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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Garon): La commission de
l'aménagement et des équipements débute ses travaux. La
commission est réunie ce matin afin de procéder à
l'interpellation de la députée de Taillon sur le sujet suivant:
La politique de gestion des déchets solides. Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, il y a M. Charbonneau (Saint-Jean) qui
est remplacé par M. Doyon (Louis-Hébert). (10 h 10)
Le Président (M. Garon): Je vous rappelle
brièvement les règles de l'interpellation. Le débat dure,
au plus, deux heures, soit jusqu'à 12 heures. Comme on commence avec un
petit peu de retard, ça prendra un consentement pour durer
jusqu'à 12 h 10. La discussion est divisée en trois
étapes. Un premier débat de 20 minutes commence par
l'interpellation de la députée qui a donné l'avis
d'interpellation, soit la députée de Taillon. Elle exercera un
premier droit de parole de 10 minutes. Le ministre interpellé, soit le
ministre de l'Environnement, aura ensuite un droit de réplique de 10
minutes. Après ces deux interventions, nous procéderons à
l'interpellation proprement dite au cours de laquelle chaque intervenant pourra
s'exprimer pendant 5 minutes. Il y aura alternance dans les interventions,
selon la séquence suivante: un député de l'Opposition, le
ministre, les députés ministériels et ainsi de suite,
selon la même séquence. Si un membre utilise moins de 5 minutes,
le temps non utilisé est perdu et la parole sera donnée à
l'intervenant qui suit, selon la séquence que j'ai indiquée.
Vingt minutes avant la fin de la séance, le ministre aura droit à
un dernier temps de parole de 10 minutes et la députée de Taillon
aura ensuite un droit de réplique de 10 minutes, ce qui mettra fin au
débat. Mme la députée de Taillon, vous avez la parole.
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Je suis
d'accord avec votre proposition que nous puissions terminer vers 12 h 10, en
fait, à 12 h 10, nous permettant de respecter l'agenda que nous avons
accepté, M. le Président. Je vous remercie.
Exposé du sujet Mme Pauline Marois
D'abord, d'entrée de jeu, je dirais que le titre de
l'interpellation m'agace un peu et ce serait peut-être intéressant
qu'on modifie cela. Sûrement que le ministre sera d'accord, et il
modifiera en conséquence, parce que moi, évidemment, je pars des
documents que publie le ministre, pour qu'on sache de quoi on parle. Alors,
plutôt que de parler de politique de gestion des déchets, on
devrait plutôt parler de politique de gestion de ressources. Il y aurait
sûrement une façon de qualifier cela, qui traduirait certainement
la philosophie dont on veut s'inspirer pour modifier les comportements au
Québec, en ce qui concerne la gestion de résidus, suite à
notre consommation de produits. Et je pense que, dans ce sens-là, il y a
beaucoup de groupes environnementaux, de groupes écologiques, et je
pense, entre autres, à une action fort intéressante d'un
professeur et animateur de Victoriaville qui a implanté un service de
gestion de ressources, justement, à partir des résidus de notre
consommation. Donc, dans ce sens-là, c'est une suggestion que je fais
d'entrée de jeu et qui pourrait sûrement être
éventuellement retenue.
Je ne sais pas si ma demande d'interpellation a provoqué cela,
mais je ne peux que m'en réjouir si c'est le cas. Je sais que le
ministre a rencontré les municipalités récemment,
même hier, je crois, à l'occasion d'un échange avec la
table Québec-municipalités, qu'il a engagé le débat
sur des modifications à la Loi sur la qualité de l'environnement
et je pense que ça pourrait être intéressant qu'il nous
dise où il souhaite aller à cet égard puisque la date
limite de dépôt des projets de loi pouvant être
adoptés d'ici la fin de la présente session, d'ici la fin juin,
est dépassée et, comme il est leader, il sait bien cela,
évidemment. Il sait bien cela et, jusqu'ici, je n'ai pas constaté
que le ministre ait déposé un projet de loi. Parce qu'on
constate, et il est utile de se le rappeler, M. le Président, qu'il est
important que les projets de loi suivent leur cours normal d'étude pour
être adoptés, sinon la bousculade fait en sorte qu'il y a erreur
et que, par la suite, on doit suspendre l'application de certains articles ou
retarder l'application de pans complets de loi, et le ministre, en cette
matière, s'y connaît puisque c'est sa
spécialité.
Bon! Reprenons maintenant tout ce qui concerne la gestion de ces
nouvelles ressources qu'on appelle, jusqu'à maintenant, déchets.
Rappelons d'abord que l'intervention gouvernementale en matière de
gestion de ces ressources date de 1978, et c'est le gouvernement du Parti
québécois qui avait publié, pour la première fois,
un règlement sur la gestion de ce qu'on appelle les déchets
solides. En 1982, on amorçait le programme de fermeture de
dépotoirs à ciel ouvert. Selon un bilan produit par le
ministère en 1991 le ministère de l'Environnement
il resterait encore, malheureusement, 50 dépotoirs à ciel ouvert
au Québec, dont 43 seraient toujours en opération. Je sais que le
ministre nous a dit qu'il travaillait à une caractérisation de
ces sites, à une identification de ces sites. J'imagine qu'il
pourra nous déposer les documents pertinents à cet effet
aujourd'hui. C'est aussi sous notre gouvernement qu'a été conclue
pour la première fois, M. le Président, une entente sur la
récupération. On a créé, en 1985, le Fonds
québécois de récupération et du recyclage. C'est en
1989 seulement qu'on publiera une politique de gestion des déchets
solides, comme son titre l'indique. Ça a été d'abord,
évidemment, une consultation menée par le ministre Lincoln dans
le cadre de ce qu'on a appelé un nouveau cap environnemental, mais,
malheureusement, ce nouveau cap je voudrais qu'on en parle d'une
façon systématique ce matin, de cette politique de gestion des
déchets solides cette politique semble être restée
très largement sur les tablettes.
Cette politique avait pour objectif de réduire de 36 % la
quantité de déchets et leur volume de 50 % d'ici l'an 2000. On
prévoyait aussi que, d'ici la fin de 1991 nous sommes en 1993
les moyens d'élimination devraient être adéquats et
sécuritaires. le ministère avait prévu sept moyens
d'action, je les rappelle: sensibilisation, connaissance, concertation,
assistance technique, suivi de la réglementation, financement, programme
gouvernemental de mise en oeuvre de récupération. je les rappelle
parce que je veux les questionner. je veux savoir où en est le ministre
dans chacun des cas. parce qu'il m'apparaît, à ce moment-ci, que
si la politique, au départ et à première vue, apparaissait
généreuse, le portrait de la situation actuelle nous indique que
l'atteinte de ces objectifs, la réalisation de ce plan nous
apparaît à tout le moins illusoire compte tenu qu'aucun des
délais ne semble vouloir être respecté.
Parlons, d'abord, de la réduction des déchets. Au moment
où on a rédigé la politique gouvernementale, le
ministère indiquait que la production annuelle de déchets en 1988
c'est important de se rappeler de ces chiffres-là on
parlait de 6 500 000 tonnes métriques. Quand on a rédigé
la politique... Les dernières données ça,
c'était en 1988 du ministère qui datent de 1992 nous
parlent de 7 219 000 tonnes. on voulait réduire, on a réussi
à constater une augmentation de l'ordre de 717 000 tonnes
métriques entre 1988 et 1992. ça, c'est pour la réduction
des déchets. les matières récupérées ou
recyclées. les données de 1989 indiquaient un taux de
récupération de déchets domestiques municipaux de l'ordre
de 1,29 %. en 1990, selon les données du ministère de
l'environnement, le taux de récupération était de 2 %. ce
n'est pas très reluisant pour un ministère qui souhaite
réduire de 36 % la quantité des déchets et leur volume de
50 % d'ici l'an 2000. j'aimerais, d'ailleurs, à cet égard, avoir
le plan précis du ministre avec son échéancier,
année après année, pour arriver à respecter cet
objectif-là.
L'implantation, maintenant, de la collecte sélective qui
était aussi un gros morceau de cette politique et qui le reste et sur
lequel il faut absolument insister. D'ailleurs, c'est là justement qu'on
peut davantage parler de gestion de ressources.
On prévoyait étendre la collecte sélective pour
desservir de 70 % à 80 % de la population dès 1996.
N'oublions pas, nous sommes en 1993. Dès 1996, on voulait
atteindre 70 % à 80 % de la population couverte. Le dernier rapport
disponible nous dit: 37 % de la population qui est desservie, soit porte
à porte ou apport volontaire. Et, quant à la qualité de ce
que l'on réussit à aller chercher en termes de pourcentage, on se
rend compte qu'on est tout à fait en deçà, et j'y
reviendrai, des objectifs qu'on s'était fixés. d'autre part, le
gouvernement prévoyait aussi, d'ici 1996, réduire de 20 % le
tonnage à enfouir. les dernières données de collecte
sélective québec indiquent que c'est à peine 11 % des
déchets domestiques que produit chaque foyer qui sont servis
actuellement. pas tous les foyers du québec, ceux qui sont servis
récupèrent environ 11 % du sac vert dans les municipalités
où il y a un service de collecte sélective.
Troisième élément: Suivi réglementaire des
lieux d'enfouissement sanitaire. Je le disais au départ, 75 lieux
d'enfouissement, 342 dépôts en tranchées, 78
dépôts de matériaux secs.
Selon la politique du ministère, les exploitants de lieux
d'élimination non conformes devaient procéder aux travaux
nécessaires pour corriger les déficiences et ce, toujours selon
la politique, d'ici 1991. Le ministre de l'Environnement nous dit que le
travail n'est pas fini. Je sais qu'on m'indique que mon temps s'écoule.
Je reviendrai sur un certain nombre d'autres questions, mais
déjà, pour au moins ces trois blocs-là auxquels je fais
référence: suivi réglementaire des lieux d'enfouissement,
l'implantation de la collecte sélective, la réduction des
déchets, je voudrais entendre le ministre, même si plus tard
j'aurai à revenir sur un certain nombre de ces
éléments.
Et quel est essentiellement son plan pour atteindre les objectifs qu'il
s'est fixés, M. le Président? (10 h 20)
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
Réponse du ministre M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Vous
me permettrez, dans un premier temps, de vous saluer, de saluer Mme la
députée de Taillon ainsi que les parlementaires libéraux
qui m'accompagnent ce matin. À ma gauche, vous avez reconnu le
député de Saguenay qui est adjoint parlementaire au ministre de
l'Environnement depuis plus de trois ans maintenant et qui, à ce titre,
a cumulé une expertise à travers sa participation, entre autres,
au Sommet de Rio où il a dirigé la délégation
québécoise; à ma droite, le député de
Louis-Hébert, le président de la commission de la culture qui,
malgré ses nombreuses occupations dans la commission de la culture comme
telle, où il a arbitré des différends lorsqu'on a
étudié les projets sur la langue, sur l'éducation... Son
attachement à la cause environnementale fait en sorte qu'il se retrouve
parmi nous ce matin. Ce sont des parlementaires chevronnés
qui ajouteront de l'expérience à nos débats.
Nous sommes donc conviés, M. le Président, à
l'Assemblée nationale ce matin pour discuter de l'importante question de
la gestion des déchets où je suis prêt à
retenir des suggestions des matières solides au Québec,
une préoccupation qui est devenue de plus en plus présente dans
l'actualité ces dernier temps.
Je me dois ici de signaler, dès le départ, qu'à
l'instar de tous les Québécois et Québécoises, il
s'agit, pour notre gouvernement, d'une préoccupation majeure sur
laquelle nous travaillons avec constance, quoi qu'en ait dit ou insinué
la députée de Taillon, dans ses remarques. Toutefois, il importe,
à ce moment-ci, de remettre les pendules à l'heure si l'on veut
discuter sérieusement et dans le meilleur intérêt de nos
concitoyens et de nos concitoyennes de la gestion des déchets au
Québec. Cette mise au point exige, d'abord, un retour en arrière
qui permettra de brosser un tableau de la constance avec laquelle le
gouvernement a traité la problématique de la gestion des
déchets solides, ces dernières années.
On se rappellera d'abord qu'en 1987 le gouvernement recevait les
commentaires et recommandations de 37 organismes prônant la mise en place
d'une politique de gestion intégrée des déchets solides.
Par la suite, le ministère de l'Environnement du Québec, alors
dirigé par M. Clifford Lincoln, menait une large consultation sur le
même sujet, consultation à laquelle ont participé plus de
120 organismes en décembre 1987 dans la métropole.
Ces consultations ont débouché sur l'adoption par le
gouvernement, en août 1989, de la politique intégrée des
déchets solides. Cette politique, comme vous le savez sans doute, fait
état de la situation concernant la problématique des
déchets solides au Québec, propose des principes d'intervention,
de même que toute une série de moyens d'action concrets.
Ce document d'une quinzaine de pages demeure toujours une
référence quand on veut s'intéresser consciencieusement
à la question des déchets au Québec,
particulièrement quand on réclame une politique cohérente
et surtout garante du développement durable.
J'en profite, à titre de comparaison, pour signaler qu'à
cette même période, en 1989, dans son programme électoral,
le Parti québécois nous traitait de cette question de la gestion
des déchets qu'en seulement une dizaine de lignes, avec à peine
deux solutions déjà connues, soit la cueillette sélective
et la récupération et le recyclage des déchets, solutions
qui, comme je viens de le mentionner, n'avaient, à l'époque, rien
d'innovateur, rien d'inédit. À elle seule, la place qu'a
occupée cet engagement dans le programme du Parti
québécois témoigne de l'importance que cette formation
politique accorde à ce sujet.
C'est donc dès 1989 que le gouvernement libéral disposait
d'un guide pour ses interventions et établissait les objectifs
fondamentaux, à savoir de réduire au minimum les quantités
de déchets à éliminer et de s'assurer que les autres
moyens d'élimination des déchets soient adéquats et sans
danger pour l'environnement.
En fait, le but premier visé par la politique et par le
gouvernement consiste à réduire il s'agit là d'une
entente nationale prise par tous les gouvernements canadiens. de 50 %,
d'ici l'an 2000, la quantité de déchets solides destinés
à l'enfouissement. Qui plus est, la politique privilégiait dans
l'ordre: la réduction à la source, le réemploi, le
recyclage, la valorisation et, finalement, lorsque nécessaire,
l'élimination.
D'autre part, cette politique a également su clarifier le
rôle de chaque intervenant et a confirmé les
responsabilités premières des municipalités dans la
gestion de leurs déchets, spécifiquement en matière de
collecte, de transport et d'élimination. Il a été convenu
que la responsabilité des autres intervenants doit nécessairement
être mise à contribution dans une démarche
intégrée de réduction des déchets. Il importe, en
effet, de préciser le rôle de chacun et de garder à
l'esprit que la gestion des déchets proprement dite, de même que
la collecte sélective, relèvent du champ de compétence des
municipalités québécoises.
Le ministère de l'Environnement du Québec, pour sa part,
est concerné dans la mesure où l'élimination des
déchets solides, surtout les déchets domestiques, est susceptible
de porter atteinte à la qualité de l'environnement. Autrement
dit, le ministère de l'Environnement intervient à titre de
responsable de la préservation et de l'amélioration de
l'environnement. C'est son rôle de régir les pratiques
liées à l'élimination des déchets, le tout dans une
perspective de développement durable.
Toutefois, dans une approche globale, il n'est qu'un des acteurs
concernés et il a toujours envisagé ses actions dans une
perspective d'interaction avec les différents intervenants et ce, dans
le respect du rôle de chacun. D'ailleurs, à ce chapitre, je vous
mentionnerai que le ministère de l'Environnement respecte les pouvoirs
dont le monde municipal dispose en matière d'aménagement du
territoire. C'est dans ce contexte que notre gouvernement a entrepris des
interventions dans l'esprit et dans la foulée de cette politique de
gestion intégrée des déchets.
Ainsi, en 1989, le gouvernement a donné son appui à la
création de Collecte sélective Québec afin d'assurer
l'implantation de programmes municipaux de collecte sélective.
Aujourd'hui, 2 000 000 de citoyens sont desservis par le porte à
porte, soit 200 fois plus qu'en 1985, dernière année du
régime péquiste. Deux cents fois plus!
En mars 1990, nous avons donné notre approbation au protocole
national sur l'emballage adopté par le Conseil canadien des ministres
des Ressources et de l'Environnement, protocole qui vise une réduction
de 50 % de la quantité d'emballages envoyés à
l'élimination d'ici l'an 2000. Le 22 juin 1990, l'Assemblée
nationale a adopté je tiens à remercier le
prédécesseur de Mme la députée de Taillon, le
député de La Prairie la Loi sur la Société
québécoise de récupération et de recyclage. Cette
Société, comme on le sait, a pour mandat de promouvoir la
réduction à la source et la récupération en vue du
réemploi, du recyclage et de
la revalorisation. Elle administre un nouveau programme d'aide
gouvernementale pour solutionner les problèmes environnementaux
causés par les pneus hors d'usage générés au
Québec. Elle vient également de mettre sur pied une bourse
québécoise des matières secondaires destinée
à ouvrir des marchés pour la valorisation de ses produits. Le 25
juin 1991, le gouvernement apportait des modifications au Règlement sur
les déchets solides afin que les exploitants des lieux d'enfouissement
sanitaire puissent refuser les déchets provenant de l'extérieur
de leur région sur la base des territoires de MRC, municipalités
régionales de comté. En octobre 1991, le ministère de
l'Environnement entreprenait de façon systématique
l'évaluation des lieux d'enfouissement sanitaire. Depuis le 12 novembre
1992, tout nouveau site d'enfouissement sanitaire, de dépôt de
matériaux secs, de dépôt en tranchées, de sites de
déchets spéciaux ainsi que tout agrandissement de l'un de ces
sites font l'objet d'une évaluation de ma part en vue de décider
si ces projets doivent être référés de façon
distincte au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement pour fins de
consultation. J'y reviendrai d'ailleurs un peu plus tard. Le 17 février
dernier, nous mandations le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement
sur le projet de la Régie intermunicipale de gestion des déchets.
Depuis le 15 mars, des audiences publiques sont tenues afin que les
intervenants se fassent entendre. Rappelons que le rapport du Bureau
d'audiences publiques sur ce projet est prévu pour le 15 juillet
prochain. Ce dernier item m'amène d'ailleurs à brosser rapidement
un portrait de la situation actuelle en ce qui a trait à la gestion des
déchets.
Mais qu'en est-il de cette situation actuelle? C'est surtout le
problème auquel est confrontée la grande région
métropolitaine avec le dépotoir de l'ancienne carrière
Miron, le projet d'incinérateur de la Régie intermunicipale de
gestion des déchets sur l'île de Montréal qui donne
à la question de l'élimination des déchets son
caractère d'actualité. Comme je vous le mentionnais
précédemment, nous avons déjà impliqué le
Bureau d'audiences publiques dans ce dossier de la Régie
intermunicipale, alors que le sort de la carrière Miron repose entre les
mains des élus montréalais. (10 h 30)
Quant aux autres projets de gestion de déchets ailleurs au
Québec, comme je vous le rappelais précédemment, nous
avons décidé que, dorénavant, tout projet actuel et futur
visant à établir ou à modifier un système de
gestion des déchets ou une partie de ce système soit
potentiellement soumis à la procédure d'enquête et
d'audiences publiques et ce, en vertu des pouvoirs exceptionnels que
confère au ministre de l'Environnement l'article 6.3 de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Cette décision a été
prise en attente des modifications au Règlement sur les
évaluations environnementales et du nouveau Règlement sur les
résidus solides.
Par cette importante décision, nous avons manifesté notre
ferme volonté d'impliquer la population dans la gestion des sites de
déchets. Ainsi donc, depuis novembre dernier, six projets ont fait
l'objet d'une intervention du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
Les citoyens et les citoyennes ont été, dans ce projet,
directement et démocratiquement impliqués dans le processus
d'analyse actuellement effectuée par les fonctionnaires du
ministère de l'Environnement.
M. le Président, vous m'indiquez que mes 10 minutes sont
terminées. J'aurai donc l'occasion de revenir au cours de ce
débat, de façon à compléter cette
présentation et à apporter des réponses encore plus
précises à certains points soulevés par Mme la
députée de Taillon.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon.
Argumentation Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, le ministre
fait une longue nomenclature d'un certain nombre de gestes qu'il a
posés, qui sont souvent, d'ailleurs, des gestes qui, malheureusement,
n'ont pas l'impact qu'on croit, au départ, qu'ils auront. Ce qui fait
qu'on se retrouve toujours dans des situations absolument inextricables. Le
ministre le sait lui-même. Son gouvernement se fait débouter en
cour sur un certain nombre de règlements qu'il met en oeuvre, et, s'il
veut vraiment réaliser les objectifs qu'il s'est fixés, il faut
qu'il modifie ces règlements. Ça m'apparaît assez
évident, n'est-ce pas? Nous attendons toujours que ces
modifications-là nous soient proposées d'une façon ferme
parce que le ministre peut bien nous dire qu'il a préparé des
projets de règlements, quand ceux-ci sont en prépublication,
qu'ils sont en débat et en discussion, qu'un certain nombre d'autres,
évidemment, s'appliquent, bien sûr, parce qu'il y en a des
règlements afférents à sa loi, liés à sa
loi.
Mais il reste que si ces règlements-là ne sont pas
efficaces ou sont déboutés en cour, leur application est
déboutée en cour, à ce moment-là, il faut que le
ministre revienne avec des propositions précises pour corriger la
situation. Sinon, il fait preuve de négligence à l'égard
de son dossier, M. le Président. Maintenant, je vais revenir, parce que
j'avais posé des questions très précises, et je voudrais
pouvoir les reprendre les unes après les autres. Parce que, je pense
que, si on assistait ici à un monologue de part et d'autre, on n'aurait
absolument pas atteint les fins de la discussion que nous avons, qui est de
nous informer mutuellement, bien sûr, mais par notre
intermédiaire, d'informer les personnes concernées par la gestion
des déchets au Québec.
D'abord, quand le ministre dit: Je ne veux pas... C'est-à-dire,
la responsabilité est confiée aux municipalités quant
à la gestion des déchets, et donc, la cueillette sélective
relève de leur responsabilité, j'en conviens avec lui. Ce qu'il
me dit, qu'il ne veuille pas procéder à
des ingérences, j'en conviens très bien. Mais, cependant,
on va se rappeler que c'est lui qui fixe les objectifs. Et, à partir de
ce moment-là, il doit offrir à ceux qui réalisent ou qui
doivent s'assurer de réaliser l'atteinte de ces objectifs-là,
qu'ils ont les moyens pour le faire. Et là, on parle de lois, et
là, on parle de règlements, M. le Président, et, à
la limite, s'il faut modifier les types de relations qu'il y a entre le
législateur et celui qui a la responsabilité d'agir sur cela,
modifions-les!
Mais, c'est le ministre qui est d'abord et il l'a rappelé
lui-même le premier responsable et qui doit s'assurer de la
qualité de l'air, de la qualité de l'environnement, de l'eau en
général. Et, dans ce sens-là, je veux bien qu'il se
décharge sur les municipalités, mais c'est lui qui fait les
politiques d'encadrement.
Bon! Revenons maintenant aux premières questions que j'ai
soulevées et qui concernent parce qu'on va commencer par le
début du processus la réduction des déchets.
N'est-ce pas? Avant de songer à les réutiliser, à les
recycler, éventuellement à les envoyer dans des sites ou à
l'incinération, il y a engagement de la part du ministre de
réduire le niveau de déchets actuellement produits au
Québec. Et le ministre le rappelait d'ailleurs, parce que moi-même
je n'avais pas vu la dernière donnée que j'ai pu vérifier
pendant qu'il intervenait. En fait, on parle de réduire de 50 % la
quantité des déchets. Et, à cet égard-là, ce
qu'on constate, c'est et je répète ce que je donnais comme
information tout à l'heure ce qu'on constate, c'est que, entre
1989 et 1992, on a une augmentation de 700 000 tonnes de déchets par
année, M. le Président. Alors, l'objectif qu'il avait fixé
en 1989 pour l'an 2000, je me demande comment il va faire pour l'atteindre. Et
je veux qu'il me dise spécifiquement sur cette question-là, quel
est le plan de travail qu'il a. Quel est l'échéancier? Est-ce que
l'impact qu'il va avoir par ses politiques va être efficace dans un an?
Dans deux ans? Qu'est-ce que c'est l'échéancier qu'il a
prévu, année après année, pour atteindre l'objectif
qu'il s'est fixé, qu'il m'a répété ce matin et qui
est l'objet d'une politique gouvernementale, M. le Président?
Le Président (M. Garon): M. le ministre. M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Mme
la députée a débuté en parlant... Parce que je
venais de parler de toute la question de l'implication du Bureau d'audiences
publiques en matière environnementale dans les différents
dossiers d'agrandissement ou d'établissement de sites. J'en étais
justement à une mise au point sur le sort qu'a réservé le
système judiciaire à différentes interventions
ministérielles. Vous n'êtes pas sans savoir que la décision
que j'avais prise d'envoyer certains sites a été contestée
par les tribunaux dans certains dossiers. C'est notamment le cas pour les
projets de la compagnie Bérou-Transvick à
Saint-Jean-de-Matha, des Entreprises Antoine Stabile de La Prairie et de
Services sanitaires RS de Berthierville pour lesquels des requêtes en
mandamus ont été accordées, obligeant le ministère
de l'Environnement du Québec à procéder, soit à
l'étude du dossier, soit à l'émission de certificats et de
permis dans les délais fixés par le tribunal. Je vous signale que
le procureur général du Québec est présentement
à évaluer la possibilité de porter ces dossiers en
appel.
Au-delà des caractérisques de chacun de ces cas
particuliers, ce que cette situation vient mettre en évidence, c'est
l'insuffisance, à certains égards, de mesures actuelles
législatives et réglementaires. Ce dont nous sommes tout à
fait conscients en tant que gouvernement, comme le montrent les importantes
mesures législatives que nous avons élaborées avec la
refonte du Règlement sur les déchets solides et mises de l'avant
avec le projet de loi 61 portant sur la réforme des évaluations
environnementales. En fait, en ce qui concerne la première de ces
mesures, la refonte du Règlement sur les déchets solides, nous
avons amorcé en octobre 1992, la diffusion auprès de plus de 200
intervenants, d'un document de préconsultation visant à donner
les orientations de cette refonte. À l'heure actuelle, cette
consultation est terminée et nous en sommes à l'étape de
la prise de décision par nos partenaires municipaux et par le
gouvernement du Québec, ce qui confirme ou explique ma présence,
encore une fois, hier soir, à la table
Québec-municipalités.
Les changements que nous entendons proposer par voie législative
vont permettre d'incorporer les points majeurs de la politique de gestion
intégrée des déchets solides du gouvernement et de rendre
plus sécuritaires les lieux d'enfouissement sanitaire.
Quant à la deuxième mesure, soit le projet dé loi
61 portant sur la réforme de l'évaluation environnementale,
l'Assemblée nationale adoptait, en décembre dernier, ce projet de
loi qui vise, entre autres, à assujettir les lieux d'enfouissement
sanitaire à la procédure d'évaluation. La réforme
obligera, en effet, tout projet d'implantation de lieu d'enfouissement
sanitaire à faire l'objet d'une audience publique du Bureau d'audiences
publiques en matière environnementale.
D'après tous les avis que nous avons reçus, cette loi, une
fois en vigueur, donnera au ministre de l'Environnement une assise juridique
beaucoup plus solide sur laquelle il pourra s'appuyer pour obliger tous les
nouveaux sites d'enfouissement sanitaire à passer devant le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement. Le gouvernement demeure très
sensible aux préoccupations de la population quand elle s'exprime par la
voie de groupes environnementaux sur la question de l'élimination des
déchets, et nous sommes loin de faire la sourde oreille lorsque ces
mêmes représentants nous demandent de tenir une enquête
publique sur cette problématique particulière des déchets.
À preuve, nous avons rencontré ces représentants à
plusieurs reprises au cours des dernières semaines et nous leur avons
confirmé, par le fait même, toute l'importance que nous accordons
à leur
point de vue sur le problème. (10 h 40)
Nous avons même pu compter, au cours de ces échanges, sur
l'expertise d'éminents juristes en matière environnementale. Ces
juristes sont d'avis qu'un moratoire entraînerait des difficultés
légales des contestations et pratiques. On ne peut
arrêter, malheureusement, de produire, d'un seul coup, 100 % des
déchets que nous produisons. Ils considèrent qu'il est, à
toutes fins utiles, impossible d'appliquer une telle solution. Il
apparaît, par ailleurs, évident qu'un moratoire sur
l'élimination des déchets s'avérerait sans doute encore
moins viable au point de vue juridique que l'actuel article 6.3 qui a
déjà été mis en cause par les tribunaux. Qui plus
est, il serait pour le moins impertinent de modifier les règles du jeu
actuelles, compte tenu de l'état d'avancement des actions
déjà entreprises au sujet de la refonte du Règlement sur
les déchets solides et de la réforme de l'évaluation
environnementale.
Compte tenu de ces facteurs, la solution qui apparaît la plus
réaliste et la plus appropriée dans les circonstances
réside dans la poursuite des actions qui sont déjà
entamées, qui vont bon train, et desquelles on peut espérer un
certain succès. Nous demeurons cependant ouverts à tout autre
élément de solution qui pourrait être utile pour l'atteinte
de nos objectifs et qui peut nous être suggéré par des
membres de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci beaucoup, M. le Président. Vous allez me
permettre, dans un premier temps, de vous féliciter d'être ici ce
matin malgré votre gel de salaire et vos trois jours de vacances non
payées. Vous auriez pu refuser d'être ici ce matin ou
décider de prendre une journée de vacances non payée. Mais
vous avez accepté d'être ici, je vous félicite, parce que
c'est très important, et je comprends que vous n'avez pas suivi le mot
d'ordre syndical puisque les députés ont été
passés dans la même varlope que tous les employés de la
fonction publique et que vous soyez ici, ce matin, ça démontre
une solidarité envers le parlementarisme.
Dans un premier temps, M. le Président, vous allez comprendre que
je vais m'attarder beaucoup plus à la réglementation sur les
déchets des papetières. Malgré qu'ils ne soient pas
nécessairement solides, ce sont des déchets qui sont d'une
nocivité exceptionnelle pour les affluents du fleuve et le fleuve
Saint-Laurent par lui-même. Il fallait quand même, au
Québec, une certaine dose de courage, alors que l'ensemble des
papetières québécoises ne roulaient pas sur l'or, avaient
connu des années beaucoup plus intéressantes au niveau financier,
et le ministre a quand même décidé, le gouvernement a quand
même décidé d'attacher cette réglementation et d'en
faire, somme toute, un cheval de bataille pour permettre la dépollution
du Saint-Laurent et de ses affluents.
Je vais citer en exemple une papetière, si vous le permettez, la
compagnie Quno, qui opère une des plus grosses papetières
à Baie-Comeau, qui a décidé, malgré des pertes
d'opération de 60 000 000 $, d'investir dès cette année
d'ailleurs, je vais avoir l'occasion d'inviter plusieurs de mes
collègues à venir visiter les travaux qui sont en cours 22
000 000 $ pour s'assurer et recycler ses déchets solides et liquides. Je
pense que c'est un geste que cette compagnie-là a posé. Je suis
convaincu que d'autres suivront son exemple, un geste d'avenir envers le
Québec, sachant que la diminution des ventes de papier étant
relative et que, un jour ou l'autre, l'économie reprendra, ils ont
décidé d'investir au Québec des montants pour se conformer
à une loi du principe de la loi du pollueur-payeur.
Je pense que les entreprises au Québec qui n'ont pas compris que
cette réglementation-là doit se faire, et très rapidement.
Elle est dure pour les entreprises, mais ceux et celles qui ont compris que
l'avenir du Québec, c'est beaucoup plus que des dollars, aujourd'hui,
c'est des dollars investis dans le recyclage et le nettoyage des
matières solides et liquides des entreprises, c'est un placement
d'avenir. J'aurai l'occasion de revenir, tout à l'heure,
là-dessus et de saluer particulièrement ceux et celles qui font
de l'environnement une partie de leur investissement pour l'avenir des
entreprises. Le capital humain demeure le principal actif pour les entreprises,
mais le capital monétaire aussi demeure un signe de confiance envers les
Québécois et les Québécoises. Les compagnies qui
ont décidé d'emboîter le pas avec une réglementation
qui est très sévère, c'est des gens qui vont capitaliser
sur l'avenir du Québec. Ces gens-là, on doit saluer leur travail
d'investir aujourd'hui dans le recyclage des eaux usées, dans les
matières solides, des sommes astronomiques de 20 000 000 $ à 30
000 000 $, c'est démontrer une foi inébranlable envers le
Québec, une foi inébranlable aussi envers leurs travailleurs et
leurs travailleuses.
Moi, M. le Président, j'ai toujours compris une chose, les
entreprises qui ne se sont pas modernisées au Québec, les
entreprises qui ont refusé de remettre du capital dans leurs
entreprises, les entreprises qui ont voulu siphonner les profits, ce sont des
entreprises qui, malgré les subventions qu'elles ont reçues au
cours des 10 ou 15 dernières années, sont appelées
à fermer la porte. Je pense que, des deux côtés de la
Chambre, on doit saluer les efforts des entreprises qui font confiance en
l'avenir du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. D'abord, c'est un peu
dommage, parce que le ministre ne répond pas aux questions, ouvre de
nouveaux champs et, en plus, invite son collègue, adjoint parlementaire,
à, lui
aussi, s'engager dans la description d'un projet qui peut être
intéressant, je ne le nie pas. Cependant, ce n'est pas l'objet de
l'interpellation, d'une part; et, d'autre part, il s'agit de déchets
industriels. Et, d'autre part, ça permet au ministre, pendant ce
temps-là, d'éviter de répondre aux questions
soulevées.
Je vais revenir sur son intervention concernant le travail qu'il fait
avec les groupes environnementaux et les groupes écologiques, M. le
Président. Et je vous prends à témoin, il dit: Voyez comme
nous avons été sensibles à la demande d'enquête
publique présentée par les groupes. Nous les avons reçus,
nous avons discuté avec eux et nous avons évalué avec eux
la possibilité d'introduire un moratoire. Nous leur avons mis même
sur les épaules l'obligation d'eux-mêmes regarder les impacts de
la tenue d'un moratoire, de telle sorte qu'on puisse s'en laver les mains.
C'est ça que le ministre a fait. Et savez-vous quand est-ce qu'il a
rencontré les groupes environnementaux? Après que son bureau de
comté ait été occupé, M. le Président. C'est
ça, l'attention que le ministre apporte aux groupes et il le sait.
Lui-même, il a été l'objet d'une occupation de la part de
groupes et, par la suite, après de multiples pressions, il a enfin
daigné, le ministre, recevoir ces groupes.
Ce qu'il est en train de nous dire, c'est que, malgré, justement,
l'opposition de la... pas la majorité, de tous les groupes
environnementaux au Québec à son projet de loi 61 qui concerne
justement la procédure d'évaluation d'impacts, malgré
l'opposition de tous les groupes, le Barreau y compris, M. le Président,
le ministre nous dit: Je fais fi de ces oppositions puisque je vais continuer
à procéder. C'est ça que le ministre nous dit.
Et il nous dit: Maintenant que le poids est sur les épaules des
groupes environnementaux, que moi-même je n'ai pas de solution à
ce problème, je peux maintenant faire ce que je veux. Ça ne
s'appelle pas se responsabiliser, ça, M. le Président, ça
s'appelle se décharger des problèmes sur les gens qui ont le
moins les moyens techniques de les résoudre. Peut-être que s'il
avait nommé son responsable au contentieux depuis plus longtemps, cela
fait 18 mois je crois, 24 mois qu'il n'y avait pas de responsable du
contentieux à son ministère, peut-être bien qu'un certain
nombre de solutions auraient pu être envisagées et que le poids
n'aurait pas été mis sur les épaules des groupes
environnementaux.
Cela étant dit, et j'y reviendrai à cette demande
d'enquête publique, parce que je pense que lorsque l'on veut, quand on
est responsable dans un gouvernement, on prend les moyens pour arriver aux
objectifs que l'on croit souhaitables. (10 h 50)
Deuxième élément, je reviens sur ma question, et je
ne lâcherai pas, M. le Président, parce que je veux avoir des
réponses. Le ministre l'a dit lui-même: Voici l'objectif que je me
suis fixé. Dites-moi les moyens que vous allez prendre pour arriver
à atteindre cet objectif-là qui est de la réduction des
déchets, M. le Président, à la source, n'est-ce pas, que
l'on arrête d'en produire. Puis, je vais dire comment c'est
irréaliste, cette proposition-là, en vous citant ceci: la ville
de montréal, suite à une consultation du bureau de consultation
de montréal publiée en juin 1992, dit ceci: compte atteindre
l'objectif de 50 % de réduction des déchets à enfouir en
l'an 2010 seulement alors que, pour les gouvernements supérieurs, cet
objectif devrait advenir en l'an 2000.
Et, ce qu'on dit, c'est que les gouvernements supérieurs
créent les attentes alors que les villes doivent livrer la marchandise
sans en avoir toujours les moyens. Quel est le plan d'action que propose le
ministre, soit législatif, réglementaire ou sur la base de
programmes de son ministère pour atteindre cet objectif, M. le
Président?
Le Président (M. Garon): M. le ministre. M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, j'ai de la
difficulté à comprendre les reproches adressés à
mon adjoint parlementaire, le député de Saguenay, qui, ce matin,
a traité de la question des déchets. Je sais que Mme la
députée de Taillon est nouvelle dans le dossier, mais jamais son
prédécesseur n'a adressé de tels reproches au
député de Saguenay, parce que son prédécesseur,
avec l'expérience qu'il avait dans le domaine, savait que, sur le plan
de l'enfouissement, les deux tiers des déchets proviennent du monde
industriel.
Moi, je ne savais pas que vous vouliez limiter le débat à
un tiers de la problématique. Vous nous l'indiquez, et nous allons
tenter de vous accommoder le plus possible. Mais de reprocher au
député de Saguenay de traiter des deux tiers du problème,
ça démontre, chez vous, une méconnaissance des
données de base de la problématique de la gestion des
déchets au Québec qui est alarmante et qui explique, sans doute,
vos prises de position qui bifurquent, de semaine en semaine, de jour en
jour.
Il y a deux semaines, en commission parlementaire, vous vous êtes
déclarée non pas contre l'incinération. Le lundi
d'après, devant le BAPE, vous étiez contre l'incinération.
Vous changez de position comme vous changez de vêtements. Il y a des gens
qui vont avoir de la difficulté à vous suivre en matière
environnementale.
Je reviens, M. le Président, à la loi 61 et aux
possibilités qu'elle offre. Moi, je soupçonne Mme la
députée de Taillon, qui avait d'autres préoccupations
à l'époque, de ne pas avoir pris connaissance du libellé
de la loi, des possibilités que cette loi offre en matière
d'évaluation environnementale. Présentement, elle nous reproche
la faiblesse sur le plan juridique des dispositions de la loi actuelle. On lui
propose un renforcement, et tous les experts en matière juridique sont
d'accord pour dire qu'il y a un renforcement en ce qui concerne les sites
d'enfouissement sanitaire, puisque nous sommes dans ce sujet. Et elle nous
dénonce de vouloir renforcer les assises législatives du
ministère de l'Environnement
qui vont permettre l'implication des groupes écologiques et de la
population en général lors de l'implantation ou de
l'agrandissement d'un site d'enfouissement sanitaire.
Être contre la participation de la population, ça, c'est
une donnée de base en matière environnementale qui va à
l'encontre de ce que celui qui vous a précédée, le Dr
Lazure, souhaitait, va à rencontre de ce qu'on préconise comme
gouvernement du Parti libéral.
Vous vous rappellerez d'ailleurs que c'est dans la continuité,
par exemple, de ce que le Parti québécois a fait lorsqu'il
était au pouvoir. À l'époque, le Bureau d'audiences
publiques en matière environnementale tenait, en moyenne, deux audiences
publiques par année, une sur une marina puis l'autre sur le bout de
route. C'était ça, l'action de la participation du public et des
groupes environnementaux à l'établissement des projets.
Je vous indiquerai que, cette année, le Bureau d'audiences
publiques en matière environnementale a un rôle beaucoup plus
accru que sous l'impulsion du Parti québécois. Ses budgets ont
été quadruplés, sinon, quintuplés au cours des
trois ou quatre dernières années. C'est une quarantaine de
projets par année et on vise à augmenter l'implication de cette
importante institution environnementale créée et là
je l'admets par Marcel Léger, à l'époque,
créée par Marcel Léger, mais qui ne l'a jamais fait passer
à l'action, sauf deux mandats par année, pendant toute la
durée de l'existence du Parti québécois au
gouvernement.
Je reviens à la loi 61. Mme la députée m'indiquait
qu'elle l'avait devant elle tantôt. Allez à la page 11, Mme la
députée, et on va regarder ensemble l'article 31.9.19. Puis vous
allez me dire, devant les caméras de télévision, devant
les gens qui nous écoutent, que vous êtes contre cet article de
loi et sa mise en vigueur, cet article de loi qui dit que la délivrance
d'un certificat d'autorisation prévu à la présente loi, le
gouvernement ou, selon le cas, le ministre peut, si les circonstances exigent
une protection accrue de l'environnement, établir une norme
différente de la norme réglementaire, édictée en
vertu de la présente loi.
Vous savez que les normes actuelles et vous l'avez dit
tantôt sont des normes de 1978. Vous les avez mises en vigueur
à l'époque. Ce n'est pas parce que vous les avez mises en vigueur
à l'époque que ces normes correspondent à ce dont nous
avons besoin pour protéger l'environnement en 1993. Nous vous demandons
de nous appuyer pour que le ministre de l'Environnement ait la
possibilité d'imposer des normes, alors, à l'époque de
1993. Et, tout ce que vous trouvez à faire à l'intérieur
de ce débat, c'est de dénoncer un ministre de l'Environnement qui
vous demande votre appui cons-tructif pour mettre cette loi en vigueur, pour
que les projets de sites d'enfouissement soient obligatoirement soumis aux
évaluations environnementales et pour que nous puissions imposer des
normes plus sévères.
Et, si nous imposons des normes plus sévères, M. le
Président, nous aurons une sécurité environnementale
accrue. Et, si nous avons une sécurité environnementale accrue,
M. le Président, nous aurons des conséquences sur les prix, les
taux à l'enfouissement, le suivi qu'on donne aux sites d'enfouissement
et, par voie indirecte, sur la réduction à la source parce que,
si vous pouvez enfouir des déchets à 25 $ la tonne, vous allez
continuer à en enfouir, des déchets à 25 $ la tonne. Si
vous êtes obligé d'investir en matière d'environnement pour
assurer une plus grande protection et que les coûts à
l'enfouissement augmentent, c'est le principal instrument pour faire en sorte
qu'on augmente la récupération, le recyclage et qu'on enfouisse
moins.
Je sais que mon temps est écoulé, M. le Président.
J'aurai l'occasion de revenir et j'espère que Mme la
députée de Taillon va prendre au moins note des
éléments qu'on met sur la table.
Le Président (M. Garon): Alors, M. le député
de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. M. le ministre vient
d'évoquer une notion qui est extrêmement importante,
c'est-à-dire la notion globalisante de toute la question de
l'environnement et de l'écologie.
On a tendance, et la députée de Taillon y participe
allègrement ce matin, à compartimenter l'environnement, à
compartimenter l'écologie. On ne peut pas le faire et il y va de la
crédibilité de tous les efforts que nous sommes appelés
à faire collectivement et individuellement.
Et la députée de Taillon a gravement péché
tout à l'heure en oubliant, comme le soulignait le ministre, je ne veux
pas revenir là-dessus. Je vous signalerai, M. le Président, que,
par exemple, on ne pourrait pas faire abstraction d'un problème,
actuellement, ici, à Québec qui est extrêmement grave,
c'est-à-dire l'envahissement que nous subissons par une surpopulation et
une explosion de population de goélands.
Pourquoi? parce que si les gens s'aperçoivent que nous
négligeons un côté environnemental comme celui de la
surpopulation des goélands et que nous ne faisons rien, nous sommes dans
une situation où nous perdons la crédibilité
nécessaire pour leur dire: Recyclez vos bouteilles d'eau vide! Parce que
tout ça se tient: si l'on pollue notre environnement par de la fiente de
goéland et qu'on prétend régler un autre problème
environnemental en recyclant quelques bouteilles vides d'eau de source, on
n'est allés nulle part, et je signale que la population qui est sensible
à ces questions-là ne comprend pas certaines approches
d'écologistes un petit peu «flyés» pour
employer un mot qui défendent à tout crin des oiseaux qui
nous donnent des maladies, qui nous polluent, qui nous rendent malades, qui
rendent inopérantes nos usines d'épuration qu'on a payées
des centaines et des centaines de millions de dollars, qui empêchent nos
enfants d'aller jouer dans le sable des plages, qui viennent défigurer
nos entrées de cour, qui
viennent endommager nos peintures de voiture et qu'en même temps,
on dise: On va laisser faire ça, mais, en même temps, on va
s'attaquer à un recyclage plus serré des déchets solides
en oubliant une autre partie de l'environnement.
Moi, je fais appel, là-dedans, et je fais appel à
l'Opposition, en particulier, à une certaine logique et je souhaiterais
qu'on réfléchisse à la réalité suivante: que
l'élimination proprement dite des déchets, qu'ils soient solides,
liquides ou aériens, l'élimination des déchets, ça
n'existe pas. On n'élimine rien. On enfouit. On cache. On tente de
recycler. On brûle. Mais on n'a rien éliminé!
On n'a rien éliminé et c'est une réalité qui
doit gérer notre conduite, l'élimination proprement dite. Et je
souhaiterais que nos écologistes, si on peut les mettre à
l'ouvrage, quelque part, qu'ils nous trouvent un autre mot que
l'élimination des déchets, parce qu'on est sous l'impression
qu'on a éliminé quelque chose et qu'on a réglé un
problème quelque part quand on a enfoui, et commençons par
ajuster nos mots à la réalité. (11 heures)
Je dis aux écologistes, je dis aux environnementa-listes: Soyez
sérieux et ne nous parlez pas de lieux d'incinération pour amener
l'élimination. Ne nous demandez pas de liquéfier des choses,
parce qu'on n'élimine rien. Le seul moyen qui peut s'approcher et
ce n'est pas de l'élimination c'est le recyclage, et je dois
féliciter le ministre du Travail de ce qu'ils font, et ce que le
ministère a réussi à convaincre les autres à faire.
Il disait: Deux cents fois plus de recyclage que quand on a repris la gouverne
des affaires publiques au Québec, 200 fois plus. Multiplions, si on a
encore le pouvoir comme c'est prévisible pour un autre nombre
d'années, multiplions ça encore par 200. On arrive à des
chiffres absolument respectables. J'y reviendrai, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Je suis heureuse d'entendre le député
de Louis-Hébert suggérer à son collègue, le
ministre de l'Environnement, qu'il agisse enfin. S'il m'avait
écoutée, pendant la moitié de mon intervention au
départ, c'est justement ce que j'ai dit: Plutôt que de se cacher
la vérité et que d'essayer de procéder
immédiatement à la discussion sur la façon dont on enfouit
ou on incinère, que fait-on pour réduire à la source? Par
la suite, bien sûr, quoi recycler? Comment? À quel rythme? Sauf
que ce que je comprends, et c'est là qu'on perd sa
crédibilité, M. le Président, parce que le
député de Louis-Hébert parle de crédibilité,
on perd sa crédibilité et le ministre le sait quand on
fixe des objectifs et qu'on ne prend pas les moyens pour les atteindre et qu'on
n'est même pas capable de dire quels sont les outils qu'on va mettre en
oeuvre, qu'est-ce qu'on va proposer à nos entreprises, à nos
citoyens, à nos concitoyens et à nos concitoyennes pour qu'il y
ait, soit de l'éducation, soit de l'animation, soit de l'intervention
pour qu'on atteigne l'objectif de réduction de consommation. Et
ça, le ministre ne m'a donné aucune réponse à cet
égard-là. Je suis heureuse, par contre, de souligner,
effectivement, les propos du député de Louis-Hébert qui
dit: Les goélands sont une nuisance, à son point de vue, à
bien des égards. Alors, qu'est-ce que fait le ministre à cet
égard-là? Est-ce que...Et le député de
Louis-Hébert appelle à la collaboration des groupes
écologiques. Qu'est-ce que fait le ministre pour soutenir leur action?
Qu'est-ce que fait le ministre? Qu'est-ce qu'il a comme plan pour corriger les
lacunes que lui soulève son collègue? Mais, cela étant
dit, il n'a toujours pas répondu à la question de la
réduction des déchets et du plan prévu à cette fin,
M. le Président.
Cela étant dit, je n'ai pas d'objection à ce qu'on parle
des déchets industriels, de déchets dangereux, mais dans les
déchets domestiques, il y a des situations de dangerosité et si
on ne s'en occupe pas, M. le Président, si on fait preuve d'incurie,
c'est la santé du public qui est concernée. Et je voudrais
référer, à ce moment-ci, à une étude qui est
actuellement en consultation, écrite par le Comité de
santé environnementale des départements de santé
communautaire du Québec, parce que si le ministre, lui, semble
être un peu au-dessus de ça, il y en a d'autres qui ne le sont pas
et qui réfléchissent à ces questions-là. Ce
document, qui est une mine d'or en termes d'analyses et d'informations dit ceci
à l'égard, entre autres, des sites d'enfouissement. Il dit: La
proportion... Il cite le rapport Charbonneau en disant: «La proportion
est de 0,5 % à 1 % des déchets dangereux retrouvés dans
nos lieux d'enfouissement sanitaire». Ça urge, M. le
Président, qu'il caractérise les lieux d'enfouissement sanitaire
pour qu'on sache où on en est. «Cependant, des lieux
d'enfouissement plus anciens ont pu recevoir des quantités
significatives de déchets dangereux de provenance industrielle,
commerciale ou institutionnelle. Cela signifie qu'un site de 30 000 000 de
tonnes de déchets solides municipaux pourrait contenir de 150 000
à 300 000 tonnes de déchets dangereux, quantité non
négligeable.» Et on recommande que des études soient
faites, parce que l'on pollue nos nappes phréatiques et nos cours d'eau
dans un certain nombre de cas de sites d'enfouissement, M. le Président.
Alors, je veux savoir et je reviens à ma question le plan
du ministre, n'est-ce pas, pour atteindre les objectifs qu'il se fixe et,
deuxième élément, le contrôle des moyens
d'élimination. Il ne veut pas faire de moratoire, il ne veut pas engager
d'enquête publique. J'y reviendrai, parce que je crois que ça
reste essentiel. Si nous voulons avoir une vision globale, nous devons agir
localement. Nous devons agir d'une façon systématique. C'est bien
sûr qu'il faut avoir une vision globale des objectifs que l'on poursuit,
des moyens que l'on va prendre pour atteindre ces objectifs-là, M. le
Président, et de partout, de partout, que ce soit des
départements de santé communautaire que le ministre
doit sans doute trouver plus sérieux que les groupes
écologiques, selon ce que disait son collègue de
Louis-Hébert qui, lui, a l'air de trouver que les groupes
écologiques ne sont pas très sérieux. Je suis un petit peu
déçue parce que, dans le fond, c'est sur eux que peut s'appuyer
le ministre lorsqu'il veut avoir, pouvoir agir sur un certain nombre de
politiques auprès de ses collègues et les convaincre. Et surtout,
qu'ils soient des alliés pour informer la population et pour mobiliser
la population, M. le Président. Alors, plutôt que de
dénigrer l'action de ces gens-là, il devrait dire à ses
collègues de les appuyer, parce qu'il en a largement besoin et le
ministre le sait. Alors, ce n'est pas vrai que je vais accepter que le ministre
nous dise: Non, il n'y a rien à faire. Je vais appliquer quelques
règlements qui, un certain nombre sûrement, sont fort pertinents
et fort justes, et ça m'étonne que le ministre ose me dire que
c'est toujours les règlements de 1978 sur lesquels il fonctionne, qu'il
me dise qu'ils sont inadéquats.
C'est évident, de deux ans en deux ans, les études
scientifiques, les analyses en ce qui concerne les questions environnementales
débouchent sur de nouvelles techniques, sur des nouvelles façons
d'agir. Et donc, c'est un peu normal, et ce qui m'inquiète, c'est qu'on
soit, 12 ans plus tard, avec le règlement qui n'a pas été
modifié.
Le Président (M. Garon): M. le ministre. M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, un peu comme vous, M. le
Président, moi ce qui m'inquiète, c'est la méconnaissance
des dossiers environnementaux par Mme la députée de Taillon. On a
eu l'occasion, à l'occasion des engagements financiers, de lui expliquer
comment fonctionnait un des programmes que vous connaissiez très bien,
le Programme d'aide à la gestion des fumiers en milieu agricole. Elle
n'y connaissait absolument rien, et on a acquis la conviction, lorsqu'elle a
posé les dernières questions, que, malheureusement, on
n'était pas tellement plus avancés.
Mais ce qui m'inquiète, aujourd'hui, ce qui devrait
inquiéter les gens qui nous écoutent, autant les
écologistes que les dirigeants municipaux, que la population en
général, c'est cette vision péquiste de la gestion des
déchets qu'a Mme la députée de Taillon. Qu'est-ce que le
ministre a fait pour réduire le volume, le tonnage de l'enfouissement
sanitaire? Comme si ça se faisait à partir du bureau du ministre
de l'Environnement, M. le Président. Vous avez été
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et vous
savez, et vous connaissez, M. le Président, l'importance de l'emballage
dans tout ce que l'on jette.
Eh bien, le ministre a signé avec ses homologues des autres
provinces et avec le gouvernement canadien, à l'intérieur du
Conseil canadien des ministres de l'Environnement que vous dénoncez, que
vous décriez, que vous haïssez, un protocole à l'effet de
réduire de 50 % d'ici l'an 2000. Quels sont les résultats
obtenus? De 1988 à 1990, réduction de 14 %, réduction
obtenue. De 1990 à 1992, c'est monté de 14 % à 20 %, et
l'objectif plus précis avec l'an 2000 que vous vouliez, d'ici 1996, nous
visons à réduire de 35 % pour atteindre 50 % à l'an
2000.
Vous aurez compris là que plus vous avancez dans la diminution,
plus les efforts technologiques sont importants. Vous aurez également
compris que ça ne peut pas se faire à partir du bureau du
ministre de l'Environnement du Québec seulement. Parce que l'ancien
ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation va vous expliquer que
l'emballage en matière d'alimentation que l'on retrouve dans nos
poubelles, ça nous provient en majorité de l'Ontario, en ce qui
concerne les produits canadiens. Ce n'est pas fabriqué au Québec,
ces choses-là, c'est fabriqué en Ontario.
Et, si nous ne collaborons pas avec les autres juridictions canadiennes,
on ne peut pas atteindre nos objectifs en termes environnementaux. Vous avez,
dans ce domaine-là, la même vision que dans le domaine de la
gestion des eaux. Vous pensez que le fleuve Saint-Laurent vient au monde pour
mourir au Québec. Dans la question du contrôle de l'emballage, il
faut avoir, comme dans le domaine de l'assainissement des eaux, comme dans le
domaine de l'assainissement de l'air, une vision beaucoup plus globale de la
problématique. (11 h 10)
Comment dépasser ces objectifs? Comment aller encore un peu plus
loin? Si, au lieu là de sans écouter les réponses
répéter les questions, si vous écoutiez la
réponse, je vous ai déjà donné une partie de la
réponse. À partir du moment où les taux d'enfouissement au
Québec, en moyenne, sont de 25 $ la tonne, ce n'est pas très
dispendieux si vous comparez ça aux taux en Ontario ou aux
États-Unis. Vous incitez la population à jeter ses
déchets. À 25 $ la tonne, il n'y a pas de gain économique,
il n'y a pas de frein économique pour le consommateur à ne pas
mettre son sac vert sur le coin de la rue et penser qu'il disparaît. Il
n'y a pas, non plus, d'incitatif économique pour les matières
recyclables, pour les industries qui se lancent dans le recyclage. Et, à
partir du moment où nous vous proposons des mesures beaucoup plus
sévères sur le plan de l'enfouissement, que nous exigeons des
toiles, que nous exigeons des fonds de suivi, nous augmentons les coûts
à la tonne de l'enfouissement. Et, en augmentant les coûts
à la tonne de l'enfouissement, qu'est-ce qu'on fait? On sensibilise le
consommateur qui, par son compte de taxes municipales, va savoir que ça
coûte un peu plus cher de mettre un sac vert. Il va faire attention de ne
pas en mettre trop, de sacs verts au chemin, parce que son compte de taxes va
augmenter. Et, en même temps, on crée des marges
bénéficiaires pour les industries de la
récupération et du recyclage. Mais, ça non plus, ça
ne peut pas se faire, dans une vision péquiste, à partir du seul
bureau du ministre de l'Environnement. Si on n'a pas la collaboration, la
complicité du monde municipal pour faire en sorte que ces coûts
d'enfouissement
augmentent parce que le monde municipal est propriétaire
des deux tiers des sites d'enfouissement sanitaires au Québec, a la
responsabilité juridictionnelle si on n'a pas cette
complicité-là, bien, on pense en péquis-te, on agit en
péquiste et on a les résultats que les pé-quistes ont eus
jusqu'en 1985, et, aux élections, il arrive ce qui est arrivé aux
péquistes en 1985. Le monde se débarrasse de gens qui pensent
qu'ils ont le monopole de la vérité dans leur bureau de
ministre.
Le Président (M. Garon): Vous avez fini? M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Oui, M. le Président. C'est la première
fois que je fais une interpellation et que l'Assemblée m'interdit de
parler des trois quarts des problèmes au Québec. Nous avons
croisé le fer, M. le Président, vous-même et
moi-même, à plusieurs reprises à cette assemblée, et
je ne pense pas, lorsqu'on avait des choses à dire, qu'on voulait nous
mettre un carcan au départ. D'oublier les trois quarts des
déchets au Québec, c'est d'avoir une vision mais, tout à
fait étroite. Je sais que ce n'est pas très électoraliste,
mais, quand même, c'est un problème réel. Je déplore
vraiment l'attitude de la députée de Taillon qui n'a pas cette
vision d'un Québec propre, lorsqu'on sait que les trois quarts des
déchets, au Québec, proviennent des entreprises. Et elle
s'insurge parce que j'ose en parler à l'Assemblée nationale. Mais
quelle sorte de vision que vous avez? Ce n'est pas un club de macramé,
ici! On n'est pas ici, ce matin, pour dire bonjour à mon oncle, bonjour
à ma tante et bonjour minette. Voyons donc, là! Ça ne
marche plus, ça! Réveillez-vous! M. le Président, c'est
une farce ça, d'avoir une vision de même! Je le déplore et
je m'ennuie du député de La Prairie, ce bon vieux docteur qui, au
moins, avait une vision beaucoup plus large de l'environnement au
Québec. C'est une farce monumentale.
Je reviens, principalement, M. le Président, à une entente
qui a été signée dernièrement entre le ministre de
l'Environnement et le ministre de l'Industrie et du Commerce, une entente des
plus importantes au Québec, qui va permettre aux entreprises qui veulent
investir dans l'avenir, qui veulent se recycler, qui veulent arrêter de
polluer l'environnement d'avoir des prêts. Je l'invite elle qui
connaît fort le président du Fonds de solidarité
d'investir au Québec dans des entreprises qui veulent se
dépolluer. C'est la première fois qu'un gouvernement en
Amérique du Nord fait un geste aussi concret. J'ai invité les
institutions financières à la télévision, cette
semaine, et déjà, on a reçu un accueil très
favorable de la part des institutions financières qui offraient des
prêts aux entreprises qui veulent dépolluer leur entreprise, de
fabriquer des produits... C'est là un des objectifs du
développement durable que le ministre a mis au monde depuis quatre
ans.
M. le Président, si on ne peut plus parler de ça à
l'Assemblée nationale, retrouvons-nous en cachette, dans les catacombes
du parlement, pour en parler à voix basse. Mais, voyons donc! C'est
l'avenir! L'environnement, ce n'est pas à courte vue. C'est une voie
d'avenir. On est ici, ce matin, pas nécessairement pour nous, mais pour
nos enfants. Vous en avez, Mme la députée de Taillon, j'en ai, on
va être fiers de leur laisser un environnement vivable. Quand on pense
que les entreprises, c'est les donneurs d'emplois, ceux qui mettent du pain et
du beurre sur la table de M. et Mme X à tous les matins, qui font manger
vos enfants et mes enfants. On n'a pas le droit d'avoir une courte vision comme
ça! On n'est plus dans le temps du Far West. Sors ton «gun»,
je vais sortir mon «gun»! Bien, voyons donc! Ça ne marche
plus, ça! On est en 1993 et on s'en va vers les années 2000 et,
avoir une vision de même, mais, ma pauvre madame, ma pauvre
députée de Taillon, rajustez-vous! Rajustez les pendules à
l'horloge! Ne vous laissez pas influencer par un petit coqueron
d'écologistes autour de vous. Voyez vraiment la vision d'un
Québec moderne! Pensez aux enfants d'école! Allez dans les
écoles, allez voir les jeunes du secondaire I, II, III, IV, allez voir,
à partir de la maternelle, c'est quoi la vision écologique de ces
jeunes-là. Vous allez apprendre que ce n'est pas du tout celle que vous
prônez.
Il faut que vous retourniez à la source, Mme la
députée de Taillon, et ne jamais interdire au
député de Saguenay de parler d'une chose en Chambre. C'est une
chose à ne pas faire. J'ai dix ans d'expérience et je ne pense
pas que... Personne n'a osé le faire et ne recommencez jamais ça!
N'essayez pas de me limiter dans mes interventions, vous manquez le
«boat», Mme la députée de Taillon. M. le
Président, je vous remercie.
Le Président (M. Garon): Merci. Mme la
députée de Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Alors, le député de Saguenay aurait
peut-être dû apprendre le macramé, M. le Président,
il aurait peut-être été plus utile!
Alors, si vous le permettez, je vais citer un document que le ministre
lui-même a déposé devant son Conseil des ministres. C'est
un mémoire d'avril où il parle, justement, de la question de
réduire à la source; et une façon de réduire
à la source, c'est non seulement que les gens cessent de jeter des
produits qui pourraient être réutilisables, mais c'est aussi de
s'adresser à la question de l'emballage; et il a fait
référence, dans son intervention, M. le Président, au fait
qu'il avait signé un protocole pour réduire l'emballage. Il a
signé ce protocole en 1990, M. le Président. Nous sommes en 1993.
En Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba et en Ontario, on a
proposé des amendements législatifs. Ce ne sont pas, à ce
que je sache, des États où ce sont des péquistes qui sont
responsables des politiques environnementales, n'est-ce pas? Ce sont des gens
de toutes allégeances politiques. Mais, cependant, ce sont des gens
responsables qui ne font pas «à la place de», mais
qui permettent cependant que des choses se fassent pour qu'on atteigne les
objectifs que l'on se fixe, M. le Président. Alors, j'imagine qu'il doit
y avoir un suivi de prévu à cet égard-là. Qu'est-ce
que le ministre va nous proposer et surtout, qu'est-ce qu'il a fait? Parce que
c'était, ça, c'était, en fait, dans son projet de 1989,
déjà, hein, il faut bien voir, là, hein; c'était
déjà une volonté qu'il avait, hein. Bon. Nous sommes
toujours en... nous sommes en 1994, nous sommes quatre ans plus tard, M. le
Président. Alors, qu'est-ce qu'il a fait? Il a signé son
protocole, nous dit-il, signé un protocole en 1990. Est-ce que c'est
ça, où on a signé le protocole? Bien, trois ans plus tard,
qu'a-t-il fait alors que d'autres gouvernements ne sont pas restés assis
dans leur bureau à attendre que quelque chose leur tombe sur la
tête, comme ministres. Ils ont adopté des projets de loi, ils ont
adopté des règlements permettant d'atteindre les objectifs.
Premier bloc.
Deuxième bloc, en ce qui concerne ce petit cinq minutes dont je
dispose, parce que c'est très, évidemment, serré dans le
temps. Je reviens au contrôle des moyens d'élimination. En fait,
on avait demandé, lors de l'étude des crédits qui a eu
lieu il y a peu de temps, on avait demandé au ministre de nous fournir
un bilan de la situation actuelle. Je n'ai toujours pas ce bilan. Même
s'il est sur papier brouillon, là, ça ne me dérangera pas,
parce que ça va me rassurer. Je vais me dire: II y a quelqu'un qui s'en
préoccupe quelque part. Il n'est pas terminé, il manque trois
sites? Ce n'est pas grave. Si on sait de quoi il s'agit pour 72 sites ou 50
sites, c'est déjà mieux que de ne rien savoir du tout, n'est-ce
pas, M. le Président? Alors, je lui demande: Où en est-il?
Peut-il nous déposer ce bilan? On sait qu'actuellement, c'est
dramatique, les lieux d'enfouissement sanitaire, qui sont des
propriétés, effectivement, de municipalités
régionales de comté ou de régies, si on veut, par
l'intermédiaire de régies, ou par l'intermédiaire de
municipalités. J'étais cette semaine au Lac-Saint-Jean. Qu'on
pense à la MRC de Lac-Saint-Jean: les eaux et ce sont des termes
techniques, mais on se comprend des eaux de lixiviation, qui
s'écoulent, qui sont essentiellement des eaux extrêmement
polluées, bien sûr, qui s'écoulent des sites
d'enfouissement, se déversent dans la rivière Péribonka.
Il y a Laterrière, au Saguenay, qui est un véritable drame; dans
l'Outaouais, actuellement, on est aux prises avec des difficultés
majeures, aussi, à réparer un site qui a été mal
géré, parce que les outils de l'époque n'existaient pas,
peut-être, mais, cependant, la situation reste catastrophique! Et dans ce
sens-là, je veux savoir ce qu'il en est pour le Québec. Ce
document de consultation auquel je faisais référence ici pose les
mêmes questions, exactement, que je soulève ce matin auprès
du ministre: Qu'est-ce qu'il a fait? Qu'est-ce qu'il entend faire? Quand
va-t-il le faire? Quand va-t-il déposer le document? Peut-il me le
déposer aujourd'hui, lundi, mardi, pour qu'on sache de quoi l'on parle
lorsqu'on parle des lieux d'élimination et des moyens pour mieux
connaître ce qui s'y passe et éven- tuellement pour agir pour
l'avenir? Que le ministre me dise qu'il adopte des règlements pour
l'avenir, tant mieux! Mais qu'est-ce qu'il fait avec ce qui est
déjà là et qui risque d'avoir des impacts majeurs sur la
qualité de vie des populations?
Le Président (M. Garon): M. le ministre. M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. le
Président. Je vais tenter de revenir là, à la
première question que m'a adressée, dans sa dernière
intervention, Mme la député de Taillon, et l'inviter à
approfondir ses dossiers. (11 h 20)
Lorsqu'elle parle de d'autres juridictions canadiennes qui, par voie
législative ou réglementaire, ont endossé le protocole
d'entente nationale sur la réduction de l'emballage, elle fait
référence à un mémoire que j'ai adressé au
Conseil des ministres, et, jusque là, il n'y a pas de problème,
Mme la députée de Taillon. Votre questionnement se complique et
démontre que vous n'avez jamais lu le protocole d'entente nationale.
Est-ce qu'on peut s'entendre, là? Je peux affirmer devant les
caméras de TV que vous n'avez jamais lu, vous, là, le protocole
national d'emballage? Et votre deuxième question a traduit je ne
vous le reproche pas, là, c'est un protocole...
Mme Marois: J'ai lu la synthèse, mais ce n'est pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon. Si vous en avez lu des
synthèses comme vous me dites là, je prends pour acquis que vous
n'avez pas lu le protocole. Parce que si vous aviez lu le protocole, vous
auriez vu à quoi se sont engagés les divers gouvernements.
L'orientation prise dans le cadre du protocole national est une approche
volontaire suivie d'une approche coercitive si nécessaire, si les
résultats ne sont pas rencontrés. Je vous ai indiqué
tantôt, dans ma réponse, que de 1988 à 1992, les emballages
ont été réduits de 20 %. Si vous lisez le protocole, c'est
ça que visait le protocole national d'emballage. Ce à quoi se
sont engagées les diverses juridictions canadiennes. C'est dans le cas
où, sur une base volontaire, l'industrie ne rencontrait pas les
objectifs de 20 % en 1992 et de 35 % en 1996 et de 50 % en Fan 2000, chaque
gouvernement s'engageait à prendre les mesures législatives et
réglementaires de façon à forcer ces compagnies à
rencontrer ces objectifs.
Moi, à partir du moment, comme ministre de l'Environnement,
où les objectifs sont rencontrés sur le terrain, j'accorde une
importance ou une urgence moins imminente à la législation et
à la réglementation. Quand il y a des retards comme il y en a eu
dans le secteur des pâtes et papiers, comme il y en a eu dans des cadres
d'ententes d'assainissement avec la compagnie Tioxide, entre autres, là,
on intervient puis on a de l'action. Mais
si vous voulez parler de l'action sur le terrain, vous allez dire, vous
ne demanderez pas où était le ministre, alors qu'en
Colombie-Britannique, vous allez dire: Le ministre s'est assuré que le
protocole était respecté au Québec. Et je tiens à
remercier, ici, publiquement ce matin, les entreprises qui, conscientes de ces
objectifs, avec qui on avait négocié ces objectifs, ont
rencontré ces objectifs. Et j'espère, comme ministre de
l'Environnement, n'avoir jamais à utiliser la méthode coercitive.
Et j'invite donc ces compagnies à faire preuve de vigilance et à
rencontrer les autres objectifs que nous nous sommes fixés ensemble, de
façon à ce que nous puissions éliminer à la source,
cette source de déchets.
L'ensemble des sites d'enfouissement, il y en a qui sont dans un
état assez catastrophique, je pense, Mme la députée de
Taillon, là-dessus, comme ministre de l'Environnement, j'en conviens. Je
vais même convenir de quelque chose. C'est très rare en cette
Chambre parce que nous avons eu un débat assez animé pas
cette semaine, la semaine dernière sur les
«désastres écologiques» que j'ai appelés, au
Québec, qui avaient été autorisés par l'ancien
gouvernement. J'avais fait référence au cas de la Balmet à
Saint-Jean-d'Iberville où votre gouvernement avait émis un permis
de pollution à cette compagnie. J'avais fait référence
à Mark Lévy qui avait entreposé des BPC et à qui
votre gouvernement avait émis un permis d'entreposage. J'avais fait
allusion à Albright & Wilson lorsqu'on a parlé des scories
radioactives où votre gouvernement avait émis un permis. C'est
vous qui avez parlé de L'Ascension là, j'en conviens. Lorsque
vous êtes allée là-bas, vous avez eu
l'honnêteté de reconnaître que oui, effectivement, votre
gouvernement avait émis également un permis là où,
peut-être, on aurait dû se questionner davantage. Il faut agir avec
le maximum de prudence. Il faut impliquer la population au niveau des audiences
publiques. C'est la voie que nous préconisons pour ne pas
répéter les erreurs commises par l'ancien gouvernement. Il faut
apprendre des erreurs.
Où en sommes-nous dans la décontamination et la
caractérisation? Nous terminons l'opération d'inventaire au cours
de l'année 1993. Parce que, malgré ce que vous avez
affirmé, puis je comprends qu'en politique on exagère toujours un
petit peu nous ne sommes pas en 1994, nous sommes...
Mme Marois: J'ai dit 1991.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous indique que nous finissons
en 1993. Mais il y en a déjà qui sont complètement
décontaminés. Je vais vous donner un exemple. On n'avait pas
prévu finir en 1993 dans le cas de Saint-Gédéon-de-Beauce,
à cause de l'entente fédérale-provinciale que vous
devez détester parce que le mot fédéral est
là-dedans on a réussi à avoir les fonds
nécessaires pour décontaminer. Et on va envoyer la facture
à ceux et celles qu'on croit être les responsables de la
contamination, pour appliquer le principe pollueur-payeur. Je reviendrai, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Le ministre vient de
faire une démonstration absolument convaincante que la façon dont
l'Opposition et, plus particulièrement parce qu'il ne faudrait
pas généraliser la porte-parole actuelle analysent la
situation ne rend absolument pas justice aux actions ministérielles. Le
gouvernement a un plan d'action. Ce plan d'action là a été
mis en oeuvre. Il donne des résultats satisfaisants qui sont conformes
aux prévisions. Le ministre ne gouverne pas à vue. Il a une carte
qui lui indique le chemin à suivre et les endroits, les objectifs
visés. C'est dans ce sens-là que les reproches qui sont faits par
la députée de Taillon, évidemment, peuvent lui donner une
satisfaction personnelle. Mais, je dois lui annoncer que, si c'est un dossier
auquel elle tient et qu'elle veut continuer d'avoir une oreille attentive de la
clientèle à laquelle elle s'adresse, elle devra changer sa
façon de critiquer inutilement et sans fondement le gouvernement. La
plus belle preuve, le ministre vient de donner les chiffres en ce qui concerne
l'emballage. C'est patent que les objectifs sont rencontrés, que les
choses se passent d'une façon normale, tel que prévu dans le
protocole. La députée vient de nous faire un aveu lourd de
conséquences. J'ai lu les synthèses, interrompant le ministre, ce
qui n'est pas permis pendant nos interpellations. On ne s'en formalise pas
outre mesure, surtout quand c'est pour nous produire un aveu de cette
qualité et de cette envergure-là sur un sujet aussi fondamental
qu'un protocole d'entente liant les juridictions canadiennes. Elle nous dit:
Oui, oui, mais j'ai lu la synthèse. Oui. Ce n'est pas la synthèse
que vous deviez lire. Imaginez-vous que si vous vous êtes
contentée de lire la synthèse que ça augure mal pour le
reste, sur une chose aussi fondamentale que ça. J'invite donc
sérieusement la députée de Taillon à y aller un
petit plus mollo, à y aller d'une façon responsable, à y
aller d'une façon constructive, réalisant qu'il y a des virages
qui doivent être pris et qui sont pris d'une façon
responsable.
Il y a deux façons de prendre un virage sur une route, M. le
Président. Celui que préconise la députée de
Taillon amène des dérapages et après le dérapage,
c'est le fossé et c'est l'accident. On n'est pas plus avancés. Il
y a, d'un autre côté, des moyens de prendre la courbe qui nous
gardent sur la route et qui nous permettent d'atteindre le but qu'on
s'était fixé. II est entendu que chaque diminution de production
de déchets, qu'ils soient solides, qu'ils soient de quelque nature...
(11 h 30)
J'en parlais tout à l'heure, avec les goélands, et je fais
appel, là-dessus, au fonctionnaire que j'ai entendu à la radio.
C'est un fonctionnaire fédéral qui nous a tenu un discours
«écréanché», abusif et décourageant. Un
gars qui ne sait pas de quoi il parle et qui est compartimenté,
là-dedans, ça n'a pas de bon sens, disant: Ce
sont des oiseaux migrateurs et «over my dead body» on va les
protéger. C'est un discours absolument idiot et imbécile d'un
fontionnaire qui vit à nos dépens et qu'on paie grassement pour
que des oiseaux continuent de faire des cacas sur nos têtes, pas assez
fin pour s'apercevoir que le monde n'aime pas ça. J'ai dit que le monde
n'aime pas ça. Et on aura recyclé deux bouteilles d'eau naturelle
de plus, mais, si on a laissé les goélands mettre au monde 100
000 poussins dans deux semaines, qui vont envahir les berges de Daishowa... On
ne peut pas, tout fonctionnaire fédéral qu'on soit, tenir un
discours comme ça, qui est raisonnable. J'encourage la CUQ, j'encourage
les députés de la région parce que nous avons pris
position là-dessus, j'encourage le ministre à nous appuyer. Il
faut qu'on mette fin à la pollution «goélantine».
Elle est grave dans le moment. Elle est grave. J'aimerais entendre la
députée de Taillon nous donner son appui là-dedans.
On se sert des tribunes qu'on a quand un problème comme ça
nous arrive dessus. Les gens appellent à mon bureau. Us nous disent:
Qu'avez-vous fait avec les goélands, M. Doyon? Qu'est-ce que vous avez
fait avec les goélands? Qu'est-ce que vous allez faire avec les
goélands? Bien, ce que je vais faire avec les goélands, je ne le
sais pas. Je vais essayer d'en parler demain matin, là, pour dire
à ce fonctionnaire-là de réfléchir un peu à
la situation, d'aller faire un petit tour sur le terrain de Daishowa et de
s'amener une épingle à linge pour se boucher le nez parce qu'il
ne survivra pas plus que deux minutes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. C'est
intéressant d'entendre le député de Louis-Hébert
s'adresser et interpeler le gouvernement fédéral. Je croyais que
c'étaient leurs amis. Alors, j'imagine qu'il va... Le ministre nous le
rappelait, d'ailleurs, que c'était plutôt nous qui n'avions pas
d'amis de ce côté-là et que ce gouvernement, en face de
nous, devait en avoir beaucoup. Alors, ça m'inquiète. Est-ce que
les liens seraient coupés? Est-ce qu'il y aurait bris de communication?
J'ai souhaité, d'ailleurs, que notre collègue de
Louis-Hébert s'adresse à son collègue, ministre de
l'Environnement, pour qu'il lui dise exactement ce qu'il va faire à
l'égard de cette situation-là puisqu'il la dénonce.
J'imagine que son collègue doit en avoir été
informé et qu'il doit pouvoir agir en conséquence.
Le ministre a, d'une façon vicieuse, tendance à revenir
toujours vers l'arrière en disant: Voici, ça c'était une
décision du gouvernement du Parti québécois,
c'était une permission qu'avait donnée le Parti
québécois. Le ministre devrait aussi se rappeler qu'il fonctionne
toujours sur la base des lois et des règlements des institutions mises
en place par un gouvernement du Parti québécois n'est-ce
pas? qui a, compte tenu de l'état des connaissances de
l'époque, compte tenu des outils dont il disposait à ce
moment-là, agi d'une façon vigilante à l'égard de
la protection de l'environnement. Il a même obtenu des prix sur la
scène internationale comme ministère, n'est-ce pas? Ce qui veut
dire que ça ne devait pas être quand même si mal. Qu'il y
ait eu des erreurs, bien sûr. Quand tu n'agis pas, tu ne fais pas
d'erreur, mais quand tu agis, il arrive parfois que tu puisses en faire. Et,
à cet égard, je serais prête à tout à fait
reconnaître un certain nombre de gestes sans doute qui ont
été posés de bonne foi par exemple ça,
jamais je n'accepterai qu'on entache ce principe-là, de bonne foi
mais qui peuvent ne pas nous avoir permis d'atteindre les objectifs qu'on
s'était fixés, j'en conviens. Mais je pense que les
résultats actuels du ministre sont gênants.
Quand on constate que l'ensemble des villes québécoises en
matière de recyclage sont en queue de peloton par rapport aux villes
canadiennes et quand on constate... Il y avait un petit résultat
concernant la participation du Québec à un protocole en ce qui
concerne l'ozone et où le Québec était en dessous de tout,
bien, je pense que le ministre devrait peut-être regarder un peu dans sa
cour hein, ça serait utile et qu'il agisse à cet
égard-là.
Revenons sur la question des emballages. Ce qui m'étonne un peu
de la part du ministre, c'est qu'il prend la peine, dans son propre
mémoire, de mentionner le fait que notre législation
mériterait d'être modifiée comme l'ont fait d'autres
provinces. Ça ne devait donc pas être si bête ce que
j'affirmais, qu'il puisse agir conséquemment à ses propres
propos, de telle sorte que s'il peut augmenter le niveau des objectifs à
atteindre plus rapidement, bien, tant mieux! On va tous être gagnants.
C'est quoi ça? Bon.
Cela étant dit, je veux revenir. Il me dit: Nous
caractérisons, nous agissons sur les lieux d'enfouissement; nous
déposerons, en 1993, l'état de situation complète du
travail accompli. Je vais juste rappeler au ministre... Je vais être
très heureuse de l'avoir. Il avait dit que pour 1991 il le ferait, et
c'est dans ses propres documents. Je ne l'invente pas. Il a pris deux ans de
retard, il faut le constater ensemble, et fusent de partout une série de
problèmes qui soulèvent non seulement des
désagréments, ce n'est pas que cela dont on parle, mais des
risques pour la santé publique.
Je veux revenir à un troisième élément,
toujours dans sa politique, et je le cite: «Les déchets
domestiques dangereux, c'était cette politique de 1989 pour la gestion
intégrée des déchets solides qui, je ne crois pas, a
été modifiée.» Je ne crois pas qu'elle a
été modifiée. On disait: «Par des interventions
spécifiques, un inventaire des déchets domestiques dangereux
permettra de connaître leur importance dans les déchets
domestiques. Ces données serviront à préparer, dès
1991, une politique ministérielle sur cette question.» Les
départements de santé communautaire, que je citais tout à
l'heure, dans leur document, nous disent que «nous manquons
désespérément d'information sur ces questions-là et
que les
seules informations que l'on puisse utiliser et qui puissent être
un tant soit peu utiles proviennent d'une cueillette sélective sur une
base volontaire de déchets domestiques dangereux et que ce n'est pas
significatif de ce qui se passe réellement à cet
égard-là».
Je voudrais savoir où en est le ministre quant à
l'engagement précis qu'il avait pris dans cette politique de gestion
intégrée des déchets, adoptée en 1989.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
pense qu'on va revenir sur le sujet sur lequel est revenu Mme la
députée de Taillon, et que, si on peut sortir d'ici, ce matin,
avec la porte-parole de l'Opposition officielle qui aura compris le
fonctionnement, la mécanique et l'application du protocole d'entente
national, on aura accompli un progrès correct dans les circonstances. Je
vous laisse quand même trouver que l'évolution du dossier est
lente, de l'autre côté, mais il faut quand même s'assurer de
ces acquis-là. mme la députée est revenue au
mémoire que j'ai soumis au conseil des ministres et qui demandait au
conseil des ministres de la législation pour donner suite au protocole
d'entente. elle a dit: ce n'est pas parce qu'on a atteint des objectifs qu'on
ne pourrait pas viser d'atteindre des objectifs supérieurs. sur le plan
de la logique, ça se tient, sauf que, sur le plan de la mécanique
de fonctionnement et sur le plan de la vérité, ce n'est pas tout
à fait là. ce que je demande au conseil des ministres, c'est de
me donner, comme ministre de l'environnement du québec, les outils
légaux et réglementaires pour pouvoir devenir coercitif au cas
où on ait besoin de coercition dans l'atteinte des objectifs nationaux
que nous avons signés avec nos partenaires. même si le conseil des
ministres me donne son aval sur le plan législatif et
réglementaire, les objectifs nationaux ne seront pas modifiés, je
vais vous expliquer pourquoi. parce qu'avant d'en arriver à une entente
sur le plan national on a discuté avec nos partenaires, et avec nos
partenaires nous avons convenu d'une entente de principe, je l'ai donnée
tantôt, réduction de 20 % en 1992, de 35 % en 1996 et de 50 % en
l'an 2000. tant et aussi longtemps que nos partenaires réalisent, de
façon volontaire, ces objectifs, nous respectons les engagements qui ont
été pris. je pense qu'il est important pour le ministère
de l'environnement d'avoir une certaine crédibilité quant au
respect de la parole donnée et des engagements.
Donc, la législation ne modifiera pas les objectifs contenus au
protocole national. Et même si on souhaitait le faire, je vous ai
expliqué tantôt et il semble que vous n'ayez pas
écouté, encore une fois, je fais appel aux connaissances et aux
compétences de la présidence qui a déjà
occupé la fonction de ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation et qui va vous répéter que la
majorité des emballages des produits n'est pas manufacturée,
n'est pas fabriquée ici, au Québec, c'est fait en Ontario pour ce
qui se passe sur la scène canadienne. Donc, il nous est absolument
essentiel de participer à cet effort national et de respecter les
engagements que nous avons pris sur cet effort national.
Si nous réussissons, Mme la députée, à
diminuer de 50 %, d'ici l'an 2000, 35 % d'ici 1996, 20 %, c'est
déjà atteint, en 1992, de façon volontaire, je pense que
les entreprises mériteront de la part de tous les intervenants, qu'ils
soient gouvernementaux, de l'Opposition, des groupes écologiques, des
félicitations. Si ces gens-là se refusent à rencontrer les
objectifs sur lesquels nous nous sommes entendus sur le plan national, il
faudra, à ce moment-là, appliquer, par mesures
législatives et réglementaires, des mesures coercitives et c'est
le but du mémoire adressé au Conseil des ministres.
J'espère que mes collègues du Conseil des ministres vont
comprendre plus rapidement. Merci, M. le Président. (11 h 40)
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. J'avais envie de
sourire tout à l'heure lorsque le député de
Louis-Hébert se plaignait de ses goélands, et à juste
titre. C'est une petite bibite qui n'est pas endurable trop, trop proche de la
civilisation. Vous savez comme moi, M. le Président, pour en avoir fait
l'expérience, qu'il suffirait de commercialiser les oeufs de
goélands, d'ailleurs vous en avez mangé et vous vous portez
très bien, bien en santé, rougeaud, et alors on appellerait
ça du développement durable. C'est une économie aussi, on
n'a pas besoin de beurre dans le poêlon parce que c'est un petit peu
huileux et ça fait quand même un bon déjeuner. D'ailleurs,
vous en êtes la preuve vivante, M. le Président.
La députée de Taillon me reprochait de ne pas savoir le
macramé, mais je vais lui annoncer une primeur aussi: je ne sais pas la
couture, ce n'est pas moi qui fais mes chemises parce que l'environnement c'est
au-delà de ça. La gestion des déchets solides, il faut la
prendre par territoire, il faut la prendre par MRC. Et lorsqu'on regarde un
petit peu ce qui se passe dans chacune des régions du Québec, et
je vais parler de la nôtre, on a eu un petit problème, par
exemple, dans la MRC de Mani-couagan qui regroupe la ville de Baie-Comeau
où le site d'enfouissement était complet. On est obligés
d'aller en référendum dans différentes
municipalités pour avoir un territoire qui était situé
à une quinzaine de kilomètres de toute habitation possible
imaginaire.
Je ne blâme pas certains faux écologistes d'avoir voulu
soulever l'ire et la passion de la population, mais je les blâme aussi,
par exemple, ces gens-là, tout écologistes sont-ils, de laisser
des centaines de livres de déchets à tous les lundis matin sur
leur porte. Moi, j'avais dit à ce moment-là au maire de la ville
de Baie-Comeau: Écoute bien là, passe donc tout droit pendant une
semaine ou deux semaines ou un mois chez eux; on va voir ce qu'ils vont faire,
ces gens-là, si le sac va avoir diminué de 50 %.
Tout ça pour en revenir, M. le Président, que la gestion
des déchets solides, c'est d'abord et avant tout dans la
mentalité des gens qu'on doit le faire. Et c'est surprenant de voir
qu'à chaque semaine, et parlez-en aux maires et aux conseillers
municipaux, les sacs ne diminuent pas. Pourtant, c'est le consommateur qui est
le premier touché. Souvent, c'est ceux et celles qui ont les plus gros
sacs qu'on retrouve dans les journaux, qu'on retrouve, par exemple, comme un
petit groupe la semaine dernière, à aller protester contre la
modernisation des chutes Montmorency et la réparation du manoir
Montmorency qui est un bijou au Québec, dans la ville de Québec.
C'est 300 ans d'histoire. Ces gens-là se sont couverts de ridicule de
haut à droite, et voilà le résultat que ça a
donné. Ça a augmenté certaines passions et, aujourd'hui,
on est peut-être obligés de faire un examen de conscience, tous ce
qu'on en est, lorsqu'on soulève des passions, des fois on n'atteint pas
les résultats donnés.
Moi, je sympathise beaucoup avec les maires des MRC qui ont des
décisions importantes à prendre au niveau de la gestion des
déchets solides, mais qui, souvent aussi dans des régions
industrielles, ont deux problèmes, celui de la gestion des
déchets solides et des déchets industriels. C'est évident
que dans le coeur de la ville de Montréal il n'y a pas beaucoup
d'alumineries, je le constate, mais il y en a chez nous. Il n'y a pas beaucoup
de papetières dans le coeur de la ville de Montréal, je le
constate, mais il y en a chez nous. Il y a beaucoup de BPC dans le coeur de la
ville de Montréal, et ils les ont retournés chez nous. Je le
constate aussi.
M. le Président, la gestion des déchets, c'est une
attitude et, une attitude, c'est un changement de mentalité. Lorsque les
gens, et ça commence, moi je pense que la plus grande victoire du
ministre de l'Environnement, de tous ceux qui l'ont
précédé et ceux qui lui succéderont, c'est
l'évolution qui est faite au niveau des jeunes. Et je pense que si on
aura réussi, nous de notre génération, à apporter
cette nouvelle conscience vis-à-vis de la protection de l'environnement,
on n'aura pas passé en vain. Mais allons au-delà des passion,
allons au-delà du discours, allons au-delà de
l'électoralisme, soyons vrais. L'environnement, on ne peut pas
tolérer de faussetés, il faut parler avec son coeur, et il faut
agir surtout avec son coeur et sa tête. Et je pense que les actions qu'il
s'est passé au cours des dernières années ont
démontré que les deux pouvaient se conjuguer ensemble pour
améliorer la qualité de l'environnement. La gestion des
déchets solides, il y a beaucoup à faire encore et il y en a
beaucoup qui a été fait, mais atteindre la perfection, elle n'est
pas de ce bas monde, mais il faut y tendre quand même. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon.
Mme Pauline Marois Mme Marois: Merci, M. le Président.
Alors, je dois, et force m'est de constater que le ministre n'a pas
répondu d'aucune espèce de façon en ce qui concerne les
études sur la gestion des déchets domestiques dangereux sur
laquelle sa politique de gestion prévoit une politique spécifique
sur la gestion des déchets domestiques dangereux. Je cite son propre
document.
Cela étant dit, passons à un autre champ qui est
essentiel, puisque je me rends compte que le temps file à une vitesse
absolument inimaginable! Évidemment, je pense maintenant à tout
ce qui concerne la récupération, le recyclage et la cueillette
sélective. En fait, la dernière intervention majeure à cet
égard au Québec a été faite par l'organisme qui a
été mis en place par... Je cherche le document, leur
mémoire, pas leur mémoire, mais leur rapport par Collecte
sélective Québec, qui a rendu public dernièrement un
rapport qui est un peu inquiétant, pour ne pas dire davantage, en ce qui
concerne la situation de la collecte sélective. d'abord, on apprend que
c'est 37,5 % de la population du québec qui est desservie. mais,
évidemment, selon le type de desserte, selon qu'on va chercher porte
à porte et que l'on va déposer dans des systèmes de
cloches par apport volontaire, le niveau de ressources recueillies en vue
d'être recyclées ou remises dans le circuit est différent.
on le constate. d'ailleurs, à ce point que collecte sélective
nous dit: c'est 11 %, finalement, des résidus que l'on peut aller
chercher alors qu'on dit qu'on pourrait aller chercher de 50 % à 60 %.
certains vont même jusqu'à 80 % du sac vert en termes de
cueillette et éventuellement de réutilisation recyclable, peu
importent les revenus qui sont utilisés.
D'ailleurs, pour Québec, on parle de 25 %, ce qui n'est pas
très élevé et ce qui me faisait dire, d'ailleurs, suite
à une évaluation qui a été faite
dernièrement, que les villes du Québec étaient nettement
en retard en matière de cueillette sélective. On dit que c'est
les villes à Québec même et Montréal
parmi celles qui sont les moins performantes de toutes les villes importantes
au plan canadien. en fait, la moyenne des villes canadiennes dépasse 50
%. si on pense à 25 % pour québec, ce n'est pas trop reluisant.
ottawa, c'est 70 %, toronto, 75 % ce qui veut dire que ce n'est pas
impensable dans des grandes agglomérations 94 % dans la
région de kitchener-waterloo.
En fait, le président-directeur général de
cueillette sélective Québec, de Collecte sélective
j'utilise toujours cueillette, mais c'est Collective sélective
Québec M. Martel, propose que de nouvelles mesures soient
adoptées si on veut atteindre les objectifs que le ministre a
fixés dans sa politique. Et à cet égard, il propose que
les récupérateurs puissent être payés, par exemple,
à la qualité des matières recueillies plutôt qu'au
nombre de bacs. Il songe à une tarification au sac vert, à
l'interdiction d'éliminer certaines matières
récupérables. Et on constate que, malgré des efforts
soutenus de la part de l'organisme, Collecte sélective n'a pas atteint
les objectifs qui avaient été fixés en 1989. On
prévoyait, sur une base incitative, cueillir 100 000 000 $
pour aider les municipalités à mettre en place ces
processus-là, parce que le ministre va sûrement me dire: C'est la
responsabilité des municipalités. Mais n'oublions pas. C'est le
ministre qui fixe les objectifs.
On avait été sceptiques quand on avait soulevé ce
chiffre de 100 000 000 $ de ce côté-ci de la chambre. L'histoire,
malheureusement, nous donne raison, puisque c'est 6 000 000 $ qu'on a
recueillis jusqu'à maintenant. Donc, l'objectif n'est, encore une fois,
pas atteint. Et dernièrement... et j'ai bien entendu le ministre et son
adjoint parlementaire qui, malheureusement, n'est pas avec nous ce matin. La
députée de Vachon nous disait que le ministre envisageait
d'adopter des règlements contraignants pour obliger les entreprises
à participer à Collecte sélective Québec.
Alors, ce que je voudrais savoir du ministre, c'est là où
il en est dans sa volonté d'agir dans ce champ d'intervention, quelles
sont les priorités qu'il a, quels sont les outils qu'il utilisera pour
atteindre les priorités et les objectifs qu'il se fixe. (11 h 50)
Le Président (M. Garon): Alors, nous tombons dans le
sprint final. Le ministre a 10 minutes à sa disposition et, ensuite, la
députée de Taillon, 10 minutes.
Conclusions M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez, dans un premier temps, de relever les propos de Mme la
députée de Taillon quant à l'absence de mon adjointe
parlementaire, Mme la députée de Vachon. Je vous ferai simplement
remarquer qu'elle était supposée d'être ici, ce matin, et
que ce sont pour des raisons personnelles extrêmement graves pour
lesquelles elle n'est pas parmi nous.
Je vous ferai remarquer que l'autre adjoint parlementaire est
présent ici ainsi que le député responsable qui
préside la commission de la culture qui remplace Mme la
députée. Je n'ai pas indiqué que Mme la
députée de Taillon se trouvait seule de son côté, ce
matin, pour parler du dossier.
M. le Président, je déplore également le ton qu'a
pris Mme la députée de Taillon. En matière de collecte
sélective, il y a eu des efforts importants qui ont été
effectués par l'organisme au cours des dernières années.
Je tiens à féliciter les gens qui contribuent, les
municipalités qui sont embarquées. De 1980 à 1985, le
gouvernement précédent avait réussi à offrir la
cueillette sélective soit par apport volontaire ou porte à porte
à moins de 500 000 000 de personnes au Québec.
De 1986 à 1992, le total est maintenant supérieur à
2 000 000 de personnes. Je pense que le rythme de croisière, sans
être excitant, est intéressant et évolue dans la bonne
direction, et, plutôt que de décourager les gens qui ont pris
cette voie, moi, je tiens, comme ministre de l'Environnement, à les
encourager à poursuivre leurs efforts en maintenant le rythme
libéral et en tentant de s'éloigner du rythme péquiste de
l'époque.
M. le Président, je déplore le fait que l'Opposition n'ait
pas utilisé cette période mise à sa disposition pour
véritablement cerner une problématique qui en est une
sérieuse en matière de gestion des matières ou de
déchets solides au Québec. Nous avons quand même pu
établir, et j'espère que Mme la députée de Taillon
l'a compris, que sur le plan de la réduction des déchets comme
telle, il y a des actions concrètes qui s'effectuent.
J'espère qu'elle a également compris que, sur le plan de
la création de marchés par le biais de RECYC-QUÉBEC, le
gouvernement du Québec est impliqué. J'espère qu'elle a
également compris qu'on n'a pas toutes les solutions et,
particulièrement, dans ce que j'appelle le noyau du problème,
toute la question, présentement, de la disposition des déchets.
J'ai eu l'occasion de rencontrer, durant de longues heures, hier, les divers
représentants des unions municipales, le ministre des Affaires
municipales, parce que ce sont des partenaires indispensables dans la mise en
application d'une véritable solution durable en matière
d'élimination ou de disposition des déchets au Québec.
Toute la question de l'aménagement du territoire relève
d'abord et avant tout du monde municipal. Je profite de l'occasion pour
répéter que le ministère de l'Environnement du
Québec n'ouvre pas un dossier d'agrandissement ou d'implantation
excusez d'un site d'enfouissement au Québec, tant et aussi
longtemps que les autorités municipales, le secrétaire
trésorier, n'a pas attesté que la demande de permis est conforme
à la réglementation municipale.
Donc, pour les gens qui nous écoutent, pour les populations
concernées sur le plan de l'aménagement de vos territoires de
votre région, les autorités municipales ont une
responsabilité qui est certaine et qui est là depuis 1980. Je
pense que c'est un geste que nous avons endossé, là, unanimement
à l'Assemblée nationale du Québec.
En ce qui concerne la gestion comme telle des déchets, une
responsabilité municipale, mais le monde municipal, dans plusieurs
régions, est allé plus loin. Il l'a assumée
complètement, c'est-à-dire qu'il est responsable de la collecte
des ordures, du transport des ordures et de la gestion du site d'enfouissement
sanitaire. Les trois quarts de nos sites d'enfouissement sanitaires sont
gérés par des autorités municipales au Québec.
Comment voulez-vous qu'un ministre de l'Environnement, qu'il soit
péquiste, Parti Égalité ou libéral, puisse imposer
d'autorité une solution à ces gouvernements? Moi, je
préfère plutôt travailler en collaboration en leur
indiquant quels sont les problèmes.
Et quels sont les problèmes auxquels nous sommes
confrontés de façon urgente au Québec présentement?
Je pense que c'est peut-être là qu'on a escamoté le
débat, ce matin. Présentement le ministère de
l'Environnement du Québec fait face à des demandes de permis
d'agrandissement ou d'établissement de sites d'enfouissement sanitaires
dans à peu près toutes les régions du Québec.
Le ministre de l'Environnement souhaiterait ou aurait souhaité
que toutes ces demandes ou une partie importante de ces demandes ou
qu'après avoir évalué ces demandes une à une, la
population, là où c'était requis, soit impliquée
sur le plan de l'analyse de la demande par le biais du Bureau d'audiences
publiques en matière environnementale.
Sur le plan juridique, nous avons éprouvé des
problèmes importants et nous continuons à travailler sur ces
problèmes. Mais nous avons besoin d'une solution sur le plan de
l'évaluation environnementale qui soit plus solide. Cette solution se
retrouve dans la loi 61.
J'invite Mme la députée de Taillon à travailler
constructivement, à en prendre connaissance et à exiger du
gouvernement, c'est ce que son collègue aurait fait, la mise en
application le plus rapidement possible de ces dispositions.
La problématique découle également du fait que le
ministère de l'Environnement est obligé d'accorder un permis
à un promoteur, le plus souvent le privé dans le cas qui nous
concerne, qui rencontre les fameux règlements, les fameuses normes de
1978, et, à mon humble opinion comme ministre de l'Environnement, ces
normes de 1978 n'offrent plus à nos citoyens et à nos concitoyens
des garanties satisfaisantes sur le plan de la protection de la nappe
phréatique, sur le plan de la protection de leur environnement. Nous
avons besoin de mesures législatives et de mesures réglementaires
pour répondre à cette problématique, mais ces mesures
législatives et réglementaires ne seront solides, ne seront
garantes d'un développement durable que si elles répondent le
plus possible aux aspirations des groupes écologiques, du front commun
écologique pour la gestion des déchets, que si elles
répondent à une collaboration indispensable du monde
municipal.
Si le monde municipal et je tiens à le souligner, je
profite de l'occasion pour le faire a donné son accord de
principe à une action gouvernementale hier soir sur les modalités
comme telles d'application, la table Québec-municipalités a pris
une décision sans précédent... Elle a décidé
de constituer un groupe d'intervention prioritaire où le chef de cabinet
de chacune des unions municipales et le plus haut fonctionnaire de chacune des
unions municipales vont travailler de façon continue avec les
représentants du ministre de l'Environnement et du ministre des Affaires
municipales sur le libellé d'un projet de loi, de façon à
ce que ce soit étan-che, accepté et rédigé par tous
les partenaires.
Si nous pouvons en arriver à un consensus
municipalités-ministère de l'Environnement dans les meilleurs
délais, je communiquerai dès que le consensus sera établi
à Mme la députée de Taillon le texte de ce libellé,
de façon à ce qu'elle puisse le faire analyser par les services
de recherche du Parti québécois. S'il y a des réserves
quant à l'adoption du projet de loi durant la présente session,
je n'ai pas l'intention de bousculer l'Assemblée nationale, nous
prendrons tout le temps pour le discuter. Mais, si vous jugez le texte
législatif suffisamment bien libellé, si vous jugez que ce texte
législatif rencontre la volonté des unions municipales, des
groupes écologiques et cîe l'ensemble de la population, qu'il va
dans le sens d'une meilleure gestion de nos déchets, j'implorerai comme
leader du gouvernement et comme ministre de l'Environnement votre consentement.
Je pense que nous sommes devant une situation qui est alarmante dans certains
cas et qu'il est notre devoir d'élus, autant sur la scène
municipale que sur la scène provinciale, de nous dépenser le plus
possible, mais constructivement, de ne pas nous dépenser dans des
querelles, dans des chicanes ou dans des débats qui sont inutiles de
façon à dire: Bon, bien, ce n'est pas de ta faute, c'est ma
faute, etc.
Je pense que nous sommes ici et que notre devoir d'élus nous
commande une attitude responsable et une attitude qui vise à mettre en
place des solutions viables sur le plan environnemental.
Je termine, M. le Président, en remerciant les unions municipales
qui ont tenu une réunion extraordinaire hier soir pour discuter de cet
important dossier et en leur disant que, comme ministre de l'Environnement, je
ne cesserai de les talonner, de me faire réinviter, de m'imposer, tant
et aussi longtemps qu'ensemble, comme partenaires de l'environnement, nous
n'aurons pas trouvé une solution satisfaisante à ce dossier
où nous avons tous des rôles déterminants à jouer.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Taillon, pour 10 minutes.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. D'entrée de
jeu, je rappellerai au ministre comme je l'ai fait, d'ailleurs, au moment
où l'on m'a confié ce dossier, qu'il aurait toujours ma
collaboration. Mais, pour avoir ma collaboration sur des questions aussi
fondamentales que le développement durable, que la protection de notre
environnement, il fallait partir sur des bases saines. La base la plus saine
sur laquelle on puisse ensemble décider de travailler, c'est d'avoir au
moins l'information pertinente aux enjeux auxquels on est confronté, M.
le Président. (12 heures)
J'ai posé une série de questions ce matin sur l'atteinte
des objectifs en matière de réduction de la masse des
déchets. J'ai posé des questions sur le contrôle des moyens
d'élimination. J'ai posé des questions sur l'inventaire des
déchets domestiques dangereux. Pas de réponse, M. le
Président, ou dans un an ou dans deux ans. Alors je
réitère cette volonté de travailler sans réserve
à la défense et à la promotion du développement
durable, M. le Président, mais encore faut-il que nous ayons, de ce
côté-ci de la Chambre, les outils utiles pour ce faire, M. le
Président.
Et ce matin, je suis fort déçue parce que je ne les
retrouve pas, parce que je n'ai pas réponse à mes questions, M.
le Président. Quand le ministre nous dit: Je ne
veux pas imposer de solution d'autorité, j'en conviens avec lui.
S'il est ici une personne qui croit à l'implication des citoyens, des
organismes, des institutions et, pour l'avoir fait dans le passé,
à maintes reprises, avoir associé les partenaires
impliqués dans les différents dossiers, dont j'ai eu la charge et
la responsabilité, j'en conviens avec lui, pas de solution
d'autorité. Elles ont souvent un effet inverse aux objectifs que l'on
poursuit.
Mais, à ce moment-là, il faudra que le ministre propose
des outils pour aider, pour soutenir, pour accompagner, que ce soit les
entreprises, que ce soit les municipalités, que ce soit les MRC, que ce
soit les groupes, que ce soit les institutions, M. le Président, sinon
pourquoi fixerait-il des objectifs auxquels il demande de contribuer, pour
lesquels il demande aux municipalités de contribuer? Qu'il ne fixe pas
d'objectif, à ce moment-là. Ou, s'il fixe des objectifs, qu'il
prenne les moyens pour les atteindre. Et je ne lui parle pas de moyens
autoritaires. Je lui parle de moyens qui sont des supports, des outils.
Même des organismes qui sont au service essentiellement de
l'environnement font état de cette nécessité. Collecte
sélective l'a mentionné au ministre. L'ensemble des institutions
ont besoin d'être soutenues dans leur travail, si on veut pouvoir
atteindre les objectifs que l'on s'est fixés, M. le Président; je
n'ai pas ce sentiment-là à entendre le ministre.
Deuxième élément majeur sur lequel je veux pouvoir
intervenir, c'est la nécessité pour le Québec de
procéder à une enquête publique, générale, en
ce qui concerne l'ensemble de la gestion des déchets. Le ministre nous a
dit, pendant son intervention: Je veux avoir la collaboration de l'Opposition
pour mettre en vigueur des règlements que j'ai prépubliés,
que j'ai publiés, etc., pour renouveler les règlements de 1978.
Il n'a pas attendu notre aide, à ce que je sache, ni notre appui pour
adopter la loi 61. Il a même suspendu les règles
générales et habituelles de l'Assemblée nationale pour
l'adopter.
Alors, s'il est si convaincu que cela que ces règlements sont
essentiels, sont utiles, doivent être mis en oeuvre, qu'il les applique.
À ce que je sache, il n'a pas attendu notre accord pour adopter un
certain nombre de lois, dont entre autres, la dernière, adoptée
en catastrophe à la fin de la session, M. le Président, alors
qu'il le fasse. Mais qu'il ne nous rende pas responsables de son incurie,
cependant, M. le Président.
Je reviens, maintenant, à cette question d'enquête sur la
gestion des déchets solides au Québec. Nous ne sommes pas seuls
à faire cette demande. Il y a le front commun pour une gestion
écologique des déchets, Action RE-buts, qui travaillent sur
l'ensemble du territoire de Montréal. Des organismes se sont
prononcés contre certains processus d'élimination des
déchets dont, entre autres, l'incinération, l'UPA, entre autres,
s'est prononcée pour demander que l'on instaure un moratoire sur la
question de l'incinération.
Le ministre a fait référence au fait que, moi-même,
j'avais des réserves majeures. Effectivement, je pense que cela demande
une étude approfondie, et je dis, à ce moment-ci, la position que
nous avons défendue dans mon parti, c'est que, effectivement, il y ait
moratoire sur l'incinération. Que nous refusions l'incinération
faute de données pertinentes, justes, adéquates, cette
enquête générique à laquelle on lui demande de
souscrire, à laquelle lui demande de souscrire le maire de
Montréal, qui nous permettrait de faire le point sur l'ensemble de la
situation, qui permettrait aux institutions qu'il souhaite tant supporter
et je suis d'accord avec lui qu'il puisse aider les
municipalités, les municipalités régionales de
comté, les entreprises qui ont de la bonne volonté, qui sont
prises avec un problème absolument immense, sans outils pour être
capables d'intervenir, que l'on puisse dégager, par cette enquête
publique qui pourrait sûrement se dérouler sur une période
relativement courte, mais évitant donc les ennuis que cela pourrait
causer à un certain nombre d'institutions. Que cette enquête soit
menée, qu'elle concerne les outils que l'on utilise pour
éliminer, mais surtout qu'elle étudie, qu'elle envisage, qu'elle
évalue toutes les formules de réduction à la source,
toutes les formules de recyclage, de réutilisation, tous les moyens
nécessaires pour faire qu'une collecte sélective soit efficace,
utile, qui permette que se dégage une meilleure qualité de vie
pour l'ensemble de nos concitoyens et de nos concitoyennes, mais surtout, qui
permette de prévoir l'avenir.
Ils étaient forts de l'autre côté de la Chambre pour
dire, pendant les campagnes électorales, qu'il fallait maîtriser
l'avenir. On voit où on en est actuellement. Des débats qui n'en
finissent plus, sur tout le territoire, du mécontentement, qui mettent
en opposition des municipalités qui tentent d'agir en toute bonne foi,
avec des comités de citoyens qui sont aussi de bonne foi, et qui,
malheureusement, à cause de l'absence d'une vision d'ensemble,
d'orientation claire, d'outils utiles pour agir, se retrouvent dans des
situations conflictuelles, M. le Président, qui ne sont absolument pas
souhaitables, si on croit que l'intérêt collectif est en cause, M.
le Président.
Je plaide donc pour que cette enquête puisse avoir lieu, que le
ministre réponde aux attentes du bureau de consultation de
Montréal, aux groupes écologiques. Qu'il réponde à
ce document de consultation qu'il aura la chance de consulter «La gestion
des déchets solides municipaux et la santé publique». C'est
un document qui vient à peine d'être rendu disponible aux groupes
et qui concerne toutes les questions de l'ensemble de la chaîne des
déchets et, éventuellement, de la gestion des ressources. Il
serait fort pertinent qu'il s'en inspire, parce qu'à peu près
toutes les cinq pages, sur un document qui en comprend 150, les
départements de santé communautaire qui sont responsables de la
santé publique, mentionnent et voyez les petits papiers jaunes
que j'ai mis autour du document mentionnent: «études
souhaitables», «études nécessaires»,
«nous n'avons pas les informations pour agir dans ce
sens-là».
Alors, je crois que le ministre devrait se rendre à ce qui
s'avère devenir unanimité au Québec, qu'il assume ses
responsabilités et d'abord qu'il réponde aux
questions qu'on lui pose. Deuxièmement, qu'il assume ses
responsabilités et qu'il procède à cette étude
générique qui lui est demandée, à cette
enquête qui va permettre que le Québec fasse des choix non
seulement à court terme, mais à moyen et long terme, qui vont
permettre qu'apparaisse au Québec un véritable
développement durable, que la qualité de vie de nos concitoyens
et de nos concitoyennes soit ainsi mieux préservée. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): Comme le mandat de la commission
qui était de procéder à l'interpellation de la
députée de Taillon concernant la question de la politique de
gestion des déchets solides a été réalisé,
le mandat a été accompli, je voudrais remercier les
députés de leur collaboration. Ça a été une
présidence facile ce matin. Et j'ajourne les travaux de la commission,
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 9)