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(Vingt heures vingt-deux minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements
déclare sa séance ouverte. Le mandat de la commission est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 22, Loi modifiant la Loi sur les cités et villes, le Code municipal
du Québec et la Loi sur les dettes et les emprunts municipaux.
Alors, M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire: ...Mme Vermette (Marie-Vic-torin); M.
Lazure (La Prairie), par M. Boisclair (Gouin).
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. M. le ministre, est-ce que que vous avez des remarques
préliminaires? M. le ministre, nous attendons après vous.
M. Ryan: Mes hommages, madame! C'est de la préparation qui
va aider à faire le travail plus rapidement ce soir.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah bon!
M. Ryan: Vous savez, quand c'est bien préparé,
ça va plus vite. Je vois qu'on a des collaborateurs nombreux du
côté de l'Opposition, ça annonce bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça annonce
bien, oui. On n'a pas la même perception, M. le ministre.
M. Ryan: J'ai un frère qui est magistrat, moi, Mme la
Présidente. Savez-vous ce qu'il me dit souvent? C'est qu'il faut avoir
passé un certain âge pour voir le côté drôle
des choses.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je ne vous dis pas l'âge que ça prend, mais
je vous observe.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Avec un sourire!
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous avez
entendu le député de Dubuc?
M. Morin: On va voir si vous allez garder votre sourire de
même toute la soirée.
Une voix: Oyoye! des menaces! M. Dufour: Ah, il est
«tough»!
M. Ryan: Vous savez que ça prend plus qu'une
soirée... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: On n'est pas toujours dans les bills privés,
là.
M. Ryan: ...pour vous enseigner la première page de la
grammaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, les remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, c'est avec infiniment de
plaisir... Je vous remercie de déposer mes journaux ici. J'aurai le
temps de les lire probablement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: II y a de la matière qui émane de Londres,
de New York et de Paris, il faudra lire ça plus tard parce qu'en
attendant il faut s'occuper de vidanges et de problèmes locaux. Nous y
revenons immédiatement, Mme la Présidente.
Je n'ai pas l'intention de faire une présentation
élaborée du projet de loi, un projet qui permettra d'apporter des
améliorations significatives aux conditions dans lesquelles les
élus municipaux exercent leurs fonctions. Nous avons dit à
maintes reprises que l'objectif du gouvernement visait à alléger
le fardeau des contraintes artificielles que nos lois, nos règlements et
nos habitudes font souvent peser sur les gestionnaires municipaux, et je pense
que nous donnons dans ce projet de loi de nombreux exemples non seulement de
contraintes que nous levons ou allégeons, mais également
d'instruments inédits que nous sommes disposés à mettre
à la portée des municipalités pour qu'elles puissent
s'acquitter de leurs responsabilités dans des conditions
tantôt plus satisfaisantes au point de vue technique et
tantôt plus intéressantes aux plans économique et
financier.
Je n'ai pas à fournir d'autres explications pour l'instant, vu
qu'il ne s'agit pas d'un projet qui est centré sur un thème
unique, mais d'un projet qui comporte plusieurs améliorations. Je crois
que les explications seraient plus dans l'ordre à mesure que nous
aborderons chacune des grandes sections du projet de loi. Par exemple, au
début du projet de loi, on aborde de front le problème des achats
en commun que peuvent déjà faire les municipalités et dont
nous voudrions leur faciliter la pratique par certains élargissements
favorables aux unions regroupant les municipalités. On traite
également de l'acquisition de titres à même les ressources
liquides à court terme dont disposent les municipalités à
certains temps de l'année. On parle des amendes que peuvent imposer les
municipalités pour infraction à leurs règlements. On parle
ensuite des assurances. On appelle ça ici «assurance de
dommages». On aurait pu trouver une autre expression, mais on ne voulait
pas employer une expression reçue, l'expression «assurance
réciproque», pour ne pas semer...
M. Dufour: ...responsabilité.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: ...responsabilité.
M. Ryan: On n'a pas d'objection si on peut trouver un meilleur
titre que celui qui est là.
M. Dufour: Ah non! Je ne le suggère pas.
M. Ryan: Vous savez que si vous voulez qu'on aborde tout de suite
cet article-là, nous sommes à votre disposition.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: II est impayable!
M. Ryan: II y a des dispositions très intéressantes
aussi. Je suis sûr que l'Opposition brûlera de se rendre à
ce stade de l'examen détaillé du projet où nous
assouplissons les contraintes qui doivent présider à l'octroi de
contrats de services, soit d'assurance, soit un service d'autre nature que des
services proprement professionnels au sens des lois sur les corporations
professionnelles, à plus forte raison les contrats pour l'achat de biens
ou d'équipement. Nous avons des améliorations dont il
était question depuis longtemps, mais notre intention la plus
fréquemment exprimée, c'est, lorsque les choses se discutent
depuis longtemps, bien, de les amener à rédhibition, les amener
à une conclusion. Je pense qu'il faut toujours que les bonnes
discussions finissent par des conclusions.
On admet qu'il faut avoir les discussions d'abord.
Alors, voilà autant de points qu'ensuite, après les avoir
institués dans la Loi sur les cités et villes, nous serons
également disposés à les inscrire dans le Code municipal.
Mais afin de procéder de la façon la plus éclairée,
la plus responsable, nous savons que les municipalités sont
représentées auprès du gouvernement par deux organisations
avec lesquelles le gouvernement veille à entretenir des relations de
respect mutuel, de collaboration et d'écoute réciproque. Nous ne
sommes pas toujours d'accord sur tous les sujets que nous abordons, mais nous
les abordons de manière civilisée, de manière mutuellement
respectueuse. (20 h 30)
Et si nous avons élaboré ce projet-ci, nous
n'éprouvons pas beaucoup le besoin d'entendre les deux unions parce que
nous les avons entendues à plusieurs reprises sur ces sujets-ci, je vous
le dis franchement. Mais l'Union des municipalités du Québec a
émis le désir d'être entendue, et je crois que l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec, l'UMRCQ, voudrait
peut-être être entendue également. J'ai reçu, pas
plus tard qu'aujourd'hui, une lettre assez élaborée de son
président, M. Nicolet, qui m'écrivait des choses très
pertinentes à propos du projet de loi. Comme l'UMRCQ a des
représentants qui sont ici ce soir, il serait peut-être bon que
nous les entendions.
En conséquence, Mme la Présidente, je voudrais vous
informer que du côté ministériel nous serons volontiers
disposés à écouter dès ce soir, avant que nous
n'entreprenions l'étude du projet de loi de manière
détaillée, nous serons volontiers disposés à
entendre les porte-parole de ces deux unions pour qu'ils puissent nous situer
dans l'horizon des préoccupations réelles des deux unions. Parce
qu'en cours de route nous serons appelés, de part et d'autre, à
interpréter tantôt leurs intentions, tantôt leurs
intérêts. Je pense que les meilleurs interprètes des uns et
des autres sont encore les porte-parole autorisés des unions.
Et c'est pour ça que, moi, je vous dis en toute simplicité
que nous n'aurions pas du tout d'objection à commencer par entendre les
représentants des deux unions pour nous faire part de leurs commentaires
sur le projet de loi. Tout de suite au début, on sera
éclairés, et puis on saura les points sur lesquels il y a lieu de
porter une attention particulière, ou encore de trouver des
réponses à des questions qui auraient pu être non
résolues à ce stade-ci de nos travaux. Alors, ça termine
ma présentation, Mme la Présidente. Si vous voulez que j'en fasse
l'objet d'une motion, je peux vous soumettre la motion dès maintenant,
mais j'attends vos directives.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais là,
M.
le ministre, nous sommes à l'étape des remarques
préliminaires. Alors...
M. Ryan: On n'a pas le droit de faire de motion à
l'étape des... Pas le droit? À quel article du
règlement?
La Présidente (Mme Bélanger): Bien,
c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'article dans ce sens-là.
M. Ryan: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Normalement, à
l'étape des remarques préliminaires, il faut donner le temps de
parole à l'Opposition. Alors, étant donné que vous avez
une motion prête à recevoir, peut-être que
l'Opposition...
M. Ryan: On va vous la mettre par écrit en attendant.
La Présidente (Mme Bélanger): ...qu'il va y avoir
juste le porte-parole qui va faire les remarques préliminaires.
M. Ryan: oui, on va vous la mettre par écrit en attendant,
mais je vous préviens tout de suite, je ne voulais surtout pas vous
embarrasser.
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon?
M. Ryan: Je ne voulais surtout pas vous embarasser.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, ça
n'embarrasse pas, parce que nous sommes à l'étape des remarques
préliminaires.
M. Ryan: C'est bien, je vois que c'est difficile.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, merci, Mme la Présidente. Je pense qu'on
n'a pas eu le temps de souffler trop longtemps entre deux commissions
parlementaires. On sent bien que le ministre des Affaires municipales ou le
gouvernement dans son ensemble est très pressé de faire adopter
ses projets de loi. Et à la vitesse où l'on va, j'ai comme
l'impression qu'on essaie de passer à travers, et même de
bousculer un peu l'ordre des événements.
Cette nuit, j'avais l'occasion de dire que le plus mauvais
côté du Parlement, c'est ce qu'on fait durant la nuit, où
on a à présenter des lois importantes qui vont toucher la vie des
gens, qui changent des habitudes et qui sont débattues, au point de vue
du principe, en pleine nuit. Donc, ce n'est pas... À mes yeux, ces
questions qu'on débat durant la nuit ne sont pas à l'avantage des
citoyens puisque la seule information que ces gens-là peuvent avoir
c'est lorsque, assez souvent, ils écoutent les points de vue et du
gouvernement et de l'Opposition. En pleine nuit, je ne pense pas que ça
attire beaucoup beaucoup d'auditeurs ni d'auditrices. Je ne crois pas que la
cote d'écoute soit très élevée à 3 heures ou
4 heures du matin. Mais la joute parlementaire veut que, en fin de session, la
fébrilité s'empare de tous les parlementaires et puis que,
là, on s'en aille dans une course contre la montre, comme s'il y avait
péril en la demeure. C'est ce qu'on vit depuis une semaine
déjà et, moi, je déplore ça. C'est vraiment le
mauvais côté, pour moi, du parlementarisme où on essaie de
bousculer, de faire avancer les choses. C'est vrai que ça ne se fait pas
dans des bains de sang, mais ça se fait tout de même par des
actions très dures qui ne sont pas le meilleur exemple qu'on ait
à donner à nos concitoyens et nos concitoyennes. Il ne faudrait
pas surtout qu'ils cherchent à imiter ce qu'on fait. Moi, je
déplore ça comme activité ou façon de
procéder.
Il y a une cause. C'est évident que si on y avait
été pendant quelques semaines, sinon pour dire quelques mois
avant la session intensive, on aurait eu le temps de préparer ces
projets de loi, les déposer, en discuter, et après ça
travailler d'une façon normale en commission parlementaire. Ça,
c'est la façon logique de procéder. Malheureusement, on ne le
fait pas, ce qui fait que ça nous oblige, nous, à une heure plus
raisonnable, d'essayer de présenter les projets de loi qu'on a devant
nous avec les facettes que l'Opposition a cru déceler.
C'est intéressant de voir la compréhension du ministre des
Affaires municipales après ce qui s'est passé dans les deux
dernières années. Il faut se rappeler que le ministre des
Affaires municipales, qui a été ministre de l'Éducation,
à deux reprises a réussi à défoncer les
municipalités dans ce qu'elles avaient de plus sacré,
c'est-à-dire leur champ fiscal propre. Ça s'est fait très
durement. À ce que je sache, le dialogue a été difficile
à reprendre; c'est un dialogue très dur. Aujourd'hui, le
dialogue, heureusement, semble avoir repris. Les problèmes persistent,
continuent, mais le dialogue a repris. Pour nous, de l'Opposition, lorsqu'on
voit ce revirement ou ce changement de cap, on se questionne, à savoir:
Est-ce que le ministre, pour racheter un peu son passé, n'a pas ouvert
son coeur trop grand vis-à-vis des municipalités pour leur
accorder des pouvoirs qui seraient susceptibles de changer la façon ou
le faire-faire des municipalités?
Donc, on dit souvent: II faut protéger les gens, même
contre leurs propres envies ou leurs propres rêves. Il faut le faire. Je
pense que l'Opposition se doit d'être plus vigilante puisque le ministre
nous a habitués à ce qu'on joue
vraiment le rôle d'Opposition. Là, il faut presque jouer le
rôle du gouvernement parce que le ministre est tellement
généreux qu'on se pose cette question, à savoir s'il n'ira
pas trop loin. Donc, comme Opposition, on aura à surveiller avec
beaucoup d'attention ce projet de loi.
C'est évident que donner des pouvoirs aux municipalités de
se protéger par une réciprocité ou la réciproque au
point de vue des assurances, d'abord entre elles, et surtout par
l'intermédiaire des unions municipales, la première question est
à savoir: Est-ce que c'est vraiment le rôle des unions
municipales?
Lors du projet de loi 22, j'écoutais le ministre des Affaires
municipales qui nous avait dit que sa principale... ou que la philosophie qu'il
a toujours préconisée ou favorisée, c'est la philosophie
de faire-faire ou c'était que l'entreprise privée devait
avoir sa place. Donc, si on change les règles du jeu, c'est
une atteinte à l'entreprise privée. On doit se poser la question:
Est-ce que l'entreprise privée a fait son travail? On sait pourquoi
c'est arrivé, que les municipalités ont dit: On devrait se
protéger. En 1983-1984, les hausses de primes d'assurance se sont faites
d'une façon désordonnée, d'une façon très
grande, mais il y avait une raison fondamentale: les municipalités
donnaient leur contrat d'assurance pour un an seulement. Donc, les compagnies
prenaient des risques et, répartis sur un an, ça les a
obligées à remonter les primes d'une façon très
forte, et ça a triplé dans la plupart des endroits. Chez nous, je
me rappelle, de mémoire, c'était environ 125 000 $ et, du jour au
lendemain, ça a monté à 450 000 $ ou 475 000 $; ça
semblait scandaleux.
Le projet de loi, en même temps qu'il dit qu'on devrait former des
coopératives, des mutuelles ou des réciprocités dans
l'assurance, en même temps qu'il fait ça, il rallonge les contrats
d'assurance, au lieu d'un an, sur trois ans, ce qui serait de nature à
baisser le coût des primes. Forcément, les compagnies
privées devraient, d'une façon logique, baisser le coût des
primes parce que, réparti sur trois ans, ça fait une meilleure
expérience; elles ont un meilleur vécu, et ça peut
répartir les coûts.
Le danger qu'on y voit, si les gens embarquent dans ces assurances,
cette forme nouvelle d'assurance, on se questionne beaucoup à savoir:
Comment elles pourront s'en sortir? Parce qu'en supposant qu'il se produise un
phénomène spécial, un coût très fort, il y
aura des risques qui auront été assumés, et la nouvelle
compagnie devra payer ces coûts-là. (20 h 40)
Donc, si une des municipalités veut s'en sortir, elle devra
continuer à assumer le coût pour lequel elle est entrée
dans cette corporation et elle devra être attachée pendant un
certain nombre d'années, et surtout qu'elle ne pourra le faire sans
l'assentiment du directeur des institutions financières.
Donc, on voit déjà qu'on peut entrer, mais comment en
sortir? Ça, c'est une autre histoire. Le ministre nous a informés
que le directeur des institutions financières avait donné son
approbation, mais on ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Je
comprends que le ministre peut toujours nous servir le même argument
à l'effet qu'on a été assez informés, on le
connaît bien, il y a eu beaucoup d'échanges. Ce n'est pas le cas
de l'Opposition. L'Opposition n'est pas le gouvernement actif; on est au
gouvernement, mais on n'est pas le gouvernement. À ce moment-là,
nous, on n'a pas eu connaissance de toutes les tractations comme de toutes les
discussions.
Est-ce que ce soir on est prêts à dire oui à tout ce
qui est là en prenant la parole du ministre? Moi, je dis non; il n'en
est pas question. On va interroger. On va aller un petit peu plus loin. On va
creuser. On va savoir c'est quoi parce qu'on s'engage pour longtemps.
Il y a des prévisions dans la loi pour se doter aussi d'une
coopérative d'achat de biens. Si les municipalités acceptent,
elles pourraient transmettre ça à leur union. Encore là,
ma question est à savoir: Est-ce que les unions ont comme rôle une
coopérative de services ou si elles ont comme rôle principal la
défense de l'intérêt de leurs membres? C'est évident
qu'on pourra toujours trouver l'intérêt des membres dans quelque
action que ce soit. Je ne crois pas que les unions municipales pourraient
travailler contre leurs propres membres. Mais c'est une interrogation
importante qu'on fait. Et les deux questions, que ce soient les assurances, que
ce soient les coopératives d'achat regroupées, à un moment
crucial du développement du Québec, au cours de cette
année où on met sur place, où on parie quelque peu... Je
pense que ce serait prétentieux de parler de décentralisation,
mais quelque peu de déconcentration. Donc, retourner vers les
régions puisque les régions lancent le même cri: On est en
train de mourir.
Donc, les montants d'argent qui seront accordés pour des achats
à l'extérieur, est-ce qu'ils reviendront dans les régions?
Est-ce que les entreprises avec qui on fait affaire normalement, est-ce que
ça viendra dans la région? On n'a pas cette
réponse-là. Il y a une chose certaine, c'est qu'il y a des sommes
qui vont sortir des régions, qui vont aller se transiger à
l'extérieur, et on ne sait pas si ça va revenir en région.
Quand on achète chez nous, en fait, c'est supposé favoriser
l'emploi, c'est supposé favoriser l'économie. Donc, il y a des
sommes importantes qui s'en vont à l'extérieur, et je ne sais pas
comment les régions pourront les rattraper, ces sommes-là. C'est
un point qui, à mes yeux, est quelque peu nébuleux.
En même temps qu'on dit qu'on pose ces gestes-ià pour
sauver de l'argent dans les régions ou dans les municipalités, on
sait une chose, c'est qu'on va permettre, d'autre part, de hausser la
façon ou les manières que les munici-
palités ont de s'approvisionner ou de donner certains contrats ou
de faire certains achats localement. Les montants qui sont promis
jusqu'à ce jour pour les municipalités de 50 000 habitants et
plus, c'est 50 000 $. En bas, c'est zéro. C'est en bas de 50 000 $,
c'est 25 000 $. Donc, on veut hausser ces bases-là. Si on les hausse, il
y a une raison, c'est pour aller plus vite. Mais quand on va sur le
marché des contrats par avis, etc., il y a des chances qu'on
reçoive des meilleurs prix que lorsqu'on va par des cotations ou par des
appels d'offres privés. C'est de nature, cette action-là,
à augmenter les coûts des matériaux dont on a besoin, les
coûts de services. C'est ça qui est un peu contradictoire. D'un
côté, on va prêcher qu'on veut permettre à la
municipalité plus de latitude pour faire de l'achat chez elle, ce qui va
augmenter les coûts et, de l'autre côté, on pose deux
gestes, qui sont de créer des coopératives d'assurances ou des
coopératives d'achat de matériel ou de biens qui sont de nature
à abaisser. Donc, pour moi, il y a comme dichotomie par rapport à
ça et il y a un joint que, moi, je ne suis pas capable de suivre.
Il y a d'autres points aussi sur lesquels on n'a pas à se pencher
très, très longtemps. On sait que les municipalités ont
aussi des assurances collectives, des fonds de pension à
l'intérieur du projet de loi. On n'a pas été
habitués à venir jusqu'à maintenant à faire des
bills omnibus. Je sais qu'en 1985 un des permiers principes du gouvernement
libéral, en 1986, c'était: pas question de bill omnibus. Donc, on
a fait des lois, on en a fait beaucoup, mais avec un ou deux articles. Et
à l'intérieur de ce projet de loi, il y a plusieurs
éléments qu'on touche; donc, on peut parler d'une forme de bill
omnibus. Et est-ce que c'est dans cette formule-là qu'on dit que les
municipalités, tous les actes qu'elles ont posés concernant les
fonds de pension ou les assurances collectives qui ont été faits
par résolutions deviennent ipso facto force de loi et intouchables,
incontournables? Ce n'est pas la pratique courante des municipalités.
Normalement, ça se fait par règlement, et un règlement,
ça protège mieux l'intérêt des contribuables, non
pas par les coûts, mais parce que les contribuables, ce n'est pas la
même procédure, ça prend plus de temps, et ça permet
aussi à la population de prendre connaissance des gestes qui sont
posés à l'intérieur de la municipalité.
Lorsqu'on se dote de convention, d'assurance, de fonds de pension ou
autres, ce n'est pas pour une journée. Et c'est assez rare que les
municipalités peuvent se soustraire à ça. Le jour
où on entre, on n'en sort pas; donc, c'est important que ces
gestes-là soient faits par règlement. On dit: On pourra le faire
par résolution, on verra bien si c'est la bonne façon, mais
peut-être qu'au cours des échanges aussi on va avoir de
l'information et on va dire que c'est correct. Moi, je vous donne surtout les
interrogations que j'ai actuellement, les premières interrogations qui
se soulèvent.
Il y a définitivement la question de l'enlèvement des
déchets, où on permet aux municipalités d'acheter ou de
louer des contenants pour mettre au service de leurs contribuables, soit pour
vente ou location. Oui, ça, c'est vrai que les municipalités
peuvent le faire. Je comprends que c'est une question d'uniformité, mais
il n'y a plus beaucoup de liberté pour le citoyen, à savoir: Bien
moi, si je voulais avoir ça d'une façon plutôt qu'une
autre? Moi, je vous dis carrément que j'ai vu, je dirais, des contenants
qui ont été employés par des municipalités, il n'y
a rien de beau là-dedans. C'est loin d'être beau, mais on le
fait.
L'élément autre dont je n'ai pas parlé, c'est la
question des amendes. Et le ministre a bien voulu nous présenter la
question des amendes comme une chose pas tellement grave en disant: Ça
fait longtemps que ça n'a pas été touché, il faut
remonter le coût des amendes. On parlait de 10 $, on monte à 30 $.
À un autre endroit, de 25 $ ça monte à 75 $. Et on dit:
Pour les gens qui vont aller contre les règlements municipaux, la
première amende pourrait être de 1000 $ à 2000 $, pour une
première offense, et de 4000 $ pour une amende subséquente,
à la deuxième. Donc, c'est clair que si on prend cas par cas,
c'est jamais des montants très forts. Mais à force d'en mettre,
ça finit par déborder.
Ce n'est pas la première fois qu'on nous présente des
projets de loi en disant: Bien, ce n'est pas si pire. Ce n'est pas si pire.
Bien, le «pas si pire», ça finit par faire quelque chose de
monstrueux parce que ça s'additionne. C'est clair que le premier coup
d'épingle que l'on donne à quelqu'un, s'il peut faire mal, je
serais bien surpris qu'on le fasse mourir. Mais, à force de lui en
donner, on va finir par le tuer et le faire mourir. C'est ça qu'on est
en frais de faire avec les coûts qu'on impose successivement aux
citoyens. On a l'impression, en tout cas, qu'on est de plus en plus
étouffés.
L'impôt sur le revenu, il semble qu'il n'a pas augmenté,
mais comme le budget du Québec a augmenté de 60 % depuis les six
dernières années ou les sept dernières années, il y
a toujours bien quelqu'un qui paie quelque part! Et c'est tout le monde qui va
payer ces taxes-là. Qu'on les paie sur les biens à la
consommation ou qu'on les paie autrement, on finit par les payer un peu
partout. Donc, pour moi, sur ça aussi il faut qu'il y ait un
échange par rapport à ça, et un échange
sérieux. On ne pourra pas indéfiniment presser le citron et se
garrocher tout le temps sur le contribuable. Le danger que j'y vois, c'est
qu'on fait des municipalités de plus en plus des percepteurs d'amendes.
Et ça, dans la société dans laquelle on est
habitués de vivre, les amendes, en principe, ça devrait avoir un
effet dissuasif, mais ce n'est pas un moyen de punition ou de
«pressurer» le citron. J'ai été maire assez longtemps
pour vous dire que je n'ai jamais cru
que les amendes, c'était la source de taxation idéale pour
une municipalité. Parce que quand on pose des amendes, ça veut
dire que nos contribuables sont fautifs. Moi, j'aime mieux une ville ou une
municipalité où les gens sont respectueux des lois. On n'est pas
obligés d'être tout le temps sur le dos pour dire: On t'a
accroché Ici et on va t'accrocher là, et on va finir par te faire
mal très fort. Donc, les amendes, c'est important, c'est un
élément important dans ce projet de loi, c'est des coûts
énormes. (20 h 50)
II y a un point, aussi. Ne nous cachons pas que les amendes, la plupart
du temps, sont imposées par des corps policiers. Quand les corps
policiers, ça va bien, il n'y a pas de problème, ils font leur
travail, les amendes rentrent normalement et la municipalité peut
à peu près d'une façon certaine savoir sa source de
revenu. Mais quand le corps policier est en négociations ou n'est pas
content, ses sources de revenu diminuent dangereusement. Donc, à mon
point de vue, c'est donner une arme encore plus forte. Le ministre des Affaires
municipales, malgré ses engagements, n'est pas encore intervenu dans les
corps policiers, même si les unions municipales l'ont demandé
à maintes et maintes reprises.
Imaginons-nous le portrait. Demain matin, il y a des négociations
collectives, il n'y a rien qui contrôle. Avec les nouvelles amendes, une
municipalité comme chez nous, il y a sept, huit ans, ça voulait
dire 150 000 $ d'amendes à peu près par année. Avec la
nouvelle formule, ce sera certainement 500 000 $ à 600 000 $. Et quand
ça allait mal, les 150 000 $ fondaient pour aller à peu
près à 50 000 $; donc, ça coupait du tiers. Si je fais le
même raisonnement pour les 600 000 $ coupés du tiers, ça
veut dire 400 000 $. Ça commence à être un item important
dans un budget et, à ce moment-là, ça donne une arme
très forte au corps policier pour négocier.
Moi, je pense qu'on ne peut pas ignorer ces faits-là, à
moins qu'on soit complètement en dehors du monde municipal. Ce que je
dis là, c'est vraiment la réalité, le vécu à
l'intérieur de la municipalité. Et ça, c'était
important de le souligner et de le dire assez fort parce qu'il y a eu
des engagements de pris de la part du ministre des Affaires municipales. On a
l'occasion de lui dire que ça aussi, il y a des problèmes dans
les municipalités. Hier, je le disais: On a beau essayer de
régler un certain nombre de problèmes ou essayer de régler
l'avenir, mais le passé, on le gère très mal. Donc, il y a
des points qu'on devrait amener.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Dufour: Oui, Mme la Présidente. J'aurais certainement
d'autres éléments à apporter, mais je sais que j'ai
d'autres collègues qui sont anxieux de parler, et c'est avec beaucoup de
plaisir que je leur cède la parole ou que je vous remets la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Vachon.
M. Ryan: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, je présente la motion
dont je vous parlais tantôt pour demander que nous entendions...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant,
là!
M. Ryan: Un instant.
La Présidente (Mme Bélanger): Du calme, s'il vous
plaît. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Dufour: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Dufour: Je voudrais soulever...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant! Le
ministre a la parole.
M. Dufour: Oui, mais est-ce que j'ai...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que c'est une
question de règlement?
M. Dufour: ...droit à une question de
règlement?
La Présidente (Mme Bélanger): Une question de
règlement.
M. Ryan: Mais je n'ai pas parlé encore.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais là, il
faudrait commencer à parler avant.
M. Dufour: Oui, mais est-ce que c'est des remarques
préliminaires ou si c'est en fonction de la proposition que vous
faites?
Des voix: On va l'entendre.
M. Ryan: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): On va entendre M. le
ministre, on verra ce qu'il a à dire.
M. Ryan: ...je n'ai pas de confession à faire
au député de Jonquière quant à mes
intentions, c'est mon droit de parier. L'Opposition a eu son tour de parole. Je
veux vous présenter une motion, après ça...
M. Dufour: Mme ta Présidente...
M. Ryan: ...vous déciderez de sa recevabilité.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais là,
j'aimerais entendre une personne à la fois. Dans le moment...
M. Dufour: Oui, bien, je vous demande la parole.
La Présidente (Mme Bélanger): ...je n'ai pas
entendu le ministre faire sa demande.
M. Dufour: O.K. On va l'écouter, s'il en fait une.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'aimerais
entendre le ministre d'abord.
Motion proposant d'entendre l'UMQ et l'UMRCQ
M. Claude Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, je demande qu'au début
de nos travaux nous puissions entendre les porte-parole de l'Union des
municipalités du Québec et ceux de l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec, afin que nos travaux s'engagent
sur une piste où nous aurons eu l'avantage d'être
éclairés par les commentaires qu'ils voudront nous faire sur ce
projet de loi dont le contenu les intéresse au plus au point, puisqu'il
porte directement sur des responsabilités que les élus municipaux
sont appelés à assumer quotidiennement dans l'exercice de leurs
fonctions.
M. Dufour: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
termniné, M. le ministre? Oui. M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, je voudrais vous rappeler
l'article 244 où on parie de l'étude détaillée de
projets de loi. Vous avez rendu une décision le 8 décembre 1986,
à la commission de l'économie et du travail. C'était la
décision pp. CET-1539-1546, Madeleine Bélanger. Donc, vous n'avez
pas changé de nom, à ce que je sache.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je vous rappelle que le contexte. Je peux toute la
lire parce que j'ai quelques instants: «Alors que l'étape des
remarques préliminaires est terminée, un député de
l'Opposition désire proposer une motion préliminaire. Un ministre
s'y oppose prétendant que le député de l'Opposition a
épuisé son temps de parole sur les remarques préliminaires
et qu'en conséquence-
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas le
même cas, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, oui, un instant là, la décision:
«Les motions préliminaires doivent-elles être
proposées alors qu'un député dispose encore d'un droit de
parole pour les remarques préliminaires?» À ce que je
sache, il n'y a pas juste un député sur mon côté, on
est quatre, au moins. Décision: «L'étape des motions
préliminaires suit celle des remarques préliminaires. Il s'agit
de deux étapes distinctes. En conséquence, même si un
député a épuisé son temps de parole pour les
remarques préliminaires, il peut proposer une motion préliminaire
lorsque la commission arrive à cette étape.» Avant
d'accepter quelque motion que ce soit, les députés qui veulent
prendre la parole conservent ce droit jusqu'à ce qu'ils aient
épuisé leur temps ou qu'ils aient décidé qu'ils
avaient fini de parier.
Moi, je vous rappelle votre décision par rapport à
ça. Je vous dis que si on va à l'en-contre de cette façon
de procéder, on remet en cause tout ce qui s'est fait.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous regardez le
contexte, M. le député de Jonquière, c'est:
«...l'étape des remarques préliminaires est
terminée, un député de l'Opposition désire proposer
une motion préliminaire.» Ce n'est pas une remarque, là. Un
instant, M. le ministre. Il désire proposer une motion
préliminaire. Le ministre s'y oppose parce qu'il dit que le
député de l'Opposition a terminé son temps de parole et
qu'il doit présenter une motion avant de terminer son temps de parole
qui était les 20 minutes. Alors là, la décision que j'ai
rendue, il pouvait faire son temps de parole, 20 minutes, et après
proposer une motion préliminaire.
M. Dufour: Mme la Présidente, le droit de parole des
remarques préliminaires n'est pas juste au ministre et au porte-parole
de l'Opposition, il est donné à l'ensemble des
députés qui sont autour de cette table. Donc, s'il y a d'autres
députés qui vous ont manifesté le désir de parier,
je crois honnêtement que vous devez leur laisser, leur concéder
leur droit de parole, et le ministre, à ce moment-là, fera sa
motion. On sera disposés à l'entendre. Mais je vous dis que
même sur sa proposition et si on est pour, on pourra encore parier
là-dessus. C'est ça, les règles du jeu.
M. Ryan: Mme la Présidente-La Présidente (Mme
Bélanger): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: ...je voudrais vous signaler que les remarques
préliminaires des députés au début de l'examen d'un
projet de loi relèvent de la coutume et non pas de nos règles.
Ça relève de la coutume.
M. Dufour: Aïe! Voyons.
La Présidente (Mme Bélanger): J'allais le dire.
M. Ryan: Mme. la Présidente, il n'y a absolument aucune
règle qui prescrit que nous devons entendre pendant 20 minutes chacun
des membres d'une commission au début de l'examen d'un projet de
loi.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Vous me permettrez, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de...
M. Dufour: Gouin.
La Présidente (Mme Bélanger): ...Gouin.
M. Boisclair: ...de rappeler tout simplement au ministre que la
coutume a force de loi dans ce Parlement, tout particulièrement
lorsqu'il n'y a pas d'article de notre règlement qui prévoit la
chose contraire. Notre compréhension est très claire, à ce
moment-ci. Mme la Présidente, il s'agit de deux étapes bien
distinctes. Nous sommes à l'étude des remarques
préliminaires, et il est d'usage, vous le savez comme moi, Mme la
Présidente, vous qui êtes depuis encore plus longtemps que moi
dans ce Parlement, qu'à chaque fois que nous abordons cette
étape, l'ensemble des membres de la commission dispose d'un temps de 20
minutes pour pouvoir faire les remarques préliminaires qui semblent
appropriées à ce moment-ci.
Mme la Présidente, je vous demanderais aussi... Et s'il le faut,
on relèvera l'ensemble des décisions depuis 1984, dans lesquelles
il apparaît très clairement que cette coutume a été
établie. Compte tenu de l'importance de la situation, et si vous avez
l'intention, comme sans doute vous le ferez, de prendre une décision, je
vous inviterais à consulter les conseillers en droit parlementaire parce
que, si jamais vous plaidiez et rendiez une décision qui irait dans le
sens que le ministre semble plutôt le préciser, on remettrait
ainsi une longue coutume qui a été bien établie, et
particulièrement depuis 1984, dans ce
Parlement. Je pense qu'il serait approprié dans les
circonstances, avant de rendre une décision, à tout le moins
d'aller consulter les conseillers en droit parlementaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous dirai, M. le
député de Gouin, que vous n'avez pas à me dicter ma ligne
de conduite en me demandant d'aller consulter des juristes. J'entends les
arguments de chacun et, après ça, il y aura une décision
qui se rendra. Vous n'avez pas à me dire: Allez consulter un juriste.
J'ai un conseiller ici, à cô*é de moi, d'abord.
M. Boisclair: Mme la Présidente, je fais cette remarque
sans aucune amertume, sans aucune agressivité, et je me permets tout
simplement d'utiliser mon temps de parole pour plaider notre point de vue. Mme
la Présidente, je comprends très bien que je ne peux d'aucune
façon vous imposer un comportement, une attitude à suivre
lorsqu'une question de règlement est soulevée, mais, compte tenu
de l'importance de la question qui est soulevée, j'apprécierais,
comme membre de cette commission, que vous preniez toutes les dispositions
d'usage et que vous fassiez preuve de plus de parcimonie dans cette question et
que vous vous assuriez que l'ensemble des intervenants puissent être
consultés. (21 heures)
Je pense, Mme la Présidente, que nous ne perdrons pas aussi
facilement un droit qui a été reconnu par la coutume, par une
décision qui pourrait être rendue de façon quelque peu
spontanée de votre part, sans que l'ensemble des autorités
puissent être consultées. J'ai la profonde conviction, Mme la
Présidente, qu'en l'absence d'articles clairs sur cette question la
coutume a force de droit. Je pense que ce serait remettre en question nos
institutions et la façon dont le règlement fonctionne de rendre
une décision qui ne respecterait pas la tradition qui a
été établie, et qui est très claire, depuis 1984,
dans ce Parlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Mme la Présidente, par respect
pour les deux unions de municipalités qui sont ici présentes et
pour éviter des débats stériles, je vous demanderais, s'il
vous plaît, de prendre en considération la motion du ministre et
de procéder immédiatement à sa recevabilité pour
qu'on puisse entendre les deux unions au plus vite, pour éviter de
perdre du temps.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Vous me permettrez de vous référer
à une décision de M. Jean-Pierre Char-
bonneau.
La Présidente (Mme Bélanger): À quel
article?
M. Morin: C'est une décision... pp. CET-1149-1156.
COM-244/14.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, le chiffre en
bas.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: L'article 244. Il fait la dictinc-tion entre les
remarques préliminaires et une motion préliminaire.
Évidemment, les remarques préliminaires, Mme la
Présidente, vous savez qu'il s'agit de permettre aux deux parties d'y
aller de commentaires d'ordre très, très général
avant qu'une des parties n'y aille d'une motion plus précise qu'on
appelle une motion préliminaire, soit, entre autres, celle que le
ministre voulait vous présenter, une motion d'entendre les unions
municipales, ce qui constituait une motion préliminaire.
Alors, si vous me permettez, je vais lire brièvement les
questions que posait M. Charbon-neau, et la décision qu'il a rendue:
«Lorsqu'un député propose une motion préliminaire,
est-il possible par la suite de reprendre l'étape des remarques
préliminaires?» C'est là le danger. Si jamais vous receviez
la motion préliminaire du ministre, nous pourrions difficilement
reprendre les remarques préliminaires.
Et l'autre question: «Quelle différence y a-t-il entre les
remarques préliminaires et le débat prévu à
l'article 247 du règlement?» Or, selon la décision de M.
Charbonneau, «le processus d'étude détaillée
débute d'abord par des remarques préliminaires et se continue par
la suite par des motions préliminaires et, finalement, par
l'étude article par article.»
Donc, Mme la Présidente, je vous inviterais à vous
inspirer de cette décision qui, je pense, est très
représentative...
Mme Pelchat: M. le député, j'aimerais que vous
terminiez la citation, s'il vous plaît!
M. Morin: Pardon?
Mme Pelchat: Terminez la citation que vous avez commencé
à lire.
M. Morin: Très bien, Mme la Présidente. À la
demande, pour vous démontrer notre collaboration et pour éviter,
d'ailleurs, d'en couper, on reprend la lecture au complet. «Selon la
coutume, le processus d'étude détaillée débute
d'abord par des remarques préliminaires et se continue par la suite par
des motions préliminaires et, finalement, par l'étude article par
article. Le fait d'étudier une motion préliminaire signifie donc
que l'étape des remarques préliminaires est
terminée.» de là le danger de permettre au ministre de
faire ce qu'il voulait faire.
Mme Pelchat: Continuez, continuez.
M. Morin: Oui, je termine. «Pour revenir à cette
étape, la commission devrait adopter une motion de retrait,
conformément à l'article 195.»
Mme Pelchat: Donc, ça peut se faire?
M. Morin: Ah! bien, là, Mme la Présidente!
Mme Pelchat: On pourrait revenir aux remarques
préliminaires par la suite.
M. Morin: D'accord. Je vous permettrais, madame, de conclure
vous-même. Il vous appartiendra de conclure.
Mme Christiane Pelchat
Mme Pelchat: Mme la Présidente, j'aimerais juste attirer
votre attention sur l'article 244 de notre règlement, qui nous permet
effectivement, avant d'entreprendre l'étude article par article,
d'entendre des gens, des intéressés au projet de loi qui nous
concerne. Je pense que, par respect, comme le disait mon collègue de
Rimouski, des gens qui sont présents ici, à 21 h 5, je me demande
- peut-être que le ministre pourrait m'aider là-dessus - si on
acceptait d'entendre les gens qui sont présents, sur le projet de loi
22, peut-être que, par la suite, on pourrait revenir, comme le permet
l'article 195 - qui est dans la décision, M. Dufour - aux remarques
préliminaires.
L'article 244 de notre règlement est assez clair et, si vous me
permettez de le citer, Mme la Présidente, au deuxième paragraphe,
on lit: «Avant d'entreprendre l'étude détaillée, la
commission peut décider de tenir des consultations particulières
dans le cadre de son mandat.» Notre mandat, c'est d'étudier la loi
22. Il y a des gens ici qui seraient sûrement intéressés
à venir se faire entendre sur cette loi. Le ministre a fait la motion de
les entendre. Ce que je vous suggère, Mme la Présidente, en vertu
de notre règlement et de notre jurisprudence, c'est de permettre
à ces gens, à 21 h 5, de se faire entendre. Et peut-être,
par la suite, qu'on pourrait continuer aux remarques préliminaires, sans
du tout brimer le droit de parole des parlementaires, mais par respect et
déférence pour les gens qui sont ici.
M. Dufour: Mme la Présidente, juste un point. Cette nuit,
j'ai demandé, à deux reprises, au ministre des Affaires
municipales s'il avait l'intention d'entendre... À ce moment-là,
on avait
seulement la demande de l'Union des municipalités du
Québec de se faire entendre, mais le ministre n'a pas cru bon de nous
avertir. Le parlementarisme, ce n'est pas de jouer au chat et à la
souris; ce n'est pas de garder les renseignements, d'arriver en dernier et de
faire des coups de théâtre. Il ne faudrait peut-être pas
jouer trop, trop avec les nerfs ni avec le jugement des gens. Je pense qu'il
faut comprendre que, si le ministre avait l'intention d'écouter ou de
faire des audiences particulières, il aurait pu nous en avertir en temps
et lieu.
M. Morin: C'est ça. C'est exact.
M. Dufour: Ça, je pense bien que... Tu sais, moi, je veux
bien que le ministre ait un droit de parole plus grand que celui des
parlementaires autour de la table. Moi, je ne m'en offusque pas. Je pense qu'il
a le droit, et que c'est correct. On est prêt à respecter
ça. Mais ce que je dis, par exemple, c'est que ce n'est pas parce que le
ministre a un désir et une volonté de le faire qu'il faut changer
les règles ou chambarder tout le monde. Moi aussi, j'ai du respect pour
les gens qui nous entendent. Moi aussi, j'ai le respect d'écouter les
gens, mais on n'a pas été...
M. Tremblay (Rimouski): Prouvez-le.
M. Dufour: Si vous voulez parler, M. le député de
Rimouski, il y a une bonne façon de le faire, c'est de vous adresser
à la présidence. Moi, je m'adresse toujours à la
présidence. Je ne sais pas si j'ai essayé de vous donner
l'exemple, mais il me semble que... J'espère qu'un jour vous pourrez
prendre l'exemple que j'essaie de vous donner d'être respectueux,
d'abord, des interventions que les gens font. Je m'adresse toujours à la
présidence. Donc, à ce moment-là, j'espère que vous
allez apprendre ça, parce que, comme adjoint du ministre des Affaires
municipales, il ne faudrait pas que vous vous preniez pour le ministre des
Affaires municipales.
M. Tremblay (Rimouski): De ce côté-là, il n'y
a pas d'inquiétude.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je pense qu'il ne faudrait pas que ça
déteigne trop, trop sur vous. Vous donnez toujours des ordres, et
ça va par là. Moi, je dis qu'on est respectueux des règles
parlementaires, et on pense que les députés peuvent faire leurs
remarques préliminaires. L'Union des municipalités, qui est ici,
sait bien comment ça se passe dans un Parlement, et je ne pense pas que
ce serait contre l'éthique et contre le bon sens si les
députés donnaient quelques remarques. Je ne sais pas s'ils ont le
goût de parler. Je ne suis pas au courant. Après ça, on les
écoutera. C'est dans ce sens-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Rimouski.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): Très brièvement, Mme la
Présidente, je veux seulement dire qu'on devrait statuer sur la motion
qui est devant vous, et j'espère que ça se fera très
rapidement, encore une fois, par respect pour les représentants des deux
unions qui sont ici. Nous avons eu le privilège, d'ailleurs, d'avoir la
visite du chef de l'Opposition, qui s'est donné la peine de se
déplacer, pour une fois, qui a salué tous ces
représentants-là, par respect pour eux. Je pense que c'est le
temps, maintenant, de passer et de procéder.
La Présidente (Mme Bélanger): d'accord. je suis
prête à rendre ma décision, si ça ne vous
dérange pas. non, non, mais je suis prête à rendre ma
décision.
M. Boisclair: Mme la Présidente, à ce moment-ci, je
voudrais vous proposer peut-être une solution...
M. Tremblay (Rimouski): II a déjà parié.
M. Boisclair: ...pour qu'on puisse rapidement...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous êtes un
proposeur de solutions, vous, je pense.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Je veux tout simplement, madame... Je pense que
c'est une décision importante que vous vous apprêtez à
rendre, et je pense que, compte tenu de la coutume qui a été
établie dans ce Parlement, je veux tout simplement souligner le fait
qu'à mon avis, comme membre de cette commission, la décision que
vous vous apprêtez à rendre sera sans doute une décision
qui sera Importante...
La Présidente (Mme Bélanger):
Éclairée.
M. Boisclair: ...et qui sera lourde de conséquences pour
la tradition parlementaire, particulièrement en ce qui a trait aux
règles de fonctionnement des commissions.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, c'est
ça que je vous dis.
M. Boisclair: Ce à quoi je vous inviterais, et ce que je
voudrais...
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous
m'entendre sur ma décision?
M. Boisclair: ...tout simplement faire, Mme la Présidente,
à ce moment-ci, peut-être pour solutionner le problème,
c'est qu'immédiatement on passe... Nous serions prêts à
entendre immédiatement les représentants de l'UMQ et de l'UMRCQ,
mais je ne voudrais pas que vous statuiez immédiatement sur la question
qui a été présentée devant vous. On pourrait, pour
faciliter les choses, procéder à l'audition de nos honorables
invités et, ensuite de ça, reprendre à l'étape des
remarques préliminaires.
M. Ryan: Mettez-le dehors, M. Dufour. M. Morin: Mme la
Présidente.
Mme Pelchat: Mme la Présidente, je pense que...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, là, je pense que le débat est terminé! J'ai
été assez éclairée pour rendre une décision.
Alors, si vous voulez bien l'écouter, et une fois que la décision
sera rendue, on verra...
M. Boisclair: Si vous preniez la décision en
délibéré, Mme la Présidente-La Présidente
(Mme Bélanger): S'il vous plaît! (21 h 10)
Une voix: Faites confiance à la présidence.
Décision de la présidente
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la coutume
veut qu'avant l'étude d'un projet de loi article par article, les
membres de chaque côté de la table puissent s'exprimer 20 minutes
pour faire des remarques préliminaires. Ce soir, il y a un
précédent, évidemment. Après les remarques
préliminaires du ministre et les remarques préliminaires du
porte-parole officiel, une motion a été déposée
d'entendre des gens qui sont dans la salle. Alors, évidemment, comme le
plaidoyer de chacun dit que, par respect pour les gens qui attendent... On est
quand même huit. S'il y a huit membres de cette commission qui font 20
minutes de remarques préliminaires, je ne pense pas que ça serait
respectueux pour les gens dans la salle d'attendre tout ce temps-là.
Alors, s'il y a consentement des membres de cette commission, je suis
prête à prendre la motion du ministre en considération, et
revenir, après avoir entendu les intéressés, aux remarques
préliminaires. Alors, ça prend le consentement des membres de la
commission.
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Sinon, il faudra
poursuivre les remarques préliminaires.
M. Dufour: Non, non. J'ai bien compris vos remarques, Mme la
Présidente, et je pense qu'à ce moment-là la
décision n'est pas tout à fait la même que ce qui aurait pu
être décidé de votre part. Je pense que la décision
que vous donnez, c'est une décision qui ne crée pas de
problème, qui ne va pas changer les règles. Et, si j'ai bien
compris, vous dites...
La Présidente (Mme Bélanger): Que ça prend
le...
M. Dufour: ...qu'il y a une motion qui a été
déposée. Si l'ensemble des députés...
La Présidente (Mme Bélanger): Consent.
M. Dufour: ...décide qu'ils reprendront leur droit de
parole après, concernant leurs remarques préliminaires, on peut
les entendre.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Dufour: Ça, de ce côté-là, moi, je
pense que...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on peut faire
ça ou bien on continue les remarques préliminaires, tel que la
coutume le veut.
M. Ryan: Bien, non. Là, vous avez demandé qu'on
suspende les remarques préliminaires pour entendre les...
La Présidente (Mme Bélanger): Pour les entendre,
mais s'il n'y a pas consentement... Ça me prend le consentement des
membres.
M. Ryan: C'est parce que, là, le député de
Jonquière vient d'exprimer son consentement, et, moi, je vous donne le
mien.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ceci
étant dit, je demanderais à l'UMQ de bien vouloir se
présenter à la table des témoins.
M. Tremblay (Rimouski): Peut-être qu'il y aura moins de
remarques préliminaires.
Mme Pelchat: On ne sait pas. Il ne faut présumer de
rien.
M. Tremblay (Rimouski): Non, mais il va y avoir un bon
décalage.
Mme Pelchat: Sait-on jamais! (Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Alors, avant de commencer le débat... S'il vous
plaît! Vous n'avez pas besoin d'un homme, vous allez voir qu'une femme
est
capable. Avant de commencer le débat, j'aimerais que les membres
de la commission s'entendent sur le temps de l'audience.
M. Dufour: Je pense bien que... Est-ce qu'il y a une
suggestion?
La Présidente (Mme Bélanger): est-ce qu'on suit la
règle normale, où il y a une heure, d'habitude, dont 20 minutes
pour les intervenants...
M. Dufour: 20-20-20?
La Présidente (Mme Bélanger): ...et 20-20, chacun
des côtés?
M. Ryan: Ce n'est pas une règle, c'est une coutume.
La Présidente (Mme Bélanger): Encore une coutume!
Mais c'est comme ça que ça se passe.
M. Ryan: On va la prendre comme coutume, et on va... Une heure,
à tout le moins.
Auditions
La Présidente (Mme Bélanger): Une heure. Alors, ce
qui veut dire que M. le président de l'UMQ aura 20 minutes pour exposer
son point de vue sur le projet de loi, et il y aura un questionnement de 20
minutes du côté ministériel et du côté de
l'Opposition. M. Mercier, la parole est à vous.
Union des municipalités du Québec
(UMQ)
M. Mercier (Ralph): Merci. Mme la Présidente, M. le
ministre, Mmes et MM. les membres de la commission, vous me permettrez, tout
d'abord, d'identifier les gens qui m'accompagnent ici, ce soir. J'ai, à
ma gauche, Mme Diane Lambert, qui est directrice des services juridiques au
niveau de l'Union, et, à ma droite, M. Raymond L'Italien, directeur
général de l'Union. avant d'amorcer nos propos sur l'objet de vos
délibérations de ce jour, il m'apparaît peut-être
utile, voire même nécessaire, de rappeler que l'union des
municipalités du québec regroupe plus de 300
municipalités, communautés et mrc, compte 80 % de la population
et 85 % des budgets municipaux au québec, lesquels atteignent 8 500 000
000 $.
Permettez-moi, tout d'abord, de remercier le ministre des Affaires
municipales, M. Claude Ryan, et ses principaux collaborateurs pour le travail
qu'ils ont accompli dans leur démarche de bonification et de refonte du
projet de loi 119, initialement déposé devant l'Assemblée
nationale au printemps 1991. Maintenant reformulé, le projet de loi 22,
Loi modifiant la Loi sur les cités et villes, le Code municipal du
Québec et la
Loi sur les dettes et les emprunts municipaux, comporte un certain
nombre de nouveautés, dont plusieurs inscrites à la demande
même de l'Union des municipalités du Québec; et celles-ci,
nous l'espérons, permettront à la fois d'améliorer la
qualité de la gestion de nos municipalités et de mettre de
l'avant certaines initiatives et solutions susceptibles d'en accroître
l'efficience.
Le projet de loi 22 accroît la marge de manoeuvre des
gestionnaires locaux en matière d'emprunts et de placements. Il
élargit l'assiette des amendes pouvant être perçues par les
municipalités. Il augmente les seuils relatifs aux appels d'offres sur
invitation et par voie de soumissions publiques. Le projet de loi permet, par
surcroît, de normaliser certaines pratiques courantes en matière
d'assurances collectives et par rapport auxquelles des centaines de
municipalités étaient techniquement en défaut.
Le projet de loi 22 répond enfin à deux objectifs de
l'UMQ, soit celui de rendre disponibles à ses membres des services
corporatifs plus étendus, notamment en matière d'achats
regroupés et d'assurance de dommages. L'Union des municipalités
du Québec supporte le projet de loi 22 parce qu'il répond
à de nombreux besoins et demandes du milieu municipal, dans certains cas
depuis de nombreuses années.
Ceci étant dit, et tout en reconnaissant le travail
considérable qu'il a nécessité, nous estimons que le
projet de loi 22 est possiblement perfectible, et nous vous proposons nos
commentaires, au fil de l'étude article par article, en vue d'en
préciser le sens, d'en éviter l'ouverture à
interprétation ou d'en élargir la portée.
Au-delà de ces commentaires, un article spécifique au
projet de loi doit être modifié, à défaut de quoi
les municipalités hésiteraient à y adhérer. Il
s'agit de l'article 465.15 qui stipule que «Le retrait d'un membre de la
corporation dort être autorisé par le ministre sur avis de
l'inspecteur général qui établit que la corporation
demeure par la suite financièrement viable.»
Toute municipalité adhérant à la corporation
mutuelle d'assurances se sera engagée par contrat à contribuer au
règlement de toutes les réclamations relatives à des
sinistres survenus durant la période d'adhésion à la
corporation. Cette règle ne souffrira aucune exception, et les
municipalités sont assurées de la pérennité des
pouvoirs requis pour en assumer le plein acquittement. Les municipalités
connaîtront, dès le jour de leur adhésion, la pleine limite
de leurs responsabilités à l'égard de la corporation et
des autres membres qui auront adhéré par contrat formel.
Ajouter à ces obligations une condition additionnelle
échappant au contrôle de la municipalité vouera le
mécanisme à l'échec, avant même son lancement.
Aucune municipalité n'y adhérera, probablement, si elles savent
à quelles conditions elles adhèrent mais ignorent à
quelles conditions elles pourraient se retirer. La viabilité
du mécanisme ne doit pas devenir la responsabilité d'une
municipalité spécifique qui voudrait s'en retirer, mais celle du
conseil d'administration de la corporation à l'égard de
l'ensemble de ses adhérents et de ses réclamants. C'est donc sur
la corporation elle-même que le contrôle du ministre des Affaires
municipales doit s'exercer. C'est sur son conseil d'administration que doit
peser la perspective d'une sanction extrême, soit la dissolution de la
corporation. (21 h 20)
Le démarrage même du mécanisme est conditionnel
à ce que le poids de la sanction prévue à l'article 465.15
soit transféré des épaules de l'adhérent à
celles du conseil d'administration, lequel porterait alors le fardeau de la
dissolution forcée si, à la suite du retrait d'un ou de plusieurs
membres, le mécanisme devenait financièrement non viable.
Excepté ce qui précède, l'adoption du projet de loi
pourrait se faire dans sa forme actuelle. Mme la Présidente, nos
commentaires vous sont soumis en toute bonne foi, dans l'espoir que vous les
accueillerez favorablement. Mme la Présidente, je suis disposé
à répondre aux questions, bien sûr, des membres de la
commission, et, également, si, sur certains points techniques, il
était nécessaire que les personnes qui m'accompagnent puissent
aussi apporter des précisions, je pense qu'elles se feront un plaisir de
le faire. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
président. M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, je serai bref dans mes
réactions aux propos de M. Mercier, que je veux remercier de sa
présence parmi nous ce soir et du rôle éminemment construct
qu'il joue à la table Québec-municipalités en tant que
porte-parole des municipalités et villes du Québec
regroupées dans l'union dont il assume la présidence.
Je serai bref, parce que tous les points significatifs qui sont contenus
dans le projet de loi 22 ont fait l'objet d'échanges à la table
Québec-municipalités à quelques reprises, d'abord lorsque
fut préparé le dépôt du projet de loi 119, l'an
dernier, et après que le projet de loi 119 eut dû être
reporté faute de temps, lors de la session du printemps 1991. Nous
l'avons repris, nous l'avons retravaillé. Certains points n'y
étaient pas compris. Des représentations nous avaient
été faites par l'Union des municipalités du Québec;
nous en avons inclus d'autres. Par conséquent, il n'y a aucun des sujets
significatifs abordés par le projet de loi qui n'ait pas donné
lieu à des échanges préalables. C'est l'esprit dans lequel
nous concevons les relations du gouvernement avec le monde municipal.
Maintenant, un des sujets majeurs du projet de loi, c'est,
évidemment, l'assurance-responsabilité, l'assurance de dommages
ou, si on veut, on peut l'appeler l'assurance réciproque - l'assurance
mutuelle, c'est un petit peu plus délicat, parce qu'il y a une
définition technique (^«assurance mutuelle» qui n'est pas
exactement ce qui est envisagé ici - mais le concept de
réciprocité et de mutualité est compris dans le projet de
loi, et on peut l'employer en langage libre, je pense, sans trop de
difficulté.
Je voudrais vous demander une chose. Avant de demander une initiative de
cette nature, vous avez étudié ce qui se faisait dans d'autres
parties du Canada; pouvez-vous nous citer des provinces où il existe un
régime semblable, et nous dire comment fonctionnent ces régimes,
selon vos informations?
M. Mercier: M. le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Mercier.
M. Mercier: Mme la Présidente. En réponse à
votre question, M. le ministre, à notre connaissance, actuellement, il y
a un fonctionnement similiaire, une législation qui permet aux
municipalités, à l'intérieur des provinces de l'Ontario et
de la Colombie-Britannique, d'établir, effectivement, de telles
réciproques. Il semblerait, d'après les informations que nous
avons, que ça desserve bien, bien sûr, les municipalités de
ces territoires, et que ça entraîne également, je pense,
des économies intéressantes pour les municipalités qui
participent à ces mêmes réciproques.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: La remarque que vous avez faite - je voudrais m'y
attarder un instant - porte sur le retrait. Nous allons prendre l'article exact
qui est concerné - je pense que c'est l'article 465.15. Voulez-vous,
à partir de l'article 465.15, M. Mercier, nous dire encore,
peut-être plus clairement, ce qui est source de difficulté dans
ceci? Parce que, si je comprends bien... Je vais vous donner ma
compréhension de votre réaction, et vous me corrigerez si j'ai
mal compris. D'après ce que je comprends, vous n'aimez pas que le
ministre puisse autoriser une municipalité à se retirer de la
société, à des conditions qu'il détermine, tant
à l'égard du membre qui désire se retirer qu'à
l'égard de la corporation. Vous trouvez que c'est trop lourd. Est-ce que
c'est ça qui est source de difficultés pour vous?
M. Mercier: Bah! Oui, M. le ministre. C'est bien sûr que si
une municipalité, évidemment, fait partie de cette
réciproque et qu'elle se rend à l'évidence que, pour se
retirer de la même réciproque, elle doit obtenir l'autorisation du
ministre, ça, c'est une chose. Mais si elle doit obtenir l'autorisation
du ministre parce que - il
semble - son retrait pourrait mettre en péril, sur le plan
financier, la même réciproque, c'est évident qu'à ce
moment-là, déjà, au départ, l'ensemble des
municipalités au Québec auront une forte hésitation
à en faire partie.
D'autre part, en ayant la possibilité de se retirer de
façon très libre, sans votre autorisation, je pense que ça
pourrait, dans l'ensemble, ne rien changer, dans un certain sens, parce que, si
la municipalité se retirait, elle devrait, à ce moment-là,
assumer aussi la responsabilité de son engagement du départ.
J'explique. S'il y avait une action, s'il y avait une réclamation, par
exemple, qui ait été inscrite en l'an 1992, et que la
municipalité ait fait partie de cette réciproque,
automatiquement, elle partagerait, bien sûr, des pertes - s'il devait y
avoir des pertes - ou participerait quand même à la
réclamation. Maintenant, en se retirant l'année suivante, en
1993, elle devrait aussi retenir cette responsabilité financière
face à la réciproque. Donc, si la réclamation se
réglait - je ne sais pas, moi -en 1994, la responsabilité qu'elle
avait au moment de son inscription en 1992 et au moment où elle s'est
retirée en 1993, cette responsabilité devrait demeurer et, donc,
elle devrait participer, bien sûr, à la perte de la
réciproque.
M. Ryan: Regardez, je ne m'attarderai pas davantage
là-dessus. Je voulais identifier le problème. Vous allez avoir
l'occasion d'en causer avec les conseillers qui vous accompagnent. Il y a les
conseillers de l'Inspecteur général des institutions
financières qui sont présents. Il est possible que M.
l'Inspecteur vienne faire une visite plus tard. On aura l'occasion d'en
reparler. Je ne veux pas monopoliser le temps, parce que mon collègue de
Rimouski aura d'autres questions à vous adresser tantôt, à
propos du rôle que l'Union veut jouer en matière d'achat de biens
ou de services. On verra tantôt, mais, pour le moment, Mme la
Présidente, moi, je voudrais que le temps qu'il nous reste, nous le
réservions pour mes collègues.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. D'abord, je vais vous souhaiter la bienvenue et
vous remercier, et peut-être remercier le ministre d'avoir accepté
de vous entendre. Ce n'était pas tellement clair, hier; il ne nous a
jamais dit qu'on aurait le plaisir de vous écouter. D'ailleurs, on avait
une motion dans ce sens-là. Même si je l'ai dit dans mon discours
de cette nuit - je vous invite à le relire - je sais bien que ce
n'était peut-être pas important. C'était peut-être
important pour celui qui le disait, mais pour celui qui l'écouta it...
Peut-être qu'il ne l'a pas écouté, mais il y a une chose
certaine, c'est que j'ai dit dans mon discours: Même si je savais et si,
nous, on se prononçait contre, même si, nous autres, on croit que
l'Union des municipalités et d'autres unions pourraient venir se faire
entendre, on trouve ça correct, et on va se faire leur
interprète. Le ministre n'a pas répondu là-dessus. Mais je
veux en venir exactement au fait. Il y a des points très importants dont
on va discuter. Je ne pense pas qu'on puisse les épuiser en si peu de
temps.
La réciproque d'assurances dont on parle, que vous voulez mettre
sur pied, est-ce que vous pourriez nous donner les raisons pour lesquelles vous
êtes venu à cette demande vis-à-vis du ministère?
(21 h 30)
M. Mercier: Oui. C'est bien évident que je vous ai entendu
indiquer, bien sûr, dans les interventions du début de la
soirée, qu'il y avait eu des augmentations dans le secteur des
assurances dans les années 1983-1984. Ces mêmes augmentations, je
dois vous dire, on les a retrouvées également dans les
périodes qui ont suivi, particulièrement en 1985-1986. Il y a eu
certains ajustements depuis, mais on se rend à l'évidence:
lorsqu'on analyse, dans l'ensemble, la situation, on aurait certainement
intérêt à pouvoir, dans le fond, s'auto-assurer. Il existe
déjà 860 pools d'assurances en Amérique du Nord, qui
touchent des secteurs comme les écoles, les hôpitaux et d'autres
municipalités, bien sûr, qui sont à l'extérieur du
Québec. Vous avez même, aussi, des universités qui sont
à l'intérieur de ces mêmes pools. Donc, pour nous autres,
il s'agirait, dans le fond... Le secteur qu'on recherche et,
généralement, le terme qu'on emploie, c'est le secteur IARD,
l'incendie, l'accident et les risques divers. C'est dans ce secteur surtout
qu'on recherche, bien sûr, la possibilité de pouvoir former une
réciproque et faire en sorte que les municipalités au
Québec puissent bénéficier d'une auto-assurance, et,
à ce moment-là, également, je pense, par le fait
même, faire bénéficier les contribuables de ces
économies.
Vous le savez, je pense, que les contribuables, actuellement, au
Québec, sont quand même alourdis, sont assiégés,
quasiment, par le fardeau fiscal qu'on assume, et qu'il faut prendre tous les
moyens possibles pour tenter de faire en sorte que le moindre
bénéfice soit rendu à la communauté locale. Et il
nous semble que, sur ce plan, c'est certainement une façon de
rationaliser tout le secteur d'IARD dans les municipalités au
Québec et de faire en sorte qu'on puisse bien assurer les gens et,
également, qu'on puisse apporter des économies qui soient
intéressantes.
Et, vous savez, ce n'est pas une formule, dans le fond, qu'on a
inventée. Elle existe ailleurs. Je l'indiquais tantôt, elle existe
en Ontario, elle existe en Colombie-Britannique. À ce qu'on sache, elle
fonctionne bien. Donc, c'est pour ça qu'on souhaiterait, nous, encore
une fois, pour alléger jusqu'à un certain point, tout en donnant
la sécurité, je pense, qui est néces-
saire dans une protection d'assurance, qu'on puisse effectivement avoir
accès à cette réciproque.
M. Dufour: Est-ce que, dans ce que vous nous avez dit,
l'assurance-responsabilité est comprise?
M. Mercier: Oui, M. Dufour. Oui, surtout, même,
là-dedans.
M. Dufour: Vous savez que les statistiques, normalement,
ça ne ment pas trop, trop et que, règle générale,
les statistiques canadiennes disent que les municipalités, prises
individuellement, subissent quelque chose de majeur, dans une moyenne de cinq
ans, à peu près. Ça peut ère une grève,
ça peut être un tremblement de terre, ça peut être
des glissements de terrain, des incendies majeurs, un peu toutes sortes de
choses. Il y a deux cas, en tout cas, auxquels je veux faire
référence, ici, au Québec, qui se sont produits et qui ont
coûté assez cher. Il y a la ville de Beauport; ça a
coûté quelques millions. Je n'ai pas à vous faire de
dessin, vous êtes très près de cette ville, donc, vous
savez ce qui s'est passé. Il y a la ville de Chicoutimi, où il y
a eu un incendie dans un centre d'achats, où ça a
coûté, je pense, 11 000 000 $ aux assurances pour le
régler. C'est des coûts assez énormes. Il y a une
disparité de risques dans les municipalités. Les villes ne sont
pas toutes faites de la même façon. Il y a des montants d'argent
qui sont plus dans les chemins. La sécurité n'est pas pareille
partout. Donc, il y a des coûts à assumer ou il y a des risques
différents à assumer.
Et, actuellement, est-ce que vous n'avez pas dit - je ne vous le
reproche pas, si ça vous a glissé - mais, en 1982-1983, en
1984-1985, c'est là que les municipalités ont été
obligées de se plier à la volonté gouvernementale qui
avait imposé l'obligation de prendre des assurances, mais pour un an
seulement? Ça aussi, ça a eu une influence sur les coûts.
Définitivement. Et il y a eu aussi un réveil des gens par
rapport... Les coûts ont statué assez fortement les
responsabilités des municipalités. Ça a grossi les
coûts. Et, ce que vous nous proposez... Je comprends le but visé,
mais ce que vous nous proposez... Parce que je me rappelle qu'il a
été un temps, à l'Union des municipalités,
où on parlait du faire-faire, donc, on laissait à l'entreprise
privée le plus de marge de manoeuvre possible. Actuellement,
l'entreprise privée est là. Est-ce que vous croyez que la mise
sur pied d'une mutuelle ou d'une réciproque n'occasionnera pas, pour
l'Union des municipalités, beaucoup d'exigences? D'abord, une expertise,
à savoir quels sont les risques que vous courez, comment on va
dédommager les enquêtes qui vont avoir à se faire par
rapport à ça, le danger que les municipalités à
risque soient chez vous et que les autres n'y soient pas, parce qu'il y aura la
compétition. Ça, ça serait peut-être une bonne
chose. Moi, la compétition, je ne suis pas contre ça, mais il y a
un certain nombre d'éléments qui me portent à penser que
vous allez mettre en place tout un attirail ou toute une mise en place de
groupes pour mettre ça en place, la réciproque. Donc, il y a des
coûts quelque part. Comment ça va se redistribuer? Vous pouvez
bien dire que les municipalités vont être ensemble, supposons
qu'il ne se produise à peu près rien, que la réciproque
ait de l'argent et que la municipalité ait contribué et se
retire, est-ce que vous allez lui donner des ristournes en conséquence?
Moi, je vous le dis, par rapport à ça, j'ai beaucoup
d'interrogations, et je suis convaincu que mon collègue de Gouin va
avoir des questions. On pourrait vous garder quelques minutes, et probablement
plus d'une heure, et on n'aurait pas épuisé... Mais on va essayer
de faire le survol, au maximum.
M. Ryan: On vous donnera peut-être un petit peu de
temps.
M. Dufour: Et je n'ai pas parlé de la coopérative
d'achats, non plus.
M. Ryan: On vous donnera peut-être un petit peu de
temps.
M. Dufour: Oui, parce que c'est...
M. Ryan: Si on voit que le ton des questions...
M. Mercier: Mme la Présidente.
M. Ryan: ...est vraiment responsable, nous autres, on est
intéressés à aller au fond des choses.
M. Mercier: Mme la Présidente, M. le député
faisait référence au coût des assurances dans les
années 1983, 1984, 1985, 1986 et, bien sûr, aux
réclamations importantes qu'il y a eu à certains endroits. C'est
bien sûr, M. le député, que les réclamations,
ça fait partie de l'ensemble des risques qui peuvent exister dans ces
domaines; l'assurance, c'est fait pour ça. Mais, d'autre part, quand on
regarde les coûts d'assurance qui ont déjà existé
et, dans certains secteurs aussi, qui existent encore, on se rend à
l'évidence que ce n'est pas nécessairement une
particularité d'un territoire donné. On a retrouvé ces
sautes d'humeur du secteur des assurances, et surtout de ses taux, un peu
partout en Amérique du Nord. Il y a une période, dans ces
années que vous indiquiez tantôt, où je pense qu'il y a
passablement de gens qui ont subi les mêmes problèmes.
Sauf que, d'autre part, quand on regarde les primes d'assurance qui sont
payées dans l'ensemble par les municipalités au Québec,
quand on
regarde également le fonctionnement de la réciproque
ailleurs dans d'autres provinces, on se dit: Mais pourquoi, nous, ici, au
Québec, les Québécois, les municipalités au
Québec, les administrateurs municipaux, on serait plus bêtes
qu'ailleurs? Je pense qu'on est capable de s'assumer sur ce plan-là. Je
pense qu'on est capable de faire la job. Quand on voit qu'en
Colombie-Britannique vous avez une réciproque qui fonctionne - il
semblerait bien, là-bas, très bien - et que vous avez cinq
personnes qui sont attitrées pour, effectivement, l'administration de
cette réciproque, je pense que ça peut être une
opération intéressante.
À mon avis, M. le député, je ne pense pas que les
compagnies d'assurances... Lorsqu'on regarde, quand même, les bilans
financiers de ces mêmes compagnies, elles ne sont pas là
nécessairement pour faire des pertes. Ah! elles vous diront: Oui, oui,
il y a des secteurs où on perd de l'argent. Bien sûr!
Excepté que, dans l'ensemble - et, nous, à l'Union, on le croit -
rétablissement d'une réciproque pourrait être
bénéfique à l'ensemble des municipalités, surtout
que, chez nous, on représente 80 % de la population du Québec, on
gère déjà à peu près 85 % des budgets
municipaux, et ça représente passablement de sous, passablement
d'assurances, également.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Ryan: Mme la Présidente, je pense qu'il y a une
question d'alternance, une rèlge d'alternance élémentaire.
Le député de Rimouski vous a fait signe aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, Mme la Présidente. D'abord,
permettez-moi de souhaiter à M. Mercier, à M. L'Italien et
à Mme Lambert la bienvenue à cette commission parlementaire. Moi,
j'ai eu le privilège d'assister aux tables
Québec-municipalités depuis qu'on se réunit, et je dois
vous dire que le projet de loi 22 traduit très bien les
préoccupations que vous nous avez signifiées lors des rencontres
assez nombreuses que nous avons eues. Je pense que la table de concertation qui
est mise de l'avant par les deux unions et, en même temps, par le
ministère, est très, très intéressante et, en
même temps, nous permet de régler certains problèmes. Le
projet de loi vient nécessairement apporter une solution à vos
nombreuses demandes.
Une préoccupation. Tout à l'heure, quand vous disiez au
critique de l'Opposition que vous étiez prêts à assumer des
responsabilités pour un genre d'assurance collective, ou en assurance
réciproque ou mutuelle - comme vous aimerez - est-ce que, dans votre
esprit, ces mutuel- les, ces réciproques ou ce genre de regroupement
d'assurances se feront sur un plan régional, ou si vous avez une vision
provinciale de votre intervention? (21 h 40)
M. Mercier: Mme la Présidente, là-dessus, je dois
vous dire que nos études, actuellement, nous ont laissé voir que
ce serait davantage intéressant sur un plan provincial. Ces
études-là ont été faites, quand même,
conjointement par l'UMQ, l'UMRCQ et le MAM, et concluent, dans le fond,
à un intérêt; je pense à certaines économies
qui pourraient être intéressantes pour les municipalités,
à moyen terme. Mais ce n'est pas nécessairement un plan
régional. Il faut penser qu'on a une bonne partie de la population et
des fonds importants à l'intérieur des budgets municipaux, et,
même, consacrés aux assurances qui sont du côté ouest
du territoire québécois, sans exclure d'autres grands centres.
Donc, je vous avoue honnêtement que tenter de régionaliser sur ce
plan-là, ça serait passablement difficile. D'ailleurs, nos
actuaires nous laissent savoir qu'on n'y aurait pas nécessairement
intérêt.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien. J'ai une autre
préoccupation au sujet du rôle que l'Union des
municipalités voudrait jouer quant aux achats regroupés. Je vous
ai entendu dire, tout à l'heure, que vous regroupiez à peu
près 80 % de la population du Québec à l'intérieur
de votre Union. Ça suppose, nécessairement, qu'il y aurait
beaucoup de transactions. Est-ce que votre Union, ça ne vous
inquiète pas de mettre de l'avant une espèce d'organisme qui
pourrait faire des achats regroupés? C'est-à-dire que, si je
comprends bien, c'est une grosse société ou corporation qui
pourrait s'instaurer, et ça ne vous inquiète pas outre mesure de
l'instaurer?
M. Mercier: Non, absolument pas! Au contraire, je pense que, Mme
la Présidente, il faut voir dans un tel système un moyen
d'apporter des économies additionnelles pour nos contribuables dans les
communautés locales. Pour nous, à l'Union, ce n'est pas une
question, par exemple, de bâtir un immense entrepôt, d'avoir du
personnel, de faire du «shipping» au nord, au sud, à l'ouest
du territoire. Ce n'est absolument pas ça. Je pense que c'est d'offrir,
quand même, la possibilité de créer des mécanismes
qui nous permettent, à ce moment-là, d'aller effectivement vers
des offres publiques et de savoir, sur le plan d'un regroupement, quelles sont
les économies qu'on pourrait faire dans certains secteurs, que ce soit,
par exemple, pour le calcium, ou que c'en soit d'autres. On sait qu'il y a des
secteurs où - sans nécessairement accuser - il y a quand
même certains monopoles.
D'autre part, il ne s'agira pas non plus d'avoir une formule de
système qui ferait en sorte qu'on couperait l'économie locale ou
qu'on
ferait tort à l'économie locale. Ça, c'était
une de nos préoccupations, et je pense que, sur ce plan-là, on se
rend à l'évidence que, lorsque vous avez des achats
regroupés, vous pouvez obtenir un prix donné par une firme
manufacturière ou une firme distributrice qui, elle, à ce
moment-là, réfère, évidemment, la vente de la
marchandise ou, du moins, le dépôt de la marchandise dans un
territoire ou dans l'ensemble de la région, de différentes
régions. Donc, ça veut dire que, si c'est l'achat - et je prends
un exemple très simple - de pétrole, je ne pourrais pas imaginer,
dans le fond, un camion partir de Montréal pour descendre en
Gaspésie parce que Gaspé serait effectivement dans ce groupe ou
cette coopérative d'achats. Au contraire, la compagnie va donner le
bénéfice à un distributeur ou à un vendeur local,
va lui donner un escompte additionnel parce qu'il aura soumissionné pour
l'ensemble de la province. Alors, je pense que la dynamique, dans le fond, et
le pouvoir d'achat qu'on voit localement, de la municipalité versus ses
commerçants ou ses distributeurs municipaux, seront maintenus.
M. Tremblay (Rimouski): Alors, M. Mercier, je suis bien content
de vous entendre dire qu'il y aura un certain respect, en tout cas, des achats
dans les régions, parce que vous savez comme moi que vous êtes de
gros acheteurs, c'est-à-dire que les municipalités sont tout de
même des clients très intéressants pour les commerces
locaux ou régionaux. Et, si vous avez cette
préoccupation-là dans votre regroupement d'achats, je pense que,
sur ce côté, je dois vous suivre, et je vais vous encourager
à aller dans ce sens-là.
Est-ce que le regroupement que vous imaginez ou pensez s'inspire un peu
de ce qui se fait dans les commissions scolaires, par exemple?
M. Mercier: Bien, oui.
M. Tremblay (Rimouski): Même principe?
M. Mercier: Absolument! Bien, vous dire exactement le même
principe, je ne voudrais pas vous affirmer ça ici, ce soir, mais quelque
chose qui soit similaire. L'intérêt, dans le fond, c'est
vraiment... Ce n'est pas une question uniquement pour l'Union, c'est une
question sur le plan pécuniaire pour le contribuable. On a des charges
additionnelles; on est obligé, régulièrement, d'augmenter
les factures des contribuables pour toutes sortes de raisons, et je pense qu'il
faut prendre les moyens pour tenter, aussi, de diminuer cette facture. C'en est
un, moyen.
Moi, je vous dis, je parie d'une expérience personnelle: dans le
territoire, chez moi, j'ai vu, par exemple, le calcium, il y a à peine
un an et demi de ça, en deux ans, augmenter de 55 %. Je ne vous dis pas
qu'il n'y avait pas des raisons valables pour une augmentation, mais je suis
convaincu que, si on avait pu passer un achat regroupé, on aurait
certainement bénéficié d'un meilleur coût. Donc,
c'est les contribuables, chez moi, à ce moment-là, qui
bénéficient, bien sûr, de ces économies.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien, Mme la
Présidente. Moi, ça va suffire pour le moment. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Rimouski. M. le député de Dubuc.
M. Morin: Merci, Mme la Présidente. Je vais revenir au
domaine de l'assurance, parce que c'est quand même un vieux dossier. Je
ne crois pas me tromper en avançant que c'est un des motifs qui a
amené l'Union, finalement, à opter pour une auto-assurance et,
bien sûr, l'expérience des années 1984-1985. Donc, c'est
une question de coût. Je pense que c'est ça, le motif de
départ, l'expérience qu'on a vécue avec des hausses
vertigineuses au niveau des primes d'assurance.
Maintenant, je voudrais vous soumettre quelques facteurs pour que vous
me disiez si c'est vraiment par ce mode-là, d'une réciproque, que
vous atteindrez véritablement vos objectifs. Parce que, si c'est les
coûts des expériences déjà vécues qui sont
à la base de la proposition qu'on a... Et vous avez dit tout à
l'heure, à une réponse au député de Rimouski, je
pense, que vous voyez la structure au niveau provincial. Donc, de là une
couverture pour des municipalités de taille assez variée, et dont
les responsabilités ou l'envergure exigent, évidemment, des
couvertures ou des protections différentes.
Aussi, à partir du moment où vous allez mettre ça
sur pied, vous n'êtes pas à l'épreuve d'une
expérience ou d'un sinistre à très court terme,
d'où l'obligation d'établir une réserve, à
très court terme. De là, bien sûr, un coût
peut-être pas permanent, mais un coût ponctuel pour les
municipalités. Il y a aussi tout le volet des nouvelles
responsabilités dont vous n'êtes pas à l'abri. Vous
connaissez bien le ministre des Affaires municipales. On sait ce qui s'est fait
au cours de la dernière année. On n'est pas à l'abri de
nouveaux transferts. Donc, les responsabilités municipales, c'est en
mutation ou en changement permanent. Est-ce qu'à ce moment-là ces
couvertures-là sont prévisibles, doivent faire partie de la
réciproque, ou si on devra s'ajuster au fur et à mesure?
En fait, ma question est - et je reviens au début - si, au
début, les motifs étaient des expériences malheureuses au
niveau des hausses vertigineuses des primes, à partir de toutes ces
questions-là, jusqu'à quel point êtes-vous si certain que
les municipalités ne subiront pas autant de variations dans les primes
et que, finalement, les coûts seront, de façon si évidente,
moins élevées, nonobstant, bien sûr,
l'aspect administratif qu'on est tenu de payer aux compagnies
d'assurances? Évidemment, j'ai vécu l'expérience, et il a
été un certain temps où je souriais à cette
approche-là, mais quand on regarde ça avec du recul, puis toutes
les implications, ça ne m'apparaît pas aussi évident.
D'ailleurs, je pense que le Bureau d'assurance du Canada soulève un
certain nombre de questions là-dessus, et qui me paraissent très
pertinentes. Alors, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
président.
(21 h 50)
M. Mercier: Mme la présidente, en réponse à
m. le député, je dois vous dire d'abord que, sur le plan des
primes, c'est certainement un facteur, sauf qu'il faut voir aussi
d'après les expériences. moi, je ne suis pas un expert
là-dedans. je ne pense pas que mon directeur général le
soit non plus, mme lambert non plus, mais il y a des actuaires qui le sont.
règle générale, je pense que c'est des gens qui devraient
normalement bien s'y connaître dans le domaine; autrement, je pense qu'on
aurait un problème important sur les bras. on nous laisse savoir que,
sur le plan des primes, il y a peut-être un cycle au point de vue des
augmentations, au point de vue des coûts d'assurance.
généralement, on dit que c'est cyclique, à peu près
aux six, sept ans. vous me direz: mais, m. le président, peut-être
qu'aux six, sept ans, ce n'est pas si pire que ça, mais, d'autre part,
les études actuarielles que nous avons nous laissent voir
qu'effectivement c'est intéressant, que ça peut être
intéressant pour les municipalités de procéder avec une
réciproque.
D'autre part, vous faites référence à la taille des
municipalités, et c'est vrai que les besoins peuvent être
différents d'une taille à l'autre. En fonction de ça
aussi, il pourrait peut-être y avoir des différenciels,
même, sur la question des primes. Je vous dis que, là-dedans, il y
a aussi possibilité de créer des pools d'assurances qui soient
différents pour des besoins différents, donc, pour des
municipalités de taille différente, avec des besoins
différents, de créer des pools spécifiquement pour
celles-là, tout en prenant en considération que, chez d'autres
municipalités, les besoins sont autres. Voilà! Je pense
qu'à un moment donné elles doivent s'assumer elles-mêmes,
mais une réciproque permet ça.
Le but visé, dans le fond, c'est de tenter d'aplanir,
peut-être de niveler, effectivement, une prime d'assurance, de faire en
sorte qu'on évite des fluctuations comme on a pu en voir dans le
passé; et on a craint, dans le fond, qu'on puisse en voir encore aussi
dans l'avenir. Vous allez me dire: Bien, oui, M. le président, vous
savez, c'est relié à tous les risques d'assurance. Oui,
ça, c'est vrai. Vous auriez raison de le dire, mais, Mme la
Présidente, je vous dis que, là- dessus, cest clair. A un moment
donné, parce que les questions se sont posées quand il y a eu des
augmentations au point de vue des primes d'assurance, on nous a dit qu'il y
avait une moyenne qui était établie non seulement sur le plan
canadien mais sur ie plan américain. Et on avait une tendance à
dire: Bien, écoutez, ça, c'est sur le plan nord-américain.
Il me semble qu'il n'y avait pas eu de sinistre majeur à une certaine
époque, mais il semble, selon les informations que nous avons, que les
compagnies d'assurances avaient inclus également, à ce
moment-là, le Mexique là-dedans. Or, ça change
drôlement les moyennes, et je pense que, là-dessus, c'est la
façon dont ça se vit. Alors, la réciproque n'ira
sûrement pas prendre les expériences ailleurs. On va prendre les
expériences qu'on a au Québec, et avec les risques, bien
sûr, qu'il y a. Je pense que l'assurance, c'est là pour ça.
Il peut y avoir des sinistres à certaines périodes, alors
qu'à d'autres périodes il n'y en a pas.
M. Morin: la constitution de la réserve n'aurait-elle pas
pour effet d'éliminer un certain nombre de municipalités, au
départ? parce que ça va exiger un effort, à court
terme.
M. Mercier: Non. Je vous avoue, Mme la Présidente, que,
sur ce plan, je vous dis non. Bien sûr qu'on pourrait peut-être
subir un sinistre dès la première année de la
réciproque, mais, déjà, les primes qui sont
assumées par les municipalités, au Québec, se chiffrent
autour de dizaines de millions de dollars. Les réserves, bien sûr,
vont se bâtir progressivement. Je ne pense pas qu'on puisse croire qu'on
aura une réserve très importante dès le départ,
mais les municipalités vont être au courant de ces faits et, je
pense, seront capables de les assumer.
M. Morin: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Moi, ce
qui m'inquiète un peu, M. le président, c'est les achats
regroupés. Est-ce que ça ne peut pas nuire, à un certain
moment, au régional? Ce que je veux dire, c'est qu'on est parti de
municipalités, comme chez nous, dans Deux-Montagnes, avec Blainville et
Deux-Montagnes. Depuis quelques années, on a fait des regroupements
d'achats. On y regagne là-dessus, mais plus on va étirer
l'élastique, est-ce que ça ne peut pas nuire, à un certain
moment - et c'est ma crainte - à l'achat régional? Ce que je veux
dire, c'est qu'à force de l'étirer et de l'étirer, je me
demande s'il ne pourrait pas se former un genre de monopole où le
régional, à ce moment-là, pourrait être celui qui
paierait la facture, indirectement.
M. Mercier: Mme la Présidente, en réponse à
M. le député, je pense que, là-dessus, non, il n'y a pas
de crainte. À notre avis, il n'y a pas de crainte. Au contraire, il y a
des bénéfices pour le contribuable, parce qu'il faut voir les
économies d'échelle. Lorsque vous achetez, c'est le fait de le
dire, une grosse de quelque chose, d'un objet quelconque, vous avez le prix
pour une grosse, excepté que si vous en achetez 100 fois 100 grosses, il
y a un différentiel, bien sûr, important, et les prix sont
négociés sur un plan provincial. Par contre, la distribution se
fait sur le plan local. Vous avez des compagnies, que ce soient les compagnies
de pétrole, que ce soient les compagnies sur le plan des filières
de classement où, c'est reconnu, les marques reconnues, vous en
retrouvez des vendeurs localement, je pense que ces mêmes gens vont
pouvoir continuer à vendre directement à leur
municipalité, mais avec un bénéfice additionnel parce
qu'il y aura eu, évidemment, garantie d'une acquisition globale en
province pour une période donnée.
M. Bergeron: C'est sûr que c'est le citoyen, en fin de
ligne, qui va regagner ça. D'ailleurs, au départ, quand tu t'en
vas, deux municipalités ensemble, tout de suite, c'est le citoyen qui y
regagne, mais je me demande... Je crains un petit peu un monopole; c'est ce que
je voudrais éviter ou, au moins, que ça reste dans le
régional; bien s'assurer que ça ne sera pas un distributeur...
Vous parliez d'essence, tout à l'heure. C'est bien entendu, ce n'est pas
un gars de la Gaspésie qui va venir vendre de l'essence à
Saint-Eustache, ou à Blainville, ou à
Sainte-Thérèse. Je suis bien d'accord là-dessus, mais je
pense qu'il faut aussi s'arranger pour que le distributeur régional...
Et, vous l'avez mentionné, vous ne semblez pas craintif
là-dessus, enfin.
M. Mercier: Non. Pour nous, il faut effectivement que, sur le
plan des régions, sur le plan, quand même, de la communauté
locale, la municipalité, les retombées qu'elle avait
antérieurement, qu'elle ne perde pas ces retombées; c'est
très clair. Mais si vous négociez un prix sur le plan provincial,
c'est évident que celui qui est quelque part en Gaspésie, qui
paie le gros prix parce qu'il achète quelque chose peut-être trois
fois par année... Ça s'adonne qu'il achète ça trois
fois par année, lui; il paie le gros prix, parce qu'il n'a pas le
pouvoir d'achat. Mais, d'autre part, s'il a un meilleur prix, si la
municipalité, à ce moment-là, a un meilleur prix via ce
même vendeur et que le vendeur a, bien sûr, un escompte additionnel
parce que ça a été négocié
provincialement... Et ça, vous le spécifiez, vous l'indiquez dans
les devis, bien sûr, les devis de soumission, et le soumissionnaire a
l'obligation de garantir à son distributeur local un escompte
additionnel. Et c'est le distributeur, évidemment, en Gaspésie,
ou le vendeur local - je ne sais pas, moi, le magasin d'ameuble- ment ou le
vendeur d'essence dans ce coin-là - qui en fait la livraison. Mais lui
bénéficie d'un escompte dont, autrement, il n'aurait pas pu
bénéficier.
M. Bergeron: Merci, Mme la Présidente.
M. Mercier: Et le diable sait... Je ne voudrais pas qu'il le
fasse, mais est-ce que ça se pourrait qu'il en achète un petit
peu plus pour le repasser aux gens dans le coin? Je ne le sais pas.
M. Bergeron: Merci. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. M. le député do
Gouln.
M. Boisclair: Merci, M. le Président. M. Mercier-Une
voix: Mme la Présidente.
M. Boisciair: Oui. Mme la Présidente, je vous remercie. M.
le président Mercier, je vous remercie pour cette présentation.
Je dois, d'entrée de jeu, vous dire que mon expertise n'est pas à
l'égard du contenu et de l'application de la Loi sur les cités et
villes, pas plus que du Code municipal; mon expertise, je la tiens,
plutôt de l'application de la Loi sur les assurances, et vous comprendrez
que j'aimerais peut-être approfondir avec vous cette question qui a
été soulevée sur la création de la corporation
d'assurances, et particulièrement sur l'article 7 du projet de loi et
les commentaires que vous nous avez apportés tout à l'heure.
Je dois vous dire que vous aviez raison, effectivement, de souligner que
l'expérience de la réciproque se vit dans d'autres provinces,
particulièrement en Ontario et en Colombie-Britannique. Mais,
d'entrée de jeu, je pense qu'il est aussi important de souligner que ces
corporations existent en vertu d'un permis qui est donné par le
surintendant de chacune des provinces, délivré en vertu de la Loi
sur les assurances, ce qui, bien sûr, oblige ces corporations à
respecter un certain nombre d'exigences relativement à l'administration,
relativement aux règles de capital, à la structure des
réserves, à la structure administrative et à
l'administration, de façon générale, de la
réciproque, ce qui est fort différent de ce qui est
proposé dans le projet de loi.
Je pense qu'il faut immédiatement dresser le problème de
la viabilité de ces corporations-là. Vous-même dites que
c'est trop contraignant, la façon dont l'article 7 est
rédigé, et qu'il faudrait enlever cette obligation qui est faite
au ministre de se pencher sur une recommandation qui lui viendrait de
l'Inspecteur général des institutions
financières. Je pense que la viabilité de ce genre de
corporation va reposer sur un certain nombre de choses,
l'homogénéité des risques, la suffisance des
réserves et aussi la stabilité des membres. Je vois mal comment,
si on permet, par exemple... L'hypothèse du retrait va se produire
lorsqu'une municipalité va présumer qu'elle pourrait s'assurer
à des taux plus compétitifs dans le privé qu'elle ne
pourrait le faire par le biais de la corporation. Je voudrais tout simplement
exprimer un certain nombre de craintes quant à la viabilité de ce
genre de corporation s'il y a un nombre important d'entrées et de
sorties qui s'y font. (22 heures)
Je pense que la constitution de réserves actuarielles
nécessite, bien sûr, une certaine stabilité des membres de
la corporation dans le temps, ce qui est la règle fondamentale,
finalement, lorsqu'on évalue l'ensemble des réserves actuarielles
que doit détenir ce genre de compagnie d'assurances.
Je pense aussi que la possibilité... J'aimerais pouvoir en
discuter... que vous puissiez commenter ce point-là. Le deuxième
élément que j'aimerais que vous commentiez, c'est la
possibilité de retrait. On comprendra, bien sûr, que, lorsqu'une
municipalité se retirera de cette corporation-là, on aura
à porter un jugement sur le patrimoine de la corporation et qu'on devra,
au moment de la dissolution, remettre aux membres qui se retirent une partie du
patrimoine ou sa quote-part qui sera toujours très difficile à
évaluer. Parce qu'on devra faire une évaluation actuarielle dans
le temps, en fonction de règles actuarielles que je ne maîtrise
pas, mais qui, vous conviendrez rapidement, sont très difficiles
à établir et que le projet de loi à cet égard, en
ce qui a trait à la dissolution du patrimoine, il n'y a aucune
disposition qui traite de cette question-là.
L'autre question aussi, c'est: Est-ce que la corporation va être
capable de s'entendre sur les risques qui doivent être assurés? En
ce sens, est-ce qu'il y a des membres qui vont accepter, est-ce que l'ensemble
des membres vont accepter la même couverture? Est-ce qu'il n'y aura pas
des membres qui seront tentés de se retirer d'un certain nombre de
risques indésirables, remettant ainsi en cause la viabilité de la
corporation?
Donc, moi, je soulève ces questions-là à
l'égard, finalement, de... en faisant un parallèle avec
l'existence de la Loi sur les assurances, mais la possibilité qu'il y
ait des entrées et sorties importantes me fait craindre pour la
viabilité de ce genre de corporation.
M. Mercier: Bon, écoutez...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
président.
M. Mercier: Mme la Présidente, on pose une question ici,
bien sûr, je pense, qui pourrait peut-être mériter une
réponse très précise. Celle que je pourrais vous donner,
moi, et qui me semble être la plus juste, c'est celle quand même de
la garantie, une certaine garantie, du moins, qui relève de
l'étude des actuaires qui nous disent: Oui, ça serait
intéressant, c'est faisable et ça pourrait être rentable
à moyen terme.
Il y aussi... il faut quand même bien y voir certaines conditions.
Je pense que, pour être viable, il faudrait probablement y retrouver un
pourcentage de 20 % du marche, là, qui soit inclus à
l'intérieur, bien sûr, de cette réciproque. Au
départ, pour créer un fonds, il faudrait aussi voir qu'il y a
peut-être une certaine obligation, au départ, que ceux qui
adhèrent, la période du moins de début, y demeurent pour
une période de trois ans ou cinq ans, trois ans à cinq ans, je
pense, pour assurer au moins un certain fonds de démarrage.
Mais, ensuite, moi, je pense que ça se vit ailleurs et
probablement que les calculs actuariels sur les résultats de la
réciproque, ses pertes, les réclamations vis-à-vis de ses
cotisations, faire en sorte qu'on trouve aussi une certaine stabilité
peut-être de la facture à assumer, dans le fond, de la prime.
Mais, si c'est viable ailleurs... Dans le fond, il faut se poser la question.
Si c'est viable ailleurs, pourquoi est-ce que ça ne serait pas viable
chez nous? C'est tout ça.
M. Boisclair: C'est parce que c'est un régime qui est
totalement différent.
M. Mercier: Oui.
M. Boisclair: Je pense qu'on aurait pu discuter dans un cadre qui
est tout à fait différent, si on avait... si la création
de ce genre de réciproque, qui n'en est pas vraiment une, hein... Il
faut juste faire attention aussi au niveau du vocabulaire qu'on utilise.
M. Mercier: Non, non.
M. Boisclair: II ne s'agit pas d'une véritable
réciproque au sens où on peut l'entendre dans d'autres provinces.
Je pense que ça aurait pu être plus Intéressant d'en
discuter dans le cadre de la Loi sur les assurances. A cet
égard-là, je pense que le modèle qu'on propose ici est
fort différent de ce qui se vit ailleurs.
Quant aux études qui ont été
préparées par les actuaires, il y a déjà un certain
nombre de critiques qui ressortent, qui m'apparaissent relativement
fondées. Entre autres, les différents sondages qu'on a faits
auprès des municipalités tiennent essentiellement compte de la
population, alors que je pense qu'il y a un critère qui est aussi
déterminant que le nombre de citoyens d'une municipalité, qui est
celui de l'activité de la municipalité.
Par exemple, s'il y a un incendie qui est de la responsabilité...
qu'on établit qu'il y a une responsabilité parce que les
pompiers, le corps responsable n'a pas été efficace et est
Intervenu dans des délais qui ne sont pas respectables, bien, qu'on ait
une municipalité de 1000 habitants ou de 100 000 habitants, la
responsabilité sera la même. C'est d'autant plus pertinent, je
crois, dans le contexte où l'immunité municipale, par des
récents jugements avec lesquels vous êtes sans doute encore plus
familiers que moi, l'immunité municipale s'est certainement
rétrécie, là. Je pense que les études qui ont
été présentées ne tiennent pas compte de ces
nouvelles responsabilités, non pas celles qui vous ont été
transférées par le ministre, mais bien celles qui ont
été reconnues par les tribunaux. L'affaire Kamloops... il y en a
deux autres, là, dont j'oublie les titres exacts. Donc, je pense que
c'est un élément important.
L'autre élément - peut-être que vous pourriez nous
apporter des précisions - c'est la fameuse question des corporations
satellites, parce que les études qui ont été
présentées ne tiennent pas compte de ces organismes qui sont
créés par des municipalités et dont les primes d'assurance
ne figurent pas nécessairement au budget même de la
municipalité, mais bien au budget de ces organismes-là. Ce sont,
à mon avis, des éléments majeurs dont on n'a pas tenu
compte dans les études qui vous ont été
présentées.
Je n'ai pas de réponse toute faite pour vous pour régler
le problème, mais je pense que toute cette question serait certainement
beaucoup plus claire si elle était étudiée dans le cadre
de la Loi sur les assurances. Je ne sais pas, peut-être que, sur ces deux
éléments, la question de l'activité municipale et la
question des corporations satellites, si vous avez peut-être des
compléments d'information à nous fournir qui pourraient nous
éclairer.
M. Mercier: Pourriez-vous expliciter davantage
là-dessus?
M. Boisclair: La première chose, c'est que... Vous savez,
entre autres, l'étude Wyatt a été faite essentiellement
par... Le principal élément de cette étude-là,
c'est le résultat d'un sondage qu'on a envoyé dans un certain
nombre de municipalités, qui tient compte effectivement de la taille des
municipalités. Mais il y a un autre critère qui est aussi
déterminant que la taille des municipalités, qui est celui de
l'activité des municipalités et qu'à cet égard,
c'est un élément dont on n'a pas tenu compte dans l'étude
Wyatt et qui, à mon avis, est déterminant pour évaluer la
pertinence ou pas de se regrouper, comme il est proposé dans le projet
de loi, première chose.
Deuxième chose, l'étude Wyatt, à ma connaissance -
vous pourrez me corriger - ne tient pas compte de ce qu'on appelle les
corporations satellites, entre autres ces organismes, ces corporations que,
souvent, des municipalités créent, que ce soit une régie
intermunicipale, que ce soit un organisme de loisir, par exemple. La plupart
des primes d'assurance dont a tenu compte l'étude Wyatt ne prennent pas
en considération les primes qui sont versées par ces
différentes corporations. L'ensemble du portrait sur lequel vous portez
un jugement, à mon humble connaissance, n'est pas exhaustif, et il y
aurait lieu, à mon avis... peut-être que vous pourrez me
convaincre, là, d'approfondir ces questions-là.
M. Mercier: Bon, écoutez, je pense que, à un moment
donné, quand vous parlez des corporations satellites, des autres
corporations, dans le fond, paramunicipales, encore une fois, il faut
peut-être regarder ou faire l'analyse globalement des pertes qu'il a pu y
avoir dans ces secteurs depuis les dernières années. On serait
peut-être surpris de voir qu'elles n'ont peut-être pas
été aussi élevées qu'on serait porté
à le croire.
Mais la grande question, Mme la Présidente, qui, à mon
avis, se pose, c'est que si c'est un secteur qui est intéressant, dans
le fond, actuellement, pour les compagnies d'assurances, les compagnies
privées, qui, règle générale, a
généré des profits quelque part, qui, autrement,
disparaîtra complètement de ces marchés, pourquoi est-ce
que chez nous, sur le plan des municipalités, ça ne peut pas
être intéressant pour nous? Je comprends qu'il y a peut-être
certains aspects, Mme la Présidente, qui nous indiquent... qui ne se
retrouvent pas dans les études actuarielles. Ce n'est pas impossible.
Sauf que je pense que ce n'est pas nécessairement des
éléments qui font en sorte que ça puisse mettre en
péril ce qu'on demande actuellement. Au contraire, je pense que
ça peut ne faire que bonifier probablement les résultats des
études qu'il y avait déjà.
M. Boisciair: Vous me permettez, Mme la Présidente, un
dernier élément. Moi, je pense que vous avez raison de
souligner... Il y aurait lieu de faire cette analogie en disant: Bien, si le
privé est capable de le faire, est capable d'être efficace, assez
pour générer un certain nombre de profits, pourquoi nous, on ne
serait pas capable de le faire?
Moi, je veux quand même rappeler que le privé assume des
risques qui ne sont pas nécessairement toujours bons et qu'en ce sens
j'ai peine à croire que le marché du privé va être
capable de générer une offre intéressante uniquement pour
les mauvais risques, prenant, par exemple, pour acquis que l'éventuelle
corporation va, elle, s'approprier des bons risques, que les
municipalités ne seront pas nécessairement toutes prêtes
à adopter la même couverture et que le privé risque de se
retrouver avec les mauvais risques.
À cet égard, le jeu pourrait être facilement
différent, à moins qu'on force les municipalités à
adopter la même couverture et les contraindre à assurer ou
à contribuer à l'assurance des risques qui peuvent être
moins bons. C'est pour ça que l'analogie avec le privé est un
peu...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: ...délicate. (22 h 10)
M. Mercier: Mme la Présidente, il reste quand même
que les besoins peuvent être très différents d'une
municipalité à l'autre, par rapport aussi à sa dynamique
locale et pour toutes sortes de raisons. Vous ne retrouvez pas les mêmes
besoins, bien sûr, dans une ville centre comme Montréal,
Québec. Vous allez retrouver quelque part, en Gaspésie ou
peut-être sur la Côte-Nord, ou peut-être au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Vous avez des différentiels d'une ville
à l'autre, des besoins, et je ne pense pas qu'ils puissent avoir
nécessairement la même couverture pour tout le monde. Moi, je ne
le pense pas. Sans être un spécialiste, je pense que ça
varie, et ça, il faut respecter ça. Il faut respecter aussi
peut-être, en quelque sorte, un autre facteur qui est l'autonomie
municipale, son pouvoir quand même de décider de ses besoins et
que sa communauté aussi puisse être impliquée sur ce
plan-là.
Mais il faut peut-être savoir aussi, dans le fond,
qu'actuellement, au Québec, vous avez un certain nombre de
municipalités qui en font, de l'auto-assurance. Elles s'assurent
elles-mêmes. Elles ne portent pas d'assurances; elles portent leurs
propres risques.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez
dépassé largement votre temps, M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Ma crainte, c'est qu'il n'y ait pas de
marché pour les mauvais risques.
La Présidente (Mme Bélfr^er): M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, si vous n'aviez pas
d'objection, puis si l'Opposition y consentait, peut-être qu'on pourrait
allonger un petit peu la période avec l'Union des municipalités
du Québec. Il est 22 h 12. On pourrait peut-être aller
jusqu'à 22 h 30, en partageant le temps en portions égales.
M. Dufour: Je n'ai aucune objection.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Je n'ai aucune objection, parce qu'il y a beaucoup de
questions qu'on ne peut pas... En fait, c'est la première fois qu'on a
la chance d'échanger avec un groupe et c'est à leur demande.
Donc, ça devient presque un bill ou un projet de loi privé ou
semi-privé, ou semi-public, et c'est important pour nous d'avoir un
éclairage. Ça peut, en tout cas, nous permettre de
réfléchir un peu plus longuement sur ce qui est proposé,
et ça rencontre ce que je vous ai dit hier soir dans ma
présentation.
M. Ryan: Si le député de Jonquière veut
poursuivre, je n'ai pas d'objection à ce qu'il ait la parole. Moi, je la
prendrai ensuite.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Je comprends que vous nous avez dit que vous
couvriez 80 % de la population du Québec, mais seulement... et on a fini
le questionnement lorsque vous avez répondu qu'il y a beaucoup de
municipalités qui assurent leurs propres risques.
Si j'enlève les risques qui sont assumés par certaines
municipalités, dont Montréal, Québec, Longueuil, Hull,
Gatineau, si je ne me trompe pas, ville Saint-Laurent, Laval, Québec...
il y a plusieurs municipalités qui ont leur auto-assurance. Est-ce que
vous avez, actuellement, la garantie que ces municipalités-là
seraient intéressées à faire partie de votre
auto-assurance ou votre réciproque? Je ne sais plus comment
l'appeler.
M. Mercier: Je dois vous dire qu'on n'en a pas la garantie, mais
les gens ont certainement l'intérêt. Ça, c'est très
clair actuellement. Maintenant, avant de démarrer, bien sûr,
réciproque, je pense qu'il ne faut pas y aller à peu près.
On aura certainement, à ce moment-là, la garantie, Mme la
Présidente, que ces municipalités qui, actuellement... Je vous
dis: peut-être pas les neuf. Il y en a, je pense, à peu
près neuf. Si ce n'est pas les neuf, au moins qu'une bonne
majorité de ces gens-là soient effectivement à
l'intérieur de cette réciproque.
Il y a une question, dans le fond, de faisabilité de ça et
c'est, comme j'indiquais tantôt, Mme la Présidente... ça
exige à peu près 20 % du marché, si c'est les actuaires
qui le disent.
M. Dufour: Mais vous savez que les législateurs,
d'habitude, lorsqu'ils donnent un pouvoir, c'est pour qu'il soit exercé.
Ceux qui le demandent, ça doit être réciproque aussi. Il
faut bien se comprendre. Si c'est un pouvoir au cas où, là, ce
n'est pas pareil. Je pense qu'il faut être clair là-dessus. Si,
demain matin, on vous donne le pouvoir, puis vous n'avez aucune chance de
l'exercer, bien là, je pense qu'on travaille pour rien. Il faut bien se
dire une chose: Moi, actuellement, je ne suis pas convaincu, je ne suis pas
encore convaincu que c'est une décision qui peut se faire aussi
facilement que ça.
Je vais vous poser la question: La réciproque doit ramasser des
sommes d'argent d'un peu partout. Donc, il va y avoir des sommes disponibles
qui pourront être placées quelque part et qui devront être
placées quelque part pour qu'elles puissent rapporter des
intérêts, comme dans toute administration. Ils ne paieront pas
juste à la fin de l'année. Ils vont payer un montant pour que
ça puisse fonctionner. Cet argent-là, que vous allez obtenir, ou
ces sommes... parce que là, il y a une question d'activité
québécoise dans l'ensemble du Québec. Comment vous allez
placer cet argent-là et où? Est-ce qu'on peut en faire
profiter... Parce que je vais vous dire tout de suite ce qui me
préoccupe.
Au moment où on parle des régions qui n'ont pas trop de
pouvoirs, puis qui manquent d'argent et qui manquent un peu de tout, comment on
pourrait les amener à se... Comment cet argent-là, qui serait
fourni un peu partout dans le Québec, pourrait profiter à
l'ensemble des municipalités ou des citoyens?
M. Mercier: Bon, Mme la Présidente, je me rends à
l'évidence, bien sûr, que M. le député est rendu
loin, rendu à investir l'argent qu'on a déjà dans le
réciproque.
M. Dufour: Oui. Il faut bien, si vous voulez exister.
M. Mercier: Je trouve ça très bien. Mais je pense
que, sur ce plan, je dois vous dire que, si on regarde, bien sûr, une
foule de régimes de retraite, par exemple, d'employés municipaux,
si vous regardez, je pense, la conscience sociale du milieu, on se rend
à l'évidence que, de plus en plus et, probablement, je dirais,
peut-être d'une bonne majorité, vous avez aujourd'hui des gens qui
tentent de prioriser des investissements qui se font à
l'intérieur du territoire québécois, règle
générale, tenter d'avoir un rendement qui serait
intéressant sur l'argent, mais aussi, je pense, faire en sorte que
ça profite à notre économie québécoise.
Donc, sur le plan, également, de l'argent ou des primes qui
seraient versées à l'intérieur de cette réciproque,
je pense qu'il faut faire en sorte qu'on y retrouve des retombées qui ne
sont pas à l'extérieur du territoire québécois,
mais, au contraire, bien chez nous. Si on veut faire quelque chose chez nous,
il faut que les retombées soient aussi chez nous. D'autre part, quand
vous regardez ailleurs, dans d'autres provinces, je vous donne des exemples. On
dit: Ce n'est peut-être pas tout à fait exactement la même
formule ici au Québec, mais on voit quand même qu'en
Colombie-Britannique, au moment où ils ont établi cette
formule-là, vous aviez déjà au départ, sur 149
municipalités, 129 qui ont adhéré dès le jour
1.
Je pense qu'avec le nombre de municipalités qu'on a au
Québec, actuellement, il y a effectivement un potentiel fort
intéressant, et c'est l'inquiétude un peu partout dans les
différentes municipalités sur le plan des assurances. À
tous les ans, chacun est à se poser la question: Quel va être le
résultat cette année, finalement, des demandes de prix, des
soumissions publiques pour l'assurance? Et on a raison. Je pense qu'on a la
capacité de le faire. On n'est pas plus bête que les autres. On a
la capacité de le faire. On est capable de s'auto-assurer dans
l'ensemble, mais il faut nous donner une législation qui va nous
permettre le faire.
Aujourd'hui, il y a des questions, bien sûr, Mme la
Présidente, qu'on me poserait et j'aurais de la difficulté
à y répondre. On n'a pas démarré. On n'a pas les
pouvoirs pour le faire encore.
M. Dufour: Non, mais j'admets... il faut admettre que vous avez
certainement regardé la question, puis je suis sûr que vous avez
des études qui ont été faites par des groupes.
M. Mercier: Absolument.
M. Dufour: Parce que je connais le fonctionnement de l'Union
assez bien. Je ne suis pas sûr que ça a changé tellement
par rapport à ça. Vous devez le connaître très
bien.
Il y a la question des achats regroupés. Vous avez dit: Si on
achète regroupé, on peut avoir des meilleurs prix. Ces
prix-là, on peut en faire profiter régionalement parlant, et le
coût des achats va être rempli par des distributeurs locaux. C'est
bien ça que vous avez dit. À l'exception que ça ôte
de la compétition à l'intérieur. Ça, c'est pour une
raison d'économie. Mais comment vous rapprochez... Parce que là,
c'est l'essentiel de votre coopérative d'achat. Vous dites que c'est
pour l'économie. Comment pouvez-vous affirmer ça lorsque, d'autre
part, vous demandez de hausser les seuils où vous pouvez acheter sans
demande de soumissions? Est-ce qu'on a la garantie que le seuil où on
peut acheter, le seuil qui est fixé déjà à 50 000
$... est-ce qu'on a la garantie que vous avez toujours le meilleur prix?
Moi, j'ai connaissance qu'il y a beaucoup de municipalités qui
disent: Pour favoriser l'achat chez nous. Ça, le ministère ne l'a
jamais accepté. Moi, j'aurais pu penser qu'on pourrait peut-être
jouer de 1 %, 2 %, dépendant des coûts; 1 % ou 2 % de 1 000 000 $,
ce n'est pas beaucoup. Ça ne fait pas beaucoup, beaucoup d'argent.
Ça, ça pourrait peut-être être une règle qu'on
établit. Elle ne l'est pas. Mais ce n'est pas nécessairement les
meilleurs coûts quand on va par appel de soumissions par
téléphone et présenter une petite lettre et dire: Mon
prix, c'est ça. Je ne suis pas sûr que la municipalité
économise. Mais la préoccupation est beaucoup plus grande quand
on va sur la coopérative. Comment faites-vous ce
rapprochement-là? (22 h 20)
M. Mercier: Mme la Présidente, il faut quand même
voir aussi que, si on fait un achat regroupé sur le plan provincial, je
pense que le volume d'achat va être important. Il va dépasser
probablement largement ce qu'on pourrait retrouver normalement sur une
soumission, à partir d'une soumission sur invitation. Je dois vous dire
qu'encore une fois, pour répondre à M. le député,
Mme la Présidente, je pense que, vraiment, les économies qu'on
peut faire sont importantes, importantes à l'égard du
contribuable et sans, évidemment, je pense, mettre en péril, dans
le fond, l'économie locale. Mais il faudrait peut-être se poser la
question: Est-ce qu'on pourrait continuer à se permettre, si
c'était le cas, d'abuser, dans le fond, d'un système qui ferait
en sorte - et je ne vous dis pas qu'il existe, mais présumez, la - de
continuer à l'intérieur d'un système qui ferait en sorte
que les contribuables, dans un territoire donné, dans une
municipalité donnée, paieraient déjà 40 % ou 50 %
de plus qu'à peut-être 50 milles ou 75 milles de leur
municipalité pour un produit donné. Je dois dire que, de ma
propre expérience comme municipalité, on est dans un territoire
urbain, et j'ai déjà vu des prix de batteries, moi, qui ont
varié de 35 $ pour exactement la même mosus de batterie. Quand
vous avez le vendeur de batteries qui, lui, voulait la vendre à 86 $, il
dit: Ça n'a pas de bon sens, pas de bon sens. Vous achetez ça
chez le voisin; ce n'est même pas dans la ville. Et moi, j'ai des
batteries à vendre, bien oui, des batteries à vendre. Mais la
batterie, il la vend, lui, à 86 $, alors que tu es capable de l'avoir
à 61 $ dans la municipalité voisine. Tu sais, je veux dire, le
système, dans le fond... On veut bien encourager, je pense, les gens,
localement. Mais est-ce qu'on peut présumer qu'actuellement il y a des
abus à des endroits? Il faut se poser la question.
D'autre part, moi, je pense qu'il faut regarder les
intérêts des contribuables. C'est l'argent des fonds publics,
là, qui sert à faire des acquisitions de biens au
bénéfice de l'ensemble d'une communauté et à son
usage, rendre ses services. Alors, quand on est capable, je pense, de faire
bénéficier l'ensemble d'une communauté d'un prix qui est
plus intéressant et, que ce soit le vendeur ou le distributeur local qui
continue à facturer, évidemment, la municipalité, qui va
lui retirer quand même une marge de profit, bien, moi, je pense que c'est
correct.
M. Dufour: Mais est-ce que vous admettez que des seuils... Pour
des achats sur appel téléphonique ou par lettre, sur invitation,
est-ce que vous admettez qu'une municipalité pourrait ne pas avoir les
meilleurs prix ou les meilleurs coûts si elle décide qu'elle va
s'abreuver seulement dans sa municipalité? Par exemple, je parle des
autos-patrouilles ou bien des camions. Vous avez trois vendeurs de camions dans
la municipalité. Vous avez du Chrysler - je ne sais pas si je suis
correct; je ne suis pas un spécialiste là-dedans - vous avez du
Ford et du Chevrolet. Mais il y a d'autres marques possibles. Lorsque la
municipalité va faire ses appels, elle peut le faire sur invitation.
Elle va prendre juste les gens de sa place, puis elle va faire la
compétition avec les trois. Mais, comme il y a plus de vendeurs que
ça dans une région élargie, moi, je ne suis pas convaincu
que l'intérêt des contribuables est mieux protégé
parce que plus on élève le seuil, plus il y a des chances de le
faire. Remarquez bien, j'ai agi dans ce système-là. On a
essayé d'être le plus équitable possible. Mais où on
demandait des soumissions ou des coûts, quand on s'assurait qu'il y avait
deux ou trois fournisseurs dans la municipalité, je vous passe un papier
que je n'allais pas à l'extérieur. Je pense ne pas avoir
été un si mauvais administrateur, mais ça, c'est mon
jugement.
Mais il reste que... Ce n'est pas nécessairement parole
d'évangile, ce que je dis là. Mais, pour les
municipalités, est-ce que vous pensez ou est-ce que vous ne craignez pas
que ça pourrait être une coutume qui s'établirait
rapidement? Je regarde juste ce qui se passe à Québec. Je sais
qu'on avait même l'intention de venir présenter un projet de loi
privé pour s'assurer qu'on joue juste à l'intérieur de la
ville de Québec, pour pouvoir...
M. Mercier: Mme la Présidente, je trouve que c'est une
question très intéressante à l'égard,
évidemment, du seuil... sur le plan des achats permis à une
ville, soit par achat, par soumission publique ou, finalement, sur invitation.
La raison est parce que vous voyez même... Dans certains cas où
vous avez l'obligation, actuellement, d'aller en soumissions publiques et,
malgré le fait que vous avez un écart très faible, quand
même, sur le plan du produit que vous avez demandé, vous
êtes oblige de vous retrouver à en faire l'acquisition
peut-être à 50 milles de chez vous. Alors, ça joue dans les
deux sens. Je ne pense pas qu'une municipalité se permettrait,
évidemment, d'abuser sur ce plan. Mme la Présidente, tel qu'il a
été indiqué par le député, je ne pense pas
vraiment que les administrateurs locaux auraient intérêt à
abuser sur ce plan.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous avez 15
minutes dans la dernière période.
M. Dufour: Oui, le ministre peut y aller. Ce n'est pas... M. le
ministre.
M. Ryan: On va avoir l'occasion d'y revenir à
l'étude détaillée. Nous sommes encore au...
M. Dufour: Est-ce qu'on va pouvoir parler sur chaque article?
M. Ryan: Bien, on verra à ce moment-là. Il y a
toujours des consentements qui sont possibles, quand les choses vont bien.
M. Morin: Quand ça va mal...
M. Ryan: Pardon?
M. Morin: Quand ça va mal, le consentement est plus
difficile.
M. Ryan: Ils viennent le lendemain.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Deux ou trois remarques. À propos des achats en
commun, il faudrait peut-être qu'on trouve le moyen d'offrir des
garanties. Je ne voudrais pas qu'il se produise des accumulations de stock ou
d'engagements; tu sais, qu'à un moment donné, on s'engage dans
une ligne, ça va tellement bien, et le fournisseur offre quelque chose
de très intéressant. Puis là, vous achetez à
l'avance, puis vous vous dites: Bien, ça va venir. Les conditions
économiques changent; vous êtes pris avec un stock. Il faudrait
peut-être que vous pensiez à cet aspect-là. Parce qu'on en
a vu beaucoup, d'entreprises qui étaient bien parties, puis, à un
moment donné, il y a eu des erreurs d'appréciation dans des
achats, puis on s'est ramassé avec des problèmes.
Je ne sais pas, M. Mercier, si vous pouviez penser à ça,
peut-être au cours des prochaines heures, voir s'il y aurait quelque
chose qu'on pourrait inscrire dans le projet de loi qui offrirait certains
garanties de ce côté-là. Parce que, s'il fallait que des
mauvaises transactions soient faites... Moi, je me rappelle toujours, mon
beau-père était un marchand général. Il me disait
toujours: Claude, toi, tu penses que c'est la vente qui est importante; c'est
les achats qui sont importants dans un commerce. Il dit: Quand tu fais tes
achats comme il faut, bien proportionnés par rapport à la demande
qui va venir, tu sais anticiper, puis, en même temps, ne pas
t'hypothéquer, bien là, tu fais des bonnes affaires. Ton affaire
roule toujours, tu n'as pas de stock qui s'accumule et tout. Ça,
j'aimerais que vous pensiez à cette affaire-là. C'est très
important.
Puis, moi-même, j'ai eu, au cours des années, toutes sortes
d'expériences de ce point de vue là, puis j'ai vu souvent... J'ai
été obligé d'hériter de la présidence d'une
coopérative, à un moment donné. Les gens s'étaient
embarqués jusqu'au cou, une coopérative d'habitation. C'est pour
ça que j'étais prédestiné pour l'habitation.
J'avais toutes sortes de choses que j'avais faites là-dedans. Puis,
à un moment donné, ils ont été mis en faillite
parce qu'ils avaient construit des maisons sans les avoir vendues avant, puis
c'était contraire aux principes de la coopérative. Ils
bâtissaient pour des sociétaires. Mais, quand tu n'avais
même pas trouvé ton acheteur, il n'était même pas
sociétaire, puis ça, vous avez le Domaine Saint-Sulpice à
Montréal qui est l'illustration de tout ça.
Alors, je voudrais... je ne sais pas, il y a peut-être quelque
chose que vous pourriez trouver ou bien que nous pouvons trouver ensemble,
quand nous arriverons à l'étude de ces articles-la, qui pourrait
permettre d'améliorer ceci. On n'éliminera jamais totalement les
risques, parce que ça ne serait plus des affaires, mais au moins les
circonscrire d'une manière sérieuse, étant donné la
nature de l'institution qui veut servir d'intermédiaire
là-dedans.
Quand le député de Jonquière s'est interrogé
à savoir si c'était le rôle de l'UMQ; par exemple, à
titre d'ancien président, il formule une question très
légitime que moi-même j'ai adressée au président de
l'UMQ la première fois qu'il m'a parlé de ce sujet-là,
évidemment. Parce que j'ai été président d'un
paquet de choses, moi aussi; pas de l'UMQ cependant, je n'ai pas eu cet
honneur-là. Alors, si on peut regarder ça ensemble. Je pense
qu'il y a des préoccupations qui se rencontrent. C'est pour le bien de
l'entreprise.
En ce qui regarde l'assurance-dommages, là, là, j'ai pris
note de la réticence que vous avez exprimée à propos de
l'article 465.15. Est-ce qu'il y a d'autres articles qui vous inspirent des
réticences ou si le reste à l'ensemble, ça irait assez
bien pour vous autres?
M. Mercier: Particulièrement celui-là. Mme la
Présidente, sur le plan... évidemment, côté
assurances, c'est le 415... Je dois vous dire: Non, c'est
particulièrement celui-là. Il y a d'autres... peut-être des
petits aspects techniques, mais c'est mineur. Ce n'est pas autre que
ça.
D'autre part, Mme la Présidente, en ce qui concerne la question
précédente qui touchait, évidemment, la question d'achats
et de biens. Je dois vous avouer qu'on avait la même crainte que M. le
ministre qu'a un moment donné les gens fassent des stockages. Sauf que
la formule, la formule, évidemment, qui est privilégiée
ici, au contraire, je pense, tend à éviter ça, parce que
c'est une négociation de prix provincial qui peut tenir pour une
période de temps donnée. On peut demander un prix, par exemple,
sur une période d'un an, qui est valable pour une période d'un
an, comme, par exemple, dans le pétrole. Le prix qui va sortir demain
matin... Aujourd'hui, peut-être que le prix est moins bon, sauf que, dans
un mois d'ici, il pourrait peut-être être plus intéressant
de dire: Écoutez, on a négocié un prix, on a
négocié un prix, à ce moment-là, dans une
période qui était moins intéressante, sauf qu'on sait
très bien que dans les devis, généralement, il est
indiqué que s'il y a des avantages ou des baisses dans le marché,
c'est que le prix qui a été soumissionné également
aussi baisse ou, au
contraire aussi, il peut augmenter. (22 h 30)
Mais je pense qu'il n'est pas question de stockage. Ça
relève beaucoup plus, Mme la Présidente, d'une bonne gestion,
probablement au niveau d'un département de pièces au niveau d'une
municipalité ou, finalement, du magasinier qui doit voir quand
même à son inventaire. On a vu peut-être certaines
municipalités acheter douze «sets» de bandes de freins pour
un camion qui datait peut-être de 1976. Le camion, il était
à la veille de lâcher. Sur le plan du gestionnaire à
l'intérieur d'une municipalité, c'est probablement mal
avisé d'avoir fait une chose semblable. On pourrait toujours voir de ces
gestes-là, mais je pense que, règle générale, avec
le principe qu'on voudrait mettre en place, au contraire, ça
favoriserait, je pense, plus de souplesse et probablement moins de
stockage.
M. Ryan: On aura l'occasion d'y revenir quand on va traiter de
cet article-là. S'il y a quelqu'un de l'Union qui sera avec nous demain
pour l'étude du projet de loi, je l'apprécierais
énormément.
Le dernier point que je voudrais soulever. À propos des appels
d'offres, là, des nouveaux seuils pour les trois niveaux d'intervention,
tout d'abord, pour les octrois de contrats sans soumission, sans proposition,
là, on porte le seuil à 10 000 $ dans le cas des
municipalités de moins de 50 000. On le porterait à 20 000 $ dans
le cas des municipalités de plus de 50 000 habitants, le seuil
au-delà duquel il faut procéder par appel de propositions. Pour
ce qui regarde l'appel de soumissions, l'appel d'offres public; là, le
seuil est porté à 50 000 $ pour les municipalités de moins
de 50 000...
Une voix: Moins que 50 000.
M. Ryan: ...et à 100 000 $ pour plus de 50 000 habitants.
Est-ce que ça vous paraît raisonnable? Est-ce que ça vous
paraît trop élevé, ces montants-la? Avec
l'expérience que vous avez, M. Mercier, la gestion d'une ville
importante, quand même, et les nombreuses municipalités qui font
partie de l'Union, ces montants-là, qu'est-ce que vous en dites?
M. Mercier: Mme la Présidente, ça nous semble
acceptable. Je dois vous dire que j'ai eu l'occasion, il y a plusieurs mois,
disons, de travailler directement sur un comité qui avait analysé
l'ensemble de la problématique dans la loi existante. Les seuils
mêmes qui étaient suggérés, à ce
moment-là, allaient au-delà de ce qui est indiqué
actuellement dans le projet de loi. Donc, ça me semblerait, M. le
Président, que ça pourrait être très acceptable.
Bien sûr qu'il y a des besoins qui, dans des cas d'urgence, au niveau des
municipalités... et la formule actuelle avec une augmentation des seuils
pourra cer- tainement aider beaucoup de gens à avoir un fonctionnement
beaucoup plus rapide, beaucoup plus rationnel.
M. Ryan: Je trouve même pour l'encouragement du commerce
local. Dans bien des choses, ça va être une mesure très
salutaire. Quand on est obligé d'aller acheter des articles de
très seconde importance dans une municipalité qui est
située des fois à plusieurs kilomètres de distance pour
une différence insignifiante, je pense que ça ne tient pas
debout. Ce n'est pas celui qui va vendre des crayons à partir de 50
kilomètres de là qui paie des taxes, puis qui aide à
financer les dépenses de la municipalité. C'est une des
considérations que nous avons, ça, de créer des conditions
qui vont permettre de rapprocher certaines opérations de la population
locale sans qu'il y ait d'exagération, en se fiant au bon jugement des
administrateurs élus aussi. On aura l'occasion d'y revenir de toute
manière, mais je suis content des éclaircissements que vous
apportez sur ces éléments très importants du projet de
loi. On aura l'occasion...
J'aurais aimé vous interroger sur le contrat-bail aussi. C'est
une innovation importante que nous introduisons dans la législation
municipale. Nous avons eu connaissance de cas, moi, depuis que je suis en
fonction, où une municipalité était incapable de
procéder, alors qu'il y avait une voie très raisonnable qui
s'ouvrait a elle dans cette direction-là. On pourra le regarder. Je ne
veux pas prolonger davantage le temps que nous nous sommes accordé pour
cet échange très instructif. Nous pourrons y revenir quand nous
aborderons cet article-là. Soyez assuré que je pense que nous
allons procéder des deux côtés à l'examen
détaillé du projet de loi dans le même esprit où a
eu lieu l'échange de ce soir. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
ministre. M. Mercier, nous vous remercions de votre présence. Alors,
comme vous l'avez indiqué au ministre, il y aura quelqu'un de l'UMQ
demain qui pourra donner des éclaircissements. Mais là, je pense
qu'on a dépassé assez le temps quand même. On va avoir la
même...
M. Dufour: Mais, Mme la Présidente, si on est d'accord,
ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, normalement,
c'est la présidence qui dirige les débats...
M. Dufour: Bien non, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): ...et je pense qu'on
a l'UMRCQ à recevoir, et je pense qu'on a eu un éclairage assez
intéressant.
M. Ryan: S'il s'agit d'une question, je
n'aurais pas d'objection à consentir à la question si elle
est brève et que la réponse puisse être brève,
également, pour les fins d'harmonie entre les deux parties.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Boisclair: Oui. Elle sera très brève et
très concise.
La Présidente (Mme Bélanger): ...M. le
député de Gouin. Mais je ne veux pas un discours, je veux une
question.
M. Boisclair: Oui, très brève, Mme la
Présidente, et je voudrais soumettre respectueusement au
président de l'Union et au ministre aussi qui soulevait cette
question-là sur 465.15. Il faut bien comprendre l'obligation qui est
faite dans cet article. On dit que le ministre devra l'autoriser «sur
avis de l'Inspecteur général». Ce qu'on oublie aussi de
souligner, c'est que cette corporation sera soumise à la Loi sur les
assurances et que, de toute façon... Si, par exemple, l'Inspecteur
estimait que les réserves n'étaient pas suffisantes et qu'il y
avait un problème de viabilité, lui-même pourra soit
imposer des mesures de redressement, soit même demander l'administration
provisoire et aller même jusqu'à la liquidation. Donc, l'effet que
vous recherchez par votre amendement, dans le fond, le problème... Je
vous soumets bien respectueusement que le problème demeure, d'une
certaine façon, entier puisque, de toute façon, l'Inspecteur
conservera un pouvoir d'intervention qui lui est donné dans le cadre de
la Loi sur les assurances.
M. Mercier: Je pense que si l'Inspecteur...
M. Ryan: En vertu de l'article 465.13 également. C'est
vrai qu'en vertu...
M. Mercier: Mme la Présidente.
M. Ryan: ...de la Loi sur les assurances aussi...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Mercier. M.
Ryan: Très bien.
M. Mercier: II est exact, effectivement, que l'inspecteur
d'assurances détiendra et continuera de détenir son pouvoir sur
ce plan-là, mais je pense que, sur ce... Là-dessus, on convient
que ça puisse être acceptable. D'autre part, ce qu'on craint,
c'est que si, à un moment donné, ça devient
discrétionnaire sur le plan, quand même, de la bonne
volonté du ministre, c'est là qu'on craint quand même que
nos municipalités ne veuillent pas se soumettre à ça. Je
pense qu'elles sont prêtes sûrement à se soumettre à
une règle qui est généralisée, je pense, dans le
secteur d'assurances, ça va de soi, sauf que de vivre tantôt une
décision qui pourrait être celle d'un ministre,
là-dessus...
M. Boisclair: Mais le ministre va prendre l'avis de
l'Inspecteur.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M.
Mercier.
M. Boisclair: Je vous remercie.
M. Mercier: Mme la Présidente, je dois vous remercier pour
avoir accepté de nous entendre ce soir, et les membres de la commission
aussi d'avoir convenu, je pense, très largement de donner le temps aussi
à ce qu'on puisse s'exprimer devant cette commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça nous a fait
plaisir, M. Mercier. Merci beaucoup.
M. Mercier: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on va
suspendre les travaux pour quelques instants, afin de permettre à
l'UMRCQ de prendre place.
(Suspension de la séance à 22 h 38)
(Reprise à 22 h 48)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux. Le mandat de la commission est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 22, Loi modifiant la Loi sur les cités et villes, le Code municipal
du Québec et la Loi sur les dettes et les emprunts municipaux.
Alors, de consentement avec les membres de la commission, nous nous
sommes entendus pour entendre l'UMQ et nous avons devant nous l'UMRCQ. Je
demanderais à la porte-parole de bien vouloir s'identifier et
d'identifier les personnes qui l'accompagnent. Alors, je tiens à vous
dire que les travaux doivent être obligatoirement finis à minuit.
Alors, nous avons une heure et dix pour dialoguer ensemble.
Union des municipalités régionales de
comté du Québec (UMRCQ)
Mme Canac-Marquis (Louise): Alors, Mme la Présidente, M.
le ministre, les autres membres de la commission, nous désirons vous
remercier de bien vouloir entendre les représentants de l'UMRCQ ce
soir.
Très brièvement, je rappelle juste...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais avant,
si vous voulez bien vous identifier.
Mme Canac-Marquis: O.K. Mon nom est Louise Canac-Marquis. Je suis
conseillère juridique de l'UMRCQ. À ma gauche, je vous
présente Mme Isabelle Chouinard, qui travaille également au
service juridique de l'UMRCQ. À ma droite, j'ai Me André Bois,
qui a une grande expertise dans le domaine de l'assurance en
général et de la responsabilité civile. Il a
collaboré avec l'UMRCQ pour l'étude des différentes
dispositions concernant plus spécifiquement la création, la
constitution, c'est-à-dire, d'une corporation d'assurances. Alors,
à un moment donné, je lui demanderai d'élaborer sur ce
sujet-là. Il a agi à de nombreuses reprises comme conseiller de
courtiers d'assurances au Québec et, récemment, au niveau
fédéral, pour la réforme des institutions
financières. (22 h 50)
Alors, je vous mentionnerai d'abord - brièvement, c'est ça
- que notre organisme représente 1250 municipalités locales et
régionales. En passant, je voudrais aussi souligner que des
circonstances exceptionnelles font en sorte que M. Nicolet, notre
président, ne peut pas être ici pour présenter la position
de l'UMRCQ ce soir. De même, le directeur général, M.
Michel Fernet, est également retenu, alors, s'excuse devant les membres
de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va,
madame.
Mme Canac-Marquis: On va essayer de faire le mieux possible pour
les remplacer. Alors, comme nous ne nous attendions pas à être
entendus ce soir en commission parlementaire, je demanderais aux membres de la
commission d'être compréhensifs et indulgents. On n'aura pas
toutes les réponses à vos questions, mais on va faire notre
possible.
Alors, le projet de loi 22 en général présente
plusieurs bonifications relativement à la gestion municipale. D'autres
dispositions, par ailleurs, nécessitent toutefois des commentaires de
notre part.
Je débuterai avec deux petites demandes particulières,
plus techniques, qui nécessiteraient selon nous des ajouts par
papillons. Au niveau des dispositions du projet de loi sur les soumissions
publiques, nous croyons qu'il y aurait peut-être eu un oubli de
modification de concordance. Nous serions d'avis que l'article 124 du Code
municipal devrait être modifié, de concert avec las modifications
apportées par les articles 49 et 50 du projet de loi.
Alors, juste pour vous situer, l'article 124 du Code municipal permet au
conseil d'une MRC de déléguer à son comité
administratif l'adjudication de contrats, mais établit un seuil à
10 000 $, ce qui était le double de ce qui existait, là, 5000 $
auparavant, avant les modifi- cations proposées par le projet de loi. On
voit que le projet de loi ne touche pas présentement cette disposition
légale là.
Je vous signale que le Code municipal, à son article 961.1, ne
précise pas de limite pour la délégation qu'un conseil de
MRC pourrait faire à son fonctionnaire principal. Par conséquent,
il nous apparaît incohérent qu'une municipalité puisse
déléguer à un fonctionnaire des pouvoirs plus larges en
matière d'adjudication de contrats qu'elle ne puisse en
déléguer à son comité administratif.
Alors, notrf demande serait de modifier l'article 124, en abrogeant les
derniers mots du deuxième alinéa de cet article qui limite le
seuil des modifications.
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous
répéter l'article, s'il vous plaît?
Mme Canac-Marquis: Oui, 124 du Code municipal...
La Présidente (Mme Bélanger): O.K.
Mme Canac-Marquis: ...qui parle de conseil d'une MRC et qui
limite le pouvoir du conseil de MRC de déléguer ses pouvoirs
d'adjudication de contrats à son comité administratif et qui
établit le seuil à 10 000 $. Ça, c'est ce qui existe
présentement. Il y avait une certaine concordance, selon nous, avec les
règles antérieures de seuil pour les soumissions publiques.
Alors, on demande que ce seuil de 10 000 $ là, à tout le moins,
soit augmenté ou soit abrogé tout simplement. On fait un
parallèle...
M. Ryan: Voulez-vous...
Mme Canac-Marquis: ...avec l'article 961.1 du code municipal qui
permet à la mrc de déléguer certaines choses à son
secrétaire-trésorier.
M. Ryan: Là, est-ce que vous faites allusion à un
article qui est dans le projet de loi ou à un article que vous
souhaiteriez voir dans le projet de loi qui n'y serait point?
Mme Canac-Marquis: C'est ça, c'est un ajout...
M. Ryan: O.K.
Mme Canac-Marquis: ...que nous souhaiterions...
M. Ryan: O.K. Quel numéro du Code municipal?
Mme Canac-Marquis: ...de concordance.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 124.
M. Ryan: 124. Ça, c'est les pouvoirs des MRC, 124.
Mme Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: Ça se peut. Excusez. Continuez, je voulais juste
me situer clairement.
Mme Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: Je ne voulais pas manquer...
Mme Canac-Marquis: Ça va, j'avais terminé d'exposer
cette demande-là.
M. Ryan: ...par concordance, il faudrait l'augmenter.
Mme Canac-Marquis: À tout le moins, l'augmenter...
M. Ryan: Concordance avec...
Mme Canac-Marquis: ...sinon enlever la limite.
M. Ryan: Ça serait pire, ça. J'aime mieux l'ajuster
que l'enlever complètement. Mais, en tout cas, on en discutera. On prend
note de ceci.
Mme Canac-Marquis: D'accord. M. Ryan: Et
peut-être...
Mme Canac-Marquis: Je crois que ça vous a
été transmis par lettre officiellement.
M. Ryan: Oui, c'est correct, ça. Et peut-être que
vous pourriez parier avec nos conseillers, voir s'il n'y aurait pas moyen de
préparer une proposition de modification que nous pourrions ensuite
acheminer aux membres de la commission en temps utile.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
vous avez terminé votre exposé?
Mme Canac-Marquis: Non.
M. Ryan: Vous n'avez pas vu toute la charge qu'il y avait dans ce
mot-là.
Mme Canac-Marquis: Sur ce point.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah, sur ce
point-là! D'accord.
Mme Canac-Marquis: Sur ce point-là, ça va. M.
Ryan: ...en temps utile. Des voix: Ha, ha, ha!
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous pouvez
continuer, Mme Canac-Marquis.
Mme Canac-Marquis: D'accord. Alors, un deuxième point qui
est un ajout possiblement aussi qu'on demandait et dont on a déjà
fait part au ministère, c'est en ce qui a trait au pouvoir
d'expropriation. La modification qui est présentement proposée
à l'article 64 du projet de loi, nous sommes d'avis que c'est une
bonification importante du pouvoir d'expropriation des municipalités
régies par le Code municipal.
Nous sommes néanmoins d'avis qu'il y a lieu, de concordance avec
cette modification, d'abroger l'article 1100 du Code municipal. En effet, cet
article venait imposer à la municipalité l'obtention du
consentement du propriétaire avant de pouvoir, par règlement,
ordonner les travaux qui y sont décrits. Ce règlement
était par ailleurs nécessaire, sous l'article 1097 du Code
municipal, pour que la municipalité puisse user de son pouvoir
d'expropriation.
Puisque l'article 1097 est modifié de façon ce que la
municipalité puisse exproprier pour toute fin municipale - ça,
c'est ce qui est dans le projet de loi présentement - celle-ci pourra
s'approprier tout immeuble sans avoir à ordonner au préalable
l'exécution de travaux. L'article 1100, d'après nous,
conséquemment, devient inutile, et son abrogation éviterait que
l'intention du législateur soit mal interprétée par les
tribunaux.
M. Ryan: Très bien. Ça, je pense... Regardez,
là, je commente à mesure. On est un petit peu informels, hein?
Vous nous aviez déjà prévenus...
Mme Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: ...de cette suggestion. Elle a fait l'objet
d'étude chez nous. C'est une chose dont nous pourrons parler
constructivement un petit peu plus tard.
Mme Canac-Marquis: D'accord. Je tenais quand même à
les rappeler.
M. Dufour: Nous, par rapport à ça, on a
certainement quelques remarques. Parce que, pour toute fin municipale, il
faudra peut-être se poser des questions, parce que c'est large.
M. Ryan: On sait que... Regardez...
M. Dufour: C'est la bride sur le cou. Il n'y a plus de
contrôle sur n'importe quoi. Qu'est-ce qu'on peut dire? En tout
cas...
M. Ryan: On respecte l'opinion de l'Opposition...
M. Dufour: ...on fera valoir notre point de vue en temps et
lieu.
M. Ryan: ...mais on doit constater avec regret que le temps nous
restreint beaucoup, hein? Chacun montre ses couleurs.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous pouvez
continuer, Mme Canac-Marquis.
M. Ryan: Vous êtes franc.
Mme Canac-Marquis: D'accord. Le troisième point principal
touche évidemment au regroupement d'acquisition de biens et de services
prévu aux articles 1 et 32 du projet de loi. À ce titre, je vais
lire le document qui avait été transmis à titre de
position de l'UMRCQ à ce sujet-là. Alors, sur le regroupement
d'acquisition de biens et de services, l'UMRCQ est d'avis que la proposition de
modification aux articles 29.5 à 29.9 de la Loi sur les cités et
villes et aux articles 14.3 à 14.7 du Code municipal, afin de permettre
à une union municipale d'agir comme mandataire de municipalités
pour négocier et contracter en leur nom des achats de matériel et
de matériaux et de contrats de services et d'assurances, comporte peu
d'avantages pratiques et, au contraire, présente des
inconvénients importants.
De plus, le document déposé à la table
Québec-municipalités fait état qu'une maigre proportion
des dépenses annuelles de plus de 3 000 000 000 $ en biens et services
que font les municipalités québécoises procède
suivant le processus de regroupement, conformément au pouvoir habilitant
existant. (23 heures)
Par conséquent, selon nous, la preuve est loin d'être faite
de l'existence d'un besoin généralisé en matière de
regroupement aux fins susmentionnées. Il y a d'ailleurs fort à
parier que les contraintes multiples découlant des distances, de la
diversité des besoins, de la nécessité de liens
étroits entre les cocontractants, ainsi de suite, ne soient que
quelques-uns des obstacles qui mettent un frein à de telles initiatives
à grande échelle. Cette constatation ne militerait donc pas en
faveur d'un élargissement.
Par ailleurs, un des arguments avancés pour de telles
modifications touche la réduction potentielle des prix du gaz naturel.
À ce sujet, nous croyons qu'à elles seules les communautés
urbaines de Québec et de Montréal représentent
sûrement un pourcentage très élevé du volume d'achat
du secteur municipal. Il semble donc illusoire de croire que l'ajout d'un
certain nombre de municipalités puisse résulter en une baisse
significative des prix. Cet exemple, transposé sur d'autres types de
biens, aurait pour effet, à moyen terme, de provoquer une diminution du
nombre d'entreprises par secteur d'ac- tivité et, par conséquent,
de réduire la compétition et d'obtenir, en fin de compte, une
hausse des prix.
Je signale à ce sujet-là que ce qui a été
mentionné par l'UMQ, le point, l'argument à l'effet de pouvoir
négocier des prix, je ne crois pas que ce soit nécessaire de
modifier le projet de loi pour ça. Je pense que le projet de loi vise
plus à mandater les unions à acheter ou à contracter
plutôt qu'à négocier des prix. À l'UMRCQ, on a eu
une certaine expérience là-dedans. En tout cas, il n'y a pas
nécessité, d'après moi, rie modifier la loi actuelle
à ce sujet-là.
Une récente expérience tentée par l'UMRCQ dans le
domaine de l'informatique nous a laissé entrevoir les
répercussions possibles de regroupements à l'échelle
provinciale. C'est ainsi que, suite au projet initié, maintes
représentations nous ont été adressées,
parallèlement à celles faites auprès du gouvernement, par
des entreprises oeuvrant dans cette sphère d'activité et qui
plaidaient pour leur survie et la conservation de leur propre marché. La
proposition énoncée va également, et surtout, à
rencontre du développement économique régional en ce que
les larges regroupements favorisent les entreprises plus importantes
situées dans les centres urbains au détriment du marché
local et en région. L'ensemble de la problématique
soulevée dans l'ouvrage «Deux Québec dans un» prend
ainsi une dimension particulière.
Les élus municipaux sont de plus en plus conscients que,
même à coûts légèrement plus
élevés, il est essentiel que les municipalités, au
même titre que d'autres intervenants, développent le marché
local et régional et permettent à leurs entreprises non seulement
d'occuper ce marché, mais de devenir concurrentielles. C'est une
question de survie des régions. Le ministre des Affaires municipales
peut témoigner de la détermination farouche de certains conseils
de MRC à faire affaire avec des partenaires économiques provenant
de leurs localités. En matière de services financiers, le
ministre a récemment reconnu implicitement le bien-fondé des
prétentions des MRC de Bellechasse et de La Nouvelle-Beauce en leur
permettant de déroger aux normes habituelles concernant les soumissions
et l'octroi de contrats au plus bas soumissionnaire. La même
autorité politique, aujourd'hui, donnerait, par ces amendements, un
signal contraire aux régions. L'UMRCQ n'a donc pas besoin actuellement
d'un signal du gouvernement à l'effet que l'ensemble du monde municipal
centralise l'achat de biens et services, créant ainsi une
compétition hors de proportion risquant de priver les régions de
leur propre marché, donc, à terme, de provoquer un accroissement
de chômage pourtant à un niveau déjà
intolérable.
Par ailleurs, nous estimons que les dispositions actuelles donnent
suffisamment de marge de manoeuvre aux municipalités et autres orga-
nismes de se constituer en groupes valables afin d'élargir leur
pouvoir d'achat. Ainsi, plus particulièrement depuis l'entrée en
vigueur de la loi 88, nous assistons au développement de la MRC comme
corporation de services susceptible d'offrir au niveau régional la
concertation utile en vue, notamment, de regroupements visés par les
articles de loi précités. La proposition de modification irait
à l'encontre des efforts consentis en vue d'une certaine
régionalisation.
Les défenseurs de la centralisation au niveau des unions
argumentent que le projet mis de l'avant laisserait toute liberté aux
conseils municipaux de choisir de faire partie ou non d'un regroupement
initié par leur union. Nous sommes d'accord avec cette constatation de
principe, mais prétendons que la pratique serait tout autre puisque les
élus se retrouveraient en permanence dans des positions intenables,
d'avoir à choisir entre privilégier la réduction des
coûts au profit de l'ensemble des contribuables ou encourager les
entreprises du milieu, l'une des avenues étant, la plupart du temps, au
détriment de l'autre.
À la lecture, oui, plus précisément du projet de
loi, je crois qu'on peut interpréter qu'en principe les unions
pourraient, à la limite, être mandatées pour des
regroupements d'achats au nom de municipalités, d'hôpitaux, de
commissions scolaires, etc., tous les organismes publics qui sont cités
dans les articles. Alors, il semble que ça pourrait ne pas avoir
beaucoup de limite, l'élargissement que ce projet de loi
introduirait.
Voilà pour ce qui est des regroupements d'achats, d'acquisition
de biens et de services. Je céderais maintenant la parole à Me
André Bois pour faire les commentaires en ce qui a trait à la
création des assurances.
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez identifier Me Bois?
Mme Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: Me Bois est-il un avocat de la pratique privée ou
si c'est...
Mme Canac-Marquis: Oui, il est avocat dans l'étude
Tremblay, Bois, Mignault, Duperrey & Lemay et associés.
M. Ryan: Voulez-vous répéter le nom de
l'étude?
Mme Canac-Marquis: Oui, l'étude Tremblay, Bois, Mignault,
Duperrey & Lemay.
M. Ryan: De Québec, ça?
Mme Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: C'est l'étude où est Me Lemay.
Mme Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: Me André Lemay.
Mme Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: Très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me Bois.
M. Bois (André): mme la présidente, m. le ministre,
mmes, mm. les députés. j'ai noté, au départ, qu'il
y avait une certaine confusion au sujet de ce qu'on discutait. alors, comme les
gens sont rompus dans la vieille scolastique, il faudrait peut-être
définir les termes. on parle de réciproque et on parle de...
M. Ryan: ...aller chercher le député d'Anjou.
Une voix: Oui, le juriste.
M. Ryan: Excusez.
M. Bois: On parle de réciproque et on parle de mutuelle,
et on parle de deux choses bien différentes. Juste pour se situer un
petit peu, à quoi peut ressembler la réciproque, je vais vous
donner un exemple très simple de la réciproque.
Il y a plusieurs années, la Société
Saint-Jean-Baptiste avait ce qu'ils appelaient le Cercle des philanthropes.
Vous vous engagiez, par contrat, à contribuer au coût du cercueil
du dernier mort dans la municipalité. Alors, quand quelqu'un
décédait, vous alliez porter votre dollar à la
Société Saint-Jean-Baptiste. Il n'y avait pas de compagnie
d'assurances, c'était une entente, un contrat prévoyant que les
membres du groupe contribuent. De façon bien vulgarisée,
ça, c'est une réciproque. Donc, dans une réciproque, il
n'y a pas de compagnie d'assurances.
Le projet de loi ne parle pas de réciproque, mais parle de
constitution d'une compagnie d'assurances. L'article 465.10 parle d'une
compagnie mutuelle d'assurances. Alors, qui dit compagnie mutuelle d'assurances
parle de constitution de réserves, de règles obligeant à
au moins une égalité de l'actif sur les réserves. Donc, on
parle de constitution d'une compagnie mutuelle d'assurances, et permettez-moi
de vous lire l'article 465.10 - 465, paragraphe 10, pardon - où on dit
que la corporation en question est régie ou elle est gouvernée
comme si elle était une compagnie mutuelle d'assurances de dommages.
Alors, ce dans quoi les municipalités s'apprêteraient à se
lancer, c'est dans la création de compagnies mutuelles d'assurances.
La réserve que nous exprimons à ce sujet-là est la
suivante. C'est que les études qui sont à la base du projet de
loi ne tiennent pas compte de développements récents en
matière de responsabilité municipale. J'ai lu le rapport Wyatt et
je vous ferai quelques commentaires tout à l'heure sur la technique.
C'est un pâle emprunt de ce
qui s'est fait aux États-Unis en 1981 et en 1986.
Évidemment, cette filiale d'une entreprise américaine ne le
mentionne pas. On en reparlera plus tard. Alors, les développements
récents en responsabilité municipale, le dernier, c'est l'affaire
Maska Auto Spring - un nom bien de chez nous - en 1991, où on a reconnu
la responsabilité d'une municipalité pour les mauvais conseils de
quelqu'un chargé de l'application des règlements municipaux. Le
rapport Wyatt n'était pas sorti à ce moment-là. L'autre
décision, celle qui a eu un grand retentissement, c'est l'affaire de La
Bastogne, où on a reconnu la responsabilité de la
municipalité pour des défaillances dans la prestation du service
incendie. Le rapport Wyatt - et je ne peux pas lui adresser ce
reproche-là...
M. Ryan: À Beauport. (23 h 10)
M. Bois: Ville de Beauport. Et l'arrêt le plus percutant
que le Québec ne reconnaissait pas à cause de sa
spécificité, mais qu'il reconnaît maintenant, c'est
l'arrêt Kamloops. Maintenant, c'est reconnu, et c'est celui-là qui
est le plus grave, où on a reconnu la responsabilité d'une
municipalité pour avoir toléré une construction ou la
construction d'une maison sur un sol instable. Et la maison ainsi construite
par l'entrepreneur a été vendue par différentes personnes.
La maison s'est effrondrée. On a dit: La municipalité, vous
êtes responsable. Alors, imaginez Saint-Jean-Vianney au lieu d'une
maison. On a dit: Vous avez toléré la construction à cet
endroit, vous êtes responsable.
Tout ceci pour dire que le champ des immunités des
municipalités en matière de responsabilité municipale,
sans dire qu'il est disparu, a rétréci comme une peau de chagrin.
La donnée fondamentale en assurance, qui est l'évaluation du
risque, devrait être réévaluée avant d'aborder
à nouveau l'étude de la prise en charge par les
municipalités de l'assurance municipale.
Ce qui nous inquiète également, Mme la Présidente,
M. le ministre, c'est que le rapport Wyatt lui-même, le rapport sur
lequel vous vous fondez ou vous vous fonderiez pour adopter la loi, dit,
à la page 67, que-, pour les petites municipalités, le
marché de l'assurance offre actuellement des primes de 15 à 20 %
inférieures à nos projections de besoins financiers. Alors, dans
un monde où le risque, suivant leurs statistiques, n'a pas
été élargi par les décisions des tribunaux, ce
même rapport sur lequel vous vous fondez parle de primes moins
dispendieuses. Et on dit, et vous noterez le conditionnel dans ce rapport, que,
à mesure que la taille des municipalités croît, le
coût à long terme d'un mécanisme de
réciprocité - pas de mutuelle, d'un mécanisme de
réciprocité - serait - il faut lire les rapports d'actuaires
où on ne veut pas se compromettre - compétitif avec les primes
ac- tuellement offertes par les assureurs. Je vous inviterais à lire la
page suivante où, comme des bons comptables, ou de bons actuaires, on ne
veut pas certifier le rapport. Donc, le premier facteur, c'est celui-là:
il y a une évolution récente des risques.
Le deuxième facteur qui commanderait de reconsidérer toute
la question, et je pense que ça a été abordé tout a
l'heure par le député de Gouin, c'est le problème de
l'identification des entités responsables. La Loi sur les cités
et villes permet aux villes de constituer des corporations sans hut lucratif:
des OTJ, des corporations de développement touristique, qui sont
subventionnées à 100 % par les municipalités. Dans les
budgets des municipalités, les primes payées par ces
corporations-là ne sont pas reflétées. Là aussi, je
mets en doute le rapport Wyatt à cet égard-là.
On met également en doute certains éléments du
projet de loi et, là-dessus, les propos de M. Mercier sont très
justes. Je qualifierais l'article 465.15 du régime de la Légion
étrangère: on y entre volontairement, mais on n'en sort pas, et
voici pourquoi. Je vais vous l'expliquer brièvement et pas besoin
d'être un docte actuaire pour comprendre ça. Imaginez à
quel moment une municipalité voudra se retirer du régime. C'est
quand elle voudra cesser de payer pour quelques moutons noirs du groupe. Quand
elle voudra cesser de payer pour le mouton noir du groupe, l'Inspecteur
général, dans sa sagesse, dira: Bien, on ne peut pas seulement
garder les mauvais risques ensemble. Donc, restez avec votre groupe. C'est
très facile à comprendre, c'est l'enfance de l'art en
matière d'assurances. Un assureur privé, quand il est
confronté à un problème comme celui-là, lui,
obéit aux règles du marché; il va recruter d'autres gens
avec de la bonne annonce et en disant qu'il a le meilleur produit du monde.
Alors, l'article 465.15 est un genre d'étatisation, finalement,
indirecte de l'assurance de dommages des municipalités une fois qu'elles
y auront adhéré. On me répondra à ceci qu'il n'y a
pas de réciproque ou de mutuelle valable sans un certain degré de
permanence de l'adhésion. Dans un contexte de monopole d'État,
c'est vrai. Si j'avais actuellement le choix de payer mes primes ailleurs
qu'à la Régie de l'assurance automobile, je paierais
peut-être des primes ailleurs, mais c'est un monopole d'État.
Alors, tranquillement pas vite, il y a un risque de glissement vers ce
système qui sera un sytème de monopole.
L'autre élément sur lequel nous désirons formuler
une critique assez vive, c'est le suivant. Aux États-Unis, cette
formule-là, on l'a créée en 1981 par un acte du
Congrès américain qui est le «Risk Retention Act»,
modifié en 1986 pour créer des «risk retention
groups». Dans cette loi-là du Congrès américain, on
en a parlé - ici, au Québec, on parle souvent des modèles
étrangers, on emprunte souvent toutes sortes de choses, mais sans trop
savoir ce qu'on calque - dans
cette loi américaine, on prévoit effectivement la
création de mutuelles, on appelle ça des «captives».
Et c'est vrai qu'il y a quelques municipalités... des commissions
scolaires, pardon, vous en avez beaucoup en Californie, État innovateur,
et vous en avez quelques-unes en Géorgie. Mais la loi du Congrès
américain oblige, et c'est ça qui est important, oblige
spécifiquement cette mutuelle-là, avant de s'incorporer, à
déclarer au Surintendant des assurances - là-bas, c'est le
Commissaire des assurances: premièrement, un plan de faisabilité;
deuxièmement, et c'est ça qui est le plus important, quelles
seront les couvertures qui seront offertes; troisièmement, quels seront
les déductibles; quatrièmement, quelles seront les limites de
couverture; cinquièmement, quels seront les taux.
Alors, je trouve étrange que la firme Wyatt, grâce à
la globalisation des marchés, à leur mondialisation et à
la création des immenses réseaux de ces firmes multinationales,
n'ait pas eu l'idée de suggérer ces choses-là. Alors,
là aussi, la formule pèche parce que, dans un autre contexte,
plus libéral que le nôtre pour les grandes entreprises, on a
estimé nécessaire d'imposer à ce système-là
où on va capturer un marché, de faire en sorte qu'on va avoir des
polices qui donnent au moins ce que le marché donnerait.
L'autre critique que nous adressons également, pas à ce
système-là, mais au fait qu'il arrive a contretemps ou, enfin,
qui se base sur des études dont la validité est soudainement
renversée - et je ne critique pas le législateur quand je dis
ça - c'est la suivante. Le Code civil, le nouveau qui va bientôt
entrer en vigueur, prévoit en matière de blessures corporelles
que les tribunaux vont pouvoir, dans un délai de trois ans après
un jugement adjudicateur d'indemnité, dans un délai de trois ans,
réviser l'indemnité. Alors, prenez quelqu'un qui est
paraplégique suite à une chute sur le terrain de baseball de la
municipalité, qui a un jugement de 1 200 000 $, qu'à
l'intérieur du délai de trois ans après le jugement sa
condition se détériore et qui devient quadriplégique.
Cette personne-là pourra adresser à la municipalité,
à l'intérieur du délai de trois ans, une demande de
révision. Ça ne veut pas dire que le jugement sera rendu tout de
suite, n'est-ce pas? Alors, qu'est-ce que ça veut dire? C'est ce qu'on
appelle en anglais... il y aura encore, on appelle ça une
«tail», une queue, un peu comme une comète, encore plus
longue. Et l'Inspecteur général, quand viendra le temps de se
retirer du système, dira: Attention, vous devez avoir un actif qui
équivaut au passif. Et le passif en assurance, il est constitué
des réserves pour les réclamations, et les réserves en
assurance-responsabilité, c'est des réserves longues, très
longues. Alors, on a méconnu ça.
On a méconnu également, toujours dans le Code civil... En
vertu de l'article 1616 du Code civil, les juges pourront maintenant, pour les
mineurs, prévoir ¦ que l'indemnité se versera sous forme de
rente. C'est ce qu'on appelle les règlements structurés.
Ça aussi, c'est une autre donnée actuarielle qui devrait
être considérée. Or, donc, sur ce premier point-là,
ce que je vous soumets bien respectueusement, c'est que l'opportunité de
la mesure devrait être revue.
Juste pour retracer un petit historique, j'avais participé,
à compter de 1978, à certaines consultations sur le
problème, et voici d'où le problème a origine puis comment
il s'est détérioré. C'est qu'à cette
époque-là, ce n'était pas le marché de l'assurance
qui ne satisfaisait pas aux besoins, c'est que les municipalités ne
négociaient pas suffisamment leurs primes, et on a
décrété alors, par voie législative, l'obligation
d'aller en soumissions. C'était en 1978 ou 1979, je n'ai pas la date
exacte. Une fois l'obligation d'aller en soumissions, ça a permis
d'améliorer le marché, mais ça a éliminé
plusieurs assureurs, parce qu'il y a des assureurs qui étaient las, tous
les ans, de préparer des soumissions, dont le coût est
coûteux, et de ne jamais être retenus. Alors, qu'est-il
arrivé? Il est arrivé ceci, comme dans ce genre de
marché-là: finalement, il y a seulement quelques assureurs qui
soumissionnaient, et je vous rappellerai un nom qui va vous faire frissonner,
la compagnie Strathcona, qui en prenait beaucoup, de risques, et qui a fait
faillite. (23 h 20)
Alors, on arrive maintenant de ce constat-là à la crise
des primes d'assurance aux États-Unis et au Québec. C'est un
phénomène mondial, ça, en 1985-1986. Et, à titre
d'exemple, à mon bureau, en 1982, pour 5 000 000 $, pour un bureau de 20
avocats, je payais 16 000 $ de prime. Deux ans plus tard, pour la même
couverture, on m'en demandait 100 000 $. Alors, ce n'était pas un
problème propre aux municipalités, ça. C'était une
crise du marché. Évidemment, on peut douter de
l'honnêteté de certains, non pas assureurs, mais
réassureurs dans ce jeu-là. Ce problème-là s'est
résorbé, maintenant. On est dans un contexte d'offres. Il est
difficile maintenant, et même les actuaires ne pourraient pas nous dire
que la crise de 1985-1986 se reproduira.
Dernier, ou les tout derniers commentaires. On nous a parlé des
formules dans les autres provinces. Il y a, effectivement, le «Ontario
Municipal Exchange», mais qui regroupe seulement quelques
municipalités du Toronto métropolitain. Alors, peut-être
que cette formule-là intéresse Montréal, Québec et
Sherbrooke, mais les petites municipalités ontariennes n'ont pas
manifesté un grand intérêt. Je répète qu'un
«exchange», c'est une réciproque. Je ne connais aucune
étude sur le degré de satisfaction et le degré de
rendement de cette formule-là.
Alors, voilà, en bref, Mme la Présidente, les quelques
observations qui pourraient se résumer à ceci: peut-être
que les développements récents
en matière de responsabilité municipale,
développements percutants, font en sorte que la mesure, qui, en soi,
pourrait être bonne, devrait être à tout le moins, je dis
bien «à tout le moins», repensée et,
deuxièmement, non seulement repensée dans le contexte de la
législation municipale, mais dans le contexte de la Loi sur les
assurances. Je déplore, à cet égard-là, Mme la
Présidente, ces réformes parcellaires de dispositions sur les
assurances, tantôt dans le Code des professions, tantôt dans la Loi
sur les cités et villes, tantôt dans d'autres lois. On assiste
à un éparpillement de la législation sur les assurances
par des mesures semblables. Voilà.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Me Bois. M. le
ministre.
M. Ryan: Très bien. Je pense que les
représentations que nous venons d'entendre nous ont apporté un
éclairage très utile sur les enjeux du projet de loi que nous
sommes en train de discuter. Merci, Mme Canac-Marquis, de même que Me
Bois. Les commentaires qu'ils nous ont soumis, nous allons les prendre en
considération. Nous étions déjà saisis de ces
commentaires à la fois par la lettre de mars dernier, dont vous avez
cité des extraits, et par une lettre que m'a fait parvenir, en date
d'aujourd'hui, l'UMRCQ, qui reprend certains des points qui ont
été mentionnés par Me Bois.
Je voudrais vous poser une question. Comme vous vous êtes
intéressé à ce sujet-là, Me Bois, est-ce que vous
avez examiné l'expérience de la Colombie-Britannique?
M. Bois: Non, M. Ryan.
M. Ryan: Non. Est-ce que vous avez pris connaissance du rapport
qui a été publié en Ontario - oui, vous l'avez
sûrement, celui-là, ça remonte à novembre 1986 -
«Municipal Liability Insurance in Ontario»?
M. Bois: Oui, je suis au courant, mais c'est un problème
d'actualisation avec les jugements récents.
M. Ryan: Oui, c'est ça. Parce qu'à ce
moment-là eux autres concluaient que sans prononcer
«d'exclusive» en faveur des réciproques, ça pouvait
être une bonne chose de les instituer, pourvu qu'on les situe de
manière convenable. Mais on va regarder ces choses-là.
Avez-vous eu l'occasion d'examiner le projet de loi attentivement?
M. Bois: Oui.
M. Ryan: II y a l'affaire de retrait qui vous pose un
problème, à nous autres aussi. Il y a des choses à
préciser là-dedans.
Je vais poser une question à Mme Canac-
Marquis, peut-être, qui aura une portée plus
générale aussi. Là, dans le projet de loi, nous avons mis,
autant pour les réciproques d'assurances que pour les achats en commun,
la possibilité que les municipalités décident de
procéder soit en utilisant le véhicule de l'UMRCQ, soit en
utilisant celui de l'UMQ. Votre position à vous, est-ce que je dois
comprendre - je vous le demande, je ne suggère rien - est-ce que c'est
une position qui consiste à nous dire que vous ne voulez pas du tout de
ces articles-là dans la loi ou que vous ne voulez pas du tout que nous
mentionnions l'JMRCQ, sans que vous vous prononciez sur une mention de l'UMQ?
S'il était question seulement de...
Mme Canac-Marquis: Au niveau des assurances, je pense que Me Bois
a un peu répondu.
M. Ryan: II faudrait peut-être commencer par les achats en
commun.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Marquis.
Mme Canac-Marquis: Je ne pense pas que le projet de loi
prévoyait d'exclusivité pour les unions, c'est-à-dire
qu'une union pouvait, pour ses membres seulement...
M. Ryan: Regardez. Le premier article... Mme Canac-Marquis:
Alors, le fait que... M. Ryan: Regardez, Mme Canac-Marquis... Mme
Canac-Marquis: Oui.
M. Ryan: ...si vous me permettez. Le premier article,
là...
Mme Canac-Marquis: M. Ryan, excusez-moi, je veux juste
préciser. Mon nom, c'est Canac-Marquis, C-a-n-a-c.
M. Ryan: Grave erreur...
Mme Canac-Marquis: Non, pas du tout.
M. Ryan: ...dont je m'excuse.
Mme Canac-Marquis: C'est un nom spécial un peu.
M. Ryan: Alors, le premier article dit: Les parties à une
entente prévue à l'article 29.5 ou à l'article 29.9
peuvent mandater l'Union des municipalités du Québec ou l'UMRCQ
pour acheter du matériel ou des matériaux. La question que je
vous pose est la suivante: Si c'était écrit seulement... disons
qu'on modifierait seulement la Loi sur les cités et villes, qu'on dirait
«peuvent mandater l'Union des municipalités du Québec
pour...», est-ce que vous auriez objection?
Mme Canac-Marquls: Oui, M. Ryan, parce que je crois que
les effets au niveau du développement régional, les risques
seraient les mêmes, quelle que soit l'union qui procéderait
à ces regroupements, et ainsi de suite, les autres effets aussi. Parce
que, comme je comprends le projet de loi, même si vous enleviez l'UMRCQ,
il n'y a rien qui empêcherait un membre de l'UMRCQ de se regrouper au
niveau de l'UMQ, tout en restant membre de l'UMRCQ. C'est plus sur le principe
du regroupement.
M. Ryan: Déjà, actuellement, si des
municipalités veulent se regrouper pour faire des achats en passant par
leur MRC, par exemple, elles peuvent le faire.
Mme Canac-Marquis: Absolument, et on trouve que c'est un bon
forum et c'est quand même une unité qui est relativement viable et
valable au niveau de la région.
M. Ryan: Là, le gros argument que vous invoquez pour que
les municipalités ne puissent pas faire d'achats en procédant par
l'intermédiaire de l'UMQ, c'est l'argument du développement
régional. Vous voulez que ces choses-là se fassent au niveau
régional, non pas au niveau provincial ou national.
Mme Canac-Marquis: II faut favoriser. Il n'y a rien dans le
projet de loi, selon moi, non plus, qui empêche toutes les
municipalités de se mettre ensemble, théoriquement.
M. Ryan: Non. Non, non.
Mme Canac-Marquis: Plusieurs MRC, d'ailleurs, peuvent,
après s'être entendues avec les municipalités locales, se
mettre à deux MRC, à trois MRC. Il n'y a rien qui empêche
ça par la base.
M. Ryan: Déjà, actuellement, des
municipalités peuvent former un groupe pour des achats en commun...
Mme Canac-Marquis: Absolument.
M. Ryan: ...qui comprendrait l'UMQ, par exemple. Il n'y a rien
qui les empêche de le faire. Mais, là, ce que le projet de loi
propose, c'est qu'il soit possible de confier à l'UMQ ou à
l'UMRCQ la gérance d'un projet comme celui-là, la
responsabilité d'un projet comme celui-là, si je comprends
bien.
Mme Canac-Marquis: Oui. Je crois que les unions, en tant
qu'organisme sans but lucratif, pouvaient être partie à de telles
ententes, mais seulement si elles-mêmes étaient acheteuses de
biens ou de services, peut-être au niveau de l'Informatique, ou du
papier, ou des choses comme ça. Mais si c'était pour des camions,
ou du sel, ou des choses comme ça, ce n'était pas possible.
J'avais un argument...
M. Ryan: Très bien. Regardez, je prends note de ça.
Je voulais voir le plus précisément possible la nature des
réserves que vous exprimez. Je pense que des réponses ont
été éclairantes et je dois induire, si je comprends bien,
que la même réponse me serait donnée si je posais la
même question à propos d'assurance réciproque, que vous ne
voulez pas plus que ça se fasse sous les auspices de l'UMQ que sous les
auspices de l'UMRCQ.
Une voix:...
M. Bois: Non, mais c'est la même logique qui
prévaut.
M. Ryan: C'est ça que je comprends. C'est ce que je
croyais comprendre. (23 h 30)
Pour les autres points que vous avez mentionnés tantôt, des
modifications au Code municipal, je pense que ce sont des choses qui sont de
l'ordre du possible, peut-être même du possible immédiat.
Nous allons regarder ça au cours des prochaines heures et de la
journée de demain. Nous aurons sûrement une attitude
précise à vous communiquer dans la journée de demain.
Alors, moi, ça termine, Mme la Présidente, et
j'apprécie beaucoup les précisions que vous nous apportez.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Le fait que - ce que vous croyez, puis, en fait,
c'est une opinion et c'est évident qu'on vous considère comme des
experts - c'est le rôle des unions d'oeuvrer dans des champs qui sont
complètement en dehors de leurs fonctions régulières...
Par exemple, moi, je comprends l'argument à l'effet que les MRC peuvent
l'exercer, parce que c'est reconnu comme une municipalité dans la loi.
Je comprends aussi qu'il y a des ententes intermunicipales, c'est aussi de
même nature. Mais là on prend la liberté ou on va plus loin
en disant: Les unions qui regroupent des associations, est-ce que vous croyez
que - c'est dans vos lettres patentes, parce que je pense que vous existez en
fonction de lettres patentes - est-ce que ça ne justifierait pas des
amendements à vos lettres patentes si vous vouliez faire des achats
regroupés ou de l'assurance comme telle?
Mme Canac-Marquis: C'est une bonne question. Je pense que la loi
supplanterait peut-
être les lettres patentes. Dans les lettres patentes, le
rôle de l'UMRCQ, entre autres, c'est de représenter ses membres au
niveau politique et d'offrir des services, un service d'information, de
formation, de lien, le congrès, c'est un peu d'essayer de mettre les
gens en rapport les uns avec les autres. D'être mandatée pour
acheter des biens ou pour donner des services au niveau de la province, je
pense que c'est d'abord une grosse responsabilité. C'est quelque chose
qui a des répercussions et qui demanderait... Pour l'instant, je suis
persuadée, en tout cas, que l'UMRCQ n'est pas outillée,
présentement, pour s'aventurer sur ce terrain-là. De toute
façon, une des choses qui m'étaient venues à l'idée
quand M. le ministre avait parlé tantôt aussi, c'est que,
même au niveau des documents que vous aviez déposés
à la TQM, vous parliez que, malgré les pouvoirs habilitants et
distants, il y avait un très petit nombre, finalement, des achats qui se
faisaient de façon regroupée. Alors, nous, on dit: Où est
le besoin, avant de se lancer dans une entreprise comme celle qui est
proposée et qui est relativement changée... Là, je ne veux
pas me prononcer, dire: Est-ce que c'est le rôle des unions? Ça
pourrait peut-être être le rôle futur des unions au
détriment de... Je ne le sais pas. Mais, présentement, elles ne
sont sûrement pas formées et outillées pour ce genre de
services, et il faudra se questionner: Est-ce que ça deviendra... Parce
qu'il n'y a quand même pas des... Le membership n'est pas
délimité, non plus. Alors, ça peut devenir un
méli-mélo de corporatisme. En tout cas, je ne veux pas rentrer...
Ça, c'est plus politique.
M. Dufour: Dans les coopératives d'achats, vous avez
parlé de liberté de principe, mais, en réalité,
ça n'en est pas. Est-ce que vous pourriez donner un peu plus
d'explications? Vous avez semblé montrer beaucoup, beaucoup de
réticence par rapport à ça. Vous avez fait allusion, par
exemple, au fait qu'il existait... que ça pourrait aller même au
détriment de certaines entreprises.
Mme Canac-Marquis: Bien oui. Vous allez avoir des élus qui
vont être écartelés entre deux décisions. Une union
leur offre un prix très bon ou meilleur que celui qu'ils auraient dans
leur région. Alors, les élus vont être
écartelés entre des citoyens qui vont réclamer un prix
moindre et d'autres citoyens qui vont réclamer que les élus
jouent leur rôle en tant que moteur économique, aussi, et
créateur ou, du moins, main-teneur d'emplois dans les régions.
À un moment donné, le fait d'acheter via les unions va
peut-être avoir pour effet de fermer une entreprise dans la
région. C'est relativement ingrat comme rôle, en tout cas, pour
les élus, ce que je vois.
L'UMQ, tantôt, a dit, à un moment donné, que non,
ça n'empêcherait pas le développement économique.
Est-ce qu'il faudrait demander aux régions si elles veulent devenir
seulement des distributeurs de produits qui seraient manufacturés
à Montréal ou dans les régions... et qu'elles seraient
seulement, les régions, des entrepôts de distribution? Il faudrait
se poser la question. Je croyais, moi, qu'elles voulaient plus employer les
ressources naturelles du milieu et les ressources physiques.
M. Dufour: Dans les expériences, actuellement, qui
existent sur le territoire, les coopératives d'achats, au point de vue
municipal, elles ne sont pas nombreuses, à ce que je sache. Je peux bien
me tromper, mais j'ai l'impression qu'il n'y en a pas beaucoup. Il y en a
beaucoup, par exemple, pour les hôpitaux; les commissions scolaires,
peut-être. Mais il y a certains organismes publics ou parapublics qui
font ce genre d'entente, mais sur une base plutôt régionale
qu'extérieure. Je pense que ça se tient, là. S'il n'y a
pas de poussée ou de volonté quelconque, moi, j'ai des doutes
qu'on puisse réussir, parce que les municipalités, en principe,
sont jalouses de leur autonomie. Vous l'expliquez assez bien. Les
municipalités, si elles vont acheter en commun, elles ont beaucoup moins
de marge de manoeuvre, elles ont moins d'autonomie; elles semblent aussi se
débarrasser un peu d'une partie de leurs responsabilités. Les
gens peuvent bien dire: C'est pour économiser, mais c'est parce que tu
ne veux pas... En tout cas, ça peut représenter certaines
embûches, je pense que vous les soulevez assez bien. Moi, je vois qu'il y
a des difficultés. Ce n'est pas garanti que tout le monde va vouloir
adhérer à ça. Je comprends aussi qu'à la question
qui vous a été posée par le ministre des Affaires
municipales, à savoir «Est-ce que l'Union des municipalités
régionales de comté pourrait être exclue?», moi,
personnellement, je serais porté à croire que c'est non. Si
ça fait pour un, pour l'autre, c'est exactement... Même si vous ne
le faites pas, vous avez au moins la liberté. De ce
côté-là, je trouve que vous avez répondu
correctement.
Je voudrais aussi parler un peu des assurances qui, à mes yeux,
représentent certaines difficultés. M. Bois semble... C'est Bois,
ce n'est pas Boies.
M. Bois: Bois, oui.
Mme Canac-Marquis: Bois, B-o-i-s.
M. Dufour: Mais B-o-i-s.
M. Bois: Oui.
M. Dufour: Moi, je connais des Bois, mais B-o-i-e-s. Je pensais
qu'on le prononçait autrement.
M. Bois, concernant les assurances, est-ce que vous croyez que ce qui
nous est proposé, ce qui est proposé dans le projet de loi va
amener
une bureaucratisation assez grande pour l'application de tout ça?
Au point de vue pratique - je ne connais pas les assurances, vous semblez assez
connaître... un peu le domaine - comment vous voyez ça, vous, une
union qui appliquerait ça? On va se ramasser avec une autre compagnie
d'assurances avec des experts, des gens un peu partout?
M. Bois: Oui. D'abord, pour mettre sur pied une mutuelle, il faut
du personnel. Il faut une infrastructure quand même assez importante. Il
y a des gens qui vont s'occuper de la souscription des risques; alors, il faut
des souscripteurs. Il y a des gens qui vont s'occuper des réclamations,
il y a des gens qui vont être aux réclamations. Enfin, pour une
mutuelle qui va «pooler» autant de primes que ça, il va
falloir, oui, une bonne équipe. Alors, là, on va créer un
genre de corporation publique; ça a beau être une mutuelle, c'est
une mutuelle de corporation publique. Alors, évidemment, oui. Et la
bureaucratisation, ici, est assurée par l'article 465.15, parce qu'on y
rentre au début et ce n'est vraiment pas assuré qu'on pourra s'en
retirer et retourner sur le marché quand le marché sera
convenable ou répondra aux besoins des municipalités. Le danger
de bureaucratisation est plus sournois que ça et n'a pas
été envisagé ici, mais je vais vous donner juste une
illustration.
Vous savez qu'on délègue ou on veut déléguer
aux municipalités la surveillance des règlements sur
l'environnement, dans une certaine mesure. Je suppose que l'industrie
privée ne veut pas prendre en charge le risque de pollution
résultant, par exemple, de l'épandage des boues de fosses
septiques, qui est fait sous la surveillance d'une municipalité. La
municipalité ne trouvant pas de marché va aller vers son
marché captif, de la mutuelle, et, à des directives probablement
du ministère de l'Environnement, on dira: Bien, vous ne trouvez pas
d'assurance ailleurs, allez à la mutuelle. Alors, c'est ça que je
crains, c'est que la mutuelle puisse devenir, à un moment donné,
le dépotoir, aux sens propre et figuré, des mauvais risques
municipaux, soit par des directives administratives qui ne sont pas
envisagées ici, dans la loi, soit par le fait que le marché n'est
pas capable d'absorber certains risques, mais, vu que c'est une mutuelle
d'État, bien, on prend tout ce qui passe. Et là, la mutuelle
augmentera et se bureaucratisera, prendra une dimension énorme. Alors,
c'est ma réponse à votre question. (23 h 40)
M. Dufour: Là, on le regarde au point de vue du
Québec. Est-ce que vous croyez qu'une mutuelle ou une réciproque
- on ne le sait plus là, admettons que c'est une mutuelle, en tout cas
dans le projet de loi - sur une base régionale, ce serait plus facile
d'opération et d'application? En partant du principe que les achats
seraient régionalisés, au point de vue régional, si je
suis l'argumentation de Mme Canac-Marquis au point de vue des régions,
de garder les ressources dans le milieu et de conserver au maximum les
retombées de ce qui se passe, est-ce que vous croyez qu'au point de vue
de l'assurance ça répondrait à peu près aux
mêmes buts que madame a décrits tout à l'heure?
M. Bois: Ma réponse est à deux volets. Il y a une
règle fondamentale en assurance qui est celle de la dispersion des
risques. La dispersion des risques, ça veut dire, ça, qu'il ne
faut pas que les risques soient tous souscrits dans la même
région. Je sais qu'il y a des sociétés mutuelles
d'assurances pour les petites municipalités, mais des risques de moins
grande envergure. Ça, c'est ma première réponse. Alors,
probablement qu'on souhaitera, en saine gestion du risque, avoir des risques de
différentes... ou moins dispersés géographiquement,
pardon.
La deuxième réponse, c'est que, quand on lit le rapport
Wyatt qui semble inspirer ce projet-là, on prévoit le
regroupement ou on semble indiquer que c'est préférable de
regrouper autant les grosses que les petites, quitte à avoir une
tarification qui tienne compte des petites. Alors, le rapport Wyatt, lui,
envisage justement d'embarquer dans le même bateau autant la ville de
Québec que Saint-Tite-des-Caps ou Notre-Dame-du-Lac. Là, ce n'est
pas une question de regroupement des achats, M. le député, c'est
surtout une question de technique d'assurance, puis de dispersion des risques,
puis de constitution de groupes et de sous-groupes. Quand on parle de groupes
et sous-groupes, c'est, en assurance automobile, par exemple, conducteur de
moins de 25 ans pas d'accident ou avec accident. Bien, en assurance municipale,
il y aura des classifications selon la taille, aussi, des municipalités.
Alors, il faudra les disperser, il faudra avoir diverses
municipalités.
M. Dufour: Vous avez semblé assez familier avec ce qui se
passait en Ontario. Est-ce que vous pouvez faire une comparaison sommaire -
c'est oui ou non - des coûts que ça pourrait représenter,
des diminutions de coûts que ça pourrait représenter? Parce
que, là, il y a un phénomène ou il y a un
élément nouveau: c'est qu'on va aller sur trois ans au lieu d'un
an. Si la négociation n'est pas pareille, les prix pourraient être
de nature a diminuer. Est-ce que vous avez une idée de ce que ça
pourrait être?
M. Bois: Je suis incapable de vous répondre sur les
résultats en Ontario. Je n'ai pas les résultats. Tout ce que je
peux vous dire, je me reporte encore à l'étude Wyatt.
L'étude Wyatt, encore une fois, qui est à la base de ce projet de
loi, vous dit noir sur blanc, à la page 67, que le marché
privé actuel coûte de 15 % à 20 % moins cher que
coûterait la réciproque. Ce n'est
pas moi qui le dis. C'est l'étude qui guide ce projet de loi
là. Sauf qu'on dit qu'à long terme, ça serait, et le verbe
est conditionnel, il faut bien lire le rapport, ça serait
peut-être plus rentable.
J'insiste encore sur le facteur capital qui est le suivant: les risques
municipaux ne sont plus les mêmes depuis l'arrêt de la Cour
suprême dans l'affaire Maska et dans l'affaire de La Bastogne. Toute la
problématique des risques municipaux, quant à leur
étendue, quant à leur fréquence, est bouleversée
par ces arrêts de la Cour suprême. Alors, si le marché
municipal veut tenter l'expérience, qu'il la tente. Mais moi, si
j'étais des municipalités, il y aurait un autre mécanisme:
c'est que, par chacune de leurs deux unions, elles compilent les statistiques,
elles laissent les assureurs pendant cinq ans se casser les dents sur les
nouveaux risques, puis, après, vous irez. Mais, pour le moment, moi, je
vous dis: Les études ne tiennent pas compte des nouveaux risques.
M. Dufour: II y a peut-être... M. Morin: Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Morin: Oui. Je voudrais revenir à une question de mon
collègue tout à l'heure, mais je la poserai différemment.
C'est en fonction des questions du ministre, que ce soit au niveau des
coopératives d'achats, lorsqu'il vous a posé la question: Si on
amendait le projet de façon à ce que ça couvrirait
uniquement l'UMQ et non pas l'UMRCQ, si vous aviez objection. Vous avez eu une
réponse, finalement, que j'ai trouvée fort à point, dans
ce sens que vous avez invoqué le développement régional
pour dire que, même si les municipalités appuyaient votre union,
n'en faisaient pas partie ou n'étaient pas intéressées
à ce genre de coopérative, elles n'en subiraient pas moins les
impacts sur le plan économique, en supposant, évidemment, que ces
coopératives auraient pour effet de déplacer le chiffre
d'affaires ailleurs. Donc, ça, j'ai compris que tout en n'en faisant pas
partie, il y avait quand même un impact. Mais, lorsque la question a
été posée au niveau des assurances, ça ne m'a pas
paru aussi évident. Donc, je poserai la question à monsieur.
Comme le projet de loi, évidemment, dit que l'adhésion
à une mutuelle est facultative, donc non obligatoire, vos membres, vos
municipalités membres n'étant pas tenues d'en faire partie et
votre union non plus, est-ce qu'il y a lieu de croire que le fait qu'un certain
nombre de municipalités un peu plus urbanisées, plus urbaines,
adhéreraient à une telle mutuelle provoquerait un impact
auprès de vos municipalités, des municipalités de l'UMRCQ,
quand même, peut-être au niveau des hausses de primes, en
présumant, par exemple, qu'un certain nombre de municipalités se
soient retirées du marché privé... Parce que, quand vous
avez dit oui, tout à l'heure, c'était à peu près la
même chose, au niveau de la coopérative d'achats, c'était
évident comme réponse. Mais au niveau des assurances, vous n'avez
pas explicité, et j'aimerais vous entendre.
M. Bois: Encore une fois, en assurance... L'assurance, la
définition fondamentale, c'est le regroupement de plusieurs risques
suivant la loi des grands nombres - des grands nombres! - et suivant le
principe de la mutualité. Pour que ce soit rentable pour un ou plusieurs
assureurs, dans un champ d'assurance donné, il faut qu'il reste un
marché assez consistant. Si vous retirez d'un marché
spécialisé, comme l'assurance-responsabilité des
municipalités, un bloc important du marché, vous perturbez
à ce point le marché que vous désintéressez des
offrants, des gens qui pourraient stimuler la compétition. Je ne dis pas
que c'est ça qui va se produire. Mais ce que je vous dis, c'est que des
assureurs qui ne peuvent pas répartir le plus largement possible leurs
risques, un à Sept-îles, un autre à Gatineau et un autre
à Notre-Dame-du-Lac, parce que la dispersion géographique est
tout aussi importante, et la dispersion suivant les dimensions, gros, petit ou
petit, moyen, n'y trouveront pas nécessairement leur compte. Alors,
ça pourrait avoir un effet dissuasif sur le marché, et là,
on aura créé un bel exemple, on dit: Aussi bien de tout
socialiser ça.
Alors, oui, moi, j'entretiens une crainte à ce sujet-là.
Mais je vais faire comme le rapport Wyatt, je répondrais, moi aussi, au
conditionnel, pour être plus prudent là-dessus.
M. Morin: Mais, disons, le risque est potentiel.
M. Bois: Oui, monsieur.
M. Morin: C'est très bien. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que vous êtes au courant que les
commissions scolaires, la Fédération des commissions scolaires,
je pense, qui opère une mutuelle d'assurances entre eux autres...
Non?
M. Bois: Non. Le risque d'assurance de choses des commissions
scolaires... les bâtiments sont auto-assurés par le gouvernement.
Il y a un fonds d'indemnisation au gouvernement pour les commissions scolaires.
Je ne connais pas le succès du fonds, mais il y a un fonds. La
Fé-
deration des commissions scolaires s'est regroupée il y a
quelques années pour acheter l'assurance-responsabilité. Mais je
peux vous dire que ce groupe-là s'effrite actuellement. Je connais
certaines municipalités dans le Lac-Saint-Jean qui ne sont pas du tout
contentes, finalement, de cette solidarité qui leur a rapporté au
début. Alors, du côté scolaire, c'est ça. Mais je
vous fais une mise en garde, M. le député: l'inconnu dont je vous
faisais part tout à l'heure en matière de risque n'existe pas du
côté des commissions scolaires. Le risque est bien connu, c'est
les risques de blessures des enfants, et il y a des bonnes statistiques au
Canada comme aux États-Unis.
Je répète: en droit municipal, on vient d'ouvrir un
nouveau champ de risque dans lequel même les assureurs n'ont pas de
statistiques. Et ce que je trouve surprenant, c'est qu'on va laisser les
municipalités faire cette expérience-là au profit des
assureurs et, n'oubliez pas une chose, au profit des réassureurs, parce
que vos mutuelles municipales ne seront pas capables d'absorber tout le risque.
Et leur économie de primes, leur soi-disant économie de primes,
je ne sais pas si elles vont la retrouver sur le marché de la
réassurance quand elles vont s'assurer avec la Koweit Reinsurance
Company et avec la Munichré, et ainsi de suite, et quand on va envoyer
les primes du Québec, comme disent certaines gens des
coopératives, quand on va les envoyer par avion à la Lloyd's.
Alors, on était assez silencieux sur le marché de la
réassurance. Le rapport Wyatt parie de réassurance, mais on ne
dit pas combien serait transféré aux réassureurs. (23 h
50)
Et je vous souligne également que votre projet de loi, ici, a
fait disparaître une exigence importante de la Loi sur les assurances
quant à l'obligation de la mutuelle de réassurer. J'attire votre
attention là-dessus. On a fait en sorte, dans le projet de loi 22, de
relever une municipalité de l'obligation d'aller en réassurance
au-delà d'un certain seuil. Pourquoi? C'est tout simplement parce que
les municipalités ont le pouvoir de taxer, puis, quand il y aura des
trous, bien, on dira: Bien, cotisez vos gens, vous n'avez pas besoin d'aller
sur la réassurance, levez des taxes, et comblez le déficit
actuariel. Tandis que les compagnies d'assurances, elles, qui sont sur le
marché, quand ça va mal, elles ne peuvent pas taxer. Elles ne
peuvent pas trop hausser les primes, elles vont perdre leur marché. Et
là, l'Inspecteur général peut surveiller, justement, le
degré, ou le taux, ou la hauteur de la réassurance.
Pour vos mutuelles, ici, il y a une disposition explicite à
l'article 465.10 qui fait en sorte que les municipalités sont
exemptées de l'application de l'article 223 de la Loi sur les assurances
que je vais vous lire, qui dit que: «Aucun assureur, autre qu'une
société mutuelle - mais ce n'est pas votre cas, là - ne
peut prendre en charge un risque en matière d'incendie s'il n'en
réassure auprès d'un autre assureur toute fraction
dépassant 10 % de son capital et de son excédent.» Cette
disposition-là ne s'appliquera pas. Pourquoi? C'est bien simple, parce
que, quand il y aura insuffisance ou qu'on jugera qu'il y aura insuffisance sur
la réassurance, l'Inspecteur général dira à la
municipalité: Cotisez, payez à votre mutuelle, puis levez des
taxes. Alors qu'un assureur sur le marché peut jouer avec la
réassurance.
Je le répète encore, vous allez dans un territoire
inconnu, un peu comme Christophe Colomb; vous allez faire la job des compagnies
d'assurances pendant cinq ans. Moi, la mesure que je vous propose, c'est que
vous pourriez constituer un mécanisme de compilation des statistiques
pour savoir si c'est si profitable que ça, par le biais de l'UMRCQ ou
par le biais d'un autre organisme, mais compiler des statistiques. Et
là, vous verrez si mes sombres prédictions en matière de
risque municipal se réalisent avec l'étendue que je vous
annonçais. Voilà.
M. Dufour: J'aurais peut-être une question. Moi, la
façon que ça opère, puis là j'essaie, je veux
comprendre un peu, là... On ne l'a pas demandé à l'UMQ,
peut-être qu'elle aurait pu nous le dire. La façon que ça
va opérer ou que ça pourrait opérer, c'est que les gens
vont payer des primes pour, bon, certains risques. Ce qui pourrait laisser
à penser que l'Union des municipalités, ou l'organisme, pourrait
prendre des assurances ailleurs pour garantir ces risques-là, avec les
primes qui lui sont fournies. Est-ce qu'elle peut le faire ou si, et ça,
je pensais que c'était un peu ça, là... C'est pour
ça que je dis que je ne suis pas un spécialiste là-dedans.
Est-ce que la corporation, ou la mutuelle, pourrait amasser de l'argent au
même titre, par exemple, que ce que la ville de Montréal fait?
Elle a un fonds qui prévoit... un montant qui monte, qui monte, puis
là elle prend ses risques, puis elle les assure elle-même.
Là, ce que vous semblez me dire, c'est: elle va agir comme un courtier,
un peu. Non?
M. Bois: Non. C'est que la corporation dont la loi prévoit
la constitution, c'est une compagnie d'assurances purement et simplement, sauf
qu'au lieu d'être financée avec du capital-actions sur le
marché, elle va être financée comme une caisse populaire.
C'est la formule mutualiste: c'est que tout le monde adhère. Comme La
Laurentienne, du temps qu'elle était une mutuelle, avant qu'on la
démutualise, c'est une mutuelle d'assurances. Et votre loi le dit, comme
si elle était une compagnie mutuelle. Alors, ça va être une
compagnie, ce n'est pas de l'auto-as-surance. Montréal peut avoir une
franchise de 1 000 000 $; en bas de 1 000 000 $, elle s'occupe de ses
problèmes, ou Trois-RMères, en bas d'un
certain montant, s'occupe de ses problèmes. Peut-être,
aussi, ces grandes villes-là souhaitent-elles voir les petites
municipalités venir alléger leur fardeau qui est peut-être
trop lourd en matière d'auto-assurance. Ce dont vous me parlez, c'est de
l'auto-assurance. Comme les très grandes corporations multinationales,
à hauteur de 1 000 000 $, elles ne prennent pas d'assurance. Elles
mettent de l'argent de côté, elles l'envoient aux Bermudes ou dans
des paradis fiscaux.
Alors, vos municipalités, ici, vont créer une compagnie,
et ce que je vous disais tout à l'heure, c'est que cette
compagnie-là pourra conclure, pourra recéder ses risques à
une compagnie de réassurance, comme La Lauren-tienne fait ou les autres
compagnies font; c'est une pratique courante. C'est là que vous allez
retourner sur le marché. Si vous pensez que vous faites des
économies et que vous évitez les lois du marché, vous
faites peut-être erreur. Le rapport Wyatt n'est pas trop loquace à
ce sujet-là, il ne nous dit pas ce qui va arriver de la
réassurance.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
Alors, M. le ministre, une dernière question.
M. Ryan: Regardez. Je pense qu'on a eu un échange
intéressant avec Mme Canac-Marquis et M. Bois. On a pris bonne note des
observations qui nous ont été faites. Au cours des
échanges que la commission aura sur les articles relatifs aux
réciproques d'assurances, je verrai à ce qu'on fournisse aux
membres des informations de date récente concernant les
développements en Ontario et en Colombie-Britannique en particulier,
afin que nous puissions vérifier si les appréhensions de Me Bois
se sont réalisées sur l'échelle qu'il laissait entrevoir
et quel genre de mécanismes surtout on a institué pour
empêcher que des situations désastreuses, comme celles qu'il
appréhende, se produisent, ou ont été institués.
Vous vous souvenez que le rapport de 1986 en Ontario proposait toute une
série de balises, tout en proposant qu'on ouvre la porte aux
réciproques d'assurances. Il proposait une série de balises afin
d'assurer que ce ne sera pas des aventures du genre de celles que vous
appréhendez, avec raison, avec raison. Mais on va voir. On verra
à procurer des renseignements plus complets. Nous avons des officiers,
chez nous, qui sont très bien Informés à ce
sujet-là. Nous verrons à ce que la commission soit dûment
informée de ces choses-là, puis, sur cette base, nous prendrons
une décision.
J'ai du mal à comprendre les appréhensions de l'UMRCQ pour
les achats en commun, je vous le dis franchement. Je pense que les
municipalités sont quand même assez adultes pour être
capables de prendre leurs responsabilités. Si elles veulent
procéder, par exemple, par le truchement de leur MRC, en milieu rural en
particulier, elles sont absolument libres de le faire, rien ne les
empêche de le faire dans la loi actuelle. Mais, si elles voulaient
procéder par le truchement de leur union provinciale pour certains
achats que j'imaginerais devoir être d'envergure provinciale, mais des
achats bien particuliers, je ne sais pas pourquoi on les empêcherait de
recourir à leur union pour faire une chose comme celle-là. Il
faudrait avoir des garanties, cependant. Vous étiez là quand nous
avons discuté avec M. Mercier, tantôt; il faudrait avoir des
garanties, mais, tout en étant sympathique au point de vue qui nous a
été exprimé, je ne serais pas enclin à
l'épouser ce soir. Je vous parie bien franchement, on va avoir des
discussions pendant au moins une couple d'heures encore avant d'adopter le
projet de loi.
Une voix: Pas beaucoup plus.
M. Ryan: On aura le temps de revenir là-dessus, au
début de la semaine, je pense bien, au cours de la journée de
demain en particulier. Je prends bonne note des observations que vous nous avez
apportées et j'apprécie hautement que vous nous les ayez
communiquées par écrit et que vous soyez venus les expliquer de
vive voix. On aura peut-être l'occasion de reparier de ça d'ici la
fin de l'examen du projet de loi. J'espère que vous resterez avec nous
pour cet exercice. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme
Canac-Marquis... Oui? Vous avez un mot à dire.
Mme Canac-Marquis: Merci, Mme la Présidente, M. le
ministre et les membres de la commission.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme
Canac-Marquis, M. Bois. Oui? (minuit)
M. Dufour: Oui. Avant de compléter nos travaux pour ce
soir, Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait savoir de la part du
ministre des Affaires municipales s'il serait possible, par exemple,
d'entendre, peut-être aussi avant les travaux... Parce qu'il y a
peut-être des gens qu'on pourrait être intéressés
à entendre. Par exemple, l'Inspecteur général des
institutions financières, vous y avez fait allusion au début; je
pense qu'il pourrait éclairer nos travaux. Il y a peut-être aussi
le BAC qui, vraiment, est spécialisé dans les assurances.
Ça pourrait être deux groupes qui pourraient, je pense, et sans
exagérer, nous permettre d'examiner un peu plus à fond le dossier
qu'on est en frais de regarder. En tout cas, moi, je ne me reconnais pas comme
un expert en assurance, je vous le dis bien carrément. J'en ai pris, on
en a acheté, des assurances, on s'achète des couvertures,
mais...
Motion proposant d'entendre le Bureau
d'assurance du Canada, l'Inspecteur
général des institutions
financières
et le Surintendant des assurances
M. Ryan: Regardez. Je pense que je vais vous répondre tout
de suite par l'intermédiaire de la présidente. Je n'aurais pas
d'objection, Mme la Présidente, avant d'aborder ces articles du projet
de loi qui traitent de réciproques d'assurances, à ce que nous
entendions le Bureau d'assurance du Canada, s'il veut venir nous rencontrer,
et, également, l'Inspecteur général des institutions
financières, peut-être de concert avec le Surintendant des
assurances qui est avec nous ce soir, M. Boivin, que je vous présente
volontiers. On pourra examiner ça...
M. Dufour: C'est encore M. Bouchard.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: C'est encore M. Bouchard, le responsable?
M. Ryan: M. Bouchard, lui, est Inspecteur général
des institutions financières. M. Boivin est Surintendant des assurances.
Je n'ai pas d'objection de principe.. Il s'agirait de nous entendre, mais il
faudrait qu'il y ait une entente claire là-dessus, qu'on fixe une
période, disons, d'une heure pour chacun de ces deux témoignages
experts et qu'ensuite nous ayons l'information de base qu'il nous faut. Je
pense que c'est vraiment les deux personnes... On aurait des bonnes raisons de
les entendre, puis je ne voudrais pas priver le comité de cet apport
qu'ils pourraient nous fournir, en ce qui me touche, en tout cas,
comme-Maintenant, je ne sais pas s'ils seraient disponibles dans
l'après-midi de demain. Demain, quel est le programme? Nous finissons
à 17 h 30 demain après-midi. D'après ce que j'ai compris,
les travaux de la commission prennent fin demain après-midi, à 17
h 30. C'est ça qui a été mentionné ce matin, si
j'ai bien compris, à la Chambre, par le leader...
M. Dufour: Je vais vous dire ce que j'ai compris, moi. Je ne sais
pas, ils ne peuvent pas donner l'ordre pour la journée d'après.
Vu qu'on siège demain matin, ils vont nous donner l'ordre demain. 17 h
30, c'était M. Pagé, c'est un projet de loi de M.
Pagé.
M. Ryan: C'était pour le projet de loi de M.
Pagé.
M. Dufour: Ça a passé cet après-midi parce
qu'il a été obligé de s'absenter, et ça,
c'était M. Gendron et M. Pagé.
M. Ryan: J'ai eu une distraction.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, là,
pour demain, les travaux...
M. Ryan: mais il y aura peut-être la
répétition demain, mais ce n'est pas à moi de devancer le
leader du gouvernement à la chambre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, si je
peux vous donner un renseignement...
M. Ryan: moi, en ce qui me touche, j'ai averti le leader de la
chambre, je suis bien franc avec vous, que j'ai un engagement à
montréal demain soir qui...
M. Dufour: Savez-vous que je n'avais même pas l'idée
de vous en blâmer?
M. Ryan: Pardon? Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je n'avais même pas l'idée de vous en
blâmer. Ça fait 11 jours qu'il est parti...
M. Morin: Bien, qu'est-ce que tu veux? Ça va nous
empêcher de terminer nos travaux demain.
M. Ryan: C'est un engagement pour la campagne de financement du
parti. Je ne devrais pas vous parler de ça ici, mais c'est une des
conditions pour que nous soyons ici.
M. Dufour: Dieu vous le pardonnera, j'espère.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Par contre, pour les
travaux de demain, il n'y a pas eu d'ordre de la Chambre encore.
M. Ryan: J'en ai trois en fin de semaine.
M. Dufour: Dieu vous le pardonnera un jour, je
l'espère.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ceci
étant dit, nous vous remercions de votre présence, et la
commission ajourne ses travaux...
M. Ryan: Si vous me permettez, juste avant de terminer, juste une
petite seconde. Si nous pouvions essayer d'avoir ces personnes-là tout
de suite demain après-midi, ça réglerait l'affaire.
M. Dufour: Avant de commencer les travaux, on pourrait les...
M. Ryan: Après ça, on pourrait commencer
les travaux au début de la semaine, et ça finirait
là. Est-ce qu'il y aurait moyen qu'on essaie de prendre les dispositions
pour les avoir, ces deux personnes-là, demain après-midi?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
demandez au Secrétariat de les convoquer?
M. Ryan: On pourrait en avoir une demain matin, à 11 h
30.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le
Secrétariat pourrait les convoquer.
M. Ryan: M. Boivin, je ne sais pas s'il y aurait une
possibilité que l'Inspecteur général des assurances
peut-être, puis vous en même temps, vous veniez demain matin,
à 11 h 30.
M. Boivin (Richard): Demain, à 11 h 30, c'est que
l'Inspecteur général a une réunion avec les...
M. Ryan: Pour midi.
M. Boivin: ...avec un groupe d'assureurs.
M. Ryan: Alors, correct.
M. Boivin: Mais, dans l'après-midi, sûrement qu'on
pourrait être disponibles.
M. Ryan: Pourriez-vous lui en parler?
M. Boivin: Oui. Demain matin, à la première
heure.
M. Ryan: Puis vous ou le Secrétariat de la commission
pourrait confirmer à son bureau demain matin, je suppose. Alors, pour le
début de l'après-midi, à 15 heures.
M. Boivin: À 15 heures, je pense que ça pourrait
aller.
M. Ryan: Le BAC, est-ce que vous pourriez les appeler, le BAC, le
Bureau d'assurance du Canada? Je peux vous donner le numéro de
téléphone. Si vous l'avez, vous autres, vous avez
«canvassé» tout ce monde-là, comme on dit.
Une voix: On n'a pas senti ça, nous autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Vous avez beaucoup d'Imagination.
La Présidente (Mme Bélanger): Ceci étant
dit, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 5)