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(Dix heures dix minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements déclare sa séance
ouverte. Le mandat de la commission est d'entendre les intéressés
et de procéder à l'étude détaillée du projet
de loi d'intérêt privé 221, Loi concernant la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre, vous
êtes indiscipliné.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Vous êtes
très indiscipliné, M. le ministre. Alors, M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Maltais
(Saguenay) est remplacé par M. Gautrin (Verdun).
La Présidente (Mme Bélanger): merci, m. le
secrétaire. alors, lors de l'ajournement des travaux, nous
étions... à l'ordre, s'il vous plaît!
Des voix: Oh!
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je
répète. Lors de l'ajournement des travaux, nous avions entendu
Mme Nina Hall, de la Coalition Action RE-buts, et le groupe suivant
était le Comité de vigilance des citoyens de
Rivière-des-Prairies, M. Georges Roman, le président. Est-ce
qu'il est ici?
M. Ryan: je pense qu'il est parti, m. roman, hier soir. il a dit
qu'il laisserait une note écrite, mme la présidente. m. roman est
parti.
M. Al (Hayek): Mme la Présidente, M. Georges Roman est
parti pour Montréal. Il a été obligé de retourner
au travail. Il veut envoyer un fax à la commission comme intervention.
D'accord?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, d'accord,
aussitôt que nous le recevrons, nous le distribuerons aux membres de la
commission.
M. Al: O.K. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Alors,
j'appellerais le groupe STOP inc., M. Don Wedge et M. Bruce Walker, et la
Coalition verte de Montréal.
J'aimerais vous informer du déroulement. Vous avez 20 minutes
pour exprimer vos opinions. Si vous prenez les 20 minutes, il n'y aura pas de
questionnement de la part des membres de la commission. Si vous prenez 5 ou 10
minutes, il y aura 10 minutes de distribuées aux ministériels et
à l'Opposition. Alors, je vous demanderais de bien vouloir vous
présenter.
STOP inc.
M. Walker (Bruce): Bonjour, Mme la Présidente et Mmes et
MM. les membres de la commission. Je m'appelle Bruce Walker. Je suis le
directeur de la recherche du groupe écologiste STOP inc. Je voudrais
présenter mon collègue, M. Don Wedge. Nous sommes tous les deux
membres du conseil d'administration du groupe STOP inc., un groupe
écologiste à but non lucratif incorporé au Québec
le 15 septembre 1970. J'ai eu le plaisir de témoigner devant cette
commission, l'automne passé, au sujet du dossier des évaluations
environnementales. J'ai bel et bien apprécié votre rapport
unanime. Donc, STOP attend avec impatience l'application de la grande partie
des recommandations par le gouvernement du Québec.
Environ 45 % de nos membres demeurent sur le territoire de la ville de
Montréal et à peu près 45 % de nos membres demeurent sur
le territoire des municipalités desservies par la Régie.
Ça reste 10 % au... l'île de Montréal. Donc, nous avons un
grand intérêt dans le dossier des déchets, et ça,
depuis 22 ans. En résumé, nous posons la question quoi faire avec
ce projet de loi 221. Donc, en général, grosso modo, nous vous
disons: Au lieu de jeter à la poubelle le projet de loi, nous proposons
l'approche des 3R. Premièrement, il faut le reporter.
Deuxièmement, il faut le reformuler, mais, pour certains articles, on
peut les recycler. Donc, c'est l'approche des 3R, cette fois-ci applicable
à la législation.
Je voudrais mentionner une chose. Un des intervenants, hier soir, a fait
référence au comité de concertation créé en
octobre passé par la Régie. Je voudrais dire deux mots sur ce
comité de consultation. Ce comité est composé d'à
peu près 18 membres votants ainsi que de 4 personnes-ressources, et,
moi, je suis une de ces personnes-ressources et je représente le groupe
STOP ou le secteur groupes écologistes. Le comité a tenu 17 ou 18
réunions - j'oublie le nombre exact - depuis octobre dernier. Toutes ces
réunions ont eu lieu à l'hôtel de ville de
Montréal-Est, à huis clos. C'était ouvert uniquement aux
membres votants et aux personnes-
ressources. Ce n'était même pas ouvert au maire Leduc. Il a
assisté à la première partie de la première
réunion, et c'est tout.
Je voudrais vous mentionner également que ce comité de
consultation de la Régie n'a jamais discuté de ce projet de loi
ou d'autres projets de loi proposés par la Régie. À la
dernière réunion du comité de consultation, tenue le 4
mai, le comité a discuté du contrat entre la Régie et la
compagnie Foster Wheeler, et la Régie a déposé aux membres
votants et aux personnes-ressources du comité, non pas le contrat ou
l'ébauche de contrat au complet, mais juste la table des
matières. D'un certain côté, vous comprenez que je suis un
intervenant un peu privilégié par rapport aux 600
résidents et plus sur le territoire de la Régie et même
moi, comme intervenant un peu privilégié, le projet de loi,
c'était inconnu pour nous avant son dépôt à
l'Assemblée, ainsi que le contrat, sauf la table des
matières.
Il faut admettre que, lors du bicentenaire du Parlement du
Québec, je dois faire quelques remarques sur la démocratie vue
par les citoyens de la région de Montréal. Selon nous, c'est une
innovation récente. Je m'en rappelle très bien, c'était en
novembre 1982, la première réunion du conseil de la
Communauté urbaine de Montréal dans laquelle il y avait une
période de questions du public, et j'ai été le
deuxième individu qui a posé une question à cette
réunion-là, et STOP assiste à toutes les réunions
du conseil de la CUM. En novembre 1986, c'était la première
réunion du conseil de la ville de Montréal à laquelle le
public avait le droit de poser des questions, suite aux élections de
1986, et, pour la Régie, c'était en novembre dernier la
première fois que le public avait le droit de se présenter et de
poser des questions. Mon collègue, M. Wedge, peut vous donner plus de
détails sur l'historique des efforts des citoyens d'y aller, même
avant novembre 1991.
Donc, l'article 15 surtout nous cause beaucoup de problèmes.
D'autres articles nous causent également des problèmes. Si je
peux les passer très vite, l'article 3: les règlements de la
Régie prévalent sur tout règlement, surtout de la CUM.
Ça nous cause des problèmes. La CUM a un règlement sur la
qualité de l'air qui est très strict, sauf pour les
incinérateurs de déchets municipaux, je dois admettre, avec des
amendes très élevées dans la réglementation de la
CUM. Donc, à l'article 4, l'amende minimale, c'est ridicule, là.
Comme je l'ai dit, l'article 15 nous cause beaucoup de problèmes
également.
Je voudrais maintenant passer la parole à mon collègue, M.
Don Wedge, qui travaille plus ou moins à plein temps, à titre
bénévole, sur le dossier des déchets. Il va continuer
notre exposé dans la langue de Shakespeare. Merci. (10 h 20)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Wedge.
M. Wedge (Don): Madam, gentlemen and members of the commission, I
am sorry that I cannot address you in French, but I will do my best in English.
I had some notes, which I believe the secretary has passed around, that I
prepared early yesterday morning, and they have the errors of typescripts that
occurred early in the morning. Please forgive them, but it may help you to have
an English text.
Before I begin the reference to those notes, I would like to speak about
some of the issues that were raised yesterday, some of the incidents that were
mentioned, in which I was present, that may have a relevance. I am very
concerned by this idea that the Régie had public meetings in private.
That is a very strange concept for public meetings. I asked questions in
various forums of the Communauté urbaine de Montréal, la
Commission de l'environnement and the council itself, le Conseil de la
Communauté urbaine de Montréal. i think, in december 1990, \
specifically asked the question: when would there be meetings of the
régie in public? i had in mind something similar to the transit board
meetings, the société de transport en commun de la
communauté. there is a public meeting of that board every month, at
least, perhaps more. every month, the public is able to go and ask questions
and listen to the key decisions being voted. that may be a suitable format for
the régie, if the régie is to continue in the present way. that
is what i had in mind.
I was told that there would be future - would be - meetings of the
Régie in public, after the deal was completed with Foster Whee-fer. I,
of course, said: We want the public meetings before the deal is concluded with
that American company. It made no difference. I think it was also said or
implied that people could ask to attend those meetings. Of course, we did not
really know when they were; they were never announced, so how could we ask to
attend? I did hear of a meeting called to brief all elected members of the
municipalities, called, I think, for March the 6th, 1991. It was held in the
town of Mount-Royal City hall. I asked Mr. Leduc's secretary if I might attend
and I was told: No, it is private.
There was also, of course, the very famous meeting of the Régie,
on June the 20th, last summer, when, at midnight or so, there was a vote put,
and the members there, those that were left at midnight, voted to go ahead with
the abstentions. You heard that, yesterday, Mayor Janiszewski, of Dollard, was
one of three mayors who dissented. At that meeting, the public and the press
were greated with an armed guard at the door, a person with a gun. So I think
we can put, from my own sort of experience, well on one side the concept that
those private meetings could have been available to the public.
I now begin the text that M. le secrétaire circulated. Of course,
we do not want to take away, in anything we say, that the Régie is well
intentioned. The Régie has accepted the necessity of meeting the 50 %
reduction guideline by the end of the decade. The City of Montréal has
not gone that far. So, the Régie is ahead of the City on that point, and
we have to applaud that. And there is a very serious garbage problem, both on
the island and off the island, in the way that the garbage is being taken into
more rural areas.
So, it has to be looked at realistically. We cannot turn our backs on
it. To really deal with it means to achieve the confidence of citizens, the
confidence of the entrepreneurs, the confidence of everyone involved. And that
involves behavioral change and it involves the integrity of the Régie.
The Régie, with its devious ways, its devious manners, is working
against its own objectives. The secrecy and bad faith even are extended to
these proceedings, because the public is not aware of them. I do not know of
one word that has appeared on this in any media so far. The five newspapers of
Montréal, I am pretty sure not, the nebdos that are interested in this
issue, very interested in this issue, those hebdos around the site of the
incinerator, and there is no word of these proceedings. No word even that this
bill exists. Is that the democratic way? Is that the way the bill should come
that involves such huge changes to municipal costs and to people's lives?
So, the major feature that we have to address is really a fundamental
one that goes beyond what I have written. There is a huge change being proposed
in the way garbage is handled with no public discussion. Some discussion among
the industries, you have heard. But there has been no public discussion of:
Should the Régie take on these encompassing powers? It is going to make
a big difference to some big corporations, the people who supply, for instance,
their waste paper, Bell Canada, the Bank of Montréal, the credit card
people who use a lot of paper in their business and put it to be recycled have
historically sold it to be recycled. It is going to change their business. And
you are not hearing from them, I cannot imagine... The normal way is that you
would not hear from such people... So, that is a very fundamental change that
is not known to people. Article 4 of the proposed law gives the Régie
powers to impose fines for infractions. We believe those fines are far too
small. We would like... If the bill goes through, we would like to see those
fines really meaningful, in a polluter pay sort of way. Of course, as Mr.
Walker mentioned, it is absolutely intolerable to think that the Regie's
by-laws can overrule those of the CUM, particularly in its possible threats to
the CUM's control, very successful control of air quality and water quality.
They have not gone so far, yet, but it works. That part of the CUM works.
The idea expressed in article 15, that the Régie gets a pardon
for its many breaches of the City and Towns Act is, I think, premature. We
would like... Business has to go on. They have made these decisions. But before
they are given their amnesty, Madame Chairman, we would like the minister to
assure that all documents are made public for a suitable period and that there
is some way for the public to be heard, that they see those documents, that...
There is a general feeling among the public that the decisions taken by the
Régie are now known with an opportunity to express and perhaps correct
things. (10 h 30)
We would also like the minister to see why the Régie flouted the
City and Towns Act so consistently. Mr. minister, could you have some procedure
to assure us that what they did was reasonable in the overall course of
democratic life? We do not know at present and we do not have lots of lawyers
that can look into it for us. You have some.
At the same time, we feel that the Régie is «under
resourced», for the job that it is doing. For most of the time, it has
had three people on staff. Now, it has got four. We do not want a big
bureaucracy, but we do not think the job could be done by four people, and
there is evidence for that in certain ways.
STOP certainly rejects the idea that the Régie likes to put about
that there is no change, that there is no alternative to its plan, because the
Miron landfill will be closed in 1994. The Régie... the municipalities
that make up the Régie have certainly exposed the falsity of that
situation, because they are now not taking their garbage to Miron. And Miron is
not full. So, any sense that they say of urgency has gone away because of that,
and it should not receive a rush treatment by this commission or in the
Assembly. There should be time given to hear it.
And we suggest, further on, some ways in which it might be heard. Of
course, to consider the whole Régie plan would take a long time, but to
consider the aspects, the dimensions in this bill could probably be done in two
months or so. And we suggest that the excellent and widely applauded
consultation process that the city of Montréal held, at the beginning of
the year, widely, widely accepted by all sorts of people, we would like the
minister or the Régie to put something like that in place.
La Présidente (Mme Bélanger): La conclusion, s'il
vous plaît, parce que vos 20 minutes sont écoulées.
M. Wedge: Yes. Thank you, I know. M. Beauchamp, the former head
of the Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, was the president of
that hearing for the Bureau de
consultation de Montréal. He knows and his commissioners know
many of the facts, all of the philosophies. A quick hearing, a quick report
might be possible.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
malheureusement, le temps est écoulé.
M. Wedge: May I make a closing suggestion?
La Présidente (Mme Bélanger): Trente secondes.
M. Wedge: Yes? Above all the issues in the bill, we would like to
draw your attention to the fact that there is no recourse to anyone. The
Régie asked powers to go into homes and businesses, which the Public
Security Minister would like perhaps. There is no warrant, no permission, no
appeal. And everything in here, these mandatory powers that are asked, there is
no regress for anyone.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K. Thank you.
Là, étant donné que avez pris un peu plus que les 20
minutes, est-ce que vous avez des questions? Je pourrais donner cinq minutes
à chacun des partis. Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Well, I wish to commend you on the excellent quality of
your presentation. It was very interesting to listen to your comments. Some of
them may already have found an answer in decisions already made.
Referring to the documents to which you would want access, we were
apprised last night of a decision by the Commission d'accès à
l'information, under which it was already agreed that all minutes, documents
pertaining to meetings held in the past years by the Régie, its board of
directors, to be made available. Such documents were made available in December
6, 1991...
Une voix:...
M. Ryan: ...to a person, Mr. Chiasson, who had made a request to
that effect to the Commission d'accès à l'information. And if the
documents were made available for Mr. Chiasson, they would also be available
for you.
M. Wedge: Some documents were, but not all, I believe, sir.
M. Ryan: Not all of them, not all of them. We had the list of
nine sets of documents here. Documents under categories 1, 2, 3, 4, 6 and 7
were made available. And it was agreed that the other documents were of a
different nature and could not easily be mandatorily made available at this
stage. They would have to become available at a later stage. That was the
conclusion arrived at under the auspices of the Commission by the parties who
were involved...
M. Wedge: No, I have...
M. Ryan: But I do not think we can go... But I take note of what
you said and, when we come to article 15, we will have questions to ask to the
Régie and we will see that things are made clear and that no blind
decision is made in this connection. But I think your representations are quite
valid. We will look into them, also remembering that some of your questions
have already found their answers.
Je vous pose juste une autre question, si vous me permettez. Non, je
pense que ce n'est pas nécessaire de poser une question. I have just
another comment. Nous ne devons pas oublier que tout ce processus remonte
à 1984. Toute cette question est discutée depuis
déjà plusieurs années. Déjà, des
décisions ont été prises par l'Assemblée nationale
à trois reprises différentes. Les décisions qui ont
déjà été prises, nous ne pouvons pas les annuler
aujourd'hui. Après que nous avons autorisé un organisme à
faire certaines choses, nous ne pouvons pas lui demander, a posteriori, de ne
pas les faire ou de ne pas les avoir faites. Ce serait déraisonnable. Il
faut accepter certaines conséquences de décisions qui ont
été prises antérieurement. Mais nous verrons à ce
que toutes les décisions qui doivent recevoir l'approbation du ministre
des Affaires municipales ou du ministre de l'Environnement soient
examinées avec toute la rigueur nécessaire. Je peux vous assurer
de ça.
En ce qui regarde l'urgence, vous dites: On devrait d'abord examiner la
possibilité d'une concertation entre Montréal et les villes de
banlieue. C'est une proposition qui est très raisonnable en soi,
très raisonnable. Maintenant, il faut connaître la
réalité politique aussi. Si une telle concertation n'a pas eu
lieu encore, c'est parce qu'il existait des conditions à la fois
matérielles et politiques, dont la plupart échappent au
contrôle de l'autorité gouvernementale à Québec,
dans la mesure où elle veut tenir compte aussi de l'autonomie des
institutions municipales et supramunicipales.
Alors, nous sommes conscients de cette réalité. Je pense
que votre proposition est une proposition très sensée. We make
the best of it, comme on dit. Nous allons faire tout notre possible pour
favoriser une concertation de plus en plus grande, puis même,
éventuellement, une intégration de tous ces services-là.
Mais le gouvernement n'a pas pris, pour le moment, la décision de
l'imposer d'autorité en raison des conditions qui ne se prêtent
pas à une telle politique dans l'avenir immédiat.
Alors, voilà mes commentaires. J'ai apprécié
énormément la présentation que vous avez faite et je
regrette que nous n'ayons pas plus de
temps pour aller davantage dans le détail.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de La Prairie.
M. Ryan: Trente secondes de réponse. M. Lazure:
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
député de La Prairie. Monsieur...
M. Walker: Walker.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Walker, vous avez
un commentaire à faire?
M. Walker: Ah oui, une brève réponse aux
commentaires du ministre concernant l'article 15 et tout ça, le fait que
la Régie existe depuis 1984 ou 1985 et tout ça. Je donne
l'exemple d'un citoyen privé qui a refusé de payer ses amendes de
stationnement illégal ou de payer les taxes foncières à la
ville de Montréal depuis 1985, ou a refusé de remplir les
formulaires d'impôt depuis huit ans, là. Donc, il décide de
téléphoner à son député: Et veuillez adopter
un projet de loi privé afin que je sois exempté de toute
poursuite légale à cause d'avoir fait ça. (10 h 40)
Donc, ce serait ridicule. You will laugh it out of this Assembly. But if
a big political body says: Well, we did things illegally, and someone may take
us to Court because we have our Charter of Rights and so on in the Province, so
we want a retroactive exemption... After all, they have hired all of this
high-price Martineau, Walker legal expertise. I am no relation to that firm. I
mean, they want a blanket exception, I mean, if a private citizen wanted that,
you would laugh it him out of this Assembly.
Donc, pour nous, il y a un double standard. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Combien de temps?
La Présidente (Mme Bélanger): Cinq minutes.
M. Lazure: Au nom de notre formation politique, je veux remercier
le groupe STOP qui a, depuis longtemps, établi sa
crédibilité dans notre milieu quand il s'agit de surveiller non
seulement la préservation d'un environnement sain, mais aussi de
s'assurer que la démocratie est bien exercée. Alors, je pense que
c'est un excellent document que le groupe nous fournit ce matin. Puisque nous
n'avons pas le temps d'échanger, de notre côté, en tout
cas, nous allons échanger avec la Régie sur plusieurs questions
que vous soulevez. Nous nous engageons à échanger avec la
Régie à cet égard.
Je veux relever la remarque du ministre qui dit: C'est vrai que, depuis
1984-1985, il aurait pu y avoir plus ample concertation et collaboration entre
la ville et la Régie intermunicipale, mais, dit-il, nous ne voulons pas
imposer des choses. Comme si le gouvernement n'impose jamais des choses aux
municipalités! Je pense que c'est suave, Mme la Présidente, ce
que le ministre vient de nous dire. Quand il s'agit de taxes, il n'y a pas de
crainte, ils peuvent imposer aux municipalités, mais quand il s'agit du
bien commun - et, dans ce cas-ci, il s'agit du bien commum, il s'agit de la
disposition des déchets d'une population de 1 500 000 ou 2 000 000 de
personnes au moins - c'est un problème très grave.
Il me semble, surtout la dernière recommandation que vous faites,
que les deux ministres, le ministre de l'Environnement et le ministre des
Affaires municipales, devraient s'assurer qu'il y a, et même je dirais
qu'on devrait aller jusqu'à la contrainte, si les deux parties ne
veulent pas s'entendre, pour s'assurer qu'il n'y a qu'un seul plan de gestion
des déchets domestiques sur IHe de Montréal, de la même
façon qu'il n'y a qu'une seule police sur l'île de
Montréal.
Je pense que les deux parties n'ont pas fait la démonstration
qu'ils ont fait tous les efforts nécessaires et, j'irais même plus
loin, ils n'ont pas fait la démonstration qu'ils ont la volonté
politique d'arriver à un seul plan de gestion. S'il n'y a pas de
volonté politique des deux parties, Mme la Présidente, comment
voulez-vous qu'ils y arrivent? À ce moment-là, je ne vois pas
pourquoi les deux ministres, le ministre de l'Environnement et le ministre des
Affaires municipales, ne prendraient pas leurs responsabilités, au nom
du bien commun.
Je poserais juste une question, en terminant, au groupe. Vous avez fait
allusion au caractère non urgent de la fermeture de Miron. Est-ce que
vous avez une idée du nombre d'années où Miron pourrait
encore être utilisée?
M. Wedge: The drop-off in Miron is 70 % less this year than last
year. I mean, it could go to the end of the decade, whether it should do...
Miron is, no question... it is a potential time bomb. We have to defuse that
bomb.
M. Lazure: Je pense, Mme la Présidente, que c'est une
remarque qui a beaucoup d'importance, parce que la Régie a
invoqué le caractère urgent à cause de la fermeture de
Miron, en 1994, soi-disant. Là, tout le monde s'entend, on l'a entendu
hier, on l'entend aujourd'hui, monsieur de STOP nous dit: Au moins
jusqu'à la fin de la décennie et probablement au-delà.
Alors, devant cette fausse urgence, qui est devenue une fausse urgence,
à ce moment-là, il me semble
qu'on doit prendre tout le temps voulu pour bien étudier ce
projet de loi là.
Nous pensons, de notre côté, en tout cas, qu'il y aurait
avantage à ce qu'il ne soit pas adopté tout de suite et qu'on ait
recours aux 3R, les 3R que vous avez proposés au tout début:
reporter, reformuler et recycler. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Alors, on vous
remercie, messieurs, de votre participation. J'inviterais, maintenant...
Une voix: ...point. M. le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): Excuse me, it is
finished. Alors, j'inviterais la Coalition verte de Montréal, M. Hayek
Al.
M. Ryan: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Ryan: ...juste entre-temps, s'il y en a qui ont des remarques
additionnelles à faire par-delà le temps qui leur était
octroyé, moi, j'ai des membres de mon cabinet qui sont ici, des
collaborateurs. Ils peuvent les faire par-delà la séance, de
même qu'aux gens de l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): O.K.
M. Ryan: On ne peut pas dire... Je ne voudrais pas qu'on parte en
pensant qu'on ne veut pas écouter ce qui a été dit. On
s'était entendus sur une règle de 20 minutes. On a ajouté
10 minutes, et je dis à l'intention des membres du groupe STOP, s'ils
veulent parler, soit à des députés, soit à des
collaborateurs, d'un côté ou de l'autre, qui sont à leur
disposition, ils pourront finir leur représentation le temps qu'ils le
voudront.
Coalition verte de Montréal
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Hayek Al.
J'aimerais vous répéter la procédure. Il y a 20 minutes
qui vous sont dévolus. Alors, si vous prenez les 20 minutes pour exposer
votre mémoire, évidemment, il ne reste pas de temps pour les
parlementaires de vous questionner.
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, si vous en
prenez 10, il y aura 5 minutes, de chaque côté de la table, pour
vous poser des questions.
M. Al: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Hayek
Al.
M. Al: Oui. Membres de la commission, I represent the Green
Coalition. The Green Coalition has the support of over 40 environmental groups
on and off the island of Montréal. These are environmental groups,
community groups and so on.
I must say that we are very concerned with this bill, particularly
article 15 - concerned, I would say, horrified that the democratic rights of
citizens to know and the right to public consultation may be taken away. And
that, by this new law, what may have been done behind closed doors would not be
rendered public.
We feel that it is in the public interest to ensure that what went on
behind closed doors is made available to the public. It has been said that we
would not pardon offenders of any crime. We are very concerned that, in this
case where democratic rights have been possibly pushed aside, there would be a
pardon. the green coalition does not assume that it has all the answers to
waste management. however, we do feel that, with public consultation, many of
the answers could be found and i would like to give you some of the concerns we
have. first of all, incinerator is made to burn 413 000 tons of waste. yet,
there are only 317 000 tons of waste to burn. it may be comforting to tell the
taxpayers that we will be recycling 40 % of our waste but, at the same time,
because of the overcapacity of the incinerator, the taxpayer is really paying
for only 35 % recycling and he is paying for an incinerator which will burn 65
% of our waste. (10 h 50)
I need only remind you that the taxpayer is upset by the recent rise in
his taxbill and we are concerned with the cost that we find with the Regie's
solution. We know a waste reduction program has been started or is being under
study. We feel that this is very belated. While the Régie talks about
the 4R, we feel much more could be done with reduction and reuse. Some
municipalities are experimenting with composting kitchen waste organics. About
25 % of what is proposed to be burnt is organics.
We wonder if there should not be more study to see if there are not
alternatives. We feel that, by bypassing public discussion, the Régie
has hurt its chances of public involvement. The public would be more receptive
to a plan of reduction and recycling, had there been more thorough public
consultation. Because we see waste management attitudes changing and changing
quickly over the past number of years, we are concerned and we fear that the 26
municipalities may be stuck with a very expensive and very demanding
incinerator which will require massive amounts of garbage over the next 20
years. This percludes any changes in lifestyle, any reduction, further
reductions, further increases and recycling, and we will end up that the
taxpayer will pay for this mistake. We feel
that there should be public discussion.
We attended the Montréal hearings. The city of Montréal
provided extensive documentation. They provided about 15 cahiers techniques sur
their plans for the public to examine. I have a stack of material about this
high. We feel this type of public detailed examination of the proposals of the
Régie for waste management should be instituted for the Régie. We
are hesitant to provide the Régie with all the powers requested in this
bill because of what we have seen happen in the past, the lack of public
discussion.
In conclusion, I would like to say we are wondering why the plan of the
Régie would not be opened to public discussion. Is it such a delicate
plan that it would not stand up to public scrutiny? We ask that this bill be
looked after carefully, and that there be a public discussion before proceeding
further. Thank you.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
ministre.
M. Ryan: Look, I listened to your presentation, and it inspires
me no further comments at this stage. You insist upon the need for a public
debate around the main object of this exercice, which is the eventual
construction of an incinerator and the employment of a system of waste
management which would be compatible with the needs of the municipalities which
compose the Régie.
We said repeatedly that we are going to have the public debate on the
occasion of the public healings which have to be held by the Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement, in the next few weeks or months - I am not sure
about the date - but the Minister of the Environment indicated that the
hearings would probably begin in the summer. And we are going to have ample
opportunity to discuss all the implications existing on that occasion. And it
was indicated to the Commission d'accès à l'information that the
Régie would be prepared to make public, on that occasion, the main
elements of the proposed contract with the eventual builder of the incinerator.
So those are the terms of reference.
What we are discussing today is different, much more limited. We want to
enlarge the jurisdiction of the Régie regarding the categories of waste
which had to fall under its authority. And all that they are asking for is that
they be given the same attributions that the Cities and Towns Act gives to
other municipalities in Québec and that the Montréal Urban
Community Act gives to that party. That is what they are asking for.
There were some shortcomings, apparently, but we must not take
allegations for facts. We have a lot of verifications to do here. It was
alleged that some aspects of the past proceedings were not as public as they
are to have been. We will question the Régie about that when we come to
article 15. Be assured that we do not want to pass this in any hasty manner. It
is not our style, but we must remember they have now been working on this
project for eight years and it is normal, after all, that the authorizations
that were given at earlier stages, we should be prepared to continue to work
and not bring in an arbitrary halt to all that in order to satisfy whatever
group that may want that kind of outcome.
So, I take your representations with great interest and be assured that
we will keep them in mind in the process of our discussion of the bill in the
next few hours. Thank you.
M. AI: Mr. Minister, could not this bill be set aside until we
know further details? I am saying: It may be premature to give this power,
considering the article 15, where there may be a possibility that things have
been done in a way that they should not have been done. And I am saying: Do we
want to go ahead and give this type of powers at this time without a thorough
review of what went on?
M. Ryan: Subject to some questions which will be raised when we
come...
M. AI: O.K.
M. Ryan: ...to article 15, it is not our intention to further
delay this matter.
M. AI: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Je voudrais remercier M. Hayek Al, qui
représente la Coalition verte de Montréal, pour son
mémoire. Vous savez qu'au terme de cette écoute de
différents intervenants je pense qu'ils méritent qu'on fasse le
point. Je pense que, dans votre mémoire, vous avez fait allusion
beaucoup à la participation du public, l'information du public. Le
processus qui est engagé...et vous faites écho, en fait, à
ce que beaucoup de personnes sont venues nous dire au cours de ces
audiences.
Pour nous qui avons écouté avec beaucoup
d'intérêt les différents intervenants, il s'agit de savoir
si, vraiment, il y a urgence, urgence d'adopter ce projet de loi. À mes
yeux, on n'a pas démontré clairement qu'il y a urgence
immédiate, là, de donner une réponse aux demandes qui sont
devant nous. Concernant, par exemple, la capacité des sites potentiels
sur l'île de Montréal, nous croyons honnêtement qu'il y a
plusieurs possibilités qui restent et il y a surtout quelques
années devant nous pour trouver réponse.
La seule urgence qu'on a démontrée, c'est qu'il y a
actuellement une entente ou un contrat avec la compagnie Foster Wheeler, qui
demande avec beaucoup d'insistance qu'on puisse faire des tractations ou
finaliser ces contrats qui totalisent 270 000 000 $. Ce n'est pas une mince
affaire. C'est quelque chose de sérieux. C'est un engagement pour
plusieurs années. (11 heures)
On se rend bien compte que l'incinération, dans le contexte
actuel, si on se fie sur ce qui nous a été dit - en Ontario,
où ils sont plus avancés que nous au point de vue de
l'environnement, ou sinon dans l'environnement au moins dans le traitement des
ordures ménagères... Il faut se dire qu'actuellement il y a un
moratoire qui empêche la construction d'incinérateurs et ça
vaut aussi pour les États-Unis, dans certains États
américains. C'est quelque chose de sérieux. Nous, on était
prêts à s'engager, et on se compare souvent avec l'Ontario, en
disant que, nous, l'Ontario, ça a bien du bon sens, et on devrait les
copier à peu près sur toute la ligne. Ce qu'on a de distinct
ça pourrait peut-être être ça, c'est de
décider d'en faire. Mais ça, je ne suis pas sûr que c'est
la bonne distinction qu'on devrait avoir entre les uns et les autres. Pour moi,
il y a des expériences humaines qui dépassent même la
question de la culture. Si, au point de vue des besoins et de la qualité
de vie, l'Ontario et certains États américains demandent un
répit pour pouvoir étudier un peu plus ces questions-là,
ça me semble être sérieux, ça me semble, en tout
cas, demander beaucoup de respect et de considération.
Il y a beaucoup de questionnement concernant les démarches qui
ont suivi depuis le début. Même si le ministre nous dit que depuis
huit ans ce processus-là a été engagé, bien huit
ans, ça prendra six mois de plus et je ne pense pas que sera un
désastre écologique ni économique. Il y a beaucoup de
problèmes qui sont soulevés qui demandent certainement un
approfondissement. D'abord, il y a des intérêts financiers
importants en cause. Il y a un groupe de promoteurs qui, depuis des
années, s'occupent de cette question, qui viennent nous dire - et on ne
doit pas mettre ça de côté comme ça aussi rapidement
- que ça remet en cause nos entreprises, le gros va manger le petit.
Moi, je pense que dans la situation économique actuelle il faut
arrêter ça. Il faut regarder ça encore un petit peu plus
sinon avec intérêt du moins avec beaucoup d'attention.
Tous les groupes nous disent: Dans le processus, tout s'est fait en
catimini. L'article 15, tous les groupes sont venus nous dire: Aïe! c'est
sérieux. Même, je vous dis, comme parlementaire, je ne suis pas
sûr que je vais concourir à ça. Je ne connais pas ce qui
s'est passé. Dans le fond, il faut arrêter. La démocratie,
c'est aussi la participation du public dans les décisions. Si c'est
juste la participation des élus, la démocratie, ça voudra
dire qu'on aura une démocratie une fois par quatre ans, au moment de
l'élection, et tout le reste c'est fini, on n'a plus rien à dire.
Ça fait qu'on va rentrer dans nos tentes, on va prendre nos képis
et on va aller se cacher. On va s'en aller là-dedans et on va s'en aller
dans ce sens-là. Ça n'a aucun bon sens.
Dans les questions de discussion, la consultation avec le public,
ça me semble qu'elle est largement absente. Donc, encore là if y
a des questionnements. Le ministre nous dit aussi, et les membres de la
Régie, qu'il n'y a pas plus de pouvoirs que dans les cités et
villes. J'ai prétendu le contraire. Il y a certainement une partie des
gens qui sont venus devant nous qui ont exprimé les mêmes
réserves en disant: C'est sûrement que ça va plus loin que
les pouvoirs réguliers des cités et villes. Au point de vue
transport, que je sache, les cités et villes n'ont aucun contrôle
par rapport à ça. Il faut aller devant les régies
québécoises pour pouvoir faire valoir notre point de vue. Les
municipalités ne fixent même pas les taux des camionneurs. Donc,
à ce moment-là, ne disons pas qu'on a ce pouvoir-là. Moi,
je n'ai jamais donné de permis, et, croyez-moi, j'ai 22 ans dans le
domaine municipal. Je n'ai jamais donné un permis pour le transport. Les
transporteurs ne sont jamais venus demander des permissions au maire de
Jonquière, au maire d'Arvida du temps. Donc, ce sont des pouvoirs plus
grands que ce qui existe actuel-lemnt. Je persiste à dire que c'est
réellement... Quand on parle que l'article 13 est
déclaratoi-re...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière. Votre temps est
écoulé.
M. Dufour: ...il y a un certain nombre d'articles qui font
beaucoup de problèmes. Je vous le dis d'avance parce qu'il faut bien
venir à donner un point de vue après toutes ces écoutes
des groupes qui sont venus nous donner des explications. Je pense qu'on devrait
surseoir à l'étude de ce projet de loi, refaire nos devoirs.
C'est évident qu'il y a un problème avec la compagnie Foster
Wheeler et la Régie, mais, nous, on n'est pas responsables de
tractations qui ont eu lieu entre ces groupes-là et on devrait aller un
petit peu plus loin. 270 000 000 $ plus 18 000 000 $ d'études et 2 500
000 $ de pénalité, on est rendus à 300 000 000 $,
là. Je pense que pour moins que ça on a déjà fait
des drames beaucoup plus grands...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...et on devrait examiner un peu plus
sérieusement et plus fortement cette question-là.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, merci. Alors, on vous remercie, M.
Hayek Al, de votre présentation.
M. Al: Could I ask a question, Mme la Présidente? During
the BAPE hearings, will there be an evaluation of not the project itself
whether it is environmentally sound but whether it makes sense? Can we be
assured that there will be an evalution of whether the project, as formulated
by the Régie, is the best way to deal with waste?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: I will answer this question in the remarks which I will
make at a later stage in our debates.
M. AI: O.K. Could I add a comment? What we are saying is that,
prior to proceeding with granting these powers, we believe there should be a
review of what has happened in the past and the plan itself to see if that
manner of dealing with waste makes sense, prior to proceeding with this bill.
Thank you.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M.
Hayek Al. Nous sommes rendus à l'étape de l'étude du
projet de loi article par article, mais, étant donné tout ce que
nous avons entendu, je pense qu'il serait peut-être de mise de faire des
remarques préliminaires avant l'étude article par article.
M. Lazure: Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait
demander un ajournement de trois ou quatre minutes, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Bélanger): Une suspension.
M. Lazure: Une suspension, pardon.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, merci, M. le
député de La Prairie. Alors, la commission suspend ses travaux
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 8)
(Reprise à 11 h 34)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission reprend
ses travaux. Je demanderais à la Régie intermunicipale de bien
vouloir s'approcher à la table, étant donné qu'ils sont
les requérants du projet de loi. Avant de commencer l'étude
article par article, nous allons donner l'opportunité à chacun de
faire des remarques préliminaires, en commençant par le
ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente. M. Lazure: Dix ou 20
minutes?
La Présidente (Mme Bélanger): c'est 20 minutes
à chaque membre qui veut prendre la parole et je vais donner 20 minutes
aux requérants.
Remarques préliminaires (suite) M. Claude
Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, avant que nous n'abordions
l'examen du projet de loi article par article je pense qu'il s'imposerait que
nous essayions de faire le point sur ce que nous avons entendu jusqu'à
maintenant et sur les objectifs que nous poursuivons avec ce projet de loi.
Je voudrais tout d'abord rappeler que tout ce dont nous parions autour
du projet de loi 221 trouve sa source dans une entente qui fut conclue entre
une douzaine de municipalités de l'Ile de Montréal en
décembre 1984. Cette entente fut ensuite approuvée par le
ministre de l'Environnement le 25 avril 1985. Par la suite, d'autres
municipalités sont venues s'ajouter au noyau initial, de manière
qu'aujourd'hui la Régie compte 26 municipalités
affiliées.
Dès l'origine, dans le texte de l'entente intervenue entre les
municipalités, il était clairement indiqué qu'elles se
regroupaient afin de se doter d'un système commun de gestion des
déchets, devant aller jusqu'à la construction des
équipements qui pourraient être nécessaires. Par
conséquent, nous ne sommes pas en présence d'un projet
récent, d'un projet qui aurait été improvisé ou qui
nous arriverait sur la table inopinément. C'est une chose qui est en
marche depuis longtemps, dont le gouvernement, par ses ministres responsables,
tant celui de l'Environnement que celui des Affaires municipales, a eu
connaissance à bien des reprises.
En outre, à trois reprises, l'Assemblée nationale est
intervenue par voie de projets de loi privés afin de confirmer les
objets décrits dans l'entente intermunicipale et de doter la
Régie des pouvoirs et des instruments d'action nécessaires a
l'accomplissement de son mandat. Dès 1988, une première loi
était adoptée. En vertu de cette loi, la Régie se voyait
autorisée à conclure un contrat, clé en main, sans
être tenue de procéder par un appel de soumission publique,
dès 1988. Par conséquent, on peut bien soulever toutes sortes de
questions à ce moment-ci, mais voici des choses qui ont
été autorisées par le législateur en 1988,
c'est-à-dire il y a déjà quatre ans. Par la même
occasion, le législateur précisait le contenu éventuel que
pourrait renfermer le contrat qui serait conclu avec la firme à qui
serait attribuée la responsabilité de construire les
équipements nécessaires. Je pense
que dans les éléments qui étaient compris comme
pouvant faire partie du contenu du contrat figuraient à peu près
tous les éléments dont nous avons discuté jusqu'à
maintenant.
Une deuxième fois, en 1989, le législateur intervenait par
voie de loi privée pour autoriser la Régie à former un
comité exécutif, lequel se voyait attribuer un certain nombre de
pouvoirs, qui sont de l'ordre de ceux qu'on attribue en général
dans le domaine municipal à un comité exécutif, en
particulier en ce qui touche l'octroi des contrats. L'exécutif se voyait
accorder le pouvoir d'adjuger les contrats pouvant comporter des
dépenses inférieures à certains plafonds correspondant
à ce qui est déjà inscrit dans notre législation
municipale. Il était déclaré dans cette loi adoptée
en 1989 que tous les déchets appartenant aux municipalités
membres de la Régie devenaient propriété de la
Régie. Ça, c'est déjà en 1989 que cette affirmation
a été faite par le législateur.
Ensuite, en 1990, l'Assemblée nationale est intervenue de nouveau
par voie de législation privée encore une fois d'abord afin
d'introduire une définition de déchets, qui était d'ordre
limitatif, celle-là, une définition qui restreignait le champ
d'intervention possible de la Régie. Nous en avons parié au cours
de la journée d'hier. C'est un des points auxquels veut remédier
le projet de loi actuel. (11 h 40)
Dans ce même texte législatif adopté en 1990,
l'Assemblée nationale élargissait la portée de l'entente
de 1984 de manière qu'elle puisse mieux traduire tous les
éléments qui avaient été identifiés en cours
de route comme faisant partie de la problématique. On précisait
les pouvoirs de la Régie en matière de différentes
catégories de déchets, en matière de modalités
d'enlèvement des déchets, de transport, de livraison, en ce qui
touche la tarification, la création de filiales, etc. On
établissait clairement les obligations des municipalités membres
concernant le financement de déficits éventuels. Alors, de fois
en fois, le législateur a précisé à la fois les
possibilités d'action de la Régie, les instruments auxquels elle
peut recourir pour l'accomplissement de son travail, et en même temps les
obligations auxquelles elle doit se conformer.
Maintenant, à la suite de la loi adoptée en 1988, la
Régie lançait - ceci est bien important - à l'intention
d'entreprises spécialisées, un programme d'appel de propositions
auquel 20 entreprises ont participé initialement. Parmi ces propositions
qui furent reçues, 7 furent retenues pour être appelées en
proposition finale; 7. Le cahier d'appel de propositions fournissait à
chaque proposant le volume estimé des déchets à traiter
ainsi que des données de base concernant notamment le volume estimatif
de déchets que la Régie serait en mesure de
récupérer par collecte sélective. Il invitait chaque
proposant à suggérer un concept de son choix.
D'habitude, quand on va en appel d'offres public, l'entreprise ou
l'organisme public établit l'ouvrage qu'il veut réaliser, le
définit avec précision et demande à des entrepreneurs de
soumettre des propositions. Ici, on disait: Vous soumettrez vos propositions,
votre conception. C'est pour ça qu'on procédait plutôt par
invitation de propositions plutôt que par appel d'offres public.
En plus, le proposant devait indiquer le ou les modes de traitement
qu'il préconisait, préciser l'importance relative de chaque mode
et donner un prix ferme de réalisation sur une base clé en main.
La procédure qui avait été retenue permettait à la
Régie de retenir la solution d'un proposant et, à titre
subsidiaire, celle de deux autres concurrents de manière que, s'il
s'avérait impossible d'en venir à une entente avec le premier, il
en resterait deux autres qui seraient en ligne. Le cahier prévoyait
aussi que des changements pourraient être apportés au concept
retenu en cours de négociation. Alors, encore une fois, c'était
l'appel de propositions où chaque proposant était libre de
suggérer la technologie et le concept de son choix. Je pense qu'on
pourrait discuter; après coup, peut-être qu'on procéderait
différemment aujourd'hui, mais c'est une procédure qui
était très raisonnable à l'époque, qui fut soumise
à tout le processus de tamisage critique que permet le cheminement d'un
projet par les voies de l'Assemblée nationale.
Alors, à la suite de tout ça, après avoir pris
connaissance de ces rapports et après mûres
délibérations, le choix de la firme Foster Wheeler, en
décembre 1989 - ça veut dire qu'H y a deux ans et demi de
ça - a été approuvé à l'unanimité,
tant par le conseil d'administration de la Régie que par le
comité exécutif. Essentiellement, le concept qui a
été retenu était celui qui maximisait le recyclage et le
compostage des déchets tout en valorisant au plan
énergétique l'inévitable volume résiduel. Le prix
demandé par cette entreprise était également moins
élevé que celui des concurrents.
Depuis décembre 1989, les négociations avec le proposant,
Foster Wheeler, ont été menées par un comité de
négociation formé du directeur général, du
président du comité technique, des conseillers financiers, des
ingénieurs-conseils et des avocats de la Régie. Ce comité
fait rapport périodiquement au comité exécutif et au
conseil d'administration qui ont tenu, depuis cette date, au-delà d'une
trentaine, peut-être même, au point où nous en sommes
rendus, au-delà d'une quarantaine de réunions en tout.
Il y a déjà de nombreux mois, j'ai été saisi
d'un projet de loi à ce sujet peu de temps après que j'eusse
été nommé ministre des Affaires municipales,
c'est-à-dire quelque part au cours de l'automne de 1990. J'avais
demandé des précisions. Une première question qui se
posait à moi - là j'en viens au «rough and tumble»,
au
contenu véritable du projet de loi: Qu'est-ce que vous voulez au
juste? Ce qu'on nous demandait, c'était essentiellement à peu
près trois ou quatre choses. Premièrement, que le concept de
déchet défini dans la loi de 1990 soit élargi de
manière à correspondre en gros à ce qui est
déjà défini dans la Loi sur les cités et villes
pour l'ensemble des municipalités du Québec et ce qui est
défini dans la Loi sur la Communauté urbaine.
J'ai posé la question à maintes reprises au cours des
dernières semaines. Je l'ai posée encore au cours de la
journée d'hier, et je pense que nous devons tous convenir que ce que
nous retenons dans le projet de loi, par des moyens que nous examinerons lors
de l'étude article par article, c'est une conception des déchets
qui est plus large, qui permettra à la Régie de
s'intéresser, si elle le juge nécessaire, non seulement aux
déchets domestiques d'origine ménagère mais aussi aux
déchets domestiques d'origine industrielle et commerciale.
Éventuellement, la Régie pourra même s'intéresser
aux déchets de démolition et de construction, mais on nous a
assurés tantôt que telle n'était pas son intention. De
toute manière, les attributions qui lui seraient données ici
seraient de même nature que celles qui sont conférées
à l'ensemble des municipalités du Québec, encore une
fois.
Alors, deuxièmement, on nous demandait que les pouvoirs de
réglementation de la Régie soient précisés de
manière à tenir compte de cet élargissement de
responsabilités, de manière aussi à bien établir...
Il ne faut pas oublier une chose, c'est que chaque municipalité va
continuer d'avoir son système, par exemple, de cueillette de
déchets. Ça, on ne leur enlève pas ce
système-là. Il appartiendra à chaque municipalité
de prendre sa décision, à cet égard. Il faut quand
même qu'il y ait des règlements qui soient uniformes et, au cas,
où une municipalité aurait un règlement concernant
l'aspect qu'elle garde sous sa responsabilité qui serait contraire
à un règlement de la Régie, ce que la Régie nous
demande c'est que le règlement de la Régie ait
prépondérance. Autrement ça serait une véritable
farce. Si on ne mettait pas ça, autant dire on s'en va dans une
entreprise commune, mais en gardant la possibilité de s'en sortir en
n'importe quel temps quand ça fait notre affaire. Ça ne serait
pas sérieux.
Alors, sur ce point-là, moi, je pense que la position de la
Régie est une position saine. Vous voulez que vos règlements
aient prépondérance aussi sur d'éventuels
règlements de la CUM. J'ai indiqué qu'il faudra se poser des
questions là-dessus, parce que ça, c'est beaucoup moins clair, en
ce qui me concerne. Je pense qu'il y aura peut-être moyen d'envisager un
amendement là-dessus parce qu'il n'y a pas eu de
délégation de la part de la CUM, en tout cas. Il y en a de la
part des municipalités membres de la Régie. Là, je verrais
difficilement... Vous vous expliquerez, peut-être que, si on est d'accord
pour laisser tomber cette partie-là, ça va régler bien des
problèmes. On l'examinera à ce moment-là, j'ai des
réserves.
Un autre objet de demande... La Régie nous demande: On veut
être autorisés à signer un contrat maintenant avec Foster
Wheeler et on voudrait que cette autorisation nous soit donnée par le
ministre des Affaires municipales et non pas conjointement par le ministre des
Affaires municipales et le ministre de l'Environnement comme c'était
stipulé dans les lois adoptées antérieurement. Je me suis
longuement interrogé là-dessus. J'ai examiné tous les
aspects de la question. A priori, la position d'un profane là-dedans,
c'est de dire: Attendez donc d'être passés devant le BAPE et vous
nous reviendrez avec l'autre affaire après. C'est la position logique
d'un profane, position responsable.
Là, on m'a fait valoir des arguments, auxquels j'ai
été sensible, qu'on pourra expliciter lorsqu'on en viendra aux
articles qui traitent de ce sujet, mais qui se résument, à mon
point de vue, à ceci: Pour aller devant le BAPE, il faut que vous ayez
une proposition, un projet concret; pas un simple désir, pas une affaire
abstraite, un projet concret qui réunit toutes les chances normales de
réalisation d'un projet.
Moi, si je veux faire un développement dans une région que
je trouve magnifique, il faut que je discute avec des entrepreneurs. Il faut
que j'arrive avec un projet, que l'entrepreneur qui sera appelé à
le réaliser ait des garanties quant à mon sérieux. Je vais
lui donner une signature quelque part. À ce moment-là, une fois
qu'on est entendus sur le caractère hautement désirable d'un
projet qu'on veut réaliser ensemble, maintenant, on regarde au point de
vue légal ce qu'on doit faire. Dans ce cas-ci, c'est évident, on
ne peut pas marcher s'il n'y a pas d'autorisation du gouvernement
accordée sur recommandation du ministre de l'Environnement, lequel ne
fera une recommandation qu'après que le BAPE aura tenu des auditions
publiques. Alors, tout ça, moi, j'ai vérifié le projet de
contrat qui nous est soumis. Toutes ces garanties-là sont explicitement
comprises dans le projet de loi de manière satisfaisante pour nos
conseillers juridiques et pour moi-même. (11 h 50)
Alors, devant ces conditions, j'ai consulté également les
représentants de la firme Foster Wheeler pour leur demander si eux
autres tenaient beaucoup à cette affaire-là. Il y a une chose qui
m'a frappé dans les rencontres que j'ai faites à ce
sujet-là, que j'ai faites indépendamment de la Régie. On
m'a fait valoir, du côté de Foster Wheeler, que pour aller devant
le BAPE on doit demander un déploiement de preuves considérables,
et il va falloir faire venir des experts de différentes parties du
monde. Il va falloir faire faire des travaux, des mémoires sur tel ou
tel point particulier qui vont entraîner des déboursés
considérables.
II faut qu'on soit sérieux, parce que, si on arrive et qu'on leur
offre seulement une affaire désirable, il arrive des élections
municipales l'automne prochain, puis il y a des gros changements, puis il y en
a qui ne veulent plus marcher là-dedans. On remet les choses en question
continuellement un peu comme on fait pour la Constitution canadienne. Ce n'est
pas la meilleure manière d'arriver à des résultats. Il
suffit que - je ne nommerai personne, parce que je ne veux pas nuire aux
négociations en cours - une certaine personne fasse son apparition sur
la scène pour que tout le portrait soit renversé. Il faut bien
qu'on mette un stop quelque part. Il faut qu'on mette un point d'action.
À partir de maintenant, c'est action.
Alors, moi, on m'a fait valoir ces considérations-là. Je
vous le dis en toute bonne foi. J'ai regardé ça en long puis en
large, et je n'avais aucun intérêt, puis je n'éprouve
aucune espèce d'engagement envers les gens de la Régie. Ils me
connaissent tous, et on me connaît ici également. Je dois juger
ça en fonction du bien général. Alors, je me dis: Je pense
que c'est normal qu'il y ait une entente. Une entente, quand ce n'est pas
signé, on sait ce que ça vaut. On l'a vu encore avec le lac
Meech. Quand c'est signé, ça veut dire quelque chose. Autrement,
c'est de la parlotte. Quand on est dans l'Opposition, on aime toujours mieux la
parlotte que l'action. Je m'en souviens.
M. Lazure: Ah, je m'en souviens!
M. Ryan: Oui!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: J'avoue ne pas avoir été
complètement exempt de tout péché de l'autre
côté!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Mais là je fais voir le bien
général comme il m'apparait, en ma qualité de ministre des
Affaires municipales. Je crois que la requête qu'on nous soumet est une
requête normale. Là, je clarifie une chose au sujet du concept
d'urgence. Il n'y a personne qui a dit, à ma souvenance: Ça,
c'est urgent, il faut qu'on commence ça demain matin. Ce n'est pas
ça qui est dit. Ce n'est pas ça qui est dit. Il va y avoir du
temps pour échelonner la réalisation. Ce qui est dit, c'est que,
là, on a l'étape x qu'il faudrait franchir maintenant. Il y a des
clarifications qu'il faut apporter. Ça, on en a besoin maintenant. C'est
sûr que s'ils vont devant le BAPE puis qu'ils vont dire: On va
s'intéresser aux déchets domestiques d'origine commerciale ou
industrielle, là, le BAPE va dire: Oui, mais dans votre loi, ce n'est
pas ça qui est dit. Il va dire: Bien, là, va faire changer ta
loi. Pour négocier avec l'autre, il va dire: Tu ne l'as même pas
dans ta loi. Qu'est-ce que ça veut dire, ça? Il faut qu'on
décide ça maintenant. On peut être pour, on peut être
contre, mais il n'y a pas lieu de s'éterniser indéfiniment sur
des questions comme celles-là.
Il y a la SAQ qui nous a fait des représentations très
sérieuses qu'on doit examiner avec attention. On va voir s'il y aurait
des accommodements qui pourraient être recherchés ou des
assouplissements ou des précisions qui pourraient être
apportés de manière à tenir compte d'intérêts
qui sont légitimes et que nous comprenons également. Mais il y a
un point... Nous sommes arrivés à un point. Il faut que tu
décides si tu traverses le pont ou non. Si tu restes de ce
côté-ci, tu ne fais rien. Si tu traverses, après ça,
tu as une autre échéance l'autre côté. Il y a
peut-être un autre point un peu plus loin puis un troisième. Mais
on est rendus, à ce moment-là... C'est comme ça que je
vois l'affaire.
Il y a un autre point. On dit: Les réunions qui ont
été tenues jusqu'à maintenant du conseil
d'administration... Quelle est la formulation exacte dans le projet de loi? Les
réunions... «les résolutions, règlements et autres
actes du conseil d'administration de la Régie [...] dans la seule mesure
où ils ont été adoptés ou posés au cours
d'une assemblée qui n'a pas été tenue publiquement»
sont validés. Ils sont validés.
On a tous suivi ça évidemment. Regardez, le ministre des
Affaires municipales, à trois reprises, a autorisé des
règlements d'emprunt. On pourrait bien arriver, puis faire de la
chinoiserie puis de la théologie rétroactives.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, il
vous reste 30 secondes.
M. Ryan: II est difficile d'exposer la vérité!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Le cardinal Newman disait ça, que c'est bien plus
difficile d'exposer la vérité que l'erreur. L'erreur, il suffit
de nier, tandis que la vérité, il faut l'étayer solidement
avec des preuves, évidemment. Je termine là-dessus. Nous avons
examiné toute la documentation pertinente en cours de route. C'a
toujours été fait de manière approfondie. Il y en a qui
ont soulevé des questions là-dessus. On dit: On va
régulariser ces choses-là. Il y aurait des questions qu'on posera
tantôt. On a entendu des choses au cours des deux derniers jours qui
soulèvent des questions. On va les nettoyer comme il faut. Mais le
principe que tout ça soit validé pour éviter qu'on se
ramasse dans des contestations judiciaires qui pourraient retarder tout
ça de nombreuses années... Il suffit qu'à un moment
donné quelqu'un se mette dans la tête de lancer une chose, et,
avant qu'on ait franchi toutes les étapes judiciaires, ça peut
prendre beaucoup de temps. Un des principes d'une législation saine,
c'est la
sécurité. Il faut légiférer de
manière que ceux qui auront à vivre avec la loi puissent agir
avec le maximum de sécurité possible. Voilà les
considérations que je voulais faire valoir à ce moment-ci.
En raison de ces considérations, Mme la Présidente, le
gouvernement est favorable au projet de loi, autrement nous ne l'aurions pas
laissé venir jusqu'ici. Nous sommes favorables au projet de loi, nous
sommes prêts à écouter les représentations qu'on
nous fera, mais il faudra qu'elles portent sur les points précis dont
traite le projet de loi. Les grandes considérations futuristes ou
abstraites, ça, le stade est passé de ça. Ça fait
huit ans qu'on discute de ce dossier-là. Nous sommes à un stade
où il y a certaines décisions à prendre. Il y a d'autres
choses qui pourront être examinées en cours de route,
également, parce que les étapes sont loin d'avoir
été toutes franchies.
J'ajoute un dernier point. Dans le cas des entreprises privées
dont les affaires pourront être affectées par certaines
décisions éventuelles de la Régie, bien, il y aura du
temps pour ça. Ce n'est pas des choses qui vont se faire demain matin.
Il y aura toutes sortes de discussions qui pourront avoir lieu. Même
pendant les travaux de la commission, ici, on va examiner ces aspects-là
avec beaucoup d'attention. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Tout à
l'heure, avec quelques remarques à la fin des audiences, j'ai
exprimé certains questionnements concernant la consultation qu'on venait
de terminer. Par principe, il est clair dans mon esprit que lorsqu'il y a eu un
projet de loi privé, à venir jusqu'à maintenant, on a mis
tout en oeuvre pour essayer de trouver des solutions aux problèmes qui
nous étaient soumis. Je pense que, en toute humilité, on peut
dire qu'on a trouvé, à quelques reprises, des solutions
intéressantes qui ont donné satisfaction aux parties.
Pour le projet qu'on a devant nous, il est malheureux de le dire, mais
même à la suite du ministre des Affaires municipales, qui dit: Ce
n'est pas un nouveau projet, ça fait huit ans que c'est en marche, on a
réussi, à trois reprises, à faire des amendements à
la loi, on arrive à la fin des consultations et on dit: Bien, là,
on ne peut plus rien faire, il s'agit juste de corriger ce qui est possible et
de permettre à la Régie de continuer et de fonctionner...
Il faut bien se rappeler aussi qu'à travers l'historique, puisque
le ministre des Affaires municipales a fait l'historique, il faut bien imaginer
pourquoi il y a eu cette nécessité de mettre en place une
régie. C'est probablement parce que, les sites d'enfouissement sanitaire
ou les sites de disposition des ordures ménagères se faisant plus
rares, la population étant plus à l'écoute ou plus
sensibilisée aux problèmes de l'environnement, on a cru bon de
mettre en place une régie pour trouver une solution aux problèmes
qui assaillaient et qui assaillent encore toute la région de
Montréal. C'est un peu ce qui a précédé ou ce qui a
présidé à cette volonté commune de mettre en place
cette régie.
Je pense bien que comme parlementaires on a, bien sûr, à
trouver des solutions à des problèmes, mais une des grandes
décisions qu'on a à prendre, c'est aussi d'écouter ce que
les gens ont à nous dire. On est, à ce que je sache, des gardiens
de la loi ou du processus qui doit présider à des actions
décisionnelles venant de corps qui reçoivent des pouvoirs
délégués. Il ne faut jamais oublier ça.
Tous les intervenants qui sont venus, à l'exception d'un, bien
sûr, sont venus nous démontrer que l'urgence qui semblait se
dessiner au début de la décennie, c'est moins vrai. Le site de la
carrière Miron semble appelé à une carrière plus
longue que prévue initialement, ce qui fait que, si ces faits avaient
été connus au moment des changements des projets de loi, c'aurait
sûrement amené les législateurs à prendre des
tangentes ou des décisions différentes. (12 heures)
À l'impossible, nul n'est tenu, mais, devant les faits nouveaux,
j'ai la certitude qu'on doit réexaminer avec des yeux nouveaux ce qui
s'est passé et ce qui se passe actuellement sur le territoire. Donc,
l'urgence étant moins grande, est-ce que, si on avait eu à
prendre des décisions où l'urgence aurait été moins
cruciale, on aurait pris les mêmes décisions? On a le droit
à cette pensée, on a aussi le droit de dire: On ne veut pas
changer ce qui a été décidé antérieurement,
mais on se doit au moins, actuellement, de faire le point et de constater les
nouveaux événements ou les nouveaux faits qui se sont produits.
Donc, pas d'urgence, c'est déjà ça de
Deuxièmement, à la lumière des
événements qui se passent aussi sur notre territoire, sur un
territoire un peu plus grand on constate bien qu'avec la solution - parce que
c'est une solution coûteuse, l'incinération, ce n'est pas la moins
coûteuse - si on veut traiter tous les déchets et bien les
traiter, avec toute la sécurité possible pour l'air, pour les
citoyens, il y a des coûts qui ne sont pas connus, parce qu'on pourrait
bien dire que ça coûte 110 $ ou 120 $ la tonne pour
incinérer, mais il y a peut-être d'autres dommages qui sont
beaucoup plus élevés. En tout cas, j'ai l'impression que
ça doit être pire que de fumer un couple de cigarettes par jour,
même si c'est dans les meilleures conditions possible. Donc, il faut
faire attention.
On fait des attaques régulièrement. Il n'y a
pas de solution parfaite, ça, je suis conscient de ça.
Ça fait assez longtemps qu'on est enfouis dans les déchets,
depuis tant d'années, là, qu'on finit par comprendre qu'il n'y a
pas de solution miracle, il n'y a pas de solution possible. Il y a eu plusieurs
processus qui ont été engagés. J'en ai vécu
quelques-uns, de ces processus-là, et le moins coûteux,
évidemment, c'était le dépôt à ciel ouvert.
Ça, ça coûtait moins cher. Bon! Ça, ça a
été expérimenté, ça a été
pratiqué pendant de nombreuses années. L'enfouissement sanitaire
en est un deuxième, et il y a d'autres méthodes aussi: il y a la
disposition dans les mers, comme on a fait dans d'autres endroits, dans l'eau.
Ça aussi, il y a des coûts à payer pour ça.
L'expérience qu'on a à la ville de Québec, ou dans la
Communauté urbaine de la ville de Québec, est peut-être
concluante dans le moment, mais a coûté terriblement cher pour
trouver des solutions aux problèmes qui ont été
soulevés par l'incinération.
Tout ça, évidemment, pour démontrer que l'urgence
n'étant pas là, est-ce que ce n'est pas bon, est-ce que le temps
n'est pas venu d'examiner un petit peu plus en profondeur les problèmes
qui assaillent l'île de Montréal? D'abord, un, il n'y a pas
d'entente. La Communauté urbaine est d'un côté, ou la
Régie est d'un côté, la ville de Montréal est de
l'autre. Déjà, on constate qu'il y a deux intervenants dans un
territoire assez grand, qui donne beaucoup à la population mais qui ne
répond pas nécessairement, actuellement, à ces
problèmes-là.
On a fait aussi la démonstration qu'il y avait des
intérêts en jeu, des intérêts financiers importants.
Il y a des groupes de promoteurs qui ont mis des sommes d'argent importantes
dans ce processus de recyclage ou de récupération de
déchets. Le projet qui nous est présenté peut mettre en
jeu ces entrepreneurs-là, la vie des entrepreneurs, et certainement des
emplois. Dans le fond, c'est la nationalisation, carrément, des
déchets, pour la propriété. Il n'y a rien de changé
dans les lois qui habilitent la Régie: elle a déjà la
propriété complète des déchets, mais est-ce que
«complète», ça veut dire même les
déchets dangereux, et est-ce qu'elle a les possibilités de
traiter ça? On ne l'a pas démontré clairement à
venir jusqu'à maintenant.
À travers le projet de loi, aussi, il y a des articles qui
présentent des difficultés énormes, des difficultés
à l'effet qu'on dit, d'une part, que ça ne va pas plus loin que
les lois des cités et villes, mais quand on examine un peu plus, ou on
creuse un peu plus, on voit bien que c'est la mainmise sur tout le transport
des déchets dans la région de Montréal. À venir
jusqu'à maintenant, en tout cas, c'est ce que le projet de loi nous dit.
J'imagine que le ministre est prêt à faire certaines concessions
ou changements par rapport à ça. Ça peut peut-être
bonifier mais ça ne corrigera pas, et ça va vraiment avec un
pouvoir beaucoup plus grand que ce qui existe dans la Loi sur les cités
et villes concernant les pouvoirs qui leur sont dévolus.
Donc, on va un peu plus loin, et on est en train, possiblement, de
créer un précédent, parce qu'il y aura de la circulation
à travers différentes parties de l'île de Montréal
et, à ce moment-là, quand ça touchera le territoire
concerné, je ne sais pas ce que ça pourra donner. La Régie
vient nous dire: Ce n'est pas tellement grave, on n'a pas l'intention d'aller
aussi loin que ça. Mais, moi, j'ai toujours pensé que, quand on
donne un pouvoir, c'est pour l'exercer. Ça peut bien ne pas être
le cas des gens qu'on a devant nous mais, tôt ou tard, quelqu'un aura le
goût de l'exercer, ce pouvoir-là, et lorsqu'il l'exercera, bien,
on vivra avec les problèmes. On dira: On vous l'avait bien dit, on
l'avait vu, mais, en fait, ce qui est écrit ou ce que la loi, si le
législateur... Si ce n'est pas ça qu'on veut dire et ce n'est pas
ça qu'on veut avoir, je pense que l'occasion est bien placée,
dans l'étude d'un projet de loi, pour vraiment dire ce qu'on veut dire.
Sans ça, on pourrait dire qu'on fait oeuvre futile et non pas oeuvre
nécessaire. Donc, à ce moment-là, c'est une
difficulté qu'on a à rencontrer, sûrement, concernant
l'application de ces articles-là.
Le fonctionnement de la Régie n'a pas suivi les règles
connues par rapport à la population ou par rapport au public. Le
caractère public d'une assemblée, ce n'est pas seulement la
publicité qui entoure cette assemblée, mais c'est aussi une
volonté ferme de démontrer à la population qu'elle peut
assister à ces débats. On a eu la démonstration que ces
débats-là ne sont pas faits publiquement, et ce n'est qu'à
partir de 1990 qu'on a pris en compte qu'on devrait faire ces
assemblées-là publiquement.
Le ministre des Affaires municipales ne peut pas plaider l'ignorance
concernant la tenue de ces assemblées, puisque, déjà, en
1990, au mois de juin, M. Chiasson est venu nous dire hier soir qu'il l'avait
sensibilisé, par lettre, pour lui demander de regarder ce qui se passait
par rapport à ça. Je comprends que le ministre des Affaires
municipales soit très jaloux de l'autonomie des municipalités,
mais il faudrait que ça soit tout le temps qu'il soit jaloux de
l'autonomie des municipalités. Comme ce n'est pas le cas, je ne me sens
pas bien, bien malheureux avec tout ça, parce que je pense qu'il nous
démontre seulement qu'il est humain, qu'il n'est pas parfait et, comme
tout le monde, il peut avoir des faiblesses. De ce côté-là,
je pense qu'il n'est pas intervenu, il a laissé les assemblées se
tenir à huis clos, et ça a fait problème.
On pourrait argumenter à l'effet que, oui, on est allé
devant la Commission d'accès à l'information pour obtenir ces
documents, mais selon les informations que j'ai, même s'il y avait neuf
demandes, il y en a eu sept auxquelles on a répondu, mais où,
vraiment, il y a des omissions, il y a des ratures sur les documents, qui
font
que, pour un profane, et même pour une initié, à
moins d'avoir participé à la décision et de
posséder ces documents-là en propre, on ne peut savoir vraiment
ce qu'il y avait dans ces documents-là. Et, nous, on vient nous
demander, en plus, comme parlementaires, de ratifier ces documents, de donner
vie à ces documents-là, comme s'ils avaient été
correctement faits, dans des conditions correctes. Je comprends que l'un des
procureurs de la Régie soit venu nous dire: Bien, oui, c'est devenu
public. Les assemblées ont toujours été publiques, on n'a
jamais empêché personne d'entrer. Je pense que c'est prendre un
circuit ou un chemin très court pour nous faire une démonstration
qui, à mes yeux, ne fait pas le poids, et qui ne pourra jamais
être acceptée comme donnant un caractère public à
une assemblée qui, effectivement, n'en était pas une. On ne peut
pas être dupes de ça; il faut bien qu'on prenne nos
responsabilités et qu'on admette que le public n'a pas eu droit à
l'information. (12 h 10)
J'accepte cependant que le contrat comme tel, ou les contrats comme
tels, qu'ils aient été publics au départ, ça aurait
été, je pense, difficile. Je pense que ça serait difficile
de dire aux gens - parce que je pense qu'il faut faire preuve de rigueur par
rapport à ça - que le contrat qui était
négocié avec Foster Wheeler, au départ, devait être
public. Je pense que ça aurait été difficile pour la
Régie de le faire. De ce côté-là, j'accepte, dans le
moment, que ça n'ait pas été public, parce que
négocier sur la place publique, je pense que c'est très
difficile.
Par contre, informer les gens des démarches qu'on fait, informer
les gens vers quoi on s'en va, dire aux gens ce que ça coûte -
parce qu'il y a des coûts que les gens vont avoir à payer - ce
n'est pas dans la nature, ce n'est pas l'intérieur du contrat; mais ce
qui suit ça, pour moi, ça représente des
éléments qui font partie du patrimoine public, qui auraient pu
être connus, qui auraient pu être mis à la connaissance de
la population en général. On peut s'inquiéter actuellement
que, oui, Foster Wheeler pourrait être appelée à payer des
coûts énormes, mais, déjà, la Régie eut
engagé 9 000 000 $, plus 2 500 000 $ supplémentaires en cas de
non-respect des contrats. Donc, c'est 11 500 000 $, déjà, que la
population est appelée à payer sans qu'elle puisse faire un
véritable débat.
Il est vrai, ou il est possible que le BAPE aime mieux avoir un projet
concret pour siéger qu'un projet qui n'est pas sérieux. Dans le
cas qui nous préoccupe, je pense que la question ne se pose pas. Il y a
trop de montants d'argent d'engagés pour qu'on puisse être
appelé à croire que ce n'est pas sérieux. Donc, on
pourrait avoir le projet sans qu'il y ait signature. Il y a trop d'argent
d'engagé; il n'y a personne ici, autour de la table, qui puisse croire
ou qui pourrait être porté à croire que, après que
la Régie eut engagé 9 000 000 $, plus 2 500 000 $ de
pénalité possible, ce projet-là n'est pas sérieux.
Donc, l'argument qu'il faut avoir une proposition concrète signée
avant que le BAPE ne puisse se prononcer, moi, je pense qu'on ne peut pas le
retenir. Je ne le retiens pas, effectivement, comme un argument qui
empêcherait le processus de continuer.
Ce qu'on peut dire, en gros, c'est que les consultations étaient
importantes. On a eu beaucoup de gens qui sont venus nous donner des points de
vue, beaucoup sur la consultation, beaucoup sur l'information, beaucoup sur le
cheminement de la Régie. On a appris; ça nous a permis
d'apprendre aussi qu'il y a un comité spécial qui a
été mis sur pied, où il y a 22 personnes, 4 experts et 18
personnes intéressées, un comité qui n'a même pas eu
non plus les informations pertinentes qui lui auraient permis de se prononcer
sur la qualité des actions ou des décisions prises par la
Régie elle-même. On est en lieu de se demander s'il y avait,
à travers ça, cette volonté de bien saisir les enjeux qui
nous préoccupaient.
Ça, c'était, en gros, cette démarche-là. Il
y a très certainement, à travers ça, la question... On a
pu apprendre aussi que le ministère de l'Environnement, même si on
l'évacuait pour le moment, pouvait revenir, en principe, dans le
processus, mais je ne crois pas que... Vous savez, on ne l'a pas mis longtemps
en consultation, le document. Ça ne fait pas tellement longtemps que le
projet de loi est déposé, et les gens qui sont venus se
présenter ici n'ont possiblement pas eu le temps nécessaire,
surtout qu'on s'adresse beaucoup à des groupes communautaires, puis,
quand on voit avec quelle parcimonie on traite ces groupes-là, c'aurait
été surprenant d'avoir des mémoires de 50 puis 75 pages.
D'abord, un, pas parce que c'est plus important qu'ils aient 75 ou 50 pages,
mais, moi, je comprends que les groupes bénévoles qui
préparent des mémoires, même si... J'en ai ici,
actuellement - et on pourrait les citer - de trois ou quatre pages, qui sont
des modèles de mémoires. Je pense qu'ils sont très clairs,
en 12 ou 15 points où ils font une démonstration évidente
qu'il y a des choses qu'ils avaient à reprocher et qu'ils avaient des
choses à dire. Et, ça, je pense que je les retiens.
Il y a beaucoup d'arguments qui se sont donnés disant que le
projet de loi, par exemple, était sans objet et que le débat
public avait fait défaut. Ce projet de loi est venu en discussion.
Est-ce qu'il a été soumis, et est-ce que tout le monde est
convaincu? Et le ministre nous dit: Ça fait longtemps qu'on en discute.
Mais, même là, on sent déjà qu'il y a plusieurs ou
qu'il y a quelques amendements qui se préparent concernant ce projet de
loi. Comment on peut dire que ça a été discuté et
que ça a été étudié en long et en large?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, une minute.
M. Dufour: Oui, qu'on rencontre un peu tout le monde. On sait,
encore aujourd'hui, que le ministre, avec sa volonté de vouloir
procéder, il veut nous passer un paquet de changements. Donc, est-ce
que, vraiment, il y a eu cette volonté d'avoir un intervenant dans le
milieu? Et est-ce qu'on est assuré que c'est la meilleure
décision qu'on prend? Est-ce qu'on peut nous demander, avec certitude,
comme parlementaires, de faire un acte de foi, à la fois au ministre des
Affaires municipales et à la Régie, pour approuver tout ce qu'ils
ont fait à venir jusqu'à maintenant sans que, nous, on ait eu
accès au dossier, sans que la population ait pu se prononcer?
Je pense que, pour toutes ces raisons, ça devient de plus en plus
clair que, même avec un retard de quelques mois, il est
prématuré de faire l'étude de ce projet de loi
immédiatement. On pourrait arriver à des solutions efficaces, et
on pourrait donner des réponses meilleures. Puis, moi, je vous dis
qu'à chaque fois qu'il se produit des événements il faut
les regarder. Je pense que vous avez... En tout cas, on ne fera pas appel
à votre bon sens, on aurait encore beaucoup de choses à dire, on
aura l'occasion de le faire. Mme la Présidente, je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. Bon, avant que d'autres
parlementaires ne s'expriment, étant donné que j'avais dit que
les requérants auraient un droit de parole, est-ce que vous voulez
prendre votre droit de parole immédiatement?
M. Leduc (Michel): Oui, Mme la Présidente, si vous n'avez
pas d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez des
remarques? Parce que, en fin de compte, ils ont été ici toute la
soirée et tout l'avant-midi, à se faire savonner un peu, et ils
aimeraient répliquer, je pense. Alors, M. Leduc.
M. Michel Leduc, président de la
Régie
intermunicipale de gestion des déchets
sur l'île de Montréal
M. Leduc: Écoutez, je vous remercie, Mme la
Présidente. Avec les leçons de démocratie qu'on se fait
faire depuis les dernières, je dirais, 24 heures, vous me permettrez une
courte intervention pour replacer peut-être le projet en perspective. La
Régie, c'est quelque chose qui est un événement assez
unique. Depuis 8 ans, 26 maires souscrivent à ce projet-là, 26
maires représentant 760 000 citoyens. Et les 26 maires, là, ce
n'est pas tous les mêmes depuis le début. La démocratie
étant ce qu'elle est, il y a eu quelques petits changements de maires en
cours de route, et les nouveaux maires sont arrivés en souscrivant
à ce projet-là. Pardon?
Une voix: Not the citizens...
M. Leduc: I am sorry, but... Est-ce que je suis obligé de
répondre aux citoyens en arrière, madame?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Je
m'excuse, j'étais distraite, là.
M. Leduc: Je les ai écoutés religieusement depuis
24 heures nous faire des leçons de démocratie, qu'ils me
permettent de répondre! On a un sondage scientifique qui nous montre que
76 % des gens sur l'île de Montréal, dans nos
municipalités, avec une surreprésentation dans l'est à
l'intérieur du sondage, sont d'accord avec le regroupement des 26
municipalités et l'approche de gestion intégrée que nous
avons. 84 % des gens sont très inquiets de l'enfouissement de masses
importantes de déchets, et le même pourcentage, 85 %,
réprouvent l'enfouissement sanitaire comme méthode de gestion, la
méthode traditionnelle qui a toujours été utilisée.
Mais, maintenant, je vais vous en sortir un, chiffre, qui est quand même
assez impressionnant puisqu'il m'a impressionné moi-même: 71 % des
gens sont pour l'incinération des déchets qui n'ont pas
été préalablement recyclés, ou les déchets
domestiques dangereux, en tout cas, récupération, recyclage, et
tout. Pour les déchets qui restent, 71 % des gens se disent d'accord
avec l'incinération et la production d'énergie.
Il faut voir qu'à date la Régie a préparé un
dossier pour aller en audiences publiques. On a toujours appuyé
l'idée d'audiences publiques complètes, transparentes, et c'est
vers ça qu'on s'aligne. C'est le prochain «step», si vous me
passez l'expression. On a fait des appels de propositions complètes aux
firmes; 20 propositions ont été reçues initialement, 6 ont
été sélectionnées, une a été retenue
pour négociation prioritaire. Tout cela s'est fait sur la base
d'analyses financières, environnementales, comparatives
complètes, impliquant nécessairement une stricte
confidentialité, il va sans dire. Elle a négocié avec le
principal proposeur, puis il va de soi qu'on ne peut quand même pas
étaler sa stratégie en public. Tout le processus a
été mené de manière régulière, et le
ministre des Affaires municipales sera appelé à en juger avant
d'entériner ou d'autoriser la Régie à signer les contrats.
(12 h 20)
Par respect pour le processus d'audiences publiques qui s'annonce, la
Régie a tenté de garder autant que possible le public
informé, sans pour autant donner de l'information qui est appelée
à changer au fil des négociations. Et, suite aux études
d'impact en cours, il serait inopportun de lancer le débat avant qu'il
ne
s'ouvre devant le BAPE. D'ailleurs, on se l'est fait reprocher par des
journalistes spécialisés quand on faisait des assemblées
publiques.
Les frais encourus par la Régie - parce qu'il en a
été beaucoup question, de ça - pour préparer les
dossiers ne sont pas exorbitants. Si on les met en relation avec l'ampleur du
projet, 9 000 000 $ sur 275 000 000 $, ce n'est pas exorbitant. Le nombre des
municipalités puis de contribuables desservis: 9 000 000 $ pour 26
municipalités représentant 800 000 ou près de 800 000
habitants, il faut replacer ça dans son contexte. Il y a plus. Si la
Régie avait commandé des plans et devis et avait
procédé par des appels de soumissions, ça nous aurait
coûté au moins 15 000 000 $ à 20 000 000 $, sans compter la
préparation des études d'impact. Donc, on doit rajouter 2 000 000
$. Ça veut dire à peu près entre 17 000 000 $ et 22 000
000 $. Et de l'expertise, on n'en aurait même pas trouvé au
Canada. Il y a peut-être Monenco qui aurait pu nous faire ça, mais
il aurait cherché son expertise ailleurs. Il n'y en a pas au Canada,
d'expertise. Il fallait procéder de cette façon-là,
c'était la façon la moins dispendieuse. La démocratie puis
l'ouverture ne doivent pas faire perdre de vue les responsabilités qui
incombent aux élus, ceux à qui la population a confié la
charge - on est tous dûment élus - de monter un dossier complet,
crédible, étudié puis bien négocié, qui sera
soumis au débat public, devant le BAPE, pour révision en
profondeur.
Il serait stupide et inconséquent de se présenter en
audiences publiques sans avoir un entrepreneur crédible, lié, qui
garantisse les prix et les normes environnementales par contrat. Et c'est ce
qui forme la base du projet. Que diraient les contribuables si le projet
passait au BAPE, était approuvé, et si l'entrepreneur
décidait, ensuite, parce qu'il n'est pas lié par un contrat
crédible, conditionnel, que les prix puis les normes environnementales
au BAPE ne sont pas acceptables?
Une administration responsable ne procède pas de cette
manière. Elle commence par monter méticuleusement un dossier, par
conclure un contrat conditionnel qui ne liera les parties que si les
certificats d'autorisation sont émis. C'est ainsi que nous entendons
procéder. Les règles d'assemblées publiques prévues
par la loi sont peut-être un peu floues. Moi, je suis prêt à
faire un certain degré, comme disait M. le ministre, de confession
printanière ou de confession pascale par rapport à une certaine
forme d'interprétation peut-être un peu restrictive du
côté public de nos réunions. Mais il y a des audiences
publiques qui s'en viennent, puis il serait exagéré de dire que
ce projet se réalisera en secret puis sans consultation.
Je termine, très rapidement, Mme la Présidente, en parlant
de Montréal. La réalité Miron, la fermeture est toujours
prévue pour 1994. Les problèmes environnementaux puis de
santé publique qui sont liés à cette carrière
décriée aux audiences du Bureau de consultation de
Montréal, dont on a fait l'apologie ce matin, de façon
impressionnante - j'étais très heureux d'entendre ça - et
discutés dans les journaux ne permettent pas à des
administrateurs publics responsables de présumer qu'elle sera ouverte
plus longtemps. Pour le moment, on ne peut pas faire cette
présomption.
La collaboration avec Montréal va aussi bien qu'elle peut.
Montréal a une problématique différente de celle de la
Régie, puis elle n'est pas au même stade de développement
de son projet. Elle n'est qu'aux préliminaires, et cela n'est pas en
tordant des bras que le gouvernement du Québec activerait le dossier.
Cela ne ferait que compliquer les choses, croyez-moi sur parole. J'ai
été très surpris, je dois vous l'avouer, d'entendre que le
gouvernement devrait imposer - le mot «imposer» - à des
municipalités la Régie, municipalités qui
représentent 750 000 habitants, et la ville de Montréal qui
représente 1 000 000 d'habitants... Je m'excuse, messieurs, mais nous ne
sommes pas exactement ce qu'on peut appeler des enfants d'école, et de
nous imposer des choses, c'est toujours un peu difficile. On regimbe un peu. M.
Ryan en sait quelque chose! Mais on...
M. Ryan: Au moins, j'apprends! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Leduc: On ne considère pas que ça
améliorerait quoi que ce soit, et nos relations avec Montréal
sont, à ce point, acceptables. J'ai terminé, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M.
Leduc. M. le député de La Prairie.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. Avant de faire mes
remarques générales, j'aimerais citer quelques extraits d'un
mémoire qui nous est parvenu ce matin, à la commission, de M.
Georges Roman, qui était ici hier et qui devait retourner à son
travail ce matin. L'institution d'une commission parlementaire est
éminemment démocratique dans son principe mais, dans son
fonctionnement, dans ses modalités, elle ne l'est pas toujours. Il est
bien évident que la partie qui présente le projet de loi
aujourd'hui, avec l'argent des contribuables, est infiniment mieux
placée pour faire valoir - et c'est normal que ça soit comme
ça - au nom des contribuables, son point de vue, avec des moyens
énormes. M. Roman, un simple citoyen qui s'oppose au projet de loi, lui,
n'a pas les moyens.
Alors, dans ce sens-là, Mme la Présidente, je me permets
de citer quelques extraits de son mémoire, puisqu'il ne peut pas
être ici, et aussi
de souligner cette lacune de nos commissions parlementaires. Ce n'est
pas la première fois qu'on en parle, mais que ce soit sur ce projet-ci
ou d'autres projets de loi, publics ou privés, les individus sont
pénalisés. On sait qu'en matière environnementale, de plus
en plus, quand il y a des projets importants, le promoteur défraie - et,
dans certains cas, le gouvernement, et, des fois, les deux ensemble - une
partie des dépenses de ceux et celles qui veulent s'opposer à un
projet. Peut-être faudrait-il aussi penser à ça pour les
commissions parlementaires à l'avenir.
M. Roman parle au nom du Comité de vigilance des citoyens de
Rivière-des-Prairies. «Je me dois de vous faire remarquer le fait
qu'en réalité nous n'avons même pas eu une semaine pour
réagir face à ce projet de loi, que nous sommes des
bénévoles qui, en plus de devoir prendre une journée de
travail, doivent défrayer les coûts de déplacement.
«J'aimerais aussi vous souligner, suite à certains commentaires
entendus hier, que nous ne sommes pas quelques rares chiâleux et
critiqueux. Je suis président du Comité de vigilance des citoyens
de Rivière-des-Prairies, groupe qui est membre d'Action RE-buts; 17
groupes en font partie, et Action RE-buts est membre du front commun.» Il
dit ici: «Si je comprends bien cet alinéa 2.1 du projet de loi, on
donne à la Régie le plein pouvoir, et ce, sans aucun droit de
regard à qui que ce soit quant à ce qui devient un déchet.
Donc, libre à la Régie de récupérer, de recycler,
de brûler ou de composter à son gré. Il ne faut pas oublier
que la Régie aura un monstre à nourrir, soit
l'incinérateur qui, lui, exige, à chaque jour. Où va
être l'intérêt de l'application de la politique des 3R, car,
si l'on pense au contrat qui liera la Régie quant à sa production
annuelle d'électricité, il n'y a plus aucun incitatif à
appliquer la politique des 3R?» «Deuxièmement, la
Régie, après avoir, par le passé, éliminé
les conseillers municipaux, après avoir ouvertement fait fi à
plusieurs reprises des citoyens en tenant des assemblées à huis
clos, demande maintenant que le ministre de l'Environnement soit
également rayé de la liste de intervenants.»
«Quatrièmement, l'article 15 du projet de loi...» Ah! non.
Pardon. Je vais aller aux commentaires qu'il fait - deux paragraphes: «M.
Ryan, M. le ministre, hier, vous avez dit - c'est M. Roman qui parle - qu'on ne
peut pas renier ce qui a été fait depuis 1984, et je partage
votre opinion. Mais, à mon humble avis, la Régie a assez de
pouvoirs pour l'instant pour faire ce qu'elle a à faire, et je pense
que, pour cette raison, il faudrait songer à mettre le projet sur la
glace.» M. Leduc nous a dit à cette table que la... Bon...
«Je suis également sceptique sur la déclaration à
l'effet que la Régie a déjà dépensé 9 000
000 $, car après communication avec M. Janiszewski, trésorier de
la Régie - ce n'est pas n'importe qui, le maire Janiszewski, je ne
savais pas qu'il était trésorier - celui-ci m'a
déclaré que la Régie avait déjà
dépensé, en septembre dernier - donc il y a plusieurs mois -9 000
000 $ et qu'il n'avait pas signé de chèque depuis ce
temps-là.»
En conclusion, Mme la Présidente, «Et, vous, les
politiciens, je vous rappelle que je ne suis qu'un bénévole et
non un spécialiste...»
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Question de règlement. Ce n'est pas ça qui
est dit dans le texte de M. Roman; vous pourriez peut-être le citer
exactement.
M. Lazure: Je le cite de bonne foi; je cite des extraits, M. le
ministre.
M. Ryan: Non, mais c'est parce que M. Janiszewski va beaucoup
plus loin. Il dit qu'il ne se souvient pas d'avoir jamais signé de
chèque.
M. Lazure: C'est ça. Bon, c'est encore pire, si vous
voulez, mais je ne voulais pas tout citer.
M. Ryan: Citez-le comme il faut pour qu'après ça on
puisse lui répondre, au moins. O.K.?
M. Lazure: Oui, M. le préfet. Mme la Présidente, je
réagis avec le gros bon sens... (12 h 30)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: «...et je ne dispose en aucune façon -
c'est M. Roman qui parle, un simple citoyen, là, - de l'aide et des
outils dont la Régie profite, et ça, avec l'argent des
contribuables.»
Bon, je tenais à citer certains extraits de son mémoire,
et en même temps à souligner la disproportion des moyens des
intervenants. Moi, je veux, bien sincèrement, encore une fois, souligner
l'excellent travail que la Régie a fait, et plus particulièrement
le président de la Régie, comme maire de LaSalle, en
matière de collecte sélective. Je veux le souligner encore une
fois. Tout le monde le sait, mais on ne le dira jamais trop, vous avez fait
oeuvre de pionnier. Mes remarques, j'espère, vont être prises en
toute bonne foi; nous sommes d'accord, nous étions d'accord pour la
création d'une régie, nous sommes parfaitement d'accord aussi
pour la philosophie qui anime votre Régie, à savoir une gestion
intégrée des déchets.
Là où je suis extrêmement déçu, c'est
- je comprends que vous avez fait votre confession tantôt, là,
mais, quand même - par l'aspect secret, le caractère secret de
toutes vos délibérations depuis plusieurs années. Je vous
avoue sincèrement, Mme la Présidente, que je n'avais
pas réalisé jusqu'à quel point les
délibérations avaient été tenues secrètes,
et ça, je trouve que c'est antidémocratique. Je comprends qu'il
n'est jamais trop tard pour bien faire. Vous avez corrigé le tir depuis
quelque temps, mais je n'arrive pas à comprendre quel esprit vous a
animé pour garder vos délibérations aussi secrètes
que ça. Et je pense que je dois m'inscrire en faux, quand vous dites: On
va tout sortir ça devant le BAPE. D'abord, vous n'avez pas le choix.
Vous dites: On a toujours voulu aller devant le BAPE. Vous n'avez pas le choix.
S'il y a un citoyen qui le demande, la loi dit que le BAPE va y aller, alors
vous ne faites pas un grand geste généreux. Mais vous dites: On
va tout sortir ça quand le BAPE va faire ses audiences.
Mme la Présidente, je pense que l'expérience du BAPE est
assez concluante à date et, pour l'information du ministre, les
audiences du BAPE sur des gros projets qui ont été
précédés par une transparence du promoteur, ces
audiences-là ont été beaucoup plus utiles et
expédi-tives. Mais lorsque le promoteur a eu comme attitude de garder
secrètes la plupart des informations, les audiences ont
été tumultueuses, ont été longues et ont
été, dans bien des cas, très frustrantes. Alors, je pense,
quant à moi, que c'est une mauvaise philosphie de dire: On garde tout
secret, et quand le BAPE va arriver on va tout sortir.
Et c'est pour ça que, moi, je trouve que vous auriez avantage
à rendre public tout ce que vous avez gardé secret jusqu'ici,
à le rendre public devant cette commission parlementaire. Je pense que
vous avez une occasion en or de rendre public tout ce que les citoyens et les
citoyennes, les contribuables vous demandent depuis quelque temps, et pas
seulement ce que vous avez rendu public suite à la décision de la
Commission d'accès à l'information. Vous pouvez très bien
aller au-delà de votre obligation, si vous le jugez à propos,
mais je pense que ça aiderait votre cause, parce qu'il y a trop de gens
qui nous ont dit hier, et à l'extérieur aussi, des groupes et des
individus qui nous ont dit: La ville de Montréal a fait un effort
honnête de consultation publique, a mis sur la table ses documents,
tandis que vous, Régie, vous n'avez pas fait l'équivalent. Et,
encore une fois, il n'est pas trop tard pour le faire.
Vous n'avez pas une poignée solide quand vous dites: On va
attendre que le BAPE vienne. D'abord, ça va prendre plusieurs mois
encore avant que le BAPE ne commence ses travaux. Ça va prendre au moins
trois mois encore. Alors, vous auriez intérêt à rendre
publics ces renseignements-là, y compris le contrat. Mais je pense que
les expériences de la ville de Montréal en matière de
consultation publique pourraient servir de modèle, puisque les gens en
ont été satisfaits. Les groupes en ont été
satisfaits, les citoyens en ont été satisfaits. Je comprends que
vous dites:
Nous sommes des élus municipaux, nous avons la confiance des
citoyens, nous parlons au nom des citoyens. Raison de plus pour leur ouvrir la
porte, aux citoyens, largement, et leur donner tous les renseignements qu'ils
veulent avoir.
M. le ministre disait tantôt: J'ai consulté Foster
Wheeler de ma propre initiative. Bravo! Mais est-ce qu'il a consulté les
groupes qu'on a entendus hier et aujourd'hui, de la même façon? Je
pense que M. le maire de LaSalle, président de la Régie, va un
peu loin quand il dit: Je ne comprends pas qu'un député dise: Le
ministère devrait imposer aux municipalités. Moi aussi, j'ai une
certaine expérience de la politique, M. le président, et je sais
que ce n'est pas souhaitable qu'un gouvernement impose des choses aux
municipalités, mais lorsque ça fait des années que le
gouvernement souhaite qu'il y ait cohésion entre la ville de
Montréal et les autres villes de IHe de Montréal et que ça
ne réussit pas, un gouvernement est légitimé d'intervenir
à ce moment-là, comme il l'a fait dans bien d'autres dossiers,
pas seulement sur les taxes municipales, mais il l'a fait en matière de
transport, il l'a fait en matière de police, il pourrait très
bien le faire en matière de déchets. Et je pense que ce n'est pas
abusif, lorsqu'il ne semble pas y avoir espoir de collaboration intime au point
d'avoir un seul plan de gestion de déchets pour toute l'île de
Montréal, ce qui est le cas actuellement, parce que, quant à moi,
il n'y a pas d'espoir, à court terme, d'une entente. À ce
moment-là, le ministre de l'Environnement, s'il prenait ses
responsabilités, avec le ministre des Affaires municipales, devrait - je
répète, devrait - contraindre ces gens-là à
s'asseoir à la table et leur dire: On vous donne six mois, et arrivez
à une entente pour qu'il y ait un seul plan de gestion des
déchets. Il y a une seule police pour l'île de Montréal,
pourquoi n'y aurait-il pas un seul plan de gestion des déchets pour
l'île de Montréal? la carrière miron. bon, vous dites: la
ville de montréal, officiellement, proclame: c'est fini en 1994. je suis
allé visiter la carrière miron il y a quelques semaines et, moi,
j'ai la conviction très profonde... j'ai entendu aussi des membres du
comité exécutif de la ville de montréal qui m'ont dit: on
ne le dira pas publiquement, mais on est bien d'avis maintenant que ça
ne sera pas 1994, la date de fermeture, parce que le trou, il est encore
énorme, et l'achalandage a diminué de 65 %, 70 %. alors,
où est l'urgence de donner des pouvoirs accrus à la régie,
y compris l'autorisation de signer le contrat de façon ferme avec foster
wheeler? cette urgence-là n'est pas démontrée. quant
à moi, la seule urgence, c'est que la régie continue les efforts.
je sais qu'elle a fait des efforts. peut-être que la ville de
montréal n'en a pas fait assez, d'efforts, mais je sais que la
régie a fait des efforts, et j'ai vu certaines correspondances. la
régie a fait des efforts, et il y a déjà une mini-entente
concernant les déchets domestiques dangereux. c'est un
pas dans la bonne direction, mais n'importe qui qui descendrait de la
planète Mars ou de la ville de Québec ne comprendrait pas qu'il y
ait deux systèmes de gestion sur l'île de Montréal: un pour
les 26 municipalités et un autre pour la ville de Montréal... et
un autre pour Montréal-Nord, aussi, puisque Montréal-Nord est...
Et, bientôt, Dollard-des-Ormeaux. Mais, Mme la Présidente, je
crois que la Régie doit continuer ses efforts. Je crois que le
gouvernement, le ministre des Affaires municipales, le ministre de
l'Environnement doivent être plus actifs dans ce dossier-là et
doivent, s'il le faut, agir comme incitateurs pour qu'une entente survienne.
Et, ça, c'est pour le bien des contribuables. Est-ce que la Régie
est rendue trop loin avec Foster Wheeler? Je pose la question. J'espère
que non. J'espère que non.
Moi, il me semble qu'étant donné qu'il n'y a pas d'urgence
pour la gestion quotidienne des déchets domestiques il faut mettre tous
nos efforts - et je conclus là-dessus, Mme la Présidente - sur
ces deux volets de la question: rendre tous les documents publics le plus
tôt possible, vous refaire une crédibilité auprès de
la population, parce que c'est votre population. Vous allez me dire: Bien,
s'ils ne sont pas contents, ils voteront contre nous autres la prochaine fois,
mais je pense que les gens veulent, en général, que vous soyez
là, mais veulent aussi que vous soyez plus transparents. Et le
deuxième volet: que les pourparlers, avec les bons offices des deux
ministres concernés, entre la ville de Montréal et la
Régie soient réactivés, beaucoup plus intenses, pas juste
sur des volets particuliers comme les déchets domestiques dangereux,
mais vraiment pour l'ensemble d'un plan de gestion unifié pour
l'île de Montréal. Merci. (12 h 40)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Prairie. Mme la députée de Vachon.
Mme Pelchat: Mme la Présidente, j'aurais une question
à poser à M. Leduc. En fait, j'aimerais ça qu'il
réitère la volonté de la Régie de s'inscrire dans
la politique de gestion intégrée du gouvernement du
Québec, c'est-à-dire de diminuer de 50 % ce qui doit être
enfoui ou incinéré, malgré les besoins en
approvisionnement de l'incinérateur. Je pense que, ça, ça
a été soulevé par plusieurs intervenants, le fait que l'on
doute de la volonté de la Régie de vraiment participer à
la réduction, au réemploi et au recyclage de nos déchets.
Je pense que j'aimerais ça vous entendre là-dessus, pour qu'on
soit bien conscient que vous ne voulez pas avoir la propriété de
plus de déchets pour approvisionner, dans le fond,
l'incinérateur.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Leduc: Oui. La pierre angulaire de la
Régie, telle qu'exprimée par M. Elkas au tout
départ, c'est les 4R, c'est-à-dire la réduction de 50 %...
Et 50 %, il faut bien comprendre que c'est un objectif très,
très, très ambitieux. Même si des écologistes
peuvent dire, des fois, qu'on peut recycler 80 %, en Amérique du Nord il
y a une ville qui approche les 50 %, et c'est Seattle, dans l'État de
Washington. Il n'y a aucune autre ville qui s'approche même des 50 %.
Malgré nos efforts de récupération-recyclage,
actuellement, dans 25 municipalités sur 26 - en tout cas, il en manque
2, là - nous recyclons à peu près un volume entre 10 % et
20 %, mais plus près des 10 % que des 20 %, malgré un taux de
participation très élevé de la population. Donc, quand on
dit 50 % de réduction, ce sont tous des volets sur lesquels on travaille
actuellement. d'abord, la récupération-recyclage, tout le monde
est au courant, parce que vous en entendez parler par les journaux, mais on a
aussi le compostage domestique et aussi le volet com-postage de la régie
qui doit se mettre en marche quand nous aurons nos installations de compostage
à plus grande échelle. mais nous favorisons le compostage
domestique dans des villes où les terrains sont assez grands, où
les gens sont intéressés. nous avons un groupe que la
régie a mis sur pied, qu'on appelle un comité de
réduction, c'est-à-dire tout ce qu'on peut faire pour la
réduction. nous avons des contacts fréquents avec le
ministère de l'environnement, où nous encourageons le ministre de
l'environnement à mettre de l'avant, autant que possible, des politiques
sur l'emballage pour entraîner aussi une réduction. c'est
l'ensemble de tout ça qui représente les 50 % de
réduction.
Des gens ont dit, hier et ce matin, que nous avions à garantir
des volumes à l'incinérateur. C'est faux! On n'a pas de garantie
de volumes à l'incinérateur. C'est absolument faux! De toute
façon, les installations, c'est l'incinérateur et le centre de
tri. Quand les déchets vont arriver là, ça va être
des recyclables ou ça va être des déchets pour
l'incinération, mais il n'y a aucune garantie de volumes.
Mme Pelchat: Selon les renseignements, ici, on dit qu'il y a 600
000 tonnes de déchets à la Régie. Éventuellement,
d'ici à l'an 2000, comme la politique québécoise le veut,
il y aura seulement 300 000 tonnes à éliminer par site
d'enfouissement ou par l'incinérateur, et ça ne causera pas de
problème au fonctionnement de l'incinérateur et au niveau de
l'approvisionnement?
M. Leduc: Non, mais je pourrais vous faire déboucher sur
des prévisions d'avenir par rapport à l'incinérateur.
Là, je changerais de chapeau; je mettrais mon chapeau de
président de la Commission de l'environnement de la CUM. Je dois vous
avouer qu'on a certains petits problèmes avec des boues. On a certains
petits problèmes
avec un tas d'autres choses, mais je pense que ce serait très
précoce et très technique de s'embarquer dans cette... mais on
verra. en l'an 2000, tes problématiques pourront être
différentes.
Mme Pelchat: II y a une autre question qui a été
abordée par les intervenants, et j'aimerais ça que vous nous
apportiez un éclairage là-dessus. On semble dire que la
façon d'éliminer que favorise la Régie, ça
coûtera en moyenne 100 $ à 150 $ la tonne, contrairement à
d'autres façons, qui incluent aussi la récupération et le
recyclage, qui pourraient être autour, par exemple, de 70 $ ou 75 $ la
tonne. Alors, c'est quoi, l'avantage pour les citoyens membres de la
Régie, à ce moment-là?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Leduc: Mme la Présidente, je dois remettre totalement
en question les chiffres qui ont été amenés ici hier,
surtout par les entrepreneurs, et même des groupes écologiques,
ces chiffres de 125 $ la tonne. Ils sont bien informés, et ils ont
sûrement des dons un peu spéciaux pour pouvoir en arriver à
citer des chiffres de façon aussi précise que ça. Si vous
demandez à la Régie quel est notre dernier chiffre... Mais il
reste encore beaucoup de choses à faire, beaucoup d'ajustements. Nous
sommes actuellement à travailler avec l'Union de banques suisses pour
faire des simulations en ce qui concerne le financement. Mais les derniers
chiffres que nous avions étaient d'à peu près 80 $ la
tonne. Ça, c'est en 1995.
Il ne faut jamais oublier - et je pense que ça répond un
peu à une des préoccupations de M. Lazure - que la période
de construction est de 30 mois. 30 mois. Là, on a le BAPE à
passer, tout le «permitting», comme on dit en anglais. Ça se
fait, mettons, dans six mois. Vous rajoutez à ça 30 mois,
ça fait trois ans. Tous les chiffres sont calculés en fonction de
1995. Et les 100 $ à 125 $ la tonne, pour moi, actuellement, je dois
vous avouer que c'est de la fantaisie.
Mme Pelchat: Mme la Présidente, je ne voudrais pas entrer
dans les articles comme tels du projet de loi qui concernent plus attentivement
les définitions que l'on accorde au mot «déchet»
mais, hier, M. Leduc, vous avez parlé dans votre présentation de
déchets domestiques industriels. Et j'ai la Loi sur la qualité de
l'environnement avec moi, j'ai le Règlement sur les déchets
solides et le Règlement sur les déchets dangereux aussi. Je ne
vois pas où je pourrais me retrouver quand on parle d'un
«déchet domestique industriel». J'aimerais ça que
vous m'en donniez la définition, sans entrer dans l'article 1 de notre
projet de loi ou dans l'article 2 comme tel.
M. Leduc: je ne crois pas que ce soit dans la loi, mais je vais
renvoyer la question aux avocats. mais, déchets domestiques dangereux et
déchets domestiques...
Mme Pelchat: Domestiques industriels.
M. Leduc: ...d'origine industrielle... Est-ce que je peux
demander à M. Picotte, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Me Picotte.
M. Picotte (Daniel): Merci, Mme la Présidente. La loi ne
fait pas de différence entre les déchets. Les
municipalités ont juridiction sur les déchets, sauf que,
traditionnellement, parce que c'est commode, les municipalités
enlèvent un, deux ou trois sacs, puis, évidemment, elles font
ça où? Chez des générateurs résidentiels. Le
commercial, les commerces, les industries en génèrent plus. Donc,
si les industries veulent mettre trois ou quatre sacs à la porte, elles
peuvent le faire, mais c'est tout ce qu'elles vont avoir de ramassé.
Donc, ce qu'elles font, traditionnellement, c'est qu'elles font des contrats
avec des industries privées qui, elles, vont enlever ces
déchets-là. Donc, dans le métier - ce n'est pas dans la
loi, nulle part, mais dans la pratique du métier - on parie de
déchets domestiques d'origine commerciale ou industrielle pour
désigner les détritus ordinaires, les rejets de nourriture, etc.,
qui sont générés par des commerces ou des industries,
parce que ceux-là, habituellement, selon la pratique établie - et
ça n'a rien à faire avec la loi - ne sont pas enlevés par
les municipalités.
Mme Pelchat: De toute façon, on aura l'occasion de revenir
sur ces questions-là. J'aimerais poser une question additionnelle. Vous
êtes en ce moment inscrit dans tout le processus des évaluations
environnementales. Comme le soulignaient plusieurs personnes, à juste
titre, éventuellement vous aurez à aller en audiences publiques.
Est-ce que je peux savoir à quelle étape de la procédure
vous en êtes arrivé en ce moment? Peut-être que Me Meunier
pourrait...
M. Meunier (Pierre): Nous attendons l'avis de recevabilité
de notre étude d'impact, et nous espérons recevoir cet avis de
recevabilité dans les prochaines semaines, dans les quelques prochaines
semaines.
Mme Pelchat: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Vachon. Est-ce qu'il y en a d'autres qui ont des
remarques préliminaires à faire?
M. Ryan: À ce stade-ci, on devrait entre-
prendre l'étude article par article.
La Présidente (Mme Bélanger): Étant
donné que les remarques préliminaires sont terminées,
j'appelle l'article 1.
Motion proposant d'entendre la ville de
Montréal
M. Dufour: Mme la Présidente, avant de commencer
l'étude du projet de loi, j'aimerais présenter une motion dans
laquelle je propose qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi privé 221, Loi concernant la
Régie intermunicipaie de gestion des déchets sur l'île de
Montréal, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet de loi, et qu'à cette fin elle entende la ville de
Montréal.
Est-ce que vous avez en main la...?
Une voix: Oui. (Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Nous sommes
après regarder si on peut... la recevabilité. (12 h 50)
M. Dufour: Les gens qui sont des attachés politiques, qui
font l'étude de la recevabilité d'une motion, ça ne me
semble pas dans les règles. Il me semble qu'il y a le secrétaire
de la commission. Vous devez faire-Une voix: Vous êtes donc bien
nerveux!
M. Dufour: Non, pas du tout. Je ne suis jamais nerveux. Non,
mais, de temps en temps, il faut que ça soit... Les règles, il
faut que ça soit bien tenu.
La Présidente (Mme Bélanger): On peut demander au
secrétaire; il est habilité à prendre la
décision.
Une voix: Oui, le secrétaire c'est dans l'ordre.
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon?
(Consultation)
La Présidente (Mme Bélanger): Évidemment, la
motion est recevable, en vertu de l'article 244: «Avant d'entreprendre
l'étude détaillée, la commission peut décider de
tenir des consultations particulières dans le cadre de son
mandat.»
Alors, est-ce que M. le député, le proposeur de la motion,
peut donner les raisons pour lesquelles...
M. Dufour: Mme la Présidente, je suis prêt à
intervenir concernant cette demande de consultations particulières.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, vous avez
30 minutes pour défendre votre motion.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je vous remercie. On va essayer de vous faire
ça dans les délais et dans les normes. En fait, concernant ce
projet de loi, il est clair que la région de Montréal... La
démonstration nous a été faite que, d'une part, la ville
de Montréal, c'est 1 000 000 de personnes, et les 26
municipalités membres de la Régie, 800 000 personnes. Donc,
l'addition de ça, c'est 2 000 000 de personnes qui, de leur
côté, opèrent des sites d'enfouissement de déchets
et ont chacune leurs procédures qu'elles appliquent
indifféremment l'une de l'autre. On pourrait dire que, d'une part, la
Communauté urbaine a son comité d'environnement et, d'autre part,
la Régie vient de mettre sur pied à peu près ce même
phénomène ou cette même organisation, mais avec moins
d'ampleur, et puis moins reconnu, en tout cas, que ce qui se passe à la
Communauté urbaine de Montréal ou à la ville de
Montréal.
On voit bien que les deux organisations marchent
séparément, chacune avec des objectifs, bien sûr, de
contrer la pollution, de faire de la récupération, du recyclage,
mais on se prive, ce faisant, d'une expertise intéressante. Qui nous dit
que, d'abord, l'addition des forces, c'est un plus? Le ministre des Affaires
municipales a compris, voilà pas tellement longtemps, qu'il devait
mettre sur pied un comité pour étudier tout le fonctionnement
municipal, ou le fonctionnement de l'administration sur l'ensemble de
l'île de Montréal, et même un peu plus loin. Ce qui veut
dire que, déjà, il accepte mentalement que l'unité de
pensée se fasse d'une façon plus cohérente, plus
conséquente, et avec plus de volonté. Puis il y a une raison bien
précise là-dedans, c'est certainement au point de vue de
l'économie des coûts, des économies d'échelle;
l'économie des coûts, purement et simplement, et aussi pour amener
moins d'intervenants sur le territoire.
Donc, on ne peut pas prêcher, d'une part, un
réaménagement complet d'un territoire puis, en même temps,
poser des gestes qui pourraient mettre en cause cette volonté qu'on
vient d'exprimer de mieux regarder ce qui se passe sur l'ensemble de lUe de
Montréal. Ça me semble drôlement important de l'examiner
dans cette optique-là. On pourrait bien parler longuement, et le
ministre pourrait bien s'engager à faire des choses, mais si l'acte ne
suit pas la parole, pour moi, c'est du temps perdu.
Il se pose un phénomène très important dans la
région de Montréal, et la réorganisation de
l'administration dans son ensemble pourrait
amener des décisions différentes, pourrait amener des
intervenants différents, pourrait amener aussi d'autres acteurs dans les
actions qu'on est en frais de s'apprêter à poser. Donc, on ne peut
pas dire que ça se passe dans des milieux inconnus. On ne peut pas dire
que des gens ne peuvent pas se parler. Je suis sûr que, dans la
région de Montréal, les gens se parlent, les gens se suivent,
pour ne pas dire qu'ils s'épient à la trace pour savoir ce que
l'autre va faire.
C'est surprenant qu'on soit rendu avec des actions aussi
précises, aussi importantes dans leur sens, sans qu'il y ait eu vraiment
une discussion, et même des tractations plus ouvertes, plus continues,
plus complètes pour s'assurer que ces actions-là qui sont
entreprises, c'est ça, la bonne façon. Est-ce qu'on doit avoir
deux incinérateurs sur l'îlede Montréal? Est-ce
qu'on doit en avoir trois? Est-ce qu'on doit avoir toutes sortes de
façons de procéder? Est-ce qu'il doit y avoir deux sortes de
permis, trois sortes de permis, ou bien huit? Tantôt on aura besoin d'un
passeport pour circuler parce que, en passant de l'un à l'autre, si on
donne des pouvoirs à l'un qui ne sont pas accordés à
l'autre, tout le monde va finir par être mélangé et
mêlé et, à ce moment-là, ça causera des
inconvénients.
Le coût des amendes qu'on s'apprête à vouloir imposer
en fonction des décisions qui seront prises, est-ce qu'il sera pareil,
pas pareil? Est-ce qu'on va les changer? Ça aussi, c'est un
élément important, le coût des amendes, parce qu'on
décidera de faire l'infraction où ça coûtera le
moins cher. Ça, on devrait le regarder. C'est difficile de travailler en
vase clos lorsqu'on demeure dans une He où il y a autant d'intervenants,
autant d'enjeux, aussi. Ça aussi, ça fait partie de la
problématique. Il y a beaucoup d'enjeux qui sont en questionnement.
Est-ce qu'on aura la propriété complète des
déchets, ou incomplète, en partie, avec des
responsabilités inhérentes? D'un côté on
préconise, on dit: Les déchets appartiennent aux
municipalités...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! À l'ordre, un peu, s'il vous plaît!
M. Dufour: ...à partir du début. Mais ces
déchets-là, ils ont des consonnances de danger. Il y a des
consonnances aussi de responsabilité. Est-ce que, lorsqu'on parle...
Vous voulez intervenir? On va y aller.
M. Ryan: Avez-vous terminé?
M. Dufour: Non, je n'ai pas terminé.
M. Ryan: Je vais soulever une question de règlement, si
vous me permettez. Mme la Présidente, vous avez statué sur la
recevabilité de la motion, et je respecte énormément votre
autorité, mais je me demande si c'est excessif, étant
donné l'heure, de vous demander si vous pouviez peut-être
réexaminer votre décision à la lumière de l'article
267 de nos règles. S'il y avait moyen que ce soit
réexaminé, que vous nous fassiez rapport cet après-midi...
Je ne veux pas contester, mais c'est parce qu'il y a des questions qui ont
surgi dans mon esprit, et je ne voudrais pas qu'on crée un
précédent. Si on n'en crée pas, je me soumets à
votre décision sans aucune espèce de réserve.
C'est parce que ma difficulté porte sur le fait que la commission
doit entendre les intéressés. Les intéressés,
d'après ce que nous avons compris jusqu'à maintenant, sont les
personnes, les organismes qui s'étaient inscrits. Ce sont d'abord les
promoteurs du projet, ceux qui se sont inscrits pour se faire entendre, mais on
ne va pas courir des intéressés à gauche et à
droite sur la rue Sainte-Catherine. Alors, là, je me demande s'il n'y a
pas quelque chose, mais je voudrais que vous l'examiniez, Mme la
Présidente, et que vous nous fassiez part de votre conclusion
là-dessus.
M. Dufour: Je voudrais peut-être, Mme la Présidente,
plaider là-dessus. À la commission du budget et de
l'administration, le président, Jean-Guy Lemieux, a rendu une
décision à l'effet qu'il n'est pas obligatoire, nécessaire
pour être entendu à une commission que les gens soient inscrits
d'avance.
M. Lazure: Mme la Présidente, toujours sur la question de
règlement soulevée par le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Lazure: Je peux confirmer qu'il y a aussi des
précédents à cette commission même, la commission de
l'aménagement et des équipements, où des groupes ont
été convoqués suite à des motions comme ça,
des groupes qui n'étaient pas inscrits. (13 heures)
M. Dufour: D'une façon ou de l'autre, il est rendu 13
heures. Vous pourrez étudier ça, et vous rendrez votre
sentence...
M. Lazure: II y a plusieurs précédents.
M. Dufour: ...à l'ouverture de la commission.
M. Ryan: Mme la présidente nous fera rapport de cette
décision.
M. Dufour: Bien oui! Avec la compétence de la
présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): alors, je pense
qu'étant donné l'heure... mais, de toute façon, on
arrivera avec une décision claire et nette au retour.
La commission suspend ses travaux jusqu'après la période
des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 35)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît. Alors, la commission de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux. Le mandat de la commission est
d'entendre les intéressés et de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 221, Loi concernant la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur l'île de Montréal.
M. Dufour: Mme la Présidente, il y a un remplacement,
puisqu'on recommence une nouvelle séance, M. Pierre Bélanger.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, M. le
député de Jonquière, nous ne recommençons pas une
nouvelle séance. Ça prend le consentement pour... Non, non. La
séance est commencée de ce matin.
M. Dufour: Je demande un consentement pour que M. Pierre
Bélanger...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ça
prend le consentement des membres pour accepter un remplacement.
M. Dufour: ...remplace M. Roger Paré.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a consentement?
M. Ryan: On pourrait attendre à demain. Il n'était
pas pressé, ce matin, il pourrait attendre à demain.
M. Dufour: On s'en rappellera, M. le ministre. Si on vous avait
fait ça, hier? On a dit «oui», hier, il faut se le rappeler.
Ça ne marche pas juste d'un côté, l'ascenseur.
M. Lazure: Ils sont en délibéré, là.
Je sens ça, que le ministre délibère.
La Présidente (Mme Bélanger): alors, vous savez que
ça prend le consentement des deux côtés de la chambre pour
accepter qu'un nouveau... qu'un membre soit...
M. Ryan: M. Gauvin, qui n'est dans aucune combine, M. Gauvin, qui
n'est dans aucune intrigue-
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, il y a
consentement?
M. Gauvin: M. le ministre, nous avons l'esprit libéral,
ici, de ce côté.
Mme Pelchat: Si c'est pour faire avancer les travaux, M. le
ministre, et ne pas faire retarder les travaux.
M. Ryan: Madame, le vrai esprit libéral ne met pas de
conditions.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Pelchat: Alors... libéral, si c'est pour faire avancer
les travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ceci
étant dit, le consentement est accordé.
M. Dufour: Consentement? Merci.
Une voix: Alors, retour de l'ascenseur accordé!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, bienvenue, M.
le député d'Anjou. Vous savez qu'au moment de la suspension des
travaux il y avait une question de règlement qui a été
soulevée par le ministre des Affaires municipales. Je suis maintenant
prête à répondre à la question de règlement
du ministre des Affaires municipales faisant suite à la motion
présentée par le député de Jonquière, lors
de notre séance de ce matin. La motion se lit comme suit: «II est
proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi privé 221, Loi concernant la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la ville de
Montréal.» Fin de la citation.
La question du ministre est de savoir si, avant l'étude
détaillée d'un projet de loi d'intérêt privé,
une commission peut, en vertu du 2e alinéa de l'article 244 du
règlement de l'Assemblée nationale, consulter une personne ou un
organisme qui ne sont pas des intéressés au sens de l'article 267
du règlement. Les intéressés qu'une commission entend aux
fins de l'article 267 du règlement sont ceux qui ont
préalablement informé le directeur de la législation de
leur motif d'intervenir sur un projet de loi, conformément à
l'article 39 des règles de fonctionnement concernant les projets de loi
d'intérêt privé.
Par ailleurs, une commission peut décider d'entendre une personne
ou un organisme qui ne sont pas des intéressés au sens de
l'article 267 du règlement et ce, en vertu des articles 270 et
244 du règlement. De fait, l'article 270 prévoit que,
«sous réserve des dispositions du présent chapitre, les
règles générales relatives aux projets de loi s'appliquent
aux projets de loi d'intérêt privé.» Fin de la
citation. Pour sa part, le 2e alinéa de l'article 244 du
règlement se lit comme suit: «Avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la commission peut décider de tenir des
consultations particulières dans le cadre de son mandat.» Fin de
la citation.
Le président de la commission du budget et de l'administration,
M. Jean-Guy Lemieux, rendait d'ailleurs une décision dans ce sens le 27
novembre 1991 dans laquelle il déclarait recevable une motion similaire
à celle présentée aujourd'hui par le député
de Jonquière. Je souligne que cette décision de M. Lemieux avait
également été rendue avant l'étude
détaillée d'un projet de loi d'intérêt
privé.
Compte tenu de ce qui précède, je réitère
que la motion présentée par le député de
Jonquière est recevable. Par conséquent, la commission peut
décider d'entendre la ville de Montréal en vertu des articles 270
et 244 du règlement. Alors, M. le député de
Jonquière, vous aviez la parole, il vous reste 24 minutes. (16 h 40)
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. J'aurais
peut-être eu un point à soulever, mais j'apprécie votre
décision et on l'accepte en toute déférence. Moi, je
trouve que c'est une décision sage. Seulement, il y a un point, par
exemple, pour ma gouverne, c'est que le débat étant
commencé, il me semble, en tout cas, que la question du ministre des
Affaires municipales mettait un peu en doute votre jugement. Puisque vous vous
étiez prononcée sur la recevalibité de ma
résolution ou de ma proposition, le fait que j'avais commencé mon
intervention et que le ministre des Affaires municipales n'avait pas fait de
représentations au début, il me semble que son intervention met
en doute votre bon jugement. Il y a juste ça que je veux pour ma
gouverne...
M. Ryan: Mme la Présidente.
M. Dufour: ...parce qu'à l'avenir ça veut dire
que...
M. Ryan: Mme la Présidente.
M. Dufour: ...et ça pourrait être possible. Vous ne
vous êtes pas prononcé là-dessus. Peut-être que c'est
pas nécessaire non plus que vous vous prononciez, mais, moi, je veux
juste le soulever, au cas où ça se présente. Dans d'autres
commissions parlementaires, ça veut dire que quand le président
se sera prononcé - et c'est très clair dans nos règlements
- ça voudrait dire que quelqu'un pourrait remettre en doute et on
pourrait reprendre le débat même en plein milieu d'une
intervention.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, pas de commentaires?
M. Ryan: Oui, un commentaire, certainement. Mon intervention
avait pour objet de confirmer et de renforcer la bonne idée que nous
avons déjà du jugement de la présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Dufour: Vous m'avez donné la parole, Mme la
Présidente. J'étais sur le bien-fondé de la motion que
j'ai présentée concernant la demande que la ville de
Montréal puisse être consultée dans le cadre de ce projet
de loi.
Ce que j'essayais de démontrer par mes propos, c'était la
nécessité de la concertation concernant un territoire
donné, en rappelant que le ministre des Affaires municipales
lui-même avait mis sur pied un comité avec principal mandat
d'étudier tout ce qui se passait sur le territoire de la ville de
Montréal et sa périphérie. Il y a des raisons profondes
qui ont poussé le ministre des Affaires municipales à mettre sur
pied un pareil comité composé de personnes, à
première vue, en tout cas, je pense, de grande compétence.
Ça, c'est tout à son honneur. Il n'y a pas eu de critique,
à ce que je sache, concernant le choix de ces personnes-là. Ce
mandat très vaste se veut d'abord une analyse de tout ce qui se passe
sur le terrain et, en même temps, se veut aussi une source de
recommandations ou de réflexions permettant de mieux faire fonctionner
ce territoire. Ça pourrait se traduire par des fusions, des annexions
et/ou par des ententes intermunicipales.
Donc, qu'est-ce qui arrive actuellement sur le terrain, en
réalité? La Communauté urbaine a déjà pour
fonction de réunir les services de la police, ce qui veut dire que tous
les services de la police qui appartenaient à chaque municipalité
ont disparu pour se fondre dans un tout qui s'appelle la police de
Montréal. Ça a certainement permis de régler un certain
nombre de problèmes. Ça n'a pas réglé tous les
problèmes, mais ça a réglé certainement un nombre
de problèmes au point de vue de la direction. Je sais que ce n'est pas
complètement satisfaisant puisque certaines municipalités ont
décidé de se doter de petits services de sécurité,
pas de sécurité comme telle, mais leur permettant d'appliquer
leurs règlements sur leur territoire. Donc, moi, j'accepte ça
comme un début de concertation.
Il y a le service des incendies, aussi, qui se donne à la
grandeur du territoire. Ça encore, là, celui-là, par
exemple, je ne crois pas que les petites municipalités aient
décidé de se doter elles-mêmes d'un dossier en propre.
Donc, il y a un besoin de rencontres et de concertation. Ça, c'est
démontré déjà depuis de nombreuses
années.
Le transport en commun suit la même
tangente. On a été pendant longtemps limité
à Montréal mais, depuis quelques années, on essaie de
régionaliser le transport en commun. C'est pas facile de parler avec des
gros groupes, c'est pas facile de parler à l'intérieur d'une
municipalité, c'est encore plus difficile à l'extérieur.
Mais, encore là, il y a un certain nombre de solutions qui ont
été avancées. Ça permet de réduire, sinon de
réduire, de permettre de meilleurs agencements dans le transport en
commun parce que tout ça tend à démontrer que, de plus en
plus - et je prends toujours encore les paroles du ministre - que de plus en
plus, les municipalités devront se parler pour régler un certain
nombre de problèmes, que ce soit au point de vue de l'urbanisme, que ce
soit au point de vue de l'étalement urbain. L'étalement urbain
est un bon exemple où on doit faire de la concertation. Pendant trop
d'années, on a laissé les municipalités...
Bien sûr, elles doivent être autonomes et elles ont le droit
de prétendre qu'elles peuvent grossir et augmenter leur population, mais
d'un autre côté je ne suis pas sûr, par exemple, que le
gouvernement du Québec, en se tenant bien à côté du
débat, a fait oeuvre utile et a réussi à démontrer
que c'était une bonne chose, une bonne attitude. Les
municipalités ont, par l'étalement urbain, et par les... On
pourrait dire, la concurrence que les municipalités ont faite, les unes
par rapport aux autres, a fait que la population s'est déplacée
beaucoup plus rapidement que de façon naturelle, ce qui fait que
ça a été de nature à augmenter les coûts
puisque d'une part, on ferme des écoles et, d'autre part, on en ouvre
ailleurs. Donc, ce sont toujours les mêmes contribuables qui paient pour
ces décisions. Je pense que les administrations municipales agissent
dans leur cadre. Mais, comme il n'y a pas de directives et qu'il n'y a rien qui
se fait en haut, les municipalités disent: On est autonome, donc on fait
ce qu'on veut. Vous n'avez qu'une chose à faire, c'est de payer. Ce qui
explique que, de plus en plus, on voit des - on appelle ça les grandes
jaunes sur le terrain - qui font le transport pour les écoliers. Il y a
toutes sortes de déplacements qui se font inutilement. Ça, le
coût social est énorme à payer, à mon point de vue.
On pourrait apporter des exemples, là-dessus. Je pense aussi que la
population est à peu près stable. On peut favoriser la
construction en prenant pour acquis que si la construction va,
l'économie va bien aller, mais on ne peut pas construire pour
construire. Donc, ça, c'est des exemples où on a besoin de
concertation, de plus en plus, et où on aura besoin de direction.
Ça peut venir de l'intérieur ou de l'extérieur.
Ce matin, on a reproché qu'on pouvait porter atteinte à
l'autonomie des municipalités en disant: Est-ce que c'est possible de
forcer les ententes ou les discussions entre municipalités? On n'a pas
à épiloguer très fort là-dessus. On n'a pas
à faire une démonstration très grande. Le ministre des
Affaires municipales a prouvé, depuis les deux, trois dernières
années, autant comme ministre des Affaires municipales que comme
ministre de l'Éducation, il a démontré qu'il peut faire du
«forcing», qu'il peut forcer les gens à se parler,
même s'ils n'ont pas le goût de le faire. Ça a amené
des chocs assez importants sur le territoire, mais il a remis en cause des
questions beaucoup plus graves que la question de l'incinération, de ce
qu'on parle aujourd'hui. C'est de la petite bière quand on regarde ce
qui s'est fait avant, par rapport à ce qui peut se faire aujourd'hui.
Donc, il y a une chose certaine, le gouvernement ou le ministère des
Affaires municipales a les outils en main pour orienter. Je pense que, dans les
dernières années, on a assité à six ministres
différents aux Affaires municipales, dans les neuf, dix dernières
années. C'est beaucoup trop, à mon point de vue, pour amener une
orientation sérieuse à un ministère. Ça explique un
peu le bourbier dans lequel on est. Comment on peut, par exemple,
protéger ou mettre en pratique l'information que les citoyens doivent
avoir dans un milieu municipal? Je comprends que la science doit être
infuse quelque part mais, d'un autre côté, au point de vue
municipal, c'est important que... Étant des institutions, il faut
manoeuvrer à l'intérieur de ça et leur permettre de se
reconnaître.
Moi, je pense qu'il y a eu toutes sortes de décisions qui ont
été prises où il y a eu une espèce de
laisser-aller. Je ne peux pas accuser les différents ministres
probablement d'être coupables de ça. Ils ont subi, comme tout le
monde, ils ont subi comme les municipalités cet état de fait. Ils
n'ont pas eu nécessairement le temps de faire leur marque et d'essayer
de regarder ce qui se passait là-dessus, il y a beaucoup de questions
qu'ils se sont posées dans les dernières années, pour
lesquelles on est loin d'avoir des réponses. Je pense que
l'environnement qu'on touche par les déchets, c'est une question
excessivement importante. Comment on a laissé, par exemple... (16 h
50)
II ne faut pas laisser pourrir les débats, mais je pense encore
que tout est à faire dans la question de l'environnement. On vient
d'avoir une commission parlementaire, il n'y a pas tellement longtemps, sur les
procédures d'évaluation des impacts sur l'environnement, par la
même commission qu'on a actuellement, où on disait que les projets
de gestion des déchets et des sites d'enfouissement sanitaire devraient
être assujettis à la procédure d'évaluation. Il y a
des raisons fondamentales pour qu'on dise ça. Il n'y a pas juste la
région de Montréal qui est touchée par ce qu'on fait
aujourd'hui, il y a d'autres régions au Québec qui ont subi les
mêmes avatars ou les mêmes avaries et qui ont subi les mêmes
contraintes. Pourquoi on n'a pas donné de réponse? C'est parce
qu'on ne veut pas le faire,
le débat. On fait des débats morcelés, un petit peu
ici, un petit peu là. Regardez tout ce qui se passe au point de vue de
la gestion des déchets sur tout le territoire du Québec; il n'y a
pas d'endroit où ça ne fait pas problème. Tout le monde
dit: On doit faire ça correctement et on a chacun notre solution; c'est
toujours un éternel recommencement. On est bien riches, nous autres, au
Québec. On a bien de l'argent pour laisser aller les choses comme
ça. On n'a pas beaucoup de discipline, on n'est pas capables de se
discipliner.
Les municipalités n'ont pas nécessairement la
réponse à ça. Le débat est déplacé
quand on l'envoie dans les municipalités, jusqu'à un certain
point, parce qu'il n'y a pas de ligne directrice. Comme on n'a pas de ligne
directrice, le monde ne sait pas à quoi s'en tenir. Chacun pense qu'il a
son mot à dire et on n'empêchera pas le monde de parler tant qu'on
n'aura pas dit clairement où on loge. On ne l'a jamais dit au monde,
c'était quoi les objectifs qu'on poursuivait, et on n'a jamais
donné les moyens, ce qui fait que, tantôt, on se chicane pour de
l'enfouissement sanitaire et, là, c'est pour de l'incinération.
On remet ça en question. Tantôt, ce sera pour d'autres
façons de procéder.
Il y a une façon qu'on dit depuis pas mal longtemps: Est-ce qu'il
n'y a pas moyen de faire un véritable débat de tout le dossier?
Comme on est peut-être avancé dans celui-là, on ne pourra
peut-être pas le faire, le débat complet, mais, quand on touche 2
000 000 de personnes, ça pourrait vouloir dire que c'est un débat
qui pourrait régler une bonne partie du problème. Ça
pourrait, en tout cas, au moins, régler une fois pour toutes ou en
grande partie les débats qui sont engagés sur tout ce
territoire-là qu'on appelle l'île de Montréal et sa
périphérie. Ça pourrait régler ce problème,
ça. Donc, ce serait une bonne chose de voir toute l'expertise que
Montréal pourrait nous fournir concernant le débat avec lequel on
vit actuellement. Moi, je l'ai dit la semaine dernière, on fêtait
le 350e anniversaire de Montréal. Je disais que Montréal a
été pour beaucoup de municipalités au Québec un
chef de file, qui a été, en grande partie, innovatrice dans
beaucoup de domaines, qui a permis à des municipalités de trouver
des solutions à des problèmes qui les confrontaient et que les
petites municipalités, prises individuellement, à cause de leur
expertise probablement, à cause aussi des ressources financières,
ne pouvaient pas régler.
Montréal, on peut bien la critiquer, puis on peut bien dire si ce
n'est pas correct, mais moi je vous dis, comme régionaliste, et comme
régional, comme personne venant d'une région, qu'à
Montréal ils ont fait des choses intéressantes sur lesquelles on
a pu se guider, on a pu se calquer et trouver des bonnes solutions. Je regarde,
pour les handicapés... À Montréal, on a sorti des
solutions extraordinaires pour les han- dicapés. On les a copiés
dans beaucoup de domaines, et tant mieux. Même le gouvernement du
Québec, ils peuvent bien parler contre Montréal, mais, des fois,
ils ont été aussi responsables, ils n'étaient pas des
concurrents, ils étaient des partenaires. Moi je... des Olympiques,
c'était bien grave pour Montréal, mais, dans le fond, les
gouvernements qui se sont succédé ont été d'accord,
ils ont joué le jeu. Ça, on est tous un peu poignes dans
ça.
Moi, quand je regarde les belles réalisations qui se sont faites
à Montréal, que ce soit les... Je dirais, le Jardin botannique,
ce n'est pas à dédaigner, tout ce qu'on a fait pour la culture,
c'est pareil. Donc, aussi dans l'environnement, déjà ils ont
démontré par une commission de l'environnement, par des
consultations qu'ils ont tenues avec leurs citoyens qu'ils sont prêts
à travailler avec la population. On a eu ces témoignages hier.
Donc, je suis certain que l'expertise de Montréal n'est pas à
dédaigner et ça serait aussi de nature à assouplir
certains problèmes qu'on peut déceler au départ.
Comment ça va se régler, la question du transport sur
l'île de Montréal? Comment ça va se régler si
Montréal n'est pas dans le coup? Est-ce qu'on devra les exclure
carrément? Est-ce qu'on devra donner un pouvoir tel que demandé
où on aura préséance? Ça, c'est des questions pour
lesquelles je n'ai pas de réponse. Le ministre pourrait peut-être
nous dire qu'il a consulté, mais je me méfie des consultations un
petit peu d'un bord puis de l'autre. On glane un peu des solutions et des
résultats un peu partout, mais on n'a pas nécessairement les
réponses qu'on veut avoir. Il n'y a rien de mieux qu'une commission
parlementaire pour savoir vraiment à quoi s'en tenir.
Moi, je vous dis, Mme la Présidente, que cette demande que nous
faisons est une demande très sérieuse. Je suis sûr que
Montréal sera heureuse de collaborer à cette commission, avec
toute l'ouverture d'esprit qu'a démontrée le maire de
Montréal dans les dernières années, à l'effet qu'il
voulait être un partenaire avec les municipalités qui l'entourent.
Je pense qu'il a dénoué certains problèmes qui pouvaient
exister à la Communauté urbaine. Il a démontré une
certaine ouverture d'esprit et, par rapport à la disposition des
déchets, il pourrait aussi être un partenaire. Le moins qu'on
puisse dire, si on parie d'autonomie, je ne vois pas de quelle façon la
commission parlementaire dans laquelle on est pourrait aller dire à
Montréal comment se comporter par rapport au transport des
déchets s'ils ne sont pas ici. Je ne vois pas pourquoi on pourrait
donner un pouvoir à un groupe sur un autre lorsqu'on ne l'entend pas.
Montréal est touchée par ce projet de loi, qu'on le veuille ou
qu'on ne le veuille pas. Les citoyens de Montréal sont touchés.
Il y a 2 000 000 de personnes en cause. Il y a des sommes astronomiques qui
sont en cause.
Est-ce que, vraiment, on a suffisamment d'éclairage pour
procéder à l'étude du projet de loi? Je prétends
que non. On a besoin d'informations supplémentaires et, depuis le
début, c'est ce qui est ressorti de la part des gens qui sont venus nous
faire rapport de leurs doléances ou de leurs attentes par rapport
à ce projet de loi. Pour toutes ces raisons, Mme la Présidente,
c'est évident qu'il serait important que Montréal soit
écoutée ou entendue à cette commission pour savoir si on
remet en cause un certain nombre d'acquis, s'il ne serait pas mieux aussi de
démontrer de la prudence par rapport à la décision qu'on
s'apprête à prendre, puisqu'il y a déjà un
comité qui est en route ou qui est en marche sur le territoire
concernant les responsabilités de différents intervenants dans le
milieu montréalais. Ça, ça pourrait nous démontrer
qu'on a de la suite dans les idées et qu'il y a aussi une
cohérence dans les actions que le gouvernement veut prendre, non
seulement d'être bien éclairé, mais d'avoir une
unicité et une cohérence dans les décisions. Pour une
fois, ça irait peut-être à rencontre de ce qu'on fait
depuis quelques années, à savoir qu'on règle toujours a la
pièce. Il y a un prix pour travailler sans plan.
Vous savez, si j'avais une décision à prendre demain matin
pour mettre sur pied ou créer une municipalité de toute
pièce, la première chose, on s'entend, c'est d'avoir un plan. On
appelait ça, nous autres, un plan d'urbanisme. Oui, c'est certain qu'on
fait beaucoup moins d'erreurs quand on a un plan. Dans la gestion des
déchets, je ne dis pas que les gens de la Régie ont mal
travaillé, je ne dis pas qu'ils n'ont pas fait un bon travail, je pense
qu'ils ont du mérite là-dedans, ils ont certainement
éveillé la conscience des gens. Ils sont partis de cette
conscience-là, et on pourrait les aider parce que je pense qu'eux ne
peuvent pas arrêter le processus où ils sont rendus, mais la
commission parlementaire, le gouvernement ou le ministre des Affaires
municipales peut leur dire, en prenant un peu de temps... On l'a
démontré, dans le passé, qu'avec un peu de temps, des
fois, on règle des problèmes. Il faut se rappeler qu'à
certaines commissions parlementaires, si on avait voulu aller trop
pressés et aller avec le rouleau compresseur, ça aurait
été des mauvais projets de loi. Ils sont devenus des bons projets
de foi parce qu'on a pris le temps de les étudier, parce qu'on a
regardé toutes les facettes des dossiers ou des lois qu'on avait devant
nous, et ça a permis une meilleure entente entre les intervenants.
Je pense, Mme la Présidente, avoir essayé, en tout cas,
avec quelques arguments, de vous démontrer le bien-fondé de notre
demande, à savoir de rencontrer les autorités municipales de fa
ville de Montréal concernant ce projet de loi. Merci, Mme la
Présidente. (17 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, avant de vous
céder la parole, je dois informer les membres de la commission que je
viens de recevoir, par télécopieur, une lettre signée par
Richard Brunelle, membre du comité exécutif de la ville de
Montréal: Mme la Présidente, la ville de Montréal et la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal ont rendu publics leurs projets respectifs en matière de
gestion intégrée des déchets.
Je ne sais pas s'il y a d'autres membres qui l'ont reçue, mais,
moi, je viens de la recevoir par télécopieur.
M. Dufour: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Les propositions ont
été déposées. Elles font ou devront faire l'objet
d'audiences publiques selon les modalités propres à chaque
organisme.
Par ailleurs, dans le but de développer une vision
régionale de ses activités, la ville de Montréal et la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal ont également convenu de mettre en place un
comité de liaison dont les travaux sont actuellement en cours. La ville
de Montréal accorde beaucoup d'importance à ces discussions.
En ce qui a trait spécifiquement au projet de loi 221, la ville
de Montréal n'a pas d'objection à ce que la Régie
intermunicipale obtienne les droits qu'elle demande.
Veuillez agréer, Mme la Présidente, l'expression de mes
sentiments distingués.
Et c'est signé: Richard Brunelle. Ça m'est adressé,
à 16 h 20 cet après-midi.
M. Dufour: Adopté.
Une voix: Est-ce que vous en acceptez le dépôt?
Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. On va la
déposer parce que c'est...
M. Dufour: ...déposez-là. Bien oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, maintenant que
les membres de la commission sont informés, M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, c'est difficile de prendre la
parole dans un contexte comme celui-là parce que la lettre que nous
venons d'entendre parle plus éloquemment que je ne pourrais le faire,
surtout pour illustrer l'unanimité de la motion dont nous sommes saisis
à ce stade-ci. Nous savons tous - je l'ai évoqué à
maintes reprises depuis hier - le contexte poli-
tique particulier qui prévaut sur l'île de Montréal.
On peut bien imaginer toutes sortes de choses à partir de
Jonquière, de La Prairie ou d'ailleurs, mais sur l'île de
Montréal il y a des données politiques originales. Il y a une
situation très complexe, et chaque fois que des gouvernements ont voulu,
d'autorité, imposer des choses qui n'étaient pas acceptables,
quand elles étaient de l'ordre de la compétence des élus
municipaux, ça a créé des problèmes sérieux,
et c'est bien rare que les problèmes ont trouvé une solution.
Le député aime faire des comparaisons avec la loi 145, il
est complètement dans l'erreur à mon point de vue. La loi 145 est
une loi où le gouvernement et l'Assemblée nationale ont
exercé leurs prérogatives propres. On dit: II y a des choses de
compétence municipale que nous financions depuis longtemps, nous allons
demander aux municipalités de les prendre davantage. On n'a pas
enlevé de pouvoirs aux municipalités. Au contraire, on a
confirmé ceux qu'elles avaient déjà. On n'en a pas
enlevé du tout. On a ajouté des responsabilités. Il y en a
dont les chemins locaux étaient financés, depuis des
générations, entièrement par le gouvernement. Après
ça, elles allaient se vanter dans leur paroisse: On a un taux de
taxation à 0,30 $ des 100 $ d'évaluation. Ça allait bien,
ça. Le gouvernement leur a dit: Vous allez faire des choses un peu plus
sérieusement, vous allez prendre votre responsabilité
véritablement. On n'a pas violé ou enfreint en aucune
manière les prérogatives propres et les pouvoirs particuliers des
municipalités. Ce que l'Opposition essaie de faire depuis le
début de nos échanges, c'est d'imposer une approche typique de
cette mentalité technocratique qui les a caractérisés
tellement souvent, tellement souvent. Au nom de l'intégration de ceci et
de ça, vous allez faire ça comme ça.
Voici une démarche qui est engagée depuis 1984: l'entente
intermunicipale. Ce n'est pas notre création à nous. Elle existe
depuis, je pense, le 3 décembre 1984. Elle a été
approuvée dûment par le ministre de l'Environnement du temps qui
était M. Ouellette. Les prémisses de ce que nous dictons
aujourd'hui étaient toutes posées là. Tout était
dans ce document-là, l'entente. Une première loi qui a
traîné après ça, pour toutes sortes de
considérations qu'on peut comprendre, mais on est arrivés avec le
gouvernement actuel - on nous a fait part de cet héritage - et nous
avons dit: II y a des décisions qui ont été prises, il y a
des municipalités qui ont pris leurs affaires en main, qui veulent
s'occuper de leurs problèmes au point de vue déchets.
L'idéal, je le concéderai volontiers au député de
La Prairie, serait peut-être qu'il y eût un système
unifié, harmonisé à tout le moins, de cueillette
intégrée, de disposition intégrée, de gestion
intégrée des déchets sur l'île de Montréal.
Très bien. Nous sommes tous d'accord là-dessus. La question,
c'est de savoir par quels moyens on va promouvoir cet objectif-là. Et,
là, tout a été tenté sur les lieux, ce n'est pas
pour rien. Dans les compétences de la Communauté urbaine de
Montréal, c'est écrit en toutes lettres qu'elle a des pouvoirs
considérables en matière de gestion des déchets.
J'entendais le député de Jonquière dire ce matin qu'en
matière de transport des déchets il n'y a pas dans la Loi sur les
cités et villes des dispositions aussi nettes que celles qu'on va
trouver dans le projet de loi 221. Il avait partiellement raison, mais, s'il se
donne le mal de lire la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal, il va trouver en toutes lettres des dispositions qui traitent
du transport des déchets, et je pense que son recherchiste le sait
très bien. Alors, on n'innove en aucune manière et, si on en est
à cette situation-là, c'est parce qu'à Montréal la
Communauté urbaine n'a pas été en mesure d'exercer ses
pouvoirs qui lui ont été attribués par le
législateur, en l'absence d'un vote majoritaire qui aurait permis
qu'elle le fasse. Pour qu'elle prenne une décision dans ce
domaine-là, ça prend la règle de la double majorité
à Montréal, la Communauté urbaine. Il n'y a pas de double
majorité qui était possible ici parce que Montréal ne
voulait pas. La preuve, c'est que Montréal n'est pas membre de cette
association. C'est son droit, je ne la critique pas, mais je dis: Prenons les
réalités comme elles sont et, si nous avons des perspectives de
saine gestion intégrée des déchets avec le programme que
présente la Régie intermunicipale de gestion des déchets
sur l'île de Montréal, bien, au lieu de leur mettre des
bâtons dans les roues et de gaspiller des énergies dans des
échanges qui ne conduisent nulle part, facilitons-leur les choses.
C'est ma conception, Mme la Présidente, comme ministre des
Affaires municipales. J'avais une tâche difficile à faire l'an
dernier; je l'ai faite franchement et directement, sans bavure. Puis, tout le
monde, finalement, l'apprécie, parce qu'ils disent: On sait à
quoi s'en tenir avec ce ministre-là. Mais, en retour, moi j'ai la
tâche de faciliter l'action des municipalités. Je pense que toutes
celles qui ont transigé avec le ministre actuel des Affaires municipales
savent que, s'il y a un problème, il est là pour essayer de le
régler avec elles; pas pour mettre des bâtons dans les roues, mais
pour essayer de trouver des solutions. Et, en général, des
solutions rapides, des solutions aussi expéditives qu'on peut les
trouver, dans le respect des normes minimales de rigueur qu'on est en droit
d'attendre d'un gouvernement. Dans ce cas-ci, nous avons étudié
la problématique qu'on nous soumettait pendant un an de temps. Si
ça avait été une étude qui s'était
bornée à quelques semaines ou à quelques jours, que nous
fussions arrivés avec un projet qui aurait pour objet de plaire aux gens
qui viennent nous voir, dans l'espoir d'avoir leur appui éventuel, je ne
dis pas, on les a fait attendre un an, on a regardé ça sous
toutes les coutures et mes conseillers qui sont ici savent les réunions
très nombreuses et souvent très longues que nous
avons consacrées à l'examen du projet. Moi-même,
j'avais des questions très sérieuses au départ que j'ai
voulu élucider par des échanges approfondis avec mes conseillers,
avec les représentants de la Régie également. Tout
ça a été fait.
Là, on arrive à un rendez-vous. Je ne sais pas dans quel
univers vit l'Opposition. On a un rendez-vous précis là. Il y a
le rendez-vous avec le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement qui
doit avoir lieu le plus vite possible, parce que, tant que ça n'a pas eu
lieu, il n'y a rien qui marche. On dit: Pour aller là, il faut que vous
arriviez avec un projet précis, un projet concret, un projet qui soit
bouclé, que ce ne soit pas seulement l'idée
généreuse du maire de LaSalle, qui est président de la
Régie, que ce soit une affaire dûment écrite, puis qui
engage. Ça prend deux partenaires pour faire ce qu'ils veulent faire.
Ça prend une partie qui va donner le mandat et ça prend une
partie qui va l'exécuter. Comment peut-on savoir que c'est
sérieux si on n'a pas l'engagement des deux? Alors, il y a un engagement
qui doit être pris, sujet, quant à l'exécution de tout le
projet, à l'avis qu'émettront tour à tour le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement et, ensuite, le ministre de
l'Environnement et le gouvernement. Et le gouvernement. On a toutes les
garanties de vérification et de contrôle, à moins que
l'Opposition veuille diriger à la place du gouvernement. Ça,
c'est les élections qui règlent ça, ce n'est pas le
«filibuster». Pardon?
M. Dufour: On réglera ça à un autre forum,
c'est les élections. (17 h 10)
M. Ryan: C'est entendu, mais j'énonce les règles de
notre régime. Je pense bien que vous êtes d'accord sur ces
règles-là, il n'y a personne qui conteste ça. Alors, le
«filibuster» peut réussir à créer des
inconvénients pour les gens qui sont devant nous autres. Pour le
gouvernement, nous autres, on est habitués. Ça fait partie de
notre menu quotidien à ce temps-ci de l'année, puis on est
capables de vivre avec ça. Mais ça ne nous intimide en aucune
espèce de manière, je peux vous dire ça.
Ça étant dit, une autre chose que je serais porté
à dire, moi, quand j'ai été saisi du projet de la
Régie, quand j'ai rencontré le maire de Montréal, je lui
ai dit: II y a un projet, le Dr Leduc est bien insistant, il y a une
équipe avec lui qui est bien déterminée. Qu'est-ce que
vous pensez de ça? Pensez-vous qu'on doit marcher ça? Puis, le
maire de Montréal m'a dit, il a dit: Si vous m'aviez parlé de
ça il y a un an, j'aurais peut-être eu des réserves, mais
depuis ce temps-là il y a eu des contacts, il y a eu des rapprochements,
on s'est formé un comité de liaison. Puis, il a dit: Moi, quant
à moi, je dois vous dire que je n'ai pas d'objection à ce que ce
projet-là fonctionne. Et c'est exactement ce que nous avons lu dans la
lettre qui a été adressée à la présidente de
la commission cet après-midi.
Devant tout ça, je pense qu'il y a seulement une chose à
faire, c'est de dire à l'Opposition: Vous auriez dû faire comme le
gouvernement a fait, vous renseigner auprès de la ville de
Montréal avant de venir ici, puis, avant de venir ici, prendre tous les
renseignements qui étaient nécessaires. Puis là, si, ayant
fait ça, vous nous aviez dit: Bien, là, on a rencontré la
ville de Montréal, ils nous ont posé des gros problèmes,
on aimerait ça qu'ils soient sur la liste des organismes qu'on va
inviter, vous nous connaissez assez, on aurait dit: Certainement, il n'y a pas
d'objection à ça, certainement.
Mais, là, ça nous arrive comme un cheveu sur la soupe,
puis il n'y a vraiment rien de nouveau qui a été apporté
depuis le début du débat. Les quelques commentaires qu'on a
entendus - moi, j'ai énormément de respect pour les gens qui sont
venus - n'ont pas vraiment éclairé le débat. Le
débat sur l'incinérateur, qui est au fond de tout ceci, il ne
sera pas réglé. Même le BAPE ne le réglera pas, et
le ministre de l'Environnement non plus. Le gouvernement pourra dire:
Là, vous ne le ferez pas. Mais, même si le gouvernement le fait,
pensez-vous qu'il va avoir réglé le problème à
l'échelle mondiale? Pas une sacrée miette! Parce qu'il y a
beaucoup de tenants de cette méthode-là.
Je causais avec le maire d'une importante ville du Québec, pas
plus tard que cette semaine, une importante ville du Québec, qui
arrivait d'un voyage en Europe. Je ne veux pas le définir trop, parce
que vous finirez par le reconnaître. Ce n'est pas le maire de
Québec. Alors, il me disait qu'il est allé étudier les
dispositifs en matière d'élimination des déchets en
Europe. Il est revenu avec des indications qui indiquent que la méthode
de l'incinérateur a connu des développements depuis
déjà les transactions que la Régie a pu avoir avec la
firme américaine dont il est question autour de ce projet-ci. Il me
disait que cette méthode-là est une méthode qui est vue
avec beaucoup beaucoup d'intérêt dans un grand nombre de milieux
urbains en Europe. Je ne me fierai pas sur le voyage le plus récent du
dernier maire que j'ai rencontré pour me faire une opinion.
C'est le genre de question... Il y a trois ou quatre grandes
méthodes, apparamment, qui sont préconisées, et puis on
peut, dans tel contexte, favoriser telle méthode, dans tel contexte,
favoriser telle autre. Il n'y a pas de réponse unique, de réponse
exclusive, de réponse complètement assurée là,
à 100 %. Ça n'existe pas, ça. Il y a des perfectionnements
d'année en année puis, dans trois ans, il y aura d'autres avenues
qu'on ne peut pas percevoir aujourd'hui.
Mais, ce qu'on nous dit là... On marche depuis un bon bout de
temps autour de ce projet-ci, qui a fait l'objet d'un cheminement très
sérieux encore une fois, d'une approbation
unanime, unanime de la part du conseil d'administration et du
comité exécutif de la Régie. Puis, je pense bien qu'on a
tous les éléments pour procéder à l'étude
article par article de ce projet-ci.
Encore une fois, il y a beaucoup d'autres étapes à
franchir. Ce n'est pas le dernier mot. On demande de franchir celle-ci
après toutes celles qui ont été franchies jusqu'à
maintenant. Puis, moi, je souhaite vivement qu'on puisse le faire à
cette session-ci. Vous savez que nous avons un programme chargé à
cette session-ci. C'est bien facile, moi, je me mets dans la peau de
l'Opposition, on veut faire de la difficulté au gouvernement, on va
s'asseoir dessus tranquillement. On va être assis, nous autres, de ce
côté-ci puis on ne vous fera pas de mal. On ne vous fera pas de
mal. Écoutez, prenez ça comme ça. Il y a des droits qui
sont ceux de l'Opposition qu'on ne peut pas effacer, qu'on ne veut pas non plus
ni effacer, ni même diminuer, mais j'espère qu'il y a des gens qui
seront témoins, qui porteront un jugement éclairé puis
objectif sur la manière dont on aura traité le projet.
Puis je trouve que le plus vite possible, Mme la Présidente, on
va pouvoir l'aborder article par article, là on va faire le travail qui
est véritablement attendu d'une commission parlementaire. Puis,
jusqu'à nouvel ordre et jusqu'à démonstration en sens
contraire, moi, je considère qu'une motion comme celle-ci est beaucoup
plus de l'ordre des motions dilatoires qui ont pour objet de
«staler» - excusez l'expression - de «staler» l'examen
du projet. Puis, je vois qu'il y a le député de Dubuc qui a fait
son apparition. Il est passé expert dans ce genre de procédure.
On l'a déjà vu à l'oeuvre avec nous. Je ne lui en fais pas
de reproche. Puis, il y a le député d'Anjou à qui on a
enseigné les techniques les plus négatives du parlementarisme,
probablement en l'associant à cet exercice qui n'est pas le plus
méritoire, le plus noble. Pardon?
M. Morin: Je ne suis pas devenu expert avec vous, je
l'étais...
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour 10 minutes.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Moi, je veux tout de suite corriger certains des
propos du ministre des Affaires municipales qui, comme d'habitude, fait la
morale à tout le monde. Il fait ou bien la discipline ou bien la morale,
mais, quand il dit qu'il voit «l'inanité de la motion» - je
le cite textuellement - cette motion-là, Mme la Présidente, ce
n'était pas pour faire venir un intervenant qui viendrait s'opposer au
projet de loi, je savais pertinemment, M. le ministre, que la ville
était d'accord. Je le savais, ça.
Je suis allé rencontrer la ville. Je ne vous ai pas
raconté comme vous faites, vous, dans vos exposés, vos
états d'âme et toutes vos rencontres, et toutes vos visites. Je
pourrais le faire. Le but de cette motion-là, c'est de poser des
questions à la ville de Montréal. Par exemple, un des facteurs
qui ont motivé l'urgence du projet de la Régie, c'est le fait -
et vous le dites vous-même dans votre sondage - que le site Miron doit
fermer bientôt. Vous dites quelques années, quand vous faites
votre sondage là.
En partant de cette prémisse que le projet de la Régie est
urgent, parce que le site Miron doit fermer en 1994, nous avons entendu des
groupes et des individus depuis hier nous dire: Non, ce n'est pas en 1994,
c'est au moins en l'an 2000, c'est peut-être en l'an 2010. Moi, j'ai la
conviction profonde, Mme la Présidente, que 1994 ce n'est plus exact
parce que l'achalandage a baissé des deux tiers. J'encourage le ministre
à aller visiter le site Miron à l'improviste, comme je l'ai fait,
et à se tenir là trois, quatre heures de temps, à compter
le nombre de camions qui vont là. Il n'y en a presque plus, M. le
ministre.
L'immense trou qui est là au site Miron, ça va prendre
plusieurs années - je pense que les gens de la Régie sont
d'accord avec moi que ce n'est plus 1994 la date limite. Je voulais non
seulement l'entendre des gens de la Régie, mais j'aimerais l'entendre de
la bouche des gens de la ville de Montréal, parce que c'est eux qui sont
les maîtres d'oeuvre du site Miron. Ce n'est pas la Régie, ce
n'est pas les groupes environnementaux, c'est la ville de Montréal.
Alors, Mme la Présidente, le ministre fait preuve d'un manque de
courtoisie, pour ne pas dire plus, quand il qualifie cette motion
«d'inanité». C'est une motion tout à fait pertinente,
le contraire «d'inanité». C'est pertinent parce qu'on va
avoir l'occasion, quand on va passer à l'étude article par
article - et on va y arriver à l'étude article par article. Ce
n'est pas exact de dire qu'on veut empêcher l'adoption de ce projet de
loi là. On est quand même assez clairvoyant
pour savoir que vous avez encore la majorité et qu'à un
moment donné vous allez voter. Même si on vote contre, ça
va être adopté. Le projet de loi va être adopté.
Mais on veut, comme on voulait entendre des groupes, entendre aussi
quelques parties éminemment intéressées au projet. Ce
n'était pas du tout du tout dans le but d'amener des adversaires au
projet, mais d'amener des interlocuteurs valables qui peuvent rendre des
réponses. La ville de Montréal, dans ses projets exposés
au public, parle aussi de la rénovation de l'incinérateur des
Carrières, pour une somme qui va varier entre 67 000 000 $ et 105 000
000 $, très bientôt, d'ici quelques années. Alors, on va
avoir l'incinérateur dans l'est de Montréal, qui va coûter
ce qu'on sait, 275 000 000 $, si je comprends bien, ou 260 000 000 $, peu
importe.
Une voix: 275 000 000 $. On a parlé de 275 000 000 $. (17
h 20)
M. Lazure: Bon. Mais l'incinérateur lui-même, 260
000 000 $? Le président dit oui, mais le directeur dit non. En tout cas,
on aura les reseignements tantôt. Est-ce qu'on peut l'avoir, le prix de
l'incinérateur, tout de suite? Juste la question, le prix de
l'incinérateur.
M. Racine (Guy): Au niveau des prix, je pense qu'il est bon de
mettre les bons prix sur la table.
M. Lazure: Oui, mettez-les.
M. Racine: Les coûts directs d'investissement, au moment
où on se parle, les coûts totaux d'investissement de l'ensemble
des installations sont de 227 000 000 $, à peu près, les
coûts d'investissement directs de construction. Ceci comprend la partie
incinération, la partie centre de tri et la partie centre de compostage.
La partie incinérateur, dans ce montant-là, est de l'ordre de 195
000 000 $.
M. Lazure: Bon, mettons 200 000 000 $.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Prairie, j'aimerais vous faire remarquer que nous
sommes à l'étape des motions...
M. Lazure: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): ...et non pas du
dialogue.
M. Lazure: D'accord. Je reviens. Vous avez raison, Mme la
Présidente, vous avez raison. Donc, la ville de Montréal... Je
reviens à la pertinence de la motion. L'intérêt d'avoir les
gens de la ville de Montréal, c'est pour nous parler non seulement du
site Miron, mais aussi de leur projet de refaire un incinérateur
à un coût très élevé, je l'ai dit
tantôt. Est-ce que c'est ferme, ça? Est-ce que le gouvernement du
Québec, qui a intérêt à défendre les
contribuables, est convaincu que l'île de Montréal a besoin de
deux incinérateurs? C'est une première question à
poser.
La même chose pour le centre de tri. Le projet de la Régie
comporte un centre de tri. Par ailleurs, la ville de Montréal a
actuellement et administre un centre de tri sur le site Miron, un centre de tri
qui fonctionne à peu près à 35 % puisqu'ils ont seulement
une équipe de jour, cinq jours par semaine, alors que les
autorités du centre de tri disent qu'il pourrait fonctionner sept jours
par semaine, avec trois équipes. Les autorités du centre de tri
m'ont dit qu'il pourrait très bien absorber, au point de vue tri, non
seulement la ville de Montréal, mais aussi les banlieues, autrement dit
les villes de la Régie intermunicipale. Alors, j'imagine que ça
intéressait le ministre des Affaires municipales de savoir: Est-ce que
c'est souhaitable d'avoir deux centres de tri imposants et importants sur
l'île ou est-ce qu'il ne serait pas mieux d'utiliser au maximum le centre
de tri qui existe déjà?
Le ministre dit aussi: C'est dilatoire. Moi, ministre, j'ai fait mes
devoirs, j'ai rencontré tout le monde. L'Opposition n'a pas fait ses
devoirs. Tout le monde est d'accord, dit-il, avec ce projet-là, toutes
les villes, les 26 villes. Mais je reviens quand même à la ville
de Dollard-des-Ormeaux. Mme la Présidente, le 26 mai, c'est hier ou
avant-hier, le maire dit textuellement, à la page 2 de sa lettre: Nous
vous demandons de retarder ce projet de loi et de prendre le temps de consulter
les services juridiques du ministère des Affaires municipales. Et il
ajoute: La Régie n'a jamais reçu l'approbation des villes membres
avant de procéder pour un bill privé. Nous sommes d'opinion,
même, que plusieurs décisions ou actes de la Régie ne sont
pas conformes aux lois qui régissent... C'est grave, ce que le maire...
Moi, je ne sais pas si c'est vrai ou pas vrai, ce que le maire dit. Hier, le
président de la Régie nous a dit: Bon, ce n'est pas exact. Mais
peut-être qu'il faudrait entendre le maire de Dollard-des-Ormeaux nous
dire pourquoi il avance ça par écrit. Je trouve que c'est
très grave, ça.
Mais revenons toujours à la motion. La ville de Montréal.
Je pense que les contribuables de la ville de Montréal, si on leur
posait la question à l'intérieur d'un sondage: Est-ce que vous
souhaitez qu'il y ait un seul système de gestion des déchets pour
l'île de Montréal ou qu'il y en ait deux? j'ai la conviction
profonde qu'ils diraient: Oui, un seul système.
Peut-être deux minutes sur le sondage. Le président de la
Régie nous a donné quelques chiffres du sondage. Malheureusement,
je n'ai pas assez de temps, mais on y reviendra peut-être dans
l'étude article par article. Dans le tableau 8, lorsque les gens qui
s'opposent au projet et,
notamment, à l'incinération... Là, vous dites:
Quelles conditions poseriez-vous pour l'accepter? La majorité de ceux
qui s'opposent, 21 %, disent: être mieux informé. On sait que la
ville de Montréal - les gens nous l'ont dit hier et ce matin - a bien
informé son monde sur ces projets, et on sait aussi que la Régie
n'a pas bien informé son monde et continue de ne pas bien informer son
monde. Ça, c'est confirmé par le sondage, ici. Votre propre
sondage le dit. Les gens ne se sentent pas bien informés.
Mme la Présidente, je vois que le parti au pouvoir va s'opposer
à ce que nous convoquions la ville de Montréal, mais j'ai une
deuxième motion à proposer, qui se lit comme suit, Mme la
Présidente: «II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de
nos règles de procédure la commission permanente de
l'aménagement et des équipements tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi privé 221, Loi
concernant la Régie intermunicipale de gestion des déchets sur
l'île de Montréal, des consultations particulières quant
à tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle
entende la Communauté urbaine de Montréal.»
La Présidente (Mme Bélanger): D'abord, je sais que
vous deviez...
M. Lazure: ...tant qu'il soit pour ou contre le projet.
La Présidente (Mme Bélanger): ...faire votre motion
à l'intérieur de votre temps, mais, avant d'appeler une autre
motion et de décider si elle est recevable ou non, il faut disposer de
la première.
Une voix: Ajouter un amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est la
Communauté.
Une voix: C'est une autre motion.
M. Lazure: Vous avez raison. J'aurais dû attendre qu'on
dispose de la première, oui.
M. Gautrin: Vous avancez simplement ce que vous...
M. Lazure: Oui, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, mais je pense
qu'il était obligé de le faire à l'intérieur de son
temps.
M. Lazure: Pour éclairer votre vote.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion, il faut
qu'il la fasse à l'intérieur de son temps, aussi. Alors, est-ce
que la motion demandant... Je vais relire la motion pour en disposer. «Il
est proposé qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure la commission permanente de l'aménagement et des
équipements tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi privé 221, Loi concernant la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur IHe de
Montréal, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la ville de
Montréal.» Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Dufour: Adopté.
M. Ryan: Vote nominal, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Bélanger): Vote nominal. M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Comme c'est la proposition de M. Dufour,
pour?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Lazure?
M. Lazure: Pour.
Le Secrétaire: M. Morin (Dubuc)?
M. Morin: Pour.
Le Secrétaire: M. Bélanger (Anjou)?
M. Bélanger (Anjou): Pour.
Le Secrétaire: M. le ministre?
M. Ryan: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: Ah, c'est parce que là il y a...
Neuf... Un, deux, trois, quatre, cinq, six... Ah oui! Tout le monde peut voter.
M. le ministre... Mme Pelchat?
Mme Pelchat: Contre.
Le Secrétaire: M. Charbonneau?
M. Charbonneau: Contre.
Le Secrétaire: M. Dauphin (Marquette)?
M. Dauphin: Contre.
Le Secrétaire: M. Gautrin (Verdun)?
M. Gautrin: contre. . -
Le Secrétaire: M. Bergeron?
M. Bergeron: Contre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, 6 contre et 4
pour. La motion est rejetée. La motion étant rejetée, nous
allons débattre la nouvelle motion. M. le député de La
Prairie, vous avez 30 minutes.
Motion proposant d'entendre la Communauté
urbaine de Montréal
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. La motion qu'on
présente, c'est dans le même esprit qui nous a animés pour
inviter la ville de Montréal. J'ai fait allusion, tantôt, à
une ville qui est membre de la CUM, Dollard-des-Ormeaux, qui nous dit, dans une
lettre que les membres de la commission ont reçue hier, qu'elle s'oppose
au bill. Elle fait partie de la Régie et je pense que le ministre des
Affaires municipales a tourné les coins ronds, tantôt, en disant:
J'ai fait mes consultations. Il n'y a pas de problème, c'est un bon
projet, adoptons-le. Moi, je dis, Mme la Présidente, que même si
c'est seulement une des villes participantes, même si c'est seulement
une, il y a anguille sous roche. Pourquoi - c'est quand même une ville
importante, Dollard-des-Ormeaux - pourquoi cette ville non seulement dit: On
n'a pas été consulté, on n'a pas approuvé ce projet
de loi là, mais, maintenant qu'on en a pris connaissance, on est contre?
Ils le disent, ça, en toutes lettres. Pour ceux et celles qui
n'étaient pas ici hier, je vais relire quelques paragraphes. (17 h
30)
La ville de Dollard-des-Ormeaux s'oppose au bill privé pour les
raisons suivantes: Le 4 juin 1985, nous avons adopté un règlement
approuvant une entente relative à la création de la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur IHe de Montréal pour
une durée de cinq ans, et par la suite renouvelé par tacite
reconduction de cinq ans en cinq ans à moins qu'une partie n'ait
signifié son objection à toutes les autres parties au moins six
mois avant l'échéance d'un terme.
Nous avons l'intention de nous retirer à l'expiration du terme
actuel qui se termine le 4 juin 1995. Pour cette raison, nous nous objectons
à ce que la Régie, sans notre autorisation, demande un bill
privé par lequel un terme de 25 ans serait imposé. Nous sommes
aussi contre le bill privé parce qu'une des intentions du projet est de
permettre à la Régie de signer des contrats sans devoir aller en
soumissions publiques. La Régie procède maintenant avec un projet
d'un quart de milliard de dollars, et ceci, sans tenir compte d'une
façon responsable des cotations concurrentielles. Nous nous objectons
fermement parce que c'est contre l'intérêt public.
Nous avons communiqué nos craintes à M. Claude Ryan,
ministre des Affaires municipa- les - c'est curieux qu'il n'en ait pas fait
tellement état de ça; j'aimerais ça qu'il nous en fasse
état un peu - et le ministre a confirmé qu'il a pris note que la
ville de Dollard-des-Ormeaux préférait quitter la Régie
plutôt que d'être liée par des décisions prises dans
un contexte que nous ne saurions approuver.
Nous vous demandons de retarder ce projet de loi - c'est ce que nous
demandons nous aussi - et de prendre le temps de consulter les services
juridiques du ministère des Affaires municipales. La Régie n'a
jamais reçu l'approbation des villes membres avant de procéder
pour un bill privé, et nous sommes d'opinion même que plusieurs
décisions ou actes de la Régie ne sont pas conformes aux lois qui
la régissent.
Et c'est signé par le maire, M. Janiszewski.
Je ne pense pas, Mme la Présidente, qu'on puisse rejeter du
revers de la main en disant: Ah! mais ce n'est pas la première fois que
M. Janiszewski - comme le président de la Régie nous disait hier
- dit quelque chose qui n'est pas exact. Ça a été
ça la réponse du président de la Régie. Je ne
comprends pas que le ministre des Affaires municipales accepte que le cas de
Dollard-des-Ormeaux soit réglé d'une façon aussi
expéditive et même cavalière par le président de la
Régie. C'est une atteinte à la réputation du maire qu'il a
faite, dans un sens, quand il nous a dit hier: Ne croyez pas le maire, ne le
croyez pas parce que ce n'est pas la première fois qu'il dit des choses
comme ça.
J'aimerais ça que M. Janiszewski, avec les autorités de la
CUM, vienne ici et nous explique pourquoi il veut se retirer de cette
régie. J'aimerais ça aussi qu'une autre ville de la CUM, qui
s'appelle Montréal-Nord, qui est la deuxième ville la plus
importante, je crois, la plus populeuse, vienne nous expliquer pourquoi elle
n'entre pas dans la Régie intermunicipale de gestion des déchets.
J'aimerais ça, moi. Je ne le sais pas. En toute bonne foi, je ne le sais
pas. Le ministre le sait probablement. Il a certains liens
privilégiés avec les autorités de Montréal-Nord.
Alors, il le sait sûrement. Mais, moi, je ne le sais pas. J'aimerais, en
plus d'entendre le ministre en parler, entendre le maire de
Montréal-Nord nous expliquer pourquoi il n'en fait pas partie.
M. Ryan: ...le directeur du Devoir.
M. Lazure: La CUM a un rôle éminemment important,
vous le savez vous-même, M. le ministre, en ce qui concerne le
contrôle de la qualité de l'air, la qualité de l'eau. Un
des volets principaux du projet de la Régie, sans aller sur le fond de
la question, sans aller sur l'incinération comme telle, mais un des
volets principaux, c'est l'incinération. J'aimerais ça que la CUM
nous parle des conséquences de l'incinération.
Vous savez, la Régie, quand elle a fait faire son sondage, je
l'ai lu attentivement ce midi, comme c'est souvent le cas dans des sondages,
il
y a des questions assez biaisées, pour ne pas dire
piégées. Dans trois questions, on fait ressortir tous les
inconvénients du site d'enfouissement et, après ça, on
dit: Bien, compte tenu de tout ça, est-ce que vous voulez encore
l'enfouissement ou si vous voulez l'incinération? Les gens disent:
l'incinération, mais on n'a pas mis trois tableaux
précédents pour énumérer les désavantages de
l'incinération. On l'avait fait pour l'enfouissement, mais pas pour
l'incinération. Alors, c'est un peu beaucoup biaisé.
Quant au tableau 6 - c'est une parenthèse que je fais - quand on
demande: À quelle autre solution devrait-on avoir recours? quand on
parle de la fermeture de la carrière Miron, le plus gros pourcentage, ce
n'est pas pour l'incinération, pour votre information. Pour
l'incinération, c'est 21 %, mais, pour la récupération, le
recyclage, la réduction générale, c'est 41 %. Alors,
j'aimerais que la CUM, qui a un rôle important à jouer dans la
surveillance des normes de pollution, air et eau, vienne nous dire ce qu'ils
pensent du projet et, notamment, sur l'incinération.
Dans la CUM, il y a aussi, évidemment, ville d'Anjou, mais je
laisserai le député d'Anjou en parler tantôt, parce que eux
aussi ont pris une certaine position. Mais je reviens à
Montréal-Nord et Dollard-des- Ormeaux. Bon. Est-ce que le départ
annoncé de Dollard-des-Ormeaux et l'absence de Montréal-Nord
laissent présager que d'autres villes de la CUM, d'autres villes qui
sont actuellement dans la Régie, vont se dissocier? Je ne le sais pas,
mol. Encore une fois, peut-être que les autorités de la CUM
pourraient nous renseigner là-dessus.
La CUM a une expertise dans plusieurs domaines, eu égard aux
regroupements, à l'unification des services pour toute l'île.
D'abord, la police, et Dieu sait que ça a pris du temps, mais, dans
l'ensemble, je pense que les contribuables sont satisfaits d'un service de
police qui est unifié depuis plusieurs années. Ils ont de
l'expertise aussi dans l'unification du transport en commun. Ça aussi,
ça a été difficile, mais la STCUM, malgré tous les
problèmes qu'on peut y déceler, en gros, fait un bon travail. Il
n'y a personne qui voudrait revenir à deux systèmes de transport
en commun et il n'y a personne qui voudrait revenir à deux
systèmes de police: un pour Montréal et un autre pour la
Régie intermunicipale.
L'Union des municipalités, eu égard au transport en
commun, eu égard à la police, cette union-là, Mme la
Présidente, j'ai la conviction profonde - je ne l'avais pas à
venir jusqu'à récemment, mais maintenant je l'ai - que les deux
parties n'ont pas été animées de tout le zèle
qu'elles devraient avoir pour trouver un terrain d'entente pour un seul plan de
gestion. Je sais qu'il y a eu des démarches de la part des deux parties,
et surtout de la Régie. Je sais ça. Je sais qu'elles ont
déjà signé un protocole d'entente pour une gestion
unifiée des déchets domestiques dangereux. Mais tout le monde
doit convenir qu'il s'agit d'une très, très petite portion de
l'ensemble de la gestion des déchets pour l'île de
Montréal.
Le ministre fait grand état des rêves de l'Opposition, qui,
eux, ne sont pas réalistes, qui, eux, sont des bureaucrates qui veulent
tout unifier, en dépit de ce que les villes veulent. Il est bien mal
placé pour parler comme ça, mais, de toute façon, je lui
demanderais de ne pas déformer mes paroles. Moi, je n'ai pas
demandé que le ministre des Affaires municipales impose une solution
toute cuite aux parties et mon collègue de Jonquière ne l'a pas
fait non plus. Personne ne l'a fait. C'est facile de démolir quelqu'un
en lui prêtant des paroles qu'il n'a pas prononcées. (17 h 40)
Tout ce que nous demandons, c'est que les deux ministres en question,
Affaires municipales et Environnement, prennent leurs responsabilités,
interviennent plus activement qu'ils ne l'ont fait jusqu'ici. La population
concernée demande qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils
exigent - ça, c'est dans leur mandat - que les municipalités
s'assoient ensemble, que la Régie et la ville de Montréal
s'assoient ensemble. Est-ce que la CUM peut jouer un rôle
là-dedans si les deux ministres ne veulent pas jouer directement?
Peut-être. Ça, c'est une des questions qu'on aimerait poser
à la CUM. J'imagine que les autorités de la CUM sont
inquiètes de voir que deux grands projets s'en vont en parallèle,
sur deux voles parallèles. Si les deux ministres en faisaient la demande
aux autorités de la CUM, qui dit que la CUM ne serait pas consentante
à prêter ses bons offices?
La CUM a eu à se prononcer, encore dernièrement - je
reviens aux responsabilités de la CUM en matière d'environnement,
responsabilités déléguées par le gouvernement du
Québec - sur la qualité de l'air suite aux émanations de
l'incinérateur des Carrières. Bon. Là aussi, puisqu'on
parle de la gestion des déchets pour un ensemble de
municipalités, les émissions dans l'air, Mme la
Présidente, qui viennent de l'incinérateur de la ville de
Montréal ou de l'incinérateur de la Régie intermunicipale,
une fois rendues dans les airs, les particules ne connaissent pas les
frontières. Il n'y en a pas de frontière dans les nuages, dans
les airs. Les particules vont se promener. S'il y a des particules qui polluent
l'air, on aimerait ça, nous autres, que la CUM nous parle des
conséquences de deux incinérateurs au lieu d'un. Ils nous ont
déjà parlé des conséquences d'un
incinérateur, et on sait qu'il y a quand même une certaine
inquiétude, mais qu'est-ce que ça va donner dans l'air au-dessus
des villes de l'île de Montréal le jour où il y aurait deux
incinérateurs?
Dans le rapport que la commission de l'aménagement et des
équipements a produit,
Mme la Présidente, et où vous avez présidé
avec sagesse plusieurs réunions, dans cet excellent rapport unanime,
nous demandons, à la recommandation 43, qu'il y ait des audiences
génériques sur la gestion intégrée des
déchets domestiques solides au Québec et que le ministère
de l'Environnement en soit le maître d'oeuvre en collaboration avec le
monde municipal. Le maire de Rimouski était d'accord avec ça.
Une voix: Le maire de Rimouski?
M. Lazure: Oui. L'ancien maire de Rimouski était d'accord
avec ça. Une audience générique - maire un jour maire
toujours... Une audience générique, nos collègues
libéraux ont voté pour cette recommandation comme toutes les
autres d'ailleurs. Mme la Présidente, peut-être qu'il serait
pertinent que, dans un premier temps, le ministre de l'Environnement, avec le
concours de son collègue des Affaires municipales, décide de
demander à la CUM, avec le Bureau d'audiences publiques, de tenir cette
audience générique d'abord pour l'île de Montréal.
Il me semble que c'est là que les problèmes sont les plus
urgents. Il y a des problèmes dans d'autres régions du
Québec, j'en conviens, mais ça ne serait peut-être pas une
mauvaise idée de procéder par étape, de procéder
par région.
Si les membres de la commission de l'aménagement et des
équipements, tous les membres des deux côtés de la Chambre,
ont jugé qu'il serait utile d'avoir une audience générique
sur la gestion des déchets domestiques, c'est qu'il y a un état
de crise actuellement au Québec. Il y a quelques années le
gouvernement avait décidé, à bon droit, de créer
une commission d'enquête sur la gestion des déchets dangereux, la
commission Charbonneau, et ça a donné un éclairage
important. Ça a donné suite à des actions aussi. Il nous
paraît, nous, que compte tenu de la confusion... Cette confusion qui
existe dans l'esprit de la population sur l'île de Montréal,
à savoir qui va être le maître d'oeuvre de la gestion des
déchets, elle existe ailleurs. Elle existe ailleurs. Il y a aussi toute
la confusion qui a découlé de certains incidents où la
collecte sélective était dirigée plutôt vers des
sites d'enfouissement que vers des centres de tri, des centres de recyclage.
Bon.
Nous pensons que la lumière devrait être faite, et c'est
une des questions qu'on aimerait poser à la CUM. Est-ce que la CUM ne
croit pas préférable d'avoir un seul plan de gestion? Est-ce que
la CUM, deuxièmement, serait intéressée, avec le concours
des deux ministères intéressés, à ce qu'il y ait
une audience générique pour l'Ile de Montréal? Je conviens
que la ville de Montréal a fait un effort. Les groupes nous en ont
parlé beaucoup hier, et ce matin encore. La ville de Montréal a
été transparente. La Régie l'a été moins.
Tout le monde l'a dit et je le répète. Si la CUM, Mme la
Présidente, était invitée - j'ai l'impression qu'elle ne
le sera pas parce que quand on va arriver au vote, car on va malheureusement
perdre encore notre vote...
Une voix: M. le Président...
M. Lazure: ...nous pourrions avoir ces renseignements et
connaître mieux l'historique. C'est vrai que c'est depuis 1984 et c'est
vrai que plusieurs années se sont écoulées, qu'une
direction a été prise, mais à notre avis à nous il
n'est pas trop tard parce que l'élément urgence ne nous est pas
démontré encore. Peut-être que la Régie va
réussir à nous le démontrer quand on va faire
l'étude article par article, mais jusqu'ici, en tout cas, moi, on ne me
l'a pas démontré le caractère urgent, compte tenu que le
site Miron est bon encore pour plusieurs années.
À ce moment-là, puisqu'il y a moins d'urgence qu'il y en
avait, est-ce que ce ne serait pas opportun de revenir aux attributions
normales de la CUM? Moi, je pense que c'a été dommage que le
gouvernement ait été appelé à sanctionner la
création d'une Régie, alors que, comme le ministre le faisait
remarquer hier avec pertinence, la CUM avait à peu près tous les
droits, les devoirs, toutes les fonctions prévues, et aurait fort bien
pu mener à bien un projet intégré pour toute l'île
de Montréal.
Évidemment, le président de la Régie, on me le
rappelle, est en même temps président du comité
environnement de la CUM. Mais je ne crois pas qu'il soit le président de
l'ensemble... Qui est président de l'ensemble de la CUM? M. Hamelin.
Bon. Alors, Mme la Présidente, moi, je ne vois pas de conflit
d'intérêts. Certains ont vu des conflits d'intérêts
du fait que le président de la Régie est en même temps
président du comité environnement de la CUM. Je pense que le
maire de LaSalle est capable de porter deux chapeaux et d'être objectif
dans les deux chapeaux. Ce n'est pas ça qui est en cause. Mais
l'autorité politique de la CUM, à ma connaissance, n'a pas fait
tellement de commentaires sur les deux plans - et, s'ils en ont fait,
j'aimerais bien qu'on les porte à notre connaissance - à la fois
sur les propositions de Montréal et à la fois sur les
propositions de la Régie. On verra tantôt, la Régie pourra
nous le dire si la CUM en a fait, et de quelle nature c'est.
Mme la Présidente, je voudrais aussi qu'on entende les
commentaires de la CUM, au nom de ses municipalités, sur l'état
actuel du site Miron. La ville de Montréal a la première
responsabilité, ça va de soi, mais comme je le disais
tantôt, étant donné que la CUM est là - le
président du comité environnement pourra nous faire des
commentaires là-dessus tantôt - elle a donc une
responsabilité quant à l'eau et quant à l'air. Il y a des
problèmes de biogaz au site Miron et c'est de la responsabilité
de la CUM.
J'ai vu récemment encore dans les journaux, je suis sûr que
le ministre a vu ça aussi, qu'un
chef de service à la CUM, section environnement, avait
désapprouvé un des rapports qu'un de ses professionnels avait
rendu public. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a un certain malaise et
ça, c'est une des nombreuses questions qu'on aimerait soulever avec les
autorités de la CUM, les autorités de la ville de
Montréal. Qu'est-ce qui se passe exactement sur le site Miron eu
égard aux émanations de gaz? La population du voisinage veut le
savoir. (17 h 50)
II y a des rapports qui sont contradictoires. On nous dit, d'une part:
Le système installé il y a un an et demi fonctionne très
bien dans l'ensemble; il y a quelques ratés Ici et là. C'est ce
qu'on nous a dit il y a quelques mois. Mais j'ai vu récemment que
même M. Brunelle du comité exécutif de Montréal
responsable de l'environnement a dit: C'est vrai, le système n'est pas
aussi efficace qu'on l'aurait cru, qu'on l'aurait souhaité. Moi,
j'aimerais bien que les autorités politiques de la CUM nous donnent leur
opinion là-dessus. Ce qu'on a vu dans les journaux, c'est un
débat au plan technique entre le directeur d'un service et un de ses
professionnels, une divergence d'opinions quant à la concentration de
biogaz dans l'atmosphère.
Mme la Présidente, je pense que mon collègue d'Anjou
voudrait intervenir. C'est une ville importante de la CUM, Anjou. Puisqu'il
reste seulement quelques minutes - je comprends que nous ajournons à 18
heures - je vais passer mon temps au collègue d'Ajou, si vous permettez.
Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, je regrette,
ça ne se passe pas, le temps, comme ça.
M. Lazure: Si vous le permettez. Des voix: II a le droit
de parler.
M. Lazure: J'ai bien dit si vous le permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): Bien oui, vous avez
le droit de parler 30 minutes, mais, si vous ne faites pas tout votre temps,
vous n'avez pas le...
M. Lazure: Lui, il a le droit de parler 10 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): II a le droit de
parler 10 minutes, mais par alternance, à son tour.
M. Ryan: On a un énorme respect de l'alternance.
M. Lazure: Oui, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, pendant que le
député de La Prairie parlait, j'avais l'occasion de feuilleter
les rapports des assemblées du conseil d'administration de la
Régie tenues au cours des dernières années pour
vérifier certains détails et tout ça. En même temps
que j'écoutais le député de La Prairie, j'avais
l'impression, encore une fois, d'être dans un tout autre univers - un
tout autre univers - l'univers de la petite politique, finalement. En
1991...
M. Lazure: Je vais feuilleter autre chose à mon tour.
M. Ryan: Ah oui! très bien, je n'ai pas d'objection du
tout parce que vous ne comprendriez pas plus.
M. Lazure: Ça, comme arrogance, c'est dans les
records!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Ryan: Vous allez en avoir. Si vous en voulez, on est capable
de vous en donner.
M. Lazure: De l'arrogance? Oui, je sais que vous en avez en
masse.
M. Ryan: Ne vous inquiétez pas.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Prairie.
M. Ryan: Quand on voit que ça ne donne rien, c'est
ça qui arrive.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: En 1991, le comité de négociation fait
rapport au conseil d'administration de la Régie. Savez-vous ce qu'ils
disent là-dedans? Ils disent: Ça fait deux ans qu'on est en
négociation avec cette maison-là et d'autres. On a fait toutes
les étapes nécessaires. Ils arrivent, ils soumettent des
recommandations claires, nettes. Le conseil les examine attentivement. Chaque
membre est invité à se prononcer. Au bout de l'exercice, le
président demande qu'on reporte la décision à une
réunion subséquente pour que tout le monde ait le temps d'y
penser encore. Là, les gens y pensent, ils se présentent à
la réunion suivante, ils prennent leur décision. M. Janis-zewski
dont vous avez parlé se prononce contre. Il était contre,
c'était son droit. Il l'a fait à cette occasion-là. Je
trouve ça dans les minutes,
ici. Mais l'examen a été fait. On pourrait bien le
recommencer ici deux ans après, mais je pense qu'on ne rendrait pas
service à la cause commune.
Il y a une chose qui me frappe. Ça fait trois fois que
l'Assemblée nationale est appelée à se prononcer sur des
projets de loi privés concernant la Régie intermunicipale de
gestion des déchets sur l'Ile de Montréal. C'est la
première fois que l'Opposition présente des motions de cette
nature pour faire venir la ville de Montréal, la CUM. Qu'est-ce que vous
faisiez depuis quatre ans? Vous dormiez sur la «switch», comme on
dit?
M. Lazure: La ville de Montréal n'avait pas
présenté ses trois propositions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: On me pose une question.
M. Ryan: Les problèmes que vous soulevez sont dans l'air,
ils sont là pour tous ceux qui veulent les voir. Depuis le début
de l'histoire de la Régie, il s'est passé huit ans, encore une
fois, et on a fait toutes ces étapes-là. Les deux questions qu'a
posées le député de La Prairie, je ne les considère
pas comme des questions sottes. Bien au contraire, ce sont des questions qui
ont leur raison d'être, qui ont leur valeur pour la discussion de ces
choses-là, mais elles ont été examinées à de
très nombreuses reprises dans le passé. C'est impossible de
donner une réponse affirmative dans un avenir prévisible à
des questions comme celles-là.
Vous voulez que la Communauté urbaine vienne se prononcer. Il n'a
pas été capable, pour elle, de le faire dans son propre champ
d'intervention. Le législateur lui a donné la compétence
pour intervenir en matière de gestion des déchets, elle ne l'a
pas fait dans les nombreuses réunions qu'elle a tenues depuis qu'elle
détient ce pouvoir qui remonte, je pense... Voulez-vous vérifier
à quelle année remonte l'octroi de ce pouvoir à la
Communauté urbaine? Ça va être intéressant de
vérifier. Si elle n'a pas été capable de le faire pendant
toutes ces années, pensez-vous qu'elle va être capable de le faire
à l'occasion d'une réunion de la commission parlementaire ici?
Voyons donc! Voyons donc!
Je pense que le pouvoir, sur la gestion des déchets, la
récupération et le recyclage, remonte au moins à 1982. Les
pouvoirs relativement au transport des déchets, le pouvoir de
réglementation remonte à 1982, Mme la Présidente.
Ça fait 10 ans. Là, ils sont surpris de ça, ils voudraient
venir se faire donner des précisions. C'est assez fantastique. C'est
assez fantastique, franchement! Si vous aviez été sérieux,
conséquent avec vous-même, je pense que vous auriez
présenté ces motions... Je pense que, si ces motions-là
avaient été présentées depuis longtemps, le
gouvernement aurait été très heureux d'y concourir. Je
m'aperçois qu'il y a des idées arrêtées et, à
ce moment-là...
L'Opposition exerce des droits que nous lui reconnaissons. Il n'est pas
question de mettre ces droits-là en doute. Quand même nous le
voudrions, heureusement, nous en serions incapables. Les règles de notre
système veulent que nous les reconnaissions et nous sommes parfaitement
soumis aux règles de notre système démocratique, mais ce
système nous permet, également, de dire non à une
proposition qui est plutôt d'ordre dilatoire, qui n'a pas de
justification objective, qui n'est pas de nature à nous éclairer
dans l'hypothèse où nous la recevrions. En conséquence, je
dois réitérer la position que nous énoncions tantôt
à propos de la première motion, qui était de même
nature, qu'il nous est impossible de souscrire à une proposition comme
celle-ci.
Comme nous allons ajourner nos travaux pour la journée dans
quelques minutes, je pense que nous aurons l'occasion de
réfléchir à ces choses. Le débat ne me semble pas
terminé sur la motion. Si l'Opposition veut donner des précisions
- il y avait le député d'Anjou qui voulait s'exprimer, je pense
bien, peut-être d'autres aussi - on est prêts à
écouter tout ça, nous autres, il n'y a pas de problème. On
va écouter ces motions-là aussi longtemps que l'Opposition voudra
les renouveler sous des formes qui n'apportent pas beaucoup de
différences de l'une à l'autre, mais, en tout cas, ça...
On va les écouter.
Le but fondamental, je dois le rappeler en terminant, ce n'est pas de
commencer la construction de l'incinérateur et des autres dispositifs au
mois de septembre ou au mois d'octobre, pas du tout. Dans ce sens-là,
toutes les réfutations du soi-disant argument d'urgence sont, à
mon point de vue, impertinentes. Nous sommes devant ce que j'appellerais un
argument de nécessité fonctionnelle. Voici un organisme que nous
avons créé de notre propre main, dont nous avons
développé les pouvoirs, les attributions et les orientations au
cours des années, qui en est rendu à un stade de son
évolution où il doit prendre certaines décisions qui
n'engagent pas définitivement l'avenir encore, mais qui lui permettent
de franchir l'étape à laquelle il en est normalement et je dirais
même lentement arrivé par l'accumulation de son travail au cours
des années.
Là, on nous dit: On ne le sait pas, il faudra peut-être
reprendre ça comme si on était à l'origine. Les questions
qui ont été résolues dans des Interventions
antérieures de l'Assemblée nationale, je pense que l'honneur et
la logique dictent que nous devons maintenir ce qui a été fait
auparavant, à moins que nous n'ayons des raisons très graves de
le renverser. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas. À la suite de
l'exa-
men attentif que nous avons fait du dossier, nous croyons, au contraire,
qu'il faut franchir la prochaine étape. (18 heures)
Cette étape, je la résume encore une fois bien simplement.
Je résume bien simplement la prochaine étape, Mme la
Présidente. Il s'agit d'autoriser la Régie à conclure une
entente de principe avec la firme Foster Wheeler en vue de la construction d'un
incinérateur et d'autres dispositifs pertinents à
l'élimination et au recyclage des déchets sur l'île de
Montréal à l'intention des 26 municipalités qui
adhèrent à la Régie. Une fois cette autorisation
accordée, il y aura ensuite toute l'étape du BAPE au cours de
l'été, et peut-être de l'automne, au rythme où vont
les choses. Ensuite, il y aura l'examen par le ministre de l'Environnement et
par le gouvernement. Le ministre de l'Environnement sera appelé à
soumettre une recommandation. Ensuite, le gouvernement fera son examen. On aura
tout le temps voulu pour examiner d'autres aspects, s'il y a lieu.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Étant donne l'heure, la commission de l'aménagement et
des équipements ajourne ses travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)