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(Quinze heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements débute ses travaux. Le
mandat de la commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 139, Loi modifiant la Loi sur les
pesticides. Alors, Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui. Mme Pelchat (Vachon) est
remplacée par M. Gauvin (Montmagny-L'Islet).
Projet de loi 139
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, est-ce que vous avez des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mme la Présidente,
vous me permettrez de reprendre certains des points que j'ai eu à
énoncer au moment de l'adoption du principe du projet de loi, qui a
été adopté unanimement par l'Assemblée nationale du
Québec. La question du contrôle des pesticides comme telle n'est
pas une question qui est nouvelle. Elle a fait l'objet de législations
dans le passé et d'engagements gouvernementaux quant à la
réglementation. Comme ministre de l'Environnement, j'ai effectué
des consultations auprès des divers intervenants dans le domaine,
auprès des unions municipales, auprès des groupes
environnementaux, et nous proposons, par le projet de loi 139, des
modalités qui peuvent être encore bonifiées, qui peuvent
être encore améliorées, mais qui, à notre sens,
représentent une situation d'équilibre.
Présentement, comme vous le savez, Mme la Présidente, il y
a une municipalité au Québec, entre autres, qui s'est rendue
jusque devant les tribunaux de droit commun, la Cour supérieure, pour
faire reconnaître son droit d'interdire sur son territoire l'usage des
pesticides. Cette municipalité a fait face à une opposition
légale de la part des individus et des corporations qui oeuvrent dans ce
commerce, dans cette activité. Le juge de la Cour supérieure a
retenu les arguments de la municipalité et a rendu un jugement à
l'effet que c'était un droit de la municipalité de Hudson
d'interdire l'utilisation des pesticides sur son territoire. Maintenant, ce
jugement est porté en appel, Mme la Présidente. Je ne sais pas
plus que l'Opposition, là, ce qu'il adviendra de l'appel. Mais la
situation de fait présentement, au
Québec, c'est que toutes les municipalités du
Québec peuvent s'inspirer de ce jugement et adopter un petit peu
pêle-mêle une législation ou une réglementation qui
peut aller jusqu'à interdire, etc., là, l'usage des pesticides.
(15 h 20)
Ce que nous tentons de faire par le projet de loi, c'est de poser des
normes acceptables en matière d'utilisation des pesticides sans
interdire aux municipalités qui désirent aller plus loin de le
faire. Nos indications sont à l'effet qu'une vingtaine de
municipalités au Québec, principalement dans le West Island,
possiblement quelques autres en banlieue, ont l'intention de se
prévaloir de cette possibilité. La plus grande majorité
des municipalités va s'en remettre à l'application de la
législation et de la réglementation québécoise qui
va en découler. Ces informations, je vous les communique suite à
une réunion de la table Québec-municipalités où
j'ai eu l'occasion de discuter avec les représentants du monde
municipal.
De plus, le projet de loi simplifie, rationalise, fait en sorte que des
ressources qu'on consacrait autrefois à un petit peu de
suradministration de papiers vont être allégées. Je pense
que c'est souhaitable que nos ressources soient davantage consacrées
à des éléments plus positifs en matière
environnementale, dans un contexte où il est de plus en plus difficile
d'obtenir des ressources additionnelles.
Le projet de loi ne va pas suffisamment loin, moi je le dis comme
ministre de l'Environnement. J'aurais souhaité que le projet de loi
aille plus loin dans le domaine de l'agriculture, entre autres, et dans le
domaine de la foresterie. On sait que plus de 80 % des pesticides sont
utilisés en milieu agricole, 15 % à peu près en milieu de
foresterie. Lorsqu'on parle de ce qu'on réglemente, c'est 1 %,
finalement, Mme la Présidente. C'est un pas dans la bonne direction,
mais c'est un pas modeste. C'est un pas très timide, qui a des
conséquences sur les populations urbaines, directes, davantage, mais qui
ne règle pas de façon satisfaisante toute la question de
l'utilisation des pesticides en milieu agricole et en milieu forestier. Je
pense que c'est un défi pour le législateur, pour les membres de
l'Assemblée nationale, d'aller encore plus loin dans ces domaines parce
que ce qu'on contrôle, c'est ce qu'on étend sur nos gazons. On ne
contrôle pas ce qu'on mange, parce que ce qui est étendu sur nos
produits- alimentaires, on finit par le consommer. On ne contrôle pas non
plus, par ce projet de loi, ce qui se passe en milieu forestier. On sait qu'il
y a plusieurs intervenants dans ce domaine-là, dont les gens de Loisir,
Chasse et Pêche. Lorsque vous étendez des produits chimiques et
que ça se retrouve dans les cours d'eau et que l'orignal et le chevreuil
les consomment, et que vous consommez ce que vous tuez au moment de la chasse,
vous mangez indirectement des pesticides.
Si j'ai un reproche, ou si j'acceptais un blâme quant à ce
projet de loi, c'est qu'il ne va pas justement aussi loin qu'on pourrait le
souhaiter. Ceci étant dit, je me dois de vous souligner que, en ce qui
concerne le milieu forestier, nous avons reçu au cours des
dernières aimées une collaboration du ministère des
Forêts, que le Bureau d'audiences publiques en matière
environnementale a été mis à contribution en ce qui
concerne les forêts et que nous avons accompli des progrès que je
qualifie de raisonnables, compte tenu des impératifs de
développement économique et de protection de l'environnement. En
ce qui concerne le milieu agricole, nous avons annoncé, au mois de
janvier ou de février de cette année, un protocole d'entente avec
le ministère de PAgriculture qui va nous permettre de progresser.
Mais, encore là, il serait souhaitable que ces progrès
soient accélérés. Pour ce faire, nous aurons à
revenir à la charge et, encore une fois, à solliciter le
consentement de tous les députés de l'Assemblée nationale.
Je tiens à remercier tous ceux et toutes celles qui nous ont
accordé leur support pour l'adoption du principe. S'il y avait des
modifications qui peuvent, à cette étape-ci, bonifier le projet
de loi tout en maintenant ces objectifs, nous les étudierons avec un
esprit de collaboration et d'ouverture. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, Mme la Présidente. D'abord, je voudrais
souligner le fait que, malheureusement, je n'ai pu participer au débat
sur l'adoption du principe. Cependant, notre formation politique a souscrit au
projet de loi par la voix de mon collègue, le député de La
Prairie et ancien critique en matière d'environnement. Je veux donc le
remercier d'avoir assumé cette responsabilité en mon absence.
Cela étant, je veux maintenant revenir sur le fond du projet de
loi que nous voulons étudier. J'écoute le ministre qui nous dit:
C'est insatisfaisant. Ça ne va pas assez loin. Moi, Mme la
Présidente, j'ai le goût de dire au ministre que s'il s'occupait
d'abord de faire ce qu'il dit qu'il va faire plutôt que de toujours dire
qu'il pourrait aller plus loin, ce serait déjà tellement mieux.
On aurait déjà fait un pas tellement grand dans la bonne
direction.
Là, j'ai pris la peine d'aller relire les débats de
l'Assemblée nationale du 19 mai 1987. Ce n'était pas le ministre
actuel qui était à l'Environnement. C'était un de ses
collègues. C'était M. Clifford Lincoln, qui nous dit quels sont
les objectifs qu'il a poursuivis en adoptant ou qu'il poursuivait en adoptant
la loi que nous amendons sur la gestion des pesticides. Alors, il se fixe un
certain nombre d'objectifs. Il dit: Premièrement, la rationalisation de
l'usage des pesticides afin d'en diminuer la quantité;
deuxièmement, et je le cite au texte: «Nous voulons augmenter la
compétence des vendeurs et des utilisateurs de pesticides»;
troisièmement, nous voulons avoir une meilleure connaissance de
l'utilisation des pesticides et de leur impact sur la santé et
l'environnement au Québec; enfin, la loi vise à donner au
ministère de l'Environnement les outils juridiques nécessaires
pour contrôler adéquatement la situation de la vente et de
l'utilisation des pesticides au Québec. Il ajoute plus loin: II instaure
des codes de gestion de même qu'il prévoit la tenue de registres
ou de bilans pour les intervenants majeurs.
Tout au long de l'adoption du projet de loi en 1987, le ministre va
faire référence à ce fameux code de gestion.
Première question: Où en est-on avec le code de gestion?
1987, nous adoptons le projet de loi sur la gestion des pesticides. À ce
que je sache, c'est six ans plus tard. Où est le code de gestion? Quand
a-t-il été déposé? Quand a-t-il été
adopté? Comment est-il appliqué? Moi, je pense, Mme la
Présidente, que si on voulait être responsables, on devrait
refuser d'étudier le projet de loi si on n'avait pas le code de gestion
entre les mains. C'est inadmissible. Le projet de loi de 1987 le
prévoyait. Nous amendons le projet de loi de 1987 et nous n'avons
toujours pas le code de gestion entre les mains.
Deuxièmement, j'aimerais bien entendre le ministre sur les
objectifs que s'était fixés le ministre de l'Environnement de
l'époque, son prédécesseur à cette tâche.
Rationalisation de l'usage des pesticides, augmenter la
compétence des vendeurs et des utilisateurs, meilleure connaissance de
l'utilisation. Bon. J'ai lu le bilan de l'état de l'environnement au
Québec, Mme la Présidente, et je constate que ce sont des
données un peu disparates qui vont... On parle de l'année 1978,
de l'année 1985. Qu'en est-il de la connaissance qu'a le
ministère de l'état de situation de la gestion des pesticides au
Québec, de leur utilisation, dans quelle quantité, par qui,
comment, quels sont effectivement les effets que l'on a constatés sur la
santé humaine, sur la santé animale? Le ministre faisait
référence au fait qu'on envoyait dans le cycle environnemental
et, évidemment, dans le cycle agro-alimentaire, par
l'intermédiaire du fait que les animaux consomment des herbes ou des
produits de la terre qui ont été soit contaminés ou, du
moins, pour lesquels on a utilisé des pesticides qui ont un effet,
éventuellement, sur la consommation de ces mêmes produits animaux.
Est-ce qu'il y a des études faites sur ça? De quel ordre? Quel
est l'état de situation actuel?
Cette question du code de gestion, c'est, à mon point de vue,
absolument inadmissible qu'on se retrouve six ans plus tard, après avoir
adopté une loi, sans code de gestion. D'ailleurs, le cas auquel le
ministre fait référence en ce qui concerne la municipalité
de Hudson, c'est relié au fait justement qu'il n'y avait pas de code de
gestion et que la municipalité y est allée en disant: Bon bien,
voilà, puisqu'il y a une loi, nous nous prévalons de notre...
Nous assumons, pardon, notre responsabilité comme municipalité et
nous allons éliminer la possibilité qu'on épande certains
pesticides dans notre municipalité.
Quand les règles ne sont pas claires, ça donne lieu
à ce type d'intervention et ça donne lieu à ce type de
décision. Peut-être est-elle valable. Les tribunaux trancheront.
Ce n'est pas mon propos de toucher au fond de la question, mais je veux bien
parler de la forme, par exemple, et je veux bien entendre le ministre me
répondre sur ces questions-là. (15 h 30)
Autre élément, Mme la Présidente. Il y a
actuellement des objections qui se manifestent. Elles viennent soit de
l'association des professionnels, des vétérinaires et des
pharmaciens. Alors, j'aimerais bien, évidemment, entendre le ministre
éventuellement, lorsque nous aborderons ces questions-là. Les
horticulteurs aussi ont fait valoir un certain nombre de craintes parce qu'ils
voient apparaître une multiplication de règlements possibles fort
disparates à travers les municipalités et ils craignent ainsi de
voir un petit peu leur travail remis en question ou l'économie de leur
activité remise en question. Alors, j'aimerais aussi entendre le
ministre sur ces questions-là.
Dernier élément pour l'instant. Le ministre, M. Lincoln,
s'était vanté à plusieurs reprises, au moment de son
intervention en 1987, du fait qu'il allait implanter des
pénalités très importantes pouvant varier de 6000 $
à 60 000 $, de 2000 $ à 20 000 $, de 4000 $ à 20 000 $, de
500 $ à 3000 $. Quel est le bilan actuel, au ministère de
l'Environnement, quant aux pénalités et quant aux poursuites?
Combien d'entreprises ont été poursuivies? Pour quelles raisons?
Et quelles sont les pénalités qui auront été
appliquées?
Avant qu'on commence l'étude du projet de loi, j'aimerais avoir
réponse à mes questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Des réponses à
ces questions-là. Parfait. Alors, M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mme la Présidente,
comme j'ai eu l'occasion de l'indiquer au moment de l'adoption du principe du
projet de loi... Et je me joins à Mme la députée de
Taillon pour remercier l'ancien critique en la matière, le Dr Lazure,
député de La Prairie, d'être intervenu au nom de sa
formation politique. J'ai eu l'occasion d'indiquer, à l'occasion de
cette intervention à l'Assemblée nationale, que le code de
gestion prévu à l'origine en embrassait plus large que le
ministère de l'Environnement pouvait en contrôler. À titre
d'exemple, lorsque vous en êtes rendu à prescrire le modèle
des gants que doit porter l'individu qui approche ce type de produit là,
vous entrez dans un domaine de juridiction qui, traditionnellement,
relève de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. D'ailleurs, la Commission de la santé
et de la sécurité du travail a relevé un défi
incommensurable en traitant de tous les produits dangereux à travers un
organisme qui s'appelle le SIMDUT, «WHMIS» en anglais. Tous ces
produits-là doivent être étiquetés, le contenu
identifié en cas d'accident, les gens qui les manipulent doivent porter
tel type de vêtements. On se retrouvait dans une situation où on
redoublait, avec des ressources infiniment moindres à l'Environnement,
tout le travail qui était effectué par la Commission de la
santé et de la sécurité du travail.
Donc, il a fallu reprendre le code de gestion. Et, là, je ne
blâme pas qui que ce soit. Dans le passé, lorsque, en 1987, mon
prédécesseur, M. Lincoln, avait parlé de ces
choses-là, l'entente sur le système d'information des
matières dangereuses n'était pas signée entre toutes les
juridictions canadiennes. Donc, le centre, qui est situé, si ma
mémoire est fidèle, à Hamilton en Ontario, n'avait pas
démarré ses activités. Donc, aujourd'hui, on peut
bénéficier et jouir de tout ce système-là et
réduire par le fait même, sans abandonner la
sécurité du travailleur, notre domaine d'intervention et le
concentrer sur ce qu'il y a de plus écologique.
En ce qui concerne l'agriculture, je ne voudrais pas minimiser non plus
ce qui a été fait lorsque mon prédécesseur parlait
d'éducation des distributeurs et des utilisateurs. Je pense qu'il faut
être représentant d'une circonscription rurale pour savoir que nos
cultivateurs qui utilisent ces produits-là doivent suivre des cours, que
les vendeurs doivent également suivre des cours. Je ne vous dis pas que
le système est parfait, je vous dis tout simplement qu'il a
amélioré la situation. Moi, j'ai eu des cultivateurs qui sont
venus se plaindre qu'on les obligeait à suivre les cours. On leur a
expliqué que c'était pour leur propre protection, que ces
cours-là devaient être maintenus. Chaque année, le ministre
de l'Environnement approuve le contenu du cours, et c'est demeuré
quelque chose qui est obligatoire.
En ce qui concerne les études, le bilan de l'Environnement, j'en
ai pris connaissance, mais j'ai eu l'occasion de souligner, en réplique
en deuxième lecture, au député de La Prairie qu'il avait
utilisé certains des arguments bien qu'il ait approuvé
l'adoption du principe que vous avez utilisé des extraits du
rapport du Vérificateur général qui a été
déposé à l'Assemblée nationale la semaine
dernière et qui, somme toute, n'adressait pas de blâme trop
sévère à l'endroit du ministère de
l'Environnement.
Il s'exprimait en ces termes: «Nous avons été
heureux de constater, au moment de notre suivi de la vérification de
l'optimisation des ressources pour 1989-1990, que le ministère avait
tenu compte de la majorité de nos recommandations. Toutefois, celui-ci
doit poursuivre ses efforts pour accroître ses connaissances sur la
qualité des milieux, pour mettre à jour sa réglementation,
pour mieux cibler ses interventions et, enfin, pour améliorer ses
activités de contrôle et de suivi.» En ce qui concerne les
pesticides comme tels, le Vérificateur général s'exprimait
comme suit: «Le règlement sur les pesticides requiert que les
vendeurs et les utilisateurs de pesticides détenteurs de permis
transmettent au ministère les états des transactions qu'ils ont
effectuées. Toutefois, ce dernier n'obtient pas tous les états de
transactions requis et il ne procède pas à l'analyse de tous ceux
qu'il a reçus. Le ministère examine présentement des
modifications à la Loi sur les pesticides dans le but d'en
alléger les modalités d'application et les
mécanismes de contrôle, et ce, dans une perspective
d'économie des ressources.»
C'est totalement exact. Le Vérificateur général a
complètement raison. Nous n'avions pas les effectifs, les ressources
pour même étudier les rapports qui nous étaient
acheminés, encore moins courir après ceux qui ne nous les
acheminaient pas. C'est pourquoi nous avons simplifié la
procédure dans ce projet de loi là, nous avons donné des
extensions. Lorsqu'on devient trop pointu, finalement, on ne peut plus
s'acquitter convenablement de notre tâche et le Vérificateur
général l'a souligné. L'an prochain, sans doute, il aura
l'occasion de dire encore une fois: Le ministère de l'Environnement a
tenu compte des propos du Vérificateur général et a
ajusté sa législation et sa réglementation aux
recommandations que j'ai faites. Moi, c'est ce que je souhaite. D'ailleurs,
j'ai envoyé une note au sous-ministre, M. Pronovost, à cet effet
de façon à ce que les recommandations du Vérificateur
général soient appuyées.
En ce qui concerne la municipalité de Hudson, bien, on pourrait
en discuter ad nauseam. Je pense que, sur le plan environnemental, il y a un
grand principe, en tout cas, auquel tous les environnementalistes se sont
ralliés au cours des dernières années, et j'ose croire que
Mme la députée de Taillon s'y ralliera également. Je pense
que ce projet de loi traduit très bien ce grand principe de la
commission Brundtland sur l'environnement: l'avenir de notre planète.
Penser globalement, agir localement. Ce que le projet de loi finalement fait,
c'est qu'il met sur pied une pensée globale pour la province de
Québec en ce qui a trait au contrôle des pesticides tout en
permettant aux localités d'en ajouter si elles le souhaitent à
propos. Je pense que si plus de législations gouvernementales
s'inspiraient du rapport Brundtland, nous aurions davantage de
législation et de réglementation en matière
environnementale qui répondraient davantage aux besoins de chacune de
nos collectivités. Ce n'est pas la même chose d'utiliser des
pesticides sur son parterre à Sept-Iles qu'utiliser des pesticides sur
son parterre à Hudson. Je pense que de reconnaître cet état
de fait n'est que de reconnaître une réalité à
laquelle nous sommes confrontés quotidiennement.
Vous avez eu des représentations, nous les avons eues aussi, de
l'Ordre des pharmaciens, etc. Il y a un amendement proposé à
l'article 1, Mme la députée de Taillon, qui, nous le souhaitons,
répondra à certaines des appréhensions exprimées
par ces professionnels qui nous ont fait valoir, à juste titre, que le
projet de loi pouvait être bonifié. En ce qui concerne les
horticulteurs, j'ai eu des représentations, vous en avez eu; les membres
du caucus du Parti libéral également, dans chacune des
régions, en ont eu. J'ai eu à présenter le projet de loi
au caucus et à rencontrer des députés également,
individuellement. (15 h 40)
Lorsque le député constate la portée du projet de
loi, l'état de fait, actuellement, qui fait en sorte que d'autres
municipalités peuvent faire ce que Hudson a fait et que, si on
n'intervient pas, on peut se retrouver dans une situation totalement
cacophonique sur le plan de l'intervention des pesticides... Les
députés, pour la majorité, m'ont
réitéré que dans leur région je vais vous
donner l'exemple de la mienne, le comté de Brome-Missisquoi: aucune
municipalité de mon comté ne m'a manifesté l'intention, si
le gouvernement provincial avait une législation et une
réglementation intelligentes, d'en ajouter. J'ai eu des
représentations des députés du West Island à
l'effet que quelle que soit l'intelligence de la législation ou de la
réglementation provinciale, certaines municipalités sont
déjà prêtes à bannir totalement toute utilisation de
pesticides. Comme ministre de l'Environnement, moi, je ne peux pas me lever
debout et dire à ces gens-là: Je ne vous permettrai pas de bannir
complètement l'utilisation de pesticides si vous... Mais je peux dire
aux gens, par exemple, qui sont dans le domaine, dans les municipalités
du West Island, si les gens le bannissent complètement, mais ne veulent
pas avoir de pissenlits sur leur parterre parce qu'ils ne trouvent pas
ça très décoratif... Vous avez je ne veux pas faire
d'annonce pour aucune chaîne de magasins des ferronneries qui
vendent une petite pioche avec laquelle tu l'enlèves
complètement. Ils engageront des étudiants l'été,
créeront des emplois pour les étudiants, et les pissenlits
disparaîtront. Maintenant, moi, je n'en fais pas un dogme comme tel. Il y
en a qui préfèrent encore les enlever avec des produits
chimiques. Bien, qu'ils utilisent des produits chimiques là où
c'est utilisé raisonnablement, sous permis et contrôle du
ministère de l'Environnement, par des compagnies professionnelles, etc.
Je ne défendrai pas à la personne d'engager un étudiant
pour aller enlever les pissenlits sur un parterre, par exemple. Ça,
là, ils structureront leurs affaires en conséquence.
En qui concerne les pénalités, je vais demander qu'on
fasse la recherche. Je n'ai pas l'information avec moi, Mme la
députée, et nous tenterons de vous fournir dans les meilleurs
délais... On a l'information globale des poursuites, mais on n'a pas
précisément, là, quant à cette législation,
les statistiques que vous nous demandez.
Discussion générale Mme Marois: Bon. Alors, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la députée
de Taillon.
Mme Marois: Merci. J'ai bien entendu le ministre. Il n'a pas
répondu à mes questions. Qu'il doive faire une recherche, je
l'admets et je n'ai pas d'objection à recevoir les informations un peu
plus tard sur les pénalités, les poursuites, leur valeur et les
secteurs auxquels on s'est attaqué. Où est le code de gestion?
Quand sera-t-il disponible? Quand? Avec une date précise, parce que le
gouvernement, le Parti libéral, Mme la Présidente, vous vous en
souviendrez sûrement, avait dit: Nous,
vous savez, notre slogan, ce sera «légiférer moins
mais légiférer mieux». On a probablement la meilleure
preuve aujourd'hui qu'on a légiféré probablement pas
très bien puisqu'on est obligé de revoir... Le
Vérificateur général dit: Bon, bien, écoutez, on
s'est emberlificoté dans un ensemble de petits...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas ça qu'il a
dit.
Mme Marois: ...de demandes qu'on est incapable de contrôler
et il faut revoir le tout, ce que le ministre, je lui en sais gré et je
le constate, fait. Il dit: On le revoit six ans plus tard. Mais entre les deux,
jamais n'est apparu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le rapport a été
déposé la semaine passée. On le fait cette semaine.
Mme Marois: Le rapport, oui, mais la loi, là, elle date de
1987. Nous n'avons toujours pas de code de gestion et, à ce que je
sache, non seulement elle n'a pas été applicable mais pas
appliquée, c'est-à-dire ni applicable... Mais ce que je constate,
c'est que le ministre ne peut pas me dire quel est l'état de situation
actuellement quant à l'utilisation des pesticides au Québec:
où, quand, chez qui, sur quel territoire, avec quel impact sur
l'environnement. Ce que je constate, c'est qu'il dit: Nos avions mis une
série de demandes auxquelles on devait s'astreindre de nous
répondre, ceux et celles qui utilisent des pesticides, qui sont
détenteurs de permis, de certificats. Nous n'avons pu traiter cette
information et nous ne pouvons vous donner l'information. C'est ça que
je comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous donner l'information,
sauf que...
Mme Marois: Un bilan. Ce que je veux avoir, c'est un bilan.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cette information-là ne
sera pas complète. Vous devez comprendre et si vous ne le
comprenez pas, je vais tenter de vous l'expliquer que, en matière
de pesticides, les homologations comme telles des pesticides qui peuvent
être épandus au Québec comme ailleurs au Canada
relèvent de la juridiction du gouvernement fédéral et, au
niveau de gouvernement fédéral, c'est le ministère de
l'Agriculture qui homologue lesdits produits. Il ne s'agit que de changer une
des composantes chimiques à l'intérieur d'un des produits
utilisés pour soit se qualifier, s'éliminer, etc. C'est une joute
qui est très rapide et où les intervenants ont des moyens
financiers assez incommensurables. J'ajouterai, pour le bénéfice
de ceux et celles qui liront ce Journal des débats, qu'à
l'occasion de la dernière rencontre du Conseil canadien des ministres de
l'Environnement, j'ai insisté auprès de la ministre
fédérale et de la prochaine présidente du Conseil canadien
des ministres de l'Environnement, qui sera la ministre du Nouveau-Brunswick,
à l'effet d'inscrire à l'ordre du jour toute la question des
pesticides. Si nous souhaitons obtenir une comptabilité fiable, il nous
faut à la fois agir sur le plan provincial et sur le plan
fédéral. Peut-être qu'avec la collaboration des amis de nos
amis d'en face à Ottawa on pourra questionner encore plus strictement le
gouvernement fédéral sur ses actions dans ce domaine. Mais sans
la collaboration des trois niveaux de gouvernement maintenant: le
fédéral, le provincial et le municipal, les portraits complets
seront difficiles à obtenir.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Je n'accepte pas les explications du ministre. Je les
comprends, malgré ce qu'il puisse vouloir en dire; je les comprends fort
bien, mais je ne les accepte pas, et il sait très bien, parce qu'il joue
sur les mots, actuellement, là, hein...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est votre rôle de ne pas
les accepter.
Mme Marois: Mais le ministère de l'Environnement, de par
sa loi, a fixé des normes, des règles, des exigences à
ceux et à celles qui utilisent des pesticides, qui obtiennent des
permis, qui en vendent, qui en étendent, qui en utilisent. Ce qu'il me
dit, c'est que ça n'a pas été
opérationalisé. Nous n'avons pu aller chercher l'information.
À partir du moment où un produit est homologué par le
fédéral, le ministre en est informé, sûrement.
Ça, là, s'il ne l'est pas, qu'il invoque sa propre turpitude.
Sûrement qu'il est informé. À partir du moment où un
certain nombre de produits sont homologués... Si, dans la loi telle
qu'elle est rédigée actuellement, le ministre peut obtenir de
l'information, qu'il n'a pu la traiter, qu'il me le dise: Oui, le
Vérificateur a raison, nous n'avons pu traiter cette information, et je
ne peux, Mme la députée, Mme la Présidente, faire
état du bilan puisque je ne l'ai pas. Je comprendrai ça,
là, bien, puis je dirai: La prochaine fois, dans un an, vous allez me
donner un bilan; on saura un peu de quoi on parle. Mais là, on ne le
sait pas.
Deuxièmement, le ministre évite toujours de
répondre à la question... Je ne veux pas qu'il revienne sur ce
bilan, on ne l'a pas; on le constate, là. Bon. Qu'il me dise quand son
code sera présenté. Quand le code de gestion des pesticides
sera-t-il présenté? Sera-t-il déposé? Je vous dis,
je suis prête à défendre d'abord et avant tout
l'environnement. Comme parlementaire, je devrais refuser, Mme la
Présidente, qu'on étudie le projet de loi. Un code qui est
prévu depuis six ans, dont on n'a pas la moindre idée, c'est
inadmissible. On adopte encore une loi, on va encore se référer
au code, et on ne l'aura toujours pas. Pour qui nous prend-on, Mme la
Présidente? Pour des irresponsables? Parce que c'est ça,
hein.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. J'ai eu l'occasion de
déposer à l'Assemblée nationale et de distribuer
l'état de l'environnement au Québec, une étude sur cinq
ans qui traite d'à peu près tous les sujets. D'ailleurs, j'ai
été étonné, pour ne pas dire estomaqué, que,
suite au dépôt de cette importante publication du ministère
de l'Environnement, il n'y ait pas eu de questions adressées au ministre
de l'Environnement par l'Opposition à l'Assemblée nationale. Le
bilan est bon, il est même très bien, mais on ne prétend
pas qu'il soit parfait. Il laissait donc une marge à un certain
questionnement de la part de l'Opposition officielle, qui a dû le trouver
encore meilleur que le gouvernement, compte tenu de l'absence des interventions
au niveau de la période des questions.
En ce qui concerne les pesticides, j'attirerais l'attention de Mme la
députée de Taillon, plus particulièrement à la page
217 du document, de même qu'à la page... À la page 217, on
traite plus particulièrement de ce qui a été fait de
façon plus pointue dans la municipalité régionale de
comté de Portneuf, compte tenu de l'utilisation de pesticides dans la
production des patates, pour qu'on se comprenne bien. C'était suite
à la demande du député de Portneuf de l'époque, qui
se souciait du bien-être et de la santé de la population qu'il
représentait et qui était lui-même ministre de
l'Agriculture. Nous avons effectué une évaluation beaucoup plus
pointue dans ce secteur-là, compte tenu du type de production agricole.
à la page 245 du bilan environnemental, vous retrouvez des superficies
traitées dans le cadre du programme de lutte contre la tordeuse de
bourgeons d'épi-nette. quand on disait tantôt que l'agriculture
représentait plus de 80 %, que la foresterie, plus ou moins 15 %, vous
retrouvez là des bilans qui touchent 99 % de l'utilisation des
pesticides au québec. si vous me dites que, dans le 1 % des pelouses, on
manque de la précision souhaitée ou souhaitable, là, je
vais m'en confesser. mais quand même, pour vous aider à
apprécier davantage, en milieu urbain, vous avez, à la page 431
du document, des éléments de statistiques pour le milieu
montréalais. je vous confesse que c'est perfectible; le
vérificateur général nous l'a dit la semaine
dernière. mais de dire qu'il ne s'est rien fait, de dire qu'il n'y a
aucune mesure, aucun contrôle, c'est de l'exagération qui
découle d'un rôle de l'opposition, mais il faut toujours faire
attention, qu'on soit au pouvoir ou dans l'opposition, de ne pas se faire
rattraper par la vérité. (15 h 50)
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Alors, je n'ai toujours pas... Deux choses. La
première, ça ne me convainc pas. Le ministre réfère
à un document qui, oui, est bien fait dans certaines de ses parties,
dans d'autres, laisse à désirer, non pas quant à la
qualité du travail fait proprement dit, mais les informations n'existent
pas. On ne peut pas les inventer. Bon. Dans ce sens-là, tout ce qui
concerne les pesticides... Il y a de l'information. Je ne dis pas qu'il n'y a
pas d'information dans ça. Je ne dis pas que ce n'est pas de la bonne
information, mais ce que je dis, c'est que ce n'est pas toute l'information.
C'est ça, la différence...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas à 100 %.
Mme Marois: ...et qu'il n'y a pas de bilan au sens strict du
terme. Le ministre faisait référence à Montréal. On
a aussi 12 puits privés dans les régions de Portneuf et de
FÎle-d'Orléans. On a des recherches qui sont faites d'une
façon pointue le ministre lui-même utilisait ce
terme-là dans certains milieux par rapport à certains
produits. Ce que je dis, c'est qu'on n'a pas la vision d'ensemble. Cela
étant, Mme la Présidente, je veux entendre le ministre sur la
question du code de gestion. Quand?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le code de gestion...
Mme Marois: La question est si simple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai posé la même
question à l'appareil administratif au niveau du ministère de
l'Environnement. L'appareil administratif m'indique qu'au printemps 1994 il
devrait soumettre au ministre, suite à sa commande, le code.
Mme Marois: Est-ce que ce sera pour prépublication
et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À partir de ce
moment-là, c'est le processus normal...
Mme Marois: Ça veut dire qu'on peut imaginer encore au
moins un an avant qu'un code de gestion ne soit appliqué. Si le ministre
met...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si...
Mme Marois: ...le même temps à résoudre
ça qu'il met à l'urgence qu'était la question des
évaluations d'impact, ça m'inquiète.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas à la fois
et là, je fais la distinction entre ce dossier-ci puis l'autre
s'opposer et dire que c'est urgent. Ça devient une espèce
de contradiction qui est difficile à soutenir en public. Sauf que, dans
ce cas-ci, je dénote qu'il n'y a pas la même opposition. Moi, je
souhaite... Si je pouvais l'obtenir en janvier, Mme la députée...
Je suis conscient que ces choses-là ne s'utilisent pas l'hiver. Donc, il
est question de saison. Si je pouvais l'obtenir des fonctionnaires au mois de
janvier, je ne traînerai
pas, je vais l'amener dans les comités interministériels
et je vais souhaiter une prépublication pour février, ce qui
pourrait nous permettre, dans un scénario optimiste, d'être en
application pour l'été 1994. Maintenant, moi, je suis simplement
ministre, je ne suis pas rédacteur de ces
éléments-là. Je vous remercie de la pression additionnelle
que... Je pense dénoter que vous souhaitez l'avoir le plus vite
possible. Vous exprimez en cela le même souhait que le ministre, et les
gens qui nous écoutent, là, prennent de bonnes notes.
Mme Marois: C'est déjà pas mal d'être
ministre. Il me semble que ça donne un certain nombre de pouvoirs et de
capacités d'agir. Est-ce que ça fait longtemps que vous avez
demandé ce code de gestion, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il a été
commandé en 1987 par mon prédécesseur.
Mme Marois: Et vous ne vous êtes jamais
inquiété du fait que vous ne l'ayez pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Régulièrement.
Mme Marois: ...auparavant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Régulièrement.
Mme Marois: Vous manquez d'autorité, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'on
aborde l'article 1?
Mme Marois: Sans savoir effectivement quel sera ce code de
gestion et tout en blâmant le ministre et pas ses fonctionnaires... Je
pense que le ministre se décharge trop facilement sur ses fonctionnaires
de ses propres responsabilités. Quand on a une exigence qui est dans une
loi, on demande à nos fonctionnaires, effectivement, de nous fournir les
outils utiles et, si ce n'est pas le cas, on s'en inquiète d'une
façon régulière, bien sûr, mais, surtout, on essaie
d'obtenir des résultats. Quand on ne les obtient pas, ce n'est pas
nécessairement la faute des personnes qui sont en place à ce
moment-là, mais ça peut être aussi, de la part du ministre,
l'incapacité qu'il a à obtenir ce qu'il veut.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La différence et je
le souligne à Mme la députée de Taillon, qui a
déjà été ministre lorsque vous demandez
qu'on vous produise un document pour telle période et qu'on
agrée, qu'on vous dit: Oui, M. le ministre, vous allez l'avoir, je suis
d'accord avec vous qu'il faut faire confiance. Lorsque vous le redemandez et
qu'on vous dit: Oui, M. le ministre, vous allez l'avoir, je suis d'accord avec
vous qu'il faut refaire confiance. Lorsque vous redemandez et qu'on vous dit
que, oui, M. le ministre, vous allez l'avoir, je pense avec vous qu il faut
encore faire confiance.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ceci
étant dit, j'appelle l'article 1, mais à l'article...
Mme Marois: Disons que vous me permettrez de ne pas toujours
être en accord avec le ministre sur ses derniers propos.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne me faites pas
confiance?
Mme Marois: Parce que je pense que si...
La Présidente (Mme Bélanger): Moi, je n'ai pas
à permettre ou à...
Mme Marois: Merci, vous êtes bien aimable de nous le
rappeler, Mme la Présidente. Vous avez tout à fait raison. Je
pense que lorsqu'on n'obtient pas de résultat, on procède
à des changements si c'est utile. C'est comme ça que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et c'est ce que nous avons
fait.
Mme Marois: Oui, mais ça ne paraît pas puisqu'on est
six ans plus tard, et que vous n'avez toujours pas votre code de gestion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. C'est ce que nous avons fait,
nous avons éprouvé... Et c'est votre prédécesseur
qui nous l'avait reproché à plusieurs reprises. Il nous avait
indiqué qu'il faudrait, au niveau de la direction des affaires
juridiques du ministère, qui relève du ministre de la Justice,
faire des pressions pour obtenir des changements. Après de longs
échanges avec le ministère de la Justice, mon collègue, le
ministre de la Justice, après évaluation de l'ensemble des
dossiers, a apporté les changements requis au niveau de la direction des
affaires juridiques. D'ailleurs, je pense que votre prédécesseur
nous en avait félicités, c'était tout juste avant votre
arrivée ou au moment de votre arrivée.
Mme Marois: C'est avant que des changements ne soient faits de
notre côté. C'est-à-dire que ça s'est passé
après, pardon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À peu près au
même moment. C'est ce que je disais.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va? Mme
Marois: Oui. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article...
Mme Marois: Je ne suis pas satisfaite, mais ça va. Nous
pouvons procéder.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais c'est conforme à
là vérité. Si ma vérité ne satisfait pas
madame...
Étude détaillée
Dispositions préliminaires
Interprétation
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 1. À l'article 1, il y a un amendement. C'est remplacer
l'article 1 du projet de loi par le suivant: L'article 1 de la Loi sur les
pesticides (L.R.Q., chapitre P-9.3) est modifié par le remplacement,
dans les sixième et septième lignes, des mots «d'un
médicament ou d'un vaccin», par les mots «d'un vaccin ou
d'un médicament, sauf s'il est topique pour un usage externe sur les
animaux.» M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. L'amendement est
apporté suite à des représentations de l'Office des
professions du Québec. Cet amendement proposé a pour but
d'indiquer dans la loi plutôt que dans un règlement la
catégorie d'un médicament qui est un pesticide au sens de la Loi
sur les pesticides.
Mme Marois: J'essaie de bien comprendre le sens de la
modification qui est apportée. Ce que la Corporation professionnelle des
médecins vétérinaires nous dit, et c'est la même
chose de la part des pharmaciens, c'est que ce n'était pas utile de
rajouter cela dans la Loi sur les pesticides et que les codes ou la Loi sur la
pharmacie prévoyaient déjà de telles situations. C'est ce
que je comprends de leurs représentations ici. On dit que le
libellé actuel, pas celui qu'on nous propose dans le projet de loi ou
celui que le ministre a déposé maintenant en papillon... Ce qu'on
nous dit, et je vais citer, peut-être que ça va nous permettre de
comprendre bien... On dit: Le libellé actuel c'est-à-dire
celui qu'on veut modifier, peu importe que ce soit par le papillon ou par
l'amendement qui exclut tous les médicaments de l'application de
cette loi correspond adéquatement au champ d'application des lois
professionnelles. En effet, seuls les pharmaciens et les
vétérinaires sont habilités à vendre des
médicaments destinés aux animaux, en vertu de la Loi sur la
pharmacie et de la Loi sur les médecins vétérinaires. Le
projet de loi 139 prévoit de soustraire à la juridiction de ces
lois professionnelles certains médicaments toxiques qui sont
considérés comme des pesticides. Or et je continue de
citer, Mme la Présidente ce sont plutôt certains pesticides
qui devraient être considérés comme des médicaments,
lorsqu'ils répondent à la définition qu'en fait la Loi sur
la pharmacie et on donne la définition, je...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux par vous interrompre,
Mme la députée de Taillon, mais votre argumentation, je pense, va
trouver réponse et là je ne sais pas si on les a
distribués...
Mme Marois: Dans le papillon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Dans le prochain
papillon.
Mme Marois: Ah bon, parce que dans celui que j'ai ici...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans celui-ci, vous avez raison,
ça ne répond pas à cette objection. Le prochain papillon
stipule qu'il ne s'applique pas à la vente à des fins
d'utilisation d'un médicament topique pour un usage externe sur les
animaux.
Mme Marois: Ah!
(16 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là, je ne vous en tiens pas
rigueur, il vient de vous être distribué. Ce qu'on propose,
finalement, c'est de ne pas assujettir à la Loi sur les pesticides
l'activité relative à la vente au détail des
médicaments topiques pour usage externe sur les animaux, laquelle
activité est déjà régie par la Loi sur la
pharmacie.
Mme Marois: Voilà. C'est ça, parce que je pense
qu'ils avaient raison sur ça. Je me dis qu'il y a des fois des
évidences.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mais ça, c'est le...
Finalement, c'est l'article 1.1 qu'on va insérer pour créer
l'exclusion.
Mme Marois: Attendez un petit peu. Je veux qu'on se comprenne.
Est-ce que ça veut dire que le premier papillon est conservé,
qu'on lui ajoute le second, ou c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, on lui ajoute le second, qui
est une exclusion pure et nette.
Mme Marois: Attendez un peu. On va relire bien pour mettre bout
à bout tout ça.
(Consultation)
Mme Marois: À la suite de ça, je comprends, c'est
que le deuxième papillon fait en sorte que l'on pourra continuer de se
procurer parce que je pense que c'était ça; il y avait
aussi de cela dans les oppositions j'imagine, des poudres pour les
tiques, les puces, peu importe, dans les boutiques pour animaux auxquelles on
s'adresse généralement pour faire ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ça. Oui,
parce qu'on dit que ça ne s'applique pas à la vente de ce
type de produits.
Mme Marois: D'accord. Maintenant revenons à l'autre aspect
de la question où je ne suis pas certaine qu'on vienne répondre,
en tout cas, aux attentes manifestées pas la Corporation professionnelle
des médecins vétérinaires du Québec, parce qu'on
garde le fait que certains médicaments soient couverts par la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, on garde une certaine
couverture par la loi, sauf pour les animaux. Ce qu'on dit dans le premier
amendement il faudrait le revoir au complet...
Mme Marois: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le remplacement des mots
«d'un médicament ou d'un vaccin» par les mots «d'un
vaccin ou d'un médicament, sauf s'il est topique pour un usage externe
sur les animaux». Ce qui est topique, pour usage externe sur les animaux,
on l'exclut; le reste est inclus.
Maintenant, on va là, j'utilise le mot dans son sens
commun on est plus libéral dans cette approche que l'ensemble des
autres juridictions canadiennes. Le ministère de l'Environnement, parmi
toutes les autres juridictions canadiennes, a pris cette juridiction même
sur les animaux. À partir du moment où nous avons les garanties
que c'est bien fait, nous pensons que d'autres peuvent s'en occuper et que,
finalement, s'il y avait même abus, ce serait marginal sur le plan
environnemental.
(Consultation)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'exclut que ce qui est externe
pour les animaux comme tel. Les crèmes, ces choses-là les
tiques, vous aviez raison de les mentionner le reste est inclus. Est-ce
que vous souhaitez d'autres exclusions? Nous autres, on n'est pas fermés
à d'autres exclusions.
Mme Marois: Non, non. On essaie juste de bien mettre bout
à bout ce que ça peut vouloir signifier, parce qu'on dit:
«Dans la présente loi, on entend par "pesticide" [...] d'un vaccin
ou d'un médicament, sauf s'il est topique...» Dans le fond, on
veut le couvrir, mais en même temps, on dit: Continuons de le laisser en
vente libre sans prescription particulière. Puis, c'est ça que
ça vient faire, l'autre amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le fond, c'est que la loi ne
couvrira pas ces éléments-là. Ils sont exclus.
Mme Marois: Est-ce que c'était utile de l'ajouter? M.
Paradis (Brome-Missisquoi): L'argument inverse. On peut toujours
prétendre vouloir tout couvrir, sauf qu'à un moment donné
il faut partir des ressources qui sont disponibles, concentrer sur les
éléments qui donnent le plus haut rendement. Compte tenu du
nombre de petits chiens, de petits chats et de petits animaux qui circulent, et
de ce que ça prendrait comme contrôle, pour le moment et je
ne dis pas qu'il ne faudra pas le faire plus tard les
bénéfices environnementaux nous semblent marginaux compte tenu
des efforts administratifs qu'il faudrait déployer pour les obtenir.
Le reste est visé, il n'est pas sans filet de
sûreté. C'est visé par la Loi sur la pharmacie. À
partir du moment où vous avez de la réglementation sur la Loi sur
la pharmacie qui intervient, le ministère de l'Environnement intervient
toujours pour faire part de ses commentaires. C'est le faire-faire.
Mme Marois: C'est parce que c'est ça. Je ne veux pas
prolonger inutilement le débat, mais ce que je comprends, c'est qu'on
modifie l'article 1 du chapitre I pour mentionner que certains
médicaments peuvent être considérés comme des
pesticides, «s'il est topique pour un usage externe sur les
animaux». On se comprend. Mais, en même temps, au chapitre IV,
à l'article 28, ce qu'on dit, c'est que, même si c'est le cas, on
pourra quand même continuer à se les procurer sans qu'il y ait
nécessairement de contrôle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans qu'il y ait de contrôle
de la part du ministère de l'Environnement.
Mme Marois: Oui, c'est ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui n'exclut pas l'application
de la Loi sur la pharmacie et de sa réglementation.
Mme Marois: Mais, à ce moment-là, c'est utile de le
mettre. C'est ça la question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Marois: Mon impression, c'est qu'on dit une chose et son
contraire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, parce que si on ne le disait
pas, il y aurait double application. Il y aurait la Loi sur la pharmacie qui
s'appliquerait et la Loi sur les pesticides.
Mme Marois: C'est parce que, là, on l'inclut, et en
même temps, on l'exclut.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): O.K. Non, non. On ne touche
qu'à la vente au détail.
Mme Marois: Oui, je suis bien consciente qu'on ne touche
qu'à la vente au détail, sauf que... Où est-ce que les
gens s'en procurent sinon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Chez le
vétérinaire.
Mme Marois: Chez le vétérinaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah ben...
Mme Marois: Mais, à ce moment-là, il est couvert
par la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le vétérinaire, lui,
peut s'en procurer chez un grossiste, et à ce moment-là, ce n'est
pas de la vente au détail.
Il est entendu que la vente en gros est soumise...
Mme Marois: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et que la vente au
détail ne l'est pas. C'est pour ça, peut-être, que
ça peut sembler contradictoire. C'est beaucoup plus facile de
contrôler la vente en gros que la vente au détail.
Vous avez encore vos chats, vous, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Ils n'ont pas de
puces, par exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des détails, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ils ne vont pas
dehors. Alors, il n'y a pas de puces. Il n'y a pas de pesticides dans la
maison.
Mme Marois: Est-ce que ça veut dire... Ce n'est pas
seulement le grossiste, parce que, regardez, à la section II, toujours
dans le chapitre IV, on avait l'article 28, qui commence le chapitre IV.
À la section I, c'est l'application. C'est là qu'on dit qu'on
pourra vendre des médicaments topiques pour un usage externe sur les
animaux, mais ce chapitre-là continue avec la section II qui a trait aux
permis.
(Consultation)
Mme Marois: La section des permis. Effectivement, ce qu'on se
pose comme question, c'est qu'elle couvre les grossistes et les autres
vendeurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je comprends votre question. Vous
dites que, à partir du moment où vous excluez du champ
d'application et des définitions, que vous retrouvez à la section
I, les détaillants oublions...
Mme Marois: C'est ça. (16 h 10)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les grossistes, là
il ne faudrait pas les retrouver au niveau des permis, à la
section II. C'est ça le sens de votre intervention?
Mme Marois: Là, essayons donc de revenir au fond.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Ça va. Moi, je
veux le tirer au clair. Je pense que...
Mme Marois: Oui. C'est parce que j'essaie de... Oublions les
questions de modalités. Les gens regarderont ça comment on
l'écrit. Dans le fond, ce qu'on dit, c'est qu'il y a cette fameuse Loi
sur les pesticides, que nous modifions aujourd'hui, et il y a,
évidemment, des lois sur la pharmacie et sur les médicaments.
Les corporations professionnelles nous disent que ces médicaments
topiques sont couverts...
M. Paradis (Brome-Missisquopi): Par la Loi sur la pharmacie.
Mme Marois: ...par la loi. Voilà, soit par le Code des
professions, soit par la Loi sur la pharmacie ou les lois sur les
médicaments. On dit que ça ne devrait pas être
considéré comme, effectivement, un pesticide.
Alors, ici, dans la loi, on dit qu'on pourra continuer de se le procurer
pour des fins d'utilisation sur les animaux, mais en même temps, c'est un
pesticide. Ce n'est plus un médicament.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est qu'il est
considéré comme les deux, là. Il est
considéré... Vous allez retrouver...
Mme Marois: Oui, c'est ça, dans le fond. C'est qu'on le
fait considérer comme les deux... c'est-à-dire sous les
deux...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous allez retrouver,
tantôt, des pesticides qui sont dans les matières
dangereuses...
Mme Marois: Hum.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...etc., sauf que, lorsqu'il y a
double réglementation qui nous amène dans des tracasseries
administratives, on tente de les éliminer. Si on a confiance, sur le
plan environnemental, que ça va être bien fait sous une autre
législation ou sous une autre réglementation... On a
renoncé aux détaillants dans l'application de la présente
législation...
Mme Marois: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...mais on n'a pas renoncé
aux grossistes.
Mme Marois: Alors, le permis pour un grossiste, on le retrouve
où? Au chapitre IV, section II?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon?
Mme Marois: Est-ce qu'on le retrouve à la section II?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le... Mme Marois: Ça, c'est
l'exécution.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. La question de permis,
là. Le détaillant n'a pas besoin de permis...
Mme Marois: Non. On se comprend.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ni de certificat. Le
détaillant va avoir la paix en ce qui concerne le ministère de
l'Environnement, quant à ses produits.
(Consultation)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je peux peut-être tenter
d'apporter un éclairage, là.
Mme Marois: Oui, oui, je vous écoute.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsqu'on le sort de la
définition de pesticide, il ne peut pas être révisé
à la section II, parce que ce n'est plus un pesticide.
Mme Marois: Bien, c'est ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux comprendre vos
interrogations lorsque vous lisez les mots «celui qui vend ou offre en
vente des pesticides». Mais s'il...
Mme Marois: ...n'est plus considéré comme un
pesticide.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...comme un pesticide, on n'a plus
besoin de permis.
Mme Marois: Sauf qu'on l'introduit à l'article 1.
Comprenez-vous? C'est ça, là, que je trouve contradictoire.
J'essaie de... On l'introduit à l'article 1, en disant: «sauf s'il
est topique pour un usage externe sur les animaux».
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, on ne l'introduit pas. On
l'exclut quand on dit...
Mme Marois: À l'exclusion d'un médicament ou d'un
vaccin...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, ça, ça
inclut.
Mme Marois: ...sauf s'il est topique. M. Paradis
(Brome-Missisquoi): O.K. Mme Marois: O.K. On l'inclut, on l'inclut.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On l'inclut, à ce
moment-là. O.K. On l'inclut pour qu'il soit compris dans l'ensemble de
la loi, parce qu'autrement on ne l'aurait pas chez les grossistes.
Mme Marois: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et lorsqu'on arrive à la
vente au détail, là, on l'exclut.
Mme Marois: O.K. Donc, à ce moment-là, les permis
qu'on retrouve à la section II, les exigences d'un permis, à la
section II de la loi, elles s'appliquent à la section I?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
Mme Marois: On l'a exclu, là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On l'a...
Mme Marois: ...exclu à 28. Est-ce que ça veut dire
qu'à ce moment-là le grossiste aussi peut en vendre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
Mme Marois: ...peut en vendre et ne pas être
contrôlé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, parce qu'on a exclu
strictement la vente au détail.
Mme Marois: Pourquoi vous me dites ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce que 1.1, après
l'avoir inclus à l'amendement proposé à l'article 1...
Mme Marois: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...on l'exclut par 1.1, qui dit:
«II ne s'applique pas à la vente à des fins d'utilisation
de médicaments topiques pour un usage externe sur les
animaux».
Mme Marois: Mais ça ne dit pas nécessairement que
c'est de la vente au détail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): O.K. Mme Marois:. On se
comprend?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui... Non, non. Ça va.
(Consultation)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça va. On va tenter
l'explication suivante. Ce n'était pas clair. Donc, personne n'a ces
questions. L'article 29 donne le domaine d'application. L'article 29 se lit
comme suit: «II s'applique tant à la vente à des fins de
revente qu'à des fins d'utilisation.»
La vente à des fins de revente, c'est la vente en gros. La vente
à des fins d'utilisation, c'est la vente pour consommation. Lorsqu'on
modifie l'article 28 avec l'article 1.1, on indique: «II ne s'applique
pas à la vente à des fins d'utilisation de médicaments
topiques pour un usage externe sur les animaux.»
Il faut comprendre que... Lorsqu'on lit l'article 29, après,
«qu'à des fins d'utilisation», ça veut dire
«détail».
Mme Marois: O.K. Là, ça va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça va, à ce
moment-là? Ça ne transpirait pas de limpidité?
Mme Marois: Non, pas vraiment. (Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement à
l'article 1 est adopté?
Mme Marois: On se comprend, il y en a deux amendements.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. L'autre, c'est l'article
1.1.
Mme Marois: Oui, la question tient quand même quant au fait
que... Moi, je ne ferai pas une jaunisse pour ça, mais la question reste
quand même sur la question. ..
La Présidente (Mme Bélanger): J'espère que non!
Une voix: C'est dangereux, Mme la députée de
Taillon, une jaunisse.
Mme Marois: Oui, il paraît. Je n'ai jamais
été affectée par un tel problème...
La Présidente (Mme Bélanger): Virus.
Mme Marois: ...un tel virus. Mais, semble-t-il...
L'opposition des médecins vétérinaires tient quand
même. On se comprend?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En partie. Mme Marois: Oui, c'est
ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En partie. Non, je ne
prétendrai pas qu'elle est complètement réglée,
mais pour la régler complètement, il faudrait sortir la vente en
gros aussi.
Mme Marois: En fait, il faudrait éliminer le terme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mais, c'est-à-dire...
À partir du moment où on élimine le terme, on n'y peut
rien, sauf que, comme je vous le dis, les informations dont je dispose sont
à l'effet que, déjà, on est moins sévères
que dans les autres juridictions canadiennes.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'amendement
à l'article 1 est adopté? Pas encore adopté?
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que l'article
1, tel qu'amendé, est adopté? (16 h 20)
Mme Marois: Adopté.
Champ d'application et définitions
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il y a ensuite
l'article 1.1. L'article 1.1 du projet de loi, article 28 de la loi.
Insérer dans le projet de loi l'article suivant: 1.1 L'article 28
de cette loi est modifié par l'addition de l'alinéa suivant:
«II ne s'applique pas à la vente à des fins d'utilisation
de médicaments topiques pour un usage externe sur les
animaux.»
Mme Marois: Une des suggestions, ici, qu'on pourrait faire, c'est
essentiellement pour clarifier: «II ne s'applique pas à la vente
à des fins d'utilisation de médicaments topiques pour un usage
externe sur les animaux». Je ne suis pas sûre que c'est
français, moi. Je pense que ce n'est pas français, à ce
moment-là. C'est peut-être mieux de rester avec le libellé
qui est là, même s'il est un petit peu complexe. Oui, je pense que
je préfère le libellé qui est là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf que si on le juxtapose
à 29, il devient plus précis, plus clair.
Mme Marois: Oui, je suis d'accord qu'à force de faire des
recoupements on finit par y arriver.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 1.1 est
adopté?
Mme Marois: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1.1 est
adopté.
Permis
J'appelle l'article 2. Est-ce qu'il y a une modification à
l'article 2?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il y a une modification, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, à
l'article 2 du projet de loi, article 35 de la loi, remplacer l'article 2 du
projet de loi par le suivant:
L'article 35 de cette loi est modifié par l'addition de
l'alinéa suivant: «Les dispenses prévues aux paragraphes
2° et 3° du premier alinéa ne s'appliquent pas aux travaux
exécutés au moyen d'un aéronef. Celle prévue au
paragraphe 3° du même alinéa ne s'applique pas aux travaux
d'entretien de végétaux d'ornement ou d'agrément qui ne
sont pas destinés à la vente.»
M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. L'amendement relativement
à la dispense prévue au paragraphe 3° de l'article 35 de la
Loi sur les pesticides vise à obliger un agriculteur à être
titulaire d'un permis pour les travaux d'entretien de végétaux
d'ornement ou d'agrément qui ne sont pas destinés à la
vente, que ces travaux d'entretien soient réalisés ou non sur une
exploitation agricole.
Mme Marois: Commençons par le fond de l'article 35.
Après ça, on reviendra avec ça, parce que... Je m'y
arrêterai un peu plus longuement. Quand on dit, à l'article 35
exception qu'«aucun permis n'est requis», par
exemple, «de l'agriculteur, quant aux travaux qu'il exécute ou
offre d'exécuter, sans en faire commerce, à des fins
agricoles», est-ce que, ça, ça veut dire que ça
réfère à la notion de vente de pesticides?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'utilisation de pesticides.
Mme Marois: L'utilisation, oui, c'est ça. Mais aucun
permis n'est requis de l'agriculteur quant aux travaux qu'il exécute ou
offre d'exécuter sans en faire commerce à des fins agricoles.
Mais l'agriculteur, s'il procède à des travaux d'agriculture, le
fait à des fins de commerce.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas en ce qui concerne les
pesticides, en ce qui concerne sa production.
Mme Marois: Oui, c'était ça le sens de ma
première question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez, je suis une
réponse en retard!
Mme Marois: Voilà. On se comprend. Maintenant, revenons
à l'amendement. Les dispenses. On va aller voir d'abord les dispenses.
On va y revenir. Là, on parle des aménagistes et des
agriculteurs. C'est les consultations qui se font actuellement sur les
arrosages par phytocide et tout ça... de phytocides. Celles
prévues, les dispenses... La dispense «prévue au paragraphe
3° du même alinéa donc, c'est "l'agriculteur, quant aux
travaux qu'il exécute ou offre d'exécuter" ne s'applique
pas aux travaux d'entretien de végétaux d'ornement ou
d'agrément qui ne sont pas destinés à la vente». Il
n'a pas besoin de permis, c'est ça, pour entretenir ces
végétaux d'ornement ou d'agrément qui ne sont pas
destinés à la vente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ça. Mme Marois:
Bon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme tout le monde. C'est pour
que le cultivateur ne soit pas assujetti à un régime plus
difficile pour sa haie de cèdres, si je peux utiliser une expression,
«ornementale», en avant de sa maison que le citoyen ordinaire.
(Consultation)
Mme Marois: Exception: aucun permis n'est requis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Marois: On les note, puis on dit que, les dispenses... on
ajoute qu'elles ne s'appliquent pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est que ça lui en prend
un.
Mme Marois: Donc, ça lui prend un permis. M. Paradis
(Brome-Missisquoi): C'est ça.
Mme Marois: C'est l'inverse de ce qu'on vient de dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): O.K., ça va. Mais la
conclusion est la même, il est sur le même pied que tout le
monde.
(Consultation)
Mme Marois: Est-ce que ça veut dire que... C'est
ça, si c'est moi qui suis prise dans la situation, que je mets des
pesticides sur ma haie de cèdres, je n'ai pas besoin de permis. Moi, je
pense que, selon l'article,
j'en aurais besoin. Est-ce que c'est ça que je dois
comprendre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'espère que ce n'est pas
ça.
Mme Marois: Parce qu'on dit que c'est une dispense. Puis
là, elle ne s'applique pas.
(Consultation)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ce qui a trait à
l'entretien paysager, ce qu'on me dit, c'est que, dépendant du type de
pesticides que vous utilisez... Si vous utilisez des pesticides
qualifiés de bénins, à effet...
Mme Marois: Que le code de gestion des pesticides nous
définira.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...faible ou moyen, vous n'avez
pas besoin de permis. Si vous utilisez un pesticide fort, que vous soyez un
citoyen ordinaire ou un agriculteur, vous allez avoir besoin d'un permis.
Une voix: Bénin.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bénin.
Une voix: Une nouvelle notion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas fort.
Mme Marois: Ça réfère au code de gestion des
pesticides, à ce moment-là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ça ne
réfère pas au code, ça réfère au
régime de permis et de certificats qui est déjà en
force.
Mme Marois: Mais, où est-ce qu'on retrouve ça dans
la loi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas dans la loi, c'est
dans les règlements.
Mme Marois: Dans les règlements, c'est-à-dire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le chapitre IV du
Règlement sur les pesticides, Chapitre IV de la loi, et le
Règlement sur les pesticides, que vous retrouvez, si vous avez le
même livre que nous...
Mme Marois: La section quoi, vous dites?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le chapitre IV de la loi.
Dans le Règlement sur les pesticides, le règlement de 1987.
Mme Marois: J'ai 1988, moi, ici. Il y a eu des modifications.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la toute fin, vous avez
les classes de pesticides.
Mme Marois: Classes de pesticides. Les pesticides de classe 1,
classe 2, classe 3, classe 4, classe 5, etc.
(16 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Classe 1, classe 2. Juste pour
simplifier les affaires.
Mme Marois: Alors, on comprend qu'à ce moment-là le
paragraphe 3°, qui s'adresse aux agriculteurs, fait en sorte qu'ils ne sont
pas dispensés de l'obtention d'un permis s'ils utilisent certains
pesticides considérés comme plus dangereux. J'imagine, des
pesticides de quelle classe ils seraient? de classe 2 ou 3...
Une voix: 1, 2, 3.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 2.1 et 2.3, à ce qu'on me
dit.
Mme Marois: Oui, c'est ça. Mais, à ce
moment-là, pour les fins de protéger ces fleurs, ces
végétaux, etc., il devrait quand même obtenir un permis
parce que ce sont des pesticides d'un niveau de dangerosité plus grand.
On se comprend? D'accord. Dans le fond, lui a accès, comme agriculteur,
à un type de pesticides qui sont plus dangereux, si on veut, ou
présentant plus de risques.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais pour ses fleurs, on ne
l'autorise pas à avoir d'autres droits que le citoyen ordinaire.
Mme Marois: Je ne sais pas comment vous allez appliquer
ça, par exemple! Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ce que j'allais
dire, l'application...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'était pour
simplifier, parce que c'était plus compliqué que ça
avant.
Mme Marois: Je ne vois vraiment pas, vraiment pas comment vous
allez pouvoir contrôler ça. Honnêtement, là... Je
veux dire, on peut le mettre, tu sais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on n'a pas la
collaboration...
Mme Marois: Mon chef a l'habitude de dire: la vertu, la tarte aux
pommes, la maternité...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...des concernés, ce ne
sont pas les 100 polices vertes en fonction au Québec qui vont
réussir à suivre à la trace ces gens-là. Je pense
que les cours qui sont donnés, quand même, apportent une
éducation aux producteurs, sauf que... Je dis, comme vous: Bonne chance
dans l'application!
Mme Marois: Parce que, je ne vois vraiment pas. Ça peut
être quelqu'un, un voisin; ça peut être... Ce ne sera pas la
police verte, effectivement, qui va aller...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Généralement, on
fonctionne par plainte. Même affaire dans... Dans le domaine agricole, le
territoire est tellement vaste qu'on n'y va pratiquement, sauf exception, que
là où il y a des plaintes. Généralement, ça
découle de troubles de voisinage.
Mme Marois: Je ne suis pas sûre qu'on simplifie beaucoup,
mais enfin.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 2 est adopté?
Mme Marois: II est adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
2, tel qu'amendé, est adopté?
Une voix: Adopté. Mme Marois: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 3. Est-ce qu'il y a des amendements? Non? M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
L'article 3 permet de délivrer un permis relatif à la vente de
pesticides à une personne qui n'est pas domiciliée au
Québec, qui n'y a pas une résidence, un établissement ou
une place d'affaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Taillon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La libre circulation des biens,
des services et des personnes.
Mme Marois: Oui. Ça, d'ailleurs, c'était un
peu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Disons que c'était
attaquable.
Mme Marois: C'est ça. Alors, moi, ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
l'article 3?
Mme Marois: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Cet article porte de deux
à trois ans la période de validité d'un permis. En outre,
il rend applicables au renouvellement d'un permis certaines conditions de
délivrance prévues à l'article 38, dans la mesure
où ces conditions sont applicables à ce permis lors de sa
délivrance.
Mme Marois: J'aimerais ça que le ministre m'explique
pourquoi il suggère de passer de deux à trois ans. Une des
questions qui me sont venues en regardant ça... Puis, plus loin,
ça revient. Remarquez que, de six mois à un an, ce n'est pas trop
grave. Au contraire, je pense que ça a de l'allure, et il y a tellement
de changements rapides dans certains secteurs. Est-ce que ce ne serait pas
mieux de le garder à deux ans? Qu'est-ce qui a justifié le fait
qu'on passe à trois ans?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce serait même mieux de
l'avoir sur une base annuelle, si on suit un raisonnement de modifications
rapides, sauf que je vous ramène aux propos du
Vérificateur général on a de la difficulté
et on s'acquitte mal des obligations qu'on a présentement. Sur le plan
administratif, ça nous donne l'oxygène nécessaire pour, au
moins, ouvrir les boîtes de documents qui nous sont acheminés par
les citoyens responsables qui nous fournissent des informations.
Mme Marois: Non. De toute façon, remarquez
qu'effectivement... Parfois, mieux vaut moins légiférer, disait
le parti...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Bacon, la
vice-première...
Mme Marois: ...la vice-première ministre: moins
légiférer, légiférer mieux. En donnant plus de
temps, peut-être qu'on va... Ayant moins de paperasse à
contrôler, on le fera mieux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je pense que vous avez
raison, Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Ça va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 4
est adopté. J'appelle l'article 5.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, cet
article porte de six mois à un an la durée de validité
d'un permis temporaire relatif à l'exécution de travaux. C'est un
peu dans le même sens.
Mme Marois: Oui, mais ça, de toute façon...
Là, ça devenait un peu, à l'inverse, ridicule. Je me
dis... À cause des saisons, au moins six mois. À un an, je suis
tout à fait d'accord avec ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 5
est adopté. J'appelle l'article 6.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 6 permet au ministre
d'exiger des titulaires de permis, dans le délai et les conditions qu'il
fixe, la transmission des informations consignées au registre que ces
titulaires doivent tenir. Ça va exactement dans le même sens que
les deux articles précédents.
Mme Marois: Alors, là, par contre, on va me dire ce qu'on
a fait avec les informations qu'on a eues, parce que l'article, la loi
actuelle, elle s'applique, à ce que je sache. À l'article 46,
c'étaient les registres: «Le titulaire du permis tient à
jour, conformément aux règlements, les registres qui y sont
indiqués.» Transmission au ministre. «Il prépare et
transmet au ministre, conformément aux règlements et dans les
délais qui y sont prévus, les états indiqués par
ces règlements.»
La loi s'applique depuis six ans. Qu'est-ce que vous avez fait avec
ça, avec l'information?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La tentation est trop grande de se
référer, Mme la députée de Taillon, aux remarques
de la commission Charbonneau en ce qui concernait les informations qui nous
étaient acheminées au ministère de l'Environnement, et qui
traitaient de la gestion ou de l'entreposage des matières dangereuses au
Québec.
Mme Marois: C'est dans des caisses? Est-ce que c'est ça
que je comprends?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En partie, oui. Mme Marois:
Donc, ça n'a pas été utilisé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est-à-dire que...
Mme Marois: Ça a pris combien de temps avant qu'on...
Là, je comprends que ça a pris six ans, d'après ce que je
constate, pour modifier la loi. Mais on a dû traiter cette
information-là quelque part, au début, ou pas du tout? On ne l'a
pas fait du tout?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En partie, en partie. Il ne faut
pas exagérer, non plus. Mais, compte tenu des ressources disponibles au
ministère, ça n'a été traité que
partiellement. Sous réserve, je le dis, de vérification, j'ai
souvenance, même, qu'il y a eu certaines poursuites intentées pour
des gens qui n'avaient pas acheminé l'information, alors que, dans
certains cas, l'information qui nous était acheminée, on n'avait
pas eu le temps d'en prendre connaissance.
Mme Marois: C'est une grosse admission du ministre, hein! Je
trouve ça épouvantable!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, le ministre dit la
vérité. Il n'y a jamais de problème.
Mme Marois: Disons qu'il dit la vérité, en
nuançant parfois... parce que ça n'a pas de bon sens!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Indiquez-moi où sont les
nuances.
Mme Marois: Pas dans le cas présent, mais on pourrait se
référer à d'autres situations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah!
Mme Marois: Non, mais c'est vraiment inadmissible.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Totalement inadmissible.
Mme Marois: Je me dis que nos concitoyens ont raison d'être
absolument dépités devant des situations comme celles-là.
On les a fait travailler pour rien. On a demandé à ces
gens-là de produire des choses qui ne servent pas. Elles ont
peut-être servi pendant quelque temps, mais si elles sont dans des
caisses quelque part, c'est absolument inimaginable. Comment voulez-vous que ne
se développe pas le cynisme auquel on est confronté,
actuellement, de la part de nos concitoyens, qui se disent: Bon,
écoutez, vous adoptez des lois, vous ne les appliquez pas. Quand vous
les appliquez, vous ne leur donnez pas suite. (16 h 40)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez faire le
parallèle entre ce qui concerne toute la question des matières
dangereuses au Québec, les «déchets dangereux» qu'on
appelait communément, et les pesticides. Il y a une espèce de
lien de parenté indirect. À partir du rapport Charbonneau, le
constat a été sévère à l'effet que le
ministère demandait à des gens de fournir de l'information, de la
documentation. En introduisant une nouvelle législation sur les
matières dangereuses, on a tenté d'alléger le processus.
En signant un protocole d'entente avec la Société de l'assurance
automobile du Québec, on a tenté de se décharger de tout
ce qui est transporté comme tel. On n'avait pas les moyens, les
ressources physiques de digérer l'information qui nous était
acheminée, et dans un effort continu de purger le ministère de
cette tendance, nous tentons d'alléger par le présent projet de
loi qui, malgré tout, demeure encore assez lourd.
Mme Marois: Ça fait combien de temps que le ministre est
responsable de l'Environnement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quatre ans.
Mme Marois: Ça a pris quatre ans avant qu'on arrive
à constater ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, parce que si vous
révisez les urgences qui étaient mises sur la table par votre
prédécesseur, à l'époque, on parlait, oui, de
matières dangereuses, parce que ça faisait suite à
l'élection de 1989, et tout le monde était obnubilé par
les BPC...
Mme Marois: À raison.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La formation professionnelle de
votre prédécesseur l'a amené à s'intéresser
très rapidement et à insister sur toute la question des
déchets biomédicaux, et nous avons apporté et donné
suite à ses recommandations. L'incendie de Saint-Amable nous a
forcés à agir rapidement en ce qui concerne tout l'entreposage et
la transformation des pneus comme tels. Si on repasse la législation, la
réglementation et les interventions, c'est un peu un concours ou un jeu
d'équipe entre les problèmes qui sont sur la place publique et
qui sont poussés par les groupes écologiques, les
problèmes qui sont sur la place publique, qui sont également
poussés par l'Opposition, et l'action du ministère de
l'Environnement comme tel. S'il fallait reprendre chacune des priorités,
je pense que vous conviendriez avec le gouvernement que, dans l'ordre des
priorités, on ne pouvait tout faire en même temps. On a agi de
façon raisonnable, de façon à répondre aux
priorités prioritaires, et il en reste encore beaucoup à
faire.
Mme Marois: Combien de personnes sont titulaires de permis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Ça, on peut...
(Consultation)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le nombre de personnes, y incluant
les personnes morales on va s'entendre 3 989. Le tableau est en
date du 31 août 1993.
Mme Marois: Ça veut dire que toutes ces
personnes-là se conforment et envoient...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça veut dire qu'elles ont
toutes un permis.
Mme Marois: Un permis. Donc, elles envoient un état de
toutes les exigences qu'on leur pose par la loi, d'une façon annuelle,
sur une base annuelle? Ça me déprime complètement, Mme la
Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): le niveau de conformité
est, d'après les renseignements qu'on me communique, de 50 %,
d'où la nécessité de simplifier.
(Consultation)
Mme Marois: En tout cas, c'est complètement
désolant. Je vous dis, je suis estomaquée d'entendre ça
aujourd'hui. Après six ans d'application d'une loi, on nous dit: On fait
travailler les gens pour rien, on laisse ça dans les caisses. La
moitié d'entre eux s'y conforment. On pourrait même avoir
poursuivi des gens, ne pas en avoir poursuivi d'autres pour s'être
conformés à la loi ou ne pas s'être conformés,
c'est-à-dire à la loi, et on ne fait rien avec ça. Six ans
plus tard, on vous dit: Bien, là, maintenant, on pourra le demander.
Sinon, on efface comme s'il ne s'était rien passé.
Je trouve ça absolument irresponsable. Je vous le dis, Mme la
Présidente, l'admission du ministre ne vient pas atténuer les
propos que je tiens. Que le ministre admette sa faute, admette la faute de son
gouvernement, soit, mais ça ne rend pas la situation plus
acceptable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Absolument pas. Il y a beaucoup de
pressions pour...
Mme Marois: C'est inadmissible.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...légiférer en
matière de pesticides, et c'est pourquoi nous procédons à
corriger la situation. Moi, je comprendrais la crise de Mme la
députée de Taillon si le gouvernement ne procédait pas
là, je pourrais tout comprendre mais le
Vérificateur général vient à peine, la semaine
passée, de nous recommander de légiférer. Nous
légiférons, nous faisons appel à la bonne collaboration de
tous les intervenants pour faciliter l'application d'une loi qui est plus
simple d'application et de compréhension. Moi, au lieu de prendre des
blâmes, j'apprécierais recevoir, sans être des
félicitations, finalement, une collaboration ouverte.
Mme Marois: Je pense qu'on a une collaboration très
claire, au contraire. Même, je vais vous dire que je trouve qu'il y en a
trop, actuellement. Il y en a trop. Je devrais être sur les barricades en
train de... Non, mais c'est vrai, je veux dire, c'est inadmissible qu'on se
retrouve devant une situation comme celle-là. Je devrais traîner
le ministre devant l'Assemblée nationale pendant des semaines sur cette
question-là. Ça n'a pas de bon sens; c'est inadmissible à
tous égards.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais le ministre est
présent...
Mme Marois: Le fait qu'il l'admette...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre est
présent à l'Assemblée nationale à tous les
jours, Mme la Présidente.
Mme Marois: Oui. Le fait qu'il l'admette, ça ne justifie
pas pour autant ce qui s'est passé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Absolument pas.
Mme Marois: Moi, j'aimerais ça savoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne tente pas de justifier le
passé. Au contraire...
Mme Marois: Je le sais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...on tente de faire mieux
à l'avenir.
Mme Marois: Je le sais. C'est une façon qu'a le ministre,
de toute façon, en croyant que, dans le fond, ça peut
atténuer les remarques qu'on peut avoir sur ça. Elles sont
toujours fondées, les remarques qu'on a sur ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, vous avez un rôle
d'Opposition à jouer, et vous le faites très bien. Je vous en
félicite.
Mme Marois: Mais ce n'est pas une question de rôle
d'Opposition, comme si c'était écrit, ça, comme si
c'était l'essentiel rôle de l'Opposition de s'opposer. Le
rôle de l'Opposition, c'est d'essayer d'identifier les problèmes
auxquels le ministre ne s'attarde pas ou a mal identifiés, ou d'apporter
des points de vue auxquels le ministre est moins sensible, pour
différentes raisons. Mais, dans le cas présent, c'est le laxisme
du ministre et du gouvernement qu'il faut dénoncer. Ça n'a rien
à voir avec l'Opposition. Même, ça m'étonne que les
gens de son propre gouvernement ne le lui aient pas dit. Habituellement, il y a
des collègues plus vigilants que ça. J'en ai vu certains...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, sur le...
Mme Marois: ...aux engagements financiers, soulever pas mal de
questions auprès, entre autres, du président du Conseil du
trésor, et tout le reste. Alors, ça m'étonne, même,
que ça ne vienne que de ce côté-ci. Je ne comprends pas que
d'autres collègues ne l'aient pas mentionné, des collègues
agriculteurs, des collègues en contact avec les gens du milieu,
partout.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, tut, tut, tut. Mais il faut
faire attention, Mme la députée...
Mme Marois: Non, non, je le sais, là, le ministre va
essayer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...parce que je vais...
Mme Marois: ...dédire: Non...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non...
Mme Marois: ...ça ne s'applique pas aux agriculteurs,
etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je l'inviterais à consulter
le député d'Arthabaska, qui est critique en matière
d'agriculture, pour obtenir son opinion sur une intervention encore plus
musclée dans le domaine agricole. Je l'inviterais à consulter son
collègue de Laviolette, qui est critique en matière de
foresterie, pour obtenir son opinion quant à une intervention encore
plus musclée en matière de foresterie. Et je l'inviterais
à consulter son collègue en affaires municipales
maintenant, ce n'est plus...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est M. Gendron.
C'est le député d'Abitibi-Ouest.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le député
d'Abitibi-Ouest, à savoir quel devrait être le rôle du monde
municipal en ce qui concerne les communautés urbanisées comme
telles, et elle verra que le projet de loi qui est devant nous apporte une
réponse équilibrée à l'ensemble des exigences de
ces intervenants.
Mme Marois: Le ministre ne me fera pas dire ce que je n'ai pas
dit. Je n'ai pas dit que ça n'était pas intéressant, les
corrections qui étaient apportées. Ce que je dis, c'est qu'elles
auraient dû être apportées bien avant cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, là-dessus, je suis
d'accord.
Mme Marois: ...et qu'on a appliqué une loi, qu'on a
embêté des citoyens, des institutions inutilement, puisque
ça n'a servi à rien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Mme Marois: Le
ministre ne s'en est pas servi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, non. Je pense que,
là, vous exagérez. En admettant les lacunes, vous devez quand
même admettre là, je vous réfère au bilan
environnemental de tantôt qu'il y a eu des éléments
dans le domaine agricole, dans le domaine forestier et dans le domaine urbain,
qui ont servi, qui ont été utiles, et qui nous permettent
aujourd'hui de bonifier cette situation, n'eût été du
travail accompli dans le passé. Mais est-ce qu'on pourrait se poser
comme question, également, pourquoi il n'y a pas eu de loi avant 1987?
Les pesticides ne viennent pas d'être inventés. Il y avait un
ministère de l'Environnement, au Québec, avant 1987. Pourquoi il
n'y a pas eu, au moins, une loi imparfaite, qu'on aurait pu bonifier en 1987,
qu'on pourrait bonifier en 1993? Avant de jeter le
blâme, il faut regarder ce qu'on a fait, évaluer notre
mandat, et le partager, parfois, ce blâme, avec l'ensemble de la
société. (16 h 50)
Mme Marois: Ah, ça, c'est toujours la réponse
facile qu'a le ministre: regarder avant ce qui ne s'est pas fait. Ça va
faire neuf ans que le Parti libéral tient les rênes du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ça va faire huit ans le 12
décembre.
Mme Marois: Alors, huit ans? J'imagine que ça lui a permis
de faire des bonnes lois et des mauvaises lois, de les appliquer ou pas. Ce que
je comprends, c'est que le ministre admet qu'il a fait une mauvaise loi, et
que, en plus, il ne l'a pas appliquée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, non. Il n'y a aucune
admission en ce sens-là. Je continue de maintenir que la loi est une
bonne loi celle qui a été introduite par mon
prédécesseur, M. Lincoln, à l'époque qu'elle
nous a donné des outils de travail qui nous permettent aujourd'hui de
bonifier la législation. Mais, pauvre M. Lincoln, il est parti de rien.
Il n'y avait, avant son arrivée, aucune législation, aucune
réglementation, aucune donnée. Il a fait tout ce...
Mme Marois: Non, non, non. Le ministre parle à travers son
chapeau, Mme la Présidente, et vous le savez très bien. Il y
avait des lois. Même, on fonctionne toujours, d'ailleurs, pour l'ensemble
des lois en matière environnementale, sur les lois qui ont
été adoptées sous notre gouvernement, qu'ils sont venus
modifier, à quelques exceptions près.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien là, on ne dira pas
qu'elles ne sont pas bonnes, d'abord.
Mme Marois: Alors là, ce sera un peu plus... Je trouve
ça un peu gratuit ce que dit le ministre. Celles qui ne sont pas bonnes,
c'est celles que son gouvernement a adoptées, puis il y en a une qu'on
regarde aujourd'hui, c'est celle sur les pesticides.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est partisan comme remarque, Mme
la Présidente.
Mme Marois: Bien, disons que les remarques du ministre à
cet égard étaient quelque peu inadmissibles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ha, ha, ha!
Non, non, je ne tomberai pas dans cette partisanerie-là
aujourd'hui, Mme la députée.
Mme Marois: Non, surtout pas Dieu nous en préserve,
Mme la Présidente! surtout de la part du ministre de
l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon.
Mme Marois: Bon, maintenant, moi, j'aimerais savoir...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous allons
suspendre les travaux pour la décision du Président. Est-ce qu'il
y a un temps limité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le sais pas, je n'ai aucune
notion, je n'ai aucune idée.
Une voix: Ça dépend de la décision du...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, puis là, s'il
soulève d'autres questions ou pas, je ne peux pas donner
d'indications.
Mme Marois: Sinon, on reviendra. Pas ce soir, l'ordre de la
Chambre ne nous donne pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est la SAAQ qui revient ce
soir à cette commission. On se consultera et on essaiera de
trouver...
Mme Marois: C'est ça, hein. On verra.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on peut
ajourner sine die?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf si ça dure 15
minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Suspendre?
Mme Marois: Suspendons, parce que, si on revient, on en a
peut-être pour... On peut peut-être aussi revenir pour une
vingtaine de minutes, on avancera, parce qu'il n'en reste...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on suspend nos
travaux pour une période indéterminée.
Mme Marois: C'est ça. (Suspension de la séance
à 16 h 53)
(Reprise à 20 h 34)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements déclare sa séance ouverte. Le mandat de la
commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 130, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives.
Projet de loi 130
Alors, au moment de l'ajournement des travaux, nous étions
à discuter un amendement à une motion, je pense. Il avait
été proposé que la commission de l'aménagement et
des équipements commence des maintenant à étudier le
projet de loi 130 et entreprenne l'article 1. Alors, le député de
Lévis a apporté un amendement à cette motion qui dit,
à la troisième ligne de la motion, après le mot
«entreprenne», d'ajouter les mots «l'article 10 et
ensuite». Alors, vous étiez au débat de 20 minutes.
Une voix: Trente.
La Présidente (Mme Bélanger): Trente minutes?
Une voix: Comme auteur.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K., comme auteur de
la motion, et il vous restait deux minutes.
M. Garon: Je pensais qu'on ne siégeait pas, ce soir.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça fait partie
de votre deux minutes, ça?
M. Garon: Non, non. Moi, j'attendais la décision du
président concernant la...
La Présidente (Mme Bélanger): Non. C'est parce que
les commissions qui n'ont pas eu d'avis, qui n'ont pas eu d'ordre de la Chambre
de siéger, ne siègent pas. Mais, nous, on avait
été... avant les motions sans préavis, on avait
donné avis pour que la commission siège cet après-midi
avec l'environnement, et ce soir avec ce projet de loi là.
M. Garon: À 17 h 45, le président a ajourné
l'Assemblée nationale en attendant sa décision.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, d'accord, mais,
aussitôt qu'on va appeler, que les cloches vont sonner et que le
président sera prêt à donner sa décision, on va
suspendre pour le temps de la décision du président. Sauf que
l'avis pour cette commission-là a été donné par la
Chambre cet avant-midi comme de quoi elle siégeait ce soir.
M. Garon: Normalement, ce n'était pas supposé,
ça. Si on suit les règles de la procédure normale,
normalement, il y avait une décision qui était avant l'ordre des
commissions, normalement.
La Présidente (Mme Bélanger): Pas
nécessairement. De la façon que ça s'est fait, là,
on a demandé le consentement de la Chambre pour donner l'avis des
travaux des commissions avant...
M. Garon: Encore un «deal».
La Présidente (Mme Bélanger): ...avant les affaires
du jour. Alors...
M. Garon: J'ai l'impression que c'est bien plus les
«deals» qui nous mettent en danger que d'autre chose. On serait
bien mieux de respecter le règlement de l'Assemblée nationale de
façon stricte.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, dans le moment,
on a un ordre de la Chambre, mais la commission siège. Alors, vous avez
deux minutes...
M. Garon: Je comprends...
La Présidente (Mme Bélanger): ...sur votre
motion.
M. Garon: ...qu'on fait des ententes constamment, mais, moi, j'ai
l'impression qu'on serait bien mieux de respecter le règlement.
L'Assemblée nationale serait bien moins en danger que n'importe quoi
d'autre qui peut lui arriver. Mais, là, on ne marche plus selon le
règlement, on marche selon les ententes, les consentements, puis...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça, la
démocratie.
M. Garon: Ah! Je ne suis pas sûr que c'est la
démocratie, parce que nous autres, on n'est pas là pour notre
confort personnel. Normalement, les règlements de l'Assemblée
nationale, ce n'est pas là pour le confort des leaders, ce n'est pas
là pour le confort des députés, c'est là pour le
confort du public. Puis là, actuellement, on fait toutes sortes de
«deals» puis: que le diable emporte le public! Alors que,
moi, je suis un de ceux qui s'élèvent contre ça, ces
maudites ententes-là, parce qu'on a un règlement de
l'Assemblée nationale qu'on devrait respecter scrupuleusement. Puis, si
le règlement n'est pas bon, bien qu'on le change, ce
règlement-là. En attendant, là, on fera tous les maudits
discours de principes qu'on voudra, à l'Assemblée nationale, sur
l'Assemblée nationale, quand on ne respecte jamais le règlement.
Des ententes; on fait des «deals». La négociation
permanente. Bien, ce n'est pas ça, l'Assemblée nationale. On a un
règlement: s'il n'est pas bon, qu'on le change; mais, s'il est bon,
qu'on le respecte. Moi, je ne me considère pas comme un...
M. Gauvin: De toute façon, M. Garon, je pense qu'on avait
convenu qu'on ne vous reprocherait pas votre retard.
M. Garon: Ce n'est pas ça. Ça me met en
maudit...
M. Gauvin: Vous n'avez pas à le justifier.
M. Garon: ...de voir constamment qu'on ne respecte pas le
règlement. Qu'on respecte le règlement!
M. Gauvin: Oui, je sais bien, mais...
M. Garon: Qu'on fasse le règlement! Le règlement
est là pour le confort du public, pour que le public puisse savoir ce
qui se passe au Parlement.
M. Gauvin: L'ordre de la Chambre qui a été
rendu...
M. Garon: Mais là, actuellement, la façon de
fonctionner de l'Assemblée nationale, c'est le secret le mieux
gardé au monde. On parle des principes... On peut faire les discours
qu'on voudra...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, là, M.
le député de Garon, pendant que le...
M. Garon: Lévis.
La Présidente (Mme Bélanger): ...président
délibère...
M. Garon: Normalement, on attend.
La Présidente (Mme Bélanger): ...les membres, tous
les députés auraient été obligés de s'en
aller dans leur bureau...
M. Garon: C'est ça. On attend.
La Présidente (Mme Bélanger): ...et attendre, alors
que, là, on a voulu être quand même efficaces pendant que le
président délibérait.
M. Garon: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Et il a donné
un avis, le leader a donné un avis: après les affaires courantes,
jusqu'à 13 heures... de 15 heures...
M. Garon: Moi, j'aimerais ça qu'on se préoccupe.
..
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, de 20 heures
à 24 heures...
M. Garon: ...autant, dans le Parlement, des droits du
public...
La Présidente (Mme Bélanger): ...à la
même salle, ladite commission poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 130, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives.
M. Garon: J'aimerais ça... Si on a un débat
là-dessus, si on en discute en Chambre, moi, je vais en parler.
J'aimerais ça qu'on discute autant des droits du public que des droits
des députés. Le public a des droits, lui aussi. Actuellement,
là, il ne sait plus ce qui se passe. Les lois qui ont été
adoptées, il ne les a même pas vu venir parce qu'on n'a jamais
respecté nos délais. On ne respecte jamais rien. On fait des
troisièmes... des rapports de commission, des troisièmes lectures
la même journée. Il y a des délais. Pourquoi ces
délais-là sont prévus dans le règlement? C'est pour
protéger le public. Pour donner la chance au public d'intervenir.
Aujourd'hui, le public, là, c'est comme s'il n'existait pas. On a l'air
d'une... Moi, je vais vous dire mon opinion: on a l'air d'un Parlement de
république de bananes.
La Présidente (Mme Bélanger): Imaginez-vous quand
on va être indépendants: ça va être encore bien
pire!
M. Garon: Hein?
M. Elkas: Vous avez entendu ce que la présidente a
dit?
La Présidente (Mme Bélanger): Là, on va
être une vraie république de bananes!
M. Garon: J'ai toujours considéré que le plus
important de tout, c'était un système démocratique.
Alors...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'on
revient...
M. Garon: II me restait combien de temps? La Présidente
(Mme Bélanger): Deux minutes. M. Elkas: Vous venez de prendre
10 minutes.
M. Garon: Deux minutes. Alors, je ne résumerai pas en deux
minutes.
M. Morin: Si on calcule ce que vous venez de dire, votre temps
est passé.
La Présidente (Mme Bélanger): Ha, ha, ha!
Mais, comme on est toujours tolérants, on va permettre de revenir
à la pertinence du débat.
M. Gauvin: J'ai six à huit minutes... M. Garon:
Bien non.
Débat sur la motion d'amendement proposant
d'étudier d'abord l'article 10 du projet de loi
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Lévis, on voudrait que vous nous disiez pourquoi
vous voulez commencer à l'article 10. Il vous reste
deux minutes pour nous expliquer ça, nous convaincre
deçà...
M. Jean Garon (suite)
M. Garon: Bien, j'essayais de convaincre le député
de Rousseau, qui avait proposé de commencer par l'article 1, mais,
apparemment, il s'est...
La Présidente (Mme Bélanger): Volatilisé.
Ha, ha, ha!
M. Garon: Je n'osais pas le dire parce qu'on n'est pas
supposé dire que les députés ne sont pas là. Ha,
ha, ha! Apparemment, il s'est volatilisé ou bien il a disparu en
boucane. Mais, essentiellement, je disais de commencer par l'article 10, je ne
voulais pas en faire une question de principe fondamental, mais je trouvais
plus cohérent, tant qu'à dire qu'on commençait par un
article, commencer par l'article 10 plutôt que par l'article 1. Mais,
ceci étant dit, j'ai expliqué très bien hier soir mes
raisons et mes motivations. Alors, je ne voudrais pas être plus long et,
quant à moi, mon allocution est terminée, mais je sais que le
député de Dubuc n'a pas pu participer à la discussion
encore et je suis persuadé qu'il a des opinions sur le sujet, de
même que le député de Montmagny-L'Islet,
député de... (20 h 40)
Une voix: D'Oka.
M. Garon: ...d'Akwesasne. Ce n'est pas ça. Kanesatake. De
Deux-Montagnes.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a d'autres intervenants sur la motion du député de
Lévis?
M. Morin: Mme la Présidente...
M. Gauvin: Vous n'êtes pas obligé de vous
forcer.
M. Morin: Non, mais la gentille invitation du
député de Lévis ne peut pas être
rejetée...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez 10 minutes
M. le député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Ah! Je n'abuserai pas de mon temps. D'ailleurs, le
ministre le sait que je ne vais jamais au bout du temps qui m'est
alloué. Mais uniquement pour appuyer mon collègue dans son
amendement à l'effet... Parce qu'hier lorsque le député de
Rousseau a apporté sa proposition qu'on procède
immédiatement à l'étude, on a trouvé ça
curieux parce qu'on était effectivement prêts à aborder le
débat article par article. Sauf que le fait de déposer une
motion, bien sûr que ça nous a mis en position de faire le
débat sur' ladite motion. Et, de là, l'ouverture à faire
un amendement tel que mon collègue a fait. Parce que,
définitivement, tout ce projet de loi est dans le but de protéger
les intentions avouées du gouvernement, de siphonner encore de quelques
centaines de millions la caisse de l'assurance automobile. Je pense que...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
député de Dubuc.
M. Elkas: Vu que je ne suis pas de la langue française, le
terme «siphonnage», est-ce qu'on pourrait me l'expliquer...
M. Morin: Oui.
M. Elkas: ...peut-être m'écrire...
M. Morin: Oui.
M. Elkas: ...comment ça s'écrit aussi.
M. Morin: Bien, je ne vous l'écrirai pas, je vais vous
l'expliquer.
M. Elkas: Non, non, j'aimerais que vous me l'écriviez,
j'aimerais voir de quoi ça a l'air.
M. Morin: Moi, j'ai fait du vin longtemps à la maison. La
façon... Une fois que la fermentation est terminée, il faut
procéder au siphonnage. Bon. Lorsque quelqu'un est habitué, un
bon artisan réussit à siphonner tout son vin tout en demeurant
à jeun, mais quelqu'un qui siphonne...
M. Elkas: Ça doit être rare!
M. Morin: ...de la façon que, vous, vous siphonnez la
caisse de l'assurance automobile, vous vous coucheriez le soir bien rond! Parce
que, à siphonner, il faut avoir le tour pour faire en sorte que le vin
aille où il doit aller, et non pas en prendre une bonne gorgée.
Mais, vous, vous siphonnez tellement à satiété que c'est
de la gourmandise pure. Alors, il faut savoir siphonner.
Mais, au rythme auquel vous siphonnez la caisse, on a déjà
dit que c'était du vol. Mais voulez-vous avoir d'autres explications sur
la façon de siphonner?
M. Elkas: J'aurais aimé...
M. Morin: ...ou sur ce que ça veut dire, siphonner?
M. Elkas: ...que vous me l'épeliez pour que je sache.
M. Morin: Siphonner?
M. Elkas: Oui, siphonner.
M. Morin: S-Y-P-H-O-N-N-E-R, siphonner, ça vient du mot
siphon.
M. Elkas: Yes.
M. Morin: Voulez-vous avoir les origines grecques ou latines?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez une faute,
M. le député de Dubuc.
M. Elkas: Vous m'avez induit en erreur, c'est S-I.
M. Morin: I? C'est bien. Si vous le saviez, pourquoi vous me
l'avez demandé?
M. Elkas: Non, non, c'est quelqu'un qui vient de me le
montrer!
M. Morin: Êtes-vous en train de chercher des moyens pour
retarder l'adoption de votre propre projet de loi?
Une voix: Est-ce que vous voulez un café?
M. Morin: Pardon?
Une voix: Est-ce que vous prendriez un café?
M. Morin: Oui. Tu en offriras un au ministre aussi! Un
café avec du cognac dedans!
Alors, Mme la Présidente, c'est bien sûr que mon
collègue avait raison parce que, si le ministre avait eu l'intention de
remettre en cause ou de retirer son projet, évidemment, il aurait fallu
commencer par justement l'article 10, parce que tous les articles, finalement,
ont pour but de protéger cette soi-disant ponction ou siphonnage. Tous
ces articles qu'on nous soumet, là, c'est de rendre permanent, de
consacrer, sur une base régulière, ce siphonnage, en ajoutant des
garanties, parce que le gouvernement c'est curieux, hein! il va
chercher le maximum qu'il peut aller chercher et, là, il
s'aperçoit que la réserve de stabilisation n'est plus ce qu'elle
devrait être au cas où il pourrait y avoir des déficits
courants.
Alors, il dit: À ce moment-là, on a trop siphonné,
on va adopter un petit article où on va offrir une garantie dans les cas
où il y aurait déficit courant. Alors, évidemment, tout
cela, c'est de la manipulation d'une société d'État, Mme
la Présidente, qui n'a pas d'allure. Je n'irai pas plus loin, j'ai
hâte qu'on adopte les articles un par un, bien qu'on sente que le
gouvernement hésite presque... J'ai dit «adopté»?
M. Elkas: Oui.
M. Morin: Ah non! Ce n'est pas «adopté» que je
voulais dire, j'ai hâte qu'on en discute. Quant à l'adoption, de
toute façon, on sait bien que le rouleau compresseur va nous
écraser sans vergogne.
Une voix: On ne sait pas.
M. Morin: Mais, de toute façon, on sent, en même
temps, qu'il y a une certaine hésitation. Je pense que le ministre
commence à avoir des remords parce que, hier, le député de
Rousseau, là, dans son dépôt de motion pour...
Une voix: II n'est pas là à soir.
M. Morin: Ah, je sais bien qu'il n'est pas là. S'il n'est
pas là, c'est une tactique pour retarder l'adoption. Eux-mêmes
retardent parce que, nous, on était prêts hier, après notre
dernière motion, d'aborder la discussion au niveau de l'article 1. Et,
à notre grande surprise, le député de Rousseau
dépose une motion pour commencer le débat. Bien sûr qu'en
nous déposant une motion comme celle-là, on ne pouvait pas...
hein... on a succombé à la tentation, c'est bien sûr.
L'offre était trop belle. Alors, c'est ce qui a retardé
probablement de deux heures. Moi je suis parti un petit peu avant le
temps...
Une voix: Oui.
M. Morin: Alors, je suis un peu surpris de voir la vitesse avec
laquelle mon collègue dit...
M. Gauvin: Votre collègue l'avait remarqué.
M. Morin: Oui. Je reconnais mon départ anticipé,
vous auriez pu...
M. Gauvin: Je m'en suis aperçu.
M. Morin: ...vous auriez pu rester muet, quand même, pour
les circonstances...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: ...mais qu'est-ce que tu veux: il y en a qui partent
avant le temps, d'autres arrivent en retard.
M. Elkas: II avait dit à sa femme qu'il était ici
jusqu'à minuit.
M. Morin: Alors, je termine ici. J'ai hâte qu'on
procède à l'étude de l'article 1, puisque, semble-t-il, la
commission va rejeter, là, l'amendement...
Une voix: Pas nécessairement.
M. Morin: Pas nécessairement? Alors, je vais rester sur
mon appétit et attendre qu'on procède au vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement à la motion déposée par le
député de Rousseau, et amendée par le député
de Lévis, est adopté?
M. Garon: Non, on va commencer par l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K. L'autre a
été voté?
M. Garon: Non, on n'a pas parlé encore sur l'amendement.
Là, on parle sur la... l'amendement... la proposition...
M. Morin: C'est-à-dire qu'on n'a pas discuté sur la
motion principale. On est en train...
M. Garon: La motion principale, là...
M. Morin: On est sur l'amendement; on doit en disposer.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, je ne
comprends pas.
M. Morin: II y a eu une motion principale de procéder
à l'étude... Mon collègue a déposé un
amendement pour dire qu'on doit disposer de l'article 10 d'abord. Alors, on
doit disposer de l'article 10, l'amendement de mon collègue, à
savoir si on est favorable ou pas, avant de disposer de...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous voulez
dire que le débat sur la motion du député de Rousseau n'a
pas été fait?
M. Morin: Je ne me souviens pas, mais pas totalement.
M. Garon: Non. C'est l'amendement, à commencer par
l'article 10 et, ensuite... Est-ce que la secrétaire pourrait lire
l'amendement? Ce serait clair à ce moment-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais l'amendement, c'est:
«À la troisième ligne de la motion, après le mot
«entreprenne», d'ajouter les mots «l'article 10 et
ensuite».
M. Garon: Et, ensuite, ce serait l'article 1.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, après
ça, c'est «et ensuite». «Et ensuite», ça
veut dire que ce serait 10, 11, 12.
M. Garon: Non, non.
La Présidente (Mme Bélanger): Et ensuite...
M. Garon: Non. Il faudrait que... Je pense que ce serait bon de
lire l'article, là. Comme c'a commencé hier, le débat,
puis il y des acteurs qui ont changé...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Garon: ...ce serait mieux de lire peut-être la...
La Présidente (Mme Bélanger): La motion, c'est
qu'il était «proposé que la commission de
l'aménagement et des équipements commence dès maintenant
à étudier le projet de loi 130 et entreprenne l'article 1».
Bon, cette motion n'a pas été discutée. Elle n'a pas
été discutée. Alors, vous... Le député de
Lévis a apporté un amendement qui dit: À la
troisième ligne de la motion, après le mot
«entreprenne», d'ajouter les mots «l'article 10 et
ensuite?».
M. Garon: Et ensuite, l'article 1.
M. Morin: Oui. Pas de point d'interrogation.
M. Garon: Pas de point d'interrogation.
M. Morin: Ça pourrait être des points de
suspension.
M. Garon: C'est pour remplacer les mots entre guillemets.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui, mais...
M. Garon: Après «entreprenne», ajouter les
mots...
La Présidente (Mme Bélanger): Entre guillemets,
entre...
M. Garon: ...«l'article 10 et ensuite»...
La Présidente (Mme Bélanger): ...et ensuite.
M. Morin: L'article 1...
M. Garon: ...l'article 1.
M. Morin: .. .tel que la motion principale...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais ce n'est pas
marqué.
M. Garon: Non, non. Ce n'est pas nécessaire, ça
amende la motion principale.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bon. M. Garon:
C'est un amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous le dites.
M. Garon: Non, non, mais c'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce serait juste
l'article 10 et, après ça, on revient à l'article 1.
M. Morin: Exact. Conformément au libellé de la
motion principale.
M. Garon: Ce n'est pas parce que je le dis, c'est parce que c'est
ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, écoutez,
moi, je n'étais pas là au moment du débat, alors, je lis
ce que je vois, et ce n'est pas évident parce que, moi, «l'article
10 et ensuite», j'aurais pensé, et ensuite 10, 11, 12, et ensuite,
1.
M. Morin: Oui, c'est un amendement à la motion. Donc, il
faut que vous vous référiez à la motion.
La Présidente (Mme Bélanger): À la
motion?
M. Morin: II faut que vous vous référiez à
la motion: «et ensuite l'article 1», tel que... Laissez-moi faire
dans la procédure, M. Garon. Mon collègue...
M. Garon: II pourrait y avoir un sous-amendement pour dire... Il
aurait pu y avoir un sous-amendement que, après l'article 10, ça
va être l'article 5 et ensuite l'article 1.
M. Morin: Exact.
M. Garon: Parce que la commission est maître de ses
travaux.
M. Gauvin: Mme la Présidente, avec tout ce qui a
été dit...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, de toute
façon, je pense que c'est bien compris: et ensuite l'article 1. Alors,
est-ce que l'amendement est adopté?
M. Garon: Vote enregistré.
M. Gauvin: L'amendement sur la motion?
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la motion de
commencer l'étude...
M. Gauvin: Du dixième article. C'est la motion de qui,
ça?
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement,
là... (20 h 50)
M. Gauvin: C'est l'amendement du député de
Lévis?
La Présidente (Mme Bélanger): Commencer à
l'article 10...
M. Garon: II veut savoir de qui parce qu'il va voter selon...
M. Gauvin: L'amendement a été
présenté par qui, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement a
été présenté par le député de
Lévis.
M. Garon: On vote sur la motion du député de
Rousseau.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, on vote sur
l'amendement.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, s'il vous
plaît, si on veut revenir un petit peu sérieux, parce que je
trouve qu'on perd du temps, là.
M. Garon: Ce n'est pas ça, c'est parce que je remarque que
les députés font des personnalités, ils demandent: la
motion de qui? Alors, ils ne devraient pas savoir c'est la motion de qui, mais
c'est la motion qui dit quoi.
M. Gauvin: Ça m'intéresse de savoir qui l'a
présentée.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je pense que
tout le monde est...
M. Garon: C'est pour ça que les copies sont anonymes dans
les examens dans les collèges bien nommés. Parce qu'on ne veut
pas corriger les copies à la face des gens, selon le...
M. Elkas: Vous avez honte de votre amendement?
M. Garon: Pardon?
M. Elkas: Vous avez honte de votre amendement?
M. Garon: Pas du tout! Je dis que si c'était un amendement
qui était anonyme, il passerait haut la main, à
l'unanimité.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse,
là,
on a demandé le vote, vous avez demandé un vote
nominal?
M. Morin: Exact. M. Garon: Oui.
Mise aux voix
La Secrétaire: M. Bergeron? M. Bergeron: Contre.
La Secrétaire: M. Garon? M. Garon: Pour.
La Secrétaire: M. Morin? M. Morin: Pour.
La Secrétaire: M.Gauvin? M. Gauvin: Contre.
La Secrétaire: M. Elkas? M. Elkas: Contre.
La Secrétaire: Mme Bélanger?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
La Secrétaire: Trois voix contre, deux pour et une
abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à la motion a été rejeté. Est-ce que la motion du
député de Rousseau est adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Garon: Non, non, on n'a pas encore parlé
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, là, ce
n'est pas obligé à soir. Vous pouvez l'adopter ou la rejeter.
M. Garon: Non, non, il faut quand même comprendre le
pourquoi. Et, comme le député de Rousseau n'est pas là
pour l'expliquer, peut-être que le député de
Montmagny-L'Islet pourrait l'expliquer. Parce que le député de
Rousseau n'est pas là pour l'expliquer, sa motion.
M. Gauvin: Je peux l'expliquer, ça peut être assez
bref. Si vous y tenez.
M. Morin: Mais, normalement, c'est le tenant de la motion qui
doit exposer lui-même ses motifs...
La Présidente (Mme Bélanger): Exactement.
M. Morin: Et non pas quelqu'un d'autre. Mme la Présidente,
veuillez respecter la procédure.
M. Gauvin: ...gratuit, parce que, moi, mon rôle n'est pas
de tuer le temps en commission.
M. Morin: Nous autres non plus. Mais c'est vous qui êtes en
train de le massacrer, le temps.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc, s'il vous plaît!
M. Morin: Oui, je vous avais demandé la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous trouve
très volubile ce soir.
M. Garon: On ne tue pas le temps, on le garde.
M. Morin: On le massacre.
M. Gauvin: Oui, on avait remarqué.
M. Morin: Mme la Présidente, ne convenez-vous pas qu'il
appartient à celui qui présente une motion d'en expliquer les
motifs? Et, si la personne n'est pas là...
M. Garon: On peut bien ajourner.
M. Morin: ...on doit ajourner pour attendre qu'elle soit en
mesure d'exposer les motifs, sinon sa motion devient irrecevable.
M. Garon: Parce qu'on ne peut pas lancer une motion, là,
et s'en aller.
M. Morin: Vous l'avez déjà fait, par exemple, vous,
des fois, mais...
M. Garon: Non.
M. Morin: Ce n'est pas pareil. On est dans l'Opposition, on
peut...
(Consultation)
M. Garon: ...venir nous expliquer le sens de sa motion. Mme la
Présidente, le député qui rentre dans cette Chambre, je
pense, a une fonction administrative au sein du gouvernement. H pourrait
peut-être aller trouver le député de Rousseau et lui
demander de venir nous expliquer le sens de sa motion.
M. Elkas: Je m'excuse, Mme la Présidente, mais le
député de Rousseau l'a expliquée hier.
M. Garon: Non, non.
M. Elkas: Bien oui, bien oui.
M. Garon: II va falloir faire venir les galées, on ne s'en
rappelle pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, Écoutez,
moi, on me dit... la secrétaire me dit que la motion de M. le
député de Rousseau n'a pas été discutée.
M. Garon: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): La minute qu'il a
présenté sa motion, il y a eu immédiatement un amendement
qui a été déposé. Alors, ce qui veut dire que la
motion principale n'a pas été discutée; on a
discuté de l'amendement, l'amendement est rejeté. Alors,
là, moi, mon rôle, c'est de demander si la motion principale est
adoptée. On me dit qu'on veut des explications sur la motion principale.
Le proposeur de la motion n'est pas là. Alors, la motion devient... il
faudrait que quelqu'un d'autre propose une autre... Celle-là devient
caduque parce que le proposeur n'est pas là pour la discuter. C'est le
proposeur qui doit discuter de sa motion: il peut prendre une minute, deux
minutes; il a le droit à 30 minutes, mais il peut prendre une ou deux
minutes.
M. Gauvin: Avez-vous une copie de la motion déposée
par le député de Rousseau?
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui, mais
j'aimerais savoir la vérité, moi, là. Il a parlé ou
il n'a pas parlé?
Une voix: II a parlé pour la présenter...
La Présidente (Mme Bélanger): Bien voyons!
M. Garon: Une motion qu'on ne voit pas souvent.
M. Elkas: Vous la voyez assez souvent, M. le député
de Lévis, à toutes les fois que...
M. Garon: Non, non, c'est très exceptionnel.
M. Elkas: Non, je regrette, là, mais depuis... ça
fait quatre ans que je suis ici, ce n'est pas la première fois qu'on
propose une motion pour débuter nos travaux.
M. Garon: Non. C'est très exceptionnel.
M. Elkas: Non, je regrette, mais ce n'est pas la première
fois.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je m'excuse,
là. On me dit que le proposeur n'est pas obligé de discuter de sa
motion. Il la propose et point. Il peut dire: Moi, elle est proposée; je
n'ai rien à ajouter. Alors, à ce moment-là...
M. Garon: Alors, on peut prendre son temps de parole.
La Présidente (Mme Bélanger): ...vous pouvez...
M. Garon: Est-ce qu'on peut prendre son temps de parole?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, le temps de
parole n'est pas transférable.
Une voix: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous avez,
vous, en tant que critique, 10 minutes pour discuter de la motion du
député de... pourquoi vous refusez la motion du
député de Rousseau.
Une voix: II n'a pas dit qu'il la refusait.
M. Garon: Alors, comme le député de Rousseau n'est
pas là...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, là...
M. Garon: ...je pense qu'il faut absolument faire un amendement
à cette motion pour commencer par un autre article, Mme la
Présidente, parce que celui qui a fait une motion n'a pas jugé
utile d'être là. Alors, Mme la Présidente, pour faire un
amendement à la motion, je vais proposer de commencer par l'article 4.
Alors, je vais le rédiger.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que... Une
voix: On peut suspendre les travaux. M. Garon: On peut suspendre les
travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que la motion
est rédigée?
M. Morin: II faut toujours des garanties. C'est bien sûr
que...
M. Garon: Ça prend des garanties.
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous qu'on
suspende les travaux...
M. Garon: S'il vous plaît.
La Présidente (Mme Bélanger): ...le temps de la
rédaction de la motion? Alors, la commission suspend ses travaux
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 58)
(Reprise à 21 h 4)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est toujours de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 130, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives. M. le
député de Lévis.
Motion d'amendement proposant d'étudier d'abord
l'article 4 du projet de loi
M. Garon: J'aurais un amendement à proposer qui se lirait
comme suit: À la troisième ligne de la motion, après le
mot «entreprenne», d'ajouter les mots «l'article 4, puis
l'article 10 et ensuite».
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
évidemment que l'amendement est acceptable...
M. Elkas: Recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): ...recevable,
c'est-à-dire. Merci M. le ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est mieux qu'acceptable!
M. Elkas: C'est loin d'être acceptable, mais c'est
recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Lévis, vous avez 30 minutes.
M. Elkas: Est-ce qu'on a des copies?
M. Garon: Non, non, le ministre a tout de suite compris...
La Présidente (Mme Bélanger): On va vous en faire
faire des copies.
M. Garon: ...II n'a pas dit recevable, il a dit
«acceptable». Pourquoi? Parce qu'il comprend que...
Une voix: Non, non, c'est le contraire. L'inverse, l'inverse.
M. Elkas: II est loin d'être acceptable, mais
recevable.
M. Garon: Non, non, mais il a commencé par dire
«acceptable».
Une voix: Non, non, non.
M. Garon: Oui, oui.
Une voix: Faites sortir les galées.
Une voix: On devrait suspendre pour faire sortir les
galées.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, s'il vous plaît! Je peux donner les explications
moi-même.
Une voix: Ah, excusez.
M. Jean Garon
M. Garon: Essentiellement, je vais vous dire pourquoi. Parce
qu'il y a deux articles qui sont majeurs dans ce projet de loi là et qui
viennent avant tous les autres. J'ai essayé tantôt une
tentative depuis hier de convaincre les gens à commencer par
l'article 10. Parce que l'article 10, c'est ça qui est la base de tout
le projet de loi, parce qu'on siphonne 1 000 000 000 $ dans la caisse. Et parce
qu'on siphonne 1 000 000 000 $ dans la caisse, maintenant, qu'est-ce qu'il faut
faire? Il faut donner des garanties de revenus. Alors, c'est l'article 4. Et,
ensuite, tout le régime est changé. C'est pourquoi, ayant
tenté de faire commencer par l'article 10, je me dis: Peut-être
que les gens, les députés ministériels aimeraient mieux
commencer par l'article 4. Manifestant beaucoup de souplesse, j'ai fait un
amendement différent, c'est-à-dire qu'on commence par l'article
4, concernant la garantie de revenus, ensuite le milliard et ensuite les
dispositions qui vont être changées dans le projet de loi, dans un
souci de cohérence pour faciliter l'étude du projet de loi. Parce
que comment peut-on commencer? Je vais vous dire, Mme la Présidente...
Si on commence à étudier le projet de loi je vais vous le
dire d'avance par l'article 1 comme le suggérait le
député de Rousseau, qui aujourd'hui n'est pas très fier de
son affaire de sorte qu'il est parti dans la brume... Au fond...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, là, j'aimerais que... Vous savez
fort bien, en tant que président de la commission, qu'on ne doit pas
mentionner l'absence d'un député, parce qu'il a sûrement
des obligations ailleurs...
M. Garon: Non, non, je ne voulais pas manifester son absence, Mme
la Présidente, j'ai manifesté sa honte. Parce que ce n'est pas
son absence qui me frappe, c'est sa honte. Parce qu'il voit bien que ça
n'a pas de bon sens. Si on parle de l'article 1, on va être obligé
de demander au ministre: Pourquoi, ça? Alors, ça,
l'article 1, c'est parce qu'il y a l'article 10, puis il y a l'article
4. Alors, il va dire: Je propose l'article 1. Mais, si vous commencez par
l'article 1, vous ne comprendrez pas pourquoi, l'article 1. Ça n'a pas
de bon sens, en soi, l'article 1. Sauf que c'est compréhensible dans la
perspective où on a liquidé la caisse. Il n'y a plus d'argent
dans la caisse, un. Deuxièmement, parce qu'il n'y a plus d'argent dans
la caisse, il faut donner des garanties de revenus à des assurés
qui paient puis qui n'ont pas de garantie: il n'y a plus d'argent dans la
caisse. Et, trois, on change le système de financement de la caisse.
Pourquoi? Parce qu'on a vidé la caisse, essentiellement. Alors, ma
proposition est uniquement dans un souci de cohérence, Mme la
Présidente. Et je sens que le député de Lotbinière
est en train de comprendre, Mme la Présidente, parce qu'il vient d'un
milieu rural. Le milieu rural comprend ces choses-là.
Une voix: C'est le bon sens.
M. Garon: Le ministre a plus de difficultés, il vient
d'une région où on...
Une voix: Wo, wo!
M. Garon: ...pense un peu comme M. C. D. Howe, quand il disait
devant une commission parlementaire à la Chambre des communes à
Ottawa: «What's a million?». En voulant dire... Je ne parle pas
d'hier, c'est dans les années cinquante. C. D. Howe, ministre
millionnaire, plusieurs fois millionnaire, disait à quelqu'un qui
l'interrogeait sur des fonds publics: «What's a million?», en
voulant dire: C'est une grenaille, c'est un bâton de
«popsicle». «What's a million?»
Le député de Lotbinière, je suis persuadé,
comme moi, n'est pas atteint à ce point de sophistication ou de cynisme
pour penser qu'un million, ce n'est rien. Moi, je pense encore que c'est
beaucoup d'argent.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lotbinière, s'il vous plaît!
M. Garon: Et là je suis persuadé qu'aujourd'hui,
moi... Puis les députés libéraux disent que le
député de Lévis a déjà eu un chèque
de 13 000 000 $, pas 11000 000$, 13 000 000$ dans ses poches, ils disent: On en
aurait bien besoin d'un ministre de même. Aujourd'hui, tout ce qu'on a,
c'est des ministres qui n'ont pas d'argent dans leurs poches, ils ont juste des
dettes et ils sont dangereux, ils sont en train de nous taxer à tour de
bras parce qu'ils n'ont pas d'argent dans leurs poches. Le député
de Lévis, un chèque de 13 000 000 $, il avait ça un jeudi
soir, comprenez-vous? Il l'offrait au ministre des Finances ou au sous-ministre
qui était là et, comme il s'en allait à Montréal,
il ne voulait pas le prendre et, bien, comme lui partait le soir même en
dehors, il l'a apporté le lundi matin et il l'a montré aux
journalistes qui, comme le ministre des Finances... Je vais vous conter une
histoire en...
Une voix: Onze jours plus tard.
M. Garon: Non, pas 11 jours plus tard. Trois, quatre jours plus
tard. Et je vais vous dire plus que ça...
Une voix: On a la preuve.
M. Garon: ...grâce à ça, j'ai
été chercher une vingtaine de millions additionnels. Je vais vous
dire pourquoi. Parce que le ministre du fédéral... L'argent, ce
qui était le problème, c'était le ministre
fédéral, M. Whelan, qui ne payait pas. Ça faisait des
années qu'il ne payait pas son dû à
Fassurance-récolte. Alors, le ministre conservateur, en 1984, est
arrivé avec son chèque de 13 000 000$, et il m'a
demandé... Je vais vous dire l'histoire, les gens ne la savent pas,
l'histoire. Quand il m'a apporté son chèque de 13 000 000 $, il
m'a dit: Allez-vous nous faire un peu de publicité? J'ai dit: Je ne peux
pas vous faire beaucoup de publicité alors que c'est 40 000 000 $ que
vous nous devez. Vous nous devez 39 000 000 $ exactement. J'ai dit: Je ne peux
pas vous faire beaucoup de publicité avec un chèque de 13 000 000
$. Je vais avoir l'air satisfait, alors que vous nous en devez encore beaucoup
plus. Il dit: Bien, nous, comme on paie et les libéraux ne payaient pas,
on aurait aimé ça que les gens le sachent. Bien, j'ai dit: Je
m'arrangerai bien avec ça. Alors, on est partis, et, le soir même,
j'arrivais à un comité ministériel. J'ai offert le
chèque, personne n'a voulu le prendre. C'était le soir quand j'ai
eu le chèque, je n'ai pas eu le chèque le matin, à 9
heures, j'ai eu le chèque à l'heure du souper. Les bureaux
étaient fermés et, le soir, comme personne ne voulait le prendre,
après l'avoir offert à deux sous-ministres différents,
j'ai pris l'avion le jeudi soir et je l'ai remis le lundi, je pense que c'est
lundi matin. (21 h 10) mais, avant de m'en aller au ministère des
finances, j'avais une conférence de presse. alors, connaissant les
journalistes et connaissant la profondeur de leur pensée, j'ai sorti le
chèque de mes poches, je l'ai sorti comme ça et, à un
moment donné, j'ai dit: bien, voyez-vous, j'ai un chèque de 13
000 000 $ que j'ai eu. comme ils m'ont vu le sortir comme ça, je l'avais
mis juste avant la conférence de presse, ils en ont parlé.
résultat: j'ai eu le reste de l'argent dans les 15 jours qui ont suivi.
alors, je pense que c'est une bonne négociation. et je vais vous dire
une chose: n'importe qui ferait la même chose, je l'engagerais n'importe
quand. parce que j'ai eu le montant d'argent dans l'espace d'un mois, alors que
le ministre libéral fédéral, m. whelan, tapon-nait depuis
des années, il ne voulait pas payer ce qui était dû.
d'autant plus qu'au québec il payait seulement 10 %, alors qu'en
saskatchewan il payait 90 %, en alberta, il payait 90 % de
l'assurance-récolte et, au québec... pardon, pas 10 %, 50 %: 50 %
fédéral, 50 % provincial, alors que, dans le reste du canada,
dans plusieurs provinces, il payait 90 %. puis, en plus, il ne nous payait pas.
alors, moi, je pense que c'est une bonne entente. un jour, j'écrirai mes
mémoires et je
conterai tous les dessous de cette affaire-là en mentionnant les
noms des gens. Vous verrez à quel point le...
Une voix: Préparez-vous!
M. Garon: ...ministre de l'Agriculture est un bon
administrateur... et on vous... pour aller chercher l'argent qui lui
était dû.
Mais, aujourd'hui, les citoyens aimeraient ça, avoir des gens qui
ont des chèques dans leurs poches. Là, ils ont des ministres qui
n'ont pas une cent dans leurs poches, qui ont des déficits dans leurs
poches, et que ça représente des menaces. Pourquoi pensez-vous
que le ministre, actuellement, là, il présente un projet de loi
comme ça? Il l'a dit hier, il a dit: Le gouvernement est cassé,
il n'a pas une cent. Il faut qu'il fasse des ponctions dans les places
où il y a de l'argent, comprenez-vous? Parce que le ministre est
dangereux...
M. Elkas: Non, je n'ai jamais dit ça.
M. Garon: Non, non, c'est enregistré; hier, il a dit: Le
gouvernement n'a pas d'argent...
M. Elkas: Non.
M. Garon: ...c'est pour ça qu'il faut qu'il fasse des
ponctions.
M. Elkas: Non.
M. Garon: Je vais vous dire une chose: L'Argentine, il y a
quelques années, il n'y a pas très longtemps, deux, trois ans
ça va peut-être bien nous arriver avant longtemps, et je
pèse mes paroles la situation financière de l'Argentine
était désastreuse comme celle du Canada. Qu'est-ce que les gens
de l'Argentine ont appris? Vous savez qu'au Canada, autrefois, on empruntait 1
% à 2 % de notre argent à l'étranger; on empruntait au
pays. Quand M. Trudeau est arrivé au pouvoir, en 1968, la dette totale
du Canada était de 18 000 000 000 $, entre 1 % et 2 % financés
à l'étranger. Aujourd'hui, la dette du Canada est de 500 000 000
000 $ pas 18 000 000 000 $, 500 000 000 000 $ dont près de
60 % sont financés à l'étranger. Bien, l'Argentine a
déjà fait ça. Et la journée où les
prêteurs ne veulent plus prêter, qu'est-ce que vous faites?
Là, actuellement, on vit sur le crédit des Américains, des
Japonais et des Allemands. Quand, un moment donné, ils vont dire: C'est
assez, on ne prête plus, vous êtes trop endettés, qu'est-ce
qui arrive? Je vais vous dire ce qui est arrivé à l'Argentine
je ne gagerais pas que ça ne se produira pas ici un matin,
les gens se sont levés et ont écouté les nouvelles
à 8 h 00 du matin. Qu'est-ce qu'ils ont entendu? Que le gouvernement
avait emprunté durant la nuit leurs comptes de banque et que tous les
comptes de banque où il y avait plus que 1000 $, le gouvernement avait
emprunté l'argent, et il leur enverrait des certificats, genre Obliga-
tions du Canada, tu sais, des certificats pour leur dire qu'il leur
rembourserait d'ici cinq ans, avec tel taux d'intérêt, s'il
était capable; entre cinq et 10 ans, avec tel taux
d'intérêt, s'il était capable; et, plus tard, s'il
n'était pas capable de faire autrement. Et les gens ont vu que leurs
épargnes avaient été empruntées obligatoirement par
un gouvernement qui n'était plus capable d'emprunter sur le
marché international.
Bien, nous, là, on va peut-être être dans cette
situation-là bien plus vite qu'on ne le pense, et ça, ça
arrive d'un coup sec. Aujourd'hui, quand le ministre... Le ministre l'a dit
hier: Le gouvernement est mal pris, il n'a pas d'argent, donc il siphonne.
Alors, là, il prend la caisse de la Société de l'assurance
automobile parce qu'il y a de l'argent dans la caisse. Quand il n'y en aura
plus là, dans la CSST, il n'empruntera pas: il n'y en a pas, d'argent.
Non. Et le déficit, il fait partie des emprunts aussi, des
problèmes, aussi. Il y en a combien qui reste, d'argent? On a
vidé la caisse de Loto-Québec; on a vidé toutes les
caisses existantes. Il n'en reste plus, de caisses. La seule caisse qui
restait, qui n'appartenait pas au gouvernement, il l'a prise pareil. Quand il
aura fait le tour des caisses et quand les rentrées de fonds ne
rentreront pas on l'a vu à Montréal: 20 % des gens sur
l'assistance sociale le gouvernement va prendre son argent où? on
est sur le bord de ça; on est sur le bord de ça, actuellement,
parce que les gouvernements, je le dis, n'ont pas le courage de faire leurs
coupures où elles devraient être. et il y en a, des places
à couper, en masse, il y en a, des places à couper. des
dépenses somptuaires... quand on vend du grain, là, dont on n'a
pas besoin, à 70 %, du grain canadien, subventionné à 75
%, exporté à 70 %, c'est du gaspillage. quand on finance 22 000
km de chemins de fer non rentables dans l'ouest du canada, c'est du gaspillage.
quand on fait un pont, à l'île-du-prince-édouard, de 840
000 000$, financé à 45 000 000 $ par année indexés
pendant 35 ans ça va faire 3 800 000 000 $ c'est du
gaspillage! ça ne prend pas une 500 w pour penser à ça. et
on fait du gaspillage à tour de bras au canada. mais là,
tantôt, les factures sont à la veille d'arriver. on va payer
très cher le fait d'avoir eu des politiciens mitaines, des gens qui
n'avaient pas de courage parce qu'ils n'étaient pas capables d'avoir les
yeux devant les trous.
Alors, qu'est-ce qu'on a actuellement? On a un projet de loi qui fait
quoi? Qui siphonne un des derniers pots, un des derniers pots. J'en ai vu, moi,
une affaire de siphonnage: Madelipêche. J'ai fait une enquête en
1984. Évidemment, la commission d'enquête est arrivée en
dedans de ses chiffres. J'ai vu que les poursuites, qui avaient
été arrêtées en février 1986, viennent de
reprendre apparemment à l'été, que quelqu'un m'a dit aux
cours du Barreau, récemment, à l'automne.
Les gens, actuellement, là, on est dans les derniers pots, au
gouvernement. Puis là, après ça, c'est quoi? Le
holà, on va le mettre où? Quand est-ce qu'on va dire au
gouvernement: Arrête! Arrête de siphonner des gens qui ne sont
coupables de rien! L'automobiliste,
là, il est coupable de quoi? Les systèmes de taxation...
Moi, je vais vous dire: Quelqu'un je ne nommerai pas de nom l'an
dernier, à Noël, est allé à Cuba. Je lui ai dit
moi, j'ai arrêté de fumer en 1984; non, avant ça, en
1981; 12 ans que j'ai arrêté de fumer...
Une voix: Douze ans minimum.
M. Garon: Je lui ai dit: Tu vas à Cuba? Apporte-moi donc
une couple de cigares Monte-Cristo. Il me disait: J'aimerais ça te
rapporter quelque chose. Je lui dis: Apporte-moi donc une couple de cigares
MonteCristo, je n'ai pas fumé depuis des années; je vais essayer
ça. La personne a acheté une boîte de 25 cigares
écoutez bien ce que je vous dis là, là 25 cigares:
ça a coûté 53 $ américains, Noël l'an dernier.
No 3, si tu veux avoir le chiffre des... Il y en a plusieurs numéros,
des Monte-Cristo; no 3. Ça a coûté 53 $ américains.
En dollars canadiens, ça voulait dire à peu près 70 $.
Une voix: ...
M. Garon: oui. écoutez bien. je suis allé chez
giguère, sur la rue buade, pour voir comment ça se vendait, 25
cigares monte-cristo, au québec. savez-vous combien? je l'ai
demandé. les gens m'ont dit: 100 $? 200 $? 300 $? non. les mêmes
cigares, 53 $ à cuba, c'est 430,80 $. on est malade! on vit dans une
société malade, de gens qui ont besoin bien plus d'un psychiatre
que de n'importe quoi d'autre. en quoi quelqu'un qui fume un cigare commet un
crime contre l'humanité? c'est rendu que ça coûte... le
prix du cigare est à peu près 15 %. le reste, bon... tout le
reste, c'est dans l'équivalent. ça n'a pas de bon sens! on est
déconnecté. on vit dans une société
complètement folle! pourquoi? parce qu'on n'a plus de proportions dans
la réalité. quand on achète du gaz au etats-unis, qu'on
paie 1,15 $ le gallon, 1,10 $ le gallon. nous autres, on est à la veille
d'avoir ça au litre. on vit dans une société
complètement malade.
Une voix: ...augmenter...
M. Garon: Bien, oui, on dit... Ça fait longtemps que
j'entends dire ça. J'entends dire toutes sortes d'affaires qui vont
arriver, des malheurs qui vont arriver aux autres, sauf qu'ici les malheurs
sont arrivés.
Une voix: ...le président américain...
M. Garon: Le président, il ne fera pas ce qu'il va
vouloir, parce que, là-bas, là, il n'y a pas un bon
système parlementaire de fou comme on a.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
Une voix: ...il faut qu'on le paie, d'une façon ou d'une
autre. Vous le savez, ça.
M. Garon: Oui. Une voix: Bon, bien...
M. Garon: Sauf qu'ils ont un système parlementaire,
là-bas, qui fonctionne. Nous autres, on a un système
parlementaire de fou. Les gens votent contre ce qu'ils croient. Ici, les gens
ne votent pas selon ce qu'ils pensent, ils votent selon le parti, parce qu'en
fonction du système parlementaire britannique le gouvernement tombe si
on ne vote pas tous pareil. (21 h 20)
Aux États-Unis, ils votent selon ce qu'ils pensent. Quand ils
arrivent aux élections, les gens disent: II a voté sur telle loi
de telle façon. Le gars, il a voté de même. Il est bon ou
il n'est pas bon. On le débarque ou on le garde. Nous autres, il a
voté comme son parti à peu près tout le temps. Pourquoi?
Parce qu'on a un système qui n'est pas vraiment un système
démocratique. Avec une presse... Pensez-vous qu'il y a du monde qui nous
écoute, là? On est entre nous comme dans un club privé.
Pensez-vous que la presse nous écoute? Bien, voyons donc! Le Soleil,
ils ont quatre journalistes, comprenez-vous? Us n'écrivent pas le
quart d'un article par jour, tu sais. Moi, je vais vous dire: Conrad Black, un
homme d'affaires? Autant de journalistes pour écrire trois lignes? Hein?
Voyons donc! Puis ils disent qu'ils ont de l'ouvrage, comprenez-vous.
Période de questions? Elle dure 45 minutes, puis ils restent là
à peu près une demi-heure. Entre vous puis moi, c'est de l'argent
gaspillé, ça. Regardez le nombre d'articles que vous avez dans le
journal Le Soleil pour les quatre journalistes que vous avez dans le
Parlement. Je vais vous dire... Si, Conrad Black, c'est ça un homme
d'affaires, je vais vous dire une affaire, je ne le mettrais pas en charge de
la fonction publique, parce qu'elle est plus efficace que son équipe.
Pourquoi? Parce qu'on fait des débats sur des questions fondamentales
qui touchent les gens. Et puis c'est suivi exactement comme s'il n'y avait pas
de monde, comme si ça n'intéressait pas personne. Sauf que, tout
ce dont on parle actuellement, ça touche quatre millions
d'automobilistes. Ça touche tout le monde.
On a vu hier aux nouvelles, là, il arrive une
affaire-là... Il y a quatre victimes qui ont eu 8000 $ chacune, puis le
gars qui les a frappées, qui avait pris un coup, lui, il a eu 80 000 $.
80 000 $ ou 86 000 $. Mais, là, les gens commencent à en parler,
tu sais. Mais ils n'en parleront pas longtemps, parce que ce n'est pas à
eux-autres que c'est arrivé. Puis, après ça, ils vont se
demander quand ça leur arrive à eux-autres, comment ça se
fait que le monde n'en parle pas. Parce que la solidarité au
Québec, ça n'existe plus. Ça n'existe plus, tu sais. On
l'a vu quand on a vu l'affaire de La Laurentien-ne, là...
Une voix: Vous avez entendu les émissions de ce midi
aussi, là, à la radio?
M. Garon: Oui. Bien, moi, je vais vous dire...
Une voix: Non, mais il y a quand même eu des correctifs
d'apportés, par exemple ce midi.
M. Garon: Bon, mais ça ...
Une voix: Ce qu'on a...
M. Garon: Oui, mais là ça me fait...
Déjà...
Une voix: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, je regrette
là, c'est lui.
M. Garon: Vous allez pouvoir parler après tant que vous
allez vouloir.
La Présidente (Mme Bélanger): Après, vous
pourrez...
M. Garon: Alors, c'est comme quand il est venu, on a vu La
Laurentienne: 1 100 000 $ pour vendre sa compagnie 1 $. Comprenez-vous?
Alors...
Une voix: II y a eu des correctifs, ce midi...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Jean!
M. Charbonneau: Je m'excuse. M. Garon: Moi, je pense
que...
Une voix: Pourquoi est-ce qu'on a fait une entente avec La
Laurentienne?
M. Morin: Vous êtes pardonné. Dans le temps de
l'Avent, on a le pardon facile.
M. Garon: Dans le temps de l'Avent, on mangeait du poisson, par
exemple, avant.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, si vous voulez poursuivre.
M. Garon: Ça donnait de la mémoire. Aujourd'hui,
les gens ne mangent plus de poisson, puis la mémoire est partie. Us
mettent «Je me souviens» sur les plaques d'automobile pour se faire
croire qu'ils se rappellent de quelque chose au Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Si on veut revenir
sur l'amendement de la motion.
M. Garon: Alors, Mme la Présidente, pourquoi la motion, au
fond? C'est pourquoi? C'est parce qu'on dit: L'article 1, ce n'est pas
l'article important. L'article important, c'est l'article 10, où on vide
la caisse, l'article 4, des garanties de revenus. Après ça, le
régime qui est changé... Parce qu'on a bousillé le
système. L'article 1 devient nécessaire parce qu'on a l'article
10, qui vide la caisse, l'article 4, qui donne des garanties de revenus parce
qu'il n'y a plus d'argent dans la caisse; il faut donner des garanties de
revenus. Puis, après ça, comme on donne des garanties de revenus
puis que le gouvernement n'a pas d'argent dans la caisse, bien, il faut aller
siphonner l'automobiliste pour payer davantage de cotisations.
Le système, si on veut étudier la loi de façon
cohérente c'est là l'objet de l'amendement, Mme la
Présidente c'est que l'article 10 est le meilleur... bien, pas le
meilleur article, celui qui doit être vu en premier, l'article 4 et
l'article 1. Et, à ce moment-là, on aura au moins une analyse
cohérente. Autrement, on va être obligés d'analyser
l'article 1, le laisser en suspens, puis après ça on va attendre.
On va aller à l'article 4, puis à l'article 10 avant de revenir
à ces articles-là. C'est ça, la raison, Mme la
Présidente, des propositions que nous avons formulées. Pas
à peu près: pour avoir étudié attentivement le
projet de loi.
Le projet de loi est un projet de loi... Pas un projet de loi... Vous
savez que la plupart des projets de loi qu'il y a devant le Parlement
actuellement, ils ne coûtent pas cher comme celui-là. Tous les
autres projets de loi ensemble qui sont devant l'Assemblée nationale,
ils ne coûtent pas le dixième de ce que coûte ce projet de
loi là. Il y avait un article de projet de loi, cet après-midi,
sur les insecticides c'est pour ceux qui arrosent les fleurs et
puis on veut faire changer le règlement par les municipalités.
Ils auraient voulu être entendus et ils n'ont pas pu être entendus,
les gens qui sont dans le domaine des fleurs. Mais, en termes d'argent, ce
n'est pas un projet de loi qui coûtait la fortune que coûte ce
projet de loi là. Le projet de loi qui représente le plus
d'argent, qui est devant l'Assemblée nationale aujourd'hui, c'est le
projet de loi 130. Il n'y a pas de projet de loi qui représente autant
d'argent. C'est pour ça qu'il faut l'étudier de façon
cohérente et lucide. Et c'est pour ça que je déplore un
peu que le proposeur de la motion, auquel je me greffe pour essayer
d'améliorer sa motion, est un peu comme un fakir, qui peut
disparaître, ou un genre d'Ali Baba, qui disparaît dans la boucane
de la magie. Vous avez déjà vu ça, Mme la
Présidente? Vous n'avez pas vu ça, vous, mais dans les...
La Présidente (Mme Bélanger): ...
M. Garon: Non. Autrefois, on voyait ça, des gens qui
disparaissaient dans la boucane. Mais, aujourd'hui, on voit que le proposeur de
la motion, il se rend bien compte qu'il a fait une erreur, et c'est pour
ça qu'il ne veut pas la défendre.
Et, nous, nous sommes là pour défendre nos projets... de
commencer au moins d'une façon cohérente.
Le ministre nous en saurait gré, Mme la Présidente. Le
ministre, je suis persuadé, il est comme un commando au combat. Ha, ha,
ha! Il a l'air d'un gars
commandé puis à qui on a dit: Va passer ça. Allez
passer ce projet de loi, M. Sam, allez passer ça. Mais sauf que, moi, je
serais gêné, à sa place. Parce que, quand je suis
entré en politique, je me suis dit une chose: Quand je vais en sortir un
jour, j'aimerais ça que mes enfants se rappellent de moi en disant:
Bien, on est fiers de notre père parce qu'il a essayé
d'améliorer les affaires.
Mais, Mme la Présidente, pensez-vous que les enfants du
ministre... Quand ils vont se rappeler, ils vont dire: Notre père, il a
vidé la caisse des automobilistes. Il a défait un régime
qui marchait bien. Ils ne seront pas contents de ça, ils ne seront pas
fiers de ça. C'est pour ça que je dis: Le ministre doit reculer
sur ce projet dé loi là. Il doit dire: Confiez cette job à
un autre, je ne veux pas continuer cette affaire-là. Parce que... Je le
sais que, lui, il ne voudrait pas ça, il n'a pas une mauvaise nature, le
ministre. Mais je suis persuadé que d'autres lui font faire un travail
qu'ils n'oseraient pas faire eux-mêmes et que le ministre se trouve un
peu en mission commandée, d'être un peu l'exécuteur des
basses oeuvres du gouvernement. Moi, je ne souhaite pas ça au ministre.
Je suis persuadé que le ministre pourrait passer à l'histoire
d'une façon plus positive. Et, d'avoir passé un projet de loi
comme celui-là, les gens en parleront d'autant plus que ça fait
quelques fois qu'il accepte de faire ce rôle-là.
Rappelez-vous quand on parle des culottes à Vautrin. Dans
l'histoire du Québec, quand on parle des culottes à Vautrin, on
se rappelle de Vautrin comme un gars qui a fait payer ses culottes de 2 $, ses
«breeches», pour aller dans l'Abitibi en colonisation, d'avoir fait
payer ses culottes à 2 $ vous savez, dans ce temps-là, 2
$, tu avais une paire de culottes mais des culottes pour aller visiter
les terres de la colonisation en Abitibi, il avait mis ça sur le compte
de son ministère. Et on parle des culottes à Vautrin au
Québec depuis 50 ans. Cinquante ans, quand on parle des culottes
à Vautrin. Vautrin, le ministre de la Colonisation, avait fait payer ses
culottes par son ministère parce qu'il allait visiter les colonisateurs
de l'Abitibi.
Moi, je ne voudrais pas que le ministre passe dans l'histoire comme
quelqu'un qui a vidé la caisse, qui a permis au gouvernement de vider la
caisse de la Société de l'assurance automobile. Les
automobilistes se disent... Les victimes d'accidents, qui sont
pénalisées, qui sont maltraitées, qui n'ont pas d'argent,
alors qu'elles ont besoin d'argent, se disent: Le ministre qui a passé
ça s'appelait M. Untel et puis, après ça, parlent de ce
projet de loi là et associent son nom à ce projet de loi
là.
Moi, je pense que le premier ministre, s'il veut passer un projet de loi
ignoble comme celui-là, doit le défendre lui-même, pas le
confier à un autre. Moi, je pense qu'il n'y a pas un ministre qui a
tellement mal mérité dans la vie que de devoir piloter un projet
comme celui-là. C'est un projet de loi terrible, ça. On vide la
caisse des assurés. Il n'y aura plus d'argent pour indemniser les
victimes d'accidents. Puis, là, on va être obligé de donner
des garanties parce qu'il n'y a plus d'argent dans la caisse. Puis,
après ça, on va être obligé de siphonner le monde,
payer des cotisations épouvantables, indexer, même s'il n'y a pas
besoin nécessairement d'indexer, pour renflouer une caisse qui aura
été vidée par le gouvernement. Et, comme le disait le
ministre hier il a été franc, le ministre, hier il
a dit: On est obligé de faire une ponction parce que le gouvernement a
besoin d'argent. (21 h 30)
C'est comme Dracula, ça, qui sort de sa tombe, la nuit, les soirs
de pleine lune, pour aller mordre quelqu'un dans le cou pour s'abreuver de sang
pour pouvoir continuer à travers les siècles sa mission ignoble
avec ses grandes dents qui avancent. Moi, je ne voudrais pas que le ministre
devienne le Dracula de la Société de l'assurance automobile.
Autrement, comme disait Marc Lalonde qui avait une face de Dracula un
peu quand il disait: Je ne confierais pas la banque de sang à
Dracula, il la boirait à lui tout seul. Mais, là, je ne voudrais
pas que le ministre ait... On passe à travers l'histoire comme quelqu'un
qui a vidé la caisse, qui a été le Dracula de la caisse de
la Société de l'assurance automobile du Québec. Moi, je
pense que c'est triste. Je le dis sincèrement, hein. C'est triste. Je
trouve que c'est une bonne loi qu'on avait faite, là. Ce n'était
pas évident au point de départ. Et je me rappelle, quand on
faisait les travaux pour corriger la loi, pour l'améliorer, à
quel point Mme Payette n'aimait pas ça, parce qu'on lui disait, à
un moment donné: Bien, on est aussi bien de questionner, d'imaginer les
différentes hypothèses, parce que les libéraux vont faire
ça en commission parlementaire elle n'aimait pas ça
beaucoup pour améliorer le projet de loi, pour rendre le projet
de loi meilleur, en imaginant toutes les hypothèses possibles de
scénarios qui pourraient arriver, surtout de ceux qui étaient
membres du Conseil des ministres qui avaient une formation d'avocat, imaginer
les différentes hypothèses pour que, quand le projet de loi
arriverait à l'Assemblée nationale, il ait été
prévu dans ses moindres détails.
Aujourd'hui, les gens vont devenir cyniques. Cyniques, parce qu'ils vont
dire: II n'y a rien qui marche. La seule affaire qui marchait, l'assurance
automobile, même ça, ils l'ont scrapée. Et moi, je pense
que la pire chose qui peut arriver, c'est que les gens deviennent cyniques.
Ça fait plusieurs années, moi, que je suis député,
et c'est la première fois que je vois une motion, aujourd'hui, où
les députés se sentent menacés par la population.
J'écoutais le débat cet après-midi et je disais: Comment
ça se fait que c'est la première fois que j'entends ça?
Pourquoi? Parce qu'on dit: II faut faire un exemple c'est ça que
je pense; j'écoutais le leader du gouvernement qui parlait il
faut faire un exemple pour empêcher les gens de violenter les
députés, au fond. Si on interprète, c'est ça qu'il
voulait dire. Pourquoi il disait ça, au fond? Parce qu'il y a des
députés qui se sentent menacés. Mais pourquoi ils se
sentent menacés? Parce qu'ils adoptent des lois menaçantes.
On dit souvent: Si vous avez un chien... Moi, je
me rappelle, quand j'ai acheté un chien, le
vétérinaire m'a dit: Le chien va avoir votre caractère; si
vous êtes doux avec lui, ça va être un chien doux; si vous
êtes enragé avec lui, il va devenir enragé. Il me disait,
et j'avais trouvé ça bon: Quand je vois arriver des chiens dans
mon bureau, je sais que les maîtres ont le caractère de leur
chien, parce que le chien adopte le caractère du maître. Et de la
même façon, si les gens dans la population, à un moment
donné, se sentent tellement menacés qu'ils se sentent
obligés de mordre, hein... Des gens qui mordent, c'est des gens qui ont
peur, c'est des gens qui sont menacés. Les gens qui ne sont pas
menacés, qui sont heureux, ils ne mordent pas. Les gens qui se sentent
à l'aise, qui se sentent heureux, ils ne mordent personne. Alors, si les
gens, aujourd'hui, se sentent dans cette situation... Je ne veux pas comparer
les gens à des chiens, ce n'est pas ça que je veux dire, mais je
veux dire qu'au fond, les gens, habituellement, ou les êtres vivants
adoptent le comportement de ceux qui les menacent. Et actuellement, quand les
gens se sentent menacés, ils adoptent un comportement en fonction de la
façon dont ils se sentent menacés. Et aujourd'hui, bien, les
gens, de plus en plus, se sentent menacés dans la société
québécoise. Pourquoi? Parce que le gouvernement est trop dur,
parce que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités puis il fait
des choses qu'il ne devrait pas faire.
Le projet de loi que nous avons devant nous, à mon avis, serait
mieux étudié, Mme la Présidente, si on
commençait... Je ne prendrai pas tout mon temps pour...
La Présidente (Mme Bélanger): II vous reste une
minute et quart.
M. Garon: Vous me dites qu'il me reste encore du temps pas mal,
mais je ne prendrai pas tout mon temps. J'aimerais mieux, pour une meilleure
étude du projet de loi, qu'on commence par l'article 4 et l'article 10
et, ensuite, l'article 1. Mme la Présidente, j'ai dit pourquoi. Si je
n'ai pas convaincu les gens de la commission avec les propos que je viens de
tenir, je pense que, quand même je parlerais davantage, je ne les
convaincrai pas plus.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
sur cet amendement? M. le député de Saint-Jean?
M. Garon: Bien oui, il veut parler.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Moi aussi, je voudrais peut-être passer une
remarque sur le député de Lévis. Ça m'a
frappé un petit peu, tout à l'heure, quand il nous a conté
son histoire des 13 000 000 $, et ça m'a fait sourire pas mal, parce
que, de la façon qu'il contait ça, ce n'était pas un
problème, il avait 13 000 000 $ dans ses poches, il a voulu le donner,
il ne l'a pas donné, il était en conférence, il a fallu
qu'il aille ailleurs. Et ce qui me fait sourire, moi, c'est qu'il a dit... CD.
Howe a dit: «What's a million»? Moi, je fais l'analogie, que le
député de Lévis a dit: What does 13 000 000 $ mean? Il
n'était pas plus pressé que ça.
M. Garon: Oui, ça a pris...
M. Bergeron: Et ça, ça m'a un petit peu
frappé, monsieur...
M. Garon: J'ai été plus vite que la malle.
M. Bergeron: C'est bien beau parler de Dracula, de Vautrin, de
CD. Howe, tout ça, mais quand c'est votre cas à vous, les 13 000
000 $, ce n'était pas un problème. «What's the hell with 13
000 000$? No problem.» Et vous parlez contre CD. Howe qui disait:
«What does a million mean?» Enfin, moi, j'ai trouvé que
votre comparaison était pas mal boiteuse. Vous étiez assez mal
placé pour la faire. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. D'autres intervenants?
M. Morin: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Dix minutes, M. le
député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Oui, mais, comme l'a fait mon collègue il
n'a pas utilisé tout son temps bien que, pour une fois, j'aurais
aimé qu'il le fasse afin qu'il nous explique ce qu'il était
advenu de son chien qu'il avait acheté puis quelle personnalité
il avait épousée.
Une voix: II est doux, doux. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Si c'était devenu un chien, je ne sais pas,
malin, doux comme... peu importe.
Sur le fond, je pense que mon collègue a parfaitement raison de
demander au ministre d'aborder d'abord l'article 4 parce que, finalement, c'est
véritablement un nouveau chapitre. Contrairement aux autres articles,
que ce soit l'article 10, qui constitue une répétition en termes
de siphonnage, les articles 1 et 2, qui sont des concordances avec le nouveau
chapitre relié aux garanties, et l'article 3 qui, lui, bon, ça
touche les coûts de la santé... Mais véritablement, il a
raison de dire qu'on devrait disposer, du moins discuter de l'article 4 qui,
lui, est vraiment un nouveau chapitre. C'est une nouvelle donnée, c'est
une nouvelle approche du gouvernement d'aborder l'aspect des garanties.
Alors, ceci dit, Mme la Présidente, au-delà des blagues
que nous avons pu faire à l'occasion pour alléger
l'atmosphère, je pense que le ministre devrait se rendre à notre
suggestion et aborder immédiatement l'article 4 qui, en lui-même,
est un nouveau chapitre. Et si on en disposait, je pense que tout le reste
serait adopté presque automatiquement. Et c'est comme ça que le
ministre réussirait à obtenir la collaboration de l'Opposition
pour faire en sorte que son projet de loi soit adopté dans les plus
brefs délais. Mais il faudrait d'abord qu'il nous convainque de
l'opportunité de l'article 4, parce que tout est là. La balance,
c'est du connu, c'est du réchauffé.
Alors, Mme la Présidente, je ne vais pas plus loin que ça.
Je vous remercie de...
Une voix: Demande-lui donc s'il y a des amendements?
M. Morin: Pardon?
Une voix: Est-ce qu'il y a des amendements?
M. Morin: On me suggère...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On me pousse.
M. Morin: S'il vous plat! Non, mais on me demande, à
propos, fort à propos, de m'enquérir auprès du ministre
si, à l'article 4, le ministre a l'intention d'apporter des amendements
qu'on ne connaît pas déjà entourant l'article 4? Est-ce que
le ministre aurait la gentillesse de nous... Est-ce qu'il a prévu des
amendements...
M. Elkas: Non, pas à l'article 4.
M. Morin: Je sais qu'il l'a fait pour l'article 3, il y a un
amendement qui est déjà inscrit dans le document qu'il nous a
gentiment remis. Pour ce qui est de l'article 4, entourant tout le volet de la
garantie, est-ce qu'il y a des amendements de prévus?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre. M.
Elkas: Non.
M. Morin: Non. Mais ça n'exclut pas la possibilité,
suite à notre argumentation, qu'il en apporte.
La Présidente (Mme Bélanger): Ou que vous en
apportiez.
M. Morin: Vous ne réalisez pas...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous pouvez
présenter des motions.
M. Elkas: Lorsqu'on va se rendre à l'article 4, on va
faire le débat. S'il y a un besoin d'amener un amendement, on
l'amènera.
M. Morin: Bon. Alors, c'est très bien, Mme la
Présidente. Je remercie le ministre de ses bonnes réponses.
(21 h 40)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc. Alors, il n'y a pas d'autres... M. le
député de Lotbinière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Merci, Mme la Présidente. Hier soir, j'assumais
la présidence des travaux et je recevais la motion du
député de Lévis qui visait à amender,
évidemment, celle du député de Rousseau. Celle du
député de Rousseau, initialement, visait à débuter
l'étude du projet de loi à l'article 1, tel qu'on le fait sur une
base tout à fait régulière lors de l'étude des
projets de loi. Alors, considérant, évidemment, que le
député de Lévis avait manifesté quelque intention
de débuter les travaux par l'article 10, on jugeait comme étant
receva-ble l'amendement proposé par le député de
Lévis, et celui-ci, semblerait-il je me rappelle de ses propos
fort bien, hier soir avait un objectif de raisonnabilité et
d'efficacité. Il commençait, disait-il, par le noeud central du
projet de loi, c'est-à-dire l'article 10, où on retrouve
là, évidemment, le transfert, le versement au fonds
consolidé du revenu des sommes qui sont prévues à
l'article 10. Alors, Mme la Présidente, ça avait
été effectivement retenu hier soir et, là, ce qu'on
constate, c'est que non seulement on ne se satisfait pas de l'article 10,
maintenant on veut commencer par l'article 4 et l'article 10. C'est bizarre,
Mme la Présidente, parce que, si 4 était aussi important hier
soir, on aurait dû l'inclure immédiatement avec 10. Et là
on est à 10 et à 4. Qui sait? on aura peut-être un autre
amendement qui visera peut-être à regarder l'article 3 avec
l'article 4 et l'article 10.
Des voix: Non, non.
Une voix: C'est impossible.
M. Camden: Et sans doute qu'on voudra peut-être regarder
l'article 11, et je ne serais pas étonné, Mme la
Présidente, mais pas le moins du monde, qu'on veuille commencer
bientôt par l'article 12, par la fin. Probablement que le
député de Lévis est un lecteur du magazine
L'actualité et probablement qu'il commence par la page... en
commençant par la fin où il y a de courtes chroniques;
évidemment, c'est moins étouffant, c'est moins accaparant
commencer à lire, et c'est bref, c'est court, c'est léger, mais
c'est, on doit le reconnaître, également amusant. Alors,
évidemment, si on avait commencé par l'article 12, ça
aurait été également plutôt léger puisqu'on
indique là: «La présente loi entre en
vigueur le». Alors, ce n'est pas trop engageant, puis on retrouve
ça dans tous les projets de loi.
Mme la Présidente, on inverse assez aisément, dans
l'étude des projets de loi, l'étude des articles. On passe de 1
à 10, de 10 à 4. Ainsi se déroulent nos travaux, dit-on,
sous le couvert toujours de l'efficacité, de la raisonnabilité,
lors de l'étude. Vous savez, je pense que ça caractérise
fort bien le député de Lévis; les chiffres, là, il
ne connaît pas ça. Lui, c'est l'article 10. Des chèques de
13 000 000 $ dans ses poches, il n'a pas trop de problèmes avec
ça. Et là, évidemment, on fait un peu les gorges chaudes
parce qu'il y a un versement de 675 000 000 $ qui est prévu avant le 31
mars 1994 au fonds consolidé du revenu. On s'étonne, on s'excite,
on se renverse de ça. Cependant, on traînait les chèques
dans nos poches.
Et, Mme la Présidente, on est en train de nous reprocher des
choses que les gens de l'Opposition ont eux-mêmes initiées. Et je
rappellerai, au début de la décennie quatre-vingt... il n'y a pas
longtemps, en 1988, ils avaient mis sur pied cette nouvelle
société d'État où ils ont investi argent,
ressources humaines, en la créant, la Régie de l'assurance
automobile du Québec. Ça ne s'est pas créé,
ça, par l'intervention...
Une voix: 1978.
M. Camden: 1978, plutôt. Ça ne s'est pas
créé, ça, par l'intervention du Saint-Esprit. Il y a eu
des montants d'argent d'investis et des sommes considérables, puisque
démarrer une entreprise semblable ça implique des sommes
très substantielles puisque jamais les automobilistes au Québec
n'auraient pu la constituer à eux seuls. Ça prenait là un
cadre légal permettant de contraindre les citoyens à tous
souscrire à ce nouvel organisme créé par le gouvernement
d'alors.
Pas longtemps après, au début des années
quatre-vingt, ces gens-là transféraient la responsabilité
du Bureau des véhicules automobiles du Québec, où on
émettait les plaques d'immatriculation; entre 800 et 1200 fonctionnaires
étaient transférés du Bureau des véhicules
automobiles à la Régie de l'assurance automobile du
Québec. On ne faisait pas suivre nécessairement les fonds
puisqu'on puisait les fonds d'opérations... Pour rémunérer
ces gens-là, on puisait à l'intérieur de la Régie.
Cependant, on se gardait bien de laisser à l'intérieur de la
Régie les fonds collectés des plaques d'immatriculation et des
permis. On transférait ces sommes-là au ministère des
Finances. Alors, voilà là une opération fort subtile, bien
abriée, sous de justes couverts, sans doute, Mme la Présidente,
mais qui, il n'en demeure pas moins, ont constitué des sommes
très substantielles. Alors, le mouvement a été
initié par nos prédécesseurs.
Et dans cette même foulée qui les animait, à
l'intérieur toujours d'un discours du budget et à
l'intérieur de ses annexes, on retrouve d'inscrits 44 000 000 $, sauf
qu'ils n'ont pas eu le temps trop, trop, le temps les contraignait,
là-dessus comme sur d'autres projets, ce qui les a amenés
à faire en sorte qu'une mesure, évidemment, budgétaire,
quand on lui connaît un caractère de force particulier, puisque
les députés à eux seuls ne peuvent apporter des
modifications budgétaires, seul le ministre des Finances... 44 000 000
$, Mme la Présidente, dans cette belle opération qui n'avait rien
d'un maquillage. C'était fait au vu et au su du public. Aujourd'hui,
évidemment, on fait un petit peu les gorges chaudes, on s'oppose au fait
qu'on puisse transférer au fonds consolidé une somme de 675 000
000 $ payable avant le 31 mars 1994 pour le bénéfice des
Québécois.
Le député de Lévis faisait référence
un petit peu plus tôt à l'Argentine, qui avait dû emprunter
sur le marché extérieur et qui s'était placée en
situation de dépendance par rapport au marché financier. C'est
tout à fait fondé, Mme la Présidente. La distinction
importante qu'on doit se rappeler: ce qu'on retrouve, les fonds qui sont
à l'intérieur de la Société de l'assurance
automobile du Québec sont des fonds qui sont la propriété
de l'ensemble des Québécois et qui sont mis au profit de
l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Et les
usagers de la route, Mme la Présidente, ne sont pas strictement les
propriétaires d'automobile. Il y a les usagers, ceux qui montent dans
ces mêmes véhicules, ceux qui montent également dans
d'autres véhicules et qui peuvent être dédommagés.
Bref, Mme la Présidente, c'est l'ensemble de la société
qui va bénéficier de cette mesure. Et on fait, là, en
sorte que l'état des finances du Québec ne s'en porte que mieux,
qu'également la cote de crédit du Québec soit
préservée. Et on s'emprunte, au fond, à nous-mêmes.
On reprend l'investissement. On est en train de faire exactement ce que nos
prédécesseurs ont eux-mêmes initié au début
des années quatre-vingt et qu'ils ont inscrit dans une mesure encore
plus directement en 1985.
Et si on faisait le cumul des frais qu'a occasionné le transfert
du Bureau des véhicules automobiles au sein de la Régie de
l'assurance automobile du Québec, on serait sans doute fort
impressionnés par l'importance des chiffres qui étaient
tirés de la Régie de l'assurance automobile d'une façon
beaucoup plus subtile, je dois le reconnaître, que ce qui est fait
là, aujourd'hui, dans le cadre d'un projet de loi qu'on appelle le
numéro 130, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile et d'autres
dispositions législatives. Et ça se fait tout à fait
ouvertement, ça, Mme la Présidente. À ce même
article 10, on parle également du versement de 325 000 000 $ payable
avant le 31 mars 1995. Alors, ça se fait la visière levée.
Je comprends que des gens ne soient pas nécessairement satisfaits, mais,
Mme la Présidente, avez-vous trouvé déjà un
gouvernement qui va rejoindre l'unanimité à l'intérieur de
la population? Il se trouvera toujours quelqu'un pour se lever et manifester
quelque opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Mme la Présidente... M. Garon:
Consentement.
M. Camden: Je vous remercie, M. le député de
Lévis. Je vois que mes propos vous rejoignent. Alors, je suis content
que vous entendiez et que vous prêtiez l'oreille à mes propos.
Mme la Présidente, tout ça pour vous mentionner, pour vous
indiquer que je pense que c'est un peu inhabituel qu'on commence par l'article
10 du projet de loi, sinon on devrait en faire une règle.
Dorénavant, les députés aïe! ça va
être la rigolade dans nos comtés, hein! dorénavant,
les députés à l'Assemblée nationale débutent
l'étude des projets de loi à l'article 10 puis suivent, dans un
ordre numérique, en passant à l'article 4 et, de là,
à l'article 1. Mme la Présidente, on n'est pas à la
Société des loteries ici. On n'a pas à organiser un bingo
pour sortir les numéros dans le désordre pour, après
ça, les remettre dans l'ordre.
Une voix: Le 6/49.
M. Camden: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Mme la Présidente, les projets de loi sont
faits, rédigés...
La Présidente (Mme Bélanger): Le temps est
terminé.
M. Camden: ...pour être étudiés dans l'ordre
précité, c'est-à-dire en débutant à
l'article 1 et les articles successifs. Je pense que, là-dessus, la
coutume est fort bien établie et de multiples raisons viennent la
justifier.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de...
M. Camden: Je vous remercie, Mme la Présidente, de votre
attention et de celle du député de Lévis, bien
sûr.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement du député de Lévis...
M. Morin: Puis moi, je ne t'ai pas écouté?
M. Camden: Ah! je remercie également le
député de Dubuc.
M. Morin: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
Mise aux voix
Est-ce que l'amendement à la motion du député de
Rousseau, commandé par le député de Lévis, est
adopté?
M. Garon: Vote enregistré.
M. Morin: Mme la Présidente... l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, l'amendement du
député de Lévis.
M. Garon: On n'a pas encore parlé sur le fond.
La Secrétaire: M. Bergeron?
M. Bergeron: Contre.
La Secrétaire: M. Camden?
M. Camden: Contre.
La Secrétaire: M. Charbonneau?
M. Charbonneau: Contre.
La Secrétaire: M. Garon?
M. Garon: Pour.
La Secrétaire: M. Morin?
M. Morin: Pour.
La Secrétaire: M. Elkas?
M. Elkas: Contre.
La Secrétaire: Mme Bélanger?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention. (21 h
50)
La Secrétaire: La motion est rejetée: quatre voix
contre, deux pour et une abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la motion est
rejetée. Ceci étant dit, nous en sommes à la motion
principale qui est de commencer le début de l'étude du projet de
loi 130 par l'article 1. Alors, est-ce qu'on appelle l'article 1?
M. Garon: ...le député de Deux-Montagnes n'a pas
parlé encore.
M. Camden: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
adoptée.
M. Garon: Non, non, elle n'est pas adoptée. Il y a des
députés qui veulent parler.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la motion
principale?
M. Garon: Voyons donc! On attend le député de
Rousseau, pour parler sur la motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, le
député de Rousseau a proposé sa motion, il n'est pas
obligé de parler pendant 30 minutes sur sa motion. Il l'a
proposée et il était prêt à commencer à
l'article 1. Alors, s'il y a d'autres intervenants sur la motion, ils ont 10
minutes chacun. Alors, est-ce qu'il y a des intervenants sur la motion
principale? Il n'y a pas d'intervenants.
Mise aux voix de la motion proposant
de passer immédiatement à
l'étude
de l'article 1 du projet de loi
La motion est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
M. Garon: Vote enregistré.
La Secrétaire: M. Bergeron?
M. Bergeron: Pourquoi...
La Secrétaire: Pour la motion principale.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour la motion
principale.
M. Bergeron: Pour.
La Secrétaire: M. Camden?
M. Camden: Pour.
La Secrétaire: M. Charbonneau?
M. Charbonneau: Pour.
La Secrétaire: M. Garon?
M. Garon: Contre.
La Secrétaire: M. Morin?
M. Morin: Contre.
La Secrétaire: M. Elkas?
M. Elkas: Pour.
La Secrétaire: Mme Bélanger?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
La Secrétaire: La motion est adoptée: quatre voix
pour, deux contre et une abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
adoptée sur division. J'appelle l'article 1. M. le ministre.
M. Garon: Je comprends que... adopté... faut
l'exécuter.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui!
M. Garon: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui!
M. Garon: C'est ce que vient de dire le président,
tantôt. Tout le débat de l'Assemblée nationale maintenant,
ce n'est pas parce que quelque chose est adopté qu'il doit être
exécuté. Il a fait une distinction fondamentale avant l'heure du
souper. Tout le débat du président de l'Assemblée
nationale ce soir, ce n'était pas parce que quelque chose était
au feuilleton qu'il fallait le faire. Tout le débat porte exactement
là-dessus. Pourquoi l'Assemblée nationale est ajournée? Ce
n'est pas parce que quelque chose est décidé qu'il faut le faire
tout de suite. Quand on va commencer à étudier, on va commencer
par l'article 1, ça, ça a été décidé,
mais ça ne veut pas dire qu'il faut commencer par l'article 1 tout de
suite. Nous sommes toujours à l'étape des motions. Mme la
Présidente, je pense qu'il faudrait que vous demandiez...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, je regrette. Je
regrette, monsieur...
M. Garon: Oui. Il faut que vous demandiez aux
députés s'ils ont d'autres motions.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. La motion est
adoptée, et la motion dit qu'on entreprend l'étude de l'article
1. Alors, ça veut dire que l'étape...
M. Garon: Relisez l'article.
La Présidente (Mme Bélanger): «II est
proposé que la commission de l'aménagement et des
équipements commence dès maintenant à étudier le
projet de loi 130 et entreprenne l'article 1.» On a pris le vote sur la
motion. La motion a été adoptée sur division. Alors, la
motion dit qu'on commence, qu'on entreprend l'étude du projet de loi par
l'article 1. Là, il n'y a plus de motions. Ça veut dire qu'en
adoptant cette motion-là la période des motions est
terminée.
Étude détaillée
Alors, là, vous avez à étudier le projet de loi.
Vous avez 20 minutes pour discuter sur chaque paragraphe, chaque alinéa
de l'article 1, mais la période des motions est terminée.
M. Garon: Bon. Alors, c'est au ministre à expliquer ses
projets.
Loi sur l'assurance automobile Financement de la
Société
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, est-ce que vous avez des commentaires sur l'article 1?
M. Elkas: Sur l'article 1?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Elkas: Je vais le lire.
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait d'abord le lire, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Elkas: Mme la Présidente, l'article 1: La Loi sur
l'assurance automobile est modifiée par l'insertion, après
l'article 151.3, du suivant: «151.4 Pour l'année 1996 et pour
chaque année subséquente, le gouvernement peut revaloriser les
contributions d'assurance fixées en vertu des articles 151 à
151.2 ainsi que les droits fixés en vertu du paragraphe 8.4° de
l'article 618 et des articles 619.1 à 619.3 du Code de la
sécurité routière. La revalorisation est faite
conformément à la méthode de calcul prévue aux
articles 83.35 à 83.39. «Le gouvernement fixe, après
consultation de la Société, la date à compter de laquelle
la revalorisation prend effet. «La décision du gouvernement de
revaloriser ou de ne pas revaloriser les droits ou les contributions
d'assurance, pour une année donnée, est publiée à
la Gazette officielle du Canada.»
Mme la Présidente, cet article...
M. Garon: Est-ce qu'il va y avoir un amendement?
M. Elkas: Excusez, est-ce que je peux finir?
M. Garon: Non, mais c'est parce que vous avez dit: «la
Gazette officielle du Canada», alors...
M. Elkas: Du Québec. Du Québec, excusez.
M. Garon: ...il va y avoir un amendement.
M. Elkas: Je me trouve toujours au Canada. La dernière
fois que j'ai regardé, on était toujours au Canada.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K.
M. Elkas: O.K. Alors, cet article est «self-explanatory; it
deals with indexation». À partir de 1996, le gouvernement peut ou
pourrait revaloriser.
M. Garon: Étant donné la complexité de
l'article, Mme la Présidente, il faudrait peut-être
l'étudier alinéa par alinéa ou paragraphe par
paragraphe.
M. Elkas: Bien, écoutez.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous pouvez.
M. Elkas: Bien... Quand vous le demandez... O.K. Allez-y.
M. Garon: Alors, le premier paragraphe. Pourquoi ce paragraphe
est-il nécessaire? Pourquoi voulez-vous revaloriser, comme vous dites?
C'est un mot, en fait, pour augmenter les prix. En fait, au lieu de dire
«indexer», je vais revaloriser ou augmenter les contributions
d'assurance? Pourquoi voulez-vous faire ça? Alors que le régime
existe depuis 1978 et là, bien, on se sent obligé de faire
ça maintenant?
M. Elkas: Bien non, allez-y, prenez vos 20 minutes. Je
vais...
M. Garon: Non, non, je vais poser des questions...
M. Elkas: ...lister les questions et je vais vous
répondre.
M. Garon: Bien, c'est ça, je pose des questions. M.
Elkas: Non, vous pouvez poser...
M. Garon: Bien, je ne peux pas présumer de votre
réponse, là.
M. Elkas: Je vais répondre à vos questions. Est-ce
que vous avez d'autres questions à poser pendant que vous êtes
là?
M. Garon: Bien, pour le moment... Je ne peux pas, ça va
dépendre de ce que vous allez répondre.
M. Elkas: «Revaloriser», c'est le même mot que
«indexer»...
M. Garon: Hum!
M. Elkas: à partir de 1996, on pourrait indexer ou on: ne
pourrait pas indexer.
M, Garon: Vous dites donc...
M. Elkas: comme les indemnités évoluent selon
^inflation et la croissance des salaires moyens et que les contributions ne
sont pas ajustées à l'évolution de ses coûts, la
situation financière de la saaq, de la société de
l'assurance automobile du québec, risquera de se retrouver
déficitaire dans les prochaines années si on n'adapte pas une
évolution, des contributions d'évolution dès
coûts.
M. Garon: Mais vous ne pensez pas que si elle est
déficitaire, c'est parce que le ministre des Finances prend trop
d'argent dedans? Ce n'est pas parce que ça coûte plus cher. Il n'y
avait pas d'indexation avant et il y avait des surplus. C'est quoi? Comment
ça se fait qu'avant, sous un gouvernement péquiste, on n'avait
pas besoin d'indexer puis il y avait des surplus alors que, sous un
gouvernement libéral, on a vidé la caisse et, en plus, il faut
indexer ou revaloriser? Et le ministre se vante que le bilan routier
s'améliore. Comment peut-il expliquer ça? Moi, je ne comprends
pas. On dit...
M. Elkas: II y a des augmentations au niveau des indemnisations,
Mme la Présidente. Elles ont augmenté, comme je l'ai
mentionné hier. On a eu une baisse au niveau des permis, comme je l'ai
mentionné hier. Alors, c'est totalement faux qu'on pense que le
contribuable n'a pas été la personne qui en a gagné un peu
dans cet exercice. Il faut aussi reconnaître que dans les
dernières années où on recevait des automobilistes un
montant d'environ 500 000 000 $, on en donnait, en indemnités, pour un
montant de 700 000 000 $. Alors, il est sûr qu'à un point il va
peut-être en manquer, mais c'est simplement une sauvegarde, si vous me
permettez de m'exprimer ainsi.
M. Garon: Est-ce qu'on peut nous faire la liste, nous produire la
liste des montants qu'on a payés aux victimes d'accidents d'automobile
depuis la fondation de la Régie, pour chaque année?
M. Elkas: Depuis 1978, on est rendu à 2 950 459
000$...
M. Garon: Non, non, par année, pour chacune des
années.
M. Elkas: Je ne les ai pas ici.
M. Garon: Bien voyons! Vous voulez revaloriser, donc vous savez
combien ça coûte.
M. Elkas: On n'a pas les chiffres ici. On a le total...
M. Garon: Non, non, ce n'est pas le total. On dit qu'on veut
revaloriser, donc on veut savoir combien ça coûte. Ça,
c'est la moindre des choses. Écoutez, si vous n'avez pas ces
chiffres-là, on va ajourner, vous allez aller les chercher.
Écoutez, on dit: On veut revaloriser les contributions parce que
ça coûte plus cher. Et on dit: Combien ça coûte? Et
on ne le sait pas.
(Consultation)
M. Garon: Ils ont honte de le dire. (22 heures)
M. Elkas: Mme la Présidente, malheureusement, je ne l'ai
pas par année, mais j'ai le cumulatif qui monte à 2 950 459 000
$. Le total des indemnités qui ont été payées
depuis 1978.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Me Gélinas,
vous avez un complément de réponse?
M. Gainas (Claude): On a les coûts, ici, tels qu'ils
apparaissent dans le rapport d'activité de 1992 sur les coûts
reliés à l'indemnisation, tels qu'ils ont été
évalués, ce qui comprend les déboursés et
également ce qui est versé à la réserve actuarielle
pour couvrir les coûts de ce que représentent les victimes... pas
les victimes, mais les accidents d'automobile depuis 1978 et année par
année. On commence en 1978 avec 172 631718$; en 1979, 211744 380$; en
1980, 191 434 519 $; en 1981, 217 981 840 $; en 1982, 214 580 495 $; en 1983,
228 205 761 $; en 1984, 280 499 839$; en 1985, 346 135 411$; en 1986, 343 417
357$; en 1987, 376 380 636$; en 1988, 411849 246$; en 1989, 484 656 465$; en
1990, 514 334 496 $; en 1991, 581 435 916 $; et, en 1992, ce sont les derniers
chiffres disponibles avec les états financiers dûment
vérifiés, 617 166 114 $. Ce sont les coûts réels
reliés à l'indemnisation, tels qu'ils ont été
évalués par les actuaires.
M. Garon: Ce n'est pas ça que j'ai demandé,
là. C'est combien a été payé chaque année
aux victimes.
M. Gélinas (Claude): Oui, oui, c'est les
déboursés réels, déboursés réels plus
ce qui est versé à la réserve actuarielle pour couvrir les
coûts des années passées jusqu'à aujourd'hui, parce
qu'on doit toujours... Les coûts réels au niveau des
dépenses d'indemnisation comportent toujours ces deux cas-là:
l'année en cours plus ce qu'on doit verser dans la réserve
actuarielle pour couvrir le coût des contributions pour l'année en
cours, pour les années à venir.
M. Garon: Non, non, ce n'est pas ça que j'ai
demandé, moi, là. Ce n'est pas ça que j'ai demandé.
J'ai demandé combien ça avait coûté pour chaque
année.
M. Gélinas (Claude): C'est ce que je vous ai
donné.
M. Garon: Non. Vous m'avez dit combien vous mettez dans la
réserve actuarielle pour les années à venir.
M. Gélinas (Claude): Non, les déboursés et
la réserve actuarielle, les deux.
M. Garon: Je n'ai pas demandé ça. J'ai
demandé les déboursés d'indemnisation, chaque
année, aux victimes d'accidents d'automobile.
M. Gélinas (Claude): Mais ça comprend les deux tout
le temps.
M. Garon: Moi, je ne veux pas savoir la caisse que le ministre
des Finances siphonne. Je veux savoir combien est versé chaque
année aux victimes d'accidents d'automobile.
La Présidente (Mme Bélanger): Me
Gélinas.
M. Gélinas (Claude): II faut que j'apporte une
précision. Quand vous parlez de la caisse, vous avez dit: la caisse que
le ministre des Finances siphonne. Moi, je ne vous parle pas de la
réserve de stabilisation à ce moment-là, c'est la
réserve actuarielle. La réserve actuarielle est nullement
touchée par les montants qui sont versés au fonds
consolidé du revenu, c'est uniquement la réserve de
stabilisation. La réserve actuarielle comprend les montants qui sont mis
de côté année après année pour qu'on puisse
payer les indemnités qui sont dues aux victimes qui ont eu des accidents
depuis le début du régime jusqu'à l'année en cours.
Et ça, c'est un montant qui demeure stable, qu'on ne touche pas pour
aucune considération.
(Consultation)
M. Garon: Quand vous calculez la réserve actuarielle,
comment vous la calculez?
M. Gélinas (Claude): On peut demander peut-être
à l'actuaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous êtes
monsieur? Si vous voulez vous identifier.
M. Breton (Martin): Martin Breton, chef actuaire de la
Société de l'assurance automobile.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Breton.
M. Breton (Martin): Oui. D'abord, pour clarifier quelque chose,
quand on parle de combien ça coûte pour payer les
accidentés, il y a une nuance qu'il faut faire. C'est que, quand on
perçoit des primes pour une année, c'est pour payer pour les
accidentés de cette année-là. O.K.? Les primes qu'on
perçoit en 1992, c'est pour payer les victimes de 1992. Ce que ça
coûte pour les victimes de 1992, ce n'est pas seulement ce qu'on verse en
1992, c'est ce qu'on verse en 1992 et ce qu'on va verser pour les années
futures pour ces victimes-là. C'est pour ça que, quand on parle
du coût des accidentés de 1992, il y a une partie qu'on a
déjà versée et il y a une partie qu'on va verser dans
l'avenir qui fait partie de la réserve actuarielle. Et ce qui est dans
la réserve actuarielle, c'est évalué. Là, il y a
des normes au niveau de l'Institut canadien des actuaires qui nous disent
comment s'y prendre pour faire ça. On pose des hypothèses qui
sont réalistes quant au taux de rendement qu'on va faire sur cet
argent-là, l'inflation qu'on risque d'avoir parce que les
indemnités, plusieurs indemnités sont revalorisées, comme
les rentes de remplacement du revenu, des choses comme ça. Ça
fait qu'on tient compte de ça. On tient compte à quel rythme les
gens récupèrent. En tout cas, il y a un paquet
d'hypothèses mais qui sont réalistes, qui tiennent compte de
l'expérience propre de la Société, qui font en sorte qu'on
est capables de déterminer de façon assez précise quel
montant ça prend pour la portion à venir de ces
victimes-là. Quant on parle du coût, il faut faire attention entre
les déboursés de l'année courante et le coût qui
tient compte du présent et du futur.
M. Garon: Vous tenez compte des coûts présents et
futurs.
M. Breton (Martin): Pour cette cohorte de victimes là,
c'est-à-dire pour ceux de 1992, par exemple, pour le coût de 1992
qui a été donné il y a quelques instants, ça tient
compte des déboursés présents et futurs pour les victimes
de 1992, en tenant compte des particularités de ce groupe-là:
quel âge ils ont, combien ils gagnaient, etc., l'âge, le sexe,
etc.
M. Garon: Donc, vous avez estimé les coûts tels
qu'ils vont être?
M. Breton (Martin): Tels qu'ils devraient être, oui.
M. Garon: Oui. Là, quand vous fixez les contributions
d'assurance, vous tenez compte... les coûts sont des coûts
indexés.
M. Breton (Martin): On tient compte que, pour cette cohorte de
victimes là, il va y avoir une indexation de certains
bénéfices, pour cette cohorte-là.
M. Garon: Quand, par-dessus ça, vous indexez les
contributions d'assurance, ça fait que vous leur faites payer deux fois.
Parce que, dans le fond, vous n'avez pas besoin d'indexer les contributions
d'assurance; vous n'avez qu'à fixer les contributions d'assurance en
fonction des besoins des coûts. Mais si vous dites: En plus, on
les indexe, les contributions d'assurance, ça veut dire que vous les
faites payer deux fois. Vous les indexez deux fois, dans le coût puis
dans la contribution.
M. Breton (Martin): Non, c'est deux choses différentes.
C'est deux choses différentes.
M. Garon: Oui.
M. Breton (Martin): Oui. Pour donner un exemple simple,
là, je vais prendre si on avait juste une victime. Bien, une victime qui
vient en 1992 puis qu'il faut lui verser 20 000 $ parce que la victime gagnait
à peu près 20 000 $, c'est à peu près notre cas
type, nos victimes gagnent à peu près 20 000 $, ça fait
qu'on rembourse ce salaire-là, indexé. Ça fait que
ça demande un certain montant pour couvrir ça. Mais les victimes
de l'année suivante, elles ne gagnent pas 20 000 $ parce que, de
façon générale, il y a eu des gains de productivité
puis des hausses normales de salaire. Les victimes qui arrivent un an plus
tard, elles gagnent 20 400 $ ou 20 600 $. Ce qui veut dire qu'au lieu de partir
de 20 000 $, montant indexé, on part, un an plus tard, à 20 600
$, montant indexé. Ça fait qu'on voit qu'on part une marche plus
haut. À ce moment-là, il faut ajuster la prime en
conséquence.
M. Garon: Vous allez ajuster la prime... M. Breton (Martin):
Oui.
M. Garon: ...mais l'indexation, ce n'est pas
nécessairement... vous indexez, vous évaluez vos besoins
d'argent.
M. Breton (Martin): Je ne suis pas sûr de comprendre.
M. Garon: Bien, voyez-vous, dans les années
passées, vous avez calculé tout ça, puis sans changer la
contribution d'assurance, il y en a eu assez. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on veut
faire? C'est revaloriser la contribution. Là-dedans, comprenez-vous, on
tient compte, que vous le vouliez ou non, que le gouvernement vide votre
caisse. Ça doit paraître, prendre 3 000 000 000 $ dans la caisse.
Ça doit paraître à quelque part. (22 h 10)
M. Breton (Martin): En fait, les sommes qui sont prises ne sont
pas prises à même la réserve actuarielle, qui est là
pour...
M. Garon: Non. Je comprends.
M. Breton (Martin): Ce qui veut dire que c'est pris dans la
réserve de stabilisation.
M. Garon: C'est comme moi, j'ai un compte courant puis un compte
d'épargne. S'il m'en manque dans le compte courant, je vais le prendre
dans le compte d'épargne. Si quelqu'un siphonne dans le compte
d'épargne, quand j'en ai besoin, il n'est plus là.
M. Breton (Martin): Est-ce que c'est nécessaire
d'expliquer la différence entre réserve actuarielle et
réserve de stabilisation ou si c'est clair pour...
M. Garon: Non. C'est des pots différents. M. Breton
(Martin): Oui.
M. Garon: Normalement, c'est pour des fins d'assurance.
La Présidente (Mme Bélanger): Le
député de Lévis le sait sûrement, c'est un
économiste.
M. Garon: Oui. Regardez bien, là. Il y a trois pots. Sauf
que, si un pot a été vidé, il n'est plus là. Si le
gouvernement n'avait pas pris d'argent dans la caisse, parleriez-vous de
revaloriser les contributions ou bien vous auriez le même
problème?
M. Breton (Martin): Ah! c'est deux choses totalement
différentes.
M. Garon: Non, non. Je comprends ça. Comment ça se
fait que ça arrive rien qu'en 1993, ça? Ça fait 15 ans que
le régime fonctionne. Puis alors que le ministre dit que le bilan
routier est meilleur que jamais. Au fond, ça veut dire que le bilan
routier s'améliore; moins d'accidents que jamais, puis on a besoin
d'argent plus que jamais. Comment ça peut marcher, ça?
M. Elkas: On vient d'augmenter les indemnisations, vous le
savez.
M. Garon: Oui, mais ça, c'est des grenailles.
M. Elkas: 10 000 000 $, c'est des «peanuts», hein?
C'est des pinottes, ça, 10 000 000 $, encore?
M. Garon: Si 10 000 000 $... M. Elkas: 10 000 000 $.
M. Garon: ...de plus aux citoyens, c'est beaucoup d'argent,
imaginez-vous, 3 000 000 000 $ au gouvernement, combien c'est beaucoup
d'argent. C'est 300 fois plus.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): M. Breton, des
explications?
M. Breton (Martin): J'aimerais ça qu'on... Quelle est la
question?
M. Gélinas (Claude): II n'y a pas de question. Il faudrait
une question.
M. Garon: Bien, pourquoi...
La Présidente (Mme Bélanger): II parle de
l'augmentation des...
M. Garon: Ça fait 15 ans que le régime fonctionne
puis...
M. Breton (Martin): O.K.
M. Garon: Je ne veux pas être obligé, sur mon temps,
de reprendre mes questions, là.
M. Breton (Martin): Non, non. O.K. Ce qui s'est passé, je
vais faire un tour historique un peu. Quand les primes...
Une voix: ...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. C'est
à vous.
M. Breton (Martin): O.K. Quand les primes ont été
fixées, à la fin de l'année 1977, applicables au 1er mars
1978, on n'avait pas... On a pris les hypothèses qui nous apparaissaient
les plus raisonnables à ce moment-là. Les primes ont
été fixées de cette façon-là. À ce
moment-là, les primes ont été fixées de
façon raisonnable, même prudente. Ça a été
établi comme ça.
Puis, ce qui s'est produit... Oui, même que c'est une question,
à un moment donné, qui a été demandée durant
les débats sur la loi, puis Mme Payette avait répondu à ce
moment-là devant l'Assemblée que les hypothèses
étaient prudentes puis elles lui avaient été
communiquées comme telles par les actuaires du temps.
Ce qui s'est produit dans le temps, il s'est produit deux choses.
Pourquoi on s'est retrouvés avec un gros surplus comme ça? C'est
qu'il y a deux choses qui n'étaient pas prévisibles à ce
moment-là, quand le régime a commencé. La première
chose, qui vaut pour à peu près 1 000 000 000 $, c'est combien
d'invalides à long terme on pouvait espérer avoir, on pouvait
anticiper avoir. À ce moment-là, comme il n'y avait pas de
régime similaire qui existait dans le monde, on s'est fiés
à des tables de régimes sociaux américains. Puis, à
ce moment-là, ces tables-là nous disaient que, pour 1000
invalides, 1000 personnes qui recevaient une rente d'invalidité pour
remplacer le revenu, il en restait à peu près 25, après
sept ans, qui étaient invalides à long terme. Puis, dans les
faits, ça à pris sept à 10 ans avant de connaître
combien on avait d'invalides à long terme, selon notre propre
expérience, puis ça s'est avéré qu'on en a à
peu près 15 au lieu de 25. Et un invalide à long terme, c'est 500
000 $ à peu près du cas. Puis on n'en a pas eu 1000 par
année. On en a à peu près 20 000, ce qui veut dire que
c'est plusieurs dizaines de millions. Au total, ça fait à peu
près 1 000 000 000 $. Ça fait que ce n'était pas vraiment
une erreur, parce que, au début du régime, ce n'était
pas... on ne pouvait pas savoir quelle allait être la performance du
régime, compte tenu de la réadaptation, puis tout ça.
Ça fait que ça, ça a été surprenant. Puis,
quand on s'en est rendus compte, autour de 1985, que ça pouvait
dégager un surplus de cette source-là, on a dit: C'est
peut-être... On avait de l'expérience juste pour 1978, on a dit:
On va attendre, voir s'il y a des fluctuations, parce qu'on a connu des... il y
a différents cycles économiques. Ça fait qu'on y a
été de façon prudente pour sortir cet argent-là, ce
qui veut dire qu'au niveau de l'invalidité on a fait des redressements
qui sont venus gonfler la réserve actuarielle de 1986 à...
M. Gélinas (Claude): La réserve de
stabilisation.
M. Breton (Martin): La réserve de stabilisation, pardon,
de 1987 à 1992 inclusivement. Le ménage est fini
là-dessus. On a nos propres hypothèses maintenant. On calcule la
réserve selon notre propre expérience maintenant. ensuite,
l'autre aspect sur lequel on a été particulièrement
chanceux, c'est les hypothèses économiques. c'est que dans le
temps, quand le régime a commencé, il faut comprendre que nous
autres, avec nos réserves, la réserve actuarielle, on fait des
revenus de placement à la caisse de dépôt. on fait des
intérêts, et ça, c'est bon pour la saaq. d'un autre
côté, les indemnités sont revalorisées, ce qui est
moins bon pour la saaq parce que ça augmente les dépenses.
ça fait que ce qui compte, c'est le différentiel entre
l'inflation et le taux d'intérêt, c'est là-dessus qu'on se
base, puis, historiquement, quand le régime a commencé, on
estimait que c'était normal et raisonnable d'utiliser un écart de
2 % entre le taux d'intérêt et d'inflation. ce qui s'est
passé dans les premières années, on a été
déficitaires avec ça. au niveau des hypothèses
économiques, on a perdu de l'argent parce qu'on a eu un rendement qui
était en bas de 2 %, même une année qui a été
négative. mais, à partir de 1984, on s'est retrouvé avec
un écart qui était de 5 %, 6 %, et ça a perduré. ce
qui veut dire que bon an, mal an, juste à cause de ça, ça
a amené à la saaq à peu près 100 000 000 $ par
année juste de gains au niveau des hypothèses économiques.
ça fait qu'il y a un autre milliard qu'on a trouvé comme
ça.
M. Garon: Comment?
M. Gélinas (Claude): Ce qui veut dire qu'on a
ajusté nos hypothèses graduellement suite à ça, ce
qui veut dire qu'avec ce qu'on connaît aujourd'hui, si on avait à
fixer les primes de 1978, on les fixerait peut-être un tiers plus bas que
ce qu'on a fixé effectivement.
Dans le rapport annuel de 1992, dernière page
complètement, on montre un peu... On montre les
primes avec l'inflation... Ce n'est pas ça. En tout cas, ce qui
est clair, c'est qu'on aurait chargé beaucoup moins cher et que les
primes auraient dû normalement augmenter suivant l'inflation. Les primes
devraient augmenter selon l'inflation. Pourquoi ça ne s'est pas produit
dans le passé? C'est parce que, sans le savoir, on chargeait trop cher.
Pas volontairement. Bien involontairement puis de façon bien rigoureuse.
Mais avec les connaissances qu'on a aujourd'hui, là on a des primes qui
sont réalistes, raisonnables, puis tout nous porte à croire que
c'est raisonnable que les primes suivent à peu près
l'inflation... le rythme que les coûts montent aussi. Je ne sais pas si
ça répond à votre question?
M. Garon: Quand vous disiez tantôt...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, ceci étant dit, je pense qu'on est
appelés pour entendre la décision du président.
M. Garon: J'aimerais ça qu'on ait les galées de ce
que vient dire monsieur pour qu'on puisse interroger là-dessus en
revenant.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais ça
prend une heure et demie à avoir les galées.
Une voix: ...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais une heure
et demie, il va être minuit.
Alors, la commission suspend ses travaux pour un temps
illimité.
(Suspension de la séance à 22 h 18)
(Reprise à 22 h 42)
La Présidente (Mme Bélanger): MM. les
députés, s'il vous plaît. La commission reprend ses
travaux. Au moment de la suspension, nous étions à avoir des
explications de M. Breton. Je pense que vous aviez fini vos explications, M.
Breton?
M. Breton (Martin): Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions, M. le député de Lévis?
M. Garon: J'aurais une question qui... L'actuaire, M. Breton, a
dit que, quand il faut payer plus d'indemnité, c'est évident que
ce n'est pas bon pour la caisse de la SAAQ. Il a dit ça mot à
mot. Est-ce que, quand le ministre des Finances prend de l'argent dans la SAAQ,
c'est bon pour la caisse de la SAAQ?
M. Breton (Martin): C'est à moi que vous posez la
question?
M. Garon: Oui. Ou est-ce que c'est mauvais juste quand on paie
les victimes d'accident, quand ça coûte plus cher, les victimes
d'accident? Vous avez dit ça, mot à mot, tantôt. Vous avez
dit: Quand ça rapporte plus, c'est bon pour la caisse, quand on paie
plus d'indemnités, c'est mauvais pour la caisse. Mais vous avez omis la
troisième hypothèse, c'est quand c'est le ministre des Finances
qui prend l'argent dans la caisse.
M. Breton (Martin): Le travail de l'actuaire à la
Société, c'est d'évaluer, de recommander à la
direction de la Société quelle prime devrait être
chargée, première des choses, pour chaque catégorie de
véhicule et de conducteur, et, deuxième chose, d'évaluer
combien ça prend d'argent pour payer les victimes qui sont connues
à la fin d'une année. Ça veut dire la réserve
actuarielle. Ce qui n'est pas dans la réserve actuarielle, ce sont des
montants qui ne sont pas jugés nécessaires pour indemniser les
victimes, ce qui veut dire que notre régime est pleinement
capitalisé, ce qui veut dire que ce n'est plus du ressort de l'actuaire,
ce qui n'est pas dans la réserve actuarielle et ce qui n'est pas dans la
tarification.
M. Garon: Est-ce que les actuaires ont fait des recommandations
à la caisse disant: Vous avez une caisse de stabilisation qui est
inutile, vous devriez la remettre aux assurés? Est-ce que les actuaires
l'ont dit? Vous avez dit que ce qui n'est pas dans la réserve
actuarielle n'est pas nécessaire. Est-ce que les actuaires ont fait des
recommandations à la Société de baisser les primes,
d'augmenter les indemnités ou de remettre l'argent aux citoyens?
M. Breton (Martin): Ce qui a été recommandé
par les actuaires et qui a été montré aux derniers
états financiers de la Société, en 1992, c'est de prendre
une partie de la réserve de stabilisation, un petit peu plus que 1 000
000 000 $, et de la remettre aux assurés sur une période de 10
ans.
M. Garon: En quelle année?
M. Breton (Martin): Ça, ça a été
déclaré dans les états financiers au 31 décembre
1992.
M. Garon: Mais est-ce que les actuaires s'étaient rendus
compte avant ça qu'il y avait trop d'argent et qu'on pourrait le
remettre aux assurés, ou si c'est seulement en 1992 qu'on s'est
aperçu de ça?
M. Breton (Martin): Ça faisait déjà quelques
années que, dans les états financiers, on voyait que l'intention
de la Société, c'était de prendre la réserve de
stabilisation et de la remettre aux assurés sous différentes
formes, soit une bonification des indemnités ou un gel ou une diminution
des primes d'assurance.
M. Elkas: Ce qui a été fait, si vous permettez,
tout le temps qu'on n'a pas augmenté, c'est une baisse
pour le contribuable, parce qu'il y a toujours de l'indexation. Et
n'oublions pas une chose, il y a eu des baisses au niveau des permis, il y a eu
des baisses au niveau des immatriculations. Ça, on n'en parle
jamais.
Je pense que le point qu'on doit faire ici, c'est que oui, la SAAQ, la
Société de l'assurance automobile du Québec, son conseil
d'administration avait fait une recommandation, oui. À partir de 1996
je crois que c'était l'année on était pour
augmenter la prime pour refléter les vrais coûts et retourner d'un
autre côté un montant d'argent, sur une période de 10 ans,
du fonds de stabilisation aux automobilistes. Maintenant, ce qu'on fait cette
année avec le 1 000 000 000 $, c'est que le fonds consolidé a
pris le 1 000 000 000 $ mais garantit 120 000 000 $ par année et une
augmentation si nécessaire. Alors, on ne verra pas grand-chose de
différent sur le 1 000 000 000 $ si on retire le 1 000 000 000 $ puis on
le remet. Ça arrive à la même chose.
M. Garon: Tantôt le président a dit:
L'Assemblée nationale, suite à la requête de deux
députés libéraux, c'est sub judice. On va attendre les
décisions des tribunaux puis on ne bougera pas. Est-ce que le ministre
considère qu'il peut bouger alors qu'il y a une cause actuellement qui
conteste la légalité de ce que veut faire le ministre?
M. Elkas: Pardon?
M. Garon: Est-ce qu'il considère que c'est sub judice ou
bien il continue comme s'il n'y avait pas de cause devant les tribunaux, puis
il se sent complètement libre? Parce que, là, il va
complètement à rencontre de la décision du
président, tantôt, qui disait: Quand c'est sub judice, on attend
avant d'agir. Là, le ministre continue d'agir comme s'il n'y avait pas
de cause devant les tribunaux qui conteste la légalité des
opérations qu'il fait actuellement.
M. Elkas: Est-ce que vous demandez la question à
l'actuaire ou bien...
M. Garon: À vous.
M. Elkas: ...vous me demandez la question? Parce que l'actuaire
n'est pas ici pour juger.
M. Garon: Non, mais vous étiez là, tantôt,
quand le président a rendu sa décision.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Me
Gélinas.
M. Gélinas (Claude): II y a deux recours,
présentement, devant les tribunaux.
M. Garon: Non, je posais la question au minis- tre comme
parlementaire, parce que Me Gélinas n'était pas là en
Chambre puis il n'a pas affaire au droit parlementaire. Tantôt, le
président a fait une question en droit parlementaire comme quoi, quand
c'est sub judice, l'Assemblée nationale n'en parle pas. Comment peut-on
actuellement parler d'un projet de loi qui est justement dans des
matières sub judice?
M. Elkas: Deux cas complètement différents, vous le
savez, M. le député.
M. Garon: Bien, je pense qu'il va falloir en faire un cas devant
le président de... Avant longtemps.
M. Elkas: Bien, essayez d'en faire un. Pendant ce
temps-là, on est ici à la commission pour débattre 12
articles. Je peux vous faire rappeler qu'on pourrait en discuter pendant...
Lors du discours du budget, c'est là qu'on aurait dû faire le
débat.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Oui, Mme la Présidente, moi, je voudrais
demander au ministre si j'ai raison de comprendre l'article 1,
c'est-à-dire le premier paragraphe, mais, enfin, globalement, l'article
1 comme étant un nouveau pouvoir au ministre des Finances ou plus
précisément au gouvernement. Est-ce que l'article 1 constitue un
nouveau pouvoir pour le gouvernement?
M. Elkas: Oui.
M. Morin: Merci. L'autre question au ministre, peut-être
par l'entremise de l'actuaire: À partir de quel principe comptable ou
actuariel on peut considérer comme faisable un nouveau pouvoir de
gouvernement de valoriser les contributions d'assurance? À partir de
quel principe, là, sur le plan actuariel, ça vous paraît
faisable, alors qu'on sait fort bien que les principes ou, en fin de compte,
les facteurs entourant la valorisation ou l'indexation des contributions sont
tout autre qu'un pouvoir du gouvernement? (22 h 50)
Alors, moi, j'aimerais savoir, Mme la Présidente, par le biais de
l'actuaire, comment il se sent, puis comment, pour eux, qui ont à
travailler et à prévoir des réserves, comment est-ce
qu'ils se sentent avec ce nouveau pouvoir-là, au niveau du principe? Je
ne veux pas aller dans les... Mais au niveau du principe, sur le plan
actuariel, alors qu'on sait que normalement il y a des facteurs très,
très clairs qui ont pour but d'établir ou de valoriser, d'indexer
les contributions pour s'assurer, évidemment, que les obligations du
régime soient rencontrées? Alors, lorsque le gouvernement
s'octroie un nouveau pouvoir d'établir lui-même, de valoriser les
contributions, comment est-ce qu'on se sent, à ce moment-là, au
niveau de la Société, sur le plan actuariel? Moi, j'aimerais
qu'on me réponde à ça.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Breton.
M, Breton (Martin): En fait, le fait de pouvoir valoriser ou,
d'indexer les primes, c'est un des aspects qp paient demandés par la
Société, parce qu'on sait que le coût des
indemnités, globalement, augmente année après année
en suivant à peu près...
M. Morin: Oui, mais par le gouvernement... Vous me dites que
c'est la Société qui a demandé au gpuyernement de
procéder à cette valorisation-là des primes? C'est ce que
vous me dites?
M. Breton (Martin): Non, pas comme tel. On n'a pas
demandé...
M. Morin: Non, eh bien, précisez.
M. Elkas: Je pense que ce qui est important
M. Morin: Quelle était la demande de la
Société? De valoriser les contributions? Je veux bien, là.
Quand, Mme la Présidente, M. Breton m'a dit que c'était une
demande ou un souhait de la Société de procéder à
une valorisation des contributions, ça, on n'a pas de problème
jusque-là, sauf que, là, ce n'est pas la Société
qui valorise les contributions, c'est le gouvernement. Et c'est
là-dessus que je pose ma question. Comment vous vous sejiteç
à partir des principes actuariels où on retrouve tous les
facteurs qui servent à établir la contribution ou la prime,,
à partir du moment où le gouvernement s'octroie le pouvoir de les
établir lui-même? C'est ça que ça veut dire,
là. Lorsqu'on dit qu'il les valorise, c'est lui qui établit les
contributions, d'une certaine façon. Alors, comment est-ce que vous vous
sentez? Là, vous avez dit que c'était un désir de la
Société.
M. Elkas: Je m'excuse, M. le député de Dubuc.
M. Morin: Vous ne me ferez pas croire que c'est la
Société qui a demandé que ce soit le gouvernement qui
valorise ça.
M. Elkas: Un instant, M. le député de Dubuc.
Çalmez-vous les nerfs un petit peu, là. Je vais vous dire que
l'actuaire est ici pour nous informer sur des questions concernant le projet.
Il n'a pas à juger si c'était au gouvernement à le faire
ou la SAAQ ou comment est-ce que lui se sentait.
M. Morin: Eh bien, répondez-moi, d'abord.
M. Elkas: Bien moi, je vais vous dire pourquoi. Je vais vous
répondre, puis je vous ai déjà répondu.
M. Morin: Si vous êtes capable, mais répondez-moi
sur le plan technique.
M. Elkas: Je vais vous répondre. Non, vous n'avez pas
demandé une question technique.
M. Morin: Oui.
M. Elkas: Bien non. Aïe!
M. Morin: Vous m'avez dit... Écoutez!
M. Elkas: Non.
M. Morin: Écoutez un peu! Quand on parle d'une
réserve actuarielle...
M. Elkas: Aïe! Vous avez demandé une question... Vous
avez demandé une question, laissez-moi finir. On avait dit...
M. Morin: Vous n'avez pas compris ma question. Bien non, vous
parliez à votre collègue, là.
M. Elkas: Non, non.
M. Morin: Allez-y, allez-y.
M. Elkas: On a mentionné que la Société de
l'assurance automobile du Québec avait les intentions... Et ça,
vous l'avez compris de M. Breton...
M. Morin: Oui.
M. Elkas: ...vous l'avez compris de moi, que la
Société avait l'intention de réduire les primes des...
M. Garon: Ah oui?
M. Elkas: Excusez...
M. Garon: Quand?
M. Elkas: Au début de 1996, nous avons...
M. Garon: Réduire les primes, oui, c'est ça. Il l'a
dit, là. Ce qui est dit est dit.
M. Elkas: Non, non. Dans son plan de redistribution de son
surplus aux automobilistes annoncé au début de l'année
1993, la Société proposait d'amortir graduellement la
réserve de stabilisation pour un montant d'environ 1 069 000 000 $ sur
une période de 10 ans tout en augmentant graduellement la tarification
à partir de 1995-1996 de manière à atteindre
l'équilibre budgétaire de ses revenus et de ses dépenses
aux environs de l'an 2003.
M. Garon: À partir d'une étude de quand? M.
Elkas: À partir d'une étude de quand?
M. Garon: Quelles années de base? Il faut une étude
des années de base.
M. Morin: Oui, mais...
M. Elkas: Mais là on a réduit, depuis mon
arrivée, de ce que je peux me souvenir, on a réduit les
immatriculations, on a réduit les permis et puis là, on
décide, à ce point-là, de retourner l'argent aux
assurés.
M. Morin: Mme la Présidente, que la Société
veuille augmenter les primes pour atteindre un équilibre
budgétaire et, en même temps, atteindre une réserve de
stabilisation sur un certain nombre d'années, je comprends bien
ça. C'est elle qui gère. Ça, ça ne me crée
pas de problème, moi, là. Je ne discute pas du fond, là.
C'est elle qui gère. Sauf que la Société, lorsqu'elle fait
faire une expertise actuarielle, comment le facteur du nouveau pouvoir du
gouvernement de valoriser les contributions, comment ça intervient dans
le processus? Comment c'est évalué? C'est la question. Vous
êtes actuaire, vous êtes censé être capable de
répondre à cette question-là. Comment ce nouveau
pouvoir-là du gouvernement de valoriser les contributions intervient
dans l'expertise actuarielle? Comment c'est considéré,
ça?
M. Elkas: M. Breton pourrait expliquer la façon qu'on
était pour mettre le programme sur pied avant le discours...
M. Morin: Qu'il réponde à ma question, c'est en
masse, c'est juste ça que je veux avoir.
M. Elkas: ...avant le dépôt du budget, avant. Alors,
on a toute l'intention de le faire.
M. Morin: II partira d'où il voudra, sauf que ce que je
veux savoir, c'est comment il interprète ou comment il vit, en termes
actuariels, le nouveau pouvoir du gouvernement d'établir les
contributions. C'est ça que je veux qu'il nous dise. Je ne suis pas un
professionnel, mais je connais ça un petit peu, ces affaires-là,
moi, là. Je sais les facteurs...
M. Elkas: Je m'excuse, mais ça aurait pris une loi, d'une
manière ou d'une autre.
M. Morin: Oui.
M. Elkas: La Société de l'assurance automobile du
Québec aurait demandé à son ministre d'introduire une loi
pour permettre une indexation. C'est bien écrit dans le discours,
là. Alors, d'une manière ou d'une autre, que le milliard soit
là ou ne soit pas là, il aurait fallu introduire une loi pour
permettre cette indexation parce qu'elle n'existait pas. Il n'aurait pas pu le
faire lui-même.
M. Morin: À ce moment-là, écoutez, quand
vous faites faire une expertise actuarielle pour établir les
contributions, si vous n'avez même pas le pouvoir de les augmenter,
à quoi ça sert? Parce que normalement, le but d'une
évaluation actuarielle, c'est ça, d'ajuster les contributions
pour assurer, afin qu'elles correspondent aux obligations du régime,
n'est-ce pas, que ça soit à la baisse ou à la hausse.
À partir du moment où le ministre dit que vous n'avez aucun
pouvoir là-dessus, à quoi ça sert, des évaluations
actuarielles?
M. Breton (Martin): La loi prévoit que la SAAQ propose au
gouvernement d'augmenter les primes après expertise actuarielle.
M. Morin: C'est d'accord.
M. Breton (Martin): Mais c'est le gouvernement qui a le pouvoir
d'appliquer les hausses.
M. Morin: Ah! Bien là, ça va très bien,
là. Là, ça va très bien, jusque-là. Ah
ça, je vis avec ça, moi, là, que, suite à une
évaluation actuarielle qui, pour différents facteurs,
prévoit un déficit ou un surplus actuariel de là,
ça peut obliger une diminution ou une augmentation des primes, qu'ils en
fassent la recommandation au gouvernement et que le gouvernement, lui,
s'exécute, conformément aux recommandations de la
Société, ça va. Ça, je n'ai aucun problème
avec ça, sauf que la loi, ce n'est plus ça qu'elle dit,
là. Ce n'est plus la Société, c'est le gouvernement qui
s'octroie un nouveau pouvoir de valoriser et de décider lui-même,
et c'est ça que je ne suis pas capable d'accepter, moi. Ce que vous
m'expliquez là, je n'aurais pas posé une question, mais ce n'est
plus ça. Le jeu n'est plus là, et ça me surprendrait bien
gros que vous ayez demandé au gouvernement de décider
lui-même de la valorisation des contributions. Ça, là,
écoutez, si vous avez fait ça, eh bien, le respect que j'avais
pour la Société, je viens de le perdre.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Gélinas,
avez-vous une réponse à ça?
M. Gélinas (Claude): La question de la revalorisation
faisait partie des hypothèses que la Société analysait
comme telles dans le cadre des politiques.
M. Morin: Oui. Ça, ça va.
M. Garon: Qui? Qui à la Société?
M. Gélinas (Claude): Au niveau des hypothèses
actuarielles et de toute la politique d'excédents, de distribution
d'excédents aux assurés.
M. Morin: D'accord.
M. Gélinas (Claude): Avant l'adoption de cette
politique-là en décembre 1992 par le conseil d'administration, il
y a plusieurs scénarios qui ont été
élaborés,
il y a plusieurs scénarios qui ont été
étudiés, des projections faites sur plusieurs années pour
nous permettre d'arriver à une politique en bonne et due forme en
décembre 1992 pour statuer sur la façon dont on voulait que la
distribution des 1 069 000 000 $ puisse se faire sûr une période
de 10 ans, tel que le ministre l'a dit dans son discours.
M. Morin: Ça va.
M. Gélinas (Claude): Et au niveau de...
M. Morin: Mais êtes-vous en train de me dire que cette
nouvelle politique-là, les différentes hypothèses qui ont
été établies, entre autres, la valorisation, n'auraient
pas pu s'exécuter en fonction de la loi actuelle? (23 heures)
M. Gélinas (Claude): La revalorisation en fonction de la
loi actuelle? Non. Ça prend un article de la loi pour permettre la
revalorisation au coût de la vie, parce qu'il faut bien lire l'article
tel qu'il est écrit. Au niveau du projet de loi 130, on dit bien que
c'est revalorisé conformément à la méthode de
calcul prévue aux articles 83.35 à 83.39. Pour qu'on puisse
revaloriser annuellement d'une façon automatique les indemnités
versées aux assurés, il faut que la loi nous permette la
revalorisation. Et c'est ce que la Loi sur l'assurance automobile permet au
niveau des indemnités. Mais elle ne permettait pas une revalorisation au
coût de la vie comme c'est prévu pour les indemnités en ce
qui concerne les contributions d'assurance. Et quand on dit que l'article 151.4
est un nouveau pouvoir, effectivement, c'est un nouveau pouvoir qui n'existait
pas auparavant et qui n'existe pas aujourd'hui, au niveau de la revalorisation
des contributions d'assurance, je dis bien.
M. Morin: Mais pour ce qui est des indemnités, l'article
151, enfin, 151.3, ce sont des pouvoirs qui appartiennent à la
Société?
M. Gélinas (Claude): Non, la revalorisation des
indemnités prévues aux articles 83.35 à 83.39...
M. Morin: Oui. D'accord. O.K.
M. Gélinas (Claude): ...se font automatiquement. La
Société n'a pas à prendre de décisions sur
ça. La loi dit: Le 1er janvier de chaque année, toutes les
indemnités prévues dans la loi sont automatiquement, par effet de
la loi, revalorisées selon une formule, une méthode de calcul qui
est prévue dans la loi. Et c'est cette même méthode de
calcul là que le gouvernement s'oblige à suivre pour revaloriser
les contributions d'assurance. exemple, cette année, pour l'année
1993, on prévoit que la revalorisation des indemnités va se faire
à un taux de 1,9 %, qui est le taux qui correspond à la
méthode de calcul prévue de 83.35 à 83.39 de la loi sur
l'assurance automobile. et ça, c'est automatique. le 1er janvier 1994,
toutes les indemnités prévues dans la loi seront automatiquement
augmentées de 1,9 %. ce que le gouvernement introduit à l'article
151.4, c'est la possibilité, non pas une indexation automatique, mais la
possibilité, à compter de 1996 et pour chaque année par la
suite, de faire l'indexation, la revalorisation des contributions d'assurance
au même taux que les indemnités sont revalorisées
annuellement.
M. Morin: Oui, sauf que...
M. Gélinas (Claude): C'est le sens de...
M. Morin: Oui, mais Mme la Présidente, vous conviendrez
avec moi que la méthode pour établir les indemnités
basées sur le revenu, enfin, sur le revenu... C'est basé sur les
revenus, ça?
M. Gélinas (Claude): C'est basé...
M. Morin: Les indemnités de revenus de remplacement
basées sur les revenus.
M. Gélinas (Claude): Enfin, on pourrait peut-être
vous expliquer...
M. Morin: À peu de choses près, là... Mais
ça, qu'il y ait une méthode comme celle-là pour
établir ces indemnités-là en fonction des revenus
revalorisés, ça, ça me convient.
M. Gélinas (Claude): Oui, c'est ça.
M. Morin: Sauf qu'on utilise la même méthode
à partir d'un nouveau pouvoir du gouvernement pour établir les
contributions d'assurance. C'est ce que je trouve totalement anormal.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Gélinas.
M. Gélinas (Claude): Je pourrais peut-être expliquer
la différence entre l'établissement des contributions
d'assurance, tel que prévu à l'article 151 de la loi, et
l'indexation, qui sont deux choses distinctes. C'est-à-dire que le
projet de loi ne touche pas du tout au pouvoir de la Société
d'adopter un règlement qui vient déterminer les contributions
d'assurance pour une année donnée. Comme on l'a expliqué
hier soir, ces contributions d'assurances là, ce
règlement-là, c'est un règlement qui s'appelle
règlement sur les contributions d'assurance, adopté par le
conseil d'administration. Mais le règlement sur les contributions
d'assurance n'entre en vigueur que sur approbation du gouvernement. Et le
gouvernement a toujours eu, depuis que le régime existe, le pouvoir
d'approuver ou de ne pas approuver le règlement qui a été
adopté par la Société.
Ce pouvoir-là, il demeure. La Société a toujours le
même pouvoir qui est prévu à l'article 151. Ce que 151.4
vient ajouter, c'est que, une fois les contributions
d'assurance fixées conformément à la loi, il y a
toujours cette possibilité-là qu'on puisse venir les indexer
selon la formule prévue aux articles 83.35 à 83.39.
M. Garon: Pas indexer, revaloriser.
M. Gélinas (Claude): Revaloriser, excusez-moi.
M. Garon: Ce n'est pas pareil.
M. Gélinas (Claude): L'expression, dans la loi, c'est
«revaloriser» partout, maintenant. C'est plus français,
d'ailleurs.
M. Morin: Parce que vous avez déjà le pouvoir de
les indexer.
M. Gélinas (Claude): On a le pouvoir de les revaloriser.
C'est vraiment l'expression dans la loi. C'est plus français,
également.
M. Garon: C'est un beau mot. Ils y ont donné plus de
valeur, ça coûte plus cher.
M. Gélinas (Claude): Non, ça ne coûte pas
plus cher.
M. Garon: Mais, tantôt, vous avez dit une affaire qui m'a
fait sursauter. Vous avez dit qu'en même temps que le conseil
d'administration votait, qu'on pouvait verser 1 069 000 000 $ aux
assurés, en même temps, lui, le régime, le secteur des
actuaires faisait des études pour revaloriser les contributions
d'assurance pour que ça arrive. Alors, on disait donc qu'il fallait
augmenter les contributions c'est absurde d'assurance pour
pouvoir distribuer un surplus de i 069 000 000 $ aux assurés.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Breton.
M. Breton (Martin): Pour expliquer la situation, c'est que,
à la Société, il y a deux dynamiques en même temps,
et je vais prendre comme année de référence 1992. D'un
côté, ça allait mal parce qu'il rentrait, au niveau du
financement, 500 000 000 $ en primes, alors que pour payer les
indemnités aux victimes de 1992, les indemnités dans
l'année courante et celles qui sont à venir, qui sont dans la
réserve actuarielle, et les autres mandats de la Société
pour 1992, tout ça, ça coûtait à peu près 700
000 000 $. Ça veut dire que, d'un côté, il y a 500 000 000
$ de primes qui rentrent, mais il y a 700 000 000 $ que ça coûte
pour faire rouler le régime. iimanque 200 000 000 $.
D'où est-ce qu'ils venaient, les 200 000 000 $? Ils venaient de
deux sources. D'un côté, on avait des revenus de placements par
rapport aux hypothèses économiques, des gains au niveau des
revenus de placements d'à peu près 100 000 000$. Ça,
ça aide, 100 000 000 $. Et les autres 100 000 000 $, d'où est-ce
qu'ils venaient? C'est les intérêts sur la réserve de
stabilisation. On avait 1 000 000 000 $ de réserve de stabilisation. Les
intérêts, c'est à peu près 100 000 000 $. Ce qui
fait que, avec ça, on arrivait à financer le régime.
Mais là, on dit: On prend 1 000 000 000 $ et on les remet sur 10
ans de façon graduelle, ce qui veut dire que, à mesure que les 1
000 000 000 $ disparaissent, les revenus de placements qui vont avec
disparaissent aussi. Ça fait que, graduellement, il faut combler cette
perte-là par une augmentation de primes, une augmentation de primes
qu'on voulait voir graduelle. C'est pour ça que, à ce
moment-là, on disait: D'un côté, même si, d'une main,
on remet 1 000 000 000 $ aux assurés sur 10 ans, de l'autre
côté, à partir de 1996 à peu près, il va
falloir penser d'augmenter les primes graduellement pour compenser les pertes
de revenus de placements, pour arriver à peu près en l'an 2003
où, là, on n'aurait eu presque plus de réserve de
stabilisation et les primes auraient été d'aplomb,
nivelées par rapport aux coûts.
Ça fait que c'est pour ça, tout le temps... Quand nos
hypothèses actuarielles sont tombées de façon
réaliste et fixe, on se rend compte que les coûts du régime
augmentent à peu près en suivant l'inflation. Ça fait que,
à ce moment-là, il y a deux façons de faire les choses. On
peut revenir, chaque année, proposer au conseil d'administration
d'augmenter les primes selon l'inflation, un petit peu plus ou un petit peu
moins, et faire le processus, ou bien on peut dire: On le met sur le pilote
automatique, ça augmente selon l'inflation, et quand on a besoin d'un
ajustement, une fois aux deux, trois ans ou aux quatre ans, bien, on dit: La
Société recommande de réajuster les primes de telle
façon, en plus ou en moins, pour... Mais, au lieu de le faire à
chaque année, on peut y aller comme ça, juste de façon
ponctuelle.
M. Garon: La réserve de stabilisation,
«c'était-u» un handicap pour la Société,
ça nuisait?
M. Breton (Martin): Avoir de l'argent, d'habitude, ce n'est pas
une nuisance.
M. Garon: Bien, pourquoi le ministre des Finances vous
l'ôte? Donc, ça vous nuisait. Vous dites que, en même temps
que vous voulez les donner aux assurés, vous augmentez les contributions
d'assurance pour pouvoir les payer aux assurés. Alors que vous aviez un
surplus, il fallait augmenter les primes. Les actuaires, moi, les actuaires, je
n'engagerai jamais ça dans une compagnie. Vous avez le surplus, et pour
le distribuer, le surplus, il faut que tu augmentes les primes. (23 h 10)
M. Elkas: Le fonds de stabilisation, on s'en est toujours servi
pour stabiliser les primes. Alors, on se retrouve avec 1 069 000 000 $ qu'on va
enlever mais remettre à un coût de 120 000 000 $ par année
pour stabiliser, qui s'ajoute aux 300 000 000 $ qui sont déjà
là, qu'on ne touche pas. Ces 120 000 000 $ viennent stabiliser les
primes. Mais ce qu'il y avait... L'intention
de la Société est de s'assurer que, si ça nous
coûte un montant, mettons, de 700 000 000 $ par année pour
l'indemnisation, puis on va chercher seulement 50Ô 000 000 $ des
assurés, on voudrait que les assurés paient les vrais montants.
Understand that? Alors, il fallait aller chercher 700 000 000 $. Mais au lieu
d'aller chercher 700 000 000 $ des assurés, on le prenait du fonds de
stabilisation. Mais il me semble juste que les assurés savent exactement
ce qu'ils devraient payer au niveau des primes. Puis c'est pour ça qu'on
était pour augmenter les primes tout en réduisant le fonds de
stabilisation en remettant un montant d'argent. C'est un équilibre.
M. Garon: Moi, je veux demander, Mme la Présidente, aux
gens de la Régie de nous fournir trois colonnes de chiffres: un, les
coûts des accidents, les coûts chaque année, par
année, en colonnes, chaque année, combien ça coûte,
l'indemnisation des victimes à cause des accidents; deuxièmement,
depuis 1978, le taux d'inflation de chacune des années; et trois, le
bilan routier.
Parce que moi, ce que je ne comprends pas, je vais vous dire c'est quoi.
L'inflation a été considérable à la fin des
années soixante-dix, début des années quatre-vingt,
ça a été une inflation terrible. Le bilan routier s'est
amélioré, les taux d'inflation ont baissé
considérablement, il n'y en a quasiment plus, d'inflation, les taux
d'intérêt sont quasiment à terre, puis les coûts
augmentent plus que jamais. Moi, je ne suis pas capable de comprendre
ça. Ça augmentait moins quand l'inflation était forte,
quand les taux d'intérêt étaient faramineux. Ça
augmente plus aujourd'hui, alors que le ministre nous fait des
conférences de presse pour dire que le bilan routier s'améliore,
que l'inflation est quasiment à zéro, puis que le taux
d'intérêt est plus bas qu'il a jamais été depuis 30
ans. Moi, je ne suis pas capable de comprendre ça. Je ne suis pas
actuaire, moi, là, mais je ne suis pas capable de comprendre ça.
Ça m'a l'air le contraire du bon sens.
M. Breton (Martin): La plupart des renseignements que vous voulez
avoir se retrouvent dans le rapport d'activité 1992 de la
Société, en annexe. Pour ce qui est des coûts reliés
à l'indemnisation pour chacune des années, Me Gélinas vous
les a donnés tantôt, on les a. Puis ce qu'on a mis
d'intéressant à côté, on a mis: S'il n'y avait pas
eu d'amélioration du bilan routier depuis 1979, qu'auraient
été ces coûts-là? Puis on voit, par exemple, que
pour 1992, les coûts ont été de 617 166 114 $. S'il n'y
avait pas eu d'amélioration du bilan routier depuis 1979, les
mêmes coûts auraient été de 995 923 198 $.
M. Garon: À quel taux d'inflation calculez-vous? À
quel taux d'inflation l'avez-vous calculé? Le taux d'inflation, à
chacune des années, il était de combien?
M. Breton (Martin): O.K. Les taux d'inflation sont donnés
aussi en annexe pour...
M. Garon: Dans vos coûts que vous calculez, quel taux
d'inflation calculez-vous? Le taux réel ou bien un taux imaginaire?
M. Breton (Martin): Non. O.K. La façon dont on fonctionne,
c'est que quand on calcule les coûts, c'est à partir d'aujourd'hui
pour l'avenir. Ça veut dire que c'est les taux d'inflation et
d'intérêt à venir.
M. Garon: Alors, les coûts?
M. Breton (Martin): Oui. quand on évalue le coût,
c'est comme ça. le passé, il est connu. on a les taux d'inflation
puis d'intérêt, ça, on les connaît pour le
passé, puis ils sont aussi en annexe au rapport d'activité. mais
la partie future, c'est là qu'on pose une hypothèse pour
l'avenir. pour le passé, on le connaît déjà,
ça fait qu'on n'a pas besoin de poser d'hypothèse. pour l'avenir,
on pose une hypothèse. l'hypothèse qu'on pose, c'est une
hypothèse qui est valide à long terme, qui tient compte et de
l'intérêt et de l'inflation. on prend le différentiel entre
les deux, puis notre hypothèse, actuellement, est 3 %. on dit
qu'à long terme... ça ne veut pas dire que demain, le
différentiel entre le taux d'intérêt et d'inflation ne sera
pas de 3 %, que dans 10 ans, il ne sera pas de 3 %, dans 20 ans non plus.
à une date donnée, on n'a pas raison, sauf que sur une moyenne,
une moyenne à long terme, c'est une hypothèse qui est
jugée raisonnable, qui est utilisée pour des régimes
semblables partout au canada. la csst, par exemple, utilise ce taux-là
pour évaluer son coût. la csst en ontario, la même
chose.
M. Garon: Moi, je ne pense pas que vous devriez prendre
modèle sur la CSST, parce qu'elle est 3 500 000$ dans le trou...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...sans ponction gouvernementale. Alors, moi, je pense
que ça ne fonctionne pas.
(Consultation)
M. Breton (Martin): En tout cas, comme hypothèse qui est
util isée...
M. Garon: Êtes-vous en train d'établir un
régime qui est un peu comme le régime de retraite des
fonctionnaires, dans lequel le gouvernement ne met pas une tôle, ne
calcule même pas ses dettes? Il est en train de revenir à un
régime camouflé de «pay-as-you-go» mais où les
investisseurs, ceux qui prêtent au Québec, ont commencé
à décoter le Québec parce qu'ils considèrent qu'il
a une dette cachée, autour de 20 000 000 000 $.
M. Breton (Martin): Actuellement, tous les coûts qu'il y a
là-dedans, on est pleinement capitalisé. Ça veut dire que
si on fermait boutique demain matin, sans aucune entrée d'argent, on
aurait suffisamment d'argent pour payer toutes les victimes jusqu'à leur
mort ou jusqu'à leur récupération totale, etc. Le
régime est pleinement capitalisé, il n'y a pas de
problème.
M. Garon: Actuellement.
M. Breton (Martin): Aucun problème. Aucun problème,
puis c'est requis par la loi. La loi nous exige de calculer ce que ça
prend pour que le régime soit pleinement capitalisé, et la loi
exige que s'il manque 1 $, il faut la charger l'année suivante, il faut
aller la récupérer tout de suite. on n'a pas le droit
d'être déficitaire, ce qui veut dire qu'on ferme boutique
n'importe quand, il y a assez d'argent pour payer les victimes tout le
temps.
M. Garon: Oui, mais vous n'avez pas le droit non plus de
collecter des primes plus que pour vos besoins.
M. Breton (Martin): On ne l'a jamais fait. M. Garon: Bien,
voyons. Voyons.
M. Breton (Martin): Ça fait partie du débat
judiciaire. C'est un peu... Mais disons que c'est une chose avec laquelle on
n'a aucun problème. Quand viendra le temps en cour, on n'a aucun
problème d'aller montrer que...
M. Garon: Mais ce n'est pas plus précis que ça,
l'actuariat?
M. Breton (Martin): Pardon?
M. Garon: Ce n'est pas plus précis que ça? C'est un
peu comme tirer aux cartes, au fond, parce que ce n'est pas très
précis. Parce qu'on a vu que ça a généré des
milliards que le gouvernement a pris. Ce n'est pas plus précis que
ça?
M. Breton (Martin): Bien, en fait, ce que j'ai expliqué un
peu tantôt, c'est que le contexte qu'on a connu, juste au niveau des
hypothèses économiques, il n'y a pas un actuaire qui pouvait
prévoir ça, qu'on allait connaître des taux nets, un
différentiel entre le taux d'intérêt et le taux
d'inflation. Ce qu'on a connu depuis dix ans, il n'y a pas un actuaire qui
pouvait prévoir ça.
Même que je peux vous raconter une anecdote à cet
égard-là. Nous autres, quand le régime a commencé,
on disait que le différentiel entre les deux allait être de 2 %.
on a pris ça comme hypothèse et, les deux premières
années, on a défait de l'argent avec ça. ça fait
qu'on s'est fait lancer des roches en se faisant dire: vous n'êtes pas
assez prudents, il va manquer d'argent. par la suite, quand les taux ont
monté, on a graduellement augmenté notre taux. notre taux est
passé de 2 % à 2,5 %. à ce moment-là, le
vérificateur général nous a dit: vous n'êtes
peut-être pas bien, bien prudents. il n'a pas mis ça dans son
rapport, mais il nous l'a dit: vous n'êtes pas bien, bien prudents de
monter à 2,5 %. il y a quelques années, on était rendu
à 2,75 %, il nous a dit: vous êtes pas mal trop prudents par
rapport aux standards et aux critères...
M. Garon: II a dit ça à qui, le
Vérificateur?
M. Breton (Martin): II a dit ça aux actuaires de la
Société.
M. Garon: Est-ce qu'il a contribué à la
suggestion...
M. Breton (Martin): Ah, c'est parce que l'évolution...
M. Garon: ...de dilapider les fonds au ministre des Finances?
Est-ce qu'il a contribué à cette opinion-là, le
Vérificateur?
M. Breton (Martin): Ça, je l'ignore. Moi, les commentaires
que j'ai eus, ça concernait exclusivement la réserve actuarielle,
l'évaluation des coûts du régime, la gestion, la
réserve de stabilisation, les...
M. Garon: Qu'est-ce qu'il disait de ça, le
Vérificateur général, par rapport aux fonds qui s'en
allaient chez le ministre des Finances?
M. Breton (Martin): En tout cas, moi, à ma connaissance,
il ne s'est pas prononcé là-dessus.
M. Garon: Est-ce que c'est exact que c'est lui qui aurait
suggéré la méthode?
M. Breton (Martin): Quelle méthode? Je n'ai pas bien
compris la question. La méthode de quoi?
M. Garon: De vider le pot de stabilisation.
M. Breton (Martin): En tout cas, ce n'est pas nous.
M. Garon: Est-ce qu'ils vous en parlaient quand vous avez eu des
rencontres avec eux?
M. Breton (Martin): Non. M. Garon: Non.
M. Breton (Martin): En tout cas, nous autres... Moi, les
rencontres que j'ai eues avec les gens du Vérificateur
général, ça touchait exclusivement l'évaluation
de la réserve actuarielle ou de quelle façon on faisait
pour évaluer le coût pour la tarification.
M. Garon: Mais est-ce que vous escomptiez là-dedans, parce
que vous projetez des coûts, que le gouvernement prendrait la caisse?
Vous en teniez compte, ou vous ne vous occupiez pas de ça,
c'était «irrelevant» comme disent les Anglais?
M. Breton (Martin): En fait, quand une loi est passée, on
en tient compte, mais tant que la loi n'est pas passée, on n'en tient
pas compte. Ce qui veut dire que quand on faisait... Par exemple, quand on a
fait la politique sur la réserve de stabilisation de remettre 1 067 000
000 $, 1 068 000 000 $ aux assurés, bien, évidemment, on n'a pas
tenu compte qu'il pourrait y avoir un transfert à ce moment-là.
(23 h 20)
M. Garon: Vous nous dites que vous n'avez jamais fait de surplus,
vous autres, que vous n'avez jamais collecté plus que vos besoins.
M. Breton (Martin): Au moment où on l'a fait, on n'a
jamais collecté plus que nos besoins. Ce qui se passe...
M. Garon: Mais quand est-ce que vous l'avez fait?
M. Breton (Martin): Pardon?
M. Garon: Quand est-ce que vous avez collecté plus que vos
besoins?
M. Breton (Martin): On n'a jamais collecté plus que nos
besoins. Ce qui se passe, c'est que quand on collecte, quand on charge une
prime pour payer les bénéfices, bien, il y a une partie qui est
basée sur des hypothèses qui peuvent ou non se réaliser.
C'est pour ça, par exemple, que les régimes de retraite dans les
années soixante-dix faisaient des déficits, puis dans les
années quatre-vingt, ils ont fait des surplus. C'est exactement la
même chose qui s'est passée avec nous. On a été
chanceux que le régime ne commence pas au début des années
soixante-dix, parce qu'on aurait fait des déficits, puis dans les
années quatre-vingt, on aurait fait des surplus. Parce qu'au niveau des
hypothèses économiques c'est à peu près la chose la
plus difficile et la plus imprévisible.
M. Elkas: Mme la Présidente, excusez-moi, mais, là,
on embarque dans un autre débat qui va faire objet devant les cours,
alors je demanderais qu'on pose une autre question.
M. Garon: Bien, c'est votre projet de loi qui est sub judice.
À ce moment-là, retirez le projet de loi, puis attendons la
décision des cours.
M. Elkas: Non.
M. Garon: Nous autres, on ne peut pas parler du projet de loi
parce qu'il est matière sub judice, puis vous avez le droit de le
présenter! Il y a quelque chose qui ne va pas, là. Moi, je pense
qu'il va falloir demander au président si l'Assemblée nationale a
le droit je pèse mes mots d'être saisie d'un projet
de loi dont les matières sont sub judice. Vous avez raison,
excepté qu'on ne devrait pas avoir le droit d'en être saisi
pendant qu'il est sub judice. Vous dites: On ne peut pas en parler parce que
c'est sub judice. C'est parce que votre projet de loi touche des
matières sub judice.
M. Elkas: Qu'on se réfère à l'article 1, qui
parle de l'indexation, et puis qu'on cesse de référer, à
savoir si on devrait remettre l'argent oui ou non. Stick to the facts.
M. Garon: That's what we do. M. Elkas: That's my
interprétation. M. Garon: It's a matter of opinion.
M. Elkas: If you respect mine, I might respect yours.
M. Garon: I respect any opinion, but I don't believe them
necessarily.
M. Elkas: Vous m'impressionnez. Ha, ha, ha!
M. Garon: Hein?
M. Elkas: Vous m'impressionnez.
M. Garon: Pourquoi?
M. Elkas: Mme la Présidente, est-ce qu'on peut continuer
sur l'autre projet de loi? Il nous semble que le temps est
écoulé.
M. Garon: Les Latins avaient l'habitude de dire: Qui potest
capere capiat. Les Grecs eux, disaient: Tou théou phobos arkhè
sophias. Mais le projet de loi, la disposition que nous avons devant nous est
commandée par qui? Par la Société, par le gouvernement ou
par le ministre des Finances?
M. Elkas: C'est commandé par le discours du budget du mois
de mai.
M. Morin: Ah, là, on comprend. Mme la
Présidente...
M. Elkas: Je pense que dans le discours que j'ai donné,
c'était assez bien mentionné. Si vous permettez, Mme la
Présidente: Tel qu'annoncé dans le discours sur le budget du
gouvernement, on propose plutôt de procéder à un
échange et à une restructuration. Lors de
l'immatriculation, de l'émission et du renouvellement du permis
de conduire, la SAAQ recueille à la fois les frais d'administration, les
coûts d'assurance, les droits gouvernementaux. Pour combler le
déficit structurel de la SAAQ et éviter une augmentation des
primes aux automobilistes, le gouvernement consent à ce qu'un montant
substantiel de ces droits soit transformé en façon
perpétuelle à une contribution d'assurance. C'est en
échange de ce montant annuel et récurrent, cédé
à la Société de l'assurance pour éviter à
court terme l'augmentation des primes, que le gouvernement recueille sur deux
ans le surplus de 1 000 000 000 $.
C'était bien clair. Je pense que ça fait trois fois que je
le lis.
M. Garon: Moi, je vais poser une question très simple
à l'actuaire, une question seulement d'actuariat, très simple.
Quand vous fixez la prime de 1992, vous tenez compte, vous avez dit, de
l'indemnisation des victimes dans l'année et de l'indemnisation
future...
M. Breton (Martin): De ces victimes-là.
M. Garon: ...de ces victimes-là. Bon. L'indemnisation
future des victimes est calculée à quel taux d'inflation?
M. Breton (Martin): C'est calculé avec un taux net de 3 %
qui tient compte à la fois de l'intérêt et de
l'inflation.
M. Garon: Alors, comme vous dites que la contribution d'assurance
de l'année doit être au niveau qu'il faut pour indemniser les
victimes de l'année, il peut mettre l'argent dans la caisse pour
indemniser les victimes plus tard. Est-ce que ça veut dire que
l'inflation à venir est contenue dans la prime^ dans la
contribution?
M. Breton (Martin): Pour les...
M. Garon: En 1992, pour chaque année.
M. Breton (Martin): Bon, pour ceux de 1992, la prime doit
être suffisante pour tenir compte de l'indexation des
bénéfices de ces victimes-là de 1992.
M. Garon: De l'année et à venir.
M. Breton (Martin): Pour ces victimes-là.
M. Garon: Bon. Donc, l'inflation est dedans, dans la contribution
d'assurance.
M. Breton (Martin): Oui, mais il n'y a pas de double indexation
d'une année à l'autre.
M. Garon: Elle est là ou elle n'est pas là? M.
Breton (Martin): Bon, O.K...
M. Garon: Quand vous faites le pot...
M. Breton (Martin): O.K., je vais vous donner un exemple,
ça va être plus simple. Ça va être plus simple avec
un exemple.
M. Garon: Ça va.
M. Breton (Martin): Une victime de 1992 versus une victime de
1993...
M. Garon: Oui.
M. Breton (Martin): ...la victime de 1992, on va lui payer des
médicaments, mettons 1000 $ de médicaments. La victime de 1993,
les médicaments coûtent plus cher, ça fait qu'on va lui
payer pour 1020 $ de médicaments. Ce qui fait que la victime de 1993
nous coûte un peu plus cher. Si la victime de 1992 et celle de 1993,
elles en ont besoin chacune pour une couple d'années, deux ans, mettons,
les médicaments, ça veut dire que la victime de 1992, on va lui
verser 1000 $ la première année, 1020 $ la deuxième
année, alors que celle de 1993, ça va être 1020 $, 1040 $.
Ça veut dire que ces deux victimes-là, toutes les deux
bénéficient de l'indexation, sauf qu'elles ne nous coûtent
pas la même chose, parce que la victime de 1993 part une marche plus
haut. Ce qui veut dire que pour les indemnités, c'est que les
indemnités... C'est pour ça que les victimes de 1992, si on leur
charge, par exemple, 2020 $ donc on fait abstraction de
l'intérêt, là ça va être suffisant pour
payer des médicaments indexés pendant deux ans à ces
victimes-là...
M. Garon: Sauf que...
M. Breton (Martin): ...alors que celles de l'année 1993,
ça va prendre 2060 $...
M. Garon: Oui.
M. Breton (Martin): ...des victimes semblables, pour leur payer
pendant deux ans indexés, parce que quand elles rentrent, les
médicaments coûtent déjà plus cher. Autrement dit,
ce n'est pas parce qu'on tient compte de l'indexation pour les victimes d'une
année qu'on pense que les coûts n'augmenteront jamais.
M. Garon: Non.
M. Breton (Martin): Tout augmente.
M. Garon: Sauf que quand le bilan routier s'améliore, le
coût global de l'année diminue.
M. Breton (Martin): Oui, c'est ça. Il y a des facteurs qui
font en sorte que les coûts vont en augmentant, puis il y a des facteurs
qui empêchent les coûts d'augmenter. Puis l'amélioration du
bilan routier, c'est
une chose qui fait qu'ils contiennent l'augmentation des
ëûûts.
M. Garon: Est-ce que vous avez calculé une augmentation de
la productivité au point de vue de l'amélioration de la gestion
ou si ça coûte plus cher?
M. Breton (Martin): En fait, la SAAQ est reconnue pour sa saine
gestion. Là...
M. Garon: Non, mais, je veux dire, est-ce que Vous avez
calculé un coût d'amélioration de la gestion ou bien si
vous calculez... Quand vous calculez ça, là, vous calculez les
coûts aux victimes, vous calculez les bilans routiers, mais au point de
vue de la gestion, vous attribuez quoi à la gestion, une inflation
automatique? ou bien vous calculez qu'il y a accroissement de
productivité? Parce qu'il y a une allocation pour l'amélioration
de la productivité de la gestion.
M. Elkas: Je comprends mal où se trouve la
productivité. Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple dans la
gestion de...
M. Garon: Je comprends. Moi, je vais vous donner un exemple.
Quand j'ai été ministre de l'Agriculture, j'étais en
charge de l'assurance agricole. Quand je suis arrivé là, pour
administrer 1 $, ça coûtait 0,70 $. Quand je suis parti, pour
administrer 1 $, ça coûtait 0,07 $. C'est une moyenne...
M. Elkas: Au niveau de l'administration de la
Société de l'assurance automobile, côté
administratif ou au niveau des fonds?
M. Garon: La gestion.
M. Elkas: Bien, la gestion... Be a little bit more clear.
M. Garon: Bien, oui, mais je vous disais que pour administrer 1
$, ça coûtait 0,70 $ en 1976...
M. Elkas: Je comprends tout ça. (23 h 30)
M. Garon: ...en 1985, ça coûtait 0,07 $, administrer
1 $ d'assurance. Je ne sais pas combien, on calcule ça par combien,
l'assurance automobile, mais administrer 1 $, ça coûtait combien
en 1978, combien en 1980...
M. Elkas: II faut séparer les deux.
M. Garon: ...combien en 1985, et combien en 1993?
M. Elkas: II faut séparer les deux. Il y a de
l'administration dans les ressources humaines, des gens qui travaillent
à l'intérieur...
M. Garon: Tout ça fait partie...
M. Elkas: ...et il y a l'autre partie, où on administre
les indemnisations, les primes et les fonds des contribuables.
M. Garon: Ce sont des éléments dont il faut tenir
compte.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Breton.
M. Breton (Martin): Pour déterminer, première des
choses, là, il faut dire que la partie des frais de gestion futurs,
ça représente 183 000 000 $ sur 2 800 000 000 $. Ça fait
que c'est une petite partie, là, des coûts.
M. Garon: Combien d'années?
M. Breton (Martin): Ça, c'est pour... Là, ce que
j'ai devant moi, c'est nos états financiers de l'année
passée, 31 décembre 1992. C'était pour l'ensemble de la
réserve. Pour toutes les années, 1978 à 1992, on avait 2
820 200 000 $ de réserve actuarielle totale. De ces 2 800 000 000 $, il
y avait 183 400 000 $ qui étaient pour les frais de gestion futurs,
à venir. Et ça, ces 183 000 000 $ là, on prend pour acquis
que les frais d'administration vont augmenter en suivant l'inflation.
La Présidente (Mme Bélanger): Une dernière
question, M. le député de Lévis, sur cette partie de
l'article 1?
M. Garon: Hein? Non, c'est sur le premier paragraphe qu'on
est.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, 151.4.
M. Garon: Non, non, non. Le premier paragraphe de 151.4.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, c'est
ça, c'est 151.4.
M. Garon: Non, le premier paragraphe.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, c'est
ça. C'est le premier paragraphe, et après ça, il y a un
deuxième et un troisième.
M. Garon: 151.4, les...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est le premier
paragraphe.
M. Garon: ...six premières lignes, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui, c'est le
premier paragraphe.
M. Garon: C'est ça. Bien, c'est pour ça qu'on parle
rien que de ça, de contributions.
M. Morin: Mme la Présidente, moi, j'aimerais poser
peut-être une dernière question, en ce qui me concerne, pour
connaître un peu l'esprit du ministre là-dessus. Est-ce que
j'aurais raison d'établir un parallèle entre les articles
reliés à la valorisation des contributions versus les articles,
là, reliés aux soins de santé? Autrement dit, à
155.1 je vais m'expliquer la Société doit verser un
montant relié aux coûts de santé, et elle doit aussi les
indexer en fonction d'une formule qui est différente, qui est celle
de...
M. Gélinas (Claude): C'est la même formule.
M. Morin: C'est la même formule? Ce n'est pas celle de la
Régie des rentes, non?
M. Gélinas (Claude): C'est la même formule, c'est
toujours pareil.
M. Morin: Aussi? O.K. Bon. Alors, ça, c'est les pouvoirs
de la Régie, bien, enfin, les pouvoirs que lui octroie, bien sûr,
la loi, et à 155.3, là, il y a le pouvoir du gouvernement en plus
de l'indexation une fois à tous les trois ans, d'actualiser les
coûts de la santé. Alors, c'est un pouvoir additionnel qui
s'ajoute à l'indexation qui se fait annuellement. Est-ce que ce ne
serait pas trop illogique d'établir un parallèle que ce qu'on
fait au niveau des versements au fonds consolidé du revenu relié
aux coûts de santé, c'est un peu ce qui se fait au niveau des
contributions, dans le sens que la Régie est autorisée, de par la
loi, à indexer les contributions, mais avec 151.4, le gouvernement, lui,
s'octroie un nouveau pouvoir de valoriser, en plus de l'indexation, dont vous
avez les pouvoirs d'appliquer? Est-ce que ça peut se comparer de
même avec toutes les nuances que ça peut comporter, bien
sûr?
La Présidente (Mme Bélanger): Me
Gélinas.
M. Gélinas (Claude): II y a plusieurs nuances à
apporter...
M. Morin: Oui.
M. Gélinas (Claude): ...dans le sens que, à 155.1,
c'est une indexation qui est automatique.
M. Morin: Oui.
M. Gélinas (Claude): La Société n'a pas
à décider si elle indexe ou non...
M. Morin: Non, non, d'accord, d'accord.
M. Gélinas (Claude): ...c'est automatique, un peu comme
les indemnités prévues aux articles 83 et suivants. Annuellement,
c'est indexé automatiquement le 1er janvier de chaque année.
M. Morin: D'accord.
M. Gélinas (Claude): On n'a pas un mot à dire
là-dedans, ça se fait tout seul.
M. Morin: D'accord.
M. Gélinas (Claude): Les ordinateurs sont
programmés en conséquence. À ce niveau-là,
ça, c'est l'indexation.
Pour les frais de santé, l'article 155.3 prévoit, à
tous les trois ans, que le gouvernement peut déterminer une nouvelle
somme, une somme autre que celle qui était prévue à
l'article 155.1 qui, comme vous le savez, a été fixée
à 60 000 000 $ en 1986.
M. Morin: Qui peut être arbitraire, en fait.
M. Gélinas (Claude): Ça a été
fixé par le législateur, et ce montant-là, si on
s'aperçoit, à tous les trois ans... La première fois,
c'était en 1989. En 1989, le gouvernement n'a pas jugé bon de
modifier la somme à l'article 155.1 parce que l'indexation, la
revalorisation qui a été faite correspondait aux coûts
réels qu'on estimait être des coûts de santé,
à ce moment-là.
M. Morin: Oui.
M. Gélinas (Claude): En 1992, la situation s'est
avérée différente, et le gouvernement a demandé
qu'on fasse une étude plus en profondeur pour qu'on détermine des
critères nouveaux sur lesquels on pourrait baser le coût des
services de santé. Et c'est dans ce sens-là qu'on a abouti avec
un nouveau montant en 1993. Puis ça, ça se fait à tous les
trois ans, la possibilité est là à tous les trois ans,
mais les frais de santé sont revalorisés automatiquement si on ne
change pas le montant.
M. Morin: À chaque année, sauf que... Est-ce que
j'ai raison de dire que, au niveau des soins de santé, une fois à
tous les trois ans, lorsqu'il y a lieu de revaloriser ou d'actualiser les
coûts de santé, ça peut être arbitraire dans le sens
que le gouvernement, même s'ils font faire des études, là,
en principe, ça pourrait l'être, il n'est pas assujetti à
une norme ou une méthode, comme ça l'est au niveau des
contributions où on mentionne que la revalorisation est faite
conformément à la méthode de calcul? Là,
là-dessus, il est obligé de se soumettre à ça
concernant les contributions. Il n'a pas le choix de faire autre chose
malgré ce nouveau pouvoir. C'est un pouvoir limité à cette
méthode-là. J'ai raison?
M. Gélinas (Claude): C'est ça, oui.
M. Morin: Mais concernant la mise à jour ou
l'actualisation des coûts de santé, même si on fait une
nouvelle évaluation, en principe, il n'est pas assujetti à aucune
formule.
M. Gélinas (Claude): C'est-à-dire que non... M.
Morin: Bon, O.K. Ça va.
M. Gélinas (Claude): ...à tous les trois ans, il
n'est pas assujetti à aucune formule. De la manière que ça
s'est fait en 1992...
M. Morin: Ça, je le sais.
M. Gélinas (Claude): ...c'est que le Conseil du
trésor a demandé aux trois partenaires de se rencontrer.
M. Morin: D'accord. Ça, je sais ça, mais ce que je^
veux juste entendre dire, c'est qu'il n'est pas assujetti à une
méthode ou à une norme comme c'est le cas là-dessus.
M. Gélinas (Claude): Non, non. M. Morin: O.K.
Ça va. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Alors, l'article
151.4, premier paragraphe, adopté?
M. Garon: Non, non, non. M. Elkas: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, vous avez fini
votre temps, M. le député de Lévis.
M. Garon: Non, non, je n'ai pas fini. Vous avez dit que j'avais
encore une question, tantôt.
La Présidente (Mme Bélanger): Une question.
Bon.
M. Garon: Alors, j'ai une motion... une proposition
d'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
l'avez rédigée?
M. Garon: Oui. À l'article 1, ajouter, à la
deuxième ligne du premier alinéa après le mot
«revaloriser», les mots «, si nécessaire pour des fins
d'assurance seulement,». Il serait peut-être bon de faire des
copies. Je vais faire faire des copies, puis on pourra parler sur la
recevabilité.
La Présidente (Mme Bélanger): Pouvez-vous aller
faire des copies, s'il vous plaît?
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): On va suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 23 h 40)
(Reprise à 23 h 50)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de F
aménagement et des équipements reprend ses travaux. Étant
donné l'heure et que ça semble être une décision
assez difficile à prendre, la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 23 h 51)