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(Vingt heures huit minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): Je déclare
ouverte la séance de la commission de l'aménagement et des
équipements. Alors, le mandat de la commission est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 5, Loi
modifiant la Loi sur les villages nordiques et l'Administration
régionale Ka-tivik.
Il n'y a pas de remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: C'est ça, Mme la Présidente,
il n'y a aucun remplacement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, est-ce que vous avez des remarques préliminaires à
faire?
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Mme la Présidente, nous avons, dans nos statuts,
une loi consacrée à l'administration municipale chez les
communautés inuit. Les Inuit sont les seules communautés
autochtones du Québec, à ma connaissance, qui aient
décidé de se doter d'institutions municipales,
c'est-à-dire d'institutions qui collent à la
réalité québécoise. À la suite de cette
décision qui fut prise dans le sillage des accords de la Baie James,
l'Assemblée nationale adoptait, en 1978, une Loi sur les villages
nordiques et l'Administration régionale Kativik, qui est une sorte de
livre d'accréditation, de document d'accréditation de leur
légitimité comme institution municipale. (20 h 10)
C'est très intéressant pour nous; je pense que c'est un
modèle que nous serions intéressés à multiplier si
c'était possible. Mais, comme vous le savez, les communautés
autochtones peuvent choisir également l'autre modèle, et les
autres choisissent plutôt de se constituer en conseils de bande sous
l'empire de la loi fédérale sur les Indiens. Nous avons, en
raison de ce fait, des rapports particulièrement intéressants
avec les communautés inuit. Nous sommes surtout intéressés
à favoriser leur épanouissement par tous les moyens
possibles.
En plus d'être constituées en 14 municipalités
différentes dans la région de la Baie James, les
communautés inuit sont également regroupées dans une
entité régionale, une entité qu'on appelle
l'Administration régionale Kativik, dans laquelle sont
représentées toutes les communautés et laquelle dispose de
pouvoirs particuliers pour s'occuper de questions d'intérêt
commun. Et les domaines où elle peut intervenir en particulier sont ceux
de l'administration locale, des transports et des communications, de la police
et un autre secteur que j'identifierai tantôt.
Une voix: Formation de la main-d'oeuvre.
M. Ryan: Formation et utilisation de la main-d'oeuvre, merci. Je
vois que vous m'avez écouté cet après-midi, je vous
remercie. Je le savais, d'ailleurs. Alors, en matière de formation et
d'utilisation de la main-d'oeuvre en particulier, des problèmes
énormes se posent dans les communautés inuit, pas seulement
à ce point de vue là, à d'autres points de vue
également. Au point de vue de la sécurité publique, les
communautés inuit font face à des problèmes
considérables en raison de la très grande diffusion de l'alcool
et même de la drogue. J'ai passé quelques heures à discuter
avec les chefs des communautés inuit, hier, des problèmes
auxquels ils font face. Nous portons une attention toute particulière
aux problèmes qu'ils doivent tenter de résoudre dans le secteur
de la police et dans le secteur des institutions municipales. Dans le secteur
de la police - je dois aller les rencontrer chez eux au cours de
l'été - nous sommes convenus d'une nouvelle rencontre à
l'été au cours de laquelle nous travaillerons sur la base d'un
rapport qu'est en train de préparer la Sûreté du
Québec sur les besoins de chaque communauté et les moyens que
nous pourrions envisager pour y apporter des solutions.
En matière d'administration municipale, il y a bien des choses
qui se posent. Il y a l'aménagement des services de base, des services
d'aqueduc, des services d'égout, des services de voirie, de voies de
communication locales, des services d'école, évidemment, et tout
ça. Le ministère des Affaires municipales fournit à chaque
communauté inuit une subvention annuelle de fonctionnement. En plus,
nous avons un programme quinquennal de dépenses d'immobilisation. C'est
un programme même sexennal, un programme qui avait été
adopté pour six ans, dont une période de trois ans est
déjà écoulée. C'est un programme d'une valeur de 60
000 000 $ dont à peu près la moitié a été
utilisée jusqu'à maintenant et dont l'autre moitié,
évidemment, devra servir au cours des trois prochaines
années.
Hier, on nous a fait valoir que plusieurs problèmes devraient
être examinés d'une manière plus approfondie, dans un
esprit de collaboration, et nous sommes convenus, de part et d'autre, de
constituer un groupe de travail conjoint dont le mandat sera d'identifier
clairement les problèmes auxquels font face les communautés inuit
dans le secteur municipal, afin que nous y cherchions
ensemble des solutions.
Le projet de loi que nous présentons aujourd'hui veut
répondre à un besoin qui s'est présenté au cours
des dernières semaines. L'Administration régionale Kativik, au
nom des municipalités qu'elle regroupe, aurait voulu profiter d'un
programme fédéral de formation et de développement de la
main-d'oeuvre, et on a constaté qu'elle n'était pas
habilitée à conclure une entente avec le gouvernement
fédéral. On a réexaminé tous les pouvoirs de
l'Administration régionale en matière d'entente et il a
été conclu que ce serait une très bonne chose de donner
à l'Administration régionale Kativik le pouvoir de conclure des
ententes avec d'autres municipalités, d'abord, avec d'autres
entités publiques, avec le gouvernement du Québec, aussi avec des
gouvernements situés à l'extérieur du Québec, y
compris le gouvernement fédéral.
Les ententes conclues à l'intérieur du Québec
doivent être conclues avec l'autorisation du ministre sectoriel
responsable. Si on veut faire une entente avec d'autres municipalités,
ça devra être, en vertu du projet de loi que nous
présentons, avec l'autorisation du ministre des Affaires municipales.
Nous suivons d'aussi près que possible notre législation
municipale. Quand deux municipalités veulent conclure une entente entre
elles, ces ententes intermunicipales sont sujettes à l'approbation du
ministre des Affaires municipales. L'ampleur de son pouvoir est actuellement
l'objet de discussions devant les tribunaux. On n'entrera pas dans les
détails, mais le principe est inscrit clairement dans la loi. Si elle
veut faire une entente concernant la police, elle devra s'en remettre à
l'autorisation préalable du ministre de la Sécurité
publique. Si elle veut faire une entente dans le domaine de la main-d'oeuvre,
soit la formation ou l'utilisation, le placement de la main-d'oeuvre,
là, ça devra être avec l'approbation du ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle. Il peut arriver qu'elle veuille faire une entente de
caractère plus large, avec le gouvernement fédéral, par
exemple. À ce moment-là, dès que c'est une entente qui
sort du Québec, elle doit être faite avec l'accord du gouvernement
du Québec, comme c'est le cas pour d'autres ententes de même
nature, avec l'accord, l'autorisation du gouvernement du Québec.
Or, si nous adoptons ce projet de loi, qui, normalement, aurait dû
être adopté à la fin de décembre, mais
c'était à la fin de la session et on n'a pas obtenu les
consentements nécessaires à ce moment-là, faut-il
comprendre, nous pourrions mettre à la disposition de l'Administration
régionale Kativik un instrument d'action très utile dans le
contexte actuel, qui lui permettrait de traiter de manière plus efficace
un problème crucial auquel font face les communautés inuit, celui
de la formation, du développement, de l'emploi de leur main-d'oeuvre sur
les lieux, parce qu'il y a un exode considérable qui se produit à
cause des chances plutôt rares d'emploi qui existent dans ces secteurs.
En dehors du secteur public, il n'y a pas énormément de
possibilités.
Alors, c'est un geste d'appui, d'encouragement et de suscitation que
nous voulons faire avec ce projet de loi qui a été vraiment
examiné avec les autorités de l'Administration régionale
Kativik. Je pense que nous leur rendrons un grand service. Nous contribuons,
avec un projet comme celui-ci, à les insérer davantage
également dans ce que j'appellerais le courant central de la vie
collective québécoise. Je souligne que les rapports avec les
communautés inuit se déploient dans un climat de respect mutuel
et de collaboration. Ce sont des communautés très dignes dont les
dirigeants sont des porte-parole sérieux et responsables, et je n'ai que
des remarques très favorables à formuler au sujet des rapports
que nous entretenons avec ces communautés. Il y a des problèmes.
Je ne prétends pas qu'il n'y a pas de problèmes; au contraire, il
y en a partout. Eux ont des problèmes particuliers, les responsables de
ces communautés, mais nous les abordons dans un esprit de collaboration
et de recherche loyal, de respect mutuel aussi; nous tenons beaucoup à
ça. Nous n'avons pas peur de reconnaître leur caractère
national distinct et nous discutons sur cette base. Ce ne sont pas des pupilles
ou des communautés d'importance mineure à nos yeux. C'est
très important. On met toute l'attention nécessaire pour que les
rapports se déroulent sur un plan de respect véritable et dans un
climat de collaboration. Alors, c'est l'esprit dans lequel a été
conçu le projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je n'ai pas grand commentaires, si ce n'est qu'il
semblerait qu'en 1978 la loi originale, à l'article 353, permettait
toute entente avec l'approbation du gouvernement du Québec. Là,
on va plus loin avec ce projet de loi, parce qu'on va avec les
ministères sectoriels. Il y a certainement une interrogation de ma part
concernant ce projet de loi, spécifiquement sur l'approbation des
ministères sectoriels. Le ministre des Affaires municipales étant
responsable des municipalités, est-ce qu'il doit donner son accord?
Parce que, si ce n'est pas explicitement dit, il est possible qu'à un
moment donné on échappe des bouts des négociations, si on
ne les suit pas très bien et si le ministre n'est pas lié par
rapport à ça. Je me demande si le ministre des Affaires
municipales... En tout cas, il me répondra, au moment précis, de
quelle façon on peut le faire. (20 h 20)
Il y a le point de la formation et de l'utilisation de la main-d'oeuvre.
Moi, je sais qu'actuellement il y a des négociations avec Ottawa, mais
Québec n'a pas la complète juridiction par rapport à
ça. Est-ce que ça veut dire que si les tractations finissent par
finir, s'il y a une entente avec le fédéral, à ce
moment-là, l'entente qu'on s'apprête à faire avec le
fédéral sera complétée ou changée pour
revenir sous la juridiction québécoise?
C'est un peu dans ce sens-là qu'étaient mes deux
interrogations. Quant au reste, je pense avoir dit... Je n'ai pas parlé
tellement longtemps cet après-midi, mais ça ne donne rien de se
répéter. J'ai dit qu'on était favorables au projet de loi,
nonobstant ces deux questionnements que j'ai à faire, pour le
moment.
Discussion générale
M. Ryan: Sur le premier point, je pense qu'il faut faire partie
du Conseil exécutif pour se rendre compte que tous les problèmes
ne peuvent pas être examines ni réglés au niveau du Conseil
exécutif. Là, sous l'empire actuel, si une entente doit venir
sous l'approbation du Conseil exécutif, des fois, ça va prendre
beaucoup plus de temps avant qu'elle soit approuvée. Il y a le
mécanisme de tamisage, de par l'intermédiaire des
différents comités ministériels, qui alourdit
singulièrement la tâche et il pourrait arriver que de nombreuses
autorisations doivent être données dans une même
année. À ce moment-là, c'est normal que le ministre
sectoriel ait la responsabilité de prendre les décisions. Quand
j'étais ministre de l'Éducation, je me souviens que le
gouvernement fédéral avait institué un programme de lutte
contre l'analphabétisme. Il offrait de l'aide financière aux
commissions scolaires et aux établissements d'enseignement. Nous avions
discuté avec le gouvernement fédéral. Il était
entendu que tout projet soumis au gouvernement fédéral par une
commission scolaire, dans le cadre de ce programme, devait avoir reçu
l'approbation du ministre de l'Éducation du Québec. Il n'aurait
pas pu être question sérieusement de tout envoyer ça
à l'approbation du cabinet.
Il pourra arriver, dans ce cas-ci aussi, que des ententes
particulières doivent être faites en plus. Ça fait que,
dans chaque secteur, c'est préférable de laisser la
responsabilité au ministre sectoriel, lequel doit prendre ses
décisions en tenant compte de la politique générale du
gouvernement et des nombreuses indications qui seront fournies en cours de
route par le ministère des Affaires intergouvernementales. La
coordination se fait par le ministère des Affaires
intergouvernementales; il est informé de toutes les ententes qui
surgissent et, au besoin, consulté auparavant également. Je pense
que le tamisage, de ce côté-là, est assez serré. Il
n'y a pas de danger que des morceaux échappent, par
conséquent.
Dans le deuxième point qu'a soulevé le
député...
M. Dufour: Le deuxième point, c'est la formation de la
main-d'oeuvre.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Actuellement, il y a des tractations entre Ottawa et
Québec.
M. Ryan: Je ne crois pas qu'une entente ait été
signée encore entre le ministre de la Main-d'oeuvre...
M. Dufour: Non, elle n'est pas signée. C'est pour
ça que j'ai demandé: Dans le cas où ce serait
signé, qu'est-ce qu'il adviendrait?
M. Ryan: Oui. Dans le cas où une entente est
signée, ça va favoriser toutes sortes d'ententes avec des corps
constitués au Québec, soit des syndicats, soit des entreprises,
soit des commissions scolaires, des collèges, des universités, et
les modalités seront arrêtées dans l'entente. Je suis au
courant de la dernière entente qui existait parce que, à titre de
ministre de l'Éducation, j'étais un des deux ministres
concernés; il y avait le ministre de la Main-d'oeuvre et le ministre de
l'Éducation, et je l'étais également à titre de
ministre de l'Enseignement supérieur.
Je me rappelle, quand il s'agissait de l'octroi de cours, par exemple,
au niveau régional, il y avait les bureaux régionaux du
ministère fédéral de l'Immigration et de la Main-d'oeuvre
qui recevaient des demandes de cours, et là il y avait un comité
de consultation régional qui était constitué, dans lequel
siégeait tous les organismes intéressés. Le
ministère québécois était là, les
cégeps de la région étaient là, les commissions
scolaires de la région étaient là également et
là on disait: On veut avoir un cours de formation, disons, de conducteur
de camion lourd. Bien, on disait: Ça se donne à
Saint-Jérôme, ça; il y a la commission scolaire de
Saint-Jérôme qui a un centre de formation en transport routier.
Elle était représentée là et elle disait: Nous
autres, on offre tel cours. Ils disaient: Non, ce n'est pas ça qu'on
veut, tel genre de cours. On disait: Oui, on peut l'ajuster, donner un cours
sur mesure, au besoin, pour telle catégorie de travailleurs. Là,
le ministère fédéral, lui, acceptait la commande. Il
pouvait signer la commande avec l'organisme qui avait besoin de personnel, avec
la commission scolaire qui allait dispenser le cours. Ce n'est pas aussi
mauvais sur le terrain que ça paraît dans nos discours à
nous autres. Moi, j'étais plutôt
«préjugé» à ce sujet-là et j'ai
constaté que ça fonctionnait, somme toute, assez bien.
Chaque année, le gouvernement fédéral, par ses
économistes, procédait à un inventaire des
besoins en main-d'oeuvre et le gouvernement du Québec faisait la
même chose par ses bureaux de Travail-Québec. Ça fait qu'il
y avait une espèce de contrevérification qui se produisait. On
essayait d'aligner les deux pronostics de manière que l'on tienne compte
le plus possible des réalités dûment
vérifiées. Alors, ici, s'il y a une entente, toutes ces
choses-là vont s'appliquer, a fortiori, mais il se pourrait que le
gouvernement fédéral veuille faire une entente
particulière avec les I nuit étant donné que c'est des
communautés autochtones. Là, ça va laisser de la marge.
Ils ne tomberont pas nécessairement sous le parapluie d'une entente
fédéral-Québec dans cette matière.
M. Dufour: Le Québec veut rapatrier tous ces pouvoirs par
rapport à la formation de la main-d'oeuvre. Je ne connais pas non plus
et je ne peux pas prétendre connaître l'entente qui est en
discussion actuellement, mais le but visé, c'est ça; c'est de
pouvoir donner la même formation ou la même possibilité de
formation à l'ensemble du territoire. Actuellement - vous nous l'avez
dit aussi dans votre discours cet après-midi - il semble qu'ils soient
prêts à une entente. Ce projet de loi va permettre une entente
presque immédiate avec Ottawa concernant la formation de la
main-d'oeuvre. Est-ce que c'est prévu?
M. Ryan: Voyez-vous, en vertu de l'entente qui est
expirée, il y a bien des programmes qui sont disponibles au
Québec et cette entente-là est reconduite tant qu'elle n'a pas
été dénoncée. Elle continue, l'entente qui
existait. On essaie d'en avoir une nouvelle qui serait plus complète
pour nous, mais l'autre continue. Eux autres, sous le chapitre de cette
entente-là ou encore par une politique spéciale, un programme
spécial que le gouvernement fédéral pourrait avoir
à l'intention des communautés autochtones, pourraient se
prévaloir de l'un ou de l'autre, selon les chances qui se
présenteraient.
M. Dufour: Est-ce que vous avez la garantie certaine qu'ils vont
avoir la même qualité d'enseignement ou la même
qualité de formation? Parce que, si c'est avec Ottawa... Moi, je ne sais
pas comment ça fonctionne, ces choses-là, mais il me semble que,
si Ottawa est dans ça, il doit avoir ses préoccupations. Est-ce
qu'il va s'ajuster en disant: C'est la même chose que Québec; on
s'organise comme ça?
M. Ryan: Regardez, on n'avait pas trop de problèmes de ce
côté-là. Ces dernières années, il y a un
problème qui a surgi, parce que la politique fédérale
visait à favoriser davantage la formation en entreprise alors que, nous
autres, nous mettions l'accent sur la formation en établissement. C'est
évident que, si on arrive avec un budget de 200 000 000 $ et que le
gouvernement fédéral dit: Moi, je veux augmenter la part de la
formation en entreprise de 15 %, bien, c'est autant d'argent de moins qui va
être disponible pour les institutions d'enseignement. Et on est pris,
dans les institutions d'enseignement, avec des conventions collectives, la
sécurité d'emploi et ces choses-là. Là, s'il se
produit une baisse de demande importante parce qu'on développe un autre
réseau dans les entreprises, ça peut poser des problèmes.
On leur a dit d'être extrêmement prudents là-dessus, parce
qu'on pourrait aboutir à créer des réseaux
parallèles et tout. Tout ça est pris en compte ici. Du
côté du Grand-Nord, il n'y a pas de concurrence en matière
de formation, je peux vous dire ça. Le projet le plus intéressant
dont j'ai entendu parler, moi, c'est un projet de création d'une
école spéciale de formation professionnelle, sous les auspices
d'Hydro-Québec, pour la réalisation du projet Grande-Baleine. Il
y a une entente qui a été faite, je pense que c'est avec une
commission scolaire de la région de Québec, pour ça.
M. Dufour: J'ai vu un reportage à la
télévision. Il me semble que les gens étaient en
formation. Une belle bâtisse...
M. Ryan: Ça se peut. Ça se peut que ce soit
commencé.
M. Dufour: Oui, d'après moi, c'est commencé.
M. Ryan: Et c'est avec une commission scolaire, si mes souvenirs
sont bons, de la région de Québec, parce que la commission
scolaire Kativik n'était probablement pas organisée pour faire
ça, ni la commission scolaire Crie. Parce qu'ils ont des commissions
scolaires en bonne et due forme, hein?
M. Dufour: Oui. La question bien directe: Est-ce qu'on a
l'assurance que sur la formation, les I nuit et les Cris vont s'arrimer avec le
Québec? Est-ce qu'il y a une possibilité qu'ils
décident... Parce que, dans le fond, étant, je ne dirai pas, un
territoire contigu...
M. Ryan: Non, parce que toute entente est sujette à
l'approbation du ministre sectoriel. Si c'est une entente d'éducation,
ça va être sujet à l'approbation du ministre de
l'Éducation. (20 h 30)
M. Dufour: Ce qui m'amène à penser que, c'est vrai,
vous me dites que c'est assez tricoté serré entre les
ministères, etc., par l'exécutif, mais ça arrive des fois
qu'on demande - et on l'a fait à plusieurs reprises en commission
parlementaire et dans les lois - la double approbation, et du ministre
sectoriel et du ministre des Affaires municipales. Ça arrive pour des
immeubles publics. Pas dans ces lois-là, mais dans d'autres lois. Pas
pour ça, mais dans
d'autres lois. On l'a fait déjà. Vous n'auriez pas
trouvé que c'était la bonne façon?
M. Ryan: Non, je suis plutôt opposé à
ça, moi. Et on le fait par exception; on est pris. Comme dans la Loi sur
les immeubles industriels municipaux, on était obligé, pour
disposer d'un terrain, d'avoir les deux approbations. C'est très
compliqué et, des fois, c'est désagréable autant pour un
ministre que pour l'autre. On ne l'a pas changée encore,
celle-là, parce qu'on n'a pas trouvé de formule qui serait
acceptable, mais c'est loin d'être l'idéal. Alors, c'est pour
ça que ma réponse est plutôt défavorable.
M. Dufour: Mais, là, il faut se dire que la Loi sur les
immeubles industriels municipaux est beaucoup plus serrée directement.
Je comprends ce que vous me dites là, je sais que ça doit
être dur à vivre des fois, parce qu'on voudrait bien passer
à côté, puis il n'y a pas moyen. C'est un peu tout
ça.
M. Ryan: C'est ça.
M. Dufour: Là-dessus, Mme la Présidente, on
pourrait procéder à l'étude...
M. Ryan: Je vous remercie.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va.
J'appelle l'article 1. À l'article 1, est-ce qu'on fait l'amendement
tout de suite?
Une voix: C'est aussi bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. À
l'article 1, il y a une modification à la version anglaise, au
deuxième alinéa de l'article 351. 1, introduit par l'article 1 du
projet de loi 5. La version anglaise du projet de loi 5 modifiant la Loi sur
les villages nordiques et l'Administration régionale Kativik est
modifiée par le remplacement, à la deuxième ligne du
deuxième alinéa, des mots - attention à ma prononciation
anglaise - «the Government of Canada» par les mots «a
government in Canada».
M. Ryan: On va vous garder dans le Canada.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous allez me garder
au Québec.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ça peut figurer dans le Canada, il n'y a pas de
problème. L'effort est excellent.
La Présidente (Mme Bélanger): L'effort est
excellent.
M. Ryan: Ici, je pense bien que c'est une modification qui vise
à rejoindre le sens du texte français, hein? Le texte
français, je l'ai expliqué cet après-midi dans le
débat sur le principe: les pouvoirs de conclure une entente avec un
gouvernement au Canada; ça peut être le gouvernement de l'Ontario,
ça peut être le gouvernement fédéral, ça peut
être plusieurs gouvernements provinciaux.
M. Dufour: Est-ce qu'on prend les articles morceau par
morceau?
La Présidente (Mme Bélanger): Là, on va
adopter l'amendement avant.
M. Dufour: L'amendement, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Dufour: Ça va. Une voix: Adopté, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. J'appelle l'article 1. M. le ministre, premier alinéa de
l'article 1.
M. Ryan: On y va, madame. Excusez, je n'ai pas sorti mon texte,
je vais le sortir. O. K. Dès l'article 1, on entre dans le coeur
même du projet, Mme la Présidente. Ici, je voudrais donner
quelques brèves explications.
L'Administration régionale - il s'agit de l'Administration
régionale Kativik dont j'ai parlé tantôt, qui est
dûment constituée en vertu de la Loi sur les villages nordiques et
l'Administration régionale Kativik - on veut lui donner le pouvoir de
conclure des ententes dans les matières énumérées
à l'article 351 de la loi actuelle. Or, les matières qui sont
énumérées à cet article sont: administration
locale, transports et communications, police et main-d'oeuvre, formation et
utilisation de la main-d'oeuvre. Ce sont les matières qui sont
prévues à 351. Quand on dit «sur autorisation du ministre
responsable visé à l'article 2», là, c'est le
ministre des Affaires municipales; «377», c'est le ministre de la
Sécurité publique; puis «379», c'est le ministre de
la Main-d'oeuvre, de la Formation professionnelle et du soutien du revenu.
Là, on dit: L'administration régionale serait
habilitée à conclure une entente avec «une
communauté», ça, c'est une communauté inuit;
«une association», une association qui regroupe des personnes
formées pour la poursuite d'un but commun. Là, on ne dit pas
nécessairement une association autochtone, ça peut être
plus large; «une commission scolaire»; «un organisme
public», ça peut être un cégep, par exemple,
ça peut être Hydro-Québec, pour donner des exemples
concrets, ça peut être la Sûreté du Québec;
«une
municipalité», je pense que ça va de soi, c'est une
municipalité autant de la région où l'on trouve les
communautés inuit que dans d'autres régions, s'il y avait lieu,
il peut arriver qu'ils trouvent intéressant de conclure une entente, par
exemple, avec la municipalité de la Baie James; ici, ce sera une
ouverture qui sera faite. La municipalité de la Baie James, comme le
savent les membres de la commission, c'est une municipalité qui
régit, ça, tout le territoire de la Baie James, sauf les
territoires affermés aux communautés autochtones. Elle a une
grande juridiction. Il peut arriver qu'ils soient intéressés.
L'autre jour, je rencontrais, justement, à l'occasion du
congrès de l'UMQ, le Conseil des municipalités nordiques. On
regroupe quatre ou cinq municipalités dans ce Conseil-là. Il y a
Lebel-sur-Quévillon; ensuite, il y a Chibougamau, Matagami...
M. Dufour: Chapais.
M. Ryan:... Chapais. Il y a Joutel, mais Joutel n'est pas
constituée en municipalité, je pense; c'est une commission
scolaire. Mais c'est un territoire. En tout cas, il est compris
là-dedans aussi, je pense. Je causais avec eux, puis eux autres me
disaient comment ils sont intéressés à suivre de
près ce qui se fait chez les autochtones aussi. Nous autres, nous
voulons favoriser le développement de rapports plus concrets entre les
autochtones et les Blancs dans la région du Grand-Nord. J'ai dit aux
maires de ces municipalités, que je rencontrais la semaine
dernière, que nous allions les associer de plus près aux travaux
que nous avons entrepris avec les Cris et les Inuit. Ils étaient
très heureux de ça. Il pourrait arriver que de ces contacts
découlent des volontés d'ententes et l'Administration
régionale Kativik aurait ce qu'il faut pour les faire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Si on dit «comprennent une
communauté autochtone - pour pouvoir signer - une personne morale et
tout groupement de personnes formé pour la poursuite d'un but
commun», est-ce que ça voudrait dire que, dans le cas d'une
compagnie, par exemple... C'est une personne morale, une compagnie, à ce
que je sache. Bon, ils veulent faire, mettons, des travaux publics, des travaux
routiers, la communauté décide de faire des travaux routiers.
Est-ce que ça veut dire que l'Administration régionale pourrait
passer un contrat clé en main sans passer par des règles
connues?
M. Ryan: II faut que ce soit avec...
M. Dufour: Parce qu'on dit «tout groupement de personnes
[... ] pour la poursuite d'un but commun». le but commun, c'est de faire
une route potable. le contracteur poursuit le but, avec lui, de faire une
route. est-ce que ça voudrait dire jusque-là?
M. Ryan: II y a deux choses là. D'abord...
M. Dufour: Ou ça pourrait être la construction d'une
bâtisse. Ça pourrait être d'autres choses.
M. Ryan: Oui, c'est ça. Il faut l'autorisation du
ministre.
M. Dufour: Oui. Mais, dans les règles
générales, le ministre ne peut pas autoriser d'autres choses que
ce qui est permis dans la loi, à moins qu'il y ait une permission pas
mal plus grande.
M. Ryan: II peut avoir des directives spéciales du Conseil
exécutif. Mais, là, a priori, il n'est pas lié par toutes
les autres contraintes, sauf celles qui peuvent être inscrites dans la
Loi sur les villages nordiques et l'Administration régionale
Kativik.
M. Dufour: Mais, actuellement, est-ce que vous pouvez me donner
l'information, si ça pourrait se faire?
M. Ryan: Si ça pourrait se faire?
M. Dufour: Le contrat clé en main avec...
M. Ryan: À supposer qu'ils auraient l'argent. Dès
qu'il est question d'affaires comme ça, ils ont besoin d'argent, vous
savez.
M. Dufour: Oui, mais vous en donnez de l'argent, par exemple,
pour acheter des...
M. Ryan: Oui, mais on ne le donne pas
inconsidérément. On va mettre des conditions. On va dire: Si vous
voulez bâtir un hôtel de ville, vous allez soumettre des projets,
vous allez nous dire combien ça va coûter. On a des choses en
discussion actuellement. Il y a un garage qui a passé au feu; ils
voulaient en rebâtir un qui était trop grand, trop coûteux
pour nos moyens. On a dit: Vous allez réduire ça et là on
envisage même peut-être seulement de rénover celui qui avait
été endommagé sérieusement. Mais, là, on a
un mot très important là-dedans.
M. Dufour: Je sais qu'actuellement il y a des contrats, par
exemple, qui sont octroyés pour des aéroports locaux, parce
qu'ils n'ont pas grand routes, ils n'ont pas d'autoroutes dans le coin. Et,
dans un cas particulier, ils ont fait un aéroport, ça a
coûté 5 000 000 $ à 7 000 000 $ et l'aéroport n'est
pas situé au bon endroit. Et là ils sont obligés de
recommencer et ça va
coûter aussi cher.
M. Ryan: Maintenant, ça, ça a été
financé par le gouvernement fédéral, pas nous autres. (20
h 40)
M. Dufour: Bien, ça a passé au ministère des
Transports.
M. Ryan: Je serais bien surpris. Je peux le vérifier,
mais...
M. Dufour: Comment voulez-vous que je sache ça, moi? C'est
à la commission, ici, que ça a passé, ça...
M. Ryan: Oui.
M. Dufour:... quand on approuve les engagements financiers et les
crédits. Est-ce que la loi qu'on fait là va au-dessus de ce qui
est déjà fait dans la loi générale? Il y a une
section, Travaux publics de la corporation et adjudication de ses contrats. Aux
articles 203 et 204, il y a toute une série de... Est-ce que ce qu'on
fait là passe par-dessus ça?
M. Ryan: Là, on parle de l'Administration
régionale. Si vous voulez, on va se référer à des
dispositions qui viennent plus tôt, 152 et suivantes. Regardez l'article
158, par exemple: «Le gouvernement, le ministre, l'organisme ou la
personne dont l'approbation est requise ne doit accorder cette approbation
qu'après s'être assuré de l'accomplissement des
formalités requises. À ces fins, il peut exiger du conseil qui a
adopté le règlement tous les documents et renseignements qu'il
croit nécessaires...»
M. Dufour: C'est quel numéro? Ça ne marche pas.
M. Ryan: 158, ça.
M. Dufour: O.K. 152, ça ne marchait pas. O.K. Ça,
vous le dites dans cette loi-là.
M. Ryan: Ça, c'est pour les communautés
locales.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Maintenant, vous allez aller à 358. Là,
ça concerne l'Administration régionale. Vous voyez qu'on
transcrit ici plusieurs des normes qui sont en vigueur dans la
législation municipale. Ça va?
M. Dufour: Oui. Ce qui veut dire que ce qu'on est en frais
d'approuver là, ça ne défait pas ce qui est là.
M. Ryan: Pas du tout.
M. Dufour: O.K. C'est ça qu'il est important de savoir.
Ça va pour ce petit bout-là. On va prendre le deuxième
alinéa.
La Présidente (Mme Bélanger): Le deuxième
alinéa. Quand vous parlez du deuxième alinéa, c'est de
351.1 ou...
M. Dufour: Oui, de 351.1; c'est ça qu'on vient de faire,
le premier alinéa. Le deuxième-La Présidente (Mme
Bélanger): O.K. «L'Administration régionale peut aussi,
avec l'autorisation du gouvernement...»
M. Dufour: Est-ce que, règle générale, les
municipalités peuvent faire des ententes avec tout gouvernement au
Canada, mais avec l'approbation du gouvernement?
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: C'est la même chose?
M. Ryan: Oui, et il y en a qui en font, des fois, sans
approbation.
M. Dufour: Ça prend une approbation, je sais ça, la
loi 38.
M. Ryan: Ils créent un organisme bénévole,
un organisme de façade, et ils vont faire une entente, quand ils voient
que le gouvernement ne comprend rien. Ça s'est produit souvent dans
votre temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Dans quelle loi on retrouve ça?
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: C'est un décret à chaque fois?
M. Ryan: C'est ça.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a une loi qui couvre ça, ces
décrets-là, ou si c'est un...
M. Ryan: Oui, c'est la loi sur le Conseil exécutif.
M. Dufour: C'est après que la loi 38 a sauté; c'est
ça qu'ils ont fait.
M. Ryan: C'est la loi sur le Conseil exécutif...
M. Dufour: O.K.
M. Ryan: ...qui a plusieurs articles consacrés aux
ententes...
M. Dufour: La loi sur le Conseil exécutif. M. Ryan:
Oui.
Une voix: Sur le ministère du Conseil exécutif,
M-30.
M. Dufour: O.K. Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour le
deuxième alinéa. Alors, j'appelle le troisième
alinéa.
M. Dufour: Dans la question de ces ententes-là, même
s'ils ont signé les ententes, s'il y avait des difficultés dans
les obligations et les droits et privilèges, comme le gouvernement du
Québec s'est prononcé, soit par un ministre sectoriel ou par
l'Exécutif, si ça comporte des obligations monétaires ou
autres, est-ce que ça lie le gouvernement, ce qui est marqué dans
ça, ou si c'est comme toute organisation, ils ont le pouvoir, mais tu
vis avec tes problèmes?
M. Ryan: Non. D'abord, supposez qu'une municipalité huit
ait mal géré ses affaires et qu'elle soit en déficit, le
gouvernement n'est pas lié par ça. Il n'est pas lié. Ils
vont le voir et ils cherchent à avoir le plus d'argent possible,
évidemment, et moralement et politiquement, il y a un problème
pour le gouvernement. Mais il n'a pas l'obligation juridique de combler le
déficit s'il y a eu une mauvaise administration. Mais, en pratique,
quand il y a des déficits, il faut les négocier et s'arranger
pour qu'il y ait un arrangement de bonne foi de part et d'autre, qui va
consister à demander qu'ils coupent les dépenses, puis que, nous
autres, on prenne certaines responsabilités pour que ça revienne
en équilibre le plus vite possible. On a des cas comme ça
actuellement. O.K.?
M. Dufour: o.k. tout à l'heure, je vous interrogeais sur
«conclure de telles ententes avec un gouvernement au canada»; ce
n'est pas juste le gouvernement canadien, ça peut être des
gouvernements de provinces aussi?
M. Ryan: Le gouvernement de l'Ontario. Oui, c'est ça.
M. Dufour: Est-ce que ça existe actuellement? Je ne sais
pas, moi.
M. Ryan: Regardez. En matière de transports, ça
pourrait très bien arriver parce qu'ils ont une ligne aérienne,
eux autres aussi. Il pourrait très bien arriver qu'ils veuillent
conclure une entente avec une ligne qui serait opérée par le
gouvernement de l'Ontario.
M. Dufour: Air Ontario.
M. Gauvin: Excusez, j'allais, justement, vous poser la question,
mais, là, je pense qu'on a l'explication: De quelle façon ils
pourraient avoir besoin de relations avec d'autres gouvernements que le
gouvernement du Canada.
M. Dufour: Les jumelages de municipalités, le
ministère est favorable à ça. Mais il n'y a pas
d'implication...
M. Ryan: Financière.
M. Dufour: ...gouvernementale quand il y a des jumelages. Il
pourrait y avoir un jumelage avec une ville, par exemple, de l'Ouest ou
autrement. Il n'y a pas d'obligation, il n'y a pas de demande à faire au
gouvernement pour ça.
M. Ryan: Non. M. Dufour: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va pour
l'alinéa 3?
M. Dufour: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
l'alinéa 4.
M. Dufour: Quand on parle «d'un comité conjoint
auquel sont délégués la totalité ou une partie des
pouvoirs», qui pourrait faire partie de ce comité conjoint? Est-ce
que c'est juste les gens qui sont directement concernés ou si ça
peut être d'autres personnes en dehors du gouvernement ou de la
municipalité?
M. Ryan: Si je comprends bien la notion de comité
conjoint, ce serait un comité formé par les deux parties
contractantes...
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: ...les deux parties à l'entente. S'il s'agit de
l'Administration régionale Kativik et du gouvernement de l'Ontario, ce
serait un comité conjoint Ontario-ARK.
M. Dufour: Mais, ça pourrait être des personnes qui
ne sont pas nécessairement membres du conseil d'administration.
M. Ryan: absolument. ils désignent des personnes. ils
pourraient même choisir une personne à montréal, par
exemple. ce n'est pas interdit.
M. Dufour: Mais, comme ce sont des pouvoirs
délégués qu'ils ont, est-ce que c'est normal qu'ils
puissent déléguer leurs pouvoirs à d'autres...
M. Ryan: Bien sûr.
M. Dufour: ...en plénitude de l'exercice?
M. Ryan: Ça se fait déjà actuellement.
Actuellement, il va arriver que des organismes intermunicipaux vont
désigner des personnes. Ce n'est pas nécessairement des
élus. Une municipalité peut désigner d'autres personnes
aussi dans certaines ententes.
M. Dufour: Oui, mais je regarde, par exemple, des corporations
municipales ou inter... pas municipales, mais des organismes...
M. Ryan: M. Carrier, je me suis aventuré.
M. Dufour: Ils vont agir, mais on va être obligés de
faire des lois pour eux autres.
M. Ryan: On va reconnaître M. Carrier. Vous deviez vous
ennuyer de lui, M. le député de Jonquière.
M. Dufour: J'ai comme l'impression qu'il s'ennuie aussi parce
qu'il veut revenir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait écouter M. Carrier
là-dessus?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Me Carrier.
M. Ryan: Parce que, moi, je ne serais jamais capable d'avoir
autant d'assurance.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Vous êtes plus sage.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, Me
Carrier.
M. Dufour: Pour le moment. (20 h 50)
M. Carrier (André): Merci, Mme la Présidente. En
effet, il faut travailler par comparaison des textes. Et c'est exact que,
très souvent, dans les lois municipales, on va préciser
qu'à un organisme intermunicipal, comme le conseil d'administration
d'une régie intermunicipale ou une corporation intermunicipale de
transport dont vous vous apprêtiez à parler, on exige que les
membres du comité soient ou bien, en totalité, des élus
ou, en grande majorité, des élus. En général, on
exige la totalité. Ici, justement, par comparaison des textes, le
ministre avait raison de dire que ce comité-là n'aurait pas
nécessairement à être formé d'élus ou de
membres du conseil de l'Administration régionale Kativik, parce que,
justement, on n'exige pas que ses membres soient réservés
à des élus. Cependant, comme il l'a dit, c'est un comité
conjoint, donc c'est un comité qui représente chacune des parties
à l'entente; alors, il faudrait que la personne nommée sur le
comité conjoint pour représenter l'Administration
régionale Kativik soit quelqu'un qui a reçu une nomination en
bonne et due forme. Alors, ils pourront choisir, ou bien parmi leurs membres du
conseil d'administration, parmi leurs fonctionnaires, ou même, à
la rigueur, parmi des personnes-ressources qui, sur l'entente en question, sont
vraiment les personnes les mieux qualifiées pour défendre les
intérêts de l'ARK.
M. Dufour: Mais est-ce que c'est ça qu'on veut vraiment?
Si on écoute votre explication, c'est que, règle
générale, on dit: Bien, il va y avoir un élu, il va y
avoir, en majorité, des élus. Parce que l'imputabilité,
c'est les élus qui l'ont; même s'ils nomment des gens de
l'extérieur, l'imputabilité est vis-à-vis les élus,
mais elle l'est moins vis-à-vis ceux qui les ont élus, autrement
dit, leurs délégués. Est-ce que vous avez envisagé
la possibilité d'un cas comme ça, qu'il aurait pu y avoir des
élus sur ce comité conjoint?
M. Ryan: Ce n'est pas exclu. Non, non.
M. Dufour: Ce n'est pas exclu, non, mais peut-être qu'on
aurait pu l'obliger si...
M. Ryan: M. Carrier me signale que le texte a été
rédigé de manière à pouvoir s'harmoniser le mieux
possible avec la Convention de la Baie James. Quand la Convention parle de
comité conjoint, elle ne donne pas davantage de précision, mais
ça laisse à chaque partie intéressée le soin de
désigner les personnes qui la représenteront, ce qui n'exclut pas
les élus, évidemment.
M. Gauvin: II doit y avoir des coutumes de fonctionnement aussi
depuis quelques années, hein?
M. Ryan: Oui.
M. Gauvin: Je pense que ça a dû être
pratiqué, ça.
Une voix: Les quoi?
M. Gauvin: Les habitudes de fonctionnement. Ça a dû
être pratiqué, les comités conjoints, depuis, justement, ce
que M. le ministre relate, la Convention de la Baie James.
M. Dufour: C'est évident que l'administrateur de la Baie
James, il a été un temps qu'il ne demeurait pas à la Baie
James; ça, c'est clair
qu'il y a des coutumes un peu spéciales. Mais je soulève
le point au cas où, pour regarder l'éventualité de...
M. Ryan: Vous avez un complément d'explication à
fournir, M. Carrier, peut-être?
La Présidente (Mme Bélanger): Me Carrier.
M. Carrier: Oui, c'est ça. C'est que l'article qui est
là reprend à la fois ce qui était écrit dans la
Convention qui a été signée en 1975, plus la loi originale
- vous en avez parlé, d'ailleurs, au tout début de votre
intervention - de 1978, la loi Kativik, avant qu'elle ne soit modifiée.
Les articles qui ont été utilisés comme modèles
pour la loi en 1978 étaient les articles qui existaient dans la Loi sur
les cités et villes et le Code municipal à l'époque.
C'était avant l'époque de régies intermunicipales, etc.
L'idée, à ce moment-là, de l'organisme qui appliquait les
ententes, c'était, dans la Loi sur les cités et villes et le Code
municipal, un comité conjoint. C'était la même chose
également dans les lois des communautés qui existaient à
l'époque; on appelait ça un comité conjoint et il n'y
avait pas d'exigences quant aux personnes qui en faisaient partie.
M. Dufour: C'est ça.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Ryan: Merci, M. Carrier.
La Présidente (Mme Bélanger): L'alinéa 4 est
adopté. J'appelle l'alinéa 5.
M. Dufour: Ça va. M. Ryan: Ça va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'alinéa 5 est
adopté. Est-ce que l'article 1, tel que modifié...
M. Dufour: Dans sa version anglaise.
La Présidente (Mme Bélanger): ...dans la version
anglaise, est adopté?
M. Dufour: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 2.
M. Dufour: Ça serait bien dur être contre.
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 est
adopté. Est-ce que le projet de loi 5, Loi modifiant la Loi sur les
villages nordiques et l'Administration régionale Kativik, est
adopté tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Dufour: Pas besoin de renumérotation.
La Présidente (Mme Bélanger): Pas besoin de
renumérotation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: C'est rare.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
remarques finales, M. le ministre?
M. Dufour: Le préambule, tout est correct.
M. Ryan: Non, mais, Mme la Présidente, seulement un mot
pour signaler que je suis bien content de l'esprit dans lequel nous avons
procédé à l'examen de ce projet de loi. Je pense que nous
l'avons fait dans l'esprit qui convient, c'est-à-dire un esprit
d'intérêt sincère pour le bien-être de ces
communautés inuit et de l'Administration régionale qui veille
à certaines questions d'intérêt commun pour elles. On verra
à ce que, dès que la loi aura été
définitivement approuvée par l'Assemblée nationale, elle
suive son cours.
Alors, je remercie toutes les personnes qui ont participé
à la préparation et à l'examen du projet de loi, en
particulier les députés qui sont présents, le porte-parole
de l'Opposition, le conseiller juridique du ministère, Mme Livemois, de
mon cabinet, M. Carrier qui nous a fait plaisir en étant présent
ce soir, M. Blanchet qui est à côté de moi, qui est le chef
du service du contentieux au ministère, qui est sous-ministre adjoint,
et à vous-même, Mme la Présidente, nos remerciements
cordiaux, et à M. le secrétaire aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Ceci étant dit, le ministre a tout
résumé. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
de l'aménagement et des équipements ayant accompli son mandat,
elle ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 20 h 57)