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(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Gauvin): Je demanderais une minute
d'attention, s'il vous plaît. Je déclare la séance de la
commission de l'aménagement et des équipements ouverte.
J'aimerais vous rappeler que le mandat de la commission est de procéder
à l'étude détaillée des projets de loi suivants, et
ce, dans l'ordre ci-après indiqué: le projet de loi 55, Loi
modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives, et le projet de loi 56, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Camden
(Lotbinière) est remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska); Mme
Juneau (Johnson) est remplacée par M. Baril (Arthabaska); M. Paré
(Shefford) est remplacé par M. Filion (Montmorency).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le secrétaire.
Au moment où on a ajourné les travaux de la commission vendredi
dernier, la parole était au député de Lévis, et il
lui restait 12 min 30 s de débat, en remarques préliminaires.
M. Jean Garon (suite)
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. J'avais
commencé, vendredi après-midi... Nous étions
disposés à siéger vendredi soir. M. le
député de Jonquière, le député de Dubuc, le
député de Montmorency et moi-même, on étaient
prêts à siéger de 20 heures à 24 heures, comme le
règlement le permet, vendredi soir. Mais il semble qu'il y a d'autres
personnes qui n'étaient pas disponibles du côté
ministériel, de sorte que, malgré notre disponibilité...
Nous autres, l'ouvrage, ça ne nous fait pas peur. On n'est pas des gens
qui font habituellement du 9 à 5. Alors, vendredi soir, jusqu'à
minuit, on a fait d'autres choses. On n'a pas perdu notre temps. Moi, j'ai
attendu au bureau désespérément. Je suis parti à 0
h 45 du bureau. J'ai dit: Je n'aurai pas d'appel de la commission, je suis
sûr. Alors, là, je suis parti.
M. Ryan: Ça ne nous intéresse pas. C'est des
affaires privées, ça, M. le Président.
M. Garon: Alors, j'étais en train de parler, vendredi,
lorsque nous avons ajourné à 18 heu- res, de deux dispositions.
Une disposition qui concernait le projet d'implanter les mesures pour permettre
à l'administration gouvernementale d'amortir les coûts de certains
services qu'elle rend aux municipalités. Il s'agissait essentiellement
des études que fait le ministère des Finances et, comme il s'agit
à peu près de quelque chose qui est impossible à calculer,
à mon avis... À l'article 21.1, «le gouvernement peut, par
règlement, rendre obligatoire le versement d'une somme d'argent au
ministre des Finances, à titre de frais d'examen et de traitement par le
ministre des Affaires municipales, pour tout emprunt, autre que
temporaire...» J'avais dit, vendredi, que ce serait bien difficile de
quantifier les montants et qu'à toutes fins pratiques ça ne
pourrait pas être un tarif, ça équivaudrait à une
taxe. Parce qu'un tarif, normalement, doit refléter le service. Et
comment peut-on refléter le service, à moins de parier d'un
travail horaire ou parler d'un travail à pourcentage? À ce
moment-là, ce ne sera pas un service. Le travail horaire est impossible
à quantifier, un travail comme celui-là. Et, si on arrive
à travailler à un pourcentage du montant ou d'autres formules, on
en arrivera, au fond, à taxer des municipalités plutôt
qu'à faire un tarif. Je pense que ce serait très difficilement
applicable, une disposition comme celle-là, concernant ces
études-là.
D'autant plus que le ministère fait ces études-là
pour lui-même. On a beau dire qu'il les fait pour le gouvernement, il les
fait pour lui-même. Et le gouvernement, il y a tellement de choses qu'il
fait faire aux gens sans rien leur donner comme contribution. J'indiquais, par
exemple, les stations de gazoline... tous ceux qui perçoivent la taxe
pour le gouvernement ne sont pas rémunérés pour percevoir
des taxes de vente, la TVQ, la TPS. En tout, on collecte 15,56 %. On
fait faire du papier à tout le monde, aux entreprises familiales. Puis,
là, on veut les faire travailler... Le gouvernement a une motion
actuellement devant le Parlement pour les faire travailler sept jours par
semaine. Imaginez-vous quelqu'un qui a une femme, un enfant, qui a une
épicerie. En plus de collecter les taxes, remplir les formules, on va le
faire travailler sept jours par semaine. Il va faire les formules du
gouvernement, quand? La nuit? Puis sans rémunération. On a un
gouvernement qui est tombé sur la tête, je pense, qui n'est pas
capable d'analyser vraiment ce que ça représente, les mesures
qu'il fait. (11 h 40)
L'impact. On a l'impression qu'il n'y a personne qui fait des analyses
d'impact dans ce gouvernement-là. C'est sur le pilote automatique de la
bureaucratie puis, là, on dit: Allons-y, le monde est disponible, il est
à notre service.
Alors que c'est l'inverse, le gouvernement est supposé être
au service de la population. Ce n'est pas le citoyen qui est supposé
être au service du gouvernement, c'est le gouvernement qui est
supposé être au service de la population. Actuellement, on y va
urbi et orbi dans les charges qu'on impose aux citoyens en pensant que c'est
une pression... dont le jus est illimité. Là, on le siphonne, on
le taraude, et le résultat de ça, c'est peut-être le but du
ministre des Affaires municipales, de dire: Faisons en sorte que le monde
devienne tellement écoeuré de l'État qu'il devienne un
ennemi de l'État. Bien, si c'est ça, son but, il réussit
bien. Quand le ministre a été nommé ministre des Affaires
municipales, j'ai vu beaucoup de gens qui étaient contents puis qui
disaient: C'est un homme équitable. Là, ils ne sont plus certains
de ça. Ils ont beaucoup plus l'impression que le ministre, aujourd'hui,
c'est le bras vengeur du gouvernement. Le bras vengeur du gouvernement. Quand
il s'agit de faire mal, on le choisit.
Une voix: Attila.
M. Garon: Quand il s'agit de faire mal... Attila. Oui, ça
pourrait être Attila...
Une voix: Le fléau de Dieu.
M. Garon: ...Attila du gouvernement libéral. Et les gens,
actuellement, ont peur du ministre...
M. Ryan: ...votre déduction n'est pas forte. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Garon: Les gens ont peur du ministre parce qu'à chaque
fois qu'il fait quelque chose, c'est pour leur dire: Tiens, toé! Via
quelque chose pour toé! Et les gens sont inquiets. Écoutez, je
vais vous dire une chose, M. le Président. À l'époque
qu'on vit actuellement, on a plus de chômage qu'en 1929 lors de la Crise.
En 1929, les statistiques n'étaient pas faites comme aujourd'hui. L'aide
sociale, il n'y en avait pas; on n'éliminait pas du chômage les
gens sur l'aide sociale. Si on additionne, on fait les statistiques aujourd'hui
comme en 1929, moi, je vais vous dire une chose, on a plus de chômage
actuellement qu'en 1929 au moment de la crise économique. Il y avait 20
% de chômage en 1929; en 1932, c'est monté à 30 % de
chômage. Sauf que, dans ce temps-là, on comptait... tout le monde
était chômeur, quand tu ne travaillais pas. Quand on regarde la
population active, c'étaient des chômeurs. Mais, aujourd'hui, on a
un paquet de monde qu'on ne compte pas dans le chômage. À 14,3 %
de chômeurs chômeurs, imaginez-vous ce qu'on représenterait
si on prenait la même base qu'en 1929. D'ailleurs, je vais faire les
travaux, parce que j'ai demandé d'avoir les chiffres, j'ai
demandé a des gens de travailler... de regarder ça, puis on va
sortir les données, parce que je suis persuadé que, si on compte
le chômage actuellement par rapport aux années 1929, 1930, 1931 ou
1932, je me demande à quel niveau on est rendus actuellement. En 1929,
ce que les gens ne savent pas, c'est que le chômage était à
20 % puis il est monté à 30 % en 1932. Après ça, il
a rebaissé tranquillement. Aujourd'hui, 14,3 % de chômeurs, selon
nos définitions d'aujourd'hui... Prenons la définition de 1929
puis remettons-la aujourd'hui, ou faisons l'inverse: la définition
d'aujourd'hui, mettons-la en 1929, et je suis persuadé qu'actuellement
on a plus de chômage au Québec qu'en 1929 lors du début de
la dépression.
Quand les économistes commencent à dire: Oui, à
part de ça, le chômage augmente en période de
déflation. En période de déflation. -Les prix n'augmentent
pas, les prix baissent actuellement. Les taux d'intérêt sont plus
bas puis le chômage augmente, parce qu'on est dans une période
très difficile. Et le principal agent, actuellement, de chômage,
c'est le gouvernement. Le gouvernement n'est pas considéré comme
quelqu'un qui va aider le monde, c'est quelqu'un qui lui fait mal, quelqu'un de
dangereux. C'est ça qu'on est en train de faire, actuellement, dans
l'opinion publique. Si c'était ça, le but, de faire peur au monde
avec l'État, on réussit amplement. Pourquoi? Parce que
l'État n'est pas équitable, l'État est injuste, et les
gens ne perçoivent plus le gouvernement comme le plus fort des
nôtres, mais le plus dangereux des nôtres. Il y a des gens qui me
disent: Aujourd'hui, j'aimerais mieux faire affaire avec ta mafia, au moins il
y a une parole qu'ils respectent, apparemment. Moi, je ne le sais pas, je n'ai
pas fait affaire avec eux autres encore.
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Pourquoi? Parce que, aujourd'hui, les gens, quand ils
sont au gouvernement, ils se sentent obligés de se mettre dos au mur
parce qu'ils ne savent jamais quel poignard va leur arriver dans le dos. Quand
vous regardez, aujourd'hui, l'article 21.1, c'est une menace. Les
municipalités, qu'est-ce qui leur arrive actuellement? C'est le
même citoyen, hein? Que ce soient les taxes fédérales, que
ce soient les taxes provinciales, que ce soient les taxes municipales, que ce
soient les taxes scolaires, que ce soit la fabrique, que ce soient la TPS, la
TVQ, une fois que tu as payé tes impôts, après ça,
on te dit: On ne t'en a pas assez enlevé, on va se reprendre si tu
achètes quelque chose. Puis, après ça, on dit: Si le
gouvernement emprunte - imaginez-vous, emprunte - on va te pénaliser.
Comprenez-vous? Y a-t-il quelque chose... Je pense qu'il ne reste pas
grand-chose qui n'est pas taxé dans notre vie. Respirer. Temporairement,
peut-être,
mais il n'y a pas grand-chose...
M. Filion: Même les ... font des déclarations
d'impôt.
M. Garon: Actuellement, on vit ça. Quand on regarde la
mesure concernant le transport en commun, même chose. Quand ça a
été établi, la taxe sur le transport en commun, les gens
ont senti l'injustice de cette taxe-là. On taxait 195
municipalités pour le transport en commun alors que seulement 72 des 195
ont du transport en commun. Il y a 123 municipalités où les
automobilistes paient 30 $ pour le transport en commun qu'ils n'ont pas. Dans
certains cas, non seulement ils n'en ont pas, mais ils ne peuvent pas faire
autrement que prendre leur automobile et, dans certains cas, ils la prennent
très peu sauvent. Quand le député de Montmorency a
parlé de Montmorency vendredi, il avait raison. Il y a beaucoup de gens
qui demeurent à ITle d'Orléans qui paient... ce n'est pas
là qu'ils paient leurs affaires. Ceux qui ont une deuxième
résidence à l'île d'Orléans, il y a beaucoup de gens
qui ont une résidence à lite d'Orléans, qui ont... Prenons
le maire L'Allier; il a une maison à IHe d'Orléans, mais il a
aussi - parce qu'il n'aurait pas pu être maire de Québec - un
pied-à-terre à Québec. Combien de gens demeurent à
Sillery, à Cap-Rouge, et ont aussi une résidence à 111e
d'Orléans, lis font leurs affaires... Leur résidence
réelle, c'est leur chalet à IHe d'Orléans. Ces
gens-là paient, de toute façon, leurs 30 $ ailleurs. On
pénalise ceux qui sont des résidents uniquement à IHe
d'Orléans. Qui sont les résidents de ITle d'Orléans? Un
grand nombre sont des gens qui restent là.
Moi, je vais vous dire, je fais une rénovation de maison; je fais
faire des fenêtres, portes et châssis là-bas. Le gars me
dit: Si tu ne viens pas, moi, je ne sors pas de ITle. Il ne livre même
pas. Comprenez-vous? Il fait son travail à IHe, il est là, et
c'est un gars de IHe. Il va payer 30 $. Pourquoi? Les cultivateurs, quand ils
sortent, ils sortent avec leur camion. Ils ne peuvent pas sortir avec leur
automobile, ils sortent avec leur camion pour aller au marché, vendre
leurs fruits et légumes. Ils ne peuvent tout de même pas y aller
en autobus. Hein! Et qui vous avez après ça? Les gens qui sont
obligés de sortir de 111e, les étudiants, parce qu'ils restent
dans leur famille, puis ils sont obligés d'aller aux écoles
qu'ils n'ont pas sur IHe d'Orléans. On va les pénaliser? Alors,
c'est quoi, la mesure, à quoi ça vire au juste? Les gens
ressentent un profond sentiment d'inéquité, et ils ont raison. Ce
n'est pas correct, parce que...
Je regarde sur la rive sud, chez nous. Les gens paient 30 $ pour
subventionner aux deux tiers de l'argent... On ramasse 1 650 000 $, il y a 500
000 $ qui leur reviennent et il y a 1 100 000 $ qui vont à la commission
de trans- port en commun de la rive nord. Le gars dit: Pourquoi payer pour la
rive nord? Quand le gouvernement devait donner des effets de
débordement, il avait demandé de l'argent au ministère des
Transports pour les effets de débordement, et le ministère leur
avait dit: II n'y a pas d'effet de débordement de la rive sud par
rapport à la rive nord. Donc, ils n'ont pas eu droit aux subventions du
ministère des Transports, parce qu'il n'y avait pas d'effet de
débordement. Il a raison, il n'y avait pas d'effet de
débordement. Pourquoi? Parce que les gens vont transporter leur monde
directement à l'Université Laval. L'autobus s'en va directement
à l'Université Laval. Ils ne prennent pas le transport de
Québec. Il y a deux autobus: les gens qui vont aux ministères et
ceux qui vont à l'Université Laval. Tous les autobus qui partent,
qui vont sur la rive nord, le matin, ils vont directement à
l'Université Laval, ou directement à tel endroit pour les
fonctionnaires qui vont travailler là. Les autres, comprenez-vous, ils
prennent leur automobile. Alors, charger 30 $ et les donner à d'autres,
les gens ressentent un profond sentiment d'injustice, lis disent: Ce n'est pas
correct.
D'autant plus que ceux qui paient le plus cher au Québec, sans
doute, pour le transport en commun, c'est la rive sud de Québec. C'est
rendu à 2 $, le billet d'autobus. Pour un étudiant, c'est 2 $;
aller-retour, 4 $. Parce qu'on n'a pas d'écoles sur la rive sud. On est
la région, en dehors de Montréal et de Québec, et la
Montérégie, la plus nombreuse au Québec, sur la rive sud.
Le député de Montmagny le sait, on a près de 400 000 de
population, 40 % de la région de Québec. Mais on n'a droit
à rien. Alors, il faut aller meubler des cégeps trop gros de la
rive nord, ou aller meubler l'Université Laval qui est
déjà trop grosse, à 40 000 étudiants, alors qu'on
voit le résultat, ce matin, que ça donne, les grosses
universités: 37 % de réussite pour les C.A. C'est ça que
ça donne, notre système d'enseignement, avec des affaires
où il n'y a pas de concurrence, où on ne fait pas de concurrence,
on vit par le monopole. On est dans le domaine de la vérité
révélée, dans le monopole. On voit les résultats
aussi, c'est ça que ça donne: 40 % de décrochage au
secondaire, trois ans et demi pour faire deux ans de cégep, 37 % de
réussite des examens des C.A. C'est ça que ça donne, notre
système d'enseignement, qui est une faillite, comprenez-vous, parce
qu'une gestion bureaucratique, technocratique, à partir du centre, avec
2300 fonctionnaires, alors qu'en Suède, avec 2 000 000 de population de
plus, c'est 9 000 000 de population, Ils ont 300, 350 fonctionnaires au
ministère de l'Éducation... Sauf qu'il y a une chose qu'ils
contrôlent, par exemple. Ils contrôlent les programmes, ce qu'il
doit y avoir, ce qu'on doit avoir à chaque année, et les examens
pour vérifier l'état des connaissances.
Le Président (M. Gauvin): En conclusion, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: Alors, essentiellement, M. le Président, je
termine en disant que mes remarques sur deux articles... Il y a d'autres
articles qui vont être analysés davantage par le
député de Jonquière, la question des affaires municipales,
mais il y a deux questions que je voulais traiter ce matin, les emprunts des
municipalités, où on veut charger des frais, et le transport en
commun. Je me dis: À ce moment-là, qu'on mette une mesure pour
tout le monde...
Le Président (M. Gauvin): Monsieur...
M. Garon: ...et qu'on n'essaie pas d'en faire une mesure
d'exception pour huit municipalités parce qu'elles sont dans des
comtés libéraux. Je vous remercie.
Le Président (m. gauvin): merci, m. le
député de lévis. m. le député de la prairie,
en remarques préliminaires pour 20 minutes maximum.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. J'aimerais faire porter
mes remarques préliminaires sur deux sujets particuliers. Le premier est
abordé par l'article 16, plus précisément la section IV.
1, «Somme exigible en matière d'emprunt». Le deuxième
secteur où j'aurai des remarques à faire, M. le Président,
c'est l'article suivant, l'article 17 du projet de loi, qui touche la Loi sur
les transports. (11 h 50)
M. le Président, je voudrais m'élever contre - et je suis
en bonne compagnie parce que, évidemment, l'Union des
municipalités du Québec l'a fait dans une lettre du 6 novembre
adressée au ministre des Affaires municipales... Je voudrais
m'élever, donc, contre cette nouvelle mesure qui veut que, par
règlement, le gouvernement pourra dorénavant rendre obligatoire
le versement d'une somme d'argent au ministre des Finances, à titre de
frais d'examen et de traitement par le ministre des Affaires municipales, pour
tout emprunt, autre que temporaire, qu'effectue une municipalité locale,
un organisme mandataire d'une municipalité ou un organisme
supramuni-cipal, par émission d'obligations ou par souscription de
billets ou d'autres titres. A ce que je sache, nous n'avons pas vu encore le
projet de règlement qui doit aller avec cet article-là. Est-ce
que le projet de règlement a été déposé?
M. Ryan: Quel sujet, ça?
M. Lazure: Au sujet de ce que je viens d'énoncer.
M. Ryan: Oui, mais qu'est-ce que vous venez d'énoncer?
M. Lazure: Les sommes exigibles en matière d'emprunt. Le
nouveau ticket modérateur, en somme, pour étudier la demande
d'une municipalité qui veut emprunter. Le projet de règlement n'a
pas été déposé. Donc, on est encore un peu dans
l'obscurité quant aux modalités d'application. Alors, je vais
parler sur le principe, M. le Président.
Je pense que c'est à l'intérieur d'une espèce de
tendance qui frise un peu la panique, une tendance de la part de ce
gouvernement à aller chercher des soi-disant frais modérateurs,
des tickets modérateurs ou des prélèvements sur à
peu près tous les actes que posent maintenant soit les citoyens ou soit
des organismes qui représentent les citoyens, comme des
municipalités. Je dis que ça frise la panique parce que, en
réalité, il s'agit là d'un service qui a été
rendu traditionnellement par les gouvernements du Québec depuis des
années et des années et qui est nécessaire surtout pour
les petites municipalités.
Bien sûr qu'une municipalité comme Montréal ou
Québec, Trois-RK/ières, Laval, les grandes municipalités
ont les moyens, en général, de se payer soit les services de
consultants ou les services de leurs propres hauts fonctionnaires pour
préparer une étude quand il s'agit d'emprunter, pour des travaux
publics, par exemple. Et, là où ce service était
particulièrement précieux, c'est à l'égard des
petites municipalités. Combien exactement? Au moins 700, 800,
peut-être 1000 petites municipalités au Québec n'ont
véritablement pas les moyens, et il y en a 2 dans mon comté
auxquelles je pense en ce moment, Saint-Philippe-de-La Prairie, qui a moins de
5000 habitants, et Saint-Mathieu-de-La Prairie, qui a moins de 2000
habitants.
Ces municipalités, périodiquement, comme bien d'autres,
700, 800 de ces petites municipalités au Québec, de temps
à autre, ont besoin d'emprunter. C'est normal que la demande d'emprunt
soit approuvée par les autorités québécoises. Les
municipalités sont des créatures, il ne faut jamais l'oublier, du
pouvoir soi-disant provincial et, à cet égard, étant
donné que les municipalités sont un peu comme des mineures par
rapport au gouvernement du Québec, c'est un peu normal qu'elles aient,
qu'elles soient obligées de demander l'autorisation.
Ces études-là se faisaient gratuitement jusqu'ici. Et,
tout à coup, à l'occasion d'un projet de loi qui,
déjà, vient pénaliser les petites municipalités, et
ce sera mon deuxième sujet tout à l'heure, à l'occasion
d'un projet de loi, donc, qui pénalise les petites municipalités,
on leur en donne un autre coup, comme si elles n'en avalent pas assez depuis
deux, trois ans, ces petites municipalités, comme si elles n'avaient pas
suffisamment écopé de la part de ce gouverne-
ment qui semble vouloir aller chercher jusqu'au dernier sou
auprès de ces petites municipalités. Alors, les petites
municipalités qui, à toutes fins pratiques, n'ont pas de fonction
publique, pas de fonctionnaires, et qui n'ont pas les moyens de payer des
consultants à 100 $ ou 200 $ l'heure pour faire l'étude de leur
projet d'emprunt, voyaient, avec beaucoup de soulagement, le gouvernement du
Québec faire ce travail dans le passé. Et c'était normal
qu'il le fasse. Tout à coup, on va se mettre à leur exiger des
frais.
Alors, je pense, M. le Président, que c'est un autre exemple...
Ça me rappelle un autre exemple de mesures qui, en revenus,
représentent peu de chose, finalement, par rapport au budget total du
gouvernement du Québec. Je serais curieux de voir aussi à combien
le ministre des Affaires municipales estime ces revenus-là qui
découleraient d'une nouvelle taxe, une taxe d'études qui serait
imposée aux municipalités pour étudier le dossier des
municipalités. Ça m'inquiéterait aussi, s'il n'y a pas eu
d'études d'impact, s'il n'y a même pas de prévisions... Je
pose la question au ministre des Affaires municipales et je lui donne deux
minutes de mon temps s'il a la réponse. Combien de millions s'attend-on
de percevoir, par année? Le ministre ne le sait pas ou ne veut pas nous
le dire. Combien de millions?
Le Président (M. Gauvin): Bien, est-ce que vous donnez la
parole à M. le ministre?
M. Lazure: oui, je lui prête la parole pour deux minutes
s'il a une réponse précise. à combien de millions on
estime les revenus découlant de cette nouvelle taxe?
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de La Prairie. Donc, la parole est à M. le
ministre.
M. Ryan: Regardez, nous discuterons de ce sujet quand nous
arriverons à cet article. Ce n'est pas le moment d'entrer dans ces
détails.
M. Lazure: Bon!
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
M. Lazure: J'ajoute...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: ...que ce genre de prélèvement, de taxe
déguisée, sur les contribuables des petites municipalités
en particulier, c'est tout à fait dans la logique de ce gouvernement
qui... On dirait qu'il a une prédilection pour taxer les gens à
petits revenus. On en a parlé beaucoup la semaine passée, eu
égard aux 2 $ qu'impose ce gouvernement à chaque prescription
pour les personnes âgées. S'il y a des gens au Québec qui
n'ont pas de revenus suffisants, c'est bien les personnes âgées.
La moitié des personnes âgées, pour avoir un revenu
minimum, doivent toucher une partie du supplément du revenu venant du
gouvernement fédéral. Ce ne sont que les personnes
âgées qui touchent 100 % du supplément du revenu qui sont
exemptées des 2 $. Alors, la grande majorité des personnes
âgées ne sont pas exemptées de ces 2 $ là. C'est la
mauvaise habitude du gouvernement.
On le voit aussi dans le transport adapté pour les personnes
handicapées et les personnes âgées qui sont
handicapées. Ce gouvernement, au lieu de suivre la progression normale
de la demande en service pour transport adapté aux personnes
handicapées, service qui est en croissance, en expansion, limite son
augmentation à 3 % seulement alors que la demande est de 15 %, la
croissance annuelle des demandes pour transport adapté. Alors, les
municipalités, là aussi, sont obligées, au lieu de payer
20 % du coût du transport adapté, comme c'était
prévu par la loi 9 en 1978 et ce qui avait été fait
jusqu'ici: 20 % municipalité, 75 % gouvernement et 5 % usager... Depuis
quelques années, avec le gouvernement libéral, la portion du
ministère des Transports est baissée de 75 % à 65 %, et
les municipalités se voient obligées de fournir le reste de cette
contribution.
Mon deuxième sujet, c'est l'article 17 qui l'aborde, qui porte
sur la Loi sur les transports. L'article l'aborde indirectement parce qu'il
énu-mère un certain nombre de municipalités où les
citoyens seront exemptés des 30 $. Je ne vois pas Saint-Philippe-de-La
Prairie ni Saint-Ma-thieu-de-La Prairie dans cette liste-là. Je vois au
moins une municipalité du comté d'Argenteuil, du comté du
ministre, c'est de bonne guerre, la ville de Mirabel. Le ministre s'est
empressé de l'exempter. Alors, moi, j'aimerais bien que mes deux
municipalités, Saint-Philippe-de-La Prairie et Saint-Mathieu-de-La
Prairie, où il n'y a pas de transport en commun, à toutes fins
pratiques, M. le Président, j'aimerais bien que ces deux
municipalités-là soient ajoutées à la liste. C'est
un des objectifs de ma présence ici aujourd'hui, M. le Président,
et de mon plaidoyer. (12 heures)
Les citoyens et citoyennes de Saint-Philippe en particulier, de
Saint-Mathieu aussi, par mon intermédiaire, ont déposé une
pétition, la semaine dernière. Au-delà de 1500 personnes
ont signé cette pétition. Je la lis pour rafraîchir la
mémoire du ministre. «Considérant que le gouvernement du
Québec a décidé d'imposer, depuis le 1er janvier 1992, une
surtaxe de 30 $ sur les droits d'immatriculation; «Considérant que
cette surtaxe de 30 $, introduite par la loi 145, vise à financer une
partie du transport en commun;
«Considérant que cette surtaxe touche les
propriétaires de véhicule automobile de 194 municipalités
faisant partie de communautés urbaines ou voisines de villes desservies
par un tel service de transport; «Considérant que plusieurs de ces
municipalités dont Saint-Mathieu et Saint-Philippe dans le comté
de La Prairie ne sont pas desservies par un service de transport en commun;
«Nous, soussignés, prions l'Assemblée nationale
d'intervenir auprès du ministre des Affaires municipales afin qu'il
revoie sa décision d'imposer cette surtaxe de 30 $ aux automobilistes
qui résident dans des municipalités n'étant pas desservies
par un service de transport en commun.»
Et Mme Nicole Vaillancourt, de Saint-Philippe, qui a piloté cette
pétition, M. le Président, a aussi expédié une
lettre au ministre des Transports, avec copie à son collègue des
Affaires municipales. Je cite quelques paragraphes de cette lettre: Quand on se
donne la peine de lire la définition de «pétition»
dans le dictionnaire Larousse, on peut lire «écrit adressé
à une autorité ou au Parlement pour formuler une plainte».
Il est donc clair et net que tous ceux et celles qui ont apposé leur
signature sont en unanime désaccord avec les autorités
compétentes à l'imposition de ladite surtaxe servant à
payer des services fantômes, puisqu'ils n'existent pas dans ces deux
municipalités. Nous n'avons jamais vu ou aperçu un semblant
d'autobus dans les rues de Saint-Philippe et Saint-Mathieu. Mais ne soyez pas
surpris de voir des chevaux, car il y en a encore, dit-elle. Or, les gens qui
devraient sortir de leur village auraient à se taper quatre à
cinq kilomètres à pied, sur le pouce ou en taxi, pour se
prévaloir du système d'autobus. Et ainsi de suite.
M. le Président, je pense que le ministre, à partir du
moment où il exempte, comme il le fait par l'article 17, un certain
nombre de municipalités, doit nous faire la démonstration que les
municipalités autres que celles qui sont listées ici ne se
qualifient pas. J'ai bien hâte de voir quelle argumentation il aura
à nous servir. Vous savez, on parle d'un pourcentage de navettes. Bon.
Il semble que le critère utilisé serait que, s'il y a moins de 25
% des citoyens de la municipalité qui se rendent
régulièrement dans la métropole, dans un tel cas, la
municipalité serait exemptée. Il semble que ce soit ça, le
critère. Alors, si c'est ça, je pense qu'il va falloir qu'on nous
le dise clairement et qu'on nous dise comment le ministère a
procédé à cette étude statistique dans le cas de
chacune des municipalités qui sont énumérées ici.
Et, à ce moment-la, va-t-il falloir que dans les autres
municipalités, comme les deux municipalités de Saint-Philippe et
Saint-Mathieu, va-t-il falloir que le ministère procède, dans ces
cas-là, à une autre étude statistique? Parce que moi, j'ai
l'impression que, dans le cas de mes deux municipalités, il y a
probablement moins de 25 % des soutiens de famille qui se rendent dans la
métropole de façon régulière. Et, par
conséquent, ces deux municipalités devraient se qualifier.
Je pense, M. le Président, que le gouvernement agit de
façon intempestive tellement il est désespéré
d'aller chercher des sommes, encore une fois, dans des municipalités
qui, déjà, ont de la misère à survivre durant cette
période de récession économique. Quand il parle d'un
pourcentage de moins de 25 %, j'espère qu'il parle de la population
adulte qui n'est pas en chômage, qu'il n'inclut pas la population adulte
qui est en chômage ou qui est à l'aide sociale. Souvent, dans ces
petites municipalités, on retrouve un taux plus élevé que
la moyenne de personnes qui sont à l'aide sociale ou qui sont en
chômage.
M. le Président, ce projet de loi 55 est un rejeton, un rejeton
plus ou moins légitime de l'autre loi, la loi principale 145 qui avait
été pilotée par le ministre des Affaires municipales. Dieu
sait que cette loi 145 avait suscité les hauts cris d'opposition, non
seulement de la part du Parti québécois, mais du monde municipal
et de la population en général, et le ministre récidive en
venant ajouter encore certaines mesures qui vont pénaliser davantage. Je
comprends que certaines mesures vont exempter, comme on vient de le voir,
tantôt, mais certaines mesures, par exemple, celle du règlement
qui va imposer un tarif aux municipalités qui veulent procéder
à un règlement d'emprunt... Alors, non content d'avoir
assommé le monde municipal par la loi 145 il y a un an, le ministre
revient cette année avec ce projet de loi, qui ajoute, peut-être
pas un coup aussi percutant que celui de la loi 145, M. le Président,
mais quand même, quand même, qui ajoute des atteintes aux revenus
des citoyens et des citoyennes de ces petites municipalités.
Voilà, M. le Président, les remarques préliminaires
que j'avais à faire. Merci.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de La Prairie. Par coutume d'alternance, j'aimerais
reconnaître M. le ministre, qui sollicite, toujours au niveau des
remarques préliminaires.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, j'ai écouté les
interventions des représentants de l'Opposition depuis le début
des travaux de la commission vendredi et je dois constater, sans porter de
jugement sur les intentions des intervenants, évidemment, que ça
prend beaucoup de temps pour dire des choses simples qui pourraient être
dites beaucoup plus rapidement si on avait le moindre souci d'efficacité
dans nos travaux. Je sais que le règlement, par l'interprétation
large qu'on en donne, permet ce genre d'intervention,
mais je dois constater de mon côté que nous n'avons pas
avancé d'un iota encore dans l'examen du projet de loi. Nous savons tous
que le temps dont nous disposons est limité. On peut brouter pendant le
temps que choisit l'Opposition, à l'intérieur d'une application
littérale du règlement. Nous autres, nous sommes prêts
à le subir, ça, nous sommes là pour ça, et on n'a
seulement qu'à aménager le tempérament en
conséquence. Une fois qu'on a décidé...
M. Garon: Question de règlement.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Lévis, question de règlement.
M. Garon: Je pense que le mot «brouter» n'est pas un
mot parlementaire. Les vaches broutent, mais je dois vous dire que les
députés...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: À mon avis, M. le Président, vous devriez
demander au ministre des Affaires municipales de retirer ce terme-là
parce que brouter, c'est une façon de dire... c'est la façon de
manger des vaches.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le député,
toujours au niveau de la question de règlement?
M. Lazure: Oui, sur le même sujet, M. le Président.
Je pense que le ministre des Affaires municipales tenterait, au départ,
de créer un climat plutôt négatif en se faisant le
juge...
Le Président (M. Gauvin): Écoutez...
M. Lazure: ...et en qualifiant, en utilisant un terme qui n'est
pas parlementaire. «Brouter» n'est pas parlementaire.
Le Président (M. Gauvin): Ce n'est pas vraiment au niveau
de la question de règlement.
Des voix:...
M. Lazure: Broutez, broutez...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Saguenay, est-ce que vous êtes au niveau d'une question de
règlement?
M. Maltais: Oui, oui, oui. Alors que «brouter» et...
De toute façon, s'ils retardent les travaux, amanchez ça comme
vous voudrez, c'est clair, leur intention est clairement annoncée. Nous
autres, on attend qu'ils aient fini.
Le Président (M. Gauvin): Merci. Je ne suis pas
très familier avec toutes ces expressions-là, mais je pense
qu'avec l'expérience que tous les parlementaires ont ici, autour de
cette table, incluant M. le ministre... Oui.
M. Garon: J'aimerais qu'on regarde dans le dictionnaire la
signification du mot «brouter». Dans le dictionnaire, ça
veut dire quoi, brouter? On se rend compte, on va dire: façon de... Les
vaches broutent.
Le Président (M. Gauvin): C'est exactement ce que M. le
ministre est en train de faire. Oui.
M. Ryan: «Manger en arrachant sur place». C'est un
peu ça qu'on fait.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Oui.
M. Garon: «Manger en arrachant sur place».
Le Président (M. Gauvin): Donc, je pense que, M. le
député de Lévis, ça répond à votre
question.
M. Ryan: Regardez, M. le Président. Vous connaissez mon
esprit de paix. Si ça peut rassurer l'Opposition quant à mes
intentions, je retire ce mot-là volontiers, je lui laisse le choix du
terme qu'elle préfère, à part ça. (12 h 10)
Le Président (M. Gauvin): Et la parole est toujours
à vous, M. le ministre.
M. Ryan: Ceci étant dit, je faisais des constatations dans
le meilleur esprit du monde, M. le Président, pour en venir à une
seconde constatation. Après avoir écouté les
députés de l'Opposition, je constate qu'il y a trois articles du
projet de loi qui retiennent surtout leur attention. Il y a l'article -
attendez un petit peu... Il y a l'article 7, sur lequel on a parlé plus
brièvement, mais à propos duquel j'ai entendu des
réactions négatives. Il y a l'article 16, où il est
question d'un pouvoir de réglementation que se verrait accorder le
gouvernement pour percevoir des frais de traitement des dossiers relatifs
à des emprunts municipaux. Et il y a l'article 17, qui traite de la
contribution de 30 $. Le projet de loi compte en tout, je crois que c'est une
trentaine d'articles.
Des voix: 39.
M. Ryan: 39 articles. Je voudrais vous faire une suggestion bien
simple. Je pense que l'Opposition pourrait être d'accord
là-dessus. On pourrait aborder tous les autres articles du projet de loi
et retenir ceux-là pour la fin de l'exercice, les mettre en suspens,
comme on le fait souvent. Si on a réglé tout le reste, on aura
réglé tout le reste, ça fera ça de pris. Puis
il
n'y a aucune raison, sur le reste, d'adopter le rythme extrêmement
lent qui a caractérisé nos travaux depuis le début. Je
pense que nous pouvons être d'accord là-dessus, en parlementaires
de bonne foi qui voulons avoir le respect de nos concitoyens, aussi. C'en est
une forme, ça, de style parlementaire, qui nous vaut, à juste
titre, certaines sévérités de la part de nos concitoyens.
S'ils étaient ici, d'entendre toutes les... - âneries, est-ce que
c'est parlementaire, ça, M. le Président? qu'on entend parfois,
je ne dis pas qu'on en a entendu ici, mais qu'on entend parfois, à
l'occasion de l'exercice systématiquement négatif - je pense que,
là, nos concitoyens se rendraient compte que ça coûte cher,
ces exercices.
Mais, dans un esprit construct, je vous dis que, du côté
ministériel, nous serions disposés à aborder, maintenant
que les remarques introduc-toires ont été faites, l'étude
du projet de loi article par article, en convenant de retenir, pour la fin des
débats, les trois articles qui ont suscité des réserves de
la part de l'Opposition, des réserves que je respecte, au sujet
desquelles je n'ai qu'à faire l'enregistrement de ce qui a
été dit, pour le moment. Je pourrais bien tenter une
démonstration bien fondée de la position gouvernementale; je
pense que ce serait préférable de le faire quand on arrivera
à ces articles-là, ce serait plus constructrf.
Alors, voilà ma proposition, M. le Président, et je la
fonde sur ceci. C'est que, dans le projet de loi, il y a plusieurs dispositions
qui visent à apporter des clarifications souhaitées par les
municipalités concernant la gestion de la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels, qui est appelée à remplacer, plus vite qu'on
l'avait pensé nous-même, la taxe sur la valeur locative. Les gens
se rendent compte du bien-fondé de cette taxe-là, de son
caractère infiniment plus pratique que la taxe actuelle sur la valeur
locative. Puis, après toutes les critiques qu'on a entendues, c'est
étonnant de voir comment, là, jour après jour, augmente le
nombre des municipalités qui décident de s'en prévaloir.
Alors, là, on apporte des améliorations. J'en donne une, par
exemple.
Actuellement, une municipalité peut décider d'abandonner
le rôle de valeur locative. Mais, si elle Introduit un rôle pour
une période de trois ans, il faut qu'elle le garde pour trois ans. Avec
ce qu'on propose ici, elle pourrait s'en défaire avant l'expiration de
son rôle d'évaluation; elle ne serait pas obligée
d'encourir ces dépenses-là pendant un an ou deux. Je pense que
l'Opposition sera peut-être opposée à ça, mais elle
va comprendre que ça n'a rien à voir avec les sujets fondamentaux
d'opposition au projet de loi.
De même, on nous a dit: La limite de 60 jours qui est
prévue pour qu'on puisse déclarer une unité de logement
vacante pose des problèmes. On voudrait plus de souplesse
là-dedans. Nous sommes prêts à en mettre. De même,
pour des critères dont s'inspirera une municipalité pour
instituer un dégrèvement à l'occasion de certaines
unités qui peuvent être vacantes, on nous avait demandé
plus de souplesse, nous sommes prêts à en mettre. On nous a
demandé, dans l'hypothèse où une municipalité
abandonne son rôle de valeur locative, de prévoir une exception
dans le cas des SIDAC, de manière qu'elles puissent percevoir une
cotisation à même les unités qui sont situées dans
son champ de compétence. Il nous semble que c'est une bonne chose, tout
le monde est favorable aux SIDAC. Il y aurait cette exception-là qui
serait prévue.
Il y a la théorie des faisceaux, à l'article 2. Nous
voulons apporter un remède à une situation qui a surgi. Il y a
des consultations qui se poursuivent aujourd'hui sur des implications
juridiques, la formule qui est proposée ici. On serait peut-être
mieux de la mettre en suspens pour la journée d'aujourd'hui; en tout
cas, celui-là aussi. À moins qu'on réussisse à
clarifier les enjeux un peu plus tard dans la journée. Mais c'est un
sujet à propos duquel je dois avoir une nouvelle conférence de
travail avec mes collaborateurs. Puis il y a des milieux qui sont
représentés ici, des milieux municipaux, des milieux
d'évaluateurs professionnels qui ont une contribution à nous
fournir très appréciée toujours, que nous sommes
prêts à écouter, avec qui nous sommes prêts à
discuter. Et nous nous rendons tous compte qu'il y a un problème. C'est
qu'il y a un jugement de la Cour d'appel qui risque d'entraîner des
conséquences financières sérieuses. Il faut trouver une
façon de faire face à la difficulté, qui respecte les
exigences du droit et qui, en même temps, tienne compte des
intérêts légitimes des municipalités
concernées.
Voilà comment l'affaire se présente. Pour moi, c'est assez
simple. Quand on arrivera à l'autre point... L'autre point est vraiment
contentieux. L'Opposition a ses moyens de résistance, a ses instruments
d'intervention, que nous respectons et sur lesquels on peut diverger
d'opinions, mais ça fait partie du jeu parlementaire, ça.
Là, ce que je souhaiterais, c'est que nous puissions aborder le plus
tôt possible tous les autres sujets de ce projet de loi de manière
à pouvoir en venir au projet de loi dont a parlé, ce matin, le
leader de l'Opposition, projet de loi au sujet duquel nous convenons tous,
après avoir entendu les représentations des municipalités,
qu'il y a vraiment nécessité de l'adopter avant la fin de la
présente session, et, comme autour de ce projet de loi se dessine un
consensus assez large, il serait pénible que nous dussions en reporter
l'adoption à une période ultérieure, en 1993, alors que
tout est prêt pour qu'on puisse en disposer maintenant. On pourrait faire
montre de diligence. De notre côté, en tout cas, on est prêt
à le faire. Mais j'offre à l'Opposition, dans cette perspective,
l'entière collaboration du gouvernement. Voilà.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le mi-
nistre. Toujours à la période des remarques
préliminaires, y a-t-il d'autres intervenants? M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Je pense que l'Opposition
a démontré dans le passé, et un passé quand
même récent, que, sur certaines lois, l'Opposition est prête
et accorde même toute sa collaboration au gouvernement, pour adopter,
faire voter des lois en Chambre, qui sont claires, précises, qui sont
sans ambiguïté et qui répondent réellement aux
besoins de la population.
Je comprends que le ministre peut être un peu impatient, peut
trouver que les remarques de l'Opposition sont peut-être superficielles,
sont peut-être trop longues, mais il faut prendre les moyens dont on
dispose pour convaincre le ministre des témoignages ou des oppositions
que la population vient transmettre à l'Opposition, puisque, souvent,
ils n'ont pas eu une oreille attentive de la part du gouvernement. Leur moyen
de recours, ils viennent voir l'Opposition et ils nous disent: On a fait telle,
telle et telle démarche; on a fait faire un bout de chemin au
gouvernement, mais, là, le dernier bout, notre seul recours, c'est
à vous à le faire. Parce que eux ne peuvent pas prendre la parole
ici, en cette Chambre, ou en commission parlementaire, si on ne les invite pas.
Et le rôle de l'Opposition, justement, c'est de faire connaître au
ministre les objections que les contribuables ou les électeurs
aimeraient voir... les améliorations qu'ils aimeraient voir dans
certains projets de loi.
Là, on nous dit: II faudrait faire vite; on peut commencer tout
de suite article par article. Le ministre des Affaires municipales a
déjà été dans l'Opposition. Il doit se souvenir
aussi que l'Opposition n'a pas grand moyen et, le jour où l'Opposition
accepte de commencer à étudier article par article, c'est comme
le bras dans le tordeur; après ça, le gouvernement a le dernier
mot, et c'est lui qui s'en va. Ils ont la majorité sur leur bord. Donc,
l'Opposition, on dispose et on utilise les moyens, c'est-à-dire qu'on
utilise les moyens dont on dispose pour essayer de bien faire saisir au
ministre la portée de sa loi. (12 h 20)
J'aimerais apporter quelques informations au niveau, entre autres, d'un
article qui était dans la Loi sur la fiscalité municipale,
l'article 217 qui permettait aux municipalités d'imposer progressivement
des augmentations de taxes municipales sur des parties de territoire qui
étaient dans la zone agricole et qui ont été
ramenées dans la zone urbaine, dans la zone blanche, par décret.
Je ne parie pas de parties de terre ou de parcelles de terre, de terrain, qui
ont été demandées volontairement par le
propriétaire d'être incluses dans la zone blanche, mais, lors de
la révision de la zone agricole, au Québec, il y a des coins, des
municipalités qui ont négocié, les propriétaires
ont fini par accepter que par décret il y ait une partie de leur terre
qui soit incluse dans la zone blanche.
L'article 217 de la Loi sur la fiscalité municipale permettait
aux municipalités de répartir ou d'augmenter progressivement sur
une période de six ans, me dit-on, cette augmentation de taxes. On ne
retrouve plus ce même article, cette même disposition dans la Loi
sur la fiscalité municipale. On nous demande, avec le projet de loi 55,
puisque c'est un projet de loi omnibus qui touche à différentes
lois, on devrait réinclure cet article-là pour protéger
les agriculteurs. On me donne, à titre d'exemple - je pourrais en
rajouter d'autres - qu'il y a plusieurs agriculteurs, à Beauport, qui,
lors de la révision de la zone agricole, ont vu une partie de leur terre
être incluse dans la zone blanche. Ces producteurs-là payaient,
avant, un compte de taxes entre 1500 $ et 2000 $. Là, ils ont jusqu'au
31 décembre... Leur facture, leur compte de taxes, qui a
été fait par la municipalité, varie entre 40 000 $ et 50
000 $. Ça, ce n'est pas des pi-nottes. C'est une augmentation majeure,
entre 40 000 $ et 50 000 $. La ville de Beauport dit: Écoutez un peu, on
avait le droit de le faire, c'est légal; il n'y a rien d'illégal
dans notre affaire; la loi nous permet de le faire, donc on l'a fait.
Là, l'Union des producteurs agricoles avec les
propriétaires sont allés auprès de la ville, ils ont
négocié. Ils ont dit: Oui, mais ça n'avait pas de bon
sens. Les producteurs ont accepté ça, malgré leur
volonté; ils ont accepté qu'il y ait une partie, je dis bien, de
leur terre qui soit incluse dans la zone blanche, tout en sachant que, d'ici
six ans, l'on ne pouvait pas augmenter... on pouvait augmenter d'une
façon progressive l'évaluation foncière. Mais cette
disposition-là est partie. Donc, vous trompez, entre parenthèses,
la population sur les engagements que vous aviez pris face à l'article
217 de la loi.
M. Garon: C'est vrai, ça.
M. Baril: Là, la municipalité a accepté de
présenter un bill privé qui sera discuté ici; on
espère, en tout cas, qu'il sera voté avant le 31 décembre,
pour empêcher des agriculteurs d'être obligés de payer entre
40 000 $ et 50 000 $ de taxes, qui ne seront pas remboursées par le
ministère de l'Agriculture, parce que le ministère de
l'Agriculture ne rembourse pas les taxes qui sont dans la zone blanche, puis il
fait bien. Je n'ai rien contre ça, c'est pariait.
Je donne, actuellement, l'exemple de Beauport, mais je pourrais donner
des exemples aussi de producteurs dans la région de Sherbrooke ou dans
la périphérie de la ville de Sherbrooke qui sont poignes avec la
même situation. Le producteur ne veut pas; il veut garder sa terre
pour la cultiver; il ne veut pas l'envoyer dans la zone blanche. On fait
toutes sortes de pressions, d'énormes pressions. Il y a des
spéculateurs qui y vont et ils offrent des prix pour l'acquérir.
La municipalité lui dit ouvertement: On va finir par t'avoir,
comprends-tu; tu vas venir à la vendre. Lui, il veut la garder, sa
terre, et il veut la cultiver. La loi de protection du territoire agricole est
là. Dans la révision de la zone agricole, justement, la CPTAQ lui
en a enlevé une partie, à son insu; il ne voulait pas -
malgré lui, je veux dire - il ne voulait pas que cette partie de sa
terre aille dans la zone urbaine, il voulait la garder, il voulait la cultiver.
On a passé par-dessus lui, on a passé par-dessus sa
volonté, parce qu'il y a une volonté très ferme de la part
de la municipalité qui, elle, je vais dire, s'est entendue avec des
spéculateurs qui veulent dézoner et veulent faire un
développement résidentiel, ajouter à ça un centre
d'achats, qu'on me dit, qu'ils veulent construire. Il y a un projet de centre
d'achats, quand on sait qu'à Sherbrooke même il y en a un centre
d'achats, un vaste, immense centre d'achats, qui est complètement vide,
complètement vide. Je suis allé voir ça cet
été. Il y a un magasin au bout, je pense que c'est une pharmacie
Jean Coutu, je ne veux pas faire de publicité. Je pense qu'il y a
seulement une pharmacie. C'est le seul magasin qu'il y a dans le centre
d'achats, il n'y a rien. Tu rentres là, c'est le désert total,
comprends-tu. Là, il y a un projet; on veut justifier le dézonage
d'une terre agricole que le gars exploite, que le propriétaire exploite,
pour, supposément... On arrive avec un projet de centre commercial et il
y en a déjà un qui est vide. Qu'on commence donc par remplir ceux
qui sont là puis ceux qui sont vides avant de vouloir faire du
développement.
Donc, je me dis: Ça ne coûte pas cher! Le ministre, il
aurait juste à profiter de l'occasion puis réintroduire l'article
217 qui permettait aux municipalités d'échelonner, sur une
période d'années donnée, l'augmentation de
l'évaluation foncière sur des terres qui ont été
arrachées à l'agriculture. Pas qui ont été
demandées volontairement par les producteurs, mais qui ont
été arrachées à l'agriculture contre la
volonté des propriétaires agricoles eux-mêmes.
Avant ça, on sait aussi que la Loi sur la fiscalité
municipale empêchait les municipalités d'évaluer à
plus de 475 $ l'hectare une terre agricole. On avait un plafond où
l'ensemble des taxes ne devait pas dépasser 2 % de la valeur marchande
de la ferme. Ça, ça a sauté aussi. Et c'est le
ministère, maintenant... On dit: C'est le ministère de
l'Agriculture qui rembourse aux municipalités l'augmentation... qui
rembourse au producteur, parce que c'est le producteur qui doit payer
l'ensemble des taxes à la municipalité, puis le gouvernement, il
lui rembourse ça, là, deux mois, trois mois... Je me souviens, le
ministre, en commission parlementaire, il avait dit: Au bout de quinze jours,
trois semaines, on va recevoir la formule puis les producteurs vont recevoir le
chèque après, ce ne sera pas long. Mais imaginez-vous que, quand
les producteurs ont reçu la formule, elle était tellement
compliquée à remplir que les fonctionnaires ont dit à
l'ensemble, ont réécrit, ont téléphoné et
ont dit même... passer le mot aux municipalités: On
reconnaît que notre formule est tellement complexe; donnez-nous les
principales données puis on va la remplir pour vous autres; puis, l'an
prochain, on va changer la formule. Après ça, souvent, le
gouvernement vient dire à l'Opposition: Vous retardez, vous taponnez,
vous ne voulez pas collaborer avec nous autres pour l'adoption des lois. Quand
on va trop vite, c'est des choses de même qui arrivent, c'est le
contribuable qui est poigne avec ça, ces décisions-là, par
la suite, puis qui est obligé de vivre avec.
Là, on augmente le budget du ministère de l'Agriculture,
parce que le ministère des Affaires municipales a envoyé une
partie de son budget pour le remboursement de taxes à l'Agriculture.
Puis, après ça, le ministre de l'Agriculture, lui, il peut se
vanter, il peut se péter les bretelles que son budget a augmenté.
Mais il faut voir où il a augmenté. Il n'a pas une cenne de plus.
Même quand on fait le calcul, les Affaires municipales, il ne lui a
même pas tout transféré la partie que lui payait avant aux
municipalités. Ce n'est pas toute la même chose. Je ne sais pas si
c'est parce que les ministres se sont joué des petits tours de temps en
temps, ils s'aiment moins ou ils ne s'aiment pas pantoute, on dirait qu'il y a
une petite vengeance entre les deux: Je vais te refiler ça, mais tu
n'auras pas les budgets pour. C'est qui qui paie toujours? Là, on fart
semblant, on fait accroire que les producteurs agricoles sont beaucoup
supportés par le gouvernement. Mais là ce n'est pas le
ministère de l'Agriculture qui supporte, ce n'est pas de l'aide à
l'agriculteur, c'est de l'aide aux municipalités. Donc, il ne faut pas
jouer au chat puis à la souris là-dedans. Donc, il faut regarder,
il faut analyser les chiffres tels qu'ils nous sont présentés. Je
pense qu'il faut prendre le temps d'évaluer ça et surtout
d'évaluer les conséquences de la portée d'une telle
loi.
Donc, moi, j'invite le ministre à songer sérieusement
à amener un papillon, un ajout. Je ne sais pas si le ministre est en
train de consulter les fonctionnaires sur ce que je dis, mais c'est beau
parler, j'ai beau parler, mais moi, je suis ici pour essayer de convaincre le
ministre parce qu'il y en a qui ont essayé d'aller convaincre les
fonctionnaires puis ils ne les ont pas convaincus. Mais, depuis que je parle,
je m'aperçois que le ministre... Je voudrais bien savoir si... Je sais
qu'il a toujours une oreille attentive, mais je voudrais savoir si le ministre
prend bien le temps d'écouter la portée de mes propos et la
demande que je lui fais.
M. Ryan: Est-ce que vous me donnez une demi-minute de votre
temps?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous permettez
à M. le ministre de...
M. Baril: Moi? Bien oui.
M. Ryan: D'abord, là, j'étais en conversation avec
un attaché politique.
M. Baril: Oui.
M. Ryan: J'ai parlé à des fonctionnaires aussi,
parce que j'aime bien consulter les deux.
M. Baril: Oui.
M. Ryan: Deuxièmement, quand vous voulez prouver un point,
d'habitude, vous venez au point, au coeur du sujet bien plus vite que vous le
faites ce matin. Et vous savez qu'on vous écoute dans ce
temps-là.
M. Baril: J'ai fini. Je l'ai dit, mon point, puis je pense que
vous n'avez pas écouté. C'est ça que je vous demande.
M. Ryan: Oui, mais j'ai trouvé que ça prenait du
temps.
Le Président (M. Gauvin): Excusez... Une voix:
Recommence.
M. Baril: Je pense que vous avez saisi. M. le
Président...
Le Président (M. Gauvin): Je voudrais bien voir, essayer
de me rappeler qui avait souhaité garder la parole. M. le
député d'Arthabaska, la parole est toujours à vous.
M. Baril: M. le Président, je n'aime pas ça me
faire dire ça, je vous le dis franchement, et je vous demande à
quelle heure j'ai commencé à parler. C'est marqué,
ça? Il y en a qui tiennent ça, là?
Une voix: Oui. Ça fait juste 10 minutes.
Le Président (M. Gauvin): Vous avez 12 minutes
d'écoulées sur le temps qui vous est alloué. (12 h 30)
M. Barii: Bon. Il me semble que, M. le ministre, pour un sujet
important de même, je n'ai pas tourné longtemps autour du pot;
j'ai parlé exactement du cas que je voulais traiter dès le
début. Je n'ai pas extrapolé 10 minutes en passant par
Montréal, Hull pour venir à Québec. J'ai donné tout
de suite l'exemple de Beauport. Je vous ai donné un exemple de
Sherbrooke, au niveau que les villes profitent de l'occasion que l'article 217
ne soit plus dans la loi, ne s'applique plus pour imposer immédiatement
une augmentation de taxes, que les producteurs, au lieu de payer entre 1500 $
et 2000 $, Ils vont payer entre 40 000 $et50 000 $ d'un coup.
Il me semble que ce n'est pas tourner autour du pot et placoter pour
placoter, M. le ministre. Je comprends que vous avez le droit de parler
à vos fonctionnaires et de parler à vos attachés
politiques. C'est parfait. Je ne vous le reproche pas. C'est normal. Mais je
répète, je me dis: Puisque d'autres sont allés essayer de
convaincre vos fonctionnaires mais qu'ils n'ont pas réussi, moi,
j'essaie de vous convaincre. Mais encore faut-il pour autant que vous
écoutiez au moins ce que je dis.
Le Président (M. Gauvin): Juste une minute, M. le
député d'Arthabaska. Pour éviter ces échanges entre
membres de la commission, vous auriez peut-être avantage, plutôt
que d'interpeller M. le ministre, à passer par la présidence.
M. Baril: Bien là, M. le Président, si vous vous en
mêlez en plus, ça va être encore plus long. Je vais vous
dire franchement...
Le Président (M. Gauvin): Non. Ça pourrait
peut-être aider le débat.
M. Baril: Là, écoute un peu, si on s'enfarge dans
les fleurs du tapis en plus, franchement là...
M. Morin: II a été assez court qu'il aurait pu
être admis en période des questions.
M. Baril: Bien oui. Je comprends.
Le Président (M. Gauvin): La parole est toujours à
vous, M. le député d'Arthabaska.
M. Ryan: Ça fait longtemps qu'il aurait pu la poser.
M. Baril: Comment vous dites ça?
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Arthabaska, vous avez la parole.
M. Baril: m. le ministre, avez-vous l'intention de
réintroduire l'article 217 dans la loi? si vous voulez que je vous pose
une question, je vais vous la poser.
M. Ryan: On répondra en temps utile.
M. Baril: Ah, c'est ça, c'est ça. Vous
répondrez en temps utile.
M. Ryan: Là, il y a...
M. Baril: Vous dites: Posez la question, je
vais y répondre, et quand je la pose, la question, vous dites: Je
vais y répondre en temps utile.
M. Ryan: Le député sait ce qu'il a à
faire.
M. Baril: De toute façon... Oui, mais pourquoi il
m'arrête, d'abord? Pourquoi vous m'arrêtez, vous autres aussi?
Jusqu'au président qui m'arrête.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Arthabaska, la parole est à vous.
M. Baril: De toute façon, M. le Président, j'ai
fini de traiter le premier sujet et j'espère que le ministre aura une
réponse positive à amener pour sécuriser davantage les
agriculteurs. Il connaît tous les problèmes
d'insécurité, dans quelle insécurité les
agriculteurs vivent présentement. Il y en a dans son comté.
J'espère qu'il est sensible à tout ça. Bon, je ne prendrai
pas tout mon temps pour démontrer toutes les inquiétudes que les
producteurs agricoles vivent présentement, surtout tout
dernièrement, jeudi dernier, quand notre bon gouvernement
fédéral vient encore de leur annoncer une coupure au niveau des
subsides, que son comté va être très touché à
cause de ça encore, à cause de cette coupure-là.
Donc, j'espère que lui pourra répondre positivement
à cette demande-là que je lui fais. L'autre sujet dont je veux
traiter, M. le Président, c'est l'article 21.1, qui est rendu que le
ministre prend - je ne sais pas s'il prend l'exemple sur les autres ou si les
autres prennent l'exemple sur lui - c'est rendu qu'on va charger des frais aux
municipalités qui font des règlements d'emprunt pour qu'elles
envoient leurs papiers obligatoirement à Québec et, encore une
fois...
M. Richard:...
M. Baril: Comment? Non, c'est l'article 16 qui introduit
l'article 21.1. Merci, M. le député de Nicolet, vous avez raison.
Là, on est rendu qu'on va charger des frais aux municipalités qui
font régulièrement des règlements d'emprunt. Où
ça va finir tout ça, ces tickets modérateurs là?
J'allais dire un autre mot, mais je vais m'ar-ranger pour être poli.
Où ça va finir, tous ces tickets modérateurs là de
la part du gouvernement? C'est rendu que chacun des ministères y va avec
une demande par le biais d'une loi pour faire payer le contribuable. En retour,
le gouvernement, au lieu de diminuer ses taxes sur les impôts directs, il
les augmente d'une façon épouvantable. Le citoyen n'est plus
capable de payer. Il n'est plus capable de payer, il est
égorgé.
On s'acharne sur le citoyen, comme la misère tombe sur le dos du
pauvre monde. Ça n'a pas de bon sens. Ça n'a pas de bon sens.
Encore là, c'est un petit article qui a l'air bien anodin. On passe
ça. On te refile trois petits paragraphes. Quelqu'un qui ne fait pas
trop attention dit: Ce n'est pas grave, c'est les municipalités qui vont
payer. Mais qui paie les taxes des municipalités? C'est les mêmes
contribuables qui paient les taxes et les impôts du gouvernement.
Pourquoi? Encore une petite patente de même qu'on arrive, par le biais
d'une loi, pour encore imposer davantage aux contribuables.
Ils n'en finissent plus de payer. Ils ne sont plus capables de payer.
J'espère, pour justement répondre à la volonté du
ministre, que, lui là, il sera attentif à nos propos et qu'il
retirera aussi vite cet article-là, qu'il le retirera aussi vite que,
moi, je n'aurai pas pris de temps pour lui démontrer la non-raison,
comprenez-vous, la non-justification de l'imposition de cette nouvelle taxe au
niveau de la population. Voilà, M. le Président, c'étaient
mes remarques préliminaires.
Le Président
(m. gauvin): merci, m. le
député d'arthabaska. est-ce qu'il y a d'autres membres de cette
commission qui aimeraient intervenir, toujours au niveau des remarques
préliminaires?
M. Ryan: Juste un point...
Le Président (M. Gauvin): Avec le consentement des membres
de la commission, M. le ministre, je pense que c'est toujours au niveau des
remarques préliminaires...
M. Garon: II a droit à cinq minutes après
chacun.
M. Ryan: Le ministre a toujours cinq minutes après chaque
intervention.
Le Président (M. Gauvin): O.K. Excusez-moi. Merci.
M. Garon: On lui reproche de ne pas les prendre.
M. Ryan: Pardon?
M. Garon: On lui reproche de ne pas les prendre.
Le Président (M. Gauvin): Merci...
M. Garon: On n'a pas de permission à lui donner, ça
fait qu'il le prend.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): La parole est à vous, M.
le ministre.
M. Ryan: Je ne pensais pas que le député de
Lévis s'intéressait aux questions de concision.
Je le remercie de son appréciation à mon endroit.
J'apprécie. Ha, ha, ha! Vous avez trouvé que... En d'autres
termes, M. le Président, le député de Lévis a
constaté que le ministre n'abusait point du droit de parole qui lui est
donné en cette commission. Je le remercie de l'avoir constaté.
Pour en revenir à l'intervention du député d'Arthabaska,
il a soulevé un problème sérieux, dans la première
partie de son intervention, qui a déjà fait l'objet d'examen,
d'ailleurs. Il y a des modifications législatives qui ont
été apportées. Il sait très bien que la
responsabilité d'une partie de la fiscalité agricole a
été transportée au ministère de l'Agriculture par
les modifications qui ont été apportées l'an dernier. Il y
a certains problèmes qui se posent. Il a parlé du problème
de Beauport, par exemple. Nous sommes en discussion avec la ville de Beauport.
Nous examinons avec les ministères concernés si des choses
pourraient être faites pour corriger cette situation-là. Du
côté de l'Agriculture, des consultations ont eu lieu
également, et le dossier n'est pas mûr dans son état actuel
pour qu'on envisage quelque modification dans la législation publique,
parce qu'il y a des données que nous n'avons pas. Éventuellement,
si on peut préciser le dossier davantage, tant qu'il y a des sources
d'insatisfaction, c'est notre devoir, comme législateurs, de voir si on
pourrait donner satisfaction à ceux qui nous font des
représentations. Dans cet esprit, on continue d'examiner le
problème, mais je ne pense pas qu'on soit prêts, là, pour
cet exercice-ci sur ce point-là. Mais j'enregistre ce qui a
été dit, et c'est un sujet qui fait partie de nos
préoccupations.
M. Baril: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
M. Baril: ...deux minutes, si on me permettait...
Le Président (M. Gauvin): Avec le consentement des membres
de la commission?
M. Garon: Consentement. Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Quand le ministre dit qu'il y a des
négociations, des rencontres qui se font avec différents milieux
et qu'il n'a pas de réponse actuellement à apporter, de
modification à apporter, en attendant que ces rencontres-là
arrivent à un résultat positif, pourquoi on ne garde pas ou on
n'introduit pas l'application de l'article 217? Quand on trouvera une autre
formule qui va remédier à ça, bien, on le fera resauter en
même temps. Il me semble que ce serait facile et que ça
sécuriserait les gens. Les propriétaires n'auraient pas à
se battre avec leur municipalité contre ça. Il ne faut pas...
Pourquoi toujours s'organiser pour imposer l'affrontement entre le contribuable
et le niveau municipal? Donc, en attendant d'avoir une solution
définitive, qu'on réintroduise l'article 217, et ça finira
parla.
M. Ryan: J'aimerais que ce soit aussi simple, mais ça ne
l'est pas. Je vais le regarder de nouveau quand même, par acquit de
conscience. Je vais demander l'avis de nos conseillers et je ferai rapport
à la commission à mesure que nous avancerons dans nos
travaux.
Le Président (M. Gauvin): Je vous remercie. S'il n'y a pas
d'autre demande d'intervention, ça pourrait mettre fin aux remarques
préliminaires. M. le député de Jonquière, toujours
au niveau des remarques préliminaires, je pense que le temps qui vous
était alloué est écoulé.
M. Dufour: Oui. Ce n'est pas ça, c'est avant de
commencer.
Le Président (M. Gauvin): Bon. Nous en sommes à la
période des motions préliminaires.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
Motion proposant d'entendre l'Union des
municipalités du Québec
M. Dufour: M. le Président, j'aimerais proposer qu'en
vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la commission
permanente de l'aménagement et des équipements tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 55, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende l'Union des
municipalités du Québec.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on peut avoir copie de
votre texte?
M. Garon: II peut en avoir des copies. M. Maltais: M. le
Président, s'il vous plaît...
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: Pour éviter le fameux malentendu de la semaine
dernière, avant que vous n'acceptiez la recevabilité de la
motion, j'aime-
rais que chacun des députés en ait une copie et qu'on
puisse regarder la motion avant que vous ne la jugiez acceptable ou non
acceptable. (12 h 40)
Le Président (M. Gauvin): On est à vous distribuer
une copie du texte de la motion, M. le député de Saguenay. Est-ce
que les membres de la commission aimeraient débattre sur la
recevabilité?
(Consultation)
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: ...est-ce que je pourrais demander un ajournement de
cinq minutes?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre demande un
ajournement de cinq minutes... une suspension de cinq minutes.
M. Ryan: C'est ça.
Le Président (M. Gauvin): La commission suspend ses
travaux cinq minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 41)
(Reprisée 12 h 55)
Le Président (M. Gauvin): J'invite les membres de la
commission à regagner leur fauteuil. La commission reprend ses travaux.
Au moment où on avait suspendu les travaux, on était à la
saisie de la motion du député de Jonquière. Je vous fais
part de la motion: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de
nos règles de procédure la commission permanente de
l'aménagement et des équipements tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 55, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende l'Union des municipalités du
Québec.»
S'il n'y a pas de demande de débattre sur la recevabilité,
je suis prêt à rendre ma décision. C'est une motion qui est
recevable, à ce moment-ci. J'Inviterais le député de
Jonquière à la...
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gauvin): ...débattre. M.
Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, je vous remercie. Je voudrais
d'abord, d'entrée de jeu, dire que la position concernant ce projet de
loi a été expliquée en long et en large par le
porte-parole et par beaucoup de mes collègues. Ça aurait
été tellement simple si on avait accepté la motion de
scinder ce projet de loi en trois.
Le ministre nous a dit ou nous informe que ça prend du temps ou
qu'il y a comme une perte de temps, à son point de vue, mais il faut
bien l'expliquer. Il n'y a pas trois heures encore qu'on a commencé
à étudier le projet de loi. Le ministre ne doit pas se
surprendre, ce n'est pas nous qui avons convoqué l'Assemblée
nationale le 26 novembre; elle aurait pu être convoquée avant
ça, donc on aurait pu examiner le projet de loi avec un peu plus
d'attention, de minutie. On aurait pu le faire.
Depuis que l'étude du projet de loi est commencée, il y a
certaines heures qu'on aurait pu y consacrer. Bon! Ils ne sont pas là,
ça fait que le gouvernement a bien le droit de faire son lit de la
façon qu'il veut, mais il n'a pas le droit, par exemple, de pousser ou
de mettre sur l'Opposition, sur le dos de l'Opposition la lenteur du travail
qui est engagé. Il y a des questions de principe en cause, il y en avait
trois majeures. Il y en a trois et même le ministre, à ce jour,
nous annonce, ce matin, qu'il est encore en pourparlers, en pleine discussion
sur le projet de loi sur des questions excessivement importantes. Je le crois
qu'il y a des questions importantes, parce qu'on a des représentations
par rapport à ça. Est-ce que vous vouliez parler?
Le Président (M. Gauvin): La parole est toujours à
vous, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je pensais que vous leviez la main. Je ne sais
pas...
M. Ryan: II y a une question, la théorie des faisceaux,
qui est l'objet d'examen.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Donc, il y a encore des discussions, ça peut
être pour une question, mais il y a des discussions concernant ce projet
de loi. Donc, pour nous, c'est tout le problème qui se pose. Si on avait
voulu scinder le projet de loi en trois, ça aurait été
très facile en tout cas. Et là le ministre nous dit: Faites-moi
confiance, on en discutera au moment où on arrivera là.
C'est clair que, pour nous, ça pose une interrogation, à
savoir: Quelles sont les véritables intentions du ministre concernant
ces articles? Est-ce qu'il a l'intention de les bonifier, de les retirer? Pour
nous, tant que ce n'est pas exprimé clairement, on peut demeurer un peu
sur notre appétit. On se dit: Est-ce que c'est une façon de dire
à l'Opposition: Vous pouvez y aller? Où il y a des
difficultés, vous allez être des partenaires avec nous - quelques
difficultés - et où on a une position très
arrêtée, c'est de même qu'on va y aller? Donc,
ça, c'est aussi très difficile pour l'Opposition de faire
confiance jusque-là, puisqu'on a des représentations. S'il n'y
avait pas de difficulté dans le projet de loi concernant la
fiscalité ou la façon d'évaluer les choses, on pourrait se
dire: Bon, on peut y aller allègrement. Mais il ne faut pas se le
cacher, quand on demande de rencontrer des groupes ou des individus, en
particulier c'est pour avoir une meilleure vue d'ensemble des problèmes
qui sont soulevés. Rappelons-nous que la loi 145, elle n'a pas
été étudiée... On a écouté des
groupes, mais l'étude article par article, on ne l'a pas faite.
Moi, je suis surpris qu'on nous parle à l'effet que ça va
très vite vis-à-vis de la surtaxe plutôt que de la taxe
d'affaires. Moi, je vous invite à aller regarder ce qui s'est dit dans
le temps. Vous allez voir que celui qui vous parle a insisté très
fortement, à plusieurs reprises, pour dire au ministre des Affaires
municipales: C'est clair que vous devriez y aller directement sur la surtaxe et
ne pas jouer sur deux tableaux. Vous allez mélanger tout le monde.
Ça va être un paquet de problèmes. Les municipalités
vont comprendre très vite que la meilleure façon, c'est la
surtaxe, c'est la plus facile. Seulement qu'aujourd'hui, lui, il peut dire
qu'il est surpris; moi, je ne suis pas surpris du tout, c'était la suite
logique des choses. On pose un geste... C'est comme quelqu'un qui tirerait, qui
laisserait tomber un caillou et qui partirait à monter. Le caillou s'en
va en descendant. Il continue à descendre. M. le Président, je
voudrais continuer, mais je m'aperçois que l'heure est arrivée...
(13 heures)
Le Président (M. Gauvin): Étant donné
l'heure, soit 13 heures... Oui, M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais juste changer quelque chose que j'ai dit
tout à l'heure, pour la véracité des débats. Quand
j'ai dit qu'en 1929 le taux de chômage était à 20 %... Ce
n'est pas en 1929. En 1929, au mois de décembre il était à
14,5 %. En 1931, il était à 20 %. En 1929, il était
à 14,5 % comparé à 14,3 % actuellement.
Le Président (M. Gauvin): On prend note de cette
correction, M. le député de Lévis. Étant
donné l'heure, comme je le disais, 13 heures, on ajourne nos travaux
jusqu'à...
Des voix: Suspend.
Le Président (M. Gauvin): ...suspend jusqu'à 15
heures cet après-midi. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 21)
La Présidente (Mme Bélanger): La commis- sion de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi 55 et 56, et ce, dans l'ordre
ci-après indiqué: projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives. Au
moment de la suspension des travaux, cet avant-midi, nous étions au
débat sur la motion présentée par le député
de Jonquière, et le député de Jonquière avait la
parole. Vous avez 4 min 25 s de faites sur vos 30 minutes.
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente. Lorsqu'on a interrompu
les travaux pour le déjeuner ou le dîner, dépendant comment
on l'interprète, j'étais en train de dire et de répondre
un peu au ministre des Affaires municipales, qui semblait dire qu'on avait pris
du temps pour expliciter un peu les réactions de l'Opposition concernant
ce projet de loi... Mais il faut dire qu'on n'est pas seuls dans le dossier. Il
y a d'autres personnes qui ont des réactions. D'ailleurs, le ministre
l'a confirmé dans son petit propos à l'effet que, oui, il est
encore en train de consulter des personnes de son cabinet. Sûrement qu'il
a des pressions de l'extérieur, aussi, pour lui dire qu'il y a des gens
qui ont des choses à dire. Donc, dans le projet de loi qu'on a devant
nous, il ne faut pas aller aussi vite que la marée au galop comme au
Mont Saint-Michel, il faut qu'on puisse l'examiner sous toutes ses coutures. Et
encore, ces temps-ci, on a des objections. Je suis persuadé que l'Union
des municipalités pourrait venir nous dire que, dans ce projet de loi,
il y a des parties qu'elle est prête à accepter ou non. Je
comprends la position délicate de l'Union des municipalités si on
lui demandait ce qu'elle pense, par exemple, de la question des permis
d'immatriculation. Ça pourrait être difficile parce qu'elle
pourrait être déchirée entre son sentiment d'appartenance
à l'ensemble des municipalités vis-à-vis les
municipalités qui seront exemptées ou qui seraient
exemptées par ce projet de loi. Il faut les comprendre. Elles ont une
certaine difficulté... Peut-être qu'elles n'ont pas à
trancher. Si elles avaient un mot à dire, elles pourraient dire, par
exemple: Exemptez donc toutes les municipalités, puis, à ce
moment-là, on pourrait être satisfaits. Mais, pour nous de
l'Opposition, c'est clair que, ça, c'est un objectif ou c'est un
élément pratiquement insurmontable par rapport à notre
connaissance du dossier. On s'adresse à tout l'ensemble des gens.
L'Union des municipalités, par contre, par ce projet de loi,
pourrait venir nous dire tout simplement: On est d'accord avec l'ensemble du
projet de loi. Mais moi, je sais par expérience qu'il y a des
éléments nouveaux qui ont été introduits dans ce
projet de loi. Par exemple, la taxe d'affaires, qui a toujours
été considérée comme une taxe attachée aux
commerces comme tels, elle n'a jamais été attachée,
dis-je, avec
l'impôt foncier. Et par ce projet de loi - et ça, on aura
à le questionner au cours de l'étude article par article -
à première vue, il me semble qu'on est en frais de... on est en
train d'entrer une nouvelle notion dans ce projet de loi. D'abord, que la
surtaxe est attachée à la bâtisse. Parce que non seulement
on s'adresse à l'occupant des lieux, mais aussi au propriétaire
des lieux. Il peut y avoir aussi d'autres intérêts, ce qui me
laisse penser, me laisse croire, en tout cas, que si la taxe, la surtaxe sera
attachée à l'immeuble... ce qui veut dire que si la
municipalité n'est pas capable d'avoir son dû, elle pourra aller
sur le propriétaire. Et comme on sait qu'il y a beaucoup de faillites,
malheureusement, dans les commerces, il me semble que les propriétaires
auront à faire face non pas à des contestations, mais à
des coûts supplémentaires. Comment les propriétaires
pourront-ils remédier à ça? Je n'en ai aucune idée.
Je ne sais pas de quelle façon. Est-ce qu'on peut l'entrer dans le
coût du logement? À moins qu'ils ne le fassent ou qu'ils ne
chargent le premier mois l'ensemble de la taxe. Je crois bien qu'au bout de
cinq ou six mois, si le propriétaire ou l'occupant s'en va ou fait
faillite, il sera difficile pour le propriétaire de collecter ces
montants-là. Donc, c'est une difficulté qui me semble nouvelle.
Est-ce que l'Union des municipalités pourrait mieux nous renseigner
là-dessus? Est-ce que c'est à sa demande qu'on a introduit cet
article-là ou si c'est quelqu'un du gouvernement qui a pensé que
c'était une bonne mesure qui devrait être intégrée
à ce projet de loi?
Il y a l'article 2. Le ministre n'en a pas parlé ce matin, mais
c'est l'article 2 qui fait problème pour beaucoup de gens. Encore
là, j'aurais aimé pouvoir discuter avec l'Union des
municipalités pour qu'on soit le mieux ferré lorsqu'on va
étudier le projet de loi.
Un projet de loi semblable demande certainement quelques audiences.
D'ailleurs, les gens à qui on demande de venir se prononcer sont, pour
la plupart, ici dans cette salle. Donc, si le ministre avait
écouté... est-ce que je peux dire «son bon coeur»? Je
ne pense pas. Je pense qu'il aurait pu... Il n'est pas dans l'esprit de
Noël non plus. Je sais qu'il a adouci sa réforme sur le transport,
mais ce n'est pas dans l'esprit de Noël, c'est parce que sa réforme
faisait problème. Il a essayé de s'adoucir pour s'excuser quelque
peu vis-à-vis des municipalités. Quel sera le résultat?
Peut-être que pour les municipalités ce sera bien vu, mais, pour
les contribuables, ils auront à faire les frais ou à payer les
coûts. Par rapport au projet de loi qu'on a devant nous, je ne pense pas
que ce soit dans l'esprit des fêtes. S'il avait pu le faire, au moins il
aurait pu écouter très fortement les représentations qu'on
lui a faites depuis le début. On a été clair au
début, on a dit: II y a deux points qui font problème: Pour la
fiscalité, on est prêts à la regarder, mais la regarder,
pour nous, c'est aussi s'assurer que l'étude se fasse correctement, puis
avec le plus d'éléments possible, afin qu'on sache si c'est
correct ou non.
Moi, je ne suis pas dans le dossier depuis longtemps. Quand on regarde
les taxes d'affaires, c'est-à-dire la surtaxe, puis je n'ai pas subi...
personne ne m'a poursuivi à venir jusqu'à maintenant. Les
municipalités, il y en a quelques-unes qui ont été
poursuivies, puis ça représentait des montants excessivement
importants. Donc, si c'est vrai, c'est ces municipalités qui devraient
venir nous le dire, puis l'Union des municipalités est très bien
placée pour venir nous faire ses représentations. D'ailleurs,
j'ai déjà une lettre ou un écrit de l'Union des
municipalités qui se plaint de certaines choses. Des frais de dossiers
pour les règlements d'emprunt, puis les frais de distribution pour la
perception des recettes sur les réseaux de
télécommunications, de gaz et d'électricité,
l'Union des municipalités s'y oppose carrément parce qu'elle va
en faire les frais. Quand on ne va pas chercher l'argent chez les
contribuables, on va le chercher chez les municipalités. De plus en
plus, on va tenir les municipalités en tutelle. C'est un peu
ça.
J'ai posé la question lors du début de l'étude du
projet de loi, à savoir: Est-ce qu'on en veut, des municipalités,
ou si on n'en veut pas? Pourquoi on ne décréterait pas le
Québec comme une grosse municipalité? Il n'y aurait pas de
problème, on ne se barrerait pas les pieds dans les maires, il y en
aurait seulement un. Un «cheuf», on aurait un gros
«cheuf»! Fini. Donc, à ce moment-là, on pourrait
prendre les décisions qu'on voudrait ici. Il ne faut pas se leurrer, on
ne peut pas donner d'une main puis enlever de l'autre. Ou on leur donne une
certaine marge de manoeuvre ou une certaine autonomie, ou on les tient en
tutelle. Pour le moment, depuis une couple d'années, depuis les deux
dernières années, j'ai comme l'Impression que de plus en plus les
municipalités sont tenues à l'oeil: II ne faut pas qu'elles
dépassent la mesure et tous les montants d'argent qu'on leur
transfère... Ça leur démontre clairement, s'ils ne l'ont
pas appris, si les maires pensent qu'ils sont encore autonomes, j'ai des
petites nouvelles pour eux autres, je voudrais bien qu'ils commencent à
examiner ce qui se passe pour savoir si leur marge d'autonomie a
augmenté. On peut bien leur donner du travail, mais, quand on n'a pas
d'argent avec, ça veut dire qu'on les condamne déjà
à être des agents percepteurs au nom du gouvernement. Et
ça, c'est carrément inacceptable. (15 h 30)
Donc, dans ce projet de loi, il y a au moins deux points où les
municipalités ont des choses à dire qui seraient de nature
à éclairer les travaux de la commission. Les deux points, c'est
vis-à-vis de l'évaluation foncière. Il y a la
théorie des faisceaux, mais il y a aussi d'autres éléments
qu'on a introduits: par exemple, que la surtaxe des immeubles est
attachée ou devient attachée
aux taxes foncières. Ça, ça veut dire que demain
matin, si une personne qui est en affaires fait faillite, il peut y avoir des
droits attachés sur la faillite, mais ça va être le
propriétaire, en dernier lieu, qui va payer s'il n'y a pas d'argent.
Donc, comment le propriétaire de la bâtisse va-t-il être
capable d'aller chercher cet argent-là? Le loyer va être vide.
Ça fait que ça va être le propriétaire
sûrement qui va faire les frais. Il y a beaucoup d'argent
là-dedans. Si on regarde le nombre de faillites dans un an... Je ne dis
pas que je suis en désaccord ou en accord avec la mesure, mais je dis:
On devrait la questionner, la gratter un petit peu plus. Ça, c'est
important.
Il y a des frais. Il y a la question des SIDAC qui sont aussi à
l'intérieur du projet de loi. Qu'est-ce qu'en pensent les unions ou
l'Union des municipalités? Je ne le sais pas. Une chose que je
comprends, c'est que les SIDAC, actuellement, sont excessivement... Elles ont
beaucoup de difficulté. Elles ont tendance à s'éliminer.
Selon mes informations, il y a 9 ou 10 SIDAC qui sont disparues dans les
derniers mois. Chez nous, il y en avait deux dans ma municipalité ou
dans mon comté. Les deux, il y en a une qui est disparue, l'autre est en
frais de se faire hara-kiri. Donc, deux disparitions. Les SIDAC vont être
touchées, donc, par rapport aux unions municipales. C'est
peut-être le temps de s'interroger, à savoir: Est-ce que les SIDAC
ont une place ou bien si elles n'en ont pas? Il faudrait être
suffisamment clair par rapport à ça.
Il y a la question des frais pour les distributions d'argent, les
distributions de collection parce que les perceptions des frais de collection,
c'est un peu ça. Le gouvernement est agent collecteur en ce qui concerne
les réseaux de télécommunications, de gaz et
d'électricité. C'est un agent percepteur qui, après,
redistribue cet argent-là aux municipalités. Pour cette action
qui, en fait, n'est pas... Je ne pense pas que ça engorge les affaires
au ministère du Revenu, cette perception-là, mais, pour faire
cette perception-là, on a décidé que le gouvernement du
Québec retiendrait jusqu'à 0,5 %. Actuellement, c'est ce qui se
fait. Le gouvernement, par la Loi sur la fiscalité municipale, pourrait
aller jusqu'à 1,5 %. Il semblerait, et ce n'est pas dit
là-dedans, que les unions municipales sont inquiètes, mais
j'aimerais ça qu'elles manifesteraient leur inquiétude. Au lieu
d'être un face à face à la table
Québec-municipalités, qu'elles viennent en commission
parlementaire. Le ministre a un avantage certain sur l'Opposition parce qu'il
est un peu le maître du jeu à la table
Québec-municipalités, mais il ne faudrait pas qu'on se serve
surtout de la table Québec-municipalités comme l'unique
intermédiaire ou l'unique interlocuteur en ce qui concerne l'ensemble
des municipalités du Québec. Quand la table
Québec-municipalités a été mise sur pied,
c'était, effectivement, pour engager un dialogue plus fructueux et plus
concluant avec les munici- palités. Mais, à venir jusqu'à
maintenant, j'ai comme l'impression que le ministre se sert de la table
Québec-municipalités comme une place finale, où si
ça passe là ça passe partout ailleurs. Mais il y a
d'autres intervenants sur le terrain qui, eux aussi, doivent être,
sinon... Ils devraient être consultés, peut-être pas de la
même façon, mais il y a d'autres manières et il y a
d'autres méthodes pour de la consultation. Je ne mets pas en doute la
légitimité des unions, mais ce n'est pas le seul canal pour moi.
Ce n'est pas le seul canal. C'est un canal privilégié et non pas
le seul. Ça pourrait nous permettre de savoir si ce que le gouvernement
s'apprête à faire - si on pouvait les questionner - c'est correct
ou non. Il y a des coûts là-dedans, mais est-ce que ça
suppose de tripler les frais actuels? Pour mol, c'est beaucoup. C'est aller
chercher deux fois ce que le gouvernement collecte. Il semblerait que ça
représente à peu près 6 000 000 $. Tout ça, c'est
des montants importants.
Il y a, bien sûr... et c'est avec beaucoup d'évidence qu'on
se rend compte que la traduction de «faisceaux de droits»... est-ce
que c'est correct ou non? Mol, ça peut me sembler assez
révolutionnaire au moment où on se parte parce que j'avais
l'impression et j'ai encore l'Impression que ce n'est pas une notion qu'on
avait dans la Loi sur la fiscalité municipale. À venir
jusqu'à maintenant, j'ai toujours pris pour acquis, peut-être
à tort, peut-être que les unions municipales pourraient venir me
dire le contraire, j'ai probablement pris pour acquis, sinon à tort...
au moins j'aimerais me faire dire si cette notion-là, au point de vue de
l'évaluation, elle est réelle ou non. À venir
jusqu'à maintenant, j'ai toujours cru que cette notion était une
notion de valeur du loyer en ce qui concerne la surtaxe sur l'immeuble et, pour
l'immeuble, c'est la même chose, parce que c'est soit la valeur de vente,
soit le coût des loyers. Donc, si ça, ces deux notions-là
ne sont pas à l'intérieur, on est en train d'en inventer une, ou
si c'est comme ça que ça se passe, bien, il va falloir qu'il y
ait des gens qui viennent nous le dire. Il va falloir qu'il y ait des gens qui
viennent nous dire ça.
Il faut se rappeler que, lorsqu'on touche à la fiscalité
municipale, il y a vraiment des attitudes qu'on se doit de respecter. D'abord,
une attitude de prudence. À chaque fols que le gouvernement a
légiféré, à chaque fois, en matière de
fiscalité municipale, spécifiquement dans les évaluations,
ça a créé des problèmes, au même titre que
lorsqu'on touche a la perception des revenus ou de l'impôt ou quelque
part par des mesures, ça soulève toujours un certain nombre de
contestations. Ces contestations se règlent rarement... Bien, elles
peuvent se régler entre individus, ça peut se régler hors
cour, mais il y a des coûts. Par rapport à ce qu'on a devant nous,
est-ce qu'on a l'assurance, au moins une assurance minimum, que ces
coûts-là ne seront pas
énormes pour les municipalités et est-ce que le bien qu'on
veut faire n'est pas plus grave que le dommage qui existe actuellement? Je vais
jusque-là.
Cette question-là est vraiment fondamentale. Si on
s'apprête à faire plus de mal que de bien, on devrait
sûrement y réfléchir et s'assurer que ce qu'on fait
là, c'est fait avec beaucoup de prudence et beaucoup d'attention. Je ne
suis pas convaincu, par contre, que ces actions-là on les fait dans ce
sens-là. À une fin de session et où on sent qu'il y a une
obligation forte, forte, forte d'adopter les projets de loi, ça nous
semble plus des mesures de pression sur l'Opposition pour les avoir à
leur merci que pour régler des problèmes.
S'il n'y a pas de problème, bien, il n'y a aucune raison que
l'Union des municipalités ne vienne pas nous donner son point de vue.
Jusqu'à maintenant, ils ont été de bon conseil au ministre
des Affaires municipales et au ministère. Quand ça n'a pas bien
marché, c'est parce que, en règle générale, le
gouvernement a été un peu insensible aux représentations
que ces gens-là ont faites. Ils ont des intérêts, je suis
capable de le comprendre. Ils en ont, des intérêts, eux autres
aussi, parce que la société est faite d'intérêts qui
s'additionnent. Mais il ne faut pas avoir peur de ça. Il ne faut pas
regarder ça comme une maladie honteuse. C'est correct qu'ils aient des
intérêts. Pour nous, comme législateurs, on a à voir
si les intérêts des uns ne vont pas contre les
intérêts des autres et, si c'est vrai, notre rôle c'est
justement d'arbitrer quelque part pour être le plus équitables les
uns envers les autres. Donc, ces points-là sont très fortement...
on peut dire au moins contestés.
Il y a le point, et celui-là j'hésite à l'aborder,
mais comme le ministre, et ouvertement, ne nous a pas dit... Il a dit: Bien, on
le regardera quand on aura à le juger. Il y a la question des frais
modérateurs concernant les études sur les emprunts municipaux.
C'est possible que le ministre ait l'idée de les enlever. Mais, à
venir jusqu'à maintenant et officiellement, ce qu'on peut retenir, c'est
que, d'une part, il nous a bien informés dans le temps que, quand on
arrivera là, on pourra en discuter. Mais il n'a pas répondu
directement à la demande de l'Opposition, à savoir, lorsqu'on l'a
passée à cette étude-là ou au départ...
à savoir s'il voulait scinder le projet de loi. Ça, ça
aurait été la meilleure solution, à mon point de vue,
puisqu'on aurait discuté des vraies choses. Vous savez, le
problème qu'on a ou la difficulté qu'on a, comme Opposition,
actuellement, c'est qu'on ne s'oppose pas à l'ensemble du projet de loi.
On a des parties qu'on n'aime pas et le gouvernement, par son attitude ou par
la façon dont la loi est rédigée, nous force à
être contre. C'est le tout. On ne peut pas être contre pour une
partie puis être pour le reste. Un projet de loi, c'est un tout. (15 h
40)
Pour nous qui avions été habitués, en partie,
à l'attitude gouvernementale à l'effet que jamais il ne nous
présentait de bill omnibus, bien là, on a un cas patent d'un bill
omnibus. Parce que, premièrement, qu'on ait le transport, ça,
c'est la loi 145; qu'on touche la Loi sur la fiscalité, c'est la loi
145. Par contre, si on touche la question des frais modérateurs, ce
n'est pas, ça, la loi 145. Donc... D'ailleurs, le président de
l'Assemblée nationale nous a fort bien dit qu'effectivement on pourrait
scinder ce projet de loi sans faire atteinte aux bonnes moeurs. On ne l'a pas
fait. Donc, on vit avec ça, là. On est pris avec ça. Puis
ça, ça nous oblige à dire au ministre: On n'est pas
d'accord avec vous et on a besoin d'avoir plus d'informations.
L'Union des municipalités, par son expertise, par le nombre de
membres qu'elle représente, est certainement habilitée a venir
nous donner un point de vue raisonnable par rapport à ce projet de loi
et, je pense bien, sans trop trop de passions parce que, le temps des passions,
il est passé l'an passé. Ils se sont fait avoir assez fortement.
Je serais surpris qu'ils fassent une bataille à tout casser. Mais, suite
à ça, il y a d'autres conséquences. Je veux juste les
soulever quelque peu, là, concernant... J'aimerais ça que l'Union
des municipalités vienne nous dire ce qu'elle pense non pas de
l'enlèvement des frais modérateurs, mais des conséquences
d'enlever... C'est-à-dire que c'est les frais d'immatriculation. Elle
pourrait nous le dire et elle pourrait peut-être aider le ministre
à se faire une idée là-dessus, pour dire comment les gens
réagissent par rapport à des conséquences d'actes qu'on
pose dans une partie des municipalités, mais qui ne touchent pas
l'ensemble des municipalités. Quand on décide, par exemple, de
mettre une taxe spéciale dans un endroit et pas ailleurs, il y a une
réaction de la part des gens. Si, demain matin, le ministre persiste
à vouloir enlever les 30 $ d'immatriculation seulement sur huit
municipalités dans l'ensemble du Québec, sous le prétexte
que ces municipalités-là ont été bien
examinées sous toutes les coutures, et qu'on en vient à la
conclusion que ces gens-là ont trouvé grâce aux yeux du
ministre, je mets au défi, moi... En tout cas, non seulement au
défi, mais j'aimerais entendre, de la part de l'Union des
municipalités, ce que sont les conséquences d'un pareil
geste.
Quand on fait une loi générale qui englobe tout le monde,
on peut bien s'y opposer, on peut bien être désappointé de
ce qui se passe. Mais quand les gens se sentent mal traités ou
traités d'une façon différente, il y a des
réactions qui se font entendre. Déjà, on peut
prédire qu'il y a beaucoup de municipalités qui vont revenir
à la charge pour leur demander sous quel principe, d'abord, on a
enlevé ces frais-là d'immatriculation, et pourquoi ces
gens-là ne recommenceraient pas la bataille? On avait fermé le
couvert, jusqu'à un certain point. On rouvre la
marmite. Il y a une chose qu il va faire... Ça peut nous sauter
dans la face quelque part. Le ministre semble être prêt à
regarder ou à vivre avec ça, mais tous les députés
vont subir les mêmes pressions. Si c'était seulement le ministre,
peut-être qu'on peut dire qu'il pourrait vivre avec ça, mais c'est
l'ensemble des députés qui vont être pris à donner
des explications ou à essayer d'expliquer pourquoi le ministre a
été aussi bon pour huit municipalités. Quelles que soient
les explications, qui va accepter ça? Qui va comprendre ça,
là, qu'eux autres, ils n'ont pas la navette, là? D'abord, les
municipalités, ce n'est pas des lavettes. La navette, peut-être,
mais pas la lavette. C'est certain. Il n'y a pas de navette, on peut
l'expliquer. Puis les gens vont dire: Nous autres, on a les mêmes droits.
On vit au Québec et on a le droit de savoir pourquoi, nous, on paie par
rapport à ceux qui ne paient pas. Je vous passe un papier que je connais
des municipalités... On a eu de bons exemples qui ont été
donnés tout à l'heure par mes collègues. Ils ont
donné des exemples, la semaine dernière, et ils nous ont
expliqué en long et en large pourquoi il y a des municipalités
qui ne devraient pas payer des frais d'immatriculation. Mais c'est par leurs
contribuables. Il faut bien comprendre que les municipalités se battent
pour leurs contribuables. Ces exemples-là sont probablement en centaines
dans tout le Québec. Ce qui se passe par mes collègues va se
passer ailleurs. Je ne les blâmerai pas parce que les gens vont se
demander: Est-ce qu'ils ont de bons représentants? Ils vont dire:
Probablement que, nous autres, on n'a pas de bons députés, parce
qu'ils n'ont pas été capables do fairo valoir au ministre notro
point de vue. Ils n'ont pas été capables.
Ça, c'est drôlement important. On ne peut pas avoir deux
sortes de gens, au Québec: des gens qui paient et les autres qui
reçoivent ou des gens qui paient purement et simplement. Il faut que les
gens soient assurés qu'ils ont été bien traités.
Comme les mesures ou les normes qu'on a appliquées à venir
jusqu'à maintenant ne sont pas des normes qui ont été
connues... On a appris ça avec le dépôt de la loi, qu'il y
avait huit municipalités qui pourraient être
écartées ou qui pourraient avoir la possibilité...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...de ne pas payer ces frais-là. Mais là
on vient d'apprendre que ces huit-là existent. Il y en a sûrement
d'autres et, s'il n'y a pas de loi rétroactive par rapport à
ça, on ne sait pas comment on pourrait leur remettre ces 30 $. Moi,
à ce moment-là, je dis que l'Union des municipalités
aurait toutes les raisons du monde et que, nous, on aurait toutes les raisons
du monde de l'écouter et elle, de venir nous donner son point de vue.
Merci, Mme la Présidente.
M. Claude Ryan M. Ryan: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Ryan: ...j'écoutais le député de
Jonquière et je pense qu'il sait que, même quand je ne suis pas
d'accord avec lui, on cherche toujours à trouver des moyens de s'en
sortir honorablement de part et d'autre, dans un esprit qui se veut
essentiellement constructif. L'Opposition a souvent tort, de même que le
gouvernement, mais c'est bien rare que l'un ou l'autre a tort
entièrement exclusivement.
Une voix: Rarement.
M. Ryan: Plutôt rare. Même quand on propose une chose
fausse, il faut au moins des éléments de vérité
pour qu'elle ait un minimum de vraisemblance, et vice versa. Quand on s'oppose
à une chose systématiquement, c'est bien rare qu'on ne triche pas
un petit peu sur la vérité. Cela étant dit, je crois
comprendre que l'Opposition a fait une motion demandant que soit entendue
l'UMQ. D'ordinaire, quand l'UMQ et l'UMRCQ veulent être entendues, elles
le laissent savoir. On n'est pas obligé d'aller chercher les miettes
dans leurs mains. Elles le laissent savoir clairement et elles disent: Nous
autres, on veut être entendues; il y a des choses sur lesquelles ce
projet de loi nous interpelle, nous inquiète. Elles le laissent savoir.
En général, on ost de bonne composition avec ces organismes
là Ça n'a pas été le cas dans ce dossier-ci.
Maintenant, j'ai constaté qu'il y avait dans la salle des
organismes qui ont intérêt à certaines dispositions du
projet de loi. Je pense, par exemple... Je vois qu'il y a plusieurs
représentants de la Corporation des évaluateurs
agréés. Nous nous souvenons tous que, dans les travaux relatifs
à la loi 145, ils avaient suivi avec une grande assiduité les
délibérations de la commission et le rapport avait
été très utile. Évidemment, moi-même je ne
saurais refuser la possibilité d'écouter la contribution qu'ils
pourraient avoir à nous fournir. On parle de l'article 2 qui traite de
la théorie des faisceaux. Il est évident que la CUM est
particulièrement concernée, parce que le jugement de la Cour
d'appel invalidant un article de la Loi sur la fiscalité municipale
intéresse immédiatement la CUM. Je crois qu'il y a un autre
groupe qui est ici... Est-ce que l'Institut de développement urbain est
ici?
Une voix: Oui.
M. Ryan: L'Institut de développement urbain avait
porté une grande attention également aux travaux relatifs
à la loi 145. Il nous avait fourni des suggestions importantes, dont
certaines
avaient été retenues, d'ailleurs. C'est un organisme qui
regroupe de grandes institutions engagées à fond dans le
développement urbain. Une contribution qui peut être utile dans
une recherche comme celle que nous faisons. Je voudrais simplement
peut-être émettre une possibilité sur laquelle
peut-être on pourrait ajourner quelques minutes, M. le Président,
pour être bien sûr qu'on se comprenne clairement. Je n'en ferai pas
l'objet d'une motion tout de suite ni d'un amendement. (15 h 50)
M. Dufour: Est-ce que vous seriez prêt, M. le ministre,
à entendre l'Association canadienne de taxe foncière?
M. Ryan: Ça va avec ça.
M. Dufour: Ils sont ici. Ils sont dans...
M. Ryan: II n'y a pas de problème. Dans leur cas, il n'y
aurait pas de problème non plus parce que, là, c'est un organisme
qui peut nous fournir une contribution au plan technique. Le
député de Jonquière a mentionné, avec raison, il
faut qu'on soit sûr de bien comprendre les implications techniques d'une
chose. Et, là-dessus, il sait que ce n'est pas moi qui fermerai le bocal
avant qu'on n'ait mis tout ce qui peut être mis dedans.
Moi, je n'aurais pas d'objection à ce qu'on s'organise pour
entendre ces groupes-là dans un délai raisonnable.
Peut-être qu'on pourrait envisager deux formules: soit les entendre les
quatre ensemble pendant une période d'une heure ou deux - même, je
suis prêt à mettre deux heures, s'il le faut - soit encore les
entendre chacun séparément pendant une demi-heure. L'avantage de
les entendre ensemble, c'est qu'à un moment donné la Corporation
des évaluateurs peut dire une chose, la CUM peut ajouter un autre point
ou l'Association canadienne de taxe foncière peut ajouter un autre
point. Moi, ça, ça me serait immatériel. Mais on aurait,
je pense, des éclaircissements intéressants à retirer
d'une contribution de ces organismes qui sont ici, qui témoignent par
leur présence de leur grand intérêt pour les sujets qui
sont l'enjeu du projet de loi. Ça nous permettrait d'avancer. Ensuite,
on ferait ce que doit, librement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Dubuc.
M. Ryan: Peut-être qu'il y aurait des
éclaircissements à demander avant, tu sais.
M. Morin: Parfait. Mme la Présidente, bien, le ministre
fait une suggestion, mais est-ce que, quand même, il y aurait
possibilité, avant qu'on n'entende ces gens-là... Non, non.
M. Dufour: Je veux bien m'entendre sur les autres. Est-ce que
vous avez parlé de la CUM? M. Ryan: Oui. M. Dufour: La
ville de Montréal?
M. Ryan: La ville de Montréal, je ne l'ai pas
mentionnée.
M. Dufour: La ville de Montréal et la CUM, est-ce qu'elles
sont ensemble ou si elles sont... Moi, j'ai...
M. Ryan: Oui, elles sont ensemble. Ce n'est pas deux organismes
opposés, maintenant.
M. Dufour: Non, mais ils peuvent avoir des éléments
très différents. Je sais qu'ils sont ici les deux. Ils sont ici
les deux.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Bon, O.K. L'Association canadienne de taxe
foncière, et vous nous parlez de... l'association des
évaluateurs, et il y a peut-être...
M. Ryan: La Corporation des évaluateurs
agréés.
M. Dufour: Bon. J'ai aussi un autre...
M. Ryan: IDU, Institut de développement urbain du
Québec.
M. Dufour: Ça, c'est le quatrième, le
troisième...
Une voix: C'est le quatrième.
M. Dufour: Bon. Il y a le Barreau - il n'est pas ici par exemple,
mais il va être ici demain matin - qui a demandé ou qui va nous
faire parvenir ses commentaires. Je ne sais pas si eux ont des demandes
particulières. Je ne sais pas si ça vous... madame, c'est Me
Livernois.
M. Ryan: Nous ne sommes saisis d'aucune demande.
M. Dufour: Elle n'a peut-être pas eu le temps de vous
donner... Oui?
Une voix: Oui.
M. Dufour: Ça va être des commentaires. Je ne sais
pas si...
M. Ryan: Peut-être que... On va voir.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on pourrait
peut-être suspendre quelques instants.
M. Ryan: Mais je pense que c'est bon que ce soit clair avant
qu'on suspende, Mme la Présidente, là. J'avais mentionné
différentes possibilités: la possibilité que les quatre
organismes viennent ensemble et que chacun ait sa part de temps et puisse
commenter les affirmations ou les déclarations qui seraient faites par
un autre ou, encore, en entendre quatre séparément, pour une
période d'une demi-heure chacun. Je laisse ça un petit au choix
des députés. Moi, je pense qu'une formule ou l'autre peut avoir
son utilité.
M. Morin: Mais, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: ...avant qu'on suspende, comme, évidemment, on
va faire venir ces organismes-là sans qu'il y ait eu évidemment
préparation de mémoire nécessairement, je m'interrogeais
sur la façon dont je pourrais procéder. Mon intervention que je
préparais tout à l'heure, en faveur de la motion, indiquait qu'il
y a même des questions bien précises, de façon très,
très claire, des informations que j'apprécierais obtenir. Alors,
comment indiquer aux unions, entre autres, ce que j'attends d'elles comme
précisions si je ne le leur indique pas d'avance? Bien sûr, elles
pourront peut-être répondre sur le champ, mais il y a quand
même une lettre qui vous a été écrite. On
suggère différentes choses, comme par exemple rendre optionnelle
l'obligation de se soumettre à l'acceptation des projets d'emprunt par
le ministère des Affaires municipales, moyennant certaines normes de
rigueur administrative.
C'est toutes des choses que j'aimerais savoir. Qu'est-ce qu'on entend
par là? Qu'est-ce qu'on veut dire par là? Alors,
évidemment que je ne voudrais pas qu'ils arrivent ici: Oh! Bien
là, on n'était pas préparés pour articuler, et ces
choses-là. Alors, c'est pour ça que je voulais profiter de mon
intervention pour indiquer à ces gens-là des pistes, en fin de
compte, le genre de questionnement que je voulais présenter. Mais
maintenant, écoutez là...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je répondrais ceci, cependant, que chaque
député aura la latitude voulue pour poser les questions qu'il
voudra poser aux personnes qui sont là.
M. Dufour: II y a peut-être sur l'enveloppe de temps que
c'est...
M. Ryan: L'enveloppe de temps, ça, peut-être qu'on
peut en discuter à l'intermission, une petite intermission pour discuter
ça et ce sera tout clair quand on reviendra. Est-ce que ça
irait?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça
va?
M. Ryan: Je suis prêt à vous donner une bonne chance
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 56)
(Reprise à 16 h 9)
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez bien
prendre place, nous allons reprendre les travaux de la commission. M. le
ministre, veuillez prendre place.
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux. Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude du projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives.
Alors, nous avons suspendu les travaux afin de préparer des audiences
avec certains intervenants. Alors, M. le député de
Jonquière, vous en êtes arrivé à quelle entente?
M. Dufour: Effectivement, l'Opposition avait l'intention
d'écouter certains groupes qui vont dans le sens de la proposition du
ministre des Affaires municipales. À première vue, ceux qui sont
proposés ont vraiment manifesté l'intention ou la demande
formelle d'être entendus. Il y a d'autres groupes, par contre, qu'on
aurait aimé entendre. On ne veut pas nécessairement non plus
être juste des gens qui disent: On est contre pour être contre. Et
ce n'était pas du caprice. Si on a dit qu'on voulait entendre des
groupes, c'est parce qu'on croyait puis on croit toujours que c'est important
de le faire. (16 h 10)
Une chose certaine, c'est qu'en ce faisant, au point de vue de
l'Opposition, ça rencontre une partie de nos objections, ou de nos
projections. On voulait entendre ces groupes-là, on accorde... Il y a
deux autres éléments qui ne seront pas traités par les
gens qu'on entendra, qui sont, par exemple, les frais modérateurs ou les
frais sur les emprunts, et les frais d'immatriculation qui sont enlevés.
Ça, il n'y a personne qui va venir défendre ça. Mais je
voudrais bien que le ministre soit conscient que, lorsqu'on aura à
traiter de ces articles, il ne faut pas qu'il présume que l'Opposition
va être condescendante...
Je pense que, de ce côté-là - il nous le dit souvent
- l'Opposition a le droit de faire ses batailles quand elle y croit. Nous, on
pense que, dans ces deux domaines-là, le ministre devra
d'abord nous dire c'est quoi qui le préoccupe et quels sont ses
idées par rapport à ça. Et, à ce moment-là,
on fera connaître nos couleurs ou on dira ce qui en est. Donc, on
pourrait écouter les quatre groupes qui sont proposés. Je sais
aussi que, lorsqu'on commence à les écouter, si ça prend
35 minutes, on n'est pas à 2 minutes près. On parle de 30 minutes
par groupe. Je sais que dans les 4, il y en a un qui a des
intérêts pas mal différents des trois autres. Si on a
besoin de 35 ou 40 minutes pour celui-là qui aura une voie
différente, je pense bien qu'on pourrait s'entendre là-dessus. Le
principe, on est prêt à travailler avec ce qu'on a devant nous
puis ce qui nous est proposé. C'est suffisamment clair?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est qui les
groupes.
M. Ryan: On va nommer les groupes, de nouveau.
M. Dufour: Le groupe, c'est l'Association canadienne de taxe
foncière. Ce sera... Ah! les quatre groupes. Le ministre va faire la
proposition.
Une voix: II faut juste l'amender, la proposition. Non?
M. Dufour: J'ai juste dit que, lorsqu'on viendrait, on
traiterait...
M. Ryan: D'un commun accord.
M. Maltais: Parce qu'il faudrait disposer de...
M. Dufour: Ah oui, la motion qu'on a sur la table. Bien oui. Il
va bien falloir que...
M. Ryan: On va établir la liste pour voir si on est
d'accord.
M. Maltais: À moins que vous la retiriez. Une voix:
Non, non.
M. Ryan: Regardez, est-ce qu'on pourrait, avant de passer aux
procédures, Mme la Présidente, de manière informelle,
établir la liste des organismes qui vont être entendus?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Il faut
établir la liste des organismes.
M. Ryan: Après ça, on verra quel habit on va leur
mettre. Alors, l'Association canadienne de taxe foncière.
M. Dufour: Oui. M. Ryan: La CUM.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: La Corporation des évaluateurs
agréés, l'Institut de développement urbain. Y en a-t-il un
autre? Quatre? Très bien.
M. Dufour: Si le Barreau nous faisait parvenir un mémoire
où il demanderait d'être entendu, est-ce que vous seriez ouvert?
Mais je ne suis pas sûr, là.
M. Ryan: Si.
M. Dufour: Oui, si... Avec cette
particularité-là.
M. Ryan: Pourvu que vous ne courriez pas après eux
autres.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Dufour: Non, moi, je...
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): M le
député de Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, à ce stade-ci, on
s'entend sur les quatre organismes. Pour éviter que ces gens-là
soient obligés de revenir ce soir, parce que nos travaux vont ajourner
à 18 heures, est-ce que l'Opposition consentirait à retirer sa
motion pour qu'on puisse les entendre immédiatement? Sinon, ces
gens-là seront obligés de revenir plus tard ce soir.
M. Dufour: On pourrait la traiter sur division.
M. Maltais: Oui? Passer au vote?
M. Dufour: Comme si tout le monde s'était exprimé
sur division.
M. Maltais: Vous seriez prêt à passer au vote tout
de suite?
M. Dufour: Oui, oui. M. Maltais: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est évident
qu'il faut disposer de cette motion-là avant d'entreprendre une autre
étape.
M. Maltais: C'est ça.
M. Dufour: Elle sera adoptée... C'est-à-dire
qu'elle va être refusée.
M. Maltais: Alors, elle sera...
M. Garon: On ne le sait pas. On ne peut pas présumer.
Une voix: Ah! elle est bonne.
Mise aux voix
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous allons
disposer de la motion de M. le député de Jonquière. Il est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 55, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende l'Union des municipalités du
Québec. Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): Bien non! elle n'est
pas adoptée sur division, elle est rejetée.
M. Maltais: Rejetée.
Une voix: Rejetée sur division. On ne prend pas le
vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la motion est
rejetée.
Auditions
Maintenant, je demanderais à un porte-parole de chacun des
groupes concernés: l'association canadienne d'affectation de taxation
foncière, la Communauté urbaine de Montréal, la
Corporation des évaluateurs agréés et l'Institut du
développement urbain, de bien vouloir s'approcher à la table.
M. Dufour: Mme la Présidente, avant d'appeler le groupe,
comme c'est un groupe qui a possiblement un point de vue différent,
est-ce qu'on ne pourrait pas l'intercaler peut-être en deuxième ou
en troisième? Parce qu'ils vont peut-être nous dire: Vous l'avez
déjà entendu, ce n'est pas tout à fait comme ça
qu'on l'interprète.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors là, on
fait venir un groupe à la fois?
M. Dufour: un groupe à la fois, oui, puis ne pas faire
venir celui-là, parce que celui-là, il y a des chances qu'il ait
un point de vue différent. puis, moi, je veux être
éclairé.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais vous voulez
entendre lequel en premier?
M. Dufour: Moi, ça pourrait être la Com-
munauté urbaine de Montréal.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Alors, je
demanderais au porte-parole de la Communauté urbaine de Montréal
de bien vouloir s'approcher.
M. Dufour: Ils ont travaillé dessus, puis ils ont le
problème. Ils vont nous dire c'est quoi le problème. Ils vont
nous dire c'est quoi.
Une voix: Si vous avez des collègues avec vous, vous
pouvez les emmener.
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais aux
intervenants de bien vouloir s'identifier.
Communauté urbaine de Montréal
M. Bélanger (Jean): Oui. Jean Bélanger, directeur
du service de l'évaluation de la CUM.
La Présidente (Mme Bélanger): Et vous avez
quelqu'un qui vous accompagne?
M. Bélanger (Jean): Me Pierre Caron, du contentieux de la
ville de Montréal.
La Présidente (Mme Bélanger): Pierre Caron?
M. Bélanger (Jean): Pierre Caron, oui, du contentieux de
la ville de Montréal.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M.
Bélanger. Est-ce que vous voulez faire un exposé pour exprimer
votre point de vue pour commencer ou si on procède à une
période de questions? Je pense qu'il serait peut-être bon que vous
fassiez un exposé.
M. Bélanger (Jean): Peut-être quelques petits
commentaires, si vous permettez, au plan essentiellement technique?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. Alors,
là, est-ce qu'on détermine le temps? C'est 20 minutes pour le
groupe?
M. Dufour: Non, c'est une demi-heure. On a parlé d'une
demi-heure. Dans 20 minutes, on aurait été aussi bien de ne pas
les faire venir!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on va vous
donner 10 minutes, M. Bélanger, pour exposer vos commentaires, et il y
aura une période de questions divisée en parties égales
entre l'Opposition et les ministériels. Alors, M. Bélanger, vous
avez la parole.
M. Bélanger (Jean): Merci bien. Essentiellement, nos
commentaires sur le projet de loi 55 sont de deux ordres. D'une part, l'article
2 et l'article 26. Concernant l'article 2, nos commen-
taires sur la rédaction actuelle du projet de loi étaient
le pouvoir discrétionnaire qu'on accordait à l'évaluateur
dans le sens qu'on disait: L'évalua-teur peut inclure ou non, en quelque
sorte, les droits. Et c'est un pouvoir, évidemment, majeur
accordé à l'évaluateur, surtout le pouvoir
discrétionnaire. C'est donc dire, évidemment, que
l'évaluateur aurait pu, pour certaines villes, inclure les droits et,
dans d'autres villes, non.
Alors, c'est une charge qu'on croyait évidemment majeure à
supporter par l'évaluateur, de lui donner ce pouvoir
discrétionnaire. Parce qu'il faut bien penser qu'on est au niveau de
l'assiette fiscale. Donc, on pense qu'au niveau de l'assiette fiscale,
là, moins de discrétion peut être donnée à
l'évaluateur. On n'est pas en taxation, on est en évaluation et,
règle générale, en matière d'évaluation
municipale, il y a peu de discrétion accordée sur la
détermination de l'assiette comme telle. (16 h 20)
L'autre commentaire portait sur l'article 26, comme tel. C'est les
causes pendantes. Et essentiellement, à l'article 2, on disait que
l'amendement prévalait, sauf pour les causes pendantes. Alors, sur le
territoire de 111e de Montréal, ces questions ne visent pas les causes
pendantes sur le rôle 1992 et l'amendement a peu d'impact. L'amendement
va trouver ses bénéfices pour le futur et non pas pour
l'actuel... Or, ça veut dire qu'il faudrait viser, s'assurer que
l'amendement sur les articles 43 et 46 s'applique également aux causes
pendantes actuellement sur le territoire de ITle de Montréal. Alors,
c'est dire qu'il faut absolument régler les plaintes actuelles pour
régler le problème qu'on a, le litige qu'on a actuellement sur
l'île de Montréal. C'est essentiellement les deux commentaires
qu'on avait sur les deux amendements apportés sur les questions de la
fameuse théorie des faisceaux des droits.
On se rappellera que la théorie des faisceaux des droits fait
suite à un jugement de la Cour d'appel sur l'île de
Montréal du 9 septembre dernier qui faisait en sorte qu'à toutes
fins pratiques les jugements ne reconnaissaient pas, si on veut, la
théorie des faisceaux des droits au niveau des valeurs foncières.
Or, la Communauté a porté appel des quatre jugements devant la
Cour suprême et on est en attente actuellement d'un accord de pourvoi par
la Cour suprême pour entendre les causes dans la Cour suprême comme
telle. Voilà, en quelques mots, le résumé de nos
commentaires techniques sur le sujet. Je ne sais pas si Me Caron a des
commentaires additionnels.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M.
Bélanger. M. le ministre.
M. Ryan: À propos de chacun des deux articles, MM.
Bélanger et Caron, je comprends les observations qui ont
été faites. Je crois comprendre qu'on n'est pas dans
l'étude article par article, mais quand même on essaie de se
comprendre et si on sort d'ici avec des choses claires ça fera autant de
pris pour le moment où on arrivera à l'étude article par
article. Je crois comprendre que si on modifiait quelque peu le projet de
loi... Là, dans le texte que nous avons mis en circulation à
l'Assemblée nationale, c'est écrit ceci: «Pour
l'application des articles 43 à 45, il peut être tenu compte de
tout ou partie des droits détenus à l'égard de
l'unité d'évaluation par une autre personne que son
propriétaire.» En particulier un locataire, d'après ce que
je comprends. Et, là, vous trouvez que ça ouvre peut-être
trop la porte à la discrétion de l'évaluateur. «Il
peut être tenu compte». S'il y en a un qui décide d'en tenir
compte tout le temps, il pourrait le faire, alors que ce n'est pas ça
qui est l'esprit de la législation qu'on veut instituer. Ce qu'on me dit
qui pourrait servir de formule alternative serait quelque chose comme ceci:
Pour l'application des articles 43 à 45, il doit être tenu compte,
le cas échéant, des droits détenus à l'égard
de l'unité d'évaluation par le locataire. Si on
s'aperçoit, par exemple, qu'il y a une espèce de bail
fantôme qui se trouverait à diminuer la valeur de
l'évaluation ou la valeur de la taxe qu'il pourrait être
appelé à payer, là, l'évaluateur aurait un pouvoir
de redressement, un devoir même de redressement dans ces cas-là,
tandis qu'actuellement on laissait la porte trop ouverte à son pouvoir
discrétionnaire. Alors, ça, il y a eu des conversations,
d'après ce que je comprends, et, nous autres, nous sommes prêts -
je ne propose pas du tout ça pour adoption maintenant, je le soumets
pour réaction de votre part - à envisager des choses de cette
nature. Je ne sais pas si vous pourriez réagir à ça.
M. Bélanger (Jean): j'ai peut-être un commentaire
général. pour nous, c'est une nette amélioration. la
nouvelle phraséologie qui est proposée améliore de
beaucoup ce qui est déjà dans le texte actuellement. on ne dit
pas nécessairement que c'est satisfaisant, mais c'est une
amélioration par rapport au texte original.
M. Ryan: Et dans l'autre cas, l'article... C'est 26, je
crois.
M. Bélanger (Jean): Oui.
M. Ryan: Là, c'est la rétroactivité.
Évidemment, c'est un sujet toujours extrêmement délicat.
Toutes les causes qui sont devant les tribunaux, je pense qu'il n'est pas
question qu'on les touche avec le projet de loi. Elles pourraient continuer de
suivre leur cours vu qu'elles ont été inscrites devant les
tribunaux. On ferait une exception cependant pour les causes pendantes devant
le Bureau de révision de l'évaluation foncière. Parce que,
là, il y a une raison qui
nous justifie de faire ça. Ces causes-là n'ont pas
été entendues encore. C'est des causes qui sont inscrites.
Souvent, il y a un propriétaire qui va inscrire une demande en
révision. Il n'est pas content, il a un mouvement d'impatience, il
inscrit sa demande là. Est-ce qu'il est absolument sûr qu'il va
vouloir se rendre au bout? On ne le sait pas, mais sa demande est inscrite
là. Et si on allait exempter toutes ces causes-là... Là,
d'abord, il y a des implications financières qui peuvent être
considérables pour les municipalités concernées et,
deuxièmement, c'est que, là, on ouvrirait la porte à une
double justice parce qu'il y a des causes qui ont déjà
été entendues par le Bureau de révision de
l'évaluation foncière, qui n'ont pas nécessairement
donné lieu à des appels devant les tribunaux, qui auraient
été jugées suivant la théorie jusqu'alors
reçue par le Bureau, la théorie des faisceaux, et là il y
en aurait d'autres qui devraient être jugées suivant un
critère différent, celui de la Cour d'appel, finalement.
Ça fait qu'on est mieux d'exempter ces causes-là,
c'est-à-dire de les soumettre à l'application de la loi, les
demandes qui sont inscrites devant le Bureau de révision, parce que,
autrement on risquerait de défaire ce qu'on essaie de faire.
M. Bélanger (Jean): Encore ici, à mesure qu'on
soustrait de l'amendement uniquement les causes en appel, autres que le Bureau
de révision, pour un entrepreneur, c'est une nette amélioration.
Dans la mesure où les causes pendantes devant le BREF seraient
visées par amendement, mais non les causes en appel pour les rôles
précédents...
M. Ryan: Bon travail.
M. Bélanger (Jean): ...c'est encore là une nette
amélioration. En termes de volume, je ne peux pas dire un ordre de
grandeur, mais, évidemment, c'est une bonne solution au
problème.
M. Ryan: On a un principe ici qu'on n'applique pas toujours.
Quand les choses sont claires, c'est mieux de ne pas parler davantage.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Alors, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Moi, je vais commencer par les causes pendantes
parce que c'est peut-être clair pour le ministre, mais un peu moins pour
moi. Les causes pendantes, actuellement, il y en a qui ont été
traitées devant le tribunal. Le tribunal s'est prononcé. Correct?
Celles-là, vous ne demandez pas qu'elles soient enlevées.
Vous dites qu'il y en a d'autres, par contre, qui sont en
première instance. Mais est-ce qu'elles ont été inscrites
avant le prononcé de la sentence ou après?
M. Bélanger (Jean): Avant, c'est-à-dire avant le 1
er mai 1992.
M. Dufour: Donc, comment vous expliquez qu'il y ait des causes
qui aient été devant la cour et qu'il y en a d'autres qui n'y
sont pas allées? C'est juste une question... «C'est-u» une
question de chance ou d'autre chose?
M. Bélanger (Jean): C'est des causes qui ont
été entendues par la Cour d'appel, qui ont fait jugement... Ce
n'étalent pas des causes sur le rô-ie 1989, mais pour des
rôles antérieurs. Quand on parle des causes pendantes,
essentiellement, il y a peu de causes pendantes devant le BREF pour des causes
autres que le rôle 1992. Règle générale, le Bureau
de révision a entendu la majorité des causes, des plaintes pour
les rôles antérieurs à 1992.
Or, ce dont on parle actuellement, les jugements qu'on a eus de la Cour
d'appel, c'étaient pour quatre entreprises pour des rôles
antérieurs à 1992. Des plaintes de 1992, à ma
connaissance, aucune n'a été entendue suite au jugement comme
tel, sur les faisceaux des droits comme tels.
M. Dufour: Mais les causes dont on parle, depuis quel temps
qu'elles sont commencées?
M. Bélanger (Jean): Lorsqu'on parle des causes
pendantes...
M. Dufour: Celles qui ont eu un jugement de cour, quand ont-elles
commencé?
M. Bélanger (Jean): C'est au mois d'avril 1989. Je ne peux
pas dire combien de rôles antérieurs étaient
visés...
M. Dufour: Ça, c'étaient les rôles triennaux,
qu'on...
M. Bélanger (Jean): Exact.
M. Dufour: ...avait acceptés. Ça a commencé
là.
M. Bélanger (Jean): Oui, entre autres, essentiellement. Il
y a en peut-être d'autres antérieurs, mais, au moins, le
rôle triennal 1989.
M. Dufour: Et là vous m'assurez que toutes celles qui ont
origine de 1989, pour la première année, elles ont toutes
passé en cour.
M. Bélanger (Jean): La grande majorité des plaintes
sur les rôles 1989 et antérieurs...
M. Dufour: Parce qu'il y en a, oui, mais là je vous
demande plus précisément: Est-ce qu'il y a des causes de 1989 qui
ont été déposées dans le temps, correctement, qui
n'ont été traitées
d'aucune façon?
M. Bélanger (Jean): Par le Bureau de révision?
M. Dufour: Oui.
M. Bélanger (Jean): Ah! C'est très marginal. S'il y
en a, c'est marginal.
M. Dufour: Oui, mais écoutez un peu. On dit que, dans un
geste qu'on pose, si on avait à traiter injustement quelqu'un, on est
mieux d'oublier. Si vous m'assurez...
M. Bélanger (Jean): O.K.
M. Dufour: ...qu'il n'y a pas... Toutes les causes de 1989, on va
les prendre année par année... Parce que c'était pour
trois ans, si je comprends bien. Donc, les gens qui pouvaient s'opposer,
règle générale - parce que là je peux faire une
règle générale - c'étaient les gens qui ont eu le
rôle triennal en 1989 Donc, cette contestation-là s'est faite pour
1990, 1991. En 1992, c'est un autre rôle. En 1989, 1990 et 1991, vous
dites que c'est marginal, mais est-ce qu'il y a des cas qui ont
été déposés à temps, qui auraient pu
être à l'intérieur de la contestation ou qui auraient pu
être traités par le tribunal et ils ne l'ont pas été
parce qu'ils n'ont pas eu le temps ou d'autre chose de semblable?
M. Bélanger (Jean): Et j'ajouterais, M. le
député, également, qui se prévaudraient en vertu
des droits, parce qu'il peut y avoir des plaintes sur le rôle de 1989,
qui n'ont pas encore été entendues par le BREF...
M. Dufour: Oui.
M. Bélanger (Jean): ...mais ce ne serait pas des plaintes
qui seraient plaidées en vertu du faisceau des droits; c'est
peut-être des plaintes résidentielles ou des plaintes autres que
pour le litige en question. Évidemment, il peut y avoir d'autres
plaintes, il peut y avoir des plaintes 1989 non encore entendues par le BREF,
mais ce n'est pas nécessairement des plaintes qui seraient
plaidées sur le faisceau des droits. Donc, il n'y a peut-être pas
matière au litige comme tel ici.
M. Dufour: Oui, ça m'embête pareil lorsque vous me
dites: Sur le faisceau des droits. Moi, je pense que c'est sur le faisceau des
droits. Je pense bien que ce que vous demandez, c'est les plaintes en fonction
de l'article 2, pas d'autre chose. (16 h 30)
M. Bélanger (Jean): À la limite, M. le
député, on pourrait évidemment... Nous, ce qui nous
préoccupait davantage, c'était le rôle 1992. Les
rôles antérieurs pourraient ne pas être visés par
l'amendement, ça nous dérangerait moins. Ce qui nous
préoccupe, c'est les plaintes en vertu du rôle 1992. Les anciennes
plaintes, le rôle triennal, par exemple 1989, à la limite, on
pourrait penser qu'on pourrait vivre avec, même si elles n'étaient
pas visées par l'amendement.
M. Dufour: Alors, 1989, 1990, 1991, vous dites que ça,
pour les causes pendantes, ça ne ferait pas partie du projet de loi et
ça ne vous dérangerait pas.
M. Bélanger (Jean): Je pense ... je ne pense pas,
là.
M. Dufour: O.K.
M. Bélanger (Jean): Je peux toujours bien faire des
vérifications, mais, en principe, ça ne doit pas causer de
précédent...
M. Dufour: Le principe est là. Mais 1992, à cette
heure. Combien y a-t-il d'argent d'impliqué dans tout ça? Et
est-ce qu'il y en a qui ont été traitées devant le Bureau
de révision, et qui ont été traitées par la
cour?
M. Bélanger (Jean): Jusqu'à maintenant, le Bureau
de révision a surtout entendu des causes résidentielles sur les
plaintes 1992. Il y a eu peu de plaintes commerciales ou non
résidentielles entendues par le Bureau de révision. En termes de
volume, on peut penser, évidemment, que les plaintes commerciales pour
le rôle foncier sont de l'ordre d'environ 10 000, qu'on vise à ce
moment-là, et il y a environ 40 000 plaintes sur le territoire de la
Communauté pour le rôle 1992: 10 000 plaintes commerciales, 25 000
plaintes résidentielles et environ 5000 plaintes locatives.
M. Dufour: Est-ce que ces plaintes-là, c'est en fonction
de la notion de faisceau de droits, ou si c'est en fonction de toutes sortes
d'affaires?
M. Bélanger (Jean): Évidemment, compte tenu qu'il y
a des motifs de plainte qui ne sont jamais étayés lorsque les
contribuables portent plainte, on ne peut jamais savoir si les plaintes sont au
titre ou non du faisceau des droits. Règle générale, les
contribuables doivent indiquer le motif, mais, règle
générale, on n'indique pas le motif spécifiquement, de la
plainte, comme tel. Donc, on ne peut pas savoir combien du nombre sont
visés par le faisceau des droits comme tel.
M. Dufour: Quand vous nous dites que c'est une
amélioration par rapport à ce que vous avez, les causes
pendantes, pourquoi y tenez-vous autant, s'il n'y a rien? Actuellement,
là. si je vous ai bien suivi, 1989, 1990, 1991, il n'y a pas de
problème là. Les causes pendantes pourraient
demeurer là, ça ne vous dérangerait pas. À
partir de 1992, il y a eu des plaintes, il n'y en a pas de jugées. Et
là vous nous demandez, par la loi, de les amender. Le rôle de
1992, là, si j'ai bien compris, c'était celui de l'an
passé, parce qu'on a fini, on est rendu à 1993, ou si c'est 1992
pour 1993, ou bien 1992...
M. Bélanger (Jean): 1992,1993,1994.
M. Dufour: 1992, 1993, 1994? Bon, le rôle 1992, il a
été déposé...
M. Bélanger (Jean): En septembre dernier. En septembre
1991, excusez.
M. Dufour: En septembre 1991. Je veux être bien sûr
de quoi on parle, là, pour être correct là-dessus. Il a
été déposé. À partir de là, vous avez
des plaintes. Votre crainte, c'est qu'à partir des plaintes qui ont
été traitées en 1989, 1990, 1991 ça se
réapplique en 1992?
M. Bélanger (Jean): Non, nos craintes, c'est que si...
M. Dufour: Ou si c'est un nouveau rôle que vous avez fait,
complètement différent, et vous avez pris d'autres
critères pour l'analyser?
M. Bélanger (Jean): O.K. Nos valeurs pour 1992 ont
été élaborées en tenant compte de la notion de
faisceau des droits.
M. Dufour: Et, en 1989, ce n'est pas comme ça?
M. Bélanger (Jean): Également, aussi. À la
lumière du jugement, si l'amendement vient préciser qu'on devait
tenir compte du faisceau des droits - je simplifie - mais qu'on dit que cette
notion-là, qu'on vient de préciser, qu'on doit tenir compte du
faisceau des droits dans l'évaluation, ça prévaut sauf
pour les plaintes 1992. C'est donc dire qu'on n'aurait pas dû en tenir
compte pour les plaintes 1992. En précisant que le faisceau des droits
doit désormais être pris en compte dans la détermination de
la valeur, si on dit que ça vaut pour les rôles antérieurs,
sauf les causes pendantes devant le Bureau de révision, c'est donc dire
qu'on n'aurait pas dû le prendre en considération dans le BREF.
Aussi bien d'avouer, finalement, que le faisceau des droits, la philosophie du
faisceau des droits devra être prise en compte dans la plainte 1992.
Ça vient confirmer, en d'autres termes, que, oui, c'est bon, le faisceau
des droits, sauf pour les plaintes 1992. Parce que le tribunal, le judiciaire,
va dire quoi, finalement? Que, si le législateur avait voulu les viser,
on l'aurait indiqué. Or, compte tenu qu'on l'exclut de l'amendement,
donc, le faisceau des droits ne s'applique pas aux causes pendantes. A
contrario.
M. Dufour: Oui. Là. là. vous faitos un pou une
plaidoirie d'avocat en disant que, si on le change, c'est parce qu'on avait le
droit. Nous, on sait, par exemple, qu'au moment où la loi est
changée elle est changée. Qu'un avocat plaide qu'ils ont
changé la loi à partir de ça pour qu'on applique ce qui
est passé, je ne suis pas convaincu. Remarquez bien, je ne suis pas un
avocat moi-même, là, je peux bien me tromper, mais, à
première vue, j'ai l'impression que ce n'est pas comme ça. Il
peut peut-être se baser sur ce qui s'est fait par après
plutôt qu'avant. En tout cas, il y aurait peut-être une bonne
plaidoirie à faire là-dessus. Vous ne m'avez pas convaincu, hors
de tout doute, que c'est correct ou pas.
Le pouvoir discrétionnaire de l'évaluateur, vous
l'évaluez comment? Le ministre nous a fait une proposition, il dit: Le
cas échéant... Il doit le faire le cas échéant.
Qu'est-ce qui vous avantage plus par rapport à ça?
M. Bélanger (Jean): La première lecture qu'on en
faisait, évidemment, c'était dans le cas que la théorie
s'appliquait. Si les droits des locataires sont bien évalués, on
les prend tels quels. Dans les cas où pratiquement les locataires
avaient des droits détenus à eux seuls. C'est pour ça
qu'on disait «le cas échéant» dans la mesure
où s'appliquait cette théorie ou ce faisceau des droits.
M. Dufour: Quand on parle des droits détenus à
l'égard de l'unité d'évaluation par une autre personne que
son propriétaire, à part du locataire et du propriétaire,
est-ce qu'il y a d'autres droits qui pourraient s'exercer par d'autres
personnes? Ça pourrait être la succession, ça pourrait
être plusieurs personnes. Comment est-ce que vous...
M. Bélanger (Jean): Certains droits, je pense, entre
autres, aux droits de servitude, par exemple...
M. Dufour: Les droits de servitude.
M. Bélanger (Jean): ...qui pourraient être non
détenus par un locataire, mais c'est un droit également. Donc,
ça pourrait être ce genre de droit non visé par
l'amendement comme tel.
M. Dufour: Mais ça amènerait quoi comme changement
fondamental si vous amenez tout ce monde-là, tout ce beau monde dans des
droits d'évaluation, des droits détenus? Parce que, s'il y a des
droits d'évaluation, il y a des obligations aussi. Comment vous
appliqueriez... Avant, vous n'aviez pas ça. Comment ça
s'appliquait? L'évaluation était juste sur un angle.
M. Bélanger (Jean): Ce que dit, grosso modo, le jugement
de la Cour d'appel, c'est qu'évaluer les droits autres que ceux du
proprié-
taire, c'est-à-dire évaluer les droits notamment des
locataires, ça pouvait être équitable au plan fiscal, mais
qu'il n'y avait pas de fondement légal. C'était une technique,
c'est une approche qui était équitable, mais qui n'était
pas retenue dans notre Loi sur la fiscalité municipale comme telle.
En d'autres termes, on disait: Le faisceau des droits, c'est
équitable, mais il n'y a pas de fondement légal comme tel. On a
cette théorie comme telle ici au Québec.
M. Dufour: En dehors des droits sur l'évaluation, est-ce
que vous connaissez d'autres exemples où on pourrait avoir le même
langage?
M. Bélanger (Jean): À ma connaissance, non.
M. Dufour: Par exemple, sur des frais qu'on perçoit... Par
exemple, le service des vidanges, le service d'eau, les services
d'éclairage. Ça pourrait être à peu près tout
ce que quelqu'un a à payer sur ce qui est attaché à la
bâtisse. Est-ce que vous iriez aussi loin que ce dont on parle là
pourrait s'appliquer autrement que sur l'évaluation?
M. Bélanger (Jean): Essentiellement, non. On voulait se
limiter à l'évaluation comme telle.
M. Dufour: Mais si on attache des droits sur l'évaluation,
est-ce que ça veut dire les obligations qu'on pourrait avoir
vis-à-vis de ceux qui détiennent des droits? Puis, pour la
municipalité, en quoi ça l'avantage?
M. Bélanger (Jean): En fait, la théorie du faisceau
des droits, ce n'est pas tellement des avantages fiscaux comme toujours le
principe de l'équité. Pour deux immeubles identiques, essayer de
s'assurer qu'il y a une certaine équité en termes de recettes
fiscales générées par un immeuble. En plus des baux d'un
certain âge, ainsi de suite, ça peut amener un certain
déséquilibre fiscal parce que, pour les municipalités
comme telles, essentiellement, évidemment pour les services
d'évaluation, la qualité du rôle, c'est
l'équité II n'y a pas d'avantages fiscaux. C'est de s'assurer que
notre assiette fiscale comme telle que l'on fournit aux municipalités
soit le plus équitable. En bout de ligne, c'est toujours s'assurer que
le contribuable qui a à payer le compte de taxes paie une juste part de
sa facture dans le budget total des municipalités. C'est essentiellement
ce qui nous préoccupe comme tel avec le faisceau des droits.
M. Dufour: Le faisceau des droits, est-ce que c'est subjectif ou
objectif...
M. Bélanger (Jean): II y a évidemment, d'une
part...
M. Dufour: ...comme principe?
M. Bélanger (Jean): C'est évidemment objectif dans
le sens qu'il reste à mesurer la valeur d'un droit comme tel. C'est le
principe au moment même du travail des évaluateurs.
Il y a un problème fondamental, c'est que ne pas... Le faisceau
des droits aurait pour effet de créer un déplacement du secteur
commercial vers le secteur résidentiel. Si on n'évalue pas tous
les droits, comme on le fait actuellement, c'est donc dire que
l'évaluation non résidentielle va diminuer. Or, si
l'évaluation non résidentielle diminue, qui va payer le
transfert? C'est le secteur résidentiel. Justement, c'est pour maintenir
la juste part entre les deux catégories qu'on croit fondé
d'évaluer les droits des locataires également. (16 h 40)
M. Dufour: Quand vous évaluez des propriétés
où il n'y a pas de ventes beaucoup, de quelle façon vous faites
une évaluation? Est-ce que vous... L'équité, à
travers tout ça, comment vous pouvez l'exercer? Vous me dites: Je ne
veux pas qu'on transfère un coûl par rapport à l'autre. Jo
comprends ça. Vous dites que vous ne voulez pas que le secteur
résidentiel aille vers un comme l'autre vers l'autre. Quand il n'y a pas
vente, comment vous faites votre évaluation? Est-ce que c'est par la
même technique ou si c'est juste là? C'est ça, ma question.
Est-ce qu'il y a d'autres places où vous pouvez l'appliquer dans la
municipalité?
M. Bélanger (Jean): Le faisceau des droits? M. Dufour:
Oui.
M. Bélanger (Jean): C'est essentiellement dans le secteur
non résidentiel.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui? Un instant!
M. Ryan: Est-ce que vous me permettez de dire un mot?
M. Dufour: Bien sûr, vous avez tous les droits, M. le
ministre.
M. Ryan: Je pense qu'au point de vue du partage du temps
ça va bien.
M. Dufour: Bien non, c'est parce que vous avez...
M. Ryan: Et nous écoutons ce qui se dit, puis je
considère qu'il y a un point qui vaut d'être examiné.
Peut-être qu'on va y gagner dans la formulation définitive qui
viendra le plus tôt possible, je l'espère bien. Peut-être
qu'on pourrait laisser faire la référence à 1992. On va
examiner ça de manière à inclure toutes les
causes qui étaient pendantes, toutes les causes qui
étaient inscrites dans le Bureau d'évaluation. Mais je vais
consulter le président du Bureau avant pour être bien sûr
que ça n'a pas de répercussion qui aille bien au-delà de
ce qu'on pourra anticiper. Puis si les effets sont limités, comme le dit
justement le député de Jonquière, s'il y a
inéquité envers une personne, c'est aussi grave que s'il y en a
envers 50 ou 100. On va regarder ça attentivement. Puis je pense que,
vous autres, vous n'auriez pas d'objection, dans la mesure où on a des
assurances raisonnables que ça demeure une affaire qu'on peut
gérer convenablement, qu'on en tienne compte.
M. Dufour: Ça. cost concernant les causes pendantes.
J'étais sur l'évaluation. J'essayais de savoir de
l'évaluateur ou du représentant de la Communauté urbaine
s'il y avait d'autres endroits au point de vue résidentiel autres que
les commerces, l'industrie aussi, où on peut se servir du faisceau des
droits, de cette notion.
M. Bélanger (Jean): C'est surtout essentiellement dans le
secteur non résidentiel, commercial et industriel.
M. Dufour: Est-ce que c'est unique au Canada, cette
notion-là?
M. Bélanger (Jean): En principe, non. Le
problème...
M. Dufour: À votre connaissance, est-ce que ça
s'applique ailleurs, ces choses-là?
M. Bélanger (Jean): À ma connaissance, c'est une
théorie qui est américaine comme telle, sauf qu'ailleurs en
Amérique du Nord, ce qui arrive souvent aussi, c'est que les
régimes fiscaux sont fort différents également. Par
exemple, le modèle de Toronto où les valeurs sont là
depuis 1944.
M. Dufour: Non, ça, ce n'est pas un exemple.
M. Bélanger (Jean): Vous avez d'autres cas,
évidemment, où les valeurs sont gelées et c'est
évidemment des valeurs... Les valeurs sont souvent à des niveaux
différents du secteur résidentiel. On peut évaluer le
résidentiel à 75 % de sa valeur, le commercial à 100 %.
Donc, c'est des régimes fiscaux tellement particuliers qu'il est
difficile de les comparer un à l'autre avec le Québec.
M. Dufour: As-tu des questions, Jean? M. Garon:
J'écoute!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il n'y a pas
d'autres questions?
M. Dufour: Pour le moment. On va en avoir d'autres qui vont venir
se présenter, on va les écouter.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M.
Bélanger et M. Aubin, je crois?
Une voix: M. Caron.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Garon. Nous vous
remercions de votre présence.
Une voix: Garon, il y en a assez d'un. M. Dufour: On vous
remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'aimerais
demander aux membres de cette commission quel groupe ils veulent entendre entre
l'association canadienne d'affectation de taxation, la Corporation des
évaluateurs agréés ou l'Institut de développement
urbain. N'importe lequel?
M. Dufour: Bien là, on pourrait..
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la Corporation
des évaluateurs agréés, si vous voulez bien prendre
place.
M. Dufour: Le président est là. On va
libérer la place.
M. Ryan: M. Kirouac et M. Lachapelle. Une voix: C'est
ça.
La Présidente (Mme Bélanger): II faut qu'il
s'identifie de toute façon.
M. Ryan: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je demanderais
au porte-parole de s'identifier et de présenter la personne qui
l'accompagne.
Corporation professionnelle des évaluateurs
agréés du Québec
M. Lachapelle (Yves): Mon nom est Yves Lachapelle. Je suis le
président du comité des affaires municipales au sein de la
Corporation des évaluateurs agréés du Québec. Et la
personne qui m'accompagne...
M. Kirouac (Jean-Guy): Jean-Guy Kirouac, évaluateur
agréé.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Lachapelle,
vous avez 10 minutes pour faire votre exposé et vos commentaires. Et
suivra une période de questions des deux formations politiques. M.
Lachapelle.
M. Lachapelle: Je pense que, comme représentants de la
Corporation au sein du comité des affaires municipales, on peut dire
qu'à la lecture du projet de loi qui est actuellement sous étude,
dans l'ensemble, il ne nous apparaît pas qu'il y ait là des
problèmes bien, bien fondamentaux. Cependant, il y a l'article 2 qui
attire un peu notre attention. L'article 2 fait suite définitivement au
jugement Ansec où on attaquait le principe du faisceau de droits.
Évidemment, si le jugement Ansec devait avoir pour conséquence
que l'évaluateur n'applique pas le faisceau de droits, nous serions dans
une situation un peu embêtante parce que nous perdrions à ce
moment-ci ce que nous avons toujours fait dans le passé,
c'est-à-dire trouver une méthode pour assurer un
équilibre, pour assurer un concept d'équité à
l'intérieur des valeurs dans le rôle. Alors, c'est une pratique
que nous avons toujours eue en évaluation foncière municipale.
L'ensemble des évaluateurs applique cette théorie et l'applique
principalement à l'intérieur de la technique sur les revenus,
c'est-à-dire que toutes celles des valeurs qu'on trouve à partir
de la technique du revenu doivent tenir compte de la théorie du faisceau
des droits.
Alors, dans la préparation des rôles d'évaluation,
nous avons à appliquer trois techniques, celles, entre autres, des
coûts de construction ou encore de la parité, c'est-à-dire
lorsqu'il y a du marché et lorsqu'il y a des revenus, c'est la technique
du revenu. Et, lorsqu'on applique la technique du revenu, la pratique de
l'ensemble des signataires de rôles de la province utilisait la
théorie du faisceau de droits et l'article de la loi que nous avons
à l'heure actuelle ne vient que consacrer une pratique que nous avons
eue à venir jusqu'à présent. Et, si on devait utiliser une
discrétion à son application, c'est que nous perdrions
l'équilibre, l'équité à l'intérieur du
rôle d'évaluation.
Alors, c'est sûr que le libellé tel qu'il est
formulé à l'heure actuelle donne l'impression d'une
discrétion d'application. M. le ministre, tout à l'heure, nous
disait qu'il était pour y avoir certains amendements. À cet
égard, je pense que nous serions d'accord si on le modifiait pour que ce
soit nécessairement applicable.
Alors, ça résume un peu, je pense bien, la position de la
Corporation à cet égard. Et, s'il y avait des questions, je pense
qu'on est ouvert à répondre aux questions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Oui, Mme la Présidente. Je suis bien content de
prendre connaissance de l'avis des représentants du comité des
affaires municipales de la Corporation professionnelle des évaluateurs
agréés du Québec. Je pense que l'avis que nous venons
d'entendre se rapproche sensiblement de ce qui a été mis sur la
table au début de cette partie de nos travaux, tantôt. Et moi,
j'en suis fort heureux. D'après ce que je comprends, des modifications
dans le sens de celles qui ont été indiquées, sujettes
à une formulation technique définitive, iraient dans le sens de
vos attentes.
M. Lachapelle: Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Très bien. Ça, je l'apprécie au
plus haut point, pas parce que vous pensez comme nous, mais parce qu'il y a une
chance qu'on arrive à mieux servir le bien général s'il
n'y a pas de désaccord là-dessus, évidemment.
Deux questions, peut-être, un petit peu plus larges. Voulez-vous
nous dire, si on n'adoptait pas cet amendement-là, si on ne modifiait
pas la Loi sur la fiscalité municipale à cet article-ci, quelles
seraient les conséquences?
M. Lachapelle: Évidemment, on est dans le monde de
l'hypothèse, c'est évident, sauf que nous serions...
M. Ryan: On est entendu. Ha, ha, ha!
M. Lachapelle: ...sauf que nous pensons que, si le jugement Ansec
devait s'exécuter tel qu'il a été sorti,
l'évaluateur aurait à tenir compte des loyers contractuels
davantage que des loyers paritaires, de telle sorte qu'il y aurait une forte
portion de la valeur qui disparaîtrait du rôle d'évaluation.
Et, nécessairement, les prétentions des parties en cause nous
amèneraient à considérer leurs propos davantaqo que
d'essayer de trouver une valeur équilibrée ou équitable
dans le rôle.
M. Ryan: J'aimerais peut-être vous demander une
explication. Vous avez dit tantôt qu'il y avait trois méthodes
pour établir la valeur d'une propriété. Vous avez
parlé des coûts de construction, de la parité, les revenus
que génère la propriété. Est-ce que ce sont trois
méthodes que vous utilisez à l'exclusion l'une de l'autre ou que
vous pouvez utiliser en les combinant parfois dans l'évaluation d'une
même propriété? (16 h 50)
M. Lachapelle: En fait, dans la préparation des valeurs
à inscrire au rôle on tient compte des trois méthodes, des
trois techniques. Et nous avons à discarter l'une ou l'autre,
dépendant si nous avons de quoi être capables d'appuyer notre
jugement. C'est sûr que si nous n'avons pas de marché, il est
difficile d'utiliser la technique de parité. Si nous n'avons pas de
revenus, c'est évident que c'est difficile d'appliquer la technique des
revenus. Il y a toujours une technique qui s'applique, c'est
nécessairement celle du coût.
M. Ryan: Maintenant, la technique que vous retenez le plus
souvent, j'imagine que c'est celle de la parité. Est-ce que je me
trompe7
M. Lachapelle: Lorsque nous avons du marché, et,
habituellement, lorsqu'il y a du marché, il y a aussi des revenus.
Habituellement, ce sont les deux techniques que nous retenons davantage. Alors,
au contraire de ce qui s'est dit tout à l'heure, la technique des
revenus s'applique aussi à ces propriétés dites
multifamiliales, les propriétés à revenus sont aussi pour
le multifamilial. Ce n'est pas exclusivement pour le non-résidentiel.
Ça s'applique pour les propriétés à
appartements.
M. Ryan: Maintenant, si vous me le permettez encore, vous autres,
depuis combien de temps êtes-vous habilités à recourir
à l'une ou l'autre de ces techniques-là dans l'évaluation
d'une propriété? Surtout la technique des revenus?
M. Lachapelle: Je vous dirai que c'est depuis le temps de ma
pratique, et ma pratique date de 35 ans.
M. Ryan: Et le jugement de la Cour d'appel, si on devait
l'appliquer littéralement, il viendrait mettre un terme à cette
belle expérience de quelque 35 ans.
M. Lachapelle: Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Merci. Vous plaidez plutôt pour le
réalisme.
M. Lachapelle: ha, ha, ha! absolument.
M. Kirouac: On plaide surtout pour l'équité, si
vous me permettez. L'application du jugement Ansec, tel qu'il existe
actuellement, conduirait à une iniquité. Or, les
évaluateurs, depuis le temps qu'ils pratiquent - M. Lachapelle parlait
de 35 ans et moi-même depuis 20 ans - on a toujours cru que les
législateurs nous disaient dans la loi d'être équitables
envers tous les contribuables et d'évaluer tous les gens de la
même façon, sur la même base. Donc, pour appliquer ce
principe d'équité, il faut absolument tenir compte, dans le cas
des édifices à revenus, de l'ensemble des droits, parce qu'on
sait que dans ce cas-là particulier, ce qui n'est pas le cas pour les
propriétés industrielles, institutionnelles, pour les bungalows,
par exemple, les propriétaires d'immeubles commerciaux peuvent consentir
des avantages à des tierces parties qui sont prenantes dans
l'édifice, soit, par exemple, des locataires.
Or, ne pas tenir compte de ces avantages-là, qui sont transmis
à d'éventuels locataires, nous obligerait à
sous-évaluer ces immeubles-là, alors que ce n'est pas le cas dans
les autres catégories d'immeubles, comme les propriétés
résidentielles, unifamiliales, comme les propriétés
institutionnelles ou industrielles. Alors, ça nous conduirait
inévitablement à une iniquité dans les rôles
d'évaluation, donc, à des déplacements du fardeau fiscal.
On n'a jamais cru que l'indication des législateurs était, quant
aux évaluateurs agréés en pratique municipale,
d'être inéquitables.
M. Ryan: J'apprécie la clarté de vos explications
et j'en suis satisfait.
M. Kirouac: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je vais continuer sur ce que M. Kirouac vient de nous
dire, à l'effet que, s'il se basait seulement sur les revenus, ça
pourrait être inéquitable.
M. Kirouac: Ce que je veux dire, c'est que, si on ne se basait
que sur les revenus déclarés dans des baux qui n'étaient
pas représentatifs du marché, ce serait inéquitable,
effectivement. De plus en plus, aujourd'hui, dans les entreprises commerciales
d'envergure, on se rend compte qu'il y a des projets ou des
développements qui se font, ce qu'on appelle des «joint
ventures». C'est-à-dire qu'un propriétaire immobilier, pour
construire quelque chose, va s'associer à des locataires majeurs dans
l'immeuble, lesquels vont devenir copropriétaires de l'immeuble et pour
lesquels le propriétaire majeur va consentir des loyers bien
inférieurs au marché, pour que ces gens-là puissent
s'associer à lui pour promouvoir l'immeuble, pour construire, par
exemple, l'immeuble.
Alors, ce sont des avantages qui sont cédés par le
propriétaire à des locataires pour des prix évidemment
bien inférieurs au marché, pour que le locataire éventuel
puisse s'associer à la construction de l'immeuble, en devenir
copropriétaire. Or, ce genre de pratique est de plus en plus
fréquente dans notre monde économique, en particulier quand on
parle de centres commerciaux, d'édifices à bureaux ou même
d'hôtellerie. C'est les cas qui nous occupent. À ce
moment-là, si on était obligé de tenir compte de ces
loyers contractuels par rapport aux loyers du marché, ce qui se paie
normalement, on se trouverait à priviléger, par exemple, un
propriétaire de centre d'achats par rapport à son voisin d'en
face qui, lui, serait propriétaire de tout l'immeuble et aurait
contracté des baux normaux envers ses locataires. On
sous-évaluerait le propriétaire d'en face, si bien qu'on
créerait une iniquité fiscale. Il y aurait un avantage fiscal, au
point de vue de la taxation municipale, envers le propriétaire qui
aurait contracté des baux avantageux par rapport à son
compétiteur d'en face qui n'aurait pas contracté ces dits baux
avantageux là, qui aurait plutôt des baux normaux.
Or, nous, tout ce qu'on dit, la théorie du faisceau des droits,
ce qu'elle nous permet de faire, c'est que, si jamais on rencontre des baux qui
ne sont pas des baux normaux, on peut les substituer, les remplacer par ce qui
se contracte
normalement, des baux normaux. C'est tout simplement ce que ça
nous permet de faire. Ce n'est pas plus ni moins que ça. Ce n'est pas
une nouvelle invention, ce n'est pas une méthode nouvelle pour aller sur
la lune, là, c'est tout simplement de rétablir les choses
à ce qu'elles peuvent être économiquement normales.
M. Dufour: Ce que vous me dites, là, je le comprends assez
bien par rapport à... Parlons en termes que tout le monde connaît.
Là, on fait allusion à un centre d'achats. Il y a un magasin
à grande surface, il profite d'un bail à rabais,
considérant l'achalandage, etc. Tout le monde est d'accord, pas
nécessairement sur le coût qu'il paie, mais tout le monde est au
courant que ça se passe un peu, ça peut se passer.
Mai;., iiidôpoixlammon! do ça Ça. r'oNt lo cas
extrême ou le cas le plus facile à comprendre dans vos
explications. Supposons, par exemple, qu'il y a trois immeubles un à
côté de l'autre, dans un endroit donné, et que, pour une
raison ou pour d'autres, les baux ont tendance... Parce qu'ils ont
été loués dans un marché un peu moins bon,
là, ils sont plus bas. Est-ce que vous voulez me dire que, vous,
d'autorité, comme évaluateur, vous pouvez remonter cette
évaluation-là juste sur le principe que les autres autour paient
ce prix-là? Lui, il devrait passer la même chose même si, en
réalité, il retire ces prix-là. Un centre d'achats, je
pense que... Moi, je comprends bien... En tout cas, le gros jugement nous dit:
Ça, il y a peut-être quelque chose là-dedans. Mais, par
rapport à trois bâtisses complètement en dehors, selon les
explications que je donne, est-ce que vous me dites que, d'autorité,
vous pourriez, avec ce projet de loi, rétablir l'équité
les uns par rapport aux autres?
M. Kirouac: Ce que je vous dis, c'est que si, dans une
municipalité, il n'y a que ces trois immeubles à bureaux
là...
M. Dufour: II pourrait y en avoir six aussi. J'ai dit trois,
là.
M. Kirouac: Disons qu'il y en a seulement trois.
M. Dufour: Oui.
M. Kirouac: Puis si ces trois immeubles à bureaux
là, les loyers sont très bas, pour des raisons économiques
structurales dans cette municipalité-là, l'évaluateur
n'aura pas d'autre choix que de tenir compte d'une valeur réduite parce
que la structure économique de cette municipalité-là ne
permet pas des loyers aussi élevés que dans d'autres
municipalités. Si, par exemple, dans une municipalité, vous avez
trois édifices à bureaux qui ont des loyers avantageux et, dans
un autre secteur de la municipalité, vous avez une dizaine ou une
vingtaine d'autres édifices à bureaux qui
bénéficient de baux normaux, à ce moment-là, je
vous dis que l'évaluateur, aussi longtemps que ma pratique peut reculer,
quant à nous, devait, d'autorité, corriger ces baux-là et
se ramener à un bail normal qui était consenti sur le
marché pour fins d'inscription de sa valeur au rôle
d'évaluation. On s'entend bien, là. Il ne s'agit pas de vendre
l'immeuble, là. Il s'agit tout simplement de porter au rôle
d'évaluation la valeur de la propriété pour des fins
d'équité fiscale, pour les fins de taxation, pour que tout le
monde paie sa juste part des dépenses municipales et non pour vendre la
bâtisse, là.
M. Dufour: Mme la Présidente... M. Morin: Mme la
Présidente
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Vous venez de mentionner: II ne s'agit pas de vendre
l'immeuble, là. L'interrogation que j'avais, c'est justement par rapport
à la valeur des transactions, qui est un critère majeur, qui est
un facteur majeur dans l'évaluation. Vous n'avez pas là les
indications nécessaires qui tiennent compte implicitement des avantages
qu'on retrouve... Les avantages dont vous faisiez mention ou la
disparité entre les avantages, on les retrouve à
l'intérieur des valeurs des transactions.
M. Kirouac: On a toujours cru, nous...
M. Morin: L'équité ne se retrouve pas, à ce
moment-là, là?
M. Kirouac: ...que les articles de loi, tels qu'ils
étaient libellés, nous permettaient d'inclure le faisceau des
droits et d'inclure à la valeur de transaction, pour ces
immeubles-là, le faisceau des droits qui n'y était pas inclus. On
a toujours pensé que c'était le cas. Sauf que le récent
jugement Ansec vient nous dire: Non, ce n'est pas le cas. Tel que la loi...
Vous auriez probablement raison. Sur le plan de l'équité, ce que
le juge nous a dit, c'est que c'est vrai que ce serait plus équitable.
Le fardeau fiscal serait mieux distribué entre les contribuables. Mais,
sur le plan de la rédaction des lois, je pense que les
évaluateurs, vous avez mal lu; donc, on corrige la valeur. Nous,
à ce moment-là, c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui,
c'est-à-dire pour changer le libellé pour permettre une
redistribution équitable du fardeau fiscal. (17 heures)
M. Lachapelle: Mais, pour me permettre de répondre
directement à votre question, il faut quand même dire que toutes
les propriétés qui sont assujetties à la technique du
revenu ne font pas nécessairement l'objet d'une vente.
M. Morin: Non, d'accord.
M. Lachapelle: alors, lorsque vous n'avez pas de vente, c'est
évident qu'à ce moment-là on applique la technique du
revenu. et c'est à l'application de la technique du revenu qu'on veut
avoir une équité à l'intérieur des valeurs. or,
vous avez raison, en partie, lorsqu'il y a du marché.
M. Morin: Si on donne l'exemple des condominiums, dans des
secteurs fort achalandés, et que le marché est très fort,
il y a beaucoup de transactions, le problème ne se présente pas
ou, du moins, beaucoup moins.
M. Kirouac: Le problème ne se présente pas, sauf
que l'évaluateur a toujours la responsabilité, s'il juge qu'une
vente est une vente entre parties liées, de ne pas en tenir compte. Si
vous me vendez votre condominium 100 $ sous prétexte qu'on est des bons
amis, l'évaluateur, les 100 $, il les oublie. Ce n'est pas une vraie
transaction. S'il y a des intérêts entre les parties, c'est
à ce moment-là que les évaluateurs, eux, utilisent leur
discrétion. Ce qui est le cas de plus en plus, où on rencontre
souvent, dans le secteur commercial, des intérêts liés.
À ce moment-là, l'évalua-teur est obligé d'ajuster
les contrats entre les parties liées pour tenir compte d'une transaction
normale où les parties ne seraient pas liées. C'est là que
vient s'appliquer cette théorie-là qu'on appelle «du
faisceau des droits», qui sert tout simplement à ramener les
choses à la normalité.
M. Dufour: Si, par exemple... Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Vous m'avez reconnu, je vais pouvoir poser ma
question. Vous me dites, oui, vous autres, vous amendez ce pouvoir
discrétionnaire, vous allez pouvoir utiliser cette technique pour faire
l'évaluation. Et comme c'est une technique qui peut, jusqu'à un
certain point, être subjective, comment la personne affectée
peut-elle contester votre évaluation? Est-ce qu'elle e accès au
même dossier? Comment elle peut le faire? Parce que vous me dites: On
suggère, nous autres, que ce soit le bon jugement. J'ai bonne conscience
un peu, jusqu'à un certain point. Vous l'évaluez de cette
façon-là.
La personne qui est évaluée dit: Écoutez ur peu.
Moi, je sais ce qui entre dans ma poche ei ce qui en sort. Donc, elle dit: Mes
locations soni trop basses, peut-être, mais plutôt que de perdre
mes bonnes bâtisses, je n'ai pas de monde dedans, je décide de
louer à meilleur marché. Ce peut arriver que du monde... C'est
bien correct Ça peut arriver aussi qu'il y en ait qui essaient de
frauder. On ne peut pas baser toutes nos lois sur les fraudeurs. Ça ne
serait pas vivable, surtout pas là-dedans.
Comment la personne qui pourrait être affectée, ou pas
d'accord, ou en désaccord avec vous autres pourrait-elle se
comporter?
M. Lachapelle: La personne peut se comporter de la même
manière que nous nous comportons, c'est-à-dire qu'elle aura les
mêmes instruments, la même approche pour aller faire valoir son
opinion sur la valeur, qui diffère nécessairement de notre
opinion sur la valeur. Alors, elle aura à trouver d'autres loyers
paritaires qui viendraient la soutenir dans son approche pour prétendre
que l'évaluateur, nécessairement, n'a pas utilisé les bons
revenus pour cette propriété-là. Elle a exactement, comme
dans le passé, d'ailleurs, cette même approche que nous avons.
M. Dufour: Mais si les baux, pour une raison ou pour une autre,
sont trop élevés?
M. Lachapelle: Si, dans l'ensemble de la municipalité, les
baux sont trop élevés, on va évaluer nécessairement
selon ce trop élevé. Ça, c'est une conjoncture. C'est en
relation avec la conjoncture économique. Alors, il est rare qu'une
situation générale ne se traduira pas dans le rôle. Il faut
que ça se traduise dans les valeurs. Si on est dans une conjoncture
économique excellente, c'est évident qu'on va traduire dans le
rôle d'évaluation les valeurs excellentes qui se vendent ou qui se
construisent, ou qui se louent.
M. Dufour: Mais quand on parle de technique du revenu, est-ce que
vous parlez aussi de la technique de l'état des locaux? Il peut y avoir
trois blocs - je reviens à mes trois bâtisses - trois tours qui
sont en location. Il y en a où c'est plus élevé, mais la
qualité est différente. Le terrain devrait être plus cher;
il y a peut-être des avantages s'il y a deux élévateurs
plutôt qu'un; il y a toutes ces choses-là. Comment ça entre
en ligne de compte, tout ça?
M. Kirouac: On tient compte de tous ces avantages et ces
inconvénients-là, de chacun de ces trois
édifices-là, individuellement. Ils sont ! pris comme des cas
particuliers. Ils sont évalués comme des cas particuliers. Alors,
s'il y en a un ¦ en particulier qui jouit d'un terrain ou, en tout cas, a
le désavantage d'un terrain qui est mal situé, à ce
moment-là, le terrain sera évalué moins cher. Si les
locaux sont moins bien : aménagés, il y a une
désuétude, les plafonds sont : trop bas ou il y a des
problèmes, par exemple, ! de ventilation, ce qu'on rencontre souvent,
à ce moment-là, l'évaluateur aura à en tenir compte
dans sa technique du revenu, aura, par exemple, à diminuer les baux,
soit contractuels qu'il aura décidé de prendre ou soit des baux
paritaires, de
la proportion correspondante, ou bien soit à rajouter dans
l'état des revenus et dépenses des dépenses
additionnelles, ce qui fera réduire le revenu net de l'immeuble.
L'immeuble ayant des revenus nets inférieurs se vend moins cher, donc
sera évalué moins cher. Alors, l'évaluateur tient compte
de tous ces aspects-là dans son expertise.
M. Dufour: Qu'est-ce qui fait qu'actuellement ce
problème-là revient à la surface, gros, gros, gros comme
ça? Parce que vous en avez déjà fait, de
l'évaluation: 35 ans, 20 ans: 55 ans, une grande expérience.
C'est quoi, là?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Vous ferez l'addition et vous diviserez par deux.
M. Kirouac: C'est ça. On vous répondrait simplement
que c'est un jugement qui vient d'arriver, un jugement, d'ailleurs, auquel on
ne s'attendait pas du tout. Et de ne pas réagir immédiatement,
d'attendre un éventuel jugement de la Cour suprême, ce serait trop
onéreux pour tout le monde.
M. Dufour: Vous prétendez qu'il n'y a jamais eu de
contestation avant ce jugement-là.
M. Kirouac: Ah! il y en a eu beaucoup, de contestation, avant ce
jugement-là. À un moment donné, le Bureau de
révision a été unanime à soutenir la théorie
du faisceau des droits. Cependant, la Cour du Québec a eu des
interprétations divergentes, si bien que le dossier a été
amené en Cour d'appel pour que la Cour d'appel tranche le débat.
La Cour d'appel, malheureusement, a tranché le débat de la
façon qu'on connaît, c'est-à-dire en disant que la
théorie du faisceau des droits était tout à fait
applicable, était normale sur le plan équité, sauf que,
sur le plan législatif, le texte de loi ne permettait pas cette
lecture-là. Et, plus que ça, la Cour d'appel dit: Après
1980, il ne le permettait pas mais, avant 1980, il le permettait, le texte
législatif. Donc, entre les deux, en 1980, quand on a adopté la
Loi sur la fiscalité municipale, on a perdu un petit bout. Dans la
législation, il s'est perdu des mots ou des virgules, et il s'agit de
récupérer ceci.
M. Dufour: Lorsque le ministère a appliqué la
fiscalité municipale, il s'est engagé, jusqu'à un certain
point, à publier des volumes pour permettre de mieux identifier la
façon d'évaluer. Il l'a fait pour les résidences, en tout
cas. À ce que je sache, il l'a fait pour le résidentiel. Est-ce
qu'il l'a fait aussi pour l'industriel? L'industriel, c'est non, il ne l'a pas
fait. Est-ce qu'il l'a fait pour le commercial? Vous savez, il publiait des
volumes, à un moment donné, et il disait: Bien, c'est comme
ça que vous pouvez évaluer, tenir compte de telle chose
plutôt que de telle autre. Est-ce qu'il a continué dans cette
projection-là, selon vos informations?
M. Lachapelle: Voici. Sur le plan de la réforme sur
l'évaluation foncière...
M. Dufour: Oui.
M. Lachapelle: ...qui date quand même de 1979, dans ces
environs-là, il y a eu un manuel d'évaluation...
M. Dufour: C'est ça
M. Lachapelle: ...qui a été
réglementé. Il est toujours en force, il est toujours en vigueur.
Et c'est à partir, nécessairement, de ce manuel, des techniques
qui sont énoncées nécessairement dans ce manuel, que nous
agissons à l'heure actuelle.
M. Dufour: Et ce manuel-là est suffisamment précis,
en tout cas, pour que, vous, vous en tiriez une conclusion que vous pouvez vous
servir de l'élément, des faisceaux de droits...
M. Lachapelle: Oui.
M. Dufour: ...pour faire l'évaluation?
M. Lachapelle: Oui, monsieur.
M. Dufour: Parce que, quand je regarde la loi, ce n'est pas si
clair, clair que ça. Aux articles 43 à 45, on parle, à un
certain moment, de la valeur... Ce avec quoi je suis plus familier, c'est
effectivement la valeur réelle d'une unité d'évaluation,
sa valeur d'échange sur un marché libre, etc. Tout le monde sait
ça. Quelqu'un qui ne veut pas acheter, quelqu'un qui ne veut pas
vendre... Le 44, c'est le prix probable et, 45, qui doit avoir l'incidence,
dit: «Pour établir la valeur réelle d'une unité
d'évaluation, il faut notamment tenir compte de l'incidence que peut
avoir sur son prix de vente le plus probable la considération des
avantages ou désavantages qu'elle peut apporter, en les
considérant de façon objective.»
J'ai posé la question, tout à l'heure, à M.
Bélanger, à savoir: Est-ce que, lui, considère que c'est
une notion objective? J'ai bien l'impression que, si je vous la posais,
j'aurais la même réponse parce que, si vous ne croyiez pas
à ce que vous dites, vous ne seriez pas là. C'est un peu
ça. Bien, je ne vous poserai pas la question. Je vais essayer de me
faire un jugement par rapport à ça. Point, à la ligne.
Moi, j'aurais à peu près complété, à moins
que vous n'ayez des choses à nous rajouter pour mieux nous
éclairer. Je vous remercie.
M. Ryan: Nous, ça va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va.
M. Ryan: Merci.
M. Dufour: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci beaucoup, MM.
Kirouac et Lachapelle. (17 h 10)
Alors, j'appellerais les gens de l'Institut de développement
urbain du Québec à bien vouloir se présenter à la
table.
Alors, si vous voulez bien vous identifier, madame.
Institut de développement urbain du
Québec
Mme Howard (Marion): Mon nom est Marion Howard, de l'Institut de
développement urbain du Québec. Je suis directrice
générale. On est concernés par l'article 45.1 pour
plusieurs raisons. Puis, premièrement, malheureusement, le
président de l'Institut ne pouvait pas être ici aujourd'hui parce
qu'il est à Londres. Mais il aurait préféré pouvoir
intervenir lui-même.
Une voix: On peut aller à Londres!
Mme Howard: Vous seriez les bienvenus.
L'Institut regroupe les propriétaires et promoteurs immobiliers
de la province de Québec. Et la modification qui a été
apportée avec le jugement de la Cour d'appel était quelque chose
qu'on attendait depuis longtemps. Alors, pour nous, ce n'était pas si
radical que ça, le jugement. On l'espérait. Ce qui nous fait
peur, c'est que l'article porte beaucoup à l'arbitraire. On ne sait pas
exactement comment il va être interprété, et puis sur quel
genre et catégorie d'immeubles il va être
interprété. On se questionne, à savoir, c'est quoi les
impacts réels du jugement. On a entendu la Communauté urbaine de
Montréal ainsi que la Corporation des évalua-teurs, mais je n'ai
pas encore, à ce jour, entendu c'est quoi le problème. Est-ce que
c'est des... Puis, si on pouvait savoir l'impact, et peut-être le
fardeau, on pourrait peut-être s'arranger pour ne pas être
obligé de rentrer quelque chose qui changerait vraiment toute la base
d'imposition telle qu'on la connaît.
Puis, la notion de valeur marchande, pour tous nos membres, c'est une
notion qu'on connaît bien, avec laquelle on vit de jour en jour; on est
obligé de vivre avec, avec les institutions financières. Ce n'est
pas quelque chose d'étranger. Or, nous, ce qu'on aurait aimé
voir, c'est un peu si, le problème, c'est que ce jugement fait des
modifications en sorte qu'il y aurait un manque à gagner. Bien, c'est
quoi, le manque à gagner? Puis peut-être qu'en travaillant on
pourrait trouver d'autres solutions que de modifier une loi comme ça, du
jour au lendemain, sans vraiment préavis, sans consultation.
Puis je vous dirais qu'en consultation, ici, je ne m'attendais pas du
tout à être obligée d'intervenir. Alors, on aurait
aimé se préparer peut-être un peu mieux pour cette
intervention-là Mais, encore là, s'il y a un problème,
quel est le problème? Puis, peut-être qu'on peut le
résoudre autrement. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va. Alors,
M. le ministre.
M. Ryan: Si vous n'avez pas d'objection, peut-être que le
député de Jonquière pourrait réagir pour commencer,
puis je réagirai ensuite. C'est parce que j'ai eu un moment de
dérangement, autre chose. Pas par manque d'intérêt du tout,
là, Mme Howard. Nous sommes bien contents que vous soyez là, puis
vous saluerez votre président pour nous.
Mme Howard: Merci.
M. Ryan: II n'a rien qu'à passer autant de temps au
Québec qu'à Londres, puis le développement va se faire
plus vite.
Mme Howard: On aimerait bien.
M. Dufour: Si le ministre avait suivi mon conseil, il aurait pu
faire une commission roga-toire, puis on aurait été l'interroger
à Rome, s'il l'avait fallu. Il n'y a pas de problème, il n'y a
pas de distance pour nous autres. Il n'y a rien de trop beau.
M. Ryan: ...de l'Opposition. Les dépenses... Ha, ha,
ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: C'est une commission, hein. Voilà. Alors, vous
nous dites que vous déplorez d'abord que vous n'ayez pas
été pressentis suffisamment à l'avance. Depuis quand
êtes-vous au courant de ce projet de loi?
Mme Howard: J'ai reçu le projet de loi mercredi
dernier.
M. Dufour: Est-ce que c'est à votre demande? Comment vous
en avez pris connaissance?
Mme Howard: Bien, on est abonnés à
l'Assemblée nationale...
M. Dufour: À la Gazette officielle du
Québec.
Mme Howard: ...et on reçoit les projets de loi par la
poste.
M. Dufour: Est-ce que vous...
Mme Howard: On attendait beaucoup de modifications sur la loi
145. On ne savait pas exactement comment ça allait se formuler pour le
faisceau des droits. Alors, on attendait d'autres dispositions
législatives. Alors, on avait l'oeil attentif. On l'attendait avec
impatience.
M. Dufour: donc, vous étiez consciente qu'il pouvait y
avoir un projet de loi traitant du faisceau des droits, la, quelque part dans
le temps.
Mme Howard: Pas autant le faisceau des droits, mais la loi 145
sur la surtaxe sur les immeubles non résidentiels.
M. Dufour: Et vous nous dites que cet article-là...
Mme Howard: On ne savait pas exactement comment ils allaient
traiter le faisceau des droits.
M. Dufour: D'accord. Vous dites que l'article qui est à
l'intérieur du projet de loi porte à l'arbitraire. Est-ce que
vous pouvez élaborer là-dessus? Moi, j'ai remarqué que
vous vous êtes présentée comme Maria...
Mme Howard: Marion Howard.
M. Dufour: Coburn hein? C'est ça? Et qu'est-ce que vous
faites? Est-ce que...
Mme Howard: Moi, je suis directrice générale. Je ne
suis pas promoteur immobilier, malheureusement.
M. Dufour: Vous êtes directrice générale de
l'Institut.
Mme Howard: Oui.
M. Dufour: Au point de vue de l'arbitraire, c'est...
Mme Howard: Bien, ce que nos conseillers juridiques nous ont dit,
parce qu'on a étudié le cas, naturellement, on avait certaines
positions qu'on avait prises mais on ne savait pas exactement quelles
modifications allaient s'incorporer ou allaient en découler. Mais,
là, on verrait peut-être que la théorie pourrait s'utiliser
sur un propriétaire par rapport à un autre. Quand on peut tenir
compte de tout et en partie, ça pourrait être un
propriétaire par rapport à un autre propriétaire
immobilier. Ça me semble être très ouvert à
être interprété d'une façon ou d'une autre.
M. Dufour: Vous avez peur qu'on ne se serve de cet article...
Mme Howard: Puis dans une municipalité par rapport
à une autre ou dans une...
M. Dufour: Vous avez peur de l'arbitraire.
Mme Howard: Bien, on a peur de l'arbitraire, oui, parce qu'on ne
sait pas l'étendue de ce pouvoir.
M. Dufour: Mais, vous avez...
Mme Howard: Et puis, naturellement...
M. Dufour: Oui.
Mme Howard: ...le faisceau des droits, ce n'est pas la valeur
marchande, hein? D'après moi, on s'éloigne de plus en plus d'une
valeur que tout le monde connaît: c'est la valeur marchande, c'est la
valeur au marché.
M. Dufour: Mais vous avez eu l'occasion d'écouter les
intervenants qui vous ont précédée, de quelle façon
eux voient la solution au problème qu'ils ont devant eux. Mais ils ont
été plus loin que ça, ils ont dit: On l'a toujours
appliquée, cette théorie-là.
Mme Howard: C'est ce qu'ils ont dit. M. Dufour: Oui.
Mme Howard: Moi, je vous dirais qu'il y aurait eu beaucoup de cas
à la cour. C'est ce qu'ils ont dit également. Alors, je ne sais
pas. Il me semble qu'une cour d'appel a jugé sur cette situation.
M. Dufour: Mais est-ce que vous avez l'impression qu'avant
c'était toujours la valeur marchande qui était
appliquée?
Mme Howard: Non, je ne penserais pas.
M. Dufour: Vous n'aviez pas cette impression-là?
Mme Howard: Bien, non, parce que je sais que la plupart de nos
membres contestent leur évaluation foncière.
M. Dufour: Est-ce que vous avez des cas que vous avez
vécus ou que vous voyez qui pourraient faire problème comme tels?
Au lieu de, théoriquement, par rapport à ce qu'on peut
présenter - vous parlez d'arbitraire - est-ce que vous avez des exemples
qu'on pourrait situer un peu?
Mme Howard: non. ça, on aurait bien aimé en
travailler, mais j'ai entendu certains de nos membres qui nous ont dit: bon,
bien, on a été évalués sur une valeur paritaire qui
n'a rien à
voir avec ce qu'on a signé. Puis, nous, on est pris avec ce
bail-là pour les 10 prochaines années, parce que ce n'est pas...
C'est quand même assez long, un bail, alors... Ou ils se retrouvent avec
une évaluation qui est basée sur une valeur de loyer du
marché, qui n'existe pas vraiment. Je ne sais pas si vous me suivez.
Alors, en conjoncture économique qu'on vit présentement, je
reviens à dire ce que M. Lachapelle disait: Je ne sais pas qui
établit le marché quand on parie de valeur paritaire. Je ne vois
pas exactement où on en fait la limite, mais j'ai entendu beaucoup de
cas qui m'ont dit que leur propriété avait été
évaluée, mais pas du tout le loyer économique qui
était dans cet édifice.
M. Dufour: Vous avez dit tout à l'heure que vous attendiez
possiblement une législation, mais quelle aurait été la
législation, pour vous, qui aurait pu...
Mme Howard: Bien, nous, on avait peur de toute législation
de ce côté.
M. Dufour: Vous aviez peur?
Mme Howard: Bien, on était anxieux à savoir ce qui
allait en découler, oui. (17 h 20)
M. Dufour: Mais quelle législation aurait pu rassurer vos
membres? On ne peut pas rester comme on est là, d'après ce qu'on
voit, là. Ce qui nous est présenté... On dit: l_a valeur
marchande...
Mme Howard: Mais le jugement de la Cour d'appel aurait tenu, il
me semble.
M. Dufour: Oui. Autrement dit...
Mme Howard: Puis le cours légal aurait
procédé.
M. Dufour: Oui, mais la cour, là... Il faut regarder,
là. On ne vit pas dans l'imaginaire, là. Moi, je regarde
ça au point de vue pratique.
Mme Howard: Oui, pratico-pratique.
M. Dufour: Les municipalités, elles n'ont pas
intérêt... Moi, je trouve que, si les municipalités ont une
bonne mesure d'évaluation, tout le monde est traité pareil. Moi,
je n'ai pas de problème à vivre avec ça si les
municipalités sont bien correctes. On n'est pas ici pour essayer de
susciter des débats, comme des procès, dans ce sens-là. Il
y a eu un tribunal qui s'est prononcé sur quelque chose. Bon. Ou vous
êtes d'accord avec le jugement, et c'est ça qui devrait
s'appliquer à l'avenir, et le législateur devrait s'appliquer
à ça, ou il y a des changements ou des accommodements qui doivent
se faire pour que ça se vive mieux, pour que ce soit plus facile.
Mme Howard: Mais si on savait l'impact du jugement tel qu'il est,
puis si on savait que, bon, bien, l'ensemble de la Communauté urbaine de
Montréal perdrait tant de revenus, il y aurait peut-être un autre
moyen d'aller recouvrer ces sommes-là, il me semble, sans avoir recours
à un article qui change la base d'imposition elle-même.
M. Dufour: Autrement dit, ce que vous êtes en train de me
dire, c'est que le jugement qui a été donné, vous n'avez
pas été capable de faire... Vous n'avez pas, non plus, de la
Communauté urbaine, des simulations sur les impacts s'il était
appliqué partout. La Communauté urbaine nous dit: C'est une
théorie que, nous, on a appliquée tout le temps. Ils n'ont pas
fait la différence en disant, après que le jugement eut
été appliqué: Si on l'appliquait partout, quels seraient
les résultats? C'est ça que vous me dites, là.
Mme Howard: Exactement. Ou, dans les cours... Si le jugement
tient, quel serait l'impact sur les autres évaluations? Je suppose que
c'est toutes les contestations qui ont été émises en 1992,
là, au dernier triennal. Combien de ces cas-là auraient
gagné à cause de ce jugement-là? Je n'en ai aucune
idée.
M. Dufour: Mais où il y a eu jugement, combien ça
représentait, pour vous, la valeur? Il y avait un impact, là,
pour un de vos membres ou d'autres. Où il y a eu des jugements de cour,
là, sur la cause comme telle, combien ça représentait?
Mme Howard: Je ne pourrais même pas vous le dire.
M. Dufour: Vous ne le savez pas?
Mme Howard: Le groupe qui va me suivre, je pense qu'ils sont
mieux placés pour vous...
M. Dufour: Ils sont capables de dire le montant, là, qui
est en cause pour une cause. Donc, on peut prendre, en théorie, comme il
y a 10 000 plaintes... Il y a au moins 10 000 plaintes, là, qui
concernent ça, ou à peu près.
Mme Howard: 10 000 plaintes. Bon, bien, ce serait peut-être
quelque chose qui dit quelque chose sur le faisceau des droits. Il me
semble.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Mme Howard, tantôt, M. Lachapelle nous a
exposé les trois techniques d'évaluation qui sont
utilisées par les professionnels. Ces
techniques sont utilisées, nous a-t-il dit, depuis qu'il a
commencé à pratiquer cette profession, il y a à peu
près 35 ans. Est-ce que c'est la prétention de l'Institut qu'on
devrait abandonner complètement l'une de ces trois techniques, celle qui
consiste à tenir compte des revenus, le pouvoir de revenus d'un
immeuble?
Mme Howard: Si je ne me trompe pas, M. le ministre, la
théorie du faisceau des droits, ce n'est pas juste le revenu.
M. Ryan: Et voulez-vous répondre à ma question?
Mme Howard: Je vais essayer. Si vous me dites que... Une des
trois techniques?
M. Ryan: Oui. C'est la technique du revenu. Mme Howard:
Qu'il faudrait laisser tomber?
M. Ryan: Je vous demande si, vous, là, vous
prétendriez ça.
Mme Howard: Moi, je vous dirais, puis c'est ce que les
évaluateurs agréés qui sont membres chez nous m'ont dit,
que la loi, telle qu'elle est écrite, c'est la technique... Pour trouver
la valeur marchande, il y a toujours le marché de vente, puis si c'est
plus complexe, bon, bien, là, il faut trouver d'autres façons
d'évaluer cet immeuble-là. Mais, moi, M. le ministre, je ne peux
pas vous dire s'il faut abandonner une de ces trois techniques-là
pour...
M. Ryan: Oui, puis, évidemment, la deuxième
question que j'allais vous poser, à supposer qu'il ne faille point
l'abandonner, est-ce que vous soutiendriez qu'il ne faudrait pas tenir compte
des revenus des loyers, par exemple?
Mme Howard: Des revenus des loyers...
M. Ryan: Des loyers.
Mme Howard: Contractuels?
M. Ryan: Oui. C'est contractuel quand c'est un loyer. Disons
qu'un propriétaire va passer un arrangement avec son locataire. Il va
dire: Je vais te donner ça gratis pendant un an parce que je veux te
garder là-dedans, et toutes sortes d'autres considérations. Tu me
rendras tel service et tel autre. Si on prend la technique du revenu, il faut
bien qu'on mette quelque chose. On ne peut pas mettre un zéro.
Mme Howard: Non, mais ce serait le revenu sur l'étendue du
bail. En temps ordinaire, s'il a donné un an de loyer gratuit, c'est
qu'il y a quand même 9 ans du loyer qui restent, qui pourraient
être divisés par 10 ans. Ce ne serait pas zéro.
M. Ryan: Ça reste une question de technique, finalement.
Vous ne demanderiez pas qu'on enlève cette technique-là du
paysage mais vous auriez des observations à faire quant à la
méthode d'utilisation de la technique, quant à la manière
dont elle est utilisée.
Mme Howard: Oui, je dirais que j'essaierais, à ce que je
peux comprendre, de m'en tenir autant à la valeur marchande que
possible, et puis il me semble que c'est une notion qui est connue.
M. Ryan: Oui, la valeur marchande, je pense bien que c'est le
critère de base qui est inscrit dans la loi. On cherche tous
ça.
Mme Howard: Exactement.
M. Ryan: On cherche tous ça. Mais comment
l'établir? Là, on dit: On ne peut pas prendre seulement le
critère de parité - c'est le critère auquel vous faites
allusion, je pense bien - parce qu'il y a toutes sortes de cas. Des fois, c'est
des maisons neuves qui sont bâties dans les secteurs. Toutes des maisons
neuves, partout. Il n'y en a pas de vendues encore. Il faut faire une
évaluation dessus. Là, on dit: Peut-être qu'ils vont
prendre le coût de construction, ou quelque chose qui s'en rapproche,
dans ces cas-là. Je trouve que ça peut avoir du bon sens. Mais je
ne suis pas un évaluateur.
Il y a d'autres cas. Des grands immeubles, il ne s'en vend pas à
tous les jours, de ça. Puis ça peut faire partie de la
transaction, des fois, qui implique bien d'autres affaires en même temps.
Ça fait que d'avoir cette technique-là comme l'une des trois
auxquelles on peut recourir, moi, il me semble que c'est plein de bon sens. Il
me semble que c'est dans le sens de l'équité aussi. Mais on peut
discuter de l'applica tion, encore une fois. Je pense que c'est ça que
je veux savoir: si c'est le principe ou bien donc l'application que vous
contestez.
Mme Howard: C'est l'application, je vous dirais, M. le ministre,
parce que c'est...
M. Ryan: Très bien. Si vous avez des explications,
continuez. Je ne veux pas vous interrompre, cependant.
Mme Howard: Non.
M. Ryan: À supposer que nous nous entendions
là-dessus, je vais vous poser une question. L'article du projet de loi,
l'article 2, comme il était formulé, soulevait des
problèmes parce qu'il ouvrait, selon les critiques qu'on nous a
adressées, la porte trop grande à l'arbitraire, à la
discrétion de l'évaluateur Je pense quo vous
serez d'accord là-dessus. Mme Howard: Oui.
M. Ryan: Maintenant, là, nous envisageons de
l'améliorer d'une manière qui limite le recours qui peut
être fait au critère du revenu, de la technique du revenu. Au lieu
de dire: «...il peut être tenu compte de tout ou partie des droits
détenus à l'égard de l'unité d'évaluation
par une autre personne que son propriétaire» - ça,
ça ouvre la porte pas mal grande - si on dit: «il doit être
tenu compte, le cas échéant», est-ce que ça
améliore l'affaire, d'après vous, ou si ça l'empire?
Mme Howard: Moi, je ne pourrais pas... Le groupe qui me suit a
probablement plus... mieux... et ils ont de l'avis légal. Mais, moi,
«le cas échéant» et «il doit»,
d'après moi, ça ne nous améliore pas parce que, là,
ça incorpore tous les droits détenus à l'égard de
l'immeuble. Il faudrait que je retourne, parce que ça me semble...
Là, ça devient absolu; tout le monde doit utiliser les droits.
Puis, est-ce que ça va être sur toutes les unités
d'évaluation? Est-ce que ça va être sur le secteur non
résidentiel, comme disait M. Bélanger, ou est-ce que ça va
être sur toutes les unités à revenus, même les
appartements résidentiels?
M. Ryan: On va prendre note de votre interrogation et, s'il y a
moyen de clarifier davantage, on pourra le faire. Vous, idéalement,
est-ce qu'il y a une formulation? Comment vous verriez qu'on sortirait de cette
situation-là créée par le jugement de la Cour d'appel?
C'est difficile de maintenir dans la législation l'interprétation
qui a été donnée par la Cour d'appel, parce que ça
entraîne un bouleversement assez considérable. Ça va
créer une situation de confusion, puis les coûts pour les
municipalités concernées peuvent être assez
élevés. (17 h 30)
Quel aurait été la manière de régler ce
problème-là, d'après vous?
Mme Howard: Moi, personnellement, j'aurais attendu un peu pour
qu'on puisse regarder un peu plus, justement, les impacts d'une
municipalité à l'autre. J'aurais vu où on pouvait regarder
la situation et où ça cause problème, dans combien... Ce
que je préférerais, M. le ministre, c'est qu'on attende avant
d'adopter cet article-là. Puis le problème créé par
le jugement, je n'en connais pas l'ampleur ni la portée.
M. Ryan: Et là qu'est-ce qu'il aurait fallu faire? Les
causes qui sont devant le BREF, est-ce qu'il faudrait les empêcher
d'être entendues ou bien donc que le BREF les entende à la
lumière de l'orientation définie par la Cour d'appel?
Mme Howard: C'est ce que j'aurais dit, oui.
M. Ryan: C'est là que vont arriver les conséquences
très, très coûteuses.
Mme Howard: Comme je vous le dis, la portée...
M. Ryan: D'abord, on arrête toute la machine. Il y a
peut-être des milliers de cas, je ne le sais pas; dans ce cas-là,
peut-être quelques douzaines de cas. Je ne sais pas. Sur ce point
précis, je n'ai pas idée du nombre de cas qu'il peut y avoir. On
arrête tous ces cas-là, puis, au cas où on ne les
arrête pas, on dit: On les règle suivant une décision dont
les conséquences ne sont pas bonnes. Ça fait curieux. On est dans
un dilemme.
Mme Howard: Je vois, mais...
M. Ryan: Nous autres, il faut que nous pensions au bien des
municipalités puis, évidemment, à des propriétaires
d'immeubles aussi, c'est entendu. Mais il y avait un juge qui avait
déclaré, dans le jugement de la Cour d'appel, je pense que c'est
le juge Tourigny... Ça m'a frappé, ça. Elle disait ceci:
Encore une fois, il ne s'agit pas, du moins à ce stade-ci,
d'évaluer le mérite même de la théorie du faisceau
des droits. Ceux qui sont, du moins sur le plan de la décision, des
experts en la matière, les membres du BREF, l'ont adoptée. Et, au
surplus, je suis loin d'être convaincue que, sur le strict plan de
l'équité fiscale, cette méthode ne représente pas
une façon tout à fait acceptable pour l'ensemble des
contribuables d'évaluer les immeubles, surtout les immeubles à
revenus commerciaux. C'est un des magistrats qui a entendu la cause qui a dit
ça. Elle dit: Du point de vue de notre droit à nous autres, comme
c'est formulé dans la loi, ça ne peut pas être retenu. On
se dit: Bien, peut-être que, la solution, c'est d'ajuster le texte de loi
plutôt que de demander à tout le monde de s'ajuster.
Peut-être que ce serait plus simple d'ajuster un texte de loi qui n'est
pas satisfaisant, puis c'est l'exercice que nous voulons faire.
Ça ne change rien à ce qui a existé depuis
35 ans, encore une fois, vous le savez. Il y en a qui ont contesté
devant les tribunaux. Là, il y a une décision favorable qui a
été rendue. C'est vrai. Mais le pouvoir ultime dans la
société, il appartient au législateur. Puis le
législateur doit agir non pas en fonction de la lettre de la loi mais de
l'équité, de la justice. Si la loi n'est pas juste, il faut qu'il
la redresse. Là, je pense que c'est ça que nous essayons de
faire. Mais je comprends le point de vue des intérêts
légitimes que vous représentez aussi. Ils sont venus devant nous
l'an dernier et ils nous ont été très utiles; même
pour d'autres parties du projet de loi, les avis que votre organisme a
donnés nous ont été
très utiles aussi. Nous l'apprécions au plus au point,
parce qu'il y a un réservoir d'expertise dans votre Institut qui est
très impressionnant, pour lequel je peux vous assurer que nous avons
beaucoup de respect.
Mme Howard: Oui, puis, M. le ministre, on aurait
préféré pouvoir travailler plus longuement sur... Juste
l'implication... Puis, à ce point-ci, on n'a même pas eu le temps
d'aviser nos membres. C'est tellement... Et on est un peu aux prises...
M. Ryan: C'est un cas où il faut agir vite, parce que le
jugement nous est tombé sur la table puis, si nous ne faisons rien, les
conséquences s'accumulent, les coûts aussi. En tout cas, vous nous
posez des problèmes qui méritent notre attention. Vous l'avez
fait avec beaucoup d'éloquence. Merci.
Mme Howard: Merci beaucoup, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Mme la Présidente, avant... Oui, je pense qu'on
peut la libérer, je vous remercie. J'aurais peut-être une
question, si vous me permettez, à M. le ministre. Si on parle
d'équité, si on parle de faisceau de droits, ce que vous
énoncez par rapport au commerce, est-ce que vous êtes prêt
à l'appliquer à l'ensemble des bâtiments où il n'y a
pas de marché et où il pourrait y avoir de l'équité
à exercer, comme des bâtiments qui appartiennent au gouvernement
du Québec?
M. Ryan: L'article, ici, comme je le comprends, est d'application
générale.
M. Dufour: C'est-à-dire que, quand on parle
d'équité, moi, je voulais juste dire: où il y a des
bâtisses à revenus. Le gouvernement du Québec a des
bâtisses qui sont sur le territoire, et il n'y a pas de revenu possible,
mais il pourrait y avoir un faisceau de droits, que ça soit une
école, au point de vue évaluation, que ça soit des
bâtisses, des HLM...
Une voix:...
M. Dufour: Bien, oui. Ce n'est pas... Sur le marché, et
tout ça, votre évaluation, regardez-la. Moi, les
évaluateurs qui sont passés tout à l'heure, je serais
curieux de leur poser la même question: Comment ils appliquent ça,
le faisceau de droits sur des bâtisses autres... Mais, ça, je ne
l'avais pas, le questionnement, quand ils sont passés devant nous. C'est
vos questions qui suscitent ça dans mon esprit, à savoir si
ça s'applique un peu partout.
M. Ryan: Quand vous voulez, on se complète toujours
très bien. Mais, ici, regardez, honnêtement, je ne vois pas
très bien en quoi il y a des conséquences dangereuses qui peuvent
s'appliquer à ceci. Encore une fois, nous précisons ce qui est la
pratique courante depuis un grand nombre d'années. Là, il est
arrivé un point sur lequel, à juste titre, des
éléments particuliers de la société
s'étaient arrêtés. Ils avaient vu qu'on allait
peut-être au-delà de ce qui était dans le texte. Ils l'ont
soumis à l'attention des tribunaux qui leur ont donné raison. Et
c'est normal, c'est comme ça que notre société marche.
Mais, là, du point de vue du législateur, nous autres, ils
vont nous demander... Si nous avons voulu rendre légitime ce qui s'est
fait depuis 30 ans, est-ce que ce n'est pas mieux de le dire plus clairement,
si ce n'était pas assez clair? C'est ça qui est notre seul
objectif, ici. On ne voudrait pas chambarder tout un système
d'évaluation qui a bien fonctionné, dans l'ensemble,
jusqu'à maintenant, mais on veut qu'il soit plus complet, qu'il tienne
compte de tous les éléments. Et, dans certains cas, il faudra
tenir compte du critère de la technique du revenu; il faudra prendre
celle-là. Puis on prend des exemples. Encore une fois, je pense qu'on
peut en imaginer plusieurs.
M. Dufour: Mais le but qu'on a, c'est d'éclaircir et
d'aller un peu plus loin, de mieux spécifier certaines choses, certains
textes, l'intention du législateur. Mais est-ce que ce qu'on fait
là pourrait s'appliquer d'une façon un peu plus large que juste
aux édifices où on n'a pas la parité, où on n'a pas
de vente? Il y en a beaucoup dans une municipalité, des critères
qu'on énonce comme ça, où l'évaluateur est un peu
laissé sur son appétit. Pourquoi les évaluateurs, qui sont
supposés travailler sur la même technique, ne sont jamais
arrivés à une technique de coûts qui soit correcte dans
certains édifices gouvernementaux? Parce que ça pourrait
régler un certain nombre de problèmes. On a beaucoup de
contestation; vos ministères, différents ministères au
gouvernement contestent beaucoup les évaluations. C'est parce que les
techniques ne sont pas tellement claires. Si elles étaient claires, on
n'aurait peut-être pas ces problèmes-là.
M. Ryan: Dans l'amendement que nous proposons, nous
limitons...
M. Dufour: Vous proposez un amendement? Je ne sais pas, moi.
M. Ryan: Non, mais ce dont nous avons parlé, nous l'avons
indiqué aux organismes que nous avons entendu avant. Là, nous
limitons aux droits qui peuvent être détenus sur un immeuble par
un locataire. C'est ça qui est dit dans l'amendement que nous
envisageons, qui a été
jugé acceptable, de manière générale, par la
CUM et par la Corporation des évaluateurs agréés du
Québec. Je pense qu'on va tous comprendre que, pour établir la
valeur réelle d'un immeuble, être amené à tenir
compte des revenus qu'il génère ou ne génère pas,
c'est tout à fait pertinent, pour dire le moindre. Je pense qu'il n'y a
personne «in his senses», comme on dit, personne de sensé...
Même Mme Howard, tantôt, dont je reconnais la grande
familiarité avec ces choses, même elle n'a pas été
capable de dire: Enlevez ça du portrait.
M. Dufour: Mais elle nous a fort bien dit aussi qu'elle aurait
aimé mieux que son président soit ici pour... Parce que je
comprends...
La Présidente (Mme Bélanger): On n'ira pas à
Londres, M. Dufour, on revient ici.
M. Dufour: Ça ne veut pas dire qu'elle n'a pas sa
compétence, là, mais elle nous a fait quelques mises en garde
aussi. Il faut bien les comprendre. (17 h 40)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Lévis a demandé la parole. Est-ce que
c'est pour des questions à Mme Howard ou si c'est pour des questions au
ministre?
M. Garon: Je voudrais faire une réflexion. Moi, ce qui me
frappe dans ce qu'a dit Mme Howard, c'est que ça va trop vite. S'il y a
un domaine... Moi, je dis au ministre - regardez bien ce que je vais dire, Mme
la Présidente: S'il y a un secteur qui va être bouleversé
cette année, l'an prochain et l'année d'après, c'est bien
le domaine de l'immobilier commercial dans le domaine des affaires. Combien il
y a de bâtisses, actuellement, où il n'y a pas de locataires? Il
manque de locataires. Et dans une période de crise économique
où on va connaître... Moi, je vais vous dire, à mon avis -
je regardais encore les chiffres à l'heure du midi - on vit une
période, actuellement, terrible. Actuellement, il y a 490 000
chômeurs au Québec et 428 000 ménages sur l'aide sociale.
Je ne parle pas des femmes et des enfants qui n'étaient pas au travail.
Ça veut dire quelque 700 000 bénéficiaires d'aide sociale.
Ça fait 918 000 chefs de famille, hommes ou femmes, qui sont sur l'aide
sociale ou l'assurance-chômage actuellement alors que, les gens qui
travaillent, il y en a 2 925 000, selon les chiffres que l'on vient
d'avoir.
La crise des années trente, en 1929, a commencé au mois
d'octobre et, au mois de décembre, on était à 14,5 % de
chômeurs. Actuellement, à mon avis, si on tient compte de l'aide
sociale et de l'assurance-chômage, on a dépassé ça.
Cet hiver, 14,3 % au mois de novembre. On va connaître des faillites,
à mon avis. Et si on ouvre les dimanches, comme on veut ouvrir, si on
pense que c'est des gens qui sont sur l'aide sociale ou
l'assurance-chômage dans une telle proportion qui vont acheter le
dimanche, en plus, parce qu'ils n'en auraient pas assez de six jours par
semaine, en janvier et février, alors que les ventes sont
commencées, d'après les fêtes, moi, j'ai l'impression
qu'actuellement on vit dans un monde totalement irréel.
S'il y a un domaine qui va être bouleversé...
Rappelons-nous que, dans les années trente, les gouvernements ont
adopté des mesures sur les clauses hypothécaires parce que les
gens n'étaient plus capables de rembourser leurs hypothèques.
Autrement, ça aurait été des saisies
générales d'immeubles. On va connaître une période
qui va ressembler aux années trente. Actuellement, moi, je pense qu'on
va beaucoup trop vite, comme a dit madame, sur de l'évaluation
d'immeubles et que, tantôt, on va être obligé de penser
à des barèmes qui ne sont pas ceux des années soixante,
soixante-dix, quatre-vingt, mais possiblement de penser à des
barèmes des années quatre-vingt-dix qui vont ressembler à
ceux des années trente. Moi, je pense qu'on doit aller avec beaucoup
plus de prudence dans ce secteur, actuellement; on vit dans une période
économique qui ressemble de plus en plus aux années trente et
qui, à mon avis, dans les mois qui viennent, va ressembler de plus en
plus aux années vingt, trente.
Moi, je pense, comme madame l'a dit - elle a souligné un point,
elle a dit: On aimerait ça, pouvoir y penser davantage, regarder
ça davantage - que le ministre serait bien avisé de ne pas
procéder trop rapidement et de prendre les semaines qu'il faut. Pour
légiférer, on dit souvent qu'on devrait essayer de faire mieux
avec moins. Sauf que le dire et le faire, c'est deux. Actuellement, à
mon avis, on légifère de la façon la plus
épouvantable que j'aie vue depuis mes 16 ans dans le Parlement. On
essaie de nous faire adopter des lois à toute vapeur, qui ont
été déposées depuis quelques jours seulement et qui
touchent l'ensemble du Québec dans des domaines très importants.
À mon avis, on va beaucoup trop vite, on ne mesure pas.
Le ministre, Mme la Présidente, quand il écrivait des
articles dans Le Devoir, il recommandait toujours la prudence aux
autres. Quand il s'agit de la pratiquer lui-même, il a l'air de trouver
ça difficile. Moi, je trouve ça. On dit souvent que les avantages
sont dans la théorie, mais les difficultés dans la pratique. Moi,
je pense qu'on va beaucoup trop vite pour légiférer dans des
domaines dont on ne connaît pas toutes les conséquences.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. Alors, Mme Howard, nous vous remercions
de votre présence.
Mme Howard: C'est moi qui vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je
demanderais à l'Association canadienne de taxe foncière de
bien vouloir s'approcher. Alors, je demanderais au porte-parole de s'identifier
et d'identifier les personnes qui l'accompagnent.
Association canadienne de taxe foncière
M. Fafard (Gilles): Mme la Présidente, mon nom est Gilles
Fafard, je suis avocat de pratique privée depuis 25 ans dans le domaine
de l'évaluation foncière. Au nom de l'Association, je suis
accompagné, à ma gauche, par Me Gilles La-reault, qui est
également un avocat spécialisé dans le domaine de
l'évaluation foncière depuis un certain nombre d'années
aussi, et, à ma droite, j'ai M. Daniel Pinard, qui est responsable de la
taxation, immobilière et autre, auprès de la compagnie Bell
Canada. Tous les trois, nous représentons ici l'Association canadienne
de taxe foncière qui est un organisme qui regroupe des gens comme nous,
c'est-à-dire qui sont préoccupés, soit à titre
d'avocats, d'évaluateurs ou d'agents de taxation, par
l'évaluation foncière depuis toujours.
J'aimerais, au départ, peut-être rétablir quelques
questions, parce que nous passons après les autres et nous avons entendu
les commentaires se formuler. J'aimerais d'abord faire une mise au point, en
m'adressant peut-être plus spécialement au ministre des Affaires
municipales, sur la question des méthodes d'évaluation et de la
théorie du faisceau des droits.
Les méthodes d'évaluation qui sont utilisées
couramment, à tous les jours, par les évaluateurs
agréés, que ce soit pour les fins de confection d'un rôle
d'évaluation ou pour toute autre fin, sont la parité, qui est la
méthode directe, c'est-à-dire la méthode de comparaison
directe d'un immeuble à l'autre, sans autre artifice, et deux
méthodes indirectes qui sont la méthode du coût et la
technique du revenu. Alors, voilà les trois façons d'approcher la
valeur de la propriété qu'on veut être la valeur marchande
réelle ou d'échange. Trois concepts tout à fait
équivalents. La théorie du faisceau des droits n'est pas une
méthode. La théorie du faisceau des droits est une proposition
qui s'inscrit dans la façon de regarder, dans le cadre de la technique
du revenu, les baux générés par un immeuble. Cette mise au
point étant faite, j'aimerais d'abord vous souligner peut-être la
première interrogation qu'on devrait avoir: Est-ce que, dans notre
système de droit en matière d'évaluation foncière
au Québec, on a déjà fait place à la théorie
du faisceau des droits avant de savoir si on doit l'introduire dedans ou si on
est en train de faire une redondance?
Je voudrais vous citer un passage d'un traité sur
l'évaluation foncière, qui vient de paraître, de Me
Jean-Guy Desjardins. Cet auteur a pratiqué d'abord l'évaluation
foncière à la ville de Montréal pendant de nombreuses
années, puis il est devenu avocat et il a continué à
pratiquer en évaluation foncière à titre d'avocat pour,
finalement, devenir membre du Bureau de révision de l'évaluation
foncière du Québec, section Montréal. Il siège
actuellement, Me Jean-Guy Desjardins. Il vient de publier l'ouvrage d'une vie,
qui s'appelle «Traité de l'évaluation
foncière». Et voici ce qu'il dit au sujet de la valeur
d'échange qui est la base même de notre système
d'évaluation: En l'absence d'une disposition dans la loi - il parle de
la Loi sur la fiscalité municipale - établissant que le prix de
vente de l'article 43 - celui qu'on veut préciser, semble-t-il - doit
refléter la notion du cumul des droits et de la valeur
intrinsèque, il faut interpréter cette dernière en tenant
compte de l'intention du législateur, qui n'a jamais été
de mettre à la disposition de l'autorité taxatrice l'assiette
fiscale la plus large possible mais de taxer les immeubles en fonction de leur
valeur d'échange. Il faut donc retenir que, lorsqu'une vente se produit,
ce n'est pas une chose qui est transférée mais plutôt des
droits, et le prix reflété par la vente traduit l'ampleur de ces
droits. Si ce sont des droits qui sont transférés, ce sont ces
mêmes droits qui doivent être soumis à l'évaluation.
Pour ce faire, le prix de vente doit tenir compte de tous les
éléments de la valeur. Une telle valeur ne peut être
mesurée qu'en tenant compte des attributs du droit de
propriété.
Voici une notion qui m'apparait fondamentale. Tantôt, j'ai entendu
que le Bureau de révision s'était rallié à une
interprétation de la loi qui donnerait ouverture à la
théorie. Je dois vous dire que c'est un ralliement qui a
été fait pour des fins de cohérence jurisprudentielle et
qu'il s'est toujours trouvé, au sein des membres du Bureau de
révision de l'évaluation foncière, des gens qui n'ont
jamais pensé que la théorie du faisceau des droits faisait partie
de notre système judiciaire. D'ailleurs, la Cour d'appel vient de le
dire. (17 h 50)
Maintenant, il va falloir s'attarder à la façon dont la
Cour d'appel l'a dit, parce que je pense... On dit souvent: Ce jugement
comporte une catastrophe de type quasiment national à l'effet que,
désormais, les assiettes fiscales sont en train de nous glisser dans les
mains, et les pouvoirs de taxation des municipalités sont en train de
leur échapper. La Cour d'appel n'a pas accueilli comme
intégrée à notre système de droit la théorie
du faisceau des droits. Pourquoi? Cette théorie est née aux
États-Unis lors de la dépression. Pourquoi? Parce qu'à
cette époque-là le gouvernement fédéral, qui
légifère beaucoup plus directement aux États-Unis avec les
municipalités que le gouvernement fédéral au Canada, est
intervenu et a gelé les taux de taxation. À cause de cela, les
municipalités se sont retrouvées indirectement endettées
et se sont mises à imaginer une façon d'accroftre leurs revenus,
ou du moins de les maintenir. Et, à ce moment-là, est né,
dans ce contexte précis, un palliatif à la
fiscalité municipale qui s'est appelé la théorie du
faisceau des droits.
La fiscalité municipale, comme vous le savez, c'est un
élément composé de deux... Il y a toujours deux tenants
dans la fiscalité municipale: l'assiette fiscale et le taux de taxation.
Et ces deux éléments-là sont reliés par un
système de poulie, si vous voulez: on baisse le taux de taxation lorsque
l'évaluation augmente - on peut se permettre, c'est-à-dire, de
faire ça - et, au contraire, on fait le geste inverse lorsque les
valeurs sont à la baisse, de sorte que le taux augmente.
Ce que la Cour d'appel dit, donc, c'est que cette
théorie-là n'a pas cours ici, en droit québécois,
à cause de notre système de droit civil. Ainsi, par exemple,
cette théorie-là pouvait naître aux États-Unis, ou
encore dans d'autres provinces à cause du système de
«common law», qui n'est pas le nôtre, et dans lequel les
droits d'occupation, par exemple, de ce qu'on appelle, nous, un locataire... Un
locataire, ça n'a toujours eu, dans notre système de droit, qu'un
droit personnel, même enregistré; c'est un droit opposable
à un tiers acquéreur, mais c'est un droit personnel. Dans les
systèmes de «common law», le «tenant in use»,
c'est-à-dire le locataire, l'occupant, a un droit réel, ce qui
n'est pas notre cas, ici, dans notre système de droit. En cela, on peut
dire que le Québec se distingue des autres provinces. Et ces
droits-là, en plus, dans le système de «common law»,
sont monnayables. Un bail, ça se vend. Au Québec, ça se
transporte, mais il n'y a pas de valeur afférente nommément
à un bail. Un bail, ça s'évalue, ça entre dans le
processus d'évaluation d'un immeuble, mais ça ne se transmet pas
au moyen d'une valeur marchande qu'on peut identifier.
Tout notre système, donc, d'évaluation est basé
comme ceci. Les valeurs réelle, ou marchande, ou d'échange sont
trois concepts similaires. Et vous avez derrière cela plusieurs dizaines
d'années jurisprudentielles qui se trouvent cristallisées dans
les articles 43, 44, 45. Si on touche aux articles 43, 44, 45, on touche
à des articles qui sont le reflet d'une jurisprudence
considérable sur la question de la valeur réelle, de la valeur
marchande ou de la valeur d'échange. Donc, au départ, beaucoup de
prudence est nécessaire avant de toucher à cela.
Il y a une différence entre la théorie du faisceau des
droits... Je pense que l'heure vient de sonner. Est-ce que je peux
continuer?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est parce que,
là, il y a un vote. Les membres de la commission sont appelés
à aller voter. Alors, on va suspendre jusqu'à 20 heures.
M. Dufour: Vous allez être ici ce soir, à 20
heures?
M. Fafard: Oui, à 20 heures. Nous sommes à votre
disposition.
M. Dufour: On vous attend. (Suspension de la séance
à 17 h 55)
(Reprise à 20 h 12)
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez bien
prendre place. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Deux-Montagnes! À l'ordre, s'il vous
plaît! Veuillez prendre place.
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux. Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude détaillée des projets de loi suivants, et ce, dans
l'ordre ci-après indiqué: le projet de loi 55, Loi modifiant la
Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives, et le projet de loi 56, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives.
Au moment de la suspension des travaux, M. Fafard, je crois... M.
Fafard, il vous reste 30 secondes pour finir votre exposé. On avait
demandé 10 minutes pour le groupe et le reste en période de
questions. Alors, M. Fafard, vous avez la parole. C'est les membres qui
décident combien de temps il vous reste.
M. Fafard: Alors, c'est bien 30 secondes. C'est ça?
La Présidente (Mme Bélanger): On peut vous donner
un peu plus de latitude. On va vous donner un autre 5 minutes.
Une voix: 30 secondes d'avocat.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon?
Une voix: Un 30 secondes d'avocat.
M. Fafard: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça fait
5 minutes 30 secondes d'avocat.
M. Fafard: D'accord. Alors, pour en terminer avec la
théorie du faisceau des droits aux États-Unis, laissez-moi
déposer ici, devant cette Chambre, une des plus récentes
décisions de la Cour suprême de Pennsylvanie - la Cour
suprême de Pennsylvanie, c'est l'équivalent de notre Cour d'appel
au Québec - qui rejette totalement l'application de la théorie du
faisceau des droits, en droit américain. J'aimerais vous en faire
prendre connaissance éventuellement. Cette décision-là est
devant moi présentement. On rejette cette théorie-là parce
que ça fait partie du por-
trait économique des immeubles à revenus que d'avoir des
immeubles qui ne sont pas tous, au jour de l'évaluation, loués
à la plus haute valeur qu'on puisse s'attendre d'avoir,
c'est-à-dire ce qu'on appelle généralement le loyer
paritaire, et, à ce moment-là, c'est ce qui fait qu'il y a des
immeubles qui ont, par capitalisation des revenus, des valeurs
différentes. Les immeubles jumeaux en évaluation foncière
sont assez rares. Il est très, très rare... C'est une science
d'appréciation et il est très, très rare qu'on va arriver
exactement à la même valeur pour deux immeubles qui, en apparence,
peuvent se ressembler au départ. Donc, il est impératif de bien
saisir le système que nous avons, qui est un système basé
sur la valeur réelle, donc la valeur marchande, qui témoigne de
la valeur du droit de propriété échangeable.
Mais il y a un point ici qui mérite d'être
particulièrement éclairci. Lorsque deux échangistes
s'entendent pour transiger sur le droit de propriété d'un
immeuble, il existe une situation qui s'appelle le jour J. Ce jour-là,
c'est le moment où ils veulent s'échanger le droit de
propriété. Dans le passé, il y a eu des revenus qui ont
été générés dans l'immeuble et ils vont
rester entre les mains du vendeur. Quant à l'acheteur, il doit regarder
les revenus que l'immeuble va générer dans le futur. C'est pour
ça que, jusqu'à maintenant, on ne semble pas avoir accordé
beaucoup d'importance à la décision de la Cour d'appel qui dit
bien, en page 42 de cette décision, qu'en rejetant la théorie du
faisceau des droits du droit québécois ça ne veut pas dire
que l'évaluateur est limité à regarder la valeur d'un
immeuble en fonction des revenus contractuels générés au
jour J seulement. Il y a donc de la place non pas pour insérer la
théorie du faisceau des droits, mais pour évaluer le potentiel
qu'un immeuble peut générer, et ce potentiel-là n'est pas
nécessairement traduit au jour J par l'accumulation des revenus
dérivés des baux existants. Vous savez que les baux, c'est des
situations fluctuantes. La valeur, d'ailleurs, est une situation fluctuante. On
n'a qu'à changer de date et vous allez avoir le même immeuble qui
peut engendrer une valeur différente.
Mais, quand des gens transigent sur un immeuble, quel est le
comportement typique des acheteurs et des vendeurs? C'est de regarder les
revenus à venir de cet immeuble-là. Or, le bail qui va venir
à échéance dans trois mois, il serait injuste de s'en
servir et de dire: Les revenus engendrés par ce bail-là vont
cesser dans trois mois, mais ça ne fait rien, on n'en tient pas compte.
Je pense qu'on doit tenir compte que la situation va durer trois mois et,
après ça, on risque de pouvoir ramener le bail qui n'est pas
à la parité, de pouvoir le mettre à la parité.
À ce moment-là, ces réflexions-là que font les
acheteurs et les vendeurs vont incorporer dans la valeur marchande le revenu
potentiel probable de l'immeuble. C'est très différent faire cela
que d'introduire la théorie du faisceau des droits. Parce que la
théorie du faisceau des droits amènera toujours une valeur
hypothétique, et la raison pour celle-là est la suivante. Si on
évalue les baux existants et ceux qui, potentiellement, peuvent
être modifiés à courte échéance, on va
obtenir une valeur incluant le potentiel. Si, pardessus ça, on doit
ajouter, disons, une valeur du droit du locataire, ce droit du locataire ne se
vend pas, mais il fait partie du portrait économique de l'immeuble
qu'envisagent de regarder les échangistes.
Alors, à ce moment-là, vous allez avoir deux
systèmes d'évaluation au Québec pour les
propriétés: un qui va s'appliquer aux immeubles en
général et l'autre aux immeubles à revenus. Et c'est
là qu'on risque de créer une inéquité dans
l'évaluation, parce qu'on a beaucoup parlé
d'équité, et là on risquerait d'en créer une
nouvelle. Elle résulterait des deux systèmes d'évaluation
parallèles. Cette différence de traitement devant la loi, cette
différence de traitement, je ne sais pas si elle passerait le test de la
Charte. Je ne sais pas si elle passerait ce test-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, si vous voulez
conclure, M. Fafard, pour que les parlementaires puissent vous poser des
questions.
M. Fafard: Alors, je conclus comme ceci. Si on cherche à
stabiliser les finances municipales ou à éviter un glissement de
l'assiette fiscale au détriment des propriétés
résidentielles, l'instrument existe, il a été donné
par cette Assemblée il y a un an ou deux, c'est la surtaxe. Elle permet,
justement, d'éviter un glissement de l'assiette fiscale et de stabiliser
les finances municipales en conséquence. S'il s'agit d'insérer un
meilleur système, eh bien! sachez que les provinces autres du Canada, et
même les États-Unis, tentent maintenant de se rallier à un
système d'évaluation basé sur la valeur marchande, et nous
l'avons déjà. Je ne pense pas qu'on devrait le mettre de
côté. (20 h 20)
Enfin, s'agit-il de simplifier un système trop complexe? Bien,
laissez-moi vous dire que, si on introduit la théorie du faisceau des
droits, à l'arbitrage du Bureau de révision nous allons
substituer possiblement l'arbitraire de l'application de cette
théorie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Fafard. M.
le ministre.
M. Ryan: Regardez, je voudrais vous poser deux questions, M.
Fafard. Tout d'abord, jusqu'à maintenant, depuis de nombreuses
années, nous avons pratiqué l'évaluation d'une
manière qui tenait compte, au besoin, des droits autres que ceux du
propriétaire. On nous l'a expliqué cet
après-midi, M. Lachapelle l'a dit clairement. On a fait ça
depuis 30, 35 ans au moins. Il y a eu des contestations qui ont
été faites, ils sont allés devant le Bureau de
révision de l'évaluation foncière, et il y a eu des
décisions qui ont été prises. Dans l'ensemble, je serais
étonné que ça ait causé des très grandes
inéquités. Là, la Cour d'appel a été saisie
d'une affaire et elle a décidé que la décision qui avait
été rendue n'était pas bonne, en vertu d'une
interprétation plus littérale de ce qui est contenu dans la loi.
Nous autres, nous proposons une modification, là. Nous ne voulons pas
laisser de côté tout ce qui était... Vous-même, vous
dites, d'ailleurs, que, de facto, ça peut se faire. Ça peut se
faire. Parce que, si vous me disiez: On ne devra ni ne pourra jamais tenir
compte de la valeur que peuvent ajouter à une propriété
les revenus qu'elle génère, je pense qu'on serait
complètement en dehors de la réalité. Ça, on est
d'accord là-dessus.
Là, la question que je voudrais vous poser est la suivante. Elle
est double. On a pratiqué une certaine manière de faire pendant
une bonne trentaine d'années. Est-ce qu'elle a engendré des
catastrophes? Est-ce que les inconvénients qui découleraient de
l'abandon de cette méthode-là ne sont pas plus grands que les
quelques avantages qu'on pourrait peut-être y trouver? Et,
deuxièmement, deuxième partie de la question, la modification que
nous envisageons, telle que je l'ai formulée plus tôt, et je
pourrai la répéter au besoin, est-ce qu'elle améliore ou
empire les choses, selon vous?
M. Fafard: Vous savez, au départ, dans l'application que
l'on dit faire de la théorie du faisceau des droits, il n'est pas facile
de savoir si un immeuble à revenus a été
évalué de cette façon-là. En tout cas, ce n'est pas
en consultant la carte-fiche d'un immeuble que vous pouvez l'apprendre,
ça, c'est certain. C'est un débat qui a eu lieu devant les
tribunaux, effectivement. Et la question, en fait, ne s'est jamais posée
aussi clairement que dans le jugement de la Cour d'appel, mais on s'est
toujours demandé s'il était plus pertinent de
référer à un loyer contractuel existant ou lui substituer
un loyer dit paritaire, quitte, ensuite de ça, à peut-être
évaluer en soustraction le manque à gagner que la
différence entre le revenu contractuel et le revenu paritaire pouvait
représenter.
Vous avez effectivement entendu deux personnes vous dire, deux
évaluateurs municipaux qui sont venus vous dire, au nom de la
Corporation, qu'ils appliquaient, eux, paraît-il, la théorie du
faisceau des droits. Il y a des gens qui ont contesté cette
théorie-là, qui ont contesté le résultat,
c'est-à-dire. Ce n'est pas toujours, ça ne se présente pas
toujours comme un combat théorique. Je veux dire, ça se
présente plutôt comme un combat de pertinence. Est-ce que la
conclusion est acceptable ou pas? C'est surtout comme ça. Mais, si vous
analysez le jugement de M. le juge Verdy, de la Cour du Québec, qui
précède Ansec, le jugement d'Ansec qu'il rend, vous voyez
là la nomenclature de la jurisprudence controversée sur la
question. M. le juge analyse, je crois bien, environ 35 jugements, dont un
certain nombre un peu plus nombreux pour et un peu plus nombreux contre.
Finalement, la Cour d'appel tranche cette situation-là.
Alors, je ne sais pas s'il y a moyen d'y arriver en limitant, par
exemple, l'amendement à tenir compte des droits du locataire. Mais,
chose certaine, c'est que ce que je trouve d'acceptable dans la valeur
d'échange, c'est le fait que l'on taxe selon la richesse de l'immeuble,
et ça, ça comporte une équité. Il y en a, de
l'équité, dans le fait de taxer selon la richesse
particulière de chacun des immeubles, en fonction de leur valeur, de
leur portrait économique individuel à chacun. Il y en a une
équité là-dedans. Parce que, si on sortait le même
dictionnaire que vous avez sorti ce matin pour définir un mot, on
verrait que «équité» ne veut pas dire
«égalité». On verrait que ça veut dire
l'attribution correcte de ce qui appartient à chacun. C'est ça,
l'équité. Et la valeur marchande comprend ce concept-là de
l'attribution correcte de ce qui appartient à chacun.
M. Ryan: Nous sommes tous à la recherche de la valeur
réelle, là.
M. Fafard: Absolument.
M. Ryan: Nous sommes tous à la recherche. C'est le but que
nous impose la législation en matière d'évaluation.
Comment la trouver, comment la définir? Est-ce que j'ai compris que, si
l'amendement limite la portée de ce que nous discutons aux droits du
locataire, c'est moins pire dans votre esprit que si c'est étendu de
manière plus large?
M. Fafard: Moi, je considère que c'est un ajout à
la valeur d'échange. Et, à ce titre-là, je trouve qu'on
modifie le système.
M. Ryan: Nous autres, ce n'est pas notre conception. C'est
plutôt un élément qui fait partie de la valeur
d'échange.
M. Fafard: Et, à ce moment-là, pourquoi
légiférer si on ne veut rien changer?
M. Ryan: C'est parce que le tribunal vient de nous dire que
ça ne devrait pas entrer dedans. Nous autres, on trouve que ça
devrait entrer dedans. C'est là qu'est tout le débat.
M. Fafard: ma réponse là-dessus, c'est que c'est la
page 42 qu'il faut lire avec autant d'attention que les pages qui rejettent
l'application de la théorie.
M. Ryan: Et il y a d'autres passages dans les opinions des juges
de la Cour d'appel, vous le savez comme moi, il y en a un qui dit en
particulier, ou une, je ne me souviens pas trop, qu'il n'y aurait pas
d'objection à ce qu'on le fasse, puis ceux qui nous soutiennent que
c'est incompatible avec le droit civil, je ne suis pas de leur opinion. Il y a
bien des opinions là-dedans. C'est bon parce qu'il y a de la
liberté d'expression chez les juges. C'est bon. On aime toujours trouver
de la diversité. En tout cas, j'apprécie énormément
ce que vous dites, mais vous ne nous aidez pas dans la solution de notre
problème pour demain matin.
M. Fafard: Est-ce que je peux vous faire une contribution,
à ce moment-là, qui se voudrait positive?
M. Ryan: C'est ce que j'essaie de provoquer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fafard: Je comprends le problème qui vous confond.
À chaque année, des municipalités sont appelées, en
vertu du jugement du Bureau de révision, à rembourser des taxes
et elles doivent budgéter en conséquence. Si des jugements sont
rendus sur les causes pendantes en raison de l'application de la théorie
du faisceau des droits ou de sa non-application, à ce moment-là,
elles vont faire partie du contingent des jugements qui, pour d'autres raisons,
modifient à la baisse l'évaluation des immeubles, et les
municipalités vont devoir continuer à prévoir dans leur
budget des remboursements de taxes pour ces raisons-là,
c'est-à-dire pour les jugements.
Cependant, ce qui m'inquiète, M. le ministre, ce n'est pas les
causes pendantes. Ce seraient les litiges à venir, ceux-là qui ne
sont pas encore nés. Et voici pourquoi. À l'heure actuelle, toute
personne qui n'a pas fait une plainte à rencontre du rôle triennal
avant le 30 avril 1992 est forclose de le faire, sauf, évidemment, les
questions de mise à jour. Arrive le jugement en septembre 1992 qui
rejette l'application de la théorie. Les plaintes qui ont
été faites avant le 30 avril 1992 n'avaient certainement pas
à l'esprit le jugement qui allait être rendu, ou, du moins, le
jugement ne l'était pas. Mais il est encore possible, au moment
où on se parle, d'attaquer une inscription au rôle
d'évaluation par une action en nullité en Cour supérieure.
Il y a un délai de prescription d'un an de la date de la
réception du compte de taxes. Si jamais les gens qui n'ont pas fait de
plainte avant le 30 avril se prévalaient de ce droit d'annulation d'une
inscription au rôle par voie d'action en Cour supérieure,
là, vous auriez peut-être un début d'hémorragie
qu'il faudrait colmater. Donc, ce qui m'inquiète plutôt, c'est,
comme je vous dis, les jugements qui pourraient naître maintenant, que
ceux-là qui ont été engendrés par les plaintes.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va? M. le
député de Jonquière, est-ce que vous avez des
questions?
M. Dufour: Vous avez dit que, si on acceptait le faisceau des
droits, ça pourrait créer deux systèmes
d'évaluation. Pourriez-vous élaborer un peu plus
là-dessus? Il y aurait deux systèmes puis il y aurait une
différence de traitement. (20 h 30)
M. Fafard: Oui. Voyez-vous, la valeur d'échange est la
référence de base pour tous les immeubles. Si on est pour faire
une valeur d'échange plus, c'est-à-dire la valeur
d'échange plus des droits de locataire auxquels on va donner une valeur,
en addition aux droits du propriétaire, on vient de créer deux
systèmes.
M. Pinard (Daniel): Oui, parce que Si vous me permettez, M.
Dufour, j'ajouterais la chose suivante, c'est qu'il faut réaliser
qu'à l'heure actuelle le système de taxation est fait de telle
sorte qu'on taxe ce qui peut être vendu, ce que le propriétaire
peut vendre, pas ce qu'il ne peut pas vendre. Et c'est la même chose dans
le résidentiel, dans l'industriel ou dans l'édifice à
bureaux. Et ce qu'on dit ici, la théorie du faisceau des droits,
à la limite, c'est de dire: On taxe la valeur d'échange plus une
valeur théorique qu'on attribue à un locataire ou à
quelqu'un qui possède une créance hypothécaire ou une
servitude. C'est ce qu'on dit. On dit: Le système de taxation
foncière au Québec, depuis des années, est basé sur
la valeur d'échange, ce que le propriétaire peut vendre, pas ce
qu'il ne peut pas vendre.
M. Filion: Mais ça ne fait pas partie intégrante,
ça, de l'évaluation ou de la valeur locative? Quand vous
évaluez l'immeuble là...
M. Pinard: Oui, oui, c'est ce qu'on appelle la technique du
revenu, c'est de se baser sur les revenus de l'immeuble ou sur la valeur
locative de l'immeuble, et on capitalise ce revenu-là et on en
déduit une valeur qu'on appelle une valeur obtenue par la méthode
du revenu.
M. Filion: Mais, je veux dire, ça fait partie
intégrante de l'évaluation.
M. Pinard: Oui, oui, c'est la...
M. Filion: Ce n'est pas un plus. J'essaie de comprendre comment
il se fait que vous dites que c'est un plus.
M. Pinard: Oui, oui, d'accord, je comprends.
M. Filion: Ça fait partie d'une méthode
d'évaluation, ça, les revenus potentiels d'un immeuble?
M. Pinard: Oui, exactement. Comme un investisseur ferait: il
considère les revenus de l'immeuble, pas les revenus
hypothétiques, les revenus de l'immeuble tels qu'ils sont
présents dans les baux qui ont été signés, et de
ceux qui pourraient être potentiellement...
M. Filion: Réalisables.
M. Pinard: ...modifiés dans le futur, dépen-damment
si le bail a 1 an à courir, 2 ans, 3 ans ou 10 ans. S'il a 10 ans, c'est
évident qu'il y a un manque à gagner sérieux pour le
propriétaire, pas pour le locataire. Mais c'est le propriétaire
qui peut vendre, pas le locataire.
M. Filion: C'est ça.
M. Pinard: Celui qui a un bungalow qu'on dit identique - parce
que, tantôt, les gens du municipal nous avançaient deux immeubles
identiques - bien oui, il pouvait y avoir deux bungalows identiques la
même année, la même construction. Il pouvait y en avoir un
à côté, par contre, qui a une servitude, donne un chemin
d'accès à un terrain enclavé en arrière, et on
sait, par le Code civil, qu'on doit le donner pour avoir accès à
son terrain. On sait très bien sur le marché que le
deuxième voisin qui doit donner un chemin d'accès, il ne pourrait
pas vendre sa propriété la même valeur, et il n'est pas
imposé en fonction d'une valeur hypothétique qu'on dirait une
valeur d'échange plus la valeur monétaire associée au
chemin d'accès. C'est ce qu'on dit. On essaie d'élaborer une
valeur théorique, une valeur qui n'est pas la valeur marchande, la
valeur d'échange sur laquelle le système québécois
est fonction depuis des dizaines d'années.
M. Filion: Le faisceau de droits, c'est une valeur
théorique, ça?
M. Pinard: Oui. C'est d'associer une valeur attachée
à un locataire à la valeur attachée au
propriétaire, et même d'autres valeurs, d'autres droits qui sont
monnayables, qui sont monétaires. Mais il faut revenir toujours à
la notion et dire: Qu'est-ce qui peut être vendu? Quelle est la valeur
que je peux, moi, obtenir? Quel est le prix que je peux obtenir de
l'échange de ma propriété, de la vente?
M. Filion: C'est un marché libre, sans...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Cet après-midi, on a entendu des
évaluateurs nous dire: On a toujours appliqué ça. Puis,
là, vous nous dites, de votre part: Ça n'a pas été
comme ça que ça a été interprété ou,
en tout cas, on n'était pas capable de déceler exactement quand
c'était fait ou pas fait. C'est un peu ça que j'ai cru
comprendre. Qu'est-ce que ça changerait à partir de maintenant,
ce qui est écrit dans la loi, par rapport à ce qui existait
auparavant? Parce que, s'ils le faisaient d'une façon pas
hypothétique, dans l'esprit des évaluateurs, ils le faisaient
pareil. Là, on leur donne le pouvoir. Est-ce que ça augmenterait
les différences? D'après vous autres, c'est quoi le
problème qui surgirait d'un coup sec, là?
M. Lareau (Gilles): C'est parce que, si vous me permettez, M.
Dufour, ça va permettre de...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît! Pour le bénéfice du Journal des débats,
il faut identifier la personne qui parle. Alors...
M. Lareau: Gilles Lareau.
M. Dufour: M. Lareau. Gilles Lareau.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Lareau.
M. Lareau: Une des grandes difficultés, c'est la
distinction qui existe entre le droit civil et la «common law».
Alors, il faut comprendre qu'en droit civil tous les attributs du droit de
propriété se retrouvent entre les mains du propriétaire.
Le propriétaire n'a d'autre droit à vendre que ce qu'il a et
c'est la valeur d'échange de l'immeuble, alors qu'en «common
law» on peut aliéner des «estates» qui sont
monnayables et marchandables. Or, le système de propriété
de la «common law» permet de réunir tous les attributs du
droit de propriété pour évaluer l'immeuble, alors qu'en
droit civil les droits du vendeur et la valeur de l'immeuble se confondent
totalement. Si vous permettez d'importer dans la notion de droit de
propriété en droit civil une notion étrangère telle
qu'une valeur additionnelle à une propriété qui ne se
retrouve pas dans les mains du propriétaire, vous niez le concept de
valeur d'échange qui se retrouve aux articles 43 à 45, parce que,
de toute façon, ce sont des droits que le propriétaire n'a pas la
capacité d'aliéner ou de monnayer. Or, une telle application va
engendrer beaucoup d'interprétations, de discrétion, d'où
l'arbitraire. Alors, c'est un petit peu pour cette raison qu'on s'objecte
à un tel amendement.
Vous savez, les gens qu'on représente ici sont tous du monde du
non-résidentiel. Ce sont des propriétaires de
propriétés commerciales et de propriétés
industrielles. Qu'on choisisse d'importer la théorie du faisceau des
droits en droit civil québécois ou qu'on choisisse d'augmenter le
taux de la surtaxe, ce sont nos constituants qui
vont débourser la note ultimement. Alors, ça ne change
rien pour nos constituants que vous augmentiez le taux de la surtaxe ou que
vous importiez la théorie du faisceau des droits. Sauf qu'on vise
à préserver un système qui est équitable pour tous
les contribuables, qui est facilement accessible et compréhensible pour
tous, soit la juste valeur marchande d'une propriété.
M. Dufour: Le fait que, dans la loi...
La Présidente (Mme Bélanger): Une dernière
question, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Hé! Mon Dou! Mme la Présidente, vous
êtes directive ce soir, ça n'a pas de bon sens.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, je suis
là pour ça, M. le député de Jonquière,
diriger les débats.
M. Dufour: Je comprends, mais là je trouve que ça
fait maîtresse d'école un peu, là, ce n'est pas de
même que ça marche.
La Présidente (Mme Bélanger): Je l'ai
déjà été, maîtresse d'école.
M. Dufour: II me semble que c'est un... Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Dufour: Je ne sais pas si elle l'a été, mais, en
tout cas, ça ressemble à ça. En tout cas, on verra. Je
vais poser ma question, là...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, mais, M. le
député de Jonquière, c'est parce que le 30 minutes est
largement dépassé.
M. Dufour: Ah!, 33, 35, ce n'est pas la fin du monde, c'est les
derniers qu'on entend.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais c'est l'entente
qu'on avait eue, c'était 30 minutes par groupe.
M. Dufour: Oui, oui, mais on verra, là. Vous, vous avez
une directive. Après ça, on se parlera, il y a du monde
qui...
M. Filion: C'est un débat de fond, quand même,
ça.
M. Dufour: ...on le fera entre les parlementaires, s'il y a
lieu.
Le fait que ce serait connu, ce qui va se passer, que ça va
être écrit dans la loi, est-ce qu'il n'y a pas une
amélioration, à savoir que, là, on n'est pas dans le flou?
Tu sais, il faut se ramener à... Vous ne le saviez pas, comment
ça marchait avant, ou vous le saviez, mais ça se faisait d'une
façon, un peu comme ça. Le fait que ça va être
marqué, est-ce que ça ne vous donne pas un droit
supplémentaire pour être capable de défendre votre point de
vue vis-à-vis la cour, vis-à-vis les contestations?
M. Lareau: Le fait qu'on ait appliqué la théorie du
faisceau des droits, vous n'êtes pas sans savoir que ça a
créé toute une controverse jurisprudentielle. Mon
collègue, Me Fafard, référait, justement, à la
cause des Placements Ansec à la Cour du Québec, où le juge
Verdy a fait longuement état des jugements tant pour que contre
l'application de la théorie du faisceau des droits. Si, maintenant, vous
légiférez pour importer la théorie du faisceau des droits,
les contribuables devront décider devant quel forum ils s'en remettront
pour l'interprétation de cet article, et les causes qui ont une
incidence économique non négligeable devront être
tranchées par le plus haut tribunal de la province de Québec,
soit la Cour d'appel. Or, on risque fort de régler une controverse
jurisprudentielle par un amendement législatif qui va en créer
une autre, soit celle de faire interpréter la portée et les
virgules de l'article qui importera la théorie du faisceau des
droits.
Vous savez, on parlait du projet d'article qui disait: «Pour
l'application des articles 43 à 45, il peut être tenu compte de
tout ou partie des droits détenus à l'égard de
l'unité d'évaluation». Bon. Alors, toutes les questions
qu'on soumettrait aux tribunaux, c'est: Quand il peut, quand il ne peut pas?
Quand doit-il en tenir totalement compte, ou juste un petit peu? Quels sont les
droits à l'égard d'un immeuble dont on doit tenir compte? Les
droits du créancier hypothécaire? Les droits des personnes qui
détiennent les servitudes? Les droits des locataires seulement? Alors,
ce seront toutes des questions qui devront être soumises aux tribunaux.
Quand vous avez des jugements qui ont des incidences économiques
substantielles, comme ça arrive souvent dans le cas do la
fiscalité municipalo, on s'en remet au plus haut tribunal du
Québec qui est la Cour d'appel. (20 h 40)
Or, vous pouvez être assurés que toute disposition
législative qui va incorporer la théorie du faisceau des droits
va créer une controverse jurisprudentielle, parce que cet amendement
législatif va avoir une incidence économique extraordinaire
auprès des contribuables.
M. Filion: Pour vous, quel devrait être l'amendement
à l'article?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Merci, Mme la Présidente. Pour
arriver à corriger ce que vous semblez appréhender,
qu'est-ce que vous verriez comme modification ou amendement à l'article
qu'on a devant nous?
M. Lareau: Je comprendrais très bien un amendement
législatif qui viserait à protéger la
légalité des rôles qui ont été faits sur la
base d'une application de la théorie du faisceau des droits, sans
toutefois viser, évidemment, les causes pendantes. Mais, comme mon
collègue, Me Fafard, disait, pour empêcher que des opportunistes
utilisent le jugement des Placements Ansec pour attaquer la
légalité du rôle, ce qui viserait à contenir une
hémorragie potentielle. Quant à l'évaluation des
propriétés sans la théorie du faisceau des droits, il y a
plusieurs indications dans la Loi sur la fiscalité municipale qui nous
permettent soit de rejeter les baux contractuels ou soit de les ajuster. On
vous donnait tantôt comme référence: Si j'ai consenti un
bail à un associé à un prix en bas du marché, c'est
injuste que je sois évalué sur la valeur du contrat. Eh bien! il
y a une disposition dans la Loi sur la fiscalité municipale qui permet
de rejeter de tels baux, parce que les parties ne transigent pas...
Une voix: À distance.
M. Lareau: ...librement, à distance. La même chose
pour les baux qui ont 25 ans, alors que, dans un marché de tours
à bureaux, vous avez des baux qui, aujourd'hui, n'ont que 5 ans avec,
possiblement, une autre option de 5 ans. C'est un autre motif pour permettre au
Bureau de révision de rejeter cette donnée paritaire et d'ajuster
les revenus contractuels en conséquence, le tout à
l'intérieur d'une technique du revenu qui vise à établir
la juste valeur marchande, sans toucher au concept.
M. Filion: je comprends. dans une réglementation plus que
par un article de loi... procédure d'évaluation ou des normes
d'évaluation reconnues.
M. Fafard: Le guide a toujours été le comportement
des acheteurs et des vendeurs. Si on s'en tenait à ça...
M. Pinard: II n'y a pas de problème. M. Fafard:
...on réussit.
M. Filion: Mais tout est basé sur ça, la
fiscalité...
Une voix: Absolument.
M. Filion: ...que ce soit municipale, la fiscalité au
niveau de l'impôt sur le revenu, le concept de transiger librement sans
aucune contrainte, et la valeur qui s'établit sur un marché
libre, c'est la valeur du bien. Et, selon vous, ce «wording» -
excusez l'expression - ces mots-là changeraient la façon
d'approcher l'évaluation d'un bien?
M. Lareau: Pour nous, c'est une réforme majeure...
M. Filion: Ah oui!
M. Lareau: ...de la fiscalité municipale, parce que le
principe sacro-saint par lequel on taxait sur la richesse aura une exception
pour les propriétés à revenus, où on devra ajouter
une valeur pour les droits qui ne sont pas aux propriétaires et qui
n'affectent pas la juste valeur marchande de la propriété, mais
dont on devra tenir compte dans l'évaluation pour fins d'impôts
fonciers.
M. Pinard: Et ça, ça s'applique aussi pour le
rnultifamilial. Ce n'est pas juste pour le non-résidentiel. Le
multifamilial qui, disons, est évalué en fonction d'une technique
du revenu, la même chose.
M. Dufour: II y a juste le point où on a parlé, par
exemple, des centres d'achats où, vraiment, la valeur du loyer, la
valeur du bail est tellement basse qu'on ne peut pas en tenir compte pour fixer
la valeur de la bâtisse. C'est plutôt l'achalandage, le tout qui
doit être évalué. Comment vous palliez ce
problème-là?
M. Pinard: Écoutez, pour les centres commerciaux, tous les
centres commerciaux ont des majeurs, doivent négocier avec des majeurs,
dans un premier temps, pour créer ce que vous appelez l'achalandage. Pas
de problème. Puis, dans tous les centres commerciaux, en plus des
majeurs, vous avez d'autres locataires qui paient, si vous voulez...
M. Dufour: Pour le reste.
M. Pinard: ...qui paient en contrepartie du petit loyer que le
majeur a, parce que, lui, il amène l'achalandage. Mais ça, c'est
dans tous les centres commerciaux. Alors, si vous considérez une
méthode de revenu pour le centre commercial en question, que vous
évaluez, comme vous pourriez le faire pour un autre immeuble, un autre
centre commercial, avec des majeurs, encore là, et encore avec des
petits locataires, vous allez avoir un revenu actuel, contractuel et un revenu
potentiel aussi, dépendamment de la longueur des baux qui ont
été signés, évidemment, et du marché. Vous
allez avoir une valeur, vous allez obtenir une valeur par capitalisation des
revenus.
M. Lareau: Vous savez, M. Dufour, si vous
avez un vieux centre d'achats avec de vieux baux et de vieux locataires,
vous ne pourrez pas le vendre bien bien cher, votre centre d'achats, et vous
n'aurez pas beaucoup d'argent pour payer les taxes foncières non plus.
Mais c'est les conséquences d'un système où l'on taxe sur
la richesse. Alors que, si vous avez un centre d'achats qui est flambant neuf,
avec de bons baux au marché et des locataires de prestige qui peuvent
assumer une charge fiscale beaucoup plus imposante qu'un petit centre d'achats
de quartier, bien, ils auront leur fardeau fiscal selon leur richesse. C'est la
base d'un système à la juste valeur marchande.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Montmorency.
M. Filion: S'il vous plaît, Mme la Présidente. Quand
je lis le texte, quand même, «il peut être tenu compte de
tout ou partie des droits détenus à l'égard de
l'unité d'évaluation par une autre personne que son
propriétaire», on ne compromet quand même pas
l'évaluation de la valeur marchande, ici. Je veux dire, il n'y a rien
qui empêche de prendre la valeur marchande comme étant une valeur
ou une unité, ou la valeur pour...
Une voix: Oui...
M. Filion: C'est qu'on fait simplement... J'essaie de voir
pourquoi vous dites qu'on compromet l'évaluation de la valeur marchande.
On dit «peut être tenu compte de tout ou partie des droits
détenus à l'égard de l'unité d'évaluation
par une autre personne que son propriétaire».
M. Pinard: Oui, parce qu'à ce moment-là, quand on
dit qu'on peut tenir compte de droits autres que celui du propriétaire,
ça veut dire qu'on considère la valeur monétaire du
locataire attachée à un bail, associée à un bail
détenu par un locataire. Ce que je veux vous dire par là, c'est
que, autres que celui du propriétaire, ça veut dire que je ne
considère pas, pour fins d'évaluer la valeur, la bâtisse,
que les revenus de la bâtisse, que les revenus que, moi, j'obtiens de la
propriété, mais je considère aussi une valeur
monétaire associée à des locataires.
M. Filion: Je comprends. C'est beau.
M. Pinard: Alors, c'est des revenus fictifs. C'est ce qu'on
dit.
M. Filion: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous vous
remercions, MM. Fafard, Lareau et Pinard.
Une voix: Merci.
Étude détaillée Loi sur la
fiscalité municipale
La Présidente (Mme Bélanger): alors, tel
qu'entendu, nous abordons l'article 1 du projet de loi 55. m. le ministre,
à l'article 1, est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Ryan: Sans doute.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on l'aborde
paragraphe par paragraphe?
M. Dufour: Bien oui.
M. Ryan: Mme la Présidente, vous indiquez qu'il faudrait
l'aborder paragraphe par paragraphe. Je n'ai pas d'objection. Pas d'objection.
Je pense bien que les deux premières lignes, ce n'est pas
nécessaire de faire de commentaires là-dessus, hein!
Rôle de la valeur locative
Je vais passer tout de suite au paragraphe 1°: par l'addition,
à la fin du troisième alinéa, de ce qui suit.
Essentiellement, ce qu'on vise ici... Actuellement, une municipalité
peut décider de ne pas faire un rôle de la valeur locative. Quand
elle établit son rôle d'évaluation, il n'y a pas de
rôle de la valeur locative. Et, si elle en a établi un en vertu de
la modification qui est proposée, elle pourrait décider de
l'abolir en cours de route, pendant la période de trois ans que va durer
le rôle. À supposer qu'elle décide qu'elle n'en a plus
besoin, elle pourrait décider de l'abolir pour passer
complètement à la surtaxe sur le non-résidentiel, tandis
que, selon l'économie actuelle de la loi, elle ne peut l'abroger qu'une
fois que le rôle est fini, qu'on s'en va à un nouveau rôle.
C'est essentiellement ça qui est l'objet de cet amendement-ci,
«cesse de s'appliquer aux fins de tout exercice financier
postérieur».
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Même sur le rôle, sur trois ans, vous nous
dites que, lorsqu'ils vont passer leur résolution, à ce
moment-là, ça vient de fermer.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: La boucle est bouclée.
M. Ryan: Oui. Tandis qu'actuellement elle doit au moins
théoriquement le maintenir et le garder à jour, encourir les
dépenses qui vont avec ça. (20 h 50)
M. Dufour: Est-ce que ça a des... S'il y a
des causes... S'il y avait une discussion par rapport à
ça, s'il y avait une poursuite ou si... Je pense qu'il faut imaginer
n'importe quoi. Ça peut arriver parce que c'est toutes des choses qui
sont discutables. Dans ces cas précis, s'il y avait des discussions,
est-ce que ça pourrait causer préjudice?
M. Ryan: Oui. Actuellement, si on laissait les choses dans
l'état actuel et qu'une municipalité déciderait d'abolir
son rôle pendant la durée du rôle d'évaluation, elle
pourrait s'exposer à des poursuites pour avoir manqué à
ses obligations. Tandis que, si on lui donne la faculté de l'abolir en
cours de durée d'un rôle d'évaluation, on va lui donner la
protection nécessaire.
M. Dufour: Mais comme on dit que... Bien, ça va leur
donner un droit... ça donnerait un droit supplémentaire aussi aux
citoyens, s'ils veulent contester des choses ou pas. À la minute
où il est abrogé, ça veut dire que tout le. processus se
réengage. Si on arrête le rôle, si on dit: II est
abrogé à partir de maintenant, puis on en fait un autre,
ça veut dire que les citoyens, à ce moment-là, ça
leur donne un droit de se réinscrire de nouveau, par rapport à un
nouveau rôle qui viendrait.
M. Ryan: Mais, là, ça dépendrait. Il peut
arriver qu'ils ont déjà la surtaxe sur le non-résidentiel,
mais qu'elle ne couvre pas tout le potentiel. Il y en a qui ont fait ça,
qui ajoutent une surtaxe, mais ils gardent la taxe sur la valeur locative.
C'est permis par la loi 145. Supposons qu'ils décident: On s'en va
entièrement du côté de la surtaxe, on laisse tomber
l'autre... Là, ce n'est plus nécessaire de maintenir ce
rôle de la valeur locative; ça devient une dépense inutile.
Si la municipalité n'a pas explicitement le droit de l'abolir en cours
de durée, elle peut s'exposer à des difficultés.
M. Dufour: Ça va.
M. Ryan: Ça va.
M. Dufour: Bien, moi, je ne sais pas si...
La Présidente (Mme Bélanger): Le 1° est
adopté.
M. Dufour: Peut-être que mes collègues... M.
Morin: C'est parce que...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: La façon que c'est formulé, Mme la
Présidente, j'aimerais que le ministre m'explique comment ça
pourrait être autrement. Quand on parle de la résolution
d'abrogation, on dit qu'une «municipalité peut prévoir que
son rôle alors en vigueur cesse de s'appliquer aux fins de tout exercice
financier postérieur». Comment ça pourrait s'appliquer
autrement que pour l'exercice postérieur? Ça ne pourrait
définitivement pas s'appliquer pour l'exercice en cours.
M. Ryan: actuellement, ce qu'on vous dit, c'est que ça va
valoir... le rôle de la valeur locative, s'il est là, la
municipalité est tenue de le garder pendant trois ans.
M. Morin: D'accord. Oui.
M. Ryan: Tandis qu'avec la modification que nous proposons elle
pourrait l'abolir au bout d'un an, par exemple.
M. Morin: Ah! Oui.
M. Ryan: Et elle ne serait pas obligée de le garder actif
puis à jour pendant les trois années de la durée du
rôle d'évaluation, si elle décide de passer
entièrement du côté de la surtaxe. Correct?
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Alors, Le 1° est adopté. Le 2°, M. le ministre.
M. Ryan: À 2°, la modification a pour objet... Je ne
sais pas si vous avez votre texte devant vous autres, l'article 14.1. Le
quatrième alinéa. Si vous regardez dans le quatrième
alinéa, ce qu'on veut préserver ici: dans l'hypothèse
où une municipalité abolit son rôle de la valeur locative
ou conserve la possibilité qu'elle soit tenue de maintenir un rôle
de la valeur locative pour les propriétés qui pourraient
être visées par une SIDAC, qui seraient dans le champ d'action
d'une SIDAC - parce que c'est la manière dont fonctionnent les SIDAC,
puis, si on allait supprimer ça, on risque de les mettre en mauvaise
posture; il y en a déjà qui le sont... On dit qu'il y en a encore
à peu près 35 SIDAC à travers le Québec, qui
existent. Vous vous inquiétiez de ça l'autre jour, M. le
député de Jonquière. J'ai fait faire un relevé dont
je pense bien que je pourrai vous passer une copie. C'est une
réalité qui est encore significative dans à peu
près 25 municipalités.
Alors, voilà, ça, c'est le but de cette modification qui
est proposée en 2°. Et 2°, 3° et 4° sont tous
reliés au même sujet.
M. Dufour: Est-ce que ça origine de leur demande ou si
c'est par concordance avec les décisions ou les amendements qui sont en
cours?
M. Ryan: II y a des gens, des responsables de SIDAC qui nous ont
fait des représentations à ce sujet-là. Justement, si le
secrétariat voulait distribuer une copie de ceci, je n'ai pas
d'objection à ce qu'on en fournisse un exemplaire aux
députés. Est-ce que tout le monde est
intéressé? Des voix: Oui. M. Ryan: C'est le
gouvernement qui paie.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Mme la Présidente, je ne sais pas si je me
souviens bien. Parce que, lors du projet de loi 145, on sait qu'on n'a pas eu
l'opportunité de discuter article par article.
M. Ryan: Jusqu'aux deux tiers. M. Morin: Hein?
M. Ryan: Jusqu'aux deux tiers. Puis vous autres, tout le temps
voulu...
M. Morin: Je ne sais pas de quel tiers ça faisait partie,
celui-là, mais...
Des voix: Ha, ha. ha!
M. Morin: Avec la surtaxe, évidemment, sur les immeubles
non résidentiels, je comprenais, à ce moment-là, qu'on
puisse faire mention que des municipalités puissent conserver le
rôle de la valeur locative uniquement pour des fins d'application de la
cotisation auprès des SIDAC, dans le temps. Aujourd'hui, est-ce que le
ministre serait en mesure de nous dire s'il y a bien des municipalités
qui conservent ce rôle-là uniquement pour ces fins-là, si
ces mêmes municipalités-là ont opté pour la surtaxe
sur les immeubles non résidentiels? J'aimerais savoir ça, moi.
Autrement dit, la pertinence de conserver un tel article.
(Consultation)
M. Ryan: Là, on ne peut pas vous donner de renseignements
là-dessus ce soir.
M. Morin: Mais ce serait intéressant de savoir ça.
Lorsqu'on légifère, c'est pour quelque chose.
M. Ryan: Oui, mais on laisse là le pouvoir. Quand
même il y en aurait deux, là, c'est un pouvoir qu'on leur a
déjà donné, ça, les SIDAC.
M. Morin: Non, mais je ne remets pas en cause la SIDAC, sauf
que...
M. Ryan: Mais c'est ça. Si on ne faisait pas de
modification comme celle-ci, on les mettrait en cause justement. C'est pour les
protéger. Quand même il y en aurait trois...
M. Morin: D'accord. Oui, je comprends l'objectif puis je n'ai
rien contre
M. Ryan: Correct? Très bien.
M. Morin: Je n'ai rien contre. C'est juste une question
d'information, à savoir...
M. Ryan: Là, ce que je vous dis, c'est qu'il y en a
à peu près 35; elles vont être protégées, les
35.
M. Morin: SIDAC.
M. Ryan: Elles vont être protégées.
M. Morin: Puis la seule façon d'assurer les cotisations,
c'est par la valeur du rôle... locative...
M. Ryan: C'est ça.
M. Morin: ça veut dire qu'il y a des municipalités
qui feraient confectionner un rôle uniquement pour les fins de ces
perceptions-là. ça me paraît un peu...
M. Ryan: Non, mais c'est ça. C'est vraiment un statut
particulier, comme il en existe beaucoup dans nos lois.
M. Dufour: Le fait que la SIDAC reçoive son tarif ou sa
cotisation sur le rôle de la valeur locative, est-ce qu'elle peut
l'avoir... Est-ce qu'elle a des pouvoirs pour l'obtenir, cette cotisation, ce
tarif, sur d'autres bases? Est-ce qu'elle pourrait avoir une partie de la
surtaxe, par exemple, sur les immeubles?
M. Ryan: Je ne pense pas, d'après le statut actuel des
SIDAC. Je ne pense pas.
M. Dufour: Mais en supposant que le transfert ou les changements
se fassent... Oui...
M. Ryan: Allez-y.
M. Dufour: ...à l'effet que, de plus en plus, les
municipalités vont sur la surtaxe... Moi, ce serait peut-être
anachronique qu'on laisse le pouvoir d'aller chercher sur la valeur locative,
à ce moment-là, ou tenir un rôle de la valeur locative
spécifiquement pour cette question-là Puis est-ce que ça
prendrait un amendement à la SIDAC, comme tel?
M. Morin: Une municipalité serait aussi bien de
subventionner directement la SIDAC, parce que le coût de la confection du
rôle de la valeur locative, c'est un coût majeur.
M. Ryan: Regardez. Pardon?
M. Morin: C'est un coût majeur. La confec-
tion du rôle d'évaluation locative, c'est un coût
majeur pour une municipalité. Puis, de façon
générale, on va trouver une SIDAC par municipalité.
M. Ryan: Bien sûr. C'est vrai, ça. Ici, la
portée principale de la modification qui est envisagée...
M. Morin: ah! je suis d'accord avec la portée, je suis
d'accord avec l'article, sauf que je remets la question beaucoup plus globale,
moi, là.
M. Ryan: II peut arriver, là... On vise aussi... Il peut
arriver qu'une municipalité décide de maintenir pour une SIDAC le
financement par le recours à des cotisations fondées sur le
rôle de la valeur locative. Il peut arriver que la municipalité
ait confié son travail d'évaluation à un organisme
intermunicipal ou supramunicipal.
M. Morin: Oui.
M. Ryan: Là, on donne à la municipalité le
pouvoir d'exiger que l'organisme supra ou intermunicipal établisse un
rôle de la valeur locative pour les immeubles situés dans le
territoire couvert par la SIDAC. C'est une protection.
M. Morin: D'accord.
M. Ryan: Mais, apparemment, il n'y a pas de contrainte exclusive
établissant qu'une SIDAC doit être financée seulement de
cette manière-là. Elle pourrait l'être également
d'autres manières, je pense; en particulier, par le recours à
l'annexe qui va définir les unités sujettes à la
surtaxe.
M. Dufour: Ça pourrait être autrement que par...
M. Ryan: D'après ce qu'on me dit. (21 heures)
M. Morin: ...la valeur locative, sauf que la municipalité
autoriserait les organismes supramu-nicipaux à le faire. C'est bien ce
que j'ai compris.
M. Ryan: O.K.?
M. Morin: Mme la Présidente, est-ce que je pourrais savoir
du ministre, s'il est en mesure de donner... C'est une petite information,
mettons, une curiosité. Depuis l'adoption de la loi 145, il y a combien
de municipalités qui ont opté pour la surtaxe sur les immeubles,
et il y en a combien qui ont conservé la taxe sur la valeur locative?
C'est juste la curiosité. Si c'est trop embêtant, je m'en excuse
là, ce ne sera pas nécessaire.
M. Ryan: II y a - d'après ce qu'on me dit, j'ai de
très bons conseillers autour de moi, je ne sais pas tout ça de
moi-même - 340 municipalités qui avaient un rôle de valeur
locative avant l'entrée en vigueur de la loi 145. En 1992, il en reste
220, environ. Ce qui veut dire qu'il y en a qui ont les deux.
(Consultation)
M. Ryan: Environ 200 sont passées à la surtaxe en
1992, dont environ 50 qui n'avaient pas de rôle de valeur locative.
M. Morin: D'accord. Je vous remercie.
M. Dufour: Ce n'est pas 200 sur 220, nécessairement.
M. Ryan: Non, non, non.
M. Dufour: Parce qu'il y en a 220 qui sont aux deux.
M. Ryan: Pas 220. Non, non, pas 220.
M. Dufour: Non? Vous n'avez pas dit 220? En 1992.
M. Ryan: Les deux, il en reste neuf. M. Dufour: II y en a
seulement neuf. M. Ryan: O.K.?
M. Dufour: II y a des gens qui ont l'esprit mal tourné. Je
vais vous dire pourquoi j'ai dit qu'il y a des municipalités qui
étaient aux deux. Elles étaient à la valeur locative et
elles étaient aussi à la taxe d'affaires. Ça me semble
clair.
M. Ryan: c'est pour ça que vous allez comprendre que le
ministre a toujours un gros effort à faire pour comprendre ses
fonctionnaires.
M. Dufour: Et nous, donc!
M. Ryan: Quand c'est traduit par le ministre, ce n'est pas
toujours parfaitement clair, c'est vrai.
M. Dufour: Non, mais c'est intéressant.
M. Ryan: Je pense qu'on s'est compris, Mme la Présidente.
Je pense qu'on s'est compris.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, 2°,
ça va?
M. Ryan: Je pense que 2°, ça va; 3°, c'est
du même au pareil. M. Dufour: 4°.
La Présidente (Mme Bélanger): 4°.
M. Ryan: Là, c'est la pondération, qui ne
s'applique pas dans ce cas-ci. On n'en finirait pas. Considération
strictement pratique. Si vous voulez... C'est correct, ça?
M. Dufour: Ça veut dire que chaque rôle est
considéré à l'intérieur d'une municipalité
et non pas dans un tout. Quand on parle de médiane... Un rôle
d'évaluation, on fait des comparaisons. Là, on le fait en
fonction de ce qui existe. Est-ce qu'il y a des gens dans la SIDAC, dans ces
questions-là, est-ce qu'ils peuvent contester? Est-ce qu'ils auraient
des moyens de contestation, ces gens-là? On applique une chose. Est-ce
que ces gens-là peuvent contester légalement? Ils peuvent
peut-être, pour chiâler là, la différence...
(Consultation)
M. Ryan: ...la valeur locative est contestable devant le
BREF.
M. Morin: Même si elle sert uniquement pour les fins de
l'application de la cotisation. Ça se trouve une valeur officielle quand
même.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): alors, l'article est
adopté. j'appelle l'article 2. à l'article 2, il y a un
amendement. l'article 45.1 édicté par l'article 2 du projet de
loi 55 est remplacé par le suivant.
M. Ryan: Oui, nous allons déposer l'amen-doment. Il y a
deux amendements, en fait. L'autre viendra plus tard. On peut vous le
déposer maintenant. L'autre va porter sur l'article 26, mais les deux se
tiennent. C'est aussi bien que vous les ayez tous les deux en même
temps.
M. Dufour: C'est clair qu'on va attendre pour le 26, ça va
aller plus tard.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection.
M. Dufour: II serait à la suite de l'autre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on peut
suspendre l'article 2.
M. Ryan: Alors, on distribuera les deux d'ici la fin de la
soirée.
M. Dufour: Lorsqu'on sera rendu à l'article 26.
M. Ryan: Oui, et on reviendra à 2 en même temps que
26.
M. Dufour: Vous êtes optimiste, M. le ministre.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Vous êtes optimiste.
M. Ryan: Ah bien, toujours!
M. Dufour: Parce que vous dites: On le distribuera quand on sera
rendu à l'article 26
M. Ryan: C'est parce que je sais qu'il y a bien des chemins pour
se rendre à Rome.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 2
est suspendu. J'appelle l'article 3.
M. Filion: Est-ce qu'on peut quand même avoir une copie de
l'amendement?
La Présidente (Mme Bélanger): II dit qu'il va
déposer les deux en même temps.
M. Ryan: Oui, on va les distribuer là. On va les
distribuer.
M. Dufour: mais est-ce qu'on a tenu compte... est-ce que ce sont
des amendements qui sont préparés d'avance, qui avaient
déjà été écrits...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, manuscrits.
M. Dufour: ...ou si ce sont des amendements qui ont
été écrits en tenant compte des interventions qu'on a
eues?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est ça
M. Ryan: nos conseillers sont à l'écriture
continuellement. chaque fois qu'il y a une bonne idée qui sort, ils la
notent, ils essaient de l'intégrer dans la pensée officielle.
M. Dufour: C'est parce que la formulation... On n'en discute pas,
de 2, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, il est
suspendu.
M. Dufour: Parce qu'il me semblait que vous aviez donné
cette définition lors de l'étude de départ. À la
première intervention qu'on a eue, cet après-midi, il me semble
que le libellé de l'article 45.1...
M. Ryan: Non, non.
M. Dufour: Non?
M. Ryan: Non. Il y a des changements qui ont été
apportés encore cet après-midi. On a joué encore dedans
cet après-midi.
M. Dufour: Vous le suspendez pour le moment.
M. Ryan: À votre demande. M. Dufour: Donc
là, on irait à 3.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est
déjà appelé, l'article 3. M. le ministre.
Annexe du rôle
M. Ryan: II y a bien des choses dans l'article 3, on les prend un
par un comme...
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: ...d'ordinaire, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Ryan: Alors, le premier paragraphe: 1° par l'insertion,
dans la deuxième ligne du premier alinéa de l'article 69,
après le mot «annexe», du mot
«intégrale». C'est parce que, plus loin, on va introduire le
concept d'annexé partielle. Là, on marque «annexe
intégrale». Une annexe intégrale, c'est celle dans laquelle
figureront toutes les unités d'évaluation comprises...
M. Morin: Lorsqu'il y aura eu résolution prévue
à cet effet.
M. Ryan: Pardon?
M. Morin: Dans le cas d'une résolution.
M. Ryan: Oui, c'est entendu.
M. Morin: Quand il n'y a pas de résolution...
M. Ryan: C'est entendu.
M. Morin: ...ça devient une annexe...
Une voix: Partielle.
M. Morin: ...partielle. Parce que tantôt vous avez dit
ça, vous êtes allé plus loin, M. le ministre. Vous avez dit
qu'on va traiter plus loin de l'annexe partielle. J'imagine que vous faisiez
allusion au rôle de la municipalité qui n'a pas de
résolution en vigueur.
M. Ryan: C'est ça.
M. Morin: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
Ie1°?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Le 2°, M.
le ministre.
M. Ryan: Alors, c'est une question de formulation. On remplace le
mot «inoccupé» par le mot «vacant».
M. Morin: Vous pourriez peut-être nous expliquer, Mme la
Présidente.
M. Ryan: Je vais essayer.
M. Morin: J'imagine que, si vous le changez, c'est parce qu'il y
a eu des difficultés dans l'application.
M. Ryan: Regardez, on dit que le mot «vacant» apporte
plus de précision que le mot «inoccupé», pour
indiquer que la mention exigée à l'égard d'un local vide
est celle de la vacance dans le sens selon lequel interviennent les
règles du dégrèvement.
M. Dufour: C'est assez...
M. Ryan: Je pense que ça va faire une meilleure
concordance avec l'ensemble du texte. Le mot «vacance»
décrit mieux ce qu'on veut dire ici que «inoccupé».
Le mot «vacance», je pense qu'il explique l'idée d'effort
aussi pour... On l'a mis sur le marché...
M. Morin: «Vacant» peut laisser entendre absence de
bail ou enfin...
M. Ryan: on l'a mis sur le marché pour qu'il soit
occupé, mais, des fois, il peut être inoccupé sans que le
propriétaire se soit forcé du tout; là, c'est
«vacance». on a cherché à le louer. ça va?
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour le
2°?
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Le 3°, M. le
ministre.
M. Ryan: Ici, c'est pour que les lieux qui sont
considérés comme des établissements de tourisme, des
hôtels et tout ne soient pas considérés, aux fins de cette
annexe-là, les occupants d'un local. C'est comme le pensionnaire qui
loge dans un hôtel, par exemple, ça ne sera pas compris comme un
local au sens de la
loi C'est tout l'onsomble do l'ôdlfico qui est compris. On n'est
pas pour commencer à calculer chaque chambre séparément.
(21 h 10)
M. Dufour: Quand vous parlez de la loi des établissements
touristiques, les centres d'accueil, est-ce que c'est assimilé à
un local touristique? C'est juste les hôtels?
M. Ryan: Les centres d'accueil. Il y a une mesure qui a
été prise l'an dernier quand on a modifié la Loi sur la
fiscalité municipale. On a changé le régime de taxation
des centres d'accueil.
M. Dufour: II y a des représentations.
M. Ryan: II y en a eu, mais c'est sur un point en particulier. Je
peux vous le donner tout de suite. Il y a des gens qui ont dit: Bien, vous avez
introduit un changement en cours d'année, vous avez obligé des
gens à payer une taxe à partir du début de l'année,
alors que c'était faux. La taxe s'appliquait seulement à compter
du moment de l'entrée en vigueur de la loi 145, c'est-à-dire du
1er juillet, disons. Mais là il y a des municipalités qui avaient
mal compris ça, qui nous ont fait des représentations. Il n'y a
eu aucune rétroactivité là-dedans.
M. Dufour: Cet article-là qu'on introduit, est-ce en
fonction d'un problème futur possible ou si c'est en fonction...
M. Ryan: Non. C'est seulement pour clarifier la situation des
établissements touristiques, que les chambres qu'ils louent, ça
ne devrait pas être compris dans l'annexe pour les fins de la surtaxe sur
les immeubles non résidentiels.
M. Dufour: Donc, vous n'êtes pas prêts à
accéder à la demande de certaines municipalités qui
demandent le pouvoir de prélever des taxes sur les chambres
d'hôtel.
M. Ryan: Non. Il y a le gouvernement qui en prélève
et c'est déjà assez. Si on veut tuer l'industrie touristique, on
peut aller jusque-là.
M. Dufour: Ça va. M. Ryan: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
3°?4°.
M. Ryan: C'est le paragraphe quel numéro, ça?
La Présidente (Mme Bélanger): 4°, 45.1. M.
Dufour: On revient à 2.
M. Ryan: Ici, on ajoute les mots «auquel est partie le
propriétaire». Un bail auquel est partie le propriétaire.
C'est pour exclure un sous-bail qui serait contracté par le locataire.
Parce que là, s'il fallait qu'on embarque là-dedans, on n'en
finirait pas.
M. Dufour: Le bail lie le locataire avec le propriétaire.
S'il y a un sous-bail, ça demeure toujours avec le premier.
M. Ryan: C'est ça. Avec le locataire.
M. Dufour: Le locataire.
M. Ryan: Jusqu'à la fin du bail.
M. Dufour: et s'il y a un changement, si le propriétaire
accepte qu'il y ait un sous-bail, donc, à ce moment-là, ça
veut dire que ça enlève l'obligation de l'un. ça reste
toujours avec le locataire.
M. Ryan: C'est ça. M. Dufour: Ça va.
M. Ryan: Mais le propriétaire est toujours libre de
consentir explicitement.
M. Dufour: Oui, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
4°. 5°. M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que c'est une concordance avec ce qu'on a
discuté sur les établissements touristiques, ça.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
5°. 6°.
M. Ryan: Au paragraphe 6e, on dit: Annexe partielle.
Supposez qu'une municipalité n'ait pas une annexe intégrale, il
faudra qu'elle ait au moins une annexe partielle où seront
mentionnés tous les locaux qui vont être admissibles, pour
lesquels le propriétaire va être admissible à la subvention
de compensation.
Disons que ce sont des locaux occupés par des
établissements de charité ou qui fonctionnent à des fins
religieuses, par exemple. Là, ils vont être taxables en vertu de
la surtaxe sur les immeubles non résidentiels. Le propriétaire va
être taxable pour eux autres. Mais il aura droit à une subvention
de la part de la municipalité en compensation. Alors, ici, il faut qu'on
ait un rôle qui le dise.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Et 7°, Mme. la Présidente, c'est la
même chose. La municipalité peut décider que son rôle
ne comportera aucune annexe partielle. On a déjà dit qu'elle
n'était pas obligée de faire une annexe intégrale;
ça dépend, si elle ne veut pas l'avoir, la taxe, elle n'est pas
obligée de la faire. Mais on dit qu'elle ne sera pas obligée
d'avoir une annexe partielle, mais que, dans ces cas-là, elle ne pourra
pas imposer la surtaxe sur des immeubles, sur des immeubles dont on vient de
parler, que c'est son choix. C'est assez simple, finalement.
M. Morin: Ha, ha, ha! M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Morin: Oh! Mol, Mme la Présidente, quand j'ai
essayé de comprendre, II a fallu que je fasse un effort
terrible. La nouvelle version, là, du dernier alinéa qui est
remplacé, dont la formulation est totalement changée, ça
prend des efforts très particuliers. Quand vous dites que c'est simple,
M. le ministre, vous n'êtes pas gêné.
M. Ryan: Non, mais je voulais parler des explications.
M. Morin: Ah, mon Dieu! Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions à 7°?
M. Morin: Moi, j'étais encore à 6°, Mme la
Présidente. En tout cas...
La Présidente (Mme Bélanger): II a
été adopté, le 6°?
M. Morin: Ça va, ça va.
M. Ryan: Nous avions adopté le 7°, je crois, hein?
Une voix: Le 6°. M. Ryan: Le 6°?
La Présidente (Mme Bélanger): Là, on
était rendu à 6°, on avait adopté le 6°.
Une voix: On est rendu à 7°.
M. Ryan: Je pense que 7°, en tout cas, on vient de
l'expliquer.
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. C'est là
que j'ai demandé s'il y avait des questions sur 7°.
Une voix: Alors, on adopte le 7°?
M. Ryan: Adopté.
Une voix: Adopté.
M. Dufour: Attendez un peu.
M. Ryan: Ça, c'est: la municipalité...
M. Dufour: Je le relis, là.
M. Ryan: ...peut décréter qu'il n'y aura pas
d'annexé partielle...
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: ...couvrant les établissements de charité,
religieux ou autres. À ce moment-là, bien, elle n'a pas le droit
de leur imposer la surtaxe. Ça a pris 10 lignes pour dire ça;
peut-être qu'on aurait pu dire ça en 2 lignes.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Est-ce qu'on pourrait le réécrire?
M. Ryan: Mais 14 lignes... Nous autres, c'est parce qu'on sait
comment c'est compliqué de rédiger ces choses-là. M.
Couture le savait depuis longtemps, mais moi, je l'ai appris, depuis deux ans.
C'est encore plus compliqué qu'à l'Éducation. Il y a
beaucoup plus de détails.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
7°?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, 8°, M. le
ministre.
M. Ryan: Alors, 8°, là, par cette disposition, le
législateur permettrait à une municipalité de passer de
l'annexe intégrale à l'annexe partielle en cours de cycle du
rôle triennal. Les articles relatifs à la tenue à jour du
rôle ne s'appliqueront plus à l'égard des locaux qui n'ont
pas à être inscrits à l'annexe partielle. Je pense que
ça, c'est encore un corollaire tout à fait logique, là,
des choses que nous avons faites jusqu'à maintenant.
Une voix: Tabarnouche! M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Savez-vous, on s'en vient avec l'évaluation, la
même chose que pour le ministère du Revenu. C'est tellement
compliqué qu'à part
des experts plus personne ne les comprend. Je ne sais pas si...
M. Ryan: Regardez, c'est parce qu'il faut prendre tous les textes
ensemble. Chaque paragraphe, ça prend presque une demi-heure, mais il
faut avoir fait l'exercice en général avant de venir ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: C'est ça, c'est ça, c'est ça,
c'est ça. Mais tout le monde devient des experts dans la
méconnaissance. Il faudrait vous demander d'expliquer ça,
là.
M. Ryan: Là, je le sais, ce soir, mais,
après-demain, je ne suis pas sûr.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: Une fois partis, vous êtes logiques,
messieurs.
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Ryan: Je dois souligner que pendant que nous faisons la
transition d'un article à l'autre, Mme la Présidente...
M. Morin: Ce qui me fatigue, Mme la Présidente, je
comprends que la municipalité, lorsqu'elle passe une résolution
pour abroger, évidemment, que l'annexe intégrale ne devient plus
nécessaire. Mais comment est-ce qu'elle peut aller jusqu'à, dans
sa résolution d'abrogation, rendre nulle et sans effet l'annexe,
uniquement pour l'année postérieure, c'est-à-dire pour
l'année suivante? Parce que l'annexe, elle demeure intégrale pour
l'année en cours, elle ne peut pas la canceller, elle demeure toujours
en vigueur.
M. Ryan: pour l'année postérieure, peut-être
pour les deux années postérieures. là, ça commence
à valoir la peine, parce que, comme vous le disiez, ça
coûte assez cher, un rôle de valeur locative.
M. Morin: Maintenant qu'elle est confectionnée, je veux
dire, quel avantage est-ce que ça a, puisque l'annexe intégrale,
je comprends qu'on n'impose pas ça à une municipalité
lorsque ce n'est pas nécessaire, mais, à partir du moment
où l'annexe intégrale est déjà
confectionnée, quel avantage vous trouvez à ça, là?
(21 h 20)
M. Ryan: Pour la tenir à jour, là, il y a toutes
sortes de modifications, d'ajustements qui vont devoir être
apportés à ça. Il y a des plaintes qui vont arriver, et il
y a des pouvoirs qui sont donnés à l'évaluateur de
procéder à des ajustements. Un évaluateur, surtout quand
il est sous contrat, ça ne travaille pas pour des prières.
M. Morin: Ah, mais...
M. Ryan: Ça fait que, que la municipalité puisse
décider, en cours de cycle, qu'elle passe de l'annexe intégrale
à l'annexe partielle, très bien. Nous travaillons toujours pour
faciliter les choses aux municipalités, n'est-ce pas?
M. Morin: Vous ne réussissez pas toujours.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 3,
dans son ensemble, est adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 4. M. le ministre.
M. Ryan: Ouf. Cet article a pour objet d'exiger d'une
municipalité qui impose une surtaxe sur les immeubles non
résidentiels qu'elle ait au moins une annexe partielle en blanc lorsque
son rôle ne comporte aucune unité d'évaluation comprenant
un local à inscrire à l'annexe partielle. Ça, c'est les
locaux admissibles à la subvention compensatoire dont j'ai parlé
tantôt. Cette annexe en blanc permettra, le cas échéant,
l'inscription de ces locaux en cours de cycle du rôle triennal.
C'est une précaution qui est prise. Cette annexe-là, au
rôle, sera présente. Puis, s'il arrive qu'un organisme de
charité vienne s'établir quelque part, qu'une nouvelle
institution religieuse prenne domicile quelque part, elle sera inscrite sur
l'annexe qui avait été laissée en blanc.
M. Dufour: Mais comment on peut appeler une annexe partielle qui
n'a rien d'écrit dessus? Comment on peut l'inscrire? C'est une feuille
de papier?
M. Ryan: C'est ça, là. C'est le titre qu'on a
trouvé. On l'appelle «annexe partielle en blanc». O.K.?
M. Dufour: C'est O.K., mais... Ce qui est écrit, je
comprends, mais comment on peut...
M. Ryan: Mais on dit que c'est ça qui va être
écrit, là. Ça va être ça, le titre de
l'annexe.
M. Dufour: Ce n'est pas un mariage en blanc, là. C'est
quoi, cette affaire-là?
M. Ryan: Annexe partielle. Puis il n'y aura pas
d'écritures qui vont être faites tant qu'il n'y
aura pas de besoins. Ça fait curieux, je vous le
concède.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je vais faire comme la vice-première ministre.
Je suis ébahi, je suis étonné. C'est nouveau,
ça.
M. Ryan: II n'y a rien d'ébahissant là-dedans.
Ça fait sourire.
M. Dufour: Oui, mais c'est nouveau comme façon de
légiférer?
M. Ryan: M. Couture...
M. Dufour: Je comprends que si... Donc, vous prévoyez que
ça ne sera pas un cahier à anneaux, là. On ne pourra
jamais insérer d'autres feuilles dedans. D'habitude, vous faites
ça par règlement, pas par législation. Normalement, des
choses de même, ça se fait par règlement, non pas dans la
loi. Remarquez bien que moi, je ne suis pas plus chaud que ça avec les
règlements. SI on prend ce système-là, ça veut dire
qu'il faudrait qu'il y ait de moins en moins de règlements puis qu'on
l'écrive dans la loi.
M. Ryan: En tout cas, écoutez, une feuille en blanc,
ça ne sera pas bien forçant non plus, ni coûteux, mais
ça va éviter, s'il arrive, en cours de route, des
développements qui n'avaient pas été prévus,
d'être obligé de passer par toute la gamme des résolutions
puis tout, puis peut-être d'être obligé d'attendre
l'expiration du rôle pour pouvoir instaurer cette annexe partielle. Parce
que, ce qu'on vise, c'est une annexe partielle. Mais ce qu'on dit: II n'y en a
pas. On la met là quand même puis, s'il arrive quelque chose, le
besoin va avoir été prévu.
M. Dufour: Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'est pas
avare de mots pour dire des choses qui pourraient être dites autrement.
En tout cas, moi, c'est la première fois que je vois des choses de
même. On aurait pu écrire que, dans tout rôle, ça
doit comprendre une annexe partielle même s'il n'y a aucune inscription
dessus, au cas de... Écoutez un peu... «Lorsque, au moment du
dépôt du rôle, aucune unité d'évaluation
identifiée conformément à l'article 57.1 ne comprend de
local dont le propriétaire ou l'occupant est une personne ayant droit
à la subvention prévue à l'article 244.20 et devant
être inscrite à l'annexe partielle que comporte le rôle en
vertu du quatrième alinéa de l'article 169, une telle annexe est
déposée en blanc».
M. Morin: C'est bon.
M. Dufour: Imaginez-vous si c'était nous autres qui
écrivions ça, vous trouveriez ça bon.
M. Ryan: On n'aurait peut-être pas passé nos
examens.
M. Dufour: c'est presque de légiférer pour quelque
chose qui n'existe pas. bien oui. on dirait qu'on légifère pour
quelque chose qui n'existe pas.
M. Ryan: Là, c'est parce qu'il faut prévoir la
possibilité de donner suite, en cours de route, à cette
disposition de subvention compensatoire pour des organismes à but non
lucratif. Si on n'a pas prévu une annexe à cette fin, on ne
pourra pas appliquer l'article 244.11.
M. Dufour: Oui, mais on aurait pu... M. Ryan: On va les
priver...
M. Dufour: ...par exemple, faire différemment. On aurait
pu dire que le rôle d'évaluation, qui est déposé ou
identifié à l'article 57.1, même s'il n'est pas couvert par
tel article et tel article, fait partie intégrante du rôle, sans
qu'on dise: On dépose en blanc. Un chèque en blanc. C'est
ça. Ou un papier en blanc. En tout cas, je ne sais pas si c'est du droit
nouveau mais, mol, c'est la première fois que je vois ça. C'est
vrai que je ne suis pas un député de plusieurs années. Il
faudrait que je m'informe...
M. Ryan: Mais vous avez été maire longtemps.
M. Dufour: ...si j'ai vu ça. Je n'ai jamais vu ça,
c'est justement.
M. Ryan: Vous n'avez jamais vu d'affaire comme ça. Alors
ça...
M. Dufour: C'est ça. Quand on dit que le
législateur parie pour ne rien dire, ça fait drôle.
M. Ryan: Je vais signaler à nos conseillers qu'il ne
faudrait pas qu'on arrive trop souvent avec des choses que vous n'avez jamais
vues.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Là, je vous le dis, je n'en ai jamais vu. Mon
collègue de Dubuc, est-ce qu'il a vu ça?
M. Morin: Au municipal, on voit beaucoup de choses mais c'est le
provincial qui nous en montre, hein?
M. Dufour: Ah, oui, définitivement.
M. Ryan: Je dois signaler une chose. Nous blaguons, mais les
services juridiques du ministère des Affaires municipales sont des
services très compétents, très consciencieux et parmi
les
meilleurs que je connaisse en droit municipal.
M. Morin: C'est pour ça que vous voulez faire charger les
frais aux municipalités.
M. Dufour: Comme c'est à peu près les seuls que
vous consultez, c'est les meilleurs.
M. Ryan: Le prix qu'il était question de charger eût
été fort modeste.
M. Morin: Vous voulez me dire que la compétence, ça
se paie. C'est ça que vous voulez faire.
M. Ryan: Ça s'admire surtout.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez remarqué qu'il y a cinq maires autour de la table
ici? Cinq exmaires.
M. Dufour: Je suis certain qu'ils ne l'ont jamais vu non
plus.
M. Ryan: Je le sais et c'est pour ça que, du
côté du gouvernement, il y a une telle sécurité.
M. Dufour: Mais ils sont au même point que nous en
avant.
M. Ryan: Ce sont tous des anciens maires.
M. Morin: II y a juste le ministre qui ne l'a jamais
été.
M. Ryan: C'est pour ça que je me mets volontiers à
leur école.
M. Dufour: II y en a même un qui aurait pu l'être,
qui a essayé de l'être.
M. Gauvin: On doit présumer qu'il a probablement la
compétence pour l'être éventuellement.
M. Ryan: Mais ils n'ont jamais été directeurs de
journaux. Mme la Présidente, je crois que sur l'article 4 nous avons
à peu près épuisé ce qui pouvait être dit de
raisonnable. Et je rappelle qu'au sens du dictionnaire, quand on dit «en
blanc», ça veut dire une formule sur laquelle il n'y a encore rien
d'écrit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: II ne faut pas abuser du dictionnaire.
M. Morin: Oui, mais dans l'esprit de la loi il ne doit jamais
s'inscrire dessus. Même pas dans l'avenir. Il doit rester blanc.
M. Ryan: Non, mais c'est en blanc pour des inscriptions
éventuelles. C'est ça qui est le «catch». Oui, oui.
Mais il en faut une formule. S'il arrive le besoin de faire une inscription,
elle va être là. Si elle n'y était pas, on ne pourrait pas
faire l'inscription.
M. Morin: C'est incroyable! Il y en a qui ont de
l'imagination.
M. Ryan: Vous avez vu, quand on manque de précision, ce
que les tribunaux peuvent nous faire. On l'a vu tantôt.
M. Morin: ...des feuilles en blanc.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça va
pour l'article 4?
M. Morin: Ah! ça va.
M. Dufour: C'est presque faire un acte de foi.
M. Ryan: Mais, celui-là, il n'est pas dangereux.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va à
l'article 4?
M. Dufour: Moi, vous me demandez quelque chose que je trouve
assez curieux comme formulation et vous nous dites: C'est comme ça que
ça doit être. Peut-être que c'est vrai, peut-être que
c'est comme ça mais, si on avait prévu de quelle façon le
rôle était fait, possiblement qu'on serait arrivé aux
mêmes conclusions sans l'écrire de cette façon-là.
La formulation dit ce qu'elle veut dire. J'ai bien compris ce qu'elle voulait
dire. Je sais pourquoi elle est là mais...
M. Ryan: Je dois dire une chose, si vous me permettez.
M. Dufour: ...j'ai de la misère à suivre. (21 h
30)
M. Ryan: Je comprends. Je dois dire une chose, c'est que la
très grande majorité de ces modifications particulières
que nous introduisons sont conçues en réponse à des
besoins qui nous ont été signalés par les
municipalités. Moi, j'en envoie continuellement à nos services
juridiques, des lettres ou des résolutions que m'adressent des
municipalités: Voulez-vous nous dire ce que ça veut dire? Dans
telle situation, qu'est-ce que nous ferions? Nous avons demandé à
nos conseillers juridiques, qui nous ont référé à
vous autres. Et, en général, c'est parce qu'il y a des besoins
qui nous avaient été signalés, des questions qui n'avaient
pas de réponses claires et auxquelles on essaie de donner des
réponses satisfaisantes. Mais, des fois... Moi-même, quand j'ai
entendu parier de trois sortes d'annexés,
intégrales, partielles, en blanc... Je trouvais qu'une
c'était déjà beaucoup à comprendre. L'annexe de
l'article 69, vous savez comment on a travaillé là-dessus l'an
dernier. Et je me dis que si on s'en va à en avoir trois sortes... Mais
quand on regarde ça froidement, ce n'est pas si compliqué que
ça en a l'air. L'annexe de base, on l'appelle intégrale,
maintenant. On va continuer, nous autres, à l'appeler
«annexe». Mais, quand ils ne veulent pas de l'annexe
complète, c'est l'annexe partielle. S'il n'y a rien à mettre
dedans, bien, c'est en blanc.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Pour l'environnement. Ça fait moins de
pollution.
M. Ryan: Très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
l'article 4?
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 4
est adopté. J'appelle l'article 5. M. le ministre.
Plaintes
M. Ryan: L'article 5 est un article assez simple, pour une fois.
Lorsqu'une personne fait une plainte auprès du Bureau de révision
de l'évaluation foncière, en même temps que sa plainte,
elle doit faire un dépôt dont le montant doit correspondre aux
prescriptions formulées à cet égard par règlement
du gouvernement. C'est ça. Alors, là, on dit dans le texte
actuel, que, lorsqu'il rend sa décision sur la plainte, le Bureau peut
ordonner que cette somme soit remboursée au plaignant. Là, bien,
cette somme ne serait plus remboursée au plaignant. Cette
discrétion ne s'appliquerait plus dans le cas du Bureau.
M. Dufour: Bon. Là, vous allez nous dire c'est quoi, les
représentations que vous avez eues par rapport à ça.
Comment ça se passait? Si c'est possible.
M. Ryan: Est-ce que nous avons le directeur de la section de
l'évaluation du ministère? Je pense qu'il serait plus familier
que moi avec tous les dédales de cette question. M. Carrier peut
peut-être nous donner les éléments de fait et, ensuite,
j'indiquerai les renseignements additionnels quant à la provenance.
M. Carrier (Réjean): Alors, lorsqu'une...
M. Ryan: Alors, c'est M.... Mme la Présidente, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Carrier, si
vous vouiez bien vous identifier et donner votre titre.
M. Carrier: Réjean Carrier, je suis directeur
général à l'évaluation aux Affaires municipales.
Alors, lorsqu'un contribuable porte plainte au BREF, en même temps qu'il
porte plainte, il a un droit à déposer en même temps. Et ce
droit-là est échelonne selon la valeur de la
propriété.
M. Dufour: Est-ce que vous pourriez nous donner les montants?
M. Carrier: Oui. Alors, c'est 25 $ lorsque la plainte porte sur
une unité d'évaluation dont la valeur inscrite au rôle est
inférieure à 500 000 $; 100 $ lorsque cette valeur-là est
entre 500 000 $ et 1 000 000 $; 200 $ lorsqu'elle est entre 1 000 000 $ et 5
000 000 $; 500 $ lorsqu'elle est égale ou supérieure à 5
000 000 $ et ainsi de suite jusqu'à... Alors, ce que l'on dit
maintenant, c'est que le tribunal, le BREF, n'aura plus le... Le
dépôt, finalement, va être gardé par le
ministère des Finances. C'est le seul changement qui est introduit.
M. Dufour: Est-ce qu'il y avait beaucoup de cas où le juge
remettait le montant de la plainte?
M. Carrier: Je n'ai pas de données là-dessus.
M. Dufour: Vous n'en avez pas là-dessus. M. Carrier:
Non.
M. Dufour: Mais ça se fait à la demande de la
municipalité ou parce que ça... C'est juste symbolique ou
autrement? Ou c'est que les frais modérateurs sont...
M. Carrier: Bien, maintenant, il y a des sommes qui sont plus que
symboliques, là, mais, généralement, c'est les membres du
BREF qui siègent qui décident si le remboursement a lieu ou
pas.
M. Ryan: C'est une politique du gouvernement. C'est que, de plus
en plus, les personnes qui recourent à ce genre de tribunal
administratif sont appelées à verser une contribution
financière. On le fait même pour la Régie du logement,
comme les députés le savent. Aujourd'hui, pour déposer une
plainte à la Régie du logement, il faut faire un
dépôt de 35 $, dont le montant sera porté à 40 $, je
pense, à compter du début de l'année 1993. Je crois que
ça paie une partie très, très modeste des frais
qu'entraîne l'audition de la cause.
M. Morin: Oui, mais, Mme la Présidente,
quelqu'un qui est pénalisé et qui demande que son
rôle soit révisé et qu'au bout de la ligne il se trouve
qu'il avait raison de se plaindre, comment pouvez-vous justifier qu'en plus
d'avoir fait toutes les démarches pour dire que l'évaluation
n'était pas conforme ii doive payer des frais aussi alors qu'il n'en est
pas le responsable?
M. Ryan: Regardez... Allez-y, M. Carrier.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Carrier.
M. Carrier: La pratique voulait que ceux qui gagnaient leur
cause...
M. Morin: Oui.
M. Carrier: ...le tribunal rembourse le dépôt.
M. Morin: Bon!
M. Carrier: C'était ça, la pratique.
M. Morin: Bon! Et qu'est-ce qui empêche que ça
continue comme ça?
M. Ryan: Le «rationale», si vous me permettez de
l'expliquer, c'est que lorsque la personne gagne sa cause...
M. Morin: Oui.
M. Ryan: ...dans le gain qui accompagnera son succès, ce
montant-là va être amplement compris.
M. Morin: Ah! Ah!
M. Ryan: Oui, oui. Ça, c'est la politique...
M. Morin: Ah non! Ah non!
M. Ryan: ...du gouvernement.
M. Morin: Je ne marche pas là-dedans.
M. Ryan: En tout cas, vous n'êtes pas obligé de
marcher, vous avez seulement à vous opposer.
M. Morin: Non, non, Mme la Présidente, c'est parce que
ça ne se tient pas.
M. Ryan: C'est ça qui est le... M. Morin: Ça
ne se tient pas. M. Ryan: Ici... M. Morin: Ça ne tient pas
du tout.
M. Ryan: On n'a aucune espèce d'obligation de donner ce
pouvoir-là à l'organisme de révi- sion - aucune
espèce d'obligation. Il l'avait, il pouvait l'exercer d'une
manière discrétionnaire. Le gouvernement préfère
que ça ne s'exerce pas. Je pense que c'est sa prérogative la plus
stricte.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a d'autres organismes administratifs...
Est-ce que la politique est la même partout? Par exemple, à la
Régie du logement, quelqu'un va contester, est-ce que la Régie
remet le montant si la personne gagne?
M. Ryan: Non, pas à ma connaissance. Je crois qu'à
la Régie, la différence, c'est qu'il y a deux adversaires qui
sont en présence; il y a le propriétaire et le locataire.
M. Dufour: Oui, mais le tribunal administratif, lui, c'est lui
qui est...
M. Ryan: Je crois, si vous voulez me permettre de
compléter, que la Régie peut décider que les frais seront
imputés à l'une ou l'autre des parties, selon ce qu'elle aura
jugé, mais il y a deux parties là. A supposer que... Quand arrive
une cause de fixation du montant du loyer, là, c'est le
propriétaire qui se présente devant la Régie; le locataire
est assis chez lui, reçoit un avis du propriétaire, ii n'a
qu'à dire: Non, je n'en veux pas de ça. C'est le
propriétaire qui a le fardeau d'aller à la Régie et de
faire sa preuve là-bas, comme vous le savez. À ce
moment-là, au bout, il faut qu'il paie 35 $ pour une certaine
catégorie de logements, un peu plus pour d'autres catégories.
Mais, au bout de la ligne, lorsque la Régie rend sa décision,
elle peut décider - je ne l'affirme pas d'une manière absolue,
mais je crois que c'est comme ça que ça se passe - que les frais
seront imputables à l'un ou l'autre.
M. Dufour: Là, vous avez l'air à manquer de
certitude, ce que vous me dites là. Mais si c'est vrai qu'il y a deux
parties, un locataire et un propriétaire, au point de vue d'un logement,
il y a deux parties aussi vis-à-vis de l'évaluation; vous avez la
personne qui est directement concernée, donc, celle qui conteste, et
vous avez la municipalité qui est la contestataire. Le contestataire et
la contestée, et le tribunal est entre les deux. Vous avez le même
phénomène.
M. Ryan: Non. Sauf qu'actuellement, si le Bureau décide de
rembourser le plaignant, il n'a pas le pouvoir d'obliger la municipalité
à payer. Si vous voulez qu'on mette ça dans la loi, si vous
voulez en faire une proposition, on va faire rapport à l'UMQ.
M. Dufour: Ça ne me dérange pas. Ça ne me
dérange pas par rapport à ça.
M. Ryan: Non, mais si vous voulez faire un amendement... Mais je
crois...
M. Dufour: Mais, si la municipalité gagne, elle va
ramasser aussi le coût de la contestation. Ce serait peut-être plus
juste.
M. Ryan: C'est juste les frais d'ouverture de dossier. Il y a
d'autres dispositions dans la loi qui prévoient... À supposer
que, par exemple, le Bureau rende sa décision, il peut décider...
Il va y avoir des frais de taxes, par exemple, qui vont être
afférents à une décision. S'il décide d'augmenter
l'évaluation, bien, la taxe va augmenter; s'il la diminue, la même
chose. Là, le Bureau peut imputer à la municipalité le
paiement de la différence de taxes, s'il y a lieu, plus les
intérêts. Là, il y a une compensation importante.
Ça, c'est seulement le droit d'entrée, ça. Qu'on le
règle une fois pour toutes, que ce soit payé là et que
ça finisse là, moi, je n'ai pas d'objection. (21 h 40)
M. Dufour: Combien ça représente de
possibilités d'entrées d'argent, ça? Quel est l'impact
financier de cette mesure-là?
M. Ryan: Le Bureau est saisi d'à peu près 15 000 ou
20 000 demandes par année, je pense.
M. Dufour: On en a 40 000 pour la région de
Montréal, si je ne me trompe pas là.
Une voix: Quelque 60 000.
M. Dufour: Quelque 60 000 plaintes.
M. Ryan: On pourra vous apporter ça, demain. On pourra
vous l'apporter demain.
M. Dufour: 2 500 000 $?
M. Carrier: Les montants sont gradués selon les...
M. Dufour: C'est une affaire peut-être de 3 000 000 $ ou 4
000 000 $.
M. Carrier: On a 60 000 plaintes. Alors, c'est difficile
à... C'est au moins le tarif minimum.
M. Dufour: Certainement 3 000 000 $ à 4 000 000 $
minimum.
M. Morin: Bien, ça, finalement, Mme la Présidente,
ce n'est pas une mesure pour clarifier. C'est carrément une mesure pour
aller chercher de l'argent.
M. Ryan: D'accord.
M. Morin: Pourquoi vous n'avez pas voulu uniquement
écrire...
M. Ryan: Ici, c'est pour cesser d'en donner.
M. Morin: C'est ça. Mais pourquoi vous n'avez pas voulu
confirmer par écrit la pratique?
M. Ryan: On y allait et on leur donnait. Là, on dit: On le
garde.
M. Morin: Oui, mais, là, c'était à la
discrétion. Pourquoi vous n'avez pas pensé d'écrire,
finalement, pour confirmer la pratique à l'effet que, lorsqu'une plainte
s'avère fondée, à ce moment-là, le montant soit
retourné et, lorsque la plainte est non fondée, bien, que le
montant soit retenu? Autrement dit, confirmer dans la lettre ce qui
était la pratique. Parce que c'est totalement inadmissible, Mme la
Présidente, que le gouvernement fasse ce qui est
généralement reconnu dans les cours ou un peu partout, que
lorsque, évidemment, tu as gain de cause, on reconnaît que tu
puisses récupérer tes frais, alors que le gouvernement dit: Non.
Que tu aies raison ou pas, on garde ça. Bien, ne dites pas non.
M. Ryan: Non. Même devant les tribunaux, ce n'est pas la
règle en général. Devant les tribunaux civils, en
général, chaque partie va payer ses frais de base, ses frais
d'avocat et tout. Chaque partie paie ses frais, même si une partie est
déclarée gagnante. Ça arrive couramment, ça.
Et ici, encore une fois, c'est seulement le droit d'entrée...
M. Morin: D'accord.
M. Ryan: II n'y a personne... Ce n'est pas un droit absolu. C'est
un service que la société rend à cette personne-là.
Elle lui offre un tribunal d'arbitrage parce qu'elle n'est pas satisfaite de
l'évaluation qui a été faite sur sa
propriété. Puis là elle dit: Tu vas aller là, tu as
le droit de te prévaloir de ça. Tu vas payer un droit
d'entrée pour montrer que tu es sérieux quand même, tu vas
payer un montant de base. Et, après ça, elle obtient un jugement,
mais c'est le jugement qui fait foi de justice là-dedans. Si le jugement
dit: Ta propriété ne valait pas 5 000 000 $ comme l'a
estimée l'organisme d'évaluation, elle valait 4 500 000 $,
là, tu vas être payé amplement.
M. Morin: Oui, mais, Mme la Présidente... M. Ryan:
Le montant d'entrée, lui...
M. Morin: Mme la Présidente, ça va plus loin que
ça. Pourquoi c'est arrivé? C'est que vous savez que le citoyen
qui, normalement, paie des taxes, lui-même paie l'évaluateur qui a
confectionné son rôle. C'est lui-même, le contribuable, qui
paie, par le biais de ses taxes. Il faut pousser le raisonnement plus loin.
Donc, le contribuable ne peut pas, via le conseil munici-
pal, formuler une demande pour réviser l'évaluation que
lui-même a payée. Donc, on dit: Parce que ça aurait trop de
risques sur l'intégrité du rôle comme tel, donc, on ne peut
pas utiliser ce processus-là. D'accord. Alors, c'est là
qu'à un moment donné on dit: Bon, on va instituer une structure
pour éviter ces formes de favoritisme ou de non-intégrité
au rôle, mais il va falloir utiliser un processus de plainte.
Pour cette raison-là, il faut qu'il paie encore. Alors, si vous
considérez toutes ces choses-là, M. le ministre, je pense que
vous devez reconnaître que, quand vous soutenez que c'est un service au
contribuable, bien sûr, mais c'est un service qui a une explication bien
plus loin que celle que vous sembliez parti pour expliquer là. Parce que
c'est nous autres qui payons notre évaluation, et on n'a pas le droit de
la contester via le conseil municipal qu'on a élu pour la faire
confectionner par lui-même ou par l'entremise d'une firme. Alors,
là, on met une structure, on met un tribunal, mais, à ce
moment-là, il faut que tu paies. Et, même si tu as raison, tu
paies pareil. En tout cas, si vous analysez tous les pour et contre,
là... Que vous disiez: On veut avoir de l'argent, point à la
ligne, et je ne veux rien savoir, tu as beau argumenter jusqu'à minuit,
c'est de l'argent qu'on veut... Vous pouvez adopter cette attitude la mais, au
moins, je veux vous sensibiliser au fait que ça ne peut pas se
défendre jusqu'au bout.
M. Dufour: Je pourrais essayer de renchérir
là-dessus. En fait, le contribuable, lui, par la législation, on
a trouvé le moyen de lui faire payer sa juste part des frais qui sont
engagés par la municipalité, que ce soit pour des services ou
autres. La personne reçoit son évaluation et elle croit,
correctement, qu'elle est mal évaluée. On lui a donné le
droit de contester et, en lui donnant le droit de contester, on lui a mis des
frais modérateurs. C'était ça, le but au départ,
c'était de dire: Les demandes farfelues, on va les empêcher. Je me
souviens, lorsque j'étais à l'Union des municipalités, je
pense, à part ça que j'ai été un de ceux qui ont
essayé de convaincre le gouvernement d'aller dans ce sens-là. On
trouvait qu'il y avait toutes sortes de plaintes juste pour le plaisir de la
chose. Aller contester parce que la valeur a 300 $ ou 400 $ de
différence sur une évaluation de 50 000 000 $, ça n'avait
pas grand bon sens, puis il y a un coût à la municipalité
assez important quand il y a une plainte.
Donc, par rapport à ça, on lui a dit: II va y avoir un
ticket modérateur. Mais là, quand la personne gagne, ce
montant-là qui a été déposé, parce qu'elle a
fait des recommandations raisonnables, qu'elle a gagné son point de vue,
il nous semble qu'il devrait lui revenir, de fait. Puis, quand elle perd, elle
le perd. À ce moment-là, la cause ou le point qu'on voulait avoir
a été jugé raisonnable et les faits donnent sûrement
raison à la contestation. Mais, quand elle gagne, pourquoi la
pénaliserait-on en disant: Oui, mais on vous fait un cadeau. Ce n'est
pas un cadeau qu'on fait au contribuable quand II a gagné sa cause, on
le traite justement. Il a fait des représentations, il gagne sa cause.
On lui dit: Compte-toi bien chanceux, on te remet ton argent. C'est à
lui, pourquoi veut-on le garder? On lui dit: C'est parce que tu as voulu
défendre ta cause, ça te coûte 25 $, ça te
coûte 500 $. Je vous le dis honnêtement, je trouve ça fort.
On en met sur le paquet.
M. Morin: Nos ex-collègues...
M. Dufour: II me semble qu'on en remet sur le paquet. Quelqu'un
qui défend ses droits puis qui gagne sa cause, ça devrait
être correct.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Montmagny-L'lslet.
M. Gauvin: J'essaie de comprendre la raison. Je pense que le
gouvernement du Québec ou les différents ministères
essaient d'uniformiser la règle, parce que si on se rapporte à la
Commission de protection du territoire agricole, sous réserve, je pense
qu'elle demande 30 $ de dépôt.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est 90 $, M. le
député de Montmagny-L'lslet.
M. Gauvin: C'est 90 $? Et ce n'est pas 30 $ pour aller en
révision?
La Présidente (Mme Bélanger): Pour faire la demande
de dézonage, c'est 90 $.
M. Dufour: La présidence doit avoir raison. Vous n'avez
pas le droit de contester la présidence.
M. Gauvin: J'ai bien dit: Sous réserve. Vous me dites que
c'est 90 $ pour s'inscire. Ça doit être un dépôt de
30 $ pour aller en révision. Encore là, c'est à
vérifier. Je pense que c'est une règle qui... En fait, ce que
j'essaie de comprendre, comme vous autres, c'est que le gouvernement tente de
régulariser au niveau de chacun des ministères ou d'uniformiser
comme situation. C'est ce qu'on devrait peut-être comprendre.
M. Dufour: Non, mais la personne n'est pas coupable d'avoir une
évaluation. On traite tout le monde pareil. Quand on dit: On accepte
notre évaluation, on ne conteste pas, ça ne nous coûte
rien, puis on paie. Si j'ai l'impression que je paie trop, je peux contester.
Le pouvoir m'est donné de contester. Donc, je conteste mon
évaluation. Il y a des frais modérateurs. Si je gagne ma cause,
je n'ai pas le droit d'avoir mon argent?
Parce que l'évaluation est mal faite, le gars, ça lui
coûte 25 $ ou ça lui coûte 200 $ ou 500 $. Ce n'est pas la
faute de la personne, c'est l'ensemble qui doit payer pour.
M. Morin: je pense que mon collègue va être
d'accord. ça aurait été plus raisonnable, pour au moins
satisfaire votre appétit, d'aller chercher de l'argent, mais aussi de
sauvegarder un minimum de principes, tel que mon collègue l'a
expliqué là.
M. Ryan: ...vous autres, les principes.
M. Morin: Si vous aviez jugé opportun d'augmenter... Vous
dites que c'est à 30 $ que tu dois...
M. Dufour: À 25 $.
M. Morin: O.K., l'inflation étant ce qu'elle est, c'est 50
$ puis, celui dont la plainte s'avère non fondée, on retient les
50 $. Ah! là, vous sauvegardez le principe, puis vous Irez chercher
quelques cents. Sauf que ceux, par exemple, dont la plainte s'avérerait
fondée, je pense qu'ils ont le droit de récupérer leurs 50
$. Je pense que cette voie-là vous aurait permis d'atteindre vos fins,
mais pas par n'Importe quel moyen.
(Consultation)
M. Dufour: Ce n'est pas une question arbitraire, à mon
point de vue.
M. Morin: Ah non!
M. Ryan: Non. Je ne suis pas ébranlé.
M. Morin: Vous n'êtes pas ébranlé? Un peu
plus et vous disiez le contraire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Vous auriez dit: Je ne suis pas convaincu, mais je suis
ébranlé un peu. (21 h 50)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: C'est parce que c'est tout à fait
élémentaire.
M. Dufour: Non, mais c'est parce que peut-être, M. le
ministre, vous ne faites pas l'effort des gens qui subissent un
préjudice. Ce n'est pas leur faute, aux gens, si leur évaluation
n'est pas bien faite. Je prends pour acquis quelqu'un qui a raison. Quelqu'un
qui n'a pas raison, on est d'accord qu'il perde son dépôt. Mais,
quelqu'un qui conteste son évaluation et qui gagne sa contestation,
ça veut dire que l'évaluation est mal faite. Il y a une erreur,
mais elle n'est pas responsable, la personne. Donc, on lui dit, à cette
personne-là: Vous avez le droit de contester. La loi lui redonne...
Est-ce qu'on lui donne un droit partiel ou un droit réel? Pour moi, si
on lui dit...
M. Ryan: Non, mais ce que j'essaie d'établir depuis le
début de la discussion, c'est que, s'il gagne sa cause devant le Bureau,
il gagne en même temps une somme d'argent significative.
M. Dufour: Bien oui, mais c'est la sienne. M. Ryan:
Pardon?
M. Dufour: C'est de l'argent qu'on lui a retenu injustement.
C'est quoi, le gain? Il n'y a pas de gain.
M. Ryan: Oui. Bien, injustement... C'était probablement
mieux, ce qui est arrivé avec le BREF. On n'est pas dans le domaine des
certitudes absolues dans ces choses-là. C'est des jugements pratiques,
ça. Et qu'il y ait déjà cette compensation-là,
ça va valoir pour longtemps, ça. La base de son évaluation
a été établie d'une manière plus durable quand il y
a eu une décision du BREF. Qu'il ait payé des frais
d'entrée pour ça, qu'on ne soit pas obligé de les lui
rembourser, il va déjà être dédommagé fort
sensiblement grâce à la décision favorable. Le gouvernement
ne peut plus courir après le monde pour lui rembourser toutes sortes
d'affaires, il n'est plus capable. J'aime autant vous le dire.
M. Dufour: Moi, je ne comprends pas de quelle façon...
M. Ryan: II n'y a pas de droit de remboursement à
ça. Il a exercé son droit d'aller devant le BREF. On lui a
demandé, disons, 30 $, 35 $ de droit d'entrée pour ça. Une
fols qu'il est entré dans le processus, on ne revient pas en
arrière. Il ne peut plus en sortir. Ça fait qu'il paie pour
être entré dedans et il retire les bénéfices au bout
de la ligne et vous voudriez qu'on courre après lui pour lui rembourser
les 30 $. On l'a fait trop longtemps.
M. Dufour: Mais, M. le ministre, quelqu'un qui est taxé
injustement ou qui donne plus que ce qu'il doit.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Vous trouvez que, quand on lui remet l'argent, on lui
fait une faveur?
M. Ryan: C'est courant, ça. Quand le gouvernement me
rembourse mon impôt que j'ai payé en trop, il ne me donne
même pas d'intérêt dessus.
M. Dufour: M. le ministre, quand vous dites
ça...
M. Ryan: Mais, si je suis en retard, j'en paie en maudit.
M. Dufour: M. le ministre, d'après ce que je connais de
l'impôt, s'il vous rembourse de l'impôt en dehors des
délais, il vous paie de l'intérêt.
M. Ryan: Je regrette infiniment, c'est faux.
M. Dufour: Bon. On n'est pas d'accord là-dessus.
M. Ryan: Je regrette infiniment. J'ai eu des remboursements
encore cette année et il n'est pas question d'intérêt.
M. Dufour: On va demander...
M. Morin: Là, j'imagine que vous allez trouver une
exception quelque part à savoir que quand le contestataire est le
gouvernement, j'imagine... Quand vous contestez les évaluations,
qu'est-ce qui arrive, là? Demandez-vous qu'on vous rembourse?
M. Ryan: Bien non.
M. Morin: Ça arrive, quand vous contestez les
évaluations soit de HLM ou d'un immeuble scolaire...
M. Ryan: On en conteste beaucoup chaque année. Il n'y a
pas de remboursement.
M. Morin: Là, j'imagine que vous allez réclamer.
Est-ce que vous déposez un petit 30 $ ou les 200 $?
M. Carrier: Les mêmes montants qui sont là.
M. Morin: Les mêmes montants. Là, vous n'exigerez
pas d'être remboursé comme un bon citoyen?
M. Carrier: J'aimerais bien ça.
M. Morin: Oui. Ça ne me surprendrait pas qu'il y ait une
petite...
M. Ryan: En tout cas, je pense qu'on a vu le pour et le contre,
Mme la Présidente. Je souhaiterais que nous votions
là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 5,
est-ce qu'il est adopté?
M. Morin: On ne vote pas pour ça. C'est parce que vous ne
tenez pas à ce qu'on vote de votre bord, qu'on vote avec vous,
là. Vous êtes indifférent à ça. SI vous
étiez sensible à toujours obtenir un vote unanime, vous feriez
plus d'efforts que vous n'en faites là.
M. Ryan: Si nous étions dans une époque
d'abondance, je réagirais peut-être autrement, mais nous sommes
dans une période d'extrême austérité. Ça, ce
n'est pas compris encore ni par les députés de l'Opposition ni
par une grande partie de la population. C'est ça. Nous autres, on est
obligés de vivre avec ça parce que c'est notre menu quotidien. Ce
n'est pas par caprice. Moi, j'aimerais bien mieux dire: On va doubler le
montant du remboursement. Il a eu le trouble d'aller là, il a
payé pour entrer, on va lui donner un petit chèque en plus.
J'aimerais bien mieux ça. Je serais bien plus populaire, mais Je
contribuerais à augmenter la dette que vous nous avez
laissée.
M. Morin: Ça n'a pas de bon sens! M. Dufour: Mme la
Présidente. M. Morin: II ne manquait plus rien que ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: On ne demande pas d'intérêt sur le
montant que la personne a déposé pour faire sa plainte. Je ne
pense pas qu'on aille aussi loin que ça. J'ai de la difficulté
à comprendre le cheminement pour qu'on arrive à cette conclusion,
parce que si quelqu'un a été lésé, qu'on l'a
accusé injustement... Parlons en termes légaux, là. On ne
l'a pas accusé, mais on lui a donné un service, on lui a
donné une évaluation qui n'est pas conforme à la
réalité. On lui donne légalement le droit de contester. On
a mis sur pied un tribunal pour lui rendre justice et, après qu'on lui
rend cette justice, qu'on lui dit qu'il a le droit de recourir à un
tribunal ou à un bureau de révision, à ce moment-là
on dit à cette personne-là: Eh oui, tu avais le droit de
contester, et on te charge un montant basé sur différents
scénarios pour dire ce que ça coûte, le montant de ta
contestation.
Le tribunal, le Bureau de révision en vient à la
conclusion que la personne a raison. Bon, on lui dit, à ce
moment-là: II faut que tu te tiennes chanceux là, n'oublie pas
que tu es chanceux, on te remet ce qui t'appartenait. C'est une prime parce que
ça va te coûter le montant de ton dépôt. C'est un
beau cadeau qu'on te fait. Parce que tout ce qu'on lui donne, que ce soient des
intérêts ou autres, c'est son propre argent. Comment peut-on faire
un cadeau à quelqu'un ou lui donner une prime sur ses droits
réels?
À ce moment-là, je suis un peu démonté par
rapport à ça. Moi, je trouve que le ministre - je comprends
qu'ils veulent avoir de l'argent. On peut fouiller partout pour avoir de
l'argent. Je sais que ce gouvernement-là a de l'imagination pour aller
en chercher mais là II me semble que le jupon dépasse. C'a l'air
sexiste,
mais je n'ai pas d'autres mots. Je trouve qu'on va trop loin. On peut
examiner les individus à la valeur intrinsèque. Comme citoyens,
on dit que tout le monde est égal devant la loi. Si je veux faire
respecter mes droits, moi, ça va me coûter quelque chose.
Il s'agit que quelqu'un me dise: Ça ne marche pas, ton affaire.
Il y a une erreur dans ton évaluation. Je la conteste. Non, non.
Ça va te coûter tant pour ça. On pénalise deux fois.
Si la personne veut contester, on lui dit: Ne conteste pas parce que ça
va te coûter au moins ça. Jusqu'à quel point on peut
décemment augmenter le coût pour la personne? Avant, il y avait
une espèce de pouvoir discrétionnaire. Je ne sais pas
jusqu'à quel point on pouvait... Je me demande... Le pouvoir
discrétionnaire de remettre ou de ne pas remettre, il devait tenir
compte, j'imagine, du résultat de la contestation. On remettait quand la
personne gagnait et, quand elle perdait, elle perdait aussi son
dépôt. C'était le ticket modérateur, mais on part
d'un principe pour empêcher les plaintes farfelues pour en faire un moyen
de percevoir des taxes pour balancer les comptes. On a chargé un peu
partout, que ce soient des droits compensateurs... Il y en a partout, des
droits. Depuis sept ans, j'en ai vu passer. Ne cherchons pas. La situation
économique n'est pas bonne, ce n'est pas le gouvernement qui
l'améliore. On frappe sur tout ce qui bouge. Bientôt, ça va
coûter des taxes pour respirer, pour dormir, pour se réveiller,
pour marcher, de reculons, d'avant, n'importe quoi.
M. Ryan: Je pense que nous avons entendu amplement, Mme la
Présidente, le pour et le compte. Je respecte les arguments de
l'Opposition mais ne puis y souscrire et je demande le vote.
M. Dufour: Mme la Présidente, on n'a pas
nécessairement épuisé notre temps de parole. Avant d'aller
au vote, j'aurais aimé qu'on regarde la possibilité... J'aurais
peut-être demandé quelques Instants... J'aurais le
goût...
Mme la Présidente, est-ce qu'il y aurait moyen de demander la
suspension de cet article pour qu'on puisse arriver avec un amendement?
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait. Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection à suspendre, ça ne
change rien, ça, mais je vous préviens que des amendements
comportant des incidences monétaires ne peuvent pas être
présentés par l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça aurait
été irrecevable. Ni par un député
ministériel, M. le ministre.
M. Ryan: II n'y a que le ministre qui a le droit de faire des
erreurs. (22 heures)
M. Dufour: Peut-être qu'on pourrait demander: Est-ce que la
différence... On peut demander ça à Mme la
présidente. Là, on parle des incidences financières.
Est-ce que ça équivaut à des incidences
budgétaires?
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Parce qu'il n'y a pas... Oui, mais le budget, à
ce que je sache-
La Présidente (Mme Bélanger): Incidences
monétaires.
M. Dufour: Est-ce qu'on peut regarder dans le règlement,
ce que ça dit?
M. Ryan: Ma réponse, Mme la Présidente
La Présidente (Mme Bélanger): Quel article?
M. Ryan: ...c'est «incidences financières».
C'est sûr que ce n'est pas «budgétaires». Je sais que,
dans le règlement, c'est «financières». Vous allez le
vérifier. On va voir si vous connaissez votre règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, en vertu de
l'article 192 de notre règlement... Si vous voulez bien
écouter.
Une voix: Une minute d'attention pour la lecture du
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): «Seul un
ministre peut présenter une motion visant: «1° l'engagement de
fonds publics; «2° l'imposition d'une charge aux contribuables;
«3° la remise d'une dette envers l'État; «4e
l'aliénation de biens appartenant à l'État. «Cette
règle ne s'applique pas à une motion n'exprimant qu'une
idée générale ou une opinion sur les matières
énumérées ci-dessus.»
Alors, il y a l'engagement de fonds publics et l'imposition d'une charge
aux contribuables.
M. Dufour: Mme la Présidente, avant de voter, on a notre
porte-parole en matière de revenu. Je viens de lui poser la question,
à savoir, si quelqu'un a un remboursement d'impôt qu'il a
payé en trop, est-ce qu'il y a des intérêts? Ma
prétention, c'est qu'il a les mêmes intérêts-
La Présidente (Mme Bélanger): II y a des
intérêts, mais pas au même taux.
M. Dufour: ...que le ministère charge aux
contribuables.
M. Filion: Ça va dans les deux sens.
M. Dufour: Ça joue sur les deux bords. Si vous êtes
en retard
La Présidente (Mme Bélanger): Mais pas au
même taux.
M. Dufour:... vous payez. Bien oui! M. Ryan: Jamais de la
vie!
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas un taux
journalier.
M. Dufour: Voyons!
M. Filion: Anciennement...
M. Ryan: Jamais de la vie.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas un taux
journalier.
M. Ryan: Jamais de la vie. Vous allez être obligé de
poursuivre le gouvernement.
M. Filion: II y a des dates d'échéance,
c'est-à-dire des dates où on doit produire une
déclaration, et il y a des intérêts qui courent, autant
à payer qu'à recevoir.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député, l'intérêt qu'on doit au gouvernement, c'est
un intérêt journalier, alors que quand on nous rembourse un
montant d'argent, l'intérêt c'est l'intérêt courant,
c'est 8 %...
M. Ryan: Ce n'est même pas...
La Présidente (Mme Bélanger): ...annuellement.
M. Ryan: L'intérêt...
La Présidente (Mme Bélanger): Ils comptent les
jours et ce n'est pas le même taux.
M. Filion: C'est le même taux.
M. Ryan: On va vérifier ça. Deux opinions
contraires. On va consulter des sources fiables.
M. Dufour: On va le laisser en suspens. M. Ryan:
Demain...
M. Dufour: Quant à ce qui concerne l'article 5...
M. Ryan: ...on connaîtra les faits.
M. Dufour: ...on vient de faire la preuve que le gouvernement est
insatiable dans sa recherche de fonds.
M. Ryan: Voyons donc!
M. Dufour: II va aller chercher tout ce qu'il peut, n'importe
comment tantôt. Je ne sais pas comment, peut-être qu'on va taxer la
résurrection, parce qu'il y en a qui y croient. On va aussi loin que
ça. Moi, à mon point de vue, il n'y a pas de bout dans la
façon qu'on a de trouver des fonds, la manière de trouver les
fonds. Et on vient dire qu'on n'augmente pas les impôts! On est en frais
de déshabiller tout le monde...
M. Ryan: Ce n'est pas de déhabiller...
M. Dufour: ...pour essayer de rhabiller le gouvernement et on
n'améliore rien. Si la situation financière gouvernementale
s'améliorait, je dirais que ça va bien. Je me souviens que, il
n'y a pas si longtemps, le gouvernement précédent était
accusé de tous les maux. C'étaient des enfants d'école,
ils n'avaient même pas fait leur abc dans la façon de taxer les
gens. Là, on connaît ça, comment taxer. On peut taxer
l'expiration comme l'aspiration, les deux; il n'y a rien qui est à
l'abri des taxes gouvernementales. Moi, je vous dis honnêtement que je ne
vois pas de quelle façon le gouvernement en vient à cette
conclusion-là, qu'un citoyen qui veut exercer ses droits, ses droits les
plus normaux, les plus ordinaires... Un ministre qui est supposé
d'avoir... Je pense qu'on lui en donne bien trop parce que moi, sa rigueur, je
ne la vois plus. Je la vois de moins en moins.
Il me semble que c'est rigoureux ce qu'on dit. Quelqu'un qui se
défend, qui défend ses droits, pourquoi que ça lui
coûterait quelque chose? Je ne vois ça nulle part. Écoutez
un peu, quand quelqu'un a le droit de faire quelque chose, on dit: Compte-toi
bien chanceux, on t'a donné tes droits fondamentaux. Le reste, tout ce
que ça t'a coûté, tes problèmes, la perte de la
jouissance de la vie, il y a des frais pour ça. Là, on lui
enlève tout et on dit: On est correct, nous autres, on a le droit de le
faire. Ça n'a pas de bon sens.
M. Filion: C'est une vraie philosophie. On a introduit un droit
comme ça au niveau de l'impôt sur le revenu: Quand tu t'opposes
maintenant, tu dois payer. Si tu veux faire vérifier ta cotisation
d'impôt au ministère du Revenu, maintenant, tu dois envoyer 20 $.
Avec ces 20 $, ils te permettent le droit de faire vérifier à
nouveau, à l'intérieur du ministère, qui a raison.
M. Dufour: Pour une deuxième contestation.
M. Filion: C'est qu'on fait payer des frais
indirectement pour le traitement additionnel qu'on donne à...
M. Ryan: Regardez. Ça, je le sais bien. Je le sais bien,
ça fait partie de nombreuses initiatives prises par le gouvernement ces
dernières années afin de responsabiliser davantage les citoyens,
pas de les priver des services. Dans ce cas-ci, vous pouvez bien faire le
pathos que vous voudrez.
M. Dufour: Bien, ce n'est pas du pathos, M. le ministre. Je
m'excuse.
M. Ryan: Bien oui, c'est exactement ça.
M. Dufour: Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas du
pathos, c'est de l'honnêteté et une rigueur intellectuelle, et une
conscience à part cela vis-à-vis des contribuables. Le
gouvernement, ça lui coûte quelque chose une contestation, mais
ça coûte bien plus cher à la municipalité et, c'est
drôle, vous ne pensez jamais à la municipalité, vous
êtes à deux pieds dessus. Ne me dites pas que vous êtes
l'ami des municipalités, vous êtes leur adversaire le plus
coriace, le plus retors que je connaisse.
M. Ryan: Regardez, ce n'est pas ce qu'elles-mêmes en
pensent à mesure qu'elles connaissent les politiques que nous appliquons
et je regrette que le député soit de plus en plus isolé
dans son jugement.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Ça étant dit...
M. Dufour: Je n'ai pas peur de vous rencontrer sur...
M. Morin: Vous n'êtes pas tout seul. M. Dufour:
...ce terrain-là. M. Morin: On est au moins deux. M. Ryan:
Pardon?
M. Morin: Vous n'êtes pas isolé, on est tous les
deux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: II y en a bien d'autres aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: II y en a d'autres aussi.
M. Dufour: Parce que vous avez la manière d'avoir la
carotte et le bâton. Quand on a le pouvoir, c'est facile à jouer
cet air-là.
M. Morin: II essaie de vous isoler, mais ne vous laissez pas
Impressionner, les collègues!
M. Ryan: II y a des moments de fatigue dans une journée,
je comprends ça.
M. Dufour: Ce n'est pas à vous de porter jugement
là-dessus.
M. Ryan: Mais regardez, c'est parce que...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Ryan: ...Mme la Présidente, j'ai été
interrompu au moins quatre ou cinq fois, et je ne me suis pas plaint. J'ai
toujours dit...
M. Dufour: Arrêtez...
M. Ryan: ...que je ne déteste pas être
interrompu...
M. Dufour: ...de frapper.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, la parole est au ministre.
M. Ryan: ...tant que ça reste dans les bornes du
raisonnable. Ça étant dit, la politique du gouvernement vise
à responsabiliser davantage les citoyens, et nous en avons donné
de nombreux exemples. Je pense que le premier exemple Important est venu dans
le secteur des universités quand nous avons ajusté les frais
d'inscription et de scolarité dans les universités. Nous avons
entendu toutes les récriminations que nous entendons ce soir à ce
moment-là. L'Opposition a prédit les pires catastrophes à
ce moment-là, je me rappelle.
S'il avait fallu écouter l'Opposition et la Commission-jeunesse
du Parti libéral, entre parenthèses, dirigée par des
personnes que vous connaissez, à ce moment-là on n'aurait rien
fait. Et si on les avait écoutées, aujourd'hui, il y aurait deux
fois moins de monde dans les universités. Mais, dès
l'année qui a suivi l'augmentation, il y avait une augmentation des
inscriptions. Ça a continué, ça a continué, et les
étudiants... Allez parler aux étudiants, aujourd'hui. Des
associations qui prétendaient les représenter, vous n'en entendez
à peu près plus parler. Elles parlaient au-dessus de la
tête de leurs propres membres. Elles faisaient de la démagogie
pure et simple. Nous avons tenu le cap, vous vous rappelez. Il y a eu des
grèves, on a fait des grèves. On a dit: Vous passerez vos examens
en rachetant les jours que vous aurez perdus. Ils ont compris le message, un
message bien plus vrai que ce qui s'était pratiqué pendant 20
ans: Faites la grève, venez voir le gouvernement et on vous efface
ça, les petits jours perdus, on vous donne un diplôme au rabais
à la
fin de l'année et bonjour la visite! Allez-vous-en dans la vie
avec le genre de préparation que vous avez. On a essayé de mettre
un peu de rigueur là-dedans et, aujourd'hui, c'est entré dans les
moeurs, et on traîne encore la patte sur le reste du continent au point
de vue frais de scolarité.
On l'a fait dans un grand nombre de domaines que je pourrais
énumérer, et ceci est un autre exemple, mais on ne va pas
chercher... Le montant total que ça représente, ceci, je vais
vous le donner, parce que nous l'avons dans nos notes, c'est à peu
près 355 000 $ qui représentent seulement qu'une partie de ce qui
était versé. Là, tout le monde va être sur un pied
d'égalité, il n'y aura pas de remboursement. Ça va finir
là.
J'aimerais mieux, moi, que ce soit gratis. J'ai été
partisan de la gratuité pendant 20 ans. Pendant 20 ans. J'étais
un produit de l'après-guerre et la génération dont j'ai
fait partie a fait fortune essentiellement sur le thème de la
gratuité et de la démocratisation, de ci et de ça. On
arrive, 25 ans après, on avait oublié de vérifier si on
était capables de tout payer ça. Là, on essaie de
rattraper. On fait des erreurs, ce n'est pas tous des bons coups qu'on fait,
mais je pense qu'on agit de bonne foi dans le but de rendre notre
société plus consciente des coûts des services qu'elle se
donne. Et ça, c'est une mesure particulière. Je respecte la
philosophie de l'autre côté, je l'ai partagée longtemps,
comme je le disais. Et aujourd'hui, ayant vécu de plus près les
contraintes financières qui sont venues s'ajouter, année
après année, à toutes nos générosités
particulières, je suis obligé de conclure qu'au bout de la
ligne... Je regarde le «bottom line» comme on dit, la ligne
d'équilibre budgétaire, et on est encore très loin de la
cible que nous devrions atteindre pour que nos propos, affirmant notre
souveraineté et notre ci et notre ça, aient vraiment du sens
concret. Moi, c'est ça que je vise comme membre du gouvernement, je vous
le dis franchement, que le gouvernement se tienne un peu plus debout par
rapport à ses finances. (22 h 10)
Alors, c'est le sens. C'est un très, très petit article,
j'en conviens; il ne serait pas là et ça ne paraîtrait pour
personne, mais il faut bien commencer quelque part. Les petites choses, en
économie, sont aussi importantes que les grosses. C'est une
mentalité.
Mme la Présidente, je crois pouvoir demander le vote en tout
respect pour l'Opposition.
M. Dufour: Je pense qu'il nous reste du temps pour pouvoir parler
sur ça.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a 22 minutes de
discussion sur l'article entre M. Morin et vous.
M. Dufour: On a droit à chacun 20 minutes article par
article et à chaque paragraphe. Donc, mol, je veux répondre au
moins en partie à ce que le ministre nous dit. Je pense que, quand il
parle de gratuité, ce n'est pas avec nous qu'il va faire la discussion.
On n'a jamais dit que ce soit gratuit. Celui qui vous parle a été
un de ceux qui ont exposé la nécessité d'imposer un ticket
modérateur, parce qu'on ne voulait pas avoir de plaintes farfelues. Le
gouvernement s'est rendu à nos objectifs ou à notre demande.
Donc, ça n'a pas été inventé, là. C'est
qu'il y avait trop de plaintes, on disait que ça n'avait pas de bon
sens. Il y avait toutes sortes de plaintes pour toutes sortes de motifs. Donc,
le gouvernement s'est rendu au bien-fondé de notre argumentation.
Là, le ministre dit: Oui, mais là il y a deux parties dans la
cause. Il y a trois parties: il y a le Bureau de révision de
l'évaluation foncière, d'une part; il y a la municipalité;
il y a aussi le contribuable. Donc, il y a trois parties.
Le gouvernement, lui, d'autorité, dit: Les frais
modérateurs, quel que soit le résultat de la cause, on les garde.
On part avec la cagnotte. Bon. Ça va bien, là. Et la
municipalité, elle, si ça lui coûte quelque chose... Tu vas
être bien contente, le contribuable, on l'a bien lésé, tu
es déjà bien satisfaite, là. Garde donc ça pour ton
lunch, ça va être ça, ta récompense. Dans le fond,
on joue avec l'argent du contribuable, et on lui dit: Ce qui t'appartient, on
va te faire un cadeau avec ton argent, avec ton propre argent.
Mais, pourtant, c'est une responsabilité collective, ça.
Le rôle d'évaluation - mon collègue l'a expliqué
assez largement, il l'a dit dans son argumentation - ce n'est pas le
gouvernement qui paie, c'est la municipalité, donc, les citoyens. Donc,
ce rôle-là est payé par l'ensemble des citoyens. S'il est
mal fait, pour une raison ou pour une autre, c'est l'ensemble des citoyens qui
sont responsables. Là, on s'attaque directement à un individu ou
à une entreprise. On dit: Là, on vous envoie votre compte, on
vous envoie votre évaluation, et il y a une erreur dessus. Quelle que
soit la raison: elle est mai faite, bon, il y a eu une erreur. Un peu de toutes
sortes de façons. On dit à la personne: Tu as le droit de
contester. La personne conteste, elle se présente, elle dit: Nous
autres, là, quel que soit le résultat, les 200 $, les 500 $, ou
les 50 $, ou les 20 $, powl, c'est fini, tu viens de le perdre. Donc, on le
punit. On le punit, parce qu'on sait, on a fait une erreur dessus. Donc, une
deuxième amende, ou une deuxième offense, on te punit deux...
Mais on est de plus en plus habitués à se faire punir en double.
On le voit sur les billets de circulation: on est puni en double. Ça a
l'air que c'est courant. On est en train d'inventer du droit nouveau. Je me
suis toujours dit, j'ai toujours entendu parler que quelqu'un qui était
puni pour une chose ne pouvait pas être puni une deuxième fois
pour la même offense. On a trouvé: les
automobilistes, on les punit deux fois.
On arrive avec ça, là, avec cet article pour dire à
la personne: Tu vas payer. Parce que la municipalité a fait une erreur
sur ton cas, tu vas payer pour. À tort ou à raison, tu paies
pareil. Bon. Moi, je ne vois pas de quelle façon on arrive à ce
raisonnement-là. Quand le ministre nous dit: Écoutez un peu, on
paie pour les erreurs des autres... Comme s'il n'en avait pas fait, d'erreurs,
le gouvernement qu'on a en face de nous autres. Vous avez été
bien plus longtemps au pouvoir que nous autres. Donc, vous avez fait des
choses, certainement, de plus. On ne peut pas avoir fait dans 9 ans ce que vous
avez fait dans 30 ans. Vous devez avoir votre part de mea culpa. Et vous
n'êtes pas en frais d'améliorer la situation. La population...
Vous allez avoir des comptes à rendre. Vous avez beau me dire: On ne
fait pas rien que des mauvais coups. Non, mais vous n'en faites pas beaucoup de
bons. Ça, moi, je peux vous le dire. Et dans le temps, au moment
où on se parle, si vous croyez que vous avez raison, vous allez vous
présenter, et vous allez voir ce que le monde va vous dire. Moi, j'ai
une bonne petite idée de ce qui va se passer. Ce n'est pas possible que
vous ayez toujours raison, que vous ayez presque toujours le revolver sur la
tempe pour dire: C'est un vide-poches, ça, c'est un hold-up, on vous
enlève ce que vous avez. Quelles que soient les raisons, on a raison. On
a inventé les frais partout, que ce soit pour la chasse et la
pêche, mon collègue peut vous en parler, les frais sont
augmentés à peu près partout; les clubs sociaux, tous les
groupes qui vont aller chercher leur renouvellement de corporation, les
coûts ont quadruplé. Allez voir les notaires pour les droits de
mutation mobilière, ça en est un cas; en tout cas,
celui-là, on aurait pu être d'accord facilement
là-dessus.
Il y a des points majeurs là-dedans qui ne sont pas
réglés encore, parce qu'il se fait des choses sous la table. On
vous les a montrées et, c'est drôle, votre rigueur ne vous
emmène pas là. Il se perd de l'argent là-dessus. Vous avez
dit: On ne touche pas à ça, là. C'est bon, on ne touchera
pas. Moi, je sais qu'il se fait des ventes avec des actions, des compagnies
à numéro, et les municipalités perdent de l'argent. Et
c'est drôle, on ne voit pas ça ici, là; on n'a pas
ça dans le projet de loi, là. On va régler des petites
bebelles mais les vraies causes, on ne les voit pas. On dit: Aïe, le
contribuable ordinaire, fessons dessus. Il n'y a plus de droit de parole et les
gens ne peuvent plus se défendre. Et vous pensez que vous avez raison?
Bien non. C'est drôle que votre façon de procéder, c'est
juste pour une sorte de monde, on dirait. Il y a un paquet de monde qui fait
des choses, il s'en fait des affaires un peu partout, et je ne vous vois nulle
part: le tabac, les droits compensateurs, là, un peu partout qui se
promènent, on ne vous voit pas là-dedans.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant M. le
député de Jonquière. Il reste...
M. Dufour: On ne vous voit pas là-dedans.
La Présidente (Mme Bélanger): Avant que le
ministre...
M. Dufour: II y en a des façons d'aller chercher de
l'argent, et on ne vous voit pas aller le chercher.
La Présidente (Mme Bélanger): II reste deux
minutes.
M. Dufour: Mon collègue vous a donné beaucoup de
pistes pour aller chercher de l'argent et vous n'y êtes pas allé.
Quand c'est pour 350 000 $ et, en fait, pour frapper sur un contribuable... La
plupart des plaintes, ce sont des petits contribuables, ceux-là ils vont
payer. Ceux qui sont nés pour un petit pain, ils vont rester avec un
petit pain parce qu'on les fait payer. Ce n'est pas des gros montants, c'est
une question de principe. Si je n'y croyais pas, je vous laisserais aller, ce
n'est pas les 350 000 $, ça ne changera pas la face du monde, mais je
sais que les gens qui sont lésés dans leur droit, le moins qu'on
puisse leur accorder, c'est d'avoir le droit de contester et le droit que
ça ne leur coûte pas le montant que ça va coûter.
Quel que soit le montant, c'est une question de principe.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Ma conclusion, c'est que cet article de projet de loi
devrait tomber. Je pense que le ministre se grandirait en disant que cet
article-là n'a pas sa place dans ce projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député.
M. le ministre.
M. Ryan: mme la présidente, je voudrais juste rappeler une
chose, là, la somme qui doit être versée par le plaignant
est de 25 $ pour une unité d'évaluation dont la valeur
foncière inscrite au rôle est inférieure à 500 000
$. o.k.? 500 000 $. on va faire des discours jusqu'à 2 heures du matin
pour ça?
M. Dufour: Pourquoi pas! M. Morin: Ça n'a pas
d'allure!
M. Ryan: Bien, je regrette infiniment, je ne serai pas d'avantage
convaincu. Plus je vous entends moins je suis convaincu, et plus je trouve que
votre critique est tout à fait disproportionnée par rapport
à la nature de l'objet dont nous discutons. Un droit d'entrée de
25 $
pour être entendu par un tribunal administratif qui entraîne
des frais sérieux à l'État... Ce n'est pas le coût
de la cause; si c'était le coût de la cause, et qu'on dise: La
partie a le droit d'être... Ce n'est pas ça, c'est juste le droit
d'entrée, le droit élémentaire d'entrée. Et le
reste, comme je l'ai dit à maintes reprises ce soir, la
rétribution du contribuable plaignant s'il gagne résidera dans la
sentence elle-même et les bénéfices qu'elle lui apportera,
qui sont d'un tout autre ordre que ces 25 $ là, quand on sait quel est
le niveau de taxation de la propriété foncière
aujourd'hui. Il ne faut pas perdre ça de vue ici, penser qu'on va sauver
la démocratie avec des débats là-dessus, je ne pense pas.
C'est des charges pratiques, c'est des choses concrètes. Je ne vois pas
le lien, je vous le dis franchement.
M. Fillon: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Bien, moi, j'ajouterais juste ceci: ce n'est pas
tellement le quantum, je pense, qui est en jeu, c'est comme une question de
principe d'application d'une loi par rapport à une autre. Quand on
regarde l'impôt sur le revenu, on a prévu un droit de 20 $ pour
s'opposer à une cotisation ou s'opposer à un rôle
d'évaluation ou s'opposer à une façon de fonctionner
à l'intérieur d'un ministère, que ce soit les Affaires
municipales ou que ce soit le ministère du Revenu, c'est un droit qu'on
demande. Sauf qu'au ministère du Revenu, eux, ils disent: Si tu gagnes,
on te rembourse; si tu ne gagnes pas, on ne te rembourse pas. (22 h 20)
Là, on se retrouve avec des politiques différentes d'un
ministère à l'autre. J'essaie de comprendre pourquoi et je
n'arrive pas à comprendre pourquoi on prend une politique
différente au niveau du ministère des Affaires municipales quand,
au niveau de l'impôt sur le revenu, on dit: Ça va te coûter
20 $ si tu veux faire réviser, et les 20 $, on te les rembourse si
jamais c'est toi qui as raison. Et là on se retrouve avec une politique
différente au niveau des Affaires municipales et je me dis: Pourquoi?
C'est quoi l'idée? Ce n'est pas le même principe qui sous-tend
l'un par rapport à l'autre. J'essaie de comprendre pourquoi c'est
différent. Moi, c'est plus à ce niveau-là que ça me
chicotte, parce que je me dis: Pourquoi dans un ministère on a une
politique d'application différente que dans un autre? Pourtant, dans les
deux cas, on veut faire assumer des frais administratifs. C'est ça que
je trouve un peu spécial.
M. Ryan: Ça, moi, je vous dirai que ça ne me
fatigue pas outre mesure. J'aimerais mieux que ce fût uniforme partout,
mais dans un gouvernement qui a une longue tradition, de vieilles habitudes,
vous ne changez pas ça du jour au lendemain. Là on a un projet de
réforme des tribunaux administratifs en vertu duquel on pourra
établir des règles de procédure beaucoup plus communes
à tous les tribunaux administratifs. Vous savez comme moi, ou vous
consulterez ceux qui étaient au gouvernement précédent,
ça se discute depuis 15 ans ça, la réforme des tribunaux
administratifs. Là on va peut-être réussir à la
faire au cours de l'année 1993; il se pourrait que le ministre de la
Justice dépose un projet avant la fin de la session. Vous n'avez pas
idée comment ça prend de temps pour faire le tour de toute la
maison et avoir l'accord de tout le monde; pas seulement les ministres, mais
les adjoints politiques, les fonctionnaires, les sous-ministres, les
présidents et les secrétaires de régies, etc. Chacun a des
raisons légitimes et chaque petite mesure particulière tient
à un contexte historique qui est propre à tel, tel, tel
organisme.
Tout décider d'en haut, c'est facile. M. Lesage, quand il est
arrivé au pouvoir, il pensait que ça se faisait facilement, il en
a fait un paquet. Six ans après, il a reçu un coup de pied dans
le derrière, dehors! Il y en a qui ont des aspirations de durer un peu
plus que six ans et ils apprennent qu'il faut faire attention dans ces
choses-là, je peux vous l'assurer. Je comprends très bien votre
question et la considère parfaitement légitime. Il y a du
cheminement là-dedans, il y a de l'unité à
l'intérieur d'un gouvernement qui joue aussi. Plus II y a d'unité
dans le gouvernement, plus c'est facile. Plus chacun veut pousser sa propre
affaire à lui, plus c'est difficile. Mais on fait ce qui est
raisonnablement possible.
Dans ce cas-ci, encore une fois, dans l'ordre de grandeur des choses, on
a des affaires sacrement plus importantes à débattre que
celle-là. Mais je vais vérifier pour l'intérêt. Si
j'ai tort, je vais vous le dire franchement. Est-ce qu'on peut demander le
vote, Mme la Présidente?
M. Morin: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Oubuc, il vous reste 13 minutes.
M. Morin: Vous allez m'écouter, M. le ministre...
M. Ryan: Je vais sortir un petit peu.
M. Morin: Hein? Non, non. Vous allez m'écouter, je vais
vous faire une proposition qui va respecter tout ce que vous avez dit. Vous
avez dit qu'on était dans un temps de récession, qu'il
n'était plus question de donner ces services-là gratuits, etc.
O.K. Allons-y. On va tout respecter ça et on va vous faire une
proposition pour que vous les gardiez, les 25 $, que la plainte soit
fondée ou pas. Sauf que moi, ce que
je ne suis pas capable d'admettre, c'est que le citoyen qui a raison
paie les 30 $. Il faut qu'il y en ait un de responsable.
Est-ce que ce ne serait pas possible, à ce moment-là, dans
l'avis que le BREF doit produire à la municipalité ou à la
firme d'évaluation afin de rectifier, de modifier l'évaluation,
qu'aussi un avis soit envoyé à la municipalité, soit le
même qui exige de la municipalité de procéder au
remboursement du trop-perçu de taxes, que ça doive inclure aussi
le remboursement du dépôt de 25 $?
M. Ryan: Ça revient à ce que disait le
député de Jonquière. Ce n'est pas neuf là, c'a
été dit il y a une heure ça.
M. Morin: En tout cas, s'il l'a dit, pourquoi vous n'avez pas
marché? Vous n'aviez pas compris?
M. Ryan: Je l'ai dit tantôt qu'on n'en voulait pas.
M. Morin: Alors, à ce moment-là, je pense que le
gouvernement ramasse l'argent, vos 350 000 $, le citoyen n'est pas
pénalisé parce qu'il a tout simplement pris recours sur un de ses
droits. Le responsable, c'est la firme d'évaluation qui,
forcément, a erré dans l'évaluation, et c'est la
municipalité, à ce moment-là, qui doit rembourser.
M. Ryan: II a pu arriver, Mme la Présidente, qu'en toute
honnêteté, en toute compétence la première
évaluation donne un montant, disons, de 100 000 $, et que la
deuxième évaluation arrêtée par le BREF, parce qu'il
faut que ça finisse quelque part, donne 110 000 $ ou 90 000 $. Ça
ne veut pas dire que le citoyen a été victime d'une erreur et a
été victimise, pas du tout! Il est arrivé à une
autre «honest appreciation», une autre appréciation
honnête de la valeur de sa propriété. Ça ne veut pas
dire que le premier était dans le tort 100 milles à l'heure puis
qu'il a été injuste envers le citoyen. Il a eu un redressement,
un droit d'appel qui a été exercé, puis il gagne son
affaire. Donc, II va chercher bien plus que le montant qu'il a
été obligé de donner en gage de sa bonne foi comme droit
d'entrée.
M. Morin: Vous ne reconnaissez pas le fait que, lorsque ces 25 $
ont été imposés, c'était uniquement pour
éviter des abus de plaintes non fondées. C'est ça qui a
été...
M. Ryan: Écoutez, moi, je n'étais pas
là.
M. Morin: Évidemment, vous ne reconnaissez pas l'esprit.
Tout à l'heure, vous nous avez dit que les lois ne
s'interprétaient pas uniquement au niveau de la lettre, mais au niveau
de l'esprit du législateur. Vous avez dit ça tout à
l'heure à des gens qui sont intervenus. Il faut que vous mettiez en
pratique ce que vous enseignez aussi là.
M. Ryan: Je ne sais pas ce qui est arrivé dans le temps,
mais je trouve que 25 $ n'est pas exagéré, puis c'est tellement
modeste qu'on n'a pas à se faire de problèmes d'État quant
au remboursement de ce montant-là, surtout quand la personne gagne sa
cause, puis retirera de la décision des avantages financiers infiniment
supérieurs au droit d'entrée qu'elle a payé pour faire
examiner son dossier.
Je respecte l'autre jugement, mais je crois que la position du
gouvernement se défend très bien aussi. Je ne pense pas qu'on ait
intérêt à poursuivre un débat de principe
là-dessus. Il y en a d'autres qui s'en viennent sur lesquels vous allez
nous faire un débat de principe; on vous attend. Ha, ha, ha!
M. Morin: Pour suivre votre raisonnement: Parce qu'il gagne sa
cause, il va se chercher de l'argent, même s'il perdait un petit 25 $...
Ce n'est pas vrai. Il faudrait que vous alliez jusqu'à dire que
quelqu'un qui perd sa cause, il devrait avoir assez d'avoir perdu de l'argent
puis d'avoir payé trop de taxes qu'on devrait au moins lui rembourser
ses 25 $. Vous devriez poursuivre le raisonnement jusque-là.
M. Ryan: Non.
M. Morin: Non, hein?
M. Ryan: Bien non, pas plus.
M. Morin: Ça va rien que dans un sens. Ça ne marche
pas.
M. Ryan: Dans les deux sens. Mon raisonnement vaut dans les deux
sens.
M. Morin: II ne vaut pas dans les deux sens, parce qu'à ce
moment-là, celui qui a déposé une plainte non
fondée, ça veut dire que, lui, il considère qu'il a
payé des taxes de trop. Il devrait au moins jouir du retour de ses 25 $,
non?
M. Ryan: Bien non!
M. Morin: Non, hein? Bon, O.K.
M. Ryan: Bien non! C'est évident que non.
M. Morin: Alors, pour ça, votre raisonnement ne se tient
pas.
M. Ryan: Bien non. Dans l'autre cas, il va avoir sa
rétribution par la sentence qui est rendue. C'est ça que je veux
dire.
M. Morin: On ne s'entendra jamais; ça n'a pas de bon
sens.
M. Ryan: Alors, je pense qu'on serait aussi bien, Mme la
Présidente, de passer au vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
va?
M. Dufour: Vote nominal...
La Présidente (Mme Bélanger): Vote nominal.
M. Dufour: ...Mme la Présidente. (Consultation)
Le Secrétaire: C'est sur l'article 5?
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 5.
Le Secrétaire: Alors, je vais commencer par M. le
ministre.
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet-Yamas-ka)?
M. Richard: Pour, Mme la Présidente.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: Et M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Contre.
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Contre.
Le Secrétaire: M. Filion (Montmorency)?
M. Filion: Contre.
Le Secrétaire: Six pour, trois contre.
La Présidente (Mme Bélanger): Six pour, trois
contre, une abstention. Alors, l'article 5 est adopté sur division.
J'appelle l'article 6.
M. Ryan: L'article 6, Mme la Présidente, est un article
qui définit certains pouvoirs de l'évaluateur en matière
de modifications du rôle de l'annexe.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, c'est le
1°, M. le ministre?
M. Ryan: J'en suis au 1°, justement. Ce paragraphe
permettrait à l'évaluateur de modifier le rôle de
manière à ajouter à l'annexe une mention qui aurait
été omise, ou pour corriger une mention erronée
relativement à un local.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Quand on parle de l'annexe, c'est l'annexe
intégrale, l'annexe partielle ou l'annexe en blanc?
M. Ryan: L'annexe qui est utilisée.
M. Dufour: Ce n'est pas clair, là. (22 h 30)
M. Ryan: II y a seulement une annexe et il va y avoir
«intégrale» ou «partielle».
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Si c'est l'intégrale, ça comprend la
partielle. Ça va? Et l'autre est en blanc, il n'y a pas de
problème, on ne peut pas faire de changement dedans.
M. Dufour: Mais si c'est vrai, ce que vous dites, si l'annexe
comprend tout ça, pourquoi on est obligé de les qualifier? Il me
semble que si...
M. Ryan: Ici, on ne qualifie pas.
M. Dufour: Vous la qualifiez. Si vous dites que c'est l'annexe
intégrale, elle comprend la partielle, donc si l'annexe, ça
comprend tout, on n'a pas besoin de le dire. On va juste parler de l'annexe
partout. Tout à l'heure, vous nous avez dit qu'il faut prendre le temps
d'expliciter ce que ça veut dire «partielle»,
«intégrale» et l'annexe en blanc. On a des articles qui nous
disent ça.
Là, je vous demande: Est-ce que c'est l'annexe partielle ou
intégrale? Vous dites que
l'annexe, ça comprend tout. Ce n'est pas aussi clair dans mon
esprit.
M. Ryan: Regardez, on va prendre ça simplement.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: D'abord, je pense qu'on convient que vous allez avoir
soit une annexe intégrale, soit une annexe partielle, on ne peut pas
avoir les deux en même temps. O.K.? Est-ce que ça va, ça?
On va avoir soit une annexe intégrale, soit une annexe partielle.
L'évaluateur, lui, va avoir le pouvoir d'«ajouter à
l'annexe - celle qui est utilisée évidemment - une mention
indûment omise ou en supprimer une mention indûment
inscrite». Je pense que c'est assez clair.
Je pense que c'est assez clair, ça s'applique aux deux, selon
celle des deux annexes qui est utilisée dans l'annexe au rôle.
M. Dufour: Ça va. M. Ryan: Ça va?
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va. Le
2°.
M. Ryan: L'autre a pour but de permettre à
l'évaluateur de modifier un pourcentage de valeur relatif à un
local d'une unité d'évaluation pour un motif prévu
à un autre paragraphe de l'article 174, même si aucune
modification n'a été apportée au corps du rôle pour
ce motif.
Alors, comme nous le savons, dans l'annexe, on va mentionner les
différents locaux qui constituent une unité d'évaluation.
On va inscrire pour chacun un pourcentage de la valeur totale de l'unité
d'évaluation, de manière que le propriétaire puisse
demander aux locataires, par exemple, de payer leur part. Alors, ici,
l'évaluateur pourrait modifier un pourcentage de valeur.
M. Dufour: Ça, est-ce que ça va se faire juste lors
de l'acceptation du rôle ou si ça peut se faire n'importe
quand?
M. Ryan: On peut faire ça en tout temps. M. Dufour:
En tout temps! M. Ryan: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
L'article 6 est adopté?
M. Dufour: Ça va. Ça va!
La Présidente (Mme Bélanger): C'est beau.
M. Filion: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 6
est adopté. J'appelle l'article 7. M. le ministre.
M. Ryan: L'article 7, Mme la Présidente. Est-ce que je
pourrais demander si l'Opposition consentirait à ce que nous en
reportions l'examen à un stade ultérieur de nos
débats?
M. Dufour: ça irait bien dans le débat qu'on a
engagé tout à l'heure, je vous le dis d'avance, mais est-ce que
vous pourriez me donner...
M. Ryan: On peut le prendre maintenant, s'il n'est pas...
M. Dufour: Non, mais est-ce que vous avez une raison
particulière pour laquelle vous nous demandez d'en suspendre
l'étude?
M. Ryan: Regardez, c'est essentiellement une raison d'ordre
oecuménique!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: C'est en fonction d'un ordre
générique.
La Présidente (Mme Bélanger):
Oecuménique.
M. Dufour: Générique.
La Présidente (Mme Bélanger):
Oecuménique.
M. Dufour: Générique ou...
La Présidente (Mme Bélanger):
Oecuménique.
M. Dufour: Vous avez parlé d'un ordre?
M. Morin: Oecuménique. Écoute un peu, il faut le
faire! Il faut le dire!
M. Ryan: Oecuménique, ça veut dire une raison de
bonne entente dans nos discussions. De concorde, d'unité.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Non, mais moi, je... Ça doit aller... Ça
va plus loin que ça, vous avez une raison.
M. Ryan: Nous le faisons souvent, ça, en cours de route
lorsque nous savons qu'une disposition est particulièrement
épineuse ou complexe. Des fois nous convenons, et c'est arrivé
souvent ici même, d'en reporter l'examen à un stade
ultérieur de l'étude d'un projet de loi et, encore une fois, j'en
ai fait l'objet d'une suggestion. Si l'Opposition veut qu'on discute
maintenant, nous sommes prêts à le faire. Aussi,
je laisse entièrement...
M. Dufour: Quand on l'a fait, c'est parce qu'on n'avait pas
nécessairement tous les éclaircissements ou on voulait se faire
une meilleure idée pour voir tout l'ensemble du projet. Là, je ne
vois pas. Le retarder, ça change quoi? Est-ce que vous avez des
modifications à apporter? S'il n'y a pas de modifications, je comprends
que l'article qui est là, c'est encore pour aller chercher de l'argent,
Je comprends ça aussi.
M. Ryan: Très bien.
M. Dufour: On va en faire des discussions au mérite. Mais,
moi, ça ne change rien dans la compréhension du projet. Je sais
qu'on vient d'en passer un; on va en passer un autre. Donc, on a des
représentations là-dessus.
M. Ryan: Très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, si nous ne sommes pas
d'accord, nous -allons aborder l'article 7 suivant l'ordre qui est
indiqué. Il n'y a pas de problème en ce qui nous touche.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: Je voulais être agréable, mais je me suis
aperçu que je ne l'étais pas.
M. Dufour: Je ne sais pas c'est quoi, là. Je ne vois
pas.
M. Ryan: Très bien.
M. Morin: C'est moins oecuménique que vous le pensiez?
M. Ryan: La cause oecuménique est une cause qui prend
beaucoup de temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Réseaux de distribution de gaz, de
télécommunications et d'énergie électrique
M. Ryan: L'article 7, Mme la Présidente, a pour objet de
modifier l'article 230 de la Loi sur la fiscalité municipale afin de
prévoir que le gouvernement retiendra un pourcentage additionnel de 1,5
%, à titre de frais de redistribution calculés sur les revenus
provenant des sommes payées en vertu de l'article 221 de la Loi sur la
fiscalité municipale par les personnes qui exploitent un réseau
de distribution de gaz aux consommateurs, un réseau d'énergie
électrique ou un réseau de câblodistribution.
Comme nous le savons, en vertu de l'article 230 de la Loi sur la
fiscalité municipale, les compagnies qui exploitent les installations de
gaz, d'électricité, doivent verser une taxe au gouvernement en
lieu de la taxe foncière qui leur serait normalement imputée au
plan municipal. Comme il est difficile d'attribuer une valeur précise
aux poteaux et aux fils qui sont, soit hors sol ou sous le sol, il a
été conçu il y a déjà plusieurs
années - je n'ai pas l'année exacte - qu'il serait
préférable que ces biens soient taxés par le gouvernement
à même les revenus des entreprises concernées et qu'ensuite
le produit de la taxe soit redistribué aux municipalités. C'est
l'objet de cette partie de la Loi sur la fiscalité municipale.
Déjà, dans la loi, il est prévu à l'article
230 que le gouvernement peut retenir, à titre de frais de perception, un
montant égal à 1,5 % des revenus provenant de l'application de
l'article 221. En vertu de l'article 221, le gouvernement aura encaissé,
pour l'année 1992-1993, 311 000 000 $, ce qui veut dire que le produit
des frais de perception étaient de l'ordre d'à peu près 4
500 000 $. Et, quant à la mesure que nous proposons d'instituer en vertu
de l'article 7, il y aurait une somme équivalente qui serait retenue par
le gouvernement à titre de frais de redistribution. Nous avons
compté l'ensemble de cette opération et nous nous disons: C'est
normal qu'il y ait une certaine partie du montant qui soit retenue. Le
ministère des Affaires municipales fait toutes sortes
d'opérations de calculs axés non seulement sur ceci mais sur des
questions de péréquation et tout. Nous avons
considéré que ce ne sera pas une charge excessive dans l'ensemble
du paysage de la fiscalité. C'est 1,5 %, ce qui veut dire
l'équivalent d'environ 4 500 000 $.
M. Dufour: Supplémentaires? (22 h 40)
M. Ryan: Évidemment. Avant que les chèques soient
envoyés aux municipalités, il y a aura une déduction de ce
montant-là. Pour chaque municipalité, évidemment, c'est un
montant infime, mais pour l'ensemble du gouvernement, c'est important. C'est
ça qui est le but de cet article-là; il n'y en a pas d'autre.
M. Dufour: Actuellement, le gouvernement, en 1992-1993, va
percevoir des compagnies de télécommunication, des compagnies
d'énergie et de gaz, 311 000 000 $ au nom des municipalités par
la Loi sur la fiscalité municipale. Pour ce faire, actuellement, le
gouvernement charge 1,5 % pour cette perception et la distribution, pour les
deux. Combien est-ce que vous chargez, actuellement, aux municipalités
pour faire ce travail-là?
M. Ryan: Mais là c'est le ministère du Revenu. Le
ministère des Affaires municipales n'a rien, c'est le ministère
du Revenu qui perçoit cette taxe-là et qui retient 1,5 % pour les
frais
de perception.
M. Dufour: C'est 4 500 000 $ que ça coûte; il retire
à peu près ça. Il retirerait ça. Par le projet de
loi, vous allez chercher combien en supplémentaire?
M. Ryan: 4 500 000 $
M. Dufour: Donc, au lieu de 1,5 %, ça va coûter 3
%.
M. Ryan: En tout?
M. Dufour: Oui. Ça va être les 3 % qui vont rester
au ministère du Revenu.
M. Ryan: Ça va rester au gouvernement, au fonds
consolidé.
M. Dufour: Oui, oui, mais le ministère du Revenu, on se
comprend, là.
M. Ryan: Le ministère du Revenu transmet cet argent au
ministère des Finances, comme tout le monde. Alors, 9 sur 311.
L'année prochaine, ça va bien être 325, 330. Oui, 320. Vos
prévisions sont toujours un peu en-deçà de la
réalité, mais disons 320; 9 sur 320, ça fait à peu
près combien, ça?
M. Dufour: Ça fait 3 %.
M. Ryan: Ça fait 3 %. Ha, ha, ha!
M. Dufour: Ça fait 3 %, voyons!
M. Ryan: C'est beaucoup moins cher que les collections de compte
qui se font un peu partout.
M. Dufour: Mais doubler d'une claque, c'est quelque chose! Je
vous l'ai dit, moi, je ne verrai jamais le fond du baril avec vous autres,
jamais!
M. Ryan: J'ai remarqué que le député n'avait
pas grand commentaires à faire quand nous avons retourné...
M. Dufour: Je vais en faire, des commentaires. Vous en voulez, je
vais en faire.
M. Ryan: ...l'autre jour, 22 900 000 $ d'un coup aux
municipalités au chapitre de la voirie. Les commentaires furent
plutôt laconiques.
M. Dufour: On ne mêlera pas les choux, les carottes et les
raves. Je vous ai donné ma perception, les municipalités vous en
ont donné une. J'ai reçu aujourd'hui un communiqué
concernant l'état du réseau routier, de quelle façon vous
leur remettez. Ce n'est jamais grave avec vous. Je ne sais pas quand est-ce que
c'est grave, quand est-ce que c'est anormal, tout est normal. Vous savez, moi,
je le jouerais, ce rôle-là. Je prendrais ma pension
là-dessus, moi, là. Je vais ramasser l'argent et, pour le travail
de collection, je vais me donner 3 %. Savez-vous qu'on est presque rendu
à des taux d'usuriers, la? C'est un peu avec ça qu'on s'en
vient.
Ce n'est pas vrai que le travail a doublé, vous le collectiez
pareil et vous chargiez 1,5 %. Et là vous décidez... La situation
économique va bien, on a frappé sur le dos des
municipalités et on va aller les rechercher. Les 23 000 000 $ qu'on est
allé chercher aux municipalités, qu'on leur a donnés...
Qu'on leur a donné, entendons-nous. On les a soulagées quelque
peu. Ce n'est pas clair encore dans mon esprit, ce n'est pas aussi clair que le
ministre le dit. Avec ce gouvernement-là, on reçoit toutes sortes
de choses par la tête. On reçoit des communiqués et c'a
l'air des augmentations de budget et, la plupart du temps, c'est qu'il y a eu
une diminution avant. C'est toujours la politique du: Ouf! Ça pourrait
être pire. Soyez bien chanceux, les gros chars vous ont passé sur
le dos. Vous n'êtes pas mort, soyez bienheureux. Vous avez juste les deux
jambes cassées, les deux bras arrachés, la tête à
moitié folle, puis il n'y a rien là, il n'y a rien de grave.
En pleine situation économique où tout le monde est en
déprime, tout le monde dit: Ça va mal, le gouvernement dit: On va
aller chercher 1,5 %, ce n'est pas grand-chose: 4 000 000 $, 300 000 $... On
est rendu à 5 000 000 $, là. Ça va bien. C'est juste
à soir, on n'a pas fini, là; 5 000 000 $, il n'y a rien
là. Le ministre, je ne sais pas s'il est conscient qu'il y a des gens
qui ne sont pas riches. Ce n'est pas tous des millionnaires, sur la terre,
là. Ce ne sont pas tous des salaires de députés,
là. Le salaire moyen au Québec est à 20 000 $. Et quand il
parle des 25 $, qu'on peut garrocher ça n'importe comment, il y a des
gens qui en arrachent. Les 25 $, bien souvent c'est la différence entre
avoir un niveau de qualité de vie un petit peu plus élevé
et ne pas avoir le droit de vivre durant la semaine. Il n'y a rien là!
Ce n'est pas grave, le ministre dit: Ce n'est pas grave. Lui qui était
si bon pour donner des conseils à tout le monde et donner des points de
vue et la façon comment fonctionner, je ne sais pas s'il est aussi large
que ça d'esprit. C'est drôle le virement de cap qu'on a fait dans
ce gouvernement-là à la minute qu'on a touché au pouvoir,
on a tous les droits. On administre le gouvernement comme si ça nous
appartient en propre. Moi, je veux leur rappeler: Ce sont des locataires. Des
locataires, vous savez, ça va, ça part des fois. Ça va
leur arriver et ce n'est pas avec des mesures comme ça qu'on va
rehausser la qualité des élus municipaux. Plus ça va, plus
on va en chercher et ça semble tout le temps correct. Le ministre, il
est mort de rire lui.
Je lui ai dit, tout à l'heure, qu'il était l'adversaire
des municipalités, c'en est encore
une autre preuve. Pas besoin de chercher longtemps, on a juste à
le regarder aller. Il s'assied alentour de son manteau qu'il a
déjà eu en se disant que, lui, il sait tout, lui, il
connaît tout. Bon, II est partout. Il est partout, il fouille dans les
poches partout!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Hein! il est partout, le ministre. Si on le regarde
aller, il est partout, mais il y a un bout. Il y a un bout de considérer
les institutions comme sa chose. Moi, je n'accepte pas ça et je trouve
que ça coûte... C'est des taux d'usuriers.
Je vous avais donné comme exemple, lorsque j'ai fait mon discours
à l'Assemblée nationale concernant l'adoption du principe,
qu'avant il y avait la taxe de vente qui était collectée pour le
gouvernement qui remettait ça aux municipalités. Ils n'ont jamais
retenu un montant pour faire ce travail-là. Ils retenaient la
moitié de la taxe de vente et les municipalités retournaient
l'autre moitié. Il y avait une ville dans la région chez nous,
c'était Chicoutimi, et cette ville-là ramassait cet
argent-là, et elle le gardait pendant un mois, deux mois. Ça fait
qu'elle, elle n'allait jamais en emprunt temporaire parce qu'elle se
finançait avec cet argent-là et, quand elle le remettait, elle
gardait 1 % de tout le montant. Ça fait que, si elle avait 200 000 $
à distribuer, elle gardait 2000 $. Ça coûtait cher pour un
timbre, pour mailer une lettre. Dans ce temps-là, les timbres
étaient à 0,02 $, peut-être à 0,01 $, parce que
c'était en 1960, ce dont je parle là.
M. Morin: 0,04 $.
M. Dufour: Non, non. En 1960, si je ne me trompe pas, les timbres
n'étaient pas plus que 0,02 $. Et la municipalité chargeait
ça; 2000 $ que ça coûtait. Le ministre fait pareil. Il dit:
Ça coûte cher envoyer des lettres. Bien, à ce
prix-là, les municipalités seraient mieux de venir le chercher.
Le ministre serait content, il les verraient toutes, il pourrait toutes les
confesser. Il pourrait leur dire comment elles sont belles et comme le
gouvernement est généreux envers les municipalités, puis
leur dire comment on les traite. Il n'y a jamais eu rien de plus vrai que quand
on a dit que les municipalités c'étaient les créatures du
gouvernement.
De la façon que je vois comment ça se passe de plus en
plus, non seulement c'est des créatures, mais ça va pas mal plus
loin que ça dans mon esprit. Je ne dirai pas à quel point ce que
je pense, mais il me semble qu'une créature ce n'est pas ce sur quoi on
s'essuie les pieds, ce n'est pas ce sur quoi on se base pour s'élever.
Là, on les écrase pour se montrer comment on est bons. Voyez
comment on est bons, voyez comment on est fins, comment on est
généreux, comment on est bons administrateurs, mais surtout
comment on est bons collecteurs de fonds. Ça me surprend que le
gouvernement n'ouvre pas une agence de collection. Bien, ça me surprend.
Je suis surpris parce que là ça pourrait être payant parce
que peut-être qu'on pourrait aller chercher un petit peu plus; mais
là on ferait le travail, on ferait un travail de collection.
Là, ce n'est pas compliqué faire ça. Vous n'avez
pas vu beaucoup, beaucoup d'entreprises de télécommunication qui
ont fait faillite dernièrement. Hydro-Québec n'est pas en
faillite non plus. On essaye de la mettre en faillite, on perçoit un
droit compensateur sur tous les emprunts qu'Hydro-Québec fait.
Ça, ça se traduit par 100 000 000 $, 150 000 000 $ de revenus
supplémentaires pour le gouvernement Le gouvernement dit: On n'emprunte
pas à crédit. Un instant! C'est de l'argent emprunté
qu'Hydro-Québec va chercher sur le marché. Et le 1 %, les 100 000
000 $, 150 000 000 $ qu'on va chercher à Hydro-Québec, savez-vous
ce qu'on fait avec? On les envoie dans les comptes courants au gouvernement du
Québec. Ce n'est pas emprunter pour acheter à crédit, pour
payer l'épicerie? Ce gouvernement-là s'est permis de nous donner
des leçons, comment on devait administrer? Moi, j'aurais honte. J'irais
me cacher. On oblige Hydro-Québec par ses emprunts, on va percevoir 1 %,
on met ça dans un compte courant. Et on nous a dit, nous autres, qu'on
empruntait pour payer l'épicerie! Là, vous empruntez sur 20 ans
pour payer l'épicerie; c'est hypothéquer pas mal l'avenir,
ça.
Et vous continuez de la même façon. Ça ne
coûte pas cher pour eux autres de collecter Hydro-Québec: Vous
regardez leurs états financiers, il y a tant d'argent dans le compte,
tant pour cent. Ce n'est pas compliqué, c'est une règle de trois.
Et pas une règle de trois très très
élaborée. Je l'ai dit, ça ne prend même pas un
comptable agréé, ça ne prend rien qu'un comptable
agréable, quelqu'un qui est capable de faire une règle de trois.
Il la fait et dit: Vous avez tant de dépenses, tant de vente, sur ce
montant de vente, voici combien ça coûte: C'est tant pour cent. Et
ce montant-là, on vient le retirer. On envoie une lettre pour qu'on
renvoie l'argent. Aïe! c'est compliqué. Pour eux autres, ça
semblerait que c'est un travail extraordinaire. (22 h 50)
Savez-vous que les municipalités pourraient se dispenser de votre
aide? Elles pourraient le faire elles-mêmes et elles vont ramasser 3 %
pour faire ça. Je suis sûr que les municipalités vont
être heureuses d'aller collecter leurs comptes, comme elles le font pour
un contribuable ordinaire. Elles vont prendre les bilans des
sociétés, elles vont les analyser et elles vont dire: Vous nous
devez tant pour cent. Point à la ligne. Et elles vont sauver 3 %.
Pourquoi est-ce qu'on ne leur donnerait pas ça?
C'est rendu que le gouvernement... J'ai pa-
radié et j'ai voulu exagérer, pensant qu'il y a des gens
qui comprendraient. Si on continue à faire ce qu'on fait là,
chaque fois qu'un contribuable va appeler, va téléphoner au
gouvernement, on va lui dire: Les deux premières minutes sont gratuites
et la troisième minute, on considère que vous nous demandez une
consultation, donc ce sera tant de la minute. Il n'y aura plus un contribuable
qui va communiquer avec le gouvernement, parce que ça sera rendu une
entreprise. Un gouvernement, ce n'est pas là pour rendre des services.
C'est une entreprise, c'est comme, je dirais, un cancer. Peut-être pas,
quelqu'un ou quelque chose qui se nourrit par lui-même. Comme une
poupée gonflable: il se grossit tout seul. Il se ressouffle
lui-même. C'est un peu où il est rendu. Il est rendu que, tout ce
qu'il voit, il voit de l'argent partout et II n'a pas de poches assez grandes
pour en mettre dedans. C'est comme un gouffre sans fond, parce que tout
l'argent qu'il ramasse, on ne sait pas où il va.
Le budget, en 1985, il était à 28 000 000 000 $. En 1992,
il est à 44 000 000 000 $ et on n'a pas augmenté les
impôts. Il doit y avoir des comptables dans cette salle. Il y a des gens
qui sont ici et qui doivent savoir compter. Vous me direz d'où vient
l'argent. Si on n'a rien augmenté et que de l'argent
supplémentaire rentre, il doit y avoir du monde qui travaille sur un
moyen temps. L'argent doit rentrer de tous les bords, tous les
côtés. Pour le faire rentrer, on fait quoi? Il faut pressurer le
citron. Il faut pressurer le cochon de payeur qui s'appelle le contribuable et
on l'a trouvé.
On ne s'est pas contenté d'aller juste chez les contribuables, on
va chez les municipalités. C'est plus facile de collecter en gros. Quand
on va collecter chaque individu, c'est que ça prend du temps. Mais,
quand c'est les municipalités, il y en a moins, donc on va aller
chercher de ce côté-là. Et les municipalités
s'opposent, M. le ministre. Moi, je vais vous rendre compte de ça, je
vais au moins vous faire ce rapport-là. L'Union des municipalités
vous a rappelé, dans une lettre du 6 novembre, qu'elle s'oppose à
l'imposition de frais de traitement de dossier pour l'approbation des
règlements d'emprunt et de frais de redistribution de 1 %, outre les
frais de perception de 1,5 % - là, c'est rendu 1,5 %, ce n'est pas 1 %;
ça a augmenté, ça a gonflé de 0,5 % en un mois;
j'espère que ça ne changera pas à chaque mois parce que
tantôt on va manger le capital et l'intérêt - sur les
recettes perçues auprès des exploitants des réseaux de
télécommunications, de gaz et d'électricité. Ces
deux mesures devraient rapporter, selon les estimations faites par vos
fonctionnaires - les fonctionnaires, ils doivent changer, ça
dépend de leur humeur, là on est rendu à 4 500 000 $ -
quelque 6 000 000 $. Donc, on parie de 4 500 000 $ supplémentaires.
Donc, l'Union des municipalités du Québec est contre. Qui
va en faire les frais? Les petites municipalités, peut-être un peu
moins. Il n'y a pas de loi de la relativité au ministère. Si la
petite municipalité n'a pas un gros montant, ce n'est pas grave; les
grosses, c'est plus, ça devrait être plus grave. Tout à
l'heure, ça ne dérangeait pas, les 25 $; que ce soit pour 100 000
$ de contestation, comme pour ces 500 $ de contestation, c'était les
mêmes 25 $. Donc, il n'y a pas de relativité par rapport à
ça. Ce sont tous des gens égaux. On est égaux devant la
loi. Les municipalités sont égales.
Ce dossier-là, qui nous arrive à la dernière
minute, n'a pas été mis en discussion très, très
longuement. Ce dossier-là, comme les autres qu'on a, ça fait 10
jours que c'est en consultation, réellement, depuis qu'Us sont
déposés. Et nous on a à faire face à ça. Je
vous dis carrément qu'encore là on sera obligés, si vous
ne revenez pas à de meilleures intentions, d'être contre cet
article qui, à mon point de vue, dépasse les bornes du
raisonnable. Il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui peuvent se permettre de
doubler des frais dans une «shot», dans un coup, sans qu'elles
aient à en payer le prix. Mais comme les clients, vous les avez par la
gorge, d'un côté, ils ne peuvent pas se soustraire à
ça. Il semblerait qu'on peut leur faire avaler n'importe quoi. C'est
ça qu'on s'apprête à leur faire et c'est pour ça
que, moi, je trouve que ça n'a aucun bon sens. Voilà la
première réaction que j'ai à exprimer. Je ne sais pas si
vous autres en avez.
M. Ryan: Avec ce vent de réprobation qui soufflait sur
nous je me disais que peut-être ça aboutirait à nous
enlever même le droit de réplique tellement la condamnation est
sévère. Je voudrais simplement ajouter une couple
d'éléments qui vont contribuer à alimenter la
réflexion des députés. Tout d'abord, le
député de Jonquière a parié d'Hydro-Québec,
d'un montant qui était perçu à même des emprunts
contractés par Hydro-Québec. Ce n'est que justice, parce que vous
savez qu'en vertu des exigences des entreprises financières
auprès desquelles HydroQuébec doit s'alimenter pour ses emprunts
en vue des projets gigantesques qui sont commencés à certains
endroits et qui doivent l'être à d'autres il faut qu'elle soit
capable d'employer une partie très importante de ses revenus courants
pour financer ces choses-là. Que le gouvernement, en retour, ait
trouvé ce moyen-là pour avoir un minimum de rendement de tous les
investissements que la communauté fait dans HydroQuébec, je pense
que c'est une charge très modérée. Alors, c'est ça
l'explication selon la manière dont je lis les choses. Je crois que
c'est un pourcentage important de ses revenus courants qu'Hydro-Québec
doit réserver pour les dépenses d'immobilisation parce que
autrement les emprunts seraient trop gros et constitueraient une charge trop
lourde. Les institutions prêteuses
exigent qu'on agisse de cette manière-là. Qu'en retour on
en prenne une partie somme toute modeste, sous la forme qui est indiquée
- la forme, c'est assez secondaire pour moi; c'est le résultat qui
compte - que le gouvernement estime avoir besoin d'une centaine de millions de
cette source-là, moi, je suis entièrement d'accord.
Il y a une chose que le député de Jonquière oublie
- il nous adresse toutes sortes d'opprobres - c'est que nous sommes dans une
situation où les dépenses du gouvernement sont
considérablement accrues en raison de la situation économique
justement. Et ces dépenses accrues, il faut bien que nous les
maintenions à un niveau raisonnable, qui ne compromette pas davantage,
car elle est compromise, la situation financière du Québec. Et ce
que nous demandons en retour de ce que le gouvernement doit verser est peu de
chose; peu de chose. Faire des additions et monter des litanies, c'est correct.
Mais c'est assez peu de chose par rapport à ce que nous devons
débourser seulement pour l'aide sociale.
Je n'ai pas les dernières statistiques, mais j'ai vu les
statistiques générales de l'augmentation
phénoménale de l'aide sociale au cours des deux dernières
années en raison de la pire récession économique qui ait
frappé l'Amérique du Nord et même l'ensemble des pays
industrialisés depuis 50 ans. Et que ces charges-là se soient
présentées, l'État ne pouvait quand même pas s'en
soustraire. Là où nous avions prévu un certain budget pour
l'aide sociale, il a fallu l'augmenter considérablement. Il a fallu
multiplier les dépenses dans le domaine de la formation professionnelle
également. Qu'on aille chercher des montants, ça n'a l'air de
rien, ce n'est pas des gros montants. Ce n'est pas ça qui va... Quand on
a fait le débat sur la loi 145, je me rappelle de toutes les remarques
apocalyptiques que nous avons entendues de la part de l'Opposition. J'ai
toujours insisté, moi, tout le long, pour rappeler que l'impact total
des mesures définies dans la loi 145 représentait au plus, je
pense, 3 %, 2,5 % à 3 % de l'ensemble du budget des
municipalités. Et j'avais dit: Si on n'est pas capable de consentir
ça pour la collectivité, il y a quelque chose qui ne marche pas
quelque part. Et la collectivité, qui l'incarne mieux sinon
l'État du Québec, le gouvernement du Québec, son
Assemblée nationale qui a l'autorité souveraine pour voter des
lois dans le domaine de sa compétence? Si elle n'est pas capable, dans
un temps de crise, d'exiger cette participation modeste, moi, je déchire
ma chemise, je m'en retourne chez-moi, je n'ai pas d'affaire ici.
Là, on l'a fait, on a apporté certaines
atténuations. Je l'ai rappelé souvent ces derniers temps, quand
on examine les budgets des municipalités qui paraissent un peu partout
à travers le Québec, la situation est beaucoup plus sous
contrôle qu'on aurait pu le penser il y a un an en écoutant les
propos de l'Opposition officielle. Et ce que nous faisons là n'est pas
agréable, j'en conviens, et j'aimerais mieux ne pas avoir à le
faire, mais c'est quand même mineur dans l'ensemble du tableau. (23
heures)
L'autre jour, vous avez cité une lettre de l'Union des
municipalités du Québec. C'est juste, elle a été
citée correctement, honnêtement. Je n'ai pas de reproche à
adresser au député de Jonquière à ce sujet,
évidemment. Mais, l'autre jour, le président de l'UMQ, à
une réunion de la table Québec-municipalités, m'a
adressé la question. Il a dit: Pourquoi cette mesure-là? Je lui
ai dit: Je vais être franc avec vous. On a fixé, pour chaque
ministère du gouvernement, un objectif d'amélioration de la
situation financière du gouvernement. Le ministre des Finances peut bien
parler de son côté, le président du Conseil du
trésor également, tant que ça n'atterrit pas dans chaque
ministère, ça ne veut rien dire, nous le savons tous. Ça
doit se traduire à la fois par une réduction des dépenses
et par une certaine augmentation de la capacité de gagner. C'est aussi
simple que ça. Nous autres, il y a un objectif qui a été
fixé au ministère, qui n'est pas déraisonnable, et les
moyens qui sont ici sont des moyens qui ont été mis au point afin
de réaliser l'objectif. Tout ça fait partie d'une
stratégie qui... Pour une fois, il y a pas mal d'unité dans
l'ensemble de l'action gouvernementale, comme le soulignait à juste
titre le député de Jonquière, d'ailleurs. Mais il y a bien
des bénéfices, également, qui vont du côté
des contribuables.
Quand le ministre de l'Éducation a été
autorisé à mettre... je pense que c'est 40 000 000 $ ou 50 000
000 $ de plus dans la lutte au décrochage, quand il a été
autorisé à mettre tant de millions de plus ici, quand la ministre
de l'Enseignement supérieur a été autorisée
à mettre tant de millions de plus dans l'enseignement universitaire,
quand nous décidons de bâtir un pavillon des sciences et des
mathématiques à l'Université de Montréal, de
permettre l'ajout de deux pavillons à l'Université Laval, de
redresser la situation de certaines universités qui avaient
été moins bien financées que d'autres, de permettre le
renforcement des institutions affiliées à l'Université du
Québec à travers tout le Québec, ça, ce sont des
efforts que le gouvernement consent à faire dans une période
extrêmement difficile, et il nous dit, en retour: On va vous fixer
certains objectifs; maintenant, trouvez, vous autres, les moyens les plus
appropriés, et il y aura sans doute d'autres objectifs au cours des
années à venir. Si l'Opposition, qui avait été
assez avare de suggestions construc-tlves jusqu'à maintenant, voulait
nous en fournir pour les prochaines années, je m'engage à les
étudier sérieusement; on sera même prêts à
tenir une commission parlementaire là-dessus, si le
menu est suffisamment généreux. Je sais que ce n'est pas
facile non plus, je n'en fais pas de reproche. Mais je vous donne en toute
franchise et en toute transparence, crois-je pouvoir dire, la véritable
description du genre d'exercice que nous faisons et du pourquoi de l'exercice,
pas autre chose que ça. J'aimerais mieux ne pas le faire, c'est
évident.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: II demeure, Mme la Présidente, que les
coûts qu'on donne, ce sont des coûts qui sont récurrents,
donc qui vont se reproduire au fur et à mesure. Je l'ai dit lorsque la
loi 145 a été adoptée, au moment où elle a
été adoptée, il y avait des surplus dans certaines
municipalités, ça a pu être atténué, et je
regarde, et je lis la même chose que... Je ne lis peut-être pas
d'une façon aussi correcte que le ministre des Affaires municipales,
mais je vois bien qu'il y a des municipalités qui peuvent s'en tirer.
Elles peuvent s'en tirer. Chez nous, elles vont s'en tirer; elles ont
augmenté les taxes pas mal fort l'an passé, ça fait que,
cette année, elles vont probablement être pas trop pires. C'est
avec le temps, c'est à force de charger. On a beau atténuer de
quelque façon que ce soit, II y a une chose certaine, c'est que, quand
on parle des municipalités, mol, je vois surtout chez le contribuable.
Il y a 500 000 000 $, avec la taxe scolaire, comme avec la taxe municipale, qui
ont été référés ou refilés aux
contribuables des municipalités. C'est ça qui est arrivé.
On aura beau faire le discours qu'on voudra, ces 500 000 000 $ là, Ils
sont là, ils s'appliquent et ils vont s'appliquer à chaque jour.
C'est un ajout. Là, on dit: Non seulement on fait ça, mais on va
chercher par d'autres moyens, parce que ça a beau, là... Vous
avez annoncé 22 000 000 $, vous semblez dire que c'est un gros montant.
4 500 000 $, c'est des pinottes. Mais ces 4 500 000 $, ce n'est pas des
pinottes, par rapport à 25 000 000 $, c'est un montant d'argent
raisonnable. On devrait peut-être... Je ne sais pas, moi, si vous
êtes aussi bon administrateur, on va se mettre au repêchage et
peut-être que quelqu'un va vous engager pour faire de l'évaluation
et faire n'importe quoi, comme un joueur de baseball. Il y en a qui valent 7
000 000 $. Mais, 4 500 000 $, c'est de l'argent; c'est de l'argent que les
municipalités ne toucheront pas.
Donc, d'un côté, on transfère une partie de nos
obligations et, de l'autre côté, on leur lève de l'argent
pour collecter. Donc, il n'y a pas d'indexation, cette année, là.
Ils viennent de perdre leur montant. Quand le ministre dit que c'est
raisonnable d'aller chercher 1 % sur les emprunts... Mais ce n'est pas pour
baisser les emprunts du gouvernement, c'est pour les comptes courants, c'est
pour l'administration courante. Donc, il a beau me dire que c'est raisonnable,
ça ne se faisait pas avant. Et quand on augmente les taux
d'électricité comme on l'a fait, de 27 % dans les deux
dernières années, dans les trois dernières années,
plus de 27 %, c'est pas mal plus que le coût de la vie, ça. Et
tout le monde a l'air à trouver ça normal. Ça fait que,
là, je comprends une chose; pour que quelque chose soit normal, il faut
que ça passe par le ministre des Affaires municipales. Tout ce que,
nous, on trouve anormal, c'est parce que, nous, on est des anormaux. Ça
ne se peut pas qu'on arrive avec des conclusions aussi différentes,
aussi écartelées. Parce que sa perception et ce que le ministre
nous dit, et ce que, nous autres, on pense... Il doit y avoir quelque chose
qui... On est vraiment, là, à des années-lumière.
Moi, je ne trouve pas que-Peut-être que je ne suis pas convaincant, mais
vous ne me convainquez pas non plus. Quand vous nous dites que l'Opposition est
avare de suggestions, on n'est pas au pouvoir. Quand on était au
pouvoir, vous n'en donniez pas, des suggestions. Non seulement vous n'en
donniez pas, mais vous étiez contre à peu près tout ce que
le gouvernement amenait. Toutes les législations importantes, je vous
prends à témoin, il y a eu des combats féroces et je ne
suis pas sûr qu'ils étaient faits d'une façon plus
civilisée et mieux que ce qu'on fait. Je pense qu'on garde une certaine
mesure et on est contre des parties de législation, mais on ne s'oppose
pas à toute législation. On dit: II y a des choses qui nous
semblent acceptables, il y a des choses qui nous semblent
déraisonnables. Dans ce cas-ci, doubler les frais de perception quand
les municipalités n'ont pas le choix... Elles sont obligées de
passer par vous autres. Si elles ne passaient pas par le gouvernement... Mais
là c'est des frais qu'on paie. Ce n'est pas un magasin. Quand on va dans
un magasin, on peut choisir notre commis, on peut choisir le magasin qu'on
veut, mais, dans ces cas-ci, les municipalités sont esclaves ou sont
partie prenante au même titre qu'au gouvernement. Quand on leur dit: Vous
allez faire partie de la grande problématique de la difficulté
qu'on a comme finances publiques, eh bien, là, ne disons pas que les...
on ne pourra jamais dire que les municipalités ne savent pas
s'administrer. On pourra dire qu'on se sert des municipalités comme
partie prenante. Donc, est-ce qu'on va leur donner aussi le même pouvoir
au point de vue législatif? Il ne faut pas juste leur donner des
obligations. Il faut leur donner aussi des pouvoirs. On est parcimonieux dans
les pouvoirs qu'on leur donne et on est très, très subjectifs par
rapport...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...aux actions qu'on s'apprête à poser.
J'ai d'autres collègues qui vont prendre la relève,
j'imagine.
la présidente (mme bélanger): merci, m. le
député de jonquière. m. le député de
montmorency.
M. Filion: Rapidement, Mme la Présidente, moi, j'aurais
envie de faire des suggestions au ministre concernant l'entrée de fonds
ou l'entrée de revenus. En même temps... Eî ça
devient un problème qui, je pense, est peut-être à la base
même de tous les maux du gouvernement actuel. Les entrées de fonds
n'y sont plus parce qu'on a l'impression que dans le système
économique, actuellement, il y a un système qui est
comptabilisé, une partie des transactions qui sont comptabilisées
et l'autre partie ne l'est pas. On sait que le marché au noir prend des
proportions incroyables. Quand, moi, je parle avec le ministre du Revenu, il me
dit: Eh bien, j'en ai parlé avec le ministre de la
Sécurité publique et il me dit: J'ai besoin de l'assentiment du
ministre de la Sécurité publique pour qu'on puisse penser
à faire des opérations intéressantes, pour qu'on puisse
commencer à contrôler tous les millions et millions de dollars.
C'est des centaines de millions de dollars, actuellement, qui sont perdus dans
une économie souterraine ou au noir ou appelez-la comme vous voulez. Je
pense qu'à ce niveau-là il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'argent qui, à mon avis, pourrait être contrôlé.
Quand on regarde, par exemple, les vidéopokers... Les
vidéopokers, on peut être pour ou contre. Ça, c'est une
question de philosophie, mais ce qui est clair, qu'on soit pour ou qu'on soit
contre, c'est qu'ils sont là et qu'ils opèrent. Ils
opèrent 4 000 000 $, 5 000 000 $ facilement de chiffre d'affaires par
année. Et ces 4 000 000 $, 5 000 000 $ actuellement, ils continuent de
l'opérer quand même hors circuit. Qu'ils soient légaux ou
illégaux, l'industrie continue. Dans ce sens-là, je pense
qu'effectivement le gouvernement se prive de centaines de millions de dollars.
Je pense que ça vous éviterait de... Si vraiment on faisait un
effort pour collecter son dû, ça vous éviterait de faire
des politiques de fond de tiroir comme vous le faites actuellement. De toute
façon, les fonds de tiroirs ont des fins en soi parce que
l'entrée des deniers publics n'est pas là. (23 h 10)
On regarde la construction, on parle de 1 500 000 000 $ de transactions
au noir. Vous ajoutez à ça la contrebande de cigarettes et,
là, vous êtes rendus avec des sommes faramineuses. Et ces sommes
faramineuses là sont toujours sur le terrain. Elles circulent. On ne
fait pas d'effort ou, je pense, peut-être qu'on ne fait pas d'effort ou
on ne sait pas comment s'y prendre. Mais, dans ce sens-là, je pense
qu'il y a beaucoup de choses à faire. Ça aiderait
énormément l'économie si le gouvernement en place pensait
sérieusement à mettre des contrôles et à aller
chercher le dû qui revient à l'État. On ne serait pas en
train de discuter, au niveau des municipalités, d'une prestation de 4
500 000 $, si vraiment on allait chercher les centaines de millions de dollars
qui actuellement traînent dans l'économie et qu'on ne va pas
percevoir, pour toutes sortes de raisons. Mais je pense qu'elles sont toujours
présentes, ces transactions-là. Elles se font hors
système. Même si on est contre ou qu'on ne veut pas les enrayer,
elles vont demeurer. Ça ne semble pas être facile d'arrêter
une machine de 15 000 à 20 000 personnes qui transigent 400 000 000 $
à 500 000 000 $ d'affaires par année dans un marché comme
les vidéopokers. Alors, les transactions continuent et les montants
d'argent ne sont pas perçus. Mais, ça, ça crée un
déséquilibre des finances publiques incroyable parce que
ça provoque une série de petites «mesurettes», comme
vous faites actuellement, qui viennent mettre la goutte d'eau qui fait
déborder le vase et tout le monde se retrouve un peu mécontent
dans cette histoire-là. Moi, je pense qu'il y a un effort sérieux
à faire à ce niveau-là. Vous me parlez d'avoir des
idées, alors, moi, je vous suggère une façon d'aller
chercher les centaines de millions de dollars, si vraiment le gouvernement
s'arrêtait sur une politique à prendre pour mettre de l'ordre au
niveau de ces transactions souterraines. C'étaient les seuls
commentaires, M. !e ministre, que j'avais à faire. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M le ministre.
M. Ryan: Évidemment, le député de
Montmorency va comprendre comme moi que ses suggestions s'adressent au ministre
des Finances qui est le porte-parole du gouvernement dans les matières
qui touchent les sources de revenu du gouvernement. Le ministre du Revenu
exécute les politiques découlant des décisions
budgétaires du gouvernement, en assure l'application. Je les accueille
quand même avec intérêt. Elles ne sont pas vraiment neuves
pour nous parce que nous travaillons sur ces sujets-là
déjà. C'est difficile de trouver la formule qui va permettre de
retirer plus de revenus de ces sources dont a parlé le
député en même temps qu'on les gardera sous contrôle.
C'est très difficile. Dans le cas du tabac, je pense que le
député est au courant que le trafic illégal du tabac
relève d'abord de la compétence du gouvernement
fédéral. De toute façon, les taxes fédérales
qui sont prépondantes en cette matière... Ça n'interdit
pas qu'il y ait une collaboration plus active et plus efficace entre les deux
ordres de gouvernement dans ce domaine-là. J'aurai justement une
réunion ces jours prochains avec mon homologue fédéral,
où c'est un des sujets qui seront à l'ordre du jour.
M. Filion: Si vous allez chercher la taxe à la source chez
le fabricant, vous n'avez plus de problème.
M. Ryan: On a dit ça. C'est une chose que je vais examiner
avec le ministre des Finances. La suggestion m'a été faite par
plusieurs milieux. Le plus que je puisse faire là-dedans, comme ministre
des Affaires municipales et de la Sécurité publique, c'est de
présenter des suggestions au ministre des Finances de manière
qu'il voie s'il y a lieu de les incorporer dans ses propositions
budgétaires. Je note tout ceci et je ferai rapport au ministre des
Finances de ces choses-là, vous pouvez en avoir l'assurance, Mme la
Présidente. Moi-même, comme tout le monde le comprend, j'en suis
sûr, je n'ai aucune espèce de plaisir particulier à
proposer des mesures comme celles que nous discutons présentement. Je
serais beaucoup plus à l'aise si je n'avais pas de mesure comme
celles-là à mettre de l'avant au nom du gouvernement.
M. Filion: Je suis d'accord avec vous. Au niveau du
vidéopoker, semble-t-il, c'est une question de protection publique. La
police est contre, mais le marché est toujours présent. C'est
ça un peu l'imbroglio dans lequel on se retrouve un peu.
M. Ryan: Le vidéopoker va être l'objet d'une
attention particulière au cours des prochaines semaines pour essayer de
dirimer cette situation ambiguë qui continue d'exister depuis le dernier
jugement de la Cour suprême.
M. Filion: C'est toujours très présent dans
l'économie. C'est très, très présent. J'ai
l'impression que... C'est comme si rien ne s'était passé. Tous
les millions de dollars qui se transigent continuent de se transiger et
l'État ne perçoit pas son dû. Il y a des systèmes
qui ont été vécus ailleurs qui permettent à
l'État de percevoir son dû.
M. Ryan: Bien sûr. Maintenant, tout ceci ne m'empêche
pas de penser parallèlement qu'il est très important de demander
aussi des petites choses, d'abord aux ministres, aux fonctionnaires qui les
assistent, aux institutions qui font partie du grand réseau public, que
ce soient les hôpitaux, les établissements d'enseignement, les
services sociaux, les sociétés d'État, les
ministères, évidemment. Je pense qu'il faut demander
également des petites choses parce que, au cours de la dernière
génération, parce que nous sommes entrés à fond
dans le climat de solidarité très poussée qui avait
été grandement populaire au lendemain du dernier conflit mondial,
les sociétés industrielles se sont imposé des charges dont
le coût est plus élevé qu'elles ne l'avaient pensé.
Il faut qu'on trouve un équilibre. Les citoyens ont été
habitués à attendre bien des choses de l'État. Je me
rappelle, quand nous avons commencé, il y a quelques années,
à dire: II n'y aura plus de subventions aux entreprises, comme on en
avait eu pendant longtemps, moi- même, ça m'a grandement
étonné. Mais on a dit: On va accorder des prêts dont une
partie des intérêts, par exemple, pourront être
soulagés pendant... C'est une subvention, entre vous et moi; on
l'appelle autrement. Mais on a quand même diminué cette
dépendance envers les fonds publics qui avait été
cultivée chez les entreprises. On donnait toutes sortes de choses
gratuitement. On s'est aperçu qu'on n'est pas capable sur toute la
ligne. On ne doit pas oublier... Vous savez, je comparais une publication qui a
été mise à jour par le ministère des Affaires
intergouvernementales et dont je recommanderais aux députés de
l'Opposition de se procurer des exemplaires. C'est un document statistique
comparé des grandes données de finances publiques pour toutes les
provinces du Canada; puis des données économiques,
également. C'est un cahier qui est très intéressant. Je
crois qu'il est disponible pour les députés. J'espère que
je ne fais pas d'indiscrétion. Là-dedans, je constate que le
gouvernement de l'Ontario, qui, ces années-ci, est encore plus mal en
point que le gouvernement du Québec, a 60 % de ses dépenses qui
vont pour les services de santé, les services sociaux et
l'éducation. 60 %. Nous autres, je pense que c'est entre 50 % et 55 %,
moins élevé. On ne peut pas rogner beaucoup, beaucoup
là-dessus ces années-ci. D'autre part, vous remarquerez une
chose. Vous avez vu le dernier compte rendu des finances publiques qu'a
publié le ministère des Finances il y a à peu près
deux ou trois semaines, le dernier trimestre. Vous constaterez une chose, c'est
que les prévisions de revenus se réalisent presque
intégralement, c'est-à-dire qu'on avait bien
budgeté...
M. Filion: Pas au niveau des sociétés. M. Ryan:
Pardon?
M. Filion: Les sociétés, c'est là qu'est le
problème.
M. Ryan: II y a seulement l'impôt des
sociétés qui n'a pas produit le revenu attendu, mais toutes les
autres sources ont produit à peu près le revenu attendu. Du
côté de l'impôt sur les sociétés, je pense
qu'il y a un décalage d'à peu près 240 000 000 $. Mais
c'est parce que toutes les entreprises, pratiquement, ont fait des
déficits au cours de la dernière année. Tu ne peux pas
aller chercher gros d'impôt dans ce temps-là. Mais, sur le reste,
on a réussi à rencontrer des objectifs fixés par le
ministre des Finances dans son budget. Mais là où le bât
blesse, c'est dans les dépenses, en particulier à l'aide sociale
où les dépenses ont augmenté d'une manière
très prononcée, ce qui fait que le déficit
anticipé, au lieu d'être de l'ordre - je pense qu'on avait
prévu 3 800 000 000 $...
M. Filion: 3 790 000 000 $.
M. Ryan: II sera plutôt de 4 200 000 000 $, 4 300 000 000
$, là, selon...
M. Filion: 4 260 000 000 $.
M. Ryan: Alors, tout ça, ça fait partie du portrait
aussi, et on se dit: À la longue, si on resserre la vis et qu'on
crée davantage un sentiment de responsabilité à l'endroit
des services reçus, toujours en tenant compte de la situation
financière du destinataire, on va peut-être avoir une
société qui aura un petit peu plus d'épine dorsale.
Ça a manqué beaucoup dans la société
québécoise, ces dernières années. Dans la conduite
des entreprises, dans la conduite des finances familiales, dans la conduite des
affaires publiques, également, on a manqué trop d'épine
dorsale à bien des reprises, et le prix de ces manquements est
très élevé. On essaie, en tout cas, et il n'y a personne
qui est parfait là-dedans. C'est sûr qu'il y a certaines erreurs
qui sont faites. Mais je ne pense pas que, dans les secteurs que nous
discutons, il y ait de grosses erreurs à corriger. Tu sais, il y a des
choses qui ont été faites, et je suis convaincu que, si jamais ie
Parti québécois prenait le pouvoir, et c'est toujours possible,
évidemment... (23 h 20)
M. Morin: C'est même probable.
M. Filion: C'est juste une question de date, ça.
là. C'est vous qui le savez.
M. Ryan: Pardon?
M. Filion: C'est juste la date. Nous, on ne ie sait pas, mais,
vous, vous le savez.
M. Ryan: Oui. Je vous laisse le mot «probable» et je
garde le mot «possible», par humilité bien connue. Il va se
rendre compte que certaines promesses qui ont été faites, comme
de tout défaire co qui a été fait au plan de la
fiscalité municipale, ce n'est pas réalisable. Ça ne sera
pas réalisable à ce moment-là. Ce n'est pas mauvais qu'on
le dise dans un moment d'euphorie. Ça ne sera pas réalisable.
Nous autres, il y a un certain nombre de choses qu'on avait dites. Moi, je n'en
ai pas dit beaucoup de ce genre de choses là au point de vue financier
parce que j'avais administré une entreprise avant d'être dans la
vie publique et je peux dire que je l'ai fait marcher. Quand je suis parti de
là, ia banque ne courait pas après l'entreprise pour lui faire
payer ses dettes, mais pour lui demander si elle viendrait déposer son
argent chez elle. On est toujours plus indépendant dans ce
temps-là. Alors, on essaie de combler un petit peu l'écart.
Ça va être l'oeuvre de beaucoup d'années, de beaucoup
d'années. Et ce qu'on fait est très peu de chose. À cause
de la conjoncture économique, ia roue tourne un peu à vide depuis
deux ou trois ans. Moi, c'est comme ça que j'interprète !e
portrait général. mais soyez assurée, mme la
présidente, que nous portons beaucoup d'attention à cette
question de toute l'économie au noir. les députés en
parlent souvent dans nos caucus. je pense que vous en êtes
témoins, ici, vous autres.
M. Filion: Je pense que les petites «mesu-rettes» que
l'on vit incitent énormément les citoyens à se faire une
certaine justice fiscale. Même si vous pensez que c'est
négligeable, c'est ce genre de petits détails là où
les gens accrochent et se disent: Bon, c'est correct, je vais me reprendre
autrement. Je ne suis pas pire que celui qui fait de la contrebande. Je ne suis
pas pire que celui qui est dans le vidéopoker. Je ne suis pas pire que
toutes ces histoires-là. Les gens, à un moment donné, se
retrouvent à dire: Eh bien, c'est correct, je vais m'organlser pour que,
moi aussi, j'y retrouve mon avantage. Et c'est là que, je pense, il y a
un seuil, il y a un seuil quelque part où on doit
réfléchir sérieusement.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va? M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Oui. Moi, j'aurais une couple de petites questions
d'ordre technique, mais, avant, je dois quand même rappeler que l'article
7 constitue uniquement une taxe déguisée, comme l'article 5, sauf
que, je dois le reconnaître, ça n'a pas l'irrationnel et
l'illogisme qu'on retrouve dans l'article 5. Au moins ça. Voyez-vous! Je
vais vous concéder quand même le moins pire. Mais je vais poser
une question un peu technique. J'aimerais savoir pourquoi on n'a pas
amendé l'article existant uniquement en doublant le 1,5 % des revenus
tel qu'indiqué à 3 % - ça, j'aimerais bien avoir une
explication là-dessus - ce qui serait revenu au même, plutôt
que de l'amender dans le sens qu'on dit, évidemment, qu'on soustrait les
frais de perception, soit 1,5 % sur les frais de perception en termes de frais
de perception, et 1,5 % comme frais de redistribution. Moi, je voudrais savoir,
là, pourquoi on a écrit ça de même. Parce que,
finalement, le 1,5 % n'a aucun lien direct ou indirect avec les coûts
réels de perception comme ceux de redistribution. Moi, j'aimerais que
vous m'expliquiez ça, même si ce n'était que pour ma
satisfaction personnelle. Je sais que ça ne changera pas le montant au
bout, mais quand même. Dites-moi ça, ceux qui ont imaginé
ça, comment? Par quel cheminement? Par où ils sont passés
pour arriver à ça?
M. Ryan: Là, ça ne change rien parce que tout cet
argent-là...
M. Morin: Je comprends, mais on est ici au moins pour comprendre.
Sinon être d'accord avec vous, au moins comprendre pourquoi on l'a
écrit
comme ça.
M. Ryan: Voyez-vous, l'argent est encaissé au
ministère du Revenu à même les rapports de ces
sociétés qui sont visées par la taxe sur le gaz,
l'électricité et les télécommunications. Ensuite,
il incombe au ministère des Affaires municipales de faire la
distribution de cet argent-là.
M. Morin: Oui, oui, c'est ça.
M. Ryan: Nous avons considéré qu'à ce
titre-là nous fournirions notre contribution à l'effort de
l'ensemble du gouvernement, vu que c'est une mesure qui relève de notre
compétence.
M. Morin: Oui.
M. Ryan: On a dit: À même cette mesure-là, on
va procurer un certain supplément de revenus au gouvernement. C'est
aussi simple que ça. Il n'y a pas d'autre chose.
M. Morin: Oui. Vous avez invoqué tout à l'heure, je
pense, des arguments à l'effet que, pour établir les revenus et
les taxes afférentes à ces revenus-là des
sociétés de communication, ça demanderait un certain
travail, certaines recherches au ministère, de là l'explication
des frais de perception. Mais, que vous ayez l'audace de parler des frais
relies à la redistribution, ça fait quand même curieux,
reconnaissez-le. Moi, je ne sais pas, j'avais... Bien oui, juste pour les
envoyer, parce que, là, c'est moins compliqué de répartir
ça entre les municipalités que...
M. Ryan: On peut discuter le taux. Là, c'est 1,5 %.
Peut-être que quelqu'un pourrait dire: Moi, je serais capable de le faire
pour 1 %. C'est un petit peu ce qui était dans la lettre de l'Union des
municipalités.
M. Morin: Oui, mais je ne m'attaque pas au contenu comme tel,
là. Je sais que, bon, vous voulez aller chercher de l'argent; ce n'est
pas là-dessus, c'est sur la formulation. Comment est-ce qu'on a pu
arriver à formuler un article comme celui-là? C'est ça que
je veux comprendre, moi, parce que ça aurait été bien plus
simple de mettre 3 % plutôt que 1,5 %, surtout que ça le rend plus
difficilement lisible...
M. Ryan: Oui, mais c'est parce qu'il y a deux tâches,
là. La tâche de perception, ça, c'est fait par le
ministère du Revenu; et la tâche de distribution est
assurée par le ministère des Affaires municipales. Ça veut
dire qu'il y a 1,5 % qui va aux crédits du ministère du Revenu,
pour la perception, et 1,5 % qui va aux crédits du ministère des
Affaires municipales pour la distribution. Encore une fois, on peut discuter de
quantum...
M. Morin: Oui, je comprends, mais j'imagine qu'il a dû y
avoir des pressions à l'intérieur de votre cabinet pour que ce
soit comme ça, parce que ça aurait fort bien pu être 3 %
qui demeurent au ministère des Affaires municipales, en termes de
revenus.
M. Ryan: Ça revient... Au bout de la ligne...
M. Morin: En tout cas, je sais que, l'ensemble du gouvernement,
ça ne change rien.
M. Ryan: ...ça va dans le trésor commun. Ça
va dans le trésor commun, parce qu'aucun ministère n'administre
lui-même les sommes qu'il perçoit pour le gouvernement. Elles s'en
vont dans le trésor commun et elles sont redistribuées par le
Trésor, par le Conseil du trésor. Elles sont
déposées aux crédits du ministre des Finances, en
général.
M. Morin: Oui, mais, moi, dans mon esprit, là, c'est une
forme de tarification, ça. Un ministère, normalement, dit: Bon,
bien...
M. Ryan: Ou retenue...
M. Morin: ...on établit une tarification en fonction des
services. Donc, les revenus compensent pour les services rendus. Ça,
ça peut se défendre un peu. Comme on le fait au niveau des
municipalités, dans le secteur des loisirs, bon, pour tant de
dépenses, on doit tarifer pour essayer d'obtenir au moins
l'équivalent des frais de fonctionnement, et les revenus sont
appliqués aux services concernés. Tandis que, là, bien,
les revenus sont appliqués au ministère du Revenu. Ça,
disons que ça me plaît moins parce que ça ne correspond pas
à la politique ou à la philosophie de la tarification. Je sais
bien qu'on parle pour rien parce que je pense que... Ha, ha, ha! C'est
ça qui est un peu frustrant, par exemple.
M. Ryan: Et...
M. Morin: Des fois, quand on réussit à faire
flancher le ministre de temps en temps, ça nous encourage. Mais
là vous êtes... je veux dire...
M. Ryan: Mais on n'a pas fini, là.
Une voix: On n'a pas fini.
M. Morin: Pardon?
M. Ryan: On n'a pas fini.
M. Morin: Hein?
M. Ryan: Si vous persévérez...
M. Morin: Non, bien, je veux dire, quand le ministre, des fols,
en tout cas, à force d'ar-
gumenter, bon, ii se rend à l'évidence de certains
arguments, ça donne une certaine satisfaction, bien sûr.
M. Ryan: Pardon? Ça donne?
M. Morin: Bien, il me souffle des mots, là, beaucoup plus
méchants que ceux que je voulais vous dire. Bien non.
M. Ryan: Et attendons la fin. M. Morin: Ha, ha, ha! Une
voix: ...de l'article 7?
M. Ryan: Ha, ha, ha! Regardez, c'est vrai, vous l'avez
constaté dans les expériences que nous avons faites
antérieurement, il y a toujours des endroits où nous pouvons
arriver à nous comprendre tout en respectant les contraintes
inhérentes à la politique gouvernementale. Chaque ministre est
l'expression d'un gouvernement aussi; il n'est pas l'expression de sa seule
volonté individuelle. Moi, vous pouvez être sûrs que, si je
voulais me construire une gloire, je ne travaillerais pas sur ces
points-là d'abord. J'essaierais de bâtir de belles affaires
à gauche et à droite.
M. Tremblay (Rimouski): Alors, on appelle l'article 7?
M. Ryan: je respecte les arguments qui ont été
invoqués et j'apprécie énormément le ton sur lequel
ils ont été présentés. franchement, je n'ai pas un
mot à dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'article 7 est adopté?
Une voix: Oui.
M. Dufour: Non, c'est vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
secrétaire, si vous voulez appeler le vote.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Pour. (23 h 30)
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Pour.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Pour.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean)? M.
Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Bélanger (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Bergeron.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Contre.
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Contre.
Le Secrétaire: M. Filion (Montmorency)?
M. Filion: Contre.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour: 6; Contre: 3;
Abstentions: 1
L'article 7 est adopté sur division. J'appelle l'article 8. M. le
ministre.
Camps de piégeage
M. Ryan: L'article 8, Mme la Présidente, est un article
qui n'a pas de grande répercussion et qui nous est apparu souhaitable.
Il remplace l'article 231.2 de la Loi sur la fiscalité municipale afin
d'étendre l'actuelle exemption partielle de la taxe foncière
municipale et scolaire dont profitent certains camps de piégeage qui
appartiennent à des Indiens y pratiquant l'activité de
piégeage. Depuis son introduction en 1988, cette exemption partielle de
la taxe foncière n'était réservée qu'aux camps de
piégeage situés dans une réserve à castors ou sur
une terre domaniale allouée à des fins de piégeage. Cette
contrainte territoriale est apparue discriminatoire entre Indiens, rencontrant,
par ailleurs, les autres critères reliés au statut d'Indien et
à la pratique de l'activité de piégeage. Il est
arrivé que quelques camps de piégeage au Québec qui sont
situés en dehors de ces deux endroits dont j'ai parlé, les
réserves à castors ou des terres domaniales allouées
à des fins de piégeages, et qui, n'étant pas compris dans
cette exemption, ont été frappes de charges fiscales par des
commissions scolaires, des municipalités. Ils refusent de payer au titre
de leur statut d'Indien et tout. Ce ne sont pas des gros montants. En tout,
je
pense que c'est des montants, pour l'ensemble du Québec, de
quelque...
Une voix: Environ 1300 $ dans le Haut-Saint-Maurice.
M. Ryan: Dans le Haut-Saint-Maurice... Combien est-ce qu'il y en
a de ces choses-là?
Une voix: II y a sept cas qui nous ont été
identifiés.
M. Ryan: Sept cas nous ont été soulignés. Il
y en a un, le principal, c'est quelque part dans le Haut-Saint-Maurice, sept
cas dans le Haut-Saint-Maurice, excusez-moi. Et la valeur totale des
exemptions...
Je vais vous donner la liste parce que c'est bon que ce soit dans le
domaine public. Marguerite Quoquochi, canton Bardy, 164,58 $; Jos Chiiton,
canton Cloutier, 206,70 $; Thérèse Quoquochi, 249,34 $; Michel
Basil, toujours dans le canton Cloutier, 152,03 $; Claude Quoquochi, canton
Cloutier, 411,55 $; Cécile Huard, canton Cloutier, une autre Quoquochi
ça aussi, 203,95 $. C'est des arrérages qui remontent à
deux ou trois ans. C'est tout, ça. Ça veut dire à peu
près 1300 $, que vous avez dit, M. Jean-Guy Blouin.
M. Morin: Ça, c'est les taxes, mais, dans l'article, on
fait référence à l'évaluation? Le montant auquel on
fait référence, c'est 15 000 $ d'évaluation.
M. Ryan: Oui. En haut de 15 000 $ d'évaluation,
l'exemption ne vaut pas.
M. Morin: Alors, ça, est-ce qu'on doit conclure, quand
vous nous pariez de petits montants de taxes... J'aurais voulu faire un lien
avec l'évaluation dont on fait mention ici. Ça peut vouloir dire
quoi, comme évaluation? L'évaluation de, je ne sais pas, 10 000
$, 4000 $, 5000 $?
M. Ryan: C'est une manière de contrôler la nature de
l'installation. 15 000 $ et moins, ça va être un camp de
piégeage. Si on veut se faire une maison là, ce n'est plus un
camp de piégeage, ce ne sera pas exempt de taxes. C'est juste les camps
de piégeage. Et, comme je l'ai dit, ça, ce sont des
arrérages pour les deux ou trois dernières années et
ça monte à ce montant. Il n'y a pas lieu de faire de chicane
là-dessus, de faire venir la Gendarmerie royale. Môme pas la
Sûreté du Québec parce que rien qu'une journée
à temps supplémentaire, ça coûterait plus cher que
chacun de ces comptes-là.
M. Morin: Non, non. Elle ne va pas en ville, la
Sûreté. Ne l'envoyez pas dans le bois parce qu'elle ne reviendra
pas. Elle va se faire piéger. Vous allez voir les autochtones
élargir leur activité de piégeage. Des voix: Ha,
ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
l'article 8?
M. Morin: À la regiboire, vous savez comment c'est. Une
police de la Sûreté, se faire poigner à la regiboire!
Ça lui ferait faire un coup vite comme ils en font rarement.
M. Garon: Se retrouver planté à un arbre par une
patte!
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Comme il y a beaucoup de Quoquochi
là-dedans, est-ce que vous avez fait des recherches sur la famille?
Sont-ils tous propriétaires de ces camps-là ou bien si c'est des
prête-noms? C'est quoi, ça? Parce qu'il y a beaucoup de Quoquochi.
J'imagine qu'ils doivent avoir des liens ensemble. Ça doit être le
père, la mère, la fille, et tout ça. C'est quoi? Comment
on peut expliquer ça?
M. Ryan: Voulez-vous, on va demander à notre responsable
des relations avec les autochtones au ministère des Affaires
municipales, M. Jean-Guy Blouin, de fournir quelques informations, celles qui
sont requises?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Blouin.
M. Blouin (Jean-Guy): Oui. Alors, selon les informations qui nous
ont été fournies par les représentants attikameks, ce
groupe de familles, en fait, réside dans le secteur de l'embouchure de
la Windigo qui est située à quelques milles d'une réserve
à castors, la réserve à castors Abitibi. Lorsque la
réserve à castors a été délimitée, je
ne sais pas, il y a 20 ou 30 ans - je ne suis pas connaissant de la date exacte
- ces familles-là se sont trouvées exclues de la réserve
et, en raison de la condition qui était dans l'article de loi, ne
pouvaient bénéficier de l'exemption de taxes. Pourtant, elles
disaient qu'elles avaient toujours résidé dans ce
secteur-là.
Juste pour votre compréhension, il faut dire qu'ils habitent un
secteur qui est situé près du réservoir Blanc. Lorsqu'il y
a eu l'inondation, presque tous les Attikameks de ce secteur-là ont
été déménagés à Weymontachie, sauf
qu'un petit groupe a voulu rester sur les lieux. Ce sont eux et ils disent
carrément: Depuis quelques années maintenant, il y a de la
taxation municipale qui s'applique dans notre secteur; nous autres, on n'a rien
à voir avec les municipalités et on demande d'être
exemptés au même titre que les autres Indiens qui résident
sur la réserve de Weymontachie ou qui ont un camp de piégeage sur
la
réserve à castors.
M. Dufour: Qu'est-ce qui arrivait avant? Là, les montants
de taxes que vous nous présentez ne sont pas tellement
élevés. Qu'est-ce qui arrivait avant?
M. Blouin: Le principe de l'exemption a été
accepté en 1988. Avant, il n'y avait pas d'exemption.
M. Dufour: Ils faisaient quoi?
M. Blouin: Les municipalités les oubliaient tout
simplement ou il n'y avait pas de rôle d'évaluation dans ces
secteurs-là. D'ailleurs, on a fait une enquête, nous autres, pour
vérifier si le problème s'étendait ailleurs au
Québec, puis on s'aperçoit qu'il y a beaucoup de MRC qui... Ou
bien il n'y a pas de rôle d'évaluation qui les touche, donc, il
n'y a pas de problème, ou bien il y a un rôle d'évaluation,
mais on oublie les camps indiens pour ne pas avoir de problèmes ou parce
qu'on n'a pas l'information. Alors, quand ils sont oubliés dans les
rôles d'évaluation, le problème ne se présente
pas.
Pourquoi ça s'est présenté dans le
Haut-Saint-Maurice? C'est tout simplement que la municipalité, la MRC
menaçait de vendre ces propriétés pour non-paiement de
taxes et le ministère a demandé de surseoir à sa
décision pendant quelques mois pour voir s'il n'y avait pas une solution
pratique pour ces cas-là.
M. Dufour: Qu'est-ce qui a amené les municipalités
à envoyer les comptes de taxes, ce qu'elles ne faisaient pas avant?
Qu'est-ce qui a réveillé les municipalités?
M. Blouin: Bien, moi, écoutez, je ne sais pas, je n'ai pas
l'historique de la taxation dans le Haut-Saint-Maurice, mais j'imagine qu'ils
ont commencé à faire des rôles d'évaluation il y a
seulement quelques années. Ils ont commence à inventorier ces
propriétés-là seulement il y a quelques années. Je
n'ai pas de réponse là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lévis. (23 h 40)
M. Garon: J'aimerais poser une question. Vous ne pensez pas que
vous avez créé un problème terrible en exemptant, en
faisant des exemptions? Les chemins, les routes secondaires, de colonisation et
tout ça, c'était le gouvernement provincial qui les entretenait.
Maintenant, vous transférez les routes de colonisation, les routes de
gravelle, les routes qui vont dans ces territoires-là aux
municipalités, en même temps en consentant des exemptions. Vous
n'avez pas l'Impression que, tantôt, les gens vont dire: Celui qui n'est
pas sujet aux taxes, il n'est pas sujet aux avantages de ceux qui paient des
taxes. Vous ne pensez pas tantôt... Avant, ce n'étalent pas les
municipalités qui s'occupaient de ces routes-là. Là, les
routes vont tomber aux municipalités. Vous exemptez les autochtones,
mais, en même temps, quand ils vont vouloir faire faire des routes, le
monde va dire: On n'est pas intéressé à les faire, les
routes, vous ne payez pas de taxes. Moi, je pense qu'on serait bien mieux
d'établir le principe de l'égalité devant la loi: tout le
monde paie, tout le monde reçoit. Pourquoi il y en a qui paient... Moi,
je pense que ça va créer des problèmes. Ces
problèmes-là n'existaient pas antérieurement. C'est le
gouvernement du Québec qui avait ces routes-là, même ces
routes de colonisation là. Tantôt, j'ai hâte de voir ce qui
va arriver. J'ai hâte... J'ai pas hâte de voir
particulièrement. La municipalité, quand ça va arriver,
les gens vont dire: Bon! S'ils ne paient pas de taxes, pourquoi on
entretiendrait les routes? Les municipalités, c'est une entreprise de
services, ce n'est pas une oeuvre de charité.
M. Ryan: II n'y a pas de route là. Ça a l'air qu'il
n'y a pas de route là. D'après nos renseignements, il n'y a pas
de route là. Il y a seulement le chemin de fer qui passe là.
M. Blouin: Ce secteur-là est le long du chemin de fer qui
fait La Tuque et...
M. Garon: Non, non. Je dis «dans les places
où»... Ce n'est pas dans ce secteur-là en particulier.
D'écouter les gens, là, qui se demandent, tantôt... Quand
ils voient, par exemple, l'affaire des Mohawks, les gars ne paient pas de taxes
et ils ont le droit à des avantages. Et ils voient, ils entendent parler
de l'argent qui va... Oui, mais comment ça se fait qu'il y en a qui
paient des taxes et qu'il y en a qui ne paient pas de taxes? Normalement, les
gens sont supposés être égaux devant la loi.
M. Ryan: Mais, ça, c'est dans la loi
fédérale.
M. Garon: J'ai de la misère à comprendre ce
raisonnement-là.
M. Ryan: Oui, mais, dans la Loi fédérale sur les
Indiens, il y a certaines exemptions qui leur ont été
accordées depuis de nombreuses générations. Je ne
prétends pas que ce soit l'Idéal, mais ça fait partie du
statut de l'Indien au Canada, en compensation de bien des privations dont ils
ont été les victimes au cours des années. On peut discuter
ça, mais c'est la loi comme elle est. On ne peut pas la changer, nous
autres, de notre côté. On m'informait récemment... J'avais
eu des plaintes à propos de la taxe sur l'essence. On prétendait
que, dans une réserve, II y avait un garage où on vendait de
l'essence même à des
gens d'en dehors, évidemment, qui ne chargait pas la taxe.
Apparemment que ce n'est pas vrai. Apparemment que la taxe provinciale serait
perçue au moment où la raffinerie livre l'essence. C'est
compté sur la facture. Ça fait que... Mais il y en a qui
répandent toutes sortes de rumeurs aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va? Est-ce
que l'article 8 est adopté?
M. Garon: Bien, ça ne va pas. Moi, je dis simplement que
j'ai peur que ces mesures-là engendrent des troubles sociaux parce que
les citoyens... Moi, je me rappelle quand j'étais petit gars dans le
village où j'étais, l'entretien des chemins d'hiver, les gens de
Portneuf disaient; Untel ne veut pas ou Untel ne veut pas. Bien, si Untei ne
veut pas payer, on passera à côté. À ce
moment-là, ce n'était pas organisé de façon
systématique, mais, là, on retransfère les choses aux
municipalités. Tantôt, moi, les municipalités, quand elles
vont arriver et vont dire: Telle chose... Surtout que les gens sont
taxés pas mal: fédéral, provincial, municipal, scolaire,
TVQ, TPS, immatriculation, toutes les taxes. Les gens vont dire: Comptons nos
sous. On est cassés comme des clous. Le fédéral vient
d'annoncer que le déficit, l'an prochain, va être 10 000 000 000 $
de plus qu'il n'avait anticipé, 7 000 000 000 $ cette année, 10
000 000 000 $ l'an prochain. Québec est rendu à 5 000 000 000 $.
Ce n'est pas l'argent qui nous sort par les oreilles, c'est les dettes.
Tantôt, les gens vont compter leurs sous. Ils vont dire: Ceux qui paient
et ceux qui reçoivent, il doit y avoir une proportion.
Moi, les Mohawks, ils ne me font pas pleurer. Ils sont arrivés
ici après l'indépendance américaine parce qu'ils
étaient du mauvais bord. Ils ont embarqué du bord des Anglais.
Les Anglais ont perdu. Ils ont eu peur des représailles et les Anglais
les ont amenés ici pour les mettre sous leur protection. Ils sont
arrivés quand même quelques années après nous
autres. Mais le principe de l'égalité devant la loi... Une
municipalité, elle donne des services. Les gens se cotisent pour se
payer des services en commun. C'est ça, le principe. Après
ça, on dit: On en exempte. Pourquoi on en exempterait? Moi, je dirais
que le principe, ça devrait être que tout le monde paie.
Même le gouvernement, avant, était exempté et il ne l'est
plus. Il commence à payer ses taxes, le gouvernement, non pas à
100 %, mais il paie à 50 %, 75 %, dépendamment des immeubles.
Pourquoi tout le monde... Pourquoi on n'établirait le principe: Tout le
monde est égal devant la taxe? Les exemptions, pourquoi il y aurait des
exemptions?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, y
a-t-il une réponse à ça?
M. Ryan: Mme la Présidente, je prenais connaissance d'une
note qui avait été préparée par nos services sur
toute la genèse de l'article 231.2 de la Loi sur la fiscalité
municipale que nous allons modifier pour en élargir
légèrement la portée. Cet article-là a
été adopté en 1988.
M. Garon: L'historique n'est pas long.
M. Ryan: Pardon?
M. Garon: L'historique n'est pas long.
M. Ryan: Attendez un petit peu. Par l'adoption de cet article -
mais ce n'est pas moi qui suis l'auteur de ce que je vais lire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...le gouvernement mettait en application un des 15
grands principes approuvés en 1983 par le Conseil des ministres et
l'engagement officialisé par une résolution de l'Assemblée
nationale du 20 mars 1985 «de poursuivre les négociations avec les
nations autochtones en se fondant, sans s'y limiter, sur les 15 principes qu'il
a approuvés le 9 février 1983». Le principe en question, le
principe 13, stipule que «les autochtones du Québec, en vertu de
situations qui leur sont particulières, peuvent bénéficier
d'exemptions de taxes selon les modalités convenues avec le
gouvernement». Ça, c'était un des 15 principes
adoptés par l'Assemblée nationale sous la motion du gouvernement
dont faisait partie, à l'époque, le député de
Lévis. Ça me surprend qu'il n'ait pas la mémoire aussi
vive sur ce sujet-ci que sur certains autres. Il a la mémoire plus forte
en agriculture.
M. Garon: Non, non, non. Je vous ai dit... Des voix: Ha,
ha, ha! M. Garon: Avez-vous fini?
M. Ryan: J'ai terminé. La démonstration est
suffisante.
M. Garon: Non, non. Vous dites un historique, vous partez en
1988. Ça fait un historique un peu court, ça.
M. Ryan: Mais là je vous ai ramené à
1982-1983, où vous êtes directement impliqué.
J'espère que vous nous saurez gré d'avoir su, dans certaines
matières, appliquer les principes que vous aviez proclamés avec
tout l'éclat dont vous étiez capable en matière
abstraite.
M. Garon: En matière abstraite, vous n'êtes pas
battable beaucoup.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: En matière abstraite, là... Mais,
essentiellement, ce que je veux dire, quand ça ne coûte rien
à personne...
M. Ryan: Je vais vous passer le texte.
M. Garon: ...le monde est indifférent et, quand ça
coûte quelque chose, le monde est moins indifférent. Actuellement,
il va y avoir des charges aux municipalités. La police, par exemple, qui
paie? Nous autres, les Blancs, on va payer la police. On n'aura pas de
subsides. C'est les municipalités qui vont se cotiser pour la police.
C'est ça qui va arriver, là. Les routes de colonisation, les
routes de gravelle, les routes d'asphalte que vous leur transférez,
elles vont se cotiser.
M. Dufour: C'est ça.
M. Garon: L'eau, toutes les affaires. Les gens vont se cotiser.
À un moment donné, ils vont arriver, ils vont dire: Un groupe,
eux autres, ils ne paient pas, pourquoi?
M. Ryan: Les 30 $, les autochtones qui restent à
Kahnawake, à Kanesatake sont appelés à les payer. Il faut
qu'ils les paient.
M. Garon: Ah oui! Ça a l'air d'une oeuvre... Ça n'a
pas l'air d'être une obligation de résultat, c'est une obligation
de moyens, ce que je comprends là.
M. Ryan: Mais, il faut qu'ils les paient, autrement ils n'ont pas
leur plaque d'immatriculation. Qu'ils viennent se promener à
Montréal sans plaque d'immatriculation, ils vont être bien
accueillis par la police.
Une voix: Ils vont avoir un ticket, mais ils le paieront.
M. Garon: Oui.
M. Filion: Ils vont avoir un ticket, mais ils le paieront.
M. Ryan: Mais, la fois suivante où ils vont sortir, ils
vont être attrapés de nouveau. Il y en a qui sont traduits devant
les tribunaux régulièrement. Vous n'en avez pas connaissance,
mais il y en a régulièrement. La Presse publie ça
en page 24, au bas de la page.
M. Garon: Moi, je pense que... Le fédéral paie;
c'est loin, le fédéral. Le Québec paie; c'est loin, le
Québec. Mais quand on dit: Maintenant, on repousse les charges dans les
communautés locales, c'est les gens localement qui doivent se cotiser et
il y en a qui sont exempts de taxes, voiin hIIoz voir quo ça va brasser
dans la cabane purco que les gons ne voudront pas payer des services pour des
gens qui ne paient pas. De la chicane localement... Moi, je me rappelle dans un
village, quand j'étais petit gars et que j'allais au conseil, à
un moment donné, quand les gens demandaient de passer la facture, je
vais vous dire une chose, que le monde n'était pas «payeux»
quand c'étaient d'autres qui voulaient les faire payer. Alors,
là, les gens, on passe les facture localement. Les gens vont se cotiser
pour toutes sortes de choses et ils vont dire: Bien, s'il y en a qui ne paient
pas, ils n'auront pas droit aux services.
M. Maltais: Excellente chose! Moi, je suis d'accord
là-dessus. Celui qui ne paie pas, il n'a pas de service. S'ils n'ont pas
de chemin entretenu, ils s'en passeront.
M. Ryan: Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait...
M. Maltais: Pour éviter que les loups-garous aillent
s'installer au bout des rangs...
M. Morin: Mme la Présidente...
M. Maltais: Autour de Itle d'Orléans.
M. Ryan: On discute.
M. Morin: ...là, on se réfère à
des...
La Présidente (Mme Bélanger): Là, qui a la
parole? M. le député de Saguenay, est-ce que vous avez fini?
M. Maltais: Je ne l'ai plus, vous me l'avez
ôtée.
Des voix: Ha, ha, ha!...
(23 h 50)
M. Maltais: Vous êtes en retard, Mme la
Présidente.
M. Dufour: C'est la présidente, ce n'est pas lui.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Est-ce que
vous avez fini, M. le député de Saguenay?
M. Maltais: Oui, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: C'est parce qu'on se réfère à des
chemins qui n'existent pas. Mais l'article qu'on a devant nous, même si
on a apporté des explications, quitte à y revenir, l'article
231.2 en vigueur limitait quand même ces exemptions-là aux camps
situés dans des réserves de castors ou sur la terre domaniale
alors que, la, c'est un»
abstention qui veut dire: Quand on réfère ça
à des chemins qui n'existent pas, avec le nouvel article, ça ne
se présente plus, ça peut être n'importe où...
M. Ryan: Les camps de piégeage, vous ne mettez pas
ça n'importe où.
M. Morin: N'importe où, je veux dire en forêt,
certainement pas sur la Grande Allée.
M. Ryan: Je pense qu'on ne sera pas là.
M. Morin: Sur la Grande Allée, bien qu'à
l'Assemblée nationale, des fois, il se tende des collets.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Non, non, mais sérieusement, Mme la
Présidente...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait voter, Mme la
Présidente?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On a déjà eu des lièvres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Non, non, mais, sérieusement, Mme la
Présidente, moi, je veux bien qu'on soit conscient que c'est quand
même un élargissement, une extension qui n'a plus aucune limite,
là. J'aimerais que vous reveniez peut-être à votre
explication.
M. Biouin: II faudrait peut-être faire le lien avec un
autre article du projet de loi qui définit ce qu'est un Indien. En fait,
l'Indien doit résider dans la réserve, être inscrit dans la
réserve où il réside ou il doit résider dans son
camp de piégeage. Alors, un Indien qui réside dans Charlesbourg,
par exemple, s'il a un camp de piégeage quelque part dans le bois, sa
propriété n'est pas couverte parce qu'il ne réside pas
à son camp de piégeage. C'est à l'article 34 que vous
allez voir ça.
M. Morin: À l'article 34? 33? M. Biouin: L'article
33 ou 34.
M. Dufour: Ah oui! on y revient, là. Je vous remercie de
l'explication.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'article 8 est adopté?
M. Dufour: Mme la Présidente, je voudrais juste corriger
une notion qui a été dite à travers les discussions. Quand
on dit: Ils peuvent payer des taxes, mais il n'y a pas de chemin, le niveau de
taxation n'est pas basé sur les routes, parce que sans ça tous
les Blancs qui sont en forêt, qui ne jouissent pas d'avantages
quelconques, je ne vois pas pourquoi ils paieraient des taxes... C'est clair,
ça. Ce n'est pas une bonne notion. En fait, on paie des taxes pour payer
un ensemble de services qui ne sont qualifiés nulle part. Ils
résident dans un territoire donné.
M. Ryan: Nous autres aussi, on est d'accord là-dessus,
mais on avait dit: II y a des routes, et on a répondu: II n'y en a
pas.
M. Dufour: Mais moi je veux corriger cette impression-là
qu'on se donne, parce que, effectivement, il n'y a pas juste des Indiens qui
sont en forêt, qui ont des propriétés en forêt.
Pourtant, ils ne sont pas exemptés; quand ce sont des Blancs, ils paient
et les autres ne paient pas.
Dans la question des 15 000 $ de l'Indien ou d'évaluation, est-ce
qu'il y a eu une autre évaluation par rapport a ça? 15 000 $,
est-ce qu'il y en a beaucoup d'Indiens qui ont des camps de cette
valeur-là en forêt? Je ne parle pas juste de ceux-là.
D'ailleurs...
M. Biouin: Non. Selon l'inventaire qu'on a, nous autres, le plus
élevé qu'on a retrouvé, c'étaient 14 700 $.
M. Morin: Ça doit être un chef de bande. Des
voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
8 est adopté?
M. Dufour: II piège des gros castors. Une voix:
C'est un chef de contrebande. M. Ryan: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
8 est adopté?
M. Ryan: Oui. Une voix: Adopté. M. Garon:
Mme la Présidente-La Présidente (Mme Bélanger):
M. le député de Lévis.
M. Garon: ...dans les territoires nordiques également, il
n'y a pas rien que des routes d'asphalte, il y a des routes de
«skldoo». Il y a des endroits où on entretient les routes de
«skidoo» dans les territoires nordiques. Mol, je me rappelle
être ailé faire une assemblée politique et dé-
barquer de l'avion sur la piste de glace, après ça
embarquer sur le «skidoo» et faire quelques milles en
«skidoo» pour aller tenir l'assemblée.
M. Morin: Ce n'était pas comme ministre de l'Agriculture
dans ce coin-là!
M. Garon: Des pêches.
M. Ryan: Est-ce que c'est au nord du 55° que vous êtes
allé?
M. Garon: Oui, c'était sur la Basse-Côte-Nord.
M. Ryan: Le 55°, c'est plus haut que ça. Un peu plus
haut que ça.
Une voix: Un village inuit. M. Garon: C'était dans
le bout de-Une voix: Harrington? M. Ryan: Harrington, c'est dans
Argenteuil. M. Garon: Non, ce n'était pas Harrington. Une
voix: Havre-Saint-Pierre. Une voix: Chez les Inuit.
M. Garon: Ah non, c'est bien plus haut que ça.
Une voix:...
M. Garon: Non, plus haut que ça.
M. Ryan: Mme la Présidente...
M. Garon: Non, c'est un nom anglais. Chevery.
M. Ryan: ...est-ce qu'on pourrait demander le vote?
Des voix: Chevery. M. Garon: Chevery.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, est-ce que l'article 8 est adopté?
Une voix: Adopté. M. Ryan: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, étant
donné l'heure, la commission de l'aménagement et des
équipements ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 55)