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(Douze heures six minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements déclare sa séance
ouverte. Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie
et modifiant diverses dispositions législatives. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles); M. Lazure
(La Prairie) est remplacé par M. Baril (Arthabaska); M. Tremblay
(Rimouski) est remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska).
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. Alors, M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
Remarques préliminaires M. Robert
Middlemiss
M. Middlemiss: Oui, Mme la Présidente. D'entrée de
jeu, permettez-moi de souhaiter la bienvenue aux parlementaires qui suivront
avec grand intérêt, j'en suis sûr, les débats
entourant l'étude détaillée du projet de loi 57, Loi sur
la voirie et modifiant diverses dispositions législatives.
J'aimerais rappeler, Mme la Présidente, que ce projet de loi a
pour objet le partage de la gestion du réseau routier entre le
ministère des Transports et les municipalités. Il établit
notamment la compétence du ministre sur les routes que détermine
le gouvernement et prévoit les pouvoirs et obligations du ministre
nécessaires à la gestion de ces routes de même que les
règles de responsabilité qui lui sont applicables.
Le projet de loi 57, Mme la Présidente, établit aussi la
compétence des municipalités à l'égard du
réseau dont elles auront la gestion, les règles de gestion des
routes municipales et le régime de responsabilité qui leur est
applicable. Il prévoit aussi la conclusion d'ententes entre le ministre
et les municipalités aux fins de l'entretien des routes de l'un ou
l'autre des deux réseaux.
Dans le même ordre d'idées, Mme la Présidente, il
convient de souligner que ie projet de loi 57 précise également
les pouvoirs du ministre à l'égard des chemins miniers
incorporés aux deux réseaux, des chemins de colonisation ouverts
à la circulation routière et prévoit des dispositions
permettant de disposer de ceux qui ne peuvent pas être incorporés
à l'un ou l'autre des deux réseaux routiers. Le projet de loi
accorde aussi les pouvoirs nécessaires à l'octroi de
subventions.
C'est une loi, Mme la Présidente, qui répond au contexte
d'une décentralisation de la voirie locale et qui se veut plus conforme
à la réalité d'aujourd'hui, sans pour autant modifier les
principes juridiques actuels. Par exemple, en ce qui a trait à la
propriété, rien n'est changé. La propriété
des voies publiques reste aux municipalités. Ce qui change, c'est la
répartition du réseau routier en deux réseaux bien
distincts, dont l'un est à la charge du ministère des Transports
du Québec, soit le réseau supérieur, et l'autre, le
réseau local, devient à la charge des municipalités. (12 h
10)
Les pouvoirs et devoirs du ministère des Transports du
Québec concernant la construction et l'entretien en
général de son réseau routier demeurent les mêmes.
Il n'y a pas de pouvoirs nouveaux. Tout au plus, y a-t-il regroupement et
précision des pouvoirs actuels en regard de la pratique courante. Les
exonérations des responsabilités sont aussi les mêmes et
tiennent compte de la réalité d'aujourd'hui dans leur
libellé. Il n'y est fait qu'un seul ajout au regard des dommages
causés au système d'échappement d'un véhicule
automobile.
Par ailleurs, le projet de loi 57 prévoit que le ministre est
responsable de l'entretien des routes pendant l'hiver, alors que la loi
actuelle l'en dispense. On le volt, la loi actuelle, sous plusieurs aspects, ne
répond pas à la réalité d'aujourd'hui. On ne s'y
entend plus dans sa classification des routes. En effet, qu'est-ce, aujourd'hui
qu'une voie de grande communication ou un chemin amélioré? Cette
classification est dépassée et ne peut répondre aux
besoins d'une gestion efficace qui vise la qualité.
Le projet de loi 57, en plus de distinguer les deux réseaux,
repose sur une classification fonctionnelle de tout le réseau routier.
Sauf certains ajustements inévitables alors que les deux réseaux
vont nécessairement subir certaines modifications au cours des ans, le
projet de loi 57 permet d'établir, au moyen d'un décret global
plutôt qu'à la pièce, tout le réseau routier dont le
MTQ aura la gestion.
La loi actuelle, par ailleurs, permet au ministre, sur simple avis
publié dans la Gazette officielle du Québec, d'abandonner
l'entretien d'une route et de remettre cet entretien à la
municipalité à qui cette route appartient. À la limite, le
ministre des Transports aurait pu abandonner l'entretien d'un grand nombre de
routes sur simple avis. Ce n'est pas la voie retenue par le gouvernement qui a
plutôt choisi
de donner non seulement au ministre mais en même temps aux
municipalités à qui il remet la responsabilité de
l'entretien du réseau local des moyens modernes de gestion dans le cadre
d'une loi plus moderne.
Enfin, le projet de loi 57 prévoit des programmes d'aide
importants aux plans financier, technique et administratif à l'endroit
des municipalités pour les aider à prendre en charge les routes
et les ponts dont elles auront dorénavant la responsabilité. Bien
plus, les ponts de complexité supérieure demeurent à la
charge du ministère des Transports du Québec.
Le projet de loi 57, dont nous amorçons l'étude
aujourd'hui, Mme la Présidente, revêt, à plusieurs
égards, un caractère particulier. D'une part, comme je l'ai
rappelé lors de l'adoption du principe de ce projet de loi, la question
du partage des responsabilités entre l'État et les
municipalités ne date pas d'hier. En fait, Mme la Présidente, ce
à quoi nous assistons aujourd'hui marque en quelque sorte le
dénouement de plusieurs décennies de négociations entre
les élus municipaux et le gouvernement du Québec. D'autre part,
Mme la Présidente, le transfert du réseau routier vient non
seulement élargir le champ de compétence des municipalités
québécoises mais confirme aussi l'étroite collaboration et
le solide partenariat qui s'est installé entre l'État et les
représentants municipaux. D'ailleurs, Mme la Présidente,
j'aimerais ici souligner que le monde municipal, représenté par
les deux unions que sont l'UMQ et l'UMRCQ, a été associé
dès le départ et très étroitement aux discussions
devant conduire à l'élaboration de programmes qui vont permettre
aux municipalités de bien assumer leurs nouvelles
responsabilités.
J'aimerais aussi rappeler aux personnes qui représentent
l'Opposition a cette commission que, pas plus tard qu'hier, le président
de l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec, M. Roger Nicolet, a indiqué publiquement qu'il
accueillait avec satisfaction la compensation financière que nous allons
verser aux municipalités dans le cadre du transfert du réseau
routier.
Finalement, Mme la Présidente, je suis profondément
convaincu que l'étude détaillée du projet de loi 57 va
nous permettre de réaliser à quel point la question de la
décentralisation de la voirie locale en est une de logique et de
nécessité. De plus en plus, il faut que la population du
Québec se responsabilise par rapport à son propre
développement, qu'il soit social, culturel et surtout économique.
Le transfert du réseau routier va dans ce sens, Mme la
Présidente. Il rapprochera davantage les citoyens et les élus
municipaux et les incitera à prendre conscience d'une gestion qu'ils
croyaient appartenir aux autres mais qui leur revient de droit et de
responsabilité. Certains parlent d'utilisateurs-payeurs. Moi, je
préfère parier de la naissance d'un nouvel ordre d'administration
publique qui correspond mieux aux exigences d'une société en
pleine mutation. Sur ça, bonne commission!
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, quand j'entends le ministre
dire qu'il veut responsabiliser la population... Au niveau des taxes qu'ils
paient, j'ai l'impression qu'ils sont drôlement responsabilisés.
La meilleure façon, j'imagine, pour le gouvernement, d'impliquer les
gens, c'est uniquement en les faisant cracher le maximum d'argent, comme
autrefois un jeune qui prenait une sauterelle dans sa main et qui disait:
Donne-moi du miel ou bien je te tue. Elle laissait quelque chose dans la main,
la sauterelle, mais j'ai l'impression que c'était de peur. Et,
aujourd'hui, quand j'entends le ministre dire qu'il veut responsabiliser la
population, je veux dire, au niveau de taxes que les gens paient, vous n'avez
pas besoin d'essayer de les responsabiliser, ils le sont. Ils le sont. Au
contraire, ils sentent plutôt le gouvernement comme une menace dans leur
vie.
Quand le ministre dit que la loi date, j'ai l'impression que le
gouvernement date aussi. Si on veut avoir une voirie qui a du bon sens, il
faudrait changer de gouvernement, un gouvernement qui a plus de souvenirs que
de projets, un gouvernement qui est dépassé, un gouvernement, au
fond, qui nous dit que les gens sont satisfaits. Mais il faut voir la
déclaration de M. Nicolet avec toutes les inquiétudes, les
craintes. D'ailleurs, je pense que, si le ministre dit ce qu'il pense, il va
sûrement accepter, lorsque nous serons à l'étape des
motions préliminaires, que nous fassions la demande, justement, de faire
venir le président de l'UMRCQ, de venir nous rencontrer pour nous dire
sa satisfaction, son engouement pour cette loi et nous dire également ce
qu'il n'aime pas. Je pense que c'est facile de parler au nom des autres, mais
le ministre n'a pas le mandat de parler au nom des citoyens.
Je remarque que le sous-ministre est absent aussi, les hauts
fonctionnaires sont absents. Avant la commission, il me disait que les
conseillers juridiques étaient là. Je sais ce que c'est qu'un
conseiller juridique. J'ai été dans le domaine du droit pendant
quand même un certain nombre d'années. Le conseiller juridique, il
fait ce qu'on lui demande de faire. Ce n'est pas lui qui décide du
contenu de la loi. Constamment, on a dû demander au ministre: Qu'est-ce
que vous voulez faire? ou: On a des problèmes de rédaction, il
faudrait que vous tranchiez entre telle ou telle hypothèse, parce qu'il
y a différentes hypothèses, au fond. Le conseiller juridique, ce
n'est pas lui qui décide du contenu, des orientations, des principes
directeurs, s'il y en a, normalement. Si le ministre dit: Bien, on a dit
aux conseillers juridiques: Faites-nous une loi, qu'eux ont
dit: Quelle sorte de loi vous voulez avoir? et qu'il a dit: Bien, faites-en
une, on verra, j'ai rarement vu des conseillers juridiques rédiger dans
des conditions comme celles-là. Habituellement, ils nous disent:
Qu'est-ce que vous voulez faire? Qu'est-ce que vous voulez qu'on rédige?
Quelle sorte de loi vous voulez?
Et je remarque que le nouveau sous-ministre prend la
mauvaise habitude de l'ancien, d'être absent des commissions
parlementaires, comme s'il était au-dessus de ça. C'est pour
ça qu'il nous passe des documents à nous, de l'Opposition, en
mettant un «punch» «Projet». Mais, quand il le passe
aux autres, le «punch» «Projet» n'a pas
été appliqué sur les documents que les autres ont
reçu. J'aimerais ça lui poser des questions, au sous-ministre. Ce
n'est jamais arrivé. Ça ne m'est jamais arrivé qu'un
sous-ministre, depuis 16 ans que je suis député, tant au
gouvernement que dans l'Opposition, me fasse quelque chose comme ça. Ce
n'est jamais arrivé. Quand j'ai eu des documents qui étaient des
documents officiels, on ne marquait pas «Projet» dessus. Ils
étaient suivis, dans les heures qui suivaient, avec une
déclaration du ministre comme quoi ça s'appliquerait à
partir du 1er avril. Et, quand les syndicats ont été
consultés, eux, ce n'était pas marqué «Projet»
sur le document qu'ils ont eu. Et, pour l'Opposition, on a pris une
étampe et on a marqué «Projet». (12 h 20)
C'est rendu que le gouvernement est rendu assez bas, quand
on est rendu à utiliser des façons de faire comme ça. On a
essayé de savoir comment le gouvernement voulait annoncer pour
dépenser, pour annoncer son projet ou annoncer ses intentions, ou
annoncer sa réorganisation, ou annoncer sa loi, il n'a jamais voulu le
dire, comme si c'était son argent de poche que le ministre
dépensait. On sait qu'ils ont loué un satellite
soviétique. Ce n'est pas gratis, un satellite soviétique.
J'imagine qu'ils ont engagé une firme pour faire un plan de
communication. Nous autres, on entend dire, à travers les branches, que
ce serait autour de 600 000 $, 700 000 $, Mme la Présidente. Mais vous
savez que, ou bien ces dépenses-là ont été faites
en fonction d'un projet de loi, ou bien elles ont été faites en
fonction d'autre chose, mais on sait qu'on n'a pas le droit d'engager de
l'argent tant qu'un projet de loi n'est pas adopté.
On a réuni tous les cadres du ministère,
toute personne qui avait un titre quelconque au ministère, le 30
novembre. On avait annoncé une autre réunion pour le 2
décembre, qui a été annulée, au Grand
Théâtre, 3000 personnes, pour leur dire, par satellite en plus...
On voulait que le monde entier sache ça. Imaginez-vous la maladie des
grandeurs de ce gouvernement! On est dans les chemins de colonisation, un
projet de loi des chemins de colonisation et on va faire ça par
satellite pour montrer qu'on est dans une
autre époque. Ensuite, on a annulé la
rencontre en faveur d'une autre qui devait avoir lieu le 4, le vendredi.
Là, dans quatre salles différentes de la région de
Québec, deux appartenant au gouvernement, deux n'appartenant pas au
gouvernement... Donc, il y a eu des frais de location. Ensuite, on a
loué des salles de bord en bord du Québec. Ça a
été annulé, ça aussi. Le gouvernement est un
spécialiste du tango argentin: deux pas en avant, trois pas en
arrière. Ça pourrait être la lambada - qui s'y frotte s'y
pique - mais je préfère le tango argentin: deux pas en avant,
trois pas en arrière.
Mme la Présidente, aujourd'hui, le ministre arrive
comme si ce projet de loi était un projet moderne, alors que, notre
constatation, c'est qu'on n'a jamais vu, sous la direction actuelle, un
ministère avoir l'air autant d'une vieille picouilie. On annonce des
affaires. On a l'impression de revenir à l'époque de Taschereau
ou de Duplessis. On annonce un pont, on annonce une route, on ne la fait pas,
on taponne. Ce matin, je posais la question au ministre des Finances. Les 100
000 000 $ qu'on n'a pas dépensés, ce n'est pas ceux qu'on
annonce, c'en est d'autres. On n'a pas dépensé ceux-là
mais on annonce un autre montant de 100 000 000 $, comme si son nom
était imprimé sur les piastres. Ce n'est pas ces 100 000 000 $,
c'en est d'autres. Imaginez-vous, comme si les 100 000 000 $ qu'on annonce ont
une signature!
Aujourd'hui, on nous dit qu'on a besoin de ce projet de loi
là, qui n'est pas nécessaire dans les circonstances actuelles,
à moins qu'on ne veuille taxer davantage la population. La seule
utilité que je vois au projet de loi actuellement, pour le gouvernement,
c'est de taxer les citoyens, parce que, essentiellement, on veut donner le
droit - ou encore induire les gens en erreur - d'appeler des routes des
autoroutes. C'est marqué dans le projet de loi, malgré les avis
des coroners qui disent que ce sont des dangers de signalisation qui suscitent
des accidents. Rappelons-nous l'accident sur la route 55, où le coroner
conclut que les gens ont été induits en erreur par la
signalisation erronée du ministère, qui indiquait aux gens qu'ils
arrivaient dans une autoroute alors qu'ils étaient dans une route
à deux voies. Non, non, le rapport du coroner, lisez-le donc! Le rapport
du coroner dit ça, exactement, d'arrêter d'appeler les routes des
autoroutes. Dans le projet de loi, on répond tellement aux
préoccupations du coroner qu'on décide de donner un pouvoir
général au ministre d'appeler toutes les routes du Québec
des autoroutes, s'il le veut. On pourra appeler une route une autoroute. Et
puis on dit qu'on va faire en sorte de pouvoir transférer dans le
réseau local des bouts d'autoroute. Imaginez-vous! Il y a des bouts
d'autoroute qui vont pouvoir devenir des routes locales, au même titre
qu'un chemin de colonisation. Faut le faire!
Des grandes inquiétudes qui préoccupent
les
gens, pas un mot. Les ponts vont être sous quelle autorité?
La vérification, l'entretien des ponts, la capacité portante des
ponts, la responsabilité par rapport à ça? Ah! ça,
on apprendra ça par décret un jour. Si on ne s'entend pas avec la
municipalité, ça restera sous la responsabilité de la
municipalité. C'est ça qui est marqué, si on s'entend,
sauf entente avec la municipalité, les ponts vont être sous sa
responsabilité. Mais qui va être responsable de la
vérification? Qui va être responsable des capacités
portantes? Qui va être responsable des réparations? Qui va
être responsable de l'entretien? Sais pas!
Est-ce qu'on veut, en même temps, donner des droits de collecter
des taxes sur les routes? On marque ça, là-dedans; on va donner
des droits de collecter des taxes, pas seulement sur les autoroutes... Pas des
taxes; il va y avoir des péages sur n'importe quelle route du
Québec que le ministre désignera. Est-ce qu'il a l'intention de
confier des routes au secteur privé et de dire: Bien, vous collecterez,
vous paierez en collectant? Mettez des barrières et collectez. Les
chemins d'hiver, au Québec, ont commencé comme ça.
Ça a duré deux ans, à la fin ou au milieu des
années quarante, les chemins d'hiver. On ne pouvait pas collecter
d'argent sur le Chemin du Roy, qu'on appelait dans le temps, mais on permettait
un détour. On bloquait la route pendant 200, 300 pieds, on faisait faire
un détour et, dans le détour, on mettait une barrière pour
collecter 0,50 $. Les automobilistes qui passaient l'hiver... Dans ce
temps-là, le gouvernement ne s'en occupait pas. Après tant de
jours, dépendamment de la grosseur de la tempête, on
décidait si, à ce moment-là, la personne avait assez
collecté. Après ça...
Une voix:...
M. Garon: Non, non. Ça a commencé comme ça.
C'est un dossier que je connais très bien. J'ai connu des gens qui se
sont occupés de ça, dans ce temps-là, très bien
aussi. Le gouvernement, à ce moment-là, n'y allait pas.
C'était considéré comme... Les chemins avaient toujours
été fermés l'hiver. Ils étaient ouverts pour la
première fois. Après ça, le gouvernement a
décidé d'avoir un réseau ouvert l'hiver et de s'organiser
pour l'entretien des chemins d'hiver.
Aujourd'hui, le gouvernement veut imposer des péages, remettre
des péages en cause pour faire en sorte de quoi? Pourquoi? Pour mettre
des péages* sur la route avant le pont, pour faire payer, pour que la
municipalité puisse collecter de l'argent des gens qui vont passer sur
le pont? Ou est-ce qu'on veut mettre les routes à la charge... des
routes privées, avec des entrepreneurs, amis du parti, qui pourront
s'occuper des routes mais collecter de l'argent? On ne met pas ça pour
rien. On ne peut pas dire qu'on met une clause, une disposition comme quoi il y
aura des péages sur les routes pour le «fun»: Au cas
où on en aurait besoin un jour, on va mettre ça là. Les
tribunaux ont toujours comme principe d'interpréter que jamais le
législateur ne parie pour ne rien dire; il parie toujours pour dire
quelque chose. Alors, moi, je pense aussi, en vertu du principe de base du
droit, que le législateur ne parie pas pour ne rien dire, que, si le
gouvernement veut faire adopter une loi comme celle-là, c'est qu'il a
des intentions.
Le ministre ne dit rien. Comme si ça n'intéressait pas les
gens, comme si c'était sa province, son Québec et que, lui, il
disait: Moi, je fais ça; vous autres, les serfs, vous ferez ce que vous
voudrez. Votre tâche, c'est de payer; nous autres, c'est de
décider. Comme si on n'était pas dans un régime
démocratique! Par rapport à cette réforme-là,
personne ne sait exactement ce qui va arriver. Ne nous contons pas d'histoires.
Je rencontre les municipalités également. Je peux bien leur
conter des bobards, tu sais. Mais promenez le ministre des Affaires municipales
dans les régions, et je vais vous dire que c'est l'homme le plus
impopulaire du Québec. C'est l'homme le plus impopulaire du
Québec, vous vous en rendrez compte aux prochaines élections. Je
vais vous dire une chose, il est encore plus impopulaire que lorsqu'il
était chef en 1981 et qu'il a fait sa campagne, en 1981, comme chef.
C'était la risée nationale. J'étais heureux, moi, quand il
a été le chef du Parti libéral. J'ai dit: C'est notre
meilleur gars. En avoir choisi un, je n'aurais pas pu en choisir un meilleur
pour nous autres. Mais, là, aujourd'hui, c'est l'exécuteur des
oeuvres du gouvernement, c'est lui qui décide. Il n'est plus le chef,
mais c'est lui qui décide parce que, le chef du Parti libéral,
tout le monde le sait, c'est un homme mou. On l'a vu dans les affaires
constitutionnelles. (12 h 30)
Aujourd'hui, on a un projet de loi, au fond, dont le seul but, ce n'est
pas de moderniser la loi, c'est de faire payer les citoyens davantage. Or, les
automobilistes au Québec, actuellement, sont les plus siphonnés
de l'Amérique du Nord. Ils paient plus de taxes que n'importe qui en
Amérique du Nord, et de loin. Pas un petit peu moins,
énormément plus cher aujourd'hui. À tel point qu'on a plus
de taxes au Québec sur un litre d'essence qu'aux États-Unis sur
un gallon. Trouvez-moi les États américains qui chargent plus que
0,19 $ le gallon. Nous autres, on est rendu à plus de 0,19 $ le litre.
C'est pour ça que je dis qu'un jour on mettra peut-être les taxes
au demiard pour que ça ait l'air moins gros, ou au centilitre, ou au
quart de litre, comme le vin, pour que ça paraisse moins gros. Il y a
plus de taxes au Québec que dans n'importe quel État
américain. Il y a plus de taxes au Québec sur un litre que dans
n'importe quel État américain sur un gallon. Vérifiez.
Vous allez aux États-Unis... On dit qu'on va développer le
tourisme, avec un
ministre qui veut faire des galas. Les gens n'auront même pas les
moyens de se rendre aux galas. Des galas pour lui-même, ses
fonctionnaires, un petit gala touristique, puis ils disent: Bon, bien, on s'est
habillé en tuxédo. Sauf que, quand les Québécois -
ils ne sont pas fous, les Québécois - vont aux États-Unis,
ils savent compter et ils remplissent leur réservoir pour 12 $. Quand tu
arrives ici, à 50 $ le réservoir n'est pas encore plein. Je vais
vous dire une chose, ça coûte cher, au Québec. Ça
coûte cher.
M. Morin: Ah! d'accord avec vous.
M. Garon: Ça coûte cher. Ça, c'est
l'essence.
Deuxièmement, comme je le disais, s'il y avait des péages
comme aux États-Unis, on ne paierait pas cher pour le gaz. Moi,
ça ne me ferait rien de payer un péage sur une autoroute si je
payais 1,08 $ le gallon au lieu de payer 0,62 $ le litre. Il y a 4 litres et
demi dans un gallon. Calculez: 0,62 $ par 4 et demi, ça fait 128 cents
plus 31... Pardon! pas 128; 2,48 $ plus 31... Ça fait, à peu
près 2,80 $ le gallon qu'on paierait au Québec, si on
était en gallons. Aux États-Unis, c'est 1,10 $, 1,15 $, 1,20 $.
Les États les plus chers, 1,25 $, des fois à 1,30 $, mais c'est
rare. Nous, 2,80 $ le gallon.
Après ça, les permis de conduire. En 1985, ils
étaient à 6 $ sous le Parti québécois; 6 $! 20 $
aujourd'hui sous les libéraux. Les libéraux ont triplé le
permis de conduire. Trois fois et demie plus cher! Une plaque d'automobile,
dans le temps du Parti québécois, en 1985, 37 $ pour une plaque
d'automobile. C'est bon de le répéter pour que le monde sache
ça. C'est rendu à 120 $. Moi, je le dis pour les
députés. La mémoire! Les députés
libéraux n'ont pas de mémoire. Ils sont dans l'Alzheimer
politique. Ils ne se rappellent de rien. Ils ne se rappellent même pas de
leur comportement quand ils étaient dans l'Opposition en 1984 et 1985.
Ils ne se rappellent pas que, pour le permis, dans le temps, ils trouvaient que
c'était cher; on payait 6 $ au Québec pour un permis de conduire.
Ils l'ont monté à 20 $. Ils ne se rappellent pas qu'une plaque
d'immatriculation c'était 37 $. Ils l'ont montée à 120 $.
Ils ne se rappellent pas que la taxe sur la gazoline - on trouvait ça
cher, nous aussi - était de 0,133 $; ils l'ont montée à
0,196 $.
Après ça, ils nous disent: Là, on va vous passer
les routes. L'automobiliste québécois paie... Je vais vous dire,
on a fait des chiffres. Si on met tous les dollars en dollars de 1985 et qu'on
compare 1980-1985 à 1986-1991, pour le même nombre
d'années, on compare le temps des libéraux et le temps du Parti
québécois, on mettait 248 000 000 $ d'argent de 1985 - là,
on met tout sur une base de dollars de 1985 - environ 240 000 000 $ de plus par
année dans le temps du Parti québécois. On mettait 1 $
pour 2 $ qu'on collectait. Les libéraux .mettent 1 $ pour 3 $ qu'ils
collectent. Ils collectent 3 000 000 000 $ par année des automobilistes
et ils remettent 1 000 000 000 $ sur les routes. Alors, les gens paient trois
fois plus que ce qu'ils retirent. On a des routes, aussi, en
conséquence. Aujourd'hui, non seulement ça, mais ils disent:
Maintenant, on va transférer les routes aux municipalités. On
décentralise. On va charger. Est-ce qu'on a entendu le ministre dire: On
va baisser la taxe sur l'essence; on va baisser le prix du permis de conduire,
baisser les taxes dans tous les domaines? Non! On ne baisse pas les taxes, on
va vous passer les routes. On va vous passer 33 000 km de route sur 60 000 km
et on va vous charger la même chose qu'avant. Et, vous, vous taxerez pour
aller chercher la différence.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Mme la Présidente, c'est une loi infâme.
Dans une période de crise économique, c'est une loi infâme,
abjecte, que je trouve qui méprise les citoyens et leur capacité
de payer. Et nous allons poser les questions pour faire sortir
l'intrinsèque moelle et tout le jus qu'il y a dans cette loi-là
pour que les gens sachent qu'est-ce qui les attend.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, j'aurais quelques
remarques à faire. Est-ce que j'ai le droit?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous n'avez pas le
droit, M. le ministre.
M. Middlemiss: Bien, d'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): II faudrait que ce
soit un autre...
M. Middlemiss: J'aurai l'occasion, Mme la Présidente, au
moment de l'étude article par article. Donc, à ce moment-ci, Mme
la Présidente, est-ce qu'on passe à l'article 1?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires? Alors, monsieur...
M. Middlemiss: Je n'ai pas le droit de faire des commentaires,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Non. M.
Middlemiss: Non?
La Présidente (Mme Bélanger): Pas sur les remarques
préliminaires.
M. Middlemiss: Bien, à ce moment-là...
La Présidente (Mme Bélanger): Pour les remarques
préliminaires, ils ont 20 minutes par intervenant, et elles doivent se
faire d'un trait.
M. Middlemiss: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): On n'a pas le droit
de revenir si on n'a pas pris nos 20 minutes. Alors...
M. Baril: Mme la Présidente, le ministre veut faire des
commentaires? C'est quoi, là? Il veut faire des commentaires?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, sur
l'intervention du député de Lévis.
M. Baril: II n'y a pas de problème. Qu'il les fasse, ses
commentaires!
M. Garon: Nous autres...
M. Baril: On est ouverts, nous autres.
M. Middlemiss: Vous souffrez d'Alzheimer, vous. En partant,
là. O.K.?
M. Baril: Bien, en partant...
M. Middlemiss: Le pouvoir de décréter qu'une route
est une autoroute de manière à en reprendre la
propriété existe déjà dans la Loi sur la voirie. Il
a été ajouté en 1982, sous le gouvernement
précédent, en même temps que s'est effectué le
transfert au ministère des Transports du Québec de l'Office des
autoroutes. Il en est de même pour le péage. Ça a
été fait en 1982, intégré et en vigueur en 1983.
Non, non! C'est exactement ça, là. C'est là, dans la loi,
aujourd'hui.
M. Baril: ...Alzheimer!
M. Middlemiss: Ça a été
décrété, intégré - et on l'a ici, là
- en 1982, et c'est venu en vigueur en 1983. Donc, on fait seulement continuer
avec ce qui est déjà là. On le met dans la loi.
C'était prévu. Donc, qui souffre d'Alzheimer?
Et, concernant le transfert des routes aux municipalités, il y a
un rapport qui a été préparé pour la commission
d'étude sur l'Union des municipalités par nul autre que votre
président, votre chef. Et ça dit, à 19: «Que toutes
les municipalités, quelle que soit leur taille, aient la
responsabilité d'entretenir les rues dans les agglomérations ou
les conurbations situées sur leur territoire; que les
responsabilités assumées actuellement par le ministère des
Transports quant à l'entretien des routes ne s'appliquent qu'en dehors
de ces zones et aux autoroutes, que celles-ci traversent des régions
rurales ou urbanisées.» Donc, c'était une recommandation du
président du Parti québécois, et votre chef. Donc, il y en
a qui souffrent d'Alzheimer.
Il y a une chose, Mme la Présidente, que j'aimerais dire. On peut
bien parler du coût de l'essence...
M. Dufour: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
ministre.
M. Dufour: Question de règlement. Le ministre a
cité un document, est-ce qu'il pourrait le déposer...
M. Middlemiss: Oui. M. Dufour: ...pour étude?
M. Middlemiss: Oui, c'est ça. J'ai dit que ça
venait du rapport de la commission d'étude sur l'Union des
municipalités du Québec. D'accord?
M. Dufour: Vous allez le déposer?
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez le
remettre, M. le ministre, on va faire faire des photocopies.
M. Middlemiss: Oui, d'accord. Il y a une chose que j'aimerais
dire, puis j'espère que le député de Lévis va
écouter avant de sortir de la salle: le coût d'un gallon d'essence
ou d'un litre d'essence... Moi, je préfère payer plus cher et ne
pas faire banqueroute personnelle parce que je ne peux pas payer mes factures
médicales. Et, aux États-Unis, 80 % des faillites personnelles,
c'est des gens qui ont fait faillite parce qu'il y avait le coût des
soins de santé. Donc, j'aime mieux payer plus cher le litre ici et que
les gens les plus en besoin puissent avoir des soins de santé comme les
gens qui sont bien nantis.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Merci, Mme la Présidente. Il arrive assez
fréquemment que différents ministres fassent
référence à la commission d'étude ou au rapport sur
l'avenir des municipalités qu'on appelait communément la
«commission Parizeau». Donc, évidemment, on réussit
fort bien à en retirer seulement ce dont on a besoin sans que ce soit,
finalement, fidèle aux conclusions de ce rapport-là. (12 h
40)
Toutefois, concernant plus précisément le projet, je dois
reconnaître qu'à travers la consultation, s'il y a un domaine
où les municipalités reconnaissaient qu'elles seraient
beaucoup
plus en mesure que le gouvernement pour exten-sionner... Parce que le
débat, à ce moment-là, était de savoir si les
municipalités pouvaient occuper de nouveaux champs - totalement nouveaux
- de juridiction ou tout simplement élargir leur juridiction. Alors,
quand on sait que la voirie est occupée pour beaucoup par les
municipalités, la discussion se faisait fort à propos, à
savoir jusqu'où on pouvait aller. Comme l'entretien et la qualité
des réseaux routiers locaux étaient très
déficients, on ne niait pas la perspective que ce soit mieux entretenu
sous la responsabilité municipale. Là-dessus, il pouvait se
dégager un consensus, sauf qu'il y a toujours la même notion qu'on
retrouve - et j'y reviendrai un peu plus loin - à l'effet,
évidemment, que ces nouvelles responsabilités ne pouvaient
être assorties de subventions discrétionnaires ou qui risquaient
d'être remises en cause à tout bout de champ, mais bien de mesures
fiscales. Alors, je pense que c'est là, au niveau du projet de loi,
où ça ne fonctionne pas.
Ceci dit, j'ai quand même hâte - j'ai lu superficiellement
le projet de loi - de m'impli-quer dans la discussion au niveau des grands
chapitres. Mais il ne faudrait pas que vous pensiez que ça va arriver
aussi vite que ça. Je fais juste vous exprimer mes...
M. Middlemiss: Qu'on procède!
M. Morin: Sauf que, ça, oui... Mais tu peux avoir
hâte longtemps.
Une voix: C'est du masochisme, un peu.
M. Morin: Ça, c'est un plaisir inépuisable, avoir
hâte. Alors, si tu veux continuer à avoir hâte, il ne faut
pas que tu arrives trop vite aux fins pour lesquelles tu as hâte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Vous savez, il faut savoir faire durer le plaisir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Alors, il y a les grands chapitres qui touchent: la
gestion, bien sûr, de la voirie; les exonérations de
responsabilité, je pense, autant du ministre que des
municipalités; les ententes et, enfin, les dispositions
réglementaires. Enfin, c'est quatre grands chapitres qui sont
intéressants. Je ne sais pas si le ministre fera preuve d'ouverture pour
modifier certains articles qui me paraissent nébuleux et pas
suffisamment clairs.
Mais, de toute façon, au-delà de ces articles-là,
ma plus grande réserve est, bien sûr, au niveau des engagements du
gouvernement annoncés respectivement par le ministre
délégué aux Transports et le ministre des Affaires
municipales, les engagements du gouvernement, pour cinq ans dans un cas et
trois ans dans l'autre, qui touchent évidemment l'entretien, les
subventions à l'entretien, d'une part, et le budget
d'amélioration du réseau, d'autre part, avec une petite
réserve de 10 000 000 $ au ministre pour je ne sais trop quoi.
Là, il faudra que le ministre nous explique ça, pourquoi, dans
les 50 000 000 $, il se réserve un petit montant de 10 000 000 $. Parce
que, d'un côté, on dit que les députés, en
consultation avec les municipalités, devraient être capables
d'établir des plans triennaux corrects en fonction des véritables
besoins. Mais, probablement qu'il est un peu méfiant puisqu'il dit: Sur
ces 50 000 000 $, il y a un petit montant de 10 000 000 $ que je me
réserve au cas où, des fois, vous ne seriez pas capables de faire
votre job comme il faut. Ce n'est peut-être pas ça qu'il va nous
dire, mais enfin!
Un autre volet, aussi, qui m'apparaît discrétionnaire,
c'est entourant l'aide financière et technique qu'il se réserve
pour les ponts, qui n'est pas identifiée, c'est-à-dire
quantifiée, l'aide financière et technique pour tout ce qui
touche les ponts. Je parle toujours des ponts, évidemment, qui auront
été transférés, si j'ai bien compris. Alors, tout
ça, évidemment, quand le ministre se référait tout
à l'heure au président de l'UMRCQ, dans une lettre où il
exprimait sa satisfaction, je pense que le ministre nous fait part seulement
d'une partie et qu'il semble ignorer volontairement les réserves du
président de l'UMRCQ. Parce qu'on se souviendra que les grandes
revendications et la position des unions municipales qui sont encore là,
c'est qu'il n'est jamais admis, et il n'est pas encore admis, je crois, qu'on
puisse accepter une telle responsabilité uniquement sur la base
d'engagement du ministre que, pour les prochaines années, on consacrera
tant d'argent pour les subventions à l'entretien et tant de millions
dans le budget d'amélioration du réseau. Les maires ou les
conseils municipaux qui refusent de regarder plus loin, bien, risquent de se
retrouver devant une situation, là, pour ne pas dire catastrophique,
très, très grave.
Même, c'est pour ça que mon collègue de Lévis
disait tout à l'heure, souhaitait qu'on ait l'opportunité
d'entendre ces gens-là autrement que par une lettre écrite au
ministre, pour connaître véritablement leur position sur ces
engagements du ministre, du gouvernement, mais qui, au bout de la ligne,
même si ce n'était qu'au bout de trois ans ou au bout de cinq ans,
se retrouveront dans une situation de quémander ou de venir quêter
à chaque année. Parce que les engagements sont bien pour trois
ans ou cinq ans, dans un cas comme dans l'autre, l'entretien et
l'amélioration du réseau.
Qu'est-ce qui va arriver par la suite? Je suis certain que, là,
il ne doit certainement pas y avoir d'acceptation de la part du monde
municipal. Et c'est pourquoi ma plus grande réserve en ce qui
concerne le transfert du réseau routier, moi, c'est qu'on l'ait assorti
uniquement de subventions. Bien qu'à court terme, avec les montants qui
ont été révisés récemment, bon, O.K., je ne
crie pas au scandale, à court terme, et je ne nie pas qu'il y ait eu un
minimum de consultation, sauf que le danger à moyen et à long
terme est là, parce que le gouvernement a voulu faire passer ce
transfert-là en garantissant pour trois ans et cinq ans des subventions
relativement importantes, alors qu'il aurait dû, je pense... Et c'est ce
que les municipalités auraient dû maintenir comme position si
elles ne l'ont pas fait, c'est d'exiger que le gouvernement assortisse ce
transfert de responsabilités là non pas à des subventions
qui risquent d'être discrétionnaires, mais à de
véritables mesures fiscales, mesures fiscales basées sur les
droits d'immatriculation, sur les taxes sur l'essence ou toute autre formule
qui garantirait à long terme que les municipalités aient les
ressources financières pour assumer ces nouvelles
responsabilités.
Enfin, Mme la Présidente, il y a la réorganisation des
effectifs dans les régions qui soulève beaucoup
d'inquiétude parce que, d'une part, le gouvernement nous indique - il
l'a dit, d'ailleurs, dans le passé, mais quand le ministre voudra
revenir là-dessus... Il a dit que, dès le départ, le
ministre avait accepté de consulter les municipalités, dès
le départ; ça me fait rire un peu. Lors des premières
déclarations du ministre des Affaires municipales, il avait dit,
là: Le gouvernement a besoin de 500 000 000 $. Si vous avez des choses
à dire, dites-les vite, parce que j'ai besoin de 500 000 000 $. Alors,
quand le ministre, tout à l'heure, disait que les consultations avaient
été tenues dès le départ - disons qu'on va essayer
d'obtenir un compromis, là -elles ont commencé un petit peu plus
tard, hein, pas dès le départ, un petit peu plus tard. Et je
pense que les enjeux étaient déjà là, parce que le
ministre des Affaires municipales avait déjà
déclaré les difficultés financières du gouvernement
et la nécessité de procéder à des transferts.
Alors, ceci dit, d'un côté, on parle de rationalisation des
dépenses. Soutenir que les municipalités sont mieux
placées que le gouvernement pour assurer une meilleure qualité de
réseau, personne n'en doute. Non, là-dessus, non, personne n'en
doute, je l'ai admis dès le départ. Mais, d'un autre
côté, quand le gouvernement se revire de bord et réorganise
ses effectifs de la façon qu'il semble le faire, c'est là qu'on
se retrouve devant les pires contradictions. On dirait que le gouvernement, il
a fait une profession de foi de toujours vicier ses mesures ou ses politiques.
On dirait qu'il cherche tous les moyens pour se retrouver devant un cul-de-sac.
Ça me fait penser un petit peu à la restructuration des
sociétés de conservation où, sous prétexte de
rationaliser les dépenses, bien sûr, de sept
sociétés à une seule... On ne lui en veut pas, il a de
bonnes intentions, mais on dirait que le gouvernement n'est pas capable de se
rendre au bout de ses intentions. Alors, ce qui arrive, à un moment
donné, il transfère des bases qui étaient super bien
équipées dans des endroits, il les transfère ailleurs, et
ça va obliger le gouvernement à investir des sommes folles en
termes d'infrastructure, et d'équipement de base, et d'immobilisations
pour assurer, bien sûr, un service aussi valable, aussi efficace qu'avec
les infrastructures qui étaient déjà en place. (12 h
50)
Alors, au début, on part avec des bonnes intentions, des
politiques avec lesquelles, finalement, même en tant qu'Opposition, au
départ, on ne peut faire autrement qu'être d'accord, mais, au fur
et à mesure qu'on scrute, qu'on analyse les projets de loi ou les
politiques du gouvernement, c'est là qu'on doit constater que, à
travers de belles intentions, le gouvernement s'organise pour faire en sorte
que les effets soient totalement contraires à ceux qui sont
recherchés.
Alors, je terminerai ici, madame, mon intervention, en espérant
que peut-être nous aurons l'opportunité d'entendre des gens qui
viendront nous dire à nous, en cette commission, leur position
véritable, leurs inquiétudes vis-à-vis du projet de loi,
et non pas se le faire dire tout simplement par des lettres dont le ministre se
contente de nous faire part uniquement des passages qui semblent les plus
positifs ou favorables au projet de loi. Je vous remercie, Mme la
Présidente, de votre bonne attention.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le député...
M. Middlemiss: Je voudrais répondre à une des
préoccupations du député, juste pour lui dire, Mme la
Présidente, que, pendant un an, des représentants des deux unions
ont siégé sur un comité technique, avec les
représentants des Affaires municipales et du ministère des
Transports, et c'est de cette façon-là qu'on a réussi
à avoir l'entente, la dernière proposition qui a
été soumise aux deux unions. J'ai eu aussi le privilège et
l'occasion d'assister à la table Québec-municipalités
à deux, trois occasions où on a fait un rapport d'étape,
et c'est pour ça que je suis énormément surpris qu'il
semble que les députés de l'Opposition ne soient pas aussi au
courant de tous les détails. Il me semble que, peut-être...
Je suis prêt à vous offrir, moi, de prendre à peu
près une demi-heure, de faire la même chose que j'ai faite,
là, pour les 1000 élus municipaux, que j'ai faite à
travers le Québec. Eux ont compris puis comprennent ce qu'on fait. Moi,
je suis bien prêt à vous offrir ça pendant une demi-heure
de temps, vous expliquer de a à z ce que c'est et, à ce
moment-là, on pourra peut-être... On n'aura plus hâte
d'entreprendre le
projet de loi; on pourra l'entreprendre immédiatement, dans une
demi-heure. Donc, est-ce que vous êtes prêts à accepter que
je vous donne exactement le cheminement à partir du moment où le
ministre des Affaires municipales a parlé des changements?
Et, en passant, à ce moment-là, il n'y avait aucune
modalité pour le transfert du réseau routier. On avait
indiqué qu'on pouvait prendre le temps, on avait un an et demi pour se
préparer, et ça n'a pas été fait en vase clos;
ça a été fait avec des gens concernés, des
élus municipaux. C'est eux qui devront s'occuper du réseau local.
Il me semble que j'ai eu moins de résistance des gens concernés
que j'en ai d'autres. À moins que vous ayez des ambitions de retourner
sur la scène municipale.
M. Morin: Mon temps est-il fini?
La Présidente (Mme Bélanger): Non.
M. Morin: À cause qu'il faudrait... Il m'a
répliqué, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, il n'est pas
fini.
M. Morin: Hein? Non, c'est parce que je pense que le ministre
voudrait que...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais vous aviez dit
que c'était fini.
M. Morin: Peut-être qu'il n'était pas attentif au
début. C'est parce que, quand il a soutenu qu'il y avait eu une
consultation dès le départ, je n'ai pas voulu toucher uniquement
la partie où on a mis en branle le processus de consultation avec les
municipalités, mais, lors de la réforme Ryan... Parce que,
ça, c'est quand même un volet de la fiscalité...
M. Middlemiss: On parle de la voirie.
M. Morin: Non, non, mais, écoutez, là. Je partais
de plus loin que ça. Lors de la réforme Ryan - et, ça,
c'est un des volets de la politique fiscale dans la loi 145 - ce
volet-là n'était pas inclus dans la loi 145 mais, en termes de
réforme, en faisait partie. Et, à ce moment-là, je le dis
et je le rappelle, lorsque le ministre a fait sa première
déclaration à l'effet que le gouvernement était à
la recherche de 500 000 000 $, il n'y a eu aucune consultation. Et, lorsqu'on a
fait des pressions pour que le gouvernement aborde le problème sur une
base fiscale, en profondeur, il n'y a eu absolument aucune consultation. Il a
dit: Je ne veux pas faire une réforme fiscale; j'ai besoin de 500 000
000 $, puis les moyens d'y arriver, c'est ça.
Puis, à cette heure, bien, écoutez, bien sûr, si
vous partez d'il y a un an, je ne contesterai pas en cette commission que,
depuis un an, un an et demi, lorsqu'on a sorti les cahiers, là, puis les
hypothèses de travail, il y a eu une consultation auprès des
municipalités. Ça, je ne le contesterai pas, alors il faudrait
bien que le ministre comprenne bien mes propos. Mais, évidemment, vu
qu'il est là, bien, il faut bien que je m'adresse à lui. Mais
tout ça a commencé avant qu'on ne touche à cet
aspect-là.
M. Middlemiss: Je suis à votre disposition pour vous
éclairer.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, là,
j'aimerais...
M. Morin: Alors, c'est nous autres qui sommes ici pour vous
éclairer aussi. C'est réciproque. Ça va des deux bords,
l'éclairage.
M. Middlemiss: D'accord. Ça, je suis prêt.
M. Morin: Oui. Bien, nous autres aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais faire une
mise au point sur les règlements de la commission.
M. Morin: O.K. C'est votre travail, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, vous
semblez tous très conciliants d'un côté comme de l'autre,
mais, tels qu'on vous connaît, à un moment donné, la
tension va monter et la chicane va prendre, et c'est moi qui vais avoir les
problèmes.
M. Morin: Mais non!
M. Middlemiss: Moi, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, moi,
j'aimerais vous mettre au fait...
M. Morin: Loin de là notre idée.
La Présidente (Mme Bélanger): ...des
règlements. Si vous voulez être...
M. Morin: J'ai un sourire permanent, madame. Ne vous
inquiétez pas.
La Présidente (Mme Bélanger): On le sait. Mais, des
fois, vous vous choquez aussi.
M. Morin: On devient plus sérieux.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, on a
permis au ministre d'intervenir après votre intervention. Ce n'est pas
dans les règles des motions préliminaires, mais vous avez
été très
gentil, vous avez permis au ministre de rétablir des faits.
M. Middlemiss: ...des commentaires, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, là,
vous aviez dit que vous aviez terminé votre intervention. L'intervention
sur une motion préliminaire se fait d'un seul trait. Vous avez 20
minutes.
M. Morin: C'est les remarques, Mme la Présidente, ce n'est
pas une motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Les remarques,
pardon. Excusez-moi.
M. Morin: Vous êtes toute pardonnée.
La Présidente (Mme Bélanger): Les remarques
préliminaires. Vous avez 20 minutes, chaque intervenant, chaque membre
de la commission a 20 minutes pour faire ses remarques
préliminaires.
M. Morin: D'une claque.
La Présidente (Mme Bélanger): D'une claque. D'un
trait. Alors, si vous arrêtez après 15 minutes, vous ne pouvez pas
demander si votre temps est terminé ou pas si vous décidez
d'arrêter vous-même.
M. Morin: Ça va très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, c'est 20
minutes d'un trait et, normalement, il n'y a pas de réplique de la part
du ministre si son temps de 20 minutes est fait.
M. Morin: Sauf consentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Sauf consentement des
membres.
M. Morin: II y avait consentement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous mets en
garde, parce qu'on sait que la tension va monter à un moment
donné.
M. Middlemiss: Non, du tout, Mme la Présidente. Vous me
connaissez mal.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, c'était
simplement ça que je voulais faire remarquer, que, là, on
déroge des règlements de la commission. Alors, si vous êtes
consentant, il n'y a pas de problème. M. le député
d'Arthabaska, il reste deux minutes. Ah! je m'excuse, le député
de Rousseau avait demandé.
Une voix: ...question de directive.
M. Thérien: Non, il n'y a pas de question...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Il a droit
à une question, là.
M. Baril: Une question d'information.
La Présidente (Mme Bélanger): Une question
d'information.
M. Baril: On a le droit.
M. Thérien: À la présidente. O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Voyez-vous, ça
commence à rouspéter.
M. Baril: C'est parce que le ministre nous a fait une offre.
M. Middlemiss: Oui.
M. Baril: Bon. Il a dit: Je peux vous rencontrer une demi-heure
pour vous informer, pour vous dire la même chose que j'ai dite aux 1000
maires et élus municipaux que j'ai rencontrés à travers le
Québec.
M. Middlemiss: Vous étiez présent à
Bécan-cour. Vous étiez présent.
M. Baril: Oui, c'est exactement ce que je veux lui souligner.
J'étais présent, justement, à Bécancour, et,
lorsque le ministre, dans sa grande gentillesse, m'a même invité
à être assis à la table en avant parmi tous les
élus, j'étais réticent parce que je ne voulais pas que les
gens pensent que j'appuyais le projet de loi ou la politique du ministre en
m'asseyant en avant. Mais, pour répondre à sa gentillesse et ne
pas faire de drame sur place, j'ai dit: C'est correct, je vais y aller. Mais
est-ce que le ministre se souvient que, justement, à la réunion
de Bécancour, au motel Godefroy, il y a plusieurs élus municipaux
qui sont allés au micro pour poser des questions, et le ministre n'avait
pas de réponse à toutes les questions? Il disait: Là,
justement, je fais le tour pour vous consulter et vous informer. On va regarder
ça à la fin.
Donc, quand le ministre dit qu'il veut prendre la même demi-heure
pour nous informer, s'il n'a pas plus de réponses qu'il n'en avait lors
de la rencontre quand il a rencontré les élus municipaux,
ça va donner quoi, de prendre une demi-heure pour nous informer? Parce
qu'il y en a plusieurs, élus, qui sont venus par après. Ils m'ont
appelé, ils m'ont téléphoné et ils m'ont dit:
Jacques, as-tu eu une réponse là-dessus? Qu'est-ce que ça
veut dire, ça? Le ministre a-t-il répondu? On n'en a pas eu, nous
autres.
C'est ça que je voulais signaler au ministre.
Est-ce que, dans sa demi-heure qu'il veut nous offrir, on aura une
information plus concrète, plus formelle que celle qu'on a eue à
Bécancour ou dans les autres endroits où il a fait sa
tournée?
M. Middlemiss: Mme la Présidente, regardez, au
début de la tournée, il y avait plusieurs questions.
C'était une consultation. Ce n'était pas seulement pour les
informer, c'était une consultation. Suite aux commentaires qui ont
été émis par les élus municipaux, nous en avons
pris en ligne de compte, et c'est ça qui nous a permis d'arriver... Et
on se sert des véhicules, hein. Ces maires sont membres soit de l'Union
des municipalités du Québec ou de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec. Et,
avec leurs représentants, on a développé exactement la
proposition qui a été faite récemment, qui a
été acceptée. Elle a été acceptée par
la plupart. Oui, oui, regardez. Est-ce que vous pouvez m'indi-quer... Avez-vous
reçu beaucoup de télégrammes ou de lettres qui vous disent
qu'ils ne sont pas d'accord avec ça? Si oui, présentez-les
donc!
M. Garon: Oui.
M. Middlemiss: Oui? Combien?
M. Garon: Lévis, Pintendre.
M. Middlemiss: Oui, d'accord. C'est vous, ça. C'est
probablement vous. Vous avez suscité de le faire...
M. Garon: Saint-Henri... Non, non, non! M. Middlemiss:
Mais, de façon générale...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ceci
étant dit, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 11)
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais aux
députés de prendre place. La commission de l'aménagement
et des équipements reprend ses travaux. Le mandat de la commission est
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 57, Loi sur la voirie et modifiant diverses dispositions
législatives. Au moment de la suspension des travaux nous étions
aux remarques préliminaires, et je pense que le député de
Jonquière avait demandé la parole.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente, et je suis toujours
très heureux d'intervenir sur un sujet qui intéresse l'ensemble
des municipalités du Québec. D'abord, c'est aussi, en
intervenant, une suite logique, puisque ça découle de la
réforme Ryan, réforme qui, dans le fond, porte mal son nom. Il
aurait peut-être fallu l'appeler d'une autre façon, puisqu'une
réforme est susceptible d'améliorer des choses et que cette
réforme, au contraire, a empiré des choses, d'abord en
transférant un montant de 350 000 000 $ sur le dos des
municipalités et en permettant au gouvernement de se délester
d'un certain nombre de responsabilités.
On a fait écho, bien sûr, au «Rapport de la
Commission d'étude sur les municipalités», commission qui a
été présidée par le chef de l'Opposition
officielle, M. Parizeau, à la demande des municipalités. C'est
évident que, lorsque le ministre délégué à
la voirie nous dit et nous confirme - il a même déposé les
documents -que les municipalités elles-mêmes demandaient
l'entretien du réseau, je peux confirmer que c'était une
constatation acceptée et demandée par les
municipalités.
Et pour quelle raison? C'est facile à comprendre, à mon
point de vue. J'ai eu l'occasion, en 1987, de faire le tour des régions
du Québec où j'ai rencontré beaucoup, beaucoup de maires.
Et ces gens-là nous disaient, et ils ne s'en cachaient pas: Notre
réseau routier est à l'abandon. Ça ne marche pas. Le
gouvernement semble insensible à nos demandes. Et, actuellement,
qu'est-ce qu'on pourrait faire? C'est clair que la responsabilité, qui,
dans ce temps-là, n'était pas exercée ou assumée
à 100 % ou correctement par le gouvernement, tombait sur le dos des
municipalités. C'est lorsque le gouvernement retardait trop ses actions
sur le territoire que les municipalités étaient obligées
d'intervenir. Combien de fois le printemps, par exemple, les chemins
étant défoncés, les municipalités étaient
obligées de louer de la machinerie pour aller réparer ces
chemins-là! Il y avait des coûts et en même temps il y avait
un mécontentement général des contribuables. Et ça,
c'était à la grandeur du territoire.
Donc, les municipalités, devant ce fait, ont dit et l'ont
exprimé clairement: On serait possiblement meilleures que le
gouvernement pour entretenir nos chemins si on avait tout l'argent que le
gouvernement a en sa possession pour ce faire. Et le «Rapport de la
Commission d'étude sur les municipalités» nous dit
clairement: Pas de transfert de responsabilités sans les sommes d'argent
correspondantes. Donc, s'il y a un transfert de responsabilités et que
tout l'argent nécessaire n'est pas transféré aux
municipalités, les municipalités sont en droit et en lieu de se
plaindre, et c'est exactement ce qu'on voit.
Le gouvernement, à mon point de vue, a été un peu
plus, je dirais, sinon mesquin... Je pense que ça s'est fait un peu
d'une façon hypocrite, puisqu'on dit aux municipalités: Voici le
réseau que nous vous remettons, et, là, on va négocier
la hiérarchisation du réseau routier. Il y a du
réseau 3, 2 et 1, il y a des autoroutes, il y a des routes
interrégionales, puis il y a des routes locales. Bien, ça, on va
négocier ensemble. À ce que je sache, au moment où on se
parle, ces négociations-là ne sont pas terminées. Donc, il
y a possiblement encore des ajustements qui devront se faire concernant le
réseau routier que les municipalités devront avoir.
Chez nous, à la dernière nouvelle... Je vais vous parler
d'une municipalité de chez moi en particulier. C'est qu'il y a une
municipalité rurale dans mon comté - c'est la seule, d'ailleurs -
qui a un chemin qui est en forme de Y, et le tronçon reconnu par le
ministère, c'est le plus court. Il s'en va directement dans le lac
Kénogami. Ça fait que je ne sais pas si le ministère va
payer un bateau pour faire traverser le monde; je n'ai aucune idée.
L'autre, il se termine dans le bois, il est un peu plus long, mais celui
retenu, c'était la partie la plus courte, le chemin du quai, qu'on
appelle. Donc, je trouve ça un peu spécial.
Pourquoi on n'aurait pas agi autrement? Parce qu'il faut bien regarder
comment on fait la réforme et de quelle façon on l'a
enclenchée, cette réforme-là. Le gouvernement du
Québec, depuis toujours... J'entendais hier des députés
qui semblaient être très heureux de nous informer que le
gouvernement du Québec avait pris ses responsabilités depuis 200
ans et plus et qu'il a décidé aujourd'hui d'éclaircir la
situation, de remettre aux municipalités leurs réseaux. Ce
n'était pas tellement, tellement convaincant, puisque le
député qui parlait était député de ville. Il
n'en a pas du tout, de réseau local dans son comté. Dans le
comté de Louis-Hébert, il n'y a pas beaucoup de réseaux
qui touchent le ministère de développement régional, comme
le développement ou les routes locales. Donc, ce n'était pas
tellement, tellement convaincant. Je ne nie pas que le député
pouvait avoir certains renseignements ou certaines connaissances, mais de
là à me convaincre du bien-fondé ou de la justification de
son exposé, c'est une autre paire de manches.
Donc, le gouvernement du Québec, parce qu'il avait
décidé, depuis toujours, d'être le propriétaire du
réseau routier de l'ensemble du Québec, il faisait l'entretien,
plus ou moins bien, mais il le faisait - c'était ça,
c'était sa propriété - il le faisait et se justifiait
régulièrement d'augmenter les coûts de l'essence, les
coûts d'immatriculation, les coûts d'assurance automobile. Tous ces
coûts-là, additionnés, lui permettaient... Les permis, les
amendes, la police routière, tout ce qui entoure le réseau
routier, le gouvernement se justifiait de la façon de prélever
des taxes.
Donc, les citoyens du Québec, qui paient au-dessus de 3 000 000
000 $... Les utilisateurs du réseau routier du Québec paient au
gouvernement 3 000 000 000 $ en taxes de toutes sortes, que ce soit en taxes ou
en amendes. Ces gens-là, en retour, sont justifiés de s'attendre
d'avoir un certain service, et le service qu'ils ont, aller encore
jusqu'à dernièrement, à moins que les chiffres n'aient
changé, c'était à chaque 3 $ qu'ils remettaient au
gouvernement, c'est 1 $ qui retournait sur le réseau routier. Le
gouvernement, à partir de maintenant, dit: On va donner aux
municipalités ce que nous mettions avant. Donc, la somme globale n'est
pas changée. Le milliard qui va sur la route, c'est encore le même
milliard. Mais on va dire aux municipalités: À partir de
maintenant, c'est vous autres qui allez avoir la responsabilité. Donc,
s'il y a des problèmes, c'est vous autres aussi qui allez avoir à
les régler.
Donc, on fait ça comment? Après plusieurs années
d'abandon des chemins, après aussi avoir fait des ajustements, bien
sûr, sur les coûts mais qui sont loin d'être suffisants, et
sur des routes qui, dans beaucoup de cas, n'ont jamais été
vraiment construites, qui ont été construites sans normes de
construction... Donc, c'est très différent d'avoir à
remettre un réseau routier en bon état et d'avoir un
réseau routier plus ou moins bien correct. (15 h 20)
Je peux juste vous dire qu'à venir jusqu'à maintenant,
dans ma ville, il y avait une entente avec le ministère. Ce
n'était pas une entente écrite, mais, lorsque la
municipalité reprenait... C'est une municipalité de ville, et on
a aussi un réseau routier rural dans la municipalité. C'est une
grande municipalité. Dans ma municipalité, lorsque la
municipalité reprenait un chemin appartenant au gouvernement du
Québec, donc qui était subventionné par le gouvernement,
il nous le remettait mais lorsque la construction était correcte. On
faisait un protocole, le ministère nous disait: Vous faites
l'expropriation, vous libérez l'emprise de la rue et on va payer pour
les travaux. Ce transfert-là se faisait correctement.
Moi, j'aurais aimé que le ministère procède comme
ça pour l'ensemble du réseau routier du Québec, pas dans
un an mais sur un période d'années, ce qui fait que tout le
réseau routier aurait eu des rénovations majeures et que les
municipalités, avec les montants qui sont accordés, auraient pu,
probablement, s'en tirer assez bien. Donc, ça, ça aurait
été une façon normale de voir les choses, dans un temps
où le gouvernement voit à longue vue, moins à courte vue.
Ça aurait pu être une façon de procéder qui aurait
été acceptée.
Deuxièmement, dans la commission d'étude, si on parlait de
transfert du réseau routier, puis c'est vrai dans beaucoup de domaines,
c'est qu'on dit... Et ça, il ne faut pas juste prendre, dans un rapport,
les parties qui font notre affaire. Le rapport de la commission d'étude
Parizeau sur les municipalités disait très fortement au
gouvernement: Devenez de plus en plus un contribuable
à part entière; payez vos taxes au complet. Et la
réforme, on a commencé à couper là-dessus. Donc,
voilà, on est complètement passé à
côté de la réforme, puis ça ne dérange pas,
on n'en parle pas. Ça, ça me semble drôlement important.
Les municipalités ne s'opposent pas à avoir des
responsabilités, elles s'opposent à avoir des
responsabilités sans qu'elles aient des sources de taxation autonomes
qui leur permettent d'accomplir leur travail d'une façon normale. Et on
pourrait continuer là-dessus en démontrant
l'irrationalité, actuellement, du projet. On nous parle que les maires
sont contents. Devant la fatalité, que vouliez-vous qu'ils y fissent,
hein, sinon succomber? C'est ce qu'ils font.
Une voix: C'est ça.
M. Dufour: Les municipalités, on les a assommées,
puis, après ça, là, on leur donne un petit peu de respir.
On a pris la politique de la masse, puis, aujourd'hui, on a mis un petit peu la
carotte. Donc, les maires disent: Ça aurait pu être pire. La
politique du: Ouf! Ça aurait pu être pire. Ça, c'est la
fatalité. Il ne faudrait jamais que nos organisations ou nos organismes
publics soient contraints de vivre toujours sur la menace de: Tu fais ça
ou meurs. Ça n'a aucun bon sens.
Pensez-vous que des municipalités comme chez nous... La
municipalité de Jonquière, ce n'est pas une municipalité
qui est pauvre, mais c'est une municipalité, par exemple, l'an dernier,
où moi, celui qui vous parle, ma taxation ou mon effort fiscal a
augmenté de 16 %. Cette année, H semble que ça va
être moins onéreux ou moins fort. Le ministre des Affaires
municipales peut bien dire: Ce n'est pas si pire quand je lis les journaux,
mais il y a des municipalités qui ont pris de l'avance; elles ont
taxé un petit peu plus vite. Donc, elles ont tiré plus vite sur
la gâchette. Cette année, ça commence à se
stabiliser.
Donc, l'année passée, c'était le gouvernement qui
était la bête noire des municipalités. Cette année,
ça pourrait encore être la bête noire, mais, si ce n'est pas
cette année, ce sera dans les deux, trois années
subséquentes, parce qu'il y a encore des coûts qui s'appliquent,
qui sont les coûts de la police, qui ne sont pas
transférés. Il y a les 0,14 $, qu'il ne faut jamais oublier. Il y
a 0,14 $ du 100 $ d'évaluation qui sont demandés à chaque
contribuable du Québec. Même si les municipalités
étaient contentes de ce qui arrive, même si elles étaient
contentes, les municipalités, pensez-vous que les citoyens, qui voient
leur porte-monnaie ratatiné comme une peau de chagrin, ils sont heureux
de ce qui se passe? Moi, je vous réponds: Non.
La municipalité de Jonquière ou la ville de
Jonquière - c'est une ville - elle a un transfert net de chemins ruraux,
la route transférée, de 49 km. Ça rapportait, ça -
je ne sais pas si c'est aux normes du ministère pour l'entretien d'hiver
- au-dessus de 60 000 $. je n'ai pas téléphoné à la
municipalité, mais c'était au-dessus de 60 000 $. je ne sais pas
c'était combien du kilomètre, là. pardon?
Une voix: Une moyenne, ça prend l'évaluation.
M. Dufour: Bon. Ça fait qu'elle recevait ça.
À partir de maintenant, la compensation, c'est zéro. O.K.? Le
transfert, c'est l'hiver et l'été, ce n'est pas juste l'hiver. Il
y avait une subvention. L'hiver, c'était le gouvernement qui
l'entretenait. Et, dans la municipalité comme telle, ça va lui
donner, en chemin rural, globalement, 57 km. Dans la ville comme telle, il doit
y avoir 250 km, environ, qui sont à la charge de la municipalité.
Un petit peu plus, un petit peu moins, ce n'est pas grave, mais, quand on parle
d'effort fiscal, c'est évident que, l'effort fiscal, il est plus que
0,14 $ du 100 $, il est beaucoup plus. Mais vous l'avez mis juste sur le
réseau rural. Oui, oui. Vous avez pris l'évaluation globale et
vous avez pris... Parce que l'effort fiscal qui aurait été
demandé pour le réseau routier qu'on transfère, c'est 2
700 000 $. S'il avait été sur l'ensemble du réseau
routier, je vous passe un papier, M. le ministre, que c'est beaucoup plus que
0,14 $. C'est beaucoup plus que 0,14 $. L'effort de la municipalité de
Jonquière, c'est bien plus que 0,14 $. Mais vous avez pris la
capacité financière de la municipalité, vous avez fait une
règle et vous avez séparé les deux. Il faut que ça
se dise, ça. On ne l'a pas fait, ça, cette grimace-là, ou
cet exercice-là, ou cet impact-là. Il aurait fallu le faire.
C'est la même chose pour Chicoutiml. Chicoutimi: 40 km
transférés, et l'effort fiscal qui pourrait être
demandé, 2 836 000 $. Vous savez bien que c'est basé sur la
valeur de l'évaluation de toute la municipalité. Et on ne tient
pas compte de ce qu'elle payait déjà.
Pour la petite municipalité, c'est autre chose. Lac
Kénogami, on va lui demander un effort de 60 018 $. C'est la
compensation. On lui demande un effort de 61 000 $. C'est une
municipalité qui a été mise sur pied depuis 1985, qui a
été réactivée, qui n'a pas beaucoup de ressources
financières, où tout est à faire, ou à peu
près. C'est un bel endroit, par exemple, et l'air est pur. Il y a des
choses intéressantes. On leur transfère 20,6 km, puis il y en a
11 km à la municipalité, pour 32 km. Voyez-vous, même une
municipalité rurale, moins de routes rurales que la ville de
Jonquière. C'est de même partout. Mais les villes, comme La
Baie... Mon collègue, ici, voudra peut-être en parler. Mais juste
pour le plaisir de la chose...
M. Morin: Allez-y, mon cher collègue. Je vous fais
confiance.
M. Dufour: Bon. 61 km vont être
transférés
à la ville de La Baie. La subvention, c'est zéro, et
l'effort demandé, 1 185 000 $. C'est clair, vous savez. Et le ministre
des Affaires municipales, il nous parle de temps en temps qu'il aimerait
ça avoir une politique de fusion. Moi, je lui dis d'avance que, si c'est
ça, sa politique de fusion, il va manquer son coup, parce que toutes les
villes, toutes les municipalités qui sont fusionnées sont
pénalisées par sa réforme, sûrement, parce que
ça grossit l'assiette fiscale. Et vous fusionnez... Le ministre opine du
bonnet et me donne raison, et je trouve que c'est correct qu'il soit comme
ça. Mais savez-vous...
M. Middlemiss: S'ils ont une évaluation
élevée et qu'ils perdent 60 km...
M. Dufour: C'est ça.
M. Middlemiss: ...il n'y a rien là.
M. Dufour: Bon. Mais vous savez qu'en ce faisant vous
pénalisez les gens de la ville. Bien oui, parce que vous mettez
l'effort... Dans le fond, l'effort est mis directement sur les gens de la
ville, et c'est ça que, moi, je déplore. C'est là que je
peux affirmer hors de tout doute que la réforme n'a pas
été analysée sous toutes ses coutures. C'est quelque
chose! Moi, je prends à témoin mes collègues. C'est
l'assiette fiscale-Dans la ville de Jonquière, ils ont à peu
près 2 000 000 000 $ d'évaluation. C'est clair que, quand on
demande 0,14 $, c'est fini, ils ne seront jamais, jamais... Quand la fusion a
été imposée par le gouvernement du Québec - elle a
été imposée en 1975 - on n'était pas supposé
subir aucun préjudice. Moi, je vous passe un papier que toutes les
villes qui sont fusionnées...
C'est ça. Il y a beaucoup d'absurdités là-dedans et
il y a beaucoup d'aberrations, parce qu'on demande aux municipalités de
se fusionner et, après ça, on les pénalise, dans le
contexte. Tous les citoyens de la ville de Jonquière qui demeurent dans
le secteur rural n'ont jamais été éligibles au programme
AIDA pour l'eau. Pourquoi? Parce que c'est à la ville. Mais ces
gens-là, ils demeurent en campagne. Moi, j'ai toujours dit: Chez nous,
on a trois sortes de personnes, parce qu'il y a même des gens qui vivent
en villégiature: on a les gens qui vivent en ville, il y a les gens qui
sont des cultivateurs et on a des gens qui vivent ailleurs. On a trois sortes
de personnes chez nous. Mais il ne faut pas pénaliser et se servir d'une
situation de fait pour pénaliser les gens en place. C'est ce qu'on a
fait avec cette réforme-là et c'est ça que j'ai
déploré fortement. (15 h 30)
Vous savez, c'est intéressant d'ouvrir un débat sur une
question comme ça, mais, pour ce faire, il faut la vider. Si le
gouvernement du Québec avait dit: Oui, c'est vrai, on va
transférer, on va répondre aux voeux des municipali- tés
et, en même temps, on va vous donner des sources de taxation autonomes,
les municipalités auraient applaudi et j'aurais été de
ceux-là. J'aurais été parmi ces gens-là. J'aurais
applaudi le ministre pour son ouverture d'esprit et surtout cette nouvelle
responsabilité qu'il va donner. Parce qu'une responsabilité, ce
n'est pas juste faire, c'est d'être capable de le faire. Ça, le
gouvernement, de la manière qu'il l'a fait, il a décidé
que, lui, il transférait ses problèmes aux municipalités
et qu'il gardait les solutions dans sa poche. En le faisant de cette
façon-là, il va amener les municipalités à des
pèlerinages continuels à Québec. D'après moi, on
est revenu à 20 ans avant, pas à l'heure de 1992, 20 ans avant.
Ça fait qu'on n'est pas dans le futur, nous autres, on est dans le
passé. Ça, je déplore ça. Je déplore
ça et je prends à témoin que le ministre un jour s'en
mordra les doigts. Il ne dira pas: C'est la meilleure oeuvre que j'aurai
faite.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Ce n'est pas la meilleure oeuvre qu'il aura faite,
mais ce n'est pas fui qui aura à réparer les pots cassés,
ce sera nous, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je vais revenir là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): est-ce qu'il y a des
intervenants de ce côté-ci? pas d'intervenants de ce
côté-ci. alors, m. le député d'arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, Mme la Présidente, j'aimerais intervenir
aussi, en remarques préliminaires qu'on appelle ça, sur le projet
de loi 57, qui va remettre aux municipalités l'entretien du
réseau routier.
J'écoutais, ce matin, avec toute l'attention, le ministre qui
disait que les municipalités maintenant sont contentes, que l'UMRCQ est
satisfaite, qu'il n'y a plus de... ni plus ni moins que tout va bien comme dans
le meilleur des mondes. Sur l'heure du midi, j'ai fait parvenir de mon bureau
de comté les résolutions que les municipalités m'ont fait
parvenir ce printemps, au mois de juin. J'en ai plusieurs. Il y a deux MRC qui
font partie du comté d'Arthabaska. C'est le comté d'Arthabaska
qui est à l'intérieur de deux MRC. J'ai reçu un paquet de
résolutions qui... Même avec les correctifs que le ministre a
apportés dernièrement en donnant 500 $ de plus, environ, en
moyenne, du kilomètre, ça ne règle en rien, ça ne
corrige en rien l'inquiétude et
l'opposition des municipalités.
Mon collègue de Jonquière l'a dit tout à l'heure,
les municipalités, l'Union des municipalités, dont j'ai en face
de moi, ici, un communiqué qu'ils ont fait parvenir... Ça ne veut
pas dire qu'ils ont laissé tomber les bras et qu'ils appuient le
ministre dans toutes ses affaires. Aïe! Un instant! Le ministre fait
signe, là. On interprète bien les papiers, les documents comme on
veut bien les interpréter. Ici, elle dit, entre autres, au niveau de la
responsabilité et de l'entretien des ponts - on ne fait pas la
même lecture du communiqué de l'UMRCQ - que, même si elle
considère qu'elle a fait des gains appréciables, 22 900 000 $,
soit plus de 50 % de sa demande, elle insiste pour que l'entretien des ponts et
les coûts afférents demeurent sous la responsabilité du
ministère des Transports. Bon. Ça ne veut pas dire qu'ils sont
d'accord avec votre réforme. Vous autres, vous dites que, dans les
coûts afférents, tout ce qui est de la surveillance des ponts et
les services professionnels, pour trois ans, ça va encore s'appliquer.
On va en avoir pour trois ans. Mais, au bout de trois ans, il va arriver quoi?
Il va arriver quoi au bout de trois ans? Au niveau des coûts
énormes de l'entretien de ces ponts, bien qu'est-ce qui va arriver
encore une fois? On ne le sait pas.
Je vais continuer parce qu'on dit bien ici - je le répète,
c'est le communiqué de l'UMRCQ: «Bien que le gouvernement nous
promette une assistance technique et financière - c'est ce dont je viens
de parler - pour l'entretien de quelque 4000 ponts dont nous aurions
dorénavant la responsabilité, il nous semble que les
municipalités en ont déjà plein les bras - c'est pour
ça un peu, là, qu'elles laissent tomber les bras, parce qu'elles
sont surchargées - avec les 33 000 km de route qui leur sont
transférés. C'est pourquoi l'UMRCQ demande au gouvernement de
suspendre sa décision tant que le comité de suivi, dont nous
avons suggéré la mise sur pied, n'aura pas étudié
à fond cette question», explique le président, M. Roger
Nicolet.
Dans le projet de loi, ce n'est pas ça qu'on lit, là. Si
on continue dans le même communiqué, on dit - c'est le litige sur
l'indexation des subventions: «L'UMRCQ estime à 4325 $ par
kilomètre les coûts minimaux d'entretien des routes, ce qui ne
comprend pas la réfection. Le gouvernement, dans son projet initial,
proposait 3300 $ et, finalement, il a coupé la poire en deux en
octroyant 3800 $. Dans le contexte budgétaire actuel, l'UMRCQ
reconnaît l'effort du gouvernement. Toutefois, nous considérons
qu'il est irréaliste de ne pas prévoir d'indexation. Nous avons
d'ailleurs fait, en ce sens, une proposition des plus raisonnables à
l'effet d'accorder annuellement à chaque municipalité une
indexation au programme d'aide à la prise en charge calculée
selon le moindre des deux montants suivants: 3 % de la compensation de
l'année précédente ou le pourcentage représen- tant
l'indice des prix à la consommation», indique M. Roger
Nicolet.
Donc, je ne fais pas la même lecture que le ministre de la
position de l'UMRCQ. Ils ne se tapent pas dans les mains, puis ils ne
félicitent pas le ministre pour sa réforme. Mais ils comprennent
bien qu'avec l'expérience qu'ils ont eue à travailler avec ce
gouvernement, quand bien même ils répéteraient l'aventure
de faire monter ici, je ne sais pas, moi, 700, 800, 1000 maires ou les 1600
maires des municipalités du Québec, comme ça s'est fait
l'an passé... Ça ne s'était jamais vu, que les maires
viennent manifester ici, devant l'Assemblée nationale, contre les
politiques du gouvernement. Ah! C'était la réforme Ryan.
Comment?
M. Middlemiss: Pas contre les routes. M. Baril: Contre la
réforme Ryan.
M. Middlemiss: À ce moment-là, on était
encore en train de développer l'entente qu'on a. Et, en passant, le
réseau, il n'a pas d'indexation.
M. Baril: Je ne voudrais pas que ce soit calculé sur mon
droit de parole, Mme la Présidente. Je veux bien être bon gars,
là...
M. Middlemiss: Non, d'accord. Je veux juste vous dire... Au lieu
d'indexer, c'est qu'on garde la même base de... Disons que c'est 1992.
Donc, si on veut indexer, on va être obligé, les 0,14 $, de les
baser sur l'évaluation... la richesse foncière. On va garder
ça à 1992. Donc, le fait qu'on ne l'augmente pas, on n'indexe
pas. Donc, c'est bien moins compliqué que, à chaque année,
commencer à calculer l'augmentation de l'évaluation et d'indexer
ensuite les sommes.
M. Baril: De toute façon, si c'était moins
compliqué...
M. Middlemiss: Oui, c'est...
M. Baril: Si j'interprète...
M. Middlemiss: ...pour ça qu'on a pris ça.
M. Baril: Si je lis la position de l'UMRCQ...
M. Middlemiss: Oui.
M. Baril: ...le ministre n'a pas dû les convaincre,
puisque, avec les demandes qu'ils font ici, là... Ça doit
être plus avantageux, cette méthode de calcul que le
ministère fait, que c'est avantageux pour les municipalités. De
toute façon, je le répète, les municipalités,
depuis trois, quatre, cinq ans, depuis que le gouvernement est au pouvoir,
elles en ont plein les bras et elles s'aperçoivent que, même si
elles montent ici, à Québec, manifester, ça ne donne rien
parce
que le gouvernement ne les écoute pas. Donc, c'est un peu pour
cette raison.
Si je reviens au niveau de mon comté, j'avais écrit, en
date du 25 juin 1992, le lendemain de la fête nationale des
Québécois - comme vous pouvez voir, le député
d'Arthabas-ka, il est toujours présent partout - le lendemain de la
fête nationale, j'étais à mon bureau et j'écrivais
au ministre pour lui faire parvenir les résolutions des
municipalités du comté d'Ar-thabaska ainsi que celles des
municipalités régionales de comté d'Arthabaska et de
L'Érable. Et, dans ces résolutions-là, on peut voir que
tout se rapporte... Ici, j'ai la paroisse de Plessisville. Deux
résolutions de la paroisse de Plessisville: une du 1er juin puis l'autre
du 19 mai. Il y en a une autre, ici, de la municipalité de
Sainte-Victoire-d'Arthabaska, qui, eux autres... Tous ces gens-là sont
contre la classification des routes. C'est suite à une rencontre qu'ils
avaient eue avec le chef de district du ministre qui leur disait, par un savant
calcul: Ça, c'est une route classée A, B, C ou 1, 2, 3, etc. (15
h 40)
Je ne lirai pas, Mme la Présidente, tous les considérants
que les municipalités ont écrits. Mais ce qui est remarquable,
à la municipalité de Sainte-Victoire, en prenant connaissance de
leur résolution, c'est qu'ils contestent la classification de toutes les
routes qui sont sur leur territoire. Ils n'ont pas la même vision, ils ne
regardent pas dans la même lunette que les fonctionnaires du
ministère des Transports ont fait pour évaluer, d'abord,
l'état des routes pour savoir dans quelle catégorie ils allaient
les classifier. Donc, il y a deux pages de considérants avec,
évidemment, la dénomination d'une route à
l'intérieur de chaque considérant.
Une voix: Deux pages et demie.
M. Baril: Deux pages et demie, voyez-vous. C'est quelque chose.
Ici, il y a la municipalité de Saint-Valère. Et ici, la
municipalité de Saint-Valère, j'en ai parié, hier soir, en
Chambre, au salon bleu - on spécifie au salon bleu parce que, s'il y a
quelqu'un qui lit les débats puis qui ne sait pas où c'est, il va
croire que je me parle tout seul, dans ma chambre, mais c'est au salon bleu -
la municipalité de Saint-Valère, dans le comté
d'Arthabaska, est une des plus affectées par cette réforme. Et,
quand on arrivera, article par article, je vais sans doute poser des questions
au ministre, à savoir comment il va faire pour solutionner ce
problème. Parce qu'on sait que, avec cette réforme, le
ministère remet aux municipalités l'entretien des routes qui
étaient sous la responsabilité du ministère des
Transports. La municipalité de Saint-Valère, c'est une des
municipalités qui a le plus grand réseau routier du comté
d'Arthabaska, aux environs de 60 mi de route - en kilomètres, je ne sais
pas comment ça fait - environ 60 mi aux... Com- ment?
Une voix: 96.
M. Baril: 96 km. Bon. Sur 96 km, il y en a la moitié qui a
toujours été sous l'entretien de la municipalité, parce
qu'à l'époque, dans les années soixante-dix, le maire de
la place était le cantonnier, en même temps - aujourd'hui, on
appelle ça des chefs d'équipe, mais, dans ce temps-là, on
appelait ça des cantonniers - et il était le maire de la
paroisse. Et une de ses façons à lui pour se faire élire,
c'est qu'il disait au gens: On n'a pas besoin de remettre nos routes au
ministère. Moi, je suis cantonnier puis je fais entretenir ça
pareil. J'use de mon pouvoir, comprenez-vous, de cantonnier et de maire et je
fais entretenir les routes pareil, même si ce n'est pas sous notre
charge. Ça fait que... Ah! c'était un bien bon maire, vous savez.
C'est avec ça que tu fais du progrès en démon, hein? Quand
est arrivé le temps où le ministère des Transports a dit:
Non, c'est fini, on va commencer par entretenir nos routes avant d'entretenir
celles des voisins, qui sont les municipalités, bien, là, il a
dit: On ne paye plus. Ça fart que, là, la municipalité de
Saint-Valère paye chèrement ce manque de prévoyance de la
part de l'ancien maire, mais ils sont obligés de vivre avec. Maintenant,
comment, dans le futur, le ministère va pouvoir calculer? Est-ce que ces
routes-là vont être incluses dans le calcul du 3800 $ du
kilomètre que le ministère va leur fournir, va leur rembourser?
Ça, ça reste à savoir.
Aussi, au niveau des... Ce n'est pas dans le comté d'Arthabaska,
mais on regarde... Je prenais connaissance des documents qu'on nous
fournissait, et on dit que toutes les routes publiques seront remises aux
municipalités, celles qui étaient sous l'entretien des
ministères. Mais aussi, puisque je vais, à l'occasion, à
la pêche - il faut bien se divertir - aux Escoumins, il y a toute la
route forestière. Qui va entretenir ça, là, hein?
Actuellement, c'est la ZEC Nordique qui paye pour ça. Là, est-ce
que ce sera la municipalité qui paiera pour? La municipalité
va-t-elle... Pourquoi ce serait la ZEC?
M. Middlemiss: Bien, si c'est la ZEC aujourd'hui, ça va
être la ZEC après. Ce n'est pas une route qu'on prend.
M. Baril: Oui, mais c'est une route publique. En tout cas. De
toute façon, c'est une route publique.
M. Middlemiss: Mais ce n'est pas une route municipale.
M. Baril: Pourquoi la municipalité ne paierait-elle pas
pour l'entretien puis que le ministère ne l'indemniserait pas, hein?
M. Middlemiss: Parce qu'elle ne le paie pas dans le moment. Elle
ne le paiera pas plus après, parce que c'est une route
forestière.
M. Baril: Un instant, là, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Middlemiss: Bien oui, mais, je veux lui faire
économiser un peu de salive, Mme la Présidente.
M. Baril: Je veux bien... Non, non. Prenez des notes et utilisez
du papier. Vous me répondrez après. Si on regarde ça d'une
façon pour établir une équité à la grandeur
du Québec, ia municipalité devrait prendre la charge de cette
route-là et le ministère, l'indemniser. Parce que moi, comme bien
d'autres, là, ceux qui ont des chalets, on paye des taxes à la
municipalité, puis quels services la municipalité rend-elle? On
paye des taxes à la commission scolaire, puis c'est quoi, les services
que la commission scolaire rend? Donc, M. le ministre, la municipalité
devrait être responsable de l'entretien de cette route-là et le
ministère devrait l'indemniser, parce que c'est la collectivité
qui utilise cette route-là.
Moi, je paie une partie de bien des services que les grandes villes se
donnent, puis je n'y vais à peu près jamais. Je ne m'obstine pas
pour ça. Avec les taxes, les impôts, on paie pour ça. Donc,
si on regarde ça dans une entraide collective, le gouvernement est
justement là pour donner une force au niveau des contribuables, pour
être capables de se donner des services au niveau de l'ensemble du
Québec.
Avec une réforme semblable, quand on parle du
développement régional, je pense que le gouvernement a un bien
meilleur discours qu'il ne peut avoir dans les gestes concrets. Les petites
municipalités, malgré le 3000 $, 3800 $ du kilomètre,
là, comment vont-elles pouvoir arriver à subvenir à
corriger des routes, à améliorer les routes, à les
entretenir, quand, dans des endroits, juste pour l'entretien d'hiver, ça
coûte au-delà de 2000 $?
Chez nous, là, dans les Appalaches, les municipalités
paient 2200 $, 2300 $, ça va jusqu'à 2350 $ du kilomètre
juste pour l'entretien des chemins d'hiver, à cause des côtes,
là, dans les Appalaches, tout ça. Donc, il va leur rester
à peu près 1000 $, eux autres, juste pour l'entretien des chemins
l'été. Et, si on regarde juste l'épandage du calcium
l'été ou l'abat-poussière - il faut dire
l'abat-poussière, parce que ce n'est pas nécessairement tout le
temps du calcium - juste pour l'abat-poussière, il va rester quoi pour
passer la niveleuse une fois de temps en temps puis envoyer un camion de
grenottes pour essayer de boucher les plus gros trous ou baisser les ponceaux
qui lèvent par la gelée ou les cailloux? Parce que tu te
promènes encore dans les rangs et ce n'est pas rare que tu vas voir des
cailloux sortir, et je vais dire plus que ça. Dans certains rangs, en
1992... Je vais aller dans le 8 de Saint-Valère, et, quand la niveleuse
part, tu sors encore des bouts de bois qu'ils avaient mis quand ils ont fait le
chemin dans les savanes. Ça, c'est en 1992, ça, vous savez.
Ça fait que ça, on est rendu loin. Ça fait que c'est
ça, l'état des routes, l'état du réseau routier que
le gouvernement remet aux municipalités actuellement. Ce n'est pas
facile.
Donc, comment est-ce qu'elles vont faire? Où vont-elles prendre
l'argent, les municipalités, pour venir à bout de donner un
réseau routier convenable - je dis convenable - aux résidents?
Surtout avec - je vais dire, malheureusement -la désertion des
campagnes, actuellement, ou la situation difficile que l'agriculture vit, tout
à l'heure, tu vas être, malheureusement, juste 2, 3, 4, dans un
rang de 10, 15 km de long, pour payer, pour être capables d'entretenir
ça. Mais la municipalité, elle, il va falloir qu'elle les
entretienne pareil. Quand bien même il n'y en aurait seulement qu'un
à l'autre bout du rang, il faut que la personne, elle, vive, et la
municipalité, elle, est obligée de rendre ces
services-là.
Donc, toutes ces questions-là, Mme la Présidente, c'est
ça qui inquiète les municipalités. C'est pour cette raison
qu'elles s'opposent au mode de calcul que le ministère fait
actuellement, tant au niveau de la classification des chemins que des sommes
d'argent qu'il va accorder aux municipalités pour compenser au retrait
de son ministère. Elles jugent, elles calculent et elles l'ont
démontré à plusieurs reprises que ces sommes d'argent sont
complètement insuffisantes pour les besoins réels qu'elles
ont.
Donc, j'étais à la municipalité de
Saint-Valère. Si je continue, il y a d'autres résolutions qui
s'opposent à la réforme, ou qui demandent au ministre d'accorder
une vraie compensation, une pleine compensation selon les coûts
réels et en révisant tous les calculs sur le classement des
routes. Ici, il y a la paroisse de Saint-Rosaire, qui demande exactement la
même chose que les autres que nous avons eues: «Considérant
que le septième rang entre la route de la Coupe et la route 162 est
habité; considérant que M. Tremblay - ça, c'est le chef de
district - accepte de transférer ce rang dans le classement de route
locale 2, il est proposé par le conseiller René Fournier,
appuyé par le conseiller Maurice Blais, et résolu unanimement que
l'évaluation du réseau routier soit acceptée, mais en
modifiant, sur le rapport d'évaluation du réseau routier local,
niveaux 1 et 2, et que la classification soit acceptée, tel qu'entendu
avec M. Tremblay.»
Bon. Sur certains, ils sont d'accord, mais, sur d'autres, ils ne sont
pas d'accord, parce qu'ils demandent des modifications. Ici, vous avez la
paroisse de Chesterville. Elle, c'est au
niveau des ponts qu'elle est inquiète. Elle refuse que les ponts
reviennent sous sa responsabilité. Toujours la paroisse de Chesterville,
ici, on parle que c'est le chemin Craig Sud qui relie deux centres de
réseaux de moins de 5000 habitants, soit Chesterville et Tingwick. Et,
pour ces motifs, il est proposé par un tel, secondé par un tel,
et résolu unanimement que demande soit faite au ministère des
Transports de modifier la classification du réseau routier afin
d'inclure le chemin Craig Sud dans le réseau collecteur. (15 h 50)
Ici, vous avez la municipalité de Chester-Est, qui, elle, parle
aussi de la responsabilité au niveau des ponts et au niveau aussi de la
classification des routes. Ici, vous avez la municipalité de
Saint-Christophe-d'Arthabaska, qui, elle, en a long à dire, elle aussi,
parce qu'elle a une page et demie. Au lieu d'être des
considérants, elle, c'est des attendus, mais les demandes sont au
même effet, à l'effet qu'ils considèrent que le montant
d'argent alloué n'est pas assez élevé, qu'ils contestent
la classification des routes et qu'ils ne veulent pas avoir non plus
l'entretien des ponts, parce qu'ils disent que, ces oeuvres, c'est trop
dispendieux pour que la municipalité soit capable de les prendre
à sa charge. ici, vous avez la paroisse de Saint-Norbert-d'Arthabaska,
qui dit, elle aussi, que le rang Lainesse de la municipalité, elle
voudrait le voir classer route d'ordre no 1. Ici, j'ai une résolution de
la MRC de L'Érable, Plessisvilie, qui fait une demande au ministre pour
revoir la classification des routes, voir à ce que le montant offert
pour l'indemnité octroyée soit majoré au coût
réel évalué par l'Union des municipalités
régionales de comté. Ici, il y en a une autre, la paroisse de
Princeville, qui - c'est la même chose - a écrit une longue lettre
au ministre des Affaires municipales: transfert de l'entretien de chemins
municipaux. Ça se rapporte toujours au même but et même
objectif. Ici, vous avez une autre résolution de la municipalité
de Chester-Est.
Donc, vous pouvez voir, M. le ministre, que les municipalités,
quand même, ne sautent pas en l'air, ne sautent pas de joie au niveau de
votre réforme et que, même si vous avez ajouté ou
donné un bonbon de 500 $ de plus du kilomètre, ça ne les
satisfait pas, puisque ça ne répond pas au coût réel
d'entretien de ces routes. Mon collègue de Jonquière en a
parlé tout à l'heure. Quand le ministre lit juste un paragraphe
de la commission qui avait été présidée par le chef
du Parti québécois actuel, M. Parizeau, le ministre devrait
être, je vais dire...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Le ministre devrait être, je vais dire, correct -
je sais que le mot n'est peut-être pas correct, mais je ne veux pas en
dire d'autre - le ministre devrait être correct en disant de quelle
façon aussi les municipalités, dans l'ensemble, suite à
cette consultation-là, étaient prêtes, oui, à
entretenir le réseau, mais à condition que le gouvernement
libère des champs de taxation pour qu'elles puissent les occuper, pour
ne pas que ce soit toujours les contribuables qui soient obligés de
payer en double. Et c'est ça qui est le vice de cette
réforme.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Je reviendrai plus tard, Mme la Présidente. Je
vais en garder pour un autre.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. Baril:
Merci.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on passe à l'article 1? On ne
passe pas à l'article 1?
La Présidente (Mme Bélanger): Monsieur...
M. Middlemiss: Vous aviez hâte de passer à l'article
1. il me semble qu'on devrait passer à l'article 1.
M. Baril: On a encore bien des remarques à faire avant
l'article 1.
M. Morin: est-ce qu'il reste des minutes à m. le ministre?
non, il ne lui reste plus de minutes, hein? il n'a même pas le droit de
poser de questions.
M. Middlemiss: Vous non plus. Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président... Mme la
Présidente, excusez-moi, excusez-moi, j'étais distrait, je
regardais M. le ministre. C'est évident que je vais prendre quelques
minutes pour des commentaires préliminaires, effectivement, sur un
projet de loi semblable, parce qu'on en a beaucoup trop parlé et
beaucoup trop entendu parler dans nos milieux pour laisser passer ça
sans amener les commentaires de ceux pour qui on travaille, finalement, parce
que les députés sont au service de leur population. Donc,
ça comprend toutes les citoyennes et tous les citoyens de nos
comtés, mais, effectivement, aussi, d'une façon
particulière les élus municipaux avec qui on est continuellement
en relation, avec qui on travaille et qu'on essaie de repré-
senter le mieux possible.
Je dois vous dire ça, Mme la Présidente, je comprends
très bien M. le ministre, qu'il ait hâte qu'on passe à
l'article 1 et qu'on aille rapidement et si possible qu'on se
débarrasse, d'une certaine façon, du projet de loi 57. Le projet
de loi 57 comme tel, on ne peut pas dire que c'est un projet de
développement. On ne peut pas dire que c'est un projet de
développement ou de stimulation au développement. C'est juste,
finalement - et je vous comprends très bien -une commande.
Malheureusement, et je le dis, vous êtes seulement en train
d'exécuter un mandat du gouvernement. On peut dire que c'est un mandat
du ministre des Finances, comme on peut dire que c'est un mandat du ministre
des Affaires municipales.
Vous avez dit vous-même, en commençant votre intervention
tantôt, et de toute façon c'est clair et net dans la loi... Ce que
dit la loi, quand on regarde les notes explicatives, effectivement, tout ce que
ça dit, c'est que ça met en place^ la réforme Ryan. C'est
aussi simple que ça. C'est la mise en place de la réforme Ryan.
Donc, si c'est la mise en place de cette réforme, bien c'est une mesure
d'économie pour le gouvernement et de charge supplémentaire pour
les municipalités. On peut utiliser des beaux termes, on peut prendre
des mots qui font plaisir pour dire quelque chose qui déplaît, par
exemple, mais c'est ça qui est la réalité. Oui,
effectivement, on va responsabiliser davantage le milieu. On va permettre aux
municipalités, qui sont, finalement, le gouvernement le plus près
des citoyens, d'être responsables de l'entretien des routes.
Eh bien, oui, le principe est beau. Il est même très beau.
Ces gens-là sont près de leurs citoyens, facilement accessibles.
Les citoyens n'ont pas de difficultés à les rejoindre au
téléphone ou en personne pour leur dire que, finalement, cette
route-là n'est pas praticable et qu'il faudrait qu'il y ait un entretien
qui soit fait. Ça, tout le monde en convient. Le problème dans la
réforme Ryan, parce qu'il faut bien l'appeler par son nom, qui a
été imposée aux municipalités, c'est que c'est dans
un esprit différent. C'est de transférer la charge, donc et la
responsabilité de l'entretien et la responsabilité ou l'odieux du
financement. C'est ça, la réalité. C'est pour ça
qu'il faut en parier. Ça a fait jaser beaucoup. Ça va faire
encore jaser, peut-être pas les mêmes personnes. C'est sûr
qu'une loi ça n'affecte pas les individus dans une société
en même temps et de la même façon. Ça a
affecté d'abord les élus municipaux, parce qu'ils ont
été informés et parce que tout de suite ils ont vu ce que
ça signifiait pour les mois et les années à venir. Pour
eux autres, ce sont des augmentations les unes après les autres.
L'odieux d'augmenter. Parce que ça veut dire 0,14 $ du 100 $
d'évaluation avant que le gouvernement vienne les aider. Donc, c'est une
augmentation directement imposée aux citoyens qui vont payer, mais
imposée par les élus municipaux.
Comme disait mon collègue de Chicoutimi tantôt, si on
était arrivé en disant: On vous transfère ça, mais
en même temps des points d'impôt et des façons de prendre
l'argent là où le gouvernement le prend déjà, mais
qu'on avait transféré ce champ de taxation, c'aurait
été une chose. Ça veut dire que, pour le citoyen,
ça n'augmente pas. Ce n'est pas ça, la réalité.
Elle est bien différente. C'est que Québec continue à
aller chercher le même montant, il transfère la
responsabilité aux municipalités, mais il ne transfère pas
les fonds. Donc, pour le citoyen qui continue de payer le même niveau
d'impôt et de taxes au niveau québécois, il va payer plus
de taxes foncières pour les mêmes services, sans augmentation, et
peut-être même, dans certains cas, avec une diminution. C'est ce
qu'on va voir au cours des prochaines années.
Donc, les premiers à réagir, effectivement, ça a
été les municipalités, parce qu'elles ont dû,
dès l'an passé, dans la réforme Ryan, commencer des
augmentations parce qu'elles devenaient responsables de la police. En 1993,
elles ont commencé à le calculer. Là, elles vont commencer
maintenant, la même chose, des augmentations parce qu'elles deviennent
responsables de l'entretien des routes, qui, jusqu'à maintenant, il faut
le rappeler, étaient sous la responsabilité du gouvernement du
Québec. Donc, on a transféré la responsabilité. On
a transféré les charges en même temps. Donc, pour les
citoyens, ils vont devoir payer plus pour la même chose. C'est important
qu'on en parle. Et c'est ça, la réforme Ryan.
C'était drôle, parce que, pendant que mes collègues
pariaient, j'étais en train de passer à travers le courrier qui
est entré ce matin. Vous dites toujours: C'est l'Opposition qui critique
et c'est son rôle. Effectivement, c'est ça qui est beau dans notre
système, la démocratie, c'est qu'on dit ce qu'on pense pour
essayer d'améliorer les choses et, en même temps, on
représente les gens de l'extérieur qui ne sont pas contents et
qui veulent avoir une voix ici aux discussions. Donc, on est les porte-parole.
(16 heures)
Mais j'étais en train de lire ce qui est sorti aujourd'hui.
Ça s'appelle Mandat. Vous l'avez tous à vos bureaux. Tous
les députés reçoivent ça, de toute façon, et
les gens d'affaires. C'est le dépliant qui est envoyé de
façon régulière, mensuelle par la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Donc, ce n'est pas
l'Opposition. C'est des gens du milieu des affaires et qui représentent
des milliers et des milliers de gens d'affaires, des entreprises. Donc, le
journal s'appelle Mandat, et c'est la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Ce n'est pas la
fédération québécoise. C'est la
Fédération canadienne. Et qu'est-ce qu'elle dit? Je vais vous en
lire un bon bout, du premier
article, parce que c'est tellement d'appoint et ça vient
tellement dire ce que les gens qui ne sont pas ici en train de discuter pensent
de ce que, nous, on est en train de discuter.
Ça dit, et je lis, Mme la Présidente, textuellement:
«PME montréalaises durement frappées. Les PME
québécoises sont saignées à blanc. Au cours des
quelques dernières années, l'économie plutôt
léthargique du Québec a conduit de nombreuses petites entreprises
au bord de la faillite. Assommées par la récession, les
entreprises se trouvent dans une situation financière extrêmement
difficile et luttent pour survivre. La dernière chose dont elles ont
besoin, c'est de la hausse des coûts d'exploitation, mais c'est
précisément ce qui leur arrive sous forme d'une augmentation du
fardeau fiscal.» Ce que je vous disais tantôt, le fardeau fiscal a
augmenté au niveau des municipalités à cause de la loi
qu'on est en train de voter. «En 1991, les petites entreprises ont subi
plusieurs augmentations d'impôts et de taxes et, dernièrement, la
réforme Ryan en a provoqué d'autres.» Je ne fais que lire,
Mme la Présidente, ce que dit le représentant des entreprises et
il parle expressément du projet de loi qu'on est en train de discuter,
la réforme Ryan. Sauf que c'est fait... C'est fait par les autres
ministres, et c'est souvent ça qui arrive. Un ministre décide
quelque chose et les autres ministres doivent exécuter.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, le projet de loi, c'est
la Loi sur la voirie. Ça n'a rien à faire avec la loi... Ce n'est
pas la loi 145.
M. Paré: Je m'excuse, Mme la Présidente. Le
ministre pourra toujours rétorquer tantôt, sauf que c'est clair et
net, il ne faudrait pas non plus essayer... En tout cas, on peut essayer de
leurrer la population, mais on voit clair. Ce que dit le projet de loi 57,
c'est la mise en place de la réforme Ryan. Ce que je suis en train de
lire, c'est les conséquences de la réforme Ryan. Ça
«peut-u» être plus clair? Je continue, ça vaut la
peine. Je ne le citerai pas tout, seulement quelques paragraphes qui sont
tellement, très explicatifs, et ça ne nous oblige même pas,
finalement, à faire d'effort intellectuel pour l'expliquer ici. On n'a
qu'à lire des gens qui y ont réfléchi et qui vivent les
conséquences de cette loi. «...et instauré de nouveaux
permis, tels que le permis agricole de 215 $ que doit se procurer chaque
entreprise qui vend des mets préparés.» Imaginez-vous!
Hein! On y va de toute façon. Et je continue un peu plus loin: «En
bref, les permis et licences sont devenus une nouvelle forme de taxation
quasiment invisible [...] nuisent aux finances des petites entreprises du
Québec, les affligeant de tâches administratives
inutiles.»
Et je continue un dernier paragraphe: «Le 1er janvier 1992, le
gouvernement du Québec a procédé à la
réforme des taxes municipales. Baptisée réforme Ryan, elle
transfère plus de responsabilités financières aux
municipalités et accroît de 400 000 000 $ le fardeau fiscal des
entreprises.» Et un dernier petit point que je veux souligner dans le
texte que je lisais très attentivement tantôt: «Les
impôts ont également eu une incidence négative sur
l'investissement et la création d'emplois.»
Il va falloir, à un moment donné, qu'on se rende compte
que ce que dit tout le monde, ce que disait le Conseil du patronat qu'on a
rencontré ce midi, sur l'heure du dîner, c'est que c'est rendu que
les décisions gouvernementales des différents ministères,
c'est ces décisions-là qui non seulement ont amené la
crise, mais la font perdurer.
Là, c'est les entreprises qui nous le disent. Elles sont
saignées à blanc. Elles ne peuvent plus parler de
développement. Elles ont de la misère à faire de
l'investissement. Elles ont de la misère même à maintenir
les emplois. Elles sont saignées à blanc. Elles ont toutes les
misères du monde à être capables d'arriver. Et, parmi les
coûts les plus énormes que les entreprises ont eu à subir
au cours des dernières années, c'est toutes des prestations
gouvernementales. Je ne les ai pas ici, mais vous allez vous en rappeler de
mémoire, je suis sûr, parce qu'on lit les mêmes journaux et
on a les mêmes faits qui nous sont rapportés. Qu'est-ce qui a
fait, à un moment donné, que les entreprises ont eu plus de
misère? C'était un peu l'inflation. Mais, dans les années
1989, 1990, 1991, c'était quoi la cause principale de l'inflation?
C'étaient les augmentations qui étaient amenées et
décrétées par le gouvernement, soit la charge de
l'électricité, soit la TVQ, soit la TPS, toutes sortes
d'augmentations qui viennent grossir les dépenses des entreprises. Des
citoyens aussi, mais des entreprises. Toutes ces augmentations-là
saignent nos entreprises à blanc et les empêchent non seulement de
faire du développement, mais, dans plusieurs cas, parce que vous avez vu
qu'on a des records de faillites... On dit toujours, d'une année
à l'autre: À force d'en avoir, ça va finir par diminuer.
Mais non, malheureusement, ça continue à augmenter. Ce qu'on est
en train de voter ici, la loi 57, c'est encore des charges qu'on va leur
imposer, indirectement. Indirectement, j'en conviens; on va le faire faire par
les municipalités. Mais vous voyez les conséquences des gestes
que vous êtes en train de poser!
On aura beau annoncer 10 000 000 $ pour l'aide à la
rénovation, on aura beau annoncer un autre 20 000 000 $ pour un pont ou
un autre 50 000 000 $ sur deux ans pour l'aide aux PME, quand on va leur en
chercher 400 000 000 $ en des augmentations, bien, je dois vous dire, il y a
quelque chose, à un moment donné, qui va péter, et je ne
le souhaite pas. J'essaie de vous le dire en prévention, parce que
j'aime le Québec et les citoyens du Québec et que j'aimerais
ça qu'on
fasse un peu plus attention. Je comprends qu'on a des problèmes
budgétaires, mais ce n'est pas en les augmentant aux autres niveaux
qu'on va réussir à aider les citoyens et les entreprises à
sortir de la crise et a, finalement, prendre un peu plus confiance, parce qu'il
y a une question de confiance là-dedans aussi, dans la situation qu'on
traverse. Il y a tellement d'inquiétude qui s'installe que la confiance
ne réussit pas à percer, et c'est inquiétant. Il ne
faudrait pas passer d'une crise économique, finalement, à une
dépression économique. Je me demande si ce n'est pas ce qu'on est
en train d'installer, parce qu'on ne réussit pas à donner
confiance, à stimuler, et ce n'est pas des projets de loi comme
ça...
Les municipalités sont des gens importants. Regardez juste ce qui
est dépensé au niveau des municipalités du Québec
dans l'ensemble. C'est par milliards. C'est un secteur incroyablement fort,
puissant et utile, indispensable non seulement pour les services aux citoyens,
mais pour le développement, parce qu'elles investissent, les
municipalités. Bien oui, elle vont investir. Elles vont investir dans
les routes, mais pas avec du nouvel argent que le gouvernement va leur
céder, mais du nouvel argent qu'on va aller chercher dans les poches de
leurs contribuables. Et les entreprises nous disent qu'elles ne sont plus
capables d'en prendre. Elles ne sont plus capables d'en prendre.
Je vais vous dire, je ne les trouve pas drôles, les records que le
Québec est en train de vivre: le record de pauvreté à
Montréal, et le record dans les faillites depuis une couple
d'années, et le chômage, pire qu'en 1929. On ne rit plus,
là. Il y a un état d'urgence, il faut en être conscient,
et, ici, on est en train encore de parler de la réforme Ryan qui a fait
mal et qui va faire encore mal. Là, c'est les PME qui nous le disent
dans leur journal d'aujourd'hui même. Je suis content d'avoir
apporté mon courrier ici et de le lire en écoutant mes
collègues parler. Ça permet d'avoir la vision des gens de
l'extérieur par rapport à ce que, nous, on fait à
l'intérieur.
Alors, je voulais absolument intervenir là-dessus et parler un
peu de la démarche du projet de loi 57. Il faut en parler, parce que
ça semble trop simple. C'est peut-être simple quand on en parle
aujourd'hui, mais il faut regarder la réalité qui est
vécue sur le terrain, parce que je l'ai vécue avec mes maires.
J'ai essayé de suivre tout ce qui s'est passé depuis que c'est
déposé.
Il y a eu la décision ministérielle unilatérale qui
décidait qu'on faisait la réforme Ryan, donc transfert des
services policiers et des services d'entretien des routes aux
municipalités. C'est une décision unilatérale du ministre
des Affaires municipales, au nom du gouvernement. Je disais que je comprenais
le ministre, tantôt, mais c'est tout le gouvernement qui est
plongé dans cette démarche de transfert de la
fiscalité.
Il y a eu l'annonce. Après ça, il y a eu contestation.
Vous vous rappellerez les fédérations de municipalités,
autant l'UMQ que l'UMRCQ. Je dois vous dire, il y a eu des congrès qui
étaient plutôt chauds, où le ministre des Affaires
municipales n'a pas dû trouver le temps très, très facile,
accueilli comme il l'a été et même pas invité. Je
dois dire que c'est une première. Les gens ont contesté comme ils
ont pu.
Ensuite, il y a eu une tournée, non satisfaisante. Je dois vous
dire, moi, j'y ai assisté et, si je ressortais les journaux de la
sous-région de Richelieu-Yamaska suite à la visite qu'il y a eu
d'explication, les manchettes, c'était: On n'en sait pas plus. C'est ce
qu'on disait à ce moment-là, et c'est ça, cette
démarche que je trouve irrespectueuse. C'est déposé sans
discussion et, après, on va donner les grandes lignes et on vous dit: Ne
vous inquiétez pas, vous allez l'apprendre dans une loi et on va aller
vous le dire sur le terrain. Ensuite, il y a la fameuse tournée sur le
terrain où on vous dit: Non, non, ne vous énervez pas; ce n'est
pas encore très, très clair, mais ne vous énervez surtout
pas. Suite à la rencontre de Saint-Hyacinthe: Ne vous énervez
surtout pas, vous pourrez rencontrer vos fonctionnaires en région et eux
autres vont avoir tous les détails. Donc, le temps avance, mais les
informations, ça va moins bien et moins vite. (16 h 10)
Ensuite, il y a eu la rencontre à laquelle j'assistais aussi - je
n'en ai pas manqué une -où on assistait, au niveau de la MRC,
avec les fonctionnaires qui ont fait ce qu'ils ont pu. Je n'ai surtout pas de
critiques à leur faire, parce qu'on a jasé pendant la
réunion et après la réunion et j'ai compris la situation
qu'on leur imposait. Alors, les fonctionnaires n'ont pas pu répondre
encore à toutes les questions. Ce n'était pas clair, mais ce
qu'ils avaient comme mandat, c'était de dire: Bien, ne vous
inquiétez pas, il y a une loi qui s'en vient puis ça va
être très clair.
La loi est déposée, et ce n'est pas encore très
clair, je le disais hier dans mon intervention, puis c'est dedans, des choses
qui ne sont pas claires. Il y a des questions qu'on va se poser encore et,
pourtant, ça doit s'appliquer. Entre autres, on sait qu'il y a bien des
choses qui vont être décidées par décret, hein?
Donc, on va en parler ici, on va avoir la chance, tout au long des jours
à venir... Mais H va y en avoir, des décrets. Et des
décrets, ça, ça veut dire même pas
nécessairement par réglementation puis par prépublication
pour qu'on puisse en discuter. On en décide comme la réforme
Ryan, au Conseil des ministres, puis on décrète, puis ensuite de
ça: Toé, bozo, passe par là! C'est ça, là
où on s'en va.
Donc, on est rendus sur la fin, maintenant, de la démarche, c'est
l'application, à partir du 1er avril 1993, c'est dans quelques semaines.
Et
là, bien, la loi 57 ne vient pas nous confirmer davantage tout ce
qu'on voulait savoir, ne vient pas tout clarifier alors qu'on aurait dû.
Oui, mais on nous disait: Ne vous inquiétez pas, cette
démarche-là est faite en fonction de quelque chose que vous
connaissez bien, l'Opposition, c'est le fameux «Rapport de la Commission
d'étude sur les municipalités», qu'on appelle aussi
communément le rapport Parizeau. Quand on veut traiter d'un document, il
faut traiter de l'ensemble du document, sinon c'est indécent et
irrespectueux, et pas seulement de ceux qui l'ont fait, mais de l'ensemble de
la population.
Oui, là-dedans, il est question de transfert de
responsabilité de l'entretien de la voirie municipale aux
municipalités. Mais il n'est jamais dit là-dedans qu'il faut
taxer davantage des gens surtaxés. Ce n'est pas dit là-dedans. Il
y a des mesures compensatoires et des transferts. Alors, on prend juste ce qui
fait notre affaire, mais on ne prend pas le reste. Et ça, c'est une
belle manie qu'on a prise, de l'autre côté. Je vais donner
l'exemple du ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu qui a pris quelques clauses, quelques chapitres, quelques paragraphes
là-dedans pour s'en prendre à des centaines de milliers de
Québécois qui sont sur l'aide sociale pour les couper, puis en
disant: Ah! ah! la mesure, elle est contenue dans ce document-là.
Premièrement, c'est...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Paré: ...comme si c'était la Bible. Sauf qu'on a
pris juste les mesures, mais pas les mesures compensatoires ou qui auraient pu
avantager, en coupant ce qui était moins bon pour le remplacer par autre
chose. On a pris juste les coupures. Il ne faut pas faire ça, parce que
je trouve que ce n'est pas correct, et c'est pour ça que je tenais
à le dire. Et j'interviendrai un peu plus tard sur des choses plus
précises, article par article, avec le ministre.
M. Middlemiss: mme la présidente, est-ce qu'on passe
à l'article 1, s'il vous plaît? les remarques préliminaires
sont terminées, mme la présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Les remarques
préliminaires sont terminées.
M. Middlemiss: Oui, et je...
M. Garon: La deuxième étape, après
ça.
M. Middlemiss: Non, non. Ensuite, on commence l'étude du
projet de loi.
M. Garon: Non, non. Après les remarques
préliminaires, il y a une autre étape.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce sont les
motions.
M. Garon: Les motions préliminaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous avez
des motions?
M. Garon: J'ai une motion.
M. Middlemiss: Bien oui, mais, moi, je suggère qu'on passe
à l'article 1.
M. Garon: J'ai une motion.
Une voix: Une belle tentative, mon Robert!
Motion proposant d'entendre le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec
M. Garon: Mme la Présidente, j'ai une motion à
présenter, la suivante: «II est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure la commission permanente
de l'aménagement et des équipements tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie
et modifiant diverses dispositions législatives, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le Syndicat des fonctionnaires provinciaux
du Québec.»
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
recevable. Est-ce que vous en voulez une copie?
M. Morin: Faites-en une copie. Tout d'un coup que le
député de Saguenay arriverait.
M. Garon: C'est aussi bien d'avoir une copie pour tout le
monde.
M. Morin: Ah! elles seront faites.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député, vous pouvez commencer. Vous avez 30 minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, vous comprenez, il serait
normal qu'on entende le Syndicat des fonctionnaires puisque le ministre a
annoncé qu'il y aurait 1250 occasionnels qui seraient mis dehors, 500
permanents et, éventuellement, un autre 885 permaments d'ici trois ans.
Même les criminels, les meurtriers ont droit à quelques avantages
avant de connaître la peine capitale. Vous savez - je vois le
député de Nicolet qui me fait signe: une dernière
cigarette - qu'on a le droit de s'exprimer un peu avant de mourir.
Essentiellement, le congédiement de 2625 fonctionnaires, c'est quand
même un gros
morceau. Il me semble qu'on pourrait leur demander leur opinion sur la
réforme, les avantages, le rapport coûts-bénéfices.
Ce serait la moindre des choses.
Je me rappelle à quel point les libéraux nous disaient:
Vous avez coupé les salaires de 20 %. Vous autres, vous ne les couperez
pas de 20 %, vous n'aurez pas la chance, ils ne seront plus là, vous ne
pourrez plus jamais les couper ni les augmenter. Alors, vous les coupez
à 100 % à vie. C'est quelque chose! Après ça, vous
vouliez faire ça sur satellite soviétique. C'est quelque chose!
Louer un satellite soviétique pour annoncer son heure de gloire, dire:
On vous met dehors. Habituellement, les gens font ça gênés
un peu. Vous autres, vous étiez fiers de dire: On vous met dehors.
À la veille des fêtes, je sais à quel point... Les
gens nous rencontrent, on les voit, ils sont inquiets, ils se demandent ce qui
va leur arriver. Ils ont des familles. 2625 fonctionnaires, mettez que la
majorité sont mariés, qu'ils ont un enfant ou deux enfants,
ça leur fait des belles fêtes, hein! C'est pour ça que j'ai
dit au ministre qu'il me faisait penser au boucher de Baldwin. Il y en a des
gens, comprenez-vous, qui font ça, qui sont capables de faire les pires
massacres sans sentir aucune émotion. C'est arrivé dans
l'histoire. On a dit que des gens, à un moment donné, avaient
fait des actes incroyables et qu'ils n'avaient rien ressenti. Il y a des gens,
parfois, qui analysaient les capacités de quelqu'un de diriger ou non.
Je me rappelle des gens qui me disaient, à un moment donné:
Quelqu'un est capable de diriger s'il est capable de mettre du monde dehors
sans rien ressentir. Moi, c'est drôle, je n'ai jamais été
de cette conception-là. J'ai toujours pensé un peu...
Evidemment, je n'ai pas les connaissances bibliques du ministre des
Affaires municipales. Non. Je n'ai jamais été quelqu'un qui a
fait étalage de vertus. Je ne me suis jamais cité en exemple. Je
n'ai jamais prétendu être en contact direct avec le Seigneur. Je
ne me suis jamais senti, non plus, comme Moïse qui descend de la montagne
puis qui garroche ses Tables de la Loi à son peuple. Non. Mais il y a
une parole de l'Évangile, j'ai toujours pensé, moi, à une
parole qui m'a toujours frappé, c'est que, dans l'Évangile...
Moi, je ne suis pas un rongeux de balus-tre, non plus. Mais il y a des beaux
enseignements. Je me rappelle toujours la parole, c'est le pasteur et ses
brebis, qui se sentait responsable de toutes les brebis de son troupeau et qui,
à un moment donné, abandonnait temporairement celles qui
étaient en forme pour aller s'occuper de celles qui étaient
malades, de celles qui étaient plus faibles, de celles qui avaient
besoin davantage de l'aide du pasteur. Je remarque que le ministre, lui, il
dit: Les occasionnels, ceux qui ont le plus d'insécurité, ceux
qui sont les plus âgés, ceux qui auront sans doute le plus de
difficultés à se replacer... Vous savez, on est dans une
période actuellement de crise épouvantable et ceux qui auront
plus de difficultés à se replacer, on «varge»
dessus.
Quand le ministre des Finances demande des coupures, je n'ai jamais vu
un sous-ministre lui recommander de se couper lui-même, je n'ai jamais vu
ça. Quand le sous-ministre demande au sous-ministre adjoint: Qu'est-ce
qu'on va couper?, le sous-ministre adjoint qui dit: Moi, on devrait me couper,
je n'ai jamais vu ça. Je n'ai jamais vu le directeur de service non
plus, le directeur général de direction générale
qui a proposé de se couper, lui. Je n'ai jamais vu, non plus, un
directeur de service qui a proposé de se couper. J'ai toujours
remarqué que, plus les gens sont hauts dans la hiérarchie, mieux
ils frappent ceux qui sont bas. J'ai toujours pensé que ce
n'était pas la meilleure façon de diriger. (16 h 20)
Vous savez, actuellement, je le dis et je le répète, je
l'ai dit aujourd'hui au Conseil du patronat, il y a - les dernières
statistiques -490 000 chômeurs au Québec, il y a 428 000
ménages sur l'aide sociale qui touchent 710 000 personnes. Les deux
ensemble, ça fait 1 200 000 personnes, 1 200 000 personnes, alors qu'il
y a seulement 2 925 000 personnes au Québec qui ont un emploi. 1 200 000
qui n'en ont pas par rapport à 2 925 000 qui en ont. Additionnez
ça, vous allez voir qu'actuellement on est à un taux de
chômage qui est plus un taux d'inactivité de personnes. 1 200 000
par rapport à 2 925 000 qui ont un emploi, vous savez que ça veut
dire à peu près 30 % de chômeurs, 30 % de gens qui ne
travaillent pas.
Évidemment, aujourd'hui, quand on compte les chômeurs, on
ne compte pas les assistés sociaux. Vous savez, quand la crise
économique de 1929 est arrivée, il y avait, au mois de
décembre 1929, alors que le krach de la bourse est arrivé au mois
d'octobre, selon les statistiques du temps qui comptaient les ouvriers
syndiqués, 14,5 % de chômeurs. Dans les statistiques du temps, on
comptait les ouvriers syndiqués. Mais, dans ce temps-là, il n'y
avait pas beaucoup d'aide sociale. L'assurance-chômage, ça
n'existait pas. On comptait les ouvriers syndiqués, parce que, eux
autres, ils étaient plus comptés.
Aujourd'hui, on est dans une période de crise incroyable. Les
économistes vont trouver ça gentil, le cycle de Kondratieff se
réalise. Le cycle de Kondratieff, on disait, il y a des bas, des grandes
crises à tous les 60 ans. Ils avaient raison, encore une fois. La
dernière était au début des années trente; l'autre,
au début des années quatre-vingt-dix. Soixante ans, exactement.
Le cycle de Kondratieff se réalise encore une fois, comme la lune qui
tourne autour du soleil se réalise. On voit ça
régulièrement et ça continue. Aujourd'hui, par exemple,
est-ce que c'est le temps de faire le «jouage» de chaise musicale
à laquelle on joue là? Est-ce que c'est
le meilleur moment de faire le jeu de la chaise musicale quand on dit:
On va fermer un bureau à Sept-îles, on va en ouvrir un autre
à Baie-Comeau; on va fermer des bureaux à Jonquière, on va
en ouvrir d'autres à Roberval; on va fermer des bureaux à
Val-d'Or ou Amos pour en ouvrir d'autres ailleurs? On va s'amuser. On va jouer
à la chaise musicale.
Je regarde aujourd'hui le maire de Charles-bourg, si on le fait venir
avec l'Union des municipalités, je suis persuadé qu'il va dire
qu'il a fait un bon coup en achetant l'hôtel de ville 6 000 000 $. Il a
fait un bon coup. Il a fait un bon coup, pourquoi, essentiellement? C'est parce
qu'il y a à peu près un taux d'inoccupation des bureaux entre 25
% et 30 % à Charlesbourg. Les bâtisses se donnent. J'ai vu
quelqu'un qui me disait: J'ai réussi à avoir une bâtisse
pour le prix du loyer d'une année. Elles se donnent, parce qu'il n'y a
plus d'activité économique. On est dans une dépression
profonde actuellement où les gens, et je le dis comme je le pense, qui
ont la sécurité d'emploi, il me semble, ne pensent pas beaucoup
à ceux qui n'en ont pas. Les gens qui sont certains de manger demain
matin, dans un mois ou dans deux mois n'ont pas beaucoup de compassion pour
ceux qui vivent l'insécurité complète.
Mme la Présidente, mettons-nous dans la position actuellement
qu'on n'a pas de parents qui peuvent nous endosser, ni de frères et
soeurs qui peuvent nous endosser, puis on n'a pas d'argent, puis on n'a pas de
revenus. On paie avec quoi? La banque n'accepte pas de prêter à
des gens qui n'ont pas de revenus. Quand vous n'avez pas d'amis personnels de
votre famille ou d'amis personnels qui ont de l'argent, vous n'avez pas
d'endosseur, vous faites comment pour faire vos paiements quand vous n'avez pas
d'argent? Actuellement, c'est le lot d'un grand nombre de personnes au
Québec.
Aujourd'hui, on dit: On va chambarder le ministère pour passer la
facture aux autres. C'est ça, l'opération, au fond. Je n'ai pas
entendu parler que le ministère ou le gouvernement voulait baisser la
taxe sur l'essence, baisser le prix des permis de conduire, baisser le prix des
immatriculations. Non. Il garde les mêmes revenus, mais passe la job
à l'autre. 33 000 km sur 60 000 km qu'on passe à l'autre, mais on
garde les revenus. Je n'ai pas vu de transfert. Ah! On va donner un petit
montant d'argent temporairement, mais je n'ai pas vu... C'est 33 000 km sur 60
000. Mais je suis certain que tous les sous-ministres ont trouvé leur
job aussi essentielle qu'avant. Je suis persuadé que les deux ministres
ne se sont pas dit: On en a un de trop, on a deux fois moins de routes
qu'avant. Est-ce qu'on a un ministre de trop? Un cabinet de trop? Je n'ai
entendu rien dans ce sens-là. C'est les autres qui sont de trop.
Comme disait Jean-Paul Sartre, «l'enfer, c'est les Autres».
On a l'impression de vivre ça.
Les gens nous disent: L'enfer, c'est les autres. Moi, je crois à
ça quand quelqu'un se coupe lui-même, quand il dit: Là, il
y a trop de dépenses, je vais me couper moi-même. Je ne vois
jamais ça. Deux ministres, deux limousines. Avez-vous remarqué
qu'il n'y a pas... Ni l'un ni l'autre des deux ministres n'a dit: On est de
trop. Il y en a un des deux qui est de trop. Les adjoints parlementaires, en
avez-vous entendu un qui a dit qu'il était de trop? Pas du tout. Eux
autres, c'est correct. Mais le peuple, lui, les employés, eux autres,
ils ont les mêmes besoins. Est-ce qu'on entend quelque chose? Pas un son.
C'est un peu pour ça que j'aimerais à savoir essentiellement une
chose, qu'on les entende, qu'on parle avec eux, comment ils voient la chose.
C'est un peu normal. N'importe quel condamné à mort a droit
à ça, n'importe quelle personne à droit à
ça.
Mme la Présidente, je sais que le ministre aimerait ça que
ça se passe vite. Je suis persuadé que, dans les camps de
concentration, dans le temps de la guerre, quand il y avait des prisonniers qui
étaient condamnés à mourir de faim, le gardien du camp
avait hâte qu'il meure vite. Ça lui évitait de voir la
souffrance trop longtemps. Je vais dire au ministre qu'on va lui faire voir la
souffrance le plus longtemps possible. Je l'avertis de ça, Mme la
Présidente, parce qu'il y a des gens qui vont souffrir terriblement des
mesures aveugles qu'il passe actuellement. Il y a des gens qui vont payer cher
pour ça. Il y a des gens qui vont souffrir. Je le sais, les gens nous
rencontrent, ils nous le disent, ils sont désespérés:
Qu'est-ce qui m'ar-rive? Qu'est-ce que je fais, moi, demain? La
municipalité a peut-être bien ses «chums», elle aussi,
à engager. Après ça, on dit: Oui, mais on va vous donner
une préférence pour vous engager; on va vous donner une
subvention la première année, 50 %, 25 % la deuxième, 25 %
la troisième et, après ça, bien, ils seront
habitués à vous. Mais les municipalités ont
peut-être d'autres visées.
Je remarque, par exemple, que Mme la députée de
Mégantic-Compton disait elle-même que les municipalités
étaient contentes. Pourquoi? Parce que ça leur permettrait
d'utiliser davantage le personnel qu'il y avait déjà. Ça
ne créera pas de jobs, ça. Ça ne créera pas
d'emplois, ça. Et les municipalités, ne nous trompons pas, si
elles engagent un entrepreneur, il va déjà avoir ses
employés. Comment ça va fonctionner? Quels vont être les
effets de «bumpage»? Il ne nous en parle pas, le ministre. Quels
vont être les effets? Il y a une convention collective, là. Quels
vont être les effets par rapport aux employés qui vont être
coupés? Quels vont être les avantages qu'il va y avoir pour la
population? Les coûts de ça? Il y a des coûts à
ça. On a demandé des études d'impact; il n'y en a pas. Si
le ministre en a, depuis le temps, qu'il nous le dise. Quelles sont les
études d'impact? Quels sont les impacts? Il
dit: Ah bien, on ne le sait pas encore. La décision est prise,
mais ils ne savent pas quels sont les impacts encore. Il y a des impacts. Sur
les emplois, il y a des impacts. Sur les employés, il y a des impacts.
Sur les services à la population, il y a des impacts. Sur les
coûts de cancellation des contrats existants, tant des contrats de
bureaux que des contrats d'emplois, il y a des coûts également. Il
y a des bureaux qu'on va fermer; il va falloir payer des indemnités
à ceux-là et en louer d'autres. Il y a des coûts
considérables.
On n'a pas vu, Mme la Présidente, l'ombre d'une ligne sur
l'étude des impacts. Le sous-ministre nous a dit candidement, parce
qu'il voulait nous dire que c'était un projet, que les impacts
n'étaient pas faits, qu'il n'y avait pas encore d'analyse d'impact, que
les analyses d'impact étaient pour plus tard. Il l'a dit quand il a
rencontré l'Opposition officielle. Le sous-ministre, M. Lalande, et M.
Germain Halley nous ont dit qu'il n'y avait pas d'étude d'impact, que ce
serait pour plus tard parce qu'il fallait finaliser certaines choses avant de
commencer les études d'impact.
Le ministre a annoncé en conférence de presse la semaine
dernière...
Une voix: Le lendemain.
M. Garon: ...le lendemain, que la décision était
prise. C'est un drôle de gouvernement, ça. Mme la
Présidente, c'est un drôle de gouvernement qui prend les
décisions et analyse leurs effets après. Normalement, une bonne
planification fait en sorte qu'on analyse les impacts avant et qu'on prend les
décisions après avoir connu les impacts. D'ailleurs, sous
l'ancien gouvernement, il était impossible de passer une loi ou un
règlement sans indiquer quels étaient les impacts sur les
emplois, les impacts financiers et les impacts sur les administrés et
sur les emplois dans les autres services gouvernementaux. Il y avait
différentes analyses d'impact à chaque fois qu'il y avait une
décision de prise pour qu'on ne prenne pas une décision à
l'aveuglette et qu'on connaisse les impacts qu'il y avait. (16 h 30)
Aujourd'hui, il y a quand même... Tu sais, quand on dit, par
rapport à 11 000 fonctionnaires au ministère des Transports,
à peu près 11 000 fonctionnaires, qu'on parle de 2625, ça,
c'est admis - 1250 occasionnels, plus 500 permanents, plus 885 sur trois ans,
1385, ça veut dire, au fond, je dis 2635 - c'est du monde! Si vous
calculez que ces gens-là sont mariés puis ont des enfants,
mettons une famille moyenne, mettez-la à quatre personnes, ça
veut dire qu'il y a 10 000 personnes visées par ça, seulement sur
l'effet des impacts humains. Et le ministre, lui, il ne nous a produit aucun
impact. Il est frette, Mme la Présidente, frette comme le métal
d'une lame de rasoir. Frette, frette, frette! Pas de sentiment! Le coeur ne
réagit pas. C'est quelque chose, Mme la Présidente.
Nous, c'est pour ça qu'on demande de rencontrer le Syndicat des
fonctionnaires, pour qu'on puisse leur demander quels vont être les
impacts de la réforme et quelle serait, selon eux, la meilleure
façon de faire les choses. C'est eux qui représentent les
employés, c'est leur travail. Ce sont les employés qui se sont
donné ce syndicat-là, pour les représenter. D'ailleurs, ce
sera peut-être la dernière fois qu'ils vont les représenter
parce que, après ça, ils ne seront plus dans le syndicat, il n'y
aura plus de job. Je pense que ce serait normal que le Syndicat ait, pour une
dernière fois, la tâche de les représenter devant leur
employeur et devant l'Assemblée nationale.
Je le sais, dans chacune de nos régions - je le sais, moi, je
reçois des téléphones - il y a des gens qui sont
découragés. Puis, là, ils parlent plus parce que le risque
est moins grand, ils vont être mis à la porte. Habituellement, les
fonctionnaires n'appellent pas l'Opposition. Ils n'appellent pas l'Opposition,
mais, là, ils disent: On n'a plus grand-chose à perdre! On n'a
plus grand-chose à perdre! On n'a plus grand-chose à perdre! On
ne sera plus dans la job! On va avoir perdu notre emploi!
Maintenant, les conséquences également. C'est important,
les conséquences. Les ponts puis les routes, on a appris toutes sortes
de choses quand le syndicat des ingénieurs est venu en grève,
parce qu'il a dit toutes sortes de choses, ce qui se passait, et des choses que
le ministère n'aurait pas voulu dire. Mais on sait, par exemple, qu'il y
a un grand nombre de ponts défectueux au Québec. On parle de 800
ponts qui sont dans un état différent de qualité, qui ont
besoin de réparations plus ou moins urgentes. Le ministère le
sait; lui-même, il les fait analyser.
Quand les ponts vont tomber sous la responsabilité des
municipalités, imaginez-vous la municipalité qui a une grosse
rivière puis qui a 300 de population en comptant les femmes et les
enfants; ça coûte cher, une analyse, demander à une firme
d'ingénieurs de venir analyser ça. Qu'est-ce que vous voulez, la
grosseur des rivières ne va pas avec la grosseur des villages. On peut
avoir des petits villages qui ont des grosses rivières; c'est souvent le
cas.
Rappelez-vous la rivière York il y a quelques années,
c'était sous l'autorité du ministère, quelqu'un est
arrivé puis le palier était tombé. Il s'est cogné
sur le palier puis il est parti dans le courant. Le palier était
tombé. Il est arrivé, il n'a pas imaginé ça,
à moins que les lumières... Il n'a pas pu imaginer ça. Il
a dû trouver ça curieux. Il voyait mal, temporairement. Il n'a pas
eu le temps de voir, il était rendu dans l'eau. Il est parti avec le
courant. Il y en a un qui s'est sauvé. Il avait une Volkswagen puis
c'était étan-che, une Volkswagen; il a pu ouvrir les
fenêtres
un peu, puis ramer avec ses mains, puis se ramener un peu au bord, puis
se sauver. Il y en a d'autres qui n'ont pas pu faire ça parce que les
voitures étaient moins étanches. Je m'en rappelle, il y a
plusieurs années. Je me rappelle de ce cas-là. Pourquoi? Quand ce
ne sera pas analysé, les ponts... Vous allez être sur un pont,
comprenez-vous, qui ne sera pas...
La capacité portante des ponts. Je me rappelle, une chance que le
syndicat des ingénieurs nous avait dit, par exemple, que le pont de
Saint-Romuald, sur la rivière Chaudière, était en mauvais
état. Le lendemain, on a vu une pancarte du ministère disant:
Capacité maximum, tant. Le lendemain! S'il n'y avait pas eu de
grève, on ne l'aurait pas su. Le pont serait peut-être bien
tombé. Le syndicat disait, à toutes fins pratiques, qu'il tenait
par la peinture, le pont. D'ailleurs, l'année d'après, on a mis
une couche de peinture et on a attendu deux ans pour le réparer. La
peinture semblait plus importante que le changement des «boites» ou
des «tarauds», des boulons, des écrous. Non, mais c'est
vrai. Rappelez-vous le pont Duplessis qui était tombé.
M. Middlemiss: Le pont de Sainte-Marguerite.
M. Garon: Le pont de Sainte-Marguerite. Les ponts sous
l'administration du ministère, le pont de la rivière Nicolet,
très récemment, des ponts qui sont tombés, sous
l'administration du ministère avec un gros «kit», 11 000
employés. Maintenant, les ponts vont tomber, imaginez-vous, c'est le
reste des municipalités qui ont des ponts... Quand on dit, dans la loi,
que les ponts, à défaut d'entente, c'est les municipalités
qui sont responsables des ponts, à moins qu'on s'entende avec le
ministère, ça fait une moyenne pression, ça, sur la
municipalité pour s'entendre. Qu'est-ce qu'une municipalité est
capable de faire par rapport à des ponts? Je pense au
député d'Arthabaska, il y en a pas mal de ponts dans son
comté. Je me rappelle, quand on était à l'Agriculture, il
était responsable justement de voir les berges, les questions
environnementales concernant les berges. On avait choisi le
député d'Arthabaska parce que c'était un des
députés qui avaient le plus de cours d'eau dans son
comté.
M. Baril: Deux grosses rivières.
M. Garon: Le plus de cours d'eau. Il y avait des impacts. On a
dit: Bon, vous êtes concerné, embarquez donc pour regarder
ça avec les gens de l'environnement et, en même temps, vous
êtes cultivateur, vous savez ce que ça va donner. En même
temps, c'était l'adjoint parlementaire, et il avait regardé
ça. Pourquoi? Parce qu'il y a des impacts considérables; il y a
des grosses rivières dans un comté comme Arthabaska. C'est les
municipalités qui vont arriver avec la respon- sabilité des
rivières... pas des rivières, la responsabilité des
ponts.
L'asphalte, les routes, je comprends qu'il y a des chemins,
comprends-tu, dans lesquels il passe plus de perdrix que d'automobiles.
Ça, je sais ça. Je sais qu'il y a des routes de gravelle qui sont
plus traversées par les lièvres que par les piétons. Je
sais ça aussi. Il y aura moins de dommages dans ces cas-là. Mais
il y a des routes qui sont très passantes. Je pense, par exemple,
à une municipalité dans mon comté. Je vous donne un
exemple bien simple, Pintendre, la route des îles, ils sont très
inquiets, Pourquoi, essentiellement? Parce que, le gouvernement, même
s'il a fait, il y a quelques années, il y a plusieurs années,
l'autoroute de la Beauce, il passe encore deux fois plus de monde à
Pintendre que sur l'autoroute de la Beauce. Il y a un petit deux voies à
Pintendre, mais il passe deux fois plus d'automobiles, plus que deux fois plus
d'automobiles à Pintendre que sur l'autoroute de la Beauce. Même
la politique ne change pas la réalité. Alors, comme il passe
beaucoup d'automobiles, près de 20 000 automobiles sur un petit deux
chemins, une route ordinaire, les gens prennent une autre route, la route des
îles, que le ministre met sous leur responsabilité.
Pourtant, Pintendre, ce n'est pas un village de 300, 400, c'est une
petite ville. Ils sont inquiets. Ils sont inquiets parce qu'ils disent:
Ça n'a pas de bon sens qu'on soit obligés d'entretenir cette
route-là, ce n'est pas une route pour nous autres. Est-ce qu'il y aura
un péage? Ils ont fait l'analyse eux-mêmes; ils se sont rendu
compte que la plupart des gens qui passaient là venaient d'ailleurs,
que, pour éviter Pintendre, ils passaient sur la route des îles.
Est-ce que la municipalité, à ce moment-là, ne sera pas
tentée de dire: Pourquoi je ne mettrais pas un péage sur une
route de même? J'aimerais autant avoir un péage; au fond,
j'entretiens une route pour des gens qui ne sont pas des gens de chez nous; il
y a juste 40 maisons le long de la route et il passe des milliers
d'automobiles. Alors, c'est évident que ce n'est pas une route pour eux
autres. Est-ce qu'ils ne pourraient pas dire: À ce moment-là,
mettons un péage ou mettons une vignette pour les gens de la place?
Parce que, eux autres, ils vont payer leurs taxes, mais les autres ne
payeront pas de taxes et ils vont utiliser la route. La municipalité
n'aura pas la charge, n'aura pas rien de taxe sur l'essence, n'aura pas les
taxes de vente sur les pièces, n'aura pas les taxes de vente sur les
services du garage, n'aura pas les primes des assurés pour piger... Elle
ne pourra pas piger dans la caisse de la Société de l'assurance
automobile du Québec. Comprenez-vous? La municipalité, elle va se
retrouver avec la route sans les revenus, pour être obligée de
payer pour entretenir une route qui sert aux gens d'ailleurs qui ne payent pas
de taxes à la municipalité. C'est un drôle de
problème. C'est un gros
problème. Ce n'est pas un petit problème, c'est un gros
problème. Et cette route-là est sur le bord d'une rivière
en plus. Si elle est mal entretenue, vous dérapez et vous tombez dans la
rivière; à certains endroits, pas partout, pas tout le long de la
rivière, mais à des places le long de la rivière. (16 h
40)
II y en a combien de cas de même, de cas comme ça? On n'est
pas en Californie au Québec. On n'est pas en Californie. Alors, il y a
des impacts considérables à une loi comme celle-là, des
impacts considérables sur les services à la clientèle, et
les charges que devront assumer les municipalités pour des services qui
ne seront pas rendus à la population. Il n'y aura pas la
péréquation qu'il y a avec les taxes actuelles qui vont pour les
routes. Quand les gens paient pour l'essence, des taxes sur l'essence, bien,
ils paient en fonction de l'usage. Si je ne prends pas beaucoup mon automobile,
je paie moins de taxes. Si je la prends plus, je paie plus de taxes. Dans le
fond, c'est une taxe qui n'est pas complètement injuste, mais elle est
peut-être bien trop haute en fonction des dépenses qu'on fait pour
les routes. Au moins, les gens qui paient, c'est des gens qui utilisent les
routes avec leur automobile.
Quand on va arriver dans une municipalité qui n'aura aucune
source de revenu connectée avec l'automobile, la municipalité va
être en charge de routes... Vous ne parlez pas des rues. Les rues, c'est
une autre affaire. Une rue, essentiellement, en gros, c'est pour le service des
gens qui y demeurent. Habituellement, quand vous passez par une rue -
habituellement - vous allez sur cette rue-là parce que vous demeurez
là ou que vous allez voir quelqu'un qui demeure sur cette rue-là
ou bien une rue avoisinante. Mais une route, essentiellement, c'est la
connection entre deux municipalités. Un grand nombre de nos routes ont
un caractère intermunicipal. Quel sera l'intérêt de la
municipalité d'entretenir ces routes-là, quand les gens de la
population locale sont plus ou moins intéressés à l'avoir
sous leur responsabilité? Puis ils pourront ne pas vouloir payer les
taxes, tout simplement. En quoi le gouvernement va être obligé de
dire: Taxez-vous? Rappelez-vous le règlement 13 en Californie, quand les
citoyens de la Californie ont dit: On ne paie plus; on ne veut rien savoir, on
ne paie plus; on est tannés de payer. La révolte fiscale des
consommateurs est proche, est proche actuellement.
Moi, je suis un de ceux qui sont révoltés. Je trouve qu'on
paie trop de taxes. Je trouve que ça n'a pas de bon sens, les taxes
qu'on paie par rapport à ce qu'on reçoit. On paie trop de taxes.
Il y a trop de gaspillage, quand on voit, comprenez-vous, que, l'hiver, on nage
dans le sel quasiment. On a l'impression que ce n'est pas les routes qu'on veut
saler, on veut nous saler nous autres mêmes. Vous avez des pays qui ont
des hivers autant que nous autres, ils ne mettent quasiment pas de sel. Nous
autres, ce n'est plus du sel, comprenez-vous. C'est rendu même dangereux.
Le sel, ça fait une sloche coulante. On met trop de sel, à un
moment donné, on arrive dans... La neige est moins dangereuse que le
genre de sloche dans laquelle on se retrouve après avoir mis trop de
sel. Ça va être quoi les critères? On va passer dans une
municipalité, Hs en mettent plus; d'autres en mettent moins. On va
conduire... Comment on va s'ajuster dans la conduite d'une automobile? Une
place, il y a du sel; d'autres places, il n'y a pas de sel; d'autres places,
c'est de la terre. Ça ne glisse pas pareil en automobile. Comment vous
allez faire, là? Ça va être quoi la sécurité
qu'il va y avoir en fonction de la quantité, des mélanges - parce
que, dans les municipalités, ils font des mélanges - en fonction
des mélanges, et la valeur des mélanges varie selon la
température en plus.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Et bonne mère que le temps passe vite! Je
pensais que je venais de commencer, Mme la Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Franchement, j'étais aux premiers balbutiements
de ce que j'avais à dire. En tout cas, c'est pour ça que nous
demandons de faire venir le Syndicat des fonctionnaires pour que des gens
d'expérience, des gens qui, pour plusieurs qu'on rencontre, ont 50 ans
en montant, qui ont une longue expérience des transports, puissent venir
dialoguer avec nous sur ce projet de loi - la plus grande expertise qu'il y a
au ministère, ce n'est pas le ministre qui est de passage, c'est la
fonction publique qui est là - et qu'on puisse discuter avec eux des
impacts, ce que le ministère n'a pas fait, d'une législation
comme celle qu'il veut proposer: impacts sur les emplois, impacts sur les
employés, impacts sur les services à la population, Mme la
Présidente, et impacts sur les coûts pour la population.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Middlemiss: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez 30 minutes
d'un trait.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, et je vais m'en servir, Mme la
Présidente.
Lorsqu'on parle des mises à pied résultant de la
décentralisation du réseau routier... J'aime-
rais bien ça que le député de Lévis reste
ici. On ne serait pas obligé de répéter quatre, cinq fois
pour qu'il soit au courant des choses. Il veut savoir les impacts, il veut
avoir des renseignements, mais il s'en va. En tout cas!
Mme la Présidente, les conséquences de la
décentralisation, et les gens le savent depuis longtemps, les
saisonniers... En passant, les saisonniers ne sont pas nécessairement
appelés à toutes les années. S'il y a de l'ouvrage, on les
appelle; s'il n'y a pas d'ouvrage, on ne les appelle pas. Dans ce contexte-ci,
on remet 33 000 km de route et, si on ne changeait pas le nombre
d'employés, parce qu'on a réduit le kilométrage de routes
dont on doit être responsable, le député de Lévis et
ses collègues seraient les premiers à nous dire qu'on se
débarrasse de travail, mais qu'on garde le même nombre
d'employés.
Donc, ceci étant dit, nous ne sommes pas des sans-coeur,
toutefois, et ce n'est pas moi qui le dis tellement comme M. Nicolet, le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté, lors d'une entrevue à la radio avec Michel Lacombe, le 4
du douzième mois de 1992. M. Lacombe lui parlait du transfert du
réseau routier, il lui parlait des employés. M. Nicolet disait:
«Oui, il y a au Québec quelque 1200 occasionnels, saisonniers,
employés qui sont engagés pour le ministère des
Transports, bon an, mal an, pour voir à l'entretien de la voirie locale,
qui, maintenant, se retrouvent sans véritable autre
débouché. Ce que le gouvernement tâche de faire, c'est un
souci humain louable, c'est de permettre à ces personnes de se
réorienter et, pour ce faire, pour faciliter la transition, le
gouvernement offre de défrayer, sur une base décroissante, le
coût associé à l'engagement de ces personnes par les
municipalités. Donc, c'est essentiellement une démarche qui a un
but social et, dans ce sens, on ne peut que l'encourager. Pour les
municipalités, ça donnera accès à une main-d'oeuvre
qualifiée à un coût intéressant.» Ce n'est pas
les paroles du ministre, c'est les paroles de M. Nicolet. Donc, concernant les
saisonniers, on tente, on a un programme... Ce n'est pas seulement avec les
municipalités, ça pourrait aussi être avec l'entreprise
privée.
Une chose qu'il ne faut pas oublier, le transfert de ces 33 000 km de
route aux municipalités va apporter un investissement de 158 000 000 $
dans tout le Québec. Ça fait longtemps qu'on parle des
régions, que les entrepreneurs locaux n'ont pas de travail, c'est
toujours les gens de l'extérieur qui viennent travailler. Mais, regardez
là, c'est les municipalités qui vont avoir ces sommes d'argent
là. C'est elles qui pourront décider soit de se monter un service
d'entretien des routes ou bien d'utiliser les services d'entreprises
privées qui sont dans la municipalité. Est-ce que ça, ce
n'est pas quelque chose qui va aider à l'essor économique des
régions? Parce qu'il me semble que - c'est peut-être le
député de Shefford qui disait que le projet de loi n'a aucune
incidence économique -ça va garantir un peu plus que les sommes
d'argent vont être dépensées et, aussi, que c'est les gens
locaux qui vont en profiter. Certainement qu'on n'est pas pour faire venir un
entrepreneur de Montréal pour faire l'entretien d'été ou
d'hiver dans une municipalité en région. Donc, les chances sont
que ça va être quelqu'un de local. Est-ce que ça, ce n'est
pas bon pour l'économie locale? Est-ce que ce n'est pas une façon
de maintenir des gens en région? Du moins, mes collègues du
côté ministériel trouvent que, oui, ça va être
une bonne chose; ce n'est pas nécessairement les gros entrepreneurs des
grands centres qui vont venir faire ces travaux-là. (16 h 50)
Donc, si on regarde le nombre d'emplois, les saisonniers, 1250; il y a
500 permanents. Pour les 500 permanents, par attrition ou bien par retraite
anticipée, nous croyons réussir, de cette façon-là,
à combler ces 500 postes-là. De nous appeler des bouchers, des
gens qui n'ont pas de coeur, je pense que c'est un peu exagéré.
Mais, connaissant le député de Lévis, ça ne
m'étonne pas. Le résultat de la décentralisation ou la
conséquence sur les emplois, c'est 1750, ce n'est pas 2600. Les gens qui
disent ça ne savent pas de quoi ils parlent, parce que l'autre, le 885,
ça, c'est dû à une réduction de 2 % sur cinq ans qui
a été demandée par le Conseil du trésor. À
date, nous avons comblé 200 postes et quelques. Il y en a 885. Et
ça, ça fait partie de la rationalisation, tous les
ministères du gouvernement. Un gouvernement responsable, c'est
ça. Donc, ne mélangez pas les choses. Si on parle des
conséquences de la décentralisation, c'est 1750, et ça va
mettre dans l'économie locale - n'oubliez pas ça, là;
ça met ça dans l'économie locale...
Et une chose que j'espère que vous allez réaliser
là, on nous disait tantôt: Ah! c'est les gens, la taxe
foncière... Mais qui, pensez-vous, payait des impôts pour les 159
000 000 $ qu'on remet aux municipalités? Qui payait les impôts
pour ça, sinon les mêmes Québécois? Arrêtons
de se conter des peurs, hein! C'est toujours le même citoyen qui paie,
que ce soit le fédéral qui taxe, le provincial ou le municipal.
Il n'y a pas de secret. Et tout le monde dit: Ah! le gouvernement le plus
près du peuple, c'est le gouvernement municipal; ils nous appellent
quand les routes ne sont pas belles, on les rencontre au centre d'achats. Oui,
et aussi, c'est les gens qui peuvent aller à l'hôtel de ville
lorsque le conseil... demander: On aimerait bien ça, M. le maire et MM.
les conseillers, paver la rue ou poser des lumières. Les gens disent:
Oui, on va regarder ça; revenez nous voir, on va vous dire combien
ça va vous coûter. Donc, ils font faire l'analyse et ils disent:
Pour ces travaux-là, ça va vous coûter tant, sur une base
d'une taxe d'évaluation
locale, ça va vous coûter tant du pied de front. À
ce moment-là, les citoyens ont l'occasion ou la chance de dire oui ou
non. S'ils sont prêts à payer les sommes, ils disent oui et, s'ils
disent non, à ce moment-là, le gouvernement municipal ne fait pas
les travaux. C'est clair.
Là, c'est de responsabiliser ces citoyens-là pour qu'ils
puissent savoir que, si on demande quelque chose, il faut que quelqu'un paie
pour. Il me semble que c'est clair. C'est peut-être ça,
d'après moi, qui est la chose la plus importante dans toute cette
décentralisation-là, en plus d'avoir un bon partenariat avec les
gouvernements municipaux. C'est que le citoyen va réaliser que, chaque
fois qu'on fart quelque chose pour lui, il faut que quelqu'un paie pour. C'est
toujours plus facile si c'est le gouvernement supérieur qui donne des
subventions ou paie pour, mais le même citoyen ne réalise pas que
c'est lui aussi qui paie pour, parce qu'on va le taxer. Et, si on veut
réussir à mettre un plafond sur les dépenses du
gouvernement, il va falloir qu'on commence là.
C'est toujours facile pour le député de Lévis et
ses collègues de dire: Ah! regardez, les taxes municipales vont
augmenter, mais, en retour, le gouvernement va aller chercher les mêmes
sommes d'argent. Non, ce n'est pas ça notre but. Notre but, c'est
d'économiser, et il me semble qu'il faut commencer à la base, et
c'est au niveau des gouvernements municipaux qui, eux, peuvent plafonner ces
dépenses-là. Et, nous autres aussi, ensuite, on devrait
suivre.
Quand je vois ces gens-là dire: Ah! il y a l'argent. Mais, si
ça ne nous coûtait pas 50 000 000 $ chaque lundi matin, parce que
vous avez mal géré pendant 10 ans, on ne serait pas aussi mal
pris. On aurait de la marge de manoeuvre, qu'on n'a pas. Non, on ne l'a pas.
C'est bien facile. Et de penser que, du jour au lendemain, le 2 décembre
1985, tout d'un coup, le réseau routier n'était plus bon, les
ponts n'étaient plus sécuritaires... Mon oeil! Vous l'avez
négligé, et c'est nous autres qui sommes obligés de le
corriger.
Le savant député de Lévis tantôt parlait des
ponts. Oui, les ponts. C'est en 1986 qu'on s'est aperçu que les ponts
étaient dans un état pitoyable et c'est à ce
moment-là qu'on a été obligés d'avoir un programme
spécial d'inspection. Et je voudrais bien le rassurer, parce qu'il aime
ça dire des choses, mais il n'est pas ici, j'espère que son
recherchiste pourra le lui dire, une bonne petite note, que les ponts au
Québec sont sécuritaires et que ceux qui ne le sont pas sont
fermés ou que ceux sur lesquels les charges sont limitées, c'est
identifié de cette façon-là. En plus, depuis 1990, nous
dépensons 60 000 000 $ par année dans la réparation des
ponts. J'espère que tu écoutes et que tu vas le lui dire, parce
que c'est toujours facile de dénigrer et de faire peur aux gens. Je veux
les rassurer, les gens: nous avons un programme de réparation, d'ins-
pection, et les quelques problèmes qu'on a avec nos ponts, c'est que
c'est des ponts qui avaient été conçus non pas pour la
circulation et les charges que nous avons aujourd'hui. Donc, ça,
ça fait partie de ça et c'est pour ça qu'il y a des ponts
qu'on doit refaire complètement pour rencontrer les exigences
d'aujourd'hui.
Mme la Présidente, c'est tellement facile de critiquer. Et
l'incohérence du député de Lévis... D'un
côté, il déplore le fait qu'on rationalise et qu'on fait
des mises à pied au ministère; de l'autre côté,
lorsqu'il parle des gens qui travaillent sur les ponts, et il parlait des ponts
qui sont tombés, et ainsi de suite, il dit: «C'est-u» pas
épouvantable, un organisme avec 11 000 employés ne peut pas faire
mieux que ça. Tu sais, l'incohérence la plus totale. Il nous
critique. Premièrement, il dit qu'il devrait y avoir un ministre au lieu
de deux. Le premier ministre prendra soin de ça. Après que les 33
000 km de route seront transférés, à ce moment-là,
si le premier ministre, dans sa sagesse, juge à propos qu'il y en a un
de trop, bien, il se débarrassera d'uni A ce moment-là...
M. Baril: C'est plus sage.
M. Middlemiss: Certainement. Ce n'est pas plus grave que
ça. Là, parce qu'on veut faire des choses ici, aujourd'hui, il me
reprochait que le sous-ministre n'était pas ici, et des choses de
même. Mais, lorsque des choses arrivent, il nous dit: Ah! vous
n'étiez pas au courant de ça; vous avez mis ça sur le
pilote automatique; vous avez mis ça sur le pilote automatique, vous
n'êtes même pas au courant de rien, et, lorsqu'on est au courant
des choses et qu'on peut répondre, là, il dit: Ah! vous devriez
avoir votre sous-ministre ici, on aimerait ça l'entendre. Il va falloir
qu'il se décide, hein! Il y a des choses qui sont de la
responsabilité du sous-ministre et il y a des choses qui sont de la
responsabilité du ministre; on fait le partage des choses et on prend
nos responsabilités.
Une voix:...
M. Middlemiss: Oui. Donc, j'espère que vous avez compris
sur les employés. Il y a 1250 saisonniers. Vous avez compris?
Ceux-là...
M. Baril: On a tout compris.
M. Middlemiss: Oui, oui, mais, des fois, vous comprenez, mais je
vais vous le répéter, on ne répète jamais assez
souvent.
M. Baril: Ah! c'est vrai, ça.
M. Middlemiss: 1250 saisonniers. Les saisonniers, c'est les
employés qui n'étaient pas garantis d'avoir un travail,
même à l'été. On appelait ceux dont on avait besoin,
dépendant du
volume de travail. Il y a une chose aussi, ces gens-là vont
être sur une liste d'appel pendant quatre ans - pendant quatre ans - si
on ne réussit pas à les placer avec le programme d'aide de 50 %
du salaire la première année, 25 % la deuxième et 25 % la
troisième. Donc, il me semble que ce n'est pas si mauvais que
ça.
Les 500 permanents qui doivent partir... Vous voyez, on aurait bien pu
dire: On se débarrasse seulement des saisonniers et, dans la
boîte, à Québec et à Montréal, tous ces
gens-là qui sont là, les cadres, et ainsi de suite, on ne coupera
pas, là. Vous voyez qu'on s'en va même... C'est une
rationalisation qui fait du sens, pas seulement en bas, en haut aussi. Ces 500
là, eux, c'est des gens qui sont encore un peu plus chanceux, ils ont
une permanence. Mais on va tenter, avec la retraite anticipée, avec
l'attrition, de combler ces 500 là.
L'autre chose, mélangez-vous pas non plus, les 885, ça n'a
rien à faire, ça n'a rien à faire du tout avec le
transfert du réseau routier aux municipalités. C'est quelque
chose que le gouvernement s'est donné comme bon gestionnaire, de
réduire la fonction publique de 2 % par année pendant cinq ans,
et c'est tous les ministères. Donc, vous voyez que ça, ce n'est
pas tellement mauvais que ça. (17 heures)
II y a une chose aussi qui m'étonne, c'est que, dans une
municipalité, dans une ville, dans quelque chose d'urbanisé, et
le député de Lévis le mentionnait tantôt, c'est que
les propriétaires riverains paient totalement, à partir de la
taxe foncière, le coût de l'entretien, l'amélioration et la
conservation de leurs rues. Pas de subvention, et il n'y en a jamais eu, de
subvention du gouvernement provincial. Pour les routes, ce qu'on appelle les
rangs, ceux-là c'est des agriculteurs - et ça, je n'ai rien
contre - il y a des subventions. Puis la taxe foncière est payée
à peu près à 75 %; 75 % sont payés par le
gouvernement du Québec à même les taxes, et je n'ai rien
contre ça.
En plus, on payait pour l'entretien des routes à 100 %. On dit:
Maintenant, ces routes-là, on va vous les remettre. On va vous demander
un effort fiscal, pas plus que 0,14 $ des 100 $ d'évaluation
foncière, et on va vous compenser à 3800 $ du kilomètre.
Et ce chiffre-là est fait... C'est bien beau, les unions ont
contesté le montant, mais les statistiques démontrent que les
municipalités, aujourd'hui, en moyenne, dépensent 3800 $ du
kilomètre. Où ça coûte 4200 $ du kilomètre,
c'est le ministère des Transports. Ça, ça nous coûte
ça à nous. Mais on est une grosse machine, peut-être pas
aussi efficace... Et c'est pour ça qu'on dit que ce serait
peut-être plus efficace si c'était fait par les
municipalités ou par l'entreprise privée. Et les
municipalités le font aujourd'hui elles-mêmes pour 3800 $. Donc,
ça, c'est 3800 $ pour la prise en charge, l'entretien
d'été et d'hiver. Et, en passant, ces routes-là, l'hiver,
elles sont entretenues par les municipalités à même une
subvention. L'été, c'est le gouvernement, le ministère des
Transports qui faisait l'entretien, soit lui-même en régie ou on
donnait ça à contrat. Et, 3800 $, c'est ce que ça
coûte aux municipalités, là, on n'a pas sorti ça
dans les airs, c'est le coût réel.
Maintenant, la préoccupation des ponts. On a écouté
les revendications, les inquiétudes des deux unions qui
siégeaient au comité technique et que j'ai eu l'occasion de
rencontrer à la table Québec-municipalités. Les ouvrages
dehors et les ponts plus compliqués sur le plan technique, les plus
dispensieux sur le plan des coûts, on en garde 440, et on n'a pas
identifié la limite de temps. Les autres ponts où nous trouvons
que c'est des ponts de moindre importance, moins compliqués et moins
coûteux, on va continuer, pendant quatre ans, à travailler avec
les municipalités, faire les inspections, préparer les plans
d'intervention et aussi, en même temps, permettre à ces
municipalités, aux employés des municipalités d'obtenir
l'expertise nécessaire pour que, au bout de ces quatre ans - et, en
passant, le comité technique va continuer à travailler pendant
ces quatre ans - les gens du milieu puissent bien prendre en charge les
ponts.
Et il y avait une question d'équité. Moi, je peux vous
donner un exemple, non pas parce que... C'est dans l'Outaouais, c'est dans mon
comté. Nous autres, contrairement au restant du Québec, c'est les
municipalités elles-mêmes qui, depuis toujours, font l'entretien
et paient pour à 100 % pendant que, dans d'autres régions du
Québec, c'est le gouvernement du Québec qui paie à 100 %.
Ça, c'était inéquitable. Bien, on la fait. Est-ce parce
qu'on est plus intelligents dans l'Outaouais que dans le restant du
Québec? Je ne crois pas ça. Je pense que, si on a pu le faire,
nous autres, dans l'Outaouais, les gens dans le restant du Québec
peuvent le faire aussi bien. En réalité, moi, je leur ai
demandé combien ça leur coûtait. Ils se sont donné
un chemin pour les besoins, pas plus. Rien de chromé, pas pavé,
c'est sur le gravier, mais un bon drainage et, pour l'utilisation, ça va
bien. Donc, s'il y en a qui peuvent le faire... Les ponts qui sont sur ces
routes-là, ils les entretiennent aussi. Ils les ont entretenus, puis ils
l'ont fait dans le passé. Donc, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait
pas faire ça en d'autres endroits. En plus, cette fois-ci, il y a un
comité technique. Même l'Union des municipalités
régionales de comté a un programme, aussi, pour entraîner,
pour donner de la formation aux gens. Donc, Mme la Présidente, ce n'est
pas si... Si les gens veulent m'écouter, ils vont comprendre que ce
n'est pas si difficile que ça.
Puis il y a eu beaucoup de changements depuis. Le député
d'Arthabaska nous parlait, par exemple, des lettres qu'il a reçues au
mois de juin, puis au mois de mai, puis au mois de
juillet, mais il y a tellement de choses qui ont changé depuis ce
moment-là à la table Québec-municipalités, à
la table du comité technique, des choses dans le bon sens. On a
réalisé l'inquiétude vis-à-vis des ponts, on a
changé. On a ajouté un montant de 23 000 000 $, parce que, dans
le moment, ces 159 000 000 $, c'est à peu près le même
montant que nous, comme ministère, nous dépensons
présentement pour les mêmes travaux: les 14 000 000 $ pour les
ponts, 50 000 000 $, c'est les ponts municipaux, plus le
discrétionnaire, plus les interventions sur le réseau local, et 1
500 000 $ pour l'entretien des traverses de voies ferrées.
Et, en passant, pour vous montrer, on est toujours accusés de
favoritisme vis-à-vis des comtés ministériels.
Déjà, le comté de Labelle, le comté d'un de vos
collègues, M. Léonard, faisait partie de la région de
l'Outaouais. Mais, juste avant l'année 1985, il y a eu un changement et
le comté de Labelle s'est joint à Lau-rentides-Lanaudière,
je pense, ou Laurentides. O.K. Oui. Et, malheureusement, en 1985, lorsque le
gouvernement du Parti libéral a été mis au pouvoir et
qu'il a vu cette iniquité qui existait dans l'Outaouais - mais M.
Léonard était certainement au courant de ça, lui aussi,
lorsqu'il était ministre... Il avait été ministre des
Transports, mais il n'avait pas jugé bon de corriger cette
iniquité. Mais on en profite cette fois-ci, Mme la Présidente.
Cette fois-ci, on en profite pour que le comté de Labelle puisse aussi
être récompensé pour toutes ces années-là
où les municipalités ont payé le coût de l'entretien
des routes. Donc, c'est quelque chose qu'on aurait pu certainement mettre de
côté, si on avait été des gens sans coeur, des
bouchers, des gens qui ne se préoccupaient pas du bien des citoyens du
Québec, et on l'a fait. Et de quelle façon l'a-ton fait?
Et, en plus, Mme la Présidente, l'autre chose, c'est que le
réseau routier, pour la prise en charge, on aurait pu dire: Tout le
monde va être sur le même pied. Mais on sait qu'il y a des
régions, qu'il y a des municipalités qui ont peut-être
été favorisées dans le passé vis-à-vis des
investissements sur le réseau. Qu'est-ce qu'on a fait? On a fait faire
une évaluation de l'état du réseau, surtout pour
l'entretien, et on a dit: Maintenant, on va vous payer sur la base de l'indice
par municipalité.
J'entendais le député d'Arthabaska, hier soir. Lui, il se
plaignait un peu que, pour les octrois d'hiver, le déneigement, l'hiver,
on n'allait pas mettre la vérification du nombre de centimètres
de neige à la bonne place, que peut-être on donnerait ça
sur la base d'une circonscription électorale et que ce n'était
pas juste. Bien, nous autres, la justice, on la donne. L'évaluation du
réseau routier, c'est l'indice par municipalité. Et ça, je
pense que c'est de reconnaître et de récompenser l'état du
réseau routier. Ceux qui ont un réseau routier qui est en
meilleure condition et à qui ça va coûter moins cher
à entretenir, pourquoi on devrait leur donner, tout le monde, le
même montant? C'est un peu de ça que le député de
Lévis parlait, au mois de juin, lui. Il aurait voulu qu'on base
ça à tant du kilomètre et tout le monde a le même
montant. Ou bien on devrait prendre la somme d'argent puis diviser ça
par le nombre de comtés et non pas par le nombre de kilomètres
que les gens sont obligés... (17 h 10)
Une voix:...
M. Middlemiss: Non, non, ce n'est pas moi qui ai dit ça.
Moi, j'ai dit: Tant le kilomètre. C'est vous qui avez dit tant par
comté.
M. Garon: Non, non, je n'ai jamais dit ça. C'est vous qui
avez dit ça.
M. Middlemiss: En tout cas, c'est pour vous montrer que
l'équité, il y en a de ce côté-ci. On a fait
ça, Mme la Présidente, et on va continuer certainement. Je vous
ai entendu vous plaindre de la classification fonctionnelle. Ce n'est pas nous
autres qui l'avons inventée, hein! Regardez en quelle année on a
décidé qu'on devait changer la classification des routes. Si je
ne me trompe pas, c'est arrivé entre 1976 et 1985, la classification
fonctionnelle qu'il y a aujourd'hui, que vous critiquez. Oui, oui, ça
s'est fait dans votre temps. Regardez, vous avez souffert d'Alzheimer sur
l'affaire du péage.
M. Garon: J'ai dit que je n'ai pas parié de ça.
M. Middlemiss: Ça a été fait en 1982,
là...
M. Garon: J'ai dit que, moi, je n'ai pas parié de
ça.
M. Middlemiss: ...et vous nous accusez, nous, tout à coup,
de créer, dans un projet de loi, la possibilité, pour le
gouvernement du Québec, de faire des autoroutes à péage un
peu partout. C'est vous autres qui avez fait ça. Attendez une minute,
là! En 1982-1983...
M. Garon: On a aboli les péages. Dites donc la
vérité. On a aboli les péages.
M. Middlemiss: Non, non, c'est que les routes à
péage, vous avez inclus ça dans la Loi sur la voirie.
M. Garon: On a aboli les péages, en 1984.
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
Une voix: II n'a pas changé la loi.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La parole est au ministre.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, regardez, c'est
ça, là. Hier soir, dans son discours, et ce matin, dans ses
remarques préliminaires, il disait qu'on était en train de passer
une loi qui allait permettre d'avoir des autoroutes même si c'est rien
qu'une route, que ça allait être des autoroutes à
péage. Ça, c'est déjà dans la Loi sur la voirie et
c'est eux qui l'ont changée lorsqu'ils ont aboli l'Office des
autoroutes. C'est à ce moment-là. Donc, c'était dans la
loi à cause de ça. Donc, vous souffrez un peu d'Alzheimer.
Comme on l'indiquait aussi, Mme la Présidente, on va continuer,
avec les deux unions, à travailler pour s'assurer que les connaissances
techniques nécessaires vont être transmises à ceux qui
devront, un jour, s'occuper de l'entretien total. J'ai entendu quelques
personnes de l'autre côté dire: Ah! ça va être
seulement pour trois ans, et ainsi de suite. C'est très clair que, dans
le temps, il n'y a rien de limité. La seule chose où on a
parlé d'années, c'est que, les ponts d'importance normale,
ceux-là, on a dit pour quatre ans, mais ça n'a jamais
été quatre ans certain. On verra au bout de quatre ans, avec
l'évolution, si on doit continuer.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
ministre.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, je commençais
seulement à être capable et je pensais que j'avais réussi
peut-être à renseigner un peu mieux mes collègues de
l'autre côté de la table à savoir réellement en quoi
consiste cette décentralisation. Je pense, Mme la Présidente,
qu'on peut se promener la tête haute concernant nos employés.
C'est malheureux qu'on doive avoir des mises à pied, mais, lorsqu'on
rationalise, il me semble que ce serait illogique de maintenir le même
nombre d'employés lorsqu'on a une réduction de la longueur de
kilomètres de notre réseau. Mme la Présidente, si je n'ai
pas réussi à convaincre les gens de l'Opposition, ça me
fera plaisir d'en parler une autre demi-heure pour tenter de mieux les
sensibiliser à la réalité des choses.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Alors, M. le
député d'Arthabaska, vous avez 10 minutes.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, Mme la Présidente. Je pense que la motion
que mon collègue de Lévis a présentée pour entendre
les représentants du Syndicat des fonctionnaires provinciaux, c'est une
demande qui a été faite avec justesse. J'ai entendu attentivement
les propos du ministre délégué aux Transports et si
j'avais à résumer ça en deux mots, ou en deux temps trois
mouvements, je dirais que cette réforme-là se fait dans
l'euphorie, parce qu'à l'entendre parler, avec toutes les explications,
les municipalités, l'UMRCQ, les maires, les élus se tapent dans
les mains. Ils sont tous contents. Il leur a tout donné, et ça va
être d'une bonté exceptionnelle, mon vieux, pour les
régions. Ça va être extraordinaire. Et les employés
occasionnnels ou saisonniers, même eux autres seraient contents parce
que, là, on va leur assurer qu'ils vont être sur une liste de
rappel durant les quatre prochaines années. Ils vont faire quoi d'ici
quatre ans? Tomber sur le chômage, l'aide sociale? Déjà,
leur chômage est fini parce que les saisonniers, eux autres,
habituellement, ils ont hâte de recommencer le printemps parce que leur
chômage achève. Bon! Ah bien, c'est ça. Là, le
ministre vient de penser à ça, que c'est vrai que, dans quatre
ans, ils n'auront plus droit au chômage. Et ils vont faire quoi, d'ici
quatre ans?
C'est pour ça que c'est important de faire venir ces
gens-là pour savoir comment, eux autres, ils pensent à ça.
Ça n'a pas de bon sens, Mme la Présidente, de faire une
décentralisation du genre sans avoir planifié rien. Là, on
dit: Ça va être comme ci... Il nous a expliqué ça:
500 permanents d'un coup, 1250 saisonniers et 865 ou 885 répartis sur
trois ans. Et, ça, c'est dans un objectif de rationalisation du
gouvernement du Québec de diminuer la fonction publique. C'est de la
foutaise, ce que vous dites là! Il est sorti des chiffres,
dernièrement. Vous vous vantez d'avoir réduit la fonction
publique et la fonction publique a augmenté d'environ 4,5 %, si ma
mémoire est bonne. Et vous vous vantez d'avoir réduit la fonction
publique. Voyons donc! Regardez vos chiffres, regardez vos chiffres. Ça
n'a pas de bon sens d'arriver avec toutes sortes d'affaires comme ça en
l'air et de dire qu'on va... Je vous ai laissé parler, voulez-vous me
laisser parler?
Je comprends que votre gestion, elle est très discutable, que
vous êtes mal à l'aise avec. Ça fait sept ans que vous
êtes au pouvoir et ça fait sept ans que vous dites que c'est
à cause de nous autres que vous êtes mal pris. Si on prend les
chiffres comptables, vous avez changé les méthodes comptables
pour comptabiliser votre budget, si on prend les mêmes méthodes
comptables qu'on avait dans notre temps, vous arrivez avec un déficit
supplémentaire de 800 000 000 $ environ, et vous venez dire que vous
êtes des bons gestionnaires. Ça n'a pas de bon sens! Vous avez
changé les méthodes comptables et vous êtes plus en
déficit que nous autres, dans notre temps, après avoir
passé, après avoir vécu quatre à cinq ans de
croissance économique comme le Québec n'a jamais connue. L'argent
vous sortait par les oreilles, vous n'aviez rien à faire, l'argent vous
sortait par les oreilles. Et qu'est-ce que vous avez fait pour baisser le
déficit? Quand j'entends des députés de l'autre bord qui
disent: À chaque lundi matin, le ministre des Finances,
il faut qu'il emprunte 50 000 000 $ pour payer votre dette, qu'est-ce
que vous avez fait? Ça fait huit ans que vous êtes là.
Et, quand vous avez dit que vous baisseriez la dette, comment ça
se fait que ça vous coûte aussi cher pour la payer, la dette, si
vous l'avez baissée? Si vous avez baissé la dette, vous devriez
payer moins cher. Vous ne l'avez pas baissée, c'est ça, vous avez
trompé le monde avec vos chiffres. Tous les comptables l'ont dit
à part ça, tous les gens de la finance l'ont dit, ce
n'était pas vrai que vous aviez baissé le déficit. Il
s'accumule et il est encore plus grand. Vous avez endetté le
Québec, depuis les huit années que vous êtes là. On
a juste à se baser sur les six années que Bourassa, votre premier
ministre, a faites de 1970 à 1976. Regardez dans quel état le
Québec s'est retrouvé en 1976 et, quand on va reprendre le
pouvoir, il va être encore dans une situation pire qu'il l'était
en 1976. Ça, c'est votre faute. Ça fait que, arrêtez de
nous accuser. Ça fait huit ans que vous êtes là.
La Présidente (Mme Bélanger): Un petit peu de
pertinence.
M. Baril: Un petit peu de pertinence! Non, mais c'est parce que
je me réfère à toutes les notes que le ministre a dites
tout à l'heure. C'est tout ça qu'il a dit tout à
l'heure.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: II parlait, il nous accusait d'avoir fait le
déficit, d'avoir mal administré-La Présidente (Mme
Bélanger): II y a de l'emballement, là.
M. Baril: Le ministre disait que ce n'est pas grave même
s'il y a juste 1250 saisonniers qui vont être mis à pied. Ce n'est
pas grave, ça! Il n'y a pas de complications là. Un instant! Vous
viendrez expliquer ça aux gens de Victoriaville, dans mon coin. Vous
viendrez expliquer ça. Voyez-vous, le ministère des Transports
avant ça, il avait pour 1949 km de route à entretenir et,
là, il tombe avec 696 km. Trois fois moins, trois fois moins. Tous ces
fonctionnaires-là, ils vont aller où? Ils vont aller où,
les occasionnels, ils vont faire quoi? Le ministre le sait, dans son
comté, que, chaque printemps, les saisonniers, ils avaient hâte
que le ministère les réembauche parce que c'était
ça, leur vie, c'était ça, leur contrat. À chaque
année, ils se fiaient sur le ministère des Transports. Là,
cette année, c'est fini, ne pensez plus à ça. Trouves-en
une autre job, trouves-en un autre emploi.
Et, là, le gouvernement parle de décentralisation. C'est
pour ça l'importance... J'aimerais ça que les
représentants des fonctionnaires viennent nous voir ici, qu'ils nous
démontrent la décentralisation que le gouvernement fait. Si on
regarde...
Je vais vous donner des exemples. Au niveau du ministère de la
Santé et des Services sociaux, on était supposé
décentraliser ça. Avec les régies régionales, oh!
les pouvoirs seraient décentralisés, et, là, c'est les
régies et on va envoyer le monde dans les régions. À force
de fouiller et de questionner, on a su que ça va coûter 51 000 000
$ de plus. Pas un homme, pas une femme ici, sur Saint-Cyrille, à
l'édifice Joffre, comme ils appellent ça, personne ne va diminuer
de là. Personne! Ça ne baissera pas le nombre de fonctionnaires.
Bien, comment ça se fait qu'on était supposé
décentraliser les pouvoirs, ce n'était pas supposé
coûter rien et, après ça, on a su que ça
coûterait 54 000 000 $ juste pour les nouveaux fonctionnaires qu'il y
aurait en région, qu'on engagerait en plus? Vous allez prendre... Votre
décentralisation est pareille comme au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Allez ici, sur le boulevard Saint-Cyrille, on se
maintient toujours avec le même nombre de fonctionnaires. Durant ce
temps-là, on coupe dans le champ les agents de conservation, on n'a pas
d'argent pour les payer, on n'a pas d'argent pour les payer. Je compare votre
décentralisation, M. le ministre, aux autres. Arrêtez de me faire
signe que je ne suis pas pertinent. Je compare votre décentralisation
à la décentralisation que votre gouvernement a faite ou que votre
réforme fait... (17 h 20)
Le Président (M. Thérien): Adressez-vous à
la présidence.
M. Baril: ...partout dans toutes les régions.
Le Président (M. Thérien): Vous vous adressez
à la présidence.
M. Baril: oui, m. le président. mais je suis certain que,
vous, vous ne comprendrez pas plus ce que je dis au ministre. ça ne me
donne rien de m'adresser directement à vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Thérien): Non, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous
plaît! N'exagérez...
M. Middlemiss: Je demanderais au député de retirer
ses paroles. De dire que je ne comprends pas, là...
Le Président (M. Thérien): S'il vous
plaît!
M. Middlemiss: II me semble que je ne l'ai jamais accusé
de ça, moi.
M. Baril: M. le Président, je veux bien retirer mes
paroles.
Le Président (M. Thérien): Parfait.
M. Baril: À un moment donné, il y a des limites,
là. L'adjoint parlementaire du ministre est rendu à
présider la commission. Il y a quand même un problème
quelque part, là, écoutez un peu. Et, après ça, on
viendra dire que tout est correct, tout est normal. On va essayer de nous
passer n'importe quoi. Écoutez un peu, il faut faire attention avec
ça.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Arthabaska, j'ai le droit de prendre des petits cinq
minutes de temps en temps.
M. Baril: Je ne vous reproche pas d'avoir pris vos cinq minutes,
madame, au contraire. Mais il y a un autre président de commission ici,
là. Il aurait pu très bien vous remplacer. La neutralité
du député de Nicolet-Yamaska, je la considère beaucoup
plus grande que celle de l'adjoint parlementaire au ministre des Transports
pour cette commission-ci.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'est pas adjoint
parlementaire au ministre délégué.
M. Baril: Bien, c'est bien du moins. S'il fallait que le ministre
délégué ait un adjoint de plus. De toute
façon...
M. Garon: ii est adjoint aux deux. bien oui, il le disait tout
à l'heure et il était fier de ça. il disait qu'il en avait
assez de deux ministres, comme adjoint.
M. Baril: De toute façon, Mme la Présidente, je
reviens...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: ...au sujet de discussion. Il serait intéressant
d'entendre les fonctionnaires justement; qu'ils viennent nous démontrer
ou qu'il viennent nous dire... Je comprends qu'ils ont peut-être le
secret de leur profession, on l'a vu quand on les a rencontrés
dernièrement pour venir nous faire part de cette supposée
réforme. Quand on posait des questions un peu trop compliquées,
là, ils disaient: Ah! ah! là, non, ça, ce n'est pas
à nous autres de répondre à ça. Ce n'est pas
à nous autres de répondre à ça, ça, c'est
politique. On nous a répété souvent... Le sous-ministre
Lalande, nous a souvent dit et répété: Les fonctionnaires
sont là pour suggérer, mais c'est le gouvernement qui
décide. Le ministre doit savoir que, des fois, les fonctionnaires, ils
ont le crayon pesant sur les suggestions. Donc, j'aimerais ça qu'ils
viennent ici. On les questionnerait et on pourrait, avec les réponses
qu'ils nous donneraient, lire entre les lignes de ce qu'ils nous donnent.
Comment cette réforme a été préparée?
Comment cette réforme a été amenée, a
été suggérée, pour utiliser leurs termes, au niveau
du ministre? Comment le ministre a su comprendre exactement toutes les
implications de cette réforme qu'il va y avoir dans chacune des
régions? Quelles conséquences il va y avoir au niveau des
municipalités qui vont avoir à subir cette réforme?
Je comprends que le ministre - quelqu'un l'a dit tout à l'heure -
est un exécutant du ministre des Finances. Pendant que le ministre
délégué aux Transports se promène dans les coins
pour justifier ça, lui, le ministre des Finances est là avec sa
bonhomie habituelle, il rit de ça. Il vous regarde aller et puis il rit
de ça. Il vous dit: Tiens, là, faites ça, parce que, moi,
il faut que je réforme ici et il faut que je fasse ça. Puis, il
se lève en Chambre, il répond à une question. Partout, il
a toujours le sourire grand, mon vieux, tout grand et tout va bien, comme dans
le meilleur des mondes. Le Québec s'en va en faillite, et il trouve des
raisons de justifier comme ça va bien et de rire pareil de ça.
C'est ça le ministre des Finances qu'on a actuellement.
Donc, vous êtes un exécutant, comprenez-vous, d'une
décision qui a été prise par un autre et vous êtes
en train d'essayer de vous convaincre que c'est une bonne chose pour les
municipalités, une bonne chose pour les régions, une bonne chose
pour votre ministère, que vous êtes en train de détruire et
de diminuer. Commencez donc par en couper ici, à Québec, ou
à Montréal, avant d'en couper dans les régions. C'est
là le problème. C'est ça.
Quand on parle de développement régional, quand on parle
des saisonniers là, vous avez beau rire, M. le ministre, ce n'est pas
à Québec qu'ils sont coupés. Ce n'est pas à
Montréal qu'ils sont coupés. C'est dans les régions, c'est
dans toutes les régions du Québec. C'est là qu'elles vont
être coupées, ces personnes-là. Mais ces personnes qui en
vivent actuellement, qu'est-ce qu'elles vont faire? Je sais que mon temps est
fini, mais je reviendrai, Mme la Présidente, plus tard, pour
démontrer comment est-ce que même les permanents vont être
obligés de déménager, de fermer boutique, comprenez-vous,
avec ce chambardement dans toutes les régions, où on a
décidé de les amener dans d'autres, au niveau des
territoires...
La Présidente (Mme Bélanger): Régions
territoriales. Directions territoriales.
M. Baril: ...des régions territoriales. Il y a des
conséquences économiques et des conséquences sociales pour
ces personnes qui vont être obligées d'aller dans d'autres
régions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Arthabaska, vous avez dépassé largement
votre temps. M. le député de Rousseau.
M. Robert Thérien
M. Thérien: Oui, Mme la Présidente, je ne sais pas
qu'est-ce qui a excité ou énervé le député
d'Arthabaska, vous ayant remplacé tout simplement pour des besoins tout
à fait naturels. Je pense que le député d'Arthabaska va
comprendre ça aussi. Mais on a de la misère à comprendre
un petit peu quel cours de logique il a suivi quand il dit qu'on fait des
déficits puis qu'à un moment donné il souhaite qu'on
réengage autant de personnes, sinon plus, pour des travaux en moins. On
se demande où est la logique, là. C'est sûr qu'il veut dire
à ses citoyens de son comté qui étaient occasionnels: On
vous a défendus. Mais, d'un autre côté, il dit au
gouvernement: Vous dépensez trop, vous faites des déficits.
Ça ne se peut pas, on a 33 000 km de moins. Donc, le ministère
des Transports a moins de charges, donc il doit avoir moins d'employés.
C'est simple, ça. Je veux dire, la mathématique, la logique,
c'est simple. C'est comment ça va se faire.
Puis je veux revenir sur un point. On parlait de l'absence du
sous-ministre, on parle aussi de la présentation. Je pense que c'est
peut-être la première fois que le sous-ministre allait voir
l'Opposition. Dans l'histoire du Parlement, je ne le sais pas, je m'aventure,
mais, dans les années connues, c'est la première fois que le
sous-ministre va voir l'Opposition pour parler d'un changement
législatif par respect, par respect, tout simplement, d'un changement.
Et on va reprocher ça au sous-ministre? Au contraire. On peut lui
reprocher de mettre une direction territoriale dans un endroit ou dans un
autre. Ça, je pense que chacun est légitimé de dire: Bien,
ça ne devrait pas aller là ou là. Mais la démarche
que le sous-ministre a faite, il l'a faite tout simplement pour renseigner
davantage l'ensemble de l'Opposition. Peut-être qu'il avait crainte que,
si juste le critique de l'Opposition, au niveau des transports, était au
courant, il aurait mal traduit ça à ses collègues. Je
pense que c'est peut-être ça qui l'a animé. Mais il a fait
cette démarche-là, ça ne s'est jamais fait, Mme la
Présidente. Vous avez été députée de
l'Opposition et je suis convaincu que vous n'avez pas vu ça souvent, un
sous-ministre qui allait voir l'Opposition sur un changement.
Le député d'Arthabaska, tantôt, parlait... C'est
sûr, ça, les gens vont déménager, ça va
faire... Tout changement, Mme la Présidente, appelle des
transformations, des modifications. Et c'est ça que je voulais rappeler,
surtout, au député d'Arthabaska. Un changement, ça se fait
toujours avec des gens qui sont obligés de déménager, des
gens qui changent d'endroit. Ce n'est pas facile, sauf que c'est obligatoire.
On rationalise, on ne parle pas juste des gens en région. Chez nous, je
vois le district fermé, à L'Assomption; un district fort
probablement fermé aussi dans Joliette. Mais il faut se rap- peler qu'il
y a sept ou huit ans, tout le monde se rapportait à la direction
régionale de Saint-Jérôme, tout le monde se rapportait
là. On revient présentement à une case de départ
avec des directions moins amplifiées. Les 500 cadres... Et j'aurais
peut-être une solution, avant que le député d'Arthabaska
s'en aille. Il y aurait peut-être une solution qui pourrait être
mise de l'avant de votre côté parce que vous êtes familiers
avec ça. On pourrait peut-être garder tout le même nombre
d'employés, mais en suggérant aux autres de couper 20 % de leur
salaire. Vous connaissez cette formule-là. Peut-être que vous
pouvez la suggérer, peut-être.
Une voix: Pendant trois mois.
M. Thérien: Elle pourrait être
suggérée davantage. Pendant trois mois, sauf qu'avec des
arrérages pendant des années, avec des années. Et
ça, on peut vous le dire, on sait compter aussi. Donc, Mme la
Présidente, on nous reproche d'avoir trop de déficit, on nous
dit: Ne renvoyez pas personne. Et ça...
M. Garon: ...pas le choix.
M. Thérien: J'aime beaucoup écouter le
député de Lévis, mais à son tour aussi. Je vais le
rappeler, j'ai malheureusement dérangé le député
d'Arthabaska, tantôt, je m'en suis excusé. Et je suis convaincu
que le député de Lévis va s'en excuser aussi.
Je suis convaincu que le ministre, tantôt, dans son explication, a
réussi, quand même, à faire comprendre davantage. Ce n'est
pas facile. Ce n'est pas facile parce que, comme ex-professeur, enseigner
à un étudiant qui ne veut pas apprendre, c'est très
difficile, très, très difficile. Je ne dis pas qu'ils n'ont pas
les capacités d'apprendre, Mme la Présidente, mais je suis
convaincu qu'à l'intérieur des gens de l'Opposition il y a des
gens qui ne veulent pas, ils ne veulent pas apprendre. Parce qu'ils savent
très bien... Puis ça a excité, hier, un peu le
député de Jonquière, puis il avait raison de me reprendre.
Il avait raison sur le fascicule 5 sur la loi de l'aménagement, puis je
pense que, lorsqu'il y a erreur... Vous savez, dans la vie, faire une erreur,
ce n'est pas grave, c'est de la répéter qui est compliqué.
Sauf que le fascicule 5, il ne l'a peut-être jamais vu, mais il a
été écrit, puis il a existé, puis il existe encore,
puis je pense que je vais me faire un devoir de lui en fournir un. Je vais me
faire un devoir de lui en fournir un, où on parlait du... Oui, ça
va me faire plaisir si je peux vous en produire un, M. le député.
Je suis convaincu, dans le fascicule 5, qui avait été
pensé par ces génies de l'autre côté, qui disaient
qu'il fallait que la voirie soit décentralisée... Ce n'est pas
d'aujourd'hui, ça. Ce n'est pas d'aujourd'hui. Dans le rapport Parizeau,
on en parle aussi, on parle aussi d'argent, mais on ne dit pas
combien d'argent doit être décentralisé. Mais il y a
une théorie qui est vraie en tout temps, on ne donne pas l'argent qu'on
n'a pas. On ne peut pas donner l'argent qu'on n'a pas. Je répète
ce que j'ai dit hier soir: un citoyen doit être responsabilisé, et
ce, dans son domaine. (17 h 30)
Donc, d'un bord, trop de déficit et, de l'autre bord, il faut
absolument garder le même nombre de personnes. Donc, c'est difficile
à comprendre tout simplement et je fais appel à la logique pour
dire: Écoutez, on a 33 000 km de moins. Il y a des moyens incitatifs
pour les occasionnels dans les municipalités. Je suis convaincu, moi,
qu'il y a de mes municipalités qui vont utiliser des occasionnels du
ministère des Transports parce qu'elles vont avoir des subsides pour
aider. C'est des gens qui sont locaux, parce que les villes vont avoir plus de
tâches - il n'y a pas de cachette là-dessus -donc plus de
responsabilités. Certaines, dans mon comté, comme je le
mentionnais, vont recevoir des subsides, d'autres pas du tout parce que le taux
d'enrichissement et le nombre de kilomètres... Et elles vont utiliser
nos gens du ministère parce qu'ils ont une expertise, ces
gens-là. Mais ça, chialer avant que tout ça puisse
s'orchestrer... Comme le disait le ministre, ça vient de s'orchestrer,
il y a des chiffres qu'on ne connaissait pas, qu'on connaît.
Au niveau de la répartition territoriale, c'est bien
évident que chacun a ses besoins, chacun a ses idées. Ça
se cogite et ça se discute. Que quelqu'un veuille une direction dans un
endroit ou un autre, ça, moi, je pense que c'est tout à fait
normal, sauf que ça ne change rien au fond de la loi. Et je veux vous
répéter: N'oubliez pas que le fonds de terre de ces
routes-là a toujours appartenu aux municipalités, toujours,
toujours appartenu aux municipalités.
M. le député de Lévis nous faisait aussi la
description tantôt de comment ça a commencé, les chemins
d'hiver, et ainsi de suite. Bien, ça a commencé et ça a
toujours été sur des chemins municipaux. Ça a
été une aide que les gouvernements ont bien voulu donner. Une
aide au moment où ces gens-là avaient de l'argent. Si tu n'en as
plus d'argent, tu peux donner quoi? On a vu hier, dans la présentation
supposément d'un programme miracle, qu'il n'y en a pas eu de miracle
parce que, dans la vie, c'est ceux qui les annoncent souvent qui ne les font
jamais. Donc, c'est un message tout à fait réaliste qui dit que
c'est ça, et heureusement que cette décentralisation-là
s'accompagne d'une rationalisation des employés. Heureusement! Ça
fait que c'est pour ça... Je veux juste ajouter un petit peu, Mme la
Présidente, sur la question du double langage.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez fini, M. le
député de Rousseau?
M. Thérien: Oui. La fin n'est peut-être pas
très bien, mais c'est fini.
M. Middlemiss: ...l'article 1, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Le
député de Shefford a demandé la parole. M. le
député de Shefford, vous avez 10 minutes.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, merci, Mme la Présidente. C'est pour'
appuyer la motion de mon collègue de Lévis parce que probablement
que tous les députés ont eu de la visite à leur bureau de
comté, des occasionnels qui sont inquiets, et avec raison, qui
l'étaient et qui le sont encore autant probablement qu'ils
l'étaient, sinon plus, depuis l'annonce. Ça ne semble
peut-être pas important. Ici, on dirait qu'il n'y a rien d'important de
temps en temps, qu'il n'y a rien d'important et qu'on peut dire n'importe quoi.
Pourtant, ce n'est pas la réalité des choses.
Les 1250 occasionnels, moi, j'ai rencontré ceux de ma
région, je vais vous dire, ils étaient très inquiets avant
l'annonce. Je parlais à quelques-uns et ils sont encore très
inquiets, et avec raison, parce qu'ils n'ont pas de garanties. Comme ils
disent, ils ne coûtent pas très cher à l'État, eux
autres, ils ne coûtaient pas très cher. Ils vont coûter
encore moins cher, mais ils ne coûtaient pas très cher, 12 000 $,
15 000 $, 17 000 $ par année, et ça leur permettait, ensuite de
ça, d'avoir droit à l'assurance-chôma-ge et d'avoir un
revenu très décent. Là, maintenant, ces gens-là
vivent d'insécurité. Ils peuvent être appelés comme
ils peuvent ne pas être appelés et le gouvernement dit: On est
tellement généreux qu'ils n'ont pas à s'inquiéter.
On est tellement généreux, on va payer une partie de leur
salaire, 50 %, 25 % et 25 % au cours des trois prochaines années, si les
municipalités les prennent, ces gens-là. Oui, c'est un cadeau, si
on veut, c'est une aide, c'est mieux que rien, c'est de ne pas les laisser
tomber complètement, mais ce n'est pas un cadeau aux
municipalités non plus parce que les municipalités vont devoir
absorber la balance des 100 % du salaire pour ces gens-là.
Donc, c'est une compensation. Il faut être clair aussi dans ce
qu'on dit, c'est une compensation. Tantôt, mon collègue
d'Arthabaska avait raison, à écouter le ministre, c'est comme si
tout allait bien dans le meilleur des mondes et qu'on faisait des cadeaux aux
municipalités. Bien voyons donc! Soyons réalistes, soyons
logiques et soyons honnêtes. Aux municipalités, on
transfère des responsabilités et on transfère des charges
fiscales. Elles vont devoir payer. Et qu'on donne une compensation, et
temporaire en plus, oui, il y a une compensation et on le reconnaît, sauf
que c'est une compensation, ce n'est pas la totalité de ce qu'on leur
transfère.
Mon collègue, avant moi, disait: On ne peut pas donner ce qu'on
n'a pas et, à un moment donné, bien, il faut être
réaliste. Autrement dit, quand on n'est plus capable de payer, bien, on
va transférer ça dans la cour du voisin, dans la cour des
municipalités. Est-ce que les municipalités, elles, ont une marge
de manoeuvre aussi grande que ça? Je vous le disais tantôt, et je
n'y reviendrai pas, là, mais la Fédération canadienne de
l'entreprises indépendante nous disait que non, elles ne sont plus
capables d'en prendre, des charges fiscales. Elles ne sont plus capables.
Montréal est en train de crever littéralement et nos entreprises,
à Montréal, sont dans un état de panique, avec raison. Et
on s'en vient dire: Bien, nous autres, on n'est plus capables de payer,
à Québec. On va transférer ça aux
municipalités et qu'elles nous applaudissent à part de ça,
qu'elles nous disent merci parce qu'on va leur donner des compensations, une
partie. C'est quasiment ça, à écouter comment ça a
l'air de bien aller. Ça, c'est comme dire à des gens - et,
ça, c'est très représentatif du gouvernement
libéral, dans bien des cas, et on l'a vu dans bien des
ministères: On va vous tuer, et, finalement, on leur dit: Regardez si
vous êtes chanceux, on vous a juste coupé les deux jambes...
Une voix: Et les deux bras.
M. Paré: ...mais on vous demande de nous dire merci et de
nous applaudir parce qu'on est tellement généreux qu'on vous
fournit la chaise roulante. Je dois vous dire, moi, que je trouve qu'on n'a pas
à applaudir pour ça. Les occasionnels que j'ai rencontrés,
qui étaient inquiets et qui le sont encore, ils n'ont pas de garanties
d'embauché.
M. Middlemiss: Ils n'en ont jamais eu.
M. Paré: Ils n'en ont jamais eu, mais, au moins, ils
étaient sur une liste. Maintenant, ils ne seront pas sur la liste des
municipalités. Quand vous disiez tantôt, M. le ministre - et il
faut le rappeler - que tout le mal a été fait avant et qu'il n'y
en a pas eu depuis 1985, au contraire, je vais vous rappeler au moins deux
choses. Je vais vous rappeler des chiffres. Ça, ça ne ment pas.
En 1985, malheureusement, il y a eu une diminution des investissements sur les
routes. Ça, c'est des chiffres réels. C'est des chiffres dans les
bilans. Regardez-les, c'est officiel. Il y a eu 1 700 000 000 $ de moins
d'investis, en argent constant de 1985, entre 1986 et 1991 par rapport à
1979 à 1985. Bien, l'état des routes, qu'est-ce que vous voulez,
il en a souffert, parce que, 1 700 000 000 $, c'est de l'argent. Ça,
c'est la réalité des chiffres. On a investi moins, et, en
investissant moins, ça paraît sur l'état des routes, et
ça paraît aussi sur l'état de l'économie parce que,
quand on investit près de 2 000 000 000 $ de moins en l'espace de sept
ans, c'est évident que ça a des effets quand on sait que les
investissements dans le domaine du transport, c'est multiplicateur, c'est
générateur d'emplois, et ça, dans toutes les
régions du Québec, parce que ça aide nos petites et
moyennes entreprises dans le domaine de la construction de routes.
Une autre affaire. Quand on dit: Bien oui, mais ça nous
coûte tellement cher, les dettes d'il y a maintenant, quoi, là, on
est rendu à sept, huit ans, moi, je me rappelle et je n'oublierai jamais
les discours du ministre des Finances actuel en 1988, 1989, 1990 où il
nous disait: On vit des années de vaches grasses. C'est le ministre des
Finances actuel qui a dit ça: On vit des années de vaches
grasses. Comment se fait-il que, si on a vécu des années de
vaches grasses, en 1987, 1988 et 1989, on se ramasse dans l'état actuel
avec le même gouvernement? C'est-à-dire qu'on n'a pas su profiter
de ces années-là, soit pour baisser le déficit, soit pour
générer de l'économie. Des deux côtés, on a
manqué notre coup et, ça, c'est inquiétant.
Alors, oui, on devrait écouter les gens qui sont victimes des
décisions qu'on prend ici. On devrait accepter la motion qui veut qu'on
écoute ces gens-là, leurs représentants. Bien sûr,
pas tout le monde, mais le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec. Ils sont tout proche. Les représentants sont ici,
à Québec. On devrait accepter de les écouter parce que, si
on prend des décisions et qu'on fait des victimes, on devrait être
capable d'entendre leurs représentants de temps en temps et de voir
jusqu'où ça peut aller et ce que ça a comme effet. On
devrait, de l'autre côté, être un peu plus à
l'écoute qu'on ne l'est présentement. Je pense qu'on ne l'est
plus du tout, et ça ne présage rien de bon.
Le ministre nous disait, tantôt, comment le ministère va
investir 14 000 000 $ pour les ponts, 72 000 000 $ pour l'entretien et 50 000
000 $ pour les travaux, le plan triennal avec les députés. Au
départ, les municipalités avaient demandé d'avoir un plus
grand droit de regard là-dessus puisqu'on leur fait tellement confiance
qu'on leur transfère toute la responsabilité. En tout cas, 50 000
000 $, dont 10 000 000 $ qui restent à la discrétion du ministre,
c'est de l'argent, c'est vrai que c'est de l'argent, sauf que ce qu'il faut
dire en même temps, c'est que, quand on transfère aux
municipalités et qu'en même temps on a des mesures compensatoires,
ce n'est pas des mesures qui compensent la totalité de la charge qu'on
transfère. La preuve, c'est les 14 % du 100 $ d'évaluation que
les municipalités devront charger à leurs contribuables. Donc, la
compensation, elle est partielle, mais, tout en étant partielle, elle
est aussi temporaire, il faut bien se le dire. C'est pour quelques
années. Alors,
qu'est-ce que ça présage quand on regarde le passé
récent et le futur pas trop lointain non plus? Regardez les
comportements, la façon de faire et les coûts qu'on a
transférés aux gouvernements scolaires et municipaux au cours des
dernières années. Rappelez-vous la première, où, de
façon unilatérale, encore une fois, on a décidé
d'aller chercher de l'argent dans la poche des contribuables par les taxes
scolaires qu'on a permis d'augmenter. Ça a eu un effet sur le monde
municipal, ça a été dénoncé, mais on s'en
est foutu complètement, et on a augmenté les taxes scolaires, et
on a grugé sur l'assiette fiscale des municipalités. Ça,
c'était il y a quelques années. (17 h 40)
L'année passée, c'était la police. Encore une fois
un transfert, on a obligé les municipalités à aller
chercher plus d'argent pour une responsabilité qu'on donne sans le
transfert fiscal qui vient en même temps de la part du gouvernement du
Québec. Cette année, c'est une partie de la voirie. On vous dit:
C'est 0,14 $ des 100 $ d'évaluation, parce qu'il y a une mesure
compensatoire temporaire. Mais à mesure que... Et à condition
qu'on tienne parole, il y a ça aussi; on dit pour trois et cinq ans,
à condition qu'on tienne parole, mais on verra. Mais, même si on
tient parole, quand vont tomber les mesures compensatoires pour la prise en
charge de la responsabilité de l'entretien des routes, ah, bien
là, ça veut dire, les municipalités, attendez-vous encore
une fois, on vous le dit déjà, que vous allez être
obligées de prendre la totalité, parce qu'il n'y aura plus de
mesures compensatoires. Encore une augmentation d'impôt foncier des
municipalités.
Alors, pour les municipalités, à leur dire, le paquet
commence à être gros un peu, parce que, depuis des années,
c'est juste ça. On a grugé en permettant à la taxe
scolaire d'augmenter, on a obligé pour la police, on oblige maintenant
pour une partie de la voirie et on vous le dit tout de suite, vous avez des
mesures temporaires, mais, quand elles vont tomber, vous aurez la pleine
responsabilité, la pleine charge de responsabilité qu'on vous
transfère, mais il n'y aura plus de mesures compensatoires, vous
augmenterez encore, et ce sera vous autres qui aurez l'odieux à ce
moment-là, et vous serez les seules à avoir l'odieux. Parce que,
là, les municipalités peuvent dire: Oui, mais c'est la loi qu'ils
votent à Québec, et on nous oblige, et c'est la réforme
Ryan. Mais pensez-vous que, dans trois ou cinq ans, la réforme Ryan
ça va être encore dans la tête des contribuables, que
ça va être quelque chose, un souvenir? Ce ne sera même plus
un souvenir, probablement que M. Ryan non plus, ou ce sera juste un souvenir,
M. Ryan aussi. Mais on assumera l'odieux de l'augmentation à ce
moment-là parce que le gouvernement se retirera en disant: Bien, ne
soyez pas surpris, c'est quelque chose qu'on vous a annoncé depuis
longtemps, c'est quelque chose que vous avez pu planifier. Effectivement, sauf
que c'est un transfert.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Shefford.
M. Paré: En conclusion, Mme la Présidente, juste
à avoir écouté ceux qui sont intervenus avant moi, je
trouve ça dommage qu'on refuse la demande du député de
Lévis de pouvoir entendre le Syndicats des fonctionnaires provinciaux du
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le... On
n'a pas refuse encore. On n'a pas refusé encore. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur la motion?
Une voix: ...Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bien, le
député de Nicolet-Yamaska a demandé la parole.
M. Maurice Richard
M. Richard: J'aurais un court commentaire, si vous permettez,
plus une réflexion, pour faire suite à l'intervention de M. le
député de Shefford, M. Paré. Lorsque le gouvernement a
pris le choix de faire le transfert aux municipalités, il a
effectivement pris le choix qu'il y aurait une diminution d'employés de
l'État; dans ce secteur-là, c'est inévitable. Un exemple:
dans mon comté, il y a 4 districts, donc, dans notre jargon qu'on
connaît bien nous, comme députés, Mme la Présidente,
c'est 4 chefs de district. Le district 33, juste un exemple du district 33, le
kilométrage c'est 1250 km. Après le transfert, en avril prochain,
il en restera 450 sous la responsabilité de ce district-là.
Actuellement c'est 156 personnes, et là je parle, Mme la
Présidente, de permanents, d'occasionnels, de saisonniers, toute la
gamme. Poser la question c'est y répondre. À l'instant où
vous dites: On devra être plus rationnel, on fait un transfert, on peut
ne pas partager l'opinion du transfert, mais, lorsqu'on parle des
employés, dans le geste qui a été voulu par le
gouvernement, et l'avenir dira si le mouvement a été excellent,
je prétends que oui, mais, lorsqu'on analyse ça à froid,
lorsqu'il y a 1250 km à entretenir et qu'il en restera seulement 450,
est-ce que je garderais à mon emploi, si j'étais un homme ou une
femme d'affaires, la même quantité de personnes pour effectuer le
travail, quand j'aurais les deux tiers du kilométrage où le
travail s'effectue qui ne serait plus sous ma responsabilité? C'est ce
qui va se passer dans le district 33, et c'est ce qui va se passer,
dépendamment du kilométrage à travers le
Québec.
Alors, c'est évident que les gens de mon comté, dans le
district 33, ont une inquiétude
certaine, même s'ils n'ont pas le dossier complet qu'on devrait
finaliser en début d'année, même si... C'est
évident, et je ne leur ai pas fait d'accroire, comme
député. Le jour où j'ai rencontré l'ensemble des
quelque 40 municipalités que j'ai dans mon comté, j'ai
été très direct. J'ai dit: À l'instant où on
fait le transfert à la municipalité, oui, c'est des
responsabilités nouvelles pour la municipalité, oui, il y a des
avantages, mais, en contrepartie, il y a des gens qui sont de mes citoyens
aussi, à part entière, qui vont être affectés au
niveau du travail en ce qui a trait au ministère des Transports. C'est
l'évidence même. C'est certain. Et si j'étais, moi, un
employé de l'État à ce niveau-là, un commis de
l'Etat, et si j'étais représentant syndical, c'est évident
que je brasserais ma cage et que j'essaierais de casser ma chaîne, parce
que c'est évident que ça va diminuer l'ensemble des membres de
mon syndicat. C'est inévitable. Et ça, c'est un état de
fait. Sauf que je ne peux pas personnellement, comme député de
Nicolet-Yamaska, défendre le transfert de la voirie secondaire et
tertiaire, où je pense qu'il y a des avantages... On peut avoir des
doutes à certains niveaux, mais il y a des avantages, effectivement, ne
serait-ce que pour le contrôle, nous-mêmes, sur notre
territoire.
J'ai fait 14 ans de municipal et, dans le cas de la ville que je
représentais, on le demandait nous-mêmes, le transfert de la
voirie tertiaire. Depuis des années, on avait... Et c'était,
à la virgule, exactement ce qui s'applique. Il y avait un dossier qui
s'appellait «Dossier voirie tertiaire, ville de Bécancour»
et il est passé trois, quatre ministres avant qu'on vienne... Et c'est
un fait, c'est un dossier, effectivement, parce qu'on disait: C'est la seule
façon de pouvoir planifier sur notre territoire vraiment le dossier qui
est à l'interne de notre municipalité. Il va y avoir des
inconvénients à ça, mais aussi des avantages majeurs
à avoir le contrôle de ce réseau-là qui est le
nôtre. D'ailleurs, à travers le pays, ailleurs, ce
dossier-là, ce niveau d'autorité et ce niveau d'entretien du
réseau routier n'appartient pas du tout au gouvernement
supérieur, il appartient au gouvernement local.
Je termine, Mme la Présidente. Effectivement, l'inquiétude
de certains députés de l'Opposition de dire: Ça va
affecter le personnel qui est à l'emploi du MTQ, du ministère des
Transports du Québec, c'est tout à fait vrai. Ce qu'on nous dit,
c'est que ça va l'affecter de 1250 personnes chez les saisonniers et les
occasionnels et, au niveau des permanences, 500 emplois à court terme,
dès l'an prochain, avec des méthodes compensatoires pour le
passage le moins douloureux possible, dans les trois prochaines années,
par des aides financières à la personne qui voudrait engager
quelqu'un qui travaille déjà au ministère des
Transports.
Je voulais souligner ça, Mme la Présidente.
L'inquiétude au niveau des emplois du ministère que les
députés de l'Opposition, nos collègues, partagent, je la
partage aussi. Ils ont raison. On n'ajoutera pas du personnel au
ministère des Transports, sinon je n'attendrai pas certains des membres
de l'Opposition, moi le premier je vais piquer une crise s'il faut qu'on ajoute
du monde au ministère des Transports quand on transfère 34 000,
35 000 km de route. Il y aurait une folie furieuse dans l'administration
publique et, là, les gens auraient raison, nous et eux, de
s'objecter.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Nicolet.
M. Perron: Mme la Présidente, est-ce que je pourrais
demander l'autorisation aux collègues, autant du ministériel que
de l'Opposition, pour avoir un droit de parole de 10 minutes?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est évident
que, étant donné que vous n'êtes pas membre de la
commission, ça prend le consentement unanime des membres.
M. Camden: Mme la Présidente, je vous demande
d'appliquer...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: ...l'article 132 à l'égard de cette
demande.
M. Dufour: Mme la Présidente, avant que vous appliquiez
cet article dont je connais le libellé, je serais prêt, avec le
consentement bien sûr du tour de table, de céder mes 10 minutes au
député de Duplessis. À ce moment-là, ça ne
rallongera pas le débat. Ça va être exactement le
même temps mis à la disposition de la commission. Si vous
êtes d'accord là-dessus, je n'interviendrai pas sur cette
motion-ci, en concédant mon temps de parole au député de
Duplessis parce que je sais qu'il a des choses à dire et qu'il tient
à les dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez,
là, ce n'est pas la question. Vous pouvez conserver votre droit de
parole et le député...
M. Dufour: Non, mais, moi, je fais une proposition, parce que je
comprends qu'appliquer des articles... Vous savez, dans un règlement, si
on est à cheval sur les principes, tout ce qui se passe, il y a beaucoup
de choses qui ne pourraient pas se faire et il y a bien des
«pariemen-tages», des pariementaristes, des parlements qui ne
pourraient se tenir.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Ce que je
veux dire, M. le député de Jonquière, vous n'avez pas
à céder votre droit de parole
pour donner un droit de parole au député de Duplessis.
M. Dufour: Non, mais je propose, pour demander le consentement de
la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour être plus
conciliant.
M. Dufour: C'est ça, demander voir s'il y a un esprit
de...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je demanderais
aux membres de cette commission s'il y a consentement pour que le
député de Dupiessis parle. Il n'y a pas de consentement.
M. Perron: Je remarque, Mme la Présidente, comme
commentaire, que ce n'est pas la démocratie qui étouffe les gens
d'en face.
La Présidente (Mme Bélanger): Moi, je ne peux
que...
M. Perron: Surtout pas le député de
Lotbi-nière.
La Présidente (Mme Bélanger): ...demander le
consentement. S'il n'y a pas de consentement, moi, malheureusement...
M. Perron: C'est ça. J'ai demandé le consentement
et c'est la première fois... Ça fait 16 ans que je suis ici et
c'est rare en maudit qu'on voit qu'on ne donne pas le consentement à un
député qui n'est pas membre de la commission, surtout depuis les
amendements qui ont été apportés au règlement.
Ça, je trouve ça complètement dépassé, en
1992, qu'on fasse une chose comme celle-là. Et ça vient d'un
député libéral qui s'appelle le député de
Lotbinière. Mme la Présidente, je m'organiserai autrement.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant,
là! Un instant! M. le député de Duplessis, vous n'avez pas
le droit de parole à la commission s'il n'y a pas de consentement.
M. Camden: ...député, quand il l'a voté, en
1984, avec la réforme. Qu'il vive avec maintenant!
La Présidente (Mme Bélanger): Bon! M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le ministre n'avait pas le droit de réplique. On
a laissé répliquer, le ministre.
M. Perron: On dirait que tu es venu au monde hier, toi.
M. Camden: ...ses insultes, là. (17 h 50)
La Présidente (Mme Bélanger): Aïe! Un instant,
s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Garon: Tantôt, le ministre n'avait pas le droit de
répliquer et on l'a laissé répliquer. Moi, j'interviens
une deuxième fois en faveur du député de Duplessis. Je
vais vous dire pourquoi. Il a un comté bien particulier. Il a un
comté qui est à peu près 500 mi de long. Il y a des choses
particulières à dire dans son cas. Il n'y a pas un comté
qui est organisé comme le sien, avec des municipalités
complètement isolées. Il y a des conséquences
particulières de transport de machinerie, toutes sortes de choses.
Tantôt, on a laissé le ministre. Moi, je ne suis pas un de
ceux qui essaient d'empêcher les gens de parler quand ils veulent parler.
Habituellement, non. J'applique le règlement, mais avec bon sens. Moi,
je pense que ça serait une bonne chose de le laisser parler. Il demande
10 minutes. Il n'a pas demandé d'intervenir à chaque fois. Il a
demandé 10 minutes pour pouvoir... Et d'autant plus que je sais que le
député de Duplessis a eu des informations. Je peux vous dire
qu'il est un de ceux qui m'ont informé de certaines choses, parce que
des gens ont été en contact avec lui pour lui indiquer des
problèmes que ça poserait, l'application de la loi. Il a un
message, un cas particulier du comté de Duplessis. Je pense que
ça serait une bonne chose de le laisser parler. Il ne demande pas une
demi-heure. Il aurait droit à 10 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, tout à
l'heure, M. le député de Lévis, vous étiez sorti
quand vous avez donné le consentement pour que le ministre
réplique. C'était... Il y avait un calme évident au
début de la commission, et j'ai informé les députés
présents que, là, le ministre, dans les motions
préliminaires, n'avait pas le droit de réplique. Il devait faire
son intervention. Là, j'ai dit: C'est bien beau. Vous êtes tous
très relax, mais, à un moment donné, peut-être que
la vapeur va monter dans la commission, et, à un moment donné, il
n'y aura pas de consentement, et vous allez... Alors, moi, j'avais averti les
membres, informé les membres de la commission que, si on suivait le
règlement à la lettre, le ministre n'avait pas le droit de
réplique après chacune des interventions. Par consentement, vous
avez donné le consentement pour que le ministre réplique.
Là, on a un autre consentement à demander. C'est
évident que ça prend le consentement unanime pour qu'on donne la
parole au député de Duplessis. Moi, en tant que
présidente, si je n'ai pas le consentement, je ne peux pas donner la
parole au député de Duplessis. Alors, pour une deuxième
fois, est-ce qu'il y aurait consentement pour... Il reste cinq minutes pour que
le député de Duplessis prenne la parole.
M. Camden: II y a constance, Mme la
Présidente. Je maintiens.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous maintenez votre
refus?
M. Camden: Je le maintiens.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
malheureusement, il n'y a pas consentement. M. le député de... M.
le député de Dubuc?
M. Morin: Mme la Présidente, est-ce qu'il y a consentement
pour que je parle?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez le droit de
parole de 10 minutes. Il vous reste 5 minutes avant le souper.
M. Morin: Non, mais, des fois, le règlement, ça se
change vite, ça!
Une voix: Ah! ah! ah!
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Bon! Ceci dit, Mme la Présidente, c'est
déplorable, parce que je pense qu'on aurait fort bien pu passer... Si
ça avait été après, je ne sais pas, 15 jours, 3
semaines d'audiences en commission puis que, là, les membres du parti
ministériel, sous le poids de la fatigue, ne pouvaient subir
l'intervention d'un membre additionnel, bien, je comprendrais. Mais ils sont
tous frais et dispos, je présume. Les sessions sont commencées
seulement depuis la fin de novembre. On a même le temps des fêtes
qui est censé nous faire conserver encore une plus grande humeur. Alors,
ne pas permettre à mon collègue d'intervenir... Puis je pense
qu'il avait sans doute des petites choses très, très
particulières qui auraient pu servir d'information aux
députés du parti ministériel.
Mais c'est quand même symbolique de la fermeture du ministre. Je
l'ai dit, toutes les fois que le gouvernement a des bonnes intentions, il faut
qu'il trouve moyen de tomber, de tourner au vice. Aïe! il ne peut pas
être vertueux tout le long. Il n'est pas capable. Puis c'est ce qui me
surprend depuis que je suis élu. Moi, je suis arrivé ici
inoffensif, rempli de bonnes intentions, rempli d'admiration devant les
ministres, même en place, en faisant abstraction de tout esprit de
partisanerie, mais, toutes les fois qu'ils nous donnent l'impression
d'être bien intentionnés, vous arrivez avec un projet de loi... On
a vu tantôt qu'au niveau de l'environnement c'a été la
même affaire: donner suite aux recommandations de la commission à
laquelle on a travaillé. On a dit que c'était beau.
Aussitôt qu'on lit ça, tiens, de la vertu on plonge au vice. On
dirait que c'est un cul-de-sac duquel le gouvernement n'est plus capable de
sortir. Et le refus d'entendre mon collègue, c'est la même chose.
C'est symbo- lique du refus que la commission et le ministre semblent avoir
d'entendre les premiers concernés.
Vous savez que, dans un projet de loi comme celui-là, Mme la
Présidente, on sait que ça touche le gouvernement directement, le
ministère, un tel transfert. Ça touche sans doute les MRC et, au
premier niveau, les municipalités. Mais, en dehors du gouvernement, je
parle du palier politique, les MRC, les municipalités, qui est-ce que
cela affecte? Y en a-t-il qui sont capables de me répondre, là?
Qui est touché par un tel transfert? Il y en a un qui l'a dit. C'est
vous qui l'avez dit?
Une voix: Oui.
M. Morin: Bon. Champion. Les employés! Les employés
du gouvernement. Bien oui, écoutez, là, on veut les entendre
parce qu'ils ont quand même... Qu'on le veuille ou non, il y a deux
dimensions, je pense, que les employés pourraient attirer, je ne sais
pas, qui pourraient créer de l'intérêt au sein de cette
commission. D'abord, leur expertise au sein du ministère comme tel. Ils
ont fait des représentations. Nous avons une petite revue là qui
illustre les représentations du Syndicat des fonctionnaires provinciaux,
que ce soit auprès de l'UMRCQ, lors du forum national sur la
décentralisation ou lors de certaines démarches qu'ils ont faites
auprès du gouvernement.
On en fait un résumé assez succinct et on conclut à
dire: «Malgré les diverses démarches effectuées
auprès des autorités du ministère, nous avons
rencontré de nombreuses difficultés pour obtenir certaines
informations qui auraient été pertinentes pour nous permettre
d'évaluer beaucoup plus tôt et de façon précise les
impacts de l'orientation mise de l'avant par le gouvernement.» Alors, que
ce soit en termes d'impacts sur leurs emplois ou il y a aussi, bien sûr,
l'impact auprès des municipalités, c'est des gens qui auraient pu
nous apporter un point de vue fort intéressant, Mme la
Présidente.
Mais, à moins que le ministre ait des remords et qu'il dise:
À ceux qui perdent leur job, la dernière chose au moins qu'on
peut leur permettre, c'est au moins de venir donner leur point de vue en toute
objectivité, en toute liberté, parce que, écoute, si on
permet à un condamné à mort de prendre un steak, parce que
vous savez... Bien oui, au niveau du Code du travail, vous savez qu'un
congédiement est l'équivalent de la peine capitale, hein? C'est
la même chose.
M. Thérien: II n'y a pas grand morts qui reviennent.
M. Morin: non, mais avant que tu reviennes... mais il y en a qui
reviennent. tu ne crois pas à ça, toi, les revenants, hein? bien,
à un moment donné, il y en a qui vont te revenir
dans ta chambre et tu vas faire des sauts, et, quand tu vas être
poigne avec ça là, tu vas souffrir d'insomnie.
M. Thérien: II est trop de bonne heure. À minuit,
tu me conteras ça, mais, là, il est trop de bonne heure.
M. Morin: L'éclipsé d'hier, tu n'étais pas
là, hein? Alors, Mme la Présidente, je pense qu'il va me rester
quelques minutes tout à l'heure parce que, de toute façon,
même si je plaidais en faveur de mon collègue, je pense que la
décision... Le collègue m'a dit: Constance. Alors, j'imagine
qu'il s'est mis dans un étau, et je vois mal comment il pourrait cesser
d'être constant. Donc, à ce moment-là, son opposition doit
être permanente.
Alors, je continuerai mon intervention, Mme la Présidente, tout
à l'heure, afin d'insister, d'apporter quelques arguments en plus afin
de sensibiliser le ministre à la nécessité d'entendre les
gens du Syndicat des fonctionnaires pour qu'ils viennent, je ne sais pas, nous
entretenir de toute la réorganisation, parce que, moi, je le
répète, toutes les fois que le gouvernement veut faire quelque
chose de bien, ça tourne toujours mal. Et ça, la
réorganisation, je suis à peu près certain...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Dubuc, il est 18 heures.
M. Morin: Pourquoi me dites-vous ça en riant?
La Présidente (Mme Bélanger): ii va vous rester
cinq minutes lors de la reprise des travaux à 20 heures. la commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 21)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives.
Au moment de la suspension des travaux, la parole était au
député de Dubuc. Il lui restait cinq minutes pour son
intervention. Comme il y a consentement, on peut permettre au
député de Jonquière de faire ses 10 minutes et, quand le
député de Dubuc arrivera, il pourra faires ses 5 minutes.
M. Dufour: Oui. Merci, Mme la Présidente. Vous
présumez de mes forces, là, me permettre de parler 10 minutes.
Vous présupposez que je vais tenir...
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous ai
déjà vu parler 30 minutes d'affilée, M. le
député.
M. Dufour: ...que je vais exprimer une opinion pendant 10
minutes, puis, si je vous faisais mentir, je serais bien malheureux. Ça
fait que vous me condamnez d'avance à...
La Présidente (Mme Bélanger): Le règlement
vous permet 10 minutes, mais, si, au bout de 2 minutes, vous n'avez plus rien
à dire, vous pouvez laisser.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Ah! je suis entre vos mains, Mme la Présidente.
Vous me l'avez dit au départ, je vous fais confiance et j'espère
que cette confiance-là, c'est vraiment partagé.
Là-dessus, évidemment, la motion qui est devant nous,
c'est de tenir des consultations particulières sur le projet de loi,
mais, avant de ce faire, nous aurions aimé ou nous proposons qu'on
entende le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec. C'est
élémentaire, Mme la Présidente, que ce groupe puisse
être entendu, d'abord parce que, au premier chef, ce sont des gens
concernés. D'abord, ils sont directement affectés par les
transferts, les déplacements, aussi par les mises à pied
éventuelles, aussi par les fonctionnaires à temps partiel qui,
eux, ne feront pas partie de cette structure.
Vous savez, j'ai entendu des échanges, avant le souper, où
certains prétendent qu'on a diminué la masse ou le travail de la
voirie locale et que c'a pour effet de diminuer le nombre d'employés.
Est-ce vraiment une diminution d'employés? La vraie question: Est-ce que
l'État est trop gros? Il y a eu une commission, bien sûr, du
budget et de l'administration, bien sûr, qui propose une diminution de
l'État, mais, dans le cas présent, est-ce que c'est vraiment une
diminution d'employés ou un transfert d'employés? On peut
prétendre...
Il y a deux facettes du problème qu'on peut examiner. D'une part,
il y a des employés qui sont déplacés, mais, pour le
ministère comme tel, est-ce qu'il tombe dans la rue pour autant? C'est
sans jeu de mots, parce que ce sont des employés qui travaillent sur les
routes, mais est-ce qu'ils tombent dans la rue ou pas? L'avenir va nous le
dire, mais il y a une chose certaine, ça crée des
problèmes suffisamment grands dans ce milieu-là.
Il y a des chocs aussi dans les milieux régionaux. Ces
déplacements-là vont amener à créer des directions
territoriales, à faire disparaître des directions
régionales qu'on connaît dans le contexte actuellement, et
ça, c'est drôlement important puisqu'il y a un impact financier ou
économique direct sur la façon de
procéder. On nous a dit: II n'y a pas d'étude d'impact.
Mais, déjà, on commence à voir les effets
dévastateurs sur l'ensemble du territoire.
Donc, les gens, aussi, puisque c'est difficile pour nous de prendre ce
qui se dit, là, un peu partout, on parle de coûts de routes, on
parle de l'état du réseau routier... Qui de mieux que les gens
qui travaillent sur le réseau pour nous informer de quelle façon
le réseau est entretenu? Qui de mieux que ces gens peut nous dire de
quelle façon ça fonctionne? C'est quoi, les problèmes qui
sont à prévoir? Puis est-ce qu'il n'y a pas des suggestions
où on pourrait arriver à un résultat meilleur?
Et ça, c'est toute la problématique qui est posée
ou qu'on pose, par rapport à cette action que le gouvernement veut
entreprendre sur tout le territoire du Québec. C'est un changement
majeur. On a beau dire: Oui, mais les municipalités vont être
comblées par des subventions, par des compensations -
«subvention» n'est pas français - donc des compensations qui
restent tout de même de grandes inconnues, on aura beau dire...
Je regarde les municipalités. La municipalité de
Jonquière, c'est 210 000 $, c'est ça que ça coûte,
le transfert, parce qu'elle n'aura pas de compensation, elle. Et le montant qui
était prévu pour l'hiver, il vient de sauter. Ça fait que
je connais... Le budget de la ville de Jonquière prévoit 150 000
$ supplémentaires, puis il y a 65 000 $ de compensation qui viennent de
sauter. Donc, c'est ça que ça veut dire, cette réforme, au
point de vue du réseau routier. C'est une ville.
On peut toujours dire: II n'y a pas de problème, l'effort fiscal
des contribuables n'est pas tellement grand. À l'exception que, si vous
regardez ou si vous examinez, en long et en large, l'effort des contribuables
de Jonquière sur leur réseau routier, vous allez voir que
ça se traduit par plusieurs sous parce qu'il y a plusieurs millions de
dollars en cause.
Un peu plus, un peu moins - je suis habitué, le langage, je
l'entends depuis quelque temps - il n'y a rien de trop grave, vous savez, c'est
un petit 200 000 $. Pour une municipalité, ce n'est probablement pas
plus dommageable qu'un petit 25 $, un petit 30 $, puis un petit 50 $ sur le dos
des contribuables. C'est ça, un peu, la philosophie que sous-tend le
ministère. On a beau parler de responsabiliser les élus, mais,
effectivement, ce n'est pas de responsabiliser les élus qui est à
la base de ce transfert. Ce qui est à la base de ce transfert, c'est que
le gouvernement, il veut se débarrasser, pas des... Il aurait pu garder
l'entretien, mais il est à la recherche de fonds.
Je sais bien que le réseau routier, dans l'état où
il est transféré, il y a beaucoup de lacunes, puis ça va
exiger des sommes d'argent supplémentaires. Ça fait que vous
savez que, moi, j'ai été assez longtemps maire d'une
municipalité pour savoir qu'est-ce qui se passe. Même si le
gouvernement peut prétendre que ses compensations sont
généreuses, c'est très rare que ça couvre 100 % des
coûts. C'est ça qui va arriver. C'est que la municipalité
va faire de l'entretien et, comme il y aura seulement un guichet unique, parce
que ce sera la municipalité qui sera responsable, ce sont les maires -
et ça, je vous fais ces prédictions-là - vous allez avoir
des gens qui vont être chez vous plus souvent pour aller quêter la
manne ou quêter la pitance.
Et ça, les municipalités, quand elles n'en auront pas
assez, elles auront seulement un choix ou deux: c'est de faire ou de ne pas
faire. Est-ce que les municipalités vont être capables de
résister? Et, là, les gens vont leur dire: Bien, c'est votre
responsabilité, vous êtes payées pour ça. Nous
autres, on veut avoir des chemins A-1, entretenus correctement. Et ça,
c'est là qu'est tout le problème. Vous allez voir que, sur les
maires, ça va exercer une pression énorme. Peut-être que
les routes vont s'améliorer, c'est possible, puis ça va
coûter plus cher. (20 h 30)
Faire plus avec moins dans ces dossiers-là, c'est de la foutaise.
S'il y a quelque chose de plus mathématique qu'un chemin, s'il y a
quelque chose de plus physique sur lequel on peut compter, que ce soit le
gravier, le sable, l'asphalte, les lisières de sécurité...
Il y a des coûts là-dedans. Ça, on ne veut pas se faire
d'illusions. Et ça, c'est pour les chemins. Mais les structures de
ponts...
Puis j'écoutais le ministre délégué aux
Transports qui nous informait sur la région de Gatineau. J'étais
au courant que ça se passait comme ça. Je savais que, eux, ils
payaient 100 %. Il doit y avoir une raison profonde, puis le ministre ne nous a
pas informés pourquoi c'était comme ça. Est-ce que
ça voulait dire que les députés dans la région de
Gatineau, ils n'étaient pas éveillés? C'est ça? Je
pose la question. Je ne le sais pas.
Je sais que, dans nos régions, le ministère, il donnait
des subventions. Pourquoi la région de Gatineau... Ce n'est pas le Parti
québécois. On a été neuf ans au pouvoir.
Écoutez un peu, ça fait 200 ans que le Parlement existe. Vous ne
me ferez pas accroire que ça dépend du Parti
québécois! Il y a un bout, là! Moi, je veux bien me faire
charrier, mais pas autant que ça.
Une voix:...
M. Dufour: Oui, mais on parle, là, de la situation de
Gatineau. La situation de Gatineau, si les gens faisaient ça, est-ce que
ça veut dire que les députés du coin dormaient ou
ça veut dire qu'ils n'en avaient pas besoin? Ça ne les
dérangeait peut-être pas. Moi, je vous le dis honnêtement,
il doit y avoir quelque chose. Il n'y a pas de miracle. Il doit y avoir une
raison profonde. Il doit y avoir une raison profonde qui
fait que, dans ce coin-là, ils n'étaient pas
subventionnés ou ils n'étaient pas compensés.
Partout ailleurs au Québec, ils l'étaient, la plupart. Mme
la Présidente, je vous prends à témoin. En Abitibi, en
Gaspésie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans l'Estrie, ce sont des routes
qui étaient compensées. Pourquoi la Gatineau ne l'est-elle pas?
Je ne le sais pas. Le ministre, il nous a donné peut-être une
partie de la réponse, mais il a dit... Puis, c'est ça, je pense,
hein? C'est ça. Mais, là, c'est rare que la queue mène le
chien. D'habitude, c'est le chien qui mène la queue, hein! La queue suit
le chien, ce n'est pas le chien qui suit la queue.
Une voix: De façon générale.
M. Dufour: De façon générale, c'est comme
ça que ça se passe. Puis la Gatineau, à l'autre bout,
comment ça se fait qu'à partir de ce qu'elle possède on
applique ça partout? Pensez-vous que, vraiment... Puis, après
ça, le ministre vient de ce coin-là. S'il y a eu une injustice
aussi grave, aussi flagrante, aussi surprenante, pourquoi il ne corrige pas le
dossier? Au lieu de corriger le dossier, tout le monde pareil. Bon, bien c'est
ça que j'appelle: la queue mène le chien, là. Ce n'est pas
le chien qui mène la queue.
Dans ce sens-là, c'est surprenant, et je n'ai pas la
réponse. Le ministre ne m'a pas donné la réponse. Je ne
suis pas satisfait, moi. J'aurais aimé qu'il m'ait fait un historique.
C'est un peu court comme explication. J'aurais aimé que le ministre me
fasse un historique, puis qu'il me donne des vraies raisons, les raisons
profondes, les vraies raisons. Il ne l'a pas fait. Donc, là,
probablement...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...qu'il cache quelque chose à travers
ça. Mais ça ne nous dit pas comment est la structure des ponts
dans le coin, puis ça ne me dit pas non plus si le réseau routier
de Gatineau est aussi bon qu'ailleurs. Possiblement que oui, peut-être
que non.
Mme la Présidente, je constate que mon temps est terminé.
Donc, j'aurai l'occasion, bien sûr, d'échanger un peu plus
tard.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. Je pense qu'il y a un vote. Alors, M.
le député de Dubuc, il y a eu consentement pour que vous puissiez
prendre vos cinq minutes, même après l'intervention de M. le
député de Jonquière...
M. Morin:...
La Présidente (Mme Bélanger): ...même si vous
étiez supposé le faire d'une claque.
Mais, par contre, je pense qu'on est obligés de suspendre. Je
crois que c'est un vote, là. C'est un vote qu'il y a à
l'Assemblée nationale. Alors, nous devons suspendre quelques
instants.
(Suspension de la séance à 20 h 34)
(Reprise à 21 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux. Je répète le mandat de la
commission. C'est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives.
Alors, au moment de la suspension, le député de
Jonquière avait fini son intervention sur la motion demandant de
recevoir le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du Québec, et il
reste cinq minutes au député de Dubuc...
M. Morin: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): ...pour essayer de
convaincre les membres de la commission de bien vouloir recevoir le Syndicat
des fonctionnaires provinciaux du Québec.
M. Morin: C'est toute une tâche, j'en conviens, Mme la
Présidente, de convaincre le ministre, en premier, et les
députés ministériels d'amener les représentants du
Syndicat pour nous apporter un point de vue que nous n'aurons pas à
cette table.
Je suis convaincu que le ministre, malgré ses bonnes intentions,
ne peut pas posséder l'objectivité absolue. Puis on ne peut pas
l'exiger, d'ailleurs. Je ne lui en ferais même pas le reproche. Je pense
que le ministre est fort bien intentionné, je pense. D'ailleurs, on n'a
pas le droit de prêter des mauvaises intentions. Ce ne serait pas
parlementaire. Bon, tout de suite, là, là, je ne peux même
pas. Alors, je suis obligé de m'organiser pour trouver une conclusion
qui n'a pour effet de m'amener à prêter des intentions douteuses
au ministre. Mais je pense que tout le monde conviendra qu'un ministre, comme
n'importe qui, que ce soit lui ou le ministre des Affaires municipales - c'est
plus discutable dans le cas du ministre des Affaires municipales, là -
mais, pour l'ensemble des autres ministres, ça ne pose pas de
problème, tout le monde convient qu'ils ne peuvent pas avoir la
vérité absolue.
C'est pour ça que les représentants du monde syndical
auraient pu nous apporter un certain éclairage, d'abord sur la
réorganisation qui n'est pas sans faille et qui affecte, bien sûr,
les effectifs, puis peut-être, tant qu'à les avoir à cette
commission, avoir leur point de vue sur ce à quoi ressemblera la gestion
de la voirie locale
par les municipalités, dans l'avenir, et peut-être aussi un
point de vue sur l'importance, l'envergure des subventions que le gouvernement
dit substantielles et importantes.
Alors, Mme la Présidente, c'est dommage, mais je pense, quand
vous dites que nous avons la tâche de convaincre...
Une voix:...
M. Morin: II y a un petit imbroglio. C'était juste un
petit ajustement interne, là, technique, à savoir qui... Mais
c'est mon collègue de Jonquière qui vient tout juste d'arriver
avec la copie pour essayer d'entendre des personnes que tout le monde souhaite,
je pense.
Ceci dit, je ne prolongerai pas davantage. D'ailleurs, les cinq minutes
doivent tirer à leur fin, et je suis convaincu que mon collègue
de Jonquière, qui vient tout juste - je pense que c'est encore chaud -
de produire une motion, ça lui fera plaisir de la présenter et,
chacun à notre tour, nous tenterons à nouveau de convaincre le
ministre de faire venir à cette commission des gens qui pourraient
peut-être amener le ministre à apporter des petites modifications
à son projet de loi.
Je vous remercie, Mme la Présidente. Vous êtes bien
gentille.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc.
Une voix:...
M. Morin: Hein? Ah! il y a des petites choses qui arrivent
à la dernière minute, tu sais, mais quand même.
M. Dufour: ...organisé.
La Présidente (Mme Bélanger): Avant de
présenter une autre motion, vous savez que, d'après nos
règlements il faut commencer par disposer de la motion qui a
été proposée par le député de
Lévis.
M. Morin: ...ministre. Une voix: Vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la motion du
député de Lévis se lit comme suit: «II est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure, la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende le Syndicat des fonctionnaires provinciaux
du Québec.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix: Vote nominal. Une voix: Non.
Mise aux voix
La Présidente (Mme Bélanger): Vote nominal. M. le
secrétaire, est-ce que vous voulez faire l'appel nominal?
Le Secrétaire: Alors, M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet-Yamas-ka)?
M. Richard: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention. Alors, le
résultat du vote, c'est: 5 contre, 4 pour, 1 abstention. Alors, la
motion est rejetée.
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): Cinq contre la
motion, M. le ministre.
M. Middlemiss: Ah! excusez-moi. M. Dufour: Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...je voudrais...
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait passer à l'article 1,
Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Mais le
député de Jonquière a demandé la parole.
M. Middlemiss: Ah, encore!
La Présidente (Mme Bélanger): Je ne sais pas s'il
demande de passer à l'article 1. On va voir.
Motion proposant d'entendre l'Union des
municipalités régionales de comté
et des
municipalités locales du Québec
M. Dufour: Je voudrais profiter que vous m'ayez donné la
parole pour proposer qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipalités locales du
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
président de l'UMRCQ était ici cet après-midi. Vous auriez
dû demander ça à ce moment-là.
M. Dufour: J'espère que vous allez, avant qu'on puisse
regarder la recevabilité... S'il peut y avoir des copies, pour que tout
le monde en ait dans les mains, après ça on pourra plus commencer
à parler.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
évidemment que la motion est recevable. Étant donné que
notre commissionnaire est parti chercher du café, vous pouvez commencer
a la débattre. On l'enverra faire des photocopies après.
M. Dufour: On va l'attendre, Mme la Présidente.
M. Morin: Le commissionnaire, il commence à faire du
café? C'est qui qui lui a demandé ça, là?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: C'est vous, non? Tout le monde. Du café pour
tout le monde.
Une voix: C'est vous qui payez le café pour tout le
monde.
M. Morin: Hein?
Une voix: Ce que vous ne savez pas, c'est que c'est vous...
M. Dufour: Je pourrais avoir une directive? On suspend un peu
avant d'avoir les copies de la résolution?
M. Morin: Ah, pas de problème!
La Présidente (Mme Bélanger): non, ce n'est pas
nécessaire de suspendre. je pense que les membres de la commission sont
prêts à vous écouter.
Une voix: Est-ce que vous avez jugé que c'était
recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, j'ai dit qu'elle
était recevable, d'entendre... C'est exactement le même
libellé que la première motion, sauf que le groupe qu'on demande
d'entendre, c'est l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec.
M. Dufour: Donc, vous me cédez la parole, Mme la
Présidente. Je vais profiter...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais j'aimerais avoir
une information, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales de comté... Est-ce que l'Union des
municipalités régionales de comté n'est pas le
représentant des municipalités locales?
M. Dufour: II y a peut-être... Là, il faudrait...
C'est pour ça que je dis qu'on aurait aimé à avoir le
libellé parce que, probablement, c'est les municipalités
locales.
Des voix: Ah!
M. Dufour: II peut y avoir...
M. Middlemiss: Ce n'est pas recevable, ça. C'est quoi?
Ça n'existe pas, ça.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec.
M. Morin: C'est ça, c'est conforme.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça veut dire
que vous voulez avoir 1500 municipalités ici?
M. Morin: Mme la Présidente, c'est conforme.
M. Dufour: C'est la même.
M. Morin: Oui, c'est la même union, Mme la
Présidente.
M. Middlemiss: Est-ce que c'est recevable, ça, là,
Mme la Présidente?
M. Morin: L'UMRCQ est l'union qui représente les MRC et,
en même temps, les municipalités locales.
M. Dufour: C'est exactement ça. C'est le titre...
M. Middlemiss: Mme la Présidente, moi, je me pose la
question à savoir si c'est recevable, ça, là. On ne sait
même pas qu'est-ce qu'on veut dire, là. Donc, comment est-ce que
ça peut être recevable?
M. Dufour: Mme la Présidente, je vous demande...
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, moi,
je demande une information. En tant que présidente, j'ai jugé la
motion recevable. Mais, la, je relis. Le groupe qu'on veut entendre, c'est
l'Union des municipalités régionales de comté. Il y a un
représentant qui est le président de l'UMRCQ.
M. Dufour: L'autre union, c'est l'Union des municipalités
du Québec. Ce n'est pas la même. C'est le titre
enregistré.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'UMQ, pas
«locales».
M. Dufour: Hein?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'UMQ.
M. Dufour: C'est le titre, c'est le nom. En tout cas, faites-nous
confiance.
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
M. Dufour: J'ai été assez longtemps dans ce
domaine-là. Voyons! Moi, ça ne me fait rien. On peut suspendre
pour faire des recherches.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: II semble y avoir une certaine confusion, là,
puis, considérant que je suis plutôt visuel qu'auditif, j'aimerais
ça prendre connaissance de la copie.
M. Dufour: Bon, bien, on va attendre d'avoir des copies.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, je trouve ça un
peu aberrant que vous vous questionniez à savoir c'est qui le
deuxième organisme et qu'encore vous assumiez que c'est recevable. Donc,
si on ne connaît pas le deuxième organisme, comment est-ce qu'on
peut dire que c'est recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): Comme le
député de Lotbinière l'a dit, il est visuel. Moi aussi, je
suis visuelle. Alors, quand le député de Jonquière a
lu...
M. Middlemiss: Est-ce que cet organisme existe, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est la
question.
M. Middlemiss: Si l'organisme n'existe pas, comment ça
peut être recevable?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, moi, j'avais
compris l'Union des municipalités régionales de comté.
Alors, pour moi, c'est l'UMRCQ...
M. Middlemiss: Dans un premier temps, et il y en a une
deuxième.
La Présidente (Mme Bélanger): ...et, là, ce
que... C'est la première fois que j'ai ça: «et des
municipalités locales du Québec».
M. Garon: C'est la même union.
M. Middlemiss: Bien non! Une seconde, là!
La Présidente (Mme Bélanger): Mais pourquoi
rajouter «et des municipalités locales du
Québec»?
M. Middlemiss: Vous êtes confus un peu, là.
M. Camden: On va faire un avis de recherche.
M. Middlemiss: Moi, Mme la Présidente, moi, je ne suis pas
convaincu que c'est recevable, ça, parce que le deuxième
organisme, on ne sait même pas qu'est-ce que ça veut dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, moi, je ne le
connais pas. «Et des municipalités locales», moi...
M. Garon: C'est le même organisme. (21 h 10)
La Présidente (Mme Bélanger): II y a 1500
municipalités.
M. Garon: Bien, moi, je demanderais, Mme la Présidente,
qu'on suspende quelques instants, le moment de vérifier, parce qu'on
peut... C'est une question de fait, ça. C'est le nom ou ce n'est pas le
nom.
M. Morin: Mme la Présidente, c'est parce qu'on sait fort
bien qu'on l'appelle l'UMRCQ...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Morin: ...si vous permettez, l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec, sauf qu'on sait qu'il peut
y avoir des municipalités qui font partie de...
La Présidente (Mme Bélanger): Qui ne font pas
partie d'une MRC?
M. Morin: ...cette union-là, mais sans
nécessairement faire partie d'une MRC, c'est-à-dire de l'UMRCQ,
mais ça n'est pas exclusif, parce que l'union va représenter les
municipalités locales avant de représenter les MRC. Alors, c'est
pour ça qu'assez souvent on tient compte de la nuance.
M. Middlemiss: Oui, oui, mais sauf que...
M. Morin: Mais c'est le même organisme, Mme la
Présidente. Ce n'est qu'une façon de l'écrire qui tient
compte un petit peu de...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais est-ce que ce
n'est pas de la redondance?
M. Dufour: Non, c'est le nom enregistré. C'est de
même que ça s'appelle. Écoutez un peu, là. Avant,
ça s'appelait...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est une question
que je vous pose.
M. Dufour: Avant, ça s'appelait les conseils de
comté du Québec. Et pourquoi ça a changé? C'est
quand on a mis les MRC sur pied. Je m'en rappelle, ça s'est fait dans le
temps de Jean-Marie Moreau, qui est mort, bon. Ils ont changé leur nom.
Ils ont dit: Comment on fait pour s'enregistrer? On veut avoir les MRC, puis,
en même temps, on veut garder les petites municipalités
locales.
M. Morin: C'est ça.
M. Dufour: Et voilà, le tour était joué. Et
c'est ce nom-là. Parce que le ministre a voulu faire son drôle,
là...
M. Garon: Moi, je vous suggère de suspendre...
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, je ne mourrai
pas ce soir. J'apprends quelque chose. M. Garon: ...de vérifier.
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon?
M. Garon: Le mieux, c'est de suspendre pour vérifier.
M. Dufour: On va suspendre. On va attendre. Faites un avis de
recherche.
La Présidente (Mme Bélanger): On va suspendre
quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 12)
(Reprise à 21 h 13)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je reprends
nos travaux.
J'ai la preuve que, ici, il y a une lettre adressée au ministre
qui vient de l'Union des municipalités régionales de comté
et des municipalités locales du Québec.
Une voix: C'est ça.
M. Garon: Vous voyez, l'Opposition est mieux renseignée
que le gouvernement.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Moi, je ne
fais pas... Je fais partie du gouvernement, mais ce n'est pas...
M. Middlemiss: C'est qui qui lui a donné ça,
là?
La Présidente (Mme Bélanger): C'était mon
opinion personnelle.
M. Garon: Le ministre disait que ça fait deux ans qu'il
parlait avec ces gens-là, puis il ne savait même pas leur nom.
M. Middlemiss: Vous n'étiez pas au courant, vous. Vous
êtes bien bon pour parler, là, vous. Vous n'étiez
même pas au courant.
M. Garon: Bien oui! J'étais au courant.
M. Middlemiss: Donc, c'est nous autres qui avons donné la
preuve. Comme d'habitude, encore mal informé, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Bien non! C'est le ministre qui est encore dans les
patates, comprends-tu!
M. Middlemiss: Oui, oui!
M. Garon: II marche, puis il ne sait pas qu'il marche. Il fait de
la prose et il ne sait pas
qu'il fait de la prose, comme Monsieur Jourdain dans...
La Présidente (Mme Bélanger): Ah! là. Un
instant! Un instant!
M. Middlemiss: Aïe! On n'a pas de leçons à
prendre de vous.
M. Morin: II ne nous croyait même pas, le ministre. C'est
bien de valeur, mais le ministre...
M. Dufour: C'est une demi-vérité, «middle
miss».
M. Garon: Savez-vous quel jour on est, là, M. le
ministre?
M. Middlemiss: Oui. Je sais quelle journée que...
M. Garon: Pas sûr.
M. Morin: Mentir à moitié.
M. Middlemiss: Oui. Moi, je ne me promène pas avec des
chèques dans mes poches pour fake perdre 25 000 $ à la province,
oui.
M. Garon: Vous seriez mieux d'en avoir. Vous avez l'air
cassé comme un clou.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Middlemiss: Des gens qui se promènent avec des
chèques, qui font perdre 25 000 $ à la province, ils se pensent
«smart».
M. Morin: J'espère que «middle miss», ce n'est
pas antiparlementaire.
La Présidente (Mme Bélanger): La présidence
avait raison ce matin de dire que la vapeur monterait à un moment
donné, hein!
M. Morin: Mentir à moitié.
M. Garon: Moi, je ne fais pas des lois illégales.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Jonquière...
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): ...vous avez la
parole.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Bon, en fait, c'est
un imbroglio...
M. Middlemiss: C'est comment longtemps, là, lui?
La Présidente (Mme Bélanger): 30 minutes.
M. Dufour: ...que vous avez causé sans qu'il en soit de
votre faute, et c'est pour ça que les règles de procédure,
c'est important de temps en temps parce que, si on avait eu tous ensemble le
même document, ça nous aurait permis de pouvoir porter un jugement
plus rapidement et on se serait convaincus du bien-fondé de cette
motion. Vous ne devez pas être surpris, d'ailleurs, de votre part, que ce
soit le porte-parole de l'Opposition officielle en matière d'affaires
municipales qui vous propose cette motion, puisque j'ai continuellement
à travailler avec les unions municipales qui, elles, représentent
d'abord les municipalités, qui couvrent l'ensemble du territoire du
Québec.
Dieu sait que cette réforme a été accueillie d'une
façon curieuse, et je pourrais dire d'une façon agressive par les
milieux municipaux, et avec raison. Rappelons-nous qu'en 1990 le ministre des
Affaires municipales a déposé un projet qu'il appelait
pompeusement la refonte, une refonte, et ce nom lui est resté
jusqu'à ce jour. On appelle ça la réforme Ryan.
Une réforme, à mon point de vue, ça, c'est quelque
chose qui apporte des éléments novateurs et
d'amélioration, et on doit se demander, aujourd'hui, après les
deux années d'application, si ces éléments ont
amélioré la qualité de vie de nos concitoyens ou si
ça a eu pour effet seulement de transférer des comptes à
payer d'un endroit à un autre. Je comprends que les gouvernements ou le
gouvernement - on peut dire les gouvernements - ont des difficultés
à s'administrer. Est-ce que la machine administrative est
emballée? Est-ce qu'elle est trop grosse?
Moi, je pense qu'il y a des gens qui ne prennent pas à coeur les
responsabilités qu'ils ont. Ça s'administre, des
ministères, puis un gouvernement, ça s'administre, mais il faut
être proche du monde, puis il ne faut pas administrer ça à
la va-comme-je-te-pousse. Ça prend des motifs sérieux pour signer
d'abord des comptes, pour signer des engagements financiers. Il faut être
attentif à ce qui se passe à son ministère. Notre
gouvernement, qui est à la recherche désespérée de
fonds, a trouvé un moyen parmi d'autres, parce qu'il y a bien d'autres
moyens qu'a employés ce gouvernement-là.
Le budget du Québec a augmenté de 16 000 000 000 $ depuis
1985. Il y a des gens qui se vantent, dans ce gouvernement-là, de dire
ou d'informer la population qu'ils n'ont pas augmenté les impôts.
Comment on peut arriver à une affirmation aussi grossière, quand
on sait que l'argent, on peut le créer, mais pas de cette
façon-là? Là, c'est une addition purement de chiffres que
je donne. Les budgets des gouvernements ont augmenté de 16 000 000 000
$, donc
plus de 50 %. Si je pars sur la base de 25 %, là, de 28 000 000
000 $, ils ont augmenté d'une façon très importante dans
peu de temps. Et, surtout, venant de la part d'un gouvernement qui s'est dit,
au départ: Nous, on va être de bons administrateurs. On va
gouverner moins, donc on va moins gouverner, donc gouverner mieux. On va faire
moins de lois, puis mieux légiférer.
Vous savez, il n'y a rien comme le temps et l'histoire pour donner des
réponses à des affirmations aussi prétentieuses.
Une voix: C'est vrai.
M. Dufour: Puis le cours du temps nous donne entièrement
raison. Est-ce qu'on légifère moins? Je prétends qu'on
légifère plus et plus mal. Puis, si on avait cette intention de
légiférer moins, je dirais au gouvernement: Bravo! Ça va
vous empêcher de légiférer mal.
Quant à la question administrative, je ne suis pas sûr que
vous passeriez votre diplôme au cégep, parce que 60 %, c'est
ça qui est exigé...
M. Garon: II y a des diplômes trafiqués.
M. Dufour: Ah! à moins que ce soit un diplôme,
là, trafiqué, comme dirait mon collègue de
Lévis.
M. Garon: ...général.
M. Dufour: Ça serait difficile de donner un diplôme
parce que, pour moi, vous n'avez pas passé le diplôme, ou les
tests, ou les examens qui permettraient d'obtenir cette note de passage. Parce
que combien de sophismes, combien d'idées vous avez lancées sur
la place publique qui ont toutes - «floppé» n'est
peut-être pas un bon mot - mais qui ont dégonflé!
On a parlé de privatisation, on pourrait en parler pas mal
longtemps. Ça a fait quoi? Les ministres étaient heureux de nous
dire que, nous, on donnait des subventions à Quebecair parce qu'on
mettait une fleur de lys sur la queue de l'avion, puis on se contentait de
ça. On peut dire qu'après l'avoir tout viré à
l'envers, avoir ouvert nos possibilités sur la
déréglementation du transport, bien, on s'est rendu compte que,
dans les régions, pour des gens comme nous, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, un billet d'avion, qui coûtait environ 150 $,
entre le Saguenay et Montréal, est rendu alentour de 500 $.
Si c'est ça la déréglementation! Si c'est ça
les bons coups que vous avez faits! Si, nous, on ne savait pas administrer, il
y a au moins une chose: on savait où on donnait notre argent. Ça
coûtait 15 000 000 000 $ de déficit, mais on donnait une autoroute
dans les airs pour les gens des régions. Vous autres, vous l'avez
démantibulé, vous avez favorisé quelques petits amis.
Ça a «floppé» pareil, ça a fait faillite, puis
on a payé les frais, puis il n'y a plus rien. C'est les bons
administrateurs! (21 h 20)
Pas juste là, hein! Je pourrais prendre tout le dossier. Il y en
a un, ce soir, je le regardais à la télévision. Pendant
trois ans ou quatre ans, il faisait la loi dans tout le Québec en
disant: Nous autres, on est fins, on a de l'argent, on travaille fort, puis,
écoutez un peu, on achète ci, puis on achète ça. Je
ne lui ai pas souhaité de mal, mais je trouve pareil... Vous savez, des
gens qui sont cassés et qui viennent parler avec l'argent des autres,
puis qui viennent faire des leçons à tout le monde, je ne suis
pas prêt à prendre ça. Je ne suis pas prêt à
croire que ce sont de bons administrateurs. Donc, c'est un peu ça,
là, qu'on peut regarder. Les résultats, c'est où on s'en
va. Le même gouvernement qui nous donne... qui prétend qu'il va
améliorer des choses, est-ce que, vraiment, il possède en main
tous les éléments pour poser ces gestes-là?
La semaine dernière, on a rencontré des sous-ministres, le
sous-ministre des Transports, de la voirie, avec d'autres collègues, qui
sont venus nous parler de qu'est-ce qui pourrait arriver dans nos
régions et du réaménagement du ministère des
Transports. Il semblerait que ça n'a pas fait des heureux chez nous. Il
semble aussi que ça n'a pas fait des heureux non plus du
côté ministériel. Des deux côtés, il n'y a que
des malheureux.
Donc, on peut conclure facilement que la réforme n'a pas
été assez mâchée, mâchouillée, qu'elle
n'était pas prête. Lorsqu'on a demandé: Avez-vous des
études d'impact?, ils ont dit: On n'en a pas. Ah! c'est nouveau,
ça. On fait des changements dans tout le Québec, on se
promène avec des papiers dans les poches, puis on dit aux gens,
là: C'est de même que ça va se passer, puis on ne sait pas
ce qui se passe exactement. On avait l'impression que c'était la
méthode du compas qu'on a employée. D'abord, on décide
où on met ce qu'on veut mettre et, après ça, on prend un
compas et on fait le tour, et on agrandit le tour du compas, on l'agrandit
jusqu'à temps qu'on y trouve son compte. Ça, c'est la
théorie du compas des gens centralisateurs, des gens de
Québec.
Mais, sur leur terrain, c'est de la folie furieuse. Entre la
théorie et la pratique, il y a tout un monde, il y a une distance
énorme. Ça a donné ce que ça avait à donner:
tout le monde est de mauvaise humeur, puis tout le monde n'est pas content des
ministres qui s'apprêtaient à faire une chose semblable, ce qui me
permettait de dire, encore hier soir, dans mon discours à
l'Assemblée nationale, que les pires adversaires des régions,
c'est le gouvernement. Il parle des deux côtés de la bouche en
même temps.
Puisque le ministre de l'Agriculture et du développement
régional veut avoir un discours un peu plus régionaliste, il a
annoncé à grands frais une «réformette», mais
il n'a pas d'argent.
Une réforme pas d'argent, c'est comme une réforme sur le
dos des autres. Bon! Donc, c'est une «réformette», et cette
réforme-là, qui se veut un tantinet un commencement de l'ombre de
la queue d'une politique de développement régional, elle n'est
pas encore commencée que, déjà, on se rend compte qu'au
lieu de vouloir renforcer les régions, au lieu de s'unir avec les
municipalités, avec la ruralité régionale, on fait
exactement le contraire, puis on leur donne des responsabilités
nouvelles, puis on les prive de sources de revenu qu'elles devraient avoir,
puisque ce sont des responsabilités qu'elles n'ont jamais
assumées à ce jour.
C'est des questions de fond. Et, dans le projet de loi, il y a d'autres
choses qui intéressent les municipalités. Un, c'est les routes.
Deux, c'est l'état des structures de ponts dans les
municipalités. Il y a 8400 ponts à peu près dans tout le
Québec. Le gouvernement va en transférer à peu près
8000; il va en garder 400. On pense que les municipalités vont
être... On va appeler ça, à partir de maintenant, les
municipalités souriantes. Il y avait la «Bottine souriante»,
on va avoir les municipalités souriantes, très heureuses
d'obtenir ce cadeau, mais je parlerais d'un cadeau empoisonné parce que
les ponts...
Il n'y a pas tellement longtemps, il y a une étude du
ministère qui s'est promenée dans tout le Québec. On a
même questionné, à l'Assemblée nationale... Il y a
plus de 50 % des ponts dans tout le Québec qui sont
considérés comme dangereux.
Une voix: Oui.
M. Dufour: Bon! Est-ce que le ministère, depuis les trois
dernières années, a eu le temps de réparer tous ses ponts?
La seule façon de s'en assurer, c'est d'examiner si les budgets ont
augmenté. Comme les budgets de la voirie n'ont pas augmenté, on
peut conclure qu'il n'y a pas beaucoup de ponts qui se sont
améliorés. Donc, l'état de dangerosité, il est
aussi grand que voilà trois ans, surtout qu'on peut affirmer qu'il y en
a même qui ont écrasé depuis ce temps-là. Donc,
l'étude faite par le ministère était concluante. Il y
avait des ponts dangereux, et ces ponts dangereux, ils demeurent, à
l'exception qu'on n'en parle plus. Si on n'en parle plus, donc, ni vu, ni
connu. Ce qu'on ne sait pas, on ne peut pas avoir de mal. Une maladie qu'on
ignore, ça veut dire que c'est quelqu'un qui est en bonne santé.
C'est à peu près ça. Ça fait que, si les ponts, on
n'en parle pas, c'est qu'ils sont tous revenus en état normal, ce sont
des ponts parfaits, pour lesquels les municipalités ont un cadeau, pour
lesquels elles n'auront pas à se troubler trop, trop.
Par contre, et là le doute revient dans mon esprit, pas trop,
trop loin après qu'on dit qu'on en garde 400, qu'on leur en remet 8000,
le ministère se rend compte, dans un sursaut, j'imagine, de
responsabilité, il dit: Oui, mais possible que ces ponts-là, il
faut qu'ils soient encore surveillés. Comme les municipalités
n'ont aucune expertise dans le domaine, le ministère les informe qu'il
va mettre à leur disposition certaines ressources techniques pour
pouvoir regarder, pour pouvoir constater, et, quand les ponts seront
brisés ou seront dans un mauvais état, je ne sais pas ce qui va
arriver parce qu'on ne connaît pas les sommes disponibles pour
réparer ces ponts.
Il a été un temps où le gouvernement... Et
ça, ça a toujours été dans la loi, les ponts
appartiennent aux municipalités, mais le gouvernement en a toujours fait
l'entretien. Donc, ça, c'est correct. Actuellement, on dit: Les ponts
sont à vous autres, mais on ne sait pas qui va être responsable de
l'entretien. On peut présumer que ce sont les municipalités, que
le ministère va continuer à subventionner ou à compenser,
parce que c'est la meilleure façon de tenir les municipalités en
tutelle. C'est la meilleure façon, tout en les responsabilisant, de les
tenir non autonomes. C'est ça, le résultat de tout ce qu'on
s'apprête à faire.
Il y a un autre domaine où les municipalités ne se sont
pas prononcées, mais ce domaine-là, c'est la question qu'on peut
décréter des routes à péage à peu
près dans tout le Québec. Bien, le ministre, il fait un sursaut.
Moi, je l'invite à relire son projet de loi. Vous savez, il y a un
problème. Quand on est dans l'Opposition, on lit. On sait ce que
ça veut dire les mots. Quand on est au pouvoir, on ne regarde pas avec
le même oeil, donc on oublie des choses. Et c'est arrivé, hein! Je
peux juste vous rappeler que le Code de la sécurité
routière, c'est 750 articles. Celui qui vous parle a apporté
à peu près 100 amendements, acceptés par le ministre des
Transports, concernant le Code de la sécurité routière,
juste parce qu'il a pris l'expérience que j'avais dans le domaine, sur
le plancher, là, puis sur le réseau routier, et c'est de
même qu'il a amené des...
Je vous invite à regarder ce qui s'est passé en
commission, puis vous allez voir qu'il y a beaucoup d'amendements qui ont
été proposés par celui qui vous parle, une centaine
environ. Donc, ça veut dire que, quand on est au pouvoir, on ne lit pas
de la même façon que quand on est dans l'Opposition et qu'on ne
comprend pas de la même façon. Donc, on voudrait bien inviter le
ministre à réfléchir, puis à voir si ce qu'on dit,
c'est correct ou pas.
Je voulais juste vous rappeler en mémoire le 3 mai 1984. Je me
souviens que le maire de Blainville, M. Mercier - il est encore maire,
d'ailleurs - a mené une lutte du tonnerre pour enlever le péage
sur les autoroutes dans la région de Montréal.
Une voix:...
M. Dufour: m. mercier, oui. m. paul mer-
cier. Il a fait un sabbat terrible, un tabac, pas un sabbat, un tabac
terrible, et il a réussi à convaincre le gouvernement d'enlever
le péage sur les autoroutes. Puis, en enlevant le péage, il avait
des alliés très bruyants, pour ne pas dire très
tapageurs.
Une voix: C'était les libéraux.
M. Dufour: C'était l'Opposition du temps, là,
à l'Assemblée nationale, qui, elle, a mené une bataille
terrible, sans regarder les conséquences. Ça ne les
dérangeait pas. C'est drôle qu'actuellement ils sont tellement
préoccupés du bien public. Ils veulent notre bien, puis ils nous
le prennent. C'est ça leur philosophie. Mais, dans le temps, ils
étaient vraiment préoccupés de vouloir faire du bien aux
autres. Ils ne voulaient pas le bien; ils voulaient faire du bien, sans
considérer les conséquences. (21 h 30)
Qu'est-ce qu'ils ont fait à l'Assemblée? C'est ça
qu'il faut regarder. Et ça, ça se passait le 3 mai 1984, à
14 heures, donc 2 heures de l'après-midi. L'Assemblée
procède au vote, par appel nominal, de la motion de M. Ciaccia
proposant, en vertu de l'article 97 des règles de procédure, que,
de l'avis de cette Assemblée, le gouvernement doit rejeter la
recommandation du comité de députés péquistes
d'étendre le péage à toutes autoroutes du Québec et
conclure plutôt à l'abolition complète de tous les postes
de péage existants.
La motion est rejetée, mais avant d'être rejetée, on
pourrait regarder qui est en faveur de la proposition: Mme Bacon, Mme
Bélanger, M. Bissonnet, M. Blais, M. Bourbeau, M. Dauphin, M. de
Bellefeuille, Mme Dougherty, M. Doyon - le même, hier, qui nous donnait
des leçons, qui parlait, là, qui essayait de donner des
leçons, il n'y a pas une route locale dans son comté - M. French,
M. Gratton, M. Houde, M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M. Kehoe, M. Leduc, M.
Levesque (Bonaventure), M. Lincoln, M. Marx, M. O'Gallagher, M. Paradis, M.
Polak, M. Rh/est, M. Ryan - je lui ai parlé tantôt de la
réforme, les municipalités souriantes - M. Saintonge, M. Scowen,
M. Sirros, M. Vaillancourt, M. Vallières.
C'était ça la proposition. C'est de même qu'on a
voté. Et cette motion a été battue, mais on a aboli le
péage sur les autoroutes. On a enlevé une source de revenu, et
ça a pris à peu près... Encore là, je me souviens,
c'est Michel Clair, si je ne me trompe pas, qui était ministre des
Transports dans le temps, qui voulait garder... Bien, ça a
commencé, la bataille... Peut-être que ce n'était pas lui
qui était là, mais la bataille a commencé parce que Michel
Clair était à la recherche de fonds. La même chose que le
gouvernement. Vous n'avez rien inventé. Chercher de l'argent, c'a
toujours été une préoccupation gouvernementale. Puis, avec
les péages, ça donnait environ 75 000 000 $ qu'il aurait pu
redistribuer aux régions. C'était ça... Parce que, en
région, des autoroutes, on n'en a pas. Et, où il y a des
autoroutes, d'habitude, il y a des routes de transfert qui peuvent...
Vous savez, quand on va en Europe, si vous prenez l'autoroute du Soleil,
entre l'aéroport Charies-de-Gaulle pour se rendre à Rome, vous
avez des péages. Mais vous pouvez passer à côté de
la route si vous voulez. Donc, il y a un choix. En principe, lorsqu'il y a une
autoroute, vous pouvez prendre une route moins rapide, et c'est votre choix.
Moi, je ne trouve pas ça scandaleux en soi qu'on paie sur une autoroute.
Mais, si le gouvernement, dans le projet de loi, peut décréter
n'importe quelle route comme route à péage, bien, je vous
souhaite bonne chance. Ça sera encore un détroussage.
Vous savez, il fut un temps où on avait des détrousseurs
de grand chemin, puis, là, on a des détrousseurs tout court.
Parce que les grands chemins, c'était probablement les autoroutes du
temps. Aujourd'hui, si on n'a pas assez de routes, on va en créer par
décret, puis, là, on va détrousser le monde. On va les
faire payer. On revient encore à l'époque préhistorique,
à mon point de vue. Puis, si ce sont de véritables autoroutes,
que les gouvernements nous disent qu'ils renient complètement ce qu'ils
ont chéri aussi longtemps.
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour avoir le pouvoir? Il semblerait que
c'était la course effrénée dans le temps. C'était
encore l'euphorie. On disait: Nous autres, on peut prendre n'importe quelle
responsabilité. Ce n'est pas la seule place où l'Opposition a
erré dans le temps. Sur la Société de l'assurance
automobile, le gouvernement, il s'est battu enragé contre. Et les
ministres des Transports - pas ceux-là qu'on a devant nous, mais
ça ne fait rien, ils en profitent - ils disaient: La
société de transport, c'est devenu la mamelle nourricière
du gouvernement. Ils sont après le pis, puis ils le traient sans
arrêt. 1 200 000 000 $ qu'on a enlevés à la
Société de l'assurance automobile. C'est beau, ça! Mais
vous étiez contre. Après ça, c'est devenu bon parce que
c'est payant, payant, payant. Il y a beaucoup de règlements comme
ça où le gouvernement actuel s'est opposé à de
bonnes mesures. Seulement, il en profite, un coup qu'il est au pouvoir. Donc,
c'était encore là, je pense, ce que je viens de citer tout
à l'heure, une action qui était irréfléchie,
à mon point de vue.
Ce qu'on dit, nous, c'est qu'il y a des municipalités qui sont
impliquées. Il y a des partenaires là-dedans. C'est une
réforme qui s'est faite, au départ, là,
unilatéralement: une information et une décision. Après,
on a engagé les débats, on a engagé les discussions. Ces
discussions ne sont pas complétées. J'ai la prétention de
dire que les discussions ne sont pas complétées, et les chemins
ne sont pas remis dans un état qu'on aurait pu espérer, que les
municipalités auraient pu espérer.
D'autre part, il y a des façons ou des sources de taxation
autonomes qui auraient dû être remises aux municipalités.
Elles ne font pas le poids. Elles ne font pas le compte. On va exiger des
municipalités qu'elles viennent faire leur génuflexion, leur
pèlerinage chaque année, d'abord, un, devant leur
député, deux, ici, à Québec, et les ministres vont
avoir à confesser régulièrement et continuellement.
Ce n'est pas ça responsabiliser les gens. Ce n'est pas les tenir
comme des petits gars en culottes courtes ou des petites filles en robe courte
pour leur dire quoi faire ou pas. Responsabiliser, ça veut dire
considérer les gens comme des adultes, les considérer
responsables et leur donner les outils pour faire leur travail. Dans ce projet
de loi, je ne vois pas ces outils-là. C'est évident que les
municipalités vont être obligées de le faire pour bien
faire leur travail. Moi, je ne doute pas que les municipalités feront ce
travail-là, mais elles vont le faire comment, puis elles vont le faire
à quel prix? Une chose est certaine, c'est 0,14 $ les 100 $ qu'on vient
de transférer sur le dos des contribuables. Même si les
municipalités étaient contentes, je ne suis pas convaincu... Je
suis convaincu, au contraire, que les contribuables ne sont pas heureux de ce
transfert de coûts dans leur portefeuille. Ça, c'est
élémentaire. C'est clair qu'ils ne sont pas heureux.
J'aurais aimé, moi, et je pense que le ministre va accéder
à la demande de l'Opposition - la motion le dit clairement - qu'on
entende l'Union des municipalités régionales de comté et
des municipalités locales. Ce serait important qu'on l'entende. J'ai vu,
cet après-midi, je me suis assuré... j'ai parlé avec le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté qui m'a informé qu'il pourrait être à notre
disposition dans un court délai si le ministre, bien sûr,
accédait à notre demande. Il serait prêt à venir
nous donner un témoignage sur ce qu'il pense de ce transfert, de quelle
façon les municipalités vont s'en tirer ou pourront s'en tirer,
quelles sont les lacunes qu'elles rencontrent, actuellement, et quelles sont
les représentations que les municipalités ont faites
auprès de leur union. Vous savez, les petites municipalités sont
très attachées à leur union, et il n'y a rien de mieux que
leur président, leur porte-parole officiel, pour nous permettre de
comprendre mieux, en long et en large, de quoi ça brette ou de quoi il
s'agit. C'est vraiment la personne-ressource dont on pourrait se priver et
qu'on aurait l'occasion d'entendre.
Je sais, d'autre part, qu'il y a une table
Québec-municipalités qui existe. La table
Québec-municipalités a été mise sur pied pour
engager un dialogue entre les Affaires municipales et les municipalités.
De temps en temps, d'autres ministres vont donner ou expliquer certaines
politiques aux élus ou aux unions des municipalités, mais ce
n'est pas suffisant. Lorsque ça a été mis sur pied, cette
table, j'étais maire, et je n'ai jamais cru que ça deviendrait la
table unique pour parler. Ce n'est pas de cette façon-là qu'on
lavait entrevue. C'est peut-être une façon de voir les
problèmes, de pouvoir les disséquer, de pouvoir tenir compte de
l'ensemble et d'avoir une réaction. C'est une table
privilégiée, mais ce n'est pas la table unique où les
ministres devraient parler, surtout que ça exclut, ça
évacue toute contestation extérieure. On fait ça entre
nous. L'Opposition, on n'a pas la chance ou on n'a pas l'appareil
gouvernemental à notre disposition pour se permettre de tenir des
débats.
Tout à l'heure, je parlais avec le directeur
général de l'Union des municipalités du Québec. Je
comprends que c'était à la blague, mais je voyais le ministre
délégué aux Transports qui avait l'air de dire: Oui, je
comprends, là. Vous parlez aussi à l'Opposition. C'est de bonne
guerre. Je sais bien que c'était pour badiner.
M. Middlemiss: ...avec l'Opposition. (21 h 40)
M. Dufour: C'était pour badiner. Je ne pense pas qu'il y
ait personne qui empêche personne de parler à quelqu'un, mais
c'est drôle de voir un peu... Je pense bien que les unions municipales se
sentiraient mal à l'aise de venir rencontrer l'Opposition à tout
bout de champ pour parler des problèmes. D'ailleurs, elles ne sont pas
là pour dire ce qui s'est passé entre elles et le gouvernement.
Ça ne se passe pas comme ça. Quand on veut le savoir d'une
façon officielle, la meilleure façon, c'est de les amener en
commission parlementaire et de les questionner sur l'état de la
situation. Là, elles peuvent le faire et elles peuvent nous renseigner,
puis elles sont d'un précieux secours aussi. Cachons-nous pas, les
unions municipales travaillent beaucoup avec le gouvernement. Je sais que les
unions préparent beaucoup de dossiers en fonction des lois tantôt
que le gouvernement leur impose, tantôt qu'elles demandent. Ça,
c'est deux choses.
Là, on est dans l'imposition. Les municipalités
n'étaient pas en demande par rapport à ça, mais le
gouvernement est dans l'imposition. C'est encore d'autant plus important
qu'elles viennent nous dire ce qu'elles pensent, que l'Union des
municipalités régionales de comté vienne nous dire ce
qu'elle pense de ce projet de loi, qui est devant l'Assemblée, qui n'a
pas été mis en large consultation sur la place publique. Il faut
que les gens puissent se prononcer.
Ça ne fait pas tellement longtemps que ce plan-là est
connu, là. On peut bien dire que, depuis deux ans, ça a
été annoncé, mais, entre une annonce et une action directe
ou une concrétisation d'un projet, il y a un bout de chemin à
poursuivre. Ce bout de chemin là, il a été cahoteux,
à ce que je sache, comme les routes, d'ailleurs. Je ne suis pas
sûr qu'il est mieux fait que les routes, il est probablement en
zigzag. Le ministre a pu en profiter. Il a mis un comité, il a
mis des comités sur pied, il a fait des consultations, mais ça
s'est fait entre eux, entre nous. Il faut qu'on sache un peu plus, comme
Opposition, de quelle façon ça va se passer, parce qu'on peut
s'assurer qu'il y a eu des études d'impact, mais les actions en
région, elles se sont passées comment? Puis de quelle
façon les officiers du ministère...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Dites-moi pas que mon temps achève
déjà, Mme la Présidente. Je suis toujours malheureux. Il
me semble que j'avais encore des choses à dire...
Une voix: Bien oui!
M. Dufour: ...puis je suis obligé tout le temps d'aller
plus vite à la fin, parce qu'il faut ramasser ça un peu plus
rapidement.
Il y a une question dont je voulais parier, c'est les transferts des
bureaux régionaux d'une place à une autre. Les
municipalités n'ont pas été consultées
là-dessus.
Une voix: Non.
M. Dufour: J'aurais aimé qu'elles seraient venues nous le
dire. Si elles ont été consultées, on ne le sait pas. Mais
je peux vous dire que la ville de Jonquière, qui avait un bureau
régional, elle, elle n'a pas été consultée.
Ça, je suis sûr qu'elle n'a pas été
consultée...
Une voix: Est-elle membre de l'UMRCQ?
M. Dufour: ...dans l'effet qu'elle perdrait sa direction
régionale. J'ai parlé avec le maire, dimanche passé, et il
ne m'a pas informé - et ça, je vous le dis, j'ai parlé
avec, il était la personne la plus surprise au monde...
La Présidente (Mme Bélanger): Conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente. Il était,
dis-je, la personne la plus surprise au monde de ce qui se concoctait dans les
officines gouvernementales.
Donc, je conclus en disant que le ministre serait bien avisé
d'accepter notre motion à l'effet d'entendre le président de
l'Union des municipalités régionales de comté.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le député de
Lévis. Je m'excuse.
M. Middlemiss: Est-ce que j'ai un droit de parole, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, vous avez 30
minutes, M. le ministre.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je dois
vous dire que le député de Jonquière ne m'a pas convaincu
du besoin d'avoir l'Union des municipalités régionales de
comté ici. Il nous a parlé de péage, il nous a
parlé que le bureau, ça va être
déménagé de Jonquière à Chicoutimi, il nous
a parlé de toutes sortes de choses, que c'est lui qui a fait 100
amendements dans le code de la route, tout ça. Rien, aucun argument pour
me convaincre qu'on devrait demander à l'Union des municipalités
régionales de comté de venir nous voir.
Mais, moi, je peux vous dire, Mme la Présidente, que, depuis un
an, le comité technique de l'Union des municipalités
régionales de comté, l'Union des municipalités du
Québec, le ministère des Transports du Québec, le
ministère des Affaires municipales ont eu neuf rencontres. Ils ont
échangé sur tous les points et plusieurs points que le
député de Jonquière n'a même pas touchés,
dans un premier temps.
Il y a eu aussi, Mme la Présidente, cinq réunions de la
table Québec-municipalités auxquelles j'ai eu le privilège
d'assister et une autre réunion avec les présidents des deux
unions. À ce moment-là, la dernière réunion avec
les présidents, on leur a fait la dernière proposition et,
à date, il n'y a personne des unions qui nous a demandé - ils ne
sont pas gênés... Lorsqu'ils voulaient nous rencontrer, ils ne se
gênaient pas, ils n'avaient pas besoin de messagers dans la personne du
député de Jonquière pour nous demander de venir nous
parler.
J'ai eu l'occasion, aujourd'hui, de parler avec le président de
l'Union. La seule chose qu'il m'a dite: On a regardé le projet de loi.
On a peut-être des amendements à vous suggérer. J'ai dit:
D'accord. Parlez avec les gens du ministère et, si les amendements sont
recevables et si ça améliore le projet de loi, on va les
accepter. Donc, je ne vois pas pourquoi que, tout d'un coup, le
député de Jonquière veut devenir le sauveur de tout le
monde en nous proposant de rencontrer le président de l'Union des
municipalités régionales de comté. Donc, il na rien
présenté. Puis je suis convaincu qu'il ne vous a pas convaincue,
vous non plus. Je sais que vous allez vous abstenir de voter, mais je suis
certain qu'il ne vous a pas convaincue; il ne vous a pas convaincue que
c'était nécessaire.
Mais il me semble que, Mme la Présidente, lorsqu'on regarde
l'entente qu'on a ou qu'on a présentée aux deux unions, depuis
qu'on leur a représenté cette entente-là, ils ne nous ont
pas approchés pour faire des changements majeurs. C'est certain que,
s'ils avaient eu un choix, ça aurait été le statu quo. Il
y a des gens qui aiment ça le statu quo. Ils disent, là: Si
vous
avez des doutes, dites non, puis ils sont bons pour dire non, hein! Au
lieu de regarder vers l'avenir, ils aiment mieux se mettre un fanal dans le dos
pour éclairer le passé. Ça, c'est des gens comme
ça.
Mme la Présidente, moi, je suis convaincu que le président
de l'Union des municipalités régionales de comté n'est pas
gêné. S'il avait cru bon de nous rencontrer dans le but
d'améliorer ça, il l'aurait fait. Comme je le disais, s'ils
avaient eu un choix, le statu quo. Même cet après-midi, le
député de Lévis nous parlait... Ce n'était pas un
mangeux de balustre, mais, réellement, il pariait de l'histoire sainte
ou de la Bible. Même le Christ nous l'a dit, à un moment
donné: Si ce calice pouvait s'éloigner de moi, il n'aurait pas
été crucifié, hein! Il n'avait pas eu le choix, itou.
Dans ce contexte-là, c'est un peu la situation que nous vivons
présentement. On a des gestes à poser, mais des gestes avec un
partenariat. On a échangé avec les unions. En plus, on a eu
l'occasion d'échanger directement avec des conseils municipaux. Je l'ai
dit dans mon discours, hier, on a rencontré au-delà de 1000
élus, maires des municipalités, avec qui on a
échangé. Donc, il me semble que c'est encore mieux. Pas que j'aie
d'objections majeures à ce qu'on entende les présidents, mais on
a déjà échangé. On a déjà
échangé à plusieurs reprises, et, si on prend les heures
dans lesquelles on a échangé, c'est plus que le temps qu'on
pourrait permettre. On ferait venir M. Nicolet pour une heure, deux heures au
maximum. Une heure, une heure de temps. On a couvert plus que ça. Il me
semble que ça devient un peu ridicule.
Je comprends que l'Opposition, ce n'est certainement pas dans le but
d'améliorer; c'est dans le but de retarder. Mais ça fait partie
de ses privilèges et de ses droits les plus sacrés. Mais il me
semblerait que, dans l'intérêt... si, réellement, on avait
l'intérêt des citoyens du Québec, on avait
l'intérêt des municipalités et des élus de ces
municipalités-là, on tenterait plutôt d'aborder le projet
de loi et de dire: Est-ce que ce projet de loi là répond
adéquatement? Est-ce qu'il va occasionner des problèmes aux
municipalités dans leurs responsabilités, maintenant,
d'entretenir le réseau routier? C'est ça qu'il faut se poser
comme questions. Parce que nous croyons que nous avons... C'est un peu
ça lorsqu'on négocie, on prend la meilleure entente possible,
dans les circonstances, et ça ne veut pas dire que, dans l'avenir, on ne
pourra pas bonifier. (21 h 50)
Juste pour vous le démontrer, Mme la Présidente, j'ai une
lettre, ici, de l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec, qui est
adressée à Robert Middlemiss et signée par le
président qui dit: «M. le ministre, dans toutes les interventions
que vous et votre collègue M. Ryan avez faites sur le transfert des
responsabilités des chemins aux municipalités, vous avez toujours
affirmé offrir un soutien technique aux municipalités. Force nous
est de reconnaître que votre ministère a accompli sous ce rapport
un bon travail en exposant localement comment les diverses opérations
d'entretien étaient conduites dans votre ministère. Nous avons
aussi noté que votre promesse de ne pas imposer de normes
précises a été respectée. Nous croyons cependant
que des normes provisoires doivent être établies afin de
développer une expertise municipale permettant de réduire les
coûts d'entretien dans toute la mesure du possible. Dans le but de
combler cette lacune et devant la demande pressante de nos membres, nous
pourrions préparer un cours de formation à l'intention de nos
élus et des responsables locaux de la voirie.»
Donc, Mme la Présidente, ils nous demandaient de les appuyer,
comme nous l'avons fait. C'est un partenariat. Ils nous ont demandé de
les aider techniquement et financièrement, et nous l'avons fait. Vous
voyez donc qu'ils n'étaient pas gênés de nous
écrire, de nous demander des choses. Je suis convaincu que, s'il y avait
d'autres choses à changer, ils ne se gêneraient pas de nous le
demander.
Mais il me semble que le problème, de l'autre côté,
c'est qu'ils ne comprennent pas. Ils n'ont pas réellement compris ce
qu'on offre aux municipalités. C'est que, dans un premier temps, on a un
programme d'aide à la prise en charge du réseau routier qui
était entretenu, dans le passé... L'entretien
d'été, c'était le ministère des Transports du
Québec; l'entretien d'hiver, on donnait des subventions aux
municipalités qui, elles-mêmes, l'entretenaient l'hiver ou le
donnaient à des entreprises privées. Le coût de ça,
le ministère des Transports du Québec, ça nous
coûtait 4200 $ le kilomètre, entretien hiver, été.
Mais les municipalités elles-mêmes, ça leur coûterait
3800 $ du kilomètre. Donc, on a accepté. On est monté de
3300 $ à 3800 $.
En plus, pour reconnaître l'état du réseau et la
difficulté de l'entretenir, ce réseau-là, en
été - parce que, en hiver, on avait déjà la
pondération - on a fait une évaluation de ce réseau
routier là d'un bout à l'autre du Québec et, pour des
raisons d'équité, Mme la Présidente, nous avons reconnu
par municipalité... Donc, la municipalité qui, elle,
malheureusement, dans le passé, n'a pas été
favorisée dans l'amélioration du réseau ou l'entretien du
réseau va être remboursée, puis de façon
équitable, plus que celle qui a toutes les routes qui sont pavées
où l'entretien va être facile.
Le montant qu'on avait, originellement, c'était 51 000 000 $
globalement et, à ce moment-là, on pariait de 0,21 $ des 100 $
d'évaluation. Aujourd'hui, Mme la Présidente, c'est 0,14 $ des
100 $ d'évaluation, et on a augmenté: de 51 000 000 $, on est
allé à 72 000 000 $. Maintenant, nous sommes rendus à 85
000 000 $ pour
la prise en charge du réseau routier. À ça, on a
ajouté les routes à double vocation, les routes d'accès
à la forêt, les routes d'accès aux mines. C'est 832 $ de
plus le kilomètre. On a fait ça, Mme la Présidente. En
plus, lorsqu'on a augmenté à 3800 $, c'est que, pour ne pas
pénaliser les municipalités qu'on avait avisées, au mois
de juillet 1991, qu'elles recevraient tant sur la base de 3300 $, on va
s'assurer qu'elles n'auront pas moins que la somme qu'on leur avait
indiquée à ce moment-là.
Ce résultat-là, Mme la Présidente, ce n'est pas le
fruit du hasard, c'est le fruit d'une consultation, d'un échange avec
les gens concernés. Ça n'a pas été fait dans un
vase clos. Ça a été fait en concertation avec des
partenaires. C'est vrai qu'au tout début il semblait y avoir un manque
de confiance, mais on a réussi, avec nos échanges, à
obtenir la confiance mutuelle, à avoir une confiance mutuelle dans les
quatre... Pardon?
Une voix:...
M. Middlemiss: Regardez, M. le député de
Dubuc...
M. Morin: Oui, oui.
M. Middlemiss: Si vous avez des commentaires, vous les ferez
après, s'il vous plaît.
M. Morin: Oui, mais, des fois, on ne peut pas
s'empêcher...
M. Middlemiss: Là, j'ai dit qu'on avait adopté une
confiance mutuelle.
M. Morin: Je ne suis pas capable de résister.
M. Middlemiss: Oui, oui, mais d'accord, c'est bien de valeur.
Mais, c'est vrai, c'est le fruit de ce que je vous ai dit...
M. Morin: Confiance...
M. Middlemiss: ...ce n'est pas le fruit du hasard. C'est le fruit
d'une consultation, d'un échange qui nous a permis de bonifier et de
rendre bien meilleures les offres qu'on avait. Donc, ça, c'est juste la
prise en charge.
Il y a aussi, Mme la Présidente, 50 000 000 $ pour
l'amélioration et la conservation du réseau local. J'ai entendu
des députés, de l'autre côté, un peu dire, tu sais,
faire un peu... Ah! mais ça va être les députés qui
vont être impliqués dans ça, ça va être
discrétionnaire. Je n'ai jamais vu aucun des députés
refuser le budget discrétionnaire qu'on a présentement. C'est un
peu sur la base du discrétionnaire qui existe depuis longtemps
qu'auprès des unions on a dit que peut-être la meilleure
façon de répartir ces budgets, c'est à partir du
député, qui est un élu du peuple, et c'est des fonds que
le gouvernement provincial remet aux municipalités Donc. que
l'élu provincial, de concert avec les élus municipaux, le maire,
les maires concernés, l'Union des municipalités régionales
de comté, avec la MRC même, je devrais dire, ensemble, qu'ils
puissent établir quelles sont les priorités basées sur le
nombre de kilomètres qui vont être remis à chaque
municipalité. Donc, dans un comté, tant de kilomètres sont
remis sur une base...
Et, en plus, on a dit qu'on va faire ça sur trois ans. C'est une
programmation triennale, donc, pour que ça soit planifié sur une
base de trois ans. Ça ne veut pas dire qu'au bout de trois ans il n'y en
aura pas. C'est qu'on le planifie. Donc, pendant trois ans, le
député, avec les élus, peut établir quel va
être le budget disponible pour cette municipalité-là pour
les routes qui seront «priorisées» par le
député et les maires.
Une des plus grandes préoccupations, Mme la Présidente -
et j'espère que les gens de l'Opposition écoutent, parce que,
s'ils écoutent bien, ils vont réellement voir c'est quoi qu'on
fait - c'était les ponts. Il y avait les ponts, et c'était
surtout les ponts un peu plus complexes sur le plan technique et aussi plus
dispendieux à réparer. Suite à nos discussions, nous avons
décidé que les ponts complexes - il y en a 440 à travers
la province de Québec - seraient maintenus, seraient gardés par
le ministère des Transports et sans établir dans le temps combien
de temps on pourrait le faire. À ce moment-là, ces ponts, on fera
encore l'inspection, la préparation des plans et les interventions
nécessaires pour s'assurer de la sécurité des ponts.
Les autres ponts, eux, on va les remettre aux municipalités,
mais, pour quatre ans, pendant quatre ans, on va continuer à faire ce
que nous faisons présentement sur les ponts, sur les routes du
ministère des Transports et qu'on fait aussi sur les routes, les ponts
sur les routes municipales, qu'on appelle les ponts municipaux. On fait
l'inspection, la préparation des plans et devis, les demandes de
soumission. On va continuer à faire ça avec les
municipalités pendant quatre ans. Pendant ces quatre ans, le
comité technique va continuer à travailler, les
représentants des deux unions et les représentants du
ministère des Transports et des Affaires municipales. Donc. c'est
ça. Et il y a 14 000 000 $ chaque année pour ces ponts-là.
(22 heures)
Puis l'autre volet, oui, l'autre chose - là, j'ai parlé
des 50 000 000 $ pour l'amélioration -il y a aussi les traverses de
voies ferrées. On ajoute 1 500 000 $. C'est le budget qu'on a au
ministère; on le transfère directement aux municipalités.
Et j'indiquais que, dans le comté de Labelle, qui avait
été, même, négligé par le
député qui est là - quand il était ministre, il
n'avait pas corrigé la situation; les routes étaient
à l'entretien des municipalités - on profite de l'occasion pour
tenter de remédier à l'iniquité dont le comté de
Labelle a dû souffrir avec le gouvernement qui nous a
précédés. Et, nous autres, on va la corriger. Et la
façon dont on va la corriger, c'est de... On a fait une
évaluation de l'état des routes pour l'entretien
d'été et on a établi une cote, et cette cote-là
reconnaît... Vu que ces gens-là étaient obligés de
le faire eux-mêmes et que les municipalités ont payé
elles-mêmes, c'est certain que l'état du réseau est en pire
condition probablement que d'autres comtés qui ont été
plus choyés. Et c'est de cette façon-là - et je crois que
c'est de l'ordre de 300 000 $ - que l'argent va être distribué
dans le comté de Labelle pour remédier à cette
chose-là.
Il y a une chose aussi, Mme la Présidente, que peut-être
les gens n'ont pas saisie, c'est que, dans la prise en charge,
présentement, il y a des routes municipales à l'entretien des
municipalités, et c'est elles qui s'occupent de leur entretien total.
Sauf que, dans la formule de prise en charge, on ajoute les kilomètres
de ces routes-là, mais avec le facteur un, et on va inclure dans la
somme globale le coût d'entretien. Ça va être inclus,
ça. Donc, c'est des choses additionnelles qui ne sont pas payées
aujourd'hui. Et c'est ça, je pense, que vous avez manqué. Vous
n'avez pas eu la chance ou vous n'avez pas pris le temps de réellement
regarder ce qu'on fait. Les gens des unions, eux, en ont eu l'occasion. Et
c'est pour ça que... Ça a évolué, et la
dernière proposition a été certainement plus acceptable
que la première. Et, essentiellement, on remet dans le système
à peu près la somme d'argent que nous dépensons
présentement, aujourd'hui; 158 000 000 $, c'est ça que le
ministère des Transports dépense pour l'entretien,
l'amélioration de tout ce réseau-là qu'on remet au
municipalités.
Donc, Mme la Présidente, j'espère que... Je pourrais
continuer encore si... Je pense que je pourrais les convaincre, mais je ne veux
certainement pas vous aider à prolonger ça. Le but de mon
intervention, c'est que ce soit positif. Je veux vous aider à
comprendre. Maintenant, s'il y a d'autres choses que vous ne comprenez pas,
ça me ferait plaisir de le faire, mais il ne faudrait pas prolonger trop
longtemps. Il me semble que, dans l'intérêt des unions, dans
l'intérêt des municipalités, dans les intérêts
supérieurs du Québec, il est grandement temps qu'on
développe ce partenariat-là et qu'on permette à ces
gens-là de faire un entretien à la hauteur de leurs besoins et
aussi selon les moyens de payer de chacun.
C'est toujours plus facile lorsqu'on s'imagine que ce n'est pas nous qui
payons pour. Et c'est un peu ça que les gens croyaient: Ah! le
gouvernement paie pour, mais, le gouvernement, c'est nous. C'est toujours le
même payeur de taxes qui paie les taxes municipales, les taxes scolaires,
les taxes provinciales, les taxes fédérales ou les impôts.
C'est toujours le même. Mais le seul, celui qui peut réellement
dire oui ou non et à quel niveau il peut le dire, c'est au niveau
municipal, parce qu'il peut aller voir son conseil de ville. Et je parle
d'expérience. J'ai été neuf ans, moi, conseiller
municipal, donc je connais ça. Je ne sais pas... À part le
député de Jonquière, est-ce qu'il y en a d'autres, de
l'autre côté? Le député de Dubuc aussi.
Peut-être qu'ils comprennent un peu mieux, eux autres, que les autres.
O.K. Je comprends, là. Je vois qu'il y a peut-être un petit
plus... Ces gens-là sont un petit peu plus sensibles à la
réalité. Et c'est pour ça qu'ils sont peut-être un
peu plus ouverts à dire: C'est bon. Il y a des bonnes choses. Je pense
que c'est les deux seuls qui ont dit qu'il y avait des bonnes choses. Les
autres ont dit qu'il n'y avait rien de bon. Je comprends pourquoi, là.
Ça démontre un peu que, lorsqu'on vit dans ces milieux-là,
on comprend mieux. L'expérience, c'est bien mieux que la
théorie.
M. Morin: Vous n'êtes pas capable de les convaincre. C'est
de votre faute.
M. Middlemiss: Ah! mais non, mais c'est parce qu'ils n'ont pas
écouté. Je suis prêt à continuer pendant des heures
de temps, s'il le faut. Parce que c'est tellement important qu'on puisse...
M. Morin: Je vous écoute religieusement.
M. Middlemiss: ...le plus tôt possible passer à
l'important: c'est de s'assurer que, lorsque le projet de loi sera
passé, la loi, elle, va rencontrer les besoins, elle va être
facile d'application et elle va être claire, et qu'il n'y aura personne
qui va se sentir brimé par le projet de loi.
Donc, Mme la Présidente, je serai prêt à revenir
plus tard, si nécessaire, si, par hasard, il y a d'autres
éclaircissements dont auraient besoin mes collègues d'en face.
Moi, je sais que mes collègues ministériels, eux, ont eu
l'occasion à plusieurs reprises d'échanger. Ils comprennent
réellement ce qui se passe. Donc, je pense que ce n'est pas tellement
pour eux que comme pour mes collègues d'en face.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, j'espère
qu'après le ministre l'adjoint parlementaire pourra expliquer ce qu'il a
compris. J'ai l'impression, alors que le ministre a été
obligé de revenir cinq fois avec un projet de loi sur les panneaux le
long des routes, sur l'affichage,
dans une loi qui n'était pas compliquée, imaginez-vous
comment, pour faire une loi sur la voirie, ça va lui prendre de
tentatives et d'essais! Mais qu'est-ce que vous voulez? J'ai appris depuis
longtemps qu'il est bien difficile de mettre 10 onces dans un dé
à coudre. Je n'ai jamais essayé ça, moi, de mettre 10
onces dans un dé à coudre. J'ai vu des gens qui ont
essayé...
M. Middlemiss: Vous parlez du Vérificateur
général.
M. Garon: ...mais j'ai renoncé depuis longtemps. Et, quand
on parle, voyez-vous, du Vérificateur général, je viens
justement de voir ce qu'il vient de dire. Il parle du Vérificateur
général. Je le vois, il vient de porter sa réflexion sur
l'administration du gouvernement. Qu'est-ce qu'il dit, Mme la
Présidente? Gestion des ressources humaines, un vrai bordel. Fonction
publique québécoise, la gestion des ressources humaines, un vrai
bordel. J'ai rarement vu, moi, un haut fonctionnaire employer des termes aussi
durs pour l'administration. La gestion des ressources humaines, un vrai bordel.
Oui, mais, si le Vérificateur général dit ça,
pourquoi? Parce que c'est un système de patronage éhonté,
qui coûte une fortune, où on fiche les gens à tour de bras.
On a fait un CAD, et le CAD est pour les fonctionnaires. Avant, il y avait un
CAD, ou un service de renseignement, au bureau du premier ministre pour ficher
la population. Là, maintenant, on fiche les fonctionnaires et on
s'informe de leur couleur politique, et en système organisé. Et
on voit les résultats que ça donne dans l'administration.
Puis le Vérificateur général, ce n'est pas un homme
sévère. À plusieurs reprises, je l'ai trouvé
très peu ferme. Mais, malgré ça, je crois qu'il faut dire
qu'il a été changé. Celui-là, on ne le
connaît pas encore, il vient d'arriver. Mais, là, il dit que c'est
une administration des ressources humaines qui est pitoyable. Plus que
ça, dans cette loi-là, comme le gouvernement a été
condamné, il y a eu des plaintes, souvent, contre l'état des
routes, le gouvernement en fait une belle dans ce projet de loi-là, il
dit: Je m'exonère de toute responsabilité. Je m'exonère.
Mes routes sont en mauvais état, je ne suis pas responsable. Il faut le
faire! Il faut le faire, Mme la Présidente. Puis, après
ça, on dit: On va s'exonérer, on va confier la job aux
municipalités. Elles ne sont pas capables de la faire? Peu importe, on
va les exonérer elles aussi. Tout le monde va être
exonéré. On va pouvoir faire n'importe quoi, on va être
exonéré.
L'article 30, c'est clair: «Le ministre n'est pas responsable des
dommages causés par l'état de la chaussée aux pneus, aux
jantes ou aux systèmes de suspension ou d'échappement d'un
véhicule automobile.» Exonération totale. Un peu plus loin,
à l'article 59, qui rajoute l'article 604.1, le deuxième
paragraphe: La municipalité «n'est pas non plus responsable des
dommages causés par l'état de la chaussée aux pneus, aux
jantes ou aux systèmes de suspension ou d'échappement d'un
véhicule automobile». On s'exonère. Pas de problème!
On n'est pas bons, on règle la question: on n'est pas responsables.
Un gouvernement de même est un gouvernement dangereux. Moi, ce que
je trouve épouvantable... Vous savez, on a connu des gouvernements
antérieurement, dans le temps de Taschereau et dans le temps de
Duplessis, où les gens avaient peur du gouvernement parce qu'ils
disaient toujours que l'État, c'était le vestibule du communisme.
Finalement, les gens ont appris que l'État pouvait les aider quand
René Lévesque disait que l'État, c'était le plus
fort des nôtres, on pourrait l'utiliser. Là, sous le gouvernement
actuel, l'État est tellement devenu dangereux que les gens en sont venus
à avoir peur de l'État. Les gens, quand ils parlent de
l'État, ils disent: II peut me faire mal. Il abuse. Il abuse des
fonctionnaires, par exemple, en faisant un système de patronage
organisé, quand il s'exonère de sa responsabilité, quand
il pige dans la caisse des assurés de l'automobile. Moi, je vous l'ai
dit. Quand j'ai commencé à vous dire, en 1987, que votre loi
était illégale, vous ne m'avez pas cru. De plus en plus de gens
le disent et de plus en plus de gens vont le dire. (22 h 10)
M. Middlemiss: Nommez-les.
M. Garon: Je vous en ai nommé plusieurs. Vous n'avez pas
voulu en entendre un seul, mais il va y en avoir d'autres. Vous allez voir, au
cours des prochains jours, il va y en avoir d'autres encore. Vous allez avoir
honte, vous allez avoir honte de voter des lois illégales. J'aimerais
ça savoir si vos contentieux vous ont donné des opinions
juridiques sur ces affaires-là. J'aimerais ça savoir si vous avez
demandé des opinions juridiques sur ces affaires-là. Aujourd'hui,
vous avez demandé de faire des clauses plus étanches pour vous
dégager de votre responsabilité concernant l'état des
routes et pour dégager les municipalités également de leur
responsabilité. C'est facile de confier des tâches à
quelqu'un qui n'est pas capable de les faire.
Je reçois de plus en plus de papiers. Je n'ai jamais vu le nombre
de papiers que je reçois à mon bureau depuis une semaine; je n'ai
pas le temps de tous les lire, tellement les gens sont scandalisés de
l'administration publique. Ce soir, je dois vous dire, j'ai eu à peine
à répondre au téléphone; des gens m'appelaient pour
savoir ce qui se passe au gouvernement. Ça appelle, ça ne fournit
pas. Le monde est dégoûté de l'administration
gouvernementale. Il trouve ça honteux.
J'ai appris ce soir, par exemple, que je vais avoir un dîner
demain. On va inviter tout le monde à un banquet parce qu'on change le
nom du crédit agricole. En des périodes
d'austérité, tu sais, pas de problème, envoyons, on est
à même
le pot! La caisse de l'assurance automobile, on y a siphonné 1
200 000 000 $ et on veut prendre un autre montant de 1 000 000 000 $. On
pourrait assurer tout le monde gratis pendant quatre ans et demi. On n'est pas
dans les cure-dents, on est dans les madriers, avec la complicité de
toutes sortes de députés qui votent ça, ces
lois-là, puis sans se poser de questions.
Aujourd'hui, on est devant une loi - moi, je n'hésite pas
à le dire - infâme, une loi de la voirie infâme. Les
fonctionnaires sont découragés. Ils n'en reviennent pas. Ils sont
estomaqués de voir le projet de loi qu'il y a devant nous. Le
ministère des Transports est dirigé par des ministres, je pense
bien, qui sont sur le pilote automatique. On a l'impression... Écoutez,
à tel point qu'il n'annonce même plus ses mesures, le ministre. Je
pense bien que le gouvernement n'a pas confiance. Ils sont nommés
là pour la limousine, je ne sais pas.
La déclaration faite à l'Assemblée nationale par M.
Ryan, le ministre des Affaires municipales, l'exécuteur, l'Attila du
gouvernement, le fléau... Rappelez-vous qu'on disait d'Attila que
l'herbe ne poussait plus sur les terres qu'il avait foulées de ses
pieds, tellement il avait massacré le territoire. Là,
aujourd'hui, on a l'exécuteur des basses oeuvres du gouvernement, le
ministre des Affaires municipales. Transfert de la voirie locale, des
assouplissements importants; ce n'est plus le ministre des Transports qui
annonce ça, c'est le ministre des Affaires municipales. Le gouvernement
n'a pas confiance en ses ministres. Ils disent: Promenez-vous en limousine,
faites des tatas et ne vous occupez de rien. Ne dérangez pas le monde,
on va faire faire ça par le ministre des Affaires municipales. Lui, il a
des vieux principes: Le Seigneur punit ceux qu'il aime. Et il dit: Nous autres,
on vous aime à mort, vous allez y goûter.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On va vous étouffer.
M. Garon: Quoi? On va y voir, vous allez voir. J'appelle
ça le jansénisme libéral, comprenez-vous. Avant, quand il
se contentait de faire peur aux enfants, au moins, on pouvait l'utiliser comme
Bonhomme Sept Heures.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Mais, là, il a décidé de faire mal
à tout le monde. Il est allé à l'Éducation, les
taxes ont augmenté de 25C %. Il faut le faire! Dans un an! Moi, j'ai vu
mon compte de taxes scolaires passer de 200 $ à 500 $ dans un an; 250 %
d'augmentation. Il faut le faire, tu sais! On n'est pas dans les 5 %, dans les
6 %; 250 % dans un an.
Après ça, il est arrivé aux Affaires municipales.
Il a dit: Là, mes potes, je suis arrivé. Me voici,
surveillez-vous. Il est passé à la voirie: 33 000 km aux
municipalités, sur 60 000. Là, il dit: II faut clairer les
fonctionnaires. On n'a plus besoin de fonctionnaires, on va avoir moins de
routes; 2635 qu'on claire. Mais on reste toujours avec deux ministres, par
exemple. Deux ministres, deux limousines, deux cabinets, un adjoint
parlementaire. Là, moi, j'ai appris une chose. Je n'ai jamais vu, comme
je vous le disais, des hauts fonctionnaires qui se coupent eux-mêmes.
Quand le ministre des Finances passe des commandes, ils disent: On va couper
les occasionnels, on va couper le gars dans le fond des bureaux locaux. Mais
les sous-ministres, sous-ministres adjoints, directeurs généraux,
directeurs de service, moi, je suis certain qu'il n'y en a pas un de
coupé dans les 2635. Mais 1250 occasionnels, des gens à peu
près de 50 ans, 55 ans, en période de crise économique,
vont perdre leur job.
J'aimerais ça que les municipalités viennent nous dire -
l'Union des MRC - combien elles vont en réengager là-dessus. On
dit: Ah! ils vont être engagés au plan local. Actuellement, on est
en crise économique majeure comme on ne l'a jamais été
depuis les années trente, et je ne suis pas certain qu'il y en avait
plus dans les années trente. Dans les années trente, les
statistiques disaient...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Non, j'ai commencé, il était quasiment et
dix. Écoutez, là...
La Présidente (Mme Bélanger): Moi, c'est le
secrétaire qui me donne le temps; il vous reste 30 secondes.
M. Garon: II ne peut pas me rester 30 secondes.
M. Middlemiss: C'est lui qui a la vérité. Les
autres, ils ne savent pas ce qu'ils font.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est 10 minutes.
M. Garon: Dix minutes.
M. Middlemiss: Un peu de respect, hein!
M. Garon: Bien, je vais terminer en vous disant ceci...
M. Middlemiss: Oui.
M. Garon: Actuellement, 490 0O0 chômeurs, 428 000
ménages qui vivent de l'aide sociale, 710 000 personnes, ça veut
dire 1 200 000 personnes sans ouvrage, 2 925 000 travailleurs qui ont un
emploi; 1 200 000 par rapport à
2 925 000 qui ont un emploi, ça veut dire 25 % d'inoccupation. En
décembre 1929, après deux mois de krach économique, le
taux de chômage était de 14,5 % chez les ouvriers
syndiqués, parce que c'étaient les seuls qu'on comptait dans ce
temps-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Bien, voyez-vous, actuellement, on est en train de
faire ça, et je voudrais que l'UMRCQ vienne nous dire combien elles vont
en réengager, de gens, sur les 1250, les 500 permanents qui vont perdre
leur job et les 885, dans les trois ans, qui vont perdre leur job.
M. Middlemiss: Ce n'est pas les unions qui engagent ça,
c'est les municipalités.
M. Garon: On va voir l'UMRCQ, on verra l'UMQ après.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci.
M. Garon: Chacun son tour.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci.
M. Middlemiss: C'est les municipalités,
individuellement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, s'il ne connaît
pas la différence, ça va être des municipalités
individuellement ou les MRC...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre!
M. Middlemiss: ...et non pas les unions qui vont les engager.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre! Vous
n'avez pas parlé sur cette motion-là, M. le député
de Dubuc?
M. Morin: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Non? M. le
député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Oui, merci, Mme la Présidente. Évidemment
qu'il n'est pas facile de parler après le député de
Lévis, tellement ses propos ont été pertinents en fonction
de la motion que nous avons sur la table.
Une voix:...
M. Morin: Ah non! Bien, commencez par écouter, et vous
allez voir que ce n'est pas tout à fait pareil.
M. Middlemiss: O.K. Disons que la recette n'est pas pareille.
Merci.
M. Morin: Ça ne sera pas pareil, sauf que vous
conviendrez, je pense, que le député de Lévis a fait la
démonstration de l'utilité et de la nécessité
d'entendre des représentants de l'UMRCQ. Toutefois, évidemment,
tout à l'heure, le ministre semblait vouloir nous convaincre. Par
respect, il faudrait qu'il écoute, lui aussi. Lorsqu'il soutenait que
notre collègue de Jonquière, avec toute l'expérience qu'il
avait, n'avait pas réussi et qu'il n'avait apporté aucun argument
pour justifier la présence ou la venue de l'UMRCQ, je ne sais pas ce
qu'il va falloir faire pour le convaincre.
Mais le ministre, dans ses arguments, il s'est attaqué à
peu près, non pas à ce qui est le plus facile, mais, finalement,
à la partie qui ne fait pas nécessairement consensus, mais
où il y a quand même eu un certain travail de fait, à
partir des premiers estimés, au niveau du fonctionnement. Tout ça
a été remis en question; il y a eu des échanges avec le
monde municipal. Ça, le ministre revient toujours là-dessus.
Ça, je conviens de ça; ce n'est pas là qu'est le
problème. Mais, quand le ministre se réfère -
c'était cet après-midi - au «Rapport de la Commission
d'étude sur les municipalités», toutes les fois, il se
réfère seulement au même petit paragraphe, toujours le
même.
Une voix:... M. Morin: Hein?
M. Middlemiss: Je n'en ai pas parlé, cette fois-ci.
M. Morin: Pas ce coup-là.
M. Middlemiss: Non, c'était plus tôt.
M. Morin: Sauf que, depuis que vous en avez parlé, moi, je
n'ai pas eu l'occasion d'en reparler, par exemple. Ha, ha, ha!
M. Middlemiss: D'accord. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Mme la Présidente, le ministre n'a pas le droit
de me faire rire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Ça, ça fait partie de l'éthique
des lois non écrites.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Quand un député est sérieux, il ne
faut pas, par des moyens inadmissibles et subtils... Bon, voici. Parce que,
ça, c'est des tentatives pour déranger l'esprit de l'orateur et
l'éloigner de son sujet. (22 h 20)
Parce que, évidemment, quand le ministre nous ramène
à ces budgets de compensation, tant au fonctionnement... Ah oui! Il a
dit une autre affaire, aussi. Il m'écoute rien qu'à
moitié. Écoutez-moi complètement, ce coup-là. Quand
j'ai parié d'aspects discrétionnaires, je ne visais pas les
députés, du moins je le souhaite, parce que, forcément, je
pense que la loi va être adoptée à un moment donné.
Je souhaite ardemment qu'on n'ait pas à remettre ça en cause.
Parce que, là-dessus, que les députés aient un rôle
à jouer, ça, là, même si le monde municipal avait
des doutes... Parce que, bien sûr, sur 125 députés, c'est
fort possible qu'il y en ait qui soient tentés de jouer des petites
«games» politiques partisanes, hein! Mais, en tout cas, souhaitons
qu'ils résistent à la tentation. D'abord, je pense que c'est dans
la nature de l'homme de résister à la tentation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Middlemiss: Ce n'était pas vous que je visais, c'est
lui. C'est lui qui a dit ça.
Une voix: Succomber, c'est le «fun». M. Morin:
C'est pas mal plus plaisant. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Et, ceci dit, Mme la Présidente, j'en
étais rendu à succomber...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Bon, la vigueur est arrivée. Le café.
C'est les députés qui travaillent.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez que...
Si vous me permettez de vous aider, vous étiez presque rendu au point
d'accepter le projet de loi.
M. Morin: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): De passer à
l'article 1.
M. Morin: Bon. Alors, sur ce volet-là, c'est bien
sûr que, moi, je souhaite que les députés puissent faire un
travail de concertation avec le monde municipal. Ça, je le souhaite
ardemment parce que... Enfin, on le fait au niveau de l'intramunicipai,
même si c'est des tout petits budgets, puis, de façon assez
facile, les municipalités nous expriment leurs priorités, puis on
transfère ça au ministre, puis... Bon. Enfin, moi, j'y crois,
à la méthode, quant à ça.
Maintenant, ce à quoi je faisais allusion, là, c'est les
petits 10 000 000 $ que vous vous êtes gardés dans vos poches.
Bien, dans vos poches, c'est une façon de parier. Je ne vous prête
pas des mauvaises intentions. Sur les 50 000 000 $ pour l'amélioration
du réseau, vous vous êtes gardé un petit montant de 10 000
000 $. Je comprends que vous êtes rempli de bonnes intentions -
d'ailleurs, je n'ai pas le droit d'en douter - mais ça me fatigue quand
même, ces petits 10 000 000 $ là. Un peu comme l'autre, les aides
techniques et financières pour les ponts, les quelques ponts qui auront
été transférés, hein, il y a un budget. Ça,
j'ai peur qu'il y ait un peu d'arbitraire là-dedans aussi.
Mais, ceci dit, au-delà des montants qui sont prévus pour
trois ans et cinq ans... Bon, O.K., le monde municipal s'est peut-être
rallié à ça, parce qu'on sait qu'ils ont de la
difficulté à vous critiquer. Ils sont poignes avec vous autres.
Je le sais, je l'ai été, moi, pendant huit, neuf ans. Puis, quand
tu es poigne avec le gouvernement, là, c'est toujours tannant de lui
donner des taloches parce que, toi, ce n'est pas une taloche que tu vas
recevoir, ça va te faire pas mal plus mal.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Donc, même si tu n'es pas d'accord, tu es
obligé de cacher ton amertume puis tes oppositions. Bon. Il faut que tu
gardes tout ça en-dedans de toi-même. C'est dur. C'est pour
ça que l'administration municipale, c'est dur pour les
ulcères.
Mais, ceci dit, je rappellerais au ministre, et cela dans le but de le
convaincre de faire venir les gens de l'UMRCQ, quelle est la position
traditionnelle du monde municipal par rapport à des transferts. Depuis
la réforme sur la fiscalité municipale en 1979, on a dit: Si
jamais il devait y avoir des transferts, plus jamais de subventions comme
jadis. Ce qu'on veut, c'est véritablement des transferts fiscaux et non
pas des subventions compensatrices, comme vous le dites, qui vont durer trois
ans, cinq ans et qui vont être remises en cause. Bien, écoutez!
Mais je comprends le monde municipal de peut-être fonctionner à
l'intérieur de ces délais-là.
La Présidente (Mme Bélanger):...
M. Morin: Pardon? Ah! j'en arrivais à ça, Mme la
Présidente, parce qu'ils ont confiance qu'il y ait un changement de
gouvernement et que ces subventions-là soient transformées en
transferts fiscaux que le gouvernement n'aurait pas le loisir, de façon
arbitraire, de remettre en cause à tout bout de champ. Alors, ça,
Mme la
Présidente, là, le ministre, il ne peut pas nier
ça. L'appréhension du monde municipal, c'est ça. Quand on
offre des palliatifs comme des subventions, même si, au niveau des
montants, ils ont augmenté au niveau... Ça, je le reconnais, puis
c'est un effort louable. Ce n'est pas là qu'est le problème, ce
n'est pas à court terme. C'est à long terme que c'est dangereux.
Mais le danger est compensé pour la raison qu'on a dite tout à
l'heure, et je ne voudrais pas vous agresser en le répétant
inutilement.
Mais, ceci dit, Mme la Présidente, c'est pour ça que
j'aurais aimé entendre... Parce que le ministre a essayé de nous
faire accroire que le président de l'UMRCQ était relativement,
voire même beaucoup d'accord. Ce n'est pas vrai, ça. Ce n'est pas
vrai.
M. Middlemiss: La preuve?
M. Morin: La preuve? Faites-le venir!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Vous voulez l'avoir, la preuve? Je vous la mets sur un
plateau d'argent.
M. Middlemiss: Non, non. Vous venez de faire un
énoncé...
M. Morin: Alors, Mme la Présidente, maintenant que le
ministre veut avoir la preuve, je termine ici pour ne pas qu'il
interprète les propos que je pourrais dire après. Je pense qu'il
a répondu à notre demande. J'espère que vous allez faire
preuve d'ouverture pour faire venir ces gens-là. On va leur demander si
vraiment ils sont si d'accord. Mais qu'il ne commence pas à me
répéter les jeux des budgets qu'il a mis. À court terme -
et je terminerai là-dessus - au niveau des moyennes, je ne m'en fais pas
trop au niveau des moyennes. Je pense qu'il faudrait vraiment jouer un
rôle d'Opposition négatif, et vous savez que, ça, on ne le
fait pas... Rarement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Mais, les moyennes, ça peut aller. Mais il y a
définitivement des municipalités qui vont avoir de la
difficulté parce que, comme dans toute moyenne, il y a des
municipalités qui vont mal s'en sortir, il y a des municipalités
où ça va être catastrophique. Ça, c'est
évident. Mais, quant aux moyennes, je pense, là-dessus, enfin,
qu'on serait prêt à négocier des petites choses, mais ce
n'est pas si mal. Ce n'est pas un scandale du siècle, ça,
là. Ce n'est pas le court terme, sauf qu'il y a des municipalités
qui vont avoir de la misère à s'en tirer. Ça, c'est bien
évident.
Et là je n'ai pas parlé de la réorganisation que
vous faites. Ça, par exemple, c'est dange reux. La
réorganisation, ça ressemble étrange- ment à la
restructuration des sociétés de conservation. C'est incroyable!
Je n'ai pas eu le temps d'en parler, parce que mon temps achève, Mme la
Présidente, mais, si j'ai l'opportunité de déposer une
autre motion, bien, là, je pourrai peut-être ramener des
statistiques de ce rapport dont vous avez fait mention. Je n'ai pas eu le temps
de le faire parce que vous m'avez dérangé à plusieurs
reprises, mais, à ma prochaine motion, si c'est possible de le faire,
j'apporterai d'autres statistiques et je reviendrai un peu plus à la
charge sur la réorganisation. Et là, je pense, il y a beaucoup de
choses à questionner.
Je vous remercie, Mme la Présidente, de votre bonne attention,
ainsi que celle du ministre, de ses collègues ministériels, enfin
tout le monde. Vous êtes bien aimables.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Là, on va pouvoir prendre notre café.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions ou si on passe au vote?
M. Middlemiss: Un vote, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): M le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: J'espère que vous permettez, Mme la
Présidente, que je prenne quelques minutes...
M. Morin: Bien sûr!
M. Paré: ...pour parler de l'importance d'entendre les
gens de l'UMRCQ. Pour une foule de raisons, les villes, les
municipalités et leurs représentants dans les unions, dont
l'UMRCQ, sont préoccupés. Ils l'ont été beaucoup
depuis l'annonce de la réforme Ryan.
Je vous écoutais tantôt, M. le ministre, tout en lisant -
je pense qu'on peut faire les deux, on peut lire et écouter;
heureusement qu'on peut le faire, les députés, soit à
l'Assemblée nationale ou aux commissions parlementaires, parce qu'il y a
des moments où on serait en retard dans notre lecture ou on ne serait
pas présent à la commission; on est capable de marcher et de
mâcher une gomme en même temps, donc on doit être capable de
lire et d'écouter - j'écoutais, et vous avez
répété les montants qui sont fournis par les gouvernements
comme mesures de transition. Ils sont connus. Ça, ce n'est pas des
montants nouveaux, ils sont connus. Mais, en même temps, vous dites que
les gens trouvent ça plus acceptable Je l'ai marqué parce que,
quand vous l'avez dit, j'ai
arrêté la lecture et j'ai marqué les mots
«plus acceptable». C'est vrai, vous avez raison. C'est plus
acceptable, ce que vous offrez maintenant, que ce qu'il y avait il y a quelques
semaines ou quelques mois. Donc, plus acceptable, ça veut dire moins
pire, en fait. Les gens ont bien compris qu'ils n'avaient pas grand pouvoir,
que la loi, c'est nous qui l'avions, ici, à Québec, que le
gouvernement est très largement majoritaire, qu'il a une
détermination affichée et, de toute façon, qui a
été déclarée. Il a passé la loi. Donc,
là-dessus, ce n'est pas un secret.
Sauf qu'il y a une différence entre se résigner et en
être fier. Et, au moment où on se parle, je ne pense pas que les
gens soient très heureux. Je peux vous dire que ça serait
intéressant de les entendre venir nous dire - non pas que, nous, on
interprète ce que les gens pensent - directement, en commission
parlementaire, ce qu'ils pensent de ça, ce que ça va avoir comme
effets. Des fois, on pense que ça n'a pas beaucoup, beaucoup d'effets,
des mesures comme celles-là, parce que c'est juste un transfert. Il faut
dire que c'est des changements majeurs qu'on est en train de faire. Il faut se
le dire, et c'est ici qu'il faut se le dire. On est en train de faire des
changements majeurs, par rapport à des choses qui existent depuis une
décennie, comme si ce n'était pas important et qu'ils avaient
juste à le faire parce qu'on l'ordonne. C'est bien plus grave que
ça. (22 h 30)
Vous vous rappellerez, jusqu'en 1979, le fonctionnement de notre
système démocratique en termes de responsabilités au
niveau québécois et au niveau des municipalités.
C'était ce qu'on appelait les pèlerinages. C'était la
formule de quémander et d'être plus ou moins responsables, mais
d'être surtout à demander. La réforme fiscale de 1979,
heureusement, est venue modifier un paquet d'affaires. Elle a clarifié
les responsabilités et les niveaux de responsabilité. Ça a
fait en sorte que les élus municipaux, qui sont comme nous, des
élus, avec le même pouvoir et des comptes à rendre, avaient
des comptes à rendre, spécifiques par rapport à des choses
qui étaient de leur responsabilité clairement identifiée
et établie. On a vécu dans un système beaucoup plus -
comment je dirais ça - responsable, où les gouvernements
étaient beaucoup plus autonomes. C'était dans le respect des
juridictions. On a vécu ça pendant à peu près 10
ans.
En même temps, on a mis sur pied les municipalités
régionales de comté pour être capable de regrouper les
municipalités en termes de préoccupations et d'aménagement
du territoire. C'est pour ça qu'on s'est ramassé aussi,
heureusement, avec le regroupement qui s'appelle l'Union des
municipalités régionales de comté. Ces gens-là
avaient des responsabilités, les appliquaient avec du financement
autonome. Et le pourcentage de discrétionnaire ou de demandes qui
venaient de Québec, vous le savez, avec vos municipalités, comme
partout au Québec, c'était très minime, en termes de
pourcentage. Et les gens étaient capables de planifier. De toute
façon, ils n'avaient pas le choix; eux autres, c'est des budgets qui
balancent chaque année.
On a commencé à modifier ça, on le disait un peu
plus tôt aujourd'hui, avec la taxe scolaire. Là, on est venu
modifier le pourcentage et, en même temps, permettre plus de taxes
foncières scolaires, donc moins aux municipalités, ou plus, mais
ça fait, pour les citoyens, qu'ils en paient plus.
Donc, à un moment donné, ça a des effets. Et cette
loi-là va avoir des effets pernicieux en termes, entre autres, de
fiscalité, en termes de conséquences et en termes de
fonctionnement par rapport aux différents niveaux de gouvernement, j'en
suis convaincu. C'est pour ça que j'aimerais ça qu'on puisse les
entendre pour qu'eux autres nous donnent leur version non pas seulement de
l'obligation qu'ils ont maintenant de s'occuper de voirie, mais de ce que
ça va avoir comme effets dans le fonctionnement de notre système
démocratique par rapport aux instances municipales et régionales.
Je suis convaincu... Ne l'oubliez pas, on a commencé à dire que
chaque geste qui est posé, où le gouvernement fait des
transferts, très souvent sans négociation, où, finalement,
c'est des impositions qu'on fait... Donc, regardez les impositions qui nous
sont faites par le fédéral et les impositions qu'on impose
ensuite aux commissions scolaires et aux municipalités; on se ramasse
dans la situation actuelle.
Mon collègue de Lévis le disait tantôt, on devrait
être en état d'urgence, au Québec, au moment où on
se parle. On est calme, ici, on peut prendre du café et on est à
la chaleur, mais, en même temps, le Québec est en train de vivre
un drame. C'est une réalité. Et est-ce que c'est des mesures
comme ça qui vont nous aider à s'en sortir? Je ne le crois pas.
Je pense que ça va être l'inverse. Il n'y a pas longtemps, il y a
à peine deux, trois mois, on disait: C'est effrayant, ce qu'on est en
train de vivre au Québec, c'est une crise aussi pire qu'en 1981-1982. En
l'espace d'un mois, on est rendu qu'on constate qu'on est en crise
économique aussi pire que la grande crise de 1929-1930. S'il n'y avait
pas les mesures pour retenir, finalement, la pression des citoyens, au moment
où on se parle - qu'on l'appelle le BS, qu'on l'appelle
l'assurance-chômage, ou tout ça - je vais vous dire, j'aime mieux
ne pas imaginer dans quel état on serait.
Est-ce qu'une loi semblable va venir corriger des situations? Est-ce que
ça va venir améliorer? Est-ce que ça va permettre aux
municipalités de donner un meilleur service par rapport à leurs
responsabilités locales ou si leurs préoccupations, maintenant,
vont être des préoccupations que, nous, nous avions et que nous
faisons seulement leur transférer? Je vais vous dire, c'est ce genre de
lois là, qui ont l'air
anodines, qui n'ont l'air de rien... On dit: Bah! ce n'est pas grave, on
compense. Oui, on compense, sauf qu'on compense en partie.
Je vous donnais l'exemple des PME canadiennes, la
fédération des PME canadiennes, cet après-midi, qui n'est
plus capable d'en prendre. Ça a des effets. Vous avez tous entendu, dans
vos comtés, les discours annuels de vos maires, qui ont commencé
à se tenir lors des assemblées. Écoutez-les. Je vais vous
dire, écoutez-les, ça vaut la peine. Qu'est-ce qu'ils vous
disent? On essaie de couper dans les investissements, et il faut en garder un
petit peu plus, maintenant, pour ça. Ou bien: II faut augmenter, et
là on décide où on augmente. Pourquoi faut-il augmenter?
C'est parce qu'on dit: Bien, c'est la réforme Ryan; c'est parce qu'on
nous a coupé la taxe sur le loisir - comment on l'appelle? - la taxe
d'amusement, alors c'est des revenus de moins.
J'écoutais justement, je regardais dans mes municipalités,
la taxe d'amusement qu'on n'aura plus, ça veut dire qu'on coupe les
organismes communautaires et bénévoles ou les organismes qui
s'occupaient de culture, parce que c'est cette taxe-là qu'on
répartissait. Maintenant qu'on ne l'a plus, on ne répartit plus.
Et, ça, c'est des organismes communautaires bénévoles qui
ne nous coûtent pas cher mais qui nous rapportent beaucoup. Ça a
des effets. Et, moi, je peux vous le dire avec conviction, je peux vous le dire
calmement, je peux vous le dire parce que j'y pense, sauf que si
c'étaient les gens qui le vivent sur le terrain qui venaient nous le
dire, ou leurs représentants, je suis convaincu qu'on les
écouterait davantage, parce que c'est le vécu, parce que c'est la
réalité. Et d'annoncer qu'on donne un peu plus, pour dire que
c'est plus acceptable ou que c'est moins pire, je vais vous dire, les gens ont
commencé à s'apercevoir qu'il y a des trucs là-dedans. Et
par le même ministre, M. Ryan, des Affaires municipales... Demain, je
vais être à une autre commission où on va étudier
les crédits supplémentaires qui ont été
déposés aujourd'hui, et je regarde: 35 000 000 $ en
habitation.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je serai obligé d'y revenir plus tard,
parce que j'ai une explication à donner qui montre que le moins pire ou
le plus acceptable, c'est souvent moins que ce qu'on avait l'an passé.
Et les gens sont très conscients de ça. Il faut se le dire.
J'aurais aimé ça que l'UMRCQ puisse venir nous donner sa version
de ce projet de loi pour que, s'il y a moyen de le bonifier, on le fasse dans
le sens de ceux qui vont avoir à l'appliquer au cours des prochains
mois. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait me
donner le consentement? Je pourrais peut-être répondre dans ce
sens-là, là, que... vos dernières paroles... Je sais que
vous m'avez écouté...
M. Morin: Est-ce qu'il demande le consentement parce qu'il n'a
plus de temps, là?
M. Middlemiss: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Morin: Un instant!
La Présidente (Mme Bélanger): Ha, ha, ha!
M. Morin: Mme la Présidente, après concertation, et
avec ouverture d'esprit, nous permettons au ministre d'y aller.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, tout ce que je veux
dire, c'est que le député de Shefford indiquait qu'ils veulent
avoir le président ici. Il pourrait avoir une heure. Moi, dans
l'exposé que j'ai fait tantôt, j'ai dit qu'il y avait eu neuf
réunions du comité technique, cinq réunions avec la table
Québec-municipalités. En tout et partout, c'est 50 heures
ça, 50 heures d'échanges qu'on a eus avec les gens de l'UMRCQ.
Donc, il me semble que les 50 heures versus l'heure qu'on pourrait avoir ici,
on a accompli pas mal mieux.
Concernant le projet de loi, ça fait longtemps que je vous dis
que je voudrais que... Je voudrais qu'on... J'avais hâte d'y arriver, un
peu comme le député de Dubuc, pour qu'on puisse réellement
le bonifier. J'ai eu l'occasion de parler aujourd'hui au président de
l'UMRCQ. qui nous a dit qu'il avait quelques suggestions à nous faire
pour bonifier des articles. On est en train de discuter avec lui, et, donc, il
me semble que ce n'est pas nécessaire. Nous sommes en train de le faire.
Et c'est une continuation de la concertation et des échanges qu'on a
depuis un an. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
Alors, est-ce que la motion proposée par le député
de Jonquière, la motion qui se lit comme suit: «II est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipalité locales du
Québec», est adoptée?
M. Thérien: Rejeté.
Une voix: Rejeté.
Une voix: Vote nominal.
Mise aux voix
La Présidente (Mme Bélanger): Vote nominal. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Je suis pour.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet-Yamas-ka)?
M. Richard: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention. Alors, 4
contre, 3 pour, 1 abstention: la motion est rejetée.
M. Morin: Est-ce que je peux avoir la parole, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, oui. M.
Thérien: ...Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est
l'alternance. M. le ministre vient de parler, puis, là, c'est... Il a
demandé la parole avant vous.
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): Le ministre. De toute
façon, le député de Dubuc avait demandé la parole
avant vous, M. le député de Rousseau.
M. Morin: II a parlé sur un privilège, en plus.
M. Thérien: C'est considéré comme s'il
n'avait pas parlé.
M. Morin: Si j'avais arrêté, là, vois-tu, tu
me l'aurais reproché, mais ça t'aurait donné droit de
parole avant moi. Vois-tu comment c'est bête?
Des voix: Ha, ha, ha!
Motion proposant d'entendre l'Union des
municipalités du Québec
M. Morin: Mme la Présidente. Alors, je pense qu'un des
derniers efforts, un dernier essai... Il ne faut jamais présumer ou
prêter d'intentions à qui que ce soit. Mme la Présidente,
un dernier essai. Peut-être pas un dernier mais, enfin un autre essai
pour entendre des gens pour nous éclairer, et je vous soumets humblement
cette motion à l'effet qu'en vertu de l'article 244 de nos règles
de procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre - comme, évidemment, je
le souhaite depuis le début -l'étude détaillée du
projet de loi 57, qui s'intitule Loi sur la voirie et modifiant diverses
dispositions législatives, des consultations particulières quant
à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle
entende les représentants de l'Union des municipalités du
Québec. (22 h 40)
M. Dufour: Bien, lui... On se complète. On voit que c'est
un ancien maire.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, comme les autres
motions, cette motion est recevable.
M. Middlemiss: Je suggérerais que votre chef vous nomme,
vous, porte-parole pour les transports.
M. Thérien: Mme la Présidente, avant de
débattre....
La Présidente (Mme Bélanger): Là, M. le
député de Rousseau, là, on commence le débat et on
va faire faire les copies. Il n'y a pas de suspension. On peut commencer le
débat, et vous avez juste à prendre la motion
précédente et enlever l'UMRCQ pour l'UMQ. Alors, le
libellé du reste est le même. Alors, M. le député de
Dubuc, vous avez 30 minutes.
M. Morin: C'est pas mal, 40 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): 30 minutes.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: J'avais une autre petite note à prendre, vous
allez m'excuser. Vous pouvez le compter sur mon temps pareil. On n'est pas
exigeants, nous autres, même si on ne parle pas, on ne s'obstinera
pas.
O.K. Bon, alors, Mme la Présidente, je rappellerai succinctement
que le ministre et les députés ministériels ont
refusé une première motion dans le but d'entendre les
représentants du syndicat. Évidemment, on n'était pas
contents, mais, avec un recul, bien, on peut comprendre. Avec un recul, on peut
comprendre que le ministre ne veuille pas venir se faire dire des
vérités comme ça, en commission parlementaire, surtout de
la part de gens qui n'ont plus de travail. Des fois, la vérité,
c'est un peu comme on dit souvent: La vérité sort de la bouche
d'un enfant. Ça fait que des employés congédiés,
des fois, ça dit des choses qu'ils n'oseraient pas dire devant leur boss
mais...
M. Dufour: mme la présidente, je voudrais vous rappeler
que ça prend au moins cinq personnes pour que la commission puisse
siéger dans l'ordre.
M. Morin: Pour des gens qui avaient hâte que je
parle...
La Présidente (Mme Bélanger): On a quorum, dans le
moment.
M. Dufour: Ça prend cinq personnes. M. Morin: Oui?
On a le quorum? Ah!
M. Paré: On a le quorum. C'est nous qui le prenons.
M. Dufour: On n'est pas à table.
M. Morin: O.K. Il n'y a pas de problème. De toute
façon, Mme la Présidente, je sais bien que je ne peux pas
convaincre grand monde à cette heure-là. Je sais que les
députés ministériels sont fatigués. À moins
qu'on ne les ait par épuisement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: C'est des choses... Bien, à l'usure, c'est des
choses qui se produisent, à l'usure.
M. Richard: De toute façon, cher collègue, il y a
juste le ministre qu'il faut convaincre.
M. Morin: Oui, mais, des fois, tu sais, il se pourrait... Le
député de... Comment il s'appelle, là?
M. Richard: Nicolet.
M. Morin: Nicolet. Bien, il a déjà
été un maire. Et, d'ailleurs, il est déjà venu chez
nous. Je me souviens, c'était quelqu'un qui était très
ouvert. Il était à la recherche de l'information C'est un gars
qui n'a jamais refusé d'utiliser l'expertise des autres. Je me souviens,
lorsque j'étais maire chez nous et qu'on avait vécu
l'expérience de l'implantation d'une usine, I usine de l'Alcan, à
Grande Baie, et c'était tout frais. Alors, évidemment, pour une
municipalité, c'est bienvenu, mais ça suppose des
difficultés, etc. Alors, le député Richard était
venu nous voir pour s'inspirer de l'expérience pour que, finalement, il
puisse faire face à la musique sans commettre une bévue. Alors,
voilà une approche qui est digne d'un maire progressiste. Maintenant, il
est moins progressiste, plus libéral. Ça lui porte un peu
ombrage. C'est dommage.
Mais, ceci dit, nous reconnaissons, avec le recul... Que le ministre
n'ait pas voulu entendre les représentants du syndicat, à toutes
fins pratiques, on peut le comprendre. Ça, il y a des
vérités, des fois, que... Bah! Mais je comprends un peu moins son
refus d'entendre les gens de l'UMRCQ qui, parce qu'il y a eu une lettre du
président Nicolet lui disant que, finalement, il avait des
réserves, mais que ce n'était pas si pire que ça,
semble-t-il... Est-ce que mon collègue l'a, la lettre? Je ne sais pas
où est passée cette lettre-là. Pour moi, ils l'ont
ramassée; ils ne veulent pas qu'on la lise au complet.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Non, je cherchais la lettre de M. Nicolet, parce que je
sais que le ministre nous a lu seulement un paragraphe. Il ne l'a pas lue au
complet. Mais ça ne fait rien. De toute façon, la motion... Je ne
voudrais pas me faire mettre hors d'ordre, Mme la Présidente, parce que
je suis en train de parler sur la motion qu'on a débattue et qui a
même été rejetée. Donc, vous seriez en droit de me
mettre hors d'ordre.
Une voix: Elle ne le fera pas.
M. Morin: Non, parce que, si je commence à la lire, vous
allez me dire, Mme la Présidente: II est hors d'ordre, il parle de la
lettre du président de l'UMRCQ, qui a fait l'objet de la motion pour
entendre l'UMRCQ, et elle a été débattue tout à
l'heure, même qu'elle a été battue Donc, vous ne me
prendrez pas à ce jeu-là, je n'en parle plus. Je ne risque pas de
me faire mettre hors d'ordre par un ministre qui nous écoute seulement
pour nous mettre hors d'ordre. Mais quand on est dans l'ordre, par exemple, il
se ferme comme une carpe.
Alors, Mme la Présidente, un peu de sérieux, s'il vous
plaît! Il me semble que... Je comprends que, quand c'est le
député de Lévis qui parle, on puisse avoir un peu de
plaisir, mais, moi, c'est différent; moi, je suis sérieux.
Alors, comme on s'est référé souvent au rapport sur
l'avenir des municipalités, je voudrais vous référer...
Parce que, dans ce rapport-là, suite aux consultations, qui ont
été des consultations fort intéressantes et
sérieuses... Voyons, toutes les fois que je lis puis que je lève
la tête, le ministre n'est pas là. Vous voyagez donc bien,
vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Je comprends que, comme ministre des Transports,
ça peut être un genre de déformation professionnelle, mais
vous pouvez rester en place, vous n'êtes pas obligé de toujours
bouger.
M. Middlemiss:...
M. Morin: Je comprends. Il y avait un consensus, et, d'ailleurs,
c'est pour ça que vous n'avez pas eu d'opposition, puisque le projet de
loi, sur cet aspect-là, a pour effet de reconnaître la
compétence des municipalités. D'ailleurs, c'est peut-être
pour ça qu'il n'y a pas eu de hauts cris plus que ça. C'est parce
qu'à partir de cette étude, qui date des années 1988,
1987, il y avait un consensus. Tout le monde reconnaissait que le palier
municipal serait beaucoup mieux placé que le gouvernement pour assurer
un minimum de qualité du réseau aux contribuables. Ça,
c'était consensus, c'était l'unanimité. Puis, avec les
années qui ont suivi et devant l'immobilisme du gouvernement, par
rapport au réseau routier, depuis qu'il est au pouvoir, depuis 1986,
bien, la situation n'a cessé d'empirer. Donc, ça a
renforcé les convictions du monde municipal. Et j'aimerais entendre le
président de l'UMQ venir nous le dire, qu'effectivement, autant en 1988
on était convaincu que les municipalités étaient mieux
placées pour assurer une qualité du réseau routier, avec
tout ce qui s'est passé, enfin tout ce qui ne s'est rien fait depuis ce
temps-là, bien, évidemment, on est doublement convaincu que le
monde municipal... Et, si j'étais maire, aujourd'hui, je pense que je
serais encore du même avis. Mon collègue de Jonquière, puis
le collègue de Nicolet... Ça fait drôle, hein? Je viens
pour les regarder, puis les chaises sont vides. Ça fait drôle,
hein, ça fait comme un choc.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais au
député de...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: ça fait un petit peu comme des éclipses.
hier, la première fois que j'ai regardé la lune, elle
était là, puis, un peu après, je ne voyais plus de
lune.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Nicolet. Je demanderais au député de
s'asseoir à la table, s'il vous plaît.
M. Morin: S'il vous plaît, asseyez-vous, là!
Une voix: Ce n'est pas beaucoup d'ordre, c'est vrai.
M. Morin: Bon, c'est vrai. Le décorum n'est pas riche.
Ça ressemble à la qualité du réseau, c'est rempli
de trous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: «Patchez» vos chaises un peu, asseyez-vous
dessus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Bon. Alors, pour venir aux choses sérieuses, Mme
la Présidente, c'est que le projet de loi... Et, là-dessus, je
suis obligé de saluer le ministre, parce que ça reconnaît
la compétence des municipalités, sauf que c'est là que
ça se termine, parce que le ministre a réussi à faire
accepter ça par des subventions, des subventions qu'on appelle
compensatoires. Puis, le mot, il ne m'échappe pas. Moi, quand je
rencontre des maires, je leur dis: Écoutez bien parler les ministres;
quand ils parlent de sommes compensatoires, de subventions compensatoires,
c'est pour compenser. Ne perdez pas ça de vue, il ne faut pas perdre
ça de vue. C'est pour compenser le fardeau qu'on vous transfère.
C'est une compensation seulement. D'ailleurs, ça le dit. On sait qu'il y
a 0,14 $ de fardeau fiscal immédiat et, pour les municipalités,
moi, je sais bien que j'en ai une dans mon... Bien, Jonquière ou la
ville de La Baie, où, finalement, l'indice de richesse, bien sûr,
est assez élevé, je suis à peu près certain que...
(22 h 50)
M. Dufour: Ce n'est pas certain, c'est sûr.
M. Morin: ...le gouvernement ne mettra pas grand argent.
M. Dufour: Pas un sou.
M. Morin: Et, quand on sait que c'est une municipalité
où le réseau de chemins ruraux, en kilomètres,
équivaut à l'urbain, c'est incroyable.
M. Dufour: C'est le plus grand réseau dans la
région, La Baie.
M. Morin: À part Duplessis et Ungava. Ah oui! La Baie,
c'est incroyable. Mon collègue, excusez-le s'il me dérange...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: C'est bien ça. Regardez, routes
transférées, 61 km, et l'argent relié à
ça...
M. Dufour: Zéro.
M. Morin: ...je regarde, ça a l'air d'une chaise vide mais
c'est parce qu'il n'y a pas de chiffre. Aucun sou. Ça fait qu'imagine,
à 0,14 $ des 100 $ d'évaluation, ça fait toute une facture
pour une municipalité. Vous faites un saut, hein? Vous n'avez pas fini
d'en faire, des sauts. On commence.
Mais, ceci dit, je ne sais pas si vous y avez pensé, M. le
ministre, Mme la Présidente, que la loi qui est devant nous, 57, c'est
un curieux de hasard mais c'est le même numéro que la Loi sur la
fiscalité municipale adoptée en 1979, lorsque le Parti
québécois était au pouvoir.
M. Dufour: C'est vrai.
M. Morin: C'est presque une injure
Des voix: Ha. ha, ha!
M. Dufour: C'est une injure qu'on fait à la Loi sur la
fiscalité.
M. Morin: J'ai dit «presque», parce que je
considère le ministre, quand même. J'ai dit «presque».
On aurait pu changer de numéro par respect pour la réforme qui a
été appréciée par l'ensemble du monde municipal.
quelques années après, j'ai un tableau, ici, qui démontre
les effets de cette loi-là, la loi sur la fiscalité municipale.
entre autres, on regarde l'écart des taxes, enfin taxes
foncières, des affaires. pour l'ensemble d'un budget, elles
étaient, avant la réforme, de 24 % et se sont maintenues
après, en 1981, à 22 %. oui, les sources locales. parmi les
sources locales, si on prend les compensations tenant lieu de taxes, de 4,4 %
qu'elles étaient avant la réforme, elles ont été
portées à 10,8 %. on sent tout de suite, là, les effets.
les services rendus aux municipalités, les autres services, bon, autres
revenus de source locale, tout ça, mme la présidente, pour
totaliser ce qu'on appelait les revenus de source locale, étaient de 76
% avant la réforme pour, finalement, atteindre 94 % de financement de
source locale. quand on disait que la réforme avait permis aux
municipalités d'avoir une autonomie à 95 %, c'en est un
exemple.
Puis, bien sûr, la différence est au niveau des transferts
inconditionnels ou des transferts conditionnels. Alors, le total des revenus de
transfert, en 1979, était de 23 %. Autrement dit, tout ce qu'on appelle
péréquation, formule de transfert, subventions per capita, la
taxe de vente, bien sûr, ça veut dire qu'il y avait 23 % de
sources qui venaient du gouvernement. Après la réforme de la
fiscalité municipale, là, les municipalités étaient
en manque, par rapport aux sources qu'on appelle de revenus de transfert;
à peine pour 5 %. De là l'autonomie des municipalités.
Alors, depuis ce temps-là, le monde municipal a toujours tenu un
langage, a toujours maintenu sa position que jamais plus il n'accepterait des
transferts avec des subventions aléatoires qui risquaient d'être
remises en cause à tout bout de champ et, finalement, de changer les
proportions et diminuer, par le fait même, le pourcentage d'autonomie des
municipalités.
C'est pour ça, Mme la Présidente, que, même quand le
ministre nous fait part de ces subventions, moi, il ne me fera pas pleurer et
il ne me fera pas rire non plus, parce qu'à partir des premiers
montants, annoncés le printemps dernier, on a augmenté de
quelques millions Bien sûr, c'est à son honneur d'avoir
écouté le monde municipal. D'ailleurs, je ne blâme pas le
ministre. Non. Ce n'est pas un vilain garçon, sauf qu'il joue sur le
court terme et il va réussir à faire avaler la pilule. C'est
ça que je déplore. Et le monde municipal a tellement besoin du
gouvernement qu'à un moment donné il a les mains liées et
il n'est pas capable. Il est esclave du gouvernement. C'est pour ça que
le ministre fait preuve de naïveté un petit peu quand il pense que
le monde municipal est bien content Ce n'est pas ça. Il n'est pas
content du tout. À court terme, bien sûr, ça va lui
permettre de survivre et d'attendre l'expérience et des
élections. En tout cas!
D'ici trois, quatre ou cinq ans, avant que tout ça ne soit remis
en cause... Je pense que, depuis que je suis là, depuis trois ans, vous
avez fait la démonstration que ça ne vous gênait pas de
tout remettre ça en cause. Aïe! La première fois que le
ministre des Affaires municipales a annoncé ça, je m'en
rappellerai toujours. On pourrait le relever, et, si vous me croyez pas, je
vais le faire sortir. Il a dit: Nous avons besoin de 500 000 000 $. Dites tout
de suite, vite, ce que vous avez envie de dire, parce que j'ai besoin de 500
000 000 $. Là, en même temps, il avait le culot... Pourtant, il
passe pour un ministre rigoureux, c'est ça qui est le pire. Je te dis
qu'il faut le faire! Il n'y a que lui qui fait ça. Vous ne faites pas
ça encore, vous. Vous pensez... Mais ça n'ira pas plus loin que
ça. Parce qu'il avait le culot de dire en même temps que
c'était une réforme qui avait pour but d'assurer un meilleur
partage des responsabilités. Imagine comment c'était noble! C'est
incroyable. Je n'en revenais pas. Je n'en reviens pas encore. Parce que
l'objectif, c'était carrément de récupérer 500 000
000 $. Remarquez bien, je ne le blâme pas plus que ça. Sauf que
tenir un tel langage et faire accroire au monde de telles choses, c'est
ça qui me renversait.
Là, j'ai une petite note qui m'indique de me
référer à la page 198. Toujours dans le même petit
document... Parce que le ministre, ça à l'air qu'il l'a lu. Je ne
sais pas s'il l'a lu au complet
ou s'il a lu seulement ce qui faisait son affaire, dans le
«Rapport de la Commission d'étude sur les
municipalités». Là, si ça ne fait rien, Mme la
Présidente, je ne voudrais pas être ennuyeux, mais, par respect
pour celui qui a signé ce rapport et pour éviter d'être
accusé d'avoir mal cité, je vais faire lecture d'une partie
où on parle, finalement, de transferts sans compensation. Ça fait
partie du chapitre «L'obsession fiscale». Il y a toutes sortes
d'obsessions. On ne parlera pas des autres ce soir. On va parler seulement de
celle-là.
L'article 3.4. Uniquement pour illustrer la position du monde municipal.
Et, ça, c'est suite à la consultation. Ça, c'est à
la page 198. Vous allez à la page 200 et vous reculez de deux. «Il
avait été entendu, à l'occasion de la réforme de la
fiscalité municipale, que le gouvernement du Québec ne
transférerait aucune fonction additionnelle aux municipalités
sans assurer en même temps le transfert des ressources permettant d'y
faire face.»
M. Middlemiss: C'est ce qu'on fait.
M. Morin: C'est des subventions aléatoires que vous avez
faites. Ce n'est pas de ça qu'on parle. Quand on parle de transferts de
ressources, on parle de mesures fiscales. Je vous l'ai dit tantôt, le
titre: «L'obsession fiscale». Je n'ai pas parlé de
l'obsession de subventions ou de... C'est fort différent. C'est pour
ça que le ministre ne comprend pas. Voyez-vous sa réaction?
Continuez à écouter et vous parlerez après, et je vous
donnerai un consentement spécial. (23 heures) «Dans l'ensemble, si
l'on tient compte des masses financières en cause, le gouvernement s'en
est tenu à ses engagements. Aucun bloc - on parle, évidemment, en
1987 - majeur de dépenses n'a été envoyé au champ
municipal. Mais des translations se sont produites dont aucune n'a non plus
été compensée par un transfert financier et fiscal. Compte
tenu des montants somme toute assez faibles qui sont en cause, on ne peut
vraiment affirmer que les gouvernements du Québec - on ne pourrait plus
dire la même chose aujourd'hui - ont remis en question l'équilibre
financier - dont je vous ai donné l'illustration par des chiffres tout
à l'heure - des municipalités. Chacun des gestes posés,
cependant, a été perçu à la fois comme une
provocation - le moindrement que le gouvernement bougeait - et le signal que
l'on testait la résistance des municipalités pour procéder
plus tard à des déplacements plus substantiels.»
Et je continue. «On ne fait pas allusion, dans ce cas, à
l'abandon du programme de transfert minimum aux municipalités. Cela
impliquait une coupure de 12 000 000 $ à certaines municipalités
que la réforme sur la fiscalité n'avantageait pas en 1980. Il
était prévu que ce programme était transitoire. La
modification du programme de péréquation, aussi limité
qu'il soit, qui eut lieu en 1983, n'enlevait que 6 000 000 $ aux
municipalités, mais il n'avait pas été prévu.
D'autres gestes dont l'impact financier était plus faible encore ont
créé, cependant, plus de méfiance parce qu'ils rompaient,
dans leur forme et leur esprit, le pacte qui avait été
établi. C'est ainsi que le transfert aux municipalités de la
responsabilité du règlement d'application sur les fosses
septiques - on s'en souviendra - et du règlement sur l'eau potable -
j'étais maire à ce moment-là, je me souviens très
bien - ne représente, sans doute, qu'une dépense de 4 000 000 $
pour les municipalités, mais cela fut perçu, à juste titre
d'ailleurs, comme enfreignant la parole donnée.»
Ce n'était pas beaucoup, mais, pourtant, les municipalités
le voyaient d'un très mauvais oeil. Imaginez, aujourd'hui,
prétendre que les municipalités acceptent un transfert avec des
compensations aussi aléatoires et que tout le monde est content!
Ça, là...
M. Dufour: Ça a changé...
M. Morin: Bon Dieu! «Lorsque, au début de
l'été 1986, le gouvernement décida de confier aux
municipalités le contrôle de la qualité de l'eau des
plages, sans préavis, le geste impliquait sans doute des dépenses
insignifiantes - mais quand même, le principe était là - et
il n'était pas déraisonnable de considérer que les
municipalités devraient effectivement assurer un tel contrôle.
Néanmoins, certaines municipalités ont refusé
d'obtempérer. «En même temps, Mme la Présidente, que
ces gestes étaient posés, d'autres entraînaient un recul du
gouvernement sur certains programmes de subventions.» La réforme
fiscale n'est pas demeurée intacte. «Le plus significatif de ces
reculs est sûrement celui qui a trait aux subventions aux
bibliothèques publiques... Notons cependant que le recul de certaines
subventions gouvernementales, comme celles des bibliothèques, a
probablement moins d'impact sur la méfiance des milieux municipaux
à l'égard du gouvernement que les transferts dont nous avons fait
état précédemment, dans la mesure même où
d'autres programmes de subventions ont été ouverts, comme celui,
par exemple, pour favoriser la réhabilitation des centres-villes.
«En d'autres termes, c'est le transfert de responsabilités qui
inquiète davantage que la chute de certaines subventions possiblement
compensées par la hausse d'autres subventions.» C'est comme on
dit, c'est le transfert des responsabilités qui est inquiétant
plutôt que les subventions. Les subventions sont là. D'ailleurs,
vous l'avez dit vous-même - comment avez-vous dit ça? vous pourrez
m'expliquer ça tantôt - à l'effet que ce n'était pas
indexé, mais dû au fait que les 0,14 $ du 100 $, à cause
évidemment de l'augmentation de l'indice de richesse, permet-
traient...
M. Middlemiss: ...le rôle d'évaluation. On regarde
le rôle d'évaluation de 1992.
M. Morin: D'accord. De 1992. Plutôt que d'indexer. O.K.
J'avais bien saisi.
En d'autres termes, Mme la Présidente, c'est un peu ce que je
disais. C'est le transfert de responsabilités qui inquiète
davantage que la chute de certaines subventions possiblement compensées
par d'autres. «On reconnaît en somme plus facilement que le
gouvernement puisse modifier l'orientation de ses priorités que de
simplement se débarrasser de ses fonctions habituelles en les renvoyant
dans le champ municipal.»
Alors, Mme la Présidente, ça, c'était la position,
et je suis convaincu que le monde municipal pense encore la même chose,
sauf que ça n'a pas fait beaucoup de bruit, je le répète,
parce que, s'il y a un domaine où le monde municipal est mauditement
mieux placé que le gouvernement, c'est bien le réseau local.
Ça, c'est tellement incontestable... Mais ne vous réjouissez pas
de ça, M. le ministre, parce que je vous admets ça. Il faut quand
même que je vous en admette un petit peu. Écoutez, là
Ça, tout le monde le reconnaît, personne ne le conteste. Mais ce
n'est pas là qu'est le problème. C'est que vos subventions sont
juste assez bonnes pour permettre de faire passer la pilule sans
étouffer personne à court terme. C'est ça que ça
fait, une pilule; avec un peu d'eau, ça passe. Mais c'est à moyen
puis à long terme que ça risque d'être grave. Mais,
considérant la situation difficile des municipalités qui
soumettent toutes sortes de programmes, qui font appel à des subventions
de tout ordre, elles ne se sentent pas capables de crier très fort.
Ça, tout le monde le reconnaîtra. C'est pour ça que
j'invite le ministre à ne pas faire preuve de trop de
naïveté en tentant de nous faire croire que le monde municipal est
totalement satisfait de ça. Ce n'est pas vrai, sauf qu'il a affaire
à des gens qui sont liés, qui sont esclaves et qui n'ont pas
toute la liberté de leurs actions à cause, bien sûr, d'une
récession économique où le monde municipal y goûte
aussi. Et ils ne peuvent pas contester le gouvernement à cause de cette
reconnaissance qu'ils sont les mieux placés pour gérer, pour
faire la gestion du réseau municipal local.
Ça, c'est le seul élément que je salue. C'est cette
reconnaissance des compétences du monde municipal. Quant aux
subventions, bien moi, là, vous ne me ferez pas pleurer avec ça.
À court terme, toutefois, ça va vous permettre de faire passer
votre politique.
Ceci dit, Mme la Présidente, j'espère, quand le ministre
aura enfin accepté de nous faire entendre le président de
l'UMQ... J'ai hâte qu'il nous dise oui. Il a été deux mois,
quasiment, à dire oui tout le temps. Vous pouvez toujours bien essayer
d'en dire un autre. Surtout là, il ne serait pas compromettant,
celui-là. L'autre, bien, c'était plus grave. Dites donc oui, du
fond du coeur. Après ça, Mme la Présidente, je vous
garantis qu'on sera disposés à étudier les articles du
projet de loi un par un.
Je l'ai révisé, le projet de loi. Il y a des articles qui
ont du bon sens. Définitivement! Il va dans le sens des grandes
orientations qui ont été annoncées par le ministre. Je
l'ai écouté religieusement lors de l'adoption du principe. Quand
le ministre parle, moi, j'écoute. Et puis... Bon. Par contre, il y a des
petites choses qui vont mériter quand même d'être
modifiées quelque peu. Il y a des erreurs de transcription, il y a
quelques illogismes. Enfin! Mais je suis convaincu que le ministre va nous
écouter puis qu'il va... Mais j'ai hâte d'y arriver, Mme la
Présidente. D'ici ce temps-là, on aurait besoin d'entendre des
gens, puis il s'y refuse. Alors, je n'insisterai pas davantage. Je vais laisser
mon collègue faire la dernière tentative, le dernier assaut. Vous
avez parlé?
Une voix: Non.
M. Morin: on n'a pas parlé, là-dessus? mais je
parlais d'intervention dans le but de vous convaincre. je ne suis pas sûr
que, si ça vient de là, ça va aider bien, bien ma
cause.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On veut vous convaincre.
M. Morin: Oui, mais me convaincre, moi... Vous savez qu'il faut
que vous parliez sur la motion dans le but de faire venir le président
de l'UMQ.
M. Thérien: On ne sait jamais, vous pouvez changer
d'idée.
M. Richard: M. Morin? M. Morin: Pardon?
M. Richard: Vous ne voulez pas qu'on vous retarde?
M. Morin: Non. Mme la Présidente, je vous remercie, vous
êtes bien aimable, ainsi que vous, M. le ministre. Ça va pouvoir
me permettre de prendre mon café. Il est bien froid.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc. Alors, M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, pour la suite des choses, je
vais prendre la relève de mon
collègue de Dubuc concernant sa motion de faire venir le
président de l'Union des municipalités du Québec en
audience pour savoir ce qu'il pense de cette réforme. (23 h 10)
On pense, à tort, que la réforme ne touche que les petites
municipalités. C'est vraiment un tort de croire que les réseaux
routiers touchent seulement les municipalités rurales. La
municipalité régionale du Fjord-du-Saguenay prouve que les villes
ont la plus grande part du réseau routier local et rural. Et je vous
prends à témoins: La Baie, 61,48 km; Jonquière arrive en
deuxième, 57,54... C'est-à-dire que La Baie, 69,13 km:
Jonquière, 57,54; Chicoutimi, 50,83. La plus proche municipalité
après, c'est Saint-Ambroise avec 56,9 km; Saint-Honoré, 48,55;
après ça, c'est du 30 km ou 40 km; Laterrière, 39,81;
Saint-David-de-Falardeau, 35,2. Pour moi, quand je regarde le tableau qui nous
a été présenté - et j'espère qu'il est
véridique...
Une voix: Quelle date?
M. Dufour: Ça, c'est le 28 novembre 1992. Ça a
été le tableau qui a été transmis, je veux le citer
correctement: «Programme d'aide à la prise en charge de la voirie
locale. Notes explicatives du tableau.» Donc, ça vient... c'est
une source du ministère. «Partage des responsabilités.
Québec-municipalités, les Affaires municipales.» Donc,
ça me semble véridique. Et c'est surprenant, quand on regarde le
tableau, de voir que les municipalités de ville ont les plus grands
réseaux routiers locaux, concernant la voirie locale.
Une voix:...
M. Dufour: Non. Je vais vous donner l'explication. Oui, le
député de Montmagny me dit: Ce n'est pas partout pareil, et il a
raison. Il faut comprendre qu'en 1975 il y a eu la grande période des
fusions, et ça, ça a amené, bien sûr, le mariage des
villes avec les municipalités ou, je peux dire, les villages, qu'on
appelait, dans le temps, les municipalités rurales. Donc, La Baie a pris
un secteur, Jonquière a pris un secteur rural et Chicoutimi aussi, ce
qui a fait que ça s'est additionné, et c'est un état de
fait. Mais il n'y a pas une de ces trois municipalités qui va jouir en
retour de quelque subvention que ce soit. Parce que l'assiette fiscale des
ruraux, qui sont joints avec les municipalités, on parle d'un effort
fiscal de 0,14 $. Et ça, il n'y a pas d'étude exhaustive qui nous
permet de dire que c'est correct, ce qui se passe.
Moi, je prétends qu'il y a une anomalie là-dedans.
Pourquoi est-ce que les gens de villes où il y a eu un regroupement,
donc il y a eu un avantage certain pour le gouvernement, n'ont pas un sou de la
réforme? Quand on prend le réseau routier de Jonquière,
j'aurais pu et j'aurai probablement le temps d'en faire la preuve, le
réseau routier de Jonquière, combien coûte-t-il à la
municipalité? C'est beaucoup plus que 0,14 $ du 100 $. Bon. C'est le
réseau routier... Il y a 250 km au moins de route de ville qui
coûtent des prix énormes à la municipalité. Donc, il
y a beaucoup plus que 0,14 $, mais on n'en tient pas compte. Si le 0,14 $ tient
compte globalement de l'ensemble de la municipalité, vous allez voir que
Jonquière va avoir droit aux mêmes subventions que les autres.
Mais ce n'est pas la seule place où on a été
pénalisés. N'oublions pas que, chez nous, ça a
été une fusion forcée. Je ne dis pas que la fusion n'a pas
été correcte puis que ça n'a pas donné de bons
résultats, mais c'était une fusion forcée. Le principe,
dans le temps, on ne doit pas pénaliser les gens parce qu'ils ont
été fusionnés. Si la ville était demeurée de
la façon qu'on la connaissait avant 1975, Jonquière,
Kénogami, Arvida n'avaient presque pas de réseau routier. Avec
les routes locales, de voirie locale, la paroisse n'avait pas... certainement
que son 0,14 $ d'évaluation, elle aurait eu droit à des
subventions importantes, tenant compte du kilométrage qu'elle avait
à entretenir. Mais ça, je suis convaincu que ça n'a pas
fait l'objet de grandes, grandes études, ce qui dorme un argument aux
tenants des non-fusionnements des municipalités. Ils pourraient dire: Le
fait qu'on n'est pas fusionné nous donne le droit à un partage
plus grand avec le gouvernement. Le gouvernement est plus
généreux quand on est petit que quand on est d'une taille
certaine.
Ça a été la même question pour le programme
AIDA, le programme d'eau. Chez nous, les rangs, ils n'étaient pas
desservis par des réseaux d'aqueduc. Les réseaux d'aqueduc se
font au même titre que dans la ville. Les contribuables paient une
partie, ça doit être à peu près 50-50. Il y a des
coûts énormes là-dedans, mais qui paie le 50? Ce n'est
pas... Le gouvernement, il n'y va pas pour aucun sou, c'est la
municipalité de ville, donc les gens dans la ville qui paient pour les
gens dans les rangs. C'est peut-être un principe d'équité
qui était exercé, mais je dis, par exemple, que ça
n'aurait pas été ça qu'aurait dû prévoir le
principe de la fusion. On aurait pu les traiter comme des gens de campagne.
Pour la municipalité, ce sont des coûts qui ont été
transportés. Donc, ça démontre, à mon point de vue,
que la réforme n'a pas été étudiée sous
toutes ses coutures et c'est clair que le président de l'Union des
municipalités pourrait venir ici, certainement, pour ajouter des
choses.
Voyez-vous, on est dans l'expectative. Mon collègue de Dubuc dit:
Je ne vois pas trop, trop d'objections à ce que les
députés soient dans le coup. Moi, j'ai un peu
d'expérience, comme lui en a et comme d'autres, ici, en face de nous, au
point de vue de l'entretien des réseaux routiers et je m'interroge
sérieusement, à savoir que fait le député dans le
décor. Non pas parce que le
député est une personne dépourvue d'intelligence,
mais parce qu'il n'a pas la ressource pour aller étudier sur le terrain
c'est quoi, le problème. Donc, il va fonctionner avec les maires qui
vont lui faire rapport de ce qui se passe sur le territoire.
Je disais hier que la plupart des députés ont de bonnes
autos, ils ne sentent pas trop, trop les cahots et les trous. Mais les gens qui
sont sur le terrain vont voir les défauts, les
défectuosités de la route. Donc, le député aura
sûrement à écouter ce que les maires auront à dire.
Par contre, il y a des oreilles qui sont moins sensibles à certaines
doléances venant de certaines personnes par rapport à d'autres.
Je comprends que Mme la Présidente, elle n'est pas partisane, elle est
très ouverte et que tous ces maires trouvent grâce à ses
yeux. Je voudrais bien que ce soit de même dans tout le...
Je n'ai pas trop de problème chez nous, j'en ai seulement 2. Si
j'en avais 40 à 50, ce n'est pas sûr que je les tiendrais tous au
même barreau de l'échelle. Ça, c'est très humain. Il
ne faut pas se faire d'illusions: tant qu'il y aura du monde, il y aura des
préférences des gens par rapport aux autres. Il y a des atomes
crochus avec certaines personnes, il y a des atomes pointus et il y a des
places où il n'y en a pas du tout. Ce n'est pas compliqué, ne
nous faisons pas d'illusions. Sur 125 députés ou une centaine de
députés qui sont impliqués, je ne vois pas... Ce que je
dis, il me semble, fait partie de la réalité. Il y aura une
partie, sûrement, de conseils municipaux qui devront faire du
«bene, bene» avec leur député. Moi, je ne suis pas
trop, trop favorable à ça. C'est dans ce sens-là que je
m'interroge.
On n'a pas l'expertise, on n'a pas les moyens techniques d'aller voir
sur la route. Et, comme il y aura moins de... Les employés du
ministère ne sont pas au service des députés, ils sont au
service du ministère. Donc, on ne peut pas donner d'ordre, nous autres,
à ces gens. Il faudra se fier, il faudra essayer de tenter de faire
travailler les gens, les fonctionnaires, quand ils auront du temps disponible.
Et il va y en avoir moins. Est-ce qu'ils seront disponibles pour faire cette
expertise, autant avec les municipalités et avec les maires et leur
député? Ça, je ne le sais pas. C'est une interrogation et
c'est pour ça que je questionne là-dessus.
Il y a 50 000 000 $ dans l'enveloppe et il y en a 40 000 000 $ que le
député va pouvoir orienter. Ce n'est pas beaucoup d'argent par
comté, ça. Il y a 100 comtés, possiblement qu'il y a des
comtés où ce sera 50 000 000 $ ou 60 000 000 $ et d'autres
comtés où ce ne sera pas grand sous.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
M. Dufour: Oui Ce qui fait que ces mon- tants, ce n'est pas
beaucoup. Mais il y a une petite enveloppe discrétionnaire. En plus de
ça, je me demande aussi si ce n'est pas un palier supplémentaire
qu'on vient de trouver. Du député, au ministre, au préfet,
au maire; voyez-vous la complication? Et ça, c'est pour 40 000 000 $.
Les autres 10 000 000 $, l'enveloppe discrétionnaire du ministre. C'est
ça que j'appelle un peu le «tétage». Il faudra le
faire. Et il faudra que ce soit fait par qui? Par les députés,
par les maires. En tout cas, je trouve que c'est beaucoup, beaucoup de
démarches pour pas beaucoup d'argent. C'est ça, le
problème.
Le président de l'Union des municipalités - et je pense en
avoir fait la démonstration -où il y a beaucoup de villes qui
sont impliquées, pourrait sûrement être une
personne-ressource intéressante. Moi, contrairement à mon
collègue de Dubuc, je dis, et je pense, et j'exige que, si on entend une
union, il faut entendre les deux unions...
M. Morin: Oh, oui, oui!
M. Dufour: ...et ça. ça ferait un apport
très important aux travaux de cette commission Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, Mme la Présidente. Je veux
intervenir pour donner mon appui à la demande de mon collègue de
Dubuc d'entendre les représentants de l'Union des municipalités
du Québec.
M. Morin: Merci.
M. Paré: Je trouve que c'est une très bonne
idée. (23 h 20)
M. Dufour: II a fait ça spontanément, de bon
coeur.
M. Paré: Et pas juste pour rajouter du temps, je dois
dire, parce qu'on va essayer de convaincre le ministre par rapport à ce
qu'il a dit tantôt, deux choses. Premièrement, il a dit: Je suis
convaincu que la prochaine motion qui va arriver, ça va être sur
l'Union des municipalités du Québec. Je suis convaincu que c'est
parce qu'il trouve que c'est normal qu'on demande ça II trouve que c'est
normal parce que, comme ça va affecter les municipalités
directement, il trouve que c'est une bonne chose et il a des chances de dire
oui. En tout cas, on espère qu'il va voter pour, cette fois-ci.
L'autre chose qu'il a dite tantôt, c'est: Vous demandez qu'on
rencontre le président de l'Union des municipalités
régionales de comté, mais il est ici, de toute façon, et
on est en
échanges avec. En démocratie, ce sont des discussions
publiques, aussi, qui doivent avoir lieu. Ce serait intéressant, pour
les membres de la commission des deux côtés de la table, qu'on
puisse entendre M. Roger Nicolet, ici. Au lieu d'être assis dans la
petite salle de l'autre côté avec les fonctionnaires, ce serait le
«fun» qu'il soit assis dans la grande salle ici - il est
déjà sur place - avec les élus, parce que c'est nous qui
décidons, c'est nous qui légiférons...
La Présidente (Mme Bélanger): Là, la motion,
c'est l'UMQ. C'est M. Mercier.
M. Paré: Oui, oui, je le sais, Mme la Présidente,
mais je vous ai dit que j'avais deux raisons pour lesquelles je voulais
intervenir maintenant, à cause de deux remarques qu'a faites le
ministre. J'ai dit la première: II s'attendait à ce que ce soit
ça notre motion parce que c'est tout à fait logique, et, si on ne
l'avait pas fait, on n'aurait pas fait notre devoir. L'autre, c'est M. le
ministre qui a parlé de M. Roger Nicolet, en disant qu'il est ici, dans
le petit salon en arrière, au lieu d'être dans le grand salon en
avant, pour nous parler à nous et répondre à nos
questions, parce que ça préoccupe les maires, ce qu'on est en
train de discuter.
Moi, je peux vous dire, j'ai rencontré tout dernièrement -
je pense que c'est lundi de la semaine passée ou, en tout cas, c'est en
novembre, avant de monter à Québec - le conseil municipal de
Saint-Joachim-de-Shefford, le maire, ia conseillère et les conseillers.
De quoi a-t-on parlé, entre autres? On a parlé du transfert.
Pendant toute une soirée, on a parlé de leurs projets, de leurs
problèmes et de leurs inquiétudes. On a été
très, très longtemps, la majeure partie du temps,
là-dessus pour essayer de clarifier en leur disant... Vous me dites, Mme
la Présidente: Est-ce que tu as essayé de les convaincre?
Malheureusement, je n'essaie pas de convaincre, j'essaie de les aider, parce
qu'il est trop tard, la loi est passée, l'autre loi. La décision
du transfert est passée, la loi ne l'est pas.
Ce qu'ils essaient de comprendre maintenant, c'est comment ça va
se faire. Ils ne veulent pas avoir trop de problème et ils veulent
être légaux. Il faut leur donner ça, à nos maires,
même quand c'est dur, même quand ça ne fait pas leur
affaire, ce sont des gens qui sont justes. Donc, ils voulaient essayer de
comprendre, et je leur ai dit: Dès que la loi va être
déposée, je vous l'envoie et, dans le meilleur délai, vous
m'envoyez vos commentaires ou on se rencontre. On n'a pas eu le temps. On
n'aura pas eu le temps de se rencontrer, on n'aura pas eu le temps d'avoir les
commentaires. Donc, ces gens-là doivent être en train
d'étudier ça, essayer de le comprendre et ils doivent avoir les
mêmes inquiétudes que nous autres: Quel pont va-t-on avoir et quel
pont n'aura-t-on pas? Et, par décret, qu'est-ce qu'il va nous donner et
qu'est-ce qu'il ne nous donnera pas? Et l'article 30, qui dit que le
gouvernement veut être exonéré de toute
responsabilité par rapport aux accidents quant à la
qualité des routes et les dangers qu'on y retrouve, est-ce que ça
veut dire que ça va nous retomber sur le dos et qu'on va avoir des
problèmes, ou on va être obligé de s'assurer? Les gens se
posent des questions et ils ont le droit à des réponses. La
meilleure façon, c'est de les écouter.
Je sais, ce soir, chez nous, que la MRC de La Haute-Yamaska est en
réunion mensuelle. Je sais que, durant la réunion, il va
être question du transfert de la voirie et de la direction territoriale.
Je le sais, c'était à l'ordre du jour. J'en ai parié aux
gens. Sauf qu'eux autres en parlent là-bas et, nous, on en parle ici.
Pourtant, c'est nous qui sommes en train de décider pour eux autres, et
je suis convaincu qu'on va se rencontrer, probablement juste avant Noël ou
dans les jours qui vont suivre la période des fêtes, pour dire:
C'est quoi que tu as à me donner comme information par rapport à
tout ça? Et, là, je vais dire: Eh bien, je ne suis pas sûr,
il y a des contradictions parce que ce n'est pas clair, clair, parce que ce
sont les décrets qui vont décider et parce que le sous-ministre
qui nous a rencontrés nous a dit que ce qu'il nous a
déposé, c'est un projet et que le ministre est venu dire le
lendemain que ce n'était pas un projet, mais que c'était une
décision.
Il y a des choses où il faut être clair dans la vie.
Normalement, on dit que le législateur ne parle pas pour rien. Mais il
faudrait non seulement ne pas parler pour rien, mais parler au moins
suffisamment pour être clair et ne pas se gêner pour parler avec
ceux avec qui on fait affaire et qui sont - je ne sais pas si je dois utiliser
le mot «victimes» - les intervenants qui sont touchés par
nos décisions directement. Je le disais tantôt et je le
répète parce que c'est d'eux qu'on parle présentement.
Quand on dit qu'on veut rencontrer l'Union des municipalités du
Québec, ce sont des gens élus, comme nous, qui ont des comptes
à rendre, qui ont des responsabilités et qui ont des
décisions à prendre. Eux autres, ils les prennent publiquement,
leurs décisions. Les conseils municipaux, je vais vous dire, eux, sont
face au public. Ils ne sont pas barricadés dans un Parlement comme nous
autres. Ils y font face à chaque fois qu'ils siègent, à
une période des questions. C'est même nous, imaginez-vous, qui
avons mis dans la loi cette obligation de la période d'échanges,
parce qu'on a dit que la démocratie, c'est d'abord le contact avec nos
électeurs. C'est vrai dans le cas des élus municipaux. C'est vrai
dans notre cas aussi, au moins une fois tous les quatre ans. Mais, quand on
siège et qu'on légifère, est-ce que ça ne devrait
pas être vrai sur une base plus régulière? Est-ce que
ça ne serait pas normal qu'on écoute les
représentants, ici, ce soir, de ceux qui vont avoir à
l'appliquer? Non pas pour les convaincre ou non pas pour répondre
à leurs interrogations, parce qu'ils ont des questions à poser.
Ce projet de loi mérite qu'on en discute, nous, avec les gens qui sont
concernés. Non pas qu'on en discute entre nous comme on est en train de
faire et que, pendant ce temps-là, des gens de l'autre côté
en discutent avec les intervenants du milieu.
Je n'ai rien contre ça, qu'il y ait ce genre d'échanges,
surtout qu'il devrait y en avoir plus souvent, plus régulièrement
et plus correctement avant le dépôt des lois. Mais, quand la loi
est déposée et que c'est nous qui sommes là pour voter...
Et on le sait, la preuve, c'est qu'on est ici à 23 h 30, c'est
certainement que le ministre voudrait que cette loi passe avant Noël.
Ça serait le «fun» que les gens soient ici. Si on veut que
ça passe pour Noël, c'est comme si on leur faisait un cadeau, alors
ça serait le «fun» de les voir en train de le
déballer, le cadeau. Peut-être qu'ils trouveraient le papier plus
beau que le contenu, mais ce serait le «fun» de voir la
réaction des gens quand ils développent le cadeau. Est-ce qu'ils
trouveraient que le contenu, c'est un cadeau de Grec, comme on dit, ou
ça va coûter plus cher que ce que ça rapporte? C'est
évident. Mais ce serait le «fun» d'avoir leur
réaction et d'avoir leurs commentaires. Parce que je trouve que ce n'est
pas un cadeau qu'on leur fait. Donc, quand ce n'est pas un cadeau, on n'est pas
en train de jouer.
Ce n'est pas un jeu de légiférer. Dans bien des cas,
même, c'est une catastrophe. La réaction des gens qui vont vivre
ça dans le milieu, eux autres, ils vont devoir répondre à
leurs électeurs. Donc, dans le discours qu'ils vont faire sur
l'état de chacune des municipalités, et les augmentations qu'ils
vont décréter, le 0,14 $ des 100 $ d'évaluation, et les
téléphones qu'ils vont avoir au printemps pour dire que, la
route, elle n'est pas carrossable: Fais les réparations, eux autres, ils
vont devoir répondre directement. Et peu importe l'heure, et peu importe
le jour, sept jours par semaine. Donc, les gens vont avoir à
répondre. Parce que n'oubliez pas... Non pas nécessairement dans
les grandes villes - c'est pour ça qu'on voulait les deux unions - mais
dans les petites municipalités. Pour les connaître, les maires,
personnellement et être en contact avec eux régulièrement,
je le sais ce qu'ils vivent. Ils sont en contact régulièrement
avec leurs citoyens et leurs citoyennes qui ont des réactions.
C'est quoi, les principaux projets ou les principaux problèmes
des petites municipalités? C'est la voirie. Alors là, on vient de
leur lancer le bébé qui semble avoir des problèmes.
Là, ils vont devoir répondre directement et en face aux questions
qui vont leur être posées. Nous ici, on va peut-être
être un peu plus éclairés quand on va avoir fini la
commission. Ça aurait été le «fun» qu'ils le
soient en même temps que nous et qu'ils nous posent leurs
préoccupations et leurs interrogations.
Quand je parle de l'Union, c'est sûr que, si c'étaient
toutes les municipalités du Québec, les 1500, ça n'aurait
pas de bon sens. C'est sûr que toutes n'ont pas lu ça et
n'auraient pas toutes les questions de fond prêtes. Mais leurs
représentants des unions, je dois vous dire, ce sont des gens qui, j'en
suis sûr, feraient d'excellents législateurs. Ils sont en mesure
d'évaluer ça, je vais vous dire, sans vouloir diminuer aucun des
députés, probablement mieux que certains de nous parce qu'ils se
sont penchés là-dessus. Ils ont peut-être plus de temps,
vous allez me dire. Peut-être. Nous, en fin de session, on est pris d'une
commission à l'autre. On se lève et on fait une intervention dans
une salle et on vient dans l'autre. On a moins de temps. Ce serait le
«fun» d'avoir leurs commentaires pour avoir un éclairage
juste avant de le voter. Ça nous empêcherait peut-être de
faire des corrections...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford.
M. Paré: ...à chaque fois qu'on siège, des
erreurs qu'on a commises la fois d'avant. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. D'autres interventions? M le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, la motion du
député de Dubuc est une motion pleine de sagesse. Au fond,
qu'est-ce qu'il demande? C'est d'entendre ceux qui sont devenus les
responsables de 33 000 km du réseau routier de 60 000 km. Au fond, on
veut refiler 33 000 km aux municipalités sur 60 000 km. Le ministre et
ses collègues députés ministériels refuseraient
qu'on les entende alors qu'ils ont refusé de rencontrer le syndicat des
employés qu'ils vont mettre dehors? Ce serait anormal.
Essentiellement... À moins que le gouvernement n'ait peur. C'est
possible que le gouvernement ait peur. Dans les périodes de crise, il y
a beaucoup de dirigeants politiques qui ont peur. Ils se montrent de moins en
moins. Rappelez-vous en 1976, le gouvernement libéral. Il sortait de
moins en moins parce que, chaque fois qu'il sortait, il se faisait tirer des
roches. Il était devenu un ennemi public. On a même dit qu'il y
avait des ministres qui se promenaient couchés sur le banc d'en
arrière, tellement ils avaient peur. Oui, je pourrais vous nommer des
noms. Le députe de Jonquière en connaît.
M. Gauvin: Des ouï-dire. (23 h 30)
M. Garon: Non, non. Il y avait des gens qui avaient peur. Je vais
vous dire une chose: si le Parlement ne veut pas entendre des gens à qui
il refile des factures, tantôt il y a des gens qui vont avoir peur de se
promener dans la population. C'est toujours mieux d'entendre les gens au
parlement que les gens soient obligés de crier fort pour se faire
entendre. Quand on les entend, les gens peuvent s'exprimer. Mais, quand ils ne
peuvent pas s'exprimer, à ce moment-là, ils prennent d'autres
moyens. Seulement, le sentiment... Ça fait longtemps que je vous le dis,
depuis l'ouverture de cette session-là. Les gens ne sont pas contents.
Les gens sont furieux, dans la population, contre le gouvernement d'Ottawa et
le gouvernement du Québec. Ce sont des gouvernements qui sont devenus
sourds comme des pots. Ils n'entendent pas la voix des gens qui crient parce
qu'ils souffrent. Ils souffrent parce qu'ils paient trop cher.
Non seulement ils paient cher, mais, en plus, le gouvernement veut
s'exonérer de ses responsabilités. Il veut exonérer les
municipalités des comptes à rendre comme responsables des routes.
On revient à l'époque où un premier ministre avait dit:
«La reine ne négocie pas avec ses sujets». Comme «the
king can do no wrong». On revient à une époque où le
gouvernement a dû ravaler ses paroles une par une. Pourquoi? Parce qu'il
était dans l'erreur. Là, le gouvernement est encore dans
l'erreur. La meilleure façon de corriger ses erreurs, c'est d'entendre
les gens qui sont intéressés. Quand on laisse entendre que les
municipalités sont contentes... Oui, il y a quelques maires rouges.
C'est évident qu'il y a quelques maires rouges. Mais c'est une maladie
dont plusieurs se guérissent, actuellement. Je vais vous dire
qu'aujourd'hui, quand je dis à un maire: Vous êtes plus
libéral que maire quand vous parlez de même, il y en a qui se
défendent bien gros, aujourd'hui, d'être libéral. Pourquoi?
Parce que c'est moins honorable, aujourd'hui, d'être libéral. Dans
le cas qui nous concerne, le gouvernement prend des mesures sans s'occuper des
citoyens. Dans une loi...
Je vais vous dire une chose, la loi 46, la loi 57 et la loi 55 sont des
lois mauvaises, intrinsèquement mauvaises, des lois qui ont pour but
d'écraser des citoyens, de les traiter injustement. Je serais curieux de
voir quelle commande on a passé au contentieux. On a dit au
contentieux... C'est le ministre qui a demandé au contentieux:
Trouvez-nous des clauses où on ne sera pas responsable des mauvaises
routes. Parce que, un instant, ces lois-là ne disaient pas ça
avant. Aujourd'hui, on a décidé de mettre une
responsabilité étanche. Au moment où on parle de
l'imputabilité et où le gouvernement présente des lois sur
l'imputabilité, en même temps on met des dispositions dans la loi
pour dire qu'on n'est pas responsable de ses actes. C'est le contraire de
l'imputabilité. Et c'est un fait. D'ailleurs, vous avez des opinions
juridiques, là-dessus. Vous allez contre les droits des citoyens. Alors,
on aura l'occasion non pas ce soir, mais demain ou après-demain, oui, de
rendre ces choses-là publiques. Parce qu'il y a des gens qui ont pour
tâche de protéger les citoyens.
Le gouvernement a passé des demandes à son contentieux, il
a passé des mandats. Sauf qu'un gouvernement ne peut pas faire n'importe
quoi. Il y a encore des tribunaux. Je comprends qu'on peut essayer
d'empêcher d'encourir la justice. Mais vous savez qu'il y a deux vieux
principes de droit qui disent: «Nul n'est censé ignorer la
loi» et «tous sont égaux devant la loi». En même
temps, le gouvernement ne peut pas faire des lois exorbitantes du droit pour
essayer de se dégager de ses responsabilités et de dégager
les municipalités et laisser le citoyen à la merci de faire des
preuves contre le gouvernement, plus fortes, pour que le gouvernement ne soit
pas responsable de ses actes.
Mme la Présidente, le député de Dubuc a
présenté une motion pour qu'on entende les municipalités.
Il n'y a rien de mal à entendre les municipalités. Le ministre,
qui est un jeune ministre, agit déjà comme un vieillard politique
quand il refuse d'entendre les gens. Je vois le député de
Montmagny. Il a déjà été maire, je pense. Vous avez
été maire? Pensez-vous que rencontrer l'UMQ, l'Union des
municipalités du Québec, ce serait un crime? C'est eux autres qui
vont être responsables. Vous-même, comme député,
chacun des députés, vous seriez intéressé de savoir
ce que l'Union des municipalités a à dire par rapport au projet
de loi. Quels sont les avantages, et quels sont les désavantages, et
qu'est-ce qu'est leur point de vue? Ils auront à administrer 33 000 km
de route sur les 60 000 qu'administrait le gouvernement. Quels sont les
changements qui devraient être apportés pour que la loi puisse
être mieux gérée? Ce n'eet pas mauvais d'entendre les gens.
D'autant plus que l'Opposition ne peut pas présenter, en vertu de
l'article 92, de motion ou d'amendement qui représente des
dépenses ou des revenus. Le risque n'est pas fort. Moins que le
ministre. Il nous dit: Même si je fais une erreur, j'aime autant ne pas
le savoir, je préfère m'enfoncer dedans sans qu'on me le
dise.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ce n'est pas une attitude qui est digne d'un jeune
ministre. Un jeune minisfce, normalement, est tout feu tout flamme. Il veut
laisser sa marque dans des choses bien faâes. La meilleure façon
pour que les choses soient bien faites, c'est d'entendre les gens pubtiquamant.
D'ailleurs, souvent, les gens, quand ils témoignent publiquement, disent
moins de choses que quand ils le font privément. Tandis que, là,
ils savent bien qu'en le disant publiquement ils sont devant l'opinion publique
qui est capable d'éva-
luer ce qu'ils ont dit.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis.
M. Garon: C'est pourquoi, Mme la Présidente, je concourrai
à voter en faveur de la motion du député de Dubuc, qui est
un grand démocrate. (23 h 40)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Oui. Merci, Mme la Présidente. Je vais
peut-être répéter quelque chose que j'ai dit tantôt
en l'absence du député de Lévis: pourquoi on a
refusé de rencontrer les gens de l'UMRCQ. Si on acceptait de rencontrer
le président de l'UMQ, il aurait droit à une heure, une heure
maximum. Qu'est-ce que j'ai indiqué tantôt? C'est que, depuis un
an, le comité technique, qui était formé d'un membre de
l'UMQ, de l'UMRCQ, le ministère des Transports, le ministère des
Affaires municipales, ils se sont rencontrés à neuf reprises
différentes - j'espère que le député de
Lévis écoute - à neuf reprises différentes à
une moyenne de cinq heures pour chaque réunion. Ça fait 45
heures. En plus de ça, Mme la Présidente, à la table
Québec-municipalités, on a eu quatre rencontres, à une
table Québec-municipalités, certainement au moins d'une heure
chacune, et une cinquième où c'était pour la table, mais
avec les deux présidents des unions et leur secrétaire ou leur
directeur général. Ça fait 50 heures, Mme la
Présidente, d'échanges, de concertation, qui nous ont permis de
faire évoluer la proposition initiale à ce qu'elle est
aujourd'hui.
En plus d'ajouter de l'ordre de 23 000 000 $, nous avons accepté,
comme ministère, de garder 440 ponts. On a ajouté 832 $ par
kilomètre pour les routes à double vocation. On a
réglé le problème du comté de Labelle pour des
raisons d'équité, on a ajouté 1 500 000 $ pour les
traverses de chemin de fer. Et ça, Mme la Présidente, ce n'est
pas le hasard, c'est des discussions franches entre les unions, le
ministère des Affaires municipales et le ministère des
Transports. Et, comme je l'indiquais tantôt, je n'ai pas eu l'occasion de
voir le président de l'UMQ, M. Mercier, aujourd'hui, comme j'ai eu
l'occasion de voir M. Nicolet. Je suis convaincu que, si on avait vu M.
Mercier, il aurait voulu, lui aussi, nous suggérer des changements, des
amendements à la loi, comme l'UMRCQ va le faire, il l'aurait fait. Ce
n'est pas des gens qui ont besoin du député de Jonquière
ou du député de Dubuc pour les inviter. Ils sont capables, dans
leur position, de demander s'ils veulent nous voir.
Mais je conclus que ce n'est pas le bonheur parfait. Je n'ai jamais dit
que c'était le bonheur parfait. Mais c'est une proposition qui est
acceptable, qui est acceptable. Et leur présence ici, dans une heure,
Mme la Présidente, ne pourrait pas ajouter plus que... S'ils veulent
nous suggérer des choses, nous sommes prêts à les
écouter. Ça fait 50 heures qu'on passe avec ces gens-là.
Il ne faudrait pas donner l'impression à la population que c'est quelque
chose qu'on a sorti d'un vase clos. Ça a été bien
discuté. En plus, on va continuer. On va continuer avec le comité
technique, au moins pendant quatre ans, parce que c'est l'entente qu'on a pour
les ponts ordinaires qu'on va... On participe même, avec l'UMRCQ,
à la formation. Eux aussi, ils veulent avoir de la formation, on
participe. Donc, c'est toutes des choses qui ont été
discutées de a à z, encore plus en détail qu'on ne
pourrait le faire ici.
Certainement que ça donnerait peut-être l'occasion à
l'Opposition de poser des questions. Mais il y a une réalité.
C'est nous autres qui sommes le gouvernement, c'est nous autres qui devrons
répondre si erreur il y a et, s'il y a des félicitations à
avoir, on va les avoir. Gouverner, c'est prévoir. On peut prendre nos
responsabilités. Là, je veux que ce soit très clair, on
n'a pas travaillé dans un vase clos. Ça fait un an qu'on
travaille avec ces gens-là. Je comprends que vous avez un rôle
à jouer, et vous le jouez. Vous allez peut-être nous faire passer
je ne sais pas combien d'heures, mais on va le faire. Soyons constructs.
N'essayez pas de faire croire aux gens qu'on a pondu ça tout seuls entre
quatre murs, loin de là, loin de là, et de dire que la
réforme Ryan...
C'est drôle, il y en a un qui l'appelle la réforme Ryan, le
député de Shefford. J'essayais de lui dire, cet
après-midi, que, ça, ça touchait le ministère des
Transports. Il disait: Non. non, non, c'est la réforme Ryan. Son
collègue de Lévis, tantôt, il était non pas
insulté - je cherche le mot - outré que ce soit le ministre des
Affaires municipales qui ait fait la déclaration ministérielle
sur la voirie. Mais ça faisait partie des trois items: la police, le
transport en commun et la voirie locale. C'est lui qui lavait
suggéré, donc c'est normal que celui qui i'a
suggéré fasse la déclaration ministérielle. Mais
ça vous démontre que, nous autres, comme gouvernement, comme
ministres, on peut travailler ensemble.
Je sais que, dans le gouvernement passé, il y en a qui
étaient des «loners», qu'on appelle, ils travaillaient tout
seuls. Nous autres, on peut travailler ensemble, dans les intérêts
supérieurs de tous les Québécois. Que ce soit un qui ait
la gloire ou que ce soit l'autre qui ait la gloire, ça, ce n'est pas
important. Ce qui est important, c'est d'avoir des projets de loi et des
projets de société que la population veut avoir Si j'étais
dans les souliers du député de Lévis, je n'assumerais pas
qu'il va retourner comme ministre
bien vite, lui, à la prochaine élection. On va y voir
avant ce temps-là. Vous allez voir que la prochaine élection...
Ne comptez pas trop que vous allez être réélus, vous
autres. Ne comptez pas là-dessus. En tout cas. ne louez pas tout de
suite votre limousine. Je vous dirais ça. Donc, Mme la
Présidente, vous savez, je pense qu'on n'a aucune leçon à
apprendre de ces gens-là.
Et je veux commencer à parler du Vérificateur
général, je suis peut-être un jeune ministre, mais j'en
connais un qui a fait une longueur, il a été là longtemps.
Je vais vous gager une chose, Mme la Présidente, quand je vais laisser,
moi, la politique, le Vérificateur général, il n'aura pas
autant de rapports contre ma gérance du ministère des Transports,
ou à l'Agriculture où j'ai été pendant un an, que
le député de Lévis, lui, lorsqu'il était ministre
de l'Agriculture. Je peux les sortir. S'il veut... J'ai encore, quoi, 10
minutes?
Une voix: Sors-en.
M. Middlemiss: Je vais vous lire ça, Mme la
Présidente. Je vais vous les lire, Mme la Présidente. Tu sais,
c'est toujours facile. Le député de Lévis, lui, il voit la
poussière dans l'oeil de tout le monde, mais il ne veut même pas
voir la poutre qu'il y a dans le sien. Donc, si on veut commencer à
juger les gens d'après leur bonne gestion, si on retourne, Mme la
Présidente, c'était le Vérificateur général,
rapport à l'Assemblée nationale, année financière
1983: «Disponibilité des programmes d'aide à la production
agricole. Notre vérification des systèmes d'approbation et de
paiement des subventions du ministère n'a pas relevé de
déficience majeure. Nous avons noté, toutefois, que les
énoncés de certains programmes agricoles ainsi que des normes et
procédures afférentes précisant la nature de l'aide
financière, les modalités d'application et les contrôles
administratifs avaient été mis à la disposition des
bureaux de renseignements agricoles beaucoup trop tard. Dans certains cas, en
effet, les détails des programmes n'ont été disponibles
que trois mois après la date effective de leur mise en application
fixée au 1er avril de chaque année. Les bureaux de renseignements
agricoles ne possédaient donc pas, dès le début de la mise
en application de certains programmes, les outils nécessaires pour
assurer les gestionnaires du ministère que les normes étaient
bien respectées et que les objectifs visés étaient
poursuivis par les agriculteurs qui se prévalaient des
bénéfices des programmes agricoles. Nous avons également
constaté, comme autre conséquence, que des subventions avaient
été octroyées à des bénéficiaires qui
n'avaient pas respecté certaines exigences administratives
diffusées trop tard aux bureaux de renseignements.»
M. Morin: Mme la Présidente...
M. Middlemiss: Excusez...
M. Morin: ...pourriez-vous ramener le ministre à la
pertinence de la motion, s'il vous plaît?
M. Middlemiss: Ah! Mme la Présidente, ça fait,
aujourd'hui, je ne sais combien d'heures qu'on a passées ici et ces
gens-là ont le culot de me dire, à moi, d'être pertinent,
après qu'ils ont, toute la journée...
M. Morin: Vous êtes rendu dans l'agriculture.
M. Middlemiss: II n'y a jamais eu de pertinence avec ces
gens-là, Mme la Présidente.
M. Morin: Mme la Présidente... M. Garon: II est
dans les patates.
M. Morin: ...il est rendu... Oui, il est dans les patates ou je
ne sais trop quoi. Il est dans l'agriculture, Mme la Présidente.
M. Middlemiss: Mme la Présidente... M. Garon: Puis,
il fait patate, en plus. M. Morin: S'il vous plaît...
M. Middlemiss: Mme la Présidente... Excusez-moi. Mme la
Présidente...
M. Morin: Ce n'est pas à vous à vous excuser,
là. (23 h 50)
M. Middlemiss: ...il me semble que... Est-ce que c'est vous qui
présidez ici? Est-ce que ces gens-là ne devraient pas avoir au
moins le respect d'écouter? C'est mes 30 minutes. J'ai
écouté pendant les 30 minutes du député de Dubuc et
les 10 minutes des trois autres députés. Il me semble que la
décence même, Mme la Présidente, exige qu'on me donne
l'occasion... Est-ce qu'on a peur? Est-ce que ça fait mal? C'est
ça? Ils n'aiment pas ça, se faire dire la
vérité?
M. Morin: S'il y avait juste fait référence
légèrement, on n'aurait pas parlé.
M. Middlemiss: Mme la Présidente...
M. Morin: Mais, là, il nous fait de la lecture. Vraiment!
Là, il est rendu dans l'agriculture. C'est loin du transport.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, pendant...
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense
que, dans le moment, on peut être un peu sceptique sur toute la
pertinence de chacun des débats qui c'est fait ici aujourd'hui et...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Middlemiss: Mme la Présidente, je pense qu'il va
falloir avoir un peu de sérieux. C'est que la personne même, je
pense... Je croyais que le député de Dubuc n'était pas
comme le député de Lévis, tu sais, voir la
poussière dans l'oeil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien.
Il m'accuse de lire des choses qui touchent l'agriculture, mais, lui, il nous
lisait des choses qui touchaient le rapport de son chef.
M. Morin: Puis?
M. Middlemiss: Lui, il a le droit de nous faire des lectures qui
ne sont pas pertinentes, mais quelqu'un d'autre ne peut pas avoir le même
privilège.
M. Morin: Aïe! La fiscalité municipale.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, on parle du
réseau routier, là. On a parlé tantôt des directions
territoriales. On a dit que le gouvernement, c'était un gouvernement...
Oui, oui, mais c'est ça. Toute la journée, vous avez parlé
de toutes les choses, sauf du projet de loi. Maintenant, on va vous donner un
peu de votre propre médecine. Vous allez voir qu'on peut jouer le jeu
à deux. Ça se joue, ça. Le plus important pour moi, c'est
d'avoir le projet de loi, non pas pour moi, mais pour les citoyens du
Québec.
Une voix: On voudrait en entendre d'autres.
M. Morin: La vengeance, ce n'est pas correct.
M. Middlemiss: On va vous en conter d'autres. Les purs, qui se
promènent avec des chèques qui nous coûtent 25 000 $ en
intérêt...
En 1978-1979, pièces justificatives produites par les
requérants. «Les diverses mesures d'aide à l'agriculture
examinées cette année comportent, dans plusieurs cas, l'octroi de
subventions dont les montants sont établis en fonction des pièces
justificatives présentées par les requérants. Les
programmes du ministère sont administrés par différentes
unités administratives et les pièces justificatives requises ou
admises diffèrent d'une unité à l'autre. À notre
avis, on devrait exiger, pour chaque dossier de subvention, l'évidence
que les pièces justificatives ont été examinées par
un représentant du ministère, qu'elles sont conformes et qu'elles
se rapportent bien à l'objet de la subvention.»
Voyez-vous, c'est tout, tout...
Une voix: II n'y a pas grand-chose.
M. Middlemiss: II n'y a pas grand-chose. Il y a juste des
subventions, tu sais. En tout cas. Mme la Présidente, je pourrais y
aller Je pourrais vous montrer que le député de Lévis est
toujours prêt à accuser, il est toujours prêt à
accuser, mais la preuve de son administration, c'est le Vérificateur
général qui le dit, ce n'est pas moi. Lui, c'est des articles de
journaux. Le Vérificateur général, cette année,
qu'est-ce qu'il a dit à propos du ministère des Transports?
Même après que le député de Lévis avait
demandé une enquête. Qu'est-ce qu'il y a dans... Il n'y a rien du
tout, Mme la Présidente. Il n'y a rien du tout, rien concernant le
ministère des Transports. Il avait fait une conférence de presse
pour... Qu'est-ce qui est arrivé? Il n'y a rien dans le rapport du
Vérificateur. On verra! On verra! Donc, il ne faudrait pas commencer
à se péter les bretelles trop, trop et penser qu'on est proche du
pouvoir. Ça, c'est le peuple.
Une voix: Tu ne te promènes pas avec un chèque dans
tes poches.
M. Middlemiss: Non, non, moi, je ne me promène pas avec un
chèque dans mes poches. Moi, j'ai eu un chèque de 17 000 000 $
mais, aussitôt que le ministre me l'a remis, il y avait un employé
du ministère des Transports qui était là, et je le lui ai
remis. Je n'ai même pas... Aussitôt que le ministre me l'a
donné, je lui ai donné l'enveloppe et il est allé le
déposer. C'est ça, des bons gestionnaires. Ce n'est pas des gens
qui se promènent avec des chèques dans les poches et, ensuite, se
faire poser une question en Chambre par le député de
Saint-Hyacinthe et il sort le chèque. Il avait oublié de
l'encaisser II va commencer à nous faire des leçons à
nous? Mme la Présidente, il me semble qu'on peut en faire, du
vaudeville. Nous autres aussi, on est capables. Parce qu'on n'en fait pas,
ça ne veut pas dire qu'on n'a pas le talent ou la capacité d'en
faire. Jamais je ne voudrais devenir comme d'autres, non.
Donc, sur ce, Mme la Présidente, je demanderais le vote.
M. Garon: Avez-vous fini?
M. Middlemiss: J'ai le droit de dire quand j'ai fini, oui? J'ai
fini et je demande le vote.
M. Garon: Vous avez l'air de manquer de souffle.
M. Middlemiss: Non, non, non. C'est parce que je ne veux pas
prolonger...
M. Garon: Vous avez le souffle court.
M. Middlemiss: ...je ne veux pas prolonger
Je ne suis pas une personne qui parie pour ne rien dire. J'essaie de
vous sensibiliser, de vous démontrer que vous n'avez même pas la
connaissance du transfert. Vous avez parié tantôt des dommages. La
loi qui existe, la loi présente, c'est la même chose qu'on fait.
Et je peux continuer. On va se rendre à minuit. On va prendre le vote
juste avant. Mme la Présidente, regardez, pour vous montrer...
M. Morin: Le ministre est-il capable de me dire ça en me
regardant dans les yeux, que je ne connais pas mon dossier?
M. Middlemiss: Oui, je vais vous regarder dans les yeux,
n'importe quand.
M. Morin: Je ne connais pas ça? Dites-le-moi, qu'on ne
connaît pas le transfert...
M. Middlemiss: Non, vous ne le comprenez pas à fond.
M. Morin: Je le connais, mais je ne le comprends pas.
M. Middlemiss: Vous ne comprenez pas la loi non plus.
M. Morin: Dites-moi au moins que je le connais.
M. Middlemiss: Je l'ai retournée, votre affaire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Middlemiss: Tantôt, le député de
Lévis disait: On a placé une commande au contentieux pour nous
préparer un projet de loi. Juste pour vous montrer comment... Soit qu'il
est naff ou qu'il veut jouer au naïf. C'est la loi de la voirie existante
que nous sommes en train de modifier. Oui, c'est ça, Mme la
Présidente, d'un bout à l'autre. À un moment donné,
on était pour changer seulement les articles qui étaient
nécessaires. On nous a suggéré: Tant qu'à faire
ça, la loi date de 1922, changez-la donc de a à z. Et c'est
exactement ça. C'est une loi existante à laquelle on a
ajouté de nouvelles choses, parce qu'il y a un transfert de
responsabilité vers les municipalités. Donc, ce n'est pas une
commande qu'on a donnée pour faire notre affaire. C'est de dire: II faut
rendre la loi de la voirie à l'ère moderne d'aujourd'hui et avec
le partenariat qu'on a avec les municipalités. C'est ça, Mme la
Présidente. Ceci étant dit, je demanderais le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que la motion
déposée par le député de Dubuc et qui se lit comme
suit: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure la commission de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 57, Loi sur la voirie et modifiant
diverses dispositions législatives, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende l'Union des municipalités du
Québec», est adoptée?
Une voix: Rejeté.
Une voix: Vote nominal.
Mise aux voix
La Présidente (Mme Bélanger): Vote nominal. M. le
secrétaire, voulez-vous faire l'appel?
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Je suis pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, est-ce qu'on peut
aborder l'article 1 immédiatement?
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît! Le résultat du vote, c'est: 5 contre, 4 pour. 1 abstention.
Alors, étant donné l'heure, la commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 59)