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(Onze heures cinquante-sept minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, mesdames et
messieursl
La commission permanente des affaires municipales se réunit ce
matin pour étudier le projet de loi no 28, Loi modifiant la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais.
Les membres de cette commission sont: MM. Marquis (Matapédia),
LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Gratton (Gatineau), Middlemiss (Pontiac), Fallu
(Groulx), Lachance (Bellechasse), Léonard (Labelle), Rochefort (Gouin),
Rocheleau (Hull), Saintonge (Laprairie), Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: MM. Assad (Papineau), Bisaillon (Sainte-Marie),
Kehoe (Chapleau), Desbiens (Dubuc), Caron (Verdun), Leduc (Saint-Laurent),
Léger (Lafontaine), LeMay (Gaspé) et Paré (Shefford).
Il conviendrait de désigner immédiatement un rapporteur
pour les travaux de la commission. Tout le monde est d'accord, nous allons
désigner M. Claude Lachance, député de Bellechasse, comme
rapporteur des travaux de la commission.
Nous allons ce matin entendre différents groupes nous exposer des
mémoires portant sur le projet de loi. Je vais vous donner l'ordre des
principaux intervenants. Nous allons entendre tout d'abord M. Michel
Légère, maire de Hull, accompagné d'autres personnes; M.
Patrick Asselin, maire d'Aylmer; M. John Luck, maire de Gatineau; M. Marcel
Lavigne, maire de Pontiac; les représentants de la CTCRO; M. Raoul
Larocque, président du Conseil régional de développement
de l'Outaouais; M. Pierre Ménard, président de la
Communauté régionale de l'Outaouais. Est-ce que c'est sur la
liste, l'ordre du jour?
M. Marquis: Sur l'ordre du jour, sur la liste des membres, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député de...
M. Marquis: Je vous demanderais, M. le Président, si la
commission est d'accord, que mon nom, qui avait été placé
en remplacement de M. le député d'Iberville, soit changé
et inscrit à la place du député de Gouin, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
Tout le monde est d'accord, vous êtes inscrit à la place du
député de Gouin. C'est bien.
Nous allons nous entendre, si vous le voulez, sur le déroulement
de la séance. Nous accorderons, si tout le monde est d'accord, 20
minutes par groupe pour l'exposé et, après, il y aura une
demi-heure ou 20 minutes pour l'échange, les discussions.
M. Léonard: Actuellement, l'ordre du jour de
l'Assemblée est qu'on prenne la journée, le temps qu'il nous
faudra, pour entendre les différents intervenants. Si cela prend plus de
20 minutes, je n'ai pas d'objection fondamentale pourvu qu'on s'entende pour
terminer, normalement, à minuit ce soir. Maintenant, si on termine
avant, je n'ai pas d'objection non plus. On pourrait être quand
même assez souple, sans non plus étirer inutilement.
Le Président (M. Brouillet): Disons que nous nous alignons
sur 20 minutes d'exposé et une heure par groupe. S'il y a lieu de
prolonger un peu, selon les circonstances, on pourra toujours le faire avec
l'accord de tout le monde. Nous prenons comme cadre de référence
20 minutes d'exposé et une heure pour chaque groupe.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aurais simplement un
point à soulever ici.
Le Président (M. Brouillet): Ah bon!
M. Rocheleau: Je comprends qu'on est limité dans le temps
parce qu'effectivement ce projet de loi a été
déposé le 31 mai. Il faut dire qu'on l'attendait depuis
près de sept ans. Par contre, pour les municipalités qui sont
représentées ici ce matin, comme les organismes régionaux,
tels que la CRO, la CTCRO ou le CRD, tout en excluant la SAO, dont le ministre
n'a pas accepté d'entendre le président, je voudrais qu'on soit
assuré que c'est un projet de loi pour l'Outaouais
québécois qui est aussi important que le projet de loi no 46, que
le ministre avait déposé avant la période des fêtes
l'an passé, qui a été adopté au mois de juin et sur
lequel tous les intervenants avaient eu, par la suite, l'occasion de se
familiariser davantage avec chacune des modifications et d'établir un
réel consensus. Dans le cas actuel, nous avons un projet de loi qui a
été déposé il y a à peine une semaine.
J'ai
l'impression que l'Opposition aura plusieurs questions à poser
à la suite des mémoires qui seront déposés ici. On
ne voudrait quand même pas être brusqué dans le temps,
tenant compte du fait que c'est capital pour l'Outaouais
québécois d'avoir une restructuration, mais qui fasse l'affaire
de l'ensemble des participants, membres de cette communauté
régionale.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. En tant que
président, j'ai quand même des échéances à
respecter. Je calcule que, jusqu'à minuit ce soir, nous disposons d'un
maximum de huit heures. Nous avons sept groupes, donc, il est de ma
responsabilité de m'aligner sur une moyenne d'une heure, quitte à
réserver quelques minutes pour compléter les échanges qui
s'avéreraient nécessaires de part et d'autre pour chacun des
groupes. Je pense qu'avec une moyenne d'une heure par groupe, 20 minutes
d'exposé, comme ligne de conduite... On peut déborder un peu,
mais il faut quand même que les gens puissent... Ce ne serait pas
à l'avantage des gens de devoir revenir demain, et ainsi de suite. On a
jusqu'à minuit, il faudrait voir à ce que tout puisse se terminer
pour minuit.
M. Rocheleau: Mais, encore là, M. le Président, je
tiens à vous souligner qu'on est comme dans une camisole de force. Si on
n'avait pas terminé ce soir à minuit et qu'il restait certains
intervenants que nous souhaitions entendre, je ne voudrais pas qu'on se limite
et qu'on se fasse dire à minuit, ce soir: Vous n'aviez qu'à poser
moins de questions. Il est possible que le ministre ou que le côté
ministériel aient des questions à poser aussi à la suite
des mémoires qui seront entendus. Les collègues de l'Outaouais
québécois qui sont ici, mes collègues de
l'Assemblée nationale sont aussi très intéressés.
Chacun de mes collègues a une partie d'un territoire qui est à
l'intérieur de la Communauté régionale de l'Outaouais et
eux aussi voudront poser des questions sur chacun des mémoires ou
chacune des positions qui pourront s'énoncer dans ces
mémoires.
Le Président (M. Brouillet): Ce n'est pas tellement une
camisole de force qu'une camisole de sécurité que je vous ai
annoncée. Il y aura toujours lieu, bien entendu, à minuit, de
décider de revenir demain sur un nouvel ordre de la Chambre. Il n'y a
rien qui nous en empêche, mais il est quand même bon de savoir
où l'on va avant de partir. C'est un peu pour cela que je vous ai
énuméré le temps dont on disposait selon l'ordre de la
Chambre, tel qu'il existe présentement, et le nombre de groupes que nous
avons à entendre.
Sur ce, j'invite le ministre à faire quelques commentaires
préliminaires, de même que le représentant de l'Opposition.
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: Oui, M. le Président, nous sommes ici,
aujourd'hui, surtout pour entendre les gens de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
Je suis très heureux de voir autant d'élus municipaux et
de représentants de la région de l'Outaouais ici aujourd'hui. Je
pense que c'est une date qu'ils attendaient depuis un bon bout de temps. Non
pas qu'ils croyaient que Québec attendait depuis trop longtemps, mais
plutôt parce qu'ils commençaient à désespérer
qu'on trouve dans le milieu les amorces nécessaires à une
adaptation plus moderne de la CRO ou à une nouvelle
réalité outaouaise.
La CRO a eu treize ans il y a six mois. La mécanique de la
communauté elle-même n'a pas été huilée ni
remodelée en profondeur depuis ce moment. L'Outaouais, toutefois, dans
le même laps de temps, a été touché par plusieurs
agents, plusieurs phénomènes sociaux, culturels,
économiques. Région frontalière, la CRO recouvre un
territoire soumis à des actions plus dures que d'autres
communautés, des agents extérieurs comme la CCN, qui s'est
taillé une place sur près de 2000 kilomètres carrés
dans l'Outaouais québécois, dont une bonne partie sur le
territoire de la CRO. Le gouvernement du Canada a lui aussi envahi une partie
du coeur de la ville pionnière, Hull, en y établissant ses tours
à bureaux, ce qui a changé le cours des migrations de population
sur le territoire de la communauté. Les analogies sont toujours
truffées de danger. La comparaison pourrait être boiteuse,
cependant, je crois que les réaménagements de population ont eu,
dans une communauté régionale qui inclut à la fois la
ville et la zone verte, comme la CRO... C'est une communauté
régionale comportant une différence, par exemple, avec la
Communauté urbaine de Montréal et la Communauté urbaine de
Québec, qui comprennent des villes. Donc, ces
réaménagements de population ont eu une influence plus profonde
dans l'Outaouais que dans l'ensemble de l'île de Montréal, dont
les citoyens sont pourtant plus nombreux.
Cette situation a été analysée par les élus
de la CRO. Ils nous ont fait part de leurs intentions de réformes depuis
bientôt près de quatre ans. En fait, en 1979, une première
étude avait été établie, préparée par
des élus. En devenant ministre des Affaires municipales, j'ai
demandé l'an dernier une remise à jour de cette recherche, qui
était démocratique. Dès que j'ai eu ce second rapport,
j'ai rencontré les
élus municipaux de plusieurs municipalités membres et de
toutes les municipalités, récemment, encore j'ai travaillé
avec mes fonctionnaires aussi. Depuis quelques mois, j'ai vu à plusieurs
reprises l'ensemble des élus délégués auprès
de l'administration des services de la communauté.
Les solutions qu'on retrouve dans ce projet de loi, à mon sens,
sont mûries par le milieu. Nous avons donc la main sur des amorces de
solutions pour adapter, moderniser, responsabiliser et rapprocher
l'administration de la CRO des citoyens contribuables. En principe,
aujourd'hui, et en pratique aussi, nous vous écoutons encore avant de
passer à l'étude des principes du projet de loi et de son
étude, article par article, ultérieurement.
Je voudrais rappeler les principes qui nous ont guidés. Le plus
possible, c'est de conserver l'authenticité d'un niveau intermunicipal.
Il s'agit d'une table de concertation régionale qui administre des
services qui ne peuvent plus être restreints, croyons-nous, aux limites
d'une seule municipalité comme, par exemple, l'eau potable et le
transport. On pourrait en citer d'autres, mais cela n'en fait pas toutefois une
municipalité, parce que le niveau intermunicipal - on se le rappellera -
ne possède pas de droits de taxation directe et les gens qui font partie
de son conseil ne sont pas élus au suffrage direct. Ils sont élus
d'abord comme maire ou comme conseiller de municipalité. Nous voulons le
plus possible rapprocher l'administration des services aux contribuables. Les
budgets et investissements qu'il y a dans la CRO sont trop importants pour
qu'on le fasse comme si c'était une chose secondaire dans
l'année. Il faut que les citoyens comprennent exactement ce dont il
s'agit, qu'ils aient accès à toute l'information, qu'ils
comprennent les débats publics et politiques que vous aurez entre
vous.
Nous avons aussi comme principe le plus d'équilibre et
d'équité possible entre les partenaires, quitte à laisser
le milieu faire lui-même l'inventaire des outils au cours des
années à venir. Je pense que cela avait même
été défini par les élus municipaux lorsqu'ils ont
transmis et établi leur rapport. Nous voulons accorder le plus de
latitude possible à un tel niveau intermunicipal, par exemple, laisser
la liberté à ces élus délégués
à la communauté de se rendre jusqu'au développement
économique, s'ils s'occupent déjà de l'aménagement
du territoire, laisser la liberté à ces élus de trouver le
partage des coûts idéal entre eux et aussi donner un statut
particulier - je l'emploierais entre guillemets - aux membres de la CRO verte,
verte.
Ce que nous recherchons, c'est un équilibre, ce sont même
des recherches d'équilibre différentes de celles de la CUM ou de
la CUQ. Je pense qu'aucune situation n'est semblable à une autre, il
faut adapter chacune de ces institutions intermunicipales. C'est d'ailleurs une
des leçons de la loi 125. On ne peut résoudre ces choses que
lorsqu'il y a des compromis d'établis entre les participants du conseil
de la municipalité régionale de comté. C'est la même
chose aussi pour la CUM et la CUQ.
La CRO n'est pas une communauté urbaine à cause de son
territoire, de sa population. Il y a une composante rurale, une composante
urbaine. C'est pour cela qu'on l'appelle la Communauté régionale
de l'Outaouais et non pas la communauté urbaine. Je crois qu'il est bon
de le rappeler.
Cette communauté régionale comprend des
municipalités non desservies, qui sont exclues du partage des
coûts pour des services qu'elles n'utilisent pas. Je pense que c'est un
des principes établis. Il y a des décisions en particulier, des
décisions importantes quant au partage des coûts qui devront
être prises par un vote des trois quarts des participants. Il y a un mode
de travail pour les membres de la CRO verte ou rurale, si vous voulez, qui peut
être différent du mode de travail urbain. Enfin, il y a une grande
flexibilité dans tout cela.
Nous voulons une communauté ouverte, plus rapprochée des
citoyens et aussi des commissions publiques avec une période de
questions. Nous voulons des délégués municipaux à
la communauté plus responsables, moins "fonctionnarisés", par
exemple dans le transport, parce que le conseil de la CTCRO serait
dorénavant composé uniquement d'élus.
On propose aussi un budget sans bénédiction automatique,
comme il a été acquis dans les lois sur la CUQ et sur la CUM.
Nous souhaitons aussi le président élu, parce que nous
n'interviendrons que si des candidats n'obtiennent pas les deux tiers des
votes.
Ce projet de loi conserve, je pense, le plus possible les acquis que la
CRO a accumulés jusqu'ici depuis dix ans. Ses compétences sont
respectées. Je crois que le réseau des collaborations demeure
intact. Je me permettrai de parler de réseau des collaborations,
même si je sais bien qu'il y a de chaudes discussions au conseil de la
CRO. Cela fait partie de la vie démocratique, mais je pense qu'il faut
quand même constater une bonne collaboration, malgré tout. On me
permettra, au début de la commission, de le mentionner.
La recherche de démocratie appliquée, d'équilibre
original entre l'urbain et le rural a surtout orienté les solutions que
nous avons avancées dans ce projet de loi et aussi une liberté
d'action la plus poussée possible pour les élus.
Je voudrais vous écouter en précisant que le projet de loi
no 28, pour l'essentiel,
je crois, répond au consensus intervenu entre les élus de
la CRO, notamment quant à l'intégrité du territoire - je
sais que ce n'est pas un consensus absolu - la représentation des
municipalités membres, un poste électif à la
présidence, le travail du conseil et des commissions, la nature des
compétences obligatoires, le processus des prises de décision et
les règles du jeu pour favoriser harmonieusement, équitablement,
la recherche des solutions quant au partage des coûts des services
communs.
Je veux donc vous écouter et voir avec vous en quoi le projet de
loi no 28 peut être amélioré.
Le Président (M. Brouillet): J'invite le
représentant de l'Opposition à faire quelques remarques. (12 h
15)
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Je serai très
bref dans mon allocution de départ. Je veux souhaiter la bienvenue
à tous nos invités et je voudrais souligner ici
l'intérêt de l'Opposition pour la région de l'Outaouais
québécois. Mes cinq confrères députés de
l'Outaouais sont ici présents. Je pense qu'ils ont manifesté de
façon assez claire leur attachement à la région. Ils
déploient sans cesse des efforts pour assurer à leurs concitoyens
la meilleure représentation possible et ils essaient aussi d'obtenir le
meilleur cadre administratif possible, le plus souhaitable et le plus
acceptable.
Je dois souligner, au niveau de la liste des invités, que le CRDO
et la CTCRO ont été invités à la demande expresse
de mon confrère, le député de Hull, qui a demandé
au ministre de convoquer ces deux corps publics de la CRO aux audiences
d'aujourd'hui. Je remercie le ministre d'avoir agréé à
cette demande, tout en déplorant toutefois qu'une autre demande du
député de Hull pour entendre la SAO n'ait pas été
agréée.
Je voudrais d'abord déplorer le fait que cette loi soit
amenée à la dernière minute, déposée
à la limite, à la fin de mai; nous devrons en discuter et en
voter le contenu dans un très court laps de temps. Il est vrai que cette
réforme était attendue depuis longtemps, en fait, depuis quelques
années. Mon confrère de Hull mentionnait il y a quelques instants
que cette question est en suspens depuis sept ans et le ministre parlait de
quatre ans. On ne se chicanera pas pour une couple d'années, mais on
sait que cela fait un certain temps que l'Outaouaiss québécois
souhaite une réforme de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
Plusieurs mémoires ont été présentés
et même remis aux autorités. Donc, cette discussion est dans
l'air, mais j'aurais souhaité une consultation beaucoup plus longue,
semblable a celle qu'on a pu constater l'an dernier pour la Communauté
urbaine de Montréal: le projet avait été
déposé en décembre, mais les audiences avaient eu lieu
seulement en mars. Cela donnait un délai de trois mois. Je comprends
qu'il y a eu certaines consultations, mais je pense qu'une fois le projet de
loi déposé, le temps qu'on puisse l'analyser et procéder
aux représentations nécessaires demande plus d'une semaine ou dix
jours d'avis.
J'espère aussi que cette consultation s'avérera efficace
et pourra rendre compte du désir et des souhaits exprimés par les
intéressés, plus, en tout cas, que la consultation menée
par le gouvernement et par le ministre des Affaires municipales dans le cadre
des problèmes difficiles de la constitution des MRC dans la
région de l'Outaouais. Nous avons discuté de ce problème
récemment, lors de l'étude des crédits. Il semble bien que
les consultations qui ont été menées n'ont pu
déboucher sur un consensus souhaitable pour la plus grande
majorité dans le cas de l'Outaouais.
Mes confrères et moi nous sommes préparés aux
discussions de cette journée et nous allons certainement vous entendre.
Nous sommes intéressés à vous écouter et nous
tenterons, après cette consultation et au niveau de la discussion du
projet de loi, d'agir dans le meilleur intérêt de l'Outaouais
québécois. Je vous remercie.
Le Président (M. Brouillet): Je remercie M. le
député de Laprairie et j'inviterais maintenant les
représentants de la ville de Hull à bien vouloir prendre place
à la table.
Je demanderais au porte-parole de Hull de s'identifier et de nous
présenter les personnes qui l'accompagnent.
Ville de Hull
M. Légère (Michel): Je me présente: Michel
Légère, maire de Hull. À mon extrême droite, M.
Filiatrault, M. St-Arnaud, M. Cholette, M. Careau et M. Mignault. Il me fait
plaisir d'être ici afin de pouvoir présenter la position de la
ville de Hull.
Plusieurs points ont été mentionnés il y a quelques
instants par les élus parlementaires. On a dit, entre autres, que la
communauté régionale était aussi un instrument de table de
concertation qui cherchait à favoriser le compromis. Je voudrais
simplement souligner que nous avons la même optique, mais que le
compromis doit toujours refléter les volontés en présence
et cela ne doit pas se traduire uniquement par une question de vote.
Nous vivons des temps difficiles et puis, normalement, en période
de crise, les membres d'une même famille doivent se
serrer les coudes.
L'Outaouais québécois souffre d'une crise
d'identité, d'une crise d'appartenance, d'une crise où
l'expansion économique du côté ontarien nous fait rougir
d'envie. Le dépôt de votre projet de loi, M. le ministre,
mérite une attention hors de l'ordinaire puisqu'il touche des principes
fondamentaux de la gestion régionale outaouaise où la ville de
Hull veut posséder les instruments pour remplir son rôle de
vitrine du Québec et de hall d'entrée du Québec. Il est
nécessaire de favoriser un leadership qui amènera des
retombées à la région et à tout le Québec.
Présentement, ce leadership est éparpillé; on le retrouve
en partie à la CRO, au Conseil régional de développement
de l'Outaouais, à la Société d'aménagement de
l'Outaouais et finalement dans chacune des municipalités
outaouaises.
Tout à l'heure, on a mentionné qu'on voulait rapprocher la
CRO des contribuables, nous en sommes aussi. Par contre, on doit accepter
qu'une certaine bureaucratisation fait en sorte que ces organismes peuvent
être éloignés des contribuables. Si nous considérons
les villes de Hull, Aylmer et Gatineau comme un tout, en mettant Hull au
centre, nous constatons la présence d'un tissu urbain fort dans un rayon
d'approximati-vement sept milles.
Si, par contre, nous prenons l'entité complète des trois
municipalités, nous avons la répartition suivante: Hull, . avec
un territoire de 10 milles carrés, a une population d'environ 60 000
habitants; Aylmer, avec un territoire de 26 milles carrés, a une
population de 30 000 habitants; finalement Gatineau, avec un territoire de 100
milles carrés, a une population d'environ 75 000 habitants.
Il est vrai que la ville de Hull se trouve dans une situation
privilégiée à cause de la présence administrative
du gouvernement québécois et de ses institutions, de la
présence du gouvernement fédéral et de la sagesse
"passée qui engendra le développement actuel. Nous vous accordons
qu'il peut y avoir eu des lacunes quant au dernier point mais, dans l'ensemble,
on doit reconnaître que la ville de Hull possède tout ce qu'il
faut pour être une ville modèle. C'est grâce à
l'effort fiscal des citoyens de Hull et leurs sacrifices si la qualité
de vie, la gamme et la qualité des services sont enviées par les
autres municipalités.
Aujourd'hui, la ville de Hull est confrontée au grand
problème où l'on voudrait qu'un père de famille qui a
payé son hypothèque paie maintenant l'hypothèque de son
voisin qui a vu trop grand dans la construction de sa maison et qui a commis
des erreurs de parcours qui sont coûteuses. Si le bon père de
famille ne paie pas, confronté à la réalité
économique, le voisin devra alors prendre les mesures nécessaires
pour réaliser une saine gestion.
Chacune des trois municipalités se trouve d'une façon
permanente en état de conflit puisqu'on veut soutirer le plus d'argent
possible de la ville de Hull pour payer le développement futur des
municipalités voisines.
À titre d'exemple, la ville de Gatineau achète
présentement la majeure partie de son eau potable de l'usine de
filtration de la Compagnie internationale de papier. Le prix de vente de cette
eau par cette compagnie est plus bas que le coût de l'eau fournie par la
CRO. De fait, si la CRO avait elle-même acheté cette eau de la
CIP, les villes desservies, autres que Gatineau, auraient épargné
près de 1 000 000 $ depuis 1975. La ville de Hull, à elle seule,
aurait épargné près de 750 000 $. Cependant, ce qui est
encore plus douloureux, c'est que, lorsqu'on a parlé de construire une
nouvelle usine de filtration à Gatineau, la ville de Hull "s'est
empressée de payer les études de faisabilité pour
augmenter la capacité et la qualité de la production en eau
potable de l'usine de la CIP, qui date des années quarante. La nouvelle
technologie permet de doubler les capacités de production de l'usine du
type de la CIP. Nous aurions même pu faire davantage puisque les usines
prévoyaient des agrandissements futurs et ce, à moindre
coût. M. Jean Verdy, directeur du service du génie et des travaux
publics à la ville de Longueuil, a été choisi
l'ingénieur de l'année en 1982 pour son projet d'agrandissement
des deux usines de filtration de Longueuil. L'usine de Pointe-Claire est un
autre exemple où on a mis à profit la nouvelle technologie.
Plusieurs millions de dollars auraient pu être épargnés et
les Gatinois auraient été alimentés en eau potable, en eau
de qualité plus rapidement, avec un volume dépassant leurs
besoins à court terme. Mais non, on a rejeté l'offre de la ville
de Hull et on a même rejeté la possibilité d'un
agrandissement de l'usine de Hull qui aurait été aussi moins
coûteuse.
Si, par contre, la ville de Gatineau avait été seule
à payer le coût de la fourniture d'eau à ses citoyens, nous
sommes persuadés qu'elle en serait venue à une entente avec la
CIP pour que celle-ci continue de lui fournir de l'eau potable, comme elle l'a
fait depuis des dizaines d'années jusqu'à maintenant. Ainsi, avec
l'arrivée de la nouvelle usine de filtration de Gatineau, le
contribuable hullois devra payer 1 000 000 $ de plus annuellement à la
CRO.
Quant à l'usine d'épuration, elle fut construite en tenant
compte de l'expansion future, qui peut se faire difficilement dans la ville de
Hull. On se souviendra que j'ai mentionné que Gatineau avait un
territoire de 100 milles carrés, Aylmer 26 milles carrés, avec
deux fois moins de personnes, et
Hull 10 milles carrés. Le contribuable hullois sera-t-il
appelé à contribuer davantage pour développer les autres
municipalités? Ces exemples, M. le ministre, nous permettent de mieux
comprendre l'expression: Hull, vache à lait.
Nous voulons oeuvrer dans un esprit régional, mais pas au
détriment de l'efficacité et d'un développement rationnel
de la région outaouaise, en fonction de principes qui l'assurent. La
pierre angulaire de cette tarification et de ce développement des
municipalités se retrouve dans la notion de tarification. Les principes
et les avantages de la tarification des services sont clairement
énoncés au document sur la revalorisation du pouvoir municipal,
Bilan et suivi de la nouvelle fiscalité, rapport du comité
Québec-Municipalités, daté du 20 octobre 1982. En voici
quelques extraits: "II s'agit autant que possible de faire payer les
utilisateurs de services en fonction de la quantité de services
consommés et de leurs coûts de production. Cette façon de
taxer permet non seulement de respecter le principe d'équité
fondé sur les bénéfices reçus, mais encore de
réaliser des économies, car, en obligeant des gens à
assumer les coûts des services qu'ils consomment, il y a un
intérêt économique à la modération et on tend
à éliminer la surconsommation et, partant, le gaspillage. Une
politique de tarification des services municipaux remplit une fonction de
rationnement et d'information. 'Le fait de relier un prix, le plus près
possible du coût réel aux services offerts, rend l'usager
potentiel conscient de ses décisions et rationalise sa consommation.
Celui-ci est ainsi forcé d'évaluer concrètement ses
besoins réels et ses préférences, et de faire les choix
qu'il juge a propos."
La ville de Hull adhère entièrement à ce grand
principe, à savoir que l'usager paie, lequel est reconnu à la
page 2 du rapport de la CRO sur la refonte de la loi comme étant un des
principes à la base d'un fonctionnement plus harmonieux d'un organisme
régional comme la communauté. (12 h 30)
Nous vous félicitons, M. le ministre, pour les efforts que vous
avez déployés afin que nous puissions nous-mêmes, les
municipalités, trouver les solutions à nos problèmes. Vous
avez voulu respecter les principes de la démocratie et la vraie
participation des municipalités aux solutions de leur problème.
En ce sens, vous avez fait votre devoir, et le projet de loi 28 modifiant la
loi sur la CRO est un grand pas en avant.
Nous croyons cependant, M. le ministre, qu'il est impératif
d'aller plus loin. Regardons globalement les choses:
Ottawa, avec une population de 300 000 et ses municipalités
avoisinantes, qui font une population de près de 600 000, est en train
de devenir un pôle majeur de développement culturel,
économique et touristique.
Hull fait partie du triangle d'or bordé par Toronto, Windsor et
Montréal.
Les villes d'Aylmer et de Gatineau essaient de soutirer le plus de la
ville de Hull tout en la limitant dans son expansion.
La ville d'Aylmer oppose une fin de non-recevoir systématique
concernant une cession de terrain légitime. De plus, Hull doit desservir
ce territoire sans en retirer aucune compensation financière.
La ville de Gatineau intente une action en cassation d'une
décision du conseil de la CRO pour empêcher la ville de Hull
d'attirer les industries de haute technologie.
La ville d'Aylmer cherche à se doter de services et
d'équipement qui, d'une part, ne peuvent être donnés que
par la ville de Hull et ce, à moindre coût.
Par exemple, la ville d'Aylmer veut se construire un nouveau garage
municipal, mais celui de la ville de Hull, à une distance de six milles,
pourrait répondre adéquatement aux besoins d'Aylmer.
En plus, cette ville ne peut fournir les services à l'ambassade
d'Italie, au Ottawa Golf Club, au Centre Asticou, au cégep de
l'Outaouais. C'est la CRO qui le fait, à la suite d'une ordonnance et en
utilisant les infrastructures payées chèrement par le
contribuable hullois. Aylmer refuse de payer sa juste part et une autre
ordonnance sera sans doute requise. En fait, cette ordonnance, me dit-on, a
même été demandée par la municipalité
d'Aylmer.
La ville de Gatineau est une ville offrant beaucoup de capacité
et des structures administratives complètes.
Les villes d'Aylmer, de Gatineau et de Hull sont dans
l'impossibilité de faire front commun pour se doter d'équipements
régionaux.
Par exemple, l'idée d'une salle régionale de spectacle ne
s'est pas encore matérialisée. Hull seule a offert de le faire
comme elle a déjà réalisé le Palais des
congrès, conjointement avec le gouvernement du Québec.
La ville de Hull a commandé de l'Institut québécois
d'opinion publique une étude sur son image; de plus, un groupe de
travail est à préparer un rapport sur la vocation de la ville de
Hull. Une fois ces données en main, nous serons en mesure de
déposer un plan d'action basé sur les principes: Hull, vitrine du
Québec, hall d'entrée du Québec, qui pourra montrer un
visage accueillant, un visage reflétant la joie de vivre de la culture
d'expression française aux millions de personnes (touristes,
industriels, fonctionnaires des ambassades ou autres) venant à
Ottawa.
Nous ne pouvons regarder passer "les
gros chars", Hull doit avoir les instruments nécessaires pour
maintenir son dynamisme. Nous ne pouvons accepter de nous trouver dans une
situation où dans quelques années, après avoir tout
soutiré de Hull, on favorisera un regroupement.
Nous avons une solution, M. le ministre, qui permettra d'établir
un équilibre et assurera un dynanisme compétitivement sain pour
l'Outaouais, soit d'unir les villes de Hull et d'Aylmer.
Sur le plan économique Aylmer y trouverait son avantage, tandis
que, par rapport à Gatineau, nous pourrions être deux membres
d'une même famille qui font front commun pour avoir une place au
soleil.
Cette décision peut paraître difficile, M. le ministre,
surtout si l'on tient compte de vos prédécesseurs, qui n'ont
jamais osé. Vous avez déjà eu à prendre des
décisions qui, pour certains, peuvent paraître beaucoup plus
difficiles.
C'est ce que nous voulons, M. le ministre. Cependant, à
défaut de cela et en tenant compte du respect des collectivités
locales que vous avez transposé dans votre projet de loi, nous vous
demandons d'étendre le principe de la tarification aux secteurs du
génie, de la planification, de l'informatique et de l'évaluation.
Avant de conclure, nous pensons qu'il convient d'apporter nos commentaires sur
des précisions ou des modifications que nous désirerions voir
apporter au projet de loi.
Promotion économique. Ce champ de compétence est
dévolu à La Société d'aménagement de
l'Outaouais. Nous croyons que la CRO ne doit pas devenir un outil
d'intervention dans ce domaine. Les municipalités de la CRO
bénéficient d'un organisme gouvernemental qui fournit le cadre
pour la promotion industrielle, commerciale et touristique de l'Outaouais
québécois. La SAO doit continuer d'exister et de fournir, cet
encadrement régional. Le projet de loi 28 doit donner aux villes le
pouvoir de stimuler localement son développement économique et
commercial. Ce pouvoir est d'ailleurs demandé à la page 91 du
rapport sur la refonte de la loi de la CRO. D'ailleurs, dans les faits,
certaines municipalités ont déjà commencé à
se doter d'outils ou d'instruments économiques.
Deuxièmement, arrêtons-nous à la compétence
de la CRO en matière de facturation et d'envoi des comptes de taxes.
Cette compétence n'a rien à voir avec les objectifs de la CRO et
sa raison d'être. Elle crée un problème administratif
inefficace, coûteux et inéquitable. Par exemple, seulement pour
l'envoi des comptes de taxes, c'est la municipalité de Hull qui paie
pour l'envoi des comptes de taxes des autres municipalités, à
savoir à 45%. En principe, la taxation foncière est un pouvoir
accordé aux municipalités et non à la CRO. Le
résultat de ce pouvoir est un résultat comptable et financier,
soit le maintien d'un rôle de perception, la facturation et la perception
de taxes. Un tel processus comptable peut difficilement être
scindé. Nous croyons que cette compétence doit être
retournée aux villes ou encore devenir optionnelle pour les villes qui
voudraient continuer d'obtenir ce service de la CRO. Cependant, les coûts
- immobilisation et fonctionnement - devront être à la charge de
chaque municipalité demandant ce service. La CRO continuerait de fournir
le rôle d'évaluation.
Assainissement des eaux. Le réseau pour l'assainissement des eaux
n'est pas défini dans le projet de loi 28. La ville de Hull devra-t-elle
payer pour le développement futur des autres villes? Le réseau
d'assainissement des eaux n'est pas encore complété; donc, les
villes ne sont pas toutes complètement raccordées. Aucun mode de
partage des coûts n'est prévu pour le déversement des eaux
usées des secteurs non desservis par le réseau d'assainissement
des eaux. En principe, l'usine de traitement des eaux et les conduites ont
été construites en fonction de la population projetée. La
ville de Hull est presque entièrement développée. La ville
de Hull ne doit pas payer pour les villes non encore desservies selon les
ententes. Les solutions seraient de définir dans la loi ce que constitue
le réseau d'assainissement des eaux dont les coûts doivent
être partagés; conserver le statu quo sur la méthode du
partage des coûts, soit le débit théorique, tant que le
réseau prévu ne sera pas complété et d'assujettir
le secteur rural à un certain tarif.
L'eau potable. Le réseau pour la filtration de l'eau n'est pas
défini dans le projet de loi 28. Le mode de répartition des
coûts pour l'eau potable est inéquitable. La ville de Hull devra
payer pour le développement futur de Gatineau.
Présentement, la ville de Hull paie au-delà de 1 000 000 $
sans en recevoir les bénéfices. Avec l'usine prévue pour
Gatineau, Hull devra débourser un montant additionnel de 1 000 000 $.
Les citoyens de Hull et d'Aylmer devront payer pour les plans et devis ainsi
que pour l'usine de Gatineau avant que celle-ci ne soit en mesure de
fonctionner. Les citoyens de Gatineau ne paieront qu'en fonction de leur
consommation à partir de l'usine située à Hull. Ceci
dépasse l'entendement. La consommation et les coûts de l'eau
achetée de la CIP ne sont pas inclus dans la consommation et les
coûts utilisés pour établir la quote-part des villes
desservies.
En principe, la méthode de répartition des coûts
doit tenir compte du principe que l'usager paie et inclure toutes les
consommations d'eau à partir d'usines, propriétés ou non
de la CRO.
Les solutions à envisager seraient de définir dans la loi
ce que constitue le réseau de filtration de l'eau dont les coûts
doivent être partagés; d'inclure dans la loi une prévision
voulant que l'eau achetée de la CIP soit ajoutée au volume et aux
coûts à être répartis aux usagers par la CRO; et
d'inclure dans la loi une provision pour que les coûts encourus pour la
construction de l'usine de Gatineau soient répartis en ajoutant une
consommation projetée pour Gatineau jusqu'à ce que l'usine et les
conduites desservent les secteurs développés. C'est effectivement
en fonction du développement futur d'une autre municipalité. Ou
bien la solution serait de remettre les usines aux villes, laissant chaque
ville assumer ses coûts. Au début, on croyait qu'il y aurait des
économies, que nous n'aurions peut-être pas besoin d'autant
d'usines. Maintenant, on se trouve dans une situation où chaque
municipalité possède son usine, et même où certaines
municipalités en possèdent plus d'une. Une autre
possibilité de solution serait que le gouvernement du Québec
donne l'assurance qu'une subvention substantielle sera versée pour la
construction d'une usine de filtration à Gatineau.
L'entretien des réseaux municipaux d'aqueduc et d'égout de
son territoire. Le pouvoir de réglementation de la CRO tel que
défini à l'article 126.20.1 n'est pas clair. On doit
spécifier que ce pouvoir concerne l'établissement de normes pour
l'entretien des réseaux municipaux d'aqueduc ou d'égout de son
territoire.
Sur l'enfouissement sanitaire, le projet de loi n'établit aucune
tarification pour ce service ni de mécanisme d'appel à la
Commission municipale.
Le principe selon lequel l'usager paie doit être maintenu tel
qu'il existe présentement. Les coûts répartis incluent les
dépenses d'immobilisations et de fonctionnement. C'est-à-dire que
chaque municipalité qui déverse à un dépotoir en
particulier est assujettie au partage des coûts en proportion du volume
de déchets déversés à ce dépotoir.
Les solutions offertes pourraient inclure dans la loi la méthode
actuelle de tarification basée sur le volume de déchets
déversés par chaque municipalité, les coûts
étant répartis parmi les villes qui sont desservies par un
dépotoir en proportion du volume de déchets
déversés par chacune d'elles; et prévoir, s'il le faut,
dans la loi un mécanisme d'appel à la Commission municipale qui
devra baser sa décision sur le principe que l'usager paie. Cet aspect
est d'autant plus important qu'à l'heure actuelle la ville de Gatineau
utilise le dépotoir de Hull-Aylmer et nous sommes en train de raccourcir
sa longévité de sorte que, d'ici six ou sept ans, ce sont nos
deux municipalités qui seront confrontées à un
problème et les solutions seront beaucoup plus dispendieuses.
Ceci a même été admis par des représentants
de la ville de Gatineau qui se targuent de dire: Cela nous coûte meilleur
marché présentement, justement parce que les autres
municipalités paient.
Quant au budget concernant les imprévus, le montant pouvant
être budgétisé à ce chapitre n'est pas
limité. On parle de 1,5%. Nous croyons qu'afin d'éviter les abus
possibles, il serait plus sain de fixer un pourcentage maximal, comme nous
l'avons d'ailleurs pour les municipalités. Par exemple, on pourrait
utiliser le maximum de 4%.
Adoption d'un budget ou d'un crédit. L'article 135.1 semble nier
le principe élaboré à l'article 34.2 voulant que seuls les
membres usagers ont droit de vote sur les questions qui les concernent: eau
potable, enfouissement sanitaire secteur est et secteur ouest, assainissement
des eaux. Il est essentiel que le principe soit respecté
intégralement. L'article doit être rédigé de
façon à assurer que les différents budgets soient
adoptés individuellement par les membres des municipalités
desservies. Par exemple, le budget concernant l'eau potable doit être
adopté par les municipalités desservies, soit Hull, Aylmer,
Gatineau, Buckingham et Masson. (12 h 45)
Utilisation des surplus. Un surplus peut être reporté
à un exercice financier postérieur alors que la quote-part et les
méthodes de répartition des coûts peuvent varier d'une
année à l'autre. Les surplus provenant de la quote-part
établie doivent être retournés aux villes dès le
dépôt des états financiers vérifiés selon les
mêmes données établissant la quote-part et on devrait
modifier le projet de loi en conséquence.
Pour le paiement des déficits d'exploitation de la commission de
transport et de la Communauté régionale de l'Outaouais, la loi
actuelle permet à la commission de transport, avec l'approbation du
gouvernement, d'utiliser aux fins de répartition de quote-part les
critères énumérés ou tout autre qu'elle pourrait
établir. Cependant, un des critères les plus valables, soit celui
des revenus générés, n'est pas
énuméré à la loi.
Voici comme exemple d'une simulation le déficit pour
l'année 1982, 4 851 000 $. La quote-part de Hull, selon le nouveau
critère proposé par la CTRCO, critère dont nous avons
appelé devant la Commission municipale, indique que la ville paierait
47%, ce qui représente 2 283 947 $.
En supposant qu'une nouvelle route est ajoutée pour desservir
Hull et que cette route produit des revenus pour 300 000 $, encourt des
dépenses de 300 000 $, nécessite 100 000 kilomètres
additionnels et 5000 heures de service, la part de Hull au déficit
de la CTCRO passerait à 48,23%, portant la part de Hull à
2 339 735 $, soit une augmentation de 55 788 $ et réduisant d'autant la
contribution des autres municipalités.
La quote-part de chaque municipalité serait diminuée
proportionnellement, étant donné le mode de subvention
gouvernementale, basé sur les revenus générés.
Donc, l'exemple ci-dessus ne tient pas compte de la subvention
gouvernementale.
Cet exemple démontre clairement que ce mode de partage
proposé est inéquitable, injuste, et qu'il doit être
rejeté.
Le principe que nous soutenons est énoncé au document du
budget 1979-1980, Renseignements supplémentaires, Réforme de la
fiscalité municipale traitant du réaménagement des
subventions au transport en commun.
En voici un extrait: "La formule de subvention des déficits
comporte un désavantage important relié au fait que tout
accroissement de coût marginal est automatiquement partagé
à 50% par le gouvernement. "En raison des économies
d'échelle et des bénéfices découlant de
l'intégration des systèmes, le gouvernement doit continuer
d'aider au développement du transport en commun. Toutefois, la politique
d'aide ne doit pas être un frein à l'amélioration de
l'efficacité mais plutôt respecter le principe de la
responsabilité locale dans la gestion des transports. "Afin de
réaliser ces objectifs, le mode de financement des commissions de
transport pourrait être modifié selon la formule ci-dessous: "Les
subventions au fonctionnement pourraient être fonction des revenus
générés par les services réguliers de transport en
commun plutôt que des déficits."
La solution, c'est que le projet de loi 28 doit prévoir que ce
critère de revenus générés doit être
utilisé obligatoirement seul ou avec d'autres critères pour la
répartition des déficits d'exploitation parmi les villes
desservies.
Répartition des dépenses non tarifiées. Aucune
tarification n'est prévue dans le projet de loi pour les services
tarifiables tels que l'évaluation, l'informatique, la planification et
le génie, comme nous l'avons mentionné au début. On
n'applique aucunement le principe que l'usager paie. Aucun mécanisme
d'appel à la Commission municipale n'est prévu pour une ville se
sentant lésée par une méthode de répartition des
coûts. Le principe doit être appliqué partout où il
est possible de le faire, là où cela devient extrêmement
difficile, on pourrait certainement utiliser le principe du potentiel fiscal.
Le projet de loi devrait prévoir une répartition des coûts
selon le principe que l'usager paie pour les services que nous avons
déjà mentionnés. À défaut de critères
plus équitables, le potentiel fiscal pourrait être utilisé.
Ainsi, le processus d'appel à la Commission des affaires municipales
devrait tenir compte d'un critère à être utilisé par
la commission elle-même, c'est-à-dire que l'usager paie. Nous
ajoutons aussi le coût à la municipalité, si le champ
d'activités n'était pas une responsabilité de la
communauté régionale, c'est-à-dire un nouveau champ.
De plus, la Commission municipale ne peut ordonner à la CRO
d'imputer à l'ensemble des municipalités desservies dans le
passé le coût des nouvelles infrastructures si la
municipalité ou partie de municipalité, nouvellement desservie,
n'a pas dans le passé contribué au coût d'infrastructures
du champ d'activités concerné.
Finalement, la commission devrait tenir compte aussi de l'utilité
du service en fonction du développement futur de l'usager.
Le projet de loi, tel que déposé, apporte donc une
solution partielle à certains des problèmes majeurs
soulevés par la ville de Hull. Nous nous référons au vote
sectoriel, au droit d'appel à la Commission municipale concernant l'eau
potable et l'assainissement des eaux, aux modifications apportées
concernant la CTCRO.
Je voudrais ici ajouter un commentaire concernant la CTCRO. Une
recommandation inscrite dans le projet de loi indique que le président
de la communauté régionale deviendrait membre de la commission de
transport. Nous ne partageons pas cette opinion.
Je voudrais conclure, M. le ministre, en déclarant que la ville
de Hull a toujours partagé ses richesses financières avec la CRO
et les municipalités qui la composent. Cependant, la limite est
atteinte. Il ne faudrait pas taxer davantage le citoyen hullois pour
éviter que le citoyen des autres municipalités ne soit
taxé pour sa juste part. Présentement, Hull se voit attribuer un
désavantage fiscal de l'ordre de 2 000 000 $. Il ne faudrait pas que ce
désavantage s'accroisse après la refonte de la loi. Il est
également essentiel que Hull puisse continuer à jouer son
rôle de moteur économique de la région, et ce pour le plus
grand bénéfice non seulement des Hullois, mais aussi des autres
municipalités de la CRO et j'ajouterais de tout le Québec.
Nous croyons que les modifications que nous demandons permettront de
rétablir la justice et l'équité pour l'ensemble des
membres de la CRO. La ville de Hull se verra alors offrir la possibilité
d'oeuvrer dans un cadre sain, efficace et authentiquement régional.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M.
Légère. Nous allons immédiatement
entreprendre la période de questions et de discussions. Il nous
reste sept minutes avant de suspendre nos travaux. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, merci, M. le maire de
Hull, ainsi qu'à vos représentants, de nous avoir fait part de
votre mémoire.
Nous avons donc une discussion sur la CRO. Mais voici la question qu'on
peut se poser: Est-ce qu'on est toujours d'accord sur la CRO? Nous avons eu un
certain nombre d'échos qui nous amènent à nous poser
certaines questions. Est-ce qu'on est d'accord pour qu'il y ait une CRO, pour
qu'il y ait union entre Aylmer et Hull ou non? Et pour les autres
municipalités, est-on d'accord pour qu'il y ait une CRO?
M. Légère: Est-ce là votre question? Je
pense que, en principe, M. le ministre, si on tient compte de
l'évolution des choses, face à la CRO, si vous demandez une
opinion qui tiendra compte de la ville de Hull seulement, on dirait qu'il est
préférable d'avoir une table urbaine, d'avoir peut-être
seulement une ville. Compte tenu des circonstances et de la volonté de
maintenir la CRO, les municipalités n'ont pas le choix dans le sens
qu'on dit: Elle est là, elle a été créée par
une loi et elle va continuer d'exister.
Si vous me demandez si l'on peut abolir la CRO et que vous m'en donnez
le choix, c'est une autre paire de manches.
M. Léonard: Doit-il y avoir des services en commun par les
municipalités?
M. Légère: Nous sommes d'accord sur le fait qu'il y
ait des services en commun mais, par contre, il ne faut pas que ce soit
totalement au désavantage des municipalités. À l'heure
actuelle, ces services en commun coûtent 2 000 000 $ à la ville de
Hull. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut regarder d'une façon globale le
problème par rapport à la municipalité de la ville de
Hull. C'est ce que nous avons déposé.
Je reconnais que le projet de loi est une amélioration par
rapport à ce qui existait. On a reconnu des parties du principe de la
tarification, mais on dit qu'il faut aller beaucoup plus loin et regarder
l'Outaouais dans son ensemble. D'où la recommandation principale quant
à la ville de Hull, à savoir l'unification des villes de Hull et
de Aylmer.
M. Léonard: Vous l'appelleriez Aylmer ou Hull?
M. Légère: Quelqu'un a suggéré tout
à l'heure "Aylm-Hull". Pour ce qui est d'une question de nom, on ne se
battra pas pour les fleurs de tapis. Je pense que, pour l'ensemble de tous les
résidents, c'est un sujet qui est là depuis très
longtemps. Le législateur l'a déjà reconnu. Il y a eu des
efforts, il y a eu des recommandations, il y a eu des études, il y a eu
toutes sortes de choses qui se sont passés autour de cette
situation.
À l'heure actuelle, ce qu'on fait, on regarde les "gros chars
passer", que ce soit par rapport à la haute technologie, que ce soit par
rapport à une volonté régionale. Ce qu'on dit, c'est qu'il
y aurait une solution qui amènerait des économies pour la
municipalité d'Aylmer qui feraient en sorte qu'effectivement on pourrait
avoir réellement un point fort dans la région de l'Outaouais.
M. Léonard: Vous dites qu'il en coûte à Hull
2 000 000 $ par année. Sur le plan du partage des coûts, à
votre idée, si vous étiez traités plus
"équitablement", est-ce que vous considéreriez qu'il faudrait une
Communauté régionale de l'Outaouais?
M. Légère: Je pense qu'il est essentiel, comme vous
l'avez mentionné, d'avoir une table de concertation. Si on regarde
l'évolution de la région, on s'aperçoit qu'on avait
déjà une certaine table de concertation avec le CRD, le Conseil
régional de développement, qui n'a peut-être pas
été utilisé comme il aurait pu l'être.
Deuxièmement, il faut reconnaître aussi qu'avec la
création d'un organisme régional, que ce soit le CRO ou la SAO,
on implante une certaine bureaucratie. Lorsque la bureaucratie intervient -
c'est une opinion purement personnelle - on enlève la possibilité
aux volontés locales de s'exprimer, de se doter des instruments qui leur
sont propres.
Sur le côté économique, sans dire que c'est
exactement la SAO, nous devons reconnaître que, par rapport à une
volonté du monde économique de l'Outaouais de s'exprimer il s'est
fait hara-kiri, c'est-à-dire que les chambres de commerce, par exemple,
ont disparu. Ce n'est que tout récemment qu'elles commencent un peu
à revenir à la surface. Lorsqu'on substitue une bureaucratie
à une volonté locale, on se fait du tort.
Dans le contexte d'une Communauté régionale de
l'Outaouais, on a quand même créé un bureaucratie qui,
normalement, doit chercher à augmenter son pouvoir ou son volume
d'intervention.
Avec une table de concertation, nous sommes d'accord. D'ailleurs,
nous reconnaissons que le projet de loi déposé est certainement
un progrès. Ce que nous disons, c'est qu'il faut peut-être
s'attaquer davantage à la racine du mal. Nous avons une solution:
fusionner les villes de Hull et d'Aylmer.
On se retrouverait alors dans une situation où nous aurions la
ville de Gatineau et la ville de Hull qui, effectivement,
pourraient travailler beaucoup plus facilement, je le pense.
Pour la ville de Hull, nous avons une menace constante. Ce qu'on paie,
c'est pour du développement futur des autres municipalités,
jamais pour la ville de Hull. Au contraire, on veut la limiter. Cela nous a
été exprimé lors d'une rencontre que nous avions avec le
comité que vous nous avez envoyé. On l'a dit clairement et
nettement. Cela est très malsain pour le développement
économique d'une région. Si on reconnaît que la
région de l'Outaouais doit avoir un moteur et que, présentement,
une des parties importantes du moteur est la ville de Hull, il faut qu'elle ait
les instruments pour continuer d'oeuvrer. Il y aura des retombées sur
tout l'ensemble des municipalités environnantes.
M. Léonard: C'est peut-être une dernière
question, parce que j'ai l'impression qu'on va se rendre à 13
heures.
Le Président (M. Brouillet): Oui, quelques minutes encore,
le temps d'une question. (13 heures)
M. Léonard: Vu qu'on parle d'organismes régionaux,
est-ce que vous ne feriez pas une distinction de fond entre la nature d'un
certain nombre d'organismes régionaux, celui ou ceux qui ont des
pouvoirs de taxation et ceux qui n'en ont pas? Sur ce plan, la
Communauté régionale de l'Outaouais, à cause des maires
qui y siègent, à titre de représentants indirects, parce
qu'ils sont d'abord élus par leur municipalité locale, ont quand
même, à cause de cela, un pouvoir de taxation de la population, ce
que n'ont pas les autres organismes régionaux. Je pense qu'en termes de
démocratie, il y a là quelque chose. Il y a un principe à
considérer.
M. Légère: Je suis entièrement d'accord, M.
le ministre. Si on regarde les raisons d'être des organismes
régionaux à l'époque, effectivement, ces organismes
avaient été créés pour faire contrepoids
jusqu'à un certain point aux institutions telles que la CCN et permettre
une meilleure cohésion au niveau des municipalités pour qu'on ait
réellement un développement. Dans la réalité des
choses, on peut constater qu'il y a eu certains succès mais aussi des
insuccès et, aujourd'hui, on ne doit pas se permettre de continuer dans
ce sens-là. C'est la raison pour laquelle nous arrivons avec cette
recommandation qui a d'ailleurs été confirmée par toutes
les études du passé. Quelqu'un qui, aujourd'hui, nous regarde de
l'extérieur dit: Où allez-vous? Vous manquez le bateau.
M. Léonard: On reprendra, M. le Président, à
15 heures?
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Léonard: Cependant, par rapport à ce qui a
été dit, croyez-vous, M. le maire, que les autres participants
à la Communauté régionale de l'Outaouais sont d'accord sur
le fait qu'il y ait une communauté régionale de l'Outaouais? Ils
auront sûrement l'occasion de le dire eux-mêmes, mais vous, que
pensez-vous de leur perception?
M. Légère: II est évident que, par rapport
à la communauté régionale, à l'heure actuelle,
c'est un bon instrument pour recevoir de l'argent qu'ils n'ont pas à
prélever auprès de leurs contribuables. Dans ce cas-là, si
j'étais à la ville de Gatineau et que je me voyais payer une
nouvelle usine à 60%, voyant qu'à l'heure actuelle je paie 0,28 $
ou 0,34 $ les 1000 gallons d'eau, alors que les autres paient 0,54 $ ou 0,55 $,
je dirais: C'est une fameuse de bonne affaire.
M. Léonard: Donc, tout le monde est d'accord, sauf la
ville de Hull, qui se pose des questions.
M. Légère: C'est parce qu'on paie effectivement
pour les autres. Nous voulons qu'il y ait une justice par rapport à la
ville et aussi une meilleure efficacité et l'instrument de
l'efficacité est celui de la tarification par rapport à la
justice. C'est de dire: Une municipalité Hull-Aylmer. Il y a aussi le
fait qu'on puisse avoir des ententes intermunicipales. Les ententes
intermunicipales proviennent des besoins. Tout à l'heure, vous avez
parlé de compromis. Je suis d'accord avec la notion du compromis, mais
cela veut dire que les deux villes doivent en faire quand la situation s'y
prête. Si on est dans la situation où tout ce qu'on a à
faire, c'est de voter sans nécessairement ressentir un besoin pour que
l'autre paie, c'est une autre paire de manches.
M. Léonard: Je reviendrai à 15 heures avec des
questions sur des sujets plus précis.
Le Président (M. Brouillet): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 03)
(Reprise de la séance à 15 h 25)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, la commission parlementaire des affaires
municipales
reprend ses travaux.
Nous étions en train de discuter du mémoire
présenté par les représentants de la ville de Hull. La
parole était au ministre des Affaires municipales.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): Oui M. le
député.
M. Rocheleau: A-t-on ajouté la CTCRO parmi les
intervenants? Nous nous demandions si nous pourrions l'entendre.
Le Président (M. Brouillet): Oui. Je rappelle que
l'exposé a pris trente-trois minutes et nous avons accordé sept
minutes à la discussion. Comme je vous l'ai dit, il restera six groupes
et il nous reste six heures et demie. Je demande donc à chacun de
limiter les interventions pour ne pas devoir siéger tôt cette
nuit. Il faudra de toute façon s'arrêter à minuit ou pas
très tard passé minuit, quitte à revenir demain, mais
c'est à vous à...
M. Léonard: Je serai bref, M. le Président. J'ai
une remarque qui recoupe un certain nombre de choses qui ont été
dites par la ville de Hull. On a déjà traité des points
comme l'intégrité du territoire, on a déjà eu
l'occasion de discuter entre nous de la présentation au cours des
rencontres que j'ai déjà eues et le projet de loi traduit un peu
ce qui s'est dit, je pense, sur les compromis.
Je voudrais revenir sur un point et poser une question. Tout au long de
votre mémoire, finalement, vous demandez au gouvernement d'être
plus précis et, en définitive, de trancher, par exemple, quant au
partage des coûts, quant à la tarification, etc. Il nous semblait,
quant à nous, que ce sont des décisions que des élus
peuvent prendre entre eux. Si nous donnons trop de directives, finalement, on
va vous mettre une camisole de force ou peut-être de sûreté,
comme vous voulez, je ne sais trop. Mais ce serait, à tout le moins, une
camisole qui forcerait des élus à s'entendre sur le partage des
coûts, sur le partage des compétences et, pour nous, quand on
permet des votes, on dit dans la loi que des votes aux trois quarts cela force
à des compromis, cela force à des consensus.
Il me semble que, dans le respect de vos compétences, on ne peut
pas entrer trop dans le détail et statuer à l'avance tout ce
qu'il y a, sinon il n'y a plus de liberté au niveau municipal ou au
niveau intermunicipal, si vous me le permettez. Il me semble que vous nous
demandez trop de choses; en d'autres termes, et vous nous demandez
jusqu'à un certain point d'exercer vos responsabilités à
votre place.
J'aimerais entendre vos commentaires.
M. Légère: Non, je ne pense pas, M. le ministre,
qu'on vous demande d'exercer des responsabilités à notre place.
Ce qu'on dit, c'est que la ville de Hull est quand même celle qui est la
plus en mesure de fournir effectivement des fonds. Dans le contexte dont vous
faites mention, il y a certaines garanties quant aux trois quarts des votes.
Par exemple, cela en est une.
M. Léonard: C'est une espèce de veto finalement que
vous avez pour Hull et Gatineau.
M. Légère: Oui, mais, par contre, on demande que ce
principe de la tarification soit étendu à d'autres secteurs et
nous prétendons que, si nous devons en appeler à la Commission
municipale tel que spécifié dans la loi, il faut que la
commission se base sur des principes "pour pouvoir statuer. Or, dans la loi, on
ne retrouve pas ces principes. On aimerait pouvoir les retracer par rapport
à la commission, parce que si l'on établit le principe que
l'usager paie... Comme les trois ou quatre qu'on mentionne à
l'avant-dernière page de notre mémoire, on dit: L'usager paie;
l'utilité du service en fonction du développement futur; le
coût à la municipalité, si le champ n'était pas une
responsabilité de la communauté régionale. Ce sont donc
des principes qui devraient être indiqués à la Commission
municipale, afin qu'elle puisse statuer.
On l'a vécu récemment lorsqu'on s'est
présenté devant elle concernant la nouvelle tarification qui
était proposée par la commission de transport. Ce qu'on s'est
fait dire par la commission, c'est que justement la commission n'avait pas de
discrétion pour se prononcer sur la qualité ou
l'opportunité de déterminer les critères. Ce sont du moins
les arguments qu'on nous a servis au tout début.
On se retrouve donc face au même problème quant à la
Commission municipale. Nous croyons donc essentiel que, pour éviter
toute ambiguïté, la commission puisse se baser sur des
critères tels que ceux que nous avons énoncés.
Vous pourrez peut-être obtenir un avis de son contentieux; vous
pourrez y constater que c'est effectivement ce qu'on indique. Ce sont les
premières paroles des commissaires lorsque nous les avons
rencontrés et que nous leur avons demandé de se prononcer sur les
critères utilisés par la CTCRO.
M. Léonard: C'est une chose qui peut être
examinée si on met des critères dans la loi ou pas. Dans le cas
où la commission trancherait, c'en est une possibilité. En tout
cas, je prends bonne note de votre point de
vue à ce sujet.
M. Légère: M. le ministre, si vous le permettez,
l'autre point auquel vous avez fait allusion et auquel nous faisons une grande
référence dans notre document, c'est celui de la notion de
tarification. La tarification, d'une part, parce que c'est la ville qui,
autrement, est appelée à payer, mais aussi en termes
d'efficacité comme instrument pour déterminer réellement
les coûts.
Un des arguments qui avait été utilisé à une
certaine époque, c'était de dire que ce n'était pas
tarifiable. Il y avait des choses qui n'étaient pas tarifiables. On a
poussé un peu plus loin les recherches et on s'aperçoit que c'est
tarifiable de la même façon qu'on décide, à un
moment donné, de retenir les services d'un consultant, c'est une
certaine tarification. Par rapport aux autres éléments, c'est le
même principe qu'on voudrait voir énoncer dans la
législation. D'ailleurs, lorsque vous êtes venu, on vous en a fait
mention à cette époque et on a dit qu'on reviendrait en
commission parlementaire tel que nous le faisons maintenant.
M. Léonard: Un dernier point, c'est ce que vous avez dit
en ce qui concerne le lieu d'enfouissement sanitaire. Il y a des
précisions qu'on pourrait apporter dans le projet de loi, compte tenu de
ce qui avait déjà été dit lors des rencontres
antérieures. On a examiné cela et les gens ont pris connaissance
de ce que vous nous avez dit et écrit à ce sujet au cours de la
période du midi et on va poursuivre. Le texte même du projet de
loi ne rend pas compte de tout ce qui avait été dit à
l'époque. On vérifie.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le ministre.
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
Je ne voudrais pas abuser du temps de la commission et je n'en abuserai
certainement pas. On doit faire une certaine rétrospective, tenant
compte que la mémoire est une faculté qui oublie et on doit
commencer au début. Le ministre a fait allusion, ce matin, au fait qu'on
fêtait le treizième anniversaire de la CRO il y a à peine
six mois. Je crois qu'il faut repartir du commencement et faire un peu
d'historique. Je vais tenter de le faire le plus rapidement possible et je me
limiterai dans mes autres interventions.
On doit tenir compte du fait que la CRO a été
créée en décembre 1969 à la suite de ce qu'on avait
appelé dans le temps la création d'un comité ou d'une
conférence des maires de l'Outaouais qui regroupait onze
municipalités, c'est-à-dire les villes d'Aylmer, Lucerne,
Deschênes, Hull, Gatineau, Touraine,
Pointe-Gatineau, Templeton, etc. On avait, à ce moment,
présenté à l'Assemblée nationale un document assez
important demandant une structure similaire à celle de la
Communauté urbaine de Montréal et de celle de Québec.
À ce moment, cela devait être une communauté urbaine
regroupant ces municipalités qui sont devenues Aylmer, Hull et
Gatineau.
On doit dire que l'erreur, malheureusement, a été commise
en 1969, si on tient compte que le ministre du temps, M. Robert Lussier, avait
englobé à l'intérieur de la Communauté
régionale de l'Outaouais le territoire ou l'équivalent du
territoire qui était desservi en partie par la Commission de la capitale
nationale, la ceinture verte. Du même coup, on avait créé
la Société d'aménagement de l'Outaouais qui avait des
objectifs en ce qui concerne le domaine du tourisme, le domaine du commerce et
le domaine de l'industrie. Cela aurait été beaucoup plus à
la Société d'aménagement de l'Outaouais de s'occuper
davantage de l'aspect d'intégrité du territoire, de l'aspect
négociations avec la Commission de la capitale nationale sur certains
équipements à être installés du côté
québécois. Je fais allusion à cela parce que le
problème a commencé là. À partir de 1969, plusieurs
municipalités à tour de rôle demandaient des modifications
à la loi sur la CRO. On se souvient qu'en 1974 et plus
particulièrement en 1975, quand on a fait la fusion des
municipalités de l'Outaouais québécois, tenant compte de
la loi 98 de l'Outaouais et du Haut-Saguenay, on avait regroupé en 8
municipalités les 32 municipalités qui existaient à ce
moment-là. Par la suite, on a vécu le dégroupement de
l'agglomération de Buckingham qui regroupait L'Ange-Gardien,
Notre-Dame-de-la-Salette, Masson et
Buckingham. En 1978, à la suite des pressions du
député de temps, M. Jean Alfred, on. avait dégroupé
ces municipalités. On a tenté du faire du
rapiéçage, d'apporter certains correctifs. Pour ma part, je ne
m'en prends pas au gouvernement actuel plus qu'à d'autres gouvernements
antérieurs qui ont pu aussi créer des problèmes tout
à fait particuliers, autant celui de l'Union Nationale, en 1969, que
celui des libéraux, de 1970 à 1976.
Par contre, on doit souligner que, lorsque M. Goldbloom était
ministre des Affaires municipales, un comité avait été
créé, en 1975, qui devait apporter cette restructuration
demandée depuis longtemps. Malheureusement, le gouvernement du Parti
libéral a été défait en 1976 et, de 1976 à
aujourd'hui, on a attendu. Nous avons aujourd'hui devant nous un projet de loi
important, qui est une restructuration souhaitable, mais, par contre, il y a
des éléments sur lesquels on a énormément de
questions à poser. Je considère que le
gouvernement a, encore une fois, laissé la patate chaude aux
municipalités, c'est-à-dire qu'on ne semble pas retenir - on a
beaucoup traité, ce matin, de la tarification - de mécanisme
important, de voix au chapitre ou d'appels à la Commission municipale ou
autres instances. Je tiens à faire référence à
plusieurs rapports soumis tant par les villes de Gatineau, de Hull, d'Aylmer,
que par la municipalité Val-des-Monts, d'autres municipalités et
même par la CRO, mais, simplement pour votre information et celle du
ministre, quand on a accepté le schéma d'aménagement de la
CRO, en 1978, le ministre des Affaires municipales du temps, M. Tardif,
député de Crémazie, avait fait une réflexion tout
à fait à point et que je me permets de vous signaler. Cela fait
partie d'un des rapports. "Les remarques faites par le ministre des Affaires
municipales, M. Guy Tardif, lors de la présentation du schéma
d'aménagement de la CRO, confirmaient ce que nous savions depuis fort
longtemps d'ailleurs, à savoir que, par l'étendue de son
territoire, la création de la Communauté régionale de
l'Outaouais était de la folie furieuse." C'est une citation du ministre
des Affaires municipales du temps avec laquelle j'étais personnellement
d'accord, tenant compte du fait de l'erreur qui avait été commise
en 1969.
On a remis en question la CRO de même que le ministre, je pense.
Est-ce qu'elle devrait continuer dans sa forme actuelle? On nous a dit, ces
dernières semaines, que la CRO était là pour rester et
qu'elle devait continuer. On sait que si la CRO n'existait pas, on devrait
penser à la création d'une MRC ou d'une répartition de
l'ensemble du territoire. Ce sont toutes des questions qu'on peut poser.
Personnellement, je suis à la recherche d'une solution équitable
pour l'ensemble du territoire de cette communauté. On sait qu'une
municipalité va faire des représentations pour le retrait de
celle-ci. Cela va m'amener à poser une ou deux questions à la
ville de Hull. On s'est fait dire tellement de choses dans le passé et
autant par le gouvernement actuel, entre autres, lorsqu'on a
déposé le projet de loi 57 sur la fiscalité.
Antérieurement à cela, la ville de Hull s'est fait dire à
plusieurs reprises par les municipalités de la communauté
régionale -et peut-être avec à propos - que les subventions
tenant lieu de taxes des édifices fédéraux à Hull
n'apportaient rien à la CRO sur ces "en lieu" de taxes parce que ce
n'était pas inscrit dans la loi.
Par contre, la ville de Hull donnait un montant assez important sur le
"gallonage" tenant compte de l'alimentation en eau potable. La loi 57 a
complètement éliminé ces éléments. La ville
de Hull paie maintenant sa quote-part sur l'ensemble de son évaluation
tenant compte et des "en lieu" de taxes et de l'évaluation
foncière de l'ensemble des propriétés de sa
municipalité. Depuis la loi 57, un élément important dans
le temps, c'était la taxe de vente. On disait: La région
défile et se retrouve à Hull et fait bénéficier
Hull d'éléments importants au niveau de la taxe de vente. Ce
n'est plus le cas avec la loi 57, par laquelle le gouvernement s'est
approprié la taxe de vente au complet en échange d'autres
éléments dont la taxe scolaire. Tout ceci pour dire que si on a
fait une erreur en 1969 et qu'on a tenté de rapiécer les choses
aujourd'hui, je considère que le projet de loi 28 n'apporte pas les
correctifs que nous souhaitons, je pense, toutes les municipalités. On
entendra d'autres municipalités faire des revendications tantôt.
On va entendre la CTCRO, on va entendre le CRO et le CRD. Je considère
que c'est un projet de loi attendu et souhaité depuis longtemps. Je ne
suis pas prêt à bousculer toute une région pour lui dire:
Dorénavant, vous allez avoir cette nouvelle loi; vous allez devoir vous
entendre là-dessus sur certains paramètres; retournez chez vous
et vivez dans l'harmonie, dans la paix et dans la joie, tout ce que vous
voulez.
Je pense que la ville de Hull, dans la présentation de son
mémoire, ce matin, touche à plusieurs points. J'avais
l'impression que le ministre m'avait dit, à la suite de ses nombreuses
rencontres avec les élus locaux, qu'il y avait un certain consensus qui
s'était dégagé. Je ne sais pas si tous les mémoires
vont ressembler à celui de la ville de Hull, mais on semble quand
même être assez loin d'un certain consensus. Moi, M. le
Président, en m'adressant au ministre, je souhaite que nous trouvions
une formule qui va satisfaire l'ensemble de ces municipalités. On peut
même remettre en question la CRO comme telle, parce qu'on n'avait pas une
municipalité régionale de comté dans le temps. On a tout
fouté cela ensemble: apprenez à vivre, le monde urbain et le
monde rural. Après treize ans d'existence, on n'a pas vécu cette
harmonie: le partage des coûts, les responsabilités
dévolues au monde urbain, au monde rural, les implications de l'ensemble
de cette représentation autour de cette table. On fait une sorte de jeu
de passe-passe plutôt que d'harmoniser chacun des gestes.
Je voudrais m'adresser ici au maire de Hull ou à quelqu'un qui
pourrait me répondre, quand on parle de la tarification, de la
répartition des coûts. On a ce matin cité un exemple et on
a dit: La ville de Hull aurait pu desservir la municipalité d'Aylmer
avec les ateliers municipaux qu'elle a construits. On aurait pu citer d'autres
exemples. Je ne veux pas revenir à la question de fusion ou quoi que ce
soit; on pourrait sûrement en parler un peu plus tard. On a parlé,
entre autres, des coûts régionaux
comme pour la synchronisation des feux de circulation, quand on aura
fait en totalité le boulevard Maisonneuve pour permettre un accès
plus rapide au retour des citoyens vers les villes de Gatineau, de
Pointe-Gatineau et tout ceci. On avait, je me souviens, amené cette
question à la communauté régionale. Cela coûtait 1
500 000 $ pour synchroniser nos feux de circulation pour permettre aux gens
d'entrer le plus rapidement le matin et le soir de sortir aussi rapidement.
La ville de Hull était demeurée seule à payer ces
coûts. Depuis ce temps, on a fait d'autres revendications pour remettre
tout cela dans le "pot" et dire: On va reprendre le passé et on va
tenter de tout tarifier aujourd'hui. Est-ce qu'il y a eu d'autres
éléments qui ont été soulevés face à
cela?
M. Légère: C'est-à-dire qu'il y a eu
certains efforts indirects. À un moment donné, je sais qu'il y a
eu par rapport au Palais des congrès une volonté de partage.
Foncièrement, la ville de Hull a mis en terre approximativement de 7 000
000 $ à 8 000 000 $. Même s'il y a eu des subventions qui peuvent
avoir été données de la part des autres, c'était
effectivement pour des services bien spécifiques, des choses purement
locales. À ce moment, vis-à-vis des efforts communs tels que
celui du Palais des congrès, qui a déjà été
demandé, il y a eu un refus catégorique. Cela veut dire que le
Palais des eongrès a été réalisé par la
ville de Hull seule et le gouvernement du Québec. Cela signifie que le
principe de l'évolution et du travail du moteur qui doit exister, c'est
la ville de Hull qui va l'assumer. (15 h 45)
Si on a refusé, dans une tel circonstance, que voulez-vous? On ne
peut pas continuer à dire: Compte tenu qu'on n'a pas à se donner
d'autres services, les gens voudront continuer à payer. D'ailleurs, pour
la ville de Hull, et pour son expansion, il n'y a pas de place
présentement.
M. Rocheleau: Sur ce point, M. le Président, j'aimerais
ajouter que je comprends cela. J'ai vécu cela, je le vis encore
aujourd'hui, mais à l'extérieur, parce que, à
l'époque, on prétendait que c'était le maire qui faisait
le chiard à la CRO. Je m'aperçois que le maire du temps de la
ville de Hull n'est plus là et que le chiard continue. Je
m'aperçois ajourd'hui que je n'étais pas celui qui faisait le
chiard. Cela doit être d'autres ou l'ensemble qui font que l'harmonie
n'existe pas comme elle devrait exister. Mais quand on parle plus
particulièrement du territoire, je me rappelle un document très
important de la ville de Hull en 1973, le livre vert que le ministre a
sûrement pu examiner. On retenait à ce moment-là
l'hypothèse d'une fusion possible entre les villes de Gatineau, Hull et
Aylmer, cet ensemble, par une ville fort dynamique, concurrentielle de sa
voisine, Ottawa. Hull avait même favorisé cette position. Je ne
veux pas y revenir en disant que c'est la seule et unique formule, mais je me
pose encore la question. C'était en 1973, on est en 1983. Cela fait dix
ans. Ne devrait-on pas logiquement examiner à nouveau cet ensemble en
tenant compte que, depuis l'adoption de la loi 125 sur l'aménagement du
territoire, on a permis la création de ce que nous appelons, nous, les
municipalités régionales de comté, de petits monstres
émanant des gros monstres, la Communauté urbaine de
Montréal, la Communauté urbaine de Québec et la
Communauté régionale de l'Outaouais?
Je me demande tenant compte que certaines municipalités rurales
sont zonées agricoles jusqu'à 95% de leur territoire, si elles ne
seraient pas plus aptes a réexaminer tout cela ajourd'hui. On pourrait
ainsi permettre à ces municipalités qui se sentent plus
d'affinité avec le monde rural de s'y accrocher et les
municipalités à caractère urbain qui se sentent plus
d'affinité pour une alimentation en eau potable, l'épuration des
eaux, les transports en commun, l'enfouissement des ordures
ménagères, etc., pourraient examiner le problème. Si
c'était le cas, ne devrait-on pas revoir cette problématique de
délimitation, la réexaminer?
La ville de Hull disait ce matin: On veut se regrouper avec la
municipalité d'Aylmer. C'est tellement facile à dire qu'on peut
le dire n'importe quand, mais quand on arrive dans le vécu, avec des
expériences assez importantes que celles de cette dernière
année, à des fusions forcées, on sait ce que cela
coûte malheureusement à la démocratie et quel respect on
doit lui accorder. Tenant compte de tout cela, si la ville de Hull est
limitée dans son territoire actuel et si elle apporte une critique
disant que son partage par rapport à l'ensemble du territoire lui
coûte beaucoup plus qu'elle n'en retire et si, d'autre part, on limite
son territoire, les autres municipalités ne devraient-elle pas accepter
du même coup de ne pas puiser dans la richesse de Hull qui, au cours des
20 dernières années, s'est dotée d'infrastructures,
d'équipements et de tout ce qu'on peut trouver dans une ville moderne
alors qu'aujourd'hui on lui demande de défrayer les coûts d'autres
municipalités, ce qui fait que cela devient peut-être plus
coûteux pour Hull? Il faut comprendre dans cette équité
fiscale... Cela doit être le Challenger qui se promène.
J'espère qu'il...
Une voix: La navette spatiale.
Le Président (M. Brouillet): Je me permets de suspendre
les travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise de la séance à 15 h 50)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons continuer où nous avons laissé. Le
député de Gatineau aurait une question.
M. Gratton: Un bref commentaire. Je vous dirai que rarement les
propos de mon collègue de Hull ont transporté toute une
commission aussi rapidement.
M. Rocheleau: Cher collègue, je vous remercie beaucoup.
J'espère que les mêmes propos pourront faire en sorte d'apporter
des correctifs que nous souhaitons tous, mais que nous souhaitons pour
l'ensemble de nos municipalités participantes.
En terminant, M. le Président, je voudrais peut-être
demander au maire de Hull... Ce matin, il semblait s'accrocher à un
point et cela semblait résoudre tous ses problèmes; s'il
était fusionné avec Aylmer, s'il n'aurait plus de
problème. Est-ce que les problèmes ne seraient pas les
mêmes dans le sens que, si vous étiez fusionné à
Aylmer, la seule chose que cela vous donnerait, ce serait une
municipalité peut-être plus importante en nombre. Par le fait,
vous dépasseriez la ville de Gatineau, mais, au niveau de la
tarification, est-ce que cela changerait quelque chose? Je pense que le
problème fondamental se retrouvera tout le temps dans l'aspect de la
tarification. Est-ce que, à ce moment-là, vous pourriez
m'expliquer cela un peu?
M. Légère: C'est une bonne question. J'ai
remarqué que M. Léonard riait un peu. En fait,
présentement, ce qui se produit, c'est que la ville étouffe, elle
est limitée et le développement des autres municipalités
se fait au détriment de Hull. Si on accepte de pouvoir jouer du coude,
il faudrait qu'on ait des instruments pour jouer du coude comme on l'a
mentionné. À l'heure actuelle, c'est une question de
territoire.
Le problème de la tarification va demeurer, mais, par contre, si
on ne veut pas permettre à la ville de Hull de s'épanouir d'une
façon naturelle puis de continuer d'être un élément
moteur, un élément dynamique, qu'on impose la tarification, que
chacun paie pour son développement, mais qu'on ne soutire pas tout de la
ville de Hull pour faire le développement des autres.
On veut participer à tout développement. On y a un
rôle important et tout le monde reconnaît que, par rapport à
notre région, la ville de Hull est ce qu'il y a de plus dynamique. Si on
recule de 20 ans, la population de la ville de Hull était de 57 000;
aujourd'hui, elle est à peu près inchangée. Les deux
autres municipalités ont pris de l'expansion pour toutes sortes de
raisons. Le fait demeure que c'est là-bas que cela se passe, alors que,
à chez nous, tout devient de plus en plus limité.
À un moment donné, on en arrive même au point
où il y a une municipalité qui dit: Écoutez, on ne peut
pas faire des ententes, on ne peut pas remettre une partie de territoire; si on
fait cela, c'est la ville de Hull qui va en profiter et, nous, on va en subir
les inconvénients. Dans ce contexte, on dit: Faisons une union entre les
deux municipalités, de sorte que chacun va en retirer les
bénéfices - quand je dis chacun, c'est surtout le contribuable,
où qu'il soit -le contribuable de la ville de Hull, le contribuable de
la ville d'Aylmer.
Maintenant, la conclusion c'est de dire: Donnez-nous de l'espace,
faisons en sorte qu'on soit ensemble ou bien qu'on impose une tarification pour
que chacun paie ses pénates. Mais qu'on ne draine pas inutilement le
contribuable hullois pour permettre des bénéfices à
d'autres.
M. Rocheleau: Maintenant, j'ai une autre question que
j'adresserai sûrement à l'ensemble des municipalités, je
trouve que c'est quand même un élément intéressant
à traiter. Est-ce que le maire de Hull et son conseil seraient
prêts à réexaminer - et cela, il faudrait que ce soit
collectif - le fait que les villes de Hull, Gatineau et Aylmer - on sait que
cela a été lancé à quelques reprises - puissent
devenir une même ville? Tenant compte du fait qu'aujourd'hui on dit: On
va drainer Hull; par contre, on ne veut pas se fusionner. Y a-t-il plus
d'avantages dans un ou plus dans l'autre?
Je me souviens, entre autres, M. le Président, de l'étude
que Hull avait soumise au mois de mars 1973 et où on faisait état
des avantages et des désavantages. Le fait de maintenir le statu quo
représentait sept avantages contre quatorze désavantages, que je
ne citerai pas, car le temps manque, mais on parlait de deux villes, une
à l'est et une à l'ouest de la rivière de Gatineau. On y
rencontrait quatorze avantages contre huit désavantages. Si on tenait
compte d'une ville, c'est-à-dire Gatineau, Aylmer et Hull, on
avait seize avantages contre huit désavantages. C'est vrai que la
fiscalité, par la loi 57, est venue apporter des modifications, mais,
tenant compte de tout cet aspect du monde urbain et du monde rural, tenant
compte de la tarification, de la densification du territoire et du fait que,
proportionnellement, les populations sont quand même assez distantes
l'une de l'autre: Aylmer autant que Hull et Gatineau proportionnellement,
est-ce que les territoires - on a fait la comparaison ce matin, Hull avait un
territoire de 10 milles carrés contre 26 milles carrés pour
Aylmer et environ 104 milles carrés pour Gatineau - est-ce que tous
ces éléments, M. le maire, ont pu jouer? Vous dites que la
population de Hull n'a pas progressé au cours des années
passées; je pense qu'on en a déjà fait le compte au niveau
démographique; il y a même eu une perte de population de 1971
à aujourd'hui d'à peu près de 6000. Est-ce que le fait que
Hull se soit dotée des principaux éléments, des principaux
outils de planification, comme le plan directeur, les règlements de
zonage et de lotissement, de construction, le code de logement, etc., a
joué? Est-ce que vous ne seriez pas devenus trop restrictifs dans vos
choix ou dans votre planification, ce qui a peut-être permis aux
municipalités avoisinantes, qui n'avaient pas encore ces outils de
planification à cette date, de progresser plus rapidement? Tenant compte
qu'à Gatineau on se plaignait, à un moment donné, qu'il y
avait un certain développement sauvage, que cela se contruisait un peu
partout et que les services étaient très dispendieux, est-ce que
vous n'avez pas été punis par la planification que la ville a
tenté de donner à son territoire?
M. Légère: Si on regarde l'ensemble du
développement des établissements humains des villes, il y a
certains endroits où on peut arriver et pratiquer ce qu'on appelle le
"free for all", c'est-à-dire que quelqu'un entre, fait du
développement comme il veut, où il veut, quand il veut. À
ce moment, il n'y a aucune restriction qui se produit. C'est très vrai!
De sorte que vous allez avoir des espaces de terrain qui sont donnés,
où il va falloir mettre des routes et mettre 56 services par la suite.
S'il n'y a pas de réglementation, s'il n'y pas de normes de
densification, à ce moment-là, il y aura le développement
à cet endroit. À l'emplacement où cela est un plus
exigeant, il va y avoir moins de développement, parce que les
coûts seront peut-être plus élevés. Le
résident va vouloir aller où il y a moins de normes, moins de
coûts. Par contre, il y a des coûts sociaux, des coûts
très élevés à long terme, qui ne sont pas
quantifiés au moment où le développement se fait.
Je pense qu'on doit reconnaître que, par rapport à notre
région, la ville de Gatineau est une ville où il y a
effectivement eu un développement sauvage pendant un certain temps - je
m'excuse John - c'est vrai! Aujourd'hui, ces coûts doivent être
quand même absorbés. Mais est-ce que cela devrait être la
ville de Hull qui les absorbe? Je ne pense pas. S'il devait y avoir une
certaine tarification à l'époque une certaine densification et
qu'il n'y a pas eu cette densification, et qu'aujourd'hui on est obligé
de fournir des routes, de l'eau un peu plus loin et des services de loisirs par
la suite, ce n'est pas la ville de Hull qui devrait absorber ces
coûts.
Si on regarde ce qui s'est produit en 1974, on a eu la conférence
sur les établissements humains à Vancouver. C'était une
conférence de l'ONU. Effectivement, on a parlé de ces
problèmes. Chacun des pays arrivait et disait: Voici ce que l'on fait
chez nous concernant la planification. On sait que, dans certaines
municipalités, la planification était presque inexistante et
c'était un développement qui se faisait à l'avantage de
celui qui exerçait le plus de pression à différents
endroits. Aujourd'hui, on sait ce que cela donne. Il y a des coûts
sociaux qui deviennent de plus en plus élevés. Je pense que, dans
dix, quinze ou vingt ans, cela va être encore plus élevé et
je ne crois pas que cela devrait être les contribuables hullois qui les
paient. On devrait les absorber, mais, à ce moment-là, si, en
plus de cela, on limite la ville de Hull dans son expansion, on croit que c'est
une situation qui est injuste. (16 heures)
S'il y a des avantages à retrouver dans la municipalité
d'Aylmer par rapport à l'union des deux municipalités, on devrait
en profiter. Mais le problème, c'est une question qui devient purement
émotive à un moment donné. On sait que,
présentement, nous entrons dans des campagnes électorales et
qu'il est fort possible que cela devienne l'enjeu d'une élection, que
cela fasse en sorte que certains individus soient élus, mais que cela ne
soit pas dans l'intérêt de tous les contribuables.
Chez nous, l'élection est passée, c'est terminé. Le
fait demeure que cette question traîne depuis trop longtemps et que le
ministre a dû, à certains endroits, prendre des décisions
qui étaient extrêmement difficiles. Certains peuvent l'avoir
décrié à tort ou à raison, mais des fois, il faut
prendre une décision qui peut paraître difficile. Dans le cas qui
nous concerne dans l'Outaouais, si on dit qu'on veut être un contrepoids
par rapport au développement d'Ottawa, qu'on veut continuer d'être
un moteur, il faut que cela soit fait d'une façon harmonieuse. La ville
de Hull, par l'exemple du Palais des congrès, a démontré
son dynamisme. Elle doit continuer ainsi. On peut parler du Palais des
congrès et de beaucoup d'autres choses. On a raté
récemment une salle de spectacle qui aurait pu être un instrument
utile. Certainement. On peut en citer d'autres.
M. Rocheleau a parlé tout à l'heure de la question de la
signalisation, mais demeure le fait que c'est une réalité. Vous
pouvez demander au président de la communauté régionale.
À un moment donné, je suis arrivé devant des coûts
qui avaient été absorbés par la ville de Hull, non pas
pour le bénéfice direct de la ville de Hull, mais pour permettre
à des gens de passer plus rapidement à travers la ville de Hull.
C'est la ville de Hull qui a absorbé tous les coûts. On vient de
faire les dernières ententes
parce qu'on avait beaucoup de plaintes d'un peu partout, on disait que
les feux rouges n'étaient pas là au bon moment. On les a
synchronisés et ce n'était pas à l'avantage de la ville de
Hull.
Le développement qui s'est produit dans certains endroits, on
doit en absorber le coût présentement parce qu'on dit: La ville de
Hull, vous allez payer davantage. On contribue à l'heure actuelle 2 000
000 $ de plus. Il y a un principe sur lequel tout le monde devrait s'entendre,
à savoir l'élément dynamique, l'élément
moteur qui doit être maintenu. Il ne faut pas le rater, parce que si on
en a trop, c'est bien dommage, mais c'est tout l'Outaouais qui va en souffrir.
On a perdu récemment la venue d'une usine de haute technologie. On
aurait eu jusqu'à 400 emplois. Pourquoi n'est-elle pas venue? Certains
diront: Ce n'est pas parce qu'il y a des chicanes entre les
municipalités, ce n'est pas parce qu'il y a une action en cassation
contre la ville de Hull par rapport à son parc de haute technologie.
C'est pour d'autres raisons. C'est possible. Lesquelles? Je ne le sais pas.
Mais une chose certaine, c'est qu'à l'heure actuelle, on a perdu cette
entreprise avec la possibilité que d'autres pertes viennent s'y ajouter
aussi. C'est tout le monde qui en subit les conséquences
néfastes.
Le Président (M. Brouillet): Je vous remercie et je vous
ferai remarquer que je pense qu'on connaît le fond du problème tel
qu'il est perçu par la ville de Hull. Cela fait plusieurs fois qu'on
l'expose en réponse à différentes questions. Il y a
plusieurs députés qui ont demandé à prendre la
parole. J'aimerais vous mentionner que le député de Gatineau a
demandé à prendre la parole, ainsi que le député de
Papineau et le député de Chapleau, et on me fait signe que le
député de Pontiac veut aussi prendre la parole. Vous êtes
concients du temps qui passe et je donne la parole au député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je suis conscient du peu de
temps qu'on a à notre disposition parce que le seul mémoire de la
ville de Hull aurait pu occuper une bonne journée de travaux et m'aurait
inspiré quant à moi plusieurs questions. J'irai donc à
l'essentiel, tout en souhaitant la bienvenue à tous nos invités
d'aujourd'hui, notamment à ceux de Hull, où j'habite, à M.
le maire et au conseiller de mon quartier, M. Pierre Cholette. Je fais de
même à l'endroit de la ville de Gatineau, que j'ai l'honneur de
représenter en partie, c'est-à-dire le secteur de Touraine, aux
gens d'Aylmer que j'ai eu l'honneur de représenter depuis 1972, secteur
que j'ai malheureusement perdu au profit de mon collègue de Pontiac
à la dernière redistribution électorale, de même
qu'à tous les autres. Je m'excuse, M. le Président, de mon
absence ce soir, je serai justement dans un endroit où on a
imposé une fusion, c'est-à-dire à Baie-Comeau-Hauterive,
dans le cadre de l'élection partielle qui s'y déroule, pour
constater de visu les bienfaits ou les méfaits de ce geste du
gouvernement actuel. La première question que j'aimerais poser à
M. Légère, quand il nous parle... Êtes-vous encore
là, vous?
M. Tremblay: Toujours là.
M. Gratton: Voici donc la première question que j'aimerais
poser au maire de Hull. Quand il nous décrit la ville de Hull comme la
vitrine du Québec, le hall d'entrée du Québec, par sa
situation géographique, comment justifie-t-il que, pour en arriver
à jouer ce rôle, il soit nécessaire que la ville de Hull
prenne de l'expansion, soit à partir d'une fusion avec Aylmer, comme
vous le suggérez dans le mémoire, ou à partir d'une
cession de terrain de la ville d'Aylmer à la ville de Hull?
M. Légère: C'est un des éléments, M.
Gratton, mais pas le seul. Quand on parle de la notion de vitrine ou de hall
d'entrée du Québec, c'est qu'il y a des individus, des
entreprises, ou encore des groupes de certains coins de pays ou de quoi que ce
soit qui vont accepter de venir dans la ville de Hull, mais qui n'iraient pas
ailleurs.
Quand je suis arrivé en 1961 à l'Université
d'Ottawa, on allait à Hull; on n'allait pas à Gatineau, on
n'allait pas à Aylmer. On allait peut-être aux Chaudières.
Mais, dans l'ensemble, on n'allait pas tellement plus loin que cela. La ville
de Hull est quand même pas mal connue, aux États-Unis ou ailleurs.
Je l'ai expérimenté lorsque je suis allé à Toronto
récemment où il y avait tous les grossistes d'agences de voyage.
C'était dans le cadre de Rendez-vous Canada. J'avais été
invité avec le maire d'Ottawa et j'ai eu l'occasion de parler un peu de
notre région de l'Outaouais.
Lorsqu'on a parlé de Hull, effectivement, on a fait état
d'une certaine connaissance de cette ville, ce qui veut dire qu'il y a une
certaine familiarisation. On peut donc faire en sorte que si des gens qui
viennent dans la région peuvent retrouver dans la ville de Hull quelque
chose de régions du Québec et principalement un vrai
caractère de francophonie, c'est qu'on y reconnaît que,
lorsque les voyageurs circulent, ils veulent trouver quelque chose de
différent et peuvent le retrouver à Hull. C'est un peu dans cet
esprit qu'on parle de "Vitrine du Québec".
Quant à l'expansion de la ville de Hull, si le
législateur, en 1975, a reconnu qu'il devait y avoir une
redélimitation en faveur de la ville de Hull, parce que Aylmer a eu
Lucerne et Deschênes, c'est qu'il y avait une raison à la
base. Cette raison, on la retrouve dans des rapports et des études de
gens de l'extérieur de la ville de Hull et aussi qui y vivent.
Le principe accepté à l'époque, s'il a
été bon pour Aylmer, est certainement bon pour la ville. Si on
regarde le développement, on s'aperçoit que, dans plusieurs
endroits, il y a du développement qui se fait à Gatineau et
à Aylmer, mais il y a aussi du développement qui ne se fait pas,
c'est-à-dire qu'il y a des gens qui voudraient venir à Hull, mais
qui regardent et qui disent qu'il n'y a pas d'espace, que c'est limité;
ils voudraient avoir un autre style de vie qu'ils ne retrouvent pas dans Hull,
et qui ne sont pas prêts non plus à aller à Aylmer ou
à Gatineau.
Je pense que l'espace d'Aylmer compléterait très bien ce
que nous avons. Sur le plan strictement économique, il y aurait des
avantages pour les citoyens d'Aylmer. C'est quelque chose qui traîne
depuis longtemps, tout le monde le reconnaît, on y regarde, mais il n'y a
jamais eu de décision. Tous les ministres des Affaires municipales,
d'après ce que j'ai cru comprendre là-desssus, ont reconnu cela,
mais ils n'ont jamais osé bouger, pour toutes sortes de raisons,
remarquez bien. Peut-être que Baie-Comeau-Hauterive était un cas
difficile, mais le fait demeure que, par rapport à notre région,
je pense que ce serait bon et bénéfique pour tout le monde.
M. Gratton: Je ne veux pas insister plus qu'il ne le faut sur
l'analogie avec le hall d'entrée du Québec, donc de l'Outaouais,
mais, effectivement, quand on parle d'un hall d'entrée, on n'y reste
normalement pas longtemps. On y entre pour ensuite passer à une autre
pièce et la réponse que me donne, M. le maire, me porte à
croire - et c'est tout à fait légitime pour le maire de Hull de
préconiser que les gens s'y installent - que, vous le dites
vous-même dans votre mémoire, la ville de Hull a été
privilégiée par la présence des infrastructures
provinciales ou des édifices provinciaux et fédéraux et
pourrait devenir la ville modèle qu'elle est déjà dans une
certaine mesure et être vraiment ce hall d'entrée du
Québec, de l'Outaouais québécois, sans pour autant
nécessairement passer par une expansion extraordinaire. Moi, à
titre de contribuable de la ville de Hull, je préférerais de loin
voir ma ville me fournir de meilleurs services ou une plus grande
quantité de services et peut-être à des coûts
inférieurs à ce que je paie en taxes. Cela ne m'impressionnerait
pas du tout que la ville de Gatineau ait 150 000 âmes en comparaison de
60 000 à Hull si la qualité de la vie à Hull était
à ce point supérieure que je m'y sentirais bien. Je ne veux pas
engager de débat avec M. le maire là-dessus, mais il me semble
que, trop souvent, on a pensé à Hull en termes d'expansion, de
permis de construction, d'activité économique. Bien sûr,
tout le monde veut profiter de cela, mais, que ce soit à Aylmer ou
à Gatineau, si c'est dans la région de l'Outaouais, est-ce que
tout le monde n'en profite pas finalement? Est-ce que la ville de Hull n'en
bénéficie pas plus que d'autres à cause de son rôle
de métropole régionale?
M. Légère: Est-ce que vous voulez me dire, M.
Gratton, que vous seriez prêt à payer plus d'argent pour fournir
des services ailleurs? Prenons l'exemple suivant. À l'heure actuelle, on
parle de construire deux édifices en hauteur à proximité
de la ville de Hull, en fait presque sur le territoire naturel de la ville de
Hull. Tous les services auront été fournis par la ville de Hull
depuis un certain nombre d'années. Ensuite de cela...
M. Gratton: Non, je réponds à votre question, pas
du tout. Si c'est la situation qui existe présentement, j'invite les
autorités municipales, tant de Hull que des villes environnantes,
à s'entendre pour que les gens paient pour les services qu'ils
reçoivent et à s'adresser à la Commission municipale, si
cela ne se règle pas.
M. Légère: Et si ce développement-là
est dû à la ville de Hull comme telle, il est tout normal, tout
naturel que ce soit la ville qui fasse ce développement-là.
L'été dernier, par exemple, il y avait un feu dans un champ juste
de l'autre bord de la Cité des jeunes. Ce sont les pompiers de Hull qui
sont allés.
M. Gratton: Est-ce qu'ils ont été
rémunérés pour cela?
M. Légère: On va dire qu'ils ont été
payés 750 $ l'heure, mais le coût d'immobilisation de tous ces
équipements est payé par la ville de Hull. Il n'y a aucun
coût qui est payé par la ville d'Aylmer.
M. Gratton: Pourquoi sont-ils payés seulement 750 $
l'heure?
M. Légère: On devrait leur payer plus?
M. Gratton: C'est évident. Si cela coûte plus cher
à la ville de Hull...
M. Légère: II y a un grand principe dans les
municipalités et en droit municipal, à savoir que l'usager doit
payer. Si la municipalité doit fournir un service et si la
municipalité n'est pas capable de fournir le service, elle n'a pas
d'affaires à gérer ce territoire-là.
M. Gratton: Ce ne sont pas tous les
entrepreneurs qui possèdent tous les équipements. Quand
ils n'en n'ont pas suffisamment, ils en louent et le taux de location tient
compte de l'amortissement et tout le reste. Si 750 $, pour parler de cet
exemple-là, ne sont pas suffisants, pourquoi ne demande-t-on pas le prix
que cela devrait coûter?
M. Légère: Si on prend un autre exemple, je
m'excuse, mais prenons la question du Northern Telecom. Depuis combien
d'années est-ce là? Quel développement industriel y a-t-il
eu depuis? Il n'y en a pas eu. Même là, cela a été
forcé et c'est grâce à la ville de Hull si effectivement
l'entreprise est allée s'établir là. Je pourrai
vérifier de nouveau et demander à mes collègues. Il n'y a
eu aucun développement depuis ce temps-là. La ville de Hull
aurait été prête à amener les services et à
desservir cet emplacement-là pour faire en sorte que cela soit utile
parce qu'on en est encore aux fosses septiques comme si, aujourd'hui, en 1983,
on développe des secteurs avec des fosses septiques, surtout dans
l'industrie. Ce n'est pas normal. En plus de cela, on aurait même zone
agricole cette partie de territoire pour empêcher du développement
dans l'éventualité où il y aurait une remise à la
ville de Hull. Ce qu'on demande, c'est que ce soit remis à la ville, qui
peut faire ce développement et tout le monde en
bénéficiera. Les gens d'Aylmer aussi en
bénéficieront. Dans notre mémoire, on indique qu'une des
solutions à retenir serait la fusion des deux municipalités. Il y
aurait des avantages économiques pour chacune. Ce qu'on ne veut
pas, c'est continuer à payer pour le développement futur des
autres municipalités. On paie déjà 2 000 000 $. Alors,
soit qu'on ait une tarification complète, qu'on accepte à Hull de
payer les 2 000 000 $ actuels, mais qu'on arrête de nous imposer des
coûts. S'il y a lieu, par la suite, qu'on fasse des ententes
intermunicipales.
M. Gratton: J'imagine que ceux qui vous suivront auront
peut-être un point de vue différent. On leur laissera la chance de
l'exprimer. D'une façon plus générale, quand je fais la
lecture du projet de loi no 28, je m'aperçois, bien entendu, qu'on
répond à plusieurs demandes qui datent de fort longtemps dans la
région, mais qu'on semble créer plusieurs nouveaux postes. Vous
n'en traitez pas dans votre mémoire, entre autres, au conseil
même, ce sera, en tout cas au début, cinq postes de plus qu'on
retrouvera. Ce sont tous des postes rémunérés. (16 h
15)
Dans le cas de la commission de transport, il y en aura au moins six ou
sept postes à comparer à trois maintenant, en fait, à deux
parce que le directeur général restera en place. On crée
trois commissions de la CRO composées probablement, j'imagine, de quatre
à cinq membres chacune, donc, une autre quinzaine de postes. Je fais le
total et cela donne 25, 26, 27 personnes rémunérées de
plus; on ne spécifie nulle part qu'elles peuvent être des membres
du conseil. Cela pourrait être, en fait, 40 élus qui pourraient
détenir des postes rémunérés. Selon la ville de
Hull, est-ce que cela se justifie d'augmenter d'autant le nombre de postes
rémunérés, compte tenu du peu d'efficacité accrue
qu'on retrouve à la suite de l'adoption du projet de loi?
M. Légère: II y a deux éléments. Le
premier, c'est que, dans le cadre d'une table où on retrouvera 18
personnes, normalement, on pourrait retrouver une espèce de
comité exécutif, parce que travailler à 18, c'est
extrêmement lourd, etc. L'autre formule, c'est celle de dire: Tu vas
créer des comités et espérer qu'il y ait une certaine
coordination. De plus, lorsqu'on va chercher d'autres personnes, c'est
évident que cela devient peut-être encore plus lourd en termes de
processus. Dans le contexte d'augmenter le nombre de personnes à la
table de la communauté et de créer des postes, à la ville
de Hull nous allons avoir 4 votes sur 18, ce qui signifie que l'homme
étant ce qu'il est dans certains cas va faire en sorte que
peut-être on voudra donner des bonbons à différentes
personnes, parce qu'elles seront rémunérées. Mais la ville
de Hull va quand même payer 44% ou 45% de tous ces bonbons, alors qu'on
sait très bien que, dans des municipalités qui sont petites, les
salaires sont très bas. Je pense honnêtement, et chacun de nous
pourrait y répondre, que s'il n'y avait pas de salaire attribué
à des postes, dans bien des cas, ces postes ne seraient pas remplis.
M. Gratton: M. le maire, on se rejoint là-dessus. Je
trouve aussi que, compte tenu des responsabilités de la
Communauté régionale de l'Outaouais, qu'il y ait 40 personnes qui
soient rémunérées, en plus de la
rémunération qu'elles ont déjà comme conseiller
municipal ou comme maire, cela veut dire que, sur les 40, pour un certain
nombre, ce sera ce que vous appelez des bonbons, des "candies" pour satisfaire
l'esprit régional. La question spécifique que je pose à
propos de la commission de transport, telle qu'on la préconise,
c'est-à-dire avec un président, un vice-président, le
président du conseil de la communauté, qui sera d'office, et un
représentant de chacune des municipalités desservies, est si on a
réellement besoin d'une telle commission autonome, compte tenu des
dispositions de la loi qui s'appliquent à la commission de transport?
Est-ce qu'on ne pourrait pas tout
simplement faire relever le directeur général de la
commission de transport directement du conseil de la Communauté
régionale de l'Outaouais?
M. Légère: Je vous avoue qu'on ne s'est pas
tellement penché sur le détail, mais je vais vous donner un peu
ce qui en ressort. Premièrement, on ne pense pas que le président
de la Communauté régionale de l'Outaouais devrait siéger
à la commission de transport. Deuxièmement, c'est un point sur
lequel on n'a pas eu tellement l'occasion de discuter avec mes collègues
parce que c'est un peu différent de ce qu'on avait prévu
antérieurement. Je crois personnellement, et non pas comme maire de la
municipalité, que, lorsque nous avons une commission et que
siègent tous les maires, ce sont des postes qui seront soumis à
beaucoup de pressions politiques, parce qu'il y a des individus qui voudront
avoir plus de services: un abribus pour ci, un abribus pour cela. Je ne pense
pas qu'on ait réellement réfléchi à cette question.
On a dit: D'accord, on veut le poste. On veut faire en sorte que chacune des
municipalités y soit représentée. C'est bon. Mais que ce
soient des élus qui soient représentés, comme maire, je ne
suis pas certain. Dans l'ensemble, vis-à-vis de la commission de
transport, je pense qu'il est bon que le poste de directeur
général, si on a une section ou un service de la CTCRO,
relève directement de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
M. Gratton: D'ailleurs, je fais remarquer, à l'intention
du ministre, plus qu'à votre intention, M. le maire, que, dans la
municipalité régionale d'Ottawa-Carleton, c'est exactement cela.
M. Andrew Haydon est - si c'est encore lui qui est là -président
de la commission de transport et Dieu sait qu'il transporte un peu plus de gens
que de notre côté. Donc, cela doit se faire de façon
efficace.
M. Légère: Par contre, je dois avouer que mes
collègues et moi avons demandé au ministre d'être
représentés à un conseil d'administration en ce qui
concerne la commission de transport.
M. Gratton: Oui, et...
M. Légère: Nous l'avons demandé.
M. Gratton: ... les autres municipalités feront la
même demande avec le résultat que vous aurez peut-être une
commission de transport qui sera presque aussi volumineuse que le conseil de la
Communauté régionale de l'Outaouais. Dans le but de donner des
"candies", au lieu d'envoyer des membres du conseil à la commission, on
voudra peut-être que ce soient des gens différents.
M. Légère: J'espère bien que non. Il y a une
chose, c'est que ce sera le conseil qui déterminera les salaires et les
rémunérations. Si le conseil décide de ne pas donner de
salaire, on aura peut-être réglé notre problème par
rapport aux "candies". Remarquez bien qu'on fait une loi qui durera quand
même un bon bout de temps et il n'y a pas de garantie que ce sera
effectivement la question.
Le Président (M. Brouillet): Pourrait-on passer à
une autre question?
M. Gratton: C'est la dernière, M. le Président, je
vois que vous vous impatientez.
M. Léonard: C'est en rapport avec votre question...
Le Président (M. Brouillet): C'est que le ministre aurait
quelques points à apporter dans le cadre des questions que vous venez de
poser. On pourra revenir à votre dernière question.
M. Léonard: Je ferai cela très rapidement. C'est
que vous avez fait un décompte de nouveaux postes qu'on créait.
Je pense que non. On pourra voir, à l'étude article par article,
qu'il n'en est rien. Effectivement, il y a de nouveaux postes d'élus,
mais il y a trois municipalités qui ne sont pas
représentées. Je pense que la moindre des choses - c'est un des
principes de base, d'ailleurs - est que chaque municipalité soit
représentée à un conseil d'une institution
intermunicipale. Cela va de soi, je crois. Je pense qu'il faut l'admettre au
départ.
On revient donc au conseil de la CTCRO où ce sont des gens qui
peuvent être des conseillers des municipalités - les mêmes
d'ailleurs - effectivement, à ce moment-là, il y a de nouveaux
postes pour siéger au conseil.
Mais il faudrait noter qu'il y avait trois fonctionnaires, dont le
président-directeur général, qui faisaient partie du
conseil ou du comité exécutif - je ne sais pas comment on nommait
cela à la CTCRO - et, dans le contexte du nouveau projet de loi, les
deux fonctionnaires occuperont dorénavant des tâches
d'exécution à l'intérieur de la CTCRO. Ce conseil
d'administration sera composé exclusivement d'élus. Donc, on
parle d'une rémunération additionnelle de 40 000 $. Au moins, ce
seront deux fonctionnaires qui ne seront plus au conseil, mais qui occuperont
des postes d'exécution. Donc, je ne pense pas qu'on puisse dire qu'on
augmente beaucoup les charges financières de la CTCRO.
En ce qui concerne le conseil de le CRO, il s'agit uniquement de la
rémunération d'élus qui ne peut pas dépasser 8000 $
par
année pour quatre postes. Les trois municipalités, plus un
ou deux représentants additionnels pour Gatineau. C'est tout. Donc,
quatre postes.
M. Gratton: II ne faut pas oublier non plus les trois commissions
que le projet de loi permet de créer: la commission des finances, la
commission...
M. Léonard: Ce sont des membres du conseil, M. le
député.
M. Gratton: Mais ce n'est pas spécifié dans le
projet de loi. Il faudra peut-être le surveiller...
M. Léonard: D'accord, je comprends. D'accord.
M. Gratton: En tout cas, sauf erreur, ce sera quelque chose
à surveiller, parce que, effectivement, on pourra y parler d'une
quinzaine de postes. La question se pose, parce que, nulle part, je n'ai
retrouvé que les membres des commissions de la CRO seraient
nécessairement des membres du conseil de la CRO.
M. Cholette (Pierre): II y est même dit le contraire, M. le
Président, parce qu'on prévoit même que, si ce sont des
membres du conseil de la CRO, il n'y a pas de rémunération
supplémentaire. Mais, si ce sont des membres d'un conseil de
ville...
Une voix: ... municipal ...
M. Cholette: Non. Les trois commissions, M. le Président.
Pour les trois commissions, on prévoit que les
rémunérations pourraient être établies par le
conseil de la CRO si c'étaient des membres choisis au sein des conseils
qui ne font pas partie de la CRO comme telle. Donc, on prévoit des
rémunérations supplémentaires pour des membres
supplémentaires.
M. Gratton: Je crois, M. le Président, que les questions
qu'on pose sont peut-être même de nature à éclairer
le ministre.
J'aurais une dernière question, et je vous avoue, M. le maire,
que ce n'est pas parce que je n'en aurais pas d'autres. Mais il y en a une qui
m'intrigue et c'est la première occasion que j'ai de la poser et de
traiter de ce sujet: la fameuse salle de spectacle régionale. Vous
semblez dire, dans votre mémoire, que la ville de Hull est prête
à s'engager dans l'aménagement d'une salle de spectacle
régionale. Vous reprochez même à vos voisines de ne pas
l'avoir fait ou de ne pas s'être concertées pour le faire.
Êtes-vous réellement convaincu que, avec le Centre national des
arts de 2300 places à Ottawa, nous ayons un besoin pressant d'une salle
de spectacle de 700 places à Hull, compte tenu des disponibilités
qu'on a déjà dans la ville de Hull même?
M. Légère: À la ville de Hull, nous avons
effectivement adopté une résolution concernant la salle de
spectacle au cégep. Nous avons dit que nous étions prêts
à nous engager à sa réalisation et à y
débourser les montants nécessaires.
M. Gratton: Pourquoi est-ce nécessaire d'avoir une salle
de spectacle de 700 places?
M. Légère: II y a deux éléments.
Vis-à-vis du besoin comme tel. Je siège au conseil
d'administration du Centre national des arts et, effectivement, il y a toujours
place, selon les administrateurs, pour un nouvel équipement culturel. Du
côté de l'Outaouais québécois, nous avons
différentes opinions. Dans la ville de Hull même, nous avons le
Théâtre de l'île qui peut fournir des sièges à
environ 116 personnes. Nous avons aussi la Maison du citoyen, qui peut en
fournir 220. Nous avons l'Agora, qui est utilisée de temps à
autre pour certaines catégories de spectacles. Nous n'avons pas de salle
de plus de 700 ou 1000 places, selon le cas, qui réponde à un
certain besoin. Sur ce, nous avons même dit qu'on pourrait prendre le
Palais des congrès pour répondre à ce besoin. Par contre,
si on utilisait le Palais des congrès pour faire cela, c'est bien
dommage, mais on ne l'utiliserait pas pour faire des congrès.
Ensuite, j'ai fait une vérification auprès des
différents imprésarios ou autres concernant la possibilité
de venir dans l'Outaouais. Effectivement, on a confirmé que s'il y avait
une salle de 800 ou 1000 places, ils seraient prêts à venir et il
y aurait une certaine demande. Il faudrait que ce soit une salle
différente de celle que nous avons eue jusqu'à maintenant,
c'est-à-dire une salle polyvalente avec un équipement technique
assez sophistiqué pour qu'on puisse, par exemple, faire des films pour
la vidéo, pour la télévision ontarienne, la
télévision du Québec, où il y a une très
grande demande à l'heure actuelle et qu'on ne fournit pas; dans la
région, il n'y a pas ce genre de salle.
Il y a un endroit où existe ce genre de studio et c'est dans les
Laurentides. On sait qu'il y a des scènes ou des shows qui sont
préparés et ce sont des gens de New York, de la Californie qui
viennent dans ce secteur, parce qu'il y a de l'équipement
sophistiqué pour le faire. Cela n'existe pas dans l'Outaouais.
Même au Centre national des arts, à l'heure actuelle, on songe
à essayer de se remeubler justement pour répondre à un tel
besoin. Cela ne se fera pas parce que nous avons déjà un
déficit de l'ordre de 14 000 000 $ et on n'augmentera pas ce
déficit.
M. Gratton: Justement, M. le maire, vous êtes
sûrement conscient, pour y être associé au Centre national
des arts, que ce genre de salle dont on parle ne s'autofinance jamais.
M. Légère: Je ne veux pas entrer dans le
débat des affaires culturelles, mais il y a des genres de salle qui
s'autofinancent. La preuve, c'est M. Michaud, qui possède le monopole
dans le secteur et il s'autofinance très bien.
M. Gratton: Oui, justement, il n'exploite pas de salle de
spectacle.
M. Légère: S'il en avait une de 800 ou 1000 places,
il pourrait répondre à un besoin. Par rapport à ce genre
de spectacle, il n'y en a pas dans l'Outaouais.
M. Gratton: Me parlez-vous de M. Richard Michaud?
M. Légère: Oui.
M. Gratton: Justement, j'ai le Droit du jeudi 17 mars: Selon le
producteur Richard Michaud, l'Outaouais n'a pas besoin d'une autre salle de
spectacle.
M. Légère: J'aurai une réponse à
donner à M. Michaud d'ici environ trois semaines justement bien claire
avec des engagements, s'il le faut.
M. Gratton: Vous me le citez à titre d'expert et je vous
donne raison. Il est expert, car il est le seul dans la région. Il nous
dit qu'à son avis, on peut tout aussi bien promouvoir les talents
québécois à Ottawa qu'à Hull, puisque la culture
n'a pas de frontière. Je partage ce point de vue. Il nous dit
également que les artistes de la région peuvent
déjà à loisir se produire à la Maison du citoyen,
au Théâtre de l'île et au cégep. (16 h 30)
Dites-moi où est le besoin d'une plus grande salle, a-t-il
ajouté, car nous sommes en mesure présentement de satisfaire tout
le monde. Il donne l'exemple d'Yvon Deschamps. Pensons-nous qu'il viendrait
trois soirs dans notre salle de spectacle de 700 sièges pour le prix
d'un soir au Centre national des arts? Je vous avoue franchement que je le
trouve aussi drôle à Ottawa qu'à Hull, ou aussi peu
drôle selon les...
M. Légère: II y a toute une catégorie
d'artistes qui, effectivement, ne remplissent pas une salle de deux ou trois
mille personnes. Je ne veux pas entrer dans ces détails, mais...
Le Président (M. Brouillet): Excusez- moi, M. le
député de Gatineau, M. le maire, je pense que cela devient un
problème assez particulier et l'on s'éloigne de l'objectif
même de notre commission.
M. Gratton: M. le Président, j'ai terminé. Je veux
dire que c'est ce genre d'argument que je retrouve dans le mémoire de M.
le maire Légère et qui m'amène à me poser des
questions sur le bien-fondé de ses prétentions quant à la
nécessité d'expansion. Quand on me dit qu'on a besoin d'une salle
de spectacle dans l'Outaouais - et Dieu sait qu'on est dans une période
de crise économique où tout le monde se serre la ceinture - qu'on
est prêt à engloutir, du côté du gouvernement, 1 000
000 $, cela se comprend, c'est dans le contexte d'un Québec
indépendant et on aurait besoin d'une salle de spectacle parce qu'on
aurait probablement besoin d'autres choses pour aller à Ottawa. Mais on
n'est pas dans un Québec indépendant et je ne pense pas que cela
vienne avant quelque temps. En attendant, je suggère à la ville
de Hull de ne pas s'embarquer dans cette galère et de ne pas
dépenser des fonds publics pour satisfaire les prétentions
indépendantistes du gouvernement québécois. Ce n'est pas
à M. le maire que je fais le reproche, mais au ministre des Affaires
culturelles, qui semble rêver en couleur. J'ai terminé, M. le
Président. Oui, je peux bien parler du ministre des Affaires municipales
aussi s'il le veut.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. Légère,
très bien.
M. Légère: Pour compléter, je voudrais bien
qu'on fasse la distinction entre la question territoriale, la question de la
tarification, la question de la Communauté régionale de
l'Outaouais et la question des équipements culturels comme tels. Je
pense qu'on sera en mesure de fournir les données et les chiffres
adéquats à M. Gratton. Quant à la décision du
conseil municipal, il peut être assuré que, sur cette question,
cette décision aura été pesée et analysée
sur le plan économique, pour que toute la lumière soit faite.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Papineau.
M. Assad: M. le maire, rapidement, votre contribution, votre
cotisation à la CRO par unité de logement se situe à
environ combien?
M. Légère: Par unité de logement? M.
Assad: Oui, approximativement. M. Légère: C'est
déjà trop! Si, demain
matin, M. Assad, la ville de Hull doit verser 1 000 000 $ de plus pour
l'eau potable et que, à l'heure actuelle, cela n'apportera pas plus
d'eau à la ville de Hull, ni d'eau de meilleure qualité, le
million versé est déjà de trop.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: M. le Président, j'ai une couple d'observations
et de courtes questions à adresser à M. le maire. Vous avez dit
que Hull est le hall d'entrée de Québec; moi, j'irais un peu plus
loin en disant: Si Hull est le hall d'entrée du Québec, le
paradis est à l'autre bout, à Gatineau.
M. Légère: II faut se rendre au paradis, M. Kehoe:
Faisons un hall d'entrée avec un beau paradis, il n'y a pas de
problème. Je suis d'accord avec cela.
M. Kehoe: Tous ensemble, on va régler le problème.
C'est justement ce que vous avez dit au commencement de votre intervention.
Vous avez dit que vous alliez faire une table de concertation qui favorise les
compromis. Par contre, dans le mémoire que vous avez
présenté, il y a plusieurs aspects plutôt négatifs.
Il y a certains aspects positifs à la fin, un, entre autres, que je
trouve à la page 10. Juste avant de vous poser une question, j'aimerais
poser la question à M. le ministre. En bas de la page 10, M. le
ministre, le mémoire dit: "Que le gouvernement du Québec donne
l'assurance qu'une subvention subtantielle va être versée pour la
construction d'une usine de filtration à Gatineau."
Mme Jocelyne Ouellette a promis, pendant la dernière campagne
électorale, que le gouvernement de la province de Québec paierait
à 100% l'usine de filtration de Gatineau. Il y en a d'autres qui ont
fait des promesses similaires, des ministres libéraux en ont fait aussi,
mais avant...
M. Tremblay: Les gens de Hull l'ont refusé. Il ne l'ont
pas élue.
M. Kehoe: Si le problème est réglé pour la
ville de Gatineau et que la province paie à 100%, je pense qu'un gros
problème pour Hull et Gatineau est réglé. Je vous pose la
question avant d'entrer dans d'autres détails, est-ce que le
gouvernement est prêt à verser une certaine somme, combien,
quand?
M. Léonard: M. le Président, M. le
député, je pense qu'on est ici pour entendre les élus
municipaux et non pas pour discuter entre nous d'engagements ultérieurs
ou antérieurs ou quoi que ce soit.
M. Kehoe: Mais vous ne répondez pas à la question.
Je pense que, pour le reste, cela peut régler plusieurs autres questions
ou plusieurs autres chicanes qui existent entre la ville de Gatineau et la
ville de Hull. À ce moment, le ministre ne répond pas du tout
à ma question. Cela veut dire qu'on peut déduire que la province
ne contribue en rien de la construction d'usines à Gatineau.
M. Léonard: Vous pouvez déduire ce que vous
voulez.
M. Rocheleau: C'est seulement en campagne électorale
qu'ils font des promesses semblables, eux.
M. Tremblay: M. le Président... M. Rocheleau:
Voyons donc!
M. Tremblay: Quand même, la personne qui a pris cet
engagement n'a pas été élue. C'est évident que les
gens de Hull ont refusé la subvention.
M. Kehoe: Le parti péquiste était là, par
exemple, et cette personne faisait partie de l'équipe péquiste
qui a fait cette promesse.
M. Tremblay: M. le maire, est-ce que la ville de Hull a toujours
une tension...
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît,
attendez d'avoir la parole pour parler. Oui, M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: Seulement pour clarifier la situation en ce qui
concerne la position de la ville de Hull, est-ce que la ville de Hull a
toujours l'intention de se retirer de la CRO, tel que le suggère la
résolution que vous avez adoptée? Si oui, que faites-vous
ici?
M. Légère: Vous avez une bonne question. Vous
m'avez invité. Mais une chose, c'est que vis-à-vis de la loi
actuelle qui a été en vigueur depuis un certain temps et ce qui
était dans l'air au moment des discussions et quant au projet de loi
qui, à l'heure actuelle, est un projet de loi où chacune des
municipalités fait présentement des revendications, on se
souvient que, lorsque nous avions discuté et que les
représentants de Gatineau étaient présents, on avait
refusé un certain compromis.
La ville de Hull a adopté sa résolution et la
résolution est toujours là. Elle est toujours là et pour
de bon. Maintenant, ce qu'on fait ici, on pense qu'effectivement les
parlementaires sont des gens raisonnables, particulièrement ceux de
Gatineau, qui vivent dans un paradis, et qu'au paradis, justement, c'est la
bonne entente et l'harmonie qui existent, de sorte que la ville de Hull
fait
valoir ses points de vue, que, nous l'espérons, ceux-ci seront
traduits dans une législation appropriée et qu'on tiendra compte
du fait que la ville de Hull veut collaborer avec ses voisines, qu'elle ne veut
pas payer pour le développement futur des autres municipalités,
qu'on veut qu'il y ait une certaine tarification et aussi qu'il y ait une
certaine justice concernant la question territoriale. Non seulement la ville de
Hull est-elle ici comme hall d'entrée pour le paradis mais aussi comme
une vitrine pour le paradis.
M. Kehoe: Puis, si vous n'avez pas tout ce que vous demandez par
le projet de loi 28, vous avez toujours l'intention de tenter de vous retirer
de la CRO?
M. Légère: Je suis convaincu que... M. Kehoe:
Vous allez l'avoir.
M. Légère: ...devant les demandes raisonnables de
la ville de Hull, les parlementaires en tiendront compte.
M. Kehoe: Parlant de demandes raisonnables, je note dans votre
mémoire que vous ne parlez pas trop de la question de
représentativité des différents "partners" dans la CRO.
Plus spécifiquement tel que la loi le propose actuellement, la ville de
Hull et la ville de Gatineau auront chacune quatre représentants,
n'est-ce-pas? Je me pose la question, comment conciliez-vous la position de la
ville de Hull en ce qui concerne... Vous dites que la
représentativité est basée sur le potentiel fiscal tandis
que la tarification est la base de votre approche en ce qui concerne le partage
des coûts.
M. Légère: Je me suis peut-être mal...
M. Kehoe: Ne trouvez-vous pas qu'il y a une contradiction
flagrante? D'un côté, vous...
M. Légère: Je me suis peut-être mal fait
comprendre, M. Kehoe, mais la ville de Hull ne parle pas de
représentativité selon le potentiel fiscal, dans le
mémoire que nous avons déposé. Il est évident que
l'idéal à l'heure actuelle quant à ce qui existe serait le
potentiel fiscal, et, dans ce cas, nous aurions 45% des voix.
Maintenant, en tenant compte d'une plus grande équité
entre les différents partenaires, nous acceptons qu'il y ait quatre,
quatre et deux. C'est une notion de compromis et, à ce moment, on pourra
justement essayer de faire valoir nos points de vue à l'intérieur
de ce cadre. Mais remarquez bien qu'on aimerait certainement aller dans le sens
que vous voulez l'indiquer.
M. Kehoe: Trouvez-vous normal que la ville de Hull, avec une
population de 56 000 habitants, et la ville de Gatineau, avec une population de
75 000, aient la même représentation? Effectivement, dans notre
système démocratique, que ce soit au niveau
fédéral, provincial ou à tout autre niveau de
gouvernement, la représentation est basée sur la population.
M. Légère: À ce moment-là...
M. Kehoe: Sur quel critère Hull se base-t-elle pour exiger
d'avoir le même nombre de représentants que la ville de
Gatineau?
M. Légère: Si vous calculez 4 votes sur 18, M.
Kehoe, ou bien 4 votes sur 12, cela représente environ 30%, 25%. On a
même une baisse. On est à 20% alors qu'on va représenter
beaucoup plus par rapport à la population, si vous allez dans le sens de
la population. Il y a peut-être certaines municipalités qui
devraient en avoir moins, si c'est ce que vous voulez dire, et certaines
municipalités ne devraient pas être représentées,
parce qu'elles n'ont pas assez de population, mais c'est une autre paire de
manches.
M. Kehoe: Votre principe de base, en ce qui concerne le partage
des coûts, c'est la tarification aux usagers?
M. Légère: Oui, notre principe est de dire: On paie
déjà 2 000 000 $ en surplus pour permettre du
développement futur ou pallier certaines difficultés qui
existent. Cela suffit. Si on veut une gestion efficace, qu'on utilise le
principe de la tarification.
M. Kehoe: Je laisse au maire de Gatineau, qui va présenter
son mémoire tantôt, le soin de vous répondre. Il est
inutile d'engager une discussion sur ce sujet. J'ai une autre question à
vous poser, M. le maire.
M. Légère: Peut-être que vous voulez
suggérer qu'on devrait partager les dépenses selon la
population?
M. Kehoe: Je n'ai rien dit. Je vous pose des questions pour le
moment. Vous parlez de la ville de Hull comme étant la vache à
lait de la région...
M. Légère: Ce sont mes collègues qui me le
rappellent souvent.
M. Kehoe: Non, je n'ai pas encore posé de question. Vous
donnez l'exemple de l'usine de filtration de la CIP à Gatineau qui,
selon vous, doit être agrandie, que la ville de Gatineau devrait
continuer de tirer l'eau potable de la CIP à Gatineau. Dans votre
mémoire, à la page 3, vous mentionnez comment il faudrait
procéder pour agrandir l'usine de la CIP à Gatineau. Vous
êtes sans doute au courant que l'usine de la CIP est une compagnie
privée de pâtes et papiers. Elle a donné une réponse
catégorique selon laquelle elle n'est plus intéressée
à fournir l'eau à la ville de Gatineau, à dépenser
des fonds publics sur une propriété privée, ce qui n'est
pas légal. Je peux mentionner plusieurs autres raisons pour
lesquelles... Malgré cela, vous maintenez dans votre rapport que c'est
un manque de coopération de la ville de Gatineau lorsqu'elle exige la
construction d'une usine de filtration d'eau à Gatineau pour laquelle la
ville de Hull serait obligée de payer un certain montant. Vous
êtes sans doute au courant que la CIP refuse catégoriquement de
coopérer soit avec Hull, soit avec la CRO, soit avec la ville de
Gatineau pour la bonne et simple raison qu'elle a besoin de toute l'eau potable
pour son activité commerciale.
M. Légère: Je suis d'accord avec ce que vous dites,
M. Kehoe, à la différence que, par rapport à ses besoins,
on aurait pu doubler cette capacité et même l'augmenter de sorte
qu'elle aurait eu de l'eau qui lui serait sortie par les oreilles. À ce
moment-là, on aurait pu absorber tous les coûts, la ville de Hull
et les autres, mais il a fallu faire un choix commun et dire... D'ailleurs, on
l'a fait jusqu'à maintenant de cette façon-là. Cela a
très bien fonctionné. Lorsqu'on arrive à une table de
négociation et qu'on dit à celui qui vous fournit le service: Ce
que tu me donnes, c'est très mauvais, cela rend les négociations
beaucoup plus difficiles.
M. Kehoe: Quelle est la position de la CIP à Gatineau
concernant la possibilité d'agrandir son usine?
M. Légère: Elle a dit non. Vous savez que, parfois,
un non est un oui.
Le Président (M. Brouillet): Excusez. Je vous rappelle
qu'il faudrait peut-être accélérer un petit peu. Il faut
penser qu'il y a d'autres personnes qui vont venir...
M. Kehoe: J'ai plusieurs autres questions et je vais les passer
à mon collègue de Pontiac.
Le Président (M. Brouillet): Regardez l'heure. Nous en
sommes encore au premier groupe et il faut finir vers minuit. Si vous voulez
rapidement terminer, le député de Pontiac peut...
M. Kehoe: Non, non. Je donne la parole à mon
collègue de...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Pontiac. (16 h 45)
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Le maire de Hull disait
qu'il fallait regarder globalement les choses. Je veux lui dire qu'Aylmer est
dotée de beaucoup de services. En 1962, Aylmer avait sur son territoire
deux usines de filtration des eaux et une usine d'épuration des eaux.
Lorsqu'on dit qu'Aylmer ne peut pas fournir des services, par exemple, pour le
Ottawa Golf Club, Asticou et le cégep, je pense que, dans le cas
d'Asticou, et si je n'ai pas raison, vous me le direz, il y a eu des ententes
dans le temps entre la municipalité de Lucerne et la ville de Hull et
que la municipalité de Lucerne a payé les coûts de ces
services. Dans le cas du Ottawa Golf Club, il y a des conduites qui y sont, et
si on l'a forcé à aller se raccorder aux conduites, c'est que
Hull, à un certain moment, avait prévu que ces territoires
seraient desservis par vos conduites, parce que si les conduites n'avaient pas
été prévues pour cela, l'intersecteur est disponible pas
loin, la conduite de l'aqueduc régional était aussi disponible et
la ville d'Aylmer aurait pu à ce moment utiliser ses propres services.
Donc, on a beau avoir recours à cet argument et de dire qu'on veut avoir
les services, l'atelier municipal de Hull, si la ville de Hull avait
prévu qu'il y aurait une municipalité regroupant Aylmer et Hull,
Aylmer n'a jamais été consultée. Si on avait
planifié de cette façon, c'est à vous de le faire, mais de
là à demander à Aylmer aujourd'hui, même s'il y
avait un regroupement, d'aller installer son atelier municipal à Hull,
déjà, on a regardé la possibilité d'acheter un
ancien entrepôt, mais c'était trop loin du centre-ville où
on garde l'équipement. Aujourd'hui même, il y a des
négociations pour que la ville d'Aylmer puisse utiliser à sa
pleine capacité les équipements que le gouvernement du
Québec possède dans la ville d'Aylmer et qui font son affaire. De
là à tenter de dire qu'on n'a pas les services, qu'on n'a pas
d'équipements, et qu'on ne peut pas s'en doter, c'est un peu charrier
dans ce sens. En d'autres mots, êtes-vous d'accord avec moi?
M. Légère: Ah bon! Je peux vous répondre.
Quant à la question du centre Asticou, il y a effectivement un paiement
de 25 000 $ de donné. Tous les services qui sont indirects et fournis
par la ville de Hull, que ce soit pour la police, pour l'entretien de routes,
etc., ne sont pas comptabilisés. Au sujet des poursuites contre
l'ancienne Lucerne, nous les avons abandonnées avec la Communauté
régionale de l'Outaouais entre autres, et il s'agissait d'environ 200
000 $. Quant aux services fournis par la ville de Hull qui, dans la sagesse de
sa planification,
avait prévu pouvoir les fournir, cela a été des
coûts assumés quand même par les contribuables pour un
territoire que la municipalilté d'Aylmer ne pouvait pas desservir
adéquatement.
Concernant la question du garage municipal - j'ai pris cela à
titre d'exemple, parce que c'est à une distance de six milles - et
d'équiper tout un garage comme tel, c'est quand même d'un
coût assez onéreux et, en plus, les réparations pourraient
être effectuées assez rapidement par le garage municipal de la
ville de Hull.
Pour revenir à la question que vous posiez tout à l'heure,
M. Assad, à savoir les coûts pour chaque entrée au
rôle, la ville de Hull paie 802 $ et la ville de Gatineau paie 267 $.
M. Assad: Ce n'est pas ce que je voulais dire, M. le maire, c'est
que, dans l'ensemble...
M. Légère: Pour l'administration, la filtration,
l'assainissement et la CTCRO, ce sont les coûts assumés par la
ville de Hull.
M. Assad: D'accord, mais je pensais à l'ensemble de ce
qu'on paie à la CRO. Si on prend le nombre de contribuables et le
montant payé à la CRO, pour la ville de Buckingham, c'est autour
de 80 $ l'unité, si on prend une bonne moyenne. La ville de Gatineau,
c'est autour de quoi? Environ 80 $?
M. Légère: Par habitant?
M. Assad: Non, non, par unité de logement, si on
prend...
M. Légère: Par unité d'entrée au
rôle, c'est 802 $ par rapport à 267 $, pour ce qui est de
l'administration, de la filtration, de l'assainissement et de la CTCRO.
M. Assad: Excusez-moi, 267 $ par unité...
M. Légère: Par unité, par entrée au
rôle, mais je n'ai pas le chiffre, si vous me le demandez par tête,
par habitant.
M. Assad: Non, pas par tête.
M. Légère: Par unité au rôle, ce sont
nos chiffres.
M. Saint-Arnaud (Jean-Guy): Je voudrais signaler un point
important pour continuer la réponse de M. le maire à la question
de M. Middlemiss concernant l'entente qui est intervenue avec la ville d'Aylmer
après plusieurs années de négociations au sujet de
l'intercepteur ou de la conduite maîtresse pour desservir le cégep
de l'Outatouais. Il est vrai que la ville d'Aylmer paie une partie à la
communauté régionale. Il y a aussi une entente, parce que cette
partie de la conduite maîtresse installée par la communauté
régionale se jette dans le réseau d'égouts de la ville de
Hull. La ville d'Aylmer a accepté, après plusieurs années
de négociations, de payer une partie de ce réseau.
Ce qui suit n'est compéhensible que pour ceux qui sont familiers
avec le secteur de la ville de Hull. Cela se jette dans le réseau
jusqu'au coin du boulevard Saint-Joseph. Mais, par la suite, cela va dans les
égouts de la ville de Hull pour se raccorder à l'intercepteur de
la communauté régionale. Il y a donc une partie des égouts
du cégep qui passe dans le réseau de la ville de Hull. C'est pour
clarifier et pour...
M. Middlemiss: D'accord, mais quand vous avez installé les
services pour desservir le cégep, je pense que la ville de Hull en a
même profité... Oui, elle a exigé le coût fort pour
la part du cégep.
M. Saint-Arnaud: Non, c'est-à-dire qu'on a tout
payé, à part la partie qui a été faite par la
communauté régionale, pendant plusieurs années.
Après plusieurs années de négociations, la ville d'Aylmer
a finalement accepté de contribuer à cette partie. Mais,
maintenant, ce n'est pas jusqu'à la rivière, comme dans le temps,
c'est maintenant jusqu'à l'intercepteur de la communauté
régionale, parce que cela arrive dans le coin de Saint-Joseph et
Isabelle, cela se jette dans le réseau de la ville de Hull; du
réseau de la ville de Hull, c'est raccordé à
l'intercepteur de la communauté régionale.
M. Middlemiss: Je voudrais revenir aux réponses que le
maire a données tout à l'heure disant que Hull renoncerait la
poursuite ou aux montants qu'elle réclamait à l'ancienne
municipalité de Lucerne, au moment où vous avez
décidé de construire ces services et de les construire assez gros
pour desservir ce secteur qui appartenait à Lucerne, est-ce que vous
avez demandé à Lucerne avant les travaux ou si vous avez
procédé aux travaux pour lui envoyer ensuite une facture lui
demandant de payer?
M. Légère: Je pense que le législateur,
lorsqu'il a décidé de regrouper Hull, Aylmer et Lucerne, a
effectivement indiqué qu'il devait y avoir une remise.
M. Middlemiss: Non. Cela a été fait bien avant.
M. Légère: Non, mais ce que je veux dire, c'est que
la décision de Hull, à cette époque, allait dans un sens
logique et réaliste des choses. C'est tellement vrai que
le législateur l'a reconnu dans une loi spéciale. Tout ce
que cela a fait, c'est que c'est venu confirmer quelque chose qui était
rationnel et normal.
M. Middlemiss: Ce que je vous demande, c'est si, au moment
où Hull les a construits et qu'il y a eu un litige entre Lucerne...
Le Président (M. Brouillet): Je sens le besoin
d'intervenir. Je comprends que...
M. Middlemiss: M. le Président, regardez...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, mais j'ai
à intervenir, M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: Toi, tes "bébelles", dans ta cour!
Le Président (M. Brouillet): Je comprends qu'on est chacun
en train d'éplucher les dossiers de la ville à savoir ce que cela
a coûté, ce que cela aurait pu coûter. Est-ce ceci? Est-ce
cela? Est-ce qu'on devrait avoir un centre culturel ou non? Est-ce que c'est
opportun ou non? Je comprends que c'est difficile de faire abstraction de ces
dossiers, mais si on commence à vouloir les éplucher pour voir
qui a eu raison et qui a eu tort, on n'en sortira pas. Je vous ferai remarquer
qu'il est presque 17 heures. C'est encore le premier groupe. Il faudrait aussi
donner l'occasion aux autres de se faire entendre. Si on calcule le temps, cela
fait au-delà de trois heures que nous passons avec le même
groupe.
J'inviterais donc peut-être les membres à poser des
questions dans le sens des principes qui sont mis de l'avant en regard du
projet de loi sans éplucher chacun des dossiers dans le détail,
parce qu'on n'en sortira pas.
M. Gratton: M. le Président, question de règlement.
Je comprends votre impatience, compte tenu qu'elle a été
alimentée par les chuchotements du ministre à vos
côtés. Si les dossiers dont on traite dans nos questions
n'intéressent pas les membres de la majorité
ministérielle, nous, en tant que députés de ces
comtés, cela nous intéresse hautement. Le projet de loi 28 n'a
pas été déposé à cause de nous, mais c'est
le ministre qui a choisi de le déposer la semaine dernière. C'est
le ministre qui a choisi d'inviter un nombre limité de personnes
à venir éclairer les membres de la commission. Je vous assure
d'une chose, c'est qu'on ne pose pas les questions sur chacun des dossiers qui
sont soulevés, parce que, si c'était le cas, je l'ai dit au
début, une journée entière ne suffirait pas avec la ville,
de Hull. On fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on a.
M. le Président, je vous invite à patienter, vous allez
voir qu'il ne s'agit pas de mauvaise foi ou de mauvaise volonté de la
part de quiconque de ce côté. Ce n'est pas ma faute s'il n'y a pas
eu de député péquiste élu dans la région de
l'Outaouais. D'ailleurs, je suis très heureux que ce soit le cas. Ainsi,
si cela n'intéresse pas les gens d'à côté, nous cela
nous intéresse. On est payé pour cela, M. le Président, on
est élu pour poser des questions pertinentes. Si le ministre n'est pas
intéressé, qu'il n'écoute pas.
M. Tremblay: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Une minute s'il vous
plaît! M. le député de Gatineau, vous avez l'habitude de
faire des procès d'intention; je vous demanderais de ne pas en faire,
parce que cela prolonge les débats.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Tremblay: J'étais en train de parler.
Le Président (M. Brouillet): Quel est l'article du
règlement que vous voulez soulever?
M. Gratton: L'article qui dit qu'un président de
commission ne doit pas s'immiscer dans le débat et surtout ne pas
prêter d'intention à un député en disant: Vous avez
l'habitude de faire des procès d'intention. C'est cela que vous me
reprochez, M. le Président?
Le Président (M. Brouillet): Je vous dis que vous avez
fait des procès d'intention à mon égard et, en tant que
président, j'ai le droit d'intervenir.
M. Gratton: M. le Président, vous avez dit: Vous avez
l'habitude...
Le Président (M. Brouillet): Vous avez fait des
procès d'intention à mon égard.
M. Gratton: Vous pouvez crier fort, cela ne me fait pas peur, M.
le Président.
Le Président (M. Brouillet): Ni moi non plus;
taisez-vous!
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président. Je vous invite à utiliser l'article 43.-2 de notre
règlement.
Le Président (M. Brouillet): Taisez-vous!
M. Gratton: Vous avez dit exactement: Vous avez l'habitude de
faire des procès d'intention. Est-ce que vous maintenez que j'ai
l'habitude de faire des procès d'intention?
Le Président (M. Brouillet): À mon égard,
vous venez d'en faire un.
M. Gratton: Je vous demande si vous maintenez que j'ai l'habitude
de faire des procès d'intention.
Le Président (M. Brouillet): Je maintiens que vous avez
fait un procès d'intention à mon égard.
M. Gratton: Je vous demande si vous maintenez que j'ai l'habitude
de faire des procès d'intention.
M. Tremblay: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Vous avez fait un
procès d'intention à mon égard et je maintiens ce que j'ai
dit.
M. Gratton: Je maintiens, M. le Président, que vous
êtes un bien mauvais président de commission.
Le Président (M. Brouillet): Et vous, vous êtes un
très mauvais membre.
M. Tremblay: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Brouillet): Taisez-vous, une minute!
M. Gratton: Tout le monde se tait, car le président
parle.
Le Président (M. Brouillet): Si vous avez des contraintes,
j'en ai moi aussi. Ce soir, on doit terminer à minuit. En tant que
président, je reçois des ordres de la Chambre, après
entente entre les partis. On doit terminer à minuit. Il y a des gens qui
sont ici pour se faire entendre et cela fait trois heures que nous consacrons
à un seul et même groupe. Je me dois, comme président,
d'intervenir pour le faire remarquer.
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député.
M. Tremblay: J'en ai une avant vous, M. le député.
Je m'excuse, M. le Président, mais j'ai une question de
règlement.
M. Saintonge: Vous soumettez qu'il y a eu une entente. Je vous
soumets respectueusement que nous avons été assignés
à entendre des mémoires aujourd'hui. On a fixé une
journée pour le faire, mais il n'y a pas eu d'entente avec l'Opposition
selon laquelle on serait satisfait d'une journée pour entendre sept
mémoires. Il y a une nuance à apporter là-dessus.
Le Président (M. Brouillet): Les ententes, cela ne nous
regarde pas. Ce je je reçois, c'est un avis selon lequel on me dit que
vous devez régler cela aujourd'hui et que vous avez jusqu'à
minuit pour discuter et entendre les mémoires. Je vous ai fait part de
cela dès le début. Je comprends que ce sont des dossiers qui
concernent votre région, mais j'ai essayé de vous faire
remarquer, dans la mesure du possible, d'essayer de vous en tenir aux questions
qui pourraient faire avancer un peu le débat en tenant compte du temps
que nous avons et c'est tout.
M. Saintonge: Ce que je veux vous dire, M. le Président,
au niveau de ma question de règlement, c'est qu'il y a une contrainte
qui a été imposée quant à entendre certains
mémoires des gens intéressés à venir devant la
commission. Les députés de l'Outaouais ici présents ont le
droit, comme parlementaires, de poser toutes les questions qu'ils jugent
utiles.
Le Président (M. Brouillet): J'ai le devoir et la
responsabilité de maintenir les débats à
l'intérieur du temps qui est accordé à la commission.
M. Gratton: M. le Président, question de règlement.
Le temps qui nous est alloué, c'est de siéger jusqu'à 18
heures. On recommencera à 20 heures et si on n'a pas terminé
à minuit, on reviendra demain ou quand le ministre décidera de
reconvoquer la commission. Je suis sûr que vous allez me dire que je vous
prête des intentions. Vous ne voulez sûrement pas qu'on fasse un
travail partiel, qu'on fasse un travail à moitié, ici, en
commission. Vous voulez sûrement qu'on fasse un travail complet et c'est
ce qu'on tente de faire.
Le Président (M. Brouillet): Mon cher monsieur, si vous
voulez siéger toute la nuit, je suis prêt et je suis prêt
à revenir demain, mais ce n'est pas moi qui décide de la
prolongation. Actuellement, le temps qu'on nous a réparti s'arrête
à minuit. Mon devoir est de vous le faire savoir. S'il y a un commun
accord entre vous et le leader pour qu'on poursuive demain, qu'on me le
dise.
M. Saintonge: Encore faudrait-il qu'on nous le demande, M. le
Président.
M. Rocheleau: Question de règlement,
M. le Président.
M. Tremblay: J'ai posé une question de règlement il
y a fort longtemps. Premièrement, en ce qui concerne la question de
règlement du député de Gatineau, je pense qu'il y aurait
lieu - et c'est votre devoir - d'utiliser l'article 43.-2 de notre
règlement dans une situation comme celle qui s'est
présentée tout à l'heure.
M. Rocheleau: C'est le président qui doit décider
des articles qu'il doit utiliser.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît, M. le
député de Hull, laissez-moi donc répondre à cette
question.
M. Tremblay: J'ajouterai que si des députés ne sont
pas satisfaits de vos décisions, il existe l'article 68 de notre
règlement qui leur permet de faire rapport à l'Assemblée
nationale et de se plaindre de votre attitude. (17 heures)
Le Président (M. Brouillet): Vous êtes très
gentil, mais, comme je connais moi aussi ces articles, laissez-moi donc le soin
de pouvoir en disposer, si je le juge à propos.
M. Tremblay: M. le Président, je m'excuse.
M. Gratton: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Saintonge: Veut-il faire le président, lui?
Une voix: Taisez-vousl
M. Tremblay: Non, je m'excuse. À midi, en Chambre, le
président a dit qu'il ne lui appartenait pas de dire quel article on
invoquait en utilisant le règlement qu'il appartenait aux membres de
mentionner quel article du règlement s'appliquait. C'est ce que je viens
de faire.
En ce qui concerne la première intervention, celle où vous
avez demandé au député de Pontiac de conclure ou d'aller
plus rapidement, j'ai compris que vous demandiez notre aide pour exiger la
pertinence des questions. Est-bien cela?
Le Président (M. Brouillet): Mais, écoutez. Que
voulez-vous? Ce que vous me posez là n'est pas de nature à nous
faire avancer.
M. Middlemiss: M. le Président, les questions sont
très pertinentes, c'est que, dans le mémoire...
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît, je ne dis pas que les questions ne sont pas pertinentes. C'est
bien évident. Je vous fais simplement remarquer qu'étant
donné la nature du dossier, si l'on s'attarde sur l'ensemble des
dossiers, cela va prendre plus que les huit heures allouées. M. le
député de Pontiac, si vous voulez...
M. Middlemiss: M. le Président, la raison pour laquelle
j'aborde ces sujets est que dans le mémoire de la ville de Hull, on a
tenté d'établir que la ville d'Aylmer n'avait pas de services et
n'avait pas d'équipements adéquats. On a donné des
exemples. J'essaie de rétablir les faits, à l'aide de ces
exemples, pour dire que lorsque des municipalités prévoient des
conduites de telle grosseur pour desservir l'autre municipalité au
moment où des raccordements sont nécessaires, il faut s'y
raccorder et que l'on paiera. S'il y a des litiges de paiement, c'est selon
l'argument de Hull. Qu'on ne vienne pas nous dire qu'on n'est pas capable de
donner les services et qu'on n'a pas l'équipement nécessaire.
C'est exactement le point que je veux faire valoir. Je demanderai au maire de
la ville de Hull pourquoi elle a construit ces conduites, en prévision
du terrain adjacent qui appartenait à une autre municipalité sans
consulter celle-ci au préalable. Par la suite, on envoie une facture
à ladite municipalité. C'est donc exactement ce que je voulais
savoir du maire, parce qu'il nous sera alors possible de faire toute la
lumière, je pense.
Le Président (M. Brouillet): Si vous trouvez que c'est
très pertinent quant aux articles du projet de loi, allez-y.
M. Middlemiss: Si l'on s'en sert pour faire valoir notre point de
vue, je pense que...
Le Président (M. Brouillet): On veut régler des
problèmes qui doivent être réglés au niveau
régional. Si vous croyez que cela peut nous éclairer pour le
faire, M. Légère, répondez, s'il vous plaît!
M. Légère: Tout ce secteur fait effectivement
partie de qu'on appelle un bassin de drainage naturel, face à la ville
de Hull. Quant au développement normal, il était sain de
prévoir que s'il devait y avoir du développement, il serait fait
en tenant compte du bassin de drainage et que la ville de Hull devrait fournir
tels services.
Maintenant, si on pousse un peu plus loin, on sait très bien que,
par rapport au cégep, il a fallu qu'il y ait des ordonnances
émises contre la ville de Hull. Récemment, on en est
arrivé à la même chose en raison de la fourniture de
services à l'ambassade d'Italie ou au Hull-Ottawa Golf Club.
Vous voyez donc très bien que si, d'une part, il y a un
état naturel des choses qui
fait que cela doit être à partir de la ville de Hull et
que, d'autre part, il y a des barrières municipales qui font que le
gouvernement doive intervenir pour émettre des ordonnances, cela n'est
pas normal. Il faut corriger cette situation.
M. Middlemiss: Puisqu'on avait prévu ces services parce
que, comme vous le dites, c'est dans le bassin, il aurait fallu les
prévoir au moment où la municipalité voulait se raccorder.
Qui a refusé?
M. Légère: C'est la ville de Hull. Et elle l'a fait
pourquoi? Elle l'a fait parce que c'était quelque chose qui devait lui
être remis, c'était un droit qui a été même
reconnu par tous les membres de l'Assemblée nationale, qui l'ont traduit
dans un projet de loi en indiquant qu'il devait y avoir effectivement une
remise de territoire à la ville de Hull, à défaut de quoi,
si les municipalités ne s'entendaient pas, il reviendrait au ministre de
décider. C'est inclus dans le texte de loi, je crois que c'est la loi
98.
M. Middlemiss: Les services en question, M. le maire, ont
été construits avant 1975.
M. Légère: Le cégep est là depuis
quand?
M. Middlemiss: Vous avez parlé d'une ordonnance de l'an
passé.
M. Légère: Non mais les autres ordonnances avant,
il faut aussi les compter, M Middlemiss. Elles sont là, ces
ordonnances.
M. Saint-Arnaud: L'ordonnance de l'an passé, M. le
Président si vous me permettez... Vers 1976, lorsque la ville de Hull a
posé l'égout sur le boulevard Taché, le chemin d'Aylmer,
il y a eu des discussions au niveau des conseils ou une certaine communication
avec le conseil de la ville de Hull pour le partage du coût de ces
infrastructures parce qu'elles desserviraient un bassin de drainage. La ville
d'Aylmer a totalement refusé à ce moment de participer au
coût. Mais lorsqu'elle a eu besoin des services, elle n'a pas voulu
assumer sa juste part et c'est à ce moment que l'ordonnance est venue et
c'est cette facture que nous avons envoyée après que les services
eurent été exécutés par la Communauté
régionale de l'Outaouais et que la ville de Hull en a
déterminé le coût de 1976; or, cette facture est
présentement contestée par la ville d'Aylmer. Elle en a
accepté une partie, mais elle refuse de payer les frais temporaires de
financement. Nous ne considérons pas ce dossier réglé
encore.
Quant à l'autre poursuite à laquelle vous faites allusion,
c'est probablement celle sur la conduite d'aqueduc qui a été
installée vers 1970 par la Communauté régionale de
l'Outaouais sur le chemin de la Brickyard; à ce moment, la
Communauté régionale de l'Outaouais avait envoyé une
facture à la ville d'Aylmer et à la ville de Lucerne -parce que
c'est avant le regroupement - et la ville de Lucerne avait contesté la
facture. Je pense que c'est un problème qui date de 1970. S'il est
réglé, cela s'est fait au cours des six derniers mois.
M. Middlemiss: J'aurais un dernier commentaire concernant l'usine
de Northern Telecom. Les gens ont fait des pieds et des mains pour l'avoir dans
le parc Richelieu, mais la firme Northern Telecom a décidé de
s'établir dans Lucerne à ce moment parce qu'il y avait un pont
projeté qui aurait pu la relier avec son usine du côté
ontarien. Il s'agit du pont Britannia-Deschênes avec l'axe, le Vanier.
C'était inclus dans cette planification.
M. Saint-Arnaud: Non, ce n'est pas cela.
M. Middlemiss: Je le sais, parce que j'étais
ingénieur à ce moment et c'est moi qui ai travaillé au
dossier de Northern Telecom.
M. Saint-Arnaud: Je vais vous rafraîchir la mémoire,
parce que j'en ai discuté il y a deux semaines avec le commissaire
à l'évaluation de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
Vous savez que le commissaire à l'évaluation de la
Communauté régionale de l'Outaouais est l'ancien commissaire
industriel de la ville de Hull.
En 1965, M. Ronald Saint-Cyr a entrepris des démarches avec
Northern Electric dans le temps pour étudier la possibilité que
Northern Electric s'installe à Hull. Après quatre années,
la compagnie a décidé de venir s'installer à Hull.
À ce moment, M. Saint-Cyr est (devenu commissaire industriel à la
Société d'aménagement de l'Outaouais. La compagnie
Northern Electric voulait avoir environ une centaine d'acres, je pense - je ne
sais pas si elle voulait 10 ou 100 acres - mais on ne pouvait pas trouver ce
terrain à l'intérieur des limites de la ville de Hull. C'est M.
Ronald Saint-Cyr, l'ancien commissaire industriel de la ville de Hull, qui a
contacté en tout premier lieu la compagnie Northern Electric pour
l'inciter à venir s'établir dans la région de l'Outaouais
québécois et qui le lui a suggéré après des
consultations avec le conseil de ville du temps. Il a été
décidé, en accord avec le conseil de la ville de Hull,
peut-être pas par résolution ou d'autre façon, mais en
comité, d'installer la compagnie à
Lucerne. Il est bien certain que des consultations avaient eu lieu aussi
entre-temps entre les autorités de Hull et les autorités de
Lucerne du temps pour le site dans le parc où se trouve la compagnie
Northern Telecom maintenant, mais les démarches préliminaires
pour amener la compagnie Northern Electric ont été faites par M.
Ronald Saint-Cyr, commissaire industriel de la ville de Hull à ce
moment.
Le Président (M. Brouillet): M. le maire
Légère.
M. Légère: Sans vouloir entrer dans le débat
avec le député de Pontiac, je pense que cela démontre
qu'il y a effectivement un problème de territoire entre les
municipalités qui doit être réglé parce que, s'il
n'y a pas de solution, chacune des municipalités en souffre et durant le
temps qu'on passe à tergiverser, à discuter, etc., comme nous
l'avons mentionné dans le mémoire, les gros chars passent.
M. Middlemiss: ...10, on va finir celui-là... Lorsqu'on en
vient à vouloir desservir le parc industriel dont on parle, les services
sont de nature régionale. Une conduite d'aqueduc monte le chemin de la
montagne, il y a un égout collecteur qui fait partie de tout le
processus de l'assainissement, c'est-à-dire du programme
d'assainissement de l'Outaouais. S'il fallait prolonger ces services pour se
rendre au parc sur le territoire d'Aylmer, ce ne seraient pas les services de
Hull, mais des services de nature régionale.
M. Légère: Cela coûterait environ 750 000 $
et nous serions consentants à assumer cette somme.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Papineau, pour terminer.
M. Assad: Mon intervention sera brève, M. le
Président. Je voudrais d'abord souligner au ministre qu'il sait que ce
problème qui existe entre la CRO et les membres de la CRO traîne
depuis plusieurs années.
Si l'on prend plus de temps que prévu, cela nous fera
peut-être gagner un temps précieux dans l'avenir. On est aussi
bien de vider le problème au complet. Donc, la dernière question,
M. le maire, vite faite, comme "timing", c'est peut-être le temps. Dans
l'ensemble, quand on regarde la ville de Hull, parce que vous avez la
présence des gouvernements fédéral et provincial, vous
avez autour de 12 000 000 $ de taxes, si cela est exact, d'après mon
collègue. Quand on regarde votre contribution pour les taxes d'eau, les
autres municipalités, comme Gatineau, Buckingham, paient beaucoup plus
cher que vous autres, c'est seulement un exemple. Mais, dans l'ensemble, vous
êtes dans une position favorisée. Donc, votre participation
à la CRO n'est pas un fardeau, dans le fond, quand on regarde le
partage.
M. Légère: À ce moment-là, M. Assad,
pour la question que vous m'aviez posée tout à l'heure, on a fait
certaines recherches. La ville de Hull paie, per capita, 144 $ contre 83 $ pour
la ville de Gatineau. Ce qui veut dire que le contribuable hullois, même
s'il y a plus de revenus aux autres paliers gouvernementaux, paie plus que le
contribuable...
M. Assad: Mais, dans vos chiffres, avez-vous les taxes d'eau?
Est-ce que vous incluez cela dans votre ensemble?
M. Légère: Normalement, cela comprend
l'administration, la filtration, l'assainissement et la CTCRO.
M. Assad: De toute façon, quand le mémoire de la
ville de Gatineau viendra, on reviendra sur ce sujet. Mais, dans l'ensemble,
est-ce que vous sentez que vous avez un fardeau?
M. Légère: Non seulement on le sent, on le vit. Ce
fardeau se traduit par 2 000 000 $ à l'heure actuelle, plus les autres
millions que l'on va demander, et encore davantage, aux contribuables de Hull.
Ce qu'on dit, c'est qu'il faut absolument qu'il y ait un maintien du moteur. On
a besoin d'instruments. Si on ne peut pas nous les donner, c'est regrettable
mais c'est toute la région qui va en souffrir. On ne veut faire souffrir
personne dans la région, on veut, effectivement, que tout le monde en
bénéficie, et nous, de la ville de Hull, en premier lieu, parce
qu'on paie déjà.
M. Assad: Encore une raison, M. le ministre, de vider une
question au complet, même si cela prend plus qu'une journée.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Papineau? Alors, merci aux
représentants de la ville de Hull. M. le ministre aimerait dire deux
mots en conclusion.
M. Léonard: Je voudrais tout simplement poser une question
par rapport à des consultations que nous avons déjà
menées. Vous avez à la suite de l'article 88 un article qui dit
que la communauté doit, tous les cinq ans, à compter de la date
d'entrée en vigueur de la présente loi, faire au ministre un
rapport sur l'opportunité de maintenir ou, s'il y a lieu, de modifier
les règles prévues par la Loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais quant à la composition du conseil et au
partage des dépenses de la communauté. Est-ce que vous
êtes d'accord avec cet article, son esprit, présentement,
compte tenu des discussions que nous avions eues auparavant?
M. Légère: Oui, M. le ministre, nous sommes
d'accord avec cet article mais, par contre, nous demandons qu'effectivement, il
y ait des modifications, comme nous en avons discuté tout à
l'heure. Mais nous sommes d'accord avec l'article, tel que
déposé, excepté qu'on voudrait aller plus loin et
régler la question d'une façon plus globale quant à la
suggestion que nous faisons au sujet de la ville d'Aylmer.
M. Léonard: M. le Président, je remercie, quant
à moi, la ville de Hull des témoignages qu'elle nous a
apportés. Ils nous ont été d'un grand
intérêt. Je dois relever, en passant, que nous nous
intéressons à la région de l'Outaouais. Je pense que le
dépôt du projet de loi le démontre, mais pas
nécessairement de la façon entrevue par le député
de Gatineau. En tout état de cause, je vous remercie de la
déclaration que vous avez faite que vous étiez prêts
à travailler avec nous à la bonification de la CRO et de la loi
sur la CRO. Je suppose qu'à un moment donné vous ne menacerez
plus de vous en retirer mais que c'est vraiment de la collaboration. Je
comprends très bien dans quel esprit cela est fait. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Brouillet): Merci! Nous invitons à
la table les représentants de la ville d'Aylmer. J'inviterais le
porte-parole à s'identifier et à nous présenter les
personnes qui l'accompagnent. J'aimerais que vous indiquiez aussi quelle est
votre fonction, si vous êtes maire, conseiller, etc. (17 h 15)
Ville d'Aylmer
M. Asselin (Patrick): D'accord, M. le Président, mon nom
est Patrick Asselin, maire de la municipalité d'Aylmer. Vous remarquerez
à l'ordre du jour qu'on a inscrit seulement le nom de M. Denis Hubert,
gérant municipal, qui est ici à ma gauche. Il y a aussi M. Marc
Robillard, qui est conseiller municipal de la municipalité d'Aylmer, et,
en même temps, j'ai à mon extrême gauche Me Martin
Bédard, qui est notre conseiller juridique.
Si vous me le permettez, M. le Président, premièrement, on
se pose la question à savoir si, oui ou non on est encore invité
à déposer notre mémoire à la suite des commentaires
et du préambule de la ville de Hull. Je voudrais savoir si on pourrait
continuer. Si on se fie à ce que la ville de Hull a dit, on était
prêt à prendre l'avion à 17 h 30 cet après-midi pour
retourner chez nous. Cela a été clairement mentionné
durant la période des questions, vers la fin de l'exposé des gens
de la ville de Hull qu'il ne fallait pas mêler les dossiers. Le maire de
Hull a même dit qu'il ne fallait pas, naturellement, mêler les
dossiers parce qu'on était ici pour étudier le projet de loi 28.
C'est lui-même qui a lancé ce débat et c'est même lui
qui, dans son mémoire, a commencé un genre de discussion, un
débat, qui a justement pour effet de mêler les dossiers. Il a
effectivement parlé d'un garage municipal, de maisons de citoyens, de
palais des congrès, mais si vous regardez tout cela, vous allez trouver
que Hull, selon les questions de certains députés,
démontre qu'elle s'est donné des moyens, des infrastructures et
des aménagements qui sont tellement plus gros que ce dont elle a besoin
et, maintenant, elle veut faire payer la note par les villes d'Aylmer et de
Gatineau. Nous, naturellement, ne sommes pas nécessairement d'accord
avec cela.
Je me demande ce que vient faire la salle de spectacle dans la
discussion sur le projet de loi 28. Je voudrais seulement vous dire, messieurs,
que la ville d'Aylmer a également adopté des résolutions
et qu'on voudrait que, étant donné les propos de Hull, ce soit
une salle de spectacle régionale. Nous croyons que ce devrait être
régional, que la CRO devrait la prendre, mais c'est toujours Hull qui
refuse de participer ou de payer au niveau de la CRO pour obtenir une salle de
spectacle, mais c'est peut-être pour d'autres raisons que Hull veut jouer
le rôle de salle de spectacle.
On parle également de cession de terrains, de limitation de
territoire. Si on lit les journaux locaux d'aujourd'hui et dans le
mémoire, on ne parle pas d'une partie de territoire, on veut englober
toute la municipalité d'Aylmer. M. le ministre, vous me permettrez, j'ai
déposé, à votre bureau et également à votre
ministère un document qui a été très bien
reçu et qui démontre clairement, techniquement et
professionnellement, que Hull n'a pas besoin de territoire additionnel pour
faire de l'expansion. D'ailleurs, cela a été mentionné, je
pense, par quelques députés, la question qui préoccupe
Hull, actuellement, est qu'elle voit sa population baisser, que celle de
Gatineau augmente et qu'il en résulte de la jalousie de sa part. Pour
rectifier une question strictement politique, Hull veut se défaire
d'Aylmer en l'englobant au complet pour se justifier face à face avec
Gatineau.
On mentionne également que, d'un côté, Hull dit que
tout le monde est d'accord concernant des ententes intermunicipales, mais que,
d'un autre côté, tout le monde ne l'est pas. Hull dit qu'elle veut
s'annexer. Je peux vous dire, M. le Président, que jamais Hull ne nous a
approchés pour nous dire qu'il faudrait réétudier ou
regarder les ententes
entre les municipalités d'Aylmer et de Hull. On n'a jamais eu
d'approche. Si - et on le dit ouvertement - Hull se sent frustrée dans
ce domaine, qu'elle nous approche, nous sommes prêts à discuter et
à régler cette question. Il ne faut sûrement pas, si on
touche la question de la cession de territoire ou de délimitation de
territoire, créer un autre Baie-Comeau-Hauterive, parce que, M. le
ministre, vous vous rappelez que récemment vous avez reçu une
lettre de treize associations de résidents d'Aylmer qui se sont
montrées clairement et catégoriquement contre une cession ou quoi
que ce soit de territoire à Hull. Si on croit à la
démocratie en écoutant la population, vous l'avez là et,
si vous allez, si le gouvernement va à l'encontre de ceci d'une
manière ou d'une autre, cela pourrait créer un autre genre de
Baie-Comeau-Hauterive.
Si vous me permettez, M. le Président, seulement quelques petits
points avant que j'entame la discussion.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Asselin: On dit que Hull paie et ne reçoit pas
tellement d'argent. Je pense que j'ai vu dernièrement dans la Chambre,
où cela a été déposé, que, sur tous les
édifices gouvernementaux du provincial et du fédéral qui
existent, Hull reçoit à peu près entre 5 000 000 $ ou 6
000 000 $ de taxes, justement à cause de la nouvelle évaluation
à laquelle on procède maintenant. Ce sont là des chiffres
qu'on a également reçus ce matin de la CRO, 1 500 000 $ de plus
à cause de l'évaluation additionnelle. Hull dit n'avoir pas les
montants d'argent mais ces chiffrent indiquent qu'elle en reçoit.
Hull parle continuellement d'équipements, de ceci ou de cela, des
pompiers, enfin de tout cela, mais vous savez, comme le député de
Pontiac l'a mentionné tantôt, qu'on paie. On paie pour les
affaires. On paie 850 $ chaque fois qu'un camion sort de Hull pour aller
éteindre un feu chez nous. Ce sont des coûts véridiques,
ils sont là.
Si vous me permettez, M. le Président, je vais maintenant aller
au plus sérieux et je vais entrer directement dans notre mémoire.
S'il y a des questions sur les commentaires que j'ai faits tantôt ou sur
les commentaires que peut-être la ville de Hull a faits, je suis
prêt à y répondre, ainsi que mes collègues ici,
après notre exposé.
J'ai remarqué, M. le Président, que vous avez
feuilleté les documents pour savoir si c'est tellement long. On a des
annexes, annexe À et annexe B, que je n'ai nullement l'intention de
lire. Nous avons procédé en étudiant le projet de loi - et
on le compare avec la loi qui existe - et on a traité seulement et
strictement de chaque projet et notre mémoire touche les
différents articles que nous croyons importants.
Dans les quelques pages qui suivent vous trouverez dans les commentaires
relatifs au projet de loi 28 ce qui représente les principales
préoccupations des représentants de la ville d'Aylmer en regard
de la restructuration de la Communauté régionale de l'Outaouais.
Les propositions que j'ai l'honneur de vous soumettre aujourd'hui visent
à mettre à jour et à compléter les
différents rapports, lettres et/ou commentaires émis à ce
jour par notre municipalité. Étant donné le peu de temps
dont vous disposez, nous nous sommes attardés aux articles du projet de
loi que nous jugeons plus pertinents dans ce contexte.
Soyez assurés, M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, que c'est dans un esprit de coopération
régionale que je dépose aujourd'hui ce mémoire. J'ose
espérer que les recommandations qui s'y trouvent sauront faciliter votre
tâche dans le but d'arriver à un texte de loi représentant,
dans la mesure du possible, les intérêts de la majorité des
intervenants dans ce dossier si longuement étudié.
Comme je vous l'ai dit, afin de faciliter la présentation du
mémoire, nous procéderons par le présentation et la
discussion d'articles qui, selon nous, méritent une attention
particulière. Au sujet de l'article 6, la municipalité d'Aylmer
est d'accord avec le nouveau mode de représentativité et
spécialement la reconnaissance par les auteurs de l'importance du
rôle de la municipalité d'Aylmer dans le contexte régional.
À ce titre, l'augmentation du nombre de représentants de la ville
d'Aylmer entérine ces propos et assure une meilleure
représentativité. Toutefois, un mécanisme devrait
être prévu immédiatement dans la loi afin de réviser
cette représentativité périodiquement ou établir un
ratio dans le but d'assurer une proportionnalité équitable.
Concernant l'article 9, nous recommandons que cet article soit
amendé de façon à permettre au conseil d'élire un
président parmi les candidats provenant de la population en
général, plutôt que d'avoir le processus de nomination que
nous connaissons présentement. Ce président sera élu pour
une période de quatre ans par l'ensemble des maires et des conseillers -
j'ouvre une parenthèse ici: cela veut dire l'ensemble de tous les
conseillers et les maires de toutes les municipalités qui sont membres
de la CRO - à l'occasion d'une réunion générale, et
il n'aurait pas le droit de voter. Vous pourrez consulter notre mémoire
intitulé Perspective Aylmer, déposé en août 1980
auprès de la commission d'étude de la CRO, dont on a
annexé une copie. Un vice-président pourrait être
élu à même les membres siégeant à la CRO.
Cette façon de
procéder serait de nature à renforcer l'esprit de
participation de toutes les municipalités en plus de fournir à
tous les édiles municipaux l'occasion de se rencontrer et de jeter
possiblement la base d'une coopération intermunicipale plus intense et
efficace.
Étant donné que le projet de loi prévoit la
nomination d'un élu à la présidence, nous voyons
difficilement comment ce dernier pourrait être objectif dans son
rôle de président et faire preuve d'impartialité dans le
cheminement des différents dossiers qui, de temps à autre,
confrontent les objectifs régionaux. Notre crainte est des plus
motivées, étant donné qu'on veut attribuer à ce
président des pouvoirs de contrôle et de surveillance sur
l'administration, pouvoirs qu'on a empruntés à l'article 52 de la
Loi sur les cités et villes et que nous connaissons bien.
Finalement, nous recommandons que M. Ménard, président
actuel, soit confirmé jusqu'à la fin de son mandat à titre
de directeur général intérimaire et qu'une élection
du nouveau président soit entamée immédiatement.
Les articles 63 et 64. La ville d'Aylmer se réjouit du fait qu'en
plus de prévoir trois commissions permanentes, le conseil peut
constituer des commissions spéciales et ce tel que nous l'avions
recommandé dans le mémoire cité ci-haut.
Concernant les article 66 et 200 à 232, je vais y revenir
tantôt, la ville d'Aylmer n'est pas d'accord avec ces articles et, dans
l'esprit du rapport déposé le 17 mai 1983 auprès du
ministre des Affaires municipales, recommande que la promotion commerciale et
industrielle devienne une responsabilité municipale et que les
crédits présentement versés à la SAO pour la
promotion et le développement économique soient versés
sous forme de subvention aux municipalités de la CRO selon une formule
mutuellement acceptable. De plus, les différents centres d'exploitation
dans les zones urbaines pourraient être remis aux municipalités
urbaines et les centres d'exploitation ruraux devraient être ou seraient
remis aux municipalités rurales à défaut de quoi ils
devraient relever du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
Concernant l'article 113, "Règlements sur normes de travaux
d'infrastructures", tout en étant d'accord avec l'esprit de cet article,
la ville d'Aylmer croit qu'il serait intéressant de prévoir la
formation d'un comité formé des représentants de
techniciens des différentes municipalités, de la CRO et du
ministère de l'Environnement, afin d'établir dans un délai
prescrit les normes minimales prévues au présent projet de loi.
(17 h 30)
Deux articles 117 et 118, la municipalité d'Aylmer demande de
préciser l'énoncé "à l'exclusion des
municipalités de son territoire", afin d'éviter toute
ambiguïté. Vous savez, M. le Président, que ces articles
parlent de traitement d'eau. On voudrait savoir de quoi on parle, est-ce que
c'est d'épuration, de filtration? Je crois qu'une précision
serait bienvenue dans ce domaine.
Article 119: réseau régional et réseau local, la
ville d'Aylmer est d'accord avec l'esprit de cet article. Toutefois, le texte
de la loi devrait être précisé davantage en lui donnant une
référence temporelle afin d'éviter tout délai
à la suite des innombrables mésententes qui pourraient survenir.
De plus, pour renforcer ce principe, on suggère de modifier quelque peu
l'avant-dernier paragraphe de cet article afin de lire: "Le ministre doit" et
non pas "peut". "Le ministre doit charger la Commission muncipale d'exercer..."
Je crois que c'est extrêmement important que, si cela ne marche pas au
sein de la CRO, le ministre charge immédiatement la Commission
municipale de trancher la question, parce que si le ministre n'est pas
obligé de le faire, s'il peut le faire, la chicane pourrait continuer
indéfiniment. C'est dans ce contexte.
L'article 120 prévoit que les dépenses relatives au
réseau d'assainissement ou d'eau potable soient réparties entre
les municipalités en proportion de leur volume respectif. La ville
d'Aylmer a toujours défendu ce principe que l'utilisateur paie.
Toutefois, nous ne pouvons endosser la proposition faite à l'article
120.1 qui prévoit l'établissement d'un mode différent de
répartition par l'adoption d'un règlement. Étant
donné que le légiste ne parle pas pour ne rien dire, nous croyons
que l'article 120 établit une position importante et
héroïque de la part du gouvernement sur le principe de la
tarification et nous ne voyons pas la nécessité de permettre, par
le truchement d'un règlement, la possibilité d'amender la
loi.
L'article 126 autorise la CRO à adopter des règlements lui
permettant d'établir des normes relatives à l'installation de
fosses septiques. Nous n'avons aucune objection quant au principe de cet
article. Toutefois, nous recommandons que seules les municipalités ayant
la possibilité d'installer sur leur territoire de tels systèmes
aient le droit de vote sur ce règlement. À ce titre, il sera
aberrant que la ville de Hull, par exemple, avec quatre votes, puisse se
prononcer sur une modification au règlement touchant une
municipalité comme, par exemple, Pontiac, avec un vote.
À l'article 126 le paragraphe 3 n'est pas nécessaire,
puisque la question de tarif n'est plus requise, étant donné que
le partage des dépenses relatives à l'eau potable et à
l'assainissement est prévu à l'article 120.
La ville d'Aylmer ne voit pas la nécessité de
"complexifier" l'article 135 à un point tel qu'il devient difficilement
administrable. La CRO, comme les MRC, comme les villes, devrait avoir
l'obligation de déposer son budget avant le début de la prochaine
année financière. Cet article, ainsi que l'article 137,
concernant le budget supplémentaire, compliquera la tâche des
municipalités au niveau de leur budgétisation respective. Si un
budget supplémentaire est déposé ou si le budget de la CRO
n'est approuvé que partiellement, il devient difficile de déposer
un budget exact, étant donné la variation possible des
quotes-parts individuelles.
L'article 193 prévoit le mode de partage ou de paiement des
déficits d'exploitation de la CTCRO. Étant donné que cette
question est présentement devant la Commission municipale du
Québec, nous nous abstenons de tout commentaire sur cet article jusqu'au
dépôt de ses recommandations.
Quant aux articles 200 à 232, comme je vous l'ai mentionné
tantôt, on a déjà fait nos commentaires là-dessus
à la page 3.
On note, à l'article 248.1, qu'une personne qui fait une demande
à la municipalité du territoire de la communauté en vertu
de l'article 58 de la Loi sur la protection du territoire agricole doit en
adresser une copie additionnelle à la communauté. De plus, on
note que la communauté peut exercer relativement à cette demande
les mêmes pouvoirs que ceux d'une corporation municipale, en vertu de
l'article 59 de la loi. Le cas échéant, elle est assujettie aux
mêmes obligations. Finalement, on note que la communauté peut
agir, en vertu du présent article, de façon conjointe avec la
municipalité visée au premier alinéa.
La communauté régionale n'a pas à se prononcer sur
ces questions relatives au zonage agricole. La loi 90 prévoit des
mécanismes par lesquels le citoyen peut se faire entendre et peut
interjeter appel. La municipalité avait effectivement recommandé,
à l'époque, que la CPTAQ ait de temps à autre des
audiences dans l'Outaouais, soit en se déplaçant ou en
décentralisant une partie de ses activités. Ceci n'implique pas
toutefois qu'encore un autre intervenant, en l'occurrence la CRO, vienne
accaparer un autre pouvoir jusqu'ici réservé aux
municipalités en vertu des articles 58 et 59 de la loi 90. Les zones
vertes étant établies dans notre région, il ne s'agit
maintenant que de tâches administratives. Nonobstant ce qui
précède, la ville d'Aylmer recommande toutefois que, dans le cas
de sites régionaux d'enfouissement, la loi sur la CRO ait
préséance sur la loi 90, afin de permettre l'exploitation de
nouveaux sites.
L'article 251.3 prévoit entre autres un remboursement de taxe
à tout contribuable qui aurait payé ses taxes municipales avant
une deuxième facturation ou qui aurait payé un montant
supérieur à celui qu'il devait payer. Cette démarche
viendrait alourdir les administrations des municipalités respectives. Le
montant du remboursement pourrait plutôt porter intérêt
à compter de la date d'échéance du premier coupon de taxe
de l'exercice suivant.
On a également mentionné dans nos remarques
préliminaires les articles 263, 264 et 265.
En guise de conclusion, la municipalité d'Aylmer
rétière de nouveau son accord au principe d'un gouvernement
régional fort, ayant une composante urbaine et rurale. Nous sommes
très reconnaissants envers le ministre d'avoir tenu compte du principe
de la tarification en appliquant une répartition des coûts au
volume pour les réseaux d'assainissement et d'eau potable. La
municipalité d'Aylmer recommande que des dispositions
législatives prévues au texte final de la loi obligent la
régionalisation des usines de filtration et d'épuration de
l'ex-village de Deschênes, afin que les citoyens du secteur en question,
qui supportent un fardeau important depuis 1975, soient compensés pour
les remises de fonds effectuées en vertu des règlements d'emprunt
afférents à ces travaux.
Vous vous souviendrez qu'à l'époque, le village de
Deschênes était le seule municipalité de la région
de l'Outaouais qui se pliait aux exigences des instances gouvernementales en
matière d'environnement. À ce titre, on doit reconnaître
que les citoyens de cette ancienne municipalité doivent faire face
à une double taxation, étant donné qu'ils participent
conjointement aux dépenses relatives au réseau d'infrastructures
régional déjà existant.
De plus, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que l'usine de
filtration qui, en 1975, lors du regroupement, desservait deux
municipalités, le village de Deschênes et la municipalité
de Lucerne, et qui fut expropriée par le ministère des Transports
pour la construction éventuelle de l'autoroute Deschênes, n'a
à ce jour, reçu encore aucune compensation financière. La
municipalité d'Aylmer se voit donc dans la situation aberrante où
une partie de sa municipalité paie une lourde dette et des frais de
fonctionnement annuels de plus de 100 000 $ pour une usine de filtration qui,
par oubli, en 1975, n'a pas été régionalisée, qui
ne lui appartient plus, qui ne répond plus aux exigences du secteur et
pour laquelle aucune compensation n'a été donnée à
ce jour.
En dernier lieu, M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je désire vous remercier de nous avoir
accordé cette
possibilité - même si cela est à l'encontre du
désir de Hull - de vous faire part de nos doléances concernant la
restructuration de la Communauté régionale de l'Outaouais. J'ose
espérer que les recommandations que nous proposons et qui ont
été présentées en toute objectivité
transpireront dans la version finale de la loi.
Quant aux commentaires que j'avais faits tantôt, vous allez
remarquer que nous avons attaché les annexes pour justement appuyer les
commentaires.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Merci, M.
le maire. Je donnerai la parole maintenant à M. le ministre.
M. Léonard: M. le maire, je vous souhaite la bienvenue
à la commission permanente des affaires municipales ainsi qu'à
votre conseiller, M. Robillard, et aux adjoints, le
secrétaire-trésorier...
M. Asselin: Le gérant, M. le ministre, et notre conseiller
juridique.
M. Léonard: ...le gérant et le conseiller
juridique. Si je comprends, vous êtes plutôt d'accord avec le
projet de loi 28. En tout cas, j'ai l'impression que vous le
préférez à la fusion avec Hull. M. le maire de Hull, c'est
tout simplement une constatation. Je vais vous poser la même question que
j'ai posée au maire de Hull. Vous êtes d'accord avec une
communauté régionale de l'Outaouais?
M. Asselin: Oui, M. le ministre. D'ailleurs, c'est l'ouverture
contenue dans la lettre qu'on vous a donnée et c'est bien clair
là-dessus que nous sommes entièrement d'accord.
M. Léonard: Je voudrais aussi vous poser à nouveau
une question quant à l'intégrité du territoire de la
Communauté régionale de l'Outaouais. Comme vous avez pu le
constater, il n'y a pas de modification au territoire de la communauté.
Vous êtes aussi d'accord avec cette proposition du projet de loi à
l'heure actuelle?
M. Asselin: On est d'accord, M. le ministre, dans le sens que,
lors des discussions pour arriver à vous avec un genre de rapport
concernant le territoire, c'était la décision de la
majorité des membres du conseil. Mais je voudrais toutefois que vous
remarquiez que je crois dans la démocratie, dans le sens que si vous
avez des résidents qui sont, comme chez nous, contre une annexion ou une
perte de territoire, il faudrait écouter la population. S'il y a une
voix claire, nette et précise exprimée par les résidents,
par les contribuables, on croit qu'il faudra que vous teniez compte de
cela.
(17 h 45)
M. Robillard (Marc): M. le Président, M. le ministre, si
vous le permettez, je pourrais peut-être compléter. Aylmer croit
très fortement au développement de l'Outaouais en une
communauté régionale, cela doit être très clair. On
nous a dit tantôt qu'il fallait que Hull soit forte pour être
compétitive ou faire contrepoids à Ottawa. Permettez-moi
d'informer MM. les ministres et MM. les députés qui ne sont pas
de la région qu'il y a du côté d'Ottawa une
communauté régionale, c'est la municipalité
régionale Ottawa-Carleton; elle est régionale et non urbaine.
Elle a du rural et de l'urbain. Je crois que la seule façon de faire un
contrepoids valable, c'est d'avoir un gouvernement régional très
fort et que l'interdépendance entre l'urbain et le rural dans notre
région fait en sorte qu'on ne peut pas dissocier les deux et avoir des
MRC, ou une MRC et une municipalité urbaine. Ceci dit, nous savons
très bien que la municipalité de Pontiac vous a
déjà fait part lors des consultations préliminaires et a
déjà dit publiquement à la table de la CRO qu'elle
désirait peut-être se retirer. En tout cas, elle le
considère sérieusement. On verra ce que M. Lavigne aura à
dire. Nous déplorons ce fait, mais nous le respectons et nous voulons le
respect de la démocratie, que la démocratie suive son cours. Si
la population de Pontiac veut se retirer, nous le déplorons, mais nous
le respectons.
M. Léonard: Je veux vous poser une question. À la
clause ou à l'article 88, on prévoit que, dans cinq ans, la
Communauté régionale de l'Outaouais doit faire rapport au
ministre responsable sur les modes de représentativité et de
partage des coûts, est-ce que cette clause vous satisfait par rapport aux
discussions que nous avions déjà eues sur le sujet?
M. Asselin: M. le Président, oui, cela nous satisfait.
D'ailleurs, on y a fait allusion dans notre mémoire. On croit que c'est
ce qui devrait se faire périodiquement.
M. Léonard: Je voudrais reprendre un certain nombre de
commentaires que vous avez faits relativement à l'article 113. Je fais
remarquer qu'il n'y a aucune modification à la loi actuelle en ce qui
concerne les normes de travaux d'infrastructures. Il n'y en avait pas
été question jusqu'ici. À la page 4 de votre
mémoire vous faites un commentaire sur l'article 113. L'article 113
n'est pas modifié par le projet de loi 28; c'est un article qui existait
dans la loi actuelle, et non pas dans le projet de loi. Mais c'est un nouveau
sujet finalement que vous mettez sur la table.
M. Asselin: M. le ministre, c'est un
sujet que nous avons pris de l'article 113, qui est une partie de la loi
existante. On voulait avoir un genre de table de concertation parmi les
techniciens, de la façon qu'on l'a exposé. C'est vrai, c'est
nouveau, et ce n'est pas dans le projet de loi 28 que vous avez
déposé.
M. Léonard: Mais vous pouvez faire cela maintenant. Vous
pouvez créer un comité formé de représentants de
techniciens. C'est finalement un comité de travail, ce n'est même
pas un comité d'élus. Vous pouvez le faire.
M. Asselin: Oui, c'est vrai qu'on pouvait le faire, mais ce qu'on
cherchait, c'est de savoir si le gouvernement était prêt à
le spécifier dans la loi.
M. Léonard: Au moment où on s'en parle, je ne suis
pas sûr que ce soit nécessaire. De plus, il n'y a personne qui va
s'opposer à cela. Si vous dites que cela pourrait être
spécifié dans la loi, peut-être; je veux bien continuer les
discussions là-dessus après l'examen des mémoires, avant
de passer à l'étude article par article. À
l'article...
M. Asselin: Excusez-moi, M. le ministre, M. Robillard a un petit
commentaire.
M. Robillard: J'aurais peut-être une explication, M. le
ministre, en termes d'avantages qu'il y aurait. Nous croyons qu'il serait
très avantageux que ce comité technique, qui serait obligatoire
et statutaire, établisse dans des délais prescrits et le plus
rapidement possible des normes d'infrastructures et que toute construction de
conduite ou autre sur le territoire de la communauté devrait suivre les
normes de la communauté plutôt que, comme c'est le cas dans le
moment, ce soit laissé libre. Nous voyons un grand avantage à ce
qu'il y ait des normes régionales sur le plan technique pour les
infrastructures. De cette façon, cela l'obligerait...
M. Léonard: Je ne pense pas que ce soit un point majeur au
moment où on se parle, mais, en tout cas, on pourra repréciser
cela au cours des discussions.
Une voix: Également, M. le ministre...
M. Léonard: Mais il n'y a pas d'objection de principe.
Nous pensons que vous pouvez déjà le faire. Il y a
déjà, d'ailleurs, la commission permanente de l'environnement.
Je...
M. Asselin: Si vous me permettez, M. le ministre...
M. Léonard: Oui.
M. Asselin: ...je voudrais seulement faire un ajout
là-dessus. C'est un délai que nous voudrions avoir, parce qu'il
n'y a pas de délai pour voir ces normes établies. C'est dans ce
contexte.
M. Léonard: Quant à la définition des
réseaux, l'article 119 est un article important. Vous dites, à ce
sujet, que le ministre "devrait" ou "doit" charger la Commission municipale
d'exercer... alors que le texte du projet dit "peut". Je comprends que vous
voulez aller plus vite. Finalement, si le ministre "doit", à la minute
où vous n'avez pas pris de décision, vous êtes
déchargés de la prendre ou vous êtes
déchargés du dossier. C'est là votre intention?
M. Asselin: Non, au contraire, M. le ministre. Cela fait assez
longtemps que des chicanes durent. S'il y a eu deux ou trois discussions au
sein de la CRO et qu'il n'y a pas d'entente, pour une raison ou pour une autre,
on croit qu'on devrait mettre fin au débat et que le ministre devrait
charger la Commission municipale de trancher la question. Je crois que c'est ce
qui évitera des débats - comme vous en êtes sûrement
au courant - à la CRO sur ces questions.
M. Léonard: Mais vous admettez que -vous pourrez me le
dire - devant la possibilité que le ministre intervienne ou que la
Commission municipale du Québec intervienne après un premier
vote, il peut se produire une évolution dans les positions de chacun
autour de la table et que, finalement, à une deuxième
réunion, on va peut-être s'entendre sur un vote positif. Je pense
que...
M. Asselin: Mais vous voyez... M. Léonard: Oui.
M. Asselin: Vous voyez deux occasions à la CRO. Les
débats pourraient continuer, on pourrait avoir plusieurs réunions
et continuer à discuter. Mais cela force la situation, oui. Je suis
d'accord pour que cela soit changé pour faire en sorte que le ministre
ou la Commission municipale tranche la question. Cela force la situation.
M. Léonard: J'ai le dos large pour porter tous ces
dossiers.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. Robillard.
M. Robillard: Vous avez le dos large, M. le ministre, on le
reconnaît. Toutefois, vous connaissez aussi très bien ce qui
se
passe et ce qui s'est passé à la Communauté
régionale de l'Outaouais. Je ne voudrais pas faire de comparaison. J'ai
été témoin de ce qui s'est passé à la
Chambre, à l'Assemblée nationale, ce matin. Disons que, à
la Communauté régionale de l'Outaouais, il y a beaucoup de
dossiers extrêmement importants, beaucoup de dossiers qui, dans le
passé, ont porté préjudice à certaines
municipalités, dont la municipalité d'Aylmer, qui ne sont pas
encore réglés, et cela, tantôt à cause de la
mauvaise répartition des sièges au conseil, tantôt à
cause de certaines tractations; comme M. le maire Légère l'a dit,
l'humain étant ce qu'il est.
Il arrive un moment où, pour le bien de la région, il
faudra que l'autorité provinciale tranche. C'est d'ailleurs, pour ce qui
est de l'article de tarification, pour la même raison que nous croyons
aussi que si on emploie la formule selon laquelle l'utilisateur paie, la
formule volume pour l'assainissement et pour l'eau potable, ne mettons pas un
autre article ou un autre alinéa disant: Toutefois, la communauté
peut, par règlement, prendre un autre mode. C'est le volume ou ce ne
l'est pas, et imposons-le.
M. Léonard: Oui, vous discutez un peu de l'article 120. Il
reste que la proposition qui est faite maintenant est différente, quand
même, de la situation antérieure. Antérieurement, quand
vous ne vous entendiez pas, c'était le statu quo. Cela restait là
et on continuait à en discuter. Tandis que là, le processus est
clair. Chacun établit ses positions. Peut-être qu'au bout d'une,
deux ou trois rencontres, s'il n'y a pas consensus ou entente, si on n'atteint
pas le vote aux trois quarts, finalement, le ministre peut charger la
commission d'examiner le dossier. Donc, ce processus est clair et aboutit
à une solution, normalement, ou bien on en reste là.
J'appellerais plutôt cela un processus évolutif; vous voudriez
qu'il soit encore plus rapide et exigeant, que le ministre s'immisce dans le
dossier tout de suite, dès qu'on a constaté qu'il n'y a pas
entente. Il me semble que, des fois, il y a une évolution dans les
idées. Je ne dis pas que, sur certains dossiers, finalement, on ne
devrait pas tout de suite s'en charger, on verra dans le temps, mais il y a une
nouvelle chance de donnée à la communauté, surtout avec
une nouvelle répartition des votes autour de la table. C'est un peu
l'esprit et là, maintenant, avec le vote aux trois quarts, cela demande
quand même un large consensus.
Je voudrais poser une question à propos de la promotion
économique. Quoi qu'il en soit, vous dites...
M. Asselin: Page 3.
M. Léonard: ...que vous seriez d'accord pour que les
municipalités locales aient la tâche de faire la promotion
économique comme c'est le cas dans d'autres municipalités du
Québec, mais vous ne l'attribuez pas à la CRO. Maintenant, on
sait que la SAO a et conservera une fonction en ces termes, en termes de
promotion économique. Mais pourquoi l'excluez-vous de la CRO et pourquoi
la ramenez-vous seulement au niveau des municipalités locales alors,
qu'ailleurs, si on regarde la CUQ ou la CUM, les municipalités locales
peuvent faire de la promotion économique et l'institution
intermunicipale peut aussi y faire de la promotion économique?
M. Asselin: Dans le projet de loi que vous déposez, je ne
pense pas que les municipalités aient ce droit.
M. Léonard: Non, tel que c'est et d'après ce qu'on
m'a dit, effectivement, et après examen des textes, c'est juste la CRO.
Maintenant, est-ce que vous le demandez pour les municipalités
locales?
M. Asselin: Je pense que...
M. Léonard: Je pense que cela s'examine, effectivement.
Maintenant, si vous l'aviez, est-ce que vous voulez absolument l'exclure de la
CRO?
M. Asselin: Nous ne croyons pas que ce soit de la
compétence de la CRO, mais on croit plutôt que c'est aux
municipalités, c'est-à-dire que les municipalités peuvent
gérer dans ce domaine, elles connaissent leur territoire, elles veulent
le défendre, elles veulent prendre tous les moyens nécessaires.
On ne croit pas que ce devrait être au niveau de la CRO. Si le
gouvernement exige que ce soit également au niveau de la SAO et de la
CRO, nous, on veut absolument l'avoir au sein des municipalités,
c'est-à-dire que la ville d'Aylmer voudrait sa compétence et ses
responsabilités au sein de la municipalité.
M. Léonard: Étant donné que la promotion
économique, c'est finalement l'affaire de tout le monde, des individus
et aussi des institutions, est-ce que la CRO ayant aussi - il me semble que
cela va de soi - une certaine fonction de promotion générale de
l'Outaouais, la promotion économique entre presque naturellement dans
ces fonctions ou devient une explicitation?
M. Robillard: M. le ministre, M. le Président, la
région des l'Outaouais, les trois municipalités urbaines, ont, de
l'avis de la ville d'Aylmer, trois caractères totalement
différents. Ces trois caractères sont fondés et sur
l'histoire et la démographie et le développement actuel, et aussi
sur
l'emplacement, le caractère géophysique de ces trois
municipalités. Nous croyons fermement que les trois municipalités
ont aussi trois rôles différents, mais complémentaires.
C'est dans ce contexte que nous croyons qu'Aylmer connaît le mieux ce
qu'elle veut faire en termes de développement économique. Nous ne
voyons pas comment la ville de Hull ni la ville de Gatineau ni la ville de
Pontiac ou celle de Buckingham pourraient venir déterminer le genre de
développement que nous voulons faire. Par exemple, on aurait, demain
matin, un projet de la CIP ou de E. B. Eddy ou de quoi que ce soit, je
m'excuse, M. le ministre, nous n'en voulons pas à Aylmer. C'est le genre
de chose, même s'il y avait un impact économique majeur. Si on
posait la même question à Gatineau, probablement qu'elle vous
dirait: Oui, on en veut. Ce n'est pas à nous de déterminer ce que
Gatineau doit avoir dans le cadre de son développement
économique. (18 heures)
C'est dans ce respect des rôles et des entités locales que
nous croyons que le développement économique doit se faire.
Maintenant, est-ce que cela veut dire exclure totalement toute intervention de
la part de la CRO dans leur développement économique au niveau de
la région? Pas nécessairement, mais on ne voudrait pas que la CRO
ait un pouvoir soit de veto, soit de contrôle sur ce qu'une
municipalité ferait. S'il y a certaines municipalités rurales qui
ne peuvent pas se payer un commissaire industriel, peut-être que ce
serait un genre de service que la CRO pourrait fournir aux municipalités
qui le désirent, mais ne pas l'imposer.
M. Léonard: Mais, je comprends, la CRO a exercé des
fonctions au niveau du schéma d'aménagement, elle va continuer et
pourra le réviser. Je crois que le développement ou la promotion
économique, surtout au niveau . municipal, est assez étroitement
relié à l'exercice du schéma d'aménagement. Est-ce
qu'il n'y a pas quand même une certaine analogie qui en découle
d'ailleurs, par les faits, la responsabilité à la promotion
économique? Est-ce qu'on ne peut pas faire une certaine analogie entre
le schéma d'aménagement, le plan d'urbanisme, la promotion
économique à un niveau plus régional et aussi la promotion
économique au niveau local? C'est complémentaire, il me
semble.
M. Asselin: Oui, M. le ministre, excepté que, comme M.
Robillard l'a mentionné, on ne peut pas nécessairement l'exclure
si le gouvernement l'a décidé. Mais, il n'a aucun contrôle,
aucun droit de veto...
M. Léonard: Si je comprends...
M. Asselin: ...ou ingérence au point de vue de ce que nous
croyons - les vieux pourraient le...
M. Léonard: Vous seriez d'accord, cependant, pour que ce
contrôle s'exerce plutôt par le biais du schéma
d'aménagement, des règlements de zonage et tout cela en termes
d'orientation. Il faudra quand même en faire un. On ne peut pas chacun
tirer dans sa direction. Est-ce qu'on est d'accord là-dessus?
M. Robillard Oui, oui.
M. Asselin: On est d'accord, mais...
M. Robillard: On est d'accord avec cela. Une fois que le
schéma d'aménagement est approuvé, les zones
industrielles, commerciales et autres apparaissent là-dedans, d'accord,
que la CRO continue à jouer ce rôle-là. Nous sommes
d'accord. Mais que la CRO vienne déterminer le type d'industries dans le
parc, là, nous ne sommes pas d'accord. C'est là où nous
disons que le développement industriel et économique, c'est
à nous et à nous seuls. Le territoire étant défini,
il y a le schéma, le développement ensuite et, tout en respectant
le schéma, la promotion devrait se faire par les
municipalités.
M. Léonard: Bien, j'aurais peut-être tout simplement
une remarque à ce moment-là - je ne sais pas quels sont vos
commentaires - par rapport aux municipalités rurales, de la zone verte,
je dirais, qui sont beaucoup plus petites, qui ont donc moins de moyens de
faire de la promotion économique. Est-ce qu'au niveau de la CRO, en
termes de développement, de la promotion économique, type
touristique, il ne peut pas y avoir là un intérêt et des
moyens qui complémentent ceux de la SAO, à l'heure actuelle et
aussi ce qu'elles vont faire, car elles-mêmes n'ont pas les moyens
d'aller très loin? À ce moment-là, est-ce que la CRO
pourrait en faire?
Le Président (M. Brouillet): Messieurs, nous allons
reprendre. Nous passons un peu 18 heures. Nous allons suspendre nos travaux
jusqu'à 20 heures. Nous pourrons les reprendre là où nous
en sommes actuellement.
(Suspension de la séance à 18 h 04)
(Reprise de la séance à 20 h 13)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît' La commission permanente des affaires municipales reprend ses
travaux. Nous étions à discuter du mémoire
présenté
par les représentants de la ville d'Aylmer et M. le ministre
était, je crois, à poser quelques questions.
M. Léonard: Oui, je voudrais seulement terminer sur une
autre remarque que j'aurais à apporter relativement aux
déclarations de la ville d'Aylmer.
Au sujet de l'expropriation de l'usine de filtration de Deschênes
par le ministère des Transports, nous avons procédé
à des vérifications et, selon les informations reçues, le
ministère des Transports aurait effectivement donné un avis
d'expropriation. Il avait, je pense, enclenché beaucoup de
procédures mais le règlement avait été
refusé par la ville d'Aylmer et tout le monde s'est arrêté
là. Le ministère des Transports n'a pas utilisé l'usine,
la ville d'Aylmer a continué de l'utiliser pour donner de l'eau, mais il
n'y a jamais eu de règlement de sorte qu'on attend, quoi. Je suppose que
le dossier avait alors été perdu de vue de part et d'autre. Il va
falloir, à un certain moment, se pencher sur le sujet et régler
la question.
C'est ça, le point, mais vous vous en servez toujours et vous
n'en avez pas besoin. Or, d'après ce qu'on sait, présentement, le
ministère des Transports n'en aurait pas besoin non plus.
M. Asselin: M. le Président, j'aimerais demander au
gérant municipal de répondre. Il aurait peut-être des
éléments spécifiques à apporter.
M. Hubert (Denis): M. le ministre, en 1969, ce qui s'est
passé en premier lieu, c'est qu'on s'est aperçu que l'usine de
filtration de Deschênes était située aux abords des berges.
À ce moment-là, le service du milieu hydrique a imposé une
location annuelle à la ville d'Aylmer pour l'usine de filtration de
Deschênes. En 1975, le bâtiment a été
exproprié et nous avons reçu un avis du ministère des
Transports, qui nous donnait une compensation de 21 000 $.
En 1975, vous vous souviendrez, il s'agissait aussi du regroupement.
Alors, nous étions en pleine période de regroupement: Aylmer,
Deschênes, Lucerne. Il y avait quand même une certaine confusion
qui régnait à l'époque.
À la suite des dernières vérifications, on a
constaté que, depuis 1975 il n'y a effectivement eu aucun échange
de correspondance. Le dossier est demeuré mort. L'offre de 21 000 $ a
été refusée en bonne et due forme. Nous avons tout
dernièrement communiqué avec le ministère des Transports
afin de connaître à nouveau sa position dans ce dossier.
Étant donné qu'on doit faire de deux choses l'une, nous
examinons présentement la possibilité d'améliorer l'usine
pour desservir un nouveau projet domiciliaire qui s'en vient. Nous sommes donc
pris. Nous devons faire quelque chose d'ici peu.
Deuxièmement, on demanderait à la CRO de prévoir
d'ici peu, dans son plan directeur d'aqueduc et d'égout, une solution de
rechange, si éventuellement l'autoroute...
M. Léonard: Si le ministère des Transports n'en a
plus besoin, est-ce que vous seriez d'accord pour la conserver, étant
donné que vous vous en servez déjà à l'heure
actuelle? Si vous faites, à un certain moment, de l'expansion, vous
êtes peut-être mieux d'utiliser une usine existante que d'en
construire une deuxième ou une troisième.
M. Hubert: À ce moment, si le ministère des
Transports nous avisait qu'il n'en a plus besoin, nous retournerions la
question à la CRO et on dirait qu'il s'agit encore d'un
équipement régional qui devrait être pris en main par la
CRO, ce qui me surprendrait un peu, étant donné qu'il s'agit
d'une emprise d'une longueur de 300 pieds sur 7 milles.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. Hubert. Le
député de Chapleau avait demandé la parole depuis
très longtemps, avant qu'on se quitte à 18 heures.
M. Kehoe: Je sais que le temps avance et j'aurais seulement une
couple de précisions à demander au maire d'Aylmer. Plus
spécifiquement, à l'article 6 de votre mémoire, vous dites
que la ville d'Aylmer est d'accord avec le nouveau mode de
représentativité. Je suis bien d'accord avec vous, quand la
représentativité d'Aylmer passe d'un à deux
représentants. Quand vous dites, plus loin dans le deuxième
paragraphe, que vous prévoyez un mécanisme pour réviser,
sur quelle base, sur quel critère croyez-vous que le nombre de
représentants de chaque municipalité devrait être
déterminé? Est-ce sur la base de la population, sur le potentiel
fiscal ou sur une combinaison des deux? Sur quoi?
M. Asselin: Lors de discussions au sein de la CRO sur le sujet,
on est arrivé à se baser plutôt sur la population. Nous
croyons que cela devrait être sur la population. C'est ce qu'on mentionne
au deuxième paragraphe de notre mémoire, a savoir qu'il y ait un
genre de mécanisme pour réviser ceci, à une période
donnée.
M. Kehoe: Par exemple, un représentant par 15 000 de
population, quelque chose dans ce sens-là?
M. Asselin: Dans ce sens-là, parce que cela se fait au
fédéral et au provincial cela devrait être un peu dans ce
sens-là aussi au
niveau de la CRO.
M. Kehoe: Cela veut dire avec...
M. Asselin: On fait cela aussi au municipal.
M. Kehoe: À Aylmer, avec 30 000 personnes
actuellement...
M. Asselin: Cela nous en donne deux.
M. Kehoe: Vous avez deux représentants.
M. Asselin: C'est cela.
M. Kehoe: Hull, avec 60 000 personnes, devrait en avoir quatre et
la ville de Gatineau devrait en avoir cinq, si je comprends bien. Vous
êtes d'accord avec cela?
M. Asselin: Si c'est le mécanisme qu'on utilise, on est
d'accord avec cela.
M. Kehoe: Mais est-ce celui que vous préconisez?
M. Asselin: Nous sommes d'accord avec cela, oui.
M. Kehoe: D'accord. La deuxième chose, qui est importante
aussi dans la loi, est le partage des coûts. Vous faites
référence à cela à la page 5 de votre
mémoire, où vous dites que le partage des coûts devrait
être fait suivant le volume respectif.
M. Asselin: C'est cela, oui.
M. Kehoe: Faites-vous une différence entre le coût
d'opération et le coût d'immobilisation? En ce qui concerne le
coût d'immobilisation, pensez-vous au potentiel fiscal? Quant au
coût d'opération, est-ce le volume ou est-ce le même pour
les deux?
M. Asselin: Le même pour les deux, au volume, M. le
député.
M. Kehoe: Seulement le volume pour la tarification.
Là-dessus, vous prenez la même position que Hull, si je comprends
bien.
M. Asselin: Au volume, oui.
M. Kehoe: Les usagers paient selon la quantité de services
dont ils se servent.
M. Asselin: C'est cela.
M. Kehoe: Troisième chose. À l'article 119, vous
dites que le paragraphe devrait être amendé pour lire que "le
ministre doit charger la commission municipale d'exercer, etc." Quand vous
dites que l'affaire devrait être référée à la
Commission municipale, sur quel critère la Commission municipale
devrait-elle se baser pour régler les disputes qui peuvent s'engager?
Vous comprenez bien que l'article 119 dit qu'il faut avoir les trois quarts des
voix pour une première et une deuxième fois, après la
référence à la Commission municipale pour régler le
problème. Sur quelle base, sur quels critères, la Commission
municipale va-t-elle se baser pour régler le problème? Avez-vous
des suggestions à faire en ce qui concerne les critères qui
devraient être établis pour aider le ministre à
résoudre le problème? À toutes fins utiles, les querelles,
les chicanes qu'on a eues dans le passé étaient plutôt des
chicanes entre la ville de Gatineau et la ville de Hull plus
particulièrement, ainsi qu'entre la ville de Aylmer et la ville de Hull.
Mais, pour aider le ministre ou la Commission municipale à régler
ces problèmes locaux dont souvent les officiers de la Commission
municipale ne sont pas au courant de toutes les données, y a-t-il des
critères ou des mécanismes quelconques qui devraient être
mentionnés dans la loi pour aider la Commission municipale à
régler ces problèmes?
M. Asselin: M. le Président, nous ne sommes pas
allés nécessairement aussi loin dans nos études - on vient
d'avoir le projet de loi - pour vous proposer des mécanismes concrets ou
des critères concrets comme tels. Nous, ce qu'on prévoyait, c'est
plutôt... Si on regarde l'historique de tout cela, c'est qu'il y a
toujours eu des chicanes et que cela ne s'est jamais traduit par une
décision concrète. Ce qu'on demande, c'est que la CRO en discute
une fois, deux fois, trois fois, peu importe, mais, à un moment
donné, il faudrait que cela cesse et que le ministre donne un mandat
à la Commission municipale. C'est dans ce sens qu'on pourrait arriver
à un vrai débat. Si vous permettez, mon collègue aurait
quelques mots à ajouter.
M. Robillard: M. le Président, M. le député,
il y a certainement plusieurs hypothèses qui peuvent être
considérées dans les critères de définition d'un
réseau local par rapport à un réseau régional. Les
ministères, ou peut-être certains ministères du
gouvernement provincial ici à Québec, ont des spécialistes
dans ces domaines. Les informations que j'ai reçues de certains
fonctionnaires qui travaillent dans le domaine de la planification se
traduisent comme suit: L'Outaouais n'est pas la seule région à
vivre ce genre de problème de définition de ce qui est
régional ou de ce qui ne l'est pas, etc. J'irais même
jusqu'à dire que certains tribunaux ont pu avoir différentes
interprétations. Une hypothèse, M. Kehoe,
pourrait être de définir comme un réseau
régional l'usine elle-même et le ou les réservoirs requis
pour desservir avec les conduites qui se rendent à des
réservoirs. Ce pourrait être cela, la définition, en tenant
aussi pour acquis que toute usine de pompage intermédiaire qui est
là seulement pour accroître des pressions d'eau, par exemple,
serait considérée comme un accroissement d'un niveau de service,
et que cela soit une décision locale. Comme je vous l'ai dit, nous
n'avons pas pris position et nous n'avons pas eu le temps, non plus, d'examiner
le problème sur une base technique avec des ingénieurs entre
autres, à savoir quelle pourrait être la définition d'un
réseau régional par rapport à un réseau local
d'infrastructures. Mais, nous sommes convaincus qu'il y a certainement
plusieurs hypothèses qu'on pourrait considérer, que même la
communauté devrait essayer de définir ce qu'on entend par local
et régional. Les fonctionnaires ici à Québec ou ailleurs
pourraient certainement aussi aider dans cette définition.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. J'aimerais
souhaiter la bienvenue aux membres du conseil de la ville d'Aylmer, que je
représente, ainsi qu'au gérant et à leur conseiller
juridique. Dans votre mémoire, à l'article 63, vous dites: La
ville d'Aylmer se réjouit du fait qu'en plus de prévoir trois
commissions permamentes, le conseil peut constituer des commissions
spéciales. Je pense que mon collègue de Gatineau a touché
ce point. Est-ce que vous vous attendez que ces gens-là soient des
personnes qui ne sont pas membres de la CRO et est-ce que vous croyez que ces
gens-là devraient recevoir une rémunération?
M. Asselin: Non, nous croyons qu'avec 18 membres autour de la
table, il devrait y avoir suffisamment de personnes pour siéger à
ces comités. Deuxièmement, recevant déjà une
rémunération à titre de membre de la CRO, on ne croit pas
qu'il devrait y avoir de rémunération additionnelle pour aucun de
ces postes.
M. Middlemiss: Ce matin, la ville de Hull disait qu'elle
était la vitrine du Québec et le hall d'entrée du
Québec; de quelle façon croyez-vous que la ville de Hull peut
jouer ce rôle sans être obligée d'accaparer une grande
partie du territoire de la ville d'Aylmer?
M. Asselin: C'est une question dont on a discuté à
temps plein mais j'aimerais demander à mon collègue, qui a
certains commentaires importants à apporter à ceci, de vous le
dire.
M. Robillard: Je vais répéter certains commentaires
que j'ai faits à M. le ministre lors de la consultation spéciale,
la consultation préliminaire. Je pourrais faire le parallèle
entre la ville de Québec et la ville de Montréal, entre la ville
de Washington et la ville de New York. L'importance d'une ville n'est pas
directement proportionnelle à sa population. À ceux qui voudront
sortir des arguments disant que c'est proportionnel, je dirai que la ville de
Hull a bien beau nous sortir des chiffres de 53 000 ou 60 000 habitants par
rapport à la ville de Gatineau, qui en a 75 000, il faut aussi bien
garder en tête que la ville de Hull a deux types de population. Elle a la
population du jour. Gatineau et Aylmer se vident, pas totalement, mais il y a
un flot de population qui passe au moins huit heures par jour à Hull. Il
y en a aussi qui partent d'Ottawa pour venir à Hull depuis que cette
ville a les grandes infrastructures bureaucratiques tant du gouvernement
provincial que du gouvernement fédéral.
On ne peut donc pas baser les arguments purement et simplement sur une
population résidente 24 heures par jour. Hull a toujours
été et Hull demeurera - nous sommes d'accord avec ce point -
"capitale" de l'Outaouais mais, dans notre esprit, capitale ne veut pas
nécessairement dire grand territoire ni grande population
résidente et dormante. Les infrastructures que Hull a reçues des
deux gouvernements supérieurs, provincial et fédéral, ont
donné à Hull beaucoup d'avantages et Hull peut aussi
accroître, si elle le désire - nous sommes d'accord pour qu'elle
l'accroisse - sa population résidente par une meilleure utilisation de
son sol actuel. Cette démonstration technique et non politique a
été remise à M. le ministre dans un document qui, je
pense, est très bien articulé.
Si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais que notre
directeur général, qui est urbaniste de profession, puisse
apporter quelques commentaires sur cette question.
M. Hubert: On a insisté sur ce point-là lors de
plusieurs séances de négociation qu'on a eues avec le
comité intermunicipal. Tout cela dépend du choix que Hull a fait
il y a quelques années lorsqu'elle a décidé de changer sa
vocation historiquement industrielle pour une vocation de plus en plus
institutionnelle. Hull a accepté la venue du gouvernement
fédéral sur son territoire ainsi que celle d'autres institutions.
Lorsque ce changement de politique s'est fait, il y a eu un effet direct sur le
tissu social de la ville de Hull. On a noté qu'en l'espace de six ans
les ménages sont passés d'une moyenne de
3,2 à 2,7. On a noté un vieillissement de la population,
une moyenne de 27 ans à 33 ans. On a noté les
phénomènes typiques qui caractérisent les villes de
l'Amérique du Nord où le centre-ville devient de plus en plus
vieux et où les banlieues sont de plus en plus jeunes.
Il y a quand même eu un choix politique qui a été
fait à l'époque. On a aussi examiné en détail les
terrains disponibles. En fonction des règlements de zonage et
d'affectation de sol présentement en vigueur à la ville de Hull,
on pourrait accroître - on me dit de 21 000 en fonction du
règlement de zonage et, si on utilise le schéma
d'aménagement, d'environ 40 000 -la population de la ville de Hull. Pour
enchaîner sur ce que le conseiller Robillard disait, on croit qu'il y a
peut-être une sous-utilisation du potentiel résidentiel de la
ville de Hull. On note aussi - et c'est le dernier point là-dessus -
qu'en plus de la population mobile, Hull est quand même
équipée d'hôpitaux. Hull aura un musée
bientôt, elle a des bibliothèques, l'Université du
Québec est là. Hull a les équipements qui peuvent la
qualifier comme métropole régionale à ce titre. On se
demande, par la venue de 20 000 à 30 000 citoyens supplémentaires
durant les huit heures de bureau, si cela ne vaut pas la peine de
dépenser 1 000 000 $ pour refaire la synchronisation. (20 h 30)
M. Asselin: De plus, M. le député, je vous invite
à regarder le rapport qu'on a déposé au ministère
des Affaires municipales concernant la délimitation de territoire. On
soulève tous ces points d'une façon claire, nette et
précise avec les cartes et toutes les précisions
nécessaires.
M. Middlemiss: Vous semblez vouloir la disparition totale de la
SAO. Est-ce que vous pourriez nous donner les raisons qui vous portent à
vouloir poser un tel geste?
M. Robillard: M. le député de Pontiac, la ville
d'Aylmer n'a pas de grief majeur, on ne remet pas en question le
bien-fondé d'avoir créé la Société
d'aménagement de l'Outaouais. C'est plutôt cela que je veux
dire.
Le travail de Société d'aménagement de l'Outaouais,
lorsqu'elle a été créée et jusqu'à
dernièrement, à notre avis était essentiel. Ceci dit, les
interventions qu'on a faites ce matin à ce sujet concernaient la
question du schéma d'aménagement, la détermination des
zones industrielles et commerciales, et nous sommes d'accord pour que, cela
relève de la CRO.
Toutefois, la question de la promotion industrielle, c'est une partie,
une composante qui, nous le croyons, devrait être laissée aux
municipalités. Pourquoi disons-nous cela? On a vécu durant les
dernières années des cas où soit des conseillers, soit des
fonctionnaires avaient fait des démarches pour obtenir des
investissements, chez nous, concernant l'aménagement économique
et industriel. Lorsque ces personnes, attirées par nous,
intéressées chez nous, ont été
référées à la SAO, on s'est rendu compte que la SAO
leur montrait d'autres sites que notre municipalité.
Il y a eu dernièrement, au cours de la dernière
année particulièrement un très grand débat entre
les villes de Gatineau, Hull et Aylmer concernant le fameux parc que la ville
de Hull voulait aménager. Nous ne préconisons pas ce genre
d'intervention au niveau régional. Que ce soit la CRO ou la SAO, on s'en
fout. On croit que les municipalités seules devraient s'occuper du
développement industriel et économique de leur territoire
respectif, une fois qu'il y a un schéma approuvé. C'est ce qu'on
veut.
S'il y a des municipalités - et je reprends quelque peu les
propos du ministre -qui ne veulent pas jouer ce rôle, nous sommes
d'accord que la CRO le joue pour elles mais ne forcez pas les
municipalités, de grâce, à faire approuver leurs projets
par la CRO. À faire face à un veto au niveau de la CRO ou
à avoir recours à la CRO pour faire leur promotion.
M. le député, un de nos arguments est relatifs à
l'aménagement. Nous avons présentement un parc industriel. En
passant, il ne s'appelle même pas le parc industriel d'Aylmer; on l'a
nommé, même s'il est chez nous, le parc industriel du Pontiac. On
aime bien le Pontiac, on aime bien le comté, on aurait bien aimé
qu'il s'appelle le parc industriel d'Aylmer, mais cela n'a pas
été notre décision, cela a été une
décision régionale de la SAO.
On nous a dit qu'il était impossible ou très difficile
d'aménager ce parc puisqu'il n'y avait pas d'infrastructures du type
aqueduc et égout. Beaucoup d'arguments ont été
invoqués de ce côté-là. Nous avons vécu
l'expérience de Northern Telecom, qui, avec 1000 employés, 1200
à certains moments, depuis dix ans, ne peut compter que sur un
système privé de fosses septiques et sur un système
privé d'aqueduc alimenté par des puits. D'ailleurs, il y a un
système d'eau suffisamment puissant et grand pour desservir tout le
secteur. Prenons l'expérience du parc industriel de Gatineau, qui est
desservi. Est-ce qu'il est développé parce qu'il est desservi?
Non, pas plus. Notre thèse est la suivante - je pense que les
spécialistes dans le domaine pourraient le démontrer - c'est que
le système routier est l'épine dorsale du développement
d'un parc industriel beaucoup plus que le système d'aqueduc et
d'égout. D'accord, il y a certaines industries qui nécessitent
des volumes d'eau très grands, mais il y en a d'autres qui n'en
nécessitent pas, où on n'a qu'à desservir les
employés.
Alors, le développement industriel, M. le député,
nous croyons que nous pouvons le faire et que nous pouvons le faire pour le
bien de notre communauté, selon la vocation que nous nous sommes
donnée.
M. Middlemiss: Je ne sais pas si M. le gérant aurait
quelque chose à ajouter.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: On dit que le parc industriel fonctionne
présentement avec des puits. En passant, ce n'est pas une fosse
septique, c'est une usine de traitement des eaux usées. En
présumant qu'il y aurait un développement nécessitant les
services d'égout et d'aqueduc, est-ce que la ville d'Aylmer serait
disposée à rentrer les conduites à partir des conduites
régionales pour desservir le parc industriel?
M. Asselin: Oui. Il s'agirait d'installer des compteurs.
M. Hubert: Effectivement, M. le Président, il s'agit d'un
sujet qu'on a discuté longuement au conseil municipal, où on a
examiné différents scénarios. Si, éventuellement,
il fallait desservir le parc industriel en infrastructures, c'est faisable.
Cela ne pose aucun problème technique, étant donné les
équipements de nature régionale qui existent sur le chemin de la
montagne, qui est à peine à un kilometre, un kilomètre et
demi du parc industriel.
M. Middlemiss: II y a eu pas mal de discussions sur certaines
ententes intermunicipales entre Hull et Aylmer et il semblerait que vous soyez
des délinquants quant au paiement. Est-ce qu'on pourrait me dire combien
de règlements ne sont pas faits, ne sont pas réglés et
pourquoi ils ne sont pas réglés?
M. Robillard: M. le Président, il y a eu des
allégations - je dis bien des allégations car, à notre
avis, ce sont des allégations - à savoir que Hull desservait
Aylmer sans qu'Aylmer compense Hull. Il y a plusieurs ententes intermunicipales
entre la ville d'Aylmer et la ville de Hull, comme il y a plusieurs ententes
entre plusieurs municipalités au Québec et, comme c'est aussi, je
crois, la volonté du gouvernement que vous avez démontrée
dans l'esprit de certaines lois concernant le domaine municipal. Dire, par
exemple, que le service des incendies de Hull vient desservir certains secteurs
d'Aylmer, c'est vrai. Toutefois, il y a une entente. Pour votre information, la
ville d'Aylmer paie au moins 650 $ l'heure pour chaque camion lorsqu'elle
appelle Hull.
Deuxièmement, on a fait allusion à un incendie qui avait
eu lieu sur la propriété de la Commission de la capitale
nationale. Il faudrait peut-être dire aussi que la ville de Hull - sous
toute réserve et sans préjudice -reçoit ou a reçu
une somme importante, au-delà de 20 000 $, de la Commission de la
capitale nationale pour avoir un service des incendies supplémentaire,
mais non pas sur son territoire. Il faudrait peut-être se demander si de
telles subventions sont catholiques. La ville d'Aylmer, pour des conduites
maîtresses et autres - on parle du cégep, d'Asticou entre autres -
paie sa quote-part. Lors de l'élection du conseil actuel, en novembre
1979, ou peu après, il y a eu une entente. M. le député de
Hull était alors maire de la ville de Hull et Aylmer paie sa quote-part,
tel que Hull l'exigeait, pour ces conduites. Lorsqu'on a installé
dernièrement, sous ordonnance du ministre de l'Environnement, je crois,
l'aqueduc pour le club Royal Ottawa et l'ambassade de l'Italie, nous avons
dû débattre longuement avec la ville de Hull pour faire uniquement
le joint avec la conduite. Il y a eu une négociation et une entente
intermunicipale et nous payons à la ville de Hull. Il y a
peut-être aussi, M. le Président, MM. les députés,
M. le ministre, une considération dont la ville d'Aylmer n'a jamais
parlé. C'est bien beau pour Hull de dire: On dessert Aylmer, Aylmer ne
nous compense pas. Aylmer n'a jamais demandé à la ville de Hull,
ni dernièrement à la ville de Gatineau, de nous compenser pour
l'entretien des routes, pour des centaines de camions d'éboueurs qui
partent de Gatineau et de Hull pour venir déverser leurs déchets
au site d'enfouissement régional de l'ouest dans Aylmer; c'est nous de
la ville d'Aylmer qui payons totalement l'entretien et le nettoyage des routes
qui mènent à ce site. Il faut avoir l'autre côté de
la médaille. Non, M. le député, à notre avis, nous
ne sommes pas délinquants et jamais la ville de Hull n'a approché
la ville d'Aylmer pour renégocier ou rediscuter les ententes existantes.
Jamais. Nous sommes prêts à rediscuter si ces villes croient
qu'elles sont lésées.
M. Middlemiss: Une dernière question.
Le Président (M. Brouillet): Une dernière
question.
M. Middlemiss: On a touché un peu à l'usine de
filtration de Deschênes et on a parlé de l'expropriation. Il
semble y avoir un autre problème. Au moment où on a
régionalisé les usines de filtration, on a exclu l'usine de
Deschênes. Est-ce que les citoyens de Deschênes,
présentement, sont taxés deux fois du fait qu'ils sont
obligés de payer une quote-part à la régionale et aussi de
payer la dette pour l'usine existante?
M. Asselin: Oui, M. le député. Si vous regardez
dans le mémoire que je vous ai présenté, j'ai fait
allusion à cela; je ne me rappelle pas spécialement à
quelle page, c'est vers la fin du mémoire. Mon collègue a
certains détails et des chiffres qu'il pourrait peut-être porter
à votre attention. Je demanderais, avec la permission du
président, si M. Robillard pourrait vous donner cela.
M. Robillard: Merci infiniment, M. le Président et M. le
député. Il y a deux usines sur le territoire d'Aylmer qui sont
défrayées totalement par la municipalité d'Aylmer. Il y a
une usine de filtration qui a été construite dans les
années 1962-1963 et qui porte toujours une dette dont
l'échéance est 1996. La dette originale était de 297 000
$; au 31 décembre 1982, le solde de la dette est de 153 000 $. Le
phénomène est le suivant: cette usine est dans le secteur de
l'ancien village de Deschênes. Lorsque la CRO a régionalisé
certaines usines, cette usine desservait une partie de l'ex-municipalité
de Lucerne, donc qui était intermunicipale. À ce moment, la CRO,
pour une raison que je ne connais pas, n'a pas pris la gestion ni la
propriété de cette usine. Les gens de Deschênes, M. le
Président, M. le député, assument donc seuls cette dette
et le coût de l'exploitation.
Pour ce qui est d'épuration, encore vers les mêmes
années 1962-1963, sur l'insistance des gouvernements aux termes de la
protection de l'environnement, on a construit une usine d'épuration
à Deschênes qui a coûté 111 000 $. Il y a encore une
dette de 51 000 $. Aujourd'hui, depuis deux ans, les gens de Deschênes
paient encore non seulement cette ancienne dette, mais aussi la dette imputable
aux municipalités desservies du système d'assainissement
régional. C'est une double taxation pour des gens qui ne sont pas des
mieux nantis, si l'on regarde le dossier socio-économique de notre
municipalité.
Le Président (M. Brouillet): Merci.
M. le député de Hull, s'il vous plaît! (20h45)
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai des questions aussi
importantes que les autres à poser. Je regrette que cela prenne autant
de temps, mais je vais essayer de faire cela le plus rapidement possible. Je
souhaite la bienvenue à M. le maire et à ses collègues. Si
l'on touche à la loi 28 qui parle de restructuration de la CRO, je
détecte un point important sur lequel celui qui vous a
précédé a discuté longuement, la question de
tarification. On sait qu'à la communauté régionale, au
cours des dernières années, on a employé certains modes de
tarification, pour savoir de qui cela faisait l'affaire. On a employé,
au niveau des usines d'alimentation en eau potable, un mode dit au
"gallonnage".
Au niveau du transport en commun, on a pris une équation de la
population, du nombre de milles parcourus, de l'évaluation
foncière et aussi d'un quatrième élément que
j'oublie. Au niveau de l'épuration des eaux, on emploie un mode aussi
assez différent, tenant compte de la fiscalité, je pense, ou de
l'indice de la richesse.
Le problème tourne autour de la tarification. Je pense que les
arguments qu'a fait valoir la ville de Hull, qui semblent être un
principe de fond, c'est que la ville de Hull est limitée dans un
territoire de dix milles carrés et ne peut pas offrir toute la
diversité des services voulus dans certains projets d'aménagement
ou de construction. On a parlé, au cours des années
passées, du problème de fusion, d'annexion; encore
dernièrement, la ville d'Aylmer voulait annexer une partie du territoire
de la ville de Hull dans un projet de règlement que vous avez
déposé. La ville de Hull, d'un autre côté,
faisait un petit peu la même chose en tentant de s'approprier une partie
du terrain qui aurait dû, en vertu de la loi 98, être
cédée ou qui aurait dû, en vertu de la loi 98 dans le
temps, tout simplement regrouper Hull, Aylmer, Deschênes, Lucerne, ces
quatre municipalités. Je pense, M. le maire, qu'il va falloir un jour ou
l'autre régler le problème de fusion ou d'annexion entre les
municipalités.
Cela me fait poser une question, parce que l'histoire semble se
répéter par intervalles. Je pense qu'il faut donner l'assurance
à la ville d'Aylmer et l'assurance à la ville de Hull que,
indépendamment de la situation financière de chacune d'elles
aujourd'hui, alors que Hull a atteint un taux de croisière, une
stabilité économique quand même relativement très
intéressante... Je voudrais savoir de votre part, M. le maire, dans le
but de compléter cela une fois pour toutes, pour qu'on ne parle plus de
fusion ou d'annexion pour un maudit bout de temps, si vous seriez
intéressés chez vous, peut-être à la suite d'une
étude à laquelle la Commission municipale pourrait se
prêter volontiers, à faire une analyse impartiale des coûts,
de l'économique, du développement immédiat, à moyen
terme, à long terme, ainsi de suite, des coûts de taxation, des
différents règlements, de la dette per capita de chacune des
municipalités. Serait-on intéressé, si, face à tous
ces tableaux, on pouvait démontrer ou sont les avantages et les
désavantages, si l'aspect économique est un des aspects
percutants au problème, si le ministre des Affaires municipales
reprenait ce qui existait avant la Loi sur l'évaluation en 1971,
possibilité d'annexion, de regroupement, tout en maintenant un taux de
taxation privilégié pour un certain nombre d'années - je
pense que, dans le temps, cela allait jusqu'à dix ans - et si on se
retrouvait à un moment donné avec des municipalités
regroupées et où les gens d'Aylmer auraient la certitude
d'avoir un taux de taxation basé sur leurs revenus et leurs
dépenses à l'intérieur de leurs limites existantes, pour
une période d'années dans le temps? Si tout cela pouvait se faire
dans un portrait global, est-ce que vous accepteriez, M. le maire, de consulter
votre population par référendum?
On parle en ce moment à des individus qui représentent
quand même une population, mais qui la représentent globalement au
point de vue de l'administration, de la gestion, des services, etc. Mais
accepteriez-vous à ce moment que la population d'Aylmer soit
consultée et qu'elle puisse se prononcer? Si elle se prononçait
favorablement, on pourrait faire les expertises finales; si elle se
prononçait défavorablement, on devrait accepter l'acquis de
marcher par tarification, si on veut maintenir Hull à l'intérieur
de ses limites actuelles. Je pense que cela semble être un genre de
"bargaining power". Donnez-moi du territoire et j'accepte de déborder au
niveau de la générosité de Hull face à certains
services rendus ou autres, tel que cela a été très bien
démontré par les chiffres qu'on a eus.
M. le maire, face à tous ces chiffres et face au portrait
esquissé d'une façon très objective - je ne voudrais pas
qu'on parte en campagne, on est contre, on est contre -seriez-vous prêt
à laisser la population, sur des tableaux respectifs en commun et d'une
façon très positive, décider une fois pour toutes de son
sort? Cela marche ou cela ne marche pas, on clôt le sujet et on n'en
parle plus. Seriez-vous prêt à cela?
M. Asselin: M. le Président et M. le député,
comme vous le savez, la municipalité d'Aylmer a rencontré la
municipalité de Hull. On a créé un comité
intermunicipal afin de continuer à discuter à fond d'un
problème. Donc, nous ne pouvons pas accepter, parce que nous ne croyons
pas que Hull a démontré que... On a justement exposé notre
position concernant tout ceci, parce que Hull disait qu'elle cherchait du
terrain pour se développer. Le rapport qu'on a déposé
auprès du ministre démontre le contraire.
Pour répondre à votre question...
M. Rocheleau: M. le maire...
M. Asselin: ... parce que vous avez fait tout un discours autour
de certains points pour venir savoir si oui ou non...
M. Rocheleau: II y a un paquet de concessions possibles
aussi.
M. Asselin: Peu importent les échanges ou le
mécanisme de tout cela, nous avons dit publiquement que, s'il faut
céder un certain morceau de terrain à Hull, oui, on est
prêt et il faudrait absolument que toute la population d'Aylmer se
prononce là-dessus. On a même soulevé cette question au
comité intermunicipal en disant que cela devrait être
défrayé par Hull, parce que c'est elle qui veut venir nous voler
et nous violer au point de vue du terrain. Je suis clair, net et précis
en disant que, oui, il faudrait terminer cette question et qu'il faudrait
l'arrêter une fois pour toutes. Il faudrait naturellement consulter la
population d'Aylmer dans ce domaine.
M. Rocheleau: Advenant le cas que vous alliez aussi loin que
cela, vous êtes prêt à dire qu'avec l'examen que la
Commission municipale pourrait en faire, pour en arriver à une
tarification pour services rendus...
M. Asselin: Oui.
M. Rocheleau: Parce que je pense qu'on cherche cette
équité régionale pour tout le monde. Je suis
représentant du comté de Hull à l'intérieur de la
ville de Hull. C'est la population que je représente. Je comprends mes
collègues qui ont aussi à défendre les autres
municipalités. Je pense que c'est l'unité dans la
diversité, mais il faut comprendre que, si on a un projet de loi sur la
table, c'est pour régler un problème qui persiste depuis treize
ans. Je ne retrouve pas à l'intérieur du projet de loi des
mécanismes qui vont permettre de privilégier chacune des
municipalités et qui vont favoriser cet esprit régional qui est
souhaité depuis si longtemps. Chacun doit comprendre que s'il y a une
assiette dans le milieu de la table et que tout le monde doit aller chercher sa
petite part de nourriture dedans, à un moment donné, c'est un
partage. Le partage doit tenir compte aussi de l'échange de services et
d'un paquet d'autres choses. Alors, vous l'avez confirmé, vous seriez
prêt. Vous avez mentionné que c'est Hull qui veut avoir du
territoire et que c'est Hull qui devrait payer le coût du
référendum. Ce sont peut-être des négociations qui
pourraient s'amorcer avec la ville de Hull. Mais je pense que c'est un des
points fondamentaux de l'emmerdement que l'Outaouais connaît depuis
déjà treize ans. C'est un projet de loi qui apporte certains
correctifs, qui permet certains énoncés, mais il ne corrige pas
la racine du problème, il ne touche pas le fond du problème.
J'aimerais que, un jour, on arrête de parler de cela, qu'on ne
soit pas obligé de penser que Hull, à l'intérieur de 10
milles carrés, sera obligée de se faire un deuxième
étage dans sa municipalité pour se permettre une certaine
expansion. Remarquez que, personnellement, je considère que la
progression d'une ville dans le domaine résidentiel est plus
coûteuse en services
qu'elle ne rapporte. Une ville ou une municipalité retire
davantage de revenus de la construction en hauteur, en forte densité ou
d'édifices de superstructures ou autres. On a déjà fait
les calculs. La propriété résidentielle coûte
beaucoup plus en services qu'elle ne rapporte. Il est bien évident,
à ce moment-là, que c'est un argument qui sert à une
certaine rationalisation du développement.
J'aimerais qu'on finisse de parler de cela une fois pour toutes et qu'on
consulte nos populations respectives. Je pense que Hull a déjà
été consultée occasionnellement; d'un autre
côté, il faudrait qu'Aylmer fasse de même, parce que le
regroupement de 1975, où on avait suivi les modalités de la loi
98. Il y avait eu des divergences compréhensibles dans le caucus du
Parti libéral dans le temps, et c'est cela la transparence. Or, il ne
semble pas que ce gouvernement permette à sa deputation de passer outre
à une de ses directives alors que, dans le temps, on permettait cela. Le
député de Pontiac ou de Gatineau avait fait des
représentations auprès de son gouvernement. Le
député de Hull avait aussi fait ses représentations, et le
ministre du temps, M. Goldbloom, a voulu trancher la question, dans un jugement
à la Salomon, plutôt que de laisser mourir une ou l'autre des
parties. La ville de Hull avait refusé une cession de territoire. On se
souvient qu'il y avait des centaines de milliers de dollars qui avaient
été dépensés et, d'un coup de crayon, on venait de
diviser le territoire qu'on allait céder à Hull. Personnellement,
je ne pouvais pas accepter cela, parce qu'on aurait pu faire cela avant de
faire toutes les études qu'on a faites et on serait peut-être
arrivé au même résultat. Je pense que, à ce moment,
transférer à Hull le stationnement de la Northern Electric et de
laisser à Aylmer l'industrie Northern Electric était contestable.
En tout cas, j'ai émis mes commentaires au ministre, M. Goldbloom, dans
le temps. On avait le droit de critiquer n'importe qui alors et on ne passait
pas pour avoir une autre couleur politique plus qu'autrement.
Mais il y a un point important, M. le maire d'Aylmer, c'est que, quand
on a adopté le schéma d'aménagement en 1978 -votre
prédécesseur, M. O'Donnell, était là -on avait, je
pense, un projet pilote intéressant au Québec le schéma
d'aménagement de la Communauté régionale de l'Outaouais.
On avait zoné ou prévu un certain aménagement à
l'ouest de la ville de Hull, c'est-à-dire à l'est du territoire
d'Aylmer où ses principaux services avaient une certaine
difficulté à se rendre à l'est de son territoire à
cause de la distance. À ce moment-là, les interventions
provenaient de la Communauté régionale de l'Outaouais où
siégait comme président M. Jean-Marc
Ri vest, qui est aujourd'hui président de la Commission nationale
d'aménagement. On avait fait des recommandations précises, et le
ministre avait décidé, à toutes fins utiles, de zoner ce
territoire agricole pour le protéger, advenant le cas où il y
aurait une décision de rendue un jour. Je pense qu'il est important que
cela se clarifie un jour et je souhaite qu'on finisse d'en parler, parce que,
actuellement, ce qui est malheureux dans l'Outouais québécois, et
cela semble plaire au côté ontarien, c'est qu'on divise pour
régner. (21 heures)
Plus on se chicane, plus on s'emmerde, plus on discute, moins on produit
de réalisations intéressantes qui pourraient promouvoir
l'économie de l'Outaouais québécois. Je pense que c'est un
facteur très important. C'est pour cela qu'on est réuni, dans le
but de trouver une espèce de consensus. Je pensais qu'on l'avait
trouvé, parce que le ministre des Affaires municipales m'avait dit la
semaine dernière qu'il allait plus souvent dans l'Outaouais que je n'y
allais. Il m'a dit qu'il avait rencontré des citoyens de Gatineau, de
Hull, des gens de la CRO, qu'il avait négocié avec l'un dans une
salle et avec l'autre dans une autre salle et qu'il s'était
dégagé un consensus.
Mme la ministre Marois, qui est maintenant responsable du dossier depuis
le départ du parrain, M. Landry, est allée dans l'Outaouais
l'autre jour lever une pelletée de terre et annoncer un projet
quelconque. Elle n'est pas ici ce soir, c'est malheureux, mais on lui fera
quand même rapport de ce qui se passe.
J'avais l'impression que toutes les municipalités s'en venaient
ici pour dire merci au ministre, merci d'avoir fait le consensus dans
l'Outaouais. On était prêt à applaudir, nous, pour une
deuxième fois dans la même semaine. Or, je m'aperçois que
la ville de Hull a des griefs importants, je m'aperçois que la ville
d'Aylmer a fait une acceptation de principe sur laquelle je me pose certaines
questions. La ville de Gatineau commence à se réchauffer sur la
banquette. Je m'aperçois qu'il n'y a pas réellement de consensus
sur le vrai problème, le problème de la tarification. Je pense
que cela vous inquiète aussi et je pense que cela a
inquiété le maire de Hull quand il est venu tantôt.
J'aimerais savoir - c'est une de mes dernières questions - si la
tarification, au niveau du service obtenu - je pense que le ministre des
Affaires municipales l'a énoncé à quelques reprises depuis
quelque temps -s'en vient. On paie pour le service qu'on reçoit. Est-ce
que vous êtes d'accord avec cela?
M. Asselin: Certainement. D'ailleurs, si vous lisez notre
document, nous avons
toujours été favorable à ce que l'utilisateur paie.
Si c'est ce que vous préconisez, c'est exactement ce que la ville
d'Aylmer préconise. J'aimerais faire quelques petits commentaires et
demander à mes collègues de répondre aux
différentes questions techniques que vous avez posées.
Vous avez parlé de consultation. Vous vous rappellerez
sûrement, M. le député, que M. Goldbloom avait
tranché la question d'une cession de terrain. On a consulté la
population. Vous vous rappellerez sûrement la pétition. À
ce moment, j'étais président de l'Association des
résidents d'Aylmer et on a fait signer une pétition de 11 000
noms, 11 000 électeurs, 11 000 contribuables sur une population de 12
000 ou de 15 000. Je trouve que cela a été une bonne
réaction de la population à ce moment. Comme je l'ai
mentionné cet après-midi, vous savez également que le
ministre a reçu une lettre de treize associations de résidents de
la municipalité.
Je suis entièrement d'accord avec vous, M. le
député, pour dire que, si vous voulez arrêter le
débat, arrêter la discussion, on cesse d'en parler. Je suis
prêt à le faire immédiatement, on n'en parle plus. Mais
j'aimerais que la ville de Hull arrête d'en parler aussi. Si vous voulez
trancher la question, qu'on la tranche. Qu'on laisse tout et qu'on arrête
les débats là-dessus. Cela fait assez longtemps. Vous avez dit,
si je me rappelle bien, cet après-midi, que, quand vous étiez
là cela chialait; maintenant, vous n'êtes plus là et
ça chiale encore! Nous disons: Laissez-nous tranquilles, nous voulons
développer notre municipalité. Prenez soin de vos affaires
à Hull et nous allons prendre soin de nos affaires à Aylmer.
Pourquoi des débats? Qui chiale? Ce n'est certainement pas nous. Nous
allons nous défendre, si nous sommes attaqués, si quelqu'un veut
essayer de nous voler ou de nous violer. Nous déposons des documents qui
démontrent que les arguments énoncés par la ville de Hull
ne sont pas vrais, à notre avis. On les a fait parvenir au ministre et
on vous invite à prendre connaissance de ces documents.
Concernant le terrain dont vous avez parlé, cela fait partie du
quartier de mon collègue et il m'a mentionné tantôt qu'il
aimerait faire quelques commentaires. Après, j'inviterai notre
gérant et urbaniste à répondre aux questions que vous avez
posées sur les zones agricoles, sur le projet de loi 90.
M. Rocheleau: M. le maire, je ne veux pas qu'on s'étende
sur le sujet avec encore une, deux, trois ou quatre réponses. J'ai eu,
je pense, les réponses nécessaires. La seule chose que je voulais
savoir de vous était s'il pourrait y avoir une consultation ferme
à la suite de la projection des tableaux, d'un énoncé qui
se feraient dans les deux municipalités, à savoir les avantages
et les désavantages.
À ce moment, si les gens décident de demeurer à
l'intérieur des limites existantes qu'on accepte le fait que Hull fait
partie intégrante d'une communauté - qu'on l'aime, qu'on l'aime
moins ou qu'on le l'aime pas du tout, parce qu'il semble que le premier
objectif du ministre est de garder le territoire dans le contexte actuel - mais
qu'on n'utilise plus à son bénéfice l'impact de la
fiscalité ou de la richesse d'une autre municipalité. À ce
moment, que chacun paie pour les services reçus.
M. le maire d'Aylmer, on pourrait aussi bien avoir, actuellement, dans
l'Outaouais québécois, chez nous, un comité intermunicipal
qui ferait la répartition des coûts, des services qu'on a mis en
commun: le transport, l'épuration, l'alimentation, l'évaluation.
On pourrait aussi avoir recoupé, à l'intérieur des MRC
existantes, les municipalités rurales qui n'ont pas les mêmes
problèmes que nous. Les trois municipalités pourraient se
retrouver dans une MRC urbaine. On parlerait alors d'une toute autre affaire
qui serait beaucoup plus économique en coûts, parce que ce qui
nous préoccupe tous, c'est de savoir qu'on veut avoir quatre trente sous
pour une piastre en services. On l'a peut-être actuellement, c'est une
question de dédoublement de services.
Cela m'amène à vous poser une toute dernière
question, qui est aussi importante que la première et que toutes les
autres auxquelles vous avez répondu: la Commission de transport de la
Communauté régionale de l'Outaouais a subi certaines
modifications l'an passé, c'est-à-dire que, plutôt d'avoir
des personnes de l'extérieur nommées au conseil d'administration,
on a eu des personnes représentant des municipalités,
c'est-à-dire siégeant auprès de municipalités. Dans
la loi, on parle de grossir cette structure-là, on parle de remplacer le
président actuel par un président élu, on parle
pratiquement de doubler les structures avec les mêmes gens ou à
peu près les mêmes gens. Est-ce que vous êtes d'accord pour
que l'on touche à cette structure, ou est-ce qu'elle ne devrait pas
demeurer dans le contexte actuel avec peut-être une représentation
un peu plus élargie des municipalités participantes au transport
en commun, mais sans pour autant grossir de nouveau cette
boîte-là? Je pense qu'on peut dire que la Commission de transport
de la Communauté régionale de l'Outaouais offre, selon moi, un
excellent service. Il pourrait être meilleur, mais il coûterait
plus cher. Il faut donc choisir entre les coûts que nous pouvons
absorber. Mais, ce point-là, nous n'y avons pas trop touché et
j'aimerais peut-être entendre votre commentaire là-dessus.
M. Asselin: Sûrement, si vous vous
souvenez, M. le député, au cours des discussions que nous
avons eues à la CRO au point de vue du comité, on a
préconisé que la CTCRO - étant donné que nous
n'avons aucun contrôle sur le budget ni aucun contrôle sur
l'administration, mais que nous sommes obligés de payer quand même
- en fasse partie ou qu'elle réponde officiellement à la CRO.
Nous sommes d'accord pour qu'on nomme des commissaires à la CTCRO
qui soient déjà membres de la CRO et ne seront pas
rémunérés en surplus. Je veux dire qu'on pourrait nommer
les membres comme tels et qu'ils seraient aussi commissaires au sein de la
CTCRO; mais ils devront, naturellement, répondre à la CRO. C'est
dans ce contexte que nous nous sommes exprimés concernant la structure
à laquelle vous faites allusion.
Deuxièmement, je voudrais seulement ajouter un point que vous
avez soulevé. Vous parlez d'un référendum et j'ai
répondu qu'il faudrait naturellement tenir un référendum
pour la délimitation de territoire. Toutefois, j'ajouterai que ce
référendum devrait avoir lieu au sein de toute la population
d'Aylmer seulement après que les négociations seront
terminées. Si l'on arrive à la population pour lui demander:
Est-ce que c'est "oui" ou est-ce que c'est "non"... On voudrait discuter,
négocier et en arriver à une entente qui sera soumise à la
population.
M. Robillard: M. le Président, si vous le permettez,
j'aimerais compléter, ce sera très court.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, vous pouvez
compléter.
M. Robillard: Effectivement, nous avons présentement, M.
le député de Hull, toutes les indications. On les a eues en 1975.
On les a eues dernièrement. On les a eues lors des élections en
1979. Je crois que s'il y a des élus qui connaissent bien les citoyens
d'Aylmer, c'est bien le conseil municipal. Nous pouvons vous assurer que nous
n'avons aucune raison de croire qu'il y aurait un nombre suffisamment important
pour se lancer dans un référendum à ce stade-ci. Lorsque
M. le maire nous dit: Référendum? Oui, ce ne serait que sur les
conditions ou le résultat des négociations présentement en
cours. Ce ne serait que sur cela.
Actuellement, nous savons, connaissant bien notre population, que treize
associations de résidents sur treize, unanimement, diraient à M.
le ministre des Affaires municipales: Pas un pouce, on ne veut rien savoir. Les
gens d'Aylmer sont venus à Aylmer parce que c'était Aylmer et que
ce n'était pas Hull. Les gens d'Aylmer vivent à Aylmer
différemment des gens de Hull qui vivent à Hull. Il y a une
différence sociale et communautaire excessivement importante à
respecter.
Les sous ne sont pas que la seule considération pour les gens
d'Aylmer. D'ailleurs, certaines de nos positions dans le partage des
coûts de la CRO vont nous coûter plus cher à Aylmer. Le
volume coûte plus cher à Aylmer que le potentiel fiscal. Mais nous
avons nos raisons locales et dans un esprit régional pour prendre la
position du volume. Nous pouvons vous montrer les chiffres, cela nous
coûterait moins cher en potentiel, mais on ne considère pas,
à Aylmer, que les sous.
En passant, le revenu moyen du citoyen d'Aylmer est un des plus
élevés dans - je ne sais pas si c'est dans la province - une
grande partie de notre région.
M. Rocheleau: II ne faudrait pas dire cela au ministre, parce
qu'il va vous enlever cela tout de suite. La distribution de la richesse ou de
la pauvreté, un des deux, c'est important.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull. Est-ce que vous avez terminé? Cela fait 25 minutes que vous...
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai effectivement
terminé. Je voudrais m'assurer de quelque chose. Tantôt, on disait
que, après des négociations, cela pourrait comprendre, dans un
référendum, un regroupement des deux villes, qu'Aylmer
décide de regrouper Hull, de s'emparer de Hull, contrairement à
aujourd'hui aujourd'hui, c'est Hull qui veut avoir Aylmer - qu'Aylmer pourrait
dire: On prend Hull. Cela peut se faire de deux façons. Cela
dépend aussi de la façon dont vous vendez votre produit. Le
boucher qui va offrir à son client de la viande avariée ne vendra
peut-être pas son produit.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que le
député de Laprairie aurait une question?
M. Saintonge: J'aurais une brève question, M. le maire. Il
semble bien que, au niveau de l'adoption du budget, d'après les
commentaires que vous faites sur l'article 135, vous ne semblez pas trop
acquiescer à la nouvelle formule proposée pour l'adoption du
budget par tranche, l'adoption automatique, en fin de compte, les
présomptions d'adoption du budget. Est-ce que vous
préférez vous en tenir aux modalités antérieures
d'adoption du budget ou si vous avez d'autres modifications à
suggérer à cet article?
M. Asselin: M. le député, c'est que nous croyons
que toute la CRO, comme les municipalités, devrait déposer et
faire adopter son budget avant la fin de l'année, comme c'est le cas
chez nous. Les
difficultés là-dessus, c'est que si on commence à
adopter un budget par tranche, cela cause des difficultés aux
municipalités qui, elles, sont censées regarder le budget et
essayer d'incorporer dans leur propre budget ce que nous mettrons dans notre
budget au point de vue des taxes, des montants. Cela cause des problèmes
administratifs. Oui, on voudrait revenir à ce que chaque organisation
soit obligée de déposer son budget et de le faire adopter comme
nous, comme les municipalités sont obligées de le faire.
M. Saintonge: Vous seriez pour le statu quo, pour ce qui existe
actuellement.
M. Asselin: Oui.
M. Saintonge: Je vous remercie.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Est-ce que le ministre
aurait quelques mots à dire pour terminer?
M. Léonard: Oui, M. le Président. Je voudrais
remercier la ville d'Aylmer de son mémoire. J'ai quand même
tiré aussi des aspects positifs de son mémoire. Au fond, la ville
d'Aylmer a manifesté sa foi dans la Communauté régionale
de l'Outaouais plutôt que dans des fusions. Je pense que, en ce qui
concerne l'intégrité du territoire, on m'a semblé aller
dans le même sens que nous plutôt qu'autrement.
Quant à la représentativité, on a dit qu'on est
d'accord pour la période de cinq ans. Donc, c'est un compromis qu'elle
considère correct. (21 h 15)
Sur le plan du partage des coûts, il y a différents
modèles et le projet de loi en tient compte. Il y a une note que je
voudrais simplement rajouter. En ce qui concerne la nomination du
président, je sais que vous avez quelques différences par rapport
à ce que nous proposons dans le projet de loi. Pour l'instant, nous nous
en tenons à une élection parmi les membres du conseil et non pas
parmi... Vous dites, vous: C'est quelqu'un qui soit élu par un
collège électoral, mais qui vienne du territoire de la CRO. Cela
nous paraît assez large comme concept. Je ne dis pas non,
peut-être, dans l'avenir, cela peut venir, cela pourrait venir
effectivement; pour l'instant, c'est une idée relativement nouvelle.
Vous avez cinq ans pour la vendre, probablement, c'est cela que cela veut dire,
et peut-être bien que ce sera celle-là qui s'imposera
éventuellement. Quant à nous, nous pensons au mode qui avait
été élaboré dans le projet de loi de 1969,
où le président était nommé par le gouvernement;
maintenant, il est élu parmi les membres du conseil de la CRO, à
la majorité des deux tiers. Cela nous apparaît, par rapport
à votre projet, un mode de transition qui serait acceptable pour tout le
monde, d'après ce que nous en avons retenu des consultations.
Quoi qu'il en soit, vous avez eu l'occasion d'exprimer ce que vous en
pensiez. Nous allons tenir compte de vos remarques dans les modifications qui
pourraient survenir dans un projet de loi. Je pense bien qu'il y en a qui sont
tombées en cours de route à cause d'informations additionnelles,
mais il y en a d'autres qui étaient pertinentes et qu'on pourra retenir.
Je vous remercie beaucoup de votre participation.
M. Asselin: J'aimerais vous remercier, M. le Président, M.
le ministre et MM. les députés de cette commission de nous avoir
écoutés.
Le Président (M. Brouillet): Merci, MM. les
représentants de la ville d'Aylmer. Nous allons entendre les
représentants de la ville de Gatineau. J'inviterais le porte-parole
à s'identifier, à nous présenter les personnes qui
l'accompagnent et à nous indiquer à quel titre ils sont
là, quelles sont leurs fonctions.
Ville de Gatineau
M. Luck (John): M. le Président, M. le ministre, il me
fait plaisir de vous présenter les représentants de Gatineau.
J'ai à mon extrême droite M. Robert Dallaire, trésorier de
la ville de Gatineau, M. Laurier Deschamps, gérant adjoint, M. Richard
Trottier, conseiller municipal et représentant de la Communauté
régionale de l'Outaouais, à mon extrême gauche, M.
Gaétan Cousineau, conseiller de la ville de Gatineau, M. Raymond
Gosselin, conseiller et représentant au niveau de la Communauté
régionale de l'Outaouais pour la ville de Gatineau.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
on ne vous fera pas l'illusion de la baie vitrée...
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, M. le maire,
pourriez-vous vous identifier vous-même, pour les fins du journal des
Débats? Cela est très important.
M. Luck: Je m'excuse, je pensais l'avoir mentionné, M. le
Président, John Luck, maire de la ville de Gatineau, aussi
représentant au sein de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
M. le Président, M. le ministre, MM. les députés,
ce n'est pas notre intention de vous faire l'illusion de baie vitrée ou
du hall d'entrée, je pense que notre intention, ici, ce soir et
aujourd'hui, c'est tout simplement de vous placer dans le contexte d'une
meilleure équité au niveau de notre région comme
telle.
Tout récemment, l'Assemblée nationale adoptait, en
première lecture, le projet de loi 28, Loi modifiant la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais. Pour
la ville de Gatineau, le projet de restructuration de la
communauté régionale est un travail entrepris depuis le 3
décembre 1979. En effet, le 13 novembre 1979, le ministre des Affaires
municipales en titre à cette époque, l'honorable Guy Tardif,
transmettait une lettre adressée au président de la
communauté à l'intention des représentants élus de
son conseil, énonçant les points qui méritaient
l'attention de ces personnes, notamment: 1) la composition du conseil de la
communauté, la répartition du pouvoir entre les villes membres,
le nombre respectif de délégués; 2) quels pouvoirs devrait
détenir la future communauté régionale, en termes de
compétences obligatoires, d'une part, et facultatives, d'autre part; 3)
la place du conseil de la communauté dans le processus
décisionnel; 4) le rôle, les compétences et la composition
d'un futur exécutif; 5) quelles relations structurelles devraient
exister entre la communauté régionale et la commission de
transport de la communauté régionale; 6) le territoire de la
communauté devrait-il faire l'objet d'une restriction, d'une extention
ou du statu quo? 7) particulièrement en matière
d'approvisionnement en eau potable et d'épuration des eaux usées,
quel devrait être le rôle de la CRO?
Ainsi, dans le cadre de la communication du ministre des Affaires
municipales, la commission créée, par la ville de Gatineau
procédait à une étude de ce dossier afin de: 1) s'assurer
que l'existence de la communauté est justifiée; 2) évaluer
le fonctionnement de cet organisme face aux problèmes et aspirations de
la ville de Gatineau; 3) formuler des propositions de modifications au
fonctionnement de la loi constituante de la Communauté régionale
de l'Outaouais, compte tenu des changements intervenus aux structures des
municipalités depuis 1975 et de l'évolution démographique
sur le territoire depuis cette même date.
Les conseillers nommés à cette commission et
assistés de nos fonctionnaires se sont établi un plan de travail
comprenant des sessions pour étudier les questions ci-dessous dans
l'ordre suivant. 1) L'existence d'une communauté sur le territoire de
l'Outaouais québécois est-elle justifiée? 2) Étude
sommaire de toutes les compétences obligatoires et facultatives de la
CRO. 3) Étude approfondie en collaboration avec les directeurs des
services concernés de chacune des compétences obligatoires et
facultatives de l'organisme en question. 4) Les relations structurelles de la
Commission de transport de la Communauté régionale de l'Outaouais
vis-à-vis de la Communauté régionale de l'Outaouais et les
changements souhaitables à la charte de ladite commission. 5) Rencontres
avec le gérant de la Communauté régionale de l'Outaouais
pour discuter des compétences exercées et les villes desservies
par cette dernière. 6) Le genre de communauté répondant le
mieux aux besoins... urbaine ou régionale. 7) La composition du conseil
et du comité exécutif de la communauté. 8) La
Société d'aménagement de l'Outaouais.
Le 2 juillet 1980, à la suite de l'adoption par son conseil, la
ville de Gatineau rendait public un rapport intitulé "La
Communauté des années 80". Ce rapport a été
transmis au ministre des Affaires municipales, au président de la
communauté régionale ainsi qu'à toutes les
municipalités membres de cet organisme.
Il y a lieu, M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, de souligner que la conclusion du rapport de la ville de
Gatineau relativement à la question d'abolition où la
restructuration représente la philosophie de notre municipalité
quant à l'existence d'une communauté sur notre territoire et je
me permets de vous le citer: "L'existence de certaines grandes infrastructures,
de celles en voie de réalisation, la planification du territoire sont
des faits qui justifient l'existence d'une communauté quelconque pour
gérer ces infrastructures ou programmes. D'autre part, la coordination
de certains grands dossiers, tels la gestion de l'eau potable, les collecteurs
d'égout et le traitement des données nécessitent que
l'organisme soit fort et animé par une philosophie progressive. "Cet
objectif sera atteint et la communauté ne connaîtra des
succès que selon la volonté des municipalités membres. Une
participation active dans un esprit de collaboration et d'innovation est
l'ingrédient requis pour lui assurer un meilleur fonctionnement."
Le ville de Gatineau et le projet de loi no 28. Le rapport "La
Communauté des années 80" formule 59 recommandations de
modifications à la charte de la communauté régionale. La
courte période de temps à notre disposition ne nous a pas permis
de faire une étude exhaustive pour établir le nombre de nos
recommandations qui sont incorporées au projet de loi en question.
Le conseil de notre municipalité se réjouit toutefois de
constater qu'un bon nombre de nos suggestions furent jugées valables et
font partie intégrante du projet de loi qui fait présentement
l'objet d'une étude de votre part et ceci démontre le
sérieux de notre rapport.
Nous avons malheureusement constaté que le texte de loi omet ou
modifie substantiellement deux des recommandations majeures de la ville de
Gatineau et qui sont d'une extrême importance pour son
développement. Le conseil de la ville de Gatineau a attaché une
très grande importance à la question de la
représentativité au sein du conseil de la communauté ainsi
qu'aux articles concernant l'assainissement des eaux et l'alimentation en eau
potable.
La représentativité. Au sein de tout organisme
composé d'élus, à quelque palier que ce soit, la
composition de l'assemblée délibérante doit être en
fonction de la population du territoire. La richesse ou la superficie d'un
secteur quelconque sont des facteurs qui doivent être
écartés de toute considération, à moins que le
facteur de l'éloignement ne le dicte autrement.
Ce principe de la représentativité selon
l'évolution démographique est d'ailleurs en vigueur à tous
les paliers du gouvernement lors de la révision de la carte
électorale, que ce soit au niveau provincial ou fédéral.
Toute déviation à ce principe risquerait de voir un comté
ou un quartier bien nanti recevoir une représentativité
supérieure à celle d'un autre territoire plus pauvre. Or, il nous
apparaît que l'actuel projet de loi tient grandement compte, pour ne pas
dire uniquement, du potentiel fiscal de la ville de Hull pour établir sa
représentativité au sein du conseil.
D'autre part, lorsqu'on fait la lecture de l'article 120 du projet, nous
constatons que le principe du potentiel fiscal est abandonné en faveur
d'une tarification. Nous pourrions nous accorder avec la composition du conseil
tel que suggéré par l'article 4 si le principe d'une
répartition selon le potentiel fiscal était maintenu par les
autres articles de la loi. Autrement, la ville de Gatineau se considère
traitée inéquitablement au niveau de la
représentativité ainsi que dans la question de l'alimentation en
eau potable et de l'assainissement des eaux.
Au cours des discussions et des rencontres entourant la révision
de la loi constituante de la communauté, les représentants de la
ville de Gatineau se sont montrés disposés à un compromis
quant à la recommandation de son conseil pour que le nombre de ses
représentants soit établi à cinq. Cette disposition
à un compromis, par lequel notre représentation serait
fixée à quatre, est valable pour autant que la ville
reçoive ce qu'elle considère comme un traitement équitable
dans la question de l'assainissement des eaux et de l'alimentation en eau
potable.
L'alimentation en eau potable. Une partie de l'article 119 du projet de
loi se lit comme suit: "La communauté doit, par règlement: 1°
délimiter la partie de son réseau d'alimentation en eau potable
et de son réseau d'assainissement des eaux usées qui est de
nature intermunicipale ou qui, à cause de l'importance de sa fonction
principale à l'intérieur du réseau, doit être
soumise au même régime que la partie intermunicipale; 2°
déterminer les autres éléments de son réseau qui
doivent être considérés au seul avantage de la
municipalité où ils sont situés.
Ces dispositions nous apparaissent obscures quant aux besoins de la
ville de Gatineau pour sa future usine de filtration aussi bien que pour la
situation actuelle de la ville d'Aylmer. En effet, la communauté
régionale possède les usines de filtration d'eau suivantes: a)
l'usine de Hull, desservant la ville de Hull et une partie de la ville de
Gatineau; b) l'usine de Buckingham, desservant les villes de Masson et de
Buckingham; c) l'usine d'Aylmer, desservant la ville d'Aylmer.
Par ailleurs, le texte de l'article 119 du projet de loi pourrait
pénaliser les villes qui furent regroupées en 1975 en faveur des
autres municipalités. Par exemple, à partir des termes actuels du
projet, la ville de Gatineau pourrait se retrouver dans une situation où
elle devrait supporter seule le coût de sa future usine de filtration et,
en plus, une partie des coûts de l'usine de Hull puisque notre territoire
est partiellement desservi par cette dernière usine. Nous devrions donc
partager les coûts de l'usine de Hull et surtout ceux de l'usine de
Buckingham avec laquelle nous n'avons aucun lien. (21 h 30)
Afin de bien illustrer cette préoccupation, permettez-moi de
souligner que le coût de production d'eau potable à Buckingham est
de 1,92 $ par 1000 gallons d'eau, alors que la communauté facture les
villes de Buckingham et de Masson seulement pour 0,64 $ pour une
quantité identique.
Cette possibilité, vous en conviendrez tous, j'en suis sûr,
est inéquitable pour la ville de Gatineau. Compte tenu des
difficultés éprouvées au sein du conseil de la
communauté, à cause des obstructions systématiques de la
ville de Hull relativement à la construction de l'usine de Gatineau et
du fait que cet article contient une disposition accordant à cette
dernière municipalité un droit de veto sur tout règlement
du conseil de la communauté décrétant la construction d'un
tel ouvrage, le conseil de la ville de Gatineau estime qu'il est
impératif de préciser l'article 119 du projet de loi en
incorporant au premier alinéa que les usines de filtration d'eau,
à cause de l'importance de leurs fonctions à l'intérieur
du réseau, soient soumises au régime intermunicipal. Cette
modification est
essentielle au bien-être des citoyens de la ville puisque, chaque
année, la population du secteur représentant le territoire de
l'ancienne ville de Gatineau éprouve de sérieuses pénuries
d'eau.
Nous sommes d'accord pour que les villes de Hull et de Gatineau
possèdent un droit de veto. Toutefois, nous estimons que le
cinquième alinéa de cet article doit être
légèrement modifié pour se lire: "Le ministre charge la
Commission municipale..." au lieu de la phraséologie actuelle. Cette
exigence rassurera le conseil de la ville de Gatineau quant au règlement
rapide de tout litige qui pourrait survenir afin que sa population puisse jouir
d'un approvisionnement en eau potable adéquat.
L'article 120 du projet de loi dit que toutes les dépenses de la
communauté se rapportant à la partie de son réseau
à laquelle il est fait allusion au paragraphe 1° de l'article 119,
ainsi que celles découlant de l'exploitation et de l'entretien de cette
partie du réseau soient réparties entre les municipalités
en proportion du volume d'eau consommée quant aux dépenses se
rapportant à l'alimentation en eau potable, et en proportion de leur
volume d'eau déversée quant aux dépenses se rapportant
à l'assainissement des eaux.
Les recommandations de la ville de Gatineau contenues au rapport de la
communauté pour 1980 sont comme suit:
Alimentation en eau potable: "Que l'article 155b de la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais soit modifié pour
stipuler que les dépenses concernant le paiement des
intérêts et de l'amortissement des emprunts contractés en
vertu de l'acquisition ou de la construction d'une usine d'alimentation en eau,
y compris les réservoirs servant à l'entreposage, soient
réparties entre les municipalités desservies par les
facilités régionales en fonction de leur potentiel fiscal
respectif. "Que les dépenses d'opération et d'entretien des
usines d'alimentation en eau, y compris les réservoirs servant à
l'entreposage, soient réparties entre les municipalités en
proportion du volume des eaux utilisées par chacune d'elles.
Assainissement des eaux: "Que les règlements 22, 24 et 106 de la
Communauté régionale de l'Outaouais soient modifiés aux
articles d'imposition de la taxe spéciale pour lire que la taxe en
question est imposée sur les municipalités desservies en fonction
de leur potentiel fiscal respectif. "Que les coûts d'opération de
l'usine d'épuration soient répartis entre les
municipalités desservies en fonction de leur débit respectif
d'eaux usées."
Le mode de partage des dépenses de la Communauté
régionale de l'Outaouais relativement aux dépenses
d'immobilisation concernant l'alimentation en eau potable, tel que
décrété par le projet de loi no 34 de 1975, est la cause
de la dissension au sein du conseil régional et ne nous paraît pas
avoir les conséquences souhaitées par le législateur.
À cet égard, permettez-nous de vous référer
aux Débats de l'Assemblée nationale du 25 juin 1975, page B-4965,
à l'occasion d'un échange entre le député de
Chicoutimi et le ministre des Affaires municipales et que nous reproduisons
intégralement ci-dessous: "Débats de l'Assemblée
nationale, mercredi 25 juin 1975, page B-4965, première colonne: "M.
Bédard (Chicoutimi): Est-ce que les municipalités ont
été consultées concernant la portée de cet article?
"M. Goldbloom: Oui, M. le Président, je dois souligner que, parmi les
huit, la seule qui pourrait connaître certains inconvénients est
la ville de Hull. Il y a des éléments qui sont prévus, qui
permettront de rendre justice à tout le monde. La ville de Hull ne
souffrira pas de façon significative. "M. Bédard (Chicoutimi):
Est-ce que le ministre pourrait préciser les éléments dont
l'application va donner comme conséquence que la ville de Hull n'aura
pas à souffrir de l'application... "M. Goldbloom: Voyez-vous, M. le
Président, la répartition des dépenses se fait normalement
selon l'évaluation imposable. La ville de Hull a des
propriétés qui, strictement, ne sont pas imposables, même
si elle reçoit des compensations en lieu de taxes. "Si nous transformons
la répartition selon l'évaluation imposable, en une
répartition selon le volume d'eau consommée, il est possible que
la ville de Hull soit appelée à payer une plus forte proportion
des dépenses. "Mais l'on tient compte de l'évaluation totale
plutôt que de l'évaluation strictement imposable, on arrive
à une équité qui semble plus juste."
Il apparaît donc que nos recommandations reflètent bien
l'intention du législateur puisque à l'époque, la question
des compensations du gouvernement fédéral en tenant lieu de taxes
en faveur de la ville de Hull n'était pas réglée de
façon définitive et le ministre des Affaires municipales d'alors
jugeait que les dispositions relatives au partage des dépenses selon le
volume constituait une solution d'équité temporaire. D'autre
part, nos recommandations se situent dans un juste milieu des deux modes de
partage.
À ce dernier égard, M. le Président, vous me
permettrez d'attirer votre attention sur un reportage du journal Le Droit en
date du 2 juin 1983, faisant état d'une déclaration du
député de Hull lors de la période des questions à
l'Assemblée nationale, alors qu'il
citait une lettre du directeur adjoint de l'administration de cette
municipalité à savoir que les compensations du gouvernement du
Canada en tenant lieu de taxes se chiffrent à 6 125 000 $. Le budget de
cette ville prévoit des revenus de 10 899 000 $ en compensation tenant
lieu de taxes pour les édifices non imposables et cela n'inclut pas les
édifices à bureaux de l'entreprise privée loués par
le gouvernement fédéral.
M. le Président, les communautés urbaines ou
régionales, aussi bien que les municipalités régionales de
comté, sont des organismes que le gouvernement a créés
pour permettre à des régions données de se donner
collectivement ce que les municipalités ne pourraient se permettre
individuellement. La question de tarification ne doit pas être
invoquée chaque fois qu'une dépense ne fait pas l'affaire d'une
municipalité pour les raisons suivantes: 1. cette question est à
l'encontre de l'existence même de ces communautés; 2. si l'on
accepte le principe d'une tarification, les seules dépenses à
être partagées selon le potentiel fiscal seraient celles ayant
trait à l'administration de ces gouvernements; 3. peut-être
dira-t-on que ce n'est pas le rôle des gouvernements au palier
inférieur de répartir des richesses et que cette
responsabilité appartient plutôt aux paliers supérieurs.
À cela, nous répondons que le rôle des municipalités
est de fournir à ses citoyens des services à des coûts se
situant a l'intérieur de leur capacité de payer.
Tout ceci, M. le Président, pour dire que le principe de la
tarification autre que le mode que nous préconisons demeure toujours un
principe tout à fait inacceptable pour le conseil de la ville de
Gatineau.
En regard de l'assainissement des eaux, nous croyons que la même
argumentation que nous faisions valoir pour l'eau potable peut et doit se
transposer.
Le paragraphe 3 de l'article 126 nous apparaît superflu puisque la
question de tarif n'est plus requise, le partage des dépenses pour la
fourniture de services relatifs à l'alimentation en eau potable et
à l'assainissement des eaux aux municipalités étant
établi par les dispositions de l'article 120.
En conclusion de nos remarques sur l'article 120, nous désirons
faire part à votre commission que les municipalités
intéressées à cette question, soit les villes de Masson,
Buckingham et Aylmer, lors d'une rencontre avec nos représentants, ont
appuyé la proposition de la ville de Gatineau quant à la
méthode de partage des coûts.
D'autre part, plusieurs municipalités estiment que la
rédaction de la loi actuellement en vigueur porte à
interprétation et plusieurs municipalités se sont
adressées au tribunal afin d'en connaître sa portée exacte.
Les tribunaux n'ont pas encore disposé de cette question.
Il est donc bien important que les nouveaux articles 119 et 120 soient
rédigés de façon à faire disparaître toute
ambiguïté en incorporant au projet de loi nos recommandations
apparaissant aux pages 14 a 17 du présent mémoire.
Articles 251 et 268. L'article 251 permet aux municipalités
d'utiliser les dispositions de l'article 487 de la Loi sur les cités et
villes pour imposer une taxe spéciale pour le paiement de sa quote-part
des dépenses à la communauté ou à la commission de
transport. D'autre part, le deuxième alinéa de l'article 268
prévoit que le conseil de la communauté établit par
règlement les règles relatives aux modalités de paiement
de la quote-part des dépenses pour l'exercice financier visé par
le budget.
À la lecture de ces deux articles, nous constatons que l'on fait
allusion à la quote-part seulement et, compte tenu des
difficultés encourues par ces organismes à quelques reprises pour
le paiement de ces factures, la ville de Gatineau estime qu'il serait
approprié d'apporter un amendement aux dits articles afin d'y ajouter
les mots suivants: "ou toute autre dépense afférente faisant
l'objet d'une tarification particulière". L'article 251.3
prévoyant un remboursement de taxes à tout contribuable qui
aurait payé ses taxes municipales avant une deuxième facturation
peut occasionner un travail administratif très lourd pour les services
financiers de chacune des municipalités. Il nous apparaît que ce
fardeau serait considérablement allégé si cet article
prévoyait que les intérêts sont calculés à
compter de la date d'exigibilité du compte de taxe plutôt que la
date de paiement. Nous recommandons donc que le dernier alinéa dudit
article soit modifié en conséquence.
En conclusion, M. le Président, les remarques qui
précèdent sont des changements que la ville de Gatineau estime
nécessaires au projet de loi pour que la communauté connaisse un
fonctionnement efficace et que la ville de Gatineau se sente traitée
équitablement au sein de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
En dernier lieu nous désirons remercier le ministre des Affaires
municipales et le gouvernement de s'être penchés sur la question
de notre gouvernement régional, que notre population estime très
importante.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le maire de la
ville de Gatineau. Maintenant, je vais céder la parole à M. le
ministre.
M. Léonard: Oui. Je remercie la ville de Gatineau de son
mémoire. Je pense que c'est un excellent mémoire sur la
communauté. C'est très fouillé aussi quant aux
objectifs généraux de la communauté et aussi quant au
partage des coûts, où vous êtes allés beaucoup plus
loin dans les détails. Je note, en tout cas, au départ,
qu'à la page 5 vous vous déclarez en accord avec l'existence de
la communauté; vous dites: "L'existence de certaines grandes
infrastructures, de celles en voie de réalisation, la planification du
territoire sont des faits qui justifient l'existence d'une communauté
quelconque pour gérer ces infrastructures ou programmes."
Je pense que c'est un point important. Donc, la volonté, c'est
plutôt d'améliorer la Communauté régionale de
l'Outaouais et, en tout cas, de la rendre la plus opérationnelle
possible et la plus équitable pour Gatineau.
Alors, on en vient à des points où vous êtes moins
d'accord - je le comprends aussi - sur la question de la
représentativité. Évidemment, il y a une
amélioration. Vous partez de trois votes, vous en atteignez quatre; vous
avez dit que c'était foncièrement, fondamentalement
inéquitable auparavant. Là, vous atteignez une parité qui
est encore discutable, étant donné que vous avez 18 000 ou 20 000
de population de plus que Hull.
Maintenant, disons que, compte tenu du rôle de Hull, qui est quand
même reconnue comme étant une capitale régionale, compte
tenu aussi que, dans cinq ans, il y a quand même cette possibilité
de révision, nous inscrivons cette représentativité dans
le cadre d'un processus évolutif dans la loi. Est-ce qu'on peut quand
même penser que ce n'est pas trop inéquitable, quatre
représentants pour Gatineau? (21 h 45)
M. Luck: M. le Président, il reste quand même,
à l'intérieur de notre mémoire, qu'on est prêt
à faire des compromis. Je pense qu'il y a très peu de villes,
jusqu'ici, qui ont fait des présentations de mémoire où on
parle de compromis comme tel.
M. Léonard: Je voudrais quand même noter une chose.
J'aurais pu le faire aussi lorsque les représentants d'Aylmer ont
présenté leur mémoire, parce qu'ils se sont aussi
prononcés là-dessus. Nous sommes au niveau d'institutions
intermunicipales. Le vote que les citoyens donnent à leurs élus
municipaux pour leur maire est d'abord en fonction de leur municipalité.
C'est dire que vous siégez, au palier d'une institution intermunicipale,
par un mode de représentation indirecte. Vous n'avez pas de pouvoir de
taxation, lorsque vous siégez au conseil d'une communauté
régionale. À partir de ce moment-là, le principe de la
représentation proportionnelle est plus discutable parce que vous
représentez des institutions qui existent comme telles, où vous
êtes élus au suffrage direct, et, à ce moment-là, la
proportionnalité joue beaucoup. Au plan d'institutions à
représentation indirecte, je pense que le principe n'a jamais
été admis comme tel. Effectivement, quand vous regardez la
composition de conseils d'institutions intermunicipales, vous trouvez toutes
sortes de compositions de conseils qui rendent compte de la protection ou de
l'équilibre, plutôt, à l'intérieur même de la
représentation. Je pense que le législateur a toujours
été très prudent là-dessus et les
expériences vécues font qu'on ne peut s'en tenir à une
proportionnalité stricte quant aux institutions intermunicipales. Mais
on essaie de s'en rapprocher le plus possible, je suis d'accord. Je reviendrais
à l'expérience des municipalités régionales de
comté où il y a peu de municipalités qui se ressemblent,
peu de conseils de municipalités régionales de comté
où la représentation se ressemble de façon absolue. Qu'on
se rappelle les positions des partenaires, du moins au niveau des unions,
à l'époque. L'Union des conseils de comté disait: C'est
une municipalité, un vote. L'Union des municipalités du
Québec exigeait une proportionnalité stricte. Finalement, un
compromis s'est établi entre les deux.
M. Luck: M. le Président, j'aimerais bien commenter vos
remarques là-dessus et vous en informer. Effectivement, vous
mentionniez, lorsque vous êtes venu dans la région, je pense, vers
le 25 mars, que la communauté semblait être une des
communautés qui fonctionnaient le mieux dans tout le Québec. On
doit vous dire que, depuis 1975 - je sais que mon collègue, M.
Rocheleau, va certainement le lui rappeler, lorsqu'on rencontrait M. Goldbloom,
à la suite des élections...
M. Léonard: C'est un ex-collègue maintenant.
M. Luck: Oui, oui. En 1975, on parlait de la
représentativité nécessaire de la ville de Gatineau. Je
vous assure que Gatineau aurait pu, à plusieurs reprises, s'orienter
beaucoup plus selon des décisions qui auraient été
probablement beaucoup mieux partagées. On s'est fait imposer certaines
décisions à cause de la représentativité au sein du
conseil. Effectivement, un autre point était à modifier à
l'intérieur de la loi comme telle, car il y avait des villes qui se sont
prononcées contre Gatineau et qui n'avaient aucune raison de le faire.
Gatineau a quand même souffert. On a entendu les représentants de
la ville de Hull parler de la méchante ville de Gatineau. On
était en train de faire un jugement déclaratoire concernant le
chemin Freeman. Nous calculons qu'on s'en est fait passer une vite. On est en
train de défendre tout simplement nos droits et de faire notre devoir
comme
tel.
Effectivement, si Gatineau avait eu sa représentativité -
je vous ai écrit là-dessus, M. le ministre - parce que c'est un
vote pas mal serré qu'on s'est fait imposer par la bande - pour utiliser
une expression de mon ami, M. Rocheleau - on a moins aimé cela, M. le
Président.
M. Léonard: Mais, à l'heure actuelle, M. le maire,
le point le plus crucial dans tout cela demeure un vote sur le partage des
coûts ou la définition des réseaux. Comme on a inscrit dans
la loi un vote aux trois quarts, cela vous donne à vous aussi un droit
de veto. Il y a celui de Hull, mais il y a aussi celui de Gatineau. Cela va
forcer les compromis entre Hull et Gatineau et cela vous protège de
toute façon dans un tel vote.
M. Luck: M. le Président, M. le ministre, si vous me
permettez de répondre à cela, c'est presque impossible,
malgré qu'on puisse l'essayer, mais on devrait indiquer "au moins deux
tentatives". On ne pourra pas travailler éternellement à essayer
d'en venir à un consensus tout en obtenant l'assentiment des trois
quarts. Effectivement, nos collègues qui sont ici, normalement, sont
assez solidaires. Les trois quarts de douze -corrigez-moi si mes calculs
d'arithmétique ne sont pas fameux - d'après moi, c'est neuf. Cela
veut dire que la ville de Gatineau serait obligée d'aller chercher un
représentant de la ville de Hull. C'est presque impossible. M. le
Président, M. le ministre, on devrait statuer: Au moins à deux
tentatives, le ministre chargera la Commission municipale...
M. Léonard: Je ne veux pas présumer de ce que fera
mon éventuel successeur dans vingt ans. Ne vous tordez pas sur votre
chaise comme cela.
M. Kehoe: II faudrait aller plus vite que cela.
M. Léonard: En réalité, avant qu'un ministre
intervienne dans ce dossier, il va laisser un certain nombre de chances, de
tentatives au compromis de se manifester et ce n'est qu'en désespoir de
cause qu'il va transmettre le dossier à la Commission municipale du
Québec.
Par ailleurs, ce processus fait que les municipalités ont
intérêt et auront intérêt à s'entendre,
à établir des compromis et à échanger des choses,
ce qui est finalement normal surtout dans l'administration de services
intermunicipaux comme ceux-ci. Ce qu'on veut indiquer par là, c'est
qu'il y aura nécessairement des discussions entre un premier vote et un
deuxième vote au plan de la communauté régionale, lorsque
les situations pourront être tendues et peut-être même un
troisième avant qu'on aille à la Commission municipale du
Québec. Je crois bien qu'après deux, trois ou quatre votes, si
l'urgence se manifeste, à ce moment, la commission interviendra, mais
cela va amener les municipalités à réfléchir si
c'est la commission qui statue. Mais ne pensez-vous pas que, si l'on
intervenait tout de suite, vous ne seriez pas aussi portés à
accuser le gouvernement de dirigisme et à ne pas laisser les forces en
présence se manifester à ce moment?
M. Luck: M. le Président, si, à cet article, on
voyait une certaine assurance la ville de Gatineau et aussi la ville de Hull
quant à un droit de veto...
M. Léonard: Oui.
M. Luck: Nous calculons que cela peut être assez difficile
d'en arriver à une entente, surtout, comme je l'ai si bien
mentionné lors de la présentation du mémoire tantôt,
à cause des problèmes d'eau potable existant et de la situation
de l'usine de filtration. On doit statuer sur cela dans quelque temps. Je ne
sais pas jusqu'à quel point on a une certaine immunité
parlementaire ici, mais le problème qui existe concernant la question de
l'eau potable est devant les cours depuis quelque temps vu que - si vous me le
permettez - le législateur, selon moi, n'a pas été clair
à l'article 155b, chapitre 85.
M. Léonard: Je crois que c'est une question en suspens. Je
veux simplement attirer votre attention sur une expérience qui a
été vécue cette année au conseil de la
Communauté urbaine de Montréal. Finalement, le président
de l'exécutif a été élu par un vote des deux tiers
alors que, lorsque nous avons discuté la loi ici, tout le monde pensait
en son for intérieur que, finalement, comme ministre, je serais
obligé de le nommer. Or, ce qui est arrivé, il y a eu un premier
vote qui n'a donné aucun résultat. D'ailleurs, au tout
départ, certains des élus municipaux ont refusé de voter
ou pratiquement, au premier tour. Au deuxième tour, on a discuté
beaucoup à savoir si on atteignait le vote des deux tiers. C'est
seulement au bout de plusieurs semaines, je dirais deux mois, que le consensus
s'est finalement fait entre les élus municipaux sans que j'aie à
intervenir: C'est seulement pour vous dire la force d'un processus
évolutif comme cela sur le plan décisionnel. J'aurais le
goût de le tenter pour cinq ans.
M. Trottier (Richard): M. le ministre, voulez-vous dire à
ce moment-ci que vous laisseriez durer pour cinq ans le débat ou le
manque d'harmonie qui existe dans
l'Outaouais relativement à la répartition des
coûts?
M. Léonard: Non. Je pense que, le processus étant
là, l'harmonie va se faire. Au fond, si je vous posais la question ce
soir, en transmettant votre dossier de partage des coûts à la
Commission municipale, êtes-vous sûr du résultat? J'entends
ici un collègue qui dit: Le pire des arrangements est meilleur qu'un
jugement.
M. Luck: M. le Président, on peut certainement essayer de
vivre avec cela en tout cas, pour faire une tentative. C'est sûr et
certain que vous allez être sensibilisé. Je ne sais pas si c'est
une tactique législative d'essayer de nous avoir par l'usure,
mais...
M. Léonard: Ce dont je veux simplement vous faire prendre
conscience, c'est que, finalement, vous pensez peut-être partir avec peu
d'atouts dans votre jeu, mais supposons que, votre adversaire ou votre
vis-à-vis est Hull, qu'elle est exactement dans la même situation
que vous, que vous avez autant de chances qu'elle d'arriver à bien faire
préciser un règlement de partage des coûts et qu'à
ce moment-là vous pouvez discuter d'une réglementation sur le
partage des coûts. Supposons qu'on adopte le projet de loi dans quelque
temps. Il peut se passer effectivement deux, trois, quatre ou cinq mois,
après on discutera autour d'un règlement de partage des
coûts. Entre-temps, c'est la situation actuelle qui prévaut; mais,
après un moment donné, par rapport à une
résolution, cela peut aller devant la commission. Je pense aussi qu'il
va y avoir des forces internes à la communauté qui feront que
vous allez finir par vous entendre, l'un cédant une chose et l'autre une
autre; finalement, vous allez graduellement vous rejoindre.
M. Trottier: M. le Président, si vous permettez, Gatineau
part perdante parce qu'on est quand même victime d'avoir vécu un
regroupement. On a dû vivre avec ce regroupement, contrairement aux
autres municipalités qui ont tout à gagner relativement aux
conduites maîtresses. Ce qui était reconnu intermunicipal avant la
loi 98 n'est plus intermunicipal. Ce sont des conduites à
caractère local. Alors, Gatineau part perdante.
M. Léonard: Oui, mais M. le conseiller, il reste quand
même que, dans la loi, vous pouvez aussi adopter un règlement
définissant les réseaux de conduites maîtresses. Donc,
là-dessus aussi vous avez le même processus.
M. Trottien Vous avez exposé, M. le ministre, au tableau -
je crois qu'il valait mille mots ce fameux tableau - où il y a une
nouvelle définition qu'on appelle une conduite d'amenée, ce qu'on
appelle la formule Chartier qui a été pondue par la
communauté régionale, où la ville de
Gatineau va récolter en fonction de conduites d'amenée 1
500 000 $. De plus, à l'inverse de cela...
M. Léonard: M. le conseiller, cette carte n'a pas encore
été acceptée, c'est une proposition.
M. Trottier: Non.
M. Léonard: À ce moment-là, vosquatre votes constituent un veto par rapport à cela. Donc, vous avez
une bonne poignée pour discuter.
M. Trottier: Avec quel atout en poche, M. le ministre?
M. Léonard: Je vous fais confiance. Vous en avez autant
que Hull, à toutes fins utiles. (22 heures)
M. Trottier: Vous savez, ce problème n'existe
peut-être pas dans les autres communautés, parce que,
effectivement, elles se servent beaucoup du potentiel fiscal. En ce qui a trait
à l'Outaouais - d'ailleurs, le ville de Hull en a fait état dans
son mémoire - on ira de plus en plus vers une tarification. Si on prend
la formule ou l'énoncé de la ville de Gatineau dans son livre "La
Communauté des années 80", il y a quand même une formule
mixte où on va en fonction du potentiel fiscal et en fonction du
"gallonnage", dans un premier temps, pour les dépenses d'immobilisation,
dans un autre temps, pour des dépenses d'opération. Dans ce
cas-ci, je crois qu'il y aurait peut-être lieu d'y avoir un terrain
d'entente.
M. Léonard: Bofl... oui! Cela pourrait créer
d'autres problèmes. À la Communauté urbaine de
Montréal, 98% des dépenses sont partagées sur le potentiel
fiscal. Les municipalités ont en effet quelques petits problèmes.
Vous avez entendu parler des tranferts fiscaux - je pense que cela a fait les
manchettes des journaux surtout l'an dernier - l'acuité du
problème était plus grande parce que toutes leurs dépenses
étaient réparties selon le potentiel fiscal. Donc, là
aussi, cela pose des problèmes.
D'autre part, dans la proposition que vous faites, il y a quand
même un problème de définition entre dépenses de
capital et dépenses de fonctionnement. On ne se contera pas nos
expériences personnelles là-dessus, mais, comme
vérificateur, j'ai déjà vu passer des gros camions dans
les dépenses de fonctionnement d'une entreprise, à l'encontre
d'un règlement d'emprunt. Cela passait dans les dépenses de
fonctionnement.
Surveiller tout cela, c'est quelque chose aussi et définir cela
pose une autre série de problèmes.
Ce que vous avez et ce que le projet de loi vous propose à
l'heure actuelle, c'est que votre définition des conduites
maîtresses est faite par un règlement adopté aux trois
quarts des voix, donc, sur lequel vous devez être d'accord et sur lequel
Hull doit être d'accord. Cela veut dire que vous êtes
forcés, à un moment donné, de vous entendre. Hull devra
céder des choses et vous devrez peut-être vous aussi en
céder et, finalement, le compromis se retrouvera quelque part, sinon
là-dessus, sur autre chose aussi. Vous pourrez négocier. C'est
l'esprit. Vous discuterez d'abord sur l'adoption même du
règlement. Je pense que c'est une proposition qu'on vous fait sur cinq
ans.
M. Trottier: En ce qui concerne le besoin d'eau potable que nous
avons signalé dans le mémoire, théoriquement, ce qui
s'imposera dans trois, quatre ou cinq mois d'ici, c'est qu'on serait prêt
à accepter les plans et devis et à aller en demande de
soumissions pour la construction de la future usine. S'il n'y a pas d'entente
et si l'article 119 est maintenu, à savoir que le ministre peut demander
à la Commission municipale de statuer, est-ce que cela veut dire que,
à la suite des deux votes locaux, s'il n'y a pas entente, une
décision pourrait se laisser attendre?
M. Léonard: Je ne dis pas qu'il n'y aura jamais
intervention de la commission. Je dis que le processus fera beaucoup
réfléchir les partenaires avant de remettre le dossier à
la commission ou au ministre pour faire intervenir la commission. C'est une
chose.
À mon sens, normalement, on va arriver à des compromis. On
fera peut-être une fois l'expérience de la commission. Il y aura
très probablement quelqu'un de malheureux. Lorsqu'un jugement passe
quelque part, il y a toujours quelqu'un de malheureux, sinon, ce sont les deux
qui sont malheureux. Cela peut aussi arriver. Il faudrait penser à cela.
À mon sens, je crois que la proposition qu'on vous fait amène
l'autre partenaire, Hull aussi, à vous céder des choses,
nécessairement. En tout cas, je ne veux pas prendre tout le temps pour
vous poser des questions là-dessus.
C'est un cas très important, le partage des coûts sur les
conduites maîtresses. Si je comprends bien, pour les autres aspects du
projet de loi, cela peut aller. Je reviendrai peut-être, parce que j'ai
posé des questions par rapport à votre mémoire, sur
d'autres points que vous soulevez. Je reviendrai à la fin, parce que
j'aurai peut-être reçu des réponses à ce
moment-là.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le
député de Chapleau.
M. Kehoe: Oui, M. le Président, M. le maire, MM. les
représentants de la ville de Gatineau, jusqu'à maintenant, je
pense que le mémoire présenté par la ville de Gatineau est
le seul qui fait des concessions majeures, qui est fait dans un esprit de
conciliation et vraiment de régionalisation. Il préconise de
tenter d'en venir à une entente. Les deux points en litige qu'on a vus
dans le mémoire présenté par la ville de Hull par rapport
à celui de la ville de Gatineau, c'est la représentativité
ainsi que le partage des coûts.
Vous l'avez mentionné, M. le maire, et il est bien inscrit dans
votre rapport, en ce qui concerne la représentativité, vous
exigez, et avec raison, pour autant que je suis concerné, que Gatineau
ait cinq membres, en se basant sur la population.
La population de la ville de Gatineau est d'environ 75 000 personnes,
celle de Hull est d'environ 60 000 personnes. Cela fut toujours la position,
que je crois juste, de la ville de Gatineau d'avoir un représentant par
15 000 de population. Toutefois, je constate que la ville de Gatineau est
prête à céder sur cette question pourvu qu'on accepte son
autre demande, que je considère majeure, concernant la restructuration
de la CRO, la question du partage des coûts. Il y a eu des concessions de
la part des autres composantes et, surtout, je pense que ce serait la ville de
Hull qui, dans ce domaine, devrait faire des concessions. Évidemment,
après avoir entendu le mémoire présenté par la
ville de Hull, il semble bien catégorique et bien spécifique que
l'attention de la ville de Hull se porte strictement sur le partage des
coûts selon la tarification.
La ville de Gatineau est située au centre. Vous faites d'abord
une concession pour la représentativité et deuxièmement
pour le partage des coûts en disant que, grosso modo, sur la question
d'immobilisation, c'est le potentiel fiscal. En ce qui concerne le
fonctionnement ou les opérations, t'est une question de volume ou de
tarification.
M. le maire, d'après l'expérience vécue à ce
jour, vous êtes à la CRO depuis 1975 et vous avez une certaine
expérience des composantes des autres villes, en tentant de
régler différents problèmes, croyez-vous
sincèrement que les positions, telles qu'elles sont présentement
établies par le projet de loi 28, qui sont diamétralement
opposées, celle de Gatineau ou celle de Hull, vous pourriez concilier
ces deux positions et que vous pourriez en venir à une entente sans que
ce soit référé à la commission pour régler
des problèmes d'importance capitale?
M. Luck: M. le Président, M. le député, je
pense que je suis un type - je parle
personnellement - qui entretient beaucoup d'espoirs. Je ne voudrais pas
que l'adoption du bill 28 avorte sur une telle question. Il y aurait
peut-être possibilité qu'on se retourne et, comme le ministre l'a
mentionné plus tôt, il y a peut-être une ouverture. Je n'ai
jamais connu une option comme telle à l'intérieur d'une loi.
Il y a une possibilité, mais il faudrait quand même qu'il y
ait une limitation à notre volonté, il ne faudrait pas que cela
dure éternellement, parce qu'il y a quand même des besoins, M. le
Président, pour la ville de Gatineau comme telle, qui est la ville, du
côté de l'Outaouais québécois, la plus progressiste.
Elle a donc certainement besoin d'avoir des équipements,
immédiatement et rapidement. C'est notre crainte.
M. Kehoe: M. le maire, en ce qui concerne la procédure
suivie, à la Communauté urbaine de Montréal, comme l'a
indiqué plus tôt M. le ministre, 98% des coûts sont
basés sur le potentiel fiscal; à la Communauté urbaine de
Québec, 74% des coûts sont basés sur le potentiel fiscal.
Si l'on compare cela avec la CRO, il n'y a que 43% des coûts qui sont
basés sur le potentiel fiscal. Avec des chiffres aussi
différents, comportant un écart aussi frappant entre les deux
villes, croyez-vous que le potentiel fiscal est la seule voie de l'avenir pour
la ville de Gatineau pour avoir vraiment un juste partage des coûts,
l'augmentation du pourcentage qui sera payée par le potentiel
fiscal?
M. Luck: À l'heure actuelle, M. le Président, pour
répondre à la question de M. le député, je pense
qu'il y a effectivement une ville qui peut être pénalisée
immédiatement. Mais, à long terme, comme je l'expliquais
tantôt, la ville de Gatineau est une ville extrêmement
progressiste. Donnez-nous des équipements et on est assuré...
Effectivement, il y a d'autres élus qui l'ont mentionné dans le
passé, la ville de Gatineau est la septième ville du
Québec. On n'est pas prêt à se limiter à cela, sans
pour autant être de nature vantarde. On a un potentiel et je suis
convaincu qu'à la longue, la ville de Gatineau paiera plus que sa juste
part. C'est dans ce sens-là, M. le Président.
M. Kehoe: Dans un autre ordre d'idées, la question de la
promotion et du développement économique est prévue dans
un article de la nouvelle loi. Est-ce que la ville de Gatineau et
vous-même préconisez cela? Est-ce que cela devrait être
l'une des activités de la CRO à l'avenir?
M. Luck: M. le Président, est-ce que le
député pourrait répéter sa question? Je ne l'ai pas
saisie?
M. Kehoe: La promotion et les développements
économique et industriel que préconise un article de la nouvelle
loi 28, est-ce que, personnellement, vous croyez que la CRO devrait embarquer
dans ce champ d'actitivés?
M. Luck: M. le Président, M. le député, nous
ne l'avons pas indiqué à l'intérieur de notre
mémoire comme tel. D'ailleurs, nous avons, lors d'une rencontre du 17
mai, à la communauté comme telle, statué que la question
de la promotion industrielle devrait être laissée à la
société d'aménagement. Par contre, nous voyons à
l'heure actuelle, à l'intérieur de la loi, certains malaises
à l'intérieur de la communauté qui devraient être
corrigés. Je pense que, selon les opinions qui ont été
soumises par mes collègues de Hull tantôt, à l'effet de
donner l'occasion à des villes qui le veulent de faire une certaine
promotion: la ville de Gatineau est effectivement un agent de
développement économique et je pense - je ne sais pas
jusqu'à quel point c'est exact - que la ville de Hull a des sommes
à dépenser pour un agent de développement
économique. Je pense que la loi de la communauté devrait
être adoptée comme telle.
M. Kehoe: En ce qui concerne le droit de veto qui est
mentionné dans la loi, et, par la suite l'obligation des
municipalités après avoir tenu deux votes - c'est-à-dire
que la CRO, après avoir voté deux fois, n'est pas capable de
résoudre le problème, à ce moment-là le litige
serait soumis à la commission? Est-ce que la ville de Gatineau a
déterminé quels critères la commission devrait avoir en
vue de régler le problème qui peut exister entre les deux
municipalités en désaccord?
M. Luck: M. le Président, c'est très difficile. Je
pense que j'ai donné mon opinion tantôt. C'est très
difficile de répondre à la question comme telle. Je pense que,
présentement, la ville de Gatineau a un urgent besoin d'infrastructures:
une usine de filtration, des conduites maîtresses. D'ailleurs, je ne veux
rien enlever à d'autres municipalités, mais je pense que la ville
de Gatineau a des urgences, des besoins immédiats pour la mise en valeur
de son territoire. Je pense que cette décision relève des
compétences de la communauté qui doit nous donner ces
infrastructures. (22 h 15)
M. Kehoe: Spécifiquement, M. Luck, dans le mémoire
de la ville de Hull, on fait allusion à la question de l'usine de
filtration qui sera construite dans la ville de Gatineau et à
l'opposition systématique de la ville de Hull à cette initiative
de la ville de Gatineau. Si l'affaire n'est pas réglée, n'est pas
réglable et que cela va jusqu'à la
commission pour décider quelle position devrait être prise
dans un dossier tel que celui-là, avez-vous des commentaires à
faire en ce qui concerne ce dossier?
M. Luck: M. le Président, je pense -comme je le
mentionnais tantôt - que Gatineau dépend effectivement de la
nécessité de la construction de cette usine de filtration. Cela
était quand même de la compétence de la communauté
et je pense que la communauté a déjà statué
là-dessus aux articles 153 et 155b. On traîne ce dossier depuis
1976. On a tout essayé pour réduire les dépenses.
Effectivement, nous n'étions pas contre la possibilité de
réduire les coûts. On est allé sur l'île Kettle et on
a fait des prélèvements pour voir jusqu'à quel point on
pourrait filtrer l'eau à travers le sable localisé sur
l'île Kettle. On a tout essayé par l'entremise du ministère
de l'Environnement. Durant ce temps, la ville a un urgent besoin d'eau. Je
pense que ce qu'on veut démontrer ici ce soir, c'est qu'on a beaucoup
d'espoir dans le droit de veto mais je me demande jusqu'à quel point
cela pourrait nous donner des assurances. C'est un besoin qui manque à
la municipalité.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y a... M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Vous n'avez pas d'objection, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Non, pourvu que vous fassiez
cela comme toujours, sagement et brièvement.
M. Rocheleau: Comme l'habitude le veut. M. le Président,
M. le maire, MM. les conseillers, MM. les fonctionnaires de la ville de
Gatineau, je ne veux pas m'attarder trop longtemps sur le mode de
représentativité. Je pense que le ministre a fait un
énoncé qui tient compte d'un partage équitable entre ce
qu'on pourrait appeler la capitale régionale et la métropole
régionale. Je voudrais tenir compte d'un fait aussi, un fait
relativement important. Quand on parle de la représentativité en
tenant compte du nombre, on semble couper par tranches d'environ 15 000 en
disant que pour chaque tranche de 15 000 il devrait y avoir un
représentant. Cela nous amènerait effectivement à une
représentativité de cinq pour Gatineau, quatre pour Hull, deux
pour Aylmer et un pour toutes les autres.
Par contre, si on tient compte des municipalités à
caractère rural, si on prend Val-des-Monts avec une population de 3500
habitants, si on prend Pontiac avec une population de 3300 habitants
approximativement, La Pêche 4600, Hull-Ouest 3500, cela voudrait dire
qu'il faudrait un représentant regroupant un bloc de
municipalités rurales pour tenir compte de la
représentativité par tranches de 15 000, alors que chacune de ces
municipalités veut avoir son mot à dire au sein de la
communauté régionale.
Avec cette espèce de droit de veto -on sait comment cela est
important, un droit de veto, maintenant que le Québec a perdu le sien,
on s'aperçoit que cela a une certaine importance - tenant compte des
municipalités qui doivent payer un équipement quelconque ou un
règlement quelconque, ce sont les municipalités qui en
défraient le coût qui ont à voter. S'il y a deux, trois ou
quatre municipalités qui sont impliquées, je pense qu'autant Hull
que Gatineau peut se sentir davantage protégée. S'il n'y a pas
d'entente entre les deux, en dernier recours, la Commission municipale pourrait
examiner le problème et apporter des recommandations tenant compte de
l'équité ou de l'ensemble du problème. Pour ce qui est de
la représentativité, la forme que prend le projet de loi, je
trouve cela acceptable. On pourrait en discuter longuement. À moins
qu'on puisse découvrir par là simplement une raison de dire qu'on
va satisfaire un autre conseiller municipal pour avoir une "jobine on the side"
et se faire un autre coussin de 8500 $, il y a toujours cet
élément qui retient plusieurs municipalités à
l'intérieur de la CRO actuellement, surtout quand on parle des
municipalités rurales qui retirent moins en salaires,
c'est-à-dire que le maire retire moins en salaire qu'à la
communauté régionale.
Je me souviens, entre autres, quand nous avions 32 municipalités
dans l'Outaouais québécois, qu'il y a eu des maires qui
recevaient plus en salaire de la CRO, qu'ils ne défrayaient en
coût total au niveau de la même CRO. Je pense qu'il était
bien évident que l'élément prioritaire était
davantage le salaire. J'aurai peut-être l'occasion d'en discuter
tantôt, parce que, depuis 1978, on a dégroupé les
municipalités faisant partie du grand Buckingham. On a eu un maire qui a
suivi très activement l'ensemble des délibérations, soit
le maire de L'Ange-Gardien, alors que les deux autres, normalement, pour
l'intérêt de leur municipalité, même si
c'était encore la ville de Buckingham qui en était responsable,
ils auraient peut-être pu suivre un peu plus les assemblées. Cela
aurait démontré un intérêt autre que
l'intérêt pécuniaire. Je ne m'attarderai pas plus longtemps
sur la question de la représentativité.
Par contre, M. le maire de Gatineau, est-ce que vous seriez d'accord si
une ou des municipalités à caractère rural souhaitaient se
retirer de la communauté régionale pour se greffer davantage
à des municipalités régionales de comté où,
tenant compte de leur affinité et tenant compte de leurs
problèmes, elles se retrouveraient davantage
à l'intérieur de ces municipalités? On a des
demandes; entre autres, une demande d'une municipalité rurale qui
souhaiterait son retrait à la suite d'un référendum
qu'elle a tenu et dont le maire a été élu, je pense,
à l'intérieur d'un mandat qui demandait son retrait de la CRO.
Est-ce que vous souhaiteriez être aussi démocratique que de dire
à ceux qui veulent se retirer que c'est leur choix?
M. Luck: M. le Président, j'ai travaillé sur le
dossier, comme vous, M. le député, lorsqu'il y a eu la
formulation de la commission Luck. Une des décisions de cette commission
n'a pas été prise à l'unanimité, je dois le
mentionner: c'était celle de l'affinité, c'est-à-dire le
territoire comme tel. Je pense que le territoire que nous représentons
ici ce soir inclut aussi la ville de Pontiac. Cela n'enlève rien,
à l'intérieur d'un système démocratique, de
permettre à ces gens d'être représentés
démocratiquement devant cette commission. Lors de l'étude
à la commission Luck, nous voyions une affinité des
résidents, aussi bien de Pontiac, La Pêche, Val-des-Monts,
Notre-Dame-de-la-Salette - peut-être moins Notre-Dame-de-la-Salette - que
des autres municipalités entourant le territoire de la Communauté
régionale de l'Outaouais, qui avait une superficie, à ce
moment-là, de 960 milles carrés.
M. Rocheleau: Par contre, M. le maire, je vais simplement vous
demander de nouveau si vous accepteriez qu'une municipalité veuille se
retirer de la CRO. Est-ce que vous respecteriez le voeu de cette
municipalité si c'était demandé, ou si c'était
demandé tantôt par la municipalité de Pontiac?
M. Luck: M. le Président, je pense qu'il faut
peut-être se replacer dans le contexte. Je vous donne les opinions qui
ont été exprimées dans les études de la commission
Luck. Vous me demandez une opinion et je me demande jusqu'à quel point,
parce que, effectivement, la ville de Hull nous a menacés
récemment - et il semble que cela faisait partie de sa
présentation d'aujourd'hui - de se retirer de la communauté. M.
le Président, à ce moment-là, lorsque les médias
m'ont demandé mon point de vue là-dessus, j'ai dit: C'est presque
impossible de vouloir se retirer, car, dans le point qu'on est en train de
formuler au niveau du Québec, on parle de création de MRC comme
telle. Je me demande en réalité quelle option ces gens auraient
quant à l"'opting in" ou à l'"opting out". Je pense que notre
étude a été signée par tous les maires de la
commission Luck à l'exception de Pontiac, qui avait reçu une
expression de volonté politique de la population par
référendum.
M. le Président, j'espère que j'ai répondu aux
questions du député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, le maire Luck semble avoir
certaines affinités avec le premier ministre du Québec. Je
voudrais qu'il me réponde bien simplement parce que je n'ai pas eu la
réponse que j'aurais souhaitée. Je veux simplement avoir son
opinion. La municipalité de Pontiac va faire une représentation
tantôt. Advenant le cas où on lui suggérerait d'avoir
l'approbation de l'ensemble des municipalités pour accepter son retrait,
admettons que cela devienne une condition, si les municipalités à
l'intérieur de la CRO acceptent le retrait de la municipalité de
Pontiac, le gouvernement pourrait peut-être accepter ce retrait. Dans
cette hypothèse, est-ce que la ville de Gatineau comme telle accorderait
son appui à la ville de Pontiac ou à la municipalité de
Pontiac si celle-ci voulait, indépendamment de toute négociation,
de toute condition ou de quoi que ce soit, se retirer tout simplement de la CRO
pour se greffer à l'intérieur d'une municipalité
régionale de comté? C'est simplement un oui ou un non.
Diriez-vous à ce moment-là: La démocratie veut que les
gens de Pontiac se retirent; s'ils veulent se retirer, on n'a pas d'objection
ou on a des objections?
M. Luck: M. le Président, on pourrait peut-être
demander au député de Hull de se référer à
la page 87 du rapport Trottier; effectivement, il y a une mention dans le
deuxième paragraphe. Je ne sais pas si vous l'avez avec vous, M.
Rocheleau.
On a quand même, M. le Président, soumis une opinion sur le
travail de la commission comme telle. Je pense que ce n'est pas à moi
à statuer. La ville de Pontiac nous suit, je crois. Il y a eu une
représentation qui s'est faite. Elle a fait sa représentation le
25 mars. Elle a aussi fait une représentation le 17 mai. Elle a
donné une opinion. J'ai moi-même donné une opinion. Je
pense que de là à dire si oui ou non elle pourrait se retirer,
est-ce qu'on redonnerait un "opting out" ou un "opting in" de Gatineau - Hull
à l'intérieur? Si on parle des municipalités, on est rendu
au nombre de onze. Est-ce dans la nature de la loi comme telle, M. le
Président?
M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander à M.
Rocheleau de la lire? Je peux peut-être la lui lire?
M. Rocheleau: Je l'ai retrouvée.
M. Léonard: C'est parce que vous auriez compris tout de
suite.
M. Luck: M. le Président, si vous me le permettez...
M. Rocheleau: C'est un autre document, mais je vous avoue qu'il
est aussi ambigu.
M. Luck: M. le Président, si vous me le permettez: II
appartient donc au conseil municipal de chacune des municipalités
rurales concernées d'évaluer l'organisme régional en
fonction du bien-être de leur population respective.
M. Rocheleau: Cela répond à ma question. Dans une
autre optique, M. le maire de Gatineau, à la page 19 de votre
mémoire, vous avez fait allusion à des propos tenus par M.
Goldbloom il y a quelques années, concernant - et j'en ai parlé
quelque peu, mais je veux simplement que l'on se rafraîchisse la
mémoire - le fait que la ville de Hull avant l'adoption de la loi 57 sur
la fiscalité, avait une certaine forme de compensation
d'équité, vu qu'elle ne payait pas sa quote-part sur les "en
lieu" de taxes des édifices fédéraux. (22 h 30)
On se souvient combien de fois la ville de Gatineau est intervenue dans
un but d'incitation et même par des procédures judiciaires, parce
qu'on était tellement habitué à cela, à retenir des
avocats pour faire des causes, qu'on souhaitait que la ville de Hull paie ses
"en lieu" de taxes. La loi était très claire à ce moment
que la ville ne devait pas, de par la loi, défrayer sa quote-part
à la CRO sur les "en lieu" de taxes. Ce n'était pas inclus dans
la loi.
Par contre, depuis le loi 57, effectivement, la ville de Hull
défraie maintenant sur les "en lieu" de taxes sa quote-part à la
Communauté régionale de l'Outaouais. Je voudrais apporter une
petite correction parce que vous avez souligné un montant d'"en lieu" de
taxes de 6 125 000 $ et cela a été une erreur de frappe dans le
journal Le Droit où vous avez puisé cette information,
c'était 8 125 000 $ plutât que 6 125 000 $, indépendamment
des autres montants en provenance d'édifices appartenant à des
entreprises privées et louées par bail emphytéotique au
gouvernement fédéral, je pense que c'était juste une
correction à apporter. Cela met simplement plus de saveur dans les
chiffres. Une dernière question, le maire de Gatineau a
été très impliqué dans le comité qui
concerne la CTCRO...
M. Luck: Le comité de liaison.
M. Rocheleau: ...le comité de liaison. Je sais
pertinemment que le maire de Gatineau a fait un excellent travail de ce
côté. Aux articles 81, 82, 83 du projet de loi 28, on retrouve des
modifications assez importantes à la CTCRO et j'aimerais connaître
votre opinion, M. le maire, et l'opinion de vos collègues aussi. Est-ce
qu'on devrait s'attarder à modifier encore aujourd'hui cette structure
alors qu'on l'a modifiée quelque peu pour répondre aux
aspirations du milieu, c'est-à-dire d'avoir des représentants
élus au conseil d'administration de la CTCRO sans pour autant faire un
bouleversement aussi radical que d'éliminer à toutes fins le
titre ou le poste de président-directeur général tel qu'il
est occupé présentement par M. Antoine Grégoire, qui
avait, je pense, un mandat à compter de 1980, un mandat de dix ans?
J'aimerais peut-être entendre vos commentaires là-dessus,
sachant que cela fait partie de la même loi, que cela fait partie de
certains articles qui peuvent quand même apporter plus de membres et
peut-être faire double emploi au départ. On pourrait
peut-être vous entendre là-dessus, sachant que vous avez
déjà fait du travail. Vous avez aussi, je pense, un
mémoire là-dessus. J'aimerais vous entendre.
M. Luck: M. le Président, M. le député,
d'ailleurs, si vous me permettez, j'ai préparé un mémoire
comme président du comité de liaison CRO-CTCRO et j'ai
demandé au ministre d'être entendu devant cette commission
après la ville de Gatineau pour être en mesure de donner mes
remarques concernant les amendements qui sont prévus à l'heure
actuelle dans le projet de loi 28. Cette permission m'a été
accordée. Je ferai la présentation du mémoire à ce
moment.
M. Rocheleau: J'ai une dernière question, on remarque, et
on a peut-être copié un peu à l'intérieur de la loi
sur la communauté...
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que ce serait sur une
question antérieure que vous aimeriez intervenir?
M. Trottier: C'est sur la question que vient de poser le
député de Hull. C'est que, lors d'autres interventions,
aujourd'hui, il semble être allergique à la démocratie, car
il s'offense du nombre de représentants qui pourraient siéger
à la commission de transport. On a évolué quand même
depuis le début des années soixante-dix. Il y a quand même
six municipalités qui sont desservies par le transport en commun. Comme
tout élu, je pense que la commission de transport aurait droit d'avoir
des gens qui sont répondants de la population, qui passent devant
l'électorat. Je ne suis pas allergique à cette démocratie
et je ne suis pas allergique à ce qu'il y ait des répondants.
Mais si ces répondants, au bout de quatre ans, ne remplissent pas le
rôle que les contribuables ont bien voulu leur attribuer, je ne suis pas
allergique à ce qu'ils soient là et la population les jugera. Ce
n'est pas une question de dire que cela va créer des - on
s'est servi de divers termes - jobs, des fioles, etc. Il faudrait penser
que, dans les six ou sept dernières années, on s'est quand
même de plus en plus démocratisé au niveau municipal.
Là où on avait des conseils de six - sept membres avec un maire -
dans le cas de Gatineau, on est passé à douze - treize avec le
maire. La ville de Hull a connu la même situation lors de sa
dernière élection et c'est ainsi dans presque toutes les
municipalités. De là à dire qu'il y aura une commission
comme où anciennement on nommait des gens pour des mandats de dix ans,
qui ne sont responsables devant la population en aucune façon, si ce
n'est que pour venir rencontrer les membres de la communauté
régionale à l'adoption du budget ou à d'autres moments
lorsqu'on veut faire des emprunts, ce n'est pas une façon
démocratique de gérer une boîte qui administre des millions
et des millions de dollars et qui, directement, annuellement, va taxer les
contribuables. Si on regarde la quote-part des municipalités envers la
CTCRO depuis les cinq dernières années, dans notre cas cela a
quintuplé. Je crois qu'à ce moment il devrait y avoir des gens
qui sont répondants au peuple, qui sont élus et, comme je l'ai
dit, je ne suis pas allergique à ce qu'il y ait six membres, un membre
par municipalité desservie. Je n'y suis pas allergique.
M. Rocheleau: Non. M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Brouillet): Excusez une minute. C'est
que, sur la CTCRO, il y aura tantôt un exposé, un mémoire.
Est-ce qu'il ne serait peut-être pas bon de réserver cette
discussion...
M. Rocheleau: Oui, j'allais justement conclure là-dessus,
M. le Président. Le maire Luck a fait la présentation d'un
mémoire qui tient compte de cet aspect et j'aimerais apporter, pour le
bénéfice de mon ex-collègue de la CRO, M. Trottier,
seulement un éclaircissement: je pense que j'ai toujours eu le plus
grand respect pour la démocratie et je l'ai toujours
démontré. Je n'ai pas d'objection à ce que les
municipalités qui défraient une partie du coût du
déficit soient représentées. Je pense que nous sommes
intervenus à plusieurs reprises à l'Assemblée nationale
pour permettre, plutôt que d'avoir des personnes mandatées
antérieurement, et par la ville de Hull et la ville de Gatineau, des
personnes représentant le milieu, qu'on ait plutôt des
élus. On a fait ces représentations et, l'an passé,
à l'intérieur d'un projet de loi omnibus, on a corrigé une
partie de la situation en permettant aux villes de Gatineau et de Hull de
mandater un élu à la table du conseil de la CTCRO.
Remarquez que je n'aurais pas objection à ce que l'on fasse une
addition aujourd'hui avec des villes participant au déficit pour
qu'elles soient représentées aussi à cette table.
Où je posais la question - on aura peut-être le résultat
dans le mémoire que présentera le maire Luck - c'est sur la
perturbation, globalement, causée par le changement apporté
à la CTCRO contre un dédoublement possible tenant compte qu'il y
a déjà un président qui est là, qui a un mandat
pour X années, avec un conseil d'administration. Au cours des treize
dernières années, c'est la première année, je
pense, que la CRO adopte officiellement le budget de la CTCRO. Avant, il
était adopté par défaut. Je pense qu'il y a
déjà eu là un... Mais je suis bien prêt à
entendre le maire Luck là-dessus s'il a un ensemble de points à
nous faire valoir.
Le dernier point, M. le Président, c'est que - j'étais
justement à ouvrir ce paragraphe qui me retient à
l'intérieur de la loi 28 - on y a inséré des articles que
l'on retrouve à l'intérieur de la Communauté urbaine de
Montréal entre autres, c'est-à-dire que, si le budget n'est pas
adopté à la CRO, il pourrait être distribué sous
forme de quarts. Personnellement, j'y voyais certains désavantages
marqués car chacune des municipalités doit, à
l'intérieur de son budget, prévoir les sommes nécessaires
afin, dans la taxation, de faire parvenir le compte de taxe pour l'année
en cours, et de prévoir le montant global du budget d'un coup. Je
comprends que la Communauté urbaine de Montréal, à cause
de l'immensité de cet organisme, commande des réajustements
trimestriels possiblement. Dans le cas de la Communauté régionale
de l'Outaouais, je me demande si cela ne sera pas plus embarrassant qu'autre
chose.
M. Luck: M. le Président, c'est la raison de notre
intervention et disons que c'est de nature technique, qu'on a fait cette
recommandation pour des modifications au projet de loi 28 comme tel. C'est
indiqué, M. le Président, à la page 25 de notre
mémoire.
M. Rocheleau: Afin de maintenir le statu quo concernant
l'adoption du budget de la CRO dans un bloc.
M. Luck: C'est exact, monsieur.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le maire. M. le
député de Laprairie, avez-vous...
M. Saintonge: Non, je n'ai aucune question. Je vous remercie, au
nom de l'Opposition, de votre déplacement et de l'exposé que vous
avez fait dans votre mémoire sur ce projet de loi.
M. Luck: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, on vous remercie.
Le Président (M. Brouillet): Je crois que M. le ministre
avait encore quelques questions.
M. Luck: II avait quelques points qu'il restait à
éclaircir, je pense.
M. Léonard: II y en a un qui est important. Quand vous
soulignez qu'il y a des imprécisions dans la rédaction des
articles 119, 120, pour moi, les réseaux dont on a toujours
parlé, ce sont les réseaux de conduites maîtresses et non
pas l'usine de filtration ou un ouvrage qui fait la filtration des eaux. Cela
est de caractère, intermunicipal, à mon sens, sans conteste. Si
cela est de nature à vous rassurer à Gatineau, l'usine, pour
nous, c'est une autre décision, on pourra la préciser
ultérieurement. D'accord?
Sur certaines autres choses, j'aimerais faire un certain nombre de
remarques par rapport à celles qui ont été faites ici. Je
veux bien qu'on dise qu'on multiplie, moi, je ne veux pas, mais disons que je
m'étais laissé dire qu'on multiplie le nombre de postes de
conseiller. Je suis en désaccord qu'il y ait des gens qui veulent se
créer des fioles. Ce n'est pas cela. Je pense que les élus
municipaux qui sont autour de la table du conseil, des conseils municipaux et
les gens qui font le travail à la CTCRO représentent leurs
électeurs et gagnent leur argent, leurs émoluments et je n'en ai
pas vu beaucoup qui soient devenus millionnaires avec les salaires et les
honoraires payés comme conseiller ou comme maire. Je pense que,
là-dessus, ils ont bien mérité ce qu'on leur paie.
On y reviendra tout à l'heure en ce qui concerne la CTCRO. Je
voudrais simplement rappeler qu'on a fait une correction sur les "en lieu" de
taxes à la ville de Hull en provenance de certains milieux
outre-frontières, outre-Outaouais, je dirais qu'ils sont peut-être
passés de 6 000 000 $ à 8 000 000 $. S'il y a eu une erreur, je
veux bien la corriger. On pourrait y ajouter un autre million si on payait des
"en lieu" pour la taxe d'affaires sur la valeur locative parce que le
fédéral ne la paie pas. Cela aiderait encore la ville de Hull.
Cela est une chose à considérer aussi.
Quoi qu'il en soit, nous allons reprendre chacune de vos recommandations
et nous allons les examiner article par article, et déjà, je
souligne que, dans l'article 119, il semble qu'il y ait effectivement des
ambiguïtés dans la rédaction. Nous allons la
préciser. Quant à moi, quand on parle d'une usine de filtration
ou d'un ouvrage faisant la filtration des eaux, il s'agit, sans conteste, d'un
ouvrage intermunicipal.
M. Rocheleau: Je voudrais, M. le Président, apporter un
correctif parce que le ministre m'a relancé.
M. Léonard: En parlant de relancer, c'est
relancé.
M. Rocheleau: Cela mérite toujours une réponse. Je
suis peut-être d'accord que le gouvernement fédéral
reconnaît dans leur totalité les "en lieu" de taxes, tenant compte
de l'évaluation que fait la Communauté régionale de
l'Outaouais, à l'exception de la taxe d'affaires, car le gouvernement
fédéral ne paie absolument aucune taxe d'affaires, et tenant
compte de l'évaluation que fait la Communauté régionale de
l'Outaouais, à l'exception de la taxe d'affaires dans l'ensemble des
provinces canadiennes. J'aimerais dire que si le ministre prétend qu'on
perd 1 100 000 $ ou 1 200 000 $ en taxe d'affaires, si le ministre ne se
faisait pas subventionner pour les "en lieu" de taxes ou pour les taxes sur les
réseaux des affaires sociales et de l'éducation, cela permettrait
à la ville de Hull de percevoir 1 800 000 $ de plus. À ce moment,
quand vous aurez atteint les 100%, on pourrait, plus facilement, accepter que
vous critiquiez les autres. (22 h 45)
En attendant, payez votre dû et sachez reconnaître les 100%
sur l'ensemble de tous les réseaux qui sont votre
propriété et, quand vous aurez fait cela, vous serez un bon
citoyen. En attendant, je vous demanderais tout simplement d'attendre avant de
faire des critiques à l'égard des autres. D'autant plus, M. le
Président...
Le Président (M. Brouillet): Brièvement, il ne faut
pas relancer tout un débat sur cela. Brièvement.
M. Rocheleau: Oui, oui. D'autant plus -je ne relance pas de
débat - que le gouvernement fédéral défraie
actuellement 200 000 000 $ d'"en lieu" de taxes dans tout le Canada, dans les
dix provinces canadiennes, dont 48 000 000 $ s'appliquent au Québec.
Près de 25% des "en lieu" de taxes sur les édifices du
gouvernement fédéral sont payés au Québec. Alors,
cela équivaut à peu près au per capita de notre population
par rapport a l'ensemble des provinces canadiennes. Le ministre qui a toujours
des "blaguettes" à envoyer... Il faut toujours qu'il ait des petites
bavures sur le fédéral. Je les accepte volontiers, cela fait
partie de son option indépendantiste, mais il faut quand même
tenir les comptes tels qu'ils sont.
M. Léonard: M. le Président, cela ne fait pas
partie de mon option indépendantiste, pas du tout. À ce
moment-là, c'est le Québec qui paierait 100% des taxes qu'il paie
déjà sur ses propres
immeubles, ses propres édifices publics. Je dirai une chose:
Quand on parle des 48 000 000 $, effectivement, il y a un M. Lalonde - et je
vois qu'il a un haut-parleur ici qui reprend ses chiffres. Mais, dans les
états financiers de 1981, depuis qu'il y a eu une telle
déclaration, nous sommes allés voir et, en 1981, 31 500 000 $ ont
été payés au Québec. Je laisse deviner si ces
chiffres sont suffisants. Le comité sur la fiscalité
Québec-municipalités a statué que les municipalités
du Québec perdaient près de 50 000 000 $ simplement sur les
évaluations que le gouvernement fédéral a accepté
de faire. Or, cela exclut, dans la plupart des cas, les aéroports, les
ports, les terrains militaires, les parcs. Cela exclut toute forme
d'installation militaire et on pourrait en remettre et en remettre. Sans
compter que l'évaluation elle-même sur les édifices actuels
est très faible. Ce n'est pas du tout un discours
indépendantiste. Je pense que, quand on prend les intérêts
des Québécois dans le système actuel, on doit
réclamer son dû au gouvernement fédéral au lieu de
le défendre à tout vent.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que vous auriez un
dernier mot, M. le maire?
M. Luck: M. le Président, la seule chose que je dirais,
c'est que 6 000 000 $ ou 8 000 000 $, cela aiderait pas mal à graisser
une bonne machine.
Une voix: Un bon moteur.
Le Président (M. Brouillet): Merci bien aux
représentants de la ville de Gatineau. Nous invitons maintenant les
représentants de la ville de Pontiac, s'il vous plaît.
Je demanderais au porte-parole de s'identifier et de nous
présenter son collègue.
Municipalité de Pontiac
M. Lavigne (Marcel): Mon nom est
Marcel Lavigne et je suis maire de la municipalité de Pontiac. M.
Jacques Ledoux, qui m'accompagne et qui fut pendant cinq ans secrétaire
de la municipalité, est depuis le 1er janvier 1983
secrétaire-trésorier de la MRC de Pontiac.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Lavigne (Marcel): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, je vais vous lire un mémoire qu'on a
préparé et qui n'est pas très long. On ne vous demandera
pas trois heures comme si on était une ville, mais on aimerait parler un
petit peu plus longtemps que notre potentiel fiscal à la CRO, qui est
à peu près de 1,5%.
À tout près de quinze années d'existence, la CRO
est la grand-maman d'un genre de gouvernement qui veut regrouper dans une
même boîte cités et villes et municipalités
rurales.
La loi 28, déposée le 31 mai 1983, à la fois
confirme et contredit notre premier énoncé. D'une part, la loi
125 sur l'aménagement et l'urbanisme a transformé les anciens
comtés en municipalités régionales sans créer
aucune nouvelle communauté régionale. Il fallait croire que
l'expérience acquise avec le prototype qu'était la CRO indiquait
au gouvernement que la formule n'était pas satisfaisante.
D'autre part, la loi 28, qui se veut la refonte de la loi de la CRO, ne
la transforme tout simplement pas en MRC. Selon le projet de loi adopté
en première lecture, la CRO de demain sera à la fois l'ancien
comté et la nouvelle MRC, mais avec un statut tout à fait
particulier. Ce sera une MRC superdispendieuse. Au lieu d'être
structurée à partir de paramètres d'origine rurale, comme
toute les autres MRC, elle le sera à partir de paramètres
d'origine "communauté urbaine", comme elle aurait peut-être du
être transformée.
Les urbains, qui ont accès aux meilleurs revenus, paient aussi
les plus grosses taxes. Les ruraux à l'intérieur de la CRO n'ont
pas accès à ces mêmes revenus mais ils devront
néanmoins payer leur part des dépenses d'administration qui
découlent de l'application des taux urbains au paiement des divers
services rendus par la CRO.
Pour ne choisir qu'un seul exemple concret, les villes de Hull, Gatineau
et Aylmer continuent d'avoir des représentants supplémentaires;
dans les MRC, les grosses villes ont des votes supplémentaires, mais un
seul salaire est payé par municipalité. Les salaires
économisés selon cette méthode seraient de 59 500 $. De
plus, la rémunération dans les MRC est payée sur une base
d'assemblée et en moyenne, dans tout le Québec, le salaire annuel
des membres est d'environ 1500 $ chacun. À ce chapitre, la CRO pourrait
encore économiser 77 000 $, pour un total, au seul poste
budgétaire du salaire des conseillers, de 136 500 $.
Le potentiel fiscal de la municipalité de Pontiac
représente 1,6057% du total. Ma municipalité économiserait
donc 2191,78 $ à ce poste si elle était considérée
au même titre que les autres municipalités rurales du
Québec qui sont membres de MRC plutôt que membres de la CRO. Cette
question des coûts, calculés selon des barèmes urbains
plutôt que ruraux, se répète dans tous les postes
budgétaires de la CRO. Si la municipalité de Pontiac était
membre de la MRC de Pontiac - excusez-moi si je répète le mot
Pontiac souvent, mais ça s'adonne que la MRC et la municipalité
portent le même nom - sa quote-part serait d'environ 50%. Cette
économie annuelle de 33 000 $
semble peut-être minuscule à ceux d'entre vous
habitués aux budgets des grosses villes, mais pour les contribuables de
Pontiac, cette somme représente 8% du taux de la taxe
foncière.
En plus des détails connus sur les coûts de fonctionnement,
il y en a qui ne sont pas encore connus. La question de promotion
économique en est une qui fait peur. Cette compétence est
présentement administrée par la SAO. Pourquoi ouvrir la porte
à la CRO en cette matière? La SAO est financée par le
Québec pour environ 5 000 000 $ par année. Qui paierait la
promotion économique par la CRO? Je voudrais dire que les autres
municipalités rurales qui ne sont pas à Québec aujourd'hui
abondent dans ce sens, incluant les villes de Masson et de Buckingham, qui sont
urbanisées. Tout ce qui précède est la preuve que la
formule CRO, tant actuelle que proposée, en est une qui fait de la
péréquation à l'envers. Les économies
d'échelle permettent aux plus riches de faire payer une partie de leurs
services dispendieux par les moins riches.
Évidemment, il ne faudrait pas croire que la question
financière est la seule qui soit importante pour les contribuables de la
municipalité de Pontiac. Depuis le début, la majorité veut
sortir de la CRO parce que pour eux la région d'appartenance est
l'ancien comté de Pontiac, devenue MRC de Pontiac. Jusqu'au 1er janvier
dernier, cette réalité était reconnue par la loi qui
permettait à Pontiac d'avoir un siège au conseil de comté
de Pontiac malgré sa participation à la CRO. La vocation de la
municipalité a toujours été et demeurera sans doute
toujours une vocation agricole. Je suis moi-même cultivateur. La loi 90 a
confirmé cette vocation en décrétant 90% de son
territoire, à l'exception du parc de la Gatineau, zone agricole
permanente. Le parc de la Gatineau englobe 48% de notre superficie. Cette
même loi 90 a d'ailleurs rendu inopérant le schéma
d'aménagement approuvé quelques mois plus tôt.
Les possibilités d'urbanisation de la municipalité de
Pontiac sont disparues par fiat gouvernemental. Par la loi 28, le gouvernement
veut que la municipalité de Pontiac continue de participer à
l'onéreux de la CRO après lui avoir nié par la loi 90 les
avantages qui peuvent découler d'un certain degré d'urbanisation
tel que prévu au schéma préparé par la CRO.
À un grand nombre d'occasions, la municipalité a fait savoir au
gouvernement la volonté de ses contribuables de se retirer de la CRO. En
mars 1978, par le truchement d'un référendum postal auquel 56%
des contribuables avaient répondu, 90,85% d'entre eux voulaient sortir
de la CRO. De ce nombre, 96,49% des résidents voulaient que la
municipalité soit exclue de la CRO. Je pense que c'est un bon
pourcentage pour un référendum.
En 1979, un bulletin spécial accompagnait le bulletin de vote
à l'élection de novembre. À cette occasion, 72% des
électeurs se sont prononcés pour sortir de la CRO. Je voudrais
ajouter que cela s'est fait même si le maire qui me
précédait était en place depuis 20 ans et avait fait
campagne en faveur de la CRO.
À travers les années, cette volonté des
contribuables de cesser d'appartenir à la CRO a été
exprimée de façon moins formelle et le gouvernement en a
été informé à de multiples reprises. En 1980, le
rapport de restructuration n'a pas été endossé par le
maire de Pontiac. La preuve en est en annexe.
Jusqu'au dépôt de la loi présentement à
l'étude, la porte était ouverte pour la sortie de Pontiac de la
CRO. Le premier ministre a même renforcé l'énoncé du
ministre des Affaires municipales à ce sujet. Pourquoi, avec la loi 28,
le gouvernement ferme-t-il la porte? Serait-ce par paternalisme, dans
l'intérêt des Pontiçois eux-mêmes? Sûrement
pas. Serait-ce dans l'intérêt de la population du Hull
métropolitain? Outre le phénomène de
péréquation à l'envers, nous n'y croyons pas. Il faut donc
en conclure que ce serait pour le bien de la collectivité
québécoise tout entière que Pontiac doit demeurer dans la
CRO, tout comme ce bien commun général nécessitait qu'elle
aille à 70 sur le zonage agricole prime sur le schéma
approuvé pour Pontiac et tel que préparé par la CRO.
Quelle est la nature de ce bien commun général? On a beau
réfléchir et réfléchir, on n'en arrive qu'à
une seule conclusion: Québec veut copier les frontières de la
Commission de la capitale nationale. Pourquoi? On a beau
réfléchir et réfléchir, mais aucune raison ne peut
nous convaincre. Serait-ce une question de front commun face aux
activités de la CCN sur le territoire québécois? Quelles
ont été les compétences de la CRO pour faire quoi que ce
soit pour influencer ces activités? Au contraire, il semble que les
municipalités ont des rapports individuels indépendants avec la
CCN. Le journal Le Droit de quelques jours nous informait que Hull
reçoit des "en lieu" de taxes équivalent à 100% de
l'évaluation des propriétés de la CCN sur son territoire.
Je vous assure que Pontiac ne reçoit pas plus que 50% des valeurs de la
CCN sur le bien. Et, à 50%, on a été conservateur parce
que, présentement, la CCN chez nous est évaluée à
11 000 000 $. Notre taux de taxe étant de 6 $ les 1000, si la CCN nous
payait 100% au lieu des 25 000 $ que nous recevons, elle devrait nous en donner
66 000 $. On va bientôt aller brailler à Ottawa nous aussi.
La raison d'appartenance de la majorité des Pontiçois est
Pontiac, la MRC. La communauté pontiçoise est une
collectivité
agricole homogène. Séparée des autres
collectivités agricoles québécoises par le parc de la
Gatineau et la conurbation hulloise. La participation à la CRO
coûte deux fois plus cher que la participation à la MRC
Pontiac.
Je demande donc au gouvernement de considérer le tout et de
permettre à la municipalité de Pontiac de quitter la CRO pour se
joindre à la MRC de Pontiac. Cette décision n'aurait pas comme
résultat le retard de l'adoption de la loi 28. Il faudrait tout
simplement ajouter un article 2a qui pourrait se lire comme suit: "À
compter du 1er janvier 1984, la municipalité de Pontiac cessera de faire
partie de la communauté et les lettres patentes de la MRC de Pontiac
seront modifiées pour l'y inclure. Les modalités administratives
et financières reliées au transfert seront établies au
consentement mutuel des parties tel qu'arbitré par la Commission
municipale, si nécessaire. La MRC de Pontiac supporte pleinement notre
position, comme en fait foi la résolution adoptée par cet
organisme et adressée à la CRO récemment, (en
annexe)."
Si vous me le permettez, j'aurais peut-être quelque chose à
ajouter.
Le Président (M. Brouillet): Oui, vous pouvez prendre
quelques minutes. (23 heures)
M. Lavigne (Marcel): Plus tôt, ce soir, les
représentants de Gatineau ont parlé d'un genre d'"opting out" qui
a été mentionné dans les derniers mois. Je voudrais dire
que, depuis les débuts de la CRO, j'ai siégé à la
CRO de 1971 à 1975, en qualité de maire d'Eardley, un secteur de
Pontiac, au regroupement forcé par le parti du temps. Je me suis
esquivé pour un bout de temps et, ensuite, en 1979, je suis revenu
à la CRO. Que ce soit 1971 ou 1983, la CRO, pour nous autres, me
rappelle ce que j'ai vu ce matin pendant la période des questions. On
assiste en spectateurs, sauf qu'à la CRO, j'étais assis autour
de" la table au lieu d'être assis dans les balcons. Gatineau, d'un
côté et Hull, de l'autre, cela me fait penser à ce qui
s'est passé ce matin.
En terminant, si par malheur, on devait demeurer dans la CRO, il n'y
aura jamais... Peut-être que Pontiac, avec 1,5% du potentiel, ne s'attend
pas à avoir le président. Cela ne m'intéresse pas. Mais,
tout de même, dans le projet de loi, on dit que, "advenant que le
président décède ou cesse d'être président,
le vice-président doit automatiquement soumettre sa démission".
Cela nous laisse songeur. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: Merci, M. le Président. Merci, M. le
maire, de ces remarques.
Remarquez que je m'attendais un peu à son plaidoyer, comme
beaucoup d'entre nous ici, parce que ses positions sont effectivement connues
depuis longtemps. Il y a eu le comté de Pontiac, qui s'est mué en
MRC de Pontiac et, durant un certain temps en tout cas, les
municipalités rurales ont connu deux appartenances, l'une à leur
conseil de comté et l'autre à la Communauté
régionale de l'Outaouais.
J'aimerais bien quand même parler un peu de cette
communauté régionale qui n'est pas, justement, une
communauté urbaine. Il y a des municipalités rurales, dirait-on,
là-dedans. Effectivement, chez vous, il y a de l'agriculture mais il y a
aussi - vous êtes une municipalité de 4000 habitants environ, 4500
-...
M. Lavigne (Marcel): De 3600 habitants.
M. Léonard: ...de 3600 habitants - des gens qui habitent
votre territoire et qui travaillent sur le territoire de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
M. Lavigne (Marcel): Oui, il y en a qui travaillent sur le
territoire de la communauté.
M. Léonard: Ils sont quand même très
liés et, dans d'autres municipalités rurales, il y a aussi le
même phénomène, ce qu'on appelait les "municipalités
vertes", autour de la Communauté régionale de l'Outaouais. Il y a
un bon nombre de leurs habitants qui travaillent effectivement dans la
Communauté régionale de l'Outaouais et qui sont finalement
liés, d'une certaine façon aussi aux municipalités
urbaines ou aux centres urbains. Je pense que c'est une des raisons pour en
faire une communauté régionale et non une communauté
urbaine, tout comme la communauté Ottawa-Carleton est aussi une
communauté régionale et non pas une communauté urbaine. Il
y a là aussi des municipalités à caractère plus
rural.
Je pense qu'il y a des relations nécessaires entre ces
territoires et le centre urbain de la communauté régionale et que
c'est une raison d'aménagement importante. Effectivement, il y a
d'autres considérations. Il y a la présence de la CCN. Mais tout
cela se tient effectivement. Il y a beaucoup de gens qui habitent Hull,
Gatineau et Aylmer et qui travaillent aussi du côté ontarien. On
fait face à une situation particulière. On est bien d'accord.
Maintenant, est-ce une raison pour exclure des municipalités mi-rurales
et mi-urbaines aussi? Quand vous avez une municipalité de 3600
habitants, ce n'est pas seulement une municipalité rurale et agricole.
Ce sont des centres liés à un centre majeur à
l'intérieur même du territoire de la Communauté
régionale de l'Outaouais.
J'aimerais bien entendre vos commentaires par rapport à ce que je
viens de dire. C'est une communauté régionale. Les autres
municipalités rurales pourraient faire le même plaidoyer que le
vôtre pratiquement, par rapport à la communauté. À
ce moment-là, est-ce qu'on revient strictement à des
municipalités urbaines, disons, Aylmer, Hull, Gatineau et
peut-être Buckingham, et qu'on redéfinit complètement la
communauté? Or, ce qui est apparu dans la consultation finalement, c'est
que les gens tenaient à l'intégrité du territoire de la
CRO. Je suis d'accord avec vous que vous avez toujours manifesté votre
dissidence par rapport à ce point. Vous êtes très
conséquent avec les positions que vous avez toujours prises
là-dessus, je le reconnais.
M. Lavigne (Marcel): Si j'étais ministre des Affaires
municipales, je trancherais la question pas mal vite. Je dirais: Une grosse
ville, Hull, Gatineau, Aylmer. Je repousserais les ruraux vers les MRC. Mais je
ne suis pas ministre des Affaires municipales. Une chose qui m'a trop
déçu, c'est que, lors des consultations sur la loi 125, on nous
invitait, on nous faisait miroiter...
M. Léonard: C'est, dans un sens, pourquoi j'ai posé
la question. On se l'est même posée pour d'autres
municipalités de la Communauté régionale de l'Outaouais.
Face à cela, je pense qu'il y a quand même eu de la consultation
interne à la CRO, parce que ce n'est pas cela qui est sorti comme
recommandation.
M. Lavigne (Marcel): Exactement. Je dois être en accord
avec un député de la région qui dit que les 8500 $ qu'on
retire, c'est attrayant, même pour moi, un cultivateur qui n'a pas encore
fait ses semences cette année. Si on enlevait les 8500 $ chez les
ruraux... Moi-même, avant cette année, je retirais 3800 $ de
salaire de chez nous. Je vais à Hull, aux deux semaines, à la
communauté régionale, chercher mon chèque de 325 $
même si je ne dis pas un mot, parce qu'il faut dire qu'à la CRO
c'est la même chose qu'ici.
M. Léonard: Cela m'étonnerait que vous ne disiez
pas un mot au conseil de la communauté, M. le maire.
M. Lavigne (Marcel): Même si je ne dis pas un mot, parce -
vous m'avez coupé la parole...
M. Léonard: Je m'excuse.
M. Lavigne (Marcel): Chez nous, présentement, je
reçois 9000 $, mais les 8500 $ de la CRO, je vais être franc avec
vous, je ne les mérite pas et je pense que je ne suis pas le seul dans
ce bateau pour la simple raison que, quand on va à la CRO, 95% des
discussions à la table, c'est envers les urbains. Tous les gens qui
siègent à la CRO vous diront que les problèmes ruraux sont
presque inexistants.
M. Léonard: Vous avez été renforcés
par le projet de loi 28. Vous avez trois nouveaux partenaires ruraux qui vont
vous aider aussi. Cela va améliorer le caractère rural de la zone
verte de la CRO.
M. Lavigne (Marcel): Personnellement, M. le ministre, je suis ici
en ma qualité de maire de Pontiac.
M. Léonard: Oui.
M. Lavigne (Marcel): Mon premier devoir est de servir les
contribuables de Pontiac. J'aime bien avoir l'esprit régional. Mais,
quand l'esprit régional se fait au détriment de mes contribuables
chez moi, je me pose des questions. J'aime être un politicien assez... Je
ne dirai pas le mot.
M. Léonard: Je reviendrai un peu plus tard, M. le
maire.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. J'aimerais
souhaiter la bienvenue au maire de Pontiac et au
secrétaire-trésorier de la MRC de Pontiac. Maintenant, dans la
CRO, est-ce que vous pouvez me dire combien de services sont donnés
à la municipalité de Pontiac?
M. Lavigne (Marcel): Vous permettrez peut-être à M.
Ledoux de répondre parce qu'ayant été secrétaire
durant cinq années, il serait plus en mesure peut-être de le
faire.
Le Président (M. Brouillet): M. Ledoux.
M. Ledoux (Jacques): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, les services énumérés dans le
projet de loi 28 sont donnés à la municipalité de Pontiac
dans le moment. La facturation, l'envoi des comptes de taxe,
l'évaluation et évidemment le schéma d'aménagement,
qui a été éliminé par la loi 90 en ce qui concerne
la municipalité de Pontiac, avaient été
préparés par la CRO, et, récemment, le service d'urbanisme
de la CRO a travaillé au plan directeur de la municipalité.
Évidemment, si vous regardez l'ordre du jour moyen d'une
assemblée moyenne de la communauté, outre l'approbation des plans
de subdivision des municipalités rurales, comme M. le maire vient de
dire, on parle des problèmes des secteurs urbains. On parle des grands
projets
des secteurs urbains et c'est à peu près tout.
M. Middlemiss: Quel est le coût de ces services? Cela
représente combien globalement pour la municipalité?
M. Ledoux: Cette année, le compte a diminué un peu
et c'est rendu à 66 276 $, la quote-part de la municipalité de
Pontiac.
M. Middlemiss: Maintenant, si la municipalité de Pontiac
faisait partie de la MRC de Pontiac, vous auriez les mêmes services et
peut-être un peu plus?
M. Ledoux: Non, on n'aurait pas exactement les mêmes
services, comme la facturation dans votre compte de taxe, qui n'est pas dans le
moment une compétence des MRC de par la loi, à moins que les
municipalités ne s'accordent à se donner cette compétence.
Autrement que cela, ce sont les mêmes autres services que la CRO pour
à peu près la moitié du prix.
M. Middlemiss: Donc, cela pourrait coûter seulement 33 000
$ pour l'appartenance.
M. Ledoux: C'est cela. Sur ce sujet, je ne voudrais pas
recommencer un autre débat comme il y a eu avec les grandes villes de la
CRO. Pour la MRC de Pontiac, la municipalité de Pontiac deviendrait un
peu sa vache à lait parce que la municipalité de Pontiac, au
point de vue de l'évaluation, représenterait 20,7% de
l'évaluation totale de la MRC. Les 20 autres municipalités, qui
ont seulement environ en tout 15 000 ou 16 000 habitants, ont été
forcées depuis le départ de Pontiac de hausser leur quote-part
malgré les subventions gouvernementales. Le retour de Pontiac dans
l'ancien comté ou dans la nouvelle MRC rétablirait cette
péréquation naturelle qui se fait et la municipalité
épargnerait de l'argent et toutes les municipalités en
épargneraient aussi parce que Pontiac se trouve à payer une bonne
part ou 20% des dépenses de la MRC.
M. Middlemiss: Je ne veux pas commencer un autre débat
avec le ministre. On a eu l'occasion la semaine dernière de discuter au
moment de l'étude des crédits sur l'appartenance ou non de
Pontiac. À ce moment, j'ai donné comme argument que, Pontiac
appartenant à la MRC de Pontiac, cela va renforcer la MRC et Pontiac va
jouer un rôle plus important pour cette partie de l'Outaouais
comparativement à son appartenance à la CRO. Est-ce que M. le
maire a des commentaires? Croyez-vous que la municipalité de Pontiac
dans la MRC pourrait accomplir un rôle qui fait mieux l'affaire des gens?
Si on veut combattre du côté urbain le côté ontarien,
est-ce que le même phénomène n'existe pas dans le secteur
rural du comté de Pontiac?
M. Lavigne (Marcel): Sans contester la MRC de Pontiac serait
renforcée par notre présence chez nous, étant une
municipalité rurale à 90%. Mais je dois avouer, comme le ministre
l'a dit tantôt, qu'on a des urbains qui sont venus s'établir chez
nous dans les dix dernières années, ce qui est terminé
présentement, à cause du zonage agricole. Même en banlieue
d'Aylmer, les terrains avoisinant Aylmer, la loi 90 nous refuse les
aménagements à des subdivisions qui étaient
déjà pas mal avancées et où de grands
investissements avaient été faits. On ne se fait pas d'illusion,
la population de Pontiac va peut-être diminuer au lieu d'augmenter du
fait même que les fermes s'agrandissent. Les jeunes vont vers la ville.
C'est la raison pour laquelle on dit qu'appartenir à la MRC de Pontiac
est tout naturel. La seule chance pour nous de demeurer dans Pontiac se
présente aujourd'hui. Je ne verrais pas d'un bon oeil un "opting out"
dans cinq ans ou dix ans. Mais, aujourd'hui, avec la loi 28 c'est l'occasion
idéale. Comme je le disais tantôt, on a assisté à
toutes les réunions de consultation avec le comité de
consultation qui avait été formé pour les MRC incluant
Pontiac, Gatineau et Papineau. On a rêvé, peut-être qu'on a
rêvé en couleur dans le temps. On n'a jamais su ce que le rapport
du comité de consultation avait donné quand il a
été envoyé à Québec. À un bon moment,
on nous a dit, le 1er janvier dernier: Vous ne faites plus partie du
comté.
M. Middlemiss: Le ministre a dit tout à l'heure, dans ses
commentaires pour justifier que Pontiac avait un rôle régional
à jouer, que la population travaillait à Hull. Est-ce que je me
trompe si je dis que la moitié de la population travaille à
Ottawa?
M. Lavigne (Marcel): C'est précisément ce que
j'allais répondre tantôt. De plus, quand on parle
d'affinité, on est voisin de La Pêche, mais il y a tout de
même six milles qui nous séparent, et c'est le Parc de la Gatineau
et les montagnes. Val-des-Monts, L'Ange-Gardien, Hull-Ouest, les autres
municipalités rurales, 25 ou 30 milles de chez nous. Lorsqu'on va vers
la MRC de Pontiac, ce sont toutes des municipalités rurales comme la
nôtre ou de petits villages de 800 ou 900 habitants. (23 h 15)
C'est pour cela que je dis que notre affinité avec Pontiac est
incontestablement plus grande parce qu'on est isolé complètement
des autres municipalités rurales de la CRO. Val-des-Monts, La
Pêche et Hull-Ouest se touchent; L'Ange-Gardien et
Notre-Dame-de-la-Salette se touchent et, nous, nous sommes complètement
isolés. On
nous appelle la porte du Pontiac. Nous nous appelons la
municipalité de Pontiac, qui veut aller vivre dans la MRC de
Pontiac.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. le maire. Le
député de Hull avait demandé la parole pour une courte
intervention, je crois, n'est-ce-pas?
M. Rocheleau: Oui.
Le Président (M. Brouillet): C'est bien. M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, chaque fois que je prends
la parole, vous me mentionnez toujours que ce doit être une courte
intervention. Vous savez qu'elles sont toujours courtes.
Le Président (M. Brouillet): Non, j'ai dit que vous
m'aviez demandé la parole pour une courte intervention.
M. Rocheleau: Ah bon!
Le Président (M. Brouillet): C'est vous qui...
M. Rocheleau: On se méfie.
Le Président (M. Brouillet): Je me méfie de cela
parce que, tantôt, vous avez eu trois dernières questions, l'une
à la suite de l'autre.
M. Rocheleau: Ah bon! Je réitère un peu ce que j'ai
mentionné ce matin, je pense que c'est une occasion pour les
municipalités de se faire entendre auprès de la commission
parlementaire. C'est un projet de loi qui est attendu depuis de nombreuses
années. Les aspirations du maire de Pontiac sont connues depuis quand
même plusieurs années. J'ai eu l'occasion de siéger avec le
maire de Pontiac, alors que j'étais maire de Hull et aussi
représentant à la communauté régionale. Je veux le
féliciter pour son témoignage, qui correspond très bien
à la pensée que nous avons toujours émise face aux
problèmes qu'on a toujours vécus et qui émanaient d'une
erreur créée en 1969 par le gouvernement du temps à
l'effet de regrouper un monde urbain avec des problèmes urbains et un
monde rural avec des problèmes ruraux. Le maire l'a très bien
expliqué tantôt en disant que la grande majorité des
discussions traite effectivement de problèmes urbains, surtout depuis
l'acceptation du schéma d'aménagement où, dans tout le
territoire, on avait déposé, à la suite de consultations
auprès de l'ensemble de la population, un schéma
d'aménagement qui est devenu pratiquement désuet dans certains
cas, comme dans le cas du Pontiac, où on a passé le coup de
pinceau et a décrété le zonage agricole sur 90% de son
territoire.
Tantôt, le maire de Pontiac faisait allusion à une partie
importante de sa municipalité qui intègre le parc de la Gatineau.
Est-ce que le gouvernement du Québec, lui, a aussi une réserve ou
une partie de réserve dans le Pontiac? Est-ce que le parc ou la
réserve défraie des "en lieu" de taxes aux municipalités
qui sont incluses dans le Pontiac?
M. Lavigne (Marcel): Oui, mais je pense que le gouvernement du
Québec a encore 1000 acres de terres de la couronne sans "en lieu" de
taxes.
M. Rocheleau: Mais au point de vue du parc, au point de vue...
N'y a-t-il pas une partie de la réserve ou une partie du parc qui touche
à la municipalité ou à certaines municipalités du
Pontiac, de la MRC du Pontiac? Non?
M. Lavigne (Marcel): Non, le parc de la CCN se termine chez nous
et le gouvernement provincial a à peu près 1000 acres de terrains
de la couronne.
M. Rocheleau: M. le maire, vous avez mentionné
tantôt que vous aviez eu deux consultations, une consultation populaire
et une autre sous forme de référendum, lors de l'élection
qui vous a mandaté pour représenter vos citoyens. Effectivement,
vous aviez ce mandat de revendiquer auprès du gouvernement le retrait de
votre municipalité de la Communauté régionale de
l'Outaouais. Personnellement, j'appuie votre demande. Je trouve peut-être
un peu malheureux que nous n'ayons pas d'autres maires de municipalités
rurales qui soient présents ici à cette commission parlementaire.
On a uniquement les municipalités à caractère urbain,
c'est-à-dire Hull, Gatineau, Aylmer, même si Buckingham est aussi
une municipalité à caractère urbain.
Je trouve cela un peu malheureux parce qu'on aurait peut-être pu
avoir un témoignage similaire des autres municipalités qui ne
trouvent peut-être pas autant d'affinités à la CRO qu'elles
pourraient en trouver à l'intérieur de municipalités
régionales de comté qui ont été
créées dans certains territoires, entre autres Papineau, la
vallée de la Gatineau ou d'autres de ces municipalités.
J'espère fort que le ministre des Affaires municipales prendra en haute
considération les propos que vous avez tenus, qui sont d'une franchise
exemplaire. Pour autant que je suis concerné, moi et mon
collègue, M. Middlemiss, député de Pontiac, qui est
très présent dans son comté et qui a plusieurs
municipalités auxquelles il doit prêter main-forte, nous ferons en
sorte de finir de convaincre le ministre du voeu, sinon
de l'exigence, que vous émettez de vous retirer.
J'ose souhaiter que les commentaires que vous avez émis
tantôt quand j'ai touché l'aspect salarial... Le ministre a
immédiatement après reconnu que les maires et les conseillers
travaillaient énormément pour les salaires qu'on leur payait.
C'est vrai. Je pense qu'en général, les maires et les
conseillers, ce n'est peut-être plus autant le bénévolat
qu'on a connu dans les quinze ou vingt dernières années qu'ils
font, mais il n'en demeure pas moins qu'ils ne sont peut-être pas
payés à juste titre pour le temps qu'ils consacrent à leur
propre municipalité. À ce sujet, je vous pose une question. Sur
le temps que vous passez dans la municipalité de Pontiac pour le salaire
que vous recevez et le temps que vous passez à la Communauté
régionale de l'Outaouais, pour le salaire que vous recevez, vous n'avez
peut-être pas fait le calcul à combien cela revenait-il à
l'heure, que recevez-vous comme maire de Pontiac?
M. Lavigne (Marcel): Présentement, 9 000 $.
M. Rocheieau: Pour combien de temps, combien d'assemblées
ou combien de journées ou de soirées?
M. Lavigne (Marcel): Je vais au bureau presque tous les jours,
des fois à la course, ou on vient me voir dans le champ. Tout
dépend. On a deux réunions régulières par mois, en
plus des réunions spéciales. Je siège automatiquement
à tous les comités. Comme vous savez, les loisirs et ces
choses-là, on en a même dans le milieu rural. On en a
peut-être un peu moins que dans le milieu urbain, mais je peux dire qu'on
a 50 à 60 réunions par année, à part toutes les
fois que je dois me rendre au bureau. Aussi, en milieu rural un maire peut
s'attendre à avoir des téléphones personnels à la
maison parce qu'on n'a pas de fonctionnaires, comme dans le milieu urbain. On
n'est pas structuré comme les municipalités urbaines, de sorte
que beaucoup des problèmes vont échoir même à la
résidence.
M. Rocheieau: Je sais pertinemment que vous avez toujours
été très assidu aux assemblées du conseil de la
Communauté régionale de l'Outaouais, sûrement pas
uniquement pour aller chercher votre chèque, parce qu'on pouvait
sûrement le mettre à la poste. Comparativement au travail que vous
faisiez à la CRO aux différents comités - il y avait
plusieurs comités à la CRO - étiez-vous, en tant que
rural, présent à plusieurs de ces rencontres? Combien cela
pouvait-il vous occasionner de sorties mensuelles à la Communauté
régionale de l'Outaouais en moyenne au cours des dix dernières
années?
M. Lavigne (Marcel): J'étais à deux comités.
Il y en a un auquel je n'ai pas tellement participé, mais je suis
allé à différentes occasions au comité de gestion
des ordures. J'aimerais ajouter que, pour les heures que je donne à la
CRO, mon salaire est plus élevé que celui du ministre, à
l'heure.
M. Rocheieau: Merci, M. le maire de Pontiac. Cela a
été très intéressant de vous entendre...
J'espère que les réflexions que vous avez émises
tantôt vont être retenues, parce que si on est pour régler
un certain problème, on doit y penser immédiatement et prendre le
temps nécessaire pour tenter de trouver des solutions capables de
satisfaire le milieu dans son ensemble.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre. La MRC de Pontiac a communiqué avec le bureau du leader lui
demandant si elle pouvait présenter quelque chose. Elle n'a jamais eu de
réponse. Donc, je vous ai demandé ce matin si vous seriez
disposé à entendre une présentation de la part de la MRC
de Pontiac. Vous étiez censé me donner une réponse ce
midi.
M. Léonard: Le point de vue de la MRC de Pontiac est connu
là-dessus. Nous avons ici sa résolution à la toute fin du
document. Je sais qu'elle veut avoir la municipalité de Pontiac,
effectivement.
M. Saintonge: Elle n'aura pas plus de succès que
d'autres.
M. Léonard: Je pense que le point de vue est connu
présentement. Il a été installé dans le projet de
loi tel quel.
M. Lavigne (Marcel): On serait d'accord pour céder trois
minutes de notre temps à la MRC.
M. Léonard: II n'y a pas de problème. Est-ce que
c'est M. le préfet de la MRC qui est là?
M. Middlemiss: Non, ce serait M. Ledoux, qui est le
secrétaire-trésorier de la MRC de Pontiac.
M. Ledoux: M. le Président, M. le ministre, M. le
député, je vous remercie de votre intervention, mais,
effectivement, je dois être d'accord avec M. le ministre en ce sens que
le point de vue de la MRC a essentiellement été
énoncé dans la résolution qui accompagne le mémoire
de la municipalité. Si on nous avait avertis -
comme on devait l'être - d'être présents, on aurait
eu une plus longue présentation. Après avoir entendu ce qui a
été dit ici, on pourrait peut-être suggérer, par
exemple, de non seulement laisser la municipalité de Pontiac se joindre
à la MRC, mais, comme notre MRC - comme seulement deux ou trois autres
dans la province - n'a pas de ville, si la ville de Aylmer joignait aussi la
MRC de Pontiac, cela réglerait la question entre Hull et Aylmer.
Une voix: On est d'accord.
M. Ledoux: Je vous remercie infiniment, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, merci. M.
le ministre, pour terminer.
M. Léonard: Je remercie la municipalité de Pontiac.
Évidemment, nous enregistrons très bien son point de vue. Il est
très bien exposé, d'ailleurs. Le tout est finalement à
l'intérieur de la Communauté régionale de l'Outaouais. Je
sais qu'il y a eu une large discussion sur la participation de certaines
municipalités régionales. En particulier, Pontiac était un
des sujets les plus chauds sinon le plus chaud là-dessus. La position de
la municipalité de Pontiac là-dessus est constante, à ma
connaissance, au moins depuis que vous êtes là. Vous avez dit que
le maire qui vous précédait était d'accord pour rester
dans la Communauté régionale de l'Outaouais.
Je ne veux pas allonger indûment tout cela, parce que la question
que je voulais poser portait essentiellement sur les services que vous rendez
à la CRO. Je pense qu'il y en a un qui n'a peut-être pas
été mentionné, celui de l'informatique. Vous avez des
services informatiques qui peuvent vous donner un coup de main à
l'occasion.
M. Lavigne (Marcel): Indirectement, parce qu'on paie pour les
services informatiques.
M. Léonard: Pardon?
M. Lavigne (Marcel): On paie pour l'informatique.
M. Léonard: C'est compris dans les 66 000 $.
M. Lavigne (Marcel): Pardon? M. Léonard: C'est
compris...
M. Lavigne (Marcel): Oui, c'est compris dans les 66 000 $, mais
on doit louer l'équipement.
M. Léonard: C'est cela. Mais si vous deviez vous en doter,
vous devriez aussi payer, d'autre part.
Je comprends que, finalement, la question de fond est aussi une question
d'appartenance par rapport à la Communauté régionale de
l'Outaouais. Il me semble que vous êtes quand même aussi
très près de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
Quoi qu'il en soit, nous prenons bonne note de votre mémoire. Il
est enregistré. Il sera considéré. Je ne dis pas que la
réponse vous sera positive ou agréable, parce que, pour
l'instant, c'est plutôt l'inverse qui se produit. Mais je dois vous
remercier de votre présentation. Je suppose que nous aurons l'occasion
d'en reparler un de ces jours.
M. Lavigne (Marcel): Est-ce que vous me permettez une petite
intervention, M. le Président?
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Lavigne (Marcel): J'aimerais ajouter que, avec le salaire d'un
chef de service à la CRO, chez nous, je paie mon
secrétaire-trésorier, ma préposée aux taxes, ainsi
que la jeune fille qui fait la dactylographie. Tout le personnel de notre
bureau est payé avec moins d'argent que... C'est pour cela que je dis
toujours: la municipalité de Pontiac appartient à la petite
ligue. On n'est pas dans la même ligue que les Expos. Merci.
M. Léonard: Vous allez donner des appétits à
votre secrétaire-trésorier à côté de vous,
lorsque vous dites cela.
M. Ledoux: Je ne suis plus là, M. le ministre.
M. Léonard: Ah bon!
M. Lavigne (Marcel): Merci beaucoup, M. le Président.
Merci, M. le ministre. Merci, Bob, ainsi que les députés. (23 h
30)
Le Président (M. Brouillet): Merci bien, cher
monsieur.
Nous allons entendre le porte-parole de la CTCRO. Si vous voulez vous
identifier pour les fins du journal des Débats.
Commission de transport de la Communauté
régionale de l'Outaouais
M. Luck: M. le Président, mon nom est John Luck, je suis
maire de la ville de Gatineau et aussi président du comité de
liaison CRO-CTCRO.
J'aimerais, M. le Président, vous demander si cela serait de mise
et acceptable que le président-directeur de la commission de transport
qui m'accompagne se place à mes côtés, si jamais il y avait
des questions purement techniques auxquelles
il serait mieux en mesure de répondre.
Le Président (M. Brouillet): Vous pouvez revenir.
M. Luck: Le président-directeur général est
M. Antoine Grégoire.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, le mémoire que nous vous présentons ici ce
soir, à titre d'agent de liaison de la Communauté
régionale de l'Outaouais et de la commission de transport,
représente dans son ensemble les voeux majoritaires des membres de cette
commission.
Depuis bientôt trois ans, un comité de liaison mis sur pied
par résolution de la communauté, à l'initiative de la
commission de transport, a permis un dialogue beaucoup plus étroit entre
les deux organismes. J'ai eu le privilège d'agir à titre de
président de ce comité de travail qui nous apparaissait à
tous répondre à un besoin de communication, du fait que chacune
des municipalités desservies par le réseau général
de transport en commun n'était pas représentée au sein de
la commission. L'à-propos du maintien de ce forum devra toutefois
être revu à la lumière des modifications
éventuellement apportées à la loi. Il est à
prévoir que sa justification sera d'autant plus réduite que
chacune des municipalités concernées comptera désormais un
représentant à la table de la commission.
C'est donc en connaissance de cause et à partir de la grande
satisfaction que j'ai connue à remplir cette fonction de
président du comité de liaison CRO-CTCRO que je formule les
commentaires qui suivent.
Les modifications projetées. Les modifications au titre 11 de la
loi de la communauté dépassent substantiellement le cadre des
demandes formulées par la communauté dans le projet de refonte
soumis par cette dernière. Dans les lignes qui suivent, je tenterai de
faire ressortir ces dépassements qui ne coïncident pas avec les
vues que nous avons exprimées et qui ne paraissent pas être
nécessairement dans le sens d'un meilleur encadrement et d'un meilleur
fonctionnement des affaires de la commission de transport comme telle.
Le statut de la commission de transport. L'esprit et les recommandations
du rapport de la communauté adopté par sa résolution no
82-501 sur la refonte de sa loi constitutive visent d'abord et avant tout... Si
vous me permettez, M. le Président, oui, j'ai des copies de la
résolution. Je m'excuse, M. le Président, j'aurais dû y
penser.
Statut de la commission de transport. L'esprit et les recommandations du
rapport de la communauté adopté par sa résolution no
82-501 sur la refonte de sa loi constitutive visent d'abord et avant tout
à s'asseoir à la table de décision de la commission des
élus issue des municipalités desservies par le transport en
commun, tout en laissant à ces derniers la responsabilité
véritable de la gestion des affaires de la commission et non à la
Communauté régionale de l'Outaouais. Cela comprend toutefois le
maintien de l'adoption par la communauté, sur une base annuelle, du
budget de fonctionnement et du programme d'immobilisations de la commission
ainsi que l'acceptation par la CRO de ses règlements d'emprunt.
En d'autres mots, nous entendons faire tout autant confiance aux
élus qui seront éventuellement désignés par la
communauté, sur recommandation des municipalités
concernées, à la table de la commission, qu'aux élus
délégués à la table de la communauté.
Composition de la commission de transport. Le projet soumis par la CRO
proposait un représentant élu pour chacune des
municipalités desservies à titre de commissaire. Le projet de loi
y ajoute le président du conseil de la communauté. Cette addition
nous apparaît non indiquée dans les circonstances. Au contraire,
il nous apparaît important que, d'une part, le président de la
communauté conserve une complète objectivité
vis-à-vis des affaires de la commission et, d'autre part, que le
président, le vice-président et les autres commissaires de ladite
commission soient véritablement nantis des responsabilités qui
leur incombent.
Le président. Il est à remarquer que le document de la CRO
élaborait très peu les pouvoirs et les devoirs du
président. La raison en est que notre intention était de
préconiser la nomination d'un président pour les fins de la
conduite des assemblées et de représentation publique. À
cet égard et pour notre bonne compréhension, le texte même
qui apparaît à l'article 9.1 du document de la communauté
et qui visait le président du conseil de la communauté
conviendrait très bien au rôle que nous envisageons pour le
président de la commission de transport. Le texte en question se lit
comme suit: "9.1 Le président du conseil veille à l'observance de
la présente loi, dresse l'ordre du jour en consultation avec le
directeur général, représente le conseil auprès des
organismes publics et de la population et préside les assemblées
du conseil. Il maintient l'ordre et le décorum pendant les
séances du conseil et peut faire expulser du conseil toute personne qui
en trouble l'ordre. "Le vice-président du conseil exerce tous les
pouvoirs du président du conseil en cas d'absence, de refus ou
d'incapacité d'agir de ce dernier."
Le projet de loi 28, pour sa part, voudrait conférer au
président de la commission de transport plusieurs fonctions qui,
à notre avis, doivent relever du
directeur général. Il n'est pas de notre intention de
faire des postes de président et, jusqu'à un certain point, de
vice-président de la commission de transport des postes à temps
plein ou presque. Entre autres choses, la direction des affaires et des
activités de la commission, la direction de ses fonctionnaires et de ses
employés, l'observance et l'exécution de la présente loi,
des règlements et des résolutions de la commission et des
décisions prises par cette dernière doivent relever, selon nous,
du directeur général. Ce dernier doit également, selon
nous, signer les pièces administratives et bancaires courantes laissant
au président et au secrétaire le soin de signer les
règlements et les procès-verbaux des assemblées et autres
documents analogues.
Le directeur général. Le poste de directeur
général doit correspondre aux considérations
exprimées au paragraphe précédent. Par ailleurs, la
description dudit poste que le document de la CRO en fait à l'article
165 reflète clairement, dans notre perspective, le rôle que doit
jouer le directeur général de la commission. Nous avons
placé cette description en annexe pour ne pas trop alourdir notre
présentation.
Transition. Autant nous tenons à ce que chacune des
municipalités desservies soit représentée au sein de la
commission, autant nous ne visons pas à chambarder la situation qui
prévaut présentement à ce niveau. Nous réalisons
pleinement que le titulaire actuel du poste de président-directeur
général de la commission a reçu en 1980 un mandat de dix
ans. Nous sommes disposés à respecter cette
échéance. Il en est de même pour ce qui concerne le
président actuel de la communauté.
Le président-directeur général de la commission, M.
Antoine Grégoire, a depuis longtemps fait ses preuves dans l'Outaouais
et particulièrement à la direction de la commission de transport.
Il ne nous apparaît pas opportun dans les circonstances de modifier son
statut. Nous savons d'ores et déjà qu'il peut très bien
fonctionner avec une commission formée d'élus et ce, dans le
respect de la démocratie municipale. Depuis son arrivée à
la commission de transport le 2 juillet 1980, il a su relever le défi
que lui avait alors confié le ministre des Affaires municipales, M. Guy
Tardif. Il a su tenir compte des volontés exprimées par les
municipalités concernées et le conseil de la communauté.
Il y aurait donc lieu de prévoir un article analogue à l'article
72 des dispositions transitoires du projet de loi 28 prévu pour le
président du conseil de la communauté. Quant à la
concordance qu'il faudrait prévoir à l'article 81 de la
même section du projet de loi, il nous apparaîtrait indiqué
de retirer complètement cet article afin de conserver en poste les deux
autres commissaires qui sont des élus municipaux, l'un en provenance de
la ville de Hull et l'autre de la ville de Gatineau.
Autres considérations. Afin d'éviter d'abuser du temps
précieux de cette commission parlementaire, je me contenterai de
signaler brièvement, à la lumière de ce qui
précède, certains autres articles de la loi qui nous occupe.
L'article 134 prévoit que le directeur-général de la
communauté dépose au bureau du secrétaire de la
communauté le budget de la commission avec ses recommandations. Cette
disposition ne nous semble pas acceptable. À notre avis, le budget de la
commission, une fois adopté par les représentants élus et
dûment mandatés, doit être transmis directement au conseil
de la communauté par son secrétaire. On peut difficilement
imaginer que le directeur général de la communauté, qui
n'a pas participé au processus de préparation du budget de la
commission, puisse être en mesure de le commenter valablement. De toute
façon, le conseil de la communauté peut choisir de prendre tout
le temps nécessaire pour étudier le budget de la commission avec
le concours de ses responsables. C'est d'ailleurs de cette façon que le
conseil a procédé au cours des trois dernières
années par le biais de son comité de liaison CRO-CTCRO.
Le sixième alinéa de l'article 134 assujettit au
trésorier de la communauté, à mon avis, incorrectement,
certaines modalités financières des affaires de la commission de
transport. On peut convenir que de telles modalités soient utiles en les
adaptant à la commission de transport sans pour autant impliquer le
trésorier de la communauté.
À l'article 135, Je alinéa, le conseil peut, de son propre
chef, modifier les budgets. Ici encore, on semble vouloir placer la commisison
de transport sous une sorte de tutelle de la communauté. Il convient de
rappeler que la communauté n'a pas de responsabilité de taxation
concernant le transport en commun. Ce sont les municipalités desservies
qui ont cette responsabilité et chacune d'elles comptera à
l'avenir un représentant au sein de la commission. Le mécanisme
d'adoption du budget apparaît satisfaisant sans cette marge de manoeuvre
discrétionnaire de la communauté.
Pour ce qui touche le rôle du président de la CRO et la
sauvegarde de son objectivité vis-à-vis de la commission de
transport, on peut se référer aux articles 166 et 167 et retirer
la mention dudit président.
L'article 168, prévoit que la commission de transport doit se
transformer quatre fois par année en commission permanente du conseil.
Cette disposition ne nous apparaît pas souhaitable ni pratique. On peut
se demander à quoi rimerait le rapport d'une telle commission
émanant du conseil, une fois soumise à ce dernier, que ledit
rapport
soit alors accepté ou refusé. Comme la mise en oeuvre de
recommandations d'un tel rapport ne concerne pas la communauté, mais
bien la commission, on arriverait donc à un cul-de-sac. La commission de
transport n'étant pas un service à la communauté, elle
doit elle-même prendre les dispositions voulues pour remplir
adéquatement son mandat.
Le troisième alinéa de l'article 169.9 exclut du
régime de retraite les personnes qui se prévalent de la section
Vlll.I de la Loi sur les régimes de retraite des maires et des
conseillers des municipalités. Compte tenu que la fonction
exercée par un élu municipal au sein de la commission de
transport tout comme au conseil de la communauté constitue une extension
de son mandat de conseiller municipal, il serait raisonnable que le traitement
attaché à cette même fonction puisse être compris
dans le revenu sur lequel est basé le régime de retraite des
maires et des conseillers.
Le libellé de l'article 169.11 devrait s'apparenter à
celui de l'article 72.2 de manière que, en plus du
directeur-général et du secrétaire, les directeurs de
service soient soustraits aux poursuites en justice en raison d'actes officiels
accomplis de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions.
L'article 187 prévoit le dépôt du budget de la
commission de transport chez le secrétaire de la communauté avant
le 1er octobre. Cette date aurait avantage à être retardée
au 1er novembre, soit quinze jours avant le dépôt au conseil de la
CRO. À la suite de l'article 187, il y aura lieu d'incorporer des
dispositions comparables à celles contenues dans les articles 137, 140
et 141 touchant la CRO.
L'article 191, qui concerne les virements de fonds de la commission de
transport, ne devraient pas exiger l'approbation du conseil de la
communauté, pour autant que la commission s'en tienne à
l'intérieur du cadre global de son budget. (23 h 45)
L'article 192 prévoit que la commission de transport doit faire
approuver par les municipalités qui desservent son réseau de
transport son règlement sur les modalités de paiement de leur
quote-part du déficit anticipé. Compte tenu de la
représentativité conférée à la commission de
transport, nous devrions éviter que ce rapport de force soit
faussé. Tout au plus, faudrait-il prévoir un recours devant la
Commission municipale en cas de contestation en donnant toutefois à
cette dernière davantage de latitude qu'elle n'en possède
présentement à cet égard.
En outre, aucune disposition ne semble exister dans le projet de loi 28
pour indiquer que la commission doit d'abord déterminer ladite
quote-part avant de traiter des modalités d'établissement et de
paiement de cette même quote-part, comme le faisait l'article 243 de la
loi actuelle. De plus, il faudrait s'assurer que le libellé de l'article
192 permette de bien comprendre qu'il y aura, pour l'année de
transition, deux exercices financiers compris dans la quote-part. L'article 84
permet l'étalement d'une de ces deux quotes-parts sur une période
n'excédant pas dix ans.
L'article 192 parle du déficit anticipé du budget de la
commission de transport. Nous invitons instamment le gouvernement à
remplacer l'expression "déficit", dans le cadre d'un budget normal d'une
commission de transport par un terme qui refléterait mieux la situation
réelle comme par exemple le "coût net d'exploitation". Il n'y aura
vraiment déficit que lorsqu'il y aura effectivement dépassement
du budget prévu et adopté. Il ne s'agit pas ici de simple
sémantique. Les commissions de transport ont la mauvaise
réputation d'être annuellement en déficit lorsque, en
réalité, elles ne défoncent pas nécessairement leur
budget. On n'a pas plus raison de maintenir l'usage du terme "déficit"
dans le transport en commun qu'il n'y en aurait de l'introduire dans le domaine
des autres services municipaux qui ne font pas leurs frais, comme les loisirs
et les autres.
L'article 239 prévoit que la commission de transport doit
transmettre son rapport annuel le 31 mai, soit 60 jours plus tôt que la
date du 1er juillet prévue à l'article 245 de la loi actuelle
ainsi qu'au troisième alinéa de l'article 194 du projet de loi
28. Même si on peut envisager la transmission des états financiers
et du rapport des vérificateurs pour le 1er mai, cette
dernière date semble plutôt hâtive en ce qui concerne le
rapport annuel. À ce dernier sujet, le maintien de la date du
1er juillet serait préférable. À cet effet, il
faudrait faire concorder les articles 194 et 239, qui sont en
contradiction.
À l'article 251.2, il conviendrait d'ajouter, après les
mots "le conseil", les mots "pu la commission de transport peut faire adresser
à toute municipalité une mise en demeure de payer sa quote-part
dans les 90 jours de l'envoi de cette mise en demeure". L'article 84 du titre
I, de la loi 28, énumérer les matières où la
communauté a compétence. On devrait retrancher le
quatrièmement, qui cite le transport en commun, puisque cette
compétence doit être clairement et officiellement reconnue comme
étant de la compétence de la commission de transport.
M. le ministre et messieurs les membres de la commission parlementaire,
ce sont là les points saillants des commentaires et des recommandations
que nous voulons porter à votre attention. Nous vous les soumettons donc
respectueusement en espérant qu'ils feront l'objet de modifications
appropriées au projet de loi 28, afin qu'il corresponde convenablement
à nos ententes.
Pour résumer notre pensée, nous souhaitons depuis
plusieurs années que la commission de transport soit davantage soumise
au contrôle d'élus au niveau de la commission elle-même. Par
ailleurs, il faut éviter de tomber dans un autre travers qui serait
d'assujettir ce groupe d'élus à un contrôle excessif d'un
autre groupe d'élus à la communauté et, pis encore, au
contrôle de fonctionnaires de la CRO.
Je formule aussi le souhait que ce projet de loi soit adopté
avant les vacances d'été, pour éviter que le tout retourne
aux calendes grecques et pour que, enfin, la refonte de la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais devienne
réalité.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Merci.
Maintenant, je cède la parole au ministre.
M. Léonard: M. le Président et, cette fois, je vais
dire M. le président du comité de liaison et maire de Gatineau et
M. le président-directeur général, j'aurais un certain
nombre de remarques à faire et quand même, une
considération de façon générale. Les articles de la
loi qui touchent la CTCRO ont comme fond de scène de vouloir
responsabiliser davantage les élus par rapport à une fonction
qui, à notre avis, doit appartenir à la Communauté
régionale de l'Outaouais, celle du transport en commun. Je prends
presque les derniers paragraphes de votre texte où vous dites, à
9.14: "On devrait retrancher le quatrièmement qui cite le transport en
commun, puisque cette compétence doit être clairement et
officiellement reconnue comme étant de la compétence de la
commission de transport."
Je pense que les gens votent pour leur conseil municipal qui, par la
suite, exerce, à titre indirect toujours, une fonction comme membre de
la CRO qui est celle du transport en commun, et c'est une responsabilité
d'élus, pas une responsabilité de fonctionnaires, pas une
responsabilité en dehors des compétences de la CRO.
Nous avons eu ces débats, en ce qui concerne la CTCUM et la
CTCUQ. Les gens paient des taxes et en particulier quand vous parlez du
coût net d'exploitation, expression sur laquelle je suis d'accord - cela
sera corrigé dans le projet de loi - il reste qu'ils paient pour un
service en commun parmi d'autres services offerts par la communauté
régionale. Qu'on utilise une corporation pour les fins de
l'opération d'un service de transport en commun, ça, on l'a
reconnu aussi à la CTCUQ, à la CTCUM. À la CTCUQ -
j'exclurai la composition du conseil de la CTCUM pour d'autres
considérations -ce sont des élus qui siègent, le
président de la commission est un élu et je pense qu'ailleurs, le
transport en commun, le projet 46 est énuméré comme une
des responsabilités de la communauté. C'est ce qui explique aussi
que, dans le projet de loi, c'est maintenant le conseil de la CRO qui adopte le
budget, qui adopte la réglementation et qui adopte les tarifs du
transport en commun, parce que le coût net de l'exploitation va
être assumé par la population et finalement, par le truchement des
élus. Donc, la responsabilité des élus appartient
très clairement à la CRO et, moi, je pense que vous taxez. Dans
le taux de la taxe que vous établissez, il y a une considération
pour le transport en commun.
Je reviens à un des derniers paragraphes que vous utilisez, votre
avant-dernier: "Par ailleurs, il faut éviter de tomber dans un autre
travers qui serait d'assujettir ce groupe d'élus à un
contrôle excessif d'autres groupes d'élus à la
communauté et, pire encore, au contrôle des fonctionnaires de la
CRO." Je pense qu'il s'agit du même groupe d'élus.
Effectivement, dans le projet de loi, la porte est ouverte à
nommer - j'ai vérifié depuis cet après-midi - d'autres
élus au conseil de la CTCRO, mais, à notre avis, au
départ, il s'agissait des mêmes. On a laissé la chance
qu'il y en ait d'autres, mais ce sont les mêmes, normalement, mais ce ne
sont pas des élus qui contrôlent d'autres élus. C'est
plutôt que les uns se transportent au conseil d'un autre organisme qui
est un organisme satellite de la CRO.
Moi, dans ma perception des opérations du transport en commun, il
s'agit vraiment d'opérations qui concernent la CRO, le conseil de la
CRO. Il y a une représentation d'un conseil; mais, si c'est le conseil
de la CRO qui adopte le budget, la réglementation et les tarifs, je
pense que nous avons là l'essentiel des grandes décisions qui
sont prises au niveau du transport en commun. Et c'est cela que nous voulons.
Si ce n'est pas clair, on va le rendre encore plus clair. Je peux vous dire que
c'est comme cela qu'on le voit.
Sur d'autres points que vous soulignez, le rôle du
président de la CTCRO, nous sommes d'accord pour l'ajuster davantage,
mais le président est un élu aussi, pour nous; cela me
paraît nécessaire. Si ce n'est pas le cas à l'heure
actuelle à la CTCUM, c'est qu'il y a beaucoup de discussion autour du
transport en commun dans la région de Montréal et que ce n'est
pas définitivement classé, mais le principe en est retenu qu'il
s'agit d'élus qui siègent à conseils.
Sur le rôle du président par rapport à celui de la
tâche de directeur général, effectivement, il y a des
ajustements à faire. La définition même du poste pourrait
être faite par un règlement du conseil de la CTCRO; cela pourrait
se faire comme cela. C'est comme cela que cela se fait à la CTCUQ
notamment.
Sur un autre point, nous avons mis dans
la loi que le conseil de la CTCRO devrait siéger quatre fois
publiquement. Cela l'assimile d'assez près aux autres commissions du
conseil de la CRO, commissions sur l'évaluation foncière et les
finances, sur l'environnement... Pour nous, c'est un conseil similaire
composé d'élus, comme une commission. Nous savons qu'ils devront
siéger plus souvent mais, au moins, nous leur demandons de siéger
publiquement quatre fois par année, afin qu'il y ait des questions
posées par le public, afin que les gens sachent de quoi il retourne,
qu'on discute publiquement de ces questions de transport et que cela ne se
situe pas dans les officines, quelque part, que ce soit public et que la
population ait accès à ces discussions. C'est cela. Je ne sais
pas si on se comprend bien sur les objectifs que nous poursuivons. Je pense que
c'est vraiment un objectif, de plus de transparence et surtout de
responsabilisation des élus qui, eux, auront à taxer pour les
coûts nets d'exploitation de la CTCRO. Je ne sais pas si vous avez
quelques commentaires?
M. Luck: M. le Président et le M. ministre, c'est
sûr qu'un des objectifs qu'on recherchait depuis toujours, et vous en
avez certainement eu des échos, c'est que les élus aient un mot
à dire. On l'a mentionné dans le mémoire que nous avons
présenté. D'ailleurs, comme le député de Hull l'a
si bien mentionné, lorsqu'on a présenté le mémoire
de la ville de Gatineau, c'est qu'il n'y a jamais eu une volonté des
élus aux tables de la communauté d'approuver le budget de la
CTCRO, effectivement parce qu'on n'avait pas notre mot à dire. Depuis
1980, depuis l'arrivée de M. Grégoire à la table, il y a
eu la création d'un comité de liaison et effectivement une
volonté de faire certaines corrections. Lorsqu'on parle d'élus en
ce qui concerne la commission de transport, ce sont les mêmes élus
qui seraient aussi à la communauté. Selon les
présentations qui sont faites, on atteint les mêmes objectifs. Les
deux élus qui sont là à l'heure actuelle ne
représentent pas toutes les villes desservies, comme je l'ai
mentionné dans le mémoire, dans le cas du représentant de
la ville de Hull et du représentant de la ville de Gatineau. Il y a
aussi quatre autres municipalités qui sont desservies et je crois
qu'elles devraient avoir aussi leur mot à dire. Ces municipalités
représentent aussi des objectifs de chacun des conseils respectifs.
C'est pour cela que l'on verrait que ce soit une commission complètement
à part de la communauté comme telle.
Je ne sais pas si je réponds à... (minuit)
M. Léonard: Oui. Elle est à part. En fait, nous
avons maintenu l'entité corporative autant à la CUQ, à la
CTCUQ et à la CTCUM que chez vous. On reconnaît que, dans le
domaine du transport, il peut y avoir plus de flexibilité à agir
par des entités corporatives comme cela. Cependant, il ne faudrait pas
perdre le point de vue et la réalité que les élus sont
responsables. Au fond, ce sont eux qui auront la responsabilité de taxer
ou l'odieux de taxer. Alors, à un moment donné, il faut qu'ils
prennent les décisions en conséquence aussi. C'est un peu tout
cela. On s'entend sur ceci, je crois, que finalement vous-même aviez
éprouvé le besoin de créer un groupe de liaison
composé d'élus pour faire la liaison entre la CTCRO et la CRO. On
voit tout de suite qu'il y avait quelque chose qui manquait quelque part. Au
fond, au conseil de la CTCRO, il faut qu'il y ait des élus à mon
sens et que le président soit un élu, que le directeur
général administre. C'est l'objectif, en tout cas, qu'on
poursuivait. À mon sens, il y a quelqu'un qui va devoir rendre compte
des décisions devant le public et on sait que ce seront les élus.
Nécessairement, ils vont avoir tendance à s'expliquer.
Le Président (M. Brouillet): Cela va. Est-ce que d'autres
députés aimeraient poser une question ou faire un bref
commentaire sur l'exposé?
M. Rocheleau: M. le Président, cela revient encore.
Remarquez que je vous comprends. Je serai très bref. Je suis très
heureux que nous ayons eu le point de vue de la commission de transport ou de
son représentant qui assurait le comité de liaison. Je pense que
certains points sont sûrement très intéressants et, lors de
l'étude du projet de loi, article par article, on pourra possiblement
réajuster ou se réajuster. Je pense que le ministre a aussi
noté certains points qui peuvent sûrement apporter des
améliorations. C'est ce que l'on recherche. Effectivement, depuis qu'il
y a une représentation d'élus au sein de la commission de
transport, je pense qu'il y a une implication plus importante de ceux qui ont
à transmettre par la suite à leur municipalité respective
la quote-part de chacune et qui ont à prendre la responsabilité
d'accepter le ou les budgets, sachant qu'auprès de la commission de
transport combien de fois on voit les municipalités demander l'addition
de services. Par contre, lorsque vient le temps de payer, c'est la bagarre
organisée parce que les coûts sont trop élevés, cela
coûte ci ou cela. Je crois que cela va améliorer et augmenter, de
par la participation, aussi la responsabilité. Nous tiendrons
sûrement compte des représentations qui seront faites ce soir et
je vous remercie, M. le maire de Gatineau, ainsi que le
président-directeur général de la CTCRO.
À moins que M. Grégoire ait certains commentaires à
souligner, tenant compte de sa vision ou de sa perception des choses...
M. Grégoire (Antoine): Non, sûrement, M. le
Président. Je venais pour répondre à des questions d'ordre
plutôt technique, si la chose s'était présentée. Je
pense que c'est aussi un peu délicat, jusqu'à un certain point,
lorsqu'on se trouve à un poste qui est remis en cause par
l'avènement d'une loi qui se justifie, je crois, pleinement. J'aimerais
peut-être dire que j'ai vécu l'expérience de voir arriver
deux élus qui étaient nommés, à ce moment, par la
communauté et il s'est adonné que ce furent un
représentant de la ville de Hull et un représentant de la ville
de Gatineau. Je pense que ce facteur, en plus des principes
évoqués par le ministre, facilite les communications d'une
façon considérable, de même que la compréhension de
toute la question du transport en commun par les municipalités et pour
les municipalités.
Quant aux quatre autres qui n'y sont pas, je pense que plus, cela
arrivera rapidement - que j'y sois ou que je n'y sois pas, sous une forme ou
sous une autre, je crois que c'est secondaire -... Toutefois, il
m'apparaît impératif que chaque municipalité desservie soit
représentée adéquatement. Maintenant, "desservie" veut
dire quoi? Il faudrait y penser parce qu'à un certain moment, est-ce que
le fait de pousser une pointe qui pourrait se produire dans une nouvelle
municipalité et le fait qu'on y mette le nez sur peut-être mille
mètres ou cinq cents mètres, cela voudrait dire que tout de
suite, c'est une municipalité "desservie"?
À Québec, à la CTCUQ, on a fait des comparaisons il
y a quelques instants, je crois qu'il y a cinq membres élus au conseil
d'administration à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec, et Québec est quand même une
région plus grande et plus populeuse que celle de l'Outaouais. Il
m'apparaît que six membres, à ce moment, et je me permets de
l'exprimer, est un nombre qui s'impose. Mais, éventuellement, cela
pourrait devenir trop lourd si le terme "desservi" n'était
peut-être pas contenu selon certains paramètres.
Je voudrais bien remercier le ministre pour le changement qu'il nous a
annoncé, qui me tient à coeur, pas surtout au point de vue de la
structure comme telle, de changer la question du terme. Ce changement rendra
service au transport en commun, je dirais, partout au Québec parce que
le transport en commun a fréquemment une sorte de mauvaise
réputation. Il est surprenant comme on me mentionne souvent: Comment se
fait-il qu'on ne peut pas boucler le budget -entrer dans son budget dans une
commission de transport? Même des conseillers municipaux, qui ne sont pas
trop au courant, pensent qu'on défonce chaque année, par exemple,
dans l'Outaouais, disons de 5 000 000 $. Ici, j'ai un article de journal qui
parle des deux budgets des deux organismes dont le titre est: "Un budget de 23
000 000 $ à la CTCRO". Le dernier paragraphe dit: Le budget de la CRO se
doit d'être équilibré. La CTCRO enregistre pour sa part un
déficit de 5 000 000 $ avant même que l'année commence.
C'est le genre de connotation que cela donne à la population. Je pense
que cela va rendre service au transport en commun de changer de vocable. Comme
le disait le maire Luck, c'est plus que de la sémantique.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci bien, monsieur. Je dois
constater qu'il est minuit et quelques minutes et, pour poursuivre -nous avons
encore deux groupes à entendre -j'ai besoin de l'assentiment des deux
partis de cette commission. Je crois que M. le ministre n'a pas d'objection,
ainsi que son groupe.
M. Rocheleau: Non, M. le Président, on a cela dans le
bras.
M. Tremblay: Je vais donner mon consentement, M. le
Président. C'est à l'unanimité.
Le Président (M. Brouillet): Alors, tout le monde fait
l'unanimité. Merci, messieurs.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on s'engage à terminer
indépendamment de la longueur de la présentation? On me disait
tantôt que le mémoire de la Communauté régionale de
l'Outaouais comprenait une centaine de pages.
Le Président (M. Brouillet): Je suis certain que ces gens
ont l'esprit de synthèse et qu'ils pourront nous faire un bon
résumé des points essentiels.
M. Léonard: M. le Président, c'est une page d'une
centaine de copies.
Conseil régional de développement
de l'Outaouais
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous allons entendre
M. Raoul Larocque, qui est président du Conseil régional de
développement de l'Outaouais.
M. Tremblay: De toute façon, j'ai l'intention de
"filibuster" à la commission.
Le Président (M. Brouillet): M. le président, si
vous voulez nous présenter la personne qui vous accompagne.
M. Larocque (Raoul): M. le Président, je suis Raoul
Larocque, président du Conseil régional de développement
de l'Outaouais. Je
suis accompagné de mon directeur général, M. DeSale
Gauthier. Les membres de la commission n'ont absolument pas à craindre
que notre mémoire soit trop long, puisqu'il se compose essentiellement
de cinq ou six pages.
M. le Président, MM. les membres de la commission, en tant que
président du Conseil régional de développement de
l'Outaouais, je suis heureux de venir représenter mon organisme à
cette commission parlementaire pour faire valoir les opinions et
recommandations issues du conseil de direction. Nous estimons d'ailleurs qu'il
est de notre devoir de nous prononcer sur le contenu du projet de loi 28, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté régionale de l'Outaouais, la
CRO. Toutefois, avant de vous présenter nos opinions et recommandations
sur le contenu et le fond de la loi, j'aimerais souligner que le délai
accordé nous paraît très court entre l'invitation à
venir nous prononcer que nous avons reçue et la date de
présentation. Il nous semble que la hâte avec laquelle le
gouvernement veut passer du stade de la première lecture à la
deuxième et à la troisième n'est pas logique, puisque le
même projet de loi aura pris quelque quatre ans à être mis
au point. Donc, quelques jours de différence n'auraient pas fait tort.
Si, effectivement, le but de l'exercice actuel est de faire ressortir les
véritables préoccupations des intervenants régionaux, nous
croyons qu'une période de temps beaucoup plus longue aurait
été de mise. D'ailleurs, le ministre des Affaires municipales,
par l'entremise d'un porte-parole, disait en janvier, et je cite: "Le ministre
pourra déposer un projet de loi au début de juin prochain. Une
telle procédure avant l'ajournement de l'Assemblée nationale
donnerait tout l'été à la population de l'Outaouais pour
discuter du projet de loi et faire valoir son point de vue. Le projet pourrait
alors être étudié à la reprise de la session,
l'automne prochain." Je cite le Droit, Ottawa, le 22 janvier 1983.
Qu'est-il advenu aussi des bonnes intentions exprimées en
novembre 1979 par l'ancien ministre des Affaires municipales au sein du cabinet
Lévesque, M. Guy Tardif, intentions qui précisaient que ce ne
serait qu'après la tenue d'audiences publiques, où les
intervenants pourraient exprimer leur point de vue sur la proposition
gouvernementale, qu'un projet de loi serait présenté à
l'Assemblée nationale? Je cite encore le Droit du samedi 16 novembre
1979.
Quoi qu'il en soit, et même si le gouvernement n'a pas suivi le
cheminement qu'il s'était proposé, il nous apparaît que le
projet de loi 28 répond à certaines préoccupations
présentes dans l'Outaouais et à un bon nombre de doléances
des villes et municipalités de la CRO. Dans un esprit de
démocratisation, plusieurs problèmes ont été
abordés et solutionnés. Nous croyons cependant que certains
articles devraient être plus précis et aller plus loin dans leur
portée. Ainsi nous portons à votre attention les recommandations
suivantes:
Article 15 du projet de loi 28 amendant l'article 66. L'article 66
propose, sûrement par inadvertance, l'inclusion dans l'ancien texte de la
périphrase suivante: "dont notamment un service de la promotion
économique". Si cet article était adopté ainsi, il irait
à l'encontre même de deux principes: a) Les municipalités
membres de la CRO ont demandé dans leur mémoire que soient
abrogés les articles 263, 264 et 265 afin qu'elles puissent se
prévaloir du fonds industriel et puissent faire de la promotion
industrielle et commerciale de leur propre chef, à l'intérieur de
leur municipalité. Elles n'ont jamais exprimé le désir que
la CRO détienne cette compétence. b) L'article 66 tel que
proposé va directement à l'encontre du mandat de la SAO, tel
qu'exprimé par le loi C-37.1 - la loi actuelle - aux articles 220 et
suivants. Si deux organismes ont le même mandat pour donner les
mêmes services et arriver aux mêmes buts sur le même
territoire, il est évident qu'il y aura un doublage d'efforts, un
doublage de coûts et donc, des charges indues, en somme, une mauvaise
gestion des fonds publics.
Nous souhaitons vivement que toute cette question de la promotion
économique, commerciale, industrielle et touristique dans l'Outaouais
puisse faire, au cours des prochains mois, l'objet d'une analyse en profondeur,
analyse devant en outre permettre d'identifier le rôle et la place des
villes dans ce domaine et que, d'ici là, le gouvernement mette en
veilleuse son intention avouée de doter la CRO d'un service de la
promotion économique. Enfin, nous recommandons que l'article 66
redevienne l'ancien article 66 de la loi C-37.1 et que les articles 263, 264 et
265 de la loi C-37.1 soient abrogés.
L'article 9. Le mode d'élection proposé du
président et du vice-président démontre un désir de
démocratisation du processus. Nous croyons que la loi devrait aller plus
loin et que l'article traitant de l'élection de la présidence
devrait se lire comme suit:
Le conseil nomme un président et un vice-président. Le
président peut être élu parmi les membres du conseil, dans
lequel cas, l'élu à la présidence devra
démissionner de son poste de conseiller municipal ou de maire de sa
municipalité. Le président peut-être élu parmi la
population de la communauté. Le président est nommé, par
le conseil évidemment, à la majorité aux deux tiers des
voix exprimées.
Si, lors de la première assemblée du
conseil où le vote est pris, aucun candidat ne recueille cette
majorité, la nomination est faite à cette même
majorité lors de l'assemblée suivante.
Si aucun candidat ne recueille la majorité prévue au
deuxième alinéa lors de la seconde assemblée, le
président peut être nommé par le gouvernement parmi les
membres du conseil.
Le troisième alinéa n'empêche pas le conseil de
faire la nomination, à la majorité exigée au
deuxième alinéa, lors d'une assemblée postérieure
à celle mentionnée au deuxième alinéa, si le
gouvernement ne l'a pas fait à sa place.
Le vice-président est élu parmi les membres du
conseil.
À notre avis, le mode d'élection du président que
nous proposons constituerait une soupape supplémentaire de
sécurité advenant le cas où les membres de la CRO ne
sauraient se mettre d'accord sur le choix d'un président au sein
même du conseil. En outre, cela permettrait à un citoyen outaouais
ayant manifesté des compétences particulières en
matière d'aménagement et d'urbanisme, et je dirais de gestion
publique, d'accéder, avec l'assentiment d'une majorité des
membres de la CRO, à un poste requérant une neutralité
à toute épreuve et un doigté certain.
Sur un autre plan, également soucieux d'assurer un
développement harmonieux de l'ensemble de la région 07, le CRDO
s'est par la suite penché sur le problème de l'appartenance des
populations périphériques sur le territoire de la CRO. Concernant
ce dernier point, permettez-moi de relever deux cas particuliers, soit ceux de
la municipalité de Pontiac et de la région de la
Basse-Lièvre.
La municipalité de Pontiac revendique depuis longtemps le droit
d'être détachée de la CRO et de faire partie de la MRC de
Pontiac. Cette revendication s'appuie sur le fait que près de 72% - je
dis bien 72% et non 92% - de la population de cette municipalité devait,
lors d'une élection référendaire récente, se
prononcer en faveur du retrait de ladite municipalité de la CRO. Les
raisons motivant ce choix vont de l'appartenance de la population au
caractère rural de la municipalité et aux économies
qu'elle compte faire en utilisant les services de la MRC de Pontiac
plutôt que ceux de la CRO. (0 h 15)
Le cas de la Basse-Lièvre est plus complexe puisqu'il touche
plusieurs municipalités. La Basse-Lièvre forme un tout
homogène sur les plans économique, démographique et
géographique. Le sentiment d'appartenance de ces populations, les
services dont elles se sont dotées ainsi que les réseaux routiers
constituent d'autres facteurs qui militent en faveur d'une reconnaissance
particulière de cette région d'appartenance.
Sans pour autant proposer une clause "d'opting out" - et je dois dire
que je préférerais beaucoup plus, à la suite de la
journée d'aujourd'hui, la proposer que ne pas la proposer - nous
recommandons fortement au gouvernement ainsi qu'à la CRO de se pencher
sur ces problèmes et de leur apporter des correctifs afin que les
populations concernées puissent mieux s'y retrouver en termes
d'appartenance et qu'elles puissent également se doter d'outils à
leur portée, selon leurs moyens. Nous ne pourrons continuellement
imposer à un territoire donné des découpages
administratifs qui ne tiennent pas compte des revendications du milieu.
Avant de terminer, MM. les membres de la commission, j'aimerais ajouter
deux sujets qui ne font pas partie de notre mémoire, mais qui ont
été touchés lors de nos délibérations
à notre conseil: premièrement, l'adoption du budget tel que
proposé par la nouvelle loi et, deuxièmement, l'article 88.
L'adoption du budget par tranches d'un quart au début de
l'année, etc., advenant le cas où le conseil ne pourrait
s'entendre sur l'adoption dudit budget, nous semble jusqu'à un certain
point poser des difficultés aux municipalités membres de la CRO
dans la confection de leur propre budget. C'est pourquoi nous voulons
recommander que le budget soit adopté au début de l'année
en totalité.
En ce qui a trait à l'article 88, il nous semble que dans
certains cas, les changements qui pourraient se faire à la loi - qui
seraient faits possiblement tous les cinq ans - pourraient, dans certains cas,
je dis bien, être d'une période trop longue. Donc, nous
recommandons que ce soit immédiatement et que cette période soit
ramenée dans certains cas à quelques années dans d'autres
cas. D'ailleurs, nous nous rappelons fort bien que le même nombre
d'années est invoqué à d'autres occasions, par exemple
lors du découpage des MRC, et nous croyons que ce laps de temps n'irait
pas sans beaucoup de problèmes.
MM. les membres de la commission, le Conseil régional de
développement de l'Outaouais vient d'élaborer ses principales
préoccupations concernant le projet de loi 28. Nous espérons que
vous saurez en prendre note et nous vous remercions d'avoir bien voulu nous
entendre.
Si vous avez des questions...
Le Président (M. Brouîllet): Merci, M. le
président. Alors, je demande à M. le ministre d'intervenir.
M. Léonard: J'ai quelques remarques à faire par
rapport à la déclaration du début
où on dit qu'on fait référence à un article
du Droit, du 22 janvier 1983. Il me semble qu'en particulier j'ai
communiqué personnellement avec le président de la CRO au cours
du mois de janvier pour lui dire que nous voulions adopter un projet de loi
à ce moment; je ne crois pas avoir fait de déclaration dans le
Droit directement à ce moment. Quoi qu'il en soit, j'ai rencontré
les conseils de la CRO au mois de mars. Nous avions convenu que, si les
consensus étaient maintenus, nous pourrions procéder avant le
mois de juin. Nous avons procédé au rythme du milieu. Je
travaille avec des élus municipaux et, quand ils sont prêts, ils
sont prêts, et ils avaient l'air d'avoir hâte de voir aboutir ce
projet de loi. Voilà, nous sommes là, ce soir, à
minuit.
Une voix: Ce matin.
M. Léonard: Ce matin, effectivement. Nous avons
consulté depuis quatre ans. Si le processus d'adoption du projet de loi
est rapide, c'est qu'effectivement les choses qu'il y a dans cela ont tout de
même été discutées très longuement. Je
comprends que, publiquement, on ait connaissance maintenant des
différents enjeux, des positions de chacun, mais il y a quand même
des positions qui étaient bien connues, à l'intérieur de
la CRO, à tout le moins, et connues aussi du ministre et des
fonctionnaires.
Sur d'autres points plus précis, en ce qui concerne la promotion
économique, au début de la page 3, vous dites que vous souhaitez
que le gouvernement mette en veilleuse son intention avouée de doter la
CRO d'un service de la promotion économique. Je voudrais faire une
rectification parce que ce n'est pas ce qui est dit dans le projet de loi. Nous
ne dotons pas la CRO d'un service de promotion économique; nous donnons
à la CRO le pouvoir ou la faculté d'en créer un, si ces
gens veulent en faire un; s'ils ne le veulent pas, ils n'en créeront
pas. Je pense que c'est important de faire cette mise au point parce que,
depuis le temps qu'on en discute, cela n'a jamais été
précisé comme cela.
Je dois dire que ce qui nous guide là-dedans, c'est un peu ce que
j'en disais plus tôt dans la journée. La promotion
économique est finalement un peu l'affaire de tout le monde. Si, par
exemple, on se replace sur le territoire de la CUM, le gouvernement, en fait,
par différents ministères, comme le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, le ministère du Commerce extérieur,
beaucoup de ministères s'en occupent au niveau du gouvernement. En plus,
la Communauté urbaine de Montréal s'en occupe, ainsi que chacune
des villes. C'est l'affaire de tout le monde et, si on veut que cela aboutisse,
je pense qu'on ne peut dire que c'est quelqu'un, quelque part, qui fait cela et
plus personne ne s'en occupe. Je pense que c'est la meilleure façon pour
que cela n'aboutisse pas très loin, parce qu'il n'y a personne qui se
sent impliqué. C'est un peu le sens de notre proposition, que tout le
monde doit s'en mêler si on veut que cela donne des résultats
à un moment donné.
Je pense que c'est comme la démocratie jusqu'à un certain
point. Si on confie le soin à d'autres de l'exercer, finalement, il n'y
en a pas du tout. C'est souvent ce qui arrive. Mais je voudrais quand
même préciser une chose, c'est que nous ne dotons pas la CRO d'un
service de promotion économique, nous lui donnons la possibilité
de s'en créer un si elle le veut.
M. Larocque: M. le Président.
M. Léonard: Le milieu municipal fonctionne souvent comme
cela, M. le Président.
M. Larocque: D'accord, M. le ministre. M. le Président,
nous sommes parfaitement d'accord que tout le monde fasse de la promotion
économique et du développement économique, etc. Justement,
le cas n'est pas là dans le moment. D'une part, les municipalités
de la CRO, de par les articles de la loi que j'ai mentionnés tout
à l'heure, 263, 264, 265, ne peuvent en faire...
M. Léonard: Oui.
M. Larocque: Elles peuvent en faire mais elles peuvent être
dans l'illégalité aussi. Deuxièmement, dans la même
loi qui existe dans le moment, vous avez justement, à l'intérieur
de la loi sur la CRO, la SAO qui a comme mandat de se préoccuper - c'est
clairement dit dans les articles 220 et suivants - du développement
économique au sein de la région 07, en partie du moins.
À ce moment, ce que nous voyons, c'est qu'il faudrait qu'on soit
cohérent. Ou on le fait faire par la SAO ou on lui enlève le
mandat, mais pas par le biais d'un article qui passe comme cela, qui n'a l'air
de rien et qui veut dire tout. Vous dites: On leur donne la possibilité
de le faire. Je dis que vous avez donné... Parfait, c'est de la
sémantique. Si la possibilité existe que la SAO fasse toujours de
la promotion économique et que la CRO ait la possibilité de le
faire aussi, on pourrait se retrouver en région avec deux organismes qui
feraient la même chose et c'est du gaspillage de fonds publics.
M. Léonard: Je pense qu'il s'agit de deux sortes
d'organisme. La SAO est un organisme gouvernemental, alors que la
CRO... Oui, je pense que cela fait une différence. Je pense que,
là-dessus, les élus de la CRO... Même, à les
écouter tout au long de la journée, j'ai très bien
perçu qu'ils étaient intéressés à la
promotion économique. Alors, il faut distinguer entre
l'intérêt des élus et peut-être, jusqu'à un
certain point, la crainte de partager la facture. Je le comprends aussi.
M. Larocque: D'ailleurs, M. le Président, si je peux
ajouter un mot, j'ai ici en main un procès-verbal d'une assemblée
qui a été tenue au conseil de la CRO le 6 avril 1983 où
étaient présents des gens qui sont intervenus aujourd'hui. Pour
situer un peu quand même la problématique, entre autres
paragraphes, je cite, et je ne fais pas abstraction de la vérité:
Par la suite, tour à tour, tous les membres du conseil de la CRO
souhaitent que le statu quo soit maintenu quant à la
responsabilité de la promotion industrielle de la SAO et quant au
principe que les municipalités puissent investir des sommes dans la
promotion industrielle. Je m'en remets à ce qu'ils ont dit lors d'une
assemblée.
Deuxièmement, voyons les conclusions qui ont été
tirées de cette soirée. En animant la discussion, le
président soumet un résumé des discussions qui semble
faire le consensus autour de la table: a) les municipalités veulent
obtenir le droit de dépenser des sommes dans le domaine de la promotion
industrielle et touristique; b) le maintien du rôle actuel de la SAO dans
le domaine industriel et touristique; c) le maintien de la formule actuelle de
financement de la SAO; d) la réaffectation de la SAO du ministère
des Affaires municipales au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme. Je m'en tiens encore une fois au désir des élus
municipaux.
M. Léonard: Vous avez terminé? M. Larocque:
Oui.
M. Léonard: C'est un procès-verbal qui n'a jamais
été adopté; il faudrait le dire, c'est important.
Sur la question du budget, du processus d'adoption du budget, je pense
que nous voulions nous sortir d'un processus d'adoption automatique du budget.
Le processus qui existe est le même qui existe ailleurs et qui a
donné des résultats. Les budgets sont maintenant adoptés
positivement par les élus municipaux et non pas par défaut. Je
pense que, jusqu'à nouvel ordre, il n'y a pas lieu d'en changer. On
verra à l'usage. Effectivement, il n'y a pas très longtemps qu'un
tel processus a été inscrit dans la loi. Quant à nous,
nous pensons qu'il y a un intérêt à adopter le budget assez
rapidement, avec les contraintes qu'il y a dedans. Si on ne l'adopte pas, le
budget est au strict minimum; il y a donc un intérêt à
l'adopter. Quant à l'article 88, la révision de la CRO, nous y
avons mis cinq ans parce qu'il nous apparaît que faire une
révision en moins de cinq ans... Cela devient très
fréquent parce que, lorsqu'on touche à des structures
municipales, cela a quand même des répercussions, cela touche du
monde, des processus. On ne peut pas modifier cela sans arrêt, tous les
ans. Je ne parle pas d'ajuster une loi, comme on le fait sur des questions de
détail, des questions moins importantes, mais modifier une loi comme on
le fait maintenant, on ne peut pas se permettre cela. Même cinq ans,
c'est court, mais je pense qu'en l'occurrence, nous avions pris l'engagement de
la réviser dans cinq ans, et nous le faisons. Qu'on se rappelle que la
révision que nous faisons à l'heure actuelle se situe treize ans
et demi après l'adoption du premier projet de loi sur la CRO. Il s'est
donc écoulé treize ans. Je pense que cinq ans est un strict
minimum. Je considère que nous devons le maintenir. Voilà, M. le
Président, je pense que, pour l'instant, c'est tout ce que j'avais
à dire.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Chapleau.
M. Kehoe: J'aurais quelques questions à poser au ministre.
Est-ce qu'il y a des raisons particulières pour lesquelles vous n'avez
pas procédé en même temps à l'amendement de la SAO?
Spécifiquement, avec le mémoire du CRDO, qui mentionne
qu'à partir de maintenant, avec l'article 66, il y aura les
municipalités, la CRO et la SAO, les trois intervenants, qui pourront
s'occuper de la promotion économique, à ce moment-là,
est-ce que la SAO va continuer d'avoir le même mandat ou est-ce que vous
prévoyez dans un avenir rapproché une restructuration de la SAO
ou un amendement à cette loi?
M. Léonard: Nous ne sommes pas prêts à faire
des changements à la SAO à l'heure actuelle. C'est pour cela
qu'il n'y a rien qui touche la SAO dans l'actuel projet de loi 28. Nous le
ferons ultérieurement. Je ne reprendrai pas ce que j'ai dit sur les
mandats de promotion économique. Je pense que tout le monde peut en
faire, parce que je considère que la promotion économique, c'est
l'affaire de tout le monde. Qu'il y ait des organismes qui s'en occupent, cela
n'enlève rien à la SAO, à son mandat de promotion
économique. Elle peut continuer à en faire.
M. Kehoe: Et la SAO continuera dans son état actuel?
M. Léonard: Oui, oui.
(0 h 30)
M. Kehoe: Deuxième chose. En ce qui concerne la page 4 du
mémoire, la demande de Pontiac et de la Basse-Lièvre de se
retirer de la CRO, le ministère a-t-il pris une décision finale
ou si la question est encore ouverte?
M. Léonard: La décision que nous avons est dans le
projet de loi à l'heure actuelle, c'est-à-dire que cela fait
partie du projet de loi...
M. Kehoe: Non, mais est-ce que le projet de loi est final? Y
a-t-il une possibilité d'amendement?
M. Léonard: Vous le verrez lorsque le projet de loi final
sera déposé.
M. Kehoe: Pardon?
M. Léonard: Vous le verrez lorsque le projet de loi final
sera déposé. Pontiac vient juste de présenter son
mémoire. Les questions que vous devez poser aujourd'hui ne sont pas
adressées au ministre, c'est aux intervenants.
M. Kehoe: On connaît leur position. Ils l'on bien
expliquée. Surtout pour Pontiac, c'est clair dans son mémoire,
mais la position que le ministère prendra n'est pas claire. D'ailleurs,
la loi est actuellement claire. Mais c'est de savoir si votre idée est
faite. Peu importe ce qui sera apporté par le mémoire, vous ne
changerez pas d'idée.
M. Léonard: Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit le
contraire.
M. Kehoe: Je vous pose des questions.
M. Léonard: J'ai dit qu'aujourd'hui on entendait les
mémoires et les considérations des uns et des autres, des
différents intervenants. Vous me demandez des décisions ce soir.
Un instant, ce n'est pas le moment. Posez des questions aux intervenants.
M. Kehoe: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que cela va? M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: Je n'ai qu'une question afin que la concordance soit
respectée. Dans votre mémoire, à la page 4, vous parlez du
cas de la municipalité de Pontiac. Vous dites que cette revendication
s'appuie sur le fait que près de 92% de la population de cette
municipalité... C'est écrit 92%, l'avez-vous modifié?
M. Larocque: Je l'ai effectivement modifié pendant que je
lisais: à 72%.
M. Tremblay: D'accord. Mais vous devriez considérer que je
suivais, puisque j'ai vu la différence dans les deux dossiers.
Le Président (M. Brouillet): Y a-t-il d'autres questions
sur le mémoire présenté? Une brève
intervention?
M. Rocheleau: J'aurais quelques questions. Je tiens à
souhaiter la bienvenue au président, M. Larocque, ainsi qu'au directeur
général du CRDO, M. Gauthier. Nous étions tout
particulièrement intéressés, quand, à la suite de
notre intervention à l'Assemblée nationale, on a accepté
de vous inviter. Nous regrettons que ce soit avec une échéance
aussi courte, mais, tout de même, je sais pertinemment que le Conseil
régional de développement de l'Outaouais a produit
antérieurement des mémoires fort intéressants sur
l'ensemble du territoire de la communauté régionale et de la
région 07, que vous aviez déjà formulés. Je me
réfère à un document, entre autres, Idées
directrices pour un nouveau cadre institutionnel régional, novembre
1978, où vous poussiez davantage certains énoncés tenant
compte des municipalités à caractère urbain et à
caractère rural. Je cite, entre autres, à la page 16, l'article
b) des municipalités rurales de la Communauté régionale de
l'Outaouais: II est affirmé dans l'idée directrice 7 que les
grandes municipalités urbaines de l'Outaouais ont des
intérêts communs qui se distinguent de ceux des
municipalités rurales avoisinantes. Ainsi, dans la redéfinition
des sous-régions de l'Outaouais, au moins une partie, sinon la
totalité du territoire des quatre municipalités rurales, serait
intégrée aux trois conseils de comté chez lesquels ces
mêmes municipalités siègent déjà et, par
conséquent, serait retirée du territoire de l'actuel CRO.
Je pense que, par cet énoncé, vous avez confirmé le
fait qu'il serait souhaitable que Pontiac, suivant le voeu de sa population,
soit retirée de la communauté régionale et se greffe
à la Municipalité régionale de comté de Pontiac.
Pourriez-vous possiblement émettre des commentaires, tenant compte de
l'étude que j'ai faite dans ce temps, face à l'ensemble des
autres municipalités à caractère rural qui se recoupent
à l'intérieur de l'actuelle Communauté régionale de
l'Outaouais? Avez-vous des points de vue particuliers là-dessus?
M. Larocque: Je vais commencer. J'inviterai ensuite le directeur
général, puisqu'à ce moment-là, je n'étais
pas président du CRDO et que le directeur général
était là.
Donc, lors de la consultation sur le cadre institutionnel de
l'Outaouais, il était
ressorti, effectivement, que les populations, du moins certains
représentants des populations - cela pourrait être des élus
autant que des gens du peuple, si vous voulez - en ce qui a trait aux
municipalités que j'appellerais périphériques, rurales,
entre autres, les municipalités de Pontiac, La Pêche,
L'Ange-Gardien, Val-des-Monts, je crois, aussi, ces populations
désiraient se retrouver dans leur milieu d'appartenance. Donc, Pontiac,
vers ce qui était alors le conseil de comté de Pontiac,
évidemment, qui est devenu la MRC; La Pêche, vers la
Haute-Gatineau. Évidemment, on n'avait pas d'idée à ce
moment-là pour les municipalités à l'est,
c'est-à-dire Val-des-Monts vers l'est. Mais il existe effectivement,
aujourd'hui, un certain problème de ce côté, comme je l'ai
relevé tout à l'heure, au niveau de l'appartenance de ces
populations qui, aux niveaux démographique, géographique et
même des services qui sont donnés par le gouvernement,
appartiennent à une certaine sous-région, mais qui,
administrativement, répondent à une autre. Je fais
référence, par exemple, à la municipalité de
Notre-Dame-de-la-Salette, à L'Ange-Gardien et à d'autres.
Évidemment, les choses auront pu changer quelque peu depuis ce temps,
mais je suis convaincu qu'il faudrait aller voir et demander aux
différents regroupements quelles sortes de problèmes ils auront
quand les MRC seront en place. Pour donner l'exemple de la Basse-Lièvre,
vous avez des services comme les CLSC qui sont situés à
Buckingham et qui ont des points de service à Notre-Dame-de-la-Salette,
Val-des-Bois, Notre-Dame-du-Laus, ce qui fait que ces services engendrent, en
définitive, trois regroupements administratifs: la CRO, d'une part, la
MRC de Papineau, d'autre part, et la MRC d'Antoine-Labelle, finalement. Si
l'orientation qu'on perçoit au niveau de la régionalisation et au
niveau de l'augmentation des rôles des MRC est continuée, mais,
à ce moment-là, il y aurait des changements assez importants
à faire au niveau des services qui sont donnés. Nous exprimons,
dans notre mémoire, le souhait que ces populations puissent se prononcer
sur leur appartenance et qu'on en tienne compte.
M. Gauthier (DeSale): En fait, M. le Président, c'est que,
en 1979, nous avons effectivement fait une lecture de la situation. Nous avons
eu des rencontres, que j'appellerais populaires, avec des gens du milieu, des
leaders issus de ce milieu et enracinés dans ce même milieu et
l'idée directrice que vous mentionniez tout à l'heure, M.
Rocheleau, était que les municipalités rurales voulaient se
retirer de la Communauté régionale de l'Outaouais. C'est une
lecture faite en 1979. Nous avons d'ailleurs présenté les
résultats de cette consultation formelle à la population, au
citoyen, et nous avons d'ailleurs fait connaître notre point de vue
à la commission Luck sur la restructuration de la CRO.
Je dois vous dire que, faute de temps -d'ailleurs, le président
le mentionnait tout à l'heure - parce qu'il n'est pas possible... Je
comprends que les élus soient actuellement consultés. Ils l'ont
été, bien sûr, mais les élus sont là pendant
quatre ans et il se passe beaucoup de choses tous les quatre ans. Quelquefois,
il y aurait lieu de consulter les citoyens de façon systématique
entre deux élections dans un laps de temps de quatre ans. Si nous
faisions le même sondage, c'est justement la raison pour laquelle on a
dit, au début: Nous sommes vraiment bousculés par le fait qu'on
veut presser les choses. Je comprends que les élus sont là pour
prendre des décisions, mais, si nous faisions une véritable
consultation, je ne suis vraiment pas sûr que la population irait dans le
sens du texte du projet de loi 28. C'est simplement le commentaire que je
voulais ajouter.
Le Président (M. Brouillet): D'autres questions
additionnelles? Une autre question principale.
M. Rocheleau: Écoutez, je n'ai pas l'impression de me
sentir limité dans mes questions à ce point, M. le
Président, étant donné que le Conseil régional de
développement de l'Outaouais a une importance relative chez nous,
très grande. J'ai quelques autres questions et, par la suite, on
entendra le président de la communauté régionale, qui
pourrait faire un recoupage de cet ensemble de la discussion que nous avons
eue.
Je partage l'opinion du conseil régional de développement,
à savoir que nous attendons déjà depuis sept ans cette
restructuration. Le fait que le projet de loi ait été
déposé le 31 mai nous bouscule quelque peu même si chacun
d'entre nous attendait avec impatience ce projet de loi. Par contre, tenant
compte de l'importance d'une restructuration, quand le ministre nous mentionne
que la prochaine aura lieu peut-être dans cinq ans, j'ai quand même
l'impression qu'il faut tenir compte de l'importance de la restructuration
telle que le projet de loi l'énonce aujourd'hui et qu'il faut quand
même se donner le temps.
Je donne une citation du ministre cet après-midi quand nous avons
effectivement ouvert cette commission parlementaire, à savoir que les
idées sont mûries par le milieu. Évidemment, c'est que le
projet de loi a été pondu par Québec à la suite de
consultations, des consultations parmi les élus. Il y a aussi le milieu,
il y a aussi les organismes et la population qui souhaitent justement avoir une
certaine forme de
consultation.
Je reviens à l'énoncé que faisait
antérieurement le maire de Pontiac en ce sens que lui - et je pense que
cela pourrait se refléter chez d'autres maires de municipalités
rurales - il ne sent peut-être pas cette appartenance à
l'intérieur de la communauté régionale comme il le
souhaiterait. Les populations souhaiteraient davantage une intégration
à l'intérieur des MRC. Nous aurons sûrement l'occasion - le
ministre de son côté, ainsi que les députés
ministériels pourront sûrement le faire aussi - d'analyser les
préoccupations du milieu tenant compte de cette commission
parlementaire. Elle sera suivie par l'autre commission qui aura à
étudier article par article chacun des éléments qui sont
contenus à l'intérieur du projet de loi 28.
Je voudrais profiter de cette occasion qui nous est donnée, M. le
Président, sans déborder pour autant, mais tenant compte du fait
qu'il y a à peine quelques semaines le conseil régional tenait
une assemblée annuelle, entre autres, avec les principaux intervenants
du milieu.
Y ayant participé moi-même, à la suite de l'aimable
invitation du conseil régional, j'ai pu constater que le conseil
régional reconfirmait sa volonté, tenant compte de l'appartenance
du milieu et plus particulièrement de la région 07, des MRC qui
la composent et plus particulièrement de la Haute-Gatineau. On a pu y
constater, M. le Président, qu'il y avait eu une certaine
ingérence de la part du ministre des Affaires municipales pour
s'approprier certaines parties de territoire qu'on aurait pu souhaiter voir
plus particulièrement retenues à l'intérieur de la
région 07, c'est-à-dire la région de l'Outaouais
québécois.
J'aurais aimé peut-être en quelques minutes entendre soit
le président ou le directeur général nous reconfirmer
cette volonté du milieu, ces nombreuses demandes qui ont
été faites, cette consolidation de tous les
éléments progressifs du milieu concernant cette appartenance et
le souhait que nous avions exprimé, que l'Outaouais
québécois soit retenu à l'intérieur des
recommandations et des demandes qui ont été faites
antérieurement. (0 h 45)
Je sais, M. le Président, que nous prenons tout de même un
certain temps. Comme le veulent les fins de session, on a tout le temps
nécessaire souvent, avant le sprint final, d'étudier tous les
projets de loi. On semble vouloir attendre le sprint final pour pousser
peut-être l'Opposition à l'épuisement. Nous ne sommes
absolument pas épuisés. Au contraire, on a cela dans le bras et
on doit prendre le temps nécessaire pour en discuter, pour permettre aux
intervenants de tenir leurs propos et ne pas bousculer tout ce beau monde.
J'aimerais entendre en quelques mots le président nous
reconfirmer une demande du milieu au sujet de l'appartenance et aussi des
choses qui ont été mûries et qui sont prêtes à
être récoltées dans la région de l'Outaouais.
M. Larocque: M. le Président, si vous le permettez, cela
déborde le cadre d'aujourd'hui, mais, quand même lors de notre
assemblée générale, nos membres et les autres intervenants
qui étaient là ont exprimé, très fortement
d'ailleurs, leurs inquiétudes face à certaines actions qui ont
été portées ou qui seront portées en ce qui
concerne la région administrative 07, qui, comme vous le savez, englobe
en particulier la CRO, jusqu'à maintenant du moins, et les quatre MRC
suivantes, c'est-à-dire les MRC de Pontiac, Haute-Gatineau, Labelle et
Papineau.
L'une des préoccupations de l'assemblée
générale était, d'une part, les découpages des MRC
qui ont eu lieu l'automne dernier, lors du décret ministériel qui
a été appliqué le 1er janvier; d'autre part, la
possibilité assez évidente, compte tenu de certains textes que
nous avons obtenus, qui agiraient comme textes de base, si vous voulez, lors du
processus de la régionalisation qui sera commencé cet automne par
le ministre Gendron... Nous étions inquiets de voir qu'une partie de
notre territoire a déjà disparu, c'est-à-dire le parc de
La Vérendrye. D'autre part, nous étions inquiets aussi de voir la
possibilité que la MRC d'Antoine-Labelle quitte la région
administrative 07 pour se retrouver dans une nouvelle région à
créer, c'est-à-dire la 6-C ayant comme centre
Saint-Jérôme.
À ce moment, les gens ont réitéré le
désir de conserver l'appartenance des populations de la région et
ont aussi réitéré, en ce qui concerne la CRO, le
désir que les problèmes soient résolus de la façon
la plus harmonieuse possible. Nous devons évidemment véhiculer
ces désirs étant donné que ce sont les désirs de la
base de nos membres qui proviennent de toutes les régions que je viens
de mentionner. C'est à peu près cela, en gros, ce que
désirait entendre M. le député de Hull. Je n'irai pas plus
loin sur ce sujet. Si vous avez des choses à dire...
Le Président (M. Brouillet): II faudrait s'en tenir
à la CRO pour la poursuite du débat.
M. Larocque: C'est pour cela que je ne voulais pas aller plus
loin sur ce sujet.
M. Gauthier (DeSale): Je veux faire le lien justement avec la CRO
et voir comment cela peut affecter la CRO et l'ensemble de la région de
l'Outaouais. Si on part du nord-
est de la région, on s'est déjà fait amputer 15% du
territoire de la région de l'Outaouais et les gens du sud, au sein de la
communauté, sont peut-être un peu moins conscients de cela. On
s'est déjà fait amputer 15% qui sont allés vers la
Vallée-de-l'Or. En plus, il y a 39% potentiellement perdables dans le
cas où la MRC d'Antoine-Labelle irait vers les Laurentides. Ce qui
voudrait dire un total de 54% du territoire de la région administrative
07 de l'Outaouais, selon nos chiffres, tout au moins, à nous. Cela veut
dire qu'en termes de répartition des municipalités de la CRO, et
c'est là tout le débat soulevé depuis ce matin et
soulevé par certaines villes, entre autres la ville de Hull et
même la municipalité de Pontiac, il reste tout de même que
cela affaiblirait l'ensemble de l'Outaouais à cause de cela et, en plus,
on aurait des MRC un peu moins fortes si on conservait cela et si on allait
vers une CRO telle qu'elle est actuellement. Le fait de faire un partage des
municipalités rurales, soit de créer une entité MRC
Basse-Lièvre ou une MRC est-ouest en partant de Pontiac ou encore que
ces municipalités rurales de la CRO fassent partie de MRC plus au nord,
la municipalité de Pontiac vers la MRC de La Pêche à
l'ouest vers le haut, ainsi que certaines municipalités de la
Lièvre, cela veut dire qu'on aurait des MRC plus fortement viables sur
le plan de la région de l'Outaouais dans un ensemble régional.
C'est pour cela que, lorsqu'on parle d'un conseil régional au sein de la
communauté, c'est véritablement une communauté
régionale qui n'est qu'une partie - importante, il va de soi - de
l'ensemble de notre région de l'Outaouais. Alors, c'est seulement un
ajout et de l'impact... C'est pour cela que, quant à se poser des
questions, il faudrait peut-être se les poser de façon
fondamentale. On n'a pas voulu, et je termine là-dessus, dans le
mémoire, avec le peu de temps que nous avions, attaquer le fond
même des problèmes. Mais s'il y avait vraiment une analyse en
profondeur des choses pour sauver et renforcer davantage la région de
l'Outaouais, on pourrait peut-être découvrir des choses
intéressantes au cours des prochaines semaines.
Le Président (M. Brouillet): Merci. Est-ce qu'il y
aurait...
M. Saintonge: J'aurais une question.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Dans les circonstances que vous énoncez
actuellement, pensez-vous qu'il serait souhaitable ou préférable,
pour l'ensemble de la région de l'Outaouais et même pour la CRO,
que l'adoption de ce projet de loi soit retardée, considérant
même les paroles du ministre où on mentionnait que le projet de
loi avait été déposé mais qu'on verra ce que sera
le projet de loi final? Le projet de loi sera final après la
deuxième lecture, en somme, si les modifications s'ensuivent. Est-ce
que, pour la région même de l'Outaouais, à votre point de
vue, il serait préférable que le projet de loi soit
reporté précisément à l'automne pour permettre au
milieu de faire une consultation véritable et de fixer réellement
les choses pour les cinq prochaines années?
M. Larocque: M. le Président, il est très
évident... Nous avons énoncé que le laps de temps qui, du
moins, nous avait été donné n'était pas suffisant.
Alors, quand on veut aller dans un sujet à fond, il faut prendre le
temps de le faire. J'ai vu le texte de loi pour la première fois
vendredi matin et je me le suis farci durant toute la fin de semaine. Je dois
vous admettre que je ne suis pas payé pour faire cela, je suis
bénévole. La raison pour laquelle je suis peut-être un peu
agressif ce soir, c'est que j'ai vu beaucoup de pertes de temps par des gens
qui sont payés pour le faire. De toute façon... Ceci dit, je
crois qu'un laps de temps plus long serait effectivement heureux pour notre
région. Je ne mets pas de date précise là-dessus. Je suis
conscient, évidemment, que, dans quelques jours, les vacances
d'été commenceront pour vous; alors, possiblement que cela
voudrait dire l'automne. C'est tout.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, ce sera très
court. En conclusion, je pense que certains propos que nous venons d'entendre,
du moins ceux qu'on a pu entendre distinctement, vont me faire
réaffirmer qu'il y a décidément deux principes qu'on doit
garder, qui doivent guider la réforme de la CRO. Le premier, c'est celui
de la responsabilisation des élus et une implication plus poussée
et directe des contribuables. Je pense qu'autrement, on va nager dans la
"structurite".
Le Président (M. Brouillet): Merci, messieurs.
M. Saintonge: Au nom de l'Opposition, merci, monsieur, de votre
mémoire et de la franchise avec laquelle vous l'avez
énoncé, surtout les dernières conclusions.
M. Larocque: Merci, M. le Président, MM. les membres de la
commission.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons inviter le
représentant du dernier groupe, représentant de la
Communauté régionale de
l'Outaouais. J'invite le porte-parole à s'identifier, ainsi que
les personnes qui l'accompagnent.
Communauté régionale de
l'Outaouais
M. Ménard (Pierre): M. le Président, je suis Pierre
Ménard, président de la Communauté régionale de
l'Outaouais. M'accompagnent cette nuit, à mon extrême gauche, M.
Claude Lamarche, qui est secrétaire de la communauté; Me Michel
Pharand, qui est conseiller juridique de la communauté; à mon
extrême droite, Mme Claudine Brunet, qui est urbaniste à la
communauté et qui a participé à la rédaction du
mémoire, et M. Marc Chartier, qui est le trésorier de la
communauté. Je pense, M. le Président, que je vais
résister à la tentation d'escamoter mon mémoire.
Malgré l'heure tardive - je peux rassurer tout de suite le
député de Hull, le mémoire de la communauté n'a pas
100 pages - je pense qu'il est tout aussi important de faire le point sur
l'ensemble des points de vue de la communauté que d'avoir fait le point
sur les parties de la communauté.
En avant-propos, il serait bon de faire un bref rappel historique. Comme
on l'a mentionné, treize années se sont écoulées
depuis le moment où furent créées simultanément les
deux grandes communautés urbaines de Québec et de Montréal
et la Communauté régionale de l'Outaouais. En établissant
ainsi un nouveau palier d'administration, le législateur proposait un
défi de taille à chacune des régions concernées. Il
allait falloir se réunir régulièrement à une
même table pour définir progressivement les intérêts
communs et faire l'apprentissage de la collaboration suivie et de l'action
concertée orientée dans le sens de l'intérêt
général.
Dans le cas de l'Outaouais, les enjeux, autant que les défis,
étaient à certains égards plus considérables
qu'ailleurs. À cause de la croissance accélérée qui
s'amorçait à l'époque et face à l'imminence de
l'implantation d'un vaste complexe administratif du gouvernement
fédéral au centre-ville de Hull, il devenait urgent de
procéder à la mise en place de grandes infrastructures urbaines
de transport routier, de traitement et d'assainissement des eaux. En outre,
l'impact grandissant des interventions de la Commission de la capitale
nationale dans le secteur québécois rendait impérieuse la
nécessité de concevoir et de formuler une vision régionale
et québécoise de l'avenir du territoire et de fournir aux
autorités municipales les moyens et les outils pour transformer au fil
des années, à travers l'exercice quotidien de leurs
compétences, cette vision en réalité.
Les difficultés des dernières années nous ont trop
souvent fait oublier que la communauté compte à son actif de
grandes réalisations. Nous avons mis sur pied un service
d'évaluation régional et un système de traitement des
données grâce auxquels nous avons pu rapidement nous adapter aux
changements qu'impliquait la réforme de la fiscalité municipale.
Nous avons été les premiers au Québec à
élaborer et à adopter un schéma d'aménagement du
territoire et, d'ici peu de temps, le contrôle intérimaire sera
chez nous chose du passé, car toutes nos villes et municipalités
seront dotées d'une panoplie complète de documents d'urbanisme.
Ensuite, devançant en cela les directives du gouvernement, nous avons
dès 1976 pris en charge la protection de notre environnement rural en
adoptant un règlement relatif aux installations septiques. Nous
assurons, de façon constante et fiable, l'alimentation en eau potable
d'une grande partie de nos zones urbaines et nous sommes à la veille
d'entreprendre la construction de l'usine de Gatineau pour étendre notre
service à l'ensemble de la ville. Enfin, en octobre dernier,
après dix années de planification et de travaux, nous avions la
satisfaction de mettre en marche notre réseau d'assainissement des eaux
usées, desservant toute l'agglomération d'Aylmer, Hull et
Gatineau.
Tout cela, bien sûr, ne s'est pas fait sans heurts et sans
tiraillements. La communauté d'intérêt entre le monde
urbain et le monde rural n'est pas toujours immédiatement
évidente et il n'est pas étonnant que l'impatience des uns comme
des autres se soit exprimée à l'occasion sous forme de
récriminations ou de revendications parfois assez amères. Par
ailleurs, à l'intérieur du cercle des urbains, l'accord est
rarement facile à établir entre les intérêts
divergents des partenaires, surtout lorsque ceux-ci présentent des
disparités importantes au niveau des besoins et au niveau des
ressources. Au-delà de ces problèmes qui sont liés
à la nature même de l'entreprise communautaire, nous avons
dû composer de plus en plus souvent au cours des années avec des
difficultés qui découlaient de lacunes et d'imprécisions
dans le texte de la loi qui servait de cadre à notre action. (1
heure)
La situation à la communauté s'est progressivement
détériorée et l'histoire des dernières
années témoigne éloquemment de l'acuité du malaise
qui nous affecte. On a pu noter une désaffectation croissante,
particulièrement du côté des municipalités rurales
dont certaines ont songé et même songent encore à se
retirer de la communauté. Du côté des urbains, certains
conflits d'intérêts ont donné lieu à des appels aux
tribunaux. En général, nous constatons un durcissement des
positions. Le processus décisionnel s'en trouve parfois, à toutes
fins utiles, bloqué. Certains dossiers
urgents, notamment dans le domaine de l'eau potable, ne peuvent
être traités efficacement.
M. le Président, vous connaissez déjà et vous
comprenez sûrement la satisfaction qu'a suscitée dans l'Outaouais
le dépôt à l'Assemblée nationale du projet de loi no
28. Le sujet a défrayé les manchettes de la presse locale tout au
cours de cette dernière semaine. La plupart des personnalités
importantes de la scène régionale ont eu l'occasion de porter
à l'attention du public leurs premières réactions au
projet.
Aujourd'hui, nous sommes réunis devant cette commission
parlementaire pour vous faire part des commentaires que nous inspire le projet
de loi et pour engager avec vous le dialogue sur des points qui pourraient,
à notre avis, être améliorés. Conscients comme vous
de l'urgence d'agir, nous nous plions de bon gré aux très courts
délais que nous impose l'échéancier. D'autre part, il est
important de noter que mon intervention est faite à titre de mandataire
du conseil et ne peut s'inspirer que des votes majoritaires de ce dernier.
Même si certains de mes commentaires n'ont pas fait l'objet d'un vote
précis, ils ne portent pas sur des sujets contentieux.
J'aimerais ajouter, avant d'entreprendre l'exposé de la position
formelle du conseil, que vous pourrez peut-être, à la lecture du
document, penser que mon intervention est particulièrement
déphasée par rapport aux différentes interventions qui ont
été faites au cours de la journée, mais je pense qu'il est
important de souligner la différence qui existe entre la position des
élus, à titre de membres du conseil de la communauté
régionale, la position des élus qui a été
exprimée et la position des élus, telle qu'elle a
été énoncée par rapport à leur position en
tant que ville. Mais je peux vous assurer que la position du conseil de la
communauté qui est exprimée dans ce document est le reflet,
toujours, de votes majoritaires des mêmes élus siégeant
à une autre table, c'est-à-dire à la table du conseil de
la Communauté régionale de l'Outaouais.
Depuis quatre ans, le conseil de la communauté poursuit une
réflexion sur la révision des structures de la communauté.
En novembre 1980, il adressait au ministre, par voie de résolution, ses
premières recommandations. En août dernier, en réponse
à la suggestion du ministre, il transmettait une proposition
détaillée en vue de la réforme de la loi. Cette
proposition détaillée, que nous avons pris l'habitude entre nous
d'appeler notre livre gris, traduisait un certain consensus auquel était
arrivé le conseil. Tous s'accordaient à en dire qu'il
représentait le meilleur compromis possible au niveau de la
représentation et du partage des coûts.
Au cours des six derniers mois, à la suite d'âpres
discussions concernant des dossiers contentieux, nous avons vu certaines
municipalités modifier peu à peu leur position conciliante pour
revendiquer à nouveau la priorité à leurs
intérêts particuliers. En dépit de cela, et en l'absence de
résolution dûment ratifiée, la communauté dans son
ensemble continue d'avoir comme position officielle que le livre gris
représente encore aujourd'hui le meilleur compromis possible et que les
principes qui l'ont inspiré sont les seuls capables de rétablir
la coopération et l'harmonie à la table régionale en
s'attaquant au coeur même du problème qui nous hante depuis des
années, soit le partage des coûts.
C'est donc en nous référant systématiquement au
contenu de ce document que nous avons étudié le projet de loi no
28 et que nous avons préparé nos commentaires. Nous mentionnerons
au cours de notre présentation un certain nombre de modifications que
nous proposons d'apporter au projet de loi. Ces propositions de modifications,
ainsi que plusieurs autres de nature mineure ou simplement accessoire, sont
consignées, selon l'ordre des articles du projet de loi, dans le tableau
annexé au présent document pour en faire partie
intégrante.
Nous tenons en premier lieu à souligner les très nombreux
éléments du projet de loi qui répondent aux objectifs et
aux grands principes établis par la communauté dans le cadre du
livre gris. Nous nous réjouissons du maintien de
l'intégrité de notre territoire. Les raisons qui avaient
présidé à sa délimitation en 1969 nous paraissent
toujours valables et nous croyons que les relations d'interdépendance
qui nous unissaient alors se sont confirmées et même
accentuées au cours de la dernière décennie. Malgré
les difficultés que nous avons connues et les insatisfactions qui ont
été exprimées relativement à certains aspects du
fonctionnement de la communauté, nous sommes persuadés qu'il est
nécessaire que nous demeurions tous à la table régionale.
Nous avons confiance dans l'avenir de la communauté et nous comptons que
le nouveau cadre d'action que définit le projet de loi lui permettra
d'offrir à chacun de ses membres les services appropriés à
ses besoins.
Au chapitre de la représentation, nous sommes heureux
également de constater que nos suggestions ont été
retenues. Chacune des onze municipalités membres sera désormais
représentée à la table régionale. La
représentation rurale atteindra globalement une importance suffisante
pour lui permettre d'influencer les décisions importantes touchant
l'ensemble de la communauté.
Du côté urbain, les modifications apportées à
la représentation des trois
grandes villes assurent à chacune d'elles un nombre de voix
proportionnel à son poids dans l'ensemble, compte tenu à la fois
de la taille de sa population et de l'importance de sa quote-part,
calculée en fonction de son potentiel fiscal et versée pour
l'administration générale et les services communs. Dans
l'ensemble, les changements apportés à la composition du conseil
auront pour effet d'améliorer l'équilibre dans le rapport des
forces des divers milieux en présence.
Autre élément de toute première importance et qui
répond aux voeux de la majorité: à l'avenir, le conseil de
la communauté pourra élire parmi ses membres ceux qui assumeront
les charges de président et de vice-président. Il appartiendra en
outre au conseil de choisir parmi les membres des conseils de chacune des
municipalités desservies par le transport en commun les six personnes
qui seront appelées à former la commission de transport. C'est
encore au conseil qu'il incombera de désigner un président et un
vice-président parmi les membres de la commission. Toutes ces mesures
inscrites dans la loi représentent un grand pas vers l'objectif global
de prise en charge des institutions régionales par ceux qui en
défraient les coûts.
Enfin, et c'était là une des recommandations clés
du livre gris, le pouvoir décisionnel relatif aux services fournis
exclusivement à certaines municipalités sera
réservé aux seuls représentants des municipalités
desservies et tenues de contribuer aux coûts de ces services.
Parmi les grands principes qui ont fait l'unanimité autour de la
table régionale lors de la préparation du livre gris, celui de la
charge à l'usager revêtait, aux yeux de tous, une importance
particulière. C'est sur lui que tous misaient pour mettre un terme
à ces conflits portant sur le partage des dépenses dont les
flambées périodiques réduisent considérablement
l'efficacité du conseil et nuisent à l'exercice des
compétences de la communauté.
Nous nous réjouissons donc de retrouver ce principe
actualisé à l'article 38 du projet de loi en ce qui a trait
à l'eau potable et à l'assainissement, et cela aussi bien au
niveau des dépenses d'immobilisations qu'à celui des coûts
d'opération et d'entretien. Nous avons toutefois constaté avec
étonnement l'absence de dispositions correspondantes pour régir
la répartition des dépenses au chapitre de l'élimination
des déchets. Comme ce sujet a déjà fait l'accord au sein
du conseil de la communauté, nous suggérons d'ajouter à
l'article 43 les dispositions appropriées.
Nous proposons également qu'au lieu du recours à la notion
problématique de tarif, une formulation basée sur le même
principe soit utilisée au troisième paragraphe du premier
alinéa de l'article 126 de la loi pour régler la
répartition des dépenses découlant des activités
visées par cet article. L'importance que le conseil attache à la
notion de charge à l'usager ne doit pas nous faire oublier les limites
qu'il reconnaît à son application. Cette approche à la
répartition des dépenses n'est valable que pour les services qui
s'adressent à un nombre d'usagers moindre que l'ensemble des
municipalités membres. Lorsqu'on parle des frais d'administration
générale et de services communs à tous, la
communauté veut continuer à répartir ses dépenses
en fonction du potentiel fiscal.
Nous passerons maintenant successivement en revue les différentes
compétences que la communauté souhaite conserver ou se voir
attribuer. Au niveau de l'évaluation foncière, sa
compétence est solidement établie par les articles 1 et 4 de la
Loi sur la fiscalité municipale et il n'était donc plus
nécessaire d'en faire mention dans la loi de la communauté. Nous
notons toutefois que l'article 65 du projet de loi confirme le pouvoir du
conseil de nommer un évaluateur qui est le directeur du service de
l'évaluation.
La mise à jour du schéma d'aménagement. Le projet
de loi consacre la compétence de la communauté en cette
matière et déclare applicables à la communauté les
dispositions pertinentes de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. La
communauté accepte volontiers d'être régie par la loi 125,
d'autant plus qu'elle y retrouve les grands principes qui l'ont guidée
dans l'élaboration de son schéma ainsi que les mécanismes
de consultation qu'elle a déjà expérimentés avec
succès.
Cependant, selon notre interprétation des deux premiers
alinéas de l'article 69, les dispositions de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme relatives aux effets de l'entrée en
vigueur du schéma ne seraient pas applicables aux municipalités
de la communauté. Or, quatre de nos municipalités n'ont pas
encore adopté les règlements d'urbanisme exigés par
l'article 98 de la loi actuelle. Des dispositions transitoires
particulières à ces quatre municipalités nous semblent
nécessaires et nous avons formulé une suggestion à cet
effet dans le tableau en annexe.
Enfin, le projet de loi fixe à la communauté un
délai de trois ans pour la révision de son schéma
d'aménagement, approuvé en 1978. Nous sommes confiants de pouvoir
respecter ce délai d'autant plus que nous avons déjà
amorcé certaines études préliminaires en vue de cette
révision.
L'établissement d'un service centralisé de traitement de
données et, à titre facultatif, la mise sur pied et
l'exploitation d'un système informatisé en matière de
finances municipales. La communauté possède déjà
son système d'informatique au moyen
duquel elle traite les données relatives à
l'évaluation et à la facturation de taxes. Le système a la
capacité requise pour intégrer des logiciels spécifiques
aux finances municipales. Si certaines municipalités désiraient
bénéficier d'un tel service, la communauté pourrait se
prévaloir de ses pouvoirs généraux, tels qu'amendés
par l'article 23 du projet de loi, pour leur louer son système ou
exécuter pour elles des travaux, à des conditions jugées
équitables par la majorité des membres du conseil.
La facturation et l'envoi des comptes de taxes. L'article 87 du projet
de loi confirme cette compétence.
L'uniformisation et la planification des grandes voies de circulation.
Cet élément n'est pas mentionné expressément dans
la liste des compétences qui se trouve à l'article 28 du projet
de loi. Toutefois, l'article 69 prescrit l'inclusion dans le schéma
d'aménagement de dispositions touchant le tracé et le type des
principales voies de circulation. D'autre part, les articles 87 et 87.1
permettraient à la communauté d'être partie à une
entente en vue de fournir à un groupe de municipalités
intéressées un ensemble uniforme de règles relatives
à l'aménagement et à l'utilisation des grandes voies de
circulation.
La disposition des ordures. Cette compétence est non seulement
maintenue, mais considérablement élargie pour inclure la
récupération et le recyclage des déchets et, le cas
échéant, la vente de l'énergie résultant de cette
activité. Cette innovation nous semble avantageuse en ce sens qu'elle
habilite la communauté à considérer pour l'avenir des
modes alternatifs de disposition des ordures.
L'établissement et l'application de normes régissant la
vidange des fosses septiques. Bien que l'article 126 du projet de loi confirme
la compétence que nous exerçons déjà en vertu de
l'approbation donnée par le ministre de l'Environnement à notre
règlement des installations septiques, nous aimerions que certains
éléments complémentaires soient ajoutés à la
loi.
Au-delà des prescriptions déjà en vigueur
relativement à la vidange des fosses, la communauté souhaite
pouvoir s'engager dans une action efficace pour contrôler la disposition
des boues de vidange. Nous avons, au bas mot, quelque 16 000 installations
septiques sur notre territoire alors que nous ne disposons que d'un seul site
approuvé pour l'enfouissement des boues. Nous demandons donc l'ajout
dans le projet de loi de dispositions nous permettant de réglementer la
disposition des boues et d'établir, posséder et exploiter un ou
des sites d'enfouisèement appropriés.
L'établissement de réseaux intermunicipaux d'aqueduc et
d'égout. Par comparaison avec les dispositions de la loi actuelle, les
articles 115 à 118, édictés par le projet de loi no 28,
présentent à première vue certains avantages.
L'expression, "à l'exclusion des municipalités", utilisée
dans la formulation des articles 117 et 118, nous semble consacrer la
compétence exclusive de la communauté en ces matières.
Toutefois, nous demeurons perplexes devant la contradiction que
représentent les dispositions de l'article 115 permettant au ministre de
l'Environnement d'ordonner aux municipalités concernées
plutôt qu'à la communauté l'exécution, l'entretien
et l'exploitation d'ouvrages de nature intermunicipale. (1 h 15)
Nous craignons que cette ambiguïté ne fasse problème
à l'avenir, notamment lorsque viendra l'heure de doter
l'agglomération de Buckingham-Masson des équipements
nécessaires au traitement de ces eaux usées.
Le conseil aurait souhaité qu'à l'occasion de la
réforme de la loi, le législateur tranche une fois pour toutes la
question du partage des compétences entre les deux paliers locaux en
matière d'eau potable et d'égout. Compte tenu des
difficultés à atteindre un consensus, voire un vote majoritaire,
on a jugé préférable de ne pas intervenir pour l'instant
et de nous demander plutôt de tenter un nouvel effort pour définir
entre nous les modalités de ce partage. Cette disposition peut sembler
contradictoire, mais, assortie d'une garantie pour les villes de Hull et de
Gatineau d'un vote à la majorité des trois quarts, elle assure
à chacune qu'elle ne pourra être victime d'un marchandage
électoral. Il a toutefois été sage de prévoir,
après deux votes, si nécessaire, un mécanisme
d'arbitrage.
Par rapport à la promotion économique, l'article 66 du
projet de loi prévoit que le conseil peut créer par
règlement les différents services de la communauté dont,
notamment, un service de la promotion économique. Le livre gris
demandait au législateur de redonner certains pouvoirs touchant les
domaines de la promotion économique aux municipalités et non au
niveau de la communauté. N'ayant aucun autre mandat que de
défendre cette thèse, nous ne pouvons commenter plus à
fond cette proposition du projet de loi. Les grandes villes de notre territoire
ont fait valoir ou feront très certainement valoir leur position sur le
sujet.
En ce qui concerne les innovations, en plus des compétences
formellement définies dont nous venons de traiter, le projet de loi
ouvre à la communauté de nouveaux champs d'action et il
définit un nouveau cadre d'opération, plus large et beaucoup plus
flexible, grâce auquel la communauté devrait désormais
être en mesure d'offrir à tous ses membres des services
diversifiés et adaptés à leurs besoins.
Compétence de la corporation de comté. En vertu des
dispositions de l'article 28 du projet de loi, la communauté assume
à l'égard des municipalités rurales la compétence
attribuée aux corporations de comté par le Code municipal. Nous
accueillons cette innovation avec grand plaisir, car elle permettra de faire de
la communauté régionale un instrument de soutien et de
concertation mieux adapté au contexte particulier du monde rural.
La formule des ententes. En outre, les dispositions de l'article 29
habilitent la communauté à fournir des services additionnels aux
municipalités qui le désirent par le biais d'ententes
établies conformément aux modalités prévues par la
Loi sur les cités et villes et le Code municipal.
Nous nous réjouissons de l'inclusion de cette disposition dans
notre loi et nous sommes convaincus qu'elle aura pour effet, mieux qu'une
simple énumération de compétences facultatives, de
permettre à la communauté de s'adapter aux besoins réels
de ses membres.
Les commissions. Le projet de loi prévoit la création de
trois commissions permanentes du conseil s'occupant respectivement de
l'aménagement, de l'environnement et des finances et de
l'évaluation. La formule proposée permettra d'étendre
à l'ensemble des élus locaux la possibilité de participer
aux discussions et aux études de portée régionale tout en
fournissant un cadre formel pour l'approfondissement de dossiers. Nous croyons
que les recommandations émanant de ces commissions représenteront
un apport important au processus décisionnel du conseil. En ce qui a
trait notamment à la commission d'aménagement, nous croyons que
ses recommandations pourront constituer un intrant privilégié
pour la révision du schéma.
En terminant, nous tenons à redire combien le conseil de la
communauté est heureux du dépôt du projet de loi avant la
fin de cette session. La Communauté régionale de l'Outaouais se
trouvait depuis plusieurs années dans une situation assez pénible
et il était urgent de procéder à une modification de la
loi pour lui permettre de sortir de l'impasse.
Nous avons formulé dans notre mémoire des commentaires
nombreux et recommandé un nombre assez important de modifications. Il ne
faudrait pas voir là une preuve d'insatisfaction de notre part. Le
projet de loi déposé par le ministre des Affaires municipales
contient un ensemble d'excellentes dispositions qui constituent une
réponse à beaucoup de nos problèmes. Les changements que
nous suggérons ont pour but de rendre plus claires certaines
dispositions importantes et de nous assurer que la nouvelle loi constituera
l'expression non équivoque des principes qui ont été
établis à la table régionale.
Maintenant, M. le Président, vous me permettrez - même
là, je n'aurai pas atteint les 100 pages pessimistes du
député de Hull de résumer le tableau sommaire des
modifications pour en souligner seulement les plus importantes.
Les pages 3 à 6 du tableau des modifications contiennent des
modifications à apporter aux dispositions concernant l'assainissement
des eaux et l'alimentation en eau potable. Les articles 116, 117 et 118 de la
loi définissent les compétences régionales relatives
à la construction et à l'acquisition de certaines
catégories d'ouvrages. Nous proposons de modifier ces trois articles de
deux façons: premièrement, ajouter les réservoirs à
la liste. Le mot "ouvrages" a un sens très large et nous croyons que
l'intention du rédacteur du projet n'était pas de les exclure,
mais, pour plus de clarté, nous croyons préférable de
mentionner expressément "les réservoirs". Deuxièmement,
remplacer les mots "conduite maîtresse" par le mot "conduite".
L'expression "conduite maîtresse" dans la loi est à l'origine de
plusieurs des irrégularités dans la situation présente.
C'est une notion dangereusement imprécise et, si on la conserve dans la
nouvelle loi, elle pourrait nuire à l'atteinte d'un consensus autour de
la table régionale sur le partage des compétences en
matière d'infrastructures. Au sujet de ces articles, il faut noter que
nous aimerions que l'on nous confirme que l'expression "ouvrages de traitement
d'eau" inclut bien les usines de filtration et les usines
d'épuration.
À l'article 126 de la loi, qui apporte des précisions sur
les compétences de la communauté relatives à la fourniture
des services d'aqueduc et d'égout et aux installations septiques, comme
je l'ai mentionné au paragraphe 1, nous demandons d'ajouter la
disposition des boues de vidange des installations septiques. En plus aussi, en
ce qui concerne l'article 128.1, nous demandons la gestion des sites
d'enfouissement des boues. Toujours dans l'article 126, au paragraphe 3, on
parle de l'établissement d'un tarif pour la fourniture aux
municipalités de ces services. La notion de tarif est très
problématique et n'est nulle part définie dans la loi. Nous
croyons préférable de dire clairement que, par règlement
du conseil, les dépenses seront réparties entre les
municipalités qui bénéficient du service en question, les
dépenses ici étant expressément définies pour
inclure immobilisations, entretien et exploitation. C'est en somme une
traduction de notre principe de la charge à l'usager qui se retrouve
d'ailleurs plus loin dans la loi.
À la page 7 du tableau sommaire, concernant l'enfouissement
sanitaire, comme je l'avais mentionné, nous recommandons l'ajout d'un
article 128.2 pour établir le
mode de répartition des dépenses selon le principe de
charge à l'usager en proportion des volumes déposés.
À la page 10, à l'article 268, nous demandons d'utiliser
l'expression "municipalités desservies" pour assurer le respect du
principe de la charge à l'usager. J'attire aussi évidemment votre
attention, encore là, sur la question des dispositions transitoires par
rapport à la loi sur l'aménagement. Finalement, à la toute
dernière page, à la page 12 du tableau sommaire, à
l'article 84.1, mais qui doit se lire dans la colonne "projet de loi 28" et non
pas dans celle de l'article de la loi actuelle - c'est une faute de frappe -
l'article 84.1 que nous proposons a pour but de ratifier, concrétiser et
conserver le statu quo en matière d'assainissement. Le partage
proposé a fait l'objet d'une étude par les fonctionnaires des
municipalités concernées et de la CRO. Le conseil de la CRO l'a
consacré en adoptant le règlement 175. Enfin, les trois
municipalités ont déjà payé leur quote-part selon
ce système-là.
Toutefois, le règlement 175 fait l'objet d'une action en
nullité devant les tribunaux. Certains prétendent que ces
dépenses doivent être réparties suivant le potentiel fiscal
entre toutes les municipalités de la CRO ou entre certaines
municipalités de la CRO. Cela nous semble injuste et inéquitable
et serait évidemment contraire aux grands principes
généraux contenus dans le livre gris.
Voilà, M. le Président, l'essentiel du mémoire de
la Communauté régionale de l'Outaouais.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: M. le président, ainsi que MM. les
fonctionnaires de la Communauté régionale de l'Outaouais,
à qui je souhaite quand même la bienvenue à 1 h 25 du matin
- je pense que cela se doit - j'ai retrouvé à la lecture de ce
mémoire un esprit que j'avais cru constater même au cours des
rencontres avec des maires et surtout au cours des rencontres que nous avions
eues autour de la table du conseil et avec vous. Je pense que ce que votre
mémoire manifeste est un consensus sur l'essentiel et qui tient
toujours, parce qu'après cette journée où on a entendu
effectivement les mémoires des uns et des autres, qui faisaient
état de leurs intérêts et de ce qu'ils auraient voulu voir
dans la communauté, finalement, on se retrouve avec un compromis, un
consensus sur l'essentiel. Je pense qu'il tient et qu'il pourra être
confirmé. Je pense que, même si certains pourraient vouloir voir
autre chose dans le projet de loi, il reste que, prenant tout en compte,
finalement, on est d'accord pour procéder.
Je ne sais pas si vous trouvez que c'est urgent de procéder.
J'aimerais vous poser la question. Au moment où on se parle, cela est
dit, mais l'urgence n'apparaît pas. Est-il urgent de procéder
maintenant? Est-ce qu'on doit attendre, selon vous...
M. Ménard: M. le Président...
M. Léonard: ... compte tenu du travail qui a
déjà été fait?
M. Ménard: Je vais répondre à deux titres.
À la fois, je pense que je me fais le mandataire du conseil et le
porte-parole fidèle du conseil en disant que le conseil vous a souvent
manifesté le fait qu'il était effectivement urgent de
procéder à une réforme de la loi de la CRO. D'autre part,
je peux vous dire aussi à titre personnel, vivant quotidiennement
à la communauté régionale, que ce que vous avez
vécu aujourd'hui, MM. les membres de la commission, moi, je le vis
toutes les deux semaines à la Communauté régionale de
l'Outaouais. Peut-être pas jusqu'aux mêmes heures, mais le contenu
des interventions que vous avez entendues aujourd'hui, on le vit toutes les
deux semaines. Il y a une chose qui apparaît tout de même et qui
renforce la question de l'urgence d'agir, c'est que le document gris auquel on
a fait référence et qui avait fait l'objet d'une adoption par un
vote majoritaire au conseil, avec évidemment des nuances bien
particulières pour chacune des municipalités, on
s'aperçoit au fur et à mesure des mois et au fur et à
mesure des nouveaux dossiers contentieux qui viennent sur la table - on en a
fait état aujourd'hui, on a parlé de limitation de territoire, de
parc de haute technologie - d'une polarisation encore plus grande des deux
grosses villes. On voit cette espèce d'effritement du consensus, qui
existait effectivement à ce moment-là, et du consensus qui
existait même avant cela. (1 h 30)
C'est le consensus qu'on a communément appelé dans
l'Outaouais le consensus de Sainte-Marie, qui avait été à
la base de la rédaction du premier rapport de la commission Luck. Alors,
si on fait la somme des points de divergence et si on vit pratiquement
quotidiennement à la communauté, on s'aperçoit qu'il est
effectivement urgent d'apporter des correctifs à des
inégalités, d'une part, et à des anomalies ou à des
choses qui, à la loi, ne collent plus à la réalité
de tous les jours, d'autre part.
M. Léonard: C'est bien ce qu'il me semblait discerner
après les rencontres qu'on a connues. Je pense qu'on avait
insisté, malgré les divergences que chacun a et qu'il pourra
toujours manifester, que finalement on
voulait procéder rapidement, surtout après en avoir
parlé depuis trois ou quatre ans, à cette réforme
nécessaire à bien des titres. Par rapport aux commentaires que
vous nous faites sur le projet de loi, je voudrais quand même vous dire
que nous sommes réceptifs à des modifications. Nous allons
l'étudier article par article. Par exemple, en ce qui concerne
l'élimination des déchets, vous manifestez à la page 9 ou
10 de l'étonnement parce que, effectivement, il nous manque quelque
chose. Cela avait d'ailleurs été manifesté par la ville de
Hull au cours de la matinée ou de l'après-midi. Il y a une
correction qui devrait être apportée. Nous préciserons le
texte du projet de loi sur ce plan. De la même façon, sur
l'entrée en vigueur du schéma, l'enfouissement des boues, on peut
vérifier où cela en est. L'article 115 aussi, enfin, un bon
nombre de choses que vous avez manifestées. J'en retiens
particulièrement deux ici. Vous nous proposez de remplacer les mots
"conduite maîtresse" par le mot "conduite", conduite d'eau ou conduite
d'aqueduc et d'égout, je suppose. Vous avez dit que cela prêtait
trop à confusion, ces expressions. C'est une proposition assez nouvelle
par rapport aux discussions que nous avons déjà eues auparavant.
En tout cas, on employait toujours systématiquement les mots "conduite
maîtresse". On a pu vérifier cela, du point de vue juridique?
M. Ménard: M. le ministre, ce n'est pas nouveau par
rapport à certaines discussions qu'il y a eu, entre autres, lors de
votre dernière rencontre avec le conseil de la communauté. On
vous avait exprimé à ce moment-là la difficulté
qu'il y avait de définir ce que pouvait être une conduite
maîtresse, parce que, entre autres, on mentionnait à ce
moment-là qu'on ne pouvait absolument pas se fier à un
diamètre. On disait: Une conduite de 18 pouces à
l'intérieur des limites de la ville de Hull, par exemple, n'est pas
nécessairement le même type de conduite qu'une conduite de six
pouces qui pourrait être une conduite maîtresse ailleurs. Au cours
des années, on a toujours essayé... on s'est peut-être
toujours enfargé à essayer de définir et de faire tout
entrer dans une espèce de définition de conduite maîtresse,
tandis que si effectivement... Le projet de loi prévoit un
mécanisme de définition de ce que sera un réseau à
caractère régional et de ce que sera le réseau à
caractère local; alors, pourquoi continuer de s'enfarger dans la notion
de conduite maîtresse? Parlons donc plutôt de conduite. On se
réfère effectivement à l'article où on dit aussi
que, par règlement, on va définir ce que cela va être.
Alors, c'était purement pour éviter de retomber dans les
mêmes failles, si vous voulez, qui existaient dans la loi actuelle.
M. Léonard: J'ai noté aussi que vous vouliez que
l'on précise les ouvrages de traitement en précisant: usine
d'épuration ou usine de filtration. Nous en avions parlé, je
pense, au moment où la ville de Gatineau est venue devant la commission.
Alors, nous allons examiner cette possibilité.
Sur un autre plan, compte tenu de ce qui a été dit
aujourd'hui et auquel vous avez assisté, pensez-vous qu'il y a vraiment
des chances de réussite pour un nouvel effort en ce qui concerne le
partage des coûts par rapport à la proposition qui est dans le
projet de loi, le vote aux trois quarts? Est-ce que vous croyez que cela peut
fonctionner, le partage des coûts et la définition des
conduites?
M. Ménard: C'est difficile de répondre à
cette question, M. le ministre.
M. Léonard: Vous êtes tenté de me dire:
L'avenir le dira.
M. Ménard: Autant, dans le passé, on pouvait se
permettre d'être optimiste, autant, quand on voit le durcissement des
positions ou de certaines positions, on peut devenir de moins en moins
optimiste. Je pense que ce qui était important dans ce projet de loi,
c'était effectivement d'avoir -d'ailleurs, les gens l'ont
qualifié de veto - un mécanisme qui ne favorisait pas le
regroupement de tout un groupe de municipalités contre une
municipalité. Cette espèce de veto effectif qu'on donne à
chacune des deux grandes villes qui ont le plus à gagner, ou le plus
à perdre dans ce cas, est un élément important, je pense.
Il va peut-être, en un sens, contribuer à faire en sorte qu'on
n'aura pas de vote, mais il garantira aussi que personne ne sera victime de
l'autre, c'est-à-dire qu'autant il peut permettre qu'on fasse face
à une impasse, autant il peut permettre que personne ne devienne victime
de tous les autres.
Je vous avoue que, si on prend à la lettre tout ce qui a
été dit aujourd'hui, j'ai bien l'impression que ce sera la
Commission municipale qui aura à trancher, mais elle aura à
trancher sur des bases d'équité, sur des bases techniques, et non
seulement sur des bases de poids de vote à une table de conseil.
M. Léonard: Je pense qu'on a eu un peu l'occasion de
s'expliquer sur les perspectives qu'on nourrissait. Les expériences
qu'on a connues à la CUM, notamment, jusqu'à maintenant,
étaient plutôt positives en ce sens, parce que chacun, finalement,
met de l'eau dans son vin. Je pense qu'on peut aussi revenir à des
consensus antérieurs plus facilement.
Maintenant, j'aimerais vous entendre expliciter davantage
l'intégrité territoriale de
la CRO. Il y a des arguments, je pense, en faveur du maintien de Pontiac
dans la CRO. Il y a peut-être des arguments qui n'y sont pas favorables.
Je pense que M. le maire de Pontiac en a parlé lui-même. Est-ce
que, quant à vous, Pontiac doit demeurer dans la CRO ou ne pas demeurer
dans la CRO?
M. Ménard: M. le ministre et M. le Président, c'est
beaucoup plus que quant à moi, c'est quant à tout le conseil de
la communauté régionale. Le conseil de la communauté
régionale a été très clair par rapport à la
définition de son territoire. Je vais même vous démontrer
comment le conseil de la communauté a renforcé, au fil des
années, sa détermination par rapport à la
délimitation du territoire. Dans le premier rapport, qu'on appelle le
rapport Luck, on mentionnait, entre autres, ou on souhaitait que le territoire
demeure entier, mais on mentionnait aussi dans ce rapport qu'une
municipalité qui voulait se prévaloir d'une clause d'"opting out"
pouvait le faire. Dans le deuxième rapport, qu'on appelle le livre gris,
on réaffirme la notion de territoire et cette possibilité
d'"opting out" a été complètement éliminée.
Cette notion, si vous le voulez, dans le livre gris, a reçu à ce
moment-là l'accord de tous les membres de la communauté
régionale, évidemment à l'exception du maire de Pontiac,
qui était logique avec ses positions passées. Tous les autres
membres, à ce moment-là, au niveau de la table de la
communauté, ne voulaient absolument plus d'option d'"opting out".
À ce moment-là, justement, le conseil trouvait que c'était
créer un précédent et autant, à un moment
donné, on pouvait trouver peut-être de très bons arguments
pour Pontiac, autant, il aurait pu y en avoir d'autres.
Récemment, M. le ministre, on a aussi eu une demande de retrait
de la ville de Hull de la communauté régionale. À ce
moment-là, où est-ce que cela commence et où est-ce que
cela s'arrête, toute la question d'"opting in" ou d'"opting out"? C'est
dans cette optique que le conseil avait déterminé tout de
même le territoire de façon bien précise. Encore tout
récemment, je pense que c'est à la toute dernière
réunion du conseil, quand le conseil a été informé
de la prise de position de la MRC de Pontiac, que vous avez citée
tantôt - et d'ailleurs, vous avez dit que vous l'aviez en main - qui
demandait entre autres un appui de la CRO, le conseil de la CRO n'a même
pas jugé bon de se prononcer à nouveau sous forme de
résolution parce que, pour le conseil, la notion de territoire
était à ce moment très claire. C'est par rapport à
l'aspect politique de la détermination des membres du conseil.
Par rapport à toute la notion d'appartenance, maintenant, il y a
un phénomène tout à fait particulier au niveau de la
municipalité de Pontiac où on s'aperçoit qu'effectivement
la municipalité de Pontiac est divisée en deux par rapport
à des caractéristiques bien précises. Autant la partie
ouest de la municipalité de Pontiac colle effectivement à une
réalité rurale et au profil socio-économique du reste de
Pontiac par rapport aux centres d'emploi, par rapport aux moyennes d'âge,
par rapport aux centres d'emplettes et tout cela, autant toute la partie est de
la municipalité de Pontiac colle beaucoup plus à une
réalité semi-urbaine. Les distinctions sont vraiment frappantes
et, à ce moment, on a vraiment deux secteurs bien distincts à
l'intérieur de la même municipalité.
Dans cette optique, l'appartenance de Pontiac est aussi une
réalité du territoire très urbanisé, si vous le
voulez, de la Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Léonard: Est-ce que je peux vous poser une
dernière question? Il y a en face, de l'autre côté de la
rivière, la communauté régionale Ottawa-Carleton. Chez
nous, nous avons la CRO. Comment voyez-vous l'importance de la CRO ou la CRO
elle-même en face d'Ottawa-Carleton? C'est une question vaste, je le
sais. Je pense qu'elle a son importance, quand même, dans le contexte. (1
h 45)
M. Ménard: Je pense, M. le Président et M. le
ministre, qu'on pourrait répondre de deux façons. Si on se
compare à la municipalité d'Ottawa-Carleton par rapport à
l'ampleur de nos mandats ou de nos compétences, la communauté
régionale a très peu de visibilité et fait très
parent pauvre par rapport à la municipalité régionale
d'Ottawa-Carleton. Cela est causé par deux choses en particulier: D'une
part, la municipalité d'Ottawa-Carleton a des champs d'intervention qui,
à cause de la structure du Québec, ne collent absolument pas
à la réalité qu'on peut avoir chez nous, par exemple, par
rapport aux services sociaux en particulier qui, chez nous, sont beaucoup plus
régis par le Conseil régional de la santé et des services
sociaux et, d'autre part, aussi par rapport à certaines grandes
compétences au plan des routes intermunicipales, et tout cela, où
la municipalité d'Ottawa-Carleton a beaucoup plus de visibilité.
Quand on pense à la vision qu'une population peut avoir de l'importance
d'un organisme, la notion de visibilité n'est pas
négligeable.
D'autre part, la question de la planification du territoire, je pense,
est importante. Autant de notre côté que du côté de
la municipalité d'Ottawa-Carleton, on a eu à faire face aux
mêmes réalités. Entre autres, on peut revenir à une
position très ferme et très claire que le conseil de la
communauté avait déposée au comité mixte
spécial formé par le Sénat et la Chambre des communes sur
la région de la capitale
nationale. À ce moment-là, la communauté
réaffirmait l'importance de planifier elle-même, à la fois
sur une base régionale et sur une base locale, son territoire. Face
à la municipalité d'Ottawa-Carleton, effectivement, il est
important que cet équilibre des deux régions se fasse.
M. Léonard: M. le Président, je reviendrai à
la fin.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Merci, M.
le ministre. M. le député de Chapleau, s'il vous plaît!
M. Kehoe: M. le Président, on sait d'avance que le
mémoire que vous avez préparé n'a certainement pas obtenu
l'approbation des représentants de la ville de Gatineau, de la CRO.
Pour clarifier la situation, est-ce que le mémoire que vous avez
préparé a été accepté ou approuvé par
le conseil de la CRO ou est-ce l'oeuvre de son président ou de
fonctionnaires? Comment avez-vous procédé à la
préparation de votre mémoire?
M. Ménard: M. le Président, je vais
répéter ce que j'ai mentionné au début de mon
intervention. Le présent mémoire n'a pas fait l'objet d'un vote
à la table de la communauté régionale. Toutefois, les
opinions qu'il contient sont le reflet des opinions du livre gris. Quand on se
réfère au livre gris, M. le député de Chapleau,
c'est la position que le conseil de la communauté avait adoptée
au mois d'août 1982. Ce sont les seuls votes majoritaires, officiels,
qu'ait la communauté.
Effectivement, il y a eu, le 6 avril, un vote à la
communauté sur de nouvelles hypothèses de partage de coûts,
entre autres. Le procès-verbal de cette réunion n'a jamais
été adopté à cause de tout cet imbroglio
causé par le vote d'un membre en particulier de la communauté ce
soir-là. La seule position officielle du conseil qui existe porte sur
les méthodes du partage des coûts préconisées dans
le livre gris ainsi que sur les méthodes du partage des coûts que
l'on vit actuellement. Je mentionnais, entre autres, le règlement 175.
C'est un règlement qui avait fait l'objet d'un vote unanime ou, tout au
moins, majoritaire. Il y avait peut-être eu une objection ou une
abstention -mais un vote très majoritaire de la table de la CRO. C'est
à partir de ces positions-là que le mémoire que j'ai
déposé ce soir a été fait.
M. Kehoe: Cela n'a jamais été soumis ou
discuté, à aucun moment par le conseil de la CRO?
M. Ménard: Je l'ai dit clairement, non.
M. Kehoe: Du tout. Cela provient de vous et des autres
fonctionnaires qui l'ont préparé et cela n'a jamais
été discuté, d'aucune façon.
M. Ménard: Effectivement. Il provient d'une concordance
entre des positions qui avaient été prises par le conseil et le
projet de loi.
M. Kehoe: M. le Président, concernant le projet de loi,
l'article 120 donne raison à la ville de Hull en ce qui concerne le
partage des coûts. Le ministre a posé la question sous une autre
forme peut-être. Plus précisément, l'article 120 de la loi,
tel qu'il existe, est d'accord avec la position prise par la ville de Hull.
Pensez-vous que la ville de Hull, avec son droit de veto, acceptera de
renégocier le partage des coûts d'assainissement et de
l'alimentation en eau? Je vais juste un peu plus loin que la question
posée par le ministre. Compte tenu du fait qu'il semble qu'avec
l'article 120 et la position prise par la ville de Hull, tout est en sa faveur,
pensez-vous pour le moment, de façon réaliste, que la ville de
Hull va céder et va en venir à une entente avec la ville de
Gatineau quand les positions des deux villes les plus importantes sont
complètement opposées?
M. Ménard: M. le ministre, M. le député,
selon ma compréhension du déroulement des discussions, dans les
éléments contentieux, il y avait deux choses: d'une part, il y
avait toute la question des conduites maîtresses, qui n'est
évidemment pas touchée dans l'article 120 mais qui est
touchée dans la définition du réseau 119 et il y avait la
crainte que les méthodes qui étaient utilisées
actuellement soient renversées par des votes.
C'est sûr, M. le député, que les positions actuelles
de la ville de Gatineau ne sont pas celles qui sont reflétées
dans l'article 120.
M. Kehoe: Cela va sans dire.
M. Ménard: Mais ce sont tout de même des positions
qui étaient reflétées dans le livre gris, à
l'époque.
M. Kehoe: Mais la position de Hull, on la retrouve dans l'article
120, n'est-ce pas?
M. Ménard: Vous pouvez le dire comme cela, mais vous
pouvez le dire autrement. Vous pouvez aussi dire: L'article 120 est basé
sur l'article 118 de la loi actuelle. Je veux dire que la loi actuelle parle
déjà de "gallonnage" pour l'eau potable. Notre règlement
175, qui avait été adopté majoritairement par le conseil,
parlait de l'assainissement basé aussi sur le volume.
Vous pouvez dire: Oui, cela concrétise la position de la ville de
Hull, mais on peut aussi dire: Oui, cela concrétise à la fois la
loi actuelle et les positions que le conseil de la CRO a prises.
Dans l'assainissement des eaux, entre autres, il faut se rappeler que le
règlement 175 n'a été imposé par personne. C'est un
règlement sur lequel les membres de la communauté se sont
entendus et sur lequel les membres de la communauté ont voté. Ce
règlement 175 établissait spécifiquement que toutes les
dépenses d'assainissement étaient, si vous voulez, pour
être distribuées selon le volume; en premier lieu, selon les
débits théoriques des études techniques et
éventuellement, à la suite de l'installation des
débitmètres, en fonction du volume réel.
M. Kehoe: Une autre courte question. Relativement aux remarques
du premier paragraphe de la page 10 de votre mémoire, dois-je comprendre
que, à l'encontre de la ville de Hull, vous préconisez que la
répartition des frais généraux tels que
l'évaluation, le service de génie, le traitement des
données, se fasse selon le potentiel fiscal et non selon une
tarification?
M. Ménard: En effet, M. le député, c'est
pourquoi je fais rarement l'unanimité. Il y a une minute, j'étais
peut-être d'accord avec la position d'une ville et, là, je vais
être en désaccord avec la position d'une autre. Encore là,
je vous réfère à notre livre gris. Les principes que nous
avions détaillés à ce moment-là, du conseil de la
communauté, étaient que la charge ou la notion de charge à
l'usager ou la notion d'une tarification, selon des unités de mesures
bien précises, n'était que pour les grandes infrastructures:
l'eau potable, l'assainissement des eaux et l'enfouissement sanitaire.
L'article sur l'enfouissement sanitaire a été oublié dans
le projet de loi, on l'a mentionné tantôt. Le ministre nous a
assurés que cela serait rectifié.
Pour toutes les autres dépenses, la position du conseil de la
communauté était de les répartir ou de continuer de les
répartir, si vous voulez, parce que c'est actuellement le cas et c'est
le cas depuis que la notion du potentiel fiscal existe, selon le potentiel
fiscal. Dans ces services, il y avait à la fois les frais
d'administration généraux et les divers services communs, tels
l'évaluation, la planification, le génie et l'informatique.
M. Kehoe: Une dernière question. Le ministre a
mentionné tantôt et la ville de Hull a également
soulevé la question ce matin, en ce qui concerne les dépenses
relatives aux dépotoirs de la CRO. Pourquoi votre mémoire
suggère-t-il une répartition séparée des
coûts par site de dépotoir alors que, dans les autres domaines,
l'ensemble des infrastructures régionales constitue un tout pour les
fins de répartition des coûts aux municipalités?
M. Ménard: Encore là, c'est une décision du
conseil de la communauté, M. le député. Vous me permettrez
une interprétation personnelle à ce moment-ci. Je pense que c'est
pour éviter le même genre de chicanes, si vous voulez, qu'il y a
eu quand le législateur n'a pas inclus dans l'eau potable la question de
la CIP. Il en a été question aussi ce matin. Effectivement, cela
a créé, au fil des années, certaines disparités
quant à l'eau potable. Par rapport à l'enfouissement sanitaire,
il faut se rappeler qu'il y a des villes qui se sont conformées plus
rapidement que d'autres à la réglementation du ministère
de l'Environnement. Il y a des villes qui ont assumé seules, pendant un
bon nombre d'années, l'exploitation d'un site d'enfouissement sanitaire.
Alors, quand on parle de cela, on parle du site d'enfouissement sanitaire qui
est à l'ouest de la rivière Gatineau, le site Cook. Au
début, il y avait seulement deux partenaires pour le site Cook: II y
avait la ville de Hull et la ville d'Aylmer. Se sont ajoutées, au fur et
à mesure de la réglementation du ministère de
l'Environnement, une partie de la municipalité de Pontiac, la
municipalité de Hull-Ouest et la municipalité de La Pêche.
Ce que le conseil ne voulait pas vivre, comme nouvelle situation,
c'était qu'un nouveau site à l'est de la rivière qui
desservirait toutes les autres municipalités, coûte possiblement,
aujourd'hui, plus cher à faire que cela avait coûté en
1975. (2 heures)
Le conseil ne voulait pas repartir tout le contentieux et dire: Pendant
X années, il y a des municipalités qui ont continué
à avoir de bons vieux dépotoirs, qui ne coûtaient pas trop
cher, pendant qu'il y avait des villes qui payaient beaucoup plus cher pour
faire l'enfouissement. Maintenant que tout le monde fait de l'enfouissement, on
va tout remettre cela dans le même "pot". C'était la crainte du
conseil. C'est pour cela que le conseil avait spécifiquement dit: Compte
tenu du laps de temps différent entre les deux infrastructures, il y
aurait une tarification particulière pour le site ouest et une
tarification particulière pour le site est.
M. Kehoe: Mais, dans le contexte dans lequel on vit actuellement,
avec le site à l'est de la rivière, pour la ville de Gatineau
spécifiquement, il n'y a aucun doute que ce sera un préjudice
sérieux pour elle dans le sens que c'est plutôt la ville de
Gatineau qui se servira du nouveau site que vous cherchez actuellement. Elle
paiera jusqu'à 90% probablement des coûts d'immobilisations et
d'exploitation du site en question. Quand on pense que celui qui est
situé à l'ouest de la rivière est à répartir
entre les différentes composantes, la conséquence sera que la
ville de Gatineau, encore une autre fois, subira un préjudice assez
sérieux.
M. Ménard: Premièrement, la proportion de la ville
de Gatineau est estimée à environ 73%. C'est effectivement une
proportion importante. D'autre part, M. le député, je pense que
le souci du conseil était aussi un souci d'équité. Pendant
les années 1975 à 1982, si vous voulez, les municipalités
à l'ouest de la rivière, tout au moins Hull et Aylmer, avaient
une méthode de disposition beaucoup plus dispendieuse que les autres.
Pendant ce temps, les autres municipalités, théoriquement,
épargnaient de l'argent. Dire que cela a causé un
préjudice sérieux à la municipalité de Gatineau
parce qu'elle va défrayer 73% d'un site, je vous dis que non. Je ne suis
pas d'accord avec cela, parce que, si elle va payer 73% d'un site, c'est parce
qu'elle va y déverser 73% des déchets.
Je vous ramène au même raisonnement que la ville de Hull ce
matin. Quand la ville de Hull dit: Je paie 58% de l'eau potable, c'est parce
que la ville de Hull consomme 58% de l'eau potable. C'est ce qui est à
la fois l'inconvénient et l'avantage d'une unité de mesure. On ne
peut pas dire que la méthode est fausse. Si 73% de l'opération
est générée par une ville, pourquoi la ville ne
paierait-elle pas 73% de cette opération, de la même façon
que, en ce qui concerne l'eau potable, Hull paie 58% de l'eau potable parce
qu'elle la consomme? Je trouve que le raisonnement est exactement le
même. En utilisant une unité de mesure, je ne vois pas comment ce
raisonnement est attaquable.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Mon collègue
de Chapleau a effectivement posé une question très pertinente. Je
tiens à le souligner, parce que, à la lecture du mémoire,
j'avais l'impression - je me réfère à la page 6 où
on dit: "C'est donc en nous référant systématiquement au
contenu de ce document que nous avons étudié le projet de loi 28
et que nous avons préparé nos commentaires" - à la lecture
du document que ce document avait été approuvé par le
conseil de la CRO à la suite...
M. Tremblay: ... qui l'a dit...
M. Rocheleau: ... du dépôt de la loi 28, du fait que
les municipalités n'ont pas vu la version finale. Je pense que le
président a expliqué tantôt qu'il retenait certaines
positions favorisant davantage une municipalité, c'est-à-dire
tenant compte de la demande d'une municipalité; dans d'autres cas, cela
se dégage autrement. J'aurais souhaité que nous entendions ce
mémoire le premier afin de permettre aux municipalités de le
commenter en cours de route, à savoir que, s'il y a avait... Parce qu'on
a souvent parlé du consensus. Il est évident, quand on examine
ceci, qu'on semble vouloir dégager un consensus, mais un consensus qui
tient compte de certains éléments pour l'un et de certains autres
éléments pour l'autre. Cela aurait peut-être
été tout à fait différent si on avait
déposé en premier lieu la position, en tout cas, du
président de la communauté régionale récapitulant
un peu toutes les demandes, tous les points qui ont été
traités.
Je tiens à souligner, sans pour autant ouvrir un débat
là-dessus, qu'en 1980 le président actuel était
nommé président de la Communauté régionale de
l'Outaouais à la suite du départ de l'ex-président, M.
Jean-Marc Rivest, qui accédait à la fonction de président
de la Commission nationale de l'aménagement, tout cela à la suite
du référendum où on devait effectivement faire des
chambardements, placer ou replacer certains individus. Ce ne sont pas les noms
mais les postes qui sont occupés par ces personnes que je remets en
cause, d'autant plus, M. le Président, que j'ai cru détecter
à l'intérieur des discussions que nous avons eues aujourd'hui,
que le président actuel de la CRO, qu'on a contesté l'automne
passé alors qu'il avait été reconfirmé pour cinq
ans, alors qu'on attendait une restructuration qui était imminente, se
voyait reconfirmé pour une période de cinq années.
Aujourd'hui, le projet de loi nous confirme que, dorénavant, le
président sera élu à même les élus de la
Communauté régionale de l'Outaouais, ce qui fait que le
président actuel est en mesure de se négocier un poste qui est
ouvert à la CRO depuis le départ du gérant, qui est le
poste de directeur général. À un moment donné, cela
se négocie peut-être beaucoup mieux à la CRO que cela peut
se négocier à la CTCRO, où on a tout simplement
éliminé le poste de président-directeur
général alors que celui-là deviendra directeur
général, tenant compte des négociations qui allaient avoir
lieu. Alors, deux poids, deux mesures, parce que, dans le contexte du
président de la Communauté régionale de l'Outaouais, il
demeure président pour les quatre années et demie à venir
parce qu'il n'a jamais été effectivement directeur
général; il l'a été par intérim,
étant donné que l'autre était parti.
Cela me préoccupe un peu et on aura sûrement l'occasion d'y
revenir dans le ou les débats qui viendront, mais je tenais à le
noter parce qu'on a reproché à des gouvernements
antérieurs des nominations politiques à forts cris et on
s'aperçoit que le gouvernement actuel n'a rien appris des autres, n'a
rien inventé non plus, il s'en est servi à tour
de bras, mais on dira que c'est de bonne guerre.
Il y a un point en particulier, M. le Président. Je voudrais
relire de petits passages de certains mémoires qui ont
déjà été déposés par les
différentes municipalités ou villes de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Je m'attarderai simplement à quelques
passages de chacun ou de quelques-uns des mémoires pour corriger
peut-être ce que le président a dit tantôt et aussi pour
inciter le ministre à faire certaines considérations. Alors, le
rapport de la ville de Hull sur la Communauté régionale de
l'Outaouais en octobre 1979, mentionnait dans ses recommandations la
dissolution de la Communauté régionale de l'Outaouais, la
création d'une communauté urbaine formée des villes
d'Aylmer, Gatineau et Hull, la restructuration de la commission de transport
à l'intérieur de la nouvelle communauté urbaine. "Les
municipalités de Hull-Ouest, La Pêche, Pontiac, Val-des-Monts et
Buckingham dégroupées pourront choisir de former une ou plusieurs
municipalités de comté, tel que préconisé dans le
projet de loi 125, ou se joindre à un conseil de comté existant",
disait ce rapport. C'était une position énoncée par la
ville de Hull en 1979, qui a été modifiée avec les
années, mais on sent toujours qu'il y a une continuité de
pensée.
Si on prend le rapport Trottier, je pense, de la ville de Gatineau, qui
avait été déposé le 2 juillet 1980 - je touche
à ce point-là parce que le président l'a mentionné
tantôt, on y dit: "Le ministre des Affaires municipales a ouvert toute
grande la question d'adhésion à la communauté lorsqu'il a
invité la Communauté régionale de l'Outaouais à
repenser ses structures et son fonctionnement. Le principe
d'autodétermination doit conséquemment s'appliquer. Il appartient
donc au conseil municipal de chacune des municipalités rurales
concernées d'évaluer l'organisme régional en fonction du
bien-être de leurs populations respectives."
L'autodétermination, cela me fait penser à un petit pays
comme le Canada, qui est divisé en dix provinces. L'une voudrait
utiliser l'autodétermination pour se foutre à la porte. C'est un
peu ce que ce gouvernement semble revendiquer actuellement. Je ne sais pas si
ses revendications pourront s'appliquer à ces municipalités qui
sont regroupées à l'intérieur d'un certain noyau et qui
voudraient s'en retirer. Je ne sais pas si l'autodétermination pour un
est valable pour l'autre. On le verra en temps opportun. Il reste que cette
communauté-là ressemble à un petit pays.
Dans le livre gris - ce n'est pas noir, ce n'est pas blanc, c'est gris -
on retrouve justement, sur ce point-là en particulier: "Le territoire de
la communauté demeure le même, c'est-à-dire qu'il est
formé de l'ensemble des municipalités mentionnées à
l'annexe À de la loi de la CRO - à la page 2 de l'annexe,
à la fin. Cependant, on reconnaît que, sous réserve du
droit de respect de l'autodétermination, une municipalité a la
liberté de se retirer de la communauté." Je pense que cela a
été réaffirmé dans le livre gris, à moins
que je n'aie pas le bon livre gris, mais j'ai l'impression que c'est
celui-là: "la refonte de la loi de la communauté". À moins
qu'on n'en ait parachuté d'autres après, mais il semble
être le dernier. C'est cela qui est dit là-dedans.
M. le Président, je tiens pour acquis que la position a une
certaine consistance et que les municipalités ont une certaine
liberté d'y appartenir ou de s'en dissocier si, pour son
mieux-être, une collectivité semble partager cette opinion. Je
tiens pour acquis qu'une municipalité, tenant compte de cela, à
la suite d'une demande faite expressément au ministre des Affaires
municipales ou à cette commission, pourra être
considérée comme voulant se retirer, et qu'on pourra voir le
projet de loi modifié en conséquence pour respecter le voeu de
ces populations, chez nous, au Québec, dans une région où,
depuis treize ans, on remet en cause la viabilité de cette
communauté régionale.
Vous avez traité de plusieurs points intéressants dans le
mémoire que vous présentez. Par contre, tenant compte du fait que
cela pourrait ouvrir la porte à de nouvelles discussions entre les
municipalités ou les villes qui ont présenté aujourd'hui
des mémoires, je pense que nous allons, nous, de l'Opposition, devoir
tenir compte de vos recommandations, des recommandations que nous ont faites
aujourd'hui chacune des municipalités et la commission de transport. (2
h 15)
Le ministre a référé mon collègue de
Chapleau, alors qu'il lui posait il y a quelques instants une question, aux
intervenants, tenant compte qu'il nous avait dit durant la journée ou la
soirée qu'il allait redéposer un projet de loi final. Remarquez
qu'à cette heure-ci, on ne connaît pas les modifications et les
amendements qui peuvent être apportés, soulignés ou
même souhaités. Nous allons attendre de les voir et de les
analyser, mais nous souhaitons du même coup... Je voudrais ajouter que,
tenant compte que le projet de loi a été déposé le
31, je ne voudrais pas qu'on nous accuse de vouloir le retarder indûment,
parce que, vous savez, il y a toujours des possibilités que le
gouvernement, de toute façon, mette le bâillon à la
commission parlementaire, nous retourne en Chambre; encore là, cela
s'est vu. On l'a constaté antérieurement et on s'est
aperçu que l'Opposition, c'était l'Opposition et que le
gouvernement, c'était le gouvernement. On sait maintenant qui
décide, quand il décide et comment il veut décider, mais
je tiens quand même à
souligner l'importance de cette restructuration.
Je souhaiterais énormément, étant donné que
cela fait sept ans qu'on attend, que, si on souhaite cette restructuration pour
l'ensemble et le bénéfice de la collectivité de
l'Outaouais québécois, et plus particulièrement la
communauté, l'on puisse connaître les modifications qui sont
apportées par le ministre, que nos intervenants puissent être
consultés et qu'ils puissent en discuter, parce que consulter pour
après imposer, c'est deux choses. On voudrait qu'ils soient
consultés pour discuter et avoir le point de vue de chacune et de chacun
de celles et ceux qui aimeraient en émettre.
Alors, j'espère que, dans le laps de temps qu'il nous reste...
Vous savez, ce projet de loi aurait pu être déposé il y a
deux mois, un an, deux ans, quatre ans, six ans, cela aurait pu être
déposé immédiatement après que le Parti
québécois a pris le pouvoir. Il était fringant et
apparemment plein de pep dans ce temps-là. On ne l'a pas vu. Là,
on le voit aujourd'hui. Il ne faudrait pas interpréter le geste de
l'Opposition comme un geste de recul et de rejet, absolument pas. On a
exprimé que nous étions heureux du dépôt de ce
projet de loi, que nous le souhaitions depuis longtemps, mais il ne s'agit pas
aujourd'hui de se faire passer sur le corps, comme on se l'est
déjà fait dire. Il faudrait l'examiner et le scruter et, avec des
intervenants, en tenir compte, parce que l'Opposition, et
particulièrement mes collègues qui représentent toute une
partie de cette communauté régionale, nous sommes au service de
notre région, de nos comtés respectifs. Nous ne sommes pas un
mécanisme de Québec dans l'Outaouais. Cela fait un contraste
assez important avec ce qu'on a eu comme représentation avant la
dernière élection provinciale.
Je tiens à souligner que nous sommes au service de nos
comtés. C'est une raison pour laquelle on a pu constater aujourd'hui
qu'il y avait certaines divergences entre nos collègues de
l'Assemblée nationale, du côté de l'Opposition, parce que
nous, de notre côté, on peut dire ce qu'on veut et on peut penser
ce qu'on veut. On a cette liberté. C'est pour cela qu'on s'appelle le
Parti libéral du Québec. Alors, nous allons sûrement
l'examiner dans les plus brefs délais. Nous souhaitons que le ministre
puisse nous déposer des amendements ou des modifications s'il y en a.
Nous souhaiterions aussi avoir dans les prochains jours les commentaires des
municipalités impliquées, tenant compte du document que nous a
déposé M. le président et aussi continuer à
rechercher ce consensus qui semble quand même se dégager lentement
mais peut-être sûrement, tout en respectant chacune des
municipalités qui la composent.
M. Ménard: Est-ce que vous me permettriez de corriger deux
petites choses qui ont été mentionnées dans
l'exposé du député de Hull?
Le Président (M. Brouillet): Oui, nous sommes ici surtout
pour vous entendre, vous avez tout à fait le droit d'intervenir
pour...
M. Ménard: Merci, M. le Président.
Premièrement, en ce qui concerne la citation du député de
Hull sur la question du territoire, j'aimerais vraiment qu'on soit très
clair: l'extrait que le député de Hull a lu et l'annexe X du
livre gris sont les recommandations de la Commission d'étude des
structures de la Communauté régionale de l'Outaouais
datées de novembre 1980. C'est ce qu'on appelait le rapport Luck. Je
l'ai mentionné dans mon exposé tantôt, le rapport Luck
faisait état de l'"opting out".
Maintenant, ce qu'on appelle le livre gris, c'est purement pour la
compréhension des intervenants que cette annexe y a été
mise. Le livre gris, qui a été adopté formellement par le
conseil de la communauté au mois d'août 1982,
réitère la question de territoire et ne fait plus cette mention
de l'"opting out". Je pense qu'il faut vraiment clarifier et dire de quel
document on parle. Il y a un décalage de deux ans entre les deux
documents et il y a eu un cheminement du conseil entre les deux documents.
C'est la première chose que je voulais dire, M. le Président.
Deuxièmement, sans m'embarquer dans une polémique avec le
député de Hull -peut-être que nos antécédents
nous porteraient à faire ces choses - même si le
député de Chapleau et le député de Hull ont bien
clairement fait ressortir que ce document n'avait pas été
déposé et analysé au conseil de la Communauté
régionale de l'Outaouais, je pense que j'ai aussi mentionné que
ce mémoire - comme l'a mentionné le député de Hull
- ce ne sont pas mes recommandations. C'est à partir de documents, je
n'ai absolument rien inventé dans le mémoire de la
Communauté régionale de l'Outaouais; c'est à partir d'une
décision majoritaire du conseil. J'ai mentionné que
j'émettais certaines opinions personnelles sur des sujets non
contentieux. Je parle des commissions, je parle de la question des conseils de
comté. Mais, par rapport à toute la question de la
répartition des coûts, par rapport à la question de la
représentativité, c'est exactement la position que le conseil a
déjà prise, c'est le plus récent vote majoritaire du
conseil.
Je pense qu'il est important de faire la nuance en ce sens que ce ne
sont pas mes recommandations. Malgré le fait que le mémoire,
faute de temps, n'a pu être présenté au conseil de la CRO,
je pense que cela ne veut pas dire pour autant que ce
n'est pas l'opinion du conseil de la communauté. Ce n'est pas
l'opinion du conseil de la communauté mot à mot, mais c'est
l'opinion du conseil de la communauté par rapport à un document
que celle-ci avait approuvé.
Le Président (M. Brouillet): Maintenant, le
député de Pontiac a demandé la parole.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président...
M. Tremblay: En vertu du principe de l'alternance.
Le Président (M. Brouillet): Très
brièvement, le député de Chambly avait aussi
demandé la parole.
M. Tremblay: Je ferais seulement un petit commentaire pour dire
que je constate que la population de Hull nous a rendu un très grand
service en vous débarrassant du député de Hull.
M. Saintonge: La petitesse importée de Chambly.
M. Tremblay: Mais c'est le caucus libéral qui est
"poigné" avec lui.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Pontiac.
M. Rocheleau: M. le Président, question de
règlement, s'il vous plaît.'
Le Président (M. Brouillet): De privilège,
peut-être.
M. Rocheleau: Non, il n'y a pas de privilège ici, on m'a
toujours dit que c'était une question de règlement...
Le Président (M. Brouillet): Règlement,
allez-y!
M. Rocheleau: ... qui tient compte de la pertinence du
débat. Les commentaires qu'a faits le député de Chambly,
je ne lui demande pas de les retirer parce que, de toute façon, il va le
penser quand même. Mais je trouve que ce n'est pas pertinent. On ne l'a
pas entendu de la journée...
M. Tremblay: C'est très pertinent.
M. Rocheleau: Si ce sont des conneries de ce genre qu'il nous
fait, il aurait pu s'en passer.
M. Tremblay: C'est très pertinent, M. le Président,
j'ai fait un rapport avec la CRO.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Chambly, je veux que le débat soit clos sur cette question. Ce n'est pas
le lieu pour débattre ces points-là. M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Je pense que les
collègues de ce côté-ci ne sont certainement pas
prêts à faire un échange entre le député de
Hull et le député de Chambly.
M. Tremblay: ... même...
M. Middlemiss: M. le président de la CRO, dans votre
mémoire, à la page 2, vous dites au dernier paragraphe: "En
outre, l'impact grandissant des interventions de la Commission de la capitale
nationale dans le secteur québécois rendait impérieuse la
nécessité de concevoir et de formuler une vision
régionale..."
Est-ce que vous pouvez me démontrer de quelle façon vous
avez pu contrer l'impact des interventions de la CCN? Comment la CRO a-t-elle
fait cela depuis son existence?
M. Ménard: Je pense que, M. le député, si on
se rapporte à ces années, le gouvernement fédéral
avait eu une politique d'achat de terrains qui avait été massive.
Si on se reporte à décembre 1969, parce qu'on parle bien du tout
début de la loi de la CRO, il n'y avait aucune ville qui, à ce
moment-là, avait un service d'urbanisme. Hull en a eu un au cours de
l'année 1970. En décembre 1969, au moment de la loi, il n'y avait
aucune ville. Il y avait 32 petites municipalités qui faisaient face
à un énorme organisme de planification du territoire et de
l'aménagement du territoire, qui était la CCN.
L'élaboration du schéma d'aménagement et la volonté
de se plier à des voeux régionaux ont tout de même fait
adapter énormément de choses à partir de cette
arrivée du fédéral. Je l'ai mentionné au moment de
mon intervention. Le conseil de la CRO, unanimement, en février 1976,
avait réitéré à la commission Deschatelet-Stewart,
que c'était important que l'aménagement du territoire se fasse
dans une vision régionale et locale du côté du
Québec.
Il y a eu, entre autres - je vais donner deux exemples qu'on me cite -
la question du développement de la partie sud du parc Gatineau,
l'échancrure qui entre dans le territoire de Hull. Une des choses au
niveau du schéma, entre autres, c'en était justement
l'utilisation par la population. Il y avait tout le débat entre la
conservation et l'utilisation. Le schéma avait pris une orientation
d'utilisation par la population. On est en train de vivre cette
orientation-là, au niveau du parc Gatineau.
L'autre chose a été la défense de E.B. Eddy. Le
schéma, tout de même, concrétisait
la présence de E.B. Eddy à l'endroit où elle
était et à ce moment, cela a possiblement aidé à
conserver E.B. Eddy. Je pense que ce n'est une cachette pour personne, les
plans qui existaient à ce moment-là. Le schéma, tout de
même, je ne dis pas qu'il a été l'élément
unique, a eu sa contribution à ce niveau.
M. Middlemiss: Concernant l'intégrité du
territoire. Mon collègue de Hull a cité plusieurs opinions et
vous-même, vous avez dit que, dans le rapport Luck, à ce
moment-là, on avait l'"opting out". Vous avez une crainte de l'"opting
out". Vous avez donné un exemple: Pontiac, cela fait longtemps qu'elle
veut sortir l'"opting out". Ensuite vous avez dit: Hull a exprimé ce
voeu.
Quelle est la différence entre Hull, l'"opting out" et Pontiac
quant au fonctionnement de la CRO? (2 h 30)
M. Ménard: II est bien évident, M. le
député, que les échelles ne sont absolument pas les
mêmes. Financièrement, le départ de Pontiac de la CRO n'a
aucune influence sur la communauté. C'est, à toutes fins utiles,
un compte à compte des dépenses par rapport aux revenus
générés par la présence de la municipalité
de Pontiac. Évidemment, pour tout le territoire de la communauté,
Pontiac, étant à une des extrémités, cela n'a pas
le même sens stratégique, bien sûr, que si c'était
une municipalité située au centre.
D'autre part, j'aimerais en profiter, M. le député, pour
dire que les prétentions de la municipalité de Pontiac, à
savoir qu'elle épargnerait la moitié en se rattachant à la
municipalité régionale de comté, sont peut-être
discutables. Vous n'êtes pas avocat, vous êtes ingénieur de
profession, M. le député, mais vous savez tout de même que,
lorsqu'il y a un mariage et qu'ensuite il y a des enfants, quand on divorce, il
y a des conséquences. On ne s'en va pas tout simplement. On part avec
une pension alimentaire ou on part avec les petits, mais on ne fait pas
seulement plier bagage du jour au lendemain. Les lois ne nous permettent pas de
faire cela.
Dans le cas de Pontiac, on a fait beaucoup d'analogies familiales,
aujourd'hui, dans les discussions. Il ne faudrait pas penser, M. le
député, que le départ de Pontiac se fait exactement comme
cela. Il y a tout de même des parties de dettes à assumer et il y
a aussi, M. le député, des employés du service de
l'évaluation qui sont affectés par le fait qu'il y a tel nombre
de comptes d'évaluation à traiter concernant la
municipalité de Pontiac. Ces employés sont syndiqués et
ils jouissent d'une sécurité d'emploi. Il y a aussi ces
conséquences à analyser. Il y a peut-être aussi des petits
oublis de la part de la municipalité de Pontiac en ce qui concerne les
services.
Malgré le fait que la loi ne nous le permettait pas, le conseil
de la CRO fait aussi l'énumération en milieu rural. Il y a aussi
le fait qu'il y a beaucoup plus dans l'informatique, présentement, que
simplement la question des envois des comptes de taxes. La municipalité
de Pontiac est reliée directement au système informatique de la
communauté régionale. Je ne vous dirai pas, par respect pour le
maire de Pontiac, de quelles hypothèses d'épargne il m'a
déjà fait part. Le fait que la municipalité de Pontiac est
reliée directement par informatique est drôlement avantageux pour
la municipalité.
Selon nous, autant la municipalité de Pontiac peut en retirer -
et, comme je vous le dis, il peut y avoir un compte à compte d'argent -
autant, c'est aussi le fait - on l'a mentionné dans les autres
exposés - que le territoire de la communauté, de la même
façon que le territoire de la municipalité régionale
d'Ottawa-Carleton colle, à une petite exception près, dans le
bout de Notre-Dame-de-la-Salette, au territoire de la Commission de la capitale
nationale. Je ne fais que vous répéter ce que le conseil de la
communauté a dit dans ses résolutions, qu'il était
important de conserver ce territoire intact.
M. Middlemiss: Vous avez touché à l'appartenance,
en disant que la partie ouest avait une appartenance peut-être plus vers
la MRC et la partie est, plus vers Hull. Où fait-on cette division?
M. Ménard: À peu près à la ligne de
l'ancien Eardley, je pense, ou juste à Quyon, n'est-ce-pas? À la
ligne d'Eardley. Sur la carte, c'est... Si vous vous référez
à mon mémoire, je vais vous l'expliquer.
M. Middlemiss: D'accord. Si c'est l'ancienne municipalité
d'Eardley, je sais où c'est. Maintenant, sur quoi est basé
l'essai d'appartenance à la région de la CRO?
M. Ménard: Je l'ai mentionné. J'ai mentionné
des critères tantôt. Si on regarde, entre autres, la question de
la croissance au niveau démographique, au niveau de la population, le
secteur est est le seul de l'ensemble du comté qui manifeste un
dynamisme démographique. Il y a là une différence; on voit
qu'il y a un secteur qui est en progression démographique et un secteur
qui ne l'est pas.
M. Middlemiss: C'est la partie qui est rapprochée
d'Aylmer?
M. Ménard: Oui.
M. Middlemiss: D'accord. Mais, est-ce qu'on ne vient pas
d'éliminer le dernier tronçon de l'intercepteur régional
à cause du
fait que toute cette partie à l'ouest du tronçon est
zonée agricole dans Aylmer ainsi que dans Pontiac? Il n'y a pas de
développement possible.
M. Ménard: Je vous dis ce qui est arrivé, M. le
député. Je ne vous dis pas ce qui va arriver.
M. Middlemiss: Non, je parle d'une réalité qui
existe. Si on a décidé d'éliminer le dernier
tronçon de l'intercepteur régional, même à Aylmer,
parce qu'il y a eu un changement dans le schéma, dans le zonage et que
ce même changement se projette aussi dans la municipalité de
Pontiac, il n'y a pas de construction possible. Même pour des gens qui
avaient des lots et qui veulent les vendre aujourd'hui, la Commission de
protection du territoire agricole refuse à l'individu qui, pour une
raison ou une autre, a décidé de ne pas vendre... Lui aurait pu
construire, mais il ne peut le vendre à un autre. Cela veut dire que
c'est totalement gelé et qu'il n'y a pas de construction possible. Donc,
dans cette démographie, l'augmentation de la population, ce n'est pas
une réalité aujourd'hui. Il y en a eu durant un certain temps,
jusqu'au moment où on a adopté la loi 90. Toute cette vocation a
changé.
M. Ménard: II y a d'autres facteurs, M. le
député. Il y a aussi le facteur de l'emploi, par exemple.
M. Middlemiss: Oui, mais la moitié travaille à
Ottawa. Est-ce que cela voudrait dire que ce serait une raison de rattacher ces
gens à la MROC?
M. Ménard: Bien non, ce n'est pas la question, qu'ils
travaillent à Ottawa ou à Hull. C'est une question de dire que
ces gens ont un travail en milieu urbain. Alors, quand on parle du
caractère homogène agricole, c'est à cela qu'on
répond. On dit: Non, il y a une partie effectivement de la
municipalité de Pontiac qui fait du "commuting", qui vient tous les
matins travailler dans le centre urbain. Que ces gens travaillent à Hull
ou à Ottawa n'a aucune importance. C'est le phénomène du
"commuting" soir et matin par rapport aux centres d'emploi. On a aussi des
données, entre autres, tout à fait particulières par
rapport aux flux commerciaux. On s'aperçoit qu'encore là, il y a
une ligne de démarcation entre la partie ouest, où les flux
commerciaux s'acheminent vers Shawville, et la partie est, où c'est
tranché très clairement, où c'est vers Aylmer, Hull et
l'Ontario. Mais c'est très délimité et ce qu'on essaie de
dire, M. le député, c'est que la municipalité de Pontiac
n'est pas si homogène que certains peuvent le prétendre et au nom
d'une homogénéité supposément rattachée
purement à Shawville et au reste du comté, on dit: Non, ce n'est
pas aussi vrai que cela. Il y a tout un secteur de la municipalité qui
vit des réalités urbaines, des gens qui font leurs emplettes dans
des centres urbains, qui ont leur emploi dans des centres urbains, dont les
couches de population sont plus jeunes que dans d'autres secteurs, un secteur
qui a connu une croissance démographique par rapport à l'autre
secteur. Ce qu'on veut faire ressortir, c'est qu'il y a une partie de la
municipalité de Pontiac qui a des caractéristiques
semi-urbaines.
M. Middlemiss: Oui, mais les gens qui ont voté au
référendum - ce sont les gens qui demeurent là - ont fait
un choix. Leur choix est de se retirer de la CRO. Est-ce que ce ne sont pas ces
gens-là qui savent "ce qu'ils veulent? Est-ce nous qui sommes
censés leur dicter ce qu'ils veulent avoir? Ils se sont exprimés
sur cela.
M. Ménard: II faut se rappeler, M. le
député, qu'il y avait une chose qui n'était vraiment pas
claire dans ce temps-là, qui était la grosse facture de
l'épuration. On a brandi aussi ce spectre, à ce moment-là.
La grosse facture de l'épuration a commencé à
s'atténuer au moment de l'adoption du règlement 175. Avant cela,
il y avait un article de la loi de la CRO qui disait: Toute dépense qui
ne fait pas l'objet d'un tarif doit être répartie entre toutes les
municipalités, selon leur potentiel fiscal. Il y avait cela aussi. 11 y
avait aussi le fait que les MRC n'existaient pas à ce moment-là,
M. le député de Pontiac. On rêvait peut-être à
une espèce d'évasion fiscale, de faire de Pontiac de nouvelles
Bermudes. Depuis, tout le territoire s'est structuré. La planification
du territoire et l'évaluation foncière vont se faire aussi au
niveau des MRC. Il y a des MRC qui ne sont pas des "bargains" tant que cela au
niveau des coûts, quand on se compare à la communauté
régionale.
Je vais juste vous donner un exemple. La municipalité
régionale de comté de Pontiac est allée en soumissions
pour son traitement informatique en évaluation. La CRO a
soumissionné et elle est arrivée plus bas. Vous me direz: Ah oui!
Vous avez traficoté les chiffres. Non, non. On peut vous donner les
tarifs horaires qu'on avait utilisés et qui étaient des tarifs
horaires très, très réalistes par rapport au coût de
la CRO. On n'arrivait pas à 50 000 $ de plus que l'entreprise
privée. On n'arrivait pas à des chiffres faramineux. On arrivait
à environ 50 $ de moins que l'entreprise privée. On a toujours
donné l'image de l'espèce d'immense monstre qu'est la CRO, avec
des dépenses épouvantables.
M. Middlemiss: C'est le respect du voeu de la population, c'est
tout ce que je vous dis.
M. Ménard: Oui, mais monsieur...
M. Middlemiss: Qui d'autres que les gens eux-mêmes... En
d'autres mots - on ne s'éternisera pas - il y a une élection qui
s'en vient cette année dans Pontiac. En présumant que la
population serait consultée de nouveau et qu'on arrive encore au
même montant, 72%, est-ce qu'on chercherait d'autres arguments pour
empêcher ces gens-là de vivre là où ils veulent?
S'ils ont aménagé dans Pontiac, c'est qu'ils ont choisi d'aller
vivre dans ce milieu-là et de vivre dans un milieu rural.
M. Ménard: M. le député de Pontiac, je ne
veux pas moi non plus m'embarquer dans une longue chose. Je voudrais seulement
vous mentionner deux choses.
Le Président (M. Brouillet): Oui, pour terminer ce
débat.
M. Ménard: Je suis bien d'accord que les gens ont choisi
bien librement d'aller vivre dans la municipalité de Pontiac. Je ne veux
que vous donner des ordres de grandeur pour qu'on sache exactement de quoi on
parle. Pour une maison évaluée à 35 000 $ dans la
municipalité de Pontiac, le coût d'appartenance à la CRO,
pour cette unité de logement, est de 40 $ par année. Cela
comprend les services communs et l'enfouissement sanitaire. (2 h 45)
À titre bien personnel maintenant, je voudrais seulement ajouter
quelque chose, M. le député de Pontiac. Ce sera ma formation en
sciences politiques qui va ressortir. Vous savez que, pour que les
consultations soient valables, il faut que ce soit précédé
d'une excellente campagne d'information. Quand je parle d'une excellente
campagne d'information, c'est là où on donne la vraie image et le
vrai portrait.
M. Middlemiss: Qui les donne?
M. Ménard: C'est cela, le problème. Quand on
s'embarque dans une...
M. Middlemiss: Cela s'applique au niveau provincial, aussi.
M. Ménard: ...campagne de consultation comme
celle-là, on n'est jamais sûr de l'information qui est
donnée avant de procéder à la consultation.
M. Middlemiss: Je trouve cela un peu "révoquant" qu'on
trouve toutes sortes d'arguments à dire à des gens qui ont
décidé librement d'exprimer leur voeu de demeurer là...
Même s'ils font leurs emplettes à Aylmer ou à Hull, est-ce
que cela veut dire que la journée où ils feront partie d'une MRC,
tout cela va arrêter? Cela va continuer. Qu'est-ce que cela va donner ou
enlever en soi? Les municipalités de Hull vont retirer les profits des
dépenses là-bas. Aylmer va retirer les profits et cela ne
changera rien du tout au fonctionnement de la CRO.
M. Ménard: M. le député, je ne veux pas
être répugnant, mais la base d'une MRC, ce que j'ai compris, c'est
que cela devait parler d'un sentiment d'appartenance.
M. Middlemiss: C'est cela.
M. Ménard: Mais les emplettes font partie d'un sentiment
d'appartenance. Je m'excuse, mais, dans ma petite définition, cela fait
partie d'un sentiment et d'une question d'appartenance.
M. Middlemiss: Dans ce cas-là, toute la
municipalité de Pontiac devrait être rattachée à
l'Ontario, parce que les gens vont à Renfrew et à Pembroke. Mais
oui, je pense que si cela s'applique pour votre argument, les mêmes
principes s'appliquent de l'autre côté.
Le Président (M. Brouillet): Je me permets d'intervenir.
Je crois que vous avez épuisé de part et d'autre vos arguments.
La décision ne se prendra pas ici ce soir...
M. Middlemiss: Voici la seule raison réelle qu'on m'a
donnée: cela créerait un précédent. C'était
une des seules raisons de toutes les objections qu'on avait, que cela
créerait un précédent. Demandez aux gens qui demeurent
là, ils vont vous dire où est l'appartenance.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que le
député de Laprairie aurait un mot à ajouter?
M. Saintonge: Je voulais seulement vous signaler que vous avez
fait certains commentaires dans votre mémoire sur de nouveaux articles
de loi. Je vous demandais un commentaire sur l'article concernant les nouvelles
modalités d'adoption du budget. Êtes-vous en faveur des nouvelles
modifications apportées à la loi ou êtes-vous plutôt
de l'avis de maintenir le statu quo ou toute autre forme?
M. Ménard: M. le député, c'est bien
évident qu'à titre de gestionnaire, le statu quo serait beaucoup
plus sécurisant.
M. Saintonge: Je ne demande pas si
c'est sécurisant, je vous demande au point de vue...
M. Ménard: C'est ce que je vous dis. Ce serait beaucoup
plus sécurisant, dans le sens qu'il y a une provision d'adoption
automatique. Jusqu'à maintenant, les budgets de la CRO ont toujours
été adoptés. La seule chose que je peux vous
répondre, c'est que je ne le sais pas, que c'est sûr que le
défi est plus grand, mais, d'autre part, les budgets ont toujours
été adoptés. La clause d'adoption automatique,
évidemment, pour ceux qui ont à gérer la boîte,
était bien sécurisante. Je ne sais pas si cela répond
à votre question, mais la clause d'adoption automatique, au niveau de la
CRO, à ma connaissance, n'a jamais été prise comme une
réalité, parce que le conseil de la CRO a toujours
travaillé le budget déposé et a toujours
façonné à son désir politique les budgets
déposés.
M. Saintonge: Vous n'avez pas de préférence. Vous
ne pouvez pas nous donner un point de vue sur la nouvelle clause, nous dire si
vous êtes pour la nouvelle clause, telle que présentée avec
le quart du budget.
M. Ménard: Je vous avoue que non, je n'ai vraiment pas
d'opinion, dans le sens que, comme je vous le dis, j'ai l'impression que l'on
peut vivre avec les deux, mais le statu quo est toujours plus
sécurisant. Connaissant la façon dont on a toujours
étudié les budgets à la CRO, j'ai l'impression qu'on peut
vivre avec les deux.
M. Saintonge: D'accord, je vais revenir à votre livre
gris. Vous avez une proposition détaillée qui a été
présentée, en fin de compte, ce que vous appelez le livre gris,
qui date d'août 1982, si je ne me trompe, et qui traduisait un certain
consensus.
Est-ce que je me trompe, d'après ce que vous avez
mentionné tantôt, si je dis que, depuis août dernier,
à la suite de certains dossiers contentieux, vous mentionnez que
certaines municipalités ont pu modifier peu à peu leur position
conciliante? Ce qui a pu entraîner des divergences entre diverses
municipalités, des divergences même importantes à certains
points de vue, d'après ce qu'on a pu constater aujourd'hui. Est-ce que
je peux conclure en ce sens-là, d'après ce que vous mentionnez
dans votre mémoire?
M. Ménard: Oui, effectivement, M. le député,
c'est que le livre gris avait été adopté à la
majorité du conseil, mais il demeurait à l'intérieur du
livre gris certains points de divergence, entre autres la notion de
représentativité par rapport à Gatineau, la notion de
territoire par rapport à Pontiac et la notion d'usines par rapport
à la municipalité d'Aylmer, une usine en particulier, soit
l'usine de Deschênes, et la préoccupation d'un maire rural
à ce moment-là, le maire de la municipalité de Hull-Ouest,
par rapport à un manque de préoccupation en général
dans le livre gris pour des questions d'ordre rural.
À partir de ce moment-là, la question de la
répartition des coûts n'avait rien de contentieux. Effectivement,
depuis ce temps-là, la question de la représentativité est
demeurée, c'est-à-dire que le premier compromis - là, je
reviens au premier rapport Luck qui est en annexe - du 4-4-2,
c'est-à-dire quatre pour Hull, quatre pour Gatineau, deux pour Aylmer,
un pour les autres, celui-là avait fait l'objet d'une divergence
à Gatineau et cette divergence a toujours continué.
Au niveau du partage des coûts, d'autre part, tout le monde
s'entendait sur la tarification, jusqu'au mois de mars dernier. Les autres
éléments de divergence étaient demeurés.
L'élément le plus nouveau entre le livre gris et les
différentes positions qui ont été énoncées
aujourd'hui, c'est au niveau de la tarification où là, vraiment,
cela s'est brouillé, où était très claire la notion
de tarification selon les unités de mesure mesurables, selon les charges
à l'usager; c'était écrit de façon précise
dans le livre gris et cela diffère considérablement quand on
écoute les mémoires aujourd'hui.
M. Saintonge: C'est dans ce sens qu'on peut parler dans certains
cas de municipalités où il y a des inégalités ou
des anomalies.
M. Ménard: Exactement.
M. Saintonge: Une question se pose à ce moment-ci...
Évidemment, je ne suis pas de la région de l'Outaouais et
j'avouerai que je ne suis pas un expert dans ce domaine. Je suis quand
même capable de m'intéresser au sujet et de lire un peu
là-dessus. Ce que je veux noter, c'est qu'il y a deux choses qui me
frappent vis-à-vis de ce que vous me confirmez actuellement de par votre
position. Il y a d'abord l'urgence qu'on a mentionnée tantôt de
procéder à la réforme qui est souhaitée depuis
quatre ans, sept ans et même davantage. Et je regarde aussi ce qu'on nous
a mentionné au niveau du CRDO tantôt. On disait, au niveau de
l'ensemble de l'Outaouais, qu'il était important de s'assurer de ne pas
affaiblir toute la région en ses diverses composantes, non seulement la
CRO, mais aussi certains territoires regroupés en MRC, et qu'il y avait
lieu d'être très prudent là-dessus. Cela me semble
être le message que je retiens de la conclusion du CRDO.
Pour vous, devant l'urgence qu'il y a de corriger la situation, de
corriger des
anomalies, de corriger des inégalités, est-ce qu'avec le
projet de loi, tel que déposé actuellement, tout en constatant
que la réforme est souhaitée et voulue par le milieu, dans le
cadre actuel où on est en train de réaliser cette réforme,
malgré le peu de délai de consultation, malgré le peu de
chance que les divers corps intéressés ont de pouvoir
réagir aux propositions ou aux commentaires de l'un et de l'autre et de
pouvoir en discuter. Il vous parait souhaitable que cette réforme, si on
veut vraiment corriger les inégalités, les anomalies et fixer le
tout pour les cinq prochaines années au minimum, subisse le processus
qu'on vit actuellement devant nous, c'est-à-dire se fasse, d'une
certaine façon, suivant un terme, je pense, qui est assez
évident, à la vapeur, à la sauvette?
M. Ménard: Malgré tout...
M. Saintonge: Au fond, ce que je veux dire, c'est que cela donne
une période maximale de quinze jours. À partir du temps où
on a les mémoires, cela nous donne à peine une semaine ou,
disons, pour être généreux, dix jours pour adopter tout
cela.
M. Ménard: Malgré tout, je pense que oui, M. le
député. Quand je pense, entre autres, aux nombreuses
représentations, je vais en citer une du maire de Buckingham qui
dit...
M. Saintonge: II n'est pas ici.
M. Ménard: Non, il n'est pas ici, mais il dit: Cela fait
trois ans et demi que je porte quatre chapeaux à la table de la CRO. Il
y a trois maires qui n'ont aucune voix au chapitre officiel dans la CRO. C'est
un des éléments qui a toujours été mentionné
comme faisant partie de l'urgence d'agir. On a un règlement en
requête de cassation devant les tribunaux et si, effectivement, il n'y a
pas un correctif tout à fait spécifique inclus dans la loi, on
risque d'être obligé de répartir rétroactivement
à toutes les municipalités, y compris les municipalités
rurales, une facture d'assainissement. Or, tout le monde s'entend pour dire que
les municipalités rurales n'ont pas à payer pour
l'assainissement. Cela fait l'unanimité, que les municipalités
rurales n'ont pas à payer pour l'assainissement sauf que, de la
façon que la loi actuelle est faite, M. le député, elle
dit qu'en l'absence d'un tarif, c'est réparti selon le potentiel fiscal
de toutes les municipalités. La loi ne dit pas "aux municipalités
desservies". Nous demandons que le projet de loi inclue la notion de
"municipalités desservies". La loi actuelle dit: "de toutes les
municipalités". C'est une des choses qui font qu'il est urgent de
procéder à cette réforme, parce qu'on s'est enfargé
dans tout le règlement du fait que les mécanismes de
"tarification" ne sont pas clairs, parce que la notion
"immobilisation-exploitation" n'est pas claire non plus, quand on parle aux
différents ministères. On est alors enfargé dans notre
règlement qui avait fait l'objet d'un consensus à la table de la
CRO. C'est une situation avec laquelle on va devoir vivre. On a aussi des
causes à la Cour d'appel par rapport à des litiges qui durent
depuis de nombreuses années, par rapport à toute la question des
conduites mal tresses. Je ne vous dis pas que c'est la solution miracle ou la
solution finale, mais au moins, il y a peut-être des nouvelles tentatives
à essayer de faire là-dedans. Il y a une facture de 1 000 000 $
qui traîne dans les airs et qui accumule des intérêts.
Ce sont certains points qui ont souvent été
soulevés à la table du conseil et qui nous faisaient dire que
c'était urgent. Cela ne fait pas seulement deux semaines que c'est
urgent, cela fait déjà un bon bout de temps qu'il est urgent,
oui, de procéder à une réforme de la loi sur la CRO.
M. Saintonge: Par exemple, dans les cas que vous avez
mentionnés, où vous avez des poursuites en cour pour certaines
dispositions imprécises de la loi, je ne penserais pas que les
modifications actuelles de la loi vont régler votre problème pour
le passé. Je pense bien que, à ce moment-là, la justice va
suivre son cours, les contradictions évidentes dans la loi
antérieure, et que c'est le tribunal qui se prononcera sur le partage de
ces factures, à moins qu'on fasse un règlement hors cour. (3
heures)
M. Ménard: C'est-à-dire que, M. le
député, seulement pour vous informer un petit peu plus, le
jugement qui est en appel va nous dire si, oui ou non, on pouvait faire quelque
chose, si c'était légal ou non de faire un chose, mais cela ne
nous donne pas plus la solution. Il va aussi devenir urgent de trouver la
solution, parce que le jugement va statuer, entre autres, si on parle des
conduites maîtresses, sur le passé, mais cela ne règle pas
la façon dont il faut le faire.
M. Saintonge: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Ménard: II faut, le plus rapidement possible, avoir le
maximum de ces mécanismes pour essayer de continuer à faire des
choses.
M. Saintonge: De ce que vous mentionniez tantôt, j'ai
retenu que, pour faire une consultation valable, cela prenait une information
tout autant valable ou éclairée. La question principale que je me
pose, à travers les commentaires qu'on a pu recueillir aujourd'hui, sur
certaines
divergences importantes qu'on reconnaît dans le milieu et dont on
a pu se rendre compte à travers les mémoires également,
vis-à-vis de tout cela, est-ce que vraiment la consultation faite
actuellement là-dessus va permettre d'établir une nouvelle loi
à la satisfaction des gens, qui va prévenir les
inégalités, les anomalies dont on pouvait se plaindre? Est-ce
que, tenant compte de tout cela, il n'y a pas danger, justement, de
créer d'autres problèmes aussi graves dans la nouvelle
restructuration de la CRO, vu le manque de temps pour donner un
éclairage complet de la situation et voir l'interrelation qu'il y a
entre les différents intéressés?
M. Ménard: Le seul commentaire que je vous fais, M. le
député, c'est qu'à mon avis cela ne peut être pire
qu'actuellement. Cela peut seulement litre mieux.
M. Saintonge: Je suis d'accord avec vous, mais j'ai
déjà dit au ministre, dans une certaine circonstance, que cela ne
saurait être pire que la situation qu'on avait auparavant. Je pense que,
si on veut corriger quelque chose, il faut le corriger comme il faut.
Une dernière question. Est-ce que vous avez pu distribuer aux
municipalités avant ce soir le mémoire que vous nous avez
présenté aujourd'hui? Est-ce que les municipalités de la
CRO ont ou auraient pu avoir copie de votre mémoire ce matin?
M. Ménard: Elles l'ont eue ce soir, M. le
député.
M. Saintonge: II n'a pas été possible de la leur
donner ce matin? Aurait-il été possible de le faire?
M. Ménard: C'était par respect pour la commission
parlementaire, M. le député. Je pensais qu'il était dans
l'ordre des choses que le message que je livrais à la commission
parlementaire soit réservé de prime abord à la commission
parlementaire; les gens en ont eu des copies au moment où je livrais mon
message à la commission parlementaire. Si cela n'est pas la
règle, j'aurais pu le distribuer avant, effectivement, mais je pensais
que c'était l'usage.
M. Saintonge: Ce n'est pas que je veuille contester une question
de règle ou d'usage. Étant donné que votre mémoire
rendait compte de certaines conclusions qui découlaient d'un consensus,
du moins de ce que vous avez appelé tantôt une espèce de
prise de position qui datait d'août 1982, vu que cela n'avait pas
été discuté par les municipalités
concernées, elles auraient pu au moins avoir la chance, à mon
point de vue, de réagir à votre mémoire, à tout le
moins si elles en avaient pris connaissance antérieurement; de la
même façon, on aurait souhaité vous entendre en premier,
comme on l'a mentionné au ministre. Cela me serait apparu important, en
tout cas, à ce moment-ci, que les municipalités aient pu
réagir pour vraiment nous dire si les données que vous mentionnez
dans votre mémoire, que ce qui est contenu dans votre mémoire est
en accord avec les vues des diverses municipalités qui composent la
CRO.
M. Ménard: Je pense, M. le député, que, si
on décode les mémoires des différentes
municipalités, elles réagissent à ce mémoire parce
qu'elles réagissent à toute la situation qui est discutée
depuis plus de deux ans. Ce n'est peut-être pas dit sous la même
forme, mais, si vous reprenez les prises de position des divers
mémoires, effectivement, elles réagissent exactement sur les
mêmes points.
M. Saintonge: J'imagine que les points en suspens, les gens les
connaissent. D'accord. Je vous remercie de votre intervention et je veux
également profiter de l'occasion pour remercier tous les intervenants
qui sont encore ici et qui ont assisté avec intérêt et
diligence à nos travaux. Je les remercie de leur participation et
d'avoir éclairé la commission.
M. Ménard: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, pour le mot
de la fin.
M. Léonard: M. le Président, moi aussi, je dois
remercier tous les participants à la commission qui ont eu,
évidemment, beaucoup de patience. Vous voyez que, parfois, nos travaux
sont longs, finissent tard. Ce n'est pas nécessairement le fait du
gouvernement. Vous avez connu l'Opposition dans une de ses bonnes
journées. Tout récemment, il y a eu une commission parlementaire
où il n'y avait rien là et qui a duré neuf semaines. Vous
pouvez vous imaginer...
M. Saintonge: "Ni de près, ni de loin". On ne commencera
pas cela, ce sont des discussions...
M. Léonard: Vous voyez comment c'est.
M. Middlemiss: On a entendu ces gens nous dire de mettre nos
sièges en jeu.
M. Léonard: Oui, oui, d'accord.
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
M. Léonard: Je donne le mot de la fin et c'est la fin de
la commission.
M. Saintonge: Je veux faire une question de règlement.
M. Léonard: Allez-y!
M. Saintonge: Le ministre semble dire que l'Opposition a voulu
délayer les travaux, mais je voudrais faire remarquer qu'on est
conscient qu'il est 3 h 05 du matin. Je vous ferai remarquer que l'Opposition
n'avait rien à voir avec la fixation des auditions d'aujourd'hui. Nous
avons donné notre consentement pour prolonger les travaux afin de
pouvoir vous entendre aujourd'hui. Le délai d'environ sept heures trente
minutes pour entendre les sept mémoires, l'Opposition n'a rien à
voir là-dessus. Je pense que nous avons tenté de faire notre
travail le plus sérieusement possible.
M. Léonard: ...question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, terminez.
M. Léonard: Je pense que c'était exactement une des
bonnes journées de l'Opposition. En conclusion, j'invite les élus
municipaux de la Communauté régionale de l'Outaouais à
examiner, à regarder très attentivement le projet de loi 28, avec
les yeux de la recherche d'un consensus régional que nous avons
déjà décelé chez elle, qui a d'ailleurs
été consigné dans ce qu'elle appelle elle-même le
livre gris dont nous avons parlé au cours de l'hiver, du printemps,
même jusqu'à la dernière minute. Ceci explique que le
projet de loi est arrivé plus tard que prévu à l'origine.
À un moment donné, il y a des choses qui ont progressé et
des discussions qui se sont faites. Je pense que cela fait partie de la
consultation.
Aujourd'hui, nous avons complété l'audition des
mémoires ou presque. Il y aura encore des discussions sur des
détails. Je pense bien que mes fonctionnaires pourront communiquer avec
vous. Nous allons-maintenant procéder, dès la première
heure demain, l'équipe du ministère, pour étudier chacune
des suggestions qui ont été formulées ici aujourd'hui.
Nous allons en faire l'analyse, en peser l'impact dans certains cas. Nous
allons proposer des amendements et des bonifications à la loi. Je crois
savoir, d'après les discussions qu'il y a eu entre les leaders, qu'on
passerait à la deuxième lecture mardi, je crois, à
l'Assemblée nationale. À ce moment-là, au cours de la
deuxième lecture, nous aurons l'occasion d'annoncer les résultats
des auditions que nous avons tenues aujourd'hui. Il y aura par la suite,
l'étude article par article, comme on le fait avec un projet de loi, et
une adoption en troisième lecture.
Je pense que, compte tenu de tout le contexte, il est important d'y
arriver le plus rapidement possible. Je vous remercie.
Le Président (M. Brouillet): Je remercie tout le
monde. Je demande au rapporteur désigné de faire rapport à
l'Assemblée le plus tôt possible. Comme la commission arempli le mandat qui lui avait été confié, j'ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 3 h 05)