Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures quarante-quatre minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements déclare sa séance
ouverte. Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 64, Loi modifiant la
Loi sur la Société québécoise d'assainissement des
eaux.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, Mme la Présidente.
Projet de loi 64
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, est-ce qu'il y a des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Brièvement, Mme la
Présidente. Compte tenu du fait qu'au moment de l'adoption du principe
l'ensemble des parlementaires se sont prononcés en faveur du principe du
projet de loi, je souhaiterais rappeler brièvement l'objectif de ce
projet de loi, qui est de créer une vice-présidence à la
Société québécoise d'assainissement des eaux pour
s'occuper du volet international.
Nous sommes tous conscients de l'action de la Société
québécoise d'assainissement des eaux au cours des 10
dernières années, au Québec, de l'expérience
qu'elle a acquise dans tout le domaine de l'eau. Nous sommes tous conscients
qu'il est souhaitable que cette expérience acquise à
l'intérieur, au Québec, puisse servir à l'extérieur
du Québec, tant d'un point de vue environnemental que d'un point de vue
économique. Je pense que, si on veut parler de grappes
environnementales, de marier l'économie et l'environnement, on a
là, comme parlementaires, la possibilité, sur le plan
législatif, de nous exécuter. Le projet de loi compte à
peine 6 articles.
Il y a un autre objet au projet de loi, c'est de faire en sorte que la
Société puisse continuer son oeuvre au-delà du 31
décembre 1993. On se souviendra - je pense que c'est il y a 2 ans -qu'on
avait, à ce moment-là, fixé la date du 31 décembre
1993. On donne désormais la possibilité à la
Société de poursuivre plus longtemps, parce qu'il est
évident que sa mission ne sera pas complétée, à ce
moment-là. C'était là le sens de mes remarques
préliminaires, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Oui, quelques mots, Mme la Présidente. Nous
avons l'intention de collaborer vivement à l'adoption des articles qui
sont contenus dans ce projet de loi. Nous aurons un amendement à
proposer...
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va faire
changement pour quelques semaines.
M. Lazure: ...à l'article 5, j'y reviendrai tantôt.
Bien, justement, j'expliquerai tantôt les raisons de l'amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan technique, si vous
pouviez nous le communiquer. Parfois, on peut...
M. Lazure: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...en l'ayant d'avance, le faire
analyser, et il peut être à la satisfaction...
M. Lazure: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Juste pour communication.
Merci.
M. Lazure: Bon, nous avons donc concouru, l'Opposition
officielle, au principe, et nous allons aussi, de toute évidence, voter
en faveur de l'adoption des articles à l'occasion de l'étude
article par article. Je voudrais juste dire deux mots. Un premier, la
Société peut très bien mettre à la disposition de
pays étrangers l'expertise qu'elle a accumulée. Nous pensons que
c'est tout à fait dans l'ordre de la vocation internationale du
Québec, et, à cet égard, on n'a aucune
réticence.
Je voudrais simplement faire remarquer qu'il y a encore beaucoup
à faire, cependant, au Québec. À part des deux
municipalités, Saint-Mathieu et Saint-Philippe, qui attendent
impatiemment que la Société complète les études et
toute la préparation des deux projets, il y a quand même,
sérieusement, peut-être encore environ un tiers de la population,
pas tout à fait un tiers de la population, au Québec, autour d'un
tiers de la population, grosso modo, dont les eaux usées ne sont pas
encore traitées.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut distinguer, là, si
vous me permettez la précision,
strictement. On a mentionné qu'il y avait 60 % de la population
qui était desservie par réseau, dont les eaux étaient
traitées. Il ne faut jamais oublier dans nos calculs ce qu'on appelle
les résidences isolées, qui sont régies par le
règlement que vous connaissez bien, Q-2, r. 8, etc., et,
également, les municipalités qui n'ont pas de réseau.
Ça fait que l'utilisation de nos statistiques doit être
guidée par la prudence dans ce domaine-là.
M. Lazure: Oui, oui, mais il reste encore un grand nombre de
municipalités...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
M. Lazure: ...où il est possible d'aménager
à la fois un système d'assainissement des eaux, qui n'a pas
besoin d'être l'usine de la CUM dans chaque cas, évidemment...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils n'ont pas tous Laval comme
voisin.
M. Lazure: C'est ça. Ah! Vous m'ouvrez une porte
là, si vous parlez de Laval. Donc, accélérons
l'opération pour compléter les réseaux, ici, au
Québec, avant de mettre trop de temps, trop d'énergie sur des
missions internationales. Mise en garde.
Deuxièmement, accélérons aussi la recherche et le
développement de technologies sur la gestion et la disposition des boues
usées des usines d'épuration. À ma connaissance, le
problème est toujours entier. Il y a une bonne partie des budgets des
usines d'épuration... J'ai souvent donné l'exemple, dans mon
comté, de l'usine d'épuration intermunicipale qui est
située à Sainte-Catherine-de-Laprairie. Elle dépense 40 %
de son budget pour disposer de ses boues usées, actuellement, les boues
d'épuration. Alors, ça, ce n'est pas normal. Il faudrait, que ce
soit par la valorisation à des fins agricoles ou d'autres, il faudrait
vraiment qu'on aille plus vite dans ce domaine pour soulager le fardeau fiscal
des municipalités et, en même temps, pour développer des
volets de l'industrie environnementale. (11 h 50)
Laval, c'est un problème quand même aigu. Ce n'est pas
parce que les médias n'en parlent plus que le problème n'est pas
présent. Dans l'esprit du ministre de l'Environnement, j'espère
qu'il y est, et il y est toujours dans l'esprit de la ministre de l'Energie, en
tout cas, et de l'Opposition. Il faudra que le ministre de l'Environnement ait
le courage de prendre une décision. Je comprends qu'il faut qu'il
s'assure de l'appui du Conseil des ministres pour ça. Ce n'est pas
facile, mais il faudrait le faire le plus tôt possible. Peut-être
qu'avec son nouveau poste de leader ses chances sont meilleures au Conseil des
ministres. Le rapport de force entre la ministre de l'Énergie et le
ministre de l'Environnement va peut-être être modifié un
peu, espérons-le en faveur du ministre de l'Environnement. Alors, on
peut donc escompter, dans les semaines qui viennent ou dans les quelques mois
qui viennent, une décision.
Nous, notre position est claire. Le ministre a badiné l'autre
jour en parlant de certains militants péquistes de la région de
Laval qui, selon lui, n'épouseraient pas la position de l'aile
parlementaire. Il est dans l'erreur. Il est dans l'erreur. L'aile parlementaire
est solide. À cet égard, nous pensons que le Québec ne
peut pas se payer le luxe de dépenser 60 000 000 $, 70 000 000 $, 80 000
000 $ inutilement en construisant une nouvelle usine d'épuration
à Laval, alors que l'usine de la CUM, avec certains aménagements,
pourrait très bien traiter ces eaux-là.
Bon, alors, en conclusion, nous offrons notre collaboration, et nous
pouvons procéder rapidement, sauf pour l'article 5. On! Une
dernière remarque, si vous permettez. J'ai fait allusion plus tôt,
il y a quelques jours, à l'impasse qui a été
créée suite à la décision du tribunal concernant
Laidlaw. Le ministre de l'Environnement a dit publiquement qu'il voulait
boucher ce trou juridique dans la Loi sur la qualité de l'environnement.
Nous sommes d'accord. Nous avons offert, le leader et moi... Nous avons dit au
ministre, il y a quelques jours, en tête à tête, que nous
étions favorables au vote d'un amendement à la Loi sur la
qualité de l'environnement, qui pourrait être greffé,
justement, à la loi 64. On sait qu'on peut greffer un amendement de
n'importe quelle loi à n'importe quel projet de loi. C'est possible.
Celui qui vous parle l'a déjà fait, et bien des ministres l'ont
fait dans le passé. Alors, si le ministre est sérieux quand il
dit qu'il veut corriger des lacunes dans la loi actuelle pour éviter
d'autres jugements du genre de celui qu'on a entendu la semaine passée
au sujet de Laidlaw, qu'il accepte l'offre de collaboration que nous lui
faisons. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Prairie. M. le ministre, des commentaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très
brièvement. Je prends note essentiellement - parce que, les autres
éléments, nous avions eu l'occasion d'en discuter au moment de
l'adoption du principe - que non seulement l'aile parlementaire du Parti
québécois, mais également un de ses candidats prestigieux,
défait - malheureusement ou heureusement, dépendant de quel
côté on se situe - aux dernières élections - et
compte tenu des responsabilités qui lui ont été
assignées par la suite, également, par le chef de l'Opposition -
M. Cliche, de Laval, serait favorable à ce que Laval soit reliée
à l'usine d'épuration de la Communauté urbaine de
Montréal. Moi,
je prends la parole du député de La Prairie à cet
égard. Le règlement m'y oblige, et, par gen-tilhommerie, je pense
que c'est la chose à faire.
L'autre élément, ce qu'on a appelé les amendements
Laidlaw, suite à une interprétation que la Cour du Québec
a faite d'une disposition de la Loi sur la qualité de l'environnement,
le député de La Prairie a fait l'offre, en compagnie du leader de
l'Opposition, de l'incorporer à la loi 64. Cette offre a même
été publiée, avant qu'elle ne soit faite officiellement,
samedi de la semaine dernière, dans le journal Le Devoir. J'ai eu
l'occasion d'en prendre connaissance. Je pense qu'il s'agit de modifications
à la loi qui sont importantes.
Maintenant, on regarde, sur le plan parlementaire, quelle est la
meilleure façon de faire. Il n'y a pas de solution idéale, Mme la
Présidente, mais, parmi les diverses solutions qui s'offrent au
gouvernement, quelle est celle qui se marie le mieux avec le règlement
de l'Assemblée nationale? Et je sais que, sur le fond, on a la
collaboration, sous réserve de lire, finalement, ou de prendre
connaissance du libellé, comme tel, des modifications, on pourra compter
sur la collaboration de l'Opposition.
M. Lazure: Si vous permettez, même par un autre
véhicule. Si la présentation d'un autre projet de loi
complètement indépendant était préférable,
on collaborera aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On évalue les
véhicules présentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Ceci étant
dit, j'appelle l'article 1. M. le ministre.
Étude détaillée
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
l'article 1: L'article 2 de la Loi sur le Société
québécoise d'assainissement des eaux est modifié par
l'addition, après le premier alinéa, du suivant: «La
Société peut également être désignée
sous le sigle "SQAE".»
Puis, ça permet de consacrer, je pense, un usage qui est devenu
courant au Québec.
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1 est
adopté. J'appelle l'article 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
L'article 18 de cette loi est modifié par l'addition, après le
paragraphe 6°, du suivant: «7° d'agir à l'extérieur
du Québec dans le domaine de l'eau, notamment en fournissant des biens
et des services reliés à l'expérience qu'elle a acquise au
Québec, en faisant la promotion de ces biens et de ces services et en
favorisant le développement du potentiel technologique et industriel du
Québec dans ce domaine.»
Il s'agit du coeur, finalement, du projet de loi. L'implication de la
Société sur le plan international sera essentiellement
axée sur l'appui à donner aux entreprises de biens et services du
Québec formant ce qu'on appelle l'industrie de l'eau, ainsi que sur les
relations avec des organisations internationales susceptibles de favoriser des
retombées économiques à court et à long terme pour
ces entreprises.
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 est
adopté. J'appelle l'article 3.
M. Lazure: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de l'aspect financier du
projet de loi: «Dans la réalisation des objets visés au
paragraphe 7° [...] la Société ne peut, sans l'autorisation
du gouvernement, prendre des engagements financiers au-delà des limites
ou contrairement aux modalités déterminées par le
gouvernement.»
Il s'agit de la clause type de toutes ces sociétés
d'État. Il faut que le gouvernement, sur le plan financier...
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 4
est adopté. J'appelle l'article 5.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que l'Opposition a un
amendement.
M. Lazure: Oui. Mme la Présidente, l'amendement que nous
proposons...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
voulez le déposer, s'il vous plaît?
M. Lazure: Oui, je dépose l'amendement, et je lis
l'amendement, si vous permettez.
L'article 5 du projet de loi 64, Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'assainissement des eaux, est
modifié par le remplacement des mots «lequel peut toutefois avant
toute date ainsi fixée, en fixer une autre qui lui est
postérieure» par les mots «laquelle ne peut être
postérieure au 31 décembre 1995».
Je pense que le ministre a compris l'esprit de l'amendement. Je
vois qu'il opine du bonnet. Il hoche la tête, il semble d'accord. S'il
est
d'accord, on ne fera pas de débat là-dessus.
C'est simplement pour nous donner l'occasion, dans deux ans, ou dans
trois ans même - décembre 1995, dans trois ans - de revenir, vu
l'importance du sujet, à une discussion en commission parlementaire ou
à l'Assemblée nationale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excellente suggestion, Mme la
Présidente. Nous sommes en faveur.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
M. Lazure: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous donner
une autre copie au secrétaire, s'il vous plaît?
M. Lazure: Une autre copie, bien sûr. Voilà!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
5, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
6. Est-ce que l'article 6 est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de l'entrée en
vigueur du projet de loi, qui, suivant le libellé, entrera en vigueur au
moment de la sanction par le lieutenant-gouverneur.
M. Lazure: Bien oui! C'est une première, quasiment. Alors,
on va souligner ça, parce que le ministre n'a pas l'habitude de faire
entrer ses projets de loi à une date précise et puis, je dirais,
hâtive. Il a plutôt l'habitude contraire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Prudence.
M. Lazure: L'habitude de laisser le temps passer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Faire son oeuvre.
M. Lazure: ...faire son oeuvre. Il est un disciple de l'adage: Le
temps se venge de ce qu'on fait sans lui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais le temps ne respecte pas ce
que l'on fait sans lui, également.
M. Lazure: II se venge. Il nous retrouve au détour. Bon,
Mme la Présidente, sérieusement, je pense que c'est une bonne
idée de le faire entrer en vigueur le plus tôt possible, ce projet
de loi là.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 6
est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
M. Lazure: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le titre
du projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'ensemble
du projet de loi, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
remarques finales? (12 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sous réserve des
informations qui avaient été demandées par le
député de La Prairie, en tout début.
M. Lazure: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons procédé
rapidement. Je ne voudrais pas que ça le prive d'obtenir...
M. Lazure: Cet après-midi. Cet après-midi ou
demain.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...l'information qu'il a
requise.
M. Lazure: Avant la fin de la session. Avant la fin, d'ici
vendredi. Merci.
M. Morin: Ça se trouve à être une belle
bouffée d'air frais pour la présidente, en prévision de la
prochaine commission...
La Présidente (Mme Bélanger): Une très
bonne!
M. Lazure: Ah oui! Ha, ha, ha!
M. Morin: ...sur le projet de loi 57, hein!
La Présidente (Mme Bélanger): Parce que, depuis 15
jours, ce n'est pas si agréable que ça de présider!
M. Morin: C'est presque de l'excès de vitesse, ce qu'on
vient de faire là, par rapport à ce qu'on fait ailleurs.
M. Lazure: Là, vous nous appréciez.
la présidente (Mme Bélanger): je vous
apprécie énormément, et je trouve que c'est un travail
très sérieux. un instant! m. le député de saguenay.
c'est quoi la date?
Une voix: Quand le député de Dubuc n'intervient
pas...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît!
Une voix: Ce n'est pas le cas.
La Présidente (Mme Bélanger): Le
député de Saguenay.
M. Maltais: Étant donné qu'on a fini beaucoup avant
notre temps, est-ce que je pourrais faire une motion pour qu'on commence le
projet de loi 61 immédiatement, jusqu'à 13 heures?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est quoi la
date?
Le Secrétaire: Aujourd'hui? C'est le 16.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
de l'aménagement et des équipements, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 16 h 3)
Le Président (M. Gauvin): Attention, s'il vous
plaît, aux membres de la commission. Je déclare la séance
de la commission de l'aménagement et des équipements ouverte.
J'aimerais rappeler le mandat de la commission, qui est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 57, Loi sur la
voirie et modifiant diverses dispositions législatives.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par M. Baril (Arthabaska).
Projet de loi 57 Organisation des travaux
Le Président (M. Gauvin): Merci. Maintenant, étant
donné que le critique officiel de l'Opposition dans le secteur
transports, secteur voirie est retenu en Chambre pour tout près d'une
heure, je vous propose d'ajourner nos travaux pour au moins une heure et
j'inviterais les membres de la commission à suivre les débats de
l'Assemblée nationale, du salon bleu, pour reve- nir, autant que
possible, vers les 17 heures, pour qu'on puisse reprendre.
M. Morin: Mais il n'est pas défendu de préparer les
amendements quand même...
Le Président (M. Gauvin): C'est de votre... M. Morin:
...en attendant, je veux dire.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Dubuc, c'est de votre initiative.
M. Morin: Ah! O.K.
Le Président (M. Gauvin): Donc, la commission
suspend...
M. Middlemiss: Vos suggestions, là...
Le Président (M. Gauvin): Excusez.
M. Middlemiss: Vous ne nous suggérez pas de
nécessairement aller écouter ce qui se passe à
l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Gauvin): C'est à dire que j'invite
les membres de la commission à suivre les travaux de l'Assemblée
nationale pour revenir dès la fin de l'intervention du critique
officiel, pour qu'on puisse reprendre nos travaux. La commission ajourne ses
travaux, suspend, c'est-à-dire.
(Suspension de la séance à 16 h 5)
(Reprise à 17 h 19)
Le Président (M. Gauvin): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux pour
l'étude du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses
dispositions législatives.
Au moment de l'ajournement de nos travaux, on en était à
l'article 30. À ce moment-là, M. le député de
Lévis avait 5 minutes et 16 secondes écoulées sur le temps
qui lui était alloué.
M. Garon: Quel projet de loi? Quel article? Pas le projet de loi,
mais quel article?
M. Middlemiss: Le projet de loi 57, l'article 30.
M. Garon: M. le Président, c'est à vous que je pose
la question.
Le Président (M. Gauvin): Le projet de loi 57.
M. Garon: Non, non, 57, je le sais. Mais quel article?
Le Président (M. Gauvin): L'article 30.
Exonération de responsabilité
(suite)
M. Garon: Je voudrais poser une question au ministre. Il nous a
dit, hier, qu'il avait écrit au Protecteur du citoyen. Est-ce qu'il est
possible d'avoir une copie de sa lettre? (17 h 20)
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Middlemiss: Oui, Mme la Présidente. Moi, je n'ai aucune
objection à donner une copie de la lettre, mais ça va donner
quoi? Vous allez la lire, oui, et vous allez continuer encore à dire
qu'on ne rencontre pas les exigences de M. Jacoby, qu'il soit d'accord ou non
avec ce qu'on veut faire. Vous allez continuer quand même à vous
objecter, sauf que, si vous croyez que ça va faire avancer le
débat, si j'ai un engagement de votre part qu'on va faire avancer le
débat avec cette lettre-là, je vais certainement la
déposer. Je vais tout faire, moi, pour faire avancer le débat et
faire accepter le plus tôt possible le projet de loi. Est-ce que vous
vous engagez à faire avancer le débat?
M. Garon: Non, mais on avance. D'ailleurs, on a avancé
depuis hier. Seulement, ce que je veux dire... Le Protecteur du citoyen a fait
des remarques concernant un certain nombre d'articles, pas sur tous les
articles. Alors, c'est évident que je vais soulever les points qu'il a
fait valoir. Il a fait valoir des points sur les articles 15, 17, 22 à
24, le chapitre III, 28, 29, 30...
M. Middlemiss: Dans le moment, Mme la Présidente, je n'ai
aucune objection, sauf que...
M. Garon: .31.
M. Middlemiss: Regardez, on a voulu commencer avec 28, 29. On a
suspendu 29 parce qu'on n'avait pas fait 19. Maintenant, le
député voudrait avoir des commentaires sur les autres articles.
Moi, je suis bien prêt, si on veut commencer, à retourner à
l'article 1. Commencer à l'article 1, puis on va filer à partir
de 1 en s'en venant. Je vais vous donner la lettre et là, au fur et
à mesure qu'on va arriver aux articles qui ont été
touchés par M. Jacoby... Sans ça, on part de l'article 30, on va
aller à 59, 63.
M. Garon: Je vais vous dire, Mme la Présidente, pourquoi
on a voulu commencer de cette façon-là. C'est parce que c'est la
section sur laquelle on avait le plus de représentations de type
juridique. Quand on fait un projet de loi, on ne sait pas combien de temps
ça va durer. À ce moment-là, la principale remarque, quand
vous regardez le Protecteur du citoyen, c'est des articles qui concernent la
responsabilité. Sur ses cinq pages de commentaires, je pense qu'il y en
a quatre sur des articles concernant la responsabilité. Au fond, on a
commencé par l'aspect qui était le plus technique, où il y
avait quatre pages sur cinq du Protecteur du citoyen.
Moi, je suis un de ceux qui croient beaucoup à la fonction du
Protecteur du citoyen...
M. Middlemiss: Moi aussi.
M. Garon: ...parce que je pense que, souvent, il a plus
d'expérience que nous dans l'interprétation des lois, des cas
d'administration, et tout ça. Alors, je comprends que les fonctionnaires
ont une perspective, mais lui en a une autre du bord du citoyen. Alors, il y a
cinq pages de remarques. J'ai demandé de commencer par les articles
où il avait fait des remarques principalement. Il y a quatre pages sur
cinq de remarques qui concernent la responsabilité. Moi, j'ai
pensé que c'était le plus important. C'est les articles 28, 29,
30 et 31. C'est là qu'il y a le plus de remarques. On en a vu un.
L'autre, 29, les députés ont dit: C'est parce qu'il suppose
l'adoption de l'article 19. On ne sait pas - parce que vous n'avez pas voulu
déposer vos amendements - si vous allez avoir des amendements sur
l'article 19 ou d'autres articles. On n'a aucune idée des amendements
qu'on va avoir. On ne sait pas s'il va y en avoir plusieurs ou pas beaucoup, un
par article, on ne le sait pas, on n'a aucune idée.
Alors, c'est uniquement dans ce sens-là que les
députés ont fait des remarques. Ils ont dit: Les discussions qui
ont été faites ne seront pas recommencées concernant
l'article 29. Il y a eu des discussions, il y a des choses qui ont
été dites, puis il y a des députés qui ont dit:
Maintenant, avant d'adopter cet article-là, on voudrait que 19 soit
adopté. On fait souvent ça quand on veut faire les études
d'articles. Moi, souvent, j'ai laissé des articles en suspens, on
revient après et on les vote. Ça va beaucoup plus rapidement.
M. Middlemiss: Sauf qu'on avait suggéré, Mme la
Présidente, que, vu que c'était l'article 19... J'avais
suggéré de retourner à 19, d'adopter 19. S'il y avait eu
un amendement, on l'aurait présenté, on aurait adopté 19
et on aurait pu adopter 29. Après ça, on aurait fini 30, 31; on
aurait fini le chapitre III. On va à 59, 63, puis, après
ça, on revient à 1. Là, dans le moment, on a passé
28; 29 est en suspens, puis on est en train de discuter de 30. Le
député de Lévis veut avoir les amendements; il veut avoir
la lettre, la réponse que j'ai envoyée au Protecteur du citoyen.
Moi, je suis bien prêt à déposer tous les
amendements, la lettre, mais on va s'engager à faire du travail
construct"*. On va finir 30, 31, on va faire 59 et 63, puis on va retourner
à 1. Si j'ai cet engagement-là de la part des gens, moi, je suis
bien prêt.
M. Garon: On a voté, en commission parlementaire, de voir
le chapitre III. Le chapitre III, c'est les articles 28, 29, 30 et 31. C'est
ça, le chapitre III.
M. Middlemiss: C'est ça que je dis.
M. Garon: Après ça, 59 et 63, puis on revient
à 1.
M. Middlemiss: Non, ce n'était pas dit qu'on revenait
à 1.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'était pas
spécifié dans la motion.
M. Middlemiss: Ce n'était pas spécifié dans
la motion.
M. Garon: Bien, la motion, elle disait quoi? Devoir 1...
La Présidente (Mme Bélanger): Elle disait: Chapitre
III.
M. Garon: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Ensuite, les articles
59, 63.
M. Garon: L'article 59, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Puis, à part
de ça, il n'y avait rien de spécifié. Alors,
c'était les membres de la commission qui décidaient comment on
procédait pour le reste de l'étude.
M. Garon: Moi, je ne peux pas préjuger de ce que la
commission veut faire. Mais, moi, dans mon esprit, je vous le dis comme je le
pense, je pensais que c'était...
La Présidente (Mme Bélanger): Normalement, on
devrait revenir à l'article 1.
M. Garon: À l'article 1. C'est à ça que je
pensais dans mon esprit, à moins qu'il n'arrive d'autres débats
en cours de route, que des gens pensent à d'autre chose. Mais, moi, dans
mon esprit, on retournait à 1 après. Pourquoi, au fond? C'est
parce que...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est vous le
porte-parole, c'est vous qui dirigez un peu.
M. Garon: Je ne suis pas si directif que ça.
J'ai une réputation d'être beaucoup plus directif que je ne
le suis. Je vous le dis bien franchement, j'aime bien mieux me voir comme
quelqu'un qui fait des consensus que comme quelqu'un qui essaie de diriger. Ce
n'est pas pour rien que j'ai fait 19 conférences
socio-économiques sur 40, que l'ancien gouvernement avait faites, puis
que mes projets de loi - j'en ai fait à peu près 60 - s'il n'y
avait pas un consensus... Je pense qu'ils ont dû être votés
à l'unanimité dans à peu près 95 % des cas, sauf le
zonage agricole, mais ça, il y avait une question de philosophie. Pour
le reste, je pense que vous n'allez pas trouver beaucoup de lois qui n'ont pas
été votées à l'unanimité. Pourquoi? Parce
que j'ai toujours pensé que la façon de diriger, ce
n'était pas de forcer, c'était de faire un consensus, que tout le
monde voulait ce que vous faisiez. J'ai toujours pensé que
c'était la meilleure façon.
Maintenant, là-dedans, qu'est-ce que vous voulez? On vient
d'avoir un communiqué qui vient de sortir, par exemple, du Syndicat des
fonctionnaires, qui demande au gouvernement de reporter l'adoption du projet de
loi 57 sur le transfert de la voirie aux municipalités. On se rencontre,
il y a des gens qui nous parlent dans les municipalités, puis même
dans les organismes. Des fois, les gens ne veulent pas toujours être
identifiés, mais ils nous disent à quel point ça
représente des difficultés. C'est un très gros projet de
loi, et c'est des très gros changements que le ministre apporte, puis il
y a beaucoup d'insécurité.
Moi, je lui ai donné un exemple concret quand je lui ai
parlé de Pintendre. C'était un peu mon test par rapport au
ministre, quand je lui ai parlé de la voie de Pintendre, la route des
îles. Je sais, par exemple... Rien que pour lui donner un exemple. Quand
il disait: La municipalité assumera ça, je vais vous donner un
exemple concret, rien qu'un exemple concret pour voir l'implication. Vous allez
comprendre mon raisonnement, parce qu'il y en a, je suis persuadé, qui
disent: Le seul rôle du député de Lévis,
actuellement, c'est de prendre son temps. Moi, je vais vous dire...
Prenons le cas de Pintendre. Il y a, entre Lévis et Saint'Henri,
qui va vers Dorchester, une route qui passe dans mon comté, qui
s'appelle la route Kennedy. C'est une route à deux voies. Il y a
plusieurs années, il y a 30 ans, le gouvernement a fait l'autoroute de
la Beauce qui mène au pont de Québec. Malgré l'autoroute
de la Beauce, il passe sur Kennedy deux fois plus, presque deux fois et demie
plus d'automobiles que sur l'autoroute de la Beauce. On a encore deux voies.
C'est rendu à 20 000 automobiles qui passent là. Parce qu'il y a
20 000 automobiles, parce que vous êtes pare-chocs à pare-chocs,
les gens prennent la route des îles, sauf que la route des Iles, c'est
une route qui longe une rivière dans Pintendre, qui est très
longue, parce que tout Pintendre, c'est un village d'une grande super-
ficie. Ils prennent ça. La route est défaite, et elle est
maganée par des automobiles qui ne sont pas des gens de là. il y
a 40 maisons le long de cette route-là qui est très longue. Ils
disent: On ne devrait pas prendre ça, parce qu'il y a un trafic... Ils
n'ont pas cru les chiffres du ministère, puis ils ont engagé des
gens pour faire compter les automobiles qui passent. Ils se sont rendus compte
qu'il passait - toutes les sorties, tout a été
calculé...
J'ai écrit au ministre. Je lui ai dit que les gens disent: On va
assumer une route qui ne sert pas du tout à nous autres, qui n'est pas
une route locale, qui n'est pas une route pour nos résidents. Ils
prennent ça parce que le surplus de Kennedy... parce que c'est trop long
de passer sur Kennedy. Il a dit: Non, vous la gardez.
Là, je vois, dans le projet de loi, maintenant, qu'il va y avoir
des péages. Je le sais. Moi, je pense que les gens... Si j'étais
la municipalité, je dirais: O.K., donnez-moi des droits de péage
sur cette route, puis je ferais payer à chaque bord les gens qui vont
passer sur la route des îles, puis je donnerais des vignettes à
ceux qui restent sur la route des îles, comme quoi ils ne paient pas. Il
faut dire que... Est-ce que c'est vers ça qu'on s'en va? Pourquoi des
résidents, qui restent le long d'une rue, au fond, qui n'est pas une
route, qui est une rue, qui est devenue une route parce que le gouvernement n'a
pas élargi les routes aux bons endroits, quand c'était le
temps...
Alors, il y a des conséquences considérables à ce
projet de loi là. Moi, je prends un exemple vécu, là, que
je connais très bien, que je suis allé voir sur place. C'est pour
ça que je dis au ministre qu'il y a beaucoup d'implications dans sa loi.
Et je regarde comment il raisonne. On ne sait pas quel est le but du
gouvernement. Il n'y a pas de pouvoirs réglementaires beaucoup dans
cette loi-là. C'est surtout des pouvoirs de décret, tandis que,
s'il y avait des règlements, après ça, le décret,
ce serait l'exécution d'un règlement, d'une politique
générale. On ne sait pas du tout comment ça va marcher,
quels vont être les critères. Il n'y a même plus de routes
numérotées là-dedans, en ordre hiérarchique, avec
la loi. Il n'y a même plus de hiérarchie dans les routes, assez
que, même aujourd'hui, il y a des gens qui me disaient, croyez-le ou non,
que des autoroutes pourraient devenir des parties d'autoroute - c'est possible
par la loi - sous la responsabilité des municipalités.
On s'en va où, là? Il n'y a plus personne qui le sait,
même dans i'UMQ et même dans l'UMRCQ. Ça ne veut pas dire
que, parce que les gens sont proches du gouvernement, ils parlent avec toute la
force qu'ils devraient parler. Il y a des gens qui sont trop silencieux parce
que, pour des amitiés particulières... Je ne parle pas de
ça dans le mauvais terme. Une amitié particulière, pas
dans le sens d'un roman qui a été écrit là-dessus,
là. Je parle... Non, mais... Excep- té que ça pose...
C'est une grosse loi qui inquiète beaucoup les gens. Qu'est-ce qui va
arriver? (17 h 30)
Deuxièmement, je vais vous dire une chose. Je ne suis pas
intéressé à ce que vous fassiez une mauvaise loi, et je
vais vous dire pourquoi. Si les sondages continuent, il y a des chances que le
gouvernement change dans un an et demi, deux ans. Je n'aimerais pas qu'on
administre une loi mal faite, qu'on soit poigne avec. Je n'aimerais pas
ça. Moi, je ne fais pas partie des gens qui souhaitent...
M. Middlemiss: Vous aviez une chance de la bonifier et vous avez
manqué le train.
M. Garon: Pardon?
M. Middlemiss: Vous n'avez pas embarqué dans le wagon.
Ça fait 20 heures qu'on veut le faire. Si on avait...
M. Garon: Bien oui, mais on a demandé d'entendre des gens.
Si vous aviez demandé, ça aurait été bien plus
facile...
M. Middlemiss: Non.
M. Garon: Moi, je suis conscient que des gens que vous
interrogez... Je vais vous dire une chose. Il est toujours mieux quand les
débats se font publiquement, parce que les gens qui vous parlent dans
l'oreille, tout seuls, ce n'est pas la même chose que les gens qui
parlent publiquement, parce que, quand ce que vous dites, vous le dites
publiquement - je suis content ou je ne suis pas content... Si quelqu'un me dit
publiquement: Je suis content, j'assume qu'il est content. S'il dit
publiquement: Je ne suis pas content, j'assume qu'il n'est pas content.
Pourquoi? Parce qu'il est supposé supporter l'opinion publique qu'il
donne.
M. Middlemiss: Bien oui, mais qui l'a dit?
M. Garon: Non, mais vous refusez de les entendre. Vous refusez de
les entendre. Hier, vous disiez... Dans un projet de loi, hier, sur le taxi, le
ministre m'a dit: Je n'ai pas de raison de croire que ce n'est pas vrai. Il m'a
dit: Tout le monde est pour ça. Alors, moi, j'explique le projet de loi
à la télévision. Pendant une heure, j'explique le projet
de loi. Au bout d'une heure, les fax rentrent, les téléphones
rentrent: Ça, on ne veut rien savoir de cette loi-là. Là,
j'ai dit au ministre, ce matin: Vous m'aviez dit que tout le monde était
pour ça. Bien, il a dit: On va faire des changements.
Ces débats-là ne sont pas inutiles. Il faut arrêter
de penser que ces débats-là sont inutiles. Un parti politique qui
retarde des lois que le monde veut avoir se nuit politiquement. Un parti
politique n'a aucun intérêt à retarder l'adoption
de lois qui sont vraiment souhaitées par la population, aucun
intérêt. Au contraire, c'est de les adopter le plus vite possible,
que le monde ne leur donne pas le crédit de leurs lois.
Alors, pensez-vous que cette loi est bien souhaitée? La loi est
souhaitée, puis on vous retarde de même? On vous rend service,
à ce moment-là, politiquement. Sauf qu'on sait que cette
loi-là pose beaucoup d'inquiétude. On demande des clarifications,
puis on aimerait mieux que les gens viennent le dire eux-mêmes, de vive
voix, pour qu'on puisse leur poser des questions. Puis, après ça,
on n'est pas masochistes. Vous savez, l'organisme, s'il dit: Nous autres, on
est contents, on veut les avoir telles quelles, les routes, puis on veut les
prendre telles quelles, il n'y a pas de problème, on va dire: Bon, les
municipalités veulent les prendre telles quelles. Vous allez voir qu'on
va passer vite.
Si l'UMRCQ vient nous dire: On veut avoir ça tel quel, il n'y a
aucun problème là-dedans, vous allez voir qu'on va passer vite.
Si les fonctionnaires nous disent: II n'y a pas de problème... Vous ne
voulez pas les entendre.
Le Protecteur du citoyen, moi, je n'avais pas prévu ça. Je
ne savais même pas qu'il faisait son rapport annuel, hier. Je ne le
savais même pas. Il fait son rapport annuel. À peu près un
des organismes contre lequel on a le plus de plaintes, c'est la
Société de l'assurance automobile du Québec.
M. Middlemiss: Ah oui! Ce n'est pas nous autres, ça.
M. Garon: Mais non, mais c'est la même poutine. Alors,
c'est dans ce sens-là. Moi, quand je vous dis... Je ne veux pas
prendre... Il faut que vous présumiez - je sais que vous ne
présumez pas - qu'on est de bonne foi. Si on pensait... On pense que ce
projet de loi là pose beaucoup de problèmes, c'est pour ça
qu'on pose des questions, puis qu'on pose beaucoup d'interrogations. Mais j'ai
constaté aussi - je ne suis pas fou - qu'à l'article 28, vous
avez fait un amendement qui améliore le projet de loi, qui
l'améliore. Il n'est pas aussi bon que j'aurais aimé qu'il le
soit, mais il est amélioré par rapport à ce qu'il
était.
Vous avez présenté un autre amendement, à 29, qui
l'améliore. Il n'est pas aussi bon qu'on aurait voulu qu'il soit, mais
il est moins pire. Voyez-vous, Mme la Présidente, pourquoi...
M. Middlemiss: Mais imaginez-vous donc si on avait
commencé il y a 20 heures passées...
M. Garon: Mais, moi, je vais vous dire une chose. Je suis
persuadé que les représentations du Protecteur du citoyen ont
joué un rôle. Je suis convaincu de ça, parce que, quand on
fait un projet de loi, on ne peut pas penser à tout.
Moi, je ne présume pas, mais il y a des fois... Je me rappellerai
toujours, moi, le fonctionnaire» qui avait voulu, une fois, que je mette
dans une loi une disposition pour m'éviter de passer au Trésor.
J'avais dit: Pourquoi? Bien, H avait «Ht: Vous avez des problèmes,
des fois, au Trésor. J'ai dit: Oui, mais pourquoi j'éviterais le
Trésor? J'ai dit: Si on est en train de faire une gaffe et qu'on ne la
voit pas, ça ne me fait rien quH me le dise. Ça ne me fait rien
d'aHer au Trésor. Si mon projet est bon, moi, je calcule que je vais me
battre et que je vais le passer. Mais je ne veux pas éviter le
Trésor. J'ai dit: C'est quelqu'un qui va essayer de critiquer mon
attain», puis, si elle n'est pas bonne, mon affaire, ça ne me
dérange pas. Mais je savais bien, en même temps, que le
fonctionnaire qui voulait m'éviter le Trésor, il voulait
s'éviter, lui, d'y aller aussi. C'était lui qui pouvait
répondre aux questions du Trésor aussi. Alors, je n'étais
pas fou. Je savais ça aussi. Ha, ha, ha!
Alors, vous savez, là-dedans, quand on soumet nos affaires
à l'opinion publique, quand l'opinion publique vous dit: On aime
ça, on est heureux avec ça, puis on veut ça, quel parti
d'Opposition va vous dire: Non, vous ne l'aurez pas? Voyons donc! C'est pour
ça que j'essaie de vous convaincre, mais je sais que j'ai de la
difficulté.
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
M. Garon: C'est pour ça que, quand je vous demande la
lettre au Protecteur du citoyen...
M. Middlemiss: Oui, oui.
M. Garon: ...bon, c'est pour voir vos arguments. J'ai vu ce que
le Protecteur du citoyen a dit, puis on verrait les autres, les vôtres.
Ou bien les vôtres sont convaincants ou ils ne le sont pas, mais quand
vous dites... Si vous me dites: J'aime autant ne pas vous donner la lettre,
moi, je présume immédiatement que c'est parce que vos arguments
ne sont pas bons.
M. Middlemiss: Non, non, ce n'est pas ça.
M. Garon: Ils ne sont pas convaincants.
M. Middlemiss: Non.
M. Garon: Vous avez... En tout cas, vous n'avez pas
confiance.
M. Middlemiss: Non, ce n'est pas ça, non plus.
M. Garon: Bien, si vous avez confiance...
M. Middlemiss: Mme la Présidente, j'ai donné le
cahier du ministre la semaine dernière...
M. Garon: C'est vrai.
M. Middlemiss: ...à tous les gens de l'Opposition pour
qu'ils puissent réellement regarder les raisons, les commentaires, le
texte actuel et le texte proposé. Ça nous a donné quoi?
Ça a été fart dans un geste de coopération.
Ça nous a donné quoi?
M. Garon: II y a des questions qu'on ne vous a pas posées
à cause de ça.
M. Middlemiss: Je pense qu'ils n'ont même pas pris la peine
de lire ça.
M. Garon: Oui.
M. Middlemiss: Le député de Lévis, depuis
qu'on a commencé, la seule chose à laquelle il pense, c'est le
Protecteur du citoyen.
M. Garon: Oui.
M. Middlemiss: Ça fait deux, trois fois qu'il lit la
lettre. Tout le monde aussi. Le député de Duplessis est venu hier
soir. Lui aussi, il a lu toutes ces choses-là. Heureusement pour
l'Opposition que M. Jacoby a préparé un texte, une lettre,
ça leur a donné quelque chose pour parlementer ici. Mais, Mme la
Présidente, je suis prêt, moi, à déposer la lettre
après qu'on aura fini les articles 30 et 31, parce que les autres, c'est
les articles 15 et ainsi de suite. Je vais vous lire ce que j'ai pour 30 et 31.
Lorsqu'on aura passé ceux-là et qu'on aura commencé 1, je
vais vous donner toute la lettre, puisque vous voulez avoir les commentaires,
au fur et à mesure qu'on va arriver à l'article 15, à
l'article 17, aux articles 22 à 24. Je suis bien prêt à le
faire. Qu'on finisse 30, 31, 59 et 63.
Je vais vous lire ce que j'ai pour 30 dans la lettre que j'ai
écrite à M. Jacoby, pour les articles 30 et 31:
«L'exonération prévue à ces deux articles n'est pas
une exonération absolue. Elle n'exonère le ministre que dans des
cas de faute simple. Par conséquent, toute démonstration d'une
faute lourde ou d'une négligence grossière des employés ou
mandataires du ministre des Transports ou d'un employé municipal - par
exemple, une faute grossière qui aurait pour conséquence des
dommages causés à la suite de l'épandage d'un abrasif non
conforme aux normes - pourra être reçue.» C'est
ça.
M. Garon: Pourquoi le citoyen paierait pour une faute simple du
ministère, que ça prendrait juste une faute lourde?
M. Middlemiss: Dans le cas d'une faute simple... Regardez, c'est
que ça correspond au Code civil. À ce moment-là, pour une
simple, le citoyen, par l'entremise de ses assurances, peut réclamer de
ses assurances. L'assurance, toute- fois, pourrait réclamer, elle, du
ministère. Elle pourrait tenter de réclamer du ministère,
mais le citoyen, c'est pour ça qu'il a de l'assurance. Nous autres,
c'est le Code civil, le nouveau Code civil qui l'indique de cette
façon-là. Je peux vous lire l'article, l'article 1474: «Une
personne ne peut exclure ou limiter sa responsabilité pour le
préjudice matériel causé à autrui par une faute
intentionnelle ou une faute lourde; la faute lourde est celle qui dénote
une insouciance, une imprudence ou une négligence grossières.
«Elle ne peut aucunement exclure ou limiter sa responsabilité pour
le préjudice corporel ou moral causé à autrui.»
C'est ça.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va pour l'article 30, M. le député de Lévis?
M. Morin: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a du
renfort?
M. Morin: Non, Mme la Présidente, mais le grand...
M. Garon: Non, mais c'est des maires. Ce sont des maires. Moi,
j'aime beaucoup être accompagné du député de Dubuc,
du député de Jonquière et du député
d'Arthabaska, parce que tous les trois ont été maires. Alors, ils
ont la position du gouvernement et la position de maires aussi, qui avaient des
administrés, d'autres genres d'administrés, comme maires. J'aime
beaucoup leur éclairage. Moi, je n'ai jamais été maire.
Moi, j'étais fils de maire. Mon père était maire, mais,
moi, je n'étais pas maire.
Une voix: Puis votre mère était mère.
M. Garon: Ma mère était mère aussi!
Une voix: II y en a ici, des maires, aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): II y en a trois
maires de l'autre bord.
M. Garon: Ils ne parlent pas.
M. Morin: Alors, Mme la Présidente, comme vous
dites...
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais vous faire
remarquer, M. le député de Lévis, qu'il y a trois maires
de l'autre bord, aussi.
M. Garon: Qui?
La Présidente (Mme Bélanger): Même un
préfet. Vous pouvez y aller.
(Consultation)
M. Morin: C'est du renfort au ministre. (17 h 40)
Mme Pelchat: Mme la Présidente, avant de donner la parole
au député de Dubuc, M. le ministre a fait une suggestion au
député de Lévis quant aux articles 30 et 31 et au
dépôt de la lettre du Protecteur. Est-ce qu'on peut
connaître la réponse du critique?
M. Garon: II a dit qu'il me la donnerait après qu'on
aurait fini les articles 30 et 31.
M. Middlemiss: Oui, pour les articles qu'on va aborder.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais là, j'ai
demandé...
M. Middlemiss: J'ai dit que je vous les donnerais.
La Présidente (Mme Bélanger): II vous a
donné l'explication sur les articles 30 et 31 de la lettre de M.
Jacoby...
M. Garon: Ça, ça me fait penser...
La Présidente (Mme Bélanger): ...et je vous ai
démandé si l'article 30 était adopté, mais
là le député de Dubuc a demandé la parole...
M. Garon: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): ...sur l'article
30.
M. Middlemiss: Non, mais regardez, Mme la Présidente,
est-ce que le député de Lévis est satisfait de la
réponse que je lui ai donnée pour la faute simple?
M. Garon: Bien, je ne suis pas vraiment satisfait.
M. Middlemiss: Mais, est-ce que le député de
Lévis... Qu'est-ce qu'il aurait à suggérer pour
régler cette affaire-là, d'abord? Qu'est-ce qu'il aurait, lui,
comme suggestion?
M. Garon: J'aimerais ça voir ce qu'il a répondu au
Protecteur du citoyen.
M. Middlemiss: Bien, je viens de vous le dire, là. Je
viens de vous lire ce que j'ai répondu.
M. Garon: Oui, oui.
M. Middlemiss: De là, vous m'avez dit: Mais comment il se
fait, pas dans le cas d'une faute simple? Je vous ai expliqué pourquoi.
À ce moment-là, c'est que l'individu, par l'entremise des
assurances, réclame de l'assurance, et l'assurance doit nous faire la
preuve. Si nous avons été négligents, nous allons payer.
L'autre façon, si n'importe qui nous faisait une réclamation,
sans qu'on puisse vérifier si c'est réellement à cause
d'un trou ou du mauvais état de la route...
M. Garon: Mais il y a beaucoup de gens qui ne sont pas...
M. Middlemiss: ...ça veut dire qu'on paierait tout le
temps.
M. Garon: ...assurés pour leurs propres dommages; ils sont
assurés pour autrui, pas pour eux-mêmes. Il y en a beaucoup, des
dommages matériels.
M. Middlemiss: Oui, oui, d'accord. Sauf...
M. Garon: Alors, pourquoi on couvrirait seulement...
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
M. Garon: ...ceux qui sont assurés pour... Je ne vois pas
le principe.
M. Middlemiss: C'est comme ça, ça existe
présentement...
M. Garon: Oui.
M. Middlemiss: ...c'est la situation qui existe
présentement.
M. Garon: Quelle est la raison? Pourquoi?
M. Middlemiss: Parce que...
M. Garon: Je veux dire, à ce moment-là, quelqu'un
qui est assuré, sa compagnie d'assurances fait sa réclamation
pour lui, mais celui qui n'est pas assuré pour ses dommages à
lui, lui, il n'a aucun recours. Il me semble que c'est «visa le noir, tua
le blanc».
M. Middlemiss: Non, non. C'est comment on peut contrer la preuve.
L'individu, comment est-ce qu'on peut... Ils nous ont dit: Oui, vous avez
raison, c'est à cause de notre route que vous avez causé ces
dommages-là. De quelle façon on le fait? On dit: Quand c'est
dû à notre négligence, à ce moment-là, c'est
très évident. De l'autre façon, on dit que la personne va
aller auprès de son assurance, et son assurance va lui rendre le
service. Ils vont dire: Regarde, tu as frappé le trou, ainsi de suite.
Ils vont nous poursuivre, nous autres, à ce moment-là, et
l'individu... Sinon, l'assurance va payer pour l'individu. C'est ça.
C'est difficile à établir: Est-ce que les dommages
existaient avant que la personne frappe le trou ou non? Est-ce que c'est
réellement le trou qui a causé les dommages? C'est ça.
Comment on le fart? Si, comme gouvernement, comme ministère, on accepte
toutes les réclamations, on va finir comme aux États-Unis. On me
dit qu'on est rendu dans les 10 000 000 000 $, de 10 000 000 000 $ à 12
000 000 000 $ de réclamations aux États-Unis.
M. Garon: Mais vous disiez qu'ils avaient les mêmes lois
que nous autres.
M. Middlemiss: Oui, oui, mais il y en a qui ont été
obligés de faire des lois spéciales.
Des voix: Ah!
M. Middlemiss: Non, non! Oui, oui! Bien non! Mais d'accord...
M. Garon: Ils n'ont pas les mêmes lois que nous autres.
M. Middlemiss: Non, non, non. J'ai dit qu'il y avait des lois
semblables. C'est que la jurisprudence, dans leurs choses, ils ont perdu. Donc,
la jurisprudence leur a enlevé des exonérations et, pour
s'assurer, ils ont passé des lois spéciales pour
s'exonérer de certaines choses. Mais il y a des réclamations dans
les milliards. Donc, on a dit: Nous autres, on est bien prêts à
payer si la preuve peut être faite que c'est dû à
l'état du réseau routier; nous sommes prêts à le
faire. Et c'est pour ça... Mais on ne peut pas, comme gouvernement,
comme gouvernement sérieux, en bon gestionnaire, répondre, donner
chaque fois que quelqu'un fait une réclamation. C'est ça que je
disais hier soir, lorsqu'on a fini, et je ne veux pas répéter
toutes ces choses-là.
Est-ce que, Mme la Présidente, le député de
Lévis veut qu'on procède pour adopter 30, 31? Ensuite, je vais
déposer la lettre et les amendements, et on va retourner à
l'article 1?
M. Garon: Non, non. J'ai l'impression d'être comme un petit
gars à qui on dit: Mange...
M. Middlemiss: Non, non, ce n'est pas ça.
M. Garon: ...bien ton Pablum si tu veux avoir ton dessert. Voyons
donc!
M. Middlemiss: Non, non, mais c'est comme...
M. Garon: on ne joue pas.... hein? alors, c'était le
député de dubuc. je ne suis pas là, comprenez-vous, comme
un lièvre avec une carotte en face de lui, et dire: cours un petit
peu...
M. Middlemiss: Non, non, ce n'est pas ça.
M. Garon: ...tu as peut-être bien une chance d'avoir la
carotte.
M. Middlemiss: Non, non, ce n'est pas du tout... Non, non, c'est
parce que... Il démontre encore...
M. Morin: C'est le ministre qui a le droit de poursuivre.
M. Garon: C'était le député de Dubuc qui
avait la parole, au fond.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Merci, Mme la Présidente. Alors, je voudrais,
pour aller dans l'esprit des propos du ministre, à venir à date,
concernant les obligations du ministre, apporter un amendement à
l'article 30, qui se lirait comme suit: Ajouter, à la fin, les mots
suivants: «, à moins que le plaignant n'établisse que les
dommages ont été causés par négligence ou faute du
ministre».
Alors, je vous soumets cet amendement pour fins de recevabilité,
mais je vous préviens, si jamais vous aviez la tentation de le juger non
recevable, de me permettre de plaider sur sa recevabilité et de ne pas
faire comme vous avez fait la dernière fois.
Des voix: Oh! Oh! Oh!
Une voix: Des menaces à la présidence.
M. Morin: Ce n'est pas des menaces, jamais je ne ferais
ça. C'est de la prévoyance, de la prévention amicale.
Une voix: De la prévoyance.
Une voix: De la courtoisie.
M. Morin: Oui. Chat échaudé craint l'eau froide.
Parce qu'elle m'en a passé tout un l'autre fois. Vous n'étiez pas
là, hein! Voulez-vous que je vous conte ça? Ah non! On ne peut
pas.
La Présidente (Mme Bélanger): «Faute du
ministre», ça ne peut pas être la faute du ministre,
«faute du ministère».
M. Morin: Ah! ça n'a pas de bon sens. J'ai fait le tour du
parlement pour savoir ce qu'il en était, et tout le monde ne comprend
pas.
Une voix: Ça, ça vous a marqué.
M. Morin: Non. Là, les gens commencent à
interpréter ça comme un conflit de personnalités entre Mme
la Présidente et moi. J'ai dénoncé ça,
j'ai dit: Impossible! Ça ne se peut pas, jamais je ne vous aurais
prêté des choses semblables.
Mme Pelchat: Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait
avoir une copie pour voir si...
M. Morin: Certainement.
Une voix: Pour analyser l'écriture!
Une voix: Dans les deux langues. Je voudrais l'avoir en
français et en anglais.
M. Garon: mais c'est un article, je dois remarquer, qui tient
compte du code civil, qui tient compte des différents types de fautes et
de négligences. c'est bon!
Mme Pelchat: C'est quel article du Code civil, ça, la
responsabilité?
M. Garon: Avant, c'était 1053. Là, le nouveau, je
ne le sais pas. Mais, on va avoir des cours du Barreau bientôt, et je me
suis inscrit pour les 60.
M. Middlemiss: Le nouveau, c'est 1474.1474.
M. Garon: Non, mais c'est vrai. Ils nous ont écrit, il y a
quelques mois. Ils vont donner des cours l'an prochain.
(Consultation)
Une voix: Est-ce que l'assemblée est suspendue, Mme la
Présidente?
M. Middlemiss: Non, non, mais regardez...
M. Dufour: Parce que là, ça va faire...
M. Middlemiss: ...Mme la Présidente, donnez-lui le temps
de l'analyser pour voir si c'est recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais là, je
n'ai plus la copie. J'essaie de me le remémorer, et il m'en manque des
bouts. Alors, on peut suspendre en attendant. La commission suspend ses travaux
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 48)
(Reprise à 17 h 52)
La Présidente (Mme Bélanger): Je vais lire
l'amendement du député de Dubuc. Projet de loi 57, amendement
à l'article 30: Ajouter, à la fin, les mots suivants: «,
à moins que le plaignant n'établisse que les dommages ont
été causés par négligence ou faute du
ministre».
Moi, avant que vous ne commenciez à plai- der la
recevabilité, parce que je vais vous la laisser plaider un peu, au moins
je marquerais «du ministère» et non pas «du
ministre».
M. Morin: C'est parce que je voulais être sûr que
vous le receviez...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est le
ministre?
M. Morin: ...vu qu'on parle du ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bon! On me dit que
c'est le ministre qui est responsable de ses ouailles.
M. Morin: Oui, oui. Alors, si j'avais mis
«ministère», j'ai dit...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, apportez-moi
des arguments qu'on bonifie l'article 30 par votre amendement.
M. Morin: Bon. Mme la Présidente, d'abord, je dois vous
dire qu'un amendement, sur le plan strictement de la procédure, n'a
même pas à bonifier. Il pourrait empirer un article. Ça
pourrait l'empirer. Je pourrais apporter un amendement presque insignifiant,
Mme la Présidente, qui pourrait être totalement ridicule sur le
fond comme dans sa forme, sans pour autant que vous le jugiez non recevable.
Donc, ce n'est pas là, fondamentalement, ce qui fait que cet
amendement-là est recevable.
Vu que vous me demandez de plaider sur la recevabilité, je
refuserai de plaider sur le fond parce que, évidemment, si je l'ai
apporté, c'est que je considère que ça répond
à des appréhensions qui ont été exprimées
à date et qu'on retrouve même dans le commentaire du ministre,
où le ministre lui-même, Mme la Présidente, soutient que
cet article-là n'a pas pour effet d'accorder une exonération
absolue au ministre.
Donc, à ce moment-là, on dit que c'est le ministre qui est
responsable, mais on sait que ce n'est pas une exonération absolue.
Bien, j'ai voulu qu'il soit explicite plutôt qu'implicite, comme le
soutenait le ministre, et qu'il soit très clairement mentionné,
évidemment, que l'exonération du ministre s'élimine si le
plaignant réussit à établir qu'il y a négligence de
sa part. Alors, tout ce que ça fait, ça ne fait qu'établir
de façon plus explicite les limites de l'exonération, en termes
de responsabilité du ministre. C'est uniquement dans ce sens.
J'ai l'impression, Mme la Présidente, que ça n'apporte
rien de plus, rien de moins, si je tiens compte de l'article et des
commentaires du ministre, sauf que, pour l'utilisateur, pour le citoyen,
ça fait un article beaucoup plus clair. Il retrouve au moins une limite
dans l'exonération des responsabilités du ministre et il retrouve
un minimum de recours pour sa part. Voilà!
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Oui, Mme la Présidente. Je pense que c'est
clair que l'amendement proposé par le député de Dubuc est
irrecevable parce qu'il change le fond complet de l'article 30. Le but de
l'article 30, c'est de spécifier que le ministre n'est pas responsable
des dommages causés. On vient faire indirectement ce qu'on ne peut pas
faire directement, en ajoutant: à moins que la faute du ministre soit
prouvée. Alors, je pense que cet article-là, à la face
même de notre règlement, est irrecevable.
M. Morin: Mme la Présidente, au cas où vous seriez
ébranlée, au niveau de la lettre, au cas où votre
collègue aurait susurré, non pas par forme de
«susurrage», mais par intervention... Voilà, Mme la
Présidente. Effectivement, ça diminue l'exonération. Bien
sûr, ça la diminue sur la lettre, mais, au niveau de l'esprit,
ça ne change rien, parce qu'il faut quand même... On n'a pas le
droit de douter que le ministre... de penser qu'il puisse se tromper. Si vous
vous référez à ses commentaires, if dit: La disposition
proposée ne saurait toutefois dégager le ministre s'il
était démontré qu'il était grossièrement
négligent dans l'entretien des routes. Donc, il ne s'agit pas là
d'une exonération absolue. S'il s'agissait d'une exonération
absolue, évidemment, le fait de porter atteinte à ce volet absolu
pourrait rendre mon amendement non recevable. Mais, comme il n'y a pas
d'exonération absolue, ce qui est même reconnu par le ministre,
tout ce que je fais, c'est de rendre la situation plus explicite à la
lettre, mais toujours conforme à l'esprit défendu par le
ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le député de Jonquière l'avait
demandé avant moi.
M. Dufour: Sur la recevabilité...
Mme Pelchat: Une question de directive, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
Mme Pelchat: Est-ce que vous avez l'intention de rendre votre
décision avant l'ajournement de 18 heures? C'est parce qu'il vous reste
trois minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va
dépendre des commentaires supplémentaires que je vais recevoir.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour:...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis. Bien là...
M. Garon: O.K. Non, mais, Mme la Présidente,
essentiellement, c'est que le but du projet de loi, c'est de rendre le texte
plus clair et aussi moins odieux. Parce que le ministre dit dans ses
commentaires, comme l'a dit le député de Dubuc, qu'il faudra que
les citoyens fassent une preuve. Alors, il dit clairement dans le texte:
«, à moins que le plaignant n'établisse que les dommages
ont été causés par négligence ou faute du
ministre».
Alors, comme c'est clair, c'est évident qu'il n'a pas d'affaire
à payer s'il n'y a pas eu de faute, s'il n'y a pas eu de
négligence, si ce n'est pas dû à lui, l'accident. C'est
pour ça qu'à ce moment-là ii fait la restriction pour le
clarifier, le rendre très clair, alors que... Et je pense que ça
va être bien meilleur pour les citoyens, qui vont se retrouver dans un
article comme ça. Je pense que c'est pour ça que l'article est
recevable au fond. Il ne détruit pas, mais il qualifie de façon
plus précise quand le ministre est responsable ou n'est pas responsable,
alors que, dans l'article actuel, on dit que c'est implicite, mais ce n'est pas
marqué nulle part. À ce moment-là, les gens doivent
relever la jurisprudence, se référer à la jurisprudence,
et, comme le citoyen n'est pas censé ignorer la loi, au moins
établissons clairement quels sont ses droits par rapport au
gouvernement, par rapport à la loi. Autrement, les gens vont être
obligés de plaider devant les tribunaux parce qu'on aura laissé
des choses implicites qui n'auront pas été
précisées, alors que l'amendement vise à rendre plus
claire la responsabilité de chacun.
Mme Pelchat: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Sur le dernier argument du député de
Lévis, que les gens vont être obligés de plaider devant les
tribunaux, je vous signale que l'amendement que vous apportez, c'est: «,
à moins que le plaignant n'établisse que les dommages ont
été causés par négligence». Cet amendement
fait directement référence à une preuve qui doit
être faite devant les tribunaux. Alors, on complique encore plus la
tâche, pour les gens, en tout cas, de faire la preuve devant les
tribunaux.
M. Garon: Mais s'ils ont besoin d'aller devant le tribunal?
Mme Pelchat: Mme la Présidente, est-ce que vous êtes
prête à rendre votre décision?
M. Dufour: II est 18 heures. (18 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Alors, je pense
qu'en vertu de l'article 197 l'amendement est recevable: «Les amendements
doivent concerner le même sujet que la motion et ne peuvent aller
à l'encontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher,
à ajouter ou à remplacer des mots.» Alors, on ajoute des
mots, et les mots qui sont rajoutés dans l'amendement ont
été des commentaires du ministre. Alors, je pense que ça
rejoint la pensée du ministre, qui dit que, s'il y a faute grave ou
négligence grave, le plaignant peut être dédommagé.
Alors, je considère la motion recevable, et il s'agira de la mettre aux
voix.
Alors, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)