Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures dix-huit minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
déclare sa séance ouverte. Le mandat de la commission est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions
législatives.
M. le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Bergeron
(Deux-Montagnes) est remplacé par M. Lemieux (Vanier); M. Gauvin
(Montmagny-L'lslet) est remplacé par M. Chagnon (Saint-Louis); Mme
Juneau (Johnson) est remplacée par Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière); M. Lazure (La Prairie) est remplacé par
M. Baril (Artha-baska); M. Paré (Shefford) est remplacé par M.
Léonard (Labelle); enfin, Mme Pelchat (Vachon) est remplacée par
M. Leclerc (Taschereau). (15 h 20)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. Alors, au moment de l'ajournement des travaux, nous avions
disposé de la troisième motion, qui était d'entendre
l'Union des municipalités du Québec, et cette motion avait
été rejetée. M. le député de
Lévis.
Motion proposant d'entendre le Protecteur du citoyen
M. Garon: Mme la Présidente, j'ai une autre motion
à proposer: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de
nos règles de procédure la commission permanente de
l'aménagement et des équipements tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie
et modifiant diverses dispositions législatives, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le Protecteur du citoyen.»
Vous allez voir, Mme la Présidente, à quel point cette
audition serait importante puisque j'aurai des documents à
déposer.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la motion est
recevable. On peut commencer le débat, les photocopies s'en
viennent.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, est-ce que les membres de la
commission veulent attendre les photocopies?
Des voix: Non.
M. Garon: Bon. Alors, je ne sais pas si j'aurai assez de ma
demi-heure, mais je suis persuadé que les collègues auront le
temps d'élaborer davantage.
En date du 3 décembre 1992, le leader de l'Opposition recevait
des commentaires sur le projet de loi 57, du Protecteur du citoyen. Je vais
vous faire lecture de ces commentaires. Vous allez voir à quel point,
Mme la Présidente... Parce que le Protecteur du citoyen, c'est quand
même un fonctionnaire nommé par l'Assemblée nationale pour
voir s'il y a conformité entre les lois adoptées et
l'administration gouvernementale, et est-ce que les gens sont
protégés véritablement. Le Protecteur du citoyen est
là pour analyser les aspects juridiques, justement, de ces
questions-là et indiquer à l'Assemblée nationale si les
projets de loi qui sont déposés... Il peut le faire, il l'a fait
en l'occurrence. Il peut nous dire si un projet de loi rencontre les besoins
des citoyens quant à leur protection.
Alors, voici ce qu'il dit: «M. le leader parlementaire, veuillez
trouver ci-joint copie des commentaires que j'adresse aujourd'hui même au
ministre délégué aux Transports concernant le projet de
loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions
législatives, qu'il présentait à l'Assemblée
nationale la semaine dernière. Ces commentaires portent avant tout sur
tes exonérations de responsabilité proposées par le projet
de loi tant en faveur du ministre des Transports que des municipalités.
«En lisant les clauses d'exonération de responsabilité
édictées dans le projet de loi on a vraiment l'impression de
revenir à la philosophie ancestrale inspirée du droit anglais
"the king can do no wrong", philosophie qui a pris des siècles et le jeu
de la démocratie pour être atténuée, sinon
supprimée. De telles dispositions ont également pour effet de
libérer de toute responsabilité le gouvernement pour les actes
fautifs de ses employés.» écoutez bien: «de telles
dispositions - dans le projet de loi - ont également peur effet ëe
libérer de toute responsabilité le gouvernement pour les actes
fautifs de ses employés et gestionnaires, alors que, par ailleurs, tous
les discours, qu'il s'agisse du président du conseil du trésor,
du secrétaire général du gouvernement, pour ne mentionner
que ceux-là, parlent d'impu-tabilité des employés de
l'état.» en fait, ça revient à dire, pour le
protecteur du citoyen, que le législateur ferait exactement le contraire
des déclarations des responsables du gouvernement. «A-t-on
également tenu compte de la philosophie et de la lettre de la politique
du Conseil du trésor sur l'amélioration de la qualité
des services adoptée en avril 1991?» Donc, il demande si on
a tenu compte de la lettre de la politique du Conseil du trésor sur
l'amélioration de la qualité des services quand on veut
dégager les employés de l'État de leur
responsabilité envers les citoyens.
Il continue: «Au moment où des justiciables
éprouvent de plus en plus de difficultés à faire valoir
leurs droits, il me semble inacceptable de les priver de recours».
Écoutez bien! Enfin, un responsable qui se tient debout. C'est rare. Je
n'ai pas vu ça souvent, moi, dans la fonction publique, des gens en
poste qui osent dire ce qu'ils doivent dire pour protéger les citoyens:
«Au moment où des justiciables éprouvent de plus en plus de
difficultés à faire valoir leurs droits, il me semble
inacceptable de les priver de recours. Les exonérations de
responsabilité de l'État et des gouvernements municipaux doivent
demeurer très exceptionnelles et clairement limitées et ne
devraient être édictées que pour des motifs
d'intérêt public évidents.»
Écoutez bien: «J'ose espérer que ces commentaires
seront utiles aux travaux de l'Assemblée nationale. Veuillez
agréer, M. le leader parlementaire, l'expression de mes sentiments les
meilleurs. Le Protecteur du citoyen, Daniel Jacoby, avocat.»
Et, maintenant, il y a des commentaires assez longs que j'ai l'intention
de lire, justement. C'est pour ça que je n'aurai peut-être pas le
temps de le faire entièrement. Il serait important de le faire venir.
Pourquoi? On n'est pas dans une motion frivole, là; on est dans une
motion qui est très importante sur le plan du droit. Moi, je ne parle
pas comme ingénieur, je ne suis pas ingénieur, mais, comme
avocat, je pense que, quand un Protecteur du citoyen vous dit qu'on s'en
retourne aux temps ancestraux, dans la grande noirceur du droit en privant les
gens de leurs droits... Alors qu'est-ce qu'il dit? «Commentaires du
Protecteur du citoyen sur certaines dispositions du projet de loi 57, 1992, Loi
sur la voirie et modifiant diverses dispositions législatives.
«Article 15. Cet article prévoit qu'une municipalité n'est
pas tenue de déneiger ses trottoirs. Traditionnellement, une
municipalité qui entretient mal ses trottoirs ne se comporte pas comme
une municipalité avisée, prudente et diligente et, de ce fait,
commet une faute susceptible d'entraîner sa responsabilité.
«Même si la règle de l'article 15 ne se situe pas au
chapitre III du projet relatif aux exonérations de
responsabilité, elle peut cependant avoir pour effet d'exclure toute
possibilité de recours pour des personnes victimes du défaut
d'entretien de trottoirs en hiver. Cette disposition semble, en outre,
incompatible avec l'article 725.4, proposé par l'article 63 du projet
qui maintient la portée de l'article 725 du Code municipal reconnaissant
la responsabilité des municipalités régies par ce Code
lorsqu'une personne est victime d'un accident sur des trottoirs
enneigés. «Article 17. "Le ministre peut aménager ou placer
des paraneige et projeter de la neige sur un terrain contigu à
l'entrée d'une route de façon à ne pas causer de dommages
à ce terrain." L'article 12 du projet de loi 112 de 1988 sur le
même sujet s'exprimait plutôt ainsi: "de façon à ne
pas causer de dommages au propriétaire ou à l'occupant de ce
terrain".» Voyez-vous? «Afin d'éviter toute
ambiguïté sur la portée des droits du ministre et ceux des
citoyens et citoyennes, ne serait-il pas préférable de se limiter
à préciser: "de façon à ne pas causer de dommages"
ou de revenir au texte proposé en 1988?»
Mme la Présidente, un contentieux dans un ministère, ce
n'est pas là pour essayer d'embarquer les citoyens; c'est là pour
établir des droits, mais pas pour essayer de fourrer le monde, en mots
simples. «Articles 22 à 24. L'article 22 laisse entière
discrétion au ministre d'interdire ou limiter l'accès à
une route, aux endroits qu'il détermine. L'article 17 du projet de loi
112 de 1988 - qui était le projet de loi avant les élections -
offrait à cet égard l'avantage de préciser: "pour des
motifs de sécurité routière". «L'article 23, pour sa
part, précise que, si le ministre donne accès à une route,
"il en détermine la localisation et les exigences de construction". Si
les travaux ne sont pas autorisés ou conformes, il peut les faire
démolir (articles 24 et 25). «Enfin, le propriétaire
riverain peut se plaindre à la Chambre de l'expropriation (article 27).
Puisqu'il existe des normes concernant la sécurité et la
construction des accès, ces normes ne devraient-elles pas être
édictées par règlement afin d'informer les citoyens et de
baliser la discrétion trop absolue accordée au ministre et, au
besoin, guider les juges de la Chambre de l'expropriation?»
J'ai vu ça, moi, quand je suis arrivé au gouvernement, en
1976, comment il y en avait au ministère de l'Environnement. Il y avait
des guides d'utilisation que personne ne connaissait. Le monde ne savait jamais
sur quoi le ministère se basait. On les a fait publier, les guides,
quand on est arrivés au gouvernement en 1976. Pourquoi? Pour que le
monde sache ce qu'on appliquait, on ne le savait même pas. Le Moyen
Âge juridique, Mme la Présidente! C'est honteux, honteux! On a
l'impression que le ministre est un peu comme quand la maffia engage des
avocats. Comprenez-vous? Les avocats, ce n'est pas là pour servir les
basses oeuvres du gouvernement; c'est là pour protéger les
citoyens, normalement. (15 h 30) «Chapitre III. Exonération de
responsabilité. Les commentaires qui suivent, relatifs à
l'exonération de responsabilité du ministre, valent
également concernant l'exonération identique
accordée aux municipalités en vertu des articles 604.1
à 604.3, et 725.1 à 725.3 édictés par les articles
59 et 63 du projet de loi. Cette proposition d'élargissement des
exonérations de responsabilité doit faire l'objet d'une attention
spéciale du législateur. Il faut bien se rappeler qu'au Canada et
au Québec la responsabilité de l'État est depuis plusieurs
années la règle et que les exonérations sont très
exceptionnelles.» Vous comprenez, Mme la Présidente, elles sont
très exceptionnelles, alors que le ministre, lui, est en train de se
mettre des règles pour s'exonérer entièrement du mauvais
travail de son ministère.
Le Protecteur continue: «Celle-ci devrait donc être
limitée et se justifie par un intérêt public nettement
prioritaire aux intérêts individuels. «Article 28,
alinéa un: "Le ministre n'est pas responsable, pendant toute la
durée des travaux, des dommages causés par la faute d'un
constructeur ou d'un entrepreneur à qui des travaux de construction ou
de réfection ont été confiés". Cette disposition
élargit l'exonération établie au paragraphe a de l'article
89 présentement en vigueur, qui ne vise que les routes et les ponts. Le
premier alinéa de l'article 28 est également de portée
plus globale en raison de l'article 5 qui se lit de la façon suivante:
"Les dispositions de la présente loi applicables aux routes sont aussi
applicables aux belvédères, aux haltes routières, aux
aires de services, aux postes de contrôle et aux stationnements
situés dans l'emprise d'une route". «Puisqu'en principe cela vise
principalement des dommages matériels, les dommages corporels
étant le plus souvent visés par nos régimes publics
d'indemnisation (travail, automobile, etc.), cette exonération se
justifie-t-elle toujours, d'autant plus que le ministre peut exercer des
recours en garantie contre les constructeurs ou entrepreneurs à qui il a
lui-même jugé bon de confier les travaux?» Ce n'est pas les
citoyens qui les ont confiés, c'est le ministre. «Au besoin, le
recours en dommages pourrait ainsi être assujetti à un
préavis analogue à celui qui existe en matière municipale.
«Article 28, alinéa deux - voilà ce qu'il dit, je le cite:
"II n'est pas non plus responsable d'une perte ou d'une diminution de commerce,
d'une dépréciation à la valeur d'une
propriété, ni d'autres dommages ou inconvénients
causés notamment par la suppression d'un passage à niveau, la
construction ou la réfection d'une route ou par un détournement,
sauf si ce détournement est nécessaire pendant la durée de
ces travaux". «D'abord, dans cette disposition apparaît un
"notamment" qui n'a pas sa raison d'être, ni sa place dans une
règle d'exonération de responsabilité dont les termes
doivent être précis et s'interpréter
restrictivement.» C'est ça, le droit. «Il faut noter
principalement que ce deuxième alinéa introduit
l'exonération de respon- sabilité pour les dommages et
inconvénients causés par la construction ou la réfection
d'une route, exonération que ne prévoit pas le paragraphe b de
l'article 89 de la loi présentement en vigueur, qui ne vise que les
dommages causés par le détournement d'un chemin et la
construction ou la reconstruction d'un pont ou par l'élimination d'une
traverse à niveau. Cette exonération est beaucoup trop large, dit
le Protecteur du citoyen. «Historiquement, il faut se rappeler, dit le
Protecteur, qu'antérieurement à 1973 l'article 97 de
l'époque - c'est-à-dire instauré en 1944, Statuts refondus
du Québec, chapitre 133 - prévoyait une exonération pour
les dommages suivants - je cite: "de toute perte ou diminution de commerce, de
toute dépréciation à la valeur d'une
propriété, de tous autres inconvénients occasionnés
par le détournement ou le changement de niveau d'un chemin ou par
l'élimination d'une traverse à niveau". Fin de la citation.
«L'exonération, dit le Protecteur, visant les dommages
résultant du changement de niveau d'un chemin a été
abrogée suite aux représentations du Protecteur du citoyen de
l'époque. Le deuxième alinéa de l'article 28, par sa
portée trop vaste, réintroduit donc implicitement
l'exonération à l'égard des dommages résultant du
changement de niveau d'une route et élargit de façon
démesurée l'exonération à l'égard de tout
dommage résultant de la construction ou de la réfection d'une
route. «Soulignons, enfin, dit le Protecteur, que ce deuxième
alinéa contient des dispositions plutôt paradoxales.» Il
cite, entre guillemets: "sauf si ce détournement est nécessaire
pendant la durée des travaux". Fermez les guillemets. «Il semble,
dit le Protecteur, que, dans ce cas, le ministre serait responsable, alors que,
si le détournement ne s'avérait pas nécessaire, le
ministre serait exonéré. «Article 29.» Je cite:
«Le ministre n'est pas responsable des dommages résultant de
l'absence de clôture entre l'emprise d'une route et un terrain
contigu». Fin de la citation. Le Protecteur du citoyen commente:
«Cet article élargit l'exonération de
responsabilités jusqu'ici incluse dans l'article 19 de la loi. En effet,
jusqu'ici, cette exonération ne s'appliquait que lorsque le
propriétaire du résidu d'un terrain dont le ministre a pris
possession d'une partie avait négligé de déplacer ou
d'ériger dans un délai imparti la clôture demandée
par le ministre. L'article 19 actuel ne prévoit pas que le ministre peut
alors faire effectuer les travaux par ses services, mais cela est implicite du
fait que le terrain est passé sous son contrôle. L'article 19 du
projet de loi maintient le même pouvoir d'enjoindre le
propriétaire du résidu de terrain de déplacer ou
d'ériger une clôture, mais introduit également celui de
l'enjoindre d'enlever cette clôture. Il prévient également
que, à défaut par le propriétaire de se conformer à
l'avis du
ministre, celui-ci s'exécute ou fait exécuter les travaux
qui, dans tous les cas, sont aux frais du ministre. «L'article 29 du
projet de loi, ajoute le Protecteur du citoyen, a une portée beaucoup
trop large en exonérant le ministre pour tout dommage résultant
de l'absence d'une clôture entre l'emprise d'une route et un terrain
con-tigu.» Le ministre n'est responsable de rien. Il fait des affaires
toutes croches: pas de problème, les citoyens paieront.
Le Protecteur continue: «Cette absence de clôture peut tout
simplement résulter du fait que le ministre a exercé le pouvoir
de faire enlever une clôture en vertu de l'article 19. De plus, puisque
cet article n'empêche aucunement un propriétaire riverain
d'exercer les droits que lui confère le Code civil en matière de
clôture, il pourrait fort bien arriver que le ministre n'accède
pas à la demande du propriétaire riverain et, malgré cela,
en vertu de l'article 29, il serait exonéré des dommages
résultant de son refus. «Si le législateur estime opportun
de retenir le principe énoncé dans l'article 29, dit le
Protecteur du citoyen, ce principe ne devrait pas pouvoir être
invoqué lorsqu'en raison d'un ordre du ministre une clôture qui
avait sa raison d'être a été enlevée.» C'est
le ministre qui enlèverait la clôture lui-même et il ne
serait pas responsable. Ça n'a pas de bon sens! C'est-à-dire que,
même quand il est fautif, il ne serait pas responsable. Il faut le faire!
Je me demande quelle commande le ministre a passée à ses
conseillers juridiques, je me le demande. Batêche! Va-t-il falloir se
comporter comme avec la maffia quand on est avec le gouvernement en mettant le
ministre des Transports le dos au mur tout le temps? «Dans un contexte,
dit le Protecteur du citoyen, où la couronne est maintenant assujettie
aux règles du droit de la responsabilité applicables aux
citoyens, l'élargissement de l'exonération du ministre est certes
préjudiciable aux citoyens qui pourraient être victimes de sa
faute ou de celle de ses préposés ou mandataires. «Article
30.» Je le cite: «Le ministre n'est pas responsable des dommages -
écoutez bien -causés par l'état de la chaussée aux
pneus, aux jantes ou aux systèmes de suspension ou d'échappement
d'un véhicule». Le Protecteur commente: «Contrairement
à celle de l'article 28 actuel, l'exonération est ici plus large
et absolue, car elle ne se limite plus au seul cas de défaut d'entretien
ou de réparation. Il ne sera plus permis d'invoquer une cause de
dommages, tel que le défaut de signalisation d'un danger connu, etc.
Elle exclut donc la possibilité de démontrer la faute ou la
négligence d'employés ou mandataires du ministère lorsque
de tels dommages surviennent.»
C'est dans le fort! Ce n'est pas croyable! Mme la Présidente, on
n'a pas l'impression d'être en face d'un gouvernement, on est en face
d'Ali
Baba. Je vais vous organiser et vous n'aurez rien à dire. Dans
quel pays vit-on, Mme la Présidente? Est-ce que les
députés qui sont ici, en face de nous, se sont
présentés pour former un gouvernement de cette nature? Et on va
me dire que les municipalités sont d'accord avec ça? On nous a
dit ça ici: Les municipalités sont d'accord avec ça; les
MRCQ sont d'accord avec ça. On va nous dire que les municipalités
sont complices avec le gouvernement pour organiser les citoyens?
L'article 31, écoutez bien, je le cite: «Le ministre n'est
pas responsable des dommages causés par la présence d'un objet
sur la chaussée, que cet objet provienne ou non d'un véhicule ou
qu'il soit projeté par celui-ci». Fin de la citation. Commentaires
du Protecteur: «Dans l'article 28 présentement en vigueur, on doit
distinguer entre l'objet tombé et l'objet projeté. Dans le cas de
l'objet tombé sur la route, sa présence ne peut être
imputée à un défaut d'entretien ou de réparation de
la route ou du pont, sauf, toutefois, dans les cas de faute ou de
négligence de la part des employés du ministère des
Transports préposés à l'entretien de ladite route. Cette
dernière réserve ne s'applique cependant pas dans le cas de
l'objet lancé par les pneus d'une voiture en marche. L'article 31 du
projet de loi est d'une portée beaucoup plus large et invite à la
négligence, sinon aux abus. Dans tous les cas, il y aurait lieu de
permettre la démonstration d'une faute ou d'une négligence des
employés ou mandataires du ministère. Par exemple, si un abrasif
non conforme aux normes est épandu et que des éléments
grossiers de celui-ci sont projetés et causent des dommages, est-il
raisonnable que les citoyens ne puissent invoquer la faute ou la
négligence du ministère? Encore ici, l'exonération est
absolue. (15 h 40) «Comme on peut le constater à la lecture du
chapitre III du projet, ainsi que des articles 59 et 63 relatifs à la
responsabilité des municipalités, le ministre
délégué aux Transports propose un régime
d'exonération de responsabilité qui dépasse tout ce qui a
jamais existé à cet égard depuis la reconnaissance de la
responsabilité de l'État et des gouvernements municipaux. Ce
recul est-il justifiable?»
Mme la Présidente, vous comprendrez que la motion qu'on vient de
faire n'est pas farfelue. Le Protecteur du citoyen est très clair.
Enfin, je vais vous le dire, Mme la Présidente, un haut fonctionnaire
responsable devant l'Assemblée nationale qui fait son travail! Je trouve
ça... Je n'ai pas de mots pour qualifier un tel projet de loi. C'est un
projet de loi écoeurant! Écoeurant! Imaginez-vous que des gens
vont avoir des accidents et ils ne pourront pas... Et, en même temps
qu'on siphonne la caisse des assurés de la Société de
l'assurance automobile, en même temps on s'exonère de toute
responsabilité par rapport aux citoyens même quand on commet
des
fautes.
Mme la Présidente, je trouve ça odieux et je pense
même que le ministre devrait penser à retirer son projet de loi.
Il y a des limites à rire du monde, tu sais. Quand on est trop faible
pour faire sa job, on ne prend pas des responsabilités qu'on n'est pas
capable d'assumer. Mme la Présidente, je dis que, dans le cas du
ministre, c'est le principe de Peter qui s'applique: il a atteint son niveau
d'incompétence. Il y a des limites, Mme la Présidente. Il y a des
limites à passer des projets de loi qui sont un danger public. Le
Protecteur du citoyen, il est libre lui, il est payé par
l'Assemblée nationale; son rapport est avec l'Assemblée
nationale. Quand on est rendu à faire de tels projets de loi, je vais
vous dire... Et je vois des âmes serviles qui y concourent. Vous savez,
Mme la Présidente, il y a des limites à essayer d'ostraciser nos
citoyens, en plus de les siphonner par les taxes, de les écraser sous le
poids des taxes.
En plus de siphonner leur caisse de protection de la
Société de l'assurance automobile, contrairement aux avis du
conseil d'administration, maintenant, on veut faire une loi où, pour les
défauts des routes, les routes mal faites, la mauvaise signalisation,
toute l'incompétence qu'on aura eue sur nos routes, le ministère,
lui, veut s'exonérer de sa responsabilité pour que les gens ne
puissent pas l'accuser de quoi que ce soit. Il y a des limites! On pensait
passer ça comme du beurre dans la poêle, je suppose, comme si les
représentants du peuple que nous sommes étaient des niaiseux qui
ne voient rien. Nous allons combattre ce projet de loi là, Mme la
Présidente, parce que c'est notre devoir de le combattre au nom des
citoyens car, s'ils connaissaient l'état de ce projet de loi là,
je vais vous dire que le ministre ne ferait pas vieux os.
Mme la Présidente, je pense que c'est un aveu de faiblesse
épouvantable. Je ne sais pas qui a passé les commandes. Mme la
Présidente, je ne le sais pas. Est-ce que c'est le ministre qui a
passé les commandes à ses fonctionnaires? Est-ce que c'est venu
d'ailleurs, les commandes, ou si ce sont les fonctionnaires qui ont
préparé un tel projet de loi? Je ne peux pas répondre, je
ne le sais pas. Je ne suis pas dans le secret des dieux. Je sais, par exemple,
qu'il est totalement anormal, en 1992, qu'un gouvernement, qui ne se
prétend pas dans une république de bananes, dans un
duvaliérisme libéral, comprenez-vous, présente un tel
projet de loi où nos citoyens sont méprisés, sont
traités avec mépris, avec des ministres des Affaires municipales
qui ont été de grands moralisateurs devant l'Éternel, qui
sont à la base de réformes comme celle-là. Il y a des
limites! Mme la Présidente, il y a des limites et on les a atteintes,
ces limites-là.
Moi, je trouve particulièrement épouvantable qu'on ose
présenter un projet de loi et que des députés se fassent
les complices en votant un projet de loi comme celui-là sans entendre
le
Protecteur du citoyen. Je trouve ça épouvantable. Et qu'on
ne vienne pas me dire qu'on ne le fera pas en connaissance de cause, parce que,
actuellement, le document du Protecteur du citoyen, je l'ai lu
entièrement. S'il y a des gens qui veulent l'interroger, c'est pour
ça que je fais la motion, pour interroger le Protecteur du citoyen, pour
qu'il puisse venir rencontrer les membres de la commission et qu'on puisse
discuter avec lui de ses opinions et des remarques qu'il a fait parvenir pour
qu'on puisse justement en tenir compte.
De plus en plus, moi, je pense que, devant les projets de loi qui sont
présentés, il faudrait demander l'opinion du Protecteur du
citoyen. Comme on devrait demander l'opinion de la Commission des droits de la
personne, mais ils sont pas mal moins vigilants. Ils dorment sur la
«switch», eux autres, pas mal. Je vais vous le dire bien
franchement, je ne me sentirais pas protégé s'il n'y avait que
ça comme protection au Québec, la Commission des droits de la
personne.
Le Protecteur du citoyen est un organisme qui joue un rôle
extraordinaire au Québec, dont tous les gens ont vanté les
mérites et dont nous sommes très fiers de parler quand viennent
des délégations de pays étrangers. J'ai remarqué,
par exemple, lorsque sont venus des délégués des pays de
la francophonie, récemment, des parlementaires, que nous étions
tous très heureux d'expliquer le fonctionnement du Protecteur du citoyen
au Québec. Il ne faut pas seulement se vanter d'avoir un protecteur du
citoyen; quand il parle, il faut être capable de l'entendre
également. Parce que, autrement, on peut avoir des institutions qui ne
servent à rien. Ici, on a une institution qui a fait valoir son
rôle. À mon avis, il m'apparait très important que l'on
entende le Protecteur du citoyen, parce que je vais vous dire, Mme la
Présidente, ce n'est pas un commentaire anonyme, mais un commentaire
sous sa plume, sur le papier officiel du Protecteur du citoyen, avec des pages
numérotées, sur un papier qui lui est attribuable dans sa
fonction.
Par ailleurs, dans le projet de loi, je ne sais pas qui a passé
les commandes et s'il y a eu une analyse d'impact législatif. Le
ministre ne nous a fourni aucune analyse d'impact concernant son projet de loi.
Le sous-ministre, qui est venu nous rencontrer, nous a dit que les impacts
n'avaient pas été faits. Normalement, concernant un projet de loi
de cette nature-là, il devrait y avoir une analyse d'impact
législatif, une analyse des impacts de la loi sur les services aux
citoyens. Nous l'avons dit depuis le début: Est-ce qu'il y a eu des
analyses d'impact concernant les réformes qu'on veut faire aux
Transports sur le plan des emplois, des employés et des services aux
citoyens, les impacts législatifs et financiers pour le gouvernement,
pour les citoyens et pour les communautés locales qui vont devoir vivre
avec un projet de loi comme celui-là?
On nous a répondu qu'il n'y avait pas d'analyse d'impact, qu'elle
n'était pas faite encore, qu'il y avait encore des points à
finaliser avant de commencer des analyses d'impact. Sauf qu'actuellement la
réforme du ministère a été annoncée par le
ministre le 4 décembre dernier, pour être en vigueur le 1er avril.
Le projet de loi est à l'Assemblée nationale, puis le
gouvernement, en tout cas, le ministre essaie de le faire adopter, avec le
leader parlementaire du gouvernement, avant Noël, d'après ce qu'on
peut voir.
Alors, Mme la Présidente, je pense que la moindre des choses, la
décence voudrait... Si on n'a pas peur, le Protecteur du citoyen viendra
et les gens vont confronter son opinion avec celle du ministère. Dans le
domaine du droit, on pourrait entendre d'autres personnes, à ce
moment-là, pour vous dire: Écoutez, le ministère dit
ça et le Protecteur du citoyen dit ça. Actuellement, je pense que
c'est la seule façon de faire un éclairage véritable sur
toute l'affaire et sur les représentations, sur le plan juridique, qui
sont faites par le Protecteur du citoyen en tant que Protecteur du citoyen, en
tant que personne qui n'est pas pour le gouvernement, qui n'est pas pour le
parti ministériel, qui n'est pas pour le parti d'Opposition, mais qui
est pour l'Assemblée nationale, qui fait valoir ses
représentations pour nous dire: Bien, il y a de grandes réserves,
il y a des choses qui ne devraient pas être adoptées.
Il nous le dit dans sa lettre. Ça va loin quand il nous dit:
«En lisant les clauses d'exonération de responsabilité
édictées dans le projet de loi, on a vraiment l'impression de
revenir à la philosophie ancestrale». Ancestrale! Ancestrale,
ça peut remonter loin, avant Cromwell, dans le temps qu'on payait les
juges. À quelle période noire fait-il allusion? «À
la philosophie ancestrale inspirée du droit anglais "the king can do no
wrong" - c'est-à-dire que le gouvernement n'a jamais tort - philosophie
qui a pris des siècles et le jeu de la démocratie pour être
atténuée, sinon supprimée.»
On sait qu'il y a des relents de ça qui reviennent de temps en
temps. On se rappelle, quand M. Lesage avait dit, au début des
années soixante: «La reine ne négocie pas avec ses
sujets.» Ça faisait dur, entre vous et moi. Jean Lesage, qui
restait dans Saints-Martyrs ici: «La reine ne négocie pas avec ses
sujets». On avait l'impression d'un vassal, comprenez-vous, sorti direct
du Moyen Âge. Il disait des niaiseries. On a un système
démocratique; aujourd'hui, c'est les représentants du peuple qui
décident et le roi, je vais vous dire une affaire... On le voit, le
représentant du roi, la seule affaire qu'il fait, c'est de mettre son
étampe sur des affaires. Ce n'est pas le roi qui mène, c'est le
Parlement qui mène. (15 h 50)
Mais, aujourd'hui, le gouvernement veut se donner des pouvoirs
exorbitants de droit, abusifs de droit par rapport aux citoyens qu'il est
supposé servir. Les serfs, ce ne sont pas les citoyens. C'est le
gouvernement qui est supposé les servir; pas les asservir, les servir.
Le gouvernement existe dans un système démocratique pour
être au service des citoyens, pour leur rendre la vie meilleure, pour une
plus grande qualité de vie, pas pour les écraser, pas pour leur
faire mal, pas pour leur faire peur, pas pour être un danger public mais,
au contraire, pour faire des choses dans l'intérêt public. C'est
différent. Il ne faut pas être une menace pour les citoyens.
Là, le gouvernement est en train de faire des lois qui seraient une
menace pour les citoyens, qui seraient dangereuses pour les citoyens.
Puis je vais vous dire une chose, Mme la Présidente: II y a des
conséquences à ça. Dans des journaux comme le New York
Times, des journaux où il y a une pensée et qui ont une
influence considérable, on dira: Au Québec, on adopte des lois de
fous comme ça. Si vous allez là, ne prenez pas votre automobile,
c'est dangereux, vous êtes à vos risques. Comprenez bien. Moi, je
vais vous dire que, sur le plan touristique, une loi comme celle-là va
faire un dommage épouvantable au Québec parce que les
Américains commenteront une loi comme ça. C'est public. Ce qui se
passe là est public. Ils commenteront, puis ils diront: N'allez pas au
Québec avec votre automobile. Le Club automobile sera le premier
à dire: N'allez pas au Québec avec votre automobile, vous
êtes en danger parce que vous ne pourrez pas invoquer la faute du
gouvernement pour les routes mal faites, les mauvaises signalisations et vous
aurez des problèmes devant les tribunaux parce que vous avez une loi
où le gouvernement s'exonère de sa responsabilité.
Sur le plan économique, quand on parte du marché global
dans le plan du tourisme, cette loi-là est un drame épouvantable.
Je vous le dis, moi, si j'étais Mordecai Richler et que je voyais ce que
vous êtes en train de faire là, je vous dis qu'il y aurait des
beaux articles. Il dirait: C'est ça, le Québec, une
république de bananes qui fait des lois ancestrales, où on dit
que le roi n'a jamais tort. Imaginez-vous ce que ça veut dire! Bien,
c'est ça.
Le ministre, c'est un ingénieur. Dans le domaine du droit, le
Protecteur du citoyen, moi, je pense qu'on doit au moins l'entendre. Suite
à une représentation comme celle-là, on doit au moins
l'entendre. Le Protecteur du citoyen travaille pour l'Assemblée
nationale dans son ensemble. Il ne travaille pas pour des partis politiques, il
travaille pour les citoyens dans l'ensemble. Il est là pour
protéger les citoyens, puis il a eu un courage qu'on ne trouve pas
souvent, qu'on ne trouve pas souvent. Vous savez, l'imputabiiité, lui,
il l'assume. Il n'attend pas qu'on le force à le faire; il l'assume, son
imputabilité. Il dit: Moi, je donne mon opinion, puis je fais ma job. Je
n'ai pas vu ça souvent, moi, depuis que je suis au gouvernement, que
les
gens fassent leur job avec autant de souci de l'intérêt
public.
Je pense que le Protecteur du citoyen, en même temps, on doit le
féliciter de nous avoir fait parvenir son commentaire pour qu'il puisse
servir dans l'analyse de ce projet de loi et c'est pourquoi je fais cette
motion, Mme la Présidente, pour qu'on l'entende devant cette
commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a des commentaires? Non.
M. le député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Merci, Mme la Présidente. J'espère que le
ministre, ce coup-là, va accepter de nous faire entendre le Protecteur
du citoyen afin que l'on puisse s'attaquer à l'étude du projet de
loi article par article. Depuis le début qu'on est en commission
parlementaire, je l'ai répété à plusieurs reprises,
mais le ministre ne semble pas me croire. Comme il y a de fortes chances que le
ministre refuse, ne se rende pas à notre motion, nos interventions
auront au moins l'avantage de sensibiliser le ministre sur un aspect de son
projet de loi, justement, l'aspect sécurité.
Vous me permettrez, Mme la Présidente, de relever quelques
articles du projet de loi où le ministre explique pourquoi on a
apporté telle et telle modification à la loi de la voirie, entre
autres, l'article 10. Je ne veux pas aborder les articles, mais c'est pour
donner l'illustration qu'il y a une préoccupation du ministre que je ne
conteste pas. On mentionne, entre autres: Cette disposition - je parle de
l'article 10 - reprend, dans une formulation plus moderne et plus concise,
l'énoncé des pouvoirs, etc. On va aller à l'article 12 et,
dans le commentaire du ministre, on dit, encore là, que cette
disposition reprend substantiellement, dans une formulation plus moderne et
nettement plus concise... L'article 13 dit la même chose: Cette
disposition reprend, dans une formulation plus moderne, la disposition du
paragraphe, etc. Bon, peut-être un dernier article, 17, où il est
mentionné que la disposition proposée reprend, dans une forme
plus moderne et plus concise, l'article 2 de la loi de la voirie.
Pourquoi je donne ces exemples-là, Mme la Présidente?
C'est pour illustrer, je ne le nie pas, la nécessité de
rafraîchir des articles et de les rendre conformes au temps
d'aujourd'hui, sauf que le ministre aurait dû aller un peu plus loin. Il
aurait été fort heureux, dans ces mêmes commentaires, qu'on
puisse lire que le ministre a apporté telle formulation pour faire en
sorte que les articles tiennent davantage compte ou soient davantage conformes
aux droits et à la protection des citoyens. Quand même, dans la
loi, certains articles n'ont pas été modifiés depuis fort
longtemps. On sait que tout ce qui touche la protection, la
sécurité des citoyens, la Charte des droits et libertés,
ce sont des choses qui ont énormément évolué. Je
pense qu'il aurait été fort pertinent, en plus de rendre les
formulations du projet de loi, des articles plus modernes et plus concises,
conformes au langage, au vocabulaire d'aujourd'hui, au discours qu'on tient,
aussi que le ministre se préoccupe un peu plus de l'aspect de protection
et de respect des droits des citoyens.
Mon collègue, le député de Lévis, a eu
l'heureuse initiative d'apporter cette motion. Je ne voudrais pas reprendre
l'essentiel de ses propos. Toutefois, il y a quand même quelques articles
qui ont été soulevés par le Protecteur du citoyen qui sont
fondamentaux. Je pense que le ministre ne peut pas se défiler, faire la
sourde oreille à la présente motion et s'entêter à
refuser d'entendre le Protecteur du citoyen. Sur la lettre, c'est quelques
pages, mais je suis convaincu que, si on pouvait l'entendre une heure, il
pourrait développer davantage les articles sur lesquels il attire
l'attention du ministre.
L'article 17, bien sûr, semble vouloir considérer
uniquement les dommages aux terrains, contrairement à l'ancienne loi ou
à la loi présentement en vigueur où on tenait davantage
compte des dommages apportés aux propriétaires ou aux occupants.
Nier cette responsabilité de la part du gouvernement, de toute
façon, ça me paraît à rencontre de toutes les lois
fondamentales en termes de droits des citoyens. Vous savez, quand bien
même le ministre proclamerait son innocence ou sa
non-responsabilité par rapport à certaines de ses actions, je ne
pense pas qu'il passerait la rampe et il se verrait quand même accuser de
ce dont il est responsable véritablement, nonobstant ce qui sera
écrit dans cette loi-là. (16 heures)
Aussi, au niveau de l'article 28, qui est majeur, de l'article 28 qui
concerne l'exonération de responsabilité, que ce soit de la part
du ministre ou des municipalités, je ne pense pas qu'on puisse se
dégager de façon si facile. Mais ce qui est un peu surprenant
dans l'article 28, c'est lorsqu'on procède à
rénumération d'une multitude de situations ou d'exemples
où, finalement, on exonère le ministre de toute
responsabilité. Lorsqu'il y a lieu de circonscrire ou de limiter les
responsabilités, bien, je pense qu'au niveau du texte ça doit
être très, très, très précis plutôt que
lister des situations qui font en sorte que le ministre ne serait responsable
de rien. Je fais référence particulièrement à
l'article qui dit: «II n'est pas non plus responsable d'une perte ou
d'une diminution de commerce, d'une dépréciation à la
valeur d'une propriété, ni d'autres dommages ou
inconvénients causés notamment par la suppression...»
Alors, «notamment», ça veut dire qu'il n'est pas responsable
de ça et de toute autre situation similaire. Je pense que ça
m'apparaît être un peu beaucoup de l'abus de pouvoir, et je ne
crois pas que le
ministre puisse ignorer cette dimension fort importante en 1992. Et,
s'il ne veut pas que son projet de loi, que j'ai quand même toujours
hâte d'aborder article par article pour contribuer à
l'amélioration de certains aspects... Quand même, je ne m'en cache
pas, Mme la Présidente, j'ai révisé un certain nombre
d'articles et il y a place à amélioration pour faire en sorte que
la loi soit davantage, plus facilement applicable. Mais, malheureusement, la
dimension ou la préoccupation touchant la sécurité des
citoyens et les responsabilités du ministre et des municipalités
laissent un goût amer. Et je ne voudrais pas contribuer à
l'adoption d'un projet de loi qui risquerait de causer des préjudices
aux citoyens.
Ceci dit, Mme la Présidente, je ne veux pas prolonger plus
longtemps, parce que, comme je vous l'ai dit, et je le répète,
j'ai hâte de m'attaquer avec le ministre a l'étude du projet de
loi, parce qu'il y a des petites failles dedans et j'aimerais quand même
travailler à les modifier, à les améliorer...
La Présidente (Mme Bélanger): À les
bonifier.
M. Morin: ...à les bonifier. Je vous remercie, madame, de
me souffler le mot qu'il fallait. Je vous remercie de votre bonne attention,
ainsi que vous, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc. Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Mme la
députée, vous avez 10 minutes.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Oui. Alors, à mon tour, je veux
souscrire à la motion du député de Lévis, mon
collègue. C'est un curieux projet de loi qu'on a devant nous,
effectivement. Il semble qu'on est en désaccord. Je pense que c'est
très clair. Je pense que le ministre a pu comprendre qu'on
n'était pas d'accord du tout avec son projet de loi. On a des grosses
interrogations, en tout cas, à tout le moins. Si je suis d'accord avec
la motion qui a été présentée par mon
collègue, c'est que, justement, on sait que le Protecteur du citoyen -
comme il l'a fait valoir, d'ailleurs, tout à l'heure lorsqu'il a lu les
notes du Protecteur - s'est intéressé au projet de loi 57. Lui
aussi, il a trouvé qu'il y avait des drôles d'articles dans
ça. Il y a des drôles de dispositions, des dispositions qui font
en sorte que le ministère des Transports se décharge de beaucoup
de responsabilités.
Je regardais l'article 15. Tantôt, quand mon collègue de
Lévis lisait le mémo du Protecteur du citoyen. J'ai
été voir l'article 15, et c'est tellement étonnant de voir
un article comme celui-là apparaître. Il me semble que ça
aurait dû sauter aux yeux de beaucoup de gens qu'il y avait des questions
à se poser là-dessus. Quand on regarde le libellé de
l'article comme tel, on dit... En fait, je vais reprendre un petit peu par
rapport à 14. Ça dépend de 14 si 15 arrive. «Le
ministre effectue les travaux de construction, de réfection et
d'entretien des routes.» Bon, ça, ça va. «Toutefois,
il n'a pas à entretenir les trottoirs, les feux de circulation ou autres
installations dont il n'a pas la propriété, à moins qu'une
entente avec la municipalité concernée n'y pourvoie
autrement.» «S'il n'y a pas d'entente - et c'est là
l'article 15 - ou si le ministre ne le fait pas de son gré, une
municipalité locale doit entretenir ses ouvrages et installations - et
on finit ça en disant: bien qu'elle ne soit pas tenue de déneiger
les trottoirs.»
Bien, là, je vais vous dire, ça m'a étonnée
énormément de voir ça. J'ai toujours pensé, dans
mon esprit - je suis peut-être complètement mêlée,
là; il y a peut-être quelque chose qui m'a toujours
échappé - que c'était automatique que, quand la
municipalité était propriétaire d'une rue, bien, le
trottoir, évidemment, elle avait à l'entretenir aussi. Pour moi,
je pensais que c'était automatique. On entend souvent des cas de gens
qui reviennent contre la municipalité, qui prennent une
procédure, si on veut, parce que, bon, il y avait de la glace sur le
trottoir. Ils se plaignent que le trottoir était mal entretenu, ils ont
fait une chute, se sont brisé une jambe ou, en tout cas, se sont
blessés, à toutes fins pratiques. Alors, si c'est possible de
faire ça... Moi, dans mon esprit, j'ai toujours cru que, normalement, la
municipalité devait être responsable quelque part de l'entretien
de ses rues et puis de ses trottoirs. Alors, le Protecteur du citoyen l'a
soulevé et trouve que, dans d'autres cas, c'est le ministre qui se
déresponsabilise, mais, dans ce cas-là, disons qu'il trouve, et
je le pense aussi, que, oui, effectivement, il y a des questions à se
poser là-dessus, qu'à toutes fins pratiques on
déresponsabilise aussi la municipalité.
Vous savez, Mme la Présidente, on voit des tas d'articles
concernant, bon, des poursuites contre le ministère des Transports
concernant un accident à cause d'un tronçon de route qui
était mal entretenu ou qui était vraiment mal en point. Et, je
vais vous dire, on en voit régulièrement, là. On n'a
qu'à regarder les journaux, on regarde notre revue de presse là,
puis très souvent on voit des problèmes concernant les routes qui
ont causé des accidents.
Qu'est-ce qui arrive quand on a un projet de loi où le
ministère se déresponsabilise comme ça? Oui, je pense
qu'on peut se poser des questions. Moi, je vais vous raconter, Mme la
Présidente, un fait vécu chez moi. On n'a pas eu
besoin, nous, d'aller au Protecteur du citoyen. Disons que ça
s'est réglé au cabinet du ministre. Il a fallu monter au cabinet
du ministre pour régler un problème qui rejoint bien gros, en
tout cas, à toutes fins pratiques là, l'article 31, qui est
soulevé justement par le Protecteur du citoyen quand il dit: «Le
ministre n'est pas responsable des dommages causés par la
présence d'un objet sur la chaussée, que cet objet provienne ou
non d'un véhicule automobile ou qu'il soit projeté par
celui-ci».
Nous, il a fallu monter jusqu'au cabinet, Mme la Présidente, pour
faire enlever une pierre, une roche d'à peu près trois pieds et
demi de diamètre. C'est une grosse roche, effectivement, qui
était sur l'emprise, enfin, à toutes fins pratiques, qui
appartient au ministère des Transports. Et, pour faire enlever cette
roche-là, il a fallu monter au cabinet du ministre, parce que, au niveau
des fonctionnaires, au niveau des directions locales, on avait fait des
démarches et puis, à toutes fins pratiques, ce qu'on m'a
répondu: II n'y a plus d'argent dans nos fonds. On ne peut pas faire ces
travaux-là. La roche ne glissera probablement pas cette année.
Elle devrait être bonne pour passer l'hiver. Peut-être qu'au
printemps, quand les budgets vont sortir, on pourra enlever cette
pierre-là de l'emprise. Et, je vais vous dire, cette pierre-là,
si elle était tombée sur la route, elle tombait sur la route 132,
une route, finalement, où la vitesse permise est quand même assez
élevée, une route où c'est passant assez, merci. Il y a
une circulation assez dense. Bien, pour faire enlever cette roche-là, il
a fallu aller au cabinet du ministre, parce que, nous, on considérait
qu'il y avait un danger sérieux si la roche glissait sur la route 132,
car n'importe quel automobiliste qui roule ne s'attend pas à trouver une
roche de cette grosseur-là sur la route 132.
C'est très dangereux, ce genre de situation là, et je
trouve que ça rejoint un peu beaucoup l'article 31 qui a
été soulevé par le Protecteur du citoyen. C'est un peu
normal, je pense, que le Protecteur du citoyen informe le ministre. Et je
trouve qu'il fait très bien son travail quand il le fait comme
ça, parce que, voyez-vous, à chaque année, le Protecteur
du citoyen produit un rapport annuel où il fait état, justement,
des plaintes et des traitements des plaintes qu'il a effectués en cours
d'année. Et, quand je regardais les copies de ce rapport-là, on
voit que, parmi les plaintes qu'il a reçues cette année au niveau
du ministère des Transports, il y en a quelques-unes qu'il a
été capable de régler. Mais il a fallu que le Protecteur
du citoyen s'en mêle pour que certaines situations, qui devaient
être assez graves puisqu'il y a des montants quand même assez
importants... Dans un cas, on parle de 170 000 $, et des choses comme
ça, Mme la Présidente. On est loin de la roche dont je vous
parlais tout à l'heure, de la pierre de trois pieds et demi de
diamètre.
À chaque année, le Protecteur du citoyen, semble-t-il,
vient se mêler, suite à des plaintes de citoyens, de
différents cas au niveau du ministère des Transports. Je pense
que ce serait important de le rencontrer pour qu'il vienne s'expliquer, pour
qu'il vienne expliquer le genre de situations auxquelles il fait face à
cause de problèmes qui sont causés dans le ministère comme
tel. Suite à des articles comme ceux qui s'en viennent, il y en aura
sûrement davantage et probablement que ça inquiète,
à ce niveau-là, le Protecteur du citoyen. (16 h 10)
Je pense que ce serait aussi intéressant parce que ce serait
préventif, à toutes fins pratiques. Plutôt que de risquer
qu'il arrive des choses fâcheuses, plutôt que de risquer aussi
qu'on fasse face à des poursuites, à des règlements qui
traînent, à des désagréments pour les citoyens,
pourquoi pas, de façon préventive, rencontrer le Protecteur du
citoyen? C'est une excellente suggestion que, je pense, vous a faite mon
collègue, le député de Lévis, et j'espère
que le ministre va finir par rencontrer des groupes comme ça qui se sont
prononcés, parce que son projet de loi comme tel, il le sait, est
très mal accepté, très mal vu, comporte, en fait, à
toutes fins pratiques, des articles qui nous semblent très
inquiétants. Je ne sais pas si le ministre a l'intention de
déposer des amendements à ce projet de loi là - moi, c'est
la première fois que j'assiste ici à la commission, je
n'étais pas là lors de ses remarques préliminaires - mais
je dois vous dire que j'espère qu'il en aura quelques-uns. Je pense que
la meilleure façon d'apporter des amendements...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Pardon?
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
Une voix: Déjà?
La Présidente (Mme Bélanger): 10 minutes.
Mme Carrier-Perreault: Je conclus. Je pense que la meilleure
façon...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, vous avez
encore 30 secondes; je vous avertis pour...
Mme Carrier-Perreault: ...d'apporter les meilleurs amendements
possible...
La Présidente (Mme Bélanger): ...pouvoir faire une
conclusion intelligente.
Mme Carrier-Perreault: ...c'est justement
d'avoir des groupes qu'on puisse rencontrer, qu'on puisse questionner et
qui viennent nous suggérer... Et je pense que le Protecteur du citoyen
est vraiment très crédible et pourrait faire un bon travail avec
nous à ce niveau-là. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente, je vous remercie.
C'était rafraîchissant d'écouter la députée
des Chutes-de-la-Chaudière, puisqu'elle parlait d'abondance
d'expériences qu'elle a vécues et qui amènent des
éléments nouveaux à la discussion. Par nature, le
Protecteur du citoyen, le mot le dit bien, a été mis en place
pour protéger les citoyens, non pas pour protéger le
gouvernement. Il faut se réjouir que cet homme - ou cette personne - qui
a à rendre des comptes et qui est, en fait, l'employé de
l'Assemblée nationale puisse intervenir dans des projets de loi
lorsqu'il sent qu'il y a abus de pouvoir. Et on peut de son avis retirer des
grandes leçons. Ce n'est sûrement pas le ministre qui a
écrit les articles de la loi. Et je ne sais pas, non plus,
jusqu'à quel point il a participé à l'écriture du
projet de loi, parce que la première raison d'être d'une personne
politique, c'est d'abord et avant tout d'être sensible aux besoins de ses
concitoyens et de ses concitoyennes.
Dans le projet de loi, je trouve, je constate qu'il est plutôt
insensible aux citoyennes et aux citoyens du Québec. Il est surtout
sensible aux besoins du ministère comme des municipalités, ce qui
a pour effet de changer ou détourner le but du projet de loi qui est de
donner un cadre précis à des responsabilités, soit du
ministère, soit des municipalités. À plusieurs endroits
dans le projet de loi, on se rend bien compte que le ministère veut se
décharger complètement de toute responsabilité, quelles
que soient les actions ou quels que soient les actes qui sont commis. Et il
faut le faire. C'est la première fois, moi, que je vois dans un projet
de loi que le ministère ou la municipalité pourra se
dégager d'un contrat donné à un tiers. C'est la
première fois.
Vous savez, quand on a un contrat et qu'on donne un sous-contrat, il est
normal que la personne qui était le premier contractant demeure
responsable jusqu'à la fin. On a des exemples. Vous avez juste à
examiner, par exemple, un loyer. Quelqu'un a un bail et, jusqu'à la fin
de son bail, c'est la personne qui a signé qui est responsable. Ce n'est
pas le sous-bailleur. Donc, dans la question des routes, il y a un
propriétaire de la route et, lorsqu'il y a quelqu'un qui travaille sur
la route, je ne vois pas sous quel principe on dégage sa
responsabilité. Qu'on oblige, par exemple, par contrat, la personne
à qui on donne un contrat à se protéger, à se
prémunir contre tous les défauts qui pourraient survenir, les
accidents de parcours, bravo, voilà ce qui est une attitude normale.
Je ne sais pas si on est en train de faire du droit nouveau, mais il me
semble que c'est un élément un peu spécial qu'on est en
frais d'entrer dans un projet de loi. À ce que je sache, les
municipalités sont responsables de la construction de leurs routes.
Même si c'est un contractant, les municipalités demeurent toujours
responsables de la construction de leurs routes. Le Protecteur du citoyen
soulève ce problème-là, et avec raison, et on devrait
être très attentifs au problème qu'il soulève.
Et pourquoi il le fait? Le Protecteur du citoyen n'a rien à
gagner là-dedans, lui. Même, s'il a moins de plaintes, ça
va lui ôter du travail. Ce n'est pas son rôle. Son rôle,
c'est de protéger les citoyens. On va jusqu'à dire que, quelles
que soient les embûches ou les problèmes qu'il y a sur la route,
les cahots, etc., on ne peut rien faire. À venir jusqu'à
maintenant, les contribuables qui subissaient un préjudice sur le
réseau routier d'une municipalité, d'abord, un, ils avaient 15
jours pour prendre action; deux, s'ils pouvaient prouver qu'il y avait eu
négligence de la municipalité, ils pouvaient poursuivre. Dans le
cas qui nous préoccupe, il semble que, ça, c'est enlevé
complètement. Il n'y a pas de notion d'accident. On fait des trottoirs
et ce n'est pas nécessaire qu'ils soient déneigés. Bien,
ça fait qu'on pourrait faire une loi pour rouler les trottoirs durant
l'hiver, puis même l'été à partir du soir. S'il n'y
a pas d'éclairage, il ne faudrait pas qu'il y ait de trottoirs. Je
trouve que c'est un projet de loi... En tout cas, il y a beaucoup d'articles
sur lesquels le Protecteur du citoyen soulève des interrogations, et je
vais plus loin, je peux soulever beaucoup d'autres interrogations.
On connaît par expérience c'est quoi, construire des
routes. On en a vu. On ne peut pas être aussi longtemps responsable d'une
municipalité sans qu'on ait sous la vue certains problèmes
causés et certaines façons de voir les choses. Par exemple, si un
commerce, on lui cause des préjudices, il faut s'organiser pour parer
à ces préjudices. Ce n'est pas tellement clair dans la loi. On
dit seulement qu'en cas de détournement, là, pour le
propriétaire la municipalité ou le ministère pourrait
tenter de faire quelque chose pour subvenir ou pour pallier un manque à
gagner. Mais ça va beaucoup plus loin que ça, le sens de la
responsabilité. Ce n'est pas: On se lave les mains de tout
ça.
Moi, je suis surpris aussi... De quelle façon les gens vont
réagir par rapport à des nouvelles notions qu'on introduit dans
le projet de loi? Et c'est fait, vraiment là, juste d'un
côté. C'est un projet de loi qui est juste favorable au
ministère. Le citoyen n'est pas du tout dans la course. On n'est pas
préoccupé du tout par ses besoins, par
sa vision ou sa façon de voir les choses. Je me demande si c'est
un projet pour les gens qui vivent au jour d'aujourd'hui, à moins que ce
soit quelque chose de désincarné. On ne voit rien. On ne voit pas
que le citoyen a sa place. Moi, je crois, Mme la Présidente, qu'il
faudra bien qu'on revienne à de meilleurs sentiments ou à plus de
sensibilité. Je suis surpris, effectivement, que le ministre nous
présente un projet de loi où la préoccupation du citoyen
est absolument absente. C'est la préoccupation des piastres, la
préoccupation de l'argent, la préoccupation de se
débarrasser de ses responsabilités, la préoccupation de se
débarrasser de ses problèmes, et il cherche à avoir
l'assentiment de l'Opposition pour poser ces gestes-là.
On peut lui dire d'avance qu'on ne pourra jamais concourir à des
problèmes aussi apparents, aussi visibles et qui nous feraient mal
juger. Ce n'est pas le rôle, justement, d'un gouvernement de se laver les
mains. Le gouvernement est là pour régler des problèmes
d'équité entre les citoyens, puis un problème de justice.
Qu'est-ce qui va rester au citoyen dans sa municipalité, par rapport
à l'ensemble du dossier des routes, si le projet de loi qu'on a devant
nous ne change pas, d'aucune façon? Le Protecteur du citoyen, on
pourrait lui dire bravo, et je pense qu'un signe de remerciement et de
reconnaissance... (16 h 20)
En même temps, aussi, pour qu'on sache un peu mieux, j'aurais
d'autres questions, moi. On nous dit: Tout est ficelé dans le projet de
loi. À tout bout de champ, on voit décret, décret,
décret, décret. On conduit, on dirige par décret, le
diktat. C'était comme ça dans l'ancien temps, hein? Le roi
n'avait qu'à parler et le sujet n'avait qu'à s'accroupir,
c'était ça, à s'agenouiller. Il avait juste à faire
ça. Et c'est comme ça que le projet de loi est conçu:
à une époque médiévale. Et ça, je trouve
ça triste que le ministre, qui, en fait, a tous les attributs d'un homme
sensible, si on le regarde, physiquement, par son allure... Mais ce n'est pas
ça du tout, là. Je vois bien qu'il est insensible. C'est comme
ça que le gouvernement nous amène un peu sur la route des
embûches, puis des cahots. Le problème, c'est que vous
créez des problèmes, puis c'est vos successeurs qui vont les
régler. Ça fait qu'on ne pourra pas concourir
définitivement à une action semblable.
Le Protecteur du citoyen, j'en suis convaincu, puis je le connais
personnellement, c'est quelqu'un qui a un excellent jugement, puis d'excellents
contacts. Il a une grande expérience, à part ça, dans le
processus judiciaire, puis dans le processus aussi du travail qu'il fait
là. Alors, je lui dis bravo, même si... Le ministre, je comprends
qu'il a l'air à vouloir encore hésiter, puis il a l'air à
vouloir encore être braqué, en disant: Non, on ne peut pas
l'écouter, parce qu'on a la science infuse de l'autre côté.
Mais je voudrais encore faire appel à son sens au moins politique, s'il
n'a pas de sensibilité du coeur, pour qu'on puisse écouter le
Protecteur du citoyen. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le député de
Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, Mme la Présidente. Je vois,
d'abord, que le Protecteur du citoyen s'intéresse au dossier, ce qui est
une bonne chose. On le voit, d'ailleurs, à la teneur de la lettre par
laquelle il fait part de ses commentaires sur le projet de loi 57.
Mme la Présidente, j'ai lu rapidement ce projet de loi, puis il
me semble qu'il recèle, qu'on y trouve une autre philosophie du
rôle de l'État. En quelque sorte, l'État se décharge
complètement de toute responsabilité. C'est l'approche qu'il y a
là-dedans, et ça commence par le fait qu'on élargit la
non-responsabilité de l'État dans toutes sortes de secteurs: dans
les routes, sur les ouvrages, aussi sur ce qui se passe sur la route. Et, plus
loin aussi, on arrive à y trouver un revirement complet, une volte-face
de l'État en ce qui concerne même les péages sur les
autoroutes.
Le ministre, qu'il m'écoute, qu'il ne fasse pas des grimaces,
qu'il ne s'énerve pas. On s'intéresse à son projet de loi,
il devrait être très content, très heureux. Il devrait
même sourire de contentement de voir qu'on s'y intéresse.
Mme la Présidente, je voudrais juste qu'on se rappelle un peu
d'histoire sur la question. On a fait la Révolution française
parce que, à la base, parmi d'autres choses, II y avait un
problème de routes majeur. Les citoyens ne pouvaient pas circuler sur
les routes sans visa, sans payer à tout bout de champ, et leurs voyages
étaient entrecoupés de contrôles, de péages. On
revient à cela 200 ans après, ici, dans un pays neuf. Le
système féodal n'a jamais marché au Canada, ni au
Québec. Justement à cause de l'immensité du pays, de la
nouveauté du pays, c'était impossible de l'administrer. On y
revient.
Nous l'avions aboli, quant à nous, en 1984. J'étais
là à l'époque et, dans le discours du budget du printemps
1984, le gouvernement avait aboli les péages sur les autoroutes, ici, au
Québec. Et je pense que ça a été une grande
discussion que nous avions eue à l'époque. Qu'on se rappelle,
tout simplement, là-dessus que la décision comportait ou bien des
péages sur toutes les autoroutes ou pas de péages. Et, comme il y
avait une Transcanadienne qui passait à travers le Québec, sur
laquelle il y a une entente générale à l'effet qu'il n'y
aurait pas de péages, donc, il y avait au départ une exception.
Et, comme il y avait aussi d'autres routes sur lesquelles il n'était pas
question de mettre des péages, donc, le système faisait qu'on
n'y
arrivait pas. Et nous avons décidé d'abolir les
péages sur les autoroutes.
Là, je vois qu'on les réintroduit, qu'on va amener,
finalement, l'usage des routes publiques sur une base de tarification. Ceci
peut nous conduire très loin. Ceci peut nous conduire très loin,
et j'aimerais bien entendre le Protecteur du citoyen justement
là-dessus, parce que, au fond, sur le plan historique, la
Révolution s'est faite sur un principe d'égalité, de
fraternité... Qu'est-ce que c'était, donc?
Une voix: Unité, égalité,
fraternité.
M. Léonard: C'est ça. Alors, on remet ça en
cause. L'autre point...
M. Morin: Là, ici, il faudrait ajouter charité.
M. Léonard: Non, non, ce n'est pas ça. C'est parce
que je l'avais tout à l'heure et je l'ai échappé.
L'autre point... Parce que, ça, c'est une question très
générale, mais qui, au fond, fonde une philosophie, une approche
en ce qui concerne les déplacements. Qu'on se rappelle que les
transports, les communications sont à la base même de l'existence
d'une communauté, d'une collectivité. L'autre facteur, c'est le
sens des responsabilités, et je pense que c'est là-dessus que le
Protecteur du citoyen fait des commentaires. L'État se retire de toute
responsabilité. C'est un élargissement de sa
non-responsabilité. Si je peux traiter ça de façon
très générale, les commentaires qu'il fait, c'est un
élargissement de sa non-responsabilité. Il y a déjà
des dispositions où la responsabilité de l'État est
limitée au moment où nous nous parlons, mais les amendements qui
sont apportés consistent à élargir cette
non-responsabilité.
Si on prend le paragraphe un de l'article 28, on élargit la
non-responsabilité de l'État à ce qui se fait autour des
belvédères, des haltes, des aires de services, des postes de
contrôle, des stationnements qui sont situés dans l'emprise d'une
route. Donc, on élargit vraiment. On dit: L'État ne sera plus
responsable, quoi qu'il arrive là-dessus. Si on continue la lecture du
projet de loi, c'est la même chose. Lorsque vous arrivez au paragraphe
deux, l'État n'est pas responsable, etc., «de dommages ou
inconvénients causés notamment par la suppression d'un passage
à niveau», etc. Cela revient à dire que le
«notamment», là, revient à tout mettre, parce que
là on donne simplement des exemples, mais on n'exclut rien d'autre de ce
qu'on n'a pas prévu. C'est vraiment très, très large.
Cette exonération est particulièrement large.
On peut continuer de cette façon aussi lorsqu'il s'agit de la
construction. Mon collègue de Jonquière a élaboré
sur cette question tout à l'heure. Je pense qu'on retrouve une
espèce de principe qui amène l'inexistence de l'État, en
quelque sorte, qui amènerait presque le citoyen - je vais
exagérer, mais simplement pour me faire comprendre - à chaque pas
qu'il ferait, à aller voir s'il n'y a pas un trou dans la route ou s'il
n'y a pas un précipice au bout, alors que l'État ne serait
responsable de rien. Je le dis, j'exagère, mais c'est pour faire
comprendre ce que je dis présentement. L'État n'est plus
responsable de rien.
Alors, l'article 29, c'est dans la même veine: «...l'absence
de clôture entre l'emprise d'une route et un terrain contigu».
Mais, s'il n'y a pas de clôture de par l'initiative même du
ministère, cela rend automatiquement le citoyen responsable. Il ne
faudrait pas qu'on revienne quelques dizaines d'années en arrière
où il y avait des animaux qui arrivaient sur les routes et qui causaient
des accidents considérables, très graves. Le citoyen est
affecté, là. Je vous donne un cas concret. Je ne le dis pas pour
critiquer indûment le ministre. Je trouve qu'il s'exonère de toute
responsabilité, en quelque sorte.
Article 30: «Le ministre n'est pas responsable des dommages
causés par l'état de la chaussée aux pneus, aux jantes ou
aux systèmes de suspension ou d'échappement d'un véhicule
automobile». Mais, là, qu'est-ce qui arrive si le ministère
ne répare pas ses routes et qu'il fait montre d'une négligence
excessive? S'il y a un trou qui est là depuis une semaine et qu'il y a,
je ne sais pas, moi, des dizaines de citoyens qui se sont cassé la
gueule là-dedans, le ministère ne sera pas responsable. C'est
ça que ça dit, c'est ça que ça veut dire. Alors, on
exclut la possibilité de démontrer la faute ou la
négligence d'employés ou de mandataires du ministère
lorsqu'il y a des dommages comme ceux-là qui surviennent. C'est aller
loin. Je pense qu'on doit être conscient de ce qu'on fait. Les
législateurs doivent être conscients de ça. (16 h 30)
Voyez-vous, l'article 31: «Le ministre n'est pas responsable des
dommages causés par la présence d'un objet sur la
chaussée, que cet objet provienne ou non d'un véhicule automobile
ou qu'il soit projeté par celui-ci.» Par exemple, un camion de
transport lourd fait une crevaison. Le pneu s'en détache. Il reste dans
le milieu de la route. À qui revient la responsabilité de
l'enlever? À qui? Est-ce que c'est au premier citoyen qui passe ou au
cinquième qui passe ou bien si ce n'est pas normalement à une
surveillance régulière que le ministère des Transports
doit faire sur la route et à des gestes qu'il doit poser? S'il doit les
poser, qu'il les pose. Il est responsable. Il faut qu'il se reconnaisse une
responsabilité.
Quand on lit cela, la question qui vient, c'est de savoir qui va
être responsable d'enlever les objets qui tombent, les objets qui se
détachent. Il y a des choses qui tombent, mais il y a aussi des choses
qui se détachent. Il y a des
camions qui se promènent avec des charges de bois, de planches,
de madriers, de deux-par-quatre, et il y en a qui versent. Il y en a qui s'en
détachent simplement. Il y a un paquet qui se détache d'un
camion. Des accidents finissent par arriver. Il y a peut-être un camion
sur 100 000, mais ça arrive. Dans ces cas-là, le camionneur est
responsable, je veux bien, mais, dans le cas où il ne l'a pas vu et que
fortuitement il se trouve des objets sur la route qui provoquent un danger
considérable, je pense que c'est de la responsabilité du
ministère qui doit, d'abord, surveiller la route, mais, ensuite, qui
doit rendre la circulation sécuritaire sur la route. C'est la même
chose pour un pneu. Il y a combien de crevaisons de camions lourds, ce qui fait
qu'il y a un pneu qui se détache et qui reste sur la route? C'est
très dangereux pour une voiture. Le ministère ne sera plus
responsable.
Mme la Présidente, je pense qu'il serait important que cette
commission entende le Protecteur du citoyen, qui viendrait soulever ces
questions. Et je pense que la commission aussi aurait intérêt
à le questionner sur la philosophie générale qui sous-tend
ce projet de loi du ministère. Je pense qu'il y a un changement majeur
d'orientation, et on ne peut pas orienter les communications, les transports de
citoyens, de véhicules, simplement sur le principe de
non-responsabilité de l'État et de la responsabilité des
citoyens, même à partir du moment où on voudrait tarifier.
Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Labelle. M. le ministre, est-ce qu'il y a une...
M. Middlemiss: Pas pour le moment, Mme la Présidente. Je
réserve mon droit de parole.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, Mme la Présidente. D'entrée de
jeu, j'aimerais vous aviser, Mme la Présidente, que ma présence
ici ne se veut pas une mesure dilatoire ou une mesure de
«filibuster», pour prendre notre langage parlementaire. J'aurais
aimé être présent lorsque la commission a fait ses
remarques préliminaires, mais étant membre de la commission de
l'économie et du travail, étant retenu à cette commission
pour d'autres travaux, je n'ai pu être présent.
Si j'ai tenu cet après-midi à participer - et ce sera
probablement ma seule intervention au courant de l'après-midi au niveau
de vos remarques pour des consultations particulières - c'est qu'il y a
un principe fondamental que j'ai défendu au cours des sept
dernières années en tant que député de Drummond et
représentant des citoyens et des citoyennes. J'ai été un
de ceux qui ont toujours préconisé l'imputabilité de la
fonction publique. J'ai toujours été un de ceux qui ont voulu que
nos hauts fonctionnaires soient imputables, qu'ils viennent rendre compte
devant nous de leur devoir et de leur actions. Comme de raison, il va sans dire
que le projet de loi 57, Mme la Présidente, a causé beaucoup de
remous dans la circonscription de Drummond et, je pense, dans toutes les
localités, autant au niveau des deux unions que de l'UMRCQ.
À la lecture de ce projet de loi et en me préparant
à accomplir mes tâches quotidiennes... Il aurait été
facile pour moi, cet après-midi, de vaquer à d'autres
occupations, d'aller dans ma circonscription et d'utiliser l'article 252 du
règlement de l'Assemblée nationale et de faire des amendements
que j'aurais jugés opportuns en temps et lieu, mais j'ai tenu à
venir cet après-midi souligner l'importance du travail d'un de nos
fonctionnaires. Le 3 décembre 1992, le Protecteur du citoyen m'adressait
une lettre qui s'intitulait «Commentaires sur le projet de loi 57,
1992» Je pense, moi, ayant toujours été un
démocrate, que, oui, on se doit d'avoir évolué et de faire
en sorte, finalement, si on a une société organisée
aujourd'hui, en 1992, d'être au service de nos citoyens.
Je dois vous avouer qu'à la lecture de ce projet de loi... Je ne
citerai pas tous les autres articles - mes collègues de l'Opposition
officielle ont eu la chance de le faire - mais je vais vous donner un exemple
qui a attiré mon regard et mon attention, et c'est l'article 17, tel que
libellé. Avant que je reçoive la lettre du Protecteur du
citoyen... Je voudrais dire, à mon avis, qu'on parie simplement,
à ce moment-ci, du propriétaire. Mais, si je suis un locataire ou
si même le propriétaire avait entreposé - on le sait,
aujourd'hui, avec l'évolution de la société de loisirs -
un bateau, une remorque, un «trailer tent», alors, comme on parie
de dommages au terrain, est-ce que la partie d'équipement de loisir qui
serait entreposée est couverte? Alors, il va sans dire qu'on pourrait
débattre ça longtemps. Des juristes nous diront oui, d'autres
nous diront non, mais il reste que, en bout de piste, je pense qu'il est de
notre responsabilité, en tant que législateurs, de s'assurer que
les lois sont les plus claires possible et se prêtent le moins possible
à des interprétations. Parce que Dieu sait qu'aujourd'hui les
coûts de la justice sont excessivement dispendieux.
Il y a autre chose aussi. Alors, sur les autres articles, je pense que
le point a été très bien fait. Je fais confiance autant au
côté des légistes qu'au côté de M. le ministre
pour interpréter chacun des articles et, lorsque la commission
étudiera article par article, pour apporter les amendements
nécessaires, que je suivrai avec minutie.
Mais j'attirerais aussi l'attention de mon collègue, M. le
ministre des Transports. Lors-
qu'on parte de voirie, lorsqu'on parte, dans votre projet de loi, de
chemins miniers et de chemins forestiers, il y a une chose, étant un
député de région, c'est que souvent on a inclus, au niveau
d'Energie et Ressources, toute l'accessibilité des ressources, au niveau
du sable et du gravier, qu'on appelle les sablières et les
«gravellières», qui sont associées aux
minéraux. Et, souvent, dans nos municipalités, on sait les
inconvénients que ça crée et aussi les dommages. Et on
sait aussi, M. le ministre, que ces accès, dû à la
circulation lourde, affectent les routes de ces petites municipalités.
Et une des craintes que j'avais en voyant le projet de loi, en voyant le
désengagement de certaines responsabilités, c'est que ça
pouvait faire en sorte que, à cause de ces sablières et de ces
«gravellières», bien, les petites municipalités de
400, 500 habitants n'aient pas les ressources nécessaires pour prendre
soin adéquatement des routes. Et, si on met, au-dessus de tout
ça, un désengagement de responsabilité, bien, on peut
d'ores et déjà prévoir tous les frais juridiques qui
s'ensuivront et aussi, au-delà des frais juridiques, au-delà des
frais monétaires, les pertes de vie qui pourraient en
découler.
Alors, je vais vous laisser ça comme préoccupation, M. le
ministre, pour en prendre soin et dire: Mais qu'est-ce qu'on peut faire, au
niveau des petites municipalités qui sont affectées par la
circulation lourde, avec le budget tel qu'il est? Je pense qu'il serait de
notre devoir, peut-être, de voir à avoir des budgets
supplémentaires. Parce que, si c'est vrai pour les ressources
minières et les ressources de la forêt, je pense qu'il est aussi
vrai et qu'il est aussi valable d'avoir ces provisions-là.
En conclusion, Mme la ministre, moi, je tiendrais à louer le
travail du Protecteur du citoyen, dans la foulée aussi d'un autre
rapport, qui est celui du Vérificateur général. On dit
souvent que, nous, les législateurs, on n'a pas les outils voulus, puis
avec raison, pour accomplir notre tâche soit de législateur, soit
de contrôleur de la société. Et, d'ailleurs, dans
l'édition de cette année, 1991-1992, dans ses remarques, il dit
encore que les législateurs devraient avoir toutes les mesures
nécessaires pour être capables de voir les objectifs qu'on se fixe
au niveau des lois et règlements, de voir combien coûtent les
opérations, de voir à l'efficience atteinte par le personnel de
l'administration, de voir la clientèle que nous servons. Ça,
c'est une phrase qui est intéressante, parce que, trop souvent, autant
nous, les législateurs, lorqu'on est ici dans le salon bleu, que
lorsqu'on est fonctionnaires, on oublie une chose: la raison pour laquelle on
est ici, c'est parce qu'on vit en société organisée et
qu'en bout de piste il y a quelque chose qui s'appelle une clientèle,
qui sont nos électeurs et nos électrices, et on les oublie trop
souvent. Il dit aussi qu'on devrait s'assurer que, avec tous ces
outils-là, cette clientèle, qui sont nos électeurs et nos
électrices, soit satisfaite de nos services.
(16 h 40)
Alors, je pense, moi, qu'à cet égard on se doit de
féliciter et de souligner le travail remarquable du Protecteur du
citoyen. Parce que, moi surtout, comme je le dis souvent en boutade, avec ma
nombreuse équipe de recherche, lorsque je reçois un document du
Protecteur du citoyen, je pense que, s'il y a quelqu'un, au même titre
que le Vérificateur général, qui nous donne les outils
modernes et valables afin de contrôler l'appareil gouvernemental, de
faire en sorte que nous sommes mieux adaptés et mieux outillés
pour faire des lois qui collent à la réalité d'aujourd'hui
et de demain, bien, c'est d'autant plus facile et, je pense,
intéressant.
Si j'étais membre permanent de cette commission, j'aurais
aimé entendre personnellement le Protecteur du citoyen en audiences
publiques parce que c'est un des grands fonctionnaires de l'État. C'est
un de ceux qui vont s'assurer, finalement, que trop souvent on oublie que le
pouvoir veut dire concentration, veut dire exercice de force. Alors, entendre
le Protecteur du citoyen, qui est là au service des plus démunis,
je pense que c'est un rôle qu'on oublie souvent aussi, en tant que
législateurs, en tant que représentants de nos citoyens et de nos
citoyennes. Il y a une vieille maxime qui m'a toujours frappé, c'est
qu'une société est aussi forte que le plus faible de ses
maillons. Alors, c'est pour ça qu'il est important de faire en sorte
qu'un Protecteur du citoyen puisse venir nous éclairer.
Une dernière dimension, avec le peu de temps qu'il me reste, que
j'aimerais souligner, Mme la Présidente, c'est que, à
l'intérieur de ce projet de loi, on se donne dans l'avenir, quant
à moi, quelque chose qui est contraire aux aspirations des
législateurs de 1992 avec l'imputabilité. C'est lorsqu'on
réintroduit la possibilité d'introduire le péage sur
certaines routes. À ce moment-là, il y a danger. J'ai confiance,
moi, au député de Pontiac et ministre des Transports pour l'avoir
côtoyé depuis sept ans. Mais, la vie politique étant ce
qu'elle est, les législateurs passant et ayant souvent à faire
face à des échéanciers électoraux et à
être jugés par la population, souvent on a des ministres qui vont
changer, soit par la volonté du premier ministre, soit par la
volonté de l'électorat. Moi, ce que je crains de plus en plus -
et on devrait être minutieux en tant que législateurs - c'est
qu'on mette de la législation qui pourra faire que, dans 5 ans, dans 10
ans, dans 15 ans, les portes seront toutes grandes ouvertes et qu'on sera
capables de faire des programmes sans avoir recours à l'Assemblée
nationale et qu'on sera capables, par décret ou par règlement, de
donner des permissions pour faire des autoroutes à péage. Je
pense qu'on se doit d'avoir de la législation et, si, à un moment
donné, c'est
l'intention de l'État d'avoir des routes à péage,
d'être capables d'arriver avec un énoncé de politique qui
dit: Voici notre intention, voici les amendements que nous ferons...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Drummond, en conclusion.
M. St-Roch: ...au niveau législatif pour nous rendre
conformes.
Alors, Mme la Présidente, j'ai fait part des
préoccupations que j'ai. J'essaierai, si le temps de la commission de
l'économie et du travail me le permet, de venir participer à
l'étude article par article. Je suivrai attentivement, parce que c'est
un projet de loi important pour ma collectivité, les amendements qui
seront apportés à l'étude article par article et, si, en
cours de route, il y a des choses qui, je pense, n'ont pas été
faites, avec ce qu'on reconnaît au député de Drummond,
autant du côté de l'Opposition officielle que du côté
ministériel, je vous ferai part des amendements que j'aimerais voir
adoptés à l'Assemblée nationale en conformité avec
l'article 252.
Je vous remercie, Mme la Présidente, de votre obligeance et je
souhaite aux membres permanents de cette commission du bon travail pour qu'on
ait, à la fin, un projet de loi qui soit à la grande satisfaction
de nos citoyens et de nos citoyennes. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Drummond. M. le ministre.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente. J'aimerais
seulement dire... Je sais que le député de Lévis,
tantôt, a indiqué que j'étais un ingénieur et non
pas un avocat. Toutefois, entendre quelqu'un par écrit, c'est
l'entendre. Le Protecteur du citoyen nous a écrit une lettre. Nous avons
examiné ses commentaires et nous sommes en... Vous n'avez pas
compris?
M. Léonard: Le député de Lévis...
M. Middlemiss: Le député de Labelle semble ne pas
avoir entendu. J'ai dit: Le député de Lévis a
indiqué tantôt que j'étais un ingénieur et non pas
un avocat et, donc, que les projets de loi, ces choses-là, le
côté légal, je n'en connaissais pas trop. Je l'admets, sauf
qu'entendre quelqu'un par écrit, c'est l'entendre. Le Protecteur du
citoyen nous a écrit et nous sommes en train de lui envoyer nos
commentaires suite à ses commentaires. C'est pour ça que, depuis
hier, je vous dis que le plus tôt on va passer à l'étude
article par article, le plus tôt on pourra répondre aux questions
qu'a posées le Protecteur du citoyen. Mais ce n'est certainement pas...
Ça, je vais y arriver. Au moment où on va arriver à ces
articles-là, on va les faire.
Regardez, le seul qui a démontré un petit peu de
connaissances, c'est le député de Dubuc. On lui a donné un
cahier hier et, aujourd'hui, il a commencé à nous lire des
choses. Il disait: Ah! L'article 17. La disposition proposée -
ça, c'est les commentaires - reprend dans une forme plus moderne et plus
concise l'article 62 de la Loi sur la voirie en maintenant le pouvoir
d'installer... Ça le dit pourquoi. Donc, c'est quelque chose qui est
déjà là. Et le député de Labelle, qui, lui,
a été ministre des Transports, il a dû être au
courant de ça. Vous avez été ministre des Transports,
vous. Je peux comprendre que le député de Drummond, lui, ne
serait pas trop... Parce qu'il a touché les péages, lui. Il n'a
jamais été ministre des Transports. Mais, vous, vous l'avez
été. C'est parce que, après qu'on a aboli l'Office des
autoroutes, c'est à ce moment-là qu'on a transféré
ça dans la loi de la voirie qui existe aujourd'hui. Et vous, vous
étiez le ministre des Transports, à ce moment-là. Et vous
allez venir nous faire des leçons? Aïe, monsieur! Hein!
M. Léonard: On va se parler. Vous allez voir
ça.
M. Middlemiss: Non, non. C'est ça, Mme la
Présidente. On vient barbouiller tout le monde: Vous faites des
changements, vous faites ci... Vous, vous avez été un des
ministres. Vous, vous avez appliqué cette même loi-là.
C'est ça, là. La Loi sur la voirie, c'est la même qu'on est
en train de changer, celle qui existait en 1922. On est en train de la rendre
plus moderne. Je peux comprendre. Je vais accepter que ça fait partie du
jeu parce que je suis convaincu que ce n'est pas sérieux. Je vous donne
plus de crédit que ça, M. le député de Labelle.
C'est que vous voulez nous retarder. C'est ça que vous faites. Et c'est
pour ça que vous avez parlé de péage. Parce que je vous
connais mieux que ça.
Mais je voudrais juste faire un point, puis je veux que ce soit
enregistré. J'aimerais bien ça qu'on puisse... Et probablement
que votre présence ici, pendant l'étude article par article,
pourrait nous aider parce que vous avez une expérience au
ministère de la voirie. Vous avez été obligé, vous,
de faire face au problème auquel, moi, je ferai face et auquel ceux qui
vont me suivre devront faire face. Et on ne veut pas, certainement, que
l'État soit responsable des actes de Pierre, Jean, Jacques. Il me semble
qu'il faut se limiter. On n'est pas une compagnie d'assurances, mais ça
ne veut pas dire qu'on veut s'exonérer de tout, de tout. Lorsque nous
sommes responsables par négligence, on paie pour. On le fait
aujourd'hui. Tout ce qu'on fait, là, c'est que les pouvoirs, les
exonérations qu'on a aujourd'hui, on les transmet dans la nouvelle loi
parce qu'il faut la changer. C'est tout ce qu'on fait.
Pourtant, le député de Dubuc, lui, depuis
hier qu'il a hâte de commencer article par article. Il me semble
qu'il pourrait... Vous avez l'air d'un leader, vous, le député de
Dubuc. Vous pourriez peut-être faire un genre de «huddle» et
commencer à donner des signaux et dire: La meilleure façon de
procéder, c'est de commencer article par article, et on vous
répondra. On va vous répondre. Et j'espère que le
député de Drummond reviendra pour ces articles-là pour
qu'on puisse lui donner une réponse. Je ne peux pas vous donner une
réponse à ce moment-ci. Vous utilisez des procédures
dilatoires pour retarder l'adoption du projet de loi. Nous autres, ici, on veut
le bonifier. C'est ça, la différence.
M. Morin: Point d'ordre, Mme la Présidente.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, je n'ai pas
dérangé le député de Dubuc.
M. Morin: Question de règlement, Mme la Présidente.
Question de règlement. Ça fait deux fois, là, que le
ministre nous prête des intentions de retarder indûment les
travaux. Vous savez qu'on n'a pas le droit de prêter des intentions
à qui que ce soit. Le député Richard, en
plénière, cette nuit, a même reproché à un
député de l'Opposition d'avoir accusé le ministre Paradis
de bâiller. Il lui a dit que, même si quelqu'un bâille il ne
faut pas lui prêter des intentions de s'endormir.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas parce
qu'on bâille qu'on s'endort.
M. Morin: Et, en plus de ça, le ministre s'adresse
à nous autres et ça nous indispose. Moi, je suis un jeune
parlementaire et je ne suis pas habitué à ça. Il faut
qu'il s'adresse à vous, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait. On a
compris. Alors, M. le ministre, si vous voulez bien...
M. Middlemiss: Mme la Présidente, vous venez de
réaliser, là... Est-ce que réellement c'était une
question de règlement?
La Présidente (Mme Bélanger): Je ne pense pas que
le ministre ait prêté des intentions. Il a simplement dit que, par
vos propos, vous semblez avoir hâte d'aller article par article.
M. Dufour: Mais il faut qu'il s'adresse à vous, Mme la
Présidente, j'insiste. Il faut qu'il s'adresse à vous et non pas
directement...
M. Léonard: Après sept ans, il n'a rien appris
encore.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre...
M. Middlemiss: On va certainement...
La Présidente (Mme Bélanger): ...si vous voulez
vous adresser à la présidence.
M. Middlemiss: Oui, Mme la Présidente. Je
m'aperçois que... On a écouté tous nos collègues de
l'autre côté. On n'a pas dit un mot. Et il me semble
qu'aussitôt qu'on commence à dire...
M. Morin: On est impertinent.
M. Middlemiss: On les respecte, les règles du jeu, Mme la
Présidente. C'est qu'H y en a qui n'aiment pas ça se faire dire
la vérité. Moi, je n'ai pas peur de me faire dire la
vérité et je n'ai pas peur de dire la vérité, non
plus. Je n'ai jamais eu peur et je n'aurai jamais peur. Même le
député de Lévis, il nous a dit: Vous avez fait une
promesse pour l'autoroute 50, il y a un an passé. D'accord, on l'avait
faite. On n'a pas pu le faire parce qu'on n'avait pas d'argent. Donc,
ça, c'est de faire face aux responsabilités, et de se faire
appeler de toutes sortes de noms, puis de donner une chance au
député de Lévis d'essayer de faire un show. Mais c'est de
l'honnêteté de dire: Oui, on l'a faite et on n'avait pas d'argent.
C'est d'être de bons gestionnaires. (16 h 50)
Mais, ceci étant dit, je pense, Mme la Présidente, que le
plus tôt on va arriver article par article, le plus vite on va être
capables de répondre aux préoccupations, si réellement
ça préoccupe les membres de la commission. Si c'est
réellement ça, moi, je suis prêt à vous
répondre. J'ai les gens avec moi qui sont prêts à vous
répondre. Il y a un avantage, et ça, j'ai oublié de le
dire hier, c'est que, du côté ministériel, en ce qui
concerne toute la décentralisation du réseau routier, j'ai eu le
support d'une quinzaine de députés, des députés de
comtés ruraux, et je dois vous dire que c'est peut-être pour
ça qu'on a réussi à avoir des échanges et à
améliorer la décentralisation avec les deux unions. Parce qu'on
n'a pas fait ça dans un vase clos, on l'a fait avec des
députés qui, eux, font affaire avec des élus municipaux,
qui, eux, font affaire avec des citoyens.
Donc, lorsqu'on part avec ça comme base, on ne peut pas se
tromper. Et c'est peut-être pour ça que, de ce
côté-ci, ils comprennent mieux, puis ils savent exactement c'est
quoi, le transfert. Et je l'ai dit, hier, au député de Labelle,
que, dans son comté, on a réussi à rendre
équitable, à corriger une chose que lui n'avait pas osé
corriger lorsqu'il était ministre. Et ce n'est pas notre faute si le
comté de Labelle a voulu se soustraire de la région de
l'Outaouais. Parce que, au moment où on l'a
corrigé, il ne faisait plus partie de la région de
l'Outaouais. Mais on le corrige là.
M. Léonard: Certains se traînent les pieds.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! S'il vous plaît! la parole est au ministre.
M. Middlemiss: Au moins, je l'aurai corrigé, moi.
M. Léonard: Quatre ans en retard par rapport à
l'Outaouais.
M. Middlemiss: Je l'aurai corrigé.
M. Léonard: Ça, c'est de la partisanerie.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Labelle...
M. Léonard: Ça, c'est de l'iniquité.
La Présidente (Mme Bélanger): ...la parole est au
ministre.
M. Middlemiss: Premièrement, il ne peut pas m'accuser,
moi, pour quatre ans passés, j'arrive. Lui a été
là. Qu'est-ce qu'il a fait quand il était là? C'est
ça que je veux soulever. Vous le direz aux gens chez vous qui a
corrigé l'injustice.
M. Léonard: On va leur dire la vérité.
M. Middlemiss: D'accord. Mme la Présidente, qu'on passe
à l'article 1 le plus tôt possible. Regardez, le
député de Lévis avait suggéré qu'on pourrait
peut-être filer directement jusqu'à minuit. Moi, je suis
prêt, si on peut commencer immédiatement avec l'article 1 pour
qu'on puisse réellement répondre aux préoccupations de
tous les députés. O.K.?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, est-ce que c'est
possible qu'on puisse s'entendre là-dessus? Moi, je serais prêt,
puis je pense que mes collègues aussi, à filer jusqu'à
minuit ce soir, si on commence immédiatement l'article 1. Non? Donc, on
refuse. Ils ne veulent pas étudier ce projet de loi là. C'est
clair. M. le député de Lévis nous a fait signe de la
tête que non, il n'est pas prêt à faire ça. Donc,
ça veut dire qu'il doit avoir une autre motion dilatoire.
M. Garon: Mme la Présidente, est-ce que... Je ne pourrai
pas parce que mon temps est écoulé.
Une voix: Son temps de parole est terminé.
M. Garon: Non, non, mais je demande la permission parce qu'il m'a
posé une question.
M. Middlemiss: Oui, oui, d'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Allez-y, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je n'ai pas d'objection du député de
Rousseau?
M. Thérien: Non.
M. Garon: Bon. Alors, j'admire la docilité du
député de Rousseau. Essentiellement, ce n'est pas ça.
C'est parce que ça fait partie de l'étude du projet de loi. On
demande à entendre le Protecteur du citoyen.
M. Middlemiss: Je vous l'ai dit.
M. Garon: Quand on demande d'entendre des gens... On n'a pas
demandé d'entendre des gens farfelus, on a demandé le syndicat
des fonctionnaires à cause du nombre de personnes que vous allez mettre
dehors...
M. Middlemiss: Ça, c'est réglé.
M. Garon: On a demandé l'Union des MRCQ.
M. Middlemiss: Ça, c'est réglé.
M. Garon: L'UMQ.
M. Middlemiss: C'est réglé.
M. Garon: Là, on parle du Protecteur du citoyen.
Ça, ce n'est pas réglé. Je vais vous dire une chose: Le
Protecteur du citoyen, son avis va tellement vous sortir par les oreilles que
vous allez regretter de ne pas l'avoir invité aujourd'hui. Je dois vous
le dire, parce que c'est évident que l'avis qu'il vient de nous donner
va être publicise. Vous seriez bien mieux de le rencontrer et qu'il
vienne vous dire ce qu'il a à dire, parce que c'est évident,
à mon avis, à moins que vous aimiez ça souffrir... C'est
possible. Il y a des gens qui sont masochistes. Moi, je ne suis pas sadique.
Comme je ne suis pas sadique...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
répondu à la question de M. le député de
Lévis.
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous avez
fini?
M. Middlemiss: ...regardez, j'ai fait une offre au
député de Lévis. Lorsqu'il commence à parler encore
de l'Union des municipalités du
Québec, de l'Union des municipalités régionales de
comté, puis du syndicat, ça, on a déjà pris le vote
là-dessus, puis c'est décidé. Je vois que le
député de Labelle est ici et le député de Drum-mond
n'était pas ici hier. Je voudrais juste ajouter les arguments principaux
que j'ai donnés pour refuser l'UMQ, l'UMRCQ. C'est que, si on avait
invité les deux présidents, ils auraient eu un maximum d'une
heure chacun. Mais j'ai démontré que, depuis un an, le
comité technique, qui est formé du ministère des
Transports, du ministère des Affaires municipales, des
représentants de l'Union des municipalités, des
représentants de l'Union des municipalités régionales de
comté, a passé 45 heures, 45 heures. Moi, personnellement, et mes
supporteurs, à quatre reprises, on est allés à la table
Québec-municipalités au moins une heure chaque fois et, à
deux occasions, on a rencontré, avec le ministre des Affaires
municipales aussi, les présidents des deux unions. Ça fait 50 et
quelques heures d'échanges, ce qui nous a permis d'améliorer
l'offre de décentralisation.
Donc, basé sur ça, il me semble qu'une heure ici n'aurait
certainement rien ajouté à ça. Peut-être que
ça aurait donné l'occasion aux gens de l'Opposition de poser des
questions à ces deux présidents-là, mais, comme je
l'indiquais hier, c'est nous autres, le gouvernement, qui devons prendre la
décision. Il me semble que ce qu'on offre a été fait avec
les gens qui sont impliqués, les gens qui nous ont donné leur
point de vue et, lorsqu'on passera le projet de loi, on vivra avec les
conséquences. C'est ça, être le gouvernement.
Maintenant, Mme la Présidente, il me semble que c'est très
évident que l'Opposition n'est pas intéressée du tout
à réellement faire son travail d'étudier article par
article dans le but de bonifier le projet de loi. Moi, je l'ai dit dans mon
discours sur le principe, que nous croyons que le projet de loi rencontre
exactement ce qu'il devait rencontrer, sauf que nous sommes prêts, nous
sommes ouverts à le changer dans le but de bonifier le projet de
loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci... Pardon?
M. Garon: En vertu, Mme la Présidente, de l'article
112...
M. Middlemiss: Dans ce cas-là, on va...
M. Garon: En vertu de l'article 112 de notre règlement,
j'aimerais poser une question au ministre, avec sa permission.
M. Maltais: Mme la Présidente, je vais demander le vote
sur la proposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, je ne vois pas
ce que l'article 112 vient faire, c'est un ajournement.
M. Garon: Non, mais il y a un article...
La Présidente (Mme Bélanger): «Si l'affaire
envoyée en commission plénière n'a pas été
examinée en entier à l'heure prévue...»
M. Garon: Quand on demande une question après que
quelqu'un vient de prendre la parole, on demande la permission...
La Présidente (Mme Bélanger): Ah, c'est
l'article... Ce n'est pas cet article-là.
Une voix: 213, Mme la Présidente. M. Garon:
213?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'article
213.
M. Garon: Bon. En vertu de l'article 213, je voudrais poser une
question...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, vous pouvez
poser une question au ministre. «Tout député peut demander
la permission de poser une question au député qui vient de
terminer une intervention. La question et la réponse doivent être
brèves.»
M. Maltais: Mme la Présidente, moi, avant, j'ai
demandé le vote sur la motion; j'aimerais bien qu'on dispose de ma
proposition.
M. Middlemiss: Bien non. Bien, regardez, vous savez
exactement...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, écoutez,
là, on peut accepter la question du député de Lévis
si le ministre consent à répondre.
M. Garon: 213, c'est après que vous avez pris la parole.
C'est à ce moment-là que je peux poser la question, pas
avant.
M. Middlemiss: O.K. Oui, oui.
M. Maltais: Mais oui, mais... Non, non. Un moment, un
instant...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le ministre
consent. M. le député de Saguenay, le député de
Lévis...
M. Maltais: Non, non. C'est une question de règlement, Mme
la Présidente. J'ai demandé le vote. Quand un
député...
M. Garon: II ne l'avait pas demandé à ce
moment-là.
M. Maltais: ...demande le vote sur la motion, on passe au vote.
Après ça, vous passez aux autres questions.
M. Garon: Non, vous l'avez demandé après que j'ai
demandé la...
M. Maltais: Non, non, non, je l'ai demandé... Bien,
écoute, sacrement, là, je ne suis pas fou, là. Il faut
procéder d'une façon...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît. Le ministre consent
à répondre à la question. On passera au vote après
la réponse.
M. Middlemiss: Pardon? Qu'est-ce que vous dites, M. le
député de Labelle? Quelle sorte de commentaire avez-vous fait,
là, M. le député de Labelle?
M. Léonard: Qu'est-ce que tu as, là?
M. Middlemiss: Non, non, non, mais attendez une minute,
là.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît...
M. Middlemiss: Un peu de décence, hein!
La Présidente (Mme Bélanger): ...les commentaires
qui se passent chaque bord de la table, là...
M. Léonard: Wo! Wo!
M. Middlemiss: Oui, mais...
La Présidente (Mme Bélanger): ...on ne peut pas
commencer à tous les entendre.
M. Middlemiss: ...tu sais, il y en a qui font des choses,
là, un petit peu en sournois. S'il a quelque chose à dire, qu'il
le dise fort, qu'on l'entende comme il faut.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, votre
question, M. le député de Lévis.
M. Garon: Moi, je veux demander simplement au ministre s'il
considère que les avis qu'on a déposés, qu'on a
cités, du Protecteur du citoyen, sont des avis frivoles ou si ce sont
des avis qui sont valables.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, je pense que le
député de Lévis n'a pas écouté et ses
collègues, non plus, d'abord. C'est que j'ai dit: Entendre quelqu'un par
écrit, c'est l'entendre.
M. Garon: Non.
M. Middlemiss: Une minute, là. C'est ça que j'ai
dit et je vous ai dit que...
M. Garon: Oui, mais il n'y a pas de discussion.
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, là, la question est posée...
M. Middlemiss: ...il pose la question...
La Présidente (Mme Bélanger): ...et le ministre
répond.
M. Middlemiss: ...et il voudrait répondre lui-même,
tu sais. Je vous dis: Entendre quelqu'un par écrit, c'est l'entendre, et
ce n'est pas moi qui dis ça, là, c'est les cours qui disent
ça. Je vous ai même indiqué que, suite à la
réception des commentaires du Protecteur du citoyen, nous y avons
répondu. On lui a envoyé une réponse indiquant: Voici
notre interprétation. Le projet de loi... Excusez une minute, je vous le
dis, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour une question
brève, une réponse brève.
M. Middlemiss: Bien non, il s'envoie la tête comme s'il
connaissait tout, tu sais.
M. Garon: Non, non, ce n'est pas ça que je veux dire.
M. Middlemiss: Bien oui. Donc, nous autres, nous avons
répondu, Mme la Présidente. Voici les commentaires qu'on a faits
suite à ses commentaires pour lui indiquer c'est exactement quoi qu'on
fait. Tu sais, sortir des choses comme ça quand tu n'es pas dans le
bain...
M. Garon: Bien...
M. Middlemiss: ...tu ne connais peut-être pas
nécessairement la loi. On lui dit: Voici pourquoi on a fait ça,
et l'interprétation est telle et on verra. C'est pour ça que je
vous ai dit: À ces commentaires-là, on va vous donner les
réponses à l'article par article. C'est pour ça qu'on
a...
M. Garon: On ne le sait pas.
M. Middlemiss: ...l'article par article ici et, à ce
moment-là, on vous donnera les commentaires suite aux commentaires du
Protecteur du citoyen. (17 heures)
M. Garon: Toujours en vertu de 213, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, j'ai dit
une question, M. le député. Non.
M. Garon: Bien, si le ministre accepte qu'on lui en pose une
autre.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, une question.
L'article 213 dit une question.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, non, je n'accepterai pas
parce que je donne une réponse et il ne veut pas l'accepter.
M. Garon: Parce qu'on ne peut pas questionner des feuilles de
papier.
M. Middlemiss: Je vous ai donné votre réponse, vous
ne voulez pas l'entendre.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 213 dit:
«Tout député peut demander la permission de poser une
question au député qui vient de terminer une
intervention».
M. Middlemiss: Quelqu'un va m'en poser une autre?
La Présidente (Mme Bélanger): La question a
été posée, la réponse a été
donnée et, maintenant, nous passons au vote sur la motion
présentée par le député de Lévis: «II
est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le Protecteur du citoyen».
M. le secrétaire, est-ce que vous voulez faire l'appel
nominal?
Mise aux voix
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Garon
(Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)?
M. Chagnon: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Contre: 5
Pour: 4
Abstentions: 1
La motion est rejetée.
Qui a la parole? M. le député de Rousseau.
M. Thérien: Moi, je voudrais faire la motion, Mme la
Présidente, qu'on passe à l'étude de l'article 1.
Motion proposant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
l'avez écrite?
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie, Mme la
Présidente, de la proposition du député de Rousseau...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...pour qu'on puisse faire des remarques sur sa
recevabilité?
M. Middlemiss: Parfait
M. Garon: Pourriez-vous ajourner quelques instants, le temps
qu'on ait des copies de la proposition?
La Présidente (Mme Bélanger): Je suspends les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 3)
(Reprise à 17 h 14)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est toujours de faire l'étude détaillée
du projet
de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions
législatives. Alors, au moment de la suspension, nous avions eu une
motion déposée par le député de Rousseau:
«Que la commission de l'aménagement et des équipements
passe immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles suivants du projet de loi 57, Loi sur la voirie et
modifiant diverses dispositions législatives». Vous avez eu la
photocopie?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Rousseau, vous voulez parler sur la recevabilité
avant que je rende ma décision.
Débat sur la recevabilité M. Robert
Thérien
M. Thérien: Oui, en fait, Mme la Présidente, je
pense que vous devez accepter cette motion. Je sais que vous allez vous baser
sur une décision sage que j'avais rendue en 1986...
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bon!
M. Thérien: ...sauf que je veux, quand même, vous
l'expliquer parce que vous vous êtes approprié ce
jugement-là. Lorsqu'on parlait de trois séances, c'était
le contexte, ce n'était pas la décision. Je veux plutôt
vous reporter à la décision et vous faire lire attentivement les
dernières lignes de cette décision: «Considérant que
l'Opposition a eu l'occasion de présenter plusieurs motions
préliminaires...» Et, à ce moment-là, on parlait de
cinq motions préliminaires. Je veux vous rappeler, Mme la
Présidente, qu'il y a quatre droits de vote de l'autre
côté. Il y a eu quatre motions: syndicat des fonctionnaires, Union
des municipalités, UMRCQ, Protecteur du citoyen. Quatre motions, quatre
droits de vote. Je pense, Mme la Présidente, que le contexte indique
très bien que la commission est rendue à l'étude article
par article. Je veux vous répéter cette
décision-là: «...que l'Opposition a eu l'occasion de
présenter plusieurs motions». Ils en ont présenté
chacun une, et je pense que ça va de soi.
C'est pour ça que je veux vous faire part que, lorsqu'on disait
«après trois séances de débat», c'était
le contexte de cette décision-là. Mais ça peut prendre une
ou deux séances pour que l'Opposition ait eu le temps nécessaire
pour présenter des motions, et ils l'ont fait. Et je pense que c'est
juste et apprécié, comme législateurs, qu'on puisse passer
maintenant à l'étude de la loi qui est le fond même de
notre but ici, en commission.
Donc, Mme la Présidente, je vous invite à bien
réfléchir sur l'acceptation de cette motion, parce qu'on a
approximativement 11 heures, 4 motions, 4 droits de vote, et je pense que la
décision rendue en 1986 témoigne que l'Opposition a eu le temps
et l'occasion de présenter différentes motions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, la commission parlementaire
n'appartient pas au gouvernement. Que le gouvernement soit contre le fait
d'entendre des gens, c'est son affaire. Je trouve que c'est le rôle de
l'Opposition de faire valoir des arguments pour qu'on puisse entendre des gens.
Vous savez, tantôt, j'ai dit: On a demandé qui, à date? Le
syndicat des fonctionnaires; on va en sacrer 2635 dehors, on ne les entend pas.
Deuxièmement, on a demandé l'UMRCQ et l'UMQ qui sont des
organismes qui vont avoir à administrer ce projet de loi là.
Là, on vient de demander le Protecteur du citoyen, qui a fait une
opinion juridique importante, pour qu'on puisse dialoguer avec lui. Le ministre
a dit: On n'en a pas besoin, on a les papiers. Mais, ça, ça ne
pose pas beaucoup... Quand bien même on poserait des questions aux
feuilles, elles ne répondront pas. On aurait pu demander, par exemple...
Je vais vous donner un exemple de question qu'on aurait pu demander: Combien
d'États en Amérique du Nord ont des législations de telle
nature pour s'exonérer de leurs responsabilités? Je ne sais pas
la réponse. Il laisse entendre que c'est une mesure exorbitante. Il dit
que c'était autrefois... On aurait des questions à poser. Il ne
peut pas parce que le ministre ne veut pas.
Parce que le ministre s'entête, ça ne veut pas dire que,
par exemple, Mme la Présidente, le rôle des membres de la
commission finit là. «The king can do no wrong», ça
n'existe pas dans le droit parlementaire, ça. Alors, nous, que le
ministre ne veuille rien savoir, ça, c'est son problème. Il sera
blâmé plus tard pour ça. Moi, je vais vous dire une chose,
Mme la Présidente, on a des gens à faire entendre, on a le droit
de faire valoir notre point de vue de les entendre. Que le gouvernement ne
veuille pas les entendre, lui, il sera jugé sur ses actes. Sauf
qu'actuellement on est dans l'étape des motions préliminaires
pour faire entendre des gens. On n'est pas dans les mesures dilatoires. On est
dans une étape nécessaire pour faire entendre des gens. Je vais
vous dire une chose: Vous n'avez pas voulu entendre le Protecteur du citoyen,
il va vous sortir par les oreilles toute la fin de semaine, parce que le texte
va être rendu public partout au Québec.
M. Middlemiss: Des menaces?
M. Garon: Non, non, je vous dis - je ne fais pas de menaces: Vous
n'avez pas voulu en
discuter ici; il va tellement s'en parler sur les ondes du Québec
que vous allez être obligé d'en tenir compte. Vous allez
être obligé d'y répondre. Je vais vous dire une chose:
Tantôt, j'ai dit des choses importantes. Je n'ai pas parlé
à travers mon chapeau. J'ai dit que, quand on s'exonère des
responsabilités comme ça, Mme la Présidente, il y a des
conséquences. On a d'autres motions à présenter parce
qu'on pense à des gens qui peuvent éclairer la commission. Je
vais vous donner rien qu'un exemple. J'ai dit tantôt qu'un club
automobile - il y a des associations d'automobilistes dans toute
l'Amérique du Nord - serait susceptible d'aviser ses membres qu'au
Québec il y a des mesures exorbitantes par rapport aux droits qu'un
automobliste aurait. C'est-à-dire, s'il avait un accident ou s'il avait
des troubles à cause de l'état de la route, il serait dans des
positions qu'on ne retrouve pas comme règles dans le reste de
l'Amérique du Nord. On est en droit de demander au Club automobile:
Qu'est-ce que vous pensez que vos confrères des États-Unis vont
faire quand ils vont savoir qu'on a adopté une loi comme ça au
Québec? Je pense qu'il est très important... Si les
députés ministériels ne sont pas intéressés
à le savoir, ça, c'est leur droit. Ils ont droit à
l'ignorance s'ils veulent, sauf que le public a le droit de le savoir. (17 h
20)
Les députés de l'Opposition sont là pour faire
valoir les droits du public. Et, je regrette, on n'est pas dans une dictature,
on n'est pas dans le Parlement de Benito Mussolini. On n'est pas dans le
Reichstag; on est dans un régime où on a le droit, c'est la
procédure, de faire entendre des groupes. Le gouvernement sera
jugé pour avoir refusé de les entendre, mais la présidence
ne peut pas accepter qu'on bâillonne l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Mme la Présidente, nous en sommes à la
recevabilité de la motion que le député de Rousseau vient
de nous présenter. Après avoir entendu les deux partis,
c'est-à-dire le député de Rousseau et le
député de Lévis, je suis bien obligé de constater
que le député de Lévis n'a jamais plaidé sur la
non-recevabilité de cette motion. Et on pourrait prétendre, au
contraire, compte tenu du fait qu'il y a déjà 11 heures de
travaux où ils ont été entendus à cette commission,
dans lesquelles les membres de l'Opposition ont pu faire valoir à quatre
reprises différentes, distinctes, une motion qui allait dans le sens des
derniers propos tenus par le député de Lévis, que la
sagesse de cette commission a rejeté quatre fois - quatre fois - les
demandes du député de Lévis et de ses collègues. Et
il est urgent de commencer l'étude article par article de ce projet de
loi là, parce que c'est là notre rôle de parlementaires de
vérifier la qualité de la législation que
l'Exécutif nous amène. Alors, Mme la Présidente, je pense
qu'il est urgent de décréter que cette motion est recevable et
que nous votions dessus, tout simplement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente, il semble, en tout cas
jusqu'à maintenant.. Je continue à vous écouter
religieusement et, dans d'autres décisions, vous vous êtes
déjà prononcée sur la motion comme telle. En fait, lorsque
vous prenez une décision, on n'a pas le droit de la mettre en doute. Et
cette décision que vous avez prise antérieurement était
à l'effet qu'on devrait avoir au moins trois séances avant de
bâillonner ou d'arrêter l'Opposition de parler. Après quatre
motions, je comprends qu'il y ait des gens qui soient pressés, qui
soient fatigués - ça, c'est peut-être vrai - mais on n'est
pas responsables de ça, nous autres. On fait notre travail de
parlementaires, on ne peut pas nous le reprocher. Je pense que, de ce
côté-là, il y a matière, certainement, à
réflexion. Je pense qu'il serait prématuré aussi que cette
motion-là soit acceptée, parce qu'on ne peut pas faire d'une
façon indirecte ce que vous ne permettriez pas. Si vous vous prononcez
sur le banc et que vous donnez votre décision, qu'est-ce qu'on fait,
comme parlementaires? On n'a pas le droit de répliquer, il faut se plier
à votre jugement. Vous l'avez déjà donné, votre
jugement. C'est clair que c'est après trois séances et là
on en a seulement deux de faites.
Donc, à partir de ce moment-ci, il faudrait peut-être
calmer l'impatience du côté ministériel et accepter de
subir les remarques pertinentes. On ne peut pas préjuger; le ministre
peut finir par accepter aussi d'écouter des gens. Je comprends que le
principe d'infaillibilité, ça existe. Il y en a juste un sur la
terre qui l'a et je ne pense pas qu'on ait... On en a peut-être un au
Parlement qui l'a prétendu, mais, s'il faut qu'il y en ait deux, des
gens qui prétendent qu'ils ont l'infaillibilité, je ne marcherai
pas là-dedans, certain. On va s'organiser.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Mme la Présidente, ça ne sera pas
long. On veut réellement répondre aux préoccupations des
députés de l'Opposition concernant le projet de loi 57. Parce
que, avec
les trois motions, les quatre motions, à date, il n'y a personne
qui nous a présenté des arguments nous démontrant
réellement l'essentiel d'écouter ces gens-là. On a
démontré que les deux unions, on a eu 50 heures de discussions,
de négociations avec elles, sur une période d'un an.
Dans le cas du Protecteur du citoyen, j'ai indiqué tantôt
qu'il nous a écrit; et entendre quelqu'un par écrit, c'est
l'entendre. J'ai même dit qu'on lui a envoyé nos commentaires
suite à ses commentaires. On lui a écrit. Et, dans la lettre
qu'il m'a adressée, le Protecteur du citoyen dit: «Je demeure
à votre disposition pour en discuter si vous le jugez opportun».
J'ai fait ça. On a fait ça, au ministère, on a fait
ça. Et je vous dis maintenant: Lorsqu'on arrivera aux articles
concernés, on vous dira ce qui en est arrivé. Il nous a
donné ses commentaires, on lui a fait des commentaires, on
échange avec lui. On va vous le dire. Bien, il faut y arriver,
là.
Et c'est pour ça que mon collègue de Rousseau a dit: Le
plus tôt on va commencer l'article 1, le plus tôt on pourra
répondre à leurs préoccupations, à tous points de
vue. Et c'est ça, Mme la Présidente. Ça ne sert à
rien de présenter encore des motions dilatoires. Si ça les
préoccupe, s'ils sont sérieux, s'ils veulent réellement
savoir, s'ils veulent avoir des réponses à leurs questions,
à leurs préoccupations, on va les leur donner, incluant le
Protecteur du citoyen, incluant les deux unions. On pourra vous répondre
à toutes ces choses-là.
Et je peux vous dire que, s'il y a des réponses qu'on ne peut pas
vous donner, à ce moment-là, on s'assurera d'avoir les gens dont
on a besoin si on ne peut pas vous donner les réponses. Moi, je suis
ouvert à ça, je l'ai dit en Chambre hier, avant-hier - je perds
un peu les jours, là - à la fin de mon discours sur le principe,
qu'on réalisait que nous n'étions pas parfaits - il y en a qui
pensent qu'ils le sont; nous autres, on sait qu'on ne l'est pas - que la loi
pourrait être améliorée. Et, dans ce sens-là, on
s'en venait ici, en commission parlementaire, dans le but de
l'améliorer, si amélioration il y a. Et, à date, vous ne
m'avez pas convaincu du tout, du tout. Parce qu'on veut vous donner des
réponses, vous ne voulez pas aborder les articles pour qu'on puisse vous
en donner, des réponses. Vous voulez continuer à faire des
motions dilatoires.
Et c'est pour ça, dans un souci de vouloir, le plus tôt
possible, bonifier cette loi, que le député de Rousseau, Mme la
Présidente, a indiqué 4 votes, 11 heures, tu sais. Et on prendra
toutes les heures que ça prend pour étudier les 76 articles du
projet de loi. Et le plus tôt possible, Mme la Présidente, on va
aborder ça, je pense, le plus tôt on va réellement exercer
ou accomplir notre devoir ici. On est ici pour ça.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Rousseau.
M. Thérien: En fart, juste...
La Présidente (Mme Bélanger): Ah! M. le
député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Mme la Présidente, avant que vous rendiez votre
décision, je voudrais uniquement, pendant quelques secondes, vous
ramener à l'esprit de l'article même qui permet d'entendre des
personnes avant d'entreprendre l'étude d'un projet de loi article par
article, bien sûr, l'article 244. Puis c'est la seule exception qui
mentionne qu'avant d'entreprendre l'étude détaillée la
commission peut décider de tenir des consultations
particulières.
Alors, Mme la Présidente, il ne faudrait surtout pas que le fait
que le ministre ou le parti ministériel ait refusé une ou deux
propositions afin d'entendre des groupes particuliers ait pour effet de
diminuer ou d'entacher de quelque façon que ce soit l'esprit qui a
inspiré le législateur lorsqu'il a permis à une commission
d'entendre des personnes. Ou vous avez la conviction que ces motions sont
véritablement des mesures camouflées, dilatoires, comme on nous
l'a dit à plusieurs reprises... Parce que la mesure dilatoire qu'on
vient d'entendre, c'est la motion du député de Rousseau qui,
elle, bien sûr, est une motion dilatoire qui met fin automatiquement...
alors que les motions que fait l'Opposition pour entendre des parties, des
groupes, ne sont pas des motions dilatoires, Mme la Présidente,
absolument pas. Des mesures dilatoires ont pour effet de reporter, de proposer
des scissions d'un article quelconque d'un projet de loi, ou une question
préalable comme celle-là qui consiste à exiger le vote
immédiatement. (17 h 30)
Donc, Mme la Présidente, je vous invite à vous inspirer
fortement de cet article qui permet à une commission d'entendre des
gens. Et c'est un article qui est différent des consultations
générales qui, normalement, sont tenues
généralement avant qu'on commence, bien souvent avant même
qu'un projet de loi ne soit déposé, bien souvent à la
première lecture. Donc, 244 est fort important. Et, avant de
considérer qu'une motion pour entendre des groupes n'est plus recevable,
il faut que vous ayez la conviction, Mme la Présidente, que la motion
présentée par le député est une motion qui cache
des intentions. Alors, je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Là, je
suis prête à rendre ma décision.
M. Thérien: J'ai encore...
La Présidente (Mme Bélanger): Ça ne fait
rien. M. le député de Rousseau, si j'ai eu assez d'arguments et
que je suis prête à rendre ma décision, je peux la rendre
immédiatement.
M. Robert Thérien
M. Thérien: Je tiens à vous signaler, Mme la
Présidente, que je pense qu'il y a eu un peu de tolérance de
l'autre côté aussi, là. Quand il dit que le
législateur peut, Mme la Présidente, ce n'est pas
«doit» entendre, c'est «peut» entendre. Ça,
c'est fort important, Mme la Présidente. Je sais que vous avez de
l'intuition. Je sais que vous êtes une députée, une
présidente qui a de l'intuition. Vous avez sûrement l'intuition
que ces gens-là ne veulent pas commencer l'étude article par
article. Vous avez aussi l'intuition que, nous, on ne veut pas en entendre
parce que...
La Présidente (Mme Bélanger): Sauf que je ne
fonctionne pas par intuition.
M. Thérien: Je complète. Bon. Mais je voulais vous
en faire part pareil.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, une dernière intervention.
Une voix: Belle tentative!
M. Jean Garon
M. Garon: Une dernière intervention, Mme la
Présidente. La motion du député de Rousseau a pour but
d'empêcher de faire une étape importante, l'étape des
motions, parce qu'il présume qu'il y a seulement des motions pour
entendre des gens. Il y a des motions pour entendre des gens; il peut y avoir
des motions pour demander au ministre de faire connaître ses
règlements; il peut y avoir des motions pour étudier les articles
dans un ordre différent; il pourrait y avoir toutes sortes de motions,
au fond, préliminaires. On est à l'étape des motions. Ce
n'est pas parce que le gouvernement, ça le tanne... Le
législateur, ce n'est pas le gouvernement; le législateur, c'est
l'Assemblée nationale.
Les rencontres qu'il y a eu avec les groupes, ça n'a pas
d'importance pour nous. Ce n'est pas nous qui avons fait ces
rencontres-là. On n'était pas là, on ne sait pas ce qui
s'est dit, on ne sait pas s'il y avait des restrictions, si les gens
étaient favorables ou défavorables. Il y avait des bouts
où des villes étaient favorables et des bouts où elles
étaient défavorables. Le fait que le ministre dise: Moi, j'ai
entendu des gens, ça n'a aucune importance. Comme disent les Anglais,
«irrelevant». Les députés ministériels, non
plus, ne les ont pas entendus. Alors, la proposition du ministre est tout
simplement terriblement prématurée, Mme la Présidente,
étant donné l'importance du projet de loi qui est devant nous,
à l'Assemblée nationale.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Alors, d'abord,
la motion est recevable, évidemment. On pourrait la juger
prématurée, mais, étant donné l'importance du
projet de loi, étant donné que les motions qui ont
été présentées concernaient directement les
personnes intéressées dans ce projet de loi, qu'il y a quand
même 76 articles dans la loi et que chaque député a
l'opportunité de s'exprimer à chacun des articles, à
chacun des amendements qui peuvent être apportés... L'argument que
le député de Rousseau a servi: «peut décider de
tenir des consultations», c'est l'argument que je voulais prendre. Peut
décider, mais peut aussi décider d'aller article par article. Si
on juge que les groupes qui ont été soumis aux membres de la
commission pour être entendus, ce sont les principaux
intéressés dans ce projet de loi et que, malheureusement, on a
refusé de recevoir ces groupes-là, je pense qu'on peut juger la
motion recevable et commencer à l'article 1.
M. Garon: Ça va faire!
M. Morin: Mme la Présidente, on a bien compris que vous la
jugez recevable, mais il nous reste à en débattre.
La Présidente (Mme Bélanger): On ne peut pas
débattre de ma décision, évidemment.
M. Morin: Non, non, mais débattre du fond de la
motion.
M. Dufour: Bien oui! Vous avez dit qu'elle était
recevable.
M. Morin: Bien sûr, si vous la recevez, Mme la
Présidente, vous nous permettrez peut-être de faire une tentative
auprès des députés...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, oui. C'est une
motion...
M. Morin: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): moi, je la juge
recevable, mais, évidemment, vous avez le droit de débattre la
motion. le proposeur a 30 minutes.
M. Morin: Exact.
M. Dufour: C'est ça.
M. Morin: Très bien, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Le porte-parole a 30
minutes et chaque membre a 10 minutes.
M. Morin: C'est ça. Ça va très bien.
M. Garon: Mme la Présidente, ça fait deux
décisions cette semaine pour bâillonner l'Opposition. Je regrette,
là-La Présidente (Mme Bélanger): Mais, M. le
député de Lévis...
M. Garon: C'est votre décision, mais ça fait deux
décisions, quand même, qui ont pour effet de bâillonner
l'Opposition. Je ne peux pas être contre votre décision, mais je
dis que c'est cet effet-là que ça a. Exactement ça!
M. Chagnon: Question de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Mme la Présidente, on ne peut pas
tolérer dans cette commission-là... Ça va à
l'encontre non seulement de la coutume, mais aussi de la fonction même
d'un député de vouloir remettre en question et même juger
de la pertinence de la décision que, dans ce cas-ci, la
présidence vient de soumettre et de nous donner. Je pense que c'est
absolument grotesque de ne pas connaître l'article 41 de nos travaux et
d'être ici, membre de cette Assemblée, depuis presque 16 ans.
Alors, M. le député de Lévis, s'il vous plaît, ne
remettez pas en question la décision qu'a prise la présidence et,
s'il vous plaît aussi, en même temps, commençons à
débattre du fond de cette motion.
M. Garon: Mme la Présidente, ce que j'ai dit est dit. Je
n'ai pas jugé votre décision; j'ai dit que ça avait pour
effet de bâillonner l'Opposition. Que vous le vouliez ou non, c'est cet
effet-là que ça a.
La Présidente (Mme Bélanger): D'être
rece-vable?
M. Garon: De bâillonner l'Opposition, c'est ça qui
est le but, alors que le rôle de la présidence est de
protéger les droits de l'Opposition.
M. Dufour: On n'est pas sortis de l'auberge!
M. Garon: Je vais vous dire une bonne chose, ça va
être un débat qui va être dans la presse en mosus, hein.
M. Middlemiss: O.K. Des menaces, encore.
M. Garon: Ce n'est pas des menaces, je vous avertis. Un homme
averti en vaut deux.
M. Middlemiss: Envoyez fort, ça, c'est votre
privilège. La démocratie, c'est la démocratie.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Garon: Vous allez sortir les deux pieds par en avant, comme en
1976.
La Présidente (Mme Bélanger): Le débat sur
la motion. M. le député de Rousseau.
Débat sur la motion M. Robert
Thérien
M. Thérien: Oui, je trouve qu'on entreprend très
mal ce débat-là...
Une voix: C'est sa faute.
M. Thérien: ...par des menaces. Écoutez, le
député sait très bien qu'il peut rencontrer la presse. Il
peut faire ce qu'il veut, mais j'ai hâte de voir quand il va dire aux
gens de la presse que ces gens-là ont refusé d'étudier un
projet de loi, de conseiller le parti gouvernemental sur les articles, sur le
fond même de la loi. J'ai hâte de voir quelle forme ça va
prendre. C'est sûr que ça va crier un peu, là, au niveau de
la présentation du député de Lévis, mais il va dire
aux citoyens du Québec: Nous, là, on ne veut pas étudier
la loi article par article.
Mme la Présidente, je pense que le ministre a décrit
très clairement que les quatre motions... Au niveau du syndicat des
fonctionnaires du Québec, depuis un an et demi, on a déjà
eu des rencontres avec plusieurs personnes de la fonction publique, plusieurs
personnes du syndicat, indiquant qu'il va y avoir des coupures, comment vont se
faire les coupures et dans quel ordre elles vont se faire, dans quels secteurs
et qu'est-ce qu'il va y avoir comme moyens incitatifs. Donc, le gouvernement a
jugé bon de ne pas entendre le syndicat des fonctionnaires du
Québec. Même le député de Lévis disait: C'est
le choix du gouvernement, ils auront à en répondre. On a choisi
ça et on va répondre de nos gestes, tout simplement, de nos
décisions. Mais qu'il ne nous reproche pas ça. On a fait un
choix.
Donc, Mme la Présidente, c'est vrai que c'est un groupe
important, mais ils ont été consultés, ils ont
été avisés. Et demandez donc à un syndicat, vous,
si on retranche des employés, s'il va être d'accord. Bien entendu
que non. Est-ce qu'on a demandé, à l'époque, lorsque l'on
retranchait des salaires aux gens, si les syndicats étaient d'accord?
Non, c'était une décision gouvernementale, et ils ont dû se
porter responsables. Il y a eu des conséquences à ça. Il y
aura peut-être des conséquences à la décision qu'on
prend, mais c'est la décision gouvernementale, Mme la Présidente.
Donc, on a décidé de ne pas les recevoir. Il y a eu vote, chaque
personne s'est exprimée, de l'autre côté.
Deuxièmement, l'Union des municipalités du
Québec; la même chose: au niveau de la table
Québec-municipalités, les gens ont été
rencontrés. La partie gouvernementale a exprimé ce qu'elle
voulait faire dans la rationalisation de ses effectifs, en particulier en
voirie. Ça s'était fait au point de vue des Affaires municipales,
Mme la Présidente. Donc, il y a eu un choix, là aussi; ces
gens-là ont été consultés, ont été
entendus par la partie gouvernementale. Ils ont eu l'occasion de s'exprimer
dans les journaux, ces gens-là. Ils ont eu l'opportunité de
contester certaines choses. Ils se sont exprimés par lettre, par les
journaux et par les rencontres au niveau de la table
Québec-municipalités. Et ça va de soi que l'UMRCQ fait
partie de cette même table. Elle a eu l'occasion, par la voix de son
président, par la voix de son exécutif, de se prononcer pour ou
contre.
Le Protecteur du citoyen. M. le ministre disait tantôt: Le
Protecteur du citoyen s'est exprimé. Que M. le député de
Lévis veuille le publiciser à travers les journaux, il en a le
droit. C'est ça, la démocratie. Le ministre disait tantôt:
On a répondu au Protecteur du citoyen. Je ne vois pas la menace,
là. Si tu fais ça, je ne ferai pas ça; si vous ne faites
pas ça, je vais faire ça. Ça ne fonctionne pas de
même dans un État respectable. Chacun a le droit de faire des
gestes responsables, et ça sera évalué par la suite, Mme
la Présidente. (17 h 40)
Donc, je pense que vous avez rendu une décision sage au niveau de
la recevabilité, parce que les quatre groupes vraiment
intéressés a ce projet de loi ont déjà
été «appointés», avisés,
questionnés pour des commentaires sur la question du projet de loi. On a
discuté pendant 11 heures. On s'est prononcé de façon
très claire que déjà on avait eu ces
consultations-là, donc qu'on ne reprendrait pas ce qui a
été déjà fait. On voulait, d'ailleurs - on ne
voulait pas, Mme la Présidente, je m'excuse du temps du verbe -on veut
passer article par article de façon à aller puiser dans
l'Opposition possiblement des amendements ou des améliorations à
la loi; pas un débat sur qui pourrait se présenter ou pas devant
nous. C'est pour ça, Mme la Présidente, que c'est important qu'on
passe article par article aussi pour démontrer aux citoyens du
Québec qu'on veut étudier la loi et qu'on veut
l'améliorer. Et, en cours de route, sur un article quelconque, s'il a
besoin de consulter un groupe, je suis convaincu que M. le ministre va faire
appel à ce groupe-là. J'en suis convaincu.
Donc, Mme la Présidente, quand on parle qu'on veut
bâillonner l'Opposition, il faut surtout regarder aussi l'inverse: on
veut bâillonner le gouvernement qui n'a pas la possibilité
d'étudier sa loi article par article. C'est une sorte de bâillon
aussi, Mme la Présidente, pour des gens qui ont travaillé depuis
un an, deux ans sur un projet de loi, qui demandent juste à
l'étudier positivement dans un climat, justement, de contexte de
travail. Donc, Mme la Présidente, quand on parle de bâillonner
l'Opposition, il y a aussi le bâillon sur le gouvernement. Comment
peut-on commencer à se servir de l'Opposition à titre de
collaborateur pour étudier la loi? Ils ne veulent pas. Ils ne veulent
absolument pas, c'est clair. Je suis sûr que, dans les projets de
l'Opposition, il y avait un cinquième groupe, une sixième
personne ou une septième personne. Vous connaissez la vie parlementaire;
c'est comme ça. C'est acceptable, sauf que le projet de loi est dense -
il y a plusieurs articles - et je suis convaincu qu'il y aurait des discussions
intéressantes avec l'Opposition article par article.
Donc, je reviens là-dessus. Quand on disait «peut»,
le mot «peut», ce n'est pas une obligation de le faire. Ce n'est
pas une obligation lorsque ça a été démontré
hors de toute doute que ces gens-là ont été
consultés, Mme la Présidente. Et c'est pour ces raisons que je
pense que vous avez accepté ce débat-là, qui est fort
important, pour qu'on puisse commencer à étudier la loi pour le
bénéfice de ceux qui vont avoir à l'appliquer. Et je suis
convaincu que les gens d'expérience, de l'autre côté, les
deux exmaires vont pouvoir conseiller adéquatement le ministre article
par article. J'en suis convaincu. Comme l'a fait le député de
Jonquière avec le ministre des Affaires municipales à plusieurs
occasions: À tel article, on aimerait voir certaines modifications. Le
ministre a dit depuis le début qu'il n'est pas opposé à
ça, mais il faut commencer à étudier la loi. Qu'ils nous
disent clairement ce qu'ils visent. Ne pas commencer la loi et dire aux
citoyens du Québec: On n'a pas pu travailler dans la loi, c'est
ça qu'ils visent à faire? Qu'ils nous le disent. On est ouverts,
en particulier, à l'étudier. Je suis convaincu que ces
gens-là seraient contents de l'étudier.
Le ministre, tantôt, a présumé que le
député de Dubuc serait heureux de commencer; c'était sur
le bout des lèvres, il a failli le dire. Parce qu'il y avait certains
articles qui auraient sûrement amené des aménagements
intéressants pour le gouvernement. Et je répète une chose,
Mme la Présidente: Je suis convaincu que le ministre et le parti
gouvernemental, mes collègues, ne seront pas opposés, en cours de
route, si un article demande la présence d'un expert, demande la
présence d'un groupe ou d'une association, à les faire venir en
temps opportun. On n'est pas opposés si ça améliore le
débat, si ça le fait progresser. Mais, au moment où on se
parle, après 4 motions, 11 heures, on refuse de débattre la loi.
Donc, Mme la Présidente...
M. Léonard: Mme la Présidente, question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M le
député de Labelle.
M. Léonard: Mme la Présidente, je pense
qu'il y a un règlement ou une loi à l'Assemblée
nationale - effectivement, vous m'avez compris -qui défend de fumer dans
cette salle. Il y a un signe très évident. Merci. Vous allez
éteindre? Ce sera pour la prochaine fois où ça vous
tentera de le faire.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Labelle.
M. Thérien: Mme la Présidente, je conclus
là-dessus en vous rappelant que le ministre a rencontré les
groupes...
M. Léonard: Mme la Présidente, question de
règlement. Il y en a un autre aussi qui fume, ici, dans cette salle.
C'est défendu, d'après nos lois et règlements.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Thérien: je ne veux pas répondre, mais on a vu
le chef de l'opposition fumer à plusieurs occasions dans des commissions
parlementaires. ça n'absout pas l'un et l'autre, je suis d'accord avec
ça, mais...
M. Maltais: Ils sont en retard...
M. Léonard: Alors, on va demander la suspension.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît.
M. Maltais: Au prix qu'elles coûtent, je les fume
jusqu'à la fin.
M. Thérien: Donc, Mme la Présidente, avec un
peu...
M. Léonard: J'ai présenté une question de
règlement et je pense qu'elle est recevable, elle est valable.
M. Chagnon: Est-ce que je pourrais savoir en vertu de quel
article?
M. Léonard: Bien, voyons! C'est les lois; c'est la loi du
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est une loi...
M. Chagnon: On parle d'une question de règlement.
M. Léonard: C'est une loi. C'est une loi de
l'Assemblée nationale.
M. Chagnon: Moi, je veux bien qu'on parle d'une question de
règlement, mais, si c'est une question de règlement, on doit
spécifier quel article.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, il y
avait une tolérance de fumer quand il n'y avait pas de membres de la
commission qui se plaignaient des fumeurs, mais on sait qu'il y a une loi qui
interdit de fumer en commission parlementaire. Alors, j'étais la
première à ne pas respecter cette loi. Alors, M. le
député de Saguenay, si vous voulez bien éteindre votre
cigarette.
M. Maltais: Ça ne sera pas long.
M. Léonard: II continue à fumer. Bon, bien, dans ce
cas-là, on va demander une suspension de la séance, Mme la
Présidente.
M. Maltais: C'est de l'outrage au tribunal.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on va
suspendre les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
(Reprise à 17 h 49)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
reprend ses travaux. Le mandat de la commission, c'est de procéder
à l'étude du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives. Au moment de la suspension, le
député de Rousseau était après débattre la
motion de...
M. Garon: Mme la Présidente, question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Garon: J'aimerais savoir les dispositions concernant le fumage
dans les salles. C'est une directive de la présidence? Est-ce que le
bureau du président a quelque chose à faire concernant
l'application de ce règlement-là? Et, deuxièmement, comme
il y a de la boucane dans la salie, est-ce qu'on pourrait aérer la salle
avant qu'on reprenne nos travaux?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Mais on l'a
aérée.
M. Garon: Bien, il y a un but à ça, j'imagine. Ce
n'est pas pour...
M. Camden: Mme la Présidente, est-ce que le
député est sérieux? Mme la Présidente, question de
directive. Est-ce que vous avez un règlement à l'égard de
la pollution auditive?
La Présidente (Mme Bélanger): Là, là,
s'il vous plaît. Je pense qu'on devrait revenir au sérieux.
D'abord, j'aimerais faire remarquer au député de Labelle que
c'était une demande et non une question de règlement, parce qu'il
n'y a pas de règlement, c'est une loi. Et le député de
Labelle aurait dû dire: Je vous demande de faire respecter la loi. il n'y
a pas de règlement dans les règlements qui empêche de
fumer, mais il y a une loi qui dit que, dans les salles de commission, on ne
fume pas. C'est évident qu'il y a de la tolérance pour les
députés fumeurs si on veut les garder en commission, mais, par
contre, c'est évident qu'on...
M. Garon: Qui est responsable de faire appliquer la loi?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est le
président de l'Assemblée nationale. (17 h 50)
M. Garon: Pensez-vous que vous pouvez vraiment faire appliquer la
loi quand vous fumez vous-même, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): bon, là, oui,
c'est vrai, là, que c'est moi la grande fautive, parce que c'est
sûr et certain que, normalement...
M. Garon: Donc, si on applique la loi, on l'applique.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Normalement,
c'est la présidence, la présidente ou le président d'une
séance, qui doit dire, au début, que c'est prohibé de
fumer. Alors, le cas est réglé, il n'y a pas de fumeurs. On va
tenter de respecter le règlement.
M. Garon: La loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Rousseau.
M. Thérien: Oui, on va essayer d'être plus calmes,
étant donné que, peut-être, il y a de la fumée qui
indispose les gens, encore. Mais en vous rappelant, Mme la Présidente,
en quelques mots, pour conclure, que la décision, justement, c'est:
considérant que l'Opposition a eu l'occasion de présenter
plusieurs motions préliminaires qui introduisaient les gens importants
à rencontrer - ce que l'Opposition voulait - pour l'étude de la
loi, chose qui a été faite, Mme la Présidente, hors de
tout doute - je pense que, depuis 11 heures, le ministre dit, dans les 4
groupes, que ces gens-là ont été consultés, qu'ils
ont eu l'occasion de s'exprimer par toutes les voies qui sont à leur
disposition - donc, on est prêts à étudier la loi.
Est-ce que ce n'est pas le but des commissions d'étudier les
lois? Est-ce que ce n'est pas le but premier d'étudier la loi article
par article? Il y a des gens qui sont spécialistes, de l'autre
côté. Il y a des gens qui connaissent le droit, il y a des gens
qui peuvent nous faire bénéficier de leur expérience. J'ai
hâte de voir les commentaires de ceux qui disent: Vous n'avez pas pu
commencer à étudier la loi? Bien non, on n'a pas pu. Il y a eu
toutes sortes de moyens pour inviter des gens et, après tant de temps,
on a décidé que c'était assez, Mme la
Présidente.
Donc, je pense que la recevabilité... Mme la Présidente,
c'est hors de tout doute qu'on ne veut pas bâillonner l'Opposition, mais
on ne veut pas aussi que le parti gouvernemental soit bâillonné
pour qu'on ne puisse pas étudier la loi. Il y a toutes sortes d'experts
ici, qui sont à nos côtés, qui seraient prêts
à répondre, justement, à certaines interrogations. Je sais
qu'il y a des députés de l'autre côté qui font des
beaux efforts. Le député de Dubuc, on est prêts à
lui expliquer, il comprend mieux. On est prêts à lui expliquer.
Sauf que ces gens sont disponibles. Pourquoi ne pas en
bénéficier, Mme la Présidente? Donc, je
répète, les gens ont eu le temps. Les quatre groupes qui
étaient mentionnés, le gouvernement, le parti ministériel
a décidé de ne pas les entendre parce qu'ils avaient
été entendus par voie normale. Donc, on est prêts à
étudier article par article, pour le bienfait de ceux qui vont avoir
à l'appliquer, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Rousseau. M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, vous comprendrez que je
n'attends pas d'éclairage de gens qui ont eu besoin de cinq projets de
loi pour parler des panneaux le long des routes, comprenez-vous, quand on a une
loi pas mal plus complexe que ça. Ça a pris cinq projets de loi.
Alors, on n'est pas au niveau de la compétence, on est au niveau de
l'incompétence.
Deuxièmement, quand le député de Rousseau dit que
le ministre a entendu des gens, le ministre entendra les gens qu'il voudra, ce
n'est pas en commission parlementaire et, le ministre, ce n'est pas le
législateur. Là, je pense qu'on est en train de mélanger
les genres totalement. Le moindre principe de droit parlementaire, c'est que le
gouvernement, c'est une affaire, l'Assemblée nationale, c'est une
affaire et les tribunaux, c'est une autre affaire. Actuellement, on essaie de
nous faire dire que, parce que le ministre a vu du monde, c'est comme si, nous
autres, on en avait vu. Le ministre a des responsabilités
gouvernementales, nous avons des responsabilités législatives. Ce
n'est pas la même chose. Actuellement, on est en train de brimer les
droits de l'Opposition, c'est clair comme de l'eau de source. On est en train
de brimer les droits de
l'Opposition d'une façon très claire et très
évidente.
Le rôle de la présidence, en droit parlementaire
britannique, c'est de protéger l'Opposition. Parce que c'est
évident, on l'a vu, il n'y a eu à peu près aucune
intervention du côté ministériel. C'est des machines
à voter. Sauf que les gens qui font les critiques actuellement, ce sont
les gens de l'Opposition. Les gens qu'on a demandé de faire entendre,
ça aurait été des gens qui ont des mandats dans ces
secteurs-là. Les éclairages du parti ministériel n'ont pas
été très, très éclairants jusqu'à
maintenant. On est plutôt dans le monde des lumières
éteintes. Excepté qu'aujourd'hui, quand on demande d'entendre des
gens qui ont des responsabilités actuellement, la présidence nous
refuse de continuer à faire des motions. Vous voulez qu'on accepte de
commencer l'article 1, alors que nous avons d'autres personnes à faire
entendre. C'est clair comme de l'eau de source.
Nous avons le Club automobile. Moi, je vais vous dire une chose: L'avis,
je vais le demander au Club automobile. Si la commission parlementaire ne veut
pas l'entendre, je vais demander au Club automobile, officiellement: Qu'est-ce
que vous pensez qui va arriver si des gens des clubs automobiles du reste de
l'Amérique du Nord savent qu'au Québec, maintenant, le
gouvernement nie sa responsabilité par rapport aux routes? Y aura-t-il
des avis des clubs automobiles demandant aux touristes de ne pas venir voyager
au Québec parce qu'il y a des conséquences à venir voyager
au Québec, parce qu'on encourt, sur le plan légal, des charges
exorbitantes pour faire valoir ses droits en cas d'accident ou en cas de
mauvais état des routes, de mauvaise signalisation?
On sait qu'au Québec, la signalisation, tout le monde admet
qu'elle est mauvaise. Sauf qu'aujourd'hui on ne pourra pas invoquer ça.
Je veux dire que les fautes du ministère ne pourront pas être
invoquées. C'est ça qu'il y a dans le projet de loi. C'est
essentiellement ce que nous avons. Ah, oui, oui, oui. Le ministre dira ce qu'il
voudra, là, je n'ai pas de leçon de droit à recevoir de
lui. Alors...
M. Middlemiss: Vous allez voir.
M. Garon: ...Mme la Présidente, j'aimerais ça qu'il
garde le silence quand je parie.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Middlemiss: Comme vous le faites quand je parie, moi,
hein?
M. Dufour: J'ai l'impression que la température dans la
pièce est inconfortable et je pense que ça dérange les
travaux. C'est froid, c'est réellement froid. Ça fart qu'il me
semble qu'à l'heure qu'il est là on pourrait peut-être
ajourner nos travaux jusqu'à 20 heures. Entre-temps, quelqu'un pourrait
regarder si on ménage le chauffage pour la fin de semaine. Je comprends
que la ministre de l'Énergie, elle veut qu'on économise
l'énergie, mais ce n'est peut-être pas la bonne façon parce
qu'on va se ramasser avec du monde malade, ici.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, écoutez,
le mandat de la commission, c'est d'aller jusqu'à 18 heures...
M. Dufour: Oui. mais...
La Présidente (Mme Bélanger): ...évidemment.
Il reste quatre minutes. S'D y a consentement pour qu'on suspende...
M. Dufour: ...le bien-être...
La Présidente (Mme Bélanger): ...jusqu'à 20
heures...
M. Dufour: ...dee personnes...
La Présidente (Mme Bélanger): ...il n'y a aucun
problème.
M. Dufour: ...ça passe avant.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre les travaux jusqu'à 20 heures?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 20 h 12)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives.
Au moment de la suspension des travaux, à 17 h 56, nous
étions sur le débat de la motion qui avait été
jugée recevante par la présidence: «Que la commission de
l'aménagement et des équipements passe immédiatement
à l'étude détaillée de l'article 1 et des articles
suivants du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses
dispositions législatives». La parole était au
député de Lévis. H avait 3 minutes et 14 secondes de
faites sur 30 minutes. Alors, M. le député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, j'étais à dire,
au moment de l'ajournement, que c'était agréable de pouvoir
travailler dans un appartement qui n'était pas emboucané, suite
à la proposition du député de Labelle. Aujourd'hui, les
gens sont préoccupés de la qualité de l'environnement, de
la qualité de l'air pur. On a vu qu'ils sont tellement
préoccupés qu'ils ont passé la nuit, hier, sur un projet
de loi concernant ces matières. Ça montre à quel point les
députés sont prêts à travailler sur ces questions et
à prendre le temps qu'il faut pour étudier ces questions de
qualité de l'environnement, de qualité de la vie.
Aujourd'hui, le projet de loi sur la voirie est un projet de loi qui est
abusif. Le document que nous avons déposé concernant le
Protecteur du citoyen est un document en droit qui fera, vous pouvez en
être certains, la semaine prochaine, l'objet d'un grand débat. Ce
n'est pas arrivé souvent que des organismes ont pris la peine, au cours
de l'étude d'un projet de loi, de faire valoir des
représentations en droit contre les abus qu'on trouve dans un projet de
loi. C'est arrivé, mais ce n'est pas arrivé souvent.
Ce que le Protecteur du citoyen a dit devrait nous intéresser au
plus haut point puisque c'est celui qui a le plus d'expérience sur les
plaintes qui sont portées par les citoyens concernant ces
matières. On n'est pas dans une matière facile. On est dans une
matière... Vous savez, les questions de responsabilité sont les
articles les plus importants du Code, puisque ce sont les articles sur la
responsabilité civile qui occasionnent le plus de questions litigieuses
et de réclamations de personnes qui s'estiment lésées. Le
gouvernement veut s'en exonérer entièrement - c'est ce que le
Protecteur du citoyen dit - mur à mur, et remettre le fardeau de la
preuve, entièrement aux citoyens, de démontrer que le
gouvernement a été grossièrement négligent pour
pouvoir faire valoir leurs droits.
On aurait voulu interroger le Protecteur du citoyen et également
d'autres organismes. Pour le Protecteur du citoyen, le ministre a dit qu'on
avait des feuilles, mais on ne peut pas poser des questions aux feuilles; elles
ne peuvent pas répondre. Le ministre dit aussi qu'il a vu des gens. Les
notions les plus élémentaires de droit parlementaire disent que,
le gouvernement, c'est une affaire, que l'Assemblée nationale, c'est une
autre affaire et que les tribunaux sont une autre chose, trois pouvoirs qui
doivent être distincts pour qu'il y ait un minimum de justice dans notre
société. Si les tribunaux et l'Assemblée nationale sont
contrôlés par le gouvernement, on vit dans un régime qui
peut avoir des apparences démocratiques, mais qui, au fond, est un
régime totalitaire.
On a pris toutes sortes de mesures pour faire en sorte de s'assurer que
les juges soient mieux choisis qu'avant. Vous savez qu'on part de loin.
Autrefois, ce sont les justiciables qui payaient les juges. Évidemment,
je pense que les juges avaient tendance à davantage trancher les
questions en faveur de ceux qui les payaient par rapport à ceux qui
n'avaient pas les moyens de les payer. On en est venu, après ça,
non pas à ne pas les payer, l'État les payait, mais à ce
qu'ils soient choisis comme juges, pendant longtemps, parmi les organisateurs
politiques d'un parti, comme une retraite dorée. Et on en est venu,
aujourd'hui, à avoir des gens qui sont recommandés par le Barreau
et, parmi les gens qui sont recommandés, qui ont une
crédibilité, une bonne expérience, le gouvernement va
choisir davantage ceux qu'il pense les meilleurs. Et on les nomme à vie.
Pourquoi? Pour qu'ils puissent avoir toute la liberté de penser, ne pas
être sujets à des pressions d'aucune façon de la part du
gouvernement pour prendre des décisions. On essaie d'avoir un
système judiciaire complètement étanche. Ça ne veut
pas dire qu'il est complètement étanche, mais on essaie.
Aujourd'hui, quand le ministre nous dit: Moi, j'ai rencontré des
organismes, vous n'avez pas besoin, vous autres, de les rencontrer, c'est de
l'abus de droit parlementaire. Ce n'est pas ça, le droit parlementaire.
Le ministre aura rencontré qui il veut, il a des fonctions
gouvernementales, des fonctions executives qui ne sont pas de même nature
que les fonctions législatives, et on n'a pas à se satisfaire des
rencontres du ministre. Le ministre peut faire des rencontres pour ses fins
à lui, les fins d'un ministre responsable d'un ministère qui
applique des lois, qui les administre. Mais le législateur, lui, et nous
sommes des législateurs, quand il fait les lois, vise des fins qui ne
sont pas nécessairement les mêmes fins que le pouvoir
gouvernemental.
D'ailleurs, si on laissait le gouvernement faire les lois, je vais vous
dire une chose: II serait sur le pilote automatique. C'est lui qui
déciderait et, souvent, on trouverait beaucoup plus
«convenient» pour l'administration de faire les choses de telle ou
telle façon. Pourquoi, en Europe, on voit actuellement que les gens
hésitent à entrer dans le Marché commun? Parce qu'ils
craignent la bureaucratie et la technocratie. Ils craignent l'administration et
ils veulent avoir des régimes où les gens administrés se
sentent moins des numéros face à une administration qui, par
tempérament, cherche davantage son confort souvent plutôt que
celui de ceux dont elle devrait chercher le confort. (20 h 20)
Ce n'est pas pour rien que les législateurs ont la tâche de
légiférer et que le gouvernement administre. Il ne faut pas
confondre les deux fonctions. Le ministre, dans ses paroles, a confondu les
deux fonctions comme si ce qu'il faisait comme ministre ne devait pas
être fait par les législateurs, les parlementaires, les
représentants du peuple. Au contraire, ceux qui votent les lois, ce sont
les représentants du
peuple, et à tel point que le Protecteur du citoyen, pour qu'il
soit vraiment libre...
Je vais attendre que vous ayez fini, Mme la Présidente, parce que
je ne veux pas parler pour les murs.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est à la
présidente.
Une voix: Quand vous parlez, êtes-vous obligé...
M. Garon: Non, non. Je parle à la présidente. Je
n'ai pas parlé à d'autres. Quoi? Qu'est-ce qu'il dit?
Je dis essentiellement que les gens qui sont des législateurs ont
des objectifs de représentants du peuple. C'est ça qu'ils visent.
Les lois qu'ils font doivent être pour le confort de la population, pas
nécessairement le confort de l'administration, à tel point que,
quand le Protecteur du citoyen a été nommé, pour qu'il
soit vraiment à distance, il est redevable à l'Assemblée
nationale. Il n'est pas redevable au gouvernement, il n'a rien à faire
avec le gouvernement. Il est nommé par l'Assemblée nationale, il
relève de l'Assemblée nationale pour qu'il puisse donner ses
recommandations lui-même, faire ses rapports lui-même, les remettre
à l'Assemblée nationale, conformément à ce qui doit
être fait normalement. Ce n'est pas le gouvernement, il n'a rien à
faire avec le gouvernement. Pourquoi il est important d'entendre le Protecteur
du citoyen? Parce que c'est quelqu'un qui est nommé par
l'Assemblée nationale. C'est l'employé de l'Assemblée
nationale.
Maintenant, pourquoi nous allons voter contre cette motion? C'est parce
qu'il faut entendre d'autres groupes. Je vous disais le Club automobile. Quel
est l'effet? Remarquez bien, Mme la Présidente, je pèse mes mots.
Nous avons rencontré le sous-ministre, M. Lalande, nous avons
rencontré M. Germain Halley qui nous ont dit que les
réorganisations qui étaient faites n'avaient subi aucune analyse
d'impact. Quels ont été les impacts de la loi - on n'a rien
produit, le ministre n'a rien produit - les impacts d'une telle
législation par rapport à la clientèle, par rapport au
tourisme, par rapport à différents citoyens?
Mme la Présidente, si les gens qui sont en arrière pour
conseiller le gouvernement passent leur temps à se promener, je vais
leur demander qu'ils aillent s'asseoir au fond. Parce que, là, à
un moment donné, on n'est pas à la terrasse du Château
Frontenac. Normalement, les gens...
M. Middlemiss: Qu'on pratique ce qu'on prêche! O.K.?
D'accord.
M. Garon: Oui, mais je veux dire, qu'on ne passe pas son temps
à se promener. Je suis d'accord avec vous, de quelque côté
que ce soit, on pourrait demander aux gens qu'ils restent assis.
M. Middlemiss: Mais, là, vous n'aviez pas vu,
malheureusement, à votre gauche, qu'il y avait quelqu'un qui faisait la
même chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez,
là! Écoutez, là! Je pense que chaque parlementaire...
M. Camden: Si le député de Lévis n'a pas
envie de siéger avec ses collègues, qu'il sacre son camp de
l'autre bord du fleuve et on va travailler.
La Présidente (Mme Bélanger): Aïe, un instant,
là! Un instant! Un instant!
M. Garon: Vous, vous êtes à la veille de sacrer
votre camp dans Lotbinière, ça ne retardera pas!
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que chaque
groupe parlementaire a droit à ses conseillers.
M. Garon: oui, oui. je n'ai pas dit ça. j'ai dit qu'il
faut arrêter la parade permanente, par exemple. ij y a une
différence entre quelqu'un qui vient, qui...
M. Middlemiss: Oui, oui, mais vous autres aussi, la parade de
l'autre côté, aussi, là!
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! S'il vous plaît, M. le ministre!
M. Middlemiss: Mme la Présidente, oui, regardez. Ce n'est
pas le député de Lévis qui va commencer à nous dire
comment vivre ici, nous autres.
M. Garon: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! Je viens de faire remarquer au député de
Lévis que chaque groupe parlementaire a le droit...
M. Middlemiss: II a essayé de nous avoir, Mme la
Présidente. Il ne nous a pas eus, il s'est fait prendre à son
propre jeu parce qu'il y en avait un autre de l'autre côté. Il ne
l'avait pas vu.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, mais
écoutez! Moi, je veux faire comprendre aux membres de la commission que
chaque groupe parlementaire a droit à ses conseillers. C'est
évident que les conseillers ne peuvent pas toujours être à
côté. Ou c'est le conseiller qui se promène ou c'est le
parlementaire.
M. Middlemiss: II y en a un là aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, s'il
vous plaît!
M. Middlemiss: Mme la Présidente, regardez là, on
va mettre ça au clair et je veux que ce soit enregistré. Le
député de Lévis croyait que des choses se passaient de
notre côté, mais il y en a aussi de l'autre côté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, je
suis en train d'expliquer...
M. Middlemiss: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): ...aux membres de la
commission...
M. Middlemiss: Je n'accepterai pas ça, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): ...que chacun des
membres de cette commission a le droit à ses conseillers et,
évidemment, des conseillers, il faut que ça circule.
M. Middlemiss: Écoutez, il s'est fait prendre
là.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, if
faut que ça circule. Vous avez un conseiller qui est là, qui
conseille.
M. Middlemiss: II y en a deux: il y en a un là et il y en
a un ià-bas.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, il y en a un qui
est assis comme vous en avez un qui est assis.
M. Middlemiss: Oui, mais regardez l'autre là-bas. Non,
non, il parle de ceux qui se promènent ici, Mme la Présidente. Il
y en a un là-bas aussi qui se promène. Donc, si on est fautifs
des deux côtés, il faudrait le savoir, là!
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, ceci
étant dit, chaque membre de la commission a droit à ses
conseillers. Alors, je demande à chacun des membres de la commission
d'être tolérant. C'est évident qu'on ne veut pas de
parade...
M. Garon: Mme la Présidente, je parle et, quand on parle,
on ne veut pas voir des gens qui passent leur temps à se promener et
à déranger les gens qui parlent. Celui de qui vous avez
parlé, je ne le voyais même pas.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, vous aviez quelqu'un qui se promenait
dans votre dos, que vous n'avez pas vu...
M. Garon: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): ...et vous avez vu
quelqu'un...
Une voix: Vous vous êtes fait prendre.
La Présidente (Mme Bélanger): ...d'en face qui se
promenait. Dans votre face, vous les voyez plus facilement,
évidemment.
M. Garon: Je vous demanderais de maintenir l'ordre des deux bords
de la Chambre, c'est votre job. Moi, je ne vois pas tout le monde; vous, vous
êtes placée pour voir tout le monde. Pourriez-vous le faire sans
qu'on vous le demande?
M. Middlemiss: C'est de votre faute encore, Mme la
Présidente. C'est encore de votre faute à vous, là,
d'après lui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, s'il
vous plaît! Je demande à chacun des membres de cette commission de
collaborer, s'il vous plaît.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Alors, essentiellement, Mme la Présidente, je
disais que les gens qui votent des lois, ce sont les parlementaires qui doivent
être éclairés par des gens qui peuvent les éclairer.
Le Protecteur du citoyen, à mon avis, est une des personnes qui
pouvaient le plus les éclairer. Pour les effets d'une telle
législation, comme le ministère nous a dit qu'il n'avait pas
d'étude d'impact, qu'on n'a vu aucune étude d'impact financier,
aucune étude d'impact sur le plan juridique, aucune étude
d'impact sur le plan des services à la population, c'est évident
qu'il faudrait entendre le Club automobile, par exemple, parce que le Club
automobile, qui a beaucoup de membres, est à même d'évaluer
l'impact d'une telle législation non seulement au Québec, mais
à l'étranger.
J'ai soutenu, Mme la Présidente, que, quand les gens des clubs
automobiles ailleurs sauront qu'on est en train d'adopter une
législation comme celle-là, moi, je ne serais pas
étonné qu'on avertisse les automobilistes américains que
ce serait préférable, à ce moment-là, qu'ils
fassent attention quand ils viennent au Québec, d'éviter
possiblement le Québec pour la raison suivante: parce que, s'ils ont un
accident à cause de l'état de la route, à cause d'une
mauvaise signalisation, ils auront des problèmes pour faire valoir leurs
droits.
On pourrait demander, par exemple, au Club automobile, dans les
États des États-Unis ou les différentes régions du
Canada, quelles sont les législations et l'état des
législations concernant ces matières-là. Est-ce qu'on a
les mêmes dispositions ou des dispositions qui donnent
beaucoup plus de droits aux citoyens? Mme la Présidente, le but
de ces rencontres, c'est de...
D'ailleurs, je vois le président de la commission du budget et de
l'administration qui a dit - tu l'as dit - qu'on devait recommander
l'imputabilité des fonctionnaires. Est-ce que ça veut dire qu'on
devrait mettre dans des lois que le gouvernement s'exonère
entièrement de ses responsabilités? Le Protecteur du citoyen,
c'est ce qu'il a dit. Je ne sais pas, peut-être que le
député de Vanier ne l'a pas entendu, ce qu'on a dit cet
après-midi quand on a lu la recommandation du Protecteur du citoyen qui
disait que c'était entièrement contraire à ce que le
gouvernement avait annoncé comme intention, à moins que ce soit
une farce. Je le relis parce qu'il n'était pas ici: «En lisant les
clauses d'exonération de responsabilité édictées
dans le projet de loi, on a vraiment l'impression de revenir à la
philosophie ancestrale inspirée du droit anglais "the king can do no
wrong", philosophie qui a pris des siècles et le jeu de la
démocratie pour être atténuée, sinon
supprimée. De telles dispositions ont également pour effet de
libérer de toute responsabilité le gouvernement pour les actes
fautifs de ses employés gestionnaires, alors que, par ailleurs, tous les
discours, qu'il s'agisse du président du Conseil du trésor, du
secrétaire général du gouvernement, pour ne nommer que
ceux-là, parlent d'imputabilité des employés de
l'État. «A-t-on également tenu compte de la philosophie et
de ta lettre de la politique du Conseil du trésor sur
l'amélioration de la qualité des services adoptée en avril
1991? Au moment où les justiciables éprouvent de plus en plus de
difficultés à faire valoir leurs droits, il me semble
inacceptable de les priver de recours. Les exonérations de
responsabilité de l'État et des gouvernements municipaux doivent
demeurer très exceptionnelles et clairement limitées et ne
devraient être «dictées que pour des motifs
d'intérêt public évidents.» (20 h 30)
Vous comprenez, Mme la Présidente, quand je regarde le travail
qu'a fait la commission du budget et de l'administration pour
l'imputabilité des fonctionnaires, ou bien on est sincère ou bien
c'est de l'hypocrisie totale. Il y a même un projet de loi qui a
été soumis pour lecture à l'Assemblée nationale,
sauf que le ministère va arriver et les mêmes
députés vont concourir à l'adopter pour faire en
sorte-Une voix: Vous avez voté contre.
M. Garon: ...qu'on exonère de responsabilité le
gouvernement, Mme la Présidente. Il y a, pour le moins,
incohérence en la demeure. On pense sans doute que les gens s'en
foutent. On dit: On va faire ça pour la galerie et, après
ça, on votera ce qu'on voudra. Bien, il y a un minimum de
cohérence. On ne peut pas voter l'imputabilité, demander que les
gens soient responsables et, en même temps, mettre des clauses
d'exonération pour ce qu'ils font qui n'est pas correct. Écoutez,
c'est des clauses...
J'ai lu le document du Protecteur du citoyen, à l'article 30,
entre autres, où on met des clauses d'exonération. On peut bien
faire des avocasseries, sauf que le Protecteur du citoyen, c'est quand
même celui qui reçoit les plaintes des citoyens. Dans un grand
document 8 1/2 par 14, 4 pages, il indique les différentes clauses
où le gouvernement essaie de se libérer de sa
responsabilité. Il peut bien dire n'importe quoi, sauf que... J'ai dit 4
pages, c'est 5 pages, 5 pages 8 1/2 par 14, où il indique à quel
point, à différents articles, aux articles 15, 17, 22 à
24, chapitre III, article 28, alinéa un, alinéa deux, de
même qu'aux articles 29, 30 et 31, le gouvernement diminue sa
responsabilité d'une façon très importante. Le Protecteur
du citoyen dit même qu'à toutes fins pratiques les recours vont
être très difficiles de la part des citoyens parce qu'on a mis des
clauses d'exonération de responsabilité qui sont assez
étanches. Il l'a dit lui-même.
Alors, je comprends que les citoyens ont droit... D'ailleurs, ce n'est
pas pour rien que je vais faire parvenir cette disposition au Club automobile
pour qu'il puisse en prendre connaissance et, lui-même, donner son
opinion. Je pourrais en faire parvenir également à plusieurs
organismes pour que les gens puissent se prononcer là-dessus. Vous
savez, au Québec, il y a beaucoup d'automobilistes. On ne peut pas, en
même temps, vider la caisse de la Société de l'assurance
automobile... J'aurai d'autres documents à rendre publics la semaine
prochaine. Vous allez voir, comprenez-vous, que quand on parle de
législation, il y a des gens qui sont à distance, qui sont
neutres par rapport a tout ça, qui étudient ces documents et qui
trouvent très curieuse la façon de procéder du
gouvernement, qui trouvent ça très curieux.
Vous avez vu qu'il y a même le conseil d'administration de la
Société de l'assurance automobile, tous des gens nommés
par les libéraux, qui a demandé fortement au gouvernement,
énergiquement et formellement, de ne pas faire ce qu'il fait avec la loi
46. Maintenant, c'est pour la loi 57, toujours au ministère des
Transports. Alors, vous comprenez, Mme la Présidente, qu'il est
important que les parlementaires aient un éclairage.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, vous
allez avoir le droit de réplique sur les commentaires de M. le
député.
M. Garon: Le but de la motion du député de
Rousseau, qui est déjà parti... Une fois qu'il a fait son oeuvre,
il est parti; il n'est...
Une voix: Pour voter sa motion.
M. Garon: ...même pas là pour voter sa motion. Il
est sérieux!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, vous savez fort bien qu'on n'a pas
à souligner l'absence ou la présence d'un député ou
d'un ministre.
M. Garon: J'ai le droit, le règlement n'interdit pas
ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. M. Garon:
En vertu de quel article?
Une voix: Très bien. O.K. On va voir c'est quoi, du
fair-play.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a un article qui
dit qu'on ne doit pas signaler l'absence...
M. Garon: Quel article, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Je vais vous le
trouver, M. le député, et je vais vous le dire.
M. Garon: Si vous voulez suspendre le débat pendant que
vous allez le trouver, je ne veux pas que ça compte sur mon temps.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, allez-y.
Continuez, moi, je vais chercher l'article pendant ce temps-là.
M. Garon: Parce que je vous trouve prompte à faire des
remontrances sur des articles que vous ne connaissez pas; vous ne le fartes pas
aussi vite pour les articles que vous connaissez.
Des voix: Oh!
M. Garon: Bien, écoutez! Non, non. Pour le fumage, on a eu
assez de problèmes tantôt. Vous n'étiez pas là,
vous, vous ne pouvez pas parler. Le député de Vanier
n'était pas là.
M. Lemieux: Question de...
M. Maltais: Ça ne veut pas dire que la fin de tes
problèmes est arrivée.
M. Lemieux: Non, je m'abstiens. Je ne parle pas.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: On vote des lois pour être respectées ou
juste pour la galerie?
M. Maltais: M. le député de Lévis, ça
ne veut pas dire que la fin des problèmes du député de
Labelle est arrivée.
M. Garon: Pardon?
M. Maltais: Si tu as gagné ton point...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît.
M. Garon: Ce n'est pas ça.
M. Maltais: ...ça ne veut pas dire que la fin de ses
problèmes est arrivée. La voix va me revenir et il va y
goûter en temps et lieu. C'est un avertissement que je lui donne.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Garon: Mme la Présidente, je ne porte pas de jugement.
La loi existe. Je ne la juge même pas, la loi...
Une voix: Non, non.
M. Garon: ...sauf que la loi a été adoptée
pour interdire le fumage dans les lieux publics. C'est le gouvernement
libéral. Alors, moi, je me dis: Bon! Il a voté une loi; c'est
pour faire croire aux gens qu'il est pour ça ou juste pour la
galerie?
Une voix: Avez-vous voté contre?
M. Garon: Tu sais, moi, je suis tanné, puis le monde est
écoeuré du monde en politique. Ce n'est pas pour rien que les
politiciens sont rendus à 11 % dans les sondages; c'est parce qu'il y a
trop de monde qui parle des deux côtés de la bouche en même
temps. On vote des lois pour la galerie, puis on ne les fait pas appliquer par
après. On fait croire à la vertu, puis, après ça,
on se sacre de l'application de la vertu. Tu sais, c'est facile, ça.
C'est facile! La première chose qu'il faudrait faire, c'est au moins, si
on veut adopter des lois, les faire respecter, puis, si on ne veut pas les
faire respecter, ne pas les adopter. Si on calcule que les lois ne sont pas
correctes, on les change.
Mais, actuellement, qu'on le veuille ou non, le projet de loi a pour
effet de diminuer la responsabilité du gouvernement envers ses oeuvres
fautives, de rendre plus difficiles les recours des citoyens. Essentiellement,
ça veut dire ça. Il y a peut-être bien les olé des
ingénieurs, comprenez-vous, mais, moi, je vais vous dire: Les
ingénieurs, en droit... Vous savez que, dans le domaine de la faute et
de la responsabilité, il y a une longue jurisprudence. L'article 1053 -
je ne sais pas le numéro de l'article nouveau maintenant - du Code
civil, c'est l'article qui a la plus longue jurisprudence, Mme la
Présidente, sur la responsabilité civile. C'est l'article qui a
le plus
de jurisprudence. Je comprends que des gens qui ne sont pas des
spécialistes du droit peuvent bien parler là-dessus...
M. Middlemiss: Sans votre aide, non plus.
M. Garon: ...sauf qu'ils seraient mieux d'écouter les gens
qui connaissent ça.
M. Middlemiss: Comme vous?
M. Garon: Non, je n'ai pas dit moi. C'est pour ça que
c'est avec beaucoup de modestie que j'ai demandé qu'on invite le
Protecteur du citoyen.
M. Middlemiss: Quelle modestie! Quelle modestie! Vous ne savez
pas ce que ça veut dire, ça!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, s'il
vous plaît! M. le député de Lévis, vous avez la
parole.
M. Garon: J'ai demandé qu'on invite le Protecteur du
citoyen. Si j'avais pensé que j'avais la science infuse, je n'aurais pas
pensé à inviter le Protecteur du citoyen. J'aurais dit: Moi, je
connais ça, je n'ai besoin de personne. Mais non!
M. Middlemiss: On l'avait invité d'avance.
M. Garon: J'ai pensé ça, parce que je pense que le
Protecteur du citoyen est un personnage respecté dans notre
société, qu'il a fait un travail considérable et que c'est
une des institutions dont nous sommes le plus fiers. Et, quand il vient des
parlementaires des autres pays, je sais à quel point nous sommes tous
fiers d'invoquer cette institution que nous avons contribué à
créer. Pas nous. Ça s'est fait avant nous. Je pense que la
plupart d'entre nous n'étions pas au Parlement.
Une voix: En 1973.
M. Garon: Non, c'est entre 1966 et 1970, par l'Union Nationale,
par M. Daniel Johnson qui lavait mise en place.
M. Middlemiss: En 1970, non, H n'était pas là,
Daniel Johnson. C'était M. Bertrand qui était là en
1970.
M. Garon: J'ai dit entre 1966 et 1970. Je ne me rappelle pas en
quelle année, mais je sais que c'est dans le temps de l'Union Nationale.
Alors, ça prouve que même un mauvais gouvernement peut faire des
choses qui sont bonnes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je ne suis pas plus un bleu... Je vais vous dire une
chose: Je me sens bien a l'aise vis-à-vis de tout ça. Je pense
que c'est une bonne institution, à tel point... Mme la
Présidente, je vais vous confier un secret.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Middlemiss: Parie plus fort!
M. Garon: Je vais vous confier un secret et vous allez comprendre
à quel point c'est important. Il m'est arrivé souvent, lorsque je
dirigeais le ministère de l'Agriculture, d'avoir des gens qui me
disaient: J'ai été brimé dans mes droits de telle
façon. J'arrivais au ministère avec le problème et
là j'avais une autre version des fonctionnaires. Puis là
ça me semblait correct, les fonctionnaires avaient raison. Je revenais
aux citoyens qui me redisaient autre chose. À un moment donné, je
n'étais pas capable de voir clair, qui avait raison. Je conseillais
à la personne: Écoutez, allez donc voir le Protecteur du citoyen,
il va être mieux placé pour faire enquête que moi, il va
avoir tous les droits de consulter les documents, puis il va rendre une
décision concernant votre plainte. S'il dit que vous avez raison,
normalement, ça va venir sur le bureau du sous-ministre, puis sur le
bureau du ministre, puis on pourra faire réparation, puis ça va
être...
M. Middlemiss: C'est comme ça que ça fonctionne? Je
suis content!
M. Garon: Le Protecteur du citoyen peut jouer un rôle
d'arbitre dans des questions de même. Moi-même, j'ai
conseillé à des gens d'y aller, puis, encore aujourd'hui,
souvent, je conseille aux gens d'y aller parce que c'est le rôle du
Protecteur du citoyen de voir si la loi est bien administrée. C'est pour
ça qu'il peut jouer un rôle important.
Vous savez, dans un ministère, le ministre... Il y a deux genres
de ministres. Il y a les ministres qui pensent que tout ce qu'on leur dit,
c'est vrai. Mais, à la fin, je vais vous dire, après un certain
nombre d'années, je me suis aperçu... Quand je me promenais, dans
mes tournées, j'amenais des fonctionnaires avec moi pour qu'ils
répondent eux-mêmes devant les citoyens qui leur posaient des
questions. On pouvait écouter ça, puis se demander qui avait
raison. Ça permet de mieux voir comment ton ministère est
administré au lieu d'essayer de justifier tout ce qui est fait en
disant: Tout est correct. Quand on parle d'im-putabilité, ça veut
dire que les fonctionnaires doivent répondre de leurs actes. Je n'ai pas
attendu les lois pour le faire, moi, au ministère. Je faisais en sorte
que les gens répondent de ce qu'ils avaient fait, de leur
administration. Pourquoi? Parce que je pense que la meilleure façon de
le faire, c'est que les gens assument les res-
ponsabilités des actes qu'ils ont posés. Mais il ne faut
pas, en même temps, adopter des lois pour les exonérer de la
responsabilité du ministère parce que, là, on est dans une
drôle de situation. (20 h 40)
On va me dire que les gens pourraient toujours, encore, faire des
procès. Bien oui, mais on va leur donner un moyen fardeau de la preuve.
On va leur demander un fardeau de la preuve considérable, où ils
devront démontrer la grossière négligence du gouvernement.
Là, on va monter une preuve considérable. C'est une façon,
au fond, de rendre les recours le plus difficiles possible.
Combien il me reste de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Combien de temps,
madame? Une minute.
M. Garon: Mme la Présidente, j'aurais un amendement
à proposer à la motion du député.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous me permettez,
M. le député de Lévis - ça ne compte pas sur votre
temps, là - j'aimerais rendre la décision où j'ai dit
qu'on ne doit pas signaler l'absence d'un député ou d'un
ministre, évidemment. L'article 154 dit: «Sauf dispositions
incompatibles, les règles relatives à l'Assemblée
s'appliquent aussi aux commissions».
Alors, il y a eu un jugement rendu par le président de
l'Assemblée nationale, M. Jean-Pierre Saintonge. Lors d'un débat
sur une motion inscrite par un député de l'Opposition, un
député de l'Opposition a souligné l'absence des ministres
de la région ou d'un député, évidemment. Puisque
l'article 35.6° interdit d'attaquer la conduite d'un député
ou de lui imputer des motifs indignes, un député qui a la parole
ne peut souligner l'absence d'un autre député, ce dernier pouvant
vaquer à d'autres occupations soit en commission parlementaire ou au
Conseil des ministres.
M. Garon: J'admets ce que vous dites là.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, à ce
moment-là...
M. Garon: Mais, dans le cas, nous sommes dans un cas
différent.
La Présidente (Mme Bélanger): ...je vous ai
ramené à l'ordre quand vous avez signalé l'absence...
M. Garon: Oui, mais nous sommes dans un cas différent.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas un cas
différent. C'est dans une commission...
M. Garon: Bien, vous ne le savez pas. Attendez un peu! Je vais
vous dire pourquoi il est différent, le cas. Nous sommes dans le cas
où celui qui a présenté la motion, c'est pour limiter
notre droit de parole et, après ça, il s'en va. C'est un peu
différent.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. C'est encore
imputer des motifs à un député.
M. Garon: Je n'ai pas imputé des motifs, j'ai
constaté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article
35.6° interdit d'imputer des motifs à des députés
absents.
M. Garon: Je n'impute pas de motifs, je dis qu'il est absent.
M. Chagnon: Le député devrait s'excuser.
M. Garon: Mme la Présidente, j'ai un amendement à
proposer.
La Présidente (Mme Bélanger): Ceci étant
dit, M. le député de Lévis, vous avez un amendement
à apporter.
Motion d'amendement
M. Garon: L'amendement se lirait de la façon suivante, et
je vais vous le donner après l'avoir lu pour qu'on puisse en faire des
copies: La motion en discussion est modifiée: 1. en ajoutant,
après les mots «l'article 1», les mots «le chapitre
iii et les articles 59 et 63»; 2. en remplaçant les mots «et
des articles suivants» par les mots «ainsi que les autres
articles».
Alors, si vous voulez suspendre pour faire des copies.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous allons suspendre
les travaux de la commission pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 43)
(Reprise à 20 h 51)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives. Au moment de la suspension des
travaux, le député de Lévis a déposé une
motion qui se lit comme suit. Il y avait une motion qui était en
discussion, évidemment, et la motion en discussion était:
«Que la
commission de l'aménagement et des équipements passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles suivants du projet de loi 57, Loi modifiant la loi
sur la voirie et d'autres dispositions législatives».
Le député de Lévis apporte un amendement à
la motion en discussion. Elle est modifiée en ajoutant, après les
mots «article 1» les mots «le chapitre III et les articles 59
et 63»; deuxièmement, en remplaçant les mots «et des
articles suivants» par les mots «ainsi que les autres
articles».
Évidemment, j'aimerais qu'on discute, qu'on me donne les
arguments nécessaires pour juger de la recevabilité de cet
amendement.
M. Chagnon: Combien de temps, madame?
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va
être à la discrétion de la présidente. Une fois
qu'il va y avoir les arguments nécessaires pour prendre la
décision, je jugerai.
M. Chagnon: Aussi bien passer à un autre intervenant tout
de suite.
Débat sur la recevabilité
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: La motion rencontre, Mme la Présidente, tout
à fait les normes reconnues par le règlement, soit celles
édictées par l'article 197 et confirmée par une abondante
jurisprudence parlementaire, tant à l'Assemblée qu'en commission
parlementaire.
M. Chagnon: Est-ce que vous pourriez la citer?
M. Garon: Voir les commissions parlementaires, 244/19 et
suivants. L'article 197 se lit ainsi: «Les amendements doivent concerner
le même sujet que la motion et ne peuvent aller à rencontre de son
principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou a remplacer
des mots».
La motion ne vise qu'à préciser l'ordre dans lequel la
commission, qui est maltresse de sa façon de faire, au niveau de
l'agencement de ses travaux sur le plan de l'article par article comme tel
désire aborder son travail. Alors, les précédents
abondent. Si une commission décide de ne pas suivre
nécessairement l'ordre numérique: suspension d'articles, par
exemple; étude d'un article x important qui est plus loin, pour revenir
ensuite à un article précédent, etc.
La doctrine de Beauchesne, article 690, est très claire sur
l'autorité de la commission. Vous savez ce qu'on dit? À moins que
la commission n'en décide autrement, l'étude d'un projet public
se fait en suivant l'ordre des articles, à moins que la commission n'en
décide autrement. Un peu comme le député de Rousseau.
D'ailleurs, c'est la motion même du député de Rousseau, au
fond. C'est sur cette base-là que le député de Rousseau a
présenté sa motion. La motion même du député
de Rousseau indique elle-même une préférence pour que la
commission aborde le projet par l'article 1, alors qu'en matière de
projets de loi privés la doctrine est très claire sur le fait que
l'étude doit commencer normalement par le préambule (voir
Beauchesne, p. 293, no 1095) et ce, contrairement à la procédure
suivie en matière de projets de loi publics, le tout à maintes
reprises confirmé en commission, notamment à la commission du
budget et de l'administration par le président, Me Jean-Guy Lemieux.
Enfin, c'est aussi ce même et renommé président en
matière de droit parlementaire qui a jugé recevable, notre savant
confrère, une motion d'amendement du même type que la mienne, le 7
décembre 1990, commission du budget et de l'administration, aux pages
1992 et suivantes, lors d'un projet de loi fiscal important concernant la TPS
et la TVQ (voir l'extrait du Journal des débats).
Le président Gauvin, qui présidait la commission de
l'aménagement et des équipements sur le projet de loi 221, sur la
régie intermunicipale des déchets, il n'y a pas tellement
longtemps, a rendu, le 29 mai 1992, une décision similaire, tant sur la
recevabilité de l'amendement pour ajouter un article que sur celle d'un
amendement pour ajouter un préambule.
Mme la Présidente, il me semble que l'amendement que je fais est
entièrement recevable parce qu'il n'enlève rien, il ajoute
simplement en disant: Après l'article 1... Le député de
Rousseau a tout simplement demandé qu'on commence par l'article 1 et
ensuite les suivants. Il indique un ordre de préférence
après l'article 1. Le but, essentiellement, de la motion du
député de Rousseau, c'était qu'on commence par l'article
1. Il n'a pas donné de préférence par la suite. Mon
amendement vient indiquer une préférence après l'article
1, essentiellement, Mme la Présidente, et il ne dénature d'aucune
façon le projet de loi.
Pourquoi une motion comme la mienne? Au fond, parce que je souhaite
commencer par les articles qui réapparaissent - c'est ça, la
motion d'amendement que je propose à la commission -les plus importants.
Vous avez vu à quel point, depuis le début de la journée,
j'ai plaidé, à de nombreuses reprises, sur la
responsabilité, sur les clauses d'exonération de
responsabilité. C'est par souci de cohérence que j'indique qu'on
devrait commencer l'étude après l'article 1, sans préjuger
de...
M. Middlemiss: Ça aurait dû être une
première motion, ça, toutefois.
M. Garon: ...la motion du député de Rousseau.
Ensuite, après avoir regardé l'article 1, qu'on continue avec le
chapitre III, qui traite essentiellement de la responsabilité, et
ensuite les articles 59 et 63, pour couvrir cette matière qui touche
tous les automobilistes du Québec, ainsi que tous les visiteurs qui vont
venir ici, chez nous, voir le Québec et utiliser nos routes. C'est une
matière très, très importante parce qu'on parle, au
Québec, de combien de millions d'automobilistes?
M. Middlemiss: C'est bon pour l'économie du Québec,
faire peur aux touristes!
M. Garon: Si ma mémoire est bonne, on parle de 4 000 000
d'automobilistes au Québec. C'est du monde! Alors, leur
responsabilité par rapport à nos routes, c'est le sujet
fondamental, c'est la quintessence du projet de loi et c'est pour ça que
j'ai abordé à de nombreuses reprises cette question. C'est
pourquoi j'ai dit: Bon! Le ministre veut... J'ai remarqué à quel
point le ministre, Mme la Présidente, souhaitait qu'on commence
l'étude du projet de loi. Bien, alors, puisque vous avez accepté
l'amendement du député de Rousseau, que vous voulez qu'on
commence l'étude du projet de loi plutôt qu'entendre des
consultations de personnes qui seraient venues nous renseigner, je dis: Bon,
commençons donc par les parties les plus importantes pour ne pas qu'on
manque de temps pour étudier la question. Alors, on est mieux de
commencer par l'essentiel que de passer par l'accessoire. De là l'objet
de ma proposition, je pense, qui ne dénature d'aucune façon la
motion principale et qui propose de l'amender, Mme la Présidente. C'est
pourquoi je pense que la proposition que je fais est entièrement
recevable.
M. Chagnon: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Monsieur...
M. Chagnon: ...j'invoque 213, si le député veut
bien accepter de répondre à une question que je pourrais lui
poser et qui pourrait aussi dénouer le sort de cette commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Je ne sais pas si le
député de Lévis veut répondre à votre
question, mais nous sommes au débat de...
M. Chagnon: Oui, mais je demande de poser une question au
député. S'il veut bien y répondre, ça pourrait
dénouer et faire en sorte d'accélérer le processus de nos
débats.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Dans le moment,
je suis à réfléchir et à trouver les arguments qui
vont me convaincre de la recevabilité ou de la non-recevabilité.
Le député de Lévis a fait son plaidoyer. Est-ce qu'il y a
d'autres membres de la commission qui veulent faire un plaidoyer sur la
recevabilité?
M. Chagnon: j'en conviens, madame, mais l'article 213 ne fait que
vous demander de demander au député de lévis s'il veut
bien répondre à une question.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
écoutez, l'article 213 permet cette étape...
M. Chagnon: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): ...si le
député de Lévis...
M. Chagnon: Exact.
La Présidente (Mme Bélanger): ...veut
répondre à votre question.
M. Chagnon: C'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, est-ce que vous êtes d'accord pour
répondre à une question du député de
Saint-Louis?
M. Garon: Comme j'ai vu vos réticences, Mme la
Présidente, et que vous avez dit que vous aimeriez mieux qu'on parle des
arguments pour ou contre la recevabilité, je ne voudrais pas
interférer en disant oui au député de la région de
Montréal...
Des voix: Saint-Louis. (21 heures)
M. Garon: ...de Saint-Louis et, à ce moment-là, je
préférerais dire non. Nous aurons l'occasion de revenir sur des
débats et je pense qu'à ce moment-là le
député pourra y revenir. Je pense qu'on est mieux de vider la
question de la recevabilité de l'amendement. Je sens que mon
collègue le député...
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Le
député de Lévis se servait de l'article 213 pour poser
cette question. Alors, vous avez dit non, le débat est clos. Et je
demande le député de Lotbinière.
M. Camden: Je vous remercie, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, est-ce que vous pourriez nous indiquer à quoi le
député de Lévis fait référence lorsqu'il
cite le député de Vanier, en 1990, à l'égard de
décisions qui auraient été rendues? À quelles
décisions fait-il référence, en 1990?
La Présidente (Mme Bélanger): c'est dans le
journal
des débats, je crois. j'ai cherché
cette décision dans la jurisprudence et elle n'est pas inscrite.
M. Camden: J'apprécierais, Mme la Présidente, qu'on
nous en fasse la lecture pour qu'on puisse en apprécier toute la teneur
et son application.
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous refaire
la lecture de cette décision?
M. Garon: Alors, Mme la Présidente, c'est à la
commission permanente CBA, page 1997, du 7 décembre 1990.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que c'est dans
le Journal des débats, M. le député?
M. Garon: Oui. «Ce qui doit me guider, eu égard
à la portée d'un sous-amendement. C'est la raison pour
laquelle...» C'est le président, Me Lemieux, qui parle, notre
savant confrère. Savez-vous qu'entre gens de robe on se traite toujours
de façon très respectueuse. Si les parlementaires parlaient comme
les avocats, je peux vous dire une chose, ce serait une beauté-Une
voix: Vous devriez parler comme un avocat, vous.
Une voix: Vous pourriez commencer.
M. Garon: Parce que vous savez, devant les tribunaux, à
quel point les gens sont respectueux; le juge ne permettrait jamais que les
avocats se parlent de façon irrespectueuse. Alors, le président,
Me Lemieux disait: «Ce qui doit me guider, eu égard à la
portée d'un sous-amendement. C'est la raison pour laquelle je vous ai
fait répéter quelles étaient les relations de l'article 61
avec les articles 59 et 60, s'il s'agissait de questions
étrangères à l'amendement prévu. Alors, comme il y
a à mes yeux, effectivement, un corollaire, le sous-amendement serait
recevable.»
M. Léonard : «Merci, M. le Président».
Si le président...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, là, on
parle d'un sous-amendement et non d'un amendement.
M. Garon: c'est ça. et c'est les mêmes règles
qui jouent. alors, plus loin, le président dit... pardon, un peu avant,
à la commission du budget et de l'administration, page 1993, le
président, me lemieux, disait: «écoutez, m. le
député de gouin, j'ai les deux, j'ai beauchesne et j'ai gendron,
pardon, j'ai geoffrion».
Une voix: En plus, il n'est pas capable de citer.
M. Garon: «Geoffrion ne le contredit pas, il semblerait y
avoir une pratique selon laquelle les articles sont considérés un
à un et ligne par ligne, suivant l'ordre dans lequel ils se lisent. Mais
ça ne veut pas nécessairement dire que ça ne pourrait pas
se faire, ce n'est pas défendu explicitement. Je regarde Beauchesne
aussi qui dit: "En comité plénier, les articles d'un bill doivent
être abordés dans l'ordre indiqué". C'est-à-dire
qu'on commence par l'article 1er et on passe à l'article 2 et ainsi de
suite jusqu'à la fin du bill. L'usage veut que le président
appelle successivement chaque article par son numéro. Non, non. Je pense
que c'est recevable. Elle est recevable, oui. Alors, je vous écoute sur
la motion.»
Et il continue un peu plus loin: «La motion est très
habile. Elle est la suivante: Que la motion en discussion soit modifiée
par le remplacement dans la deuxième ligne des mots "et des articles"
par les mots "59, 60 - c'est quasiment les mêmes chiffres, Mme la
Présidente - et, par la suite, tous les autres articles". «Une
voix: Tu trouves ça habile, ça?»
Des voix: Ha, ha, ha! «Le Président (M. Lemieux):
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement?»
Alors, c'est exactement la même chose que le président, le
7 décembre 1990, CBA 1993, jugeait recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Vanier.
M. Dufour: II était enregistré, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah, M. le
député de Saint-Louis m'avait demandé la parole avant.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: Mme la Présidente, nous parlons sur la
recevabilité de l'amendement de M. le député de
Lévis. Il m'apparatt, d'évidence, que cet amendement n'est pas
recevable. D'une part, l'argumentation du député de Lévis
à l'égard de son propre amendement, où il nous a fait une
démonstration qu'il voulait responsable et savante à
l'égard, premièrement, du droit à l'imputabiltté
des fonctionnaires et aussi en même temps, par le fait même, en
corollaire, du droit des députés à pouvoir avoir des
informations supplémentaires des membres de la haute fonction publique,
m'apparaît non pertinente puisque, de toute façon, le
gouvernement, un membre de notre Assemblée législative a
déposé un projet de loi, qui s'appelle le projet de loi 198, qui
fait en sorte de créer, justement, cette imputabilité qui est
recherchée par, à tout le moins, l'ensemble des membres
ministériels du Parlement. Or, le malheur est qu'il nous faut indiquer,
ce soir, que
les membres de l'Opposition ont voté contre cette orientation de
principe.
Quant à l'amendement qui nous est fourni, M. le
député de Lévis nous suggère d'étudier
l'article 1 et ensuite d'étudier les articles 59 et 63. Comment, Mme la
Présidente, voudriez-vous que ce projet de loi là puisse
être étudié sérieusement en commençant par le
premier article, qui traite des dispositions préliminaires, le premier
article d'une série de dispositions préliminaires qui contient
neuf articles, pour nous en aller - en passant par-dessus des chapitres
importants qui, j'en suis certain, malgré l'espièglerie de notre
collègue, feraient en sorte de nous faire retarder l'étude de la
gestion de la voirie, l'étude de l'exonération de
responsabilité sur laquelle le député plaidait il y a
quelques minutes, les ententes, les permissions de voirie, les dépotoirs
- pour faire en sorte de nous ramener aux dispositions
réglementaires?
M. Garon: Je ne suis pas sûr que le député
plaide sur la recevabilité; il plaide plutôt sur le fond puisqu'il
n'est pas d'accord avec l'ordre proposé. Je pense qu'il devra faire ce
débat-là lorsque l'amendement aura été jugé
recevable et qu'il pourra plaider sur le fond. Là, il discute du fond de
l'ordre proposé. Il aimerait mieux un autre ordre.
M. Chagnon: Mais non. Mais non, M. le député de
Lévis.
M. Garon: Avant de parler du fond, il faut d'abord parler de la
recevabilité de l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez,
là...
M. Chagnon: Mme la Présidente, je réclame le droit
de parole que vous m'aviez déjà donné.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Middlemiss: Comment ça se fait que vous le laissez
interrompre encore, Mme la Présidente?
M. Chagnon: Vous pouvez me l'enlever, remarquez.
La Présidente (Mme Bélanger): C'était une
question de règlement. Alors, M. le député de
Saint-Louis...
M. Middlemiss: Je sais qu'il est président de la
commission, mais il n'a pas plus de droits que les autres.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, s'il
vous plait! M. le député de Saint-Louis, vous avez la parole.
M. Chagnon: Je vous remercie, madame...
La Présidente (Mme Bélanger): Je n'ai pas plus de
collaboration du côté du pouvoir que du...
M. Chagnon: ...de protéger mon droit de parole qui semble
être remis en question par quelques collègues. Alors, je vous
disais, madame, que la logique du député de Rousseau, qui nous
invitait à étudier le projet de loi qui nous est transmis,
article par article, en commençant par l'article 1, se défend
parce que l'articulation même de ce projet de loi là, la structure
même de ce projet de loi là, ne peut pas nous permettre de
papillonner d'un article à l'autre. Et je vous répète, Mme
la Présidente, qu'on ne peut procéder ni à l'adoption ni
à l'étude d'un projet de loi en étudiant, d'abord, le
premier article des dispositions préliminaires qui en contiennent neuf,
en sautant la gestion de la voirie, en sautant des tas de chapitres qui sont
extrêmement importants quant à la structure même du projet
de loi, en sautant la gestion des routes municipales, pour nous amener à
discuter des dispositions diverses et transitoires.
Je voulais poser une question au député de Lévis
tout à l'heure. Il n'a pas voulu accepter d'y répondre. Mais le
député de Lévis serait logique et cohérent avec
lui-même s'il acceptait, et ça, ça serait le voeu de son
groupe parlementaire, d'adopter les articles 1 à 58 pour nous permettre
plus rapidement d'arriver à l'étude de l'article 59, mais il n'y
a rien qui m'indique à ce stade-ci que le député a
l'intention de le faire.
Or, Mme la Présidente, ce projet de loi là mérite
une attention spéciale, mérite une étude de chacun des
articles, et, pour être capables d'étudier ce projet de loi
là comme du monde, il va nous falloir, d'abord, être capables de
comprendre quelles sont les dispositions préliminaires avant de
procéder à chacun des chapitres de ce projet de loi là.
Alors, Mme la Présidente, il m'apparaft évident que l'amendement
du député de Lévis ne peut pas être recevable. Et je
vous remercie. (21 h 10)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui. Merci, Mme la Présidente En
écoutant la plaidoirie du député de Saint-Louis, il semble
nous dire que, lorsqu'on est contre un amendement, contre une motion, on perd
notre droit de parole. Moi, je pense que c'est deux choses différentes,
ce dont on parle. D'un côté, on n'a pas dit qu'on était
contre qu'on étudie l'article 1, pas encore à ce que je sache. Et
je vous invite à réfléchir sur ce qui se passe
régulièrement à cette commission. On a actuellement le
bill de la fiscalité municipale: l'article 2 est suspendu depuis le
début, à la
demande du ministre des Affaires municipales. On aurait pu dire au
ministre des Affaires municipales: Faites une motion, une proposition, et on va
la passer immédiatement. On a accepté. Il est suspendu et on est
rendus à l'article 21. Et il y a l'article 16 aussi...
La Présidente (Mme Bélanger): Les articles 2 et
26.
M. Dufour: Je pense qu'on est rendus à 21. En tout cas,
d'une façon ou d'une autre, on va s'entendre. Pour moi, on est rendus
à 21. Si vous dites 26, ça ne me dérange pas. 21, bon,
voilà. Ça fait que ma mémoire ne me fait pas trop
défaut. Et il y a l'article 16, si ma mémoire est exacte, aussi,
qui est suspendu pareillement. Et, à l'article 20, le ministre nous a
offert de même d'apporter un amendement et là il a dit: Non, je ne
le ferai pas. Alors, vous voyez bien qu'il n'y a pas de précédent
à ça. C'est régulier. Je peux vous nommer des projets de
loi qu'on étudie, où, à tout bout de champ, à la
demande du ministre... Mais, si on sait que ça prend une motion,
à l'avenir on va dire au ministre qui est concerné: Mon cher
monsieur, cher ami, vous allez faire une motion parce que, nous, on va
s'opposer. Parce que ça ne fait pas l'affaire tout le temps, de
suspendre. Et on va parler là-dessus, par en dessous... En tout cas,
moi, je peux vous dire que, pour le bill de la régie intermunicipale
à Montréal, le même phénomène s'est produit
et on l'a accepté correctement. Ça ne veut pas dire qu'à
chaque fois on a voté pour l'adoption de la loi. Au contraire, ça
permettait un peu plus de réflexion. De temps en temps c'est pour
apporter des éclaircissements; d'autres tantôts, c'est pour
apporter des amendements. Bon, tout ça fait que ce qu'on fait, c'est
dans la normalité des choses. Ce qui est sur la table, est-ce qu'on doit
étudier l'article 1? Et qu'est-ce qu'on fait après? On dit:
Après qu'on accepte le principe de la loi, à ce moment-là,
on va aller voir qu'est-ce qui nous fait problème.
Et on veut tester aussi, je pense, par ce fait, si le ministre est bien
conséquent et cohérent. Il nous a dit: II y a des réponses
à tout. Nous, on a dit: On n'a pas ces réponses-là. Et il
a semblé nous dire, à maintes reprises durant les discussions,
que, lui, il avait eu des contacts avec à peu près tout le monde,
donc, que lui était bien renseigné et qu'à ce moment-ci
c'est lui qui détenait la vérité, qui détenait
l'information, et l'Opposition devait vivre avec ça. C'est ce qu'il nous
a dit, carrément, depuis le début.
Donc, oui, Mme la Présidente, je vous rappelle ce qu'il nous a
dit: Moi, j'ai fait beaucoup de travail avec l'UMRCQ, avec l'UMQ. Donc, je suis
prêt. Et, l'Opposition, vous n'avez pas besoin de renseignements
supplémentaires; moi, je les ai, ces renseignements-là. Je vais
vous les donner et vous vous contenterez de ça.
Donc, moi, je veux bien qu'on nous enlève une partie de nos
droits. Je veux bien accepter ça. Vous avez donné votre
décision là-dessus. Mais, de là à enlever tous nos
droits, ça, c'est une autre paire de manches. Et je vous dis
carrément que, même si je suis contre un projet de loi, lorsque le
projet de loi est adopté, je suis obligé d'en subir les
conséquences. Donc, au principe et au droit de la démocratie, il
me semble, en tout cas, qu'à première vue cet amendement est
recevable et pourrait permettre un meilleur cheminement, puisque l'Opposition y
concourrait. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vanier.
M. Jean-Guy Lemieux
M. Lemieux: Sur l'amendement, en référence aux
articles 197 et suivants, et à la décision de la CBA-1989,
commission permanente du budget et de l'administration, en date du 7
décembre 1990, j'aimerais attirer l'attention, Mme la Présidente,
sur le fait suivant. C'est que, dans un premier temps, la motion qui avait
été présentée le vendredi 7 décembre 1990 se
lisait comme suit: «Que la commission passe immédiatement à
l'étude détaillée de l'article 1 et des articles du projet
de loi après avoir entendu l'Union des artistes du Québec».
L'objectif de la motion n'était pas de passer à un article
suivant comme tel, mais bien d'entendre un organisme qui était l'Union
des artistes du Québec. Suite à cet aspect-là,
effectivement, en vertu de l'article 197, on pouvait être en droit de
dire que le fond n'était pas tout à fait de même nature. Et
c'est là que le député de Lévis en a fait
état et j'ai fait état de l'habileté du parlementaire
à revenir sur la même forme et le même sujet, soit à
faire une motion pour introduire, après l'article 1, d'autres articles,
donc, de même nature.
J'aimerais peut-être attirer votre attention seulement sur cet
aspect-là, Mme la Présidente, et je vous invite à y
réfléchir. Est-ce que, effectivement, pour accepter une telle
motion, on ne devrait pas préalablement passer à l'étude
de l'article 1? Puisque, dans un projet de loi, il y a différentes
étapes, cette motion-là pourrait-elle être recevable avant
qu'une de ces étapes, soit l'étape deux, l'étude du projet
de loi article par article, puisse être étudiée? C'est
seulement une réflexion que je veux vous apporter. Comme il y a quatre
étapes dans un projet de loi et les remarques préliminaires, que
cette motion-là, effectivement, avait été acceptée
alors que l'article 1 n'avait pas été étudié, je
soulève un fait à votre attention: était-il
nécessaire, Mme la Présidente, d'avoir à passer à
cette autre étape du projet de loi avant d'en arriver à ce
sous-amendement, eu égard à l'article 1? C'est seulement une
réflexion que je veux porter à votre attention.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a d'autres intervenants? M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, je viens
d'écouter le député de Vanier. Au fond, non, je n'admets
pas son argumentation parce que, dès qu'on dit article 1, on est
entré dans une des sections du projet de loi et, donc, son raisonnement
est fallacieux, à mon sens, à sa face même. La
réalité, Mme la Présidente, c'est qu'il ne pouvait pas
dire qu'il était d'accord que c'était recevable. Alors, il a
trouvé cette façon de s'en sortir pour ne pas avoir à le
dire, parce qu'il ne pouvait pas, quand même, admettre à cette
commission que l'amendement que nous proposons est recevable. Je dois vous dire
ça parce que je le connais un peu. Il est à la commission du
budget et de l'administration où il agit comme président.
La Présidente (Mme Bélanger): Et vous,
vice-président.
M. Léonard: J'ai eu l'occasion... Je suis membre de la
commission. Alors, je vois qu'il a conservé son esprit - sans
méchanceté - tortueux un peu. Alors, on voit ce que ça
donne. On voit ce que ça donne. Un coup que vous êtes passé
à l'article 1, vous êtes déjà dedans.
Mme la Présidente, sur la recevabilité de l'amendement,
disons que, sans faire état plus que ça d'expériences du
passé, j'ai quand même eu à piloter un certain nombre de
projets de loi dans cette Chambre et il nous est arrivé
fréquemment, très fréquemment, de modifier l'ordre des
articles, de laisser de côté une section, de passer à une
autre en cours d'étude des projets de loi et même de le dire avant
pour toutes sortes de raisons. Et je vais parler, par exemple, d'un cas plus
particulier. Dans les affaires municipales, il est arrivé que nous ayons
un projet de loi avec 200, 300, 350 articles et l'un des chapitres en cause
n'était pas terminé. On l'admettait d'avance. On disait: II y
aura des amendements qui vont venir et cela nous amenait à changer
l'ordre des sections dans le projet de loi.
Alors, Mme la Présidente, je vais reprendre l'argumentation de
mon collègue de Lévis, la motion qu'on vous présente ou
l'amendement qu'on vous présente rencontre tout à fait les normes
reconnues par le règlement, ces normes édictées par
l'article 197 qui a été confirmé par une abondante
jurisprudence parlementaire à l'Assemblée nationale, en
commission. Vous pouvez voir ça par les articles qui ont
été cités, 244/19 et paragraphes suivants. Les amendements
doivent concerner le même sujet que la motion. Ils ne peuvent aller
à rencontre de son principe. C'est exactement ce qu'il y a dans la
motion. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou à
remplacer des mots. Là, on fait intervertir l'ordre des articles, ce que
vous faites, vous, à l'occasion, quand vous êtes vous-même
présidente. (21 h 20)
La motion vise à préciser l'ordre dans lequel la
commission va étudier, va travailler, va aborder ses travaux. Elle est
maîtresse de sa façon de faire au niveau de l'agencement de ses
travaux et sur le plan article par article ou des blocs d'articles. Alors,
ça, je pense que c'est tout à fait conforme. Il y a des
précédents abondants. J'en ai vécu, vous en avez
sûrement vécu et, même à l'heure actuelle, vous le
faites. Si une commission décide de ne pas suivre l'ordre
numérique par des suspensions d'articles, par l'étude d'un
article important qui est plus loin pour revenir ensuite en arrière
à un article précédent, ce sont des choses qui se font
couramment. Et je cite, sur ce plan-là, la doctrine de Beauchesne,
article 690, qui est très claire sur l'autorité de la commission:
À moins que la commission n'en décide autrement, l'étude
d'un projet public se fait en suivant l'ordre des articles. Et la motion du
député de Rousseau indique elle-même une
préférence pour que la commission aborde le projet par l'article
1, alors qu'en matière de projet de loi privé la doctrine est
aussi très claire sur le fait que l'étude doit commencer
normalement par le préambule, mais, et c'est cité dans Beauchesne
à la page 293, à 1095, c'est dans le cas d'un projet de loi
privé, contrairement à la procédure suivie en
matière de projet de loi public. Et ça a été
confirmé, on vient de le voir, à la commission du budget et de
l'administration par le président qui vient de vous parler
immédiatement avant moi.
Enfin, c'est aussi ce même et renommé président, il
faut dire, en matière de droit parlementaire qui a jugé recevable
une motion d'amendement du même type qu'il vient de citer lui-même,
le 7 décembre 1990. Et puis il a essayé de s'en défaire,
mais là, vraiment, c'était du gros fil, pour ne pas dire du
câble, ça se voyait C'était à l'occasion de
l'étude du projet de loi fiscal sur la TPS et la TVQ. Et puis la
même chose aussi, le président Gauvin, à la commission de
l'aménagement et des équipements, cette même commission
où nous siégons actuellement, sur le projet de loi 221, sur la
régie intermunicipale des déchets, a rendu, le 29 mai 1992, il y
a 6 mois à peine, un peu plus, une décision semblable.
Alors, Mme la Présidente, je pense que les choses sont claires,
l'amendement est recevable. Nous allons en débattre quant au fond.
Maintenant, le parti ministériel pourra battre la motion; il pourra la
battre s'il le désire, ou bien je pense qu'il va se ranger, j'en suis
sûr, quant à moi, à l'argumentation qu'on va
présenter. Mais, en ce qui concerne la recevabilité, Mme la
Présidente, je pense que ça ne fait absolument aucun doute.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Labelle. Une dernière intervention, M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Alors, Mme la Présidente, je vous parlais
tantôt de la décision de Me Lemieux, suite à une
proposition du député de Gouin qui était exactement au
même effet. Et vous pouvez trouver la proposition de la motion
d'amendement à la page CBA-1992 quand il dit: Je vais proposer, M. le
Président, une motion d'amendement: «Que la motion en discussion
soit modifiée par le remplacement à la deuxième ligne des
mots "et des articles" par les mots "59, 60 et, par la suite, tous les autres
articles".» Alors, c'est exactement mot à mot la même
proposition qui a été acceptée par le député
de Vanier, qui est président de la commission CBA. Même chose, il
n'a même pas suspendu pour prendre sa décision tellement
c'était évident. Il n'a même pas pris la peine de suspendre
tellement c'était évident parce que Beauchesne... Au fond, si la
commission n'est pas maîtresse de ses travaux, ça veut dire qu'on
devrait toujours étudier les articles du premier au dernier, sans
changer l'ordre d'aucune façon. Alors, une motion pour établir un
ordre de l'étude des articles, c'est... Parce que Beauchesne dit
lui-même que la commission est maîtresse de ses travaux.
Autre décision de M. Gauvin, le député de
Montmagny-L'lslet, qui disait... Je vous lis la proposition, d'abord, qui
était: «Que la motion en discussion soit modifiée par... un
amendement à la motion du député de Marquette. Pour
être précis, un amendement à la motion du
député de Marquette, qui se lirait comme suit: Que la motion en
discussion soit modifiée par le remplacement, dans la deuxième
ligne, des mots "et des articles" par les mots "13 et, par la suite, tous les
autres articles". Avant que vous donniez votre décision sur la
recevabilité, M. le Président, je voudrais vous faire remarquer
que les normes reconnues par le règlement...» Bon, l'article 197
de Beauchesne. Toujours le même argument qui est invoqué. Et le
président, M. Gauvin, rend sa décision, il dit: «La
commission reprend ses travaux...» Lui, il a suspendu, il a moins
d'expérience que le député de Vanier...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...et il a sans doute consulté des conseillers
juridiques, et puis il dit: «et je déclare la motion d'amendement
recevable. Et elle se lit comme suit - regardez bien, Mme la Présidente:
Que la motion en discussion soit modifiée par le remplacement, dans la
deuxième ligne, des mots "et des articles" par les mots "13 et, par la
suite, tous les autres articles". C'est bien ça? «M. Ryan: M. le
Président. «Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, oui?
«M. Ryan: Vous avez rendu votre décision? «Le
Président (M. Gauvin): Oui. «M. Ryan: Regardez... que nous
acceptons volontiers, comme toujours.»
Voyez-vous? Encore là, pourquoi? Parce que, si la décision
n'était pas recevable, ça veut dire qu'on ne pourrait jamais
modifier l'ordre des travaux de la Chambre. On devrait toujours passer du
premier au dernier parce que Beauchesne, c'est ça qu'il dit à
197: sauf si la commission en décide autrement. Alors, c'est la
commission qui est maîtresse de ses travaux, Mme la
Présidente.
Et je vais vous dire, tantôt, à l'intermis-sion, je n'ai
pas apprécié beaucoup que les gens du bureau du leader viennent
discuter de cette question-là avec vous. Parce que, normalement, le
président, quand il y a des questions de même qui sont en
discussion, ne devrait pas avoir d'interférence de gens qui sont
partisans dans le débat.
Alors, Mme la Présidente, ça m'apparaît
évident, une jurisprudence vérifiée, au même effet,
sur les mêmes articles, dans les mêmes circonstances, par le
député de Vanier et par le député de Montmagny.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, avec tous ces
arguments-là, je vais suspendre les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 27)
(Reprise à 21 h 57)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat,
c'est de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions
législatives.
Au moment de la suspension, nous avons consulté le bureau du
Secrétariat des commissions...
Une voix: Du conseiller en droit.
Décision de la présidente sur la
recevabilité
La Présidente (Mme Bélanger): Du conseiller en
droit, oui. Je pense que tous les membres de la commission, ici, le savent.
Alors, c'était sur l'amendement proposé par le
député de Lévis à la motion du député
de Rousseau. Alors, il faut déterminer, naturellement, la
recevabilité d'une motion d'amendement qui propose de modifier l'ordre
dans lequel on procédera à l'étude article par article du
projet de loi alors que la motion
de fond propose d'entreprendre l'article 1 et les suivants.
Selon la coutume, le processus de l'étude détaillée
comporte trois étapes. D'abord, il y a les remarques
préliminaires, il y a les motions préliminaires et il y a
l'étude article par article. À cet effet, je vous
réfère à une décision rendue par M. Jean-Pierre
Charbonneau, le 2 décembre 1986. Ça, c'est une chose qui est
établie. Alors, il est bien établi par la jurisprudence
parlementaire qu'une motion proposant l'étude de l'article 1 d'un projet
de loi a comme principe de passer à une autre étape de
l'étude détaillée, soit de l'étape des motions
préliminaires à l'étape de l'étude article par
article. Autre décision rendue le 11 juin 1986 par Robert Thérien
et de nombreuses décisions similaires.
Or, une motion d'amendement ayant comme principe de modifier l'ordre
dans lequel l'étude du projet de loi article par article sera
effectuée ne peut être jugée recevable à ce stade-ci
car nous ne sommes pas encore passés à l'étape de
l'étude article par article. Nous aurons franchi cette étape
lorsque la motion proposant d'entreprendre l'étude de l'article 1 sera
adoptée. En conséquence, je réitère que la motion
d'amendement est irrecevable car elle ne concerne pas le même sujet que
la motion de fond et va à rencontre de son principe. Donc, elle ne
respecte pas l'article 197.
M. Garon: Alors, Mme la Présidente, est-ce qu'on doit
comprendre de votre décision que, lorsque la motion aura
été votée, on pourra faire une motion pour proposer un
ordre différent?
La Présidente (Mme Bélanger): Effectivement,
c'est-à-dire qu'une fois qu'on aura franchi cette étape de passer
à l'étude article par article, donc à l'article 1, s'il y
a consentement pour différer les articles 1, 2, 3...
M. Garon: Non, non. (22 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. S'il n'y a
pas consentement, vous pouvez faire une motion, mais on peut, avant de faire
une motion, demander aux membres de la commission s'ils consentent à
passer les articles 2, 3, 4, 5 pour aller aux articles 59 et 63.
M. Garon: Mais à quel moment
précisément?
La Présidente (Mme Bélanger): Une fois que la
motion de passer à l'étude article par article sera
adoptée.
Une voix: On va voter sur l'amendement.
M. Garon: Vous voulez dire immédiatement après le
vote sur l'amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Après le vote
sur l'amendement et après l'article 1. M. Garon: Non, non, ou la
motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Après la
motion, c'est-à-dire, et l'étude de l'article 1, parce que la
motion demande de passer à l'article 1. Alors, il faut adopter l'article
1.
M. Léonard: Non. Pas nécessairement l'adopter.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, passer à
l'article 1, au moins.
Une voix: On peut passer au vote?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est une directive
que le député de Lévis me demande. Moi, ce que j'ai
compris des conseillers en droit législatif, c'est que, là, on a
une étape à franchir. On a franchi deux étapes qui sont
les remarques préliminaires, les motions préliminaires et la
motion...
M. Garon: Principale.
La Présidente (Mme Bélanger): On est encore sur une
motion. Alors, il faut adopter cette motion avant de passer à une autre
étape. La motion qui est sur la table...
M. Garon: Ça veut dire qu'aussitôt que vous aurez
appelé l'article 1 on pourra faire une motion pour dire ce qu'on veut
étudier après l'article 1, mais avant même d'adopter
l'article 1 parce qu'on sera rendus à l'autre étape. C'est
ça que vous avez dit.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est correct, c'est
ça.
M. Garon: Aussitôt qu'on a fini une étape, on rentre
dans l'autre étape.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais ce que je
voulais vous dire, c'est que ce n'était pas nécessaire...
M. Garon: Mais, aussitôt que vous aurez appelé
l'article 1, je pourrais proposer qu'immédiatement... Parce que,
remarquez bien, quand vous aurez appelé l'article 1, on est rendus
à l'étape article par article. À ce
moment-là...
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense, M. le
député de Lévis, que c'est hypothétique, à
ce moment-là.
M. Garon: Non, non, non. Je vous demande-La Présidente
(Mme Bélanger): On va
franchir cette étape, on va adopter...
M. Garon: Je veux comprendre votre décision, parce que,
là, quand même, Beauchesne veut dire quelque chose. On dit:
«Sauf décision contraire du comité, on aborde le texte du
projet de loi dans l'ordre suivant: articles, articles nouveaux»,
etc.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça.
Ça ne va pas à rencontre de Beauchesne, ça.
M. Garon: Tout simplement, vous êtes sur le plan de la
forme; à ce moment-ci, la motion n'arrive pas au bon moment.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça.
M. Garon: «Sauf décision contraire du
comité...» Vous dites: Quand on sera rendus à
l'étape, que j'aurai appelé, commencé l'étude des
articles, aussitôt qu'on aura appris qu'on commence l'étude des
articles, là, on pourra passer une motion pour dire dans quel ordre on
voudrait étudier les articles.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est-à-dire
que vous pouvez passer une motion. Mais, si vous dites, en tant que
porte-parole: Moi, avant d'aborder l'article 2, par exemple, j'aimerais passer
à l'article 59, s'il y a consentement, il n'y a pas besoin de motion, on
peut passer immédiatement à l'article 59. Mais, s'il n'y pas
consentement des membres de la commission, vous pouvez en faire une motion et,
à ce moment-là, votre motion sera recevable.
Une voix: La décision est rendue, Mme la
Présidente?
M. Garon: Non, non. C'est pour l'arrangement des travaux. Au
contraire, je demande l'avis de la présidente pour l'organisation des
travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): II faudrait
peut-être, M. le député de Lévis, disposer de cette
décision...
Une voix: La décision est là.
M. Garon: non, mais, mme la présidente-La
Présidente (Mme Bélanger): ...et, après, on pourra
discuter. une fois qu'on aura appelé l'article 1, là, vous
pourrez discuter du fonctionnement des travaux.
M. Lemieux: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vanier m'avait demandé la parole.
M. Lemieux: Oui, juste une question de directive pour bien
comprendre, moi aussi. Vous avez considéré que cette
motion-là, que l'amendement était irrecevable, pardon, parce
qu'il changeait la nature de l'étape de l'étude d'un projet de
loi. C'est bien ça? Et vous nous dites que, comme il change la nature de
ce projet de loi, il faut que l'article 1 soit non pas voté, mais
appelé pour qu'un tel amendement puisse être recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Non.
M. Lemieux: Non? Qu'est-ce que vous dites? Je ne comprends plus.
Il faut qu'il soit adopté, selon vous?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est-à-dire
que, là, il y a une motion qui dit que... On sait que, quand on
détermine la recevabilité d'une motion, il y a des étapes
à franchir dans l'étude détaillée d'un projet de
loi. Il y a l'étape des remarques préliminaires, l'étape
des motions préliminaires et là il y a eu une motion pour passer
à l'article 1, à l'étude détaillée du projet
de loi. Cette motion a été jugée recevable. Elle a
été débattue et le...
M. Lemieux: Mais, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. La
recevabilité a été débattue. Après qu'elle a
été débattue, le député de Lévis,
avant de terminer son temps pour le débat de la motion, a proposé
un amendement. Alors, c'est l'amendement qui n'est pas recevable parce que la
motion présentée par le député de Rousseau avait
déjà été jugée recevable. On était
sur le débat de fond et non pas de forme, parce que la motion avait
été jugée recevable. Alors, on a débattu la motion
de fond et, à la fin de la motion de fond, le député de
Lévis a apporté un amendement.
M. Garon: Mais, Mme la Présidente...
M. Lemieux: Quand considérez-vous, Mme la
Présidente, que nous sommes rendus à la deuxième
étape, soit à l'étude article par article: lorsque vous
avez appelé cet article ou lorsqu'il a été effectivement
adopté?
Une voix: Adopté.
Une voix: Une fois que tu l'appelles, il faut que tu
l'adoptes.
Une voix: Pas nécessairement.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ce que... Je
pense. Un instant!
M. Chagnon: Mme la Présidente, comme vous venez de le
mentionner, la motion initiale,
présentée par le député de Rousseau, a
été débattue sur le fond, c'est-à-dire qu'elle a
été adoptée, elle a été reçue.
Après avoir amplement discuté sur la motion de fond, le
député de Lévis a apporté une motion d'amendement
à la motion de fond, que vous n'avez pas reçue. Alors, au moment
où, après autant de temps que nous avons passé à la
discussion et de la motion de fond, puisque nous avons complètement
vidé cette question, et de la motion d'amendement, j'appelle donc le
vote sur la motion de fond, Mme la Présidente. J'ai le droit d'appeler
le vote.
Une voix: Une seconde.
Une voix: Mme la Présidente, il a présenté
un sous-amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Là,
l'amendement... Mais il faut la voter. Même si elle est votée
irrecevable...
Une voix: La motion de fond a été débattue
amplement.
M. Chagnon: ii est étonnant qu'on veuille remettre en
question la motion de fond puisque, déjà, on l'a amplement
débattue. alors, il est temps de passer à l'adoption.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est suite...
M. Chagnon: C'est assez.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît! Une personne à la fois. M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Oui, Mme la Présidente. Il y a une
seule personne qui a parlé sur la motion de fond, de notre
côté, une seule personne. Et même, de l'autre
côté, je pense qu'il n'y a personne qui a parié encore...
Le député de Rousseau, oui, qui l'a présentée.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense qu'on n'a
pas parlé...
M. Léonard: Parce que, de notre côté...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, on n'a
pas parlé sur la motion de fond, mais on a parlé sur la motion de
recevabilité.
M. Léonard: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): On n'en a pas
parié, du fond.
M. Léonard: On n'a pas encore débattu du fond.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. On a
parlé de la recevabilité et j'ai suspendu les travaux pour
prendre ma décision. Alors, on a eu un débat sur la forme et non
sur le fond. On a débattu le fond de la motion déposée par
le député de Rousseau.
M. Léonard: On n'en a pas débattu encore.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, oui. Ça a
été débattu, ça.
Une voix: C'est terminé, ça.
M. Léonard: Non, non, non.
Une voix: On en a débattu.
Une voix: C'est à la fin, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant,
là!
(Consultation)
Une voix: Madame, vous êtes la seule guide de nos
travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant! Un
instant! Mais le guide a beaucoup de difficultés avec ses zouaves.
Pour le moment, il faut disposer de l'amendement à la motion.
Une voix: Non, vous en avez déjà
disposé.
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai jugé
l'irrecevabilité, mais il faut en disposer, il faut l'adopter ou la
rejeter.
M. Chagnon: Elle n'est pas recevable, on n'a pas à la
voter.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, bien, là,
O.K.
Une voix: Elle est irrecevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Elle est irrecevable.
Alors, ça, c'est fini, on n'en parle pas. On ne parle ni du fond ni de
la forme. Alors, là, on revient à la motion principale. Si tout
le monde ne parlait pas en même temps et me laissait penser, ça
arriverait plus vite. Alors, là, on revient à la motion
principale où M. Thérien - un instant! - M. le
député de Rousseau a parlé pendant 30 minutes - il
était le proposeur - et M. Garon a répliqué pour 30
minutes. Puis là il a présenté un amendement à la
fin. Alors, on a disposé de l'amendement qui est irrecevable, on revient
à la motion principale et, s'il y a des intervenants pour parler du
fond, je suis à votre disposition pour vous écouter.
M. Garon: Mme la Présidente, une seconde.
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon? (22 h 10)
M. Garon: Seulement pour mon information, j'aimerais savoir
très clairement à quel moment ma motion va être
recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Votre motion est
irrecevable. Pour le moment...
M. Garon: Oui, mais quand est-ce?
La Présidente (Mme Bélanger): ...on l'oublie.
Une voix: Après que l'article 1...
La Présidente (Mme Bélanger): Quand vous en ferez
une autre. Il n'y en a plus, de motion.
M. Garon: À quel moment?
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y en a plus, de
motion, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je le sais, mais à quel moment elle pourra
être recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): Elle est irrecevable,
votre motion, il n'y en a plus.
M. Garon: À ce moment-ci. Mais quand est-ce que...?
La Présidente (Mme Bélanger): Là, on finit
le débat et on verra après.
M. Garon: Mais non. Vous avez dit qu'elle n'était pas
recevable, que ce serait à un autre moment.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui. Mais
là, dans le...
M. Garon: Mais, dès que vous aurez appelé
l'étude article par article, elle sera recevable. C'est ça que
vous avez dit tantôt.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça.
M. Garon: Oui, mais...
M. Léonard: Après que vous aurez appelé
l'étude article par article.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça.
M. Léonard: O.K. Reprise du débat sur la motion
principale
La Présidente (Mme Bélanger): Là, dans le
moment, on revient à la motion principale, qui est la motion du
député de Rousseau, qui dit de passer à l'étude du
projet de loi article par article.
M. Chagnon: Si je comprends bien, Mme la Présidente, vous
estimez qu'il est un peu anticipé de procéder au vote
immédiatement.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien là,
ici... On sait qu'une motion de fond a un débat.
Une voix: Vous voulez vous rendre à minuit?
M. Chagnon: Remarquez, madame, moi, j'aime mieux faire partie de
la solution que du problème. Si vous trouvez que c'est un peu
précipité, je peux retirer ma proposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Mais il y a
un débat qui dit que chaque membre de la commission a le droit
d'intervenir: le proposeur, 30 minutes; le porte-parole, 30 minutes, et tous
les autres membres de la commission ont chacun 10 minutes.
Une voix: C'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a quelqu'un qui veut intervenir sur la motion déposée par...
M. Léonard: Oui, mais, selon l'alternance, c'est à
eux; maintenant, c'est à moi.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Est-ce que vous parlez? Une voix:
Allez-y.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Vous ne parlez pas. Alors, le parti
ministériel ne parle pas. Mme la Présidente, nous sommes enfin
revenus à la motion de fond qui est à l'effet de passer tout de
suite à l'étude article par article. Je voudrais simplement
mentionner que nous avons eu quatre motions, des motions à l'effet
d'entendre quatre groupes seulement - quatre - que le gouvernement a toutes
refusées. Le premier groupe que nous avons demandé à
entendre était l'UMQ, l'UMRCQ ou l'inverse, le syndicat des
fonctionnaires et, finalement, le Protecteur du citoyen.
Mme la Présidente, je trouve que le gouvernement ne veut pas,
justement, consulter. Quand le ministre dit qu'il a rencontré ces
groupes, mon collègue de Lévis a très bien fait de
mentionner le point que, lui, il représentait l'Exécutif et que
c'était en tant que ministre, donc membre du Conseil exécutif,
qu'il a ren-
contré l'UMQ, qu'il a rencontré l'UMRCQ, alors que nous,
ici, nous sommes au Parlement, nous sommes au plan du législateur, donc
le pouvoir législatif, et nous voulons entendre les mêmes
organismes.
Je trouve, Mme la Présidente, que, lorsque le gouvernement refuse
d'entendre des groupes, il refuse aux parlementaires le droit de consulter. Je
me demande, dans cette hypothèse, ce que fait la rangée de
sièges qu'il y a là. À quoi ça sert? Oui, la
consultation, mais le gouvernement ne veut pas que personne s'assoie dans ces
chaises et, finalement, les législateurs de l'autre côté
appuient servilement ce que désire le gouvernement. C'est ça qui
arrive.
Je dois dire sans prétention, Mme la Présidente, que j'ai
connu d'autres temps où le gouvernement, si l'Opposition voulait
entendre des groupes, se ralliait très, très facilement, à
moins de raison majeure, parce que, au fond, lorsque... Oui, le ministre
n'arrête pas de grogner. Mme la Présidente, je regrette, je
voudrais avoir la paix là-dessus. Il essaie de me distraire, mais je
veux juste vous dire une chose. J'ai connu un temps où nous
considérions que ça prenait plus de temps en commission
parlementaire de débattre d'une motion à l'effet d'entendre un
groupe que de l'entendre lui-même. En fait, le législateur et ceux
qui ont pensé le règlement de la Chambre ont très bien su,
très bien établi que ou bien on entendait les groupes
eux-mêmes ou bien les parlementaires transmettaient à leurs
collègues le point de vue de ces groupes. C'est pour ça que vous
avez, dans le règlement, la possibilité de faire des motions afin
d'entendre des groupes.
La seule alternative, c'est que ou bien les groupes viennent
eux-mêmes ou bien les parlementaires transmettent le point de vue de ces
groupes. C'est ça, en réalité. Alors, quand le
gouvernement passe trop vite ou quand on passe trop vite à
l'étude article par article sans donner la chance d'entendre ces
groupes, ce qui est l'objet de la proposition à l'heure actuelle, au
fond, il n'y a pas de consultations par les parlementaires. Tout se fait,
finalement, par des lobbies. Moi, je trouve que c'est une dévalorisation
profonde du Parlement à laquelle j'assiste et que je constate depuis mon
retour ici.
Mme la Présidente, c'est moins long d'entendre un groupe que de
plaider durant une heure et demie, une heure quarante. À six de notre
côté plus un indépendant, ça fait une heure quarante
de temps. C'est moins long de faire venir les gens qui veulent s'exprimer. Ils
vont s'exprimer durant 15, 20 minutes, faire un résumé de leur
position et ils vont répondre à nos questions directement. C'est
ça, l'esprit de notre règlement, c'est qu'il y ait des gens qui
viennent.
Lorsque nous avons, dans le temps, par exemple, passé des lois
qui concernaient le monde municipal, c'était quasi régulier:
l'UMQ, l'umrcq venaient. parfois, il y avait une consultation restreinte:
l'umq, l'umrcq et certains groupes très proches, une consultation qui
durait une journée. ils sont venus.
M. Dufour: Baie-Comeau, 164 heures.
M. Léonard: Oui, 164 heures, un projet de loi qui a eu de
larges discussions. Ils sont venus à la barre et il y a eu beaucoup
d'organismes qui sont venus. Nous avons toujours eu le courage d'entendre les
gens, même les opposants, ce que vous n'avez pas. Vous ne l'avez pas dans
la loi sur les heures d'affaires, à l'heure actuelle. Vous ne l'avez pas
ici, non plus, et, à ce que je vois, le parlement est devenu vide. Il y
a quelquefois des groupes de l'âge d'or qui le visitent, mais ceux qui
sont actifs dans la société, on ne les voit plus ici.
Une voix: Qu'est-ce qu'il a contre les clubs de l'âge
d'or?
M. Léonard: Ce n'est pas du tout méprisant, ce que
je dis là. N'essayez pas de me faire dire le contraire de ce que je dis.
Mme la Présidente, je dis que le parlement est juste un objet de visite
et non pas un lieu où des groupes de la société viennent
dire à la barre ce qu'ils pensent.
M. Dufour: II n'y a plus de débats.
M. Léonard: II n'y a plus de débats. Ils craignent
les débats. Ils les escamotent. Dès qu'il y a quelque chose de
contentieux, on s'arrange pour faire les débats la nuit, après
minuit, quand les honnêtes citoyens dorment. C'est ça qu'on fait.
C'est systématique. Ne grognez pas, en face! C'est systématique,
ce que vous faites. Il faut le constater à propos de tous les projets de
loi que vous apportez, dès qu'ils sont contentieux. Quand il n'y a rien
de contentieux, évidemment, les groupes qui sont d'accord ne viennent
pas. C'est vide. Regardez ce soir, c'est vide. L'UMQ, l'UMRCQ ont transmis des
remarques à l'Exécutif strictement. Le législateur a le
droit, lui, de consulter, et on revient à l'équilibre des
pouvoirs dans la société: le pouvoir judiciaire, le pouvoir
législatif, le pouvoir exécutif. Vous avez mêlé les
deux. Le pouvoir exécutif, parce qu'il contrôle la majorité
ministérielle, empêche le pouvoir législatif de faire, lui,
ses consultations. C'est ça qui se passe à l'heure actuelle.
C'est absolument clair, net.
Mme la Présidente, il y aurait eu d'autres groupes qu'il aurait
fallu entendre, mais, comme on ne veut pas les entendre, c'est l'Opposition qui
transmet les critiques de ces groupes à la majorité
ministérielle, parce que le ministre ne dit pas nécessairement
tout ce qu'il a entendu à la majorité ministérielle. Il a
fait ses consultations avec ses responsabilités de l'Exécutif.
Je
dis que c'est ça, les faits, tout simplement, mais je ne qualifie
pas, je ne prête pas d'intentions. Je pense que le ministre devrait
arrêter de s'agiter. Nous nous intéressons à son projet de
loi. Il devrait être content. Il devrait être heureux. Il devrait
être souriant. Il devrait se décontracter au lieu de se raidir et
de réagir comme si on le piquait. Je ne le pique pas du tout. Je dis
que...
Une voix: Si ça n'arrête pas, on va suspendre.
M. Léonard: Oui. Si ça n'arrête pas, Mme la
Présidente, vraiment, on peut suspendre quelques minutes pour lui
permettre de se calmer.
La Présidente (Mme Bélanger): Je demande la
collaboration, s'il vous plaît.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Middlemiss: Regardez, il me semble qu'il n'y a pas tellement
longtemps, lorsque j'avais la parole, Mme la Présidente, ils ont fait la
même chose de l'autre côté. Il n'y a personne qui a
menacé de suspendre. M. le député de Lévis, non,
non, non, le gros innocent. Mme la Présidente-La Présidente
(Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Middlemiss: non, non. il est toujours innocent. lui, il ne
fait jamais rien et c'est toujours les autres. il y a une limite à
ça, mme la présidente.
M. Garon: Mme la Présidente, ça va faire,
là. Si on n'est pas capable de siéger, si le ministre n'est pas
en état de siéger, on va ajourner.
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
M. Garon: Mme la Présidente, on est tranquilles. Le seul
qui fait du trouble, c'est le ministre. S'il n'est pas capable de se
posséder, qu'il aille se faire soigner. On n'a pas d'affaire à
endurer les gens qui ne se possèdent pas. (22 h 20)
Des voix: Oh!
M. Garon: II y a des limites, maudit!
M. Middlemiss: mme la présidente, je n'accepterai pas ces
paroles-là du député de lévis, de dire que je ne
suis pas en état de siéger, de me faire examiner.
M. Garon: Allez vous coucher. Tenez-vous tranquille.
M. Middlemiss: Je lui demande de retirer ses paroles. Mme la
Présidente, je n'accepterai pas ça du député de
Lévis. Il n'a pas d'affaire à dire des choses de même.
Qu'il prouve que je ne suis pas en état de siéger ici.
M. Garon: Vous êtes trop nerveux! Des voix: Ah!
Ah!
M. Middlemiss: Non, non! Les nerfs, c'est vous qui n'avez pas de
nerfs. Mme la Présidente, je lui demande de retirer ces
paroles-là. Je n'accepterai pas...
M. Garon: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis, c'était peut-être un peu
exagéré...
M. Garon: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de dire que le
ministre n'est pas en état de siéger. Je vous demanderais de
retirer vos paroles.
M. Garon: Mme la Présidente, je ne retire pas mes paroles.
Le ministre interrompt sans arrêt depuis tantôt le
député de Labelle. Vous ne dites pas un mot. Il est à
côté de vous. Vous l'entendez encore plus que nous et c'est
fatigant, ça n'a plus de bon sens. Personne n'interrompt les autres.
Depuis le début de la soirée que les autres laissent parler les
autres. C'est le seul qui interrompt tout le temps - c'est fait d'une
façon systématique - le député de Labelle.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, à deux ou trois reprises, j'ai
dit: M. le ministre.
M. Garon: Mme la Présidente, il y a des gens qui ont
passé la nuit debout.
La Présidente (Mme Bélanger): J'en suis une.
M. Garon: Si le ministre a passé la nuit debout et qu'il
est trop fatigué pour siéger, qu'on ajourne.
M. Middlemiss: Non, je n'ai pas passé la nuit debout, Mme
la Présidente, et j'insiste: Le député de Lévis,
s'il veut m'accuser que je ne suis pas en condition de siéger ici, il va
la faire, la preuve. Il va retirer ses paroles ou bien il va la faire, la
preuve, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant! Un
instant, M. le ministre.
M. Middlemiss: Je n'accepte pas ça!
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Middlemiss: Ça n'arrêtera pas là, Mme la
Présidente. Non, non, je ne suis pas pour accepter que...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Vanier.
M. Lemieux: Suite à votre décision, est-ce que
c'est possible, en vertu de l'article 41, paragraphe deux...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que je
pourrais avoir une personne à la fois qui parle, s'il vous
plaît?
M. Lemieux: Est-ce que c'est possible, Mme la Présidente,
en vertu de l'article 41, paragraphe deux, que votre décision puisse
simplement être respectée, puisqu'elle n'est pas discutable? Vous
aviez rendu une décision. Ça n'a pas d'allure.
M. Garon: Mme la Présidente, je vais vous demander de
sortir les galées. J'ai dit: Si le ministre n'est pas en état de
siéger parce qu'il est trop fatigué, qu'on ajourne les travaux.
Alors, vous pouvez ajourner et faire venir les galées pour
vérifier ce que j'ai dit.
M. Chagnon: Mme la Présidente, vous avez
déjà demandé au député de retirer ses
paroles. On ne peut pas faire un procès d'intention à un autre
membre de cette commission. On ne peut pas, non plus...
M. Garon: Qu'on suspende les travaux et qu'on fasse venir les
galées, vous verrez ce que j'ai dit exactement.
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai compris. Vous
avez dit: «Si le ministre n'est pas en état de
siéger». Ça laisse à interprétation.
M. Garon: Non. J'ai dit...
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que ce
serait un bon cavalier qui dirait: Je le retire, peut-être que mes
paroles ont dépassé ma pensée.
M. Garon: Mme la Présidente, si le ministre est en bonne
condition pour siéger, qu'il arrête d'interrompre le
député de Labelle.
M. Middlemiss: Non, non, ce n'est pas ça, là. Vous
n'avez pas d'affaire... Vous allez retirer ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous savez
que je ne veux pas entendre quatre personnes en même temps? M. le
ministre!
Une voix: Mme la Présidente, j'invoque l'article 42.
M. Middlemiss: Je n'accepterai jamais ça, jamais!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre!
M. Middlemiss: Non, non, je ne m'énerve pas, mais...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant,
là! Il y a une personne qui m'a demandé la parole. M. le
député de Vanier.
M. Lemieux: II y a l'article 41, paragraphe deux, et l'article
42: «Le président peut retirer la parole à un
député pour le reste de la séance si celui-ci ne se soumet
pas à deux rappels à l'ordre consécutifs. Si le
député ne respecte pas l'interdiction prononcée contre
lui, le président l'avertit une dernière fois. S'il ne se soumet
toujours pas, le président peut ordonner son exclusion de
l'Assemblée pour le reste de la séance.» Tout simplement,
ce que je vous demande, Mme la Présidente, c'est le respect de votre
décision de l'article 41, paragraphe deux, et d'imputer, s'il le faut,
la teneur de l'article 42.
La Présidente (Mme Bélanger): Les mêmes
règles s'appliquent dans les commissions parlementaires. S'il vous
plaît, M. le député de Lévis, est-ce que vous voulez
retirer vos paroles?
M. Garon: Non, madame. J'ai dit: Si le ministre n'est pas en
condition. Je demande de sortir les galées. Je n'ai pas fait
d'affirmation. Ça faisait un grand bout de temps que le ministre
dérangeait tout le monde. Il était à côté de
vous. Vous êtes supposée le faire taire de vous-même, sans
qu'on vous le demande. Mme la Présidente, je vous demande de regarder
les galées. Je ne retirerai pas mes paroles avant que j'aie vu les
galées et que vous les ayez vues vous-même.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, M. le
député de Lévis, même si vous avez ajouté un
«si» avant, vous avez insinué que le ministre n'était
pas en condition de siéger. C'est quand même enregistré
dans les galées. Par respect pour les membres de cette Assemblée,
il me semble que vous pourriez retirer vos paroles.
M. Garon: J'ai dit, Mme la Présidente, clairement, que,
s'il y a des députés qui ont passé la nuit debout,
qui...
Une voix: Vous l'avez dit après, ça. M. Garon:
Bien oui, mais c'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, c'est ma discussion avec le député de
Lévis.
M. Garon: J'explique mes propos, si vous voulez, pour nuancer les
propos que j'ai tenus et qui étaient très clairs. J'ai dit:
«S'il y a des... si le ministre...» J'aimerais ça qu'on voie
les propos exactement. Vous allez voir... J'ai dit: S'il n'est pas en
condition, parce qu'il est trop fatigué. Parce qu'il ne tient pas sur sa
chaise, comprenez-vous? Ça n'a pas de bon sens. C'est un paquet de
nerfs! Qu'est-ce que vous voulez que je dise! Qu'on le veuille ou non, c'est
ça, la réalité.
Une voix: II continue encore, Mme la Présidente.
M. Garon: Si le ministre est en bonne condition, s'il n'est pas
fatigué, qu'il arrête d'interrompre le député de
Labelle quand il parle. Essentiellement, c'est ça que je dis. Je ne dis
pas qu'il est malade. Je dis qu'il est trop nerveux.
La Présidente (Mme Bélanger): Vos propos sont un
peu plus nuancés, M. le député de Lévis. Un
instant! Dans le moment, vos propos sont plus nuancés. Ce serait
acceptable si ça avait dit dans ce sens-là. Mais, moi, mon
interprétation et l'interprétation des autres membres de la
commission... Il me semble que ce serait facile pour vous de dire: Je retire
les paroles que j'ai dites. Et je demande à tous les membres de la
commission de collaborer afin que nos travaux se poursuivent dans
l'harmonie.
Une voix: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Aïe! Un instant!
Je parle avec le député. Je suis en train de régler une
question de règlement, je ne peux pas en régler 10 à la
fois!
Une voix: Nous voudrions avoir les galées, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant! Je suis
après régler mon cas avec le député de
Lévis.
Une voix: C'est le cas des parlementaires en
général. La perception qu'on a...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, comme vous avez dit que, si
les propos nuancés que j'ai tenus avaient été tenus de
cette façon-là, ils seraient acceptables, alors, dans ce
sens-là, je vous dis que c'est la teneur des propos que je voulais
tenir, s'ils n'ont pas été entendus de cette
façon-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va, c'est
réglé. Le député de Lévis a retiré
ses paroles. Alors, on revient au débat de fond. C'est fini. C'est une
étape finie. Le débat est clos. C'est réglé avec le
député de Lévis. M. le député de Labelle,
vous aviez la parole. C'était une question de règlement, puis la
cause est réglée. La cause est réglée, et j'appelle
le député de Labelle.
M. Dufour: Ce n'est pas une question de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais c'est quoi que
vous voulez?
M. Dufour: Bon, Mme la Présidente-
La Présidente (Mme Bélanger): On n'arrête pas
les débats pour rien.
Motion proposant l'ajournement des travaux
M. Dufour: Non, mais, comme je vois que l'heure avance et comme
je vois aussi que les esprits semblent fatigués, il y a une semaine de
travail et on voit bien qu'on fait du surplace un peu, moi, j'aurais une
proposition pour dénouer l'impasse. En vertu de l'article 165, je
demanderais l'ajournement des débats.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça prend le
consentement parce que le mandat de la commission, c'est de siéger
jusqu'à minuit. Ça prend le consentement. Pardon?
Une voix: Lisez 165.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'article
165, ça prend un consentement pour une motion d'ajournement. «Un
membre peut proposer que la commission ajourne ses travaux. Cette motion est
mise aux voix sans amendement et elle ne peut être faite qu'une fois au
cours d'une séance, sauf par le président ou un ministre membre
de la commission. Elle ne peut être débattue, sauf qu'un
représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un discours
de 10 minutes chacun.»
M. Dufour: Vote.
M. Middlemiss: II a demandé le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça se
«peut-u»? Est-ce que vous me permettez de relire cet
article? «Cette motion est mise aux voix sans amendement et elle
ne peut être faite qu'une fois au cours d'une séance, sauf par le
président ou un ministre membre de la commission. Elle ne peut
être débattue, sauf qu'un représentant de chaque groupe
parlementaire peut prononcer un discours de 10 minutes chacun.»
Une voix: Le vote a été demandé.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, c'est celui qui
a présenté la motion.
M. Garon: Un membre de la commission de chaque côté
peut prendre la parole. Si le député de Jonquière ne veut
pas parler, moi, je suis prêt à parler.
M. Middlemiss: excusez, mme la présidente, question de
règlement. le député de jonquière a demandé
le vote, mme la présidente. il demandé le vote.
Une voix: Tout le monde l'a entendu.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais si, avant de
demander le vote...
M. Middlemiss: Non, mais il a demandé le vote. Parlez-lui,
parlez-vous.
M. Garon: Le règlement dit qu'un membre de chaque
côté peut parler 10 minutes.
M. Middlemiss: Oui, mais le proposeur a demandé le
vote.
M. Garon: Ça ne marche pas comme ça.
M. Middlemiss: Ah, ça ne marche pas de même!
Une voix: II n'a pas le droit de faire ça. (22 h 30)
M. Middlemiss: II n'a pas le droit de faire ça, lui.
Une voix: Bien oui, il me semble... (Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Là, je vous
donne 10 minutes pour débattre la motion que vous avez faite d'ajourner
les travaux.
M. Dufour: Vous me donnez un droit de parole de 10 minutes?
Une voix: Oui.
Une voix: II n'avait pas demandé le vote?
La Présidente (Mme Bélanger): Mais le vote se fait
après.
M. Dufour: Mme la Présidente, effectivement...
Une voix: Excusez-moi, le fait qu'il a demandé le
vote...
La Présidente (Mme Bélanger): Ça ne fait
rien. Là, si ça ne change pas, je vais ajourner les travaux. J'ai
le droit d'ajourner les travaux.
M. Dufour: De vous-même, ce serait bien, mais vous ne
pouvez pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous avez
demandé d'ajourner...
Une voix: Vous ne pouvez pas. La Présidente (Mme
Bélanger): Non. Une voix: Vous pouvez le faire. Une voix:
On ne peut pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
débattez votre raison pour laquelle vous voulez ajourner et on verra
après.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, je vais prendre mon droit de
parole et je vais essayer d'expliquer pourquoi je fais ma motion d'ajournement.
Depuis cet après-midi, nous avons commencé les travaux et
l'Opposition a tenté, à quelques reprises, d'obtenir satisfaction
concernant des groupes devant se présenter pour mieux renseigner les
parlementaires. Ça, ça se fait au bout de la semaine, donc
après cinq jours de travail intensif où les nuits ont
été écourtées, où chaque parlementaire a
donné le meilleur de lui-même et a travaillé très
fort dans toutes les commissions. C'est une fin de session. Si on veut
être objectifs par rapport à ce qui se passe depuis 20 heures ce
soir, on voit bien qu'il y a une fatigue qui se fait sentir et qu'on ne
rehaussera peut-être pas le parlementarisme en continuant de la
façon qu'on le fait. Même si, moi, je vous fais confiance comme
présidente de l'assemblée, même avec la meilleure
volonté du monde, je sais que c'est excessivement difficile pour vous de
tenir l'ordre. D'un côté comme de l'autre, c'est vrai qu'il y a
des gestes d'impatience, il y a des interruptions, les gens ont de la
difficulté à s'exprimer. Quand on s'exprime, il y a un peu de
dissipation de part et d'autre. Je n'essaierai pas de jeter de blâme, il
y a vraiment un peu d'électricité dans l'air.
Quand on a ajourné à 18 heures, je disais qu'il faisait
froid, mais c'était juste l'extérieur.
À l'intérieur, c'était chaud. Ça bouge,
ça bouge beaucoup et c'est pour ça que je me dis: II n'y a rien
à gagner par rapport à ça. Supposons que la motion qui est
sur la table soit débattue et qu'elle soit battue, vous comprenez qu'il
y a de grandes chances qu'on ne se rende pas où il y a des gens qui
voudraient qu'on se rende. C'est clair. Ça me semble évident, les
règles du parlementarisme sont suffisamment claires de ce
côté-là pour voir où ça va aller.
Donc, est-ce qu'à vouloir maintenir l'ordre et continuer à
se débattre comme on fait là, on ne répète pas ce
qui s'est fait durant toute la nuit, a l'effet qu'on joue une partie de bras de
fer? Ça va peut-être faire plaisir à quelques personnes,
mais je ne pense pas que le parlementarisme se rehausse par cette continuation
des débats. Pour la suite des choses et aussi pour le métier qui
caractérise tout le temps le travail des parlementaires, en règle
générale, moi, je fais appel au jugement et au bon sens dans le
sens de la proposition que j'ai faite à l'effet qu'on devrait ajourner
le débat, et ça, ça serait dans le meilleur
intérêt non seulement des parlementaires qui sont ici
présents, mais du parlementarisme, puisque, cette année, nous
fêtons le 200e anniversaire de la démocratie. Ce serait une bonne
façon de compléter ce travail qui a duré toute la semaine
et qui pourrait peut-être être couronné par une trêve,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a un intervenant de ce
côté-ci? Alors, est-ce que la motion est adoptée?
Des voix: Adopté. Des voix: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Appel nominal.
Mise aux voix
Le Secrétaire: Alors, M. Dufour (Jonquière)? M.
Dufour: Pour. Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)? M.
Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)? M.
Léonard: Pour.
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska)? M. Baril:
Pour. Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Middlemiss: Contre. Le Secrétaire: M. Chagnon
(Saint-Louis)? M. Chagnon: Contre. Le Secrétaire: M.
Leclerc (Taschereau)? M. Leclerc: Contre. Le Secrétaire: M.
Lemieux (Vanier)? M. Lemieux: Contre. Le Secrétaire:
M. Camden (Lotbinière)? vM. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Contre: 5
Pour: 4
Abstentions: 1
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 22 h 36)
(Reprise à 22 h 48)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux.
M. Garon: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Garon: ...je voudrais simplement dire un mot. Tantôt,
quand vous m'avez parlé de l'allusion que j'avais faite au ministre,
dans l'intermission, j'ai cru comprendre qu'il avait compris quelque chose de
complètement contraire à ce que j'avais dit. Alors, je voudrais
dire simplement que je faisais uniquement allusion, et à aucune autre
chose, au fait qu'il interrompait le député de Labelle souvent,
qu'il m'avait l'air nerveux. Je ne pensais aucunement qu'il avait pris une
goutte de boisson. Ça ne m'a même pas traversé l'esprit,
tellement je pense que le ministre est complètement sobre. Alors, je
dois vous dire que, si c'est ça qu'il a pensé, là, que ce
soit bien clair dans son esprit que je n'ai même pas pensé
à ça. J'étais estomaqué même parce que
ça m'apparaït évident, et aucun membre de cette commission
ne pense qu'il a pris une goutte de boisson. Alors, je veux dire que ce n'est
pas ça, sauf que je trouvais qu'il était nerveux. Je sais qu'il y
a beaucoup de députés qui ont veillé toute la nuit. Je
pensais que c'était la raison pourquoi il était nerveux,
parce
qu'il avait veillé tard hier soir, parce qu'il interrompait
constamment le député de Labelle. Mais je ne veux pas qu'il pense
qu'il y avait une autre allusion, je veux être bien clair
là-dessus, parce que c'est très clair dans mon esprit. Je ne
faisais allusion à rien d'autre que ça.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est très
bien, M. le député de Lévis. Ceci étant dit,
j'espère que tout le monde va travailler d'une façon calme et va
collaborer au bon fonctionnement de la commission. On sait que le mandat de la
commission est de procéder à l'étude du projet de loi 57,
Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions législatives.
Alors, la parole était au député de Labelle.
M. Léonard: II reste combien de temps? (22 h 50)
M. Middlemiss: Mme la Présidente, est-ce que je pourrais
avoir une question de directive? J'aimerais faire une proposition. Il semble
qu'on va travailler jusqu'à minuit. Tantôt, les gens de
l'Opposition voulaient à tout prix aborder le chapitre III, les articles
59 et 63. Nous autres, si on fait l'article 1, on serait prêts ensuite
à aller au chapitre III et aux articles 59 et 63, s'ils sont d'accord
avec ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon,
écoutez...
Une voix: Chapitre III, articles 59 et 63.
M. Middlemiss: Chapitre III, 59 et 63. Il semblerait que
c'était ça. Nous autres, on est prêts à le faire. On
va être ici jusqu'à minuit; donc, on est aussi bien de faire
quelque chose de positif.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, je
suis bien d'accord avec ce que vous proposez, sauf que, avant d'arriver
à cette étape, il faut disposer de l'étape que nous sommes
en train de discuter, qui est la motion de fond du député de
Rousseau. Alors, si les parlementaires...
M. Middlemiss: On ne peut pas, par consentement de la
commission?
La Présidente (Mme Bélanger): II faut disposer de
la motion avant.
Une voix: Par consentement, on ne peut plus?
M. Middlemiss: Par consentement... Il me semble, Mme la
Présidente, que, tantôt, on disait, si...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, on peut mettre
la motion au vote...
M. Middlemiss: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): ...si on dispose de
la motion, mais il faut disposer de la motion avant d'entreprendre une autre
étape. Là, on était à l'étape de la
discussion sur la motion afin de passer à l'article 1. Il reste deux
minutes six secondes au député de Labelle. S'il n'y a pas d'autre
intervenant après, on peut disposer de la motion et passer à
l'étude de l'article 1 et du chapitre III.
Reprise du débat sur la motion principale M.
Jacques Léonard (suite)
M. Léonard: Mme la Présidente, je vois très
bien l'intervention du ministre, là, qui a essayé de passer par
en arrière pour nous en passer une petite vite. Ce qu'il y a sur la
table, c'est que nous voulons entendre des groupes - c'est ça, la motion
- avant de passer à l'étude article par article. C'est ça,
la question, et c'est la motion qui est sur la table. Nous aurions aimé
en entendre quatre qu'il a refusé, lui, d'entendre et que la
majorité ministérielle a refusé d'entendre: l'UMQ,
l'UMRCQ, deux gros intervenants particulièrement touchés dans le
dossier. Si lui, comme ministre, a eu des consultations personnelles avec eux,
c'est une chose, mais les législateurs n'en ont pas eu. Il n'y a pas eu
de consultations. Les professionnels, c'est la même chose. Comme beaucoup
de fonctionnaires, ils vont être touchés par les mesures qui sont
dans ce projet de loi, les ingénieurs vont l'être.
Mon collègue de Lévis a parlé, en particulier, du
Club automobile et de ce que cela pourrait avoir comme conséquences pour
le tourisme américain, ici, au Québec. On sait qu'il est
particulièrement sensible aux questions de responsabilité dans
des accidents ou aux questions de responsabilité civile. Alors, le
gouvernement se sort de cela. Le Club automobile du Québec pourrait
très bien venir nous faire part des conséquences. Nous savons
qu'il y en a et nous savons qu'il y a des gens qui réfléchissent
à cette question. Comme législateurs, je crois que ce serait
indispensable que nous les voyions.
Mme la Présidente, je pense qu'il ne faut pas avoir peur des
débats démocratiques. Il ne faut pas. C'est le contraire: une
société qui fait ça, un Parlement qui commence dans cette
voie aboutit à nier tous les débats et c'est ce que je vois
malheureusement dans ce Parlement, particulièrement à cette
session. Je suis en train de débattre d'un autre projet de loi, le
projet de loi sur les heures d'affaires. On ne veut entendre aucun groupe.
Pourtant, il y a des associations et des associations qui se prononcent contre
avec un raisonnement qui se tient. On ne veut pas les entendre, alors que c'est
le gouvernement qui a fait volte-face sur cette question. Mais on ne veut pas
entendre ou réentendre ces gens-là
alors qu'on fait volte-face par rapport à un projet de loi qui a
déjà été débattu dans cette
Assemblée, il y a deux ans et demi à peine. C'est ça qui
arrive. Moi, je trouve que c'est malheureux.
Ce que je disais tout à l'heure - et le ministre avait l'air de
me faire dire des choses que je n'ai pas dites - c'est que, à l'heure
actuelle, oui, il y a des gens qui visitent le parlement, mais ce sont des gens
qui viennent ici simplement en visite, pas pour y travailler, pas pour y
transmettre les points de vue de leur association ou leur point de vue par
rapport à un projet de loi. C'est complètement oublier le point
de vue du législateur. Qu'est-ce qu'on fait ici? Nous sommes, d'abord et
avant tout, des députés. Dans le système parlementaire
britannique, même les ministres sont des députés. C'est
pratiquement sacré. C'est vrai en Angleterre, c'est vrai ailleurs. Les
ministres sont, d'abord, des députés. Ils sont, d'abord, des
législateurs. Je pense qu'il devrait comprendre son rôle.
Là, sa nomination comme ministre lui est montée à la
tête, il a oublié qu'il était député. C'est
ça, le problème.
La Présidente (Mme Bélanger): C'était
fini?
Une voix: C'est fini. Alors, c'est terminé. Merci
beaucoup. Bonsoir.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci. M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, je veux aussi joindre ma
voix à ce que le député de Labelle et le
député de Lévis soutiennent, à l'effet qu'il n'y a
plus de véritables débats sur des questions de fond. Vous savez,
un projet de loi comme celui qu'on a devant nous, il n'a pas été
mis en consultation très, très longtemps. Seuls les gens
très, très particuliers, très pointus qui sont
intéressés par cette question sont au courant. J'ai des demandes
actuellement des préfets de comté qui me demandent: Est-ce qu'on
pourrait avoir l'ensemble du projet pour qu'on puisse se prononcer, nous, comme
entité? Ça touche pas mal de monde, ces questions-là.
Évidemment, ils n'ont rien en main pour se prononcer. Donc, quand le
ministre nous dit ou nous informe que tout le monde est bien heureux, tout le
monde est content, moi, je ne veux pas douter de sa parole, mais je vous dis
que, sur le terrain, ce n'est pas comme ça que ça se passe.
Je vais vous donner une autre preuve. Ce soir, je reçois... Ce
n'est pas pour le même projet de loi, mais pour le projet de loi 56. Il y
a du monde qui dit que c'est urgent. Il commence à y avoir des
oppositions. Pourquoi? Parce que le projet de loi 56 a été
déposé juste avant ce projet-ci. Le projet de loi 56, dans le
fond, un projet qui parle d'aménagement et d'urbanis- me, il vient juste
d'être déposé. Les gens voient bien qu'il y a un projet de
loi important et là vous commencez à voir des gens se pointer et
dire: On a des choses à dire. C'est ça. Je pense que j'ai trois
propositions, trois groupes qui commencent à nous donner leur point de
vue. Les gens, ne sachant pas ce qui se passe, ne peuvent pas se prononcer.
Donc, quand on chambarde les règles de responsabilité,
quand on change exactement ce qui se passe sur le territoire depuis toujours,
où il y a des droits qui appartiennent à des contribuables ou
à des automobilistes sur la route, le droit de circuler, mais aussi une
certaine protection, et qu'on s'apprête, dans ce projet de loi, à
l'enlever, est-ce que vous croyez honnêtement et tranquillement pas vite
que tout le monde est au courant de ce qu'on s'apprête à faire? Et
ce n'est pas la première fois qu'on voit ça.
Pourquoi est-on obligé de passer des lois à la sauvette et
rapidement comme ça? Pourquoi ne prend-on pas le temps de les
étudier? Le gouvernement a des droits, il a des droits de gouverner,
mais l'Opposition a le droit d'être renseignée et elle a le droit
de s'informer. On ne fait pas une grande preuve d'ouverture en disant
qu'après quatre groupes, quatre demandes de rencontres avec des groupes
différents, tout est complété, tout a été
dit et il ne nous reste plus qu'à passer à l'étape de
l'étude point par point. Moi, je m'inscris en faux contre cette
attitude. Si ce n'est pas une attitude de fin de régime, bien, je ne la
comprends pas. On dirait que, là, c'est des questions de vie ou de mort
tout le temps.
Vous savez, il y a beaucoup d'action qui se passe sur le territoire. Ce
n'est pas toujours des questions de vie ou de mort. Si je regarde ce qui se
passe dans beaucoup de domaines, la situation économique est beaucoup
plus préoccupante pour moi que la situation des routes. Moi, j'avais des
choses à vous dire. J'avais des articles de fond, où on dit qu'il
y a 61 000 kilomètres de routes qui sont en état lamentable.
Ça prendrait 2 000 000 000 $ d'investissements. On n'a pas mis d'argent,
on n'a pas mis d'investissements depuis les deux dernières
années, ou si peu, ce qui fait que les 33 000 kilomètres qu'on
s'apprête à retourner aux municipalités, par un coup de
baguette magique de la fée des étoiles ou de la fée de
Pontiac... Ils ont tout arrangé le réseau, puis ils le
remettent.
Quand on regarde ce qui se passe au point de vue des ponts, 8000 ponts.
On a des fonctionnaires, pas n'importe qui, des gens qui travaillent dessus,
qui nous disent qu'il y a 8000 ponts qui sont en mauvais état et il y en
a un qui va finir par tomber. Bien oui, M. le ministre, vous ne nous avez pas
donné le temps de parler de ça...
Une voix: 800.
M. Dufour: 800 ponts qui sont en mauvais
état et il y en a un qui va finir par tomber. Il y en a un qui
est tombé, il n'y a pas tellement longtemps. Bien oui! S'il n'avait pas
été obligé de faire des réparations... Je le sais,
vous allez me dire: C'est la faute humaine. C'est la faute du contracteur, s'il
a écrasé. Mais il y en a un qui est tombé, un pont. Puis,
la réparation qu'on faisait dessus, si elle n'avait pas
été majeure, il n'y aurait pas eu autant de grosse machinerie et
ça ne serait pas arrivé. Vous le savez, là, écoutez
un peu, vous êtes ingénieur. Nous autres, on est peut-être
ingénieux. (23 heures)
J'aurais aimé mieux que vous preniez le temps de faire cette
réforme, le temps de consulter. Des lois majeures et on passe ça
dans un tour de passe-passe, dans 15 jours. Le dépôt, puis on
passe au «cash». Ce n'est pas comme ça que ça se
fait, dans la vie. Dans la vie de tous les jours, ce n'est pas comme ça.
Si c'était comme ça, il y a des gens qui auraient le droit de se
questionner et de s'interroger sérieusement sur les attitudes qu'on a
par rapport à une population.
Mes collègues ont insisté sur les dangers ou sur les
impacts que ça pourrait avoir sur les gens de l'extérieur. Moi,
je suis aussi inquiet qu'eux. Par contre, je suis plus porté à
penser aux gens du milieu. Si les personnes qui circulent sur le réseau
routier du Québec savaient, au moment où on se parle, que tout ce
qui va se passer, ce n'est plus de la faute de personne, bien, moi, je pense
que, là, vous êtes en frais de créer une panique à
travers la population. Parce que qui est responsable de ce qui se passe sur la
route? Je comprends que, quand c'est l'agent faunique, là, c'est
peut-être difficile de trouver le coupable. Ça, je comprends
ça. Mais, quand c'est des accidents qui sont causés par la main
de l'homme, il doit y avoir des causes à quelque part et il faut en
tenir compte. Quand une municipalité, ou un gouvernement, ou un
ministère ne fait pas son travail, il faut que la personne ou l'individu
puisse contester, qu'on puisse tenir les personnes coupables. La faute à
porter par quelqu'un, ça existe partout, ça. Nous autres, on est
en train d'innover à l'envers. On faisait beaucoup de farces, on avait
beaucoup de plaisir en disant, tu sais: Avancez par en arrière! Bien,
là, nous autres, on fait ça dans nos lois. On dépouille
les gens de leurs droits, et ce n'est pas la première fois que j'assiste
à ça ici. Je me demande si c'est la façon de
procéder, si on ne serait pas en frais d'en faire une coutume et une
règle de loi. «Law and order».
Moi, je vois bien que le ministre est insensible. Je l'ai dit à
quelques reprises, je trouve ça malheureux que des gens, après si
peu de pouvoir... Je ne pense pas que le pouvoir corrompt - on le dit souvent,
le pouvoir corrompt - mais il semblerait que le pouvoir, après quelques
années, ça rend sourd, pour ne pas dire malentendant. C'est
ça, le pouvoir rend sourd.
Est-ce que le fait d'être un peu plus haut que la moyenne fait
qu'il y a un voile, une obscurité qui tourne autour de sa personne et
qu'on n'est pas capable de parler avec le monde ordinaire?
Le monde, chez nous, il veut avoir des routes bien entretenues, et on
aurait été en droit de penser et d'exiger que le ministère
qui va transférer les routes le fasse avec des routes en bon
état. Il faut calculer que les montants des kilomètres en
fonction des coûts, c'est pour de l'entretien, ce n'est pas pour des
réparations majeures, ni pour de la construction de routes. Quand on
fait ça et quand on regarde exactement ce qu'on s'apprête à
faire, enlever des droits aux gens, ça, ce n'est pas correct.
Peut-être que le ministre peut penser qu'il y a des gens qui sont plus
renseignés. Moi, je pense que, de ce bord-ci de la table, il y a des
gens qui connaissent ça, des routes. Mon collègue d'Ar-thabaska,
il a été maire d'une municipalité, il connaît son
comté. Le maire de Labelle a été ministre des Transports,
il connaît ça.
Une voix: Le maire?
M. Dufour: Non, le député de Labelle a
été ministre des Transports. Et le ministre était complet,
là. Ce n'était pas un demi, là; c'était un entier,
il faisait les deux choses.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Et il a fait son travail, hein! Il faisait tout. Il
connaissait ça. Ha, ha, ha! Bon, ça fait qu'il connaît son
travail. Le député de Lévis, il voyage tellement que lui
aussi sait de quoi il parle. Quant à ma collègue de
Chaudière-Appalaches...
Une voix: La Chaudière.
M. Dufour: chaudière? la chaudière? pas appalaches,
chaudière, elle aussi, par ses interventions, comme personne
responsable, elle sait c'est quoi...
M. Léonard: La présidente du PQ.
M. Dufour: ...une route bien entretenue et une route sur laquelle
on peut circuler. Donc, elle est à l'écoute des gens. Elle a fait
beaucoup de travail dans le domaine public. Moi, je ne doute pas du tout de sa
compétence. Si être compétent, c'est faire des routes...
Savez-vous, moi, j'en ai fait faire, je n'en ai jamais fait moi-même. Je
n'ai pas levé beaucoup de pelles de gravier et je n'ai pas étendu
beaucoup d'asphalte dans ma vie, mais, par exemple, quand un chemin est bien
fait, je sais c'est quoi et à quelle responsabilité on s'engage
quand on construit des routes...
La Présidente (Mme Bélanger): En con-
clusion, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: ...et je sais quelle sorte de plans il faut consulter
pour le faire. Donc, quand ils parlent de réseau routier, les gens de ce
côté-ci sont aussi à l'écoute, et surtout plus
à l'écoute, parce que c'est ça que je disais, que je dis
et répète à maintes reprises: II y a des
députés qui auraient intérêt à avoir
été dans l'Opposition un certain temps pour mieux comprendre et
il y en a d'autres, malheureusement, qui ne seront jamais dans l'Opposition
parce qu'ils ne seront plus là. Voilà, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce que la motion
présentée... Mme la députée des
Chutes-de-la-Chau-dière.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, Mme la
Présidente. Effectivement, comme j'ai suivi l'intervention de mon
collègue, je n'ai pas les mêmes compétences que mes
collègues autour, je n'ai jamais été maire de
municipalité, mais, effectivement...
M. Dufour: Une vraie mère! Une voix: Mère
tout court!
Mme Carrier-Perreault: ...mère tout court. Mais j'ai une
voiture et je me promène sur les routes. Oui, je pense qu'effectivement
les gens sont capables de voir aussi dans quel état sont les routes au
Québec. Les gens se plaignent beaucoup, et ça fait souvent les
manchettes, d'ailleurs. Aussi, je peux vous dire que les maires des
municipalités, quand ils reçoivent les factures, quand ils vont
recevoir les transferts... C'est exactement l'objet de ce projet de loi qu'on a
devant nous, le partage de la gestion du réseau routier entre le
ministère des Transports et les municipalités. Alors, c'est
évident que ces gens-là aussi ont des doléances, ont des
demandes, ont des informations et voudraient bien savoir comment tout cela va
se faire.
On en est à débattre de la motion du député
de Rousseau. Ça fait très longtemps, il me semble, qu'on ne l'a
pas lue, mais le député de Rousseau nous a expliqué,
pendant à peu près, en fait, 30 minutes, je pense, si je me
souviens bien, pourquoi il fallait passer à l'article 1. Et nous, de
notre côté, on a comme des problèmes; du moins, je vais
essayer de vous expliquer pourquoi je trouve que ça n'a pas de bon
sens.
C'est la première fois, Mme la Présidente, que j'assiste
à une commission où les choses se déroulent de cette
façon-là. C'est vrai que ça ne fait pas très
longtemps que je suis à l'Assemblée nationale, mais, quand
même, j'ai déjà été membre de la commission
de l'aménagement et des équipements et c'est la première
fois que je vois une commission qui se déroule comme ça. C'est
vrai que ce n'est pas très réjouissant, qu'on est vendredi soir
et que tout le monde est un petit peu fatigué, un peu
énervé. Mais il reste que, quand on affirme qu'on a
demandé à rencontrer quatre groupes seulement, c'est très
peu parce que j'ai vu des commissions où on en demandait beaucoup plus.
Même, on le sait, le ministre des Affaires municipales,
généralement, quand on demande de rencontrer des groupes, il
préfère souvent rencontrer des groupes que de nous entendre
demander de rencontrer des groupes pendant longtemps, des fois.
Le député de Labelle vous mentionnait, d'ailleurs, tout
à l'heure, qu'à la commission de l'économie et du travail
on demande d'entendre des groupes, comme ça, depuis le début de
la semaine, à toutes fins pratiques, Mme la Présidente. Alors,
ici, je m'étonne un peu que la réponse soit négative,
ça arrive ailleurs, mais qu'au bout de quatre demandes seulement de
l'Opposition de rencontrer des groupes et pas des groupes qui n'ont rien
à voir avec le projet de loi... Je pense que les demandes qui ont
été faites sont, quand même, sérieuses. Ce n'est pas
pour des groupes frivoles ou qui n'ont pas rapport, comme disent les jeunes.
Quand on pense au Syndicat des fonctionnaires provinciaux, c'est un peu normal.
Il n'y a rien d'inusité à demander à rencontrer ici le
Syndicat des fonctionnaires provinciaux. On sait très bien que c'est
à cause de ce projet de loi, à cause du
réaménagement au niveau du transfert des routes que ce branle-bas
se passe au niveau du ministère des Transports.
Le ministre a beau avoir rencontré possiblement ces
gens-là... Nous, de notre côté, on a rencontré des
gens, bien sûr, qui sont venus nous expliquer les impacts, enfin qui ont
essayé de nous les expliquer, je devrais plutôt dire, parce que
les réponses, on ne les a pas eues très clairement. Dans ce
cas-là, il s'agissait du sous-ministre et du groupe de fonctionnaires
des Transports qui sont venus rencontrer les membres de l'Opposition. On a
posé des questions. Bien sûr, les réponses, il nous en
manque encore énormément, on n'a pas vraiment eu les
réponses qu'on voulait, mais je pense que l'autre partie, la partie
syndicale, bien, on ne l'a pas rencontrée. Je ne sais pas si, du
côté des députés ministériels, ça
n'aurait pas été intéressant, pour eux autres aussi, de
rencontrer le Syndicat des fonctionnaires provinciaux et de poser les questions
à ce groupe-là aussi, puisqu'ils ont dû, comme nous, avoir
l'occasion de rencontrer le groupe patronal. (23 h 10)
Quant à l'Union des municipalités et à l'Union des
municipalités régionales de comté, si ces gens-là
ne sont pas touchés, si ça ne les regarde pas, ce projet de loi,
écoutez, je me demande qui ça peut regarder. Si ce n'est pas
des intervenants directement interpellés, je me demande qui
l'est. Et, si ces gens-là n'avaient pas eu des renseignements ou si on
n'avait pas pu avoir des discussions intéressantes avec eux, bien,
ça m'étonnerait beaucoup parce qu'ils sont directement
concernés, ils ont des doléances, et ça, on le sait. Vous
êtes aussi tous des députés. Je vois le
député de Lotbinière qui est en face de moi, il a
sûrement rencontré les gens de ses MRC, parce que, dans son cas,
il en a plus qu'une, et ses municipalités aussi. Chacun d'entre vous,
vous avez eu des contacts avec les municipalités pour des cas
précis. Mais, au niveau de l'ensemble du groupe, au niveau des MRC, de
l'Union des MRC, et de l'Union des municipalités, je pense que, oui, on
aurait pu débattre et discuter plus à fond de ce qui les touche
dans ce projet de loi.
Puis là, le dernier, c'est le Protecteur du citoyen. Lui, le
Protecteur du citoyen, il s'est exprimé. Effectivement, on a reçu
une lettre. Je pense que mon collègue de Lévis vous a lu aussi,
si on veut, les différents commentaires du Protecteur du citoyen
concernant différents articles de la loi qu'on est supposé...
enfin, dont le député de Rousseau voudrait qu'on commence
l'article 1 dans les plus brefs délais. Le ministre nous a dit: Le voir,
c'est l'entendre. Ça m'a frappée, «le voir, c'est
l'entendre»; je me suis dit: II a lu la lettre et il a l'impression qu'il
l'a entendu. C'est ce que j'en déduis. Sauf que, d'après moi,
à toutes fins pratiques, il y a des questions qui auraient pu
découler, il y a des questions qui découlent de ça.
Écoutez, dans mon esprit, c'est clair: lire un papier, lire la lettre
comme ça... À discuter avec la personne de ce qu'elle a
écrit, on peut aller beaucoup plus loin que tout simplement à
lire une lettre comme ça.
Alors, moi, là-dessus, je ne trouve pas l'argumentation du
ministre très solide, disons. Je pense que ça aurait
été intéressant et que ce n'est pas futile de vouloir
rencontrer le Protecteur du citoyen qui, lui aussi, fait face, chaque
année, à de nombreuses plaintes. Il est obligé de
discuter, de faire des recherches et d'essayer de régler les
problèmes de citoyens qui se sentent lésés par ce qui se
passe au niveau de la fonction publique et par ce qui se passe aussi au
ministère des Transports.
Je trouve ça assez étonnant que les gens ne veuillent pas
s'informer plus que ça et ne soient pas intéressés
à discuter avec les groupes. À d'autres occasions, je vous le
disais, je le mentionnais tout à l'heure, avec le ministre des Affaires
municipales, entre autres - et, moi, de mon côté, ça m'est
arrivé avec la ministre déléguée à la
Condition féminine - plutôt que de discuter et de demander, on
décide: Oui, vous voulez en rencontrer, on va en rencontrer. On va
rencontrer les groupes et on va discuter avec eux. Et c'est très vrai
que ça ne prend pas plus de temps, puis c'est beaucoup plus
intéressant surtout de rencontrer les gens concernés, de poser
nos questions, d'échanger avec les gens concernés. C'est beaucoup
plus intéressant que d'entendre l'Opposition essayer de convaincre le
parti ministériel du bien-fondé de la demande, du pourquoi il
faudrait rencontrer ces gens-là. Disons que c'est un petit peu
dommage.
Puis je remarque que ça a l'air d'être une mesure qui va
comme s'accentuer. Hier soir, on était sur un projet de loi, le fameux
projet de loi du ministre de l'Environnement, on y a passé la nuit. Le
ministre de l'Environnement, dans son cas, a déposé son projet de
loi le 3 décembre. Le 3 décembre, ça ne fait pas
longtemps. Les groupes, ça ne fait pas longtemps qu'ils l'ont en main,
le projet de loi. Et là, les groupes, il y en a au moins cinq qui
avaient déjà des choses à dire, qui avaient des
désaccords et qui avaient des questionnements par rapport au projet de
loi du ministre de l'Environnement. Je ne sais pas si lui va vouloir en
rencontrer. De toute façon, Mme la Présidente, vous allez
probablement avoir à finir par débattre de ce projet de loi
puisque le ministère de l'Environnement, ça fait partie de la
commission de l'aménagement et des équipements. Quand il a
à débattre de ses projets de loi, il vient à cette
commission, débattre ça ici.
Je vais vous dire que c'est, quand même, inquiétant de voir
que les gens essaient de s'exprimer, envoient des commentaires par écrit
et, quand on demande pour les rencontrer, le ministre, lui, et le parti
ministériel disent: Non, non, non, on n'a pas besoin de voir ces
gens-là, on les a assez lus. Le ministre, lui, il dit qu'il les a assez
entendus, parce que, lui, il les a rencontrés. Mais il reste que je ne
vois pas tellement...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
Mme Carrier-PerreauH: Bien, écoutez, en conclusion, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): 30 secondes.
Mme Carrier-Perreault: II me reste deux minutes?
La Présidente (Mme Bélanger): 30 secondes.
Mme Carrier-PerreauH: Écoutez. En conclusion, moi, je
trouve que c'est un peu...
La Présidente (Mme Bélanger): 22 secondes.
Mme Carrier-Perreault: ...prématuré et j'aurais
préféré de beaucoup que le ministre consente à
recevoir des groupes. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, Mme la Présidente, je veux unir ma voix
à mes collègues qui m'ont précédé pour
démontrer que la motion du député de... Quel comté,
lui?
Une voix: Rousseau.
M. Baril: ...du député de Rousseau est
prématurée. La demande que mes collègues ont faite pour
entendre différents représentants de différents
organismes, c'est une demande raisonnable, et le ministre aurait dû
considérer ces demandes d'une façon plus objective, plus positive
qu'il ne le fait présentement. Là, on est rendus à 23 h
15, vendredi soir, et, si on nous avait autorisés à entendre ces
personnes-là, je pense qu'on serait beaucoup plus avancés dans le
débat.
Et ça me fait penser que ce gouvernement, en 1985, lorsqu'il est
arrivé au pouvoir, s'était engagé à moins
légiférer, mais à mieux légiférer. Et c'est
drôle que ça n'ait pas passé de la parole aux actes. Je me
souviens juste d'un exemple, entre autres, mais je pourrais en nommer
plusieurs. La loi sur l'affichage le long des routes, ça a pris trois
lois pour venir à bout d'en faire une. Quatre lois, qu'on me dit, quatre
lois pour venir à bout d'en faire une. Donc, si on avait pris le temps,
si on avait fait venir des intervenants, des associations touristiques, l'Union
des producteurs agricoles, parce qu'ils ont eu beaucoup de problèmes,
eux autres aussi, les hôteliers, etc., je suis certain qu'on n'aurait pas
été obligés de revenir trois autres fois après la
première loi pour venir à bout de faire une loi qui s'applique
d'une façon plus démocratique, plus fonctionnelle.
Je me souviens aussi de l'ancien ministre de l'Agriculture qui voulait
passer une loi à la fin d'une session, comme ça. C'était
la loi sur la Commission des courses ou créant la Commission des
courses. On disait que, bon, les palabres de l'Opposition, c'était
inutile, puis ça ne donnait rien. Pourtant, le ministre de l'Agriculture
était d'un calme quasiment déconcertant, mais, souvent, il avait
un oeil critique sur nos propos, je dirais, un oeil, souvent, aussi douteux.
Par contre, avec mes collègues qui sont venus collaborer avec moi en
commission parlementaire, on a insisté pour inviter quelques groupes
à la commission, dans un après-midi, puis une soirée, et
le ministre n'a jamais rappelé la loi pour cette session-là. Il
ne l'a pas rappelée. Il n'a pas fait venir les intervenants, mais, au
moins, il n'a pas rappelé la loi.
À la session suivante, quand la loi a été
rappelée, les articles sur lesquels je me basais pour inviter, entre
autres, je me souviens, l'Association des éleveurs de chevaux à
venir nous dire si, eux, ils étaient satisfaits de cette loi-là,
parce que, oui, Mme la Présidente, même dans la loi, on inscrivait
la largeur que les portes devaient avoir pour que les chevaux rentrent dans
l'étable, dans l'écurie, on indiquait même la force ou - je
ne sais pas comment dire ça, moi - la densité des ampoules
électriques qu'il fallait qu'il y ait dans une écurie... On
allait jusque-là. C'était sérieux, vous savez. Moi, je
disais: Ça n'a pas de bon sens. Et ça, ça ne faisait pas
partie des règlements. On avait inclus ça dans la loi. Une chance
que, quand même, c'était dans la loi, parce que, trop souvent, les
ministres sont portés à garder ça dans les
règlements qu'on ne voit jamais. Mais, là, ils avaient inclus
ça dans la loi. Je trouvais que c'était tellement
exagéré, et je pense que nos propos ont quand même
convaincu le ministre de l'exagération des fonctionnaires à
essayer de tout légaliser, tout réglementer à outrance,
partout. Comme je vous dis, je me souviens que, quand le ministre a
rappelé sa loi, ces articles-là litigieux étaient
enlevés. Il les avait enlevés complètement de la loi. Tout
de suite en arrivant, il a présenté des papillons comme quoi on
enlève tel, tel, tel article. Et ça n'a pas été
long. Après, avec mes collègues, on a participé, on a
collaboré à adopter la loi. On avait d'autres réticences,
mais, de toute façon, les principaux articles avaient été
enlevés.
À l'intérieur de la loi 57, nous en avons des
réticences. Ce midi, je dînais, justement, avec quatre
représentants municipaux de mon comté. On a rencontré le
ministre des Affaires municipales parce qu'il y a un magnifique regroupement
qui se prépare, qui est à la veille d'éclore chez nous,
qui va créer une grande municipalité, une grande ville. Je ne
sais pas si elle s'appellera Victoriaville, ou Arthabaska, ou les Bois-Francs.
Le nom n'est pas décidé encore et ça fera tout un
débat. (23 h 20)
Après la rencontre, deux maires de paroisse, bien entendu, qui
faisaient partie de cette rencontre-là, me demandaient, justement,
où était rendue la loi 57. Ils avaient, eux aussi, encore
beaucoup d'interrogations. Entre autres, ils me demandaient si j'avais eu des
réponses aux demandes qu'ils avaient faites, dont j'ai fait part au
ministre hier soir en commission, sur la classification des chemins faite par
les fonctionnaires du ministère des Transports, qui ne répond pas
aux voeux ou aux demandes des municipalités. Alors, j'ai dit: Je ne le
sais pas, on n'en entend pas parler; on pose des questions, on n'a pas de
réponses; on ne sait pas où c'est rendu. Ça, ça les
inquiète au plus haut point.
Autre chose aussi. D'autres maires m'ont appelé pour savoir,
d'abord, si le projet de loi serait voté pour cette session-ci, si,
réellement, il serait applicable le 1er avril 1993, parce que la plupart
des municipalités, à l'heure où on se parle, leur budget
est finalisé pour l'année qui vient, parce qu'elles ont une date
limite pour déposer leur budget et elles ont une loi, elles,
qui les oblige à avoir un équilibre financier, à
atteindre l'équilibre financier. Elles n'ont pas le droit de faire de
déficit, les municipalités. Plusieurs d'entre eux me signalaient
que, cette année, c'était plus compliqué que d'autres
années parce que c'est un peu le désert, on ne savait pas
où on s'en allait. Ils ne le savaient pas, malgré les annonces ou
les engagements que le gouvernement fait pour les indemniser sur le transfert
de l'entretien de certaines routes. On me posait des questions.
On me donnait à titre d'exemple: comment on va faire, les
municipalités, si, malheureusement, au printemps, lors de la fonte des
neiges, lors des dégels du printemps... À la fonte des neiges,
souvent, les rivières sortent de leur lit et là il y a des
chemins qui sont minés au complet; d'autres, c'est des parties de
chemin. Je me souviens - je pense que c'est au printemps 1988 - chez nous,
qu'il y avait eu d'assez importantes inondations et que plusieurs chemins
étaient partis, même au complet; il y a eu des parties de chemin
qui avaient été emportées par les glaces, par les eaux.
Deux ponts - de mémoire, je vous donne ça - avaient
été littéralement aussi emportés dans le
comté d'Arthabaska. Donc, eux se disent: Aïe! Ça va nous
revenir, ça. Qu'est-ce qu'on va faire avec ça? Là, on n'a
pas juste à entretenir le chemin, mais, pour l'entretenir, faut-il qu'il
en reste un, chemin. Quand il part par l'eau et les glaces le printemps, il
arrive quoi? Je me souviens qu'en 1988 j'étais maire-Une voix:
Bécancour.
M. Baril: Oui, mon collègue me fait penser, dans le
comté de Nicolet, il y avait un important pont, aussi, qui avait
été emporté par la crue des eaux. Mais je me souviens, en
1988, lorsque j'étais maire à Princeville, il y avait un rang, le
11e rang ouest, le 11e rang est et le 11e rang centre, parce qu'il était
en trois parties... La rivière sillonne ça un peu partout, dans
les trois rangs, parce qu'à un moment donné elle descend sur un
bord, elle traverse la municipalité sur un sens, après ça,
elle coupe complètement et elle traverse sur l'autre bord, elle suit la
municipalité dans l'autre sens. Je ne le sais pas, combien ça
avait pu coûter au ministère des Transports. Dans le 11e rang est,
entre autres, qui, lui, était asphalté, il y a un producteur qui
avait pris son tracteur pour aller faire le train sur sa deuxième terre.
Il y avait de l'eau. C'est sûr, l'eau coulait dans le chemin. Il s'en
allait lentement. À un moment donné, le tracteur rentre pas dans
le fossé, rentre complètement dans le chemin. Le chemin
était coupe. Ça ne paraissait pas parce qu'il y avait de l'eau.
Le chemin était coupé au complet. Puis, là, il n'y avait
pas de signalisation encore. Heureusement, je dois dire, que le producteur s'en
allait avec son tracteur, parce que, si ça avait été un
véhicule qui avait été à une vitesse pas excessive,
même s'il avait été juste à 15, 20, 25 km/h,
qu'est-ce qui serait arrivé à la personne? Ça aurait
été excessivement dangereux.
Est-ce qu'il me reste juste une minute, Mme la Présidente?
Ça n'a pas de bon sens, il me semble que je viens de commencer. De toute
façon, je le répète, les maires sont inquiets, ils se
disent: Sans doute, malheureusement, ces choses-là, ces
circonstances-là vont arriver en d'autres temps. Donc, qui va payer
pour? Là, ils se disent: Tout notre budget qu'on pourra planifier pour
l'été, avec les sommes que nous avons, va complètement
être dépensé pour réparer, justement, les chemins
qui sont brisés. Je me souviens, la même année...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
M. Baril: Oui, je vais finir là-dessus, Mme la
Présidente. Je vais être docile, vous ne savez pas comment.
À Tingwick - ce n'est pas dans mon comté, mais c'est dans le
comté de mon collègue de Richmond - il y avait la moitié
de la route qui était partie par inondation et, même si
c'était sous l'entretien du ministère des Transports, le
ministère des Transports est allé réparer le chemin juste
au mois de septembre. fin septembre, début octobre, imaginez-vous!
Comment la municipalité, elle, va-t-elle trouver les moyens d'aller
réparer un chemin dans les mêmes circonstances? C'est pour
ça que ça aurait été important, Mme la
Présidente, de faire venir différentes personnes pour
connaître les opinions de tout ce monde-là, pour savoir si on s'en
va dans la bonne direction.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le ministre.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente. Il semble qu'il
faut aujourd'hui répéter des choses qui ont été
dites hier. Je m'aperçois qu'il y en a deux nouveaux de l'autre
côté, la députée des Chutes-de-la-Chaudière
et le député de Labelle...
Une voix: Moi, j'étais là.
M. Middlemiss: Oui, mais vous, vous comprenez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Middlemiss: ...qui sont venus faire un peu de
«filibuster», nous faire des leçons, qu'on n'a pas
parlé assez longtemps aux groupes. Comme je l'indiquais hier, Mme la
Présidente, dans le cas des deux unions, et ça, il faut que ce
soit très clair, il y a un an passé, il y a un
comité technique qui a été formé, les
Affaires municipales, le ministère des Transports, l'Union des
municipalités du Québec, l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec, un comité technique
qui a siégé dans l'année à 9 reprises; à une
moyenne de 5 heures par session, ça fait 45 heures. Ils ont
discuté d'un bout à l'autre le transfert du réseau routier
et ont soulevé les points d'inquiétude. En plus, Mme la
Présidente, au niveau de la table Québec-municipalités, il
y a eu quatre rencontres et deux rencontres pas à la table
Québec-municipalités, mais avec les présidents des deux
unions et leur directeur général. Et, Mme la Présidente,
c'est à partir de ces discussions, de cette concertation, de ce
partenariat que nous sommes arrivés à l'entente ou au partage du
réseau routier, avec les sommes d'argent.
Mme la Présidente, je pense qu'il faut le dire, c'est 159 000 000
$ qui sont transférés aux municipalités, avec les 33 000
kilomètres de routes. Il y a 85 000 000 $ pour la prise en charge des
routes, ça veut dire l'entretien l'été et l'entretien
l'hiver, avec un plafonnement de 0,14 $ des 100 $ d'évaluation.
Ça, il semble qu'il y a des gens qui ne le comprennent pas, Mme la
Présidente. Ça ne veut pas dire qu'il faut dépenser 0,14 $
des 100 $ d'évaluation avant d'avoir droit à une
compensation.
Je vais vous donner un exemple, Mme la Présidente. Si, par
hasard, 0,14 $ des 100 $ d'évaluation représentent 50 000 $, mais
que le nombre de kilomètres transférés plus le nombre de
kilomètres de routes municipales que la municipalité a
déjà, multiplié par 3800 $ le kilomètre... Parce
que, dans le cas des routes que nous transférons, nous avons un indice
qui représente la condition des routes ou les difficultés
d'entretien. Quelle est la condition des routes au printemps durant le
dégel? Les gens nous pariaient des autobus qui restaient pris. Quel est
le drainage de ces routes? Tous ces facteurs-là ont été
pris. Donc, pour les routes qu'on transfère, on a le facteur. Pour les
routes qui sont déjà à l'entretien des
municipalités, elles, on leur donne le facteur 1. Et là, on dit:
Cette somme-là, 3800 $, multipliée par le nombre de
kilomètres, si, ça, c'est 100 000 $ et qu'en
réalité les 0,14 $ des 100 $ d'évaluation foncière,
c'est 50 000 $, la différence entre les deux, c'est la compensation. Et,
s'ils peuvent faire les travaux pour 50 000 $, ils ne sont pas obligés
de charger les 0,14 $. Il semble y avoir beaucoup de confusion. C'est un peu
ça, les gens ne comprennent pas. Il ne faut pas dépenser 0,14 $,
si vous êtes capable de le faire. (23 h 30)
Et, en passant, en plus d'avoir des réunions avec les unions,
j'ai rencontré 1000 élus municipaux, des maires de
différentes municipalités, depuis un an, 1000.
Une voix: Nommez-les.
M. Middlemiss: Non, non. Je n'ai pas leurs noms ici, mais j'ai
fait une tournée de la province et je suis convaincu... M. le
député de Jonquière, vous, malheureusement, vous
n'étiez pas disponible au moment où je suis allé à
Jonquière. Vous n'étiez pas là. Mais, lorsque je suis
allé à Bécancour, le député d'Arthabaska
était là. Non, vous n'étiez pas là, vous, cette
journée-là.
M. Dufour: Je comprends, il a fait ça durant qu'on
siège.
M. Middlemiss: D'accord. C'était dans votre comté,
à Jonquière, j'étais là. Toutefois, à
Bécancour, le député d'Arthabaska était là
et il a même indiqué, hier soir, qu'il était un peu
gêné de venir s'asseoir avec nous autres en avant, parce qu'il ne
voulait pas indiquer aux maires qu'il était d'accord avec notre
politique. Il est venu quand même. On y est allé quand même,
on l'a expliqué. Donc, on a rencontré les maires, on leur a
expliqué. Mme la Présidente aussi, dans son comté, dans sa
région, elle était là. J'ai rencontré aussi les
gens d'un peu partout, de toutes les régions du Québec.
M. Chagnon: Vous n'êtes pas venu dans mon comté.
M. Middlemiss: Dans le comté de Saint-Louis, non. Alors,
Mme la Présidente, il y a eu des échanges.
Une voix: II y avait nous autres.
M. Middlemiss: Oui. Ah! c'est ça aussi. Il y avait un
comité de députés. Je l'ai dit cet après-midi - je
me répète comme pour les autres, Mme la Présidente - qu'il
y avait un comité de députés ministériels, une
quinzaine, qui, eux aussi, ont fait l'étude et ont fait des suggestions
suite à des consultations du milieu. Parce qu'il faut en faire: il y a
des maires, il y a plusieurs maires... Il y a des gens qui ont 40
municipalités, d'autres 35, d'autres 25, et leur expérience comme
député les a amenés à apporter des suggestions.
Donc, c'est tout ça ensemble. Ça n'a pas été fait
en vase clos. Ça a été fait en consultation. Et c'est pour
ça qu'on disait: Ça ne nous donnerait rien de demander aux
présidents des deux unions de venir ici et de leur donner une heure
chacun; on a déjà eu le bénéfice d'échanger
avec ces gens-là pendant 55 heures.
Concernant le Protecteur du citoyen, je l'ai indiqué ce matin, il
nous a écrit, le Protecteur du citoyen. Donc, par ses écrits, on
l'a entendu et on lui a répondu. On lui a envoyé une
réponse. On verra ses commentaires à ça. Je vous ai
indiqué cet après-midi que, lorsqu'on va arriver aux articles en
question, on va vous donner les raisons pourquoi et les justifications. Et,
s'il y a des amendements à apporter, on vous l'a dit
qu'on était prêts à le faire. Mais, il me semble,
Mme la Présidente - je dois tirer cette conclusion - qu'on voulait juste
faire du temps. J'ai même, tantôt, offert - puis il semble que la
commission est souveraine, si elle décidait que, oui, d'un commun
accord, on est prêts à procéder - à faire l'article
1, après ça, on passera au chapitre III et aux articles 59 et
63.
Mais il y a une chose qui m'étonne sur les exonérations,
Mme la Présidente: les municipalités les veulent, et c'est les
mêmes exonérations que nous avons aujourd'hui dans la Loi sur la
voirie que nous sommes en train de changer. Tantôt, on faisait
l'éloge du député de Labelle, qui avait été
un ancien ministre des Transports, mais, lui, c'était un gros, un
ministre complet. Heureusement que je n'en suis pas un complet, parce que, moi,
je réalise que la loi de la voirie, elle dit fort bien que nous sommes
exonérés de ça aujourd'hui. On l'était autant dans
le temps du député de Labelle. Donc, heureusement que je ne suis
que la moitié d'un ministre, moi. Mais je comprends, je comprends ce qui
est dans la loi. En tout cas... Toutes ces choses-là, on ne les change
pas. C'est déjà là dans la loi. Puis je trouve
déplorable, Mme la Présidente, qu'on tente de faire de la
mauvaise publicité pour inciter les Américains à ne pas
venir au Québec, parce que, imaginez-vous donc, s'ils ont des dommages
à leur auto, on n'est pas prêts à respecter notre
responsabilité. C'est totalement faux. C'est réellement faux,
ça.
Une voix: C'est ça qui est marqué.
M. Middlemiss: Non, non, non, ce n'est pas ça qui est
marqué. La loi, telle qu'elle est là, aujourd'hui, c'est que,
lorsque nous sommes négligents, oui...
Une voix: Quand on sera rendus...
M. Middlemiss: ...mais il y a certaines choses... Pardon?
Une voix: Quand on sera rendus là...
M. Middlemiss: Oui, puis, là... Bien, il me semble que
c'est triste, Mme la Présidente, car on va affecter l'économie du
Québec en créant l'impression aux Américains: Ne venez pas
au Québec, c'est dangereux; vous allez briser votre auto, vous allez
être obligés de payer pour. Ça, là, Mme la
Présidente, pour des gens qui nous accusent, nous autres, qu'on ne fait
rien pour l'économie du Québec, il me semble que c'est un peu
vouloir les chasser, puis Dieu sait que l'industrie touristique au
Québec, c'est quelque chose qui est important pour nous. Et de vouloir
faire les choses comme ça, Mme la Présidente, je me pose des
questions sur leur sérieux, si ces gens-là sont ici pour les
intérêts supérieurs du Québec ou seulement pour
leurs intérêts person- nels.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Léonard: Mme la Présidente, est-ce que je peux
poser une question au ministre en vertu de 213? Le climat est serein, on
peut...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. M. Middlemiss:
Oui, pas de problème.
M. Léonard: Oui. Le point qu'on a fait valoir, ce n'est
pas que vous n'ayez pas fait de consultations comme ministre, c'est que les
parlementaires n'ont pas eu l'occasion aussi d'entendre ce qu'ils ont à
dire. C'est ça, le point fondamental. En d'autres termes...
Une voix: La question.
La Présidente (Mme Bélanger): La question.
M. Léonard: Bien, la question: Est-ce que le ministre peut
s'expliquer là-dessus? Parce que, au fond, quelle est la distinction,
selon lui, entre l'exécutif et le législatif? C'est ça, le
problème qu'on soulève. Et, par le fait qu'on ne puisse pas
entendre des groupes, qu'on ne puisse pas, comme législateurs, entendre
des gens à la barre, en fait, ils nous privent, ils privent les
législateurs d'une consultation envers le public. Et c'est pour
ça qu'il y a cette possibilité dans le règlement
d'entendre des groupes. Je pose la question bien théoriquement, mais
elle est aussi très pratique. Parce que ce qu'il nous décrit,
c'est le travail qu'il a fait comme ministre, ce n'est pas le travail qu'il a
fait comme législateur. Alors, quelle est la différence qu'il
voit entre le législatif et l'exécutif par rapport à ce
projet de loi que nous avons ici? C'est ça, le point de vue qu'on a
soulevé.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, on m'indique qu'au
moment de la loi 145 il y a eu des groupes qui ont été entendus,
et le transfert du réseau routier faisait partie de ça. Ceci
étant dit, c'est qu'il y a une décision gouvernementale qui a
été prise qu'il y ait un transfert du réseau routier.
Présentement, tout ce que nous sommes en train de faire, c'est changer
la Loi sur la voirie qui existe depuis 1922. Nous sommes en train de la rendre
moderne.
Une voix:...
M. Middlemiss: Une seconde! Les deux unions... Il y en a qui vont
nous en soumettre, des amendements, là. On va les prendre. Ils ont
déjà dit qu'ils étaient pour le faire. Ils ont le projet
de loi depuis longtemps. Est-ce que vous
avez eu des demandes spécifiques de ces gens-là vous
disant: Regardez, on se pose des questions sur ci, sur ça et sur
ça? Est-ce qu'on en a eu?
Une voix:...
M. Middlemiss: Non, non. Vous m'avez posé une question;
laissez-moi donc répondre. Je vous le dis: Donnez-moi la preuve que vous
en avez eu et là on va voir ce qui les préoccupe. Je ne dis pas
que c'est le bonheur parfait. Comme je l'indiquais hier, même le Christ,
avant d'être crucifié, il a dit: Si ce calice-là pouvait
s'éloigner de moi. Il aurait été plus heureux. C'est
certainement ce que les unions, les municipalités auraient dit aussi: Si
vous pouvez garder le réseau, gardez-le!
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Middlemiss: Mais c'est la réalité des choses. On
dit: Oui, on a quelque chose qui n'est pas parfait. Mais la loi, elle, c'est
une conséquence. Pour faire ce transfert-là, il faut remettre aux
municipalités les pouvoirs, et cette décision-là est
prise.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, une
question. La question devait être brève, la réponse doit
être aussi brève.
Alors, nous passons à l'adoption de la motion: «Que la
commission de l'aménagement et des équipements passe
immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles suivants du projet de loi 57, Loi modifiant la Loi
sur la voirie et d'autres dispositions législatives». Est-ce que
cette motion est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Léonard: Non. Vote enregistré.
La Présidente (Mme Bélanger): Vote
enregistré.
Mise aux voix
Le Secrétaire: M. le ministre? M. Middlemiss: Pour.
Le Secrétaire: M. Chagnon (Saint-Louis)? M. Chagnon:
Pour.
Le Secrétaire: M. Leclerc (Taschereau)? M. Leclerc:
Pour.
Le Secrétaire: M. Lemieux (Vanier)? M. Lemieux:
Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)? M.
Camden: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: M. Léonard (Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
Une voix: Contre?
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril: Contre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, cinq pour,
quatre contre, une abstention. La motion est donc adoptée.
Une voix: À l'article 1...
Étude détaillée M. Dufour: Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Jonquière.
Motion proposant de passer à
l'étude détaillée du chapitre
III
et des articles 59 et 63
M. Dufour: Oui, j'ai demandé de me reconnaître. Je
vous remercie. J'aurais une motion avant de passer à l'article 1:
«Que la commission de l'aménagement et des équipements
passe à l'étude détaillée du chapitre III et des
articles 59 et 63 du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses
dispositions législatives».
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
(23 h 40)
M. Chagnon: Question de directive, Mme la Présidente. J'ai
peut-être mal compris, mais j'ai saisi, tout à l'heure, qu'il nous
fallait adopter l'article 1 avant de pouvoir procéder à
l'étude d'autres articles ou d'autres...
Une voix: Sans ça, on n'est pas...
M. Chagnon: Et c'était votre opinion, c'était votre
jugement. Alors, il m'apparait compliqué et inconvenant de le modifier a
ce
stade-ci de notre discussion et de notre étude du projet de
loi.
M. Dufour: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): II y avait
peut-être eu un petit malentendu, mais j'ai été...
M. Chagnon: Ah, peut-être.
La Présidente (Mme Bélanger): ...me
réinformer...
M. Chagnon: Peut-être! Peut-être!
La Présidente (Mme Bélanger): ...au bureau du
Secrétariat des commissions et, dès que l'étape des
motions est terminée et qu'on passe à l'étude article par
article, on peut faire une motion proposant d'étudier les articles dans
un ordre différent.
M. Chagnon: Alors, je comprendrais que la proposition du
député de Jonquière est recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Chagnon: Bon. Alors, on ne discutera pas au moins de la
recevabilité.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'est pas
nécessaire d'adopter l'article 1 pour adopter cette motion-là;
s'il propose de changer l'ordre des articles, il n'y a pas de
problème.
Alors, la motion se lit: «Que la commission de
l'aménagement et des équipements passe à l'étude
détaillée du chapitre III et des articles 59 et 63 du projet de
loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions
législatives». S'il y a consentement, on peut appeler...
M. Chagnon: On peut demander le vote tout de suite.
La Présidente (Mme Bélanger): ...le chapitre
III.
M. Chagnon: On peut demander le vote tout de suite.
M. Middlemiss: la proposition est là. on accepte l'article
1, après ça, on va y aller, au chapitre iii. moi, je suis
prêt à le faire. article 1.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas
nécessaire, M. le ministre.
M. Middlemiss: bien non, mais, moi, je suggère, si on veut
réellement procéder au chapitre iii, qu'on accepte: «la
présente loi s'applique aux routes dont la gestion incombe au ministre
des transports». ensuite, on ira au chapitre III.
La Présidente (Mme Bélanger): Je ne comprends pas,
là.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
j'aimerais vous donner une information. C'est qu'une fois que les motions
préliminaires, que cette étape-là est terminée et
qu'on passe à l'étude article par article, ce n'est pas
nécessaire, pour arriver avec une motion de changer l'ordre des
articles, d'adopter l'article 1.
M. Middlemiss: Ce n'est pas ça que j'ai dit, Mme la
Présidente. Nous serions d'accord pour procéder au chapitre III
si on adopte l'article 1 en premier. Après ça, on va aller au
chapitre III. Je ne pense pas qu'il y ait rien qui nous empêche de faire
ça, si on est d'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K. D'accord.
M. Middlemiss: D'accord? C'est ça que je dis.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, mais, moi, je
vous dis que la motion...
M. Middlemiss: De cette façon-là, on ne
débattra pas de la motion et on va procéder immédiatement
à quelque chose de concret. Je ne pense pas qu'il y ait rien qui nous
empêche de faire ça, s'il y a consentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Moi, il n'y a
rien qui m'empêche de faire ça, mais la motion, ce n'est pas
ça. Il faut disposer de la motion avant de faire une autre
proposition.
M. Chagnon: La bonne foi du ministre est encore battue en
brèche.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est comme
ça.
M. Middlemiss: Non, mais est-ce qu'on peut demander: Est-ce que
les gens de l'Opposition sont d'accord d'adopter l'article 1?
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Ce que le
ministre...
M. Middlemiss: Donc, ils veulent encore avoir une autre motion
pour essayer de nous empêcher d'aborder le but de notre présence
ici.
M. Dufour: Mme la Présidente, vous l'avez
déclarée recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Dufour: Et le moins que le ministre puisse faire...
M. Middlemiss: Mme la Présidente, nous sommes prêts
à commencer par le chapitre III.
M. Dufour: Bon. Le moins que le ministre puisse faire, c'est
écouter ma plaidoirie. Il fera son offre après, quand il aura le
droit de parole. Il me semble que c'est comme ça que ça
fonctionne.
M. Middlemiss: Ah! Mme la Présidente, en d'autres
mots...
M. Dufour: Oui. Et, moi, je ne ferai pas... M. Middlemiss:
Ah! ils ne veulent pas.
M. Dufour: Je ne veux pas accepter qu'on bafoue les règles
parlementaires.
Une voix: Même avec le consentement, on n'est pas capables
de s'entendre.
M. Middlemiss: Vous n'êtes pas prêt à
consentir au chapitre III.
M. Dufour: Bien oui, mais les règles du parlementarisme,
Mme la Présidente, je vous prends à témoin...
M. Middlemiss: Ah! Ah! Ah!
M. Dufour: J'ai été docile toute la
soirée.
Une voix: C'est vrai.
M. Middlemiss: Ça n'a pas de bon sens.
M. Dufour: Je ne vous ai pas causé de trouble, j'ai
essayé même de vous aider. Au moment où on est rendus,
est-ce que je suis dans mon droit ou pas? C'est ce que je vous demande.
La Présidente (Mme Bélanger): Votre motion est
recevable, M. le député de Jonquière. Alors, vous avez 30
minutes.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, question de directive.
Si le but de la motion, c'est de débuter l'étude du projet de loi
par le chapitre III, moi, je dis: Qu'on ne perde pas notre temps, qu'on
commence immédiatement. On est prêts, nous autres, à
accepter de commencer par le chapitre III. Est-ce qu'on doit faire ce
débat-là?
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, c'est
évident que, s'il y a consentement, ce n'est pas nécessaire de
débattre de la motion pour dire que vous voulez commencer, là, il
y a consentement.
M. Dufour: Mme la Présidente, est-ce que je suis dans mon
droit? Il n'a pas demandé une question de privilège, le ministre.
Il a dit qu'il est prêt à répondre. Moi, je m'excuse, la
simple politesse exige, doit reconnaître que je dois faire ma plaidoirie
avant que le ministre me réponde, parce que...
Une voix: Oui, il est pour.
M. Dufour: Là n'est pas la question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: J'ai proposé, j'ai fart la proposition d'une
motion et je dois la débattre, et je veux la débattre avant que
le ministre me réponde et, après ça, on verra si la
proposition nous convient ou nous agrée.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, on est prêts
à accepter la motion sans la débattre. On est prêts
à voter pour, sans la débattre.
M. Dufour: C'est non. On la débat. Des voix: Ha, ha,
ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, bien, là,
écoutez...
M. Middlemiss: O.K. Mme la Présidente, il est
évident qu'on ne veut pas réellement faire l'étude article
par article. C'est encore une motion dilatoire pour ne pas aborder le but pour
lequel nous sommes ici. C'est clair maintenant et c'est enregistré.
M. Léonard: Bien, c'est votre conclusion. C'est son point
de vue.
Une voix: Le député de Saguenay a dit qu'il
était contre.
M. Léonard: Le député de Saguenay a dit
qu'il était contre.
Une voix: Non, non, non, non. Ne commencez pas là.
M. Léonard: Oui, oui, tout le monde l'a entendu ici.
M. Middlemiss: Le député de Saint-Louis a
gagné son point, il a fait son débat sur la recevabilité
de votre sous-amendement et il a eu raison. Maintenant, c'est vous qui ne
voulez pas. On va attendre, on va se rendre à minuit, puis on va revenir
la semaine prochaine.
M. Léonard: Mais, Mme la Présidente, juste comme
remarque avant que mon collègue commence. Voyez-vous, ici, il y a des
galées. Il y a
des gens qui lisent les débats et je pense qu'ils ont le droit de
savoir pourquoi il présente sa motion. Ils ont le droit de le savoir et,
donc, de le lire par écrit. Alors, qu'il s'explique, ça fait
partie... Et là vous touchez, encore une fois, la distinction entre
l'exécutif et le législatif, que vous ne comprenez pas.
M. Middlemiss: On dit: Pourquoi être obligés de
faire tout ce débat-là? Nous sommes d'accord, on va commencer
avec le chapitre III.
M. Léonard: Vous allez voir.
M. Middlemiss: C'est ça que vous voulez? On commence.
M. Léonard: Le ministre ne le sait pas, il ne l'a pas
entendue.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez,
là, moi...
M. Léonard: Quand il dit «pourquoi», il ne le
sait pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que,
là, c'est évident qu'il y a une mauvaise volonté quelque
part...
Des voix: Hein!
La Présidente (Mme Bélanger): ...parce qu'il y a
une motion qui est présentée...
M. Léonard: Vous prêtez des intentions aux
législateurs, Mme la Présidente. Je proteste. Je proteste. Vous
prêtez des intentions aux législateurs.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, c'est
la première fois que je vois qu'une motion est présentée
et est acceptée à l'unanimité, puis qu'on veut
débattre pourquoi on veut la présenter.
M. Dufour: Mme la Présidente, on va vous l'expliquer. Je
suis prêt à vous l'expliquer.
M. Léonard: II va vous l'expliquer.
La Présidente (Mme Bélanger): Je trouve ça
inusité. C'est la première fois, depuis 1983 que je suis ici, que
je vois ça.
M. Dufour: Inusité, oui, mais correct, vous allez le
savoir.
M. Léonard: II n'a pas entendu les groupes. Il faut
expliquer des choses.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais,
écoutez...
M. Middlemiss: Mais ce n'est plus les groupes, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je pense que
c'est tellement grave, ça, c'est tellement inusité, qu'on va
ajourner nos travaux sine die.
M. Dufour: À la condition, Mme la Présidente, que,
lors de la prochaine séance, je garde mon droit de parole.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, est-ce que je peux
demander le vote là-dessus?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non, la motion
est là.
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Elle est recevable,
puis on va voir ce qu'on va faire avec, la semaine prochaine.
M. Léonard: C'est lui qui a le droit de parole. Il a le
droit de parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Puis c'est vous qui
avez le droit de parole.
M. Dufour: Et je le conserve. Merci. M. Léonard:
Merci. (Fin de la séance à 23 h 49)