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(Onze heures quarante-trois minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements déclare sa séance
ouverte. Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude détaillée du projet... À l'ordre, s'il vous
plaît! -
Une voix: usez d'autorité, mme la présidente. vous
en êtes capable. il y a même des collègues qui vous
appellent mme thatcher. hein, madeleine, c'est ça?
La Présidente (Mme Bélanger): Je félicite le
député de Rimouski pour sa vigilance et son respect de la
discipline et le député de Dubuc. Alors, à l'ordre, s'il
vous plaît! La séance de la commission est ouverte. M. le
ministre. M. le député de Jonquière. M. le
député de Gouln. M. le ministre. Le mandat de la commission est
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 22, Loi modifiant la Loi sur les cités et villes, le Code municipal
du Québec et la Loi sur les dettes et les emprunts municipaux. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par Mme Ver-mette (Marie-Victorin); M. Lazure
(La Prairie), par M. Boisclair (Gouin).
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, à
l'ajournement des travaux, hier soir, nous nous étions entendus pour
recevoir le BAC et l'Inspecteur général des institutions. Mais,
évidemment que leur disponibilité... Ils ont un agenda
serré, évidemment. Alors, ils seront parmi nous à 15
heures cet après-midi. Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez entendu
que...
M. Ryan: Non, j'apprécie...
La Présidente (Mme Bélanger): ...nos invités
ne sont pas ici ce matin. Ils vont être ici cet après-midi.
M. Ryan: Je crois comprendre que les deux seront là cet
après-midi, l'Inspecteur général des institutions
financières et les porte-parole du BAC. Est-ce que le BAC vous a
informée des noms des personnes qui les représenteraient? Non?
Est-ce qu'il y aurait moyen que vous essayiez de savoir ça ce matin? Et,
s'il était possible, ça m'intéresserait.
Le Secrétaire: Les deux? Les deux groupes? M. Ryan:
Oui.
Le Secrétaire: Les délégations des deux
groupes?
M. Ryan: Oui. C'est les noms des personnes qui formeront la
délégation. Ceci étant dit, j'apprécie... je
remercie le secrétariat d'avoir fait ces contacts. Je pense que
ça va être utile pour la commission. Ensuite, je crois que tout
ceci étant, il y aurait lieu de commencer l'étude du projet de
loi article par article. Il y a beaucoup d'articles qui ne traitent pas
d'assurance réciproque et, moi, je souhaiterais vivement que nous
puissions commencer tout de suite par l'étude article par article, ce
qui est le mandat de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que les
membres de la commission sont d'accord pour commencer à étudier
article 1?
M. Dufour: Mme la Présidente, avant de... Bon. D'abord, je
ne sais pas si mes collègues voudront faire leurs remarques
particulières au départ, préliminaires. J'ai l'impression
que c'est possible que oui, ils le veuillent. Il y a aussi l'autre point que je
veux soulever concernant l'écoute des auditions particulières.
Hier, je pense que oui, on a eu deux groupes qu'on a entendus, les deux unions,
et...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Dufour: On va entendre le BAC et le directeur des institutions
financières ou l'Inspecteur. Il y en a un autre qu'on aurait
aimé, nous, entendre. Ça serait le dernier groupe. Je pense
qu'après ça, on pourrait facilement travailler. C'est le
Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec. Ça
serait le groupe qu'on manifesterait le désir de pouvoir entendre.
Ça nous donnerait, là, un bon aperçu de l'ensemble du
projet, en parlant avec des gens qui connaissent les assurances, qui y
travaillent. Ça, ça pourrait être satisfaisant, pour notre
part, si vous acceptiez qu'on puisse l'écouter. Peut-être pas
aujourd'hui, il est peut-être trop tard pour les convoquer, mais à
une étape ultérieure de l'étude du projet de loi qui
pourrait... Bien non, l'après-midi est déjà complet si
l'Inspecteur vient, et puis, si l'autre... On a deux heures et demie cet
après-midi. On ne peut pas prendre trois heures d'audition certainement
cet après-midi. Je ne sais pas si cette proposition ou cette
suggestion pourrait agréer au ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: C'est parce que j'essaie de voir le lien, si on a
réellement besoin de ça. Ils nous ont écrit, ces
gens-là. On a eu leur réaction. Au point où nous en
sommes, il faut être pratiques. On ne modifie pas radicalement la
structure de l'industrie d'assurance et du commerce d'assurances au
Québec. Tout ce qu'on fait avec le projet de loi est d'ouvrir la
possibilité, pour les municipalités qui veulent se regrouper dans
une société à caractère mutuel, de le faire suivant
des modalités qui seront sous le contrôle étroit de
l'Inspecteur général des institutions financières et du
ministre des Affaires municipales. Je crois qu'avec les témoignagnes
qu'on va entendre, on devrait en avoir amplement pour l'éclairage dont
on a besoin pour prendre ces décisions-là.
Je suis bien prêt, Mme la Présidente, à faire une
chose: à laisser ça en suspens, à ne pas en disposer tout
de suite, à revenir peut-être au début de la semaine, puis
voir comment les choses iront. On va arriver à ces articles-là un
jour, puis, à ce moment-là, on pourra toujours aviser s'il y
aurait lieu à une consultation particulière sur ce
point-là, mais à ce stade-cl de nos travaux, je ne verrais pas,
je vais vous le dire franchement, la justification pour une affaire comme
celle-ci. (11 h 50)
S'ils avaient des choses à nous dire sur l'ensemble du projet de
loi, comme on en a entendu hier - on a entendu les deux unions, mais elles
avaient des choses à nous dire sur l'ensemble du projet de loi.
Ça va bien au début du processus, et là, comme les
discussions vont porter plus particulièrement sur le projet
d'assurance-responsabilité, on dit: II y a deux instances qui
sont particulièrement Intéressées. Il y a, d'un
côté, l'industrie et il y a, de l'autre côté,
l'Inspecteur général des institutions financières. On dit:
On va les faire venir tous les deux. Si, en cours de route, on
s'aperçoit qu'il y a quelque chose, moi, je n'ai pas d'objection
à examiner la question quand on sera là, quand on arrivera
à l'article qui traite des réciproques d'assurances.
Peut-être qu'on pourra disposer de tout le reste du projet de loi, puis
garder ça en suspens pour l'examiner à ce moment-là.
Là, je verrai, mais pour le moment, je crois que notre mandat,
là, c'est d'aborder le projet de loi article par article. C'est
ça qui est notre mandat, mais je ne ferme pas la porte. Je ne ferme
jamais la porte à ces choses-là, O.K.?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça va?
On appelle l'article 1?
M. Morin: Mme la Présidente, je pense que vous vous
souvenez que vous vous étiez engagée à ce qu'on puisse
revenir aux remarques préliminaires, hein? Puis je suis certain que vous
allez donner suite à vos engagements, comme vous avez l'habitude de le
faire, et comme je n'avais pas eu l'opportunité, bien...
La Présidente (Mme Bélanger): Je rencontre toujours
mes engagements, même électoraux.
Une voix: On a hâte de vous entendre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, comme
présidente, je ne pourrais aller à l'encontre de...
Une voix: Vous n'avez pas fait grand promesses.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de ma
personnalité.
Une voix: Vous n'avez pas fait grand promesses.
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): J'en ai faites. Je ne
fais pas des promesses, moi. Je prends des engagements et je réalise les
engagements.
Des voix: Ah!
La Présidente (Mme Bélanger): C'est très
différent. C'est très différent. Alors, M. le
député, comme vous le dites si bien, là, je me souviens
que nous nous étions entendus pour revenir aux remarques
préliminaires. Alors, vous avez la parole.
Remarqua* préliminaires (suite) M.
Gérard R. Morin
M. Morin: Alors, merci, Mme la Présidente.
Évidemment qu'à la lecture du projet de loi, il est facile de
constater que le projet de loi, quant au principe, je dis bien, répond
ou tente de répendre à plusieurs préoccupations du monde
municipal, que ce soit les petites, moyennes ou grandes municipalités,
et ça, je pense, sur l'ensemble des éléments du projet de
loi. Ça, je dis bien: quant au principe.
Par contre, suite aux audiences ou aux propos, aux échanges qu'on
a eus avec les unions, ça laisse quand même un curieux de
goût sur ce que pourrait apporter ce projet de loi. Évidemment, je
fais mention... je fais allusion à deux éléments majeurs
du projet de loi, soit le domaine des assurances et les achats
regroupés. Et, finalement, dans le projet de loi, tout le monde le
reconnaîtra, cela constitue deux éléments majeurs et de
voir les deux unions muni-
cipales avoir des opinions, pour ne pas dire des orientations assez
opposées, en tout cas, ça rend les choses un peu plus
délicates, d'autant plus que l'article 1, qui est l'amendement de
29.9.1, fait référence de façon spécifique aux
unions, soit l'UMRCQ et l'Union des municipalités du Québec,
surtout dans le cadre d'un projet de loi public.
Alors, je ne sais pas si ce sera nécessaire d'apporter des
modifications et aussi, l'autre élément, c'est que les
mêmes articles touchant la loi des cités et villes sont
apportés aussi, par le fait même, au Code municipal. Alors,
comment est-ce qu'on va... Quelle attitude il faudra adopter si on doit
considérer que l'UMRCQ n'est pas favorable, du moins sur les deux
aspects que j'ai mentionnés? Est-ce qu'il faudra apporter les
mêmes amendements au niveau du Code municipal que ceux qu'on apporte
à la loi des cités et villes? Ça, disons que c'est une
préoccupation peut-être au niveau de la forme, là, plus
que... mais quand même.
Évidemment, il y a deux sujets particuliers qui, encore
là, je reconnais, répondent aux préoccupations des
municipalités et qui ont pour but de leur fournir, je pense, plus de
marge de manoeuvre ou plus de souplesse, plus de latitude dans les
opérations d'une municipalité, soit l'approbation à un
règlement d'emprunt et l'augmentation des seuils dans les cas d'appels
d'offres publics.
Évidemment, je suis convaincu que... D'ailleurs, les deux
unions... l'UMRCQ, je pense, n'a pas apporté de commentaires critiques
ou négatifs par rapport à ces éléments-là.
Donc, on peut concevoir au départ que, au niveau du principe, ces deux
éléments répondent aux attentes du monde municipal.
Toutefois, comme dans toute autre chose, lorsqu'on modifie les pouvoirs, il
faut s'assurer qu'au niveau des articles, cette augmentation de pouvoirs ne
risque pas ou ne fournisse pas des risques d'abus de pouvoir. Je pense que
c'est ça qui devra faire l'objet, en ce qui me concerne, de mon
attention quant aux modalités du projet de loi qui auront pour but,
finalement, d'apporter ces modifications-là quant aux pouvoirs des
municipalités.
Autrement dit, est-ce que si, au niveau des principes, tout le monde, je
présume, soutiendra qu'ils correspondent ou rencontrent les
préoccupations du monde municipal? Est-ce que le projet de loi, tel que
préparé, rencontre véritablement ces attentes sans pour
autant ouvrir la porte à des risques potentiels d'abus de pouvoir?
Évidemment, je fais seulement... Je n'ai aucune raison de le
prétendre. Je ne fais que soumettre comme préoccupation une de
mes préoccupations à l'étude du projet de loi article par
article.
Alors, Mme la Présidente, c'est à peu près les
seuls commentaires que je voulais faire à ce stade-ci et, bien sûr
que les aspects un peu plus techniques du domaine de l'assurance, bien, je ne
veux pas élaborer, puisqu'on aura des gens, cet après-midi, qui
vont sans doute nous rassurer quant aux questions qu'on se pose, parce qu'il
faut le reconnaître, le domaine des assurances, moi, je n'en ai jamais
fait ou si peu qu'on a absolument besoin d'information là-dessus.
Bien sûr qu'on pourrait prétendre au départ
qu'à partir du moment où l'Union des municipalités du
Québec a fait faire des études, a tout en main, je pense, ce
qu'il faut comme information pour prendre une décision
éclairée... On pourrait prendre cette attitude-là, puis
dire: Voici, on n'a pas à douter de la capacité de l'UMQ de
prendre en charge un tel projet, mais je pense que ce n'est pas remplir notre
rôle d'Opposition parce que, tout en respectant l'Union des
municipalités du Québec, je pense que c'est toujours le
rôle de l'Opposition de bien s'assurer que les modalités ou les
articles qu'on retrouve dans le projet de loi, bien, tout en répondant
aux attentes de l'UMQ en particulier, eh bien, ne cachent pas non plus des
situations, là, qu'il faudrait peut-être... qu'il serait difficile
de corriger par la suite. Alors, ceci dit, Mme la Présidente, je vous
remercie de m'avoir accordé la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc. Alors, est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
Des voix:...
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Oui. Merci, Mme la Présidente. Je serai
bref. J'interviendrai plutôt pour faire valoir non pas mon expertise dans
le milieu de l'administration municipale - je pense que, à cet
égard, mes deux collègues qui m'accompagnent sont à
même de porter un jugement encore plus éclairé que le mien
sur la pertinence du projet de loi et sur la façon dont il s'inscrit
dans une réforme qui est déjà bien connue - mais
plutôt essayer de souligner un certain nombre de considérations
qui ont trait à l'administration de l'industrie de l'assurance au
Québec et faire valoir que ce projet de loi vient, bien sûr, d'une
certaine façon, modifier non pas les règles du jeu, mais
certainement une partie du portrait de l'industrie de l'assurance. (12
heures)
Je pense qu'il serait un peu prématuré, à ce
moment-ci, de porter un jugement sur les tenants et les aboutissants de ce
genre de réforme. Je pense que nos travaux nous permettront
d'éclairer la situation et de peser le pour et le contre des
modifications qui sont proposées.
Donc, à cet égard, je pense qu'il serait
nécessaire de réserver notre jugement sur le fond des
dispositions qui sont présentées à ce moment-ci. Mais
permettez-moi cependant de faire valoir un certain nombre de remarques de forme
qui, elles, m'apparaissent importantes. Les modifications proposées,
finalement, à l'industrie et aux règles du jeu du milieu de
l'industrie de l'assurance sont proposées dans une loi qui vient
modifier le code, la Loi sur les cités et villes et le code des
municipalités. À cet égard, je pense qu'il est important
de rappeler que l'industrie de l'assurance constitue un tout qui, à mon
avis, est indéniablement de matière d'intérêt public
pour un certain nombre de motifs sur lesquels, je suis convaincu, les membres
de la commission pourraient conclure.
Il s'agit d'abord et avant tout d'un levier d'économie politique
et il s'agit aussi d'éléments... Il faut toucher, aborder des
éléments de fond aussi importants que ceux de la
solvabilité de l'assureur, du prestateur du produit qui doit, entre
autres, être garanti pour protéger les consommateurs et maintenir
la confiance à l'égard d'un système. Il faut aussi que,
bien sûr, le produit distribué soit un outil de
sécurité de revenu dans la branche des personnes, une garantie de
solvabilité en assurance de dommages. Donc, des éléments
qui nous démontrent bien jusqu'à quel point l'organisation de
l'industrie de l'assurance est un domaine d'intérêt public et qui
doit être certainement analysé dans un contexte plus global que
celui-là.
Je dois vous dire que, depuis un certain nombre d'années, les
interventions du gouvernement, particulièrement depuis 1985, en
matière d'assurance se font un peu à la pièce. Faut-il
rappeler que les mesures de démutualisation ou de remutualisation
plutôt, si on veut utiliser un terme encore plus exact, se sont faites
par voie d'exception, par le biais d'adoption de lois privées? Faut-il
rappeler aussi la création de mutuelles captives pour certaines
corporations professionnelles? Pensons, par exemple, au Barreau du
Québec. Voici que, maintenant, en modifiant le code des
municipalités et la Loi sur les cités et villes, on propose la
création de captives en assurance des municipalités et des
villes, des espèces de corporations qui pourraient s'être
assimilées à des mutuelles d'assurance.
Donc, je pense que l'ensemble de ces modifications, quoiqu'on puisse
réserver notre jugement sur le fond, vient certainement, et l'expression
est peut-être perfectible, mais certainement on vient grignoter
l'armature de la Loi sur les assurances et la logique qui sous-tend son
organisation et qui sous-tend aussi l'organisation de l'industrie des
assurances. Je pense que l'ensemble des modifications, et je pense qu'on le
remarque assez facilement, qui sont proposées se greffent non pas
à la Loi sur les assurances, mais bien à différents textes
législatifs qui sont étrangers à l'assurance. À cet
égard, il est un peu surprenant de voir que la ministre
déléguée aux Finances, qui est la représentante de
cette industrie au gouvernement, ne se soit pas, en tout cas, d'une certaine
façon manifestée, ne se soucie pas plus d'assurer la
cohérence et la structure qui sous-tend l'organisation de la Loi sur les
assurances.
Je suis convaincu qu'il y aurait eu lieu, par d'autres moyens que ceux
proposés, dans le respect justement de cette cohérence et de la
logique qui sous-tend la Loi sur les assurances... Elle-même aurait pu
proposer un certain nombre d'amendements. Par exemple, permettez-moi de vous
rappeler qu'hier soir nous étudiions... on a eu l'occasion plutôt
de discuter de certaines réalités différentes de la
nôtre, qui se vivent particulièrement en Ontario et en
Colombie-Britannique. J'ai eu l'occasion, à ce moment-là, de
faire valoir que la réciproque dont on parle, qui est fort
différente de celle contenue au projet de loi, parce que ce n'est pas la
réciproque au sens propre du terme, mais la réciproque en Ontario
est accordée en vertu... par permis du Surintendant des assurances
qui... ce permis lui-même est accordé en vertu des dispositions de
la loi sur les assurances.
Donc, je pense que, déjà, il y a une brèche qui est
ouverte dans la façon de faire. Cette démarche s'inscrit... Ce
n'est pas nouveau, hein. Ça fait... c'est maintenant sans doute le
troisième sujet, là, sur lequel on permet une modification de
l'industrie des assurances dans des textes législatifs qui sont
étrangers à ceux de la Loi sur les assurances et qu'à cet
égard je pense que cette brèche devrait... et je souhaite que la
ministre déléguée aux Finances puisse intervenir pour
colmater cette brèche-là.
Donc, Mme la Présidente, je croyais qu'en remarques
préliminaires il était important de faire valoir cette question.
Il était aussi important de faire... de souligner, en tout cas, nos
interrogations à l'égard du manque d'intérêt que
semble manifester la ministre déléguée aux Finances, qui
semble se désintéresser de cette question, et que ma
compréhension des choses - et je sais que, sûrement, elle a
été consultée au Conseil des ministres - mais qu'encore
une fois on ouvre une brèche à la loi des assurances et que
plusieurs modifications qui se retrouvent, qui vont venir modifier le portrait
de l'industrie de l'assurance se retrouvent dans des textes qui sont
étrangers à la Loi sur les assurances, et cette attitude et cette
façon de faire remettent certainement en question la logique qui
sous-tend l'organisation de la Loi sur les assurances et de l'industrie des
assurances.
Donc, je me limiterai à ces quelques commentaires, en essayant de
préciser un certain nombre d'enjeux au moment de l'étude article
par article, mais je croyais qu'il était bien important de camper cette
réalité-là, de l'affirmer haut et fort, qu'il y a quelque
chose de dangereux à vouloir toujours modifier cette industrie et,
finalement, l'organisation qui la sous-tend dans
des textes qui sont tout à fait étrangers à la Loi
sur les assurances. À cet égard, je crois, en tout cas, je
souhaite que des gens en poste et en fonction puissent rapidement mettre fin
à cette pratique.
On le voit à l'heure actuelle avec des modifications au code des
municipalités, à la Loi sur les cités et villes. On l'a vu
aussi, je le répète, parce que je vois que le ministre
s'intéresse à ce propos. On l'a vu aussi dans le cadre des
projets de remutualisation, où c'est par le biais de projets de loi
privés et non pas par le biais de la Loi sur les assurances qu'on a
procédé à des modifications importantes de l'industrie de
l'assurance. C'a été le cas aussi... L'autre exemple que je peux
citer, c'est la création de mutuelles captives pour certaines
corporations professionnelles, où on l'a fait en modifiant la loi
régissant les corporations professionnelles et non pas en modifiant la
Loi sur les assurances.
Donc, je pense que le législateur aurait intérêt
à considérer ces questions de façon globale et non pas
procéder par mesures particulières en modifiant des textes
législatifs qui sont complètement différents de la Loi sur
les assurances. Alors, je pense, et je termine là-dessus, Mme la
Présidente, je voulais faire cette remarque-ci et j'espère
qu'elle sera entendue et qu'on pourra y donner suite.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Gouin. M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais corriger une impression fausse qu'auraient
pu créer certains propos du député de Gouin en ce qui
concerne l'intérêt de la ministre déléguée
aux institutions financières pour la partie du projet de loi 22 qui
traite d'assurance-responsabilité. Je dois préciser que ce sujet
a été abordé à plusieurs reprises avec la ministre
et que nous avons, même en cours de préparation, tenu une
réunion à son bureau à Montréal, à laquelle
étaient présents... Je pense que M. le directeur
général de l'Union des municipalités du Québec peut
en témoigner parce que j'avais vu à ce qu'il soit invité,
M. L'Italien. Il y avait l'Inspecteur général des institutions
financières que nous verrons cet après-midi. Il y avait Mme la
ministre qui était présente, moi-même, avec certains de nos
collaborateurs et collaboratrices. Nous avons travaillé pendant une
longue période ce jour-là.
Nous avons révisé toute l'économie du projet. Nous
avons discuté avec l'Inspecteur général de tous les points
qui pouvaient le préoccuper, et la ministre a pris une part très
active dans la discussion. Je souligne juste ça pour dissiper une
impression qu'auraient pu créer les propos du député de
Gouin.
M. Boisclair: La réflexion que je soulève, c'est
toute l'économie de la Loi sur les assuran- ces qui est remise en
question par un certain nombre d'interventions. Des mesures, finalement,
d'exception, avec les corporations professionnelles, avec la remutualisation
et, cette fois-ci, avec la modification à la Loi sur les cités et
villes et au Code municipal. Le plaidoyer que je voudrais faire, c'est:
à notre avis, il aurait été certainement plus
intéressant et plus efficace d'Inscrire ces modifications en respectant
l'économie de la Loi sur les assurances, et il est important de
conserver une vision globale des choses et de respecter la logique qui
sous-tend...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Gouin, c'est le ministre qui avait la parole, d'abord.
Il ne parlait pas du tout de ce que vous énumérez dans le moment.
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Ryan: Non, je ne voulais pas aborder justement l'étude
du fond de ces articles-là, que nous aborderons en temps et lieu. Je
voulais simplement apporter cette précision pour que tout soit clair
dans l'esprit de tout le monde concernant l'implication de la ministre
déléguée aux institutions financières dans le
dossier de la partie du projet de loi qui concerne
l'assurance-responsabilité des municipalités. Cette
précision étant faite, je voudrais suggérer que nous
abordions l'article 1 du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait, M. le
ministre.
M. Dufour: Mme la Présidente-La Présidente (Mme
Bélanger): M. le député de Jonquière. (12 h
10)
M. Dufour: ...j'ai bien écouté le ministre des
Affaires municipales, qui nous informe qu'en temps et lieu peut-être
qu'on pourrait entendre le regroupement des assureurs. Vous savez, la
façon de procéder, le seul endroit où on peut exiger ou
demander avec force arguments qu'on puisse écouter des gens, c'est
après les remarques préliminaires, avant l'étude du projet
de loi, ce qui veut dire... Je peux bien faire confiance au ministre, mais
excepté que je n'ai pas de garantie que le regroupement des assureurs,
on va l'entendre. On peut faire valoir nos arguments immédiatement, mais
au cours du projet de loi, même si on disait: On le souhaitait, on n'en
discutera pas tellement longtemps.
Vous allez dire: Bien, on ne l'entend pas ou on l'entend. Si on les
entend, oui. S'il y avait cette assurance-là, je n'aurais pas trop, trop
de problèmes, mais je ne l'ai pas, l'assurance, et ça... On parie
des assurances et on n'a pas l'assurance... vous comprenez qu'on va se
répéter souvent par rapport à ça. Mais j'aurais
aimé avoir un engagement plus ferme du ministre des Affaires municipales
concernant ces groupes-là.
C'est évident que le ministre des Affaires municipales a eu
sûrement plus accès au dossier que nous, et depuis plus longtemps
aussi. C'est toujours un peu le handicap qu'on a, au début d'une
étude de projet de loi. Assez souvent, on en prend connaissance au
moment où ils sont déposés, et ça ne nous donne pas
tellement le temps de se virer de bord. Mais moi, je vous dis: Si on ne peut
pas... si on n'a pas un engagement un petit peu plus ferme du ministre des
Affaires municipales, j'ai comme l'impression qu'on va être obligé
d'essayer de faire valoir notre point de vue pour exprimer un petit peu plus
fortement pourquoi on tient à les avoir, à ce qu'ils viennent se
prononcer sur ce projet de loi. Je ne sais pas si le ministre des Affaires
municipales peut, à ce moment-ci, s'engager un petit peu plus
fortement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, j'ai dit ce que j'avais
à dire là-dessus, tantôt. Je pense que c'était
suffisamment clair. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit
tantôt, là. Il faut bien considérer, pendant qu'on
délibère, de l'autre côté, ex parte, que nous avons
un programme législatif à réaliser au cours de la
présente session, qui comporte de nombreux projets de loi, dont
l'abondance même oblige chaque commission à faire montre d'une
certaine économie dans l'usage du temps. Si nous avions seulement un
projet de loi à examiner pendant une session, on pourrait bien prendre
tous les raffinements souhaitables, comme on l'a fait à propos d'un
autre projet de loi. Mais, si on fait ça à propos de trois
projets de loi, ça veut dire qu'on immobilise le ministre pendant six,
sept semaines, alors qu'il a des devoirs très importants au point de vue
administratif, au point de vue des politiques générales du
gouvernement. Puis, là, je pense qu'à un moment donné, il
y a une question de réalisme qui se pose également. C'est dans ce
sens-là que je vous ai donné ma réponse, tantôt.
Vous pouvez bien faire des motions et tout; ça, c'est votre
privilège. Mais, à un moment donné, je pense que le souci
d'efficacité doit être majeur également dans la
préoccupation des législateurs, pas seulement du
côté gouvernemental.
Je vous ai donné tantôt une réponse qui indique une
ouverture et qui reste conditionnée par le travail que nous allons faire
ensemble. Tout à coup, nous serions suffisamment éclairés
pour avoir entendu ces gens-là, tout l'après-midi, et on dit:
Bien là, franchement, on a été au fond du baril. Il peut y
avoir deux conceptions. Ce n'est pas parce qu'on va au fond du baril qu'on
pense nécessairement la même chose. C'est bon que ça en
soit ainsi. Il faut que ça reste comme ça. Mais, à un
moment donné, on dit: On a été suffisamment
éclairés, puis on marche.
C'est dans ce sens-là que je crois que ce serait mieux d'aborder
l'étude de l'article 1, maintenant qu'on a fait les remarques
préliminaires. C'est l'entente morale que nous avons, à part de
ça. Je ne prétends pas qu'il y a une entente formelle, mais, moi,
ce que j'ai compris, c'est qu'on entendait les deux unions. On s'entend,
à part de ça, pour faire venir deux autres organismes. On accepte
que des remarques préliminaires soient faites après tout
ça. Mais là, il me semble qu'on est rendus à l'article 1.
Je ne vois pas du tout ce qui peut justifier qu'on n'agisse pas ainsi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Moi, je voulais juste faire la mise au point à
l'effet que c'est vrai que, à chaque fin de session, on a des projets de
loi un peu plus contentieux, où ça arrive un petit peu plus dru.
Mais moi, je n'ai aucun pouvoir sur les travaux du gouvernement, sur les
travaux des sessions. Nous, on travaille quand ils nous le demandent, quand on
a des ordres de l'Assemblée nationale. Je n'ai jamais
empêché l'Assemblée nationale de nous dire: Commencez plus
de bonne heure ou travaillez plus de bonne heure, que les projets de loi soient
avancés, qu'on en discute avant. Je ne sais pas pourquoi, moi, ça
vient toujours à la dernière minute. On pourrait bien les
étudier avant. Ça serait, en tout cas... ça aurait l'air
plus sérieux. Moi, je déplore ça, des fois, qu'on
travaille à la vitesse de l'éclair à la fin, puis dans la
nuit, puis tout ça. Je suis bien d'accord qu'on ne devrait pas
travailler comme ça.
Des législations, on devrait avoir le temps de les faire avec un
peu plus de temps devant nous, avec un petit peu plus de sérieux. Mais
moi, je ne "call" pas ça, je ne dis pas aux gens: Je veux avoir la loi
à telle date, tel jour. Si quelqu'un nous pose des questions: Est-ce que
notre loi va être passée? Bien, j'attends, j'attends qu'ils nous
la demandent. Je ne fais pas souvent de pression pour dire: Telle loi, il faut
absolument qu'elle passe. Ce n'est pas ma responsabilité à
moi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Ça, Mme la Présidente, nous sommes
liés par un système qui fonctionne de cette
manière-là. Des essais ont été faits à
plusieurs reprises pour amener des législations générales
plus tôt dans le processus, puis le dynamisme n'est pas là. Le
système ne permet pas que ça marche comme ça. On
s'étire, on trouve toutes sortes de digressions, de diversions ou
d'autres activités. Le processus, il faut passer les crédits, il
faut passer le budget. Ça prend au-delà d'un mois, ça. Et
il y a le congé pascal
qui intervient après la reprise des travaux parlementaires, vers
la mi-mars. Aussi longtemps qu'on va garder le calendrier qu'on a là...
Le gouvernement actuel a fait beaucoup parce que, quand on a ramené au
15 mai la date obligatoire pour le dépôt des projets de loi. Avant
ça, c'était le 1er juin. Ça fait que, là, on a
sauvé 15 jours très précieux. Mais il n'y a aucun
gouvernement qui a réussi, jusqu'à maintenant, à vaincre
le potentiel de ralentissement considérable qui est investi dans
l'Opposition, que nos règlements confient à l'Opposition. La
seule manière de s'en sortir, c'est le recours à la clôture
quand ça déborde, puis qu'on voit qu'on ne pourra pas
réaliser le programme.
Mais moi, je vous fais voir bien censément, je pense, et sans
aucune espèce d'acrimonie, qu'il y a des conséquences lourdes,
également, de tous ces exercices pour l'accomplissement des fonctions
ministérielles. Mol, c'est sûr que, depuis deux semaines, je n'ai
pas pu travailler avec mes sous-ministres du tout parce que j'ai
été pris au Parlement tout le temps. Si je prends encore, disons,
deux ou trois semaines, ça ne me fait rien, moi; je suis un cheval, je
vais au combat. Ils me disent: Tu vas là, tu vas là, tu vas
là. L'Opposition dit: Tu vas prendre tant de temps; écoute ma
motion, même si elle n'a pas de bon sens. Très bien. Je suis
prêt à tout ça parce que je suis un démocrate,
fondamentalement. J'accepte les règles du jeu, mais je vous fais juste
voir l'autre partie pratique pour que vous en teniez compte honorablement dans
les initiatives qu'il vous appartient de prendre. C'est tout. Alors, je
reviens...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Alors...
M. Morin: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: ...j'aimerais poser quand même une question au
ministre. Tout à l'heure, il a dit que, s'il jugeait à propos,
après les rencontres de cet après-midi... Est-ce que le ministre
irait jusqu'à s'engager à ne pas invoquer le règlement?
Parce qu'on sait qu'une fois qu'on aura entrepris l'étude article par
article, il pourrait, la semaine prochaine, dire: Bien, maintenant qu'on a
entrepris l'étude article par article, je ne suis pas tenu, de par le
règlement, de convoquer d'autres personnes. Est-ce qu'à ce
moment-là, il serait prêt à nous dire qu'il n'invoquera pas
le règlement et que si, suite aux informations qu'on aura eues ou
à l'étude des articles, s'il s'avérait évident que
certaines questions n'ont pas eu de réponse, à ce
moment-là, il serait toujours ouvert, nonobstant le temps que ça
pourrait prendre, pour faire venir les gens...
M. Ryan: Oui, regardez...
M. Morin: ...qui pourraient nous fournir ces réponses?
M. Ryan: ...c'est substantiellement ce que j'ai
déjà dit. Ma conception du travail en commission est bien simple.
La règle première, c'est la règle du consentement des
partis. Elle n'est pas écrite nulle part, celle-là, sauf à
quelques endroits, mais ça vient avant tout le reste. On peut avoir
reçu un ordre de siéger à 15 heures. Si on s'entend qu'on
va siéger à 14 heures, on va se réunir à 14 heures,
puis on n'est pas obligé d'aller voir le pape pour ça. Si,
à un moment donné...
Même la présidente, quand je lui ai dit bien aimablement,
en toute amitié... elle avait pris une décision et qu'on
s'était entendu, on était de consentement, on était
prêts à agir d'une manière différente. Quand on est
de consentement, je pense que tout le monde est très heureux de
ça, puis c'est le résultat qui compte. Moi, en tout cas, c'est ma
conception du fonctionnement de nos institutions. Plus on peut donner de choses
au champ de la libre concertation, de la collaboration, mieux c'est pour
l'institution. Puis, pour les cas où il y a besoin de discipline, le
règlement est là, les institutions sont là, la
présidence est là et tout. C'est très important aussi.
Alors, dans ce cas-ci, par conséquent, ma réponse, je l'ai
déjà donnée, puis je la réitère. C'est oui
à ça. Si on voit qu'il y a lieu, à ce moment-là...
D'ailleurs, nos règlements nous permettent de le faire. (12 h 20)
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Dufour: Ça va.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 1, M. le ministre.
M. Ryan: À propos de l'article 1, Mme la
Présidente, je voudrais tout d'abord déposer un amendement.
M. Dufour: Bon, Mme la Présidente, est-ce que je pourrais
suggérer que l'article 1 soit suspendu et qu'on passe à l'article
2? Ce qui n'empêche pas de déposer l'amendement pour notre
information, et je vous dis pourquoi. Si on accepte ça, le reste,
ça ne devient que de la forme parce que c'est un article important.
M. Ryan: Regardez, ces deux sujets-là, on peut les garder
pour un peu plus tard.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: Ces deux sujets-là, les récipro-
ques...
M. Dufour: Parce que ça touche l'assurance.
M. Ryan: ...puis les achats en commun, je ne vois pas de
problème là-dessus. Puis l'amendement, on le déposera
peut-être cet après-midi, parce qu'il y a une nouvelle petite
modification que nous voulons insérer dans le texte que nous allions
vous remettre. Ça fait qu'on le déposera...
M. Dufour: Est-ce qu'on pourrait déposer les amendements
tout de suite, en bloc?
M. Ryan: Je vais vous dire, je vais prendre ça en
considération, mais je pense que oui. Au début de
l'après-midi, je vous ferai part de notre décision
là-dessus. O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 1
est suspendu. Alors, j'appelle l'article 2. M. le ministre.
Pouvoirs des municipalités en matière
d'acquisition de titres
M. Ryan: Attendez un petit peu. On va sortir notre autre dossier,
Mme la Présidente. Oui, l'article 2 vise essentiellement à mettre
à l'heure de 1992 les pouvoirs des municipalités en
matière d'acquisition de titres, lorsqu'elles disposent de
réserves ou de liquidités à court terme. Ainsi que j'ai eu
l'occasion de l'expliquer à plusieurs reprises déjà, il
arrive des périodes de l'année... Disons que les comptes de taxes
entrent en grande quantité au mois de janvier, février ou encore
au début de l'été, quand c'est la deuxième tranche
du compte qui doit être acquittée par les contribuables.
Là, il y a beaucoup de liquidités. Il peut arriver qu'une
municipalité veuille acheter des titres à court terme pour
obtenir un rendement maximal sur ses valeurs. Actuellement, d'après
notre législation, elle peut acquérir des titres d'une banque,
d'une caisse d'épargne et d'économie, d'une société
de fiducie, du gouvernement du Québec, du gouvernement du Canada ou du
gouvernement d'une autre province canadienne, mais elle n'est pas
autorisée à acquérir des titres émis par une
municipalité ou par un corps inter ou supramunicipal.
Alors, avec l'amendement que nous proposons, nous élargirions le
pouvoir des municipalités en cette matière de façon
qu'elles puissent également acquérir des titres d'une
municipalité, d'un organisme mandataire d'une municipalité. Je
prends à titre d'exemple la Société de transport de la
Communauté urbaine de l'Outaouais, par exemple. Voici un organisme qui
est mandataire de la CUO ou un organisme supramunicipal au sens des articles 18
et 19 de la Loi sur les régimes de retraite des élus municipaux.
Ça va comprendre, ça aussi, à titre d'exemple, l'ad-
ministration régionale kativik, par exemple, qui regroupe les
municipalités inuit au nord du québec. alors, voilà
l'objet de cet article 2, mme la présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Bien, si le mécanisme est bien connu lorsque...
Est-ce que c'est seulement des emprunts à court terme ou à long
terme? Municipalité... je ne sais si j'ai bien compris vos explications,
lors du discours en deuxième lecture. C'était à l'effet
que les municipalités ont des sommes d'argent... il y a des
entrées de fonds supplémentaires deux fois par année et
ça, on peut les placer sur billet à la banque, caisse
d'épargne, caisse de crédit; ça va bien. Mais, sur des
obligations, est-ce qu'il y a beaucoup d'obligations où les
municipalités pourraient investir à court terme?
M. Ryan: Je n'ai pas parlé d'obligations. Je pense que ce
sont des titres émis par les gouvernements. Des titres, il y en a, des
titres à court terme. Évidemment, ici, toute l'économie de
ceci, c'est des placements à court terme. Je peux peut-être donner
lecture de l'article 99 de la Loi sur les cités et villes, qui est bien
clair là-dessus: «Sous réserve de toutes autres
dispositions légales, le trésorier doit déposer, dans une
banque, caisse d'épargne et de crédit ou société de
fiducie légalement constituée et que peut désigner le
conseil, les deniers provenant des taxes ou redevances municipales et tous
autres deniers appartenant à la municipalité, et les y laisser
jusqu'à ce qu'ils soient employés aux fins pour lesquelles ils
ont été prélevés ou jusqu'à ce qu'il en soit
disposé par le conseil.»
Et là, le trésorier «peut également, avec
l'autorisation préalable du conseil, placer à court terme ces
deniers dans une banque, caisse d'épargne et de crédit ou
société de fiducie légalement constituée et que
peut désigner le conseil, ou par l'achat de titres émis ou
garantis par le gouvernement du Canada, du Québec ou d'une autre
province canadienne.»
Je pense à des bons du Trésor, par exemple. Ça,
c'est des choses à court terme. Il y a des certificats de
dépôt à court terme également. Alors... Est-ce que
c'est...
M. Dufour: ce nantissement de ces garanties-là... vous
avez parlé tout à l'heure de société de transport.
c'est-à-dire que la société de transport, si elle a besoin
d'argent pour un court délai, normalement, elle fait la même
chose, elle va aller à la banque, elle va aller à la caisse de
crédit...
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: ...elle va aller emprunter.
Comment ça va se... Dans le pratique, là, comment
ça va se faire? Est-ce que la société de transport va
émettre un certificat, est-ce qu'elle va émettre un billet
à demande? Est-ce que c'est comme ça que...
M. Ryan: Peut-être que...
M. Dufour: Est-ce que ça a la même garantie aussi
qu'une banque ou une caisse de crédit?
M. Ryan: Ça, je vais demander à nos conseillers du
ministère peut-être de fournir quelques explications sur...
La Présidente (Mme Bélanger): Pouvez-vous
prendre...
M. Gauvreau (André): André Gauvreau...
M. Ryan: ...de la direction des services financiers.
M. Gauvreau: ...de l'administration financière.
M. Ryan: Oui, c'est ça. Alors, on a les deux ici.
Peut-être M. Gauvreau, de la DGAF, comme on l'appelle, pourrait nous
fournir quelques explications.
La Présidente (Mme Bélanger): Qu'il prenne la place
là. Si vous voulez prendre place là, M. Gauvreau. Alors, M.
Gauvreau.
M. Gauvreau: En fait, les municipalités, actuellement,
elles n'avaient pas le pouvoir d'aller chercher, par exemple, les titres que
les municipalités peuvent émettre au point de vue de leur
financement. Ça pourrait être des obligations, ça pourrait
être du financement temporaire. En fait, quand on parle de titres ici,
ça peut être un billet. D'abord, toute transaction que fait la
municipalité, ça prend un papier officiel, un document pour
négocier ça. Donc, il va y avoir un titre en bonne et due forme
de passé.
On disait, dans nos lois, qu'il y avait une espèce de faiblesse.
Les municipalités... J'ai l'exemple de la ville de Montréal qui
me vient à l'esprit, finalement. Je pense qu'elle a quelque chose comme
l'équivalent des bons du Trésor du gouvernement
fédéral. Elle a des liquidités qu'elle place
temporairement. Ça pourrait intéresser d'autres
municipalités de bénéficier peut-être de conditions
plus avantageuses en utilisant ces marchés-là plutôt que
d'aller dans les institutions financières. C'est exclusivement pour
accorder une espèce de marge de manoeuvre supplémentaire aux
municipalités, aller chercher les liquidités, peut-être,
à un taux plus avantageux.
M. Dufour: Mais le titre qui est remis à la
municipalité, quelle forme ça va avoir?
M. Gauvreau: Ça va probablement être... Ça
peut être un billet, ça dépend de... Ça pourrait
être une obligation, ça pourrait être un billet. Ça
dépend qu'est-ce qui se fera. Ça va probablement être un
billet, ce qui va se faire à ce moment-là.
M. Dufour: Et ça, ce billet-là va avoir la
même force de garantie qu'un certificat de dépôt?
M. Gauvreau: C'est ça, probablement. Il va falloir que
ça soit quelque chose comme ça.
M. Dufour: Est-ce que c'est en vertu des pouvoirs qui sont
accordés au gouvernement que, lorsqu'il donne un pouvoir, le
gouvernement devient aussi comme garant? Hier, dans la discussion, vous avez
fait valoir que ce n'était pas nécessaire. Vous aussi,
c'était dans votre discours, je pense... Vous avez dit: Quand le
gouvernement donne une lettre, c'est un engagement formel, ça peut
servir de garantie. Est-ce que le fait qu'on introduit cet
élément nouveau fait que c'est une garantie du gouvernement ou
bien si c'est une garantie vraiment sur les biens de la corporation ou de la...
(12 h 30)
M. Ryan: C'est évident que si, par exemple, la
municipalité de Saint-Basile prête de l'argent pendant trois mois
à la municipalité de Saint-Ambroise, elle va recevoir une
reconnaissance de dette sous une forme ou l'autre, et là, le
prêteur va voir à ce que la reconnaissance soit assortie des
garanties nécesssaires. Les garanties nécessaires, au bout de la
ligne, c'est les biens immobiliers sur lesquels la municipalité a le
pouvoir de taxation ou les autres biens dont elle peut disposer. Ça se
ramène à ça, au bout de la ligne.
M. Dufour: Et si, en cours de route, il y avait un
problème de liquidité pour la municipalité, comment la
municipalité prêteuse pourrait-elle aller chercher ce montant
qu'elle a prêté?
M. Ryan: Regardez. À supposer que ça arriverait,
que ça irait mal, M. Gauvreau a probablement...
M. Dufour: Je n'ai pas peur des municipalités comme
telles. C'est plutôt un organisme mandataire, je présume. Mais
c'est ça, l'explication.
M. Ryan: À supposer que la municipalité qui aurait
reçu l'argent en dépôt ou pour l'utiliser à des fins
à court terme serait incapable de rembourser, disons, au bout de trois
mois, à ce moment-là, ils vont être obligés de faire
venir la
DGAF. Le ministre va être saisi de ça parce que l'autre
municipalité va se plaindre, puis, là, il va y avoir une
vérification qui va être faite, et on va leur demander d'avoir un
plan de redressement. C'est ça qui va arriver. On va dire: Là,
vous avez une situation, on ne peut pas continuer comme ça; l'autre a
droit à son argent, vous l'avez signé. On va mettre au point un
plan de redressement avec eux. Si on voit qu'ils ne sont pas capables, on va
être obligés de les mettre en tutelle pendant un temps. Mais
l'approche, c'est toujours, toujours d'élaborer un plan de redressement
avec la municipalité de manière à préserver
l'autonomie de la municipalité. Mais là on raisonne de
manière bien hypothétique parce que des cas de cette nature, il
n'a pas pu s'en présenter, vu que ce pouvoir-là n'existait
pas.
Une voix: C'est ça.
M. Ryan: Mais je pense qu'il y a toutes les garanties dans le
système. Les garanties sont toutes là, bien, bien solides.
M. Dufour: Oui, si vous avez un plan de redressement, mais
là, ça ne donne pas l'argent à la municipalité
immédiatement.
M. Ryan: À ce moment-là, peut-être...
M. Dufour: Qu'est-ce qui va arrriver, là? C'est quoi?
M. Ryan: Regardez. Dans le plan de redressement, Mme la
Présidente, II pourrait même arriver que, temporairement, II
puisse y avoir une aide financière du ministère. Ce n'est
pas exclu, ça. Il y a toutes sortes de choses qu'on peut envisager. Il y
aura peut-être une initiative spéciale qui devra être prise.
Il pourra y avoir une lettre à la banque; ça, ça a
beaucoup d'effet si le ministre, avec l'autorisation du ministre des Finances,
envoie une lettre à la banque disant: Vous pouvez leur faire confiance
parce que nous sommes en arrière, il y a un plan que nous avons
approuvé, puis tout. Ça, ce sont des choses qui arrivent. Des
fois, II n'y a même pas d'écrit. Un coup de
téléphone.
M. Dufour: Oui, c'est évident qu'on met ça au pire.
Je ne sais pas si ça va arriver. Si ça arrivait, j'ai comme
l'impression que le ministère deviendrait engorgé vite, s'il y
avait quelques cas.
M. Ryan: Mme la Présidente, le député de
Jonquière nous a habitués à envisager les pires
hypothèses. C'est son devoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: C'est parce que le ministère deviendrait
engorgé vite s'il y avait quelques cas qui se produisaient
rapidement.
M. Ryan: C'est sûr.
M. Dufour: Ça, je pense bien que vous en êtes
conscient.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: J'imagine que vous avez regardé aussi les
ouvertures que ça pouvait donner puis les problèmes que ça
pouvait causer.
M. Ryan: Regardez. Je pense bien que la municipalité qui
va avoir de l'argent à placer dans des titres d'une autre va aller
vérifier la situation financière. Elle ne mettra pas ça
là rien que parce que les deux maires ont pris un cocktail ensemble. En
général, là. Puis, en général, ils vont
dire: Le trésorier, bien, tu vas vérifier à ce qu'il n'y
ait pas de problème, qu'ils vont être en mesure de rembourser
ça dans la période fixée.
M. Dufour: Mais j'ai l'impression que les placements vont se
faire beaucoup plus sur des sociétés mandataires qu'entre
municipalités, parce que les municipalités viennent avec des
surplus d'argent toutes en même temps ou à peu près, parce
qu'elles collectent leurs taxes en même temps, donc elles vont aller
ailleurs; elles vont aller sur des organismesmandataires. Là, ça
me dérange un petit peu plus parce que, si c'est des organismes
mandataires, des fois, ils n'ont pas le même contrôle que la
municipalité, en ce sens que, des fois, ça fluctue; les
entrées de fonds peuvent venir d'une source ou de l'autre puis, s'ils ne
tiennent pas leur engagement... Bien, c'est un peu dans ce sens-là.
Est-ce que votre pouvoir de surveillance va aller jusqu'à aller chez les
organismes mandataires, la DGAF dont vous pariiez? Est-ce que,
normalement...
M. Ryan: Ils envoient tous leurs rapports financiers, ces
organismes-là.
M. Cauvreau: On surveille.
M. Dufour: Vous avez aussi le même...
M. Gauvreau: On a tous les rapports financiers des organismes
municipaux.
M. Dufour: Et vous avez le même pouvoir de faire des plans
de redressement pour ces organismes-là?
M. Gauvreau: Oui.
M. Dufour: Même sur les sociétés de
transport?
M. Gauvreau: En principe, oui, parce que ça relève
du ministre des Affaires municipales au niveau des dispositions
financières.
M. Dufour: Ça va. Je n'ai plus de questions par rapport
à ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va,
à l'article 2. L'article 2 est adopté.
M. Ryan: Merci, M. Gauvreau. Vous restez là.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
3. M. le ministre.
Pouvoirs des municipalités en
matière
de sanctions reliées à des infractions
à leurs règlements
M. Ryan: L'article 3 touche le pouvoir des municipalités
en matière de sanctions reliées à des infractions aux
règlements qu'elles ont édictés. En matière de
circulation, par exemple, d'ordre public, les municipalités sont
habilitées non seulement à édicter des règlements,
mais à assurer l'observance de ces règlements par le truchement
de sanctions qu'elles peuvent imposer aux violateurs des règlements en
question. Or, les montants, les peines peuvent être fixées de
différentes manières. Il peut arriver que ce soit une amende en
particulier. Dans le cas des amendes, les montants des amendes n'ont pas
été ajustés, je crois que c'est depuis 1979 ou 1975, M.
Couture.
Une voix: Depuis 1979.
M. Ryan: Depuis 1979, hein?
Une voix: 1975.
M. Ryan: Alors, depuis 1979, là-
Une voix: 1975.
M. Ryan: Depuis 1975. Un ou l'autre des deux. Ça fait
longtemps. Ça fait longtemps que ça n'a pas été
ajusté, puis nous avons considéré que le moment
était venu de faire les ajustements qui s'imposent. Fondamentalement, ce
que nous proposons, c'est ceci. C'est que le montant de l'amende, qui
était actuellement à un niveau maximum de 300 $, soit
augmenté comme suit: qu'il puisse être porté à un
maximum de 1000 $ dans le cas d'une infraction commise par une personnne
physique; à 2000 $ dans le cas d'une infraction commise par une personne
morale, une compagnie, par exemple, ou une entreprise constituée en
compagnie en vertu de nos lois; puis, dans le cas d'une récidive,
c'est-à-dire d'une deuxième infraction commise en dedans de deux
ans de la première, dans le cas d'une récidive, le montant
maximum pour les personnes physiques sera porté de 1000 $ à 2000
$; et, dans le cas des personnes morales, il sera porté de 2000 $
à 4000 $.
Maintenant, les municipalités gardent le pouvoir de prescrire un
montant d'amende fixe. À supposer qu'elle dirait: Pour telle infraction,
là, le montant de l'amende, c'est 500 $. Bien, elles sont libres de le
faire avec le texte que nous proposons. Si elles veulent dire: Le montant de
l'amende sera minimum 50 $, le maximum pourra aller jusqu'à 1000 $ pour
les personnes physiques, 2000 $ en cas de récidive, puis, pour les
personnes morales, ça pourra aller de 1 $ jusqu'à 2000 $ maximum,
puis 4000 $ en cas de récidive.
On peut discuter longtemps. Je pense que ces montants peuvent
paraître considérables à première vue, mais, si on
considère la période qui s'est écoulée depuis 1975,
les ajustements qui ont été faits dans d'autres dispositions
législatives ou réglementaires comparables, je pense que nous
sommes dans un ordre de grandeur qui correspond à l'évolution
générale qu'a suivie le Québec en ces matières
depuis une dizaine d'années. Et ici, nous n'avions pas
évolué, puis ça coûte toujours un peu plus cher de
s'ajuster quand on ne l'a pas fait. Mais, encore une fois, la discrétion
est laissée aux conseils municipaux de fixer les maxima qu'ils jugeront
convenables dans le contexte où ils seront appelés à
prendre leur décision.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Dufour: Bon, on va poser des questions un peu.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: «Le montant fixe ou maximal prescrit - puis je
ne sais pas si c'est la rédaction qui nous cause un problème -
...le contrevenant est une personne physique... Donc, le contrevenant, les deux
définitions s'appliquent. Ça peut être une personne
physique ou une personne morale. «1000 $ ou 2000 $ pour une
première infraction et 2000 $ ou 4000 $ pour une récidive.»
De la façon dont c'est libellé, est-ce que c'est aussi clair que
ça que les 1000 $ s'appliquent à une personne physique, puis les
2000 $ s'appliquent à une personne morale? Moi, je vous dis que,
là-dessus, j'ai un doute à quelque part.
Une voix: «...physique ou morale, 1000 $ ou...»
M. Dufour: Oui, mais «ou», ça veut dire
«un ou l'autre». Ça ne veut pas dire que c'est
séparé.
Une voix: Ce n'est pas bien écrit.
M. Dufour: De la façon dont c'est libellé, M. le
ministre, vous nous faites la distinction, vous, lorsque vous l'expliquez. Mais
de la façon dont c'est écrit, est-ce que c'est suffisamment clair
pour savoir que l'un s'applique à un montant et le «ou» fait
la différence pour que ce soit un ou l'autre. C'est un ou l'autre. (12 h
40)
M. Ryan: Regardez, moi aussi, quand j'ai lu ça, il a fallu
que je le lise deux, trois fois pour être bien, bien sûr de ce que
ça voulait dire. Je ne le sais pas si... D'abord, on peut le regarder.
Honnêtement, s'il est assez clair, il ne faut pas demander du travail
additionnel, naturellement, par artifice, je pense que ce n'est pas votre
attitude du tout, puis, s'il n'est pas assez clair, on pourrait le clarifier
davantage.
M. Dufour: Bien oui! Vcus avez...
M. Ryan: Je pense bien que ce que vous voulez dire ou si on
écrivait... Je vais faire juste une hypothèse, parce que moi, je
suis un ancien rédacteur de profession, au moins pour le
côté clarté: Le montant fixe ou maximal prescrit ne peut
excéder 1000 $ pour une personne physique dans le cas d'une
première infraction et 2000 $ pour une récidive, etc. Là,
ce serait peut-être plus clair, M. le conseiller, sans vouloir porter
ombrage d'aucune manière à votre clarté d'esprit, que
j'apprécie. C'est ça que vous voulez dire, hein?
M. Dufour: peut-être que les gens de loi, eux autres, ils
n'ont pas de problème et c'est clair pour eux autres, mais je vous dis
que, pour nous, ce n'est pas...
M. Ryan: II y a des fois qu'il faut se demander s'ils n'aiment
pas que ce soit clair seulement pour eux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Ça, c'est toujours ce que j'ai cru.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je ne le demande même pas, j'ai toujours
pensé que c'était ça. Je partage l'idée de
probablement beaucoup de monde.
Ça, c'est sur la forme. Il y a peut-être l'autre point, sur
le fond, de 300 $ à 1000 $ d'un coup. Qu'est-ce qu'on peut
prétendre pour que ça ait triplé? Et 2000 $, c'est sept
fois le montant? Est-ce qu'on peut prétendre, raisonnablement, que le
cours de l'argent ait monté autant que ça dans les 12
dernières années?
Une voix: C'est 1975.
M. Dufour: 1979, dont on a parlé tantôt.
Une voix: 1975.
M. Dufour: Sept fois, oui.
M. Tremblay (Rimouski): Non, non. C'est parce qu'il ne parlait
pas de la même... C'est sept fois l'augmentation.
M. Dufour: Sept fois l'augmentation.
M. Ryan: Mais pour une période de 17 ans. En 1975,
c'était la dernière fois, ça fait 17 ans.
M. Dufour: Ça n'a pas septuplé. Une voix: Oh
non!
M. Dufour: Je serais bien porté à croire que
non.
M. Ryan: Ça a plus que doublé, et pas
tellement...
M. Dufour: Oui, je suis d'accord.
M. Ryan: Ça a plus que doublé, peut-être
triplé. On pourrait l'établir, ça. On pourrait
l'établir, si c'est seulement ça. Mais c'est un maximum, encore
une fois, hein? C'est un maximum. Parce que, aujourd'hui, il y a des offenses
de différentes natures aussi. Il peut y avoir un certain type
d'infractions pour lesquelles un maximum de 300 $, ce serait mieux de le
conserver actuellement. Il y en a d'autres que ça peut être bon de
le monter. Prenez le développement des préoccupations
environnementales. Disons, cracher sur un plancher d'un édifice public,
il y a 25 ans, ce n'était pas une grosse offense, tandis qu'aujourd'hui
c'est plus sérieux. Endommager la propriété publique, par
exemple, faire des graffitis ou une affaire comme celle-là, il y a 25,
30 ans, ce n'était pas grand-chose, mais, aujourd'hui, il faut porter
une attention spéciale à ça parce que ça devient un
mal assez répandu.
Moi, j'ai vu, comme ministre de l'Éducation, la façon dont
les étudiants se comportaient dans les écoles secondaires et dans
les cégeps. Savez-vous que j'ai constaté des très grandes
variations d'un établissement à l'autre? Il y avait des endroits,
parce qu'il n'y avait pas de règlement et qu'il n'y avait pas de
discipline, où c'était un abandon. On se serait pensé dans
des entreprises bien autres que des collèges ou des écoles. Il y
avait d'autres endroits, ils disaient: Ah! bien, c'est les jeunes
d'aujourd'hui, c'est comme ça. Vous alliez à d'autres endroits et
c'était très bien tenu; il n'y en avait pas, de ces
choses-là. C'est parce qu'il y avait une autorité qui voyait
à établir des règles et il y avait des sanctions.
C'est pour ça qu'ici il faut laisser peut-être une marge.
Je crois que les maxima que nous fixons demeurent raisonnables,
considérant l'am-
pleur de l'éventail des infractions possibles.
Indépendamment du strict montant de 300 $, aujourd'hui, disons qu'il
serait probablement autour de 1000 $... Non, 300 $ aujourd'hui, non, pas tant.
C'était 300 $, le maximum?
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Bien, finalement, on est très bien. Sur une base
de 17 ans, là, trois fois, je pense que ce n'est pas trop pire, en y
repensant. Moi, je ne tiens pas à ce qu'on le vote maintenant.
J'aimerais qu'on fasse venir, peut-être que vous pourriez trouver
ça, comment a évolué l'indice du coût de la vie
pendant ces 17 années-là. Ça va nous faire un point de
référence qui est de caractère public et objectif.
Ça va nous donner une idée. Évidemment, j'ai
remarqué que vous ne nous prêtiez pas le dessein de fournir aux
municipalités des sources de revenus accrus, je l'apprécie.
M. Dufour: Je l'avais.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Moi, je pense que, oui, vous vous étiez
engagé lors de l'étude de la loi 145...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Mais c'est vous qui ouvrez la porte. Moi, je ne
l'avais pas ouverte. Mais vous me rappelez avec beaucoup d'à-propos que,
lorsqu'on a adopté la loi 145, vous vous étiez engagé,
à ce moment-là, à réviser la section des amendes
pour les municipalités. Et je suis convaincu que, ce faisant, vous aviez
dans l'idée que c'était une source de revenu possible pour les
municipalités. C'est clair dans mon esprit que vous remplissiez la
promesse que vous vous étiez engagé à tenir. Et je le vois
carrément là-dedans. C'est pour ça que je vous demandais
si les coûts qui sont là, le minimum comme le maximum, c'est
raisonnable ou pas. Nous, on avait dans l'idée que c'était depuis
1979. On nous a informés que c'est depuis 1975. Donc, ça peut
être un argument supplémentaire.
Moi, je pose la question: Est-ce que des juges municipaux iraient
jusqu'à imposer une amende de 1000 $? Parce que c'est un pouvoir qu'on
leur donne. Il y a une deuxième question qu'on doit se poser comme
législateurs: Est-ce que les juges Iront ou pourraient aller
jusqu'à imposer la peine de 1000 $ d'amende pour une infraction à
un règlement d'une municipalité? Est-ce qu'il y a suffisamment de
règlements importants dans les municipalités qui puissent faire
que ce maximum puisse être atteint? Ça, c'était la
question, et je n'ai pas la réponse. Quelle serait la raison pour
laquelle la municipalité pourrait ou le juge municipal pourrait imposer
une peine, une amende de 1000 $? On dit que le juge pourrait aller
jusqu'à imposer une peine de 1000 $, mais la municipalité, elle,
est-ce qu'elle pourrait, dans son règlement, prévoir que la peine
minimale et maximale, c'est 1000 $ pour tel cas? Ou si elle doit prévoir
un minimum et un maximum? Je pense que les pouvoirs réglementaires d'une
municipalité peuvent permettre que la municipalité puisse imposer
ou prévoir dans son règlement une peine minimum et maximum, pour
une première offense, de... et en fixant le montant. Elle peut le faire.
Je vois que votre conseiller juridique me dit que oui, ça peut se faire.
Donc, à ce moment-là, est-ce qu'il pourrait - et c'est ça,
la question - y avoir des abus? Par exemple, est-ce que des conseils municipaux
pourraient dire: Nous autres, on va y mettre le paquet? Et les
règlements, est-ce que les municipalités vous les soumettent
encore? Elles ne vous les soumettent plus.
M. Ryan: ...tous pour approbation, non. Les règlements
d'emprunt, mais les règlements ordinaires ne sont pas soumis pour
approbation, ils nous sont communiqués. Avec d'autres articles du projet
de loi, les communications vont être réduites.
M. Dufour: Je vais vous dire ce que j'ai à l'esprit. On a
permis, à un certain moment, des règlements pour
dérogation mineure sur des règles d'urbanisme. Moi, j'ai
constaté... Je n'ai pas les moyens d'examiner tous les
règlements, mais j'en ai vu où on parlait de dérogation
mineure. Normalement, une dérogation mineure, c'est quelque chose de pas
trop trop grave. Mais j'ai vu des dérogations mineures qui, en fait,
étaient mises ou étaient faites par des conseils municipaux pour
vraiment aller à côté de la loi, parce que ce
n'était pas mineur. Par exemple, si on dit: II y a une marge de 12 pieds
ou de 18 pieds pour un commerce et qu'on rétrécit la marge
à 2 pieds, ce n'est pas mineur, ça. Puis ça s'est fait.
J'avais dit à ce moment-là, au moment où on a
adopté la loi - et je n'étais pas député à
ce moment-là, j'étais maire, et je différais d'opinion
avec certaines personnes, c'est évident - que ça ouvrait la porte
à des abus. À ce que je sache, on n'a jamais fait la
réévaluation de ces règlements pour dérogation
mineure. Je suis convaincu, par exemple, que les citoyens l'ont vu. Ils n'ont
pas contesté, ça n'a jamais été en cour, mais il y
a eu de l'abus là-dedans. (12 h 50)
Là, par rapport à cette hausse majeure, parce que c'est de
300 $ à 1000 $ ou à 2000 $, la réponse que j'ai eue, c'est
qu'un conseil municipal pourrait, pour une première offense, la fixer
à 1000 $ - il a le droit d'aller en bas, mais il pourrait la fixer
à 1000 $ - et, pour une deuxième offense, à 2000 $.
Ça me semble un pouvoir, en tout cas, qui est assez gros. Est-ce qu'on
peut le baliser? Je pose la question, sans connaître la
réponse.
M. Ryan: Je crois que nous aurions, si nous entrions dans cette
logique, ce serait de dire: Pour telle sorte d'infraction, on va mettre un
maximum de tant; pour telle autre sorte d'infraction, un maximum de tant; telle
autre sorte d'infraction, un autre maximum. Là, c'est très
dangereux qu'on aille trop dans les détails, qu'on conditionne de
manière excessive la liberté d'initiative et le sens des
responsabilités des municipalités en ces matières. C'est
pour ça qu'il nous apparaît, à nous autres, qu'un montant
qui embrasse tout et qui laisse une large marge au bon discernement des
administrateurs municipaux est encore préférable.
J'ajoute, au sujet du plafond de 1000 $ qui est la clé de tout le
système, que ce plafond a fait l'objet d'échanges approfondis
avec le ministère de la Justice. Comme vous le savez, il y a quelques
mois nous avons adopté une loi où les montants des amendes
prescrites dans beaucoup de lois, embrassant plusieurs ministères, ont
été ajustés. Je donne à titre d'exemple que les
amendes découlant d'infractions à la Charte de la langue
française ont été ajustées à cette occasion.
Dans ce projet de loi, on a porté le montant des amendes à un
montant beaucoup plus considérable. Dans certains cas, on l'a
doublé ou triplé, parce que le montant qui était
fixé par le législateur il y a 15 ans était devenu
dérisoire. Alors, ici, ça tient compte de tous les travaux qui
ont été faits. Le ministère de la Justice nous a fourni
l'indication que ceci était conforme aux orientations qui ont
été soulevées pour d'autres législations.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Deux-Montagnes, est-ce que c'est sur le même
sujet?
M. Bergeron: Oui, c'est sur le même sujet. Moi, je trouve
que l'amende qui passe de 300 $ à 1000 $, je pense qu'on ne doit pas
calculer ça sur l'indice du coût de la vie qui a augmenté,
mais je pense qu'elle doit être assez sévère pour faire
peur. D'abord, les municipalités ne veulent pas s'enrichir avec
ça. Ce n'est pas une question que les municipalités vont aller
chercher de l'argent avec ça. Mais il y a un fait auquel on assiste
depuis quelques années, et le ministre l'a mentionné tout
à l'heure, en fait, c'est ce qui fait le plus mal aux
municipalités, en tout cas, surtout quand on rentre dans une
municipalité, c'est les graffitis et ces affaires-là. Alors, il y
a une prolifération de ça, ce qu'on ne connaissait pas il y a
peut-être 10 ou 15 ans, mais qui, aujourd'hui, est presque de pratique
commune. Par exemple, chez nous, les arrêts, les stops, ça pose
des problèmes; on a des francophones, des anglophones, etc. Mais je
pense que la loi doit avoir des dents, au moins pour faire peur, pour bien se
conformer à ce que l'aspect de la ville soit attrayant et sain. En tout
cas, moi, ça ne me fait pas peur, les 1000 $.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends les explications du député
de Deux-Montagnes. La seule chose qui me dérange dans tout ça,
c'est que certaines municipalités pourraient être souvent
tentées d'être au maximum, pas de minimum, un maximum. Je serais
tenté de suggérer des balises par rapport à ça,
mais je ne sais pas si ça causerait, peut-être, plus de
problèmes. Mais moi, je dis que, si l'amende, le maximum - puis entre le
minimum et le rraximum d'une amende il y a plus 50 % de différence; par
exemple, ça va toujours être le maximum, les 1000 $... Là,
à ce moment-là, il pourrait y avoir une balise, à savoir:
Bien, il faut le soumettre, quelque chose comme ça. L'avenir nous le
dira bien, si on l'accepte comme tel. L'avenir va nous le dire, s'il y a eu
abus ou pas. La seule chose, c'est quand il y a des abus qui se passent, c'est
difficile à corriger. Moi, j'essaie de les prévoir. Ce n'est pas
facile d'arriver puis de dire: II va y avoir de l'abus ou pas. Ce n'est pas
l'attitude que les gens prendront bien par rapport à ce pouvoir qui est
donné, qui appartient déjà aux municipalités, mais
qui fait que la somme en cause est importante. On sait bien, par exemple, que
1000 $ pour un particulier, règle générale, ça
représente plus que 1000 $. C'est de l'argent économisé.
Ça veut dire peut-être pas mal de temps pour ramasser ça.
Il y a des gens pour qui 1000 $, s'ils paient l'amende, vous saurez bien que,
des fois, c'est des économies de trois, quatre mois, et ça peut
être des économies même d'un an. C'est dans ce
sens-là que moi, je trouve que c'est haut. C'est évident que nous
autres, on le regarde d'une façon, par-dessus, en disant: 1000 $, ce
n'est pas beaucoup. C'est peut-être vrai dans nos cas, mais ce n'est pas
vrai pour tout le monde.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Est-ce qu'on ne pourrait pas, en partant du
même principe que le minimum est de 300 $ et que le maximum est de 1000
$, ce que le député de Jonquière vient de dire, c'est bien
sûr la deuxième, on la monte à 1000 $, mais est-ce qu'on ne
pourrait pas mettre dans le texte «à la discrétion du
juge»? Je veux dire: Quelqu'un est jeune, se fait prendre pour une
deuxième fois, une troisième fois, c'est laissé au juge de
décider si la deuxième fois, c'est 400 $, ou c'est 500 $, ou
c'est 600 $, parce que c'est sûr que quand tu montes à 1000 $,
ça peut poser des problèmes. Enfin, je me demande si on ne
pourrait pas avoir...
M. Ryan: Regardez, il n'y a pas de plancher. 300 $, il n'existera
plus, lui. Ça peut être 1 $ jusqu'à 1000 $.
M. Bergeron: Encore mieux.
M. Ryan: C'est ça, oui. Puis là, sans qu'on le
dise, c'est à la discrétion du juge. C'est lui qui va
arrêter le montant de l'offense...
M. Dufour: C'est ça, mais le problème...
M. Ryan: ...à moins qu'il n'y ait des catégories
qui aient été établies dans le règlement.
M. Bergeron: Mais est-ce qu'on ne dit pas: À la
première offense, bon, le juge va décider, puis à la
deuxième, c'est 1000 $?
M. Ryan: La deuxième, c'est un maximum...
M. Bergeron: Est-ce que ce n'est pas ça qu'on a dit?
M. Ryan: Non. La deuxième, tout ce qui est dit, c'est que
le maximum est de 2000 $. Ça pourrait être 20 $.
M. Bergeron: Ah bon! O.K. M. Ryan: O.K.?
M. Dufour: À l'exception, et c'est là, la
différence, que le conseil municipal peut décider qu'il n'y a pas
de minimum, c'est 1000 $, et que le maximum, c'est 1000 $, pour une
première offense, et que, dans le cas d'une récidive, c'est 2000
$ le minimum, puis 2000 $ le maximum. Parce que la loi est permissive, mais le
règlement municipal va primer, puisque le conseil municipal a le
pouvoir. Il va pouvoir l'exercer de la façon qu'eux jugent qu'ils
doivent le juger. En tout cas, je trouve que c'est... Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Oui. J'aimerais que le ministre nous explique la
différence avec l'ancien article 369, qui me paraît importante.
Vous allez comprendre ce que je veux dire. Dans l'ancien article, on dit que le
conseil peut prescrire, dans chacun de ses règlements. Voyez-vous
l'approche, là? Ça veut dire que, si un conseil municipal adopte
un règlement sur la circulation ou toute autre activité dans sa
municipalité, il peut y inscrire des modalités d'amende.
C'était l'ancien article. Là, aujourd'hui, ce n'est plus
ça qu'on dit. Je trouve que l'ancien article avait une
préoccupation dans le sens que vous disiez tout à l'heure, de ne
pas introduire des différentes catégories d'amendes en fonction
des activités, ce serait trop ardu de le faire. Sauf que l'ancien
article, sans être explicite dans les détails, le fait de dire que
le conseil pouvait prescrire, dans chacun de ses règlements, les
modalités d'amende.... Là, à l'heure actuelle, ce n'est
pas totale- ment ça qu'on dit, pas tout à fait. On dit: Sauf dans
le cas où la peine applicable est prévue, le conseil peut, par
règlement», et voici. Donc, les modalités qu'on a ici
pourraient faire l'objet d'un règlement en soi.
M. Ryan: Regardez...
M. Morin: Tel que présenté, ça pourrait
faire l'objet d'un règlement en soi, stipulant l'ensemble des amendes,
alors que l'ancien article disait que, lorsque la municipalité adoptait
un règlement, elle pouvait se prévaloir de toutes les
modalités d'amende. Est-ce que la différence que j'y vois est
exacte?
M. Ryan: Oui. Je pense qu'il y a quelque chose dans ce qu'a dit
le député de Dubuc. Le texte actuel de l'article 369 de la Loi
sur les cités et villes prévoit que le conseil peut prescrire,
dans chacun des règlements qu'il a le droit de faire, des peines, etc.
C'est vrai. Tandis qu'ici on dit: Le conseil peut, par règlement,
prévoir... Cette formule-ci est un peu plus large. Ça
n'empêche pas de continer à faire ce qui se faisait, là,
pour chaque règlement. C'est très probablement ce qui va se
faire. Mais, ici, c'est un souci d'harmonisation avec l'ensemble de la
législation, encore une fois. C'est une recommandation qui nous est
venue du ministère de la Justice, ça, qui nous a dit: Laissez
donc un peu de marge. Si une municipalité veut agir de manière
plus générale, elle pourra le faire avec ceci. Si elle veut
continuer d'agir de manière spécifiquement adaptée
à chaque règlement, absolument rien ne l'empêche de le
faire. Puis, moi, comme administrateur à l'esprit plutôt pratique,
j'ai l'impression que les municipalités vont continuer d'édicter
des peines à l'intérieur de chaque règlement en
particulier.
M. Morin: Oui...
M. Ryan: Mais il y a une nuance, là, qui est...
M. Morin: ...qui serait sans doute préférable.
M. Ryan: Le souci de la langue que traduisent souvent des
interventions du député du Dubuc se manifeste une fois de plus.
Il ferait un bon critique en matière linguistique si jamais la
députée de Chicoutimi éprouvait quelque fatigue.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: En affaires municipales aussi.
M. Ryan: Ou encore quelque tentation de faiblesse par suite de
ses contacts avec les anglophones.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: II a passé son message encore. Il ne pouvait
pas finir sans dire ça. On va lui répéter.
M. Ryan: Ça resterait dans le sanctuaire
régional.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Oui, c'est vrai. On ne se cache pas pour mourir.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ceci
étant dit, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 11)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux. Tel qu'entendu lors de la suspension
à 13 heures, il était convenu d'entendre des invités, et
je demanderais au Bureau d'assurance du Canada de bien vouloir... Ah! vous
êtes là. Bienvenue, M. Medza et Me Lamontagne.
Alors, les membres de la commission ont exprimé le désir
de vous entendre sur le projet de loi 22, Loi modifiant la Loi sur les cites et
villes, le Code municipal du Québec et la Loi sur les dettes et les
emprunts municipaux. Alors, normalement, la procédure, c'est que vous
avez 20 minutes pour exprimer vos opinions sur ce projet de loi et sur les
articles qui inquiètent un peu les membres de la commission et,
après, un questionnement de 20 minutes de chaque côté de la
table. Je ne sais pas si c'est M. Medza ou Me Lamontagne qui fait la
présentation. M. Medza? Alors, vous avez la parole.
Auditions (suite) Bureau d'assurance du Canada
(BAC)
M. Medza (Raymond): Merci, Mme la Présidente. Sur le
projet de loi 22, j'aimerais peut-être rappeler aux membres de la
commission la position que le BAC avait exprimée avant que ne soit
déposé le projet. C'est-à-dire qu'on croyait que les
mécanismes actuels d'assurance répondaient aux besoins des
municipalités et qu'il n'y avait pas lieu de donner suite à la
création de réciproques, mais de corriger la loi actuelle,
corriger cette loi-là. La loi municipale pouvait toucher trois aspects:
étendre la période d'engagement à plus d'un an, faire fi
ou passer outre à l'obligation de retenir le plus bas soumissionnaire
dans le cas des contrats d'assurance et, évidem- ment, créer, si
on le fait, des moyens de prévention importants. Alors, c'est ce que
nous avions mis de l'avant. Par la suite, nous avions également
mentionné que, si le législateur considérait qu'il
était quand même essentiel de créer des mutuelles, elles
devraient au moins s'inspirer de la réglementation actuelle sur la
constitution des sociétés d'assurance et être soumises
à la Loi sur les assurances et au contrôle de l'Inspecteur
général.
À partir de ça, le projet de loi a été
déposé. Certains articles nous ont paru peut-être ne pas
répondre entièrement à ces craintes que nous avions
formulées, notamment l'article qui prévoit qu'une
municipalité ne peut pas se retirer. Dans un libre marché, si on
veut changer d'assureur au bout d'un an, on le fait. Dans le projet de loi,
ça ne nous apparaît pas clair. Deuxièmement, on ne parlait
pas des possibilités de capitalisation. Et, troisièmement, il y
avait une interrogation sur la tarification qui était pour être
utilisée, et l'utilisation des fonds, et on nous a expliqué, que,
dans la loi, les fonds devraient être contrôlés et soumis
à l'Inspecteur général. Alors, on présume
qu'à cette partie-là on a répondu.
Mais, par contre, ce qui nous intéressait, c'était de
savoir comment les contrats que nous donnons présentement seraient
constitues dans l'avenir. Est-ce que ce sera les mêmes types de contrat
avec les mêmes types de protection? Est-ce qu'on pourra sortir ou
diminuer les protections à l'avenir, suspendre des protections qui
coûtent trop cher de façon à juste maintenir le coût
bas et rejeter sur le marché régulier les risques qu'on ne veut
pas couvrir? Qu'est-ce qu'on ferait avec les corporations municipales qui ne
sont pas incluses nécessairement dans la municipalité? Est-ce
qu'on pourrait prétendre qu'on n'assure pas, par exemple, le
comité des loisirs ou la corporation des fêtes ou la corporation
de...
Alors, ces questions-là nous interrogeaient, et ce sont les
principales questions que nous avions. Si Me Lamontagne a des commentaires, je
lui demande d'ajouter au besoin.
Mme Lamontagne (Hélène): Surtout, lorsque nous
avons consulté la loi 22, d'abord, comme M. Medza l'a mentionné,
on a vu le premier élément. C'est que cette nouvelle structure -
nous allons l'appeler structure parce que faute de nom -cette nouvelle
structure était sujette à la Loi sur les assurances et à
quand même un bon contrôle, un certain contrôle de la part de
l'Inspecteur général.
Maintenant, ce qui n'était pas clair, c'est jusqu'à quel
point c'était réellement une mutuelle par rapport à ce qui
a été créé depuis le début. On a des
corporations professionnelles, on a des assurances, des vraies assurances en
vertu de la Loi sur les assurances, on a les mutuelles dont la loi a
été modifiée, d'ailleurs, il y a à peu
près
trois, quatre ans, justement pour les moderniser de façon
substantielle, pour qu'elles soient représentatives dans les fonctions
actuelles par rapport aux assurances. Alors, on se demandait jusqu'à
quel point ces nouvelles entités, cette convention d'assurance,
réellement, seraient gérées et conçues comme un
assureur, comment elles seraient administrées par les administrateurs
qui seront à la fois assureurs et assurés eux-mêmes,
même si vous permettez, à l'article 465.12, d'avoir des gens de
l'extérieur, et jusqu'à quel point, réellement, tout le
contexte va être réellement de l'assurance par rapport à
choisir ce qui fait leur affaire, le mettre dans un genre de fonds commun et
rejeter le reste, et que là on s'attendrait, avec une certaine pression,
si vous voulez, générale, que les assureurs ramassent, eux
autres, ce qui n'est pas assurable à l'intérieur de leur concept
de gestion commune puis que les assureurs soient pris juste avec les mauvais
risques. Ça, c'était la première chose.
La deuxième chose, évidemment, avec laquelle on a eu des
problèmes, c'est avec la compréhension de l'article 465.15, qui
est le retrait. On voit, évidemment, comment on va concevoir ça
et on voit très bien votre problème. C'est que,
évidemment, vous ne voulez pas créer toute la machine, de
nouvelle convention d'assurance, qui peut prendre... quand même il y a
des fonds, il y a toute une organisation à mettre sur pied, et que, dans
deux ans, parce que la moitié des gens qui se sont regroupés
décident qu'ils veulent se retirer, ils décident: Bien,
maintenant, nous, ça ne fait plus notre bonheur, on s'en va. Un instant,
il faut faire attention, vous ne partez pas comme ça à ce
moment-là. Alors, on voit très bien ce
côté-là.
Mais, d'autre part, la loi, telle que rédigée, semble
possiblement bloquer tout le monde à une période
indéterminée, si vous voulez. Je ne dis pas
«indéfinie», mais je dis
«indéterminée». Alors, à ce moment-là,
si c'est le cas, ça veut dire que la petite municipalité ou une
municipalité moyenne - on va parler de n'importe quel genre de
municipalité - ne pourrait pas permettre peut-être à un
assureur ou à un courtier d'essayer de compétitionner, si vous
voulez, avec la couverture d'assurance qui est offerte par cette nouvelle
structure des municipalités.
Alors, c'est les deux gros points et, réellement, ça se
rattache toujours au même article, et on n'a pas de solution à
vous proposer là-dessus, évidemment, parce que, quand vous avez
rédigé cet article-là, il y avait certainement une
intention bien spécifique: vous vouliez bloquer ou vous vouliez,
à ce moment-là, vous occuper d'un problème que vous aviez
prévu. À ce moment-là, si, au cours de notre discussion,
on entrevoit ce que vous avez en tête, on peut peut-être vous faire
certaines suggestions, mais, pour l'instant, nous n'en avons pas. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Me
Lamontagne. Ça va? Alors, M. le ministre, des questions?
(15 h 20)
M. Ryan: Je laisserais peut-être le député de
Jonquière commencer, s'il le veut bien, pas parce que je veux lui jouer
un tour et tout ça, mais parce que j'ai déjà eu l'occasion
de causer avec le Bureau d'assurance du Canada, on a échangé
déjà sur un certain nombre de sujets, et je voudrais dire aux
représentants du Bureau: Là, nous n'aurons pas le temps de
procéder à l'étude article par article cet
après-midi, mais le jour où nous le ferons, au début de la
semaine prochaine, s'il pouvait y avoir quelqu'un de chez vous qui serait ici
avec nous pour nous faire des observations en cours de route, ce serait
peut-être bon, parce qu'il y aura peut-être, à ce
moment-là, des choses que vous aurez à nous signaler qui
pourraient nous aider à bonifier le projet de loi. Il y a un point. Le
gouvernement, en acceptant que le projet de loi soit présenté
ici, en prenant la responsabilité de ce projet, même, a fait un
choix de principe. Il ne vient pas avec une question en disant: Est-ce que vous
êtes pour ou contre? Le gouvernement dit: Moi, je me suis prononcé
pour; maintenant, je vous soumets le projet. Il peut arriver que l'Opposition
réussisse à nous convaincre que cette partie-là du projet
n'est pas bonne, que des organismes comme le vôtre tentent
honnêtement de le faire également, mais notre position de
départ est favorable. C'est pour ça que toutes les suggestions
qui pourront nous être faites concernant l'amélioration du projet
pourront être accueillies avec beaucoup d'intérêt, ce qui ne
vous empêche pas de formuler autre chose. Mais j'ai
apprécié l'approche que vous prenez, je pense qu'on se comprend
très bien là-dessus, et je l'apprécie au plus haut
point.
J'ai eu un moment de distraction. Je vais demander à M. Medza: Le
premier point que vous avez souligné, voulez-vous le rappeler
très brièvement?
M. Medza: Oui. Le premier point, c'était la
capacité, pour un assureur, d'offrir des contrats sur une période
plus longue qu'une année...
M. Ryan: Évidemment.
M. Medza: ...ce qui nous apparaît avoir été
retenu dans le projet de loi.
M. Ryan: Évidemment, tout ceci a fait l'objet de travaux
assez serrés avec les autorités compétentes, y compris
l'Inspecteur général des institutions financières. Quand
je vous avais rencontrés, moi, je vous avais laissé entendre
qu'un projet comme celui-là ne tomberait pas sous le coup de la Loi sur
les assurances. À ce moment-là, c'est l'information que j'avais.
Mais, dès que nous avons commencé à penser à un
texte législatif, nous nous sommes rendu compte
qu'il fallait une harmonisation avec la Loi sur les assurances. Je ne
sais pas si c'est votre impression que cette harmonisation-là est assez
bien assurée dans le projet de loi, comme on le présente.
M. Medza: Oui. Dans le projet de loi, le seul point qui,
vraiment, retient surtout l'attention, c'est la question du retrait, que Me
Lamon-tagne a expliqué tantôt, et sur lequel, je pense, il n'est
pas nécessaire de revenir puisque vous en avez entendu probablement
abondamment parler.
M. Ryan: Oui. Sur le retrait, finalement, peut-être que
vous pourriez nous expliquer un petit peu votre position, surtout en
référence à l'article qui soulève le plus de
difficultés, l'article 465.15. Si vous voulez nous expliquer de nouveau
votre position. Il y a un problème par rapport aux municipalités.
Les municipalités nous ont fait valoir qu'elles craignaient un petit peu
l'autorité du ministre. Elles nous disent toujours dans ce
temps-là: Pas celui qui est là aujourd'hui, ses successeurs
éventuels.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: On va chercher une solution à ce problème.
Il n'y en a pas de complète, sinon «the removal of the
Minister», le déménagement du ministre. Là, c'est la
meilleure solution.
Ceci étant dit, si vous pouviez m'expliquer un petit peu au point
de vue du retrait. Qu'est-ce que vous verriez?
Mme Lamontagne: Sur le retrait, M. le ministre,
évidemment, il y a deux conditions. D'abord, il faut que vous demandiez
l'avis de l'Inspecteur général, voir à ce que le retrait
de certaines, les entités qui demandent le retrait, ça n'a pas un
impact néfaste, négatif, à court et à long terme,
évidemment, sur la nouvelle structure. Donc, c'est l'impact du
«financièrement viable», ce que vous avez ici. Ça, on
peut dire que c'est l'aspect technique, technocrate, administrateur. Le
deuxième, évidemment, c'est l'aspect politique, et le ministre
peut quand même, lui, de son propre gré - non pas le ministre
d'aujourd'hui, mais le ministre dans 10 ans - décider, pour une raison
quelconque, politique, si, oui ou non, il va accepter que deux, trois
municipalités quelconques se retirent, peut-être. Là,
évidemment, éventuellement, parce que nous vous parlons d'une
entité de plusieurs groupes ensemble, il peut y avoir un certain jeu qui
se fait à l'intérieur des municipalités pour essayer de
les convaincre, les uns ou les autres, de se retirer ou de ne pas se retirer.
Ça, c'est normal.
Mais l'impact sur les assurances, surtout à ce moment-là,
c'est que, si la structure, la façon, la méthode de se retirer
est tellement étanche, difficile et à long terme, ce n'est pas
possible, pour les assureurs ou les courtiers, d'essayer de se convaincre
eux-mêmes, aussi d'aller se chercher de nouveaux clients peut-être
- ce serait préférable pour ces personnes-là, pour ces
municipalités-là... - qu'il serait possible d'avoir du
marché d'assurance, sur le marché ordinaire. Mais ils vont dire:
Écoutez, c'est impossible, c'est tellement complexe, pensez-y pas, c'est
trop compliqué. Si, aujourd'hui, vous m'offrez des tarifs quelconques
pour les prochains deux ans, ou un an, par le temps qu'on ait la
décision sur le retrait, ça va déjà être
dépassé ou on ne l'aura pas.
De ce côté-là, nous, on trouve que c'est
réellement une structure très, très difficile qui
restreint énormément la compétition entre cette nouvelle
structure des municipalités et les assureurs en général.
C'est là l'aspect, l'impact direct que ça va avoir sur les
assureurs.
M. Medza: Le deuxième point qui doit être
souligné dans cette question-là touche les municipalités
elles-mêmes. Chez les assurances, il y a une question de
répartition de risques. Je ne vous apprends rien. Vous en avez entendu
abondamment parier. Pour répartir les risques, on essaie toujours de
répartir des risques homogènes. Or, les municipalités au
Québec, vous le savez, sont dans une grande étendue. Or, il
serait inapproprié que la loi prévoie que le ministre puisse
empêcher une municipalité qui se comporterait comme une personne
prudente, qui prendrait tous les moyens de prévention et qui
réaliserait qu'elle peut obtenir un tarif très compétitif
ailleurs... alors que, parce qu'elle appartient à ce groupe, ou d'autres
municipalités, soit parce qu'elles n'ont pas les finances, soit parce
qu'elles n'ont pas la direction, n'engagent pas des mesures préventives
également, elles désavantageraient l'ensemble des autres... Nous
revenons toujours sur la question de la prévention. Je vous rappellerai
l'importance que nous avons amenée: l'assureur n'est là qu'en
cas, et la première chose qui nous importe, c'est la prévention,
et ça s'applique autant au niveau des municipalités qu'au niveau
des automobilistes.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Ryan: Merci. Je vais revenir tantôt. Si le
député de Jonquière veut y aller un petit peu.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, merci, Mme la Présidente. Je voudrais vous
saluer et vous remercier de vous présenter à la commission. C'est
vrai que c'est à la dernière minute. Mais on a réussi,
avec l'approbation du ministre, bien sûr, à vous contacter et
à ce que vous acceptiez de vous présenter. Nous en sommes bien
heureux. Ça va
permettre certainement, espérons-le, d'éclairer un peu
mieux nos lanternes respectives. Quand je dis «respectives», c'est
entre parlementaires. Je ne parle pas des vôtres.
Puisque vous représentez tout de même l'ensemble des
assurances au Québec et même ailleurs, est-ce que vous pouvez nous
dire si, dans le marché de compétition entre les
différents assureurs sur le marché des municipalités, il y
a réellement des différences énormes dans les taux et dans
les genres de couvertures?
M. Medza: Le dernier sondage rapide que j'ai fait quand le projet
de loi a été déposé il y a une semaine, ou à
peu près, on m'a indiqué qu'il y avait des municipalités
qui avaient été enlevées à d'autres assureurs avec
des différences de 30 % à 40 %. Alors, c'est un gros montant.
Certains assureurs - et là, je ne suis ni un tarificateur, ni un vendeur
de compagnie, ni un courtier, donc qui a l'exposition - on nous dit que les
tarifs sont à peu près à un niveau où ils
étaient il y a plus de 10 ans. Alors, est-ce qu'il y a une place pour le
marché? Ça, on l'avait vu quand on a fait l'enquête qui
nous a préparés à notre premier mémoire qu'on a
présenté en septembre 1990 et, quand on l'a refait en 1991,
après notre rencontre avec le ministre, nous avions indiqué
à ce moment-là qu'il n'y en avait pas, de problème de
marché.
M. Dufour: Donc, il y a la façon d'entrer; ça,
ça va. Il y a un marché compétitif; vous le confirmez. Il
y a eu des baisses de taux. Est-ce que vous croyez que le nouvel article ou la
nouvelle façon qu'on a de procéder, qui sera de pouvoir demander
des assurances par année, mais extensionné sur trois ans, est-ce
que ça, c'est de nature à améliorer encore le
marché des coûts pour les municipalités?
M. Medza: Je ne veux pas me substituer à un actuaire, je
n'aurais pas cette prétention-là, mais, si on veut stabiliser les
tarifs - et je pense que c'était une des préoccupations des
municipalités, c'était qu'on pouvait aller à des
variations importantes d'une année à l'autre - si on veut les
stabiliser en passant sur des périodes de trois ans, on peut utiliser ce
qu'on appelle des plans de tarification rétrospective, ou on peut
utiliser des plans de tarification plus étendus, avec des plus grandes
visions, avec des maximums et des minimums, des rabais. Il y a toutes sortes de
façons qu'on peut utiliser pour tarifer un risque quand on a une plus
longue période. Quand on est limité à une période
d'une année et à une soumission la plus basse, on doit
soumissionner, et ça s'arrête là; c'est terminé,
alors qu'il y a de multiples moyens, de multiples outils dont les assureurs
disposent, dont les actuaires disposent, qui pourraient permettre aux
municipalités de mieux répartir les coûts sur une plus
longue période, trois ans ou plus. Mais la loi prévoit trois ans.
C'est déjà pas mal. (15 h 30)
M. Dufour: En fait, lorsque les municipalités vont sur le
marché des assurances, qu'elles procèdent par soumissions, elles
expliquent assez bien quelles couvertures elles veulent avoir, et les assureurs
sont obligés de faire une analyse. Ce n'est pas une grille, par exemple,
qui s'adapte indifféremment à une municipalité et à
une autre. C'est municipalité par municipalité. Donc, les
facteurs de risques, de dangers, le genre de municipalités, la
façon dont elles sont protégées, vous en tenez compte, et
l'assureur en tient compte.
M. Medza: La population, l'étendue, la condition des
routes...
M. Dufour: C'est ça. Les industries, le type d'industrie,
les dangers inhérents, etc.
M. Medza: Exact.
M. Dufour: est-ce que vous croyez que, dans une... là, on
parle de mutuelle, je ne sais pas si on peut parler de mutuelle ou d'une
réciproque?
M. Medza: Une mutuelle. M. Dufour: D'une mutuelle.
M. Medza: Une mutuelle, pas de réciproque.
M. Ryan: C'est ni l'un ni l'autre exactement, mais on va demander
tantôt à M. Bouchard de nous définir ça.
M. Dufour: On va l'appeler la «REMU», la
récriproque mutuelle. Dans ce qui nous préoccupe comme
corporation, est-ce que vous pensez que d'abord, par sa définition comme
telle, il peut y avoir des différences de prix dépendant du
groupe à qui elle s'adresse, ou est-ce qu'elle devrait?
M. Medza: Moi, je vais vous répéter mon refrain
éternel: les primes sont toujours fonction des pertes. Il y a beaucoup
de pertes, on va demander beaucoup de primes. Il y a peu de pertes, on va
demander peu de primes. On est en compétition. Peut-être qu'une
société captive ne serait pas dans la même situation, mais
certainement, nous, en compétition devant plusieurs
sociétés, quand il y a des pertes qui viennent puiser à
même les fonds, on augmente les primes pour combler le manque à
gagner, et quand on a collecté trop d'argent pour ce qu'on a
déboursé, on en demande moins. C'est une pure opération
mathématique.
M. Dufour: Ça, c'est sur le marché
privé?
M. Medza: Oui.
M. Dufour: Bon. Mais, sur le marché public tel qu'on veut
proposer, j'ai l'impression qu'on va atteindre assez rapidement des primes
uniques pour l'ensemble des participants ou est-ce qu'ils devront avoir une
structure, est-ce qu'ils devraient copier cette même structure?
M. Medza: Tout dépend des contrôles que l'on
confiera à l'Inspecteur général en regard de ces
mutuelles. Si les contrôles de l'Inspecteur ne vont pas
nécessairement à la tarification, du moins normalement, c'est
surtout de s'assurer que l'assureur a suffisamment d'argent pour rencontrer ses
obligations. Alors, évidemment, ça peut avoir un impact indirect
sur la tarification, mais a posteriori.
M. Dufour: J'ai aussi l'impression que, le retrait d'un membre,
il faut que ça vienne d'abord par sa propre décision. Je ne vois
pas dans le projet de loi que la mutuelle ou la réciproque puisse
rejeter un membre s'il est trop à risque. Une compagnie privée
peut refuser de soumissionner, mais, dans le cas qui nous préoccupe,
elle ne le peut pas. En tout cas, si je comprends bien ce qu'on est en train de
mettre en place, c'est que la corporation va être obligée
d'accepter le membre quel qu'il soit, même s'il est à risque.
À ce moment-là, ça va bien pour le membre qui est à
risque. Celui qui ne l'est pas, qui voudrait se retirer parce qu'il sent qu'il
pourrait avoir de meilleurs prix ailleurs, en supposant que la corporation
accepte qu'il se retire, à ce moment-là, il y a deux dangers,
d'après mol. Ça, je voudrais bien que vous le confirmiez. Ou la
nouvelle corporation va charger des prix qui n'ont pas d'allure parce que ce
sera juste des gens à risque qui sont à l'intérieur. Les
bons membres vont s'en aller ailleurs, donc l'entreprise privée va en
profiter. Si c'est le contraire qui se produit, la coopérative va s'en
tirer assez allègrement, et ceux-là à risque, ils vont
aller où, eux autres? Est-ce que ce n'est pas de nature à
influencer le marché global du marché des assurances au point de
vue des municipalités? Si les municipalités à risque sont
à l'extérieur, il vous reste juste ça, les assureurs, les
taux vont être moins compétitifs, c'est évident, mais
ça peut faire payer les autres municipalités parce que, sur la
façon dont vous procédez et, si j'ai bien compris depuis hier
qu'on en parle, si vous parlez d'homogénéité entre les
municipalités, c'est sur la grandeur du nombre. C'est de cette
façon que vous établissez des taux ou vous assumez des
risques?
M. Medza: Ça revient toujours au niveau de 465.15,
où on dit que le retrait est conditionnel. Ça, c'est un article,
du moins à ce que j'ai cru comprendre, sur lequel la commission voulait
se pencher avec un peu plus d'attention. Effective- ment, si on arrivait avec
une mutuelle ou une réciproque ou quelque autre corporation d'assurances
qui aurait l'impossibilité de retrait, ça désengagerait
tout assureur qui fait les municipalités aujourd'hui de vouloir
continuer à com-pétitionner dans le milieu parce qu'elles ne
joueraient pas à armes égales. L'avantage, quand quelqu'un veut
se retirer de chez un assureur, parce que la plupart des municipalités,
à ma connaissance, font affaire par l'entremise de courtiers ou de
maisons de courtage, elles retournent voir leur courtier ou elles demandent
à plusieurs colliers d'aller faire un magasinage en leur nom, puis
d'essayer de trouver ce qui sera le mieux, de les compenser sur les... les
informer, c'est-à-dire de les renseigner sur les protections, de les
renseigner sur les besoins de la municipalité et de les assister au
moment des sinistres. Alors, à ce moment-là, si les services ne
sont pas bons, on peut aller vers un autre assureur. Dans le cas de la captive
- je l'appelle la captive pour l'instant parce que c'est l'impression qu'elle
nous donnait - il n'y aura pas ce service-là.
M. Dufour: Est-ce que vous croyez qu'une corporation comme celle
qu'on veut mettre en place peut opérer avec du personnel très
réduit sans trop de services à ses membres? Je m'explique un peu.
Est-ce que vous croyez, par exemple, que cette corporation peut accepter de
payer des coûts sans qu'il y ait d'expertise attachée à
cette même corporation? Par exemple, il y a 10 maisons qui se feront, je
ne sais pas trop, je vais donner un exemple, pour la municipalité,
ça coûte 500 000 $. On ne mettra pas de gros montants pour ne pas
faire peur à personne. J'ai toujours tendance à exagérer,
il semblerait. Je ne veux pas faire peur au ministre.
Mettons 500 000 $, et il y a une réclamation. Comment penser
qu'on peut établir les coûts de ces réclamations sans qu'on
ait une expertise globale attachée directement à cette
corporation? En fait, ce que j'essaie de trouver, est-ce que ça a besoin
d'un gros personnel, d'un petit personnel? Quels sont les avantages
réels par rapport à ça?
M. Medza: La différence est là. Il faudrait que je
me substitue à ceux qui vont vouloir créer ou qui seront parties
à cette mutuelle, mais je crois qu'on aurait d'abord certainement un
personnel qui ne serait pas très étendu au départ et qu'on
irait chercher l'expertise, moyennant des frais, à l'extérieur.
Se doter, ce serait un peu comme demander au ministre de la
Sécurité publique de se doter d'un ensemble, d'un groupe
d'experts en sinistres pour répondre aux événements qui
risquent de survenir dans l'année, s'il y en a. Plutôt que de
faire ça, on fait appel, à l'occasion, à des sources
extérieures, des fois aux assureurs, des fois à d'autres.
Voilà une façon de procéder avec des services externes.
Je
présume qu'ils feraient la même chose en début,
à tout le moins.
M. Dufour: Oui. On va soustraire cette corporation, son
adhésion à la Société d'indemnisation en
matière d'assurance. On sait qu'il y a eu, actuellement, sur le
marché, il y a eu des troubles, la Mutuelle, je pense.
Une voix: Les Coopérants.
M. Dufour: Les Coopérants. Il y a beaucoup d'argent en
jeu, et c'est l'ensemble des assureurs qui prend la relève. Cette
coopérative ou cette corporation qu'on met sur pied, elle est soustraite
de ça. Est-ce que vous croyez que, selon ce que vous connaissez,
ça pourrait représenter des difficultés très
grandes? Nous, on voit toujours juste ce qui est bien visible. C'est comme la
personne qui ne saurait pas, par exemple, que, la glace, ça flotte sur
l'eau et qu'il y en a les 9/10 qui sont en dessous de l'eau. On volt juste
1/10, et on dit: Aie! C'est beau! Ce n'est pas dangereux, mais... Nous autres,
ce qu'on voit dans l'assurance, c'est les gros cas. Moi, je ne suis pas
spécialisé dans la chose, ça fait que je regarde. Je dis:
Aie! C'est une grosse affaire, Les Coopérants! Mais est-ce qu'il y a
d'autres méthodes ou... que vous avez connaissance que, ce
fonds-là, il sert plus que ce que, nous, on voit?
M. Medza: Dans le cas des sociétés d'assurance
mutuelles, nous avions dit: Si des municipalités veulent se regrouper,
elles peuvent le faire à l'intérieur de la loi actuelle parce
qu'il y a des mutuelles. Les mutuelles, leur loi a été
modifiée l'an dernier. Je suis certain que l'inspecteur
général pourra vous faire part des règles qui
s'appliquent, mais elles ont des règles particulières de
sécurité. Elles ne font pas partie, à ma connaissance, de
PAASIQ parce qu'elles ont des règles particulières de
contrôle. Si on soumet les municipalités aux mêmes
règles de contrôle ou à des règles semblables, il ne
sera pas nécessaire de le faire, de procéder de la sorte. (15 h
40)
Mme Lamontagne: J'aimerais peut-être ajouter. Le but de la
Société d'indemnisation, c'était, pour les assureurs, de
s'autoprotéger vis-à-vis du public, c'est-à-dire entre
eux, au niveau de l'industrie privée. Alors, c'était ça
surtout, le but. C'était de prouver qu'entre eux, en tant qu'entreprises
privées, ils étaient capables de prendre soin des quelques
personnes ou corporations faibles qui pourraient faillir pour une raison
quelconque et de protéger l'ensemble du public. Alors, quand il a
été structuré au point de départ, tout ce qui
s'appelle corporation gouvernementale, publique a été exclu. Que
ce soit l'assurance automobile de la Colombie-Britannique, du Manitoba et de la
Saskatchewan, elles sont exclues. Tout ce qui s'appelle gouvernemental, comme
la Régie, c'est exclu. Ça n'a jamais été un
problème de ce côté-là parce que la structure est
différente, c'est exclu. Tout ce qui s'appelle captive, c'est exclu
parce qu'ils ont leur propre structure de réassurance, si vous voulez.
Les mutuelles sont exclues parce qu'elles ont aussi leur propre structure de
réassurance.
Alors, c'est dans le même contexte pour deux raisons. D'abord,
parce qu'on veut les assimiler à des mutuelles, donc elles seraient
exclues en tant que mutuelles, si vous voulez, et, deuxièmement, parce
que ce serait un organisme public, elles seraient exclues de ce
côté-là. Alors, le but réellement, c'est très
limité. La Société veut protéger strictement ce qui
s'appelle entité privée pour ne pas obliger le gouvernement
à prendre la relève, un peu dans le même contexte des
banques où, chaque fois qu'il y avait une banque qui faisait faillite,
le gouvernement, on lui demandait de venir protéger les consommateurs,
si vous voulez. Alors, on ne voulait pas que le gouvernement se sente
obligé de faire la même chose lorsqu'il y a eu certaines
faillites. Ça a été le but de la création de cette
Société d'indemnisation.
M. Dufour: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Oui. M. Medza, madame, il nous fait plaisir de vous
recevoir. Je pense qu'on doit accorder une attention toute particulière
aux propos que tiennent les représentants du BAC. Rappelons que les
membres du BAC, si ma mémoire est correcte, perçoivent environ 85
% des primes qui sont versées en matière d'assurance de dommages
au Canada et regroupent pas loin de 180 sociétés. Donc, c'est un
organisme qui, certainement, possède une expertise intéressante,
et je suis convaincu que les membres de la commission l'apprécieront
à sa juste valeur.
Je répète ce que j'ai dit tout à l'heure aux
membres de la commission et à d'autres occasions au moment de la
commission. Mon expertise n'est pas au niveau de l'application de la Loi sur
les cités et villes, pas plus que sur l'application du Code, mais
plutôt à un domaine d'intérêt qui est plus celui des
assurances et de l'application de la Loi sur les assurances. J'aimerais
peut-être profiter de votre présence pour poser un certain nombre
de questions, mais, avant tout, faire un certain nombre de commentaires et vous
adresser un certain nombre de questions très claires. Vous n'êtes
pas les seuls qui êtes intervenus alentour de cette table pour faire
valoir le problème que le retrait peut poser. Je pense qu'il est
important de rappeler à ce moment-ci que cette nouvelle corporation sera
soumise à pratiquement l'ensemble des dispositions contenues à
l'ensemble de la Loi sur les assurances, si ce n'est que quel-
ques dispositions concernant l'administration, les pouvoirs
supplémentaires, les pouvoirs de fusion et certains pouvoirs de
placement, mais, essentiellement, cette corporation sera soumise à
l'ensemble des dispositions qui sont contenues à la Loi sur les
assurances et que, en ce sens, il est très clair que l'inspecteur aura
la responsabilité de s'assurer de la viabilité de la mutuelle et
que non seulement, même si l'article, tel que libellé, ne se
retrouve pas là, il est très clair que l'Inspecteur conservera
toujours des pouvoirs pour ordonner un certain comportement à la
mutuelle.
Par exemple, il se pourrait très bien qu'un membre qui se retire
soit obligé de verser dans le temps un certain nombre
d'indemnités pour compenser, entre autres, les réserves qui
auraient pu être affectées négativement et qu'il se peut
fort bien, par exemple, que l'hypothèse de retrait va se produire au
moment où la municipalité va s'apercevoir qu'elle pourrait
être assurée à meilleur marché dans le privé
que par le biais de la corporation. Si on poursuit le raisonnement et si la
corporation perd ses bons risques, il est très clair qu'on pourrait se
questionner sur la viabilité de la corporation. Il faut bien
préciser les termes. Il ne s'agit pas d'une réciproque parce
qu'une réciproque n'est pas incorporée. Il ne s'agit pas non plus
d'une véritable mutuelle au sens où on l'entend, mais on
l'appellera la corporation.
Donc, cette hypothèse, à mon avis, est
intéressante, est importante à souligner, mais il va falloir
aussi regarder les différents... Il y a un élément dont on
discute peu, c'est toute cette question de la catégorie des assurances
de dommages qui va être envisagée. À cet égard, je
ne sais pas quelle attitude la corporation adoptera. Mais il est sans doute
à prévoir qu'il y aura un certain nombre de pools, finalement,
qui pourront être offerts. Mais, en tout cas, cette
interrogation-là que vous soulevez est intéressante.
Mais il y a un certain nombre de questions. Bien sûr, les
corporations satellites aussi, vous l'avez rappelé dans votre
présentation... Je peux vous dire que je souscris à cette
analyse. Mais puisque vous avez une expertise du marché et puisque vous
avez votre expertise des stades de l'industrie, moi, j'aimerais, à votre
opinion, vous poser un certain nombre de questions qui sont plus des questions
d'opinion que des questions de fait et de droit. Mais vous demander: Est-ce que
vous souscrivez à cette analyse qui a été
présentée à différentes sous-commissions aux
Affaires municipales qui, entre autres, a soumis le raisonnement qu'il serait
surprenant que la corporation en arrive à offrir des primes aux
municipalités qui soient meilleur marché que celles du
privé? On faisait le parallèle avec les coûts
d'administration. On dit que d'habitude, compte tenu des pressions qui ne sont
pas les mêmes, qui existent dans le privé et auxquelles la
corporation, d'une certaine façon, ne serait pas soumise... Certains
prétendent qu'il y aurait des frais d'administration
élevés et que, en bout de compte, les primes offertes par la
corporation ne seraient pas plus intéressantes que celles offertes par
le privé. Est-ce que vous souscrivez à cette analyse?
M. Medza: Non, je ne peux pas souscrire à cette
analyse-là parce que, à moins qu'on n'accorde des avantages
fiscaux particuliers, on va en arriver presque aux mêmes tarifs.
Pourquoi? Parce que, encore une fois - je suis obligé de me
répéter - la seule façon d'établir un tarif, c'est
de prendre les pertes et de les répartir. Là, on va être
dans un milieu encore beaucoup plus serré parce qu'on va être
strictement dans un domaine particulier qui va être celui des
municipalités. S'ils n'ont pas... Ils peuvent avoir peut-être 3 %
de différence à un endroit, mais ils n'ont pas les 3 % de taxe
à payer sur le capital que nous devons payer sur les primes. Je ne sais
pas. ils n'auront peut-être pas à payer ce que nous payons au
Bureau de l'Inspecteur général, qui est une taxe... Ils n'auront
pas à payer le courtier. Comment vont-ils charger les frais
d'administration? Est-ce que ce sera payé par un groupe ou par une... Il
y a toute une structure qu'il faut calculer. Est-ce que la municipalité
devra s'engager quelqu'un pour faire travailler à l'intérieur?
Alors, il faut toujours prendre les coûts globaux et déterminer
comment ça se compare. Je ne crois pas, à moins qu'il n'y ait une
détérioration dans l'expérience, que les tarifs augmentent
et je ne crois pas que les tarifs diminuent, à moins qu'il n'y ait une
réduction dans les pertes ou à moins qu'on ne décide de
faire de l'achat de risque, comme certains assureurs dans le marché
privé vont faire. Vendre, entre guillements, à rabais pour aller
chercher une part du marché puis, après, se restabiliser.
M. Boisclair: On pourrait discuter longtemps de cette
analyse-là. Un autre élément, peut-être, qui serait
intéressant. Certains prétendent aussi que ce genre de
corporation, par rapport au marché de la réassurance, serait
certainement beaucoup plus vulnérable que l'entreprise privée,
compte tenu du champ d'action plus restreint. Est-ce que c'est une analyse que
vous partagez? Je conçois, en tout cas je pense que ça va aller
de soi, qu'il va y avoir des besoins de réassurance pour une corporation
semblable à celle-là. Croyez-vous qu'elle serait plus
vulnérable qu'une compagnie d'assurances établie, sur le
marché de la réassurance?
M. Medza: n'importe quelle société qui sollicite
de la réassurance dans un marché spécialisé est
plus vulnérable, que ce soit dans le privé ou que ce soit dans
une forme corporative.
M. Boisclair: Lorsque vous soumissionnez pour offrir un produit
d'assurance à une municipalité, je présume que la pratique
veut qu'on vous soumette un cahier de charges. Est-ce qu'il est exact de dire
que vous êtes souvent obligés de refuser des risques, que, pour un
certain nombre de considérations, vous jugez qu'il n'est pas
intéressant pour vous de les assurer, qu'il pourrait être
très difficile et que le risque serait vraiment trop élevé
pour que vous puissiez en accepter l'assurance? Est-ce que c'est une
réalité qui est fréquente? Vous, qui êtes
habitués à travailler, je présume, avec ces cahiers de
charges que vous soumettent les municipalités? Est-ce que le
raisonnement nous mènerait à dire qu'une éventuelle
corporation pourrait peut-être être plus souple, serait
forcée parfois d'accepter un certain nombre de risques qui, autrement,
seraient refilés au privé et pourraient nuire à
l'efficacité d'une éventuelle corporation comme celle-là?
(15 h 50)
M. Medza: Je ne pourrais pas vous répondre, pour la
création d'une nouvelle corporation, quelles seront les règles.
Mais, chez un assureur privé, il est possible qu'à l'analyse ou
à l'inspection d'un risque on ne consente pas à souscrire une
assurance, à moins de remédier à certaines
déficiences qu'on aurait constatées lors d'une inspection. Par
exemple, on pourrait faire faire une inspection sur la canalisation et
réaliser qu'il y a un danger de refoulement d'égout
fréquent, pour lequel la municipalité pourrait, pour toutes
sortes d'erreurs, être retenue, à moins qu'on ne lui accorde une
immunité juridique et que, là, on dise: Bien, l'assuré est
pris, il y a quelque... Mais...
M. Boisclair: On pariait, sur l'heure du dîner. Vous me
permettrez de donner quelques exemples qu'on me donnait. On m'expliquait
qu'à plusieurs reprises, pour un certain nombre de cas, les
municipalités demandaient, par exemple, des polices non
résiliables, des contrats de trois ou cinq ans sans hausse de taux
annuel, protection pour centrale électrique, de monte-pentes,
d'aéronefs, d'organismes subventionnés, de travaux de dynamitage,
d'enfoncement de pieux, ainsi de suite, et des demandes qui étaient
parfois jugées exagérées. Est-ce que cette
analyse-là est exacte, selon vous, ou ce n'est pas conforme à la
réalité?
M. Medza: Toutes les activités particulières, qui
sont à l'extérieur du cadre normal de l'opération d'une
municipalité - le dynamitage n'en est pas une; il ne l'est que lorsqu'on
est à construire quelque chose de particulier - effectivement, on va
demander de nous en informer d'avance, de pouvoir faire une expertise. Je me
souviens très bien quand nous avons fait, par exemple, l'installation,
le dynamitage pour le métro de Montréal. Nous avons
inspecté à peu près toutes les propriétés
à l'intérieur d'un kilomètre, sinon deux, des endroits de
dynamitage, à la fois pour le contracteur et pour les
municipalités, en cas de poursuites conjointes.
M. Boisclair: Peut-être deux dernières questions
très rapides. Pensez-vous qu'une éventuelle corporation - c'est
mon collègue de Jonquière qui le soulevait tout à l'heure
avec beaucoup de pertinence - on pourrait très bien se retrouver dans
une situation où la corporation pourrait refuser d'assurer un certain
nombre de municipalités? Est-ce que c'est une éventualité,
selon vous? Ce n'est peut-être pas de votre ressort de répondre
à ça. Mais, compte tenu de l'état du droit à
l'heure actuelle, compte tenu des modifications qui ont été
apportées au Code civil, entre autres en ce qui a trait à la
compensation, maintenant, on peut revenir demander de réviser
l'indemnisation sur une période de trois ans; compte tenu des
récents jugements aussi, celui de Beauport, il y en a eu deux ou trois
dont j'oublie la référence exacte, il est très clair que
la responsabilité des municipalités est encore plus grande que ce
qu'elle était auparavant. Est-ce que vous avez eu l'occasion de prendre
connaissance des études qui ont été
préparées par Wyatt sur cette question-là?
M. Medza: Oui.
M. Boisclair: Est-ce que vous vous estimez satisfait du
procédé méthodologique et des conclusions auxquelles en
vient cette étude?
M. Medza: Les deux études, malgré le fait qu'elles
commencent à dater un peu, parce qu'il y en a quand même qui
datent de trois ou quatre ans, si ma mémoire me sert correctement, parce
que nous avions présenté un mémoire en 1990 basé
sur les études. Donc, je présume que c'est une étude de
trois ou quatre ans. L'étude, à ce moment-là, dit que,
oui, des réciproques, comme on les appelait, sont viables. Ça, je
pense que, oui, elles sont viables. Je me permets de répéter que
tout organisme bien tarifé, bien financé peut être
viable.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Je vais vous demander... Il y a une expérience
qui est en cours en Colombie-Britannique, depuis maintenant plus de quatre ans.
Je lisais le rapport annuel de cet organisme-là, récemment, qui
me semblait intéressant, qui me semblait être chargé de
données plutôt favorables à l'expérience - mais
c'est fait par l'organisme, évidemment. Je ne sais pas si, de votre
côté, vous autres, vous avez eu l'occasion d'avoir des
renseignements sur cette organisation.
Deuxièmement, ce qui m'intéresse particulièrement,
ce serait de vous demander: Quel a été
l'impact de cette expérience sur les affaires des entreprises
privées, des courtiers qui transigent l'assurance en
Colombie-Britannique? Aussi, si vous avez des données sur l'Ontario,
ça m'intéressera. En Ontario, je pense qu'il y a eu une
expérience dans le Toronto métropolitain. J'aimerais que vous me
disiez un petit peu comment vous l'appréciez et l'impact sur le secteur
privé.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Lamon-tagne.
Mme Lamontagne: Mme la Présidente. M. le ministre, pour la
Colombie-Britannique, quand la réciproque - c'est réellement une
réciproque - a été faite, a été
constituée en Colombie-Britannique en vertu de la loi sur les
assurances, qui est permise - spécifiquement, il y a toute une
méthodologie et toute une section de la loi sur les assurances de la
Colombie-Britannique qui le permet - elle a été
créée parce qu'il y avait un problème de marché,
surtout dans l'assurance de dommages directs, en Colombie-Britannique. Le
problème n'était pas dans la responsabilité civile, comme
nous avons vécu ici. Évidemment, l'impact sur le marché ne
s'est pas fait tellement ressentir parce qu'il y avait beaucoup d'assureurs qui
ne voulaient pas assurer les risques des municipalités, des
écoles et de tout ce que vous voulez à cette
époque-là, sur les dommages directs. La responsabilité
civile a tout simplement suivi, a été engloutie dans la
réciproque. Donc, si vous voulez, ça a réglé le
problème des municipalités. Ça a réglé le
problème au point de vue contrôle, parce qu'ils ont
été structurés en vertu de la loi sur les assurances. Les
assureurs ne se sont pas sentis révoltés, si vous voulez, ou
n'ont pas été trop rébarbatifs, parce qu'ils
n'étaient pas intéressés, au point de départ.
Alors, c'est ça l'impact. sur les courtiers, évidemment,
là je ne pourrai pas parler. j'aurais présumé que, sur les
courtiers, évidemment ils ont perdu une partie du marché, parce
que ce sont des clients qu'ils ont perdus, à ce moment-là. je
sais qu'en colombie-britannique - je vois les mêmes rapports dont vous
pariez; je les ai vus encorp récemment - le système est rendu
quasi universel. ce n'est pas obligatoire, mais c'est rendu quasi universel. je
pense qu'ils ont 90 % des municipalités. il semble que ça
fonctionne, que ça répond à leurs besoins et qu'ils sont
satisfaits du système, de la gestion et de tout ce que vous voulez. je
n'ai pas vu d'études à savoir si, par exemple, ils
considèrent que ça leur coûterait moins cher sur le
marché normal, s'il y en a, par rapport à leur réciproque.
je n'ai rien vu à ce sujet-là récemment. maintenant,
ça fait près de cinq ans, je crois, que ça fonctionne. et
c'est très actif.
M. Ryan: Évidemment, ça doit être
pratiquement impossible de faire des comparaisons maintenant, s'il était
difficile d'assurer certains de ces risques-là avant. Aujourd'hui, ils
sont assurés autrement, on ne peut pas faire de comparaison facilement.
Mais, dites-moi, quand ils sont entrés dans le domaine de la
responsabilité civile, qu'est-ce qui s'est passé exactement?
Est-ce que ça a entraîné une perte d'affaires
considérable pour le secteur privé? Est-ce que vous avez des
données là-dessus?
Mme Lamontagne: Je n'ai aucune donnée, M. le ministre. Ce
que j'aimerais ajouter ici, c'est qu'en Colombie-Britannique il ne faut oublier
aussi que la Insurance Corporation of British Columbia, qui est la
société étatique d'assurance, originaire de 1973 qui
était en assurance automobile, s'est étendue à toute
l'assurance générale, je veux dire l'assurance-habitation et
l'assurance de biens, si vous voulez. Ça, ça a eu un impact sur
le marché des assurances dans toute la province. D'ailleurs, c'est pour
ça que ça a eu un impact sur la compétition, parce que les
assureurs ont perdu tellement à cause de plusieurs raisons. D'abord,
à cause de l'automobile et, ensuite, à cause de l'extension des
pouvoirs ou du marché de cette corporation. À ce
moment-là, ça expliquerait peut-être qu'il y avait
très peu de compagnies qui restaient pour compétitionner dans le
domaine.
Alors, sur l'assurance-responsabilité civile
générale, ça a peut-être été tout
simplement un suivi naturel. Mais, malheureusement, je n'ai aucune
donnée à ce sujet-là.
M. Ryan: La Colombie-Britannique, si mes informations sont
exactes, il y a d'abord un certain plancher de responsabilités qui doit
être assumé par la municipalité elle-même, qui n'est
pas couvert par cette association-là. Deuxièmement, dans les
compensations qu'on peut en tirer, il y a des plafonds également. Il y a
des limites. La chose est bien balisée, d'après ce que je peux
comprendre, aux deux extrêmes.
Mme Lamontagne: M. le ministre, c'est un bon exemple. C'est
très bien structuré de ce côté-là pour avoir
réellement cet élément de contrôle personnel.
D'ailleurs, c'est un point qui devrait être considéré ici,
au Québec, et non pas de prendre tout le monde qui veut faire partie de
la structure et à aucune condition. Il faut qu'il y ait quand même
un engagement personnel de la part de chaque corporation, de chaque
municipalité pour qu'elle se sente, non seulement qu'elle va tout
simplement, si vous voulez, vider son panier à la porte de cette
nouvelle structure, de cette nouvelle corporation, sans prendre absolument
aucun engagement personnel d'améliorer sa situation au point de vue
contrôle des risques.
Alors, en ayant une franchise, comme on fait d'ailleurs, nous, dans
l'automobile ou dans d'autres domaines, il y a une franchise qu'elle doit
assumer. Ça les oblige à la prudence et à
avoir un contrôle, une méthode de prévention. C'est
la première chose. Deuxièmement aussi, pour les risques... S'ils
mettent une certaine limite, à ce moment-là, ça peut
permettre un contrôle des montants d'indemnité. Il y a
peut-être moins de fluctuation en sachant, au point de départ,
qu'il y a des limites d'argent qui sont accessibles à ce
moment-là pour les responsabilités. Ça a plusieurs impacts
de ce côté-là.
M. Ryan: Maintenant, juste pour conclure, en ce qui me touche, du
moins. Est-ce que je traduis fidèlement votre position en comprenant
que, nonobstant l'idée que vous pouvez avoir sur l'affaire en soi, en
comprenant que le projet, comme il est conçu, contient des balises
substantielles, il ne suscite pas de difficultés majeures, sauf
peut-être à l'article qui traite de la question du retrait? (16
heures)
M. Medza: M. le ministre, dans le projet de loi, puisque vous
avez jugé bon de présenter un projet de loi qu'on aurait
préféré qu'il ne soit pas là, mais s'il est pour en
être un, les balises que vous avez faites, en autant qu'elles tiennent
compte des quelques remarques, nous satisferaient.
M. Ryan: Très bien. Je vous remercie. Il y a une chose que
je voudrais ajouter avant de terminer, Mme la Présidente. Là, je
vais changer de chapeau une minute, je vais parler comme ministre de la
Sécurité publique pour souligner que le Bureau d'assurance du
Canada, sa section de Québec donne une collaboration de toute
première qualité aux autorités gouvernementales lorsque
surviennent des sinistres. Nous avons mis au point des rapports de
collaboration qui sont excellents. Je me souviens, en particulier, quand est
arrivée la tornade de l'an dernier, à Maski-nongé.
Dès le lendemain, moi, j'étais sur les lieux avec mon
collègue, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, et j'étais très heureux de retrouver, sur le
terrain, avec nous, dès ce jour-là, des représentants du
Bureau d'assurance du Canada qui étaient déjà à
l'oeuvre au nom des assureurs, qui ont assumé leurs
responsabilités avec une expéditivité qui était une
bonne leçon pour le gouvernement aussi, que vous aviez une certaine
longueur d'avance sur nous.
Je souhaite que cette collaboration puisse se maintenir et se
développer. Nous travaillons ensemble à un projet de grande
envergure, concernant l'assurance-sinistres, qui pourrait peut-être
être conçu et même fonctionner dans un contexte de
collaboration entre vos entreprises et le gouvernement. Nous continuons ces
travaux-là. Nous ne voulons pas en précipiter le
dénouement non plus, mais c'est un projet qui nous intéresse
beaucoup et que je souhaite pouvoir mettre au point avec vous au cours des mois
à venir.
Je souligne, enfin, la place très importante qu'occupe, dans
notre esprit, l'industrie de l'assurance au Québec. J'étais bien
content quand nous avons causé, l'autre jour. Vous aviez des dirigeants
de nos principales entreprises d'assurance qui étaient avec vous, avec
qui, moi, j'ai transigé à de nombreuses reprises au cours des 25,
30 dernières années, dont j'ai toujours admiré la rigueur
et la précision et leur souci, en même temps, de
l'intérêt général. Je pense que vous l'avez
montré encore une fois, aujourd'hui, en répondant avec beaucoup
d'empressement à une invitation qui vous est arrivée tardivement.
Je pense que l'excellente contribution que vous apportez à notre
démarche sera vivement appréciée de mes collègues
du côté ministériel.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière, pour le mot de la
fin.
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Si j'ai bien compris
la dernière affirmation ou la dernière réponse à la
question du ministre des Affaires municipales, à savoir: Est-ce que
ça vous semble satisfaisant? Je pense que c'est une expression
d'opinion, vous n'avez pas grand choix. D'ailleurs, vous l'avez exprimé.
Moi, j'ai retenu que ce n'est pas une affaire aussi surprenante, de la
façon dont vous avez répondu. Je ne la retiendrai probablement
pas comme une preuve évidente que c'est un bon projet. Je vais juste
retenir ce que vous nous avez dit à l'effet qu'actuellement le
marché est excellent, au point de vue de la couverture de risques, au
point de vue des coûts et que ces coûts-là sont
établis par le marché. La façon dont vous êtes
structurés, ça force les municipalités à être
plus préventives. On a au moins cette assurance-là.
«Pay-as-you-go», ça, on l'a appliqué dans ce
domaine-là.
Il semblerait aussi que les couvertures de risques, actuellement, sont
couvertes par l'ensemble des assureurs. Il a été un temps
où on voulait assurer... Je me rappelle, on opérait un centre de
ski dans ma municipalité, les coûts étaient faramineux,
ça n'avait pas de bon sens. Ça, je pense que ces
problèmes-là, ils se sont estompés et, actuellement, cette
structure-là est bien appliquée. En tout cas, les coûts
sont appliqués et les couvertures d'assurance sont à l'avenant,
sont satisfaisantes.
Donc, c'est vrai que vous pouvez répondre: Oui, ça nous
semble satisfaisant pour la protection du public, pour la protection du
consommateur, mais vous ne m'avez pas convaincu. Moi, on ne m'a pas convaincu
qu'on en retirerait de si grands bénéfices. D'abord, si je
comprends bien, vis-à-vis de la Colombie-Britannique, il y a des balises
importantes. D'abord, il y a un plancher, II y a un seuil, et il y a un
plafond. Donc, ce n'est pas la même chose. Si ça dépasse,
qu'est-ce qui arrive? Je ne sais pas. Je vous
donne, par exemple, le cas de Beauport. En supposant que les gens
seraient assurés et avec un minimum de 100 000 $ qu'on ne paie pas -
ça, c'est un déductible - et le reste jusqu'à 3 000 000 $,
la municipalité n'était pas assurée, elle est
obligée de le payer.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Mme la Présidente, par exemple, je vais vous
dire une chose. Je ne voudrais pas être déplaisant, mais je ne
voudrais pas que vous le soyez à mon égard. À 3 heures ou
à 15 heures exactement, j'étais ici, à la table. On
s'était entendus qu'on recevait les gens pour une heure. A ce que je
sache, il reste 10 minutes. Je n'ai pas l'intention de prendre les 10
minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Par contre, vous
aviez 20 minutes pour le questionnement, vous êtes rendu à 30
minutes.
M. Dufour: Mme la Présidente, vous savez les règles
aussi bien que moi. Les personnes qui viennent se présenter, elles
prennent les 20 minutes ou non, et le reste du temps est partagé
également entre les formations...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il y a consentement
des membres.
M. Dufour: ...à condition qu'on les prenne. moi, je ne
voudrais pas qu'on finisse la semaine de mauvaise humeur. ça va bien,
à ce que je sache...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez l'air parti
sur une mauvaise humeur, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, mais vous me provoquez. Si vous me cherchez, vous
allez me trouver-La Présidente (Mme Bélanger): Je ne
provoque pas du tout.
M. Dufour: ...ça, je vous le dis. C'est la
façon...
La Présidente (Mme Bélanger): Très
agressive. De toute façon, plus on vous donne de fil, plus vous en
prenez. Normalement, c'est 20 minutes de chaque côté de la
Chambre. M. le ministre vous a laissé plus de temps, et, encore, vous
critiquez. Alors, on ne sait pas quoi faire pour vous faire plaisir.
M. Dufour: Voyons, ce n'est pas M. le ministre qui règle.
Mme la Présidente, vous êtes déplaisante.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse.
M. Dufour: Je vous le dis carrément, ce n'est pas le
ministre des Affaires municipales qui règle les choses du jeu; on
s'entend entre les deux formations, et c'est vous qui appliquez les
règles, mais ce n'est pas au bon vouloir de l'un ou de l'autre. Quand on
s'accepte comme on est, ça fonctionne. Si on dit que c'est une heure
par... et c'est ça qu'on a convenu depuis hier. On reçoit les
gens pour une heure et si...
La Présidente (Mme Bélanger): II était 15 h
15 quand on a commencé.
M. Dufour: C'est ça. Je le savais. Je vous ai dit
ça tantôt.
La Présidente (Mme Bélanger): Le ministre, il peut
avoir d'autres questions aussi, mais votre temps est écoulé.
M. Dufour: Mais arrêtez de lui en suggérer, il a dit
qu'il avait fini. Voyons, moi... Arrêtons, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, s'il vous
plaît.
M. Dufour: Moi, en tout cas, je vous ai entendue. Je pense que
vous n'auriez pas dû m'interrompre. Ce serait déjà
terminé.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais continuez, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je m'excuse. Ce n'est pas l'habitude, quand on est du
monde, de se comporter de cette façon-là. En tout cas, ce n'est
pas la bonne façon, ça je l'admets.
Ce que j'étais en train de dire, c'est que, vis-à-vis de
votre dernière affirmation concernant si le projet est acceptable ou
non, moi, je prends ça comme une opinion. J'aime mieux retenir ce que
vous nous avez dit lorsqu'on vous a interrogés concernant la
viabilité, d'abord, de cette nouvelle corporation qu'on met en place et
aussi comment ça va se comporter dans le futur. On a beau se cacher,
quels que soient les organismes qu'on met en place, si c'est au point de vue
financier, il faut toujours se fier ou se guider par rapport à des
règles qui sont connues. On n'invente rien. Si les risques sont bien
couverts et sont plus grands, ça coûte plus cher, quelqu'un va
payer. Ne nous faisons pas d'illusions. L'inquiétude que j'ai et qui
commence à se confirmer très fortement, c'est à savoir
comment un groupe va pouvoir se retirer et comment il va y entrer. Si la
corporation a pu envoyer ses membres qui lui coûtent trop cher et qui
sont délinquants, à ce moment-là, qu'est-ce qui va
arriver? C'est une question de fond. Moi, je reste sur mon appétit de ce
côté-là. Au nom de ma formation, je veux vous
remercier.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. Merci, M. Medza et Me Lamontagne, de
votre présence parmi nous. Je pense que vous avez apporté un bon
éclairage aux membres de la commission. Comme on va poursuivre
l'étude du projet de loi article par article la semaine prochaine, si
vous voulez être présents, vous serez les bienvenus.
Sûrement que vous aurez encore de l'éclairage à apporter
aux membres lors de l'étude des articles concernant votre domaine.
Alors, on vous remercie beaucoup. La commission suspend ses travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 9)
(Reprise à 16 h 19)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 22. Loi modifiant la Loi sur les
cités et villes, le Code municipal du Québec et la Loi sur les
dettes et les emprunts municipaux.
Alors, nous avons la table des invités: M. l'Inspecteur
général des institutions financières, M. Bouchard; M.
BoMn, Mme Montminy et Mme Gagnon. Nous vous souhaitons la bienvenue. Je suppose
que M. Bouchard va faire l'exposé sur le projet de loi.
M. Dufour: Mme Montminy, est-ce que c'est celle
immédiatement à votre gauche?
Mme Montminy (Danièle): C'est moi. M. Dufour: C'est
vous? O.K.
M. Ryan: J'ai eu des problèmes avec Mme Montminy au
ministère de l'Éducation.
Une voix: Ah bon! Donc, elle peut avoir de mauvais plis.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Bouchard,
vous avez la parole.
inspecteur général des institutions
financières
M. Bouchard (Jean-Marie): Je dois vous dire, M. le
député, que, depuis ce temps-là, elle travaille à
l'Inspecteur général qui s'est chargé de la former.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bouchard: Écoutez, l'économie
générale, je ne sais pas quelle présentation vous attendez
de moi, Mme la Présidente.
M. Ryan: Si vous me permettez une suggestion?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
(16 h 20)
M. Ryan: En fait, nous n'aurions pas présenté un
projet de loi comme celui-ci, comprenant des dispositions aussi importante dans
leur lien avec la Loi sur les assurances et les responsabilités qui
incombent à l'Inspecteur général des institutions
financières, sans prendre soin de consulter auparavant le Surintendant
des assurances. Nous avons vu à informer le Surintendant des intentions
que nous avions. Il nous a fait part en cours de route, dès le
début, des nombreuses difficultés qui devraient être
surmontées et, à un stade plus avancé du cheminement du
dossier, nous nous sommes rencontrés. La ministre
déléguée aux institutions financières, le
Surintendant, mes collaborateurs, mes collaboratrices et moi-même, nous
avons tenu une séance de travail au cours de laquelle nous avons
examiné à fond... Il y avait un premier projet qui avait
été fait, nous l'avons refait considérablement. Je pense
que ce n'est pas travestir la réalité que de décrire ainsi
les résultats des échanges que nous avons eus ensemble. Le projet
que nous avons vise à répondre aux exigences qu'avait
formulées, en cours de route, l'Inspecteur général des
institutions financières. Nous avons retenu, comme vous le constaterez,
que les dispositions de la Loi sur les assurances doivent s'appliquer à
un projet d'assurance-responsabilité du type que nous envisageons, avec
un certain nombre d'exceptions. Ça pourrait peut-être être
la première question que j'adresserais à M. l'Inspecteur
général.
Il y a un article, M. l'Inspecteur général... Je profite
des quelques moments de répit additionnels qui nous sont donnés
pour vous remercier, M. Bouchard, ainsi que les membres de votre personnel qui
ont collaboré avec nous à la préparation de ce projet. Je
ne vous en impute aucunement la responsabilité. Si vous voulez le
critiquer, je ne veux pas m'opposer à ce que vous le fassiez. J'en
serais très peiné, mais je ne saurais m'opposer. Ha, ha, ha!
Alors, je vous remercie beaucoup de la collaboration que vous nous avez
apportée en cours de route, je pense qu'on l'apprécie.
En guise de première question, je pourrais peut-être vous
demander de nous expliquer un petit peu ce qu'il y a dans l'article 465.10.
Ça va servir d'introduction, je pense.
M. Bouchard: Essentiellement, le projet de loi que vous avez
devant vous... C'est la raison pour laquelle il s'inscrit, en partie, dans les
lois municipales. C'est que le problème se présentait de la
façon suivante. Si on voulait envisager une espèce
d'auto-assurance ou d'autoprotection quel-
conque qu'on pouvait appeler assurance, de deux choses l'une: ou bien il
y avait un régime de supervision et de contrôle. Et, s'il y en a
un, qui devait l'exercer, pour les fins de la protection du public? Il a
été établi au point de départ, et c'est la
réponse qu'on avait donnée à M. le ministre Ryan, que s'il
devait y avoir une supervision et un contrôle et que c'est une
opération qui participe de la nature des assurances, et que l'inspecteur
devait s'en occuper, il n'y aurait pas possibilité de compromis quant au
système qui devrait être mis en place. Ça devait être
un système neutre, par rapport au système qui prévaut dans
l'industrie privée. Donc, le système qui était
institué répondait exactement à tous les critères
de n'importe quelle compagnie d'assurances que je pourrais créer demain
matin, en ce qui concerne le secteur d'assurances générales, sauf
en ce qui concerne ia mise de capital de fonds. Pourquoi la mise de capital de
fonds n'a pas été retenue? C'est très simple. C'est que
c'est compensé par une mesure beaucoup plus onéreuse que vous
avez à l'article 465.13, qui est un pouvoir de cotisation énorme
qui est donné. Cet article-là, on s'est inspiré du
principe que nous avions déjà établi dans la Loi sur les
assurances pour le fonds des corporations professionnelles.
L'idée de base est la suivante, c'est que l'expérience que
nous avions... Je sais qu'on peut me dire qu'il en existe en Ontario, qu'il en
existe en Colombie-Britannique. On sait tout ça, mais, quand vous
regardez quand même les dispositions générales de ce
système-là, il y a des dispositions de protection qui sont
accordées par des surintendants de ces provinces. Donc, ce n'est pas un
système de réciproque, l'équivalent de ce qu'on appelle un
«pay-as-you-go» ou l'équivalent de ce qui existait
autrefois, dans la province de Québec et au début du
siècle et qu'on appelait les compagnies d'assurances feu-foudre-vent et
qui étaient des sociétés mutuelles à base des
cotisations, où les sociétés, dans le temps, surtout des
municipalités rurales qui ne pouvaient trouver preneurs pour le risque
d'assurance, créaient un pool de risques, s'entendaient pour ce qu'on
appelait signer un billet de cotisation, qui, au point de départ, ne
comportait pas de montant, sauf un montant maximal. À la fin de
l'année, on répartissait les risques entre les membres suivant
les risques qui avaient été encourus. C'est un système qui
a prévalu durant un certain temps, et qui a fait que, au Québec,
II a fallu le modifier, il y a cinq ou six ans pour reformer le système,
parce que le système d'une cotisation après coup est un
système dangereux. Effectivement, au Québec, le Québec
avait connu l'expérience d'une réciproque. Certains
d'entrés vous s'en rappelleront peut-être, c'était
l'expérience des «taxis owners» de Montréal qui a
fait l'objet du rapport Bossé, qui a failli lamentablement et qui a
causé une faillite.
Le problème des réciproques, c'est ce qu'on appelle les
tontines. Après un certain temps, les gens quittent. Après un
certain temps, vous n'avez plus personne qui assume les risques. Donc, la
réciproque, la mise en commun de risques, lorsqu'on veut la faire, il
faut la faire suivant des critères très précis,
très rigoureux, d'où les dispositions que vous avez ici qui sont,
en réalité, les dispositions d'une compagnie d'assurances avec la
supervision qui est faite par une compagnie d'assurances, avec l'obligation
d'une réserve actuarielle par un assureur. Donc, ensemble, tous les
principes qui existent pour une compagnie d'assurances existent pour les
mutuelles, sauf les dispositions qui ne s'appliquent manifestement pas à
ce cas-ci et qui sont, par exemple, 33.1 et suivants, qui sont des
activités supplémentaires. C'est clair qu'on ne voulait pas
permettre à cette corporation-ci d'exercer les activités
supplémentaires qui existent dans la loi pour toutes les compagnies
d'assurances. 93.1, qui est le pouvoir d'émettre des parts
priviligiées. Donc, vous avez une série de dispositions qui,
manifestement, ne s'appliquaient pas, mais qui ne touchent pas, comme tel, ce
que j'appelle le coeur du système qui a la protection, la surveillance
et le contrôle.
Ceci étant dit, donc, le système a été
conçu de façon que, d'une part... et là, peut-être
que ça va répondre d'avance à certaines
préoccupations que vous avez depuis l'étude du projet... suivant
les hypothèses suivantes: Le projet qui est devant vous part d'un
principe qu'il y a une entente entre un certain nombre de municipalités
qui décident de former une corporation d'assurances. Les
municipalités deviennent à la fois propriétaires ou, si
vous voulez, membres d'une compagnie d'assurances, donc assureurs et
assurés. Et ça, on le fait au point de départ avec un
certain nombre de municipalités qui décident de le faire.
Ça, c'est la convention de la souscription du point de départ qui
prévoit les règles sur lesquelles on va se fonder, que nous
allons apprécier et qui vont donner lieu, si le ministre est d'accord,
à l'émission de lettres patentes qui va incorporer cette
compagnie, donc qui est fondée sur un consensus. (16 h 30)
Disons, au point de départ dans ce consensus, quelles sont les
catégories, quelles sont les conditions d'adhésion, quelles sont
les conditions de retrait et ainsi de suite. Enfin, tout ce que vous avez aux
dispositions de l'article 465.3 qui est à la base.
Le corollaire de cet article se retrouve... Et j'ai entendu vos
débats tout à l'heure. Je ne sais pas si j'anticipe, mais
ça peut peut-être accélérer le processus. Ils
avaient une des conséquences de ce principe de base à 465.15, le
fameux retrait. Je crois comprendre, tant de la part du BAC que de ceux qui ont
fait des représentations à ce sujet-là, que, tel que
rédigé... Et je confesse que probablement la réaction est
fautive, mais je vous donne l'inten-
tion. Oublions le texte. Et là, vous pourrez juger si l'intention
est bonne ou non. Il vous appartiendra de décider ce que vous en ferez.
Mais l'intention était la suivante, basée sur l'hypothèse
que je viens de vous expliquer, qui est une hypothèse de convention, de
consensus, d'entente, de règles du jeu au point de départ,
où on va assumer en groupe, suivant des règles extrêmement
sévères d'une compagnie d'assurances, dans le marché qu'on
vous a décrit, marché extrêmement difficile, marché
qui est sans limites, marché qui, par l'effet de la jurisprudence, prend
des proportions considérables. C'est tout ça que ces
gens-là vont devoir apprécier.
Donc, l'article 15 vient dire que lorsqu'un membre, après avoir
discuté avec ses collègues ou un certain nombre de partenaires,
et qu'ils s'entendent pour mettre sur pied un mécanisme de protection
s'il décide de quitter... Il ne peut pas quitter comme ça au bout
de trois mois, au bout de six mois, au bout de neuf mois. Ça ne me
paraît pas normal. Ce n'est pas un club, ça, c'est une corporation
qui prend des responsabilités très grandes. Cette corporation qui
est une grosse corporation... Par exemple, je suppose que j'ai 10 corporations,
que vous avez un certain nombre de corporations qui quittent et que,
après un certain temps, on se ramasse avec des petites
municipalités qui restent dans la mutuelle, qu'est-ce qui va arriver?
C'est bien beau, mais là, l'Inspecteur va dire, lui, 465.13. Là,
je cotise, moi, là, puis, à un moment donné, Saint-Alban
ou Saint-Eusèbe ou Saint-Césaire vont être obligées
d'augmenter les cotisations et leurs taxes considérablement pour
supporter ce qu'il y aura à supporter parce qu'il y en aura un certain
nombre qui auront décidé de quitter. Elles seront venues chercher
ce qui était intéressant et, à un moment donné,
elles disent: Écoutez, merci bien. Maintenant, on quitte. Nous, on n'est
plus intéressées par le marché.
Donc, le 15, et quand on avait parlé avec M. le ministre, on
avait dit: Écoutez, comme c'est à base d'un consensus,
normalement, un contrat, ça ne se fait pas de façon
unilatérale. Quand je fais un contrat avec un certain nombre de
personnes, ce n'est pas normal que je puisse quitter comme ça, m'en
aller et dire: Maintenant, moi, ça fait mon affaire, je m'en vais. Mais,
non, j'ai signé à 10. Si tu quittes, très bien, il peut y
avoir une appréciation qui est faite. Mais l'idée, qui
était peut-être malhabilement rédigée,
c'était de dire: Écoutez, on va apprécier la situation. Si
c'est vrai qu'au point de départ il avait besoin d'une évaluation
de l'inspecteur pour accepter le projet, si un partenaire quitte, le même
principe devrait exister. Je dois apprécier qui reste et dans quelle
mesure ils sont en mesure de porter les risques et, Mon Dieu!, dire à
ces gens-là, comme c'est des petites municipalités: Vous en avez
pour, peut-être, 25 ans à payer des taxes pour les risques qui
restent là, parce que le risque, lui, il ne partira pas parce que la
muni- cipalité part.
Quand une municipalité va quitter, il y a ce que j'appelle un
encours de risques. Les risques sont là, la municipalité va payer
une prime. Bien sûr qu'elle va payer une prime. Bien sûr qu'on va
me dire: II y a des réserves actuarielles. Mais pourquoi on fait des
évaluations de réserves actuarielles à tous les ans? Ce
n'est pas pour rien. Ce n'est pas statique, ça. C'est
dépendant... une réserve, c'est une projection, c'est un acte de
l'esprit, c'est une évaluation qui est faite au meilleur de la
connaissance des actuaires, mais ce n'est pas fait par des anges. Il y a
toujours des évaluations qui sont sujettes à fluctuation. Donc,
à la fin de l'année, les réserves changent et varient
suivant l'expérience de ces... d'où le besoin qui ne va
peut-être survenir qu'à la fin d'une année.
Que l'Inspecteur, en regardant les états financiers, dise:
Écoutez, la réserve est insuffisante... Parce que la
réserve est insuffisante pour tenir lieu du capital, vous devez
augmenter vos cotisations, d'où le pouvoir d'ordonnance qui était
là. Pour moi, le pouvoir d'ordonnance, il est majeur parce que, si
l'ordonnance à 465.13 n'avait pas existé, personnellement,
j'aurais été dans l'obligation de dire: Le projet ne peut pas
fonctionner parce que ça aurait été l'équivalent
d'une réciproque. Je paie si ça fait mon affaire, et quand
ça ne fait pas mon affaire, je m'en vais. Avec l'ordonnance, c'est
important. Pourquoi? Parce qu'à partir de là, c'est les
assurances. Si la municipalité ne le fait pas, l'Inspecteur
général peut prendre une injonction. Là, je peux forcer la
municipalité, et là, il fallait, pour continuer et boucler la
boucle...
C'est là que les Affaires municipales ont trouvé la
solution, et pour que ce soit exécutable, il ne faut pas que j'aie
à attendre qu'une municipalité passe un règlement, avis de
publication, avis public, assemblée publique et approbation par la... Ce
n'est pas le temps de faire ça. Dès qu'une ordonnance est rendue,
il faut que la municipalité soit en mesure de taxer. C'est pour
ça que vous avez une disposition qui dit que, contrairement aux
dispositions municipales, le règlement peut être adopté
très rapidement pour forcer une cotisation, en vue de, justement,
permettre à la corporation... et ça, c'est ce qui avait
été trouvé.
Donc, le but de l'article 15, c'était ça.
Évidemment, peut-être que là, le fait que l'on croit que
l'autorisation du ministre vient s'ajouter à l'avis de l'Inspecteur qui,
lui, va se prononcer uniquement sur la fiabilité du projet -
l'Inspecteur n'a pas autre chose à dire, ii ne le fera pas en fonction
des personnes qui sont en cause, il va le faire en fonction du projet.
Normalement, si le projet est viable et si la corporation n'a pas à
assumer d'autres responsabilités que celle-là, elle devrait
pouvoir quitter. Mais il semblerait que les gens croient que «membre un
jour, membre toujours» et que les
municipalités ne pourraient jamais se retirer du projet. Ce
n'était pas le but de l'article 15. Ne pas se retirer à n'importe
quelle condition, mais pouvoir se retirer, oui.
D'ailleurs, quand vous regardez, ça aurait pu être
ça. Mais, même là, ça n'aurait fait que reporter
dans le temps le problème parce que, pour moi, la question de principe
demeure la même, indépendamment de ce que... Je m'excuse de ma
formation civiliste, mais ce que je trouve difficile, c'est qu'un membre seul
décide de modifier unilatéralement une convention. En tous les
cas, à supposer que l'on mette ça de côté, on aurait
pu, par exemple, faire comme la Colombie-Britannique ou, encore, dans d'autres
systèmes, prévoir l'adhésion obligatoire pour un minimum
de temps - trois ans, quatre ans, cinq ans -pour au moins donner le temps au
système de démarrer, puis de partir sur une base un peu plus
solide que de dire: On fait un système, puis au bout de six mois, un an,
il y a une grosse ou deux grosses municipalités qui quittent.
C'est un petit peu ce qui me chicotait, je vous avoue - je m'excuse du
terme - à l'article 15 et qui a été rendu de cette
façon-là. Mais, l'idée, ce n'était pas d'en faire
une captive, et l'idée, ce n'était pas de brimer la
liberté de retrait d'une municipalité. Mais on laissait la
liberté de retrait en maintenant la responsabilité, sa
responsabilité qu'elle avait assumée vis-à-vis des autres.
C'est ça qu'on a voulu rendre par 15, puis, encore une fois,
peut-être pas d'une bonne façon.
Pour le surplus, c'est la Loi sur les assurances et, évidemment,
comme, par exemple, à 465.17, il est clair qu'il n'était pas
nécessaire d'assujettir cette corporation spéciale d'assurances
là au système du fonds d'indemnisation d'assurances
générales, qui est l'équivalent de la SIAP en assurances
générales. Je n'en ai pas besoin parce qu'ici je n'ai pas de
cotisation. Donc, pas question qu'ils paient une cotisation pour cette
corporation-là et, pour le surplus, bien, c'est la Loi sur les
assurances.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Bouchard.
M. le ministre.
M. Ryan: On a parlé tantôt de l'expérience de
la Colombie-Britannique, où on a établi un plancher en
deçà duquel des municipalités doivent assurer
elles-mêmes leur assurance, un plafond également au-delà
duquel l'association n'est pas appelée à contribuer pour des
dommages encourus à l'occasion, en l'occurrence, d'un risque. Toutes ces
choses-là seraient pourvues dans la convention qui serait soumise
à votre approbation. (16 h 40)
M. Bouchard: M. le ministre, oui. Normalement, oui. Je vous avoue
que nous allons voir à ce que ça y soit. D'ailleurs, c'est la
raison pour laquelle nous avons mis de côté l'article 223 de la
Loi sur les assurances qui permet, de façon illimitée, la
réassurance. Je vous avoue franchement, entre vous et moi, que je
verrais très mal une corporation qui se lance aujourd'hui dans
l'assurance générale, alors que nous avons une surcapacité
de capital, que nous avons beaucoup de compagnies qui font compétition,
et qui font tellement compétition qu'elles coupent les prix. Seulement
dans l'assurance automobile, l'Inspecteur a beau dire à tous les ans
dans son rapport annuel que la tarification n'est pas adéquate,
ça n'empêche pas les compagnies d'assurances, pour maintenir leur
part de marché, de compétitionner.
Vous avez une compétition qui est très grande, qui est
féroce, qui est considérable. En assurance automobile, il y avait
100 assureurs au Québec. En assurances générales, vous en
avez au-delà d'une centaine également. Donc, c'est évident
qu'une compagnie comme celle-ci va devoir se frotter à une concurrence
féroce, d'une part. D'autre part, il va falloir qu'elle se comporte
exactement avec la même rigueur de tarification qu'une compagnie
d'assurances. Troisiè-ment, il va falloir qu'elle s'assure de ce que
j'appelle un minimum de bassin pour qu'elle soit viable. D'ailleurs, dans un
des rapports qui avaient été faits concernant ces fameux
projets-là qui sont sur la table depuis longtemps, j'ai, entre autres,
par exemple, le rapport de Sobeco qui disait, cette firme d'experts, que pour
qu'elle ait une chance raisonnable de succès, le mécanisme
devrait compter sur un volume d'affaires représentant au moins 25 % du
risque municipal. Ce n'est pas pour rien qu'ils disent ça, en
assurance-responsabilité, pour ce secteur-là, ce qui
développerait des primes totales approximatives de 10 000 000 $.
Ça veut dire que ça prend...
Vous savez, la mutuelle, c'est une répartition de risques parmi
des membres. Lorsque vous êtes assurés avec la Prudentielle
d'Amérique, vous êtes dans un bassin de millions d'assurés
qui fait que l'assureur peut répartir ses risques. Ce qui va mal dans un
secteur, il peut le répartir. Ici, vous allez avoir un certain nombre
d'assureurs qui vont supporter les risques qu'ils vont assumer. Ça veut
dire qu'il va falloir qu'ils soient extrêmement prudents, d'une part,
dans les risques qu'ils vont assurer, d'où dans la loi, l'article 465.3,
les «catégories d'assurance». Alors, dans les
«catégories d'assurance», est-ce qu'il serait sage, au point
de départ, d'étudier dans le temps, très
sérieusement, lorsqu'un projet nous sera soumis? Est-ce qu'il sera sage,
au point de départ, de prévoir tous azimuts les
catégories? Est-ce qu'une municipalité, en plus de
l'assurance-incendie, va prendre le risque de couvrir son terrain par une
assurance-responsabilité? On ne sait pas. Si oui, est-ce qu'elle ne
devrait pas prendre une couverture de base qui devrait être une
franchise, assumer seulement une certaine proportion et, en réassurance,
pour l'excédent? Si oui, il faudra qu'ils fassent bien attention parce
que si, sous prétexte de réaliser
ça, elles écrément le marché, je ne suis pas
certain que les assureurs vont être intéressés à
prendre la réassurance pour les risques qui ne seraient pas
intéressants pour eux. Ça aussi, il va falloir qu'elles
considèrent cette possibilité-là.
Également, l'autre problème qui se pose... Ça, on
l'a vécu beaucoup. Vous vous rappelez tous, lors de la fameuse crise
d'assurance-responsabilité, il y a quelques années... Les
journaux et les média, de façon générale, faisaient
état de primes supposément faramineuses: 140, 200, 300 %
d'assurance-responsabilité, sauf que j'avais fait enquête dans le
temps, évidemment, parce que c'était une crise. Ce n'était
pas une crise québécoise, c'était une crise mondiale. Il y
avait un problème de réassurance sur le plan mondial, ce qui fait
que les primes ont augmenté de façon considérable. Mais,
indépendamment de ça, je me rappelle que j'avais fait une
étude, dans le temps, auprès du marché, auprès des
assureurs, et surtout des principaux assureurs qui assuraient les
municipalités. Là, j'ai appris des choses très
intéressantes. Entre autres, ceci: les assureurs qui avaient
été dans l'obligation d'augmenter de façon substantielle,
qui apparaissaient déraisonnables - quand on parle de 100 %, c'est
très fort - m'expliquaient -_ et j'avais les dossiers -_ m'expliquaient
que, dans ces dossiers de municipalités là, ils
dénonçaient depuis un an, deux ans, trois ans, à la
municipalité, une situation de fait parce que le taux de sinistre
était très élevé et qu'ils étaient, à
cause de ça, dans l'obligation, éventuellement, d'augmenter les
primes. La réponse qu'ils recevaient des autorités municipales
était: Ça nous coûte meilleur marché de payer une
augmentation de prime que de faire un système d'égouts. Alors,
même si j'ai à payer beaucoup pour une augmentation de prime,
c'est meilleur marché, ça, que de refaire mon système
d'égout. Ce n'est pas une généralisation, mais c'est
quelques exemples comme ça qui ont été donnés.
Deuxième sujet qui est important par rapport, ici, à la
question qui m'est posée par le ministre - je ne sais pas ce que fera
cette corporation-là - c'est ce que j'appelle cette espèce
d'enflure, de responsabilité ancillaire des municipalités. Il y a
quelques années, assurer une responsabilité, c'était
relativement facile. Mais les municipalités, maintenant, sont
engagées dans des activités diverses - centres de loisirs,
piscines, bon, enfin, terrains de jeux et ainsi de suite - ce qui fait que les
assureurs me disent: Écoutez là, lorsqu'on vient pour
apprécier le risque d'une municipalité, ce n'est pas seulement
municipalité comme municipalité, ce n'est pas seulement le risque
d'incendie, le système d'incendie, le système de police, le
système de ci, le système de ça, c'est tous les services
plus ou moins incidents d'une municipalité. Le problème est
encore pire lorsque ces services-là se font sous forme soit de
compagnies ou de corporations distinctes. Alors, comment réac- crocher
le système de responsabilité? Bien là, c'est une question
de jurisprudence et d'interprétation par la cour. Si la
municipalité est tenue responsable - évidemment, ce n'est pas une
filiale comme telle, une municipalité ne peut pas avoir de filiale, mais
si c'est une corporation municipale, bien, le voile corporatif est facile
à... Les juges disent: Bien, écoutez, c'est quand même une
municipalité, ça, et on peut vous tenir responsable. Mais, dans
un système comme celui-là, il va falloir qu'ils
déterminent ce qu'ils font avec ça. Donc, ce n'est pas
impensable, mais c'est clair que tout ça devra être pensé
dans ce que j'appellerais la convention de base de couverture.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Bouchard: Je ne sais pas si ça répond à
votre question, M. le ministre?
M. Ryan: Très bien. Maintenant, je vais vous poser une
dernière question. Est-ce que vous voyez certains avantages pour les
municipalités à recourir à un moyen comme celui-là?
Vous n'êtes pas obligé de répondre à la question.
Deuxièmement, est-ce que vous anticipez un certain impact sur le secteur
privé de l'assurance qui pourrait contribuer à rendre
l'équilibre de celui-ci peut-être plus fragile?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Bouchard.
M. Bouchard: Je vais commencer par la seconde.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bouchard: L'impact, écoutez, l'idée... D'abord,
quant au fond, l'opportunité, c'est une politique gouvernementale. Il ne
m'appartient pas de me prononcer là-dessus, mais, quand même,
c'est que... Vous vous rappelez, lorsqu'on avait discuté du projet, ce
qui était, il me semble, important, à moins de raisons graves,
dictées par le milieu, les conditions sociologiques,
l'étatisation, c'est un derniers recours. Donc, il fallait faire en
sorte que si un régime était à la disposition des
municipalités - c'est ce qui a été prévu - que ce
régime-là soit sur les mêmes bases de concurrence que
l'industrie. C'est la raison pour laquelle les dispositions qui sont
applicables sont celles de l'industrie, permettant ainsi à l'industrie
et aux municipalités de choisir ce qui est préférable,
soit un système qu'elles se donnent, en espérant qu'il soit
meilleur que celui de l'industrie, en espérant sauver certains
coûts comme, par exemple, peut-être des frais de courtage ou des
frais d'administration, enfin, couper là où elles pensent pouvoir
couper, s'il leur appartiendra de le faire, mais c'est le défi qu'elles
auront, M. le ministre. La loi, à cet
égard, fait en sorte que si le secteur recourt à ce
mécanisme, c'est qu'il sera convaincu que, pour lui, c'est
bénéfique par rapport à celui qui est offert par le
système d'assurance qui prévaut.
M. Ryan: Très bien, je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, je voudrais vous remercier, M. l'Inspecteur
général, de votre témoignage. Je pense qu'il jette un
éclairage puissant sur ce qui, pour les non-initiés, semble
mystérieux, mais qui représente tout de même des parts
importantes, et qui touche des facettes importantes de la vie municipale et des
individus. C'est un peu ça. Le domaine des assurances, c'est
mystérieux, mais ça demeure basé sur l'offre, la demande,
le risque partagé entre des groupes, etc. Moi, je vous dis, votre
témoignage, pour moi, est précieux, et je voudrais vous
remercier. Mais je vais vous demander une question, je vais poser ma
permière question.
En fait, il ne faudrait pas que... je pense que vous allez excuser mon
ignorance. Comment ça fait de temps, depuis combien de temps est-ce que
vous occupez non seulement la fonction d'Inspecteur général des
institutions financières, mais que vous êtes dans ce
domaine-là?
M. Bouchard: Écoutez...
M. Dufour: Qui a pour particularité les assurances.
M. Bouchard: ...au gouvernement, c'est depuis 1979.
M. Dufour: 1979.
M. Bouchard: J'étais sous-ministre des Institutions
financières, responsable du secteur. Ensuite, la fonction a
été convertie en celle d'Inspecteur général.
M. Dufour: Dans le privé, est-ce que vous exerciez...
M. Bouchard: Dans le privé, j'étais un avocat qui
pratiquait dans le secteur des institutions financières. (16 h 50)
M. Dufour: Je ne mettais pas en doute vos connaissances, mais
j'aimais savoir sur quoi on était appuyés parce que c'est
important. Je pense que vous parlez comme un expert et une personne neutre par
rapport à ce qui se passe. Il y a des éléments très
importants aussi ou très valables qui sont mis en réserve dans la
loi qui nous est présentée. Moi, je vous dis que vous connaissez
la loi, c'est sûr, c'est évident que vous avez participé,
vous avez donné un éclai- rage avant qu'on la mette en place.
L'article 465.13 est un article qui vous permet, comme Inspecteur,
d'exiger des contributions des municipalités. Vous avez dit dans votre
témoignage que c'est un article très onéreux, autrement
dit, qui vous donne un pouvoir très grand par rapport aux
municipalités, et elles n'auront pas le choix. Par cet article, est-ce
que vous allez ou est-ce que vous devez vous assurer que les
municipalités ou que la corporation a l'argent en main pour correspondre
aux risques ou si vous vous assurez que la valeur des actifs de ceux qui sont
à l'intérieur de cette corporation peut répondre de ces
actifs-là ou de ces passifs - parce que c'est plutôt des passifs
que des actifs?
M. Bouchard: Exactement. Le but de 465.13, c'est exactement de
faire en sorte que... Ça tient lieu, au fond, de la mise de fonds qui
serait faite dans une corporation normale. Alors, comme il s'agit ici de
municipalités, et c'est le même principe que nous avons suivi dans
le cas des corporations professionnelles à adhésion obligatoire,
donc le membre n'a pas le choix de payer sa cotisation. S'il veut demeurer
membre du Barreau, il faut qu'il paie la cotisation. Alors, le principe de
base, c'est que, nous, nous allons nous assurer que la corporation a, en tout
temps, les actifs suffisants pour rencontrer son passif, qu'elle ne soit jamais
insolvable, et que les risques qu'elle a soient couverts par un actif
suffisant.
M. Dufour: Les tribunaux, actuellement, ont tendance à
aller beaucoup plus loin, sont beaucoup plus généreux par rapport
à ce qu'on connaissait dans le passé, si je considère, par
exemple, au point de vue des risques des municipalités. Auparavant,
à aller jusqu'à voilà un an ou deux ans, peut-être
dans les cinq dernières années, à aller jusqu'à
voilà cinq ans - je ne me trompe pas beaucoup en disant ça - les
municipalités n'avaient jamais été tenues responsables de
la négligence d'un de leurs employés - c'était quelque
chose, ça - et on a changé les règles. Aujourd'hui, la
municipalité peut être tenue conjointement responsable avec la
personne. Donc, au point de vue responsabilité, ça peut
représenter des coûts extraordinaires. Il y a aussi le point de
vue des accidents. Les juges aussi sont beaucoup plus généreux.
Auparavant, quelqu'un mourait, il avait 50 000 $, et la veuve était
supposée être contente. C'était à peu près
ça. Mais, aujourd'hui, ça peut représenter des millions.
Je connais le cas, par exemple, d'une jeune fille qui s'est brisé le cou
sur un tremplin pour plonger, ça a coûté 400 000 $.
N'oubliez pas que le temps, les frais, etc., ça a coûté pas
mal plus que ça. Donc, !a compagnie d'assurances a payé. Donc,
c'est des risques très forts.
Est-ce que, dans l'état actuel des choses, on est capable
d'évaluer assez clairement ce que
ça veut dire pour le futur? Autrement dit, est-ce qu'on doit
s'attendre à ce que les primes, les coûts, ça augmente,
autant du secteur privé que de la corporation? Je ne fais pas de
rapprochement un par rapport à l'autre; je dis: au point de vue du
marché.
M. Bouchard: Oui. Vous avez parfaitement raison, M. le
député. C'est que, depuis l'évolution de la jurisprudence,
qui a beaucoup été influencée par la jurisprudence
américaine, qui a tendance à faire de l'embonpoint à cet
égard-là, les compagnies d'assurances qui pratiquent
l'as-surance-responsabilité ont été, d'une part,
obligées de réviser leurs tarifs, forcément. Donc, dans
les réserves actuarielles, ça se reflète, mais aussi dans
la tarification. Alors, une compagnie qui est dans la responsabilité va
faire sa tarification en fonction de ce qu'ils connaissent actuellement du
nouveau courant jurisprudentiel. Alors, l'exemple que vous donniez, des 400 000
$ qui étaient payables il y a cinq ans, bien, ils vont dire: Ce n'est
plus ça, là, mettons 1 000 000 000 $ dans ce cas-là, et
faisons le tarif en conséquence. Mais n'oubliez pas qu'une compagnie le
fait toujours en fonction d'un risque très, très, très
grand; pas sur 5, 10, 15, 20 personnes. Alors, elle... vous avez une compagnie
puissante, qui a des milliers et des milliers d'assurés. Elle a un
bassin pour pouvoir répartir son risque, et non seulement un bassin de
population, mais géographiquement différent, de telle sorte qu'un
risque, dans une région, peut ne pas se répercuter dans une autre
région. Au bout de la ligne, vous avez, sans un équilibre, au
moins certaines compensations qui peuvent exister.
Ici, dans ce cas-ci, je ne sais pas comment Ils vont le faire, mais si
vous avez, par exemple, une corporation d'assurances, supposons, seulement pour
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, bien, vous avez un risque qui est
circonscrit dans un territoire donné, qui est beaucoup plus
élevé que si vous avez une corporation qui faisait affaire dans
toute la province de Québec. Pourquoi? Parce que c'est circonscrit.
M. Dufour: L'Amérique, c'est encore mieux. M. Bouchard:
C'est encore mieux. M. Dufour: Évidemment.
M. Bouchard: Évidemment. Le monde entier aussi.
M. Dufour: Je voudrais qu'on s'approche de l'article 465.15
où on parle du retrait de membres. Moi, à la lecture, quels que
soient les règlements qui vont être à l'intérieur de
la corporation, ça me semble assez fictif.
M. Bouchard: Assez?
M. Dufour: Fictif. C'est-à-dire qu'on peut écrire
un article, on pourrait l'écrire mieux, d'une meilleure façon,
mais ça ne change pas. Je vais vous expliquer en prenant un cas
hypothétique. Supposons que la corporation est mise en place et que, au
cours des trois premières années, il ne se produit aucun
événement. Donc, il y a des surplus accumulés. C'est
impensable que les membres se retirent, et ils devraient jouer avec la prime
pour l'abaisser, si c'est possible, parce qu'ils vont vouloir profiter des
avantages tout de suite. Ça, c'est une hypothèse optimiste.
La deuxième, on va dans le même jeu. D'abord, moi, j'exclus
Montréal et Québec. Je serais surpris qu'elles entrent mais, en
tout cas, tant mieux si elles peuvent faire partie de ça. Pour une fois,
on serait tous solidaires ensemble. Supposons qu'il y ait un mauvais coup, un
accident de parcours, la compagnie ou la corporation est obligée de
faire face à des obligations, mettons, de 50 000 000 $ de demandes,
d'accidents ou d'incidents qui sont arrivés. La compagnie est
obligée de payer 50 000 000 $. Elle a ses 10 000 000 $ de primes, tel
que vous l'avez dit. Il y a deux hypothèses: ou on paie comptant, ou on
paie avec des emprunts. Alors, si on paie comptant, ça va faire des
coûts extraordinaires. Ça ne marche pas, on va mettre ça
sur une période de 20 ans. Donc, la corporation qui voudra se retirer,
quelle que soit son attitude, elle va être prise pour payer pendant les
20 prochaines années, même si elle se retire. Je vois mal comment
on pourrait la délier de ses obligations ou des risques qui se sont
passés quand elle était membre. Elle va probablement être
tenue responsable, solidairement, avec celles qui étalent dans le pool
au moment où ça s'est produit. Donc, comment une
municipalité peut se retirer dans ces conditions-là? Elle pourra,
mais théoriquement. Au point de vue pratique, moi, je ne vois pas
comment elle va pouvoir se retirer. Alors, c'est un engagement qui peut durer
pas mal longtemps. Est-ce que je suis correct quand je raisonne comme ça
ou pas? Moi, je vous demande votre avis.
M. Bouchard: Oui, vous êtes correct. Pour le passé,
c'est la raison pour laquelle l'article 15 est là, mais si vous
l'enlevez, ce ne sera pas ce qui va arriver. C'est pour ça que 15
était là, sauf, peut-être, cette espèce de pouvoir
discrétionnaire du ministre qui peut laisser entendre que
l'adhésion peut être captive. Dans votre hypothèse d'une
réclamation considérable, la responsabilité de la
municipalité serait pour les risques qui existent au moment de son
départ, ce que j'appelle l'encours, mais elle n'assumerait pas de
risques et de coûts financiers pour les risques futurs. Donc, c'est pour
ça que l'exemple que je vous donnais, au point de départ, je
prenais l'exemple d'un contrat. On fait un contrat tous les deux, c'est normal
qu'on paie pour les con-
séquences du contrat qu'on a passé au moment où on
décide d'y mettre fin. Mais, si on a fait un contrat, ça ne me
lie pas pour l'avenir si, dans les termes du contrat, on prévoit que je
puisse le faire sans pour autant être délié de mes
responsabilités pour ce qui existe au moment de mon départ. (17
heures)
Ce n'est pas plus grave, vous savez, que si la municipalité
demeurait, parce que si vous avez un risque de cette nature-là,
ça veut dire, d'abord, que la tarification n'aura pas été
adéquate, ce qui est une hypothèse qui peut arriver. Si la
tarification n'est pas adéquate, 465.13 va jouer. C'est là que
l'Inspecteur général va forcer les municipalités à
augmenter leurs cotisations et les municipalités devront, par leur
règlement municipal, alimenter la corporation de fonds
nécessaires pour rencontrer le passif requis. Alors, si j'ai 50 000 000
$ de dettes, il va falloir que j'aie au moins 50 000 001 $ d'actif pour
équivaloir à ça. Si, à ce moment-là, je n'en
ai que 40 000 000 $, c'est pour ça que l'Inspecteur va dire: Non non, il
vous manque 10 000 000 $. cotisez vos membres, augmentez la cotisation, changez
votre tarification. moi, je veux que ce montant-là entre dans la
cagnotte pour que vous soyez en tout temps responsables de vos dettes. mais si
l'article 15 n'est pas là, qu'est-ce que vous allez faire? l'article 15
fait peur aux gens. encore une fois, il n'est peut-être pas bien
rédigé, mais si 15 n'est pas là et qu'une
municipalité peut quitter comme ça, n'importe quand, ma crainte,
c'est qu'à un moment donné je me ramasse avec un certain nombre
de municipalités qui vont être obligées de ramasser seules
ce qui reste. là, elles n'auront plus le choix et, même si celles
qui ont quitté...
Au fond, ça va être encore pire pour celles-là que
pour celles qui auraient quitté avant. C'est paradoxal. Si
j'étais habile, moi, c'est ce que je ferais, je quitterais avant.
Pourquoi? Parce que celles qui ne quitteraient pas et qui, à un moment
donné, auraient à supporter un risque considérable, qui
devrait être compensé par des augmentations de taxes importantes,
là, elles diraient peut-être: Écoutez, là, non,
ça ne marche plus. On met fin au régime, puis on liquide. Puis
là, elles vont être obligées de supporter seules la
liquidation. Ce qui veut dire... parce que c'est les seules qui vont rester,
les autres sont parties, vous les avez libérées.
Alors, celles qui vont rester, là, votre exemple peut arriver.
C'est un X qui va être pris pour payer peut-être 25 ans les dettes
d'une corporation d'assurances parce que les gens ont quitté, comme
ça. Ils décident de quitter, puis ils disent: On s'en va, merci.
On avait conclu un pacte au point de départ, mais on décide
maintenant d'y mettre fin. Mais l'article 15 ne dit pas que vous demeurez
membre perpétuellement. 11 est mal rédigé,
peut-être, mais je vous dis que ce n'est pas normal. moi, ce que j'ai
dit: c'est pas normal que quelqu'un quitte sans assumer ses
responsabilités avant de partir et, s'il y en a, même s'il a
quitté, il devra payer, avec l'ordonnance de l'Inspecteur, continuer de
payer pour les dettes qui existaient au moment de son départ. C'est le
principe de base, qui est à la base de l'article 15. Mais ça ne
l'empêche pas de quitter, ce n'est pas vrai qu'il doit rester membre. Ce
n'est pas vrai qu'il doit rester membre pour le restant de ses jours.
Les gens qui disent que cette compagnie-là ne pourra plus jamais,
que la municipalité ne pourra plus jamais quitter, ce n'est pas
ça que 15 veut dire. Évidemment, si on pense que le ministre va
exercer sa discrétion, même si l'Inspecteur dit à quelles
conditions ça peut se faire, et qu'il dit non quand même, bien
sûr qu'elle va rester là le restant de ses jours, c'est sûr.
C'est évident.
M. Dufour: Moi, je n'étais pas à la discussion,
mais, supposons que vos avis... Vous ne l'avez pas dit et, moi, je ne sais pas
comment ça peut s'être déroulé... Même si vous
aviez dit au ministre que ce n'est peut-être pas la meilleure des choses
qui peut arriver, le ministre peut, malgré tout, décider de
procéder. Ça, ça pourrait être vrai. Ça
pourrait être vrai aussi pour les avis que vous pourriez donner.
M. Bouchard: Oui oui.
M. Dufour: Le ministre, vous pourriez lui dire que sa...
M. Bouchard: II n'est pas lié. M. Dufour: II n'est
pas lié... M. Bouchard: Non.
M. Dufour: ...par vos avis? Mais, vous, comme Inspecteur des
institutions financières ou des assurances - parce que vous êtes
aussi des institutions financières - vous avez comme rôle... c'est
surtout le côté mathématique, financier que vous avez
à surveiller. Quant à ce qui regarde, par exemple - c'est vous,
je pense, qui l'avez soulevé ou des précédents qui nous
disaient que les coûts ont augmenté dans les municipalités,
pour les primes, parce que les municipalités ne voulaient pas
s'astreindre, ne voulaient pas se discipliner. Elles laissaient les riches
augmenter, puis ça ne prenait pas de correctifs, ça coûtait
moins cher. Est-ce que vous pourriez... Supposons, par exemple, qu'on voit
qu'il y a des difficultées financières, etc. Est-ce que votre
rôle va aussi loin, pourrait aller plus loin que juste ce qui s'occupe de
la finance, mais exiger qu'il y ait des correctifs apportés sur le
terrain?
M. Bouchard: Non.
M. Dufour: Vous ne pourriez pas.
M. Bouchard: Non, je n'ai pas ce pouvoir-là. Mais l'effet
quand même bénéfique d'une corporation comme
celle-là, je crois qu'on ne peut pas le nier, inciterait très
certainement les municipalités, pour réduire leurs coûts,
à accorder beaucoup plus d'attention à la gestion de risques
qu'elles ne le font. Les municipalités membres de ce groupe-là
vont probablement se donner des règles à l'interne pour qu'il y
ait beaucoup plus, d'une part, de prudence et que, deuxièmement, des
correctifs soient apportés au niveau des municipalités pour
éviter que les risques ne prennent de l'ampleur. Donc, de ce point de
vue là, le projet de loi peut être un incitatif fort important
pour les municipalités membres. Mais si elles ne le font pas, ce n'est
pas le rôle de l'Inspecteur de s'occuper de la gestion des risques.
M. Dufour: Si mon collègue veut continuer, je pense que
c'est intéressant.
M. Boisclair: Juste...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Dufour: Si vous voulez, l'alternance.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, il reste
quatre minutes pour l'Opposition et 10 minutes pour vous.
M. Boisclair: Je serai très rapide. Je pense qu'on est
allé à fond dans les dispositions particulières contenues
dans la loi qu'on étudie aujourd'hui. Où je voulais
peut-être avoir l'expertise de l'Inspecteur, c'est sur toute
l'économie de la Loi sur les assurances. Vous êtes responsable de
l'administration de la Loi sur les assurances. La ministre
déléguée aux Finances est responsable de son application.
La Loi sur les assurances prévoit, d'ailleurs, un certain nombre de
dispositions qui peuvent s'apparenter à un modèle d'assureur
captif, particulièrement en ce qui a trait aux ajouts à la Loi
sur les assurances, en 1987, et qu'on a présentés concernant les
corporations professionnelles. J'ai un peu l'impression qu'on est en train de
modifier toute l'économie de la Loi sur les assurances et les fondements
qui la sous-tendent, en traitant, par mesure d'exception, finalement, en
abordant, par mesure d'exception, un certain nombre de volets importants de
l'industrie de l'assurance. On l'a fait dans le cas des projets de loi
privés, qui sont venus permettre la remutualisation des compagnies
d'assurances. On l'a fait aussi en créant des corporations mutuelles
captives pour un certain nombre de corporations professionnelles. Et là,
on va se retrouver avec de nouvelles dispositions qui ont trait à
l'industrie de l'as- surance et qui vont se retrouver dans des textes
complètement étrangers à la Loi sur les assurances, dans
ce cas-ci, la Loi sur les cités et villes.
Ma crainte, et c'est un peu l'opinion que j'aimerais que vous puissiez
nous présenter... On sait, par exemple, que le Congrès
américain a adopté, je crois, en 1981 et modifié, par la
suite, en 1986, ce modèle d'assureur captif, une législation qui
est contestée, mais qui a quand même le mérite de
prévoir une planification à long terme. Est-ce qu'il ne serait
pas plutôt intéressant que le législateur
s'intéresse à l'encadrement de ce type d'assureur captif
plutôt que d'aborder à la pièce ce genre de demandes qui
sont soumises au législateur? Par exemple, est-ce qu'un jour les
concessionnaires automobiles réclamareront une captive sur le
modèle municipal? Est-ce que ce genre de situations, on les traitera
toujours à la pièce ou si le législateur ne serait pas
plutôt avisé d'aborder cette question-là de front, quitte
à modifier la Loi sur les assurances?
M. Bouchard: C'est une question très importante que vous
soulevez. Ici, d'abord, en termes pratiques, ce pourquoi vous l'avez dans la
loi spécifique du secteur de la municipalité, c'est qu'on ne
pouvait pas transposer ça dans le secteur de la Loi sur les assurances
tel quel. Je ne peux toujours bien pas dire, par exemple, dans la Loi sur les
assurances, qu'une municipalité peut, par règlement, par
approbation du ministre... Je ne peux toujours bien pas dire quel ministre, si
c'est le ministre de l'application de la loi, le ministre des Affaires
municipales ou le ministre des institutions financières. Vous savez,
vous avez des autorisations de ministre, ici, qui sont celles du ministre
responsable du secteur, et le secteur, c'est le ministre des Affaires
municipales. Donc, lui, il a la responsabilité de son secteur et il a
à décider de l'opportunité.
J'ai la même chose, par exemple... Ce n'est pas nouveau,
ça, là, ce principe-là. Je ne veux pas dire qu'il est bon,
mais il n'est pas nouveau. On s'est inspiré grandement là-dessus
dans le secteur des affaires sociales pour les hôpitaux, les CLSC et tout
le secteur. C'est que vous avez, dans ces dispositions-là, une
disposition à l'effet que le ministre décide de
l'opportunité, de la création, et il demande à
l'Inspecteur de créer. Et là, l'Inspecteur, tout ce qu'il fait,
c'est qu'il crée, et c'est le ministre qui décide de créer
ou pas. Alors, ici, on a fait la même chose. On dit: Le ministre
responsable du secteur - c'est les Affaires municipales - et comme il y a des
dispositions spécifiques, comme, par exemple, le règlement, quand
c'est pour donner effet à l'ordonnance de l'Inspecteur, il faut que ce
soit le ministre des Affaires municipales qui l'approuve, ce
règlement-là, ce n'est pas le ministre des institutions
financières. Donc, c'est un cas spécifique.
Deuxième grande question que vous avez.
Oui, c'est une question qui mérite... Effectivement, c'est une
question très profonde, mais ça implique qu'il faudrait se
pencher sur l'opportunité d'un système d'assurance à
différents niveaux, à différentes catégories, plus
ou moins classique, allant de la réciproque jusqu'à d'autres
systèmes, comme on a. On a déjà un petit peu ça.
Tout notre système de secours mutuel qui existe, c'est de l'assurance
mais, mon Dieu! c'est dans la Loi sur les assurances, mais avec des
dispositions très minimes. C'est une préoccupation qui
existe.
M. Boisclair: Parce que, si je ne m'abuse, le modèle
américain permet, par exemple, autant la structure mutualiste que la
structure à capital-actions.
M. Bouchard: Oui.
M. Boisclair: Ce n'est pas impensable, là, ça s'est
déjà fait dans d'autres...
M. Bouchard: Exactement. (17 h 10)
M. Boisclair: ...états.
M. Bouchard: Exactement.
M. Boisclair: Moi, c'est un peu ce plaidoyer que j'aimerais
présenter à ce moment-ci. Je l'ai souligné à
plusieurs reprises devant cette commission, mon expertise n'est pas dans le
milieu municipal, je laisse ça à mon collègue de
Jonquière qui fait très bien son boulot. C'est plus au niveau de
l'industrie de l'assurance de façon générale, et c'est une
inquiétude, je pense, qui est pertinente. Je trouve ça un peu
bizarre de voir, comme ça, qu'on aborde à la pièce un
certain nombre de demandes qui nous sont faites et qui ont des
conséquences importantes pour l'industrie. Je comprends très bien
le fait qu'il y ait le besoin qu'un certain nombre de ministres sectoriels se
prononcent sur l'opportunité de créer ce genre de corporation,
mais, à tout le moins, je pense que les législateurs seraient
avisés d'aborder cette question-là de front. C'est un peu ce qui
me faisait dire, ce matin, au moment où vous étiez absent, que la
ministre déléguée aux Finances aurait certainement lieu
d'approfondir cette question-là, comme le législateur
américain l'a fait pour fixer des balises et pour arrêter qu'on
procède à la pièce comme on l'a fait dans le cas des
remutualisations...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
M. Boisclair: ...comme on le fait à l'heure actuelle, et
comme on l'a fait aussi dans la création de mutuelles captives dans le
milieu des corporations professionnelles. En tout cas, c'est une
préoccupation. J'espère, que le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: ...pourra y donner suite.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, deux ou trois petites questions pour M.
l'Inspecteur général. Tout d'abord, est-ce que je peux vous
demander s'il y a l'une ou l'autre disposition du projet de loi qui crée
des difficultés, selon vous, à votre titre d'Inspecteur
général des institutions financières, ou si ce sont des
dispositions avec lesquelles nous pouvons vivre, étant conscients de
certaines difficultés qu'elles poseront?
M. Bouchard: Vous voulez dire en termes d'application et
d'administration?
M. Ryan: Oui.
M. Bouchard: Je n'ai aucun problème pour administrer le
secteur.
M. Ryan: Vous allez être capable d'exercer votre
compétence, là, avec les balises qui sont posées
là?
M. Bouchard: Non non. C'est ça.
M. Ryan: Ça, je pense que c'est bien important. Il y a une
chose que je voudrais justement mentionner à titre d'exemple. Quand on
parle de la fondation d'une institution de ce type-là - je me
réfère à l'article 465.6 - je voudrais que ce soit clair
pour m'assurer que nous avons la même interprétation, autant
l'Opposition que nous et l'expert qui nous assiste présentement.
«Après avoir reçu l'avis de l'Inspecteur
général qui établit que le projet de constitution est
financièrement viable, le ministre peut demander à ce dernier de
délivrer des lettres patentes pour constituer la corporation.
«L'Inspecteur général doir faire publier dans la Gazette
officielle [...] un avis mentionnant la délivrance des lettres
patentes et indiquant la date de leur entrée en vigueur.»
Moi, j'interprète cet article-ci de la manière suivante.
C'est que si l'Inspecteur a émis un avis selon lequel le projet de
constitution n'est pas financièrement viable, à ce
moment-là, le ministre ne peut pas requérir l'émission des
lettres patentes.
M. Bouchard: C'est exact.
M. Ryan: II faut que ce soit bien clair. C'est comme ça
que je comprends l'article.
M. Bouchard: C'est ça.
M. Ryan: S'il n'était pas interprété de
cette manière par l'Opposition, quand on en viendra à cet
article, on le rendra encore plus clair si possible. Mais je pense qu'il faut
que ce soit bien important. Par conséquent, le ministre, tout en gardant
sa responsabilité sectorielle, se soumet aux normes techniques qui
doivent prévaloir dans ce secteur-là. Je pense que cet article-ci
le définit très bien. Il en va de même, et nous avons eu
une longue discussion là-dessus, si l'Inspecteur général
estime que les contributions versées par les municipalités ne
sont plus suffisantes pour maintenir un excédent de l'actif sur le
passif au moins égal au montant minimum requis en vertu de l'article 275
- ça, si mes souvenirs sont bons, c'est de l'ordre de deux contre un;
à ce moment-là, il peut exiger que la contribution soit
haussée. Il n'a pas à se courber devant le ministre. Il n'a pas
à demander au ministre: Trouvez-vous que c'est bon et tout. Il exerce sa
compétence propre, il dit... «Cette ordonnance est
réputée être une ordonnance rendue en vertu de la Loi sur
les assurances.» Autrement, on encourra les sanctions qui
découlent de la Loi sur les assurances. Par conséquent, on ne
refait pas la Loi sur les assurances; au contraire, on l'applique à ce
secteur-ci..
M. Bouchard: C'est ça.
M. Ryan: ...mutatis mutandis. Il y a des choses... En
matière de placements, par exemple, on va constater qu'on donne beaucoup
moins de marge...
M. Bouchard: Oui.
M. Ryan: ...à une institution comme celle-ci que n'en
détiennent les compagnies d'assurances ordinaires. Justement, à
cause de son caractère d'institution très spéciale, elle
devra aller vers des formes de placements beaucoup plus sûres.
M. Bouchard: Oui.
M. Ryan: Alors, ça, ce sont des points. Je pense que
celui-là est important à mentionner aussi. À propos du
retrait, on donne, à toutes fins utiles, un droit de veto à
l'Inspecteur général sur le retrait d'un membre une fois qu'il
est entré. Comme c'est formulé ici, il faut qu'il
établisse qu'après le retrait d'un membre, la corporation
demeurera financièrement viable. S'il dit, le retrait de ce
membre-là...
Disons qu'on a une société, qu'on fait partie de la ville
de Québec, et qu'elle veuille se retirer, si l'Inspecteur
décrète qu'elle n'est pas financièrement viable, à
ce moment-là, on va voir que les conséquences sont difficiles
à établir, parce que l'article demande peut-être à
être travaillé encore davantage. Mais là, il pourrait
arriver bien des choses. Il peut arriver que le ministre dise: Je ne vous
permets pas de vous retirer. Le ministre... tout dépendant des
règlements qui gouvernent le retrait; on ne les a pas encore. Ça
va dépendre de la convention, ça. On ne peut pas spéculer
gratuitement non plus, mais... En tout cas, à supposer que
l'autorité revienne au ministre, au bout de la ligne, de consentir
à ce retrait, bien lui, il pourra dire: Si vous vous retirez, je suis
obligé de demander la dissolution ou d'exiger d'autres conditions comme
le prévolt actuellement l'article, mais on ne sait pas ce que ça
sera. Mais, encore là, il faudrait toujours que ce soit des conditions
qui garantissent, à la satisfaction de l'Inspecteur
général...
M. Bouchard: Oui.
M. Ryan: ...la viabilité d'une entreprise.
M. Bouchard: Oui.
M. Ryan: Je pense que c'est ça qu'il faut faire ressortir
clairement. Ça a été le point qu'on a le plus
travaillé quand on a élaboré le projet en consultation
avec l'Inspecteur général. Moi, je dois dire que je suis bien
content qu'on puisse effectuer cette jonction entre la législation
générale en matière d'assurances et les
possibilités que nous voulons également ouvrir aux
municipalités, ici. Je ne vois pas là, dans l'avenir
prévisible, de difficultés insurmontables. Je ne suis pas
assuré que ça va marcher, qu'on en aura, de ces
institutions-là. On ne le sait pas. Peut-être qu'ils vont trouver
que c'est tellement dur que c'est mieux... À supposer que le
marché privé s'assouplisse... Il est plus facile maintenant qu'il
a pu être, il y a quelques années, à cause de la
concurrence, à cause peut-être de l'occurrence moins forte de
certains sinistres. À ce moment-là, peut-être que ça
ne sera pas nécessaire, mais ça aura eu un rôle quand
même parce que ça oblige le secteur privé à
s'interroger continuellement. Il voit qu'il y a d'autres possibilités
que celles qui sont offertes par les compagnies existantes. Ça, ce n'est
peut-être pas mauvais. Je termine là-dessus. Du point de vue d'un
équilibre des forces dans la société, qu'il surgisse des
initiatives nouvelles qui obligent les institutions en place à
s'interroger, à redéfinir leurs positions, à rendre leurs
produits plus dynamiques, je pense que, de ce point de vue là, c'est
excellent. Je crois qu'avec des balises sérieuses, les
municipalités vont être capables de faire des choses
intéressantes.
Alors, moi, en ce qui me touche, à moins que vous n'ayez des
commentaires à faire sur ce que je viens de dire, ma question s'est
transformée en conclusion, dans la mesure où je suis
concerné, mais je ne prétenderais pas avoir le dernier mot. Je
veux vous assurer d'une chose, M. l'Inspecteur général, c'est que
dans la mesure où l'intervention du ministre des Affaires municipales
sera impliquée, dans toute opération reliée à ces
articles dont nous venons de parler,
elle se fera dans un esprit de collaboration avec l'Inspecteur
général et de respect du mandat et des attributions que lui
attribue en propre la loi.
M. Bouchard: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci beaucoup
M. Bouchard, M. Boivin, Mme Montminy et Mme Gagnon. Nous vous remercions de
votre participation, et la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 18)