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(Onze heures cinquante quatre minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements déclare sa séance
ouverte. Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 46, Loi modifiant la
Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec. M.
le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par Mme Dupuis (Verchères) et M.
Thérien (Rousseau) est remplacé par M. André Beaudin
(Gaspé).
Motion proposant d'entendre le Club automobile du
Québec
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. Alors, au moment de l'ajournement des travaux hier, nous
étions au débat sur la motion proposée par le
député de Dubuc. «Il est proposé qu'en vertu de
l'article 244 de nos règles de procédure la commission permanente
de l'aménagement et des équipements tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 46, Loi modifiant la
Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec,
des consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le Club automobile du
Québec, 444 rue Bouvier, Québec.» La parole était
à M. le député de Lévis. Il lui reste quatre
minutes.
M. Jean Garon (suite)
M. Garon: Alors, Mme la Présidente, je constate que vous
avez une bonne mémoire parce que, quand j'ai commencé à
parler hier, on m'a dit qu'il restait six minutes. Dix minutes moins six,
quatre. Il me reste quatre minutes, c'est exact. On a rendu une bonne
décision.
Et je peux vous dire ce matin... J'avais indiqué hier au
ministre: La nuit porte conseil, on dit. La nuit porte conseil et, souvent, au
cours de la nuit les gens se rendent compte que, pour mieux faire la
journée du lendemain, leur esprit, leur subconscient leur dicte ou leur
imprime des messages. Je me disais: Peut-être que le ministre, à
ce moment-là, va comprendre qu'on va sauver du temps en acceptant de
recevoir un certain nombre d'intervenants, dont le Club automobile.
Plutôt que de faire des grandes discussions pour essayer de convaincre le
ministre sur un tel, un tel, un tel organisme, s'il acceptait de voir un
certain nombre d'organismes, à ce moment-là, on pourrait les
voir. Et, le temps qu'on prend pour convaincre le ministre de . les voir, on
pourrait prendre ce temps-là pour les consulter concernant le projet de
loi et, à ce moment-là, le ministre aurait le sentiment, au
moins, qu'on a accompli quelque chose. Parce qu'il nous dit: Bien, là,
vous essayez de faire perdre du temps. On ne veut pas vous faire perdre du
temps. On voudrait entendre ces organismes-là. Alors, si on les
entendait par rapport au projet de loi...
Si le ministre a confiance en son projet de loi, comme la plupart des
organismes qu'on a mentionnés jusqu'à date... Vous savez, le Club
automobile, moi, je suis allé à l'assemblée annuelle et
j'avais l'impression que c'était un comité du Parti
libéral tellement il y avait de gens connus du Parti libéral qui
étaient sur le bureau de direction. Je comprends qu'ils n'ont jamais
pris de poursuite contre le gouvernement dans cette affaire-là parce
que... Je pourrais vous mentionner - un jour je le ferai - les noms des membres
du conseil d'administration. Vous allez voir qu'il n'y avait pas beaucoup de
gens qui étaient des ennemis du gouvernement là-dedans. Alors,
quand je vous dis d'appeler le Club automobile pour leur demander qu'est-ce
qu'ils pensent du projet de loi, qu'est-ce qu'ils pensent du fait que le
ministre veut prendre 275 000 000 $ dans la caisse, ce ne sont pas des ennemis
du gouvernement qui seraient appelés devant la commission. Au fond, la
plupart de ces gens-là, c'est des gens qu'il rencontre à son
congrès, au congrès du Parti libéral. Alors, il me semble
qu'il ne devrait pas être méfiant.
Mais, là, depuis ce qui est arrivé au dernier
congrès avec Mario Dumont, j'ai l'impression qu'il n'y a plus grand
monde qui n'est pas dangereux dans lé Parti libéral et, a ce
moment-là, ils ne veulent plus entendre même ceux qui sont leurs
bons amis. J'avais demandé le conseil d'administration de la
Société de l'assurance automobile du Québec. C'est tous
des gens nommés par le gouvernement libéral. Il y a même
des anciens députés, d'anciens sous-ministres, même, du
ministre, qui en font partie. Et il avait peur. Eh bien, je vais vous dire une
chose: À ce moment-là, on n'est plus dans le domaine de la
confiance; on est dans le domaine de l'inquisition. Et, quand un gouvernement
commence à avoir peur de ses propres amis, c'est parce qu'il sait...
Vous savez, c'est le vieux principe un peu de Laborit qui, écoutant sa
conscience qui ne lui disait rien, s'écria: Courage, fuyons.
Et je pense qu'à ce moment-ci, si le Club automobile venait ici,
il pourrait nous dire qu'est-ce qu'il en pense tout simplement. Et, à ce
moment-là, Mme la Présidente, on aurait un éclairage de
l'association qui représente le plus
grand nombre d'automobilistes au Québec. Je pense qu'il n'y a pas
d'association qui représente autant d'automobilistes que le Club
automobile du Québec, le CM Québec, pour nous donner ses
représentations. D'autant plus qu'il a pris la peine, le Club
automobile, de demander des opinions juridiques concernant le projet de loi
à un bureau d'avocats...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...qui a consulté un professeur
spécialisé...
La Présidente (Mme Bélanger): Les quatre minutes
sont écoulées.
M. Garon: ...en droit administratif. Je pense qu'il ne s'agirait
pas, à ce moment-là, d'une intervention du Club automobile
improvisée; au contraire, c'est une question qu'il a fouillée. Et
je pense que ce serait dans l'intérêt public qu'il soit entendu,
Mme la Présidente. (12 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants
sur cette motion? M. le ministre.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Mme la Présidente, pendant trois ou quatre
heures, j'ai écouté les interventions de mes collègues en
face de moi avec grande attention et patience, parce qu'on m'a dit, et
j'apprécie le fait que vous me «payiez» ce compliment, que
je suis une personne qui est toujours à l'écoute. J'ai
écouté ce que vous aviez à dire hier, espérant voir
quelqu'un que vous étiez pour me suggérer à qui
peut-être je dirais oui. Mais dire qu'on devrait amener le Protecteur du
citoyen, le Vérificateur général, le conseil
d'administration de la Société de l'assurance automobile du
Québec, c'est très difficile de venir commenter sur quelque chose
alors que l'Opposition sait fort bien, vous le savez, qu'il y a des causes
pendantes devant les cours aujourd'hui, qui questionnent justement le geste que
le gouvernement a fait. Je ne suis pas avocat, le député de
Lévis l'est. Je donnerais peut-être la parole, si vous me le
permettez, Mme la Présidente, à M. Claude Gélinas, qui est
du contentieux de la Société de l'assurance automobile du
Québec, pour commenter ou confirmer ce que je viens de dire, que c'est
assez difficile d'amener des gens devant une commission pour discuter de
quelque chose où on est devant les tribunaux. M. Gélinas.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il y a
consentement pour entendre M. Gélinas?
Une voix: Bien oui.
M. Garon: Pour parler sur quoi, sur la motion?
La Présidente (Mme Bélanger): Pas
nécessairement sur la motion, sur l'explication que le ministre vient de
dire par le fait que, sur cette proposition du gouvernement, cette proposition
de projet de loi, il y a un litige devant la cour et M. Gélinas, qui est
du contentieux du ministère, pourrait apporter ses commentaires sur
ça, quant à la nécessité ou à la pertinence
de recevoir des organismes.
M. Garon: Pourquoi?
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, là, je
ne le sais pas, c'est M. Gélinas qui pourrait l'expliquer.
Une voix: Drôle de consentement, mais maintenant ça
dépend d'eux autres.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça prend le
consentement unanime.
M. Garon: Ah, je n'ai pas d'objection à ce que M.
Gélinas dise un mot, mais...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il y a
consentement, M. Gélinas.
M. Gélinas (Claude): Très brièvement, Mme la
Présidente, c'est simplement à titre d'information. Hier, j'ai
mentionné au ministre qu'il y avait déjà une requête
pour autorisation d'exercer un recours collectif qui est présentement
devant la Cour supérieure, et c'est la cause Carol Villeneuve contre le
Procureur général du Québec et la Société de
l'assurance automobile du Québec, dans laquelle la grande partie des
points légaux, juridiques qui ont été soulevés,
entre autres, je pense, si je ne me trompe pas, par le député de
Dubuc, hier soir, la question de taxation indirecte et ainsi de suite,
l'article 23.1 de la Loi sur l'assurance automobile et tout le reste, est
soulevée sous forme d'allégations devant le tribunal. On
mentionne, parmi ces allégations, que l'article de loi pourrait
être ultra vires, que c'est une forme de taxation indirecte, un peu les
mêmes arguments d'ordre légal qui ont été
également soulevés dans les lettres envoyées par le Club
automobile et les opinions juridiques en cause. C'était simplement
à ce titre, en disant que tout ce débat est présentement
devant la Cour supérieure, à l'heure où on se parle, et
que la requête devrait normalement être entendue dans les mois qui
suivent.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M.
Gélinas.
Mme Dupuis: Je voudrais intervenir sur la motion de mon
collègue.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, d'accord. Alors,
Mme la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, Mme la Présidente. Mon collègue
a présenté une motion à l'effet que soit entendu le Club
automobile. Je pense que, tout autant que pour les autres motions qui ont
été déposées, puisque toutes nos demandes ont
été refusées, donc, on allait d'une à l'autre,
forcément. Je pense que je peux affirmer sans me compromettre que, si on
avait pu en entendre un ou deux, peut-être que la liste aurait
été moins longue, mais, devant le refus de la commission et du
ministre, d'entendre tous les noms ou les organismes qu'on proposait, bien,
voilà qu'on demande, en dernier lieu, le Club automobile.
J'ai, d'ailleurs, un article, qui a paru dans Le Soleil,
où le Club automobile, au nom des consommateurs, au nom des
conducteurs d'automobile, conteste le prix de la prime, qu'il trouve encore
trop élevé. Mme la Présidente, ça va tout à
fait dans le sens - et je n'étais pas au courant, je viens de prendre
connaissance de ce document - de mon intervention d'hier qui disait
qu'effectivement on devait d'abord s'assurer, sans jeu de mots, que ce soit les
automobilistes qui bénéficient le plus de cette assurance puisque
ce sont eux qui sont les payeurs dans ce cas-ci.
Le Club automobile, tel que l'article le mentionne, «estime que
les primes d'assurance de la Société de l'assurance automobile du
Québec sont encore trop élevées, même si 90 % des
conducteurs de la province bénéficieront d'une baisse de la prime
d'assurance exigée, lors du renouvellement.» Même devant ce
rabais de 10 $, qui touche 90 %, le Club automobile conteste encore et dit que,
finalement, en bout de ligne, ce sont encore les automobilistes qui vont payer.
La seule chose, c'est que ce ne seront pas tout à fait les mêmes
qui vont payer.
Ici, il y a même une citation du Club, qui dit: «En
dépit du peu qu'il lui reste, les primes d'assurance versées par
les automobilistes québécois, ont permis à la SAAQ
d'amasser des surplus énormes, dit M. Darbelnet. Au lieu de retourner
ces sommes aux conducteurs de la province, soit en bonifiant les
indemnités versées aux victimes de la route ou en baissant ses
primes, la SAAQ aura cédé plus de 2 000 000 000 $ de ses surplus
au fonds consolidé du gouvernement.»
M. Maltais: Excusez-moi, Mme la députée. C'est qui
le journaliste qui a écrit cet article, s'il vous plaît?
Mme Dupuis: Le journaliste? Je ne le sais pas. C'était
l'éditorialiste, probablement. Je ne sais pas. Ce n'est pas
indiqué sur le document qu'on m'a remis.
M. Elkas: Ça date de quand, ça?
Mme Dupuis: Ça date du 2 décembre, mercredi le 2
décembre.
M. Maltais: Et ce n'est signé par personne, l'article?
Mme Dupuis: C'était dans Le Soleil.
M. Maltais: Ah! C'est un scab! Ce n'est pas bon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est la Presse canadienne.
M. Maltais: Bien non! C'est des scabs au Soleil. Ils sont
en grève. Alors, les journalistes qui écrivent dans Le Soleil,
c'est des scabs. C'est des scabs aussi et, en plus, pour le lire, c'est une
péquiste.
Mme Dupuis: Mme la Présidente, est-ce que...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est Mme la
députée de Verchères qui a la parole.
Mme Dupuis: Merci, Mme la Présidente, de bien vouloir me
redonner la parole. Et je ne commenterai même pas les commentaires de mon
collègue d'en face puisqu'il n'avait pas droit de parole. À son
tour, il pourra commenter, s'il veut.
M. Maltais: C'est un scab, le journaliste; il a parlé de
ça à travers son chapeau. C'est un scab.
Mme Dupuis: En plus, Mme la Présidente, ça va dans
le même sens que je le disais. C'est les contribuables qui ont
l'impression qu'ils sont surtaxés. Là, dans le cas précis
de l'assurance automobile, c'est les payeurs, c'est les assurés qui
trouvent que leur prime est encore trop haute devant les fonds accumulés
et qui aimeraient avoir un rabais de leur prime. Ça, c'est une
facette.
L'autre facette, comme j'ai eu l'occasion de le mentionner à
cette commission, ce sont les victimes d'accident, les accidentés qui,
eux, dans plusieurs cas, n'ont pas justice ou, du moins, en ont l'impression;
parce que la justice, c'est une chose, mais il faut qu'il y ait apparence de
justice aussi. Et ça, M. le ministre est très au courant qu'il
faut qu'il y ait justice, mais apparence de justice si on veut vraiment que les
citoyens se sentent à l'aise, finalement, dans une société
démocratique comme elle se doit de l'être ici.
Devant ces faits, bien sûr que je maintiens que notre demande est
tout autant pertinente
que les autres et j'espère que le ministre - il nous reste encore
quelques heures à la commission - accédera à cette
demande, puisque je pense que ce serait facile de les faire venir ici.
M. Garon: Ils sont à Québec.
Mme Dupuis: Bon, ce sont des gens de Québec. Un coup de
téléphone et ils pourraient venir s'exprimer. Peut-être
que, en les entendant, nous trouverions que ce n'est pas fondé.
Peut-être qu'ils ont des chiffres à donner aussi. Même si ce
n'était que pour faire taire les critiques et pour que soit
exercée vraiment la démocratie, qu'on puisse les entendre. Mme la
Présidente, peut-être que le ministre n'acceptera pas, bien
sûr!
Mais, si je reviens au projet de loi 46, ce que je dénonce aussi
dans ce projet de loi, c'est le manque de transparence. On dit qu'on va
chercher 275 000 000 $, mais on ne dit pas où ils vont. Il y a
peut-être ça aussi.
Une voix: Dans le fonds consolidé. (12 h 10)
Mme Dupuis: Oui, mais dans le fonds consolidé, alors que,
s'il y avait quelque chose dans cet article qui, au moins, indiquait aux
automobilistes qu'ils vont, sous une forme ou une autre, en
bénéficier, que ce soit dans l'amélioration du
réseau routier, même si je ne suis pas d'accord avec ça
qu'on l'enlève pour le mettre ailleurs avant que les accidentés
aient une pleine compensation et ne soient pas pénalisés, avant
que les primes soient baissées suffisamment pour que ceux qui paient des
primes aient le sentiment d'avoir justice... En dernier lieu, qu'on verse des
surplus ou qu'on verse un montant, mais, au moins, qu'on indique... qu'il y ait
un rapport. Mais, là, on marque seulement: dans le fonds
consolidé du revenu, sans aucune indication. Ça veut dire qu'on
peut l'envoyer, par exemple, je ne sais pas, moi, à n'importe quel
organisme qui n'a rien, rien à voir avec l'automobile, d'une
façon ou d'une autre.
Là, il va aller dans le fonds consolidé, mais à
quoi? C'est un manque de transparence et, souvent, ça vient de
là, du manque d'information ou du manque de transparence; c'est ce qui
fait que les gens se révoltent, que les gens ne sont pas satisfaits: le
manque de communication, le manque d'information, le manque de transparence.
Quand on sait qu'on a eu le rapport Bernard, quand on sait qu'il y a le rapport
du Vérificateur général, qui a pratiquement trois quarts
de pouce d'épais, pour parler de l'importance que le gouvernement
devrait accorder a la transparence. Le rapport Bernard avait pour titre
«L'efficacité dans la transparence». Donc, c'est
relié un peu, et pas qu'un peu. Il y a des liens entre ce rapport et
l'attitude que devrait adopter le gouvernement dans sa manière de faire,
au niveau des projets de loi, pour informer la population, et ce, de
façon claire et précise.
J'espère, Mme la Présidente, que le ministre
accédera...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
Mme Dupuis: ...en conclusion, à cette demande d'entendre
le Club automobile. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Verchères. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Oui, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Je suis sûr que
j'ai manqué à la commission, étant pris dans d'autres
dossiers qui demandent certainement quelque attention, puisqu'il y a des lois
importantes qui seront passées aujourd'hui, pour lesquelles je serai
obligé de participer à des débats. Seulement, ça
n'empêche pas, ce manque de disponibilité, d'être ici parce
que, moi, je trouve qu'on est vraiment dans le coeur du problème avec
lequel on est confronté, problème d'un manque de transparence du
gouvernement qu'on a en face de nous.
Le but qu'on a depuis le début, c'est d'essayer de dire et
surtout de faire comprendre au ministre que les attitudes et les
décisions qu'il a prises, on ne peut pas faire ça seulement avec
des décisions d'autorité. Dans l'administration publique, comme
partout ailleurs, on a besoin d'avoir des collaborateurs et un partenariat.
Actuellement, on met tout de côté; on décide
unilatéralement que, nous, on a été élus et on
décide que tout appartient à un gouvernement; c'est comme un gros
magasin, il s'agit de se servir. C'est ça, le problème
fondamental. On va dans les tablettes et on dit: Nous autres, il y a quelques
piastres dans ce coin-là, on les tire. On est un peu comme des marchands
du temple. On est prêt à faire n'importe quoi pour aller courir
après les montants d'argent, en disant: Ce qui n'est pas vu, ce qui
n'est pas su, il n'y a pas de problème, personne ne peut en souffrir.
Mais, c'est l'argent des contribuables, dont on s'apprête à
disposer, puis cet argent a été donné pour d'autres fins
que celles auxquelles on veut le faire servir. Ça, ça me semble
un problème fondamental du gouvernement qu'on a devant nous.
J'ai été habitué, moi, depuis toujours - et
ça a commencé jeune, ça - quand je demandais de l'argent
à mon père, je disais: Je veux avoir de l'argent, c'est pour
telle chose. Mon père me
donnait de l'argent pour cette chose-là et, si je faisais autre
chose, ce n'était pas correct et il avait des moyens de me le dire. Une
bonne tape sur les fesses. Le gouvernement manque de tapes sur les fesses un
peu. Il faudrait les élever un peu mieux. C'est important, ça,
dans la société, que les gens fassent leur travail, le fassent
correctement. Le gouvernement actuel, devant nous, il demande de l'argent et il
détourne la fin pour laquelle il l'a demandé. Il est tout surpris
que l'Opposition qui est le gardien... Dans le fond, c'est le gouvernement qui
devrait être le gardien des biens publics. Là, c'est l'Opposition
qui prend la place du gouvernement, puis qui protège les biens publics.
Moi, je veux bien que l'Opposition joue un rôle, mais on lui en demande
beaucoup plus qu'à une Opposition normale, parce qu'on ne fournit
pas.
Le ministre nous disait hier: Vous savez, j'aurais d'autres choses
à faire qu'être en commission parlementaire. Il n'y a rien de plus
fatigant pour un ministre que de répondre de ses actes. On va lui faire
payer le prix, on va le faire répondre de ses actes. On va le tenir ici,
parce qu'il est moins dommageable pour la société quand il est
avec nous autres que quand il est ailleurs. Il peut concocter n'Importe quel
projet quand il n'est pas ici avec nous. Quand il est ailleurs, c'est un homme
dangereux. Il vit dans la dangerosité. Il faut le surveiller. Donc,
nous, l'Opposition, on va lui rendre service, on va rendre service aux
contribuables: on va le tenir avec nous le plus longtemps possible. On va lui
mettre la main dessus. Il ne sera pas recherché, on sait où il
est, ceux qui cherchent le ministre des Transports: à la commission de
l'aménagement et des équipements où on va lui demander de
répondre de ses actes. Et on va essayer à ce que d'autres lui
demandent aussi des comptes.
Une voix: Où est le ministre?
M. Dufour: Oui. On lui a déjà demandé
où il était, mais là on sait où il est; il est avec
nous, on va le garder là. Et, quand on demande et qu'il y a d'autres
personnes que nous qui s'associent et demandent les mêmes comptes que
nous vis-à-vis l'administration gouvernementale, je pense que c'est
important. Il s'agit d'une société d'État. Une
société d'État, c'est une société tout de
même qui a été mise sur pied par le gouvernement, pas pour
être sa chose, mais pour administrer d'une façon plus efficace et
meilleure. L'efficacité, elle l'a peut-être prouvée, elle a
ramassé de l'argent. Ça, c'est la Société de
l'assurance automobile.
Mais, parallèlement à tout ça, il y a d'autres
organismes qui vivent, qui fonctionnent. Le Club automobile est un de ces
organismes. Ça, c'est un organisme public. C'est un organisme public et
lui est obligé de rendre des comptes non pas à un gouvernement,
mais à l'ensemble de ses membres. Donc, il est beaucoup plus
parcimonieux, beaucoup plus, je ne dirais pas efficace, parce que je pense que
la Société de l'assurance automobile, on n'a pas mis trop, trop
en doute jusqu'à maintenant son efficacité. On aimerait, par
exemple, pouvoir en discuter en long et en large, aller voir un petit peu plus
profondément de quoi ça retourne. Le ministre, là comme
ailleurs, se contente de dire non, réponse qui, à mon point de
vue, est loin de satisfaire et l'Opposition et le sens de la bonne
administration.
On sait qu'est-ce que ça fait, un ministre. Je sais qu'à
la Société de l'assurance automobile, il n'est pas toujours
là. Il se manoeuvre beaucoup d'argent dans ce coin-là. Je ne suis
pas convaincu que le ministre sait tout ce qui se passe dans ça. Vous
savez, des grands rapports, on peut les faire et ne pas en discuter. C'est
comme un bilan financier d'une compagnie, ça dit tout et ça ne
dit rien. On dit des choses, mais toutes les actions qui sont prises à
l'intérieur ne sont pas nécessairement connues et
ratissées point par point. Il y aurait peut-être beaucoup de
questionnement à faire par rapport à ça, ce que le
ministre nous a refusé.
Et là on est rendu au Club automobile. Ce gouvernement-là,
qui est pour l'entreprise privée et qui est pour les initiatives de tout
le monde, il devrait être à l'écoute beaucoup plus encore
de sa propre société. Le gouvernement seul, il ne peut pas faire
grand-chose. Il a besoin de partenaires. Ses partenaires lui disent
carrément: II y a des choses de pas correctes dans ce que vous vous
apprêtez à faire. Est-ce que vous pourriez avoir une lueur,
là, de raisonnement, de sérieux pour répondre: Oui on n'a
pas peur de vous rencontrer et on est prêts à le faire, on est
prêts à échanger là-dessus? Peut-être que le
Club automobile pourrait nous donner certaines informations concernant la
disposition des surplus de l'assurance automobile. C'est important, ça,
parce qu'il pourrait nous trouver d'autres façons beaucoup plus
efficaces.
Le ministre a beau se vanter qu'il a diminué le nombre
d'accidents, je comprends, le monde n'a plus...
Une voix: C'est vrai.
M. Dufour: Non, non, et je vais expliquer pourquoi, et le
ministre je pense que là il n'a pas compris, il n'a pas compris.
Pourquoi, pour le gouvernement, il y a moins d'accidents? C'est parce que le
monde roule moins.
Une voix: Ah, ah, ah!
M. Dufour: II y a moins de monde sur les routes, au prix de
l'essence... Attendez...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dufour: Au prix de l'essence, au prix de l'immatriculation,
à tous les prix.
Une voix: Tu me désappointes, toi un ancien maire, un
ancien collègue à nous.
M. Garon: La demande de gaz baisse au Québec. (12 h
20)
M. Dufour: On roule moins sur nos routes, donc, il y a moins
d'accidents. C'est vrai, il y a moins d'accidents, c'est vraiment une raison.
Je serais surpris d'être capable de faire une comparaison correcte,
là, le millage par rapport à... l'essence par rapport à...
on aurait certainement une relation directe. S'il y a moins de monde sur les
routes, il faut s'attendre qu'il y ait moins d'accidents; il y a moins de
risques d'accidents. Donc, le ministre, il peut peut-être se vanter
d'avoir fait bien des choses, mais il est comme pas mal de monde, il n'est pas
parfait. Nous autres, on voudrait le rendre meilleur, si c'est possible, ou le
rendre seulement bon, ça serait déjà beaucoup. Et une
façon de le faire, c'est d'amener des gens devant nous, d'être
capables d'échanger avec eux, puis de leur demander s'ils n'ont pas des
solutions meilleures que celles qu'on propose.
Vous savez, quand on a juste à aller dans le «cash»
ou dans la caisse, puis poinçonner puis sortir l'argent, c'est
très facile. Ça, c'est la façon la plus facile. La
façon la plus difficile, la plus sérieuse au point de vue de
l'administration, c'est, avant d'aller dans la caisse, de regarder pour voir
s'il n'y a pas d'autres méthodes, d'autres moyens de s'en sortir. Et, le
gouvernement, ça fait toujours bien sept ans qu'il est en place, il
aurait dû en trouver, des solutions. Mais la seule solution qu'on a,
c'est un vide-poches. Ce n'est pas une tirelire, le gouvernement; c'est un
vide-poches, c'est le contraire. C'est un siphon. Donc, quand il refuse de
rencontrer des gens qui pourraient être des partenaires, puis qui
pourraient nous donner des solutions, quand le gouvernement répond non,
je vous dis, je suis déçu, je suis malheureux de ça, puis
je trouve que, le ministre, il est sur la mauvaise voie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je vous en prie.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je ferai
une petite motion vis-à-vis de mes collègues pour qu'on pardonne
l'intervention de Francis parce qu'il est beaucoup plus étoffé
habituellement. Mais on comprend qu'il traîne deux dossiers en même
temps, c'est beaucoup plus de travail. Surtout lorsqu'il comparait le
gouvernement à un magasin, ça me rappelait des souvenirs. Je ne
pense pas qu'on doit comparer le gouvernement à un gros magasin,
à Eaton, par exemple, où l'on doit payer avant de partir, quelque
chose comme ça. Alors, il y en a qui n'ont pas fait faillite parce
qu'ils avaient les reins solides. Il y en a qui avaient pris de mauvaises
habitudes quand ils allaient magasiner là.
Mais, tout simplement, pour dire qu'au fond on demande d'entendre le
Club automobile. Le Club automobile, c'est un club qui appartient à ses
membres, je pense que tout le monde est d'accord là-dessus. Il y a
plusieurs membres autour de la table. Moi, comme membre du Club automobile, je
ne suis pas intéressé à les entendre pantoute parce que la
requête que j'ai faite vis-à-vis d'eux autres, c'est de baisser
leurs cotisations pour le service qu'ils nous donnent. Alors, j'ai fait une
requête au Club automobile et puis, si je suis entendu au Club automobile
et si on baisse ma cotisation, peut-être qu'un jour je serai
intéressé à les entendre. Avant de se mêler des
affaires des autres, qu'ils commencent donc par regarder les leurs. Ça,
c'est l'article 1. Que ce soit des libéraux, des péquistes, des
unionistes, des conservateurs, tout ce que tu voudras, lorsqu'on vend des
services, on essaie de les vendre à des meilleurs coûts possible,
puis à venir à date ils n'ont pas prouvé, pour les
services qu'ils donnaient, qu'ils avaient les meilleurs coûts possible.
Parce que la majorité des garagistes, au Québec, sont
affiliés au Club automobile, c'est devenu presque une obligation pour
les automobilistes d'en faire partie, parce que, sans ça, on ne
bénéficie pas de privilèges comme les autres
automobilistes. Alors, pour bénéficier des privilèges, il
faut que ce soit donné à un prix raisonnable. Là, ce n'est
plus des privilèges, c'est un prix standard pour tout le monde. Et,
avant d'aller se mêler des affaires du gouvernement, qu'ils commencent
par regarder les leurs.
Tout simplement, aussi, pour rajouter, Mme la Présidente,
très rapidement, que le projet de loi qu'on a là, il
découle du budget et je rappellerai à la députée de
Verchères que ce n'est pas une surprise, ça a été
annoncé au mois d'avril l'an passé. Ce projet de loi là
est donc conséquent au budget annoncé par le ministre des
Finances et je ne vois pas tout l'étonnement qu'on a aujourd'hui puisque
l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec est au courant
depuis le mois d'avril 1992. Alors, là-dessus, on aura beau
présenter toutes les motions pour retarder les débats - et vous
avez exprimé clairement votre opinion, tout à l'heure, par le
député de Jonquière - le seul objectif, c'est de tous nous
garder ici. Moi, ça ne me fait rien, on est très bien assis, les
sièges sont confortables. Je n'ai rien contre ça, sauf qu'on
manque une
très belle occasion de faire avancer des travaux dans d'autres
domaines. Il y a la loi importante sur la refonte en environnement, rapport
unanime qui est issu de cette commission, qui attend pour venir ici en
commission parlementaire.
Et je pense, Mme la Présidente, que les parlementaires qui
retardent indûment, indûment, indûment cette commission
auront à répondre devant les groupes écologistes, auront
à répondre devant la population sur la question environnementale,
parce que, pour une fois, eux qui passent leur temps à chialer contre le
gouvernement, c'est une loi qui est issue de l'ensemble des parlementaires de
cette commission, unanime, et qui est traduite par un projet de loi qui
pourrait être déposé à cette commission. Et, parce
qu'on se traîne les pieds depuis 24 heures ici, peut-être qu'on
risquera de reléguer la question environnementale après la
session des fêtes, parce que ces gens-là auront manqué
à leur responsabilité première qui est de protéger
l'environnement pour les années futures de nos enfants. Voilà,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix: Oui, le député de Shefford.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Bien, oui, avec plaisir, Mme la
Présidente.
M. Maltais: II frétille d'envie.
M. Paré: Ça va me permettre de répondre un
peu à ce que je viens d'entendre de mon collègue de Saguenay, qui
parle d'un projet de loi qu'on serait en train de bloquer, qui n'est pas encore
déposé ou qui l'a été ce matin seulement,
concernant l'environnement. Alors, il ne faudrait pas qu'on insinue qu'on
bloque des choses qu'on n'a même pas commencé à
discuter.
M. Maltais: Bien, s'il n'est pas déposé, il devrait
l'être à ce jour.
M. Paré: Tu sais, à un moment donné,
là, il ne faudrait pas, non plus, leurrer les gens et commencer à
envoyer des choses qui n'ont aucun bon sens. Qu'on soit ici, qu'on veuille
faire correctement notre boulot, notre fonction d'empêcher des choses
qu'on ne croit pas correct de passer, ce n'est pas négatif, c'est
positif. Ne venez pas nous accuser de bloquer des choses qui ne sont pas
blocables parce qu'elles ne sont pas déposées. Alors, si le
gouvernement retarde lui-même les travaux, il ne faudrait pas nous mettre
ça sur le dos. Que les ministres déposent maintenant, en
décembre, des projets de loi, ce n'est pas nous qui avons
décidé du moment du dépôt des projets de loi. Il ne
faudrait jamais oublier ça.
M. Maltais: Ne parle pas de ça. Comme tu n'es pas au
courant du système, là, ne parie pas de ça, tu te mets
dans l'erreur; tu serais mieux de consulter là-dessus.
M. Paré: Bon. Non, non. Je m'excuse, là, s'il y a
un système... Je m'excuse, c'est moi qui ai la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est M. le
député de Shefford qui a la parole.
M. Paré: C'est moi qui ai la parole et puis, tant
qu'à vous entendre, je pense que le silence serait encore mieux. Mais
que je ne connaisse pas le système, je dois dire que je le connais
probablement plus que certains ministres. Ça fait quand même
près de 12 ans que je suis ici et c'est clair et net dans le nouveau
règlement, qui est très connu et, s'il ne l'est pas, il est
disponible, vous pouvez le lire, il est dit les dates où on doit
siéger et les dates où on doit déposer les projets de loi
si on veut être en mesure de les voter. Alors, il faudrait arrêter,
à un moment donné, là, de mettre sur le dos de
l'Opposition que des lois ne sont pas passées ou que des lois sont
refusées. Il faut d'abord les déposer, il faut d'abord les
déposer dans le temps qui est prescrit, et, si le gouvernement a
décidé de se payer un mois de congé après le
référendum, ce n'est pas la décision de l'Opposition,
c'est la décision du gouvernement. Parce que, le
référendum, c'était le 26 octobre et la session a
commencé le 24 novembre.
Une voix: Ils étaient fatigués.
M. Paré: Alors, normalement, on aurait dû
siéger dans cette période-là. Ça aurait permis au
gouvernement d'avoir plus de temps et de déposer ses lois avant le 15
novembre, tel que le règlement le prescrit. Alors, si vous amenez des
lois maintenant et qu'elles ne sont pas votées, ce n'est pas parce que
vous allez mettre des pressions qu'on va voter des lois alors qu'on pense
qu'elles vont contre l'intérêt des citoyens. Au contraire, on va
utiliser ce règlement pour les bloquer, les lois dont on pense qu'elles
ne sont pas correctes. C'est notre rôle et c'est notre devoir de faire en
sorte que les choses qui sont négatives soient bloquées. Si le
règlement nous donne ce pouvoir, on va l'utiliser et, si le congé
que le gouvernement a décidé de se donner nous donne du pouvoir
en plus, bien, on va l'utiliser.
Moi, je serais d'accord à ce qu'on entende le Club automobile du
Québec parce que eux
autres représentent, effectivement, le payeur, l'utilisateur.
L'automobiliste, eux autres, ils savent exactement ce qu'il demande dans bien
des cas, puisqu'il y a des gens, comme disait mon collègue avant moi,
qui sont là à temps plein, qui sont payés à temps
plein pour essayer de trouver des avantages pour les automobilistes. Moi, je
suis membre depuis des années, j'ai toujours eu un très bon
service et, ayant écouté mon collègue avant moi porter un
jugement aussi dur sur une association qui n'est pas gouvernementale, je vais
dire: On devrait les entendre. Là, maintenant, non seulement ce serait
une bonne idée, je vais vous dire, on en aurait le devoir. Parce que,
quand on porte des jugements sur des gens qui ne sont pas ici pour se
défendre et qu'on se permet des jugements gratuits, je pense qu'il
serait tout à fait honnête, pas seulement correct, de leur
permettre de venir se défendre, de venir donner leur point de vue non
seulement sur la loi qui est déposée et sur tout ce qu'on est en
train de faire aux automobilistes par toutes les augmentations que je vous
disais; ils auraient l'occasion de venir, pas faire de la publicité,
expliquer le rôle qu'ils jouent et se défendre par rapport aux
attaques qu'on a portées contre eux. Je trouve que ce serait un minimum,
ce serait la décence même de leur permettre de venir nous dire que
le projet de loi n'est pas bon comme tel, oui, et, en même temps, ce
qu'ils véhiculent et ce qu'ils défendent au nom des
automobilistes qu'ils représentent, de venir nous expliquer les services
qu'ils rendent à la population et de venir répondre aux attaques
qu'on vient de leur infliger et que, moi, je trouve indécentes. (12 h
30)
On n'est pas ici, quand on parle d'un projet de loi, pour juger des gens
qui, eux autres, sont en train de faire leur boulot sans savoir qu'on est en
train de parler d'eux autres. Il ne faut pas se le cacher, là. Ce n'est
pas parce que, ici, c'est enregistré que tout le monde sait tout ce
qu'on dit, même si, par exemple, c'est public et que tout le monde
pourrait en être informé. Mais, on n'a pas le droit, moi, je
pense, de proposer d'inviter quelqu'un et d'en profiter pour l'attaquer. Il
faut, au contraire, décider si, oui ou non, on veut les entendre et,
surtout si on décide de ne pas les recevoir et de voter contre leur
participation, à tout le moins, se contenter de voter contre la
proposition. Je continue à maintenir sérieusement qu'on devrait
les écouter. Même si ça a pris un certain temps à
savoir quel club on voulait recevoir et à trouver l'adresse, c'est plus
sérieux que ça. C'est plus sérieux que ça parce
que, très souvent...
M. Maltais: On n'est pas au monastère, ici. Il y a 120
personnes autour de nous.
M. Paré: Ah non, mais on est dans un Parlement, on est
dans une commission parlemen- taire et le respect, ça devrait
exister.
M. Maltais: Bon, bien, respecte tout le monde.
M. Paré: Bien, le respect, moi, je vous ai
écouté sans rien dire. Même si j'avais le goût de
dire des choses, j'ai attendu mon droit de parole. La politesse, ça
existe, M. le député de Saguenay, même si ça ne
paraît pas souvent dans votre cas.
Alors, moi, je continue à exiger que l'on vote en faveur de cette
audition qu'on veut pour le Club automobile du Québec. On parie
très souvent, on parie tout le temps des gens de l'extérieur, du
bien de la population, mais on se parie entre nous. On aurait l'occasion,
maintenant, d'entendre des gens qui, j'en suis sûr, seraient très
heureux de venir participer, de venir faire valoir leurs points de vue. Ce
n'est pas des gens qui sont très loin, ils sont au 444 rue Bouvier, ici
même à Québec. Ça veut dire qu'on pourrait les avoir
très rapidement et je suis convaincu que ces gens accepteraient
rapidement, même si on ne leur donnait pas beaucoup de temps de
préparation, de venir se faire entendre et donner leur point de vue. Et
on serait peut-être surpris parce que, très souvent, les bonnes
suggestions - si vous faites un peu de bureau de comté, vous allez vous
en rendre compte - pour régler des problèmes importants nous
viennent des gens qui nous regardent aller.
Quand je regarde les plans de relance, qui sont lancés autant par
Québec que par Ottawa, je vais vous dire que je fais bien plus confiance
aux gens de la rue pour trouver des solutions à la crise actuelle. Parce
que l'imagination est bien plus en dehors qu'en dedans, au moment où on
se parie. Alors, il ne faudrait pas avoir peur d'écouter les gens,
d'écouter leurs suggestions, parce qu'ils la vivent, la crise, ils les
vivent, les situations, et ils les vivent, les augmentations qu'on leur impose.
Il faudrait peut-être voir s'ils n'ont pas des suggestions moins
coûteuses, plus avantageuses et qui nous permettraient peut-être
d'avoir les mêmes résultats, mais de façon
différente.
Alors, on est à l'écoute, aussi, il ne faut pas oublier
ça. On est des députés élus et, habituellement,
c'est pour quatre ans, maximum cinq ans et, ensuite de ça, on doit
rendre des comptes. Il n'y a rien qui nous empêche, entretemps, aussi,
non seulement de parler, parce qu'on parle beaucoup ici, d'écouter et
pas écouter seulement quand on est à l'extérieur,
écouter ici. Les commissions parlementaires sont d'ailleurs faites pour
ça. La preuve, c'est que la motion qu'on dépose, elle est
recevable. Si elle est recevable, c'est parce qu'on a le pouvoir, si on le
décide comme législateurs, d'entendre des gens de
l'extérieur en tout temps sur des choses précises. Donc, le
règlement nous permet de
pouvoir entendre des gens de l'extérieur nous donner leur point
de vue sur un projet de loi qui est déposé.
Le projet de loi qui est déposé au moment où on se
parle, celui qui nous retient ici, en commission, c'est le projet de loi 46.
Donc, on est en train de l'étudier. Ça concerne bien du monde. Si
on n'est pas nombreux à en parler, ça veut dire que c'est tous
les citoyens, par exemple, qui sont détenteurs d'un permis de conduire,
qui vont absorber, d'une façon ou d'une autre, dans le temps, les 275
000 000 $ de taxes indirectes que le gouvernement est en train de percevoir.
Alors, les gens ont le droit de se faire entendre. Même si on dit que
c'est bien plus une loi fiscale qu'une loi de transport, comme ce n'est pas le
ministre des Finances qui est ici, mais le ministre des Transports et comme
l'argent va être pris dans un organisme relevant du ministère des
Transports, ce serait normal-La Présidente (Mme Bélanger):
En conclusion, M. le député de Shefford.
M. Paré: ...qu'on entende les représentants du Club
automobile du Québec, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
cette motion?
M. Elkas: Mme la Présidente, pour une information, je ne
sais pas si les gens pourraient m'indiquer combien de membres on retrouve dans
le CAA, le Club automobile du Québec.
M. Garon: Je ne suis pas certain, mais je pense que c'est 250
000.
M. Elkas: Ils représentent les automobilistes, ces
gens-là?
M. Paré: J'aurais une très bonne suggestion
à faire au ministre. Pour avoir une réponse précise
à cette question, il faudrait que le membre du Club automobile du
Québec soit ici.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Elkas: si c'est environ 250 000 par rapport à 4 000
000, vous ne pouvez pas me dire que ces gens-là représentent les
automobilistes du québec. je m'excuse, là.
M. Garon: Quand vous pensez que le Parti libéral a
à peu près 125 000 membres!
M. Elkas: Excusez-moi, mais, quand vous me dites ça, moi,
je me dis: Est-ce qu'ils ont des élections, ces gens-là?
Une voix: Oui.
M. Elkas: Vous me dites qu'ils représentent vraiment... Et
même les 250 000, ils paient une cotisation. Il faut au moins
nécessairement qu'ils les représentent dans leurs
pensées.
M. Paré: J'aimerais juste ajouter quelque chose
là-dessus...
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que le
débat sort du sujet, là.
M. Paré: ...sur la crédibilité des
organismes. Comment se fait-il qu'on reçoit avec autant d'attention le
Conseil du patronat du Québec qui ne représente pas 250 000
membres?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, de toute
façon, il n'y a pas de réponse à ça.
La motion est mise au vote et le contenu de la motion: «II est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 46, Loi modifiant la Loi sur la
Société de l'assurance automobile du Québec, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende le Club automobile du
Québec».
M. Garon: Vote enregistré.
Mise aux voix
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, est-ce que vous voulez appeler le vote?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Alors, M.
Morin (Dubuc)?
M. Morin: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dupuis (Verchères)?
Mme Dupuis: Pour.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Elkas: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Saint-Jean)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): abstention. pour: 4
contre: 6 abstentions: 1
M. Maltais: En alternance, comme je le disais tantôt, j'ai
quelque chose à dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: J'ai une motion à présenter.
Une voix: Le dernier qui a parlé, c'est le ministre.
M. Maltais: Non, non, il n'a pas parlé, vous ne lui avez
pas donné la parole.
M. Garon: Oui, oui, le ministre a parlé en dernier.
M. Maltais: C'est à moi la parole. J'ai une motion, c'est
clair.
M. Garon: Le dernier, c'est le ministre qui a parlé, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, mais là
c'était une information.
M. Garon: Non, non, mais il a parlé. Oui, mais il a
parlé pareil.
M. Maltais: Non, non, le dernier qui a parlé, c'est lui.
C'est lui qui a parlé le dernier.
M. Garon: C'est le ministre qui a parlé le dernier.
M. Maltais: Non, non, tu te trompes, Jean, c'est lui, là.
Il n'avait pas le droit de parler, mais il a parlé pareil.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est le
député de Shefford qui a posé la question. M. Maltais:
C'est lui qui a parlé.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est le
député de Shefford qui est arrivé avec la question. Il
demandait au ministre comment le Conseil du patronat pouvait être
représentatif de la population. Alors, j'ai dit au député
de Shefford qu'il n'y avait pas de réponse là-dessus.
M. Garon: II a posé une question. Il lui a demandé
de parler sur la représentativité du Club automobile.
M. Elkas: J'ai demandé la question au député
qui m'a répondu.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est une question
d'information que vous avez demandée parce que le ministre n'avait pas
la parole sur la motion parce qu'il avait pris deux minutes au
début.
Alors, M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est quoi, c'est une
question de règlement ou quoi?
M. Maltais: C'est une motion que j'ai à
présenter.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bon! Pouvez-vous
lire votre motion?
M. Maltais: Certainement, madame, j'attendais votre permission.
«Que la commission de l'aménagement et des équipements
passe immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des suivants du projet de loi 46, Loi modifiant la Loi sur la
Société de l'assurance automobile du Québec.»
Je vous en remets une copie bien «typée», bien neuve,
bien fraîche. Je vais aller vous la porter.
M. Garon: Mme la Présidente, nous ne sommes pas encore
à cette étape-là. Nous avons d'autres motions à
présenter. Je pense que le but de la motion du député,
c'est d'empêcher qu'on présente des motions pour faire entendre
des intervenants. Vous avez rendu une décision hier et, depuis que vous
avez rendu votre décision, il y a eu une motion. Il n'y en a pas eu plus
que ça. Il y a eu une motion pour entendre le Club automobile. Alors, je
pense que la motion du député n'est pas plus recevable
aujourd'hui, ce matin, après quelques minutes de discussion, qu'elle ne
l'était hier, en fin de journée, puisque nous sommes au
début d'une deuxième séance, la session est ouverte, je
pense, depuis à peu près une demi-heure.
M. Maltais: Mme la Présidente, je pense que j'ai le droit
de plaider sur ma motion. Le député de Lévis l'a fait
contre. C'est son droit, je respecte ce droit. (12 h 40)
M. Garon: Je n'ai pas fini de parler, alors...
M. Maltais: Je m'excuse. Elle m'avait donné la parole. Je
peux te la redonner. Je ne suis pas radin sur la parole.
M. Garon: Non, non, j'ai arrêté.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
donné vos commentaires, M. le député de
Lévis...
M. Garon: Non, non, je n'ai pas fini. J'étais
entrain...
La Présidente (Mme Bélanger): ...sur le fait que
vous trouvez que le débat n'a pas encore assez duré.
M. Garon: Bien, il n'y a pas eu de...
La Présidente (Mme Bélanger): J'accepte vos
commentaires.
M. Garon: C'est parce que, autrement, si on l'acceptait, si vous
l'acceptiez, ça voudrait dire qu'il y a un article de notre
règlement qui ne veut rien dire, au fond, parce qu'il n'y a pas eu un
abus, actuellement. On a demandé d'entendre un certain nombre
d'organismes, des organismes qui sont tous représentatifs. Le ministre,
tantôt, a mis en doute la représentativité du Club
automobile du Québec alors que c'est l'organisme le plus
représentatif. À ce compte-là, le Parti libéral,
qui a à peu près deux fols moins de membres que le Club
automobile au Québec, est encore moins représentatif. Parce que
le Club automobile doit avoir deux fois plus de membres que le Parti
libéral. Alors, on a demandé, actuellement, d'entendre le conseil
d'administration de la Société de l'assurance automobile, le
Protecteur du citoyen, le Vérificateur général, le Club
automobile du Québec. Alors, il ne s'agit pas d'un abus et, comme en
politique le but, c'est de... Autrement, les discours ne donnent rien si on n'a
pas pour objectif de convaincre les interlocuteurs. Alors, pour les convaincre,
il faut avoir la possibilité de les convaincre. Et, à ce
moment-ci, la proposition du député de Saguenay est
prématurée.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Mme la Présidente, je n'ai pas
présenté cette motion-là sans avoir tenu compte, aussi, de
tout ce qui s'est passé depuis hier midi, depuis 24 heures. Compte tenu
que le projet de loi ne contient environ que deux articles et qu'il y a quatre
membres de l'Opposition qui sont membres de la commission, ici, qui ont eu
l'occasion de présenter chacun une motion, à partir de ce
moment-là, je ne pense pas que ce soit un abus continuel, parce qu'ils
peuvent en présenter 10, 20, 30, encore là, ça ne me fait
rien, Mme la Présidente. Sauf que, moi, le droit des parlementaires
n'ayant été brimé d'aucune façon vis-à-vis
les membres de l'Opposition, d'autant plus, lors de l'étude article par
article, tout le monde a un droit de parole bien protégé, je
pense qu'en refusant la motion la présidence cautionnerait d'une
façon ou d'une autre un débat qui, somme toute, ne fait pas
avancer la cause des Québécois et des Québécoises
et cautionnerait en même temps un laisser-aller total de la part de
l'Opposition. Et je ne pense pas que ce sont là les prérogatives
de la présidente. La présidente doit respecter le droit des
parlementaires, mais doit s'assurer aussi qu'il n'y ait pas d'abus dans les
conditions qu'on a vécues depuis 24 heures. Voilà.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Garon: Mme la Présidente, je suis obligé de
dire, aussi que, dans ce que vient de dire le député de Saguenay,
il y a même une partie qui n'est pas exacte. Ce n'est pas tous les
membres de l'Opposition qui ont présenté des motions à
date. La députée de Verchères n'a pas
présenté une motion à date. Elle a parlé sur des
motions présentées par d'autres, elle n'a pas
présenté de motion. C'est pour dire à quel point il n'y a
pas eu beaucoup de motions de présentées à date. Il n'y a
pas eu d'abus, à ce moment-ci, dans la présentation des
motions.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, effectivement,
nous allons terminer nos travaux à 13 heures et je pense qu'on peut
permettre à l'Opposition de présenter une autre motion; je ne
crois pas qu'il y ait eu d'abus à date. Le débat est d'une
séance seulement et un début de deuxième séance.
Alors, la présidente juge qu'on pourrait attendre avant de
présenter la motion du député de Saguenay, qui est quand
même re-cevable dans sa forme. Mais elle est
prématurée.
Motion proposant d'entendre le bâtonnier du
Québec
M. Garon: Mme la Présidente, j'aurais une motion à
présenter qui se lit comme suit: «II est proposé qu'en
vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la commission
permanente de l'aménagement et des équipements tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 46, Loi
modifiant la Loi sur la Société de l'assurance automobile du
Québec, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende le
bâtonnier du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la motion est
recevable. Si vous voulez aller en faire des photocopies, s'il vous
plaît, pour remettre à chacun des députés de cette
commission. Alors, M. le député de Lévis, vous avez 30
minutes.
M. Garon: Alors, Mme la Présidente, on va nous demander
pourquoi le bâtonnier du Québec. C'est...
M. Maltais: Je m'excuse, Mme la Présidente. Je m'excuse,
une question de règlement. Avant d'accorder le droit de parole au
député de Lévis, peut-être que ça serait plus
sage que, nous, on ait la motion. Vous l'avez déclarée recevable
sans que les membres de la commission l'aient. Tout au moins, on aurait pu
l'examiner et parler sur la recevabilité. O.K., vous la recevez, mais
peut-être que, nous, on aurait des choses à dire dessus, si on
avait la motion. Mais, présentement, je ne l'ai pas.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, quand la présidence...
M. Maltais: Vous avez accepté tout à l'heure que
le...
La Présidente (Mme Bélanger): ...annonce la
recevabilité d'une motion, vous n'avez pas à contester la...
M. Maltais: Écoutez...
La Présidente (Mme Bélanger):
...recevabilité alors que la présidence l'a jugée
recevable.
M. Maltais: Mais, tout au moins, on peut plaider sur la
recevabilité, Mme la Présidente. C'est le droit inhérent
des parlementaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous plaidez sur la
recevabilité avant la décision...
M. Maltais: Écoutez, on ne peut pas...
La Présidente (Mme Bélanger): ...de la
présidente, et non pas après la décision.
M. Maltais: J'en invoque, Mme la Présidente... Vous avez
laissé plaider le député de Lévis sur ma motion
tout à l'heure, alors qu'il ne l'avait même pas en main, et
moi...
La Présidente (Mme Bélanger): Je n'avais pas dit si
elle était recevable ou pas.
M. Maltais: Bien oui, mais, mol, je ne peux pas vous dire si elle
est recevable ou non, je ne l'ai pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Le
député...
M. Maltais: Avant que vous vous prononciez, tout au moins, les
membres doivent l'avoir. C'est la règle élémentaire.
Alors, moi, je ne peux pas concevoir dans cette chambre...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, la motion, elle a le même contenu, elle
est rédigée de la même façon, sauf que l'organisme
qui est convoqué est différent, c'est le bâtonnier du
Québec. La motion est recevable et le député...
M. Maltais: On ne l'a pas. Alors, on parle sur une motion qu'on
n'a pas.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de Lévis
peut commencer son débat.
M. Maltais: On ne l'a pas, on ne l'a pas et, moi, Mme la
Présidente, je regrette, mais je ne peux pas accepter qu'il y ait
discussion sur une motion que les parlementaires n'ont pas en main. J'invoque
le règlement là-dessus et vous auriez avantage à regarder
dans votre livre de règlements.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion
écrite, la présidence l'a reçue. La distribution aux
membres se fait pendant le début du débat. Alors, M. le
député de Lévis, vous pouvez commencer votre
débat.
M. Jean Garon
M. Garon: Alors, Mme la Présidente, pourquoi le
bâtonnier du Québec? Essentiellement, d'abord, le bâtonnier
a été saisi du dossier en 1991, je l'ai saisi moi-même du
dossier. Dans la lettre qu'il me faisait parvenir le 16 juillet 1991, il me
disait: «M. le député - en m'écrivant une lettre -
j'ai bien reçu votre lettre datée du 19 juin 1991 et les
documents l'accompagnant, et je vous en remercie. Votre lettre porte
effectivement matière à réflexion. Toutefois, comme il
s'agit d'un dossier complexe, permettez-nous de prendre le temps
nécessaire pour que le Barreau puisse analyser à fond la
portée de ces opinions juridiques. Nous suivons avec
intérêt ce dossier et je vous assure de toute ma
collaboration». Donc, le Barreau a été mis au courant,
ça fait un bon bout de temps.
Deuxièmement, tout à l'heure, le conseiller juridique du
ministre, Me Gélinas, disait qu'il avait certaines questions parce qu'il
y avait une demande de recours collectif actuellement devant la Cour
supérieure. C'est exact, également. À ce moment-là,
il disait: II y a des organismes qui vont devoir être prudents dans leurs
commentaires concernant la loi. Alors, la meilleure façon, c'est
d'Inviter celui qui peut être le plus prudent de tous, le bâtonnier
du Québec, celui
qui, au fond, a comme mandat de protéger le public contre les
avocats. Comprenez-vous, le bâtonnier du Québec, son mandat, dans
sa loi, la loi du Barreau, c'est de protéger le public contre les
avocats, en quelque sorte, parce que c'est lui qui voit à ce que les
avocats pratiquent le droit correctement et qui est même responsable du
comité de discipline pour que les avocats puissent faire les choses
correctement.
Mais, fondamentalement, je vais aller plus loin que ça. Je
faisais allusion hier à un argument, qui est un argument fondamental, et
je pense que, dans ces arguments fondamentaux, les libéraux ont un de...
Non, ce n'est plus un de leurs membres maintenant, mais c'était un de
leurs membres; il a voulu être candidat à un moment donné,
je ne me rappelle pas si c'est dans Charlesbourg ou dans Chauveau, Me
René Dussault, qui est juge, maintenant. Les libéraux, pardon le
gouvernement pourrait le consulter, on a le droit de consulter un juge, de
demander une opinion à un juge. Il y a des procédures pour
ça. (12 h 50)
Me Dussault est un spécialiste du droit administratif. Il a
notamment écrit sur la «Rule of Law» qui est le fondement de
la démocratie dans notre société, la règle de
droit. Qu'est-ce qui fait la distinction entre une société
arbitraire et une société de droit, une société
civilisée et une société de guerre? Au Liban, par exemple,
la règle de droit ne jouait plus, les gens s'entre-tuaient. En France,
dans les guerres de religion, les gens s'entretuaient. Dans certains pays, les
gens s'entretuent. Mais qu'est-ce qui fait la différence entre une
société civilisée et une société qui ne
l'est pas? C'est la règle de droit. C'est que, moi, je peux être,
je ne sais pas, en mauvais termes avec le ministre, je peux être en
mauvais termes avec le ministre. La façon, dans une
société comme la nôtre, de régler nos
différends, ce n'est pas d'utiliser la machette ou le «gun».
Il y a d'autres façons. Ça peut être différentes
façons, mais on est dans une société de droit. Qu'est-ce
qui fait nos rapports humains? C'est le droit, la règle de droit.
Ce qu'on dit, au fond, c'est très important parce que,
actuellement, ce dont il est question, moi, je pense que c'est une des
règles les plus fondamentales. Ce projet de loi là, à mon
avis, heurte une des règles les plus fondamentales de notre
société, le droit pour le gouvernement de faire des choses
au-delà de la loi ou non. Le gouvernement n'a pas plus de droits que les
citoyens. L'Assemblée nationale vote les lois. Souvent, il y a confusion
à cause de notre façon de voir le système parlementaire
britannique, confusion parce que j'entends des fois des gens qui parlent ici et
même des gens, quand ils nous parient, disent, parce qu'on est à
l'Assemblée nationale: Vous autres, au gouvernement. Je regrette, je ne
suis pas dans le gouvernement.
Presque chaque jour, je dis à des citoyens que je ne suis pas
membre du gouvernement, parce que les gens m'appellent, des fois, et disent:
Vous, M. Garon, vous êtes au Parlement, vous êtes dans le
gouvernement. Je ne suis pas dans le gouvernement. Au contraire, mon
rôle, c'est de critiquer le gouvernement. Comme disait le grand
commentateur politique, le grand homme politique Disraeli, «the duty of
the Opposition is to oppose», le devoir de l'Opposition, c'est de
s'opposer. Même, c'est bien plus facile... Il y a des gens dans mon parti
qui me disent: Vous, M. Garon, vous êtes bien plus un homme de pouvoir
qu'un homme d'Opposition, ça vous tanne de faire de l'Opposition, parce
qu'ils disent: Vous étiez tellement heureux quand vous réalisiez
des choses au gouvernement. Bon! Je me dis: Je pense qu'ils exagèrent
quand ils disent ça, mais essentiellement, c'est que je dis...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On n'a pas vu grand-chose.
M. Garon: Je veux dire qu'on se voit moins sol-même que les
autres nous volent. Et j'ai l'habitude de dire que, souvent, dans une
forêt, on voit les arbres, mais on ne voit plus la forêt. Les gens
nous analysent. Ils disent, essentiellement, au fond... Quand je dis ça,
qu'est-ce que je veux dire? Essentiellement, c'est que les gens analysent la
situation et ils regardent le comportement. Notre rôle, c'est de voir ce
qui ne va pas dans un projet de loi, de faire voir ce qui ne va pas. Je
comprends que le gouvernement est pris avec des contraintes. Je comprends
ça. Actuellement, je suis un de ceux qui est sans doute le plus
conscient dans l'Opposition - un de ceux, je ne dis pas que je suis le seul -
des contraintes du gouvernement, des difficultés financières du
gouvernement, des équilibres budgétaires qui doivent être
très difficiles. La situation économique est pourrie, à
mon avis. Le gouvernement fédéral, après avoir eu deux
premiers ministres comme on en a eu, deux zarzais... À mon avis, M.
Trudeau et M. Mulroney, sur le plan de premier ministre, c'est deux zarzais.
Ils ont fourré le Canada... Moi, je ne suis pas un
fédéraliste, mais ils ont fourré le Canada dans le trou
comme c'est pas possible. Quand un système politique a des amis comme
ça, il n'a pas besoin d'ennemis. Comprenez-vous? Quand M. Trudeau est
arrivé premier ministre, la dette du Canada était de 18 000 000
000 $, en 1968, elle était de 18 000 000 000 $. Il a dit: Je vais
m'occuper de ça. Quand il est parti au mois de juin 1984, on
était rendu, si on divise le déficit de l'année en deux,
à 234 000 000 000 $. Mulroney a dit: Vous n'avez rien vu.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Au mois de septembre, elle était rendue à
457 000 000 000 $ et M. Mazankowski qui dit: Je vais donner confiance au monde,
vous
venez de voir sa prédiction, là: dans un an, elle sera de
489 000 000 000 $. Et ça, c'est sans compter les déficits des
fonds de pension parce que ceux qui ont peur pour leur pension à
Québec, ils se trompent, c'est à Ottawa qu'il faut avoir peur. Il
n'y a pas de maudits fonds de pension capitalisés à Ottawa. C'est
tous des systèmes «pay as you go»; tu mets l'argent au fur
et à mesure chaque année. Aujourd'hui, vous êtes rendus
à plus de 35 % des revenus du gouvernement fédéral qui
servent à payer les intérêts de la dette.
Mol, des amis de même, J'ai peur de ça à mort. Quand
quelqu'un est trop dans le besoin dans une société, il est
dangereux parce que, à un moment donné, vous ne savez pas ce
qu'il va faire parce qu'il est trop dans le besoin. C'est pour ça
qu'aujourd'hui les gens aident par des mesures sociales; la
société, en quelque sorte, se protège en faisant ça
un peu. Ce n'est pas seulement de la magnanimité, elle se protège
parce que, quand des gens sont trop dans le besoin, ils peuvent commettre des
excès. Actuellement, je suis conscient de ça qu'on est dans une
période économique épouvantable, que le Canada est un pays
dangereux. Je ne partage pas l'opinion du député de Baldwin, lui
qui pense que le Canada peut nous aider. Moi, le Canada, il me fait penser
à un gars qui nage encore avec quelqu'un qui est certain de se noyer,
puis qui le tire par les pattes pour le tirer dans le fond en même temps
que lui. Ça, c'est le fédéral.
Le fédéral, actuellement, c'est comme deux boulets
attachés après les deux pieds, des boulets encore plus gros
après les deux mains et on essaie de nager avec ça. Puis, il fait
la réforme économique, il dit: Je vais vous aider
économiquement et il dépense 800 000 000 $ pour
l'île-du-Prince-Édouard, comprenez-vous, pour un pont pour 118 000
personnes insulaires qui n'en veulent même pas, de son mautadit pont,
parce qu'elles veulent avoir la paix sur leur île. Alors, on va faire du
développement économique à 800 000 000 $ et, pour nous
autres, ils disent: On va rafistoler le pont Champlain, à
Montréal, où il y a 3 000 000 de population. Avec des caves de
même, tu n'as pas besoin d'ennemis dans un pays.
Alors, je comprends la situation difficile du gouvernement. Ça,
je comprends ça. Je le sais, quand ils disent que c'est difficile, ils
ne le disent même pas autant qu'elle l'est, difficile, la situation. Je
les écoute parler parce que, en même temps, ils ne veulent pas
décourager les membres de leur gouvernement. Ils disent qu'elle est
difficile, mais je sens qu'ils sont sur les «brakes» en même
temps parce qu'elle est encore plus difficile qu'ils le disent. J'ai
été assez longtemps dans le gouvernement, après avoir
vécu une crise en 1981, 1982, 1983, pour savoir ce que ça veut
dire.
En plus, le déficit augmente actuellement, alors que les taux
d'intérêt baissent, alors que, nous autres, le déficit a
augmenté quand les taux d'intérêt étaient rendus
faramineux. On était rendu, au mois de juillet, si vous vous rappelez
1981, à des taux d'intérêt de 20 %. Actuellement, le
gouvernement a eu des taux d'intérêt de 6,5 %. Ils empruntaient
à 6,5 % cette année. Nous autres, en 1981, on empruntait à
16,5 %. Alors, le déficit augmente. On est dans une situation terrible,
avec des gens qui vont vouloir de moins en moins aller en politique parce que
de la satisfaction en politique, dans les prochaines années, à
moins d'être un petit peu masochiste, II n'y en aura pas beaucoup.
Actuellement, quelqu'un qui va être en politique doit essayer de
réaliser l'impossible, dans une situation économique difficile,
avec une conjoncture difficile et avec des problèmes structurels
importants, majeurs.
C'est pour ça que, dans la situation actuelle, le projet de loi
qui est devant nous... Moi, je le dis comme je le pense, ça fait
longtemps que je fais cette bataille parce que je pense que, dans des questions
comme celles-là, il est très important que le gouvernement donne
l'exemple. Je sais que le ministre, là, je n'ai pas d'animo-sité
à son endroit, il est poigne avec une décision du ministre des
Finances qui ne l'a peut-être même pas consulté avant de la
prendre, parce que je sais comment il prépare les budgets, le ministre
des Finances. Des fois, il en parle; des fois, il n'en parle pas. Des fois,
vous en savez des choses; des fois, vous en apprenez dans le discours du
budget, parce qu'il ne consulte pas nécessairement sur tout. Puis, des
fois, il ne peut pas le faire, non plus. Ce n'est pas parce qu'il ne veut pas;
des fois, il n'en parle pas à cause d'un besoin de
confidentialité et tout ça.
Mais, si le gouvernement peut faire ce qu'il fait là, les gens ne
respecteront pas la loi. La règle de base d'une société
démocratique, c'est la règle de droit. La règle de droit,
ça veut dire... Je ne parle pas d'avocasseries, là, puis de
niaisage, de placotage sur de la procédure, puis le diable à
quatre, mais des règles fondamentales. Il y a deux règles
fondamentales là-dedans: les règles de droit et les règles
comptables. Ce n'est pas pour rien, mol, que j'ai écrit aux deux
organismes, c'est parce que je trouve que, souvent, les comptables ne font pas
leur ouvrage. Les vérificateurs, puis la vérification, moi... Il
y a le Time Magazine, des États-Unis - la revue Time, ce
n'est pas une revue de gauche, c'est plutôt une revue conservatrice - qui
disait qu'actuellement il faut se poser des questions sur la
comptabilité parce que ce n'est pas possible qu'il y ait autant de
fraudes, impliquant des centaines de millions, des milliards - ils
référaient à la fraude des Maxwell - sans que les
comptables aient rien vu, à moins que ce soit une gang de caves. On ne
peut pas passer 1 000 000 000 $ sans que le comptable ait rien vu; tu n'as pas
besoin de comptable, à ce
moment-là. Au prix que ça coûte. La
vérification générale, avec des gens qui ne
vérifient rien, moi, je suis un de ceux qui seraient pour l'abolition de
la vérification générale à d'heure, si c'est de
même que ça marche. On fait gaspiller de l'argent aux citoyens
alors que ça ne donne rien. L'argent leur passe en dessous du nez et les
gens ne l'ont pas vu.
Alors, les avocats, eux, leur règle de base, c'est de
protéger la règle de droit. La règle de droit, c'est quoi?
C'est que, dans une société civilisée, il y a des choses
que tu peux faire et des affaires que tu ne peux pas faire. On est dans un
domaine, c'est vrai, qui est complexe sur le plan juridique. Le Barreau l'a
dit. Quand le Barreau le dit, je ne pense pas qu'il dit ça pour le fun.
C'est complexe sur le plan juridique. C'est qu'est-ce qu'on peut faire ou qu'on
ne peut pas faire. Quand est-ce que c'est une prime d'assurance et quand est-ce
que c'est une taxe indirecte? Ces questions sont pourtant fondamentales parce
que, autrement, il n'y a plus de règle qui joue dans rien. Et, si les
règles ne jouent plus dans rien, là, il n'y a plus de
société démocratique.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors... M. Garon:
Je continuerai...
La Présidente (Mme Bélanger): ...la commission
ajourne ses travaux sine die, étant donné que...
(Fin de la séance à 13 heures)