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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!.
La commission élue permanente des affaires municipales est
réunie pour étudier, article par article, le projet de loi 28,
Loi modifiant la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais.
Les membres de la commission sont: MM. Beauséjour (Iberville),
LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Gratton (Gatineau), Kehoe (Chapleau), Fallu
(Groulx), Lachance (Bellechasse), Léonard (Labelle), LeMay
(Gaspé), Rocheleau (Hull), Saintonge (Laprairie), Tremblay
(Chambly).
Les intervenants de la commission sont: MM. Assad (Papineau), Bisaillon
(Sainte-Marie), Middlemiss (Pontiac), Caron (Verdun), Leduc (Saint-Laurent),
Léger (Lafontaine), Paré (Shefford).
Il serait dans l'ordre de désigner un rapporteur, s'il vous
plaît!
M. Fallu: Qui a le temps de faire ça? Le
député de Bellechasse semble avoir le temps nécessaire, M.
le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. Lachance,
député de Bellechasse, est proposé comme rapporteur.
Avant de procéder à l'étude de la loi article par
article, est-ce que vous avez des remarques préliminaires, M. le
ministre?
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: Quelques mots seulement, M. le
Président. Nous entamons l'étude article par article du projet de
loi sur la CRO. Nous avons donc terminé les discours de deuxième
lecture.
Je vous rappellerai simplement que ce projet de loi a été
amplement discuté. Depuis longtemps, on attendait une loi dans
l'Outaouais au sujet de la communauté régionale. Il y a eu des
consensus - je ne dis pas l'unanimité - quand même
intéressants sur un bon nombre de sujets, tels que
l'intégrité du territoire, la représentation des
municipalités membres, un poste électif à la
présidence, le travail du conseil et des commissions, la nature des
compétences obligatoires, la façon de prendre les
décisions, etc. J'ai moi-même eu l'occasion de rencontrer ces gens
- comme je l'ai déjà mentionné - à plusieurs
reprises et, par rapport au projet de loi lui-même, il y a quand
même eu des manifestations de la part des maires et des élus
municipaux du secteur. En particulier, il y a eu cette résolution
adoptée à l'unanimité au conseil de la Communauté
régionale de l'Outaouais, le 9 juin. Cette résolution m'a
été transmise. La ville de Hull, par la suite, a émis
quelques réserves, mais je pense que, sur l'essentiel, il faut constater
qu'il y a un consensus assez large.
J'ai eu l'occasion de citer le nom du maire de Buckingham, qui ne s'est
pas présenté ici. Il a prétendu que cela n'était
pas nécessaire parce qu'il était plutôt d'accord avec le
projet de loi. C'est du moins ce que le journal Le Droit avait
déclaré. C'est ce qu'il aurait déclaré au journal
Le Droit et c'est ce que le Droit a rapporté à ce sujet.
M. le Président, j'aurai quelques amendements à
déposer en commission. J'ai déjà fait part vendredi
après-midi à l'Opposition de la majorité de ces
amendements. Je sais qu'elle-même se prépare à nous en
donner et à nous en envoyer.
Il me semble qu'il s'agit simplement de bonifier la loi. En ce qui nous
concerne, nous sommes d'accord pour procéder dès maintenant
à l'étude de cette loi le plus tôt possible pour que l'on
puisse normalement terminer les travaux avant la fin de l'ajournement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: M. le Président, comme remarques
préliminaires, je vais simplement noter que, tel que nous l'avons
mentionné, avec la plupart de mes confrères ici présents,
lors de la deuxième lecture, nous allons aborder l'étude du
projet de loi article par article avec un esprit ouvert, en espérant
qu'il peut y avoir une bonne discussion et que nous pourrons, dans la mesure du
possible, bonifier le projet de loi grâce à certains amendements.
Mes confrères de l'Outaouais ont sûrement aussi des amendements
à proposer.
Nous espérons que l'étude du projet de loi pourra se
faire, comme je l'ai dit tantôt,
dans un esprit d'ouverture qui garantira notre collaboration. Autrement,
ce n'est pas une menace, nous tenterons le mieux que nous pouvons de nous
accommoder, puisque je dois de nouveau déplorer que l'étude
même article par article de ce projet de loi doive se terminer à
la fin d'une session et dans un temps relativement bref, ce qui nous rend
difficile de travailler avec toute l'aisance que l'on aurait souhaité
avoir.
Je remercie le ministre de nous avoir fait parvenir les amendements
vendredi, en fin d'après-midi. C'est un délai évidemment
assez bref. Certains de mes confrères n'ont malheureusement pas pu en
prendre connaissance avant ce matin. Ces gens-là allant dans
l'Outaouais, ils sont partis plus tôt vendredi et ils n'ont eu les
amendements que ce matin. Mais nous allons tenter, dans la mesure du possible,
d'obtenir satisfaction pour les municipalités concernées, suivant
les représentations que chacun des députés de l'Outaouais
ont pu recevoir de leur milieu municipal.
Je vous remercie, M. le Président. Je pense que certains de mes
confrères voudraient aussi émettre des commentaires au
départ.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. En premier lieu,
disons que l'on se sent bousculé par le temps. À la suite de la
deuxième lecture, jeudi soir, on ne pensait pas, à
première vue, avoir à passer à travers cette
deuxième lecture au cours de la nuit de jeudi à vendredi. Je n'ai
pas l'intention d'être trop long et de répéter ce que j'ai
dit, car j'ai parlé pendant une heure et trente minutes jeudi soir et
dans la nuit de jeudi à vendredi. Par contre, je tiens à
souligner que ce projet de loi pour l'Outaouais québécois est
sûrement aussi important que la loi 46, adoptée l'an passé,
restructurant la Communauté urbaine de Montréal. Nous avions eu
beaucoup plus de temps pour analyser chacun des points, rencontrer
individuellement les principaux intervenants et tenter d'établir un
certain consensus avant l'adoption de cette loi. Dans le cas de la
Communauté régionale de l'Outaouais - je veux le
répéter, M. le Président - nous avons, les membres de
l'Opposition, au cours des dernières années, revendiqué
une restructuration importante de la Communauté régionale de
l'Outaouais créée en 1969. Ce que je trouve quand même
très curieux, c'est que, à compter du mois de décembre
1982, on ait commencé à se faire dire par le ministre des
Affaires municipales que la refonte de la CRO n'était pas pour le
printemps, d'une part. Cela, on le retrouve dans une déclaration faite
le 11 décembre. Le 22 janvier 1983, le ministre des Affaires municipales
nie avoir gaspillé du temps. Je tiens ici à reprendre certains
énoncés du porte-parole du ministre à ce moment-là:
"...pourrait déposer un projet de loi au début du mois de juin
prochain. Une telle procédure avant l'ajournement de l'Assemblée
nationale donnerait tout l'été à la population de
l'Outaouais pour discuter du projet de loi et faire valoir son point de vue".
Je pense que c'était une position très logique, à ce
moment-là. Cela a été répété au mois
de mars à la suite d'une dernière consultation qu'a faite le
ministre dans le milieu. On répétait, encore une fois, que le
projet de loi serait déposé au début du mois de juin et
qu'il serait adopté au début de l'automne.
M. le Président, à la suite de la deuxième lecture,
jeudi et vendredi dernier, on attendait des amendements. On en a reçu
plusieurs vendredi, en fin de journée. Je ne peux malheureusement me
prononcer sur ceux-ci, les ayant reçus il y a à peine quelques
instants et n'ayant pu en prendre connaissance. C'est un projet de loi qui
contient environ 90 articles. Je souhaite qu'on soit en mesure de faire un
travail satisfaisant dans les circonstances, mais je voudrais
immédiatement aviser le ministre des Affaires municipales que,
même si on a présenté une motion de report, jeudi dernier,
motion qu'il n'a pas jugé bon d'accepter, nous allons devoir prendre le
temps nécessaire pour examiner chacun des articles qui tiennent compte
de cette refonte. Nous avons déjà demandé que certaines
modifications importantes soient apportées au projet de loi 28, entre
autres en ce qui touche plus particulièrement l'intégrité
du territoire ou de la communauté régionale dans son cadre
actuel. Je sais que mes collègues feront également certaines
interventions dans ce sens-là.
Pour ce qui est de la structure comme telle, je dois dire que ce n'est
rien pour en augmenter ou en améliorer l'efficacité, mais, au
contraire, d'après ce dont je peux m'apercevoir, cela va rendre encore
plus contraignantes les discussions autour de la table et de la CTCRO et de la
CRO, sans pour autant diminuer les coûts, en tenant compte de
l'augmentation assez importante du nombre des représentants autour de la
table de la CRO et encore plus importante autour de la table de la CTCRO, ce
qui, à toutes fins utiles, devient une certaine forme de
répétition des principaux intervenants du milieu.
Nous aurons, au cours de la journée ou des jours qui vont suivre,
l'occasion de traiter de chacun des articles. J'espère que le ministre
aura une certaine ouverture d'esprit et que rien n'est coulé dans le
ciment, d'autant plus que le projet de loi a
été déposé le 31 mai, qu'il devait
être le projet de loi de la Communauté régionale de
l'Outaouais, qui faisait suite à de nombreuses consultations et
dialogues, apparemment, dans le milieu. Je tiens à souligner que les
membres de l'Opposition de la région de l'Outaouais n'ont
malheureusement pas été consultés. (10 h 30)
Ils auraient sûrement pu fournir un apport important à
cette restructuration et c'est un reproche que je peux formuler au ministre des
Affaires municipales, car il ne semble pas tenir compte du fait que nous, de
l'Opposition et, plus particulièrement dans l'Outaouais
québécois où cette Opposition est
représentée par des députés libéraux, nous
aurions sûrement eu avantage à nous consulter afin de pouvoir
participer avec le milieu et tenter de bonifier le plus possible cette
restructuration, qui est très importante pour l'Outaouais
québécois, d'autant plus, M. le Président, que nous avons
eu, au cours des treize dernières années, tellement de
contraintes, tellement de discussions, tellement d'assemblées à
couteaux tirés que ce n'est pas en bousculant tout aujourd'hui que l'on
peut souhaiter voir bonifier ce projet de loi de la façon que nous
l'aurions souhaité.
En terminant, M. le Président, je veux souligner que chacun des
amendements apportés par le ministre prouve déjà que ce
projet de loi aurait mérité une large consultation dans le
milieu. Je sais pertinemment que le maire de Gatineau aurait souhaité
être ici parmi nous ce matin. Il était à l'aéroport
de Gatineau; son nom figurait sur la liste d'attente, mais, étant
donné qu'il n'y avait pas de place - Aviation Québec,
contrairement à Quebecair, semble être beaucoup plus rentable - il
n'a pu venir ici. On lui a simplement fait des "bye-byes" avant de partir en
lui disant qu'on allait tenter de faire les meilleures représentations
en l'occurrence. Le maire de Hull aurait souhaité aussi être ici
aujourd'hui de même que le maire de Pontiac. Ce dernier aurait voulu,
dans une dernière intervention, tenter une supplique au ministre, pour
faire en sorte que sa municipalité soit retirée de la
communauté régionale pour être regroupée avec la
municipalité régionale de Pontiac.
A cause de tous ces éléments, nous allons être
très vigilants sur chacun des articles auxquels l'Opposition pourrait
tenter d'apporter certains amendements. Je sais que nous en avons. Il faudra
comprendre immédiatement que, dans notre rôle d'Opposition
officielle, comme nous l'avons vécu et comme nous l'avons
constaté dans le passé où, à plusieurs occasions,
nous avions des amendements importants - entre autres quand on a
étudié le projet de loi 33, le projet de loi 92, le projet de loi
37 sur Baie-Comeau-Hauterive - que le ministre n'a pas acceptés, nous
avons trouvé, M. le Président, de par le règlement, des
moyens de créer une certaine obstruction quant à la
recevabilité de ces amendements. Il est bien évident
qu'aujourd'hui, nous étudierons, avec nos collègues le projet tel
qu'il est. Nous tenterons d'apporter certains correctifs et nous tenterons de
faire comprendre au ministre qu'il ne vit pas dans l'Outaouais
québécois, même si c'est très près,
l'appréhension qu'ont plusieurs d'entre nous, tenant compte de ce projet
de loi qui aurait pu, très facilement être mis sur la table au
cours de l'été de façon à permettre à toutes
les municipalités d'y apporter un dernier coup d'oeil, d'autant plus
qu'elles n'ont pas encore vu les amendements ce matin. Cela nous aurait permis
de le bonifier davantage et, possiblement, d'obtenir le consensus tant
recherché qui permettrait à cette communauté de
réellement prendre son deuxième souffle, d'être beaucoup
objective, beaucoup plus efficace, de passer moins de temps à s'obstiner
sur un paquet de choses et à oublier le rôle pour lequel celle-ci
a été créée, c'est-à-dire d'unifier les
efforts du côté de l'Outaouais québécois, tenant
compte du pendant de la MROC du côté de l'Ontario.
M. le Président, ce sont les commentaires que j'avais à
faire, mais soyez assuré qu'au cours de la journée, aujourd'hui,
demain, mercredi et jeudi, je n'ai pas l'intention d'être bousculé
par le temps. J'ai l'intention de prendre tout le temps nécessaire pour
tenter de faire comprendre au ministre que ce projet de loi aurait pu davantage
représenter les intérêts du milieu que les objectifs du
ministre des Affaires municipales.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. John Kehoe
M. Kehoe: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
reprendre tous les arguments de mon confrère de Hull pour
démontrer la manière dont le ministre a procédé
dans le dépôt et l'étude de ce dossier pour la
restructuration de la CRO. Il n'y a aucun doute que les intervenants, que ce
soient les villes de Gatineau ou de Hull, n'ont pas eu le temps - et c'est ce
qu'ils ont déploré lorsqu'ils ont déposé leur
mémoire - de vraiment étudier toutes les implications de la loi.
Lorsqu'ils ont eu la loi, elle était déjà adoptée
en première lecture le 1er juin, et ils devaient préparer un
mémoire pour le 8 juin. Quand ils sont venus devant la commission
parlementaire, ils ont déploré, à tour de rôle, le
fait de ne pas avoir eu le temps d'étudier à fond les
implications de la nouvelle loi.
Ce que je déplore le plus maintenant,
c'est le nombre d'amendements. La loi même contient quelque 90
articles; j'ai lu les amendements que nous avons devant nous -c'est une affaire
d'environ 40 pages - il y a à peu près 35 à 40
amendements. Ce que je déplore, c'est que ces amendements sont
arrivés à nos bureaux tard vendredi après-midi, au moment
où la plupart des députés étaient
déjà partis. En plus, lorsque nous sommes arrivés dans
notre comté, tard vendredi soir, nous avons tenté de rejoindre
les officiers municipaux, soit, spécifiquement dans mon cas, le maire de
Gatineau, les conseillers de la ville ou les fonctionnaires qui ont
préparé les mémoires et qui ont travaillé au
dossier depuis des mois, même des années, qui étaient bien
au courant de toutes les implications de chacun de ces articles. Ils ont
préparé un mémoire basé sur une loi
présentée tardivement, c'est-à-dire la dernière
journée où il est possible au gouvernement d'en déposer
une. Mais voilà que le ministre arrive avec des amendements qui ne sont
peut-être pas des principes de base, mais certains d'entre eux ont une
importance assez grande.
Ce que je déplore, c'est que les officiers de la ville de
Gatineau et les élus de la ville de Gatineau spécifiquement - je
suis sûr que je parle également pour les autres villes de la CRO -
n'ont pas eu le temps de les étudier, d'en connaître les
implications et de faire des commentaires.
Donc, on arrive ce matin en toute hâte, comme toujours, avec un
tas d'amendements dont on ne connaît pas les implications ni la position
des intervenants, des personnes les plus affectées par ceux-ci. C'est
sûr et certain que mon collègue de Hull, M. Rocheleau, qui a
vécu quasiment toute la vie de la CRO, serait en mesure de nous aider
grandement. Mais je suis sûr aussi que la ville de Hull et la ville de
Gatineau, à l'égard de certains articles et de certaines
positions, ne sont pas d'accord. J'aurais bien aimé personnellement,
étant représentant de la plupart des gens de la ville de
Gatineau, être en mesure de venir ici ce matin avec des commentaires bien
arrêtés du conseil de la ville de Gatineau, à savoir sa
position finale sur les amendements. On connaît son attitude sur la loi
qui était présentée. Il y a eu une assemblée, il a
eu une semaine pour se préparer.
Quant aux amendements que nous avons devant nous, le maire John Luck en
a pris connaissance ce matin. Malheureusement, il n'a pas pu venir nous
rejoindre aujourd'hui, car l'avion était déjà plein. Cela
nous laisse aujourd'hui personnellement la responsabilité assez lourde
de comprendre tous ces amendements, leurs implications, de deviner quelle est
la position de la ville de Gatineau sur ces amendements qui affectent
sérieusement la position de celle-ci. Les implications
financières de ces amendements ou de la loi sont telles que la ville de
Gatineau sera obligée de les vivre durant les cinq prochaines
années.
En terminant, M. le Président, je déplore avec
véhémence la manière dont le ministre a
procédé non seulement pour le dépôt de la loi, la
lecture de la loi. Maintenant, il nous arrive, nous bouscule de nouveau avec un
tas d'amendements dont on n'est pas en mesure de juger la portée,
l'importance, l'implication pour nos intervenants.
Malgré cela, malgré toute cette bousculade, je rejoins mon
collègue de Hull pour dire que nous allons étudier attentivement
chacun de ces articles et faire les interventions qui s'imposent.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. En
commençant, j'aimerais faire une remarque sur la résolution de la
CRO. Je n'ai pas eu l'occasion de parler au maire de la municipalité de
Pontiac, qui n'était pas présent à cette réunion.
S'il avait été présent à la réunion, il
aurait certainement été cohérent avec lui-même et
aurait voté comme il l'a toujours fait dans le passé contre
l'adoption de ce projet de loi immédiatement.
J'aimerais aussi poser une question au ministre et savoir si son
ministère a fait faire un sondage dans la région de l'Outaouais
la semaine du 1er juin concernant la ville de Hull. J'ai eu l'occasion de
parler à quelques personnes en fin de semaine. Elles ont eu un appel et
cela touchait l'aspect Aylmer-Hull. J'aimerais savoir si son ministère
est responsable de ce sondage qui a été fait?
Comme mes autres confrères, comme on l'a fait au moment de la
deuxième lecture, on avait demandé de reporter à l'automne
le projet de loi. Malheureusement, cela a été refusé. Les
raisons pourquoi on l'a fait, et qui existent encore, c'est qu'il y a
certainement eu un manque de consensus. Si on regarde la position de la ville
de Hull, qui était une amalgamation totale de la ville d'Aylmer, sur ce
point le ministre a dit: C'est une position de négociation. Il me semble
que si quelqu'un nous présente une position de négociation, on
doit avoir cette négociation, si négociation il doit y avoir,
avant de décréter de voter immédiatement la loi.
On s'est aperçu que presque toutes les municipalités... Si
on regarde certains articles de la loi, personne n'est d'accord. J'ai
l'impression que, si on continue de cette façon, cela va toujours
être avec le veto possible de Gatineau et Hull; on n'avancera
pas. J'ai l'impression qu'à tout moment, les décisions
vont peut-être être remises au niveau du ministre. Je ne pense pas
que ce soit cela qui est voulu dans le milieu. Il y a déjà
plusieurs personnes - je parle de la population en général dans
la ville d'Aylmer - qui, depuis nombre d'années, se demandent pourquoi
avoir un autre palier de gouvernement dans le sens qu'il y a des coûts.
On s'aperçoit qu'avec la possibilité de former des commissions en
utilisant des conseillers dans d'autres municipalités, cela va avoir
comme effet d'augmenter encore les coûts. (10 h 45)
Une chose est très importante pour la municipalité de
Pontiac. On va avoir l'occasion d'y revenir un peu plus tard. Je pense que,
depuis nombre d'années, la municipalité a démontré
son désir de se retirer de la CRO et de se joindre à un
territoire d'appartenance... parce qu'avant la formation de la MRC, la
municipalité de Pontiac faisait partie du conseil de comté de
Pontiac et ceci depuis nombre d'années; de plus la vocation agricole de
la municipalité de Pontiac et son emplacement géographique
définissent certainement la zone d'appartenance dont les qens aspirent
à faire partie. Je finis sur cela, mes confrères ont
déjà couvert énormément le territoire. Avant de
finir, j'ai une question sur le sondage: Est-ce que le ministre peut me dire si
c'est son ministère qui est responsable du sondage qui a
été fait?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
Réplique du ministre
M. Léonard: Au sujet de la loi de la CRO, à ma
connaissance, à moins qu'il y ait eu des téléphones au
sujet des projets... Il y a un projet qui est à l'étude à
l'heure actuelle sur un des territoires, qui est en discussion entre Aylmer et
Hull, sur l'annexion d'une partie de territoire; il y a peut-être eu
là-dessus... mais je vais vérifier et je pourrai vous
répondre très précisément. Cela m'étonnerait
que ce soit au sujet de la loi de la CRO. Il y a des discussions à
l'heure actuelle. Il y a un dossier qui se poursuit sur l'annexion de parties
de territoire, Hull voulant annexer ce qui tourne autour du cégep, c'est
cela. Maintenant, Hull et Aylmer discutent. Ces deux villes sont bien au
courant de la situation. Je ne sais pas si vous avez eu connaissance de
beaucoup de téléphones.
M. Middlemiss: Je vous ai dit quelques personnes.
M. Léonard: Quelques personnes. Je peux vérifier.
Cela m'étonnerait a priori que ce soit dans le cadre de la Loi de la
CRO. La question d'annexion de territoire, c'est un autre dossier.
M. Middlemiss: S'il y a eu un tel sondage, est-ce que le ministre
serait prêt à le déposer?
M. Léonard: Je vais m'informer d'abord pour savoir ce que
c'est. Je me demande même s'il y a eu un sondage.
M. Middlemiss: Dans l'affirmative, est-ce que le ministre serait
prêt à déposer ce sondage?
M. Léonard: Je vais me renseigner. À mon sens, il
n'y a pas eu de sondage de commandé au niveau de mon bureau.
M. Middlemiss: C'est peut-être un peu à
l'extérieur là. Pourquoi faire un sondage comme cela? Est-ce que
la meilleure méthode ne serait pas d'avoir un
référendum?
M. Léonard: Au moment où on s'en parle, la question
est hypothétique. Cela va prendre d'ici la reprise des travaux
parlementaires après-midi en commission. J'aurai la réponse
là-dessus. Je vais m'informer.
M. Middlemiss: C'est bien. Merci.
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 1. M. le
ministre.
M. Léonard: Un instant. Je voudrais répondre
à un certain nombre de commentaires, de choses qui ont été
dites, sans plus. La CRO, c'est une communauté. Je pense que c'est
important de le rappeler. Dans une communauté, il y a parfois des
intérêts divergents. Tout le monde n'est pas d'accord. Sauf
qu'à un moment donné, compte tenu des enjeux, des objectifs que
l'on poursuit et des services que l'on se rend mutuellement, chacun fait un
bout du chemin et on arrive à des compromis. C'est comme cela. Un
consensus, on en parle sur base de compromis. C'est bien sûr que tout le
monde en voudrait plus chacun de son côté. Cela me paraît
évident. C'est dans ce sens qu'il était sûr qu'en
commission parlementaire quelqu'un qui venait parler, c'est parce qu'il en
voulait plus. Il reste qu'il y a un compromis à la base et, quant
à nous. Effectivement, nous pensions, à un moment donné,
que le projet de loi pourrait être déposé et
étudié un peu plus tard. L'autre dit: On pourrait le laisser
aller. Maintenant, ce sont les élus eux-mêmes qui ont
insisté pour qu'on légifère le plus tôt possible. On
leur a dit: Entendez-vous. S'il y a des choses sur lesquelles vous ne vous
entendez pas, il
va falloir régler cela avant pour qu'on puisse procéder,
pour que, sur le fond, les choses essentielles au moins, on s'entende.
Je pense que c'est le sens du télégramme qu'on a
reçu ici: "M. le ministre, je vous fait parvenir le texte d'une
résolution adoptée à l'unanimité par le conseil de
la Communauté régionale de l'Outaouais à sa réunion
du 9 juin. Il est résolu que ce conseil rappelle au gouvernement et
à l'Opposition qu'il est urgent que la Loi modifiant la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais soit adoptée avant
l'ajournement de la session pour les vacances d'été. Je vous pris
d'agréer," etc. Je pense que ce sont eux-mêmes qui au cours de
l'hiver, eux-mêmes, les élus municipaux, qui ont insisté
pour qu'on en termine avant l'ajournement d'été. Je trouve cela
logique aussi. Si, vraiment, sur les points essentiels, on est prêt
à faire des compromis, je dis: D'accord, allons-y avec le projet de loi,
nous allons l'adopter.
Je comprends aussi que lorsqu'on prépare un projet de loi qui
touche des structures municipales dont l'année financière
commence le 1er janvier, il est important qu'on ait un certain temps
pour se préparer à l'application de la loi, afin de faire les
ajustements nécessaires. Cela a été vrai dans le cas de la
CUM, notamment; le projet de loi a été adopté au mois de
juin mais, tout l'été et tout l'automne, les fonctionnaires ont
pu examiner toutes les conséquences de la loi. On a même
apporté quelques amendements très mineurs au projet de loi
omnibus. Il est vrai que, dans le cas de la CUM, nous avions eu plus de temps,
sauf qu'il n'y avait pas de document, comme il y en avait dans l'Outaouais.
Ce qu'on appelle le livre gris faisait montre d'un compromis
général ou global sur les équilibres de la
Communauté régionale de l'Outaouais. Nous l'avons
étudié durant l'automne, d'autant plus que, durant l'automne,
compte tenu du menu législatif, nous ne pouvions pas adopter une loi
modifiant la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais.
Mais, dès le mois de janvier, nous nous sommes mis à la
tâche, nous avons discuté avec les élus municipaux; j'ai
rencontré les maires au mois de mars, je les ai rencontrés
à nouveau au mois de mai et, finalement, tout le monde a dit: Compte
tenu du livre gris, du travail qui a été fait, compte tenu aussi
d'une clause qui est importante à mon sens, celle stipulant que, dans
cinq ans, on pourra faire une révision quant à la
représentativité, quant au mode de représentation et quant
au partage des coûts, c'est ce que j'ai compris dans ce cas, c'est un
compromis acceptable et on peut fonctionner ainsi pour un bout de temps. C'est
dans ce sens que le projet de loi a été déposé, en
tenant compte de ce compromis. Je les ai quand même rencontrés et
le projet de loi tenait compte de ce compromis global, qui ne satisfait pas
tout le monde, bien entendu, mais c'est un compromis acceptable, vivable,
disons.
C'est ce que nous avons dit aussi en deuxième lecture et nous
arrivons maintenant à l'étude article par article. Nous apportons
des amendements qui reflètent, en partie du moins, ce qui a
été dit en commission parlementaire. Je pense qu'on peut bonifier
le projet de loi et permettre aux gens de connaître la loi telle qu'elle
est pour se préparer à l'appliquer le 1er janvier. Si on arrive
avec une session qui commence, disons, seulement au mois d'octobre, le
processus d'adoption de la loi va nous mener plus loin et ils n'auront pas le
temps de se préparer. Je pense que c'était leur argument et, je
le répète, c'est à leur demande que nous voulons
procéder - je pense à l'ajournement et il y a moyen de le faire
-à l'adoption de la loi avant l'ajournement d'été.
Discussion générale
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, je demande au ministre, en ce
qui concerne les amendements... Le maire de Hull vous a fait parvenir un
télégramme dans lequel il dit qu'il va faire des commentaires sur
sa position, à savoir si le projet de loi 28 devrait être
adopté immédiatement après le dépôt des
amendements. Je pense que la position de la ville de Gatineau - même si
cela n'a pas été dit textuellement dans un
télégramme - a toujours été de vouloir examiner les
amendements que vous allez apporter à la suite des mémoires qui
ont été présentés.
Je vous pose la question: Avez-vous eu des discussions, des
conversations soit avec le maire de la ville de Gatineau, soit avec le maire de
la ville de Hull, à la suite des amendements que vous avez
préparés pour avoir leurs commentaires et savoir s'ils sont
d'accord? Certains de ces amendements apportent des changements importants. Ce
que je déplore encore - je ne veux pas y revenir - c'est que, en ce qui
concerne la ville de Gatineau - je suis absolument sûr de cela - ni le
maire ni les conseillers n'ont eu l'occasion d'étudier, de faire des
commentaires et de prendre position. C'est ce que, entre autres, je
déplore personnellement. Je pose encore la question: Avez-vous eu
l'occasion de communiquer avec les personnes impliquées pour savoir leur
position sur les amendements que vous proposez?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je sais que, depuis le
début du mois de juin, nous avons parlé à beaucoup de gens
dans l'Outaouais, dont le président de la communauté
régionale. J'ai eu connaissance du fait que mon chef de cabinet a pu
aussi communiquer avec le maire de Hull et, je crois, avec le maire de
Gatineau, au cours de la semaine dernière. Ce que j'en dis, c'est
simplement ceci: nous avons déposé des amendements et, en
particulier, l'un rendant compte de ce que j'avais dit en commission
parlementaire lorsque le maire de Gatineau était venu et avait
demandé qu'on précise que les travaux de filtration des eaux
soient considérés comme des ouvrages intermunicipaux. Je pense
que c'était une garantie à laquelle il tenait beaucoup.
L'amendement rend très explicite ce qui était dans la loi et qui
n'était peut-être pas tout à fait clair, mais
c'était l'intention que nous avions. Nous l'avons donc
précisée.
Alors, je pense que, tout ce printemps - disons que cela s'est
accéléré dans les dernières semaines - il y a eu
des discussions constantes avec des élus de la communauté,
surtout les gens de Hull et de Gatineau.
M. Kehoe: Je pose la question quant aux amendements. Depuis que
vous avez déposé des amendements - je devrais dire, entre
parenthèses, que plusieurs de ces amendements que j'ai eu l'occasion
de...
M. Léonard: Là-dessus, M. le Président,
voici. J'ai remis les amendements à l'Opposition vendredi
après-midi.
M. Kehoe: Tard.
M. Léonard: Ils ont été remis vendredi
après-midi et, normalement, je devais annoncer à la commission
parlementaire, ce matin, la teneur même des amendements. Normalement,
c'est à la commission parlementaire qu'on les dépose.
M. Kehoe: Cela aide quand même les élus d'avoir
l'occasion de les regarder, mais ce que je souligne, c'est que beaucoup de ces
amendements ont été vite faits et ne découlent pas des
demandes faites dans les mémoires. Il y en a. Celui que vous avez
annoncé pour la ville de Gatineau, ce que le maire a demandé, on
le retrouve et j'en suis fier et très content. Or, beaucoup d'autres
amendements ne sont pas rapportés ou ne découlent pas de demandes
faites dans les mémoires présentés.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: II y a des amendements qui sont, je pense,
techniques, qui n'ont pas été demandés en commission, mais
les amendements qui ont une importance quant au fond ont été
demandés en commission parlementaire.
M. Kehoe: Mais...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Je peux vous assurer que ce que je...
M. Léonard: Ils n'ont pas tous été
apportés, bien sûr. Ce ne sont pas tous les amendements...
M. Kehoe: C'est pour cela que je trouve un peu anormal qu'une loi
soit déposée à la dernière minute, dans un
très court délai, avec des amendements assez importants. Pourquoi
n'avez-vous pas pu insérer cela dans la loi avant le dernier jour?
Pourquoi n'avez-vous pas pris un peu plus de temps pour nous donner la latitude
voulue ou l'occasion de les étudier et d'étudier la loi assez
pour connaître, soit à une commission parlementaire ou ici
aujourd'hui, davantage les implications de ces amendements et pouvoir apporter
quelque chose de positif basé sur la connaissance et l'opinion des
intervenants derrière nous? C'est ce que, personnellement, je
déplore le plus dans la manière dont vous avez
procédé.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, nous avons eu la
commission parlementaire la semaine dernière. Très souvent, c'est
une coutume de déposer les amendements à l'ouverture de la
commission qui étudie le projet de loi article par article. Nous les
avons fait parvenir à l'Opposition vendredi dernier, dans
l'après-midi. Je pense que c'est le processus normal.
M. Kehoe: C'est normal de nous bousculer à la fin de la
session; c'est ce qui est normal avec votre gouvernement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Sur la question des amendements, M. le
Président, je voulais simplement noter que j'ai remercié le
ministre de nous les avoir fait parvenir vendredi, mais je dois rappeler qu'on
n'a pas reçu les galées, comme mon confrère de Gatineau
l'a mentionné. On n'a pas eu l'occasion de relire les galées de
la commission parlementaire sur l'audition des mémoires. Je retiens une
chose, c'est que le ministre s'était engagé, d'une certaine
façon,
vis-à-vis des élus municipaux de l'Outaouais, à
présenter un projet de loi modifié justement pour tenir compte de
certaines demandes. Vous aviez parlé de cela, je n'ai pas le texte exact
mais, en d'autres mots, c'est ce qui faisait dire au maire de Hull, suivant le
télex que vous a fait parvenir le maire de Hull: (11 heures) "Nous
devions être mis au courant des amendements que vous avez l'intention
d'apporter au projet de loi 28, ce qui n'a pas été fait."
C'était l'interprétation du maire de Hull de vos paroles en
commission parlementaire, lors de l'audition des mémoires, vers la fin.
C'était également le sens que j'avais saisi, que vous aviez
certains amendements à apporter. Ces amendements devaient être
transmis aux élus municipaux et à l'Opposition avant
l'étude article par article. Cela supposait que ces gens aient
l'occasion, en fin de compte, d'en prendre connaissance et de faire valoir leur
opinion là-dessus, leurs objections ou leur accord aux amendements
proposés.
Or, effectivement, les amendements ne sont arrivés que vendredi
après-midi - il était près de 17 heures - à mon
bureau. J'avais quitté à ce moment-là. Je les ai transmis
aux députés de l'Outaouais qui étaient présents. Il
n'en restait plus tellement non plus, ce qui fait qu'on doit déplorer la
situation dans laquelle, on se retrouve ce lundi matin, en commission
parlementaire, alors que les amendements proposés n'ont pu être
transmis aux élus municipaux, tel que le ministre l'avait laissé
entendre en commission parlementaire, afin que les élus municipaux en
discutent valablement et, comme mon confrère de Chapleau l'a
mentionné, puissent donner leur point de vue là-dessus. Ils
n'auraient absolument pas pu le faire à cette date-ci, aujourd'hui,
puisque, même si les amendements sont arrivés vendredi, ils les
auraient eus samedi ou dimanche.
Il était difficile pour eux de contacter les conseillers
municipaux pour que le conseil puisse prendre position quant aux amendements
proposés, eu égard aux remarques qui avaient été
faites en commission parlementaire et aussi aux interréactions entre les
municipalités, les remarques de chacune des municipalités lors de
la commission parlementaire, parce que cela peut changer l'espèce de
consensus qui s'était établi et que le ministre a reconnu
lui-même dans sa réplique, comme la ministre
déléguée à la Condition féminine l'avait
aussi fait remarquer dans son discours, à savoir qu'il y avait un
consensus quand même relativement fragile dans l'Outaouais sous la forme
de propositions d'amendements apportées à la CRO. Je pense que
c'est une mise au point qu'il était important de faire valoir ici. C'est
dans ce sens que, comme Opposition, on s'élève fondamentalement
contre cette façon de procéder en fin de session où on ne
peut même pas, nous, discuter valablement avec les gens concernés
des amendements proposés.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, pour terminer
sur le sujet.
M. Léonard: M. le Président, j'ai transmis les
amendements à l'Opposition dès qu'ils ont été
prêts, à peu près tous les amendements, tous sauf un. J'ai
pris la peine, juste avant de le faire, de téléphoner. J'ai
rencontré le député de Laprairie vers 13 heures vendredi
et je suis allé, quelque temps après, vers 15 heures ou 15 h 30,
à mon bureau. J'ai téléphoné au
député de Laprairie pour lui dire que, dans une dizaine de
minutes, les amendements lui parviendraient. Effectivement, ils lui sont
parvenus environ une demi-heure après, à ce qu'on m'a dit.
M. Saintonge: C'est plus que cela, parce que j'ai quitté,
M. le ministre... En tout cas...
M. Léonard: II reste que ce qui avait été
dit, c'est que je les envoyais pratiquement immédiatement. C'est ce que
j'ai fait dans les meilleurs délais. Vraiment, là-dessus, il n'y
aucun doute que nous avons procédé avec le plus de diligence
possible. Par ailleurs, il est quand même coutume que les amendements
soient déposés en commission parlementaire. C'est quand
même une institution publique ici et les maires qui ont des choses
à dire peuvent venir les dire. Ils peuvent venir faire des commentaires
sur des amendements, mais je pense qu'à un moment donné il faut
au moins qu'ils soient prêts. J'ai agi avec toute la diligence possible,
la semaine dernière, pour arriver à temps et je pense qu'on est
à temps. Il y a moyen de se prononcer là-dessus, sur ces
amendements. La journée n'est pas finie. On peut établir des
communications, si nécessaire, mais, quant à moi, je rappelle
simplement que les élus municipaux eux-mêmes trouvent urgent qu'on
adopte cette loi. Ils insistent eux-mêmes sur ce point.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Sur la même question, M.
le député de Hull?
M. Rocheleau: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Avant que vous preniez la
parole, techniquement, en fait, les amendements n'existent pas. On discute de
choses qui n'existent pas encore, en fait, devant la commission. Un
amendement doit être présenté par une motion au
moment où il est appelé, où l'objet principal est
appelé. Si vous voulez quand même vous exprimer, on dira que c'est
la dernière intervention là-dessus.
M. Rocheleau: M. le Président, vendredi dernier, à
la période des questions, en vertu de l'article 34, je me suis
adressé au président, à savoir s'il était possible
d'avoir les galées de la commission parlementaire où on avait eu
l'occasion d'entendre les intervenants. C'était vendredi
après-midi. Le président, M. Richard Guay, m'a rappelé
à mon bureau dans l'après-midi pour m'informer que,
malheureusement, les galées n'étaient pas encore imprimées
en totalité, qu'il y avait certains intervenants pour lesquels on avait
déjà la transcription mais que, dans l'ensemble, on ne les avait
pas. Le président a constaté lui aussi qu'à
l'intérieur d'une réforme parlementaire on ne devrait plus voir
ce qu'on voit actuellement, parce qu'on n'a pas le temps nécessaire pour
faire un travail objectif, un travail positif. J'aurais souhaité, M. le
Président, revoir certaines galées, certaines demandes, certaines
déclarations des maires qui sont venus le 8 juin et on n'était
pas en mesure d'avoir cela. Aujourd'hui, on doit me les faire parvenir.
J'espère que je pourrai les voir et les examiner avant la fin de cette
séance en commission parlementaire.
Encore là, je pense et je constate que le gouvernement manque
sûrement de sérieux dans une réforme aussi importante.
L'Opposition a demandé pendant de nombreuses années que la
restructuration se fasse; on peut retourner aussi loin qu'en 1975. On
dépose un projet de loi. Il ne rencontre pas tous les objectifs ou
l'ensemble des objectifs qu'on poursuivait. Je tiens à noter une chose:
quand le projet de loi a été déposé, le 28 mai,
l'ensemble des intervenants de l'Opposition ont applaudi au projet de loi. Nous
le souhaitions depuis longtemps. Nous étions heureux et les commentaires
que nous avions faits à la presse écrite, parlée et
télévisée étaient très positifs.
Malheureusement, on avait aussi mentionné qu'on n'avait pas eu le temps
d'examiner en profondeur chacun des articles du projet de loi et que
c'était à l'étude de ces articles-là qu'on pourrait
offrir des amendements, des propositions, des demandes au ministre pour retirer
certains articles.
Notre position n'a pas changé depuis le 31 mai. Nous souhaitons
toujours cette restructuration mais dans un temps nécessaire où
chacun des intervenants aura eu le temps de se faire entendre. Je pense que la
position du maire de Hull est très légitime. Le ministre, en
commission parlementaire, le 8 juin, avait laissé entendre qu'il
pourrait prendre connaissance des principaux amendements, qu'il pourrait en
discuter et qu'on tenterait durant cette période d'établir ce
dialogue et finalement un certain consensus. Je vous avoue que les maires n'ont
malheureusement pas eu cette occasion. Je tiens à préciser que le
télégramme que nous envoyait M. Pierre Ménard le 9 juin,
c'est-à-dire le lendemain de la veille, manifestait pour moi un manque
de sérieux de sa part, d'autant plus qu'il s'était gardé
les derniers moments de la commission parlementaire, vers 2 h 30 le matin, pour
énoncer son mémoire pour lequel il n'y avait eu aucun
consentement, aucun assentiment des maires, et même il y avait embargo
jusqu'à la lecture. J'ai trouvé que c'était un affront
à l'ensemble des maires de l'Outaouais québécois, comme si
c'était uniquement le président qui avait à s'occuper et
à décider pour l'ensemble, d'autant plus qu'il n'était pas
élu et que, la loi, précise que, dorénavant, le
président devra être élu parmi les élus de la
communauté. Je pense qu'il est important de faire ce commentaire. Quand
on dit toutes les municipalités, à l'unanimité... il y a
quatre membres de Hull et il y en avait seulement un présent à
cette assemblée quand le vote s'est pris -c'est le maire
Légère, qui a fait parvenir un télex au ministre des
Affaires municipales lui demandant, considérant l'importance de cette
loi, qu'un délai raisonnable soit accordé.
Or, tenant compte de tout cela, je pense que l'on peut quand même
procéder article par article. S'il y a un blocage qui se fait, il faudra
comprendre que l'Opposition le fait en toute légitimité pour les
gens du milieu et afin que cette loi modifiée soit à l'image et
conforme à la volonté des gens de l'Outaouais
québécois.
En terminant, je vous dis, M. le Président, que si nous avions
à commander un référendum à l'intérieur de
toutes les municipalités qui composent actuellement la Communauté
régionale de l'Outaouais, vous auriez un fort pourcentage de la
population qui rejetterait du revers de la main la communauté telle
qu'elle est composée actuellement et demanderait sûrement une
restructuration beaucoup plus en profondeur, tenant davantage compte de
l'efficacité, de la viabilité et de la rentabilité
plutôt qu'uniquement de paqueter des jobs qui vont rendre moins efficace
et plus coûteuse cette CRO, alors que l'économie, chez nous...
Nous sommes là aussi pour tenir compte de la capacité de payer
des citoyens et éviter toutes dépenses frivoles comme celles que
l'on peut retrouver à l'intérieur de ce projet de loi. On y
reviendra article par article dans certaines commissions où on
rémunère les nouveaux venus à la table de la
communauté régionale.
Étude article par article
Le Président (M. Desbiens): Alors,
j'appelle l'article 1. L'article 1 est-il adopté? M.
Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Si je fais référence à
l'article 1, c'est une modification...
Le Président (M. Desbiens): Avez-vous une explication, M.
le ministre?
M. Rocheleau: J'aimerais peut-être avoir certaines
explications.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: ...la série d'amendements. Je m'excuse.
Est-ce que cela a été distribué? Bon! Ils sont donc
déposés, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Oui. Il faudra les proposer
à chaque article.
M. Léonard: À chaque article, d'accord. À
l'article 1.
M. Rocheleau: À l'article 1: "L'article 1 de la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais (L.R.Q., chapitre C-37.1) est
modifié par l'addition, après le paragraphe g, du suivant: "h
"directeur de service": une personne nommée en vertu de l'article 65, 66
ou 68."
On pourra contester en temps opportun certains de ces articles, mais je
fais référence à la loi créant la communauté
régionale à l'intérieur du chapitre 85. À l'article
80, on tient compte du fait aux commissions du conseil que le conseil peut
nommer les commissions permanentes ou spéciales composées
d'autant de membres qu'il juge nécessaire pour l'exercice d'un mandat
relevant de la compétence du conseil et déterminé par ce
conseil. Le conseil peut remplacer quand bon lui semble tous les membres des
commissions. Le président du comité exécutif fait partie
d'office de toutes les commissions.
Je comprends que cette loi a été modifiée
après en 1975, à la suite du regroupement municipal, étant
donné qu'il n'y avait plus d'exécutif et que le nombre de 32
représentants des municipalités était réduit
d'autant, tenant compte du regroupement, mais il n'en demeure pas moins que,
dans la loi de 1975, on retrouve aussi la nouvelle composante de la CRO et que
la Communauté régionale de l'Outaouais a tout le loisir de nommer
autant de directeurs qu'il y a de services ou de créer autant de
services que bon lui semble, tenant compte des objectifs poursuivis et tenant
compte aussi des pouvoirs et des responsabilités de la communauté
à l'intérieur de cette loi.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je pense que l'on peut
peut-être circonscrire davantage la définition. La
définition qu'il y a là indique les personnes que les mots
"directeur de service" doivent comprendre. Ces personnes peuvent être,
suivant l'article 65 de la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais, le directeur général, le secrétaire, le
trésorier, le directeur général adjoint, le
secrétaire adjoint, le trésorier adjoint ou le secrétaire
du service de l'évaluation. Il peut s'agir également du directeur
de chaque service créé en vertu de l'article 66 ou un
remplaçant nommé en vertu de l'article 68 pour remplacer
temporairement ces cadres supérieurs nommés en vertu des articles
65 et 66. Cela circonscrit quand même assez les postes de directeur de
service. (11 h 15)
M. Rocheleau: Par contre, M. le Président...
M. Léonard: Évidemment, c'est le conseil qui
détermine par règlement les services. C'est l'article 65. C'est
cela.
Une voix: L'article 66.
M. Léonard: L'article 66, plutôt. Cela demeure.
M. Rocheleau: Par contre, M. le Président, ici, je lis:
directeur de service, une personne nommée en vertu de l'article 65, 66
ou 68.
M. Léonard: L'article 68, c'est dans
l'éventualité d'un remplacement temporaire. Est-ce que vous avez
la loi refondue dans les mains?
M. Rocheleau: Vous voulez dire le projet ou...
M. Léonard: Le chapitre C-37.1. Tout à l'heure,
vous avez mentionné l'article 80. Or c'est l'article 85 dans la loi
refondue.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Tenant compte du changement apporté selon
lequel "directeur de service" remplace "chef de service", est-ce que, par ce
changement, le directeur a les mêmes prérogatives, les mêmes
pouvoirs ainsi que les mêmes devoirs et compétences
et la même protection vis-à-vis de la Commission municipale
du Québec advenant le cas de...
M. Léonard: Oui, M. le Président. Donc, tous les
mêmes pouvoirs qu'avant.
M. Rocheleau: Mais est-ce qu'on...
M. Léonard: Mêmes pouvoirs et devoirs qu'avant.
M. Rocheleau: Est-ce qu'éventuellement on apporte le
correctif pour lui donner toute la protection nécessaire tenant compte
du changement d'attribut? Plutôt qu'un chef de service, c'est un
directeur de service? Est-ce qu'il a tous les mêmes attributs?
M. Léonard: Oui, les dispositions de concordance sont
faites là-dessus.
Composition et pouvoirs du conseil de la CRO
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1 est
adopté? Adopté? J'appelle l'article 2. Il s'agit des
modifications aux articles 6 à 20. Je pense qu'on va les adopter un par
un. J'appelle l'article 6 de l'ancienne loi. Il est modifié par ce
nouvel article 6.
M. Rocheleau: M. le Président, à l'article 2, il
faudrait commencer par l'article 6: "Le conseil se compose de 18 membres." Cela
tient compte de l'aspect de représentativité de la
communauté régionale. On tient compte ici, entre autres, de la
délimitation territoriale, qui est la même
qu'antérieurement et à laquelle nous avons apporté des
objections. On y a entendu le maire de la municipalité de Pontiac qui,
dans son intervention du 8 juin, demandait le retrait de la Communauté
régionale de l'Outaouais. J'ai l'impression qu'à l'article 2 nous
devons prendre le temps nécessaire pour tenter de convaincre le ministre
des Affaires municipales que la composition devrait tenir compte davantage...
Pas nécessairement parce que je la souhaite de cette
façon-là, mais parce qu'il y a au moins une municipalité
qui a demandé son retrait de la communauté régionale pour
se recouper à l'intérieur de la municipalité
régionale de comté de Pontiac. Mon collègue pourra
renchérir sur ces points-là. Il n'en demeure pas moins qu'on
arrive dans le vif du sujet, à savoir ce que devrait être une
communauté à caractère urbain ou à caractère
rural.
Je sais pertinemment que plusieurs de mes collègues sont
partagés sur sa composante actuelle. Personnellement, j'aurais
souhaité que le ministre des Affaires municipales puisse tenir compte
davantage des problèmes urbains et des problèmes des
municipalités régionales de comté en tenant compte du fait
que l'ensemble des municipalités qui composent la Communauté
régionale de l'Outaouais sont des municipalités rurales. J'aurais
souhaité qu'on puisse réexaminer le problème en
totalité et surtout depuis la loi 125 sur l'aménagement et
l'urbanisme, qui permettait éventuellement entre autres la composante
des MRC au Québec. On en retrouve actuellement 94 qui sont à peu
près toutes formées ou sur le point d'être
confirmées dans leur statut. L'Outaouais québécois se
compose actuellement de plusieurs municipalités, plusieurs
municipalités régionales de comté. On sait qu'une entre
autres a fait une intervention pour être intégrée à
la municipalité régionale de comté de Pontiac. Cela a
été fait, on l'a entendue ici le mercredi 8 juin. Dans le livre
gris, on doit tenir compte du fait que l'ensemble des municipalités ont
souhaité demeurer dans le cadre actuel tout en permettant
l'autodétermination, c'est-à-dire que si une municipalité
souhaitait se retirer, même si c'était à regret, on
permettait quand même à cette volonté du milieu de
s'exprimer. Personnellement, je vous avoue que je ne partage pas l'opinion de
l'ensemble des municipalités qui veulent demeurer à
l'intérieur de la communauté telle qu'elle est actuellement. Cela
ne correspond peut-être pas aux voeux de l'ensemble des
municipalités, ou mes propos ne tiennent peut-être pas compte de
l'ensemble des voeux exprimés par les élus de chacune de ces
municipalités, mais, pour y avoir travaillé pendant plusieurs
années, je me permets quand même de faire ces commentaires. Cela
tient compte de l'article 2 ici. Je vous avoue qu'à partir de 1969,
où j'ai été présent à la Communauté
régionale de l'Outaouais, cela a été discuté
à plusieurs reprises et cela a été discuté
davantage à partir de 1975 où on a eu un regroupement des
municipalités de 32 à 8 pour connaître par la suite un
certain dégroupement avec l'agglomération de Buckingham, qui a
créé trois nouvelles municipalités, c'est-à-dire
que trois nouvelles municipalités se sont détachées de
l'agglomération de Buckingham pour former les municipalités de La
Salette, L'Ange-Gardien et Masson. Lors des différents rapports qui ont
été soumis par les municipalités rurales dans les
années 1978 et 1979, plusieurs remettaient en question leur appartenance
à la Communauté régionale de l'Outaouais et, à ce
moment-là, les municipalités régionales de comté
n'avaient pas encore été créées, parce que la loi
125 était adoptée en 1979 et c'est après 1979 qu'on a
commencé à faire des consultations. On sait encore là le
genre de consultations qui se sont faites pour finalement imposer les
volontés du ministre dans certaines régions du Québec et
plus particulièrement
dans I'Outaouais québécois à l'intérieur des
municipalités régionales des comtés de Pontiac et de
Papineau et de la vallée de la Gatineau.
À la suite de ceci, je pense que le ministre aurait dû
s'attarder davantage à réexaminer le rôle global de la
Communauté régionale de I'Outaouais afin de tenir compte non
seulement du livre vert que la ville de Hull avait déposé en 1973
- qui tenait compte de renseignements et d'éléments très
importants - mais de son rapport et plus particulièrement de son rapport
sur la communauté régionale en 1979, qui aurait souhaité
une communauté urbaine tenant compte des villes d'Aylmer, Hull et
Gatineau et la possibilité de voir éventuellement les
municipalités être créées en y joignant les
municipalités rurales. On sait que, dans ce cas-ci, c'est sans
équivoque, parce que le maire, M. Lavigne, a été entendu
en commission parlementaire, où il était accompagné du
secrétaire de la municipalité régionale de comté de
Pontiac. Je pense que tous les éléments que le maire Lavigne a
soulevés - et mon collègue pourra sûrement apporter plus de
détails pour le bénéfice de cette commission - lors de
cette commission parlementaire, on aurait pu les retrouver avec une certaine
objectivité dans les commentaires en provenance d'autres
municipalités qui sont à l'intérieur de la
Communauté régionale de I'Outaouais. On sait qu'au cours des
dernières années la municipalité de Val-des-Monts avait
demandé son retrait de la Communauté régionale de
I'Outaouais. On sait que la municipalité de L'Ange-Gardien avait aussi
demandé son retrait. On sait qu'une autre municipalité, La
Pêche, avait remis en question son appartenance à la
Communauté régionale de I'Outaouais. Mes collègues
pourront sûrement en parler, mais on s'est senti pris dans une camisole
de force et seul le maire de Pontiac a poursuivi ses démarches à
cette commission parlementaire. Si on tient compte de la municipalité de
Pontiac, qui est complètement à l'extérieur de la
Communauté régionale de l'Outaouais, qui est divisée par
le parc de la Gatineau, qui est complètement isolée et qui se
retrouve, au point de vue de l'appartenance, avec beaucoup plus
d'affinité avec la municipalité régionale de comté
de Pontiac... Mon collègue de Pontiac à l'Assemblée
nationale a résumé tous les à-propos de cette appartenance
à Pontiac, tantôt, et il avait sûrement l'intention ou la
possibilité d'y revenir. (11 h 30)
J'aurais souhaité, tenant compte de ce fait, que l'on puisse
faire ce réexamen, tenant compte aussi non seulement des élus.
Vous allez peut-être penser que c'est une phobie, mais je ne crois pas
que ce soit une phobie. Je l'ai vécue, la Communauté
régionale de l'Outaouais, pendant plusieurs années, et
l'appât principal de l'appartenance à la Communauté
régionale de l'Outaouais -et je n'ai pas à m'en excuser, je l'ai
déjà dit publiquement au cours des dernières années
- nous l'avons constaté, c'était davantage la
rémunération qui était accordée à ceux qui
étaient membres de cette Communauté régionale de
l'Outaouais et qui recevaient un salaire annuel ou une
rémunération annuelle de 8500 $. Dans plusieurs cas, sinon dans
la majorité des cas des municipalités rurales, ce montant annuel
de 8500 $ dépassait largement le salaire que les maires recevaient dans
leur municipalité respective. Il y a aussi un autre
phénomène important. Pour ces municipalités, du fait de se
joindre à des municipalités régionales de comté,
tel que l'exprimait le maire, M. Marcel Lavigne, en commission parlementaire le
8 juin dernier, c'est qu'en se soutrayant de la Communauté
régionale de l'Outaouais, où il est actuellement payé 8500
$ par année, il se retrouverait dans une municipalité
régionale de comté à un salaire d'à peu près
1500 $ par année, donc une perte nette de revenus de 7000 $ pour un
maire d'une municipalité rurale.
Il y a des choses à se demander très sérieusement,
M. le Président, et cela, c'est un commentaire très personnel que
j'émets, parce que je l'ai déjà émis dans le
passé, ayant été membre de cette communauté
régionale. Je comprends que mes collègues puissent avoir une
attitude différente vis-à-vis de cette composition des
municipalités. Je me suis toujours posé de sérieuses
questions, je m'en pose encore aujourd'hui, et je m'en poserai encore demain,
à savoir si ce n'est pas davantage le salaire payé aux
représentants des municipalités qui se retrouvent à
l'intérieur de la communauté régionale qui a le plus de
valeur ou si c'est l'intérêt de leurs commettants respectifs.
Dans le cas de Pontiac, je pense que la population s'était, par
référendum, prononcée très largement pour un
retrait; dans le cas du maire de Pontiac, il a fait mention en commission
parlementaire de ces éléments qui sont des éléments
très importants quand on tient compte du fait que la Communauté
régionale de l'Outaouais siège tous les deux jeudis pour quelques
heures, qu'on y traite de 95% des sujets urbains et qu'on y a à peine
quelques éléments qui tiennent compte des sujets ruraux, plus
particulièrement depuis le schéma d'aménagement
accepté en 1978 où chacune de ces municipalités doit se
fabriquer un schéma ou un plan directeur tenant compte de la grande
région.
Je ne partage pas l'opinion du ministre des Affaires municipales qui
dit: On va se donner quatre ou cinq ans. On va laisser les municipalités
préparer leur schéma d'aménagement et on reverra
éventuellement la délimitation du territoire. Il est bien
évident que, si on tient compte de cela, si chacune des
municipalités a à préparer aujourd'hui un schéma,
elle va le préparer à l'intérieur des délimitations
de son territoire, de son appartenance ou de l'appartenance qui serait
souhaitable. Elle va avoir dépensé des sommes d'argent
importantes pour préparer son schéma. Si on a des correctifs
à apporter, je pense que ces correctifs doivent être
apportés avant que débutent ces grands travaux des schémas
d'aménagement, dans chacune de ces municipalités. Si on tient
compte du fait qu'actuellement il est vrai qu'il y a seulement une
communauté régionale au Québec, c'est celle de
l'Outaouais, contrairement aux communautés urbaines de Montréal
et de Québec, je pense que c'est là le moment opportun pour
apporter les correctifs nécessaires.
Je regrette une chose, M. le Président. On retrouve cela à
l'article 2, la composante de la CRO, qui regroupe les municipalités qui
étaient antérieurement membres de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Je trouve un peu malheureux qu'on ait entendu
uniquement les représentants de la ville d'Aylmer, de la ville de Hull,
de la ville de Gatineau et de la municipalité de Pontiac; tous les
autres n'ont pas cru bon de venir se faire entendre à cette commission
parlementaire. J'ai trouvé cela un peu regrettable. Qu'on vienne nous
dire que c'est parce qu'ils acceptent le projet de loi modifiant la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais tel quel, j'ai de
sérieux doutes.
Le lendemain de l'assemblée du 9 juin du conseil de la
communauté, le président, M. Ménard, nous faisait
parvenir, dans un télégramme, le voeu exprimé à
l'unanimité par les membres présents. Je vous avoue que, quand on
entend des commentaires comme ceux du maire de Buckingham, à savoir
qu'il faut absolument adopter le projet de loi 28 dans les plus brefs
délais parce qu'il faut que les maires des trois municipalités,
ou de la municipalité dégroupée de Buckingham,
L'Ange-Gardien, La Salette et Masson, soient payés - c'est l'objectif
premier - je ne trouve pas cela sérieux de la part de ces trois membres
que, depuis le dégroupement de l'agglomération de Buckingham, en
1978, on a retrouvés à la Communauté régionale de
l'Outaouais. Entre autres, il y a le maire de L'Ange-Gardien, dont j'ai,
à plusieurs reprises, fait mention de l'assiduité à la
Communauté régionale de l'Outaouais, même s'il
n'était pas payé. C'est quoi, son intérêt premier?
Est-ce de représenter ses commettants à l'intérieur d'une
grande région ou si c'est d'aller chercher son chèque de paie
toutes les deux semaines? Le maire de L'Ange-Gardien était effectivement
présent.
Je me permets cette liberté parce que mon collègue de
Papineau, tantôt, pourra faire valoir ses commentaires sur l'ensemble de
la Communauté régionale de l'Outaouais. Effectivement, les propos
que je tiens actuellement, ce sont mes propos à moi. Je regrette, mais
j'aime voir les choses telles qu'elles sont. Quand on sait que le maire de
Masson et le maire de L'Ange-Gardien n'étaient pas présents
à la Communauté régionale de l'Outaouais, j'ai moins de
respect pour eux, considérant que la communauté, c'en est une ou
ce n'en est pas une. Si c'en est une simplement pour se permettre des
émoluments ou une rémunération quelconque, je pense que le
ministre devrait se reposer la question de l'efficacité, de la
rentabilité de la CRO afin de minimiser les coûts pour l'ensemble
des municipalités.
C'est une des raisons pour lesquelles, aujourd'hui, la ville de Gatineau
veut avoir une protection additionnelle. La ville de Hull veut également
avoir une protection additionnelle. Déjà, c'était de la
surenchère. On tentait, tant à la ville de Gatineau qu'à
la ville de Hull, d'aller, le soir, avant une assemblée, faire les
appels téléphoniques nécessaires pour faire tomber de son
côté plutôt que de l'autre le vote à la
Communauté régionale de l'Outaouais, sans pour autant
connaître les conséquences, sans pour autant connaître les
répartitions, sans pour autant être responsable du vote que l'on
prenait, mais beaucoup plus de l'influence véhiculée par un ou
l'autre des maires pour tenter de s'approprier une majorité des votes
à la Communauté régionale de l'Outaouais afin de prendre
une décision qui avait des répercussions importantes sur les
coûts de chacune des municipalités, mais davantage des
municipalités urbaines qui se voyaient attribuer un fardeau plus
important que l'ensemble des municipalités qui composaient la CRO. Quand
on tient compte du fait que la ville de Hull assume - considérant
l'ensemble des responsabilités et le budget de la CRO - environ 44% des
dépenses et que la ville de Gatineau en assume environ 35%, 80% des
coûts de la CRO sont défrayés par ces deux
municipalités. Si on tient compte d'Aylmer, cela monte à 85% ou
à 87%. Avec trois villes, on a la responsabilité de
défrayer l'ensemble des coûts de la CRO et cela comporte environ
85% à 87% du total du budget. Je comprends que, dans le projet de loi,
les votes tiennent compte des responsabilités et des coûts. Je
pense que cela est un élément important. Les municipalités
directement impliquées dans le remboursement d'un règlement sont
celles qui auront à se prononcer. Je pense que c'est un
élément positif. Celles qui sont impliquées directement
devront voter.
Pour revenir à l'article 2 - c'est le fond, je pense que c'est un
élément important - si on pouvait convaincre immédiatement
le ministre de permettre à la
municipalité de Pontiac de se retirer, on ne pourrait pas
interpréter cela comme un demi-gain - peut-être un demi-gain. Il y
en a une qui irait retrouver son monde à la municipalité
régionale de comté et les autres devraient vivre avec les
responsabilités qu'elles se sont données, soit de continuer
à faire partie de la Communauté régionale de l'Outaouais.
Pour le moment, on discute du retrait d'une municipalité, la
municipalité de Pontiac, et on aura éventuellement l'occasion de
dire à la population de l'Outaouais le manque de sérieux de
certaines personnes qui auraient du être présentes ici le 8 juin,
alors qu'on parlait de la restructuration de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Chacun des représentants aurait du
être ici, même si ce n'était que pour prononcer quelques
phrases à cette commission parlementaire. Mais non, ils sont
demeurés chez eux.
En terminant, M. le Président, je mentionnerai seulement que les
assemblées de la Communauté régionale de l'Outaouais, qui
avaient lieu antérieurement, tous les jeudis, durant la journée,
c'est-à-dire de 14 heures à 17 heures, sont maintenant
reportées à tous les deux jeudis, en soirée. Ces
gens-là n'ont plus besoin de prendre un après-midi, ce qui leur
permettait d'aller chercher un salaire de 8500 $. Ils font maintenant ces
réunions tous les deux jeudis, en soirée.
En terminant mon exposé là-dessus, étant
donné que l'article 2 a un impact important sur le territoire tel que
décrit -c'est l'article 2 qui décrit le territoire - je demande
encore une fois au ministre de bien vouloir accepter un amendement pour
permettre le retrait de la municipalité de Pontiac de l'article 2, sous
réserve des autres municipalités qui la composent, mais je ne
peux pas aller aussi loin que cela. Tantôt, mon collègue de
Pontiac, qui a des racines dans Pontiac, déposera officiellement
l'amendement au nom de l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): II n'y a donc pas d'amendement
pour l'instant?
M. Rocheleau: Pour l'instant, M. le Président, si vous me
le permettez...
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je ne sais pas... On va attendre
l'amendement.
Le Président (M. Desbiens): Pour l'instant, c'est le
député de Papineau qui a demandé la parole.
M. Assad: La demande d'inclure un représentant pour
Buckingham, L'Ange-Gardien et Notre-Dame-de-la-Salette, est-ce qu'elle a
été faite par le conseil ou était-ce dans l'optique de
composer un conseil mi-urbain, mi-rural? (11 h 45)
M. Léonard: C'était un des éléments
du livre gris de l'été dernier. Le rapport a été
adopté par le conseil. Donc, c'est une demande du conseil. Cela
devient...
M. Assad: Une demande explicite du conseil?
M. Léonard: Oui, cela devient une demande du conseil.
C'est cela. Cela devient une demande du conseil à partir de la
proposition du livre gris de l'été dernier, du mois d'août
dernier. Donc, c'est une demande du conseil.
M. Assad: Vous l'avez acceptée dans l'optique que c'est un
certain équilibre au sein du conseil de la CRO?
M. Léonard: Ils l'ont peut-être jugée
eux-mêmes comme telle. Cela peut avoir été un des
considérants, mais un des points majeurs là-dedans, M. le
Président, c'est qu'il y a quand même un principe de base au
niveau intermunicipal. Une municipalité doit avoir au moins un
représentant à la table du conseil d'une instance intermunicipale
et, à ce titre, je pense que des municipalités comme
L'Ange-Gardien ou Masson devraient avoir un représentant à la
table du conseil. Au-delà d'autres considérations
d'équilibre ou de tout ce qu'on voudra, je pense que c'est un droit,
finalement, pour la municipalité d'y être
représentée.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, l'article 2 de la loi, en ce
qui concerne la représentativité, a toujours été
pour la ville de Gatineau - vous l'avez sans doute noté, M. le ministre,
dans les mémoires, que ce soit le mémoire de la CRO
présenté le 8 juin ou celui des années quatre-vingt,
présenté l'année dernière - une partie très
importante de sa position dans le dossier de la restructuration. La ville de
Gatineau, qui a une population de 75 000 personnes, a toujours pris la position
que la représentativité devait être basée sur la
population, à savoir un représentant par 15 000 personnes.
C'était sa position dans le mémoire régional et sa
position dans celui présenté le 8 juin aussi.
M. le ministre, fondamentalement, cela a toujours été,
à tous les niveaux de gouvernement fédéral, provincial ou
municipal, la base de sa représentation. C'était basé sur
la population. Avec une population de quelque 75 000... D'ailleurs, dans les
dernières statistiques, je pense qu'il
y a douze personnes de moins que 75 000. Si on accepte le critère
d'un représentant par 15 000 de population, cela donnera à la
ville de Gatineau cinq membres et cela donnera à la ville de Hull trois
membres, mais la ville de Gatineau reconnaît que la ville de Hull est la
métropole de l'Ouest du Québec. On sait quelle est la
concentration des édifices fédéraux et provinciaux. On
sait que le maire de Hull, M. Légère, a dit que c'est le hall
d'entrée du Québec. On sait tout cela. C'est un fait reconnu et
on ne peut pas le changer.
La question du potentiel fiscal pour établir la
représentativité est un nouvel élément, je pense,
d'après les recherches que j'ai faites, que le ministre a retenu pour
établir la représentativité dans ce domaine. Je trouve que
le compromis que le ministre a fait, soit quatre pour la ville de Hull et
quatre pour la ville de Gatineau, est juste, pourvu que le ministre, en
même temps, plus tard, à l'article 119 ou 120, lorsqu'on parle du
partage des coûts, tienne compte de ce facteur aussi, à savoir le
potentiel fiscal quand on va répartir les coûts. La ville de
Gatineau trouve que c'est très injuste, d'une part, en ce qui concerne
la représentativité. Le ministre tient compte du potentiel
fiscal, du fait que la ville de Hull c'est la métropole, et de tous les
autres facteurs pour lui accorder quatre membres au conseil de la CRO. On sait
que la ville de Hull paie une portion assez importante du budget de la CRO. Si,
pourtant, on prend l'exemple de Mont-Royal, d'Outremont ou de n'importe quelle
de ces villes dont le potentiel fiscal est très haut, pourquoi
n'ont-elles pas deux, trois ou quatre représentants ici à
l'Assemblée nationale ou à la Chambre des communes? Je pense que
la même chose peut être appliquée. Pourquoi, tant au palier
provincial qu'à celui du fédéral, tous les comtés
sont-ils représentés par un député suivant la
population? Il y a une variation de population, que ce soit à partir de
30 000 jusqu'à 40 000, il y a un représentant. Pourquoi, dans le
cas qui nous occupe, quand il s'agit d'une représentation à un
organisme régional comme la CRO, le critère devrait-il être
changé? De toute façon, tenant compte de l'opposition
fondamentale de la ville de Gatineau - et on demande au ministre de
reconsidérer sa position - nous acceptons la représentation de
quatre membres pour la ville de Gatineau, quatre pour la ville de Hull, compte
tenu du potentiel fiscal, compte tenu des facteurs que le ministre a pris en
considération pour établir la représentation. Par contre,
on demande aussi que ces critères soient retenus, lorsque se
présente l'autre élément d'importance capitale pour la
ville de Gatineau et d'ailleurs pour toutes les composantes de la CRO, quand on
parle du partage des coûts, pour la ville de Gatineau, lorsque la
répartition est faite sur le potentiel fiscal et sur la tarification, et
voyant les conséquences, en ce qui concerne les coûts, qui sont
dramatiques, je ne comprends pas que le ministre ait deux poids et deux
mesures. Quand il procède sur la question de
représentativité et lorsqu'il procède sur la
répartition des coûts, il a deux manières de
procéder. Je demande au ministre d'y réfléchir avant
l'adoption de ces deux articles, les deux articles fondamentaux de toute la
restructuration. Il y en a beaucoup d'autres. Le député de Hull
en a parlé, mes autres collègues vont certainement en parler. Je
soumets respectueusement que c'est le coeur même de la restructuration.
C'est la question, vous l'avez dit dans plusieurs articles, qui étaient
rapportés dans le journal Le Droit, le coeur et l'essence même de
la restructuration, c'est une question de coûts, une question de
coûts et une question de représentativité. Les deux vont
ensemble pour autant que la ville de Gatineau est concernée. Il va sans
dire que si la ville avait une représentation de cinq personnes, tel que
cela devrait être suivant la population, la position de la ville de
Gatineau, lorsque vous parlez de l'article 119, de la majorité des trois
quarts que cela prend pour l'adoption de ce règlement, serait bien plus
forte. Il y a une conséquence directe lorsqu'on parle de la
représentativité et lorsqu'on parle du partage des coûts.
Les deux vont main dans la main et l'un suit l'autre. Dans l'ensemble de la
proposition ou des articles que nous avons devant nous, je crois que ce sera
beaucoup plus équitable pour la ville de Gatineau avec son immense
population, une population qui ne vient pas seulement de la ville de Gatineau,
puisque la ville de Gatineau est un peu une ville qui reçoit des
éléments de population d'un peu partout à travers la
province. C'est une ville qui a énormément de territoire,
contrairement à la ville de Hull, qui est quasiment toute construite et
pour laquelle la seule manière de s'agrandir serait soit d'annexer une
autre partie de territoire - ce que je ne prône pas entre
parenthèses pour mon collègue de Pontiac - ou de bâtir en
hauteur. Par ailleurs, la ville de Gatineau, avec son immense territoire et
avec tous les services maintenant en place, accueille des gens, que ce soit
l'Ontario, et surtout des autres parties de la province de Québec, mais
elle doit payer un prix assez fort, même un énorme prix pour
desservir une population qui soit en grande partie dans des maisons
unifamiliales. La base industrielle de la ville de Gatineau est limitée.
Elle a seulement une industrie d'importance, avec l'installation de la
Compagnie internationale de papier. La base commerciale, cela vient juste de
commencer, avec un centre commercial d'envergure.
Tout cela pour dire, M. le ministre, que la ville de Gatineau trouve
inacceptable et
injuste que, d'une part, vous teniez compte du potentiel fiscal pour
établir sa représentativité et que, d'un autre
côté, vous ne teniez compte de ce facteur seulement en partie,
mais pas comme pour la ville de Montréal, où le potentiel fiscal
est de 98% pour la répartition des coûts et pour la ville de
Québec, où c'est 74%. Pour la CRO, la Communauté
régionale de l'Outouais, le potentiel fiscal de la répartition
des coûts est de 43%. La ville de Gatineau trouve cela
complètement inacceptable. Nous soumettons respectueusement que vous ne
réglez rien, avec l'article 120 que vous avez, lorsque vous indiquez
clairement l'intention de votre ministère de répartir les
coûts sur une question de volume, de tarification, et avec l'article 119,
où vous dites que vous donnez un veto à la ville de Gatineau,
à la ville de Hull, d'ailleurs avec l'exigence d'une majorité des
trois quarts. Je trouve que cela ne règle rien, cela ne pourra pas
régler quelque chose d'aussi fondamental. D'un côté, vous
dites qu'on va procéder à la répartition des coûts
selon la tarification. D'un autre côté, vous dites que vous allez
donner un droit de veto. Mais le droit de veto après la première
assemblée, après la deuxième assemblée, va aller au
ministre et c'est la Commission municipale qui va prendre une
décision.
Mais la ville de Gatineau sait d'avance quelle décision va
être prise. Vous avez déjà établi votre position de
base dans l'article 120 en disant: C'est basé sur la tarification. C'est
pour cela que je dis que, sans vouloir sauter de l'article 2 à l'article
120 ces deux articles sont tellement reliés qu'on ne peut pas les
séparer. On sait que la ville de Gatineau est perdante en partant dans
le projet de loi que nous avons devant nous. Elle a un pouvoir de veto mais,
à la fin, ce sera le ministre qui va être obligé de
régler le problème. Or, on sait sur quel critère, car vous
avez déjà pris position, et c'est la tarification.
Quel pouvoir de négociation a la ville de Gatineau
vis-à-vis de Hull? Pensez-y un moment. Hull, sachant d'avance
qu'à l'article 120 vous avez décidé que c'est la
tarification, a beau jeu de s'asseoir dessus et de dire: On va voter contre, on
va exercer notre veto, une fois, deux fois, pour remettre cela dans les mains
du ministre et le ministre va régler en notre faveur. Dans toute cette
philosophie derrière la loi, quelle sera la position de la ville de
Gatineau quant à la possibilité d'en venir à une entente
avec la ville de Hull? On est dans une position de faiblesse pour
négocier. On a beau avoir des critères, des mécanismes, on
sait d'avance ce que le ministre va décider.
Tout cela pour en venir à ce dont on parle actuellement, la
question de représentativité. La ville de Gatineau est
prête à céder sur la clause de quatre à quatre,
pourvu qu'à l'article 120, le ministre fasse des changements importants
pour tenir compte de la position de la ville de Gatineau dans le dossier.
Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac. (12 heures)
M. Middlemiss: M. le Président, dans mon comté il y
a deux municipalités, la ville d'Aylmer et la municipalité de
Pontiac. Pour autant que la ville d'Aylmer est concernée, je pense
qu'elle a dit qu'elle était heureuse d'avoir un représentant de
plus. Toutefois, on voit qu'aujourd'hui la représentativité
crée une énorme possibilité de problèmes ou de
disputes entre la ville de Gatineau et la ville de Hull et je ne veux pas dire
combien de représentants chacune devrait avoir. Toutefois, la ville
d'Aylmer a proposé peut-être que c'était le temps dans la
loi -d'avoir un mécanisme qui pourrait prévoir
immédiatement de quelle façon la représentativité
serait revue périodiquement ou d'établir un ratio dans le but
d'assurer une proportionalité équitable. C'était son voeu.
Elle était heureuse de la représentativité qu'on lui
donnait. Si on établit aujourd'hui quelles vont être les
règles du jeu de l'avenir pour empêcher les municipalités
qui deviennent plus populeuses de retourner après cela, si elles le
veulent à la répartition des coûts, elle peut changer, mais
si on établit aujourd'hui les règles du jeu, les gens vont
être d'accord. Ils vont être capables d'en discuter et de
s'entendre sur une formule. Si on veut répartir les coûts sur la
base d'une population et d'une évaluation, il va falloir aussi de cette
façon établir les mécanismes de l'avenir pour
prévoir les changements possibles.
De l'autre côté, je ne veux pas toucher à l'annexion
de territoires de la ville d'Aylmer à Hull. Toutefois, je
suggérerais au ministre fortement de s'entretenir avec le ministre des
Transports, si vous voulez qu'on développe la région de
l'Outaouais et que Hull accomplisse le rôle dévolu, pour
aménager le système routier qu'on attend depuis tellement
longtemps. Les voies pour nous rendre à Hull sont tellement difficiles
que les gens ont plus de facilité à traverser le pont pour se
rendre en Ontario. Il y a aussi le transport en commun. On a des autobus
express qui sont à la queue leu leu tout le long de la route parce qu'il
y a tellement de... Cela fait des années qu'on attend cela.
L'amélioration du système routier, avec la construction de l'axe
McConnell-Laramée, va certainement aider Hull à remplir le
rôle qu'on voudrait qu'elle remplisse.
Maintenant, pour en venir à Pontiac, la question de base, je
pense, c'est la démocratie même. À deux reprises, les gens
ont émis l'opinion qu'ils voulaient se retirer de la CRO pour appartenir
à la MRC de
Pontiac. Cela me surprend du ministre et de ce gouvernement, qui, pour
atteindre leur but de la souveraineté du Québec, passent par un
référendum. Si le référendum donne une
réponse favorable, j'aimerais voir si on tiendra encore aux raisons
qu'on nous a données jusqu'à maintenant pour ne pas permettre
à Pontiac de se retirer de la CRO parce que cela va créer un
précédent. On en a déjà créé un. On a
dégroupé la grande ville de Buckingham pour en faire trois. Le
deuxième précédent, c'est que les municipalités
membres de la CRO ne sont pas d'accord. Je pourrais voir la réaction du
gouvernement du Québec, après un référendum ici au
Québec sur la séparation du Québec, si les neuf autres
provinces du Canada disaient: Non, c'est bien de valeur, votre population est
peut-être d'accord, mais nous, on fait partie de cette
Confédération et vous n'avez pas le droit de le faire. Cela
m'étonne énormément qu'on n'accepte pas le voeu de la
population. Il n'y a pas tellement longtemps, il y a un an, le 4 mai 1982,
à une question posée par mon collègue de Hull sur la
possibilité que la municipalité de Pontiac adhère à
la MRC de Pontiac, le ministre a répondu, et je le cite:
En ce qui concerne la municipalité de Pontiac, je pense que nous
allons attendre le rapport du comité de consultation pour voir ce que
lui-même aurait statué là-dessus. Vous dites "des
exemples", mais c'est le seul que vous citez, en fait. - Probablement qu'on
parle en général des MRC - Cela ne modifiera pas le territoire
d'une MRC Pontiac. Elle sera ou non dedans, mais elle devra choisir entre la
CRO et la municipalité régionale de comté. Je pense qu'il
faudra attendre les raisons apportées pour justifier un tel choix. Quant
à moi, cela reste un cas en suspens."
Mais, depuis ce temps, M. le ministre, on a procédé
à la consultation. Je ne toucherai pas au problème de la
délimitation, on en a parlé longuement, mais le rapport
recommandait que la municipalité de Pontiac fasse partie de la MRC de
Pontiac parce que la municipalité était déjà membre
du conseil de comté de Pontiac qui existait. Je pense que le maire de
Pontiac, dans sa présentation, le 8 juin, a
énuméré... Je ne veux pas passer mon temps à
énumérer toutes ces choses qui sont basées sur des
coûts. D'après eux, il va certainement y avoir une économie
qu'on dit d'environ 50%. Que ce soit 30%, pour ces gens, cela représente
quand même beaucoup d'argent.
La vocation de la municipalité de Pontiac est une vocation
presque entièrement agricole, sauf pour les gens qui ont
décidé de s'établir dans cette municipalité et de
prendre les services que la municipalité offrait. Beaucoup de gens
avaient des chalets, c'étaient des endroits de villégiature et,
depuis nombre d'années, ils ont décidé, sur le point de
prendre leur retraite, de faire des travaux de réfection à leur
résidence pour la rendre permanente. Sa position géographique est
la suivante: elle se situe entre la rivière et les Laurentides et, parce
que des blocs naturels l'en empêchent, elle ne touche pas à la
municipalité de La Pêche, qui serait au nord, et elle vient se
raccorder à la ville d'Aylmer.
Même au niveau de la CRO on a prévu, M. le ministre,
d'éliminer une partie de l'intercepteur régional, pour deux
raisons. C'est que cette partie ouest se serait rendue jusqu'à la
frontière entre Aylmer et Pontiac et, depuis l'adoption de la loi 90,
toute cette section de territoire de la ville d'Aylmer est aussi zonée
agricole et plusieurs personnes utilisent les fonds de terre à des
usages agricoles. Immédiatement à l'ouest de la ville d'Aylmer,
essentiellement, tout le territoire est zone agricole. Les gens qui y sont
déjà ont construit au moment où on avait des subdivisions
et on prévoyait de construire beaucoup, mais, depuis l'adoption de la
loi 90, je suis conscient du fait que certains ont fait des demandes de retrait
à la Commission de protection du territoire agricole, mais on a
jugé que ces terres devaient demeurer agricoles.
Donc, le potentiel éventuel de développement n'est plus
là. Quant aux gens de Pontiac, on nous a donné des raisons comme:
Ils travaillent à Hull. Dans ce cas-là, il y en a autant qui
travaillent à Ottawa. Si on peut justifier que l'appartenance de la
municipalité de Pontiac devrait être à la CRO, à
cause du nombre de personnes qui travaillent à Hull, qu'est-ce qui
arrive, s'il y en a plus qui travaillent à Ottawa? Devrait-on dire
qu'ils devraient appartenir à la municipalité régionale
d'Ottawa-Carleton? Ce sont les justifications qu'on nous a données. Or,
à cause de son caractère agricole qui s'étend non pas vers
l'est, mais plutôt vers l'ouest avec les producteurs laitiers, les
éleveurs de bovins, etc., ces gens ont toujours senti que leur
appartenance n'était pas vers l'est, mais vers l'ouest, à cause
du caractère agricole de ces municipalités.
En plus de cela, M. le Président, si on lit attentivement les
conclusions du fascicule no 6 qu'avait préparé le présent
ministre des Affaires municipales au moment où il était
responsable de l'aménagement et la décentralisation, il disait -
je me permets de le lire - Le territoire qui doit servir d'assise au
comté renouvelé est essentiellement la région
d'appartenance. Cette région d'appartenance doit être vue comme le
reflet conjugué de la conscience communautaire et de la conscience
territoriale d'un groupe défini de femmes et d'hommes implanté
dans un coin de pays. Cette région a quelquefois des racines historiques
non négligeables. Elle a surtout une réalité actuelle que
chacun de nous peut facilement vérifier en
s'interrogeant sur son milieu immédiat. Un peu partout au
Québec, des femmes et des hommes partagent l'occupation d'un territoire
qu'ils ont d'ailleurs contribué à façonner. Ils effectuent
entre eux un certain nombre d'échanges plus ou moins fréquents,
plus ou moins intenses, et partagent un certain nombre d'activités. En
plus de faire preuve d'une conscience communautaire et de s'identifier à
un groupe ou à une population qu'il reconnaît comme siens, chaque
citoyen témoigne d'une conscience territoriale, c'est-à-dire
qu'il s'identifie à un territoire suivant la perception qu'il en a.
C'est ce qui constitue la région d'appartenance." On parle de trois
propositions de découpage et, même à ce moment-là,
j'ai remarqué qu'il y avait l'option 3 qui considérait que la
municipalité de Pontiac pourrait appartenir à la MRC de Pontiac.
Dans les deux autres propositions, on optait peut-être plutôt pour
l'appartenance à la CRO. Mais, dans le fond, je pense que c'est la
démocratie elle-même qui demande qu'on respecte les vues de la
population.
Comme je l'ai dit, je vais le répéter: j'aimerais voir la
réaction du gouvernement en place. Si, le 20 mai 1980, on avait eu un
"oui" au lieu d'un "non", est-ce qu'on aurait accepté que le
gouvernement du Canada dise que c'est un précédent ou que les
neuf autres membres de la fédération canadienne disent: Non, nous
ne sommes pas d'accord à ce que vous vous retiriez. Jusqu'à
maintenant, je n'ai pas entendu d'autres arguments que ceux-là.
Le Conseil régional de développement de l'Outaouais est un
organisme composé de volontaires, des personnes qui ne sont pas des
politiciens, et ils ont exprimé cette même idée. Ils ont
dit et je cite: "Également soucieux d'assurer un développement
harmonieux de l'ensemble de la région 07, le CRDO s'est par la suite
penché sur le problème de l'appartenance des populations
périphériques sur le territoire de la CRO." Concernant ce dernier
point, permettez-moi de le relever... on parle de deux cas, je vais parler
seulement du cas de Pontiac, cas particulier, soit celui de la
municipalité de Pontiac. "La municipalité de Pontiac revendique
depuis longtemps le droit d'être détachée de la CRO et de
faire partie de la MRC de Pontiac. Cette revendication s'appuie sur le fait que
près de 72% de la population de cette municipalité devaient, lors
de l'élection référendaire récente, se prononcer en
faveur du retrait de ladite municipalité de la CRO. Les raisons motivant
ce choix vont de l'appartenance de la population au caractère rural de
la municipalité et aux économies qu'elle compte faire en
utilisant les services de la MRC de Pontiac plutôt que ceux de la
CRO."
Si je reviens à l'année 1974, où on a vécu
dans l'Outaouais un regroupement de municipalités, à ce moment,
le gouvernement actuel qui était alors dans l'Opposition criait et
criait qu'on devrait écouter et prendre en considération le voeu
de la population. Je dois dire que, dans notre cas, à Aylmer, le
gouvernement du temps a respecté ce désir, et, au lieu de
fusionner pour faire une grande ville ou de s'amalgamer avec la ville de Hull,
on a fait ce qui semblait logique et ce qui était demandé depuis
nombre d'années: le regroupement des villes d'Aylmer, de Lucerne et de
Deschênes. Je dois dire que, depuis ce temps, cela va bien. Probablement
que le regroupement est venu... Cela va bien. Nous, on se sent bien,
très bien. Peut-être que nos voisins nous regardent d'un
côté avec envie, toutefois, sur ce point, je crois que mon
collègue de Hull a été très clair et précis
au moment de la présentation des mémoires du 8 juin qu'une fois
pour toutes il faudrait régler le problème. D'abord on devrait
respecter les voeux de la population. Si les municipalités sont
prêtes à faire un référendum et que la
réponse est négative - je sais que la réponse sera
certainement, dans le cas de la ville d'Aylmer, très négative
à un regroupement avec Hull - à ce moment-là, on respecte
les voeux de la population et on s'assure que les deux municipalités,
s'il y a des services intermunicipaux à se partager, fassent des
ententes qui soient respectées, et tout le monde sera heureux.
Je reviens sur l'idée exprimée en espérant que vous
allez quand même mettre beaucoup de pression sur votre ministre des
Transports: si on veut réellement que Hull se développe de la
façon qu'on le veut, il faut avoir nos axes routiers. Je pense qu'on les
a eus du côté est, mais, du côté ouest depuis... On
était censé les avoir en 1972. Je me souviens qu'à la
ville d'Aylmer, au moment où on a accepté le schéma ou la
préparation du schéma d'aménagement contre les voeux de la
majorité de la population, on a éliminé un pont entre
Deschênes et Britannia, parce que c'était le voeu de la
population. (12 h 15)
II faut regarder le développement économique du
côté québécois et c'est pour cela qu'on voudrait
avoir l'axe est-ouest pour nous relier à Hull et à Gatineau parce
que, dans le moment, tous les gens d'Aylmer vont surtout du côté
sud. Ils traversent le pont et on perd énormément d'argent. Je
suis convaincu que, si on pouvait faciliter l'accès soit à
Gatineau, soit à Hull, les gens d'Aylmer développeraient
peut-être d'autres habitudes.
Au point de vue de la municipalité de Pontiac, on mise
énormément sur le fait que celle-ci sera capable de devenir le
moteur d'une reprise économique par le milieu. Ce même
problème existe dans la municipalité de Pontiac ou dans la MRC de
Pontiac. Le problème est même plus aigu dans cette
partie, si on regarde les pertes subies par l'économie du
Québec à cause du grand nombre de gens qui vont en Ontario, et
aussi si on regarde les populations anglophone et francophone. Dans la
municipalité de Pontiac, il y a énormément de
francophones. On a de fortes craintes que la population francophone de
Fort-Coulonge soit totalement isolée, mais on lui donne un autre noyau
qui sera à l'extrémité est et qui, selon moi, aiderait
à sauvegarder la communauté francophone. Le dynamisme du maire de
Pontiac au niveau de la MRC assurerait certainement un plus grand dynamisme
à la MRC, sans compter que la municipalité de Pontiac a la plus
forte population et la plus importante évaluation de toutes les
municipalités qui forment présentement la MRC de Pontiac.
Pour toutes ces raisons, je suis surpris que le ministre n'ait pas vu
à cela et ne nous oblige pas à présenter à la fin
un amendement pour respecter le voeu de la population de la municipalité
de Pontiac. On dit toujours que nous sommes là pour le peuple, que nous
sommes là pour la population. Dans les écrits, dans les paroles,
cela va très bien mais, lorsqu'arrive le moment de passer à
l'action, il semble que ce soit une autre chose. Cela ne se ressemble pas du
tout. Cela me surprend.
Quand on lit les débats lorsqu'on a adopté la loi 98,
l'Opposition du temps se déchirait le linge sur le dos pour
démontrer comment le Parti libéral ne connaissait pas la
démocratie. Je dois dire merci à l'Opposition de ce
temps-là, merci à l'Opposition et merci à mon
collègue de Gatineau, qui était notre représentant
à l'Assemblée nationale et qui avait une divergence d'opinions
avec le ministre du coin. Heureusement, le député de Gatineau
n'était pas une machine à voter qui acceptait de faire exactement
ce que certains du parti voulaient et il respectait les voeux de la population.
À ce moment-là, la population d'Aylmer, sans hésitation, a
envoyé une pétition de 11 000 noms pour démontrer que
c'était son voeu. Je pense que le maire de la ville de Pontiac a
mentionné, au moment de la présentation de son mémoire,
à la suite de commentaires du président de la CRO, qui disait que
cela ne coûterait peut-être pas aussi cher aujourd'hui que cela
coûtait, qu'il était même prêt à faire un autre
référendum, si nécessaire, pour démontrer que
c'était réellement le voeu de la population. Ce n'est pas
seulement une question d'argent, c'est une question d'appartenance, c'est une
question de démocratie. J'espère que le ministre ne me forcera
pas à faire l'amendement que je veux faire et qu'il sera d'accord pour
que la municipalité de Pontiac se retire.
J'aimerais présenter un amendement à l'article 6.
Motion proposant le retrait de la municipalité
de Pontiac
"L'article 6 de la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais remplacé par l'article 2 du projet de loi 28 est
modifié 1 en remplaçant à la première ligne, le
chiffre "18" par le chiffre "17" 2° en biffant à la cinquième
ligne, après le mot "La Pêche", le mot "Pontiac".
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que vous avez une copie
de l'amendement?
L'amendement est recevable et reçu. Est-ce qu'il est
adopté?
M. Léonard: II est recevable.
Le Président (M. Desbiens): Oui, bien recevable.
M. Fallu: M. le Président, étant donné qu'on
plaide sur deux plans habituellement, depuis le matin et en Chambre d'ailleurs
au demeurant, sur le principe d'une communauté urbaine ou d'une
communauté régionale...
Le Président (M. Desbiens): Parlez-vous sur
l'amendement?
M. Fallu: Non, sur la recevabilité.
Le Président (M. Desbiens): Sur la
recevabilité.
M. Saintonge: II est recevable, M. le Président. Est-ce
qu'on veut en appeler de votre décision?
Le Président (M. Desbiens): Je vais devoir justifier ma
décision. Je vais quand même entendre votre plaidoirie.
M. Saintonge: Si je comprends bien, M. le Président, vous
changez votre décision? Ou la mettez-vous en suspens?
Le Président (M. Desbiens): Je ne change pas ma
décision, je vais écouter l'argument de M. le
député de Groulx.
M. Fallu: On plaide pour savoir si la communauté sera
régionale ou urbaine. Il y a déjà eu, en 1974 ou 1975, des
changements majeurs qui ont fait qu'un grand nombre de municipalités se
sont retirées de la communauté régionale.
Néanmoins, il est resté une communauté
régionale.
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
M. Fallu: "Or, si on retire une municipalité qui est de
type rural...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Fallu: ...on s'en va tout doucement vers...
Le Président (M. Desbiens): Sur une question de
règlement, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Je ne veux pas être déplaisant à
l'endroit du député de Groulx mais, s'il plaide sur la
recevabilité, il faudrait qu'il plaide sur la recevabilité et non
sur le fond de la motion.
M. Fallu: C'est précisément sur la
recevabilité, parce que ce que je veux soutenir, c'est que le principe
de la loi, qui n'est pas remis en cause par le projet de loi 28, suppose une
communauté régionale.
M. Gratton: Elle le demeurera, même après l'adoption
éventuelle de l'amendement du député de Pontiac.
M. Fallu: C'est à vous à plaider dans ce
sens-là.
M. Gratton: Mais non, au contraire, c'est au moment du
débat sur le fond de l'amendement qu'on pourra faire ensemble -si vous
voulez - le débat à savoir si la CRO demeurera une
communauté régionale. Il y a quand même six autres
municipalités rurales qui demeureront même si la communauté
est amputée de la municipalité de Pontiac, tel que le veut la
motion d'amendement du député de Pontiac.
Donc, M. le Président, sur la recevabilité, je ne vois pas
où les arguments du député de Groulx vont nous mener,
d'autant plus que vous avez déclaré la motion du
député de Pontiac recevable.
M. le Président, s'il doit y avoir débat, qu'on le fasse
sur le fond et non pas sur la forme puisque, sur la forme, je ne vois
réellement rien. Si on plaidait pour inclure une nouvelle
municipalité, cela impliquerait des dépenses de fonds publics et
on pourrait alléguer que le règlement défend qu'un
député fasse une motion qui implique des dépenses. Mais
c'est exactement le contraire qui se produirait si la motion du
député de Pontiac était adoptée; en ayant une
municipalité en moins comme membre de la communauté, il y aurait
des épargnes d'argent. Donc, il n'y a pas de problème.
M. Fallu: En contrepartie, M. le Président, ce qui a
été adopté en deuxième lecture, c'est le maintien
de l'intégralité du territoire.
Le Président (M. Desbiens): Je vais peut-être
vérifier...
M. Léonard: Vous vouliez faire référence
à deux points, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Oui, à votre
discours.
M. Léonard: À mon discours de deuxième
lecture, le député y faisait référence
nommément. Deuxièment, je pense que même le
député de Hull, dans ses remarques préliminaires, a dit
qu'il était important de statuer à savoir s'il devait y avoir
dix-huit membres ou dix-sept à part le président.
C'est à vous de prendre la décision, M. le
Président. Mais, est-ce que je peux reprendre ce que j'en disais dans le
discours de deuxième lecture? Voici: "II n'est pas dans notre intention
de proposer des modifications aux territoires déjà
définis. Si certaines municipalités rurales comme Pontiac ont
souhaité se retirer de la communauté, c'est qu'elles ne s'y
sentaient pas entièrement concernées et n'avaient entre elles
aucun plan de travail homogène et exclusif à leurs seules zones
vertes. Nous devons aussi souligner, etc."
M- Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gatineau...
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président,
le ministre est en train de débattre le fond de la motion. Il pourra le
faire au moment où vous l'aurez reconfirmée comme étant
recevable mais, pour le moment, il semble qu'après l'avoir
déclarée recevable, vous désireriez être
éclairé. Je maintiens donc que la motion est recevable.
Le Président (M. Desbiens): Je vais, si vous le permettez,
suspendre pour vérifier un point quand même.
M. Rocheleau: M. le Président, je veux simplement apporter
un point de vue. Lorsque nous avons entendu les principaux intervenants le
mercredi 8 juin, le ministre avait quand même laissé une ouverture
à la municipalité de Pontiac à savoir qu'il allait
réexaminer le dossier à la suite des différents
mémoires qui allaient être déposés. Encore
là, je me dis, M. le Président, que si nous sommes en commission
parlementaire, c'est pour faire l'examen et pour proposer certains amendements
comme celui-ci. J'ose espérer que votre première décision
sera maintenue.
M. Kehoe: Surtout sur une question aussi importante que la
composition de la CRO. C'est le fondement, c'est le coeur même de la
refonte.
M. Léonard: Là, vous plaidez contre... M. Kehoe:
Contre quoi, contre qui?
M. Léonard: Vous plaidez contre votre proposition.
M. Kehoe: Cela n'a jamais été accepté par
Pontiac.
Le Président (M. Desbiens): Je suspends pour
vérifier un point, puis...
M. Gratton: M. le Président, avant que nous suspendions,
je n'ai pas cru bon d'argumenter plus à fond sur la recevabilité
de la motion, mais si vous deviez nous revenir et nous dire qu'elle ne l'est
pas, j'aimerais que vous me réserviez la possibilité
d'intervenir. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise de la séance à 12 h 54)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît'.
J'ai vérifié dans au moins un cas qui s'est
présenté à la commission des affaires municipales lors de
l'étude du projet de loi sur la Communauté urbaine de
Montréal et l'amendement proposé, à ce moment-là -
qui était un sous-amendement - a été jugé
recevable. Il n'y a même pas eu d'objection quant à la
recevabilité ou non de cet amendement-là.
L'amendement est jugé recevable. Est-il adopté?
Des voix: Oui.
Une voix: L'amendement?
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais faire remarquer
que nous avons passé la dernière demi-heure, sinon plus, à
attendre cette décision. Nous ne vous en faisons pas un reproche, loin
de là, M. le Président, mais nous remarquons simplement que vous
l'aviez, à juste titre, déclarée recevable dès
qu'elle a été présentée et que c'est à la
suite de représentations du député de Groulx,
suscitées par le ministre des Affaires municipales - on l'a bien vu -
que la question de la recevabilité a été soulevée.
J'aimerais que ce soit clair. En ce qui nous concerne, nous avons l'intention
de faire l'étude de ce projet de loi, article par article, dans les
meilleures conditions possible. On a l'intention de nous appliquer à
bonifier le projet de loi, mais si l'on devait se rendre compte que l'attitude
du gouvernement est d'essayer d'escamoter le débat de fond des motions
d'amendement qu'on présente en soulevant des questions de
règlement comme celle qu'a soulevée le député de
Groulx, je regrette, M. le Président, mais on aura de la
difficulté à se rendre au bout de la démarche.
Le Président (M. Desbiens): J'ai déclaré la
motion recevable. Il était du droit du député de Groulx de
soulever une question sur la recevabilité, d'autant plus que...
M. Gratton: M. le Président, pas après que vous
l'avez déclarée recevable.
M. Saintonge: D'autant plus, ce qui me surprend, M. le
Président, c'est que vous l'avez déclarée recevable et le
ministre, en parlant avec son adjoint parlementaire, a soulevé une
question là-dessus, mais...
Le Président (M. Desbiens): On ne reviendra pas sur la
recevabilité ou non...
M. Saintonge: ...la recevabilité, mais je pense que c'est
important, pour situer quand même le débat, parce que, même
à l'époque de la loi 46, c'était le
précédent que vous invoquez, le ministre et le
député de Groulx avaient parlé contre la motion
proposée et non pas sur la recevabilité.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, vous vouliez
intervenir sur l'amendement.
M. Léonard: J'avais déjà traité du
sujet lors de mon discours de deuxième lecture et je vous ferai
remarquer qu'il y a quand même un certain nombre de
représentations qui ont été effectivement faites
relativement à ce sujet-là.
En ce qui concerne les limites municipales ou intermunicipales, on a
fait une analogie, mais elles sont du ressort du gouvernement du Québec
en dernière analyse. Les questions de contributions ou de coûts ne
sont généralement pas un des éléments majeurs
là-dedans parce que ce n'est pas cela qui intervient, à un
certain moment, mais plutôt d'autres considérations en termes de
territoire.
Je vous ferai remarquer qu'il y a au moins deux opinions sur ce point.
Il y a évidemment celle du comité de consultation, mais il y a
aussi celle des élus de la CRO, qui ont dit dans le livre gris - et ils
le disent depuis toujours - que la Communauté régionale de
l'Outaouais est une communauté régionale et non pas une
communauté urbaine. Donc, il y a et des villes et des
municipalités à caractère rural. Je pense que cela aussi
est une opinion qui a été exprimée par rapport à la
demande de la municipalité de Pontiac de sortir; quant à nous, je
ne pense pas qu'il y ait lieu de changer ce que nous avons proposé, que
Pontiac reste dans la communauté. C'était d'ailleurs un voeu
exprimé et adopté lors du livre gris, à
l'intérieur du livre gris. Quant à nous, nous en restons sur nos
positions.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président.
Il peut certainement y avoir des opinions qui diffèrent
concernant... Si on regarde le rapport de la commission de consultation sur la
MRC de Pontiac, il était définitivement favorable à ce que
la municipalité de Pontiac fasse partie de la MRC de Pontiac.
Au moment de la présentation des mémoires, on a eu
l'occasion de le demander aux membres des différents conseils qui
présentaient des mémoires. On l'a demandé à la
ville d'Aylmer; elle nous a dit: D'accord sur l'intégrité du
territoire, mais, en dernier ressort; si c'est le voeu de la population, elle
respecterait le voeu de la population de la municipalité de Pontiac, si
celle-ci veut se retirer. C'est aussi le cas pour la ville de Gatineau. Je
crois que c'est le rapport Lock qui indiquait que peut-être le premier
choix était de garder l'intégrité du territoire, mais
qu'elle aussi respecterait le voeu de la population. Donc, je crois encore - et
je vais rafraîchir la mémoire du ministre - que c'est lui qui
avait toutes ces bonnes idées, qui disait qu'il fallait
reconnaître le voeu des populations dans les choix de leur zone
d'appartenance à la MRC ou à un autre territoire.
M. le Président, je trouve cela une volte-face, de la part du
gouvernement. Il prêche à tout moment, au nom de la
démocracie, de respecter les voeux de la population. Je suis convaincu
que, dans un... Pourquoi d'abord?
Le Président (M. Desbiens): Le député de
Laprairie. (13 heures)
M. Saintonge: M. le Président, il est déjà
une heure, est-ce qu'on pourrait avoir l'ajournement? Mon confrère de
Pontiac pourrait continuer à la reprise.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des affaires municipales ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 22 h 10)
Le Président (M. Brouillet): Messieurs, mesdames, la
commission permanente des affaires municipales reprend ses travaux qui
consistent à étudier article par article le projet de loi 28, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais.
Alors, nous avons sur la table un amendement.
Excusez-moi, je dois d'abord nommer les membres de la commission: MM.
Beauséjour (Iberville), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Gratton (Gatineau),
Kehoe (Chapleau), Fallu (Groulx), Lachance (Bellechasse), Léonard
(Labelle), LeMay (Gaspé), Rocheleau (Hull), Midllemiss (Pontiac),
Marquis (Matapédia).
Les intervenants sont: MM. Assad (Papineau), Bisaillon (Sainte-Marie),
Saintonge (Laprairie), Desbiens (Dubuc), Caron (Verdun), Leduc (Saint-Laurent),
Léger (Lafontaine), Paré (Shefford).
Alors, nous étions à discuter de l'amendement, qui a
été proposé par le député de Pontiac,
à l'article 2 du projet de loi. Je ne sais pas si on a lu
l'amendement.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Cela est fait. Bon! Il reste
à en discuter.
M. Rocheleau: Me permettriez-vous de faire un commentaire? Comme
vous savez, le projet de loi 28 est un projet de loi relativement important,
qui traite d'une restructuration de la Communauté régionale de
l'Outaouais, projet de loi que nous souhaitions depuis plusieurs années.
Sans pour autant élaborer sur le contenu, je tiens simplement à
faire une précision, M. le Président. Ce matin, nous avons
commencé la commission parlementaire à 10 h 15 ou 10 h 30 pour la
terminer à 13 heures; nous devions, cet après-midi, reprendre
après la période des questions; malheureusement, le salon rouge,
que nous devions occuper, ou une autre salle, semblait être
occupé. On nous a remis à ce soir. On devait commencer à
20 heures; on a été déplacé une autre fois à
cause d'autres projets de loi: le projet de loi 19 et le projet de loi 17 qui
sont en même temps en commission parlementaire.
Je tiens simplement à souligner qu'on a retardé
indûment cette commission parlementaire et nous avons plusieurs articles
importants à traiter. Je voulais faire ce commentaire, M. le
Président, car ce n'est sûrement pas l'Opposition qui a
bloqué ou qui semble vouloir bloquer systématiquement ce projet
de loi. Au contraire, nous avons tenté de donner le maximum en
souscrivant avec patience à chacun de ses éléments, et en
tentant d'examiner chacun des articles. J'ose souhaiter que, si le gouvernement
est sérieux avec son projet de loi, nous aurons l'occasion d'y passer le
temps nécessaire afin de bonifier le plus possible le projet de loi 28
sur la Communauté régionale de l'Outaouais.
Le Président (M. Brouillet): Maintenant, sur l'amendement
comme tel...
M. Léonard: M. le Président, nous non plus, nous
n'avons pas l'intention de bloquer du tout ce projet de loi. Je sais qu'il y a
eu des discussions entre les leaders, qui ont fait qu'on reprend maintenant.
Nous sommes d'accord pour procéder le plus rapidement possible, et en
s'y mettant, on est capable de terminer cela rapidement.
Le Président (M. Brouillet): Je reviens à
l'amendement. Sur l'amendement, est-ce qu'il y aurait des observations? M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, au moment où on a
fini à midi, c'est moi qui avais la parole sur l'amendement.
Depuis midi, après le résultat des élections dans
Saguenay, l'attitude du gouvernement avec le projet de loi 37 a
démontré que, dans ce comté, les gens n'ont pas
apprécié ce que le gouvernement appelle la démocratie ou
le choix de la population. Si, par hasard, le ministre avait eu le temps de
songer, il aurait changé d'idée et il serait prêt à
nous accorder cet amendement et on pourrait certainement éviter de
continuer de parler pour tenter de le convaincre.
Toutefois, il semblerait, d'après ma courte expérience
avec le ministre, que c'est très difficile de le convaincre. Lui, de son
côté, il ne peut pas nous apporter trop d'arguments. Lorsqu'il a
pris la parole ce midi sur l'amendement, il nous a dit qu'il avait deux
rapports. Un rapport disait qu'il était favorable au retrait de la
municipalité de Pontiac de la CRO et l'autre rapport. Je rappelle ce
rapport-là et les mémoires que les municipalités-membres
de la CRO, sont venues présenter le 8 juin dernier. Vous étiez le
président de cette commission ce jour-là, M. le Président,
vous vous en souvenez. Tous ces gens ont dit: "D'accord, en premier lieu, on
préférerait que la municipalité de Pontiac demeure dans la
CRO. Toutefois, nous croyons en la démocratie de la population et si la
population exprime le voeu ou le désir de se retirer, on serait
prêt à l'accepter". Je suis convaincu que le ministre se souvient
de cela.
M. le ministre, au moment où vous étiez le ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement, vous aviez émis beaucoup d'opinions et de
méthodes à suivre pour reconnaître cette autonomie ou ce
choix de la population locale de se doter d'un schéma
d'aménagement et de réussir à se gérer
elle-même. Dans cela, il y avait votre fascicule no 6. Il y était
mentionné: "Un territoire pour permettre l'exercice d'un pouvoir
politique. L'on y disait que "l'une des caractéristiques fondamentales
du territoire qui découlera de la région d'appartenance est de
constituer l'assise géographique d'un pouvoir politique. Ce pouvoir
politique s'incarnera dans l'institution du comté municipal
renouvelé et exercera d'abord des responsabilités en
matière d'aménagement du territoire. Avec le temps, la
consolidation de cette institution pourrait permettre une
décentralisation plus étendue des pouvoirs présentement
exercés par le gouvernement du Québec. C'est pourquoi le
territoire sur lequel va s'exercer ce nouveau pouvoir politique doit non
seulement s'appuyer sur une véritable coopération, librement
consentie et désirée, de toutes les municipalités mais il
doit également s'appuyer sur des aires de services susceptibles de
permettre une gestion adaptée aux besoins des communautés de
base. Dans la mesure où il apparaît désirable d'installer
la coopération intermunicipale sur une base permanente
institutionnalisée, il importe que le territoire qui servira de base
à la gestion de certaines fonctions se rapproche autant que possible des
aires de services qui seront plus fonctionnelles et plus efficaces pour les
gens".
Il semblerait, et ce n'est pas nouveau, que, dans les discours ou dans
les écrits, on fait toutes sortes de promesses mais, lorsqu'on passe
à l'action, c'est totalement différent.
Le ministre nous a aussi dit que ce n'est pas seulement basé sur
les coûts. Bien, il me semble que les coûts sont bien importants.
Lorsqu'on compare le potentiel fiscal de la municipalité de Pontiac dans
la CRO, qui est de l'ordre de 1,6%, l'on constate que c'est une petite
participation et, si l'on regarde les services dont la municipalité de
Pontiac bénéficie, ils sont minimes et son retrait n'affecterait
rien et ne causerait aucun préjudice aux municipalités qui y
demeurent.
Je vois l'inquiétude du ministre, à savoir que
peut-être les autres municipalités de nature rurale voudraient se
retirer. Elles ont eu depuis un grand nombre d'années et dès le
début de nombreuses discussions, c'est-à-dire depuis le
début de la discussion de restructuration, mais aucune d'entre elles n'a
exprimé aussi clairement son désir et son voeu de se retirer de
la CRO. Même une fois le grand Buckingham dégroupé, il
semblerait que présentement les deux nouveaux maires qui vont être
ajoutés, soit le maire de L'Ange-Gardien et celui de Masson, veulent y
participer.
Donc, utiliser l'argument que ces gens-là veuillent se retirer ne
tient pas, ils ne l'ont jamais démontré et cela n'affecterait en
rien la CRO que de lui enlever une municipalité rurale, soit celle de
Pontiac.
D'après ce que nous a dit le maire de la municipalité de
Pontiac, cette municipalité aurait une économie de l'ordre de 50%
si elle pouvait appartenir à la MRC de Pontiac; mais, de l'autre
côté, ce qu'elle ajouterait à la MRC de Pontiac serait de
l'ordre de 20%. Le ministre nous disait que la vocation de la
municipalité de Pontiac n'est pas totalement une vocation
agricole. D'accord, il y a énormément de personnes qui ont
décidé de se construire une résidence dans la
municipalité de Pontiac pour s'éloigner de Hull. Il y a des gens
qui sont déménagés d'Aylmer et probablement de Gatineau.
Certains ont pris leur retraite ou bien ils y avaient un chalet et ils ont
décidé, après y avoir passé la plupart des
étés, peut-être une quinzaine d'années, que
c'était là qu'ils voulaient s'établir. Ils ne voulaient
pas avoir tous les services que l'on donne dans une grande ville, car ils y
seraient demeurés.
Alors, si on prend la vocation agricole avec les raisons qui ont
amené les gens à déménager, à aller
s'établir dans la municipalité de Pontiac, on ne peut pas
prévoir que les inquiétudes du ministre vont se réaliser.
À un certain moment, j'avais eu une discussion avec lui et ce qui le
préoccupait, c'est que la municipalité deviendrait
urbanisée et qu'on demanderait toutes sortes de services.
On a décidé de ne pas construire le dernier tronçon
de l'intercepteur régional dans la ville d'Aylmer, ce qui aurait pu
permettre à la partie à l'extrémité est de la
municipalité de Pontiac d'être desservie et de se raccorder
à l'usine d'épuration des eaux usées. Elle aurait pu aussi
avoir le système d'aqueduc, l'alimentation en eau aurait pu venir
d'Aylmer. Mais tous ces projets ne sont pas possibles au moins pour 25 ans,
parce que le territoire qui sépare la partie urbanisée d'Aylmer
et la frontière est de Pontiac, qui s'étend sur une longueur de
trois milles, n'aura pas de services.
Une seconde raison est que tout le territoire qui était
susceptible d'être développé a été, selon la
loi 90, désigné zone agricole. Au moins à trois reprises,
les propriétaires de ce terrain ont demandé d'être
retirés de la zone agricole pour pouvoir aménager une subdivision
pour fins résidentielles, malheureusement, ils ont toujours
essuyé un refus.
Devant toutes ces conditions, cette inquiétude du ministre que
cela deviendrait une zone urbanisée est totalement partie. L'autre
élément est qu'il ne faut pas mettre tous nos oeufs dans le
même panier. La municipalité de Pontiac peut jouer un rôle
beaucoup plus important au sein de la municipalité régionale du
comté de Pontiac pour renforcir cette MRC. Parce que le problème
que l'on connaît, la raison qu'on a, la CRO pour contrecarrer les effets
de la MROC du côté ontarien, se fait sentir encore plus dans la
partie qui s'étend à partir de la municipalité de Pontiac
jusqu'à Fort-Coulonge. Les effets économiques, de perte
d'économie du côté ontarien, sont encore plus grands et ce
n'est certainement pas moi qui le dis. Si on regarde Le développement
à Québec, volume IX, no 3, mars 1983, on y lit: "Le comté
de Pontiac subit encore plus fortement que l'ensemble de l'Outaouais
québécois le poids démographique et économique de
l'Est ontarien. D'après le recensement de 1981, le comté ontarien
de Renfrew, qui fait face à Pontiac, compte près de 90 000
habitants dont 14 000 dans la ville de Pembrooke et plus de 8000 à
Renfrew. L'intensité des échanges entre les deux rives de
l'Outaouais, le plus souvent au profit du développement ontarien,
représente un élément majeur de la problématique
bien particulière du comté de Pontiac. "En tirant ces
conclusions, on dit: "Le milieu est prêt à se prendre en main, le
milieu veut certainement améliorer son sort, mais la prise en charge
d'un milieu par sa population exige la réalisation d'actions
pertinentes, la mise en place d'organisations et la prise en charge du
leadership. Elle requiert l'élaboration d'un système
ordonné d'idées et d'actions capables de déterminer la
direction et l'intensité des efforts à entreprendre. La
dernière étape implique la poursuite du développement
local et régional par une utilisation intégrée et
polyvalente des ressources humaines, naturelles et institutionnelles. Il va
sans dire qu'au sein de ce processus de prise en charge du milieu
régional par lui-même, la MRC de Pontiac, nouvellement
créée, est appelée à jouer un rôle
très important.
Le comité de consultation pour la région de l'Outaouais
avait recommandé que la municipalité de Pontiac soit partie
intégrante de la MRC de Pontiac, en plus du fait que cette
municipalité, même si elle était membre de la CRO,
siégeait aussi au conseil de comté de Pontiac qui est devenu, en
date du 1er janvier 1983, la MRC de Pontiac.
Donc, on voit que les gens de la région, les gens qui y
travaillent, disent que c'est le moteur de toute cette reprise, de faire de la
MRC de Pontiac une MRC dont le milieu va s'intégrer, va travailler et va
se prendre en main. C'est cela qui est le moteur. On continue en disant: "En se
trouvant associés à l'élaboration du schéma
régional d'aménagement que la MRC est chargée de
préparer, les élus locaux vont pouvoir se familiariser avec la
dimension régionale de l'aménagement et du développement.
En identifiant les grandes orientations d'aménagement qu'ils devront
cautionner, ils seront amenés à engager une réflexion
collective sur les objectifs et les voies de développement du
comté de Pontiac. De plus, la MRC est particulièrement bien
placée en tant qu'institution régionale pour assurer une
nécessaire concertation entre les communautés francophones et
anglophones du comté de Pontiac."
On a aussi un rapport du Conseil régional de développement
de l'Outaouais, des gens qui travaillent bénévolement, des
gens qui sont du milieu et qui connaissent très bien ce que les
gens veulent; ils ont des consultations. Et ces gens-là aussi ont fait
des représentations pour qu'on reconnaisse une fois pour toutes le
processus démocratique. Les gens, à plusieurs reprises, dans
Pontiac, ont démontré... Comme le disait le maire de Pontiac, il
n'y a pas seulement le côté financier à considérer.
Depuis le début, la majorité veut sortir de la CRO, parce que,
pour elle, la région d'appartenance est l'ancien comté de
Pontiac, devenu la MRC de Pontiac. Jusqu'au 1er janvier dernier, cette
réalité était reconnue par la loi, qui permettait à
Pontiac d'avoir un siège au conseil de comté de Pontiac,
malgré sa participation à la CRO. La vocation de la
municipalité a toujours été et demeurera sans doute
toujours une vocation agricole. La loi 90 a confirmé cette vocation en
décrétant 90% de son territoire, à l'exception du parc de
la Gatineau, zone agricole permanente. Cette même loi 90 a d'ailleurs
rendu inopérant le schéma d'aménagement approuvé
quelques mois plus tôt. Les possibilités d'urbanisation de la
municipalité de Pontiac sont disparues par fiat gouvernemental. Par la
loi 28, le gouvernement veut que la municipalité de Pontiac continue
à participer à l'onéreux de la CRO, après lui avoir
nié par la loi 90 les avantages qui peuvent découler d'un certain
degré d'urbanisation tel que prévu au schéma
préparé par la CRO... (22 h 30)
Dans de nombreuses occasions, la municipalité a fait savoir au
gouvernement la volonté de ses contribuables de se retirer de la CRO. En
mars 1978, par un référendum postal auquel 56% des contribuables
avaient répondu, il a été établi que de 91% des
gens voulaient sortir de la CRO. Ensuite, en 1979, un bulletin spécial
accompagnait les bulletins de vote à l'élection de novembre, et
72.5% des électeurs se sont prononcés à cette occasion
pour se retirer de la CRO.
Pendant des années, cette volonté des contribuables de
cesser d'appartenir à la CRO a été confirmée de
façon moins formelle et le gouvernement a été
informé à de multiples reprises. De plus, en 1980, le rapport de
la restructuration n'a pas été endossé par le maire de
Pontiac. Déjà, je pense qu'au moment de la présentation
des mémoires cette preuve a été donnée au
ministre.
Jusqu'au dépôt de la loi présentement à
l'étude, la loi 28, on a toujours senti que la porte était
ouverte pour que la municipalité de Pontiac, parce que c'est le voeu de
la population de Pontiac, puisse se retirer. Même le premier ministre a
renforcé l'énoncé du ministre des Affaires municipales
à ce sujet. Donc, on se demande pourquoi cet entêtement à
ne pas vouloir reconnaître le désir de la population.
Je pense qu'aujourd'hui le parti ministériel s'est aperçu
que, dans le comté de Saguenay, les gens n'ont certainement pas
apprécié ce qui s'est passé il y a un an. Il y a un an
c'était la loi 37 que le gouvernement adoptait sans tenir une vraie
consultation auprès de la population pour connaître ce qu'elle
voulait. Aujourd'hui, un an après, on s'aperçoit que les gens,
dans un geste démocratique, ont répondu au gouvernement. Le
comté de Saguenay n'était pas un nouveau venu dans le camp
ministériel. C'était un comté qui, depuis 1970,
était du côté ministériel, malheureusement pour les
gens qui ont été obligés de vivre le regroupement
forcé de l'an dernier.
Cette attitude est difficile à comprendre quand on songe que
lorsque ces mêmes personnes étaient dans l'Opposition, elles
accusaient le gouvernement libéral du temps de ne pas consulter la
population, de faire des regroupements forcés, etc. On a vu en 1976 que,
lorsqu'on ne respecte pas les voeux de la population, celle-ci prend ses
décisions. Au moment de la vraie démocratie, au moment où
l'on vote, les gens disent s'ils sont satisfaits ou non. On en voit les
conséquences, et cela s'est répété encore
aujourd'hui. Est-ce que vous me faites signe que c'est terminé?
Le Président (M. Brouillet): Oui, il ne vous reste que 30
secondes de vos 20 minutes.
M. Middlemiss: Un dernier plaidoyer auprès du ministre
pour lui dire: M. le ministre, s'il vous plaît, considérez donc le
voeu de la population de Pontiac. Les conséquences de son départ
pour la CRO ne représentent qu'une fraction du bien que la
municipalité de Pontiac pourrait faire comme membre de la MRC de
Pontiac. On aurait deux forces du côté québécois
vis-à-vis du côté ontarien. Pour réussir à
faire un succès de la MRC de Pontiac, cela prend absolument la
municipalité de Pontiac pour y apporter un dynamisme extrêmement
nécessaire.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député. M. le député de Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, une remarque seulement. M. le
ministre, ce matin, lorsque vous avez ouvert le débat, vous avez
mentionné que l'idée derrière la restructuration, le
principe de base de la loi que nous avons devant nous pour étude portait
sur une question de consensus. Si nous examinons les mémoires qui ont
été présentés devant vous, soit ceux du 8 juin
dernier, soit ceux qui ont déjà été
présentés auparavant, sauf celui présenté par la
CRO elle-même, tous et chacun des mémoires
présentés par les villes composantes: les villes de
Gatineau, d'Aylmer, de Buckingham, des entités rurales, tous viennent
à la conclusion que la population elle-même de la
municipalité de Pontiac devrait avoir le loisir et le droit,
après une consultation démocratique, de se retirer ou non de la
CRO. Je comprends mal pourquoi vous basez toute votre restructuration sur une
question de consensus et, dans ce principe d'importance capitale, pourquoi vous
refusez de considérer la demande des gens de Pontiac. Si je comprends
bien tous les mémoires qui ont été présentés
et surtout celui qui est présenté par la CRO, je me demande
même si le mémoire lui-même est vraiment un mémoire
du conseil de la CRO ou plutôt le mémoire du président
lui-même, nécessairement. Selon l'idée bien
arrêtée du ministre, il a répété dans son
mémoire les mêmes arguments que le ministre avait
déjà exposés à plusieurs reprises.
Enfin, il est tout seul pour leur dire quelle autre municipalité
composante refuse le droit à la municipalité de Pontiac de se
retirer de la CRO. Il y a probablement, dans l'ensemble de tous les
intervenants, l'ensemble de toutes les villes composantes, seulement le
président de la CRO qui, lui-même, à partir d'une opinion
plutôt personnelle, comme représentant d'un consensus du conseil
de la CRO, refuse lui aussi à la municipalité de Pontiac la
permission de se retirer de la CRO. Je pense que c'est de l'hypocrisie pure et
simple, quand vous dites d'un côté que toute la restructuration
est basée sur le consensus et, d'un autre côté, lorsque
vous en venez à cette partie du droit d'une des parties composantes de
se retirer, pour des raisons très sérieuses et qui ont
été exposées par le député de Pontiac, vous
fermez les yeux et refusez la demande.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le
député. M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre voulait commenter?
M. Léonard: Non, je commenterai à la fin. Je
ne sais pas si vous avez terminé vos interventions sur votre
amendement.
M. Rocheleau: Je me permettrai sûrement de toucher à
certains points de cet amendement parce que nous croyons, du côté
de l'Opposition, que c'est un amendement très important, qui doit tenir
compte du voeu exprimé quand même par l'ensemble des
municipalités qui composent actuellement la Communauté
régionale de l'Outaouais. Il y a des points de divergence entre le
mémoire de la CRO et le rapport gris ou le rapport de la CRO
adopté au mois de juin ou juillet 1982. Il y a un rapport de la ville de
Hull sur la Communauté régionale de l'Outaouais, qui est quand
même un rapport de 1979, au temps où on faisait des rapports, et
je pense que ce document est un document sérieux, un document qui a
été bien préparé, qui a tenu compte de l'ensemble
du problème de la Communauté régionale de l'Outaouais. Il
arrive à certaines conclusions. Je me permettrai de faire simplement
certains énoncés en tenant compte que les structures de la
communauté régionale doivent être modifiées, afin de
répondre aux besoins de la population de l'Outaouais, d'accroître
l'efficacité admnistrative et de sauvegarder l'autonomie locale, car le
Conseil municipal de Hull croit que les structures régionales actuelles
doivent être modifiées en profondeur.
Quant au rôle de la ville de Hull dans l'Outaouais
québécois, avant de préparer ses recommandations, le
conseil de Hull, dit le rapport, a examiné le rôle de sa ville au
sein de la communauté régionale, autant sur le plan financier que
sur le plan administratif. La ville de Hull est prête à continuer
à apporter sa collaboration et sa participation. Pour cela, il faut que
ses résidents en retirent quelque chose et que les coûts qu'on
leur impose soient justes et équitables. Dans les principales
recommandations, que je ne reprendrai pas en totalité, la ville de Hull,
en 1979, recommandait effectivement la dissolution de la Communauté
régionale de l'Outaouais, la création d'une communauté
urbaine formée des villes d'Aylmer, Gatineau et Hull et la
restructuration de la commission de transport à l'intérieur de la
nouvelle communauté urbaine.
On s'aperçoit qu'à l'intérieur du projet de loi on
traite aussi de la commission de transport, mais qu'on en fait un palier
indépendant, c'est-à-dire qu'on nomme aussi des personnes pour
représenter les utilisateurs de chacune des municipalités
desservies.
On y dit que les municipalités de Hull-Ouest, La Pêche,
Pontiac, Val-des-Monts, Buckingham dégroupées pourront choisir de
former une ou plusieurs municipalités de comté, tel que
préconisé dans le projet de loi 125, ou se joindre à un
conseil de comté existant. On se souvient que la loi 125 venait à
peine d'être adoptée et qu'on allait préconiser
effectivement la création de municipalités régionales de
comté.
Dans le contexte qui nous préoccupe actuellement d'une refonte en
profondeur de la CRO, je pense qu'on doit retrouver les éléments
les plus importants pour permettre à notre communauté de tenir
compte des aspirations du milieu.
Je tiens à souligner que ce rapport avait été
soumis sous forme de consultation populaire et que la grande majorité
des citoyens de Hull qui avaient été consultés
favorisait une restructuration en profondeur, tenant compte des
éléments que nous retrouvons ici ou une élimination pure
et simple de la communauté régionale pouvant être
remplacée éventuellement par un comité intermunicipal
tenant compte des infrastructures telles que l'alimentation en eau potable ou
le transport en commun dans le temps.
Mais les principaux objectifs visés à ce moment
étaient: la réorientation de la Communauté
régionale de l'Ou-taouais dans une structure de communauté
urbaine, en tenant compte de l'efficacité et des coûts;
l'étude du partage des fonctions et des compétences entre les
villes de la CUO, et les dispositions financières et les bases de
tarification des services. On s'aperçoit, en 1983, que l'on traite
encore des bases de tarification des services, un élément
très important et qui est contesté actuellement par les
municipalités qui composent la Communauté régionale de
l'Outaouais.
L'intégration de la CTCRO à l'intérieur des
structures de la nouvelle communauté est un autre des points qui est
traité ici, et, quand on parle d'efficacité, quand on parle de
minimiser la lourdeur administrative, je pense qu'on y faisait valoir des
points très importants.
Les autres questions d'intérêt pour la population de la
future communauté urbaine et la préparation en collaboration avec
les autorités provinciales concernées d'un projet de modification
à la législation pour établir une communauté
urbaine, c'était une position qui était adoptée par la
ville de Hull et qui permettait, à toutes fins utiles, aux
municipalités qui voulaient s'en détacher, tenant compte de ce
rapport, de s'intégrer à l'intérieur de
municipalités régionales de comté, d'une part, ou, d'autre
part, dans le temps, s'intégrer aux conseils de comté qui
existaient encore à ce moment. Il est bien évident que la ville
de Hull permettait cette forme de démocratie où personne
n'était obligé de faire partie d'une communauté tant
urbaine que régionale si la population ne le souhaitait pas.
Je tiens compte d'un autre document qui a été
approuvé par la ville de Gatineau le 2 juillet 1980, c'est à la
page 87 - je veux le souligner de nouveau, parce que c'est un
élément qui est fort important quant à la
démocratie locale chez nous et je pense que la ville de Gatineau
résume quand même assez bien sa pensée: "Le ministre des
Affaires municipales a ouvert toute grande la question d'adhésion
à la communauté lorsqu'il a invité la Communauté
régionale de l'Outaouais à repenser ses structures et son
fonctionnement. Le principe d'autodétermination doit
conséquemment s'appliquer. "Il appartient donc au conseil municipal de
chacune des municipalités rurales concernées d'évaluer
l'organisme régional en fonction du bien-être de leurs populations
respectives". (22 h 45)
C'était donc un autre mémoire, M. le Président,
venant d'une autre ville très importante, celle de Gatineau. On pourrait
vous lire aussi des mémoires qui venaient à ce moment des
municipalités rurales qui s'étaient regroupées pour
présenter un mémoire et qui défendaient aussi cette
volonté d'appartenance au milieu, mais qui souhaitaient en même
temps une certaine forme d'autodétermination pour les
municipalités qui voulaient se soustraire de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
Je me souviens bien - c'est très frais à ma
mémoire, M. le Président, c'était la semaine
dernière - de la commission parlementaire où on a entendu les
principaux intervenants. Le président de la CRO, M. Pierre
Ménard, qui est un président nommé par le gouvernement, en
attendant cette restructuration et qui, malheureusement, le sera encore pour
quatre ans et demi, tenant compte du fait que ce gouvernement, l'an
passé, même si on prévoyait une restructuration et
même si on avait pu prolonger son mandat d'une année ou même
au maximum de deux ans, actuellement, est dans une position de force pour
négocier le poste de directeur général, tout en acceptant,
s'il y a lieu, de démissionner comme président.
Si on tient compte de l'ensemble des municipalités qui nous ont
présenté des mémoires disent qu'elles veulent demeurer
à l'intérieur de la communauté régionale. Si c'est
leur voeu, je suis prêt à l'accepter. Cela ne veut pas dire que je
partage leur opinion, mais je la respecte. Par contre, M. le Président,
quand le ministre a dit ceci la semaine dernière, cela faisait suite
à une nouvelle publiée dans le Droit le 6 avril 1983: "Au conseil
municipal de Hull, retrait de la CRO demandé". C'est que la ville de
Hull voulait se retirer de la Communauté régionale de l'Outaouais
et je pense que c'est un geste sérieux qu'elle a posé, d'autant
plus que, quelques jours après, le vendredi 8 avril, le maire, M. Michel
Légère, disait: "Retrait de Hull de la CRO", et j'ai une autre
citation ici: "C'est très sérieux, affirme Michel
Légère."
Si Hull, comme les autres municipalités, ne peut se retrouver
à l'intérieur d'une communauté urbaine ou régionale
à sa mesure, c'est qu'on voit des tendances d'effritement
régional. Avec toute l'objectivité qu'on peut souhaiter, il y a
actuellement une municipalité, entre autres, qui souhaite, pour des
raisons et des motifs tout à fait particuliers à son
appartenance, Pontiac... Mon collègue de Pontiac, tantôt, y a fait
allusion. Il y a fait allusion la semaine dernière en commission
parlementaire, nous
en parlons encore ce soir et c'est un point auquel, M. le
Président, nous tenons énormément, celui du respect de la
démocratie. Je pense que mon collègue de Pontiac a fait allusion
à plusieurs circulaires ou énoncés du ministre des
Affaires municipales qui devraient se traduire non pas par des écrits,
ni par des paroles, mais par des gestes concrets à l'égard des
populations plus particulièrement concernées.
J'ose souhaiter, M. le Président, que le ministre va prendre en
considération les demandes que nous, de l'Opposition, faisons
actuellement tenant compte que c'est notre région, que ce sont nos
concitoyens. Nous représentons, en somme, tant au niveau municipal que
provincial, les mêmes citoyens et je pense que nous émettons le
voeu en même temps de notre population respective, tenant compte de cette
restructuration que nous souhaitons actuellement.
Je comprends qu'il y a 90 articles à traiter; il y a plusieurs
des articles que nous allons traiter d'une façon relativement rapide
parce qu'ils ne comportent pas de problèmes de fond, de problèmes
pour lesquels on s'est battu au cours des dernières années. Mais
il y a certains articles, M. le Président, qui comportent des
problèmes sérieux, tel l'article 2.6, qui est l'essence
même d'une décision que nous devons prendre avant d'aller plus
loin dans cette restructuration que nous souhaitons tous.
Je l'ai mentionné tantôt et je le répète: Je
pense que le ministre des Affaires municipales doit tenir compte de la
démocratie et des besoins du milieu. Je ne veux pas tourner le fer dans
la plaie, mais il n'en demeure pas moins - mon collègue l'a
mentionné tantôt - que cela a été un geste
évident de la population du Québec, dont on est témoins ce
soir, qui a repoussé l'actuel gouvernement à cause de son
comportement et à cause des moyens qu'il a pris au cours des
dernières années. Nous sommes à l'étape de
l'étude du projet de loi. Nous avons un amendement sur la table qui est
tout à fait justifié et qui commanderait de la part du ministre
uniquement une réflexion pour tenir compte de ce que nous
souhaitons.
On a eu à vivre des moments pénibles l'an dernier - mon
collègue l'a souligné tantôt - quand on a imposé, de
force, à deux municipalités une fusion par la loi 37. Par le
projet de loi 28, nous imposons à des municipalités qui veulent
se retirer de la Communauté régionale de l'Outaouais une sorte de
camisole de force dont les citoyens ne veulent pas. Il y a eu consultation
populaire dans la municipalité de Pontiac; cela a été dit
tantôt. Si le ministre des Affaires municipales est sérieux avec
ses politiques, je veux bien comprendre aussi que, dans les orientations et les
objectifs que poursuit ce gouvernement, il y a sûrement du bon; j'en
conviens.
On parle aujourd'hui de ces structures importantes au Québec que
sont les municipalités régionales de comté pour lesquelles
le ministre a imposé sa volonté à lui plutôt que la
volonté des gens du milieu. On s'en est rendu compte avec la MRC de la
vallée de la Gatineau, avec la MRC de Pontiac, avec la MRC de Papineau,
où il s'était dégagé des formes de consensus.
Pourtant, c'est ce qu'on recherche, des consensus, et cela n'a pas
fonctionné. Le ministre ne l'a pas accepté. On a
dépouillé une partie du comté de Pontiac, vers le nord, de
son appartenance naturelle, et, aujourd'hui, on tente d'y intégrer la
partie sud qui est l'actuelle municipalité de Pontiac dans le but - mon
collègue de Pontiac l'a bien précisé - de renforcer cette
municipalité régionale de comté et de la favoriser aussi
par des coûts inférieurs, selon le mémoire qui nous a
été produit en commission parlementaire et que le
secrétaire de la municipalité régionale de comté de
Pontiac a bien voulu nous transmettre. Les coûts seraient moindres pour
l'ensemble des municipalités de la MRC de Pontiac, parce que la
municipalité de Pontiac deviendrait la plus grosse municipalité
de cette MRC. Ces coûts seraient diminués à la
Communauté régionale de l'Outaouais. Dans son ensemble, je pense
que la municipalité de Pontiac défraie actuellement environ 60
000 $ à 65 000 $ par année pour des services rendus, alors
qu'elle prétend que cela lui en coûtera environ 30 000 $ à
35 000 $ une fois sortie de la Communauté régionale de
l'Outaouais et regroupée à l'ensemble des municipalités
qui composent la MRC de Pontiac.
Si cela avait été dans le projet de loi, on n'aurait pas
eu la peine ce soir et ce matin de le soulever. Cela aurait pu faire partie du
projet de loi 28. À la suite des consultations et à la suite d'un
certain consensus, nous aurions pu trouver cela et on aurait passé
beaucoup plus rapidement à d'autres sujets ou à d'autres
articles. Mais on doit prendre le temps de tenter de faire comprendre au
ministre des Affaires municipales que c'est un élément important
dans la vie future de cette communauté régionale. Je mentionnerai
une fois de plus au ministre des Affaires municipales que Pontiac est
complètement à l'extérieur et complètement
divisée par le parc de la Gatineau. Elle n'a aucune affinité avec
les autres municipalités rurales qui composent l'actuelle
Communauté régionale de l'Outaouais.
Voilà les motifs, à moins que ce ne soit uniquement de
l'obsession, le fait de ne pas permettre à l'Opposition d'avoir raison
et de continuer à permettre au ministre de passer au travers de
l'appartenance au milieu et des besoins du milieu. Je trouve cela très
malheureux, d'autant plus qu'à l'intérieur du
projet de loi 28 on retrouvera plus loin que la Communauté
régionale de l'Outaouais se devra dans les cinq années qui
suivent de faire un rapport sur la communauté régionale comme
telle.
Alors, je pense qu'on ne pourra pas attendre cinq autres années
pour repenser encore une fois la restructuration. On a connu cela à
l'intérieur de la Communauté urbaine de Montréal alors
qu'une municipalité voulait s'y soustraire et avait tous les arguments
pour s'y soustraire. Je me pose encore la question aujourd'hui, pourquoi? Les
municipalités étaient d'accord aussi pour que cette
municipalité s'en retire. Nous faisons ce soir les mêmes
interventions. Nous poursuivons, je pense, des objectifs qui sont louables pour
l'Outaouais québécois. Nous le représentons et nous avons
un travail à faire à l'Assemblée nationale. C'est ce que
nous faisons, M. le Président.
En terminant, une autre fois, on aura tenté de convaincre le
ministre des Affaires municipales du bien-fondé de nos arguments et des
arguments présentés par l'ensemble des municipalités et
par chacun des conseils de ces municipalités, plus
particulièrement par la municipalité de Pontiac qui souhaite
à tout prix son retrait et dont nous endossons la demande.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le
député de Papineau, aimeriez-vous prendre la parole?
M. Assad: Oui. Je veux poser une question à M. le
ministre. Quand vous avez donné votre réplique en Chambre
vendredi matin, de toute façon, vous avez parlé d'un consensus.
Évidemment, la municipalité de Pontiac a fait la demande de se
retirer; avez-vous eu des échos à cet effet? Si vous étiez
au courant que la municipalité voulait se retirer de la CRO, quelles
étaient les raisons majeures pour refuser ce retrait?
M. Léonard: Est-ce un interrogatoire?
M. Assad: Parce que vous avez en 1978, si je me le rappelle bien,
laissé les municipalités regroupées de Buckingham aller en
référendum et, par la suite, il y a eu un projet de loi pour
laisser la seule municipalité se diviser en trois.
À ce moment-là, la municipalité regroupée de
Buckingham faisait partie évidemment, comme maintenant, de la CRO et
maintenant les trois municipalités font partie de la CRO et,
évidemment, en vertu de la nouvelle loi et de ses amendements, vous
allez inclure les représentants des trois autres municipalités.
Donc, c'est assez difficile de comprendre le danger. (23 heures)
Si je comprends bien, le budget de la municipalité de Pontiac
représente seulement 1% du budget total de la CRO. Évidemment,
tous les représentants du coin trouvent que c'est seulement normal que
Pontiac fasse partie de la MRC, comme toutes les autres municipalités de
son envergure dans la région font partie d'une MRC.
Donc, la logique ne semble pas s'appliquer dans l'ensemble de
l'Outaouais quand on regarde les municipalités qui sont
regroupées dans les MRC et d'autres qui sont forcées d'être
avec un secteur urbain. Quand la municipalité de Pontiac va
siéger à la CRO, j'imagine qu'elle en fera partie de force, c'est
assez difficile de voir comment vous pouvez espérer défendre ce
point de vue. Il y a assez de difficultés présentement à
l'intérieur de la CRO sans forcer des municipalités à en
faire partie. C'est un élément clé à l'article 2.
Ce serait très intéressant de savoir d'après quelle
logique vous avez refusé à une municipalité strictement
rurale de faire partie d'un groupement urbain.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Est-ce qu'un autre
intervenant veut prendre la parole? M. le ministre.
M. Léonard: On a dit beaucoup de choses au sujet de
Pontiac. Je rappelle qu'il s'agit d'une municipalité qui participait au
comté auparavant, comme d'autres municipalités, qui a
invoqué l'argument des coûts. Je ferai remarquer une chose
à cet égard. Au fond, il y a des modifications dans le partage
des coûts de la CRO et ce sont les municipalités desservies qui
payent pour les services. Donc, normalement, dans l'ensemble, elle va payer
pour des services dont elle profite.
Je voudrais expliquer le sens du consensus dont j'ai parlé. Par
rapport au livre gris, qui a été adopté par le Conseil de
la CRO le 5 août 1982, il y a eu un consensus; cela ne veut pas dire
qu'il y a eu unanimité sur toutes les questions, mais je pense qu'il y a
eu un consensus suffisant et général. Il convient en fait de
faire la distinction entre consensus et unanimité. Il y a une
distinction.
Dans l'ensemble, comme conseil de la CRO, les gens ont adopté le
livre gris. Dans les rencontres que j'ai eues avec eux, ils ont maintenu ce
consensus au niveau du conseil de la CRO, comme je disais malgré le fait
que certaines municipalités auraient aimé avoir plus que ce qu'il
y avait dans le livre gris.
Maintenant, les raisons. Pourquoi a-t-on créé la CRO? Je
pense qu'un des objectifs, une des raisons était la
nécessité de régionaliser un certain nombre de services
sur le territoire de la CRO. Cela existe. Il y a aussi la
nécessité de répondre à l'incohérence en
matière d'aménagement; et avant que la CRO n'existe, il y avait
en plus
l'absence d'un interlocuteur unique par rapport à la CCN. Or,
c'est un territoire qui se regroupe.
Maintenant, je ne peux pas régler les choses comme cela
très facilement. Si, parce qu'une municipalité veut s'en sortir,
on le lui permet, pour une raison ou pour une autre, différente selon
les circonstances, différente selon les équipes de la CRO, le
territoire de la CRO pourrait se modifier au gré de tous ces
changements. Alors, je pense qu'il faut quand même voir le fond
là-dessus. La CRO regroupe des municipalités d'une même
région d'appartenance, si on veut même prendre ce concept. C'est
une région qui est polarisée, jusqu'à un certain point,
par des villes comme Aylmer, Hull et Gatineau. Le territoire de la CRO permet
d'appliquer et de concevoir un schéma, une vision d'ensemble et permet
d'appliquer des solutions à des problèmes communs. Il permet
d'intégrer le rural et l'urbain. C'est une communauté
régionale et non une communauté urbaine. Le rural et l'urbain,
dans ce milieu, sur le territoire de la CRO, sont très fortement
interreliés malgré qu'il y ait effectivement des problèmes
distincts. Cela facilite aussi la mise en place d'infrastructures dont tout le
monde se sert et de services dont profite l'ensemble de la population. Les
gens, pour une bonne partie de la population de Pontiac - comme on l'a dit -
travaillent dans les villes de la CRO tout comme ils peuvent travailler
à Ottawa, et l'on évite de multiplier les intervenants par
rapport à la CCN, qui est aussi en bonne partie sur le territoire de
Pontiac.
D'autre part, les raisons qui militent en faveur d'un retrait possible
de la municipalité de Pontiac militeraient aussi en faveur d'autres
municipalités rurales. Le territoire avait été
examiné par le comité de consultation à l'époque,
qui avait émis l'hypothèse de faire une MRC qui entourerait les
villes urbaines de la CRO puis, finalement, ce n'est pas sa recommandation.
Donc, sur le plan des municipalités rurales qui entourent les villes de
la CRO, on a finalement conclu qu'il n'y avait pas lieu de former une MRC
à cet endroit.
On revient donc au cas particulier de la municipalité de Pontiac
et il diffère très peu d'autres cas. D'autres
municipalités, comme L'Ange-Gardien, Val-des-Monts, pourraient vouloir
se retirer. Je pense qu'un consensus s'est exprimé. Les maires et les
élus municipaux ont quand même statué sur ce sujet. Pour
cette raison, je considère qu'il n'y a pas lieu de procéder
à un changement.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais très
brièvement dire pourquoi j'appuierai la motion d'amendement du
député de Pontiac, amendement qui vise à retrancher la
municipalité de Pontiac du territoire de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
Le ministre a raison quand il dit que ce qui a présidé
à la délimitation du territoire de la Communauté
régionale en 1969, c'était de faire contrepoids à la
Commission de la capitale nationale, sauf qu'il omet de dire que la
Communauté régionale de l'Outaouais n'a jamais joué ce
rôle de contrepoids à la CCN. Dans les faits, c'est la
Société d'aménagement de l'Outaouais qui s'est
occupée de surveiller les actions de la Commission de la capitale
nationale. C'est tellement vrai que lorsqu'il a été question de
l'aménagement d'un jardin zoologique dans la vallée du ruisseau
Meach ce n'est pas la CRO qui s'est occupée du projet, ce n'est pas la
CRO qui a procédé à l'expropriation des terrains, mais
bien la Société d'aménagement de i'Outaouais. Et Dieu sait
que si on demandait aujourd'hui à la Communauté régionale
de l'Outaouais ce qu'elle pense de ce projet, je serais bien surpris que son
président, ou quiconque à la CRO, puisse nous en parler en
connaissance de cause.
Si l'intention du ministre est de faire éventuellement
disparaître la Société d"aménagement de l'Outaouais,
c'est une autre paire de manches. L'argument qu'il invoque que ça prend
un contrepoids à la CCN et que ce territoire doit être exactement
le même que celui de la Commission de la capitale nationale, puisque
c'est un fait qu'on a découpé le territoire à la CRO en
fonction de ce seul critère qui correspond exactement au territoire de
ce qu'on appelle la Région de la capitale nationale, si la SAO doit
disparaître à plus ou moins courte échéance,
là, j'en conviens. On doit probablement invoquer cet argument pour dire
que la municipalité de Pontiac doit demeurer à l'intérieur
de la Communauté régionale de l'Outaouais.
L'autre argument que le ministre soutient est que la municipalité
de Pontiac forme un tout homogène avec le reste des
municipalités. Il faut bien mal connaître la municipalité
de Pontiac et la région de l'Outaouais pour prétendre cela, M. le
Président.
Si l'urbaniste Gréber a décidé, il y a je ne sais
pas combien d'années, que ce qui est maintenant la municipalité
de Pontiac devait faire partie de la région de la capitale nationale, je
ne sais pas à partir de quels critères on en est venu à
cette conclusion, mais ce n'est sûrement pas ce qui a
présidé à l'inclusion de Pontiac. La municipalité
de Pontiac n'existait même pas en tant qu'entité juridique au
moment de la création de la Communauté régionale de
l'Outaouais. Ce n'est qu'après les fusionnements de 1975 qu'on l'a vue
surgir. C'est donc strictement en fonction d'un territoire choisi à
partir de
critères complètement à part des critères
d'appartenance, parce qu'il n'y a absolument pas d'appartenance de Pontiac
à la région de l'Outaouais québécois
urbanisé alors qu'au contraire, il y a beaucoup d'affinité et
d'appartenance de la municipalité de Pontiac avec la MRC de Pontiac.
Le ministre nous dit que, quand une seule municipalité, que ce
soit à partir d'un référendum ou autrement, indique son
intérêt ou son désir de se retirer, ce n'est pas parce
qu'elle le fait qu'on doit y donner suite. Pourtant, c'est exactement la
thèse que prêche le Parti québécois quant à
l'exclusion, au retrait ou à la séparation du Québec
d'avec le reste du Canada. C'est d'ailleurs exactement le même
raisonnement qu'a employé le prédécesseur du ministre
actuel des Affaires municipales lorsque, à partir d'une consultation
populaire qui n'avait recueilli la participation que de 26% ou de 28% de la
population de Buckingham, on a procédé en 1977 ou 1978, je ne
sais trop, à démembrer la municipalité regroupée de
Buckingham pour en faire quatre municipalités distinctes. D'ailleurs, on
retrouve ce fait justement au sous-article 6 de l'article 2, puisqu'en donnant
par le biais du projet de loi 28 des représentants aux
municipalités de L'Ange-Gardien et de Notre-Dame-de-la-Salette, on se
trouve à confirmer ce que nous avions dit au moment du
démembrement de Buckingham qu'éventuellement, on devrait
nécessairement donner des représentants à la
Communauté régionale de l'Outaouais à ces
municipalités qui voyaient le jour par suite du démembrement de
la ville regroupée de Buckingham.
Et sur quoi s'est-on appuyé pour en arriver à cela?
Supposément sur une consultation populaire, mais, comme je l'ai dit,
seulement 28% de la population y avait participé et 60% de ceux qui y
avaient participé avaient opté pour le dégroupement alors
que 40% étaient contre. C'était donc moins de 18% de la
population totale de Buckingham qui s'était exprimé pour le
dégroupement et pourtant le ministre des Affaires municipales, le
député de Crémazie à ce moment-là, a
procédé au dégroupement. Pourquoi? Parce qu'il y avait eu
une promesse électorale faite par l'ex-député de Papineau,
Jean Alfred. Je n'ai jamais reproché à M. Alfred de respecter
l'engagement électoral qu'il avait pris, c'est l'un des rares
députés péquistes qui ait tenu un de ses engagements. Je
n'étais quand même pas pour le blâmer. Mais le fait demeure
qu'aujourd'hui, on se retrouve devant une restructuration de la
communauté régionale et on doit se rendre compte que certains des
effets qu'on avait prévus sont confirmés devant donner aux
municipalités qui ont vu le jour à ce moment-là des
représentants à la Communauté régionale de
l'Outaouais. Si on a pu s'inspirer d'une si faible participation, d'une si
faible volonté de la population de Buckingham pour la dégrouper,
comment peut-on tout simplement repousser du revers de la main les citoyens de
la municipalité de Pontiac qui, à une occasion, ont
participé à 56% dont 92% se disait pour le retrait de la
municipalité de la CRO et que, par le biais d'un
référendum tenu en même temps qu'une élection, c'est
72% de la population qui s'est prononcé contre l'inclusion à la
Communauté régionale de l'Outaouais. Les arguments voulant que,
si on laisse la municipalité de Pontiac se retirer, cela créerait
un précédent dont pourraient s'inspirer d'autres
municipalités rurales, ne sont pas fondés. Il n'y a jamais eu une
seule autre municipalité rurale dans l'Outaouais qui a fait état
de son désir de se retirer de la Communauté régionale de
l'Outaouais. Si le ministre en connaît, j'aimerais qu'il nous en parle.
J'oeuvre dans le domaine depuis une dizaine d'années et je ne connais
pas de municipalités rurales qui ont fait des demandes dans ce
sens-là. Si par contre on devait se rendre à l'évidence
que toutes les municipalités rurales veulent se retirer de la
Communauté régionale de l'Outaouais, peut-être
devrions-nous nous demander si une telle demande n'est pas fondée. (23 h
15)
Je n'ai pas du tout peur qu'on respecte la volonté des citoyens.
D'ailleurs, le ministre devrait être le premier à le
reconnaître. On l'avait prévenu, l'an dernier, au moment de
l'adoption du projet de loi 37 sur le fusionnement forcé de Baie-Comeau
et de Hauterive. On voit donc que, sur le plan du résultat
électoral de l'élection complémentaire d'aujourd'hui, cela
a sûrement eu un impact sur l'élection des députés
libéraux, ce soir, par 33 500 voix de majorité. Le comté
de Saguenay, M. le Président, est le comté qui a voté le
plus fortement pour le oui au dernier référendum. Ce n'est donc
pas un comté fédéraliste ou libéral. Pourtant, ce
soir, il a élu, pour la première fois depuis 1978, un candidat
qui n'est pas péquiste. Si j'étais ministre des Affaires
municipales et si j'avais procédé au fusionnement forcé de
Baie-Comeau et de Hauterive, je me demanderais si cela n'a pas eu un effet
direct sur le résultat d'élection. Je comprends certes qu'on doit
se dire de l'autre côté que cela va s'oublier, que les gens vont
oublier cela.
Vous ne devez pas nourrir beaucoup d'illusions sur la possibilité
de gagner le comté de Pontiac. De toute façon, ce n'est pas de
cela qu'il s'agit. Il ne s'agit pas de prendre des décisions quand on
est au gouvernement seulement en fonction des voix qu'on peut gagner ou perdre.
Il me semble qu'il s'agit du respect de la volonté de la population.
Quant on la connaît aussi
clairement qu'on connaît la volonté des citoyens de
Pontiac, le minimum, M. le Président, serait au moins d'invoquer des
arguments un peu plus solides que ceux que le ministre a invoqués ici
à la commission et en deuxième lecture dans son intervention.
Je n'insisterai pas plus que cela, M. le Président - je l'ai
déjà dit en deuxième lecture - on a l'habitude de voir le
ministre des Affaires municipales, un gars fort sympathique sur le plan
personnel, se cantonner à son siège, se mettre les deux mains
dans les poches, se boucher les deux oreilles quand un député
libéral ose lui faire des suggestions ou procéder par un
amendement comme le député de Pontiac l'a fait.
Je félicite le député de Pontiac d'avoir fait sa
motion d'amendement. Il fait son job de représentant, des gens l'ont
élu dans son comté. J'espère qu'il ne s'en trouvera pas un
de l'autre côté pour lui reprocher de faire son job comme il le
faut. Si ce n'était que pour cette raison, je l'appuierais. Comme je ne
me fais pas d'illusion moi non plus sur le résultat éventuel et
comme il n'est pas de notre intention de retarder indûment les travaux de
la commission pour pouvoir dire: Le ministre n'a pas de bonne loi, etc., je
pense que, quant à nous, nous serions prêts à voter sur
l'amendement et à passer au prochain article. Je préviens tout de
suite le ministre que ce n'est pas avec une attitude semblable qu'on va
bonifier bien gros son projet de loi comme il nous a invités à le
faire et comme sa collègue, la ministre responsable de l'Outaouais, nous
a invités à le faire en deuxième lecture jeudi
dernier.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, avez-vous un
mot à ajouter ou non? Écoutez, on va soumettre cet amendement au
vote. Est-il adopté?
M. Rocheleau: Quel genre de vote, M. le Président?
Une voix: Le vote nominal.
Le Président (M. Brouillet): Le vote nominal. M.
Beauséjour (Iberville).
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. LeBlanc (Montmagny-L
'Islet).
M. LeBlanc: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M.
Lachance (Bellechasse).
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. LeMay (Gaspé).
M. LeMay: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Fallu (Groulx).
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Léonard
(Labelle).
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Brouillet): M. Gratton (Gatineau).
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Kehoe (Chapleau).
M. Kehoe: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M.
Middlemiss (Pontiac).
M. Middlemiss: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M. Assad (Papineau).
M. Assad: Pour.
Le Président (M. Brouillet): M.
Rocheleau (Hull).
M. Rocheleau: Pour.
M. Lachance: M. le Président, je pense que vous en avez
pris un peu trop.
M. Rocheleau: Pas assez, pas assez.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, M. Assad
était intervenant. J'ai... Il ne faut quand même pas...
M. Middlemiss: Cela change quoi? Du côté
ministériel, est-ce qu'il y en a?
Le Président (M. Brouillet): Six contre et quatre pour.
L'amendement est rejeté. Nous revenons à l'article 2.
M. Léonard: II y a un papillon, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Maintenant, revenons au
sous-article, à l'alinéa c de l'article 2, est-ce qu'il est
adopté?
M. Léonard: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Adopté, sur division.
Paragraphe 7.
Composition et pouvoirs du conseil (suite)
M. Rocheleau: Au paragraphe 7, M. le Président, je n'ai
pas l'intention d'énoncer un argument à n'en plus finir, mais
relisons l'article: "Les conseillers des villes de Hull, Gatineau et d'Aylmer
sont désignés par résolution du conseil de la
municipalité dont ils font partie. Une copie de cette résolution
doit être transmise à la communauté avant la
première assemblée où un conseiller ainsi
désigné doit siéger." À quelques reprises, on
aurait souhaité, dans les municipalités où il y avait plus
qu'un représentant, puisque le maire est désigné d'office,
au cours d'un terme, changer un membre du conseil de la communauté. Je
me posais la question à savoir si le ministre n'accepterait pas
d'ajouter - cela pourrait devenir un amendement si le ministre l'acceptait,
mais je vous le dis je laisse la liberté: "Une municipalité peut,
en tout temps, par résolution suivant les mêmes modalités,
changer son ou ses représentants désignés." Je tiens
à souligner ce point parce que les maires portent peut-être plus
d'intérêt au rôle qu'ils jouent à l'intérieur
de la municipalité. Dans le cas des villes de Gatineau, Hull et Aylmer,
maintenant qu'il va y avoir deux membres, il y aurait peut-être
possibilité, au cours d'un mandat, de faire une certaine rotation pour
permettre à des gens de prendre plus d'expérience sur le plan
régional, plutôt que de les confirmer tout simplement à
leur poste pour une durée de quatre années.
Si on avait, à l'intérieur du paragraphe 7, cette
modalité, cela pourrait permettre à une municipalité,
à l'occasion, de changer certains de ses membres. Je dois vous avouer,
M. le Président, que cela a même été demandé
par la ville de Hull, il y a quelque temps. La ville de Hull avait même
demandé à son conseiller juridique d'interpréter la loi
afin de savoir s'il y avait possibilité de changer un de ses
représentants. Vous allez comprendre, je pense, qu'on n'a pas pu
reprocher tellement aux membres de la ville de Hull de ne pas être
assidus, mais, pour des raisons particulières, il serait parfois
peut-être bon de voir certains conseillers municipaux occuper d'autres
postes à l'intérieur de la municipalité. À ce
moment, cela donnerait la liberté au conseil d'apporter des
modifications. Je me demande tout simplement si, dans ce texte, on ne pourrait
pas ajouter cela afin de donner plus de latitude aux municipalités qui
ont plus de représentants. On retrouve cela aussi, je pense, à la
ville de Gatineau, où il y a quand même plusieurs conseillers
municipaux qui n'occupent aucune fonction particulière,
c'est-à-dire qu'ils ne sont ni membres du comité administratif de
la ville, ni membres de la communauté régionale. Pour ces
conseillers, une année, deux années, cela passe, mais, à
un moment donné, ils souhaiteraient une certaine rotation dans les
responsabilités, peut-être à cause du cachet offert pour
certaines responsabilités. Mais, en plus de cela, je pense qu'il y a des
gens qui ont un intérêt marqué à la chose
régionale et qui aimeraient aller faire un petit séjour d'une
année ou deux et ce serait laissé à la discrétion
du conseil.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je pense bien qu'on
peut retrouver ce que le député a dit... Je vais prendre cela en
délibéré - je ne sais pas comment on dit - on peut
suspendre cet article et on y reviendra. Je veux quand même faire faire
des vérifications sur la portée de cela, a priori, je pense qu'on
peut accepter cela. Mais je réserve ma réponse à ce sujet
ultérieurement, demain ou d'ici la fin de la commission.
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous allons suspendre
l'article...
M. Léonard: II y a peut-être des balises à
apporter, si jamais la réponse était positive.
M. Rocheleau: Dans la mesure où le ministre peut en tenir
compte, je pense que c'est un élément intéressant, qui
peut être analysé et qui pourrait permettre cette rotation.
M. Léonard: C'est une rotation des mandats, même au
sein d'un conseil municipal au lendemain d'une élection, alors que
chacun se partage les dossiers et, au bout d'un an, on réévalue,
c'est une chose qui arrive dans le monde municipal, mais c'est au niveau des
mandats internes du conseil. Comme il s'agit ici d'une représentation au
niveau d'une instance régionale, je veux tout simplement
vérifier.
M. Kehoe: Si vous me permettez, je veux juste ajouter un autre
élément à cela, M. le ministre. Le problème
à Gatineau, c'est qu'il est arrivé, à quelques reprises,
que le conseil municipal prenne une position plutôt catégorique ou
définitive sur un sujet, non pas en dictant, mais en suggérant
une façon de voter aux représentants de la CRO, ceci sans pour
autant dire que les représentants à la CRO de la ville de
Gatineau ou d'une autre municipalité ont un "rubber stamp", ils vont
là et transmettent les messages du conseil. Je pense que c'est un autre
élément dont il faut tenir compte, si le conseil a le pouvoir,
durant les quatre
ans, de changer les représentants au cas où le
représentant ne fait, en aucune façon, la volonté totale
du conseil municipal. C'est un autre élément que vous devriez
considérer lors de vos délibérations.
Le Président (M. Brouillet): Bien, merci. Alors, nous
allons suspendre le paragraphe 7 de l'article 2 et aborder le paragraphe 8. M.
le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, une simple question. Il
s'agit ici de la possibilité de remplacer, de façon temporaire
possiblement, un membre du conseil par un autre membre du conseil municipal
d'où il provient. La question qui m'a été posée est
de savoir à qui le salaire ou la rémunération est
versé dans ce cas.
Il est arrivé un cas, dans le passé, où le maire
d'une municipalité était d'office membre du conseil
d'administration et avait cru bon de se faire remplacer par un de ses
conseillers municipaux, cela de façon très constante pendant plus
d'une année. C'est le maire qui recevait le salaire, alors que le
conseiller qui siégeait au conseil de la communauté ne recevait
aucune rémunération. Est-ce que l'on a prévu, quelque part
dans le projet de loi, qui est rémunéré?
M. Léonard: La rémunération est
versée au représentant, c'est l'économie des lois
municipales.
M. Gratton: Donc, dans le cas d'une municipalité qui a
seulement un représentant, soit le maire...
M. Léonard: En l'occurrence, le conseiller a
été très gentil pour son maire et il n'a rien
réclamé.
M. Gratton: Oui, mais n'y a-t-il aucune possibilité de
contrevenir à cela? La question ne vous a jamais été
posée? Il n'y a jamais eu de problème causé par cela?
M. Léonard: Non, quand vous siégez quelque part...
Si c'est pour une réunion, mais, dès qu'il est
désigné par le conseil, c'est lui, normalement, qui reçoit
la rémunération.
M. Gratton: Vous me dites que ce serait le remplaçant qui
serait rémunéré?
M. Léonard: Oui.
M. Gratton: D'accord. Parfait.
M. Rocheleau: Mais, par contre, M. le Président...
M. Gratton: Cela va de soi selon l'économie de la loi,
actuellement.
M. Rocheleau: ...est-ce qu'il ne devrait pas y avoir une
disposition qui permet, étant donné qu'il y a toujours un
remplaçant, un substitut qui peut être nommé, que si,
à une assemblée, le membre d'office ne se présente pas,
n'est pas là, qu'il soit quand même payé? Si son absence se
poursuit à cause de maladie ou pour une autre raison, à ce que je
sache, M. le ministre, c'est comme un conseiller municipal en somme. Même
s'il est absent pendant une durée d'un mois ou deux, il est quand
même payé. (23 h 30)
Je me pose cette question parce qu'il est arrivé à
certaines occasions... On a eu, entre autres, il y a deux ans, un bonhomme qui
s'est fait opérer pour un pontage au coeur; il a été
absent pendant un laps de temps quand même assez long et il n'y avait pas
de dispositions comme telles de prévues.
M. Léonard: Est-ce que la municipalité l'avait
nommé comme représentant pour remplacer l'autre?
M. Rocheleau: La municipalité l'avait nommé pour
remplacer l'autre.
M. Léonard: II y a une résolution de la
municipalité. Donc le représentant, c'est le substitut qui a
remplacé l'autre et c'est lui qui a droit à la
rémunération.
M. Rocheleau: Mais dans le cas où ce représentant
assiste uniquement à une assemblée alors qu'il y a une absence
motivée, ce représentant de la communauté régionale
peut même être délégué à
Montréal ou à Québec ou à une commission de
transports ou tout autre organisme et, à ce moment, n'est pas
présent à l'assemblée et le substitut prend sa place. De
quelle façon rémunère-t-on le substitut pour avoir pris sa
place? Est-ce qu'on enlève le salaire de l'autre qui est
effectivement...
M. Léonard: Oui.
M. Rocheleau: Alors, si le conseiller est mandaté par la
communauté régionale pour aller visiter la Communauté
urbaine de Montréal ou celle de Québec et qu'il y a une
assemblée le même jour, c'est le substitut qui est nommé
pour le remplacer qui a le salaire et l'autre n'a pas de salaire. Ce n'est pas
un per diem, c'est un salaire annuel de 8500 $. Si, pour une absence
motivée, le substitut prend la relève, il n'y a pas de
mécanisme qui permet de payer le substitut.
M. Léonard: Je pense que le principe là-dedans, si
je comprends bien, est toujours soumis à vérification quand
même. Les représentants sont rémunérés pour
prendre
des décisions au conseil. Lorsque quelqu'un fait de la
représentation ailleurs, qu'il s'informe si ses dépenses peuvent
être payées par la communauté selon des modes de
rémunération ou de remboursement des dépenses, mais il est
payé pour prendre des décisions qui engagent sa
responsabilité politique à ce moment.
M. Rocheleau: Oui mais il est quand même
rémunéré annuellement. Il n'y a pas de
pénalité pour absence dans la loi. Il y a une
pénalité si le membre refuse de voter.
M. Léonard: Oui, mais ce qui arrive aussi, M. le...
M. Rocheleau: M. le Président, ce n'est pas un per diem.
J'assiste à une assemblée et j'ai 100 $ ou 150 $. Ce n'est pas un
jeton de présence, c'est une rémunération annuelle. Je
pense qu'il faudrait trouver un mécanisme pour permettre au substitut
qui va à la communauté régionale remplacer un des
collègues absents de recevoir à ce moment, sous forme de jeton de
présence, une certaine rémunération.
Est-ce qu'on pourrait, un peu plus loin, quand on parle du traitement et
qu'on dit que le conseil fixe par règlement la
rémunération, apporter en l'occurrence un jeton de
présence pour le substitut qui remplace un membre absent, qui a une
absence motivée? Je pense qu'il faudrait quand même, M. le
député de Groulx, prévoir ce mécanisme, parce que
je vous avoue qu'au cours des dernières années cela a
été un sujet qui a provoqué des discussions
peut-être plus vives que d'autres.
M. Beauséjour: M. le Président, on pourrait se
demander si, dans les MRC, un substitut du maire qui reçoit le
montant...
M. Rocheleau: C'est que, normalement, dans une MRC, le maire est
payé pour chaque déplacement ou chaque assemblée alors
qu'à la communauté régionale il est payé sur une
base annuelle de 8500 $ par année, présent ou non, absence
motivée ou non motivée. C'est peut-être ce qui serait
souhaitable, d'ajouter un tel article à l'article 7 pour permettre au
conseil, à l'occasion, de changer ses membres ou certains de ses
membres.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Léonard: On va venir à cette question lors de
l'étude de l'article 9 du projet de loi, mais qui affecte l'article 36
de l'actuelle Loi sur la CRO, qui dit que le conseil fixe par règlement
la rémunération et l'allocation de ses membres. S'il y a lieu
d'être plus précis, à ce moment-là, on pourra y
voir. Il reste que le tarif qui est prévu, c'est une
rémunération maximale, durant l'année, mais il se peut
que, dans la réglementation, des précisions soient
apportées par le conseil lui-même.
Je retiens pour l'instant votre question. Je ne pense pas que cela nous
empêche de procéder à l'adoption de l'article 8. Quand on
arrivera à l'article 9 de l'actuel projet de loi, on pourra revoir cela
et voir si on précise davantage la réglementation que le conseil
peut adopter.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que le paragraphe 8 de
l'article 2 est adopté?
M. Rocheleau: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Le paragraphe
9. M. le député de Papineau.
M. Assad: Est-ce que la question des deux tiers, c'est comme cela
dans toutes les autres communautés régionales?
M. Léonard: C'est comme cela à Montréal,
à la CUM.
M. Rocheleau: Effectivement, je pense que, dans le cas des deux
tiers, c'est intéressant, afin d'éviter la collusion entre
l'ensemble des municipalités contre une et cela commanderait davantage
une répartition plus équitable. Je pense que, quand on a
pensé la restructuration de la Communauté urbaine de
Montréal, c'était un des points litigieux qui s'est effectivement
corrigé par le vote des deux tiers et cela a été, à
ce moment-là, un atout important dans le choix.
Par contre, j'aimerais poser une question au ministre relativement au
fait que le conseil nomme un président et un vice-président, dans
l'hypothèse de l'adoption du projet de loi ou tenant compte que la loi
va devenir effective à compter de telle date. Le président actuel
de la Communauté régionale de l'Outaouais a un mandat de cinq
ans, à compter de l'automne dernier. Est-ce qu'à part une
négociation possible pour l'obtention éventuelle du poste de
directeur général qui devra, éventuellement, être
affiché, à la suite du départ de M. Roland Stevens - il y
a environ deux ans... Je me pose de sérieuses questions, parce que, dans
le cas du président de la commission de transport, qui avait
été effectivement nommé pour une période de dix
ans, on abolit tout simplement son poste et on le confine au poste de directeur
général.
M. Léonard: Je pense qu'il y a une différence de
nature entre les deux postes à l'heure actuelle. Le poste de
président de la Communauté régionale de l'Outaouais est
un
poste politique, alors qu'à la Commission de transport, il y a un
conseil d'administration qui prend un certain nombre de décisions. Des
décisions majeures sont quand même prises au conseil de la CRO et
celui qui les exécute est un directeur général. Je pense
qu'il y a une différence de nature. Effectivement, le président
de la CRO est nommé par le gouvernement; je parle en termes de
Politique, avec un grand P. C'est quand même quelqu'un qui
représente le gouvernement, en tout cas jusque-là, mais qui est
quand même nommé pour administrer la Communauté
régionale de l'Outaouais. Jusque-là, en tout cas, le
président était nommé par le gouvernement. À notre
sens, après treize ans, il semble qu'il doive être élu, et
c'est cela que nous proposons dans le projet de loi, à la prochaine
occasion.
M. Rocheleau: Remarquez, M. le Président, que...
M. Léonard: II peut démissionner avant la fin de
son mandat. Cela demeure sa décision à lui.
M. Rocheleau: Mais je considère que c'est une forme de
béquille. Indépendamment de l'individu, du fait que M. Pierre
Ménard ait été nommé par le gouvernement en 1980
à la suite du référendum et que M. Jean-Marc Rivest avait
été nommé président de la Commission nationale de
l'aménagement, si on devait replacer des postes politiques, je ne
conteste pas cela, parce qu'un jour on sera au pouvoir et on fera la même
chose. On se le fera peut-être rappeler et on vous dira que dans le
temps... Je pense qu'on est en accord avec une certaine forme de placer ces
hommes de bras. Il faut peut-être faire des concessions.
L'an passé, on avait quand même avisé le ministre
des Affaires municipales que la restructuration était imminente, que
c'était une question de temps. Plutôt que de le renommer pour une
période de deux ans, on l'avait nommé pour cinq ans. Je trouve
que l'aspect de transition, après treize ans d'existence, roder une
boîte semblable, ce n'est pas la fin du monde. Je me demandais si on
allait trouver les mécanismes pour offrir quelque chose d'autre au
président actuel ailleurs.
Ce qui m'inquiète, c'est que le poste de directeur
général est un poste drôlement important et qui, de par la
loi actuelle, va comprendre une responsabilité majeure: le pouvoir
exécutif, c'est quand même le directeur général qui
va en prendre un gros morceau. Le pouvoir législatif, c'est bien
évident que le président élu, avec son conseil, sera en
mesure de l'exercer, mais je considère que cela peut placer le conseil
de la communauté régionale dans une certaine forme d'impasse du
point de vue d'être obligé de négocier possiblement le
poste de directeur général sur acceptation d'une démission
comme président.
Je souhaiterais davantaque que le gouvernement ou que le ministre des
Affaires municipales laisse toute la latitude au conseil de la
communauté de se choisir un directeur général, d'une part,
qui pourra effectivement, une fois le poste ouvert, considérer la
personne de M. Ménard à ce poste, mais que ce ne soit pas donnant
donnant dans le sens de dire: Je vais démissionner comme
président, si vous me confirmez au poste de directeur
général, qui n'a jamais été rempli depuis ce
temps-là. Je trouve que c'est détenir le gros bout du
bâton. Je ne voudrais pas pour autant que la communauté
régionale se sente obligée, pour élire un président
à même les élus, de donner ce job important de directeur
général à M. Pierre Ménard.
Il me semble que, d'ici les prochains jours, on devrait essayer de
trouver le mécanisme pour libérer M. Ménard. Vous avez
sûrement des postes ouverts un peu partout, vous pourriez peut-être
regarder cela, dans le but de laisser cette latitude au conseil de ne pas se
sentir obligé de faire du "bargaining", autrement dit.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Pontiac et M. le député de Chapleau ont demandé la
parole...
M. Léonard: C'est correct.
Le Président (M. Brouillet): ...sur le paragraphe 9,
n'est-ce pas?
M. Middlemiss: Oui, d'accord. Je demanderais au ministre si le
président élu à la CUM est obligé de
démissionner de son poste? J'ai remarqué que, dans deux des
mémoires...
M. Léonard: Oui.
M. Middlemiss: ...un, en particulier, celui de la ville d'Aylmer,
on l'a suggéré. C'est un peu la formule utilisée pour la
MROC où il y a des candidats qui se présentent. Ils ont
été élus par des membres de la CRO, également au
Conseil régional de développement de l'Outaouais. Il a
suggéré la méthode de la CUM. Le ministre a-t-il
songé au fait que ces gens ont donné comme raison que
c'était pour avoir une plus grande objectivité de la part du
président? (23 h 45)
M. Léonard: Dans le cas de la CUM, je pense qu'il est
important que le président démissionne de son poste. Je ne
reviendrai pas sur les débats que nous avons eus l'an dernier, lors de
l'adoption de la loi 46 sur la CUM, où vous aviez deux blocs: banlieue
et
Montréal. À ce moment, il nous semblait très
important que le président, même s'il avait été
élu à l'origine, démissionne de son poste pour assumer la
charge de président de la CUM, pour bien marquer qu'il n'appartenait ni
à un groupe ni à l'autre.
Ce n'est pas le même cas à la CUQ. À la CUQ, c'est
un maire qui est élu. Je pense que le président doit être
un maire; il garde sa fonction de maire et continue d'exercer sa fonction de
maire. C'est un autre modèle de communauté urbaine qui se
rapproche d'ailleurs davantage du modèle des municipalités
régionales de comté où le préfet demeure toujours
maire. Dans ce cas-ci, le président de la CRO pourrait effectivement
être conseiller de Hull, de Gatineau, de Aylmer et non pas maire, mais un
membre du conseil. Je ne vois pas, au moment où on se parle, qu'il doive
démissionner de sa fonction d'élu à l'origine.
D'ailleurs, le point avait été soulevé, lors des
discussions de la loi 46 à la CUM, que cela prendrait quand même
un élu. Je sais que c'était la position de la ville de
Montréal qui aurait souhaité que le président de la CUM
demeure élu. Mais, compte tenu des circonstances, nous avons
préféré le modèle actuel. Je ne dis pas que, dans
le temps, on ne reviendra pas à ce qu'il soit nécessairement un
élu. Dans la situation actuelle, à l'origine, c'était un
élu. Dans le cas où le gouvernement nomme - si jamais le
gouvernement était obligé de nommer sur le territoire de la CUM -
il peut nommer un élu, mais il n'est pas obligé de nommer un
élu. C'est là un des dispositifs de la loi 46. Dans ce cas-ci, le
président est un des élus du conseil, mais il demeure élu.
Il n'y a pas, au niveau de la Communauté régionale de
l'Outaouais, deux blocs comme il y a à la CUM. Ce n'est sûrement
pas le même antagonisme que celui qui peut se produire à la
CUM.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le ministre, lorsque vous avez reconfirmé M.
Ménard dans son poste, l'automne passé, est-ce que vous aviez en
main tous les mémoires des différents intervenants et des
différentes villes en caisse? Tous et chacun y avaient dit qu'ils
voulaient la formule par laquelle le président serait nommé,
serait élu, du moins, parmi leurs membres? Pourquoi, à ce
moment-là, sachant que la restructuration de la CRO s'en venait à
courte échéance, avez-vous nommé M. Ménard pour une
période de cinq ans? Est-ce qu'il n'aurait pas été plus
sage de le nommer pour un mandat beaucoup plus court? Vous étiez au
courant, à ce moment, de toutes les déclarations que mon
collègue de Hull a mentionnées tantôt. Selon les
différentes déclarations que vous avez faites dans les journaux,
vous étiez en train d'étudier la restructuration; cela s'en
venait et depuis longtemps. Pouquoi, à ce moment-là, l'automne
passé, l'avez-vous reconfirmé dans son poste pour une
période aussi longue que cinq ans, sachant que tous les intervenants
exigeaient et demandaient que ce soit un élu parmi un de leurs
membres?
M. Léonard: À la première partie de votre
question je réponds que si nous avions tous les mémoires en main,
évidemment pas les derniers mémoires; mais nous avions le livre
gris, nous avions le rapport Luck. J'étais au courant d'une bonne partie
de tout ce qui se disait de la réforme de la CRO. Je savais que, dans le
premier rapport de 1980, le rapport Luck, on voulait que le président
soit élu parmi les membres du conseil. Par ailleurs, lors d'une
rencontre que j'ai eue à l'été 1981 avec tous les
élus du conseil de la CRO - je suppose qu'à peu près tout
le monde y était - il y a eu un débat là-dessus et ce
n'était pas unanime. Vous savez aussi que cela n'est pas unanime. Il y a
des gens qui auraient préféré que le président
continue à être nommé par le gouvernement.
Je pense que c'est l'un des éléments qu'il y avait dans
tout cela. Par ailleurs, M. Ménard est nommé depuis un certain
temps déjà. Je pense qu'en termes de compétence il est
reconnu et que la Communauté régionale de l'Outaouais - à
mon sens - a fait des progrès sous sa direction. Par rapport au projet
de restructuration, il me semble qu'il a aussi joué un rôle
important pour amener les parties à s'entendre. Je pense qu'il est un
excellent conciliateur, ce n'est peut-être pas le bon terme à
utiliser, mais, pour rapprocher les parties, il a effectivement joué un
excellent rôle. Il avait l'expérience. Pour faire la transition,
je considère qu'il est important qu'il soit nommé à
nouveau, compte tenu de l'expérience qu'il a acquise, de sa
compétence et aussi des opinions des membres. La restructuration n'est
pas encore faite mais, lorsque son mandat viendra à
échéance, si l'on procède ensuite par élection,
cela me paraissait très bien.
Toutefois, si ma mémoire est bonne, dans la première loi
sur la CRO, le président est nommé pour dix ans. Nous ne l'avons
pas nommé pour dix ans, mais nous l'avons nommé pour cinq ans.
C'était donc coupé en deux, un peu comme les autres nominations
faites par le gouvernement à l'heure actuelle, à moins que la loi
ne prévoie nommément un mandat de dix ans.
M. Kehoe: M. le ministre, au moment où vous l'avez
nommé, vous aviez à ce moment-là en main le rapport de la
ville de Gatineau, qui demandait que le président soit élu parmi
les membres, vous aviez également celui de Hull, celui d'Aylmer et celui
de
Buckingham. Vous me semblez avoir mentionné seulement la CRO ou
certaines discussions que vous aviez eues, parce qu'à ce
moment-là il y avait des discussions.
M. Léonard: Bon nombre d'autres intervenants disaient
qu'ils souhaitaient que ce soit le gouvernement qui continue à nommer le
président.
M. Kehoe: Quel intervenant et quelle ville? Je pense le savoir,
je les ai faits un par un. J'aimerais savoir quelle ville le prônait.
Peut-être que Buckingham était la seule ville. Par contre, la
ville de Hull et la ville de Gatineau, les intervenants les plus importants,
ceux qui avaient une forte population et payaient la plus grande partie du
budget, demandaient que le président soit nommé parmi les
membres. Ce que je vous reproche, ce n'est pas d'avoir reconfirmé M.
Ménard pour la période de transition. Si c'était pour une
période d'un ou deux ans, peut-être, mais pour une période
de cinq ans, cela veut dire pour une autre période de quatre ans et
demi. Il n'y a pas de changement. Ce sera le même président, avec
les mêmes idées et avec les mêmes orientations, qui
reçoit ses directives du ministre des Affaires municipales. C'est lui
qui est encore votre homme clef et il est en poste pour une autre
période de quatre ans et demi.
Au moins, comme le dit mon collègue, une entente pourrait
être négociée à savoir qu'il soit nommé
directeur général de la CRO pour cette période de
temps.
Il me semble reconnaître là la transparence du
gouvernement: dans ce cas-là, de la façon qu'on agit quatre ou
cinq mois avant la restructuration, vous nommez le président pour une
période de cinq ans. Ce n'est pas très catholique...
M. Léonard: C'était indiqué dix ans dans la
loi. Cela aurait pu être dix ans.
M. Kehoe: Ah bon! Cela aurait pu être quinze ou vingt ans,
autant que vous le voulez. Je prétends que, avec cinq ans, dans de
telles circonstances, vous n'avez pas tenu compte de la volonté des
villes composantes, soit la ville de Gatineau et celle de Hull, les deux villes
qui paient la plus grande partie du déficit ou plutôt du budget de
la CRO et qui en sont les membres les plus importants. Et les autres villes
n'ont pas voulu se faire imposer M. Ménard pour une autre période
de cinq ans, cela est certain.
Avec tout le respect que j'ai pour le talent et les capacités de
M. Ménard, il reste toutefois que la volonté était quand
même exprimée clairement dans le mémoire que vous aviez
à ce moment en main, à savoir que les membres eux-mêmes
voulaient prendre la décision de déterminer qui serait le
président. Mais, contre leur gré et contre tout, vous nommez un
président pour une période de cinq ans.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Je voudrais simplement mentionner au ministre des
Affaires municipales - je regrette, je n'ai pas l'article comme tel, M. le
Président, dans la loi, au chapitre 85 - que le premier président
de la Communauté régionale de l'Outaouais, M. H.Léon
Leblanc, a été nommé et a été en fonction de
1969 à 1974. Son mandat n'a pas été renouvelé. M.
Séguin a été nommé au début de 1974 et son
mandat a duré jusqu'à la fin de 1977. On n'a pas renouvelé
non plus le mandat de M. Séguin - ex-maire de Hull, un homme très
compétent dans les affaires municipales - qui a fait un travail tout
à fait exceptionnel à la Communauté régionale de
l'Outaouais et qui a piloté le schéma d'aménagement de la
CRO. Il avait même trouvé une enveloppe sous sa porte l'avisant
que son mandat prenait fin dans les jours qui suivaient. À ce
moment-là, on a nommé le directeur du service de planification de
la Communauté régionale de l'Outaouais, M. Jean-Marc Rivest, pour
occuper le poste de président pour une période de deux ans. Une
fois les deux ans complétés, un peu après le
référendum de 1980, les cadeaux ont dû être
distribués, parce que le président de la CRO, M. Jean-Marc
Rivest, avait occupé le poste de président de la campagne du oui
lors du référendum, alors que j'occupais le poste de
président de la campagne du non...
Une voix: T'as gagné. Félicitations! M. LeMay:
...
M. Rocheleau: ...à ce moment-là, on l'avait
nommé président de la Commission nationale de
l'aménagement, qui joue un rôle absolument...
Une voix: Un autre "candy".
M. Rocheleau: ...important depuis cette nomination. C'est alors
qu'on a nommé M. Pierre Ménard, pour un mandat de deux ans, parce
qu'on attendait la restructuration. Simplement pour l'information du ministre,
il l'a sûrement lue, on avait eu droit à une pleine page dans le
quotidien Le Droit: "Ménard en poste encore pour cinq ans." Même
M. Ménard avait envoyé une boutade: "En me nommant, on ne
créait pas un chômeur dans quatre mois." On a toujours dit que ce
n'était pas le bon homme... C'était la façon dont on avait
procédé, surtout que la restructuration était imminente
dans le temps. Jamais un président n'avait fait plus
de cinq ans. Je sais qu'à la commission de transport on avait
fait des nominations pour dix ans mais, à la communauté
régionale, on avait des nominations pour cinq ans avec
possibilité de renouvellement du mandat. Je considère qu'il
faudrait peut-être examiner la possibilité de placer dans une
fonction, ailleurs, M. Ménard...
Une voix: Sur les tablettes.
M. Rocheleau: ...je ne sais pas si c'est sur une tablette ou
quoi, pour donner cette latitude au conseil, parce qu'attendre encore quatre
ans et demi, je vous avoue qu'il y en a qui vont peut-être manquer de
patience. Si la loi est adoptée et que le conseil nomme un
président, il va y avoir deux présidents à compter de
l'adoption de la loi: un président élu et un président
nommé. Cela pourra peut-être compliquer davantage la situation.
Cela pourra peut-être causer un préjudice à la bonne marche
de la loi.
Le Président (M. Brouillet): Avant de...
M. Rocheleau: Le ministre pourrait sûrement nous informer
dans les prochaines heures s'il a trouvé un poste vacant à
Chibougamau ou n'importe où pour permettre au monsieur en
question...
M. Kehoe: À Baie-Comeau.
M. Rocheleau: ...afin de permettre plus de liberté au
conseil de la CRO.
Le Président (M. Brouillet): Avant de se quitter, il reste
encore environ 30 secondes, est-ce que le paragraphe 9 de l'article 2 est
adopté?
M. Léonard: Adopté.
M. Rocheleau: Adopté, sous réserve, M. le
Président, que le ministre examine cela.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons terminer les
travaux pour ce soir et ajourner sine die les travaux de cette commission.
(Fin de la séance à minuit)