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(Quinze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Camden): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance ouverte et je rappelle le mandat de
la commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 189, Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec et d'autres dispositions
législatives. Est-ce que, M. le secrétaire, nous avons des
remplacements annoncés?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement d'annoncé.
Le Président (M. Camden): Je pense que nous pouvons donc
procéder immédiatement. Alors, M. le ministre, vous avez
peut-être des remarques préliminaires à nous faire part
quant à l'étude de ce projet.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Pas vraiment, M. le Président. Je voudrais me
borner à rappeler que l'objet premier du projet de loi est d'assurer que
les unités d'habitation construites avec la participation
financière du gouvernement du Québec resteront dans le domaine
public et continueront d'appartenir à la communauté, sous une
forme ou sous l'autre, à moins qu'une autorisation d'en disposer ne soit
donnée par la Société d'habitation du Québec,
moyennant quoi, en pareille occurrence, l'organisme qui disposerait d'une ou de
plusieurs unités d'habitation serait tenu, à même le prix
de vente, de rembourser d'abord les subventions reçues
antérieurement du gouvernement. Voilà l'objectif essentiel du
projet de loi.
Il y a deux objectifs particuliers qui viennent se greffer à
celui-ci. Il y a, d'abord, certains réaménagements mineurs dans
les délégations de signature ou d'autorité à
l'intérieur de la Société, pour des motifs que nous
pourrons expliquer en cours de route. Il y a également, à
certains règlements que pourrait édicter le gouvernement
concernant les affaires de la Société, l'extension d'une clause
qui permet de mettre au point des règlements tenant compte de
différences comme l'âge, le handicap ou d'autres facteurs. Quand
on traite d'habitation, je le disais hier à l'Assemblée
nationale, il n'est pas toujours facile de concevoir des normes qui devront
s'appliquer rigoureusement à tout le monde de la même
manière. On n'a qu'à penser aux personnes âgées, par
exemple; il y a beau- coup de mesures qui sont prises visant
particulièrement les personnes âgées. Alors, il nous est
apparu qu'une application de cette disposition qui permet de faire des
distinctions de cette nature sans que ce soit considéré comme
violant la Charte canadienne des droits et libertés ou la charte
québécoise des droits de la personne donne au législateur
et, en l'occurrence, au gouvernement un surcroît de flexibilité
qui est pleinement justifiée par la considération de la
réalité. Cela étant dit, je pense que nous serions
disposés, quand vous en jugerez, à aborder l'étude article
par article.
Le Président (M. Camden): Je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce que le député de Shefford et porte-parole de
l'Opposition a des commentaires préliminaires à formuler?
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, M. le Président, très,
très rapidement parce que je préfère qu'on y aille article
par article où on va pouvoir élaborer et aller au fond des
choses. Seulement pour dire que, en ce qui concerne la conservation du
caractère de logement social par rapport à ce qui est reconnu
comme tel au moment où le gouvernement décide de s'impliquer, on
ne peut pas faire autrement qu'être 100 % d'accord avec ça.
Ça, c'est un des volets sur lequel vous avez ma collaboration et je me
rappelle même avoir discuté, probablement avec un de vos
prédécesseurs, par rapport à des cas qui se sont produits
où, justement, il y a eu transformation, il y a eu vente et
dénonciation et je trouvais que ce n'était pas acceptable. Donc,
je n'ai pas changé d'avis, au contraire. Je suis tout à fait
d'accord avec ça et c'est un des volets qui fait que j'ai affirmé
hier que nous étions favorables au projet de loi 189 par rapport
à ce qu'on en lit présentement et sur ce volet qui est
touché par le projet de loi 189. Donc, pour ce qui est de la
conservation de la vocation de logement social des HLM privés,
organismes sans but lucratif, je dois vous dire qu'on ne traînera pas
longtemps sur ces articles-là. Tout à fait d'accord.
Là où j'ai une inquiétude et même des
réticences très grandes, ça va être sur l'amendement
que vous allez apporter, que vous nous avez annoncé seulement à
l'étude du projet de loi où on était rendus finalement
à l'adoption de principe. Je dois vous dire que je suis beaucoup moins
ouvert à ça, même si effectivement vous avez le droit
d'émettre des règlements et qu'il faut, à un moment
donné, se donner les possibilités de le faire. Sauf que,
connaissant les
intentions gouvernementales qui ont été exprimées
par différents documents, ça nous inquiète largement,
l'orientation qu'on est en train de prendre par rapport au logement social et
de donner un chèque en blanc maintenant au gouvernement pour pouvoir
procéder très rapidement avec tous les moyens en main sans
discussion par rapport à une véritable politique d'habitation et
par rapport surtout à ce qu'on connaît comme intentions
réglementaires, puisque c'est connu, il y en a un qui traîne dans
le décor déjà depuis plus d'une année et l'autre,
bien, on a vu les orientations qui pourront probablement s'appliquer plus
facilement quand on aura voté cette loi-là. Donc, je pense que
ça mérite qu'on en discute et qu'on ait certaines garanties.
C'est pour ça que je ne veux pas étirer plus longtemps les notes
préliminaires. Un volet, vous avez tout mon appui; l'autre, je vais vous
dire non parce que des chèques en blanc, connaissant l'orientation,
ça m'inquiète, je vais le faire savoir et on interviendra au
moment où on sera rendus à cet article.
Étude détaillée
Le Président (M. Camden): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de Shefford. Nous sommes donc prêts et
disposés à procéder à l'appel des articles.
J'appelle donc l'article 1. Est-ce que, M. le ministre responsable de
l'Habitation, vous avez des commentaires à formuler sur l'article 1?
M. Ryan: M. le Président, vous avez appelé...
Le Président (M. Camden): Effectivement, l'article
1...
M. Ryan: Nous apprécions vivement votre
célérité.
Le Président (M. Camden): ...et je vous ai
invité...
M. Ryan: Cé-lé-ri-té, évidemment.
Vous connaissant, on ne pourrait pas penser à d'autre mot qui est tout
proche.
Le Président (M. Camden): Évidemment. Il m'arrive
parfois d'être sévère aussi, particulièrement
à l'égard de moi-même.
M. Ryan: Et vous n'avez pas ménagé le ministre de
temps à autre.
Le Président (M. Camden): Oui, parfois, par voie de
conséquence.
M. Ryan: Oui. En votre titre de député, vous avez
beaucoup de liberté. On vous en félicite.
Loi sur la Société d'habitation du
Québec Délégation de signature
Le premier article du projet de loi a pour objet de modifier l'article
15.1 de la Loi sur la Société d'habitation du Québec de
deux manières. D'abord, par l'addition, dans la cinquième ligne
du premier alinéa, après le mot "Société", des mots
"pris en application du paragraphe I) du premier alinéa de l'article
86".
On pourrait peut-être expliquer tout de suite ce que ceci veut
dire. Dans le texte actuel de la loi, il est prévu que la
Société peut faire les choses qui sont inscrites à
l'article 15.1. Elle doit les faire en vertu d'un règlement
adopté par le gouvernement, "dans la mesure déterminée par
règlement de la Société." Dans ce cas-ci, on dit: Un
règlement pris en vertu de l'article 86 qui donne à la
Société le pouvoir de faire des règlements pour sa
régie interne. Ça fait qu'on circonscrit le champ d'application
de cet article-ci. Puis, au lieu d'étendre, par conséquent, on
limite, puis on rattache ces deux articles qui n'auraient pas dû
être disjoints. Et c'est à l'expérience qu'on
s'aperçoit de ça. Je pense qu'on va tous convenir de ça
facilement. Alors, ce sont des règlements pris en application du
paragraphe I de l'article 86. Puis, comme vous le savez, le paragraphe I de
l'article 86 prévoit que la Société a le pouvoir de
prendre des règlements pour "statuer sur toute matière requise
pour sa régie interne et prescrire toute autre mesure qu'elle juge
appropriée pour la mise à exécution de la présente
loi" C'est là. Ce n'est pas nous qui l'inscrivons, c'est
déjà dans sa loi. Il faut bien qu'il y ait une clause omnibus
quelque part dans le pouvoir réglementaire de manière à
prévoir toutes les situations. Alors, ici, on fait un joint avec ceci
pour que ce soit plus facile d'établir la validité d'un
règlement, puis aussi d'en préciser la portée.
Et, dans le deuxième cas, on voudrait insérer,
après le premier alinéa, l'alinéa suivant: "Le
président-directeur général, le secrétaire ou un
membre du personnel de la Société autorisé à signer
conformément au premier alinéa peut, par procuration
écrite et spéciale, mandater une autre personne pour la signature
d'un acte, document ou écrit, déterminés au nom de la
Société".
Comme vous le savez, dans le genre d'activités dans lequel est
impliquée la Société d'habitation du Québec, on est
obligés de transiger un grand nombre d'actes individuels, puis on est
obligés de faire des transactions parfois nombreuses pour un seul acte
fondamental. Moi-même, j'ai eu l'avantage de m'occuper d'habitation
pendant plusieurs années à titre de président d'une
coopérative d'habitation. Puis, comme nous étions seulement trois
signataires, j'avais des notaires à mon bureau presque tous les jours de
la semaine, parce qu'ils venaient faire signer
des actes. Il fallait absolument que la signature de la
coopérative soit requise.
Évidemment, nous autres, nous fonctionnions à un rythme...
Quand même, c'était peut-être une centaine d'unités
que nous construisions par année. Ce n'était pas la fin du monde.
Je me permets d'informer le député de Shefford de mes
antécédents dans le secteur de l'habitation, d'ailleurs, dont je
ne me vante pas souvent, mais dont M. Arsenault, qui m'accompagne, et M. Lesage
sont bien au courant. Alors, ça aurait été une bonne chose
si nous avions eu une clause comme celle-là, permettant à un
fonctionnaire de la coopérative d'agir rapidement, au lieu de faire
attendre... Des fois, je faisais attendre des notaires pendant deux ou trois
semaines avant d'avoir le temps de les voir, quand j'étais en voyage,
etc.
Alors, vu que nous avons des activités dans toutes les parties du
Québec, c'est normal qu'on puisse désigner par procuration des
personnes qui vont souvent agir comme simples témoins passifs à
une transaction. Il y a tous les programmes, évidemment, Mon taux, mon
toit... Je vois toujours des larges sourires chez le député de
Shefford quand j'évoque le succès du programme! Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
(15 h 45)
M. Ryan: Le programme PRIL, le programme PAAP, etc. Ça ne
manque pas. Nous avons besoin de toute une série d'opérations;
chaque année, c'est des milliers d'actes. Alors, on veut qu'il y ait un
peu plus de souplesse dans la délégation, ici, de signature au
nom de la Société. Alors, voilà la portée de
l'article 1, M. le Président, expliquée aussi concisément
et franchement que possible.
M. Paré: Dans ce cas, M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford.
M. Paré: ...comme il s'agit seulement d'une
délégation de signature pour plus d'efficacité, on ne s'y
objectera certainement pas. Donc, adopté.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 1 est
adopté. Nous passons donc à l'article 2. M. le ministre.
Financement des programmes municipaux
M. Ryan: Déjà, dans le cas des
municipalités, l'objet que nous visons pour les organismes sans but
lucratif et les coopératives est garanti par certaines dispositions de
la loi actuelle, en particulier les articles 57 et 62. À l'article 62,
il est dit dans le texte actuel que "toute municipalité et tout office
municipal d'habitation constitué en vertu de l'article 57 doivent
employer le produit de toute aliénation des immeubles acquis pour la
réalisation d'un programme dûment autorisé, au
remboursement des emprunts contractés auprès de la
Société en vertu des paragraphes c et d de l'article 60".
Là, l'harmonisation avec l'article 60 n'était pas parfaite et
l'objet de la modification que nous proposons, plutôt que d'écrire
seulement des emprunts contractés, on dirait: "des emprunts
contractés auprès de la Société en vertu du
paragraphe b ou des subventions accordées en vertu du paragraphe c de
l'article 60". Alors, ça couvre les deux. Dans certains cas, autrefois,
il y avait des emprunts proprement dits; maintenant, ce sont plutôt des
subventions de fonctionnement. Ça couvre tout le terrain.
Ça veut dire que, si une municipalité vend un immeuble,
elle sera obligée de rembourser selon la nature des obligations qu'elle
a pu contracter, l'un et l'autre. La subvention de fonctionnement qu'elle
accepte n'est pas vraiment une obligation. Elle l'a reçue et ça a
été dépensé pour les fins de fonctionnement, mais
le gouvernement estime que toute plus-value qui peut découler de la
présence d'un immeuble construit avec les fonds publics doit rester dans
le secteur public, y compris, par conséquent, la valeur des subventions
qui ont été versées pour contribuer à
l'appréciation de ce bien-là. Je pense que c'est un corollaire
assez logique de ce que nous avons dit dans les débats que nous avons
eus jusqu'à maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Camden): Adopté? M. Paré:
Oui.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 2 est donc
adopté. Nous entreprenons maintenant l'étude de l'article 3. M.
le ministre, est-ce que vous souhaitez les faire séparément,
qu'on les appelle par paragraphe ou que vous procédiez globalement?
M. Paré: Paragraphe par paragraphe, M. le
Président.
M. Ryan: Oui, d'accord. Si vous nous indiquez le rythme, je pense
que c'est le meilleur, M. le Président.
Effets d'une aide financière
Le Président (M. Camden): Alors, nous allons donc, de
l'article 3 du projet de loi, appeler ce qu'on peut appeler, je pense, le
sous-article 68.1 qui est à l'intérieur de l'article 3 du
projet.
M. Ryan: M. le Président, 68.1 a pour objet, l'essentiel
de ce que nous visons. 'Toute aliénation d'un immeuble d'habitation
à loyer modique qui fait l'objet d'un accord d'exploitation intervenu
entre la Société et son propriétaire - le
propriétaire, ici, c'est soit une coopérative, soit un organisme
sans but lucratif - et toute constitution d'hypothèque ou de servitude
sur celui-ci sont interdites, sans l'autorisation de la Société.
Cette interdiction subsiste, même après l'expiration de l'accord
d'exploitation, jusqu'à ce que la Société donne
mainlevée de la charge administrative établie à l'article
68.6."
On me signale qu'actuellement c'est bien couvert. Dans les ententes
d'exploitation, c'est bien couvert qu'un organisme n'a pas le droit de vendre
l'immeuble, excepté que, lui, il peut mettre fin à l'accord
d'exploitation. S'il dit: On n'a plus besoin des subventions de fonctionnement
de la Société, à ce moment-là, il peut dire: On n'a
plus besoin de ça. Ça se trouve à mettre fin à
l'entente et, à ce moment-là, il pourrait décider de faire
des transactions spéculatives. Avec ceci, nous serions
protégée contre de semblables actions qui nous paraissant
contraires au bien public.
M. Paré: peut-être qu'il pourrait y avoir vide
juridique et qu'on exempte tout ça. on ne peut pas faire autrement et,
je l'ai dit hier, de toute façon, d'accord avec ça.
M. Ryan: Évidemment, l'interdiction s'applique non
seulement à la vente, mais également à une
hypothèque ou à la contraction d'un lien obligataire sur la
propriété.
M. Paré: Ça va, pas de commentaires.
Le Président (M. Camden): Ça va, M. le
député.
M. Paré: Tout à fait d'accord.
Le Président (M. Camden): Alors, on considère donc
que le sous-article 68.1 est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc le
sous-article 68.2.
M. Ryan: Alors, 68.2 poursuit la démarche commencée
à 68.1. Évidemment, ici, on fait, au propriétaire d'un
immeuble qui projette d'aliéner celui-ci, l'obligation de faire
parvenir, au préalable, un avis de son intention à la
Société d'habitation du Québec. Cet avis permettra
à la Société de prendre les dispositions requises, en
particulier, comme nous le verrons à un article suivant, de se
prévaloir de son droit d'achat.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford?
M. Paré: Oui, ça va.
Le Président (M. Camden): Ça vous va?
M. Paré: Effectivement, ça vient compléter
l'autre.
Le Président (M. Camden): Alors, le sous-article 68.2 est
donc adopté. J'appelle donc le sous-article 68.3.
M. Ryan: 68.3 donne à la Société le droit
d'acquérir, de préférence à tout autre
acquéreur éventuel, l'immeuble d'habitation à loyer
modique mis en vente par son propriétaire, et ce, aux conditions et pour
la prestation qu'elle a indiquées. Cependant, comme l'immeuble a
été financé par la Société d'habitation,
celle-ci a le droit de déduire du prix demandé le montant des
subventions déjà versées pour la réalisation et
l'exploitation de cet immeuble. Elle a 60 jours pour exercer ce droit de
préemption.
M. Paré: O.K. Donc, c'est ce qu'on disait. C'est ce qu'on
retrouve, le droit de préemption à la Société.
Adopté.
Le Président (M. Camden): Alors, le sous-article 68.3 est
adopté. J'appelle le sous-article 68.4.
M. Ryan: Là, nous partions d'un délai de 60 jours
qui doit être fourni à la Société. Si, à
l'expiration de ce délai, la Société ne s'est point
prévalue de son droit de préemption, à ce
moment-là, le propriétaire peut procéder à
l'aliénation de l'immeuble dans les 60 jours qui suivent en faveur de la
personne indiquée dans l'avis transmis à la
Société, aux mêmes conditions et pour la prestation
exigées de cette personne, etc. Ensuite, le produit de
l'aliénation devra être appliqué par
préférence au remboursement du montant des subventions
versées par la Société pour la réalisation...
Ensuite, il y a un avis de 15 jours qui doit être donné à
la Société pour l'acte d'aliénation ou de constitution
d'hypothèque et la Société peut, sur demande, prolonger le
délai de 60 jours afin de permettre la réalisation de
l'aliénation.
Nous savons tous qu'il arrive souvent des délais dans ces choses.
Il y a toutes sortes de vérifications. Il y a des problèmes de
financement à régler. Des fois, il y a des mortalités qui
peuvent survenir ou des accidents familiaux. Tout ça change les
intentions. C'est pour ça que c'est bon de prévoir des clauses
comme celles-là qui donnent un peu de souplesse.
M. Paré: Les délais proposés, là, 60,
15, 60, pour la Société, est-ce des délais suffisants?
M. Ryan: Au début, dans les premières versions, on
se donnait des délais plus courts, mais on les a
libéralisés un petit peu pour donner la chance de fonctionner.
J'aimerais que M. Arsenault dise un mot là-dessus, s'il le veut
bien.
M. Paré: Non, c'est juste une question de...
M. Ryan: Non, non, mais vous posez la question. M. Arsenault est
mieux placé pour répondre.
Le Président (M. Camden): M. Arsenault.
M. ArsenauK (Jean-Paul): Je pense, pour ce qui est du premier
délai de réaction initiale de la Société, ce qu'on
visait là, c'est de donner un temps, quand même, normal à
la Société de faire le tour du dossier et de s'assurer d'avoir en
main toutes les pièces, mais également de ne pas pénaliser
indûment la coopérative ou l'organisme en laissant traîner
un dossier. Donc, on dit: On se donne 60 jours et, en dedans de 60 jours,
ça nous apparaît un délai raisonnable, pour un organisme
qui veut vendre son bâtiment ou le céder, afin d'avoir notre
première réaction. Sans ça, sans un tel délai,
ça pourrait traîner, à ce moment-là, et léser
les organismes en question.
M. Paré: Je posais la question parce que, comme c'est la
Société qui a le droit de premier achat, si on décidait
que c'est intéressant de se porter acquéreur de cet
édifice, à cause des délais obligatoires, parce que,
là, ça oblige à procéder avec les normes
gouvernementales et toutes les procédures, est-ce que c'est un
délai suffisant?
M. Ryan: Mais ça, c'est dans l'hypothèse de la
vente à un autre acquéreur.
M. Paré: O.K. Mais dans les 60 jours où on doit
réagir...
M. Ryan: Elle doit juste signifier son intention d'exercer son
droit. Il n'y a pas d'autres...
M. Paré: O.K. Donc, c'est juste l'intention. M. Ryan:
Oui, c'est ça. M. Paré: On se donne...
M. Ryan: Une fois qu'elle l'a signifiée, ils sont
liés et il faut qu'ils acceptent les délais gouvernementaux,
quitte à avoir un recours au tribunal si ça traîne
trop.
M. Paré: O.K. M. Ryan: O.K.
M. Paré: Avec ces explications-là, ça
va.
Le Président (M. Camden): Alors, le sous-article 68.4
est-il adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc le
sous-article 68.5. M. le ministre.
M. Ryan: C'est les possibilités d'annulation d'un acte qui
crée des obligations sur un immeuble. On indique ici les motifs pour
lesquels cette transaction-là pourrait être réputée
nulle. Ça veut dire que, si on a fait une aliénation en violation
surtout du droit de préemption de la Société ou sans son
autorisation, à ce moment-là, l'acte est réputé nul
à sa face même.
M. Paré: Ça va.
Le Président (M. Camden): Le sous-article 68.5 est-il
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle le
sous-article 68.6.
M. Ryan: 68.6 indique qu'un immeuble d'habitation à loyer
modique visé par le projet de loi est grevé, par l'effet de la
loi, d'une charge administrative de protection de logement à loyer
modique, laquelle subsiste après l'expiration de l'accord
d'exploitation.
J'aimerais peut-être que nous demandions à Me Lesage, qui
est le secrétaire et le conseiller juridique de la
Société, d'expliquer ce que veut dire cette charge administrative
de protection du loyer modique.
Le Président (M. Camden): Alors, Me Lesage.
M. Lesage (Jean-Luc): Je vais me défiler. Étant
donné que c'est une expression qui nous vient du ministère de la
Justice et du droit civil, je vais demander à Me Bélanger, qui
est à l'autre bout, d'expliquer le choix des termes.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Ça vous est
relégué, Me Bélanger.
M. Bélanger (Albert): Alors, "charge administrative"; on
ne pouvait pas utiliser le terme "servitude" puisque ce n'est pas une servitude
réelle. Ce n'était pas une servitude ou une charge due par un
immeuble en faveur d'un fonds contigu. Ce n'est pas une servitude personnelle,
c'est-à-dire un droit de jouissance sur un immeuble. On voulait
créer une charge réelle, au
même titre qu'une servitude, mais qui soit due par l'immeuble,
mais que le propriétaire est obligé de respecter parce que
l'immeuble lui-même ne peut pas l'exercer, la conserver. C'est une charge
réelle au même titre qu'une servitude d'ordre public.
Le Président (M. Camden): On vous remercie de votre
éclairage, Me Bélanger. Est-ce que, M. le ministre, vous avez
d'autres commentaires à formuler?
M. Ryan: Je remercie Me Bélanger de ses explications,
parce que l'expression m'avait quelque peu étonné et
j'espère qu'on innove dans le bon sens.
M. Bélanger (Albert): C'est qu'on était restreint
par le vocabulaire juridique actuel et on a essayé d'innover pour bien
couvrir la réalité. Et l'expression "charge administrative" est
acceptée par les responsables qui travaillent à la réforme
du Code civil.
M. Ryan: Vous voyez que la Société d'habitation
collabore bien avec le ministère de la Justice.
M. Bélanger (Albert): Exact.
M. Ryan: J'en profite pour le signaler.
Le Président (M. Camden): Ils sont déjà
même à l'avant-garde.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Le Code n'étant pas
encore adopté. M. le député de Shefford.
M. Paré: Nous, si on veut marier efficacité et
modernité, on va être d'accord.
Le Président (M. Camden): L'article 68.6 est-il
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté.
M. Ryan: C'est très proche de la définition de
libéral, ça.
M. Paré: Ça, on pourrait faire un grand
débat là-dessus.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): J'appelle le sous-article 68.7.
M. le ministre.
M. Ryan: 68.7 confère à la Société le
pouvoir de requérir une injonction pour empêcher qu'une
transaction se fasse contrairement à l'objet du projet de loi et
à la volonté du législateur. je pense que c'est un recours
qui est important.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford.
M. Paré: En fait, ce n'est pas une précision par
rapport à ça. J'en profite parce qu'on est là, mais
serait-il possible de nous déposer une copie pour voir un contrat type
par rapport à ces fameux accords d'exploitation?
M. Ryan: M. Lesage en a un exemplaire ici. On peut le soumettre
à la vue.
M. Lesage: Si ce n'est pas barbouillé, on peut le
déposer.
M. Ryan: On donnera toutes les explications si c'est
nécessaire.
M. Paré: Non, non, comme on en parle, j'aimerais ça
qu'on puisse y référer de temps en temps avec tous les termes que
ça inclut.
Le Président (M. Camden): Le messager va en faire une
photocopie.
M. Paré: S'il y avait des noms, vous pouvez attendre. Je
ne le demande pas maintenant.
M. Ryan: Pour vérifier s'il y a des noms. On va s'assurer
qu'il n'y ait pas de noms qui constitueraient des indiscrétions ou des
invitations de votre part à voir du patronage.
M. Paré: Inquiétez-vous pas. C'est un mot que je
n'ose même pas prononcer.
M. Ryan: Vous savez que, dans notre cas, ça n'existe pas.
Ha, ha, ha!
M. Paré: Faites-moi pas rire!
M. Ryan: Alors, celui-ci, on le soumet volontiers à
l'attention. Écoutez, si vous voulez en faire tirer des copies, M. le
Président, pour l'usage de tous les membres de la commission, je
l'apprécierais vivement.
Le Président (M. Camden): Alors vous souhaitez en avoir
des copies, M. le député?
M. Paré: Oui, s'il vous plaît.
Le Président (M. Camden): Alors, si vous voulez
reproduire, M. le messager, des copies, pour le bénéfice de nos
collègues. On soumettra à votre examen, M. le
député de Rimouski, attentif ce document. (16 heures)
M. Paré: Ça va, M. le Président, pour cet
article.
Le Président (M. Camden): Alors, le sous-article 68.7
est-il adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc le
sous-article 68.8.
M. Ryan: Ici, c'est un allégement d'obligation pour la
Société. Peut-être, M. Lesage, que vous pourriez nous dire
en quoi consiste exactement l'article 2131 du Code civil du Bas Canada.
M. Lesage: C'est un paragraphe qui exige qu'un document sous
seing privé soit attesté par la signature de deux témoins
dont l'un est assermenté. Alors, ce qu'on demande ici, c'est d'avoir une
exception afin, comme organisme public, qu'on puisse, enfin, sous la seule
signature du P.-D.G., du secrétaire ou d'une autre personne, donner
l'avis d'enregistrement de la charge administrative qui va affecter un
immeuble.
M. Paré: c'est sûr que c'est encore une question
d'efficacité afin de procéder. mais, habituellement, pour les
autres sociétés, c'est une contrainte qui est
générale.
M. Lesage: Pas toujours. M. Paré: Non?
M. Lesage: Je pense qu'il y a des exceptions qui existent quelque
part.
Le Président (M. Camden): Me Bélanger.
M. Bélanger (Albert): On trouve, dans la Loi sur les
connaissements, les reçus et les cessions de biens en stock, une
disposition au même effet concernant les avis de cession de biens en
stock. On a également une autre disposition au même effet à
l'article 45.6 de la Loi sur les terres du domaine public. Ce n'est pas une
nouveauté, mais c'est accordé par exception, de manière
exceptionnelle. Considérant que l'organisme qui agit est un organisme
public ou parapublic, on considère que requérir l'attestation par
deux témoins dont l'un sous serment est un peu archaïque.
M. Paré: On revient à la modernité. On
corrige des choses.
M. Lesage: On est en train de préparer un règlement
sur la signature de documents de la Société qui va autoriser
justement telle ou telle personne à signer le document. Alors, je pense
qu'il y a quand même une publicité qui existe déjà
qui est peut-être préférable, enfin, à se contenter
uniquement d'une signature d'un témoin assermenté. Je pense que
la protection pour le public est là.
M. Paré: Pas de problème.
Le Président (M. Camden): Pas de problème. Alors,
le sous-article 68.8 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc le
sous-article 68.9. M. le ministre.
M. Ryan: L'article 68.9 a pour objet d'assurer que les
dispositions qu'on envisage dans le projet de loi pourront s'appliquer
rétroactivement. En fait, les programmes qu'embrasse le projet de loi
sont des programmes qui impliquent des organismes sans but lucratif. C'est
depuis 1986 que la Société d'habitation a commence à
contribuer au déficit de fonctionnement de ces organismes. Et, par
conséquent, l'objet de l'article 68.9 serait d'assurer que
l'interdiction de disposer des unités d'habitation pour fins
spéculatives ou étrangères à la volonté de
la Société et du gouvernement s'appliquera jusqu'à partir
du moment où les subventions ont été versées.
Ce n'est rien de substantiellement neuf, comme on le disait
tantôt. C'est déjà dans les accords d'exploitation qui
existent entre la Société et les OSBL, mais ça donne une
garantie qu'en cas de brisure ou de rupture de l'entente, à ce
moment-là, ce qui était dans le contrat va continuer de
s'appliquer.
M. Paré: C'est ce que je disais hier, dans mon
intervention: Ça me semble peut-être un peu excessif. Avez-vous eu
des avis du Barreau ou du jurisconsulte par rapport à ça? Parce
qu'il ne faut pas oublier que c'est rétroactif à 1987. Vous me
dites que les garanties que vous vous donnez là seraient incluses dans
les contrats, les ententes avec la Société. Mais si c'est inclus,
pourquoi ça nous oblige?
M. Ryan: C'est ça que j'essayais d'expliquer tantôt.
C'est que, si, à un moment donné, un organisme décide de
mettre fin à l'entente en disant: On n'a plus besoin de subventions de
fonctionnement, nous autres, on marche à notre compte maintenant, on met
fin à cette entente-là, à ce moment-là, il pourrait
dire qu'il n'est plus lié par la clause de non-aliénation et, on
ne sait pas, peut-être qu'on pourrait avoir une cause devant les
tribunaux.
Mais on ne veut pas engager toutes ces procédures hasardeuses,
coûteuses et articielles, en l'occurrence. On veut que l'esprit qui a
toujours présidé aux ententes entre la Société et
les OSBL soit encore plus fermement protégé. M. Arsenault
m'assure que nous n'avons. pas de cas,
actuellement, mais il y a des projets qui pourraient arriver. Il y a un
organisme qui a manifesté l'intention de voler de ses propres ailes; je
pense que c'est l'organisme Overdale que le député de Shefford a
déjà signalé à notre attention. S'il arrivait que
cet organisme-là ou un autre veuille mettre fin à une entente en
disant: Nous autres, nous n'avons plus besoin des fonds gouvernementaux, c'est
bien de valeur, nous sommes capables de nous arranger, à ce
moment-là, notre position devant les tribunaux serait douteuse
M. Paré: Je n'ai pas encore le contrat type, mais il doit
y avoir, à l'intérieur du contrat type, une possibilité
pour le propriétaire de mettre fin aux accords d'exploitation, donc aux
demandes finalement et de se retirer. Je suppose que c'est dans le contrat
type, cette possibilité de mettre fin aux demandes qui fait qu'il n'y a
plus d'aide d'exploitation. Je suppose que ça doit être dans le
contrat type.
M. Ryan: M. le Président, peut-être que M. Lesage
pourrait donner un élément d'explication sur ce point-ci.
Le Président (M. Camden): Me Lesage.
M. Lesage: Ce qui arrive dans l'accord d'exploitation, c'est
qu'il y a des engagements de la Société de subventionner pendant
35 ans ou pendant la durée utile de l'immeuble. Par contre, il n'y a pas
d'autres articles sur la durée de la convention, ce qui fait que le
propriétaire pourrait y mettre fin n'importe quand en disant: Moi, je
n'ai plus besoin de subvention et je change de clientèle. Ça
pourrait arriver après quelques années où on a investi
beaucoup d'argent et, là, la clientèle des démunis ne
serait plus desservie par cet immeuble-là. Donc, on est obligés
de légiférer parce que nos conventions, en fait, sont faibles,
dans le sens où elles ne sont pas enregistrées contre l'immeuble,
elles ne sont pas opposables aux tiers. On ne pourrait pas faire annuler une
vente qui serait en contravention du contenu de l'accord d'exploitation. Alors,
on a vraiment besoin, si on veut protéger le stock existant, d'avoir une
disposition semblable, parce que, sans ça, on est a la merci de la
décision des propriétaires de continuer ou non d'être
subventionnés.
M. Ryan: Pendant que le député de Shefford
délibère avec lui-même, nous pourrions peut-être
préciser que les unités d'habitation que nous voulons
protéger par ce projet de loi, c'est-à-dire les unités
construites en collaboration avec des OSBL ou des coopératives, depuis
1986, sont de plus de 3000, actuellement. Je vais vous donner un chiffre plus
précis: 3269, au 30 septembre 1991. Ça représente une
valeur de plus de 200 000 000 $, suivant les inscriptions au rôle
d'évaluation; c'est de l'argent. Ça peut acquérir une
valeur infiniment supérieure. Il y a des projets de HLM qui ont
été construits à Montréal, dans des parties de
Montréal où le terrain connaît une appréciation
considérable avec les années. Ça va faire un patrimoine
extrêmement important pour le Québec.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford.
M. Paré: On ne s'objectera pas là-dessus. Je ne me
parlais pas moi-même, je dois dire, M. le ministre, pour
l'enregistrement. Je ne suis pas rendu là et j'espère ne jamais
me rendre là. Je parlais avec un conseiller pour qui j'ai beaucoup
d'admiration parce qu'il sait de quoi il parle. Je voulais juste m'assurer...
Comme ça nous permet de rendre pratique, finalement, le principe qu'on
amène dans le projet de loi, on ne s'objectera pas, parce que c'est beau
d'avoir le principe, mais il faut aussi qu'il y ait la réalisation de
ça, l'actualisation. L'affaire, c'est qu'en même temps il faut se
questionner, comme gouvernement, à savoir si, des fois, on ne prend pas
des mesures excessives et c'est ce que je voulais savoir, être bien
sûr. N'oubliez pas que les contrats dont on traite maintenant, c'est
rétroactif avec des gens qui ont signé de bonne foi des contrats
qui sont encore en vigueur. Et je me demandais s'il y avait vraiment
nécessité d'aller aussi loin. Mais, les explications que vous
m'avez fournies et ce que, la, vous avez considéré comme
étant moi-même me permettent de conclure que c'est acceptable.
M. Ryan: Une partie de vous-même. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Ryan: Une partie de votre quiddité politique
M. Paré: Ah! Bien.
M. Ryan: J'ajoute juste un point ici. Depuis le début,
c'est 3269 immeubles, au 30 septembre 1991. Si on devait, par exemple, faire
porter ça seulement sur les immeubles construits au cours de la
dernière année, ça serait infiniment inférieur
à ça, puis, déjà, il y aurait un
élément de rétroactivité. Ça veut dire que
le projet de loi n'aurait pratiquement pas de portée. Il en aurait pour
l'avenir. Ça va. Je pense qu'on s'entend. C'est bon de vérifier.
Vous avez raison et je suis d'accord avec l'attitude du député de
Shefford sur ce point-ci: quand on parle de rétroactivité, il
faut être très vigilants.
M. Paré: Oui, je pense que c'est...
M. Ryan: Les gouvernements, quand ils commencent à
vieillir, sont portés à des abus,
des fois, là-dessus; ce n'est pas notre cas du tout. Ha, ha,
ha!
M. Paré: Je ne vous le fais pas dire. Je le pensais, mais
vous l'avez cité à ma place finalement. Et comme c'est rare qu'on
légifère de façon rétroactive, spécialement
dans un domaine juridique, je pense que c'est bon qu'on en discute avant.
M. Ryan: C'est là que l'expérience est très
importante. Ceux qui ont de l'expérience savent le danger de la
rétroactivité.
M. Paré: Ah! Je dois vous dire... M. Ryan: Ce n'est
pas donné aux jeunes. M. Paré: J'aime autant
prévenir que guérir. M. Ryan: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Camden): Alors, le sous-article 68.9
est-il adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc le
sous-article 68.10.
M. Ryan: alors, 68.10 a pour objet de permettre à la
société de prendre des règlements pour sa régie
interne et en particulier, s'il y a lieu, de déléguer au
président-directeur général... pardon?
Une voix: C'est la page précédente.
M. Ryan: Ah! Excusez, je suis en avance sur mon... Il y a
tellement une atmosphère de collaboration que je me laissais
emporter.
Le Président (M. Camden): Oui, le rythme est assez
soutenu.
M. Ryan: Regardez, 68.10 est un autre corollaire logique de ce
que nous avons fait jusqu'à maintenant. Là, il s'agit de
prévoir que les dispositions des articles 68.1 à 68.8 cesseront
"de s'appliquer à l'égard du propriétaire d'un immeuble
d'habitation à loyer modique qui détient sur le terrain un droit
d'emphytéose, consenti par une municipalité ou un organisme
public, à la date d'extinction de ce droit". Si on a construit des
bâtisses sur un terrain qui est chargé d'un droit
d'emphytéose de 50 ans, au bout de 50 ans, la municipalité, ou
l'organisme public qui l'a consenti, c'est normal qu'elle ait le droit de
recouvrer son terrain et que, là, elle ne soit pas sujette au veto de la
Société d'habitation du Québec. Je pense qu'on comprend
tous ça instinctivement.
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Alors, le sous-article 68.10 est
adopté. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc
l'article 4. M. le ministre.
Règlements
M. Ryan: L'article 4 a pour objet d'élargir quelque peu
les pouvoirs de délégation, toujours en vertu de
règlements pris sous l'empire de l'article 86. Vu qu'il s'agit de
certains élargissements en matière de délégation,
peut-être qu'on pourrait demander au président de la
Société d'habitation du Québec, M. Arsenault, avec le
consentement de l'Opposition, de nous donner des explications. J'imagine qu'il
n'est pas étranger à cette disposition.
Le Président (M. Camden): Consentement? M. Arsenault.
M. Paré: Consentement. (16 h 15)
M. Arsenauit: Tout simplement, je pense que le but de cet
article-là, c'est quand même d'éliminer ou d'écarter
certains doutes qu'il aurait pu y avoir quant à la valeur de la
formulation actuelle du paragraphe I de l'article, de façon à ce
que le président puisse... Ça ne change rien quant à
l'objet prévu initialement. C'est qu'initialement, si on regarde dans la
loi actuelle on retrouve: en "toute matière requise pour sa régie
interne et prescrire toute autre mesure qu'elle juge appropriée pour la
mise à exécution de la présente loi".
Donc, là, il y a plusieurs gestes qui doivent être
posés par la Société comme personne morale et,
malgré que l'article 15.1 permet à la Société -
celui qu'on a vu tantôt - d'autoriser un membre de son personnel, dont le
président, à faire ça, nous avons cru utile de
repréciser à nouveau à l'article 86 que ça se
faisait conformément au pouvoir de délégation que la
Société a déjà. La Société peut
déléguer l'exercice de certains gestes à des
fonctionnaires, dont le président. Donc, essentiellement, c'est pour
éviter des doutes qui nous ont été formulés
à un moment donné, pour s'assurer qu'il ne puisse pas y avoir
à l'avenir des gestes qui auraient été posés dont
la légalité puisse être contestée en invoquant le
manque de précision de la loi actuelle. On va dire: Les gestes qui ont
été posés l'ont été en toute
légalité.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford.
M. Paré: C'est un article de concordance,
évidemment, par rapport à ce qu'on a voté
tantôt...
M. Arsenault:À15 .1
M. Paré: ...à 15.1 qui touchait le même
paragraphe I de l'article 86 de la Loi sur la Société
d'habitation du Québec. Mais, au-delà de cette concordance et de
cette clarification, est-ce que ça vous donne d'autres pouvoirs?
M. Arsenault: En fait, ça ne donne pas plus de pouvoirs
que ceux que la loi actuellement permet au conseil d'administration de
déléguer au président. C'est les pouvoirs, à toutes
fins pratiques, que la Société a. Ça peut être des
autorisations, des approbations, toutes sortes d'autres documents.
Déjà, le conseil d'administration de la Société
peut déléguer la signature de ces documents-là au
président ou à d'autres fonctionnaires. Donc, ça
n'élargit pas le champ d'application. Ça ne fait que le
préciser.
M. Ryan: ce n'est pas clairement indiqué dans la loi
actuelle. ça pourrait être contesté. m. lesage peut
peut-être fournir un complément d'explication.
Le Président (M. Camden): Me Lesage.
M. Lesage: M. Paré, il faut faire le lien avec l'article
15.1 qui concerne la signature des documents. Ce qui arrive, c'est qu'on a un
article qui nous dit, en fait, que tout le monde peut signer en autant que
c'est prévu dans le règlement. Par contre, lorsqu'on arrive
à examiner la nature des documents qui peuvent être signés,
on a parfois des problèmes. Le problème le plus sérieux et
pour lequel on a demandé cet article-là, c'est les fameuses
mainlevées d'hypothèques, par exemple, dans le cadre du programme
PRIL et du programme PARCQ. Les registra-teurs, un peu partout dans la
province, nous disent: Ça nous prend une résolution de la
Société. Nous autres, on trouve ça un petit peu aberrant
d'attendre deux mois, afin de libérer un terrain, pour avoir une
résolution de la Société. Là, le conseil
d'administration de ia Société pourrait dire: Les
mainlevées d'hypothèques peuvent être signées par le
président-directeur général ou le secrétaire ou un
autre directeur général. Dans le fond, c'est ça. Et on
reste toujours selon les règles du droit à l'intérieur des
pouvoirs internes que la Société a déjà. Ça
ne nous donne aucun pouvoir, sauf que ça nous permet de les exercer, je
pense, avec plus de clarté vis-à-vis des tiers. C'est exactement
le but de cette... C'est simplement pour qu'il y ait concordance entre 15.1,
règlement sur la signature, et les pouvoirs qui peuvent être
délégués à ces personnes-là.
M. Paré: Ça va.
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford, alors, est-ce qu'on considère l'article 4 comme étant
adopté?
M. Paré: Article 4, adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle donc
l'article 5.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Camden): M. le ministre.
M. Ryan: ...l'article 4 a été adopté?
M. Paré: Oui.
M. Ryan: Dans son entièreté?
Le Président (M. Camden): Dans son
entièreté, oui.
M. Paré: Oui. Ce n'est pas correct?
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection. Je suis toujours collaborateur,
mais...
Le Président (M. Camden): Je n'avais pas semblé
déceler d'hésitations de la part du député de
Shefford ni d'aucun des membres.
M. Paré: Attendez un peu. Vous avez le droit de dire ce
que vous pensez. On est ici pour se parler franchement.
Pouvoir réglementaire en matière de
catégories
M. Ryan: c'est ça, puis je n'aime pas jouer de tours aux
gens, comme vous le savez. c'est que c'est ici qu'on va traiter du pouvoir
réglementaire en matière de catégories.
M. Paré: Oui. Est-ce que vous avez un amendement à
apporter?
M. Ryan: Je n'ai pas d'amendement, non.
M. Paré: Vous n'avez pas d'amendement à
apporter?
M. Ryan: Non, si ça vous convient comme ça, je n'ai
pas d'objection du tout.
M. Paré: C'est juste que je dois vous dire que je
m'attendais à un amendement, après avoir accepté ce
paragraphe, par rapport à ce que vous avez dit hier en Chambre. Vous
n'avez pas d'amendement; donc, vous considérez que le pouvoir que vous
voulez vous donner, vous l'avez par ce qui est stipulé ici.
M. Ryan: Regardez, je vais vous expliquer comment ça se
passe. Disons qu'on suspend d'un commun accord l'adoption pour que les choses
soient claires entre nous.
M. Paré: O.K., ça va.
Le Président (M. Camden): Excellent, M. le ministre.
M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Camden): Excellent, je constate le
consentement, de part et d'autre.
M. Ryan: II existe d'abord, dans la loi actuelle, à
l'article 86... C'est la clé de toute notre affaire. Après que le
législateur a énuméré tous les objets qui peuvent
donner lieu à une réglementation, là, il y a un article
qui dit ceci: "Les règlements portant sur les matières
énoncées aux paragraphes n à r et t du premier
alinéa peuvent, sous réserve de la Charte des droits et
libertés de la personne et de la Charte canadienne des droits et
libertés, comporter des distinctions, exclusions ou
préférences fondées sur l'âge, le handicap ou tout
élément de la situation des personnes." Les paragraphes n
à r, ça, ça couvre d'abord: "établir des
catégories ou sous-catégories de logements à loyer modique
compte tenu de leurs caractéristiques physiques ou en vue de
réserver [...] l'attribution de logements situés dans tout ou
partie d'un même immeuble aux personnes qui remplissent les conditions
d'appartenance à un même groupe prévues par le
règlement; o) établir les conditions ou critères de
recevabilité d'une demande de location et d'admissibilité
à la location" ou les critères "de catégories ou de
sous-catégories de logements à loyer modique; p) établir
les conditions ou critères d'attribution de logements ou de
catégories ou sous-catégories de logements à loyer
modique, dont ceux applicables au classement des personnes admissibles; q)
exclure certaines personnes de l'admissibilité à la location
[...] ou exempter certaines personnes de l'application de certaines conditions
ou critères" et "r) conférer au locateur [...] le pouvoir
d'établir par règlement des conditions, critères ou cas
d'exclusion ou d'exemption différents de ceux établis en
application du..."
Tout ça, ça peut être fait sans violation de la
charte des droits québécoise ou de la charte des droits
canadienne suivant le texte actuel de la loi. Puis, nous voulons que
l'alinéa g) soit couvert par la même disposition. Puis,
l'alinéa g), lui, il permet à la Société
d'établir par règlement "les conditions auxquelles les baux
seront contractés". Ce sont les conditions de location.
Une voix: Puis l'autre, c'est l'attribution.
M. Ryan: Oui. Le reste dont on a parlé, c'est
l'attribution. Ça fait qu'on met les conditions de location sujettes
à cette clause-là. Ça ne préjuge de rien de ce qui
sera fait par voie de réglementation à un autre stade. Mais
ça élargit cette possibilité-là de manière
que le gouvernement ne puisse pas se voir assiégé ou mis en cause
parce qu'il aurait eu le malheur de créer une catégorie
particulière. Puis, hier, dans mon discours - je ne devrais pas dire
discours - dans mon intervention qui était toute modeste comme
d'habitude...
M. Paré: Laissez-nous qualifier vos interventions!
M. Ryan: Là, j'aimerais mieux ne pas prendre de chance.
Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...j'ai bien signalé que des
représentations nous ont été faites par les organismes qui
regroupent les foyers ou ménages logeant dans ces unités
d'habitation pour que, surtout dans l'attribution d'une participation au
coût du logement, nous tenions compte de l'âge des personnes, qu'on
ne mette pas toutes les personnes âgées de 18 à 25 ans
exactement sur le même pied. Mais il faut s'assurer qu'au point de vue
juridique on puisse le faire sans donner lieu à des contestations
artificielles. Ça, c'est un exemple. Je ne sais pas s'il sera inclus
dans un éventuel règlement. Je ne suis pas en mesure de le dire,
parce qu'il n'a pas été soumis à l'approbation du Conseil
des ministres actuellement.
Alors, ça, ça permet qu'on applique aux conditions de
location ce qu'on applique déjà aux conditions d'attribution des
logements. Autrement, on ne pourrait rien faire. Il n'y a pas d'autre chose que
ça là-dedans.
M. Paré: De toute façon, ce que vous voulez faire
ou ce que vous voulez obtenir comme pouvoir ou possibilité de
réglementation, c'est clair. Nous, ce qui nous inquiète, je l'ai
dit aussi hier dans mon intervention, c'est que, finalement, la
Société en a déjà beaucoup de pouvoirs. Je ne dis
pas que je suis contre et qu'elle ne fait pas une bonne job, au contraire, je
n'ai jamais dit ça. Sauf que la Société a beaucoup de
pouvoirs. Elle peut procéder et elle pourra procéder encore
davantage sans consultation, sans discussion. Finalement, plus on donne de
pouvoirs, plus il nous en échappe, à nous. Et, quand je parle de
nous, je ne parle pas de moi ni de l'Opposition; je parle de l'ensemble des
parlementaires. Et, dans votre intervention d'hier, vous aussi, vous
étiez clair sur les pouvoirs que vous voulez utiliser et les
réglementations possibles. Vous avez été même
très clair en donnant des exemples précis par rapport aux jeunes
d'âge adulte qui vivent l'unité familiale. Donc, c'est exactement
le règlement
qui est déjà déposé, qu'on connaît et
dont on attend toujours des résultats. On attend toujours la
décision finale par rapport à ce que vous allez en faire.
Et, là-dessus, je vais vous dire, ça revient à ce
que vous appelez mon tournage en rond, sauf que, tant et aussi longtemps qu'on
n'acceptera pas de nous donner... Et je parle encore une fois en mon nom, au
nom de beaucoup de groupes de gens qui veulent être consultés et
qui exigent une politique d'habitation pour que ça ne se passe pas
toujours à huis clos, en vase clos, mais que ça se passe
ouvertement. Je suis peut-être fatigant avec ça, mais je dois vous
dire: L'habitation, c'est un secteur majeur au Québec, il faut en
discuter. Ce que vous voulez là comme pouvoir de réglementation,
de garantie que ça vous donne de pouvoir procéder de façon
encore plus libre, bien, nous questionne et nous inquiète.
Le Président (M. Camden): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, je vous signale que nous avons
déjà, comme l'a dit le député de Shefford, un
pouvoir de réglementation assez étendu, lequel ne peut pas
être exercé arbitrairement, cependant. Il est sujet à de
nombreuses contraintes dont les suivantes: tout d'abord, la
Société ne peut pas prendre un règlement sans qu'il soit
approuvé par le gouvernement. Ça, c'est bien clair. Dans
l'article 87, il est écrit en toutes lettres que les règlements
de la Société sont soumis à l'approbation du gouvernement.
Deuxièmement, le gouvernement ne peut pas approuver un règlement
à moins d'avoir observé - sauf cas très exceptionnels -
les délais de publication définis dans la Loi sur les
règlements. Et ces délais obligent le gouvernement, avant
l'adoption de tout règlement, à en faire une
prépublication pendant une période de 45 jours. Alors, dans le
cas dont nous parlons, ça été fait. Un projet a
été prépublié. Il a donné lieu à des
réactions. Je pense qu'on a un bon exemple d'absence de
précipitation de la part du gouvernement parce que la
prépublication, quand est-ce qu'elle a pris fin, M. Arsenault?
M. Arsenault: Au mois d'août. Une voix: Le 10
août.
M. Ryan: Le 10 août et nous sommes rendus au 22 novembre,
aujourd'hui le 21 novembre. Et le gouvernement ne s'est pas
précipité. Il a regardé les choses. Il aurait bien pu
promulguer le règlement, mais on a dit: On pense à ça. On
examine toutes les propositions qui nous ont été faites. On
essaye d'aller le plus loin possible dans le sens d'un accueil favorable
à des représentations qui nous ont été soumises.
Évidemment, il faudra bien agir tôt ou tard.
Là, nous voulons donner satisfaction à des groupes qui
nous ont approchés. Ils ont dit: Tenez donc compte du fait qu'à
18 ans on n'est pas rendus à 25 ans. À 18 ans, on touche les
premières allocations sociales ou on commence à travailler,
tandis qu'à 25 ans on a pu s'établir. Comme vous le savez, c'est
tout ce groupe-là qui a été
bénéficiaire de l'ajustement des allocations sociales. Comme je
le disais hier, il est maintenant assez largement accepté, et j'en suis
fort heureux, que ces personnes, qui ont accès à des revenus
très sensiblement accrus au titre des allocations sociales par suite des
changements apportés à la Loi sur l'aide sociale par le
gouvernement actuel, soient appelées à verser une contribution au
coût de leur logement quand elles restent avec leurs parents ou avec
d'autres, qu'elles participent. Nous trouvons que c'est essentiel. Il est temps
qu'on insiste sur une responsabilité un peu plus grande. On nous a dit:
Faites-le donc de manière pondérée. On a
déjà indiqué une volonté de modération.
J'ai signifié, moi, au FRAPRU, quand il est venu me voir, que
cette modification qu'il nous avait proposée, nous invitant à
tenir compte de catégories d'âge, nous étions prêts
à l'examiner. Et là, si nous faisons cet amendement, ça
nous donnera le pouvoir d'en tenir compte. Si nous ne le faisions point, nous
n'aurions pas le pouvoir de le faire. Nous serions obligés de dire non
aux amis nombreux que le député de Shefford compte dans le
FRAPRU, selon les interventions qu'il fait en Chambre. (16 h 30)
M. Paré: Vous pouvez m'associer...
Le Président (M. Camden): M. le député de
Shefford.
M. Paré: ...à qui vous voulez, M. le ministre, je
dois vous dire que je ne me sens lié par aucun groupe de pression. Rien
ne m'empêche effectivement d'utiliser les arguments des gens qui, eux,
s'occupent des locataires, des gens mal pris, de ceux qui sont dans les
logements sociaux. Je ne fermerai la porte à personne. Je dois vous dire
que je peux rencontrer et être autant à l'aise avec l'Association
des entrepreneurs en construction qu'avec le FRAPRU, tel que vous l'avez
cité d'une façon un peu péjorative.
M. Ryan: Je voudrais signaler en guise de complément que,
moi-même, j'ai plusieurs amis dans le FRAPRU, puis je voudrais les
conserver. C'est pour ça que je veux qu'on ait le pouvoir de donner
suite à une suggestion constructive que le FRAPRU nous a faite. On a eu
des rapports très sérieux avec eux. Ils sont venus nous voir, on
a causé d'une manière responsable. Moi, je n'ai pas de critique
à faire à leur endroit sur ce point-ci.
M. Paré: C'est drôle comme les urgences
deviennent moins urgentes et que les discours changent avec le temps,
parce qu'on se rappellera en 1990 l'urgence qu'il y avait de ce fameux
règlement. On ne pouvait pas se permettre de prépublication. Il
fallait procéder comme si le feu était pris dans la cabane, au
point où on doit être débouté à la cour. Et,
là, on se dit: Regardez comment, nous, on n'est pas pressés
maintenant; il n'y a pas d'urgence. Il y en avait une il y a un an et demi, il
n'y en a plus aujourd'hui. Je comprends qu'aujourd'hui, en plus, il n'y ait
plus l'urgence d'il y a un an et demi et qu'il n'y ait même plus
l'urgence d'agir parce que ce que vous êtes en train de nous dire, c'est
que, maintenant, pour se conformer et pour être capables d'amener ce que
vous voulez amener comme modification au règlement qui n'est toujours
pas en application, ça vous prenait le projet de loi qui est ici. Donc,
effectivement, il n'y a plus urgence, pourquoi? Parce qu'il y a obligation de
se conformer à la loi.
L'urgence qu'il y avait ne tient plus. L'urgence maintenant est toujours
là par rapport à ce que vous voulez implanter; pas par rapport
à une situation sociale, par rapport à ce que vous voulez
implanter, parce que socialement il n'y aura que des perdants, sauf le
gouvernement. Parce que c'est aller chercher de l'argent dans les poches des
plus pauvres, là; ce n'est pas une question d'urgence nationale par
rapport à autre chose. Donc, s'il y avait urgence, c'était plus
une urgence budgétaire qu'une urgence en fonction de l'esprit même
du ministère de l'aide au logement. La, l'urgence ne tient plus. Quand
on l'aura voté dans quelques heures, peut-être que l'urgence va
revenir, là on verra.
Mais ce que vous êtes en train de nous dire, c'est
qu'effectivement le projet de loi, sur le premier volet dont on parlait... Et
je vous ai dit: Je vous donne ma collaboration. La preuve, c'est qu'on
allés très vite et je ne tiens pas à bloquer, même
celui-ci. Je dois vous dire qu'on ne fera pas de débat pour
débattre. Je pense que j'ai utilisé les arguments que je pouvais
pour vous convaincre; si je ne réussis pas, j'aurai fait mon devoir.
Mais, sur le premier volet afin de préserver le caractère social
du logement coopératif et OSBL, je suis 100 % d'accord. Sur celui-ci,
que ça vous permette d'apporter une modification à quelque chose
que je trouvais tout à fait scandaleux - et je l'ai dit - que ça
améliore dans le bon sens, O.K., mais ça n'enlève pas le
geste qu'on va récupérer pareil en partie. Vous êtes en
train de dire que vous nous amenez cet article dans le but d'amener une
augmentation graduée. C'est un moindre mal, mais c'est un mal pareil. Il
a beau être moindre, un moindre mal demeure un mal. Là-dessus, je
ne peux pas conclure autrement que: On nous a dit, il y a 18 mois, qu'il y
avait urgence; il n'y avait pas urgence. On nous dit aujourd'hui qu'il n'y a
plus urgence et on le justifie parce que ça prenait un projet de loi
qu'on dépose. Est-ce qu'il y aura urgence dans quelques jours?
Là, on verra, c'est vous qui avez la réponse.
M. Ryan: Je pense bien que le député ne peut pas
reprocher au ministre actuel de l'Habitation d'avoir agi souvent par
suppression de publication. Je ne me souviens pas de cas. Il y a eu un cas
récemment où on a abrégé quelque peu le
délai de publication, c'était pour favoriser... C'était
dans le cas d'un règlement qui regarde la Sûreté du
Québec. Ça a probablement échappé à
l'attention du député de Shefford, un cas assez mineur,
finalement, où il fallait agir, il n'y avait pas de gros
problèmes là-dedans. Mais, en général, on respecte
ces règlements-là et, franchement, le gouvernement est
très sévère là-dessus.
Vous avez signalé ce cas-ci, vous pouvez nous adresser une
critique, mais chaque fois que vous nous adressez une critique à propos
de ce qui est arrivé l'an dernier, vous nous adressez un compliment
à propos de ce qui n'est pas arrivé depuis ce temps-là.
Ha, ha, ha!
M. Paré: Moi, je pense plutôt que c'est l'obligation
que vous aviez maintenant par rapport à vos conseillers qui vous disent
que, comme on n'était pas couverts au niveau de la Charte, il fallait
amener cette loi-là avant de procéder, sinon probablement... Vous
ne me ferez pas accroire, en tout cas difficilement, que, si ça a
été publié au mois de juin pour entrer en vigueur au mois
d'août, ce n'était pas l'intention de procéder.
M. Ryan: Regardez, il y a une chose sur laquelle je voudrais
qu'on se comprenne. Si nous avions voulu ne pas tenir compte de l'opinion du
FRAPRU, nous pouvions là promulguer le règlement comme il avait
été prépublié. Nous avions tous les
éléments pour l'officialiser. Moi, j'avais seulement qu'à
faire une recommandation au Conseil des ministres. J'ai dit: Non, on va tenir
compte des représentations qui nous ont été soumises et
là, en examinant de près cette possibilité, nous nous
sommes rendu compte ensemble - parce que nous apprenons en avançant,
nous ne savions pas toutes ces choses-là de science infuse - que ce
serait plus prudent, plus réaliste de procéder avec cette mesure
qui est contenue dans l'article que nous discutons actuellement, le
deuxième volet de l'article 4 du projet de loi. Mais c'est parce que
nous voulions tenir compte des représentations qu'il y avait; autrement,
il n'y en avait pas besoin. On avait tout ce qu'il fallait pour marcher.
O.K.
M. Paré: Oui, sauf que c'est évident, quand on
regarde la démarche dans le temps, qu'on peut avoir des conclusions qui
sont différentes des vôtres.
M. Ryan: Ça, c'est vrai. Regardez, mais si
vous jugez la démarche suivie depuis un an, je ne pense pas que
vous pourrez avoir des conclusions différentes. Ici, là, le
gouvernement, en acceptant la trajectoire proposée par le ministre, a
accepté de perdre des revenus qui ne sont pas insignifiants, non plus.
Vous l'avez dit. Vous nous avez reproché d'aller chercher un peu
d'argent additionnel de ce côté-là. Vous allez accepter au
moins qu'en n'allant pas le chercher le gouvernement fait quand même un
geste louable. On ne peut pécher en y allant et en n'y allant pas!
Alors, on a différé cette chose-là. On ne sait pas ce qui
arrivera, on ne sait pas ce qui arrivera. Mais là on permet au
gouvernement de tenir compte des suggestions constructives
présentées par certains organismes qui ont vraiment à
coeur l'intérêt des locataires, des occupants de ces maisons,
comme nous sans doute.
M. Paré: L'avantage qu'on a de discuter en commission
parlementaire, ce qu'on ne peut pas faire lors d'une question à
l'Assemblée nationale à cause du temps, c'est finalement
d'entendre des choses. Ce que vous venez de dire, je l'ai cité. Le fait
que vous n'ayez pas procédé plus rapidement fait en sorte qu'il y
a une perte de revenus qui ne sont pas insignifiants. C'est exactement ce qu'on
dit, nous aussi. C'est qu'on va chercher des sommes qui sont loin d'être
insignifiantes sur le dos des plus démunis de la
société.
M. Ryan: Ça, nous le verrons en temps utile, mais, pour le
député d'Argenteuil, dès que c'est un dollar d'argent
public qui est concerné, ce n'est pas insignifiant.
M. Paré: Oui. Ça, là-dessus...
M. Ryan: Vous le savez, ça; je pense que ma
réputation est faite de ce côté-là.
M. Paré: Oui. Et, là-dessus, vous avez une vision
des choses qui n'est pas nécessairement la mienne et puis vous le savez.
Et, sur bien des domaines, je dois dire que je ne pense pas qu'on va
réussir ni l'un ni l'autre à se convaincre, sauf qu'on peut
avancer sur des choses. La preuve, c'est que, bon, sur toutes les lois qu'on a
passées ensemble, dans les discours qu'on a, on fait valoir notre point
de vue et je pense que c'est respectueux, et je ne vois pas pourquoi ça
changerait. Sauf que la vision que j'ai d'un ministre responsable de
l'Habitation comme d'un ministre qui est responsable de l'Agriculture, je me
dis toujours: Avoir un titre de ministre avec un secteur particulier de
clientèle, c'est au service de cette clientèle et en essayant de
l'aider. Moi, c'est la vision que j'ai. Je peux me tromper, mais habituellement
quand on dit: On est au service des gens, que, comme ministre, on est au
service d'une clientèle particulière et que c'est du logement
social, c'est pour les aider davantage.
Vous venez de dire que ce règlement vous permettait d'aller
chercher des revenus qui ne sont pas insignifiants. Donc, en termes de ministre
dans un cabinet qui a le mandat d'aller chercher des sous, oui, sauf que ce
n'est pas l'autre mandat que vous avez, comme ministre responsable de
l'Habitation, d'aider la clientèle qui exige de l'aide. C'est des
visions qui, finalement, vont toujours s'entrechoquer parce qu'elles vont
complètement l'une dans le sens de l'autre. Je comprends et je dois
dire: Heureusement qu'on n'a pas la même vision; sinon, je dois vous dire
qu'il ne resterait plus grand-chose pour aider les gens dans l'habitation. Mais
on ne refera pas tout le calendrier de ce qui s'est passé. Je suis
content que vous ayez accepté qu'on rouvre et qu'on discute ce
sujet-là. Mais, si maintenant on l'apporte, c'est clair et net, c'est la
porte ouverte ou c'est le chèque en blanc pour vous permettre de
procéder dans l'exécution du règlement qui a passé
maintenant sa période de publication, qui n'a pas été mis
en place et qui peut l'être maintenant.
Vous l'avez dit hier, vous le répétez aujourd'hui et je
dois dire que c'est un moindre mal, vous acceptez... Sur les trois propositions
qui vous ont été faites par l'ensemble des intervenants lors de
votre rencontre en septembre, une des trois recommandations était la
gradation. Que maintenant l'augmentation soit graduée, c'est un pas dans
la bonne direction, mais ce n'est pas suffisant C'est pour ça que, moi,
je dois vous dire que je ne peux pas être d'accord avec cette
démarche et probablement qu'on va le voter, l'article, et on ne votera
pas inutilement, mais ça va être sur division.
M. Ryan: Très bien. Je voudrais juste préciser une
chose, si vous me permettez, M. le Président. C'est que le ministre est
là, évidemment, pour défendre les gens qui sont dans le
secteur dont il a la charge, mais il est là également pour les
responsabiliser. Ce n'est pas l'avocat. Le ministre de l'Agriculture n'est pas
là rien que pour défendre les cultivateurs; il est là pour
les responsabiliser aussi et leur dire: Vous avez vos responsabilités
dans la société, ça ne peut pas être un processus
à sens unique. Moi, je suis ministre des municipalités, des
Affaires municipales. Je ne suis pas uniquement le procureur des
municipalités au sein du gouvernement. Je suis également le
ministre qui a charge de faire voir leurs responsabilités aux
municipalités pour la bonne marche de la société, et c'est
les deux. Ça arrive souvent, ça, qu'on ait une version
différente, mais ça coûte cher à la
société, en général. Il faut un équilibre
des deux.
En matière d'habitation à caractère social, vous
savez le déséquilibre qui existe. On ouvre la porte à un
tout autre débat qu'on aura au cours des mois à venir et pour
lequel le temps n'est
pas venu encore, à mon humble avis. Pour une unité
d'habitation qui est dans les OSBL, le déficit de fonctionnement que
doit assumer actuellement, en partie, le gouvernement du Québec, parce
qu'il y a une autre partie qui est assumée par le gouvernement
fédéral et une troisième par la municipalité
concernée, c'est de l'ordre de 600 $ par mois, par unité. Pour
les HLM que nous construisons ces temps-ci, le déficit de fonctionnement
est de l'ordre de 550 $ par unité.
Mais, si vous calculez qu'il y a bien des pauvres qui ne
reçoivent pas une cent du gouvernement, qui sont logés dans des
taudis et, dans certains cas, on va leur donner un petit montant de 40 $, 42 $
par mois avec l'allocation-logement, bien, qu'on cherche un équilibre un
petit peu plus judicieux dans le partage des charges, je pense que ce n'est pas
mauvais. Et qu'on dise aux gens qui sont dans les HLM: Ce n'est pas un
privilège de droit divin qui vous a été donné la de
rester toujours, toujours, toujours dans les mêmes, mêmes,
mêmes conditions arithmétiquement définies une fois pour
toutes, je pense que c'est faire preuve de sagesse et de justice bien
comprise.
Il peut arriver que, dans des modifications envisagées, on
pèche par excès contraire. Il s'agit de le démontrer et de
ramener le gouvernement à un peu plus de mesure s'il va trop loin. Mais,
même en supposant que le règlement que nous avons
prépublié l'été dernier devrait être
adopté tel quel par le gouvernement, moyennant certaines modifications
dans les classes de contributeurs, déjà le gros de l'écart
que je viens de signaler entre certaines catégories de citoyens qui sont
soutenues financièrement par l'État pour fins de logement et
d'autres catégories qui le sont à des degrés divers ou qui
ne le sont pas du tout va continuer d'exister et il reste un problème
d'harmonisation important.
Mais nous abordons ces questions avec infiniment de prudence et de
retenue parce qu'on sait que, chaque fois qu'on fait un changement qui va
accroître les charges de personnes de condition très modeste, il
faut y aller avec une infinie retenue et en étant bien conscients des
implications des gestes qu'on faits. Je peux vous assurer que, moi pour un, je
ne consentirai jamais à mettre des charges que je considérerais
indues sur le dos des personnes plus pauvres dans notre société.
Mais on a un problème de... Il faut réexaminer continuellement
les ressources que notre société affecte à tel ou tel
secteur. Comme vous le savez, dans les logements à loyer modique, le
nombre d'unités que financent les trois ordres de gouvernement
dépasse les 60 000. Ça fait que, si vous donnez au-delà de
300 $ par mois à 60 000 personnes pour être dans des logements
publics, coopératifs ou OSBL, et que, juste de l'autre côté
de la rue - et il y en a des cas, en face, dans la même rue - il y a des
gens qui sont obligés de se loger tout seuls dans des logements
insalubres et tout parce que l'État n'est pas capable de s'en occuper,
qu'on dise: Vous autres, on vous donnait 350 $, 400 $, vous allez
peut-être avoir 325 $, les 25 $, on va en donner un petit peu à
l'autre de l'autre côté de la rue, je pense que ce n'est pas faire
montre d'injustice sociale. Je pense que c'est faire montre, au contraire, d'un
souci de ceux qui sont peut-être moins organisés pour faire
entendre leur voix. Alors, ça, c'est la contrepartie. Je pense qu'il y
en a toujours une, on le sait tous. (16 h 45)
On va avoir l'occasion de rediscuter de ces choses, évidemment,
mais, là, je pense qu'on a suffisamment explicité l'objet de
l'amendement proposé à l'article 86, visant à permettre au
gouvernement de prendre des règlements en vertu de l'alinéa g de
manière que ça ne porte point atteinte aux obligations
décrites dans les chartes, même si on érige certaines
catégories pour des fins de meilleur partage.
M. Paré: Je comprends, mais je vais être très
court. Je veux juste reprendre un peu, pas pour critiquer, juste pour essayer
de convaincre. C'est vrai que vous avez un gros mandat, j'en conviens, dans des
pouvoirs plus limités, à un moment donné, où les
capacités de dépenser sont de moins en fortes et où les
demandes sont de plus en plus en plus grandes. D'ailleurs, dans les propres
documents de la Société d'habitation du Québec et de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, c'est apeurant. Donc,
il faut le reconnaître, la croissance des demandes ne cesse
d'apparaître et, malheureusement, d'augmenter. Mais, dans les choix qu'on
a à faire comme société, comme vous le dites, il y a le
pauvre d'un côté de la rue, qui est dans un HLM, et il y a le
pauvre, de l'autre côté de la rue, qui est dans un édifice
qui ne cesse d'augmenter, qui peut être insalubre et qui n'arrive pas,
est-ce que c'est normal - je vous lance juste ça comme idée -
qu'en voulant aider le très pauvre, d'un côté de la rue,
dans un logement vétusté qui lui coûte les yeux de la
tête et l'autre, dans un HLM, qui est aussi pauvre, parce qu'il faut
être pauvre pour être dans un HLM, on compare ces deux-là en
voulant aider tout ce monde-là? Pourquoi on les compare entre eux et
pourquoi on ne compare pas ce quartier pauvre avec un quartier plus riche?
Ceci m'amène à dire que, si on dépense
collectivement, les deux gouvernements, 1 300 000 000 $ par année pour
le logement social au Québec, pourquoi on ne regarde pas si, ça,
c'est suffisant par rapport à ce qu'on permet aux gens qui ont des
exemptions d'impôt sur le gain en capital qui, lui, ferait en sorte que
chaque année ces gens-là, des gens qui ont les moyens, sauvent
entre 4 000 000 $ et 6 000 000 $ par année en vendant des maisons, en
rachetant des maisons et en faisant de la spéculation? Plus ça se
produit, plus ça spécule
et plus ça fait augmenter les loyers de ceux qui sont de l'autre
côté de la rue, du HLM dont on parlait tantôt. Est-ce qu'on
ne pourrait pas mettre dans la discussion: est-ce qu'il n'y a pas des choses
à changer, qui ne sont pas nécessairement le nivellement par le
bas et les comparaisons des pauvres avec des plus pauvres, mais un nivellement
ou une réforme fiscale qui permettrait d'aller chercher aux plus riches
pour donner aux plus pauvres? Ça, c'est de la fiscalité et c'est
ça que je veux dire. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de regarder les
fameux 100 000 $ annuels, non déductibles, qui amènent la
spéculation, qui amènent des augmentations de loyer? Pourquoi on
ne regarde pas ça et qu'on est toujours en train de regarder comment on
peut faire payer par les plus pauvres?
Et ça, je trouve ça effrayant, spécialement avec ce
qui s'en vient. Vous le savez, les augmentations qui sont déjà
prévues, les clientèles que vous dites qu'on ne peut pas aider
encore, bien, on va les pénaliser a partir du 1er janvier. La
réforme fiscale et les autres choses, les augmentations à venir,
qui va absorber l'augmentation? C'est les locataires. Moi, je dis qu'il faut
regarder, à un moment donné, non pas juste l'aide qu'on apporte
par rapport au budget qui est consacré, comment on le répartit
autrement, mais s'il n'y a pas moyen de grossir ce budget en allant chercher
dans ces milliers de gens qui ne paient pas d'impôt, parce qu'ils ont les
moyens d'avoir des déductions que les pauvres n'ont pas.
M. Ryan: Là, je pense qu'on soulève un très
grand débat. Je voudrais simplement dire deux brefs mots
là-dessus. C'est que, dans les charges fiscales que nous imposons
à la société québécoise, nous devons tenir
compte, pour les différentes catégories de revenu, des
comparaisons avec des sociétés semblables avec lesquelles nous
sommes en concurrence, surtout dans cette époque d'élargissement
des marchés. Aujourd'hui, des frontières, il n'y en a presque
plus, tu sais. Les gouvernements peuvent bien essayer de contrôler les
mouvements de capitaux, il n'y a rien qui m'empêche, moi, d'envoyer un
message à Bombay ou à Tokyo, demain matin, sans passer par le
bureau du ministre des Finances, ici, ou quelque contrôleur que ce soit.
Il y a toutes sortes de moyens qu'on a aujourd'hui. Ça fait qu'il faut
qu'on garde notre société dans un état de concurrence
relative.
Déjà, on est passablement handicapés de ce
côté-là parce que nos charges fiscales, au Québec,
découlant de mesures fiscales provinciales étaient sensiblement
plus élevées que celles de l'Ontario. Je vais être juste
là. Quand vous êtes arrivés au pouvoir en 1976,
l'écart était de l'ordre de 14 %, je pense. Vous l'avez
réduit, je vous donne votre crédit, à 10 %. Nous autres,
nous l'avons réduit à 3,5 %. Ce n'est pas encore assez pour les
attirer comme on voudrait.
Il y en a encore qui trouvent le moyen de se plaindre, qui trouvent que
c'est bien plus avantageux là-bas. Pour les entreprises, on l'a
amélioré beaucoup aussi. Encore là, on est très
vulnérables. Pour les catégories de revenu dont vous parlez,
c'est elles qui ont plus de mobilité que les autres. On peut bien dire:
Eux autres, il n'y a rien là, c'est correct, mais c'est eux qui peuvent
sacrer leur camp en Ontario. Celui qui est pauvre, qui est pris dans le
faubourg Québec à Montréal ou dans le fond du quartier de
Limoilou à Québec, quand même il voudrait
déménager à Kingston, il n'en a pas les moyens. Celui qui
est à un certain niveau, lui, peut dire: Je m'en vais là-bas, je
ne suis pas content. Je ne les aime pas, je m'en vais. On aurait besoin de sa
contribution. On n'a personne qu'on peut perdre. Alors, c'est pour ça
qu'il y a un équilibre à trouver, mais qui prête toujours
à critique, évidemment. C'est pour ça qu'il y a des partis
opposés en Chambre. Mais chacun fait son possible. Nous autres, je pense
que nous avons amélioré les choses convenablement. Nous allons
continuer à le faire. Je ne voudrais pas entrer dans la réforme
de la fiscalité municipale, parce que je vais aller en parler dans votre
région demain soir.
L'autre point, évidemment, avec les budgets limités, si la
fiscalité est limitée, les budgets disponibles pour
l'éducation, pour les hôpitaux, pour les routes, pour l'aide
sociale, pour les mesures d'aide au logement le sont également, par
définition. On ne peut pas faire autrement. Une fois qu'on admet
ça, on est bien obligés, à l'intérieur des budgets
limités dont on dispose, de chercher un partage le plus juste possible.
Moi, si on me dit: Tel assisté social, par le jeu actuel des mesures
d'aide au logement, ce n'est pas 6000 $ par année qu'il retire, c'est 10
000 $, tandis que l'autre à côté, lui, qui a le même
statut, le même âge, la même formation, parce qu'il reste de
l'autre côté de la rue, ne retire rien que 6800 $, 6000 $ plus 840
$ par mois d'allocation-logement, là, je me dis: Peut-être que je
pourrais essayer d'arranger ça de manière plus équitable.
C'est ça qu'on essaie de faire avec l'harmonisation.
On arrivera peut-être avec des propositions défendables sur
la place publique, on le souhaite vivement, mais je pense qu'on ne peut pas
prendre un argument pour réfuter ce qui doit être fait dans
l'autre compartiment. Il y a deux volets et il faut trouver des solutions au
niveau de chaque volet. Puis, on peut être critiqués pour les
deux, d'ailleurs. On ne peut pas résoudre un volet seulement en se
réfugiant dans l'autre, parce qu'on va passer notre temps à faire
ça, une chose sur la fiscalité une journée et une chose
sur l'autre. Il faut trouver des solutions équilibrées de chaque
côté. C'est comme ça qu'un gouvernement marche, comme
n'importe quelle entreprise. Il faut que tu améliores le produit en
même temps que tu réduis les coûts
pour être compétitif. Ce n'est pas facile.
M. Paré: Sauf que là on ne parte pas de produits,
on parle de monde et c'est pour ça... On veut aider le même monde,
mais c'est loin d'être de la même façon parce qu'on ne prend
pas l'argent au même endroit. Je comprends que c'est un débat qui
n'en finirait plus; j'ai dit que je ne retirerais pas pour rien, parce que
c'est des philosophies qui sont différentes, effectivement.
Là-dessus, on aura probablement la chance d'en reparler très
bientôt, y compris demain.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Mais ça ne m'empêchera pas de
continuer à penser, comme la commission des affaires sociales ou comme
un paquet de monde, comme les spécialistes qui étudient la
réforme de la sécurité sociale en Ontario ou le dernier
document du ministère fédéral qui commence à le
dire, que, quand on commence à couper et de plus en plus chez' les
pauvres, on crée la pauvreté. On stimule et on amène la
société à être plus pauvre. Ça pouvait
être vrai, mais jusqu'à une certaine limite où, à un
moment donné, il y a comme une espèce de point qu'on
dépasse et, quand on le dépasse, on a des effets multiplicateurs
à l'inverse des avantages qu'on veut aller chercher. Et un bon exemple,
vous avez dû l'avoir comme on l'a eu en rencontrant les gens de
l'Association des détaillants en alimentation du Québec. Vous
allez dire: II n'y a pas de similitude par rapport à ce dont on parle.
Mais oui, juste pour montrer qu'à un moment donné il y a une
espèce de barre et, quand on la dépasse... Et eux prouvent par
des chiffres que la taxe sur la cigarette, au moment où elle a
dépassé ce fameux point, nous fait perdre 325 000 000 $ par
année en taxes à cause de ce que ça amène - les
camions pleins, que vous avez vus encore dernièrement - soit
l'espèce de marché noir qui devient tellement gros qu'il n'est
plus contrôlable. Donc, on a l'effet contraire. Ce que j'essaie de dire,
c'est qu'il ne faudrait pas qu'on dépasse la limite dans rien; sinon, on
paie pour collectivement. Au lieu d'avoir les avantages escomptés, on a
les désavantages multipliés et c'est ça qui est
inquiétant. Moi, c'est ça que je veux vous dire. Je me demande
si, en coupant chez les plus pauvres, ça ne finit pas par avoir un effet
sur ce qu'on est en train de voir, les hôpitaux qui ont de la
difficulté.
Je regardais chez nous. Vous allez me dire que c'est un cas local; non,
régional, en Monté-régie où un accident est
arrivé parce qu'on ne trouve pas de place pour mettre des gens qui,
à un moment donné, ont des problèmes psychologiques dus
à leur situation de non-emploi ou à un paquet d'affaires.
Championnat du suicide chez les jeunes. Des choses comme ça. Est-ce que
ce n'est pas des situations involontairement qu'on crée? Et, moi, je
dis, et vous avez raison: II faut regarder ça dans son ensemble. Mais,
si on regarde dans son ensemble le côté fiscal des choses, il faut
regarder dans son ensemble le côté humain des gestes qu'on pose et
ça que ça amène comme conséquences.
C'est le message que je veux vous passer. Donc, si on me permet de
rouvrir vraiment le 4 tel qu'on vient de le rouvrir, je vais vous dire: Si
4.1° est adopté, 4.2° le serait aussi, mais sur division.
M. Ryan: On fera rapport au FRAPRU.
M. Paré: Je ne ferai rapport à personne, M. le
ministre.
M. Ryan: Nous autres, nous allons faire rapport au FRAPRU.
M. Paré: Ah, bravo!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Je pense que je comprends bien.
M. Ryan: On va dire que vous avez mal véhiculé leur
message.
M. Paré: Mal ou bien?
M. Ryan: Mais inefficacement.
M. Paré: Ah, mais pensez-vous - si vous dites que c'est
parce que je l'ai mal véhiculé, ça veut dire que je n'ai
pas pris assez de temps -que, si je continuais, je pourrais réussir
à vous convaincre?
M. Ryan: Plus vous parlez, plus notre cause apparaît
claire.
M. Paré: Ah bon! Si c'est une cause perdue, d'abord,
passons au 5.
Le Président (M. Camden): Je comprends donc que le
paragraphe 1° de l'article 4 est adopté.
Des voix: Oui.
Le Président (M. Camden): Et que le paragraphe 2° est
adopté, mais sur division. Exact?
M. Paré: oui, mais j'espère qu'un bon débat
public vous permettra d'entendre la même chose maintenant de quelqu'un
d'autre pour vous convaincre.
Le Président (M. Camden): Alors, l'article 4 est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Paré: Adopté sur division.
Le Président (M. Camden): Adopté sur division.
J'appelle donc l'article 5.
Code civil du Bas Canada
M. Ryan: L'article 5 a un objet assez simple, M. le
Président. Les hypothèques consenties à la SHQ par les
offices municipaux d'habitation, avant 1974, sont d'une durée de 50 ans.
Or, d'après les dispositions de l'article 2081a du Code civil, les
hypothèques sont réputées éteintes après 30
ans de leur enregistrement à moins que l'enregistrement n'ait
été renouvelé avant l'expiration du délai. Alors,
on voudrait que les immeubles de la Société d'habitation soient
exempts de cette disposition du Code civil, de manière à
éviter qu'on soit obligé de procéder à un nouvel
enregistrement qui entraîne des frais artificiels. Il y a
déjà d'autres immeubles qui tombent dans les mêmes
catégories. Je pense que la Société figurerait très
bien parmi ces exceptions.
M. Paré: Je ne vois aucun problème. M. Ryan:
Très bien.
Le Président (M. Camden): L'article 5 est donc
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 6.
Code de procédure civile
M. Ryan: L'article 6 prévoit les cas où il y aurait
saisie d'un immeuble appartenant à un OSBL pour défaut de payer
des comptes ou des choses comme celle-là. Là, l'article permet
d'assurer que la charge administrative qui grève un tel immeuble ne
serait pas éteinte en raison de cette transaction, mais qu'elle serait
maintenue.
M. Paré: Je suis d'accord avec ça.
Le Président (M. Camden): L'article 6 est-il
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Ryan: Je pense bien que ça entrera en vigueur
dès la sanction. C'est pour ça qu'elle est en vigueur le jour de
la sanction, c'est ça.
M. Paré: La présentation du projet de loi, c'est le
dépôt à l'Assemblée?
M. Ryan: Pour l'article 3. Ah oui, c'est vrai, très
bien.
M. Paré: Du dépôt à
l'Assemblée. M. Ryan: Ça va de soi, oui, c'est sûr.
M. Paré: O.K. Adopté.
Le Président (M. Camden): Adopté. L'article 7 est
adopté. J'appelle l'article 8.
M. Ryan: Alors, c'est l'entrée en vigueur
générale de la loi, le jour de la sanction. C'est
conventionnel.
Le Président (M. Camden): L'article 8 est-il
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Est-ce que le titre du projet de
loi 189, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec et d'autres dispositions législatives, est
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Camden): Le titre est donc adopté.
Est-ce que le projet de loi dans son ensemble est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Paré: Adopté sur division.
Le Président (M. Camden): Adopté sur division.
Alors, je considère donc... Est-ce que vous avez des commentaires, en
conclusion?
Conclusions M. Claude Ryan
M. Ryan: Juste un mot, M. le Président. Je voudrais vous
remercier, d'abord, de l'excellente gouverne que vous avez imprimée
à nos travaux, remercier votre secrétaire également,
remercier les députés ministériels et le
député de l'Opposition, nos collaborateurs et collaboratrices. Je
salue de manière spéciale le président-directeur
général de la Société d'habitation du
Québec, qui m'accompagne, M. Jean-Paul Arsenault, et aussi le
secrétaire général de la Société, Me Lesage.
On a d'autres collaborateurs qui étaient ici. Je salue la collaboration
des représentants du ministère de la Justice; nous étions
très heureux de votre présence parmi nous. Je vais terminer
là-dessus.
M. Roger Paré
M. Paré: Très rapidement, je vais joindre mes
remerciements à ceux du ministre, à toutes les personnes qui ont
été nommées, en vous disant, tel que, je pense, on vient
de le prouver, qu'on va continuer à défendre avec acharnement ce
qu'on croit être le meilleur pour le logement social. Comme vous pouvez
voir, notre collaboration va vous être acquise quand il va s'agir de
projets de loi qui, à notre avis, vont dans le sens que j'ai
développé tout au cours de l'après-midi. Mais, quand
ça va, au contraire, à ce qu'on va penser, aller dans le sens
inverse de ce qu'on défend, ça va être avec les mêmes
énergies que nous allons défendre ceux qui, dans la
société, ont besoin d'aide, et ils sont très nombreux
présentement.
Le Président (M. Camden): Alors, c'est complet?
M. Paré: Complet.
Le Président (M. Camden): Nos travaux étant
complétés, j'ajourne donc sine die les travaux, en vous rappelant
que la commission a accompli le mandat qui lui a été
confié.
(Fin de la séance à 17 h 2)