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(Seize heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements déclare sa séance
ouverte. Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude détaillée des projets de loi suivants, et ce, dans
l'ordre ci-après indiqué: projet de loi 55, Loi modifiant la Loi
sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives, projet de loi 56, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions
législatives.
Alors, M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par M. Jean Filion (Montmorency), M. Lazure (La
Prairie) est remplacé par Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Thérien
(Rousseau) est remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska).
Projet de loi 55
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Alors, M. le
ministre, est-ce qu'il y a des déclarations d'ouverture?
M. Ryan: II en a faites pas mal, hier.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous en avez faites
pas mal, hein!
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Ce n'est pas des sujets qui se prêtent à
des développements poétiques interminables.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il n'y a pas
de remarques préliminaires?
Une voix: ...l'aménagement et l'urbanisme.
M. Ryan: Là, on pourra faire des développements qui
peuvent faire avancer la civilisation. Dans ce cas-ci...
M. Morin: Oui, pour ne pas dire qu'on ne s'enveloppera pas.
M. Ryan: Dans ce cas-ci, on fait face à des
problèmes terre à terre. Si on voulait sortir un seul principe du
projet de loi, je pense qu'on l'a dégagé, hier soir, clairement.
J'ai évoqué, du côté de l'Opposition, ils avaient
voté contre nous par devoir plus que par conviction. Mais on respecte
ça parce que, des fois, c'est ce qu'il faut faire pour maintenir
l'équilibre des phases parlementaires.
Mais ceci étant dit n'ayant pas dû être dit... Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...je terminerai ici mes remarques, Mme la
Présidente, en vous souhaitant bonne chance dans la conduite des travaux
de la commission et en vous assurant de notre collaboration soumise.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente. C'est vrai que
ça ne fait pas tellement longtemps qu'on s'est laissé et qu'on
reprend les discussions qui, hier, se sont terminées sur un vote de
motion de report et, ce matin, par un vote négatif ou contre le projet
de loi qu'on a devant nous.
C'est clair que la question qu'on a faite ou la motion qu'on a
présentée est à l'effet d'essayer d'éliminer ou de
faire comprendre clairement au gouvernement que ce projet de loi
représente des difficultés réelles pour l'Opposition dans
le sens de son acceptation, puisqu'il y a vraiment trois principes en cause, et
il y a d'abord un élément sur lequel il peut y avoir des
discussions, et il y aura sûrement de bonnes discussions. Puis il y aura
des bonnes interrogations, j'espère, et où on aura à
revenir à la charge pour des points très particuliers. (16 h
20)
Je dis que tout ce qui concerne la taxation... On est conscient qu'il y
a des municipalités dont, entre autres, la ville de Montréal,
comme la Communauté urbaine de Montréal qui ont subi, sinon des
préjudices, au moins des contraintes très fortes par des actions
de cour. Je plaide que, par rapport à cette partie du projet de loi, il
y a certainement une réflexion importante à faire. Il faut se
rappeler qu'à chaque fois qu'on touche à la loi de la
fiscalité municipale, il y en a à manger et à boire pour
l'ensemble, presque, des avocats du Québec.
Je veux juste prendre pour acquis certaines causes
célèbres qui se sont toutes réglées hors cour, mais
une, particulièrement, qui s'est réglée dans la
région, ici, de Québec par un jugement
de cour, et la municipalité a été obligée de
céder ou de faire des concessions pour 7 000 000 $, quand on sait que la
municipalité a 6 000 000 $ de budget. Donc, il faut être
prudent.
La ville de Jonquière, que j'ai eu l'honneur de
représenter pendant de nombreuses années, a été en
contestation très longuement avec la compagnie Alcan et la compagnie
Abitibi Price. On a toujours parlé de la cause Alcan, mais la cause
Alcan était une cause type; Abitibi Price était aussi dans le
portrait, et ça s'est réglé après, 14 ans plus
tard, avec 3 000 000 $ à 4 000 000 $ de coûts de frais de cour et
de frais de recherche. C'est trop onéreux. La ville de Baie-Comeau, je
viens de...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M. le
député de Jonquière. Nous sommes appelés en Chambre
pour un vote. Alors, nous allons suspendre les travaux pour quelques
instants.
M. Dufour: Nous irons. Allons voter. Allons, enfants de la
patrie. Ha, ha!
(Suspension de la séance à 16 h 22)
(Reprise à 16 h 53)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi suivants, et ce, dans l'ordre
ci-après indiqué: projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives,
projet de loi 56, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
et d'autres dispositions législatives.
Au moment de la suspension des travaux, M. le député de
Jonquière était à faire ses remarques
préliminaires.
M. Dufour: Oui, et je comprends que vous me recédez la
parole. Donc, Mme la Présidente, j'étais sur la question qui est
très préoccupante où l'Opposition serait prête
à faire la part des choses pour faire avancer un dossier qui est
préoccupant, puis c'est le dossier qui touche toutes les
évaluations où la fiscalité municipale est très
présente dans ce projet de loi et très présente aussi sur
le terrain.
J'étais en frais d'expliquer que quand on touche ou, à
chaque fois qu'on touche la fiscalité municipale, il y a des
réactions qui se produisent, et ces réactions-là font
qu'il y a beaucoup d'avocats qui surveillent ce qui se passe, parce qu'ils ont
beaucoup de causes à partir de ça. Et les municipalités
écopent beaucoup. Et les contribuables, en général, en
font les frais. Parce que, même si ce sont les entreprises, les
entreprises sont obligées de se défendre, donc, ça leur
cause des problèmes. Pendant que ces problèmes- la existent,
ça peut être la différence entre un profit et une perte.
Quant aux contribuables, en général, il n'est jamais sain pour
une municipalité que les gens soient presque en guerre ou en
«guéguerre».
J'avais donné comme exemple la ville de Jonquière qui,
elle, pendant une quinzaine d'années, a été en conflit
sérieux avec sa multinationale Alcan, mais aussi la compagnie
Abitibi-Price et, à un moindre degré, Cascades, qui est venue
s'ajouter, mais qui était une filiale ou une partie d'Abitibi-Price qui
a été sectionnée ou vendue à Cascades. Ça a
fini par s'arranger hors-cour, mais 15 ans plus tard et aussi avec 3 500 000 $
environ de frais de toutes sortes, que ce soit pour des études ou pour
des tractations, des avocats, le coût des employés, etc. Donc,
c'est un problème ou c'est une facette très importante de la vie
municipale. Et, à chaque fois qu'on le fait, bien, il y a des sous qui
sont en cause.
J'ai reçu dernièrement le jugement ou l'entente que la
ville de Baie-Comeau a eu avec sa papetière, un conflit qui a
duré aussi 10 ans. C'est l'article 65.1 qui est en cause. Le
ministère des Affaires municipales, à un certain moment,
s'était engagé à nous présenter quelque chose qui
pourrait faire que l'assiette fiscale pourrait s'élargir quelque peu
pour les municipalités, puis que les problèmes finiraient par
s'estomper. On n'est pas rendu là encore.
Le problème de tous les gouvernements ou de tous les ministres
des Affaires municipales, à venir jusqu'à ce jour, c'est à
l'effet que tout le monde veut s'entendre avant qu'on prenne une
décision. J'ai des petites nouvelles. Je n'ai pas encore vu souvent
qu'il y ait un consensus tellement large que tout le monde était
prêt, pour un percevoir et l'autre payer. La plupart du temps, il y a une
décision, un arbitrage qui se fait. Pour moi, le ministère ou des
commissions sont vraiment la place où on doit faire ces
arbitrages-là. Et on n'a pas réussi ou on n'a pas eu cette
volonté d'aller jusqu'au bout. Et, quand on l'a fait, on ne l'a
peut-être pas fait de la bonne façon.
Quand on regarde de l'autre bord du fleuve... Oui?
M. Ryan: Me permettriez-vous une interruption?
M. Dufour: Sûrement.
M. Ryan: parce que j'ai placé un appel à un
ministre fédéral pour une chose urgente, puis je devrais
m'absenter à peu près cinq minutes au plus, si vous me
permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
(Reprise à 17 h 4)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission, c'est de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi suivants, et ce, dans l'ordre
ci-après indiqué: projet de loi 55, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législative, projet
de loi 56, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et
d'autres dispositions législatives. J'espère que, cette fois-ci,
on va se rendre à 18 heures sans interruption.
Alors, M. le député de Jonquière, veuillez
poursuivre.
M. Dufour: Qu'on se rende à 18 heures...
M. Garon: II y a du bruit pas mal...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Dufour: Donc, la fiscalité municipale, c'est au coeur,
sûrement, de ce projet de loi. Ça a pour effet, lorsqu'on touche
à des articles, de soulever certaines interrogations, puis d'amener des
gens à contester. L'article 65.1 est un bon exemple, à mon point
de vue, puisque, depuis 1973, il y a eu des contestations devant les tribunaux,
et la plupart se sont réglées hors cour.
La ville de Baie-Comeau vient de régler, actuellement, là,
une cause qui mettait en question 33 000 000 $ d'évaluation. Elle a
réglé pour 28 000 000 $. La municipalité avait
réussi à se mettre de côté environ 5 000 000 $, ce
qui fait que les contribuables ne seront pas trop pénalisés.
Mais, en dehors de la pénalité, il y a ces discussions-là
et ces tractations. Ce n'est pas sain pour des milieux que ça se
perpétue et surtout que ça s'allonge. Ça fait des
débats non pas stériles, mais qui amènent souvent de
l'animosité et, aussi, ça pressure les administrations
municipales qui peuvent être arrêtées dans leurs projets
tout le temps, en prenant conscience qu'il y a un problème devant eux
qui s'appelle l'évaluation.
Le problème est encore plus crucial puisque les
municipalités, même si leur administration est très bonne,
il y a beaucoup de contribuables qui ont de la difficulté à
comprendre qu'on taxe quand les budgets sont corrects, qu'on mette de l'argent
de côté quand l'équilibre financier est arrivé. Les
municipalités sont obligées de le faire, et je pense que, si
Baie-Comeau n'avait pas fait cette action, en bon père de famille,
ça aurait été définitivement un problème
assez majeur.
Je veux juste prendre le cas de Saint-Romuald dont on parie, où
aussi il y a eu un problème suffisamment gros. Ça s'est
réglé à coups de millions de dollars. C'est 7 000 000 $
que la municipalité a été obligée de payer, et le
budget de la municipalité est d'environ 6 000 000 $. Donc, elle est
obligée de rembourser plus d'un an de leurs taxes à la
pétrolière. Encore là, moi, je n'ai pas pu évaluer
les impacts de la loi spéciale qu'on a adoptée pour la
région de Montréal concernant les pétrolières. Je
ne suis pas convaincu ou je ne suis pas assuré qu'il n'y aura pas
d'autres problèmes dans l'avenir.
Donc, actuellement, le projet de loi surtout est là devant nous
concernant la fiscalité vis-à-vis la Communauté urbaine de
Montréal et la ville de Montréal, qui sont prises avec un
jugement, un jugement qui est exécutoire, qui s'exécute
actuellement, là, où les gens ont contesté la surtaxe sur
les immeubles sur le principe qu'on avait entré dans la façon
d'évaluer ces immeubles-là une nouvelle notion qu'on appelle la
notion de faisceau de droit. Selon les informations - et quand j'emploie ces
mots-là, je ne voudrais surtout pas donner l'impression que je suis un
expert dans le domaine - mais j'ai écouté des gens, des
spécialistes qui m'ont appris que la notion de faisceau de droit - quand
on l'explique, on la comprend beaucoup plus facilement - c'est une nouvelle
notion qu'on essaie d'entrer dans le processus, et, chez nous, tout ce qui
concerne l'évaluation a toujours été basé,
jusqu'à maintenant, sur la valeur marchande des immeubles ou sur la
valeur des baux qui étaient passés entre les parties. Il y a
plusieurs millions en cause.
Le projet de loi ne les remet pas en cause. C'est pour le futur. On ne
règle pas pour le passé. Les causes pendantes vont demeurer. De
ce côté-là, on arrivera sûrement avec d'autres
suggestions, mais, à ce moment-ci, je peux dire au ministre que
l'Opposition est tentée de dire: On est prêts à
étudier cette partie-là sans que ça cause trop, trop de
dommages parce que, pour nous et surtout pour l'Opposition, il n'est pas
question de laisser les municipalités se débattre avec des
problèmes sans fin. C'est mieux que nous, on prenne des
décisions, puis qu'on règle des problèmes correctement que
de laisser la nature faire les choses.
Moi, je suis pour l'intervention quand c'est pour améliorer et,
dans ce sens-là, encore là, je vous le dis, moi, je suis
prêt à étudier ou l'Opposition est prête à
étudier cette partie de ce projet de loi tout en tenant compte qu'il y a
des intervenants qui ont fait certaines représentations. Il faudra bien,
lorsqu'on engagera le débat vraiment article par article ou avant de
l'engager, qu'on regarde un peu plus loin, quelles sont les facettes qu'on
pourrait regarder avant de pouvoir prendre ces décisions-là.
Voilà ce qui regarde cette partie de projet. (17 h 10)
II y a d'autres éléments sûrement que mes
collègues pourront apporter, mais comme c'est
une question de remarques, je ne veux pas faire seulement que la
répétition de ce que j'ai dit hier soir. Je pense que le dossier
d'évaluation, il faudra toujours, à mon point de vue, le regarder
avec beaucoup de minutie et d'attention. Il y a trop d'argent en cause et c'est
de nature à trop briser les climats qui existent dans des milieux
donnés, et puis, en môme temps, ce sont des conflits qui se
règlent avec trop de temps. Ça prend trop de temps à le
faire. Donc, on est mieux de prendre le temps de faire des choses, de bien les
analyser et de bien les étudier avant d'aller plus loin.
Il y a le point où on parle d'enlever à certaines
municipalités ou à certains citoyens résidant dans
certaines municipalités le droit... Les coûts d'immatriculation,
là, sont imposés en supplément. Donc, 30 $
supplémentaires sont imposés aux automobilistes pour payer une
partie des coûts du transport en commun. Rappelons-nous que la loi 145 a
eu pour effet d'enlever aux municipalités ou aux corporations de
transport sur tout le territoire du Québec des sommes
appréciables. Le gouvernement ayant décidé, malgré
toutes les pressions, toutes les démarches de l'ensemble des
intervenants du territoire, d'aller de l'avant, et on a soustrait des sommes
très appréciables au transport en commun, au-dessus de 200 000
000 $.
On a décidé, par contre, d'essayer d'amoindrir cette
question non pas en soulageant le gouvernement, parce que le gouvernement se
soulage réellement de 200 000 000 $, en allant sur les automobilistes,
dans des régions de recensement fédéral, de 30 $ par
automobiliste. Ceux qui possèdent deux autos paient deux fois et ainsi
de suite. Cette mesure a semblé, pour bien des gens, injuste, puisqu'il
y a beaucoup de citoyens, sur le territoire, qui ont dit,
répété à satiété que payer 30 $ pour
un service qu'ils n'avaient pas dans leur municipalité, ce
n'était pas correct. Donc, il y a eu beaucoup de représentations.
Et, à venir jusqu'à maintenant, le gouvernement ou le ministre a
résisté à la tentation d'arrêter ce processus ou ce
coût de 30 $.
Les commissions de transport doivent sûrement aussi surveiller
leurs intérêts parce qu'il y a une partie de cet
argent-là... le tout, mais le tout... Peut-être que mon
collègue de Lévis pourra me l'assurer ou le ministre,
peut-être, pourra me le dire: Est-ce que tout le montant est remis aux
municipalités? Est-ce que ça sert tout aux mêmes fins? On
verra dans la discussion, mais, pour le moment, prenons pour acquis que cet
argent est remis à toutes les commissions de transport. Donc, les
actions qu'on pose ici vont toucher les commissions de transport.
Comme il y a beaucoup de municipalités qui ont fait des
représentations et qui n'ont pas trouvé grâce par ce projet
de loi, parce que le projet de loi décide qu'il y a huit
municipalités dans tout le Québec qui ont des droits concernant
cette possibilité, là, de se soustraire à la loi
générale, à la loi 145 qui dit que tous les gens
résidant dans une région métropolitaine paient des frais
d'immatriculation. On a vécu avec ça. Moi, je ne sais pas
jusqu'à quel point la réflexion a été suffisamment
agrandie pour pouvoir déterminer qu'il y a seulement, dans tout le
Québec, huit municipalités qui ont le droit ou qui auront
l'avantage de pouvoir se soustraire à ces 30 $ d'immatriculation.
Il faut être conscient que, le jour où ça sera connu
par les citoyens, il y a beaucoup d'autres municipalités qui vont
revenir à la charge, des municipalités ou des citoyens qui vont
venir se présenter ici à Québec, qui vont faire des
représentations dans tous les bureaux de comté des
députés pour leur poser la question: Pourquoi, eux, ils ne sont
pas soustraits à cette obligation ou pourquoi, eux, ne profitent pas de
cet avantage? J'ai comme l'impression que les bureaux de comté, les
députés, soit de l'Opposition ou du ministériel, les
portes ne seront peut-être pas assez grandes pour recevoir ces
gens-là.
On a eu beaucoup de représentations. J'en ai eues dans mon coin.
Puis je n'ai pas les réponses, même les réponses partielles
que le ministre nous a fournies, hier soir, à l'effet qu'il y a des
gens, la navette, qui transitent d'une place à l'autre. Pourquoi eux,
ces gens-là? Il m'a dit: Les gens ne transitent pas souvent. Donc, il y
a des cultivateurs, des gens qui ne vont pas du tout à la place
principale. Donc, ils n'ont pas d'affaire à payer les 30 $. C'est pour
ça qu'on accepte ça. Mais quand il y a une question de distance,
c'est difficile à comprendre. Il y a des municipalités qui sont
à des distances plus grandes qui, elles, vont être prises par les
30 $, puis d'autres municipalités qui sont plus proches qui, elles, n'en
paieront pas. Ça fait qu'il y a une mécanique que je ne comprends
pas.
Et moi, j'aurais aimé avoir accès à ces
études-là. J'aurais aimé, moi, avoir accès à
des études, aux études qui ont été poussées.
Ces études-là, est-ce qu'on les a appliquées? Parce qu'on
fait une grille d'analyse, normalement, et la grille d'analyse, on la transmet
d'une municipalité à l'autre, et là, on dit: Bien,
là, ça a du bon sens. Ça, c'est correct ou pas correct.
Tant qu'on n'aura pas analysé l'ensemble des municipalités, de
quel droit, nous, on pourrait ou sous quel principe on pourrait dire que ces
gens-là, ils ont des droits, puis tous les autres, ils n'en ont pas?
Moi, je n'ai pas la réponse. Il y a des gens dans ma formation qui vont
certainement poser des questions un peu plus directes.
Chez nous, mon comté, il y a une petite municipalité et
une grosse municipalité, et ils n'ont pas le service de transport en
commun. Ils paient. Ça fait problème, mais, en tout cas, dans les
explications dans le projet de loi, comme il y en a tellement qui sont
probablement injustement
frappés, eh bien, on dit: Vous faites partie du lot. Ce n'est pas
pire vous autres que d'autres. Mais je regarde, par exemple, deux
municipalités qui sont à peu près à égale
distance du centre de la ville principale, et il y en a une qui paie, puis
l'autre ne paie pas. Je suis convaincu et je suis prêt à gager que
la municipalité qui ne paie pas a plus de relations avec le centre que
l'autre, mais comme elle ne fait pas partie de la circonscription de
recensement fédéral, c'est de même qu'elle est
sauvée. Donc, si on en enlève, peut-être qu'on devrait en
mettre d'autres. C'est pour ça que je trouvais ça malheureux que,
lorsqu'on a étudié le projet de loi 145, on n'a pas
été loin dans le questionnement, qu'on n'a pas pu les
étudier article par article.
Dans le fond, le problème ou le vieux démon qu'on est en
train de ressortir, c'est qu'il y a une loi qui n'a pas été
étudiée suffisamment. À cause des problèmes, on
veut la régler, mais moi, je vous garantis d'avance qu'on va en
créer d'autres, probablement plus grands. Autrement dit, le bien qu'on
veut faire va être plus dommageable que le mal qui se fait actuellement,
parce qu'il y a une question...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Déjà, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Dufour: Donc, je vais conclure, parce que je me fie beaucoup
aux règles du parlementarisme. J'avais un autre point que je voulais
soulever. Je l'ai fait peut-être suffisamment, hier. Je vais donner
à mes collègues la chance de faire eux aussi leurs remarques. Je
vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Ryan:...
La Présidente (Mme Bélanger): Non? Alors, M. le
député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Alors, merci, Mme la Présidente. Je pense que le
projet de loi qu'on a devant nous démontre très clairement que ce
que nous avions soutenu, puis, d'ailleurs, je pense que mon collègue de
Jonquière a fini son intervention un peu là-dessus, sur le fait
que le ministre, lors de la présentation du projet de loi 145, a
systématiquement refusé d'aborder toute la question fiscale dans
son ensemble. Le projet de loi qu'on a devant nous en est la plus belle
Illustration.
On se rappellera que, contrairement à ce que pouvait soutenir le
gouvernement et le ministre, lors de la présentation du projet de loi
145, le ministre était de loin, pour ne pas dire du tout, inspiré
par une philosophie de partage équitable de l'assiette fiscale. On se
souviendra des annonces et de la volonté du gouvernement de
transférer des responsabilités aux municipalités.
Donc, la loi 145 était davantage inspirée par une
philosophie de transférer des responsabilités aux
municipalités, de procéder à des coupures plutôt que
d'être une véritable volonté de partage équitable de
l'assiette fiscale. D'ailleurs, nous avions suggéré un des
éléments que mon collègue de Jonquière a
mentionnés, tout l'aspect entourant la contestation des immeubles
industriels. Le ministre avait refusé, soutenant
qu'éventuellement il viendrait avec une loi beaucoup plus globale sur la
fiscalité. (17 h 20)
Alors, on sait ce qui s'est produit. Devant une loi inspirée
uniquement par une volonté de transfert, sans vision à long
terme, le ministre a dû revenir avec une autre taxe touchant la notion de
la police. Il a, enfin, réglé heureusement - on doit quand
même dire heureusement -le problème en touchant les
raffineries...
Une voix: Bien, là...
M. Morin: ...bien, enfin, partiellement du moins. Ça
n'allait pas dans le sens qu'on voulait parce qu'il a touché seulement
le domaine de façon partielle. Mais, quand même, il a
réglé quelques problèmes. Mais c'est tellement
réglé de façon... en pièces détachées
qu'on risque toujours de se retrouver devant des projets de loi qui ont pour
but d'apporter des correctifs, de corriger des erreurs, les trous de la loi en
vigueur. Et ça, la loi 155 qui a suivi, l'an passé, en 1991, et,
aujourd'hui, on se retrouve devant un projet de loi, la loi 55, qu'on appelle
pompeusement une loi fiscale, parce qu'elle touche effectivement la loi 145.
Mais il s'agit là beaucoup plus de mesures administratives que d'une
véritable loi fiscale.
Encore la, ce projet de loi, la preuve qu'il n'est pas inspiré
par une vision globale de tout le domaine de la fiscalité, c'est que le
leader de l'Opposition a présenté une motion de scission qui a
été jugée recevable par le président de la Chambre.
À ce moment-là, le président de la Chambre a clairement
reconnu que ce projet de loi comprenait trois principes totalement
différents, et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'il a retenu, qu'il a
reçu la motion de scission.
Projet de loi qui comprend, je dis, des mesures plus administratives que
fiscales parce que ça corrige les difficultés de l'ancienne loi
sur les immeubles non résidentiels, les rôles de valeur locative
versus les besoins, là, des SIDAC et, bien sûr, le transport en
commun, où le ministre juge utile d'exclure d'autres
municipalités et probablement profitera, comme il a dû le faire,
lors de la présentation du principe, défendre des arguments,
autant pour faire payer
ces droits de 30 $ à l'ensemble des automobilistes, peu importe
qu'il y ait transport en commun ou pas. Enfin, explications, là, qui
sont loin de la rigueur généralement connue du ministre.
Mais, ceci dit, je ne veux pas élaborer davantage parce qu'on
aura l'opportunité de revenir dans l'étude de ces
articles-là. Mais je tenais quand même à mentionner que,
vraiment, les arguments qu'on nous fournit, de part et d'autre, sont
tirés par les cheveux, et s'il y a une taxe, parce que tout le monde
conviendra qu'on ne reçoit jamais de félicitations pour des
taxes, toutes les taxes sont impopulaires, mais une taxe comme celle-là,
là, a carrément mis les automobilistes en colère; soit que
le ministre a manqué de transparence dans ses propos ou tout simplement
que la taxe ne peut se justifier d'aucune façon, surtout, du moins, pour
les contribuables qui sont à 25, 30 kilomètres d'un service de
transport en commun, même si on dit que ce n'est pas une question de
distance.
Enfin, ce qui constitue presqu'un scandale, c'est les mesures
d'amortissement pour certains services aux municipalités, entre autres
les règlements d'emprunt, bien sûr, pas temporaires. Ah,
ça, j'ai trouvé ça très gentil! J'ai dit: C'est
presqu'un cadeau de Noël que le ministre fait quand c'est bien
mentionné que ça exclut les emprunts temporaires. J'ai dit:
Est-ce qu'il faut remercier le ministre de ne pas avoir inclus les frais
reliés à des emprunts temporaires? C'est seulement sur les
emprunts sur obligation. Ça m'a fait rire un petit peu. Enfin, j'ai dit:
On l'a fait pour être clairs, pour s'assurer que la loi soit claire.
Bon. Mais pensons-y. Que ce soit pour les petites... Évidemment,
on est davantage sympathiques aux petites municipalités parce qu'elles
ont beaucoup moins d'expertise, beaucoup moins de ressources humaines. C'est
encore là une mesure qui peut difficilement se justifier parce qu'il
s'agit là d'exigences du gouvernement, du ministère des Affaires
municipales qui veut que, lorsqu'une municipalité adopte un projet de
règlement d'emprunt, il soit, évidemment, ratifié par le
ministère. C'est une exigence gouvernementale qu'on ne conteste pas,
sauf qu'il faut qu'un gouvernement soit capable d'assumer ses propres lois, ses
propres obligations.
On transfère l'entretien des chemins ruraux du réseau
local aux municipalités. Bien sûr, il y aura des subventions,
mais, éventuellement, ce seront les municipalités qui paieront.
Où est-ce que ça va aller, Mme la Présidente? Là,
on va adopter, tout à l'heure, la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme en prévision de la révision de presque la
totalité des schémas d'aménagement en 1992, 1993, 1994.
Est-ce qu'il y aurait lieu de penser, tant qu'à imaginer des choses, que
le gouvernement pourrait même charger des frais aux MRC dans
l'étude des schémas d'aménagement?
Parce que vous savez que, lorsqu'on procède à la
révision d un schéma, avec toutes les étapes que ça
comporte, les documents en termes d'orientation de la part du gouvernement
qu'il doit fournir aux MRC, peut-être que le ministre va y songer. Il n'y
a peut-être pas pensé encore, d'exiger des municipalités,
des MRC c'est-à-dire, qu'on paie des frais, parce que lorsqu'on va
procéder, on va arriver à la révision des schémas
d'aménagement, ça exige énormément des
fonctionnaires du ministère des Affaires municipales. Je n'en doute pas.
Alors, peut-être qu'on dira aux MRC: Vous allez, dorénavant, payer
des frais si vous voulez avoir l'approbation de votre schéma
d'aménagement de la part du gouvernement. J'espère que ça
ne se produira pas.
Mais si le gouvernement devait être logique, pas seulement d'un
bord, mais des deux bords... Justement, vu qu'on parle de schémas
d'aménagement, on sait qu'en fonction de la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme, le gouvernement est tenu de se soumettre aux schémas
d'aménagement. Donc, toutes ces interventions ou projets doivent
recevoir un avis de conformité de la part de la MRC. Ça,
ça exige des recherches. Lorsque le gouvernement va arriver avec des
projets de réseau routier et qu'il demandera à la MRC
d'étudier son projet, soit pour lui accorder ou lui refuser l'avis de
conformité, est-ce que le ministre serait ouvert au point de dire:
Maintenant qu'on exige des choses qui peuvent vous occasionner des
dépenses, vous pourrez, légitimement, exiger un remboursement, de
la part du ministère des Affaires municipales, pour toutes les
études que vous aurez à faire faire pour prendre une
décision sur la conformité des interventions gouvernementales?
Autrement dit...
Vous n'avez pas compris, hein. Vous étiez distrait un peu. On va
recommencer.
M. Ryan: Ce n'est pas clair.
M. Morin: Ce que vous demandez aux municipalités, de payer
les frais reliés aux projets d'emprunt sur obligation. Seriez-vous
prêt de payer les frais que vous allez occasionner aux MRC quand elles
vont avoir à délivrer un avis de conformité sur vos
interventions? Tu sais, des fois, si c'était dans les deux sens, il
pourrait y avoir une logique à tout ça, parce qu'il n'en demeure
pas moins un fait: l'approbation du ministère des Affaires municipales,
via des projets d'emprunt, c'est sa responsabilité. Ça ne peut se
justifier d'aucune façon, si ce n'est que tout simplement avouer, sans
scrupule, que le ministère ou le gouvernement n'est plus capable de
prendre ses responsabilités et de les assumer. Alors, s'il n'est pas
capable d'assumer ses propres responsabilités, qu'il les délivre
à d'autres tout simplement.
En tout cas, Mme la Présidente, moi, ça donne raison
à ce qu'on prétendait, lors de la présentation du projet
de loi 145, que le ministre
s'entêtait à y aller d'une politique sur la
fiscalité, mais quelque chose de très global plutôt que d'y
aller en pièces détachées. C'est ce qu'il continue
à faire, et je suis convaincu qu'avant longtemps il va nous revenir avec
des lois pour corriger, parce que la fiscalité municipale, ce n'est pas
une chose qui se conçoit en pièces détachées comme
ça. Ça se conçoit globalement, avec une vision à
long terme et non pas à court terme, parce que ça a trop
d'impact, justement, sur la situation financière des
municipalités, sinon à court terme, à moyen et à
long terme. (17 h 30)
Alors, j'ai hâte de revenir article par article. Je sais que le
ministre va nous inviter gentiment à collaborer, puis on va collaborer,
mais on aura comme souci et comme inspiration un minimum d'équité
envers le monde municipal. J'ai l'impression qu'avec toutes ces lois-là,
ils se font un petit peu beaucoup charrier.
Alors, ceci dit, Mme la Présidente, je vous remercie de votre
bonne attention ainsi que celle du ministre, parce qu'il y a des fois que
ça arrive qu'il y a des ministres qui sacrent carrément leur
camp, puis même si on est ici.
Une voix: Au moins, on y est.
M. Morin: Hein? Non, non. Mais il y a... Je le dis...
Une voix:...
M. Morin: ...non, non. Moi, je ne me gêne pas de le dire:
II y a des ministres qui se sacrent de tout le monde. Alors... puis je sais que
ce n'est pas toujours facile de demeurer attentif. En tous les cas, c'est
peut-être le seul côté positif que je vous reconnais, M. le
ministre, à venir a date, mais il faut donner à César ce
qui revient à César.
Des voix: Ah! ah! ah!
Une voix: ...mesquinerie.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
député...
M. Morin: Non, je ne suis pas mesquin. Je suis
généreux.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de Dubuc.
M. Morin: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, vous
avez des commentaires.
M. Ryan: Mme la Présidente, j'allais lui répondre,
mais étant donné le caractère trop limité du
compliment qu'il vient de m'adresser, je vais réserver mes commentaires
pour plus tard.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: L'alternance?
La Présidente (Mme Bélanger): Montmorency.
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, Mme la Présidente. Très heureux
de participer à cette commission qui n'est pas une commission habituelle
pour moi, mais qui est devenue une commission importante pour mon comté.
Je dois vous dire que je veux faire part à cette commission un peu de
l'iniquité qui est flagrante dans l'application d'une mesure de ce
projet de loi, qui est simplement celle de l'application du financement du
transport en commun, les fameux 30 $, aux véhicules de promenade.
Mme la Présidente, moi, j'ai communiqué, depuis un an...
Vous savez que j'ai été élu, mol, en août 1991.
Plusieurs en Chambre osaient dire: Le député de 30 $ parce
qu'effectivement, à l'époque, j'avais soulevé, en campagne
électorale, toute l'injustice d'application de cette loi-là et
que les citoyens, quand on parle de milliards, ils ne comprennent pas beaucoup,
mais quand on parle de 30 $, ils comprennent ça. 30 $, c'est facile
à comprendre, puis ça touche les gens, puis, rapidement, les gens
comprennent, quand on prend 30 $ de façon inéquitable,
rapidement, ils nous suivent et ils comprennent les raisonnements.
Je m'étais empressé, à l'automne, d'écrire
au ministre des Affaires municipales pour lui faire part, effectivement, de
l'injustice d'application qu'on avait de ces fameux 30 $, là, dans le
comté de Montmorency. Dans un premier temps, le ministre m'avait
répondu, le 24 septembre 1991, et me disait: Comme point d'appui, la
définition que donne le recensement fédéral du concept
d'agglomération urbaine, selon cette définition, les
municipalités mentionnées dans votre lettre étaient
comprises dans l'agglomération urbaine de Québec. Je ne
prétends pas que ce critère soit parfait, c'est néanmoins
le plus pratique que nous ayons trouvé lorsque nous avons
procédé à la rédaction du projet de loi - alors, en
tout cas, ça laissait présager une certaine improvisation - le
critère n'est cependant pas intouchable. Le 24 septembre, Mme la
Présidente.
Bien sûr, j'ai continué à argumenter parce que
c'était vraiment un fondement d'application qui méritait qu'on
aille plus loin et qu'on élabore davantage. J'ai recommuniqué
avec le ministre, un peu plus tard, et j'ai reçu une lettre, le 11
décembre 1991. Et là, toujours le ministre me dit: J'ai
demandé que les services compé-
tents - et là, on peut se poser de sérieuses questions sur
les services compétents du ministère des Affaires municipales -
se penchent sur les considérations contenues dans votre lettre et me
soumettent un rapport à ce sujet dans les meilleurs délais. Et on
est le 11 décembre, Mme la Présidente. Alors, je n'ai jamais eu
de nouvelles depuis le 11 décembre, pour me retrouver...
Une voix: L'an dernier?
M. Filion: Pardon?
Une voix: L'an dernier?
M. Filion: L'an dernier, oui, oui.
Une voix: Ça fait un an.
M. Filion: Ça fait un an. Et la seule réponse que
j'ai reçue de ce fameux rapport de services de compétence du
ministère, ce fut le petit article 17 contenu dans le projet de loi 55
et qui venait, à toutes fins pratiques, citer les municipalités
qui seraient dorénavant exemptes des 30 $.
Et là, je dois vous dire, Mme la Présidente, que j'ai
été très surpris de voir et j'ai essayé de
comprendre comment on avait pu arriver à citer les municipalités
dans ce projet de loi là, sur quelle base on s'était fondé
pour les exonérer des 30 $. Alors, j'ai attendu de voir ce que le
ministre allait nous dire en Chambre. Hier, en Chambre, il a apporté
d'autres précisions. Et là, le ministre apporte les
précisions suivantes: Ces municipalités sont incluses parce que,
selon les données du recensement fédéral, il avait
été établi qu'il y avait une très forte navette de
passagers résidant dans un endroit et trouvant leur gagne-pain dans la
région métropolitaine, c'est-à-dire qu'ils devaient aller
vers le centre métropolitain des six régions à travers le
Québec. On disait: S'ils vont chercher leur gagne-pain tous les jours
dans la partie centrale de la région métropolitaine, c'est normal
qu'ils versent une certaine contribution pour le transport en commun,
même s'ils ne l'utilisent point directement. Mais s'il n'y en a pas, ils
ne peuvent pas l'utiliser, ni directement, ni indirectement; ils n'en ont pas
de transport en commun, c'est des municipalités. J'en ai neuf, dans mon
comté, qui n'en ont pas de transport en commun. Même s'ils
voulaient l'utiliser, ils ne peuvent pas l'utiliser. Parce que, quand il y a un
transport en commun, ça permet aux personnes qui préfèrent
se servir de l'automobile de circuler beaucoup plus librement, et c'est normal
qu'elles paient une légère redevance pour une chose comme
celle-là.
Cependant, des municipalités nous ont fait valoir que, même
si elles avaient été incluses dans la région
métropolitaine de recensement, bien sûr, fédéral,
l'agglomération fédérale, elles ne répondent pas
aux critères qui ont été empruntés à cette
fin. La ville de Bécancour, par exemple, nous a fait valoir qu'il n'y a
pas du tout de trafic, dans une proportion de 50 % ou s'en rapprochant, qui
irait de Bécancour vers Trois-Rivières. La ville de Mirabel a
fait valoir le même argument. Je suis sûr que le
député de Deux-Montagnes ou des Deux-Montagnes, là, qui
est ici, connaît très bien cette région. Il sait
très bien que les cultivateurs de Saint-Thomas... Qu'est-ce qu'ils ont
de plus, les cultivateurs de Saint-Thomas, par rapport aux cultivateurs de
l'île d'Orléans? Expliquez-moi ça, M. le ministre.
Une voix: Je vais vous l'expliquer.
M. Filion: J'espère que vous allez me l'expliquer. Parce
qu'à Saint-François de l'île d'Orléans, M. le
ministre, si vous avez vraiment une étude sérieuse, là,
vous allez vous rendre compte que la petite population qu'il y a là,
c'est tous des cultivateurs qui vivent à l'île d'Orléans et
qui, à toutes fins pratiques, gagnent leur vie à l'île
d'Orléans. Je comprends difficilement que les cultivateurs de
Saint-Thomas aient quelque chose de vraiment différent qui leur permette
d'être exonérés. Ils ne sont pas rendus à
Montréal tous les jours. Ils étaient blessés d'avoir
été inscrits dans ce régime. C'est drôle qu'ils
aient été blessés, eux. Pensez-vous que les gens de
l'île d'Orléans ne le sont pas, blessés, ou d'autres coins
du Québec?
Les cultivateurs de Saint-Placide paroisse, même chose,
Saint-Placide. D'autres cultivateurs du Québec qui, eux, ont droit
à l'exonération de 30 $. Je ne sais pas s'ils ont une culture
particulière. Je ne sais pas s'ils cultivent le tabac et
qu'actuellement, le tabac, bien, comme on sait qu'il y a tellement de
règles différentes pour ces gens, que les 30 $ pourraient
s'inscrire dans cette culture. Je n'ai aucune idée. Mais ce qui est
clair, Mme la Présidente, c'est qu'actuellement, on nous donne des
critères d'application d'exonération qui ne sont pas compris de
la population, des critères d'exonération qu'une population ne
peut pas suivre, sur sa face même.
Comment voulez-vous expliquer à des gens de
Saint-François, île d'Orléans, qui sont en plein centre du
fleuve, qui sont à 45 kilomètres du centre-ville, qui regardent
la rive nord, à Sainte-Anne-de-Beaupré et à Sainte-Anne,
et qui se rendent compte que ces gens sont exonérés. Ils
regardent sur le côté de la rive sud, ils sont au centre du
fleuve, et ils se rendent compte que Saint-Michel et Saint-Vallier sont
exonérées. Ces gens-là, vous avez beau leur dire ce que
vous voudrez, leur dire qu'il y a une question de navette, ils ne vous croiront
jamais. Jamais ils ne vous croiront, les agriculteurs de Saint-François,
île d'Orléans, de Sainte-Famille et de Saint-Jean, que votre
étude est sérieuse, que votre étude a été
poussée, que votre étude relève de principes
d'équité.
C'est une étude qui, actuellement, nous
apparaît, au moment où on se parie, comme une étude
improvisée, comme une étude où on s'est dit: Partons comme
ça, on se réajustera en cours de route, on verra comment les gens
réagissent, on verra comment c'est perçu dans la population. Ce
sont des principes d'application fiscale qui ne tiennent pas la route.
Si vous vouliez financer votre transport en commun, vous aviez juste
à augmenter une cent de plus sur l'essence, puis ce ne serait pas plus
compliqué que ça. Tant qu'à y être.
Des voix:...
M. Filion: Bien, écoutez! Je ne vous dis pas que c'est une
suggestion. Moi, je vous dis simplement... et là, tout le monde comprend
très bien... Vous seriez d'accord à accepter ça, vous
autres?
Une voix: Bien, c'est vous qui avez fait la suggestion.
M. Filion: Écoutez, moi, je vous dis qu'actuellement, le
principe d'application du financement du transport en commun que vous avez
utilisé, c'est un principe qui est incompréhensible, c'est un
principe qui est confus, c'est un principe où les gens se sentent
lésés. Quand moi, je fais un cercle autour de Québec -
regardez le beau cercle, on fait un cercle autour de Québec - si je
prends un rayon, il me semble, de Québec jusqu'à
Saint-François, et je fais tout le tour, tout ce qui est en vert devrait
être taxé, selon votre principe. Parce qu'il se retrouve dans une
agglomération, dans un rayon où, à toutes fins pratiques,
on devrait taxer ces gens si on veut être équitable avec les gens
de Saint-François, île d'Orléans. Parce que ces gens,
Saint-François, île d'Orléans, M. le ministre, quand on
regarde le rayon, vous allez comprendre, le centre de Québec, aller
jusqu'à Saint-François, on prend le compas et on fait le tour, et
quand on fait le tour, on se rend compte qu'en principe, tous ces gens qui sont
dans le cercle devraient, à quelque part, être taxables. Mais ils
ne le sont pas. Tout ce qui est en vert n'est pas taxé, est
exonéré. Et là, vous avez fait une petite correction dans
le cercle. Vous êtes venu rajouter deux municipalités ici, qui
sont Saint-Gabriel-de-Valcartier et Shannon. Je ne sais pas du tout d'où
elles sortent, sur quel principe vous vous êtes basé. C'est
quelque chose qui sort d'une espèce de chapeau où on dit: Bien,
là, on va être gentil avec les gens qui demeurent dans le
comté de Chauveau, puis on va les exonérer. (17 h 40)
Ça ressemble à ça, votre politique
d'équité fiscale. Je ne peux la traduire autrement. Ça
ressemble à ça. On ne peut pas autrement expliquer à une
population comment vous fonctionnez, si ce n'est que dire: Bien, ça
ressemble à une espèce de législation où on dit: On
va aider nos amis de Shannon, puis on va aider nos amis de
Saint-Gabriel-de-Valcartier. Même si vous me parlez de navette, Mme la
Présidente-même si on nous parle de navette, comment
voulez-vous...
Avez-vous commencé à mettre des «meters»
à tous les jours pour voir les gens qui circulent sur le pont de
l'île d'Orléans qui vont travailler, s'ils viennent de
Sainte-Pétronille, s'ils viennent de Saint-Jean, s'ils viennent de
Saint-François. Ce n'est pas sérieux. Puis, d'ailleurs,
l'île d'Orléans, en soi, c'est une région qui, à
toutes fins pratiques, est de villégiature. Quand les gens s'en vont
là, ils s'en vont là pour se reposer. La seule
municipalité vraiment où on circule beaucoup vers Québec,
c'est Sainte-Pétronille. Les autres, c'est agricole, et les autres, ce
sont des résidents, des gens qui sont là l'été.
Je ne comprends pas, dans votre principe même d'application de
votre loi, qu'on n'ait pas regardé d'une façon sérieuse et
équitable l'exonération d'au moins trois paroisses:
Saint-François, Sainte-Famille et Saint-Jean, au moins trois paroisses
de l'île d'Orléans. Quand on continue la mécanique, quand
on regarde sur la côte de Beaupré, dans le comté de
Montmorency, vous avez deux municipalités: L'Ange-Gardien,
Châ-teau-Richer. L'Ange-Gardien, Château-Richer, sur la côte,
ce sont des municipalités qui n'ont pas de service de transport en
commun et qui, actuellement, défraient pour avoir un service de
transport en commun.
Ils ont même fait une expérience-pilote où on paie
des gros sous pour avoir un service de transport en commun, et c'est la
municipalité même qui paie pour ça et qui le transmet sous
forme de taxe, sous forme de taxe aux citoyens. Alors, qu'on vienne nous dire
que les 30 $ sont équitables, que les 30 $ sont équitables, dans
ce contexte-là, ça n'a pas aucun bon sens, Mme la
Présidente.
Alors, qu'est-ce que vous voulez? Comment voulez-vous que les gens
puissent suivre votre façon d'appliquer vos lois fiscales quand,
actuellement, vous êtes en train de faire une application où il y
a de la double taxation.
M. Ryan: ...Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je crois que l'intervention du député
porte sur un article particulier du projet de loi uniquement, là. Il y a
un moment... On va arriver à cet article. Il me semble que les remarques
d'introduction sont des remarques générales qu'on est
supposé faire, que les députés sont supposés faire.
Il aura tout le temps voulu pour le discuter quand on va être rendu
là.
M. Filion: Bien, je vais reprendre la discus-
sion, à ce moment-là, M. le ministre.
M. Ryan: Je soulève la question de pertinence.
M. Filion: Mais la pertinence...
M. Ryan: Bien oui. Il y a un problème là.
La Présidente (Mme Bélanger): Effectivement.
M. Dufour: ...vous avez le goût de vous prononcer
là-dessus, je voudrais juste vous faire remarquer qu'on est à
l'étape des remarques préliminaires. On peut y aller un peu plus
largement...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais peut-être
un peu plus longuement.
M. Dufour: ...et je pense que, à venir jusqu'à
maintenant, il y a une ouverture très grande d'esprit. S'il y a une
question de règlement, bien, j'aimerais savoir sur quel article...
M. Ryan: Non, mais c'est parce que je vais vous dire
pourquoi...
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la
pertinence.
M. Ryan: ...je dis ça. Là, les remarques portent
uniquement là-dessus. Quand on sera rendu à l'article, on aura la
chance d'expliquer ce que veut dire cet article-là, les critères
qui ont inspiré le gouvernement, puis peut-être que le
député pourra mieux orienter son tir, à la lumière
d'une meilleure information.
M. Filion: La problématique, Mme la Présidente, je
pense, relève beaucoup plus du fait qu'on n'a justement pas
scindé le projet de loi et que, si on avait eu juste un projet de loi
sur les transports, on se serait immédiatement attardé à
cet article-là.
M. Ryan: C'a été réglé, hier soir,
ça.
M. Filion: Je comprends que c'a été
réglé, M. le ministre, sauf que c'est...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
c'est une question de règlement aussi, M. le député
de...
M. Garon: Sur la pertinence, justement. Je pense que c'est le but
des remarques préliminaires, justement, d'aviser le ministre, et c'est
ce que fait le député de Montmorency, qu'il devrait y avoir des
changements dans le projet de loi sur le plan technique. Il ne faut pas le
prendre par surprise quand il arrivera plus tard dans l'article. Alors, il
l'avise tout de suite qu'il dit, dans les remarques préliminaires, qu'il
devrait y avoir des changements dans le projet de loi.
Le projet de loi ne corrige pas ce qu'il devrait corriger
entièrement. Et le but des remarques préliminaires, c'est
justement ça, c'est d'annoncer la musique de ce qui va venir plus tard
pour pas que le ministre soit pris par surprise. Il est exactement... Il ne
peut pas être plus dans la pertinence que ça. C'est l'objet,
tandis qu'en Chambre, c'était sur le principe de la loi dans son
ensemble. Là, maintenant, on va faire l'étude article par
article. Dans les remarques préliminaires, c'est pour annoncer
différentes choses qu'on verra plus tard. Et le député de
Montmorency prépare le ministre, dans ses remarques
préliminaires, pour des changements qu'il souhaite voir apporter au
projet de loi, ce qui est exactement le but de notre présence ici.
M. Ryan: II prépare mal.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais je pense
qu'étant donné que, dans le projet de loi, il y a un article
spécifique qui traite de ce sujet-là, normalement, les remarques
préliminaires, c'est des remarques sur l'ensemble du projet de loi et
non pas sur un article en particulier, parce qu'on n'est pas à
l'étude article par article. Alors, je vous demanderais d'être un
peu plus pertinent.
M. Filion: Mme la Présidente, je vais essayer d'être
plus pertinent. Mais ce qui est clair pour moi, dans mon esprit, c'est que ce
qui attire mon attention, dans ce projet de loi là, c'est l'article 17.
Pour moi, l'article qui a le plus de valeur, dans ce projet de loi là,
c'est l'article 17. Et, dans cet esprit de pertinence là...
La Présidente (Mme Bélanger): ça vous touche
particulièrement dans votre comté. vous en faites un cas de
comté, en fait. alors, c'est pour ça que je vous dis...
M. Filion: Je n'en fais pas un cas de comté. J'en fais un
cas d'équité.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui, mais
là, dans le moment, c'est plus un cas de comté qu'un cas
d'équité.
M. Filion: Je vous démontre à ma façon, avec
l'information que je contrôle et que je connais, que
l'équité n'est pas appliquée avec l'article 17. Je
voudrais bien vous parler de tous les comtés à travers le
Québec, sauf que je n'ai pas l'information de tous les comtés
à travers le Québec. Moi, j'ai l'information de toute la
région de Québec. Et la région de Québec est l'une
des six agglomérations au Québec. Dans la région de
Québec qui, à mon avis, est plus qu'un comté, c'est une
multitude de comtés, je dois vous dire
que, dans la région de Québec, le principe
d'équité n'existe pas dans l'exonération des 30 $. C'est
dans cet esprit-là que j'y vais immédiatement - pas dans un but
qui ne veut pas être constructs, au contraire - prendre de l'avance.
Quand on arrivera à l'article 17, bien, ça sera
déjà fait, Mme la Présidente, et on aura
déjà une bonne idée de comment on doit s'aligner dans ce
sens-là.
Je continuais parce que vous savez que, dans le comté de
Montmorency, il y a 9 municipalités sur 11 qui n'ont pas de service de
transport en commun. Ces 9 municipalités sur 11 là ont un 30 $
à payer. Alors, sur deux concepts: l'utilisateur-payeur... Sur le
concept de l'utilisa-teur-payeur, la loi n'est pas équitable. Sur le
concept même d'application de l'exonération, on se rend vraiment
compte que la question de la navette, c'est un questionnement arbitraire, c'est
un questionnement qui est volatile. La question de la navette, Mme la
Présidente, ça peut jouer, ça, avec les
déménagements, au mois de juin. Qui déménage? Qui
s'en va? Qui revient? Où est l'emploi? Qui perd son emploi? Comment
pouvez-vous faire pour contrôler ça? C'est des concepts où
on se retrouve dans des questionnements continuels qui ne sont pas
vérifiables par la population.
Vous avez beau dire que vous avez regardé ça, mais
ça ne se vérifie pas par une population, la navette, qui va
travailler au centre-ville, puis qui n'y va pas, qui a perdu sa job au
centre-ville, qui ne l'a pas perdue, puis est-ce que je m'en vais faire de
l'agriculture ou je ne fais pas de l'agriculture, est-ce que je vais livrer mes
pommes de terre au centre-ville ou je ne vais pas les livrer au centre-ville.
C'est des concepts qui ne tiennent pas la route. Ce n'est pas compliqué:
ça ne tient pas la route. Ce n'est pas verifiable. Ce n'est pas
contrôlable.
Et, quand on arrive devant une population pour expliquer ce genre
d'application là, les gens, ils se mettent à rire, puis ils ne
nous prennent pas au sérieux, puis, après ça, ils disent:
Les députés, c'est une gang de personnages qui, à toutes
fins pratiques, foutent rien. Puis ils ont raison. Ils ont raison. Comment
voulez-vous, M. le ministre, Mme la Présidente, expliquez à une
population, moi, dans mon comté, qui s'est impliquée de
façon juste et équitable, quand je leur donne ce tableau visuel
là, ils me disent: Bien, ça n'a pas de bon sens. C'est criant. Et
moi, je suis le représentant de ce comté-là.
Ça fait un an que je communique avec le ministère.
Ça fait un an que je leur explique la problématique
d'équité dans mon comté. Jamais de réponse. Puis
là, on me donne la seule façon de m'exprimer à une
commission et on me dit: Bien, ne parle pas de ça, ce n'est pas le
temps. Aie! ça fait un an que je veux en parler, Mme la
Présidente. Ça fait un an que je l'explique, la
problématique dans mon comté. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? Je ne laisserai quand même pas passer la tribune qui est
offerte ici pour expliquer à tout le monde l'importance de regarder les
principes d'équité de cette application de 30 $. Là, Mme
la Présidente, si on légifère de cette
façon-là dans toutes nos lois, on ne se retrouvera plus jamais
nulle part, personne.
Pourquoi uniquement Shannon et Saint-Gabriel-de-Valcartier? Pourquoi
uniquement eux? Une question de navette? Non, non, non, ça ne marche
pas, une question de navette. Je vous le dis, moi, que, dans
Saint-François, les agriculteurs qu'il y a là, ils n'en font pas
de navette. Puis je défie vos études... de les déposer. Je
vous garantis qu'à Saint-François, île d'Orléans, il
y a à peu près 400 ou 500 personnes qui vivent là, et ce
sont tous des agriculteurs.
Alors qu'est-ce qu'ils ont, les agriculteurs de l'île, par rapport
aux agriculteurs de Saint-Placide et aux agriculteurs de Deux-Montagnes et de
Saint-Thomas? Il n'y a aucune explication valable et raisonnable. C'est presque
rendu de la discrimination. On se demande si on n'est pas contre les droits et
libertés de la personne. Ce n'est pas compliqué. C'est là
qu'on est rendu dans ce débat-là. C'est à se demander
comment on fonctionne pour savoir si l'agriculteur de tel endroit a droit aux
30 $ par rapport aux autres. (17 h 50)
Alors, sur le principe même d'application du supposé
principe d'équité, à mon avis, on fait fausse route.
Également, on fait fausse route sur le principe de l'utilisateur-payeur.
Puis ça, là, ce n'est jamais considéré. Quand les
gens de la côte de Beaupré, Château-Richer, L'Ange-Gardien,
paient et défraient, avec des taxes municipales, le transport en commun
qu'eux-mêmes paient comme municipalité, puis que vous rajoutez 30
$ de plus aux citoyens, les citoyens disent: Aie, ça n'a pas de bon
sens! Vous nous taxez en double. Parce que le transport en commun, on ne le
finance pas, nous, avec nos taxes. On ne le finance pas avec les taxes
provinciales, on le finance avec les taxes municipales, de la
municipalité.
Alors, M. le ministre... et quand je regarde l'autre
municipalité, dans mon comté, qui est Sainte-Brigitte-de-Laval,
encore une fois, c'est le même principe, il n'y a pas de transport en
commun. Et les gens de Sainte-Brigitte-de-Laval, quand ils partent, ils font
des distances aussi grandes que ceux de Shannon et que ceux de
Saint-Gabriel-de-Valcartier. Et la question de savoir qui vient au centre-ville
et qui ne vient pas, c'est des notions qui ne devraient jamais apparaître
dans des principes d'application d'exonération de taxes parce que c'est
des notions qui sont changeantes, c'est des notions qu'on ne peut pas
contrôler et c'est des notions qui demanderaient, si on se mettait
à vouloir les appliquer d'une façon juste et équitable,
à ce qu'une personne s'installe - ce n'est pas compli-
que - avec un «meter», avec une espèce de
chronomètre, avec une espèce de barre noire, puis surveille, de
façon régulière, qui fait la navette vers le centre-ville
ou pas. Écoutez, on ne peut pas se lancer, d'une façon
sérieuse et sans faire rire de nous, dans des concepts comme
ceux-là, en pensant que la population va continuer à penser que
les gens qui les représentent, c'est des gens crédibles.
Mme la Présidente, c'étaient les principaux commentaires
que j'avais à faire, mais la pertinence de mes propos, quant à
moi... mes propos étaient plus que pertinents. Mais je pense que je
voulais immédiatement aviser cette Assemblée ou cette commission
qu'on va devoir, d'une façon sérieuse, quand on arrivera à
l'article 17, faire un débat constructif et un débat où on
va pouvoir faire passer dans la population qu'effectivement, on a des mesures
qui sont équitables pour tous les citoyens et citoyennes du
Québec.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
député de Montmorency. M. le ministre, est-ce que vous aviez
demande la parole? Non? Alors, M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, je voudrais également
intervenir dans l'étude du projet de loi, principalement sur deux
points. Le premier point, sur le point des 30 $ également, puisque... et
le point où le gouvernement veut charger des coûts pour permettre
à l'administration gouvernementale d'amortir des coûts et services
qu'elle rend aux municipalités. Les gens vont vraiment avoir
l'impression qu'on est dans le deux poids, deux mesures. Quand le gouvernement
se sert des gens pour collecter ses taxes, il ne paie rien. Les
commerçants qui collectent des taxes du gouvernement, qui remplissent
les formules, puis envoient ça au gouvernement, ils ne sont pas
rémunérés pour des services qu'ils rendent au
gouvernement. Il y en a qui se plaignent. Ils trouvent que les formules sont de
plus en plus longues. Le gouvernement ne paie pas une cenne.
Quand le gouvernement, maintenant, veut essayer de collecter en disant
qu'il y a des services qui doivent être rémunérés,
qu'il y a des analyses qui vont être faites par le ministère des
Finances pour des frais d'examen et de traitement par le ministre des Affaires
municipales, moi, je ne vois pas trop, trop comment on va être capable
d'administrer une disposition comme celle-là. Et, encore là, les
gens vont avoir le sentiment d'une taxation qui est injuste parce que, souvent,
quand on dit: Le règlement fixe les modalités permettant
d'établir le montant de ses frais, le délai au cours duquel doit
être fait le versement de la somme d'argent et le taux de
l'intérêt payable sur le versement exigible, je vais vous dire une
chose, moi.
Comment ils vont administrer ça? Comment ils vont savoir que
l'examen de telle ou telle chose a pris plus ou moins de temps? Pour examiner
un papier de 30 pages, ça vous prend une heure, puis d'examiner un
papier de 5 lignes, ça va vous prendre un mois. Quand il a
été question de l'examen de ces questions-là... Comment on
va mesurer ça, le temps? Vous avez un fonctionnaire qui travaille vite,
puis un autre qui ne travaille pas vite. Vous allez charger quel taux? À
la page, à l'heure? Comment ça va marcher? Au montant de
l'emprunt? Et, au fond, ça ne sera pas un tarif, ça va être
une taxe. N'essayez pas de faire croire aux gens que ça va être un
tarif, ça va être une taxe. Un tarif, c'est quelque chose qu'on
charge pour un service. Comment va-t-on être capable de mesurer ça
dans l'ordre de l'examen de ces services-là?
Moi, je me demande où on s'en va, là, dans des mesures
comme celles-là. Je comprends que le gouvernement est cassé. Le
gouvernement, actuellement, ne nous cassons pas la tête, est dans la
merde jusqu'au cou. Vous savez, quand il nous disait, en 1981, que le
déficit augmentait, puis nous autres, les taux d'intérêt
augmentaient. On était rendu à des taux d'intérêt
qui étaient à 16,5 %, en 1981...
M. Filion: C'est le prix du fédéralisme.
M. Garon: Et, quand ça augmentait, c'était
évident que le déficit pouvait augmenter, mais là,
actuellement, on est dans la situation où le déficit double alors
que les taux d'intérêt baissent. Comment ça se fait? On ne
peut plus dire que c'est la dette. Quand les taux d'intérêt
baissent, la dette ne coûte pas plus cher, elle coûte moins cher.
Donc, c'est l'administration actuelle qui coûte cher. On peut essayer de
siphonner l'argent de toutes les façons, siphonner les pots qui
appartiennent aux autres, qui appartiennent aux assurés, comme la
Société de l'assurance automobile du Québec. Et puis,
là, on veut essayer de charger des taxes aux municipalités pour
des services qui vont être épouvan-tablement, sinon impossibles
à mesurer d'une façon objective.
Dans les 30 $ dont parlait le député de Montmorency, les
gens ont un sentiment d'injustice profond. Il faut dire qu'il y a ceux qui le
paient, puis ils n'ont pas de service en commun, puis il y a ceux qui le paient
et qui ne le reçoivent pas. Moi, je fais partie d'un territoire
où on le paie, mais on le donne à d'autres. Qu'est-ce que vous
voulez? Quand on parle de la navette, si on regarde le transport en commun
entre la rive nord et la rive sud, on se rend compte qu'il y a deux personnes
qui vont sur la rive nord par rapport à une qui vient sur la rive sud,
mais une grande partie de ceux qui y vont, c'est parce qu'ils sont
obligés étudier sur la rive nord parce qu'on ne peut pas
bâtir les cégeps et les universités dont ils ont besoin sur
la rive
sud. Ils sont condamnés à prendre ça, puis,
après ça, on est condamné à subventionner le
transport en commun parce que le gouvernement ne veut pas leur donner les
écoles dont ils ont besoin. Je vais vous dire une chose, là, du
progrès comme ça, c'est vraiment comme dans les autobus, avancez
par en arrière.
Deuxièmement, il y a un grand nombre de municipalités qui
n'en ont pas de transport en commun. Ça adonne que toutes celles qu'on a
mises dans le projet de loi sont dans des comtés libéraux.
Pourtant, il y a 195 municipalités qui sont touchées par les 30
$, qui paient 120 $ au lieu de 90 $ de droit d'immatriculation, mais il y a 123
municipalités sur les 195 qui n'ont pas le transport en commun.
Là, il y en a 8 de moins. Comme par hasard, elles sont les 8 dans les
comtés libéraux.
Quand le député de Montmorency donnait ses arguments, il a
raison à 100 %. Je connais l'île d'Orléans, moi, comme le
fond de ma poche. Et je vais vous dire une chose: Qu'est-ce qui retient
à rester à l'île d'Orléans? Il reste les
villégiateurs dont la maison principale est à Sillery, qui vont
payer les 30 $, de toute façon. Il reste quelques citoyens qui
travaillent. Parce qu'il ne faut pas faire bien attention quand on calcule les
navettes, là. Celui qui va passer la fin de semaine là puis qui
revient, il ne paie pas ses 30 $ à l'île d'Orléans, ce
n'est pas là où il est résident. Il est résident
principal à Sillery ou à Sainte-Foy. Il reste ceux qui restent
sur l'île d'Orléans. Quelques-uns qui restent, qui vont travailler
en dehors, mais surtout des cultivateurs qui vont vendre leurs fruits et
légumes sur le marché. Pour ceux qui vont les vendre en dehors,
je pense bien qu'ils ne pourraient pas facilement aller les vendre en autobus.
Je ne vois pas quelqu'un s'en aller avec ses paniers de radis dans l'autobus,
ses paniers de tomates, écoutez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors, les gens qui ont conseillé ça au
ministre, ils lui ont rendu un bien mauvais service parce que c'est ridicule.
Tout le monde qui regarde ça, c'est fou raide. Avec le vieux pont qu'ils
ont là, tout croche, comme disait une vieille personne que je voyais...
Deux vieux qui partaient ensemble, un après-midi, quand j'étais
étudiant, moi, en philo 1, j'étais sur les Plaines, puis je
regardais deux personnes; elles disaient, puis elles regardaient le pont de
l'île: C'est bien vrai, ce que Duplessis disait, tout ce que les rouges
ont fait est croche. Regarde le pont de l'île comment il est croche.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Mais ce que je veux dire, c'est un vieux pont. Les
navettes, comprenez-vous, le monde ne va pas circuler à partir de
l'île d'Orléans. Les gens qui restent à l'île
d'Orléans, c'est des villégiateurs ou des résidents. Puis,
en grande partie, ce sont des cultivateurs. Je vais justement faire des travaux
à l'île d'Orléans, moi. Je vois un bon monsieur...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Lévis...
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): ...vous avez 7
minutes. Alors, la commission de l'aménagement et des équipements
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)