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(Quinze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Gauvin): Je demanderais une minute
d'attention, s'il vous plaît. Après avoir vérifié le
quorum, je déclare la séance de la commission de
l'aménagement et des équipements ouverte. Le mandat de la
commission est d'entendre les intéressés et de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi
d'intérêt privé 221, Loi concernant la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal. M. le secrétaire, est-ce que nous avons des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par M. Bélanger (Anjou); M. Maltais
(Saguenay) par Mme Loiselle (Saint-Henri); M. Paré (Shefford) par M.
Boisclair (Gouin).
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le secrétaire.
J'aimerais vous rappeler l'horaire de cette commission. Aujourd'hui, les
travaux sont prévus de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à minuit. Au moment où nous avions ajourné, nous en
étions à débattre la motion d'amendement à la
motion principale. M. le ministre des Affaires municipales avait fini une
intervention de 10 minutes. J'invite les membres de la commission, s'il y en a
d'autres qui veulent prendre la parole. M. le député de
Jonquière-
Reprise du débat sur la motion d'amendement
à la motion
proposant de passer immédiatement à
l'étude détaillée du projet de loi
M. Dufour: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): ...pour 10 minutes.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui, j'ai bien compris qu'il nous restait encore
à débattre cet amendement introduit par le député
de La Prairie sur la motion du député de Marquette, M. Dauphin.
Donc, c'est important, bien sûr, que chaque député qui en
sent la nécessité puisse s'exprimer clairement sur un amendement
qui clarifie la proposition ou la motion principale à l'effet que, si on
est pour étudier le projet de loi et commencer par le préambule,
il faut absolument que ça soit clair et qu'on le fasse, puisque
Beauchesne reconnaît que, dans un projet de loi privé, le
préambule fait partie intrinsèquement du projet de loi. D'autant
plus que, dans ce projet de loi, le préambule contient des
éléments importants puisqu'on parie des pouvoirs additionnels et
qu'on parie de mo- difier l'entente. Et, en même temps, ça met en
cause ou ça met en évidence la gestion des déchets comme
telle. C'est un élément important, et on pourrait difficilement,
pour la bonne compréhension des gens, l'enlever de ce projet de loi. Au
contraire, dans les lois d'intérêt public, le préambule est
souvent, la plupart du temps, admis ou adopté à la fin des
projets de loi.
On sent bien tout l'intérêt que ça suscite puisqu'on
reçoit presque régulièrement des motions ou des lettres
d'appui de la part des municipalités. Ça veut dire que
l'intérêt va grandissant. Avec le sommet de Rio, cette semaine, on
se rend facilement compte que le projet de loi qu'on a devant nous suscite non
pas seulement un débat restreint, même si l'île de
Montréal est une entité très grande au point de vue
géographique et très grande au point de vue population, mais ce
débat-là, qu'on est en train de faire avec ce projet de loi,
suscite des débats, je pourrais dire, à l'échelle de la
planète. Donc, il ne faut pas se surprendre que les parlementaires
mettent beaucoup d'emphase sur l'étude du projet de loi et s'assurent
que tous les éléments soient bien compris et soient bien
intégrés dans ce projet que nous avons devant nous.
Un débat qui suscite autant d'intervenants ou autant
d'interpellations mérite aussi qu'on y réfléchisse. Il
n'est pas question, dans notre esprit, de se laisser bousculer, de se laisser
«bulldozer», selon l'expression courante, à l'effet qu'il y
a urgence. L'urgence, quant à nous, n'a pas été
démontrée à venir jusqu'à maintenant. On a bien
essayé de nous dire, de nous faire comprendre que c'était
pratiquement une question capitale qui devait trouver une réponse dans
les heures qui suivaient, mais, pour nous, même la réflexion de la
fin de semaine ne nous a pas amenés sur cette piste-là, à
l'effet que l'urgence ait été démontrée
clairement.
On peut, par exemple, avouer ou admettre qu'il y a des montants ou des
sommes importantes en jeu. Il y a beaucoup d'intervenants aussi qui sont
parties prenantes de ce projet; non seulement les municipalités sont
parties prenantes, mais il y a aussi tous les gens qui composent ces
municipalités-là, il y a définitivement des contractants
qui opèrent déjà sur le territoire. La nature des travaux
ou des activités qu'ils ont maintenues sur le territoire leur donne
aussi, à mon point de vue, un certain droit de regard ou un certain
droit de parole puisque, à l'origine de tout ce projet de loi, il y a eu
des actions prises sur le territoire, il y a eu des activités qui ont
été maintenues, et ces gens-là ont pu opérer dans
une certaine quiétude.
Donc, par rapport au projet de loi, c'est clairement
démontré qu'il y aura des change-
ments d'opérationalisation de ces individus-là. D'abord,
le fait qu'on veuille contingenter ou réglementer la quantité des
déchets, qu'on veuille aussi exiger de ces gens-là qu'ils
puissent aller porter leurs déchets dans des endroits
déterminés, qu'on veuille exercer des contrôles continus
sur les manipulations de ces mêmes déchets, tout ça fait
que le comportement est appelé à changer. Tout ça fait
aussi que les gens, dans leur façon de procéder, devront
probablement et possiblement faire face à des coûts nouveaux ou
à des revenus moindres. Ça, c'est important de le soumettre, M.
le Président. C'est important, parce que l'incinération telle que
proposée, si on s'en tient aux avis de la Régie, ça
pourrait coûter 80 $ la tonne pour en disposer, tandis qu'actuellement on
est conscient que ces montants-là ne dépassent pas les 40 $.
Donc, il y a des coûts supplémentaires importants qu'on va imposer
à la population et, en même temps, on sait que même
vis-à-vis du procédé il y a des questionnements auxquels
on n'a pas répondu. Ça aussi, ce sont des éléments
importants dans les débats auxquels nous sommes confrontés. (15 h
30)
Les autres intervenants aussi, qui sont à l'intérieur de
ce dossier, sont les... Pas le promoteur, parce que j'en ai parlé tout
à l'heure, mais surtout l'argent qui servira d'abord à construire
les équipements qui, si j'en juge par les journaux de la fin de semaine,
s'apparentent à un nouveau stade olympique, pas nécessairement
avec les mêmes fins, mais... Tout à l'heure, j'avais l'occasion de
regarder, sur un cahier spécial de La Presse, la façon
dont on pourrait opérer un centre de tri. Ça ressemblait à
un stade olympique. Au lieu d'avoir la forme ronde, ça serait
plutôt rectangulaire, mais avec des câbles sous-tendant le toit. Je
suis convaincu que le concepteur du Stade olympique n'aurait jamais cru que sa
technique pourrait être appliquée - mais, j'espère, d'une
façon meilleure - à un centre de tri ou à un centre de
disposition des déchets.
Donc, ça fait beaucoup d'intervenants, et on pourrait se
questionner à savoir si le fait d'en discuter en long et en large et
d'essayer de savoir tout ce qu'il y a en dessous de ce projet-là, on
pourrait se poser la question, à savoir si c'est une perte de temps.
Est-ce que c'est une façon de mieux comprendre le projet? Moi, je vous
dis carrément: C'est une façon de mieux savoir ce qu'il y a en
dessous de ce projet-là.
Je ne crois pas qu'on ait des choses à cacher, en gros et en
large, même si on peut se questionner sur la tenue d'assemblées
qui ont eu lieu, qui n'ont pas eu de caractère public, même si
c'est difficile de mettre la main sur des procès-verbaux, même si
la Commission d'accès à l'information s'est prononcée. On
ne le sait pas. Moi, je n'ai pas encore vu l'ombre de ces
procès-verbaux. Je ne sais pas s'il y a eu des ratures là-dessus.
Je ne sais pas s'ils sont tous dans leur intégralité, mais c'est
un paquet de questionnements qui, après quelques jours ou après
une semaine de débats, demeurent non résolus. On n'a pas eu de
réponse. Mais, ça, ça veut dire qu'au cours des heures qui
viennent, pour ne pas dire des jours, on aura certainement des questionnements
plus pointus concernant les différents articles du projet de loi. Mais,
pour le moment, je crois qu'il faut s'en tenir à la motion ou à
l'amendement de la motion principale à l'effet que, oui, c'est important
que le préambule soit contenu à l'intérieur du Drojet de
loi et qu'on puisse l'étudier.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Jonquière. Avant de passer à un autre
intervenant, je vais relire la motion d'amendement, ce que j'aurais
peut-être dû faire au début de nos travaux. C'est:
«Que la motion en discussion soit modifiée par l'insertion, dans
la première ligne, après le mot "détaillée" des
mots "du préambule".» Donc, c'est un amendement à la motion
principale. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui aimeraient
intervenir? M. le député de...
M. Boisclair: Gouin.
Le Président (M. Gauvin): Gouin. Excusez-moi.
M. Boisclair: À moins qu'il n'y ait des collègues
ministériels - pour respecter la règle de l'alternance - qui
désirent intervenir.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Gouin, vous avez demandé la parole, vous avez la parole.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, je m'inscris donc dans la
même lignée que mon collègue de Jonquière pour,
à mon tour, plaider pour une modification à la proposition de
motion déposée par notre collègue, membre de cette
commission, le député de Marquette. Le député de
Marquette, pressé de mettre fin au débat et plutôt
pressé d'entreprendre l'étude détaillée article par
article pour mettre fin aux discussions et aux différents débats
qui ont animé cette commission pendant les jours qui ont
précédé l'étude du projet de loi, a
déposé une motion demandant que la commission procède
immédiatement à l'étude détaillée du projet
de loi en débutant par l'article 1.
M. le Président, vous qui êtes aussi un parlementaire
d'expérience et vous qui connaissez bien notre règlement, vous
aurez rapidement compris que le député de Marquette a
semblé oublier un certain nombre de dispositions contenues dans nos
règlements et dans la doctrine.
Lui qui est aussi président d'une commission et qui
préside, d'ailleurs, une autre commission, celle qu'on connaît
bien sur les offres fédérales, devrait savoir que la doctrine est
très claire: en matière de projets de loi privés, avant de
débuter les articles tels que numérotés dans le projet de
loi, il faut d'abord et avant tout commencer par le préambule du projet
de loi. Donc, le député de La Prairie avait raison de
déposer un amendement visant à corriger l'erreur du
député de Marquette.
Vous me permettrez, d'ailleurs, de rappeler ce que Beauchesne disait. On
peut lire, par exemple, à l'article 1095, à la page 304 du
recueil de jurisprudence parlementaire de Beauchesne, 6e édition:
«L'usage veut qu'on aborde en premier lieu l'étude de
l'exposé des motifs.» Alors, c'est donc soucieux de respecter la
tradition parlementaire et de respecter les règles qu'ensemble, comme
parlementaires, nous nous sommes données, que le député de
La Prairie a cru bon de proposer cette motion que nous débattons cet
après-midi. Donc, l'objet de l'amendement à la motion du
député de Marquette est très clair. Il vise tout
simplement à modifier la motion en discussion pour insérer, dans
la première ligne, après le mot
«détaillée», les mots «du
préambule», pour faire en sorte qu'on commence non pas par
l'article 1 du projet de loi mais bien par le préambule.
Vous avez eu l'occasion de vous prononcer, M. le Président, sur
la recevabilité de cet amendement. D'ailleurs, vous n'ignorez pas que
l'Opposition a partagé cette opinion, a même plaidé sur la
recevabilité de cet amendement à la motion, mais je pense qu'il
était de convenance d'accepter ce type d'amendement. Faut-il rappeler,
M. le Président, que le préambule et les attendus, comme on les
appelle dans notre jargon, contenus au projet de loi 221 sont très
clairs, et mon collègue, le député de Jonquière, a
bien précisé tout à l'heure jusqu'à quel point il
était d'intérêt de le souligner. En plus, bien sûr,
il est d'intérêt de le faire parce que la tradition nous le dicte,
mais aussi parce que le contenu des attendus du préambule est
certainement pertinent pour la suite des débats, avant de discuter plus
à fond des articles 1 à 18 du projet de loi 221. Or, on dit dans
cet attendu qu'il y a eu des pouvoirs additionnels accordés à la
Régie intermunicipale des déchets sur IHe de Montréal et
des modifications à l'entente intermunicipale du 3 décembre 1984.
Donc, compte tenu de ce qui nous est présenté dans ce projet de
loi, l'Opposition tenait immédiatement, avant de discuter des
différents articles, à pouvoir discuter du fond de ces
attendus.
Vous me permettrez, M. le Président, de prendre peut-être
aussi quelques instants, en profitant de l'occasion que nous donne le
débat sur l'amendement à la motion du député de
Marquette, pour rappeler quelques motifs qui nous amènent à
vouloir discuter du préambule avant d'entreprendre l'étude
détaillée article par article.
La tradition en droit parlementaire nous le rappelle. C'est le juge
Pigeon qui nous le rappelait, dans le traité qu'il a écrit sur la
rédaction des lois; il nous rappelle que le législateur ne parle
pas pour ne rien dire, et s'il prend la peine d'inscrire des
éléments dans un projet de loi, c'est parce qu'il y a une
motivation à le faire.
Vous qui avez étudié plusieurs projets de loi
privés, M. le Président, vous savez qu'il y aurait eu lieu, dans
ce cas-ci, d'inclure bien d'autres motifs que ceux qu'on retrouve à
l'heure actuelle. Par exemple, à une autre commission où nous
étudiions un projet de loi privé - cette fois-ci sur un sujet
tout à fait différent - il avait, de façon beaucoup plus
détaillée que celle-ci, expliqué les différents
motifs qui justifiaient l'adoption du projet de loi. Nous sommes convaincus
qu'il ne s'agit pas tout simplement d'affirmer qu'il faut accorder des pouvoirs
additionnels ou modifier l'entente. Il ne faut pas uniquement affirmer ces
éléments pour justifier le reste des articles qui se retrouvent
au projet de loi 221. Par exemple, il est souvent d'usage de rappeler le mandat
de l'organisme qui est visé par le projet de loi. Il est souvent d'usage
aussi, M. le Président, de rappeler, dans les attendus, le contexte qui
justifie le projet de loi en rappelant, par exemple, certains pouvoirs
généraux que possède l'organisme qui est visé par
un projet de loi.
Finalement, M. le Président, avant d'étudier l'ensemble
des éléments plus pertinents au projet de loi, je veux rappeler
qu'il est important de saisir l'ensemble des motifs qui justifient le projet de
loi et qui, à notre avis, dans le cas du projet de loi 221, nous
semblent plus ou moins explicites et plus ou moins clairs.
Donc, M. le Président, en m'appuyant sur la jurisprudence, je
crois avoir démontré - et vous-même l'avez
démontré en acceptant cet amendement - qu'il était
pertinent d'en débattre. Donc, avant de discuter plus à fond des
articles, il faut s'appuyer, je le disais, sur la jurisprudence, s'appuyer
aussi sur la tradition parlementaire qui veut qu'on procède d'abord et
avant tout à l'étude du préambule, des attendus, et
s'appuyer aussi sur une tradition, celle-là non écrite mais
certainement tout aussi pertinente, qui dicte souvent les travaux en
commission, qui nous rappelle jusqu'à quel point il est important
d'expliciter l'ensemble des motifs qui justifient le projet de loi. (15 h
40)
Donc, c'est en s'appuyant sur ces deux éléments, M. le
Président, que je crois qu'il est important d'adopter cet amendement
proposé par le député de La Prairie. Ça nous
permettra aussi, par la même occasion, de corriger l'erreur du
député de Marquette qui, j'en suis convaincu, l'a faite de bonne
foi. Il peut arriver qu'on oublie
un certain nombre de dispositions à notre règlement; il
est assez volumineux. Il faut aussi l'interpréter dans un contexte plus
général, en tenant compte de la jurisprudence, de la doctrine et
des règles que nous prescrit, entre autres, Beauchesne. Donc, on peut
comprendre qu'il y ait eu un oubli de sa part, mais cet amendement nous
permettra aussi de remettre tout simplement les choses dans la perspective en
étant respectueux, M. le Président, de la tradition
parlementaire.
Je me permettrai, M. le Président, de dire aussi que
l'Opposition, dans ce cas-ci... Je pense que mes collègues qui sont
intervenus dans les jours de la semaine dernière - mercredi, jeudi et
vendredi dernier - ont soulevé aussi un certain nombre de questions sur
la pertinence, ont soulevé l'urgence du projet de loi. Ces discussions
que nous avons cet après-midi en commission, et que nous aurons sans
doute ce soir et possiblement demain et après-demain aussi, et
peut-être même tout au cours de la semaine, nous permettront de
porter un jugement sur l'urgence.
Et, déjà, on le soulignait, on nous a remis tout à
l'heure une lettre du maire de Dorval qui, lui, semble favorable à
l'adoption du projet de loi et en demande même l'adoption. On voit
qu'à chaque jour il y a des gens qui nous font part de leurs
commentaires. Le maire de Dollard-des-Ormeaux semble avoir une opinion
différente et demande que la commission s'oppose au projet de loi et en
retarde l'adoption. C'est donc le souci, finalement, de permettre au
législateur de poser les gestes appropriés, de permettre aussi de
donner le temps à l'ensemble des gens intéressés par la
question de prendre position. Donc, on peut bien se le dire ouvertement, sans
cachette, c'est un peu aussi dans cette perspective que nous proposons cet
amendement pour permettre à l'ensemble des gens de se prononcer.
Donc, c'est pour ces trois motifs, M. le Président, que je
recommande aux membres de cette commission d'adopter l'amendement de mon
collègue, député de La Prairie.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Gouin.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, est-ce qu'on peut
passer au vote?
Le Président (m.
gauvin): s'il n'y a pas d'autres
membres de la commission qui veulent se faire entendre, oui. si vous demandez
le vote, c'est par appel nominal?
M. Tremblay (Rimouski): Je le demande.
Mise aux voix
de la motion d'amendement
Le Président (M. Gauvin): M. le secrétaire, qu'on
appelle le vote sur la motion d'amendement à la motion principale.
Le Secrétaire: M. Dufour?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Boisclair (Gouin)?
M. Boisclair: Pour.
Le Secrétaire: M. Bélanger (Anjou)?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Secrétaire: Mme Loiselle?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron?
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: Et M. Gauvin?
Le Président (M. Gauvin): Abstention.
Le Secrétaire: Alors, trois pour, cinq contre, une
abstention.
Le Président (M. Gauvin): Donc, la motion d'amendement est
rejetée. On passe à la motion principale. M. le
secrétaire.
M. Tremblay (Rimouski): Je demande le vote, M. le
Président, sur la motion principale.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle le vote. M. le
secrétaire, vote nominal. Excusez...
M. Tremblay (Rimouski): II faut en faire la lecture.
Mise aux voix de la motion principale
Le Président (M. Gauvin): Oui, excusez-moi. On m'invite
à en faire la lecture, et vous avez raison. La motion principale se lit
comme suit: «Que la commission passe immédiatement à
l'étude détaillée de l'article 1 et de l'article 13 et,
par la suite, tous les autres articles suivants
du projet de toi d'intérêt privé 221, Loi concernant
la Régie intermunicipale de gestion des déchets sur l'île
de Montréal.» Qu'on appelle le vote, M. le secrétaire,
comme je l'avais mentionné.
M. Boisclair: M. le Président, avant qu'on ne
procède au vote...
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Boisclair: ...est-ce que je pourrais vous demander, compte
tenu de l'état de la jurisprudence et de la doctrine, si la commission
avait dans ses pouvoirs d'adopter un amendement qui va complètement,
comme j'ai cru être capable de l'établir...
Le Président (M. Gauvin): Écoutez, le vote a
été appelé au moment où on se parle.
M. Tremblay (Rimouski): On a appelé le vote.
Le Président (M. Gauvin): C'est ça. M. le
secrétaire, on appelle le vote.
Le Secrétaire: Je vais commencer par M. le ministre?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: Mme Loiselle?
Mme Loiselle: Pour.
Le Secrétaire: M. Thérien?
M. Thérien: Pour.
Le Secrétaire: Et M. Bergeron?
M. Bergeron: Pour.
Le Secrétaire: M. le Président?
Le Président (M. Gauvin): Abstention.
Le Secrétaire: M. Dufour?
M. Dufour: Contre.
Le Secrétaire: M. Boisclair?
M. Boisclair: Contre.
Le Secrétaire: Et M. Bélanger?
M. Bélanger (Anjou): Contre.
Le Secrétaire: Alors, cinq pour, trois contre, une
abstention.
Le Président (M. Gauvin): Donc, la motion principale telle
que je viens de la lire a été retenue, a été
acceptée.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je demande qu'on
passe immédiatement à l'étude de l'article 1 du projet de
loi, tel qu'entendu par la motion qu'on vient d'adopter.
Étude détaillée
Le Président (M. Gauvin): Oui. Donc, j'appelle l'article 1
du projet de loi 221.
M. Boisclair: Oui, M. le Président, avant qu'on ne
débute, il est bien exact - vous pouvez peut-être rafraîchir
et indiquer aux membres de la commission - que nous avons 20 minutes par
paragraphe sur chacune des interventions. C'est ça?
M. Tremblay (Rimouski): Vous n'êtes pas obligé de
les prendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Le règlement prévoit que c'est 20
minutes par paragraphe, et non pas par article.
M. Ryan: Si vous n'avez rien à dire, suivant la doctrine
que vous évoquiez tantôt...
M. Dufour: Ah! Vous n'en avez pas tenu compte.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Vous avez raison, M. le
député de Gouin, le temps de parole est de 20 minutes...
M. Boisclair: Par paragraphe?
Le Président (M. Gauvin): ...par paragraphe...
M. Dufour: Alors, j'aimerais, avant de commencer l'étude
du projet de loi...
Le Président (M. Gauvin): ...c'est-à-dire, chaque
article.
M. Dufour: ...il y a aussi un certain nombre de règles
qui, à mes yeux, sont importantes. D'abord, il y a des intervenants qui
vont pouvoir - en tout cas, on l'établira, s'il y a lieu - qui ont la
permission ou qui pourront parler, selon les besoins de la commission, à
l'étude article par article. Normalement, c'est
celui ou ceux qui présentent le projet de loi.
Il y a aussi, à travers ça, d'autres personnes qui ont
manifesté le désir de s'exprimer. Est-ce que ces gens-là
vont pouvoir s'exprimer au besoin, comme on fait dans les projets de loi
privés? C'est assez ouvert à venir jusqu'à maintenant. On
a vu, des fois, des gens favorables et des gens défavorables qui
pouvaient s'exprimer au fur et à mesure du déroulement des
articles et des discussions.
Le Président (M. Gauvin): C'est une règle qui
nécessite, justement, l'unanimité des membres de la commission.
M. le ministre, en réponse au questionnement du député de
Jonquière.
M. Ryan: Parce que ça prendrait un consentement des deux
partis à chaque fois, il faudrait que ça soit pour des
périodes limitées. On pourrait limiter la période à
5, 10 minutes, par exemple, des choses commes celle-là, mais on ne peut
pas faire de ça une règle ouverte, parce que, ça,
ça ne serait pas conforme à nos règles. On a
dérogé aux règles, par bonne volonté. Quand un
climat est constructif, on peut faire bien des choses; on peut tout faire, dans
un parlement, sauf se river à la lettre de la règle. Mais quand
ça va mal, il faut s'en tenir à la lettre et, déjà
là, on est prêt à dépasser de bonne foi, parce qu'on
veut que ces gens-là aient l'occasion de se faire entendre de nouveau.
Je pense que le député pense en particulier à l'AESEQ. On
leur a dit qu'il y avait des choses sur lesquelles on permettrait volontiers
qu'ils soient entendus, pourvu que ce soit dans un cadre bien
délimité.
Le Président (M. Gauvin): Donc, ce que j'ai cru
comprendre... On va essayer de s'entendre. Les membres de la commission
s'entendent pour permettre au groupe mentionné, soit l'Association des
entrepreneurs de services en environnement du Québec, de se faire
entendre à chacun des articles, si les membres de la commission le
jugent à propos. Je voudrais qu'on clarifie le temps.
M. Dufour: À l'intérieur du temps. Le
Président (M. Gauvin): Pardon?
M. Dufour: À l'intérieur du temps dont on
dispose.
Le Président (M. Gauvin): À l'intérieur du
temps que nous...
M. Dufour: En fin de compte, il faut bien se comprendre. Dans les
5, 10, ou 20 minutes, il s'agira de faire la part des choses. Quand on aura la
réponse, on aura la réponse, mais ça sera pris à
même le temps de la personne qui questionne, comme c'est normal de le
faire. C'est évident, par exemple, que quand c'est celui qui
présente, à ce moment-là, il n'est pas lié par le
temps d'un bord ou de l'autre. La Régie va faire valoir son point de
vue, au besoin.
Le Président (M. Gauvin): Je voudrais clarifier.
J'aimerais qu'on s'entende sur le temps. Je ne voudrais pas qu'on ait de
débat à chacun des articles sur le temps, messieurs et mesdames,
membres de la commission. Si on me dit qu'on s'entend sur 5, 10 minutes,
ça pourrait être une règle très claire à mes
yeux, à l'intérieur du temps imparti à la commission pour
chacun. (15 h 50)
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, à
l'intérieur du temps qui nous est imparti de part et d'autre, mais pas
de temps supplémentaire en dehors des 20 minutes ou des...
Le Président (M. Gauvin): C'est ce que le
député de Jonquière avait aussi mentionné.
M. Dufour: Je pense bien que quand ils auront exprimé un
petit peu leur point de vue...
M. Ryan: Là, c'est par article. Moi, tantôt, je
consentais sur un article.
M. Dufour: Article par article.
M. Ryan: Oui. Si on veut commencer paragraphe par paragraphe, on
n'en sort pas. C'est d'un ridicule consommé, je pense qu'on s'entend
là-dessus. M. le Président, ma suggestion serait peut-être
qu'on convienne, lorsqu'on est d'accord pour entendre l'AESEQ sur un article,
que ce soit pour une période maximum de 10 minutes, comprenant les
questions, évidemment. Ça sera à chacun d'utiliser...
M. Boisclair: dans la mesure, cependant, m. le président,
où... je peux très bien concevoir que les intervenants qui
désirent se faire entendre puissent le faire pendant une période
de 5 ou 10 minutes par article, mais que d'aucune façon ça ne
nous enlève notre privilège d'intervenir 20 minutes sur chacun
des paragraphes de l'article. m. le président, moi, je tiens à
être très clair.
Une voix: Pour chacun des paragraphes, chacun des articles...
Le Président (M. Gauvin): Je vais clarifier tantôt,
si vous voulez, avant qu'on...
M. Boisclair: D'accord.
Le Président (M. Gauvin): Je vais clarifier le temps
d'intervention.
M. Boisclair: Si vous me permettez, M. le Président, notre
règlement dit que chaque par-
lementaire, chaque membre de la commission peut intervenir 20 minutes
par paragraphe. Ça, je pense que c'est une règle à
laquelle nous ne pouvons déroger. Cependant, si l'on peut aussi
s'entendre pour que, sur chacun des articles, il le fasse une fois et que les
intervenants qui désirent se faire entendre sur une période de
temps qu'on déterminera et sur laquelle on s'entendra... Par exemple, au
moment de discuter l'article 1, une fois on pourra entendre, peut-être au
début, avant d'étudier le premier paragraphe, les groupes
intéressés, mais d'aucune façon il ne faudrait que
ça nuise à notre privilège qui est d'intervenir, chaque
membre de la commission, 20 minutes sur chacun des paragraphes.
Le Président (M. Gauvin): Moi, je vous suggère que
ce soit au moment où les membres ou la commission le jugera à
propos. La suggestion du député de Jonquière - et je pense
que M. le ministre était en accord avec cette suggestion, il proposait
même 10 minutes - était à l'intérieur du temps
alloué pour chacun des articles.
M. Ryan: Sujet à consentement pour chaque article.
M. Tremblay (Rimouski): Sujet à consentement unanime.
Le Président (M. Gauvin): Sujet à consentement pour
chacun des articles, ça m'apparaît très clair aussi.
Une voix: O.K.
Le Président (M. Gauvin): Le temps de parole, on va
clarifier ça. Les 20 minutes dont disposent les membres de la commission
valent pour chacun des articles, des alinéas ou des paragraphes du
projet de loi. Je pense qu'on s'entend. C'est notre règlement. Le
ministre l'a mentionné tantôt: en commission, quand les membres de
la commission, d'un commun accord, veulent changer les règles, ça
prend le consentement. Mais on va travailler avec ce que prévoient nos
règlements. Avez-vous des suggestions, M. le ministre, autres que le
règlement?
M. Ryan: Je garde mes réflexions pour moi-même. Vous
avez raison.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Ce n'est pas toujours la chose à faire.
Le Président (M. Gauvin): J'appelle l'article 1. Et,
à ce moment-ci, si vous êtes d'accord, on a clarifié les
points...
M. Boisclair: Vous appelez le premier paragraphe.
Interprétation
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire,
excusez-moi. Je vais commencer l'article 1, le premier paragraphe de l'article
1. J'invite le président de la Régie à nous
présenter, s'il vous plaît, l'article 1, le premier paragraphe. On
devrait commencer par l'article 1 et lire le premier paragraphe. M. le
président.
M. Leduc (Michel): Ce que vous me demandez, c'est uniquement d'en
faire la lecture?
Le Président (M. Gauvin): Évidemment, pour le
moment.
M. Leduc: Ça va. L'article 1...
Le Président (m. gauvin): excusez! étant
donné que c'est votre projet de loi, je pense qu'il serait
approprié que vous nous en fassiez la lecture. si les membres de la
commission jugent à propos de vous questionner ou si vous voulez
intervenir, vous avez le droit, éventuellement.
Excusez, M. le ministre, oui.
M. Ryan: Au début, s'il veut nous donner lecture, mais,
moi, je le dispenserais d'en donner lecture. On est supposé l'avoir lu.
Si vous acceptez ça, j'aimerais mieux ça, parce que je sais que
l'Opposition a l'air de vouloir...
M. Boisclair: On est beaux joueurs, on est beaux joueurs.
M. Dufour: Qu'il nous explique de quoi il s'agit...
M. Ryan: C'est ça. Qu'il nous explique de quoi il
s'agit.
M. Dufour: ...puis, nous autres, on verra. M. Boisclair:
On va dispenser de la lecture.
Le Président (M. Gauvin): Voyez-vous, M. le
président, les membres de la commission vous simplifient la tâche
et vous demandent de nous résumer l'article 1, à vos yeux.
M. Leduc: M. le Président, je vais vous le résumer
très facilement. C'est exactement la même chose, le même
«wording», si vous me passez l'anglicisme, que notre dernier projet
de loi de 1990. Ça définit ce qu'est une municipalité
membre, ça définit ce qu'est l'entente intermunicipale et
ça définit ce qu'est la Régie. Je crois qu'on retrouve ce
même article 1 dans les trois bills privés qui nous
régissent à date, mot à mot.
Le Président (M. Gauvin): Si jamais vous aviez des
explications techniques et que vous souhaitiez faire intervenir vos procureurs,
soyez bien à l'aise, dans l'explication ou la présentation
éventuelle. M. le ministre, suite à la présentation de...
Ça va. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais exprimer notre
accord, du côté ministériel, au sujet de cet article dont
la teneur se borne à résumer des définitions
fondamentales. La définition de «municipalité
membre», je pense bien qu'il faut que ce soit une municipalité qui
est partie à l'entente intermunicipale. Il n'y a pas beaucoup de
discussions à faire là-dessus.
On pourrait souhaiter, comme l'ont fait des députés de
l'Opposition au cours des trop brèves heures qu'on a consacrées
la semaine dernière à l'entrée en matière, que
d'autres municipalités en fassent partie. J'ai essayé d'en
intéresser une en particulier au cours de ia fin de semaine. Je dois
rapporter que je n'ai pas obtenu les résultats souhaités, mais je
pense que ce n'est pas l'endroit ici. On ne remet pas l'entente en question.
C'est une entente qui est là et qui aboutit à un certain stade
dans sa réalisation, dans la réalisation des objectifs des
parties.
Entente intermunicipale. C'est l'entente du 3 décembre 1984, dont
nous avons parlé à maintes reprises, à laquelle ont
été apportées des modifications à au moins deux
reprises par des interventions législatives subséquentes de
l'Assemblée nationale, en particulier en 1988 et en 1990. La
Régie, bien, je pense bien que c'est de la tautologie, ici. C'est bon
que ça y soit, mais c'est de la tautologie; c'est toutes des choses que
nous savons.
Par conséquent, je pense que cet article-ci ne soulève
rien de litigieux, en tout respect pour les divergences qu'on voudra
enregistrer ou les besoins d'explications qu'on voudra inscrire à
d'autres stades de l'examen article par article. Je pense que cette disposition
ne suscite aucune difficulté. On pourrait peut-être évoquer
que ça modifie l'article 1 comme il existait dans la loi que nous avons
adoptée en 1990. Et, ça, ça va revenir à l'article
12. Et même, si l'Opposition, pour plus de clarté, voulait qu'on
garde celui-ci en suspens, je ne tiens pas à ce qu'on vote tout de suite
sur celui-ci, parce qu'il est un petit peu fonction de ce qu'on va
décider à propos de l'article 12. Parce que si on décidait
de rejeter l'article 12, à ce moment-là on aurait un
problème par rapport à celui-ci. Moi, je n'ai pas d'objection
à ce qu'on le garde en suspens pour toutes fins de décision.
Mais, sur le fond, je n'ai rien d'autre à dire.
Le Président (M. Gauvin): Je n'étais pas attentif,
M. le ministre. Vous proposez de suspendre un paragraphe?
M. Ryan: Non. Je veux qu'on fasse la discussion, mais que le
vote, on le garde en suspens pour quand arrivera l'heure, pour ne pas anticiper
sur des décisions qui seront prises ultérieurement, à
propos de l'article 12, en particulier.
Le Président (M. Gauvin): Merci de cette clarification,
d'avoir clarifié ce point. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. On dit dans le projet de loi que c'est la
répétition de 286. Il y a un changement tout de même assez
majeur concernant la définition du mot «déchet» comme
tel.
M. Ryan: C'est 12.
M. Dufour: Bon. Il a été, comme par hasard,
enlevé. Ce n'est pas une répétition, carrément, du
projet de loi 286 qui nous a déjà été
proposé. Je l'ai devant moi. Il y avait le deuxièmement,
où on exprimait ce qu'était un déchet, comme tel. Donc, il
semble que la Régie fasse disparaître cette
définition-là. Est-ce qu'il y a, dans cette
volonté-là, quelque chose de très clairement
exprimé ou si ça complique la vie de la Régie d'avoir
cette définition-là? Je pense que c'est un peu le sens de la
demande. Est-ce que c'est le fait que le déchet comme tel ne soit pas
défini? Il doit y avoir une raison. Avant, il l'était.
M. Ryan: M. le Président.
M. Dufour: Vous vouliez le défaire et, là,
ça disparaît.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, cette question nous
ramène justement à l'article 12. C'est à l'article 12
qu'on produit l'effet dont parie le député de Jonquière.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'on en discute en même temps.
À ce stade-ci, on fait ça souvent pour se comprendre. La question
est tout à fait pertinente, remarquez bien. Si on s'en tenait à
la lettre, on dirait qu'on va le prendre à l'article 12. Je n'ai pas
d'objection à ce qu'on le discute maintenant, et ça ferait autant
de pris pour les stades ultérieurs de la discussion.
M. Dufour: Tout de même, ça fait la
différence entre... Dans 286, H était exprimé clairement,
et dans le projet qu'on a devant nous, soit qu'on le regarde dans l'article 1
ou dans l'article 12, la définition de «déchet» est
disparue.
M. Ryan: Mais 286, vous parlez de quoi, là, vous? (16
heures)
M. Dufour: C'est ce que vous nous disiez tout à l'heure.
M. le président de la Régie nous a dit: C'est la même
chose, mais...
M. Ryan: Mais 286, ça n'existe plus, ça. On ne peut
pas se référer...
Le Président (M. Gauvin): 257.
M. Ryan: C'est à 257 qu'il faudrait se
référer, le projet qui a été adopté en 1990.
Il y a eu 286 qui a circulé pendant un temps. C'était une version
préliminaire du projet qui avait été
préparée par la Régie, mais qui n'a jamais
été prise à son compte par le gouvernement, qui n'a pas
été transmise à la commission comme telle. Par
conséquent, c'est un point de repère qui m'apparaît
irréel. Mais si vous reportez à l'article 1 de la loi 257, qui a
été adoptée en 1990, c'est là. C'est là. On
laisse tomber le paragraphe 2°, ça, vous avez raison, et c'est
l'article 12 qui en traite.
M. Dufour: Mais il a pour but la même chose. Autrement dit,
à l'article 1 vous introduisez vos définitions et, à 12,
vous enlevez la partie de la définition qui était à 257.
On peut peut-être se chevaucher dans les discussions, c'est plus
compliqué.
M. Ryan: Si on n'avait pas le 12, il aurait fallu
renuméroter ça ici; l'autre serait resté. Il aurait fallu
renuméroter à la fin.
M. Dufour: Est-ce que vous considérez actuellement, M. le
Président, que les municipalités membres, selon les discussions
qu'il y a eu ici... La ville de Dollard-des-Ormeaux, par la voix de son maire
et de son conseil municipal, nous dit: On veut sortir de la Régie.
Là, vous nous dites dans la définition: Une municipalité
partie à l'entente intermunicipale. Donc, Dollard-des-Ormeaux est
conscrite, est à l'intérieur. La demande de Dollard-des-Ormeaux
à l'effet de se retirer en l'an 1995... Là, ils ne pourront pas
le faire avec ce projet de loi. Est-ce que vous continuez à
prétendre que la Régie doit conscrire ces gens même s'il y
a une volonté exprimée qu'ils reviennent à la façon
de procéder du début à l'effet qu'ils pouvaient reconduire
leur entente de cinq ans en cinq ans? Là, actuellement, ils nous
disent... En tout cas, le projet de loi nous avait dit, au départ, que
c'était 2015, et là, on remonte à une autre période
de 15 ans. Est-ce que la volonté de Dollard-des-Ormeaux, exprimée
par son conseil et son maire, vous en tenez compte ou pas? Est-ce que ça
dérangerait la Régie s'ils étaient là ou pas
là?
M. Leduc: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc.
M. Leduc: ...comme je l'ai précisé suite à
la prestation de M. Janiszewski, la semaine dernière, le 26 mai, date
d'ouverture de la commission parlementaire, nous apprenions que la ville de
Dollard-des-Ormeaux avait l'intention de quitter la Régie, et je
réexprime ce que j'ai dit à ce moment-là. C'est que si la
ville de Dollard-des-Ormeaux veut quitter la Régie, elle doit d'abord en
faire la demande parce qu'elle est partie à l'entente intermunicipale.
Elle doit en faire la demande auprès du conseil d'administration de la
Régie, qui est composé de 26 maires. C'est à ce
niveau-là, et uniquement à ce niveau-là que nous allons
étudier les possibilités, si possibilités il y a, pour
Dollard-des-Ormeaux de se retirer de la Régie, et toutes les
compensations financières et tout le partage. On ne peut pas... Vous
vivez ça dans la question constitutionnelle. On ne se divorce pas sans
savoir comment on partage la grange, et c'est un peu la même chose. Si
Dollard-des-Ormeaux veut réellement se retirer de la Régie,
qu'elle en fasse la demande officielle au niveau du conseil d'administration de
la Régie, et c'est à ce niveau-là seulement que ça
sera discuté. Mais elle est une des municipalités qui est partie
à l'entente intermunicipale par résolution de son conseil, et en
bonne et due forme.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le président.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: En fait, je comprends que le processus que vous voulez
enclencher, c'est que les discussions se fassent à l'interne. Par
contre, le fait que ça devienne une loi, c'est que même si la
Régie disait oui, au départ, on n'aura pas de réponse
aujourd'hui parce que, si c'est par loi que c'est adopté, il ne pourrait
pas en sortir autrement que par un amendement à votre loi.
M. Leduc: Je pense que même actuellement, M. Dufour, c'est
le cas.
M. Dufour: Merci.
M. Leduc: Même actuellement, envers et contre le projet de
loi qui est devant nous actuellement, ils ne pourraient pas indûment
sortir de la Régie, c'est entendu. C'est 1 sur 26, il ne faut pas
l'oublier.
M. Dufour: En fait, c'était jusqu'en 2015, mais là,
on prolonge l'entente pour une autre période de 15 ans et ils nous ont
exprimé l'idée qu'ils voudraient sortir dans 5 ans. Donc, par
déduction, je pourrais dire que s'ils voulaient sortir en l'an 1995,
ça me semble très clair qu'en 2015, par rapport à ce qui
nous a été exprimé, ce serait un pis-aller. Ils
accepteraient de s'en sortir. Ça répondrait, au moins, à
une partie de leur demande.
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc, avez-vous des
commentaires, sinon je peux reconnaître M. le ministre qui souhaiterait
intervenir?
M. Ryan: Je pense qu'en fait une question importante à
préciser: au début, la durée de l'entente était de
5 ans, si mes souvenirs sont bons, renouvelable sur un consentement tacite des
parties. S'il n'y avait pas d'objections, elle se renouvelait automatiquement.
Maintenant, en 1988, la période de 5 ans a été
portée à 25 ans. En 1989, ça a été
porté à 29 ans et, en 1990, ça a été
porté en l'an 2015. Avec le projet ici, quelle est la proposition?
Une voix: 2030.
M. Ryan: 2030. On s'approche de l'éternité,
quoique... On verra tantôt. Là, évidemment, l'entente est
incorporée dans la loi. On l'a introduite dans la loi en 1990. Je
regarde, là, l'article 7. L'entente, avec des modifications, est
incorporée dans la loi. Par conséquent, même si la
Régie décidait de libérer la ville de Dollard-des-Ormeaux,
dont nous parlons, ou une autre de son appartenance, j'aimerais que les
conseillers juridiques nous éclairent là-dessus, mais mon
impression, c'est qu'elle ne pourra pas le faire, à moins d'une
modification à la loi.
M. Picotte (Daniel): Effectivement, M. Ryan, si la question vous
est adressée. L'état des choses, c'est que la durée est
fixée. S'il y avait des consultations à l'intérieur,
j'imagine que la ville de Dollard-des-Ormeaux devrait présenter un
projet de loi d'intérêt privé. L'initiative qu'elle a
reviendrait de droit. Elle peut toujours avoir cette faculté, mais elle
devrait, par un projet de loi d'intérêt privé,
s'adresser... Là, évidemment, les questions relatives au retrait,
au partage des coûts seraient soulevées et, s'il y a accord, bien,
ça se fait; sinon, c'est autre chose.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. Picotte.
M. Ryan: Vous autres, vous ne dites pas non à une
éventuelle requête. Vous l'examineriez à son mérite
et vous verriez, mais vous ne prenez pas d'engagement à ce moment-ci.
Vous n'êtes pas en mesure de le faire, j'imagine.
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc.
M. Leduc: C'est ça. Je suis d'accord avec M. le
ministre.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. L'an 2030, j'imagine que c'est pour faire face
à des emprunts éventuels. C'est pour les établir sur 35
ans ou 40 ans. En principe, les emprunts se font, au maximum, sur 35 ans ou 40
ans, au point de vue municipal. Je n'en ai pas vu beaucoup. La durée de
vie de l'incinérateur, c'est quoi?
M. Leduc: Bien, on a calculé, d'abord, les délais.
Dans l'an 2030, il y a d'abord les délais de construction. Il y a,
deuxièmement, 20 ans d'opération, c'est-à-dire un contrat
qui serait de 20 ans d'opération et on a calculé, de façon
très conservatrice, 5 ans d'extension, parce qu'un incinérateur,
théoriquement, ça dure plus longtemps que 20 ans, mais le contrat
serait de 20 ans. Donc, on a mis 5 ans d'extension et c'est l'ensemble de ces
trois chiffres qui constitue l'an 2030. C'est sûr que ça a des
allures d'éternité, mais...
M. Dufour: Autrement dit, à partir de maintenant, la
construction, ça pourrait être de combien d'années?
M. Leduc: On peut vous donner le décompte. Si M. le
Président le permet, Me Picotte pourrait donner le décompte.
Le Président (M. Gauvin): Me Picotte.
M. Picotte (Daniel): Le décompte, en fait, tient compte
des éléments suivants: d'abord, un avis d'exécution, un
délai d'exécution en ce sens que, supposons que nous obtenions
les permissions requises des autorités environnementales du BAPE,
à supposer que ce soit acceptable, il y a un délai de 2 ans qui
est prévu, après signature du contrat, pour donner le
préavis de commencer les travaux. Donc, vous calculez tout de suite,
vous faites une marge de temps. Tout de suite, vous dites: La première
pelletée de terre pourrait avoir lieu, théoriquement, dans 2 ans.
La durée des travaux fixée au contrat - parce que, ça
aussi, ça a été négocié avec plus de
précision depuis 1990 - est de 32 mois. C'est un
échéancier de 32 mois, ce qui donne à peu près 2
ans et 8 mois. Ajoutez à ça une provision pour imprévus
qu'on a mise d'à peu près 1 an et 4 mois, en ce sens que le
contracteur, lorsqu'il réalise des travaux de cette ampleur-là,
est tenu de respecter un horaire de 32 mois. Par contre, il peut y avoir des
événements qui le justifient d'arriver un petit peu plus tard.
Par exemple, s'il y avait des grèves dans le monde de la construction,
on ne pourrait pas lui en tenir rigueur, donc ça pourrait allonger le
délai. Donc, grève si on trouvait des restes
archéologiques, s'il y avait des conditions de sol imprévues, des
choses comme celles-là. Alors, on a provisionné 1 an et 4 mois
pour ça. (16 h 10)
Vous avez aussi une période de prolongation qui est prévue
aux contrats qui ont été négociés, maximum de 2
ans. Ajoutez à ça 2 ou 3 ans d'interface qui, contractuellement,
sont prévus entre le moment où la construction est
complétée
et le moment où les installations sont mises en route. Ces 2 ou 3
ans sont prévus parce que, naturellement, vous avez une batterie de
tests qui doivent être faits sur ces installations. Vous voulez vous
assurer que les plans ont bel et bien été respectés et que
les nonnes environnementales garanties - c'est assez complexe, je dois vous
dire - ont été respectées. Le contracteur a un
délai. On le lui accorde parce que, quand même, à ce
moment-là, rendez-vous compte qu'il a dépensé plusieurs
centaines de millions de dollars pour construire des Installations. On ne peut
quand même pas lui dire: Merci beaucoup, on ferme la porte, puis bonjour.
Il a un délai de 2 à 3 ans pour faire la preuve qu'il rencontre
les normes et, pendant ce temps-là, il est naturel... Les installations
ne fonctionneraient pas si les normes n'étaient pas rencontrées,
mais on ne peut pas sortir non plus du contrat tant que ces procédures
de réception n'ont pas été complétées.
Alors, ça vous donne 2 à 3 ans de ce
côté-là.
Ajoutez là-dessus qu'une fois que l'installation est bâtie,
là vous êtes rendu vers l'an 2000, vous avez un terme initial de
20 ans au contrat. La Régie a négocié une option de
renouvellement à son seul gré pour une période
additionnelle de 5 ans. Cela pourrait porter la durée à 25 ans,
l'idée étant de s'assurer que le contracteur fait bien son
travail et qu'à notre gré on peut lui demander, moyennant un
forfait qui sera inclus au contrat et qui sera divulgué, naturellement
qui sera discuté en audiences publiques, mais pour un montant
forfaitaire on s'est réservé un autre 5 ans. Alors, vous arrivez
avec tout ça, je pense, si vous avez peut-être fait vos calculs en
chemin, à l'an 2028, 2029 et on s'est dit: Mettez un cas fortuit, une
force majeure en plus. Franchement, on a arrondi ça à 2030. C'est
la raison pour laquelle vous vous rendez là.
M. Dufour: Non, on ne l'a pas épuisé, je fais juste
penser que c'est 10 ans de mise en marche entre la décision et la mise
en marche: 2002. Les coûts vont changer en cours de route sûrement.
Il doit certainement y avoir des places où... En tout cas, on ne parlera
pas de contrat pour le moment.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, ceci nous rapporte - je suis
obligé d'invoquer la pertinence - à l'article 16 où on va
discuter de l'extension de la durée. On a un article précis qui
traite de ce sujet-là.
Le Président (M. Gauvin): Donc, ce qu'on mentionne...
M. Dufour: En attendant, avant que l'action ne se prenne, avant
que la réalisation ne se fasse, il y a un temps très, très
long. Qu'est-ce qui se produit dans la disposition des déchets,
actuellement? C'est la continuation de ce qui se passe?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Bien oui.
M. Dufour: II n'y a aucun changement?
M. Ryan: Dans l'immédiat, il n'y a aucun changement.
Chaque municipalité va décider où elle va déposer
ses déchets.
M. Leduc: C'est la situation actuelle qui prévaudrait,
tant que les installations ne sont pas en place définitivement.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Ryan: J'allais ajouter, M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
Excusez-moi.
M. Ryan: J'allais simplement ajouter que, s'il y a des choses qui
ne sont pas claires à propos de l'article 1, on doit continuer de les
examiner évidemment, mais si c'est clair, moi, j'indiquais tantôt
qu'on n'a pas le droit tout de suite sur l'article 1 vu que c'est un article
d'encadrement qui est relié directement à l'article 12 en
particulier. Même, il y a un lien direct avec l'article 16
également et d'autres articles. Je n'ai pas d'objections à ce
qu'on garde en suspens celui-là, ce qui nous permettra d'y revenir au
moment du vote. S'il y a des choses qu'on veut clarifier, je pense que,
lorsqu'on aura fait le tour du contenu réel, on va revenir à
ça. O.K.?
Les trois points que nous gardons, 1°, 2°, 3°, sont
déjà dans la législation. Il n'y a rien de changé
là-dedans; c'est exactement ce qu'il y a là. On peut bien se
creuser les méninges pour trouver, mais c'est exactement ce qui a
déjà été approuvé par l'Assemblée
nationale. Le point qui change, c'est le paragraphe 2°, dont il est
question à l'article 12. Le reste, c'est exactement la même chose.
On peut ouvrir une...
M. Leduc: Alors, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui, pour faire suite aux
commentaires de M. le ministre, M. Leduc et, ensuite, M. le
député d'Anjou.
M. Leduc: En ce qui concerne cette plage de temps qui semble
absolument épouvantable, je suis bien d'accord, on s'est donné le
droit de mettre en marche certaines parties des installations avant cette
période-là. Il est bien entendu que le centre de tri, par
exemple, qui est une pièce maîtresse de nos installations, que
nous
avons évidemment mis aussi dans le projet global pour être
soumis au BAPE, mais qui, théoriquement, aurait pu ne pas être
soumis au BAPE, mais quand même... Le centre de tri est d'une
construction beaucoup plus facile, c'est beaucoup plus simple. Donc, nous nous
réservons le droit de mettre certaines parties des équipements en
marche plus rapidement, soit le centre de tri, le centre de compostage,
éventuellement, les équipements aussi pour les déchets
domestiques dangereux. Quand je parle des déchets domestiques dangereux,
j'aurais pu répondre à la question de M. Dufour, si à un
moment donné ça se soulève: Pourquoi la définition
de «déchet» a-t-elle été enlevée? Mais
je m'en tiens uniquement à la question temps, puisque c'est de ça
qu'on parle.
Cette longue plage de temps, certaines pièces
d'équipements pourraient théoriquement être mises en marche
avant ça, parce qu'elles sont de construction plus facile, et
sûrement dans la ligne de ce qu'on nous a prêché toute la
semaine dernière, soit la récupération-recyclage.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, juste une
question d'éclaircissement à propos du projet de loi 257 puis du
projet de loi 221 que nous avons présentement sous étude. C'est
à propos des définitions. Tout à l'heure, le ministre, je
sais qu'il en a parlé, il en a reparlé aussi par la suite, que
les définitions qu'on retrouvait dans 221 se retrouvaient
déjà dans 257.
J'aimerais comprendre. Le projet de loi 257 a été
sanctionné, il a été voté, tout ça, donc ces
définitions-là se retrouvent déjà dans la loi.
Alors, pourquoi doit-on les faire encore approuver, les ajuster? Est-ce qu'on
doit les dédoubler ou quoi? Je ne comprends pas. J'aimerais qu'on me
donne un éclaircissement sur cette situation-là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: Regardez, la seule modification qu'il y a par rapport
aux définitions qu'on retrouve encore dans la loi, ce qui est sujet
à correction de votre part à vous autres, c'est à
l'alinéa 3, quand on dit «la constitution de la
Régie». Ici, dans le texte adopté en 1990, on nommait la
Régie au complet, comme on la nomme à l'alinéa suivant. On
ne la nomme pas une deuxième fois, c'est tout. La seule chose qui
disparaît, c'est l'alinéa 2°. Il disparaît par la vertu
de l'article 12 qu'on va regarder tantôt.
M. Bélanger (Anjou): Mais, M. le Président, ce que
je ne comprends pas... Est-ce qu'on ne devrait pas commencer par demander que
les définitions qui sont dans 221 viennent remplacer celles qui
étaient prévues dans 257?
M. Ryan: Oui, mais là...
M. Bélanger (Anjou): Parce que le fait qu'on va passer en
loi les définitions comprises dans 221, qu'est-ce qui va advenir
à ce moment-là des définitions qui étaient
comprises dans 257? Normalement, on doit... Il me semble que, quand on a de
nouvelles définitions qui viennent, on annule les anciennes ou en tout
cas...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre va vous
répondre.
M. Ryan: Regardez, ça, ce sont des questions techniques et
législatives. Sunt multi doctores. Il n'y a pas seulement une
thèse, il y a plusieurs thèses qui peuvent l'emporter. On aurait
pu procéder autrement. Cette fois-ci, il a été jugé
opportun de procéder comme ceci: on reconstitue l'article 1 comme on
voudrait le voir.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que quelqu'un pourrait me
renseigner finalement sur cette thèse-là?
M. Ryan: On vous donne l'explication. Ce n'est pas
nécessaire de faire venir le pape pour ça. C'est des choses
élémentaires.
M. Bélanger (Anjou): Ah! Le pape, je n'ai pas vraiment
besoin du pape, peut-être rien que de celui qui a défini cette
thèse-là.
M. Ryan: Regardez, ce qu'on vous dit, c'est que l'alinéa
qui tombe, il va en être disposé à l'article 12.
M. Bélanger (Anjou): Oui. Oui, à propos de
«déchet», là.
M. Ryan: Oui, oui. Le reste, il y a seulement une petite
modification de forme. Une petite modification de forme là...
M. Bélanger (Anjou): Oui, parce que l'article...
M. Ryan: II y a le nom complet de la Régie qui
apparaît seulement une fois au lieu de deux fois.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Ryan: II y avait de la répétition, il
apparaît seulement une fois. Quand tu prends la peine d'avoir un
alinéa pour l'identifier par son nom, ailleurs tu la mentionnes sous le
nom de la Régie puis ça finit là. C'est tout.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
répond à votre question, M. le député d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Non, pas tout à fait.
L'article 12, finalement, tout ce qu'il fait, c'est qu'il enlève la
définition comprise au deuxième alinéa, la
définition de «déchet». Si je comprends bien,
l'article 12, c'est sa seule portée. Il ne touche absolument pas aux
autres définitions qui étaient comprises dans le projet de loi
257. Alors, qu'est-ce qui arrive avec les définitions qui étaient
là? J'ai peur qu'on arrive avec quelque chose d'invraisemblable et qu'on
se retrouve avec des dédoublements de définitions.
Il faudrait, je pense, absolument demander, à ce
moment-là, que les définitions comprises au projet de loi 221
remplacent celles contenues dans 257. Je pense que cela va de soi.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales. (16 h 20)
M. Bélanger (Anjou): Je ne pouvais pas comprendre la
thèse qui est invoquée, à moins qu'elle ne soit
canonique.
Le Président (M. Gauvin): II y a aussi M. Leduc, oui,
votre commentaire.
M. Leduc: avec votre permission, m. le président, je
passerai la parole à m. picotte, qui a une explication sur ce fameux
article 1. il est question de concordance.
Le Président (M. Gauvin): M. Picotte.
M. Picotte (Daniel): Si vous me permettez, M. le
Président. Tout simplement, c'est qu'à l'article 1 vous notez
qu'il débute par les mots «Dans la présente loi». Or,
la loi 257 disait fatalement «Dans la présente loi».
Lorsqu'on se présente maintenant, en 1992, il est sûr que
l'article 1 de la loi 257 ne pourrait pas s'appliquer à la loi 221,
puisque l'article 1 de la loi 257 disait «Dans la présente
loi.» Il faut donc lire «Dans la loi 257». Ce qu'on a voulu
faire à l'article 1 ici de la loi 221, c'est de dire «Dans la
présente loi», et vous aurez noté que les alinéas
1°, 2° et 3° reproduisent textuellement ce qu'on avait dans l'autre
parce qu'on voulait rendre ça applicable à notre texte comme il
est là.
Il est bien sûr que l'entente intermunicipale, c'est tel qu'elle
se lit aujourd'hui, en 1992. Alors, humblement, c'est ce que nous avons
tenté de faire lorsque nous avons rédigé cet
article-là.
Le Président (M. Gauvin): Si on comprend bien, vous les
reproduisez, vous les reprenez pour les identifier à la loi 221.
M. Picotte (Daniel): Exactement. Pour les fins de la loi 221,
pour les fins spécifiques aujourd'hui de la loi 221.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Une question à Me Picotte. Si
je comprends bien, le projet de loi 221 ne crée pas une nouvelle loi. Il
vient modifier la loi existante, c'est-à-dire la Loi concernant la
Régie intermunicipale... Cette loi existe déjà. On ne
l'abroge pas. on modifie certaines définitions seulement.
M. Picotte (Daniel): Pour répondre à votre
question, les définitions qui sont ici servent à
l'interprétation des articles 2 et suivants de la loi 221 d'aujourd'hui.
Lorsque vous regardez l'article 2, par exemple, il ne modifie pas la loi de
1990 d'aucune manière. C'est une disposition réglementaire
additionnelle. C'est un pouvoir additionnel, différent, qui ne modifie
pas techniquement ce qui existait en 1990. C'est comme si je disais, par
exemple, qu'on donne un pouvoir en matière de déchets domestiques
dangereux. C'est une nouvelle disposition. Ça ne modifie pas ce qui
existait. Donc, l'article 1 sert tout simplement à introduire les autres
articles et à préciser ce qu'on entend. Autrement, le lecteur
lirait «La Régie» et se demanderait: Mon Dieu, c'est qui, la
Régie? si on ne mettait pas l'article 1.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): ...à la question des bienfaits
des définitions. Si vous aviez été là la semaine
dernière... Étiez-vous là, la semaine dernière,
quand j'ai parlé des définitions?
M. Picotte (Daniel): Je vous ai écouté
religieusement.
M. Bélanger (Anjou): Alors, comme vous le savez, j'ai fait
un long laïus sur l'importance des définitions dans un projet de
loi. Donc, ce n'est pas moi qui vais vous reprocher de définir des
termes dans un projet de loi. La seule question que je me pose, c'est que,
là, vous me dites... Si je suis votre raisonnement, les
définitions valent uniquement dans le cadre du projet de loi 221. C'est
ça que vous me dites? Donc, ces définitions-là ne peuvent
pas servir dans le cadre du projet de loi 257 ou des autres projets de loi
qu'il y avait là. C'est ça?
M. Picotte (Daniel): Exactement.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que je comprends aussi que le
projet de loi 221 vient finalement rendre complètement désuets et
remplace complètement les deux projets de loi
qui avaient été adoptés auparavant?
M. Picotte (Daniel): Non, monsieur.
M. Bélanger (Anjou): Non?
M. Picotte (Daniel): II ne les consolide pas. Il s'y ajoute, cher
confrère.
M. Bélanger (Anjou): II s'y ajoute.
M. Picotte (Daniel): Ce n'est pas une consolidation, c'est des
dispositions qui s'ajoutent à ce qui existait déjà.
M. Bélanger (Anjou): Donc, les définitions qui sont
contenues dans le projet de loi 221 peuvent venir influer sur ce qui ne serait
pas modifié des anciens projets de loi 257 et...
M. Picotte (Daniel): non, elles ne pourraient pas influer sur ce
qui existait parce qu'il faut lire attentivement les quatre premiers mots
«dans la présente loi».
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Picotte (Daniel): Donc, «Dans la présente
loi» exclut le 257 et ceux qui ont précédé,
voyez-vous? C'est un article temporel, c'est un article à valeur
temporelle, dans le temps. Il dit: «Dans la présente loi».
En d'autres termes, lorsque les articles 2 et suivants arrivent, voici ce qu'on
veut dire.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Picotte (Daniel): Et ça s'adonne que, naturellement,
par souci de constance, les confrères du ministère des Affaires
municipales et nous avons pensé nous servir des mêmes mots, des
mêmes expressions de la même manière.
M. Bélanger (Anjou): D'accord, je comprends.
Le Président (M. Gauvin): Ça complète votre
questionnement, M. le député d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): J'aurais une autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Tout à l'heure, on a fait
mention des différents scénarios possibles concernant le retrait
de municipalités. Est-ce que je dois comprendre qu'on n'a jamais
réellement pensé au scénario éventuel du retrait
d'une municipalité à l'entente, ou là on pense tout haut
maintenant que le cas pourrait peut-être survenir?
Le Président (M. Gauvin): M. Picotte.
M. Picotte (Daniel): Je peux vous donner des réponses
d'ordre technique. Je m'en voudrais de vous engager sur des voies qui ne sont
pas les miennes. Vous avez le privilège, vous, d'avoir deux chapeaux:
l'un politique et l'autre plus juridique. Lorsqu'on fait naturellement une
entente du type de celle-là, il faut bien comprendre que nous devons,
par exemple, aller au marché du financement. Tantôt, on a
provisionné du temps pour être sûrs que notre Régie
durait le temps voulu pour accomplir ces objets et l'entente qu'elle voulait
réaliser. De la même manière, lorsque vous avez 26
municipalités, vous signez des engagements, au nom de contribuables, qui
«engagent» un certain volume de déchets, je pense que vous
dites, d'entrée de jeu: Le contrat est ferme pour l'entrepreneur, pour
une durée de 20 ou 25 ans. De la même manière, votre
tonnage à vous, vous le pensez, vous le concevez en fonction du tonnage
de 26 municipalités. Si l'une veut se retirer, je pense qu'il faut
regarder des choses comme non seulement le partage des frais encourus
jusqu'à maintenant, mais aussi combien vont coûter des
installations qui ont été conçues pour elle et qui ne
seraient pas utilisées par cette dernière. Ça devient
extrêmement complexe. On ne pouvait pas, d'avance, essayer de deviner
comment on ajusterait les installations. Ça dépend du volume. Si
c'est une toute petite municipalité, ça cause des
inconvénients mineurs; si c'est une municipalité importante...
Vous parlez de Dollard-des-Ormeaux, c'est 40 000, 45 000 tonnes,
peut-être, par année. Alors là, ça devient quelque
chose sur un tonnage de 500 000 ou 600 000 tonnes. Vous parlez de près
de 10 %, vous parlez quand même d'entre 5 % et 10 %. Ça
deviendrait significatif et il faudrait négocier tous ces
arrangements-là, sur un plan technique. C'est pour ça qu'on ne
l'a pas prévu techniquement, parce qu'on ne pouvait pas voir
ça.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Cette question s'adresse
peut-être à M. Leduc. À cause de tous ces impératifs
au niveau du tonnage et tout ça - je comprends qu'ils peuvent
paraître compliqués - qu'il y ait des retraits de la part de
certaines municipalités membres, mais est-ce que vous avez une assez
grande marge de manoeuvre pour, justement, pouvoir accueillir de nouvelles
municipalités dans votre Régie? Est-ce que vous souhaitez de
nouvelles municipalités ou...
M. Leduc: Votre question est à double volet. Pour
répondre à la première partie de votre question...
M. Bélanger (Anjou): Oui, allez.
M. Leduc: ...non, nous n'avons pas prévu de
mécanisme de retrait, pas plus que le législateur n'a
prévu un mécanisme de retrait quand il a fait la CUM, en
1970.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Leduc: C'est une Régie. Elle a été
formée pour rendre possible, malgré les aléas de
politiciens qui changent tous les quatre ans, la gestion des déchets et
l'enlever du vent capricieux des différentes équipes politiques
qui peuvent en venir à diriger une municipalité. Non, il n'y a
pas de mécanisme de retrait. Si la ville de Dollard-des-Ormeaux voulait
poursuivre, je peux vous garantir qu'on regarderait très
sérieusement la possibilité, on l'étudierait, mais les
chances sont bien minces... Je ne peux donner d'autres exemples que la CUM. Il
y a beaucoup de monde qui voudrait se retirer de la CUM. Demandez à Mme
Danyluk ce qu'elle pense de la CUM. Vous l'avez vu dans les journaux,
d'ailleurs, mais je ne pense pas qu'elle puisse se retirer de la CUM.
La deuxième partie de votre question, c'est: Est-ce qu'il est
possible, dans notre projet, d'accueillir d'autres municipalités? Notez
que là où on s'est le plus posé la question, c'est en ce
qui concerne notre grosse voisine, la ville de Montréal, dans la plus
grande partie de nos installations, dont le centre de tri, que je peux donner
en exemple, qui sera un centre de tri qui n'aura qu'un seul exemple en
Amérique du Nord et dans le Rhode Island, de par sa flexibilité
et de par son modernisme, de par son efficacité. Le centre de tri
pourrait, oui, accueillir d'autres municipalités aussi grosses que
Montréal au complet. Au niveau du compostage, il y a des
possibilités, etc. Oui, il y a des possibilités d'accueillir
d'autres municipalités, mais nous, quand on parle d'autres
municipalités, on pense surtout à Montréal-Une voix:
...sur l'île.
M. Leduc: ...sur l'île; à l'extérieur de
l'île, selon la mécanique - je m'excuse, M. le Président -
le principe même qui était à l'origine de la Régie,
c'est-à-dire la non-exportation des déchets, si nous appliquons
à nous-mêmes ce principe de non-exportation des déchets,
d'accueillir des municipalités de l'extérieur de 111e, ça
voudrait dire qu'à l'extérieur de l'île elles pourraient,
elles, exporter leurs déchets. Alors, il y a comme une espèce de
contradiction. Excusez-moi d'avoir été long.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. Leduc. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Moi, ce n'est pas
nécessairement, M. le Président, relativement à
Montréal que je pensais, mais aussi relativement à
Montréal-Nord, qui est beaucoup plus petite que Montréal et qui
n'est pas membre de la Régie. Est-ce que Montréal-Nord pourrait,
elle aussi, se joindre, si elle le voulait ou...
M. Leduc: Je peux vous répondre. Je sais que vous avez
exprimé, la semaine dernière, le désir d'avoir ici M.
Ryan, le maire de Montréal-Nord, et qu'il vous a envoyé une
correspondance disant qu'il ne s'opposait pas à la loi 221.
Effectivement, Montréal-Nord ne fait pas partie, au sens strict de la
Régie... Les raisons sont un peu spéciales. Il faut
connaître M. Ryan - le frère -pour...
Des voix: Ha, ha, ha!
(16 h 30)
M. Leduc: ...comprendre. C'est que la façon dont sont
répartis les coûts à l'intérieur de la Régie,
soit 50 % population, 50 % évaluation, c'est une formule qui n'a pas
l'air de plaire beaucoup à M. Ryan. Mais il nous a permis de calculer
tous ses volumes; tout le projet de la Régie est basé en
calculant les volumes de Montréal-Nord. Quand on parle de nos 650 000
tonnes, les volumes de Montréal-Nord sont inclus. C'est avec la
permission du maire de Montréal-Nord que nous avons pu bâtir tous
nos scénarios, nos simulations en utilisant ces volumes de
déchets produits. Cela veut dire qu'éventuellement
Montréal-Nord deviendra, selon des techniques financières qui
seront à discuter, membre de la Régie intermunicipale de gestion
des déchets sur l'île de Montréal. Ça, le principal
intéressé pourrait vous dire sa non-indifférence par
rapport au dossier de la Régie.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète votre questionnement?
M. Bélanger (Anjou): Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: Comme complément d'information à propos
des déchets en provenance d'une municipalité non membre, dans une
modification qui a été apportée à l'entente par la
toi de 1990, la loi 257, il est prévu que le système de gestion
des déchets mis en oeuvre par la Régie puisse aussi desservir,
outre les municipalités parties à l'entente, des
municipalités qui ne sont pas liées à l'entente, de
même que toute autre personne, selon que la Régie l'estime
à propos et aux conditions qu'elle détermine. Ça, c'est un
pouvoir qu'elle a, qui n'est pas modifié par le projet de loi que nous
avons.
Le Président (M. Gauvin): Si ça complète les
interrogations ou le débat à l'article 1 et ses paragraphes...
Non?
M. Dufour: II faut que vous appeliez paragraphe par
paragraphe.
Le Président (M. Gauvin): Oui. Est-ce qu'on appelle le
paragraphe 1°?
M. Dufour: Oui, le paragraphe 1 °.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: On parle d'une municipalité membre, d'une
municipalité partie à l'entente intermunicipale. J'ai bien
compris que l'on prolonge, à travers ce projet de loi, et c'est
important de bien regarder qui sont les membres de la Régie. Pour
être membre actuellement, on a la définition ici, dans le projet
de loi, qui existait aussi dans les lois antérieures, c'étaient
les municipalités parties à l'entente du 3 décembre 1984 -
et on y reviendra par après - mais, actuellement, il y a une
reconduction qui s'est faite de cinq ans en cinq ans, qu'on a remise à
l'an 2015 et que l'on a reconduite une autre fois à 2030. Donc, il n'y
pas d'action directe d'accomplie. Il y a des actions qui ont été
commencées, mais il n'y a pas de finalisation d'actions.
Tout à l'heure, je pense que ça démontre aussi
l'importance du questionnement qu'on a fait avec la Régie, c'est que
l'incinérateur dont on parle ne pourra pas être en fonction, ou si
peu, avant l'an 2002 ou 2003, selon les propos mêmes des intervenants.
Cela veut dire qu'actuellement on définit comme municipalité
membre celle qui fait partie de la Régie. Déjà, il y a une
municipalité qui a manifesté le désir de s'en retirer en
l'an 1995. Donc, si on voulait, si je me fie à l'article 468.49,
prolongation de l'entente, on parie vraiment des ententes intermunicipales.
À l'article 468.49, il y a une prolongation de l'entente. On dit:
«Toutefois, lorsque l'intéressé démontre que, pour
des raisons exceptionnelles, l'intérêt des contribuables serait
mieux servi par le maintien de la Régie, le ministre peut
décréter ce maintien et la prolongation de l'entente pour une
période qui ne peut excéder celle de l'entente
originelle.»
Je comprends que, ça, c'est une entente intermunicipale, ce n'est
pas un projet de loi tel qu'on a devant nous. Mais si je prends, par extension,
la façon dont on procède dans une entente municipale qui n'est
pas réglementée par une loi, à ce moment-là, il
serait possible, à cause de ce qui entoure ce projet de loi... Si on
pouvait dire aujourd'hui, sans causer préjudice à l'ensemble des
municipalités, qu'au moment où on se parie, où il n'y a
pas de contrat de signé, une municipalité pourrait se retirer du
projet de loi ou de l'entente sans qu'on cause un tort irréparable...
Autrement dit, il y a tellement de temps entre le moment où on passe la
loi et le temps de la mise en opération et les coûts, c'est
évident qu'il y aurait une pénalité pour la ville de
Dollard-des-Ormeaux si on acceptait qu'elle se retire. Il y a des coûts
qui ont été engagés clairement. Mais si le conseil
municipal persiste et vient nous dire carrément qu'il veut se retirer
à partir de l'an 1995, on pourrait accepter qu'il se détache de
la Régie, même à partir d'aujourd'hui ou à partir de
l'approbation du projet de loi. À ce moment-là, c'est
évident qu'on peut toujours passer en disant: Passez par les canaux
habituels. Mais il serait trop tard, à mon point de vue. Le jour
où on accepte le projet de loi, on accepte que les ententes soient
reconduites, mais je pense que ce serait difficile pour une municipalité
de se retirer.
C'est important que le membre soit bien défini et c'est important
de savoir que, si on accepte la définition, c'est que toutes les parties
prenantes à cette Régie ou à cette entente deviennent
membres ipso facto. Donc, ils continuent à le faire. Pour moi, il y a un
élément important qui est arrivé en cours de route. C'est
que les premières ententes, il n'y a pas eu d'opposition puisque... Je
pense bien que c'est comme dans n'importe quoi. On sait un jour qu'on va
mourir, mais on s'en préoccupe plus quand on sait qu'il ne nous en reste
pas longtemps. Dans la vie, c'est pareil. On se préoccupe, on sait bien
qu'il y aura un élément qui va se produire même s'il est
désagréable. Bon, on recule ça dans le temps et c'est un
phénomène normal. Je ne vois pas le comportement de groupes
différents d'un groupe particulier parce que, quand on signe une entente
parce que ça va durer 40 ans, c'est long, 40 ans, mais rendu à la
37e, 38e année, il y a quelqu'un qui dit: Bien, coudon, ce n'est pas si
pire que ça, on est rendus là, on ne s'en occupe plus trop, trop.
Mais il demeure qu'actuellement la définition qu'on est en frais de
donner, qui est la même, je l'admets, que ce qu'elle était
antérieurement dans les lois précédentes, dans les lois
amendées, mais il y a, à cet article, à 468.49, tout de
même, des éléments qui nous permettraient de dire ou
d'affirmer - j'aimerais mieux qu'on l'écrive - qu'une
municipalité qui nous a manifesté son
désintérêt, son désintéressement pour la
Régie intermunicipale, pourrait se retirer et que ça se fasse
dans les normes.
Il y a aussi l'autre facette qui n'est pas exprimée. Je ne l'ai
pas vue et j'imagine que ça doit être quelque part. Je l'ai
peut-être perdue dans le temps. C'est: Est-ce qu'il y a, dans la question
de la municipalité membre, une municipalité qui n'a pas fait
partie de l'entente originelle? Est-ce qu'elle pourrait se joindre à la
Régie pour le même temps sans qu'on touche à la loi comme
telle? Autrement dit, est-ce que Montréal-Nord - et ça, c'est une
question directe - qui exprimerait le désir de faire partie de la
Régie, pourrait le faire dans le contexte actuel sans qu'on ait besoin
d'un amendement à la loi? Parce que ça, ça me semble aussi
important, c'est une grosse municipalité, c'est un gros
village.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: II y a des adhésions pour lesquelles on n'est pas
obligé de venir ici. On n'est pas obligé de venir ici. Ils ont
leur entente...
M. Dufour: La longueur du temps. Même pour la longueur?
M. Ryan: La longueur du temps, ça a été
déterminé par législation à trois reprises.
Là, on va le faire une quatrième fois.
M. Dufour: Vous me dites qu'actuellement une municipalité
pourrait adhérer à la Régie et dire dans son
règlement que c'est jusqu'en 2030?
M. Ryan: Regardez l'article 9.1 et vous me corrigerez si je me
trompe...
M. Dufour: Dans la loi actuelle, c'est ça?
M. Ryan: De l'entente au complet. Le texte de l'entente au
complet. Vous ne l'avez pas. On peut vous le procurer; vous devriez l'avoir. Y
a-t-il moyen d'en faire tirer une copie?
M. Dufour: On l'a au complet? O.K. Je pense qu'on l'a, M. le
ministre. Je ne veux pas faire de... Le 9.1.
M. Ryan: L'article 9.1 indique: «La corporation municipale
désirant adhérer à l'entente adopte une résolution
à cet effet et conclut avec la Régie une entente devant
comprendre des conditions non prévues à la présente
entente. Cette entente est autorisée par résolution de la
Régie et de la corporation municipale.»
Ensuite: «L'entente qui a été ainsi conclue doit
être approuvée par résolution du conseil municipal de
chacune des corporations parties à l'entente avant d'être
transmise pour approbation au ministre des Affaires municipales, lequel pourra
délivrer un nouveau décret le cas
échéant.»
M. Dufour: O.K. Je comprends que c'est pour l'adhésion
supplémentaire, mais est-ce que ça les met parties de la
Régie? Ça peut les mettre parties de l'entente, mais est-ce que
ça les met dans la Régie comme telle avec tous les pouvoirs et
les devoirs?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Dufour: Ou si c'est seulement pour cinq ans? (16 h 40)
M. Ryan: Je vais laisser répondre les représentants
de la Régie parce que je ne veux pas avoir l'air de m'instituer comme
leur porte-parole. Je vais laisser répondre les représentants de
la Régie à cette question.
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc.
M. Leduc: Je dois vous dire, M. le Président, que, quand
cette entente-là a été entérinée, la
Régie n'était constituée, je crois, que de 12
municipalités seulement, et les municipalités qui se sont jointes
après la date de cette entente-là ont suivi ce qui est
décrit à l'article 9. Maintenant, la Régie est
constituée de toutes les municipalités de IHe autres que
Montréal. Mais en 1985, si je me rappelle bien... Non, au 3
décembre 1984, nous n'étions, si je me rappelle bien, que 12
municipalités, et toutes les autres se sont jointes en se servant des
paramètres décrits dans l'article 9.
Le Président (M. Gauvin): Merci de cette précision,
M. Leduc. M. le député de Jonquière, est-ce que ça
répond à votre... Oui?
M. Dufour: Pour le moment, oui.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça clarifie le
paragraphe 1°? M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Non, M. le Président. J'ai un certain nombre
de commentaires sur ce paragraphe du premier article. Je comprends bien, des
explications qui nous ont été fournies par les
représentants de la Régie, qu'il s'agit d'un article temporel qui
reprend, finalement, les mêmes définitions qu'on retrouve dans le
projet de loi et dans les textes qui ont été
étudiés par les différentes commissions et par
différents parlementaires. Je pense aussi qu'il est important de... La
raison, finalement, qui motive la présence de cette définition,
c'est pour éviter qu'à chaque fois on ne répète
qu'une municipalité est partie à l'entente, parce qu'on aurait
très bien pu, à chacun des articles de loi, reprendre la
définition tout au long.
Donc, finalement, ce qui a surtout guidé le législateur
dans la présentation de cet article, c'est pour éviter une
répétition, ce qui est conforme, sans doute, à la pratique
de rédaction des lois, parce qu'on aurait très bien pu le faire
à chacun des articles où on présente l'expression... On
aurait pu mettre l'expression... Au lieu de mettre «municipalité
membre», on aurait très bien pu mettre «une
municipalité partie à l'entente intermunicipale». Je
conçois qu'il peut être aussi intéressant de discuter
déjà de la substance au sujet des préoccupations que mon
collègue, le député de Jonquière, a
soulevées. Quant à moi, je me limiterai à souligner
qu'effectivement il faudra revenir tout à l'heure sur l'article 12,
discuter de la question des déchets. Mais, à ce moment-ci, je
pense que les préoccupations que mon collègue, le
député de Jon-
quière, a fait valoir devraient être celles qui
nous guident, et que d'aucune façon cette définition ne vient
limiter la portée ou l'interprétation qu'on pourrait donner
à l'entente qui lie les municipalités à la Régie.
Donc, en ce sens, ce paragraphe me semble conforme, et on pourrait
peut-être procéder au second.
Le Président (M. Gauvin): Donc, j'appelle le paragraphe
2° de... Ce que j'ai compris, c'est que le paragraphe 1° est suspendu.
Ou est-ce qu'on doit l'adopter...
M. Boisclair: Nous suspendons. On va suspendre l'article à
la fin de chacun des paragraphes.
Le Président (M. Gauvin): Oui. Mais il faut
préciser si on l'adopte ou si on le suspend, le paragraphe.
Une voix: On l'adopte présentement.
Le Président (M. Gauvin): On adopte le paragraphe?
M. Boisclair: cependant, avant de discuter de... on me souligne
là... j'avais oublié de le faire. on me souligne un amendement,
m. le président. peut-être que mon collègue, si son temps
de parole lui permet de le faire, pourrait présenter l'amendement, sinon
je pourrais le faire en son nom.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on est toujours au
paragraphe 1°?
M. Boisclair: Oui, c'est ça, mais mon
collègue...
M. Dufour: On l'amenderait par l'article 1.1.
Le Président (M. Gauvin): Écoutez...
M. Dufour: Ça serait que...
Le Président (M. Gauvin): ...moi, je suis ici pour vous
écouter.
M. Dufour: Oui. C'est Loi concernant la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal. L'article 1 du projet de loi 221, Loi concernant la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal, est amendé par l'insertion, après le paragraphe
1°, du paragraphe suivant: «1.1 "déchets": un déchet
solide au sens du Règlement sur les déchets solides (R.R.Q.,
1981, chapitre Q-2, r. 14), et de la Loi sur la qualité de
l'environnement (L.R.Q., chapitre Q-2).»
Le Président (M. Gauvin): On ne s'est pas compris ou on ne
s'est pas entendus. J'aurais aimé qu'on me précise de quelle
façon on dispose du paragraphe 1 ° pour revenir à votre
motion.
M. Boisclair: M. le Président, c'est très simple.
Le ministre a proposé, tout à l'heure, qu'on suspende l'article 1
dans son ensemble lorsqu'on aura étudié chacun des paragraphes,
compte tenu du contenu de l'article 12. Maintenant, nous désirons, par
cet amendement, prendre déjà des précautions, comprenant
bien qu'on va suspendre le vote, mais on voudrait, immédiatement, quitte
à suspendre quelque chose... On préférerait plutôt
suspendre l'article 12 lorsque viendra le temps. On voudrait préciser
immédiatement un amendement à l'article 1 pour éviter, M.
le Président, que si jamais...
Le Président (M. Gauvin): Écoutez...
M. Boisclair: ...on rejetait l'article 12, on ne puisse à
tout le moins venir modifier l'article 1 immédiatement.
Le Président (M. Gauvin): Là, vous êtes
après m'expliquer ce qui vous motive à présenter une
motion, mais, moi, j'ai la responsabilité de recevoir des membres de
cette commission de quelle façon on dispose du paragraphe 1°. C'est
ce que j'aurais dû faire carrément avant qu'on ne me
présente cette motion. Est-ce qu'on suspend le paragraphe 1° ou si
les membres de la commission sont prêts à adopter le paragraphe
1°? C'est ce que je devrais...
M. Boisclair: On veut l'amender, M. le Président. On vous
propose un amendement. Votre responsabilité, c'est de statuer sur la
recevabilité ou non de l'amendement.
Le Président (M. Gauvin): La recevabilité de
l'amendement.
M. Ryan: Là, vous posez un problème. On va voter
carrément. On va voter.
M. Boisclair: On sera obligés de voter.
M. Ryan: Oui, on va voter après. On ne niaisera pas.
Ça va être correct, ça. Pas de problème. Ici, M. le
Président, nous avons un texte d'amendement qui est proposé. Il
va falloir que le président se prononce sur la recevabilité.
Le Président (M. Gauvin): Je vais suspendre une minute ou
deux pour prendre connaissance, approfondir la présentation de
l'amendement.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
(Reprise à 16 h 56)
Le Président (M. Gauvin): On prévoit un
nouvel article qui serait 1.1... excusez, un paragraphe. Donc, je
demande encore aux membres de la commission: Est-ce qu'on suspend le paragraphe
1° ou est-ce qu'on est prêt à adopter le paragraphe 1 ° de
l'article 1 ?
M. Dufour: M. le Président, si on est pour l'adopter, je
voudrais être très clair là-dessus, je
préférerais qu'on le suspende. Si on est pour en disposer, je
voudrais vous réitérer ou demander pourquoi en
définissant, surtout les membres qui sont là actuellement,
d'autres membres qui pourraient s'ajouter, il n'y a pas de droit de
retrait?
Pour être bien clair, lorsqu'on a entendu la ville de
Dollard-des-Ormeaux, par la voix de son maire et aussi par la résolution
de son conseil municipal, elle a demandé carrément de s'enlever
en 1995. Quant à moi, je vois bien que, si on continue comme on est
parti là, c'est qu'on exige que la ville de Dollard-des-Ormeaux,
malgré ses prétentions, malgré son voeu ou malgré
sa résolution, demeure 15 ans. Pourtant, au moment où on se
parle, on pourrait lui permettre de se retirer sans faire trop de dommages. Et
ça, c'est évident que je ne proposerais pas d'amendement
concernant la ville de Dollard-des-Ormeaux, mais le ministre des Affaires
municipales, par son pouvoir, pourrait accepter que la ville de
Dollard-des-Ormeaux puisse se retirer du projet. C'est évident avec la
pénalité que ça comporte, puisqu'elle a été
membre de la corporation depuis le début et qu'elle a des coûts
engagés... Pour les coûts engagés, je pense qu'on ne
pourrait pas libérer la ville de Dollard-des-Ormeaux. Pour les
coûts futurs, oui, on pourrait la libérer, parce que
l'incinérateur ou l'instrument de disposition des déchets qu'on
propose va être en fonction seulement vers l'an 2000 ou 2002. Donc, on
pourrait permettre facilement, ou difficilement, mais on pourrait permettre, si
c'est la volonté du ministre, qu'un membre puisse se retirer, qui
s'appelle Dollard-des-Ormeaux, qui nous a exprimé très clairement
son désaveu par rapport à l'entente intermunicipale qu'on a
devant nous. Ça, ça me semble un élément
très valable, défendable et discutable.
Je comprends que ça puisse causer certains problèmes,
certaines anomalies, mais il n'y a rien que le législateur ne puisse
faire si c'est sa volonté.
Le Président (M. Gauvin): J'aimerais vous rappeler, M. le
député de Jonquière, qu'on débat toujours au
paragraphe 1°.
M. Dufour: Le paragraphe 1°, je le sais vraiment. On
définit les membres.
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc. M. le
président.
M. Leduc: Le retrait d'une municipalité, M. le
Président, de l'importance de Dollard-des-Ormeaux nous obligerait
à tout recalibrer le projet au complet. C'est quand même des
volumes assez importants et c'est tout le projet qui devrait être revu
dans son ensemble. Autre petit point rapidement, je me permets de corriger la
date. Mon éminent collègue à droite est un juriste qui a,
dans sa définition des dates, au début, donné des
bretelles, des ceintures, des gaines, un peu de tout au point de vue - je ne
sais pas comment tu as appelé ça - des espèces de
périodes de protection, quand il parle de l'an 2000 et je ne sais
quoi.
M. Dufour: 2002.
M. Leduc: II y a un scénario qui est très
réaliste et on doit voir ce scénario par rapport au prêteur
éventuel, puis à toute la structure financière qu'il va
falloir bâtir autour de ce projet-là. Donc, on doit
prévoir, comme Me Picotte, le pire scénario. Mais il y a un
scénario réaliste aussi qui parle d'un incinérateur qui
serait construit en 1996. Donc, le scénario de Me Picotte, c'est le
scénario d'un avocat qui prévoit à peu près le
pire: trois grèves de la construction, un sol contaminé, des
sites archéologiques où on trouve le squelette de Samuel de
Cham-plain.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Leduc: Mais un scénario réaliste, c'est un
scénario qui est 1996. En ce qui concerne le retrait de
Dollard-des-Ormeaux, je pense que ça ne doit pas être
traité à la légère. C'est une ville sur 26 et de
tout recalibrer ce projet-là, ça commence à vouloir dire
quelque chose.
Le Président (M. Gauvin): Merci. M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Ryan: Regardez, M. le Président, je ne pense pas que
nous soyons ici pour régler ce problème-là aujourd'hui. Il
y a une série de modifications à des lois antérieures qui
nous sont proposées à l'entente elle-même, mais on n'est
pas ici pour tout remettre en question. Nous n'avons pas été
saisis d'une demande officielle de la ville de Dollard-des-Ormeaux
jusqu'à ce jour. Le maire a donné une indication l'autre jour
qu'une résolution aurait été adoptée. Je n'ai pas
reçu le texte comme ministre des Affaires municipales à ce
moment-ci.
M. Dufour: II a déposé le texte ici? (17
heures)
M. Ryan: Non, je ne me souviens pas qu'on ait eu ce
texte-là. Moi, je ne pas eu la requête en bonne et due forme.
M. Dufour: Son intention est de se retirer? Il a
déposé le texte ici définitivement. Il a
déposé un texte à l'effet qu'il voulait se retirer
en 1995. Moi, je l'ai eu en main. Je suis sûr que c'est dans mes
papiers.
M. Ryan: On va avoir tout le temps de le regarder. Si c'est 1995,
oui, c'est vrai.
M. Dufour: Bien, c'est ça.
M. Ryan: C'est une modification qui est... C'est une
résolution. Il va falloir même statuer sur la
légalité de ça. On a déposé ça ici
là, c'est venu, mais on n'a pas été saisi, on ne l'a pas
regardée. Quand ils disent: On va exercer le droit de retrait à
l'expiration du présent terme de cinq années, bien, c'est
à peu près trois ans en retard par rapport à
l'évolution de la législation. Est-ce que c'est recevable?
Qu'est-ce que ça vaut? Ça, je ne le sais pas. Dans ce
sens-là, je n'en suis pas saisi.
Il y a une chose sûre, c'est que s'il veut se retirer de
ça, il va s'adresser d'abord aux constituants. Il peut m'informer, moi,
en même temps, je peux suivre ça de près et puis voir
à ce que ses droits soient respectés. Mais, pour le moment,
là, on n'est vraiment pas à ce stade-là. Si on voulait
mêler ça avec le reste, je pense qu'on ferait une erreur. C'est
bon que ce soit soulevé, c'est pertinent, remarquez bien. Quand on
revient au projet là, ce n'est pas une question...
M. Dufour: Mais, il faut admettre que c'est grand de sens. On dit
des fois: C'est vide de sens, ou ça n'a pas beaucoup d'importance, mais
la reconduction pour une période de 15 ans supplémentaires
demande beaucoup de temps. J'écoutais tout à l'heure le
président de la Régie qui nous dit qu'il y a un scénario
pessimiste, un scénario d'avocat, puis un scénario qui se veut
plus réaliste, c'est celui que je vous donne, probablement 1996. Mais,
si on rajoute 20 ans à 1996, puis 5 ans, on est rendu à l'an
2021. Donc, on est loin des 25 ans qui nous ont été
proposés tout à l'heure, 20 ans plus 5 ans. Là, on est 20
ans plus.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: Oui, M. le Président. Jusqu'à nouvel
ordre, jusqu'à ce que nous ayons disposé de l'article 16, et par
conséquent l'échange actuel anticipe, jusqu'à ce que nous
ayons disposé de l'article 16, la limite fixée par le
législateur, c'est l'an 2015. Nous en sommes à ça.
Ça a été adopté l'an dernier ça. S'il y
avait eu des représentations à faire par une ville, c'est
à ce moment-là qu'elle devait les faire. Elle devait dire: On
nous enveloppe avec ça, on nous encarcane de plus en plus. Nous
demandons d'en sortir. Mais ça a été adopté et pas
plus tard qu'il y a deux ans, ça. À ce moment-là, tout le
monde a souscrit au projet.
Le Président (M. Gauvin): Donc, je m'adresse encore une
fois aux membres...
M. Ryan: Encore une fois, je souligne une chose...
Le Président (M. Gauvin): Oui, monsieur, excusez, oui.
M. Ryan: Ce dont nous sommes saisis, il y a le projet de loi,
là, qui a émané de la Régie et qui repose sur une
résolution adoptée à l'unanimité par son conseil
d'administration à l'occasion d'une réunion à laquelle
était présent le maire de Dollard-des-Ormeaux. Il peut bien
arriver que la ville de Dollard-des-Ormeaux, après ça, ait
adopté cette résolution-ci. Si elle adopte une résolution
qui est illégale à sa face même, on ne peut pas faire
grand-chose là-dessus.
Mais je ne me prononce pas pour le moment. Je dis qu'il y a une
apparence d'illégalité. On regardera ça. Nos conseillers
juridiques, si jamais nous en sommes saisis, l'examineront sous toutes ses
facettes et nous donneront un avis dont je tiendrai compte comme
d'habitude.
M. Dufour: Mais vous comprendrez qu'à mon point de vue, en
tout cas, il y a dans cette entente-là, par la Régie... On a
cheminé dans certaines étapes où on a commencé par
des périodes de 5 ans en 5 ans. Après ça, on a
rallongé les délais. Il semblerait que la première fois
ça n'ait pas causé de problème. En tout cas, pour autant
que je sois concerné, je n'ai pas eu d'opposition. Donc, je me dis que
c'était correct. Mais là, il y a un autre étirement, une
autre prolongation de 15 ans. Ça devient assez onéreux comme
temps. Quelqu'un vient nous dire entretemps... C'est évident que le
conseil municipal a fait... C'est sûr que si on parle de la
légalité, à première vue, ça nous semble un
peu curieux parce qu'il faut qu'il parte à partir de la loi existante.
La loi existante disait 2015. Bon. Il pourrait dire: Je veux aller
jusqu'à 2015. Mais on pourrait, à cause des circonstances,
à cause de la façon dont ça procède, et à
cause aussi des amendements... Ça nous donne une occasion
spéciale de revoir ce qui est en cause puisqu'on vient devant la
législation pour demander des amendements à un projet de loi.
Donc, définitivement il y a des éléments
connus et des éléments qui ne sont pas connus. Est-ce que le
positionnement de Dollard-des-Ormeaux, s'il avait été connu au
moment de la rédaction, ça aurait changé d'abord
l'attitude de la Régie? Là, j'ai des doutes parce que le
président vient de nous informer que c'est assez important qu'elle fasse
partie de la Régie. Deuxièmement, est-ce qu'au point de vue de
la
durée on aurait pu remettre en cause? S'il n'y avait pas de
prolongation de durée, j'imagine que ce serait difficile pour moi de
parler du cas de Dollard-des-Ormeaux, parce que si on ne parlait pas de
durée, je pense que le cas de Dollard-des-Ormeaux, on serait
obligé de dire: II est réglé, parce qu'il y a
déjà eu des ententes par rapport à ça. Mais
là on reparle, on ouvre, et à chaque fois qu'on ouvre ça
permet la discussion, à mon point de vue.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous voulez
intervenir, M. le ministre?
M. Dufour: Pour le moment, ça va. J'ai toujours encore
quelques minutes pour parler, s'il y a lieu.
M. Ryan: Le problème, c'est que, si on se laissait aller
dans cette voie-là, il faudrait se poser des questions à propos
de chacun de ceux qui sont déjà membres de la Régie,
chacune des municipalités déjà membres. Il faudrait se
demander non seulement si elles adhèrent encore, ce qu'on a toutes les
raisons de présumer. Il faudrait se demander quelle serait leur
réaction si on voulait introduire une disposition qui permettrait
à l'une de demander son retrait. On ne pourrait pas faire ça de
notre propre initiative ici sans avoir examiné la question. Là,
nous n'en avons pas été saisis véritablement. On le fera
en temps utile. Leur affaire, eux autres, c'est pour 1995. On a tout le temps
voulu pour examiner ça. On a tout le temps voulu. On peut prendre une
année, regarder ça comme il faut, même on a deux ans si on
veut.
En attendant, ils sont dans la Régie. Nous n'avons reçu
aucune indication de quelqu'une des 25 autres municipalités qu'elles
voudraient mettre fin à ça ou s'en dissocier. Nous fonctionnons
avec des définitions qui répondent à la
réalité, pas celle qu'on souhaiterait, pour tenir compte de tous
les problèmes, même de ceux qui ne nous ont pas été
posés. On fait le point sur ce qu'est la Régie actuellement.
M. le Président, après cet échange très
abondant, je pense qu'on serait parfaitement en mesure de voter sur l'article,
alinéa par alinéa, si vous le voulez.
Le Président (M. Gauvin): Donc, je demande encore une fois
aux membres de la commission: Est-ce que nous sommes prêts à
voter?
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, est-ce qu'on
a débattu la recevabilité de la motion de...
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire qu'il faut
disposer de l'article 1 avant.
M. Bélanger (Anjou): II faut disposer de l'article 1
avant? Après ça on va revenir sur la recevabilité de la
motion?
Le Président (M. Gauvin): Si c'est encore le souhait du
député de Jonquière.
M. Bélanger (Anjou): Vous voulez dire du paragraphe
1°.
Le Président (M. Gauvin): Là, on parie du
paragraphe 1° de l'article 1.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
Le Président (M. Gauvin): Donc, est-ce que le paragraphe
1° de l'article 1 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Donc, je rappelle aux membres de
la commission, sans vous presser dans le temps, évidemment, qu'il y a
deux façons d'y arriver. Je vous demande: Est-ce qu'on peut
l'adopter?
M. Dufour: Je vais juste réitérer ce que je vous ai
dit tout à l'heure, c'est qu'au point de vue des membres il est
évident que les autres municipalités ont semblé nous dire
qu'elles étaient toutes d'accord pour faire partie de cette entente. On
a des résolutions pour dire que tout est correct. Ils n'ont rien
à critiquer. Ils ne se posent pas de questions.
Par rapport à la ville de Dollard-des-Ormeaux, je me dis: Je
reste avec un doute suffisamment grand, qui va justifier qu'on votera contre
cette définition puisqu'elle lie sans qu'il y ait de possibilité
de défaire ce qu'on s'apprête à accomplir par le projet de
loi. En définissant la qualité de membre, on discute aussi,
effectivement, de la durée, contrairement à ce qui se passe.
Même dans le mariage, il y a des façons de faire le mariage, il y
a aussi des façons de le défaire. Le législateur
prévoit ça.
Dans cette question-ci, il n'y en a pas. Même si on prévoit
des pénalités très grandes, on ne peut pas le
défaire. C'est ce qui me semble, en tout cas, assez onéreux.
Ça me semble aussi... Ça pourrait aller à l'encontre
d'autres projets ou d'autres définitions qui pourraient nous confronter
dans l'avenir. C'est ce genre de motif pour lequel on pourra voter
là-dessus. Je pourrais présenter des amendements, mais mon but,
ce n'est pas de gagner du temps. Il y a suffisamment de place pour discussion
au fur et à mesure. Il y a suffisamment d'endroits où on peut
faire des amendements par rapport à ça. Voilà, en gros, ce
que j'avais à vous dire. (17 h 10)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Brièvement, moi aussi, juste
avant qu'on passe à l'adoption, je pense
qu'il me reste du temps de parole, à moi aussi. Je suis un petit
peu étonné, moi aussi, dans le texte qui nous est
préparé, et dans l'ensemble du projet aussi - je partage un peu
la préoccupation du député de Jonquière... J'ai
peine à comprendre qu'on n'ait pas pu prévoir la
possibilité... Je suis d'accord avec l'intervention à l'effet que
c'est peu souhaitable... Si on veut mettre quelque chose vraiment à
l'abri, disons, des changements ou des aléas de la vie politique, tant
au niveau municipal qu'au niveau provincial, ça prend une certaine
stabilité. Pour ça, je suis entièrement d'accord avec les
préoccupations de M. Leduc là-dessus, sauf qu'on aurait
peut-être dû, à ce moment-là, quand même,
prévoir le scénario d'une façon claire, soit
carrément défendre et dire que le contrat est là et qu'il
n'y a aucune possibilité pour les municipalités d'en sortir ou
prévoir des pénalités ou prévoir quelque chose.
J'ai peine à comprendre que, finalement, on se retrouve... Si
jamais ce problème devait donner suite et si, vraiment, la ville de
Dollard-des-Ormeaux voulait pousser de l'avant son projet de se retirer, je me
demande si ça ne pourrait pas même, à un moment
donné, donner lieu à une intervention judiciaire, vu l'absence de
scénario, en tout cas, dans les différents documents et dans les
différents contrats. Jusqu'à quelle limite, M. le
Président, finalement, le fait d'être lié comme ça
dans une entente, pour des termes indéterminés ou un terme
déterminé, sans possibilité de se retirer, c'est
dangereux? Justement, je pense que si on veut vraiment faire un projet viable
et un projet à l'abri des aléas, il faudrait, je pense,
éviter la possibilité de donner libre jeu, finalement, à
un débat juridique, surtout quand on connaît la longueur des
procès devant les tribunaux et la difficulté, aussi, d'en
prévoir l'issue.
Alors, je suis un petit peu étonné de voir, finalement,
qu'aujourd'hui en commission parlementaire quand on parle de la
possibilité de retrait ou d'ajout... Bon, il faut dire que la
possibilité d'ajout, on en a un petit peu parlé et il semblerait,
au moins, que pour la ville de Montréal-Nord tout a été
calculé pour que, si jamais Montréal-Nord voulait adhérer,
il n'y aurait pas de problème. Mais le scénario de retrait... Si,
vraiment, la ville de Dollard-des-Ormeaux désire donner suite à
son projet...
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, question de
règlement. On est complètement en dehors du sujet. On a
discuté...
M. Bélanger (Anjou): Bien...
M. Tremblay (Rimouski): ...du paragraphe 1°, on a
proposé une proposition d'amendement qui a été
refusée par le président. Par conséquent, on doit disposer
du paragraphe 1°.
M. Bélanger (Anjou): Non, non, non. Je ne suis pas du
tout...
Le Président (M. Gauvin): Non, non. Excusez...
M. Tremblay (Rimouski): Non, mais on doit disposer du paragraphe
18, sans ça, on parle de la motion.
Le Président (M. Gauvin): Je n'ai pas encore traité
la motion présentée. Elle va venir après qu'on aura
disposé du paragraphe 1° de l'article 1.
M. Tremblay (Rimouski): Combien de temps nous reste-t-il?
Le Président (M. Gauvin): II faudrait vérifier s'il
reste du temps de parole à nos députés.
M. Bélanger (Anjou): Combien nous reste-t-il de temps?
Le Président (M. Gauvin): II reste du temps de parole.
M. Tremblay (Rimouski): Bien, en tout cas... M. le
Président, de toute manière, lorsqu'on avait disposé du
paragraphe 1°...
Le Président (M. Gauvin): Écoutez...
M. Tremblay (Rimouski): ...ils ont jugé bon de
présenter une motion qui a été remise pour discussion de
l'article en général.
Le Président (M. Gauvin): II faudrait que je vous entende
sur une question de règlement, c'était bien ça?
M. Bélanger (Anjou): Oui, oui. Bien, M. le
Président, là, j'étais en train de parler, là.
Le Président (M. Gauvin): J'avais reconnu le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): je vous remercie. il aurait fallu
qu'il expose clairement qu'il avait une question de règlement, mais il
ne l'a pas dit, «question de règlement».
Le Président (M. Gauvin): O.K. M. le député
d'Anjou, la parole est à vous.
M. Bélanger (Anjou): Alors, je ne comprends pas encore
pourquoi on retrouve cette impatience de l'autre côté. Nous, on
prend notre temps pour agir en parlementaires et prendre le temps
d'étudier...
Une voix:...
M. Bélanger (Anjou): Alors, je pense que
c'est important. Il faut mettre le temps qu'il faut pour faire
ça. Alors, je pense que le député de Jonquière a
vraiment mis, dans le débat, quelque chose qui est vital, d'après
moi, et qu'il y a, je pense, quand même une certaine carence au niveau du
projet qui nous est présenté. Je trouve ça aussi
regrettable, comme je vous dis, qu'on ne retrouve pas, finalement, tout cet
aspect de pouvoir se retirer et qu'on n'ait pas prévu de
mécanisme, un mécanisme qui aurait pu être complexe en soi,
je comprends, mais je pense que les avocats, justement, sont faits pour
ça, pour mettre sur pied des mécanismes complexes. J'entends
certaines remarques à propos des avocats. Ce n'est certainement pas moi
qui vais parler contre le travail des avocats, au contraire.
Je pense que c'est important, justement, que ce genre de
mécanisme là aurait dû être prévu. Donc,
c'était l'essentiel de mes propos. Si je n'avais pas été
interrompu, j'aurais déjà fini il y a cinq minutes, mais, c'est
à peu près ça, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député d'Anjou. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'il faut revenir au
texte de l'entente elle-même. Dans le texte de l'entente il y avait une
possibilité de retrait qui était inscrite à l'article 8.
Là, quand tu t'engages dans une affaire, j'espère que tu ne
demandes pas de te retirer tout de suite, autrement tu ne prends pas
d'engagement. Je pense qu'on est d'accord là-dessus, hein? Au
début, tu t'engages ou tu ne t'engages pas. Tu ne veux pas faire les
deux choses en même temps, entrer puis sortir. Alors, ils entrent
à l'unanimité.
Là, ils prévoient, au bout de 5 ans, qu'il va suffire
qu'une partie décide de se retirer pour que toute la patente tombe. Il
donnait un droit considérable, si je comprends bien l'article 8. Je
parle au début, parce qu'il semble dire qu'on n'avait pas prévu.
Au début, on avait prévu un retrait au bout de 5 ans. Il
suffisait qu'une partie se retire et tout le château s'écroulait.
Pourquoi? C'est parce que, comme l'a dit le Dr Leduc tantôt, il est de
l'essence de ce projet-là qu'on puisse compter sur un minimum de volume.
On dit aux gens: Vous entrez là-dedans, c'est parce que vous êtes
prêts. Envoyez vos déchets de ce côté-là,
autrement toute la patente n'a pas de sens. Au bout de 5 ans, il n'y en a pas
une qui a demandé son retrait. Ça a continué. Là,
ils sont venus devant l'Assemblée nationale, et cette partie-là
de l'entente a été modifiée pour être portée
à 25 ans, après ça à 29 ans, après ça
à l'an 2015 et tantôt on parlera de l'an 2030.
Ça a été prévu, mais devant l'ampleur du
projet et les coûts et les obligations qui découlent de la mise en
oeuvre des chantiers qu'on prévoit, il faut qu'il y ait des garanties
que ces gens sont sérieux. C'est une union à long terme de toute
évidence. Si tu envisages une union à long terme, tu ne vas pas
dire aux gens: Tu peux te retirer après 5 ans. Alors, je pense que c'est
ça qui est... Là, vous attaquez l'essence même de la
proposition, de l'entente dont nous discutons. Ce n'est pas l'objet du projet
de loi. Ce n'est pas l'intention de l'organisme qui est devant nous et ce n'est
pas l'intention du gouvernement non plus.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous vouliez ajouter,
M. le député d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Oui, je ferai remarquer au ministre
qu'il existe, comme on dit, le sacrement du mariage. Normalement, c'est pour la
vie. Néanmoins, le législateur a prévu le divorce. Alors,
le principe à l'effet que ce n'est pas parce qu'on s'engage pour la vie
qu'il ne faut pas prévoir une façon de se retirer, excusez-moi,
là, mais je pense que c'est un peu gros. C'est la même chose pour
les contrats de société et les contrats à durée
indéterminée où normalement ces contrats-là sont
prévus pour des durées indéterminées.
Néanmoins, dans tous ces contrats de société là, on
prévoit, à ce moment-là, une possibilité de se
retirer.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Écoutez, le député remet en cause
des décisions qui ont été prises par l'Assemblée
nationale en bonne et due forme, à plusieurs reprises. Il peut bien
avoir les théories qu'il voudra, mais là on est devant un projet
de loi précis. On ne remet pas tout ça en cause. Je pense que
là, on nous charroie véritablement, puis à un certain
point de vue, ce n'est même plus de la bonne foi.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président... Le
Président (M. Gauvin): Oui, monsieur.
M. Bélanger (Anjou): ...j'aurais une question à
demander à M. Leduc relativement justement à Dollard-des-Ormeaux.
Si Dollard-des-Ormeaux se retirait de votre projet, est-ce que ça vous
mettrait dans l'obligation de tout remettre en question le contrat
d'incinérateur?
M. Ryan: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Nous ne sommes pas saisis offi-
ciellement d'une demande de retrait régulière. est-ce
qu'on peut commencer à disserter là-dessus, à ce
moment-ci? on est devant des définitions.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, une question
de règlement, premièrement, si l'on veut m'interrompre, si j'ai
compris.
Le Président (M. Gauvin): Oui, ça a
été une question de règlement.
M. Bélanger (Anjou): Ah! excusez-moi! Le
Président (M. Gauvin): Je l'ai reconnue. M. Bélanger
(Anjou): Je vous remercie.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre se questionne et
a questionné la présidence et, évidemment, si on parle de
la pertinence de débattre du retrait de la ville de Dollard-des-Ormeaux,
est-ce que ça fait partie, c'est pertinent au paragraphe 1°? Non, je
ne parle pas du texte de la résolution. La question: Est-ce que c'est
pertinent au paragraphe 1°? Bien, évidemment, c'est une
municipalité membre qui avait un souhait.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je vous
ferais remarquer aussi la résolution de la ville de Dollard-des-Ormeaux,
qui a exprimé par écrit - ça a été
déposé ici - son intention de se retirer. On ne parle pas dans
les nuages, on ne parle pas de théorie farfelue ou de théorie
complètement hypothétique. On parle d'un voeu qui est
exprimé par écrit. Il n'y a rien qui laisse croire qu'on ne
donnera pas suite à cette intention. Je pense que c'est tout à
fait pertinent, le débat qu'on a présentement. Je comprends qu'on
voudrait peut-être qu'on passe immédiatement à l'adoption
du paragraphe 1°, mais c'est tout à fait pertinent, le débat
qu'on a présentement, M. le Président. En tout cas,
peut-être que le ministre ne le voit pas de cette façon-là.
(17 h 20)
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc.
M. Leduc: On m'a posé une question, M. le
Président. D'abord, je ne me rappelle pas avoir vu une résolution
formelle du Conseil de Dollard-des-Ormeaux. J'ai vu une demande, j'ai vu un
texte, mais je sais ce que ça a l'air, une résolution formelle
d'une ville. On en passe quelques-unes. Je n'ai pas vu de résolution
formelle à la ville de Dollard-des-Ormeaux. J'ai pris la parole de M.
Janiszewski. La Régie n'a rien reçu, n'a reçu aucune
demande, même pas aucune lettre de démission, démission
d'ailleurs qu'il a annoncée publiquement ici, de la part de M.
Janiszewski. À la Régie, il n'est rien arrivé. Nous avons
eu connaissance de cette demande uniquement le 26 mai, soit lors de la
première journée de la commission parlementaire.
En ce qui concerne les conséquences d'un retrait de la ville de
Dollard-des-Ormeaux, il est évident qu'avec 5 % à 10 % des
volumes de déchets de tout le «membership» il faudrait
complètement recalibrer le projet et recommencer nos devoirs, devoirs
qui ont été faits pendant une période de 6 ans. Il
faudrait recommencer, recalibrer tout ce projet-là de a à z et il
y a, effectivement, de lourdes conséquences.
Je tiens à faire remarquer à M. le député
d'Anjou que, si on regarde uniquement pour le plaisir de la chose les
signataires de la première entente en 1984, plus de la moitié des
maires qui ont signé cette entente ne sont déjà plus
là. Je pense à M. Corbeil, à M. Elkas, à M. Marcel
Laurin, à M. Bill Boll. C'est déjà des gens qui ont
été remplacés par d'autres maires. C'est la Régie
qui a la plus longue vie à date. Je ne parle pas d'une régie
formellement instituée - d'ailleurs, au Québec, il n'y en a pas
des exemples nombreux - mais qui a une vie aussi longue avec un consensus aussi
long. Ça fait 8 ans que ça dure. On soulève un maire qui
est venu ici manifester son mécontentement et on parle peu
fréquemment - je pense, M. le Président, que vous devez avoir
reçu même aujourd'hui d'autres télégrammes d'appui -
des 25 autres maires qui, bon an mal an, malgré les changements
d'administration municipale, depuis 8 ans supportent ce projet qui est un
projet très ambitieux et très avant-gardiste de gestion des
déchets.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le maire de la ville
de LaSalle.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, j'aurais une
autre question au maire de LaSalle.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. Leduc, avez-vous vu la
résolution qui a été déposée ici?
M. Leduc: Non.
M. Bélanger (Anjou): Vous ne l'avez pas vue? On ne vous en
a pas donné une copie?
M. Leduc: Je ne l'ai pas vue. Je serais très heureux d'en
avoir une copie.
M. Bélanger (Anjou): Alors, peut-être que ce serait
bon de... C'est la résolution no 92-153 adoptée le 26 mai 1992
par la ville de Dollard-des-Ormeaux. Vous ne l'aviez pas vue?
M. Leduc: Je ne l'avais pas vue. Je m'en excuse, M.
Bélanger, réellement, mais j'avais vu la lettre qui avait
été envoyée.
M. Bélanger (Anjou): ah! d'accord. non, il n'y a pas de
problème. c'est pour ça que je vous dis qu'il y a vraiment une
résolution qui nous a été déposée.
M. Leduc: Elle ne nous a pas été transmise. Je m'en
excuse.
Le Président (M. Gauvin): Donc, ceci dit...
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Bélanger (Anjou): Finalement, il a répondu en
partie à ma question, à savoir les conséquences... Si je
comprends bien votre réponse, M. Leduc, si la ville de
Dollard-des-Ormeaux se retire de la Régie, ça voudrait dire que
ça pourrait modifier complètement le fonctionnement ou, en tout
cas, le rendement de l'incinérateur que présentement on projette
de construire. Est-ce que c'est ça que je dois comprendre?
M. Leduc: Si vous n'avez pas d'objection, M.
Bélanger...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Leduc: ...je vais laisser M. Racine répondre à
cette question-là pour être plus techniquement précis.
M. Bélanger (Anjou): D'accord.
M. Racine (Guy): Écoutez, le projet de la Régie
comporte trois types d'installation pour disposer de différents types de
déchets. La capacité de chacune des installations a
été conçue en fonction du volume qu'elle doit recevoir au
cours des années. Le retrait de Dollard-des-Ormeaux, qui est quand
même une municipalité importante - au-dessus de 45 000 habitants -
représente un volume global de déchets, de matières
recyclables et ainsi de suite de l'ordre de 50 000 tonnes. Je pourrais
vérifier le chiffre exactement. Donc, c'est tout près de 10 % du
volume qui doit être dirigé vers les trois installations. Donc,
c'est évident qu'une diminution de 10 % représente la
nécessité de s'asseoir de nouveau et de recalculer chacune des
installations en fonction d'une diminution de 10 %. C'est quand même
majeur comme système.
Le Président (M. Gauvin): Vous avez terminé, M.
Leduc, oui?
M. Leduc: Oui.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Donc, je m'adresse encore...
Excusez. M. le ministre, oui?
M. Ryan: Je demande le vote.
Le Président (M. Gauvin): C'est ça. Je m'adresse
aux membres de la commission.
M. Tremblay (Rimouski): On est prêts à voter.
M. Boisclair: Je ne suis pas invité à revenir, M.
le Président?
Le Président (M. Gauvin): Non.
M. Boisclair: II me reste 18 minutes encore sur ce
paragraphe-là.
Le Président (M. Gauvin): Non, non. Il y a un membre de la
commission qui demande le vote. Vous dites que vous voulez intervenir? Vous me
demandez le droit d'intervenir. C'est ça. M. le député de
Gouin, je vous reconnais.
M. Boisclair: M. le Président, je pense que les enjeux
sont assez clairs à ce moment-ci. Peut-être que la situation telle
que je la perçois et telle que mes collègues la
perçoivent, c'est que malgré les décisions qui ont
été prises par les conseils d'administration et malgré une
volonté qui est exprimée par des conseillers d'une
municipalité - dans ce cas-ci, c'est Dollard-des-Ormeaux - je pense que
le législateur doit être prudent et prévoir que ce genre de
situation pourrait se retrouver ailleurs dans d'autres conseils municipaux
où de la même façon qu'il y en a qui voudraient
peut-être quitter, d'autres pourraient peut-être vouloir aussi
adhérer. Je pense que, dans ce contexte, il peut être un peu
périlleux, malgré le fait que le législateur - et je le
reconnais, le ministre a raison de dire que le législateur s'est
déjà prononcé sur cette question-là... Compte tenu
du contexte, je pense que ça ne serait pas agir de façon
prévoyante que d'adopter une définition qui viendrait, d'une
certaine façon, limiter les pouvoirs que peuvent avoir les membres dans
leur autonomie propre, dans leur corps constituant, finalement. Il ne serait
pas à propos, à ce moment-ci, d'adopter une définition qui
viendrait restreindre, finalement, les pouvoirs des conseils municipaux ou des
municipalités qu'elles pourraient exercer à l'intérieur de
la Régie.
Je crois comprendre que la Loi sur les cités et villes
prévoit, à l'article 468.49, que «lorsque trois mois
après la fin de l'entente - une entente pour une régie
intermunicipale - les corporations qui y étaient parties ne la
renouvellent ou n'adoptent pas une nouvelle entente prévoyant le
maintien de la régie, celle-ci doit, dans les trois mois de l'expiration
de ce délai, demander sa dissolution au ministre des Affaires
municipales. Avis de cette demande est publié à la
Gazette officielle du Québec au moins 30 jours avant sa
présentation au ministre.»
Alors, on dit bien que c'est une éventualité qu'il est
important d'étudier, et que malgré le fait que la Régie...
On peut très bien comprendre que le retrait d'une municipalité
puisse venir jeter un déséquilibre sur les prévisions de
la Régie. Je pense que c'est évident et qu'il n'y a pas lieu d'en
discuter plus longtemps, mais ça, c'est le problème de la
Régie. Je vois mal comment la ville de Dollard-des-Ormeaux, si elle est
forcée de collaborer avec la Régie... Je crois que ça ne
sera pas là un heureux mariage ou, à tout le moins, ça
sera un mariage qui ne sera pas efficace et qui pourrait, d'une certaine
façon, compromettre l'esprit dans lequel cette concertation s'est faite
sur le territoire de l'île de Montréal.
Alors, M. le Président, je tiens à vous rappeler que nos
attendus, qu'on a adoptés tout à l'heure, précisaient
qu'il y a lieu d'accorder des pouvoirs additionnels à la Régie.
Je pense que, d'ores et déjà, on pourrait exprimer qu'il y a un
certain nombre de divergences sur la pertinence, à ce moment-ci,
d'accorder des pouvoirs additionnels à la Régie intermunicipale.
S'il y avait eu une unanimité sur cette question, peut-être que
nous aurions pu avoir une attitude différente quant à la
portée de cette définition. Il serait prématuré,
à l'heure actuelle, à notre avis, que d'adopter une
définition semblable à celle-ci malgré le fait que je
comprenne que le législateur se soit déjà prononcé
dans le passé, entre autres, à l'occasion du projet de loi 257,
et ait retenu cette même définition, mais dans un contexte qui est
différent.
Donc, je pense que ce problème, c'est celui de la Régie,
c'est à elle de le régler, mais je pense qu'il est important
aussi de reconnaître l'autonomie propre des municipalités qui
composent la Régie. Par exemple, jamais le gouvernement du Québec
n'accepterait d'être partie à une entente si on ne
prévoyait pas un droit de retrait quelconque, le droit, normalement, de
s'associer. On y reconnaît et on y jouxte souvent un droit de retrait.
À cet égard, je pense que ça ne serait pas conforme
à notre pratique et ce ne serait pas non plus dans
l'intérêt des parties de procéder de cette façon.
Donc...
M. Ryan: M. le Président... (17 h 30)
M. Boisclair: ...M. le Président, je tiens à
m'associer aux propos de mon collègue d'Anjou et du collègue de
Jonquière, et, à cet égard, souligner qu'il faut, d'une
façon quelconque... Est-ce que c'est au moment du débat sur
l'article 1 qu'il faut régler cette question? C'est, à tout le
moins, à ce moment-ci qu'il apparaît... Je pense que le ministre
pourrait proposer - c'est à lui de le faire, d'ailleurs - un amendement
qui pourrait régler la situation, mais c'est un débat qui
apparaît à ce moment-ci et je pense que nous devons lui accorder
toute l'attention nécessaire dans le cadre d'un projet de loi
privé. Faut-il le rappeler, nous ne débattons pas, aujourd'hui,
d'un projet de loi public, nous discutons d'un projet de loi privé qui a
des pratiques qui sont bien connues.
Le législateur a souvent fait preuve de beaucoup de prudence et
de rigueur lorsqu'il y a des oppositions qui se sont manifestées sur un
projet de loi privé. J'ai vu, à plusieurs reprises, malgré
ma courte expérience de parlementaire, des ministres retirer ou
déposer un projet de loi qui avait été
déposé par des parties, puisqu'il y avait de l'opposition qui
était manifestée et que des témoins venaient nous
présenter en commission parlementaire. Donc, j'invite les gens à
faire preuve de beaucoup de prudence.
Je pourrais comprendre que la situation pourrait être bien
différente s'il s'agissait d'un projet de loi public, mais je tiens
à rappeler aux promoteurs et rappeler aussi aux membres de la commission
que nous discutons dans le cadre d'un projet de loi privé et qu'à
cet égard nous devons faire preuve de toute la rigueur nécessaire
et essayer de ne pas, à tout le moins, créer des
problèmes. Malgré le fait que nous ayons pu, dans le cadre
d'autres projets de loi, adopter cette définition, je pense qu'il y a
des éclairages nouveaux qui nous amènent à revoir la
pertinence de cette définition.
Alors, je verrais mal qu'en adoptant ce projet de loi nous nous
trouvions à remettre en question l'autonomie et la volonté d'un
conseil municipal - c'est un conseil important, il s'agit aussi d'une
municipalité importante dans la Communauté urbaine de
Montréal - que nous puissions faire fi de la volonté de ce
conseil municipal qui, je le répète, à l'unanimité,
a adopté, le 26 mai dernier, une résolution demandant... Je pense
qu'il est important de le rappeler, M. le Président, et d'attirer
l'attention des membres de la commission. La proposition se lit comme suit:
«Attendu que la ville de Dollard-des-Ormeaux a adhéré
à la Régie intermunicipale de gestion des déchets sur
l'île de Montréal le 4 juin 1985...
M. Ryan: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Sur une question de
règlement, M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait savoir combien de temps le
député de Gouin a parlé sur le paragraphe 1°?
Ça fait trois ou quatre interventions qu'il fait. Il doit être
proche de 20 minutes.
Le Président (M. Gauvin): Voulez-vous nous préciser
le temps? Il a 10 minutes de faites.
M. Ryan: En tout cas, il ne dit pas grand-chose parce que
ça a paru une éternité.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Vous avez souvent fait la même chose lorsque
vous occupiez ce côté-ci de cette Chambre.
M. Ryan: Oiseux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: M. le Président, moi, je tiens...
M. Tremblay (Rimouski): C'est poli.
M. Boisclair: ...à faire une question de règlement.
En toute politesse et en tout respect pour le ministre, malgré le fait
que nous appartenions à des formations politiques différentes,
j'ai toujours eu beaucoup de respect pour la carrière du
député d'Argenteuil. Il sait très bien jusqu'à quel
point il est important d'accorder de la valeur à nos institutions
parlementaires. Il sait très bien que le seul pouvoir que l'Opposition
a, ici, alentour de cette table, c'est le pouvoir de parole. Il n'y a personne
qui va m'empêcher de dire ce que je pense...
M. Tremblay (Rimouski): C'est de l'abus.
M. Boisclair: ...même si le ministre des Affaires
municipales trouve que ce n'est pas de bon ton et que ce n'est pas à
propos. M. le Président, l'Opposition a une seule façon de faire
valoir son point de vue, et c'est en l'exprimant, même si ce n'est pas
toujours...
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que c'est toujours dans
votre question de règlement?
M. Boisclair: Oui, c'est parce que je sens, M. le
Président...
Une voix: Quel article?
M. Ryan: Quel article? Il n'y a pas de règlement
là.
M. Boisclair: ...qu'on exerce sur moi des pressions pour
influencer mon vote, mais je pourrais...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): La parole...
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le
député de Jonquière.
M. Ryan: II n'y a pas de règlement là.
M. Dufour: Je voudrais juste intervenir à l'effet qu'il y
a eu une intervention de la part du ministre des Affaires municipales
concernant l'intervention de mon collègue de Gouin. À tout bout
de champ, le député de Rimouski intervient à travers tout
ça. Je comprends qu'il peut être l'adjoint du ministre des
Affaires municipales, mais s'il veut parler, je suis certain que ça vous
fera plaisir de lui accorder la parole. Moi, je serais heureux de
l'entendre...
Le Président (M. Gauvin): Merci...
M. Dufour: ...mais qu'il nous parle dans le contexte d'une
intervention structurée...
M. Tremblay (Rimouski): Non, ma formation ne veut même
pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: ...comme on fait de ce bord-ci.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Jonquière. La parole est à vous, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, je tenais tout simplement
à attirer, d'une part, l'attention des membres de la commission sur, je
pense... Je vis très bien avec mes déclarations et on est
très conscients des gestes qu'on pose. On en portera la
responsabilité et ça ne nous causera pas de problèmes de
ce côté-ci de cette table, M. le Président.
Je tenais à rappeler, M. le Président, la proposition qui
a été adoptée par la ville de Dollard-des-Ormeaux. Alors,
je disais et je rappelais qu'on lit au deuxième attendu: «Attendu
que l'adhésion de la ville est pour une période de cinq
années renouvelable automatiquement à moins qu'elle n'en avise
les membres participants de son intention de mettre fin à sa
participation au moins six mois avant la date d'expiration d'une des
périodes des cinq années, il a été proposé
que par les présentes la ville de Dollard-des-Ormeaux approuve la
cessation de son adhésion à la Régie intermunicipale de
gestion des déchets à l'expiration du présent terme de
cinq années et que la greffière de la ville soit dûment
autorisée à aviser par écrit les autres
municipalités membres, tel qu'il est requis par les articles du
règlement de la ville de Dollard-des-Ormeaux».
Donc, M. le Président, il s'agit d'une motion très claire.
Je pense que nous ne pouvons pas l'interpréter. Je pense qu'à sa
face même il y a une volonté très claire qui est
exprimée par le
conseil municipal de Dollard-des-Ormeaux. On ne peut pas, nous, dans le
cadre d'un projet de loi privé, je crois, remettre en cause cette
volonté des gens de Dollard-des-Ormeaux de se retirer de la Régie
intermunicipale de gestion des déchets, et je me verrais très mal
vu d'adopter une définition comme celle qui nous est
présentée et qui, finalement, lie automatiquement pour une
période de temps encore plus grande que celle qui était
prévue la ville de Dollard-des-Ormeaux à la Régie
intermunicipale de gestion des déchets.
Je le souligne encore, et mon collègue de Jonquière me le
rappelle, imaginez les chicanes en perspective. Imaginez le ton qui
prévaudra dans les discussions autour de la table et au conseil
d'administration de la Régie intermunicipale de gestion des
déchets si on force des municipalités à y adhérer,
à y participer. Alors, ce n'est pas d'augure à assurer l'atteinte
des objectifs de la Régie et c'est, en tout cas, à tout le moins,
bien mal parti. Peut-être que ces choses se régleront dans le
temps, mais ce n'est certainement pas un départ prometteur qui pourrait
d'une façon quelconque influencer le vote de l'Opposition sur le fond du
projet de loi.
Alors, M. le Président, il s'agit là encore d'un autre
élément... C'est la première fois qu'on a l'occasion d'en
discuter et qu'on porte cette situation à notre attention. Mes
collègues ont eu l'occasion, lors d'autres discussions et d'autres
débats, de dire qu'il y avait déjà d'autres motifs qui les
amenaient à remettre en question la pertinence de ce projet de loi.
Voilà donc un autre élément, M. le Président, sur
lequel nous manifestons une opposition de fond et qui nous amène encore
une fois à porter un jugement fort différent de celui de nos
collègues ministériels sur la pertinence du projet de loi
221.
Donc, j'invite le ministre, ses fonctionnaires et les gens qui
l'accompagnent à nous proposer un amendement qui pourrait permettre,
finalement, à la municipalité de Dollard-des-Ormeaux et à
d'autres peut-être soit de quitter ou dans d'autres circonstances
d'adhérer à la Régie. Je les invite à proposer un
amendement. Peut-être que ce n'est pas à l'article 1 qu'il faille
proposer ce genre d'amendement. Peut-être que ce sera plus loin lorsqu'on
discutera d'autres considérations. Mais le problème est
soulevé et j'espère que nous pourrons lui accorder toute
l'attention nécessaire pour s'assurer que les volontés des
parties puissent être respectées. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député d'Anjou. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Boisclair: De Gouin.
M. Ryan: M. le Président, c'est un véritable appel
à l'irresponsabilité que nous venons d'entendre. C'est un appel
à l'irresponsabilité en plus de l'exemple
d'irresponsabilité dont nous sommes témoins depuis quatre jours.
La situation véritable, c'est la suivante: Les municipalités
librement, sans que le gouvernement n'ait rien eu à voir
là-dedans, se sont unies dans une régie dont la création a
été approuvée et par le ministre des Affaires municipales
à l'époque et par le ministre de l'Environnement.
Ensuite, la Régie est venue devant l'Assemblée nationale
à trois reprises. C'est la quatrième fois, là. Elle a
demandé que ia période initiale de 5 ans, qui n'était pas
réaliste de toute évidence... C'est un projet dont la
réalisation va avoir pris 10 ans en tout, en prenant l'hypothèse
plus optimiste du Dr Leduc. Elle est revenue ici en disant: Ça n'a pas
de bon sens qu'on s'avance davantage si on n'a pas de garantie de durée.
Elle est venue une première fois et elle a demandé qu'on change
le chiffre 5 par le chiffre 25. Elle est venue d'une manière responsable
avec l'appui de toutes les municipalités. Nous avons examiné
l'affaire. Moi, je n'étais pas là à l'époque; le
député de Gouin non plus. L'Assemblée s'est
prononcée favorablement. Elle est revenue une autre fois et elle a
demandé de porter ça à 29. Ça a été
accepté. J'espère que ceux qui consentaient à la
présentation du projet de loi ici savaient que 25 ans, ce n'est pas la
même chose que 5 ans. Il me semble que quand tu signes un engagement pour
25 ans, il est signé pour 25 ans, puis tu es prêt à prendre
les conséquences avec, surtout s'il s'agit d'un corps public. (17 h
40)
Là, vous venez dire qu'il suffirait que quelqu'un vienne
pleurnicher ici ou faire des représentations très imparfaites,
puis très, très questionnables, très contestables, puis
là on va dire: Nous autres, on revêt le manteau de la
générosité. On est pour ça, nous autres,
l'autonomie municipale. Vous voulez vous retirer, vous vous étiez
engagés. Aïe! vous allez trouver une oreille sympathique du
côté du Parti québécois. Venez chialer, c'est la
place, le Parti québécois.
Ce n'est pas ça, la responsabilité. La
responsabilité, c'est quand un conseil a mis sa signature, il la
respecte. Respecter sa signature, ça veut dire vivre avec les choses qui
ont déjà été adoptées. Si jamais la
Régie venait nous dire: Bien, là, il y a des problèmes qui
se posent, on ne peut pas marcher comme ça, ça n'a pas de bon
sens, on regardera dans la mesure où ça nous concernera.
Peut-être qu'elle sera capable de régler certains problèmes
toute seule, mais venir dire: On va ouvrir cette affaire-là, on va
pratiquer une brèche dans le flanc de l'entente, puis de la Régie
seulement pour le plaisir de satisfaire des obstructionnistes professionnels...
Bien voyons! Voyons! Un peu de sérieux! Un peu de sérieux!
J'entendais dire tantôt - je pense que c'est le
député d'Anjou qui a dit ça; si ce n'est pas
lui, c'est son voisin, ça revient presque au même en
l'occurrence, là, au point de vue du contenu des interventions, je veux
dire - que quand on signe une entente on prévoit toujours un retrait.
Mais non! Mais non! En général, vous n'en prévoyez pas de
retrait. Moi, si je signe un contrat pour 10 ans, je ne prévoirai pas si
je veux me retirer au bout de 3 ans. Je m'engage pour 10 ans. Au bout de 10
ans, on peut prévoir une procédure de dissolution de l'entente.
C'est plus pratique dans bien des cas. Mais le gouvernement signe couramment
des ententes avec le gouvernement fédéral. On signe une entente
pour 5 ans. Bien, on va dire qu'on peut mettre fin à l'entente si les
deux parties sont d'accord. Il va y avoir une condition comme celle-là.
Il n'y en a pas une où une des deux parties va pouvoir se retirer toute
seule.
Quand on signe des conventions collectives, vous autres, ça ne
vous dérange pas de les violer. Nous autres, on respecte ça. Je
comprends toute votre inspiration. Ça se tient, tout ça. Quand on
signe une convention collective, en général - moi, j'en ai
négocié un grand nombre dans ma vie - on a une clause à la
fin où on dit: La convention sera en vigueur de telle date à
telle date. Elle pourra être modifiée en cours de route sur accord
des parties. Sur accord des parties. Les parties, c'est deux.
Alors, la première chose que vous devriez dire à la ville
de Dollard-des-Ormeaux, si vous étiez sérieux, et vous ne
l'êtes pas dans ce cas-ci, c'est - M. le maire, quand il est venu
là, je ne vous ai pas entendu lui dire ça: M. le maire, vous
êtes un bon jack, vous êtes un chic type. Si vous voulez, vous
allez retourner voir vos partenaires. C'est avec eux autres que vous avez une
entente. Ce n'est pas avec le gouvernement. Vous allez aller vous entendre avec
eux autres, puis une fois que vous aurez discuté avec eux, si vous
n'êtes pas content, vous pouvez toujours venir au Parlement, qui doit
entendre toutes les représentations des citoyens. Mais vouloir mettre la
charrue devant les boeufs, comme vous le faites, là, c'est regrettable.
C'est regrettable d'irresponsabilité, puis je suis étonné
que le député de Jonquière s'associe à pareille
démarche. Il a coutume d'être beaucoup plus sérieux que
ça. Je comprends que ses partenaires ont moins d'expérience que
lui au point de vue du Parlement, mais c'est sérieux, les choses qu'on
fait ici. Ce n'est pas un lieu pour l'exercice de la rhétorique. C'est
un lieu pour l'exercice de la responsabilité.
En tout cas, sur ce point-ci, toute la philosophie qui sous-tend vos
Interventions est foncièrement irrecevable en logique, puis en stricte
justice. Ça nie le principe de responsabilité
élémentaire que, quand vous avez mis votre signature au bas d'un
document pour une période x, vous respectez cette signature-là
tant que la période n'est pas finie. Des ententes qui lient des
organismes publics pour des périodes de 15, 20, 25 ans, il y en a
beaucoup. Il y en a beaucoup. Ça fait partie de la nature de certaines
ententes qu'elles requièrent des engagements plus longs.
C'est pour ça que, sur ce point-ci, je pense qu'avant de nous
égarer davantage dans toutes sortes d'avenues qui ne conduisent nulle
part, sinon à une invitation à peine voilée à
l'irresponsabilité et à l'illogisme, on serait aussi bien de
disposer de cet article-là. Si vous voulez faire de l'obstruction sur 2,
il y a de la place en masse, mais ne vous rendez pas ridicule en vous attardant
sur celui-ci. Plus vous parlez, plus on est porté à trouver que
ça ne tient pas debout.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, merci. Est-ce
que les membres de la commission sont prêts à adopter le
paragraphe 1° de l'article 1?
Une voix: Oui. Adopté.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Sur division.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Nous passons au paragraphe
2° de l'article 1.
M. Dufour: Avant, je....
Le Président (M. Gauvin): Oui, excusez-moi. J'aurais
dû vous demander: Avez-vous toujours l'intention d'introduire un
amendement...
M. Dufour: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): ...après le paragraphe
1°?
M. Dufour: Est-ce que je dois répéter ce que je
vous ai dit tout à l'heure?
Le Président (M. Gauvin): Je pourrais vous le
résumer ou le relire.
M. Dufour: Bon.
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire, M. le
député de Jonquière, présente un amendement.
M. Dufour: Après le paragraphe 1°, introduire le
paragraphe suivant.
Le Président (M. Gauvin): Après le paragraphe
1e, introduire un paragraphe 1.1°. Il se lirait comme suit:
«déchets: un déchet solide au sens du Règlement sur
les déchets solides (R.R.Q.,
1981, Q-2, r.14) et de la Loi sur la qualité de
l'environnement.»
M. Dufour: LR.Q.
Le Président (M. Gauvin): Oui, vous avez raison.
Maintenant, ça nous apparaît recevable.
M. Ryan: Oui. Est-ce qu'on peut vous faire des remarques sur la
recevabilité?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous voulez
débattre des représentations? Oui, M. le ministre.
M. Ryan: J'aimerais qu'on examine comme il faut. Je suis
prêt à laisser...
M. Dufour: Là, j'ai juste un point... Le
Président (M. Gauvin): Oui.
M. Dufour: ...pour notre gouverne. C'est arrivé, et
là le président vient de se prononcer. C'est évident
qu'hier... La semaine dernière, on a présenté... Non. Si
vous voulez me permettre, après ça, M. le Président
statuera.
Le Président (M. Gauvin): Oui, allez sur la
présentation.
M. Dufour: La semaine dernière, à un certain
moment, vous vous êtes prononcé contre la recevabilité de
motions qu'on présentait, et vous avez maintenu votre décision
sans qu'on ait pu plaider. Actuellement, vous vous êtes prononcé
et je sens que le ministre des Affaires municipales s'apprête à
plaider. Je fais juste donner ça pour votre gouverne ou pour ma
gouverne. C'est quoi, comment allez-vous procéder dans le futur?
Le Président (M. Gauvin): de la même façon
que je viens de vous donner un temps de parole pour vous expliquer, je veux
entendre m. le ministre, à savoir...
M. Dufour: Ce n'était pas si généreux que
ça la semaine dernière, par exemple. J'ai trouvé
ça.
M. Ryan: II ne s'était pas prononcé. D'après
ce que j'ai compris tantôt, il disait qu'il était disposé
à se prononcer. J'ai demandé s'il pouvait nous permettre de nous
expliquer avant.
Le Président (M. Gauvin): Sur la recevabilité.
M. Ryan: Sur la...
M. Morin: M. le Président, considérant que...
M. Ryan: J'ai demandé la parole.
M. Morin: Oui, mais sur la procédure, sur une question de
règlement, vu que la motion vient de nous et que vous vous dites non
disposé à rendre votre décision sur la recevabilité
immédiatement, je pense que vous conviendrez qu'il nous appartiendrait
d'abord, à la partie qui a déposé l'amendement, d'en faire
le débat sur la recevabilité d'abord, quitte au ministre de
réagir ensuite. Si elle est recevable... Est-ce que vous maintenez le
fait qu'elle est recevable ou pas?
Le Président (M. Gauvin): Brièvement... En fait, on
a coupé M. le ministre. Brièvement, je voulais l'entendre au
même titre que le député de Jonquière...
M. Morin: Pas sur la recevabilité.
Le Président (M. Gauvin): ...sur tes commentaires qu'il
voulait faire.
M. Ryan: Regardez, oui, je vais vous faire mes commentaires.
Ça va être très bref, d'ailleurs.
Le Président (M. Gauvin): Oui, oui, faites vos
commentaires...
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Gauvin): ...au même trtre que j'ai
accepté le député de...
M. Ryan: Très bien. Je trouvé que la proposition
d'amendement qu'on nous soumet ignore un article qui est déjà
dans la loi de la Régie. En 1990, nous avons adopté un
article...
M. Morin: M. le Président, question de règlement,
je m'excuse.
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Morin: Tout à l'heure, vous avez dit que vous la jugiez
recevable. Alors, avant que le ministre s'apprête à
discuter...
M. Ryan: Bien non.
M. Morin: ...sur la recevabilité, je vous demande de nous
informer de votre position à stade-ci: Elle est recevable ou pas?
Dites-nous ce qui en est. À ce moment-là, si elle n'était
pas recevable ou, à tout le moitié, vous êtes en attente
d'un plaidoyer en faveur de la recevabilité ou contre, moi, je vous dis
que le premier à intervenir sur la recevabilité appartient
à la partie qui a fait le dépôt de la motion. Alors, si M.
le ministre veut intervenir contre la recevabilité, c'est son droit,
mais moi, ce que je vous
dis, c'est que si vous n'avez pris position sur sa recevabilité,
il nous appartient d'en défendre la recevabilité d'abord.
Le Président (M. Gauvin): Évidemment, vous avez
tous compris que nous avions eu le temps d'apprécier parce qu'elle a
été reportée, et, pour la présidence, elle est
recevable. C'est ce qu'on avait mentionné.
M. Dufour: Elle était recevable. Voilà. M.
Morin: O.K. Alors, c'est très bien.
M. Dufour: S'il veut plaider, il plaidera s'il veut.
Le Président (M. Gauvin): Bon. Il faut être clair
dans les choses. J'avais apporté suffisamment de souplesse au moment de
la commission pour pouvoir faire les commentaires appropriés, mais on
n'avait pas convenu qu'on devait débattre de la recevabilité,
évidemment, ou ça m'avait échappé.
M. Dufour: Si je comprends bien, c'est qu'il ne peut pas mettre
en doute votre jugement. Il peut donner les explications qu'il veut...
Le Président (M. Gauvin): Oui, c'est ça.
M. Dufour: ...mais il ne peut pas mettre en doute votre
décision.
M. Ryan: Juste pour guider nos travaux - ça ne me fait
rien pour celle-là, on va laisser passer, on ne dira pas un mot - il me
semble, quand on arrive avec ces propositions-là, j'aimerais bien qu'on
ait la chance de demander de débattre la recevabilité avant que
la décision ne soit rendue.
Le Président (M. Gauvin): Je peux apporter une
précision.
M. Ryan: O.K.
Le Président (M. Gauvin): C'est que je dois me rappeler
que M. le ministre m'avait dit qu'il souhaitait en débattre. Je m'en
excuse.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Gauvin): On avait retenu qu'elle
était recevable et je m'étais prononcé. Je dois
reconnaître qu'il y a déjà plusieurs minutes, vous m'avez
dit que vous souhaitiez en débattre.
M. Ryan: M. le Président. (17 h 50)
Le Président (M. Gauvin): J'aurais probablement dû
le proposer aux membres de la commission. C'est pour ça que je veux
être très clair.
M. Dufour: M. le Président, je comprends que le ministre a
peut-être un statut privilégié au point de vue de la
commission, mais je vous dis, comme parlementaire, que vous ne pouvez pas
mettre en doute ce qui s'est passé la semaine dernière, et c'est
clair. J'ai plaidé pour qu'on puisse donner les motifs de la
recevabilité de la motion, et vous m'avez refusé
carrément. Je comprends que vous adoucissez votre ton, mais moi, je dis:
C'est un nouveau comportement.
Le Président (M. Gauvin): M. le... M. Ryan: Bien non.
M. Dufour: Si le ministre peut dire: On veut discuter de la
recevabilité...
Le Président (M. Gauvin): Non, absolument pas, absolument
pas. Excusez-moi, M. le député...
M. Dufour: Bien, en principe, M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière, je pense qu'on va préciser. Ça va probablement
vous aider.
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales, à mon avis, n'a pas de statut particulier.
M. Dufour: Bien, il semblerait, de la façon que vous vous
comportez.
Le Président (M. Gauvin): II a le même statut que le
député de Jonquière, qui est le représentant de
l'Opposition, à mon avis.
M. Dufour: C'est ça. Voilà.
Le Président (M. Gauvin): Je pense que c'est comme
ça qu'on devrait se comporter. M. le ministre.
M. Ryan: Juste un mot pour rappeler les faits, pour ne pas qu'il
y ait de malentendu entre nous. Dès que la motion a été
déposée, beaucoup plus tôt - ça doit faire une heure
de ça...
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Ryan: ...parce que ça ne va pas vite avec vous autres -
j'avais demandé qu'on ait la chance de se prononcer sur la
recevabilité. Là, le président dit: Ça va venir
plus tard. Alors, moi, c'est ce que j'ai compris quand il a mentionné
ça tantôt. Il a dit: Là, on en vient à discuter de
la recevabilité. Là, il m'informe qu'il a pris une
décision. L'incident est clos en ce qui me touche.
Ça finit là. Il n'y a pas de statut particulier. J'accepte
mon statut de victime.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Donc, je pense que pour pouvoir
faire avancer nos travaux l'amendement, tel que présenté par le
député de Jonquière, est recevable. Est-ce que vous voulez
débattre de cet amendement, M. le député de
Jonquière...
M. Dufour: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): ...ne serait-ce que nous le
présenter sur le fond?
M. Dufour: M. le Président, vous comprendrez que, dans les
projets antérieurs qui régissaient la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal comprenant 26 municipalités, il y avait un article qui
donnait clairement la définition de déchets solides. J'admets que
l'amendement qu'on propose ressemble comme un frère jumeau à ce
qui existe dans la loi, mais, par contre, on a à se prononcer, puisqu'il
y a différentes explications concernant les déchets, sur le
bien-fondé du retrait ou non de ce qui existait auparavant. Nous, on
prétend qu'on devrait garder la définition de déchets
solides. Il y a vraiment, à travers ça... Pourquoi on se
réfère à la Loi sur la qualité de l'environnement?
C'est parce que nous croyons qu'elle définit très bien c'est
quoi, un déchet.
Vous me donnerez peut-être la permission, M. le Président,
de définir c'est quoi un déchet selon le Règlement sur les
déchets solides. Il y a la définition et il y a
l'interprétation. On explique que des déchets solides, ce sont
des produits résiduaires solides à 20° Celsius provenant
d'activités industrielles. Donc, jusque-là, ça va? Tout le
monde sait c'est quoi, l'industrie, et ça délimite où on
va pouvoir aller agir. C'est important, la définition des mots, parce
que ça nous permet après ça, à travers le projet de
loi, de savoir à qui on s'adresse et de quelle façon on
s'adresse.
Donc, on parie des déchets industriels, commerciaux ou agricoles.
Je ne pense pas qu'il y ait de l'agriculture trop forte dans... Bien, oui, sur
l'ensemble, il peut y en avoir. Les détritus, les résidus
d'incinération de déchets solides... Il y en a qui ont
posé des questionnements sur la disposition des déchets solides
de l'incinération, des fruits de l'incinération. C'est des
cendres qu'on appelle ça. Les gens sont venus nous parler de cendres:
Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Qu'est-ce qu'il y a dans les cendres?
À quoi ça peut servir? Donc, ce sont des éléments
importants, les ordures ménagères, donc ce qui vient des maisons
privées, en principe. Ça peut venir des commerces aussi. Les
gravats, les plâtras, et les autres rebus solides à 20°
à l'exception, là, il y a certaines exceptions, et nous, si la
définition n'est pas là, sur quoi on va se baser pour
décider de ce qu'on peut traiter ou pas? Les exceptions, on pourrait
peut-être vouloir les introduire là-dedans, et c'est
peut-être pour ça qu'on ne veut pas avoir de définition.
Mais quand on commence, quand on s'arrête?
Moi, j'essaie de me faire l'interprète des gens qui sont venus au
début de notre commission parlementaire qui nous posaient des questions,
à savoir: Pourquoi il n'y a pas de définition? C'est quoi? Est-ce
que la Régie est prête à tout faire ou à ne rien
faire? Si on laisse ça aussi neutre que c'est là, ça veut
dire que la Régie aura le pouvoir de décider ce qu'elle
considère comme déchets ou pas. Ça, ça peut
représenter des difficultés. C'est intéressant de pouvoir
suivre la démarche que la Régie a enclenchée depuis
déjà huit ans.
À l'exception, dis-je, des carcasses de véhicules
automobiles - je comprends qu'il y a de la récupération possible
à travers ça - les terres et des sables imbibés
d'hydrocarbures, ça s'apparente à des choses dangereuses, des
pesticides, des rebuts pathologiques, des fumiers, des résidus miniers,
des déchets radioactifs, des boues, des résidus solides provenant
des fabriques de pâtes et papiers ou des scieries, de même que des
déchets dangereux au sens du règlement sur les déchets
dangereux adopté par le décret 1000-85 du 29 mai 1985.
C'est à l'exception aussi des déchets qui ne sont pas des
déchets dangereux, au sens du règlement sur les déchets
dangereux, qui résultent de procédés industriels des
secteurs d'activité de la tannerie, du raffinage de pétrole, de
la métallurgie, de la chimie générale, de la chimie
organique et du traitement et revêtement de surface et dont la
concentration de contaminants en composé phénolique, en cadmium,
en chrome, en cuivre, en nickel, en zinc, en plomb, en mercure, en huile ou en
graisse dans le lixivia du déchet est supérieur aux normes
prévues à l'article 30. Savez-vous, ça me rappelle un peu
mon travail que je faisais dans les laboratoires. Le lixivia est obtenu selon
la méthode décrite dans la procédure d'évaluation
des caractéristiques des déchets solides et des boues pompables
publiée par le ministère de l'Environnement du Québec en
1985.
Donc, il y avait une utilité, c'est évident, de vouloir
avoir une description ou une définition claire, nette, précise
des déchets. Cette description-là est toute reliée avec ce
qui va se passer comme activité sur le territoire de IHe de
Montréal. C'est un territoire assez grand. Ça touche beaucoup de
personnes. Ça touche aussi les individus qui ont à traiter de ces
choses, à les récupérer. On peut se poser la question,
à savoir: Si ce n'est pas décrit, c'est quand que ça
commence et c'est quand que ça finit? Est-ce que ça veut dire que
les gens devront se promener avec un manuel dans leur poche et toujours
être connectés ou pris sur la Régie pour savoir ce
qu'ils pensent de telle chose? Est-ce que ça, on a le droit, on n'a pas
le droit?
En tout cas, moi, je pense que, définitivement, ça pourra
soulever des bonnes discussions, mais si on enlève la description qui
était connue et qu'on veut introduire, on s'amène sur un terrain
où il y aura des discussions assez importantes et où il y aura
sûrement des places pour des procès. Mon collègue d'Anjou,
il n'est pas contre les procès et il n'est pas contre les avocats, mais,
moi, je vais dire: le plus loin possible. Ni pour, ni contre, bien au
contraire! J'ai cette inquiétude, lorsqu'on a un projet de loi devant
nous, que la façon d'écrire les choses, la façon de
démontrer la volonté du législateur, c'est qu'on doit
l'écrire, et c'est de cette façon-là qu'on doit comprendre
l'amendement que j'apporte. Il faut se mettre dans la peau des gens qui auront
à travailler sur le territoire. C'est facile. Si chacun adopte sa propre
description, il y aura autant de règlements et il y aura autant de
visions d'échecs qu'il y aura de municipalités sur tout le
territoire du Québec. Ce qu'on fait là, il y en a d'autres qui
vont y penser tout a l'heure. Si personne ne remet en cause ou ne veut adopter
une définition, bien, c'est parce que ça doit faire l'affaire
d'individus ou de groupes. La, vous me rappelez qu'il est l'heure... On va
ajourner?
Le Président (M. Gauvin): On est tout près
du...
M. Dufour: Alors, on va demander l'ajournement pour
jusqu'à...
Le Président (M. Gauvin): J'aimerais, avant la
suspension...
M. Dufour: Je n'avais pas fini mon intervention. C'est clair.
Le Président (M. Gauvin): ...vous informer qu'il y a une
personne... M. Christian Drapeau a informé le Secrétariat des
commissions qu'il aimerait être entendu au moment où on va
débattre plus spécialement l'article 15. Donc, comme
président, ça va me prendre le consentement unanime de cette
commission, et j'ai l'intention de réserver cette question-là
quand on va aborder plus spécifiquement l'article 15. On s'entend sur
ça?
M. Dufour: Oui. On pourrait même l'entendre...
Déplacer des gens un peu d'un bord et de l'autre comme ça, je
trouve ça dérangeant pour ces gens-là. Par respect pour
eux, on pourrait même suspendre le projet de loi et dire qu'on
l'écoute en temps et lieu. Si le ministre ne veut pas, ce n'est pas plus
grave que ça.
M. Ryan: Excusez, là, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui. (18 heures)
M. Dufour: Moi, je n'ai pas d'objection, je donne mes couleurs
tout de suite.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: ...je n'ai jamais demandé au député
de Jonquière de se faire l'interprète de mes pensées.
J'allais lui dire, cependant, que s'il respecte celui qui vient de demander
à la dernière minute, il pourrait peut-être respecter aussi
ceux qui attendent depuis longtemps et leur donner une chance, en abordant les
articles véritables du projet de loi, d'intervenir comme on est convenus
de le faire. C'est bien beau de faire du racolage, mais je pense qu'il faut
d'abord respecter ceux qui sont avec nous.
M. Dufour: C'est bien.
Le Président (M. Gauvin): Donc, c'est ce que j'avais
à présenter, l'intention de demander...
M. Dufour: Pas de problème pour moi.
Le Président (M. Gauvin): ...le consentement des membres
à l'unanimité pour entendre M. Drapeau quand on abordera plus
spécifiquement l'article 15. La commission suspend ses travaux pour
reprendre à 20 heures dans la même salle.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Gauvin): S'il vous plaît, la
commission de l'aménagement et des équipements reprend ses
travaux dans le cadre de l'étude du projet de loi 221. Au moment
où on avait suspendu, la parole était au député de
Jonquière, Donc, j'invite le député de Jonquière
à poursuivre le débat sur l'amendement présenté,
qui se lit comme suit, qui ajoute un paragraphe qui serait le paragraphe
1.1s: un décret solide au sens... Excusez-moi! Je me
reprends. «Déchets»: un déchet solide au sens du
Règlement sur les déchets solides (R.R.Q., 1981, Q-2, r.14) et de
la Loi sur la qualité de l'environnement (L.R.Q., c. Q-2).» M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Merci, M. le Président. Au début de
mon intervention, j'ai essayé de démontrer hors de tout doute
qu'on trouvait une définition qui semblait ou qui pourrait être
acceptable à la régie des déchets comme à
l'ensemble des intervenants sur IHe de Montréal, définition qui
permettrait, dis-je, de mieux se servir des moyens à notre disposition
soit pour
en disposer, soit pour les incinérer, soit pour faire de
l'enfouissement sanitaire de quelque façon que ce soit. Je pense aussi
qu'il ne faut pas oublier qu'il y a une question de récupération
par rapport à ça, et il faut s'entendre sur la forme des
déchets, ce qu'on considère comme un déchet.
Depuis le début, la Régie s'est contentée ou s'est
arrangée avec la définition qu'elle avait inscrite dans sa propre
loi. Donc, si ça à été acceptable pendant les huit
premières années d'existence, on peut se poser la question
à savoir si, pour les prochaines années, la même
définition n'aurait pas pu s'appliquer. Il est vrai qu'on va un peu plus
loin dans la disposition de ces déchets-là, mais est-ce que la
définition qui faisait l'objet des premières lois n'aurait pas pu
se maintenir? C'est, évidemment, important, à mon point de vue,
et ça aurait été aussi de nature à amener les
différents intervenants à mieux savoir de quoi il s'agissait.
Il y a une façon bien correcte - et c'est ça qui
amène souvent des solutions à des problèmes - c'est quand
on est clair dans l'énumération où dans la description des
objets qui sont à l'intérieur d'une législation. On se
bat, des fois, pour des définitions. On se bat aussi pour la
finalité de certaines choses, mais dans le cas qui nous
préoccupe, il n'y a pas 56 façons de... Il y a peut-être 56
façons de disposer des déchets, mais le premier positionnement
par rapport à ça, c'est de savoir c'est quoi le déchet et
ce qu'on fait avec. Donc, la Régie décide rapidement d'enlever
à ce projet de loi cette définition-là. Je me demande
jusqu'à quel point ce ne sera pas litigieux et ça n'apportera pas
aussi des problèmes.
Il ne faut pas oublier qu'à travers le projet de loi, si on n'a
pas de définition, on a tout de même d'autres opérations
qui touchent ces mêmes déchets-là. Donc, la question du
transport et de toutes les façons de manipulation, ça va aussi
être un objet de controverse ou un objet de discussion. Quand on va
s'arrêter dans les descriptions ou la connaissance de ce qu'on jette,
quand la Régie va faire un règlement, qu'elle va avoir des
exigences, sur quoi elle va se baser? Est-ce qu'elle va se baser sur ce qu'elle
croit au moment où ça se passe ou si elle va le faire au moment
où ça s'est passé? Elle va le faire en fonction de quels
critères? Si c'est en fonction de la Loi sur la qualité de
l'environnement, on se comprend, tout le monde aura accès, c'est une loi
publique, mais dans le cas qui nous préoccupe, on ne le sait pas.
Donc, comme c'est en fonction d'une loi privée, c'est encore
beaucoup plus questionable et nous, on voudrait bien savoir jusqu'à quel
point on donne cette possibilité à la Régie d'agir sur des
déchets qui circuleront à l'intérieur de la
municipalité. C'est un peu dans ce sens-là que je pense qu'il est
important d'établir clairement la définition de déchet
pour que, dans les autres articles du projet de loi, on sache à quoi
s'en tenir. Si ça va plus loin que la Loi sur la qualité de
l'environnement, il faudra bien que quelqu'un nous dise quelque part ce qu'on
veut faire et pourquoi on fait ça. Si c'est pour une question de tonnage
et qu'on dit: Pour faire notre tonnage, il faut prendre à peu
près n'importe quoi, ça, c'est une autre histoire aussi. Mais,
tout ça, c'est lié ensemble et l'amendement qu'on propose, c'est
dans ce sens-là. C'est de savoir si ça répond à des
critères précis parce que, lorsqu'on veut réglementer
quelque chose qu'on rie connaît pas, ça me semble encore beaucoup
plus compliqué.
Moi, je veux bien faire des lois, on veux bien concourir à
l'adoption de lois, mais à la condition qu'on sache l'objet
précis. Puis, actuellement, je n'ai pas l'objet de ce que ça
vise, parce que ça peut être très étendu. Tous ces
déchets, ce que j'ai donné comme définition en premier,
tout ce qu'on peut faire et tout ce qui n'est pas considéré comme
déchet pourrait, avec le projet de loi, en faisant sauter l'article qui
nous donne la description de ce qu'est un déchet, on pourrait tout
réintégrer ça à l'intérieur, puis on va
être pris avec.
Donc, je pense que pour le bénéfice de nos travaux, pour
le bénéfice aussi des gens qui auront à appliquer ces
critères-là, ça serait une bonne chose que l'amendement
que je propose soit accepté par cette commission.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres membres de
cette commission qui aimeraient se faire entendre sur l'amendement? M. le
député d'Anjou.
M. Ryan: Mais...
Le Président (M. Gauvin): Oui, excusez. M. le
ministre.
M. Ryan: Regardez, il y a le... Je vais réserver mon
intervention pour un petit peu plus tard, mais là...
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Ryan:... je voudrais poser une question, peut-être, au
député de Jonquière, tout d'abord, il doit bien se rendre
comte qu'on a déjà dans la loi... À l'heure où nous
nous parlons, on à déjà une définition des
déchets qui est dans la loi adoptée en 1990. Un déchet, il
y a une définition qui est ici dans la loi, dans la loi de 1990. Au
moment où nous nous parions, cet article-là n'a pas
été abrogé. Ça resté là,
ça.
M. Dufour: C'est vrai.
M. Ryan: Ça fait qu'on ne peut pas, on ne peut pas arriver
par-dessus sans faire de lien
avec ceci, commencer à jouer avec ça. Là, vous
changez la définition, vous là. Vous ajoutez la
référence à la Loi sur la qualité de
l'environnement, si je comprends.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: Puis, à part ça, tel qu'il se lit,
«à ia date de l'entrée en vigueur de la présente
loi», ça c'est, encore une fois, c'est en date de 1990. là,
je ne le sais pas au point de vue procédure, m. le président,
c'est le point dont je voulais vous saisir antérieurement. ha, ha, ha!
ce n'est pas de le vengeance, remarquez bien!
M. Dufour: Vous seriez bon pour faire...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Vous êtes mûr pour changer de
côté!
M. Ryan: Ah! Je n'aurais pas de difficulté par
tempérament!
M. Dufour: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Par discipline. Tant que la discipline grandit, vous
enseignerez ça à vos collègues! Ha. ha, ha!
M. Dufour: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais, qu'ils ne se pressent pas trop.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Vous aussi, vous avez des problèmes avec les
jeunes.
M. Ryan: Pardon? Avec les...
M. Boisclair: Vous aussi, vous avez des problèmes avec les
jeunes.
M. Ryan: Avec les jeunes, je n'ai jamais eu de problèmes.
C'est avec les aînés!
Une voix: C'est eux autres qui en ont avec lui. (20 h 20)
M. Ryan: Ici, il y a un problème de logistique que je vous
pose avant qu'on ne discute sur le fond. Une deuxième remarque que je
vous ferais, on pourra l'expliciter davantage tantôt. C'est que
là, l'amendement proposé fait référence à
deux définitions qui ne sont pas les mêmes. La définition
qui est dans le Règlement sur les déchets solides est une chose,
la définition qui est dans la Loi sur la qualité de
l'environnement est autre chose.
Je pense que ce n'est pas facile de faire référence aux
deux en même temps. Je n'ai pas fait une analyse de la toute
dernière version du règlement parce qu'il y a eu des
modifications, je pense, qui sont entrées en vigueur, qui doivent entrer
en vigueur le 1er juillet. C'est celles-là, je pense. Maintenant, je ne
sais pas si c'était une prépublication ou bien non si
c'était la version définitive parce qu'il y en avait un qui
devait entrer en vigueur le 1er juillet. Pour moi, c'est celui-là.
Alors, là, il y a deux définitions différentes. Il
faudrait qu'on... On ne peut pas avoir les deux en même temps. Il y a
quelqu'un ici, du ministère de l'Environnement, qui suit nos travaux.
C'est un membre du contentieux du ministère de l'Environnement. Je ne
sais pas si on pourrait lui demander, avec le consentement des
députés, de faire le point sur l'état actuel de la
réglementation et de la législation là-dessus. M.
Latulippe, peut-être que ce serait bon qu'il nous donne des
précisions. M. Latulippe, auriez-vous objection à ce qu'on mette
vos connaissances à l'épreuve?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que j'ai l'accord unanime
pour entendre M. Latulippe?
M. Dufour: nous autres, on est toujours prêts à
collaborer. on est même prêts à accepter des amendements de
la part du ministre, s'il y a lieu.
M. Ryan: On sait qu'ils ne sont pas pressés, mais on ne
voudrait pas abuser de ça, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que je pourrais avoir le
prénom de monsieur?
M. Ryan: C'est mon témoin.
Le Président (m. gauvin): donc, nous allons accueillir,
entendre et permettre à m. jean-maurice latulippe du ministère de
l'environnement, de nous donner des explications sur l'interprétation,
à ce que j'ai cru comprendre, pour ce qui est des déchets. c'est
ça, m. le ministre, ou à peu près? il va le
préciser.
M. Ryan: Oui, surtout expliquer en quoi consiste la
définition qui est dans le règlement auquel fait
référence la proposition d'amendement de l'Opposition et la
définition qui est dans la Loi sur la qualité de l'environnement.
Les différences entre les deux et les conciliations possibles. O.K.? Ne
faites pas comme l'Environnement. Revenez, par exemple, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): M. Latulippe, on
vous entend.
M. Latulippe (Jean-Maurice): Oui. M. le Président, le
Règlement sur les déchets solides a été
modifié le 6 mai, et c'est en vigueur. C'était essentiellement
pour intégrer les amendements qui ont été faits par
rapport au règlement sur les déchets biomédicaux. On s'y
réfère, dans le bill 257 de la Régie, à une
définition de déchets, telle qu'elle se lit à
l'entrée en vigueur de la présente loi- Alors, c'est une
définition qui se rapporte au Règlement sur les déchets
solides et qui restreint à la définition actuelle du
Règlement sur les déchets solides ce qu'est un déchet pour
la Régie. Alors, dans le projet de loi 221, à l'article 1, on ne
se réfère plus à cette définition et, comme le dit
M. le ministre, c'est à l'article 12 où le débat pourrait
s'engager au niveau de la définition comme telle parce que l'article 12
retranche la définition de «déchets» au projet de loi
257.
M. Ryan: Voyez-vous... M. le Président, est-ce que vous me
permettriez de demander à M. Latulippe de nous donner un petit peu
l'état de la législation: la Loi sur la qualité de
l'environnement, la définition qu'elle donne de
«déchets» et le lien avec le règlement. Vous l'avez
ici, la définition dans la loi? Je vais vous la passer, si vous ne
l'avez pas. Quel onglet-Une voix:...
M. Latulippe: Dans la Loi sur la qualité de
l'environnement, le terme «déchets» est beaucoup plus large
évidemment que dans le Règlement sur les déchets solides.
Alors, dans la Loi sur la qualité de l'environnement, on retrouve toute
forme de déchet, c'est-à-dire résidu... et je cite:
«résidu solide, liquide ou gazeux provenant d'activités
industrielles, commerciales ou agricoles, détritus, ordure
ménagère, lubrifiant usagé, débris de
démolition, rebut pathologique, cadavre d'animal, carcasse de
véhicule automobile, pneus hors d'usage, rebut radioactif, contenant
vide et rebut de toute nature à l'exclusion des résidus
miniers.» Donc, en ce qui a trait aux résidus provenant
d'activités industrielles et commerciales, la Loi sur la qualité
de l'environnement est beaucoup plus large que la restriction qu'on en fait
dans le Règlement sur les déchets solides.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète l'information souhaitée par les membres de la
commission, M. le ministre? Oui?
M. Ryan: Ça voudrait dire, si on tient compte des
explications qui viennent d'être données, qu'on ne peut pas
adopter les deux définitions en même temps et sous le même
rapport. En vertu du vieux principe de contradiction, une chose ne peut pas
être et ne pas être en même temps et sous le même
rapport.
Le Président (M. Gauvin): Oui. Excusez, M. Leduc aimerait
ajouter au commentaire. Si vous me le permettez, M. le ministre. M. Leduc.
M. Leduc: Moi, je pensais qu'on aurait discuté de cet
aspect-là à l'article 12, mais, puisqu'il en est question, est-ce
que je peux prendre un petit deux minutes pour expliquer pourquoi la
Régie a préféré la version beaucoup plus large de
la Loi sur les cités et villes sur les déchets que cette loi sur
les déchets solides? C'est toute la question des déchets
domestiques, dangereux. Si on gardait la définition de la loi sur les
déchets solides: est considéré comme un déchet
solide tout ce qui est solide à 20° Celsius. Or, les déchets
domestiques dangereux, on en a fait notre responsabilité. Actuellement,
la ville de Montréal et la Régie, ensemble, s'apprêtent
à donner à la compagnie Philip Environmental, juste pour la
Régie, un contrat de 3 600 000 $, probablement 4 100 000 $, puisque
Montréal-Nord se joindrait. La ville de Montréal, ça doit
être à peu près le même montant. On vient d'ouvrir
les soumissions. Pour les déchets domestiques dangereux, ça,
c'est un projet qui est pour toute l'île. C'est un des volets du projet
pour lequel on est marié avec Montréal. Même si ça
représente juste 0,5 % de tous les déchets, les déchets
domestiques dangereux, lorsque enfouis ou lorsque incinérés,
à plus forte raison, sont responsables pour à peu près 80
% des émanations toxiques possibles, que ce soit l'enfouissement ou
l'incinération.
Donc, avec la définition très restrictive de la loi sur
les déchets solides, nous n'aurions pas pu exercer, au sens strict du
terme, la responsabilité sur les déchets domestiques dangereux,
qui sont liquides très fréquemment - de l'huile usée, du
détersif, du Varsol, des choses comme ça, de l'eau de javel, des
batteries, la question du cadmium, puis du plomb. Bon. Ça ne rentrait
pas dans cette définition. Donc, pour pouvoir assurer, je pense, ce
volet très important de la gestion des déchets domestiques
dangereux, nous devions revenir à une définition plus large qui
est celle de la Loi sur les cités et villes. Je pense que je vais un peu
plus vite, mais étant donné qu'il en est question... Je pensais
qu'on en discutait à l'article 12, mais je tiens à vous donner le
point de vue de la Régie sur l'adoption de la définition de la
Loi sur les cités et villes plutôt que celle de la loi sur les
déchets solides.
Le Président (M. Gauvin): Qui, M. le ministre. M.
Latulippe aimerait ajouter.
M. Ryan: Peut-être... monsieur, a un petit commentaire
à faire. Oui, c'est bon.
Le Président (M. Gauvin): M. Latulippe.
M. Latulippe: Simplement dans le même sens
que M. le ministre le souligmait tout à l'heure. La suggestion
qui a été faite d'un amendement est totalement contradictoire
parce qu'on s'y réfère tant au Règlement sur les
déchets solides qu'à la Loi sur la qualité de
l'environnement. Donc, un article restrictif et un article de portée
très générale à la fois. Alors, techniquement, ce
n'est pas possible.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Si je comprends bien - il est là pour nous
renseigner - ça veut dire que... Bon, en fait, si je comprends bien,
vous nous dites: Si ça va trop loin, la qualité de
l'environnement, vous devriez prendre la loi sur les déchets solides ou
pas? Depuis le temps que ça existe, le ministère, il doit y avoir
une définition d'un déchet: c'est quoi et qu'est-ce qu'on peut
traiter ou pas?
M. Latulippe: Ce que je dis, M. le député...
Le Président (M. Gauvin): M. Latulippe, oui.
M. Latulippe: ...c'est que la Loi sur la qualité de
l'environnement a donc une portée générale au niveau des
déchets. Par contre, dans le Règlement sur les déchets
solides, comme ça ne concerne que les déchets solides, on a
restreint particulièrement aux déchets commerciaux et
industriels, à certains déchets commerciaux et industriels. Mais
si vous interprétez par rapport à la Loi sur la qualité de
l'environnement, les termes «déchet industriel et
commercial», ça couvre tout, c'est-à-dire les BPC ou les
choses comme ça. (20 h 30)
M. Dufour: Est-ce que la Régie... Est-ce que, pour le
ministère de l'Environnement, la définition de
«déchets», telle que connue auparavant, c'est
satisfaisant?
M. Latulippe: C'est que... Je ne sais pas si... Une voix:
Allez.
M. Ryan: Attendez un petit peu. Quelle est votre question,
là?
M. Dufour: II avait l'air à avoir compris. Il était
prêt à s'engager.
M. Ryan: Je sais, mais il a su se retenir.
M. Dufour: Je dis que, par rapport à la loi ou par rapport
à ce qui nous préoccupe actuellement, la définition d'un
déchet, telle qu'elle était antérieurement, qui pourrait
être conservée, qui faisait référence à des
déchets solides, c'est quoi l'empêchement de l'introduire dans la
loi ou qu'est-ce qui pourrait faire problème?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: Ça, je pense qu'on s'en vient vers le coeur du
problème. Je vais vous donner une réponse à ceci parce que
c'est une réponse qui relève de l'ordre politique au bout de la
ligne. Le témoin est ici, M. Latulippe, pour nous éclairer sur
des implications de ce que nous disons ou envisageons. Il n'est pas ici pour
donner des opinions au nom du gouvernement. Je pense que le
député de Jonquière va comprendre ça
facilement.
Alors, sur le fond, dans la loi actuelle, il faut partir du point
où nous en sommes, au moment où nous déposons ce projet de
loi. Dans la loi actuelle, ce qui est inscrit, c'est
«déchets»: un déchet solide au sens du
Règlement sur les déchets solides», tel qu'il se
définit à la date de l'entrée en vigueur de la
présente loi - la loi de 1990. C'est la définition, comme elle
était dans le Règlement sur les déchets solides, avant les
modifications du 6 mai.
Si la Régie est ici, c'est parce que cette
définition-là n'est pas satisfaisante pour ses besoins. C'est
parce qu'elle a besoin d'ajouter aux déchets domestiques de provenance
résidentielle les déchets domestiques de provenance industrielle
et commerciale afin d'être en mesure de pouvoir garantir aux dispositifs
qu'elle entend construire le volume d'affaires qui répondra à la
capacité de production de ce dispositif.
Ça, c'est une raison majeure de tout ce projet de loi, ici. Tout
ce projet de loi. Mais on est venu me voir, on m'a exposé ça.
J'ai regardé le pour et le contre, et là, j'ai causé avec
mon collègue, le ministre de l'Environnement. Évidemment, je
n'aurais pas présenté une chose comme celle-là ici si je
n'avais pas d'abord procédé aux vérifications d'usage avec
mon collègue, le ministre de l'Environnement. Si nous avons
présenté le projet de loi, c'est parce que le ministre de
l'Environnement a consenti à ce qu'il soit présenté avec
nous, en se disant qu'il y a certaines questions qui seront l'objet d'un examen
au stade où lui devra être impliqué. Actuellement, il n'est
pas impliqué dans ces choses-là. Mais, dans la mesure où
ça ira au BAPE et ensuite au gouvernement proprement dit, lui, il est
directement impliqué, et c'est à lui qu'il incombera de faire une
recommandation au gouvernement.
Ici, ça a été discuté et nous sommes
parfaitement conscients de ce que nous faisons. C'est un élargissement
de la définition imposée en 1990 qui est proposée avec le
projet de loi. L'élargissement que nous proposons, auquel nous
souscrivons - qui est proposé par la Régie, mais auquel nous
souscrivons, nous, du gouvernement - consiste à fournir à la
Régie un champ d'intervention identique à celui qui est
déjà conféré aux municipalités, soit en
vertu de la Loi sur les cités et villes, soit, dans le cas des
communautés urbaine?, en vertu des lois sur les
communautés urbaines. C'est une espèce d'amalgame des champs
d'intervention définis dans ces deux types de législation que
nous avons inscrit ici. Comme il est très difficile d'arriver à
une définition rigoureuse qui exclut certaines choses et qui en inclut
nécessairement d'autres, la méthode qui a été
choisie cette fois-ci, c'est une méthode que j'appellerais privative,
méthode qui fait qu'on définit le moins possible, mais en collant
sur les législations existantes, de manière que l'application
puisse se faire le plus aisément possible.
Mais ici, évidemment, s'il y a des règlements... À
supposer qu'il soit question de déchets dangereux, par exemple, c'est
évident que ça va tomber sous le coup de la réglementation
dans ces matières-là. Ces questions de déchets solides,
ça va tomber sous le coup de ces choses-là. Toutes ces
réglementations-là du ministère de l'Environnement restent
là, et la Régie n'est pas au-dessus de ça,
évidemment. C'est autant de choses qui seront clarifiées à
cette étape-là. Mais, dans le projet de loi, c'est tout ce qu'il
y a, ça. C'est tout ce qu'il y a. Mais si on gardait seulement la
définition de déchets solides, autant dire tout de suite à
ces gens-là: On vous a fait perdre votre temps nous autres aussi. On est
mieux de fermer la baraque ce soir, puis dire: On n'a pas d'affaire ici.
Je respecte le droit de l'Opposition de voter contre, cependant, mais
comme vous posez la question par votre amendement, je vous dis: Nous autres, on
va être obligés de faire deux choses: d'abord, de vous demander de
choisir une des deux définitions, celle de la Loi sur la qualité
de l'environnement ou celle du Règlement sur les déchets solides
- on ne peut pas avoir les deux en même temps. Deuxièmement,
quelle que soit celle que vous retiendrez, je pense que nous allons avoir
beaucoup de difficultés. Déchets solides, on va voter contre,
ça, sans aucune hésitation. La Loi sur la qualité de
l'environnement, ça pose d'autres problèmes qu'on verra à
ce moment-là, selon le choix que vous ferez. Mais je ne pense pas que
vous puissiez nous inviter, en homme judicieux et logique que vous tentez
toujours d'être... On n'atteint, personne, la perfection en ces choses.
Ce n'est pas facile, nous autres aussi on pèche souvent. Je ne pense pas
que vous puissiez nous demander d'approuver les deux en même temps.
M. Dufour: Mais vous comprendrez tout de même, M. le
ministre... Vous comprendrez que notre questionnement, il est judicieux. Dans
ce que vous nous dites, vous avez rencontré, d'une part, le ministre de
l'Environnement. Comme vous ne pouvez pas vous appuyer carrément sur une
législation existante, qui est coulée dans le béton, mur
à mur, vous dites: Bien, on s'entend entre nous autres. On dit: On est
bien conscients, c'est une décision politique et, nous autres, on
décide ça. Est-ce que ça irait jusqu'à dire que,
demain matin, il y aurait un autre organisme qui pourrait prendre une autre
position ou une autre régie qui viendrait vous voir et dire: Nous
autres, bien, on voudrait avoir ça d'une autre façon?
Jusqu'où on pourrait aller dans ces tractations-là de disposition
de déchets? Dans le fond, s'il n'y a pas de... Là, vous nous
dites: On fait des déchets à la carte. C'est un peu ça. La
Régie, elle, il n'y a pas de définition qui lui convient. Donc,
on fait ça de cette façon-là. Mais, demain matin, s'il y
avait un autre organisme qui venait à la barre, qui venait nous demander
un autre pouvoir... Lui, ne serait pas tout à fait comme ça,
c'est quoi qui nous arrêterait, et jusqu'à quel point on pourrait
y aller? C'est un peu le problème que j'ai. Si je me base sur quelque
chose de bien concret, là, je sais à quoi je m'engage, mais si
c'est selon la bonne volonté... Je comprends que c'est une question de
jugement, de pondération, mais jusqu'où?
M. Ryan: Là, ce que nous vous disons, nous autres,
essentiellement, c'est que nous avons pris une autre approche que la loi de
l'environnement, qui n'est pas notre loi à nous autres. Nous avons pris
la Loi sur les cités et villes. Nous avons pris les lois sur les
communautés urbaines et, dans la Loi sur les cités et villes, on
confère aux municipalités une compétence large en
matière de déchets, beaucoup plus large que celle qui
était définie dans la loi de la Régie de 1990. Dans les
lois sur les communautés urbaines, on élargit encore, en
particulier dans un secteur comme le transport des déchets, par exemple.
Là, on a fait un amalgame des deux et on dit: Ce que les
municipalités détiennent en vertu de la Loi sur les cités
et villes, si elles décident qu'elles vont le déléguer
à une régie, pourquoi on irait limiter la régie à
un objet plus ample que la municipalité individuelle en matière
de déchets? C'est pour ça qu'ils se mettent 26 ensemble.
Ça n'a pas de bon sens de dire: Les 26, vous aviez un champ d'action qui
était, disons, d'une largeur x et, à la Régie, vous
êtes la déléguée de ces gens-là. Ils vous ont
demandé d'exercer leur responsabilité et on va couper votre champ
d'intervention. Au nom de quelle logique, au nom de quel principe on va faire
ça? Il n'y en a pas. C'est pour ça que ce qui a été
fait en 1990 est questionnable et on essaie de le corriger maintenant.
Le deuxième point. On dit: La Loi sur la Communauté
urbaine de Montréal, pour prendre cet exemple-là, confère
des pouvoirs à la Communauté urbaine qui vont assez loin en
matière de transport de déchets, par exemple. On dit: Ça,
c'est normal que la Régie l'ait. Nous sommes comme vous, nous
souhaiterions vivement qu'il n'y eût qu'une autorité en
matière de déchets pour ITIe de Montréal, du
consentement des intéressés. Ça a été
travaillé depuis déjà plu-
sieurs années, mais ça n'a pu être atteint. C'est un
objectif auquel même le Dr Leduc ne renonce pas. Moi, j'ai causé
de ces choses-là avec le maire de Montréal. J'en ai parlé
avec lui. Lui non plus n'y renonce pas, mais on m'a dit de toutes parts, y
compris l'autre maire qui ne fait pas partie, que c'est des choses qui restent
ouvertes pour l'avenir, mais que les circonstances immédiates dans
lesquelles nous sommes ne permettent pas une chose comme celle-là.
Là, notre question, nous autres, c'est: Est-ce qu'on va les
empêcher d'avancer pendant ce temps-là? Ils ont déjà
fait un travail formidable en matière de recyclage. Je trouve même
que l'exercice d'une compétence publique dans ce domaine-là est,
à longue période, une protection également à bien
des points de vue. Je pense que l'Opposition va être d'accord
là-dessus. Ce qu'on veut, c'est de leur tracer un sentier un peu plus
large, qui soit compatible avec les fins pour lesquelles la Régie a
été constituée et qui corrige une espèce de
rétrécissement qui a été infligé en 1990,
dans un contexte auquel, moi, je suis un petit peu étranger. Je
n'étais pas là, puis je n'ai pas été dans tous les
détails. Je regarde ça après coup et je trouve que
ça n'a pas de bon sens qu'une régie qui va mettre en commun les
ressources et les responsabilités de 26 municipalités se fasse
dire: Vous autres, vous pouvez avoir ceci et ça. Toi, non. Tout
ça, au nom de quelle logique? Je cherche encore. (20 h 40)
On aura tantôt, un peu plus tard, le point de vue de l'AESEQ.
Ça va être bon qu'on l'entende ce soir, tout compte fait. Vu qu'on
discute de définition de déchets, ça va être bon de
les entendre. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on les amène dans
le portrait un petit peu plus tard. C'est une discussion de fond ça,
puis comme on l'a fait souvent, le député de Jonquière et
moi, en commission, on ne s'occupe pas des numéros. À un certain
moment, on va au fond de la question. Puis, après ça, on reprend
numéro par numéro. C'est pour ça que votre amendement,
moi, j'avais des réserves à certains points de vue, au point de
vue logique, mais pas au point de vue du fond, dans ce qu'on discute. C'est
pour ça.
Au fond, il n'y a pas autre chose que ça. On peut discuter du
choix qu'ils font, de telle méthode, telle méthode, ça va
venir en temps utile, plus tard, les questions d'incinérateur et tout.
Ce n'est pas ici qu'on décide de l'incinérateur. Le ministre
pourra être autorisé à leur permettre de signer un contrat,
sujet à ce que ce contrat-là s'applique une fois qu'ils auront
passé toutes les étapes et que le ministre de l'Environnement
aura donné une recommandation favorable au gouvernement. C'est au
ministre de l'Environnement, au bout du processus, qu'il incombe de faire une
recommandation. Même si le ministre des Affaires municipales était
de mèche avec le président de la Régie pour passer
à tout prix, il ne pourra pas parce qu'il y a le ministre de
l'Environnement entre les deux.
C'est comme ça que l'affaire apparaît. Je pense que la
définition reliée au règlement, même avec les
modifications qui ont été apportées, elle ne peut pas
suffire à donner une réponse satisfaisante aux besoins de la
Régie comme ils nous ont été exposés. La
définition qui est dans la Loi sur la qualité de l'environnement
n'apparaît pas comme le meilleur guide, ici non plus, une
définition très large, très englobante, finalement. Ce qui
nous apparaît le mieux, c'est qu'on n'ait pas de référence
explicite, mais qu'à toutes fins utiles la loi signifie qu'on se
réfère au contenu qui est dans la Loi sur les cités et
villes, puis dans la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal.
J'ajoute un dernier point: Pourquoi la Communauté urbaine de
Montréal n'a-t-elle pas exercé la compétence que lui
attribuait le législateur en matière de gestion
intégrée des déchets? Parce que, pour qu'elle exerce cette
compétence, il eut fallu que les municipalités membres y
consentent, lui donnent un mandat à cette fin. Elle ne l'a pas
reçu. On nous a indiqué très clairement à la
Communauté urbaine que rien ne permet d'entrevoir qu'on va lui donner un
mandat de cette nature dans l'avenir prévisible. Alors, là, il
reste le problème: Qu'est-ce qu'on fait avec les 26? Est-ce qu'on leur
dit de s'asseoir là tant que tout n'a pas été
réglé de manière satisfaisante? C'est impossible en
pratique. Puis, nous autres, nous disons: Mieux vaut une intégration
à 80 % que pas d'intégration du tout. Éventuellement, on a
fait allusion à d'autres stades de nos échanges, aux liens plus
étroits qui se sont établis entre la Régie et la ville de
Montréal, en matière de perspectives de gestion de
déchets. Je pense que ces contacts-là sont très
encourageants. Éventuellement, ça va produire des fruits.
Alors, voilà le fond des fonds en ce qui touche la
définition et je suis bien reconnaissant au député de
Jonquière de l'avoir soulevée. Il n'y a absolument pas
d'hésitation de notre part à discuter ça franchement.
M. Dufour: Vous nous dites que, dans la Loi sur les cités
et villes, il y a une définition qui touche les déchets. Est-ce
que c'est défini expressément, nommément, ou si c'est par
déduction qu'on arrive à ça?
M. Ryan: Ce n'est pas long, je vais lire l'article qui traite de
ça dans la Loi sur les cités et villes.
M. Dufour: Quel numéro d'article?
M. Ryan: 413.10° a). Ça vaut la peine de le lire pour
l'entrer dans nos minutes, M. le Président, parce que ce n'est pas tout
le monde qui peut se référer à ces documents-là.
Alors,
ici, la loi donne au conseil municipal le pouvoir de faire des
règlements «pour obliger, dans toute l'étendue de la
municipalité, ou dans la section ou les sections que le conseil
désigne, le propriétaire ou occupant de tout immeuble, ou celui
qui les a déposés, de ramasser et enlever les cendres, eaux
sales, immondices, déchets, détritus, fumier, animaux morts,
matières fécales et autres matières malsaines ou
nuisibles, - ça, ici, "autres matières malsaines ou nuisibles"
avec les autres objets que j'ai énumérés avant, là,
ça couvre à peu près tout ce qu'on peut imaginer en fait
de déchets - et d'en disposer; pour pourvoir au ramassage et à
l'enlèvement des matières en question et déterminer la
manière d'en disposer, dans toute l'étendue de la
municipalité ou dans les endroits de la municipalité que le
conseil désigne, et pour autoriser et surveiller le ramassage et
l'enlèvement desdites matières pour déterminer parmi ces
matières celles qui sont réutilisables et recyclables et
établir, dans tout ou partie de la municipalité, un
système de collecte sélective dans le but de pourvoir à
leur enlèvement de manière spéciale; pour obliger,
à cette fin, tout propriétaire, locataire ou occupant d'un
immeuble à séparer de ces matières celles qui sont
réutilisables ou recyclables, selon les catégories qu'il
détermine; pour se départir de ces matières après
leur enlèvement, notamment en faisant traiter les matières
recyclables dans un établissement visé aux sous-paragraphes b.1
ou b.2».
Ensuite, il y a b): «Pour construire, aménager et exploiter
un incinérateur ou autre établissement destiné à la
destruction des vidanges et pour conclure, avec toute municipalité,
quelle que soit la loi qui la régit, une entente pour contribuer
à la construction, à l'aménagement et à
l'utilisation en commun d'un tel incinérateur ou
établissement.»
Finalement, b.1): «Pour établir et exploiter un
établissement de récupération et de conditionnement de
matières recyclables; pour confier ces fonctions à toute
personne.»
Enfin, b.2): «Pour régir l'installation et l'exploitation
d'établissements de récupération et de conditionnement de
matières recyclables, exiger l'obtention d'un permis pour exploiter un
tel établissement et établir les conditions d'obtention du
permis.»
Ensuite, il y a le pouvoir d'imposition qui va avec ça.
Après ça, il y a les fosses septiques; le vidage des fosses
septiques est prévu également.
Alors, ça, c'est dans la Loi sur les cités et villes.
Avant même qu'on commence à discuter, c'est là. Puis,
normalement il ne devrait pas y avoir de débat entre nous quant à
l'opportunité pour les municipalités, si elles veulent
transférer cette responsabilité-là à la
Régie, de le faire. C'était le but, ça, qui a
présidé à la fondation de la Régie.
Puis, quand on regarde la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal... On peut la prendre
maintenant. La Loi sur la Communauté urbaine de Montréal,
ça vient tout de suite après, si mes souvenirs sont bons. Ici,
c'est ça. Oui, oui. Alors, regardez, la Communauté possède
la compétence prévue par la présente loi sur les
matières suivantes: l'assainissement de l'atmosphère,
l'assainissement des eaux, la récupération et le recyclage des
déchets.
Ensuite, quand on passe aux articles particuliers, on dit que: «
La Communauté peut, dans son territoire ou à l'extérieur
de celui-ci: l° établir, posséder et exploiter: a) un
établissement de récupération et de recyclage des
déchets; b) un lieu d'élimination des résidus provenant de
l'exploitation de cet établissement ainsi que des déchets
possédés par la Communauté en vue de cette exploitation
qui ne peuvent être utilisés à cette fin; c) un lieu
d'élimination des résidus provenant de l'exploitation de l'usine
d'épuration des eaux usées de la Communauté».
Ensuite: «2° réglementer l'utilisation d'un
établissement ou d'un lieu visé au paragraphe 1°».
Ensuite, on dit: «La Communauté peut, par règlement,
prescrire des règles relatives au transport des déchets entre le
lieu de leur enlèvement et l'établissement de
récupération et de recyclage». Celui qu'elle dirige,
qu'elle exploite, elle peut prévoir des règlements pour prescrire
ça». «Elle peut également, par règlement:
1° obliger une personne qui fait le transport visé au premier
alinéa à être titulaire d'un permis à cette fin;
2° prescrire les honoraires et les autres conditions et procédures
de délivrance et de renouvellement de ce permis, ainsi que les
conditions et procédures de sa suspension ou de sa révocation;
3° dans les cas qu'elle détermine, obliger la personne dont les
déchets sont transportés à fournir un manifeste de
chargement à celle qui les transporte, et obliger cette dernière
à conserver ce manifeste en sa possession lors du transport.»
«Le comité exécutif peut, par ordonnance, prescrire la
forme et le contenu minimal du manifeste de chargement». (20 h 50)
Ensuite, il y a une chose très intéressante:
«Dès que la Communauté exploite un établissement de
récupération et de recyclage des déchets, une
municipalité ne peut accorder un contrat pour l'enlèvement des
déchets sans que le mode d'élimination de ceux-ci ne soit
approuvé par la Communauté.» C'est exactement dans le
sens-là qu'on s'en va. Avec la Régie, c'est ça qui est
proposé dans le projet.
Quand on regarde ça, là, froidement, analytiquement, je
pense qu'on est beaucoup plus près les uns des autres qu'on ne peut le
penser a priori.
Le Président (M. Gauvin): Voulez-vous me permettre de
préciser juste... C'était un débat
très intéressant. M. le ministre a dépassé
son temps. M. le député de Jonquière, responsable de
l'Opposition, était aussi au bout de son temps. J'ai permis que le
débat se continue et vous allez me comprendre. Donc, je tiens à
vous informer. M. le député de Dubuc.
M. Morin: Oui, je voudrais demander au ministre, parce qu'il
vient justement de comparer, de se référer à la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal: Mais qu'est-ce que vous faites,
à ce moment-là, de l'article 3, qui soutient justement que les
règlements de la Régie prévalent sur les règlements
de la Communauté urbaine de Montréal? Alors, quand vous vous
référez à une définition des déchets dans la
Loi sur la Communauté urbaine de Montréal, alors qu'il y a un
article qui dit que c'est les règlements de la Régie qui
prévalent, vous comprendrez que c'est moins clair que vous ne le disiez
tantôt.
Deuxième chose. Vous nous avez donné un semblant de
définition, ce n'était pas une définition des
déchets. Dans la Loi sur les cités et villes, c'est une
définition de matières récupérables, cueillables et
transformables, mais il n'y a pas véritablement, de façon
spécifique, de définition du terme
«déchets.»
Un autre élément. On a fait mention tout à l'heure
de la définition dans la Loi sur la qualité de l'environnement.
Je vais poser une question au ministre. À partir du moment où la
Régie, dans l'application d'un de ses règlements, surtout qu'il y
a quand même des pouvoirs entourant tout le transport, tout ce qui
entoure le transport des déchets, ça peut, c'est quand même
nouveau ça... Je pense que la définition qu'on donnera aux
déchets aura une importance majeure sur tout ce qui entoure la
réglementation sur le transport des déchets.
Alors, pour ces raisons-là, M. le Président, on a deux
définitions. Donc, s'il y avait conflit ou situation confuse dans
l'application des nouveaux articles ou des nouveaux pouvoirs accordés
à la Régie en fonction du transport des déchets, à
quelle définition faudrait-il - parce qu'il n'y a rien dans la
présente loi qui nous dise à quelle définition il faut se
référer. Est-ce qu'à ce moment-là c'est à
celle contenue dans la Loi sur la qualité de l'environnement ou le
semblant de définition, dont vous nous avez fait lecture tout à
l'heure, dans la Loi sur les cités et villes?
Je pense qu'il m'apparaît d'une urgence, pour ne pas dire
davantage, que la loi actuelle nous dise à quelle définition il
faut se référer afin que l'application des règlements et
des nouveaux pouvoirs de la Régie, particulièrement en ce qui
touche le transport, eh bien, qu'on sache à quoi s'en tenir. Alors, moi,
M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): La question a été
posée. M. le ministre.
M. Morin: Oui. À moins que les gens de la Régie,
eux autres, ne puissent éclaircir. Mais, en ce qui me concerne, je pense
que c'est moins clair que le ministre ne peut sembler nous le laisser voir.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on veut intervenir du
côté de la Régie?
M. Leduc: Très très rapidement en disant que, nous,
on prend la définition qui couvre le plus grand nombre de
municipalités, qui couvre l'ensemble des municipalités et les
missions que la Régie s'est confiées. Celle qu'on retrouve, c'est
dans la Loi sur les cités et villes. Nous ne demanderions pas mieux que
le ministère de l'Environnement fasse des définitions plus
précises parce que, jusqu'à un certain point, nous, les
définitions, on les fait presque à mesure.
On a séparé ce qui est récupérable,
recyclable. Les déchets domestiques dangereux, c'est nous qui avons
inventé cette notion-là. Le compostage... On fait une
définition de par notre programme même. Si, dans un avenir
rapproché, le ministère de l'Environnement était plus
précis dans sa loi pour les définitions, je pense que ces
définitions-là s'appliqueraient à la Régie. Nous ne
sommes pas au-dessus du ministère de l'Environnement. Nous serions plus
qu'heureux d'avoir une définition qui réponde, qui pourrait
répondre à ce qu'on veut faire, aux besoins du projet. C'est dans
la Loi sur les cités et villes, cette espèce d'absence de
définitions et vous avez raison, c'est une définition presque
très large. C'est celle-là qui, actuellement, pour nous, fait le
plus notre affaire parce que les déchets domestiques dangereux...
M. Morin: Je comprends, M. le Président. Je voudrais, M.
Leduc... Quand vous dites que ça fait votre affaire, je ne veux pas
m'obstiner là-dessus. Qu'est-ce qui vous permet, de façon
juridique, face à un conflit quelconque, de dire que c'est la
définition de la Loi sur les cités et villes qui prévaut,
alors qu'un autre pourrait prétendre que c'est celle qu'on retrouve dans
la Loi sur la qualité de l'environnement? Selon la loi qui constitue
votre Régie et la loi qu'on adopterait, est-ce que c'est
mentionné? Vous ne pouvez pas vous référer à
n'importe quoi, il faut vous référer aux articles qui vous
gouvernent, en tant que Régie, pour dire que c'est à cette
définition-là qu'on doit se référer. Alors, c'est
pour ça... Que ça fasse votre affaire, j'en conviens, mais
dites-moi...
M. Leduc: En cas de conflit...
M. Morin: ...sur le plan juridique, comment vous pouvez
prétendre ça?
M. Leduc: M. b Président, si vous me permettez, je
demanderais à M. Meunier de répondre à cette question.
Le Président (M. Gauvin): M. Meunier.
M. Meunier (Pierre): M. le Président, si vous me
permettez, j'aimerais revenir à la raison première qui a fait que
la Régie a proposé de retirer la définition de
«déchets», telle qu'elle existait dans le projet de loi 257.
La définition qui existe là et a laquelle on a fait allusion est
la définition du Règlement sur les déchets solides. Cette
définition, la raison pour laquelle elle est insatisfaisante pour les
fins de la Régie - le président de la Régie en a
parlé tout à l'heure - c'est qu'elle n'inclut pas, de
façon satisfaisante, une catégorie de déchets qui est
importante pour la Régie, à savoir les déchets domestiques
dangereux. Je veux illustrer rapidement, pour ceux qui ne conçoivent pas
exactement ce que sont les déchets domestiques dangereux, ce sont: les
peintures, les huiles usées, les solvants, les herbicides, les batteries
qui, très souvent, ou à venir jusqu'à maintenant, avant
qu'on organise des collectes de déchets domestiques dangereux,
étaient mis trop souvent dans des sacs verts ou étaient
versés, dans certains cas, dans l'évier. Depuis un certain temps
- le président l'a mentionné - la Régie et la ville de
Montréal et, cette année, la Régie et la ville de
Montréal, conjointement, ont organisé et vont continuer à
organiser une collecte de déchets domestiques dangereux. Il est
imponant, pour la Régie, de pouvoir exercer un contrôle sur les
déchets domestiques dangereux.
Or, la définition, telle qu'elle existe, la définition de
«déchets solides» qui existe dans le Règlement sur
les déchets solides - et je vais vous épargner de la relire
article par article - cette définition-là n'inclut pas, de
façon satisfaisante, ces déchets. On ne peut pas, donc, utiliser
cette définition du Règlement sur les déchets solides. Je
sais que le ministère de l'Environnement est à travailler
à une refonte, plutôt à une révision qu'à une
refonte, du Règlement sur les déchets solides. On aura
vraisemblablement, d'ici à quelques mois, d'ici à un an,
probablement un nouveau projet de Règlement sur les déchets
solides qui va inclure, je le pense bien, la notion de déchets
domestiques dangereux. Mais, en attendant, il nous semble inapproprié
d'utiliser, pour les raisons que je vous ai mentionnées, la
définition du Règlement sur les déchets solides, et il
nous semble inapproprié également d'utHiser la définition
de la Loi sur la qualité de l'environnement qui, elle, s'applique
à tous les déchets, autant les déchets solides que les
déchets dangereux, puisque les deux règlements, le
Règlement sur les déchets solides et le Règlement sur les
déchets dangereux, sont pris en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Donc, les deux définitions, autant de la loi que du
Règlement, nous semblent inappropriées. À ce moment-ci, la
référence à l'utilisation que fait du terme
«déchets» la Loi sur les cités et villes et, plus
particulièrement, l'article 413.10, que le ministre a lu il y a quelques
minutes, nous apparaît, dans les circonstances, la meilleure
référence possible. En d'autres termes, si on n'utilise pas de
définition, la Régie, qui est un regroupement de
municipalités, va exercer les pouvoirs des municipalités, les
pouvoirs qui sont octroyés aux municipalités en vertu de
413.10.
M. Morin: Merci, M. le Président. Si vous me permettez de
continuer...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Dubuc. (21 heures)
M. Morin: Là, vous avez ajouté, M. Leduc, les
objectifs et les raisons pour lequels vous avez éliminé cette
définition qui était trop restrictive, et que vous ne voulez pas
non plus avoir celle de la Loi sur la qualité de l'environnement, parce
que trop large, trop contraignante, possiblement, par rapport au rôle que
vous voulez donner à la Régie; peut-être pas contraignante,
mais, en tout cas, c'est une définition qui amène des
éléments de déchets qui ne font pas partie de la vocation
de la Régie.
Sauf qu'en même temps vous me donnez raison à l'effet qu'on
adopte cette loi-là, et il n'y a pas du tout de définition de
«déchet». C'est ce que ça veut dire aussi. Vous
enlevez celle qui existait, et là vous nous dites que celle de la Loi
sur les cités et vflles, en attendant qu'on modifie le Règlement
sur les déchets solides... Vous me dites bien ça? Possiblement
que ça fera votre affaire, l'amendement qu'on va apporter au
Règlement sur les déchets solides. Mais ça veut dire qu'en
même temps il n'y en a pas. Bon. Donc, à ce moment-là,
c'est toujours là où je ne suis pas d'accord.
Quand vous dites: Nous, à ce moment-là, d'ici à ce
qu'on amende le Règlement sur les déchets solides, on se
référera à la Loi sur les cités et villes et
à sa définition de «déchets», c'est là
où je trouve que c'est gratuit de votre part, parce que si
j'étais en conflit concernant une modalité d'application, par
exemple, sur le transport des déchets, je ne sais pas trop quoi,
qu'est-ce qui m'empêcherait, moi, d'invoquer la Loi sur la qualité
de l'environnement pour définir les déchets que vous transportez
que vous ne devriez pas transporter? En tout cas, imaginons un scénario.
Qu'est-ce qui m'empêcherait d'invoquer la Loi sur la qualité de
l'environnement alors que, vous, vous dites que vous vous
référeriez à la Loi sur les cités et villes?
C'est pour ça que je dis qu'il y a un vide là, parce que
vous reconnaissez avec moi que te définition existante ne vous convient
pas, sauf celle des cités et villes qui, encore, ne m'ap-
paraît pas comme définition. On ne demandera pas au
ministre de nous en refaire lecture tout à l'heure, mais ce n'est pas
une définition de «déchets». Je regrette, parce que
le déchet fait partie de la nomenclature des différentes
matières: fumier, matières, etc. Donc, le déchet tel
qu'écrit là-dessus est uniquement un élément parmi
l'ensemble des matières. Donc, ce n'est pas une définition,
à ce moment-là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales voudrait intervenir pour répondre à votre
question.
M. Morin: En tout cas, je conclus en disant et en rappelant au
ministre que c'est moins clair que ce qu'il nous disait tantôt.
M. Ryan: Regardez, on va essayer de clarifier ça.
M. Morin: Bon, voilà!
M. Ryan: Pourvu qu'il y ait ce qu'on appelle la disposition
à progresser, qu'on appelle en langage classique la docilité, le
besoin d'apprendre, le désir d'apprendre. Un beau mot, un mot que
j'essaie de pratiquer, mais je ne réussis pas toujours non plus.
M. Morin: Vous avez juste à le dire. Moi,
j'écoute.
M. Ryan: Bon, très bien. Une municipalité, quand
elle intervient, elle intervient en fonction de la loi-cadre qui la
régit, la Loi sur les cités et villes. Disons qu'elle
décide de faire un trottoir, ce n'est pas nécessaire qu'il y ait
une définition de «trottoir». Il n'y en a pas, de
définition de «trottoir», nulle part, à ma
connaissance. Tout le monde sait ce que c'est. Une rue, c'est la même
chose. On pourrait prendre bien d'autres expressions. S'il fallait qu'on
définisse chaque mot qu'on emploie dans les lois! Déjà,
les lois sont trois fois trop longues pour les besoins réels, trois fois
trop longues. Là, ce serait encore 10 fois plus long.
Dans la Loi sur les cités et villes, au chapitre intitulé
« Des attributions du conseil municipal» et à l'article que
j'ai cité tantôt, le 413.10 - qu'on n'a pas pour mission de
refaire ce soir, nous autres - ce n'est pas mentionné. Il n'y a pas
d'allusion explicite à 413.10 dans le projet de loi qu'on discute. Il
n'y en a pas besoin. Il n'y en a pas besoin parce que les municipalités,
quand elles agissent, elles agissent en fonction des compétences
qu'elles ont sous l'empire de la Loi sur les cités et villes, à
moins qu'il n'y ait des compétences particulières qui auraient
été conférées en plus par des lois
spéciales. Mais, ici, ça y est dedans, en toutes lettres.
Là, c'est une définition aussi complète que possible...
une description. Ce n'est pas une vraie définition, c'est une
description aussi complète que possible puis, au cas où elle ne
serait pas complète, qui se termine par les mots que mentionnait
tantôt M. Latulippe, du ministère de l'Environnement: «et
autres matières malsaines ou nuisibles». Alors, ça a une
couverture très large. Là, il n'y a personne qui peut contester
ça, parce que c'est justement dans son champ de compétence
qu'elle fait ça. On dit: Bien, n'allons pas chercher d'autres
définitions ailleurs parce que, pour les besoins de la cause, on a ce
qu'il faut ici.
Maintenant, en plus, vous avez posé une couple d'autres questions
auxquelles je voudrais apporter des éléments de réponse.
S'il y a un règlement de la Régie qui va trop loin ou qui sort de
son domaine, et tout, tous les règlements qu'elle va faire vont devoir
être approuvés par le ministre des Affaires municipales et le
ministre de l'Environnement. S'il y a un de ces règlements qui vient en
conflit avec la Loi sur la qualité de l'environnement, c'est en toutes
lettres dans la Loi sur la qualité de l'environnement que les
règlements du ministère de l'Environnement prévalent sur
tout règlement municipal portant sur le même objet. Il n'y a pas
de problème là. Ça, c'est prévu par le
législateur. Il y a une prépondérance des
règlements qui émanent du ministère de l'Environnement,
approuvés par le gouvernement mais émanant du ministère de
l'Environnement.
Vous avez posé une autre question plus tôt, parce qu'on a
été entraînés loin par la suite, mais vous aviez
commencé par ça. Vous avez dit: Là, on dit que si la
Régie adopte un règlement qui vient en conflit avec un
règlement de la CUM, vous lui donnez prépondérance;
ça n'a pas de bon sens! C'est vrai que ça n'a pas de bon sens,
d'un certain point de vue, parce qu'on ne peut pas donner
prépondérance à la partie par rapport au tout. Le tout est
supposé être plus noble que la partie. C'est un principe de
logique élémentaire. C'est une question qu'on est prêt
à regarder, ça. Je l'ai déjà indiqué
antérieurement. C'est une chose qu'on pourra examiner, et si nous
démontrons, ensemble, que ce serait mieux de laisser tomber ces
mots-là, il n'y aura pas d'objection. Ce n'est pas correct, ça,
de dire d'une législation: Tu prendras cette partie-là. Vous avez
raison. Mais, par rapport aux municipalités individuelles qui font
partie de la Régie, là, je pense bien qu'il faut que les
règlements de la Régie aient préséance, au nom de
la même logique que c'est l'ampleur de la mission qui détermine
l'ordre de préséance. C'est normal. C'est pour ça que vous
avez un point très pertinent.
M. Morin: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: Bien, voici. C'est parce que,
quand, tout à l'heure, vous avez dit que si jamais la
Régie adoptait un règlement non conforme à la loi sur
l'environnement... J'en conviens, ce n'est pas là qu'est la question.
Évidemment, j'imagine un scénario de conflit entre transporteurs.
Si vous voulez, on va se référer seulement à l'article 2,
troisième paragraphe. Quand on parle d'«obliger toute personne qui
fait le transport des déchets à être titulaire d'un
permis», vous conviendrez avec moi que, lorsque vous vous
référez aux us et coutumes des municipalités dans
l'administration de la récupération ou dans la cueillette des
ordures, c'est une chose, mais vous conviendrez avec moi que la présente
loi a pour effet d'octroyer des nouveaux pouvoirs à la Régie, qui
dépassent les pouvoirs généralement reconnus auxquels vous
faisiez allusion tout à l'heure, les pouvoirs des
municipalités.
Vous faites référence à une situation normale du
pouvoir, la façon des municipalités de régir cette
chose-là. Mais la présente loi va quand même assez loin
dans le pouvoir de la Régie. Et vous me dites qu'il n'est pas
nécessaire de se référer à une définition
précise, alors que la présente loi va obliger des personnes qui
vont faire le transport des déchets à être titulaires d'un
permis, prescrire les honoraires, la procédure de délivrance et
les conditions d'octroi. Et, ça, sans qu'on sache la définition
de «déchets»? Vous ne pensez pas que, là, il y a
source majeure de conflits à un moment donné? Répondez-moi
à ça, puis je vais accepter votre réponse, parce que je ne
suis pas là pour m'obstiner, moi, je suis là pour apprendre.
M. Ryan: Je pense qu'on fait tous la même chose.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: Je vais préciser un premier point. La
Régie peut, par règlement - je suis content que vous anticipiez,
parce que je savais que le rythme actuel commençait à vous
fatiguer.
M. Morin: Vous faites de la projection.
M. Ryan: Je ne sais pas si vous avez l'autorisation du
député de Jonquière. Je ne veux pas mettre de chicane
entre vous autres.
Blague à part, la Régie peut, par règlement - et
là on peut mettre une parenthèse ici: sujet à
l'approbation du ministre de l'Environnement. Tous ces
règlements-là vont être sujets à l'approbation du
ministre de l'Environnement, parce que c'est prévu dans la Loi sur la
qualité de l'environnement qu'une municipalité, quand elle adopte
un règlement en matière d'environnement, ce
règlement-là doit être approuvé par le ministre. Et
la Régie, pour les fins de la Loi sur la qualité de
l'environnement, va être considérée comme une
municipalité. Ça, c'est un point qui est réglé.
Elle ne peut pas agir toute seule de manière arbitraire, et tout. C'est
sujet à l'approbation du ministre de l'Environnement.
Le deuxième point. Vous revenez sur le problème de la
définition de «déchets». En vertu des
règlements du ministère de l'Environnement, il y a probablement
certaines catégories de déchets qui échapperont à
la gestion immédiate de la Régie. Les déchets trop
dangereux, ou des choses comme ça, il va y en avoir qui vont
échapper à sa juridiction, qui font l'objet d'une discipline
spéciale. Mais les autres... Là, ce à quoi on se
réfère, ça nous ramène au problème dont on
parlait tantôt, qu'on ne peut pas tout définir dans une loi - et
Dieu nous en protège, à part ça! On a essayé en
1990, et on s'est aperçu qu'on avait créé plus de
difficultés que résolu de problèmes. Là, c'est plus
large, et c'est l'expérience qui va déterminer. (21 h 10)
Mais le ministre de l'Environnement peut, en tout temps, lui - s'il voit
qu'ils s'éjarrent trop, les gens de la Régie - dire: Une
municipalité ne peut pas s'occuper de tel genre de déchets,
à moins de le faire de telle, telle, ou telle manière. Et comme
je l'ai indiqué, la loi prévoit qu'un règlement du
ministre de l'Environnement a toujours préséance sur un
règlement d'une municipalité, parce que c'est ça qui est
la protection qu'on a. Il ne faut pas la mettre trop au départ de
l'opération. Il faut laisser l'expérience permettre un certain
déploiement de la réalité, et là on classe
ça et on décide si ça va relever d'un règlement
provincial ou d'une réglementation municipale ou intermunicipale.
Là, il n'y a rien.
Par conséquent, là-dedans, on n'innove en rien. À
vrai dire, on revient dans le droit chemin, la logique pratique. Je sais que
ça fatigue les gens. Il y en a qui sont ici, de l'AESEQ, et ils n'aiment
pas ça. Mais, nous autres, on leur dit: Ce n'est pas une organisation
particulière qui va définir le champ d'intervention d'une
municipalité. C'est le législateur, et il va le définir en
fonction de critères très larges. Ça ne veut pas dire
qu'une municipalité va s'ériger en monopole. On va le discuter un
peu plus tard, ça. Mais, nous autres, on veut que cette
Régie-là, qui a été constituée de bonne foi
et dont les objectifs intéressent au plus haut point toute personne
soucieuse de la gestion rationnelle et intégrée des
déchets, il faut qu'elle puisse accomplir - entreprendre, je dirais,
parce que l'accomplir, elle est encore au seuil de ça, elle n'est pas
entrée dans la maison encore - qu'elle puisse entreprendre son mandat
dans les meilleures conditions possible. Je ne crois pas qu'on puisse aller
plus loin.
Les déchets, à part ça, qu'on y pense deux minutes.
Ça peut être 56 affaires. Ça peut être mon habit,
ici, ça peut être mon crayon, ça peut être ce que
j'ai mangé hier, ça peut être tout ce
qu'on peut imaginer: ma voiture, mes pneus, un paquet de choses. On n'en
finit pas. S'il fallait faire une définition, on devrait s'acheter un
dictionnaire spécial. Mais on peut en faire une qui dit: Tu ne toucheras
pas à telle catégorie de déchets. On a essayé en
1990, et ça se heurte à des obstacles très sérieux.
L'approche qui est là, il me semble, est une approche pragmatique, la
plus pragmatique possible qu'on puisse imaginer.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, il y a
quelque chose qui m'embête un petit peu dans la définition de
«déchets», finalement, qu'on est en train d'élaborer.
Ce qu'on me dit, c'est que la définition de
«déchets», telle que donnée par le Règlement
sur les déchets solides, était trop restrictive, qu'elle
n'accommodait pas, finalement, la Régie et ce qu'elle entendait faire
comme gestion des déchets. Maintenant, moi, je regarde l'article 54 de
la Loi sur la qualité de l'environnement, qui prévoit que:
«Nul ne peut établir ou modifier un système de gestion des
déchets ou une partie de celui-ci sans avoir obtenu du ministre un
certificat attestant la conformité du projet aux normes prévues
par règlement du gouvernement.»
Si j'ai bien compris, les déchets domestiques dangereux ne sont
pas couverts par la Loi sur la qualité de l'environnement et ne sont pas
couverts non plus par le Règlement sur les déchets solides.
Alors, à ce moment-là, si on donne, par la définition
étendue qu'on va donner à la Régie, le pouvoir de toucher
aux déchets domestiques dangereux, quelles sont les normes du
ministère de l'Environnement qui vont s'appliquer? Ne ferait-on pas
mieux d'attendre, justement, comme l'a dit tout à l'heure monsieur, que
le ministère de l'Environnement modifie sa définition de
«déchets» pour inclure les déchets domestiques
dangereux, pour donner une réglementation et, à ce
moment-là, on aura des normes et on pourra se fier a ces
normes-là? Moi, je pense que c'est dangereux, à ce
moment-là, de donner à la Régie une compétence en
déchets domestiques dangereux alors qu'il n'y aura aucune norme du
ministère de l'Environnement qui va s'appliquer. Et là on parte
de quelques mois, on parle peut-être d'une année, mais on ne sait
pas quand le ministère de l'Environnement va modifier sa
définition de «déchets domestiques dangereux».
M. Ryan: Regardez, moi, j'ai des...
M. Bélanger (Anjou): je pense qu'on vient de mettre le
doigt sur quelque chose de très important. le ministre n'est pas
d'accord avec moi, je pense.
M. Ryan: Pas du tout.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, oui.
M. Ryan: Parce que, là, il n'est pas question, à ma
connaissance, d'une nouvelle définition des déchets qui viendrait
remplacer celle qui est dans la Loi sur les cités et villes. S'il y en a
un qui devrait être au courant, c'est moi. Il n'est pas question de
ça. Je n'ai été saisi d'aucun projet par le ministre de
l'Environnement, et, moi-même, je n'ai pas de projet de ce
côté-là. Mais ça n'empêche pas, ça, le
ministre de l'Environnement, à partir de la définition
générale de «déchets» qui est dans sa loi, de
décider qu'il va y avoir un règlement sur telle catégorie
de déchets ou sur telle entreprise de déchets, ou sur tel ou tel
aspect de l'univers très riche des déchets qu'il voudra bien
indiquer. Ça, c'est son privilège, c'est sa
responsabilité, comme ministre. S'il dit, par exemple: Là, moi,
j'adopte un règlement sur les déchets dangereux et je ne veux pas
qu'une municipalité touche à ça - ça, il pourrait
le dire, mais il ne l'a pas dit. Je serais étonné qu'il le dise.
Ce n'est pas comme ça que ça a été dit. Alors, on
peut bien faire toutes les suppositions qu'on voudra, mais, actuellement, ce
n'est pas à l'ordre du jour, le genre de considérations que vous
nous apportez. Moi, je ne suis pas saisi de ça. Je n'ai pas de projet de
ce point de vue là.
M. Bélanger (Anjou): Mais je pense que c'est pertinent,
parce que le point qu'on est en train d'aborder présentement, c'est
qu'il est important de définir le terme «déchets» et
ce que, présentement, on veut faire par ce qui s'en vient, par l'article
12, et aussi par l'absence de définition du terme
«déchets» dans le projet de loi. C'est que, là, ce
qu'on me dit, finalement, c'est: quand on va arriver à
«déchets», il va falloir se reporter à la
définition de «déchets» dans la Loi sur les
cités et villes. C'est ça? En tout cas, moi, c'est ça que
j'ai compris, là. Il n'y en a pas, de définition.
M. Ryan: Si on en n'a pas... M. Bélanger (Anjou):
Oui.
M. Ryan: ...quand vous allez vouloir vérifier ce à
quoi on se réfère là-dedans, à quoi allez-vous vous
référer, vous qui êtes avocat?
M. Bélanger (Anjou): s'il n'y a pas de définition,
on est dans une zone grise qui porte matière à
interprétation et qui porte matière à conflits, à
litiges.
M. Ryan: Non, non, vous allez vous référer... Vous
allez aller voir - ne tournons pas autour du pot - la Loi sur les cités
et villes, vous allez aller voir si elle a affaire là-dedans. Là,
vous allez trouver 413.10. Pardon?
M. Bélanger (Anjou): Y a-t-il une définition de
«déchets» à l'article 413.10?
M. Ryan: Vous avez tout dans l'article 413.10, sauf les choses
qui pourraient être interdites, par ailleurs. Mais vous avez tout dans
413.10. C'est pour ça que...
M. Bélanger (Anjou): Oui. Puis les déchets
domestiques dangereux?
M. Ryan: ...vous ne l'aviez pas dans la loi sur la
Régie.
M. Bélanger (Anjou): Mais les déchets domestiques
dangereux, à ce moment-là, où va-ton... Je pense que M.
Leduc veut parler, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Écoutez, est-ce que vous
posez la question? Est-ce que vous souhaitez que M. Leduc réponde
à votre question?
M- Bélanger (Anjou): Oui, j'aimerais que M. Leduc,
peut-être, m'apporte des éclaircissements.
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc.
M. Leduc: Ça fait quatre ans. Les deux premières
années... Excusez-moi, M. le ministre, vous vouliez parler?
M. Ryan: Non, non, j'avais un petit point. Je voulais demander
des éclaircissements à notre directeur du contentieux au
ministère des Affaires municipales sur les conditions dans lesquelles on
recourt à des définitions en législation. Ça va
être pratique d'ajouter ça. Si M. Leduc veut donner des
explications avant, M. Blanchet est avec nous depuis le début, il va
être encore là dans 10 minutes. Il n'y a pas de problème.
On aime bien nos hôtes...
Le Président (M. Gauvin): On reconnaît M. Leduc,
pour revenir à M. Blanchet pour l'explication.
M. Leduc: Écoutez, c'est uniquement pour dire que sur le
volet des déchets domestiques dangereux, ça fait quand même
quatre ans que ça existe. Les deux premières années,
ça a été fait par ta CUM. C'était M. Elkas,
à ce moment-là, qui était président de la
Commission de l'environnement, qui avait voulu donner l'exemple à toutes
les municipalités et avait vendu à la CUM de faire, comme
projet-pilote pour les deux premières années, la cueillette des
déchets domestiques dangeureux. Après ça, ça a
été la Régie seule et, cette année, c'est la
Régie et la ville de Montréal. Chaque fois, nous devons demander
des certificats d'autorisation au ministre de l'Environnement, parce que, selon
l'article 22, on nous donne des certificats d'autorisation pour les lieux de
dépôt.
Pour le côté technique, M. Racine pourrait décrire
un peu plus en quoi consistent les certificats d'autorisation, mais nous avons
toujours eu des certificats d'autorisation du ministère pour les
déchets domestiques dangereux, et je ne pense pas que le
ministère ait l'intention - le ministère de l'Environnement, on
s'entend - qu'on cesse de s'occuper des déchets domestiques dangereux.
M. Racine peut compléter la réponse, si vous voulez, M. le
Président, sur ce que c'est exactement, mais je sais que c'est en
fonction de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Le Président (M. Gauvin): Bien, ça dépend de
M. le ministre des Affaires municipales. Il avait prévu faire intervenir
M. Blanchet. Je ne sais pas si c'est ce qu'il souhaiterait
immédiatement.
M. Ryan: Je pense qu'un complément d'information de la
part de M. Racine, qui est l'alter ego du Dr Leduc, pourrait être
utile.
Le Président (M. Gauvin): M. Racine, on vous entend.
M. Ryan: On va voir ça. Nous autres, ça nous permet
de vérifier s'ils pensent de la même manière.
M. Racine: Merci, M. le ministre. M. le Président,
simplement pour que ce soit clair, jusqu'à date, ça a
été une journée de collecte, annuellement, une
journée qui était dédiée à la collecte des
déchets domestiques dangereux. Il y avait une quinzaine ou une vingtaine
de sites dans nos 26 municipalités, qui étaient identifiés
comme des lieux de dépôt de ces déchets-là. Chaque
lieu était détenteur d'un certificat d'autorisation de la part du
ministère, en fonction de l'article 22. Cette année,
conjointement avec la ville de Montréal, nous allons commencer à
l'automne un programme différent de collecte permanente des
déchets domestiques dangereux pour lesquels nous allons avoir aussi des
sites identifiés dans les 26 municipalités. Encore une fois,
chacun de ces sites-là va recevoir un certificat d'autorisation de la
part du ministère de l'Environnement.
Donc, c'est un programme qui existe déjà, et je ne pense
pas que l'on ait été dans l'illégalité en faisant
des collectes de déchets domestiques dangereux au cours des
dernières années. C'est simplement pour clarifier, si on veut,
l'action qui est déjà entreprise par la Régie. (21 h
20)
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
termine?
M. Bélanger (Anjou): Non, je voudrais juste revenir un peu
sur la motion qu'on débat présentement.
Le Président (M. Gauvin): Mais il avait l'intention, M. le
ministre, de faire compléter la réponse par M. Blanchet.
M. Ryan: Oui. Étant donné l'intérêt
qu'a manifesté le député de Dubuc et qu'a
déjà exprimé le député d'Anjou pour les
définitions, j'aimerais peut-être que nous demandions à M.
Blanchet de nous expliquer dans quel contexte on recourt aux définitions
quand on fait des lois, et dans quel contexte on n'y recourt pas aussi. Je
pense que ce ne serait pas mauvais d'avoir certaines indications
là-dessus, en toute objectivité.
Le Président (M. Gauvin): M. Blanchet.
M. Blanchet (Marcel): Merci.
M. Ryan: m. blanchet est sous-ministre adjoint aux affaires
municipales, en charge des affaires juridiques. avant ça, il a
reçu une bonne formation, il était en charge du contentieux au
ministère de l'éducation.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II a fait ses classes.
Le Président (M. Gauvin): M. Blanchet.
M. Ryan: II m'a enseigné aussi; il était là
avant moi. Il était docile.
M. Morin: Alors, là, vous venez quasiment de...
M. Blanchet: C'est très simplement, en matière de
définitions, vu qu'on essaie de voir si on peut en faire une à
propos des déchets, une règle bien établie en
matière de législation, en matière
d'interprétation, qu'on donne aux mots leur sens courant. Lorsque le
législateur met dans une loi une définition, c'est pour deux
raisons: soit pour étendre ou pour restreindre le sens normal ou usuel
des termes. Il y a beaucoup de gens qui sont bien étonnés de voir
à quel point les avocats travaillent avec des dictionnaires, mais,
justement, c'est parce que c'est généralement dans les
dictionnaires qu'on trouve le sens courant des termes. Et en l'absence de
définition - et, ce qui est souhaitable, c'est qu'il y en ait le moins
possible - on recourt au sens courant. C'est ce qui fait dire, par exemple, au
ministre de l'Environnement lui-même, quand il veut donner une
définition de «déchets dangereux», là, qu'il
définit parce qu'il veut restreindre le sens courant des ternies.
Le Président (M. Gauvin): Merci de ce complément
d'information. Est-ce que ça complète les questions du
député d'Anjou?
M. Bélanger (Anjou): Je ne sais pas si je peux poser une
question à monsieur, qui vient de...
Le Président (M. Gauvin): Si M. le ministre y
consent, oui.
M. Bélanger (Anjou): Est-ce que M. le ministre
consent?
M. Ryan: Merci d'avoir rappelé cette belle règle,
M. le Président. Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Anjou): En revenant sur le problème
des définitions, justement, il y a quelque chose qui m'est apparu et qui
semble assez spécial. J'aimerais avoir l'opinion de monsieur
là-dessus. Dans la Loi sur la qualité de l'environnement, on a
une certaine définition de «déchets», et dans le
règlement qui est édicté en vertu de la même loi,
finalement, on retrouve une autre définition de
«déchets». Est-ce que ce n'est pas un peu spécial de
retrouver ça dans des règlements adoptés en vertu d'une
loi, deux définitions d'un même mot?
M. Blanchet: C'est-à-dire que, dans la loi comme telle, on
parle de déchet tout court, et le législateur a voulu en donner
une définition, parce qu'il voulait viser certains types de
déchets spécifiques...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Blanchet: ...pas ce qui était un déchet en
général, mais certains types de déchets qui sont
clairement identifiés là. Dans le Règlement sur les
déchets dangereux, Oups! il a voulu être plus restrictif, il a
défini une autre sorte de déchets, c'est plus restreint. Alors,
c'est effectivement l'exemple parfait d'intervention du législateur pour
définir ce qu'il veut viser exactement, et non pas ce qu'il veut viser
normalement. S'il avait voulu effectivement viser les déchets au sens
usuel des termes, il n'aurait donné aucune définition du mot
«déchets».
M. Bélanger (Anjou): Si je comprends bien, quand on
définit, c'est qu'on veut restreindre vraiment la portée, hein?
C'est ça?
M. Blanchet: ou étendre. il peut y avoir des cas où
le législateur vient dire que tel mot, ça veut dire que non
seulement c'est son sens courant mais, en plus, c'est autre chose.
M. Bélanger (Anjou): Oui. D'accord. Ça
complète. Merci.
Le Président (M. Gauvin): Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui aimeraient intervenir sur l'amendement
présenté par le député de Jonquière, ou si
on est prêt...
M. Ryan: On serait prêts à voter là-dessus,
nous autres.
Le Président (M. Gauvin): ...à voter sur ça?
On s'entend, nous sommes prêts à disposer de l'amendement. Donc,
qu'on appelle le vote. Juste une minute, excusez.
M. Ryan: Juste une minute. J'aimerais demander au
député de Jonquière: À la lumière de tout ce
qu'on a discuté - parce qu'on essaie d'être constructs, tous
ensemble - je ne sais pas si... Il y a une chose sûre, c'est que dans
l'amendement qui nous est proposé il y a deux concepts qui sont en
contradiction, en opposition, à tout le moins: le concept de
«déchets» au sens de la Loi sur la qualité de
l'environnement et il y a le concept de «déchets» au sens du
Règlement sur les déchets solides. Je voudrais demander au
député de Jonquière s'il consentirait à retirer
l'un ou l'autre des deux points de référence, à supposer
qu'il veuille maintenir sa proposition d'amendement après les
explications lumineuses que nous avons reçues depuis une demi-heure,
trois quarts d'heure. À supposer qu'il veuille la maintenir, je ne sais
pas s'il consentirait au moins à la préciser de manière
qu'elle ne contienne pas l'ensemble et son contraire, qu'elle contienne une
notion, qu'elle soit consistante, finalement.
Le Président (M. Gauvin): La question est posée au
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, bien, en fait, ce qu'il faut retenir par rapport
à l'amendement que j'ai proposé, c'est qu'il y a des
règlements et il y a une loi. Donc, le règlement ne peut pas
aller à rencontre de la loi comme telle. Donc, si c'est le tout, il doit
se conformer à la partie. Moi, je prends l'argument que vous avez
donné durant vos explications. Il me semble que le tout, là,
c'est la loi; les règlements doivent être conformes à ce
qui existe dans la loi.
M. Ryan: Pas là, pas là. Il faut voir le
point...
M. Dufour: Si je vois mal mon amendement, là...
M. Ryan: Oui, regardez, on va essayer de s'expliquer
là-dessus, au moins pour se comprendre, savoir sur quoi...
M. Dufour: ...un Règlement sur les déchets solides,
et de la Loi sur la qualité de l'environnement... Si la Loi sur la
qualité de l'environne- ment est bien faite, le règlement des
déchets solides ne peut pas aller à rencontre de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Il peut diminuer, mais il faut qu'il se
conforme quelque part.
Une voix: M. le Président.
M. Dufour: Non. C'est comme ça que je le vois.
M. Ryan: On va voter. On va voter, si... Il est
arrivé?
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le député
d'Anjou, brièvement.
M. Bélanger (Anjou): Oui, je ne comprends pas
réellement pourquoi on voudrait nous faire opter entre deux
définitions, parce que, si j'ai bien compris l'explication qu'on vient
de me donner à propos du Règlement sur les déchets solides
et de la Loi sur la qualité de l'environnement, on a une même
définition de «déchets», mais, dans le
Règlement sur les déchets solides, en plus, on a une
définition de «déchets solides». Donc, les deux
définitions de «déchets» ne sont pas incompatibles,
si j'ai bien compris, entre le règlement et la loi, parce qu'on ne peut
pas parler de deux sortes de déchets.
Donc, je pense que le terme «déchets», c'est la
même définition, sauf qu'en plus, dans le Règlement sur les
déchets solides, on a cru bon de réglementer sur des
déchets solides, c'est-à-dire un type de déchet
spécial. Donc, moi, je ne pense pas que ce soit incompatible, à
ce moment-là, de parler de la définition telle que prévue
dans le règlement et dans la loi.
Le Président (M. Gauvin): Je m'excuse, c'est pour
ça que je vous demandais «brièvement». On avait
déjà appelé le vote, et peut-être que c'est
plus...
M. Bélanger (Anjou): Ah! d'accord!
Le Président (M. Gauvin): Donc, on appelle le vote, M. le
secrétaire, sur l'amendement présenté par M. le
député de Jonquière.
Le Secrétaire: Alors, M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Bélanger (Anjou)?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Rimouski)?
M. Tremblay (Rimouski): Contre.
Le Secrétaire: Mme Loiselle?
Mme Loiselle: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau?
M. Charbonneau: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Contre.
Le Secrétaire: Et, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Abstention.
Le Secrétaire: Alors, trois pour, six contre, une
abstention. L'amendement est rejeté.
Le Président (M. Gauvin): Donc, l'amendement étant
rejeté, on appelle le paragraphe 2°, de l'article 1. Est-ce qu'on
procède de la même façon? On permet au représentant
de la Régie de nous décrire les intentions, au paragraphe 2°
de l'article 1. Brièvement commenté, oui.
M. Leduc: Non, je n'ai pas de commentaires à faire
là-dessus. C'est la même chose que le premier, même
définition.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous aimeriez que je
le lise, ou si chacun a pu en prendre connaissance? Donc, nous sommes au
paragraphe 2° de l'article 1.
M. Ryan: C'est difficile de définir une chose qui est
claire par elle-même.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. Donc, le
paragraphe 2° étant adopté, j'appelle le paragraphe 3° de
l'article 1, toujours. Oui, «Régie».
M. Leduc: On n'a rien à dire.
Le Président (M. Gauvin): La «Régie»,
qu'est-ce que ça veut dire?
M. Ryan: Si on ne le sait pas encore à ce moment-ci, M. le
Président...
Le Président (M. Gauvin): «Régie» veut
dire: «la Régie intermunicipale de gestion des déchets sur
IHe de Montréal.» Est-ce que c'est adopté?
M. Ryan: Adopté. Des voix: Adopté. M.
Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. Est-ce que
l'article... (21 h 30)
M. Dufour: Ça veut dire qu'il n'y aurait personne qui
pourrait reprendre ce mot-là à son compte? Par exemple, la ville
de Montréal a aussi une gestion des déchets; la ville de
Montréal-Nord voudrait se joindre à la ville de Montréal.
Ce serait quoi? Ce serait en vertu de l'entente intermunicipale, ou ça
pourrait s'appeler régie... Une autre facette, je ne sais pas. Ce serait
une entente?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales, oui.
M. Ryan: Ce serait probablement une entente intermunicipale. Deux
municipalités ont le droit de faire une entente entre elles, avec
l'approbation du ministre. Il y aurait un autre mot, là. Il y aurait un
«sur» qui serait remplacé par un «de».
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article...
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi. Vous aviez
terminé? Est-ce que l'article 1... Pardon? Le 3° est adopté,
oui.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): J'ai cru qu'il était
adopté, le paragraphe 3°. Oui. Est-ce que l'article 1 dans son
ensemble est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté.
M. Dufour: L'article 1...
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Dufour: ...dans son ensemble? Non, on a voté contre
tous les amendements, ou à peu près. On ne peut pas être
favorable.
Le Président (M. Gauvin): Alors, vous allez me
l'indiquer.
Une voix: Adopté sur division? M. Dufour: Sur
division, c'est ça. Une voix: Adopté sur division.
Le Président (M. Gauvin): Adopté sur division.
M. Dufour: On ne peut pas être contre deux paragraphes dans
l'article et être pour, voyons!
Le Président (M. Gauvin): Donc, pour respecter la motion
qui avait été votée antérieurement, j'appelle
l'article 13. Et, toujours, M. Leduc, président de la Régie,
est-ce que vous êtes disposé à nous présenter ou a
définir l'article 13?
Entente intermunicipale
M. Leduc: Je vais le résumer, comme vous m'aviez
invité à le faire pour l'article 1. La récupération
et la réutilisation de l'énergie créée par la
combustion des déchets ainsi que la vente de cette énergie
constituent des composantes importantes du centre d'élimination des
déchets qu'entend mettre sur pied la Régie. Or, un doute a
été soulevé quant à savoir si telle composante
était nécessairement incluse dans les expressions «gestion
des déchets» ou «système de gestion et
d'élimination des déchets». Tel qu'il est prévu
à l'entente intermunicipale, la Régie a pour objet de pourvoir
à la conception, l'implantation, le financement, l'exploitation et le
développement de tout ou partie d'un système de gestion des
déchets. Il est essentiel d'éliminer tout doute quant à
l'inclusion de ces composantes dans l'expression «système de
gestion des déchets». Voir aussi à l'article 17, on en
reparle.
Le Président (M. Gauvin): Donc, M. le ministre des
Affaires municipales, sur l'article 13, tel que présenté par M.
Leduc.
M. Ryan: Oui, M. le Président, je voudrais simplement vous
indiquer une chose à propos de l'article 13. C'est que nous
élargissons la définition de «système de gestion des
déchets» de manière à rapprocher la
définition donnée dans le projet de loi de celle qui est contenue
dans la Loi sur la qualité de l'environnement. Je l'ai
déjà indiqué à un stade antérieur de nos
échanges, si vous relisez la Loi sur la qualité de
l'environnement, à l'article 1, intitulé
«Interprétation» où on trouve des définitions
des termes, je vais vous donner, au paragraphe 12°, la définition
qu'on donne de «système de gestion des déchets». Si
vous voulez, pendant que je vais donner lecture, suivre le texte qui est dans
le projet de loi, vous allez trouver que ça se ressemble
étrangement, jusqu'à un certain point au sujet duquel je vous
donnerai les explications. «12° "système de gestion des
déchets"; un ensemble d'opérations administratives et techniques
assurant d'une manière rationnelle l'enlèvement, le transport,
l'entreposage, le traitement, le recyclage et le dépôt
définitif des déchets, ainsi que les biens meubles et immeubles
affectés à ces fins.»
Alors, tout ce que nous ajoutons à cette définition, ici,
ce sont les mots qui précèdent immédiatement les mots
«ainsi que les biens meubles et immeubles». Nous ajoutons ceci:
«ou visant la génération, la récupération, la
vente ou l'utilisation d'énergie ou de mat'ères
recyclables.» On ajoute ceci parce qu'un élément essentiel
du projet qui a été conçu par la Régie, c'est la
mise sur pied d'un incinérateur, d'un système
d'élimination des déchets qui va produire de l'énergie.
Alors, cette énergie, au lieu de la laisser se perdre, on va la
récupérer; il y a même des négociations qui sont
engagées avec HydroQuébec pour la vente de cette
énergie-là. Alors, c'est le seul élément qu'on
ajoute à un «système de gestion des déchets».
Il faut bien mettre cet élément-là aussi, qui n'est pas
dans le texte de la Loi sur la qualité de l'environnement, mais tout le
reste est emprunté littéralement de la Loi sur la qualité
de l'environnement. Alors, voilà la signification de cette
disposition.
Maintenant, pour bien saisir de quoi nous parlons, si nous nous
reportons à la définition actuelle de «système de
gestion des déchets», on s'aperçoit - il faut aller
à l'objet de l'entente - qu'on élargit, ici, de manière
à comprendre certains éléments qui n'étaient pas
compris dans les définitions antérieures. Comme on a dit, le but
d'une définition, c'est soit d'élargir, soit de restreindre; dans
ce cas-ci, c'est d'élargir.
M. Morin: À quelle définition vous faisiez...
M. Ryan: La définition de «système de gestion
des déchets».
M. Morin: Oui, dans la Loi sur les cités et villes?
M. Ryan: Non, non...
Le Président (M. Gauvin): L'entente...
M. Ryan: La Loi sur la qualité de l'environnement.
M. Morin: Très bien.
M. Ryan: Et là je compare à ce qui existait
déjà dans les lois antérieurement adoptées pour la
Régie...
M. Morin: O.K.
M. Ryan: ...en particulier au premier texte de tout, le texte
originel de l'entente, avec les
modifications qu'elle a subies par la suite.
Je pense qu'ici on a une définition qui embrasse à peu
près tous les aspects. Ça ne veut pas dire que la Régie -
ça, c'est bien important - va s'embarquer elle-même dans tout
ça, qu'elle va devenir la grande exploitante sous tous les aspects qui
sont mentionnés ici. Ça lui donne compétence pour assurer
la supervision de ce qui se fera dans ce domaine-là et, au besoin,
d'établir des règlements ou des dispositifs qui permettront
d'assurer la réalisation de ses fins.
Je pense qu'à la lumière de ce que nous avons
discuté, tout ça se comprend déjà beaucoup plus
facilement. On s'aperçoit qu'il n'y a pas grand-chose d'arbitraire.
Regardez, ici, c'est un emprunt à la Loi sur la qualité de
l'environnement; on ne peut pas avoir une source plus pure.
Le Président (m. gauvin): merci, m. le ministre. est-ce
qu'il y a des membres de la commission qui aimeraient intervenir? m. le
député de jonquière.
M. Dufour: Je comprends qu'on peut prendre la définition
qui fait notre affaire, quand on en veut; quand on n'en veut pas, on n'en met
pas. Je trouve qu'on fait fi, tout de même, de lois existantes.
Là, on se dit, dans la Loi sur la qualité de l'environnement, on
peut prendre ce qui fait notre affaire. On dit: Ça, ça va, c'est
à peu près la définition qu'on veut. Quand on n'en a pas,
on s'en fabrique et, quand on n'en veut pas, on n'en met pas du tout. C'est
évident que la loi peut dire à peu près n'importe quoi. Le
système de gestion des déchets, moi, je ne pensais pas que
ça pouvait être des opérations administratives, mais
ça a l'air que c'est ça. Ça fait partie du système
de gestion des déchets. Moi, je pensais que c'était juste pour
les déchets, mais vous nous dites: C'est l'opération
administrative et le transport. Je ne sais pas si on a oublié des mots;
on pourrait avoir oublié des mots à travers ça, mais,
jusqu'à preuve du contraire, c'est... Nous, quand on regarde, on fait
une loi municipale et, de temps en temps, on s'en va sur l'autre bord,
ça fait que... Oui, «la génération, la
récupération et la vente de...», ça, c'est
rajouté. Vous rajoutez des choses aussi, qui ne sont pas
là-dedans, là, hein?
M. Ryan: Oui, celui-là, oui.
M. Dufour: Oui, le recyclage, le dépôt
définitif des déchets, et là on parle de «la
génération, la récupération, la vente ou
l'utilisation d'énergie ou de matières recyclables, ainsi que les
biens meubles et immeubles affectés à ces fins.» Ça
va. Mais il y a le...
M. Ryan: L'énergie.
M. Dufour: ...le recyclage, le dépôt... C'est
l'énergie, en fait, là...
M. Ryan: C'est ça, c'est ça.
M. Dufour: ...que vous rajoutez à travers ça.
M. Ryan: Oui. Le reste... Je ne sais pas si le
député a terminé, je ne veux pas l'interrompre.
M. Dufour: Non, mais je...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, vous pouvez.
M. Ryan: Si on se réfère à la loi de 1990.
Déjà, dans la loi de 1990, on disait: «L'expression
système de gestion des déchets"... à l'article...
Une voix: Oui.
M. Ryan: ...7, hein?
Une voix: ...1.1.
(21 h 40)
M. Ryan: 7.1.2. «L'expression "système de gestion
des déchets" a le sens prévu au paragraphe 12° de l'article 1
de la Loi sur la qualité de l'environnement, en faisant les adaptations
nécessaires.» Alors, on reste dans la même ligne. On ne
s'écarte pas bien, bien gros; on est tout à fait dans la
même ligne. On ajoute, comme je l'ai dit, toute la question relative
à la récupération et au recyclage de l'énergie
produite par le procédé d'élimination des déchets.
«Incinérateur», si c'est ça, ça veut dire
qu'on fait brûler les déchets. Alors, je pense bien qu'ici il n'y
a pas grand-chose qui ne s'explique point facilement.
M. Dufour: De quelle façon la Régie va-t-elle
disposer de cette énergie qu'elle va libérer? L'utilisation?
M. Ryan: Regardez, peut-être que, là, on pourrait
demander des explications aux représentants de la Régie.
Le Président (M. Gauvin): M. Dubuc, ou un autre
représentant.
M. Ryan: Leduc.
Le Président (M. Gauvin): J'ai dit Dubuc?
M. Ryan: Leduc.
Le Président (M. Gauvin): O.K. M. Leduc. Je vais
tenter de réadapter M. le député de Dubuc à son
véritable comté.
M. Leduc: En ce qui concerne l'électricité,
M. le Président, ce n'est pas très, très
compliqué. Il y a un seul client, c'est Hydro-Québec. En ce qui
concerne les recyclables, évidemment, nous, on va être, à
ce moment-là, uniquement la source d'approvisionnement, jusqu'à
un certain point, au niveau du centre de tri, et là des contrats seront
signés avec différents recycleurs, soit pour le papier, le
plastique, le métal, dépendant des recyclables. Le centre de tri
sera, à ce moment-là, une source d'approvisionnement. Il y aura
des contrats avec les entreprises privées qui utiliseront ces
matières là, tout simplement. Ce n'est pas plus compliqué
que ça.
M. Dufour: Comme vous nous dites qu'il y a un seul acheteur
potentiel d'énergie, qui s'appelle Hydro-Québec, est-ce
qu'actuellement vous avez des pourparlers qui garantiraient, d'abord, quelle
quantité vous entendez produire? Puis est-ce qu'il y a
déjà des tractations de commencées avec
Hydro-Québec concernant cette énergie?
M. Leduc: On a été d'abord
sélectionnés, parce qu'il a fallu ouvrir un dossier avec
HydroQuébec, un dossier de cogénération. On a
été sélectionnés. Nous sommes actuellement en
négociations. C'est très avancé avec HydroQuébec.
Notre production totale serait de 35 MW. Le prix qu'elle va nous payer
ça doit être fixé sous peu. C'est selon la grille. M.
Picotte, parce qu'il est mêlé plus directement dans les
négociations, pourrait donner des suppléments d'information, si
vous le permettez.
M. Picotte (Daniel): On a été en discussions, vous
savez. Hydro-Québec a tout un programme de cogénération.
Elle a fait appel à plusieurs centrales. Nous avons été
entrés à l'intérieur de ce régime-là. Nous
avons des pourparlers avec eux. Il n'y a aucun doute, les grilles tarifaires
s'appliquent. Nous sommes actuellement à discuter avec elle certains
aménagements qui respectent plus particulièrement le fait que
nous sommes un organisme public, mais nous n'avons aucune indication, à
ce moment-ci, qu'Hydro-Québec ne prendrait pas l'énergie. Elle
s'est montrée très intéressée, au contraire.
M. Dufour: Vous n'avez jamais regardé la
possibilité pour la municipalité elle-même d'employer cette
énergie-là? Il n'y aurait pas de permission de la Régie
pour ça?
M. Leduc: Ah! mon Dieu, si c'était possible, ça
nous intéresserait beaucoup! Il y a l'usine d'épuration de
Rivière-des-Prairies qui est tout près. Quand on pense à
l'expérience parisienne, où c'est les quatre incinérateurs
de la région de Paris qui fournissent toute l'électricité
au métro de Paris, l'électricité produite pourrait
être utilisée pour d'autres installations de la CUM. C'est
définitivement une voie qui serait très intéressante, mais
je pense que ça brasserait un peu la cage de la structure de
l'entreprise qu'on appelle Hydro-Québec. Si vous le soulevez,
laissez-moi vous dire que ce n'est pas par manque d'intérêt de
notre part de penser à une utilisation corporative. Si l'on pense
à la CUM, une utilisation corporative de l'électricité
produite à ce niveau, définitivement, c'est très
intéressant, mais le dossier de la Régie est déjà
très complexe. Je pense que ça le complexifierait encore
plus.
M. Dufour: Merci, M. Leduc.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Autrement dit, dans le contrat que vous
négociez actuellement avec HydroQuébec, j'imagine que ce sont des
productions fixes. Vous allez être obligés de garantir une
production annuelle de tant de mégawatts?
M. Picotte (Daniel): Pour répondre à votre
question, on a une fourchette de production. Hydro-Québec a une
fourchette de tolérance, et ce que nous sommes à négocier
avec eux, c'est de pouvoir... Compte tenu, évidemment, des objectifs de
réduction de la Régie - et la Régie prévoit
réduire les volumes qui pourraient arriver là - nous
négocions avec eux actuellement un mécanisme au terme duquel,
à tous les deux ans, la Régie pourrait elle-même fixer sa
garantie d'électricité, de deux ans en deux ans, pour donner
à Hydro le temps de se retourner, de sorte que si jamais les volumes de
déchets, oh bonheur! étaient réduits grandement et que la
production d'électricité était moindre, on pourrait
réduire nos garanties de livraison à HydroQuébec à
notre gré.
M. Dufour: Autrement dit, le fait que vous ayez une
négociation avec Hydro-Québec, ça vous oblige à
garantir un tonnage à l'opération de l'incinérateur.
M. Picotte (Daniel): Mais nous détenons des options nous
permettant de réduire les garanties d'électricité, de
sorte que si notre tonnage était moindre à l'incinérateur,
on pourrait, de la même manière - on n'est pas mal pris
vis-à-vis d'Hy-dro-Québec - réduire aussi nos garanties de
volume d'électricité.
M. Dufour: Mais le fait que vous ayez de la production
d'électricité avec une fourchette - mettons que je pourrais
accepter ça, là, que vous ayez une fourchette de production -
ça veut dire, à ce moment-là, au point de vue des
déchets, que vous pouvez être sélectifs, mais vous le serez
moins si vous avez moins de déchets. Autrement dit, pour produire de
l'électricité, ça prend de l'énergie
libérée quelque part; de l'énergie, ça se
libère. Il faut libérer de
l'énergie pour produire de l'électricité par la
combustion, par l'élimination, et si vous voulez obtenir votre
quantité de mégawatts produits, vous devrez, à ce
moment-là, augmenter la quantité à disposer.
M. Picotte (Daniel): Nous n'avons pas, avec Hydro-Québec,
d'obligation contractuelle dépassant des périodes de deux ans, et
avec des fourchettes. Bon. Et là, je m'excuse de vous dire ça,
vous assumez que la Régie va sacrifier sa pierre angulaire originale,
qui est la réduction de 50 % d'ici à l'an 2000, et toute
l'emphase qu'elle a mise sur son centre de tri, et toute l'emphase qu'elle met
sur la réduction, le recyclage, et tout ça. C'est une assomption
que vous faites, mais, moi, je vous dis qu'avec... D'abord, contractuellement
parlant, on n'est pas lié. On est lié pour des périodes de
deux ans, avec une fourchette, des contrats réajustables. Mais je vous
dis - et vous devez, à ce moment-là, croire en notre bonne foi -
qu'il n'est pas dans l'intention de la Régie de négliger ce qui a
été la pierre angulaire de tout cet édifice-là, de
négliger les principes qui y sont contenus pour vendre
l'électricité. Nous ne sommes pas voraces à ce
point-là. Mais je suis obligé de vous le dire, et je ne peux rien
vous écrire.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Juste ad hoc, là-dessus, M. Leduc. La ville
de Montréal nous tenait ce même genre de propos au sujet de
l'incinérateur des Carrières, mais vous savez comme moi que,
malgré le discours généreux que la ville a pu tenir, elle
est obligée d'importer des déchets qui proviennent de
l'extérieur du territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, des déchets en période de pointe, l'hiver,
à l'incinérateur des Carrières à Montréal,
pour s'assurer de remplir ses commandes de vente ferme d'énergie, de
vapeur aux industries qui se situent alentour de l'incinérateur des
Carrières. Elle le fait pour éviter des coûts ou des
pénalités qu'elle aurait à payer si elle n'était
pas capable de livrer l'énergie qu'elle s'est engagée à
livrer.
La crainte que mon collègue de Jonquière soulève
est pertinente, d'autant plus qu'il y a des expériences passées
qui nous ont amenés à conclure qu'il y a des incitatifs
économiques qui ont amené les autorités municipales
à prendre des décisions qui pouvaient certainement remettre en
question un discours généreux. Ces mêmes
réalités-là pourraient très bien se retrouver
à la Régie. Je tenais juste à faire cette
précision-là, mais c'est une réalité. Ça,
c'est «money talks», et il y a une réalité
économique qu'il ne faut pas négliger non plus.
M. Leduc: Bon, écoutez. Premièrement, juste un
court élément de réponse, et je vais laisser
répondre M. Racine qui est celui qui a dessiné tout le
système de distribution de vapeur à l'incinérateur des
Carrières, donc il connaît ce dossier-là beaucoup mieux que
moi. Mais je dois vous dire que, politiquement parlant, ce que vous venez
d'énoncer là, moi, personnellement, connaissant bien le dossier,
c'est les premières nouvelles que j'en ai. Est-ce qu'ils sont
liés par des dispositions contractuelles à la ville de
Montréal? Possiblement, pour en arriver à ces
extrêmes-là. Nous, dans notre contrat avec Hydro-Québec,
nous ne sommes pas liés. Mais en ce qui concerne une réponse un
peu plus technique, si vous me permettez, M. le Président, après
tout, c'est lui qui a fait les tuyaux pour se rendre à tous les
fournisseurs de... (21 h 50)
M. Boisclair: Ça vient de la bouche du gérant de
l'incinérateur.
Le Président (M. Gauvin): M. Racine. M. Leduc: M.
Racine.
M. Racine: M. le Président, M. le député, je
ne veux pas parler au nom de la ville de Montréal. Tout ce que je peux
vous dire, par exemple, avec votre permission, c'est que je douterais beaucoup,
beaucoup que la ville de Montréal se doive d'importer des déchets
pour alimenter son incinérateur, compte tenu du fait que ses contrats de
vapeur ne représentent que 40 % de la production de vapeur qui
émane de l'incinérateur, et ceci avant la perte de son plus gros
client, qui était Angus. Angus achetait à peu près 50 %,
ou un peu moins, des 40 % de vapeur. Alors, je ne vois pas, d'aucune
façon, pourquoi la ville de Montréal aurait besoin d'importer des
déchets pour remplir ses contrats de vapeur, même en
période de pointe en hiver.
M. Boisclair: C'est le directeur... M. Racine:
Maintenant...
M. Boisclair: C'est le surintendant qui m'a dit ça:
L'hiver, en période de pointe.
M. Racine: Je vous ai dit au début que nous ne sommes pas
la ville de Montréal...
M. Boisclair: Non, non.
M. Racine: ...donc je n'ai pas à défendre la
position de la ville de Montréal. Je fais simplement mettre un point
d'interrogation sur cette assertion-là.
Le Président (M. Gauvin): On entend à nouveau le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Dans votre assertion, vous nous affirmez qu'il y
a 35 MW qui vont être
produits par cette usine. Aussi, dans la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui touche la production de l'énergie, c'est dit que
toute usine ou tout appareil qui produira plus de 10 MW sera soumis au BAPE
pour étude d'impact. Le fait que ce soit intégré dans la
définition, ce dont on parle, est-ce que, dans votre esprit... Et
j'aimerais bien savoir, peut-être, l'idée du BAPE par rapport
à ça... c'est-à-dire du ministère de
l'Environnement - pas du pape, du BAPE - j'aimerais savoir si ça
l'exclut de l'étude d'impact, ou si ça l'empêche de
l'étudier, parce que le fait qu'il soit dans la définition, il
pourrait partir dans le paysage.
Le Président (M. Gauvin): M. Racine.
M. Racine: M. le Président, pour répondre à
la question de M. Dufour, évidemment que l'incinérateur
produisant cette énergie électrique fait partie des études
d'impact et fait partie des audiences publiques qui seront tenues devant le
BAPE. Donc, toute la question de production d'électricité va
être débattue devant le BAPE. On en a fait état,
évidemment, dans les études d'impact.
M. Dufour: Vous en avez fait état. M. Racine:
Évidemment.
M. Dufour: Donc, vous l'avez dans le dossier.
M. Racine: Évidemment.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales. Excusez-moi, M. le député de Jonquière.
M. Ryan: J'aurais encore quelque chose sur ce sujet-ci. J'ai
encore quelque chose sur le système de gestion, que je voudrais
soulever, mais qui ne traite pas de...
M. Dufour: On peut l'apprendre.
M. Ryan: On peut y aller, et on reviendra au besoin.
M. Dufour: On est assez ouverts là-dessus. M. Ryan:
Pardon?
M. Dufour: Je pense qu'on essaie de s'éclairer les uns les
autres.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Là, j'apprends que l'AESEQ, qui est ici, aimerait
être entendue sur cet article-ci à propos d'un aspect de l'article
qui l'intéresse plus particulièrement. On pourrait
peut-être, avec le consentement de l'opposition, appliquer la convention
dont nous avions parlé antérieurement, et peut-être
prévoir de 5 à 10 minutes sur ce point-ci.
M. Dufour: Moi, je serais disposé à être un
peu plus généreux que le ministre, parce qu'ils n'interviennent
pas sur tous les articles.
M. Ryan: Non, mais ils vont revenir sur d'autres, très
importants pour eux. Celui-ci, je pense qu'en une dizaine de minutes ils en
auraient assez. D'ailleurs, M. Raymond avait laissé entendre qu'il
était un homme très concis. Il m'avait dit: II y a des choses que
je peux vous faire comprendre en 3 minutes. Je n'en demanderais pas tant...
Une voix: On va le mettre à l'épreuve.
M. Ryan: ...parce qu'il ne sait pas ce que c'est que...
M. Dufour: En tout cas, je pense qu'on peut bien s'entendre pour
10 minutes.
M. Ryan: Regardez, si c'est vraiment intéressant, nous
autres, on ne regarde pas l'horloge.
M. Dufour: Correct! Nous autres non plus. Il y en a d'autres qui
le font pour nous autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Vous pouvez rester là.
Le Président (M. Gauvin): Vous pouvez rester en place.
Écoutez, je pense qu'il y a de la place pour au moins trois
représentants...
M. Ryan: nous autres, c'est un de nos objectifs de vous faire
vous rencontrer un petit peu aussi, ça fait qu'on ne voudrait pas que
vous pensiez...
Le Président (M. Gauvin): ...de l'Association des
entrepreneurs de services en environnement du Québec. Donc, si vous
voulez venir à la gauche, ici, au bout de la table, les procureurs, je
pense, ou... Donc, je vous rappelle que l'entente entre les membres de la
commission est de vous permettre d'intervenir pour 10 minutes, incluant les
échanges avec les députés et les membres de la commission.
Donc, on est prêt à entendre M. le procureur, M. Raymond.
Auditions
Association des entrepreneurs de services en
environnement
M. Raymond (Lester): D'abord, M. le
Président, merci de l'opportunité d'entendre les gens de
l'Association. Pour répondre à certaines discussions qui ont eu
lieu relativement au sens qu'on attribue au mot «déchets»,
vous comprendrez que, pour la plupart des membres de l'Association, c'est une
question primordiale qui touche une grande partie, pour plusieurs, ou la
totalité des activités de certains.
Je me permettrai, sans vouloir porter ombrage à vos discussions,
de faire valoir à la commission que le sens qu'on donne maintenant au
mot «déchets» par l'article 13 est très
différent de celui qui aurait été attribué au
départ à la définition qu'on avait donnée. J'ai
entendu, et j'espère avoir bien compris, les propos de M. Blanchet, qui
nous dit: Voici, dans une loi ou un règlement quelconque, lorsqu'un mot
est donné, on doit le recevoir au sens commun du terme, et avec beaucoup
de précision, vous dis-je, le sens qui doit lui être
spécifiquement donné est celui du dictionnaire. Or, on a pris
soin - on a fait nos devoirs - comme M. Blanchet le soulignait, de voir ce que
c'est qu'un déchet, au sens du dictionnaire: Un résidu
inutilisable, en général sale ou encombrant. Et on donne
l'exemple: des pleines poubelles de déchets.
Si on regarde maintenant les dispositions de 1.2 contenues à
l'article 13 - et ce sens-là n'est pas donné à l'article 1
de la Loi sur la qualité de l'environnement - on ajoute: «ou
visant la génération, la récupération, la vente ou
l'utilisation d'énergie ou de matières recyclables». Or, il
se trouve que, maintenant, on n'a plus ce sens usuel qu'on doit attribuer au
mot «déchets». On fait notre lit au départ, en
disant: Le mot «déchets», ça a le sens du
dictionnaire: quelque chose qu'on rejette, quelque chose qui est rendu
inutilisable.
Maintenant, dans cet article, on lui donne un autre sens. On ajoute, par
les dispositions de l'article 17: «L'article 13 est
déclaratoire.» C'est-à-dire que la fenêtre par
laquelle on va comprendre, on va examiner le sens du mot
«déchets», c'est à l'article 13 qu'on va la
retrouver. Alors, je me demande comment on va composer avec la situation
où, un déchet, c'est quelque chose qui n'est plus
nécessairement un déchet mais qui peut être
récupéré. Et, là, on ne retrouve plus du tout le
sens usuel donné par le ou les dictionnaires.
Parmi les membres de l'Association, il y a plusieurs membres qui
s'occupent de récupération, de recyclage et de disposition de
déchets. Est-ce que, maintenant, la loi va faire en sorte que des
matières qui, autrement, seraient recyclables vont devenir un
déchet rendu inutilisable? il y a une dichotomie dans l'entendement du
sens donné à «déchets». Est-ce qu'on peut,
dans un même règlement, avoir deux sens au même mot? Parce
qu'on prend la peine de dire qu'un déchet, c'est le sens du
dictionnaire. Là, maintenant, on dit: Non, le déchet, ça
va être quelque chose de plus.
Mais ce «plus» ne se retrouve pas dans la Loi sur la
qualité de l'environnement. Alors, pour un...
(22 heures)
M. Ryan: Mais je ne sais pas... Pour revenir à la pratique
quotidienne, là, il peut arriver qu'une chose qui est pour moi un
déchet - disons que j'ai dessiné sur une feuille de papier, je la
mets au panier - soit une matière recyclable, mais, pour moi, c'est un
déchet. À l'origine, c'était un déchet, c'est une
chose dont j'ai disposé, excepté que c'est reclassé, et
ça, c'est recyclable et il faut bien en disposer. On n'est pas pour
envoyer ça nulle part. Il faut bien que ça se situe quelque part.
C'est comme ça que je comprends ça, moi.
M. Raymond: M. Ryan, dans le texte de ce
règlement-là, est-ce qu'on peut composer avec deux sens au mot
«déchets»? J'ai entendu les propos de M. Blanchet disant: Un
déchet, c'est quelque chose dont la définition se retrouve au
dictionnaire. Or, la référence est assez précise par les
dictionnaires. Maintenant, quand on donne le mot «déchets»
contenu dans l'expression «système de gestion des
déchets», on dit que c'est une matière
récupérable.
Je me permets de vous donner un exemple: si je représente un
entrepreneur qui a comme fonction la production de papier fin et qu'un lot
à l'égard de son entreprise s'avère raté. Par
contre, pour ces déchets-là, j'ai un contrat avec la ville ou une
entreprise de New York qui, elle, le récupère et m'en donne x
dollars la tonne. Pour faire un exemple gros, elle m'en donne 1000 $ la tonne.
Alors, ça va me forcer, moi, comme entrepreneur, à vendre... pas
à vendre, à donner ces déchets-là à la
Régie alors qu'autrement je pourrais en avoir 100 $ ou 1000 $ la tonne.
Alors, je pense que là on a une dichotomie sur un même mot dans un
règlement.
M. Ryan: En tout cas, moi, il n'a jamais été dans
ma conception qu'il n'y avait pas une grosse proportion de déchets qui
était recyclable. Je pense bien que ça fait partie... Quand on
parle d'un système de gestion intégrée des déchets,
bien là, ça, ça veut dire qu'il y en a qui vont être
recyclables, qui vont être destinés à d'autres fins que
l'élimination pure et simple, à la transformation en toutes
sortes de formes. Ça peut être fait par des contrats
privés, ça peut être fait par des initiatives publiques, il
n'y a rien de ça qui est décidé pour le moment. Il y en a
d'autres qui vont être destinés à l'élimination, il
y en a d'autres qui vont être destinés à l'entreposage dans
un site d'enfouissement, il y a toutes sortes de destinations possibles.
Le déchet, c'est ce dont se débarrassent, à mon
point de vue, les entreprises ou les ménages qui n'ont plus besoin de
certaines matières et qui disent: On veut que la collectivité en
dispose pour nous. Je ne détesterais pas avoir la réaction
de la Régie sur la question que vous soulevez, cependant. Mais
j'ai peine à comprendre que vous ayez pensé un seul moment que
nous donnions une exception très restrictive de
«déchets», alors qu'au contraire ce que nous donnons,
à partir de ce qui est déjà dans la Loi sur les
cités et villes, c'est une interprétation assez large.
Même, c'est l'objet du projet de loi d'élargir le concept, non pas
de le rétrécir. Ça ne veut pas dire que tout va se faire,
ça, sans considération. Pas du tout! En tout cas... Mais
j'aimerais avoir la réaction de la Régie sur le point
précis que vous soulevez, cependant.
M. Leduc: Je vais demander à M. Picotte de
répondre. C'est un point légal.
Le Président (M. Gauvin): M. Picotte.
NI. Picotte (Daniel): Bien, vous savez, lorsque nous sommes
arrivés à rédiger cet article-là... D'abord, vous
savez, à partir du moment où vous parlez... Par exemple,
l'article 413.10° de la Loi sur les cités et villes. Ils parlent de
«déchets» et, ensuite de ça, ils disent:
Déterminez parmi ceux-ci lesquels sont récupérables ou
recyclables. Vous me corrigerez. Alors, vous avez cet emploi du mot
«déchets» et des mots «matières
recyclables» de façon interchangeable, à mon souvenir, dans
le texte de la loi. Il est bien sûr que là-dedans... Et là
je ne voudrais pas avoir du tout des propos politiques, mais pour éviter
de s'échanger le microphone, je l'ai entendu souvent. Moi, j'ai toujours
compris que l'attitude de la Régie était de dire: On
n'empêchera pas les gens qui ont des activités, des sous-produits
d'une activité industrielle, tout ça, on ne les empêchera
pas de fonctionner.
Maintenant, comment faites-vous, dans le cadre d'une loi, pour aller
tailler ça d'avance, là où vous n'allez pas intervenir
indûment dans les activités du secteur privé, et là
où, naturellement, l'un de vos objectifs principaux est de faire du
recyclage? Donc, il va falloir fatalement que vous ayez juridiction sur des
déchets, si je suis votre raisonnement, des déchets absolument
déchets et absolument irrécupérables par opposition
à d'autres qui sont récupérables. C'est donc dire que vous
voulez avoir juridiction sur le tout. Et vous, vous dites: Dans le cadre de
notre réglementation, nous allons exclure ou nous allons... Parce qu'on
a le pouvoir, je pense - on y viendra tantôt - d'établir des
catégories de déchets et de prescrire ceux qui sont recyclables.
Bien, quand on prescrira les catégories, là on pourra, j'imagine,
de concert avec l'industrie, après les avoir consultés,
rédiger avec un crayon plus fin que nous le permettrait une loi - parce
que, quand même, on ne peut pas tout définir ça d'avance -
couvrir les cas que l'on veut exclure et y aller avec un pinceau plus fin. Ce
qu'on a ici, là, c'est un pinceau plus large, si vous voulez, si on veut
se servir de cette image-là.
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc, vous voulez
ajouter?
M. Leduc: Bien, moi, je pourrais compléter l'aspect un peu
politique là-dessus, dans le sens qu'il faut partir du principe que la
pierre angulaire de la Régie - on semble douter, depuis environ une
semaine, des intentions pures de la Régie, mais en tout cas - est
d'atteindre des objectifs de récupération-recyclage, d'ici
à l'an 2000, de 50 %. Elle est toujours là, cette
préoccupation. Il est certain que politiquement, malgré le
pouvoir que nous donnerait ce bill privé, je fais un
«commitment» public, mais je ne peux pas l'écrire,
là, un «commitment» public de dire que les
expériences déjà existantes auxquelles monsieur faisait
référence, de récupération-recyclage qui se font
déjà, il est certain, par le biais d'une réglementation
secondaire à l'obtention de ce projet de loi, que la Régie
pourrait très bien signer des ententes...
Une voix: Ou les exclure dans le cadre du règlement.
M. Leduc: ...je ne sais pas, ou les exclure dans le cadre du
règlement pour ne pas aller contre la philosophie même qui nous
anime depuis le départ. Évidemment, dans un cas de
règlement général, on ne travaille pas avec un
ciseau...
Le Président (M. Gauvin): Étant enregistré,
M. Leduc, c'est comme si vous l'aviez écrit.
M. Leduc: Oui, mais on ne peut pas l'écrire, le
«commitment». C'est ça le problème.
Le Président (M. Gauvin): M. Raymond, vous vouliez
poursuivre? Me Raymond.
M. Raymond: Brièvement, M. le Président, en effet.
J'entends les propos que tient Me Picotte; j'entends, également, les
propos que tient M. Leduc. Notre préoccupation, c'est que cette
loi-là d'intérêt privé, pour un but
spécifique, touche lourdement à toutes les activités de
l'Association qui est devant vous aujourd'hui et qui était devant vous
la semaine durant. Lorsqu'on dit, à l'article 17, que l'article 13 est
dé-claratoire, c'est la fenêtre par laquelle doit être
considérée, analysée la perspective qui est touchée
par les dispositions de l'article 13, on prend soin d'ajouter les mots
«ou visant la génération, la récupération, la
vente ou l'utilisation d'énergie ou de matières
recyclables», termes qui n'apparaissent pas à la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Alors, quand M. Leduc nous dit: Écoutez, n'ayez crainte, soyez
confiants, notre application sera ultérieurement limitative, vous
comprendrez que, pour nous, lorsqu'on ajoute ces mots-là, on ne peut
plus prétendre à une limitation qui ne
serait pas préjudiciable à nos intérêts.
Le Président (M. Gauvin): Merci de conclure.
C'était le temps qu'on s'était donné, on s'en excuse.
Est-ce que ça complète l'échange avec le groupe
d'entrepreneurs?
M. Ryan: Regardez, je pense que pour les fins de l'article 13,
oui. L'Association aura l'occasion de revenir à propos de l'article 2.
J'imagine qu'on va reprendre ces sujets-là. Mais pour les fins de
l'article 13, je regrette de devoir souscrire plutôt à
l'interprétation qu'a proposée M. Picotte tantôt. Si on
prend la Loi sur les cités et villes, toute la question des
déchets recyclables est bien couverte dans l'article 413.10°. C'est
vrai qu'il n'en est pas question explicitement dans la définition qui
est donnée à la Loi sur la qualité de l'environnement,
mais dans l'article 413.10°, là, c'est couvert. On a tout
donné le texte tantôt.
M. Raymond: M. Ryan, vous avez raison, sauf que, tout à
l'heure, ce qu'on a dit, on a fixé l'arène du débat en
disant: Le mot «déchets» n'a pas le sens que lui attribue
une loi particulière. Ce n'est pas la Loi sur les cités et
villes, ce n'est pas la Loi sur la qualité de l'environnement, ce n'est
pas la loi d'un autre règlement. On a dit que c'est le sens commun et
général octroyé par un dictionnaire.
M. Ryan: Regardez, non, je m'excuse, là. M. Blanchet a
énoncé une règle générale de
législation. Il ne peut pas avoir dit une chose comme celle-là
parce qu'il aurait supprimé d'un trait de plume tout ce qui est dit dans
la Loi sur les cités et villes, qui est déjà
limitatif.
M. Raymond: Avec respect, M. Ryan, il n'y a pas de
référence...
M. Ryan: Quand même il l'aurait dit, ça ne vaudrait
rien, parce que c'est le législateur qui décide de ça.
M. Raymond: J'en conviens, mais quelle est la
connexité...
M. Ryan: M. Blanchet, c'est un homme très respectueux,
c'est notre guide.
M. Raymond: ...entre cette loi-là et la Loi sur les
cités et villes?
M. Ryan: Franchement... Pardon?
M. Raymond: Quelle est la connexité qu'on doit donner
à cette loi-là et à la Loi sur les cités et villes?
(22 h 10)
M. Ryan: Comme je l'ai dit plus tôt, si jamais il y a une
contestation... Disons que vous autres, vous vouliez instituer une contestation
à l'encontre de la loi 221, que vous disiez: On leur a donné des
attributions qu'on n'avait pas d'affaire à leur donner. Il n'y a
même pas de définition. Ça va aller devant les tribunaux
puis ils vont être obligés de se référer aux lois de
base. Parmi les lois de base, il va y avoir la Loi sur les cités et
villes, il va y avoir la Loi sur la qualité de l'environnement et c'est
le tribunal qui va se débrouiller avec ça. Puis nous autres, on
n'a pas d'inquiétude que ceci dérive en droite ligne de ce qui
est contenu dans la Loi sur les cités et villes, même si on ne dit
pas expressément: Regardez tel article pour la définition. On
sait que ceux qui seront chargés de l'interprétation vont trouver
ça tout seuls. Ils sont familiers avec ça, ils vont le trouver.
Le premier mouvement qu'ils vont faire, ça va être ça.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. On avait
dépassé largement l'échange...
M. Ryan: Oui. On va prendre... Ensuite, on va revenir avec vous
à propos d'autres articles. Soyez sans inquiétude.
Le Président (M. Gauvin): Je m'excuse. On va inviter MM.
les représentants des entrepreneurs à se retirer, quitte à
vous réinviter à nouveau dans d'autres débats. Merci de
votre collaboration.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants à l'article 13? M. le
député d'Anjou.
Reprise de l'étude détaillée
Entente intermunicipale (suite)
M. Bélanger (Anjou): M. le Président, je viens
d'entendre quelque chose que j'ai de la difficulté à croire, ce
que je viens d'entendre du ministre qui dit que s'il y a une contestation du
terme «déchets», comme il n'y a aucune définition
nulle part, on va laisser les tribunaux jouer et prendre des définitions
de «déchets» à gauche et à droite: dans la Loi
sur la qualité de l'environnement, dans la Loi sur les cités et
villes, puis là, après ça, on va se laisser
complètement à l'aléatoire, un peu comme on se retrouve
dans la situation constitutionnelle où on se retrouve là. Je
pense que c'est dangereux. En tant que législateurs, si on fait un
projet de loi, on ne doit pas laisser de zones grises qui vont donner
interprétation ou donner ouverture à des litiges. Je pense qu'il
faut éviter ça et il faut l'éviter maintenant, et non pas
quand on va se retrouver devant les tribunaux, puis on va se retrouver avec un
nouveau projet de loi pour définir une nouvelle définition parce
que justement elle a été contestée ou que les tribunaux en
ont donné une qu'on ne voulait pas donner lors de l'adoption du projet
de loi. Je n'en reviens pas qu'on décide de faire un projet de loi de
cette façon-là.
Le Président (M. Gauvin): Je sais que M. le ministre veut
réagir.
M. Ryan: Regardez, il n'y a pas vraiment de matière pour
nous. Là, nous donnons des attributions plus précises à la
Régie, toujours à l'intérieur des pouvoirs que peuvent lui
déléguer les municipalités qui en sont les composantes. Et
les municipalités ne peuvent pas déléguer des pouvoirs
qu'elles n'auraient pas. C'est ça qui est la base de tout le
système. Si les municipalités délèguent à la
Régie, c'est en fonction de pouvoirs qui leur sont attribués dans
la Loi sur les cités et villes.
M. Bélanger (Anjou): Delegatus non potest delegare.
M. Ryan: Oui. O.K.? Je pense qu'on se comprend.
M. Bélanger (Anjou): On se comprend, oui. On se comprend,
mais ce que je ne comprends pas, c'est justement l'absence de notion, de
définition de «déchets». Excusez-moi, je n'en reviens
pas. Finalement, on va se retrouver dans une vraie zone grise, comme on peut
l'appeler, en matière de contestation judiciaire.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
complète les interventions au niveau de l'article 13?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président. Le
Président (M. Gauvin): Oui?
M. Tremblay (Rimouski): Est-ce qu'on peut appeler le vote sur
l'article 13?
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Il y a le système de gestion de
déchets. On s'apparente avec ce qui existait dans l'ancienne loi
concernant la loi de 1990, la loi 257, mais dans cette loi-là il
n'était pas question de génération ou de vente
d'énergie. Ça fait que c'est évident que, quand on parle
de système de gestion de déchets, on applique ça à
quelque chose de bien particulier pour les fins du projet de loi, mais
ça va beaucoup plus loin que la Loi sur la qualité de
l'environnement. C'est quoi l'idée d'inclure la génération
et la récupération d'énergie ou l'utilisation? C'est quoi
l'idée d'inclure ça? Est-ce que ça veut dire ou est-ce
qu'on indique que dans la Loi sur la qualité de l'environnement ou dans
la Loi sur le ministère de l'Environnement il faudra penser de rajouter
ça dans la définition, cette question-là? Est-ce que
ça a une tendance vers ça?
M. Ryan: Dans la mesure où on va aller vers des
systèmes d'élimination des déchets qui comportent la
production d'énergie, c'est bien normal que le système
intégré dont on parle prévoie la manière dont on va
disposer de l'énergie ainsi produite si on ne veut pas qu'elle soit
purement gaspillée ou qu'elle vienne polluer d'une manière ou de
l'autre l'environnement.
Alors, ça fait partie du système intégré
qu'on doit envisager, surtout s'il est question d'un système qui
prévoit un mode de combustion d'une partie plus ou moins grande des
déchets. Je pense qu'on ne peut pas éviter cette
perspective-là. Si on ne l'incluait pas on se tromperait soi-même;
il faut l'inclure. On dit qu'est-ce qui va entrer dans le système de
gestion des déchets, mais le mode de réutilisation de
l'énergie produite par la combustion est un ingrédient essentiel,
une composante - comment est-ce que qu'on dit ça - incontournable?
M. Dufour: Incontournable? M. Ryan: Incontournable.
M. Dufour: Est-ce que dans la Communauté urbaine de
Québec ils ont la même disposition au point de vue de
l'incinérateur? Est-ce qu'ils ont ce pouvoir-là, est-ce que c'est
inscrit dans la loi?
M. Ryan: Oui. Récemment, je pense que le
député de Jonquière s'en souvient, nous avons
conféré à la Communauté urbaine de Québec
les mêmes pouvoirs dont disposait déjà la Communauté
urbaine de Montréal en matière de gestion intégrée
des déchets. Ça comprend le pouvoir d'avoir un
incinérateur et puis de disposer de l'énergie
également.
M. Dufour: C'est-à-dire qu'ils ont le pouvoir de
brûler, ils en avaient un à l'incinérateur. On ne leur a
pas donné un pouvoir nouveau. Mais est-ce que c'est inclus
expressément dans les mots «système de gestion des
déchets»?
M. Ryan: M. Rompre va le vérifier.
Le Président (M. Gauvin): Vous allez comprendre que nous
sommes à un point mort pour vérifier, si on peut s'exprimer
ainsi, préparer une réponse au député de
Jonquière.
Est-ce que M. Leduc voudrait ajouter à l'information?
M. Leduc: Bien, je veux profiter du temps de recherche.
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Leduc: est-ce que ça pourrait aider - peut-être -
de donner le point de vue de la régie sur l'importance d'introduire
cette... m. picotte.
Le Président (M. Gauvin): M. Picotte.
M. Picotte (Daniel): Pour vous indiquer un petit peu comment la
question est venue et comment elle a été suscitée. La
définition qui existait suite à la loi 257, référez
au paragraphe 12° de la Loi sur la qualité de l'environnement qui
incluait toutes les composantes, sauf qu'on ne parlait pas véritablement
de génération ou de vente d'énergie. Bon. Et là des
avocats, des confrères, disons, qui agissent régulièrement
pour les prêteurs, et qui agissaient pour le promoteur en l'occurrence,
ont dit: Bien, écoutez, si on a un système de gestion de
déchets, si la Régie a le pouvoir de faire de la gestion de
déchets, est-ce que ça Inclut le pouvoir de vendre de
l'électricité, de faire l'électricité que ça
génère? Est-ce qu'on doit penser que la gestion d'un
système intégré de déchets doit comprendre la
génération d'électricité? On a dit: Écoutez,
ça tombe sous le sens parce qu'il est naturel qu'il est plus efficace de
produire de l'électricité que de ne faire que gérer le
déchet. Et là, ils ont dit: Bien, on serait plus confortables si
c'était spécifié. Et, on a pensé que si eux le
soulevaient, des prêteurs éventuels pourraient le soulever.
Donc, pour éclaircir le pouvoir corporatif de la Régie, on
est venus ajouter cette précision-là pensant que, dans notre
esprit en tout cas, ça avait toujours été là. Pour
plus de confort, disons, au niveau des prêteurs, c'est la raison pour
laquelle c'est là. (22 h 20)
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales, je pense, a une réponse à la question du
député de Jonquière.
M. Ryan: Oui, dans le projet de loi que nous avons adopté
il y a quelques mois sur la Communauté urbaine de Québec, il
n'était pas question de ce pouvoir de vendre l'énergie
résultant de l'exploitation d'un centre de disposition des
déchets sur son territoire, pour la bonne raison que c'était
déjà dans la Loi sur la Communauté urbaine de
Québec avant. Ça remonte déjà ça, la
dernière modification qui avait été faite à cet
article-là remonte à 1971. Je vais vous lire un extrait de
l'article: «La Communauté peut établir, posséder et
exploiter des centres de disposition des ordures dans son territoire ou
à l'extérieur.» Nous, on a remplacé
«ordures» par «déchets» dans la dernière
version et sans donner d'autre définition que celle qui est couramment
reçue. «Elle peut et en réglementer l'utilisation et vendre
l'énergie résultant de l'exploitation de ce centre.» Par
conséquent, ça remonte déjà à une vingtaine
d'années, l'habilitation qui a été donnée à
la Communauté urbaine de Québec, de ce
côté-là, et à plus forte raison à la
Communauté urbaine de Montréal, parce qu'on a essayé
d'ajuster les attributions de la Com- munauté urbaine de Québec
à celles que détenait déjà la Communauté
urbaine de Montréal. Par conséquent, il n'y a rien d'innovateur
ici. C'est tellement logique. Ça serait surprenant que les gens n'y
aient pas pensé avant nous autres.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Ryan: Article 138 de la loi de la Communauté urbaine de
Québec.
Le Président (M. Gauvin): Alors, est-ce qu'on peut...
M. Dufour: Est-ce que vraiment le fait de parler d'énergie
ça n'aurait pas pour but aussi d'assurer que la Régie
contrôle encore plus parfaitement tout ce qui se passe dans
l'opération des déchets? Autrement dit, le fait qu'elle soit
liée ou qu'elle permette que la gestion des déchets comprenne la
disposition de l'énergie produite, est-ce que ça ne renforce pas
ou ça n'a pas pour but de renforcer la Régie ou la position de la
Régie concernant l'émission de capital-actions ou d'achats, par
exemple, d'entreprises?
Elle peut cautionner des entreprises, et le fait que dans sa loi
habilitante ce soit compris dans la gestion des déchets, ça lui
donne des pouvoirs supplémentaires. Le fait que ce soit relié, le
fait qu'elle ait un mandat plus grand, est-ce que ça ne lui donne pas le
droit d'aller un petit peu plus loin dans sa démarche un peu partout, de
mettre son emprise un peu plus forte? Je ne sais pas quel article... J'avais un
article dans l'idée où on parle, par exemple, que si une
entreprise ou si la Régie décide ou si quelqu'un veut se
débarrasser ou vendre quelque chose, c'est la Régie qui est le
preneur de tout ça. Ça, j'aimerais ça savoir
ça.
Le Président (M. Gauvin): Je pense que M. Racine voulait
ajouter à l'information.
M. Racine: M. le Président, avec votre permission, pour M.
Dufour, une explication fort simple. Dans nos discussions avec
Hydro-Québec, une des premières choses qu'Hydro-Québec
nous a demandée: Est-ce que dans votre loi vous avez le pouvoir de nous
vendre de l'électricité? La Régie n'avait pas, comme la
CUQ déjà, ce pouvoir-là dans ses attributs. Donc, pour
être en mesure de signer un contrat de vente d'électricité
à Hydro-Québec, il faut que notre système de gestion des
déchets puisse inclure le pouvoir de générer de
l'électricité, ce que nous n'avons pas actuellement.
Le Président (M. Gauvin): Merci. M. le
député de Jonquière, oui, veut poursuivre.
M. Dufour: II y a effectivement, à travers
cet article-là, un pouvoir en tout cas... Un pouvoir, dans
l'article 13... Oui, c'est correct. Quand on parle de système de gestion
des déchets, ça suppose que si on accorde ça, c'est
relié aussi à la mise en place d'un incinérateur. Est-ce
que c'est par cet article-là qu'on habilite la Régie à
conclure un contrat avec la compagnie en question, Foster Wheeler?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Dufour: Est-ce que c'est par cet article-là qu'on donne
le pouvoir à la Régie d'intervenir dans un contrat avec Foster
Wheeler?
M. Ryan: Non, non, non. Il y a un autre article qui est bien pour
ça là, c'est l'article 11. O.K.? N'est-ce pas?
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, est-ce qu'on peut
appeler l'article 13?
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Je pense qu'on avait le député d'Anjou.
M. Dufour: II y a peut-être un élément...
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Dufour: ...que je veux ramener, mais je n'en discuterai pas.
J'avais fait une proposition pour que l'article 17 soit relié à
cet article-là. On sent bien... Tout à l'heure, il y avait des
intervenants de l'AESEQ qui, effectivement, nous ont dit: II y a une loi
déclaratoire, il y a un article déclaratoire qui conditionne ou
qui affirme que tout ce qui s'est fait antérieurement est correct. Je
pense que j'avais raison de le faire, mais je fais juste le souligner en
passant.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président. Avec
votre permission et la permission du ministre, j'aurais un complément de
réponse à demander à M. Racine relativement à la
question d'Hydro-Québec et la génération
d'électricité. J'aimerais savoir... Il a parlé qu'il n'y
avait aucune contrainte ou aucun engagement minimum relativement à la
livraison d'électricité à donner à
Hydro-Québec. Premièrement, il y a un coût pour
Hydro-Québec, évidemment, de relier la centrale à son
réseau?
M. Racine: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. Racine, oui.
M. Racine: II y a un coût pour HydroQuébec, sauf que
c'est un coût qu'Hydro-Québec nous refile à nous. Donc,
c'est nous qui payons les coûts de raccordement.
M. Bélanger (Anjou): Sans pour autant divulguer les termes
de l'entente ou, en tout cas, du projet d'entente que vous avez,
HydroQuébec, quant à elle, n'est absolument pas
préoccupée par une livraison minimale que vous devez lui
fournir?
M. Racine: Oui, dans le sens qu'Hydro-Québec nous demande
de lui donner des indications, évidemment, de la quantité
d'énergie que nous pouvons livrer. Sauf que nous nous sommes
donné le pouvoir de faire des ajustements tous les deux ans.
M. Bélanger (Anjou): Mais si je comprends bien, ces
indications-là doivent être quand même assez contraignantes
parce que Hydro-Québec aussi a des clients à fournir, elle a des
engagements, elle aussi, envers ses clients. Il doit y avoir une contrainte ou
des pénalités si vous ne rencontrez pas un minimum, un certain
minimum.
M. Racine: Justement, la condition d'ajustement que nous permet
Hydro-Québec...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Racine: Justement, Hydro-Québec nous permet de faire
des ajustements sans aucune pénalité. Si nous accédons ou
nous sommes à niveau moindre qu'un certain niveau d'ajustement, il y
aura des pénalités, effectivement, parce que Hydro-Québec
se doit d'assurer une certaine livraison à ses clients.
M. Bélanger (Anjou): Donc, si je comprends bien, si vous
n'arrivez pas à fournir certains kilowattheures ou, en tout cas, un
certain montant d'électricité, vous pouvez avoir des amendes?
M. Racine: Oui, et c'est dans ce sens-là que nous nous
donnons une marge d'ajustement...
M. Bélanger (Anjou): Et quand vous pariez...
M. Racine: ...à tous les deux ans, ce qui est une
période extrêmement courte.
M. Bélanger (Anjou): Quand vous parliez, tout à
l'heure, d'aménagement, vous aviez des possibilités
d'aménagement qu'Hydro-Québec vous permettait, c'était
quoi? Qu'est-ce que vous entendez par là, par
«aménagement»?
M. Racine: Je n'ai pas parié d'aménagement...
M. Bélanger (Anjou): D'ajustement.
M. Racine: ...j'ai parié des connexions.
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Racine: quand vous parliez de l'interconnexion entre notre
point d'approvisionnement d'électricité et le point de prise
d'hydro-québec...
M. Bélanger (Anjou): Oui.
M. Racine: ...c'est nous qui payons pour ça, ce n'est pas
Hydro-Québec. Mais je n'ai pas parlé d'aménagement, je ne
pense pas.
M. Bélanger (Anjou): Mais pour signer une entente, ou en
tout cas pour avoir le premier permis avec Hydro-Québec, est-ce que vous
devez quand même avoir un certain «wattage» ou certains
kilowattheures minimums que vous allez être en mesure de fournir avec
votre cogénéra-tion?
M. Racine: Nous allons avoir un contrat avec Hydro-Québec,
qui n'est pas signé encore...
M. Bélanger (Anjou): II n'est pas signé.
M. Racine: ...soit dit en passant, un contrat où nous
allons commencer avec un certain approvisionnement la première
année. Cette livraison d'électricité sera ajustable au
bout de deux ans, et à tous les deux ans subséquemment, pour nous
permettre d'ajuster la production d'électricité à
l'approvisionnement des déchets qui viendront à
l'incinérateur. Donc, nous avons énormément de
flexibilité dans ce contrat-là. Et c'est un contrat qui est
très différent des contrats normaux d'achat
d'électricité qu'Hydro-Québec est en train de
négocier actuellement avec des gens qui font de la
cogénération à partir de gaz naturel, par exemple. Alors,
Hydro-Québec consent, compte tenu des objectifs de réduction et
de recyclage que s'impose la Régie, à négocier un contrat
qui est inédit par rapport aux autres contrats
d'électricité.
M. Bélanger (Anjou): Quand prévoyez-vous une
signature ou une conclusion éventuelle d'une telle entente?
M. Racine: Hydro-Québec espère, et nous
espérons aussi, que ça pourra se faire d'ici à la fin de
juin.
M. Bélanger (Anjou): D'ici à la fin de juin.
Ça explique un petit peu la question que j'allais vous poser. Dans
l'article 17, on demande que l'article 13 devienne déclaratoire. On
sent, en tout cas, une certaine urgence ou une certaine motivation à
régler ce problème-là d'utilisation d'énergie. Si
je comprends bien les interventions, la seule différence maintenant avec
la nouvelle définition de «système de gestion des
déchets», c'est cet aspect de l'utilisation de
l'énergie.
C'est ça? (22 h 30)
M. Racine: Oui, et comme je l'ai indiqué, c'est important
pour Hydro-Québec.
Une voix: Oui.
M. Racine: Hydro-Québec veut s'assurer que la Régie
possède la capacité...
Une voix: Oui.
M. Racine: ...voulue au sens corporatif, si vous voulez, de
signer une entente avec HydroQuébec. Donc, il y a importance au niveau
d'Hydro-Québec et il y a aussi importance au niveau des agents
financiers qui vont apporter du financement au projet d'installation de la
Régie. Alors, il y a deux éléments, si on veut, qui sont
importants, à ce niveau-là: de s'assurer que la Régie
possède la capacité corporative d'assumer une gestion des
déchets, qui comprend la possibilité d'avoir une
génération d'électricité.
M. Bélanger (Anjou): D'accord. Je vous remercie.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Gouin avait demandé...
M. Boisclair: M. le Président, à ce moment-ci, je
prends note avec beaucoup d'intérêt du fait qu'on nous annonce,
sans doute pour la fin de juin, une entente avec Hydro-Québec. Soyez
assurés qu'on suivra de près les développements en cette
matière, et disons qu'on a bien hâte de voir de quelle
façon l'entente se conclura.
M. le Président, peut-être à ce moment-ci, au sujet
de l'article 13, je voudrais tout simplement souligner que les parties qu'on a
entendues démontrent bien qu'il y a une confusion quant à la
source du droit. Certains prétendent que la source se retrouvera dans la
Loi sur les cités et villes, alors qu'on y retrouve non pas une
définition mais bien, dans un contexte beaucoup plus large, ce qu'on
pourrait appeler les déchets. D'autres prétendent qu'il faudra
s'y référer et référer plutôt au sens usuel
qu'on donne au dictionnaire. En l'absence de définition, la règle
de droit et d'interprétation de nos lois veut qu'on se
réfère au sens usuel qu'on retrouve au dictionnaire et on nous
l'a présenté tout à l'heure. On ajoute aussi, et des
parties, je pense, prétendent de façon articulée avec un
jugement, je pense, qu'on peut facilement reconnaître, que l'article 13
vient ajouter ou vient compléter cette source de droit en soulignant
qu'un déchet pourrait bien être... qu'on pourrait y inclure une
notion de récupération, de vente ou qu'on pourrait même
ajouter une destination supplémentaire aux déchets, en
l'occurrence, l'utilisation de l'énergie ou de matières
recyclables.
Je comprends très bien l'impératif d'éven-
tuels prêteurs qui veulent s'assurer que la Régie ait le
pouvoir de vendre de l'énergie, je pense que c'est tout à fait
normal. Cependant, de la façon dont l'article est libellé
à l'heure actuelle, notre prétention - je pense que la
démonstration a été faite - est que ça vient
ajouter à la confusion quant à la source du droit. Le ministre ne
semble pas partager cette opinion. Il nous a dit tout à l'heure: Bien,
les tribunaux trancheront et s'inspireront d'abord et avant tout de la Loi sur
les cités et villes. Sauf que je ne pense pas, à ce stade-ci,
qu'il s'agisse d'une attitude qui puisse certainement répondre aux
hautes exigences que le ministre et que les parlementaires se sont toujours
fixées lorsque vient le temps d'étudier des projets de loi
privés. À cet égard, je pense qu'il vaudrait beaucoup
mieux aborder ce problème de fond, quitte à renvoyer des gens
à la table de dessin; ils pourraient nous revenir avec des solutions
demain ou à un autre moment donné.
On peut tous constater ici et admettre qu'il y a confusion quant
à la source du droit et la définition qu'on pourrait qualifier
d'additionnelle ou de complémentaire qu'on retrouve à l'article
13 vient tout simplement ajouter à la confusion. Lorsqu'on retrouve une
définition dans nos textes de loi, c'est pour bien préciser la
portée d'un terme ou, à tout le moins, expliciter une notion
qu'on ne retrouverait pas dans le sens usuel d'un mot. Donc, à cet
égard, je pense qu'il est important de souligner cette confusion et de
souligner aussi que, de la façon dont l'article est libellé, on
introduit de façon indirecte une connotation économique. Bien
sûr, je comprends très bien les énoncés de politique
de la Régie. Avec les objectifs qu'elle s'est fixés, je pense que
d'aucune façon il y a des gens ici qui veulent remettre en question ces
objectifs, mais il y a une connotation, des considérations
économiques qui, en bout de course, seront certainement importantes
lorsque viendra le temps de prendre des décisions. Ces
considérations économiques pourraient certainement venir non pas
fausser le jeu mais, certainement, on en tiendra compte lorsque les
décisions se prendront.
Il y aura certainement un certain nombre de pénalités qui
sont prévues. On semble plus ou moins confus quant à la nature de
l'entente qui est en train de se négocier avec Hydro-Québec. Je
comprends qu'il n'est pas nécessairement peut-être à votre
avantage de faire état publiquement de ces négociations. Je
comprends que ces négociations revêtent un caractère
privé mais il y a une porte là qui, malgré l'objectif que
vous nous présentez, qu'on peut partager sur la garantie que la
Régie puisse avoir le pouvoir de vendre de l'énergie, mais je
pense qu'il y a aussi une autre brèche qu'il faudrait rapidement
colmater soit en précisant les portées de l'article ou, à
tout le moins par d'autres articles, en évitant que ces
considérations économiques ne puissent prendre une ampleur qui
serait déconsidérée, compte tenu du sens
général du projet de loi et de l'article.
Donc, M. le Président, je pense qu'on peut dire que c'est un
élément de plus qui soulève, je pense, la pertinence avec
laquelle l'Opposition s'acharne à essayer de préciser les notions
avec lesquelles on discute. Il n'y a pas consensus alentour de la table, il n'y
a pas consensus non plus au sein des municipalités membres de la
Régie; on voit des oppositions qui ont été
soulevées.
Je tiens à rappeler qu'on est dans le cadre d'un projet de loi
privé. Les choses seraient bien différentes si nous étions
en train d'étudier un projet de loi public. Mais les règles de ce
Parlement, la tradition et la doctrine en ce Parlement veulent que le
législateur soit extrêmement prudent lorsque vient le temps
d'adopter des dispositions à l'égard d'un projet de loi
privé. Je le répète, la coutume veut, dans ce Parlement,
que lorsqu'il y a des oppositions qui sont manifestées à
l'égard de la portée d'un projet de loi privé, souvent on
renvoie les gens à leur table à dessin, on dépose le
projet de loi, on signale un temps d'arrêt - c'est à la mode ces
temps-ci, les temps d'arrêt - de dix jours, un mois, deux mois.
Une chose est claire, M. le Président, j'invite, moi, les membres
de la commission à se rappeler la façon dont finalement la
procédure s'est toujours vécue dans ce Parlement, et plaide pour
qu'on reconnaisse le caractère particulier de ce projet de loi
privé. Il serait dommage que des intérêts particuliers
priment sur des intérêts supérieurs. Si, finalement, le
ministre tenait à ce point à l'adoption de ce projet de loi, je
pense qu'il aurait pu lui-même le faire par projet de loi public. Je
pense que ce sera certainement à être étudié dans un
avenir rapproché.
On ajoute certainement à la confusion. La confusion, elle est, je
pense, alentour du terme «déchets», déjà assez
grande. La démonstration a été faite qu'il y a confusion
quant à la source du droit. J'invite, moi, les parlementaires et les
membres de cette commission à faire preuve de beaucoup de prudence.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Gouin. M. le ministre, je pense voulait intervenir.
M. Ryan: Juste un mot rapide là. D'après ce que je
comprends - j'essaie de comprendre et ça s'obscurcit à mesure que
ça s'allonge - le député en aurait contre l'expression
«matières recyclables» dans l'article 13, c'est ça
qui le fatigue?
M. Boisclair: Non, je soulevais...
M. Ryan: Qu'est-ce qui le fatigue à part ça?
M. Boisclair: M. le Président, je pense que
si je me suis mal fait comprendre, je peux reprendre mon plaidoyer.
M. Ryan: Soyez bref, parce que plus c'est long, moins c'est
clair.
M. Boisclair: Oui, mais je voulais tout simplement reprendre
l'argumentation qui a été présentée par le
représentant de l'Association.
M. Ryan: Je signalerai que le député m'a
interrompu. Je posais ma question, je n'avais pas fini mon intervention.
M. Boisclair: Oui, allez-y, je ne voudrais certainement pas vous
interrompre.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Je préfère donner la réponse
moi-même, ça va être plus simple. Alors, je dis: Qu'est-ce
qui l'embarrasse dans ceci? D'après ce que j'ai compris de son
intervention, c'est l'expression «ou de matières
recyclables». Tout le reste qui vient avant, c'est toutes des choses qui
sont déjà dans la Loi sur la qualité de
l'environnement.
M. Boisclair: C'est ça.
M. Ryan: Sauf ce qui concerne la génération...
M. Boisclair: C'est ça, voilà.
M. Ryan: ...la récupération, la vente et
l'utilisation de l'énergie. nous avons amplement établi que c'est
déjà dans la loi de la cuq, c'est dans la charte de la ville de
montréal également, en blanc et noir.
M. Boisclair: Oui.
M. Ryan: Par conséquent, il n'y a rien qui soit de nature
à semer de la hantise. C'est l'esprit qui est soucieux du bien public
là-dedans. On a déjà des précédents
abondants, solidement établis, qui n'ont jamais soulevé de
querelles doctrinales nulle part. Là on ajoute l'expression «ou de
matières recyclables». J'espère, au nom du bon sens le plus
élémentaire, que ce concept fait partie, aux yeux du
député de Gouin, d'un système de gestion
intégrée des déchets parce que, autrement, il va manquer
un morceau majeur dans le puzzle. (22 h 40)
Encore là, même si on n'a pas la définition... Puis
on n'en veut pas de définition ici, nous autres. C'est tout le
contraire, nous n'en voulons pas. Mais il me semble que c'est clair que, dans
les déchets qui vont être gérés par le
système, il va y en avoir une partie qui vont être des
matières recyclables; autrement, on est absolument en contradiction avec
un des objectifs fondamentaux de la Régie. D'ailleurs, c'est le premier
auquel elle a apporté son attention active; il y a déjà
des réalisations très importantes de ce
côté-là.
Je comprends l'intervention de l'AESEQ tantôt qui nous disait:
Nous autres, ça nous fatigue. Je les comprends. Je leur ai dit que je ne
partage pas leur point de vue là-dessus, tout en respectant le point de
vue qu'ils nous ont exprimé et tout en souhaitant que cette partie de la
mission de la Régie soit exercée avec tout le discernement
nécessaire quant aux actes concrets qu'elle sera appelée à
faire.
Ceci étant dit, je pense qu'il va de soi que le concept de
matières recyclables doit faire partie du concept de système de
gestion intégrée des déchets qui est la raison
d'être de la Régie intermunicipale de gestion des déchets
sur l'île de Montréal.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
M. Ryan: Ces précisions étant données, je
demande...
Une voix: Qu'on procède.
M. Ryan: ...qu'on passe aux décisions.
M. Boisclair: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Le ministre a très bien compris mon propos
et, effectivement, je peux concevoir avec lui qu'il sera important de s'assurer
que l'interprétation qui est donnée aux deux termes
«matières recyclables» soit, bien sûr, utilisée
en conciliant une réalité qui est celle, à l'heure
actuelle, de l'entreprise privée. Le président de la Régie
lui-même, publiquement, s'engage à entreprendre des discussions
sur la façon dont on interprétera ces termes-là et dont la
Régie se comportera. Cependant, je partage cette analyse-là, mais
je veux tout simplement souligner que, dans le cadre d'un projet de loi
privé, il est toujours dangereux de laisser place à de
l'interprétation comme celle qu'on peut faire. Je comprends très
bien qu'à l'heure actuelle le ministre soulève ces
préoccupations-là; je comprends très bien que le
président de la Régie le fasse et je comprends aussi très
bien l'importance d'inclure dans un système de gestion
intégrée des déchets les matières recyclables, cela
va de soi, il n'y a pas de longues discussions à y avoir
là-dessus. Cependant, d'une autre façon, ou en clarifiant les
notions ou en les représentant...
Et ce n'est pas le rôle de l'Opposition de
proposer de... Ce n'est pas l'Opposition qui a les outils et les moyens
pour s'assurer que les interprétations ou les textes soient conformes
aux interprétations qu'on a en faites; il y a des gens bien
compétents et beaucoup plus compétents que moi et que bien des
gens qui peuvent répondre à ces interrogations-là.
Cependant, je constate que ça laisse place à
interprétation; je constate qu'il y a des gens qui s'inquiètent
de cette réalité-là. Je constate donc que de la
façon dont l'article est libellé, ça pourrait très
bien donner lieu à un litige, malgré la bonne volonté
manifestée par le président de la Régie, malgré les
propos du ministre. Mais vous savez comme moi, M. le ministre, que les propos
que nous tenons ici, dans cette commission, n'ont aucune portée devant
les tribunaux et que ce ne sont pas des éléments qui peuvent
être versés comme preuve à la faveur d'une ou de l'autre
interprétation.
Je crois, si mes connaissances juridiques sont exactes, que c'est
uniquement en matière constitutionnelle que l'on peut, pour rechercher
la véritable intention du législateur, invoquer les débats
qui ont eu lieu à l'occasion des deuxième et troisième
lectures des projets de loi. Mais, en la matière qui nous concerne, je
pense que d'aucune façon, pour retrouver la véritable
interprétation du législateur, on puisse présenter les
galées de nos débats, les «transcripts» de nos
débats devant les tribunaux.
Alors, c'est un projet de loi privé que nous étudions; je
constate qu'il y a matière à interprétation. Malgré
les bonnes intentions que je partage, je constate tout simplement qu'il y a
matière à litige et que les parlementaires, que le
législateur a intérêt à s'assurer que les gestes
qu'il pose ne donnent pas, ne laissent pas place à
interprétation, ne donnent pas nature à des litiges. C'est le
point de vue que je veux tout simplement émettre.
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Gouin. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Il y avait le point... Tout à l'heure,
j'ai posé la question à savoir si c'est par cet article-là
qu'on introduit la possibilité de signer un contrat avec la compagnie
Foster Wheeler. Peut-être que la réponse est exacte. D'un autre
côté, on parle d'incinération. Donc, ça prend
quelqu'un pour le faire, et ça, ça trouve son sens, la question
trouve son sens là-dedans: il y a de la récupération
d'énergie ou il y a de la vente d'énergie.
Je comprends aussi que le fait qu'il y ait un incinérateur en
place avec un tonnage garanti par les promoteurs ou par la Régie
elle-même cause des problèmes aux récupérateurs ou
aux gens qui oeuvrent dans le domaine actuellement à travers la
Régie. Si on le décide ou s'ils en ont besoin - et ça je
pense que c'est clair par cet article-là - il y a une
récupération qui se fait, mais la Régie a besoin de plus
de matières pour brûler pour alimenter l'incinérateur.
C'est à l'intérieur de ça que l'AESEQ - en tout cas, je
pense d'avoir compris son message - vient nous dire: Ça met en danger
notre gagne-pain ou nos entreprises puisque pour nous, qui sommes
habitués à opérer d'une certaine façon, avec un
certain tonnage, le jour où il y aura un incinérateur en
fonction, le jour où l'incinérateur en fonction exigera un
certain nombre de tonnes de matières à brûler, ça
peut mettre en cause nos entreprises.
Et ça va plus loin, parce qu'il y a une manière
imperative, il y a un autre article où on dit que la Régie peut
acheter quelque entreprise que ce soit qui opère dans ce qui, elle, fait
son objet. Autrement dit, tout ce qui touche la récupération, la
disposition... Et ça me semble assez clair, l'article 9, et on en fera
la discussion en temps et lieu. Mais à l'article 9: «...ne peut
être acquise que par la Régie». Donc, il y a une
exclusivité d'achat. Ce n'est pas une expropriation, ça va bien
plus loin que ça. L'expropriation, on connaît les règles,
mais une exclusivité d'achat, c'est à prendre ou à
laisser. En tout cas, on en discutera au moment précis où on
touchera l'article. Je pense qu'on devra l'éclaircir d'une façon
assez imperative et au point de vue justice aussi, parce qu'il y a une question
de justice à travers ça. Ce n'est pas cet article que je voulais
mettre en évidence, ce n'est pas l'article 9. Il comporte sa part de
difficulté, mais c'est le fait que des gens viennent nous dire: Bien,
nous autres, on opère sur un territoire, on est habitués à
opérer avec des règles. Le président de la Régie
nous dit, d'autre part: On ne veut pas les mettre en danger. Mais le fait qu'il
y ait une quantité de matières garanties pour l'opération
de l'incinérateur peut mettre en danger ces entreprises-là.
Donc, est-ce que c'est possible, est-ce qu'un jour on aura le
dépôt de ce contrat-là? Je sais que le ministre en avait
fait allusion au départ, mais, là, on ne sait pas. C'est
ça, l'intervention.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, je voudrais clarifier une chose. Ce n'est pas
avec ce projet de loi que nous créerons le pouvoir pour la Régie
d'octroyer un contrat pour l'érection d'un système de gestion
intégrée des déchets; ça a été fait,
ça, en 1988. Dans la loi de 1988, c'est dit en toutes lettres que la
Régie est autorisée à conclure, avec l'autorisation
préalable du ministre des Affaires municipales et du ministre de
l'Environnement, un contrat du type connu sous le nom de «contrat
clé en main» dans l'exercice de sa compétence en
matière de gestion et d'élimination des déchets sans
être tenue de demander
des soumissions, malgré les articles 573 et 573.1 de la Loi sur
les cités et villes.
Par conséquent, ça, ce sont des questions
réglées depuis quatre ans. On peut bien vouloir refaire les
choses, mais c'est réglé depuis quatre ans. Le point, c'est
correct, ça? Je pense qu'il faut que ce soit clair. Ça leur a
été donné et ça nous évite de revenir sur un
paquet de choses.
M. Dufour: Mais on peut dire qu'au moment où ça a
été fait l'impératif de le faire n'était pas
demain, il était à travers la loi; et on sait que, même
là, il y a encore du temps devant nous. Le seul problème que je
soulève, c'est qu'actuellement on s'en va sur des contrats plus fermes,
dans le sens qu'on fait l'incinérateur... J'imagine que si
c'était pour 200 000 tonnes par année, il serait moins gros, donc
il coûterait moins cher. Il y a certainement des buts
d'intérêt commun à travers tout ça, mais ça
peut changer les règles du jeu existant. (22 h 50)
Le Président (M. Gauvin): M. Leduc aimerait intervenir, je
pense.
M. Leduc: Je m'excuse, M. le Président, c'est parce que,
au cours de la semaine dernière, cette phrase est revenue
fréquemment. Elle a été ramassée, elle a
été repiquée à plusieurs reprises, si bien qu'elle
est énoncée maintenant comme si c'était une
vérité. Je me permets de dire, même si le contrat n'est pas
sur la table ce soir, je me permets de préciser... Je ne pouvais pas
intervenir la semaine passée. Mais là j'en profite pour
intervenir pour ne pas que cette phrase revienne puis qu'elle ait une
consécration de vérité. Il n'existe pas, dans le contrat
de la Régie avec Foster Wheeler, de garantie de tonnage à
l'incinérateur, et ça, pour les mêmes raisons qui ont
été énoncées très fréquemment, soit
l'objectif principal de la Régie qui est la réduction, la
récupération, le recyclage et la réduction de 50 % d'ici
à l'an 2000.
Il n'existe pas à l'incinérateur de garantie de tonnage.
Et c'est important, je pense, de le dire, parce que, à force
d'être répété, c'est comme si c'était un
fait. Ce n'est pas un fait. Et dans le contrat, il n'en existe pas à
l'incinérateur. Si on avait à notre centre de tri 80 % de tous
les déchets et 20 % à l'incinérateur, on serait
très heureux. Il y a un centre de tri puis un incinérateur. Il y
a des déchets qui arrivent. Idéalement pour la Régie, 80 %
arriveraient au centre de tri et on serait très heureux. Et il n'y a pas
de pénalité, il n'y a pas de garantie de tonnage à
l'incinérateur. Je pense que c'est important qu'on le dise.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Dufour: J'ai posé la question à savoir: Est-ce
qu'on est prêt à le déposer, est-ce que le contrat pourrait
être déposé? Quelque part dans le temps, est-ce que le
contrat pourra être déposé?
M. Ryan: Oui. Le contrat, je l'ai indiqué la semaine
dernière à au moins deux ou trois reprises, la Régie s'est
engagée à le produire pour les auditions du BAPE. Il va
être produit à ce moment-là, le contrat. Et on me
contredira si je ne dis pas les choses exactement. Il va falloir qu'il soit
communiqué au BAPE pour qu'il puisse en prendre connaissance.
M. Leduc: Le contrat, M. le ministre, comme vous le savez
très bien, c'est la définition de notre projet même. Tout
notre projet est défini à l'intérieur d'une forme
contractuelle qui est la forme qu'on va apporter au BAPE. C'est le contrat
qu'on apporte au BAPE, un contrat évidemment conditionnel, il va sans
dire.
M. Dufour: Mais, actuellement, on nous demande tout de même
des actes de foi assez gros, assez forts.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Premièrement, le contrat n'est pas... Nous, on
a à se prononcer. On fait la loi, on ne le voit pas.
Deuxièmement, on dit: Ça va être soumis au BAPE. Mais, moi,
je n'ai pas encore vu le mandat que le BAPE va recevoir dans son étude.
C'est encore un acte de foi. Est-ce que ça va aller aussi... Le ministre
de l'Environnement va avoir des exigences bien précises. Est-ce que
ça, un jour, est-ce qu'on pourra l'avoir ici, en commission? Parce que,
pour nous autres, c'est important. Tantôt, les gens vont nous dire: Bien
oui, mais vous avez fait une loi. Vous l'avez adoptée. Parce que ce
n'est pas les péquistes qui adoptent la loi, c'est le gouvernement. Je
pense qu'on est bien clairs là-dessus. Puis ce n'est pas les
péquistes qui parlent ici, c'est aussi l'Opposition. Du point de vue
parlementaire, c'est bien clair, ça. Ce n'est pas les libéraux
d'un bord puis les péquistes.
Donc, je dis: Par rapport à ça, vous êtes le
gouvernement. Vous faites partie du gouvernement. On voudrait bien... Ça
pourrait bien changer, mais ça reste le gouvernement. Le gouvernement,
ce n'est pas toujours partisan. Ce n'est pas ça que ça veut dire
au départ, c'est pour gouverner, pour prendre des décisions. Et
là-dessus je me dis: II y a deux éléments importants qu'on
aborde ce soir.
Premièrement, c'est le contrat. Vous dites: II n'est pas
disponible. Ça, jusqu'à un certain point, je peux l'accepter avec
réserve. Mais le mandat que le BAPE va donner ou donnera, je pense qu'il
serait important qu'on l'ait en main au moment de l'étude du projet de
loi. Ce serait important à mon point de vue de l'avoir, parce que je ne
sais pas ce que le BAPE va demander.
Est-ce que ça va êfe satisfaisant? Est-ce que ça va
bien couvrir le sujet ou si ça va le laisser juste entre les deux? Parce
que le mandat du BAPE, il vient du ministère.
Le Président (M. Gauvln): M. le ministre.
M. Ryan: Le ministère a déjà
été saisi. C'est une requête en recevabilité. Un
projet a été soumis à l'attention du ministère.
Là, le ministère a réagi, a présenté
plusieurs demandes d'informations supplémentaires à la
Régie. La Régie a commence à produire ces renseignements
supplémentaires. Elle doit terminer d'ici à une quinzaine de
jours, si j'ai bien compris, la production complète de renseignements,
après quoi le ministre, quand il aura tout ça dans les mains, va
tirer les conclusions et va dire au BAPE: Faites l'examen, et je vais vous
demander de regarder tel aspect, tel aspect, tel aspect. Il va définir
le mandat. Mais on ne peut pas l'avoir maintenant parce que l'étude de
recevabilité se poursuit. Il y a des renseignements qui doivent
être communiqués par la Régie et, évidemment, tout
le temps qu'elle passe ici, elle ne travaille pas là-dessus.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Dubuc, je pense, voulait ajouter.
M. Morin: Oui.
Le Président (M. Gauvin): Excusez, M. le ministre.
M. Ryan: Là, M. le Président, je pense qu'on
anticipe sur d'autres articles du projet de loi. On l'a fait volontiers, mais
je crois qu'on est rendus au point où on devrait être en mesure de
se prononcer sur l'article 13. Là, je demanderais que vous nous
indiquiez le temps qui a été consumé par chacun sur
l'article 13 pour qu'on sache où on en est.
Le Président (M. Gauvin): Le temps du député
de Jonquière, je pense qu'il est complet.
Une voix: Largement. Gouin aussi.
Le Président (M. Gauvin): Quelques secondes.
M. Ryan: On vous réserve la priorité sur le
suivant.
Le Président (M. Gauvin): Je reconnais le
député de Dubuc et on vérifie, M. le ministre.
M. Morin: alors, merci, m. le président. le ministre dit
qu'il serait prêt à procéder à l'adoption. si vous
me permettez, là, je vais revenir sur les propos du ministre
lui-même. lorsqu'on parlait de la définition du mot
«dé- chets», il nous a dit qu'il y aurait lieu de se
référer à la Loi sur les cités et villes en cas de
besoin. Ça, c'est bien. Par contre, quand il a fait la
présentation de l'article 13, il nous a expliqué que le
paragraphe 1.2 est, à très peu de chose près, le reflet de
l'article 1 de la Loi sur la qualité de l'environnement, nonobstant
l'ajout touchant la génération, la récupération.
C'est ce que vous m'avez dit.
Alors, tout en maintenant qu'il fallait se référer
à la Loi sur les cités et villes en cas de besoin
d'interprétation sur le sens du mot «déchets», le
paragraphe 1.2 est une reprise pour 75 % des lignes à l'article 1 de la
Loi sur la qualité de l'environnement qui fait une définition de
la gestion.
Ce qui est le pire, c'est que vous ne m'écoutez pas, là.
M. le Président, vous ne pourrez pas comprendre ce que je dis,
là. Comment allez-vous faire pour dire que j'ai raison ou tort
là?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je vous suis très bien. Une oreille me suffit.
Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: C'est parce qu'il est suffisamment
éclairé; ça arrive souvent.
Le Président (M. Gauvin): Je pense que vous pouvez
poursuivre, M. le député de Dubuc.
M. Morin: Je peux poursuivre.
Le Président (M. Gauvin): II semble qu'il y avait beaucoup
plus de monde que ça qui écoutait.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Morin: Bon, O.K. L'article qui prévaut, soit l'article
7 de la présente loi, soit la loi 257. Il a de la misère à
m'écouter. Il y a toujours quelqu'un qui vient lui parler dans l'autre
oreille. J'aimerais avoir les deux oreilles. Je parle en stéréo,
ça me prendrait les deux oreilles. Une, ça fait drôle quand
ça sort en stéréo et que ça entre en mono.
Une voix: II dort en plus.
M. Morin: Comment vous dites ça?
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Dubuc, c'est ce qui vous permet d'avoir des réponses. (23 heures)
M. Morin: Oui. Bon. L'article 7 de la loi 257, je pense que le
ministre sera d'accord avec moi pour dire que le paragraphe 1.2 servait ni
plus ni moins qu'à donner des définitions au mot
«déchets» en se référant au paragraphe 2°
qu'on abolit maintenant, et pour ce qui est du système de gestion des
déchets au sens prévu au paragraphe 12 de l'article 1. Autrement
dit, ça, c'est un paragraphe d'interprétation, de
définition qu'on donne au mot «déchets» et au terme
«système de gestion de déchets». C'est difficile de
saisir la portée de l'article 13 qui, finalement, remplace le paragraphe
1.2 par un autre qui, lui, en plus de se référer à la Loi
sur la qualité de l'environnement quant au terme de
«système de gestion» ajoute la dimension de pouvoirs
additionnels qui a été confirmée tout à l'heure.
Vous conviendrez avec nous pourquoi on est un peu sceptiques ou un petit peu
plus prudents, parce que, à partir d'un article ou d'un paragraphe 1.2
qui en était un de définition sur «déchets» et
«système de gestion», on arrive avec un paragraphe qui, lui,
se réfère à la qualité de l'environnement.
Même si vous dites qu'en cas de conflit il faudra se
référer à la loi des cités et villes, c'est
là que j'ai de la difficulté à comprendre, en plus,
évidemment, d'insérer un nouveau pouvoir, celui évidemment
de vendre ou d'utiliser de l'énergie, quand on parle de
génération et de récupération.
Alors, il faut expliquer ça. Quand vous dites que vous êtes
suffisamment éclairé pour procéder, là, je ne suis
pas si sûr que ça. D'ailleurs, l'entrepreneur et les gens qui sont
venus tout à l'heure nous l'ont illustré très clairement.
Quand on parle de déchets au niveau de... Même au niveau de la loi
des cités et villes, quand le mot «déchets» est
inscrit et quand on parle de matières recyclables, ça donne un
sens dont vous ne semblez pas tenir compte ici.
M. le ministre, juste si vous me répondiez à ça,
là, à partir du moment où cet article-là est
inspiré presque à 90 % de la définition au niveau du
paragraphe 12° de l'article 1 de la Loi sur la qualité de
l'environnement, sur la définition de «gestion», comment
pouvez-vous prétendre que ce paragraphe-là, provenant de
ça, s'il y a conflit sur la définition du terme
«déchets», vous allez vous référer à la
loi des cités et villes, alors que le paragraphe lui-même n'est
pas issu de la loi des cités et villes? Expliquez-moi ça.
M. Ryan: Regardez, moi je ne le sais pas. Quand le tribunal va
faire l'examen...
M. Morin: Vous ne le savez pas.
M. Ryan: Bien non! C'est lui qui va le faire.
M. Morin: Vous n'avez pas le droit de dire ça, que vous ne
le savez pas.
M. Ryan: Je me rappelle toujours, moi, quand j'étais
employeur de travailleurs syndiqués, un jour j'ai eu un grief et
l'arbitre a rendu une décision pour des motifs qui étaient
complètement répudiâmes par les deux parties. Il avait
regardé ça à sa manière à lui, il est
arrivé à une conclusion. Moi, ça faisait mon affaire, je
gagnais, cette fois-là. Mais, s'il m'avait demandé de justifier
la décision, j'aurais été bien embêté, parce
qu'il avait pris les sources qui faisaient son affaire.
Ça fait que le juge, quand il va être saisi d'un cas, il
n'en arrivera pas à ceci, parce que c'est clair, à mon point de
vue.
M. Morin: Bien voyons! On n'est pas rendus là!
M. Ryan: Non, non. C'est clair, à mon point de vue,
ça n'arrivera pas jusque-là. Mais, s'il est saisi, une chose, il
va prendre les sources qu'il va juger devoir prendre. C'est lui qui
décide de ça tout seul. On se dit: S'il agit suivant la coutume,
il va regarder les lois habilitantes pour la municipalité, il va
regarder également la Loi sur la qualité de l'environnement qui
conditionne l'exercice de ces pouvoirs par la municipalité. Quand il va
regarder l'expression qui est donnée à «système de
gestion des déchets», il va faire comme nous faisons ce soir, il
va constater que, entre la définition qui est dans la Loi sur la
qualité de l'environnement et celle qui est dans la loi que nous allons
adopter, il y a beaucoup de similitudes. Il va se rendre compte de ça.
Il ne peut pas faire autrement. Il n'est pas maître de ça. Les
avocats vont lui mettre ça sous le nez dans les plaidoiries. C'est comme
ça que ça va arriver très probablement. Il va tenir compte
de ça.
Qu'est-ce qu'il va dire? On ne le sait pas, ça. Il y a de la
marge pour l'interprétation. C'est pour ça qu'il y a des appels,
puis qu'il y a jusqu'à la Cour suprême, puis tout. Il n'y a pas un
chat qui peut dire d'avance comment une cause va se dérouler. Mais on
peut présumer, suivant l'ordre habituel des choses, que, si jamais un
conflit surgissait ici, les deux points de référence principaux
vont être ces deux documents-là dont nous avons parlé. On
peut présumer de ça raisonnablement.
Il peut arriver qu'un magistrat trouve qu'il y a d'autres sources
également très importantes auxquelles moi je n'aurais pas
pensé ni peut-être même nos avocats. Ça arrive. Ce
n'est pas la fin du monde. C'est pour ça qu'il y a des tribunaux qui ont
un pouvoir impartial et indépendant du pouvoir exécutif, pour
pouvoir trancher. Mais il y a des recours suffisants. Avec les deux niveaux
d'appel qu'il y a, généralement les choses se règlent
convenablement. Ce n'est jamais parfait. Il y a des jugements de la Cour
suprême qui sont hautement contestables, le plus notable étant
celui qui avait décidé de la règle de majorité en
matière constitutionnelle que ni l'Opposition ni nous n'avions
accepté dans sa teneur, parce que nous tenions à une autre
thèse. Mais ils ont décidé, à un moment
donné, puis il n'y avait rien qui les empêchait de
décider.
C'est pour ça que quelqu'un qui voudrait prévoir tout
ça a l'avance serait joliment présomptueux. Moi, je vous dis:
Dans l'ordre habituel des choses, je pense que c'est comme ça, puis on
ne ferait rien, rien qui déroge à l'ordre le moindrement logique.
Je comprends les préoccupations puis tout, mais, quand on regarde
ça froidement, je ne pense pas qu'on...
M. Morin: Oui, mais vous comprendrez, M. le Président,
qu'un juge, quand il veut connaître l'esprit du législateur,
qu'est-ce qu'il fait, surtout quand c'est une loi qui est nouvelle? Il fait un
petit retour en arrière, puis il va voir l'article qui a
été amendé pour essayer de connaître ses
intentions.
M. Ryan: Oui, oui, c'est ça. Puis là...
M. Morin: Alors, sans doute que le juge irait retrouver l'ancien
article 7, l'article 1.2, pour y découvrir ce qui existait avant, qui
était un paragraphe de pure définition, où on
élimine par la suite la définition du mot
«déchets». Pour la balance, on reprend, mais uniquement au
niveau de la définition du système de gestion des déchets,
à peu près la même définition qu'on retrouve dans la
loi de la qualité de l'environnement.
M. Ryan: C'est sûr.
M. Morin: Alors, tout de suite là le chemin est
très bien tracé pour le juge de dire que, s'il doit donner une
définition au mot «déchets», ça doit
être selon celle qui est donnée dans la loi de la qualité
sur l'environnement et non pas celle de la loi des cités et villes.
M. Ryan: Non. On ne peut pas dire ça.
M. Morin: Bien, là vous me dites non, mais je me demande
sur quoi vous vous basez pour dire non.
M. Ryan: Regardez, on a deux documents de base de
référence: il y a la Loi sur les cités et villes et la Loi
sur la qualité de l'environnement. Le juge va regarder tout ça.
On ne le sait pas, ce qu'il va décider. On ne sait pas quel va
être le problème qui va lui être soumis, d'ailleurs. C'est
bien embêtant, ça.
Maintenant, je complète là-dessus.
«Déchets», on l'a réglé tantôt avec
l'amendement. Il ne faut pas revenir là-dessus, on l'a
réglé tantôt.
M. Morin: Non, mais vous allez traîner ça tout le
temps, hein, que vous le vouliez ou pas, là.
M. Ryan: Regardez. Vous pensez ça, mais on l'a
réglé tantôt. On a rejeté l'amendement. On ne peut
pas revenir là-dessus.
M. Morin: On l'a réglé au niveau de la
procédure, mais vous allez le traîner comme un boulet tout le
temps.
M. Ryan: Là on parle de système de gestion des
déchets maintenant.
M. Morin: Bien oui...
M. Ryan: On en est là-dessus actuellement. L'article dont
nous discutons, c'est 13. On en est là-dessus. Puis là on a
fourni à peu près toutes les explications qui peuvent être
raisonnablement concevables, je pense bien. Puis tout ce qu'on fait, encore une
fois, je vais le résumer une dernière fois, en toute patience et
compréhension. «Système de gestion des
déchets», on garde la définition qui est dans la Loi sur la
qualité de l'environnement.
M. Morin: Oui.
M. Ryan: On ajoute «génération et disposition
de l'énergie qui peut être produite par le système
d'élimination des déchets», puis «disposition
également de matières recyclables». C'est tout ce qu'on
ajoute. Il n'y a pas autre chose dans cet article-là. Ça
résume l'article. Il me semble que c'est tous des points, j'en suis
moralement sûr, dont chacun individuellement rencontre l'approbation de
l'Opposition. Je suis sûr que sur ce point-là l'Opposition va
être ravie de voter avec nous.
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
M. Morin: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Moi, M. le Président, à ce stade-ci,
vous me permettrez de souligner que toute cette discussion sur le comportement
éventuel des juges n'a ni queue ni tête. Notre
responsabilité, c'est de voir, comme parlementaires, à ce que
ça n'aille pas devant les tribunaux.
M. Ryan: Oui, mais la question a été posée,
on peut y répondre.
M. Boisclair: Oui, mais le ministre aussi, par ses propos, admet
implicitement que ça va se retrouver devant les tribunaux. Notre
responsabilité... Les avocats qui sont à la disposition du
ministre, à la fois les avocats du ministère de l'Environnement
et ceux du ministère des Affaires municipales, sont certainement bien en
place pour colmater des brèches, si jamais il y en a. Donc, ce n'est
pas, ici, à nous d'essayer de présumer le comportement
éventuel des juges. Notre responsabilité, c'est de voir à
ce que ça
ne se rende pas devant les tribunaux et d'adopter des lois qui soient
claires et dont la portée et le contenu ne laissent pas matière
à interprétation.
M. le Président, je voudrais revenir, parce qu'il me reste encore
quelques instants, sur l'article 13. Cet article nous présente,
finalement, le système de gestion des déchets. Je pense qu'on ne
peut pas non plus manquer de discuter du contrat éventuel avec Foster
Wheeler qui est en discussion. Est-ce qu'il est vrai, puisqu'on aura l'occasion
d'en discuter aussi dans d'autres articles... On nous demande la
possibilité de signer un contrat avant même d'aller au BAPE. Mais,
si jamais le BAPE ou le gouvernement, parce que le gouvernement pourra
très bien lui-même porter un propre jugement sur le projet...
Est-ce qu'il y aura pénalité si le BAPE ou le gouvernement refuse
le projet?
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Gouin, une minute. Question de règlement.
M. Ryan: Question de pertinence. Je pense que là nous ne
sommes pas dans la pertinence. Nous donnons la définition d'un
système de gestion de déchets. Il y a un autre article qui
pourvoit expressément à l'octroi du contrat. Je pense qu'on
devrait, en bonne discipline, convenir que, lorsqu'on en viendra à cet
article-là, la question aura tout à fait sa place. Mais là
je pense que nous ne sommes pas au bon article.
Le Président (M. Gauvin): Évidemment, on aurait
avantage à ramener le débat autant que possible autour de
l'article, mais il y a une marge. (23 h 10)
M. Boisclair: Bien, M. le Président, moi je comprends,
mais je pense qu'on pourra facilement admettre que ce sont deux
éléments connexes. M. Leduc, tout à l'heure, nous
rappelait bien que c'était finalement le corps du projet qui
était défini dans cet article et que les deux étaient
étroitement reliés. Mais je pense que, puisque aussi mon
collègue, tout à l'heure, vous l'avez admis, M. le
Président, c'est permis de discuter de ce contrat-là. Je pense
que Foster Wheeler aura finalement à gérer ce système de
gestion des déchets. À ce stade-ci, ce que nous cherchons
à savoir pour bien être à même d'évaluer la
portée de l'article 13, c'est de savoir: Puisqu'on demande une signature
du contrat avant d'aller au BAPE, est-ce que la Régie aura à
payer une pénalité si le BAPE ou le gouvernement refuse le projet
tel qu'il est présenté?
Le Président (M. Gauvin): Évidemment, nous allons
permettre brièvement à M. Leduc de donner une réponse, qui
a déjà à quelques reprises, ici, été
donnée en commission, pour le bénéfice du
député de Gouin. Brièvement.
M. Leduc: J'allais dire, M. le Président, que ça
avait été largement discuté au cours de la semaine
dernière. Mais, étant donné que M. le député
de Gouin n'était pas ici, je pense qu'on peut redonner une
réponse, et je vais laisser Me Picotte donner les précisions.
Le Président (M. Gauvin): Brièvement. M. Leduc:
Ça a un côté redondant.
M. Picotte (Daniel): Je vais essayer d'être très
bref. Vous savez, la façon dont le contrat procède d'abord, c'est
sur la même base: contrat conditionnel avec clôture par la suite,
comme ça se fait dans la plupart des transactions commerciales de cet
ordre-là, comme vous le savez.
Il y a une pénalité. Une pénalité, c'est
bien... Il y a un concept d'indemnisation du promoteur qui est discuté
actuellement. Le montant n'est pas arrêté. On discute d'un montant
d'un ordre de grandeur de 2 000 000 $, je pense. Mais c'est un ordre de
grandeur qui est sous discussion. Pour être en charge des
négociations là-dessus, je peux vous dire que plusieurs
élus nous ont fait valoir qu'ils aimeraient voir ce montant-là
réduit. Par contre, je dois vous dire également que l'information
dont on dispose, c'est qu'aux États-Unis, en cas semblable, les
représentations devant les audiences publiques coûtent
énormément cher pour tout le monde. Ils doivent faire des travaux
d'ingénierie, ça représente une fraction des coûts
qu'ils subiraient là-dedans. Alors, nous ne sommes pas plus loin que
ça.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. Picotte. Est-ce que
ça complète...
M. Boisclair: Oui, M. le Président. Les informations qu'on
m'avait transmises étaient à l'effet que cette question avait
été soulevée, mais que c'est la première fois, me
dit-on, qu'on obtient une réponse claire à cette question.
M. Ryan: Ça a été la semaine
dernière. Le montant a été mentionné, puis
tout.
Le Président (M. Gauvin): C'est des détails qui
ressemblent assez bien à ceux qui ont été fournis la
semaine passée.
M. Tremblay (Rimouski): Votre recherchiste était
absent.
M. Boisclair: Alors, ça va aller, à ce moment-ci,
M. le Président, mais en rappelant encore que je pense que nous
manquerions à notre responsabilité si nous adoptions des textes
de loi qui, au départ - nous semblons déjà l'admettre -
pourraient donner lieu à interprétation et à litige.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Gouin.
Est-ce que l'article 13 est adopté?
Des voix: Adopté.
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Sur division. L'article 13 dans
son ensemble est adopté sur division.
M. Ryan: Ça, c'est terrible.
Dispositions relatives aux déchets
Le Président (M. Gauvin): Donc, on revient à
l'article 2 comme le prévoyait l'article 2, et on avait convenu que les
représentants de la Régie nous présenteraient les
articles. Donc, on pourrait nous présenter le premier paragraphe de
l'article 2.
M. Leduc: Je... Ça va?
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le président.
M. Leduc: Je ne vais pas le lire mais faire un peu comme avec
l'article 1, faire un résumé.
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Leduc: Les municipalités à l'intérieur de
la Régie ont décidé de mettre en commun leurs
responsabilités à l'égard de l'enlèvement et de
l'élimination des déchets. Les municipalités membres
croient qu'il est aussi opportun de mettre en commun, au sein du même
organisme, leur pouvoir réglementaire à cette fin, de
manière à assurer une gestion uniforme et souple de
l'enlèvement, du traitement et de l'élimination des
déchets, tout en évitant les conflits de juridiction et les
complexités d'application qu'entraîneraient 26
réglementations indépendantes.
Les pouvoirs réglementaires prévus à l'article 2 du
projet de loi 221 sont donc largement inspirés des dispositions
analogues contenues dans la Loi sur les cités et villes, dans la charte
de la ville de Montréal et dans la Loi sur la Communauté urbaine
de Montréal.
Le libellé de l'article 2 donne à la Régie
juridiction sur l'ensemble des déchets générés sur
son territoire et non seulement sur les déchets domestiques d'origines
commerciale et industrielle. Ceci élimine les risques de contestation
des règlements adoptés par la Régie au motif qu'elle n'a
pas les pouvoirs nécessaires à l'égard de telle
catégorie de déchets ou de telle partie de son territoire. Au
surplus, il aurait été impossible de définir
adéquatement l'expression «déchets domestiques d'origines
commerciale et industrielle».
Je dois vous dire, M. le Président, que l'article 2, c'est le
coeur même du projet de loi, et le coeur même du projet de loi qui,
en 1990, avait été enlevé du projet de loi 257 à
l'époque. M. Lazure et M. Dufour, qui étaient à la
commission à ce moment-là, nous avaient eux-mêmes enjoints
de revenir avec un nouveau projet de loi dans lequel on inclurait les
déchets domestiques d'origines commerciale et industrielle, puisque,
à l'époque, ils nous disaient avoir bien compris que tout notre
système ne pouvait pas fonctionner adéquatement s'il n'y avait
pas une définition très claire, pour la Régie, de la
propriété de tous les déchets générés
sur son territoire. Je me rappelle très bien qu'on avait
été invités à revenir, justement, par M. Dufour et
M. Lazure qui étaient là à ce moment-là.
Ce n'est, en fait, que le transfert d'une prérogative de chaque
municipalité prévue à la loi des cités et villes
qu'on transfère de façon complète, cette fois-ci, a la
Régie intermunicipale des déchets. J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Gauvin): Donc, pour ce qui est de
l'article 2, la présentation du paragraphe 1°, un peu
débordée, nous a été faite. Est-ce que, M. le
député de Jonquière, vous avez des commentaires?
M. Dufour: Je ne sais pas si le ministre avait des...
Le Président (M. Gauvin): Oui, bien, c'est ça que
je...
Est-ce que vous aimeriez qu'on suspende une minute ou deux?
M. Dufour: Bien oui. On préfère aller travailler
sans la présence du ministre.
Le Président (M. Gauvin): Donc, nous allons suspendre pour
une minute ou deux.
(Suspension de la séance à 23 h 17)
(Reprise à 23 h 22)
Le Président (M. Gauvin): Je demanderais une minute
d'attention, s'il vous plaît. La commission reprend ses travaux.
Donc, on en était au premier paragraphe de l'article 2. La
présentation avait été faite par le représentant de
la Régie. On attendait les commentaires de M. le ministre. M. le
ministre des Affaires municipales, la Régie nous avait fait sa
présentation au premier paragraphe de l'article 2, on attendait votre
tour pour le commenter.
M. Ryan: Savez-vous, M. le Président, je vais faire une
chose. Là on a eu les explications préliminaires de la
Régie. Il faudra en demander d'autres tantôt, parce que c'est un
sujet majeur
dans le projet de loi. Mais, avant qu'on aille plus loin ce soir, dans
l'esprit de courtoisie qui nous caractérise quand nous sommes dans nos
bons moments, peut-être pourrions-nous nous entendre, à ce
moment-ci, pour écouter le point de vue de l'AESEQ que nous avons
entendue tantôt, mais je pense que sur cet article-ci ça serait
bon qu'elle ait l'occasion d'exprimer son point de vue. On pourrait
peut-être prendre 10, 15 minutes, ici, avec l'AESEQ pour qu'elle puisse
nous donner son point de vue, les difficultés qu'elle peut voir dans ce
projet. Ensuite, on pourra poursuivre l'examen. Moi-même, j'aurai des
choses à dire, puis mes collègues de l'Opposition aussi sans
doute, puis la Régie également.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière, nous avons le consentement? Oui, on a le consentement des
membres de la commission pour accueillir les procureurs de l'Association des
entrepreneurs de services en environnement du Québec. MM. les
procureurs, pour une période qui avait été prévue
de 10 minutes, mais avec le consentement des membres, on fera comme on a fait
un peu tantôt, on pourra, au besoin, déborder, avec la souplesse
qui nous est reconnue.
Reprise des auditions
Association des entrepreneurs de services en
environnement
M. Chouinard (Yvon): Merci, M. le Président. Yvon
Chouinard au nom de l'Association des entrepreneurs en environnement.
Concernant l'article 2 - et M. le maire Leduc a eu l'occasion de le dire tout
à l'heure, que c'était son petit coeur dans le règlement -
on comprend difficilement cette position-là parce que, depuis le temps
que nous avons des discussions avec la Régie et des
représentations, on a toujours dit que le transport, cette
activité-là n'intéressait pas la Régie. Voici que,
dans un bill, dans un projet de loi privé qui a été
présenté le 14 mai, on voit que maintenant le seul secteur qui
est visé dans l'application du projet de loi, c'est le transport. Les
seuls qui vont faire la prise en contrôle de l'application de la loi,
c'est les transporteurs. Alors, cette position-là nous a vraiment un peu
surpris, parce qu'il s'agissait, pour les gens de l'Association, d'un
changement complet d'orientation. On avait dit: La Régie ne s'occupe pas
de transport. Vous allez être libres de faire le transport et de vous
adonner à vos activités. Alors, qu'est-ce que la Régie
prévoit à son article 2? Elle prévoit se constituer en
commission des transports.
Les transporteurs de déchets ont déjà
été soumis à une réglementation de transport, en
1979, je pense, jusqu'en 1985, ou de 1978 à 1985, et on a aboli, au
niveau du gouvernement, cette réglementation-là dans le domaine
des transports.
Ce qui est un peu surprenant, dans le cas des prescriptions qui sont
prévues, on dit: Prescrire des règlements relatifs au transport
des déchets. Alors, c'est comme si la réglementation de la
Régie commençait seulement au moment où il y a du
transport. On ne parle pas de ramassage, on ne parle pas de cueillette, on ne
parle pas d'entreposage. On ne parle d'aucune de ces
activités-là. On s'en tient au mouvement de transport, ce qui
nous laisse croire que ce qu'on vise, c'est ce qu'il y a dans les camions. Ce
qu'il y a dans les entrepôts, ce qu'il y a dans les cours, les
arrière-cours, ce qu'il y a dans les manufactures, on ne fera pas de
règlement relatif à ça. On va faire des règlements
seulement quand ça va être dans les camions, parce qu'on prend
pour acquis, à moins qu'ils veuillent réglementer Canadien
Pacifique avec le chemin de fer, là... Mais, en dehors de ça, ils
ne vont toucher que le transport routier. Ça non plus, on ne sait pas
s'ils vont toucher le transport. Peut-être même qu'il y a du
transport aérien, on ne le sait pas.
Mais, de toute façon, à propos des cendres, on est
sûr qu'il y a de la poussière qui va s'en aller dans les airs.
Mais il reste quand même que ça nous surprend de voir que leur
pouvoir de règlement ne va porter que sur une catégorie de
personnes qui sont, dans le fond, des intermédiaires, les transporteurs.
Les transporteurs sont les messagers, ils sont les gens qui font le lien entre
le point A et le point B, et là on semble les considérer comme
étant les messagers de la mauvaise nouvelle et on décide que
c'est eux qui doivent payer pour la mauvaise nouvelle.
Ça, c'est un problème qui nous inquiète beaucoup.
On ne connaît pas la teneur de cette réglementation-là. On
ne connaît pas où ça va aller. La seule chose qu'on sait,
il y a un seul endroit où on peut aller avec les déchets sur
l'île de Montréal: c'est l'endroit qui est désigné
comme lieu de leur dépôt, qui doit être sur le territoire
d'une municipalité membre. Alors, advenant le cas où il y aurait
un bris d'incinérateur ou qu'il y ait quelque chose de cette
nature-là, les transporteurs ne pourront pas aller ailleurs, parce que
la loi est imperative: on dit qu'ils doivent aller sur le territoire d'une
municipalité membre. Alors, est-ce qu'on va créer des sites, des
dépôts sauvages ou ce genre de choses là puisque, à
un moment donné, pour une raison ou pour une autre,
l'incinérateur ne marchera pas ou les installations de la Régie
ne seront pas fonctionnelles? On va devoir garder les déchets dans les
camions. On ne le sait pas, ce qui va arriver. C'est désigner le lieu de
leur dépôt, lequel doit être sur l'île de
Montréal.
Alors, on vient ajouter, par la suite, là, avec les articles 3, 4
et 5, ce qui est la nomenclature d'une commission de transports. Les gens qui
sont dans le domaine des déchets ne sont assurés d'aucune
garantie. On ne connaît pas qui va être titulaire d'un permis. Ou
est-ce que tout
le monde qui est déjà dans le métier va être
titulaire d'un permis? Est-ce qu'on va donner un permis seulement aux camions
bleus ou seulement aux camions verts? Vert, c'est bien, ça va avec
l'environnement et ces choses-là. Peut-être qu'on va
décider que c'est juste ça.
On a vu, dans la réglementation, et quand on a suivi la
politique, que la Régie avait sa politique interne. On disait qu'on
pouvait même obliger à avoir certaines catégories de
camions pour se rendre aux installations. (23 h 30)
Un autre problème qu'on a, c'est que les entreprises qui sont
membres de l'Association et que j'ai le plaisir de représenter
traversent le territoire de l'île de Montréal avec des
déchets. Si, en traversant le territoire, elles n'ont pas de manifeste
parce que la municipalité d'où proviennent les déchets
qu'elles ont dans leur camion, elle, n'est pas soumise à cette
réglementation-là, elles vont se faire arrêter par un
inspecteur de la Régie qui va dire: Écoutez, vos déchets,
c'est chez nous que ça s'en vient. Nous, on a un monstre à
nourrir, et c'est important qu'on ramasse tout ce qui passe. Alors, ces
points-là sont des choses...
Et la Régie n'a pas juridiction à l'extérieur de
son territoire. Alors, qu'est-ce qui va arriver? Est-ce qu'on va faire des
clôtures sur le territoire, des voies d'évitement, puis qu'on va
dire aux camions: Faites le tour de l'île de Montréal pour
traverser de Laval à Longueuil, allez passer par - je ne sais pas -
Trois-RMères ou allez passer à l'autre bout de l'île
complètement, par l'Ontario?
Alors, toutes ces questions demeurent très obscures pour les
transporteurs, et il est dans la possibilité de ia Régie de faire
des... On comprend que normalement ils ne devraient pas faire des
règlements qui sont à ce point ridicules, mais on ne le sait
jamais, parce qu'ils se doivent de contrôler les déchets. Alors,
à partir du moment où ils choisissent de les contrôler dans
un camion qui est essentiellement un véhicule automobile en mouvement,
on suppose, à ce moment-là, que ce qu'ils veulent gérer,
c'est le déplacement des déchets. Ce n'est pas leur cueillette,
ce n'est pas le ramassage, ce n'est pas l'entreposage, ce n'est pas la
production, ce n'est pas toutes ces choses-là, c'est uniquement ces
points-là qu'ils veulent produire. Alors, ces points-là, c'est
des points qui sont très importants pour les entreprises qui ont des
camions.
Un autre point qui est important par rapport à la Régie,
c'est que la Régie a une seule installation. Elle peut nous indiquer un
seul endroit pour aller porter des déchets. La tentation est grande,
à ce moment-là, qu'elle fasse un seul appel d'offres pour les 26
municipalités de 111e de Montréal, ce qui, à ce
moment-là, nécessiterait une entreprise qui devrait
posséder au-delà de 200 véhicules pour donner le service,
de telle sorte qu'on vient d'éliminer tous les entrepreneurs sauf un. On
ne sait pas lequel, on serait peut-être heureux de le savoir tout de
suite, mais on ne sait pas lequel.
Et c'est tentant de faire ça, parce que la Régie est
propriétaire d'une compagnie qui est propriétaire d'un
incinérateur qui est opéré par une compagnie qui est
à contrat, ce qui est différent dans le cas des
communautés urbaines ou ces choses-là, parce que, dans le cas des
communautés urbaines, les conseils d'administration sont élus par
les gens et fonctionnent selon des budgets et selon des règles qu'on
connaît. Les règles de la Régie, on ne le 3 connaît
pas. La Régie, sa fonction, c'est de faire fonctionner un
incinérateur. Alors, à partir de ce moment-là, pour la
personne qui fait le règlement, qui est aussi à la fois la
police, qui est aussi le juge et qui est aussi l'exécutant, c'est
tentant d'avoir une règlement qui la sert bien, et c'est ça que
les transporteurs veulent que la commission considère. Si la commission
veut faire...
Il existe déjà une Commission des transports. Si on veut
réglementer le transport et si c'est seulement ça qu'on veut,
qu'on le dise et qu'on y aille, à la Commission des transports, qu'on
passe via la Commission des transports. Elle existe déjà, elle a
un budget. Même, actuellement, avec la déréglementation
dans le camionnage général, ils ont certainement de la place pour
prendre les transporteurs de déchets, et on serait assuré,
à ce moment-là, d'avoir une impartialité dans
l'émission des permis, d'avoir cette règle d'impartialité
là qui est sacrée dans le domaine de l'administration publique,
lorsqu'il s'agit de régir une activité. Parce que ce qu'on veut
faire, dans le cas de l'article 2, ce n'est pas de réglementer des
approvisionnements de déchets, c'est de réglementer des camions
qui transportent des déchets, et ça, c'est très
différent de toutes les approches que la Régie a eues
jusqu'à date.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. Choui-nard.
Est-ce qu'il y a des membres de la commission qui aimeraient
échanger avec M. le ministre?
M. Ryan: Regardez, oui, il y a bien des questions, là, qui
se rattachent à ceci. Je regardais dans un document qu'elle publiait -
je vais trouver la date du document, là, pour que tout soit clair - le
26 mars 1992. La Régie résumait sa politique concernant la
gestion des déchets domestiques d'origines commerciale et industrielle
générés sur le territoire de la Régie. Dans ce
texte-là se trouvent certains commentaires concernant les politiques
envisagées au niveau du transport. Je vais vous donner un extrait de
ceci, là: Le projet ne prévoit pas que la Régie assume
elle-même ou fasse assumer pour son compte la collecte et le transport
des déchets domestiques d'origines commerciale ou
industrielle. Il ne vise pas non plus à prescrire
l'itinéraire des transporteurs ni à leur accorder de territoire
exclusif et encore moins à intervenir directement au niveau de leur
tarification aux générateurs. Par ailleurs, la mise en oeuvre des
programmes de collecte sélective de com-postage ne peut résulter
qu'en une activité accrue pour les entrepreneurs.
Moi, ce que j'ai compris, là, puis il peut arriver que je fasse
erreur là-dessus, c'est que jusqu'à nouvel ordre la cueillette
des déchets resterait sous la responsabilité des
municipalités membres de la Régie. Elles vont continuer de faire
leur cueillette de déchets. Elles n'ont pas délégué
cette attribution-là à la Régie, maintenant, puis il n'y a
pas de perspective de transfert de cette responsabilité dans l'avenir
prévisible. Par conséquent, ce point-là reste un point de
base qui me semble aller contrairement à ce que nous venons
d'entendre.
Je ne sais pas, M. Chouinard, si c'est comme ça que vous
comprenez la politique qui nous est proposée, ce qui n'empêche pas
qu'en ce qui touche le transport la Régie se voie conférer
certaines attributions de manière à s'assurer que le transport
pourra se faire en conformité avec les objectifs qu'elle poursuit, puis
surtout avec la réalisation des objectifs d'un système
intégré de gestion des déchets. Si vous me dites: Ils
veulent empêcher les vidanges de sortir du territoire de 111e de
Montréal, «the answer is yes, and that is what is hoped
for». C'est ce qu'on espère, parce qu'on ne veut pas que
l'exportation des déchets continue de se faire sans mesure, sans
contrôle et sans discipline, parce que tôt ou tard le gouvernement
va avoir les habitants de ces places-là sur le dos. Ils vont dire:
Ça marche pendant un temps, mais il y a des limites à ça.
Ça fait que, dans la mesure où ils peuvent assurer la disposition
de ces déchets-là sur le territoire, c'est un des objectifs de
base.
Maintenant, encore une fois, là, il ne faudrait pas confondre. Je
vous dis: Est-ce que vous comprenez ça de la même manière
que moi, vous, là, tout ce qui regarde la cueillette des
déchets?
M. Chouinard: La cueillette des déchets n'est pas couverte
par les règlements qu'ils veulent faire. Ils ne couvrent que le
transport, de telle sorte qu'on ne sait pas comment ils vont arriver dans les
camions, là, mais semblerait-il qu'ils n'auront pas de règlement
à faire de ce côté-là. Parce qu'on est quand
même... S'ils disent qu'ils n'ont pas le pouvoir sur le transport, ils
n'ont pas plus le pouvoir sur la cueillette comme telle. Alors, à ce
moment-là, M. le ministre, ce qui nous amène à faire le
raisonnement suivant, c'est que, si l'objectif qu'ils cherchent est
d'empêcher que les déchets qui sont produits sur le territoire des
26 municipalités s'en aillent à l'extérieur, ils n'ont pas
besoin des transporteurs pour ça, c'est le pro- ducteur de
déchets. Le transporteur, lui, prend un chargement à un endroit,
qui lui est confié par une entreprise, et s'en va ailleurs avec, selon
les instructions, habituellement, de la personne qui lui donne le
chargement.
C'est ce qu'on essaie de voir là-dedans, comment le transporteur
va devenir... Il va devenir un policier parce qu'il va devoir, et c'est lui
seul qui va devoir, acheminer les déchets au site de la Régie.
Alors, s'il décide de passer ailleurs, est-ce que ça va
être lui qui va être en infraction ou si ça va être le
producteur qui va lui avoir dit: Va me porter ça à telle place,
c'est moi qui décide où tu vas aller avec les déchets? Le
producteur de déchets, lui, là-dedans, n'a pas de
pénalité, il n'a rien, il n'est pas tenu à ces
points-là, et c'est ça qui nous inquiète.
C'est qu'on va devenir des policiers, au fond. En plus des policiers, on
va devenir ceux qui vont exécuter tes instructions de la Régie.
Je ne pense pas que ça relève uniquement d'une catégorie
de citoyens de respecter les diktats de la Régie. Ça revient
à tous les citoyens. Si le producteur n'est pas lié par le
règlement, qu'il n'est pas obligé, lui, d'aller au site, le
transporteur va être pris là-dedans. Il va être
obligé de suivre des ordres d'un producteur de déchets qui va
dire: Non, non, non, tu ne vas pas à telle place, tu t'en vas ailleurs
parce que ça coûte moins cher, ou pour telle raison.
Alors, c'est ça, le problème qu'on a. Dans ce qu'ils
veulent avoir comme pouvoir, ça ne nous apparaît pas
évident qu'ils veulent réglementer le producteur. Ce qui nous
apparaît évident, c'est qu'ils veulent réglementer le
transporteur, puis ça, ça nous inquiète d'être les
seuls à faire les frais de la loi.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, avez-vous des
commentaires à ces...
M. Ryan: Si je comprends, moi, là, le transporteur aura un
contrat avec une municipalité, par exemple. Là il va être
entendu que lui, s'il y a une réglementation de la Régie, ne
pourra pas transporter les ordures en dehors de 111e de Montréal. Il va
falloir qu'il les transporte au lieu qui a été prévu pour
l'élimination. Qu'il les transporte là ou ailleurs...
Peut-être que ça serait plus économique pour lui de les
envoyer à Lachenaie ou à Saint-Nicéphore. D'accord,
pendant un temps. On ne sait pas quelle durée mais, dans
l'immédiat, je pense que ça serait incontestable. Mais c'est
justement ça qu'ils veulent corriger. Ils veulent qu'il y ait un
système intégré où les municipalités ont une
responsabilité plus grande.
Nous autres, on trouve que, vu le caractère public de tout ce
secteur-là... Ce n'est pas un secteur comme la fabrication de crayons ou
la fourniture de repas dans des restaurants puis tout. C'est un secteur,
là, qui intéresse au plus haut point le bien public. Ce n'est pas
une
affaire uniquement privée, à cause des
répercussions immenses pour l'environnement. Je pense que c'est
ça qui est le point de fond, là. (23 h 40)
M. Chouinard: Oui.
M. Ryan: Alors, là, ils ont les pouvoirs de dire: Nous
autres, on a un système. On ne laissera pas l'éparpillement se
faire là-dedans de manière que le système ne puisse pas
vivre. Ils veulent que le système puisse vivre. Le transporteur, les
amener là ou ailleurs... C'est sûr que, encore une fois, il
pourrait faire plus de profits s'il les envoyait ailleurs, dans un site dont il
serait le propriétaire, par exemple, ou qu'il exploiterait de concert
avec d'autres. Moi, je peux comprendre ça. Mais, là, je me dis:
C'est une limitation qui est mise à la liberté d'entreprise
privée à cause du caractère public. C'est un objet qui est
en cause.
Maintenant, je ne pense pas que ça signifie - je vous dis juste
ça en terminant - la mort des transporteurs. Moi, je connais des petits
transporteurs qui m'ont dit que ce projet-là était très,
très intéressant pour eux autres. Ils n'ont pas peur de ça
du tout. Mais ce n'est pas des gens qui sont en train de réaliser des
systèmes privés intégrés, là, d'un bord
à l'autre de la province; c'est des beaucoup plus petits entrepreneurs.
Ils trouvent qu'il y a une protection pour eux autres là-dedans.
Puis, Jean-Guy, tu en connais de ces gars-là, toi, qui sont
dans... Ha, ha, ha!
M. Chouinard: M. le Président, avec votre permission.
Le Président (M. Gauvin): Me Chouinard, oui.
M. Chouinard: Là-dessus, les objectifs de la Régie,
on ne veut pas en discuter. On en a discuté, on a fait nos
représentations là-dessus. La seule chose qu'on dit, c'est qu'en
notre qualité de transporteurs, ou de recycleurs ou ces choses-là
on a un problème très pratique avec cette
réglementation-là si elle doit être faite dans le cadre
où elle est présentée. C'est qu'on est des
intermédiaires... Excusez.
(Consultation)
M. Chouinard: On est des intermédiaires. À ce
moment-là, c'est les intermédiaires qui feraient les frais de
l'application de la réglementation de la Régie et qui seraient
responsables de son application. Que cette législation-là
s'applique aux producteurs, à ce moment-là ça ne
créera pas de problème. Mais, à ce moment-là, c'est
que ça va être le transporteur qui va devoir se battre avec le
producteur qui ne voudra pas respecter les lois de la Régie.
M. Ryan: Regardez, je prends note de ça. On va en discuter
avec la Régie un peu plus tard. Ça va aller à demain, je
pense bien. Mais, là, je voudrais laisser au député de
Jonquière un petit peu de temps pour vous interroger également,
pour compléter. Moi, je suis prêt à m'entendre avec le
député de Jonquière pour qu'on aille jusqu'à minuit
avec eux autres, puis à reprendre avec la Régie demain si on
reçoit l'ordre de la Chambre de siéger.
Mais c'est des points importants, puis je veux qu'on les nettoie comme
il faut. Puis on va voir ensuite s'il y a des choses qui sont possibles.
Le Président (M. Gauvin): Avant de donner la parole au
député de Jonquière, je pense que Me Raymond aimerait
intervenir.
M. Raymond: Et rapidement, sans abuser.
M. Ryan, tout à l'heure, vous faisiez mention d'une corde
sensible pour les entrepreneurs en récupération. On mentionnait
que la question de la cueillette des déchets était toujours
laissée aux entrepreneurs, une vocation qu'ils ont depuis toujours. Si
j'entends le libellé de l'article 1.2 tenu à l'article 13 comme
donnant certains pouvoirs à la Régie, entre autres la
récupération, la vente et l'utilisation d'énergie et
autres matières recyclages, on dit: Ça, maintenant, c'est le
champ de la Régie. Bon. Mais, si on lit un peu plus haut, si on parle de
«techniques assurant d'une manière rationnelle
l'enlèvement, le transport,» etc., de déchets ou de
matières recyclables, je me demande quel sens autre que celui de
cueillette on doit attribuer à l'expression «d'une manière
rationnelle l'enlèvement».
Vous posiez, tout à l'heure, une police d'assurance, un jalon en
disant aux entrepreneurs: N'ayez crainte, vos champs d'activité ne
seront pas perturbés. Or, la cueillette, c'est le premier
élément d'une chaîne qui constitue une suite: le recyclage,
la récupération, la disposition. Dès le moment où
on coupe ce premier tenant aux entrepreneurs, on vient de leur faucher l'herbe
sous le pied d'une façon assez vigoureuse.
J'ai dit que je serais rapide: deuxième point. Dans l'entendement
de transport, donné à l'article 2 de cette loi, il faut quasiment
le lire avec l'article 3, au deuxième paragraphe, et là c'est
très surprenant, on donne l'entendement suivant: «Les
règlements adoptés par la Régie en vertu de l'article 2 -
relatifs au transport -prévalent sur tout règlement d'une
municipalité...» Or, là, M. Ryan, on revient encore
à une situation de définition. On a dit dans cette loi-là
ce que c'était, une municipalité membre: celle qui constitue la
Régie. Mais, lorsqu'on dit que le transport est un champ qui pourra
faire l'objet de légifération par la Régie, qu'on donne un
sens exhaustif au mot «transport», qu'on élargit le
concept de déchet, non seulement mais encore on dit: Maintenant,
nos dispositions sur le transport vont être applicables même
à des tierces personnes, à des municipalités, et non pas
municipalités membres.
Je soulève à nouveau un excellent argument donné
par mon confrère, les entrepreneurs qui font affaire, par exemple -
donnons ça au hasard - à Lachute et qui veulent disposer sur la
rive sud. Pour eux autres, le chemin le plus court serait, disons, de traverser
l'île de Montréal. Alors, si je prends la lettre de cet article 3
là, que je le regarde par le volet de l'article 13 avec les
spécifications sur le transport données à l'article 2, eh
bien, je peux facilement soutenir qu'à ce moment-là la
Régie va pouvoir dire à l'entrepreneur qui part de Lachute pour
aller sur la rive sud: Tu vas te soumettre à notre réglementation
également. Tu auras tel, tel, tel caractère impératif,
sinon, bien, tu seras mis à l'amende. Et là on ne parle pas
d'amendes de cinq sous, là. On parle de 2000 $ pour une première
infraction et de 4000 $ pour une seconde.
Et je retiens l'enseignement qui nous a été donné
tout à l'heure par monsieur, monsieur - Mon Dieu, aidez-moi - M.
Blanchet qui nous dit que, dans une loi ou un règlement, le sens devant
être attribué à un mot est celui du dictionnaire.
«Municipalité» n'est pas décrit dans cette
législation, M. Ryan.
M. Ryan: Regardez...
Le Président (M. Gauvin): Brièvement.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Gauvin): Je pense que M. le ministre
voulait intervenir. Il faut garder du temps au député de
Jonquière, notre collègue député de
Jonquière.
M. Ryan: Très brièvement là-dessus, pour
vous assurer que, quand nous arriverons à l'article 3, nous
déposerons un projet d'amendement qui répondra exactement
à votre interrogation. On parlera de «municipalité
membre».
M. Raymond: Bon.
M. Ryan: On enlèvera les mots «la Communauté
urbaine de Montréal». Ça va?
M. Raymond: Et, quant à la cueillette, M. Ryan, dont on
parlait tout à l'heure? »
M. Ryan: Quant à la cueillette, là, j'écoute
vos représentations. Je ne veux pas engager de débat
là-dessus. Je veux laisser de l'espace à M. le
député de Jonquière. On va avoir l'occasion d'en reparier.
Il y a sûrement des aspects concernant la cueillette qui doivent relever
de la compétence de la Régie sans que pour autant elle se
substitue à l'entreprise privée puis aux municipalités
là-dedans.
M. Raymond: C'est ce qu'on tente de protéger.
M. Ryan: C'est ça qu'on va essayer de clarifier.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Je pense que pour le 3 on s'était rendu
compte aussi d'une anomalie. On y avait fait allusion à quelque part. Le
ministre nous a répondu à une ou deux reprises qu'il y aurait
possibilité de le regarder. Moi, je pense que, de ce
côté-là, c'est tellement évident que je ne crois pas
qu'on pourrait garder l'article tel qu'il est libellé.
Pour vous qui représentez une association qui a plusieurs
membres, qui font beaucoup d'opérations concernant les déchets
dans plusieurs municipalités au Québec - je pense que ça
se résume bien - est-ce que vous avez connaissance que de vos membres,
ou d'autres, sont soumis à autant de désirs ou de contraintes que
ce qu'on introduit dans le projet de loi?
M. Raymond: M. le député, à notre
connaissance, il n'existe aucune autre situation qui serait de près ou
de loin similaire à celle qui nous sera imposée, de telle sorte
que, nous, les parties contractantes, on serait dans un cadre juridique qui
serait assez difficile, si on parle de compétition, puisqu'on aurait
à subir des contraintes que l'on ne connaît même pas
actuellement et qui seraient imposées seulement aux personnes traitant
directement, ou même je vais dire indirectement, avec la
Régie.
M. Dufour: Mais il y a des endroits au Québec où on
fait de l'incinération, où on produit de la vapeur ou de
l'énergie. Est-ce que vous connaissez la façon dont c'est
opéré, à partir de la cueillette comme telle?
M. Chouinard: C'est-à-dire que ce qu'on fait, à ce
moment-là, c'est que les gens apportent les déchets à
l'incinérateur et qu'ils paient pour le tonnage qu'ils ont dans leur
camion. Si on prend le territoire de la Communauté urbaine de
Québec, les entreprises qui opèrent sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec vont porter les déchets
à l'incinérateur et paient pour le tonnage qu'elles ont dans leur
véhicule. Mais elles sont libres d'opérer sur une base
volontaire. Il n'y a pas de restriction au commerce. (23 h 50)
Ce qu'on veut insérer, par le transport, à la Régie
à Montréal, on vise des restrictions au
commerce parce que, pour pouvoir faire ça, il va falloir avoir
des permis. Alors, c'est très différent d'une autorisation pour
aller vider un camion de déchets à l'incinérateur. Ce
qu'on voit dans le règlement, on est obligés de lire le texte
qu'on nous a soumis. On dit qu'il va y avoir des permis avec des honoraires a
payer, avec ci, avec ça. Alors, à ce moment-là, on dit:
Bien, c'est la Régie des transports qui ressuscite. Après avoir
lâché le camionnage général, on s'en va dans le
domaine des déchets. Alors, c'est un peu ça, et c'est ça
qui nous inquiète. C'est ce côté-là qui nous
inquiète.
La liberté de commerce n'est pas garantie par cette
réglementation-là et c'est ça qui inquiète les
entrepreneurs dans le domaine des déchets. D'ailleurs, c'est d'autant
plus inquiétant que LaSalle, le 17 mai, a passé un
règlement qui est le règlement 2188, qui a été
publié le 17 mai. À l'article 22 de ce règlement-là
- et LaSalle, ce n'est pas la dernière ville, c'est celle d'ailleurs de
M. le maire Leduc - on dit que seuls les préposés de la
municipalité désignée à cette fin et les
entrepreneurs détenant un contrat avec cette dernière pour les
collectes ou les collectes sélectives sont autorisés à
effectuer l'enlèvement des déchets et matières
visés par le présent règlement. Alors, dans le territoire
même de LaSalle, ce n'est pas n'importe qui qui peut aller passer le
balai. C'est celui que la municipalité a accrédité, et
ça, c'est un règlement dont on a pris connaissance la semaine
dernière. C'est un règlement qui est entré en vigueur le
17 mai à LaSalle.
Alors, je ne sais pas si on va traîner ces habitudes de LaSalle
à la Régie, mais, si on les traîne là, on va avoir
de sérieux problèmes et on va voir, à ce moment-là,
véritablement, pas l'uniformité mais l'unité, parce que,
sur des objectifs d'uniformiser, on vise l'unité. C'est ça qu'on
vise. Ça, c'est inquiétant pour les entrepreneurs.
Actuellement, sur le territoire de la ville de LaSalle, il y a
probablement une dizaine d'entrepreneurs qui font des affaires avec les
commerces. Mais on ne sait pas si demain matin ils vont devoir continuer
à le faire ou s'ils vont devoir arrêter de le faire. Ça va
être la même chose sur le territoire de la Régie.
M. Dufour: Actuellement, le règlement est trop
récent pour...
M. Chouinard: On n'a pas encore vu les effets pratiques,
là. On attend d'ailleurs...
M. Dufour: Mais c'est susceptible d'enlever...
M. Chouinard: Bien, c'est un règlement. Quand on lit
l'article 22, il est très clair.
M. Dufour: Non, mais est-ce qu'il doit être assorti de
réglementations autres?
M. Chouinard: Non, non. Il se lit directement comme ça.
C'est les préposés de la municipalité ou ceux qui ont un
contrat avec la municipalité, simplement, qui ont le droit de faire de
la cueillette de déchets sur le territoire de LaSalle.
M. Dufour: En fait, on n'aura pas beaucoup de temps pour poser
beaucoup de questions.
L'impact. D'abord, vous avez actuellement des contrats. En supposant que
les articles qu'on a devant nous soient appliqués, là,
intégralement, dans le terme restrictif de la loi, parce qu'une loi,
c'est toujours pour restreindre - ça peut peut-être augmenter,
mais il faut prendre les mots pour ce qu'ils veulent dire, on né peut
pas aller jouer là-dedans trop, trop - quelle sorte d'impact financier
vos membres pourraient subir dans les conditions actuelles par rapport à
ce qui s'en vient? Est-ce que vous avez analysé ça?
M. Chouinard: C'est évident que, si la loi devait passer
telle quelle, toutes les entreprises, actuellement, qui sont dans le domaine du
recyclage et de la récupération devraient fermer leurs portes.
C'est important parce que le marché des 26 villes est Un marché
qui permet aux entreprises de rouler. Alors, à ce moment-là, il
n'y a plus d'intérêt à avoir... Étant donné
qu'ils n'auront plus accès à ce marché-là, ils vont
devoir mettre à pied leurs employés et cesser leurs
opérations. Ça, c'est officiel.
Nous, on se place dans la même position que quand on a voulu faire
du transport en commun dans les communautés urbaines. Qu'est-ce qu'on a
fait quand on a voulu faire du transport en commun dans nos communautés
urbaines? On a acheté tous les petits transporteurs et on a fait du
transport en commun, tandis que là on ne fait pas ça. On parie
par le biais d'une réglementation qui, en soi... N'en discutons pas.
Mais, si on veut tout avoir, payons le prix. Il y a des gens qui sont en place.
Il y a des gens qui vivent de ça depuis des années, et on va leur
enlever leurs matières premières qui sont les déchets avec
lesquels ils travaillent, qu'ils recyclent, qu'ils récupèrent et
qu'ils traitent. Et maintenant c'est seulement un organisme public.
Mais on ne comprend pas, nous, que ce principe-là qui s'est
appliqué largement dans le cas des commissions de transport en commun ne
s'applique pas dans le domaine des déchets. C'est ça qu'on ne
comprend pas. Parce que c'est la liberté de commerce qui est
visée là-dedans. Il ne faut pas se tromper. Ce n'est pas juste de
vouloir nourrir un incinérateur, là C'est que, pour pouvoir le
faire, quand on s'attaque aux transporteurs plutôt qu'aux producteurs, on
met fin carrément au commerce, au libre-échange des marchandises,
au fond. C'est ça qu'on fait.
M. Dufour: En fait, même si la Régie nous expliquait
clairement que ce n'est pas le but visé, vous, votre expérience
de la loi ou des lois vous permet de déduire que c'est presque la
nationalisation.
M. Chouinard: C'est carrément une étatisation ou
une régionalisation des déchets, d'autant plus qu'à ce
moment-là on fait des municipalités de l'îlede
Montréal un ghetto, parce qu'elles sont les seules à le faire.
Qu'on le décide... Un peu comme la nationalisation de
l'électricité, on l'a fait au niveau de la province, on ne l'a
pas fait juste pour trois ou quatre petites baleines. Vous savez, on l'a fait
au niveau de la province.
Alors, c'est ça, la différence. C'est que là on
commence, à Montréal, avec une régie. C'est la
première qui a aussi soif de pouvoir. O.K.? À ce
moment-là, on dit: Bien, qu'est-ce qu'on fait? Est-ce que dans tout le
reste de la province ça va être uniquement ça? Si c'est le
cas, passons une loi provinciale, et on saura à quoi s'en tenir. Mais
pourquoi créer cet îlot-là? C'est un Hot parce que
Montréal n'est pas incluse, la ville de Montréal n'est pas
incluse, Montréal-Nord n'est pas encore incluse, et ces
choses-là, et uniquement pour amener tout ça à un
incinérateur.
M. Dufour: Je veux vous ramener au début des audiences
où vous avez parlé - je l'avais soulevé et vous l'avez
soulevé aussi - à l'effet que la Régie qu'on avait devant
nous posait des conditions qui allaient plus loin que la loi des cités
et villes. En fait, on nous a dit et on l'a répété
à deux, trois reprises, même le ministre des Affaires municipales,
je pense, l'a repris... En tout cas, je ne veux pas lui faire dire des choses
s'il ne les a pas dites, mais il me semble qu'il a dit: Ce qu'on demande, dans
le projet de loi, concernant les camionneurs, etc., ça existe dans la
loi des cités et villes. Vous, vous avez dit non. Moi, je
prétendais que non, je l'ai fait, même, dans mes premières
discussions, à l'effet que ça allait plus loin que la loi des
cités et villes. Est-ce que vous pouvez élaborer quelque peu par
rapport à ça?
M. Chouinard: Oui. Effectivement, si on prend - et d'ailleurs on
l'a dit - l'article 413, le paragraphe 10° de la Loi sur les cités
et villes, on ne va pas aussi loin dans le domaine de la réglementation,
d'autant plus que, sur l'article 413 qu'on prétend avoir suivi à
la lettre... Mais on a quand même oublié des choses, parce que
413, c'est vraiment le ramassage, la cueillette, puis l'enlèvement des
déchets, alors que là on n'en parle pas dans le pouvoir de
réglementation qu'on veut avoir. Alors, il y a tout de suite là
une différence.
L'autre différence, c'est que, traditionnellement, ce que la loi
dit, c'est qu'on pourvoit au ramassage et à la cueillette. Alors,
pourvoir, ça veut dire subvenir en cas d'absence de service, ce qui fait
qu'actuellement ceux qui utilisent le service municipal mettent leurs
déchets le long de la rue, utilisent le service municipal. Mais il y a
beaucoup d'entreprises qui n'utilisent pas le service municipal, qui ont un
«container», qui ont un contenant derrière leur
entrepôt et qui mettent, effectivement, tous leurs déchets dans le
contenant. Ils ne mettent pas leurs six sacs ou leurs cinq sacs près de
la rue. Ils mettent tout dans le contenant, et l'entreprise qui fait la
cueillette, la levée du contenant, qu'on appelle, s'en va avec.
Alors, les villes ne sont jamais rentrées dans ce
domaine-là parce que c'est un domaine qui se négocie à la
pièce. Vous avez un magasin. S'ils vendent des chaussures, ils ont plus
de carton que s'ils vendent du linge sur support. Alors, c'est ce genre
d'affaire là. Pour chaque commerce, à ce moment-là, c'est
très, très difficile d'avoir...
L'économie et le marché de concurrence font en sorte que
ces gens-là bénéficient d'un très bon prix parce
que les entreprises sont en concurrence les unes vis-à-vis des autres
pour aller chercher ces clients-là et dire: Écoutez, pour vos
boîtes à souliers, on va vous fournir tel genre de contenants, et
vous allez avec ça, de telle sorte que les villes, d'une certaine
façon...
Oui, M. le Président. Je dois respecter votre crayon ou votre
doigt?
Le Président (M. Gauvin): C'est-à-dire, c'est les
deux, mais prenez le temps. En conclusion, brièvement.
M. Chouinard: Merci, M. le Président. Alors, c'est
l'aspect particulier de ce domaine-là. C'est un secteur qui a tout le
temps été occupé par les entreprises, qui n'a jamais
été occupé par les villes, parce que le ramassage et la
cueillette se faisaient... Il y avait des règlements municipaux
ordonnant que ça ne traîne pas, et ça se faisait
normalement. Mais là on ne veut même plus ça, on veut
carrément s'emparer de ce marché-là et en faire sien pour
justifier une dépense au nom des contribuables.
Le Président (M. Gauvin): Je vous remercie.
M. Dufour: Peut-être avant de terminer, M. le
Président...
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Dufour: ...puisqu'il reste une minute... Je n'avais pas
complété, mais je comprends qu'on est pris par des contraintes de
temps. On n'a pas complété le sujet ni vidé le sujet. Il y
avait d'autres questions que j'aurais aimé poser. Malheureusement, on ne
pourra pas le faire.
Moi, je dis, par exemple, à travers ça, puis ça,
c'est une opinion: Je regarde celui qui va ramasser les déchets ou qui
va avoir le camion
de déchets, il va être obligé presque d'aller
fouiller dans chaque sac pour savoir ce qu'il y a dedans, parce que, s'il a un
manifeste puis qu'il ne sait pas ce qu'il y a dedans... Je vous dis, ça
représente des aspects qui dépassent peut-être ce qu'on a
l'intention de faire. Peut-être qu'à l'étude article par
article ou pourra essayer de tirer des lignes à quelque part
là-dedans, mais on va être obligés d'examiner ça
certainement sérieusement.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que M. le ministre a des
mots en conclusion, avant d'ajourner? (minuit)
M. Ryan: Non. Je remercie M. Chouinard. Je pense que vous
n'êtes pas ici demain matin, vous, M. Chouinard. Mais vos
collègues seront là, je pense, hein?
M. Chouinard: C'est ça, M. le ministre.
M. Ryan: vos collègues seront là, on pourra
continuer. je pense qu'on a pris plus de temps qu'on ne l'avait prévu
pour entendre votre point de vue. on l'apprécie.
M. Dufour: Bien, c'est important.
M. Chouinard: Au nom des entrepreneurs, je tiens à vous
remercier de l'attention que vous nous avez portée.
M. Ryan: Puis on va continuer de l'examiner. On va entendre le
point de vue de la Régie, évidemment, là-dessus demain. On
va approfondir ça. C'est peut-être un des plus importants
articles, celui-là, du projet de loi.
Le Président (M. Gauvin): Donc, je remercie les membres de
la commission, les entrepreneurs, les représentants de la Régie.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)