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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Garon): À l'ordre! Comme nous
avons un mandat très bref, puis que nous devons ajourner à 11 h
30, si on ne veut pas qu'il y ait des gens qui soient obligés de
retourner avec leur petit bonheur, on est mieux de commencer
immédiatement. Que ceux qui ont été vaccinés avec
des aiguilles de gramophone ferment te haut-parieur!
Je déclare la séance ouverte. Rappelons le mandat de la
commission qui est d'entendre les intéressés et de
procéder à l'étude détaillée des projets de
loi d'intérêt privé 219, Loi modifiant la Loi constituant
la Corporation des officiers municipaux agréés du Québec;
227, Loi concernant la ville de Vanier, et 221, Loi concernant la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur IHe de Montréal.
M. le secrétaire, y a-t-il lieu d'annoncer des remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a pas de remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): Alors, l'horaire de la
journée. M. le secrétaire, pourriez-vous faire lecture de
l'horaire de la journée?
Le Secrétaire: Nous entendrons d'abord les
intéressés sur le projet de loi 219, Loi modifiant la Loi
constituant la Corporation des officiers municipaux agréés du
Québec; suivra le projet de loi 227, Loi concernant la ville de Vanier,
et, immédiatement après, le projet de loi 221, Loi concernant la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur IHe de
Montréal.
Projet de loi 219
Le Président (M. Garon): Alors, est-ce que je peux inviter
le parrain du projet de loi 219, Loi modifiant la Loi constituant la
Corporation des officiers municipaux agréés du Québec?
On me dit que le député de Rimouski remplace le
député de Louis-Hébert.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, comme parrain.
Le Président (M. Garon): C'est-à-dire qu'il prend
sa place sans le remplacer.
M. Tremblay (Rimouski): Je sais.
Le Président (M. Garon): Alors, vous avez la parole.
Remarques préliminaires
M. Tremblay (Rimouski): Je ne serai certainement pas à la
hauteur du député de Louis-Hébert qui avait
décidé de parrainer ce projet de loi. Cependant, j'ai
accepté bien candidement de présenter ce projet de loi. C'est le
projet de loi 219. C'est un projet de loi relativement simple, qui a trois
articles. C'est la Loi modifiant la Loi constituant la Corporation des
officiers municipaux agréés du Québec.
Essentiellement, les modifications visent, d'une part, à
permettre à la Corporation d'établir son siège social
à l'intérieur des limites territoriales de la Communauté
urbaine du Québec, et non pas seulement en la ville de Québec,
et, dans le deuxième alinéa, surtout, à remplacer la
notion de «corporations municipales de cité ou de ville» par
celle de «municipalité, d'une communauté urbaine, d'une
régie Intermunicipale ou d'un organisme public dont le conseil
d'administration est composé entièrement d'élus
municipaux».
Voilà, M. le Président, l'essentiel de ce projet de loi.
C'est un projet de loi relativement simple, comme je vous le disais au
début. Les trois représentants de la Corporation des officiers
municipaux du Québec sont ici présents, et je leur fais confiance
pour plaider en faveur de ce projet de loi. J'espère que nous aurons la
collaboration de l'Opposition officielle pour l'acceptation dudit projet.
Voilà, M. le Président.
Une voix: C'est assez complet.
Le Président (M. Garon): Alors, Je voudrais inviter
maintenant les requérants et les intervenants, s'il y a lieu, à
présenter leur point de vue. Alors, M. Gabriel-Yvan Gagnon, si vous
voulez nous présenter les gens qui vous accompagnent et nous dire ce que
vous voulez faire avec ce projet de loi.
M. Gagnon (Gabriel-Yvan): Oui, bonjour. Je vais vous
présenter Me Gabriel Michaud, de Saint-Hyacinthe, et M. Serge Noël,
le secrétaire général de la Corporation.
Substantiellement, les objectifs poursuivis par la demande que nous
avons présentée devant vous ont été rappelés
par M. Tremblay. Ce que la Corporation recherche, évidemment, c'est plus
de souplesse afin de permettre à un plus grand nombre d'officiers
oeuvrant dans le monde municipal d'adhérer à notre Corporation.
Ceux-ci y voient leur intérêt, compte tenu des divers services que
l'on offre, plus particulièrement au niveau de la formation
professionnelle, et, également, par souci de cohérence avec la
Loi
sur l'organisation territoriale. C'est ce qui motive substantiellement
la demande de notre Corporation.
Le Président (M. Garon): M. le ministre. Est-ce qu'il y a
des intervenants autres? Non? M. le ministre.
M. Ryan: Après l'exposé lapidaire du
député de Rimouski et l'exposé extrêmement laconique
des porte-parole de la Corporation, je n'oserais entreprendre une
présentation longue. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce
projet de loi, mais je vais essayer d'imiter l'exemple qu'ont donné mes
prédécesseurs immédiats.
La Corporation qui regroupe les officiers municipaux voudrait que ses
rangs puissent être élargis de manière à pouvoir
inclure non seulement des fonctionnaires particuliers, là, des
municipalités relevant de la loi des cités et villes, mais aussi
des hauts fonctionnaires des municipalités qui relèvent du Code
municipal.
Nous avons à peu près 1450 municipalités au
Québec. De ce nombre, II y en a à peu près 1000 qui
relèvent du Code municipal. Donc, II y a probablement une pêche
Intéressante à faire pour votre Corporation de ce
côté-là, surtout avec les nouvelles responsabilités
qui échoient désormais aux municipalités, y compris celles
de petite taille. C'est pour ça que je trouve que votre demande voulant
que vous puissiez admettre dans votre Corporation non seulement les personnes
qui pouvaient déjà y être admises en vertu de la loi
actuelle, mais également des secrétaires-trésoriers,
greffiers ou autres fonctionnaires de municipalités qui relèvent,
d'une part, de municipalités tombant sous le Code municipal et, d'autre
part, d'entités intermunicipales ou su-pramunicipaies... Je pense que ce
sont des corollaires logiques, la, des attributions qui ont déjà
été accordées à la Corporation des officiers
municipaux agréés du Québec par le législateur. Il
me semble qu'il s'agit d'élargissements pertinents. (10 h 20)
Je voudrais en profiter pour souligner que j'apprécie l'excellent
travail qu'accomplit la Corporation des officiers municipaux
agréés du Québec. Je pense qu'elle rend de précieux
services. Nous sommes heureux de l'appuyer dans son travail également au
ministère. Et c'est avec plaisir que nous appuierons, du
côté ministériel, les modifications proposées dans
le projet de loi 219, y compris la modification qui permet d'élargir
l'aire territoriale à l'Intérieur de laquelle doit être
situé le siège social de la Corporation.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quelques mots d'abord de bienvenue aux
représentants de la Corporation des officiers municipaux et, aussi, leur
dire que j'ai examiné un peu leur projet de loi concernant la demande
d'ouverture pour d'autres groupes, pour d'autres Individus pouvant faire partie
de leur Corporation.
C'est évident qu'on doit se réjouir, en fait, que les
corporations soient vivantes et puissent faire preuve d'un nouveau
«membership» au point de vue du nombre. Il y a un
phénomène, tout de même, qu'on ne peut pas contrer et
auquel on n'a pas la solution, c'est que ça n'enlève pas les
autres corporations; vous avez déjà la Corporation des
secrétaires-trésoriers. Quand on examine votre projet de loi,
ça me semble ouvert même aux commissaires industriels. Ça
pourrait être ça, parce qu'il y a des corporations où il y
a seulement des élus.
Il y a aussi - et ça, je l'ai remarqué - un point qui me
surprend. C'est que vous vous limitez à des organismes qui sont
formés essentiellement d'élus, donc, dans leur conseil
d'administration. Et pourtant, légalement, II y a beaucoup d'organismes
qui sont en majorité des élus. En majorité des
élus, ça veut dire qu'à ce moment-là c'est un peu
paramunlcipal, puis je me demande... SI vous l'avez examiné, en tout
cas, on aura peut-être à échanger là-dessus.
Ça m'a frappé, parce que vous vous coupez, en tout cas, d'un
certain «membership». Je ne sais pas si légalement ça
aurait pu se faire ou pas. Je n'ai pas compris exactement pourquoi
c'était fait comme ça. Probablement que ça a
été étudié, vous l'avez sûrement
examiné. Mol, j'aurai sûrement à vous poser la question
tout à l'heure, ou d'autres le feront, pour savoir si vous avez
examiné ce potentiel-là qui peut être intéressant au
point de vue d'organismes ou de corporations.
C'est clair que limiter à la ville de Québec seulement,
même si c'est une très belle ville... Que vous vouliez vous
installer sur tout le territoire de la Communauté urbaine de
Québec, je pense bien qu'il y a un avantage à quelque part qui
devrait être un avantage pécuniaire, beaucoup plus...
Le Président (M. Garon): ...Lévis.
M. Dufour: Mais vous ne faites pas partie de la Communauté
urbaine, M. le Président. Lévis ne fait pas partie de la
Communauté urbaine de Québec, à ce que je sache. On n'a
pas posé le tunnel. Mais, si vous en faites la demande, on pourra
peut-être regarder ça d'une façon bienveillante. Ha, ha,
hal C'est certainement des avantages pécuniaires qui ouvrent la demande
que vous faites concernant la possibilité d'établir votre
siège social sur le territoire de la Communauté urbaine
plutôt que dans la ville de Québec.
Donc, en gros, c'est vrai que c'est un projet de loi simple, mais je
pense que ça peut être Intéressant, tout de même,
d'échanger quelque peu avec les Intervenants pour savoir
exactement c'est quoi le but visé, puis si ça a
l'intention d'aller un petit peu plus loin que ce qu'on peut déceler par
rapport à ce projet de loi.
Ça fait que, en gros, bienvenue à la Corporation des
officiers municipaux. C'est une corporation que je connais bien. J'ai vu
beaucoup de gens oeuvrer dans ces domaines-là. Je pense aussi qu'on peut
reconnaître que la Corporation a été certainement
l'instigatrice du perfectionnement de ses membres depuis de nombreuses
années. Elle a été à l'instigation de cours de
perfectionnement pour ses membres, et ça, c'est évident que
ça a servi aux municipalités, puis que ça a servi aussi
aux contribuables pour être mieux servis.
Ça fait que, là-dessus, M. le Président, on est
prêts à commencer l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Garon): Alors, est-ce qu'il y a d'autres
déclarations d'ouverture?
Étude détaillée
Alors, nous allons appeler les articles. J'appellerais l'article 1.
Est-ce que les requérants ont des remarques à faire
concernant leur siège social?
M. Michaud (Gabriel): Très bien, M. le Président.
Pour l'article 1, tel que mentionné - un article de deux lignes - c'est:
«La Corporation a son siège social dans les limites territoriales
de la Communauté urbaine de Québec.» Évidemment, on
ne se serait pas présentés devant l'Assemblée nationale
uniquement pour faire ce changement-là. C'est plus en raison de ce qui
va suivre. Ce qu'on doit dire là-dessus, c'est que, déjà
dans notre loi, il existe les articles 2 et 3. L'article 3 en particulier,
qu'on ne touche pas dans la présente démarche, permettrait
toujours à la Corporation de transférer son siège social
un peu partout, y compris à Lévis, y compris ailleurs dans la
province de Québec, sauf qu'on se dit qu'actuellement on s'est servis de
ces mécanismes-là pour transférer le siège social
de Québec à Sainte-Foy, mais on se dit: Pourquoi ne pas modifier
l'article 2 pour, de fait, permettre le transfert du siège social sans
formalité additionnelle, partout à l'intérieur du
territoire de la Communauté urbaine de Québec? Mais on a toujours
le mécanisme de l'article 3 qui permettrait, si jamais c'était le
désir des autorités de la Corporation, de le transférer
ailleurs que dans ce territoire-là.
M. Ryan: Pas de commentaires. Je n'ai pas de commentaires.
Le Président (M. Garon): L'article 1 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (m.
garon): adopté. j'appelle
l'article 2. il y a un amendement, me dit-on. pouvez-vous présenter
votre amendement, me michaud?
M. Michaud: Concernant le texte tel que je l'ai dans le projet de
loi, je n'ai pas de texte d'amendement, en ce qui me concerne.
Le Président (M. Garon): Ça ressemble à un
amendement technique, ce qu'on nous a présenté.
M. Michaud: C'est exact. Et puis l'amendement, c'est dans le
paragraphe introductif. On doit lire: L'article 4 de cette loi, remplacé
par l'article 1 du chapitre 70 des lois de 1976 et par l'article 1 du chapitre
61 des lois de 1985, est de nouveau modifié par le remplacement du
paragraphe a par le suivant. C'est effectivement un amendement très
technique.
Le Président (M. Garon): M. le ministre, si vous voulez le
proposer, peut-être, parce que c'est un amendement qui vient de votre
ministère. Semble-t-il que les requérants n'étaient pas au
courant.
M. Ryan: Alors, j'en fais la proposition pour que tout soit
clair. Ça va?
Le Président (M. Garon): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): II est adopté. Maintenant,
revenons à l'article 2 tel qu'amendé.
M. Michaud: L'article 2 tel qu'amendé. Le paragraphe a qui
est visé par la modification se lirait comme suit: «grouper les
secrétaires-trésoriers, greffiers, trésoriers et
directeurs généraux ainsi que tout autre fonctionnaire municipal
dont la fonction est reconnue suivant les règlements adoptés
à cette fin par la Corporation qui occupent un poste au sein d'une
municipalité, d'une communauté urbaine, d'une régie
intermunicipale ou d'un organisme public dont le conseil d'administration est
formé entièrement d'élus municipaux.»
C'est la dernière partie qui constitue le fond de l'amendement.
C'est que, antérieurement, dans la loi telle qu'elle existe
présentement, on parle de: qui occupe un poste au sein d'une cité
ou d'une ville. C'est certain que, au moment où le législateur a
adopté la Loi sur l'organisation territoriale, la notion de cité,
de ville, de village, de paroisse mettait une utilité uniquement pour
des fins toponymiques, finalement, parce que, dans cette loi-là, aux
articles 13 et 14, on spécifie clairement que toutes les
municipalités, maintenant, sont connues sous l'expression
«municipalité locale», et que ça cadre
évidemment dans l'objectif de la refonte des lois municipales qui
vise à uniformiser les lois qui s'appliquent aux différentes
municipalités.
Par conséquent, nous, lorsqu'on est venus pour se
présenter devant l'Assemblée nationale pour viser les officiers
municipaux qui sont dans les communautés urbaines, dans les
régies et dans d'autres organismes, par la même occasion, on a
constaté que notre loi, lorsqu'on parle de cités et de villes,
n'était plus concordante avec la loi existante qui est celle sur
l'organisation territoriale.
Évidemment, la Corporation des secrétaires municipaux et
d'autres corporations existent. Pour nous, l'objectif principal, c'est de dire
que, s'il y a des gens qui viennent frapper à notre porte pour
bénéficier de certains services, évidemment, on pourra les
accueillir. Notre démarche première était auand même
d'accepter les gens qui sont plutôt dans les organismes supramunicipaux
comme ceux qui sont indiqués dans l'amendement suggéré.
(10 h 30)
Maintenant, sur la question des élus, je vais peut-être
aller au-devant d'une question qui a fait l'objet de la présentation de
M. Dufour. Effectivement, lorsqu'on a rédigé le texte, on s'est
penchés sur la question à savoir comment devait être
constitué le conseil d'administration. Nous, on a retenu le
critère que le conseil soit entièrement formé
d'élus municipaux, et ça va dans la ligne des autres organismes
qui sont visés. Lorsqu'on parie d'une municipalité, d'une
communauté urbaine, d'une régie intermunicipale, ce sont des
organismes qui sont entièrement composés d'élus
municipaux.
On ne voulait pas commencer à parler, bon, de commissions de
transport, puis faire une enumeration exhaustive d'autres organismes
supramunicipaux qui pourraient être visés. C'est pour ça
qu'on a dit, finalement: Si on parle d'un autre organisme public et qu'on
retient le critère d'un conseil formé uniquement d'élus
municipaux, on reste cohérents avec les organismes qui actuellement sont
visés par nos activités. Et, lorsqu'on parle de conseils qui sont
composés peut-être d'une majorité d'élus, mais pas
toujours d'une majorité d'élus, et ça peut varier dans le
temps, on peut retrouver des commissariats industriels qui sont actuellement
composés d'une majorité d'élus, mais est-ce que ce sera
toujours comme ça? On trouvait que c'était difficile, à ce
moment-là, de dire: Est-ce qu'on garde une ligne qui sera la même,
là, dans un avenir prévisible? C'est la raison pour laquelle on
tranchait de cette façon.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: Moi, je suis en accord avec ce qui vient d'être
dit, je l'ai indiqué plus tôt. L'objet de l'article que nous
examinons, c'est précisément d'élargir à l'ensemble
des municipalités le champ de recrutement possible de la Corporation:
éliminer la barrière, là, qui empêchait les
secrétaires-trésoriers, greffiers, trésoriers ou autres
officiers de municipalités relevant du Code municipal de faire partie de
la Corporation, puis, deuxièmement, étendre aux corporations qui
sont des prolongements des corporations municipales - les corporations inter ou
supramunicipa-les - la possibilité de voir leurs membres solliciter leur
admission dans la Corporation. L'admission est volontaire dans la Corporation;
ce n'est pas obligatoire.
J'ai bien apprécié les explications qui viennent
d'être fournies quant à la nature des corporations qui sont
visées. Il s'agirait strictement de corporations supra ou
intermunicipales et non pas de corporations paramunicipa-les.
Je pense qu'il faut féliciter la Corporation de vouloir rester
dans le domaine municipal proprement dit. Quand on tombe dans une
activité plus spécialisée, disons une commission de
transport ou une régie des déchets, par exemple, à ce
moment-là, les fonctionnaires qui en font partie sont amenés
à faire partie de toutes sortes d'organismes professionnels
reliés aux objets dont la corporation traite. Leur première
affiliation, leur première loyauté, leur premier champ
d'intérêt, ce n'est pas nécessairement la
municipalité comme telle, c'est plutôt le domaine dans lequel ils
sont engagés, sous le couvert d'une corporation paramunicipale. C'est
pour ça que je trouve que le fait que vous limitiez votre champ de
recrutement aux organismes définis dans la proposition de modification
qui nous est soumise ce matin m'apparaît judicieux. Je suis d'accord avec
vous, par conséquent, sur les explications qui viennent d'être
fournies.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est clair que, quand on voit l'article tel que
libellé, ça n'enlève pas à d'autres corporations le
pouvoir de recruter des membres. Par exemple, les commissaires industriels vont
continuer d'exister, la Corporation des secrétaires municipaux va
continuer d'exister, l'Association des directeurs généraux va
continuer d'exister. Je pense qu'il y a aussi l'association des professionnels
des municipalités, là, les ingénieurs, l'Association des
techniques de l'eau aussi. Je ne sais pas combien il y en a, je n'ai jamais
fait le décompte. Il y a certainement une dizaine de corporations qui
touchent les municipalités. J'imagine...
M. Noël (Serge): Une vingtaine.
M. Dufour: Oui?
M. Noël: Une vingtaine.
M. Dufour: Une vingtaine. Bon. J'imagine aussi que le but de
votre article... Est-ce que c'est l'Intention d'essayer de faire des
rapprochements pour... Puis je pense que tout le monde y gagnerait,
jusqu'à un certain point, de pouvoir se regrouper à quelque part
sous un même parapluie. Ça permettrait sûrement de vous
doter de meilleurs moyens de formation ou de communication, même pour la
défense de vos membres. Avec cet article-là que vous avez
introduit, est-ce que vous visez ça quelque peu? Est-ce que vous avez
cet objectif-là?
M. Michaud: Sur l'objectif de l'article, c'est certain qu'il faut
se raccorder avec nos règlements généraux. Lorsque vous
parlez, entre autres, des ingénieurs, des directeurs de loisirs, des
gens au niveau des travaux publics...
M. Dufour: Ahl C'est vrai, les loisirs aussi.
M. Michaud: ...ce sont tous des corporations sectorielles et,
nous, le regroupement qu'on fait et qu'on vise encore à faire, ce sont
les officiers qui sont liés à l'administration
générale et/ou financière des municipalités.
Autrement dit, ce sont les officiers qui, dans leur travail quotidien, touchent
à un ensemble de dossiers municipaux à des moments ou à
des niveaux différents, mais qui ont quand même un lien facile
entre eux parce qu'ils ne sont pas dans des activités rattachées
uniquement à un service comme les loisirs, le génie, les travaux
publics.
C'est certain qu'actuellement notre Corporation permet de regrouper les
directeurs généraux. D'ailleurs, on en a plusieurs qui sont
membres soit des deux corporations ou uniquement... C'est vrai également
pour les cadres financiers municipaux qui se sont parti une corporation un peu
à part, mais la majorité des trésoriers sont membres de
notre Corporation. Évidemment, quand on parie des secrétaires
municipaux, c'est sûr que cette Corporation-là va continuer
à exister, puis avec un fort «membership», parce qu'il n'est
pas certain que la Corporation ait intérêt à grossir pour
grossir demain matin et à aller chercher tous ces membres-là.
Mais c'est certain que, par contre, les gens qui seraient
intéressés par notre programme de formation, qui voudraient
épouser nos objectifs et notre mode de fonctionnement, seraient les
bienvenus.
M. Dufour: Est-ce que les gens, par exemple, des corporations de
transport, des organismes paramunicipaux - je n'ai pas compris exactement, mais
là vous allez peut-être me le confirmer - où c'est
seulement des élus, par exemple le comité de transport de
Montréal, de la Communauté urbaine de Québec, même
les corporations intermunicipales qu'on voit un peu partout sur le territoire,
ils seraient éligibles, d'après vos lettres patentes ou
d'après votre loi, là, ils pourraient entrer chez vous?
M. Michaud: Oui. C'est visé, mais toujours, encore
là, des gens qui seraient sous le critère «lié
à l'administration générale et/ou financière de
cette commission de transport ou d'une régie de transport».
M. Dufour: Mais ce n'est pas nécessairement attaché
à une municipalité, ce sont des régies
intermunicipales.
M. Michaud: Ou supramunicipales...
M. Dufour: Supramunicipales.
M. Michaud: ...qui sont au-dessus des municipalités, si on
peut dire.
(Consultation)
M. Dufour: Ah oui! Chez les corporations Intermunicipales, en
fait, les communautés urbaines, les présidents ne sont pas
nécessairement des élus. Est-ce que ça, ça... Je
fais juste vous poser la question. À la Communauté urbaine de
Montréal, le président n'est pas un élu. Il est élu
à l'intérieur, mais il ne fait pas partie des élus
municipaux selon le critère défini. Est-ce que lui pourrait faire
partie de votre Corporation?
M. Michaud: c'est que le président de la cuq ou de la cum,
dans mon optique à moi, n'est pas un officier municipal. la cum est
quand même visée spécifiquement...
M. Dufour: Oui.
M. Michaud: ...et, même si on pouvait faire un débat
à savoir que le président n'est peut-être pas un élu
municipal, il reste qu'en visant spécifiquement la communauté
urbaine je pense qu'on réglait ce problème-là, et on n'a
pas à discuter à savoir si le conseil de la CUM est
composé entièrement d'élus. Pour moi, le président
de la CUM ou de la CUQ, c'est un élu parmi les élus, là,
mais qui n'est plus élu d'une municipalité.
M. Dufour: II y aurait un bon débat là-dessus. Moi,
je pense qu'il y a une ouverture à quelque part parce que, si vous
dites: «est formé entièrement d'élus
municipaux», je ne suis pas sûr que vous ayez raison quand vous
dites ça. En tout cas. Je ne sais pas si ça pourrait
empêcher... Je ne pense pas que ça mettrait votre Corporation
illégale, le fait que des gens adhéreraient, mais vous iriez
peut-être contre les principes que vous avez émis, où c'est
complètement formé d'élus municipaux. En tout cas. C'est
un point sûrement qui est à regarder, mais je ne sais pas, moi,
jusqu'à quel point ça entache la valeur du projet de loi qu'on a
devant nous. Mais c'est évident que M. Lemelin, le président
de la Communauté urbaine de Montréal, et M. Rivard aussi,
ce ne sont pas des élus au sens de la loi. Donc, on dit:
«formé entièrement d'élus municipaux». Donc,
ce n'est pas nécessairement des élus municipaux. Mais ça
peut représenter une certaine difficulté. (10 H 40)
M. Michaud: Si vous me permettez, M. Dufour, c'est que, dans la
lecture, pour nous, quand on dit: «municipalité, communauté
urbaine, régie intermunicipale», nous, automatiquement ces
trois-là, on comprenait qu'ils étaient nommément admis, ou
d'un autre organisme, puis l'autre organisme, là, on l'attachait
à un critère qui était celui de composé
entièrement. Nous, on prétendait que c'était comme
ça. Maintenant, si la lecture se fait différemment, on pourrait
voir.
M. Dufour: Est-ce que M. le ministre a une position par rapport
à ça, ou est-ce qu'il a une opinion?
M. Ryan: Je fais vérifier un point, là. Le
président du comité exécutif, jusqu'à maintenant,
dans les deux communautés, à ma connaissance, a été
choisi parmi les élus qui étaient appelés à faire
partie de la communauté urbaine. Une fols choisi par ses pairs, si j'ai
bien compris, là II est appelé à démissionner de
son poste d'élu. Il devient le dirigeant numéro un de
l'organisme. Est-ce qu'il a droit de vote au conseil d'administration,
là, au grand conseil? Je suis en train de faire vérifier
ça.
M. Dufour: En autant que ma mémoire est exacte, il a le
droit de vote sûrement.
M. Ryan: J'y ai pensé, moi aussi, mais j'aime toujours
mieux vérifier...
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: ...ne serait-ce que pour prévenir les dangers de
débordement que présentent parfois les suggestions du
député de Jonquière.
Des voix: Ha, ha, ha! (Consultation)
M. Ryan: Oui. Le président du comité
exécutif a une voix...
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: ...au conseil de la communauté. Très bien.
Alors, à ce moment-là, on considère qu'il a encore une
certaine qualité d'élu. Il a été nommé
là parce qu'il était un élu. Il ne l'est plus à
compter du moment où il le devient, mais on lui garde son droit
d'aînesse comme membre votant du conseil.
M. Dufour: O.K. Ça m'amène à vous poser la
question: Est-ce que les présidents des communautés urbaines,
quelles qu'elles soient, surtout Québec puis Montréal, ça
pourrait être d'autres personnes que des élus...
M. Ryan: Là, il faudrait vérifier. Je ne pense
pas...
M. Dufour: ...municipaux. Ça part de là.
M. Ryan: Je ne pense pas, mais je vais demander qu'on le
vérifie. Est-ce que le président du comité exécutif
peut être autre qu'un élu?
Une voix: Je ne pense pas.
M. Ryan: Moi non plus. On va le vérifier.
M. Dufour: Est-ce que leur salaire est fixé aussi selon la
loi des élus municipaux?
M. Ryan: Eux? Non.
M. Dufour: Les présidents des communautés
urbaines?
M. Ryan: Je ne pense pas, non.
M. Dufour: Parce que, si ce n'est pas fixé, tu sais...
M. Ryan: Pas d'après les niveaux que je connais.
M. Dufour: Bon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: donc, à ce moment-là, je ne sais pas.
moi, je vous dis, en tout cas, que ça pourrait être une belle
cause pour un avocat. je ne pense pas que ça aille aussi loin que
ça.
M. Ryan: Maintenant, pendant qu'on termine des recherches,
là, je voudrais ajouter, moi, que ceci ne crée pas un gros
problème dans mon esprit...
M. Dufour: Non. Moi non plus.
M. Ryan: ...parce que d'abord il est très improbable que
les distingués personnages que sont les présidents des deux
comités exécutifs voudront solliciter leur admission dans la
Corporation. Ils ont déjà beaucoup d'autres adhésions.
S'ils devaient la solliciter, le conseil d'administration se penchera sur la
requête, puis, s'il juge qu'il doit les admettre, tant mieux pour la
Corporation, tant mieux pour les personnes concernées, mais, moi, en ma
qualité de législateur, ça me ferait peu de souci, quelle
que soit
ia décision. Si la décision devait être positive,
tant mieux. Je pense que ça ne crée pas un gros problème.
Mais c'est bon de vouloir clarifier. Je ne minimise pas la préoccupation
du député de Jonquière.
M. Dufour: En fait, M. le Président, ce n'est pas les
élus qui sont sollicités pour faire partie de la Corporation des
officiers municipaux, ce sont les fonctionnaires qui travaillent pour la
Corporation.
M. Ryan: Oui, oui.
M. Dufour: Donc, on dit dans l'article «est formé
entièrement d'élus municipaux». Donc, «élus
municipaux», ce n'est pas «nommés». Ce sont des
individus qui sont élus par les gens. Ça me semble
représenter une certaine difficulté. Mais ça
n'empêche pas... Je serais bien surpris que le président de la
communauté urbaine sollicite son adhésion.
M. Ryan: Regardez. Je pense que ça, c'est un faux
problème, par exemple, pour être franc. Regardez, voici pourquoi.
C'est parce qu'on dit que pourraient être admis au sein de la Corporation
les secrétaires-trésoriers, greffiers et autres fonctionnaires
municipaux occupant un poste au sein d'une municipalité, d'une
communauté urbaine - alors, d'une communauté urbaine - d'une
régie intermunicipale ou d'un organisme public dont le conseil
d'administration est formé entièrement d'élus municipaux -
alors, c'est une autre catégorie - ou d'un organisme public dont le
conseil d'administration est formé entièrement d'élus
municipaux. Ceci, ça exclut les communautés urbaines qui
étaient incluses antérieurement. Ça fait que, dans ce
cas-ci, la difficulté n'existe pas.
M. Dufour: Oui. (Consultation)
M. Ryan: Ça pourrait être un autre organisme. Je
prends seulement un exemple. Disons que la ville de Montréal constitue
une corporation pour les fêtes du 350e anniversaire dont tous les membres
seraient des élus du conseil municipal. À ce moment-là,
les fonctionnaires de cet organisme-là pourraient être admis
à faire partie de la Corporation.
M. Dufour: Ils pourraient. Ça, je comprends ça.
Tout à l'heure, c'est ça la question que je posais, à
savoir si des fois pour des organismes qui sont à majorité
d'élus - donc, il y a le contrôle complet - à ce
moment-là, les gens sont exclus. Ça devient une corporation
municipale pareil. C'est un choix aussi, ça, si...
M. Ryan: Regardez, eux ont fait le choix...
Oui, oui. Mais...
M. Dufour: Moi, je voulais soulever le problème. Je ne les
oblige pas, là. Ha, ha, ha!
M. Ryan: Moi, je vous avoue franchement que, s'il y avait une
modification, ça ne m'empêcherait pas d'y souscrire. Je n'aurais
pas d'objection à une modification comme celle-là, si
c'était dans l'intérêt de la Corporation, tant qu'à
y être: ceux, quand ils sont en majorité... Mais le
problème, c'est que des fois, là, avec les divisions qu'on a
maintenant dans les conseils municipaux, ils ne seraient pas
nécessairement en majorité.
M. Dufour: Vous avez, par exemple, les MRC. Elles ont le droit de
prendre des élus, mais elles ont le droit aussi de prendre des
non-éius pour faire partie de certains organismes, par exemple pour
l'aménagement du territoire. Elles ont le droit de prendre des
compétences à l'extérieur. Mais il demeure que les
élus ont la main haute sur leur organisation.
M. Ryan: C'est sûr, mais ces comités-là, en
général, n'ont pas d'employés. Les employés sont
les employés de la MRC.
M. Dufour: Non, mais on ne peut pas présumer pareil qu'ils
n'en auront jamais, parce qu'il y a des MRC qui sont plus grosses. Vous dites:
Transfert de responsabilités. On ne transfère pas l'argent, mais
à un moment donné les municipalités vont être
obligées de payer. Si la responsabilité est
transférée, puis qu'il n'y a pas d'argent, elles vont mettre de
l'argent. À ce moment-là, elles seront peut-être
obligées de se doter de fonctionnaires de qualité.
M. Gauvin: D'ailleurs, on transfère aussi l'argent.
M. Dufour: Oui. Parce qu'il y a des MRC, tout de même, qui
sont assez grosses.
M. Gauvin: Dire pas d'argent, là...
M. Ryan: Pas d'argent, c'est une grosse exagération,
évidemment. En matière de voirie, si le député a
regardé les chiffres, il va se rendre compte qu'il vient de commettre
une injustice envers le gouvernement.
M. Dufour: M. le ministre, j'ai appris à me méfier
des gouvernements lorsqu'on donne des subventions plutôt que des sources
de taxation, parce que, de la manière qu'on le donne, de la même
manière on peut l'enlever, et il n'y a rien qui empêche ça.
Même si vous me disiez: On leur donne de l'argent, bien sûr, mais
vous ne savez pas...
M. Gauvin: Accompagné de sources de taxation.
M. Dufour: Oui, mais la source de taxation, ce n'est pas des
subventions, parce que les subventions...
M. Gâuvin: Accompagné de subventions.
M. Dufour: ...c'est comme le Père Noël, ça,
hein! C'est que tu la donnes, mais tu paies le lendemain. Donc, c'est la
même chose. Ha, ha, ha! On est clairs là-dessus.
M. Ryan: Nous autres, malheureusement, on est des malheureux
attardés. On est encore sur la voie de l'étapisme.
M. Dufour: Ah bon!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: D'abord qu'on... Il ne faut pas exagérer non
plus. Il ne faut pas exagérer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: O.K. Moi, ça më va. Je suis prêt
à accepter l'article tel qu'il est là. Je pense, en tout cas,
qu'il y a une chose...
Le Président (M. Garon): Alors, l'article 2, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Garon): J'appelle l'article 3. Des
amendements?
M. Michaud: Non. La rédaction est la suivante: L'article 9
de cette loi, modifié par l'article 2 du chapitre 70 des lois de 1976,
l'article 3 du chapitre 62 des lois de 1980 et l'article 6 du chapitre 61 des
lois de 1985, est de nouveau modifié par le remplacement du paragraphe b
par le suivant: «b) qu'elle occupe depuis au moins six mois l'une des
fonctions visées par le paragraphe a de l'article 4 de la
loi.»
C'est qu'en fait c'est uniquement un article de concordance. L'article 9
tel qu'il existe prévoit les conditions pour qu'une personne puisse
devenir membre. Le paragraphe 2, au lieu de reprendre, comme il le fait
présentement dans la loi, l'énumération des fonctions et
des organismes municipaux qui sont visés, fait simplement le lien en
deux lignes avec le paragraphe a qu'on vient de traiter, tel qu'on le propose
pour fins de modifications à l'article 4.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: II s'agit d'une disposition de concordance, comme on
vient de l'indiquer. Je pense qu'elle s'explique tout à fait par ce que
nous avons adopté antérieurement. On va y mettre la
cohérence nécessaire dans le texte. Alors, nous sommes
d'accord.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Le but que vous visez par rapport à ça,
c'est que la personne travaille depuis au moins six mois pour la
municipalité ou l'organisme. On a parlé, tout à l'heure,
de la façon dont ça s'applique ou à qui ça
s'applique. (10 h 50)
Quand vous parlez de six mois, si la personne n'est pas permanente,
est-ce que vous considérez qu'elle peut faire partie de votre organisme
pareil? Parce que six mois... Aujourd'hui, par exemple, on a des gens qui vont
travailler à contrat, qui vont être engagés par la
municipalité pour un contrat d'un an. C'est évident que ça
veut dire qu'après six mois elle peut faire partie de votre organisme,
mais est-ce que c'est ça que vous cherchez?
M. Michaud: Actuellement, c'est que ce sont les fonctions
occupées. Si jamais quelqu'un était engagé par contrat
dans l'une ou l'autre de ces fonctions-là, c'est le même
critère de six mois; autrement dit, la personne, il faut qu'elle soit
demeurée en poste au moins six mois pour pouvoir être admise comme
membre. Évidemment, sur toute la question de contrat, on sait qu'il y a
une certaine pratique qui tend à se répandre a cet
égard-là, et on pourrait avoir certains commentaires à
faire là-dessus, mais ce n'est pas l'objet de notre débat
aujourd'hui. Mais, à votre question, oui, c'est que, dès qu'une
fonction est admissible et qu'une personne a fait six mois dans cette
fonction-là, elle est admissible comme membre.
M. Dufour: Un contrat, c'est toujours une certaine permanence
pour la durée du contrat. Quelqu'un qui serait engagé sur une
base temporaire et à qui la municipalité ne reconnaîtrait
pas la permanence... On va dire: J'engage quelqu'un pour huit mois ou... En
tout cas, je l'engage, mais à titre temporaire, et je ne confirme pas sa
permanence. Quelqu'un est malade; on engage quelqu'un. Il a fait ses six mois,
mais il est toujours en remplacement de... Est-ce que, à ce
moment-là, pour les six mois, vous autres, vous cherchez à ce que
ces gens-là puissent aussi faire partie de votre Corporation?
M. Michaud: On ne vise pas ça spécifiquement, puis
c'est vraiment une exception, surtout quelqu'un qui remplace pour une
période, mettons, de huit mois ou un an, qui n'est pas en permanence
à ce poste-là. Quel serait, d'abord,
l'intérêt de cette personne à demander à
être membre? Si elle le demandait, puis qu'elle avait fait six mois, elle
serait admissible. Mais est-ce qu'elle voudrait l'être pour deux mois ou
pour quatre mois? Parce que, lorsqu'elle quitte, les conditions de notre loi
font que, lorsque la personne quitte, elle perd automatiquement son statut de
membre, à moins qu'elle aille travailler dans une autre
municipalité, là où elle pourrait maintenir son statut de
membre. Mais ce n'est pas ce qu'on vise spécifiquement, là.
M. Dufour: Si je comprends bien, la personne qui fait partie de
votre Corporation pourrait avoir... Bon. Vous dites, si je regarde les buts:
Étudier, promouvoir et protéger de toute manière les
intérêts économiques, sociaux et professionnels de ses
membres. La personne pourrait être temporaire, ne pas avoir un statut de
permanent, et elle pourrait, après six mois, adhérer à
votre Corporation, puis elle pourrait vous amener quelques beaux petits
problèmes. Puis, vu que ce n'est pas explicite que c'est d'un
caractère de permanence, faire partie de la Corporation...
Je fais juste soulever le problème. Vous vivrez avec. Moi, je ne
changerai rien là-dedans. Je veux juste vous dire: Par rapport à
ça, est-ce que vous avez regardé cette
éventualité-là?
M. Michaud: C'est que la personne qui aurait ou qui pourrait nous
amener des problèmes, c'est parce qu'elle les aurait au niveau du lien
contractuel avec son employeur, et la Corporation, au niveau du lien
contractuel entre un officier et sa corporation, ne s'immisce pas à
l'intérieur de ça, à moins qu'il y ait un débat qui
ait une portée générale puis qui puisse concerner
l'ensemble des officiers qui occupent une fonction; ce sont les critères
qui font que la Corporation peut s'impliquer là-dedans.
Mais c'est certain que, si la personne occupe un poste temporaire ou
contractuel, puis qu'elle a huit mois, un an ou deux ans, le fait qu'elle
devienne membre chez nous ne lui donne pas un lien plus fort avec son
employeur, ou plus faible, puis, si jamais elle a un problème, c'est le
même problème, qu'elle soit membre ou pas de la Corporation.
M. Dufour: Moi, je suis sûr que vous avez raison quand vous
dites que ça ne donne pas un lien plus fort avec l'employeur. Ça
donne un lien plus fort avec la Corporation.
M. Michaud: C'est sûr, parce qu'elle devient membre.
M. Dufour: À ce moment-là, c'est vous autres qui
pouvez prendre la suite ou le problème.
M. Michaud: Oui.
M. Dufour: Ça va. Si vous ne voyez pas de problème,
je n'en vois pas non plus.
Le Président (M. Garon): L'article 3 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): J'appelle l'article 4.
M. Michaud: L'article 4: «La présente loi entre en
vigueur...» C'est strictement la formalité.
Le Président (M. Garon): Alors, est-ce que le
préambule du projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi, tel qu'amendé, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): Alors, nous allons suspendre nos
travaux pour quelques instants, le temps de donner la chance aux gens de se
retirer et aux représentants de Vanier, du prochain...
Mme Bélanger: M. le Président... M. Ryan:
Ah! nos invités se retirent.
Le Président (M. Garon): Oui, M. le ministre.
M. Ryan: Je voudrais profiter de l'occasion pour leur dire que
nous avons...
Mme Bélanger: M. le député de
Jonquière, voulez-vous vous asseoir à votre chaise?
Des voix: Ha, ha, ha!
Remarques finales
M. Ryan: Je voudrais profiter de l'occasion pour dire à
MM. Gabriel-Yvan Gagnon, président, Serge Noël, secrétaire
général, et Gabriel Michaud, président du comité de
législation, que nous avons apprécié cette rencontre avec
la Corporation. Nous sommes très heureux de souscrire aux objectifs que
définissaient les modifications présentées par la
Corporation. J'espère que ces modifications permettront à la
Corporation de connaître un développement encore plus grand
et je veux assurer la Corporation de la collaboration du gouvernement.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Bien, de fait, on leur a souhaité la
bienvenue, mais ils n'ont pas été tellement longtemps, par
rapport à leur projet de loi.
Ça rencontre facilement l'assentiment des législateurs.
C'est clair que, moi, j'ai essayé de suggérer un ou deux
amendements qui auraient pu être faits. Je pense que possiblement
ça aurait été dans leur intérêt. Mais on n'a
pas cru bon de les retenir. Moi, je n'en fais pas de drame plus que ça,
parce que, en réalité, ce sont les organismes ou les gens qui
demandent des projets de loi qui vivent avec. Il y a toujours moyen de le
bonifier. Il y a toujours moyen de l'améliorer. C'est clair que, s'il y
a des problèmes qui se soulèvent dans le futur, ils seront
certainement les premiers à demander des amendements.
Ce qui est surprenant un peu, c'est que c'est un organisme qui existe en
fonction d'une loi. La plupart, c'est en vertu de la loi des compagnies, la
troisième partie de la loi. Ça ne change pas la valeur des lots.
Ça ne change pas la valeur de la Corporation. Ça lui permet
peut-être une existence plus forte et qui, en fait, lui demande
certainement... Il a des coûts rattachés à ça, un
projet de loi. Et est-ce que ça lui donne des pouvoirs
supplémentaires? Encore là, moi, je n'ai pas de jugement par
rapport à ça.
Je me dis, par exemple, qu'à chaque fois que vous allez changer
votre projet de loi vous aurez des coûts à rencontrer. Quand c'est
en vertu de la loi des compagnies, la partie III, il y a des coûts qui
sont moins élevés. Mais ça, vous aurez sûrement
à vous pencher là-dessus un jour, pour examiner ce que c'est
l'avantage ou pas d'être par une loi ou par la Loi sur les compagnies,
partie III.
Là-dessus, Je veux vous remercier de la présentation de
votre projet de loi, puis souhaiter que vous continuiez à donner de
meilleurs services à vos membres, puis continuiez aussi à
démontrer la qualité puis la valeur de ceux qui servent les
municipalités. Trop souvent on entend dire par des contribuables que...
Tu sais, dans le fond, il y a des mots qui s'appliquent à des gens qui
servent loyalement leurs employeurs, qui servent loyalement leurs
contribuables, ou on leur dit ou on les traite à peu près de
n'importe quoi. Moi, je vous dis: Là comme ailleurs, il y a des bons
puis des pas bons. Mais il y a plus de bons que de pas bons. Puis, si votre
Corporation a une qualité, puis qu'elle a une valeur, c'est vraiment
d'améliorer non seulement le vécu de vos membres, mais aussi la
façon de traiter avec les contribuables. Je vous remercie.
Le Préskient (M. Garon): Alors, ces paroles de sagesse
étant dites, comme vous avez la vue sur le plus beau côté
du fleuve, on ne peut pas faire autre chose que vous souhaiter bonne chance
avec votre association.
M. Gagnon: Merci beaucoup.
Le Président (M. Garon): Les travaux sont suspendus pour
quelques instants. J'invite les gens qui représentent la ville de Vanier
à s'approcher de la table de délibérations pour
l'étude du projet de loi 227.
(Suspension de la séance à 10 h 59)
(Reprise à 11 h 5)
Le Président (M. Garon): À l'ordre! Comme nous
devons ajourner sans faute à 11 h 30, puisqu'il y a une
cérémonie au salon bleu, je pense que la meilleure façon
de faire notre travail, c'est de commencer.
Projet de loi 227
Nous sommes donc au deuxième mandat: étudier le projet de
loi 227, Loi concernant la ville de Vanier. Je vais demander au parrain du
projet de loi, M. le député de Vanier, de faire ses
déclarations d'ouverture, s'il en a.
Remarques préliminaires
M. Lemieux: Merci, M. le Président. C'est un honneur, dans
le cadre de mes fonctions, d'avoir à être le proposeur de ce bill
privé, le projet de loi 227, Loi concernant la ville de Vanier.
Vous avez sans doute remarqué que ce projet de loi
d'intérêt privé contient trois articles. Un article en
particulier devrait retenir votre attention. Il s'agit de l'article 2,
paragraphe 2°. Cet article est rendu davantage nécessaire eu
égard à l'élargissement du boulevard Pierre-Bertrand et
à la composition géographique, je dirais, très
particulière de ville de Vanier. Cet article s'avère
nécessaire et utile pour le bien-être des citoyens.
M. le député de Jonquière sera peut-être
davantage en mesure de bien comprendre cette situation-là plus que tout
autre, parce qu'il n'est pas sans savoir que, dans sa propre
municipalité qu'il a présidée comme premier magistrat
pendant de nombreuses années, ils ont un article équivalent et
qu'il ne constitue pas en soi un précédent. Il est en mesure de
bien comprendre que, pour le premier niveau, je dirais, de démocratie,
il est important, peut-être, de corriger davantage les irritants pour
permettre, je dirais, une jouissance plus paisible pour les habitants de
certaines de nos petites municipalités.
Pour ce qui est des articles 1 et 2, eu égard à l'effet
que ces articles pourraient avoir sur certains droits individuels, il est
possible que le proposeur, c'est-à-dire le propriétaire de ce
projet de loi, puisse vous faire valoir le retrait de ces articles.
J'aimerais aussi attirer votre attention sur le fait que,
considérant certaines orientations, je dirais, que pourraient prendre
dans l'avenir certaines dispositions de la loi des cités et villes, il
est fort probable que le requérant, comme je le disais tout à
l'heure, qui présente ce projet de loi décide d'en abandonner une
partie, probablement les articles 1 et 2. Et, s'il est nécessaire, par
la suite, d'y aller d'une motion de renumérotation, ça me fera
plaisir de vous présenter cette motion-là.
Je voudrais aussi vous faire savoir que ville de Vanier, c'est vraiment
une ville qui est particulière, ici, dans la région de
Québec. Peut-être que certaines personnes seraient
intéressées de fusionner Vanier à la ville de
Québec ou que la ville de Québec fusionne à Vanier. Mais
on peut la comparer un peu, ville de Vanier, à une espèce de
bastion gaulois eu égard à l'invasion des Normands, parce qu'elle
est quand même ceinturée des habitants et des citoyens de la ville
de Québec. Et cet article-là pourra encore davantage
considérer peut-être un aspect beaucoup plus particulier à
ville de Vanier et devenu vraiment nécessaire.
Alors, maintenant, j'aimerais peut-être vous présenter les
gens ici qui sont les propriétaires, les proposeurs de ce projet de loi.
Il s'agit, dans un premier temps, de M. le maire de Vanier, M. Robert Cardinal,
et de Mme la greffière et avocate de ville de Vanier, Mme
Marie-Josée Dumais, qui sont en mesure de vous faire ressortir davantage
le bien-fondé, la nécessité de ce projet de loi
d'intérêt privé qui est le projet de loi 227, Loi
concernant la ville de Vanier, M. le Président. J'ose espérer que
les membres de cette commission vont y accorder une attention toute
particulière et je les invite, effectivement, à adopter ce projet
de loi afin de permettre au député de Vanier de faire savoir
à ses citoyens toute la collaboration et la collégialité
qu'il y a eu à cette commission parlementaire. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): M. le ministre. (11 h 10)
M. Ryan: M. le Président, le projet de loi qu'on nous
présente, là, n'est pas une nouveauté en ce qui touche
l'Assemblée nationale. Déjà, à plusieurs reprises,
l'Assemblée nationale s'est prononcée en faveur d'une disposition
semblable. Nous l'avons fait pour la ville de Westmount en 1989,
Saint-Bruno-de-Montarville en 1984, Sillery en 1983, Laval en 1991, Longueuil
et Verdun en 1991 également, Québec en 1980.
C'est une disposition que nous adoptons pour tenir compte de situations
particulières. Je me rappelle, dans le cas de Laval, nous avons
adopté cette disposition parce qu'il y avait le cas du cégep
Montmorency, dans les alentours duquel se trouvent situées des rues
où il y avait des résidents, et les espaces de stationnement
étaient continuellement occupés par des non-résidents. On
a voulu qu'il y ait une garantie que les résidents puissent avoir
accès à des espaces de stationnement près de chez eux, ce
qui est tout à fait normal. C'est plus normal que jamais, étant
donné le fardeau fiscal qui leur est imposé.
Dans le cas de Vanier, je comprends que la présence de
l'Hôpital du Christ-Roi entraîne le même
phénomène. On veut contrôler le phénomène,
permettant à la municipalité d'édicter certaines
règles considérant le stationnement, les heures de stationnement
et l'identité des personnes qui seront autorisées à garer
leur automobile à des périodes qui resteront à
désigner, évidemment. Je crois que c'est une disposition qui fait
partie de celles que l'Assemblée nationale est appelée à
prendre de temps à autre, afin de faciliter le bon aménagement de
la vie urbaine. Alors, nous sommes tout à fait favorables à cet
article.
M. le maire de Vanier, il me fait plaisir de vous rencontrer, et je
pense que nous allons nous entendre rapidement là-dessus. Le
député de Jonquière, je n'ai aucune inquiétude
quant à son bon jugement, surtout quand il est bien
éclairé comme il l'a été par la présentation
du député de Vanier. Des fois il résiste un peu plus aux
explications du ministre.
Alors, en ce qui nous touche, nous sommes tout à fait d'accord.
Nous serons très heureux de disposer du projet de loi dans les meilleurs
délais.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. D'abord, bienvenue aux gens de Vanier, M. le
maire, Mme la greffière. Je ne sais pas si elle fait partie de la
Corporation qui est passée devant nous. Bien oui. Elle me dit oui,
ça fait que vous êtes entendue au moins à 50 %. Vous avez
obtenu au moins satisfaction. Je comprends que vous devez avoir
participé à l'élaboration de ces demandes.
Quant au projet de loi qu'on a devant nous, j'ai entendu M. le ministre,
j'ai entendu le député de Vanier. Ça concerne surtout la
question du stationnement. Pas de problème, à mon point de vue,
par rapport au stationnement, mais il y a d'autres articles, et je sais qu'il y
aura de ces articles qui seront retirés possiblement, mais je ne sais
pas, au moment où je parle, lesquels. Donc, on va réserver notre
jugement pour les autres articles, mais je vous dis que, pour la question des
stationnements, il n'y a pas de problème.
Quant à la question des Gaulois, là, par rapport aux gens
de Vanier, je peux vous dire
qu'il y en aura de moins en moins parce que, si on a examiné les
projets de loi qu'on a passés dernièrement, même si les
municipalités ont voulu agir un peu fortement, on a compris que ie
ministre les a matées quelque peu, concernant certains transferts de
responsabilités et certains transferts de factures surtout. Pour moi,
ça commence à m'épeurer un peu, et je pense que des
irréductibles, avec le gouvernement qu'on a en face de nous, il y en
aura de moins en moins ou, s'il y en a, qu'ils vont avoir quelques
problèmes.
Il faut peut-être se rappeler - et ça, je veux juste le
rappeler au bon souvenir du député de Vanier - qu'il y a un
organisme qui a été mis sur pied, ou une commission, pour
étudier l'aménagement de la ville de Montréal au point de
vue du territoire. Bah! Je pense bien que ce n'est possiblement pas le
gouvernement qu'on a en face de nous qui aura le problème, mais il y en
aura d'autres, parce que le gouvernement, c'est toujours à la suite des
autres. Lorsque le rapport sera déposé, il est possible qu'on
assiste à des propositions de changement de territoire.
Je ne pense pas et je ne crois pas que, si ça se passe à
Montréal, ça ne se passe pas ailleurs. À ce
moment-là, c'est certainement le prélude à des grands
changements au Québec, autant pour la région de Montréal
que pour la région de Québec et les autres, parce qu'il faut
faire partie de notre époque, il faut faire partie du temps. Comme on
parle toujours de mondialisation des marchés, de village global,
ça s'inscrit aussi dans la même démarche, faisant partie
d'une même communauté, d'une même partie de pays, pour ne
pas dire un pays. Un de ces jours, il faudra croire que... Moi, je suis sous
l'impression que, par rapport à ça, on peut assister, et c'est
loin d'être fini... Tout ce qui peut se brasser concernant les
municipalités, ça va aller dans tous les sens, à tous
azimuts. Les portes sont ouvertes. Elles ont été ouvertes.
Probablement que ça aurait pu se faire avec des mesures
différentes. Ça aurait été certainement
préférable, mais les portes étant ouvertes, une porte ne
peut pas rester à moitié fermée puis à
moitié ouverte. Elle est ouverte ou fermée. À mon point de
vue, elle est ouvc.ie et, à ce moment-là, à la grâce
de Dieu, ou à la grâce du diable!
Il y aura certainement des choses qui vont se produire; moi, je n'exclus
aucune possibilité. Tant qu'on pourra se qualifier de Gaulois... Je
pense que M. le député peut le faire, il peut se qualifier. Je
pense qu'il s'essaie de temps en temps, par des petites frondes un peu partout,
mais c'est loin d'être...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je suis ioin de partager son opinion quand il dit:
C'est immuable ou à peu près. Je ne crois pas à
ça.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: ...M. le député de Jonquière
essayait d'entraîner le député de Vanier sur des sentiers
quelque peu éloignés de notre préoccupation
immédiate. Je voyais les yeux pétillants d'intérêt
du député de Vanier quand il parlait de certains thèmes.
Je ne voudrais pas qu'il vienne semer la division dans nos rangs.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): Est-ce qu'il y a d'autres
déclarations d'ouverture? Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui veulent faire des déclarations d'ouverture? Alors, M. le
maire.
M. Cardinal (Robert): Alors, M. le Président, M. le
ministre, distingués membres de cette commission, M. Jean-Guy Lemieux,
notre représentant ici, puis parrain du projet de loi, bien sûr,
je tiens à vous remercier très sincèrement de nous
permettre de nous faire entendre ce matin, en ce qui a trait au moins à
un article que vous avez dans le projet de loi 227. Je demanderais votre
permission, M. le Président, pour que Mme Marie-Josée Dumais,
procureure de la municipalité, vous fasse l'exposé du
bien-fondé de notre demande et de certains retraits en ce qui a trait
à certains articles dont vous venez de parler. Avec votre permission, je
demanderais à Mme Dumais d'en faire l'exposé. le président
{m. garon): mme dumais.
Mme Dumais (Marie-Josée): Alors, bonjour, M. le
Président et MM. les membres de la commission. La ville de Vanier vous
présente aujourd'hui ie projet de ici 227. Nous demandons de retirer
l'article 1 du projet, l'article 2, paragraphe premier. Non pas qua la ville
considère que ces articles ne sont pins requis; toutefois, après
discussion avec différents intervenants, nous croyons et nous sommes
d'accord avec le ministère que ces articles devraient se retrouver dans
Ses lois généraies, telle la loi des cités et villes,
parce que c'est des articles qui pourraient être utiles à toutes
municipalités, ils ne sont pas spécifiques à Vanier.
D'ailleurs, nous entendons, à cette fin, refaire des
représentations au ministère, mais pour que ceux-ci soient
intégrés à la loi générale.
Alors, nous conservons donc l'article 2, paragraphe 2°, qui, dans ce
cas, concerne bien une situation vécue par la ville de Vanier, qui donne
le droit exclusif à certains groupes ou catégorie: de personnes
de stationner leur véhicuie sur ia chaussée de certaines rues,
aux conditions énumérées dans le règlement. Alors,
cet article est rendu nécessaire suite au develop-
pement de la ville de Vanier, qui est quand même d'une superficie
assez restreinte. On a un centre-ville qui s'est développé de
façon très dense et qui a fait aussi qu'il y a un
développement commercial et du résidentiel qui sont
entremêlés, ce qui occasionne des problèmes aux
résidents de ces rues-là et de la ville en
général.
De plus, le boulevard Pierre-Bertrand a été élargi
il y a quelques années pour permettre un accès plus facile
nord-sud dans la ville. Ça aussi, ça a occasionné certains
problèmes au niveau, là, de la gestion de la signalisation
routière et de la réglementation de nos rues.
Dernièrement, l'Hôpital du Christ-Roi a changé sa
tarification; en fait, son stationnement n'était pas tarrfié.
Ils imposent, depuis quelques mois, une tarification, ce qui a encore plus
aggravé le problème pour la ville de Vanier.
Alors, suite aux représentations des citoyens, suite à des
pétitions déposées au conseil de ville et à
certaines discussions, là, entre les membres du conseil, on demande au
gouvernement d'ajouter ce pouvoir de réglementation aux pouvoirs de la
ville de Vanier.
M. Lemieux: Vous ne retirez pas l'article 3?
Mme Dumais: Non, on va conserver l'article 3 pour l'entrée
en vigueur du projet de loi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): M. le ministre. (11 h 20)
M. Ryan: Je remercie M. le maire ainsi que Mme Dumais des
explications qu'ils viennent de nous apporter. Si nous avons bien compris, la
ville de Vanier demandera tantôt le retrait des articles traitant
d'autres sujets que le stationnement, afin qu'on puisse examiner la
possibilité de modifications éventuelles dans la
législation générale...
Mme Dumais: C'est ça.
M. Ryan: ...étant donné qu'il ne s'agit pas de
problèmes particuliers ou exclusifs à la ville de Vanier.
Ça simplifie beaucoup la tâche que nous avons ce matin. Je pense
que, dans ces conditions, nous serions prêts, de notre côté,
à aborder l'étude article par article.
Étude détaillée
Le Président (M. Garon): Alors, l'article 1 est-il
retiré?
M. Lemieux: Oui. Retiré?
Mme Dumais: Nous demandons que ce soit retiré.
Le Président (M. Garon): Alors, l'article 1 est
retiré. Vous avez proposé également que l'article 2,
paragraphe 1°, soit retiré?
Mme Dumais: Oui. Nous demandons que ce soit retiré.
Le Président (M. Garon): L'article 2, paragraphe 1°,
est-il retiré?
Des voix: Retiré.
Le Président (M. Garon): Alors, vous avez un amendement
pour remplacer ce qu'il reste de l'article 2, c'est-à-dire le paragraphe
2° de l'article...
M. Dufour: M. le Président, je ne sais pas, juste pour ma
gouverne-Le Président (M. Garon): Oui.
M. Dufour: Vous avez retiré l'article 2, le paragraphe
1°. Mais est-ce que ça n'aurait pas été mieux
d'introduire l'amendement puis de retirer...
Le Président (M. Garon): Oui, mais là je ne veux
pas...
M. Dufour: Parce que là on fait un amendement presque
à quelque chose qui n'existe pas.
Le Président (M. Garon): Qu'est-ce que vous voulez, il est
rédigé comme ça. Moi, je suis de votre avis, mais ce n'est
pas moi qui l'ai fait. Je prends les papiers tels qu'ils me sont
présentés, là. Moi, je n'essaie pas de
légiférer à la place de ceux qui
légifèrent.
M. Dufour: O.K.!
Le Président (M. Garon): Alors, moi, je partagerais votre
avis, mais...
M. Dufour: Bien, ça ne me dérange pas.
M. Ryan: Je pense qu'on a un texte d'amendement qui vous a
été remis, M. le Président. Il faudrait peut-être en
revenir à ça.
Le Président (M. Garon): Oui, c'est ça qu'on
fait.
M. Ryan: O.K.
Le Président (M. Garon): C'est ça que je fais.
C'est justement ce que je dis au député de Jonquière.
J'aurais sans doute procédé comme lui voulait procéder,
mais je dois prendre les papiers tels qu'ils me sont présentés
comme président.
Alors, il y a un amendement proposé à ce qu'il reste de
l'article 2. Est-ce que, M. le
ministre, vous voulez le lire? Parce que c'est l'amendement qui vient
d'être présenté par votre ministère.
M. Ryan: Oui. Très bien. Alors, l'article 2 du projet de
loi 227 est remplacé par le suivant: 2. L'article 415 de la Loi sur les
cités et villes est modifié pour la ville par l'insertion,
après le paragraphe 30.1°, du suivant: «30.2 Pour accorder le
droit exclusif à certains groupes...» «Accorder»,
là, il y a une virgule, ici, dans l'amendement qui vous a
été remis, qui n'a pas sa place là; je pense bien qu'on va
convenir qu'on enlève cette virgule-là tout de suite, il n'y a
pas lieu d'en faire un amendement. «Pour accorder le droit exclusif
à certains groupes ou catégories de personnes de stationner leur
véhicule sur la chaussée de certaines rues aux conditions
énumérées dans le règlement et à la
condition supplémentaire que les dispositions applicables soient
indiquées au moyen d'une signalisation appropriée.»
M. Lemieux: Alors, je propose l'amendement, M. le
Président. Après la lecture de M. le ministre, je propose
l'amendement.
Le Président (M. Garon): Alors, M. le ministre, avez-vous
des remarques à faire?
M. Ryan: Comme vous le voyez, dans l'amendement, en plus de
laisser tomber la première partie du texte originel, nous ajoutons une
disposition à celle qui existait déjà concernant le
stationnement. Nous ajoutons que tout ça sera possible à
condition que les dispositions applicables soient indiquées au moyen
d'une signalisation appropriée. Je pense que tout le monde comprendra le
bien-fondé de cette disposition ajoutée, qui vient garantir les
droits à l'information des citoyens.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Ça va de soi.
Le Président (M. Garon): M. le maire.
M. Cardinal: Entièrement d'accord.
Le Président (M. Garon): Alors, l'article 2, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Garon): L'article 3 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): Adopté. Le
préambule est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Garon): Le préambule étant
adopté, est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): Le projet de loi dans son
ensemble est-il adopté...
M. Lemieux: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Garon): ...tel qu'amendé?
M. Lemieux: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Garon): Alors, est-ce qu'il y a une
motion de renumérotation?
M. Lemieux: Oui. Permettez-moi, M. le Président, de faire
cette motion de renumérotation.
Le Président (M. Garon): La motion de
rénumérotation est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Garon): Adopté. Est-ce qu'il y a
des remarques finales à faire? Parce qu'il nous reste deux minutes.
Remarques finales
M. Ryan: M. le Président, je voudrais remercier M.
îe maire de la ville de Vanier ainsi que Mme Dumais, qui est la
greffière, la conseillère juridique, d'après ce que j'ai
compris, de la présentation claire, de l'esprit de collaboration
dans lequel nous avons pu discuter de cette modification législative.
D'autres problèmes avaient été portés à
notre attention; nous les examinerons en vue d'éventuelles modifications
à la législation générale.
Je veux remercier le député de Vanier de l'excellente
présentation qu'il a faite du projet de loi et remercier les autres
députés, en particulier ceux de l'Opposition, le
président, du climat d'harmonie dans lequel nous avons pu examiner ce
projet et l'adopter. Merci beaucoup.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Pas de remarques particulières,
si ce n'est qu'il faudra bien qu'un jour on accepte que, dans la loi
générale, on ait des dispositions spéciales, pour qu'on
puisse permettre du stationnement avec des particularités, parce que
ça nous est demandé de plus en plus. Une loi privée ou un
bill privé qui va toujours dans le même sens, ça veut dire
que nous on n'est pas connectés sur la réalité. Il faudra
bien qu'on finisse par écrire une loi générale qui
permette aux municipalités de se doter d'un pouvoir de
réglementer la circulation, puis surtout le stationnement dans leurs
rues dû à des conditions particulières mais qui se
répètent de plus en plus.
Donc, moi, je vous dis, on va sauver d'abord de l'argent aux
municipalités, des maux de tête aux maires. Il y aura
peut-être lieu de leur permettre aussi de payer leurs policiers. C'est la
meilleure façon, parce qu'ils vont collecter les amendes puis que
ça va aller plus vite. Moi, je fais juste la suggestion au ministre.
Quant à la ville de Vanler, c'est la première fols qu'on a
l'occasion de la rencontrer en commission parlementaire. C'est la
première? Bien, par la Communauté urbaine?
M. Cardinal: C'est déjà arrivé un petit peu
dans le passé, mais ça fait plusieurs années.
M. Dufour: Ah, mais on n'était pas là!
M. Cardinal: Je ne le sais pas.
M. Dufour: Nous autres, on oublie ça quand on n'est pas
là. Ha, ha, ha! Mais je vais espérer qu'il y ait de moins en
moins de problèmes à la ville de Vanier et qu'elle puisse
travailler avec la loi des cités et villes, soit par le conseil
municipal, et qu'on puisse améliorer suffisamment les lois
générales pour permettre aux municipalités de vivre en
paix avec leurs contribuables. Je vais vous souhaiter bonne chance pour
l'avenir.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Vanier. Non, M. le maire. Vous n'avez rien à ajouter?
M. Cardinal: bon, écoutez, je tiens tout simplement,
encore une fois, à remercier la commission de la diligence qu'elle a
faite et de la rapidité avec laquelle elle a accepté notre
demande modifiée. merci.
M. Lemieux: M. le Président, très rapidement, je
tiens à remercier les membres de cette commission de leur ouverture
d'esprit et de la perméabilité avec laquelle ils ont su faire
face à la requête de la municipalité de Vanier. Et je vous
remercie vous-même, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Étant donné l'heure
et comme nous sommes presque rendus à 11 h 30, j'ajourne les travaux de
la commission sine die. Mais, normalement, il devrait y avoir un ordre de la
Chambre cet après-midi pour l'étude de l'autre projet de loi que
nous n'avons pas pu étudier dans le temps qui nous était imparti
ce matin. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
(Reprise à 16 h 16)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements déclare sa séance
ouverte. La commission a pour mandat d'entendre les intéressés et
de procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 221, Loi concernant la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur l'île de Montréal. Alors, si vous voulez bien,
M. le secrétaire, s'il y a consentement, j'aurais un remplacement, si
c'est possible. M. le député de Jonquière...
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): ...est-ce qu'il y a
consentement pour avoir un remplaçant?
M. Dufour: Bien, vous allez le nommer.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, c'est M.
Gautrin qui remplacerait le député de Saguenay, M. Maltais.
Une voix: Adopté.
M. Dufour: Consentement accordé.
Projet de loi 221
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez bien,
j'aimerais un peu expliquer la procédure. D'abord, on aura le proposeur
du projet de loi, qui est M. Dauphin, le député de Marquette. Je
demanderais aux représentants de la Régie intermunicipale de
gestion des déchets sur l'île de Montréal de bien vouloir
s'approcher à la table. J'aimerais spécifier qu'il y aura une
heure à la requérante pour faire sa présentation et, avec
l'heure qu'on prend, la discussion entre les parlementaires. Ensuite, on
entendra les intervenants. D'abord, l'Association des entrepreneurs de services
en environnement du Québec inc., il y aura aussi une heure pour ce
groupe-là avec échange avec les parlementaires des deux
côtés, pour, ensuite, arriver à M. Chiasson, 20 minutes; la
coalition Action RE-buts, 20 minutes; le Comité de vigilance des
citoyens de Rivière-des-Prairies, 20 minutes, et le Groupe STOP inc., 20
minutes. L'étude du projet de loi sera faite après les
interventions de chacun des groupes. Si, durant le déroulement de
l'étude article par article, on a besoin de réentendre les
groupes, sur invitation on pourra les rappeler à la table.
Alors, M. le député de Marquette.
M. Dauphin: Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais
tout d'abord, avant de faire une courte présentation...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M. le
député.
M. Dauphin: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): II y a un autre
groupe que j'ai omis de mentionner, c'est la Coalition verte de
Montréal, pour 20 minutes aussi.
Remarques préliminaires
M. Dauphin: Alors, Mme la Présidente, membres de la
commission, M. le ministre des Affaires municipales, avant de faire une courte
présentation, c'est avec plaisir que j'aimerais vous présenter la
délégation de la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur l'île de Montréal, notamment son
président, le Dr Michel Leduc, qui est également maire de la
ville de LaSalle, qui, aussi, agit comme président de la commission de
l'environnement à la Communauté urbaine de Montréal et,
par surcroît, agit aussi comme membre de l'exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal. Il est accompagné de
différents procureurs. À sa gauche, à notre droite, qui
n'est pas un procureur, qui est le directeur général, M. Guy
Racine; à sa droite, il y a Me Daniel Picotte, du bureau Martlneau,
Walker; à côté de lui, il y a Me Pierre Meunier, du
même bureau; et, finalement, il y a Me Armand Poupart, du bureau Poupart
& Poupart. Alors, messieurs, bienvenue à nos travaux. (16 h 20)
J'aimerais vous dire, Mme la Présidente, que j'ai eu
l'opportunité et la joie d'agir comme parrain ou proposeur de projets de
loi privés pour la Régie intermunicipale de gestion des
déchets. C'est mon quatrième projet de loi privé comme
proposeur. Je pense que, depuis la création de la Régie, depuis
1985, la Régie a fait ses preuves de son bon vouloir. Elle a fait ses
preuves, effectivement, de sa bonne foi et de son efficacité avec toutes
les consultations et les études qu'elle a pu faire jusqu'à
maintenant.
Nous sommes rendus à une étape importante pour la
Régie intermunicipale, une étape cruciale. Comme vous le savez,
Mme la Présidente, la Régie regroupe environ 26
municipalités sur le territoire de l'île de Montréal, ce
qui représente approximativement, environ 750 000 personnes toujours
vivant sur le territoire de ITle de Montréal. Ça concerne
la disposition, effectivement, d'environ 700 000 tonnes de déchets: 600
000 domestiques et 100 000 de construction.
Comme vous le savez, on nous mentionne depuis plusieurs années
que la carrière Miron devra cesser ses opérations à la
mi-1994. Donc, les citoyens et citoyennes, représentés par leurs
élus et, de surcroît, par la Régie, doivent, effectivement,
trouver une solution à ce problème des déchets. Je vous
signale, en terminant, Mme la Présidente, qu'après étude,
des organismes comme la Régie, il en existe notamment aux
États-Unis d'Amérique et, aux États-Unis
d'Amérique, ces instances-là ou ces institutions-là ont un
pouvoir de contrôle, et de disposition, sur les déchets, ce qui
veut dire que c'est du déjà vu sur le territoire
nord-américain.
Alors, en terminant, je vous dis que ce projet de loi est capital. J'en
ai fait la lecture, je vous en recommande l'adoption et la sanction, sans me
prendre pour ie lieutenant-gouverneur. Déjà, je vous mentionne
que je vais devoir m'absenter tantôt et l'honorable député
de Verdun va prendre la relève comme coparrain de ce projet de loi
privé. Merci, Mme la Présidente, et bienvenue à nos
invités.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Marquette. Alors, je demanderais au porte-parole de la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal de bien vouloir se présenter et présenter les
personnes qui l'accompagnent.
Auditions
Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur i'île de Montréal
M. Leduc (Michel): En ce qui concerne la présentation des
personnes qui m'accompagnent, je pense que M. Dauphin l'a faite. Mme la
Présidente, M. le ministre, membres de la commission, je tiens d'abord
à vous remercier... la présidente (mme bélanger):... m.
leduc: pardon?
La Présidente (Mme Bélanger): Pour le
bénéfice du Journal des débats, peut-être
qu'il les a mentionnées, mais on va pouvoir identifier les personnes sur
papier.
M. Leduc: Oui, on reprend. Très bien. À mon
extrême droite, Me Poupart, de la firme Poupart & Poupart; Me Pierre
Meunier, de la firme Martineau, Walker; Me Daniel Picotte, de la firme
Martineau, Walker; et, à ma gauche, M. Guy Racine, directeur
général de la Régie intermunicipale de gestion des
déchets.
Je continue en disant que nous vous remercions de nous recevoir en
commission parlementaire, commission à laquelle nous avions
été convies il y a deux ans pour l'automne qui suivait. Nous y
arrivons deux ans plus tard, et je voudrais faire le point, où on a
laissé le dossier, en juin 1990, lors du dernier bill privé.
Ce dont on parle ici aujourd'hui, ce sont des déchets domestiques
d'origine commerciale et industrielle qui proviennent du territoire de la
Régie. En 1990, lors du dernier bill privé, on a laissé de
côté la question de ces déchets, le contrôle qui,
à notre sens, est pourtant très essentiel à une gestion
intégrée des déchets dans les 26 municipalités
membres de la Régie. M. Lazure nous avait, à juste titre,
à ce moment-là, rappelé combien ce contrôle
était important dans l'optique générale de notre
dossier.
On a accepté de retirer les dispositions proposées, en
1990, essentiellement pour, premièrement, étudier en profondeur
les chiffres qu'avançait l'industrie privée à ce
moment-là sur son activité existante de recyclage sur notre
territoire. On a réévalué aussi le mécanisme
proposé à ce moment-là, qui était, en somme,
d'ordre purement fiscal, un pouvoir de tarifer les générateurs
pour les installations, qu'ils les utilisent ou pas. On a aussi constaté
que la volonté gouvernementale n'était pas suffisamment
arrêtée à ce moment-là.
Qu'est-ce qu'on a fait depuis 1990? Bien, d'abord, on a fait nos
devoirs. On a demandé à la firme SNC de revoir les chiffres qu'on
avait sur les déchets domestiques d'origine industrielle et commerciale,
pour revoir les allégations sur l'industrie du recyclage privée
sur le territoire de la Régie. On a aussi revu les statistiques qui
étaient celles de la ville de Montréal, qui avait fait faire
à ce moment-là, elle aussi, une étude sur ces types de
déchets là.
La Régie a conclu que, tout en contrôlant les
déchets commerciaux et industriels, elle pourrait s'assurer dans le
cadre de sa réglementation qu'elle n'affecte pas les activités
privées de recyclage des produits, celles qui existent sur le
territoire. Et, comme je l'ai dit tout à l'heure, nous avons
constaté qu'elles étaient beaucoup moins importantes que celles
dont on faisait mention à ce moment-là, celles dont on faisait
mention qui étaient faites par l'industrie privée. Mais, par
biais de réglementation, on n'a pas l'intention de s'interposer et de
mettre la hache dans les quelques expériences qui existent de ce
côté-là, faites par l'industrie privée.
La Régie a validé et confirmé qu'elle ne pourrait
agir sur la réduction, le recyclage, la récupération et la
valorisation des déchets sans que les pouvoirs municipaux qui existent
depuis toujours sur l'ensemble des déchets soient exercés de
manière centralisée au sein de la Régie. Vous savez
très bien que la Loi sur les cités et villes donne à
chacune des villes ce pouvoir-là. Mais ce qu'on demande aujourd'hui, de
toute façon, c'est de concentrer ce pouvoir-là,
déjà existant dans la Loi sur les cités et villes, au
niveau de la Régie pour que la Régie puisse réaliser ses
objectifs en termes de récupération, recyclage et valorisation
des déchets.
La Régie est plus que jamais convaincue que l'exportation des
déchets hors de l'île de
Montréal ne peut être envisagée comme une solution
globale, viable au plan social ou environnemental. De ce
côté-là, on ne réinvente pas la roue. Notre ministre
de l'Environnement et le ministre de l'Environnement qui l'a
précédé, de même que tous les ministres de
l'Environnement de toutes les provinces canadiennes, dans des
déclarations, que ce soit la plus récente, «Globe
1990», à Vancouver, en 1990, disent eux-mêmes qu'ils
s'enlignent sur une politique qui serait la gestion des déchets
là où ils sont générés, ce qui est un
phénomène tout à fait normal et qui va régler
automatiquement le fameux syndrome «pas dans ma cour», à
partir du moment où on va commencer à gérer nos
déchets là où on les génère. Je pense que
c'a été dit et redit à plusieurs reprises. Donc, la
Régie ne réinvente pas la roue en disant que l'exportation des
déchets, là, il n'y a pas un grand futur de ce
côté-là.
Pendant ce temps-là, on a posé quelques gestes importants.
On a fait part de nos conclusions depuis plus d'un an à l'industrie
privée et, pour la rassurer sur ses intentions, on a même
adopté et publié une politique claire qu'on entend
concrétiser dans nos règlements, en consultation avec les
intervenants, si les pouvoirs qu'elle demande dans le projet de loi 221 lui
sont accordés. Une fois les pouvoirs accordés, on peut discuter
avec l'industrie privée de tout un cadre réglementaire dont on
pourrait se doter, puisque la Régie n'a pas l'intention du tout de
s'immiscer dans certains des paramètres de cette
industrie-là.
On est, nous, les maires de banlieue, par définition, des gens
qui sont très sensibles au faire-faire. Quant à la grosseur de la
Régie, la Régie n'a que quatre employés. Ça vous
donne un peu la mentalité des maires de banlieue. On fonctionne depuis
six ans, on a 9 000 000 $ de dépensés en faux frais, et tout
ça avec quatre employés, parce que notre politique est de
demander de l'expertise extérieure et on est très favorables au
faire-faire.
On a avancé nos discussions aussi avec Montréal, puis on a
formé avec cette dernière un comité de liaison, un
comité de liaison permanent qui siège de façon
régulière depuis sa formation et dont le but est de coordonner
l'action des deux organismes. On a actuellement une couple de fleurons à
notre actif de ce côté-là avec la ville de Montréal.
Je n'ai pas l'intention d'en faire mention puisqu'il ne s'agit pas
nécessairement aujourd'hui du dossier de la Régie à
proprement parler, mais plutôt du cadre légal. Mais ce
comité de liaison a lieu régulièrement, sur des bases qui
sont les seules bases avec lesquelles on peut fonctionner avec la ville de
Montréal, une fois c'est chez elle, une fois c'est chez nous. On
s'échange des agendas. Ce sont des agendas très
étudiés et ce sont des discussions qui sont très
productives à date. (16 h 30)
On a parachevé des études d'impact
détaillées qui seront soumises au public dans les prochaines
semaines et qui serviront de base aux audiences publiques devant le BAPE. Je
tiens à souligner aux membres de la commission que les audiences
publiques devant le BAPE, c'est nous qui les avons demandées. On n'a pas
attendu de se les faire imposer. On a demandé d'être entendus
devant le BAPE. Nous attendons un avis de recevabilité d'ici à
quelques jours et nous devrions enclencher les procédures du BAPE
très bientôt.
On est aussi à finaliser avec le promoteur les contrats qui
seront signés dès l'obtention des autorisations du ministre des
Affaires municipales. Pour laisser toute latitude au ministre de
l'Environnement, le projet de loi 221 retire l'autorisation préalable
que la loi exigeait antérieurement. On ne veut pas mettre le ministre de
l'Environnement dans une situation d'être juge et partie sur un projet
qui doit être, de toute façon, soumis au BAPE. C'est un peu une
situation qui aurait été un peu, tout au moins conflictuelle pour
lui, et c'est pour ça qu'on demande ce retrait, et tout ceci en accord
avec le ministère de l'Environnement.
Qu'est-ce que propose la loi 221? Elle n'est pas bien, bien
compliquée. Elle ne propose rien de plus qu'une mise en commun des
pouvoirs municipaux que les membres de la Régie possèdent depuis
toujours, avec la possibilité de faire des ajustements pour
préserver les Intérêts privés légitimes et
laisser les municipalités opérer pour les déchets dont
elles assument elles-mêmes l'enlèvement. Le mode de traitement des
déchets sera débattu publiquement en audiences publiques. Tous
les intervenants peuvent faire valoir leur point de vue et le gouvernement aura
alors à décider s'il donne, oui ou non, les certificats
d'autorisation.
On croit que la Régie a fait sérieusement ses devoirs
depuis les quelque sept ou huit années qu'elle a été
formée. M. Sam Elkas, d'ailleurs, un honorable ministre, a
été le premier président. Elle est convaincue que le
projet qu'elle met de l'avant est à la fine pointe des meilleures
technologies environnementales et propose des objectifs de réduction, de
récupération et de recyclage audacieux, qui n'ont rien à
envier à ce qui se fait de mieux dans le monde, et on a
été en mesure d'aller le vérifier aussi.
Ceci dit, si les audiences publiques démontrent que l'on peut
bonifier le projet ou que nous avons fait, on a pu faire erreur dans certains
cas, nous ne serons pas assez bêtes pour ne pas apporter les retouches
appropriées. De par ma profession originale, je suis plutôt
sensible à des questions de santé publique ou des choses comme
ça. Je ne pense pas qu'on irait mettre en péril la santé
publique si ça devait s'avérer être le cas. Donc, nous
sommes ouverts à toute possibilité de bonification, mais à
l'intérieur des audiences du BAPE.
Nous ne sommes pas ici pour donner une avant-première des
audiences publiques, mais bien pour voir s'il est ou non opportun de mettre en
commun les pouvoirs municipaux. Dans notre esprit, il ne fait aucun doute que,
peu importe la formule qui sera éventuellement retenue suite aux
audiences publiques, la réduction, la récupération, le
recyclage et la valorisation des déchets de même qu'une saine
administration rendent nécessaire cette mise en commun.
Pour avoir présidé, comme président de la
commission de "environnement de la CUM, au dernier congrès de l'UMQ,
pendant deux jours, l'atelier sur l'environnement, je tiens à vous dire
que, dans les régions, de ce que j'ai pu entendre comme question, on est
très loin de cette espèce de concertation que nous avons
réussie. Nous avons réussi une concertation de 26
municipalités. De décider qu'on s'occupait de nos déchets
ensemble, c'est déjà, je dois vous avouer, ce que j'ai ressenti,
en tout cas, en ayant un peu le pouls des régions en présidant
cet atelier-là, on est déjà très loin en avant
uniquement avec cette simple décision.
Quant aux retouches techniques que prévoit le projet, si vous le
permettez, on donnera les précisions au fur et à mesure, et c'est
définitivement, pour nous, au BAPE que le projet va être
analysé dans son entité technique. Mais, pour arriver à
ça, il nous faut mettre en commun cette propriété des
déchets, que nous avons tous comme municipalités,
individuellement, mais mettre en commun au niveau de la Régie, pour les
26, ce qu'on appelle en anglais un «waste flow control»,
c'est-à-dire un contrôle du flot des déchets, et dans toute
sa largeur, parce que la définition de «déchet», je
dois vous avouer que maintenant elle est un peu plus difficile, un petit peu
plus vaporeuse. Ce n'est pas à nous de la faire, mais nous traitons
actuellement des déchets domestiques dangereux, des déchets qui
sont compostables, des déchets qui sont recyclables, des déchets
qui sont «énergisables». On a fait, de par nos
installations, une certaine division entre toutes ces catégories de
déchets là, et nous nous apprêtons à les
gérer d'une façon qu'on croit être la plus
environnementale-ment à date.
C'est, Mme la Présidente, à peu près tout ce que
j'ai à dire pour présenter ce projet de bill privé qui a
été, d'ailleurs, longuement débattu avec des intervenants
du gouvernement et du ministère des Affaires municipales, et aussi avec
le ministère... On a rencontré quelquefois, quand même, le
ministère de l'Environnement. Je pense que, de ce
côté-là, on vous amène une requête qui a
été dûment préparée.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Leduc.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires de la part des requérants ou si
on passe au questionnement? Ça va? Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, je pense que nous allons avoir
un travail assez substantiel à accomplir pour passer à travers ce
projet. Ce projet de loi répond à une initiative de la
Régie intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal. On va essayer d'en venir au point essentiel.
J'ai compris que, tout d'abord, dans la compétence qu'avait
jusqu'à ce jour la Régie intermunicipale, il ne lui avait pas
été attribué l'amplitude des pouvoirs en matière de
déchets que la législation ordinaire confère
déjà à des municipalités. En vertu de la Loi sur
les cités et villes, en vertu de la Loi sur la Communauté urbaine
de Montréal, de la Communauté urbaine de Québec
également avec les modifications que nous avons apportées ces
jours derniers et qui doivent être ratifiées par
l'assemblée plénière de l'Assemblée nationale, une
municipalité a autorité sur les déchets sur son
territoire, par toutes sortes de fins, sur les déchets sur son
territoire. Alors, en vertu de lois privées qui ont été
adoptées jusqu'à maintenant, la Régie était
limitée à des déchets résidentiels; elle n'avait
pas accès aux déchets domestiques d'origine commerciale ou
industrielle.
Ce sera la première question que je vais vous poser, pour qu'on
clarifie les choses. Dans le projet de loi, par rapport à la loi qui
vous régit jusqu'à maintenant, vous proposez certaines
modifications. Vous voulez qu'on laisse tomber toute définition de
«déchet» pour que ce soit de nature à embrasser le
concept de déchet le plus large possible. Qu'est-ce qui arrive, dans
votre projet, des déchets commerciaux et industriels? Je ne parie pas
des déchets domestiques de provenance commerciale ou industrielle, mais
des déchets commerciaux et industriels, les déchets des
entreprises de construction, par exemple, et tout ça. Est-ce que la
Régie veut se faire accorder la compétence sur tout ça
également?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Ryan: Parce que j'avais compris, jusqu'à maintenant,
que vous nous aviez parlé de déchets domestiques de provenance
industrielle ou commerciale. Si vous voulez m'indiquer où on trouve
ça dans votre projet et ce que vous changez par rapport à ce qui
existe déjà, je pense que ça va déblayer une bonne
partie de terrain.
M. Leduc: On peut demander à M. Racine de
répondre.
M. Ryan: Très bien.
M. Leduc: C'est une question qui a quelque chose de
technique.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. Racine.
M. Racine (Guy): Mme la Présidente, M. le ministre, le
projet dans son ensemble, si vous voulez, le projet de la Régie ne
touche d'aucune façon, de façon directe ou indirecte, les
déchets qu'on appelle les déchets de démolition et de
construction. Lorsqu'on parlait de 600 000 tonnes de déchets, ou de 700
000 tonnes originalement, 700 000 tonnes, c'est la totalité de ce qui
est produit sur le territoire incluant les déchets de construction. Sauf
que, dans le projet, les installations de la Régie n'incluent pas de
facilités, si vous voulez, pour la disposition des déchets de
construction et de démolition. Donc, nous ne touchons pas, d'aucune
façon, actuellement, dans le projet de loi, les déchets de
construction et de démolition.
M. Leduc: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Leduc: ...si vous me permettez. Ça, c'est la
réponse technique. Par rapport à cette définition, cette
fameuse définition de «déchet», j'aimerais demander
à Me Picotte, avec votre permission, s'il voudrait vous donner la
problématique un peu légale qu'on retrouve dans cette fameuse
définition.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me Picotte.
(16 h 40)
M. Picotte (Daniel): Merci, Mme la Présidente. Vous savez,
au niveau juridique, lorsque vous parlez de la notion de déchet, c'est
une notion qui existe dans la Loi sur les cités et villes depuis fort
longtemps. Par contre, il n'existe pas de catégories bien
définies: Qu'est-ce que c'est, des déchets de construction, au
juste? De sorte que, lorsque vous déléguez un pouvoir de
réglementation municipale, vous ne pouvez pas en déléguer
juste un morceau. Vous déléguez le pouvoir... Je pense que,
comment dire, la ligne de pensée technique que nous avons suivie, c'est
de dire: Déléguons le pouvoir de réglementation dans son
ensemble et la Régie, elle, qui a ni plus ni moins les pouvoirs de ces
municipalités, verra s'il est opportun pour elle ou non de toucher tel
et tel type et définira ces types de déchets dans le corps
même des règlements qu'elle adoptera. Il y a, d'ailleurs, des
dispositions législatives qui permettent à la Régie de
fixer ces catégories-là d'elle-même, de manière plus
précise, si vous voulez.
M. Ryan: Maintenant, pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous
n'avez pas fait ça avant ce jour? Il y a eu trois projets de loi
privés adoptés par l'Assemblée nationale
antérieurement. Pourquoi avez-vous attendu jusqu'à maintenant
pour faire ça? Et pourquoi vous étiez-vous limités comme
vous l'avez fait, alors que, si vous aviez suivi l'économie de la Loi
sur les cités et
villes ou de la Loi sur la CUM, vous auriez emprunté, dès
le départ, une acception plus large?
M. Leduc: M. le ministre, je m'excuse...
M. Ryan: Pouvez-vous nous expliquer ça? Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Leduc: Je ne sais pas si ça va répondre à
la question, si j'ai bien compris le sens de la question, mais c'est exactement
ce qu'on a essayé de faire. Lors du dernier bill privé, on avait
essayé d'inclure les déchets industriels et commerciaux à
ce moment-là et c'est lors du dernier bill privé qu'on nous a
exclu, de notre demande, les déchets industriels et commerciaux de type
domestique. Historiquement, je pense que c'est la seule réponse que je
peux vous donner. C'est qu'historiquement, oui, on l'avait demandé,
mais, lors du dernier bill privé, ça nous a été
refusé et c'est une des raisons de notre présence ici.
M. Ryan: Très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Est-ce que vos conseillers juridiques pourraient nous
expliquer en quoi le texte que vous nous proposez rejoint l'économie de
l'article, je pense que c'est 413.10 de la Loi sur les cités et villes
et l'article qui traite des déchets dans la Loi sur la CUM?
La Présidente (Mme Bélanger): Me Picotte.
M. Picotte (Daniel): Pour répondre à votre question
et, je pense, si vous me le permettez, M. le ministre, pour apporter
peut-être une précision à la réponse de M. Leduc,
mais sous un angle purement technique, lorsque la Régie intermunicipale
a amené son premier projet de loi, il y avait une disposition qui avait
été insérée au projet de loi qui disait que la
Régie était propriétaire des déchets
générés sur son territoire. Un petit deux lignes. Puis,
quand on est arrivés en 1990, c'est un peu la faute des juristes, on a
dit: Bien, ça veut dire quoi être propriétaire des
déchets? Alors, on a dit: II y a deux types de déchets: il y a
des déchets que les municipalités enlèvent directement,
auquel cas ce qu'on va se faire donner, c'est le pouvoir... On va laisser les
municipalités agir sur les déchets qu'elles enlèvent; on
ne veut pas interférer, sauf qu'on va avoir le pouvoir de leur demander
de nous livrer ces déchets-là qu'elles enlèvent.
Ça, c'est le projet de loi de 1990.
J'en arrive maintenant à la question que vous soulevez. Le
mécanisme que nous préconi- sons maintenant reprend exactement,
à peu près mot pour mot, les pouvoirs que vous allez retrouver
à la Loi sur les cités et villes en matière de
déchets, puis permet une réglementation. Les dispositions
tiennent compte de celles de la CUM, mais aussi de certaines dispositions de la
charte de la ville de Montréal, et on a apporté certaines
précisions qui nous permettent d'ajuster, si vous voulez, en quelque
sorte, le pouvoir au projet spécifique que nous avons. Mais, dans
l'ensemble, je pense que vos juristes en conviendront, il s'agit
essentiellement des mêmes, mêmes pouvoirs.
M. Ryan: voulez-vous me dire, et je suis de cet avis-là
aussi, mais voulez-vous me dire si vous affirmeriez la même chose
à propos de la loi sur la cum?
M. Picotte (Daniel): Nous avons recueilli... Lorsque ce
texte-là a été rédigé, nous avons tenu
compte également des pouvoirs qui figuraient dans la Loi sur la CUM. On
a fait, si vous voulez, une espèce de refonte de l'ensemble de ces
pouvoirs-là. On s'est inspiré de la charte de la ville de
Montréal, de la CUM et de la Loi sur les cités et villes pour
faire un tout cohérent.
M. Ryan: Je voudrais poser une question au Dr Leduc. Là,
la Loi sur la CUM accorde des pouvoirs considérables en matière
de gestion de déchets à la CUM, lesquels pouvoirs n'ont pas
été exercés jusqu'à maintenant. Le Dr Leduc
pourrait-il nous expliquer pourquoi ils n'ont pas été
exercés par la CUM et est-ce qu'il y a des perspectives d'utilisation de
ces clauses-là de la Loi sur la CUM?
M. Leduc: Bien, il faut faire un peu d'historique pour ça,
M. le ministre, dans le sens qu'il a été clair dès le
départ qu'il n'y avait, ni de la part de la Régie, ni de la part
de la ville de Montréal, de volonté politique à ce que la
CUM se serve du pouvoir qu'elle avait dans sa loi sur la gestion des
déchets domestiques et, dès le départ, même plus de
la part de la ville de Montréal encore que de la Régie, parce
que, si vous partez à votre confrère, M. Elkas... Je me rappelle
très bien qu'au départ, la première année, M. Elkas
avait, lui, pour une courte période, envisagé le fait que la CUM
pourrait, effectivement, exercer ses pouvoirs de ce côté-là
et il a déchanté très rapidement en ne voyant pas, de la
part de la ville de Montréal, d'abord, d'intérêt à
se joindre à la Régie intermunicipale de gestion des
déchets, puisque les problématiques étaient très
différentes, mais surtout pas d'intérêt à ce que la
CUM prenne ce dossier-là, même si elle en avait
théoriquement les pouvoirs. Et, du côte des villes de banlieue, je
crois, si je me rappelle bien - j'aimerais ça qu'il soit ici, il rirait
beaucoup - M. Elkas était le seul, à ce moment-là,
à se faire le promoteur d'une gestion
des déchets par la CUM. Ses confrères de banlieue
n'étaient pas très chauds à l'idée. Mais les choses
ayant évolué dans le temps, il est maintenant clair, net et
précis que ce ne sera jamais la CUM qui va exercer ces
pouvoirs-là. Il n'est cependant, si on déborde un peu, si vous me
permettez de déborder un peu, pas impossible qu'éventuellement et
la ville de Montréal et la Régie, par le biais de notre
comité de liaison actuellement, nous ayons besoin de la CUM pour,
possiblement, un cadre réglementaire en ce qui concernerait, par
exemple, la disposition des cendres - je donne ça comme exemple - dans
la carrière DEMIX qui est propriété de la CUM
actuellement. Ce n'est pas impossible, mais je suis dans
l'hypothétique.
M. Ryan: Alors, j'aimerais que ça soit peut-être au
conseiller juridique de répondre ici. Dans la Loi sur la CUM, aux
articles qui traitent de la gestion des déchets, dans la Loi sur les
cités et villes, est-ce que vous soutenez qu'il n'y a pas de limite
restreignant le pouvoir des municipalités en matière de gestion
des déchets aux seuls déchets résidentiels?
La Présidente (Mme Bélanger): Me Picotte.
M. Picotte (Daniel): Nous le confirmons, M. Ryan.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, je vais passer à un
autre point. J'en viens aux objets majeurs de notre projet que nous discutons.
Vous autres, vous avez été constitués en Régie il y
a à peu près sept, huit ans.
Une voix:...
M. Ryan: II y avait d'abord eu une entente intermunicipale et,
ensuite, ça a été entériné par le
législateur sous forme de loi privée, laquelle a
été modifiée à deux reprises par la suite.
Là, en cours de route, vous vous êtes fait donner des
autorisations. En particulier, vous avez fait, je pense, à un moment
donné, un appel de propositions. Vous avez examiné
différents systèmes, vous avez fait un appel de propositions
à des entreprises pour la mise au point d'un système de
disposition des déchets. D'après ce que je comprends,
après cet appel de propositions, vous en êtes arrivés
à conclure qu'il y aurait une entreprise, en particulier, Foster
Wheeler, dont le projet répondait davantage à vos besoins et
correspondait à vos ententes, en somme, qui a obtenu votre
adhésion. Là, vous en êtes rendus au point où vous
voulez procéder à l'acceptation de ce projet, cette proposition
qui vous avait été soumise par Foster Wheeler, vous avez eu des
discussions avec eux par la suite et tout.
Là, on arrive à la situation suivante. Je veux que les
choses soient bien claires pour tout le monde. D'un côté, vous
autres éprouvez le besoin de signer un contrat avec Foster Wheeler; de
l'autre côté, vous devez passer par le BAPE également, pour
l'approbation de votre projet au plan environnemental. Le BAPE, d'après
ce que j'ai compris, pourrait vous entendre à compter de
l'été, dans la meilleure des hypothèses; on nous avait
parlé du mois de mai; là, nous sommes au 26 mai, aujourd'hui, et
on ne voit pas poindre la séance du BAPE, avec la date et tout, pour
l'instant. Disons que ça va se faire à la fin de
l'été ou au début de l'été, je ne sais pas
trop, ça, ce sera décidé. Vous autres, d'après ce
que je comprends, vous éprouvez le besoin de signer un contrat avant
ça, avec Foster Wheeler.
Et, là, je vais vous poser deux questions. Pourquoi voulez-vous
signer ce contrat-là maintenant? C'est une des choses que vous demandez
dans le projet de loi. Deuxièmement, quelle différence ça
ferait si vous n'étiez autorisés à signer le contrat
qu'après les auditions du BAPE? Je voudrais vous demander
peut-être, troisièmement: Jusqu'à ce jour, quelles
dépenses avez-vous engagées dans ce projet et quels engagements
avez-vous pris au plan financier?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Leduc: Oui. Écoutez, c'est une question à trois
volets. La raison pour laquelle nous avons effectivement bâti un contrat
qui, à toutes fins pratiques, est une définition... On a
défini, à l'intérieur du contrat qu'on a
développé avec Foster Wheeler, le type d'installations qu'on
voulait. C'est un contrat, ça a un terme légal, ça... (16
h 50)
Une voix: Clé en main.
M. Leduc: C'est un contrat clé en main qui, à
l'intérieur, définit ce qu'on veut comme centre de tri, ce qu'on
veut comme incinérateur, centre de compostage. Tout est défini
à l'intérieur du contrat. Donc, c'est avec ce contrat-là
qu'on va aller au BAPE, puisque c'est lui qui définit de la façon
la plus précise, je dirais même en termes techniques, puisque
c'est dans le contrat qu'on définit le type d'installations
antipolluantes, par exemple, qu'on a rajoutées après coup, suite
à la proposition de Foster Wheeler. Juste dans les mécaniques
antipollution, on a rajouté trois pièces d'équipement.
Pour les gens de l'est qui voulaient quand même quelque chose qui ait une
certaine gueule, on a rajouté des améliorations architecturales,
par exemple, et tout ça, ça a été rajouté au
contrat original. Donc, la définition du projet avec lequel nous allons
aller au BAPE, là où il est le mieux défini, c'est dans le
contrat.
La deuxième question sur les sommes d'argent qui ont
été encourues par les municipalités à date en
«soft cost» - comment dit-on ça en français?...
Une voix: Des frais de consultation, des frais de
développement.
M. Leduc: En frais de développement, en frais de
consultation, etc., depuis le début de la Régie, ça se
chiffre actuellement à 9 000 000 $. C'est un projet d'envergure. Et la
Régie, comme je l'ai dit au départ, a une mentalité de
faire-faire. Donc, c'est surtout des expertises extérieures qui ont
été achetées au cours de ces six, sept ans d'existence et
qui se chiffrent actuellement à 9 000 000 $. Je ne pense pas qu'il n'y
ait personne qui puisse s'en sortir, dans un cas comme ça, à
moindres coûts.
M. Ryan: O.K. Une autre question. Là, vous voudriez signer
un contrat très bientôt, d'après ce que je comprends, et,
dans ce contrat-là, selon ce que vous nous avez communiqué, il y
aurait des clauses suivant lesquelles le contrat ne pourrait s'appliquer que
moyennant l'obtention de toutes les autorisations nécessaires en
matière environnementale ou autres, toutes les autorisations
gouvernementales nécessaires. N'est-ce pas?
M. Leduc: Oui, oui. Ah oui! c'est conditionnel.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, à supposer que le
contrat serait signé et que ces autorisations ne seraient point
obtenues, à ce moment-là, vous encourriez sans doute des peines,
vous devriez payer des dommages ou des frais à la compagnie.
Pourriez-vous nous dire de quel ordre ce serait? Est-ce que vous avez des
ententes claires là-dessus? Est-ce qu'il y a des choses
précises?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Leduc: II y a actuellement dans le contrat 2 500 000 $ de
pénalités, si jamais il ne devait pas y avoir suite au contrat.
Évidemment, si nous, on a dépensé 9 000 000 $, vous
comprendrez bien que le promoteur doit avoir dépensé à peu
près une somme égale. Je n'en sais rien, mais je peux
présumer. Msi? ce à quoi nous sommes contractuellement
liés en cas de non-réussite, c'est 2 500 000 $, une fraction des
dépenses du promoteur qui sont possiblement du même ordre que les
nôtres.
M. Ryan: Ce à quoi vous seriez contractuellement
liés, vous ne l'êtes pas actuellement?
Une voix: Le contrat n'est pas signé. M. Leduc: On
n'a pas rien signé.
M. Ryan: N'est-ce pas? Parce que, là, vous n'avez pas
signé de contrat encore?
M. Leduc: Si le projet va de l'avant, on n'a rien à
payer.
M. Ryan: O.K. Voulez-vous expliquer encore pourquoi vous devez
signer ce contrat-là avant même que les auditions du BAPE n'aient
lieu? Il faudrait que ce soit clair, ça.
M. Leduc: Je peux demander à Me Meunier de
répondre, ou à Me Poupart, s'il vous plaît. Parle dans
l'autre micro, tu es plus proche.
La Présidente vMme Bélanger): Me
Meunier.
M. Meunier (Pierre): C'est tout simplement qu'il faut que les
audiences publiques portent sur un projet dont on connaît le maximum des
tenants et des aboutissants, des aboutissements. Si on a un projet qui n'est
pas déterminé, dont les variables importantes ne sont pas
convenues entre les parties, on n'est pas certains du projet qui est
discuté ou qui doit être débattu devant les audiences
publiques.
M. Ryan: O.K. Maintenant, un autre aspect. Là, vous voulez
obtenir des pouvoirs très larges en matière de
réglementation du transport des déchets sur le territoire des
municipalités qui font partie de la Régie. Est-ce que vous avez
des arrière-pensées de monopole public en matière de
transport des déchets? Est-ce que vous prétendez sortir du
territoire toutes les entreprises qui sont actuellement engagées dans le
transport des déchets?
M. Leduc: M. Ryan... Mme la Présidente, excusez-moi. M.
Ryan, je peux vous jurer que la Régie n'a aucunement l'intention de
s'introduire dans la cueillette ou le transport des déchets. Nous
considérons même, et je le dis en toute sécurité,
avoir favorisé le développement de ce secteur - de ce
côté-là, personne ne peut nous faire de leçons - en
ayant développé, dans 25 villes actuellement sur 27, un
système de cueillette sélective absolument complet, ce qui a
amené un nouveau volet de la cueillette et du transport des
déchets. Je pense que nous avons aidé à développer
le marché plutôt qu'à l'étrangler.
Je dois aussi souligner la question des déchets domestiques
dangereux dont le contrat vient d'être octroyé, actuellement, sur
lequel nous sommes en «partnership» avec la ville de
Montréal... qui, aussi, est une entreprise privée, et c'est aussi
un nouveau volet de cette gestion des déchets. Donc, on n'a pas
l'intention de voler à personne les deux mamelles sur trois de cette
industrie qu'on appelle la gestion des déchets, soit la cueillette et le
transport. Ce n'est aucunement l'intention de la Régie.
M. Ryan: Sauf...
M. Leduc: Sauf que nous voulons contrôler surtout la
disposition.
M. Ryan: C'est ça. Sauf, justement, que les entreprises
qui, actuellement, cueillent des déchets dans l'une ou l'autre des
municipalités comprises dans la Régie peuvent aller
déposer ces déchets-là ou en disposer dans un site
situé à l'endroit de leur convenance. Il peut même arriver
que certaines entreprises soient propriétaires de sites d'enfouissement
en dehors de l'îlede Montréal où elles vont aller
déposer ces déchets-là. Un effet de votre projet, ce
serait de les obliger, si les déchets sont cueillis sur l'île de
Montréal, étant sauves les deux municipalités que vous
avez mentionnées au début, à ce moment-là la
Régie aurait le pouvoir de les obliger à les déposer
à son lieu a elle, à son incinérateur, à son lieu
de compostage et comme elle le déciderait par ses règlements.
M. Leduc: C'est exactement le but, M. le ministre, et c'est
sous-tendu par cette volonté politique exprimée un peu partout en
Amérique du Nord, et plus principalement au Canada et encore plus
précisément au Québec par M. Paradis lui-même, d'une
gestion là où c'est généré...
M. Ryan: Très bien.
M. Leduc: ...et d'une non-exportation des déchets. Et
c'est exactement le but de la Régie.
M. Ryan: Regardez. Je vais vous poser une autre question, pour
terminer, Mme la Présidente. Dans le projet de loi, vous avez une
disposition en vertu de laquelle seraient validés les
résolutions, règlements et autres actes du conseil
d'administration de la Régie antérieurs à la date de la
sanction du projet de loi, dans la seule mesure où ils auront
été adoptés ou posés au cours d'une
assemblée qui n'aura pas été tenue publiquement
contrairement au quatrième alinéa de l'article 468.17 de la Loi
sur les cités et villes. Pourriez-vous nous expliquer cette
demande-là? De quoi ça provient? Qu'est-ce que vous visez
exactement? Est-ce qu'il y aurait des choses qui auraient été
adoptées de manière complètement illégale et que
vous voudriez voir entérinées par le législateur tout d'un
coup, là, comme à l'occasion d'une confession pascale?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. Leduc.
M. Leduc: Mme la Présidente, si vous me permettez de
donner un élément de réponse et de demander à Me
Poupart de donner l'élément plus légaliste de la
réponse. Je vais vous donner un élément de réponse
qui demeure au niveau des principes. Il est certain que la Régie a
toujours voulu être publique, mais la Régie avait pris, dès
le départ, une orientation que nous n'avions en aucune façon le
goût de jouer aux apprentis sorciers et d'aller demander au public ce
qu'il veut comme gestion des déchets. Nous avions décidé,
dans un premier temps, de faire nos devoirs et de procéder de la
façon... Le processus décisionnel que nous avons utilisé,
qui est un processus décisionnel, évidemment, où nous
avons demandé un peu partout dans le monde ce qui se faisait, qui est
une requête pour qualification, ça s'est limité à
une requête pour proposition. C'était une mécanique ou un
processus décisionnel qui, dans des dossiers de ce genre-là, a
été utilisé à plusieurs reprises. Pas au Canada, il
n'y a pas beaucoup de modèles, mais aux États-Unis et en Europe,
C'est cette décision de la Régie qui a fait que nos
réunions publiques, au départ, n'ont pas été
très populaires. Mais elles ont toujours été
théoriquement publiques.
Pour l'aspect légaliste, si vous me permettez, Mme la
Présidente, je demanderais à Me Poupart d'expliquer cette
apparence de manque de transparence. (17 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me
Poupart.
M. Poupart (Armand): Mme la Présidente, voici ce
qu'édicté la Loi générale sur les cités et
villes relativement aux assemblées des conseils d'administration. C'est
l'article 468.17 de la Loi sur les cités et villes qui prévoit
que les assemblées des conseils d'administration d'une régie sont
publiques. Alors, dans les faits, le conseil d'administration de la
Régie, depuis que la Régie existe, c'est-à-dire depuis
1985, n'a jamais tenu d'assemblées à huis clos, il n'y a jamais
eu de huis clos de demandé par qui que ce soit et les assemblées
se sont toujours tenues, depuis la fondation de la Régie, portes
ouvertes. Il n'y a jamais personne à qui l'entrée a
été refusée.
Ceci étant dit, cependant, il n'y a aucun avis de convocation qui
a été adressé pour ces assemblées au public.
Nécessairement, les lois sur les régies ne prévoient pas
qu'il faille adresser des avis de convocation au public. Cependant, avec le
temps, au mois de novembre 1991, afin de bénéficier de la
participation du public, parce que le projet devenant de plus en plus important
et devant être connu du public, la Régie, d'elle-même, a
adopté un règlement qui s'intitule, Règlement
général de régie interne et d'administration. Ce
règlement est basé sur l'article 468.29 de la Loi sur les
cités et villes et il permet nécessairement à une
régie de faire des règlements de régie interne, ce qu'elle
a fait.
Dans ce règlement-là, à l'article 5 de ce
règlement-là, la Régie a décrété la
tenue d'assemblées statutaires du conseil d'administration qui doivent
avoir lieu trois fois par année, le troisième jeudi de
février, juin et novembre, à 20 h 30, et c'est dans le
règlement, et ça se
tient à l'hôtel de ville de Mont-Royal. La raison pour
laquelle ça se tient à l'hôtel de ville de Mont-Royal,
c'est parce que c'est une immense salle et on peut accueillir beaucoup de monde
à cet endroit-là.
Maintenant, le règlement prévoit aussi que le
secrétaire du conseil d'administration de la Régie doit publier
un avis préalable à la tenue de ces assemblées dans un
journal diffusé dans le territoire de la Régie. Donc, Mme la
Présidente, la Régie s'est astreinte à cette
règle-là et a nécessairement décidé de
recevoir le public. Et elle est allée plus loin dans son
règlement. À l'article 24, elle a établi des
périodes de questions. Il y a une période spécifiquement
réservée au public pour les questions, tout comme ça
existe à la CUM. Alors, les gens peuvent poser des questions. Les
articles 25 et 26 de ce règlement prévoient les modalités
de procédure afin qu'il y ait de l'ordre lors de ces assemblées.
Je dois vous dire qu'à date ces assemblées ont eu lieu, elles ont
été tenues.
Maintenant, vous allez peut-être vous demander pourquoi on demande
l'article 15, c'est-à-dire afin de bonifier ce qui s'est fait
antérieurement. C'est parce qu'à la minute que ce
règlement-là a été adopté il y a des gens
qui se sont demandé: Mais qu'est-ce que ça veut dire qu'avant il
n'y avait pas eu cette publicité-là? Alors, pour éviter
que les gens soient frustrés par cette question et qu'ils se demandent
«Qu'est-ce que ça veut dire que, maintenant, c'est public et
qu'avant ça ne l'était pas?» on demande, en vertu de
l'article 15 du projet de loi, de simplement cautionner au besoin la
validité de ces résolutions-là et de ces actes qui ont
été passés avant le mois de novembre 1991. Mais je vous
souligne que c'est uniquement une question de droit préventif,
seulement, c'est au cas où il faudrait le valider.
Mais, légalement, les assemblées pouvaient être
tenues de cette façon-là et n'ont jamais été
à huis clos. Mais, à l'avenir, comme vous le voyez, ce
règlement-là est très transparent, et le public est
invité, parce que, nécessairement, la participation du public est
importante, le public doit être informé dans un cas comme
ça et le public doit comprendre le process'ic qui est en voie
d'établissement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, il
vous reste une minute, réponse comprise.
M. Ryan: Je vais être obligé de donner cinq minutes
de crédit à l'Opposition, si vous me permettez, parce que c'est
une question très importante. Il y a le maire de la ville de
Dol-lard-des-Ormeaux qui a transmis une lettre à notre intention dans
laquelle, lui, il se dissocie du projet de création de tout ce
système de disposition des déchets, il indique son Intention de
se retirer le plus tôt possible de la Régie, là.
Je voudrais vous demander deux choses. D'abord, lui, M. Janiszewski,
est-ce qu'il faisait partie de la Régie comme maire?
M. Leduc: II fait partie de la Régie comme maire, il est
même sur l'exécutif de la Régie, et son attitude est,
à mon sens, incompréhensible, M. le ministre, puisqu'il
était présent quand toutes ces choses-là ont
été adoptées à l'unanimité, dont le fameux
projet de loi pour lequel nous sommes Ici aujourd'hui. C'est une des nombreuses
fois où je ne comprends pas très bien l'attitude de M.
Janiszewski.
M. Ryan: Alors, pourriez-vous m'indiquer si vous avez eu des
réactions d'autres municipalités membres de la Régie qui
auraient exprimé des réserves semblables?
M. Leduc: Lors de l'approbation du contrat par le conseil
d'administration de la Régie, avant que nous vous le soumettions, il y
avait eu, à ce moment-là, trois municipalités qui, lors du
vote - vous comprendrez, on est 27 - s'étaient prononcées contre,
dont M. Janiszewski. Il y avait M. Discepola, de Kirkland, et M. Zampino, de la
ville de Mont-Royal.
Des voix: De Saint-Léonard.
M. Leduc: Mon Dieu! de Saint-Léonard. Actuellement, M.
Zampino et M. Discepola sont membres de l'exécutif de la Régie et
ont, depuis ce temps, continué le dossier de la Régie et
accepté le fait que la majorité était en faveur. M.
Janiszewski, jusqu'à ce que je reçoive la lettre aujourd'hui,
manifestait la même ouverture et la même volonté de
progression du dossier, il a voté pour le projet de loi, et je ne
m'explique absolument pas son geste aujourd'hui. Au procès-verbal du 26
novembre, le projet, qui demandait au conseil d'administration d'approuver le
projet de loi, qui, à ce moment-là, portait le numéro 286,
et d'autoriser les consultants de la Régie ainsi que le conseiller
juridique à présenter ce projet de loi à
l'Assemblée nationale, a été proposé par M. Peter
Yeomans, de Dorval, appuyé par Mme Vera Danyluk, et résolu
à l'unanimité. Et M. Janiszewski était, à ce
moment-là, présent. Donc, je dois vous avouer que je ne comprends
pas son attitude, mais ce n'est pas la première fois.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. Leduc. M.
le député de Jonquière.
M. Dufour: C'est au moins la troisième fois, à ma
connaissance, que la Régie des déchets de la Communauté
urbaine ou de l'île de Montréal et le comité des villes de
banlieue viennent devant la commission parlementaire pour demander certains
pouvoirs. Il faut se mettre d'abord dans l'Idée qu'à chaque fols
que quelqu'un
demande une loi privée ce sont des pouvoirs soit qui vont
à l'encontre de certains autres pouvoirs ou qui vont plus loin que des
pouvoirs déjà accordés. Et, à ce titre-là,
ça explique qu'il y a autant d'intervenants qui se présentent ou
qui veulent se présenter devant la commission parlementaire pour
exprimer leur point de vue.
On peut voir, à sa face même, que ce projet de loi ne fait
pas l'unanimité, mais aussi que ça peut représenter
certaines lacunes, à moins qu'on puisse nous dire, au cours de nos
discussions, qu'il n'y a pas de problème. Mais, moi, je pense, par
exemple, que la propriété des déchets, elle n'est pas
établie clairement. Il y a aussi, à travers ce
cheminement-là, la description de ce qu'est un déchet ou pas.
Ça, c'est des points qui, à mes yeux, vont probablement demander
certains éclaircissements.
Il y a aussi cette volonté exprimée par le maire de la
ville de LaSalle ou le président de la Régie qui nous dit: On
demande des pouvoirs, mais on n'a pas l'intention de les appliquer comme tel.
Ça, je trouve ça dérangeant parce que, normalement, un
pouvoir, c'est pour l'exercer. Je me méfie toujours des gens qui nous
disent: On ne veut pas l'exercer dans le sens que c'est possiblement... Et
c'est sûrement vrai, je ne mets pas en doute votre prise de position
devant la commission parlementaire à l'effet que vous ne voulez pas les
exercer. Mais, un jour, quelqu'un qui pourrait s'appeler «autre»,
qui pourrait être une autre personne pourrait avoir le goût de les
appliquer jusqu'au bout. Un engagement verbal comme un engagement moral, ce
n'est pas aussi fort qu'un engagement par écrit. Parce que, au point de
vue légal, au point de vue de la loi, ça me semble une
différence extrême. (17 h 10)
Ce qui, aussi, semble dérangeant, c'est que, sur IHe de
Montréal, dans son ensemble, il y a la Régie et il y a aussi la
ville de Montréal, d'autre part, avec une ou deux autres
municipalités. Ça peut représenter une certaine forme de
problème parce qu'il y a encore la circulation libre des biens et des
personnes à travers ce grand territoire et on pourrait se retrouver avec
des directives ou des règlements différents de l'un à
l'autre, soit sur le transport, soit sur la disposition, et cette circulation
pourrait poser certains pioblèmes d'application. Comment peut-on y
contrevenir ou y donner réponse? Je ne l'ai pas dans l'immédiat.
Mais on peut se poser comme questionnement, à savoir: Qu'est-ce qui fait
problème par rapport à l'ensemble des questions qui se posent sur
la disposition et le traitement des déchets, que ce soit la
récupération ou autre?
Au moment où on se parle, déjà, le ministre des
Affaires municipales s'était engagé à trouver ou à
essayer - s'engager à trouver, je ne pense pas qu'il soit allé
aussi loin que ça - de trouver des solutions aux problèmes qui
confrontent la grande région montréalaise par la mise sur pied
d'un comité, qui est déjà en fonction, qui s'apprête
à trouver des réponses. Et, à mes yeux, la disposition des
déchets est aussi un élément très important qui
demande des solutions possiblement plus globales que ce qu'on a devant nous.
C'est clair que le gouvernement, déjà, par votre projet de loi ou
la mise en place de la Régie, permet de trouver des réponses
à un certain nombre de problèmes. Par contre, je pense bien que,
globalement, au fur et à mesure qu'on avance, on sent qu'il y a des
sommes d'argent assez importantes qui sont impliquées et qui demandent
sûrement des réponses. Mais il y a des problèmes aussi
techniques qui ne sont pas solutionnés, à mes yeux.
Si j'ai bien compris les réponses de Me Poupart concernant
l'article 15, j'avais noté, justement, que le président de la
Régie parlait de retouches techniques à des problèmes.
À mes yeux, moi, je n'ai pas assisté... Je trouve que la
façon de répondre à cette obligation de tenir toutes les
assemblées publiques et que toutes les décisions devaient
être prises en public, il y a le fonctionnement, bien sûr, qu'on
peut reconnaître, il y a la façon de le faire, mais il y a aussi
l'action qui s'est produite. Pour moi, ce n'est pas une mince affaire, mais je
ne me satisfais pas des réponses que Me Poupart nous a données
à l'effet qu'on avait une porte ouverte et qu'on n'empêchait pas
personne de rentrer. C'est clair. Chez nous, la porte n'est pas barrée,
mais ça ne donne pas raison à tout le monde de venir fouiller
dans mes affaires. Je n'accepterais pas que quelqu'un passerait chez nous...
C'est rare qu'on barre la porte, mais, même si la porte est ouverte,
ça ne donne pas la permission a tout le monde de venir voir ce qui se
passe chez nous. Et je pense bien que, pour le public en général,
à moins d'avoir un intérêt particulier, et même s'il
y en avait je doute que des gens seraient allés à des
assemblées où il n'y a aucune convocation. On ne le sait pas,
purement et simplement, qu'il y a une assemblée ou on n'a jamais dit que
tout le monde pouvait y aller ou était invité d'une façon
quelconque. Donc, ce n'est pas suffisant et II faudra bien, à travers
l'étude du projet de loi, qu'on ait des explications beaucoup plus
précises pour voir jusqu'à quel point cette action-là de
ratifier des procès-verbaux qui sont de nature à engager ou qui
ont engagé la Régie, qui n'ont pas été
prépubliés, jusqu'à quel point, nous, on peut l'accepter,
donner la bénédiction ou l'acceptation sans savoir exactement de
quoi ça retourne. Moi, je pense que c'est une position de fond par
rapport au projet de loi qu'on a devant nous.
Quant à partir de novembre 1991, que vous ayez adopté des
règlements de régie interne ou autres, vous siégez trois
fois par année, que le monde ait des questionnements, puisse faire des
questions en public, ça peut être une partie des réponses.
Ça, je ne mettrais pas ça en cause. Je veux juste dire qu'avant,
par exemple, ça, je ne
sais pas jusqu'à quel point ça peut nous obliger à
accepter ce qui a été fait auparavant sans qu'on sache vraiment
de quoi ça retourne.
Vous avez aussi fait une affirmation, que c'est la mise en commun des
pouvoirs municipaux. J'ai l'impression que ça va un petit peu plus loin
que les pouvoirs municipaux qui existent actuellement. Ça me semble un
peu plus loin, je peux bien me tromper, mais on parle beaucoup de la
propriété du déchet, de la source jusqu'à la
disposition finale, y compris la récupération, le recyclage, etc.
Donc, c'est un peu ce point-là que ça touche aussi, sur lequel on
aura à questionner.
Il y a d'autres points qui vont assez loin. C'est le pouvoir que vous
demandez de cautionner des emprunts, du capital-actions, d'abord d'acheter le
capital-actions et aussi la caution, le pouvoir de cautionner ces emprunts.
Ça, ce n'est pas des pouvoirs qui sont courants au point de vue
municipal, ça me semble aller un peu plus loin que la moyenne des choses
ou que le vécu régulier. Ça aussi, on devra se questionner
là-dessus.
En gros, c'étaient les premières remarques. Est-ce que
vous avez, et ça, ça va être ma question... Je sais que mon
collègue de La Prairie veut aussi en poser, veut peut-être parler
sur le projet de loi en général, avant que je puisse questionner.
Je pense que je pourrais peut-être le laisser aller, il va donner un peu
ses désirs ou ce qu'il en pense, et on pourra peut-être poser des
questions après.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir,
au nom de l'aile environnementaliste de l'Opposition, qui inclut mon
collègue, critique des Affaires municipales, de souhaiter la bienvenue
aux amis de la Régie.
J'ai toujours trouvé pertinente l'union d'un certain nombre de
municipalités pour des fins communes, que ce soit pour l'assainissement
des eaux ou que ce soit pour un système d'aqueduc. Depuis que je suis
dans la vie parlementaire, j'ai travaillé directement, dans mon
rôle de député, à la formation de telles
régies. Par conséquent, je vois d'un bon oeil la formation de la
Régie qui remonte à 1985, il n'y a pas de doute
là-dessus.
Moi, je vais aller tout de suite à ce qui me préoccupe, au
noeud de ma préoccupation, à la substance, comme dirait un
certain premier ministre, de mes préoccupations, c'est qu'il manque un
joueur très Important dans cette Régie qui s'appelle
officiellement Régie intermunicipale de gestion des déchets sur
l'île de Montréal. Moi, je trouve regrettable, dangereux et
inquiétant qu'une telle régie n'inclut pas la ville de
Montréal, sans compter Montréal-Nord, je crois, qui est exclue
aussi, et, avec le préavis qu'on a de la part du maire de
Dollard-des-Or-meaux, une autre ville s'en exclura dans quelques années.
Mais je veux concentrer sur Montréal.
Je suis tout à fait d'accord avec la thèse que le
président de la Régie, le Dr Leduc, nous a exposée
tantôt, que les déchets générés dans une
localité, dans une région, dans une sous-région doivent
être traités dans cette localité, région ou
sous-région. Je suis parfaitement d'accord. D'ailleurs, le gouvernement
de l'Ontario a posé des gestes très concrets depuis un an et demi
à cet égard. Par exemple, le grand Toronto métropolitain,
ça lui est interdit maintenant d'exporter ses déchets hors du
Toronto métropolitain. Il y a d'autres positions, d'autres actions
gouvernementales en Ontario, par exemple celle qui dit que chaque
municipalité de plus de 5000 habitants doit présenter au
ministère de l'Environnement son plan de gestion intégrée
des déchets, incluant réduction, réutilisation, recyclage.
Et, troisièmement, troisième mesure de l'Ontario, pour situer
l'arrière-plan, souvent on parle de nos voisins dans d'autres
matières, mais, en environnement, c'est important de voir dans quelle
direction ils s'en vont, à tort ou à raison, mais le
troisième point, c'est l'incinération: moratoire complet sur tout
nouvel incinérateur depuis déjà deux ans. Bon. Je
reviendrai sur chacun de ces points-là un peu plus tard, mais je veux,
à cette commission, faire part de notre grande inquiétude, nous,
par rapport à l'absence de Montréal. (17 h 20)
Je sais qu'il y a eu des démarches de faites, je sais qu'il y a
déjà un protocole de signé pour un secteur bien, bien
précis, c'est-à-dire les déchets domestiques dangereux,
les trois «d». Mais, moi, je ne sens pas de volonté ferme,
très, très agissante là, ni de la part de la Régie,
ni de la part de la ville de Montréal, de faire plus que des protocoles
sur des points très précis comme les trois «d». Je ne
sens pas de volonté bilatérale de n'avoir qu'un seul plan de
gestion. À mon avis, de la même façon qu'il y a une police
pour l'île de Montréal, pour la Communauté urbaine, il
devrait y avoir un seul plan de gestion des déchets domestiques pour
toute l'île de Montréal. Que ce soit administré par la
Régie, si la ville entre dans la Régie, ou que ce soit
administré par la CUM, moi, je pense que ça, c'est relativement
secondaire. Mais il me semble que la Régie autant que la ville de
Montréal - et c'est la population qui va en faire les frais, finalement
- tout ce monde-là va s'attirer une série indéfinie de
complications en prétendant vouloir gérer deux systèmes
côte à côte. On a tellement eu d'expériences dans
d'autres domaines, d'autres sections ou d'autres questions qui touchent tout le
secteur intermunicipal, il me paraît hasardeux de s'acheminer dans cette
voie-là. Pour moi, la grande urgence, c'est ça. La grande
urgence, ce n'est pas de donner des pouvoirs accrus à la Régie.
Moi, je
n'ai rien contre, en principe, les pouvoirs que la Régie demande
dans ce projet de loi, mais, moi, je dis que l'urgence, ce n'est pas ça.
L'urgence, c'est de s'asseoir avec la ville de Montréal autour d'une
table et non pas de faire ce que j'appellerais des protocoles pointus sur telle
ou telle question, mais vraiment, véritablement sur une seule gestion.
Est-ce qu'il est trop tard? C'est la première question que je poserai
tantôt. Est-ce qu'il est trop tard? Je ne pense pas qu'il soit trop
tard.
Une deuxième remarque, Mme la Présidente. Il y a quand
même l'Association municipale de Westmount qui nous écrit aussi
à la commission aujourd'hui. Fondée en 1908, c'est une
association vénérable. Et le président nous dit des choses
qui sont inquiétantes par rapport à la Régie, et
j'aimerais ça que le président de la Régie commente ces
affirmations. Je cite: «Depuis six ans, cet organisme, la Régie, a
refusé de tenir des audiences publiques». Ensuite, cette
Association dit, au bas de la page première: «Ces conditions
devraient inclure un programme immédiat et accéléré
de réduction des déchets à la source et un programme de
suppression de l'incinération et de l'enfouissement.»
Je comprends que c'est un programme de gestion intégrée,
c'est ce qu'on nous dit toujours. Mais il est bien évident pour tout le
monde que la grosse portion des déchets domestiques, elle ira à
l'incinération, la grosse portion. Les gens comprennent aussi qu'il y a
presque par définition une incitation à moins réduire,
à moins réutiliser, à moins recycler, à moins
recourir aux trois «r» si on a un contrat qui nous lie pour 20 ans
et qui nous oblige à livrer tant de milliers de tonnes par année
de déchets. C'est ça qui est vraiment bâti, cette
espèce de contradiction se trouve bâtie dans le fameux contrat que
vous voulez voir approuvé, en somme. Vous voulez que la commission vous
donne l'autorisation de signer ce contrat-là. Pendant ce
temps-là, la population ne sent pas qu'il y a eu, hormis la collecte
sélective qui a été très bien organisée dans
la plupart de vos municipalités... Vous avez fait oeuvre de pionniers
à cet égard bien avant la ville de Montréal et de
façon plus vigoureuse, quant à moi, que la ville de
Montréal, et chapeau!
Mais, ceci étant dit, je ne sens pas que, de la part de la
Régie, à ce stade-ci, il y a autant de préoccupation pour
que les municipalités, de la même façon que l'Ontario le
fait actuellement - chaque ville, je répète, de plus de 5000
habitants doit soumettre au ministère de l'Environnement un plan qui va
être contraignant pour la municipalité et qui va amener la
municipalité à réduire la quantité de ses
déchets, à les réduire, et, ensuite, à les
réutiliser et à les recycler... Moi, je me dis: Pourquoi les
municipalités qui sont dans la Régie n'ont-elles pas une
préoccupation semblable? Et, à ce que je sache, les
municipalités en Ontario n'ont pas protesté contre cette
mesure-là. Il me semble qu'il faut qu'il y ait, dans la philosophie et
dans les plans de la Régie, non seulement le fameux contrat de 20 ans
puis principalement pour de l'incinération, mais il faut qu'on fasse la
démonstration que des actions vigoureuses vont être prises pour
réduire la quantité de déchets qui vont aller à
l'incinération. Et là je pose ma deuxième question: Est-ce
que, pour la Régie, réduire la quantité des déchets
qui vont aller à l'incinération, ça va à rencontre
des intérêts de la Régie et de Foster Wheeler?
En concluant, aussi, peut-être profiter de l'occasion pour
rappeler, à vous, Mme la Présidente, puis aux collègues de
la commission, qu'il y a aussi ce rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements qui a été rendu
public il y a quelques semaines et dans lequel, entre autres recommandations,
à la page 59, la recommandation 43 - ça, c'est un rapport
unanime, les députés ministériels l'ont signé -
dit: Que soit tenue une audience générique sur la gestion
intégrée des déchets domestiques solides au Québec
et que le ministère en soit le maître d'oeuvre en collaboration
étroite avec le monde municipal. Alors, pour nous, la gestion des
déchets domestiques est devenue d'une telle importance au Québec
qu'il n'y a pas lieu de brusquer les choses.
Dernière remarque. Le site Miron, je l'ai visité il y a
quelques semaines. Mme la Présidente, je peux vous assurer qu'il y a de
la place en masse pour bien au-delà de 1994, contrairement à ce
que la ville de Montréal a prétendu jusqu'ici et prétend
beaucoup moins depuis quelque temps, parce que l'achalandage a baissé de
façon considérable à la carrière Miron, à
cause de la hausse de prix. Alors, étant donné qu'il y a
amplement d'espace au site Miron, moi, je suis plutôt d'avis qu'il
faudrait prendre le temps de développer nos stratégies autres que
l'incinération et l'enfouissement. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de La Prairie. Alors, l'heure étant
écoulée...
M. Dufour: Ça a pris 20 minutes, nos remarques? Ah!
l'heure est écoulée, mais est-ce qu'on a eu le même
temps?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, 20 minutes
chacun.
M. Dufour: Des deux côtés?
La Présidente (Mme Bélanger): Des deux
côtés, sauf M. Ryan, M. le ministre, peut-être...
M. Dufour: Wo! Là, je ne suis pas convaincu
deçà.
La Présidente (Mme Bélanger): alors,
paraît-il que m. le ministre aurait eu 4 minutes de plus. vous avez
écoulé vos 20 minutes au lieu de...
M. Lazure: Vous prendrez les 4 minutes, M. Dufour.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce
qu'on...
M. Leduc: Dois-je prétendre, Mme la Présidente, que
ça veut dire que je ne peux pas répondre à cette longue
liste de questions?
La Présidente (Mme Bélanger): Bien là, je
pense que c'est des commentaires qu'il a faits...
M. Leduc: Ah! c'est des commentaires?
La Présidente (Mme Bélanger): ...et non des
questions.
M. Lazure: Oui, les questions vont venir tantôt.
M. Dufour: En fait, on aura les...
La Présidente (Mme Bélanger): Mais, par contre,
à l'étude article par article, c'est sûr et certain que
vous pourrez arriver à répondre aux commentaires que M. le
député de La Prairie a faits. Alors, si je veux être
équitable, il y a quatre minutes que vous pourrez reprendre.
M. Dufour: non. moi, je peux laisser le président de la
régie essayer de répondre en quatre minutes, quitte, lorsqu'on
étudiera article par article, à ce qu'on revienne à la
charge puis qu'on pose des questions.
M. Leduc: Bien, vous avez exactement... On a
dénombré neuf questions dans vos deux propos, donc, à ce
moment-là, je ne peux pas répondre en quatre minutes. Donc, je
vais essayer de répondre d'une façon très
générale.
On est conscients que c'est très nouveau. On est conscients que
ça ne s'est jamais donné au Canada, ça, un «waste
flow control». Ça n'existe pas, nulle part au Canada. On est
conscients qu'on demande quelque chose d'un peu inhabituel. On est conscients
qu'on est 26 villes et que 26 villes, c'est déjà le premier
regroupement au Québec qui fonctionne.
M. Lazure dit que c'est regrettable, dangereux et inquiétant. Je
suis d'accord pour le regrettable. Le dangereux et l'inquiétant, j'en
suis moins sûr étant donné que nous avons, avec la ville de
Montréal, un comité de liaison qui fonctionne actuellement et
où nous faisons beaucoup de travail. Et nous sommes beaucoup plus
avancés qu'on pourrait le croire au niveau d'un possible mariage de
plusieurs des aspects de notre dossier. Mais ça, c'est très
général comme réponse.
(17 h 30)
En ce qui concerne les questions de M. Dufour au départ, les
définitions de «déchet»... Le pouvoir, M. Dufour, il
est ni plus ni moins grand que quand vous étiez maire de
Jonquière. C'est le même pouvoir qu'on retrouvait dans la Loi sur
les cités et villes. C'est celui-là qu'on transporte. Il
était là à ce moment-là et il est là
actuellement, et il n'est pas utilisé de façon abusive. Si vous
ne le transférez pas tel quel, à qui allez-vous le
transférer? Je veux dire, un pouvoir, on le prend tel quel. Si vous ne
nous le transférez pas, dans son imperfection... Au niveau de la
définition des déchets, on prend celle qui est là. Nous
autres, on est rendu déjà à quatre sortes; on sait bien
que, des déchets, ça commence à être un petit peu
plus subtile, la définition. On ne considère pas que c'est notre
job de faire la définition, mais, dans notre projet, on les
définit déjà en catégories. Donc, c'est imparfait,
peut-être, dans la Loi sur les cités et villes, c'est un peu trop
large, ça prête lieu, peut-être, à des abus, mais
ça a toujours été là. On le transfère tel
quel. Je ne pense pas qu'on ait le goût de faire des abus. Mais je pense
que je dois avoir épuisé les quatre minutes, là.
Excusez-moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, si on veut
être équitable pour tout le monde, je pense qu'on doit tenir le
temps assez sévèrement; et j'aimerais dire à M. le
député de Jonquière que ce n'est pas moi qui tiens le
temps, c'est la secrétaire, en arrière. C'est elle qui m'a...
M. Dufour: Je me suis plié à votre directive.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous allons
suspendre pour quelques instants, le temps que la Régie intermunicipale
de gestion des déchets se retire de la table et que l'Association des
entrepreneurs de services en environnement du Québec vienne prendre
place. Alors, on suspend pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 31 ) (Reprisée 17 h
37)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Je rappelle
le mandat. La commission a pour mandat d'entendre les intéressés
et de procéder à l'étude détaillée du projet
de loi d'intérêt privé 221, Loi concernant la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur IHe de Montréal. Nous
avons à la table l'Association des entrepreneurs de services en
environnement du Québec. J'aimerais rappeler exactement le temps: vous
avez 20 minutes pour
présenter votre mémoire et, par la suite, il y aura 20
minutes pour le côté ministériel et 20 minutes pour le
côté de l'Opposition pour le questionnement. Si vous prenez plus,
ça diminue d'autant le questionnement du côté
ministériel et du côté de l'Opposition.
Alors, je demanderais à la personne responsable, au porte-parole
de se présenter et de présenter les personnes qui
l'accompagnent.
Association des entrepreneurs de services en
environnement du Québec inc.
M. Gruenwald (Hans): Mme la Présidente, M. le ministre,
membres de la commission, il me fait plaisir de présenter
l'équipe de l'Association pour débattre le projet de loi 221.
À mon extrême droite, M. Jacques Gaudette, du Groupe Intersan;
à ma droite immédiate, Me Yvon Chouinard; à ma gauche, M.
Roch Fortin.
Pour présenter le mémoire préparé par
l'Association, je vais, avec votre permission, demander à M. Roch
Fortin...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous, monsieur, vous
êtes monsieur...?
M. Gruenwald: M. Gruenwald, le président de
l'Association.
La Présidente (Mme Bélanger): Je voulais vous le
faire dire.
M. Gruenwald: excusez-moi, madame. j'aimerais, avec votre
permission, demander à m. fortin de présenter le mémoire
de l'association. m. fortin.
M. Fortin (Roch): Alors, Mme la Présidente, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés de la commission, je vais
être relativement bref. Je vais plutôt procéder sous forme
d'observations et de commentaires. Notre mémoire a été
déposé à tous les membres de la commission. Il contient
une analyse, des commentaires, des conclusions et des recommandations qui
s'imposent d'elles-mêmes.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que votre
micro est à la portée de la voix?
M. Fortin: Je crois. On m'entend mal? C'est mieux?
La Présidente (Mme Bélanger): C'est un peu mieux,
là. (17 h 40)
M. Fortin: Ah, voilà! Il fallait que je me déplace.
Donc, comme je l'indique, je vais plutôt présenter des
observations et des faits saillants qui ressortant du mémoire. Nous
l'avons déposé pour votre attention, alors,
éventuellement, on va vous laisser le soin d'en faire la lecture, mais
je ne vous imposerai pas cette lecture-là en public à ce
moment-ci.
Mon premier commentaire sera pour dire que les observations que j'ai
entendues depuis une heure dans cette salle de la part des parlementaires
m'encouragent, car ce sont des commentaires, des observations de recherches, ce
sont des observations attentives qui visent à connaître le fin
fond de l'affaire, qui visent à faire ressortir les conséquences
du projet de loi qui sera éventuellement adopté ou rejeté
par cette commission et cette Assemblée nationale.
Il y a une chose en particulier que l'on doit faire ressortir ici ce
soir. Au regard du projet qui nous est déposé par la
Régie, il y a une distinction très nette à faire entre une
politique de gestion intégrée des déchets et un projet de
gestion intégrée des déchets. Ce que la Régie tente
de faire adopter sous le libellé d'une politique de gestion
intégrée des déchets qui, dans les faits, n'en est pas
une, c'est un système de gestion des déchets dont elle est
l'entrepre-neure et le maître d'oeuvre unique. C'est une chose qui met en
cause la liberté de commerce et qui met à risque
l'activité économique de nombreux récupérateurs,
générateurs et exploitants de sites d'enfouissement et de sites
d'élimination dans la grande région de Montréal.
S'il s'agissait ici d'étudier ce soir un projet de loi
définissant les grands paramètres de la gestion
intégrée des déchets, je suis convaincu que vous auriez
une foule d'observateurs attentifs à cette problématique qui doit
absolument être étudiée, connue et approfondie dans les
prochains mois. En ce sens-là, je rejoins le commentaire qui a
été fait par le député, M. Lazure, tout à
l'heure, concernant la recommandation adoptée par l'ensemble d'entre
vous, touchant des audiences génériques sur ce qu'on appelle la
gestion intégrée des déchets.
Les commentaires que je vais faire vont porter sur le projet de loi
comme tel - et mon collègue, Me Chouinard, va abonder après moi
dans ce sens - et ils vont porter sur le système qui est proposé
par la Régie, car ce qu'on vous demande, de fait, par le projet de loi
qui est déposé, très simplement, c'est de permettre
à la Régie - M. le ministre Ryan l'a bien souligné tout
à l'heure - de pouvoir procéder à la signature d'un
contrat avec la firme Foster Wheeler ou ses vis-à-vis. Il faut savoir
également que tout le système qui est proposé par la
Régie intermunicipale de gestion des déchets est un
système de gestion intégrée qui ne repose pas sur une
politique officielle de gestion intégrée des déchets.
C'est d'abord un programme de gestion intégrée des déchets
dont la Régie se fait l'entrepreneure, en collaboration avec un seul
entrepreneur privé sur le grand territoire, qui est Foster Wheeler.
Ce qu'il faut interroger, c'est comment s'est prise cette
décision et pourquoi on en est arrivé à de telles
conclusions. Dans les prémisses qui
sont avancées par les gens de la Régie dans le peu de
documentation qui a été livré au public - et il faut ici
noter publiquement, cette fois, que l'information mise à la disposition
des intervenants est d'une très grande rareté, et
particulièrement en ce qui touche les chiffres relatifs au projet de la
Régie; c'est pourquoi nous étions heureux de certaines questions
de votre part ce soir, concernant certains chiffres très
révélateurs - le projet de la Régie, et je vais rapidement
là-dessus, était basé sur deux prémisses: d'abord
l'urgence de trouver une solution au problème d'élimination des
déchets, étant donné la fermeture prévue de la
carrière Miron; deuxièmement, l'importance de trouver une
solution aux déchets à l'intérieur même du
territoire des municipalités de la Régie intermunicipale.
Au niveau de la carrière Miron, on réalise bien
aujourd'hui que l'état d'urgence n'existe pas. Les prévisions
d'élimination d'enfouissement à la carrière sont de
l'ordre... on peut aller à peu près jusqu'à 2010. Et
n'importe quelle personne avisée qui survole le site s'en rend
aisément compte.
Deuxièmement, toute la question du «pas dans ma
cour», ce que les spécialistes en environnement appellent le
cloisonnement spatial de la gestion de l'élimination des déchets,
c'est une notion qui ne doit pas être traitée de façon
purement orthodoxe. Ce n'est pas une question de religion, c'est une question
de démocratie, et c'est une question de responsabilisation des
intervenants, des générateurs de déchets et des
consommateurs. Et, quand on indique de manière orthodoxe que
l'élimination des déchets doit se faire dans le
périmètre circonscrit à un nombre de x
municipalités, que l'on pourrait trouver dans une
périphérie adjacente ou «jouxtante», dans les 50
kilomètres aux alentours, des capacités très fortes
d'élimination des déchets et qu'on se prive de le faire en
bâtissant un incinérateur de 270 000 000 $, bien, je crois que
l'on commet d'abord une bêtise, on entraîne des coûts
exorbitants pour la population et on ne rencontre pas les fondements même
d'une véritable gestion environnementale.
L'autre élément qui est également très
important dans le projet de la Régie intermunicipale, c'est qu'il est
essentiellement basé - et je pèse mes mots - sur la construction
d'un incinérateur d'une capacité de 412 000 tonnes par an. La
totalité des déchets générés dans le
territoire actuel de la Régie - car il semble que certaines
municipalités s'en retirent - est de 600 000 tonnes de déchets.
Les objectifs des gouvernements du Canada et du Québec visant la
réduction de la masse de déchets d'ici l'an 2000 sont de l'ordre
de 50 %. SI l'on devait, donc, réduire d'ici l'an 2000 la masse des 600
000 tonnes de déchets de la Régie, on arriverait à un
total de 300 000 tonnes pour fins d'élimination par enfouissement,
incinérateur ou autre mode.
Alors, comment peut-on concevoir comme logique la décision de
construire un incinérateur de 412 000 tonnes alors que, d'ici à
peine cinq ans, sa capacité potentielle de réalisation sera
périmée? C'est une question importante qu'il faut nous poser.
Deuxièmement, il faut aussi se poser la question de la nature des
déchets, et c'est ici qu'on doit apprendre à définir ce
qu'est un déchet. Et, dans tout le texte de loi qui nous est
déposé, aucune mention n'est faite de la définition du
déchet. Les promoteurs, les proposeurs du projet de loi reconnaissent
d'eux-mêmes que leur définition, par son absence, embrasse la
totalité d'essence de ce que peut être un déchet. M. le
président de la Régie, M. Leduc, va même jusqu'à
dire: On prend tout et on définira par catégories plus tard. Si
vous êtes en gestion d'affaires, si vous êtes en gestion
légale, vous allez préférer connaître les
paramètres d'intervention dans lesquels vous serez appelés
à travailler avant de faire confiance, de bonne foi, simplement sur des
présuppositions de comportement.
L'autre élément sur lequel je veux porter aussi un
commentaire, c'est sur le coût de fonctionnement de l'incinérateur
en comparaison des coûts actuels d'élimination des déchets.
Il faut savoir qu'il y a à peine deux ans l'ensemble des
municipalités de la Régie, y compris LaSalle, utilisaient le site
Miron pour les fins d'élimination de leurs déchets par la
technique de l'enfouissement. Lorsque la carrière Miron a
augmenté ses prix à 39 $, la plupart des municipalités de
la Régie et la ville de Laval, récemment, ont quitté la
carrière Miron pour aller dans des sites en périphérie.
Donc, ils font exactement le contraire de ce qu'ils proposent de faire dans ce
que nous appelons, entre guillemets, leur politique de gestion
intégrée des déchets sur un même territoire. Avec le
projet d'incinération qui est évalué à 270 000 000
$, selon les chiffres soumis par la Régie, le coût
d'élimination par incinération serait de l'ordre de 110 $ la
tonne en comparaison de celui de l'enfouissement à la carrière
Miron, de 39 $, ce qui fait quasi plus que tripler les coûts de
l'élimination des déchets.
Dans ces circonstances, quand on sait qu'il n'y a pas, au Québec,
de directive générale en matière de gestion
intégrée des déchets, quand on sait qu'il y a un moratoire
majeur en Ontario sur tout projet nouveau d'incinération, quand on sait
que la Régie intermunicipale n'a pas élaboré encore de
réglementation qui permette de satisfaire la plupart des intervenants,
quand on sait aussi que le Régie intermunicipale s'approprie, selon
l'interprétation qu'on fait du projet de loi, la totalité des
déchets, y compris ceux d'origine commerciale et Industrielle, et
qu'elle s'approprie par le fait même 30 ans d'expérience du
service privé qui a contribué à développer la
responsabilisation des communautés d'affaires au niveau de la
récupération, qui a
payé pour le développement des technologies et qui
récupère aujourd'hui, dans le secteur industriel et commercial,
près de 25 % de la masse de déchets, ce qui est un record au
Canada, qu'on va le priver de son travail d'intervention dans un cadre de
société libérale pour permettre à la Régie
de s'accaparer ce secteur de gestion des déchets alors qu'elle n'a
aucune expérience en gestion concrète et qu'elle prend d'une main
ce que les entrepreneurs ont bâti depuis 30 ans, c'est une chose qui nous
paraît inacceptable et c'est une chose qui est nuisible à
l'intérêt de la communauté et à la saine gestion
environnementale. (17 h 50)
Pour ces considérations, nous demandons simplement que le projet
de loi soit reporté sine die, car le projet de loi porte d'abord sur
l'autorisation de la Régie à transiger avec Foster Wheeler, et
nous demandons que le BAPE se prononce sur le projet de gestion
intégrée des déchets de la Régie. Et nous demandons
aussi, et de façon importante, que votre recommandation de tenir une
audience générique sur la gestion des déchets au
Québec, qui permettrait de fournir aux municipalités des
directives de management et des directives concernant la définition des
notions de déchet, de récupération, de
régénération, et tout, pour permettre à chacune des
municipalités, régie ou MRC d'élaborer
éventuellement ses plans, soit tenue avant que la Régie ne soit
dotée d'un tel projet qui va à rencontre du secteur privé
et qui va à rencontre, fondamentalement, par son projet
d'Incinération, de l'intérêt environnemental et du
développement de la santé de tous nos concitoyens.
Alors, je m'arrête là-dessus, et je demanderais
peut-être à M. Chouinard de formuler des commentaires d'ordre
analytique juridique.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me
Chouinard.
M. Chouinard (Yvon): Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
simplement souligner que le projet de loi que vous avez en main, le 221, ce
projet de loi est un projet de loi sans objet, parce qu'un projet de loi,
ça doit avoir une finalité quelconque, ça doit servir
à quelque chose. On s compris, à l'exposé de la
Régie, que ce qu'ils visaient par leur projet de loi, c'était de
s'approprier la propriété des déchets sur le territoire de
l'île de Montréal. Mais, quand on lit le projet de loi on
découvre qu'on ne sait pas à quel endroit ils s'approprient les
déchets sur ITIe de Montréal. On sait qu'ils veulent
contrôler le transport et obliger un transporteur à aller aux
installations de la Régie et que cette installation-là doit
être située sur le territoire d'une municipalité membre.
Alors, on se demande, à ce moment-là, si on n'essaie pas, par la
porte d'en arrière, d'entrer par la porte d'en avant.
Alors, c'est ça qui est très trompeur dans le projet de
loi, et c'est toute la réflexion qu'on a. On a eu le projet de loi
jeudi, le 14 mai. On l'a examiné très attentivement, et il nous
manque toujours la clé pour savoir ce que veulent exactement les gens de
la Régie. Depuis le début, on nous avait dit... Depuis le temps
qu'on discute avec les gens de la Régie, ils nous ont toujours dit: On
ne touche pas au transport et à la cueillette. Et, quand vous prenez
l'article 2, on ne fait que toucher au transport et à la cueillette. Et,
à ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait? On dit: Ce que vous avez
dans vos camions, vous devez le diriger à tel endroit, alors que c'est
l'essentiel, ça, c'est le principal. M. le président de la
Régie, le docteur Leduc, a dit: Nous avons besoin des déchets
pour signer le contrat avec Foster Wheeler. On ne sait pas comment ça se
fait qu'ils ont promis des choses à une compagnie alors qu'ils ne
peuvent pas livrer la marchandise. Le seul moyen qu'ils ont aujourd'hui d'aller
chercher la marchandise, c'est via le transport, en obligeant les transports
qui sont sur ITIe de Montréal à se diriger vers les installations
de la Régie. On sait que, par expérience, le transport des
déchets a été réglementé à peu
près pendant six ou sept ans. On a déréglementé ce
transport-là, mais ce qu'on demande des pouvoirs de la Régie - et
ça va bien au-delà de ce qui est prévu, malgré ce
qu'on dit, encore une fois, dans la Loi sur les cités et villes,
l'article 413, et même dans la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal - la réglementation qu'on demande dans le domaine des
transports va bien au-delà des pouvoirs qui sont confiés aux
municipalités sur le territoire.
Un autre problème qu'on a, c'est de savoir qu'est-ce que c'est
qu'un déchet? Qu'est-ce qu'un déchet? Si une loi veut nous parler
des déchets et qu'on dit que c'est ça qu'on veut
réglementer, il faudrait savoir ce qu'on réglemente. Supposons
que vous acceptez le projet de loi tel quel, est-ce que la Régie veut
contrôler les déchets radioactifs? On ne le sait pas, aujourd'hui.
Par contre, vous allez leur donner le pouvoir de réglementer les
déchets radioactifs, de réglementer les BPC, les déchets
dangereux, de réglementer tous ces déchets-là qui font
l'objet d'une réglementation à l'échelle de la province.
Et c'est ce que la Régie vient vous demander aujourd'hui. Au fond, elle
vient vous demander plus de pouvoirs que le ministère de
l'Environnement, ou au moins, en tout cas, égaux aux pouvoirs du
ministère de l'Environnement. D'ailleurs, même le ministère
de l'Environnement, en matière de transport, à partir du moment
où les connaissements sont corrects, ne s'occupe pas de savoir la
couleur des camions ou ces choses-là, alors que la Régie vous
demande d'avoir des pouvoirs dans ce domaine-là.
Il existe un organisme qui s'appelle la Commission des transports. Ils
n'ont pas grand-chose à faire depuis qu'on a
déréglementé le camionnage général. Ils
seraient peut-être intéressés à
reprendre le transport de déchets. Mais on voit mal comment la
Régie... Parce qu'il ne faut jamais se tromper; c'est que, en termes
d'organisation, la Régie, c'est un exécutant, c'est quelqu'un qui
a été constitué pour faire un travail. Et ce que la
Régie vient demander à cette commission parlementaire là,
c'est des pouvoirs de législateur. Alors, ils sont à la fois les
exécutants, parce qu'ils sont les donneurs d'ouvrage, et ceux qui vont
réglementer ceux qui vont travailler. Alors, ils sont doublement
employeurs, de ce côté-là, parce qu'ils ont des moyens
réglementaires. C'est ça qu'ils viennent demander ici,
aujourd'hui, des moyens réglementaires; et c'est ça qui fait
qu'on croit qu'on doit savoir exactement dans quel corridor ils veulent
aller.
Tout découle de la position sur ce point-là. C'est quoi,
le déchet qu'ils veulent viser? On a parlé tantôt de
déchets domestiques, d'origine commerciale et industrielle, mais on ne
sait pas exactement qu'est-ce que c'est, parce que, dans les termes du
métier, des gens du métier - moi, ça fait 20 ans que je
suis dans le métier - on n'a pas encore défini ce
déchet-là. Quand on regarde les définitions de
«déchet» qui existent, on prend soit un dictionnaire, soit
la Loi sur la qualité de l'environnement qui, elle, dans sa
définition de «déchet», parle de tous les
déchets en général, y compris les déchets
radioactifs. Au fond, tout ce qui n'est pas un déchet, c'est un
résidu minier.
Alors, la Régie voudrait bouffer tout ça, voudrait
s'occuper de tous ces déchets-là? Est-ce qu'elle en a les moyens?
Est-ce que les municipalités, c'est ça qu'elles veulent? Parce
qu'on veut, dans le règlement - et je vais terminer là-dessus -
on veut, dans le règlement, avec l'article 13, être plus fort que
le ministère de l'Environnement du Québec sur le territoire de la
Régie de Montréal. Et, ça, vous devez être
conscients que c'est ce qu'on vous demande, parce qu'on vous demande, à
l'article 17, que l'article 13 soit déclaratoire. Alors, s'il est
déclaratoire, il l'est de plein droit et, à ce moment-là,
il a un effet rétroactif, ce qui veut dire qu'à ce
moment-là vous venez de corriger tout le passé de la
Régie, y compris ses appels d'offres et ces choses qui ont
été faites, et vous venez de lui donner plus de pouvoirs,
même, que le ministère de l'Environnement, parce que les pouvoirs
qu'ils demandent à l'article 13, le ministère de l'Environnement
n'a même pas ces pouvoirs-là de vendre du matériel
recyclé. Il laisse ça aux entreprises, il laisse faire
l'entreprise là-dedans.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Me Chouinard.
Étant donné l'heure, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures, et nous serons rendus à l'étape du
questionnement de la part des parlementaires.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 16)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux. Je rappelle le mandat de la commission.
Le mandat de la commission est d'entendre les intéressés et de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 221, Loi concernant la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur Ille de Montréal. Au moment de la suspension des
travaux, le groupe Association des entrepreneurs de services en environnement
du Québec avait fait un exposé, mais je pense que Me
Gaudette...
M. Chouinard: Chouinard.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Chouinard m'a fait
savoir qu'il y avait un autre intervenant qui voulait dire quelques mots. Je
tiens à vous avertir que vous avez toujours une heure pour le
débat. Si vous avez un intervenant qui reprend 10 minutes, il ne va
rester que 20 minutes des deux côtés pour le questionnement.
Une voix: Trente minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Trente minutes, je
m'excuse.
M. Gruenwald: Mme la Présidente, c'était seulement
pour vous demander la permission de rajouter un intervenant au niveau
ressources judiciaires, de notre côté, Me Lester Raymond.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. Mais,
là, est-ce qu'il a une intervention à faire avant ou...
M. Gruenwald: Non, pas du tout.
La Présidente (Mme Bélanger): ...s'il va être
là pour répondre aux questions?
M. Gruenwald: Seulement pour répondre aux questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, d'accord. Mais
j'étais prête à vous donner du temps de plus pour votre
intervention.
M. Gruenwald: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, vous
avez 20 minutes pour questionner l'Association des entrepreneurs de services en
environnement du Québec.
M. Ryan: II me fait plaisir de souhaiter la bienvenue à
l'Association des entrepreneurs de services en environnement du Québec.
J'ai écouté la présentation qui a été faite
plus tôt avec d'autant plus d'intérêt que nous avons eu
l'oc-
casion de discuter avec vous de ces sujets à quelques reprises au
cours des derniers mois. J'avais l'impression, la dernière fois que je
vous ai laissés, à la suite d'une rencontre à laquelle
participaient également les dirigeants de la Régie, qu'il y avait
eu des éléments de rapprochement. Mais, après les choses
que j'ai entendues aujourd'hui, je dois plutôt déchanter. Je ne
vois pas beaucoup d'éléments de rapprochement.
Vous avez émis deux critiques fondamentales. Vous dites que la
Régie cherche à s'approprier la gestion exclusive des
déchets sur le territoire des municipalités qu'elle
représente et, deuxièmement, que son projet aurait pour effet,
sinon pour but, de déloger le secteur privé de tout le domaine de
la gestion intégrée des déchets. Ce sont les deux
critiques fondamentales que j'ai entendues. Il y en a d'autres qui viennent se
greffer, mais je voudrais d'abord m'adresser à celles-là.
Sur le premier point, s'approprier l'exclusivité de la gestion
des déchets - vous le mentionnez à quelques reprises dans votre
mémoire - là, j'ai deux questions. Tout d'abord,
reconnaissez-vous que ce qui est attribué , à la Régie en
vertu du projet de loi reproduit en substance ce qui est déjà
dans la Loi sur les cités et villes et dans la loi de la CUM? Et nous
venons de l'ajouter dans la loi de la CUQ également, dans un projet de
loi qui a été examiné en commission, ici, la semaine
dernière. Est-ce que vous voyez des différences essentielles
entre ce qui est attribué par le législateur, depuis longtemps,
à la responsabilité des municipalités et ce qui serait
attribué à la Régie en raison des modifications que nous
apportons? (20 h 20)
Deuxièmement, M. Leduc a déclaré, plus tôt
cet après-midi, qu'il n'envisageait aucunement l'appropriation
monopolistique de tout le champ des déchets à Montréal et
qu'on ne devait pas interpréter certaines dispositions du projet de loi
comme traduisant une quelconque intention de cette nature. Alors, je voudrais
vous demander ce que vous pensez de cette affirmation-là et comment on
pourrait peut-être tenter de faire en sorte qu'elle soit davantage
garantie par le texte de loi. Si vous aviez des améliorations à
proposer, on pourra ies examiner aussi.
Je rappelle simplement, en terminant, que nous accomplissons une
tâche dont les prémisses ont déjà été
posées par le législateur à trois reprises avant nous. Le
législateur a déjà accepté à trois reprises
l'existence de la Régie et, par conséquent, nous n'en discutons
pas aujourd'hui. Il l'a déjà acceptée explicitement et lui
a confié une large responsabilité en matière de gestion
des déchets sur l'île de Montréal. Il a même
approuvé des procédures en vertu desquelles elle fut
appelée à procéder à des invitations, à lui
soumettre des propositions pour la construction d'un dispositif
d'élimination des déchets. Alors, tout ça, ça a
déjà été fait. On ne peut pas revenir sur le
passé. On pourrait reprendre le débat au tout début; s'il
y avait eu les mêmes acteurs que nous avons ce soir il y a huit ans,
quand on a commencé ça, on pourrrait bien. Mais, là, il y
a huit ans qui ont passé. On nous a dit cet après-midi qu'il y a
9 000 000 $ qui ont déjà été engagés dans
des travaux préparatoires, et tout. Ce qui fait que, là, si vous
venez nous demander de tout annuler ça d'un revers de la main, moi, je
ne suis pas capable. Ça ne serait pas responsable de ma part. Je ne
pourrais pas le proposer à la commission parlementaire ni à
l'Assemblée nationale ensuite. Alors, je vous pose ces deux
questions-là: Est-ce qu'il y a plus dans ce que nous faisons que ce qui
est déjà attribué aux municipalités en vertu de la
Loi sur les cités et villes et aux trois communautés urbaines
principales par leur loi-cadre?
M. Gruenwald: Alors, M. le ministre, Mme la Présidente, Me
Yvon Chouinard va répondre à la question juridique.
M. Chouinard: Alors, M. le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me
Chouinard.
M. Chouinard: Merci, madame. M. le ministre, on ne veut
absolument pas renverser la Régie. Ça n'a jamais
été notre objectif. Là où on a un différend
avec la Régie, c'est quand elle se met à faire le même
travail qu'on fait depuis des années. Que la Régie régisse
et, nous, on va conduire nos entreprises, on va avoir du matériel pour
continuer nos activités et on n'aura pas de problème. On est
très conscient qu'à date elle a dépensé 9 000 000 $
pour pouvoir s'installer. Et ça confirme une chose: elle a
dépensé 9 000 000 $ pour pouvoir s'installer, et elle s'en vient
ici, en commission parlementaire, demander à des députés
élus dans des comtés de lui donner la permission de signer un
contrat avec une entreprise. Alors, si elle en est là, ce n'est pas la
faute des entrepreneurs, et ce n'est pas parce que les entrepreneurs n'ont pas
collaboré, et ce n'est pas parce que les entrepreneurs, par le
passé, ont fait de l'obstruction. Elle est venue deux fois en commission
parlementaire, et elle n'a jamais eu la présence des entrepreneurs dans
le décor. Elle a commencé a avoir la présence des
entrepreneurs dans le décor après qu'elle ait fait l'erreur de
garantir 500 000 tonnes de déchets à un entrepreneur, un seul
entrepreneur au Québec, qui se voit, par une régie d'État,
une régie municipale, garantir un volume de déchets. Tous les
gens qui sont ici, qui m'accompagnent, ils aimeraient bien ça, demain
matin, que vous autres, les députés, vous leur garantissiez
chacun 500 000 tonnes de déchets. Ils ne seraient même pas ici,
ils seraient en train de travailler pour les ramasser. Et ils seraient heureux
de ça.
Et c'est là qu'est le problème avec la Régie. Le
problème avec la Régie n'est pas un problème de
législation. Le problème avec la Régie est un
problème d'entreprise qui se voit, via une législation, via le
pouvoir des parlementaires, garantir un volume de déchets pour jusqu'en
l'an 2030. Et vous venez d'effacer du revers de la main, pas 9 000 000 $, vous
venez d'effacer les millions que les entrepreneurs ont en investissements et ce
que ça représente au point de vue activité
économique de faire affaire avec le secteur privé. Et je ne pense
pas que j'aie à donner d'exemples à l'assemblée pour
savoir ce que c'est, l'importance de l'entreprise privée. Vous venez de
créer un monopole qui va faire en sorte qu'il va y avoir 26
municipalités qui vont avoir un seul appelant. Il va y avoir juste un
appel d'offres pour les 26 municipalités. À partir du moment
où elles vont faire ça, ça va prendre au-delà de
200 véhicules pour desservir l'île de Montréal; 200
véhicules, actuellement, pour desservir la cueillette et le transport,
il n'y a pas beaucoup d'entreprises à la table qui ont les moyens de
fournir ça. Et c'est ça, le problème.
M. Ryan: Regardez, d'abord, rappelons-nous quelle a
été l'entente initiale. Quand on a créé la
Régie, elles ont signé une entente entre elles, les
municipalités constituantes, entente dont le texte a été
annexé dans la première loi adoptée par l'Assemblée
nationale, vous le savez mieux que moi. Et je vois ça, l'objet de
l'entente, c'était ceci: «Cette entente a pour objet de pourvoir
à la conception, l'implantation, le financement, l'exploitation et le
développement de tout ou partie d'un système de gestion de
déchets desservant les municipalités qui y sont parties.»
Ce n'était pas simplement le pouvoir de réglementation ou de
régulation. Il y avait beaucoup plus, dès l'origine. Par
conséquent, il n'y a pas de glissement ou de déviation de ce
côté-ci. C'est ça que le législateur les a
autorisés à faire dès... La première fois,
ça a été en 1985. Alors, de ce
côté-là, je ne pense pas qu'on soit allé si loin que
ça.
D'autre part, je regarde le système de la ville de
Montréal - vous me corrigerez là-dessus si je suis dans l'erreur,
parce que j'ai causé avec des entrepreneurs privés
également, qui n'ont pas tous la même opinion que celle que vous
exprimez - à la ville de Montréal ils ont un système de
soumissions pour la cueillette des déchets. Ils divisent la ville par
petits carrés et chaque district est l'objet d'un appel d'offres. Celui
qui présente la meilleure proposition, s'il offre les garanties de
qualité de service, II va décrocher... Il n'y a rien qui
empêche la Régie de procéder comme ça dans ce qu'on
se propose de faire. Elle peut très bien procéder comme
ça. Et, pour tout ce qui regarde l'enlèvement, la cueillette des
ordures, quand vous dites qu'on s'en va vers un monopole, si on prend le texte
tel qu'il est là, peut-être, mais ce n'est pas du tout ça
qui nous est proposé et ce n'est pas de ça qu'il est question. Et
je suis convaincu que les municipalités membres ne la laisseraient pas
faire, à part ça. On me dit que le système de
Montréal a contribué puissamment à sauver l'entreprise
privée, la petite, la véritable entreprise privée, pas le
monopole, la petite entreprise privée authentique. Elle a encore des
chances de se trouver une place sur le marché à Montréal.
Si on laissait seulement quelques entreprises se développer aux
dépens des autres, ça pourrait être très
dangereux
II y a un autre point auquel vous ne répondez pas jusqu'à
maintenant: les déchets, on ne peut pas les exporter indéfiniment
à Saint-Nicéphore et à Lachenaie, à ces
places-là. On veut en exporter chez moi, vous le savez, dans le canton
de Grenville, à Wentworth Nord. Moi, j'ai les citoyens sur le dos. Ils
disent: On compte sur notre député pour nous assurer que le
ministre de l'Environnement va prendre des décisions qui vont tenir
compte de nos intérêts légitimes à la qualité
de milieu qu'on veut conserver. C'est de plus en plus une règle qui
s'impose à l'attention. Il faut que les villes cessent d'exporter leurs
déchets comme elles l'ont fait pendant longtemps. Il faut qu'elles
réussissent a en éliminer la plus grosse partie
elles-mêmes. Ça, c'est ce qui est en arrière de ça.
Vous allez reconnaître avec moi que la Régie a fait un travail
considérable en matière de recyclage. Elle a déjà
établi un système de tri des déchets qui vaut quand
même... C'est un bon départ.
Je ne prétends pas que tout soit complet mais, encore une fois,
je me demande si vous n'interprétez pas abusivement la portée
véritable de ce projet-ci. C'est ça qui est mon
inquiétude. Et, si vous nous demandez d'effacer cette entente-là,
qui est à l'origine, et d'oublier l'objet même de l'entente, je
suis même prêt - ça ne me fait rien - passer dans le
journalisme et à recommencer l'exercice. Mais, là, je suis
ministre des Affaires municipales, et il y a trois lois qui ont
été adoptées avant qu'on ne soit ici ensemble. On a
voté pour ces lois-là en assemblée plénière.
Et, chose élémentaire, quand on a commencé une entreprise,
à moins d'avoir des raisons majeures de l'interrompre - s'il y en a, il
faut les regarder; si vous nous en présentez, on va les écouter -
à moins d'avoir des raisons majeures, il faut bien qu'on pousse le
produit jusqu'au bout.
Alors, c'est comme ça que je vois ça. Et, encore une fois,
toute la partie environnementale va être examinée au bon endroit,
au BAPE. Ensuite, le ministre de l'Environnement va être appelé
à se prononcer là-dessus. C'est sa recommandation qui va
être décisive au cabinet en matière environnementale. Et je
ne vois pas le caractère abusif que vous dénoncez, je vous parle
bien simplement.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Choui-nard.
M. Chouinard: Merci, madame. Si vous me le permettez, M. le
ministre, on ne dit pas qu'il y a un caractère abusif. Ce qu'on a comme
problème, c'est que... Vous avez cité l'exemple de la ville de
Montréal pour les contrats; ce n'est que des déchets domestiques
d'origine résidentielle. La ville de Montréal ne touche pas au
commercial et à l'industriel. (20 h 30)
M. Ryan: Elle pourrait. De par sa loi, elle pourrait.
M. Chouinard: Elle pourrait. Elle pourrait. Et on est d'accord
pour dire que ce que la Régie demande dans le projet de loi actuel, 221,
en matière de transport, dépasse ce qui est dans la loi des
cités et villes - l'article 413 - et dépasse aussi ce qui est
prévu même à la loi de la Communauté urbaine de
Montréal en matière de déchets. C'est qu'à ce
moment-là on oblige... Et c'est ça qu'on ne sait pas. On dit: On
peut indiquer le lieu de disposition. Et là, M. le ministre, on a des
problèmes. On ne veut pas charrier inutilement, mais on doit vivre avec
les lois demain matin, et on se demande... Parce que, dans le chapitre 95 des
lois de 1990 - c'est une loi qui a été adoptée par
l'Assemblée nationale, qui avait été recommandée
par la commission parlementaire - à l'article 2 de cette loi-là,
on dit que «les déchets enlevés par une municipalité
membre ou pour son compte deviennent la propriété exclusive de la
Régie dès que cette dernière les reçoit et les
accepte». Cet article 2 là, au moment où on se parle, il
est toujours en vigueur et il n'est pas révoqué dans le 221.
Alors, on veut savoir: Est-ce qu'à l'article 2 du 221, qui parle des
déchets, de l'endroit où les déchets doivent être
disposés, il s'agit uniquement des déchets qui sont
enlevés par une municipalité membre ou pour son compte, qui
deviennent la propriété exclusive de la Régie dès
que cette dernière les reçoit et les accepte, ou si c'est tout
déchet sur le territoire? On ne le sait pas. Les gens que je
représente ont des millions de dollars d'investissements dans le domaine
et, demain matin, ils ne sauront pas à quoi s'en tenir
là-dessus.
Et, quand vous dites que la Régie n'est pas prête à
faire l'uniformité dans le domaine des contrats, la Régie s'est
quand même gardé le pouvoir, à l'article 3, deuxième
paragraphe, de dire que «les règlements adoptés par la
Régie en vertu de l'article 2 prévalent sur tout règlement
d'une municipalité - ce n'est même plus une municipalité
membre, c'est toutes les municipalités - ou de la Communauté
urbaine de Montréal et portant sur le même objet». Alors, ce
n'est peut-être pas abusif, mais c'est loin de ce qu'on peut
espérer d'une Régie qui veut laisser des entrepreneurs continuer
à vivre.
M. Ryan: Maintenant, si vous me permettez, ça, c'est un
point particulier, celui que vous venez de mentionner, la
prépondérance des règlements de la Régie sur ceux
de toute municipalité ou de la Communauté urbaine. C'est des
choses qu'on pourra regarder quand on arrivera à l'examen article par
article. Il y a des choses là-dedans qui méritent examen et on
est prêt à les examiner. On est prêt. Est-ce que c'est
absolument nécessaire, en ce qui regarde la CUM, qu'on ait une clause
comme celle-là? J'ai des doutes sérieux. Parce qu'il n'y a pas de
délégation de la CUM à la Régie. La CUM est
déjà investie de certains pouvoirs en vertu de sa loi. Alors,
ça, c'est un problème. «De toute
municipalité», je pense que c'est assez évident qu'il faut
que ce soient les municipalités membres. Si ce n'est pas clair,
ça peut être clarifié, ça. Ça peut être
clarifié.
Donc, vous dites: Est-ce qu'on remet en question les articles
déjà adoptés? Non. L'article que vous avez cité,
l'article 2 de la loi de 1990, reste là. Mais il y a une chose que je
vais vous dire: II y a des amendements qui seront faits en cours de route; il y
a des choses que je vais inviter la Régie à laisser tomber, parce
que nous envisageons, au cours des prochains mois, de transformer toute cette
législation privée en une législation publique. Et,
à ce moment-là, ça va nous obliger à faire un
ménage dans cette affaire-là, à mettre les choses au
point. Je pense qu'il y a bien des choses qui pourront être
clarifiées, et on est intéressé à faire une
législation qui soit raisonnable. On ne tient pas à faire de
législation qui écrase ou qui étouffe, mais une
législation raisonnable. Et il y a quelques points de fond sur lesquels,
si nous étions trop Indéfinis, ça ne voudrait plus rien
dire.
C'est évident que, si la Régie s'engage dans la
construction d'un incinérateur, d'un système de disposition de
ses déchets qui va être centré sur l'incinérateur,
le BAPE se prononcera là-dessus. Moi, je n'ai pas de compétence
pour décider si c'est un incinérateur ou un autre mode de
disposition des déchets qui est le mieux. Mais, si on les autorise
à ça, c'est évident qu'il faut que les
municipalités qui ont adhéré librement à la
Régie soient engagées à collaborer à ce que cet
incinérateur-là et le système fonctionnent à plein,
d'une manière économique. Et ça peut se faire avec une
collaboration du secteur privé, sans l'élimination du secteur
privé. Mais c'est évident que ceux qui ont des sites
d'enfouissement situés à l'extérieur de la région
métropolitaine, qui fonctionnent, évidemment, dans des conditions
plus économiques, bien, là, ils vont être obligés de
consentir à des sacrifices. Parce que, ça, c'est un
élément essentiel, je ne peux pas l'enlever. Je ne peux pas
l'enlever, celui-là. Mais je pense qu'il y a moyen de trouver un chemin
à travers tout ça; en tout cas, c'est ce que je vous invite
à faire avec nous autres.
Je suis très sensible aux représentations que vous faites
et je crois qu'en cours de route vous pouvez contribuer à apporter des
améliorations précieuses. Mais, sur le fond, si vous me dites: Le
débat, eux autres, c'est de la réglementation, ils n'ont affaire
à rien d'autre chose, puis, nous autres, on s'occupe du reste, bien, je
vous dis qu'on est huit ans en arrière et que c'a été
tranché il y a huit ans, ça.
La Présidente (Mme Pelchat): En conclusion, Me
Chouinard.
M. Ryan: On va reprendre ça.
La Présidente (Mme Pelchat): II vous reste une minute et
demie pour répondre.
M. Chouinard: Le seul point, c'est que...
M. Ryan: Je suis prêt à donner un peu de temps. Si
ça prend un peu plus de temps à M. Chouinard, on donnera un peu
plus de temps à l'Opposition, si elle veut bien y consentir.
La Présidente (Mme Pelchat): S'il y a consentement,
ça va.
M. Ryan: Je ne veux pas qu'on soit rigide, parce qu'on essaie de
comprendre. On n'a jamais de problème ensemble là-dessus.
La Présidente (Mme Pelchat): Allons-y!
M. Chouinard: Merci, Mme la Présidente. Le point sur
lequel on a des réserves, c'est qu'il s'est développé, en
l'absence d'activités municipales, tout un secteur d'activité
dans le domaine des déchets, qui sont les déchets commerciaux,
industriels et institutionnels, y incluant la récupération et le
recyclage des déchets dans cette catégorie-là. Quand on
voit la Régie entrer dans le marché, on voit un concurrent entrer
dans le marché avec lequel on ne peut pas se battre parce que, lui, ses
armes, c'est la législation. Les entrepreneurs entre eux sont capables
de se battre; ils sont capables d'aller soumissionner; ils sont capables de
compétition! 1er, et tout le monde en sort gagnant parce que les prix
sont bons. Tout le monde est d'accord pour dire qu'au Québec, en
matière de cueillette et de transport des déchets, les prix sont
excellents. Et, même, en matière de transport et de cueillette,
les prix n'ont même pas augmenté si on calcule, si on compare avec
le coût de la vie des 10 dernières années. Alors, on est
très, très compétitif sur ce point-là.
Là où les entrepreneurs ont peur, c'est de ne plus pouvoir
jouer la compétition parce que, là, il va n'y avoir qu'un seul
donneur d'ouvrage, qu'une seule main dans laquelle ils vont devoir manger, et
le danger, en matière économique, c'est action, réaction;
c'est que, si on a un gros en face de soi, il faut être aussi gros que
lui, de telle sorte qu'à ce moment-là il y a une
élimination totale des entrepreneurs. Si vous enlevez les 26 contrats
municipaux que se divisent, se partagent actuellement les entrepreneurs
à Montréal, vous venez d'enlever une très, très
grosse part du marché et vous permettez, à ce moment-là,
à des super-entreprises d'exister, purement et simplement. Il n'y a plus
de place pour les petites.
La Présidente (Mme Pelchat): Ça va, M. le
ministre?
M. Ryan: Oui. Mon temps est écoulé. On va revenir
plus tard.
La Présidente (Mme Pelchat): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Bon. J'écoutais un peu les échanges avec
le ministre des Affaires municipales concernant le projet de loi. Il nous dit:
Ce n'est pas ce que ça veut dire. La loi dit ça, mais, dans
l'application, ce ne sera pas ça. Je ne suis pas avocat moi-même,
mais il me semble qu'il y a quelque chose que je ne suis pas capable
d'accrocher de l'un à l'autre parce que la loi, d'habitude... On dit
toujours que le législateur ne parle pas pour ne rien dire. Mais un
projet de loi privé, c'est pour donner des pouvoirs spécifiques,
donc on devrait être capable d'écrire ce qu'on veut dire. Si on ne
l'écrit pas, je me demande pourquoi on le fait. Retournons à la
loi générale des cités et villes, puis on vient de
régler notre problème.
Il nous dit aussi que chacun doit garder ses déchets chez lui. On
vient de passer, la semaine dernière, le projet de la Communauté
urbaine de Québec, et on lui a donné le pouvoir d'acheter des
terrains, même à l'extérieur de la Communauté
urbaine de Québec; c'est à... Je vais le demander, là.
Une voix: Saint-Tite-des-Caps.
M. Dufour: Saint-Tite-des-Caps, donc c'est en dehors de la
Communauté urbaine; et la Communauté urbaine de Québec
pourra aller disposer d'une partie de ses déchets dans ce
coin-là. Donc, ça ne me semble pas tout à fait
correct.
En plus, il vient de nous annoncer qu'on va avoir des amendements.
Là, on se parle d'un projet de loi qui, en fait, va être
amendé, mais on ne sait pas par quoi. Même pour l'Opposition, vous
comprendrez que ce n'est pas facile, parce que je sais bien, moi, que
«communauté membre», on l'avait vu; on s'est aperçu
de ça, nous autres, que ça pouvait couvrir plus grand que ce
qu'on voulait. Mais il reste que c'est trois points qui, pour moi, restent
problématiques puis discutables.
La question que je veux vous poser, c'est:
De quelle façon croyez-vous que ce projet de loi met en danger ou
va faire disparaître les petites entreprises? Vous nous l'avez
expliqué tout à l'heure. Vous avez dit: C'est dangereux. Moi,
j'aimerais que vous me disiez un peu plus comment vous le vivez, comment vous
le vivrez, ce problème-là.
M. Gaudette (Jacques): Si vous le permettez, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Pelchat): M. Gaudette, allez-y!
M. Gaudette: Pardon?
La Présidente (Mme Pelchat): M. Gaudette?
M. Gaudette: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Pelchat): Allez-y!
Une voix: C'est vous. Il est surpris d'entendre son nom. (20 h
40)
M. Gaudette: Avant d'arriver au moment précis de la
question, de quelle manière les petites entreprises sont
menacées, je dois vous expliquer qu'aujourd'hui on vit une situation
présente et, dans le passé, on en vivait une aussi. Dans le
passé on vivait une situation où Miron a commencé à
annoncer une fermeture en 1989. C'est de là que part la Régie. On
fait quoi avec les déchets? Si, dans le temps, le but de l'Environnement
était: Les déchets, on les élimine dans notre cour,
pourquoi, à ce moment-là, la Régie a-t-elle demandé
des propositions d'enfouissement à des propriétaires de sites qui
étaient à Saint-Nicéphore, à
Saint-Étienne-des-Grès ou à Lachenaie, quand elle savait
que ses déchets, elle devait les éliminer? Normalement, elle
aurait dû savoir qu'elle devait les éliminer dans sa cour? Si elle
nous avait demandé une proposition pour éliminer les
déchets dans sa cour, on aurait été dans ce
sens-là. Ça, c'est un.
Deuxièmement, le ministre de l'Environnement nous donne des
permis dans nos sites d'enfouissement pour recevoir les déchets à
travers la province de Québec. On a le permis pour ça. On
s'enligne dans le sens, Mme la Présidente, de prendre les
déchets, à l'heure actuelle, qui sont sur l'île de
Montréal, parce que Miron va fermer. On s'est équipé pour,
dans les sites d'enfouissement. Si, aujourd'hui, Miron peut durer plus
longtemps, c'est grâce à des entreprises qui ont pu
acquérir des sites et les développer sécuritairement pour
prendre tous ces déchets-là. Aujourd'hui, il n'y en a plus
d'urgence de fermeture de Miron.
On règle le problème du côté de
l'élimination, et là on nous dit: C'est beau, c'est parfait,
continuez de même, sauf qu'il faut éliminer les déchets sur
le territoire de la Régie à partir de 1993, 1994 ou 1995, au
moment où la Régie sera prête, pas à une date
fixée, au moment où elle sera prête et à condition
que le BAPE accepte; sinon, messieurs, restez là, ne fermez pas vos
sites parce qu'on va avoir besoin de vous autres. Mais, entre-temps, on vous
dit: On essaie de ne plus avoir besoin de vous autres, mais restez là.
On va rester là, on va les accueillir, les déchets. On va tous
les prendre, les déchets de la Régie, mais au moment où
eux autres n'auront plus besoin de nous autres, ils vont nous laisser tomber.
Et, après ça, quand la Régie, son incinérateur,
elle le fermera pour 15 jours ou trois semaines pour réparations:
Messieurs, loueriez-vous de l'équipement pour pouvoir prendre nos
déchets pour 15 jours, trois semaines, le temps qu'on répare
notre incinérateur? C'est ça que vous nous demandez.
Et, aujourd'hui, vous nous dites que vous avez l'intention de passer un
projet comme ça et de nous exproprier de façon indirecte, du
moins 50 % de la compagnie, quand on a aussi des re-cycleurs, que la
Régie a mis en place un système de récupération
à travers ses municipalités, où la collecte est faite,
où l'entreprise privée traite ces matières-là, les
revend toutes! Continuez, messieurs, achetez de l'équipement, continuez
parce qu'on n'est pas prêt, surtout Foster Wheeler qui a hâte, mais
il n'est pas prêt. Quand il sera prêt, notre ami américain,
Foster Wheeler, M. Rebuts Solides Canadiens, M. Benoit Benoit, Concordia,
fermez vos portes, on n'a plus besoin de vous autres, on a Foster Wheeler. Et
vous me direz, à ce moment-là, si les petites entreprises vont
avoir intérêt à continuer. On va les acheter pour des
bouchées de pain parce que, nous autres, on va pouvoir se contenter d'un
profit de 5 % ou de 10 % sur le transport et, avec le volume, on va aller
chercher un profit. Vous savez comment ça marche. Plus on en a, plus il
va y avoir un... Vous ne me direz pas que le petit entrepreneur, qui a un
camion, deux camions, va être intéressé à continuer
sur l'île de Montréal. Ce n'est pas vrai.
La Présidente (Mme Pelchat): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que vous ne croyez pas que, dans l'article 9
où on dit que la Régie peut acheter... Et, d'ailleurs, c'est
juste elle qui peut acheter ou cautionner une compagnie qui opère un
objet... qu'un objet est opéré par la compagnie... autrement dit,
ce qui existe actuellement, comme votre compagnie à vous opère
dans un objet que la Régie a comme fonction. Ça va? Parce qu'elle
pourrait opérer la cueillette des déchets, le recyclage, etc.
L'article 9 dit: «La Régie peut, par règlement, autoriser,
aux conditions qu'elle détermine...» Non, c'est-à-dire
qu'elle peut... «Toute nouvelle émission de capital-actions faite
par la compagnie visée au paragraphe 2° de l'article 6 de la Loi
concernant
la Régie - c'est vous autres, ça - intermunicipale de
gestion des déchets sur l'île de Montréal ne peut
être acquise que par la Régie, laquelle peut procéder a
cette acquisition par règlement...» Est-ce que, ça, en
supposant que vous soyez obligés de fermer vos entreprises parce que la
Régie exigerait d'opérer elle-même, vous croyez que
l'article 9 pourrait vous donner une protection quelque part? C'est basé
sur le volontariat; elle n'est pas obligée de l'acheter, vous pouvez
rester avec, mais est-ce que vous croyez que cet article-là pourrait
être remanié, remodelé? Est-ce que ma question est claire
ou si elle n'est pas claire?
M. Chouinard: Oui, votre question est claire, sauf que c'est
l'article 9 qui n'est pas clair. D'ailleurs, dans la loi même de la
Communauté urbaine de Montréal, on prévoit... Si la
Communauté urbaine décide d'installer quelque chose et qu'elle
doit fermer une autre installation, elle l'exproprie. C'est prévu. Mais,
nous, il n'y a rien de ça de prévu; ils veulent faire du
recyclage, il y a déjà des gens qui sont installés - M.
Gaudette vient de vous l'exprimer clairement - ils vont devoir fermer leurs
portes demain matin. Quand on a fait les commissions de transport et qu'on a
décidé que ce n'était plus le privé qui faisait le
transport en commun dans les communautés urbaines, on a ramassé
toutes les petites compagnies de transport, avec tous leurs vieux autobus, on
les a toutes achetées, on les a expropriées et on les a toutes
payées. Et là on s'en vient faire la même affaire parce
que, au fond, la régie des déchets, c'est comme la régie
des transports; à la place de transporter du monde, on transporte des
déchets, mais on les transporte tous, et on les traite tous, et on fait
tout. Alors, c'est le même principe, dans une entreprise libre, dans une
société libre où le marché est encore une
règle. Et ce n'est pas une exception de faire commerce, ce n'est pas
illégal de faire commerce au Québec.
M. Dufour: Quand vous avez fait votre présentation, vous
avez parlé des déchets radioactifs et des BPC. Comment en
disposer? Vous avez dit: La Régie demande ue prendre la
propriété des déchets, mais elle n'aura pas les moyens de
les traiter ni d'en disposer. Actuellement, comment ça se passe sur le
territoire?
M. Chouinard: Bien, sur le territoire, c'est le ministère.
C'est parce qu'on ne sait pas la définition de
«déchet». Il y a trois possibilités pour la
définition de «déchet». Il y a le dictionnaire: c'est
n'importe quoi; c'est n'importe quoi, un déchet, c'est quelque chose qui
est abandonné, ça devient un déchet. Il y a la
définition de ta Loi sur la qualité de l'environnement qui, elle,
dit que, là-dedans, il y a à peu près tout, sauf les
résidus miniers. O.K.? Il y a là-dedans les déchets
pathologiques, les déchets radioactifs et les déchets
biomédicaux, il y a de tout. Après ça, la troisième
chose, il y a la définition des déchets dans le Règlement
sur les déchets solides. On avait, en 1990, dans le chapitre 95, cette
définition-là; on se référait à la
définition des déchets solides qui apparaissait dans le
Règlement sur les déchets solides. Par l'effet de l'article 12 de
la loi 221, on vient abolir cette définition-là, de telle sorte
que, là, on n'a plus de définition de
«déchet». Alors, de quels déchets s'agit-il? On ne le
sait pas; n'importe quoi!
Si on prend des cas, actuellement, par exemple une entreprise qui coupe
du papier; prenons le cas des recycleurs, ceux qui, par exemple, recyclent
beaucoup de papier. Ils s'en vont dans des usines où les gens
achètent des grandes, grandes feuilles de papier ou des rouleaux de
papier sortant de la manufacture et ils coupent des feuilles de papier
là-dedans; il y a des retailles. Ça, c'est
récupéré immédiatement par des
récupérateurs. Il y en a à Montréal, des
récupérateurs; il y a 23 entreprises qui ont leur permis de
récupération dans la région de Montréal; c'est dans
les livres du gouvernement, c'est dans le «chose» du
ministère du Commerce. Le déchet de papier, c'est un
déchet; la retaille de papier, c'est un déchet; la Régie
va s'approprier ça, elle va amener ça à ses installations
et peut-être que, si elle manque de combustible pour faire marcher
l'incinérateur, elle va le brûler, le papier. Le plus bel exemple
qu'on a là-dessus, c'est à Québec. Quand ils ont dit qu'on
recyclerait le papier dans la région de Québec, le
président de la Communauté urbaine de Québec a dit:
Ça va coûter 600 000 $ de gaz pour brûler les
déchets, parce qu'on n'aura plus de papier comme combustible. Alors, la
tentation est très forte, dans un incinérateur, de brûler
du papier; ça brûle bien, du papier, et ça sert à
brûler les autres déchets. Alors, c'est ça, le
problème qu'on a. (20 h 50)
Je sais qu'on a l'air de gens qui charrient, mais quand on arrive avec
une régie... Quand on est avec un gouvernement, c'est différent
parce que le gouvernement a des pouvoirs que les régies n'ont pas. Mais
une régie, c'est quelque chose qui est dans un corridor, qui doit servir
à quelque chose. Mais, quand on lui donne des pouvoirs
génériques, il faut faire attention. En tout cas, nous, on a peur
parce qu'on ne sait pas à quoi, à quelle étape... Quand on
voyait tout à l'heure qu'on nous reprochait d'aller jusqu'en 1984! Ce
n'est pas nous qui allons jusqu'en 1984, c'est eux, par l'article 13, qui vont
jusqu'en 1984. Ils disent: Dites-nous que, depuis le début, ça
veut dire ça. Ça fait 9 ans qu'ils sont en affaires, et ils ne
savaient pas qu'il y avait ça. O.K.? Ils viennent vous voir, vous
autres, à l'Assemblée nationale, et ils disent: L'entente - que
M. Ryan a lue tout à l'heure - dites-nous que, depuis le début,
c'est ça que ça voulait
dire. C'est ça que ça veut dire, 13, avec 17 qui dit que
13 est déclaratoire. 13 étant déclaratoire, un principe de
droit veut qu'une loi qui est déclaratoire soit rétroactive.
Alors, depuis 1984, la Régie a le droit de faire les choses qui sont
là. Je ne voudrais pas aller en arrière, mais je n'ai pas le
choix.
La Présidente (Mme Pelchat): M. le député de
La Prairie.
M. Lazure: Juste une couple de questions. Est-ce que vous avez le
chiffre approximatif du tonnage que vos entrepreneurs manipulent, pour ainsi
dire, à chaque année dans les 26 municipalités en
question? Qu'est-ce que ça représente? Combien de milliers de
tonnes par année, à peu près? D'abord, pour le ramassage
et, deuxièmement, pour la disposition?
M. Choulnard: Est-ce que vous voulez parler des déchets
résidentiels?
M. Lazure: Oui, oui, résidentiels; j'aurais dû
préciser, résidentiels.
M. Gaudette: Résidentiels, on peut parler d'environ 400
000 tonnes.
M. Lazure: Actuellement, là? M. Gaudette:
Actuellement.
M. Lazure: Hors de la ville de Montréal? Pas de la ville
de Montréal; pas incluant la ville de Montréal?
M. Gaudette: Non, non. M. Lazure: 400 000.
M. Gaudette: Les 26 villes de la Régie. Entre 400 000 et
450 000. On est assez proche de la vérité, parce que c'est
sûr que plusieurs de ces municipalités sont faites par la
compétition, etc., mais on ne se trompe pas dans ce chiffre-là.
20 % de ces matières-là sont récupérées. On
a une possibilité de récupérer encore un autre 20
%deça.
M. Lazure: C'est 400 000 par rapport à il y a, disons,
trois ans, c'était quoi, à peu près, il y a trois ans?
Autrement dit, je repose ma question. Les 26 municipalités en question
ont fait des efforts en matière de recyclage, de collecte
sélective, etc. Est-ce que ça a diminué pour la peine le
volume, le tonnage total, les 400 000?
M. Gaudette: Je croirais que le tonnage a diminué, mais de
là à vous donner des chiffres, c'est que les pesanteurs de
déchets existent seulement depuis que la ville de Montréal a
acquis Miron. C'est à partir de là que tous les sites ou que la
plupart des sites ont mis des balances et que, là, on a eu les vrais
tonnages. O.K.? C'est assez difficile de faire des comparaisons d'autrefois
à aujourd'hui. Mais, en tant qu'homme d'affaires dans les
déchets, Je vous dis, oui, ça a baissé; mais de combien?
Parce qu'on est tous pareils. On ne jette plus comme on jetait. On est trop
sensibilisés par tous les mouvements.
La Présidente (Mme Pelchat): M. Fortin.
M. Fortin: Oui, j'aimerais apporter un complément de
réponse à ce que vient de dire M. Gaudette à M. Lazure.
Actuellement, quand on prend le territoire de la Régie dans son entier,
ses 26 municipalités, il génère globalement... Quoique le
chiffre soit sujet à caution. C'est un chiffre qui émane de la
Régie; il est sujet à caution, non pas parce qu'il est
apporté par la Régie mais parce qu'il est difficile de
connaître de manière spécifique les tonnages. Ceci
étant dit, le tonnage général évalué
actuellement est de 600 000 tonnes par année, à l'exclusion des
déchets de construction, de l'ordre de 100 000 tonnes. Sur ces 600 000
tonnes de déchets, quand on les distingue, on peut distinguer les
déchets résidentiels, 350 000 tonnes, qui sont actuellement, au
niveau de la gestion, de la compétence des différentes
municipalités. Donc, les municipalités, par des contrats avec des
entrepreneurs privés, en très grande partie, gèrent leurs
350 000 tonnes de volume de déchets résidentiels. Mais les autres
250 000 tonnes, c'est ce que nous appelons - et là on va essayer de
comprendre ce que ça signifie vraiment - des déchets commerciaux
et industriels. Ces 250 000 tonnes ne sont pas traitées dans le cadre
des gestions municipales ou de contrats municipaux. Elles sont traitées
dans le cadre d'ententes contractuelles entre les générateurs de
déchets, les producteurs de déchets commerciaux et industriels,
et les entrepreneurs privés.
M. Lazure: Oui, je comprends très bien ça. Mais je
veux revenir au résidentiel seulement, pour le moment.
M. Fortin: Oui.
M. Lazure: quelle portion des 400 000 - à supposer que ce
soient 400 000 ou 350 000, peu importe - quelle portion de ce tonnage-là
est actuellement transportée à l'extérieur de l'île
de montréal? à peu près quel pourcentage?
M. Fortin: Comme je l'ai dit tout à l'heure dans mon
intervention, il y a à peine une année une très bonne
partie de ce tonnage était enfouie à Miron. Mais, depuis que
Miron a augmenté ses prix à 39 $, plusieurs des
municipalités de la Régie vont maintenant dans des sites
d'élimination qui sont à l'extérieur.
M. Lazure: La majeure partie du tonnage?
M. Fortin: La majeure partie, pour dire la vérité.
Ça, c'est une question très importante, et ça permet
d'ajouter un commentaire à ce qu'a dit M. le ministre Ryan tout à
l'heure. Quand, par proclamation législative, on détermine que le
lieu d'élimination doit être dans le territoire de la
Régie, ça veut dire qu'on élimine de nombreuses
technologies d'élimination pour ne conserver, à vrai dire, que
celle de l'incinérateur, qui est mise en moratoire aux États-Unis
dans certaines régions, puis, entre autres, en Ontario. Et c'est un
risque grave.
M. Lazure: Si vous permettez, une dernière question, parce
que le temps file.
La Présidente (Mme Pelchat): En deux minutes et demie,
incluant la réponse, s'il vous plaît.
M. Lazure: Oui, une dernière question. La
Présidente (Mme Pelchat): Oui.
M. Lazure: Dans l'optique de la philosophie «chaque
région s'occupe de ses déchets», je peux concevoir, moi,
que, si, par un bill privé, on vient dire: LTle de Montréal, les
26 municipalités, vous devez en disposer sur votre territoire, mais, en
même temps, que le reste de la législation du Québec
n'oblige pas le reste du territoire à faire la même chose, on a un
peu deux poids, deux mesures. Est-ce que votre groupe, vous autres, vous pensez
que ce serait réalisable ou souhaitable que chaque région soit
tenue dorénavant - c'est une hypothèse - de s'occuper de
gérer ses déchets?
M. Fortin: Dans les faits, cette question-là, elle est
effectivement très importante. Et, quand on regarde le fameux principe
du syndrome «pas dans ma cour», on voit bien qu'une de ses
premières conséquences, quand tu as affaire à des
régions, par exemple, à démographie restreinte, tu
élimines la plupart des possibilités technologiques de
qualité. Prenez une région. Moi, je suis de la région des
Cantons-de-l'Est. C'est une région qui génère à peu
près 60 000 tonnes de déchets par année, maximum,
même dans l'ordre de 45 000 à 50 000, si je fais exception de
Sherbrooke comme telle. Même à Sherbrooke, on arrive à
quelque 100 000. Et, à ce moment-là, il est difficile d'envisager
des technologies performantes qui garantissent la sécurité des
publics en termes environnementaux.
Et c'est pourquoi, dans l'analyse du syndrome «pas dans ma
cour», il faut tenir compte des qualités technologiques en vue de
la protection de la santé des gens. Il faut tenir compte des coûts
également, parce que, quand tu prends un slto d'enfouissement avec un
incinérateur, il y a une «very big» différence. Et
c'est pourquoi il faut relativiser beaucoup cette approche-la. Je suis
convaincu que le public, et particulièrement les contribuables des
municipalités, sont très sensibles à
l'élargissement, dorénavant, de cette notion du syndrome
«pas dans ma cour».
La Présidente (Mme Pelchat): M. le ministre.
M. Ryan: J'aurais juste une petite remarque à faire. Quand
vous dites qu'on va agir par proclamation législative, il faut nuancer,
parce qu'il y a un acte préalable, c'est le consentement de 26
municipalités qui décident librement, par une entente remontant
à 1984 et reconduite jusqu'à ce jour, de se doter d'un
système de gestion des déchets pour lequel elles ont besoin d'une
certaine consécration législative, ne serait-ce que pour les fins
des opérations financières qu'elles devront entreprendre, de la
réglementation qu'elles devront instituer. Elles ne peuvent pas
décider ça toutes seules. Il faut qu'elles soient
habilitées à le faire par le législateur. Ce n'est pas
nous qui décidons, du haut de notre trône: II y aura
dorénavant tel système sur l'île de Montréal. Ce
sont 26 municipalités de l'île de Montréal, dirigées
par des hommes et des femmes démocratiquement élus, qui nous
disent: On a délibéré de ça, on a travaillé
là-dessus et on vient vous dire: Ça, ce serait la meilleure
façon pour nous autres de l'envisager. Ce n'est pas tout à fait
la même chose. Je comprends très bien qu'il y ait
intérêt à accentuer au point de vue polémique; je
pense que c'est très bien. J'adore la polémique, mais je pense
que le vrai sens qu'il faut donner à l'opération, c'est celui que
j'essaie d'indiquer.
M. Choulnard: Me permettez-vous un droit de réplique?
La Présidente (Mme Pelchat): Vous n'avez plus de temps,
mais rapidement, en trente... quatre secondes. (21 heures)
Une voix: Trente-quatre ou quatre?
M. Chouinard: Oui. Merci, Mme la Présidente. S'ils sont si
en accord que ça sur l'entente, pourquoi que le 1.2 ils ne le signent
pas? Pourquoi ils vous demandent, à vous autres, de le signer à
leur place? Parce que c'est ça qu'ils font dans le 1.2.
La Présidente (Mme Pelchat): Ça va. Alors, je
remercie...
M. Ryan: Mme la Présidente, j'aurais un autre point.
La Présidente (Mme Pelchat): Oui, M. le ministre, allez-y
rapidement, rapidement.
M. Ryan: Quand vous dites 1.2, qu'est-ce que vous voulez dire,
là?
M. Chouinard: M. le ministre, si vous me permettez, à
l'article 13, ce qu'on vous demande de faire ici, à cette commission, on
vous demande de changer, d'ajouter dans l'entente de 1984, vous autres les
députés, membres de l'Assemblée nationale, ce que les
maires ne peuvent pas faire puisqu'ils vous le demandent. Et ils ont le droit
de le faire. Ils ne vous demandent pas des pouvoirs, ils vous demandent, dans
notre entente que nous avons signée entre personnes responsables,
compétentes, élues - oui, j'y arrive: Signez donc a notre place
et, nous, après ça, on va signer le contrat avec Foster
Wheeler.
M. Ryan: Monsieur, quand on va arriver à cet
article-là, on pourra regarder toute la portée
rétroactive. On pourra regarder ça, M. Chouinard, et la
circonscrire. Il y a un dernier point que je voulais vous mentionner. Il faut
que vous me disiez pourquoi nous donnerions à la Régie
intermunicipale de gestion des déchets sur l'île de
Montréal un champ d'Intervention potentiel plus petit que celui que le
législateur a déjà, dans la Loi sur les cités et
villes, donné aux municipalités individuelles qui ont
décidé de déléguer ces pouvoirs-là à
leur régie qu'elles ont constituer librement. Pourquoi est-ce qu'on en
donnerait moins à la Régie qui a une mission plus large, en
matière de déchets, que celle des municipalités
individuelles?
La Présidente (Mme Pelchat): Me Chouinard, à la
question, rapidement, s'il vous plaît.
M. Chouinard: Merci, Mme la Présidente. M. le ministre,
sur ce point-là, on est d'accord qu'il n'y en ait pas plus que les
municipalités. Mais là, ce qu'on vous demande de faire, ce n'est
pas une addition, c'est une multiplication qu'on vous demande de faire. Qu'on
prenne l'article 413 de la Loi sur les cités et villes et vous allez
voir que, dans cette loi, en matière de transport, on n'en a pas de
juridiction.
La Présidente (Mme Pelchat): Alors, merci à
l'Association des entrepreneurs de services en environnement du
Québec.
Nous suspendons nos travaux pour quelques minutes, pour permettre
à M. Conrad Chiasson de venir prendre place pour une période de
20 minutes. Merci, messieurs.
(Suspension de la séance à 21 h 2)
(Reprise à 21 h 3)
La Présidente (Mme Pelchat): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Alors, bienvenue, M. Conrad Chiasson. À l'ordre, s'il vous
plaît! Me Blanchet, vous êtes à ma droite. Alors, M.
Chiasson, je vous signale qu'il y a 20 minutes de prévues pour
l'échange. Alors, si vous prenez une période de 10 minutes pour
la présentation de vos commentaires, il y aura 5 minutes pour le
côté ministériel et 5 minutes pour l'Opposition officielle.
Alors, vous pouvez diminuer votre temps d'intervention.
Alors, M. le ministre des Affaires municipales, nous vous attendons.
Est-ce que vous avez un mémoire, M. Chiasson?
M. Chiasson (Conrad): Non, ce sont des déclarations et des
questions.
La Présidente (Mme Pelchat): Alors, allez-y, on vous
écoute.
M. Conrad Chiasson
M. Chiasson: Je viens ici à titre de simple citoyen et
j'aimerais m'excuser de mon inexpérience et de mon ignorance en
matière légale. Donc, il y a certains points... D'ailleurs, je
vais demander que cette commission m'éclaire sur certaines choses. Si
j'ai bien compris, je peux bien répondre à des
déclarations qui ont été faites soit par le
député de Valiquette ou M. Leduc.
Un premier point, j'aimerais dire publiquement mon désaccord avec
la déclaration du député de Valiquette, soit le bon
vouloir de la Régie.
La Présidente (Mme Pelchat): Je m'excuse. Je pense que
vous parlez du député de Marquette.
M. Chiasson: De Marquette. Excusez-moi. Je m'excuse.
La Présidente (Mme Pelchat): Pour bien se comprendre.
Ça va.
M. Chiasron: O.K. Je m'excuse. Moi, c'est dans le sens que le bon
vouloir va un peu dans le sens de l'avis public, concernant ce projet de loi.
Lorsqu'on trouve l'avis public dans un minuscule coin, dans Le Devoir, sans
offense au journal Le Devoir... En contrepartie, quand la Régie
fait des recherches de soumissions, elle, au moins, elle met son logo. Dans
l'avis public qu'elle a fait, elle n'a pas indiqué son logo. Donc, il
fallait vraiment avoir une loupe pour rechercher ça.
Autre fait, ce serait concernant la déclaration de M. Leduc. M.
Leduc a fait référence à la Régie n'ayant comme
employés que quatre personnes. M. Leduc n'indique pas vraiment les
consultants ni les avocats. D'ailleurs, une chose qui est toujours tenue
secrète, c'est le montant que coûte aux contribuables les
consultants. D'ailleurs, c'est ça leurs véritables
employés. Et
d'ailleurs la Régie fonctionne par l'entremise de
consultants.
La question aussi qu'on a soulevée, c'est la question du BAPE. On
a très hâte de savoir justement - et on attend la décision
du ministre des Affaires municipales - la fameuse question et aussi quand
ça va être déposé, cette question-là. La
Régie a dit que, dans l'étude d'impact, serait inclus le fameux
contrat de Foster Wheeler. Donc, tout le monde a bien hâte de voir ce
fameux contrat là.
M. Leduc dit que les gens de l'est ont fait des exigences pour le look,
quelque chose comme ça. Mais il faudrait bien spécifier que ces
gens de l'est sont un comité de concertation qui est une création
de la Régie. Et d'ailleurs, c'est un comité... J'ai
demandé à M. Leduc, lors du conseil de la CUM, s'il était
vrai qu'en fait le mandat de ce comité de concertation là
était simplement de rendre le projet socialement acceptable. Il m'a
répondu que oui, lors d'un conseil de la CUM. Donc, ça explique
un peu, vraiment, la crédibilité de cet organisme-là.
Aussi, on a eu une révélation ce soir, à savoir
qu'on avait déjà dépensé 9 000 000 $ et personne du
public n'a eu connaissance de ça. Imaginez, on a fait une dépense
pour la Régie intermunicipale des déchets et on n'a pas encore
avisé les citoyens qu'il y avait une dépense de g 000 000 $
qu'ils devaient défrayer. L'autre révélation, c'est de
savoir qu'on est pris avec un contrat et que, si on se retire d'avec Foster
Wheeler, c'est au coût de 2 500 000 $.
Suite à ça, j'aimerais faire une déclaration, mais
surtout, ce qu'on veut, je vais tout simplement répéter un
exposé qu'a fait M. André Beauchamp. M. Beauchamp est
ex-président du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement; il est
aussi un ancien chef de cabinet d'un ministre; il est présentement
président de la consultation sur la gestion des déchets de la
ville de Montréal. Ça, il a fait ça lors d'un colloque des
élus, le samedi 21 avril 1990, à Saint-Polycarpe. Si vous me
permettez, c'est une page, ça ne sera pas long, ça s'appelle:
«Problème d'opinion publique». «Il me semble que la
difficulté actuelle de gérer l'environnement prend
précisément racine dans les dépossessions de notre vie par
les autres. Le producteur est dissocié du consommateur; le consommateur
ignore sa pollution, il n'engendre que des sacs verts qui sentent bon et ont
l'air inoffensif. Lorsqu'il tire la chasse d'eau de sa toilette, il a
l'impression que toute sa pollution a disparu. C'est désormais l'affaire
du maire et du technicien de l'usine d'épuration, ils sont payés
pour cela. «L'effet pervers de cette superspécialisation de notre
société, c'est qu'il y a des spécialistes pour tout mais
qu'à la limite personne n'est responsable de rien. En
conséquence, le décideur veut décider en vase clos,
à l'abri du public. L'expert donne son avis, le décideur
décide et le public est tenu à l'écart. Hélas, cela
n'est pas possible car le public veut savoir, parce que le public est inquiet.
Je ne connais pas de solution miracle pour rassurer le public. Je sais
simplement qu'on ne peut plus rassurer le public en lui mentant, en lui cachant
les dossiers. Je sais aussi qu'à long terme et dans l'ensemble les
décisions prises avec la participation du public sont meilleures que les
décisions prises en vase clos par les experts et les décideurs
seuls, à l'abri du public. Plus la prise de décisions est
autoritaire, plus les risques d'erreurs sont grands. Les raisons sont
nombreuses, mais la principale est la suivante: Les gens ordinaires savent
également des tas de choses et sont, à leur niveau, des experts
de l'environnement. «Devant la complexité de l'écheveau des
décisions à prendre en environnement, la colère nous gagne
parfois et nous souhaitons que quelqu'un se choque et prenne des
décisions au plus sacrant en arrêtant le parlotage et en clouant
le bec aux opposants. Je dirais qu'il faut résister à cette
tentation qui gagne sur le court terme et perd sur le fond. Et j'en prends pour
preuve l'expérience des pays de l'Est où la situation
écologique est bien plus dégradée qu'ici à des
niveaux de consommation moindres, précisément parce que la prise
de décisions est moins ouverte à la discussion publique.»
(21 h 10)
Là, c'est des questions sur le fameux projet de loi que je veux
simplement poser. Si je regarde l'article 3, on fait mention, on parle ici de
la Régie qui peut limiter l'application. On parle de: «Les
règlements adoptés par la Régie en vertu de l'article 2
prévalent sur tout règlement d'une municipalité ou de la
Communauté urbaine de Montréal portant sur le même
objet.» C'est un peu une question que je vous demande, Mmes et MM. les
experts, c'est de savoir... Moi, ce qui me confond là-dedans, c'est que,
lors d'un conseil de la CUM, j'ai demandé à M. Hamelin, qui est
le président de la CUM: Est-ce qu'il a fait une étude
légale? Est-ce qu'il allait se prononcer sur le projet de loi? Il a dit
non aux deux choses, que ça ne concernait pas sa CUM, fait que je trouve
aberrant. Donc, j'aimerais savoir pourquoi la CUM laisse porte autant ouverte a
la Régie? C'est quoi les motifs au fond de tout ça?
Autre point que j'aimerais soulever, c'est le neuvième article.
On dit: «La Régie peut, de la même manière, se porter
caution de cette compagnie ou lui accorder de l'aide financière, sous
quelque forme que ce soit.» Puisqu'on ne sait pas le contrat, on ne sait
pas... Justement, on vient de découvrir que ça pourrait nous
coûter 2 500 000 $ juste pour se retirer. C'est quoi les
conséquences de ce paragraphe-là? Ça, j'aimerais le
savoir. Puisqu'on n'a pas le contrat, on ne sait pas, comme payeurs de taxes,
où est-ce qu'on s'en va avec ce projet-là.
Autre chose, c'est le paragraphe 11. On fait
mention, à la fin, on dit: «...par la suppression des mots
"et du ministre de l'Environnement".» Moi, encore, je ne suis pas
tellement familier, mais je regarde la loi en 1988 et le troisième
article dit: «La Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur IHe de Montréal est autorisée à
conclure, avec l'autorisation préalable du ministre des Affaires
municipales et du ministre de l'Environnement, un contrat de type connu sous le
nom de contrat clé en main.» Moi, j'aimerais savoir, est-ce que
ça veut dire que la Régie est en train de mettre le
ministère de l'Environnement de côté et de
l'éliminer carrément?
L'autre point qui a été soulevé, c'est la question
des déchets. Moi aussi, j'aimerais savoir c'est quoi des déchets
et surtout c'est quoi des cendres, puisqu'à l'incinérateur il va
rester des cendres. Il ne va pas éliminer les déchets, il va y
avoir des cendres. C'est quoi la description des cendres? Donc, on ne la
retrouve pas. Ça veut dire que la Régie pourrait faire n'importe
quelle description des cendres, à savoir si elles sont toxiques et
où elles peuvent être enfouies.
La dernière chose, c'est concernant le fameux article 15. Ce que
j'aimerais savoir... C'est parce qu'on dit: «Sont validés les
résolutions, règlements», etc. Ce que je demanderais au
ministre des Affaires municipales, c'est: Est-ce que la Régie
reconnaît que toutes les résolutions ou règlements autres
qui ont été approuvés sont illégaux? Moi,
j'aimerais savoir parce que, comme je vous l'ai dit, je ne suis pas expert.
Est-ce que c'est une reconnaissance de la Régie qui dit que tout ce
qu'elle a passé jusqu'à maintenant est illégal? Donc,
ça, c'est une question.
Autre chose. Suite à ça, j'aimerais déposer, dans
un certain sens, des documents parce qu'on a fait allusion à certaines
choses. Et, là, je fais toujours référence, si on veut,
à l'article 15. Je fais référence à ma
correspondance avec le ministre des Affaires municipales. Et je vais lui
rappeler un peu ce que ma correspondance disait. Ça, c'est le 16 juin
1991. Le motif de ma lettre, c'est: «Les assemblées du conseil
d'administration de la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur l'île de Montréal. «M. le ministre, nous
vous transmettons une demande faite au président de la Régie, M.
Michel Leduc. Cette lettre fut précédée par trois demandes
verbales lors de trois réunions différentes de la CUM. La
situation actuelle, avec des assemblées du conseil d'administration
à huis clos, n'est pas, selon nous, conforme à l'article 468.17
de la Loi sur les cités et villes. Nous demandons à ce que ce
dossier soit référé à la Commission municipale du
Québec.»
Ça, c'est un peu historique parce que ça fait près
d'un an que je vous ai fait cette demande-là, M. le ministre.
La Présidente (Mme Pelchat): Alors, M. Chiasson, je vais
être obligée de vous arrêter si vous voulez avoir des
réponses. Je vous signale que vous êtes à près de 10
minutes. Alors, il resterait...
M. Chiasson: Oui, c'est pour ça que j'allais assez
vite.
La Présidente (Mme Pelchat): ...cinq minutes au ministre
et à M. le député de Jonquière pour vous
répondre.
M. Dufour: Mme la Présidente, on s'est bien entendus, par
exemple, que, si l'intervenant prend plus que son 10 minutes, nous, on va
sacrifier la différence. On ne posera pas de questions, parce que,
là, il dépose des documents. Et, mol, je me dis... Je viens de
passer à une commission, pas parlementaire, du CRTC où on nous
limite dans le temps. Moi, je pense que quelqu'un qui prend la peine de se
déplacer pour venir nous présenter quelque chose, s'il sent qu'il
n'a pas le temps de le faire, moi, je trouve qu'on n'est pas polis avec ces
gens-là. On devrait leur donner la chance de le faire.
La Présidente (Mme Pelchat): Mais on s'est entendus, M. le
député de Jonquière...
M. Dufour: Si le ministre est d'accord.
La Présidente (Mme Pelchat): ...que nous accordions 20
minutes. Alors, si vous vous entendez, il n'y a pas de problème, on
siégera plus tard que 22 heures. Allez-y, M. Chiasson.
M. Chiasson: O.K., je vous remercie.
M. Ryan: Ce que le député a dit - là, je
m'excuse, je voudrais qu'on se comprenne - c'est que, si M. Chiasson veut
prendre une partie plus grande que son 20 minutes pour son exposé, on le
laisse libre de le faire, et le temps qui restera sera partagé entre les
deux. Si c'est 5 minutes... Ça va?
M. Dufour: C'est nous autres qui coupons... Une voix: On
ne dépasse pas 22 heures.
M. Dufour: Non, non, on ne dépasse pas 22 heures.
La Présidente (Mme Pelchat): Allons-y. Alors, vous
êtes d'accord, M. le député de Jonquière, on ne
dépasse pas le 20 minutes initial alloué.
M. Dufour: C'est ça.
La Présidente (Mme Pelchat): C'est ce que j'avais
compris.
M. Dufour: On lui donne la chance de faire son exposé.
La Présidente (Mme Pelchat): Merci, M. le ministre, de
votre précision. M. Chiasson.
M. Chiasson: D'accord. J'ai la lettre que j'ai eue le 16 juillet
1991, lettre de M. Ryan. «J'ai pris connaissance de la lettre que vous
m'adressiez le 16 juin dernier afin de me faire part de la requête que
vous aviez soumise au président de la Régie intermunicipale des
déchets sur l'île de Montréal, M. Michel Leduc, maire de
LaSalle. «Dans votre lettre, vous demandiez que les réunions du
Conseil d'administration soient publiques. Avant de pouvoir apporter une
réponse à votre lettre, je voudrais d'abord obtenir l'avis des
conseillers juridiques du ministre. Lorsque cet avis m'aura été
communiqué, il me fera plaisir de revenir avec une réponse plus
précise.» Je n'ai toujours pas la réponse.
D'ailleurs, j'ai envoyé une lettre pour préciser au
ministre le 2 février 1992, et je dis: «Depuis ma lettre du 16
juin 1991, plus de sept mois se sont écoulés, et je n'ai toujours
pas de réponse de votre part. Dans votre lettre du 16 juillet, vous
écriviez que je demandais simplement à ce que les réunions
de la Régie soient publiques. Sur ce sujet, je vous demande de relire ma
lettre du 16 juin. Il est question de conformité de la Régie
à l'article 468.17 de la Loi des cités et villes. «Je
voudrais porter à votre attention un autre point pour justifier
d'être entendu devant la Commission municipale, soit l'article 468.38 de
la Loi des cités et villes, Règlement d'emprunt. Rien n'indique
que la Régie s'y est conformée.»
Il y a quelque chose d'aberrant que j'aimerais comprendre, c'est que,
dans la Loi sur les cités et villes, on a permis une certaine
autorisation. Si j'ai bien compris, c'est que la Régie n'a pas besoin de
publier un avis public. Les règlements d'emprunts, parce que la
Régie fonctionne par règlements d'emprunt, elle n'a pas
passé par aucun conseil municipal des municipalités qui font
partie de la Régie, et, moi, je n'ai pas eu connaissance des avis
publics. Si je vois bien une loi, d'un certain côté, votre loi,
eux... je ne sais pas... c'est pour ça que je voudrais une
précision. D'une certaine manière, je vois qu'eux se sont
retirés de ça. Mais, si je regarde un peu plus loin dans la Loi
sur les cités et villes, dans l'article 556 - et là, on parle
plutôt des municipalités - ça dit: «Tout
règlement qui décrète un emprunt doit être soumis
à l'approbation des personnes habiles à voter et du ministre des
Affaires municipales. «Le présent article a effet malgré
toute disposition inconciliable d'une charte, d'une loi spéciale,
à moins que celle-ci ne dispose de l'approbation des personnes habiles
à voter.»
Moi, ce que j'aimerais savoir: Est-ce que c'est bien ça, en 1990,
est-ce que l'Assemblée nationale a bien accordé un droit
d'enlever une information à laquelle la population avait droit? Moi,
j'aimerais savoir où se sont retrouvés ces avis publics là
pour les règlements d'emprunt.
Autre chose, détail, M. le ministre, peut-être - il y a
tellement de dossiers - c'est concernant... Le point central, je pense, pour
une personne du public comme moi, qui n'a pas affaire au monde parlementaire,
tout ça, c'est que, nous autres, on a une personne qu'on appelle le
Protecteur du citoyen. Une chose que je trouve déplorable... Vous allez
dire peut-être que ce n'est pas l'endroit, mais, justement, la confusion
est créée et je pense que ça vient de l'Assemblée
nationale, puisqu'il n'y a pas de terme pour dire qu'est-ce qu'une consultation
publique. Donc, si vous permettez à une population, un public,
simplement, de savoir, d'être consulté, en voulant dire qu'on leur
donne une information, mais si l'Assemblée nationale n'est pas capable
de définir une consultation et permet aux municipalités ou
à la Régie d'utiliser le terme «consultation
publique» et d'en faire simplement des séances d'information ou
des périodes de questions, ce n'est plus vraiment une consultation.
Autre chose. M. Leduc parlait justement de l'affaire des
réunions; il y a aussi l'avocat qui parlait des réunions
publiques de la Régie, tout ça. Il faut bien comprendre que M.
Leduc, lorsque je lui posais ces questions-là - quand je fais
référence à la lettre à M. Ryan - justement, je lui
avais posé les questions sur les... (21 h 20)
Et la dernière chose... O.K., le dernier point - parce que je
vois que j'excède encore - une autre idée, c'est parce qu'on a
fait mention de certaines municipalités qui s'étaient
objectées. Moi, j'ai ici une résolution de la ville d'Anjou,
résolution 89116. Ça dit: Considérant la décision
de la Régie intermunicipale de gestion des déchets sur
l'île de Montréal d'implanter dans l'est de l'île un centre
multifonctionnel de traitement des déchets; considérant les
efforts déployés depuis plusieurs années par de nombreux
intervenants dans le but de revaloriser et de relancer l'est de
Montréal; considérant la possibilité d'annihiler ces
efforts et aussi celle de détériorer l'environnement en
permettant l'implantation dans la partie est de l'île du centre de
traitement des déchets; en conséquence est proposé, par
tous les conseillers municipaux de ville d'Anjou, que ville d'Anjou s'oppose
à l'Implantation, par la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur IHe de Montréal, d'un centre multifonctionnel de
traitement des déchets dans l'est de l'île de Montréal. En
voulant dire qu'il y a déjà une autre municipalité qui,
elle, a une résolution approuvée unanimement.
La Présidente (Mme Pelchat): Alors, M. le ministre, pour
une période de 2 minutes 30 incluant la question et la
réponse.
M. Ryan: II y a certains des points soulevés par M.
Chiasson, que je félicite de son intérêt
pour ces questions, qui recevront leur réponse à
l'occasion de l'étude article par article, parce que là nous
n'avons malheureusement pas assez de temps pour aborder ces
questions-là. Je voudrais simplement vous dire, au sujet du
caractère public des réunions tenues par la Régie
jusqu'à maintenant, que, comme vous l'avez signalé, dans la Loi
sur les cités et villes, on fait l'obligation de tenir des
réunions publiques, mais on n'ajoute pas d'autres précisions. On
ne dit pas quelle forme d'avis doit être donné par exemple, quel
contexte doit être observé pour que la réunion soit
publique. Il y aurait peut-être des améliorations à
apporter à la législation sur ce point-là, mais, dans
l'état actuel de la législation, les choses en sont là. Et
c'est pourquoi nous avons une disposition dans le projet de loi qui vise
à éliminer toute ambiguïté là-dessus. Et nous
verrons à ce que les choses soient plus précises à
l'avenir. C'est une imperfection que je ne connaissais pas dans la Loi sur les
cités et villes, je l'ai découverte à l'occasion de cet
exercice-ci. Nous verrons à faire les corrections
appropriées.
En ce qui touche les emprunts, là, d'après la Loi sur les
cités et villes, un emprunt fait par une régie subit un
cheminement différent de celui qui est fait par une ville. S'il est fait
par une régie, il doit être soumis, là, à
l'approbation de chacune des municipalités membres de la régie.
Alors là, les règlements d'emprunt qui ont été
faits jusqu'à maintenant sont sûrement allés... On verra,
on vérifiera avec les autorités de la Régie. Là,
d'après la Loi sur les cités et villes, c'est comme ça que
c'est supposé être fait. J'ai toutes raisons de penser que les
responsables devaient être au courant des dispositions de la Loi sur les
cités et villes à ce sujet-là. Alors, ça, ça
règle ce problème-là.
Je ne pense pas qu'il y avait d'autres points. Je ne sais pas, est-ce
qu'il y a un autre point que vous voudriez que je commente, M. Chiasson?
M. Chiasson: Bien, c'est simplement, c'est surtout la
réponse, en voulant dire que ça va faire...
M. Ryan: Regardez...
M. Chiasson: ...onze mois, le fameux avis... M. Ryan:
Regardez, c'est parce que... M. Chiasson: ...juridique du
ministère.
M. Ryan: Oui, nous examinons tout ça. Nous examinons les
remèdes à apporter. Et la réponse, vous l'avez avec le
projet de loi et avec les explications que je vous donne ce soir. Pardon?
M. Chiasson: C'est ça la solution, l'article 15, c'est
ça que j'allais dire.
M. Ryan: Oui, oui, c'est ça. Et les autres
améliorations...
M. Chiasson: C'est...
M. Ryan: ...que nous envisageons d'apporter à la Loi sur
les cités et villes sur ce point précis.
Un dernier point. Vous avez demandé pourquoi le ministre de
l'Environnement disparaît du portrait pour l'approbation
préliminaire du contrat. C'est justement pour ne pas qu'il soit
appelé à se prononcer avant que le BAPE ait eu le temps
d'examiner tous les aspects du projet. Le ministre de l'Environnement sera
appelé à se prononcer après. Il soumettra une recommanda
tion au cabinet, mais il ne peut pas intervenir à la fois au
début du processus et à la fin. Ça, c'était une
imperfection qu'il y avait dans la loi. Au début du processus, c'est
surtout le côté administratif et financier et, plus tard, quand le
BAPE aura examiné le projet, là le ministre de l'Environnement va
entrer en scène.
La Présidente (Mme Pelchat): Monsieur...
M. Ryan: C'est le sens de la modification qui est
proposée. Il n'y a pas autre chose en arrière de ça.
La Présidente (Mme Pelchat): M. le député de
Jonquière, rapidement.
M. Dufour: D'abord, M. Chiasson a fait allusion à des
documents qu'il a en main. J'aimerais qu'ils soient déposés et
que le secrétaire puisse...
La Présidente (Mme Pelchat): M. Chiasson, voulez-vous
déposer des documents?
M. Dufour: ...en prendre connaissance pour qu'on puisse avoir des
copies de tout ça. Deuxièmement, ce n'est pas un expert, mais je
pense qu'il comprend bien le problème qui est posé et qui est
devant nous. Ce qui est frappant dans tout ça, c'est qu'à partir
du mois de juin 1991 M. Chiasson s'est plaint que les assemblées
n'étaient pas publiques. Et cet après-midi les procureurs de la
requérante ou des requérants nous ont bien dit qu'ils avaient
commencé à faire un règlement pour mettre ça public
à partir du mois de novembre, ce qui veut dire qu'il s'est
écoulé cinq mois entre la plainte et la décision. Je
trouve que ça a pris pas mal de temps tout de même pour
réagir. Il me semble qu'une régie réglementée par
des lois publiques - même si c'est des lois privées, elles sont
publiques - qui s'adresse à un public, il me semble que la Régie
a pris un peu de temps pour répondre positivement à la plainte
des citoyens. C'est évident que,
ans les lois, on peut faire ce qu'on veut. On dit toujours aux gens:
Prenez la loi, si vous voulez vous défendre, faites valoir vos droits,
prenez la loi. Vous savez, au prix que ça coûte - et je le
répète - ça n'a pas de bon sens. Et les gens sont pris
devant des projets de loi qui les engagent... Ils les engagent non pas
seulement moralement, mais monétairement; ils sont obligés de les
subir jusqu'à un certain point. Il faut bien être clair.
Je l'avais dénoncé. Depuis cinq ou six ans, j'ai toujours
dit: II y a des gens aux Affaires municipales qui font preuve de laxisme devant
les décisions des administrateurs municipaux. Ah! vous avez dit: Vous
voulez tout réglementer, vous, le député de
Jonquière, vous voulez tout "runner". Mais non, je dis: Quand on
décide pour le public, il faut se mettre à la place du public.
Moi, je me mets à la place des gens. Je me dis à ce
moment-là: On veut avoir des résultats. Des résultats,
c'est ça qu'on a. Si tout le monde peut faire passer des projets, s'ils
peuvent prendre des chances en disant: Ce n'est pas grave, l'Assemblée
nationale va tout le temps nous effacer ça et va nous donner
l'absolution sans condition... C'est ça qu'on est en train de vivre.
La Présidente (Mme Pelchat): Ça va. Alors, merci,
M. Chiasson.
M. Chiasson: Juste un petit point.
La Présidente (Mme Pelchat): Rapidement, je vous donne 28
secondes et demie.
M. Chiasson: D'accord. M. Ryan a fait référence que
ce n'était pas clair, les réunions publiques. Lors de la
réunion de la Régie intermunicipale sur la signature du contrat
de Foster Wheeler, des gens des médias électroniques ont
été avisés. Ils sont venus, ils ont été
appelés. Savez-vous qui étaient aux portes de la ville de
Montréal? Les policiers, pour empêcher l'entrée aux
médias. C'est ça, vos réunions publiques?
Des voix: Quel mois?
M. Chiasson: C'est lors de la signature...
Une voix: Des dates!
Une voix: Le 20 juin 1991.
M. Chiasson: II y avait des policiers aux portes pour
empêcher les médias de rentrer. C'est ça les
réunions publiques?
La Présidente (Mme Pelchat): O.K. Merci,
M. Chiasson.
Nous suspendons nos travaux quelques instants pour accueillir la
coalition Action RE-buts.
(Suspension de la séance à 21 h 27)
(Reprise à 21 h 29)
La Présidente (Mme Pelchat): À l'ordre, s'il vous
plaît! Merci. Alors, bienvenue aux gens d'Action RE-buts. S'il vous
plaît, le porte-parole, si vous voulez bien vous identifier.
Coalition Action RE-buts Mme Hall (Nina): Je m'appelle Nina
Hall.
La Présidente (Mme Pelchat): Mme Hall, oui. La personne
qui vous accompagne?
M. Séguin (Michel): Je m'appelle Michel Séguin.
La Présidente (Mme Pelchat): Ça va, allez-y. On
vous écoute.
Mme Hall: D'accord. Bien, je vous remercie de nous
écouter, c'est déjà beaucoup dans ce dossier. On vous
dépose un mémoire avec certains...
La Présidente (Mme Pelchat): Mme Hall, je vous rappelle
que vous disposez d'une période de 20 minutes, incluant les
échanges avec les parlementaires des deux côtés de la
Chambre, qui sont fort loquaces. Alors, je vous invite à y aller assez
rapidement, si vous voulez avoir des questions et, surtout, si vous
désirez y donner des réponses. Action RE-buts. Allez-y, Mme Hall.
(21 h 30)
Mme Hall: D'accord. On aimerait vous déposer un
mémoire ainsi qu'un certain document qui pourrait vous
intéresser. Je vais lire des extraits du mémoire autant qu'y
apporter des observations, surtout par rapport a ce qui a été dit
par la Régie. Il y a certaines tromperies qui ont été
dites, il y a des faussetés vraiment choquantes. Notre point de vue,
c'est celui du citoyen et de la citoyenne. On essaie de comprendre où se
situent le citoyen et la citoyenne dans ce dossier-ci. Juste en partant, la
Régie n'a pas su nous convaincre que c'était important de passer
ce projet de loi à ce moment-ci, avant le BAPE même.
Action RE-buts, c'est la coalition montréalaise pour une gestion
écologique et économique des déchets. La coalition existe
depuis le mois de mai 1991 et regroupe 15 organismes sur l'île de
Montréal. La coalition est aussi membre du Front commun
québécois pour une gestion écologique des déchets.
Depuis ses débuts, la coalition s'est impliquée à tous les
niveaux pour faire valoir le point de vue de la gestion écologique et
économique des déchets afin que la population puisse prendre une
décision éclairée dans le dossier de la gestion des
déchets sur l'île de Montréal.
Pour Action RE-buts, la gestion des déchets doit être
démocratique, ouverte et transparente.
Si nous jetons des déchets à la poubelle, nous sommes
alors concernés par les plans de la Régie. Pourtant, cette
institution ne répond pas aux besoins de la population. Les organismes
communautaires et environnementaux membres de la coalition sont
particulièrement préoccupés par le débat
unilatéral que la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur IHe de Montréal, la Régie, mène depuis
sa création.
Je vais sauter des petits bouts et aller tout de suite à
l'article 15, quand nous parlons des aspects antidémocratiques du projet
de loi qui est à l'étude. C'est à plusieurs reprises que
la coalition a dénoncé les procédures
antidémocratiques de la Régie qui, depuis ses tout débuts
et jusqu'à tout récemment, a tenu les rencontres de son conseil
d'administration à huis clos. Cette procédure va à
rencontre de l'article 468.17, alinéa 4, de la Loi sur les cités
et villes, loi à laquelle est soumise la Régie. De ce fait, la
Régie a retiré à la population la possibilité
d'exercer son droit de participation aux prises de décisions. C'est donc
depuis le début que la population est tenue à l'écart des
décisions et de l'information menant à la signature de l'entente
avec la compagnie Foster Wheeler.
Durant ce temps, à plusieurs reprises, des membres de la
coalition ont dû se présenter à toutes les autres instances
possibles pour tenter de connaître les démarches entreprises par
la Régie, puisqu'il leur était impossible d'avoir accès au
conseil d'administration de la Régie. Notons entre autres, comme l'a
mentionné M. Chiasson, que le 20 juin 1991, Action RE-buts
dénonçait le fait que le soir même - et puis on l'a su par
une fuite de la part de la Régie, parce que ce n'était
certainement pas eux qui allaient nous en informer - la Régie
entreprenait des démarches pour conclure une entente avec la compagnie
Foster Wheeler, laquelle entente allait définir le choix d'un mode de
gestion des déchets sur l'île de Montréal sans aucune
consultation publique.
L'article 15 du projet de loi 221 vient donc sanctionner de telles
démarches. L'adoption du projet de loi passerait ainsi l'éponge
sur des droits que la Régie n'a jamais respectés depuis ses
débuts. Où est la place des citoyens et des citoyennes dans le
projet de la Régie? Jusqu'où ira l'Asserrblée nationale,
elle qui a déjà soustrait la Régie de certaines
obligations proclamées par la Loi sur les cités et villes en
adoptant la loi concernant la Régie intermunicipale, celle de 1990,
chapitre 95, dans la Gazette officielle? Cette loi a retiré un
droit de regard à l'instance gouvernementale la plus près de la
population, soit le conseil municipal, face au règlement d'emprunt
contracté par la Régie.
Le projet de loi 221, s'il est adopté, va encore plus loin dans
ce transfert de pouvoirs des municipalités vers la Régie sans
consultation de leur population. Il va sans dire que ceci est à
l'encontre de l'esprit de la Loi sur les cités et villes. Je
m'arrête pour faire des commentaires.
C'est deux années de frustrations que la coalition vit
actuellement, parce que la raison pour laquelle on s'est formé en
coalition, c'est qu'on a rencontré des invervenants, ici et là,
qui faisaient face à la Régie et à son compte-gouttes
d'information. C'est plutôt un dossier de gestion d'information auquel on
fait face. L'information, c'est la base même de la démocratie. Si
vous trouvez que les interventions, ça vient tard dans le dossier, c'est
parce qu'on a été très patients. Et on n'a jamais
avisé le public de la plupart des choses qui se passent. Depuis le
début, depuis au moins l'été de 1991, M. Racine me
connaît, sait que je suis dans le dossier, il sait que je suis
intéressée; je n'ai jamais eu d'invitation ou d'avis pour
participer aux assemblées qui apparemment, théoriquement
étaient publiques.
De plus, on a dû se présenter à des instances
où on pouvait trouver nos élus, comme M. Leduc, qui est
président du comité environnement de la CUM. Il fallait poser des
questions là. Et la réponse qu'on a, c'est que ce n'est pas le
lieu. Mais le lieu, on n'y a pas accès. On n'y a pas eu accès
depuis le début. On nous donne l'accès en décembre 1991 et
- opinion personnelle - c'est parce que les décisions sont prises.
Là c'est le moment de continuer d'élargir un petit peu, d'inviter
le public, d'essayer d'avoir son approbation parce que c'est
décidé. Quand on parle d'accès du public, c'est plus que
juste les informations, ça doit être le droit de parole et ce sont
les informations, et de donner sa propre idée là-dessus.
On fait face à des armées de consultants, des
armées de conseillers juridiques. C'est la première fois que je
vois des gens de la Régie depuis l'été passé sans
des consultants. Nous, on n'a pas les moyens de se payer des avocats pour
vraiment suivre le dossier juridique. Ce n'est pas beaucoup de temps 20
minutes, je vais essayer de me presser.
C'est sûr qu'en regardant les projets de loi successifs le mandat
de la Régie, au début, c'était de gérer les
déchets des municipalités. Là on est rendu, quand on
regarde les projets de loi successifs, que c'est de s'assurer le volume requis
pour le projet qu'ils sont en train de monter. Ils agissent comme des
promoteurs. Les informations qu'on a depuis deux ans, tout dernièrement,
c'est de la publicité. On essaye de nous vendre un projet sur lequel les
gens n'ont pas eu de regard. Personne ne demande qu'on retourne en
arrière, mais on demande qu'on respecte au moins le fait qu'on avait le
droit de savoir, on avait le droit de s'impliquer, de reconnaître et de
dénoncer le fait que la Régie nous a soustraits de ce
procédé-là. On est ici pour dénoncer le fait que
l'Assemblée nationale sanctionnerait de telles démarches. En
anglais, on appelle ça «business as usual». Et c'est le
moment où la façon de gérer les déchets dans la
province change énormément. Et c'est grâce à
l'implication du public ¦ qu'on finit par gérer les
déchets et non gérer les dossiers.
Je vais continuer, parce qu'il y a quand même des choses qui sont
spécifiques à des articles et que j'aimerais apporter, puisqu'on
ne peut pas se payer le luxe d'être ici demain encore. J'aimerais
préciser qu'Action RE-buts, c'est une coalition de
bénévoles qui oeuvre très fort. On a su se payer une
permanente à temps partiel dans le dossier. On fait de notre mieux. Et
je trouve ça carrément insultant que j'arrive ici et que la
Régie ait une heure pour présenter ses opinions. Qu'ils nous
traitent de grogneux, ils l'ont fait partout, dans toutes les instances. Et, si
on est si peu nombreux, c'est parce qu'on se fatigue, quand on n'a pas les
moyens, et les fonds des municipalités sont utilisés pour bafouer
les droits des citoyens. Moi, j'aimerais bien savoir combien ça a
coûté toute cette manlpula-tion-là de l'information.
Je vais poursuivre avec l'article 11 du projet de loi qui supprime le
besoin d'une autorisation préalable du ministère de
l'Environnement. Pourquoi est-ce que l'Assemblée nationale adopterait
cette loi-là qui fait en sorte que le BAPE... C'est déjà
rendu que le BAPE, c'est une formalité. De la façon dont M. Leduc
en traite dans les médias, de la façon dont il l'a traité
ce soir, c'est une formalité. On parle d'une étude d'impact
environnemental d'un projet amené par des promoteurs. Les promoteurs,
c'est la Régie. La Régie, c'est supposé être les
citoyens, les municipalités. On a fait tout de sorte que le public ne
soit pas avisé. Si on n'est pas des centaines, c'est parce que les gens
savent que c'est un fait accompli. C'est un fait accompli. Là, on veut
encore octroyer des pouvoirs et nous amener au BAPE où on peut se
prononcer publiquement. C'est très beau, mais, si on donne le pouvoir
à la Régie de signer l'entente, c'est quoi? On a
été informés qu'il y a une pénalité.
Ça veut dire quoi la participation publique? Personne n'a demandé
à la Régie de jouer à l'apprenti sorcier; on demandait
qu'on respecte les obligations que la Régie avait d'après la Loi
sur les cités et villes. On peut bien dire publiquement que ce n'est pas
spécifié, mais je peux vous donner plusieurs instances de
mauvaise foi de la part de la Régie par rapport à l'ouverture. Ce
n'est pas qu'on perçoive un manque de transparence, c'est qu'il y a un
manque de transparence.
Je vais céder la parole à mon collègue. Je vous
invite à lire attentivement notre mémoire et les documents qu'on
soumet parce que, dans 20 minutes, vous donner un dossier qu'on suit depuis
longtemps, ce n'est pas facile. Et puis j'aimerais bien être demain avec
vous pour y aller article par article, parce qu'il y a vraiment des choses
à noter là-dedans, mais ce n'est pas possible. Je cède la
parole à M. Séguin.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Séguin.
M. Séguin: Merci. Comme Mme Hall vous l'a fait remarquer,
on doit quitter ce soir, faute de ressources, mais il y a un certain nombre de
précisions que j'aimerais faire par rapport aux interventions qui ont
été faites ce soir. J'en ai cinq, si vous permettez, et
ensuite... Donc, on va dépasser un peu notre 10 minutes, Mme la
Présidente.
D'abord, on a parlé, on a fait référence à
un comité de liaison entre la Régie et la ville de
Montréal. Alors, on a appris l'existence de ce comité de liaison
là, qui existe entre la ville de Montréal et la Régie, au
mois de février, lors des audiences publiques de la ville de
Montréal sur son plan de gestion. À ce moment-là, M.
Brunelle a dit qu'il venait de démarrer et il nous a aussi dit que
ça n'affecterait pas les plans de la ville. Alors, si M. Leduc vous dit
qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de progrès par rapport, encore une fois,
à ces réunions qui se tiennent à huis clos, dont la
population ne connaît pas... Alors, on aimerait peut-être savoir
qu'est-ce qui se passe entre la Régie et la ville de Montréal. On
aimerait ça savoir, encore une fois, qu'est-ce qui se décide
entre ces deux entités-là qui affecte la population de 111e de
Montréal. (21 h 40)
Deuxième chose - et je répète ce que M. Chiasson a
dit - on ne connaît pas l'entente avec Foster Wheeler et la Régie
veut signer une entente dont personne ne connaît les détails. Un
exemple: Aujourd'hui, pour la première fois, on a appris que la
Régie a dépensé 9 000 000 $. C'est la première fois
qu'elle avoue publiquement son budget total. Et, deuxièmement, elle a
dit que Foster Wheeler avait probablement investi autant. C'est incroyable!
Comment ça se fait qu'on ne sait pas ce que Foster Wheeler, cette une
multinationale américaine, a dépensé sur l'île de
Montréal? L'autre chose qu'on a apprise, c'est qu'il y a une
pénalité de 2 500 000 $. Tout ce qu'on savait, nous, sur
l'île de Montréal, c'était par un article qui a paru dans
La Presse du 3 juillet 1991, et je cite: «M. Leduc a
déclaré qu'il était impossible, au plan légal, de
reprendre le processus de soumissions. "Nous nous exposerions à des
lourdes poursuites de la part de Foster Wheeler", a-t-il indiqué.»
Alors, nous, à ce moment-là, il nous faisait peur en disant que,
si on ne signe pas avec Foster Wheeler, on n'en aura pas de contrats. Il a
même, une fois, fait remarquer que, s'il n'y avait pas d'entente, il y
aurait des vidanges dans les parcs de l'île de Montréal.
Troisième chose. Je vous ferais remarquer que les chiffres de la
Régie continuent à changer. Dans un article de La Presse,
encore une fois du 3 juillet 1991, on cite le maire, Janis-zewski, qui dit:
«Au départ, la Régie devait demander des propositions
concernant un incinérateur d'une capacité de 530 000 tonnes par
année car on prévoyait récupérer seulement 10 % des
déchets.» Le 31 janvier 1991, la Régie
parle de brûler 70 % des déchets. Le 2 juillet 1991, M. Guy
Racine annonce que la proportion des déchets recyclés - des
déchets résidentiels - serait portée à plus de 50
%. La seule chose qui ne change pas dans ces chiffres, c'est le tonnage et la
capacité annuelle de l'incinérateur de Foster Wheeler. Alors, on
comprend l'intérêt de la Régie de s'accaparer de tous les
déchets, c'est pour nourrir son incinérateur.
Selon nous, l'incinérateur, c'est un symbole de la gestion
anti-écologique des déchets. Et je tiens à vous faire
remarquer que, dans les documents qu'on vous a remis, il y a une lettre qui
provient du Front commun québécois pour une gestion
écologique des déchets, c'est un organisme qui regroupe 40
groupes à travers le Québec, et cette lettre-là a
été adoptée à l'unanimité par le conseil
d'administration, vendredi dernier. Si j'avais plus de temps, je vous la
lirais, mais, s'il vous plaît, lisez-la, c'est une lettre importante.
Je conclus en vous disant: Messieurs, madame, on vous demande de ne pas
passer ce projet de loi. On vous demande d'assurer d'abord un débat
démocratique sur l'ensemble de la problématique. On vous a
signalé que le BAPE doit se prononcer. Cette commission même a dit
que Québec devait se prononcer sur la gestion des déchets
solides. Alors, pourquoi accorder plus de pouvoirs à la Régie
avant qu'on sache le résultat de ces processus-là? Alors, je vais
terminer sur ça. Je vous remercie beaucoup de nous avoir
écoutés.
La Présidente (Mme Bélanger): merci, m.
séguin. alors, il reste cinq minutes pour le questionnement. m. le
ministre. deux minutes et demie, deux minutes et demie.
M. Ryan: D'abord, je voudrais rectifier une chose - j'ai pu
induire les personnes qui sont ici en erreur tantôt - à propos du
pouvoir d'emprunt de la Régie. Moi, j'ai dit que, suivant la Loi sur les
cités et villes, un règlement d'emprunt doit être soumis
à l'approbation préalable des municipalités membres. Mais,
dans le cas de la Régie, dans la loi qui a été
adoptée en 1990, cette obligation a été enlevée. Il
a été prévu qu'un règlement d'emprunt ne requiert
que l'approbation du ministre des Affaires municipales. Par conséquent,
tantôt j'oubliais ce point-là. C'est important de l'ajouter pour
que les choses soient claires. Ça, ça réfère
à des choses qui ont été dites avec l'interlocuteur
précédent. Je m'en excuse auprès de vous, M.
Séguin.
En ce qui vous touche, une demande que vous faites - c'est de valeur, on
n'a pas le temps de discuter de toute votre présentation - vous demandez
que le contrat avec Foster Wheeler soit connu, rendu public. Il y a eu une
demande qui a été faite à la Commission d'accès
à l'information là-dessus, si mes souvenirs sont bons, et la
Commission a jugé que ce n'était pas un document à
produire publiquement, actuellement. Mais tout le projet sera examiné
publiquement par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, et,
à ce moment-là, je pense bien que le Bureau va exiger de
connaître la teneur de ce contrat-là. Là, il y aura des
décisions qui seront prises. Est-ce que ce seront des
éléments du contrat, est-ce que ce sera le texte intégral?
Je ne le sais pas.
En ce qui me touche, je ne pense pas que ce serait de pratique sage que
d'aller mettre un projet de contrat sur la place publique quand il n'est pas
encore signé, quand il est encore l'objet de négociations. Je ne
pense pas que c'est la manière de procéder, pour être franc
avec vous. Une fois qu'il est signé, on ne doit pas le garder
caché indéfiniment, il faut qu'il soit rendu public, mais
ça, ça fait partie des responsabilités que nous devons
assumer. Nous autres, tous les jours au cabinet, à Québec, nous
approuvons des documents qui ne seront pas rendus publics, dans bien des cas,
avant plusieurs années. On ne peut pas demander que tous les documents
de nature administrative soient rendus publics au fur et à mesure,
surtout alors qu'ils sont au stade de la discussion. Ça serait
impossible de diriger les affaires de cette manière-là. Je
comprends votre souci, mais je vous dis que le BAPE va venir, ça va
être l'occasion de dévoiler des choses qui doivent être
dévoilées concernant le projet de contrat avec Foster
Wheeler.
M. Séguin: J'aurais deux choses...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez un
commentaire à faire sur ça?
M. Séguin: Oui, très rapidement.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Séguin: Par rapport aux questions de budget devant la
Commission d'accès à l'information, on a demandé à
la Régie les budgets d'opération. Ce qu'on a reçu, c'est
le budget des quatre personnes qui travaillent à la Régie. Ils
nous ont dit qu'il aurait fallu demander les règlements d'emprunt pour
savoir le budget total de la Régie. Ça, c'est comme une preuve de
l'ouverture de la Régie face à nos demandes.
La deuxième chose que je tiens à vous signaler, c'est que
le projet de loi dépend de cette entente qui est signée avec
Foster Wheeler. Selon ce qu'on comprend, la Régie va signer une entente
avec Foster Wheeler et présenter ça devant le BAPE. Alors, la
population va avoir à se prononcer sur quoi? Sur un fait accompli? C'est
ça qu'on pose comme question. Est-ce qu'on n'a pas le droit de
connaître les détails de cette entente-là avant que la
décision ne soit prise?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député
de La Prairie.
M. Lazure: Oui, merci, Mme la Présidente. Je veux saluer
la présence de Mme Hall et de M. Séguin et les remercier pour
leur présentation. J'ai de la misère à suivre le
raisonnement du ministre, Mme la Présidente. Il dit, d'une part, que la
Commission d'accès à l'information a statué et que le
contrat ne peut pas être rendu public. D'autre part, approuvons ce projet
de loi - parce que là je sens que le ministre veut qu'on l'approuve - la
Régie va signer et le contrat sera rendu public quand le BAPE fera son
audience.
Premièrement, la Commission d'accès à l'information
n'a jamais empêché une partie ou des parties consentantes de
rendre public un document; soyons bien clairs là-dessus. Si la
Régie veut le rendre public, son contrat, elle peut très bien le
rendre public, par esprit démocratique. Deuxièmement, soyons
clairs aussi sur le fait que des groupements ont refusé, dans le
passé, de produire un document deyant le BAPE. Qui nous dit que la
Régie ne refusera pas de produire le document devant le BAPE? Le
rôle du BAPE est un rôle consultatif, Mme la Présidente, le
BAPE ne décide rien; c'est le gouvernement qui doit décider,
c'est l'Assemblée nationale qui doit décider. Alors, je pense
que, quant à nous, ça reste extrêmement dangereux, ne
serait-ce que cet aspect du projet de loi, de donner l'autorisation à la
Régie d'aller signer un contrat qui sera peut-être rendu public ou
peut-être pas rendu public.
J'ai juste une question pour Mme Hall ou M. Séguin. Je pense que
vous avez raison de critiquer la Régie d'avoir conduit, à un
degré que j'ignorais, ses affaires de façon aussi secrète.
Mais la question que je vous pose: La Régie est quand même
composée de plusieurs municipalités. Est-ce que vous avez
tenté d'obtenir des conseils de ville qui appartiennent à la
Régie des informations que la Régie ne voulait pas vous donner?
Est-ce que vous vous êtes adressés à des conseils de ville
qui sont membres de la Régie pour essayer d'avoir, par exemple, les
tarifs des consultants, les sommes que la Régie avait
dépensées depuis deux ans? (21 h 50)
Mme Hall: Écoutez, on a reçu certaines informations
de conseillers qu'on ne voudrait pas nommer. Nos fuites sont si peu...
M. Lazure: Non, non, je ne parle pas d'informations de personne
à personne, mais officiellement...
Mme Hall: Oui, oui.
M. Lazure: ...d'un conseil de ville qui fait partie de la
Régie et qui vous dirait: Oui, nous, membres de la Régie, nous
savons que la Régie a dépensé, à date, 9 000 000 $,
par exemple.
Mme Hall: Non. On n'a pas obtenu de renseignements comme
ça. Il faut noter quand même que, si vous demandez au maire de
Baie-d'Urfé ce qui se passe dans la Régie, il n'est pas tellement
au courant du dossier des déchets. On a l'impression que chaque membre
de la Régie, les 26 municipalités, maîtrisent ce
dossier-là, mais, quand on maintient nos débats sur le sujet
à huis clos... J'ai beaucoup l'impression qu'il n'y a pas eu de gros
débats parce que les documents qu'on a reçus de la Commission
d'accès à l'information, c'étaient des extraits de
réunions, d'assemblées, de conseils administratifs où tout
se passe à l'unanimité. Ça, pour un simple citoyen, pour
quelqu'un qui n'a pas la connaissance de comment ça se fait, on a
l'idée que quelqu'un, sur le chemin, s'est fait vendre un projet
d'incinération, qu'on le promeut depuis longtemps, qu'on ne se demande
pas beaucoup de questions, parce que, quand on est une petite
municipalité et qu'on se fait menacer par des grosses ententes... Quand
M. Ryan demandait plus tôt: Comment expliquer l'attitude de M.
Janis-zewski ou des autres maires, je pense que c'est très facile de
tenir les gens en ligne avec des menaces juridiques, avec des menaces de
déchets dans les rues. Je ne base pas ça sur des notions qui
viennent de n'importe où. Quand M. Leduc nous dit que c'est à la
fine pointe, que c'est un projet unique ou que c'est un
précédent, c'est un précédent dangereux, parce que
l'expérience qu'on vit ici comme citoyens, les frustrations, ça
se vit un peu partout aux États-Unis où les gens se trouvent dans
la même situation où ils se trouvent face à des
municipalités qui sont propriétaires d'un incinérateur.
Vous avez les petits groupes qui promeuvent la récupération et
une municipalité qui doit alimenter son incinérateur, et puis des
compagnies américaines ou des multinationales qui, avec un gros dossier
juridique complexe, peuvent forcer les municipalités à amener le
recyclable à l'incinérateur. Des obligations
contractuelles...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je vous
remercie. Malheureusement, Mme Hall...
M. Séguin: Est-ce que je peux ajouter une petite chose,
madame, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Bélanger): Très court.
M. Séguin: Très, très, très rapidement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, 30 secondes.
M. Séguin: Premièrement, la Commission
d'accès à l'information n'a pas statué sur l'entente ni
sur l'étude d'impact, elle a remis sa décision. Alors, ça,
c'est important à signaler. L'autre chose, c'est qu'on s'est
présentés à chacune des réunions publiques de la
Régie et on
a posé des questions aux 27 maires qui étaient
présents et ils ne nous ont pas répondu. Alors... Je vous
remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M.
Séguin.
M. Ryan: À combien de réunions êtes-vous
allés?
M. Séguin: Pardon?
M. Ryan: À combien de réunions avez-vous
assisté? Des réunions publiques?
M. Séguin: Les deux.
Mme Hall: Les deux qui étaient publiques.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais faire juste un commentaire sur ce
qu'a dit le député de...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, étant
donné qu'il n'est pas encore 22 heures...
M. Ryan: On a quelques minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): ...et qu'on n'aura
pas le temps d'écouter l'autre groupe...
M. Ryan: On a quelques minutes en avant de nous.
La Présidente (Mme Bélanger): ...alors on peut
prendre cinq minutes pour continuer la discussion.
M. Ryan: Je voudrais signaler à l'intention du
député de La Prairie que, parmi les pouvoirs du BAPE, il y a ceux
qui sont attribués aux commissions d'enquête pour la production de
documents. Il dispose de ces pouvoirs-là; par conséquent, c'est
considérable. Il pourra très bien exiger le dépôt de
ce contrat-là. Je ne voudrais pas laisser entrevoir des choses qui ne
sont pas possibles. Je réitère qu'il n'est pas de pratique sage,
quand on discute d'un projet de contrat - c'est un contrat qui n'est pas
signé, c'est un projet - d'aller mettre ça sur la place publique
et de livrer ça à la discussion la plus vague et la plus
désordonnée qu'on puisse imaginer, je pense que ce n'est pas la
façon de procéder à l'étude d'un contrat comme
celui-là.
Regardez tous les contrats que négocie le gouvernement, quand
est-ce que le gouvernement va mettre le projet de contrat sur la place publique
avant de l'avoir signé?
M. Lazure: Mme la Présidente, deux...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: ...petites réactions aux deux Interventions de
M. le ministre. La première, je rappelle au ministre que... Oui, c'est
vrai ce que le ministre dit, quant aux pouvoirs d'enquête du BAPE, je
suis bien conscient de ça, mais il faut rappeler aussi que certains
organismes, comme Soligaz, il n'y a pas si longtemps, avait refusé de
produire des documents au BAPE, n'est-ce pas?
Une voix: Hydro-Québec.
M. Lazure: Et Hydro-Québec aussi l'a fait. Alors, il y a
bien des exemples de ça. Le deuxième commentaire sur le fameux
contrat, le ministre dit: C'est embêtant de rendre public un contrat qui
en est à ses premières ébauches. Je ferai remarquer au
ministre que le contrat est loin de la première ébauche,
ça fait déjà plusieurs années et il y a
déjà 9 000 000 $ de dépensés de part et d'autre sur
ce contrat-là. Moi, j'ai plutôt l'impression qu'il est pas mal
proche du béton, ce contrat-là. Il est pas mal proche du
béton.
M. Ryan: ...des raisons pour le divulguer maintenant?
M. Lazure: Mais pourquoi ne pas le divulguer?
M. Ryan: Tant que le gouvernement ne s'est pas prononcé
par la voie du ministre, il n'a pas d'affaire à dévoiler
ça publiquement à ce stade-ci.
M. Lazure: S'il le veut?
M. Ryan: c'est contraire à toutes les pratiques que
même le gouvernement dont vous avez fait partie a suivies, tous les
gouvernements.
M. Lazure: On ne parle pas d'une obligation de la part du
gouvernement de forcer la Régie à le faire. Moi, je parle d'un
geste volontaire de la Régie.
M. Ryan: Non, ça ne se fait pas comme ça.
M. Lazure: Ah oui! Si elle veut le faire, elle pourrait le faire.
Voyons donc! Voyons donc!
M. Ryan: Ça ne se fait pas comme ça. Vous avez
appuyé les syndicats longtemps. Quand ils négocient des
conventions collectives, est-ce qu'ils viennent vous mettre les textes...
M. Lazure: Ça n'est plus en négociations. Ce n'est
plus en négociations.
M. Ryan: Excusez-moi, est-ce qu'ils viennent vous mettre les
textes sur la place publique
pendant qu'ils négocient? Jamais.
M. Lazure: Ce n'est pas en négociations.
M. Ryan: Ils vous renseignent quand c'est tout fini.
M. Lazure: Ce n'est pas en négociations. M. Ryan:
Même avec les fonds publics. M. Lazure: Ce n'est pas en
négociations. M. Ryan: Voyons donc! La Présidente (Mme
Bélanger): Alors...
M. Ryan: La vertu, la fausse vertu là, c'est difficile
à prendre.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Hall, un dernier
commentaire.
M. Lazure: J'espère que c'est l'heure tardive qui explique
ça. Enfin!
Mme Hall: Merci, Mme la Présidente. C'est juste pour
reformuler notre demande que cette commission attende après le BAPE pour
endosser ce projet de loi ci. Ce n'est pas grâce à nous qu'on en
est rendus au point de demander qu'un contrat soit dévoilé avant
même le BAPE, c'est parce que les informations, c'est au compte-gouttes
qu'on les a eues. Puis là on a le dos contre le mur. On va arriver au
BAPE, si ce projet de loi passe, et l'entente sera signée. Les citoyens
et les citoyennes savent qu'il y a une pénalité de 2 500 000 $,
même en sachant qu'on a déjà dépensé 9 000
000 $ dans ce dossier-là. Puis, moi, personnellement, j'aimerais savoir
combien de cela était pour bafouer les droits des citoyens et des
citoyennes. Ils vont être déjà rendus au BAPE avec une
décision assez prise. Freinons maintenant pour faire en sorte d'au moins
respecter le procédé du BAPE et reprenons la discussion
après. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Séguin,
pour le mot de la fin.
M. Séguin: Merci beaucoup. C'est juste que j'aimerais
déposer, pour les membres de la commission, la décision qui a
été faite par la Commission d'accès à l'information
au mois de décembre. Je pense que ça va vous aider à
éclairer certaines choses.
Document déposé
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous voulez bien
aller chercher le document. Alors, document déposé.
Étant donné l'heure, la commission ajourne ses travaux
à 10 heures demain matin. (Fin de la séance à 21 h 57)