherche à bloquer l'action directe
d'Ottawa ne fait pas de problème. Au contraire, cette politique fait
l'unanimité. Mais qu'à la distribution discrétionnaire de
subventions par les députés fédéraux succède
le pouvoir discrétionnaire du ministre des Affaires municipales du
Québec d'en faire autant, l'unanimité ne tient plus. L'Opposition
libérale se dissocie alors du projet de loi 38 et avec raison. Les
représentants des municipalités du Québec se rebiffent et
prédisent une détérioration du climat dans leur relation
avec le gouvernement Lévesque".
Plus loin on continue: "Péquistes, libéraux
québécois, préfets et maires tiennent à ce sujet le
même langage. Les accusations portées à l'Assemblée
nationale contre les libéraux tenaient davantage de la démagogie
que de la vérité. Le PLQ et son groupe parlementaire ne cherchent
pas à solder les droits du Québec dans le domaine municipal. En
cherchant à faire cette preuve, les orateurs péquistes
gaspillaient leurs munitions, leur temps et notre argent. Leur thèse
était sans crédibilité".
M. le Président, on finit en disant: "Le caractère odieux
du projet de loi 38 n'a échappé ni au parti de l'Opposition ni
aux élus municipaux. Il est en effet intolérable que le pouvoir
arbitraire d'un ministre, le principe de la rétroactivité et de
la notion même de discrimination soient conjugués dans un texte de
loi. Les élus municipaux avaient absolument raison d'exiger que ce
projet de loi soit étudié en commission parlementaire avant son
adoption en deuxième lecture. Rarement aura-t-on vu une loi aussi
contraire aux exigences élémentaires de justice. Rarement
aura-t-on vu une loi aussi pesamment punitive à l'endroit de partenaires
majeurs plutôt victimes que coupables. Tel qu'il est, le projet de loi 38
ne doit pas franchir les dernières étapes parlementaires et
entrer dans la législation du Québec. Mais si le gouvernement
s'entête, on saura alors que rien ne l'arrête dans la voie de
l'arbitraire. Les parlementaires du groupe ministériel, y compris les
perroquets, qui ont fait la parade de principe, la semaine dernière,
à l'Assemblée nationale, devraient lire le projet de loi.
Celui-là ne compte pas des milliers de pages, mais on a réussi
à inscrire dans ces trois pages tout ce qu'il y a de plus
répugnant en régime démocratique." C'était
signé par M. Jean-Louis Roy.
Cela se passe de commentaires, même par l'Opposition, dans ce cas.
Je rappellerai ceci, pris dans un journal: "Le projet de loi 38: une mesure
hypocrite qui transpire le mépris." C'était dans le Joliette
journal du mercredi 20 juillet 1983, par M. André Asselin, que nous
allons d'ailleurs entendre dans quelques minutes. J'ai bien hâte
d'entendre M. Asselin s'exprimer valablement - il sera peut-être le seul
intervenant que le ministre aura l'occasion d'entendre en commission
parlementaire au parlement - sur ce projet de loi, une mesure hypocrite qui
transpire le mépris.
En terminant, M. le Président, quant au doute qu'on pourrait
entretenir sur la volonté d'adopter un tel projet de loi, on se rappelle
qu'hier, le ministre, dans ses remarques concluant sur la loi en
deuxième lecture, n'a laissé aucun doute quant à son
désir d'adopter un tel projet de loi.
Je voudrais aussi donner simplement un extrait d'un des
députés ministériels dans son intervention en Chambre,
hier après-midi: "Le projet de loi 38 n'arrive pas trop vite. On aurait
dû l'adopter plus rapidement. Si
l'Opposition jouait son rôle de défenseur des
Québécois comme nous le faisons, elle n'aurait pas
présenté, la semaine dernière, une motion de report." Je
fais la mention ici d'une motion de report de cinq jours pour permettre
d'attendre avant l'adoption du principe de la loi, les unions. "Elle nous
blâmerait peut-être de ne pas avoir adopté plus vite le
projet de loi 38 et elle demanderait au ministre que le projet de loi 38
s'applique avec toute la vigueur possible. En tout cas, je suis heureux, je
félicite le ministre et je lui dis que, personnellement, et avec mes
collègues de ce côté-ci de la Chambre, on verra à ce
que le projet de loi 38 soit adopté et qu'il s'applique dans toute la
rigueur possible de façon à établir une justice et une
équité pour l'ensemble des contribuables et l'ensemble des
municipalités du Québec."
C'était le député du comté de Champlain. Il
a terminé son discours sur les applaudissements unanimes de ses
confrères du côté ministériel. Si c'est cela que le
gouvernement veut faire: adopter le projet de loi 38 de cette façon, un
projet qui inspire le mépris, un projet qui démontre le
caractère totalitaire du gouvernement, vous pouvez être sûr
que l'Opposition s'engage à combattre de toutes ses énergies un
tel projet de loi. Merci.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député. La commission avait accepté d'entendre l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec.
J'inviterais M. André Asselin et M. Georges Filion à prendre
place à la table. Bienvenu, M. Asselin. Pour le journal des
Débats et pour situer les gens, voulez-vous nous présenter les
gens qui vous accompagnent.
Auditions UMRCQ
M. Asselin (André): Je suis André Asselin, maire de
Sainte-Émilie-de-l'Énergie et président de l'Union des
municipalités régionales de comté. À ma gauche, M.
Georges Filion, maire de Saint-Sauveur et vice-président de l'union;
à ma droite, Mme Gaétane Martel, directrice
générale de l'UMRCQ.
Tout d'abord, je veux vous remercier ainsi que tous les
députés de l'Assemblée nationale qui nous ont permis,
à travers leur procédure, d'être entendus. Je dois vous
dire, à vous personnellement, que, même si cela fait sept ans et
un peu plus maintenant que je suis préfet autrefois d'un comté
et, aujourd'hui, d'une MRC, jamais je n'ai eu autant de difficulté que
vous en avez eue vous-même, aujourd'hui, pour commencer les discussions
dans une assemblée. Tout s'en est mêlé: et la
procédure, et la guignolée et autre chose. Mais il reste qu'au
milieu d'un certain brouhaha, en fait, une fois que le principe de la loi a
été accepté, on en est rendu à en discuter
l'application. Il est bien clair que l'union que je représente aurait
aimé discuter de l'ensemble des interventions fédérales
dans le milieu que nous représentons - j'en ai d'ailleurs fait part au
ministre dans le passé - dans une perspective beaucoup plus globale. Il
faut quand même penser que pendant que nous, en fait, à
l'intérieur de nos juridictions, nous avons la loi 38, il se produit sur
nos territoires d'autres interventions sur lesquelles nous n'avons absolument
aucun contrôle et qui impliquent de l'argent du fédéral,
souvent dans les juridictions des municipalités.
L'esprit avec lequel on s'est présenté ici, en fait, c'est
pour vous assurer - cela des deux côtés de la table, pour ceux qui
sont ici aujourd'hui - que les municipalités que nous
représentons veulent être traitées comme des partenaires et
comme des collaborateurs du gouvernement du Québec. Il est important
qu'on le comprenne. J'ai douté longtemps, et j'en doute peut-être
plus aujourd'hui, en fait, que vous soyez convaincus que nous sommes des
partenaires et des collaborateurs de l'État. J'ai assisté de
chez-moi, par le truchement de la télévision, et ce
jusqu'à des heures fort tardives de la nuit, à des débats
où, bien souvent, certains intervenants oubliaient même de dire
que, finalement, cette loi s'appliquerait d'abord aux municipalités du
Québec et directement aussi aux citoyens qui dépendent des
conseils municipaux.
J'ai entendu dire des choses comme, par exemple, que des maires
couchaient avec des députés fédéraux et s'amusaient
à faire des petits jeux en dessous de la couverte. Je vous dirai que la
figure ne me plaisait pas personnellement, ni à plusieurs maires du
Québec, qui la trouvaient inappropriée et dans son sens propre et
dans son sens figuré. Personnellement, en fait, ce qui
m'intéresse et ce pourquoi nous sommes venus ici, l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec, c'est
que nous voulons vous demander de rendre la loi applicable pour les
municipalités, qu'elle soit vivable, qu'on puisse d'une certaine
façon sinon contrôler ce qui se passe sur notre territoire - ce
qui serait beaucoup plus large à débattre - du moins que lorsque
nous n'avons pas à participer au processus de certaines décisions
qui amènent du financement fédéral chez nous, nous
puissions ne pas non plus porter la responsabilité d'avoir manqué
en fait à la loi 38. Comme la loi est imprécise, je soumettrai
tout à l'heure un certain nombre d'amendements que je voudrais qu'on lui
apporte car, je voulais le préciser, certains termes de la loi sont
tellement imprécis que, finalement, ils ne font qu'ajouter à
l'arbitraire. Lorsqu'on parle d'une loi qui
n'est pas acceptable pour les municipalités, c'est dans sa
dimension d'arbitraire à peu près total, en fait.
Il faut penser que ce pouvoir arbitraire est entre les mains d'un
pouvoir politique. Et cela peut varier suivant les hommes qui composent les
gouvernements. Ce qui est dangereux, c'est que la politique a ses
impératifs, qui échappent parfois à des élus locaux
et aussi aux citoyens locaux. Le bras de l'arbitraire peut s'abattre d'une
façon plus ou moins conséquente et explicable dans des
municipalités du Québec et avoir pour les citoyens des
répercussions très sérieuses. Il faut penser aussi que les
citoyens que nous représentons quand on exerce nos petites juridictions
municipales n'y comprendraient rien non plus parce que la municipalité
dirait: On ne peut rien faire. Et Québec pourrait répondre aux
mêmes citoyens: C'était à la municipalité de
respecter la loi.
De sorte que le citoyen qui verra son compte de taxes augmenter...
Pensez que dans les municipalités que nous représentons,
contrairement à certaines grandes agglomérations où il y a
des structures industrielles et des structures commerciales
considérables, nous allons chercher à peu près 100% des
taxes dont nous avons besoin dans la poche des chefs de famille qui habitent
nos paroisses, parce qu'il n'existe pas de structures industrielles ni de
structures commerciales pour payer de grosses factures de taxes. (15 h 30)
Ces gens-là vivent avec des chèques parfois
d'assurance-chômage, parfois d'aide sociale et parfois avec de petits
chèques de paie. Quand on a deux ou trois enfants, c'est pénible
que, éventuellement, on arrive à la fin de l'année et
qu'on voie parce qu'un décret s'est abattu sur la municipalité et
dans une juridiction où on n'a pas pu intervenir comme on aurait
dû ou comme on aurait pu le faire - pénaliser ces gens pour 100 $,
200 $ ou 300 $ de taxes et peut-être plus dans certains cas, parce que
les sommes nécessaires, les sommes que nous devions recevoir, nous ne
les recevrons pas. Il est évident que, pour nous, cette loi a un impact
beaucoup plus direct sur nos citoyens qu'elle peut en avoir peut-être
dans certains milieux urbains, bien que je ne sois pas prêt à dire
que chez eux, en fait, cela ne se produise pas de la même
façon.
Enfin, nous avons préparé un certain nombre de suggestions
que nous aimerions voir entrer dans le projet de loi et ce, dans le seul but
d'éviter le pire et de pouvoir permettre à ceux qui sont dans les
conseils municipaux de comprendre où commence l'application de la loi et
où elle va s'arrêter et de savoir comment ils pourraient
éviter à leurs citoyens d'avoir à payer la facture d'un
tel décret. Ce serait pour nous un recul très considérable
si la loi n'était pas adoptée telle qu'elle est. Je n'ai pas
l'intention de discuter ici avec vous si c'est justifié ou pas que les
municipalités aient de l'argent du fédéral. Ce n'est pas
à moi de discuter de cela, ce n'est pas ma juridiction, c'est la
vôtre. Ce pourquoi je suis venu et ce pourquoi j'espère que le
débat va se limiter à l'intérieur des répercussions
pour les municipalités, c'est que nous sommes venus ici dans cet esprit
de tenter, avec les députés de chaque côté, de
trouver des solutions qui vont permettre d'établir des balises claires,
justes, équitables pour l'ensemble des municipalités qu'on
représente et qui vont permettre l'application de la loi d'une
façon qu'on soit certain qu'à partir de telle ligne, nous
engageons la responsabilité de nos commettants, enfin des citoyens que
nous représentons localement. Dans la loi comme telle, quand il s'agit
de bénéficier directement ou indirectement, je m'aperçois
que, plus on en discute - et on en a discuté pendant plusieurs heures,
je vois le ministre qui est là, on en a parlé ensemble, on a
discuté de beaucoup d'exemples où véritablement - plus il
se révèle absolument impossible pour une municipalité
d'intervenir, car on n'a pas de moyen d'empêcher que telle ou telle chose
se fasse à cause justement du système des lois, tel qu'il
existe.
Ensuite, si la loi comporte un grand nombre de zones grises et de
possibilités d'injustices pour les municipalités, elle pourrait
aussi placer le gouvernement dans une curieuse situation. Cela aussi m'est venu
à l'idée quand j'ai entendu les débats à
l'Assemblée nationale, que je suivais avec une grande attention, inutile
de vous le dire. J'ai, par exemple, vu se dessiner très nettement la
possibilité que tout un réseau de délateurs s'installe
presque à tous les niveaux, que ce soit à celui des
sociétés, des partis politiques, peu importe, des groupements de
pression, voire des ennemis politiques locaux, qui s'acharneraient à
découvrir où le fédéral aurait pu s'ingérer
directement, indirectement, sous quelque forme que ce soit, à porter
à l'attention du gouvernement ces infractions et à l'inciter
à appliquer la loi 38 dans toute sa rigueur.
La deuxième chose qui est possible, il ne faut quand même
pas se le cacher, c'est que, si d'un côté, il peut être
rassurant pour une partie de notre population de voir le gouvernement du
Québec asséner un coup de masse quelque part dans le cas de
l'application de la loi 38, mais il peut devenir aussi extrêmement
difficile d'agir pour le gouvernement lui-même, lorsqu'il aura
refusé d'agir dans un certain cas en disant: Je n'exerce pas mon pouvoir
discrétionnaire dans ce cas, car il y aura aussi toute cette partie de
la population, cette même partie de la population qui lui reprochera de
ne pas vouloir respecter lui-
même sa loi et de ne pas sévir parce que, localement, des
groupements aiment toujours tenter d'intervenir dans un secteur ou dans
l'autre. Évidemment, on ferait reproche très facilement au
ministre de ne pas vouloir appliquer la loi dans toute sa rigueur dans tel cas
et dans telle municipalité du Québec. Encore là, ce serait
une position passablement difficile à maintenir pour le
gouvernement.
Ce que l'on souhaite en particulier -c'est l'une des premières
suggestions positives qui éclairciraient, je pense, le portrait et qui
permettraient au gouvernement du Québec de surveiller tout en s'assurant
de la participation municipale en tant que véritable partenaire, que sa
juridiction va être respectée par les municipalités... Il
n'y a pas qu'au Québec -enfin, j'ai eu à voyager en peu de temps
quand même dans trois ou quatre coins du Québec et je n'ai pas
entendu de gens tenter de remettre en question la juridiction du Québec.
Partout, on en a contre cette espèce d'élément arbitraire
qui peut s'abattre n'importe quand lorsque, de l'avis du gouvernement, il y
aurait eu infraction.
Ce qu'on veut d'abord, ce que la loi n'a pas prévu, est minime.
Tout d'abord, avant que la loi s'applique, nous voulons faire l'objet d'un
préavis d'au moins 60 jours, de façon qu'on puisse, pendant cette
période... D'abord, on demanderait à l'article 3, que le pouvoir
ne s'exerce que sous certaines conditions: un préavis de 60 jours, le
gouvernement nous avisant de son intention d'adopter un décret nous
déclarant en contravention avec la loi 38. Ce préavis serait
servi à la municipalité présumée en défaut,
afin qu'elle respecte la loi. Ce préavis pourrait facilement nous
être servi par le ministre des Affaires municipales.
Pendant cette période de 60 jours, il faudrait permettre à
la municipalité qui l'a reçu tout au moins d'être entendue
devant une instance qui pourrait être, par exemple, la Commission
municipale du Québec ou une autre instance que le gouvernement pourrait
déterminer, avec des conditions déterminées. La
municipalité pourrait faire valoir les motifs pour lesquels elle
considère qu'elle ne devrait pas faire l'objet du décret. Par
exemple, elle vient expliquer qu'elle s'est conformée à la loi et
donne son point de vue.
Enfin, nous aimerions voir apparaître avec cet article 3 la
possibilité, pour la municipalité qui se considérerait
lésée parce qu'elle n'aurait pu, malgré tout, faire valoir
son point de vue ou justifier que l'intervention fédérale a
échappé à son contrôle et à sa
responsabilité, de loger un appel en Cour supérieure pour
carrément faire établir par un juge si, oui ou non, elle a
contrevenu à la loi 38. Il me semble que c'est important.
De toute façon, avant de suggérer le mécanisme,
nous avons examiné la recommandation que nous faisons à nos
municipalités et que nous allons continuer de faire dans l'avenir. C'est
la suivante: Si la loi était adoptée telle qu'elle est
actuellement, nous recommandons tout simplement d'utiliser le Code de
procédure civile et de prendre la procédure qui s'appelle le
jugement déclaratoire. En alléguant une loi, en alléguant
l'imprécision de la loi et l'impossibilité pour elle de
déterminer si, oui ou non, elle contrevient à la loi, en
déclarant son intérêt à faire déterminer par
la Cour supérieure si oui ou non, elle contrevient à la loi, elle
a le droit de faire telle ou telle chose. À partir du moment où
un juge de la Cour supérieure aura rendu un jugement qui dit que la
municipalité ne contrevient pas à la loi, j'essaie de m'imaginer
dans quelle position on pourrait se retrouver par la suite pour exercer le
fameux pouvoir discrétionnaire qui est dans la loi, advenant le cas
où un juge aurait dit: Vous avez le droit de le faire et cela ne
contrevient pas à la loi. Cela existe actuellement et nous nous en
servons, les avocats, assez fréquemment.
Finalement, il y a une chose que j'aimerais voir ajouter, si vous gardez
ce même processus de décret. C'est de dire à la fin,
quelque part dans l'article, que ce décret ne pourra prendre effet
qu'à compter de l'exercice financier municipal postérieur
à l'entrée en vigueur de la loi. Pourquoi? Parce que si un
décret s'abat sur une municipalité en plein mois de mars, alors
que son budget est adopté, que son taux de taxation est fixé, que
les gens ont reçu leur compte de taxes et que, soudainement, un
décret vient les priver de 50 $, de 100 $, de 200 $ ou de plus que cela,
il est possible que cette municipalité n'ait même pas les fonds
suffisants pour terminer l'année financière en cours. Nous
n'avons d'autre moyen d'aller chercher les fonds nécessaires pour
administrer nos municipalités que par le biais du compte de taxes.
Il serait important que, s'il y a un décret qui est émis
pendant une année financière, il entre en vigueur à
compter de l'année financière qui suit pour qu'au moins, en
faisant nos budgets, on soit capable de prévoir les sommes que nous ne
recevrons pas. C'est un pis-aller, mais c'est quand même une chose qui
devrait être dans la loi parce que là, vraiment, cela va
nécessiter des réaménagements et des prévisions
considérables.
Il y a d'autres articles qui, à mon avis, seraient importants
dans le projet de loi. Le premier - j'en ai quatre, ils ne sont pas longs,
quelques lignes chacun, mais ils sont quand même suffisamment
précis - : Une municipalité qui n'a pas prêté son
concours direct à une participation financière
fédérale
sur son territoire ne peut faire l'objet d'un décret en vertu de
l'article 3 de la loi. Et je m'explique. Il y avait l'exemple... J'étais
à Laval, il n'y a pas tellement longtemps et la chambre de commerce, qui
me fait visiter ses locaux, me montre des endroits où il y a des gens
qui ont été engagés à même le programme
fédéral RELAIS pour la création d'emplois; ils font une
recherche empirique et scientifique aussi avec des gens de la boîte, si
vous voulez, sur la situation financière et les
réaménagements fiscaux qui peuvent être faits, de
façon à suggérer au conseil municipal de l'endroit des
mesures incitatives et des mesures qui permettraient le renforcement et la
solidification, si vous voulez, de la structure commerciale de la ville.
Le projet en soi ne regarde que la chambre de commerce. Je suis
persuadé que, dans ce cas-là - pour en avoir parlé avec le
maire en particulier - la ville n'a même pas eu à être
consultée ou à intervenir de quelque façon que ce soit.
Mais il n'en reste pas moins que, si on regarde le texte de loi tel qu'il est,
il est certain que quand ces études seront rendues publiques, la
municipalité bénéficiera indirectement ou de toute autre
manière des résultats de cette étude
préparée à l'intérieur de la chambre de
commerce.
De la même façon, il arrive aussi - là, je vais
aller dans moins important que cela - des cas où, par exemple, le cercle
de l'âge d'or d'une municipalité va chercher une subvention
fédérale pour faire l'aménagement de ses locaux. Si ces
gens sont dans une propriété qui leur appartient - et c'est
très rare au Québec - cela n'implique pas la municipalité.
Et jamais ils ne viennent nous consulter pour obtenir leur subvention. Ils vont
directement, en fait, chercher cela à même un programme
fédéral. Mais il n'en reste pas moins que s'ils sont à
l'intérieur d'un local qui appartient à la municipalité.
S'ils font des réparations électriques pour brancher un
poêle, un réfrigérateur et faire l'intérieur de leur
local, s'organiser chez eux, ils retirent cette subvention. Est-ce que la
municipalité en a bénéficié? Assurément, il
y a eu amélioration locative à un immeuble qui appartient
à la municipalité. Et assurément l'ensemble de la
population, qui demeure là et qui fait partie de ce groupement-là
de l'âge d'or, a bénéficié indirectement ou de toute
autre façon, sous quelque forme que ce soit, d'une aide
fédérale, à même un programme fédéral,
sur laquelle la municipalité n'a rien eu à faire. On n'a pas
été capable de contrôler quoi que ce soit là-dedans.
Et c'est à peu près impossible de leur refuser. Enfin, je vous
invite à le faire si vous êtes capables. Mais au niveau municipal,
ce n'est pas plus facile que cela l'est à votre niveau, j'en suis
persuadé.
Pour nous, en tout cas, ce qu'il est important de préciser, c'est
où se termine le mot "bénéficié". On a dit:
plutôt que d'essayer de préciser le mot
"bénéficié" - ce qui nous demanderait une liste
exhaustive, si vous voulez, de tout le processus - bornons-nous à
exiger, pour que la loi 38 s'applique, que la municipalité ait
prêté son concours direct. Cela veut dire quoi? On a loué
un terrain, on a vendu un terrain, on a fourni quelque chose, cela s'est fait
sur des propriétés municipales, on a prêté du
financement, on a posé un geste direct; là il y a un concours
direct de la municipalité à la réalisation d'un projet
financé par le fédéral. Et si déjà cela
était dans la loi, on dit: Bien, si on n'a pas de concours direct
là-dedans, au moins on n'encourt pas l'application de la loi 38.
Une autre suggestion que nous faisons, c'est que justement lorsque par
exemple -cela se produit dans le cas de l'âge d'or dont je viens de
parler, et je vous donne l'exemple aussi de tous les projets
environnementaux... Vous savez que dans plusieurs régions du
Québec, surtout en matière de récupération et de
recyclage, ce sont de jeunes chômeurs qui sont allés chercher des
sommes dans le cadre du programme RELAIS et qui ont commencé,
parallèlement aux municipalités, sans même venir nous voir,
à passer dans les maisons et à faire de la
récupération. C'est ainsi que cela s'est structuré un peu
partout, de sorte qu'il y a des endroits où il y en avait dans une
municipalité et aujourd'hui il y en a dans dix municipalités. Ce
même groupe de jeunes a continué ses activités. Maintenant,
ces jeunes viennent nous trouver pour nous demander de l'aide. (15 h 45)
Par exemple, ils veulent qu'on leur fournisse un hangar
désaffecté à tel endroit pour entreposer le carton et la
vitre, parfois utiliser une balance et parfois même un camion, un
après-midi par semaine, qui appartient à la corporation
municipale. Voilà quelque chose qui demande le concours direct de la
municipalité. Alors, il serait important - même si c'est dans nos
juridictions, quand même, l'enlèvement des déchets et
l'enfouissement, mais en tout cas, on reparlera de cela à une autre
table - mais il reste qu'une municipalité pourrait, par
résolution, demander au ministre des Affaires municipales d'être
exemptée de l'application de la loi 38 pour un projet ou un programme
particulier impliquant une participation financière
fédérale sur son territoire. Là, on regarde quelle est
l'implication réelle. Si, évidemment, c'est la
municipalité qui essaie de camoufler de l'argent du
fédéral pour se bâtir une aréna ou tout cela... Vous
savez, là-dessus, tout le monde n'est pas en désaccord avec tout
le monde ici et ce qui arrive, c'est que le ministre, voyant que ce n'est pas
une implication municipale - ce
n'est pas parce qu'une municipalité a prêté un
camion ou fourni un local qu'elle est impliquée là-dedans - il
pourrait l'exempter de l'application de la loi 38.
Ensuite, nous aimerions que le gouvernement puisse - et voici que je
vous demande de vous donner un pouvoir par décret - par décret,
exempter tout programme fédéral d'aide financière à
l'application de la présente loi, s'il le juge à propos. Par
exemple, dans ces cas de peccadilles où des organismes vont se servir du
financement fédéral, mais que cela n'implique pas
carrément des infrastructures municipales ou des choses municipales, le
gouvernement pourrait lui-même décider, par décret, en
exerçant sa juridiction, de dire: Je permets que tel programme
fédéral s'applique sur le territoire, et c'est ma décision
à moi. S'il ne le veut pas, il s'agira que nous fassions le
nécessaire pour que personne ne participe à ce
programme-là.
Enfin, ce que j'aimerais aussi... J'ai parlé tout à
l'heure du préavis, en fait, que le ministre devrait au moins inclure
dans sa loi pour aviser une municipalité en particulier, mais nous
allons plus loin. Nous sommes prêts à dire que le ministre des
Affaires municipales pourra faire parvenir un avis général
à toutes les municipalités du Québec. Si elles
prêtent leur concours direct à un type particulier de
participation fédérale à leur financement, elles tomberont
sous le coup de l'application de la loi 38. Cela va loin, parce que le pouvoir
discrétionnaire le couvrait de toute façon. Alors, ce qu'il
fallait éviter, c'est qu'on développe une façon de
contourner la loi 38, parce que c'est ce qu'on doit craindre quand on fait une
loi comme celle-là. C'est sûr que le pouvoir
discrétionnaire total et absolu demeure la meilleure méthode de
tout contrôler, mais c'est, à notre avis et de l'avis des
municipalités qu'on représente d'une façon à peu
près générale, inacceptable dans une démocratie. Il
faut donné à tout le monde... Vous donnez à l'individu le
droit, avant d'agir sur lui et de le priver de sa liberté ou de lui
enlever un droit, un bien ou une propriété, vous lui donnez le
droit d'aller devant les tribunaux. Il faudrait que, collectivement, justement
quand vous touchez plusieurs individus, ils aient le même droit.
Nous, ce qu'on dit pour éviter l'arbitraire, mais aussi pour
permettre au ministre de s'assurer qu'on n'a pas développé de
mécanisme de contournement de la loi, c'est que, dès qu'il a
connaissance qu'il se développe une façon quasi
systématique de contourner la loi, il pourra nous faire parvenir un avis
disant: Voici, si vous faites cela, vous contrevenez à la loi 38. Et
à partir de l'avis, enfin le mécanisme pourra commencer à
s'appliquer si une municipalité contrevient aux règles qu'on a
déjà données.
Vous allez me dire: Ecoutez, vous êtes d'accord avec la loi. Je
dis ceci: Le principe de la loi a été adopté et ce n'est
pas à nous de décider quels seront les principes des lois qui
seront adoptées dans le Québec. Enfin, cela vous appartient,
messieurs, ici. Mais à partir du moment où le principe d'une loi
est adopté, je pense que c'était le devoir de notre union de
faire preuve de réalisme politique, de venir essayer de mettre en
lumière la situation dans laquelle on se retrouve dans nos petites
municipalités. Et je vous dirai qu'il ne faut pas
généraliser, il ne faut surtout pas penser que, pour une
quinzaine de contrevenants notoires, vous pouvez assumer que 1200 ou 1500
conseils municipaux au Québec sont prêts à faire cela. Il
faut y penser aussi. Mais il faut que cette loi-là soit une loi pour que
les 1000 ou les 1200 municipalités qui sont prêtes à
respecter la loi puissent au moins être capables de vivre avec elle, sans
avoir constamment cette espèce d'épée de Damoclès
au-dessus de la tête où on se demande: A-t-on le droit ou n'a-t-on
pas le droit?
C'est vrai qu'on peut en bénéficier parce que,
bénéficier indirectement ou de quelque forme que ce soit, pour
nous, en fait, cela veut tellement couvrir tout, même ce dont nous
n'avons pas le contrôle. Et on ne veut pas porter la
responsabilité d'un acte auquel on n'a pas concouru ni participé.
La loi 38 n'empêchera pas, telle qu'elle est rédigée dans
sa forme actuelle, l'intervention fédérale structurante dans nos
territoires. Et je sais que le ministre va rire parce qu'il connaît mon
exemple, mais dans ma propre municipalité, où le conseil
était en désaccord avec une subvention fédérale,
j'ai dû faire face à une élection qui a porté
là-dessus, on a refusé de fournir des terrains municipaux. Et un
organisme a réussi à acheter un terrain à
l'extérieur de nos terrains municipaux dans le seul endroit disponible
dans le zonage pour un prix considérable et pendant la campagne
électorale, on creusait le solage parce que moi, je ne peux pas refuser
à un organisme l'émission d'un permis de construction quand il
satisfait à tout mon règlement. C'était légal
partout. Je ne pouvais pas dire: Je ne vous donne pas un permis, parce que
c'est un pouvoir totalement discrétionnaire que je n'ai pas le droit
d'exercer, qui n'est pas plus justifiable à mon niveau qu'à un
autre.
Actuellement, la bâtisse va prendre forme et le solage est
creusé. Et la loi 38 ne changera rien à cela. Il ne faut pas
oublier cela. La loi 38 permet au gouvernement d'intervenir contre la
municipalité mais ne lui permet pas d'arrêter des travaux
semblables. Moi, je n'ai aucun moyen juridique d'intervenir et je ne voudrais
pas non plus qu'on soit des victimes, à un moment donné, d'une
décision gouvernementale qui ferait qu'on tombe sous
le coup de l'application de la loi 38 et que l'ensemble de nos
contribuables paient la facture. Il s'en fait de cela. Alors, pour nous, c'est
extrêmement important. S'il y a des cas très clairs, il y a quand
même des cas où la loi ne règle pas tout. Ce que je vous
demande, finalement: Rendez aux municipalités du Québec, à
ces gens qui n'ont pas une grosse expertise dans la boîte... Ils n'ont
pas tous un conseiller juridique, parfois nous n'avons qu'un secrétaire
municipal, un inspecteur en bâtiment et un inspecteur d'hygiène.
Parfois nous n'avons qu'un budget de 100 000 $, 150 000 $, 200 000 $, 300 000 $
pour faire l'année, ramasser nos vidanges, ouvrir nos chemins, payer
notre personnel et voir à tout cela. Alors, c'est sûr qu'on n'a
pas une marge de manoeuvre pour se permettre de grandes erreurs et que plus on
est pauvre, plus, évidemment, la tentation de profiter de quelques
miettes ou de quelques petits pains qui nous tombent de chaque
côté, c'est tentant.
Ce que je vous demande, en fait, c'est de nous mettre des balises pour
que, dans nos petites administrations municipales, dans nos moyennes
administrations municipales du Québec, on soit capable, chacun chez soi,
de voir où la loi commence et où elle se termine. Quand elle se
termine, qu'on ait des mécanismes qui nous permettent d'obtenir
auprès du ministre des Affaires municipales l'autorisation qui va faire
que la juridiction du Québec va être respectée et que, s'il
le juge à propos, il puisse permettre au moins à la
municipalité d'aller de l'avant avec un projet qui supposerait une
participation fédérale.
J'aurais d'autres exemples à donner. Je pense avoir pris
suffisamment de votre temps. Je suis disponible pour vos questions.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. Asselin. M. le
ministre.
M. Léonard: M. le Président, je remercie beaucoup
le président de l'UMRCQ et ceux qui l'accompagnent de leur contribution,
qui me paraît très positive et du genre de celles auxquelles on
s'est habitué avec les dirigeants des unions, règle
générale. Je pense qu'au cours des conversations que nous avons
eues dans les derniers jours, sur cette question, nous avons eu des
contributions très positives.
Le dernier exemple que vous utilisez, notamment dans votre
municipalité, illustre s'il en est besoin l'attitude des
députés fédéraux dans ce dossier. À
l'encontre d'un conseil municipal, on va subventionner, parce qu'on n'a pas
réussi avec le conseil municipal, un autre organisme, ce qui fait que,
finalement, toutes les priorités des équipements publics ou
communautaires d'une municipalité s'en trouvent dérangées.
Je pense que là on fait face à une situation intolérable
du point de vue de l'administration des affaires locales à
l'intérieur du Québec et des municipalités.
Ce que nous avons fait - et je vais le dire avant de vous poser des
questions plus précises - c'est que nous avons proposé des
ententes et des volets à financer au gouvernement fédéral,
dès le mois d'octobre. Par exemple, quand vous parlez d'un
équipement communautaire, comme celui dont vous avez parlé, cela
pourrait très bien entrer dans une programmation des loisirs. Donc, si
le fédéral donne de l'argent là-dessus, il pourrait
utiliser le canal d'une entente par l'intermédiaire d'un volet
équipements de loisirs, et à ce moment-là les
municipalités, avec le ministère du Loisir, peuvent juger des
priorités là-dessus. Alors, je pense qu'à laisser faire
les choses comme elles sont c'est là qu'arrive la pagaille. Vous l'avez
illustré admirablement, ce point-là.
D'ailleurs, s'il y a des fonds, c'est l'argent de nos impôts, ou
en tout cas des emprunts faits en notre nom. Cette fois-là, il n'y a pas
de référendum, comme on le fait au niveau municipal, pour les
approuver, parce que ce sont des députés fédéraux
et le gouvernement fédéral qui les font en notre nom, sans nous
consulter. On devra payer de toute façon ces fonds par nos impôts
ou par le service de la dette. Donc, il faut que ce soit à
l'intérieur d'une entente pour que la programmation, les
priorités soient bien établies dans l'ordre des choses et des
institutions, à l'heure actuelle.
Alors nous recherchons, effectivement, des ententes surtout dans le
domaine structurant, parce que dans le domaine de ces équipements vous
avez quand même des conséquences. Cela dure pour longtemps lorsque
vous faites des constructions, lorsque vous établissez des
équipements. Bien souvent aussi, il faut le dire, même lorsqu'il
s'agit de programmes de création d'emplois temporaires, cela sert
à faire des choses durables, donc automatiquement on en revient à
cette question d'équipements structurants dans le paysage.
Alors, je voulais vous remercier là-dessus et vous dire que les
amendements que vous avez déposés, nous allons les étudier
très attentivement, mais que d'abord, je dirai qu'il y en a qui,
à première vue, me paraissent acceptables. Je ne sais pas si vous
voulez nous laisser une certaine latitude sur le libellé, mais je pense
que sur le fond de ces amendements, sur certains en tous les cas - on peut les
reprendre - cela me paraît très digne d'intérêt, et
je dis jusqu'à plus ample étude; pour l'instant, je vais demander
à mes fonctionnaires d'examiner toutes ces questions.
Par exemple, le premier, à l'article 3, "Ce pouvoir ne pourra
être exercé que selon les conditions suivantes: a) un
préavis d'au
moins 60 jours de l'intention du gouvernement d'adopter un tel
décret doit être servi à la municipalité
présumément en défaut de respecter la loi par le ministre
des Affaires municipales;" Oui, je trouve qu'il y a un préavis. Ensuite:
"b) Pendant toute cette période, ladite municipalité pourra
être entendue pour faire valoir les motifs pour lesquels elle ne devrait
pas être l'objet d'un tel décret;" Cela peut être un avis,
je suppose, quand on dit "par écrit", cela pourrait très bien
laisser envisager que lorsqu'une municipalité le fait par écrit,
elle a aussi l'occasion de s'exprimer oralement. En gros, cela me paraît
un amendement tout à fait digne d'étude; on peut aller plus loin
là-dessus.
Sur "Toute municipalité faisant l'objet d'un décret selon
les dispositions de l'article 3 de la présente loi peut en appeler
à la Cour supérieure sur simple requête et
l'exécution du décret est suspendue jusqu'à
exécution finale du présent jugement"; je me réserve
d'étudier davantage, parce qu'il y a déjà des
procédures vis-à-vis de la Cour supérieure, et je le lis
aussi en relation avec l'autre article additionnel; j'y reviendrai tout
à l'heure. Sur ce plan-là, il y a déjà des
procédures ordinaires. Vous en avez parlé... Si vous voulez, on
pourra peut-être préciser ultérieurement.
M. Asselin: II y a une faute de français qu'il faudrait
quand même corriger... À "suspendu", M. le ministre.
M. Léonard: Ah oui, oui! "d) Un décret
adopté en vertu de l'article 3 ne prend effet qu'à compter de
l'exercice financier municipal postérieur à son entrée en
vigueur". Je dis oui, c'est acceptable, à première vue, et je
dirais qu'il faudrait peut-être se donner plus de latitude
là-dessus, M. le Président, si vous le permettez, parce qu'on
pourrait dire aussi "Un décret adopté en vertu de l'article 3
peut ne prendre effet", de sorte que cela pourrait porter sur deux exercices
financiers ou autrement, selon ce qui peut convenir à la
municipalité. Je dis: laissons-nous une certaine latitude
là-dessus. Mais, sur l'idée elle-même, je pense que cela ne
pose pas de problème majeur.
Je passe sur le premier article additionnel pour examiner les autres.
J'y reviendrai après sur le premier. Le deuxième article
additionnel demandé: "Une municipalité peut, par
résolution, demander au ministre des Affaires municipales d'être
exemptée de l'application de la loi 38 pour un projet ou un programme
particulier impliquant une participation financière
fédérale sur son territoire;" En relation avec cela aussi...
Excusez. (16 heures)
II y a des choses prévues aux articles 20 et 22 de la Loi sur le
ministère des
Affaires intergouvernementales. J'aimerais les regarder dans cette
optique présentement. Il y a aussi, à l'article 1 du projet de
loi 38, une permission générale qui peut être
accordée s'il y a des ententes. Donc...
M. Asselin: Mais cela, c'est un cas clair.
M. Léonard: Dans un cas clair, on peut voir jusqu'à
quel point, sur le plan du libellé, on peut s'entendre là-dessus.
Je pense qu'il y a des choses possibles là-dessus. Il y a des choses
déjà permises, soit par l'article 20 de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, soit par l'article 1 du
projet de loi 38 que nous avons. "Le gouvernement pourra, par décret,
exempter tout programme fédéral d'aide financière de
l'application de la présente loi, s'il le juge à propos" et je
dirais aussi son négatif, à l'heure actuelle, "Le ministre des
Affaires municipales pourra faire parvenir un avis général
à toutes les municipalités que si elles prêtent leur
concours direct à un type particulier de participation
fédérale à leur financement..." elles tomberont sous le
coup de l'application de la loi 38. Cela me paraît des choses possibles
à envisager de sorte que, de façon générale, les
gens savent que, dans certains cas, c'est oui, dans certains cas, c'est
non.
Cela nous amène effectivement à baliser mais il va quand
même rester un certain nombre de cas où ce pourrait être
moins clair. À ce moment, je pense que le pouvoir du gouvernement de
statuer devra rester.
Je reviens à l'article 1: la municipalité qui n'a pas
prêté son concours direct à une participation
financière fédérale sur son territoire ne peut faire
l'objet d'un décret en vertu de l'article 3 de la loi. Je pense que l'on
tient là, quand même, un point très important qui touche
à la loi.
Le gouvernement statue ou décide, à un moment
donné, après enquête disons, après les 60 jours, si
une municipalité a empiété ou pas sur les zones grises. Il
reste qu'on ne peut pas tout prévoir présentement mais le
principe général qui découle d'ailleurs de la constitution
présentement, est que, dans les affaires municipales, le
fédéral ne peut pas intervenir directement sinon en passant, en
ce qui nous concerne, par une entente.
Je pense qu'à moins de prévoir tous les cas
présentement, on ne pourrait être aussi exhaustifs. Là, cet
article nous amène à nous interroger davantage en relation aussi
avec la correction C à l'article 3 que vous proposez. Je voudrais
examiner davantage ces points.
Ceci étant dit, M. le Président, je voudrais quand
même, sur le plan du projet de loi, revenir à un certain nombre de
choses, surtout après les affirmations qui ont
été faites par le représentant de l'Opposition
à l'heure actuelle. Je vous ai bien entendu dire que vous ne contestiez
nullement le droit du Québec et les responsabilités du
Québec par rapport aux affaires municipales c'est-à-dire que vous
dites que la Loi 38 comme la loi 56 et 74 sur les Affaires
intergouvernementales, sont conformes à la constitution et qu'au fond,
le gouvernement du Québec statue quant aux municipalités dans le
cadre de ces articles et que, donc le projet de loi 38 sur cette base, est
correct et conforme au droit constitutionnel.
M. Asselin: À l'union, je vous dirai franchement qu'on n'a
reçu, depuis que je suis là, aucune résolution qui nous
disait que le domaine municipal n'était pas de juridiction provinciale
ou le contestait. Je pense que c'est un fait acquis, pour tout le monde, que
c'est une juridiction provinciale et tout le monde est d'accord pour qu'on
trouve une méthode de respecter cette juridiction provinciale. Il s'agit
de trouver la méthode.
M. Léonard: Maintenant on est d'accord également
que si nous avons, nous, un système d'administration municipale qui vous
donne, en particulier, le droit d'aller chercher, par des impôts, les
fonds nécessaires pour faire face à vos responsabilités;
lorsqu'on arrive, par ailleurs, de la façon dont cela se fait du
côté du gouvernement fédéral ou des
députés fédéraux, en donnant des fonds
discrétionnaires comme cela, je pense que ça revient à
mettre en cause le système que nous avons. Et finalement, comme il y a
deux gouvernements dans le champ municipal, à toutes fins utiles, qu'ils
agissent directement ou indirectement, on remet en cause des principes de saine
administration publique à mon sens. J'aimerais entendre vos commentaires
sur ce sujet.
Le Président (M. Gagnon:) M. Asselin.
M. Asselin: Je voudrais vous rappeler que le contexte
constitutionnel dans lequel nous sommes fait qu'il y a deux gouvernements et
que les contribuables - je dis toujours les contribuables, mais les citoyens du
Québec - ont choisi un gouvernement... Ils en ont un qui a ses options.
Ce gouvernement, dans certaines juridictions, est agressif, c'est normal; on
doit s'y attendre et on ne peut pas le lui reprocher. L'ensemble des citoyens
du Québec ont exprimé leur choix et, en démocratie, on
doit le respecter. Cependant, lorsque nous arrivons au niveau municipal, il
faut faire très attention. Vous avez remarqué les amendements
qu'on vous propose. Tout à l'heure, le ministre a dit: II y a eu des
endroits où des infrastructures municipales ont été
néfastes pour la municipalité. Cela a été trop gros
pour elles. Elles n'ont pas été capables de se retenir de manger
le bonbon et elles en ont fait une indigestion. Je pense que les conseils
municipaux doivent rendre des comptes de leurs décisions; d'abord,
à ceux qui les ont élus. Nous avons été
élus. Je n'ai jamais été élu par acclamation.
Évidemment, chaque fois que mon mandat est terminé, je
rends compte à mes contribuables. Je ne rends pas compte au ministre des
Affaires municipales. Je pourrais vous nommer des paroisses où,
justement, les membres du conseil ont perdu leur élection, localement,
parce qu'ils se sont donné une grosse structure avec de l'argent qui ne
provenait pas de Québec. Les citoyens ont réglé leur
problème à l'interne. Il faut que vous pensiez que ce
mécanisme s'exerce au niveau local. Les gens dans une
municipalité ne sont pas des fous non plus. Il y a déjà un
mécanisme de surveillance qui se fait localement par le citoyen qui est
très près de sa petite administration municipale. Je reconnais
avec vous qu'on vit actuellement dans un climat de confusion totale. J'admets
avec vous qu'il est temps et c'est pour cela que, dès le 26 novembre,
l'union que je représente, à la rencontre que nous avons eue
à Montréal avec le ministre, nous n'étions pas d'accord
pour que toute la question reste sur la glace indéfiniment. Pourquoi?
Parce qu'il y a là maintenant un projet de loi et que nous nous disons:
Tant et aussi longtemps que la loi va commencer à s'appliquer le 21 juin
1983, pendant tout ce temps, tant que nous n'aurons pas éclairci les
mécanimes, tant que nous n'aurons pas inclus dans la loi ce qui devrait,
à notre avis, y apparaître pour nous permettre de vivre avec, on
fait se perpétuer, dans les municipalités du Québec une
situation qui n'est pas tenable. De la même façon qu'elle ne
serait pas tenable si le projet loi avait été adopté. Je
suis encouragé par certains propos qui me disent qu'elle ne sera pas
adoptée telle quelle. De la même façon, on aurait
continué à vivre dans une situation totalement intolérable
aussi parce que, de toute façon, on n'aurait rien compris nulle part
à ce qui se passait et on n'aurait jamais su parce que, pour
bénéficier, vous savez... C'est quoi, bénéficier?
Bénéficier, tout le monde bénéficie de quelque
chose à un moment donné. Des fois, ce n'est pas
bénéficier parce que, parfois, on ne bénéficie pas.
Mais il reste que nous avons employé le terme "bénéficier"
dans la loi. On pourrait éventuellement, si cela avait mal tourné
avec telle municipalité, aller montrer que les gens n'en ont pas
bénéficié, bien au contraire, ils ont été
punis par l'intervention fédérale. Il faut penser que.. Ne vous
attachez pas à l'argument selon lequel il y a eu des investissements
néfastes qui ont été faits dans des municipalités.
Cela a été
marginal. Attachez-vous à la façon dont Québec veut
faire respecter sa constitution et à la façon dont vous voulez
que les municipalités deviennent à partir, je l'espère, de
l'adoption de la loi 38, considérées comme des partenaires
valables, comme des partenaires sur lesquels le gouvernement du Québec
doit compter et qu'elles en tirent un bénéfice. C'est cela qu'on
veut. Si vous travaillez le projet de loi de façon que cela devienne
comme ceci, à l'avenir le climat s'améliorera, le climat ne fera
que s'améliorer et les partenaires du Québec que devraient
être les municipalités et que sont effectivement les
municipalités depuis le début... Cela devrait
éventuellement s'améliorer si on met dans la loi ces
mécanismes que j'appelle des mécanismes pour nous permettre de
voir clair dans cela. À chaque maire ou conseiller municipal, que ces
gens soient capables de se prononcer quand il y a une décision à
prendre pour dire: Nous n'avons pas le droit de faire cela parce que c'est
défendu.
M. Léonard: C'est bien ce que nous cherchons à
clarifier, l'horizon, là-dessus; nous cherchons à clarifier toute
la situation et non pas à faire perdurer la confusion. Dès qu'il
y a des ententes, chacun sait à quoi s'en tenir. S'il y a de l'argent,
il est généralement assez rare que cela va passer par des canaux
corrects, des programmes normés que tout le monde va connaître et
auxquels tout le monde va avoir accès.
J'ai une autre question en ce qui concerne l'équité des
municipalités par rapport aux autres. Nous avons dit dans les ententes
et les volets que nous avons déposés sur la table devant M.
Roberts, le 4 octobre, que nous étions favorables plutôt à
des ententes au moins à moyen terme, de sorte que chacune des
municipalités pourrait avoir accès à des fonds ou à
des projets. On sait bien que sur une année tout le monde ne peut pas y
trouver son compte. Sur une période de moyen terme de trois, quatre ou
cinq ans, chacune des municipalités pourrait à un moment
donné trouver, à travers un certain nombre de volets, des projets
qui lui rendraient justice, lui pemettraient d'avancer.
Maintenant, l'approche du projet de loi à l'heure actuelle c'est
évidemment qu'il n'y ait pas de fonds qui transitent à
l'extérieur des ententes. Ce que nous découvrons
présentement, c'est que des municipalités qui ne respectent pas
la loi constitutionnelle, la loi fondamentale, ont des fonds. Donc, la loi
prévoit des pénalités pour celles qui ne respectent pas la
constitution. Si on laisse continuer la situation présentement,
directement ou indirectement, les municipalités qui respectent la
constitution ne bénéficient pas de fonds. C'est une mesure
d'équité que nous voulons établir. Une fois la loi
adoptée, les municipalités qui respectent la loi - je dirais dans
99% des cas - vont se trouver dans un horizon clarifié avec un
système net, précis, où celles qui finalement respectent
la loi vont pouvoir bénéficier du résultat des ententes,
non pas celles qui ne respectent pas la constitution. J'aimerais avoir vos
commentaires là-dessus, sur cette mesure d'équité.
M. Asselin: Dans votre loi telle qu'elle est
présentée actuellement - c'est justement là où je
ne suis pas d'accord; c'est ce pourquoi on est ici pour essayer d'apporter des
amendements à cette loi - je ne pense pas que l'équité en
prenne pour son compte. Il est extrêmement difficile - à mon avis,
je ne sais pas, ce n'est pas le même niveau, c'est seulement au niveau
municipal - de dire que je pourrais avoir dans un règlement municipal
des mesures discrétionnaires et que je serais certain que
l'équité serait respectée. Le meilleur moyen de voir
l'équité respectée... En fait, le principe que des
municipalités vont bénéficier de l'argent
récupéré, c'est évident que là c'est une
espèce de prime à la bonification qu'on fait. Ce n'est pas pire,
et tant mieux! Cela n'empêchera pas que dans le système qu'on
propose vous allez en venir au même résultat. Donc,
l'équité serait suivie de la même façon.
La seule différence c'est que dans le système que je
propose, je permets à l'équité de s'exercer avant que
l'autre équité s'exerce. En ce sens que je veux m'assurer que le
pouvoir que vous voulez exercer d'intervenir par décret va se faire
équitablement. La possibilité que sous des pressions... Ce sont
des hommes qui dirigent l'État. On a beau être ministre on reste
du monde. On a beau être plusieurs ministres on reste un parti, que ce
soit vous ou un autre, je n'y crois pas. Ce serait un autre parti qui serait au
pouvoir et qui serait arrivé avec une loi aussi discrétionnaire
que cela pour les municipalités, je m'y serais opposé de la
même façon. Votre système d'équité, à
la fin, il est bon. Prenez le même principe d'équité,
mettez-le avant dans la loi pour vous assurer que tout le processus est
équitable et non seulement une partie.
M. Léonard: Deux commentaires avec questions. Par rapport
à des députés fédéraux qui font des
proposisitons de toute espèce dans le paysage et qui sont effectivement
très discrétionnaires de A jusqu'à Z, vous comparez le
pouvoir du gouvernement qui détient son pouvoir dans son domaine de par
la constitution, et qui va devoir répondre à des questions en
Chambre - je sais très bien que les gens de l'Opposition ne s'en
plaindront pas et je suppose bien que nous ferions la même chose - par
rapport à des décisions que nous aurons prises. Sur le plan
de l'équité, il y a quand même des garanties du
système politique et démocratique que nous avons. (16 h 15)
Deuxièmement, que faites-vous des municipalités qui ont
contrevenu à la loi depuis le 21 juin?
Le Président (M. Gagnon): M. Asselin.
M. Asselin: M. le ministre, il y a deux questions.
M. Léonard: Que faites-vous des municipalités qui
ont contrevenu directement ou indirectement à la loi?
M. Asselin: II y a deux choses. Il y a d'abord la question des
garanties d'équité. Je vous dirai que, pendant...
M. Léonard: Parce qu'il y en a qui l'ont
respectée.
M. Asselin: ...que vous allez répondre aux questions en
Chambre sur votre garantie d'équité, il reste qu'en bas, il y a
des citoyens qui seront punis, qui vont payer la facture, parce que le conseil
aurait présumément fait une erreur ou, en tout cas, selon votre
opinion, qu'il aurait enfreint la constitution. Ces gens n'en ont jamais eu
connaissance. Il faut penser à cela. C'est pour cela qu'avant, c'est
important que quelque chose qui est plus que de répondre au
système se passe au niveau de l'équité.
Deuxième chose, vous l'avez soulevé le 26 et on y a
repensé par la suite, il y deux possibilités, et je continue de
penser qu'elles peuvent être incluses dans le mécanisme de la loi.
En fait, on peut très facilement dire, quand on adopte un projet de loi,
que certains de ses articles entrent en vigueur à compter de telle date.
C'est vous qui verrez en fait quels articles vous voulez faire entrer en
vigueur et à quelle date. Quant à moi, ce n'est pas moi qui ai
voté pour la loi et ce n'est pas moi qui serai aux prises avec le
problème. Enfin, vous savez ce que je veux dire. Ce n'est pas à
moi de le régler, c'est à vous de le régler. Ce que je
vous dis...
M. Léonard: Si je comprends, vous ne répondez
pas.
M. Asselin: ...ce qui s'est produit entre le 21 juin et le mois
de décembre, c'est une chose, mais, si on décidait
d'insérer dans le projet de loi des mécanismes que nous vous
demandons avec ardeur aujourd'hui, c'est pour nous assurer en fait qu'à
compter au moins de l'entrée en vigueur de la loi, certains des articles
entreront en vigueur à cette période et qu'on saura quoi faire
à l'avenir.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais quand
même vous entendre là-dessus, parce que le projet de loi est
déposé depuis le 21 juin et les municipalités en ont pris
connaissance. Certaines l'ont respecté et d'autres ne l'ont pas fait.
Que faites-vous?
Le Président (M. Gagnon): M. Asselin.
M. Asselin: Celles qui l'ont respecté l'ont
respecté et celles qui ne l'ont pas respecté, vous en connaissez
peut-être, enfin, j'essaie d'en trouver. Ce que je veux vous dire, c'est
en fait que si des mécanismes prévus dans le projet de loi
s'appliquent...
M. Léonard: Oui...
M. Asselin: ...cela ne vous empêche pas de mettre votre loi
en vigueur à compter du 21 juin, d'appliquer le même pouvoir que
vous vous êtes donné en vous disant: II y a un certain nombre de
balises que j'ajoute de façon à l'exercer d'une façon
correcte à compter du 21 juin dernier. Je pense que le mécanisme
qui est là-dedans ne vous empêche pas d'utiliser votre pouvoir,
cela vous permet simplement de le baliser quelque part.
La deuxième chose, si vous dites: Je le laisse comme il est
là jusqu'à la date de l'adoption du projet de loi et, à
partir de l'adoption du projet de loi, il y a un certain nombre d'articles qui
viendront s'y ajouter, c'est votre décision. Ce ne sera pas la
première fois, comme avocat, que je verrai des articles qui entreront en
vigueur à une date et d'autres à d'autres dates, etc.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. M. Asselin, vous
êtes président de l'UMRCQ, j'aimerais qu'on établisse
clairement votre position quant au projet de loi 38. Tantôt, vous avez
discuté avec le ministre. Vous ne mettez pas en doute en fin de compte
le pouvoir constitutionnel du Québec au niveau des compétences
municipales, c'est bien clair.
Quant à la méthode pour faire respecter ces
compétences, vous apparaît-il raisonnable, normal, souhaitable, de
bon aloi, que, devant certaines difficultés d'interprétation et
d'application, un partenaire majeur d'une des parties en cause soit
pénalisé à cause de son agir dans les relations entre les
deux ordres de gouvernement? Autrement dit, vous apparaît-il normal que,
dans les relations que vous pouvez avoir en traitant comme municipalité
avec le gouvernement du Québec ou même avec le gouvernement
fédéral, vous soyez en
quelque sorte pénalisé directement pour une chicane de
drapeau entre un gouvernement provincial et le gouvernement central?
M. Asselin: II y a deux volets à votre affaire. Le
premier, c'est au sujet de la compétence. Je trouve normal, d'une
certaine façon, que chaque palier de gouvernement veuille faire
respecter ses compétences. Mon malheur, c'est que le palier de
gouvernement que je représente a de la difficulté à faire
reconnaître ses compétences parfois, mais je pense que dans un
contexte de travail à venir on pourra l'établir d'une meilleure
façon.
Il est normal de voir le gouvernement fédéral
défendre sa juridiction dans le domaine international quand le
Québec porte des assauts, mais il faut s'attendre d'avoir des assauts du
gouvernement actuel là-dedans. De la même façon, il est
normal que le Québec protège ses juridictions quand le
gouvernement fédéral fait, lui aussi, des assauts, mais c'est de
la politique. Je ne suis pas ici pour cela, en fait. Je suis ici pour vous dire
ceci: Si je suis venu aujourd'hui, c'est que je n'accepte pas, que je n'ai pas
accepté, que je n'accepte toujours pas qu'on remette entre les mains du
pouvoir politique un pouvoir totalement discrétionnaire. De la
façon dont le cas est traité dans le projet de loi tel qu'il a
été déposé, je ne suis pas du tout d'accord avec
les méthodes employées. Je pense que c'est clair.
M. Saintonge: Quant au projet de loi...
M. Asselin: C'était ce que je voulais dire quand je disais
que c'était un projet de loi hypocrite et méprisant.
C'était hypocrite en un sens. D'ailleurs, vous regarderez la date de
l'article que vous avez lu; c'était tout près de la date de
dépôt du projet de loi.
M. Saintonge: Le 20 juillet.
M. Asselin: Fin juillet. À ce moment-là,
j'étais préfet de la MRC et je le suis encore. J'avais eu
l'annonce du projet de loi, je venais de la recevoir. Évidemment, je le
disais hypocrite, parce que je voyais une loi sur le financement des
municipalités et cela me faisait penser à cette fameuse loi qui
assurait le droit des enfants à l'éducation, ce qui
n'était autre chose qu'une loi pour forcer les enseignants à
retourner à l'école. Ce n'est pas ce gouvernement qui l'a
adoptée, ni le vôtre du temps. C'est avant cela, mais certains
d'entre vous doivent s'en rappeler sans doute.
Il arrive qu'on voie le titre d'une loi et que ce qu'on retrouve
à l'intérieur n'y corresponde pas nécessairement. Il n'en
reste pas moins que ce n'est pas mon problème. Les chicanes qui sont les
vôtres au niveau politique, que j'ai entendues d'ailleurs à
l'Assemblée nationale au sujet de la politique et de l'implication du
fédéral, etc., c'est à vous de les régler; vous
avez été élus pour cela. Ce qui m'intéresse,
à partir du moment où un projet de loi touche mes
municipalités, c'est de m'assurer qu'il y aura dans le projet de loi des
mécanismes qui seront au moins un début à quelque chose de
plus positif dans l'avenir, afin de diminuer la façon dont le pouvoir va
s'appliquer chez nous, parce qu'il n'y a aucune façon pour nous
d'intervenir. On est chez nous; on regarde faire cela. Je trouvais cela
méprisant. Enfin, j'ai toujours été fier d'être
maire d'une petite municipalité, d'un petit village de 1000 habitants
à Sainte-Émilie-de-l'Énergie. J'ai toujours
travaillé avec les gens pour essayer de... Il s'agirait de voir le
travail qui a été fait dans les municipalités depuis dix
ans et, en particulier, ce qui s'est fait depuis l'adoption de la loi 125. Je
trouve cela méprisant qu'on soit traité de cette façon,
parce qu'on ne nous considère pas comme des gens qui doivent
répondre de leurs actes à leurs commettants, des gens capables de
prendre leurs responsabilités. De toute façon, même si on
n'a pas à prendre la décision, même si on n'a pas à
prêter notre concours à quoi que ce soit,
discrétionnairement, on peut nous arriver avec une sanction absolument
fatale pour une petite municipalité. Il s'agit de penser ce que 50 000 $
peuvent représenter comme conséquences dans une petite
municipalité comme la mienne. Regardez mon rôle
d'évaluation et vous allez voir ce que j'irai chercher dans les maisons
pour essayer de passer l'année suivante.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. Asselin. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: D'après ce que j'ai pu comprendre de la
correspondance que j'ai reçue de ces municipalités par la voie de
certaines résolutions - vous pouvez peut-être éclairer la
commission là-dessus - les municipalités que vous
représentez, environ 1200, et par ce que j'ai pu constater aussi par la
voie des journaux - c'étaient des déclarations faites par des
membres de l'union et même par des membres de l'administration, soit le
président actuel ou l'ancien président - la majorité des
municipalités que vous représentez avaient demandé le
retrait d'un tel projet de loi?
M. Asselin: Finalement, si vous regardez le rapport... Je ne veux
pas essayer de changer ce qu'on a dit parce que cela a été clair
tout le temps. Vous nous dites: vous avez demandé le retrait. Le
ministre nous dit: vous avez été d'accord avec les principes. Je
dis, regardez ce qui est écrit, ce que j'ai rendu public et ce qui a
été
adopté à l'unanimité par 31 directeurs. Je vous
assure d'une chose, c'est que les 31 directeurs ne partagent pas tous la
même option politique. Pourtant, ils étaient unanimes. Pourquoi?
Nous étions arrivés à une position qui disait: nous
reconnaissons l'entière juridiction en matière municipale, enfin
la juridiction de Québec. Ce principe est confirmé dans la
constitution. L'union reconnaît qu'il s'agit là d'une juridiction
exclusive du gouvernement du Québec. C'est notre position
fondamentale.
Là où nous ne sommes pas d'accord et nous demandions le
retrait, le 19 novembre dernier, c'est qu'on se disait: s'il n'y a pas les
amendements et les accommodements qui assurent tout au long du processus que
les contribuables locaux vont être traités avec justice, et s'il
n'y a pas moyen d'en arriver à trouver des formes qui vont enlever
l'arbitraire de la loi, il n'y a pas d'autre choix que d'en demander le
retrait, chose qui ne se fera pas, sans aucun doute, puisqu'on est rendu ici
aujourd'hui à l'étudier article par article.
On dit: très bien, il y a une loi et le gouvernement a
décidé qu'il ferait respecter sa juridiction. Maintenant,
essayons de trouver des accomodements là-dedans qui vont permettre au
gouvernement d'assumer sa juridiction. Le mandat unanime qu'on a est tout
à fait clair. Si vous regardez dans cela, le tout se termine en disant:
si aucune entente n'intervient, s'il n'y a aucune possibilité d'amender
ce projet de loi pour le rendre humain, applicable, vivable,
compréhensible pour nous et sans cette espèce de visage
répressif, on n'aura pas le choix. Ils nous disent - tout l'ensemble des
directeurs: si vous n'avez pas le choix, continuez la lutte que vous faites
pour le retrait de la loi. Ce qui nous laissait une porte ouverte
considérable où les gens disaient: Nous acceptons la juridiction
de Québec; on est prêt à collaborer à la faire
respecter; seulement, voulez-vous on va faire une loi au moins qui se tienne?
C'était le caractère répressif et arbitraire de la loi qui
était combattu à l'unanimité partout. Il faut
régler ce problème. Il faut quand même se mettre une chose
dans la tête - je le dis pour les deux côtés - c'est que les
maires n'ont pas tous bénéficié de grosses subventions
fédérales. Il ne faut quand même pas tomber en bas de nos
chaises avec cela. Le tout a été disséminé.
Ce qui arrive, c'est que certains des maires ont peut-être une
certaine jalousie de voir que le voisin a pu se payer telle affaire et qu'eux,
ne l'ont pas eue. Ils veulent peut-être que cela ne continue pas. C'est
sûr que, lorsqu'on a 31 directeurs en face de nous, qu'on s'asseoit et
qu'on parle pendant deux heures d'un projet de loi comme celui-là, on
part d'interventions très opposées et on s'asseoit pour trouver
une solution pratique à un problème. Ce que je vous demande
à tout le monde - je n'ai rien à vous demander, je peux vous
demander des choses et j'en profite pendant que je suis assis ici - au nom de
toutes les municipalités du Québec: assoyons-nous, trouvons des
moyens de faire appliquer une loi qui va protéger la juridiction du
Québec, mais qui va être équitable pour les
municipalités du Québec en même temps et pour les gens
qu'on représente.
M. Saintonge: M. Asselin.
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Laprairie.
M. Saintonge: Je comprends le point de vue que vous voulez
défendre. Par respect pour le monde municipal, par respect pour les 1200
municipalités que vous représentez d'un côté, par
respect également pour peut-être plus de 400 municipalités
représentées par une autre union importante qui représente
principalement les villes du Québec, ce que vous demandez, si je
comprends bien, au ministre des Affaires municipales, c'est un terrain
d'entente et certaines modifications au niveau de la loi...
M. Asselin: D'enlever l'arbitraire. M. Saintonge:
D'enlever l'arbitraire.
M. Asselin: C'est cela. (16 h 30)
M. Saintonge: Est-ce que vous pensez, justement par respect pour
l'ensemble des municipalités des deux unions, que la méthode
choisie par le ministre actuellement est la bonne c'est-à-dire qu'on
accepte de vous entendre pour avoir certains commentaires, mais on accepte de
vous entendre dans une situation où les dés sont pipés,
dans une situation où la glace dans le baril a déjà
commencé à prendre et c'est bien difficile de creuser cette
glace. En d'autres mots, est-ce que le cours du débat en commission
parlementaire, après l'adoption du principe de la loi, vous satisfait
pleinement au niveau de l'UMRCQ et de l'ensemble des municipalités que
vous représentez?
Le Président (M. Gagnon): M. Asselin.
M. Asselin: M. le député, je vous dirai ceci: II
est certain que l'union et que moi, personnellement, aurions
préféré un débat beaucoup plus large que celui du
débat article par article. Cela vous aurait permis de mettre en
lumière que, pendant que la loi 38 s'appliquait, des
députés ou des ministres fédéraux et provinciaux
étaient sur nos territoires à annoncer des choses, des projets
très structurants et très envahissants pour
les municipalités, alors que nous n'avons jamais
été vus ni consultés. J'aurais aimé un grand
débat. Nous ne pourrons pas faire le débat à
l'intérieur du projet de loi 38; nous ne pouvons pas le faire là.
Mais nous pourrons continuer une discussion, je l'espère, dans l'avenir,
pour en arriver à mettre un peu d'ordre dans tout cela à
l'extérieur, à strictement parler, du contexte municipal.
Je n'ai pas à porter de jugement ou d'appréciation
personnelle, mais en tant qu'union, ce que nous devons faire et ce que nous
sommes en train de faire, c'est de venir ici vous dire: En dessous, en bas, il
y a des municipalités dans la province de Québec, il y a des
conseils municipaux et il y a des contribuables dans des petites et des
moyennes municipalités du Québec qui attendent actuellement des
changements à ce projet de loi. Si nous avions trouvé ce projet
de loi acceptable, nous ne serions pas ici. Nous aurions dit: Adoptez-le, il
fait notre affaire. Si nous sommes venus, c'est parce qu'il y a un aspect du
projet de loi que nous ne pouvons pas accepter. Si nous sommes venus ici, si on
s'est permis d'une façon bien malhabile, direz-vous, parce que ce n'est
certainement pas la rédaction de grands textes législatifs qui
vont faire jouir les grands légistes du Québec... Ce sont des
choses très simples, très pratiques, très faciles qui,
incluses dans le projet de loi vont nous permettre de vivre avec cela et de
continuer à travailler dans l'avenir une formule pour assurer de part et
d'autre le respect des juridictions respectives des différents
gouvernements, y inclus le respect des juridictions municipales
évidemment.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Bellechasse.
M. Lachance: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
féliciter les porte-parole de l'UMRCQ, que je connais depuis quelques
années, pour avoir bien voulu être présents ici à
cette commission parlementaire. Vous représentez bien les
municipalités qui adhèrent à l'union et je pense que vous
avez compris aussi que les absents ont tort et qu'il ne sert à rien de
bouder dans son coin. Quant à moi, j'apprécie l'attitude positive
de l'union et plus que jamais nous constatons aujourd'hui que l'union a
à coeur le développement et le bon fonctionnement des
municipalités du Québec.
Vous avez compris aussi, et c'est évident, le processus
législatif tel qu'il existe à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire que, lors d'un débat de deuxième lecture, on
parle, on discute sur le principe du projet de loi. Quand nous arrivons aux
modalités d'application, cela se fait en commission parlementaire. Vous
êtes ici aujourd'hui au moment où justement nous sommes pour
aborder l'étude du projet de loi article par article. Il est clair dans
mon esprit que c'est à ce moment-ci que nous devions vous entendre. De
toute façon, cela n'est pas nouveau. Nous avons eu l'occasion dans le
passé, en particulier pour certains projets de loi, d'entendre les
porte-parole des deux unions. Que je sache, cela ne posait pas tellement de
problèmes quant à la façon de nous faire connaître
votre point de vue.
Je comprends que la situation que vous devez vivre comme porte-parole de
l'UMRCQ n'est pas facile par rapport aux diverses municipalités que vous
représentez; vous êtes en quelque sorte pris entre l'arbre et
l'écorce. D'un autre côté, je ne peux pas dire que je suis
d'accord non plus avec les propos intempestifs que vous pouvez avoir tenus, par
exemple, en qualifiant la loi de méprisante ou en parlant de loi des
mesures de guerre au niveau municipal. Pour ma part, je trouve cela un peu
fort.
J'aimerais savoir de votre part, M. le président de l'UMRCQ,
parce que vous-même, comme maire d'une petite municipalité - je
sais également ce que ça représente... Il ne sert à
rien d'adopter un règlement au niveau municipal ou une loi au niveau
d'un Parlement si on n'est pas capable de la faire appliquer. C'est là
qu'est le problème. Quelle sorte de moyens pourriez-vous nous
suggérer, à nous les législateurs, pour que le principe de
la loi soit respecté?
M. Asselin: Je vais vous dire une chose. Je veux revenir sur
certains de vos propos. Lorsque j'ai dit, enfin, que c'était une
espèce de loi sur les mesures de guerre pour le monde municipal...
M. Lachance: C'est ce que j'ai dit. Je ne sais pas si c'est
exact.
M. Asselin: J'aime beaucoup vos mots. Au moins, vous avez lu le
titre. Mais, il reste que c'est un texte d'une vingtaine de pages que j'ai
livré à l'époque et à l'intérieur, ce que
j'expliquais pour que les gens comprennent, c'était que les citoyens qui
étaient pris avec un pouvoir arbitraire, n'avaient absolument aucun
moyen de se défendre. Ils n'avaient aucun moyen de faire valoir quoi que
ce soit. L'État décide; c'est ça, c'est fini, il n'y a
rien à y faire.
Dans le cas présent, c'était en relation avec cette
possibilité pour un gouvernement d'arriver arbitrairement avec un
décret qu'il peut appliquer à son gré, où bon lui
semblera. Cela devient invivable et c'est cette image que j'ai voulu faire
ressortir. D'accord?
Quand j'emploie le terme "méprisant", c'est que je continue de
penser - et ce n'est pas nouveau au Québec, depuis que je suis maire que
je le vis - qu'on ne considère jamais les municipalités comme
des
gouvernements qui doivent répondre, à leurs contribuables
d'abord, de leurs actions. Et que, il n'y a aucun programme gouvernemental, il
n'y a rien qui ne sort sans qu'il y ait toute une série de normes qui
viennent constamment surveiller au cas où on ne serait pas corrects dans
la façon dont on dépense notre argent. Si on le dépense
mal, il y a des gens qui sont à côté de nous pour nous
surveiller.
Je continue de penser que le processus démocratique peut
s'appliquer en bas comme en haut. Quand il nous arrive des lois comme
celle-là ou différents types d'intervention que je ne
développerai pas aujourd'hui, ce n'est pas le temps, cela fait que c'est
assez méprisant parce qu'on se bat pour essayer de faire quelque chose
dans nos petites communautés et vivre avec nos gens. Par la suite, nous
ne sommes pas considérés comme des élus au niveau local
qui ont certaines responsabilités, une certaine justification et des
comptes à rendre à des personnes. J'ai des comptes à
rendre à des gens chez nous. C'est ce que j'appelle l'aspect
méprisant de certaines lois et réglementations. C'est simplement
pour que ce soit bien clair entre nous, pour que vous ne pensiez pas que ce
n'est pas ça.
Dans les mécanismes que j'ai donnés, vous me posez une
question: Est-ce que, en fait, on doit tout couvrir? Vous savez, l'impôt
essaie de tout couvrir, la loi est rendue d'une épaisseur où
seuls les spécialistes sont capables de s'y comprendre vraiment et en
plus, il y a une réglementation qui y est attachée où
encore moins de spécialistes sont capables de s'y faire et on trouve
encore des spécialistes pour trouver la méthode pour passer
à côté.
La nature humaine étant ce qu'elle est, je dis: Installons donc
un processus qui va permettre au Québec de s'assurer que sa juridiction
est respectée et dans tous les amendements que j'y ai mis, on a
essayé d'avancer... On a discuté pour savoir s'il y avait quelque
chose là-dedans qui allait empêcher le ministre d'exercer sa
juridiction, qui allait empêcher le gouvernement du Québec de
faire respecter son autorité en matière municipale.
Trouvez-les-moi.
Je pense que les amendements que nous apportons ne sont pas une
série d'échappatoires pour essayer de diluer. Non, pas du tout.
Je pense que ce sont des choses très sensées qui vont permettre
à des gens simples qui administrent des municipalités, de
comprendre où la "game" commence, c'est-à-dire: À partir
de là, arrête. Aller jusque là, c'est la
conséquence. Qu'ils soient capables d'intervenir dans leur milieu
suffisamment rapidement pour ne pas que l'ensemble des citoyens soient
pénalisés, cela est important et je ne vois rien dans les
suggestions qu'on a faites au gouvernement, qui enlève la
possibilité... Même dans des cas où on dit:
Les gars ont essayé de passer à côté, on dit
en plus: Vous pourrez, quand vous vous apercevrez, quand on portera à
votre attention qu'on passe à côté de la loi, aviser toutes
les municipalités du Québec que, si elles utilisent ce
stratagème, elles tombent sous le coup de la loi 38. Pouf! On ferme la
porte. Là, il n'y a pas d'utilisation de pouvoir discrétionnaire,
mais on a donné à Québec tous les outils voulus pour faire
respecter sa juridiction.
Si on fait une loi comme celle-là, je suis convaincu que le monde
municipal -celui que je représente en tout cas ici, l'UMRCQ - va
collaborer avec le ministre des Affaires municipales, quel qu'il soit, de
quelque parti que ce soit. Ce qu'il faut, c'est qu'éventuellement on se
donne une avenue vers laquelle on va s'en aller et où les juridictions
de chacun vont êtres respectées. Tout à l'heure, je disais
"les juridictions municipales"; c'est que c'est particulièrement
difficile pour moi, comme préfet, d'aller couper le ruban, d'avoir un
ministre du gouvernement qui coupe un autre ruban et d'avoir un
député fédéral qui coupe un autre ruban, cela sur
un camping municipal en pleine juridiction québécoise. Et,
là, ce n'était pas moi, je veux dire.
Mais il n'y a pas que nous qui avons fait cela. J'aurais voulu, dans un
débat plus large - c'est peut-être ce que vous avez voulu soulever
tout à l'heure - qu'on regarde tous les types d'interventions qui se
sont faits dans notre milieu et qu'on essaie, quand il va y avoir des
interventions et du financement du fédéral dans des programmes
structurants dans une ou plusieurs municipalités, de les faire passer
par le canal municipal. Vous auriez là, probablement, beaucoup plus de
collaboration. Les maires, qui sont, eux aussi, aussi jaloux de leur
juridiction que vous pouvez l'être ici à Québec, diraient:
Comment se fait-il que tel groupe est allé travailler telle affaire,
à telle place, avec tel financement pour implanter un parc
régional en plein milieu de ma MRCQ alors que nous sommes en
schéma d'aménagement et qu'on n'est même pas intervenus
dans le processus? Là, les maires vont dire à Québec: Une
minute, vous allez arrêter cela et vous allez dire à ce
monsieur-là, là-bas, qui ne travaille pas pour les
municipalités et qui dépend d'un autre ministère: Vous
allez passer par le ministre des Affaires municipales du Québec. Il va
venir voir les municipalités et nous allons discuter du projet.
D'accord? Nous allons commencer par regarder. Si le gouvernement du
Québec est d'accord avec le gouvernement fédéral pour
qu'il y ait une participation fédérale, on suivra le canal
juridictionnel municipal. Et là vous allez avoir en toutes les
municipalités du Québec des alliées. Cela est important
aussi. Il faut la reconnaître en quelque part la
responsabilité municipale et la juridiction municipale.
M. Lachance: Est-ce que je vous comprends bien lorsque je
perçois que vous aimeriez que le ministre des Affaires municipales, le
gouvernement du Québec dresse une liste des différents domaines
qui sont strictement de juridiction municipale?
M. Asselin: Pas du tout. De toute façon, au début
de la discussion avec les fonctionnaires du ministère, c'était
une des impasses qu'il fallait éviter parce que c'était
impossible de faire la liste détaillée. Là, on tombait
dans le genre: lois du ministère du Revenu. Alors, on a dit: II faut
éviter cela, mais mettons des balises souples. Il y en a dans les
propositions qu'on a faites et il n'y a rien dans ces propositions qui
enlève quelque pouvoir que ce soit au ministre, mais on en balise
l'exercice, de sorte qu'il pourrait exercer son pouvoir quand même, faire
respecter sa juridiction également. Ce ne sera pas immédiat comme
cela l'est dans la loi 38 en disant: Voilà le décret! Ce n'est
pas cela. Mais, avant d'appliquer ta sanction, tu vas avoir toute une
série de mécanismes qui vont éclairer le chemin pour que
ces gens-là, dans leur paroisse, dans leur municipalité, sachent
qu'ils enfreignent la loi et non pas se ramasser dans la situation où
vous seriez, M. le député, si vous vous en allez avec votre
voiture et, à un moment donné, il y a un policier qui vous
arrête et qui vous dit: Vous n'avez pas fait l'arrêt obligatoire
ici, au coin. Vous vous retournez et vous dites: Ah, regarde donc cela, il n'y
en a pas d'arrêt obligatoire, je ne peux pas l'avoir fait. Si le policier
dit: Dans mon esprit, c'est une intersection suffisamment importante, vous
auriez dû arrêter et je vous délivre une contravention pour
ne pas avoir fait d'arrêt, vous diriez quoi?
Et "bénéficier indirectement et sous quelque forme que ce
soit", c'est tellement vaste que, même si je ne fais rien, je peux me
ramasser en situation de décret, et je ne veux pas que cela se produise.
Je veux savoir où je commence à embarquer dans le décret
et où je n'ai pas d'affaire à être mêlé au
décret. C'est cela.
M. Lachance: Un cas précis, M. le président de
l'union, et c'est arrivé, semble-t-il - ce n'est pas dans mon
comté, heureusement - une subvention fédérale qui est
versée à une chambre de commerce pour faire un trottoir.
M. Asselin: Bien, je pense que c'est clair...
Une voix: Cela est clair...
(16 h 45)
M. Lachance: Qu'est-ce que l'on fait avec cela?
M. Asselin: C'est clair, clair. Là, vous en avez une
situation où vous pouvez donner l'avis et procéder. Je pense que
cela a été admis par tout le monde dans le milieu municipal. Les
cas clairs et cela va plus loin encore, subvention du fédéral
pour bâtir un hôtel de ville, écoutez donc...
M. Léonard: Donc, il faut...
M. Asselin: ...c'en est un cas clair. Là, on se donne un
équipement carrément municipal. Cela n'a jamais posé de
problème à personne...
M. Lachance: Donc, on y va avec une sanction, à ce
moment-là.
M. Asselin: Non, mais vous appliquerez la loi en suivant les
règles d'application. Enfin, c'est vous autres que cela regarde, si vous
l'appliquez ou si vous ne l'appliquez pas, et dans le cas où vous le
voudrez; c'est discrétionnaire, la loi mais il reste qu'elle est
là. Ce que je vous dis, c'est qu'il y a d'autres cas où ce n'est
plus du tout clair.
Vous savez, tout le monde parle de la récupération et
d'enfouissement au Québec, mais c'est quand même une juridiction
municipale. Il va y avoir un sommet où l'on va avoir deux sièges
sur 28. Qui paie pour l'enlèvement des déchets dans la province
de Québec? Dans quelle loi retrouvez-vous cela? Vous retrouvez cela
carrément dans le Code municipal et dans la Loi sur les cités et
villes. C'est notre responsabilité à nous. On va chercher des
taxes pour financer cela.
Deux sièges sur 28. Pourtant, en plein milieu de notre
juridiction, sur nos territoires, en matière de
récupération - cela doit être la guignolée qui
achève - et de recyclage, en fait il se donne des programmes RELAIS
à des groupes qui ne dépendent pas du tout des conseils. Mais il
n'en reste pas moins que la municipalité, si on regarde cela comme un
ensemble de population, comme un territoire, bénéficie
certainement indirectement, ne serait-ce que par l'éducation qui est
faite de porte en porte par ces jeunes chez nous, sous quelque forme que ce
soit, d'une participation financière du gouvernement
fédéral là-dedans.
Qu'est-ce que la municipalité a fait dans tout cela? Quand ces
jeunes sont venus nous trouver, ils nous ont demandé s'ils pouvaient
utiliser le bureau qui est en haut? Parce qu'au-dessus, on a un bureau vide.
Peut-on utiliser le bureau en haut pour remplir nos rapports, notre
correspondance? Certainement. Installez-vous. Il n'en reste pas moins qu'il y a
une participation du fédéral à quelque chose dont la
municipalité bénéficie, sous quelque forme que ce soit.
Voici qu'on est en situation de décret.
M. Lachance: Une dernière question pour laisser la chance
à d'autres. Est-ce que vous avez eu, sans me citer de noms - je ne vous
demande pas cela - des interventions faites au niveau de l'union par des
municipalités locales ou encore des municipalités
régionales, qui sont intervenues auprès de vous pour dire: Ne
laisse pas passer cela, cela n'a pas de bon sens, on va être mal pris.
Financièrement, s'il faut que cette loi s'applique, on ne sera pas
capable de vivre avec cela. On va être financièrement
"blasté" par nos contribuables.
M. Asselin: La première chose que je peux vous dire, c'est
qu'il y a certainement, au conseil d'administration, une position qui a
été prise et tout le monde était d'accord, peu importent
leur allégeance ou leurs croyances. Parce que ce que j'ai tenté
de faire, bien humblement et peut-être bien maladroitement - et ce dans
quoi j'essaie de ne pas glisser aujourd'hui - c'est de ne pas embarquer dans un
dossier aussi éminemment politique que celui-là, autrement qu'en
disant: Regardez ce qui se passe au niveau municipal.
Il y a eu des représentations qui m'ont été faites.
Je suis allé dans le Bas-du-Fleuve rencontrer 75 ou 80 maires. On a fait
quatre ou cinq MRC. Je suis allé en Gaspésie, en Abitibi, au
Témiscamingue. En fait, j'en ai rencontré un peu partout. J'en ai
rencontré, évidemment, à l'union, au conseil
d'administration qu'on a tenu. S'ils sont d'accord pour reconnaître la
juridiction exclusive du Québec en matière municipale, tous ne
veulent pas qu'on fasse respecter la juridiction du Québec avec un
pouvoir aussi arbitraire, donné à une autorité politique.
C'est seulement cela.
Réglez cela et vous aurez réglé, en fait,
l'opposition municipale, à mon avis, à 98%, parce qu'il y en aura
toujours 2% qui seront contre. Quand ceux-là ne seront plus là,
ce seront d'autres qui seront là et ils seront contre quand même.
De toute façon, ce que je dis c'est que la grande majorité du
monde municipal veut des règles du jeu claires.
M. Lachance: Est-ce que ce n'est pas l'attitude de quelqu'un qui
dit: moi, je suis en faveur de cela, à condition que cela ne me touche
pas?
M. Asselin: Je regrette infiniment, mais je ne le pense pas, M.
le député. Vous me permettrez, enfin, de ne pas partager votre
opinion. Ce que je veux vous dire, c'est que je ne crois pas que, dans aucune
des représentations que j'ai faites à M. Léonard, ni dans
aucune des suggestions que j'ai faites ici aujourd'hui, vous puissiez retrouver
quoi que ce soit qui constitue essentiellement une échappatoire. Je ne
pense pas que mon attitude, en particulier depuis que je suis président
de l'union, dans un seul cas, ait été d'essayer de pratiquer une
espèce de "ponce-pilatisme" qui va consister à me laver les mains
et à dire: qu'est-ce que vous voulez je ne pouvais rien y faire. Bien au
contraire, il y a des dossiers que j'ai demandé au ministre de rouvrir.
Il y a des choses que je demande de faire dans un esprit positif et
constructif. Si je suis venu ici aujourd'hui, c'est que je continue de penser
qu'il y a moyen de faire et de penser, autour de la table, un projet de loi qui
va assurer le respect de la juridiction du Québec, parce que tous les
maires que je représente le veulent. Il va y avoir des règles
précises du jeu qui vont permettre à ces maires de continuer
d'administrer leur municipalité avec un portrait clair, et non pas avec
une espèce de nuage gris constant où on ne sait pas si on ne sera
pas mis à un moment donné, ou s'il n'y a pas quelque part une
situation de décret qui va nous tomber sur la tête. Vous ne pouvez
pas enlever le gouvernement fédéral du portrait. Il est là
et il est omniprésent.
Nous, nous disons organisons au moins des balises... On n'a pas
essayé d'entrer dans des lisses qui nous permettraient de passer
à côté, pas du tout. Organisons une façon pour le
Québec de s'assurer de la collaboration municipale pour s'assurer du
plus grand respect qui soit de la constitution actuelle. Je pense que
là-dessus, M. le ministre est là, je l'ai rencontré
à plusieurs reprises, je n'ai jamais dévié de cette
route-là. J'ai toujours répété le même
discours. Je l'ai discuté avec les membres et je peux vous dire que
j'ai, de mon comité administratif, une position très claire
là-dessus. Je ne m'attends pas qu'on me blâme d'avoir
été assis ici pour défendre la position qui a
été très unanime au niveau du conseil d'administration de
l'union, indépendamment des allégeances politiques des gens qui
étaient autour de la table, car on s'est toujours abstenus d'en
faire.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Bellechasse. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je dois vous avouer M.
Asselin que les propos que vous avez tenus quant à moi ne pourraient
jamais être interprétés comme une façon ou des
représentations que vous voulez faire visant à éviter la
juridiction du Québec ou visant à éviter l'application de
certaines modalités de la loi qu'on pourrait juger essentielles.
L'interprétation que je donne à vos propositions, c'est que vous
cherchez des moyens d'enlever la dimension arbitraire. Cela ne veut pas dire
que le gouvernement du Québec ne doit pas exercer sa juridiction.
Si je comprends bien, vos
recommandations visent non seulement à réduire mais
presque vraiment à enlever cette dimension arbitraire. Vous avez
mentionné certaines conséquences qui pourraient résulter
du fait que le ministre -quel que soit le ministre - prenne une décision
arbitraire. Cela pourrait avoir pour conséquences l'augmentation des
taxes municipales dans une municipalité donnée. Les élus
municipaux ne pourraient pas avoir de réponse à cela et
pourraient se faire dire par le ministre: Dites aux élus municipaux de
respecter la loi. Si je comprends bien, vous ne voulez pas que le gouvernement
prenne ses décisions arbitrairement.
Vous avez fait certaines recommandations. Par exemple, vous voulez un
préavis de 60 jours, un droit d'être entendus. Vous avez
mentionné possiblement une commission municipale. Vous voulez un droit
d'appel possiblement à la Cour supérieure. Ce qui voudrait dire
qu'il peut y avoir des différences d'opinions dans
l'interprétation de la loi, dans l'interprétation d'un cas
particulier. Je pense que vous avez aussi mentionné qu'il y a
ambiguïté, et l'ambiguïté ajoute à l'arbitraire.
Vous essayez autant que possible, si je vous comprends bien, d'éliminer
cet aspect arbitraire. Si le gouvernement accepte votre suggestion d'un
préavis, de vous faire entendre devant une commission municipale et
possiblement d'avoir un droit d'appel, à un moment donné il va y
avoir une décision, cela peut aller en faveur ou contre la
municipalité. Si cela passe par ces différentes étapes,
c'est parce qu'il doit certainement y avoir un contentieux. Toutes les
situations ne sont pas aussi claires que la chambre de commerce qui
reçoit de l'argent pour construire un trottoir. Évidemment, cela
n'ira pas bien loin devant une commission d'appel, mais d'autres situations
peuvent se présenter où nous pourrions dire directement ou
indirectement: Les montants en cause... Je voudrais avoir votre opinion
concernant l'article 8 du projet de loi. Disons que la Cour
supérieure... C'est en fa bémol...
M. Asselin: Elle a commencé comme cela et elle va finir
comme cela.
M. Ciaccia: Si on commence par les articles 2, 3 et 4, le
ministre, en se prévalant de la loi, va réduire le montant
payable à une municipalité. L'article 8 prévoit que ce
sera selon l'estimation faite par le ministre. La question qui me vient
à l'esprit est celle-ci: Est-ce acceptable pour votre organisme de dire
qu'une fois que nous avons un cas tellement contentieux qui doit se rendre
à la Cour supérieure, qu'on peut laisser cela strictement
à l'estimation du ministre et dire, c'est 10 000 $, 25 000 $?
Pourrais-je avoir vos commentaires sur cet article? Auriez-vous d'autres
suggestions à faire à la commission parlementaire pour, encore
une fois, mettre des balises et réduire l'arbitraire du projet de
loi?
M. Asselin: Oui, le problème que vous soulevez est
intéressant, surtout dans certaines zones grises en fait. D'abord, au
début de votre intervention, vous avez parlé du pouvoir
discrétionnaire, etc. Le but que nous devrions tous rechercher, c'est de
délimiter l'exercice du pouvoir de surveillance de Québec dans
ses juridictions, afin de s'assurer que ses juridictions sont respectées
et aussi de s'assurer que le Québec peut intervenir pour les faire
respecter. Ce sont là les principes que je recherche. Enfin, on s'assure
qu'il peut délimiter l'exercice de son pouvoir de surveillance et qu'il
peut aussi s'assurer d'intervenir pour qu'elles soient respectées. On
s'entend là-dessus.
La question que vous posez est drôle, parce que, à un
moment donné, on se retrouve dans des situations où, vraiment, on
ne peut pas le savoir. Pourquoi? Parce qu'on n'en a pas profité sur le
plan pécuniaire. Par exemple, des gens vont assurer, dans la
municipalité, un service comme celui de la création d'emplois
pendant l'hiver. Tout le monde l'a fait. Les fermières, membres de
l'AFEAS l'ont fait. Il y a toutes sortes de groupements, des fabriques l'ont
fait. Au lieu de bâtir des édifices, de couler du béton et
de monter des choses, ils fournissent des services. Ces gens vont pelleter les
entrées des personnes âgées, sortir les ordures pendant
l'hiver. Ils vont même à la source, au village leur chercher de
l'eau. Ils font toutes sortes de choses comme cela pendant tout l'hiver. Ils
lavent des murs. Ils travaillent avec ces gens et ils les assistent. Il y a eu
un projet comme cela qui a démarré au CLSC. C'est sûr qu'on
en a bénéficié, ne serait-ce qu'indirectement ou sous
quelque forme que ce soit, on a bénéficié de l'existence
de ces jobs, chez nous. Comment les estime-t-on? Parfois, c'est impossible,
mais ce que j'en avais compris, c'est que cela avait été inclus
dans la loi pour couvrir ce qu'on avait appelé dans les discussions des
"projets à caractère structurant". Ceux-là, on peut
quasiment toujours les quantifier. Cela a coûté 130 000 $. Il y a
eu 100 000 $ de subvention et 30 000 $ venant d'un organisme ou d'un tirage de
je ne sais pas trop quoi, ce qui a fait que, finalement, c'est assez facile de
vérifier le chèque. On sait qu'il était de 100 000 $.
Là, cela prend quelqu'un pour le déterminer. S'il y a des
mécanismes d'appel dans la loi, des mécanismes de discussion, des
mécanismes où on peut faire valoir nos droits et que, à
mon avis, cela nécessite le recours éventuel à ce qu'il y
a de neutre - peut-être que c'est ma formation d'avocat qui le fait -
assez
curieusement, j'ai une extrême confiance au processus judiciaire
et je pense que, un jour ou l'autre, la vérité finit toujours par
sortir et, éventuellement, qu'on sera capable d'établir devant
quelqu'un de totalement neutre, qui ne dépend de personne, si oui ou non
les citoyens de ma municipalité ou les citoyens de telle autre
municipalité doivent être dépouillés de leurs droits
s'ils ont enfreints une loi. (17 heures)
II pourrait y avoir un mécanisme judiciaire d'arbitrage de
décision dans cela qui irait aussi loin que de dire: Oui, vous avez
enfreint la loi jusqu'à concurrence de tel montant que vous avez
perçu d'un tel programme fédéral. Cela pourrait aller
jusque là. Il faudrait que les mécanismes permettent une
révision de la chose.
M. Ciaccia: Je partage votre opinion quant à votre
confiance dans le processus judiciaire de préférence au processus
politique - peu importe le parti au pouvoir -pour une municipalité ou un
individu. C'est justement pour obtenir cette protection que nous faisons la
séparation de l'exécutif, du législatif et du
judiciaire.
Est-ce que vous suggéreriez que possiblement, dans l'estimation
qu'en fait le ministre, il y aurait un droit d'appel pour essayer de quantifier
ou pour réduire l'arbitraire encore?
M. Asselin: Oui, j'imagine que cela pourrait être assez
simple à inclure dans une des facettes qu'on a faites. Ce que nous
avions comme approche était global. Tout ce qui est arbitraire pouvait
être inclus dans le mécanisme, soit d'appel à la Commission
municipale, soit par la suite... Par exemple, supposons un litige entre une
municipalité et l'appareil gouvernemental; cela pourrait ne pas toujours
être sur l'essence même de la participation fédérale.
Nous pourrions dire: D'accord, nous n'avions pas le droit, et ajouter: On ne
s'engage pas dans un paquet de choses qui vont coûter de l'argent aux
contribuables, ces derniers sont déjà suffisamment
pénalisés. Sauf que ce n'est pas cette somme que nous avons
prise. Là, nous ne pourrions en appeler que sur le montant de la
participation fédérale qui nous est imputé dans cela. Si,
éventuellement, dans le processus d'arbitrage, nous ne nous sommes pas
entendus, la Commission municipale peut départager un certain nombre de
choses, mais si la Commission municipale arrivait et disait: Cela, c'est de
l'ingérence dans les juridictions municipales, et que la
municipalité dise: Cette partie n'en est certainement pas, au moins, que
j'aille voir un juge totalement indépendant qui soit capable de juger si
c'est oui ou si c'est non, mais qu'on ne laisse pas cela entre les mains du
pouvoir politique. C'est une question de justice pure et simple, ce n'est pas
plus que cela.
M. Ciaccia: Parce que, autrement, cela devient vraiment une loi
punitive.
M. Asselin: Vous admettrez que c'est probablement
l'élément le plus difficile à cerner dans ce projet de loi
pour le Québec et pour vous. Sous quelle forme cela pourrait-il
s'exercer et de quelle façon? Pour moi, c'est un élément
tout à fait fondamental. Lorsque nous touchons aux droits des citoyens,
l'intervention du pouvoir judiciaire libre et indépendant demeure encore
une garantie fondamentale.
M. Ciaccia: Je suis entièrement d'accord avec vous.
Autrement, par exemple...
M. Asselin: Quant à la forme...
M. Ciaccia: Autrement l'article 8 pourrait
dégénérer et constituer un aspect très punitif du
projet de loi.
Je voudrais vous poser une autre question concernant l'article 12.
Là, on prévoit qu'une commission, une corporation, une
communauté visée au premier ou au deuxième aliéna
du projet est réputée...
M. Asselin: ...une présomption...
M. Ciaccia: ..."avoir négocié ou conclu une entente
lorsqu'il conclut avec une personne ou un organisme une convention ayant pour
effet de le faire bénéficier d'avantages découlant d'une
entente..." Là, on va à travers plusieurs étapes. Est-ce
que je pourrais avoir vos commentaires? On semble mettre le fardeau de la
preuve sur la commission, sur la corporation; ce n'est pas sur le gouvernement
qui veut se prévaloir du projet de loi et qui veut imposer une sorte de
pénalité. Le fardeau de la preuve est sur la commission. Est-ce
qu'on peut avoir vos commentaires sur cet aspect du projet de loi?
M. Asselin: Le plus bel exemple que nous pouvons en prendre c'est
dans diverses lois, en particulier quand nous parlons des lois
fédérales et du Code criminel. Dans l'esprit même de
l'ensemble de la loi, il arrive parfois, actuellement particulièrement,
que tout ce qui touche l'exercice d'un pouvoir arbitraire,
discrétionnaire, souvent on mette dans cela cette fameuse
présomption pour laquelle les avocats de la défense, dont
moi-même, avons une particulière répugnance lorsque nous
sommes pris avec une preuve circonstancielle. Parfois, la seule façon
d'éviter une preuve qui n'en finira plus c'est de créer une
présomption où on dit tout d'abord: On prouve un fait qui est
présumé
là et la municipalité se ramasse à l'envers.
Là-dedans, c'est elle qui aura le fardeau de prouver qu'elle ne l'a pas
été.
Si on y regarde bien, cette présomption s'intégrait dans
un esprit et je pense qu'au cours de la discussion, article par article, si des
amendements à la loi sont apportés, il n'y aura peut-être
plus besoin d'avoir une présomption à créer pour
établir une preuve qu'on ne pourrait pas faire autrement que par
l'établissement d'une preuve circonstancielle.
Dans tous les cas où le législateur est intervenu, qu'il
soit fédéral ou provincial, avec une présomption, cela a
toujours été dans des cas où la preuve à faire
était circonstancielle et à peu près impossible à
faire directement.
Dans le cas qui nous occupe en fait, la preuve pourrait être faite
directement et devrait être faite directement, ce qui ne nécessite
plus la présomption qu'on veut créer avec l'article 12, parce que
la participation fédérale, le gouvernement, sans aucun doute,
pourra toujours l'établir d'une façon directe, sauf qu'il avait
mis cette présomption, j'en suis persuadé, à cause des
mots "sous quelque forme que ce soit", de sorte que, dans les zones grises ou
plus ténues, en fait, il était plus facile de créer une
présomption et beaucoup plus difficile de s'en sortir par la suite parce
que la preuve directe, sous quelque forme que ce soit, peut être, dans
certains cas, particulièrement difficile à faire. C'est un
article qui, en soi, en fait, est susceptible d'ajouter de l'arbitraire au
projet de loi, mais je pense que, si, éventuellement, on regarde la
philosophie qu'on voudrait voir appliquer dans le projet de loi - parce que
nous voulons qu'il y ait une loi qui vienne régler le problème -
on voudrait avoir une loi avec une orientation très précise, de
sorte que, dans un nouveau contexte, la création de la
présomption ne serait plus nécessaire parce que,
éventuellement, le gouvernement n'interviendrait que dans les cas
où nous avons eu, comme municipalité, une participation directe
à l'affaire.
M. Ciaccia: Oui, parce que, d'après ce que vous nous
expliquez et en examinant les autres articles de la loi, si le fardeau de la
preuve existe et que c'est impossible de faire la preuve, comment le ministre
va-t-il estimer les avantages pour la municipalité? Cela ouvre...
M. Asselin: C'est parce qu'on se ramasse comme à l'article
236 du Code criminel, où on dit: "Vous étiez assis sur le
siège habituellement occupé par le conducteur et vous êtes
présumé avoir la garde et le contrôle du véhicule".
Tout ce qu'on a à prouver, c'est que vous étiez assis là,
quand la police vous a arrêté. À partir de ce moment, c'est
à vous de démontrer que vous n'aviez ni la garde, ni le
contrôle, ni la possibilité de l'exercer, ce qui est parfois
difficile, il faut quand même l'admettre.
M. Ciaccia: Je présume que ce n'est pas le genre de
philosophie que vous voulez dans vos rapports entre le gouvernement et les
municipalités. Vous êtes des partenaires avec le gouvernement
d'une certaine façon. Les présomptions de preuve de ce genre, en
plus des aspects arbitraires, démontrent un genre de philosophie qui
n'est pas peut-être aussi acceptable pour les municipalités. Je
vous remercie, je n'ai pas d'autre question pour le moment.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Mont-Royal. Maintenant, c'est au député
de Gatineau, et avant de lui donner la parole, j'aimerais qu'on essaie
d'être un peu plus vite dans les questions et un peu plus court
également dans les réponses de façon que tous les
intervenants qui ont demandé leur droit de parole puissent vous poser
des questions. Merci. M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Qui sont les autres intervenants?
Le Président (M. Gagnon): J'ai le député de
Dubuc, le député de Laprairie, le député de
Saint-Laurent, le député de Jeanne-Mance.
M. Gratton: Est-ce que je peux vous demander pourquoi vous
n'alternez pas?
Le Président (M. Gagnon): C'est tout simplement que vous
aviez demandé la parole immédiatement après et le
député de Dubuc l'a demandée aussi. Je peux aller
directement au député de Dubuc?
M. Gratton: Je préférerais cela. À un moment
donné, on va peut-être vouloir se formaliser un peu plus et on
aura brisé la règle.
M. Bissonnet: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je comprends que nous apprécions beaucoup la
présence du président de l'union et je me demande s'il y a lieu
de hâter nos questions, de ne pas vider le problème, d'aller
jusqu'au fond de la discussion.
Le Président (M. Gagnon): Je ne demande pas de hâter
les questions. Je ne
voulais pas enlever le droit de parole à qui que ce soit.
C'était tout simplement pour vous demander, si possible, de faire vos
questions un peu plus courtes et aussi, de la part de notre invité, que
les réponses soient un peu plus courtes de façon que plus de
personnes aient l'occasion de poser des questions. Jusqu'à
présent, j'ai laissé aller le débat tel qu'il se
présentait...
M. Bissonnet: Parce que...
Le Président (M. Gagnon): ...et cela va très bien,
excepté que je vois venir 18 heures et j'aimerais tout simplement faire
ce rappel. Alors, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Ce ne sera pas long, c'est un éclaircissement
que je demande à M. le président de l'union sur les articles
additionnels. Vous mentionnez qu'une municipalité qui n'a pas
prêté son concours direct... Vous avez donné deux exemples
de groupes - un de la ville de Laval, je crois, et un d'un club de l'âge
d'or - qui se donnent des améliorations dans des locaux de la
municipalité.
M. Asselin: Là, il y aurait concours direct.
M. Desbiens: Alors, ce serait un concours direct.
M. Asselin: Assurément, et cela demanderait l'autorisation
du ministre...
M. Desbiens: Ah! Même...
M. Asselin: ...parce qu'il pourrait dire... D'accord?
M. Desbiens: D'accord. Je pensais que vous visiez cela comme
un...
M. Asselin: Ah non! M. Desbiens: Merci. M. Asselin:
Non, c'est clair, je pense...
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Dubuc. Je demandais d'aller rapidement, mais pas aussi
rapidement que cela!
Une voix: C'est un bel exemple.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Merci, M. le Président. J'aimerais remercier
M. Asselin, le président de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec, d'être venu nous
rencontrer.
La chose qui me chicote dans tout cela - je pense qu'il est bon de
rappeler, en tout cas de reconnaître, pour ma part, qu'il n'y a aucune
équivoque dans votre position. Ceux qui pourraient, à partir de
titres de journaux ou d'une lecture trop rapide des comptes rendus qui ont
donné suite à vos prises de position, être amenés
à penser que vous essayez - en anglais, on dit "have your cake and eat
it too" - de profiter de toutes les façons ou de ménager la
chèvre et le chou, selon moi, sont mal inspirés. Il me semble
tout à fait clair que vous insistez sur le respect de la juridiction du
Québec en la matière qui nous préoccupe. Par contre, vous
trouvez que le projet de loi 38 - et je vous donne tout à fait raison
là-dessus - est abusif et vous le qualifiez de méprisant. J'y
reviendrai tantôt parce que je partage entièrement votre point de
vue.
Vous nous dites cet après-midi, entre autres choses - et je
comprends le gouvernement d'insister surtout là-dessus, il voudrait
qu'on discute des amendements que vous proposez, qui vous sembleraient rendre
le projet de loi 38 sinon totalement acceptable, tout au moins le plus
acceptable possible. Ce que le projet de loi 38, selon les ministériels,
vise à faire, c'est de faire respecter la juridiction du Québec
en matière d'affaires municipales. Mais il me semble qu'il y a un autre
moyen - et je suis sûr que vous aussi serez, en tout cas je vous poserai
la question tantôt... Il y a un autre moyen beaucoup plus efficace et
beaucoup plus profitable pour l'ensemble des citoyens québécois,
pas seulement pour les municipalités, pas seulement pour le gouvernement
du Québec, parce que les institutions, c'est bien important, mais c'est
seulement important en fonction des services rendus aux citoyens.
Il me semble que le moyen le plus efficace de faire respecter la
juridiction du Québec, c'est toujours de s'entendre avec le gouvernement
fédéral. Si on veut profiter, comme c'est notre droit le plus
entier, de ces deniers publics qui pourront permettre à des
municipalités de créer des emplois, il me semble qu'il est
beaucoup plus logique, beaucoup plus raisonnable de dire qu'on va s'entendre
avec celui qui a les deniers et qui est prêt à les accorder, pour
faire en sorte que tout le monde puisse en profiter, que de procéder
avec le projet de loi 38 en exprimant une indignation sans borne et en disant:
Ceux qui vont être pris à déroger aux décisions
arbitraires qu'on va prendre vont être punis. C'est là le
caractère méprisant de la démarche, selon moi.
Dans votre présentation, vous avez fait état d'un sommet
regroupant l'UMQ, l'UMRCQ et le gouvernement du Québec, pour en arriver
à une position commune, une stratégie commune qui pourrait
déboucher sur une négociation avec le fédéral.
Est-ce que
vous avez abandonné, au moment où on se parle, cette
façon de procéder? (17 h 15)
M. Asselin: Tout d'abord, vous avez commencé par demander
s'il n'y avait pas d'autres méthodes. Je vous dirai ceci: On est ici
dans l'étude article par article d'un projet de loi. Donc, ce n'est pas
à moi de décider des moyens que le Québec veut choisir
pour faire respecter sa constitution. Ils ont choisi un projet de loi. Je viens
ici m'inscrire dans le respect du choix qui a été fait par le
gouvernement et auquel je n'ai rien à dire; et je n'entends rien dire.
Ce que je veux c'est qu'on trouve un mécanisme sûr pour
établir la juridiction et s'assurer de son respect.
Je vais vous dire ce qui arrive de cette demande qui apparaît dans
notre mémoire sur le mini-sommet. J'ai, le 1er décembre, soit
à peine après la rencontre, écrit une lettre au ministre
des Affaires municipales. Je veux vous en donner un extrait qui va vous
expliquer peut-être ce sur quoi portait le type d'intervention que j'ai
faite. J'aurais souhaité que lors de la rencontre du 26 novembre - je
pensais bien qu'on aurait pu y arriver, c'était un samedi matin et on
avait la journée ou à peu près - on ait pu en arriver
l'UMQ, l'UMRCQ et le gouvernement du Québec à nous entendre sur
un texte fondamental, une espèce de déclaration conjointe de
base, et qu'à partir de cela on puisse, en partenaires, aller discuter
avec le gouvernement canadien en respectant le texte d'un document de base sur
lequel et Québec et les municipalités se seraient entendus. Cela
ne s'est pas produit, pour différentes raisons que je ne voudrais pas
non plus imputer toutes au gouvernement. Je vous dirai cela tout de suite: il y
a eu beaucoup de choses là-dedans.
Cependant, je continue de penser qu'il serait intéressant de
délimiter les juridictions municipales. C'est intéressant, mais
il faut quand même penser que nous étions conscients que cela ne
pouvait se faire que si on y allait comme des partenaires du gouvernement du
Québec. On ne pouvait pas être assis à cette table avec le
statut de gouvernement, enfin c'était impensable. Il faut quand
même comprendre que les juridictions municipales sont des juridictions
créées par les gouvernements. C'est une délégation
de pouvoirs qui nous est faite. Mais on l'exerce dans un contexte élu et
démocratique. Donc, il faut respecter cet aspect du gouvernement
municipal, qui est très différent de tout ce qui existe sur le
territoire, à cause de cela. On doit nous aussi faire face à la
population.
Ce que j'aurais souhaité, c'est qu'en partenaires, avec un
statut, non pas un statut d'intervenants majeurs mais un statut de partenaires,
à partir d'une entente, d'un texte fondamental entre les
municipalités et le gouvernement provincial, nous allions mettre de
l'ordre dans tout cela avec le gouvernement fédéral. Je pense
qu'avec un peu de patience on aurait pu y parvenir; peut-être que oui
peut-être que non. Nous aurions peut-être été plus en
mesure de savoir ce qui se passait véritablement. Là on quitte
carrément le domaine législatif ou administratif, on est dans le
domaine politique. Je considère qu'on n'a pas affaire là-dedans.
Je suis d'accord avec cela. Je dis que nous pourrions et nous pourrions
toujours, comme partenaires du gouvernement du Québec, pas partenaires
égaux, pas le président de l'union assis à
côté du ministre et qui discute avec le ministre
fédéral, pas du tout, mais comme personne qui est là sur
le siège adjoint en arrière et qui n'a pas le siège du
Québec c'est bien évident, mais à qui Québec peut
référer si éventuellement des propositions
fédérales sont faites qui permettent aux municipalités
peut-être de dire au ministre: nous préférerions tel type
d'intervention plutôt que tel autre. C'est lui qui déciderait,
c'est bien évident. C'est d'essayer de créer dans tout le
processus une façon d'établir de véritables relations
entre ces petits gouvernements locaux qui existent chez nous et Québec,
et ensuite avec l'autre, bien que je sois prêt à admettre
immédiatement et à ne pas insister pour demander autre chose que
la place où il siège, en arrière. On n'est pas à un
niveau de gouvernement comme le fédéral ou le provincial. Je
pense qu'il s'agit de lire la constitution et...
C'est pour cela que nous aimerions pouvoir non pas aller discuter avec
le fédéral pour essayer d'embêter le ministre du
Québec - enfin, je pense que vous seriez ministre que vous ne
l'accepteriez pas plus que le ministre actuel - mais, quand même, si on
pouvait, d'une certaine façon, contribuer à amener des programmes
intéressants pour les municipalités... Peut-être qu'on
pourrait faire comprendre aussi certains ministres fédéraux en
leur disant: Écoutez, vous savez, l'idée du ministre des Affaires
municipales de faire payer les 10% qui manquent dans nos programmes
d'assainissement des eaux par des sommes qui pourraient être
éparpillées un peu partout n'est pas si mauvaise que cela, parce
que je dois vous dire qu'elle n'a pas été mal reçue dans
nos milieux, cela est bien évident.
C'est cela l'affaire. Il faut que tout le monde décide, un jour,
de mettre de l'ordre. Je suggère qu'on puisse continuer, après
l'adoption du projet de loi 38, pas dans sa forme actuelle, cela jamais, mais
dans un type de loi 38 qui aurait une ouverture positive et équitable,
à partir de ce moment - je l'ai offert au ministre et je suis toujours
prêt; c'est encore la position de notre union - à collaborer comme
de véritables partenaires du gouvernement dont
on est, finalement, un certain prolongement dans les milieux, parce
qu'on assure nous-mêmes des services, que l'on finance nous-mêmes,
à des citoyens qu'on représente autant que lui.
Je m'excuse. J'ai encore pris trop de temps.
M. Gratton: Non, non, il n'y a pas de problème. M.
Asselin, vous en êtes sans doute conscient: Quand vous offrez - et je
trouve cela tout à fait correct de votre part - au gouvernement de
tenter de bonifier, de rendre le projet de loi 38 acceptable par le biais des
propositions d'amendement que vous avez faites, nous, en tant qu'Opposition, on
voudrait bien aussi s'y associer, parce que le principe... Je les entends
déjà s'esclaffer, comme on l'a fait un peu à votre
égard, quand je dirai que nous aussi on y tient au respect de la
juridiction du Québec là-dedans, mais on nous prêtera tout
de suite d'autres intentions, dès qu'on le dira. On voudrait bien, nous
aussi, compte tenu de la situation où l'on se retrouve... On n'a pas
voulu être ici en commission parlementaire après l'adoption de la
deuxième lecture. On a même proposé une motion
d'amendement, la seule que le règlement nous permet au moment du
débat de deuxième lecture, pour que la commission ait lieu avant
l'adoption du principe du projet de loi. Cela a été refusé
par le gouvernement. Donc, on se retrouve ici.
Au moment où l'on se retrouve ici, on se dit qu'on voudrait bien,
nous aussi, dans le sens très positif que vous suggérez, en
arriver à dire: Mettons-nous ensemble, allons-y avec le gouvernement et
tâchons de voir s'il n'y aurait pas moyen de rendre le projet de loi 38
acceptable. Mais le problème qu'on a, M. Asselin, c'est que l'UMQ n'y
est pas. L'UMQ, qui représente seulement 300 municipalités, en
moins grand nombre que celles que vous représentez en termes de nombre
de municipalités, mais qui représente, par contre, 80% de la
population, 85% des budgets municipaux, a jugé, elle, et à juste
titre, selon moi... Je comprends fort bien que les deux attitudes des deux
unions soient différentes. C'est bon que cela soit ainsi, c'est bon que
cela soit... Moi, j'aime beaucoup la variété. Quand tout est trop
pareil, c'est là que je commence à craindre pour le citoyen.
Donc, je n'ai aucune réprimande à faire à l'Union des
municipalités du Québec là-dessus, mais le fait demeure
que l'on se retrouve ici avec un partenaire qui manque.
Le partenaire qui manque, lui, dit: Je n'y participerai pas, ni à
celle-là, ni à d'autres, parce que, pour nous, la solution
-c'était la question que vous avez reprise vous aussi - c'est une
entente entre les deux unions et le gouvernement. Je comprends fort bien les
distinctions que vous faites quand vous dites que vous voudriez
éventuellement en arriver à rencontrer le fédéral.
Je comprends que vous ne vous prenez pas pour le ministre ni pour le
gouvernement, mais moi aussi il me semble qu'il serait sain que vous soyez
traités comme partenaires plutôt que comme simples personnes dans
le paysage qui devront écoper parce que deux gouvernements
supérieurs ont décidé de s'affronter sur cette question.
La question que je pose devient extrêmement importante. Tantôt,
quand vous avez évoqué les raisons qui avaient fait que le 26
novembre vous n'avez pas pu vous entendre avec l'Union des municipalités
et le gouvernement du Québec sur cette proposition pour essayer de faire
une espèce d'appproche commune au gouvernement fédéral,
vous avez dit: Les raisons ne sont pas exclusivement imputables au
gouvernement. Pourriez-vous nous dire quelles étaient les diverses
raisons qui ont fait - on les devine, mais je voudrais que vous nous les
explicitiez - que vous ne vous êtes pas entendus?
M. Asselin: Ce n'est pas très compliqué. Tout
d'abord, vous avez dit à juste titre qu'ils ne sont pas ici. J'imagine
que, si je n'étais pas ici, vous diriez à juste titre: II n'est
pas ici, lui non plus. Mais, à juste titre il est ici en même
temps. Ce que je veux vous dire, c'est que ma démarche s'inscrit dans un
contexte de réalisme politique. Ce n'est pas moi qui détermine
les règles du jeu là où je n'ai pas à les
déterminer. Mais, à l'intérieur des règles du jeu
actuelles, je considère qu'il était de mon devoir - j'ai
appelé mes collaborateurs les plus proches à l'union et nous
considérions tous que c'était notre devoir - de venir tenter
d'obtenir des choses qui rendraient le projet de loi vivable.
Quant aux motifs qui ont fait avorter cette réunion... Je ne
dirais pas avorter totalement, parce qu'il y a tout de même eu des choses
qui ont été décidées. J'ai fait part de mes
commentaires au ministre à l'époque dès après. Je
vous dirai qu'un des problèmes majeurs est qu'une des deux unions
n'avait pas encore eu le temps d'avoir de son conseil d'administration le
mandat d'aller plus loin que de demander le retrait du projet de loi. C'est
évident qu'à partir de ce moment, on ne pouvait pas aller plus
loin. On pouvait discuter d'une façon informelle, mais cela nous
empêchait de nous aligner dans une direction peut-être plus
poussée.
C'est la raison pour laquelle je disais tantôt que c'était
difficile et qu'on ne pouvait pas non plus dire: Cela n'a pas été
plus loin uniquement par la faute du gouvernement. Il faut tout de même
dans cela... Il y avait un peu de ma faute aussi parce que je voulais, j'ai
toujours souhaité et je continue de demander une discussion
beaucoup plus globale sur les interventions dans le milieu. En
particulier et plus rapidement, je tenais beaucoup à ce qu'on parle des
interventions fédérales dans les milieux, qui sont des
interventions éminemment structurantes et sur lesquelles on n'est jamais
consulté, sur lesquelles on n'a jamais ou à peu près
jamais rien à dire au niveau municipal. Nous aimerions, nous aussi,
protéger nos juridictions. Le contexte serait beaucoup plus large que
celui de la loi 38 comme telle. J'aurais aimé qu'on embarque dans cela
un peu pour essayer de voir si, avec la loi 38, on ne pourrait pas aller
couvrir un peu plus. Assurément, je ne crois pas que c'était
l'intention de M. Léonard cette journée d'aller plus loin dans la
discussion. Je ne lui en fais pas reproche. J'ai dit: On va se placer dans le
contexte de la loi 38. Je crois toujours que le document qui avait
été accepté le 19 novembre par le conseil d'administration
de l'union était un document valable et sur lequel je me base encore
aujourd'hui pour intervenir.
M. Gratton: Je dirai tout de suite qu'il me semble que, si
l'idée d'un mini-sommet fédéral-provincial-municipal, tel
qu'on le nomme, avait retenu l'attention du gouvernement, il aurait
été tout à fait normal qu'on ne se limite pas à ce
moment à discuter de la loi 38 mais qu'on aborde la discussion sur le
contenu global, comme vous le souhaitiez.
M. Asselin: La rédaction, tel que c'est écrit dans
notre document, pouvait être interprétée d'une façon
différente par M. Léonard et je ne peux pas lui faire le
reproche, si on regarde un mini-sommet en matières municipales avec le
fédéral et le provincial, que cela ne soit pas approprié
dans les circonstances; mais, en précisant, on aurait pu expliciter nos
positions respectives.
M. Gratton: Vous avez parlé...
Le Président (M. Gagnon): En terminant.
M. Gratton: Est-ce que je continue? Vous voulez que je
termine?
Le Président (M. Gagnon): Non, mais je vous invite
à terminer. Vous avez 20 minutes actuellement.
M. Gratton: Ah, mon Dieu! Vous avez...
Le Président (M. Gagnon): Oui, j'ai tenu le temps.
M. Gratton: ...votre chronomètre.
Le Président (M. Gagnon): Oui, j'ai tenu le temps.
Une voix: II fait son travail.
M. Gratton: Vous apporterez un calendrier aussi.
Une dernière question... (17 h 30)
Une voix: Consentement.
M. Gratton: Donc, une dernière question. Vous avez
parlé des raisons qui ont fait avorter la chose, vous avez parlé
des blâmes qu'on pourrait attribuer à votre union, à
vous-même, à l'union des municipalités. Parlez-moi donc de
ceux qu'on pourrait peut-être attribuer au gouvernement. Avez-vous le
sentiment qu'il est intéressé par votre proposition?
M. Asselin: Je regrette, M. le député, mais vous me
posez là une question difficile. Si M. le Président me force
à y répondre, évidemment je le ferai. Je trouve
passablement difficile, pour un président d'union qui doit travailler
considérablement avec le ministre des Affaires municipales, en
particulier dans le contexte d'une réunion qui a été
convoquée à la demande du ministre pour qu'on puisse discuter en
profondeur d'un projet de loi, d'expliquer pourquoi, si le ministre avait
réagi de telle ou telle façon, le résultat n'aurait pas
été le même. Enfin, c'est assez difficile pour moi de le
dire. Il y a une chose qui est certaine, à partir du moment où un
des trois ne pouvait pas discuter sauf de dire: Je n'ai pas le mandat d'aller
plus loin que vous demander le retrait du projet de loi. Moi je respecte bien
le président de l'autre union. Je serais bien mal pris d'être ici
si j'étais pris avec une résolution de mon conseil
d'administration qui dit: C'est le retrait du projet de loi, on ne veut pas en
discuter. Je ne serais pas ici.
Mais nous avions préparé une position beaucoup plus
élaborée, nous avions tenté de laisser des portes ouvertes
pour, à l'intérieur de l'exercice des pouvoirs de la
Législature, là où on nous permet nous d'intervenir,
pouvoir le faire en représentant les maires qui font partie de notre
union et les municipalités qui en font également partie.
Si vous me permettez, j'aimerais être excusé de
répondre à cette question et je serais fort malvenu de tenter,
d'une façon ou d'une autre, d'interpréter les réactions du
ministre des Affaires municipales.
M. Gratton: M. Asselin, vous n'avez pas à vous excuser.
C'est moi qui devrais peut-être m'excuser de vous avoir posé la
question parce que, de toute façon, je connais la réponse. Je
sais que le gouvernement n'a aucun intérêt à retenir votre
suggestion de s'entendre avec le fédéral parce que, lui, son
objectif est justement d'alimenter la chicane, d'alimenter la discorde et de
faire du projet de loi 38
un symbole, de poser en défenseur de la juridiction du
Québec quand, dans le fond, tout ce qu'il veut faire, c'est de tenter de
faire la preuve que ça ne peut plus marcher dans le système
fédéral. C'est le gouvernement qui a choisi de le faire de cette
façon et il s'est coupé les communications, du moins
temporairement, avec l'Union des municipalités du Québec; il
s'est également coupé de la sympathie de la plupart des
observateurs neutres si j'en crois, à titre d'exemple,
l'éditorial de Jean-Louis Roy - je pense que c'est dans le Devoir d'hier
matin. On ne peut pas dire que ça rallie beaucoup d'appuis au
Québec.
Le Président (M. Gagnon): Cela va?
M. Gratton: Non, c'est parce qu'on parlait devant moi et
ça me dérangeait. J'ai fait une légère pause. Je
dirai tout simplement en terminant que, quant à moi, je remercie M.
Asselin. Je le réitère, j'apprécie ce que tente de faire
M. Asselin, et il s'acquitte de son mandat d'une façon convenable, fort
louable. Malheureusement je crains fort que, lui comme nous, nous sortirons
d'ici déçus; en tout cas, on verra.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Gatineau. M. le député de Laprairie.
M. Saîntonge: M. le Président, avant de poser une
question au représentant de l'UMRCQ, je voudrais relever un point. Le
député de Bellechasse a félicité le
président de l'UMRCQ d'être présent à cette
commission en disant que les absents ont toujours tort. Je voudrais ici faire
la mise au point suivante. Je pense qu'au niveau de la commission parlementaire
les absents ont tort. En faisant cette mise au point, je veux souligner de
façon non équivoque l'absence de l'UMQ à cette discussion,
mais en deux temps. Tout d'abord, au niveau de l'UMQ, je voudrais rendre la
chose bien claire. Il y a un télégramme qui a été
lu à l'Assemblée nationale - il serait peut-être bon de le
répéter pour les fins de la présente commission - qui
explique l'absence de l'UMQ à ce stade-ci du débat. Le
télégramme de M. Francis Dufour, président de l'Union des
municipalités du Québec, qui écrivait au président
de l'Assemblée nationale en disant: "Les membres du conseil
d'administration de l'Union des municipalités du Québec en
réunion aujourd'hui dénoncent avec vigueur le fait qu'aucune
commission parlementaire en bonne et due forme n'ait été
prévue sur le projet de loi 38, que l'ensemble du monde municipal a,
à maintes reprises, depuis son dépôt en juin dernier,
qualifié d'excessif, de discrétionnaire et d'arbitraire. Devant
une telle parodie de la démocratie et à moins que le gouvernement
ne revienne sur sa décision, le conseil d'administration de l'UMQ tient
à vous informer que les représentants de cette dernière ne
participeront à aucune autre commission parlementaire d'ici
l'ajournement de la session. Dans un avenir proche, les représentants du
monde municipal feront connaître publiquement et avec éclat le
degré de frustration auquel ils en sont arrivés dans leurs
relations avec le gouvernement actuel et ce, sur une multitude de dossiers."
C'est signé par M. Dufour.
Pourtant, M. le Président, dans une certaine circonstance, je
comprends le point de vue de l'UMQ de ne pas être présente
à cette commission parlementaire; elle a adopté une attitude
différente du président de l'UMRCQ, de l'Union des
municipalités régionales de comté et je pense que, comme
mon confrère de Gatineau l'a souligné, c'est le propre de chaque
union de vouloir agir de la façon qu'elle le veut bien et qu'elle pense
la plus représentative pour ses membres ou ce qui lui paraît le
plus souhaitable dans les circonstances.
Je vous ferai remarquer également - et j'y reviendrai
après que M. Asselin aura témoigné - que l'Union des
municipalités du Québec a fait parvenir - et nous l'avons
reçu ce matin - un mémoire en bonne et due forme sur le projet de
loi 38 y faisant part de ses commentaires. C'est une mise au point qui
m'apparaissait essentielle.
Maintenant, M. Asselin...
Le Président (M. Gagnon): M. le député, le
fait que vous ayez ouvert cette porte, cela me permet de dire que,
effectivement, le mémoire de l'Union des municipalités du
Québec a été déposé à la commission,
pour dépôt seulement.
M. Saintonge: Donc, je tenais à faire la mise au point
puisque j'avais reçu le mémoire des gens de la commission qui en
sont responsables. Mais cet état de choses n'avait aucunement
été souligné.
Maintenant, M. Asselin, je voudrais revenir à une question ou
deux, vu le temps qu'il peut me rester. Si je fais une présupposition
puisque nous pouvons, à certains moments, faire face à la
réalité et si je vous posais, comme question: Si le projet de loi
38 restait tel quel, est-ce qu'il serait applicable? Est-ce que vous seriez
d'accord pour l'application d'une telle loi? Je comprends que vous avez
présenté certaines modifications que vous souhaitiez voir
apportées audit projet de loi. Mais je constate, cependant, à la
lumière des commentaires que le ministre a pu exprimer en recevant vos
amendements qu'il mentionnait que c'était à étudier: on y
verra, possiblement, peut-être que.
Du côté de l'Opposition, je peux vous dire que cela fait un
peu plus d'un an que je
suis responsable des affaires municipales et que nous avons
travaillé avec ardeur, à certains moments, pour faire amender
certains projets de loi qui ont été présentés par
le ministre des Affaires municipales. Certains amendements qu'on avait
tenté de faire apporter à des projets de loi précis, comme
des projets omnibus, par exemple, ou même d'autres projets de loi,
certains amendements ont été présentés de
façon sérieuse après consultation avec le monde municipal:
les unions, les municipalités, les évaluateurs, la Chambre des
notaires dans certains cas, les arpenteurs-géomètres - je
réfère aux amendements de la loi 125 entre autres ou même
au projet de loi omnibus -et dans toutes ces circonstances je dois vous dire
que l'expérience qui en est résultée pour l'Opposition a
été extrêmement négative. Et, dans ce
sens-là, je comprends le télégramme de l'Union des
municipalités du Québec, qui a joué le jeu à
certains moments, mais de façon absolument néfaste
également.
En présence de ces situations antérieures qui ont
existé - je ne souhaite pas qu'elles se reproduisent, remarquez - je
vous demande comme président de l'UMRCQ: Est-ce que vous
considérez que le projet de loi 38, s'il reste tel quel, sera
applicable?
M. Asselin: Le projet de loi 38, tel qu'il est là, - en
fait, j'en ai parlé largement dans certaines de mes réponses
tantôt - peut être difficilement applicable et pour le gouvernement
et pour les municipalités aussi. Je regarde la partie municipale et cet
aspect arbitraire, cet aspect de sous quelque autre façon, cela devient
pour nous difficile à déterminer, à établir... En
tout cas, cela se rapporte à toute une série de réponses
que j'ai faites avant. Si vous me permettez, je vous dirais ceci: C'est
peut-être de la naïveté parce que c'est la première
fois de ma vie, en fait, que je me présente devant une commission
parlementaire comme président de l'union et que je viens parler pour les
autres. Je vous dirai bien franchement que si j'avais su que je venais ici pour
rien, je serais resté chez moi. D'accord?
Je continue de penser que, des deux côtés de
l'Assemblée nationale, on va être capable de faire abstraction
d'une dimension politique qui vous regarde et dont vous vous occupiez pendant
la deuxième lecture et l'étude article par article du projet de
loi. Nous sommes dans un mécanisme d'adoption d'une loi. Le gouvernement
a décidé d'adopter une loi. Je vous demande, pendant
l'étude article par article maintenant, de regarder les
municipalités, puisque là, vous avez eu l'occasion - et de cela
j'ai pu m'en rendre compte en suivant le débat - d'en discuter les
aspects politiques. Cela vous regarde et cela vous appartient. Je n'entrerai
toujours pas dans cela, ce n'est pas mon affaire. Je vous demande pendant
l'étude article par article de regarder les suggestions que nous vous
avons faites comme représentants des municipalités parce que
maintenant, à chaque article, il sera question des municipalités
du Québec. C'est au nom des municipalités que je
représente que je vous demande de vous pencher sur ce qu'on a
demandé et de regarder si c'est déraisonnable, de regarder si
cela empêche le gouvernement de faire respecter sa juridiction et de
regarder si cela empêche le gouvernement d'intervenir pour la faire
respecter aussi; si on établit des règles du jeu claires dans
cette deuxième partie de l'étude d'un projet de loi qui est
l'étude article par article, si vous vous penchez sur ce qui concerne
maintenant les municipalités. Il ne s'agit pas d'essayer d'être
tellement vertueux pour essayer de nous dire à nous ce que nous devons
faire mais de nous indiquer avec cette loi comment Québec a une
juridiction et comment il veut la faire respecter face aux
municipalités. Nous prendrons localement, chez nous, et comme union
aussi, nos responsabilités en ce qui concerne ce qu'il y aura à
faire dans l'avenir. Pour le moment, il y a une loi de l'Assemblée
nationale extrêmement importante pour nous. Je viens vous dire: vous
êtes à l'étude article par article du projet de loi,
regardez le point de vue municipal maintenant. Oubliez les aspects politiques,
regardez le point de vue municipal puisque ce sont les municipalités du
Québec qui feront les frais de la loi. L'article 1 adopté, ce
sont les articles 2, 3, 4, 5, 6 et 7 qui s'appliqueront. Les
municipalités en sont directement concernées et c'est pour cela
qu'on est venu aujourd'hui.
Le Président (M. Gagnon): Merci.
M. Saintonge: M. Asselin, puisque le temps presse j'ai une autre
question à vous poser qui peut avoir deux volets. Je veux savoir si au
nom de l'UMRCQ vous êtes d'accord avec le principe de sanction contre les
municipalités du Québec tel que ce projet de loi le
prévoit. Les municipalités du Québec doivent être
considérées comme des partenaires majeures mais elles sont aussi
des entités légales autonomes. On a toujours voulu
défendre l'autonomie des municipalités. On entend souvent, du
côté des unions, le respect de l'autonomie municipale. Dans ces
circonstances, tandis que les municipalités n'ont pas le moyen
d'intervenir pour s'assurer que le gouvernement du Québec agisse
vraiment de bonne foi et ne recherche pas uniquement la confrontation et ne
vise pas simplement à politiser le débat avec Ottawa - on
pourrait même sur cela élargir le débat et dire que
même le gouvernement fédéral doit également
respecter les principes de la constitution - êtes-vous d'accord que
les
municipalités du Québec devront vraiment subir l'odieux de
pénalités, devront également subir les sanctions alors
qu'elles-mêmes ne participent pas à cette négociation,
alors que les citoyens qu'elles représentent et qui se reconnaissent
dans une forme de gouvernement municipal sont aussi des citoyens du
Québec mais sont aussi des citoyens du Canada et sont aussi des citoyens
qui veulent recevoir les dus des différents ordres de gouvernements qui
les représentent et qui veulent s'assurer que les mécanimes que
la constitution a voulu mettre en place puissent jouer dans le véritable
rôle de concertation auquel on doit s'attendre?
Si des sanctions vous apparaissent obligatoires - cela est mon
deuxième volet -étaient exercées maintenant, ce qui
m'apparaît un peu curieux surtout dans le cadre du climat
économique actuel, dans le cadre de la relance économique qu'on
veut bien prêcher, comment expliquer qu'antérieurement, de telles
sanctions n'aient pas été nécessaires
précisément pour permettre le respect du principe de l'autonomie
municipale, du principe du respect de la compétence municipale au niveau
du gouvernement du Québec? Si des sanctions deviennent obligatoires
aujourd'hui est-ce que le gouvernement n'a plus la moralité ou n'a plus
l'incidence nécessaire pour tenter non pas d'imposer par la force, mais
de faire valoir aux municipalités du Québec le fait que la
compétence constitutionnelle du Québec doit être
respectée? Merci.
(17 h 45)
Le Président (M. Gagnon): M. Asselin.
M. Asselin: Je ferai abstraction de la partie politique de votre
intervention et je vais simplement répondre aux questions purement
techniques. La première chose, vous parlez des sanctions. Je pense que
tous les gouvernements qui ont adopté des lois ont fait quelque chose
pour en assurer le respect. Lorsqu'on s'aperçoit qu'une loi n'est pas
respectée, on veut y ajouter des sanctions. Si nous avions
été dans un contexte élargi, il y aurait certainement eu
la possibilité d'explorer beaucoup d'avenues, mais je suis dans un
contexte très précis, qui est l'étude article par article
d'un projet de loi. Un mécanisme est là et je suis ici pour
tenter de voir à l'intérieur de ce mécanisme comment on
peut régler le problème. On n'est pas avant la deuxième
lecture et je n'ai pas à me prononcer sur tout le reste de l'affaire. Je
suis dans un contexte précis qui est l'étude, article par
article, d'un projet de loi et j'ai fait des représentations qui
concernent les municipalités que je représente.
Quant à savoir si, auparavant, les sanctions étaient
nécessaires et qu'on ne les appliquait pas ou quoi que ce soit ou si
elles n'étaient pas nécessaires dans le passé ou quoi que
ce soit, disons qu'étant maire d'une municipalité, il arrive
qu'on porte à mon attention des infractions à certains
règlements qui régissent la municipalité. Parfois, pour
toutes sortes de motifs, parce que cela coûterait trop cher à la
municipalité et que l'infraction n'est pas suffisamment lourde, on
décide de ne pas la poursuivre et on tente d'une façon incitative
de faire comprendre à des citoyens de ne pas faire telle ou telle chose.
On essaie d'éviter des situations difficiles. C'est à
l'autorité qui a à faire respecter une loi de décider si,
oui ou non, elle décide de le faire. Est-ce que c'était ou si ce
n'était pas nécessaire de le faire avant? Ce n'est pas mon
rôle d'en juger, et je ne veux pas entrer dans ce secteur. Je parle ici
au nom de 1200 maires de petites municipalités au Québec mais
elles occupent quand même 80% du territoire du Québec. Il faut y
penser aussi, ainsi qu'aux difficultés que cela représente. Pour
organiser la vie des petites communautés chez nous, cela demande un
certain nombre d'heures et une grande quantité de dévouement,
etc.
On est ajourd'hui à l'étude article par article. Il y a
là un contexte très délimité. Toutes mes
interventions cet après-midi ont toujours été dans le
même sens. Pensez maintenant aux municipalités du Québec.
N'essayez pas de les sauver et de les envoyer au ciel, mais essayez de trouver
quelque chose qui fera que la loi sera applicable dans un contexte
d'équité à partir du commencement du processus
jusqu'à la fin. S'il y a des sanctions à l'intérieur du
projet de loi, vous en discuterez ensemble à l'Assemblée
nationale. L'épaisseur des dents que l'on veut mettre à une loi
concerne ceux qui l'adoptent. Évidemment, si c'était de moi, je
vous dirais: J'aimerais autant que la loi n'ait pas de dents du tout. Je ne
crois pas que ce soit l'intention du gouvernement de faire cela, de toute
évidence. Évidemment, ce que j'aimerais, c'est que le processus
soit bien établi.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. Asselin, vous avez demandé le
retrait du projet de loi 38. Vous reconnaissez également, d'une
façon non équivoque, comme d'ailleurs le Parti libéral,
que le domaine municipal, c'est de juridiction provinciale. On est d'accord, je
pense que vous l'êtes également, pour dire qu'il faut avoir des
instruments, avoir une loi qui protège ce pouvoir des
municipalités et du gouvernement particulièrement.
Évidemment, il y a l'article de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, mais ne croyez-vous pas que l'article 20 de la loi
constitutive des affaires intergouvernementales serait amplement
suffisant pour protéger d'une façon très adéquate
la juridiction provinciale? Également - vous y avez peut-être
répondu tantôt - est-ce normal et nécessaire - vous
êtes un avocat, je pense - de donner des dents à une loi-cadre?
Est-ce nécessaire qu'on y attache des sanctions, que cette loi soit
punitive?
M. Asselin: Est-ce que cela est à moi d'en
décider?
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que si...
M. Asselin: Est-ce que cela est à moi d'en décider?
La question est assez simple. Le gouvernement décide qu'il faut
protéger une de ses juridictions d'une façon plus étanche
parce que, à son avis à lui, il y a carrément intrusion du
fédéral dans son domaine de juridiction. Je n'ai pas à
discuter le fondement de cela aujourd'hui, pas dans le débat où
nous sommes, à l'étude article par article. Si nous avions
été à un autre échelon nous aurions pu discuter de
cela. Nous ne sommes pas là. Nous sommes à l'étude article
par article.
M. Saintonge: L'auriez-vous souhaité?
M. Asselin: Ce n'est pas à moi de vous dire si oui ou non
c'était nécessaire d'aller plus loin. Ce n'est pas mon niveau
à moi, je ne suis pas venu ici pour parler de cela. Je ne veux pas
m'embarquer dans cela non plus. Ce que je veux, c'est simplement vous dire que
je suis venu ici pour vous parler de la situation des municipalités,
dans le cas où la loi serait adoptée telle qu'elle est là.
À partir du moment où le gouvernement a décidé, par
une volonté politique, de surveiller sa juridiction et d'intervenir pour
la faire respecter, c'est sa décision. Quant aux mécanismes
prévus, je suis ici et je vous dis: à l'intérieur de ces
mécanismes, tâchez donc d'inclure des dispositions qui assurent
que la justice va être bien appliquée partout, juste cela. Qu'on
fasse disparaître ce qui me répugne le plus, comme avocat, dans
toute l'application de la justice: l'abritraire. Nous sommes naturellement
réfractaires à l'arbitraire. Nous devrions demeurer
réfractraires à l'arbitraire parce que c'est la seule
façon que nous avons d'assurer la liberté de nos citoyens. Est-ce
qu'on peut mettre de côté les droits des citoyens ou ne pas les
mettre de côté, faire ceci ou cela? Il ne m'appartient pas de me
mettre dans cet étau. Je ne suis pas ici pour parler de politique. Vous
en parlez entre vous, cela vous regarde. Mais regardez le problème des
municipalités maintenant.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous êtes ici aujourd'hui. Est-ce
que vous n'auriez pas souhaité avoir un autre forum, avoir une autre
façon d'étudier et de faire passer vos revendications, vos
demandes face à cette loi?
M. Asselin: Notre union a adopté des résolutions et
a fait parvenir des lettres. Vous êtes tous capables autour de la table
de les lire. Nous sommes dans un contexte où le gouvernement a
décidé telle chose. Je suis ici dans ce contexte, et c'est pour
cela que je suis ici. Je m'en tiens à cela depuis le début de
l'après-midi. J'ai essayé de ne pas aller à
l'extérieur de ce contexte et je n'ai pas l'intention d'aller plus loin.
Il est évident que le débat, il faut qu'il se fasse un jour ou
l'autre au Québec. Et il va falloir qu'il se fasse dans son ensemble,
parce que, autant ici on peut être jaloux de ses juridictions autant nous
sommes en train de devenir jaloux de nos juridictions. Des interventions dans
nos milieux, il y en a dans le fouillis le plus total. Si on veut mettre de
l'ordre dans l'appareil, il va falloir aller beaucoup plus loin que strictement
parler du niveau municipal. Cela va demander une discussion sérieuse de
ce qui va être exercé comme pouvoir localement et de ce qui va
être excercé comme pouvoir ailleurs que localement. C'est
tout.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez mentionné que cette
loi... On peut déduire que pour vous, pour les municipalités que
vous représentez, c'est une loi inutile. Nous prétendons la
même chose. Par ailleurs, vous dites: je veux bien être pratique.
Nous faisons face à une loi, nous allons vivre tantôt avec cette
loi. Je voudrais revenir sur l'article 12 où on parle de
présomption. Mon collègue de Ville Mont-Royal a posé une
question à ce sujet. Je veux revenir. Vous dites: II y a une question de
présomption, cela est un aléa. Également, quels organismes
et qui seront frappés par ces mentions de commissions, de corporations?
Ensuite quelle est la personne ou quel est l'organisme qui va en
bénéficier? Je voudrais savoir quels sont les amendements que
vous proposez? Est-ce que, d'après vous, c'est vivable cet article?
Est-ce que vous avez pensé à certains amendements? Est-ce que
vous pensez que c'est possible d'amender cet article? À mon sens c'est
un article aussi important que l'article 3.
M. Asselin: Écoutez, je pense que c'est un article
complémentaire dans l'application de l'article 3. J'avais répondu
à votre collègue qui vient de se lever là-dessus, à
M. Ciaccia, tout à l'heure, sur ce point, en lui disant
qu'éventuellement, la présomption qu'on veut créer dans
l'article 12 n'était pas nécessaire dans un autre contexte
législatif
qui était celui dans lequel s'inscrivaient nos
représentations. C'est ce que j'ai dit à M. Ciaccia, je crois,
tout à l'heure, peut-être pas assez clairement.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais un amendement, vous n'en voyez
pas?
M. Asselin: Oui, bien justement, c'est ce que je
répète encore; c'est que la présomption, il n'est pas
nécessaire de la créer dans l'article 12 quand on s'inscrit dans
le contexte qui est donné, si on insère dans le projet de loi les
amendements que nous souhaitons. Je pense qu'à partir de ce moment, il
n'est plus nécessaire de créer une présomption pour
permettre au gouvernement d'intervenir; cela ne fait qu'ajouter de l'odieux
dans l'affaire, ce qu'il n'a pas besoin de faire de toute façon pour
faire respecter sa juridiction.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, il ne reste que
quelques minutes seulement. Je voudrais qu'on saisisse bien que ce que j'ai dit
au début, par rapport aux propositions d'amendements que vous avez
déposées. Je pense bien que vous avez compris qu'il y en a
plusieurs qui peuvent être intégrées dans la loi à
l'heure actuelle. Il y en a deux sur lesquelles j'ai émis des
réserves et pour lesquelles nous allons fouiller davantage.
Sur les autres, comme les explications que j'ai fournies, cela
m'apparaissait, à première vue, recevable. Nous allons voir, au
cours de la journée de demain, dans quelle mesure nous pouvons les
adopter.
Je voudrais simplement dire que nous sommes ouverts à ce qu'il y
ait des balises, dans la loi, au pouvoir qu'on peut qualifier de
discrétionnaire, jusqu'à un certain point. On a utilisé
abondamment le mot "arbitraire"; je voudrais qu'on fasse une distinction entre
"discrétionnaire" et "arbitraire". D'autre part, on a dit que cela
pénalisait toutes les municipalités. Un instant. Ce sont les
municipalités qui enfreignent la loi fondamentale du pays qui peuvent
être susceptibles de sanctions et pas les autres, de sorte qu'il y a une
équité qui est rétablie, alors que, maintenant, ce sont
plutôt celles qui enfreignent la constitution qui
bénéficient de sommes. Donc, il y a une volonté de
rétablir l'équité à partir du moment où il y
a des sanctions pour les municipalités qui ne respectent pas la loi
fondamentale.
Je voudrais aussi dire une chose dont on n'a pas parlé. Nous
avons enclenché des négociations avec le fédéral.
Ce que nous voulons, c'est que cela transite par le canal d'ententes, les fonds
fédéraux, dans un cadre que tout le monde aura connu...
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
M. Léonard: ...et qu'à ce moment-là, s'il y
a des propositions...
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, je
m'excuse, M. le ministre. Il est 18 heures moins 3 minutes.
M. Saintonge: M. le Président, je me rends compte
qu'à votre heure, M. le Président, il est 18 heures, et je
demanderais l'ajournement du débat.
M. Léonard: II est 18 heures moins une minute. J'ai encore
au moins une minute.
M. Saintonge: On a l'heure du président, je m'excuse, M.
le ministre, mais c'est le président qui décide cela.
M. Léonard: Est-ce que c'est vous qui dictez l'heure?
M. Saintonge: Non, j'ai l'heure du président.
Une voix: 58. Il est 17 h 58.
M. Gratton: ...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Les travaux sont suspendus jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise de la séance à 20 h 17)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! On dirait que les
parlementaires ont été privés de parler aujourd'hui.
M. Lachance: M. Rocheleau n'est pas là.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse, à l'ordre!
M. Maciocia: L'expert de Saint-Nazaire!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger s'il vous plaît! Alors, la commission élue permanente des
affaires municipales... À l'ordre!
Une voix: Manque de sérieux.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux pour étudier
article par article le projet de loi 38, Loi sur la participation
gouvernementale au
financement des municipalités. Il y a eu un consentement ce matin
de façon exceptionnelle pour modifier les membres ou intervenants de la
commission en cours de route. Il y aurait quand même une modification qui
a été demandée. Il s'agit de remplacer M. Gratton
(Gatineau) par M. Rivest (Jean-Talon). Alors, c'est adopté, de
consentement. Les remarques préliminaires étant terminées,
M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Simplement, c'est que le président qui
était alors en charge de la commission a suspendu les travaux à
18 heures. Je m'étonne que le président de l'UMRCQ ne soit pas
présent puisque, à ce moment, mon confrère de Jeanne-Mance
était inscrit comme intervenant. Il a des questions à poser au
président de l'UMRCQ. Je pense que mon confrère de Viger aussi
aurait voulu poser certaines questions. On n'avait pas convenu - je ne le crois
pas, que le président de l'UMRCQ soit libéré. En tout cas,
je m'étonne un peu de cette situation. Est-ce que vous pouvez
m'éclairer là-dessus?
Le Président (M. Desbiens): Si je comprends, c'est
qu'à 18 heures ou tout près, c'était le ministre des
Affaires municipales qui intervenait. Il faudrait peut-être relire les
galées, mais, si j'ai bien saisi, la façon dont il le faisait
semblait mettre un terme à ce témoignage puisqu'il en
était rendu aux remerciements.
M. Saintonge: Bien, M. le Président....
Le Président (M. Desbiens): II reste que M. le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté n'avait pas manifesté, non plus, la fin de son
intervention, en tout cas, de façon directe, de façon claire. Je
ne sais pas si c'est à la suite d'un malentendu, mais M. le
président n'est pas revenu à 20 heures. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Je sais qu'à ce moment-là il y avait,
à tout le moins, le député de Jeanne-Mance...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Saintonge: ...qui était inscrit comme ayant des
questions à poser au président de l'UMRCQ. J'ai compris qu'on
avait passé la parole au ministre Léonard pour faire
l'alternance, j'imagine. C'est une des remarques que le président m'a
alors faite, à tout le moins - je ne sais pas si c'est enregistré
- à l'oreille. Il m'a dit: C'est l'alternance. Cela suivait des
questions qui étaient posées par le député de
Saint-Laurent. Et le ministre n'avait, d'ailleurs, pas fini...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
M. Saintonge: ...son intervention à ce moment-là et
j'aurais peut-être même pu penser qu'il aurait des questions
additionnelles à poser au président de l'UMRCQ.
M. Léonard: J'avais la parole.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est l'habitude, selon les
règles des commissions de l'Assemblée nationale, que, lorsqu'il y
a un invité devant la commission, à moins qu'il ne soit
libéré par la commission, il revient à la prochaine
séance de la commission. Je pense que c'était clairement dit;
même, je crois que le ministre n'avait pas fini son intervention.
C'était vraiment clair, de notre point de vue, que l'invité
devait revenir à 20 heures. Même, en sortant de la commission
parlementaire, après la suspension, j'avais mentionné qu'on
recommençait à 20 heures et il n'a pas indiqué qu'il ne
serait pas ici. Je ne sais pas ce qui s'est produit entre 18 heures et 20
heures.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: J'avais la parole; j'avais remarqué que
M. le président, à deux ou trois reprises, à la fin, a
dit: Vous posez des questions; quant à moi, je suis venu ici pour que
vous fassiez l'étude article par article. J'ai voulu donner mes
explications. J'ai compris qu'il en avait terminé à peu
près avec la commission. Je tenais à faire un certain nombre de
remarques avant 18 heures, mais je n'ai même pas eu le temps de me rendre
à 18 heures; à 17 h 58, l'Opposition s'est mise à
chanter...
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
M. Léonard: ...et puis, finalement... M. Saintonge:
Question de règlement.
M. Léonard: ...cela s'est terminé comme on
sait.
M. Saintonge: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Sur une question de
règlement, M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je ne peux pas laisser
passer une chose comme
celle-là.
M. Léonard: C'est cela que vous avez fait.
M. Saintonge: Question de règlement.
M. Léonard: C'est cela que vous avez fait.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Saintonge: À la commission, il n'y avait pas d'horloge
au mur de l'autre côté, c'était la montre du
président qui indiquait 18 heures précises. C'est à ce
moment-là que le président a suspendu.
M. Rivest: M. le Président, cela m'étonnerait
que... Je n'étais pas ici.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
de...
M. Rivest: Jean-Talon.
Le Président (M. Desbiens): Oui, mais il y avait M. le
député de...
Une voix: Chambly.
Le Président (M. Desbiens): ...Chambly.
M. Léonard: Mais moi, je n'ai pas fini de parler, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Excusez. M. le ministre.
M. Léonard: On m'a interrompu par une question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): Alors, M. le ministre.
M. Rivest: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que c'est sur la
question de règlement, M. le ministre?
M. Rivest: Non, il parle sur le fond. Mon collègue a
soulevé une question de règlement.
M. Léonard: M. le Président, je pense que je
voulais dire un certain nombre de choses.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que c'est sur la
question de règlement?
M. Léonard: Non.
Le Président (M. Desbiens): Non. Alors, sur la question de
règlement, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Le député a protesté. Je
n'étais pas ici, par exemple, M. le Président, mais simplement
pour manifester mon étonnement...
Des voix: Ah!
M. Rivest: ...parce que, dans le domaine des chants,
d'après le premier ministre de France, il semble que ce soit le
gouvernement qui ait plutôt l'air d'une chorale! Il y aurait eu
renversement des rôles, cela m'étonnerait.
M. Léonard: C'est exactement ce qui s'est produit, M. le
député, vous n'étiez pas là mais voilà ce
qui s'est produit.
M. Rivest: Si j'avais été là, cela ne se
serait pas produit.
M. Léonard: Vous aviez l'air d'une chorale et même
pas bonne!
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous aviez la
parole.
Une voix: Sur le fond, M. le Président.
M. Léonard: J'étais sur le fond et j'avais la
parole.
M. Rivest: Vous n'aviez pas remarqué que le ministre
était sur le fond, n'est-ce pas? Cela s'en va bien mal.
Le Président (M. Desbiens): Oui, cela va très bien
paraître au journal des Débats. Il y a un règlement que
vous connaissez tous très bien qui dit qu'on doit prendre la parole
lorsque le président le permet et laisser les autres s'exprimer tout
à fait dans l'ordre.
M. Rivest: La parole est au ministre.
Le Président (M. Desbiens): Pour l'instant, j'ajouterai
peut-être, avant de redonner la parole au ministre, que j'avais
moi-même compris, étant membre de la commission - j'en ai
l'impression, je ne suis pas capable de l'affirmer totalement - que le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté semblait croire que ses interventions étaient
terminées et qu'il n'avait plus à se présenter. C'est
l'impression que cela m'a laissé, mais il ne l'a jamais manifesté
ouvertement. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, étant
donné qu'il est parti, j'aimerais quand même consigner au journal
des Débats que nous avons été très heureux de sa
présence ici et que son témoignage a été d'une
grande
utilité pour le gouvernement pour ajuster, baliser le projet de
loi.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Léonard: Je voudrais, quand même, ajouter un
certain nombre de remarques que je voulais faire là-dessus. Au fond, le
gouvernement travaille avec les municipalités. Il leur a
délégué des pouvoirs et, à ce moment-là,
c'est quand même dans le respect de l'autonomie municipale et pour
protéger l'autonomie municipale qu'il y a le projet de loi 38 sur la
table. Au fond, c'est lorsqu'un certain nombre de gens menacent le
système que, finalement, on menace l'ensemble des municipalités.
En mettant des sanctions pour les quelques récalcitrants, en fait on
protégeait tout le monde là-dessus. Je veux simplement terminer
avec ces remarques sur la fin des travaux de notre commission: On ne doit pas
se servir des municipalités, mais on doit servir les
municipalités. C'est pour cela qu'on est ici, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, je voudrais, moi aussi,
intervenir sur les propos du ministre. Je crois que le ministre n'a
probablement pas tellement bien compris la...
M. Fallu: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Sur une question de
règlement, M. le député de Groulx.
M. Fallu: M. le Président, il arrive donc que nous devons
constater que notre invité - je ne veux pas être
déplaisant, c'est une question très formelle, je m'en excuse
-nous a quittés ou fait défaut. Je vous prierais d'appeler, selon
le règlement, l'article 1 pour que nous ayons en conséquence
matière devant nous à étude selon le mandat qui nous a
été confié par l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Desbiens): Sur la même question de
règlement, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est évident que
notre invité n'est pas ici. Le ministre a mentionné qu'il avait
compris qu'on avait terminé avec le président, M. Asselin.
Dois-je interpréter des propos du ministre - c'est encore une question
de règlement - que c'est le ministre qui lui avait dit qu'il
n'était pas nécessaire qu'il revienne à 20 heures?
M. Léonard: Non.
M. Ciaccia: La dernière fois que je lui ai parlé,
à 18 heures, il m'a dit qu'il reviendrait à 20 heures, en sortant
de la salle où se déroulait la commission parlementaire.
Une voix: On pourrait suspendre.
M. Ciaccia: II y a sans doute quelqu'un qui lui a parlé
après 20 heures. Dans les propos que vous avez tenus, vous avez dit:
J'ai compris qu'on avait fini.
M. Léonard: Non, ce que j'ai dit, c'est que la...
M. Ciaccia: Si c'est nécessaire, on peut suspendre les
travaux de la commission parlementaire afin de nous assurer que notre
invité revienne ici.
M. Lachance: Vas-y, Fernand.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Rivest: M. le Président, ce genre d'intervention du
député de Bellechasse est très inconvenant pour le
député de Marguerite-Bourgeoys et pour la commission.
M. Fallu: II n'a pas dit "pauvre Fernand";
M. Saintonge: Le ministre peut-il nous assurer que ce n'est pas
lui...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
M. Saintonge: ...qui lui a dit de ne pas revenir?
M. Léonard: M. le Président, si je peux
répondre à cette question, quand je vois l'attitude, j'essaie de
me l'expliquer. Je comprends que, dans les dernières interventions,
c'étaient des questions qui avaient déjà été
posées. Il a répété à peu près les
mêmes réponses...
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
M. Léonard: ...en disant qu'il souhaitait qu'on
améliore le projet de loi à l'étude article par
article.
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
M. Léonard: Je comprends qu'à ce moment-là
il ait pu penser que c'était terminé.
Le Président (M. Desbiens): Sur une question de
règlement, M. le député de Laprairie.
M. Léonard: En tout cas, ce n'est pas moi qui lui ai dit
de s'en aller.
M. Saintonge: II ne faut quand même pas laisser passer,
comme le ministre vient de le mentionnner, qu'on répétait des
questions déjà posées à M. Asselin. Il n'est
absolument pas question de cela. On lui posait de nouvelles questions qui
pouvaient avoir rapport à certaines interrogations antérieures.
(20 h 30)
M. Léonard: Vous relirez ce qu'il a dit.
M. Saintonge: On pourra le lire sûrement, mais, dans le
cadre de ses réponses, il a pu toucher certains points. On voulait avoir
certaines spécifications et je n'admets pas que le ministre puisse dire
que nous ayons posé les mêmes questions seulement pour retarder le
débat. Il n'en est absolument pas question. Je voudrais ajouter,
concernant la question de règlement.
M. Léonard: Alors, étudions le projet de loi
article par article.
M. Saintonge: ...que, comme mon confrère de Mont-Royal, je
me souviens d'avoir parlé...
M. Fallu: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): On va commencer par
régler celle-là, s'il vous plaît.
M. Saintonge: ...avant de quitter, à la secrétaire
de l'Union des municipalités régionales de comté. Je lui
ai dit: On va se revoir, de toute façon, à 20 heures et j'ai
quitté là-dessus.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que tout le monde
s'entend? Est-ce que M. Asselin est parti?
Une voix: Oui.
Une voix: II est parti.
M. Rivest: II y a déjà cela de
réglé.
M. Léonard: Oui, c'est réglé.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx, sur une question de règlement.
M. Fallu: Je voudrais simplement vous rappeler qu'une commission
doit nécessairement soit interroger quelqu'un, soit parler à
propos d'une motion. Or, actuellement, je dois constater que la commission
parlementaire tourne à vide en parlant d'un absent. En
conséquence, je vous demanderais d'appeler l'article 1, s'il vous
plaît.
M. Maciocia: M. le Président, j'avais le droit de
parole.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, vous aviez le droit de parole sur les remarques
préliminaires.
M. Maciocia: C'est cela. M. le Président, comme je le
disais tantôt, j'ai bien écouté le ministre des Affaires
municipales. D'après ses propos, dois-je conclure que le ministre est
d'accord pour enlever du projet de loi 38 toutes les questions qui sont
arbitraires? D'après moi, c'était la revendication principale de
M. Asselin, d'enlever du projet de loi tout ce qui pouvait être
arbitraire de la part du gouvernement et spécialement du ministre des
Affaires municipales. Si ce n'est pas cela, j'ai mal compris, j'ai mal saisi
les propos du ministre. J'aimerais quand même avoir une explication et
savoir si les propos tenus par M. Asselin sont entièrement retenus par
le ministre des Affaires municipales.
M. Tremblay: M. le Président, s'il vous plaît, sur
la question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): Quelle question de
règlement, M. le député?
M. Tremblay: Celle du député de Jeanne-Mance.
M. Maciocia: Je n'ai pas posé de question de
règlement, M. le Président.
M. Tremblay: Sur les remarques...
Le Président (M. Desbiens): Je crois qu'il est clair
maintenant que...
Une voix: II est parti.
Le Président (M. Desbiens): ...le témoin est parti
et que nous ne le verrons pas ce soir.
M. Saintonge: M. le Président, un avis de recherche.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal sur une question de règlement.
M. Ciaccia: II était clair... M. Tremblay: Quel
article?
M. Ciaccia: Je vais vous donner le numéro de l'article
dans un instant. Il était clair dans notre esprit, à 18
heures...
M. Tremblay: Donnez-le moi tout de suite afin que je puisse le
trouver.
Motion d'ajournement du débat
M. Ciaccia: ...que le témoin devait revenir à 20
heures. M. le Président, je vais faire une motion d'ajournement du
débat afin de rejoindre le témoin qui devait être ici
à 20 heures. Je demande que nous suspendions les travaux de cette
commission parlementaire...
Une voix: Quel article?
M. Ciaccia: ...jusqu'à ce que le témoin revienne,
parce qu'on n'avait pas fini de le questionner.
Une voix: II n'a pas été libéré.
M. Ciaccia: II n'avait pas été libéré
et on insiste pour qu'il soit ici pour répondre aux questions que nous
avions à lui poser.
Une voix: C'est cela.
M. Tremblay: Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. Ciaccia: Je fais cette motion, M. le Président, et je
voudrais savoir si vous la déclarez...
M. Rivest: Quel est le texte de la motion?
Une voix: Cela concerne quel article?
M. Tremblay: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas de question de
règlement.
M. Rivest: II n'y a pas de question de règlement, c'est
une motion qui est faite.
M. Tremblay: Non, c'est irrecevable, M. le Président.
Une voix: Voyons donc!
Le Président (M. Desbiens): Sur la recevabilité, M.
le député de Chambly.
M. Tremblay: C'est irrecevable, M. le Président, parce
qu'on a reçu le mandat de l'Assemblée nationale d'étudier
article par article le projet de loi 38. Le projet de loi 38 est
présent...
Une voix: C'est cela.
M. Tremblay: ...et nous devons l'étudier.
Le Président (M. Desbiens): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Rivest: M. le Président, j'aurais un très bref
commentaire sur la recevabilité.
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Sur la motion, le député de Chambly y
est allé d'un propos conforme... Je ne voudrais pas le commenter.
Néanmoins, il reste une chose, c'est que la commission parlementaire a
déjà, sur l'ordre de la Chambre, convenu d'entendre le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté. Étant donné que ce témoignage n'est pas
terminé, comme tout le monde en a convenu, puisqu'il a été
entendu dans le cours de l'après-midi, je pense que la commission a
défini elle-même à ce moment l'ordre et les
modalités de ses travaux. Dans ce sens, la motion du
député de Mont-Royal est tout à fait conforme,
c'est-à-dire qu'on n'a pas franchi cette étape que la commission
avait convenu d'adopter.
Alors, comme le témoin n'est pas présent, je pense que la
motion est recevable et qu'elle doit être agréée non
seulement par la commission, mais par vous, M. le Président, qui
êtes le gardien du bon déroulement des travaux de la commission.
Je vous inviterais à consulter et, peut-être, à suspendre
les travaux au besoin. On est prêts à vous accorder, quant
à nous, par respect pour la présidence, tout le temps qu'il
faudra pour que vous en arriviez à une décision que nous
espérons écrite, de façon qu'elle fasse jurisprudence et
de manière que, entre-temps, on puisse peut-être retrouver M.
Asselin et convenir de l'interroger. Moi-même, j'arrive à cette
commission, j'avais des questions à poser à M. Asselin et j'avoue
que, comme parlementaire, mes privilèges sont quelque peu brimés
par cette absence pour le moins inopinée.
M. Léonard: Peut-être en avez-vous abusé
antérieurement!
M. Rivest: Bien non!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin, sur la recevabilité.
M. Rochefort: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Cela va. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: C'est moi qui l'avais demandé, M. le
Président, je tiens à vous faire remarquer que, avant la
suspension de la commission parlementaire qui s'est terminée à 18
heures, j'étais le suivant du ministre qui avait demandé la
parole. Jamais, à ma connaissance, lors de la suspension, on n'a
demandé que M. Asselin soit libéré de la commission. Je
m'attendais à entendre M. Asselin ce soir, et c'est pour cela que j'ai
retardé. J'ai été appelé à mon bureau et on
m'a dit que M. Asselin n'était pas ici, mais je pensais que M. Asselin
était en retard. Donc, m'apercevant qu'il n'est pas encore ici, je crois
que la motion du député de Jean-Talon est pertinemment dans
l'ordre.
Une voix: De Mont-Royal.
M. Bissonnet: De Mont-Royal, c'est cela. Je m'excuse, M. le
député. Je tiens à poser des questions très
pertinentes à M. Asselin au nom de toutes les municipalités du
Québec.
Une voix: Vous les poserez à M. Dufour.
M. Bissonnet: M. Dufour, on l'attend toujours.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'avais demandé la parole, M. le
Président, si vous me le permettez. Sur la recevabilité de la
motion, je vous ferai remarquer que, si on retournait aux galées de cet
après-midi, on pourrait comprendre que, dans ses propos mêmes, le
ministre des Affaires municipales mentionnait que c'était une coutume
établie pour la commission des affaires municipales d'entendre les
représentants des unions quand c'était nécessaire, au
début des commissions parlementaires, avant l'étude article par
article. En conséquence, dans le cas présent, même si la
commission avait pour mandat l'étude article par article du projet de
loi, nous devions respecter la coutume que le ministre semblait avoir
établie d'entendre les représentants des unions en question avant
l'étude article par article.
Deuxièmement, sur le mandat qu'on voulait confier à la
commission des affaires municipales aujourd'hui même, avant de mentionner
l'étude article par article, le leader du gouvernement avait voulu
scinder d'une certaine façon cette motion pour nous demander, dans un
premier temps, d'entendre le président de l'union, mais de nous
restreindre à un débat de courte durée.
M. Rivest: II nous condamnait à une victoire morale.
M. Saintonge: C'est cela. Pensant nous donner une victoire
morale, il nous imposait un bâillon. Jusqu'à quatre heures, si je
me souviens bien, nous avions la possibilité d'entendre le
président de l'UMRCQ, mais dans un temps réduit, pas plus tard
que quatre heures, ce à quoi nous nous sommes opposés. Le leader
du gouvernement a alors modifié sa motion déférant le
projet de loi à l'étude article par article, mais il était
toujours d'accord pour que nous entendions, avant le début de
l'étude de chacun des articles, le président de l'UMRCQ faire la
déposition qu'il avait à faire suivant la coutume que le ministre
des Affaires municipales semble avoir introduite depuis peut-être deux
ans, ce à quoi, nous ne nous sommes évidemment pas
opposés.
En conséquence, je maintiens que la motion de mon confrère
de Mont-Royal devrait être recevable puisqu'il va de soi que
c'était dans le mandat de la commission non seulement de faire
l'étude de la loi article par article, mais également d'entendre
le président de l'UMRCQ. Un argument supplémentaire: à
partir du moment où on convient d'entendre un témoin ou
d'entendre le président de l'UMRCQ ici à la commission, on doit
donner à tous les parlementaires l'occasion d'exercer leur droit
d'interroger le témoin qui se présente et permettre une
discussion à fond sur les propos qui pourront être tenus par
quelque témoin que ce soit.
Donc, on ne peut pas plaider que le mandat était exclusivement
l'étude de la loi article par article puisque, de fait, nous avons
entendu le président de l'UMRCQ au tout début de notre
commission.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je voulais simplement faire une remarque.
Comme je vois assez souvent M. Asselin, vous pourriez me remettre vos questions
et je les lui poserai ensuite.
M. Bissonnet: Allez donc à Ottawa négocier et on
vous reverra après.
M. Saintonge: M. le Président, si le ministre voit si
souvent M. Asselin, est-ce qu'il pourrait nous confirmer que ce serait lui qui
lui a donné son congé ou quelqu'un de son cabinet?
M. Léonard: II nous a dit bonjour en partant, c'est
tout.
M. Saintonge: Est-ce quelqu'un de son
cabinet?
M. Rivest: Donc, il vous a dit bonjour en partant et vous ne
l'avez pas retenu?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent.
Une voix: II se dit beaucoup de choses ici. Il y a beaucoup de
ouï-dire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Moi, j'ai la meilleure preuve. Il m'a
mentionné qu'il désirait être ici après la
séance, après le souper et qu'il reviendrait ici à huit
heures. Dans les circonstances, il est absolument approprié que nous le
recevions et la motion est absolument recevable.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx. À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Fallu: J'allais vous demander, M. le Président, si nous
étions toujours sur le débat sur la recevabilité de la
motion. Est-ce que vous désirez toujours recevoir des éclairages
supplémentaires...
Le Président (M. Desbiens): Allez-y!
M. Fallu: ...ou si vous déclarez la motion recevable? Sans
cela, je vous demanderais, M. le Président, de ne plus céder le
droit de parole à qui que ce soit en attendant que vous ayez
prononcé votre jugement sur la recevabilité, à moins de
demander de nouveaux éclairages aux membres de la commission.
Le Président (M. Desbiens): Je vais suspendre les travaux
pour quelques instants. Il s'agit là d'une motion inusitée.
(Suspension de la séance à 20 h 44)
(Reprise de la séance à 20 h 58)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je voudrais rappeler, encore une fois, que le président de
l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec a laissé l'impression - c'était, semble-t-il, son
impression - que les travaux qui le concernaient étaient
terminés.
Ceci étant dit, en relisant les galées du journal des
Débats sur le débat de ce matin à l'Assemblée
nationale, il reste que le mandat de la commission est d'étudier article
par article le projet de loi 38 sur la participation gouvernementale au
financement des municipalités. Il s'ensuivit une discussion entre les
deux leaders qui s'est terminée de la façon suivante. M.
Bertrand, a dit: Tout cela se réglera en commission parlementaire, la
question de la longueur de l'audition de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec.
Je déclare donc la motion d'ajournement recevable. M. le
député de Mont-Royal, vous avez dix minutes pour vous faire
entendre; il y a dix minutes à un représentant du gouvernement et
une réplique de dix minutes.
M. Rivest: Quelle motion est recevable? La motion
d'ajournement?
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Oui. M. le Président, les travaux de la
commission parlementaire devraient être ajournés afin de pouvoir
entendre M. Asselin, le président de l'UMRCQ. Quand nous avons suspendu
nos travaux, à 18 heures, M. le Président, il était clair
que toutes les questions que nous voulions poser à M. Asselin, du
côté de l'Opposition, n'avaient pas été
posées. Certains députés voulaient et avaient
demandé le droit de parole.
Malheureusement, à 18 heures, d'après le règlement
de l'Assemblée nationale, nous avons été obligés de
suspendre. Moi-même, j'avais parlé à M. Asselin, à
la suite de la suspension et il était clairement entendu qu'il devait
revenir à 20 heures.
M. le Président, nous avions demandé une commission
parlementaire pour entendre non seulement le président de l'UMRCQ, mais
aussi tous les autres intéressés, comme l'Union des
municipalités du Québec. Nous n'avons pas été les
seuls à le demander; les maires exigeaient une commission parlementaire
dans les télégrammes qu'ils ont adressés au gouvernement,
ils voulaient se faire entendre même avant la deuxième lecture.
Nous n'avons pas pu obtenir cette commission parlementaire avant la
deuxième lecture. Nous avons été contraints d'entendre
seulement un témoin, M. Asselin, après la deuxième
lecture. Non seulement nous n'avons pas eu l'occasion d'entendre tous ceux qui
voulaient l'être, mais on nous place maintenant dans la position
où le seul témoin que nous avions convenu d'entendre, pour une
raison ou une autre, ne s'est pas présenté. Évidemment,
quelqu'un a dû mal l'informer ou il avait peut-être l'impression
qu'on ne revenait pas à 20 heures.
Il me semble, M. le Président, que nos droits ont
été vraiment lésés non seulement parce que nous
étions limités à un seul témoin, mais aussi parce
qu'on nous a accordé une période de temps insuffisante pour
entendre le témoin. Je pense que tous les parlementaires présents
à cette commission seront d'accord pour dire que M. Asselin avait des
propos très pertinents et des recommandations très positives
à faire quant à l'amélioration, à la bonification
du
présent projet de loi et il serait malheureux que, pour une
raison ou une autre, on ne puisse pas entendre davantage les
représentations de M. Asselin.
Nous attendions M. Asselin. Si vous regardez à la barre des
témoins, tout a été mis en place: le pot d'eau rempli, les
verres. On attendait le témoin. On ne remplit pas un pot d'eau...
Une voix: La chaise est là.
M. Ciaccia: Les chaises sont toujours là, mais tout le
nécessaire a été fait pour accommoder le témoin. Il
y avait certainement quelqu'un qui l'attendait. C'était
assurément l'intention de cette commission de continuer à
interroger et à entendre le témoignage de M. Asselin. Il serait
malheureux...
Une voix: Combien malheureux!
M. Ciaccia: ...qu'on ne puisse plus le questionner, qu'on ne
puisse entendre complètement les représentations qu'il avait
à nous faire. On avait d'autres questions à lui poser. C'est un
projet de loi très important, car plusieurs maires du Québec ont
demandé une commission parlementaire. L'Union des municipalités
du Québec a déposé un mémoire qui demande le
retrait du projet de loi. Ce serait refuser de prendre nos
responsabilités que de ne pas insister pour qu'il soit ici afin qu'on
puisse le questionner. Je crois que c'est un reproche qui pourra être
adressé à cette commission parlementaire si le seul témoin
qu'on avait convenu d'entendre n'est pas présent.
Nous connaissons toutes les objections qui ont été
soulevées sur le projet de loi 38. Ce qui affecte les
municipalités, c'est l'arbitraire du projet de loi; comme le
témoin l'a déjà souligné, la possibilité de
taxes additionnelles, l'ingérence. Voilà différents
aspects du projet de loi qui pourraient affecter négativement les
municipalités. Je crois qu'il faut absolument aller au fond. Il faut
questionner le plus possible M. Asselin pour obtenir plus d'informations de
lui. Je crois que c'est la moindre des choses que le ministre pourrait
accepter. Jusqu'à maintenant, je crois qu'on n'a pas eu la collaboration
du ministre. Normalement, c'est le genre de projet de loi pour lequel on aurait
dû avoir une commission parlementaire avant la deuxième lecture
pour avoir des représentations et peut-être effectuer d'autres
amendements sur des articles très arbitraires et très difficiles
qui sont contenus dans le projet de loi.
M. le Président, je crois qu'en toute décence on devrait
absolument ajourner, demander à M. Asselin de revenir pour qu'on puisse
le questionner, parce qu'on a beaucoup de questions sur les différents
aspects du projet de loi. Je n'avais pas complété mes questions
à M. Asselin. J'avais d'autres questions à lui poser. C'est pour
cette raison que je lui avais dit, après la suspension à 18
heures: On va se revoir à 20 heures. Il m'avait assuré qu'il
serait là.
M. le Président, c'est un précédent assez
dangereux. Le témoin n'est pas libéré par la commission
parlementaire et il doit y avoir une raison pour laquelle il est parti. Il doit
y avoir une raison. M. Asselin est un avocat. À moins que quelqu'un ne
lui ait dit qu'on n'avait plus besoin de son témoignage, il serait
revenu à 20 heures. Il a certainement dû être informé
par quelqu'un que ce n'était pas nécessaire de revenir. Si tel
n'est pas le cas, le fait demeure qu'il n'est pas ici. Il n'a pas
été libéré par la commission parlementaire et je
crois, pour préserver les droits et les privilèges de cette
commission, qu'on ne peut pas le permettre. Je pense que cela pourrait
créer un précédent pour l'avenir, parce que n'importe qui
pourrait venir en commission, décider de s'en aller, décider
qu'il ne veut plus témoigner et qu'il ne veut plus se faire questionner.
Je ne dis pas que c'est le cas pou? M. Asselin, mais cela pourrait être
interprété ainsi à l'avenir. Je pense que, pour
préserver les droits de cette commission, nous devrions ajourner,
demander à M. Asselin de revenir ici pour ne pas établir un
précédent. Une fois que quelqu'un accepte de témoigner
devant la commission parlementaire - il n'était pas obligé de
venir - une fois rendu ici, il est le témoin de la commission
parlementaire et il ne devrait pas avoir l'opportunité
unilatéralement de quitter et de ne pas revenir. Je crois que le projet
de loi est trop important pour permettre un tel geste et pour que nous n'ayons
pas le droit de questionner M. Asselin.
Le député de Bourassa me mentionne qu'il n'a même
pas questionné M. Asselin. C'est pour cela. On va le faire venir. Vous
aurez l'occasion de le questionner. C'est le seul témoin. Il y a des
aspects du projet de loi qui sont très importants. Il nous a dit, je
crois, qu'il représentait 80% de tous les élus municipaux du
territoire. C'est ce qu'il nous a dit.
M. Léonard: Vous ne saviez pas cela?
M. Ciaccia: Non, je ne le savais pas, parce que je ne suis pas un
expert des lois municipales. J'assiste à cette commission parce que
c'est un projet de loi important qui peut affecter beaucoup de
municipalités, et c'est un témoin assez important. C'est le seul
que nous avions. Pour ces raisons, je demanderais au côté
ministériel, en toute décence, pour préserver les droits
des parlementaires et les droits de la commission, de voter pour cette
motion
d'ajournement jusqu'à ce que M. Asselin puisse venir
témoigner devant notre commission.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx.
M. Rivest: Je voudrais vous demander une directive, M. le
Président. Je m'excuse auprès de mon collègue.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je comprends qu'en vertu du règlement il n'y a
qu'un intervenant sur une telle motion. Je vous pose la question, M. le
Président, sous forme de demande de directive. Quel article?
Une voix: 157.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, si vous voulez poursuivre.
M. Rivest: Oui, simplement une directive. J'ai entendu le
député de Mont-Royal. Étant donné le sujet qui est
discuté et son importance, est-ce que mes collègues seraient
d'accord pour que, de consentement, on puisse permettre à tous les
députés de la commission d'intervenir sur la motion d'ajournement
et de suspendre l'application de l'article 147, parce que cela pourrait
apporter, M. le Président, un éclairage peut-être
intéressant?
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! Cela va. M.
le député de Jean-Talon, il n'est même pas question de
consentement dans le cas présent.
M. Rivest: Mais ils peuvent consentir. Ce n'est pas à vous
de dire cela, M. le Président. On ne sait jamais.
Des voix: Consentement.
Une voix: Le ministre est d'accord, je pense.
M. Rivest: Un gars a le droit de s'essayer.
Le Président (M. Desbiens): C'est cela, c'est fait. M. le
député de Groulx.
M. Élie Fallu
M. Fallu: M. le Président, j'espère qu'en vertu de
l'article 77, lors de son droit de réplique, le proposeur, le
député de Mont-Royal, trouvera de meilleurs arguments pour nous
convaincre de la nécessité de sa motion d'ajournement.
J'aimerais, d'abord, rappeler à la commission que le
président de l'UMRCQ était ici de son plein gré et non pas
à la suite d'une convocation en bonne et due forme comme une commission
est habilitée à en faire. Il nous a quittés, comme il
était venu, de son plein gré. Je le répète, cette
distinction est vraiment importante parce qu'elle a un fondement juridique dans
notre règlement. Nous n'avons pas convoqué le témoin. Il
est venu de son plein gré. Quels sont les motifs qui ont fait que M.
Asselin nous a quittés? Je n'ai, comme vous, que des hypothèses.
Donc, on n'a pas à retenir quoi que ce soit, puisqu'il n'est pas ici
pour répondre.
Une voix: II n'est pas à blâmer.
M. Fallu: Toutefois, M. le Président, je ferai valoir
qu'une telle motion d'ajournement est inutile du moment que le
témoignage du président est suffisamment complet pour que nous
n'ayons même pas la peine de requérir d'aucune façon sa
présence parmi nous. En effet, rappelons qu'il a fait un exposé
très éloquent de son point de vue, exprimant, notamment, l'appui
complet qu'il donnait au gouvernement pour que le Québec, l'une des
provinces du Canada, affirme son droit inaliénable, inscrit dans la
constitution, d'exercer les juridictions qui sont siennes et qu'en
conséquence, par un projet de loi, il indique aussi les sanctions qu'il
entendait prendre contre quiconque contrevenait à la constitution et
même à la loi du Québec. Cet exposé fut même
souligné par le dépôt d'un mémoire. Je pourrais
retenir le tout dernier paragraphe du mémoire, qui est peut-être
le plus important, qui affirmait, justement, avec force non seulement cette
prédominance du Québec, mais également cette
volonté qu'ont les municipalités locales de voir le gouvernement
fédéral signer avec le Québec une entente.
De plus, il a proposé un certain nombre d'amendements,
très exactement sept ou huit.
Une voix: Huit.
M. Fallu: Huit amendements qui parlent d'eux-mêmes. Il ne
les a pas proposés en termes légaux, sous une forme de
rédaction qu'il laisse aux légistes, mais, néanmoins, dans
une écriture suffisamment claire pour que l'objet de ses demandes puisse
être facilement traduit en mesures législatives.
Il a, par la suite, été longuement interrogé, comme
le veut la coutume. Permettez-moi de vous rappeler que le ministre,
député de Labelle, a pu l'interroger longuement, que le
député de Laprairie l'avait d'abord interrogé pendant
treize minutes et demie. Il est revenu à la charge par la suite pour
compléter son temps. Par
la suite, il y a eu le député de Bellechasse, le
député de Saint-Laurent, le député de Mont-Royal,
le député de Gatineau. Vous-même, M. le Président,
comme député de Dubuc, vous avez participé à ce
débat, alors que vous étiez membre de cette commission et non
pas, comme ce soir, président de nos débats. Vous savez fort
bien, M. le Président, que, quant à vous, vous n'avez vraiment
pas abusé du temps, puisque vous aviez une très courte
question... (21 h 15)
M. Rivest: Question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Parlant d'abus du temps, le député a
maintenant écoulé sa période de dix minutes.
Le Président (M. Desbiens): Non, cela fait sept
minutes.
M. Rivest: M. le Président, c'est un "filibuster".
Le Président (M. Desbiens): Excusez, il y a cinq minutes
d'écoulées ou un petit peu plus.
M. Fallu: Je considère donc, M. le Président, que
le témoignage de M. Asselin était complet. D'ailleurs, je prends
à témoin tous mes collègues qui étaient là
cet après-midi; disons que je ne prends pas à témoin le
député de Jean-Talon, qui était à Montréal,
semble-t-il. M. Asselin a notamment, vers la fin de notre séance,
affirmé au député de Saint-Laurent - je le cite de
mémoire - qui lui posait une question qui avait déjà
été posée par trois collègues
précédents et, notamment, par l'intervenant
précédent: Je vous l'ai déjà dit et je l'ai dit
tout à l'heure au député de Mont-Royal, j'ai
déjà tout expliqué; si vous voulez avoir les
détails, demandez-les-lui.
Une voix: C'est vrai, c'est vrai.
M. Fallu: Voilà ce que c'est presque au texte. On peut
donc dégager de là que son témoignage devenait
répétitif du fait que les questions elles-mêmes
l'étaient, et d'une façon incisive, de surcroît. Nous
n'avons, malheureusement, pas eu le temps de saluer à son départ
le président de l'UMRCQ. C'est peut-être la seule chose que je
regrette. Néanmoins, comme la montre du président semblait nous
indiquer l'heure, il a donc fallu lever la séance et, de ce fait, M.
Asselin s'est cru dégagé de l'engagement qu'il avait
lui-même accepté de venir témoigner devant cette commission
alors qu'il n'était pas requis de le faire.
Pour ces raisons, M. le Président, jugeant donc que ce serait
superfétatoire de l'entendre à nouveau dans les mêmes
termes qu'il s'est déjà exprimé, il nous faut donc
refouler sans hésitation cette motion d'ajournement qui, à toutes
fins utiles, ne fait que retarder l'essentiel de nos travaux puisque nous
devrions déjà, à cette heure-ci avoir entamé
l'étude de l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que la motion est
adoptée?
M. Ciaccia: Non.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais avoir mon droit de
réplique?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, sur une question de règlement.
M. Maciocia: Est-ce que je pourrais savoir si le
député de Groulx a épuisé son temps, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): Non, il a huit minutes
d'écoulées.
M. Maciocia: Est-ce que je pourrais profiter des deux minutes qui
restent, M. le Président?
Le Président (M. Desbiens): Non, M. le
député de Viger. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais, selon l'article 77, M. le
Président, exercer mon droit de réplique?
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. le
député de Mont-Royal, vous avez dix minutes.
M. John Ciaccia (réplique)
M. Ciaccia: On entend toutes sortes de choses du
côté ministériel, spécialement sur la loi 38,
spécifiquement, en commission parlementaire. Le député de
Groulx nous dit que le témoignage de M. Asselin était complet.
Franchement, j'espère que vous avez d'autres arguments que
ceux-là. Le témoignage était complet? Comment pouvez-vous
décider si le député de Jeanne-Mance n'avait pas d'autres
questions sur d'autres articles? Il était inscrit. Comment pouvez-vous
décider d'avance du genre d'information qu'un autre député
voulait? Je pense que cela trahit l'esprit de votre projet de loi.
M. Tremblay: Question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly, sur une question de règlement.
M. Tremblay: En vertu de quel article parle le
député de Mont-Royal?
Le Président (M. Desbiens): L'article 77.
M. Tremblay: L'article 157 paragraphe 1 et 2 est très
clair, M. le Président, cela dit qu'un représentant de chaque
parti reconnu...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: ...peut prononcer un discours de dix minutes.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mont-Royal, vous avez la parole.
Une voix: On te l'expliquera après la commission.
Une voix: Le président est à l'autre bout.
M. Ciaccia: J'espère que l'interruption du
député de Chambly ne sera pas prise sur mon temps.
Le Président (M. Desbiens): Non.
M. Rivest: C'est un "filibuster", M. le Président, je vous
préviens.
M. Ciaccia: Comment pouvez-vous en toute décence dire
qu'on en avait fini avec le témoin et qu'on ne pouvait plus rien
entendre? Quand vous vous référez au député de
Saint-Laurent et aux réponses de M. Asselin, c'était strictement
sur un article, soit l'article 12. Cela ne voulait pas dire que toutes les
questions avaient été complètement épuisées
par le député de Saint-Laurent.
M. le Président, je n'aurais pas voulu invoquer l'article 153
parce que je pense bien qu'il n'y a pas un refus de la part de l'intervenant de
témoigner. Le fait qu'il soit ici de son propre gré ne change
absolument rien. Il aurait pu être convoqué, d'après le
règlement, devant la commission parlementaire. Et, s'il avait
été convoqué, il aurait été assujetti
à tous les règlements de la commission parlementaire. Mais du
fait qu'il vienne ici, même de son propre gré, dès qu'il
est ici, il est assujetti à tous les règlements de la commission
parlementaire. Je n'aurais pas voulu invoquer l'article 153. Je vais vous le
lire, M. le Président. Vous connaissez cet article 153, mais
peut-être qu'il y a des députés ministériels qui ne
connaissent pas la teneur de l'article 153. Il dit: "Lorsqu'une commission
élue a requis une personne de se présenter devant elle pour s'y
faire entendre ou pour produire des documents et que cette personne refuse de
le faire, la commission fait rapport de ce refus au président et
celui-ci prend les moyens nécessaires pour que la demande de la
commission soit satisfaite." On pourrait même interpréter le
départ de l'invité comme quoi il refuse de répondre. Je ne
le fais pas, mais ce serait une façon de l'interpréter.
La raison pour laquelle je souligne cet article, c'est pour
démontrer l'importance qu'on doit attacher à la présence
d'un invité à la commission parlementaire et que cet
invité ne peut pas, de son propre gré, décider qu'il ne
retournera pas à la commission parlementaire. On ne sait pas s'il l'a
décidé lui-même de son propre gré ou si c'est
quelqu'un qui le lui a dit. Alors, ce serait bon de le savoir. Une des
façons de le savoir, ce serait de le reconvoquer. On ne peut pas
l'obliger, mais on pourrait certainement l'inviter à venir se
présenter à la commission parlementaire afin qu'on sache
exactement ce qui s'est produit après 18 heures.
M. le Président, je continue à soutenir qu'il y a d'autres
questions sur le projet de loi 38 auxquelles M. Asselin pourrait
répondre. Il y a d'autres intervenants, il y a d'autres membres de cette
commission, du côté de l'Opposition, qui ont des questions
très pertinentes à lui poser; il nous a déjà fait
part de certains amendements qu'il veut voir apporter, qu'il suggère au
ministre d'apporter au projet de loi. C'est important pour bonifier la loi.
À la suite de mes questions, il avait même suggéré
d'autres amendements possibles. Alors, il est fort possible que, s'il
était ici ce soir ou si on l'invite et qu'il revient à la
commission, peut-être il aurait d'autres suggestions ou recommandations
à faire sur d'autres articles du projet de loi, qui ne changeraient pas
la juridiction du Québec, qui ne changeraient pas les pouvoirs du
Québec en matière d'affaires municipales, mais qui pourraient
vraiment protéger les municipalités contre le pouvoir abusif que
le gouvernement propose d'inclure dans le projet de loi.
Il n'y a aucune raison pour ne pas ajourner nos travaux afin d'entendre
l'invité. Le projet de loi est trop important. On n'a pas invité
M. Asselin après l'étude article par article; on l'a
invité avant l'étude article par article. Il y avait une raison
importante pour cela; c'est parce qu'on voulait avoir son point de vue, ses
recommandations avant de commencer l'étude du projet de loi. Il ne sert
à rien d'avoir certaines opinions après que les articles auront
été adoptés par la majorité ministérielle et
qu'ils n'auront pas
eu le bénéfice d'entendre les opinions de ceux qui vont
être directement affectés par le projet de loi.
M. Rivest: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue.
M. Ciaccia: Vous pouvez m'interrompre, mon cher
collègue.
M. Rivest: Une question de règlement, parce que je
pense...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Je ne voudrais pas bâillonner mon
collègue, le député de Mont-Royal, ce serait inconvenant.
Mais les droits du parlementarisme vont au-delà des allégeances
partisanes et, à ma connaissance, le député de Mont-Royal,
en commission élue, n'a absolument pas de droit de réplique. Le
député de Mont-Royal est dans la plus pure
illégalité depuis au moins quatre minutes.
Le Président (M. Desbiens): Alors, cela a
été de consentement implicite. M. le député de
Mont-Royal, poursuivez.
M. Rivest: Mais est-ce que j'ai raison techniquement, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): Techniquement, oui.
M. Rivest: Ah, je savais!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bissonnet: Est-ce que le député de Jean-Talon
est enregistré à la commission comme membre ou intervenant?
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: On va en parler au caucus, demain!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Sur la question de règlement, tout à
l'heure, quand je suis intervenu, vous m'avez rappelé à l'ordre
et vous aviez raison puisque l'article 157 paragraphe 1 et 2 prévoit une
motion d'ajournement dans le cas d'une commission plénière, et
nous sommes en commission permanente.
M. Rivest: Lisez donc l'article 77; il a le droit de
réplique.
M. Tremblay: Selon l'article 77, effectivement, il a le droit de
réplique. Nous devons permettre au député de Mont-Royal de
s'exprimer en toute liberté.
Le Président (M. Desbiens): Alors, cela va. C'est une
erreur technique de ma part. Vous aviez le droit de réplique, puisque
l'article 77, qui s'applique à l'Assemblée nationale, s'applique
également en commission. Alors, M. le député de
Mont-Royal, si vous voulez poursuivre.
M. Ciaccia: Je suis surpris, M. le Président.
M. Rivest: Je suis content que vous ayez dit que vous aviez fait
erreur, parce que, d'habitude, je ne me trompe pas.
M. Ciaccia: Je suis surpris de voir un ancien conseiller de
premier ministre qui ne connaît pas son règlement mieux que cela,
mais on va être assez indulgent à son égard, on va le
référer à l'article 77.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal, si vous voulez poursuivre votre intervention.
M. Ciaccia: Ce n'est pas facile, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: ...quand je me bats des deux côtés,
comme d'habitude. C'est toujours mon sort, M. le Président: il faut que
je me batte avec les gens en avant de moi et avec les gens à
côté de moi. Mais, sur le principe, j'ai raison.
M. Rivest: C'est moi qui ai écrit cela.
M. Tremblay: M. le Président, M. le Président,
à l'ordre, franchement!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal, vous avez la parole, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Oui. Merci, M. le Président. Alors, M. le
Président, je ne veux pas prolonger le débat plus qu'il ne le
faut. Il semble que je ne puisse pas convaincre les représentants
ministériels de la nécessité d'ajourner pour inviter M.
Asselin...
Une voix: Le vote.
M. Ciaccia: ...mais je vais vous dire une chose. C'est un
précédent et cela, je le dis en toute sincérité. Le
ministre veut absolument faire adopter son projet de loi. Il va pouvoir le
faire, qu'on invite M. Asselin
ici ou non. Mais je suis sincèrement convaincu que c'est un
précédent assez dangereux auquel on fait face, soit qu'un
invité qui, de son propre gré ou de l'avis d'autres personnes,
mais sans avoir été libéré par la commission,
quitte sans que la commission en fasse état et sans qu'on le
réinvite devant cette commission. Je pense que si on n'accepte pas la
motion d'ajournement, on crée un précédent à savoir
qu'à l'avenir, chacun qui viendra devant cette commission pourra
décider, de son propre gré, de quitter. Cela peut ouvrir la porte
à toutes sortes d'abus. Seulement pour cette raison - parce que votre
projet de loi, j'en suis convaincu, vous allez l'avoir quand vous le voudrez...
Une voix: Non, non.
M. Ciaccia: ...par les règlements de l'Assemblée
nationale; c'est le gouvernement qui est maître d'oeuvre là-dessus
- au moins vous aurez maintenu un principe. Le ministre parle de maintenir le
principe de la juridiction du Québec dans son projet de loi. Oui, il
veut maintenir le principe de la juridiction du Québec, c'est pour cela
qu'il se bat sur le projet de loi.
M. Léonard: Pour l'administration publique.
M. Ciaccia: Mais je vous dis que, dans ma motion, je veux
maintenir le principe que l'invité qui était devant cette
commission et qui est reparti sans être libéré par la
commission devrait être ici devant nous. On devrait donc ajourner nos
travaux jusqu'à ce qu'il soit reconvoqué devant la commission
parlementaire.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que la motion est
adoptée?
M. Saintonge: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: ...vu l'importance du sujet, je demanderais un vote
enregistré.
Le Président (M. Desbiens): Alors, un vote
enregistré. M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Fallu (Groulx)?
M. Fallu: Contre. Des voix: Ah!
Le Président (M. Desbiens): M.
Lachance (Bellechasse)?
M. Lachance: Contre, M. le Président. Une voix:
C'est un ancien maire.
Le Président (M. Desbiens): M.
Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Maciocia (Viger)?
M. Maciocia: Deux fois pour. Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Desbiens): M.
Saintonge (Laprairie)?
M. Saintonge: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M.
Tremblay (Chambly)?
Une voix: Abstenez-vous, abstenez-vous! M. Tremblay:
Contre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Léonard
(Labelle)?
M. Léonard: Contre, M. le Président.
Des voix: Ah!
Une voix: II ne devrait pas voter, lui.
Le Président (M. Desbiens): Alors, cinq contre et quatre
pour. La motion est rejetée. J'appelle l'article 1 du projet de loi
38.
M. Rivest: C'est une victoire morale. (21 h 30)
M. Saintonge: M. le Président, avant...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: ...qu'on appelle l'article 1, je voudrais tout
simplement faire remarquer que l'Union des municipalités du
Québec a envoyé un mémoire pour dépôt
à la commission parlementaire, qui a d'ailleurs été
inscrit sous la cote IM, accompagné d'un communiqué dans lequel
on retrouve une résolution qui est identifiée sous la cote IMA M.
le Président, est-ce que je pourrais bénéficier d'un droit
de parole pour prendre le temps de lire à la commission le contenu
du mémoire de l'UMQ?
Le Président (M. Desbiens): Un mémoire.
M. Saintonge: Je ne suis pas convaincu, que dans un tel cas,
même si on mentionne qu'on sait lire, on a pu prendre en
considération de façon absolue ledit mémoire.
M. Léonard: M. le Président, qu'on appelle
l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je suggère qu'on appelle l'article 1.
Je pense que c'est un mémoire déposé.
Le Président (M. Desbiens): C'est cela. C'est un
dépôt.
M. Léonard: Nous en avons pris connaissance. C'est un
dépôt. Qu'on appelle l'article 1.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, il s'agit d'un mémoire pour dépôt et en aucune
circonstance, il n'y a aucune coutume...
Une voix: Oui, oui, il y en a une.
Le Président (M. Desbiens): Au contraire, la coutume veut
qu'ils soient tout simplement déposés. Tous ceux et celles qui
désirent en prendre connaissance peuvent le faire au Secrétariat
des commissions.
M. Saintonge: M. le Président, dans ce cas, j'aurais quand
même une demande à formuler à cet effet. Pour les fins de
l'enregistrement de tout le processus parlementaire et pour s'assurer que les
gens qui consulteront le journal des Débats puissent savoir la teneur
dudit mémoire de l'Union des municipalités, je ferais motion pour
que ce mémoire, ainsi que son annexe IMA soient, quand même,
reproduits en annexe au journal des Débats, avec les débats de la
présente commission.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: Je pense qu'il n'est pas nécessaire de vous
rappeler à vous, un président, un vieux routier de
l'Assemblée nationale, les habitudes des commissions parlementaires et,
notamment, les consignes qui ont été données par la
présidence quant à la tenue des commissions parlementaires en ce
qui a trait au dépôt de mémoires et à leur
non-enregistrement au journal des Débats. Vous hochez de la tête
positivement.
J'attends donc l'expression de votre opinion verbale.
Le Président (M. Desbiens): En effet, il y a
déjà quelques mois que le président de l'Assemblée
nationale a exprimé par lettre que les mémoires
déposés en commission parlementaire n'étaient pas inscrits
au journal des Débats, que les citoyens et les citoyennes pouvaient en
obtenir des copies au Secrétariat des commissions ou encore que ces
mémoires pouvaient être consultés à la
bibliothèque ou au Secrétariat des commissions après un
certain temps, puisqu'on n'en garde pas des copies multiples longtemps.
J'appelle l'article 1, s'il vous plaît!
M. Saintonge: M. le Président...
M. Léonard: M. le Président, article 1.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: ...je voudrais présenter, avant l'appel de
l'article 1, une motion préliminaire formulée comme suit: "Que
les députés qui ne sont ni intervenants, ni membres de la
commission permanente des affaires municipales puissent s'y faire entendre sans
devoir obtenir la permission et ce, pour toutes les séances que tiendra
ladite commission relativement à l'étude article par
article."
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, M. le
député de Laprairie!
Une voix: Relis-le donc, parce que j'ai perdu le fil.
M. Saintonge: Je vais reprendre ma motion, M. le
Président: "Que les députés qui ne sont ni intervenants,
ni membres de la commission permanente des affaires municipales..." Je vais
attendre, M. le Président.
M. Rivest: Cela pourrait redonner la parole au
député de Hull. Vous n'avez pas réalisé toutes les
conséquences de la motion dans votre précipitation. Si tu n'as
pas le droit de réplique...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie, allez-y.
Motion pour accorder le droit de parole à tous
les députés
M. Saintonge: Donc, la motion se formule comme suit: "Que les
députés qui ne sont ni intervenants, ni membres de la commission
permanente des affaires municipales puissent s'y faire entendre sans
devoir obtenir la permission et ce, pour toutes les séances que
tiendra ladite commission relativement à l'étude article par
article du projet de loi 38."
Le Président (M. Desbiens): Est-ce qu'il y en a qui
veulent se faire entendre sur la recevabilité? Vous avez une copie de la
motion?
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Sur la recevabilité de
la motion? Y a-t-il consentement pour la présentation de la motion du
député de Laprairie?
Une voix: Oui, consentement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, j'aimerais savoir sur quel
article de notre règlement on pourrait se baser pour accepter une telle
motion.
M. Rivest: Mon pauvre ami, il y a un livre. Lisez-le.
M. Lachance: Oui, mais le président est payé pour
le lire.
Des voix: Oh:
M. Ciaccia: II a des ambitions, lui.
M. Rivest: M. le Président, question de règlement.
Accroc au respect de la présidence. Oh! Oh!
Une voix: II insulte le président!
Une voix: C'est une insulte à la présidence.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre!
Une voix: II a des ambitions, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Je reprends ma question: Y
a-t-il consentement pour entendre des députés autres que les
membres et les intervenants à la commission?
Des voix: Non, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a pas de
consentement.
M. Maciocia: Est-ce qu'elle est recevable, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): Oui. Y a-t-il des intervenants
sur la recevabilité?
M. Rivest: On peut suspendre, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, notre règlement nous
permet de faire des motions préliminaires. Si vous examinez les travaux
des autres commissions parlementaires, ce n'est pas un précédent.
Cette motion a déjà été faite dans le cadre de
plusieurs commissions parlementaires; elle a été acceptée
par les présidents et c'est tout à fait réglementaire.
Vous pouvez vous référez à l'article 3 qui touche les us
et coutumes et à l'article sur les motions. À ma connaissance,
cela n'a jamais été refusé à aucune commission.
M. Fallu: C'est courant, M. le Président.
Une voix: Le député de Groulx a mentionné
que c'était courant, M. le Président.
M. Tremblay: Elle est recevable. C'est une vieille tactique.
Une voix: Ah non! C'est une demande démocratique.
Une voix: C'est un droit fondamental.
M. Rivest: C'est garanti par la Charte canadienne des droits.
M. Ciaccia: Je voudrais vous référer aussi, M. le
Président, à l'article 148, qui dit: "Tous les
députés ont accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont
pas membres et les autres personnes doivent obtenir la permission de la
commission pour s'y faire entendre." Le but de cette motion est d'obtenir la
permission de cette commission pour s'y faire entendre.
M. Rivest: Et c'est à ce moment-ci qu'il faut la faire. Si
on le fait après...
M. Ciaccia: Comme le souligne très brillamment mon
collègue, le député de Jean-Talon, c'est à ce
moment-ci qu'il faut la faire; autrement, on ne pourra pas demander
l'intervention de ces députés sur les articles qui seront
étudiés.
M. Tremblay: Excusez-moi, M. le Président, mais le
député est en train d'errer. Un député peut
venir à tout moment à une commission. Cela s'est
déjà vu, il y a des précédents nombreux où
un député s'est approché de la table en disant: Je
voudrais me faire entendre. Là, la commission accepte ou refuse.
M. Ciaccia: Là, vous allez sur le fond. À ce
moment-là, c'est une situation totalement différente. La
commission peut refuser. Nous voulons savoir d'avance, par cette motion, si
tout député aura le droit de se faire entendre à n'importe
quel moment. Je ne veux pas aller sur le fond de la motion. Parce que cela
affecte toutes les municipalités du Québec, on voudrait que tous
les députés puissent avoir ce droit. Pour ce faire, il faut
présenter une motion et obtenir le consentement maintenant. On ne veut
pas demeurer à la discrétion de la commission au jour le
jour.
M. Tremblay: Vous présumez que notre décision
pourrait être négative, si je comprends bien.
M. Ciaccia: Vous avez le droit de refuser la permission, selon
l'article 143.
M. Tremblay: Voilà!
M. Ciaccia: Vous en avez le droit.
M. Tremblay: On l'utilisera au moment opportun.
M. Bissonnet: Non, non, non.
M. Ciaccia: On ne prendra pas cette chance.
M. Bissonnet: Des chèques en blanc, vous en avez assez
eu.
M. Tremblay: C'est ce que vous nous demandez, si je comprends
bien, un chèque en blanc.
M. Bissonnet: On veut que vos confrères participent
à tout ce débat si important pour toutes les municipalités
du Québec. Ce n'est pas compliqué.
M. Tremblay: Franchement!
M. Bissonnet: II y a tellement de maires parmi vos
confrères. On les attend.
M. Tremblay: J'étais d'accord sur beaucoup de choses dont
vous avez parlé tout à l'heure, M. le député de
Mont-Royal mais là, non.
M. Ciaccia: Vous débattrez cela sur le fond de la
motion.
M. Rivest: Elle est recevable.
M. Tremblay: Pour être recevable, elle l'est, à mon
avis. Il y a au moins quinze commissions qui l'ont reçue. C'est une
vieille tactique.
M. Ciaccia: Vous avez raison.
M. Rivest: Votre terme est péjoratif.
M. Tremblay: Même que je suis un peu déçu des
membres de l'Opposition qui n'ont pas su trouver des moyens dilatoires un peu
plus originaux.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Je requiers, M. le Président, que vous
indiquiez à tous les membres de cette commission de faire preuve de
sérieux puisqu'il y a un journaliste qui vient d'entrer dans la
salle.
M. Rivest: M. le Président, il y a un journaliste de
Radio-Canada ici, M. Rosaire Pelletier, qui est un expert en droit
parlementaire. Il pourrait vous aviser, également. C'est un vieux
journaliste, un vieux renard de la procédure parlementaire.
M. Fortier: II remonte au temps de Bourassa.
M. Tremblay: II peut aussi s'exprimer à la commission.
M. Rochefort: M. le député d'Outremont, on voudrait
l'entendre; elle était bonne, celle-là. Avez-vous dit: II remonte
au temps de Bourassa?
M. Fortier: Bien oui. C'est un vieux journaliste.
M. Rivest: Pire que cela, il était ici au temps de
René Lévesque, du temps où il était ministre
libéral.
M. Rochefort: N'essayez pas de racheter le député
d'Outremont. On fait motion pour faire parvenir copie de cela à M.
Bourassa.
Le Président (M. Desbiens): La motion est
présentée par le député de Laprairie; elle est
recevable.
M. Saintonge: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Vous avez la parole.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Je voudrais prendre
mon temps de parole pour expliquer le but de cette motion. On sait qu'en vertu
de l'article 148 de notre règlement il est stipulé: "Tous les
députés ont accès aux commissions, mais ceux qui n'en sont
pas membres et les autres
personnes doivent obtenir la permission de la commission pour s'y faire
entendre." Donc, puisque nous avons, par l'article 148.1 du règlement,
une disposition non équivoque, nous voudrions, par cette motion,
permettre à tous les députés de l'Assemblée
nationale de donner leur point de vue sur le projet de loi 38 et venir à
cette commission pour donner toutes leurs argumentations.
En fait, si je fais référence au débat qui est
intervenu lors de la deuxième lecture dudit projet de loi, ainsi que
lors du débat qui est intervenu sur la motion de report
présentée par mon confrère, le député de
Hull, je dois mentionner qu'à ma connaissance il y a environ, au
maximum, une quarantaine de députés qui ont pu intervenir lors du
débat en question. Seulement quarante députés ont pu
intervenir. Nous comptons actuellement à l'Assemblée nationale,
si je ne m'abuse, 119 députés, puisque deux
députées nouvellement élues feront leur entrée
vendredi de cette semaine. Je suis convaincu, M. le Président, que, sur
les 119 députés qui sont présents actuellement à
l'Assemblée nationale, s'il y en a 40 qui sont intervenus, il en reste
79 qui pourraient très bien nous donner leur point de vue sur ledit
projet de loi.
Une voix: Sauf le premier ministre, il est en Italie.
M. Saintonge: Oui, le premier ministre est en Italie, mais il
pourrait venir à cette commission parlementaire, maintenant, pour nous
donner son point de vue, nous révéler quelques secrets dont il a
peut-être pu s'enquérir là-bas et nous faire profiter de
cette grande expérience.
De toute façon, même à cela, dès vendredi,
dans l'Assemblée nationale et admissibles également à
venir aux commissions, mais n'ayant pas le droit de parole, se trouveront,
également, deux autres députées, les
députées nouvellement élues de Mégantic-Compton et
de Jonquière. Je maintiendrai qu'il pourrait être
intéressant, à ce moment, si vendredi nous sommes toujours en
commission parlementaire, de pouvoir nous enquérir des opinions de ces
deux nouvelles députées qui siégeront avec nous sur les
dispositions du projet de loi 38. (21 h 45)
Je ferai remarquer que je suis convaincu que ces deux
députées pourraient nous donner des éclaircissements assez
importants sur le projet de loi 38 si je prends en considération le fait
que, dans le comté de Mégantic-Compton, la candidate
libérale, qui est maintenant députée libérale du
comté, a dû, lors de la campagne électorale toute
récente, faire le tour de son comté. Dans le comté de
Mégantic-Compton, sans vouloir induire en erreur cette commission, il y
a 52 municipalités; alors 52 maires, 52 conseils municipaux, qui sont
directement concernés par le projet de loi 38. Il faut considérer
l'importance du projet de loi 38, considérer également que le
projet de loi 38 était dans l'actualité des affaires municipales
depuis le mois de juin dernier et encore beaucoup plus d'actualité au
cours des deux derniers mois puisque le ministre des Affaires municipales avait
fait connaître son intention dès la mi-novembre de faire adopter
son projet de loi avant la fin de la session. Le 18 - je ne voudrais pas me
tromper - octobre, lors de l'ouverture de la session, on avait quand même
demandé au leader du gouvernement... Non, le 18, on a
présenté une motion non annoncée pour demander au ministre
des Affaires municipales de retirer ledit projet de loi. Malheureusement, nous
n'avons pas eu le consentement unanime requis de la Chambre pour discuter de
cette motion. J'ai dû revenir sur ce sujet, en fait, le 15 novembre, lors
de la réouverture de la session, après le mois de vacances
accordé aux députés ministériels pour permettre au
Conseil des ministres de tenter d'établir une politique de relance. Je
posais donc une question directe au leader du gouvernement, dans laquelle je
lui demandais si c'était l'intention du gouvernement et du ministre des
Affaires municipales - lequel avait déposé le projet de loi le 21
juin dernier - de retirer ledit projet de loi 38. La réponse est venue
de façon rapide du leader du gouvernement, après consultation
avec le ministre. Je me souviens très bien, visuellement, dans ma
mémoire, que la réponse a été non équivoque
et ce fut: Non.
Dès cette époque, M. le Président, j'avais
également demandé au leader du gouvernement s'il pouvait
accepter, au niveau du gouvernement, de s'engager à convoquer une
commission parlementaire afin d'entendre les représentants du monde
municipal, les deux unions, l'Union des municipalités du Québec
et l'Union des municipalités régionales de comté et des
municipalités locales, de même que tout représentant des
villes ou tout autre intervenant dans le domaine municipal. J'avais
demandé que ces gens-là puissent être convoqués en
commission parlementaire pour, justement, venir donner leur point de vue au
ministre des Affaires municipales sur ledit projet de loi 38 qui était
qualifié, dès ce moment-là, de projet de loi
discrétionnaire, excessif, abusif, contraire à la
démocratie par l'ensemble du monde municipal. On a connu, à ce
moment-là, la réponse du leader du gouvernement qui m'a dit qu'il
refusait, en fait, de convoquer une commission parlementaire avant la
deuxième lecture, puisque c'était la demande formelle qu'on
présentait. À ce moment-là, il n'avait pas de
réponse précise à me donner; cela semblait s'orienter vers
un refus d'une telle
commission parlementaire. Cependant, il voulait garder une porte ouverte
pour entendre les représentants des unions avant l'étude du
projet de loi article par article.
Nous en sommes donc venus aujourd'hui à cet arrangement où
nous avons pu entendre les représentants de l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales nous donner leur point de vue là-dessus.
Nous avons, évidemment, pu constater que l'Union des
municipalités du Québec refusait de participer à un tel
processus qu'elle qualifiait de parodie de démocratie, demandait au
gouvernement de revenir sur sa décision et d'entendre, avant la fin de
la deuxième lecture, les représentants des unions, ce qui fut
refusé.
Mais le fait que tous les députés, qui ne sont ni
intervenants, ni membres de la commission permanente des affaires municipales,
puissent se faire entendre sans devoir obtenir la permission et ce, pour toutes
les séances de ladite commission, relativement à l'étude
article par article du projet de loi 38 permettrait, à mon point de vue,
une chose fondamentale au niveau du sens de la démocratie que nous avons
à respecter au Québec. Puisque tous les députés de
cette Assemblée représentent, en fait, dans chacun de leur
comté, généralement une ou plusieurs municipalités
-dans la plupart des cas, c'est même plus d'une municipalité - ce
serait absolument important que chacun des députés de cette
Assemblée puisse venir, dans le cadre de l'analyse de certains articles
précis du projet de loi 38, nous donner l'opinion des conseils
municipaux, des maires et des conseillers de leurs municipalités
concernant les différents articles du projet de loi 38.
Il est évident que, dans l'ensemble du Québec, l'Union des
municipalités et l'Union des municipalités régionales de
comté représentent - en fait, on le disait cet après-midi
- au-delà de 1600 municipalités. C'est donc un projet de loi
extrêmement important, puisqu'il pourra affecter directement un nombre
considérable de municipalités et, affectant ces
municipalités de façon directe, le projet de loi affectera tous
et chacun des contribuables, puisque nous savons que, certaines dispositions
incluses dans le projet de loi 38 sont extrêmement contraignantes pour
toutes et chacune des municipalités du Québec. En fait, le projet
de loi 38, tel que nous l'avons mentionné, est un projet de loi à
caractère pénal. Il pénalise les municipalités du
Québec en faisant en sorte que chacune d'elles pourrait être
victime, d'une certaine façon, d'un retrait de fonds de la part du
gouvernement du Québec si, à la discrétion du ministre, on
en arrivait à conclure que les municipalités ont pu
bénéficier de quelque avantage du gouvernement
fédéral à leur égard sans passer par les
formalités d'une entente précise.
M. le Président, il réapparaîtrait essentiel que
tous et chacun des députés de cette Assemblée puissent
venir nous dire exactement quelles sont les implications qu'eux-mêmes
constatent dans ce projet de loi, quelles sont les implications qu'ils ont pu
vérifier auprès des représentants de leurs
municipalités, quelles sont les implications qui sont contraignantes
pour ces municipalités, quelles sont les implications qui vont les
affecter et de quelle façon, et nous dire également si les maires
et les conseillers de toutes et chacune des municipalités du
Québec sont effectivement d'accord avec les dispositions d'un tel projet
de loi.
Nous avons vu, au cours du débat en deuxième lecture, que
certains députés du côté ministériel nous
mentionnaient que le ministre avait l'accord d'un certain nombre de
municipalités à ce sujet. J'aimerais bien, vis-à-vis de
certains articles précis du projet de loi qui sont totalement
discrétionnaires pour le ministre et pour le gouvernement, entendre tous
et chacun des députés nous dire que leurs municipalités
sont entièrement d'accord avec lesdites dispositions. Sans vouloir
présumer de toutes les réponses que nous pourrions avoir, j'avais
demandé au ministre de me citer une seule municipalité qui
s'était déclarée d'accord avec le projet de loi, qui
s'était déclarée entièrement d'accord avec des
dispositions aussi discrétionnaires que celles qu'on accordait au
gouvernement et au ministre des Affaires municipales par ledit projet de loi.
Je lui avait demandé si on pouvait m'indiquer une seule
municipalité du Québec qui s'était dite d'accord sur tout
cela. Malheureusement, j'attends encore une réponse positive. Si chacun
des 119 députés pouvait venir demain matin à cette
commission et nous éclairer là-dessus, je pense que cela pourrait
permettre au ministre de se rendre compte du voeu de l'ensemble des
municipalités du Québec; cela pourrait même permettre
jusqu'à vendredi que 121 députés de l'Assemblée
nationale puissent venir nous faire part des conclusions...
M. Rivest: 121 députés?
M. Saintonge: Oui, 121 à compter de vendredi, mon cher
confrère de Jean-Talon, puisque, vendredi, les deux nouvelles
députées libérales seront admises à la Chambre, les
députées de Jonquière et de Mégantic-Compton.
M. Rivest: Jonquière, c'est un comté
péquiste.
M. Saintonge: Ce serait intéressant de voir les
réactions que la nouvelle députée de Jonquière a pu
recueillir au cours de la
campagne électorale.
M. Rivest: De Francis Dufour, en particulier.
M. Saintonge: M. Francis Dufour, qui est président de
l'UMQ, a fait valoir son opposition à un tel projet de loi. Je pense que
c'est assez clair.
M. Rivest: C'est un bon gars.
M. Saintonge: II faut également se rappeler que, lors de
la campagne électorale, le premier ministre avait fait une sortie assez
virulente à l'égard, justement, du gouvernement
fédéral là-dessus. Il avait fait valoir que le projet de
loi 38 serait adopté de façon rapide. À Jonquière,
oui, l'avant-dernier dimanche de la campagne, il avait fait des
déclarations en ce sens que le gouvernement procéderait avec son
projet de loi. On nous dit souvent que l'ensemble des citoyens du Québec
devrait être d'accord avec les procédures que ce projet de loi
introduit. Je pense que le comté de Jonquière, qui comprend une
seule municipalité, a pu nous donner, d'une certaine façon une
espèce de référendum ou, à tout le moins, une
espèce de pouls de la population vis-à-vis du désir du
gouvernement d'aller de l'avant avec le projet de loi 38. Ce projet de loi,
à ma connaissance, a été discuté lors de
débats publics durant la campagne électorale dans
Jonquière. Je puis vous dire que le résultat de
l'élection, d'une certaine façon, a pu nous donner une indication
de ce que la population pouvait penser, en fin de compte, des dispositions du
projet de loi. Si la population de Jonquière s'est
déclarée contre les politiques du gouvernement et, plus
précisément, contre le projet de loi 38, je pense qu'on peut
l'assumer puisque c'était un point important de la campagne
électorale, d'autant plus que la municipalité de Jonquière
était visée d'une certaine façon par une question de
subvention qu'elle aurait pu recevoir si une entente avait pu être
conclue entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral pour permettre à la municipalité de
Jonquière de bénéficier d'une aide appréciable dans
le cadre d'un programme de relance de l'emploi. Cela m'apparaît assez
clair que dans ce cas, ce serait intéressant, à mon point de vue,
de pouvoir demander à la nouvelle députée de
Jonquière de s'adresser à cette commission pour nous donner son
point de vue là-dessus.
Dans Mégantic-Compton - mon collègue de Jean-Talon me le
rappelle, mais je l'ai noté tantôt - il y a 52
municipalités. Ces municipalités ont fait parvenir plusieurs
résolutions au ministre des Affaires municipales. Nous en avons
reçu quelques-unes à l'Opposition. Je ne pourrais pas vous
énumérer la totalité de ces résolutions, mais je
sais qu'une grande partie des municipalités du comté de
Mégantic-Compton ont fait parvenir la résolution que l'Union des
municipalités régionales de comté avait proposée
à ses municipalités membres, à savoir de demander au
ministre des Affaires municipales le retrait immédiat du projet de loi
38 qui était considéré comme excessif et totalitaire. On
demandait non seulement au ministre de retirer le projet de loi dès le
début de la session, mais bien plus que cela, dans ces
résolutions, on demandait dès le mois d'août, que le
ministre s'engage à le retirer dès la réouverture de la
session. Évidemment, le ministre a fait la sourde oreille à cette
demande. La demande a, d'ailleurs, été renouvelée, comme
je l'ai mentionné tantôt, le 15 novembre et, évidemment,
cela a été refusé de façon absolue et dictatoriale
par le ministre de considérer même la possibilité de
retirer un tel projet de loi.
M. le Président, nous avons dit tantôt que l'Union des
municipalités du Québec avait déposé à la
commission parlementaire, en fin de compte, un mémoire pour informer les
membres de cette commission parlementaire. Il serait intéressant que
chacun des députés puisse venir devant cette commission nous
donner son point de vue sur le contenu du mémoire de l'UMQ et nous dire
ce qu'il en pense réellement.
On nous disait à l'Assemblée nationale lundi
après-midi que, du côté ministériel plusieurs ont
été membres de conseils municipaux à titre de maires - le
député de Bellechasse en était un - ou à titre de
conseillers. Je pense que ces députés, qui ne sont pas membres de
la commission parlementaire - le député de Bellechasse est membre
de la commission parlementaire, mais il y en a d'autres - auraient des choses
à dire. Je pense au député de Laporte qui vient d'arriver
ici.
M. Rivest: II vient d'arriver probablement parce qu'il a entendu
parler de votre motion.
M. Saintonge: II n'est pas membre de la commission parlementaire,
mais il est un ancien maire de Saint-Lambert et il pourrait nous donner son
opinion en tant qu'ancien maire sur les dispositions du projet de loi 38. Mon
confrère, le député-maire de Verdun, n'est pas ici ce soir
à cause de certaines obligations; il n'est pas membre de la commission,
mais je peux vous dire qu'il pourrait être intéressant qu'il
puisse venir, à un autre moment, nous donner son opinion sur les
dispositions dudit projet de loi.
Enfin, j'aimerais entendre la majorité des députés
de l'Assemblée nationale et même la totalité des
députés nous dire ce qu'ils pensent du caractère
discrétionnaire du
projet de loi, du caractère discriminatoire du projet de loi, du
caractère déraisonnable du projet de loi, du caractère
abusif du projet de loi, du caractère imprécis du projet de
loi.
(22 heures)
M. Rivest: Qui a dit cela?
M. Saintonge: Ce sont des éléments que nous
retrouvons dans le mémoire de l'Union des municipalités du
Québec déposé devant cette commission. D'autres points
importants sont soulignés. Des députés ne sont
peut-être pas familiers avec les règles de droit pour analyser
certains des caractères que j'ai mentionnés
précédemment. Il serait intéressant d'entendre ce que
pense l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale sur
le fait que, dans ce projet de loi, on ne retrouve pas d'une façon
globale les règles élémentaires de justice naturelle. Il y
a donc une absence des règles élémentaires de justice
naturelle, tel que le souligne l'Union des municipalités du
Québec dans son mémoire, c'est-à-dire le droit
d'être entendu, le droit d'agir avec équité. Ce sont des
commentaires qu'on peut retrouver dans le mémoire de l'UMQ. Comme nous
n'avons pas eu l'occasion de l'entendre, il serait bon que chacun des
députés puisse venir à cette commission, que tous les
députés de l'Assemblée nationale puissent en prendre
connaissance et nous donner leur point de vue sur de telles choses.
Est-ce que j'ai écoulé mon temps, M. le
Président?
Le Président (M. Desbiens): Bien oui, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: En conclusion, M. le Président,
j'espère qu'une telle motion pourra être reçue par la
présente commission afin qu'on puisse réaliser si la
démocratie a toujours sa place et si le ministre des Affaires
municipales, qui se dit un ardent partisan de la démocratie, permettra
que le jeu de la démocratie s'exerce au niveau du Parlement, à
cette commission, afin que tous et chacun des députés puissent
lui faire part de leur point de vue. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Groulx.
M. Élie Fallu
M. Fallu: Nous siégeons ce soir en vertu d'un ordre de la
Chambre. Une commission parlementaire, c'est la prolongation de
l'Assemblée nationale elle-même. Or, nous siégeons en vertu
d'une réforme parlementaire qui a eu lieu en 1964. Il semble, ce soir,
que le député de Laprairie ait oublié une réforme;
il est, pour le moins, une réforme en retard. L'Assemblée
nationale, en 1964, avait établi les commissions parlementaires
précisément pour multiplier sa capacité de travail, d'une
part, et pour impliquer davantage les députés, notamment dans un
domaine, soit en remplacement de ce qu'on appelait à l'époque le
comité plénier ou la commission plénière. C'est
ainsi que nous nous sommes réunis, sur l'ordre de la Chambre, pour
étudier article par article le projet de loi 38. Voilà notre
fonction.
Ce qui me semble vraiment étrange quand on arrive encore avec
cette motion éculée, c'est qu'on s'en va vers une seconde
réforme de l'Assemblée nationale en parlant de revitalisation du
rôle du député, de réforme parlementaire et,
notamment, de nouvelles commissions parlementaires, toujours pour que ces
commissions parlementaires puissent travailler à l'étude des
projets de loi article par article. Or, on nous arrive avec un motion qui
ferait que la commission parlementaire des affaires municipales se
transformerait en Assemblée nationale, c'est-à-dire en commission
plénière, mais sous une autre forme.
M. le Président, je voudrais rappeler que nous sommes ici
à la commission parlementaire élue permanente des affaires
municipales. Tous les mots dans l'appellation, qui est à la fois une
définition de notre rôle, sont importants. Il s'agit d'une
commission parlementaire. C'est donc une émanation de l'Assemblée
nationale. Elle est élue. Nous avons donc été élus
par l'Assemblée nationale pour accomplir des fonctions. Nous avons
été élus. Ce n'est pas tout le monde qui est élu,
c'est un groupe restreint. C'est donc antinomique de vouloir proposer
qu'à une commission élue tous les membres de l'Assemblée
nationale viennent siéger, puisque, précisément, nous
avons été élus pour siéger en leurs nom et place et
que nous devrons faire rapport dans quelques jours lorsque nos travaux seront
complétés et, si possible, avant minuit ce soir. Elle est
permanente en ce sens que nous sommes désignés par nos
collègues, à l'Assemblée nationale, pour la durée
d'une session. Tout au plus notre règlement ou les traditions des
commissions parlementaires nous permettent-ils de remplacer des
collègues qui doivent momentanément s'absenter pour la
durée d'une seule séance, et séance après
séance, de telle sorte que le règlement, encore là,
prévoit que cette commission a une forme de permanence.
M. Rivest: Oui, vous allez voir cela. Cela va être long,
n'est-ce pas?
M. Fallu: Enfin, M. le Président, devrais-je dire
qu'à la limite une telle motion doit être prise avec très
peu de considération, car elle sort tout droit du musée des
horreurs qu'on a connu ici à ces
commissions parlementaires dans la panoplie des mesures dilatoires.
Rappelons les péroraisons sur les curriculums vitae des membres de la
commission qu'on veut désigner comme rapporteurs. Rappelons la lecture
des ordres du jour des députés, que nous avons dû subir
à l'occasion. Celle qui est vraiment restée dans ce Parlement la
plus célèbre, c'est très certainement la lecture qu'on
nous fit un jour du calendrier des saints, doublée de l'hagiographie de
ces mêmes saints sur une durée de plus d'un mois. M. le
Président, la motion visant à ce que la commission élue
permanente des affaires municipales se transforme en une sorte de commission
plénière de l'Assemblée nationale fait partie de ces
motions traditionnelles de l'Opposition sorties tout droit du musée des
horreurs et qui n'ont comme seul objectif que de faire perdre du temps à
la commission et surtout, et cela, c'est très grave, de
désobéir à l'ordre que nous avons reçu
d'étudier, ici, en cette commission, article par article le projet de
loi 38.
M. le Président, je m'arrête là, je ne veux pas en
dire davantage, car j'ai hâte qu'on passe au vote pour pouvoir enfin
travailler selon le mandat que nous avons reçu de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, en écoutant le
député de Groulx?
Une voix: Terrebonne.
M. Rivest: Terrebonne. Non, c'est Groulx. M. le Président,
je n'ai pas interrompu le député; j'ai à peine
prononcé deux mots. Terrebonne ou Groulx? Vous, c'est Terrebonne?
M. Blais: Groulx. Terrebonne, ce sont les gens de papa
Noël.
Une voix: Consentement.
M. Rivest: M. le Président, voilà, c'est l'argument
que j'attendais. Voici un député ministériel qui demande
à la commission d'être entendu, ce qui est exactement le sens de
la motion présentée par mon collègue. J'ai maintenant un
témoin; le député de Terrebonne demande à
être entendu. M. le député de Terrebonne, je devrai vous
dire que vous avez commis...
M. Blais: Donnez-moi la parole si vous voulez que je parle.
M. Rivest: Justement, on a fait une motion dans ce sens, pour
vous le permettre; dans quelques minutes, vous allez pouvoir parler. Vous avez
un député, celui de Terrebonne, qui est très conscient de
ses responsabilités et qui, malheureusement, n'a pas la parole et
demande à être entendu. Comme première étape,
peut-être, devrait-il, ce député ministériel,
essayer de convaincre et de surtout de renverser l'obstination du ministre des
Affaires municipales et celle de ses collègues qui, justement, M. le
député de Terrebonne, vont exactement dans le sens contraire de
ce que vous nous demandez puisque le député de Groulx vient de
s'opposer à une motion qui a été présentée
par le député de Laprairie afin de vous permettre, M. le
député de Terrebonne, de participer à ce débat
comme vous le souhaitez.
Peut-être pourrions-nous suspendre quelques instants pour
permettre au député de Terrebonne d'essayer de convaincre son
collègue, le député de Laurentides-Labelle.
Une voix: Vous n'avez pas confiance en vous-même!
M. Rivest: De Labelle, ce n'est plus Laurentides. Non! Mon Dieu,
vous changez les cartes d'une façon terrible.
Deuxièmement - pendant que vous ferez cela - le
député de Groulx a parlé du rôle de la
réforme parlementaire etc. Je voudrais signaler au député
de Terrebonne qu'il y a un principe de la réforme parlementaire de 1964
et de celle qui s'annonce qu'il a oublié de mentionner; probablement que
la chose lui a échappé.
Une voix: Groulx.
M. Rivest: Groulx, oui. II y a le principe de la réforme
parlementaire, qui est l'indépendance du législatif par rapport
à l'exécutif. Or, vous auriez, messieurs les
députés ministériels, face à ce projet de loi qu'on
a qualifié avec raison de tous les noms, une excellente occasion de
manifester votre adhésion au principe de la réforme parlementaire
et d'exprimer votre indépendance en tant que législateurs face au
pouvoir exécutif en défendant précisément les
prérogatives de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire du
législatif, et non pas en vous rangeant servilement, selon la tradition
séculaire du parlementarisme, derrière les diktats ou le bon
vouloir de ce qu'un gouvernement, au fil des jours, pense ou dicte.
Je vous inviterais à avoir, d'abord, une indépendance
d'esprit que vous savez avoir dans d'autres domaines, M. le
député de Groulx, puisque je vous connais très bien. Mais,
lorsqu'il s'agit de vos oeuvres parlementaires, je suis constamment
déçu, d'autant plus que, par ailleurs, de votre
côté,
en ce qui vous concerne, étant donné que vous êtes
adjoint parlementaire du ministre des Affaires municipales, si je ne m'abuse,
et que la réforme parlementaire que vous avez évoquée
essaie d'affirmer - et Dieu sait qu'on y travaille - l'indépendance de
l'exécutif face au législatif, je pense que vous auriez
dû...
Des voix: C'est le contraire.
M. Rivest: ...vice versa proposer l'abolition des adjoints
parlementaires, car c'est la perpétuation de la confusion des genres
dans la mesure où les adjoints parlementaires, qui retirent des
émoluments additionnels, font partie du législatif, mais
travaillent avec l'exécutif. Ils sont la consécration d'une
réforme qui, malheureusement, aura littéralement manqué.
Combien êtes-vous d'adjoints parlementaires? Je pense que, dans la
nouvelle loi, vous pouvez être jusqu'à vingt.
M. Lachance: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, je crois que le
député de Jean-Talon est en train de s'égarer, de
discourir sur toutes sortes de considérations qui sont en dehors du
sujet pour lequel nous sommes ici, c'est-à-dire ce très important
projet de loi sur le financement des municipalités. Je vous demanderais
de le ramener à la pertinence.
Le Président (M. Desbiens): Vous pouvez noter, M. le
député de Jean-Talon.
M. Bissonnet: M. le Président, je voudrais être
inscrit sur votre bloc-notes pour parler sur cette importante motion.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Alors, M. le Président, pour revenir à
la pertinence du débat dont le député de Bellechasse a
tenté de m'éloigner, pourquoi voulons-nous avoir tous les
députés? Parce que ce projet de loi a été
contesté, très vertement contesté par à peu
près tous les intervenants dans le domaine municipal. Je pense que je ne
fais pas erreur en disant une telle chose. Seul le ministre des Affaires
municipales...
M. Léonard: Les maires de la Montérégie sont
pour. Ils ont voté.
M. Rivest: Justement, les maires de la Montérégie.
Je pense que mon collègue, le député de Laprairie, a
cité les télégrammes qu'il avait reçus sur les
maires de la Montérégie. Mais est-ce que vous seriez prêt,
M. le ministre, étant donné que vous avez l'appui de certains
maires et que vous vous en félicitez, à limiter l'application de
votre projet de loi? Le problème est que votre projet de loi s'applique
à l'échelle du territoire. Or, des municipalités - cela a
l'air d'un truisme, mais il semble qu'on soit obligé d'expliquer les
évidences au gouvernement -il s'en trouve sur l'ensemble du territoire
du Québec et, par définition, tous les députés de
l'Assemblée nationale ont des municipalités dans leur
circonscription.
C'est dans ce sens-là. Il y a des projets de loi qui sont d'un
intérêt un peu plus local ou un peu plus spécialisé.
À ce moment, les commissions parlementaires élues permanentes -
je ne sais trop quel adjectif le député de Groulx leur a
attribué tantôt -sont dans l'ordre. Mais, quand un projet de loi
s'applique aussi largement à l'ensemble du territoire, tous les
députés, qui font constamment affaires dans leur travail
quotidien avec les municipalités, qui ont des contacts fréquents,
presque quotidiens dans certains cas, les municipalités
elles-mêmes et, par-delà, les populations que le niveau municipal
et le niveau provincial représentent ont un intérêt
très évident à participer à ce débat. (22 h
15)
Surtout que ce projet de loi n'est pas n'importe quel projet de loi.
C'est un projet de loi pour le moins saugrenu, pour ne pas employer une
expression plus forte, parce que ce projet de loi est essentiellement punitif
à l'endroit de l'ensemble des municipalités. C'est cela, son
essence. Le ministre veut jouer au matamore, se donne du muscle et veut
montrer, malgré qu'il soit, paraît-il, un bon garçon de sa
personne, qu'effectivement il peut être craint et il veut être
craint. Alors, il fait un projet de loi disant: Voilà, si vous ne faites
pas ceci, si vous faites cela, moi, je vous ferai ceci et je vous ferai
cela.
Cela, M. le Président, ce n'est pas uniquement l'ensemble des
maires, non plus que l'Opposition libérale qui sont de cet avis. J'ai
pris connaissance, malheureusement, simplement quelques minutes avant le
début de nos travaux ce soir, d'un éditorial du journal Le
Devoir. On ne peut pas dire que le journal Le Devoir est pour l'une ou l'autre
des grandes formations politiques au Québec. Je pense qu'il y a une
tradition au Devoir qui démontre que tantôt les
éditorialistes du Devoir peuvent appuyer certaines initiatives du
gouvernement, tantôt peuvent les critiquer, tantôt peuvent s'y
opposer. Alors, cela donne aux journalistes et aux éditorialistes du
Devoir une certaine autorité pour parler, je pense, dans
l'intérêt supérieur de l'ensemble de la population. Voici
l'éditorial de M. Jean-Louis Roy. Comment
un député de cette Chambre pourrait-il se
désintéresser d'un projet de loi quand il y a un observateur
impartial, M. Jean-Louis Roy - j'en citerai simplement quelques phrases ici -
qui dit, par exemple, que "ce projet de loi doit être substantiellement
amendé, sinon abandonné"?
Une voix: Bon!
M. Rivest: II y a des raisons à cela. Comment un
député de l'Assemblée nationale pourrait-il se
désintéresser d'un tel projet de loi? Et l'éditorialiste
poursuit: "Que le gouvernement du Québec tienne sa compétence
exclusive dans le domaine municipal pour non négociable et cherche
à bloquer l'action directe d'Ottawa ne fait pas problème." Cela,
M. le Président, autant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition, les députés ont eu l'occasion
de le dire et de l'affirmer. "Mais qu'à la distribution
discrétionnaire de subventions par les députés
libéraux succède le pouvoir discrétionnaire du ministre
des Affaires municipales d'en faire autant, l'unanimité ne tient plus."
Et l'éditorialiste dit: "L'Opposition libérale se dissocie alors
du projet de loi 38, et avec raison."
Une voix: C'est cela.
M. Rivest: II me semble qu'une telle affirmation de la part d'un
observateur absolument impartial - je pense que M. Roy est en mesure, et il l'a
prouvé à maintes reprises dans le passé, de regarder
l'ensemble des problèmes avec un peu de recul et de distance - qu'un tel
jugement de la part d'un observateur aussi informé, aussi
émérite que M. Roy, mériterait de recevoir de la part du
gouvernement une attention autre que celle qui fait que le gouvernement
maintient une obstination que personne ne soutient.
De plus, ce projet de loi s'avérerait à peu près
inutile. Quel est l'intérêt de ce projet de loi? On nous dit que
le ministère des Affaires municipales poursuit des négociations
avec le gouvernement fédéral et que, probablement, un tel projet
de loi serait de nature à renforcer le pouvoir de négociation du
gouvernement du Québec face au gouvernement fédéral. Je
serais assez d'accord non pas avec le projet de loi, mais avec un geste de
cette nature si ce geste recevait l'appui massif de l'ensemble des
municipalités du Québec. Recevant l'appui -si c'était le
cas - de l'ensemble des municipalités du Québec, ce projet de loi
se trouverait à recevoir l'appui de l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale et la motion du député de Laprairie
permettrait aux députés, justement, de venir dire cela.
Or, M. le Président, nous sommes dans une situation tout à
fait contraire. Ce projet de loi n'impressionnera personne à Ottawa sur
le plan des négociations, parce qu'il ne reçoit pas l'appui du
milieu municipal et, ne recevant pas l'appui du milieu municipal, il se trouve
que, n'eût été cette espèce de servilité
à laquelle sont condamnés les députés
ministériels, plusieurs députés de cette Assemblée
- au niveau de l'Assemblée nationale, c'est plus gênant, je
l'admets - au niveau d'une commission parlementaire, s'ils en avaient
l'occasion, pourraient très discrètement, comme cela, au coin de
la table, venir dire: M. le ministre des Affaires municipales, sur tel aspect
de votre projet de loi, l'usage abusif des pouvoirs discrétionnaires, je
ne suis pas d'accord. Je pense que vous devriez au moins amender votre projet
de loi dans le sens suggéré par M. Roy.
Or, le parti ministériel s'oppose à ce que tous les
députés de l'Assemblée nationale puissent venir exprimer
un tel avis et surtout, peut-être, les députés
ministériels qui n'ont pas beaucoup de chance de le faire. Il faut
comprendre les députés ministériels. Ils ne sont pas dans
une situation facile. Ils sont constamment obligés d'appuyer assez
servilement, comme je l'ai indiqué, les initiatives
ministérielles et ils ne siègent pas au Conseil des ministres.
Bien sûr, à l'occasion, les ministres condescendent - parce que ce
sont, quand même, des gens qu'ils connaissent - à aller les
rencontrer à l'occasion d'un caucus, mais les députés
ministériels savent très bien que, lorsqu'un ministre se
présente au caucus avec un projet de loi, tout est joué. Le
projet de loi est même imprimé. On les fait causer gentiment
autour de la table et puis on dépose le projet de loi à
l'Assemblée nationale.
Les pauvres députés ministériels - je dis "pauvres"
dans un sens non péjoratif, parce que je n'envie pas du tout leur
condition et je comprends leur frustration à l'occasion - ne peuvent
s'exprimer à l'Assemblée nationale parce que le ministre fait un
beau grand discours. Généralement, c'est assez
intéressant. Il y a un ou deux députés qui sont
désignés pour appuyer officiellement le ministre. L'adjoint
parlementaire, bien sûr, dit comme le ministre, mais les
députés ministériels, au niveau des débats de
l'Assemblée nationale, n'ont pas l'occasion de s'exprimer. Ils n'ont
pas eu l'occasion de le faire au caucus parce que vous leur avez
probablement présenté le projet de loi alors que tout
était décidé. Ils sont allés au caucus mais vous
avez tellement de choses à discuter de ce temps-ci que j'imagine que
vous n'avez pas beaucoup de temps pour vous pencher sur ce sujet. De toute
façon, la machine administrative ou les collaborateurs du ministre
avaient écrit le projet de loi en entier. Le ministre a eu l'aval du
Conseil des ministres. Donc, c'était décidé. Après,
il
est allé au caucus rencontrer les députés
ministériels et là, ils n'ont presque pas pu parler. Ensuite, il
est arrivé à l'Assemblée nationale... Pardon?
M. Léonard: Puis-je vous poser une question?
M. Rivest: Oui, M. le ministre, si vous avez une question
à poser.
M. Léonard: Vous dites que les députés
ministériels n'ont pas parlé. Il y a eu 33 interventions de notre
côté et 30 de votre côté.
Une voix: Ah! Ah!
M. Rivest: Oui, mais ce sont des interventions serviles. C'est en
plein ce que je dis. Quand un député ministériel s'est-il
levé sur un projet de loi aussi contesté par le milieu municipal
et par les observateurs pour dire sa pensée? Il y a le
député de Sainte-Marie qui l'a fait à l'occasion, du
temps...
M. Léonard: II a dit qu'il était pour le projet de
loi!
M. Rivest: ...où il siégeait avec vous. C'est le
seul, mais, malheureusement, il n'est plus dans votre groupe, n'est-ce pas?
M. Léonard: Non, mais il vient de dire qu'il était
pour.
M. Rivest: Nommez-moi un député ministériel
qui s'est levé sur un projet de loi aussi inique que celui-là
pour dire: Je n'accepte pas cela. Cela n'a pas de bon sens, des pouvoirs
discrétionnaires de cette nature, des pouvoirs arbitraires de cette
nature. Cela n'aidera en aucune façon le bon déroulement des
négociations. Combien y a-t-il de députés
ministériels? Ils sont trois, à mon point de vue. Ils sont quand
même pas mal. On me dit qu'ils ne sont pas mal. Il n'y en a pas un
contre? Tout le monde est d'accord avec un tel projet de loi, quand tout le
monde des affaires municipales est contre? Je ne peux pas croire cela. Je pense
que ce sont des hommes et des femmes qui errent, évidemment, sur le plan
politique, mais ils sont néanmoins intelligents.
M. Roy, l'éditorialiste du Devoir, l'a dit: "Le caractère
odieux du projet de loi n'a échappé ni au parti de l'Opposition
ni aux élus municipaux." Je ne peux pas croire que les
députés ministériels, à qui je reconnais une
intelligence parlementaire, c'est seulement à eux qu'aurait
échappé le caractère odieux de ce projet de loi.
Jean-Louis Roy dit que cela n'a pas échappé au parti de
l'Opposition, au Parti libéral, ni aux élus municipaux, mais aux
députés ministériels péquistes, la chose serait
passée inaperçue?
Que voulez-vous, là? J'espère que ce n'est pas pris sur
mon temps. Le ministre me montre des photographies.
Des voix: Ah! Ah!
M. Rivest: M. le Président, qu'est-ce que c'est?
M. Léonard: Lisez les titres.
M. Rivest: Je lis, M. le Président, que le ministre...
M. Léonard: "Explication satisfaisante du ministre
Léonard."
M. Rivest: "...du ministre Léonard aux maires de
l'Estrie". Justement, la question, ce n'est pas que vous n'ayez pas fourni des
explications satisfaisantes aux maires de l'Estrie; c'est que vous n'ayez pas
fourni d'explications satisfaisantes aux membres du caucus des
députés péquistes - c'est cela, la motion - qui sont
tellement mal informés qu'ils ont applaudi servilement à votre
projet de loi.
M. Lachance: Un instant!
M. Rivest: Je ne voudrais pas parler en leur nom, Dieu m'en
garde! C'est une chose que je ne ferais pas. Je sais très bien que
plusieurs députés ministériels entretiennent depuis
plusieurs années des frustrations que je trouve personnellement
extrêmement légitimes parce que, dans le régime actuel, ils
ne peuvent pas parler. S'ils parlent, ils savent que Jean-Roch va leur dire
qu'il ne faut pas parler; quand Jean-Roch leur dit cela, évidemment,
cela compte. Les députés ministériels, nous le savons,
sont dans une situation difficile; de notre côté, nous les
comprenons. Dans une certaine mesure, on peut les comprendre...
M. Ciaccia: C'est pour cela qu'on veut les aider.
M. Rivest: ...et on veut les aider, comme l'a dit le
député. On veut vous fournir l'occasion, en toute liberté,
de venir ici... M. le Président, on me passe des diapositives, par les
bons offices du ministre, pendant mon discours. Entre autres, je viens de
revoir un bon ami à moi, l'ancien ministre des Affaires municipales, M.
Tessier, l'ancien député de Rimouski, qui disait: Pas d'intrusion
du fédéral. M. Tessier disait cela probablement en 1970. Un
éditorialiste du Devoir dit: Les accusations portées à
l'Assemblée nationale contre les libéraux à l'effet qu'eux
seraient en faveur de l'intrusion du gouvernement fédéral dans
le
domaine municipal tenaient davantage de la démagogie que de la
vérité. Le scénario auquel vient de se livrer, pendant mon
discours, le ministre des Affaires municipales, l'éditorialiste du
Devoir dit que cela tient de la démagogie plus que de la
vérité. Depuis toujours, le Parti libéral du Québec
a affirmé que l'autonomie des municipalités, que l'autonomie
provinciale en matière municipale devait être respectée et
c'est pour cela qu'on se bat. Si vous êtes incapables de défendre
les droits des municipalités face au gouvernement fédéral,
les droits du Québec face au gouvernement canadien, on ne veut pas que
cela se fasse en punissant les municipalités: visa le blanc, tua le
noir. Si vous avez à vous en prendre au gouvernement
fédéral, soyez assez homme, tenez-vous debout, affirmez vos
positions et essayez de gagner. C'est vrai que votre dossier, à ce
compte-là, puisque vous avez perdu notre droit de veto face au
même gouvernement fédéral...
Le Président (M. Desbiens): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît!
M. Rivest: Comment conclure, M. le Président! Le ministre
a passé son temps à m'interrompre.
Le Président (M. Desbiens): Tout cela a été
calculé, et il ne vous reste que quelques secondes pour conclure.
M. Rivest: M. le Président, je vais conclure, mais ce sera
une conclusion qui sera longue.
Le Président (M. Desbiens): Dix secondes.
M. Rivest: Dix secondes. M. le Président, je vais conclure
en dix secondes. Je vais laisser la parole à M. Jean-Louis Roy. "On - le
"on", c'est le gouvernement péquiste - a réussi à inscrire
dans ces trois pages - il s'agit du projet de loi 38 - tout ce qu'il y a de
plus répugnant dans un régime démocratique." Y a-t-il une
affirmation aussi dure, mais vraie? Y a-t-il une raison plus grande que, face
à un tel geste, on interdise à l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale de venir s'exprimer? Y a-t-il quelque chose - pour
reprendre l'expression un peu dure de l'éditorialiste -de plus
répugnant que, par l'attitude du ministre et de son adjoint
parlementaire, on interdise aux députés ministériels de
venir dire devant cette commission que ce projet de loi n'a strictement pas de
bon sens, que cela ne fera nullement avancer la cause des droits du
Québec face au gouvernement canadien et que cela va desservir à
court terme comme à long terme, j'en ai la conviction, les
intérêts véritables des municipalités qui doivent
avoir, avec le ministre des Affaires municipales et le gouvernement du
Québec, des relations qui soient autre chose que des relations de
menace, de punition et de sanction?
Le Président (M. Desbiens): Monsieur...
M. Rivest: Je termine là-dessus, M. le Président,
sur une note positive. Vous qui n'avez qu'un langage de concertation, depuis le
temps où tout le monde vous lâche de tous bords et de tous
côtés, c'est sûr qu'étant isolés comme vous
l'êtes, isolés de la population, isolés des partenaires
canadiens, isolés des municipalités, isolés des milieux
d'affaires, isolés des gens du secteur public, isolés des milieux
syndicaux, vous avez une chance, en retirant ce projet de loi, de vraiment
faire un geste dans le sens de la concertation qui soit autre chose que des
paroles en l'air. C'est dans votre intérêt, au fond, et je pense
que c'est dans l'intérêt de l'instauration d'un climat qui a de
l'allure et d'un climat de confiance entre le gouvernement du Québec et
l'ensemble de ses municipalités. (22 h 30)
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: Oui, M. le Président, je suis assez surpris
de...
Une voix: Tu es étonné.
M. Tremblay: ...la motion de l'Opposition, puisqu'elle admet par
le fait même son incapacité de défendre elle-même le
projet de loi avec ses huit députés membres ici présents.
Pourtant, M. le Président...
Une voix: II y en a quatre qui votent et vous êtes
sept.
M. Tremblay: Avant de dire ce que je veux dire, cela a
été révélateur du député de
Jean-Talon qui disait qu'on est trop. Leur groupe se sent incapable de nous
faire face. Il veut demander de l'aide à tous ses collègues de
l'Assemblée nationale.
Une voix: Les autres aussi.
M. Tremblay: C'est révélateur, M. le
Président, de voir comment...
Une voix: C'est un bon point.
M. Tremblay: ...les députés de l'Opposition ont
été traumatisés par le débat en deuxième
lecture quand, systématiquement, les uns après les autres,
ils ont eu la réponse à leurs objections à
l'Assemblée nationale. Et avec quelle éloquence les membres de ma
formation politique l'ont-ils fait.
Une voix: Est-ce que vous avez parlé?
M. Tremblay: Oui, monsieur.
M. Rivest: Non, il a parlé d'éloquence.
M. Tremblay: Cela ne s'appliquait pas à moi. J'avais fait
mon possible avec les moyens que j'ai, mais quand même...
M. Rivest: Vous êtes très bon.
M. Tremblay: Vous avez vu, j'ai même cru à un
certain moment, comme bien d'autres personnes, que les membres de l'Opposition
se seraient ralliés à la raison. Mais non, ils n'ont pas pu,
parce qu'ils ont eu l'ordre de leurs grands frères
fédéraux de ne pas adopter un tel projet de loi qui
empêcherait le gouvernement fédéral d'envahir un champ de
juridiction québécois. Pourtant, je voudrais les rassurer. Ces
gens sont capables.
Une voix: ...leadership.
M. Tremblay: Ils ont prouvé dans le passé qu'ils
sont capables de mener un débat dilatoire. Je notais que le
député de Laprairie a pris tout à l'heure la relève
de son collègue de Hull pour en être responsable vis-à-vis
du ministre des Affaires municipales. Sans doute que son parti ne l'a pas
choisi pour remplacer le député de Hull, ne connaissant pas ses
grandes qualités. Il avait sûrement des qualités. Je les
cherche. Vous allez me dire: II ne fait pas partie de notre caucus. Il ne peut
pas les connaître. Je suis d'accord, je les cherche, mais il y en a
sûrement.
Il y avait pourtant le député de Jean-Talon, un homme qui
a été, on le sait, membre du cabinet d'un premier ministre, qui
siège à l'Assemblée nationale depuis plusieurs
années, qui a participé au débat sur plusieurs projets de
loi. À l'Assemblée nationale, on sait comment il est actif. Il
est vu à la télévision régulièrement. C'est
même dangereux pour lui dans son comté. Le député de
Mont-Royal, je l'ai subi...
Une voix: Vous l'avez subi, n'est-ce pas?
M. Tremblay: C'est un lapsus, M. le Président. Je
m'excuse. Je l'ai entendu à la commission parlementaire de
l'énergie et des ressources.
M. Rivest: Le saccage de la Baie James.
M. Tremblay: J'ai vu avec quelle habileté il traumatisait
les témoins. Le député de Saint-Laurent s'est
révélé dernièrement. Je l'ai entendu dans deux de
ses discours. Sans doute qu'il ne les a pas préparés
lui-même, mais quand même, il les répétait avec un
talent révélateur. Le député de Viger a
réussi - ce n'est pas accessible à tous - à faire les
premières pages du journal d'hier. Il faut le noter.
Une voix: Qu'est-ce qu'il a dit?
M. Rivest: Vous vous êtes trompé, c'est le
président de l'Italie qui a fait les premières pages d'hier.
Une voix: Ah oui!
M. Rivest: Vous vous êtes trompé, M. Pertini et M.
Maciocia, ce n'est pas le même. Le député de Viger est
discret.
M. Tremblay: M. le Président, j'essaie de
réconforter les gens de l'Opposition, de leur remonter le moral. Je leur
dis: Non, vous n'êtes pas si mauvais que cela, vous pourriez, à
vos risques, défendre cela de votre côté. Le
député de Marquette, un jeune homme plein d'avenir mais qui,
malheureusement, a fait un mauvais choix, à un moment donné, il
s'est présenté dans le mauvais parti. Tout le monde peut faire
une erreur dans sa vie. Vous avez le droit vous aussi, vous êtes jeune.
Peut-être que vous réaliserez cela.
Le député de Pontiac, j'ai vu dans un voyage où on
défendait le Québec, à l'Association des parlementaires
du
Commonwealth, avec quelle élégance il participait aux
activités de l'association. Et là, je ne voudrais pas trop
élaborer sur les qualités du député de
Jeanne-Mance, connaissant sa grande humilité.
Sachant cela et considérant que, si on acceptait la motion qui
est devant nous, les effets que cela aurait, cela voudrait dire que nous allons
à l'encontre de la décision du président, parce que cela
pourrait permettre au député de Hull de s'exprimer, lui qui a
été déclaré indigne de parler aujourd'hui; si on
acceptait cela, il serait inclus. On ne pourrait pas aller à l'encontre
d'une décision du président de l'Assemblée nationale.
Donc, je ne peux pas voter pour la motion pour deux raisons:
premièrement, parce que je me sentirais dévaloriser mes
collègues de l'Opposition, ce faisant, en leur disant: Vous pouvez
amener quelqu'un à votre rescousse. Ils sont capables de défendre
ce projet de loi, ils ont la capacité, l'expérience, les
compétences pour le faire. Ce serait les insulter et en plus, insulter
le président de l'Assemblée nationale qui...
Une voix: On ne peut pas faire cela.
M. Tremblay: On ne peut, carrément, pas faire cela. Alors,
M. le Président, vous comprenez - je suis sûr que mes
collègues de l'Opposition me comprennent aussi - que je vais être
obligé de voter contre la motion. Merci.
M. Rivest: M. le Président... il m'a
impressionné.
Le Président (M. Desbiens): Vous pourrez faire cela
pendant que votre collègue, le député de Jeanne-Mance
s'exprimera, M. le député de Jean-Talon. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Rivest: J'espère qu'il a de bons arguments, lui.
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: M. le Président, j'ai été
assez impressionné par le député de Chambly et surtout
quand je regardais le Dimanche Matin cette semaine, où je l'ai
aperçu à la page centrale. C'était la page fourre-tout,
vous étiez là. M. le député a participé
à l'ouverture de l'aréna de M. Rougeau.
Compte tenu de la remarque du député de Bellechasse, qui
nous a dit que c'était un projet de loi très important, le
député de Laprairie a fait cette motion. Quand on a un projet
venant d'un député ministériel, nous disant que c'est un
projet qui est très important, nous sommes sérieux. J'ai entendu
les remarques que vous avez faites au président de l'Assemblée
que je ne veux pas répéter. Je pense qu'il serait important qu'on
puisse avoir l'opinion à cette commission parlementaire... Cet
après-midi, nous avions le président de l'UMRCQ et j'ai
remarqué le député de Champlain qui nous a dit d'essayer
de faire en sorte que nos interventions soient les plus brèves possible.
Dans quel but, dans quel objectif?
Nous sommes ici pour étudier un projet de loi que la très
grande majorité des municipalités contestent. Il y a des
questions de principe sur lesquelles l'Opposition a fait valoir son point de
vue à l'Assemblée nationale, en deuxième lecture. Nous
voulons permettre à tous ceux, à tous les députés
qui veulent s'exprimer... Nous ne siégeons pas tellement souvent
à l'Assemblée nationale, nous avons été en vacances
du 18 octobre au 15 novembre. Remarquez qu'on était en vacances, mais
nous, les députés libéraux, on est toujours à nos
bureaux de comté, évidemment, les citoyens viennent nous voir. Je
n'en dirais pas autant des députés du Parti
québécois.
Je pense que nous avons une occasion, ici. Nous sommes 120
députés. Actuellement, si...
Une voix: 121.
M. Bissonnet: ...on va à l'Assemblée nationale...
121 députés, je ne compte pas le président, parce qu'il
n'intervient pas dans nos débats. C'est pour cela que je dis que nous
sommes 120 députés. Je ne compte pas le député de
Frontenac qui est absent présentement. Je ne compte pas
évidemment de comté de Marie-Victorin dont le futur
député viendra joindre les rangs du Parti libéral dans une
phase ultérieure. Ce n'est pas mon cas. Peut-être celui d'autres
qui étaient ici avant, mais ce n'est pas mon cas.
Alors, M. le Président, je pense qu'il est plus qu'important, vu
que c'est un projet de loi qui est très contesté - je fais
référence aux remarques que faisait le député de
Jean-Talon qui est un parlementaire expérimenté, autant de par sa
fonction parlementaire que par la fonction qu'il occupait dans l'ancien
gouvernement -qu'un article de l'éditorialiste du Devoir fasse
réfléchir les membres du gouvernement, autant les ministres que
les députés. Je pense que ce projet de loi est impossible. Il est
impossible que tous les députés ministériels soient
d'accord à 100% avec ce projet de loi. C'est impossible. C'est
impossible que tous les députés de l'Opposition, tous les maires,
en très grande majorité, soient contre un projet de loi et qu'il
n'y ait pas un membre du gouvernement qui se pose des questions sur un projet
de loi donnant des pouvoirs discrétionnaires et arbitraires au
ministre.
Je suis intéressé et nous sommes actuellement ici, depuis
le début, plus de huit députés présents.
Actuellement, nous sommes au nombre de neuf. Vous, vous êtes au nombre de
quatre, cinq, depuis le début de la journée. On est
évidemment intéressés. Si vos collègues qui
viennent ici et qui n'ont pas droit de parole ne sont pas
intéressés, nous, les membres de l'Opposition, sommes à la
disposition de la commission pour intervenir, pour éclairer nos
confrères du gouvernement, pour leur expliquer notre point de vue afin
qu'ils puissent bonifier ce projet de loi, apporter des amendements, des
correctifs qui sont plus que nécessaires.
Aujourd'hui, j'entendais le président de l'Union des
municipalités qui a donné, selon moi, une performance très
valable. Nous avons également refusé, cet après-midi ou au
début de la soirée, que le député de Laprairie nous
explique, en résumé, la position de l'Union des
municipalités du Québec. Évidemment, il serait
intéressant d'entendre vos autres collègues qui ne sont pas ici,
qui n'ont pas reçu la position de l'UMQ, à cet effet. J'aimerais
entendre le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
J'aimerais l'entendre. Il n'est pas membre de cette commission. Depuis un
certain temps, depuis que mon collègue, le député de
Marquette a fait référence à tout le problème qui
se pose au Secrétariat de la
jeunesse et qu'on l'a comparé au député de l'an
2000, on ne l'a plus revu à cette Assemblée. Ce serait
peut-être une occasion pour lui de prendre la parole et d'assister
à cette commission parlementaire.
J'aimerais également connaître le point de vue du ministre
des Finances. Il y a beaucoup de municipalités dans son comté;
les maires de ces municipalités sont très actifs.
M. le Président, notre députée de Jonquière
qui est dans le comté du président de l'Union des
municipalités, je suis convaincu que, dès son élection, le
président de l'UMQ a certainement communiqué avec elle pour
discuter du projet de loi 38. Je suis convaincu qu'il serait intéressant
pour nous, de connaître le point de vue de la députée de
Jonquière; à ce moment-là, ce serait sa première
intervention en commission parlementaire. C'est la démocratie qui
demande qu'on ouvre, n'est-ce pas? On parlait de la réforme
parlementaire que le député de Groulx nous faisait valoir. Nous
sommes devant une réforme parlementaire: il y a eu un comité
formé du député de Westmount et du député de
Trois-Rivières qui nous dit constamment qu'il y a trop de
législation déléguée, que ce n'est que de la
réglementation et les projets de loi que nous étudions avant la
fin de cette session, comportent, dans la grande majorité, plus de
projets de réglementation qu'il en existait auparavant. Ce n'est pas
assuré qu'on aura une réforme parlementaire après le 1er
janvier, M. le Président. (22 h 45)
Une voix: ...
M. Bissonnet: Oui, je le sais, peut-être que ce serait
intéressant de connaître le point de vue du député
de Trois-Rivières qui s'est présenté à la mairie de
Trois-Rivières. Ce serait peut-être bon de connaître son
point de vue sur le projet de loi 38. Donc, pour toutes ces...
Une voix: II a voté pour.
M. Bissonnet: Bien, vous votez pour, vous ne vous parlez pas,
vous votez automatiquement, voyez-vous.
M. Tremblay: On a tous parlé.
M. Bissonnet: Vous votez automatiquement, c'est automatique.
C'est comme dans l'armée, vous recevez le "call" et vous fonctionnez
dessus. Vous suivez cela... Mais faites attention, aux prochaines
élections, il n'y en a pas beaucoup qui vont suivre.
Une voix: Oui.
M. Bissonnet: II n'en restera pas beaucoup...
Une voix: On verra, on verra. M. Bissonnet: ...M. le
député.
Une voix: Vous avez dit cela à l'automne 1980.
M. Bissonnet: Oui, on s'est trompé, mais on ne se trompera
pas deux fois! Une fois n'est pas coutume.
Une voix: ...la population non plus...
M. Bissonnet: Alors, M. le Président, pour tous ces
motifs, je pense qu'il y aurait lieu de permettre à nos
collègues, qui ne sont pas membres de cette commission, de pouvoir
intervenir à leur bon vouloir, compte tenu que le député
de Bellechasse nous a informés que ce projet de loi est très
important et il est, de fait, plus qu'important pour l'Opposition
libérale au gouvernement. Je cède mon droit de parole au
député de Viger.
Le Président (M. Desbiens): De Viger.
M. Bissonnet: On se côtoie, donc on va se partager le
temps.
Le Président (M. Desbiens): Vous avez demandé la
parole?
M. Lachance: Oui, j'ai demandé la parole...
M. Maciocia: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse, M. le
député de Bellechasse...
M. Maciocia: Merci. Ah, allez-y, allez-y. Avec plaisir.
M. Rivest: M. le Président, les députés
ministériels font de l'obstruction, il n'y a pas moyen d'arriver
à l'article...
Le Président (M. Desbiens): C'est leur droit, M. le
député de Jean-Talon. Alors, M. le député de
Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: M. le Président, je serai assez bref dans mes
commentaires, tout simplement pour dissiper certaines impressions que le
député de Jean-Talon a bien voulu laisser à cette
commission parlementaire. Je voudrais dire que non seulement les
députés ministériels ont été
consultés...
Une voix: Ah mon Dieu, on n'en
demandera pas tant.
M. Lachance: ...consultés... Une voix: Ah!
Consultés?
M. Lachance: ...avant la rédaction du projet de loi, M. le
Président. Et je ne sais pas si je dois révéler cette
confidence, mais je suis un de ceux qui ont été
consultés.
Une voix: Ah!
M. Lachance: Et je ne sais pas comment cela se passe au caucus
des députés libéraux, mais à en croire le
député de Jean-Talon, il pense qu'on agit comme eux, ce qui est
complètement faux.
M. Rivest: Ah non, cela, jamais! Jamais parce que...
M. Lachance: Parce que lorsque...
Une voix: On connaît la façon de les consulter du
ministre.
M. Lachance: M. le Président, lorsque le projet de loi 38
a été soumis à la discussion au caucus ministériel,
cela n'a pas fait de problème parce que les députés
étaient conscients de la gravité de la situation et ils savaient
qu'il fallait réagir. Ils auraient dû s'en rendre compte par ce
qui s'est passé au niveau du discours de deuxième lecture au
salon bleu. Cela a été non seulement l'objet d'un consensus, mais
cela a été aussi un instrument de mobilisation comme je n'en ai
pas vu ici depuis des mois. Vous avez constaté comment cela était
en Chambre.
Une voix: ...fédérale... On a vu cela dans
Jonquière.
M. Lachance: Oui, mais je ne parle pas de Jonquière, je
parle de ce qui s'est passé ici. Et s'il y a un projet de loi sur lequel
les députés ministériels sont bien solidaires, c'est le
projet de loi 38.
M. Rivest: Ah, parce qu'il y en a d'autres sur lesquels vous
n'êtes pas solidaires. Cela arrive.
M. Lachance: Voyons, on est des gens qui sommes capables de
discuter et de faire valoir notre point de vue. Mais on l'a fait valoir ici, au
niveau du caucus, et vous avez vu ce que cela a donné en Chambre.
Tantôt, vous avez vu le député de Jean-Talon, qui a
fait référence à un éditorial de M. Jean-Louis
Roy.
M. Rochefort: Écoutez cela, c'est important.
M. Lachance: Ce même Jean-Louis Roy a parfois aussi des
opinions qui peuvent être désagréables pour les
députés d'en face. Et je vais vous en citer quelques extraits
ici.
Une voix: Ils ne l'ont pas lu, cela, par exemple.
M. Léonard: Lis-le au complet.
Une voix: Oui, oui.
M. Léonard: Lis-le au complet.
M. Fallu: Mais il n'est pas de même nature d'ailleurs,
n'est-ce pas?
M. Rochefort: D'abord, ils ne veulent jamais nous le dire, on est
aussi bien de le lire.
M. Lachance: Voici, et je cite - en parlant des
députés libéraux du Québec, il parle des bedeaux du
fédéralisme - c'est encore...
M. Rivest: Les députés provinciaux ou
libéraux?
M. Lachance: ...le cas aujourd'hui... Une voix: Ah!
M. Rochefort: Les bedeaux sont devant nous!
M. Lachance: ...qui, dit-on, pullulent dans l'enceinte du
caucus...
Une voix: Bedeaux, bedeaux...
M. Lachance: ...libéral.
M. Bissonnet: Nommez-les. Nommez-les.
M. Lachance: II y en a quelque chose comme 45...
M. Bissonnet: Mais nommez-les. Une voix: Ils
pullulent.
M. Bissonnet: Je vous défie de les nommer.
M. Lachance: Les bedeaux du fédéralisme sont...
M. Bissonnet: Je vous défie de les nommer.
M. Lachance: ...très nombreux.
Une voix: Oui.
M. Bissonnet: Nommez-les.
Des voix: Nommez-les. M. Bissonnet: Nommez-les.
M. Rivest: M. le Président, ils font des accusations non
fondées.
Une voix: Lesquels sont des bedeaux?
M. Bissonnet: Nommez-les.
M. Lachance: M. le Président...
Une voix: Nommez-les.
M. Bissonnet: Nommez-les.
M. Lachance: La poule qui cacasse...
M. Bissonnet: Nommez-les.
M. Lachance: ...M. le Président...
M. Bissonnet: M. le Président, une question de
règlement.
Une voix: Oui.
M. Bissonnet: Je demanderais qu'il retire ses paroles...
Une voix: Quel article?
M. Bissonnet: ...le député de Bellechasse.
Une voix: II a parlé d'une poule qui cacassait.
M. Bissonnet: II n'a pas dit cela du tout, M. le
Président, ce n'est pas écrit dans le document, je demande qu'il
retire ses paroles.
M. Lachance: M. le Président.
M. Bissonnet: M. le Président, je demande que le
député de Bellechasse retire ses paroles.
M. Rivest: Envoyez-le avec Rocheleau!
M. Bissonnet: M. le Président, je demande qu'il retire ses
paroles.
M. Lachance: M. le Président, je n'ai nommé aucun
député ici à la commission parlementaire, absolument pas.
S'il y en a qui se sont sentis visés...
M. Bissonnet: M. le Président, je demande qu'il retire les
paroles, pour les députés qui étaient ici.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Qu'est-ce qu'il y a? Le Président (M.
Desbiens): À l'ordre! M. Rivest: II vous reste dix
minutes.
M. Bissonnet: Je suis à l'ordre, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bellechasse a la parole. J'avais donné le droit de parole au
député de Bellechasse et il n'y a aucun autre
député qui avait l'autorisation de parler. M. le
député de Bellechasse n'a mentionné aucun nom, donc...
M. Lachance: Absolument pas, M. le Président.
M. Bissonnet: II peut dire cela à n'importe qui, c'est
cela?
Le Président (M. Desbiens): II n'a mentionné
personne.
M. Bissonnet: Faire planer le doute sur tout le monde! Il attaque
tout le monde!
M. Lachance: M. le Président, je continue le citation de
Jean-Louis Roy; il faut reconnaître aussi que, parfois, on peut le
considérer comme un scribouilleur nébuleux, mais, parfois, il a
de ces moments de lucidité! Voici ce qu'il disait le 10 novembre
1981.
Une voix: Une insulte inacceptable!
M. Lachance: Parfois, cela nous fait regretter l'ancien directeur
du Devoir, celui que vous avez balancé par-dessus bord comme chef,
à un moment donné.
M. Rivest: M. le Président, quand même, il y a des
limites.
M. Lachance: M. le Président...
Une voix: C'est lui qui a participé le plus...
M. Rivest: C'est épouvantable de raconter des sornettes
pareilles.
Une voix: Cela fait penser à Léger...
M. Lachance: Le directeur du Devoir, M. Roy, dit ceci: "Le
Québec est l'objet, par ses députés - en parlant des
députés libéraux qui se sont trompés de Parlement -
et cela arrive souvent ici, c'est une des constatations que j'ai souvent faites
depuis 1981 - les députés libéraux du Québec qui se
sont trompés de Parlement... Ils seraient plus à l'aise dans
l'écurie politique déjà garnie de
l'autre Parti libéral." C'est Jean-Louis Roy qui disait cela, en
parlant des députés libéraux du Québec.
M. Rivest: C'est lui qui veut aller dans l'arène
fédérale?
M. Lachance: M. le Président, je pense qu'on n'est pas
dupe de ce qui se passe présentement, c'est vrai que c'est un projet de
loi important. C'est la raison pour laquelle, je le souhaite vivement qu'on en
arrive à étudier le projet de loi article par article. Je pense
que ces manoeuvres dilatoires des députés libéraux ont
assez duré et, quant à moi, je souhaite qu'on décide de
travailler sérieusement. Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Les mots qui viennent
d'être prononcés par le député de Bellechasse m'ont
surpris, spécialement sur le projet de loi 38, dans la bouche de
l'ex-maire de Saint-Nazaire. Je me pose la question, M. le Président, si
vraiment il a laissé la mairie ou s'il y a d'autres raisons pour
lesquelles il a dû la laisser. Car, par les questions qu'il a
posées à M. Asselin aujourd'hui, en commission parlementaire, je
me suis posé beaucoup de questions, ayant déjà
été, moi aussi, conseiller municipal. Vraiment cet ex-maire
a-t-il mérité d'être maire? Oui, M. le Président,
cela est clair. C'est pour cela que, probablement, il a laissé la
mairie. La question qu'on se pose et qu'on se posait même en commission
parlementaire aujourd'hui c'était: Est-ce qu'il était, oui ou
non, pour l'autonomie municipale.
M. Lachance: Yes, Sir.
M. Maciocia: II ne l'a jamais été. D'après
les propos qu'il a tenus aujourd'hui, il ne l'a jamais été.
Une voix: Laissez-le parler.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, vous avez la parole sur la motion.
M. Maciocia: Exactement, M. le Président, et j'ai dit
pourquoi on devrait intervenir. Puis, par les propos qu'a tenus l'ex-maire de
Saint-Nazaire, on voit, encore une fois, qu'il n'a jamais parlé...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger, sur la motion, s'il vous plaît, qui est de permettre de
parler à ceux qui ne sont pas ici.
M. Maciocia: Je vous comprends très bien, mais, si vous me
rappelez à l'ordre dans ce sens, vous auriez dû rappeler à
l'ordre le député de Chambly, qui n'a jamais parlé des
députés qu'il fallait entendre, il a parlé seulement de
lui. Moi, je parle du député de Bellechasse, le
député de Bellechasse n'a jamais...
Le Président (M. Desbiens): Sauf qu'il n'y a pas eu
d'objection de manifestée à ce moment.
M. Tremblay: M. le Président, je m'excuse, sur une
question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Tremblay: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Mon intervention était très
pertinente. Je disais que les députés avaient peur de nous faire
face et demandaient l'aide de tous et je passais, une par une, les
qualités que nous cherchons chez les députés de
l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: M. le Président, si c'est l'argument du
député de Chambly pour motiver son intervention de tout à
l'heure, la mienne est encore plus valable vu que je m'adresse à un
ex-maire...
Le Président (M. Desbiens): Alors, continuez, On verra
bien.
M. Maciocia: ...je m'adresse à un ex-maire. C'est à
lui que je dois m'adresser pour savoir vraiment ce qu'il pense de l'autonomie
municipale. Comment pouvez-vous accepter qu'un ex-maire puisse être
à l'encontre de tous les maires de la province de Québec? Il ne
peut pas avoir la même opinion que tous les maires du Québec. Tous
les maires sont contre ce projet de loi. Comment se fait-il qu'un ex-maire
puisse être pour ce projet de loi? C'est ma question.
Pour revenir à la question d'entendre tous les
députés, il y a un autre député que je voudrais
particulièrement entendre, c'est le député de
Trois-Rivières. Vous savez sans doute qu'il s'est
présenté, vous connaissez ses ambitions, ce qu'il prétend
être un jour. Malheureusement, la population n'a pas voulu, lors de la
dernière élection municipale de Trois-Rivières,
reconnaître ses qualités dont je ne doute pas. C'est
précisément à cause de cela qu'il faudrait connaître
son opinion
sur le projet de loi 38. Je voudrais qu'il soit ici pour pouvoir lui
poser des questions.
M. Lachance: II me l'a dit en Chambre.
M. Maciocia: Je voudrais qu'il soit ici pour lui poser des
questions. En Chambre, on n'a pas la possibilité de lui poser des
questions. Ici, nous l'avons. Je voudrais lui demander: Qu'est-ce que vous
pensez, en supposant que vous êtes maire de Trois-Rivières, de ce
projet de loi?
M. Tremblay: Malheureusement, question de règlement. De
toute évidence, le député ne pourrait pas demander une
telle question au député de Trois-Rivières puisqu'on est
ici pour étudier le projet de loi, article par article, et non pour
toute la loi.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Si vous voulez, vous pouvez continuer. Cela ne me
dérange pas.
L'autre argument, M. le Président, qu'a fait valoir tout à
l'heure le côté ministériel dans les quelques secondes
d'interventions qu'ils ont faites - ils n'ont pas du tout parlé du
projet de loi 38 - c'est pour dire qu'il y a eu 33 interventions du
côté ministériel en deuxième lecture sur le projet
de loi 38. Je ne mets pas en doute le nombre mais je me pose la question,
à savoir, qui a rédigé ces discours. Est-ce que c'est le
bureau du premier ministre par l'entremise de Jean-Roch ou par le bureau du
ministre des Affaires municipales? On a entendu la même chorale partout,
les mêmes mots, la même chose: le fédéral, toujours
c'est le fédéral. C'était, comme l'a dit le chef de
l'Opposition l'autre jour, hier matin, au premier ministre, c'était une
"chorale". C'est une chorale. Toujours les mêmes mots, toujours les
mêmes discours, préparés par qui? Je ne sais pas.
Nous, on a le courage de nos actions. Quand le député
ex-maire de Saint-Nazaire se permet de dire que les députés
libéraux se sont trompés de Parlement, je voudrais simplement lui
dire que nous, nous avons le courage de nos actions. Nous avons le courage de
nous afficher. Nous avons le courage de dire ce que nous pensons. Nous ne
sommes pas obligés de suivre des discours qui nous sont
préparés ou des idées qui sont préconisées
par d'autres. Vous le savez très bien. Vous le voyez souvent à
l'Assemblée nationale, au salon bleu, que, même quand il est
question de voter sur quelque chose, nous sommes capables de nous afficher,
d'avoir des idées et de les exprimer à n'importe quel moment. (23
heures)
M. le Président, ce que je ne comprends pas encore, c'est que ce
gouvernement ne réussisse pas encore à apprendre sa leçon,
que la loi 37 a coûté un député au parti
ministériel avec l'annexion...
Une voix: Forcée.
M. Maciocia: ...forcée de Baie-Comeau et de Hauterive; la
loi 38, qui n'est pas encore adoptée, a coûté le
comté de Jonquière, parce que vous savez très bien que le
président de l'Union des municipalités du Québec est le
maire de Jonquière. Vous savez très bien que ce maire, même
en connaissant ses allégeances politiques, est contre ce projet de loi.
Alors, vous voyez que ce projet de loi est refusé un peu par tout le
monde. On parle des municipalités, on parle à 100% des
municipalités.
La motion du député de Laprairie, c'est dans le sens
d'entendre tous les députés, sans demander chaque fois la
permission, comme on a dû le faire tantôt pour le
député de Jean-Talon, quand il est arrivé; on a dû
demander la permission à savoir s'il pouvait prendre la place du
député de Gatineau. Il serait d'usage de laisser ouverte la
commission parlementaire et d'écouter, pendant 10, 15 ou 20 minutes
chaque député et lui poser - parce que, en commission, je le
répète, c'est possible - même quelques questions, lui
demander pourquoi il est d'accord sur tel et tel article, pourquoi il est
d'accord avec tel ou tel argument.
On est dans un pays où, apparemment le gouvernement dit toujours
que la démocratie est là et que c'est une prérogative du
gouvernement. Eh bien, que ce gouvernement fasse la preuve de son courage en
écoutant tous les députés sur un projet de loi qui est
tellement controversé. Et ce n'est pas seulement nous, ce ne sont pas
seulement toutes les municipalités du Québec qui nous disent que
ce projet de loi ne doit absolument pas être adopté. Vous le
savez, je vois ici, j'ai des coupures de presse, comme en produisait
tantôt le ministre. Il y a les MRC qui pressent Québec et Ottawa
de s'entendre. On l'a toujours dit, sur ce projet de loi, on est d'accord quant
au principe, que c'est...
Des voix: Vous êtes d'accord là-dessus?
M. Maciocia: Absolument, on est d'accord sur le principe que le
Québec a priorité sur les municipalités. Cela est clair et
on est d'accord. Mais cela est déjà dans une autre loi, la loi
56, adoptée par le Parti libéral en 1974.
Une voix: On reconnaît cette juridiction...
M. Maciocia: C'est cela. La juridiction du Québec sur les
municipalités, on ne met pas cela en doute, on le sait. C'est le
Parti
libéral qui a tranché cela aux Affaires
intergouvernementales, en 1974. Alors, ce n'est pas absolument cela, le but du
projet de loi 38, mais le but en est bien de pénaliser les
municipalités qui auraient eu, pour une raison ou pour une autre, des
subventions du gouvernement fédéral.
Une voix: ...de la délinquance...
M. Maciocia: Probablement, probablement. L'autre question qu'il
faudrait se poser - c'est vrai, j'y pensais tantôt, mais là cela
me revient - c'est que probablement le premier ministre M. Lévesque a eu
l'occasion d'en parler avec mon président d'Italie, M. Pertini. Par
exemple, on n'a pas eu la possibilité de poser la question au premier
ministre pour savoir ce que le président d'Italie...
Une voix: Mais il ne faut pas le dire.
M. Maciocia: ...a dit à M. Lévesque sur cette
question de la loi 38.
M. Rivest: Jamais le premier ministre du Québec ne
commettrait une indiscrétion, voyons donc, M. le député de
Viger!
M. Maciocia: Parce que, apparemment, il ne nous a pas dit ce
qu'il a dit...
M. Rivest: Écoutez, quand il se promène
à...
M. Maciocia: ...au pape, il a commis seulement
l'indiscrétion de dire que le président d'Italie avait dit qu'il
était favorable à venir au Québec sans passer par Ottawa
et qu'il était apparemment contre -si on peut employer le mot "contre" -
le gouvernement fédéral. Mais on ne sait pas s'il lui a vraiment
posé la question pour savoir ce qu'il pensait du projet de loi 38.
J'aimerais que le premier ministre vienne ici et qu'il nous dise s'il a eu
l'occasion de discuter de cela.
Comme je le disais, nous ne sommes pas les seuls. Si c'était
seulement l'Opposition libérale qui était contre ce projet de
loi, on pourrait comprendre et dire: C'est l'Opposition et elle est contre
telle et telle chose, tel projet de loi. Mais c'est partout, c'est une vague
à l'intérieur du Québec contre ce projet de loi. Il n'y a
que le gouvernement du Parti québécois qui est favorable à
ce projet de loi. Comme l'ont fait remarquer la majorité des
députés libéraux tantôt, même Jean-Louis Roy,
dans un éditorial du Devoir, hier matin, dit clairement que ce projet de
loi 38 est inacceptable.
Je suis convaincu à 100% que si on avait ici les 72
députés du parti ministériel, ils ne seraient pas tous
d'accord sur ce projet de loi. Que certains disent qu'ils ont été
consultés, que tout le monde était d'accord, était
unanime; on sait un peu comment cela se passe du côté
ministériel quand on veut faire adopter un projet de loi, quand on veut
le faire accepter par la majorité servile, je dois le dire, du
gouvernement et du Parti québécois.
Comme je le disais tantôt, Jean-Louis Roy disait dans son
éditorial: "Le caractère odieux du projet de loi 38 n'a
échappé ni au parti d'Opposition, ni aux élus municipaux.
Il est, en effet, intolérable que le pouvoir arbitraire des ministres,
le principe de la rétroactivité et la notion même de
discrimination soient conjugués dans une telle loi. Les élus
municipaux avaient absolument raison d'exiger que ce projet de loi soit
étudié en commission parlementaire avant son adoption en
deuxième lecture. Rarement aura-t-on vu une législation aussi
contraire aux exigences élémentaires de justice." C'est un
éditorialiste qui n'est pas reconnu comme un libéral
acharné.
Ce projet de loi qui est devant nous encore aujourd'hui, s'il n'est pas
vraiment amendé profondément et si on n'en enlève pas,
comme l'a dit M. Asselin cet après-midi, l'arbitraire, il est
inacceptable. Il faudrait que le ministre se rende à l'évidence.
Je ne voudrais pas qu'il arrive au ministre des Affaires municipales la
même chose qui est arrivée au ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche.
M. Rivest: Qu'est-ce qui lui est arrivé?
M. Maciocia: Vous savez que le projet de loi 37 lui a
coûté son siège. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive la
même chose. Les numéros se suivent: 37, 38.
Des voix: Ah! Ah! Ah! C'est dangereux.
M. Maciocia: Le projet de loi 37 a coûté le
siège du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Le
projet de loi 38 pourrait aussi coûter le siège du ministre des
Affaires municipales. Je voudrais mettre en garde le ministre, lui donner un
conseil d'ami et lui dire: Faites attention. Avant de commencer l'étude
de l'article 1, prenez toutes les précautions nécessaires pour
qu'on puisse obtenir une loi acceptable par tous les élus municipaux et
par la population du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marquette.
M. Rivest: Avant le député de
Marquette n'intervienne, est-ce que les députés
ministériels se sont ravisés à la suite de nos
interventions?
Le Président (M. Desbiens): M. le
député de Marquette, vous avez la parole. Une voix:
Cela n'a pas l'air. M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Effectivement, je ne
crois pas être l'un de ceux qui ont abusé du temps dévolu
à cette commission depuis 11 h 30 cet avant-midi. Il me fait plaisir
d'intervenir à ce stade-ci sur la motion présentée par
notre collègue, le porte-parole sur les affaires municipales pour notre
parti, le député de Laprairie, ladite motion voulant que tous les
membres de l'Assemblée nationale puissent venir ici, à cette
commission élue permanente des affaires municipales, pour faire valoir
leur point de vue sur ce projet de loi d'une grande importance - le mot
"importance" n'étant pas interprété effectivement dans le
sens positif - le projet de loi 38.
Le député de Bellechasse nous disait tantôt qu'il
avait été maire d'une municipalité qui faisait partie - il
l'a admis lui-même cet après-midi - de l'Union des
municipalités régionales de comté. Effectivement, il nous
disait qu'il y avait 400 personnes dans la municipalité dont il
était maire. Je crois qu'il nous disait également que, dans cette
municipalité, il y avait un couvent de soeurs de 350 personnes, ce qui
veut dire qu'il a été choisi parmi 50 personnes qui
résidaient dans cette municipalité.
Des voix: ...les soeurs ont droit de vote...
M. Dauphin: Oui, mais il y a une entente tacite entre les soeurs,
afin qu'elles ne se présentent pas en politique, à moins que vous
m'affirmiez le contraire. Je n'en ai jamais vu, mais, quoi qu'il en soit, je ne
veux pas concentrer non plus l'essentiel ou la substance de mon intervention
sur cet aspect.
Une voix: C'est un lapsus qui a dépassé sa
pensée.
M. Dauphin: M. le Président, à ma connaissance, je
n'ai pas interrompu les messieurs de l'autre côté lors de leur
intervention. J'aimerais bien qu'ils fassent de même en ce qui me
concerne.
M. Rivest: C'est parce que la substance leur en
échappe.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, votre collègue de Marquette vient...
M. Rivest: Dans sa substance, cela reste dit et on se dit
d'accord.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon!
M. Rivest: On applaudit.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon!
M. Rivest: M. le Président, c'est quand même vrai,
ce que je dis.
Le Président (M. Desbiens): Cela n'a pas d'importance, M.
le député de Jean-Talon. Votre collègue a justement
demandé le silence des membres de la commission.
M. Rivest: C'est dommage, M. le Président, que le
règlement nous empêche de dire des choses vraies.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Je continue, M. le Président.
M. Rivest: M. le Président, je m'excuse auprès du
député de Marquette et de vous-même, parce que je pense que
je devrais normalement m'abstenir d'intervenir comme cela, n'est-ce pas?
Le Président (M. Desbiens): Merci, M. le
député. Vous avez parfaitement raison. J'espère que vous
allez le mettre en pratique.
M. Rivest: Je ne le ferai plus, M. le Président.
M. Dauphin: Merci, M. le député de Jean-Talon. M.
le député de Chambly, on continue, on revient à la
substance.
M. Tremblay: Je suis suspendu à vos lèvres.
M. Dauphin: Effectivement, M. le Président, étant
donné l'importance du projet de loi 38, étant donné le
caractère arbitraire et antidémocratique qui caractérise
de fait ce projet de loi 38, je pense que la motion du député de
Laprairie, qui veut que l'ensemble des députés de
l'Assemblée nationale puissent intervenir sur le projet de loi en
question à la commission parlementaire ici, à l'étude
article par article que nous allons entamer par l'article 1 d'ici trois ou
quatre jours, je pense, dis-je, qu'elle a une pertinence extrême, celle
de permettre à tous les députés d'intervenir
là-dessus, d'autant plus que les deux grandes unions
représentatives des municipalités du Québec se sont
prononcées. Pour sa part, l'Union des municipalités du
Québec s'est prononcée pour le retrait pur et simple du
projet de loi 38. Elle nous a fait parvenir, par l'entremise du
président de l'Assemblée nationale, un télégramme
nous disant qu'il n'était aucunement question qu'elle assiste à
quelque commission parlementaire que ce soit sur les affaires municipales. Ceci
exprime clairement l'état de frustration auquel le projet de loi 38
confine les municipalités.
Également cet après-midi, nous avons eu l'occasion
d'entendre M. Asselin, qui est président de l'Union des
municipalités régionales de comté. Il a dit clairement
à la commission ou à l'ensemble des députés y
siégeant actuellement que le principe de la compétence exclusive
des provinces dans les affaires municipales n'était aucunement remis en
question dans le projet de loi 38. D'ailleurs, le Parti libéral du
Québec, par l'entremise de son aile parlementaire, ici même
à l'Assemblée nationale, n'a été que plus clair sur
la question de ce principe. C'est qu'en vertu de l'article 92 du BNA Act ou de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, les affaires municipales
relèvent... M. le député de Gouin, je m'excuse, si vous
n'avez pas compris ce que j'ai voulu dire, je suis persuadé que le...
(23 h 15)
M. Rochefort: C'est la substance qui m'a obnubilé.
M. Dauphin: C'est que, en matière de jurisprudence, en
droit constitutionnel, la substance est ce qu'il y a de plus important. C'est
probablement mon absence de formation juridique qui me porte à dire des
choses comme cela. Quoi qu'il en soit, M. Asselin nous a dit bien clairement
que dans un premier temps, en vertu de l'article 92 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, les affaires locales ou les affaires
municipales sont de juridiction exclusive des législatures provinciales.
Cependant, sur le plan pratique et sur le plan de la vie normale des
municipalités c'est que le projet de loi 38 les pénalise
injustement par le caractère discriminatoire, arbitraire,
discrétionnaire que se réserve le ministre dans ce texte
législatif.
J'aimerais également, M. le Président, insister sur le
fait qu'il y a moins d'une semaine, le Parti libéral du Québec a
remporté deux élections complémentaires, soit dans
Jonquière et Mégantic-Compton. Comme l'a souligné avec
à propos tantôt un de mes collègues, c'est que
l'épouse de notre ex-collègue, feu M. Fabien Bélanger,
représente un comté qui contient - si ma mémoire est
bonne, c'est le député de Laprairie qui mentionnait cela -
environ 52 municipalités. J'aimerais bien, si notre motion est
adoptée tantôt, que notre collègue qui va siéger
avec nous vendredi prochain puisse pouvoir intervenir ici même en
commission parlementaire sur l'étude article par article du projet de
loi 38.
Également, j'aimerais citer, plusieurs de mes collègues en
ont fait mention, l'éditorial très juste de M. Jean-Louis Roy: le
projet de loi 38, c'est non. J'aimerais simplement vous lire, si vous me le
permettez, M. le Président, le dernier paragraphe de l'éditorial
de Jean-Louis Roy qui disait ceci: "Le caractère odieux du projet de loi
38 n'a échappé ni au parti de l'Opposition ni aux élus
municipaux. Il est en effet intolérable que le pouvoir arbitraire d'un
ministre, le principe de la rétroactivité et la notion même
de discrimination soient conjugués dans un texte de loi. Les élus
municipaux avaient absolument raison d'exiger que ce projet de loi soit
étudié en commission parlementaire avant son adoption en
deuxième lecture. Rarement aura-t-on vu une législation aussi
contraire aux exigences élémentaires de justice. Rarement
aura-t-on vu une législation aussi pesamment punitive à l'endroit
des parlementaires majeurs plutôt victimes que coupables. "Tel qu'il est,
le projet de loi 38 ne doit pas franchir les dernières étapes
parlementaires et devenir la législation du Québec. Mais si le
gouvernement s'entêtait, on saura alors que rien ne l'arrête dans
la voie de l'arbitraire. Les parlementaires du groupe ministériel - y
compris les perroquets dont plusieurs sont ici à cette table aujourd'hui
- qui ont fait la parade des principes la semaine dernière à
l'Assemblée nationale devraient lire le projet de loi. Celui-là
ne compte pas des milliers de pages mais on a réussi à inscrire
dans ces trois pages tout ce qu'il y a de plus répugnant en
régime démocratique." De plus répugnant, c'est
effectivement enregistré au journal des Débats.
M. le Président, encore une fois je crois que M. Asselin,
président de l'Union des municipalités régionales de
comté, cet après-midi a très bien résumé la
position de l'union qu'il représente et jusqu'à un certain point
a très bien clarifié ou, de façon tout à fait
honnête, bien saisi la situation qui nous préoccupe avec le projet
de loi 38. Dans un premier temps comme je le mentionnais tantôt, sur le
plan constitutionnel au niveau du partage respectif des compétences, on
s'entend là-dessus, le Parti libéral du Québec et le PQ,
c'est une compétence exclusive du gouvernement provincial. Au niveau
pratique cependant, le ministre aurait tout avantage, je ne dis pas à
retirer indéfiniment le projet de loi 38, mais du moins à le
refaire en entier pour enlever tout le caractère discrétionnaire
qu'il renferme.
Comme vous le savez sûrement, M. le Président, depuis les
deux dernières années, nous avons vécu une période
extrêmement difficile sur le plan économique. Je ne verrais pas
pourquoi les citoyens et citoyennes du Québec seraient privés de
fonds publics - on s'entend là-dessus - à
même nos impôts que le gouvernement fédéral
reçoit. Je ne vois pas pourquoi des Québécois et des
Québécoises seraient privés de fonds qui sont actuellement
disponibles et également constitutionnels selon le pouvoir de
dépenser du gouvernement fédéral.
Le problème est qu'au niveau des ententes entre le gouvernement
central et le gouvernement du Québec, malheureusement... La population
du Québec a une lassitude en présence des querelles
fédérales provinciales depuis quelques années, surtout
depuis que le Parti québécois a fait jurisprudence en
matière de querelles de drapeaux et querelles fédérales
provinciales. C'est que ce gouvernement... C'est malheureux pour la population
du Québec parce que c'est cette population qui effectivement subit
préjudice de par l'attitude du gouvernement du Québec qui
n'arrive aucunement à des ententes importantes pouvant aider à
concrétiser les subventions du gouvernement fédéral.
Dans un premier temps, M. le Président, sans déborder trop
la motion de notre député collègue de Laprairie, c'est que
le gouvernement du Québec - cela a été encore
reconfirmé en fin de semaine lors de leur conseil national - a une
priorité obsessionnelle qui est effectivement de faire
l'indépendance, la séparation du Québec.
D'un autre côté, il a été élu par
cette même population pour voir aux meilleurs intérêts du
Québec. Vous vous en souvenez, en 1976, de son élection. Il a dit
à la population du Québec, et je me souviens aussi de Mme
Payette, en couleur à la télévision, qui nous disait: Si
vous voulez voter pour un bon gouvernement, votez pour nous. On réglera
l'aspect constitutionnel, la question nationale au moyen d'un
référendum. Effectivement, à la fin de son mandat le PQ a
fait un référendum, il s'est fait défaire, 60% à
40% et, quelques mois plus tard, lors d'une élection subséquente,
il s'est fait réélire en mettant en veilleuse, encore une fois,
l'article 1 de son programme politique.
Le problème, c'est qu'au niveau des négociations, si les
ministériels ou le ministre des Affaires municipales en arrivent
à une entente avec le gouvernement fédéral, cela va
à l'encontre de leur propre programme politique. Donc, ce qui est
à leur avantage, c'est d'arriver avec des querelles, avec de la
chamaille et avec des mésententes, ce qui va satisfaire leurs militants,
d'un côté, mais, de l'autre côté, va pénaliser
toute la population du Québec.
M. le Président, cette démonstration ayant
été faite de façon claire, je suis persuadé d'avoir
convaincu les ministériels surtout. Et j'en arrive à un autre
point. C'est que ce projet de loi est tellement antidémocratique, et
c'est là la pertinence de la motion de notre porte-parole, le
député de Laprairie, qui veut permettre à tous les
députés de l'Assemblée nationale de pouvoir intervenir sur
le projet de loi en question, ce projet de loi est tellement
antidémocratique que nous devrions même présenter une
motion par après - je vais laisser ce soin à d'autres
collègues plus expérimentés que moi sur la
procédure, pour que cette commission soit
télédiffusée, que cette commission soit
radiodiffusée, l'ensemble de nos collègues pouvant y intervenir
sur le projet de loi en question, étant donné l'importance de la
loi afin que cela puisse soulever l'opinion publique, non seulement à
l'Union des municipalités du Québec, non seulement à
l'Union des municipalités régionales de comté, mais dans
l'ensemble de la population contre ce projet de loi.
J'aimerais résumer un passage du mémoire que nous a fait
parvenir l'Union des municipalités du Québec relativement au
caractère discriminatoire du projet de loi 38. "Un texte discriminatoire
est celui qui ne s'applique pas également à tous. Cette
discrimination est particulièrement dénoncée lorsqu'elle
fait place à l'arbitraire, à des injustices flagrantes, à
l'abus et au favoritisme." C'est l'ensemble des termes que nous avons
dénoncés ci-haut comme invitant au discrétionnaire le plus
absolu ainsi qu'à la teneur de l'article 7 du projet de loi, qui permet
au gouvernement, selon son bon vouloir, de ne pas sévir contre certaines
municipalités en contravention à la loi, incite au favoritisme,
à l'arbitraire, au discrétionnaire et peut mener à des
injustices des plus flagrantes.
On invoque également le caractère déraisonnable du
projet de loi 38, M. le Président, et, si vous me le permettez, je
continue brièvement. "Un texte est jugé déraisonnable
lorsqu'il est discriminatoire, arbitraire et qu'il conduit à des
situations insolites et absurdes. L'étendue des articles 2 et 12, par
exemple, peut mener à des situations absurdes et injustes. Une
municipalité de bonne foi et respectueuse de la loi pourrait se voir
punie par le geste d'un tiers sur son propre territoire. En effet, le projet de
loi parle de toute participation du gouvernement fédéral, directe
ou indirecte, de près ou de loin, sous quelque forme que ce soit.
L'étendue que confèrent ces termes à la loi place toute
municipalité en infraction lorsqu'une association charitable, sociale ou
autre décide, pour le bien collectif, de construire un équipement
collectif sur le territoire municipal." Je pourrais lire les autres pages, qui
parlent de caractère abusif, de caractère imprécis,
d'absence de règles de justice naturelle, d'audi alteram partem
bafoué, etc.
C'est à ce titre et dans cette veine que sont les amendements
qu'a voulu apporter le président de l'Union des municipalités
régionales de comté; il a dit clairement que s'il
suggérait différents amendements au ministre des Affaires
municipales, ce n'était pas de gaité de coeur, bien au
contraire, mais qu'étant donné que nous sommes au stade
d'après la deuxième lecture, le principe ayant été
adopté par la majorité ministérielle, nous sommes rendus
au point où il se sent obligé maintenant de présenter des
amendements qui humaniseraient la loi 38 puisque nous en sommes de fait
après l'étape de la deuxième lecture.
En terminant - je pense que cela va conclure toute mon intervention
d'une façon honnête - au risque de me répéter, sur
le principe de la compétence législative, les deux
côtés de la Chambre s'entendent, tout le monde s'entend, les
éditorialistes s'entendent, les experts s'entendent. Je vois le
sous-ministre des Affaires municipales, je pense que c'est M. Kenniff, un
expert en droit municipal. J'ai fait mes études à Laval et M.
Kenniff y avait une réputation plus que chevronnée; je suis
persuadé qu'il s'entend avec nous aussi là-dessus. Cependant, au
niveau de la pratique, il faut arriver à des ententes. Malheureusement,
le gouvernement du Parti québécois n'a aucune
crédibilité. Le gouvernement du Parti québécois n'a
même aucun intérêt à en arriver à des ententes
avec le gouvernement fédéral parce que, au risque de me
répéter, cela irait à l'encontre de l'article 1 de son
programme politique. Cela a été confirmé à nouveau
en fin de semaine, ces gens se sentent obligés de reparler de
l'indépendance du Québec parce que leur aile militante la plus
radicale et la plus dévouée ne parle que de l'indépendance
du Québec. Tout ce que j'aimerais vous dire, c'est que le projet de loi
38 devrait être retiré en toute équité et justice
envers tous les citoyens et les citoyennes du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que la motion est
adoptée?
Des voix: Non, non.
M. Leduc (Saint-Laurent): Adopté.
Une voix: M. le Président, j'avais demandé la
parole.
Le Président (M. Desbiens): Non, il n'y a personne
d'autre.
M. Rivest: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Juste avant que mes collègues prennent la
parole, brièvement, j'ai une information à vous demander, M. le
Président. On m'informe, par la voix de mon collègue, le
député de Jeanne-Mance, que, pendant que les travaux de cette
commission se poursuivent, le leader du gouvernement, a pris l'initiative de
demander une conférence des leaders pour imposer le bâillon
à cette commission.
Une voix: Ah non!
M. Rivest: M. le Président, pendant que la commission
siège, il semble que le leader du gouvernement vient de faire ce geste
que je n'oserais qualifier... Ce serait...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon!
M. Rivest: M. le Président, c'est un point.
Le Président (M. Desbiens): Non, M. le
député de Jean-Talon...
M. Rivest: Est-ce qu'honnêtement cette commission peut
continuer de fonctionner...
Une voix: À l'ordre!
M. Rivest: ...alors que le leader du gouvernement est venu ici,
avec l'air de s'y intéresser discrètement, et sabote les travaux
de cette commission?
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rivest: C'est inadmissible...
M. Rochefort: Sur la question de règlement. M. le
Président, je soulève une question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je soulève une question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin, sur une question de règlement.
M. Rivest: ...alors que le député de
Saint-Laurent...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! (23 h 30)
M. Rivest: ...et le député de Pontiac n'ont pas
encore pris la parole.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, s'il vous plaît!
M. Rivest: M. le Président, c'est un geste sans
précédent...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rivest: ...dans l'histoire du parlementarisme et qui est de
même nature que le projet de loi 38.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rivest: C'est épouvantable!
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rivest: Si j'étais l'éditorialiste du Devoir, je
dirais que c'est répugnant, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon, à l'ordre!
M. Rivest: C'est épouvantable!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est pire que cela!
M. Rochefort: M. le Président, ma question de
règlement avait pour but de demander au député de
Jean-Talon sur quel article de notre règlement il veut attirer votre
attention.
M. Rivest: L'article 156.
M. Rochefort: II se lit comment, M. le député?
M. Rivest: "Lorsqu'une commission a étudié un
projet de loi pendant une période de temps correspondant à son
importance..."
M. Rochefort: Je veux qu'il l'apprenne, afin qu'il puisse...
M. Rivest: Alors que le député de Bellechasse
n'arrête pas de nous dire que c'est important, on n'a même pas
entamé encore, à cause des discours des députés
ministériels, l'article 1, M. le Président. Et voilà que
leader du gouvernement se serait... Je le dis de façon conditionnelle,
en vous demandant, M. le Président, d'aller vérifier. Enlever le
droit de parole au député de Saint-Laurent et au
député de Pontiac, M. le Président, c'est quelque chose
d'indécent sur le plan parlementaire.
M. Rochefort: L'article du règlement. L'article du
règlement.
M. Rivest: C'est bien cela. Les députés
ministériels, évidemment, vous ne le saviez pas. Comme
d'habitude, vous êtes informés.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jean-Talon!
M. Rivest: Le leader du gouvernement vous a-t-il consulté
pour faire cela? Comme je le disais dans mon intervention, c'est scandaleux, M.
le Président. Applaudissez votre leader du gouvernement. C'est un
ministre. Vous êtes là pour cela, vous autres, mais ne nous
demandez pas de cautionner un tel geste, qui est absolument contraire à
la procédure parlementaire.
M. Rochefort: En vertu de quoi a-t-il le droit de parole?
M. Rivest: Je pense que c'est une question de règlement.
M. le Président, je vous demande formellement de vous informer...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix: "Bulldozer".
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent, vous avez la parole, maintenant que le député de
Jean-Talon vous l'a laissée.
M. Leduc (Saint-Laurent): Merci, M. le Président.
M. Rivest: Vous n'allez pas vous informer?
M. Leduc (Saint-Laurent): À défaut d'intervenants
de l'autre côté de la table...
Le Président (M. Desbiens): Nous avons un mandat, qui est
celui d'étudier le projet de loi 38 article par article.
M. Rivest: Oui, mais on vient de nous le retirer en Chambre. On
travaille dans le vide.
Le Président (M. Desbiens): Non, on ne nous a pas
informés de cela. On n'est pas au courant de cela, M. le
député de Jean-Talon. M. le député de
Saint-Laurent. Vous ne l'êtes pas non plus.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): Merci, M. le Président.
J'écoutais tantôt le député de Chambly mentionner
que, de ce côté-ci de la Chambre, on était suffisamment
nombreux pour répondre et discuter de ce projet de loi et que ce
n'était pas nécessaire d'aller
chercher les autres députés, de demander aux autres
députés d'intervenir. Évidemment, il y a une chose, je
pense, que le député de Chambly n'a pas comprise, c'est justement
la motion même. La motion fait état non seulement des
députés de ce côté-ci de la table, mais
également des députés de l'autre côté. Il
s'agit d'entendre les députés tant du côté
ministériel que ceux de l'Opposition. D'ailleurs, c'est bien dit, on
n'exclut pas, mais pas du tout, les députés ministériels
qui ne font pas partie de cette commission ou qui n'y sont pas des
intervenants. "Que les députés qui ne sont ni intervenants - les
députés - ni membres de la commission permanente des affaires
municipales puissent se faire entendre sans devoir obtenir la permission, et ce
pour toutes les séances que tiendra ladite commission relativement
à l'étude article par article du projet de loi 38." C'est
évident qu'on est absolument intéressés à entendre
nos collègues du parti ministériel qui ne font pas partie de la
commission.
Le député de Chambly a dit en nombre suffisant. Je ne sais
pas quelle sorte de notion il peut avoir de la démocratie, quand on
pense que, de ce côté-ci de la Chambre, c'est-à-dire ce
côté-ci de la table, nous avons quatre membres qui peuvent voter
sur tout de même un nombre - maintenant, nous avons, depuis les
dernières élections, nous sommes rendus à 46...
Des voix: ...47.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...47 députés.
M. Rivest: ...bientôt 48...
M. Leduc (Saint-Laurent): En tout cas! Alors, nous sommes rendus
à 47 députés; alors quatre députés ont droit
de vote sur 47 députés. Je pense que... Non, M. le
Président, je pense que le député de Chambly n'a pas une
haute notion de la démocratie.
Également, de l'autre côté de la table, il faut bien
le mentionner, les seuls membres qui seront autorisés - vous permettez,
M. le député - à voter, ce sont les sept membres qui font
partie de cette commission; sept sur, actuellement...
M. Rivest: Sur 75.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non...
Une voix: Je n'ai même pas le droit de vote.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...sur 73, je pense.
M. Rivest: ...10% à peine.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, ce n'est sûrement pas
suffisant. Je pense qu'il faudrait entendre tous les députés, y
compris ceux du parti ministériel et du parti de l'Opposition...
M. Rivest: Ils n'ont rien à dire.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...même si, bien sûr, ils
n'ont pas grand-chose à dire, surtout les mêmes du parti
ministériel.
D'ailleurs, on parlait tantôt - mes confrères en ont fait
état - de l'article du Devoir, écrit par M. Jean-Louis Roy,qui parlait de perroquets. Je pense que M. Roy est d'autant plus
crédible, à la suite de la lecture de l'article par mon
collègue, l'ex-maire de Saint-Nazaire...
M. Rivest: Saint-Nazaire!
M. Leduc (Saint-Laurent): ...maintenant député de
Bellechasse, qui faisait état d'un article écrit par M.
Jean-Louis Roy et qui, je pense, n'était pas tellement flatteur pour les
libéraux. Je pense que, à ce moment-là, si les cris
sont...
Une voix: C'était dans un moment de lucidité.
Une voix: D'accord.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...quand il dit: Le projet de loi 38...
Non, je pense qu'on doit le croire, je pense qu'il est d'autant plus
crédible. Pourquoi est-ce qu'on demande que tous les
députés interviennent? Il y a une raison, je pense, majeure,
c'est d'abord pour pallier le refus du parti ministériel d'entendre tous
les intervenants...
M. Rivest: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...du domaine municipal, en commission
parlementaire. Je pense qu'il y a là une lacune. Il fallait donc pallier
cela. Je pense que ce serait une façon absolument originale et
pertinente. C'est une chose qui ne s'est peut-être jamais faite...
M. Rivest: ...permettre, cela ne s'est jamais fait.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela ne s'est jamais fait.
M. Rivest: Non. Ce serait nouveau.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors je pense qu'il s'agit ici de
créer un précédent qui est d'autant plus justifié
que, dans ce cas-ci, on n'a pas entendu les 1600 municipalités, parce
qu'il faut bien comprendre que, dans le cas présent, nous
avons affaire à l'ensemble des citoyens, l'ensemble des
Québécois.
On a parlé d'autres lois importantes, on a parlé de la loi
43 concernant les employés au pourboire, cela touche, bien sûr,
une partie de la population. Ces gens-là, je pense, sont importants dans
notre société. Mais c'est tout de même un nombre
limité, alors que le projet de loi 38 affecte tous les
Québécois sans aucune exception au Québec.
J'écoutais, cet après-midi, l'intervention et les
réponses de M. Asselin, le président de l'Union des des
municipalités régionales de comté, qui nous disait - et je
pense que c'était très pertinent - qu'il n'avait pas, lui,
à légiférer. "En ce qui concerne la loi, messieurs, cela
vous concerne." Je peux vous dire que je me sentais assez mal à l'aise
cet après-midi à la suite de cette remarque. Quand on
légifère sur des lois comme la loi 38, cela m'inquiète,
cela me gêne un peu vis-à-vis de ces gens qui se dévouent,
autant les présidents que les préfets et tous les maires. Vous
avez oeuvré, M. le député de Bellechasse, au niveau de la
mairie, vous en connaissez les responsabilités.
M. Rivest: II a été préfet aussi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous connaissez les
responsabilités qui doivent être assumées. On doit avoir
d'autant plus de respect et on doit d'autant plus vous écouter que vous
êtes les gens les plus près, peut-être avec les commissaires
d'école, de la population. C'est peut-être à ce
moment-là une raison pour vous écouter d'autant mieux et
prêter un peu plus attention à vos revendications parce que vous
êtes immédiatement collés à la réalité
quotidienne, à la réalité vécue par tous les
citoyens.
J'ai mentionné tantôt que le projet de loi touchait tous
les citoyens du Québec. II aura un impact sur la vie quotidienne des
1600 municipalités au Québec. Je devrais également
mentionner que ce projet de loi intéresse tous les
députés. Une des premières raisons de les entendre est
qu'il y en a plusieurs qui n'ont rien dit. On a mentionné tantôt
que 65 ou 66 avaient parlé, autant d'un côté que de
l'autre. Je pense que c'est d'autant plus important...
Une voix: Un peu plus de notre côté.
M. Leduc (Saint-Laurent): À peine plus. C'est d'autant
plus important que vous ne comptez plus le double maintenant, tout en
conservant tout de même une bonne majorité par rapport au nombre
total. Il serait peut-être bon d'entendre certains de vos
députés. Il y en a peut-être que ça
n'intéresse pas, mais il y en a peut-être qui pourraient avoir
quelque chose à nous dire, des choses qu'on serait
intéressé à entendre.
M. Rivest: Moi, je serais intéressé à tous
les entendre.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est d'autant plus important...
M. le Président, pourriez-vous dire à mon
collègue...
Une voix: De quel comté?
M. Leduc (Saint-Laurent): De Jean-Talon...
C'est d'autant plus important que beaucoup de ces députés,
beaucoup de ces représentants, des mandataires que nous avons à
Québec, ont également été des mandataires, des
maires, des conseillers, des échevins au niveau municipal. Je ne
voudrais pas toujours mentionner le député de Bellechasse, il
n'est pas le seul; il y en a de vrais et il y en a de moins vrais. Qu'on pense
au député de Trois-Rivières...
Une voix: Au maire de Verdun.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...il s'est essayé. Il aurait
peut-être intérêt à venir ici, à la commission
parlementaire. Il pourrait peut-être nous dire des choses, il a tout de
même vécu une course à la mairie. Il aurait peut-être
des choses à nous dire, il a eu un contact très immédiat
avec la population, avec les citoyens de Trois-Rivières.
M. Rivest: Le maire de Verdun.
M. Leduc (Saint-Laurent): Le maire de Verdun, bien sûr, est
membre de la commission; il sera ici demain. Il sera très facile de
l'entendre, de l'écouter. Je pense qu'il aura sûrement des choses
intéressantes à vous raconter. Tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, nous avons tout
intérêt à les entendre; du côté
ministériel parce que c'est la majorité officielle. Il faut bien
reconnaître, actuellement, que les députés
ministériels représentent la majorité, mais d'une
façon officielle, parce que la vraie majorité, c'est l'Opposition
qui la détient.
M. Rivest: C'est vrai.
M. Leduc (Saint-Laurent): On est maintenant en mesure, à
la suite des élections partielles, à la suite des sondages... Je
ne sais pas si vous avez vu les derniers sondages: 20% de la population sont
d'accord avec les ministériels; sept citoyens sur dix au Québec
ne veulent plus de vous. On suppose, à ce moment-là, qu'il y a un
seul parti de rechange et c'est un maudit bon parti, c'est le nôtre. Je
suis certain que les sept sur dix se retrouveraient très bien au
niveau de notre formation.
M. Rivest: Ils sont Québécois.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est donc dire qu'actuellement...
M. Rivest: Ils n'ont pas le choix.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...nous représentons la
population, nous avons une responsabilité. Officieusement, c'est nous le
parti au pouvoir, c'est nous vraiment qui...
Une voix: Le parti au pouvoir?
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, vraiment, c'est nous. Nous
représentons la majorité. Nous sommes peut-être
minoritaires, mais nous représentons la majorité au
Québec.
M. Rivest: C'est cela. Une voix: Belle
mentalité!
M. Rochefort: C'est compliqué, votre affaire, la
minorité représente la majorité.
M. Leduc (Saint-Laurent): Pourquoi ce projet de loi est-il si
important? Parce que, évidemment, il y a des sommes très
importantes en jeu. M. Asselin mentionnait des sommes cet après-midi. Il
disait: Imaginez-vous dans une petite municipalité comme la mienne,
Sainte-Émélie-de-l'Énergie, ce que peuvent
représenter 50 000 $. C'est peut-être peu pour certaines villes.
Bien sûr que, si je faisais état du budget de Saint-Laurent, qui
est près de 100 000 000 $, c'est peu. À Montréal, il est
de près de 1 000 000 000 $.
Une voix: À Saint-Nazaire?
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais Saint-Nazaire. Je reviens encore
à Saint-Nazaire.
M. Rivest: II est de combien? Une voix: 10 000 $.
M. Leduc (Saint-Laurent): Imaginez-vous 50 000 $ à payer
à Saint-Nazaire.
M. Lachance: C'est 50% du budget.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est le Pérou. Je pense
que...
Une voix: Le Pérou.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...justement, à cause de
l'importance de ces montants, nous devons d'autant plus considérer que
le projet de loi est important. Ce serait peut- être important pour nos
collègues qui ne font pas partie également de la commission de
venir entendre, de venir écouter ce que le président de l'UMRCQ
nous a dit, cet après-midi. Il nous a dit des choses très
intéressantes. Il serait également important d'entendre tous les
députés concernant ce projet de loi parce que, à mon sens,
c'est l'un des projets de loi les plus importants de cette session-ci, parce
que, si on regarde, on a passé cinq mois en vacances, on nous a
donné un mois additionnel de vacances...
Une voix: On a travaillé nous autres.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...mais la seule chose qu'on a pu nous
présenter, au début de la session, c'est trois projets de loi
qui, à mon sens, ont une certaine importance et, un de ceux-là,
c'est le projet de loi 38 intitulé projet de loi sur la participation
gouvernementale... J'appellerais plutôt cela le projet de loi sur le
refus de participation gouvernementale au financement des municipalités.
En fait, c'est cela le projet de loi. Ce n'est pas sur la participation, c'est
sur le refus.
Une voix: On fait un amendement.
M. Leduc (Saint-Laurent): On va proposer un amendement, c'est
bien évident.
M. Rivest: Il est prêt, d'ailleurs.
M. Leduc (Saint-Laurent): II est préparé
l'amendement. C'est excellent. (23 h 45)
C'est vous dire comme il y a peu de lois actuellement. Je pense qu'on
pourrait mobiliser des gens, ce serait une occasion pour nos
députés de s'occuper de législation,
particulièrement du côté du parti ministériel parce
qu'il est reconnu que les back-benchers les députés qui n'ont pas
de poste de ministre, ne foutent pas grand chose. Alors, ce serait
peut-être leur première occasion de s'impliquer, de venir ici en
commission nous dire ce qu'ils pensent de ce projet de loi, vu qu'il y a
peu de projets de loi, il y en a seulement trois et c'est un des plus
importants.
C'est une loi importante. Je pense qu'il est important que tous les
députés viennent à cette commission parce que c'est une
loi qui est rejetée, qui n'est pas voulue au Québec. Je pense
que, pour une fois, on a fait l'unanimité; c'est global. Je pense qu'une
loi, pour être légitime, doit être voulue. Il faut que ce
soit une loi désirée, elle doit répondre à un
besoin. Une loi légitime, cela doit répondre à un besoin.
Personnellement, j'ai regardé ce projet de loi dimanche, chez moi...
M. Rivest: Après la messe.
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, bien sûr, j'étais en
campagne, à ma ferme, et j'ai regardé cette loi.
M. Rivest: Dimanche!
M. Ciaccia: Ce n'est pas un jour parlementaire, le dimanche.
M. Leduc (Saint-Laurent): Quand même. Manifestement, cela
m'intéressait.
Une voix: Après un tour d'hélicoptère.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, il faisait mauvais. Alors, j'ai
regardé ce projet de loi, je me suis posé certaines questions. Je
me suis demandé pourquoi on a statué sur la loi sur la
participation gouvernementale au financement. J'en ai parlé à mon
épouse...
M. Rivest: Elle a dû être contre cela, telle que je
la connais! Une femme de jugement... je la connais bien.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est évident! Et c'est une
question, je ne dirais pas de vie ou de mort, mais elle m'a bien indiqué
qu'il n'était pas question que le Parti libéral entérine
ce projet de loi.
Donc, je reviens sur le point capital et je pense que cela est
très sérieux. Une loi doit être légitime. On ne peut
pas, à mon sens, voter, adopter une loi qui ne serait pas
légitime. Il faudrait donc que la loi soit désirée,
voulue. Et tout le monde au Québec reconnaît que cette loi est
inappropriée, inutile.
M. Tremblay: Le député demande-t-il que tout le
monde vienne à la commission s'exprimer? Tout le monde au
Québec!
M. Rivest: Oui, c'est cela. Vous constatez... M. le
Président, il vient de comprendre. Il est embrouillé; cela fait
20 minutes qu'il parle.
M. Leduc (Saint-Laurent): Bien oui, il n'avait même pas
compris qu'on demandait que les députés ministériels, qui
ne font pas partie de la commission, viennent à la commission.
M. le député...
M. Tremblay: Jamais je n'aurais cru qu'ils se sentaient aussi
faibles que cela, par exemple.
M. Rivest: Ce n'est pas parce qu'il a fait un bon coup...
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, je disais, justement, M. le
Président, si vous me permettez... Il me dérange. J'ai dit, je
viens de mentionner que toute la population, toutes les instances, toute la
communauté du Québec sont contre ce projet de loi. Je vais
mentionner le président de l'UMQ, l'ancien président, M. Moreau,
des municipalités régionales de comté. Il
représentait - vous allez me dire que maintenant, il n'est plus
là - les municipalités à ce moment-là, cela en fait
un de plus. Donc, l'ancien président, les deux présidents actuels
qui représentent, à mon sens, si j'ai bien compris - je n'ai
jamais été un conseiller municipal - toutes les
municipalités au Québec. Donc, toutes les municipalités au
Québec sont contre ce projet de loi. Également, tous les
organismes de pression. Je mentionnerai les chambres de commerce. Il me reste,
excusez, je commence, M. le Président.
M. Ciaccia: C'est le porte-parole du parti sur cet article. Je
pense qu'il a une heure.
Le Président (M. Desbiens): C'est 20 minutes quand
même.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, tous les organismes de pression,
les chambres de commerce, le Conseil du patronat et même des centrales
syndicales. Je pense que ce ne sont pas des gens qui sont tellement
d'allégeance libérale. Tous les députés de
l'Opposition et M. le Président, tous les députés de
l'Opposition, cela est beaucoup de monde. Demandez à la population qui
c'est, cela. Demandez-lui ce qui va arriver tantôt. Elle va vous
dire...
M. Rivest: Le président n'est pas pour, non plus.
M. Leduc (Saint-Laurent): Le président, je lui en parlerai
tantôt, après la séance.
Je dois vous dire que nous, du Parti libéral, on se sent
drôlement à l'aise. C'est évident que, de temps à
autre, il y a des projets de loi sur lesquels on peut différer
d'opinion.
Une voix: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais ici, c'est l'unanimité
totale. D'ailleurs, on m'a dit, à l'heure du dîner,
qu'apparemment, au parti ministériel, la seule chose dont on parlait
actuellement, c'était du projet de loi 38.
Une voix: Oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est pour vous dire l'importance de ce
projet de loi et que tout le monde n'est pas d'accord. De notre
côté, je peux vous certifier que tout le monde est d'accord.
Le Président (M. Desbiens): Si vous
voulez conclure, M. le député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, je terminerai en disant que
j'appuie d'emblée la motion présentée par mon
collègue...
Une voix: Très bien.
M. Leduc (Saint-Laurent): ...qui défend le monde
municipal, le député de Laprairie, un député hors
pair...
Des voix: Ah oui!
M. Leduc (Saint-Laurent): Hors pair.
Une voix: Hors pair?
Une voix: ...rempli de substance.
Une voix: Bien non, c'est vous...
M. Leduc (Saint-Laurent); Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac.
Une voix: Félicitations pour la substance.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
de me joindre à mes collègues pour donner l'occasion à
tous les députés, qui ne sont ni intervenants, ni membres de la
commission permanente des affaires municipales, de se faire entendre sans
devoir obtenir la permission...
Une voix: Vas-y, Bob.
M. Middlemiss: ...et ce, pour toute la séance que tiendra
ladite commission - il semblerait qu'elle va être raccourcie pas mal -
relativement à l'étude, article par article, du projet de loi 38.
Ce qui me pousse à appuyer cette motion, c'est que même le
ministre des Affaires municipales, aujourd'hui, à la suite de la
présentation du président de l'Union des municipalités
régionales de comté, semblerait avoir été
éclairé. Tout à coup, de par les arguments
présentés par le président, il a vu qu'il y avait quelque
chose de très positif qui ferait l'affaire des municipalités, du
moins les municipalités régionales de comté et ceux que
représentait le président. Ce même ministre qui, il y a
à peine deux jours - on lui en donnait l'occasion - a refusé
notre motion de report de cinq jours pour entendre tous les intervenants du
monde municipal qui avaient exprimé ce voeu, aujourd'hui, a
été éclairé. De plus, on nous a soumis aujourd'hui
le mémoire de l'Union des municipalités du Québec.
Grâce à ces deux documents, les députés qui,
malheureusement, ne sont pas à la commission aujourd'hui pourront, par
l'entremise du journal des Débats, se sensibiliser à ce sur quoi
le président de l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec nous a parlé aujourd'hui. Donc, à
la suite de la lecture de ces deux mémoires, je crois que les
députés qui ne sont pas encore intervenus pourront être
plus sensibilisés aux désirs du monde municipal.
L'autre chose qui m'étonne, et c'est notre rapporteur, l'ex-maire
de Saint-Nazaire, qui...
Une voix: ...
M. Middlemiss: Oui, à part de cela, imaginez-vous! Lui qui
déjà avait un préjugé favorable pour le monde
municipal semble l'avoir complètement perdu. Il tentait de nous rassurer
ce soir en nous disant qu'au caucus il y avait eu une négociation.
Une voix: ...
M. Middlemiss: Oui, il a dit: On a négocié le
projet de loi 38 ce soir, au caucus, et...
M. Lachance: C'est un mot que je n'ai pas utilisé, M. le
député.
M. Middlemiss: Vous avez discuté et
négocié...
Des voix: Ah!
Une voix: Ce n'est pas pareil.
M. Middlemiss: ...le projet de loi.
Une voix: Discuté, discuté.
M. Middlemiss: Discuté et négocié, cela ne
me rassure pas, parce que je dois vous dire que, dans mon comté, il y a
20 municipalités qui ont déjà eu des négociations
et des discussions avec le ministre des Affaires municipales. Lorsque est venu
le temps de prendre la décision, il a mis de côté les
négociations et les discussions et il a décidé à sa
façon. Donc, cela ne me rassure pas que quelqu'un du caucus me dise: On
a été sensibilisés au projet de loi 38 et on met toute
notre espérance et notre foi dans le ministre des Affaires municipales.
Je n'ai pas été impressionné de cela du tout. Je vous le
dis.
On vous donnait l'occasion, par une motion de report, d'avoir une
commission parlementaire avant la deuxième lecture; vous l'avez
refusé. Cela me fait penser un peu à ce que l'on dit en anglais:
Do not
bother me with facts, my mind is already made up. Ce qui veut dire en
français: Ne me donnez pas les faits, j'ai déjà pris ma
décision.
Une voix: C'est vrai.
M. Middlemiss: Donc, dans ce sens-là... Ceci a très
bien été démontré aujourd'hui...
M. Tremblay: Pourquoi voulez-vous tout ce monde-là?
M. Middlemiss: Parce que même...
M. Tremblay: Pourquoi voulez-vous que tout ce monde-là
vienne nous parler?
M. Middlemiss: Ceci a été très bien
démontré aujourd'hui. Même le ministre des Affaires
municipales a été impressionné par la présentation
du président de l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec. Imaginez-vous donc s'il avait voulu collaborer
avec le président de l'Union des municipalités du Québec,
avec la Chambre de commerce du Québec, avec la ville de Québec
qui voulait elle aussi se présenter, la ville de Hull. Notre
collègue, ex-maire de Hull - malheureusement, aujourd'hui il ne peut pas
intervenir - lui aussi pourrait certainement ajouter beaucoup. Il semblerait,
malheureusement, qu'ici il n'y a pas de libération conditionnelle. Il a
déjà servi les deux tiers de sa sentence, mais il ne peut pas
parler et c'est très malheureux.
M. Tremblay: Le pire c'est qu'il va être en liberté
demain.
M. Middlemiss: M. le Président, sur le principe du projet
de loi 38, je reviens à l'éditorial de Jean-Louis Roy, même
s'il y a des personnes ici qui ne semblent pas avoir confiance. C'est bien dit:
"Que le gouvernement du Québec tienne sa compétence exclusive
dans le domaine municipal pour non négociable et cherche à
bloquer l'action directe d'Ottawa ne fait pas problème. Au contraire,
cette politique fait l'unanimité."
Donc, si on est ici en commission parlementaire pour discuter article
par article ce projet de loi, ce n'est pas parce qu'on est contre le principe.
On exprime les voeux des gens du niveau municipal. Un autre fait, c'est que je
suis convaincu qu'il y a plusieurs députés du côté
ministériel ou de l'Opposition... On sait qu'il y a eu des
élections municipales tout récemment. Je suis convaincu que les
députés n'ont pas tous eu la chance de parler à ces
nouveaux élus pour savoir quel était leur point de vue sur le
projet de loi 38. Je crois qu'on devrait donner l'occasion à d'autres
députés de venir exprimer leurs vues.
Je pense que ce que les gens veulent, c'est une entente entre les
gouvernements fédéral et provincial. La façon dont agit le
gouvernement... J'aimerais bien, entre les élections, qu'ils puissent
agir de la même façon qu'ils le font durant les élections,
mettre de côté l'option séparatiste et dire: On va
être un bon gouvernement. Malheureusement, aussitôt qu'ils sont
élus, qu'il n'y a plus de risque de se faire battre sur cette option, on
travaille pendant quatre ans à miner le gouvernement
fédéral pour démontrer que le fédéralisme
n'est pas rentable. C'est très malheureux, les conséquences d'une
telle performance. Comme l'a dit M. Asselin cet après-midi, eux
représentent les municipalités et aussi les contribuables. Ce
sont les contribuables qui payent les taxes. S'il y a des
pénalités, à tort ou à raison, au bout de la ligne
ce sont les contribuables de chaque municipalité qui vont être
obligés de payer pour les gestes qui pourront être posés
à la suite de l'application de la loi 38.
C'est surprenant, M. le Président, j'aurais eu l'impression qu'au
niveau des députés du côté ministériel on
aurait choisi pour siéger à cette commission des anciens membres
de conseils, des conseillers...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac, il est 24 heures. La commission élue permanente des affaires
municipales ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)