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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Gauvin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Constatant le quorum je déclare la séance ouverte,
et on va se rappeler le mandat. La commission a pour mandat d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
221, Loi concernant la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur IHe de Montréal. M. le secrétaire, est-ce que
nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par M. Bélanger (Anjou), et M. Maltais
(Saguenay) est remplacé par M. Gautrin (Verdun).
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le secrétaire.
J'aimerais vous rappeler le temps qui nous est alloué ce matin. Le
mandat de la commission était prévu de siéger de 10 heures
à midi et trente. Étant donné que nous commençons
quelques minutes en retard, le mandat est tout de même pour prendre fin
à midi et trente, soit 12 h 30. Au moment où on avait, je pense,
où la commission avait ajourné ses travaux hier soir, M. le
ministre avait la parole je crois. Donc, je reconnais M. le ministre des
Affaires municipales.
Motion proposant de passer immédiatement
à l'étude détaillée du projet de loi
M. Claude Ryan (suite)
M. Ryan: M. le Président, lorsque nous avons
ajourné hier soir, j'allais conclure, et je le ferai rapidement, dans un
souci de collaboration, afin que la volonté de la commission puisse
trouver à s'exécuter le plus rapidement possible. Je suis
favorable à la motion de mon collègue, le député de
Marquette et je pense que le plus tôt possible la commission pourra se
mettre à l'étude du projet de loi article par article, elle fera
montre de sérieux et d'esprit de responsabilité qui doit la
caractériser, et a l'occasion de l'étude article par article, je
pense que nous pourrons faire un travail beaucoup plus pratique et beaucoup
plus relié aux préoccupations, non seulement du gouvernement et
des requérants, mais aussi de l'Opposition. Je pense que c'est là
qu'on pourra vider les questions, en se rappelant que le processus
parlementaire a pour but de favoriser l'expression de toutes les opinions, mais
jamais l'expression d'une opinion au mépris de la volonté de la
majorité, parce que à ce moment-là ça devient une
déformation du système parlementaire, et on est dans un tout
autre univers que celui qu'ont conçu ceux qui ont bâti le
système.
Alors, voilà, en ce qui me touche je suis tout à fait
favorable à la motion, et j'espère que nous aurons l'occasion de
nous prononcer à son sujet le plus tôt possible.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. J'aurais
peut-être dû à ce moment-ci rappeler la motion
présentée par le député de Marquette: «Que la
commission passe immédiatement à l'étude
détaillée de l'article 1 et des articles suivants du projet de
loi d'intérêt privé 221, Loi concernant la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal». Et je reconnais M. le député de La
Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Les
ministériels, et plus particulièrement le député de
Marquette en présentant sa motion a voulu subito presto mettre fin
à un processus de consultation qui était amorcé, qui
était de nature à éclairer la commission avant de
procéder à l'étude article par article. C'était son
droit de le faire. Il a agi rapidement, prestement, efficacement. Nous avons
donc à plaider pour que cette motion soit défaite. Nos chances
sont minces, mais nous allons quand même plaider. Nous n'avions pas
l'intention de présenter des motions pour faire venir les 25 autres
maires de la Régie, ou les 24 autres, nous avons le maire de LaSalle ici
qui est président de la Régie, nous avons entendu le maire de
Dollard-des-Ormeaux. Nous ne cachons pas que notre intention - comme mon
collègue de Jonquière l'a dit hier - c'était d'inviter le
maire de Montréal-Nord en particulier. Et nous étions à
peu près rendus à la fin de nos listes d'invités, nous
arrivions à la fin de nos listes d'invités. Si le
député de Marquette n'avait pas brisé notre rythme, je
pense que ça se déroulait bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II y a un prix à payer.
M. Lazure: Le député de Marquette, par une
stratégie astucieuse, a réussi à briser notre rythme.
Ça nous a décontenancés mais la nuit nous a porté
conseil et nous voulions entendre le maire de Montréal-Nord...
Une voix: C'est pas drôle!
M. Lazure: ...et c'était à peu près le
dernier de nos invités.
Une voix: À peu près?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: À peu près, disons-le. C'était le
dernier, je m'excuse.
Une voix: Ah bon!
M. Lazure: C'était le dernier, définitivement.
C'était le dernier. C'était le dernier. Et pourquoi le maire de
Montréal-Nord?
Une voix: Pour faire plaisir au maire de Montréal-Nord.
Ils ont trouvé qu'il n'était pas intéressant.
M. Lazure: C'est ça. Je ne sais pas si le maire de
Montréal-Nord va aimer ça de voir que ses amis
ministériels refusent de l'entendre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure:... y compris son frère ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II rit même, est-ce qu'on peut le nommer?
Une voix: On nous reprochait hier de rire.
M. Lazure: C'est ça. Hier, on nous a reproché
certains rires, certains sourires, sur un autre sujet. Mais là, le maire
Ryan, en lisant la transcription du Journal des débats, ne pourra
pas apprécier à quel point on riait de ça, pas de lui, on
riait de ce sujet.
Bon! Pourquoi le maire de Montréal-Nord? Montréal-Nord est
la deuxième ville la plus populeuse sur l'île et c'est une des
rares villes à ne pas participer à la Régie. Moi, j'ignore
pourquoi. Est-ce que c'est pour des raisons financières? Est-ce que
c'est pour des raisons de différences d'opinion sur la philosophie de la
Régie? Est-ce que c'est pour des raisons historiques ou des raisons de
famille? Je ne sais pas, je ne sais pas. Mais j'aurais aimé ça
qu'on entende directement de la bouche du maire de Montréal-Nord. Moi,
je respecte beaucoup l'opinion du maire de Montréal-Nord. Il est
là depuis plusieurs années, 20 ans, 25 ans? Je ne sais pas, 29
ans? J'ai eu l'occasion de travailler avec lui à un moment donné.
J'étais directeur d'un hôpital qui se trouvait voisin de
Montréal-Nord. À Rivière-des-Prai-ries, nous avons conclu
des ententes. C'est un homme de bon commerce, c'est un homme qui,
habituellement, a de bonnes relations de voisinage. Et ça m'intrigue
beaucoup de voir que Montréal-Nord ne fait pas partie de la Régie
intermunicipale.
Je comprends que le président de la Régie pourra nous
donner son opinion là-dessus. Ça sera appréciable. Mais
comme on a entendu le maire de Kirkland, pardon de Dollard-des-Or-meaux, et
encore une fois, je reconnais que les ministériels ont collaboré
et ça a été utile d'entendre le maire, ça a
clarifié certaines choses. Le maire de Montréal-Nord, c'est pas
une fantaisie, c'est un accident tout à fait historique, c'est un hasard
que ce soit le frère du ministre. Alors, c'est pas parce qu'il est le
frère du ministre qu'on veut l'entendre, on veut l'entendre parce qu'il
est maire de la deuxième plus grande municipalité de l'île
de Montréal et qu'il ne fait pas partie de la Régie. (10 h
20)
M. le Président, une des raisons fondamentales de notre objection
vigoureuse à ce projet de loi, c'est qu'elle vient faire franchir encore
un pas de plus à 26 municipalités pour qu'elles s'acheminent vers
un système de gestion de déchets qui sera différent du
système de gestion de déchets de la ville de Montréal,
d'une part, mais aussi de celui de Montréal-Nord, la deuxième
ville plus populeuse. Donc, nous allons nous opposer, avec toutes nos forces,
à toute mesure qui va faire avancer encore plus cette séparation
des systèmes de gestion de déchets. Vous vous rendez compte, M.
le Président, sur IHe de Montréal, trois systèmes de
déchets? Un pour la ville de Montréal, un pour les 26
municipalités de la Régie et un pour la deuxième ville la
plus populeuse, Montréal-Nord. Trois systèmes. Est-ce qu'on a
trois systèmes de police sur l'île? Est-ce qu'on a trois
systèmes de transport en commun sur l'île? Non, non. Et nous
pensons que les raisons que le maire de Montréal-Nord pourrait nous
présenter, si on l'entendait - et moi, je serais prêt, et mon
collègue de Jonquière, à prendre l'engagement que si les
ministériels acceptaient qu'on invite le maire de Montréal-Nord,
que ce serait là notre dernière motion d'invitation.
Motion d'amendement
Mais M. le Président, je voudrais quand même proposer un
sous-amendement, qui se lit comme suit: Que la motion en discussion soit
modifiée par... un amendement, pardon, un amendement à la motion
du député de Marquette. Pour être précis, un
amendement à la motion du député de Marquette, qui se
lirait comme suit: Que la motion en discussion soit modifiée par le
remplacement, dans la deuxième ligne, des mots «et des
articles» par les mots «13 et par la suite, tous les autres
articles». Avant que vous donniez votre décision sur la
recevabilité, M. le Président, je voudrais vous faire remarquer
que les normes reconnues par le règlement et édictées par
l'article 197, tant à l'Assemblée qu'en commission parlementaire,
nous permettent un tel amendement. Et je cite l'article 197, qui dit:
«Les amendements doivent concerner le même sujet que la motion et
ne peuvent alter à ('encontre de
son principe». Ils ne visent qu'à retrancher, à
ajouter ou à remplacer des mots.
Alors, la motion, c'est tout ce qu'elle fait, elle vient préciser
l'ordre dans lequel la commission qui, de toute façon, est maître
de l'agencement de ses travaux, elle viendrait préciser de quelle
façon la commission va aborder son travail. Il y a plusieurs
précédents qui nous disent que si une commission décide de
poursuivre nécessairement l'ordre numérique, il y a la doctrine
que c'est acceptable comme procédure: suspension d'article, étude
d'un article X plus important pour revenir ensuite à un article
précédent. Tous les parlementaires autour de la table ont connu
cette expérience-là et Beauchesne est très clair sur
l'autorité de la commission. Et je le cite, il dit: À moins que
la commission ne décide autrement, l'étude d'un projet public se
fait en suivant l'ordre des articles.
Alors, la commission peut décider autrement et elle l'a fait
maintes et maintes fois dans le passé. D'ailleurs, la motion du
député de Marquette indique elle-même une
préférence. Sa préférence, au député
de Marquette, c'est que la commission commence par l'article 1, alors qu'en
matière de projet de loi privé, la doctrine est très
claire sur le fait que l'étude doit commencer normalement par le
préambule. Et dans sa motion, il parle d'article 1. Mais c'est son
privilège, c'est son privilège parce que comme j'ai dit
tantôt, les précédents sont à l'effet qu'on peut
fixer nous-mêmes, la commission peut elle-même fixer l'ordre de
procédure. J'ai de la misère à m'entendre, M. le
Président. Merci.
Une voix: M. le Président...
M. Lazure: Le tout à maintes reprises confirmé -
j'achève, là - par le président Lemieux. Bien sûr.
La recevabilité, mon cher ami. J'éclaire la
présidence.
Le Président (M. Gauvin): Non, mais... Écoutez,
vous avez demandé un amendement... Vous avez présenté un
amendement et il faudrait peut-être voir...
M. Lazure: M. le Président... Le Président (M.
Gauvin): Oui.
M. Lazure: Ma dernière phrase... On m'a interrompu. Le
président Lemieux a rendu des décisions. Le président de
la commission...
Le Président (M. Gauvin): O.K. On verra. Excusez. Vous
avez déposé une motion. Nous allons... Si vous me le permettez,
oui, vous avez... Nous allons la faire distribuer et je vais suspendre pour
quelques minutes pour prendre connaissance et de vérifier la motion.
(Suspension de la séance à 10 h 25)
(Reprise à 10 h 29)
Le Président (M. Gauvin): La commission reprend ses
travaux, et je déclare la motion d'amendement recevable. Et elle se lit
comme suit: «Que la motion en discussion soit modifiée par le
remplacement dans la deuxième ligne, des mots "et des articles" par les
mots 13 et par la suite tous les autres articles». C'est bien
ça?
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, oui?
M. Ryan: Vous avez rendu votre décision? Le
Président (M. Gauvin): Oui.
M. Ryan: Regardez... que nous acceptons volontiers comme
toujours.
Le Président (M. Gauvin): Oui.
M. Ryan: Mais je voudrais vous prévenir d'une chose. C'est
que nous serions prêts à voter en faveur de cette motion à
l'amendement. Je vous dis ça, et j'informe l'Opposition... Si on est
sérieux, nous serions prêts à accepter de procéder
de cette manière.
M. Lazure: M. le Président. (10 h 30)
Le Président (M. Gauvin): M. le député de La
Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, je ne voudrais pas que le
ministre, par l'intervention qu'il vient de faire, essaie de bousculer la
commission dans ses travaux. J'ai présenté une motion. Et ne
serait-ce que pour l'édification, la compréhension des gens qui
liront le Journal des débats, je vais expliquer pourquoi je l'ai
présentée. C'est mon privilège.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de La
Prairie, j'allais vous inviter, justement, à débattre de la
présentation de votre motion.
M. Lazure: Et est-ce que je pourrais savoir combien de temps j'ai
pour...
M. Tremblay (Rimouski): 10 minutes. Le Président (M.
Gauvin): 30 minutes.
M. Lazure: Je me suis adressé au président qui est
beaucoup plus éclairé que le député de
Rimouski.
Le Président (M. Gauvin): Vous avez 30
minutes, M. le député de La Prairie, à partir de
maintenant, si vous voulez.
M. Lazure: Merci, M. le Président. L'article 13, si vous
vous donnez la peine de le lire chers collègues de la commission, dit
ceci: «L'article 1.2 de l'entente intermunicipale, remplacé par
l'article 7 de la Loi concernant la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur l'île de Montréal [...], est de nouveau
remplacé par le suivant». Et c'est là qu'arrive le texte
important.
Pour nous, ce n'est pas par hasard, M. le Président, que nous
avons choisi d'aller à l'article 13 après l'article 1, parce que
l'article 13 est un des plus importants de ce projet de loi. À mon sens,
à prime abord, les deux plus importants sont 13 et 15. L'article 15, on
en a parlé beaucoup jusqu'ici. C'est celui qui vient valider les
résolutions aux règlements et actes du conseil d'administration
qui ont été passées à l'époque où la
Régie ne tenait pas publiquement ses assemblées et, par
conséquent, contrevenait à l'article 468 de la Loi sur les
cités et villes. C'est 15, ça. Mais 13, on n'en a pas
parlé jusqu'ici. Mais il est fort important, il est fort important. Et
nous pensons qu'il y aura beaucoup de questions à poser sur l'article
13. Et nous voulons les poser au début de l'étude, après
l'article 1, parce que ça va venir apporter un éclairage global
sur l'ensemble de l'étude du projet de loi.
Et j'arrivais à la chair même de cet article, au coeur
même de l'article qui dit: «Dans la présente entente, les
mots "système de gestion de déchets" désignent l'ensemble
des opérations administratives et techniques assurant d'une
manière rationnelle l'enlèvement, le transport, l'entreprosage,
le traitement, le recyclage et le dépôt définitif des
déchets ou visant la génération, la
récupération, la vente ou l'utilisation d'énergie ou de
matières recyclables, ainsi que les biens meubles et immeubles
affectés à ces fins».
Vous admettrez comme moi, M. le Président, qu'il y a de la chair
là-dedans. C'est un article extrêmement touffu, dense, et je
souhaiterais, en passant, encore une fois, que les légistes fassent
preuve d'un peu plus d'esprit de vulgarisation parce que, pour le profane qui
lit un tel article, c'est extrêmement difficile de voir où est-ce
que l'article veut en venir. Mais ça, c'est relativement secondaire. Ce
qui est important, c'est qu'on puisse, en commençant
immédiatement après l'article 1, en arrivant à cet article
13, là, qu'on puisse savoir exactement ce que ça veut dire tous
ces termes-là, qu'est-ce que sous-tend chacune de ces
expressions-là? Il y en a qui vont de soi, mais d'autres qui ne sont pas
claires du tout.
Forcément, ça nous amène au contrat,
forcément, ça nous amène à ce qui lierait la
Régie et Foster Wheeler. L'étude de cet article-là nous
permettrait de poser au président de la Régie, dès le
début de l'étude du projet de loi, plusieurs questions, par
exemple: On nous a dit que l'entente avec Foster Wheeler comporterait l'achat,
par la Régie, de l'incinérateur. C'est ce qu'on nous a dit. Et,
en même temps, on nous dit aussi que la Régie serait liée
pour un certain nombre d'années, est-ce que c'est 15, 20, 25 ans? Je ne
le sais pas, je n'ai jamais vu le contrat, moi. La Régie serait
liée, pour un certain nombre d'années, à fournir un
certain nombre de milliers de tonnes par année, pour alimenter
l'incinérateur.
On achèterait l'incinérateur, il appartiendrait à
la Régie et, en même temps, on se lierait, pour plusieurs
années, avec une compagnie... Là, je ne comprends pas très
bien qu'est-ce qui motive la Régie à vouloir se lier avec le
même entrepreneur, la même entreprise qui a vendu, qui vendrait
l'incinérateur, à rester liée, est-ce que c'est pour la
gestion de l'incinérateur? On m'a dit que non, on m'a dit que c'est la
Régie qui serait le gestionnaire. Il y a aussi toute la composante de
vente et d'utilisation d'énergie: Comment va se faire cette
vente-là? Est-ce que c'est la Régie qui va la faire? Est-ce que
c'est Foster Wheeler qui va la faire? Est-ce qu'il y a un contrat
d'énergie déjà en marche avec des clients quelconques et,
si oui, quels sont ces clients qui seraient acheteurs de l'énergie
produite par l'incinérateur? Il s'agit véritablement du noeud de
la question. On déboucherait en même temps, si on étudiait
cet article 13, M. le Président, sur la prétention que le
ministre a maintes fois mise sur la table, à savoir que, pour que le
BAPE fasse une étude valable de ce projet-là, il faut autoriser,
par loi privée, par bill privé, la Régie à signer,
avant même que les audiences du BAPE ne commencent, à signer le
contrat avec Foster Wheeler, le contrat, pourquoi? Pour l'achat de
l'incinérateur? Pour la fourniture de déchets pendant 20 ans?
Pour l'achat d'énergie et la revente d'énergie? M. le
Président, nous avons vérifié, encore une fois, et ce
n'est pas exact de dire que, pour que l'étude du BAPE soit valable, il
faut qu'il y ait une signature... Ce n'est pas exact, ça. Je pense que
le ministre, quand il répète ça à tout bout de
champ, essaie de se donner une poignée, il essaie de se donner une
justification pour passer, à la vapeur, ce projet de loi là, nous
prétendons - et les autorités qui connaissent le fonctionnement
du BAPE le prétendent avec nous - que l'historique même, les
travaux de la Régie avec Foster Wheeler ces dernières
années et les dépenses encourues de part et d'autre. En
elles-mêmes, ces actions sont suffisantes pour démontrer la bonne
foi du promoteur à l'égard du BAPE et aux yeux du BAPE. Si le
ministre a, comme seul argument...
Le Président (M. Gauvin): Une question de
règlement, M. le député de Marquette.
M. Dauphin: Je m'excuse auprès de mon collègue de
La Prairie, une question de règlement.
M. Lazure: Quel article du règlement, M. le
Président?
M. Dauphin: Une question de règlement, vous jugerez.
M. Lazure: Quel article?
Le Président (M. Gauvin): Je reconnais M. le
député de Marquette...
M. Dauphin: Une question de fonctionnement.
Le Président (M. Gauvin): ...sur une question de...
M. Dauphin: M. le Président, le ministre a dit
tantôt que nous sommes prêts à adopter tout de suite son
amendement. Alors, s'il ne veut pas «filibuster» et s'il est
sérieux, le Dr Leduc est prêt à répondre à
toutes ses questions et procédons immédiatement aux questions
qu'il pose, sinon c'est un «filibuster», on perd notre temps.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien, ça!
M. Dauphin: Alors, s'il est de bonne foi, le député
de La Prairie...
Mme Pelchat: Qu'on passe à l'étude.
M. Dauphin: ...qu'on passe tout de suite à l'étude
de l'article 1.
Mme Pelchat: Et 13.
M. Dauphin: Sinon on perd notre temps.
M. Tremblay (Rimouski): Très bien, ça.
M. Lazure: Vous m'avez donné la parole...
M. Dauphin: Le Dr Leduc est ici depuis trois jours.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: II est prêt à répondre à
vos questions, il est ici depuis trois jours.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Marquette c'était votre question d'interrogation...
M. Dauphin: ...et de fonctionnement.
Le Président (M. Gauvin): ...et de fonctionnement à
la présidence. Dans une situation comme celle-là, le
député de La Prairie a le droit de débattre sur la motion
qu'il a présentée.
M. Lazure: Je comprends que j'ai le droit. M. Dauphin: ...perdre
notre temps. M. Lazure: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de La
Prairie vous pouvez continuer dans votre présentation.
M. Lazure: M. le Président...
M. Dauphin: Vous m'appellerez quand il aura terminé.
M. Ryan: M. le Président, juste une question de
directive.
Le Président (M. Gauvin): De directive, oui.
M. Ryan: Est-ce que, dans l'examen de motion comme
celle-là, on peut s'engager dans la discussion de la substance
même de l'article que nous sommes prêts à étudier
formellement? Là, je pense que le député verse dans un
trait caractéristique, la spéciosité.
M. Lazure: m. le président, le ministre a eu beau utiliser
des grands mots là, c'est mon privilège. vous m'avez donné
la parole pour 30 minutes.
Le Président (M. Gauvin): Écoutez, M. le
député de La Prairie, je vous reviens. J'ai entendu M. le
ministre et évidemment vous avez présenté un motion
d'amendement et vous avez le droit de la débattre et je vous
reconnais.
M. Lazure: Merci, M. le Président.
M. Ryan: On doit discuter le fond de l'article 13 maintenant,
c'est ça qu'est ma question.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que je peux continuer
à utiliser mon droit de parole?
Le Président (M. Gauvin): Une minute, juste une minute
pour répondre à M. le ministre. Évidemment, je pense qu'il
revient à M. le député de La Prairie de choisir les
expressions qui sont les siennes pour justifier la présentation de sa
motion d'amendement. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, merci. J'étais en train
de dire que toute la substance qu'il y a dans cet article 13 est tellement
importante pour la compréhension de l'ensemble du projet de loi, c'est
la raison pour laquelle nous voulons....
là, je prends bonne note que le parti ministériel va voter
pour...
Le Président (M. Gauvin): La permission s'il vous
plaît d'entendre et de permettre au député de La Prairie de
poursuivre sa présentation. S'il vous plaît. (10 h 40)
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je disais donc que,
compte tenu de toute la substance qu'il y a dans cet article 13, et je note
avec satisfaction que les ministériels sont prêts à
accepter mon amendement, par conséquent, après l'article 1 on
abordera l'article 13, mais je veux quand même, puisque c'est mon
privilège, utiliser mon temps de parole pour expliquer pourquoi je le
trouve capital cet article-là. J'étais en train de dire que le
ministre nous répète à satiété qu'il faut
que la loi soit adoptée afin de permettre à la Régie de
signer le contrat, parce que autrement le BAPE va trouver que ce n'est pas
sérieux.
Mais, M- le Président, je vous soumets, encore une fois, que ce
n'est pas exact et, par conséquent, une fois qu'on a démoli cet
argument du ministre, je ne vois rien jusqu'ici, dans ses remarques, qui
justifie l'urgence d'adopter ce projet de loi, d'où notre position
radicalement opposée à l'adoption du projet de loi, et ça,
nous l'avons dit hier après-midi au ministre, nous le
répétons: Nous allons nous opposer par tous les moyens
légitimes et légaux. Tous les moyens qui sont fournis aux
parlementaires, nous allons les utiliser pour nous opposer à ce projet
de loi parce que c'est un projet de loi qui n'est pas urgent,
premièrement, et, deuxièmement, c'est un projet de loi qui va
à l'encontre même du rapport récent de la commission de
l'aménagement et des équipements, qui a été
signé par les membres même de cette commission-ci, la
députée de Vachon et d'autres députés. La
commission de l'aménagement et des équipements a produit un
rapport suite à un mandat d'initiative sur lequel elle a
travaillé pendant plus d'un an et demi, et une des nombreuses
recommandations, la recommandation 43, dit bien: Que soit tenue une audience
générique sur la gestion intégrée des
déchets domestiques solides au Québec et que le ministère
en soit le maître-d'oeuvre, en collaboration étroite avec le monde
municipal.
Alors, si on est sérieux, si les ministériels sont
sérieux quand ils signent ce rapport-ci et si le ministre de
l'Environnement est sérieux quand il nous dit à deux reprises
depuis un mois: Je suis d'accord avec le rapport intégralement et je
vais proposer un projet de loi, il doit déposer un projet de loi avant
la fin de cette session-ci pour mettre en vigueur les recommandations de ce
rapport. Alors, en adoptant à la vapeur ce projet de loi privé,
on vient brimer, on vient saboter le travail de la commission de
l'aménagement et des équipements, et le ministre des
Affaires municipales vient brimer son collègue de l'Environnement
qui s'apprête, lui, à déposer un projet de loi qui va
donner suite à ses recommandations. Le ministre de l'Environnement, je
l'ai entendu, a dit clairement: II serait souhaitable qu'il y ait un seul
système de gestion sur l'île de Montréal. Il serait
souhaitable qu'il y ait un système...
Mme Pelchat: Quand?
M. Lazure: II y a trois jours, derrière le trône, si
vous voulez.
Des voix:...
M. Lazure: Bon, bien, écoutez, on se parle. On ne se parle
pas juste autour de la table parlementaire.
Le Président (M. Gauvin): Je ne permettrai pas les
échanges entre membres de cette commission. À ce moment-ci, on
entend le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Le ministre de
l'Environnement est d'avis, comme nous, qu'il doit y avoir un seul
système de gestion des déchets sur l'île de
Montréal. Il est aussi d'avis que l'audience générique sur
la gestion des déchets, c'est une chose urgente. Une audience
générique, c'est semblable à celle qui a eu lieu, par
exemple, pour les forêts, la politique sur les forêts, celle qui va
avoir lieu pour la cogénération. C'est une audience du BAPE, non
pas sur un projet précis, mais sur la problématique d'un
système de gestion, si vous voulez, ou l'ensemble des systèmes de
gestion des déchets domestiques. Et nous soumettons qu'une telle
audience générique pourrait commencer par la région de
Montréal, par l'île de Montréal.
Il y a des problèmes graves sur la disposition des déchets
domestiques dans l'ensemble du Québec, dans toutes les régions du
Québec, mais notamment dans la région du Grand Montréal.
Alors, en adoptant trop vite ce projet de loi, nous venons mettre un obstacle.
Nous consacrerions une anomalie qui est déjà trop avancée,
et à notre avis il n'est pas trop tard pour mettre un cran d'arrêt
au projet de la Régie et faire en sorte que la Régie s'assoie
avec la ville de Montréal et la ville de Montréal-Nord, et avec
l'aide des deux ministères, Affaires municipales et Environnement pour
en arriver à un plan intégré pour toute l'île de
Montréal.
M. le Président, quand on parie de recyclage dans l'article 13,
moi je voudrais savoir aussi est-ce qu'il y a un objectif de fixé sur le
pourcentage de déchets domestiques qui devront aller au recyclage dans 5
ans, dans 10 ans, dans 15 ans. On sait, le directeur générai de
la Régie nous a dit, le premier jour je crois, que le pourcentage actuel
qui allait au recyclage se
situait entre 10 % et 15 %, plus proche de 10 %. Mais est-ce que dans
les termes contenus dans 13 et qu'on retrouverait dans une entente avec Foster
Wheeler, est-ce qu'on prévoit un pourcentage qui ira en accroissant
d'année en année, de période en période? Et si oui,
c'est quoi ce pourcentage-là? Et si non, s'il n'y a pas d'objectif
précis de croissance du pourcentage au recyclage, il est bien
évident qu'on a raison de nous inquiéter sur ce qui va arriver au
recyclage et de craindre que le tonnage ira plutôt vers
l'incinérateur que vers la récupération et le
recyclage.
Cet article 13, par conséquent, va susciter
énormément de questions, va susciter des débats. Nous
n'avons pas caché, je vous le répète M. le
Président, que cette commission devrait voir le texte du contrat. Et
toutes les expressions qu'on utilise ici, c'est traduit à un moment
donné en termes légaux dans un contrat. D'une part, on nous dit:
Le contrat il faut que la Régie soit autorisée à le signer
par cette loi. Et d'autre part, on nous dit: Bien on ne peut pas
dévoiler le contrat actuel. Si c'est une ébauche de contrat,
pourquoi ça ne pourrait pas être dévoilé? Il y a des
précédents, M. le Président, dans d'autres entreprises
promoteures qui allaient devant le BAPE où les termes du contrat avaient
été connus avant même la comparution au BAPE, et moi je
répète que si la Régie voulait faire preuve de plus de
transparence, et mettre sur la table de cette commission parlementaire les
termes actuels du contrat, elle y gagnerait beaucoup en
crédibilité, et elle a le fardeau de la preuve, nous
démontrer que ça trahirait des secrets industriels. Et ça
j'en doute beaucoup, M. le Président, parce que les procédures
d'audiences publiques avec le BAPE vont être d'autant plus difficiles si
le climat de méfiance continue de prévaloir entre la population
et la Régie, parce que c'est ça le climat qui existe
actuellement. Moi, je ne connais pas beaucoup de groupes communautaires, de
groupes de citoyens et citoyennes qui ont envoyé des
télégrammes d'appui au projet. Hier on a eu des textes de maires
de plusieurs municipalités qui appuyaient le projet. Nous savions
qu'elles l'appuyaient, mais j'aurais aimé ça que la Régie
ou le ministre nous produise des télégrammes d'appui de
groupements qui appuyaient ce projet-là.
Alors, M. le Président, nous voulons encore une fois utiliser au
maximum nos outils, et dans cet article 13 qui fait l'objet de notre amendement
nous allons concentrer sur le volet contrat. (10 h 50)
M. Tremblay (Rimouski): Correct.
M. Lazure: Je note les interruptions fréquentes du
député de Rimouski, M. le Président, je vous demanderais
de le ramener à l'ordre.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de La
Prairie je suis ça de près, tout comme vous, et je vous invite
à poursuivre.
M. Lazure: Alors, en conclusion, M. le Président, je
voudrais que non seulement les ministériels votent pour l'amendement que
j'ai proposé, mais aussi qu'on ait, au moment où on va l'aborder
cet article 13, qu'on ait des réponses précises et la meilleure
façon de nous donner des réponses précises, c'est de
déposer le projet de... Je vais laisser la parole à mon
collègue.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui aimeraient se faire entendre?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Un chose, nous autres, nous sommes favorables à
la motion d'amendement parce que nous n'aimons pas les
«ânonnages» dans lesquels se spécialise le
député de La Prairie depuis deux jours.
M. Lazure: M. le Président, je n'accepterai pas que le
ministre, de son siège ministériel, insulte un
député. Je demande...
M. Ryan: Je n'ai pas... Je regrette...
M. Lazure: Je vous demande de demander au ministre de retirer ses
paroles.
M. Ryan: Non, je ne les retirerai pas.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre va pouvoir
poursuivre et vous y reviendrez si vous voulez.
M. Lazure: J'y reviendrai.
M. Ryan: J'ai le droit d'exprimer une opinion sur ce que j'ai
entendu...
M. Lazure: «Ânonnage» n'est pas une expression
parlementaire, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi. Vous pourrez...
Bien, vous vous aurez la chance de demander la parole. Nous allons entendre M.
le ministre. M. le ministre, vous pouvez poursuivre.
M. Ryan: Si, au lieu d'ânonner, on consultait les textes
législatifs qui sont à notre disposition...
M. Dufour: M. le Président, point de règlement. Je
pense qu'il y a des mots antiparlementaires qui sont employés et je vous
invite à regarder pour voir si ce mot-là est parlementaire ou
pas. S'il ne l'est pas, il devrait le retirer. Si
c'est parlementaire, bien, on va le garder, mais on pourra
peut-être le ramener parce que le pied de l'âne, ça se
retourne ça aussi.
M. Ryan: C'est un joli terme. Je ne vois pas pourquoi il vous
choque.
M. Dufour: Je n'accepterai pas non plus d'être
insulté ni qu'on insulte mes collègues.
M. Ryan: II décrit parfaitement votre opération. Je
ne vois pas pourquoi il vous choque.
Le Président (M. Gauvin): Écoutez, si c'est les
mots que nous avons entendus, je ne peux pas définir ces
expressions-là comme antiparlementaires...
M. Ryan: Merci.
Le Président (m. gauvin): ils n'étaient pas
très clairs à mes oreilles. j'ai vérifié et
ça ne m'apparaît pas des expressions antiparlementaires.
j'inviterais m. le ministre à poursuivre.
M. Tremblay (Rimouski): Ça veut dire ce que ça veut
dire.
M. Ryan: M. le Président, je vous remercie.
J'apprécie cette marge de liberté qui nous reste. Par
conséquent, si, au lieu d'ânonner, les députés qui
sont intéressés réellement par le projet de loi
consultaient toutes les sources qui sont à leur disposition et l'avaient
fait avant que nous ne soyons ici de manière à utiliser
rationnellement et efficacement le temps de la commission, ils se seraient
rendus compte que les termes employés dans l'article 13, que nous serons
empressés d'examiner en priorité si tel est voeu de l'Opposition,
sont des termes qui sont empruntés littéralement de la
disposition qu'on trouve déjà dans la Loi sur la qualité
de l'environnement. C'est surprenant parce que le député de La
Prairie est censé être le critique de l'Opposition en
matière d'environnement et il n'a même pas l'air de
connaître la Loi sur la qualité de l'environnement. Il ne serait
pas étonné s'il savait ça. Je vais lui passer le texte si
ça peut lui être utile.
M. Lazure: Arrêtez donc de faire la morale.
M. Ryan: Ce n'est pas de la morale, c'est de la pertinence et on
va discuter avec vous. Vos histoires ne m'impressionnent aucunement.
Alors, ces termes-là qui sont employés dans l'article 13,
n'importe quel député qui sait lire et qui veut lire les
retrouvera dans la Loi sur la qualité de l'environnement, sauf les
passages relatifs à la récupération et à
l'utilisation de l'énergie qui sera produite par l'un des dispositifs.
C'est normal qu'on l'ajoute ici, étant donné la nature du projet
qui est envisagé, mais tout le reste... On peut bien, encore une fois,
M. le Président, ânonner, mais les réponses sont contenues
dans les textes. C'est pour ça que nous avons hâte d'aborder
l'étude du projet article par article en consentant volontiers a ce que,
après avoir examiné l'article 1, nous passions d'abord par
l'article 13 et ensuite aux autres.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Anjou.
M. Pierre Bélanger
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président. Encore
sur la motion d'amendement. Je tiens premièrement à vous dire
comme quoi je suis satisfait que vous ayez jugé recevable la motion que
nous avons présentée parce que je m'étais
préparé justement à plaider la recevabilité de
cette motion d'amendement après ce qui est arrivé hier,
c'est-à-dire cette décision, qu'on doit dire, qui est
arrivée rapidement quant à juger de la recevabilité de la
motion présentée par le député de Marquette.
Je trouvais, en tout cas, en tant que juriste que la règle audi
alteram partem, puisque le ministre aime les citations latines...
M. Ryan: Ah! C'est bien ça.
M. Bélanger (Anjou): ...la règle audi alteram
partem, la règle de justice naturelle et les règles
d'équité avaient été, à mon avis,
bafouées, brimées et je me suis senti hier, en tant que juriste,
un peu brimé de la façon cavalière que cette motion avait
été jugée. Et quand, surtout, on considère que les
jugements ou les décisions de la présidence sont sans appel,
alors, à ce moment-là, quand on n'a même pas
l'opportunité de pouvoir argumenter sur une question aussi fondamentale
qu'une motion qui vient mettre un terme à un débat, je dois
l'avouer honnêtement, je n'ai pas apprécié du tout
ça. Alors, on s'était préparé une argumentation sur
la recevabilité et je suis content de voir que la présidence,
aujourd'hui, a des règles beaucoup plus souples quant aux principes
élémentaires de justice naturelle qui nous permettent, à
ce moment-là, de faire nos représentations quant aux motions que
nous présentons.
Ceci étant dit, je pense que je voudrais apporter des
précisions sur l'importance de cette motion d'amendement. Mon
collègue, le député de Laviolette, a, je crois...
Une voix: La Prairie.
M. Bélanger (Anjou): ...La Prairie, excusez-moi, -
étant tout nouveau ici encore en cette Chambre, j'ai encore un peu de
difficulté avec les différents comtés, je suis certain que
mon
collègue me le pardonnera - je crois, d'une façon
très éloquente, exprimé la nécessité de
passer par cet article 13, car il contient des définitions importantes.
On a, évidemment, avant de formuler cette motion d'amendement, on a
hésité entre deux articles, l'article 13 et l'article 15 qui,
à notre avis, ces deux articles sont fondamentaux. L'article 15, je ne
reviendrai pas sur tout le débat sur lequel a porté, justement,
cet article 15 hier, c'est-à-dire la question de, finalement,
entériner rétroactivement des décisions prises par un
conseil d'administration. Donc, cet article 15 est important et l'article 13
est, quant à moi, tout aussi important. C'est d'ailleurs ce que j'ai
fait mention à mes collègues ce matin. Cet article 13 contient
des définitions. Et je peux vous dire, M. le Président, il m'est
arrivé souvent, au cours de mes neuf années de pratique, d'avoir
à plaider uniquement sur des définitions, des procès
entiers qui se sont faits uniquement sur des définitions. Une
définition, quant à elle, uniquement par cette définition,
peut complètement changer, changer complètement la portée
d'une loi ou d'un projet de loi. Donc, en tant que législateur - car je
crois que notre mandat en tant que parlementaires est, évidemment, de
faire des lois - on se doit d'apporter une très grande importance aux
définitions, si on ne veut pas, finalement, donner une portée
à une loi, une portée qu'on ne voudrait pas donner. D'ailleurs,
mon collègue de Marquette pourra en convenir avec moi, les juges ont
beaucoup, beaucoup à se pencher, lors des procès, sur la
recherche de l'intention du législateur. Alors, cette intention du
législateur, où doit-on la chercher? Dans les définitions.
Où veut-il situer cette loi? Donc, cet article 13 est important.
Et j'ai lu cet article 13 avec beaucoup d'attention et ce que je dois
constater, c'est un peu la même chose que mon collègue de La
Prairie, c'est la complexité de la façon avec laquelle il a
été rédigé. On m'a dit qu'on reprend les termes
exacts d'une loi qui a déjà été promulguée
par cette Assemblée nationale. Je tiens tout simplement peut-être
à rappeler que ce n'est pas parce que ces termes ont déjà
été employés qu'ils ne peuvent pas être
améliorés. Sinon, je pense qu'à ce moment-là, il
n'y aurait jamais d'amendements à des lois, si une loi était
parfaite en soi. Je pense que tout est perfectible et on se doit, en tant que
parlementaires, travailler à parfaire les définitions, à
préciser, à raffiner les définitions pour, justement,
arriver au but souhaiter par toute l'institution parlementaire qui est de faire
des lois précises et concises. (11 heures)
Alors, quant à moi, je prends ça très à
coeur toute cette attention qu'on doit porter aux définitions. Et ce que
je constate en lisant cette définition de déchet: «Dans la
présente entente, les mots "système de gestion des
déchets" désignent l'ensemble des opérations
administratives et techniques assurant d'une manière rationnelle
l'enlèvement, le transport, l'entreposage, le traitement, le recyclage
et le dépôt définitif des déchets ou visant la
génération, la récupération, la vente ou
l'utilisation d'énergie ou de matières recyclables, ainsi que les
biens meubles et immeubles affectés à ces fins.» Ce que je
dois constater, M. le Président, c'est l'utilisation des mots «ou,
ou, et». C'est, je pense, une façon de légiférer qui
prête à confusion pour le citoyen qui cherche une
compréhension dans la définition. Il ne faut pas oublier un
principe de loi, je pense, qui est tout à fait élémentaire
dans notre droit, c'est que personne ne doit ignorer la loi. Donc, chaque
citoyen, peu importe sa formation académique, doit être en mesure
de comprendre la portée de la loi, doit être en mesure de
comprendre la définition exacte contenue dans la loi et, avec cette
rédaction que je dois considérer comme lourde, même pour un
juriste, je pense que c'est très lourd. À ce moment-là, on
peut arriver à des ambiguïtés ou à des
résultats qui pourraient être contraires à l'esprit du
législateur quand il a voulu présenter ce projet de loi.
Donc, je ne saurais trop mettre d'emphase sur ce point et je ne saurais
non plus mettre trop d'emphase sur l'importance de ce projet de loi. Ce que je
dois constater encore, c'est toute la vitesse, toute l'urgence qu'on semble
créer. C'est une de mes premières, évidemment, commissions
parlementaires à laquelle je participe et, malheureusement, ce que je
dois constater, c'est la première fois... Bien, il me reste encore, je
pense...
Le Président (M. Gauvin): Oui, oui. Il vous reste encore
trois minutes.
M. Bélanger (Anjou): Ah! il me reste encore trois minutes.
Je vous remercie.
Le Président (M. Gauvin): Je voulais justement tenter,
sans vous interrompre, de rappeler les membres de cette commission à
l'ordre sans vous interrompre et je n'ai pu le faire. J'en profite pour le
faire.
M. Bélanger (Anjou): Je vous remercie.
Le Président (M. Gauvin): Vous pouvez continuer, M. le
député d'Anjou.
M. Bélanger (Anjou): Alors, ce que je disais, M. le
Président, je vous remercie, c'est que je ne comprends pas cette urgence
qu'on semble constater ici en cette commission parlementaire. Aux autres
commissions auxquelles j'ai assisté, on prenait le temps vraiment, tout
le temps nécessaire pour étudier les projets de loi, pour
entendre les différents intervenants qui voulaient venir s'exprimer et,
même si la com-
mission décidait que de nouveaux intervenants étaient
requis ou qu'il était souhaitable de les entendre, on prenait toute la
peine et toutes les précautions nécessaires pour que ces gens
soient entendus.
Ce que je dois constater, M. le Président, c'est que là,
non, on semble vouloir passer un rouleau compresseur, on semble
exaspérés, on joue à la vierge offensée en disant
tout simplement que les gens perdent leur temps ici. M. le Président, je
ne considère pas que je perds mon temps. Au contraire. Je peux vous
dire, uniquement par les témoignages que j'ai entendus hier, soit celui
du maire de Dollard-des-Ormeaux et par le témoignage aussi du
président de la Régie intermunicipale des déchets, que
ça a fait une grande lumière sur justement tout cet aspect de la
Régie, tout cet aspect de la récupération et du recyclage.
Je peux vous assurer, M. le Président, que mes commettants d'Anjou
suivent avec intérêt ce débat et je suis certain aussi que
dans mon comté on va m'interpeller sur ce qui s'est passé ici
pour me demander exactement dans quel sens l'Assemblée nationale veut
vraiment faire avancer ce projet de loi.
Pour conclure, M. le Président, les définitions sont
importantes. On va y apporter un grand soin. Je suis certain qu'il y aura de
nombreux amendements qui vont être proposés aux définitions
qui nous sont soumises et vous pouvez être certain que je serai là
d'ailleurs pour aider cette commission parlementaire à raffiner ses
définitions. Je vous remercie.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député d'Anjou. Je reconnais maintenant M. le
député de Marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Oui. Merci, M. le Président. Alors, la motion
que j'ai déposée hier, je vais la relire. «Que la
commission passe immédiatement à l'étude
détaillée de l'article 1 et des articles suivants du projet de
loi d'intérêt privé 221». Le député de
La Prairie nous a présenté un amendement tantôt à
cette motion qui dit ceci, si on lit la motion au complet maintenant:
«Que la commission passe immédiatement à l'étude
détaillée de l'article 1 et de l'article 13 et des articles
suivants.» Le député de d'Anjou vient de nous mentionner
que l'article 13 est capital, extrêmement important. Donc, si l'article
13 est important, nous, de ce côté-ci, on est prêts
effectivement à l'étudier maintenant, l'article 13.
J'entendais tantôt le député de La Prairie qui nous
disait qu'il prendrait tous les moyens à sa disposition pour retarder
l'adoption du projet de loi 221. Alors, M. le Président, je vous
demande, comme président, si vous pouvez vous prononcer ou si le
député de La Prairie peut être jugé apte à
continuer de siéger à cette commis- sion lorsque dans sa motion,
il nous demande qu'immédiatement, nous puissions aborder les articles 1
et 13 et en même temps, dans son discours, il nous dit qu'il va prendre
tous les moyens à sa disposition pour retarder l'étude du projet
de loi. C'est ça que j'ai compris. C'est ça que j'ai compris.
Le Président (M. Gauvin): Non. On va permettre au
député... On va permettre au député de Marquette de
continuer. Et si vous voulez la parole, je suis prêt à vous
entendre sur des questions de précision ou d'information.
M. Dauphin: Alors, je vous demande, M. le Président, en
toute connaissance de cause, si vous pouvez juger, finalement, de la
rationalité des propos du député de La Prairie, qui nous
demande, dans un premier temps, d'aborder immédiatement les articles 1
et 13 et dans un deuxième temps, dans son discours, il supplie la
commission de retarder le plus possible l'adoption du projet de loi 221. Alors,
je ne comprends vraiment pas la logique du député de La Prairie
dans ses propos.
Comme je l'ai mentionné tantôt, M. le Président, le
président de la Régie est ici, accompagné de plusieurs
conseillers, nous avons reçu près d'une vingtaine de fax, hier,
disant que les maires des municipalités de ITle de
Montréal approuvent le projet de loi 221, approuvent effectivement leur
président, Dr Leduc, maire de ville LaSalle, dans ses démarches.
Alors, je vous demanderais que nous puissions adopter immédiatement
l'amendement du député de La Prairie et ensuite de ça,
adopter effectivement la motion principale tel qu'amendée par le
député de La Prairie et procéder en fonction de
l'amendement du député de La Prairie immédiatement pour
entendre le Dr Leduc répondre aux questions du député de
La Prairie. Il est ici pour répondre à ses questions afin que
nous puissions, sur le plan démocratique et parlementaire, donner une
meilleure image de ce que nous pouvons faire dans nos travaux dans cette
enceinte. Alors, c'est ce que j'avais à vous mentionner, M. le
Président, et puis effectivement, l'Opposition veut la mise en tutelle
de 26 municipalités de l'île de Montréal. C'est ce que je
trouve très déplorable. C'est ce que j'avais a dire, M. le
Président. On veut la tutelle de 26 municipalités sur l'île
de Montréal par les agissements de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Gauvin): Merci. M. le
député de Marquette. Je reconnais brièvement M. le
député de La Prairie, qui voulait réagir à vos
propos, avant d'entendre M. le député de Jonquière.
Brièvement, M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Oui. Brièvement, M. le Président. La
dernière chose qu'un parlementaire doit faire, c'est d'imputer des
motifs...
Mme Pelchat: C'est une question de règlement, pour
redonner le droit de parole au proposeur de la motion, qui s'est
déjà exprimé.
M. Lazure: ...de par sa décision.
Mme Pelchat: Non, je regrette, c'est une question de
règlement, M. le Président. Il n'a pas le droit de parole.
Le Président (M. Gauvin): Je vous le reconnais, Mme la
députée de Vachon. C'était pour ajouter, si possible, au
bon fonctionnement de cette commission...
Mme Pelchat: Ça ne fonctionne plus. Le Président
(M. Gauvin): ...mais si...
M. Dauphin: II pourra reprendre la parole tantôt en vertu
du règlement.
Le Président (M. Gauvin): Non, mais écoutez.
M. Lazure: Non, non. Vous m'avez dit...
Le Président (M. Gauvin): Oui, mais à condition que
ce soit très brièvement sur...
M. Lazure: Très bref, deux phrases. La dernière
chose qu'un parlementaire doit faire, c'est d'imputer des motifs à un
autre parlementaire.
Mme Pelchat: Bien, c'est ce que vous faites.
M. Lazure: Deuxième chose, deuxième remarque. Je
n'ai jamais dit que nous voulions empêcher l'étude du projet de
loi, j'ai dit que nous voulions empêcher l'adoption du projet de loi. Ce
n'est pas la première fois que le député de Marquette
comprend mal.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de La Prairie. Je reconnais M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Effectivement, la
motion que le député de La Prairie a présentée
semble soulever un peu la polémique de la part de l'équipe
gouvernementale. On semble vivre des moments énervants ou
d'éner-vement. Et on peut se... On est en lieu de se poser ou on est en
droit de se poser la question à savoir: Qu'est-ce qui mijote dans la
soupe? Pourquoi est-ce qu'on passe à des attaques? Moi, j'ai
trouvé, d'abord, je trouve ça malheureux qu'on réussisse,
entre parlementaires, à essayer, à passer à des attaques
personnelles pour prendre des mots qui... Parce que c'est, à ce
moment-là, des batailles de rues, ça ne se fait pas au Parlement.
On pourrait faire ça dans la rue, l'autre côté, là,
mais pas au Parlement, ici, de dire qu'on ânonne. On pourrait bien dire
que ça braie, que ça grogne, on pourrait tout sortir ça.
Je ne trouve pas ça fort, fort, fort. Puis moi, c'est évident que
je ne pourrais peut-être pas prétendre de connaître le latin
sur le bout des doigts, mais le gros bon sens, il me semble que ça a sa
place quelque part. Mais j'ai toujours pensé que respecter ses
interlocuteurs, c'était une façon d'être correct puis de se
comporter correctement. (11 h 10)
Mes parents m'ont appris ça, moi, j'ai eu seulement que mon
père, ma mère est morte j'étais très jeune. Donc,
mon père m'a appris, le respect des autres. Et je pense que ça,
c'est important qu'on le fasse. Je comprends que c'est dérangeant, je
comprends que c'est dérangeant que l'Opposition use de ses moyens
qu'elle a à sa disposition pour défendre le projet de loi et si
on le croit, nous autres, sincèrement à ce qu'on fait. Et on sent
bien que depuis hier, le député de Marquette, par ses
interventions, veut museler, veut couper le sifflet, veut empêcher
l'Opposition de parler. Et je pense que ça, dans le Parlement... C'est
le 200e anniversaire du Parlement. Et je ne pense pas que le président
de l'Assemblée nationale peut être très heureux de la
façon dont le gouvernement ou les ministériels se comportent
concernant ce projet de loi. 200 ans, il y a une institution qui est en place.
Et, actuellement, on donne à peu près le plus mauvais aspect de
cette institution. Il faut d'abord être calme. C'est évident qu'il
faut bien se reposer la nuit pour être en état de bien travailler.
Nous autres, on n'a pas demandé de travailler vendredi, aujourd'hui, une
quatrième journée. On n'a pas demandé de siéger
lundi. On va le faire. On va se plier à l'ordre de la Chambre. C'est
vous autres qui avez décidé qu'on allait siéger. À
ce moment-là, acceptez les règles du jeu. D'une part, vous pouvez
imposer et le moins que vous puissiez exiger de nous autres, c'est qu'on
défende nos positions.
Vous l'avez été dans l'Opposition. Vous le serez encore un
jour. Puis vous aurez encore à subir. On aura à vous subir
à ce moment-là. Mais je pense que les règles du jeu sont
aussi bonnes d'un côté comme de l'autre. Je ne moraliserai pas
plus longtemps. Je pense que c'est suffisant, et je pense que le message
devrait être compris.
Lorsque le député de La Prairie demande que, dans sa
motion, l'article 13 soit discuté après l'article 1, je pense
bien qu'actuellement, ces questions-là que nous nous posons sont
importantes. C'est important aussi que ça se fasse au début de la
commission parlementaire article par article, puisqu'on parle de
systèmes de gestion, on parle de tout ce qui se passe dans la question
de la disposition des déchets.
Et c'est un dossier qui évolue carrément et
régulièrement. Hier, je regardais la
télévision. Je voyais des reportages où on condamne, on se
prépare à Rio pour sauver la planète. On va se
préparer à condamner les incinérateurs. Hier encore, en
Ontario, on nous a dit: L'incinérateur, c'est un système
désuet. C'est un système des années cinquante. Et
même, le ministre de l'Environnement se questionne à savoir s'il
ne bannira pas ça complètement.
Donc, nous, est-ce qu'on est à l'âge de pierre ou à
l'âge des lumières? Je ne sais pas. Mais il y a une
évolution, puis il y a des dangers. Je voudrais juste vous rappeler le
point de vue d'un spécialiste de la santé concernant
l'incinération. C'est le docteur... M. Gaétan Carrier. C'est un
colloque qui a eu lieu. Notre analyse - et je le cite - de l'impact d'une
installation d'un mode de gestion de déchets, entre parenthèses,
incinérateurs, sites d'enfouissement, sur un écosystème
isolé nous amène à conclure que,
généralement, les risques à la santé des
populations environnantes associés aux émissions de polluants
sont relativement faibles si on les compare avec ceux que ces mêmes
populations courent, en étant exposées à ces mêmes
polluants par l'intermédiaire d'autres sources.
Par contre, lorsqu'on analyse les impacts potentiels de l'implantation
d'un nombre important de ce type d'installations réparties un peu
partout sur le continent et sur la planète, on arrive à la
conclusion qu'à long terme, les conséquences sur la santé
humaine pourraient être non négligeables. Ces conséquences
sont de deux ordres: Premièrement, l'accumulation progressive de
substances toxiques dans l'environnement, et leur imprégnation dans la
chaîne alimentaire; deuxièmement, la destruction de ressources
naturelles non renouvelables et renouvelables qui entraînerait un
déséquilibre pouvant avoir des répercussions
négatives sur la santé humaine.
Donc, il ne faut pas se surprendre que l'Opposition se fasse
l'interprète de l'écho qui se répercute un peu dans la
population. C'est important qu'on puisse faire un débat
éclairé, puis un débat qui tienne compte de toutes les
facettes de ce qu'on est en train de regarder dans le projet de loi. Parce que
ce n'est pas seulement que le système de gestion des déchets va
aussi loin qu'elle dit, que ça désigne l'ensemble des
opérations administratives et techniques assurant une meilleure
rationnelle à l'enlèvement, le transport, l'entreposage...
Donc, ce n'est pas seulement qu'une question de sémantique. C'est
une question qui englobe le tout. Est-ce que toutes les facettes sont comprises
là-dedans, puis est-ce qu'on peut décemment accepter cette
définition comme pouvant même aller plus loin qu'on voudrait
aller... Ça aussi, il y un certain nombre de questionnements que, nous,
on veut faire par rapport à ça.
Motion de sous-amendement M. Francis Dufour
Et effectivement, M. te Président, devant tous ces faits, devant
l'importance du projet de loi, j'aurais un sous-amendement à proposer:
«Que la motion d'amendement soit modifiée par l'insertion, dans la
troisième ligne, après le nombre "13", du nombre "17".» Et
je voudrais, M. le Président, vous donner quelques... pour
éclairer votre décision, je voudrais vous amener quelques
arguments supplémentaires.
Le Président (M. Gauvin): Je suspends une minute ou
deux...
M. Dufour: Mais avant...
Le Président (M. Gauvin): ...pour prendre connaissance du
sous-amendement, s'il vous plaît.
M. Dufour: Oui, est-ce que vous allez me permettre de
plaider?
Le Président (M. Gauvin): Je vais suspendre, je vais
prendre connaissance du sous-amendement et je vous reviens.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
(Reprise à 11 h 21)
Le Président (M. Gauvin): La commission reprend ses
travaux et je suis prêt à statuer sur la présentation du
sous-amendement, une motion de sous-amendement par le député de
Jonquière...
M. Dufour: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Oui, une minute là... En
fait, est-ce que c'est une question de règlement ou si vous voulez
plaider?
M. Dufour: C'est pour essayer...
Le Président (M. Gauvin): Parce que je suis prêt
à prendre position, à rendre une décision.
M. Dufour: bon, le but que j'avais en voulant prendre la parole,
c'est pour essayer de vous démontrer que l'amendement que je propose est
relié directement avec l'article 13...
Le Président (M. Gauvin): Non, excusez-moi. Je suis
prêt à prendre une décision sur la recevabilité. Le
sous-amendemerit présenté par le député de
Jonquière est irrecevable, parce qu'il vient à rencontre de
l'ordre proposé par la motion d'amendement du député de La
Prairie.
Une voix: Une très bonne décision.
M. Dufour: M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Et je pense qu'à ce
moment-ci, à moins que vous ne vouliez faire une question de
règlement, là...
M. Dufour: C'est parce que, M. le Président...
Le Président (M. Gauvin): Non, M. le
député de Jonquière, si vous voulez faire une question de
règlement.
M. Dufour: bien, je pense que c'est une question de
précédent que vous êtes en frais d'établir
là. vous êtes en frais de prendre une décision sans qu'on
ait fait entendre nos voix. pourquoi on a fait ça?
Le Président (M. Gauvin): Bon écoutez...
M. Dufour: Et il y a des règlements qui nous disent
pourquoi, on a de la jurisprudence.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que c'est une question de
règlement? Je vais vous entendre, précisez ça.
M. Dufour: Oui, c'est une question de règlement.
Le Président (M. Gauvin): Bon.
M. Dufour M. le Président, sur les arguments sur la
recevabilité du sous-amendement, le président Jean-Guy Lemieux,
le 7 décembre 1990, à la commission du budget et de
l'administration, à la page 1994 et à 1995, lors de la
présentation d'une motion de sous-amendement similaire, a très
bien résumé les règles concernant la recevabilité
d'un sous-amendement. Le sous-amendement... Et voici ce qu'il disait, je le
cite: Le sous-amendement ne doit pas être un amendement
déguisé. Il doit venir préciser l'amendement. Donc, on
précise l'amendement comment? C'est parce qu'à travers cet
amendement-là de la motion du député de La Prairie, il
manquait un élément important à mon point de vue,
c'était un oubli. Le 17 H vient nous dire que ce qu'on va avoir
utilisé ça devient déclaratoire, donc on fait, on a
relié les deux choses ensembles. On n'a pas choisi l'article 17 pour
le plaisir de la chose. Moi je vous dit que par rapport à ça vous
allez à rencontre de la décision qui a déjà
été prise. Et ça me semble demander une analyse un peu
plus approfondie.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que vous pouvez conclure?
Merci, M. le député de Jon- correct non plus. Vous faites partie
de l'autre côté. Je m'en doute un peu ce que vous êtes en
train de faire là.
Des voix: Hé!
M. Ryan: M. le Président, je demande que ces
paroles-là soient retirées...
Une voix: Oui, on met en doute...
M. Ryan: Franchement, c'est une attaque directe contre la
présidence et complètement...
M. Dufour: Vous l'avez fait vous-même, M. le ministre.
M. Ryan: Non monsieur...
Le Président (M. Gauvin): Monsieur...
M. Ryan: ...nous n'avons jamais imputé de motif à
la présidence.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière, je m'excuse...
M. Ryan: Si le député a de la dignité, il va
retirer ça.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière, je m'excuse, je vous ai offert beaucoup de, je pense que j'ai
eu beaucoup de souplesse en vous permettant de préciser ce que vous
vouliez préciser dans votre question de règlement. Nous avons
rendu une décision, j'ai rendu une décision et j'invite les
membres de la commission a disposer de la motion du député de La
Prairie.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, on appelle le
vote sur la motion.
Une voix: Sur l'amendement.
Le Président (M. Gauvin): Sur l'amendement du
député de La Prairie.
M. Tremblay (Rimouski): Oui.
Le Président (M. Gauvin): Donc, vote...
M. Tremblay (Rimouski): II faut en disposer.
Le Président (M. Gauvin): Oui, c'est ça. M.
Tremblay (Rimouski): Alors on vote.
Le Président (M. Gauvin): Vote nominatif, M. le
secrétaire, s'il vous plaît...
M. Tremblay (Rimouski): Nominal.
Le Président (M. Gauvin): ...sur l'amendement. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Alors, l'amendement a été
fait par M. Lazure qui en était le proposeur.
M. Lazure: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: Et c'est tout. Alors, M. le ministre?
M. Ryan: Pour.
Le Secrétaire: M. Tremblay?
M. Tremblay (Rimouski): Pour.
Le Secrétaire: Mme Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Pour.
Le Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Pour.
Le Secrétaire: M. Bergeron (Deux-Montagnes)?
M. Bergeron: Pour.
Le Secrétaire: Et M. Gauvin?
Le Président (M. Gauvin): Abstention.
Le Secrétaire: Alors, tout le monde est pour.
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Donc, la motion du
député de La Prairie est adoptée. Oui, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, si je comprends bien, il me
reste quelques minutes sur la motion du député de Marquette. Vous
m'avez dit tantôt qu'il me restait deux ou trois, minutes, je crois. Oui,
vous m'avez dit ça tantôt. De toute façon...
Le Président (M. Gauvin): Écoutez...
M. Lazure: Ah oui! Ah oui! Vous m'avez dit... On va retourner au
Journal des débats, là je suis très certain que
vous m'avez dit: II vous reste deux, trois minutes, vous reviendrez. Alors, je
prends ces...
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi là. Je vais
traduire ce que j'ai dit à ce moment-là, et ça pourrait
être vérifié. Je voulais éviter qu'on interrompe le
député de Marquette, je vous ai invité à y revenir
pour vous expliquer. Je ne me souviens pas d'avoir mentionner du temps
alloué. C'est par mesure... En fait, pour éviter d'interrompre le
député de Marquette, j'ai cru bon de vous rassurer en vous
permettant de revenir pour commenter justement les propos du
député de Marquette.
M. Lazure: M. le Président, on ne parle pas de la
même chose.
Le Président (M. Gauvin): Excusez.
M. Lazure: Je ne parie pas de la remarque du député
de Marquette, je parle de mon droit de parole qui était sur la motion du
député de Marquette et sur mon droit de parole, eu égard
à la motion du député de Marquette, je n'ai pas
épuisé mon temps...
Le Président (M. Gauvin): O.K.
M. Lazure: ...parce que j'ai présenté un
amendement. Alors la, je veux utiliser la balance de mon temps.
Le Président (M. Gauvin): Ceci étant
clarifié, évidemment, on me confirme qu'il vous reste deux
minutes.
M. Lazure: Voilà. Merci, M. le Président. Une
voix: M. le Président.
M. Dauphin: Question de règlement. Je m'excuse
auprès de mon collègue de La Prairie...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Marquette, oui.
M. Dauphin: ...mais j'aimerais vous citer la jurisprudence, une
décision, notamment, du 10 juin 1986, où la décision dit
ceci...
Le Président (M. Gauvin): À quelle page?
M. Dauphin: ...c'est que, lors des débats se rapportant
à une motion préliminaire, les temps de parole, prévus
à l'article 209 de votre règlement, s'appliquent
uniquement lors de l'étude des articles du projet de loi. «Puisque
les motions préliminaires sont des motions de forme, le
député qui présente la motion et le représentant de
l'autre formation politique disposent de 30 minutes.» Ça,
on s'entend là-dessus; j'avais droit à 30 minutes et le
représentant - je ne sais pas si c'était M. le
député de Jonquière ou de La Prairie - avait doit
également droit à 30 minutes. «Les autres membres peuvent
s'exprimer pendant
10 minutes. On s'entend là-dessus - Comme le précise
l'article 209, le député peut s'exprimer une seule fois sur une
même question.» Alors, M. le député de La Prairie, en
vertu du règlement et de la jurisprudence ne peut pas revenir une
deuxième fois pour combler ses 10 minutes.
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Question de
règlement?
M. Lazure: Sur le règlement, oui. Le député
de Marquette se fourvoie. Il ne s'agit pas d'une motion préliminaire. Ma
motion était une motion d'amendement à sa motion, et on doit
d'abord liquider la motion d'amendement avant de passer à la motion.
C'est pour ça qu'il me restait du temps...
M. Dauphin: On vient d'adopter... Une voix: On vient
d'adopter...
M. Lazure: Non, c'est l'amendement qui est adopté qui est
adopté et non pas la motion. On revient sur la motion.
Une voix: II reste deux minutes sur la motion.
M. Lazure: C'est ça.
M. Ryan: Donnez-lui les deux minutes, mais...
M. Lazure: Deux minutes sur la motion, M. le Président.
J'ai la parole.
Le Président (M. Gauvin): Vous avez la parole pour deux
minutes.
M. Lazure: Merci.
M. Dauphin: Ça prend le consentement unanime puisque, en
vertu du règlement, il n'a pas le droit. Allez-y, M. le
député.
Une voix: O.K.
Une voix: Par consentement.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de La
Prairie, par consentement des membres de la commission.
Reprise du débat sur la motion d'amendement M.
Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, je reviens à la motion
du député de Marquette qui nous demande de passer à
l'article 1, à l'étude de l'article 1 amendé. On sait
maintenant qu'après l'article 1, ça sera l'article 13. Je veux
présenter... Pour que la coutume parlementaire soit respectée, M.
le Président, je maintiens que le député de Marquette a
fait un oubli, parce que la coutume parlementaire veut, surtout à
l'étude d'un projet de loi privé, que nous commencions par le
préambule. Alors, M. le Président, je vous présente un
sous-amendement... un amendement à la motion du député de
Marquette, qui se lit comme suit: «Que la motion en discussion soit
modifiée, par l'insertion dans la première ligne, après le
mot "détaillé", des mots "du préambule». En somme,
M. le Président, presque toujours, en tout cas à ma connaissance,
quand on étudie un projet de loi privé, on commence par le
préambule - et Beauchesne l'établit clairement - mais surtout
dans ce cas-ci, si vous regardez le préambule, ça dit:
«Attendu qu'il y a lieu d'accorder des pouvoirs additionnels à la
Régie...» Les pouvoirs additionnels à la Régie, nous
voulons les discuter avant d'aborder l'étude article par article; page
293 de Beauchesne, no 1095.
Le Président (M. Gauvin): Je m'excuse, M. le
député de La Prairie, je suspends pour une minute ou deux, avant
de me prononcer sur la recevabilité de votre motion.
(Suspension de la séance à 11 h 30)
(Reprise à 11 h 38)
Le Président (M. Gauvin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la motion recevable du député de La
Prairie. La motion est recevable, elle ne contredit pas la motion principale et
vient préciser certains faits. Donc, je reconnais M. le
député de La Prairie-Une voix: On ne vous accusait pas
de... M. Lazure: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): ...pour 30 minutes maximum.
M. Lazure: Est-ce que je peux vous demander de rappeler l'ordre
dans...
Le Président (M. Gauvin): Les raisons, c'est... Je
demanderais aux gens qui assistent à la commission, dans cette salle, de
bien vouloir permettre au député de La Prairie et aux membres de
cette commission de pouvoir attendre l'allocution... entendre, dis-je.
M. Lazure: Alors, la motion qu'on présente vise à
remettre sur la voie habituelle les travaux d'une commission qui étudie
un projet de loi
privé, à savoir commencer par le préambule. Je
pense donc que votre décision est sage et ce que dit ce
préambule-ci est particulièrement important. Parce que souvent
les préambules sont inoffensifs et c'est une information tout à
fait objective, anodine, mais dans ce cas-ci, ce n'est pas anodin. Le
préambule, il dit: Attendu qu'il y a lieu d'accorder des pouvoirs
additionnels à la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur l'île de Montréal et de modifier l'entente
intermunicipale du 3 décembre 1984...
L'expression clé, c'est «les pouvoirs additionnels».
Ça a été débattu depuis mardi. Est-ce qu'il y a,
oui ou non, des pouvoirs additionnels, dans ce projet de loi-là? Et si
oui, quels sont-ils, ces pouvoirs additionnels? Et vous admettrez, M. le
Président, puisque vous avez suivi les travaux de la commission, que les
réponses n'ont pas été claires. Nous pensons qu'avant
même de toucher à l'article 1, nous devons préciser ces
pouvoirs additionnels. On sait maintenant qu'un de ces pouvoirs, c'est celui
d'être autorisé à signer le contrat avec Foster Wheeler. On
sait aussi que rétroactivement, de par l'article 15, seraient
validées les résolutions, règlements et autres actes du
conseil d'administration de la Régie, qui ont été tenus
à rencontre de l'article 468 de la loi des cités et villes. (11 h
40)
On sait aussi, par l'article 13 qu'on a discuté un peu plus
tôt, ce matin, on sait par l'article 13 qu'il y a une addition de
certains pouvoirs, dans cet article 13, qui a trait au système de
gestion des déchets et aux différentes étapes de la
gestion des déchets. À première vue, ce sont les pouvoirs
additionnels, mais je crois qu'il y a d'autres articles qui en contiennent,
mais ça ne saute pas aux yeux et c'est ce qui nous motive à
vouloir commencer par le préambule. Si les pouvoirs additionnels qui
sont demandés par la Régie sont d'une extrême importance
pour la Régie, nous pouvons soutenir raisonnablement, comme le faisait
le maire de Dollard-des-Ormeaux hier, que démocratiquement, la
Régie devrait se donner la peine de retourner aux conseils des
municipalités qui sont membres de la Régie et de faire approuver
ces pouvoirs additionnels avant de venir se les faire octroyer par
l'Assemblée nationale. Le maire de Dollard-des-Ormeaux nous a
informés de la façon plus ou moins démocratique dont les
délibérations de la Régie s'étaient
déroulées durant les premières années. On sait
qu'il y a eu des correctifs d'apportés. Mais le maire de
Dollard-des-Ormeaux continue de dire: Ce n'est pas normal qu'il y ait des
dépenses considérables d'apportées; ce n'est pas normal
que la Régie s'apprête à vouloir signer un contrat aussi
important sans aller au conseil de ville. Nous appuyons cette thèse d'un
des maires qui est toujours membre; le maire de Dollard-des-Ormeaux a
donné avis que son conseil de ville voulait se retirer, mais il est
encore membre de la Régie. Donc, je pense qu'on doit respecter l'opinion
d'un maire dont la municipalité fait partie de la Régie.
Et ça, les pouvoirs additionnels, M. le Président,
essentiellement, c'est dans la caractéristique des différents
rôles que l'Assemblée nationale joue à l'égard des
municipalités ou des régies intermunicipales. Les pouvoirs que
les municipalités exercent ou les régies, sont donnés,
évidemment, par l'Assemblée nationale et c'est pour ça
que, souvent, on dit que les municipalités sont des créatures,
des émanations de l'Assemblée nationale. Alors, moi, comme membre
de l'Assemblée nationale, et mes collègues, de ce
côté-ci, nous voulons, avant même d'étudier tous les
articles du projet de loi, nous voulons avoir une longue discussion sur ces
pouvoirs additionnels; nous voulons qu'on nous justifie l'octroi de ces
pouvoirs additionnels. C'est à titre de représentant de la
population, y compris mon collègue d'Anjou qui représente une
population qui sera liée par les actes de cette Régie
intermunicipale, les contribuables de son comté d'Anjou sont
légitimés de connaître les pouvoirs additionnels que la
Régie veut se faire octroyer.
Une autre considération importante, c'est pourquoi est-il si
urgent de donner ces pouvoirs additionnels à la Régie? En dehors
du contrat, les remarques faites par le directeur de la Régie et par le
président de la Régie au début de nos audiences ne nous
ont pas convaincus qu'il y avait urgence à procéder, et je suis
obligé de répéter encore une fois, M. le Président,
que, étant donné qu'il s'agit d'un geste qui peut devenir quasi
irréparable et qui va toucher une population considérable sur
l'île de Montréal, il faut y regarder de très près.
Ce n'est pas parce qu'il y a eu approbation par les deux partis de projets de
loi privés antérieurs, que nous devons automatiquement approuver
ce projet de loi. Les connaissances en matière de gestion de
déchets évoluent très rapidement, très, très
rapidement, et ce qu'on prenait pour quelque chose de relativement inoffensif
il y a quelques années, par exemple en matière
d'incinération de déchets, aujourd'hui, l'opinion publique a
été éclairée par les différentes
données des scientifiques, si bien que, nous le répétons
encore une fois, l'incinération qui est au coeur même de ce projet
de gestion intégrée, cette incinération, dis-je, elle est
remise en question de plus en plus. Et il est normal que nous, de l'Opposition,
nous nous fassions les porte-parole d'une grande partie de la population qui
remet en cause l'incinération, surtout une incinération qui
viendrait compromettre le développement et l'expansion de la
réduction des déchets, de la réutilisation et du
recyclage. Toute politique de gestion de déchets, qui le moindrement
risque de mettre en péril la croissance des 3R, à ce
moment-là, quant à nous, devient un projet condamnable. On ne
nous a pas du tout convaincus que ce projet, étant donné qu'on
manque d'information, étant donné que le contenu du contrat
demeure secret, on ne nous a
pas convaincus que la construction de l'incinérateur ne va pas
compromettre les 3R.
Je voudrais peut-être citer la conclusion du manifeste du Front
commun pour une gestion écologique des déchets, c'est un front
commun qui regroupe au-delà de 30 associations dans le Grand
Montréal et ailleurs au Québec et, puisque j'ai parlé des
3R, je voudrais citer, M. le Président, quelques paragraphes: (11 h
50)
La difficulté d'accès à l'information, le manque de
transparence, l'insouciance face aux impacts de la pollution sur notre
santé et sur l'environnement, voilà le bilan d'une gestion de
déchets qui ne répond pas aux besoins de la population.
Québec doit légiférer sur la réduction et la
réutilisation, encourager le recyclage et pénaliser la production
des déchets. Les producteurs de déchets doivent en assumer la
responsabilité, du début à la fin de leur cycle de vie,
même après que les produits aient quitté l'usine.
Québec doit aussi s'assurer que les régions soient responsables
de leurs déchets. Ceci veut dire que Québec doit vérifier
que chaque région respecte la qualité de l'environnement et la
santé de ses concitoyens.
Enfin, Québec doit assurer au public le droit de remettre en
question: 1) les plans et projets des municipalités et des promoteurs;
2) les modifications aux processus, aux sites et aux installations existantes;
3) et toute action polluante.
Un processus d'évaluation environnementale continuel doit tenir
compte de ces aspects. Nous voulons une intégration des correctifs
nécessaires aux processus déjà en place pour assurer une
gestion des déchets fondés sur des critères
économiques, écologiques et démocratiques. Nous avons
exposé l'ampleur des problèmes que connaît le Québec
dans le domaine de la gestion des déchets, mais nous avons aussi offert
des solutions pour y remédier. Nous avons besoin des 3R. La
problématique des déchets solides représente un enjeu
environnemental que nous pouvons solutionner. Nous n'avons pas besoin d'un
arsenal technique supersophistiqué pour arriver à gérer
écologiquement, économiquement et démocratiquement nos
déchets. Mettons-nous au travail pour solutionner ce problème de
façon à assurer notre qualité de vie et respecter
l'environnement. Approprions-nous collectivement les solutions par l'entremise
de nos ressources communautaires, d'effort d'éducation et de
sensibilisation à grande échelle. Mettons en place des
institutions ouvertes et transparentes, capables de gérer l'ensemble de
la problématique pour le bénéfice du plus grand nombre et
de l'environnement.
M. le Président, c'est la voix ça de centaines de milliers
de personnes qui militent dans plus de 30 organisations environnementales.
Comme eux, nous pensons, nous, que ces pouvoirs additionnels que la
Régie veut obtenir elle doit les débattre avec le public. Et, la
meilleure façon de débattre avec le public ces choses-là,
c'est de nous en tenir à la recommandation numéro 43 que cette
commission de l'aménagement et des équipements a endossée
unaniment, c'est-à-dire que soit tenue une audition
générique sur la gestion intégrée de déchets
domestiques solides au Québec et que le ministère en soit le
maître d'oeuvre en collaboration étroite avec le monde
municipal.
Nous pensons, M. le Président, que ces pouvoirs additionnels
peuvent attendre et devraient attendre, la Régie devrait attendre avant
de se faire octroyer ces pouvoirs additionnels; la Régie devrait
attendre avant de signer un contrat avec Foster Wheeler, non seulement qu'il y
ait des audiences par le BAPE de son propre projet et ils ont tout en main pour
aller au PABE, mais, en plus, le ministère de l'Environnement de concert
avec le ministère des Affaires municipales et les municipalités
devraient donner suite à la recommandation 43 et on devrait avoir des
audiences génériques en commençant par le Grand
Montréal. Nous pensons que ces audiences génériques
devraient se tenir à très court terme. Le ministre de
l'Environnement, j'ai fait allusion plutôt ce matin, a, à
plusieurs reprises, insisté sur la nécessité d'avoir un
seul plan de gestion pour l'île de Montréal, mais, il a aussi
ouvert - j'ai devant moi une coupure de presse du 8 mai 1992, ça ne fait
pas longtemps. Le titre c'est: «Paradis ouvre la porte à un
débat public sur la gestion des déchets domestiques.» M. le
Président, plutôt que de venir essayer de passer à la
vapeur, un projet de loi privé qui va avoir des répercussions
considérables sur 2 000 000 de population, c'est-à-dire
l'île de Montréal, il vaudrait mieux qu'on tienne un débat
public.
Nous pensons que la Régie fait fausse route, que le ministre des
Affaires municipales fait fausse route en voulant précipiter l'adoption
de ce projet de loi. Les conditions qui ont été débattues
à date entre la Régie et Foster Wheeler demeurent
mystérieuses. Le public a raison de s'inquiéter. Ce n'est pas
simplement les gens de l'est de Montréal qui s'inquiètent. C'est
les gens de toute l'île de Montréal. Il ne faut pas tenir compte
simplement de l'opinion des maires. L'opinion de 26 maires c'est
considérable et c'est respectable, mais l'opinion de milliers et de
milliers de personnes inquiètes par l'avenir de la pollution dans le
territoire de IHe de Montréal, c'est important cette inquiétude.
Un incinérateur, même s'il ne dessert que les 26
municipalités de la Régie intermunicipale, ce qui va sortir de
cet incinérateur, M. le Président, les émanations sortant
de cet incinérateur ne vont pas respecter les frontières des 26
municipalités. Les particules qui vont se promener dans
l'atmosphère vont faire fi des frontières des
municipalités. Dans ce sens-là, ça intéresse tout
le monde. Ça n'intéresse non pas seulement les
municipalités de la Régie intermunicipale, ça
intéresse toute la population du Grand Montréal. Les
risques qui sont rattachés à l'incinération, surtout
lorsqu'on n'en connaît pas les conditions, comme c'est le cas dans le
projet qu'on étudie actuellement, ces risques sont sérieux au
point, où plusieurs pays ont banni l'incinération.
La province de l'Ontario, vous le savez, M. le Président, a mis
un moratoire depuis déjà un an et demi sur la construction de
tout nouvel incinérateur. De quoi s'agit-il dans ce cas-ci? Il s'agit de
construction d'un nouvel incinérateur et de grande envergure, alors
même que, nous sommes très en retard sur les 3R, alors même
que, le Québec et le Grand Montréal, si on le compare au Grand
Toronto, est très, très en retard en dépit des efforts
qu'ont faits les municipalités de banlieue; 10 % ou 15 % à peine
de recyclé, alors que dans le Grand Toronto, c'est plutôt 30 %. M.
le Président, les Ontariens, nos voisins ontariens, même si c'est
un gouvernement du NPD, je n'ai pas entendu les libéraux en Ontario ou
les conservateurs en Ontario protester contre ce moratoire-là. Il a,
d'abord, été d'un an, au début, mais là ils
viennent de le prolonger de deux ans encore. Il y a des raisons graves qui
président à ça. Le ministre des Affaires municipales, qui
prétend toujours être très, très sérieux,
bien, il a consulté les gens des municipalités de banlieue pour
ce projet de loi-ci, mais j'aimerais ça aussi qu'il fasse ses devoirs et
qu'il consulte les documents qui ont amené la décision du
gouvernement de l'Ontario, les documents scientifiques qui ont convaincu le
gouvernement de l'Ontario qu'il fallait mettre un moratoire d'encore deux ans
sur tout nouvel incinérateur. C'est grave, ça! Plusieurs pays
d'Europe ont banni l'incinération et, mon collègue de
Jonquière le disait tantôt, le Sommet de la terre, qui va
commencer à Rio la semaine prochaine, s'apprête à bannir
l'incinération.
Alors, est-ce que le Québec va se distinguer au moment où
les sommités internationales s'apprêtent à bannir
l'incinération? Le Québec, lui, va faire cavalier à part.
Le Québec, avec le grand timonier, le ministre des Affaires municipales,
va être à l'avant-garde des populations qui vont continuer
à innover en matière d'incinération parce que c'est
ça que ça va faire. Là, on arrive au fond de la question.
Jusqu'ici, M. le Président, on n'a pas débattu, en détail,
le fond de la question, à savoir l'incinération, mais nous allons
le débattre de plus en plus, au fur et à mesure que
l'étude du projet de loi va avancer.
Quand on parle de gestion écologique des déchets, toujours
au même colloque qui avait lieu en octobre 1991, au Palais des
congrès à Montréal, il y a des remarques
intéressantes de M. Michel Séguin qui dit: Pourquoi la gestion
écologique des déchets? La gestion écologique des
déchets implique une redéfinition de ce qu'est un déchet.
Plutôt que de le concevoir comme quelque chose qui existe en soi et qui
doit être traité, il faut commencer à comprendre que les
déchets sont créés par nous. Le simple geste anondin de
jeter quelque chose à la poubelle porte de plus en plus d'individus
à réfléchir et à se poser des questions. Pourquoi
n'avons-nous pas l'option de composter ou de recycler, plutôt que
d'enfouir ou d'incinérer? Pourquoi devons-nous jeter dans un sac vert
des matières recyclables ou compostables?
M. le Président, la Régie, jusqu'ici, dans son projet, a
donné l'impression - je pèse mes mots - que la pierre angulaire
de leur projet, c'était l'incinérateur. La Régie ajoute,
quand on discute avec les représentants de la Régie, à bon
droit: Oui, mais puisque c'est une gestion intégrée, il va y
avoir autre chose que l'incinération. D'accord! Mais comment se fait-il
que la perception de la population, c'est que le gros du projet, c'est
l'incinération? Comment se fait-il que la Régie n'a pas
réussi à transmettre l'image qu'ils sont tout aussi
intéressés, tout aussi soucieux de pousser fort sur la
réduction des matières qui deviennent des déchets, de
pousser fort sur la réutilisation, de pousser fort sur le recyclage?
Comment se fait-il? Est-ce que c'est parce que Foster Wheeler prend trop de
place dans leur démarche auprès du public? Peut-être,
peut-être! Je pense que si on avait eu gain de cause pour faire venir
quelques autres invités, à part du maire de Montréal-Nord,
il y a une personne qu'on aurait voulu inviter et qui s'appelle le
président de Foster Wheeler Québec, qui est M. Fernand Lalonde,
l'ex-ministre Fernand La-londe, qui aurait pu nous expliquer; il est
président depuis mars 1992, apparemment. M. Fernand Lalonde aurait pu
nous expliquer en quoi le contrat, qu'il s'apprête à signer avec
la Régie intermunicipale, en quoi il va respecter la gestion
écologique des déchets. On le sait, depuis quelques
années, plus ça avance, plus il y a de controverse. La
députée de Vachon demandait tantôt: Mais pourquoi on n'a
pas eu ce débat-là dans les études antérieures de
différents projets de loi? La question est pertinente. M. le
Président, je reconnais la pertinence de la question, mais il faut
reconnaître aussi que les connaissances, dans ce domaine, évoluent
très, très rapidement, et l'opinion publique, par
conséquent, évolue très rapidement aussi. Alors, les
parlementaires sont ici pour tenir compte de l'opinion publique, de l'opinion
des contribuables.
Ça ne se peut pas que tous les groupes écologiques aient
tort, ça ne se peut pas. Et pourtant, tous les groupes
écologiques que je connais, moi, voient avec beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'inquiétude le projet de gestion des déchets de la
Régie. Je ne connais pas de groupes écologiques - et s'il y en a,
le président va les faire valoir, j'en suis sûr, un peu plus tard
- qui appuient le projet de la Régie. C'est un dossier environnemental,
et je cite encore M. Séguin, qui prend de plus en plus d'ampleur et qui
exige des solutions politiques aussi bien qu'économiques. En fait, toute
la problématique
de la gestion des déchets solides s'est transformée. Un
enjeu plutôt technoéconomique il y a à peine 15 ans est
devenu aujourd'hui, et ce, à travers toute l'Amérique du Nord, un
enjeu social et écologique majeur. Il continue en disant: Une autre
raison pour laquelle l'incinération n'est pas viable
économiquement, une étude américaine estime que, pour
chaque 600 tonnes de déchets, on obtient deux fois plus d'emplois avec
le recyclage qu'avec l'incinération. Toute l'industrie du recyclage est
à développer au Québec. On est à peu près au
point zéro. Il y a des efforts louables qui ont été faits.
Je pense, notamment, au centre de tri sur le site Miron, le centre de tri de la
ville de Montréal qui fonctionne bien...
Une voix: Qui fonctionne bien? (12 heures)
M. Lazure: II fonctionne bien, le centre de tri, avec les moyens
qu'il a et avec le support qu'il a. Il devrait avoir plus de support. Mais la
députée de Vachon confirme que, dans l'ensemble du Québec,
les industries rattachées au recyclage, c'est encore dans l'enfance de
l'âge. Il y a, on le sait maintenant - et ça, c'est un extrait
tiré d'un livre américain «War on Waste»
publié à Washington en 1989 par Louis Blumberg, Robert Gottlieb -
que ce qu'on appelle l'industrie du recyclage est susceptible de créer
plus d'emplois que l'enfouissement ou l'incinération, l'un ou l'autre.
Je pense, moi, que la Régie, si elle veut se faire donner des pouvoirs
additionnels, devrait aussi en profiter pour vérifier si elle n'a pas
besoin, par hasard, de pouvoirs additionnels qui lui permettraient d'aller plus
vigoureusement du côté des 3R.
Les groupes écologiques du Québec, M. le Président,
ont fait valoir, lorsqu'il y a eu les audiences sur les propositions de la
ville de Montréal, par exemple, en regard de l'incinérateur des
Carrières situé à Montréal, celui-là,
qu'avant que la ville de Montréal s'aventure dans une dépense
d'au-delà 100 000 000 $ pour moderniser l'incinérateur des
Carrières, il faudrait au moins qu'il y ait concertation intime avec la
Régie intermunicipale qui, elle, veut construire un incinérateur
de 200 000 000 $. Est-ce qu'on veut être complices d'une situation aussi
absurde que de voir, sur IHe de Montréal, deux incinérateurs
importants: un de 200 000 000 $ pour les 26 municipalités de banlieue et
un autre d'au-delà 100 000 000 $ pour la ville de Montréal? Au
lieu d'avoir une émanation massive venant de ce nouveau gros
incinérateur, on aurait aussi celui de l'incinérateur des
Carrières qui serait modernisé.
M. le Président, nous revenons à un de nos objectifs
fondamentaux en nous opposant, non pas à l'étude du projet de
loi, M. le député de Marquette, mais à l'adoption du
projet de loi. Un de nos objectifs, c'est, évidemment, d'inciter le
gouvernement. S'il ne prend pas ses responsabilités, il aura des comptes
à rendre. Mais d'inciter le gouvernement, le ministre des Affai- res
municipales, de concert avec le ministre de l'Environnement, pour que ces deux
ministres là convoquent la ville de Montréal, la ville de
Montréal-Nord, la Régie, et de façon bien
systématique, leur donne une consigne, pas un ordre, pas imposer un plan
de gestion unique comme le ministre des Affaires municipales essaie de le faire
dire, mais de leur imposer des efforts vigoureux de concertation. Ça,
ils peuvent le faire les deux ministres au nom du bien public et ils devraient
le faire. Le ministre des Affaires municipales ne se gêne pas pour le
faire quand il s'agit de taxes ou qu'il s'agit d'enlever certains pouvoirs aux
municipalités. Sur la taxe d'amusement, de divertissement... Bien oui,
bien oui. Ce n'est peut-être pas important pour vous, mais c'est
important pour les villes...
Une voix:...
M. Lazure: J'ai la parole, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Oui, justement, M. le
député de La Prairie, si vous voulez poursuivre.
M. Lazure: Alors, je...
Le Président (M. Gauvin): J'inviterais les membres de la
commission à...
M. Lazure: Je poursuis. Combien de temps me reste-t-il, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Gauvin): ...vous le permettre.
M. Lazure: Combien?
Le Président (M. Gauvin): Deux minutes.
M. Lazure: Deux minutes et demie. Alors, M. le Président,
j'arrive à la conclusion de mon exposé. Je pense que la
Régie ne nous démontre pas l'urgence de lui octroyer des pouvoirs
additionnels, lesquels pouvoirs additionnels auxquels on fait mention dans le
préambule du projet de loi, et on va y arriver un peu plus tard à
l'étude du préambule. Si les ministériels acceptent cette
motion, on pourra discuter de long en large de ces pouvoirs additionnels et la
Régie tentera de nous démontrer l'urgence de lui octroyer ces
pouvoirs. Jusqu'ici on ne nous en n'a pas fait la preuve. Et aussi longtemps
que la preuve n'en n'est pas faite, M. le Président, nous allons nous
opposer vigoureusement, avec tous les moyens légaux et légitimes
que les parlementaires de l'Opposition ont, nous allons nous opposer à
l'adoption de ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député La Prairie. Je reconnais M. le député de
Marquette.
M. Claude Dauphin
M. Dauphin: Oui. Merci beaucoup, M. le Président.
Brièvement. Comme vous le savez, M. le Président, je vous
signalais tantôt que dans un premier temps la commission de
l'aménagement et des équipements a entendu tous les opposants qui
s'étaient inscrits sur ce projet de loi privé 221. Nous avons
aussi consenti, le ministre des Affaires municipales a consenti à faire
venir un autre opposant, le maire de Doilard-des-Ormeaux que nous avons entendu
hier après-midi. Mon point est le suivant, c'est que ce qui m'a un peu
étonné tantôt ça a été d'entendre un
député de l'Opposition, je ne me souviens pas lequel, M. le
député d'Anjou, qui reprochait au parti ministériel de ne
pas respecter la règle audi alteram partem, c'est-à-dire
d'entendre les parties avant de juger. Alors, avec ce que je vous ai
mentionné tantôt, M. le Président, effectivement, nous
avons entendu tous les opposants, nous en avons même ajouté des
opposants, consenti à en ajouter, dis-je, et je considère
qu'à ce stade-ci c'est l'Opposition officielle qui ne respecte pas la
règle audi alteram partem. C'est que l'Opposition nous demande
tantôt par un amendement d'étudier les articles 1 et 13 en
premier. Ils nous reviennent avec un autre amendement pour étudier le
préambule en premier, ça fait trois jours qu'on est ici et je
pense que l'Opposition ne respecte pas la règle audi alteram partem en
empêchant la Régie de pouvoir répondre aux questions qui
sont soulevées, surtout par le député de La Prairie. On
veut commencer l'étude du projet de loi 221, la Régie est
disposée à répondre à toutes les questions de
l'Opposition et de tous les membres de la commission parlementaire, mais je
constate qu'on empêche la Régie de pouvoir parler sur le projet de
loi qui les concerne. (12 h 10)
Ça fait depuis 1984, M. le député d'Anjou que la
Régie existe, créée par le gouvernement du Parti
québécois en 1984. L'Opposition officielle a concouru à
trois reprises à l'Assemblée nationale pour mettre en place la
Régie, pour lui permettre de faire son travail, de faire ses
consultations, de faire ses études. Là, on est à une
étape cruciale de l'existence de ladite Régie, et je constate
depuis trois jours qu'on veut museler la Régie sur le projet de loi
d'intérêt privé 221. Alors, M. le député
d'Anjou, la règle audi alteram partem n'est peut-être pas
respectée, mais ce n'est pas la faute du gouvernement, c'est la faute de
l'Opposition officielle. C'est tout ce que j'avais à dire à ce
stade-ci, M. le Président.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Marquette. M. le député d'Anjou.
M. Pierre Bélanger M. Bélanger (Anjou): Je vous
remercie, M. le Président, et je voudrais remercier le
député de Marquette quant à l'historique qu'il m'a fait
à propos de la Régie des municipalités. Il comprendra
assez aisément que je n'étais pas député à
l'époque, quand ça a été fait. Alors, c'est avec
beaucoup d'intérêt que j'ai écouté son historique et
que j'en prends bonne note.
Maintenant, quant à ce qui a trait à la règle audi
alteram partem, je pense que le député de Marquette, ici, est un
peu confondu. Quand j'ai dit que la règle audi alteram partem n'avait
pas été entendue ou n'avait pas été
respectée, c'était beaucoup plus sur la question de
débattre la recevabilité de la motion qui avait été
présentée. Alors, il est évident que cette commission a
entendu de nombreux intervenants provenant du public, des maires, le
président de la Régie. Ça, je ne cherche pas à nier
cet état des choses. Ce que je disais tout simplement, et ce que je
devais déplorer, c'était la façon cavalière par
laquelle, finalement, on s'était retrouvés à se faire
passer cette motion, de passer immédiatement à l'étude
article par article, alors que je pense qu'il aurait eu un débat qui
aurait pu être fait, et on aurait pu, à ce moment-là,
mettre de l'avant nos arguments qui militaient en faveur d'entendre au moins,
au moins un autre intervenant. Je pense que le député de La
Prairie en a fait mention qu'on voulait écouter le maire de
Montréal-Nord. Moi aussi, je ne comprends pas pourquoi
Montréal-Nord n'est pas présente dans la Régie
intermunicipale, et c'est le genre de questions que j'aurais aimé poser
au maire de Montréal-Nord. Je n'ai pas le plaisir de connaître le
maire de Montréal-Nord, mais, malheureusement, j'aurais voulu lui poser
certaines questions.
Maintenant, ce que je dois constater... Malgré que
Montréal-Nord est tout près d'Anjou, c'est vrai.
M. Ryan: Anjou est...
M. Bélanger (Anjou): D'ailleurs, j'ai rencontré le
maire de Montréal-Nord, c'est vrai, maintenant que M. le ministre en
fait la remarque. Je l'avais rencontré lors d'un déjeuner sportif
de la région Bourassa-Montréal-Nord. C'est vrai, je l'avais
rencontré. Mais, à ce moment-là, on n'avait
évidemment pas échangé sur le sujet de la Régie
intermuntcipale des déchets. Évidemment, si une rencontre devait
arriver dans ces temps-ci, je suis certain, à ce moment-là, que
je ne manquerais pas de lui poser des questions là-dessus, même si
c'est une façon informelle et que les propos ne seront pas, à ce
moment-là, retenus dans cette commission, malheureusement. Parce que je
pense qu'il aurait été bon pour les gens qui vont consulter le
Journal des débats de savoir exactement quel est le point de vue
du maire de Montréal-Nord.
Ceci étant dit, M. le Président, il y a quelque chose
quand même qui m'embête dans la
motion du député de Marquette, qui est comme moi, juriste,
et je pense qu'une des premières... Évidemment, je pense qu'en
tant que juriste on se doit de respecter à la fois la loi, à la
fois aussi les règles de pratique. Vivant dans un système
parlementaire britannique, évidemment, nous avons une jurisprudence et
nous avons aussi certains codes à respecter. Maintenant, les
premières choses qu'on m'a apprises ici, en venant à
l'Assemblée nationale, c'était, évidemment, d'oublier,
quand je suis ici en commission, le Code civil et tous ces bouquins qui
étaient nos outils de référence devant les cours
supérieures, pour maintenant... Mon livre de chevet doit maintenant
être «Beauchesne's Parliamentary Rules and Forms». C'est un
livre, je pense, qui mérite beaucoup de considération.
Malheureusement, je ne pourrais pas dire que je le maîtrise encore
parfaitement. Vous comprendrez, en trois mois, j'ai encore
énormément de choses à apprendre. Mais je vois ici, dans
ce livre, on parle d'un ordre dans lequel normalement... En commission
parlementaire, l'ordre qu'on doit respecter, M. le Président - et je ne
saurais, ici, mettre trop d'emphase sur ce point - l'ordre qu'on doit respecter
quand on étudie des projets de loi. Évidemment, les projets de
loi sont de deux formes. Le député de Marquette pourra me
corriger si je me trompe. Encore là, je n'ai pas la prétention
d'être infaillible à ce sujet. «Order in which Bill is
considered», c'est l'article 690 du livre de Beauchesne. On y apprend:
«Unless the committee otherwise orders, the text of the bill is
considered in the following order». Et on cite, au numéro 1:
«clauses», «new clauses», numéro 2,
numéro 3 «schedules», numéro 4, «new
schedules», numéro 5, «preamble (if any)» et
numéro 6 «title». Donc, c'est l'ordre qui, normalement doit
être respecté dans l'étude des projets de loi, mais les
projets de loi publics.
Le projet de loi qui nous est soumis, ce matin, n'est pas un projet de
loi public. C'est un projet de loi privé. Alors, à ce
moment-là, j'ai cherché dans ce même livre à savoir
quelles étaient les dispositions qui s'appliquaient et, à
l'article 1095 de ce même document, justement, on fait mention de l'ordre
qui doit être attribué, dans lequel on doit s'attaquer à
l'étude de ces projets de loi. Je lis l'article 1095. Je pense que c'est
important pour la bonne compréhension du débat sur cette motion.
«The preamble of a private bill is usually considered first unless the
bill is for a variety of purposes. In such cases consideration of the preamble
or the parts not relevant is normally postponed until after the consideration
of the various clauses.»
Donc, cet article, M. le Président, je pense qu'il est clair et
il ne porte pas à interprétation. Cet article, d'une façon
très claire, dit que c'est le préambule qui doit être
étudié le premier. Je ne comprends pas, d'ailleurs, pourquoi le
député de Marquette, qui est un parlementaire
d'expérience, qui, d'ailleurs, je pense, préside ou est
vice-président d'une commission, n'a pas tout de suite pensé
à ça. Dans sa motion, normalement, je m'attendais à ce
qu'on demande l'étude, évidemment, en commençant par le
préambule. Certains vous diront qu'un préambule n'est pas
vraiment important dans un projet de loi. À ce moment-là, je
dirai qu'un préambule est très important, parce qu'un
préambule remet tout le débat, toute la portée du projet
de loi et toute l'étendue du projet de loi. Donc, je pense qu'il est
absolument vital que ce préambule soit déterminé avant de
passer à l'étude article par article du projet de loi.
D'ailleurs, de nombreuses décisions de commissions parlementaires
ont été rendues à cet effet. D'ailleurs, la commission est
pleinement souveraine quant à désigner l'ordre qu'elle va choisir
pour attaquer l'étude article par article du projet de loi. Alors, je ne
pense pas qu'on puisse parler qu'on essaie d'empêcher quoi que ce soit.
On ne cherche pas à empêcher quoi que ce soit, mais on cherche
tout simplement à ce que ça se fasse selon les règles
établies par le Beauchesne, et à moins que je ne me trompe,
à moins qu'on me dise que le Beauchesne ne s'applique plus, je crois, au
contraire, jusqu'aux dernières nouvelles, que le Beauchesne s'applique.
On doit suivre, à ce moment-là, les dispositions qui y sont
contenues.
Donc, M. le Président, pour conclure mon intervention, je vous
dirai que je vais appuyer la motion qui est présentement
présentée. Je pense qu'elle est importante. On se doit de
respecter le Beauchesne et on se doit de faire preuve de rigueur. Je vois que
certains de mes collègues députés semblent impatients
qu'on procède rapidement, mais je crois qu'il est de notre devoir, en
tant que parlementaires, de prendre tout le temps nécessaire.
Évidemment, on aurait tous d'autres choses à faire, mais il faut
prendre tout le temps nécessaire pour étudier les projets de loi
et selon l'ordre et la priorité qui sont normalement prévus par
la loi, par les règlements, par la jurisprudence, par la «common
law». Je vous remercie. (12 h 20)
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député d'Anjou. Je reconnais maintenant M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais appuyer ce que
disais tantôt mon collègue, le député de Marquette,
à savoir que l'Opposition, par la manière dont elle s'est
comportée depuis trois jours, obtient comme résultat - si ce
n'était pas son intention, c'est la même chose - elle obtient
comme résultat un organisme formé d'élus municipaux, une
Régie comprenant les maires de 26 municipalités. Il est venu en
toute bonne foi présenter un projet de loi à l'Assemblée
nationale. La commission parlemen-
taire désignée à cette fin se voit privée du
droit inaliénable d'expliquer son projet, de le défendre,
là, dans des délais raisonnables. C'est ça qu'est le
résultat net de l'exercice qu'on a fait depuis trois jours, puis je
pense que c'est très important de le souligner, avec tous les regrets et
toute la réprobation aussi qu'on peut y mettre.
Depuis trois jours, j'entends des propos. Je ne répéterai
pas les qualificatifs que j'ai employés plus tôt, parce que je ne
veux pas m'y complaire. J'étais obligé en conscience d'exprimer
le jugement comme je me l'étais énoncé à
moi-même, et c'est mon droit le plus strict de juger durement des choses
mal faites. On a le droit de porter des jugements très
sévères sur des actes des personnes. Il y en a qui se sentent
visés parce qu'on juge leurs actes, mais c'est leur problème. Les
actes sont publics. On a le droit de porter un jugement dur. Quand une chose
est stupide, je pense que c'est Boileau qui disait qu'il fallait l'appeler par
son nom. Et on le fait de temps à autre. On le fait le moins possible.
Je pense que le député de Jonquière qui m'écoute
sait la courtoisie puis le bon esprit de collaboration dont nous sommes
capables et dont nous faisons très habituellement la preuve avec
l'Opposition. Je dois lui rendre la pareille et lui dire qu'en temps normal,
quand il est bien accompagné...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... il fait un travail éminemment constructif que
nous aurions pu faire au sujet de ce projet-ci. D'ailleurs, cela je le
déplore profondément et je crois qu'il sera du devoir de
l'Assemblée nationale de réparer cette faute dans les meilleurs
délais. Je ne sais pas de quelle manière l'Assemblée
nationale le fera, mais il faut que ces gens-là soient entendus, c'est
leur droit. Et, là on nous a annoncé ce matin, il y en a deux qui
ont dit ça, puis je pense que le député de
Jonquière l'a dit aussi: On a d'autres trucs dans notre sac qui s'en
viennent. Ça nous a été dit en toutes lettres. Il faut
qu'ils soient entendus, c'est leur droit sacré, puis nous autres, du
gouvernement, si nous ne leur donnions pas cette chance-là, je pense que
nous manquerions à notre devoir. Il pourra arriver à
l'étude, article par article, qu'on fasse la démonstration que
tel article n'est pas justifié, que tel article n'a pas son fondement.
Je pense qu'on me connaît assez pour savoir que je n'ai aucun arrangement
avec les gens de la Régie. Je n'en ai pas non plus avec les autres
organismes qui ont pu être représentés ici. On
écoutera ces arguments à leur valeur véritable, puis
à un moment donné je suis très bien capable de dire
à la Régie avec mes collègues: À cet article-ci, on
n'avait pas compris la portée exacte, il y a quelque chose qui ne marche
pas. On va le regarder de nouveau. C'est l'Assemblée qui décide.
Et vous ne nous donnez pas la chance de faire le travail. On est encore
là, tous les propos périphériques qui nous empêchent
de toucher à la substance. Alors, je pense que je regrette ça
profondément. Je regrette d'autant plus que ceux qui s'opposaient au
projet, on leur a donné toute la chance normale que l'Assemblée
donne à ceux qui veulent être entendus, puis on aurait
aimé, je l'ai dit à l'AESEQ qui est ici, qu'on aurait aimé
ça avoir la chance de discuter avec eux autres de certains aspects.
Je les félicite en passant l'AESEQ de l'attitude très
digne qu'ils ont prise et contenue pendant trois jours. Pendant trois jours de
temps, ils ont été ici, ils ont fait des contacts normaux, mais
j'ai trouvé qu'ils ont une attitude et une dignité absolument
irréprochables. La Régie, la même chose aussi. On va
essayer de reprendre ça ensemble, puis je pense bien que le dialogue
avec l'Opposition est toujours la méthode privilégiée. De
ce point de vue là, tout ce qu'on peut faire pour rétablir un
dialogue constructif, on est prêts à le faire en tout temps. Il y
a peut-être eu des malentendus en cours de route dus à des
comportements auxquels je ne suis pas habitué personnellement. Je pense
bien que dans la Chambre, avec les municipalités, je n'ai pas la
réputation d'être quelqu'un qui se nourrit de malentendus;
d'oppositions, parfois oui, mais pas de malentendus, ce n'est pas mon
genre.
Alors, si on peut faire quelque chose de notre côté, on le
fera en toute humilité. Il n'y a pas de problème là-dessus
parce que c'est le bien général qui nous importe. L'Opposition,
je crois sentir, veut faire un débat de fond sur la question de
l'incinérateur. Je pense que c'est ça qui est le fond du
débat en ce qui me touche. L'étude, article par article, va vous
donner cette opportunité-là, puis à un moment donné
vous pouvez vous attarder beaucoup plus sur un article donné. Je l'ai
dit personnellement et comme ministre des Affaires municipales, ce n'est pas ma
compétence première, mais je n'ai pas d'idée
arrêtée sur les différents moyens qui sont susceptibles
d'être envisagés pour régler le problème de la
gestion intégrée des déchets. Mais, nous sommes en face
d'élus municipaux qui ont fait un examen approfondi, qui ont
appelé des propositions qui comportaient toutes les formules possibles.
Et je me dis, moi, je pars toujours d'une chose, en général ils
sont à peu près aussi intelligents que nous autres,
peut-être pas tellement plus, pas tellement moins non plus. Ça
fait que je me dis, s'ils ont fait toute l'étude pendant plusieurs
années, ils ont abouti à cette conclusion-là, je leur
donne un certain bénéfice du doute quand même. Je ne viens
pas m'ériger du haut de ma sagesse et puis dire: Vous autres là,
je vais vous arrêter. C'est moi qui parle, je vais vous arrêter, je
n'aime pas ça les incinérateurs.
Je ne peux pas faire ça là, ça ne serait pas digne
d'un rôle ministériel, je pense bien, moi. C'est vraiment un
rôle de respect. Je pense
qu'eux autres peuvent témoigner de la manière dont on a
étudié ça, tout ça, depuis un an. Même
l'AESEQ est venue nous voir à quelques reprises, avec qui on a
discuté de manière approfondie, et puis que j'ai invité
à chercher des compromis et puis tout. C'est l'esprit dans lequel on a
travaillé ça. Si on peut retrouver un esprit de ce
genre-là pour les étapes à venir, j'en serai très
heureux, sinon je déplorerai profondément ce qui est
arrivé en souhaitant que cette commission puisse se ressaisir le plus
vite possible pour accomplir, dans un autre climat et suivant des
méthodes plutôt plus efficaces à tout le moins, le
rôle qui lui est confié par l'Assemblée nationale en
réponse à des demandes qui proviennent de représentants
légitimement élus de la population de 26 municipalités de
l'île de Montréal. (12 h 30)
Une chose qui m'a surpris, on voulait faire venir le maire de
Montréal-Nord, Dieu sait combien j'aurais été content et
fier de l'accueillir ici! Et, Dieu sait qu'il aurait pu nous apporter des
éléments intéressants! Mais, je pense qu'en l'occurrence,
les maires immédiatement concernés là, si on avait
demandé de faire venir le maire de ville d'Anjou, on veut voir si c'est
vrai qu'il adhère à cette affaire-là. Ça aurait
été difficile de dire non. Ça aurait été
difficile de dire non. Si on nous avait demandé le maire de tel endroit
ou tel endroit... Ils sont concernés, ils mettent l'argent de leurs
contribuables dans ce projet-là et puis tout. J'aurais compris, si on
avait eu des raisons précises de les faire venir, en ayant des raisons
de croire qu'ils ne partageaient pas la politique de la Régie. Il n'y a
pas eu de ça. Il n'y a pas eu de ça, ce n'était pas
ça qui intéressait. C'était le trouble, le trouble, la
diversion, et nous éloigner de notre objet, différer le
rendez-vous avec la décision.
Alors, on verra ce qui en est. Je pense que pour aujourd'hui nous ne
pouvons pas aller plus loin, parce que notre mandat allait jusqu'à midi
et trente, M. le Président. Je considère que, de votre
côté, vous nous avez guidé avec beaucoup de
modération. Il y a peut-être quelques éléments
là, des problèmes qui ont été soulevés au
point de vue de procédure que je souhaiterais voir approfondis
davantage. Je ne mets pas en cause les décisions qui ont
été prises, mais une couple de fois j'ai eu l'impression qu'on
était en face de questions de principe qu'on avait peut-être pas
identifiées aussi clairement qu'il faudrait. Ça, ça peut
être fait, si les services de l'Assemblée peuvent regarder cela de
près, nous en serons heureux de notre côté.
Et, je répète, en conclusion, que ce que nous sommes
invités à faire est bien simple, c'est faciliter la
réalisation d'une nouvelle étape, qui ne sera pas la
dernière, dans la mise en oeuvre d'un mandat qui a été
confié à la Régie par 26 municipalités de la
région de l'île de Montréal. Puis, l'objet numéro un
du projet c'est d'élargir le champ d'intervention de la Régie de
manière qu'elle puisse embrasser l'ensemble des déchets au sens
que la Loi sur les cités et villes et la Loi sur la Communauté
urbaine de Montréal donnent à cette expression.
On ne veut pas innover, mais là on les avait restreints de
manière fort discutable à des étapes antérieures.
L'examen du projet invite à... Pourquoi on ferait de la discrimination
pour une Régie qui regroupe 26 municipalités qu'on n'exerce pas
à l'endroit de toutes les municipalités du Québec?
Ça c'est une question à laquelle, nous autres, nous avons une
réponse franche. Là-dessus je n'ai pas entendu un mot, dans les
trois jours de propos péripathétiques que nous avons entendus, je
n'ai pas entendu un mot sur ce sujet précis qui est l'objet
numéro un du projet de loi. C'est l'objet numéro un, ça.
Si l'Opposition est prête à l'examiner en tout temps, M. le
Président, nous le ferons volontiers.
Et, je termine vraiment là, en disant que je pense que notre
objectif c'est d'agir, c'est de décider. Je respecte les droits que nos
règlements et la loi confèrent à tous les
députés. Il n'est pas question de les mettre en cause. Mais,
j'espère qu'on va réfléchir au cours des prochains jours.
Puis, s'il y avait moyen de sortir de cette situation-là d'une
manière qui va être utile pour les 26 municipalités
concernées de l'île de Montréal, moi, j'en serais le plus
heureux des hommes. Merci.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
J'aimerais, avant de conclure nos travaux, vous présenter une lettre qui
a été adressée à Mme la Présidente, et
à Mme Bélanger de la cité de Dorval. C'est une formulation
un peu identique. Par la présente, je confirme mon appui total à
la Régie et aux buts visés par le projet de loi 221.
Signé: M. Peter Yeomans. J'aimerais, avant de conclure, aussi faire le
commentaire suivant. J'ai passé sous silence, je n'ai pas réagi
aux commentaires du député de Jonquière, qui a
desobligé envers la présidence. J'ai prétendu que c'avait
dépassé sa pensée, le connaissant très bien.
Le commission ajourne ses travaux à lundi, le 1er juin 1992, de
15 heures à 18 heures, et de 20 heures à 24 heures. Donc,
à lundi, le 1er juin, 15 heures. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 32)