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(Quinze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires culturelles reprend ses travaux. Elle
étudie article par article le projet de loi 109, Loi sur le
cinéma et la vidéo.
Nous étions rendus à la section V, la
Société générale du cinéma et de la
vidéo, paragraphe 1. Constitution et organisation. Article 45. M. le
ministre.
Articles suspendus
M. Richard: M. le Président, je voudrais vous indiquer, au
départ, qu'une entente est intervenue avec les représentants de
l'Opposition à l'effet de suspendre, même avant qu'on n'y soit
rendu, pour bien démontrer la démarche de la commission,
l'étude des articles 94 à 100. Cela irait, M. le
député de...
M. Hains: Oui...
M. Richard: ...Saint-Henri. Les articles 94 à 100 sont un
chapitre concernant les permis de distributeur. Nous suspendrions
jusqu'à la fin de nos travaux. Ce serait le dernier chapitre que nous
étudierions. Je suis d'accord sur la proposition qui a été
formulée par les représentants de l'Opposition.
Il y a un ou deux articles, peut-être trois, qui avaient
été laissés en suspens, hier. Je propose également
qu'on les laisse en suspens pour le moment, puisque la section concernant la
Société générale du cinéma doit être
étudiée en comparaison avec la section qui concerne l'Institut
québécois du cinéma. Cela nous donnera une idée
plus juste.
M. le Président, je propose l'adoption de l'article 45.
Société générale du
cinéma et de la vidéo
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'article 45 est
adopté?
M. Hains: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Hains: Est-ce qu'on enlève le mot "vidéo"
là aussi?
Le Président (M. Brouillet): On m'a soumis un amendement,
pour l'ensemble du projet de loi, qui a été suspendu.
C'était l'amendement qui consistait à supprimer, entre autres, le
mot "vidéo". Il serait question qu'on revienne à la fin sur cet
amendement pour l'adopter. S'il est adopté, effectivement - je l'ai ici
- on y dit: Ce projet est modifié par la suppression des mots
"vidéo" et "vidéothèque" partout où ils se
trouvent, y compris, ainsi de suite, avec quelques exceptions. Maintenant, cet
amendement a été suspendu, on peut le maintenir suspendu et on y
reviendra vers la fin.
M. Hains: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, alors
l'article 45 est adopté.
M. Richard: L'article 45 est adopté. M. le
Président, avant de passer à l'article 46, j'aimerais
immédiatement - j'ai oublié de le faire au début, tout
à l'heure - remettre aux représentants de l'Opposition officielle
les documents que vous nous avez demandés hier relativement à la
Cinémathèque québécoise. Cela comprend, je crois,
la liste des membres du conseil d'administration, également la charte et
un autre document d'information sur la Cinémathèque
québécoise: Musée du cinéma. C'est avec beaucoup de
plaisir, M. le Président, que je remets ces documents au
député de Saint-Henri. Je propose, maintenant, l'adoption de
l'article 46.
Le Président (M. Brouillet): Avant de passer à
l'adoption de l'article 46, j'aimerais nommer les membres de la commission,
étant donné que c'est une nouvelle séance aujourd'hui.
M. Richard: Ce n'est pas une mauvaise idée, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Les membres sont: Mme Bacon
(Chomedey), MM. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Champagne (Mille-Îles),
Marquis (Matapédia), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Blouin
(Rousseau), Hains (Saint-Henri), Proulx (Saint-Jean), Richard
(Montmorency), Ryan (Argenteuil), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: MM. Bisaillon (Sainte-Marie), Dauphin
(Marquette), Lavigne
(Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Leduc (Fabre), Leduc
(Saint-Laurent), Rochefort (Gouin), French (Westmount).
Alors, nous sommes à l'article 46. Est-ce que cet article est
adopté?
M. Richard: L'article 46 est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
47?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
48?
M. Richard: Adopté.
M. Hains: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Article 49?
M. Richard: C'est l'article usuel en la matière. Je pense
que l'Opposition va être tout à fait d'accord avec cet
article.
M. Hains: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
50?
M. Ryan: À l'article 50, M. le Président, il y aura
peut-être un problème de concordance avec ce qui a
été dit hier à propos de l'institut. Je ne sais pas si le
ministre trouve que... Ici, c'est moins vital, parce que l'autre est un
organisme consultatif qui tient beaucoup à garder le statut des membres
contre toute décision à caractère discrétionnaire.
Dans ce cas-ci, j'aimerais connaître l'opinion du ministre. À la
lumière de ce que nous avons discuté hier, est-ce qu'il est
satisfait de la disposition comme elle est formulée ou s'il verrait
l'opportunité d'un ajustement pour faire...
M. Richard: Je pense que M. le député d'Argenteuil
a raison de faire une distinction entre la situation qui doit prévaloir
à l'institut et celle qui doit prévaloir à la
société. Dans le cas de la société, il
m'apparaîtrait peut-être préférable de laisser une
certaine marge de manoeuvre au ministre à cet égard, donc de ne
pas toucher à l'article. Je pense qu'il est assez souple.
M. Ryan: Je ne mets pas d'insistance. Le Président (M.
Brouillet): Adopté? Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 51? M. Hains:
Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
52.
M. Hains: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 53? Je
crois qu'il y a un amendement qui...
M. Hains: II y a un petit amendement, oui, c'est cela.
M. Richard: Oui.
M. Hains: Les membres du conseil d'administration.
Le Président (M. Brouillet): Alors, il y a un amendement
qui est proposé à l'article 53.
M. Richard: Oui, M. le Président, dans un souci de
clarté, je propose qu'à la première ligne, après le
mot "membres", on ajoute les mots "du conseil d'administration".
M. Hains: À la place de "la société". M.
Richard: C'est cela. M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté?
M. Richard: Oui, attention, c'est: "Les membres du conseil
d'administration de la société ne sont pas
rémunérés". On s'entend, M. le député de
Saint-Henri?
M. Hains: Oui.
M. Richard: Je pense qu'il y avait une certaine confusion.
Le Président (M. Brouillet): À la première
ligne. Donc, après le mot "membres", les mots "du conseil
d'administration".
M. Hains: "De la société ne sont pas..."
Parfait.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'amendement est
adopté?
M. Hains: Oui.
Le Président (M. Brouillet): L'article tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Hains: Adopté.
M. Richard: Article 54.
Le Président (M. Brouillet): Article 53
adopté tel qu'amendé. Article 54. M. Hains: Adopté.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
55.
M. Ryan: Juste une minute. À l'article 54, il me semble
que vous aviez présenté un amendement à propos de
l'institut sur la formulation du deuxième alinéa. Vous
rappelez-vous ce que vous avez présenté comme amendement hier?
Cela vaudrait peut-être la peine de réviser, pour fins de
concordance.
M. Richard: Vous avez peut-être raison, M. le
député d'Argenteuil, au lieu d'utiliser la formulation "a droit",
on utilisait le terme "du".
M. Ryan: Oui, est-ce que ce ne serait pas mieux de faire la
concordance?
M. Richard: Alors, je serais d'accord, pour un souci
d'harmonisation.
Le Président (M. Brouillet): Donc, il s'agit d'amender le
deuxième paragraphe?
M. Richard: Le deuxième paragraphe de l'article 54 et
dire: "...les autres conditions de travail du président de la
société..."
M. Ryan: Cela fait d'ailleurs partie de la tendance
générale du gouvernement à minimiser le concept de droit
des citoyens.
M. Richard: C'est cela. M. Ryan: II dit oui!
Le Président (M. Brouillet): J'aimerais qu'on
m'écrive correctement l'amendement. Cela va?
M. Richard: Illico, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté et l'article 54 tel qu'amendé est adopté. Article
55.
M. Ryan: Ici, il n'y a aucun problème: "est responsable de
l'administration de celle-ci et en dirige le personnel", contrairement à
ce que nous avions hier.
M. Richard: Vous avez raison, M. le député
d'Argenteuil...
M. Ryan: Oui.
M. Richard: ...parce qu'ici, il est P.-D.G.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel quel?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
56.
M. Hains: Adopté.
M. Richard: Assez curieusement ici, on avait prévu
l'égalité des voix.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'article 56 est
adopté?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
57.
M. Richard: Je fais la même observation qu'hier, M. le
député de Saint-Henri.
M. Hains: Oui.
M. Richard: En ce qui a trait à l'article 57,
c'est-à-dire que cela ne camoufle aucune intention.
M. Hains: À l'endroit... C'est cela.
M. Richard: Le siège social sera à
Montréal.
Le Président (M. Brouillet): Donc, adopté. Article
57 adopté. Article 58.
M. Ryan: À l'article 58, est-ce que vous ne deviez pas
faire la même modification qu'hier?
M. Hains: Oui, concordance avec l'article 30?
M. Ryan: Vous aviez supprimé le mot "tout" et vous aviez
mis le mot "séance" à la place du mot "réunion".
M. Richard: Un instant.
M. Ryan: Dans vos amendements.
M. Richard: Ou, alors, il faut le rajouter. Si on met
"réunion", il faudrait... Article 58, M. le Président, remplacer
le mot "réunion" par "séance".
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que l'amendement est
adopté? Adopté. L'article 58 tel qu'amendé est
adopté?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé. Article 59.
M. Ryan: II y a seulement une correction grammaticale à la
dernière ligne: "ou faisant partie".
M. Richard: Oui.
M. Ryan: II s'agit de corriger cela. Pour le reste, il n'y a pas
de problème.
M. Hains: Cela, c'est une déviation.
M. Ryan: La langue en péril. C'est bizarre qu'il faut que
ce soit l'Opposition qui sauve les "e" muets.
M. Richard: Alors, M. le Président. Je propose d'ajouter
la lettre "e" au mot "parti" de la dernière ligne de l'article 59 pour
qu'aucune confusion ne soit possible.
Le Président (M. Brouillet): Alors, cet amendement va de
soi et il est adopté. L'article 59 tel qu'amendé est
adopté. Article 60.
M. Ryan: II y a un amendement qui est proposé par le
ministre?
M. Richard: Article 60. Un instant. C'est quoi cela?
M. Ryan: C'est cela, c'est seulement une concordance avec...
M. Richard: C'est la même...
M. Ryan: C'est cela.
M. Hains: Avec l'article 32...
M. Richard: Oui, ce règlement peut de plus
déterminer les autres conditions de travail des membres du personnel.
C'est la concordance avec un des articles précédents.
M. Ryan: Juste une question au ministre ici. La manière
dont ceci est formulé n'exclut en rien la possibilité que ses
employés soient syndiqués et que leur convention soit
déterminée par convention collective.
M. Richard: Certainement pas, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): II n'y a pas d'amendement
à l'article 60?
M. Richard: Oui, il y a un amendement.
Le Président (M. Brouillet): Écoutez, il faut
préciser les amendements.
M. Richard: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): J'aimerais aussi qu'à
chaque amendement, on m'apporte l'amendement.
M. Richard: M. le Président, c'est parce que nous avons
passé la soirée ensemble, hier soir, on est déjà
habitué à notre jargon.
M. Ryan: Je remarque que le député de Rousseau
n'était pas là. Pendant qu'il n'était pas là, on
avançait vite. C'est curieux.
M. Richard: M. le député d'Argenteuil, pas de
provocation, s'il vous plaît!
M. Blouin: Contrairement à ce que pense le
député d'Argenteuil, j'ai beaucoup d'estime pour lui, quand il me
dit quelque chose comme cela, je suis touché.
M. Richard: Cela le touche parce qu'il vous estime bien. M. le
Président, êtes-vous en possession de l'amendement à
l'article 60 qu'il s'agit de modifier en remplaçant le deuxième
alinéa par le suivant: "Ce règlement peut, de plus,
déterminer les autres conditions de travail des membres du
personnel."
Le Président (M. Brouillet): J'attends qu'on me founisse
l'amendement par écrit tantôt. L'amendement est donc
adopté. L'article 60 est adopté tel qu'amendé.
M. Richard: M. le Président, pour vous faciliter la
tâche, hier...
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez me faciliter
la tâche...
M. Richard: Hier, j'avais déposé en liasse tous les
amendements que nous avions proposés par la suite. La présidence
est en possession de tous les amendements.
Le Président (M. Brouillet): Sauf, les amendements
nouveaux que vous m'avez apportés aujourd'hui et quand vous ne me dites
pas que ce sont des nouveaux, je ne devine pas.
M. Richard: De temps en temps, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Donc, l'article 60 tel
qu'amendé est adopté.
M. Richard: Je propose maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): C'est moi qui propose, M. le
ministre. Si vous voulez attendre un peu.
M. Richard: Je pensais que vous disposiez.
M. Ryan: Cela fait du bien, un président ferme. C'est
toujours bien accueilli par l'Opposition.
M. Richard: J'ai vécu cela durant quatre ans, M. le
Président.
M. Ryan: Oui, il a l'air un peu perdu dans ses papiers.
Le Président (M. Brouillet): Nous avons l'art de sortir
des contradictions. En présence de deux parties, il n'y a rien de mieux
qu'un Algérien pour faire la synthèse.
Nous sommes à l'article 61.
M. Ryan: Article 61.
Le Président (M. Brouillet): Excusez, avant d'aller plus
loin, j'ai ici un amendement qu'on a remis à la présidence hier
ou ce matin. À l'article 57, on l'a adopté tel quel sans
amendement. Je voudrais qu'on clarifie cette chose avant d'aller plus loin.
M. Ryan: Non, nous avons adopté l'amendement.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement? (15 h 45)
M. Richard: L'amendement, M. le Président, se lit comme
suit - vérifiez, et si vous avez le même amendement que moi, ce
doit être le bon - article 57: La société a son
siège social à l'endroit déterminé par le
gouvernement; un avis de la situation ou de tout changement du siège
social est publié à la Gazette officielle du Québec.
Fonctions et pouvoirs
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Donc,
adopté tel qu'amendé. Nous revenons à l'article 61.
M. Richard: M. le Président, vous êtes saisi de
plusieurs amendements, à l'article 61.
Le Président (M. Brouillet): Ici, pour les fins du journal
des Débats, il faudrait lire l'ensemble des amendements proposés
à l'article 61. Voulez-vous que je le fasse moi-même?
M. Richard: Vous lisez tellement bien que je ne voudrais pas vous
priver du plaisir que vous en éprouvez, d'ailleurs.
Le Président (M. Brouillet): Très bien, M. le
ministre. Je vous inviterais à suivre attentivement. L'article 61 est
modifié de la façon suivante: 1° en ajoutant, après le
paragraphe 2 , le paragraphe suivant: "2 .1, de promouvoir ou d'aider
financièrement la distribution et l'exploitation de films au
Québec ainsi que le développement des industries techniques."
2° en ajoutant, après le paragraphe 3 , le paragraphe 3 .1 suivant:
3 .1 d'encourager la participation des entreprises de télévision
à la production et à la diffusion de films
québécois;" 3° par l'insertion, au paragraphe 4°,
après le mot "recherche", de la virgule et des mots suivants: ..., "le
développement". Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Richard: Point.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: II y aurait une idée qu'il me semble
préférable de formuler isolément. Dans le paragraphe
3°, "de promouvoir ou d'aider financièrement le cinéma
québécois en favorisant sa représentation dans les
festivals et autres manifestations cinématographiques", cela va
très bien, "de promouvoir ou d'aider financièrement";
"d'encourager la participation des entreprises de télévision
à la production et à la diffusion de films
québécois", cela va très bien. C'est l'idée de la
promotion des films québécois. Je me demande si le ministre ne
consentirait pas à faire un alinéa distinct avec l'objectif qui
consiste à promouvoir la culture cinématographique au
Québec. Cela me semble beaucoup plus large et cela me semble
distinctif.
M. Richard: II s'agit de deux alinéas distincts qui vont
devoir être renumérotés et cela va devenir deux
alinéas distincts, tel que le souhaite le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Très bien.
M. Richard: Je suis tout à fait d'accord avec cela.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est-il
adopté? Adopté. Est-ce que l'article 61 tel qu'amendé est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé. Article 62. L'article 62 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
63.
M. Ryan: À l'article 63, que veut dire l'expression
"conformément à la loi", ici?
M. Richard: C'est sans doute la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales.
Le Président (M. Brouillet): Adopté? Adopté.
Article 64. Adopté?
M. Ryan: Les règlements qui sont prévus à
l'article 64...
M. Richard: Je voudrais noter - je m'excuse auprès du
député d'Argenteuil -qu'au moment où un membre influent de
l'Opposition libérale est en train de présenter un projet de loi
contre le fait de fumer dans les endroits publics, le député
d'Argenteuil, que je n'ai jamais vu fumer de ma vie - je ne sais pas si c'est
une forme de contestation de ce projet de loi - si cela a une valeur de
symbole, mais...
M. Hains: Non, c'est un genre de relaxation, il est avec nous et
il est très relaxé.
M. Richard: Et, en plus, il s'agit d'un cigare, alors, je
voudrais demander au député d'Argenteuil quelle est la symbolique
aujourd'hui de ce cigare.
M. French: C'est qu'il parle de cinéma et il s'imagine
être un producteur.
M. Ryan: II faut profiter des dernières libertés
qu'il nous reste; il faut les savourer. Il y avait une phrase que je vais
rappeler au ministre, cela va l'intéresser; il y avait un grand
romancier français qui fumait, sauf qu'il ne fumait pas la cigarette. On
lui avait demandé pourquoi et il avait dit qu'il n'avait pas les moyens,
il avait seulement les moyens de fumer le cigare.
M. Richard: C'est lequel, Mauriac? Paul Claudel?
M. Ryan: Si vous voulez, je vous dirai cela après la
séance, je ne veux pas encombrer les débats.
Le Président (M. Brouillet): Alors, Messieurs, retenez
votre curiosité jusqu'après la séance.
M. Richard: Quel est le grand romancier français qui ne
fumait que le cigare, par économie?
M. Ryan: Non, la vraie citation n'est pas celle-là. Il
trouvait que fumer la cigarette était une jouissance trop impersonnelle;
s'il fumait, cela prenait quelque chose de plus fort, je crois que ce
n'était nul autre qu'André Gide; ce sont des souvenirs
lointains.
Le Président (M. Brouillet): Le député de
Saint-Henri a-t-il terminé son article, il n'a pas été
trop dérangé?
M. Hains: Non, pendant qu'il prenait quelques bouffées,
cela allait bien.
M. Ryan: II y a seulement un point que j'avais soulevé
tantôt et je n'ai même pas été
écouté.
Le règlement en question que mentionne l'article 64 n'est pas
assujetti à l'approbation du gouvernement, si je comprends bien?
M. Richard: Non, M. le Président.
M. Ryan: Pourriez-vous nous dire pourquoi?
M. Richard: Parce qu'il s'agit essentiellement de règles
de fonctionnement interne et il ne faut pas, à mon humble avis - je
pense que le député d'Argenteuil va être d'accord - que le
gouvernement ou le ministre s'ingère là-dedans, d'autant plus
qu'il s'agit, entre autres, de la constitution des jurys. Autrement, cela
pourrait ouvrir une porte à l'ingérence du gouvernement dans la
constitution des jurys et c'est un pouvoir qu'un ministre est bien mieux de ne
pas avoir.
M. Ryan: Je souligne simplement à l'attention du ministre
- je donnerai mon opinion ensuite, je ne l'ai pas donnée encore - que,
dans un autre projet de loi qui est présentement à l'étude
à l'Assemblée nationale, on trouve une disposition qui va
exactement en sens contraire et qui obligerait un organisme - en l'occurrence
je crois que ce serait la fondation pour la promotion de la recherche et les
fondations particulières chargées de donner des subventions ou
des bourses dans différents secteurs - à soumettre des choses
aussi détaillées à l'approbation du gouvernement. Je
voudrais demander au ministre de se porter défenseur de la
liberté de ces organismes au cabinet, comme il le fait dans ce
texte-ci.
Je suis d'accord avec lui sauf pour un point. Les règles de
constitution des jurys, ce n'est pas la même chose que la nomination des
membres des jurys. C'est une question que je me pose, mais je ne sais pas s'il
n'y aurait pas une protection additionnelle dans une disposition voulant
que
ces règles sèches soient assujetties à
l'approbation du gouvernement pour qu'on soit bien sûr qu'il ne pourra
pas les modifier, qu'on soit bien sûr que cela se fasse en pleine
lumière. Au moins la publication est prévue, cela fait ça
de pris cependant, le mal est moindre.
M. Richard: II y a la publication et, encore une fois, l'institut
plus le ministre. Je pense que M. le député d'Argenteuil a depuis
fort longtemps saisi l'importance de cela. Cela, c'est pour interdire tout
conflit d'intérêts...
M. Ryan: Oui, c'est sûr.
M. Richard: ...tandis qu'autrement, le danger, c'est que des
jurys soient constitués de telle manière que c'est toujours les
mêmes qui se subventionnent entre eux. C'est pour éviter cela.
Remarquez que notre milieu est tellement exigu que cela pose beaucoup de
problèmes, même dans d'autres secteurs. On souhaite
évidemment partout et constamment que ce soient des jurys. C'est ce qui
existe, par exemple, pour un très grand nombre de programmes du
ministère des Affaires culturelles, mais, en même temps,
dès que vous constituez un jury, il y a une possibilité non
seulement de conflit d'intérêts, mais parfois de règlement
de comptes ou de représentation de chapelle, parce que tout le monde se
connaît, soit en littérature, ou au cinéma, ou dans le
domaine du théâtre. Le milieu est tellement étroit au
Québec que tout le monde se connaît. Alors, il y a des dangers, et
j'en ai vécu parfois, M. le Président, des dangers de
règlement de comptes surtout plus fréquents que le danger de
conflit d'intérêts.
M. Ryan: Vous avez mentionné...
M. Richard: On n'aime pas tel auteur ou tel écrivain parce
qu'il n'est pas représentatif de la même chapelle. Donc, on dit
qu'on peut l'écarter. Alors, en ce sens-là, il est très
important que ce soit cette société qui constitue les jurys
plutôt que, par exemple, l'Institut québécois du
cinéma, sans prêter de mauvaise intention à personne.
M. Ryan: Mais vous aviez mentionné l'institut il y a
quelques minutes. Est-ce que c'était pour dire ce que vous venez de
dire?
M. Richard: Eh bien...
M. Ryan: Vous avez dit: II y a l'institut...
M. Richard: ...c'est-à-dire que si les jurys sont
incompétents aux yeux de l'institut, vous imaginez bien qu'il y a un
ministre qui va le savoir assez rapidement. En ce sens, il y a un rôle
d'arbitre. Il ne faut pas enlever ce pouvoir à l'institut. Ce qu'il faut
lui enlever comme pouvoir, c'est de désigner les membres des jurys.
Le Président (M. Brouillet): Donc, l'article 64 est
adopté.
M. Ryan: Je reviens quand même, M. le Président.
Excusez-moi. Il y a trois paragraphes ici, n'est-ce pas? La forme des demandes
d'aide financière, là, il n'y a pas de problème; les
règles de constitution des jurys, pas de problème; le
troisième, cela va pas mal plus loin. Les barèmes, les
critères et les limites que doit respecter la société
lorsqu'elle accorde son aide financière, je ne sais pas, mais ce n'est
pas du tout du même ordre que les autres. Il me semble qu'on a
approuvé des choses un peu plus tôt hier qui étaient
assujetties à l'approbation du gouvernement.
M. Richard: Oui, mais la balise, M. le Président, c'est
l'article 8: "dans les cas déterminés par règlement du
gouvernement". Celui sur lequel on s'est justement arrêté hier.
Alors, il y a une balise, là.
Le Président (M. Brouillet): Alors, l'article 64 fait-il
l'unanimité?
M. Ryan: On peut l'adopter tel quel, mais je ne suis pas
complètement satisfait des explications pour le troisième
alinéa.
Le Président (M. Brouillet): Donc, l'article 64 est
adopté. Article 65.
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 65, adopté.
Article 66.
M. Richard: Avec le titre: Comptes et rapports, n'est-ce pas, M.
le Président?
Le Président (M. Brouillet): Pardon?
M. Richard: Le titre: Comptes et rapports.
Le Président (M. Brouillet): Le titre du paragraphe 3:
Comptes et rapports, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Comptes et rapports
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
66.
M. Ryan: Articles 66 et 67... (16 heures)
Le Président (M. Brouillet): J'ai un amendement sur la
table pour l'article 67.
M. Richard: M. le Président, je vais demander
moi-même la suspension de l'étude de l'article 67, parce qu'il
doit se lire avec l'article 40.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, l'article 66 ou
67?
M. Richard: L'article 67. L'article 66 serait adopté, je
pense.
Le Président (M. Brouillet): L'article 66 est
adopté?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Brouillet): L'article 67 est
suspendu.
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Article 68.
M. Ryan: À l'article 68, l'amendement qui est
proposé est tout à fait acceptable à mes yeux, même
désirable.
Le Président (M. Brouillet): II y a un amendement pour
l'article 68 qui se lit comme suit: "L'article 68 est modifié en
remplaçant les mots "à l'Institut" par les mots "au ministre".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article 68
tel qu'amendé est adopté?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 68 est
adopté tel qu'amendé. Article 69.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 69 est
adopté.
M. Richard: Section VI. Réglementation.
M. Ryan: C'est l'article 6?
Le Président (M. Brouillet): Donc, on adopte la section VI
ainsi que son titre: Réglementation?
M. Ryan: Oui.
Réglementation Le Président (M. Brouillet):
Adopté.
Article 70?
M. Richard: II y a un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Amendement que je peux me
permettre de vous lire. L'article 70 est modifié de la façon
suivante: 1° Par le remplacement du paragraphe 1 par le suivant: "1
déterminer, aux fins de l'application de l'article 6, le délai et
les modalités du dépôt de l'exemplaire ainsi que les normes
de qualité auxquelles il doit satisfaire;" 2° par le remplacement du
paragraphe 2 par le suivant: 2 "déterminer dans quels cas et dans
quelles mesures l'aide financière versée par la
société peut prendre la forme prévue aux paragraphes
3° et 6° de l'article 8;". Est-ce que...
M. Ryan: II faudrait que vous ajoutiez... Il y a un
problème de concordance. On a fait des changements hier, à
l'article 8. Il faudrait au moins que vous ajoutiez les paragraphes 3°,
6° et 7°. Je pense que le ministre sera facilement d'accord. Les
subventions au déficit, nous avons fait...
M. Richard: Vous avez raison, M. le député
d'Argenteuil. Il faudrait remplacer le paragraphe 6° par le paragraphe
7°. C'est parce qu'on avait fait deux paragraphes, M. le Président,
le paraqraphe 6 donc, c'est le . paragraphe 7° .
M. Ryan: Très bien.
M. Richard: Remplacer, M. le Président, pour être
clair, les paragraphes 3° et 6 ° par les paragraphes 3 ° et 7°
de l'article 8. D'accord?
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Selon
l'amendement, on remplace le paragraphe 6 par le paragraphe 7°?
M. Richard: C'est cela.
M. Ryan: Je pose seulement une question. Quant au
quatrième paragraphe de l'article 8, est-ce que le gouvernement ne
devrait pas conserver le pouvoir de déterminer par règlement les
normes à suivre dans la mise en oeuvre de cet article? Cela va loin. Ce
sont des "garanties aux prêteurs et aux investisseurs, directement ou
indirectement, notamment par l'entremise des compagnies de placement." Je me
demande si le gouvernement ne devrait pas au moins se réserver le
pouvoir de déterminer par règlement les modalités suivant
lesquelles
cela devrait être fait. Cela va loin. Est-ce que vous pourriez le
prendre en considération, M. le ministre?
M. Richard: II a été adopté. Disons que je
le prends en considération. C'est parce que les modalités peuvent
être tellement nombreuses.
Le Président (M. Brouillet): Nous sommes toujours à
l'amendement de l'article 70?
M. Ryan: Nous sommes toujours à l'amendement.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Ryan: M. le ministre, mon collaborateur me signale que cet
article est redondant, parce qu'à peu près tout le contenu de
l'article est déjà prévu ailleurs. Est-ce que c'est
nécessaire de répéter ces choses ici et pourquoi?
Le paragraphe 1 est déjà contenu dans le dernier
paragraphe de l'article 6.
Le paragraphe 2° est contenu dans les paragraphes 3 et 7 de
l'article 8.
L'autre, je pense que ça n'y était pas. Vous vous
souvenez, hier, nous avons soulevé cette question-là. Je suis
heureux que ce soit là parce que je voulais justement m'assurer que les
normes de remboursement et les allocations de présence seraient
établies en conformité avec la politique générale
du gouvernement. Je signale simplement ça au ministre parce que je n'ai
pas d'objection à ce que ça reste. Mais il faut veiller
soigneusement à ce que la formulation soit très identique. Ce
sont des choses qui étaient déjà là, on n'est pas
censé dire la même chose deux fois.
M. Richard: Parfois, cela a une valeur pédagogique.
M. Ryan: Si vous pensez que vos collaborateurs en ont besoin.
M. Richard: Parfois, ce ne sont pas les collaborateurs, M. le
Président.
M. Ryan: Les personnes nommées par ce gouvernement en ont
besoin.
M. Richard: Dans la Loi sur les archives, M. le Président,
j'ai évité de dire des évidences et le
député de Saint-Henri a pu constater qu'on aurait eu
intérêt à dire les évidences.
M. Ryan: C'est un vieux pédagogue. M. Richard: Oui,
un bon pédagogue... Le Président (M. Brouillet): Est-ce
que l'amendement à l'article 70 est adopté? M. Ryan:
Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article 70
tel qu'amendé est-il adopté?
M. Ryan: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé. L'article 71. Adopté?
M. Ryan: Attendez une petite minute...
Mme Lavoie-Roux: On a choisi 30 jours plutôt que 60, c'est
parce que ça vous semblait suffisant, 30 jours?
M. Ryan: C'est vite passé, 30 jours, quand vous pensez que
la Gazette officielle vous arrive parfois 15 jours après.
Mme Lavoie-Roux: En général, c'est 60 jours.
M. Richard: Là-dessus, ça me...
Mme Lavoie-Roux: Bien, mettez donc 60 jours.
M. Richard: 60 jours? Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): C'est donc un amendement
à l'article 71.
Mme Lavoie-Roux: Ça va vous protéger. S'ils n'ont
pas protesté durant 60 jours, vous direz après que vous avez fait
votre possible...
M. Richard: Article 71, 60 jours.
Le Président (M. Brouillet): Alors, remplacer l'expression
"d'au moins 30 jours" par "d'au moins 60 jours".
Mme Lavoie-Roux: Je pense que "60 jours", c'est suffisant. C'est
clair, "d'au moins 60 jours"...
M. Richard: M. le Président, est-ce qu'il ne faudrait pas
faire la concordance? Moi, je n'ai pas d'objection là-dessus, mais nous
avons adopté plusieurs dispositions où il est question du
délai de 30 jours. Je ne vois pas pourquoi..., c'est-à-dire que
je n'ai pas d'objection...
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire que, dans ce projet de loi, il
y aussi des endroits où c'est 30 jours?
M. Richard: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Bien, faites donc la
concordance pour 60 jours pour tout le monde, dans ce cas-là.
C'est l'article 37?
M. Hains: Au moins 30 jours, c'est ça.
M. Richard: M. le Président, 162 également.
M. Hains: Le 37 est justement en suspens.
M. Richard: Le 37 est en suspens?
M. Hains: II semble, moi, j'avais noté cela.
Le Président (M. Brouillet): L'article 37 est en suspens,
oui.
M. Richard: Alors, on le notera pour l'article 162, lorsqu'il
viendra.
Mme Lavoie-Roux: Là, on n'a pas besoin de mettre "au
moins, on met une période de "60 jours".
M. Richard: "60 jours" à l'article 71.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons donc corriger
l'amendement, à l'article 71. À la place "d'une période
d'au moins 30 jours", on inscrirait "d'une période de 60 jours". Est-ce
que tout le monde est d'accord sur ça?
L'amendement est adopté et l'article, tel qu'amendé,
est-il adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé. Chapitre III: Contrôle et surveillance du cinéma
et de la vidéo.
M. Ryan: M. le Président, seulement une seconde.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Richard: Juste le moment de saluer l'arrivée en temps
opportun de Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II se prépare à mes foudres.
M. Richard: Vos foudres, depuis quand?
M. Ryan: C'est dommage, parce qu'on l'a déjà
voté, mais peut-être que le ministre... On ne l'a pas
adopté, on l'a gardé en suspens.
M. Richard: Lequel?
M. Ryan: À propos de l'article 71. Il y aurait
peut-être avantage à s'interroger de nouveau sur la formulation
d'une période d'au moins 60 jours. On a la garantie d'au moins 60 jours.
Il peut arriver qu'il soit très utile et que cela réponde
à un voeu général de laisser s'écouler encore deux
ou trois semaines. Le gouvernement étant maître de la
décision, son obligation consistant à respecter le délai
de 60 jours, je ne sais pas s'il y a intérêt à enfermer le
gouvernement dans un carcan de 60 jours.
M. Richard: II faut faire attention, parce qu'il ne faut pas
créer de carcan non plus et rendre cela difficile à
administrer.
M. Ryan: Si vous mettez - je soumets cela à ma
collègue de L'Acadie et au ministre - "d'au moins 60 jours", est-ce que
cela ne donne pas une flexibilité plus grande?
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien, M. le Président, que je
n'ai pas...
M. Richard: Cela prolonge un peu...
Mme Lavoie-Roux: Cela peut prolonger...
M. Richard: Cela prolonge beaucoup.
Mme Lavoie-Roux: Étant donné que le ministre avait
fait la concession de 30 à 60 jours...
M. Richard: Oui...
Mme Lavoie-Roux: ... je voulais faire ma part. Je n'ai pas
objection à ce qu'on garde "au moins". Ce n'est pas dans mon esprit de
le réduire.
M. Richard: La députée de L'Acadie sait
pertinemment bien que je commets parfois des excès de
générosité qui ont des effets funestes.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que nous gardons "d'au
moins"?
M. Ryan: Si le ministre le prend en considération, on
pourrait peut-être reprendre le débat plus tard. On en a trois en
suspens...
Mme Lavoie-Roux: On en a trois en suspens, ce n'est pas
grave.
M. Richard: On en a trois et on a décidé de faire
la concordance. Quelle est la meilleure solution?
Le Président (M. Brouillet): L'article 37 est en suspens,
nous y reviendrons, et à l'autre où il y avait concordance...
M. Richard: II y a les articles 71 et 162. Il y en a trois. Il y
en a un, ce n'est pas grave, c'est l'article 37. L'article 71 a
été adopté, mais on peut revenir là-dessus.
M. Ryan: On voit que c'est un projet de règlement qui
n'était pas réaliste, qui créait beaucoup de
problèmes, ils peuvent dire qu'ils ne le présentent pas tout de
suite.
Mme La voie-Roux: Oui, c'est vrai.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que M. le ministre est
d'accord pour qu'on maintienne "d'au moins"?
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Si vous voulez corriger
l'amendement que nous avons adopté tantôt, l'amendement se lirait
maintenant comme suit: à la place "d'une période d'au moins 30
jours", on aurait "d'une période d'au moins 60 jours".
M. Richard: C'est cela.
M. Ryan: Nous sommes prêts à voter.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Brouillet): L'article tel
qu'amendé est adopté.
M. Ryan: Parfait.
Le Président (M. Brouillet): Article 72.
M. Ryan: Cela va, adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
Contrôle et surveillance du cinéma et de
la vidéo
M. Richard: Chapitre III, M. le Président. Contrôle
et surveillance du cinéma.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que ce titre est
adopté?
M. Ryan: Du cinéma, oui. Il faut rayer "de la
vidéo".
Le Président (M. Brouillet): J'ai reçu un
amendement général pour l'ensemble du projet de loi par lequel on
biffera partout le mot "vidéo". On peut l'adopter tel qu'il est
là, et tout à l'heure, on fera la correction
générale.
M. Ryan: C'est cela.
Classement des films et des films-annonce
Le Président (M. Brouillet): Le titre du chapitre III est
adopté. Section I. Le classement des films et des films annoncés.
Paragraphe 1. Classement des films.
M. Richard: Des films-annonces.
Le Président (M. Brouillet): Des films-annonces, excusez.
Ces titres sont donc adoptés. Article 73. Il y a un amendement à
l'article 73 qui se lit comme suit: "Le premier alinéa de l'article ,73
est remplacé par le suivant: "Sauf s'il a obtenu une autorisation
spéciale délivrée en vertu de l'article 73.1, nul ne peut
présenter un film en public si un visa attestant son classement n'a pas
été apposé sur la copie de ce film conformément
à la présente loi."
(16 h 15)
M. Ryan: Pourriez-vous lire tout de suite l'article 73.1? Je
pense que les deux se tiennent.
M. Richard: "II en est de même lorsqu'un film est
modifié après son classement"?
M. Ryan: Non, c'est: La régie peut, aux conditions qu'elle
détermine...
M. Richard: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): II y aurait donc aussi
l'ajout d'un article 73.1 qui se lirait de la façon suivante: "73.1. La
régie peut, aux conditions qu'elle détermine, délivrer une
autorisation spéciale permettant de présenter en public les films
qu'elle indique lors d'une manifestation diplomatique, d'un festival ou de tout
autre événement analogue."
M. Richard: Adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non. J'aurais seulement une question, qui a
sûrement été posée lors des auditions. Pour fins
d'enseignement dans une université ou ailleurs, qu'arrive-t-il dans le
cas de ces films?
M. Richard: C'est une question fort pertinente, Mme la
député de L'Acadie, mais comme mon collaborateur est justement
professeur de cinéma, il sait mieux que quiconque que, lorsque c'est
dans le cadre d'un cours, il ne s'agit pas d'une projection publique. Donc, il
n'y a pas de visa.
Mme Lavoie-Roux: Cela peut être, par exemple, dans le cas
d'un colloque, de l'enseignement strictement universitaire et
collégial, dans le contexte que l'on connaît, mais prenons,
par exemple, un colloque sur la violence - c'est l'exemple qui me vient
à l'esprit - et qui est pour des fins de sensibilisation, est-ce
que...
M. Richard: M. le Président, lorsqu'il s'agit d'un
colloque où il ne s'agit pas de faire payer des gens pour assister
à la présentation d'un film, le visa n'est pas nécessaire,
parce qu'il ne s'agit pas d'une projection en public.
Mme Lavoie-Roux: Eh bien...
M. Richard: Non, mais l'objectif...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais pas dans...
M. Richard: ...n'est pas de faire payer des gens pour assister
à la présentation d'un film...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Richard: Alors, si vous avez un colloque où on
décide de présenter un film, la question ne se pose pas et ne
s'est jamais posée, à ma connaissance.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des ciné-clubs, que se
produit-il?
M. Richard: Non. Les ciné-clubs sont obligés
d'avoir un visa.
Mme Lavoie-Roux: Un visa? M. Richard: Ah oui!
Mme Lavoie-Roux: Bon! Alors, si vous me dites que c'est couvert
dans le cas de colloques spécialisés ou de l'enseignement...
M. Richard: Enseignement, colloque, le problème ne se pose
pas. Pour les ciné-clubs, là, je vous répète qu'il
faut un visa.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Et personne ne pourrait, compte tenu de
l'absence dans la loi d'une indication en ce sens, contester la projection d'un
film...
M. Richard: Pas sur la base de la Loi sur le cinéma.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je vais prendre la parole du ministre.
J'aime mieux les choses un peu plus précises.
M. Richard: Non, mais on pourrait, je ne sais pas, contester un
cas parfaitement hypothétique sur la base du Code criminel...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Richard: ...mais on ne pourrait pas poursuivre...
Mme Lavoie-Roux: On ne pourrait pas contester l'absence de
visa.
M. Richard: Non. Si c'est dans le cadre de l'enseignement,
non.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement à
l'article 73 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article 73
tel qu'amendé est-il adopté?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'amendement
qui consiste à introduire l'article 73.1 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 74.
L'article 74 est-il adopté?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 75.
Oui, il y a un amendement à l'article 75. Je me permets de vous le lire.
L'article 75 est remplacé par le suivant: "Une personne qui demande le
classement d'un film doit déposer à la régie, avec sa
demande: "1° si elle est titulaire d'un permis de distributeur, le contrat
de distribution; "2° dans tout autre cas, un document l'autorisant,
à la satisfaction de la régie, à présenter le film
en public au Québec".
M. Ryan: II me semble que le ministre redit
démesurément les normes de prudence qui doivent être
appliquées par la régie. Dans la formulation originale, on disait
ceci: "Une personne qui demande le classement doit déposer à la
régie, avec sa demande, le contrat de distribution du film ou une
autorisation lui permettant de le présenter en public au Québec".
C'était un des deux.
Tandis qu'ici, avec l'amendement qu'on propose, on fait une obligation,
pour celui qui a un permis de distributeur, de présenter toujours le
contrat de distribution. Il me semble que la formule qui était dans le
premier texte est une formule plus souple, moins astreignante. Est-ce que c'est
nécessaire d'aller jusqu'à ces contraintes?
M. Richard: Mais, M. le Président, il s'agit de faire une
concordance avec l'article 97.
M. Ryan: Le nouvel article 97? M. Richard: Oui.
M. Ryan: Vous voulez qu'on le garde en suspens avec les articles
94 à 98?
M. Richard: Je suis d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement à
l'article 75 est suspendu. Article 76.
M. Richard: Article 76.
Le Président (M. Brouillet): L'article 76 est-il
adopté?
M. Ryan: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
77.
M. Hains: L'article 77 est un gros morceau, ces temps-ci. Vous
avez probablement aussi reçu, M. le ministre, toute la documentation
nouvelle de ce midi, un autre paquet de demandes à ce sujet. J'aimerais
beaucoup qu'on insiste davantage sur cet article. Je sais que j'irai
peut-être contre votre détermination là-dessus, mais il me
semble qu'il manque encore quelque chose, malgré ce qu'il y a
déjà là. Vous-dites... "ne porte pas atteinte à
l'ordre public ou aux bonnes moeurs, notamment en ce qu'il n'encourage ni ne
soutien la violence sexuelle". Dans le film que j'ai vu sur la pornographie qui
nous a été présenté par le front commun, souvent,
il n'y avait aucune violence sexuelle, mais il y avait une dégradation
de la femme au point que cela en était répugnant. Je me demande
si on ne pourrait pas ajouter en plus de cela: "ni ne soutient la violence
sexuelle, la dégradation et l'exploitation abusive des enfants".
M. Richard: Répétez-moi cela, s'il vous
plaît.
M. Hains: Je suis en train de dire que, dans le film que j'ai vu,
ce n'était pas nécessairement de la violence, souvent, les femmes
faisaient cela d'elles-mêmes évidemment, c'était un film -
mais c'était tellement dégradant. Il n'y avait pas de violence,
mais il y avait la dégradation la pire qu'on puisse imaginer. J'aimerais
qu'on ajoute: "en ce qu'il n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle, la
dégradation et - ce n'est pas mentionné ici et c'est une des
choses sur lesquelles on insiste le plus -l'exploitation abusive des
enfants".
M. Richard: M. le Président, vous êtes aussi bien de
le suspendre parce que je ne suis pas disposé à accepter ces
amendements-là.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons le suspendre.
M. Ryan: ... on pourrait discuter.
Le Président (M. Brouillet): Oui, on peut quand
même...
M. Hains: On peut quand même continuer
là-dessus.
Le Président (M. Brouillet): Ou encore, si vraiment le
ministre préfère revenir plus tard, on pourra en discuter
à ce moment-là.
M. Hains: C'est parce qu'on s'en garde pour après le
souper.
M. Richard: Je veux souligner immédiatement que l'ordre
public et les bonnes moeurs comprennent exactement ce que vient de nous dire le
député de Saint-Henri. S'il y a une exploitation abusive des
enfants, cela va à l'encontre de l'ordre public et des bonnes moeurs. Je
pense que c'est une ouverture... Je ne pense pas que cette loi-là soit
le lieu pour lutter contre la pornographie.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je crois qu'il serait important de verser au dossier les
avis exprimés par un certain nombre d'organismes que ces questions
intéressent au plus haut point. Il y a, par exemple, la revue Vie
ouvrière, une revue qui se spécialise dans le
développement de la conscience ouvrière, qui a écrit la
lettre suivante, adressée à votre auguste personne, M. le
Président de la commission. Il semble que cela n'ait pas eu le temps
d'être porté à votre connaissance. Je crois qu'il vaut la
peine qu'on en prenne connaissance ensemble. Elle dit ceci: "M. le
Président, La direction et les 1500 abonnés de la revue Vie
ouvrière s'inquiètent de la façon dont la loi 109 ouvrira
encore plus grande la porte à l'exploitation sexuelle des jeunes, en
particulier. Nous joignons notre voix à celle des groupes qui, au nom de
la dignité humaine, demandent que soit révisée cette loi.
Nous savons que l'exploitation de la sexualité pour des fins
commerciales est très lucrative et que la pression de ces promoteurs est
puissante. Le présent dossier que nous joignons à cette lettre en
est une éloquente illustration. Nous appuyons sur ce sujet la position
de la Ligue des droits et libertés qui déplore l'absence totale
dans le texte de la loi des critères qui serviront au classement des
films. Ces critères devraient nécessairement tenir compte des
libertés et
des droits fondamentaux inscrits dans les chartes canadienne et
québécoise des droits. Nous demandons aussi que tout le
matériel cinématographique et vidéo, y compris le
matériel utilisé par les vidéo-clubs dans
l'hôtellerie ou la télévision payante, soit soumis au
processus de classification de la régie. Nous demandons au ministre, M.
Richard, de promouvoir un débat public sur une question aussi
fondamentale que celle qui fait l'objet de ce projet de loi."
Il y a aussi une lettre d'une dame Matteau, c'est une citoyenne,
à titre personnel. Je pense qu'on peut noter son opinion sans être
obligé d'aller dans les détails. Je retiens surtout les avis qui
ont été exprimés par des groupes: le Comité
conjoint de lutte contre la pornographie écrit, par
l'intermédiaire de Mme Marjolaine Dufort, une opinion qui dit ceci en
gros: "Le but de cette lettre est de vous informer que notre groupe
étant un collectif féministe de lutte contre la pornographie
entérine sans distinction et nuances les recommandations qui vous ont
déjà été faites par le front commun contre la
pornographie. Nous sommes fondamentalement convaincues que nous devons trouver
dans cette loi la notification explicite que tout document renfermant des
éléments exploitant et encourageant le sexisme et le racisme ou
la violence sexuelle est un critère de rejet. Cette nomenclature
augmenterait et entérinerait directement la reconnaissance de notre
intégrité déjà reconnue dans la charte des droits
et libertés. Comme dernier point, nous voulons nous prononcer contre le
fait que la loi préconise un contrôle restreint de la
pornographie."
Il y a ensuite un autre organisme, le Collectif Vidéo femmes de
Québec, qui parle dans le même sens que les autres documents et
qui dit entre autres: "Vidéo femmes appuie les recommandations suivantes
formulées par le front commun contre la pornographie." Ce sont toujours
des lettres qui vous sont adressées, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Je suis très heureux
de l'apprendre. (16 h 30)
M. Ryan: Ces lettres appuient les recommandations suivantes: La
démocratisation de la nouvelle Régie du cinéma, des
personnes nommées par les groupes de défense des droits de la
personne, des femmes et des enfants, un droit de révision et d'appel des
décisions rendues, des mandats de trois ans non renouvelables
consécutivement, des critères publics élaborés
à la suite d'auditions publiques. Ensuite, on demande la
réorientation des critères de sélection en termes de
droits et libertés des personnes plutôt qu'en termes de
moralistes. On veut que la loi dise non à l'exploitation et à
l'encouragement du racisme, du sexisme, de la violence sexuelle ou excessive,
qu'elle dise non à la pornographie enfantine déjà
omniprésente au Québec, et oui à l'érotisme,
même explicite, actuellement censuré au Québec. On demande
enfin le retrait des concessions faites par le gouvernement aux industriels de
l'exploitation sexuelle; pas de passe-droit pour le vidéo pornographique
des vidéo-clubs et motels, comme le propose le projet 109; pas de
passe-droit aux contrevenants pour les publics d'enfants, et pas de passe-droit
aux publicitaires sexistes; pas de droit de veto d'une seule personne sur toute
vérification de l'application de la Loi sur le cinéma.
Il y a aussi le Regroupement des parents des garderies syndiquées
de la région de Montréal, qui donne son appui à un front
commun contre la pornographie; le Comité contre la pornographie, de
Gatineau; le Carrefour des femmes de Rosemont, de Montréal; M. Denis
Laplante; le Centre communautaire des Gatinoises - sans doute des
résidentes de Gatineau - le Café au féminin, de
Saint-Hyacinthe-Québec, qui dit, entre autres: "Nous tenons à
dénoncer fortement le caractère secret et arbitraire des
critères de sélection et de classement des films contenus dans le
projet de loi 109. Nous croyons sincèrement qu'une Régie du
cinéma et de la vidéo siégerait démocratiquement
pour des mandats plus courts. Des intervenants et particulièrement des
intervenants spécialisés et représentatifs de la
population seraient plus en mesure de protéger les droits des personnes,
des femmes et des enfants en particulier."
Il y a le Centre de documentation du comité FAM - c'est Femme
action dans son milieu - de Mascouche, qui appuie les propositions
d'amendements formulées par le Comité du front commun contre la
pornographie, et le Groupe Info-femmes, de Montréal, qui appuie, encore
une fois, les propositions du front commun contre la pornographie et qui
écrit ceci: "Nous avons visionné le vidéo pornographique -
je ne sais pas si c'est celui auquel faisait allusion le député
de Saint-Henri - et nous vous recommandons d'en faire autant
immédiatement car il faut absolument connaître cette
réalité dégueulasse et ainsi voir la
nécessité de modifier le projet de loi 109 qui ne peut être
accepté comme tel. La liberté d'expression ne peut être un
argument de poids. Que faites-vous de la liberté d'expression et
même d'existence de 52% de la population? Je parle des femmes, bien
sûr, car c'est de cela qu'il s'agit. L'existence même des femmes
est menacée car la pornographie c'est, entre autres, la violence
légalisée envers les femmes et les enfants, les femmes battues,
le viol, l'agression physique et psychologique, etc."
Le Collectif femme d'abord envoie également un texte. L'Union des
pacifistes
du Québec exprime également son appui au mémoire du
front commun contre la pornographie. L'Association des parents uniques de
Rouyn-Noranda. La Fédération des unions de familles; Le
regroupement des organismes volontaires d'éducation populaire de
Montréal.
Je pense que cela vaut la peine de lire la lettre de l'Association des
parents uniques de Rouyn-Noranda: "Nous sommes inquiètes et
révoltées devant l'irresponsabilité apparente de nos
gouvernants face aux droits, libertés et respect des personnes humaines
qu'ils doivent protéger. Nous sommes inquiètes de voir nos
enfants grandir et évoluer dans un monde où la loi du plus fort
et du plus riche règne. Nous vous parlons au nom du droit à
l'autonomie pour chacun et chacune. Nous crions et revendiquons le droit de
vivre, d'agir et d'être respectées comme des personnes. Nous
refusons qu'entre dans nos maisons et dans les endroits publics toute image
véhiculant le sexisme, le racisme et la violence gratuite. Nous
attendons de nos gouvernants qu'ils nous aident, par leurs lois, à
améliorer la qualité de la vie et à favoriser la justice
sociale. Les rapports humains sont déjà suffisamment difficiles
sans que le marché américain ou autre nous impose ses valeurs par
des images qui conditionnent davantage à la peur, à la
soumission, à la ségrégation plutôt qu'à la
réalisation et au dépassement. Nous tenons à vous faire
part personnellement que nous appuyons sans réserve les recommandations
du front commun contre la pornographie."
Il y a le Groupe accès, approche féministe de
l'obésité, de Verchères, qui exprime également son
appui aux recommandations du front commun. Il y a La Voix des femmes Inc. de
Montréal qui demande une régie du cinéma et de la
vidéo où siégeraient démocratiquement, pour des
mandats plus courts, des intervenants spécialisés et
représentatifs de la population qui soient plus en mesure de
protéger les droits des personnes, des femmes et des enfants
particulièrement. Il y a l'AFEAS. Aussi l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale de Bon-Pasteur, qui envoie
également des opinions dans le même sens. On a annexé
à tout cela une liste d'organismes qui ont déjà
exprimé leur appui aux revendications du front commun. Cette liste
comprend 96 organismes.
M, le Président, je demanderais que nous puissions annexer au
compte rendu de la présente séance le texte de ces opinions ainsi
que la liste des organismes qui ont appuyé le front commun, pour qu'au
moins ces organismes et les personnes qu'ils représentent et qui
agissent en leur nom aient la certitude que leurs opinions se sont rendues
à destination, qu'elles ont été examinées à
leur juste valeur, qu'elles n'ont pas été passées sous le
tapis ou sous la table.
Le Président (M. Brouillet): Alors, vous
suggérez...
M. Ryan: Si vous voulez rendre une décision sur ce
point-là, je voudrais continuer ensuite brièvement.
Le Président (M. Brouillet): Alors, il s'agirait de
déposer l'ensemble des opinions?
M. Hains: Peut-être seulement la liste?
Le Président (M. Brouillet): Peut-être la liste tout
simplement?
M. Ryan: Oui. Le reste, cela va faire partie de l'intervention
que j'ai faite.
Le Président (M. Brouillet): Oui, c'est cela, oui.
M. Ryan: Ce n'est pas nécessaire que le reste figure.
Mais, si vous permettez que la liste soit annexée, soit à
l'intervention que je viens de faire, soit au compte rendu de cette
séance, je l'apprécierais vivement.
Le Président (M. Brouillet): Pour s'exempter de la lire au
complet ici? Oui, je crois qu'il n'y a pas d'inconvénient. On pourra
ajouter la liste des personnes qui ont fait part de leur opinion.
M. Ryan: Merci. Devant cette somme impressionnante
d'interventions, qui pourraient être encore beaucoup plus abondantes, si
on faisait un relevé complet de ce qui a été dit et
écrit sur le sujet au cours des derniers mois, je comprends que le
ministre veuille prendre un petit moment de réflexion et peut-être
reporter à ce soir -moi, je n'ai pas d'objection du tout - la discussion
que nous devons avoir là-dessus. Mais il me semble que nous ne
remplirions pas notre devoir si nous allions passer rapidement sur cet article
sans avoir au moins une bonne discussion, peut-être surtout à
l'aide d'un amendement comme celui que nous proposons - nous sommes prêts
à entendre les réactions du ministre là-dessus -à
le perfectionner au besoin, à le ciseler davantage. Il me semble assez
clair que la formulation qui nous est présentée par le
gouvernement n'est pas de nature à donner satisfaction aux attentes qui
ont été exprimées par une large partie de la population et
je me réjouis de penser qu'on pourrait avoir une bonne discussion
là-dessus.
M. Richard: M. le Président, je pense que M. le
député d'Argenteuil a raison. Cela vaut sans doute une bonne
discussion. Mais je voudrais immédiatement, quitte à ce qu'on
suspende l'étude de cet article, l'inviter à
réfléchir très sérieusement sur les
conséquences d'une loi trop rigoureuse à cet égard. Je
voudrais rappeler qu'il y a un énorme progrès par rapport
à la loi de 1975. Et, on verra que, dans la loi de 1975, on
s'était interdit d'inclure toute disposition amenant à
l'élaboration de critères quant au classement des films, ce qui
n'est plus le cas dans la loi qui est soumise à l'attention de la
commission parlementaire. Il y a une chose qui m'apparaît
extrêmement importante: Pourquoi...
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président, si
vous voulez me le permettre. Le ministre m'excusera de l'interrompre pour lui
demander s'il pourrait faire venir une copie du texte de la loi actuelle pour
que je puisse comparer les deux textes?
M. Richard: Oui, l'article 20 de la loi de 1975 dit: "Le
directeur doit, dans les 15 jours suivant la demande, classifier le film, au
moyen d'un visa indiquant la catégorie des spectateurs pour laquelle il
est délivré, de la façon suivante: À- films pour
tous, spectateurs de tous âges; B- films pour adolescents et adultes,
spectateurs âgés d'au moins 14 ans; C- films
réservés aux adultes, spectateurs âgés d'au moins 18
ans." On voit donc qu'il y a un progrès considérable, si on peut
parler de progrès. En tout cas, il y a des changements
considérables qui ont été apportés à ce
texte.
Il faut faire attention, M. le Président, on m'a beaucoup
parlé de films vraiment dégradants à tous égards,
non seulement pour les femmes et les enfants. On m'a parlé de films
sexistes. On m'a parlé de films qui encouragent la violence sexuelle. Je
dois vous dire ceci, qui n'est pas sans importance. Depuis deux ans et demi ou
deux ans et quelques mois que j'occupe les fonctions de ministre des Affaires
culturelles, je ne me souviens pas d'avoir reçu une seule plainte au
sujet de films qui auraient obtenu un visa de manière un peu trop
laxiste, pas une seule. Vous seriez étonnés de compter les
plaintes qui ont été acheminées à la régie.
Il y a une chose qui existe, ce sont les films qu'on présente sur
d'autres territoires, notamment aux États-Unis, qui sont parfois des
films pour lesquels je ne voudrais jamais que la régie émette de
visas ou, en tout cas, sans coupures. Quand ils arrivent ici, la régie a
toujours eu le soin, jusqu'à maintenant, de faire des coupures
extrêmement importantes, ou tout simplement de refuser le visa, souvent
à partir d'exemples vécus ailleurs.
Je ne parle pas de littérature, car c'est un autre
problème. Il faut faire attention de ne pas appliquer au cinéma
des règles qu'on ne peut pas appliquer à d'autres domaines, comme
par exemple le domaine de la littérature. Dans le domaine de la
littérature, on n'interdit pas un écrivain avant de le publier.
Il est toutefois passible de poursuites sur la base du Code criminel. Cela
reste toujours vrai. Quand un film va à l'encontre de l'ordre public et
des bonnes moeurs, il y a des poursuites criminelles qui sont possibles. Il ne
faut pas se substituer, à cet égard, au législateur
fédéral qui a juridiction en matière criminelle.
Je voudrais, M. le Président, lire un passage d'un texte de
Lysiane Gagnon, intitulé: Les bien pensants, qui dit à un moment
donné, en parlant de Mme Brown, et je cite: - Mme Brown veut la censure
à tout prix et je vais vous dire où on a abouti en Ontario
après - "C'est cela la censure...
M. Ryan: Est-ce qu'il veut nous dire qui est Mme Brown?
M. Richard: Du bureau de surveillance de l'Ontario.
M. Ryan: D'accord.
M. Richard: C'est cela la censure: un système de
répression qui s'exerce toujours au nom d'une bonne cause. Pour Mme
Brown, la bonne cause, c'est la famille, les valeurs de l'ordre établi.
Pour d'autres, ce serait l'élimination du sexisme, du racisme. Pour
d'autres, la religion, mieux encore telle religion à l'exclusion des
autres. Elle dit voir les nombreux chapitres pertinents dans l'histoire de
l'humanité, du massacre des Saints-Innocents à la
Saint-Barthélemy, de l'Inquisition aux ayatollahs. "Tout le monde a son
propre système de valeurs et certains, voire la majorité, peuvent
partager celui de Mme Brown. Ce n'est pas une raison pour vouloir que
l'État l'impose d'autorité en interdisant les productions qui
véhiculent d'autres idées, d'autres images et d'autres valeurs.
La liberté d'opinion et de conscience, c'est la liberté pour
toutes les opinions et toutes les croyances, y compris les mauvaises ou celles
qu'on trouve personnellement mauvaises. La liberté de presse c'est
pareil. Pour assurer la libre circulation de l'information et des idées,
il faut tolérer qu'il y ait aussi en circulation toutes sortes de
publications, y compris les jaunes. C'est pour cette raison que la Ligue de
libertés civiques américaine, où les Juifs sont nombreux
et actifs, s'est élevée, il y a quelques années -
l'exemple est intéressant - contre ceux qui voulaient interdire à
un chef néo-nazi de prononcer une série de conférences.
Rien n'est plus insupportable pour des Juifs que de réentendre les
discours nazis. Pourtant, justement au nom de la liberté d'expression,
ils n'ont pas voulu l'interdire. (16 h 45)
Cela explique sans doute pourquoi le
congrès juif est venu demander non seulement l'abolition de toute
censure, mais l'abolition même du bureau de surveillance, l'abolition de
toute surveillance."
C'est le Congrès juif qui s'est exprimé dans ce sens, il
réclamait l'abolition de toute surveillance.
Je sais que le député d'Argenteuil est très
sensible à cela, mais il ne faut pas créer pour le cinéma
un statut spécial par rapport aux autres domaines de la création
et ouvrir la porte, comme on me le propose, à la censure. Je saurais
difficilement me rallier à une pareille position. Je voudrais vous
rappeler - en signalant cela, en particulier, au député
d'Argenteuil - qu'en Ontario, on a un autre système. Un homologue
ministre ontarien m'a fait l'aveu qu'il avait dû venir voir certains
films à Montréal. En Ontario, on interdit un film de grande
qualité, un film japonais comme L'empire des sens. On a interdit Pretty
Baby. On a interdit Le tambour, un très grand chef-d'oeuvre.
Le tambour, suivant le texte qu'on nous propose, que le
député de Saint-Henri proposait tout à l'heure, risquerait
d'être interdit au Québec et cela, je vous dis que, quant à
moi: jamais. C'est un film que j'ai vu. C'est pour moi un chef-d'oeuvre et je
ne pense pas qu'on doive risquer, dans le domaine de la création,
d'interdire un film comme Le tambour. Il faut faire une distinction aussi entre
la réalité et l'imaginaire créé par les
cinéastes, par ceux qui réalisent des films, qui peuvent parfois
dénoncer justement la dégradation, dénoncer le racisme,
dénoncer le sexisme. Mais quand on a des critères trop
étroits, on aboutit à l'absurde exactement comme on aboutit
à l'absurde quand on interdit le film Not a Love Story, en Ontario, un
film pour dénoncer la prostitution. Il a été interdit en
Ontario parce qu'on avait des critères trop rigides. Voilà ce que
cela peut donner et je ne suis pas personnellement d'accord avec l'ouverture
vers la censure. Qu'il y ait un minimum de contrôle, j'en suis. Qu'on ait
ajouté notamment: si un film soutient ou encourage la violence sexuelle,
je suis disposé à me rallier à cela, et encore une fois je
dis que ce n'est pas avec beaucoup d'enthousiasme, parce que je crains
fortement que, pour éviter des abus, cela nous amène à des
abus qui vont être bien plus sérieux comme conséquences. Le
remède pourrait être beaucoup plus sérieux, comme
conséquences, que la maladie qu'on veut guérir.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'aurais une question d'information. Je voudrais revenir
sur le fond des choses qu'a dites le ministre. Je voudrais d'abord qu'il me
donne certains renseignements. Sous le régime actuel, le ministre
pourrait-il résumer comment les choses fonctionnent. Un film est soumis
au Bureau de surveillance du cinéma et le bureau peut-il refuser le
film, en refuse-t-il un certain nombre chaque année, ou s'il classe
obligatoirement pour qu'ensuite cela s'en aille en circulation?
M. Richard: Au Bureau de surveillance, comme il y a un pouvoir de
la régie, la régie peut imposer des modifications. Le seul cas
où il y a un refus total, pour qu'on se comprenne bien, c'est quand les
modifications sont refusées.
M. Ryan: Voulez-vous me dire en vertu de quel article de la loi?
Je voudrais avoir des articles précis. J'ai le texte de la loi devant
moi. J'aimerais que vous m'indiquiez cela avec précision.
M. Richard: D'accord, on va vous donner cela, mais je vais vous
donner pour le moment le type de fonctionnement. Le Bureau de surveillance
classe 20 films par semaine, il y a, en moyenne, quatre films qui sont - si je
peux m'exprimer ainsi -victimes d'un premier refus, qui se voient imposer des
modifications, c'est-à-dire 20%.
M. Ryan: Donc, vous avez déjà une forme de
censure.
M. Richard: Oui.
M. Ryan: Par conséquent, il ne faut pas que vous vous
présentiez comme plus vertueux que vous ne l'êtes, il y a
déjà de la censure.
M. Richard: Non, M. le Président, je dis que...
M. Ryan: Le principe est déjà admis, si on veut
discuter sur une base réaliste.
M. Richard: M. le Président, je dis que je serais
porté à partager personnellement -je suis bien obligé de
composer avec la réalité - le point de vue du Congrès
juif. Mais enfin, comme je parle d'acquis...
M. Ryan: Je voulais venir à cela ensuite, oui.
M. Richard: ...c'est une situation évolutive et je pars
d'une situation acquise, vécue. J'ai déjà consenti - quant
à moi, ce n'est pas de la vertu et ce n'est pas rechercher la
popularité en faisant cela - à modifier le texte. Je vois tout de
suite les conséquences. Voyez les conséquences du
geste que j'ai posé en proposant un amendement: tout de suite on
a ouvert la porte à d'autres demandes, immédiatement. Je savais
qu'en acceptant de modifier le texte original, en acceptant de mettre notamment
"qu'il n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle", on me dirait:
Voilà, la porte est ouverte, maintenant on peut y entrer et demander
beaucoup d'autres moyens de contrôle et finalement des moyens de
censure.
M. Ryan: Avez-vous retrouvé les articles que je vous
demandais?
M. Richard: M. le Président, on les aura bientôt.
Cela existe en vertu des dispositions de la loi de 1967. Le président du
Bureau de surveillance ne pensait pas qu'il aurait besoin de cette loi, mais on
va aller la chercher.
M. Ryan: Je m'excuse, je veux répondre sur le fond
à quelque chose qu'a dit le ministre. Je ne posais pas ces questions
pour m'amuser, mais pour faire reconnaître au ministre, comme point de
départ du débat, que déjà est inscrit dans la loi
québécoise le principe d'un statut distinct pour le
cinéma, comparativement aux autres formes d'expression dont il a
parlé. Nous n'avons pas de bureau de classification des livres, nous
n'avons pas de bureau de classification des journaux, sauf peut-être dans
des bureaux hautement politisés. Nous n'en avons point, nous n'en
voulons point et nous nous arrangeons très bien de cette manière,
pour une raison qui, à mon point de vue, découle d'un jugement
strictement pratique qu'a porté la société, explicitement
ou implicitement. On se dit: Pour avoir un journal ou une revue, il faut que
quelqu'un fasse le geste d'aller l'acheter. C'est un acte individuel qui est
posé par chacun qui l'apporte chez soi, qui le lit et prend ses
responsabilités. J'admets avec vous que les seules limites qui existent
dans nos lois sont celles qui découlent du Code criminel au titre de
l'obscénité et j'ajouterais au titre de la sédition,
même si ce dernier titre n'est à peu près jamais
utilisé à cause de la difficulté de faire jurisprudence
avec cela. Cela va très bien.
Maintenant, dans le cas du cinéma, le législateur a
déjà jugé nécessaire d'agir autrement. Même
si vous disiez tantôt -opinion que je mets en doute - qu'il n'y a pas de
critères dans la loi existante, il y en a des critères, sauf - je
vais vous l'indiquer - quand vous dites que le directeur du Bureau de
surveillance...
M. Richard: Pour éviter toute confusion, il y a des
critères dans la loi de 1967...
M. Ryan: Oui.
M. Richard: ...mais, dans la loi de 1975, on avait
éliminé les critères. C'est ce que j'ai voulu dire.
M. Ryan: Très bien, mais, quand même, la loi de 1975
n'a jamais été proclamée, ni mise en vigueur.
M. Richard: Ces articles n'ont jamais été mis en
vigueur.
M. Ryan: Ces articles-là n'ont jamais été
mis en vigueur. Par conséquent, nous sommes sous le règne de
l'ancienne loi.
M. Richard: C'est cela, de la loi de 1967, en ce qui a trait
à ça.
M. Ryan: La loi de 1967, je pense que c'est resté dans la
suivante. Mais quand elle dit, entre autres, que "le directeur doit, dans les
15 jours suivant une demande de classification, classifier le film au moyen
d'un visa indiquant la catégorie de spectateurs pour lesquels il est
délivré: film pour tous, film pour adolescents et adultes, film
réservé aux adultes, spectateurs âgés d'au moins
dix-huit ans", il est évident que ce sont des critères moraux et
sociaux qui sont sous-jacents à ça. On peut bien le cacher si on
veut, mais si on raisonne dans la froide logique, on doit admettre qu'on
inscrit des critères implicites dans le texte de la loi.
D'accord, ça va cela.
M. Richard: Je suis d'accord avec ce point de vue, M. le
Président, et je reconnais qu'on a donné dans la loi de 1967 un
caractère un peu spécial au contrôle en ce qui a trait au
cinéma. Toutefois, je ne veux pas qu'on mette l'accent là-dessus
maintenant.
M. Ryan: Vous faisiez plus tôt allusion aux pouvoirs qui
étaient accordés au directeur d'exiger des modifications afin
qu'un film reçoive une classification. Vous disiez même que sur
vingt films présentés chaque semaine...
M. Richard: II y en a quatre...
M. Ryan: ...il y en aurait quatre qui seraient l'objet d'un
premier refus.
Par conséquent, le point que je veux ici établir au
début du débat, c'est le principe d'une certaine forme de
censure. Je n'aime pas le mot "censure" plus que vous. J'ai moi-même
été dans le journalisme écrit pendant dix-sept ans et
c'est un mot que je réprouvais profondément. Je
préférais publier une mauvaise affaire que de commettre une
mauvaise action en ne la publiant pas. Je me
disais qu'il y avait une chance d'une bonne action à la suite de
la réaction d'un public sérieux qui pouvait se défendre
contre cette affaire-là. Tandis que si on ne la lui avait jamais
soumise, on l'empêchait peut-être d'accéder à une
responsabilité plus grande. La théorie libérale, je pense
que votre serviteur en a fait le tour bien des fois et qu'il en est un
défenseur acharné.
Nous avons ce problème-ci, qui nous est présenté
aujourd'hui sous un jour nouveau. C'est là qu'est le problème de
conciliation de droits auquel, je pense, on n'apportera pas de solution en
faisant le silence purement et simplement. Je ne sais pas comment la discussion
va se terminer. Je pense qu'il faut la faire.
Les gens nous disent: Les législateurs se sont tous lancés
dans l'adoption de chartes de droits de la personne. C'est bien beau quand on
adopte une charte de droits à ceci, droits à ça. Il y a
une couple de droits que je n'aurais pas mis dans certaines chartes, entre vous
et moi, parce que je n'aurais pas été capable de les appliquer
jusqu'au bout. Mais c'était, à ce moment, une course au
libéralisme. C'était à qui en mettrait le plus. Quand on
discute de charte québécoise contre charte
fédérale, l'argument que le gouvernement soutient, c'est que nous
autres on en a plus que l'autre, on en met plus que l'autre, on est bon
là-dedans. Jusqu'à ce qu'arrive le moment d'adopter des lois
rigides, alors on s'aperçoit que c'est une autre affaire.
Toutefois, dans ces chartes-là, il y a des droits très
importants qui sont reconnus à des catégories de citoyens: le
droit à la protection contre toute forme de discrimination raciale, par
exemple. Je crois même que le droit à la protection contre toute
forme de littérature ou de publication attisant la haine raciale est
inscrit dans les lois fédérales. Il me semble qu'une loi a
été adoptée au lendemain de la dernière guerre. Je
me souviens qu'on avait formé un comité de juristes et de
politicologues de toutes les grandes universités canadiennes. Je me
souviens d'avoir connu une personne qui a fait partie de ce groupe de travail,
qui est entrée dans ce groupe de travail avec la détermination de
ne jamais être complice d'une action qui consisterait à tirer des
conclusions positives incitant les législateurs à agir contre
ça. Finalement, après avoir entendu toute la preuve, cette
personne est sortie avec l'idée qu'il fallait une loi interdisant la
littérature haineuse au Canada. Je pense que le ministre a des
conseillers juridiques qui pourront retrouver cette loi-là dans les
statuts fédéraux.
Il me semble qu'après les horreurs qui sont arrivées
à la dernière guerre mondiale et les horreurs dont on a vu la
répétition, sur une échelle moindre mais non moins
inquiétante, dans divers pays, on doit comprendre que c'est le droit et
le devoir d'une société de se prémunir contre ce genre
d'expressions haineuses qui font mépriser un groupe racial par d'autres
et qui conduisent à l'agitation sociale. Éventuellement
même, elles conduisent à la révolution violente. (17
heures)
On nous indique, dans ces chartes-là, le droit de chaque personne
au respect de sa dignité, sans égard à son sexe. Alors
là, il y a des femmes qui viennent nous dire, moi, c'est un argument qui
m'a frappé depuis un certain temps, soit depuis un an ou deux: Nous,
selon le genre de présentations qu'ont faites des personnes de notre
sexe dans certaines entreprises de diffusion, sommes l'objet d'une
véritable exploitation.
Nous sommes l'objet d'une discrimination qui est vraiment une
dégradation.
Mon collègue de Saint-Henri a cité des oeuvres
tantôt que je n'ai pas vues et que je n'ai pas intérêt
à voir, je pense, mais il y a assez de littérature qui existe
là-dessus pour qu'on croie raisonnablement que cela existe en tout cas.
C'est cela, le problème que je voulais poser au ministre, ces droits qui
sont reconnus, d'un côté, dans nos chartes des droits. J'en ai
donné deux exemples. Il y en a d'autres également. Il y a des
chartes de droits de l'enfant, également, qui visent à assurer la
protection de l'enfant contre des formes d'abus de sa personnalité et de
son espèce d'état d'innocence qui ont une valeur internationale.
Ces chartes sont acceptées par d'autres pays dans leur
législation et tout.
Je demande au ministre comment on va concilier tout cela, tout en
acceptant le postulat dont il part qu'il ne faut pas du tout tomber tête
baissée dans les traquenards que le club de la censure à tout
prix a inspirés à un certain nombre de personnes et même de
groupes. Je demande au ministre comment on va faire droit à cette
requête qui est présentée et, de l'autre côté,
comment on va assurer à ces personnes, à qui on reconnaît,
d'un côté, l'égalité fondamentale, la protection de
droits fondamentaux par les chartes, et comment on va les exposer. Je ne
pourrai pas dire des choses à une personne, de personne à
personne, sans m'exposer à ce qu'elle me dénonce à la
Commission des droits de la personne, des choses bien moins graves parfois que
certaines qu'on va voir dans certaines oeuvres, et parce que cela va s'appeler
une entreprise de cinéma, il va y avoir n'importe quelle espèce
d'immunité, je ne sais pas trop. J'essaie de concilier tout cela. Ce
n'est pas souvent que nous avons l'occasion, comme législateurs, de nous
arrêter à ce problème et d'essayer d'y voir clair.
M. Richard: M. le Président, je partage
l'exposé sur l'état de la question qui a été
fait par le député d'Argenteuil, sauf qu'il m'apparaît
qu'un projet de loi sur le cinéma n'est pas le lieu
privilégié pour faire la conciliation dont il a été
question dans l'exposé du député d'Argenteuil. Tout le
monde, je pense, s'entend pour reconnaître que ce n'est pas une
conciliation très facile, mais je voudrais toutefois rappeler que le
lieu privilégié, c'est le Code criminel ou le recours
prévu par les chartes. Ou bien les chartes ont un sens, ou bien elles
sont sanctionnables, ou bien elles ne le sont pas, mais ce sont les recours
prévus par les chartes et les recours prévus par le Code
criminel. Je suis disposé à ce qu'on soit assujetti à
cela, mais dans le domaine de la création, qui est le domaine
privilégié de l'imaginaire, il est extrêmement
périlleux de se mettre à multiplier les critères pour
entraver la liberté des créateurs. Quand on l'aura fait au
cinéma, on demandera ensuite qu'on le fasse en littérature. On
demandera qu'on le fasse avec les journaux. On demandera qu'on le fasse dans le
domaine des arts plastiques. Ce sera tout le domaine de la création qui,
fatalement et inéluctablement, sera touché si on n'est pas
extrêmement prudent. Je vous rappelle, M. le Président, qu'en
Ontario, on a manqué de prudence, avec les résultats qu'on
connaît. Quand on pense qu'il y a des ministres ontariens qui viennent
voir des films à Montréal, parce qu'on a une véritable
censure en Ontario sous prétexte qu'il faut imposer un système de
valeurs, je suis incapable de me rallier à un tel point de vue.
Le Président (M. Brouillet): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai manqué une
bonne partie de l'exposé tant du ministre que de mon collègue
d'Argenteuil. Je vous saurais gré, si je soulève des points qui
ont déjà été soulevés ou des
réflexions qui ont déjà été faites, de
m'arrêter, parce qu'on n'est pas ici pour faire de l'obstruction, comme
on l'a bien indiqué, mais vraiment pour discuter de ce problème
plus à fond.
J'ai entendu le ministre dire, au début: Écoutez, il n'y
avait pas de critères dans la Loi sur le cinéma en 1975, sauf
que, finalement, il y en a peut-être à partir de catégories
qui sont prévues: pour tous, 18 ans et moins ou 18 ans et plus, quoique,
1975, cela existait déjà. Mais si on remonte à 1968, la
pornographie n'existait pas à l'état où elle existe
aujourd'hui, à moins que je ne m'abuse. En tout cas, elle n'était
pas d'accès aussi facile qu'elle l'est aujourd'hui parce qu'une grande
partie de la pornographie nous vient peut-être davantage par la
vidéo que ce qui est projeté dans les grands cinémas de
Montréal ou de Québec. Cela n'existait probablement pas en 1968
comme moyen aussi répandu que celui qu'on connaît aujourd'hui.
Je suis d'accord avec le ministre lorsqu'il dit qu'on est probablement
mieux. Je sais qu'en partant du principe de la non-censure et afin d'être
le moins restrictif possible, il a mis des termes aussi généraux
que: "ne porte pas atteinte à l'ordre public ou aux bonnes moeurs,
notamment en ce qu'il n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle..."
Je ne sais pas s'il a formalisé la proposition sous forme de
motion très précise, mais je trouve que des choses aussi vagues
que les mots "atteinte à l'ordre public ou aux bonnes moeurs"
particulièrement les mots "bonnes moeurs", peuvent donner une ouverture
aussi grande à toutes sortes de formes de censure que les
critères un peu plus précis que le député de
Saint-Henri a suggérés. Je ne sais pas lesquels exactement il a
suggérés mais quand il dit, par exemple, "qu'il n'encourage ni ne
soutient la violence, la dégradation et l'exploitation sexuelle
abusive", je pense qu'il y a là trois critères assez
précis. Je suis sûre que les bonnes moeurs ont une connotation
assez différente pour chacun d'entre nous. On pourrait leur donner une
signification plus ou moins élastique. Dans ce sens, je ne vois pas que
si on maintient les termes "ne heurte pas l'ordre public ou les bonnes moeurs",
on va nécessairement avoir moins - ce que l'on craint tous - de censure
que si l'on précise que cela s'adresse à trois aspects
particuliers. Par exemple, on pourrait même ajouter le racisme, la
violence, la dégradation, l'exploitation sexuelle abusive. Je trouve que
vous cernez bien davantage ce que, dans le fond, tout le monde ici autour de la
table veut contrer.
De la même façon que le député d'Argenteuil,
cela m'est difficile de ne pas être sensible aux représentations
des femmes. Je lisais cet article de Lise Lachance, dans le Soleil du samedi 28
mars 1983, dans lequel elle disait: "Les Québécoises se
mobilisent, qu'elles soient de droite ou de gauche, citadines ou rurales,
très scolarisées ou simples ménagères, pour ou
contre l'avortement, l'enseignement religieux, la libéralisation des
moeurs, peu importe ce qui, au-delà des divergences idéologiques,
a soudé ce nouveau front commun - dans lequel on rencontre des gens de
toutes tendances." On l'a vu même ici. Je le voyais même parmi les
porte-parole qui sont venues. J'étais ici lorsqu'elles sont venues. Ce
n'est vraiment pas le front commun habituel que l'on retrouve à la
défense d'autres causes. Alors, ce qui réunissait tous ces
gens-là, c'est la pornographie ou, plutôt, le rejet de la
pornographie.
Je ne veux pas lire tout l'article, mais
c'est heureux si elles ont réussi à former un groupe aussi
fort. Le député d'Argenteuil a énuméré une
liste des gens qui sont membres de ce front commun. Je n'en nommerai pas pour
ne pas avoir l'air d'accorder une importance moindre à un groupe
qu'à un autre. Il y en a d'autres que je serais prête à
concéder au ministre. Elles sont peut-être seulement dix dans ce
groupe. Il y a des groupes très représentatifs comme l'AFEAS, la
Fédération des femmes du Québec, vous avez les femmes
universitaires, vous avez... Je n'ai pas la liste sous le nez. C'est cela,
l'AFEAS, l'Association des femmes diplômées des
universités, le Comité de la protection de la jeunesse, la
Fédération des femmes du Québec, la
Fédération des unions de famille, la Fédération
canadienne des femmes universitaires.
Je me dis que ce n'est sûrement pas tous des gens qui ont une
tendance à la censure dans le sens où tout ce qui ne tombait pas
dans un ordre moral très bien défini dans lequel on nous avait
élevés ne pouvait pas être accepté. Je trouve qu'il
y a une trop grande diversité. Cela regroupe un trop grand nombre de
femmes pour se dire... Je ne pense pas que le ministre, d'ailleurs, ait
insinué que ce n'était pas sérieux, ce n'est pas cela. Je
pense qu'il est aussi préoccupé que nous autres. Son
problème est de concilier ce qui est un mouvement de masse de la part
des femmes - je pense qu'on ne peut pas nier cela - et de se protéger
contre une censure qui brimerait la liberté d'expression, de
créativité ou tout ce qu'on veut.
Mais ce qu'on demande au ministre, ce n'est pas d'étendre la
censure, on lui demande de préciser certains termes qui, pour moi,
peuvent ouvrir moins de portes à une censure outrancière ou une
censure mal fondée comme - à mon humble avis, nous discutons -
des termes aussi généraux que "les bonnes moeurs". Vous auriez pu
dire ceci: Les bonnes moeurs en ce qui a trait à la violence sexuelle.
Mais votre "notamment" ouvre la porte très grande à toutes sortes
de choses. Vous nous dites: On ne peut pas faire de censure. Mais, par contre,
vous ouvrez la porte à une foule de choses comme l'interprétation
des bonnes moeurs et le mot "notamment", qui n'est qu'un élément.
Il peut y avoir bien d'autres "notamment". Cela n'exclut à peu
près rien.
Ce qu'on vous dit et ce que les femmes vous demandent est ceci: Nous, ce
qui nous heurte, c'est la violence sexuelle à l'endroit des femmes,
à l'endroit des mineurs et la dégradation qui, comme le faisait
remarquer le député de Saint-Henri, ne prend pas
nécessairement une forme de violence, mais attaque la femme dans sa
dignité la plus intime. J'ai de la difficulté à concilier
cette précision des termes avec le souci du ministre de ne pas ouvrir la
porte à la censure, alors que, d'après moi, ces termes
généraux risquent d'ouvrir la porte à plus de censure, si
les gens veulent mal l'utiliser, beaucoup plus que des termes très
précis comme les femmes le demandent.
M. Richard: M. le Président, je voudrais simplement
répéter ce que j'ai déjà dit à plusieurs
reprises. C'est à la suite d'une demande formulée par le Conseil
du statut de la femme et de ma collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine, que j'ai
accepté, avec beaucoup de réticences - je ne m'en cache pas,
j'avais même parlé de ces réticences à Mme la
députée de L'Acadie au moment où j'ai accepté -
d'ajouter la formulation "notamment en ce qu'il n'encourage ni ne soutien la
violence sexuelle". J'ai eu beaucoup de réticences pour une raison assez
évidente, c'est que la meilleure formulation qu'on ait pu trouver
jusqu'à maintenant est celle des bonnes moeurs et de l'ordre public.
Pourquoi? Parce qu'il s'agit là d'une notion qui se réfère
tout le temps au consensus social... (17 h 15)
Mme Lavoie-Roux: II y a un fichu consensus social, là.
M. Richard: ... à ce qu'on appelle, dans le jargon
juridique, des "community standards". Cela m'apparaissait suffisant. Encore une
fois, il ne faut pas se substituer à d'autres ministères qui ont
mandat de légiférer en la matière. Quand on met un terme,
par exemple, comme "dégradation", je ne pense pas que Mme la
députée de L'Acadie soutienne très vigoureusement qu'il
s'agit là d'un terme qui n'ouvrirait pas la porte à toutes sortes
de formes de censure, parce que, encore une fois, on est le plus souvent dans
le domaine de l'imaginaire. À certains égards, on pourrait
plaider que Le tambour présente une forme de dégradation,
peut-être pour mieux la dénoncer.
Je savais pertinemment qu'en ajoutant l'expression "notamment en ce
qu'il n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle" - c'est ce que j'ai fait
valoir à plusieurs reprises - c'était entrouvrir la porte - je le
répète - à toutes sortes de demandes pour censurer, et
ouvrir la porte à toutes sortes de comportements. C'est exactement ce
qu'on est en train de vivre maintenant, parce qu'on en demande plus et plus. Si
vous en ajoutez, vous aurez d'autres demandes demain matin. On se retrouvera
avec un texte qui en sera un de censure. Je pense un peu comme Lysiane Gagnon.
"Respecter la liberté des autres, dit-elle, en effet, ce n'est pas
renoncer à tenter de les faire changer d'idée par
l'éducation, l'information ou la persuasion, c'est refuser de donner
à l'État une arme qui, tôt ou tard, risque de se retourner
contre n'importe quel groupe."
Je vous avoue que je partage le point
de vue exprimé par Lysiane Gagnon dans cet article, point de vue
également partagé par Louis Falardeau, qui dit: "Cette
régie démocratique aurait rejeté un film portant atteinte
à l'ordre public et aux bonnes moeurs, mais aussi qui exploite,
encourage ou soutient explicitement ou implicitement le racisme, le sexisme, la
violence sexuelle ou la violence gratuite ou excessive. C'était
là dit-il - deux demandes tout à fait déraisonnables. Il
n'appartient pas à l'État de dire quel est le bon et le mauvais
cinéma, comme de décréter quelles idées sont
acceptables et lesquelles doivent être bannies. Il ne suffit pas de
déguiser la censure sous le nom de contrôle démocratique
pour qu'elle cesse d'être un mal incompatible avec la démocratie
même, qui est fondée sur la liberté d'expression.
L'État n'intervient qu'exceptionnellement en ces matières et le
Code criminel ou la loi 109 dans sa forme actuelle interdisent
déjà la pornographie qui incite à la violence ou utilise
les enfants". Bien sûr.
M. Ryan: C'est justement ce que je demande.
M. Richard: II ne faut pas essayer de combler les lacunes du Code
criminel dans un projet de loi qui porte sur le cinéma. Mme la
députée de L'Acadie, encore une fois, nous sommes dans le domaine
de la création. Si nous sommes coupables de laxisme à cet
égard, tôt ou tard on nous le demandera dans le domaine de la
littérature, dans le domaine des journaux, dans le domaine des arts
plastiques et dans tous les secteurs, dans tous les domaines de la
création.
Mme Lavoie-Roux: Si je suis le raisonnement du ministre, je suis
d'accord avec lui lorsqu'il dit qu'il y aura un problème à
établir le degré de dégradation. Mais, par contre, vous y
avez introduit les notions de bonnes moeurs et d'ordre public. Qu'est-ce que
serait un film qui serait contre l'ordre public?
M. Richard: Mme la députée de L'Acadie, c'est une
notion évolutive - c'est ce qui est intéressant - dans le sens
où elle se réfère à ce que j'appelais tout à
l'heure les "community standards", les consensus sociaux; je
préfère cette formulation qui a été l'expression
retenue un peu partout dans le monde entier parce que ces "community standards"
peuvent être différents d'une société à
l'autre, tandis que lorsque l'on arrive avec des critères trop rigides,
ils peuvent devenir complètement inapplicables.
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous eu vent que le ministère
fédéral de la Justice se proposerait d'amender le Code criminel
pour y mettre le mot "dégradation" plutôt que "bonnes moeurs"?
M. Richard: Non, M. le Président. Je peux répondre
à Mme la députée de L'Acadie que je n'ai jamais eu vent de
cela.
Mme Lavoie-Roux: Aucun écho de cela?
M. Richard: Non. Je ne le nie pas, je...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Oui.
M. Ryan: Est-ce que vous continuez?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Allez-y!
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je fais venir le texte de la charte des droits pour
voir. Je crois que les expressions "ordre public" et "bonnes moeurs" sont dans
la charte des droits. En tout cas, on va le voir tantôt. Je le fais venir
pour vérifier ce point.
En attendant, je voudrais seulement soumettre une considération
au ministre. Quand il nous dit que le critère de l'ordre public et le
critère des bonnes moeurs sont des critères de nature
communautaire, des critères visant à exprimer le consensus
communautaire à tel ou tel moment de son évolution, c'est vrai,
je pense qu'il y a beaucoup de justesse là-dedans. Excepté que,
si vous acceptez cela comme prémisse, il me semble que vous deviez
accepter aussi que les actes posés pour exprimer ce consensus seront
faits dans les conditions les plus aptes à être un reflet
fidèle du consensus communautaire. Cela nous amènera, quand il
sera question de la régie et de la formation des comités
d'appréciation ou de classement, à vous émettre certaines
considérations, parce que je ne crois pas que la façon la plus
sûre d'arriver à cela soit de procéder seulement avec des
gens qui sont nommés par un ministre sans autre considération ni
autre consultation. Je crois qu'on accepte le concept de "community standards"
et qu'on en tire des conclusions logiques. À ce moment, vous pouvez
avoir une certaine corrélation raisonnable entre ce qu'est la croyance
ou la pratique communément répandue et ce que sont les gestes de
l'administration dans un domaine dont nous convenons tous qu'il est
extrêmement délicat et qui doit être abordé avec
infiniment de circonspection.
Je vous signale tout de suite que, dans les articles qui suivent - il
n'est pas mauvais qu'on en fasse une mention maintenant parce
que cela nous fait gagner du temps pour plus tard - il y a des
dispositions qui ne sont pas tout à fait de la plus haute logique de ce
point de vue.
J'ai devant moi la Charte canadienne des droits et libertés de la
personne. Si M. le ministre veut répondre à cela, je vais trouver
dans l'espace d'une minute ou deux les passages pertinents qui
compléteront mon information, sinon je vais vous demander de suspendre
deux minutes, M. le Président.
Le Président (M. Bouillet): Est-ce que quelqu'un d'autre
voudrait exprimer des opinions là-dessus?
M. Hains: Oui, je...
Le Président (M. Bouillet): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Oui, M. le Président. Je comprends très
bien, M. le ministre, et surtout je connais votre souci de faire quelque chose
de bien. J'accepte mal quand même toutes les réticences que vous
avez à ajouter quelques mots - je sais que vous êtes vraiment
décidé à ne pas le faire, c'est pour cela que - qui
pourraient tellement facilement expliciter peut-être les mots "bonnes
moeurs". Si vous voulez, mettez deux points après "bonnes moeurs" et
explicitez cela par "actes de violence", "dégradation" ou des mots
semblables, trois mots. Vous avez peur qu'on les multiplie. On ne les
multipliera pas, la loi va finir, on va accepter et ce sera terminé.
Après cela, il ne sera pas question de répondre à toutes
les demandes que les gens vont venir vous faire les uns après les
autres. Ce sera terminé. Quand on dira "adopté", ce sera
adopté et cela passera tel quel.
Mais je ne vois pas pourquoi s'opposer tellement à identifier ce
que les gens nous demandent avec tant d'insistance. On en a 96 ici qui nous
demandent cela. Je respecte les opinions que vous m'avez citées tout
à l'heure, de Lysiane Gagnon, de M. Falardeau. Mais, avez-vous lu aussi
l'article d'Anne Richer, qui parle du cancer de la pornographie? Elle dit que
ce n'est pas simplement une excroissance qui pousse comme cela et qu'on
enlève d'un coup de scalpel, mais que c'est en train vraiment de pourrir
notre jeunesse et le monde actuel. Je pense que c'est à nous, comme
législateurs, de faire quelque chose pour essayer d'enrayer ce
mouvement-là. Et ce n'est pas pour trois mots de plus dans une loi qu'on
va passer pour des attardés ou des rétrogrades. Je vous dis que
vos réticences, je les comprends, mais je me les explique
difficilement.
Mme Lavoie-Roux: Moi, ce que je dis, c'est que si vous ne voulez
pas la censure parce qu'il y a déjà des termes dans la loi, si je
suis votre logique, ils vont mener à la même censure.
M. Richard: Mme la députée de L'Acadie, si une
majorité se faisait pour enlever les mots "notamment en ce qu'il
n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle", je m'y rallierais volontiers.
Vous connaissez mon sentiment à cet égard.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Richard: Je m'y rallierais bien volontiers. J'étais
convaincu que cela ouvrirait la porte à toutes formes de censure, et
c'est exactement l'effet que cela a produit. Cela explique un peu pourquoi je
suis maintenant si réticent à un terme. Je pense qu'on va
s'entendre et je suis très content que la discussion se fasse dans un
tel climat. Je pense que le terme "dégradation", par exemple, n'est pas
possible dans un texte. Est-ce que Le tambour, qui est le chef-d'oeuvre qu'on
sait...
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'encourageait pas, il ne soutenait
pas.
M. Richard: Attention à ce qu'on pourrait lui faire dire.
Quand je parle de l'ordre public et des bonnes moeurs, il y a une certaine
logique, sauf avec le "notamment", je vous le concède volontiers,
puisqu'en même temps on a dit deux choses. Premièrement,
désormais, les décisions de la régie devront être
motivées et il y aura un répertoire public de ces
décisions-là. Autre élément extrêmement
important - et c'est là que je me réfère encore une fois
aux "community standards" - il y aura des audiences publiques tous les deux
ans. La notion d'ordre public et des bonnes moeurs est une notion qui tient
compte de l'évolution d'une société. Tous les deux ans,
audiences publiques. Il me semble que c'est une protection assez
extraordinaire.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si...
M. Richard: Moi, je vous fais la prédiction que si je
cédais aux demandes qu'on formule, on voudrait après cela
retrouver ces textes-là dans beaucoup d'autres lois. On dirait: Vous
avez ouvert la porte, vous allez ajouter ceci et cela. Ce n'est pas possible.
En tout cas, un autre que moi fera cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si le
député d'Argenteuil a trouvé ses textes, mais je voulais
demander dans quelle mesure la régie aura accès aux
vidéos.
M. Richard: On en a discuté au début de la
commission hier et c'est extrêmement
important aussi. C'est que la vidéo est régie par la Loi
sur le cinéma. On l'a expliqué hier: On a enlevé le
titre...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Richard: ...la Loi sur le cinéma et la vidéo,
pour des raisons de terminologie.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Richard: Mais la définition qui est donnée
englobe constamment la vidéo.
Mme Lavoie-Roux: Alors, tout...
M. Richard: Alors, chaque fois maintenant qu'un vidéo sera
présenté dans un endroit public - je dis bien dans un endroit
public...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. C'est là qu'on s'entend.
C'est là qu'il y a des problèmes.
M. Richard: ...la loi s'applique. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Richard: Oui, mais là-dessus, je vais me retrouver
assez d'accord avec un certain premier ministre fédéral qui a dit
un jour -et j'étais entièrement d'accord avec lui...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, mais vous savez, les chambres de
passage...
M. Richard: Si je me souviens bien, c'était: "The State
has no business in the nation's bedrooms".
Mme Lavoie-Roux: Bedrooms. Oui, mais je ne considère pas
que les chambres de motel sont ma chambre à coucher.
M. Richard: Ce serait à discuter. C'est un aspect
extrêmement délicat, comme on l'a évoqué hier...
Mme Lavoie-Roux: À condition que vous passiez votre vie
dans les chambres de motel.
M. Richard: Comme on l'a évoqué hier... (17 h
30)
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, tout d'abord, j'avais fait mention tantôt des
deux chartes canadienne et québécoise des droits dans lesquelles
je croyais me souvenir qu'il y avait une allusion directe aux critères
de l'ordre public et des bonnes moeurs. Une consultation rapide m'amène
à conclure que ce critère n'est pas là. Il y a un
critère de caractère plus général qui
équivaut.
Cependant, quand on parle des droits et libertés, on dit dans la
Charte canadienne des droits que ces droits et libertés ne peuvent
être restreints que par une règle de droit dans des limites qui
soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le
cadre d'une société libre et démocratique. Je pense que
cela embrasse le critère de l'ordre public et des bonnes moeurs. Il peut
très bien être invoqué par le législateur pour
justifier certaines restrictions dans un cas ou dans l'autre comme celles qui
sont envisagées dans le texte du projet de loi et même, à
mon humble point de vue, dans certaines modifications qui seront
complétées pendant l'heure du souper, qu'on vous remettra au
début de la séance de ce soir. Ce qui a été fait
jusqu'à maintenant est une discussion de caractère exploratoire.
Il n'y a rien qui a été présenté en bonne et due
forme. On discute. On connaît tous l'extrême aridité de ce
sujet, l'extrême imprévisibilité de certaines
conséquences des choses qu'on va faire. C'est pour cela qu'on y va tous
avec beaucoup de prudence.
Ce qui est ici dans la charte canadienne et dont l'équivalent se
trouve probablement dans la charte québécoise, je ne sais pas si
cela vaudrait la peine de le vérifier pour qu'on nettoie ce
point-là. Je sais qu'on a un équivalent dans la charte
québécoise. M. le Président, je vais vous donner cela tout
de suite. On va être obligé de faire une nouvelle
vérification, parce que cela ne commence pas de la même
manière.
Je voudrais continuer, en attendant, car j'entendais demander au
ministre, pour qu'on vide cette question comme il le faut, s'il pourrait nous
résumer avec précision - parce que malheureusement je n'ai pas
cette documentation à ma portée actuellement -les recommandations
que lui a faites le Conseil du statut de la femme, les revendications que le
front commun a présentées contre la pornographie. Si on pouvait
les avoir à l'état clair, je pense qu'on pourrait peut-être
discuter sur la base de ces choses-là. Il me semble que c'est une
pièce au dossier qu'on ne doit pas envoyer promener à la
légère.
Tantôt, il y avait des éléments de ces
recommandations dans les lettres que j'ai lues, mais ce n'était pas
complet. Je vous préviens, M. le Président, que ma
collègue de L'Acadie a les recommandations du Conseil du statut de la
femme en particulier. Si vous vouliez permettre qu'elle nous en donne un
résumé, je pense que cela serait une excellente chose.
M. Richard: M. le Président, je voudrais rappeler
qu'à la commission parlementaire, le
problème a été longuement étudié,
longuement discuté au moment où nous entendions les
différents mémoires. Je n'ai pas en main les différents
mémoires qui ont été soumis à ce moment-là.
On pourrait les remettre aux représentants de l'Opposition. Je pense
qu'il n'y a pas de problème.
Il y a une chose que je voudrais rappeler. J'avais eu une rencontre avec
le Conseil du statut de la femme et nous nous étions entendus sur le
texte tel qu'il apparaît dans le projet de loi. J'avais exprimé
beaucoup de réticences, mais j'avais finalement accepté d'inclure
le texte, la formulation qui dit: "...notamment, ce qui n'encourage, ni ne
soutient la violence sexuelle".
M. Ryan: Est-ce que le Conseil du statut de la femme aurait
confirmé cette opinion par écrit?
M. Richard: Non, si ma mémoire est fidèle, ce n'est
pas comme cela que le tout s'est passé. On a eu une soirée de
discussions de quelques heures à laquelle assistait ma collègue,
la ministre déléguée à la Condition
féminine. J'ai finalement accepté d'inclure cela, à
partir, notamment, de choses que j'avais trouvées moi-même
scabreuses, mais qui étaient présentées aux
États-Unis.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne ferai pas un long
résumé. Le Conseil du statut de la femme - au niveau de ses
recommandations - était intervenu - en ce qui a trait à la
formation de la régie, on y arrivera un peu plus tard - et soulignait
qu'il trouvait la formulation "qu'il n'encourage ni ne soutient à son
avis la violence sexuelle", une modification intéressante en regard de
la loi présentement en vigueur, puisqu'elle correspond à un
problème qui ne cesse de s'aggraver et face auquel les groupes de femmes
et la population en général ont souvent tenté d'attirer
l'attention du gouvernement. Nous sommes cependant d'avis que cet article
serait amélioré si on étudiait la formule suivante: "Pour
autant qu'il n'exploite, n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle, la
violence gratuite ou excessive", la question de l'exploitation étant
ajoutée.
Par ailleurs, le Conseil du statut de la femme s'est montré
préoccupé de l'exploitation sexuelle et des agressions contre les
mineurs, puisqu'il s'agit le plus souvent d'adolescents. Nous suggérons
donc comme autre motif de rejet d'un film le fait qu'il encourage ou soutienne
l'exploitation sexuelle des personnes mineures. Tout à l'heure, je pense
que mon collègue de Saint-Henri parlait des enfants. Là, on parle
des personnes mineures. Le reste, c'est pour dire que le conseil s'excuse ou,
enfin, explique qu'il n'a pas eu le temps de prendre connaissance suffisamment
du mémoire du front commun contre la pornographie et ne peut s'y
associer immédiatement. Ce qu'il ajoutait, c'est: "pour autant qu'il
n'exploite", alors que, dans le moment, c'est: "n'encourage ni ne soutient", et
un élément touchant l'exploitation des personnes mineures.
M. Ryan: II y avait la violence physique ou gratuite.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Ryan: La violence gratuite ou excessive et l'exploitation
sexuelle des personnes mineures. Est-ce que vous, M. le ministre... C'est bon
cela, ces deux expressions qui sont assez circonscrites quant à leur
objet. Il y en a une, c'est la violence gratuite ou excessive et, la
deuxième, l'exploitation sexuelle des mineurs. Vous avez rejeté
ces deux critères et, dans leur conversation avec vous, d'après
ce que vous nous rapportez, les membres du Conseil du statut de la femme ont
accepté votre décision.
M. Richard: Attention, les membres, M. le Président, je ne
veux pas commettre d'impairs. C'était une rencontre avec Mme Bonenfant,
la présidente, et ma collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine, qui
était elle-même accompagnée d'une collaboratrice, et
c'était avant le dépôt et la présentation de leur
mémoire. J'ai été même un peu surpris de voir
qu'elles en réclamaient davantage après, parce que je croyais le
problème réglé.
M. Ryan: Par conséquent, depuis le dépôt de
ce projet de loi, vous n'avez pas eu l'occasion de recevoir des amendements.
Est-ce que la rencontre avec elles remontait à avant la publication du
projet de loi original?
M. Richard: Non, c'était après.
Mme Lavoie-Roux: Avant les audiences quand même.
M. Ryan: Avant la comparution devant la commission
parlementaire.
M. Richard: C'était après la présentation en
première lecture du projet de loi et avant les audiences publiques.
M. Ryan: Le front commun contre la pornographie, est-ce que sa
position était à peu près voisine de celle-ci ou si elle
allait plus loin?
M. Richard: Non, il allait beaucoup plus loin.
Mme Lavoie-Roux: II allait plus loin. Je dis cela à mon
corps défendant, mais, selon l'impression que j'ai eue - le Conseil du
statut de la femme n'est pas ici pour se défendre si, par hasard,
j'interprète mal - il disait: On n'a pas eu le temps de le lire
suffisamment pour s'associer au mémoire contre la pornographie. J'ai eu
l'impression qu'il avait une certaine réticence à s'associer
complètement au mémoire contre la pornographie, mais c'est mon
interprétation à moi. Les autres groupes qui sont venus
présenter... Moi, les mineurs, il me semble que, là-dessus, le
ministre pourrait... Ce n'est pas un problème imaginaire, M. le
Président.
M. Richard: Si on me donnait...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord, je vous laisse parler.
M. Richard: Ce n'est pas cela que je voulais dire, Mme la
députée de L'Acadie. Vous m'avez mal interprété, ce
n'était pas cela. J'allais vous dire que je pense, en effet, qu'au
Québec, dans l'état actuel de la législation, c'est un
problème imaginaire.
Mme Lavoie-Roux: Les mineurs?
M. Richard: Pas dans la littérature, oublions cela, c'est
parce que, toujours, les cas qu'on nous donne sont des problèmes qui ont
trait aux revues pornographiques. Dans le cas des films détenteurs d'un
visa de la régie, je vous dis que c'est imaginaire.
Là où vous avez raison - c'est un autre
problème...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez la même chose pour la
vidéo?
M. Richard: Dans le cas des revues, remarquez qu'on arrive
souvent véritablement à nous distraire en exhibant des revues.
À chaque fois que j'ai rencontré des groupes -bien sûr,
vous allez me dire avec raison: On n'était pas pour constamment vous
projeter des films présentés dans les salles publiques - ... Mais
des films présentés dans des salles publiques qui illustrent
l'exploitation des mineurs, je vous répète que je n'en ai jamais
eu connaissance, que je n'ai jamais eu de plainte à cet égard. Je
ne suis pas sûr, mais je pourrais risquer de demander au président
du bureau de surveillance qui est ici s'il en a déjà eu. Le
bureau de surveillance n'a jamais eu la moindre plainte à cet
égard.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous diriez la même chose de la
vidéo?
M. Richard: Remarquez que le président du bureau de
surveillance va peut-être m'en vouloir, parce que cela va peut-être
susciter des plaintes. La régie n'a même jamais eu -si je ne me
trompe - à évaluer un film où on illustrait l'exploitation
des mineurs.
M. Ryan: On doit vous dire, M. le Président...
M. Richard: II est vrai que ces films existent, aux
États-Unis en particulier, et il n'y a pas de contrôle, sauf leur
Code criminel.
Mme Lavoie-Roux: J'en ai vu un à Montréal.
M. Hains: Samedi dernier.
M. Richard: II est vrai que certains de ces films sont
présentés en privé, je ne nierai pas cela.
Mme Lavoie-Roux: Non, j'avais vu cela au Loews Le Concorde
à Montréal, lors d'un colloque.
Dans les grandes salles, évidemment, dans la mesure
où...
M. Richard: En plus, Mme la députée de L'Acadie, ce
seraient des films qui seraient assujettis aux dispositions du Code
pénal, du Code criminel et, ce qu'on nous demande constamment, c'est de
nous substituer à celui qui a la responsabilité de
légiférer en matière criminelle.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous aimez parfois vous substituer au
gouvernement fédéral; là, vous semblez avoir beaucoup de
réticence.
M. Richard: Non, M. le Président, Mme la
députée de L'Acadie a mal saisi la portée de ce que je
viens de dire.
Mme Lavoie-Roux: C'est possible.
M. Richard: Même si nous avions juridiction sur le Code
criminel, je dirais qu'il appartient au ministre de la Justice de
légiférer en la matière. Il ne s'agit pas de régler
un problème aussi fondamental pour une société dans une
loi sur le cinéma. Je pense que c'est le mauvais prétexte, le
mauvais lieu.
Mme Lavoie-Roux: Là où je donnerai raison en partie
au ministre, dans la mesure où je le sais - peut-être même
en totalité -c'est vrai qu'il y a une tendance à confondre ce qui
est cinéma avec ce qui est littérature pornographique, c'est
exact. Évidemment, comme je ne cours pas les films pornos, c'est bien
difficile pour moi de vous dire qu'il y a de l'exploitation des jeunes dans les
films qui sont projetés dans les salles de cinéma. Je serais
incapable de vous le dire,
alors je ne peux pas vous apporter de témoignage dans ce sens,
mais on peut simplement se fier quand même à l'opinion qui nous
est apportée par des gens qui suivent ces dossiers de plus près.
Si vous me dites qu'il n'y en a pas...
M. Ryan: Est-ce que vous avez répondu à madame,
parce que je voudrais revenir avec une question?
Mme Lavoie-Roux: Non, j'ai dit que je prends la parole du
ministre qu'il n'y a pas de films qui exploitent les jeunes mineurs. (17 h
45)
M. Richard: Je vous dis que je n'ai jamais eu connaissance de
cela.
Mme Lavoie-Roux: Ah ouil Moi non plus, mais cela ne veut pas dire
qu'il n'y en a pas.
M. Richard: Je vous dis que je n'ai jamais eu de plainte à
ce sujet et je vous dis, fort de l'assurance que me donne le président
du bureau de surveillance, qu'il n'en a même jamais évalué,
à plus forte raison, bien sûr, il n'a jamais eu de plainte. Encore
une fois, je pense qu'il y a une espèce - et je suis content que vous
saisissiez cela - de diversion qui est faite à cause de la
littérature pornographique. Comme il n'y a pas de loi en la
matière, on cherche à régler l'ensemble du problème
dans la Loi sur le cinéma.
Je sais, Mme la députée de L'Acadie, que j'ai dit hier que
j'avais refusé -pourtant, il me semble que ce serait assez important
dans la mesure, par exemple, où la SODICC relève du ministre des
Affaires culturelles - de m'abonner à First Choice et à TVEC,
parce que je ne veux pas que mes enfants puissent simplement, en tournant un
bouton, avoir droit à des films pornographiques.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, M. le Président, je
dois dire que j'aurais la même attitude que le ministre, mais je ne suis
pas sûre que cela ne reflète pas - je me mets dans le même
bateau que lui - une attitude un peu élitiste, parce que nos valeurs
esthétiques sont différentes, qu'on a peut-être d'autres
types de loisirs ou d'occupations. Je ne sais pas si c'est le cas quand
même... Il y en a quand même qui s'abonnent à ces
choses.
M. Richard: Là-dessus, je rejoins Mme la
députée de L'Acadie. C'est un choix personnel que je veux faire
en toute liberté, mais cette liberté dont je dispose, je veux la
laisser aux autres.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le ministre, je voulais identifier tantôt avec
précision les recommandations qu'avait formulées le Conseil du
statut de la femme. Nous les avons notées et j'aimerais à ce
stade-ci avoir l'opinion précise du ministre sur chacune des deux
suggestions qui avaient été faites par le Conseil du statut de la
femme. Il y en a une qui demandait qu'on ajoute au critère de la
violence sexuelle, qui a été retenu par le ministre dans le
projet de loi, le critère de la violence gratuite ou excessive et le
critère de l'exploitation sexuelle des personnes mineures. Le ministre
pourrait-il donner les raisons pour lesquelles il n'a pas retenu ces deux
critères et n'estime pas pouvoir les retenir?
M. Richard: J'ai envie de vous donner le premier exemple qui
m'est venu à l'esprit en vous entendant. D'ailleurs, quand j'ai lu cela,
c'est le premier exemple qui m'est venu à l'esprit. Si on acceptait, par
exemple, le critère de la violence excessive - encore une fois, je
reviens aux "community standards" - on pourrait interdire tous les westerns. Je
pense que le député d'Argenteuil va être d'accord avec moi
là-dessus, parce que si - et je pense que tout le monde en conviendra -
les films dits westerns, qui ont été et qui sont encore
immensément populaires, exploitent toujours la violence excessive, cela
correspond au consensus social. Ce sont des films qui ont été
très populaires. Ils le sont moins maintenant parce que cela
évolue, mais presque tous les films westerns illustrent la violence
excessive et parfois même on pourrait aller jusqu'à dire - je
pense que M. le député d'Argenteuil va être d'accord: qui
n'a pas vu de films westerns? - qu'ils soutiennent et encouragent cette
violence excessive, mais, encore là, on est dans le domaine de
l'imaginaire. Il y a beaucoup de films westerns, par exemple, qui soutiennent
et encouragent ce que j'appellerais la violence des méchants par rapport
à celle des bons. Remarquez que, dans les films westerns, le bon gagne
généralement, mais on voit le contraire. On voit qu'on joue avec
des notions extrêmement floues et parfois fluides qui risqueraient
d'amener des interprétations qui restreindraient la liberté de
création et la liberté des citoyens et des citoyennes.
M. Ryan: Si vous me le permettez, cela, c'est sur le premier des
deux critères. On peut peut-être discuter un peu sur celui-ci. Je
ne suis pas sûr que l'exemple apporté par le ministre soit un bon
exemple, parce que, dans le film western, il y a quand même un effet de
neutralisation qui est produit par le fait que cela se produit dans un contexte
très particulier avec lequel on est familier. Cela représente un
stade
d'évolution de la civilisation américaine qui est
dépassé maintenant. Il ne s'agit pas de refaire vertueusement une
époque où les moeurs étaient différentes. Cela,
c'est très bien.
De plus, je vous concède également que l'oeuvre d'art ne
peut pas être une oeuvre de vertu parce que, par sa nature même,
elle va dépeindre l'homme comme il est, avec ses bonnes et mauvaises
passions. Je pense qu'il n'y a pas de débat à faire
là-dessus entre nous, c'est une chose qui est claire. Mais il me semble
que ce qui est évoqué ici, c'est un phénomène
contemporain bien spécial qui nous surprend tous, les personnes d'un
certain âge.
Nous sommes sortis d'une guerre mondiale. Il y a eu des actes de
violence d'une bestialité inouïe qu'on n'aurait jamais pensé
posséder. Ensuite, on est entré dans une période
d'accalmie relative où on se disait: On a éloigné ces
fantasmes pour longtemps à venir. On n'aura plus jamais d'actes de
barbarie comme ceux-là et on constate que, depuis une dizaine
d'années, surtout dans les civilisations soi-disant
évoluées, la violence refait son apparition sous les formes les
plus brutales. On voit des citoyens apparemment très maîtres
d'eux-mêmes et des jeunes qui ont apparemment reçu une excellente
formation, se livrer au moment le plus imprévu à des actes d'une
violence que l'on pensait dépassée. Autant autrefois cela
semblait être le fait d'êtres bizarres ou malades, autant
aujourd'hui, cela va se produire dans les contextes les plus inattendus.
Quand on remonte aux sources, on s'aperçoit que ces êtres
ont énormément été influencés par toutes
sortes de manifestations auxquelles ils ont été soumis. On se
dit: Est-ce que cela va continuer dans ce sens-là? Est-ce que c'est une
période particulièrement sombre qui sera surmontée
tôt ou tard? On reconnaît tous que, dans le monde occidental,
depuis une dizaine d'années, il y a eu un retour en force de la violence
que personne n'aurait pensé possible il y a à peine une quinzaine
ou une vingtaine d'années. Cela, c'est le problème auquel veut
s'intéresser l'organisme. Peut-être que la manière dont on
le formule n'est pas une manière définitivement acceptable, mais
je pense que cela n'a rien de commun avec l'exemple qui a été
apporté par le ministre dans sa réponse. C'est un fait qui nous
frappe chez nous immédiatement et auquel il me semble qu'une
société n'a pas le droit de rester passive ou indifférente
parce que ce sont vos enfants, demain, peut-être, ceux que vous cherchez
à protéger trop, justement, aujourd'hui, ceux que je cherche
aussi à protéger, qui peuvent être les premiers à
tomber là-dedans. Là, on se dit: II semble exister un ensemble de
conditions qui sont plus productrices de comportements comme ceux-là
qu'en d'autres périodes, à moins qu'on ait mal connu les
périodes précédentes, qu'on les ait connues sous des jours
qui étaient très cachés et qui cachaient des
côtés plus laids, mais il y a quelque chose qui s'est produit
depuis une dizaine d'années.
Ce mouvement de protestations auquel on assiste m'étonne
moi-même, parce que mon premier réflexe quand j'étais dans
le journalisme aurait été de dire: Oui, cela inquiète,
oui. Eh bien, qu'on fasse donc de la formation et qu'on nous laisse
tranquilles. Mais, aujourd'hui, je suis un peu plus sensible, parce qu'on a vu
trop de cas de destinées qui ont été brisées et de
situations absolument imprévisibles qui se sont produites. Je ne sais
pas si on peut régler cela par une simple allusion au cas des films
western, franchement. Cela, c'est le problème qui se pose.
Sur l'exploitation sexuelle des personnes mineures, le ministre n'a pas
répondu, à moins que... Je soupçonne la réponse qui
va venir, mais j'aimerais qu'il réponde sur ce point précis.
M. Richard: M. le Président, j'ai répondu tout
à l'heure en ce qui a trait aux mineurs. C'est un acte criminel.
Premièrement, c'est régi par une autre loi et je voudrais
tellement insister là-dessus, parce qu'on ne peut pas utiliser la Loi
sur le cinéma pour régler un problème aussi vaste que
celui de la pornographie ou de l'exploitation des mineurs ou de la violence
sexuelle. Mon opinion est que ce n'est pas le lieu pour régler ce
problème. Je voudrais toutefois rappeler que nulle part en Occident un
État démocratique n'a inscrit de critères dans une loi. Je
voudrais également rappeler qu'en 1962 celui pour lequel j'ai nourri
tant d'admiration à l'époque, qui avait été le
fondateur du ministère des Affaires culturelles, si je peux m'exprimer
ainsi, avait triomphalement annoncé l'abolition des critères au
Québec. Ce qu'on me demande 21 ans plus tard, c'est de revenir à
des critères dans une loi spécifique, qui est une loi sur le
cinéma.
Qu'on veuille bien en discuter pour le Code criminel, j'en suis. Qu'on
veuille bien en discuter pour la Charte des droits et libertés, j'en
suis, avec les recours appropriés. Mais, encore une fois, M. le
Président, j'ai dit tout à l'heure qu'en ce qui a trait aux
mineurs la régie n'a jamais été appelée à
évaluer - je prends la parole du président de la régie qui
est ici - un de ces films illustrant l'exploitation des mineurs et, à
plus forte raison - je le répète - n'a jamais reçu de
plaintes à cet égard, et pour causel Je pense que le
problème soulevé par le député d'Argenteuil est
important, notamment en littérature, pour les journaux, mais en ce qui a
trait au cinéma présenté au Québec, c'est un
problème imaginaire,
sauf si on me dit qu'il faudrait interdire le film Le tambour".
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je m'excuse. Que le ministre me dise que le
problème ne peut pas être résolu, selon son jugement, par
une loi qui traite du cinéma, je pense que c'est un point de vue qui se
défend et avec lequel on peut être en désaccord sur un
aspect ou l'autre, mais qu'il me dise que c'est un problème imaginaire,
je trouve que cela dépasse l'entendement. Je trouve qu'il nous
mène trop loin. Je ne pourrais souscrire à cette partie de sa
déclaration.
M. Richard: M. le Président, attention! J'ai dit en ce qui
a trait à la présentation de films au Québec...
M. Ryan: Oui.
M. Richard: ...au cinéma. Si ce n'est pas imaginaire, je
demande au député d'Argenteuil de me soumettre des films qui ont
obtenu un visa. Pour faire une pareille affirmation, encore faudrait-il avoir
des exemples de films qui ont obtenu du bureau de surveillance un visa et qui
illustraient l'exploitation des mineurs.
M. Ryan: M. le Président, on n'est pas au stade de faire
des démonstrations ici. Je pense que le fait que le président
n'ait pas reçu de plainte est une preuve pour le moins assez faible.
C'est bon pour le gouvernement, mais, comme quelqu'un l'insinuait tantôt,
l'adresse du président du bureau de surveillance n'est pas la plus
connue au Québec, ni même son existence. Je dirais que le
président du bureau de surveillance, qui est un de mes bons amis depuis
longtemps, est un personnage relativement obscur sur la scène publique
au Québec. Le gouvernement ne l'a pas produit souvent, à ma
connaissance. Je ne sache pas que ce nom soit familier au point qu'on pense
à lui écrire, comme on écrit au chef du gouvernement ou
à des hommes politiques. Je ne lui en fais pas reproche, ce n'est pas sa
vocation première.
Nous avons reçu des représentations d'organismes en
quantité. Je n'imagine pas qu'un organisme comme le Conseil du statut de
la femme aurait mis cela là seulement pour s'amuser. Ce sont des
personnes nommées par le gouvernement. Ce sont des conseillers du
gouvernement. J'imagine qu'il devait y avoir des raisons sérieuses
derrière cela. À priori, je suis porté à
considérer qu'il y a quelque chose là-dedans.
Maintenant, le ministre a invoqué deux points. Il a dit: Cela
peut être réglé sous l'empire du Code criminel. J'aimerais
que le ministre me donne des articles du Code criminel - je n'ai pas eu le
temps de les vérifier - qui portent sur ce point précis. S'il y a
du vrai là-dedans, cela règle une partie du problème. Il y
a l'autre partie du problème qui n'est pas réglée; je ne
sais pas si le gouvernement pourrait envisager de faire quelque chose.
Mettez-vous à la place d'un groupe de femmes, je ne sais pas, le
collectif Jeanne-d'Arc, par exemple. Elles ont vu une manifestation de
cinéma qu'elles trouvent absolument dérogatoire à l'ordre
public et aux bonnes moeurs, pour reprendre les critères de la loi. Les
voyez-vous instituer un recours judiciaire? Elles disent: Cela est une montagne
et on peut finir en Cour suprême; on n'a pas l'argent pour faire cela, on
n'a pas les connaissances, on n'a pas les moyens, on n'a pas ce qu'il faut pour
s'embarquer dans une affaire comme celle-là. S'il y avait, dans des cas
comme ceux-là, à défaut de protection explicite de la part
du législateur, au moins l'ouverture d'une certaine forme d'aide pour
des personnes et des groupes qui voudraient instituer des recours, je pense que
la réponse mériterait d'être prise au sérieux, mais,
dans ce genre de cas, à ma connaissance, il n'existe pas de formes
d'aide qui sont à la disposition de ces personnes. C'est peut-être
un problème dont le ministre me dira qu'il devrait lui aussi être
abordé à un autre niveau. Je voudrais simplement faire
réaliser au ministre qu'on ne peut pas jouer non plus à la chaise
musicale de façon continue et dire: Si j'étais assis dans l'autre
chaise, je dirais ceci et si j'étais assis dans l'autre, je dirais ceci.
On regarde un problème, on est saisi de difficultés
particulières. Il me semble qu'on doit essayer de donner satisfaction
à ces citoyens, qui sont de bonne foi et qui veulent manifestement le
bien public et le progrès de notre société:
peut-être que la manière dont ils les voient est discutable, cela
est une autre chose.
J'essaie de faire droit à leurs représentations tout en
tenant compte des considérations que vous avez émises. Je le
disais dès le début de notre discussion là-dessus, le
problème en est un de synthèse et qui est très difficile:
In dubiis, comme disait Saint Augustin, libertas. (18 heures)
M. Richard: M. le Président, je voudrais juste rectifier
les propos qui m'ont été prêtés - de bonne foi, sans
doute - par le député d'Argenteuil. Ce que j'ai dit, je le
répète, et j'ajoute un peu à ce que j'ai dit: Cela fait
neuf mois qu'il y a un débat sur la question. Je voudrais rappeler au
député d'Argenteuil que personne n'a jamais mentionné un
seul titre de film précis et verifiable d'exploitation sexuelle
où des
enfants étaient impliqués, et je répète
aussi que le bureau de surveillance n'en a jamais évalué. Ce
n'est pas moi qui juge léger ce que les autres disent, ce n'est pas le
fait que je n'ai pas reçu de plainte, j'ai dit que, moi, je n'ai jamais
reçu de plainte à cet égard. Ce n'est pas une preuve en
soi et j'en conviens. Cela ne serait pas une preuve suffisante, en tout cas. Ce
que j'ajoute à cela, c'est que le président l'a dit: On n'en a
jamais évalué.
Je sais bien qu'en littérature, le problème est bien
différent et c'est pourquoi c'est à un autre niveau, que
l'ensemble de ce problème doit être traité, ne serait-ce
que dans un souci de cohérence, si ce n'est pas dans un souci de respect
des libertés fondamentales.
Le Président (M. Brouillet): Étant donné
l'heure, il faut suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
M. Ryan: M. le Président, ce soir, au début de la
séance - nous essaierons de vous en prévenir avant la
séance - nous déposerons un ou deux amendements à
l'article 77.
M. Richard: D'accord. (Suspension de la séance à 18
h 04)
(Reprise de la séance à 20 h 15)
Le Président (M Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des affaires culturelles reprend ses travaux
dans l'étude, article par article, du projet de loi portant sur le
cinéma. Nous étions à l'article 77 et je crois que
l'Opposition nous avait annoncé avant la suspension qu'elle aurait un
amendement à suggérer.
M. Hains: Avant de commencer, M. le ministre, j'avais vu
dernièrement en première page du quotidien Le Journal de
Québec qu'on annonçait qu'il y avait un déluge de
vidéos pornographiques dans la province. Je me demande si vous avez vu
cet article-là. On faisait allusion aux douaniers qui n'ont aucun
contrôle sur les films de trente-cinq millimètres. On disait que
le distributeur n'avait qu'à se présenter - il prend le film et
s'en va avec - cela pourvu qu'il ait son accréditation. Il n'y a aucun
contrôle, autant fédéral que provincial, parce qu'il y a
des mélanges des deux paliers aussi, je crois.
Est-ce que vous avez vu cet article? Ce qui arrive, c'est que ces
gens-là vont chercher les films qui souvent sont des films
pornographiques et en font des centaines de copies et, ensuite, ils font des
coupures et les présentent au bureau de surveillance afin de pouvoir les
présenter dans les vidéos, dans les théâtres.
M. Richard: Dans les endroits publics?
M. Hains: Peut-être pas dans les endroits publics, disons
plutôt dans les vidéos.
M. Richard: Ah! Non là. Encore une fois, M. le
député de Saint-Henri...
M. Hains: Non, je le sais, mais êtes-vous au courant de ce
petit jeu-là qui se fait, paraît-il?
M. Richard: Bien, je suis au courant qu'il y a des gens qui vont
chercher les vidéos - du matériel vidéo - pornographiques
aux États-Unis, je suis parfaitement au courant de cela. Je n'ai pas
l'intention de m'instaurer en douanier à l'intérieur de...
M. Hains: Ce n'est pas cela, mais c'est parce que les douaniers
n'ont pas le droit de - selon l'article qui était publié et je
vous donne seulement une impression - disons, contrôler comme ils vont le
faire pour les revues, les magazines, etc. Là, ils ont le droit de
contrôler et s'ils trouvent des obscénités, ils saississent
l'affaire et tout doit être brûlé, je ne sais trop, mais peu
importe. C'est ce qui arrive. Je vous présenterai l'article, je l'ai
encore. Voilà.
M. Richard: M. le Président, je prends acte...
M. Hains: Le film de trente-cinq millimètres.
M. Ryan: II n'y a pas de réponse dans la loi à nos
problèmes.
M. Hains: Non. Ce n'était pas pour ça.
M. Richard: La loi est une loi sur le cinéma. Ce n'est pas
une loi sur les douanes ou la taxe d'accise ou...
M. Hains: Je voulais seulement vous mettre au courant de
ça.
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Brouillet): Concernant l'article 77,
est-ce qu'il y a un amendement?
M. Ryan: Oui, trois.
Le Président (M. Brouillet): Trois.
M. Ryan: Nous voudrions proposer un premier amendement...
Le Président (M. Brouillet): Excusez, M.
le député d'Argenteuil. Est-ce que le texte de vos
amendements, vous l'avez écrit ou si on doit le...
M. Ryan: On va être obligé de vous le donner parce
qu'on l'a ici, mais on ne l'a pas sous forme dactylographiée.
Le Président (M. Brouillet): Vous pouvez peut-être
le lire tel qu'il va se présenter et après...
M. Ryan: Quelqu'un va l'écrire et le remettre au
président.
Premier amendement. Dans le premier paragraphe de l'article 77, nous
voudrions, après les mots "en ce qu'il n'encourage ni ne soutient la
violence sexuelle", ajouter les mots suivants: "le racisme et l'exploitation
abusive du sexe".
Il y aurait un deuxième amendement et je voudrais ici faire une
remarque. En présentant ces amendements, nous n'entendons pas engendrer
un autre débat considérable. Nous estimons que, cet
après-midi, nous avons eu un débat de fond qui a
été éminemment constructif et, sous la forme des
amendements que nous présentons, nous résumons les
améliorations que nous souhaiterions, sans prétendre qu'ils aient
une valeur en quelque manière définitive. Si le ministre veut
qu'on vote assez rapidement sur ces amendements, nous serons prêts
à ce que le vote soit pris de manière à passer à
autre chose. C'est une façon de résumer la discussion, nous ne
voulons pas entreprendre un débat interminable. Ce serait donc le
premier amendement.
Dans le deuxième amendement, au 2e alinéa de l'article 77,
nous voudrions que les mots "et plus" soient ajoutés, pour des raisons
que j'expliquerai tantôt. Finalement, nous voudrions qu'un paragraphe
77.1 soit ajouté, qui se formulerait ainsi: "Le matériel
vidéo destiné au commerce est soumis aux règles de
classement prévues à l'article 77."
M. Richard: Ce serait le troisième amendement, cela?
M. Ryan: Oui, l'article 77.1. On va vous remettre les amendements
incessamment, M. le Président. Au premier, encore une fois, on
ajouterait les mots "le racisme et l'exploitation abusive du sexe". J'imagine
que vous voudriez avoir le texte avant qu'on commence la discussion, qui sera
brève en ce qui me touche.
Le Président (M. Brouillet): Je crois que...
M. Ryan: Si M. le ministre est prêt à ce qu'on
discute comme cela, on fera une brève explication des amendements
et...
M. Richard: Je suis disposé à procéder comme
le député d'Argenteuil le suggère.
M. Ryan: Les mots que nous voulons ajouter dans l'article 77, au
premier paragraphe nous semblent évoquer des objectifs qui sont
très largement partagés par nos concitoyens. Que le racisme, par
exemple, figure parmi les réalités qu'on ne veut pas voir
encouragées ou soutenues par le film de quelque manière que ce
soit, il nous semble que cela va de soi. L'exploitation abusive du sexe est une
expression évidemment assez large, mais nous croyons que conditionner...
Il ne faut pas oublier une chose, c'est que cela se situe toujours à
l'intérieur du critère dont a parlé le ministre et dont
parle le texte. Ce sont toujours des choses qui ne sont pas contraires à
l'ordre public et aux bonnes moeurs. Le critère dominant dans cela est
le critère de l'ordre public et des bonnes moeurs. Le texte ajoute
après cela "notamment" et cite trois exemples particuliers. Il nous
semble qu'avec la règle des "community standards" dont a parlé le
ministre, c'est-à-dire du recours à la norme du jugement
communautaire courant qui devra être employé par ceux qui seront
chargés de prendre les décisions, cela fournit les balises
additionnelles qui sont de nature à donner une sécurité
accrue à la population qui attend des améliorations de ce
côté-là, sans être pour autant désireuse de
censure. Je répète encore une fois que ces amendements sont
proposés en partant de la prémisse qu'il existe
déjà des formes de censure dans notre loi et dans notre
système de fonctionnement actuel, qu'il en existe dans le système
proposé par le ministre. Nous ajoutons des précisions qui nous
paraissent répondre aux attentes de la population.
Quant à "14 ans et plus" - je vais les expliquer tous les trois
en même temps, cela simplifiera la besogne de tout le monde - il nous
semble que le texte tel que présenté crée un hiatus. Vous
avez "14 ans" et ensuite "18 ans et plus". Ce que nous proposons, c'est que ce
soit "14 ans et plus", c'est-à-dire de 14 à 18 ans. Cela donne
une marge, un corridor plus large à ceux qui sont chargés de
prendre les décisions dans ce domaine-là. Cela évite aussi
de les astreindre à une règle trop rigide, de décider que,
pour les 14 ans, c'est ceci. Cela nous apparaît beaucoup plus limitatif
tandis que, si vous mettez de 14 à 18 ans, cela met une marge plus
généreuse pour l'exercice du jugement toujours un peu
discrétionnaire de ceux qui seront chargés de faire la
besogne.
Le troisième amendement est le 77.1: "Le matériel
vidéo destiné au commerce est soumis aux règles de
classement prévues à l'article 77." Je crois comprendre que c'est
déjà ce qui se fait présentement. On ne va
pas dans les lieux privés que le ministre ne veut pas envahir -
je suis d'accord avec lui là-dessus - mais, quand l'objet est
destiné au commerce, il me semble qu'il tombe sous la
responsabilité du gouvernement sous cet angle-là. Et si je me
trompe, j'aimerais bien être corrigé par le ministre, mais je
crois comprendre que c'est ce qui se pratique déjà.
M. Richard: M. le Président, pour les raisons que j'ai
longuement explicitées avant la suspension, je vais voter contre le
premier amendement proposé par l'Opposition officielle. Je veux rappeler
brièvement que c'est une question de consensus social, que c'est ouvrir
la porte à des abus; c'est ouvrir la porte à des restrictions aux
libertés fondamentales; c'est finalement créer un mal plus
sérieux, plus lourd de conséquences que celui qu'on
prétend vouloir guérir.
Par ailleurs, M. le Président, je n'ai point d'objection à
proposer que le deuxième amendement suggéré par
l'Opposition officielle soit voté à l'unanimité. Quant au
troisième amendement en ce qui a trait au matériel vidéo
privé, je pense que la Loi sur le cinéma n'est pas le lieu pour
s'attaquer aux problèmes évoqués par le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait répondre à
la question de fait que j'ai posée à propos du troisième
alinéa? Est-ce que la pratique actuelle est dans le sens de ce que j'ai
entendu rapporter ou si j'aurais été mal informé?
M. Richard: M. le Président, je rappelle que, quand c'est
destiné à des projections en public, la régie doit
émettre un visa. Mais, je n'ai point l'intention de saisir la
régie de matériel vidéo destiné à des
projections privées. Je suis, en la matière, très
libéral.
M. Ryan: Le ministre aurait-il objection, dans ces conditions,
à écrire: "Le matériel vidéo destiné
à la projection publique"?
M. Richard: C'est déjà inclus dans le projet de
loi, M. le Président, puisque nous avons...
M. Ryan: II faudrait retourner à nos
définitions.
M. Richard: ...rappelé à plusieurs reprises que
cela s'appliquait au matériel vidéo. Cela s'applique à
tout support, donc au matériel vidéo. Et, dès qu'il s'agit
d'une projection publique, cela s'applique.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous retirez ou si
vous maintenez votre premier amendement, M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Je l'ai proposé pour qu'il soit maintenu.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. Ryan: Et
adopté.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'amendement du
député d'Argenteuil, le premier amendement proposé
à l'article 77, à la quatrième ligne, après le mot
"sexuelle", ajouter les mots "le racisme et l'usage abusif du sexe"...
M. Ryan: Exploitation abusive du sexe.
Le Président (M. Laplante): Moi, je lis ce que vous m'avez
donné comme amendement.
M. Ryan: II y a eu une erreur de transcription. C'est
l'exploitation.
Le Président (M. Laplante): Bon: "L'exploitation abusive
du siècle - du sexe".
M. Ryan: Pas du siècle!
Le Président (M. Laplante): "Exploitation abusive du
sexe". Est-ce que ce premier amendement sera adopté?
M. Richard: Rejeté, M. le Président, sur
division.
Le Président (M. Laplante): Sur division, rejeté.
Deuxième amendement qui se traduit au deuxième paragraphe
après les mots "14 ans", ajouter les mots "et plus".
M. Richard: Adopté, M. le Président. (21
heures)
Le Président (M. Laplante): Adopté. Le
troisième amendement serait d'ajouter un article 77.1: "Le
matériel vidéo destiné au commerce est soumis aux
règles de classement prévues à l'article 77.
M. Ryan: Devant les explications apportées par le
ministre, nous retirons ce projet d'amendement.
Le Président (M. Laplante): Merci. À l'article
77.1, la motion du député d'Argenteuil est retirée.
Maintenant, est-ce que l'article 77 tel qu'amendé est adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 78, il y a un papillon. À l'article 78, M. le
ministre, l'amendement que vous avez apporté est minime. Est-ce que
l'article 78 sera adopté?
Le mot "du" est changé pour le mot "le".
M. Hains: "...attestant "le" classement..." adopté.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 79. Il y a aussi un amendement.
M. Richard: Oui, M. le Président, il y a un
amendement.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez le lire, s'il vous
plaît?
M. Richard: Le paragraphe 2 de l'article 79 est modifié.
M. le Président, avec la permission de l'Opposition, au lieu de proposer
le deuxième amendement, nous avons inclus celui qui avait
été proposé par le député de Westmount et
nous ne ferions qu'une seule proposition. Est-ce que cela irait?
M. French: Je ne sais pas quelle est l'autre composante de
l'amendement. Comprenez-vous?
M. Richard: Non, ce que je veux vous dire, c'est qu'au lieu de
procéder en deux étapes, nous avons une formulation qui inclut
l'amendement proposé par le député de Westmount. Je vais
lire le texte. Si cela lui va, cela ne ferait qu'une proposition au lieu de
deux.
L'article 79 est modifié de la façon suivante: 1 en
ajoutant, à la troisième ligne du paragraphe 2, après le
mot "doublage", les mots "ou le sous-titrage"; 2 en ajoutant, à la
quatrième ligne du paragraphe, après les mots "Québec et"
les virgules et les mots "dans le cas d'un doublage"; 3 par l'addition,
à la fin du paragraphe 3, de ce qui suit: "Toutefois, pendant cette
période de cent quatre-vingts jours, la régie, peut apposer sur
ce film un visa temporaire, valide pour trente jours, sur une seule copie
version originale par format, si la personne qui demande le visa
démontre, à la satisfaction de la régie...
M. Ryan: Pourriez-vous aller un petit peu plus lentement ici? Si
la personne qui demande...
M. Richard: ...si la personne qui demande le visa
démontre, à la satisfaction de la régie, que ce film n'est
pas destiné à être présenté en public plus de
trois fois par période de sept jours.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut avoir une copie de cela?
M. Richard: Par la suite, un tel visa pour ce film peut
être accordé de nouveau de la même manière, si la
régie le juge d'intérêt public."
Je pense que cela répond parfaitement au voeu exprimé, en
particulier, par le député de Westmount.
M. French: Si je pouvais m'exprimer là-dessus, sur les
amendements; j'aurais d'autres commentaires sur l'article 79 comme tel.
À la deuxième partie de l'amendement, donc au quatrième
paragraphe, l'objectif est de permettre une espèce de porte de sortie du
tunnel de 180 jours, non pas pour ceux qui voudraient faire une exploitation
proprement commerciale d'un film, mais dans le cas où un film pourrait
avoir une audience assez définie, peut-être une audience de culte
ou une audience spécialisée, où l'on voudrait le faire
passer dans une maison de répertoire ou dans tout autre lieu public,
mais où ce ne serait pas à l'affiche 7 jours par semaine pour 30
jours. Le régime a maintenant la flexibilité, pendant la
période de six mois, de permettre une exposition ou une projection d'un
film qui a un appel assez spécialisé, assez sectoriel. On
m'assure que c'est contre le pattern normal du marketing des films, cela j'en
suis, mais je ne fais justement pas référence aux cas typiques et
aux films qui sont des hits, etc., qui sont probablement la
propriété des "majors". Je ne parle pas de ces films. Je parle
des cas d'exception.
Il me semble que cela donne une protection au ministre ainsi qu'aux
consommateurs de films, dans le sens où il y aurait toujours un
arrangement qui pourrait se faire à travers le quatrième
paragraphe pour permettre une certaine flexibilité et ne pas freiner
inutilement la circulation des biens culturels, tout en préservant
l'essentiel de 79 avec lequel, soit dit en passant, en principe, je ne suis pas
d'accord. Mais, de toute façon, c'est un aménagement à
l'intérieur du principe; M. le ministre, j'ai dit que j'étais
contre 79 comme tel, en principe. Je vais laisser faire cela. Je vous ferai
grâce du discours là-dessus. Je pense que cela donne cette
flexibilité nécessaire pour permettre la libre circulation des
films spécialisés.
M. Richard: Par un souci de respecter certaines
communautés culturelles, j'accepte avec plaisir, voire avec
enthousiasme, la proposition d'amendement du député de Westmount.
J'aurais toutefois souhaité que le même souci l'amène
à être d'accord avec l'article 79.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je suis assez étonnée et je ne
pense pas que c'était l'esprit de l'amendement de mon collègue de
Westmount - c'en était peut-être le but secondaire, d'une
façon incidente - de protéger ou de respecter certaines
communautés culturelles. Il peut fort bien s'agir d'un film
américain, japonais, anglais, qui peut intéresser tout le monde,
sans qu'on appartienne à une communauté culturelle minoritaire ou
particulière.
M. Richard: Mais cela peut aussi aider une communauté
culturelle, l'un n'excluant pas l'autre; enfin, je ne veux pas prolonger...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'esprit en est beaucoup plus large
que cela.
M. Richard: Je ne veux pas prolonger la discussion
là-dessus.
M. French: La mouche que j'ai tendue au ministre était
beaucoup trop grosse pour y résister. Je ne sais pas, est-ce qu'on passe
au vote sur l'amendement?
Le Président (M. Laplante): On va d'abord adopter
l'amendement, qui fera partie de l'article. Ensuite, nous disposerons de
l'article quand vous serez prêts. L'amendement présenté par
M. le ministre à l'article 79, est-il adopté?
M. Ryan: M. le Président, avant qu'on en vienne là,
je voudrais faire une suggestion au ministre et il nous dira si cela va ou non.
Dans le premier paragraphe de l'article 79, il me semble que les mots "dans le
but" jusqu'à "que le français" sont des mots inutiles. Ne
serait-il pas mieux qu'on dise tout simplement "la régie ne peut apposer
de visa que selon les règles suivantes" ou "la régie appose un
visa selon les règles suivantes"? Est-il nécessaire de mettre le
reste? Il me semble qu'au point de vue législatif, cela n'ajoute
absolument rien.
M. Richard: Vous avez parfaitement raison, M. le
député d'Argenteuil, quand vous dites que, d'un strict point de
vue législatif, cela n'ajoute rien.
M. Ryan: Merci.
M. Richard: Sauf que, dans ce cas, cela a, je pense, une grande
valeur pédagogique. Je n'en ferai pas un très long débat.
Je sais que parfois on dit: Par souci de clarté... Mais c'est pour
vraiment démontrer... Vous avez tellement raison que,
généralement, je suis très hésitant à
accepter des textes qui ne sont pas nécessaires dans un texte
législatif. Je pense que c'est mauvais en soi, mais, dans ce cas, je
ferais peut-être une exception.
M. Ryan: Pour justement obtenir...
M. Richard: Vous savez, ces textes de loi vont parfois à
l'étranger, etc., il faut en comprendre l'objectif simplement.
M. Ryan: Mais le ministre réussira beaucoup mieux son
effet s'il va faire une bonne conférence sur cet article et qu'il
l'explique très bien, parce que...
M. Richard: Oui, mais je ne peux pas aller faire des
conférences partout, autrement, l'Opposition me reprocherait de trop
dépenser. Il faut bien que je me serve de temps en temps des textes
existants.
M. Ryan: Jamais, il n'y a pas de dangerl Mais je pense que
l'effet pédagogique dont vous parlez peut jouer à deux sens: il
peut jouer dans le sens positif dont vous parlez, il peut jouer aussi dans un
sens négatif, comme un rappel constant à certains à qui on
avait dit: C'est ce qui va arriver. Il me semble que l'effet du texte de loi va
parler assez fort par lui-même. Si vous pouviez vous dispenser de cela,
je pense que ce serait une bonne chose.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): On va laisser finir M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est ma considération, justement, des
considérations pédagogiques... Pardon?
M. Richard: C'est dans un but tellement louable que je n'ai pas
envie de le cacher.
M. Ryan: Cela devrait être dit dans vos explications, dans
tout ce qui précède; il me semble que ce n'est pas
nécessaire dans le texte de loi. En tout cas, j'ai donné mon
opinion là-dessus, j'ai terminé sur ce point précis, je
parlerai des autres amendements ensuite.
M. French: Je vous ferai remarquer, M. le Président, qu'on
a débordé l'amendement, on est à autre chose. Si on doit
le discuter, j'aimerais bien dire que c'est une très mauvaise pratique
législative, très, très mauvaise. Dans une jurisprudence
sur la question, le ministre et sa régie risquent de se trouver devant
des problèmes juridiques assez sérieux. Ou vous voulez que la
régie exerce ses pouvoirs définis dans les trois premiers
paragraphes librement en s'en tenant aux mots comme tels, ou vous voulez que la
régie justifie ses gestes et ses décisions devant une cour en
faisant référence à une interprétation juridique
dans le but de favoriser, etc. C'est une mauvaise
pratique, M. le Président.
M. Richard: M. le Président, quand on a de bons arguments,
je me rends, et je suis disposé à me rendre là-dessus et
à accepter l'amendement proposé par le député
d'Argenteuil.
Le Président (M. Laplante): Là, il faut être
clair.
M. Ryan: Vous voulez les voter un par un.
Le Président (M. Laplante): C'est ce qu'il faut que je
fasse.
M. Ryan: Nous n'avons pas fini le débat sur les deux
autres, cependant, et j'ai des remarques à faire sur...
Le Président (M. Laplante): Oui, mais rien
n'empêchera de reprendre tout le débat là-dessus, c'est
juste pour le principe de l'adopter.
Un amendement est proposé par le ministre, au 2e paragraphe de
l'article 79: 1° en ajoutant, à la troisième ligne,
après le mot "doublage" les mots "ou le sous-titrage". Et à
2°... C'est le troisième que vous voulez récrire, n'est-ce
pas?
M. Ryan: Oui, tout cela est dans un seul amendement.
Le Président (M. Laplante): On le fera, parce que c'est
une addition au troisième paragraphe; on le fera sur une motion
additionnelle pour ne rien mélanger.
M. Ryan: À condition que le temps ne joue pas contre
nous.
Le Président (M. Laplante): 2°, en ajoutant à
la quatrième ligne, après les mots "Québec et" les
virgules et les mots "dans le cas d'un doublage". Ces deux amendements sont-ils
adoptés? (20 h 45)
M. Ryan: Adopté. Attendez un peu.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, vous avez une
proposition pour le troisième paragraphe?
M. Ryan: Non, non, non.
Le Président (M. Laplante): Non?
M. Ryan: Non, non. Justement, sur la deuxième partie de
l'amendement, j'ai une question que je trouve assez importante et que je
voudrais clarifier.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Posez-la!
M. Ryan: Je vais poser une question que, je pense, mon
collègue de Westmount pourra peut-être résoudre avec le
ministre mieux que moi-même. Nous avons été saisis de
représentations par des gens qui sont activement engagés dans le
mouvement Alliance Québec. Ils nous faisaient part des
inquiétudes que leur inspirait l'article 79 dans sa version originale.
Ils nous faisaient part des difficultés qui menaçaient de
découler de la rédaction que nous connaissions. Ils
mentionnaient, entre autres, que l'article appliqué dans sa version
originale pourrait avoir pour effet d'entraîner de sérieuses
restrictions dans la latitude que pourraient avoir les maisons de
répertoire de montrer certains films en anglais, "the second run films
in English". Deuxièmement, on s'inquiétait des restrictions qui
pourraient être éprouvées par des collèges, des
universités, des écoles secondaires, des camps de
bûcherons, des camps de mineurs, des camps d'été, des
ciné-clubs et d'autres institutions semblables, de même que des
cinémas de plein air. Je voudrais m'assurer auprès du ministre et
du député de Westmount que l'amendement proposé
élimine ces appréhensions qu'on avait portées à
notre attention. Si tel est le cas, je vais l'approuver volontiers. J'en serais
très heureux.
M. French: M. le Président, puis-je suggérer qu'on
vote les amendements l'un après l'autre et qu'on en aborde la substance,
parce qu'on est maintenant sur deux amendements au paragraphe 2 de l'article
79, qui vont dans le sens d'ajouter le sous-titrage au doublage comme
alternative. Donc, je pense qu'à ce niveau, M. le député
d'Argenteuil et M. le Président, on peut voter pour cet amendement et en
disposer, parce que cela va dans le sens d'une libéralisation de la loi.
On peut passer au débat que soulève le député
d'Argenteuil, si la commission est d'accord avec cela.
M. Ryan: Si je comprends bien, le député de
Westmount demande que nous votions séparément sur chacun. Nous
sommes en présence de trois amendements. Ce serait peut-être
préférable...
M. French: C'est ce que je propose.
Le Président (M. Laplante): Non. Ce qui serait le plus
pratique de tout, M. le député d'Argenteuil...
M. Ryan: Oui?
Le Président (M. Laplante): Tout à l'heure, il y a
eu trois amendements proposés par le ministre. On en a adopté
deux jusque là.
M. French: Non, on n'a rien adopté.
Le Président (M. Laplante): On a adopté les deux
premiers amendements.
M. French: Non, on n'a rien adopté, M. le
Président. Je comprends que cela peut sembler un peu mêlant, mais,
d'après moi, la commission n'a rien adopté. Pourtant, on a
discuté de trois amendements différents sans même disposer
d'un seul.
Le Président (M. Laplante): Bon! Dans ce cas, pour enlever
toute ambiguïté face au journal des Débats, j'appelle
à nouveau l'article 79 avec les amendements proposés par le
ministre. Lorsque vous aurez tous fini d'en discuter, on en disposera
après cela.
M. French: Non, je propose l'inverse, M. le Président,
précisément pour vous aider, qu'on dispose des amendements un,
deux et trois et qu'on en discute l'un après l'autre. Je propose donc
que les deux changements...
Le Président (M. Laplante): C'est ce que je me suis
efforcé de faire depuis le début.
M. French: Je comprends très bien, M. le Président.
J'étais avec vous tout le long.
M. Richard: M. le Président, cela va bien. Il y a beaucoup
de souplesse.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Êtes-vous
prêt à y aller avec le premier amendement?
M. French: Le premier amendement est l'ajout, à deux
places, à 1°, des mots "ou le sous-titrage" après "le
doublage" et à la troisième ligne, les mots "dans le cas d'un
doublage" entre "et" et "la" de la quatrième ligne de 2°.
Le Président (M. Laplante): Ce sont les deux premiers
amendements?
M. French: En tout cas, c'est adopté, d'après
moi.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Ces deux
premiers amendements sont adoptés.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous que je les
relise...
M. Ryan: Non, surtout pas.
Le Président (M. Laplante): ...pour les fins du journal
des Débats?
M. Ryan: On les a.
Le Président (M. Laplante): Vous les avez? D'accord. Il
reste le troisième amendement apporté par le ministre, parce
qu'il a dit qu'il composait avec vous pour un amendement que vous auriez voulu
faire. Voulez-vous discuter de ce troisième amendement? Je peux le lire,
si vous le voulez.
M French: Oui. Discutons-en donc... Le Président (M.
Laplante): D'accord.
M. French: ...parce que c'est l'effort que le ministre et son
personnel ont fait à la suite des suggestions faites par...
Le Président (M. Laplante): C'est exact.
M. French: ...mes collègues ici et moi-même, qui ont
pour effet - je le répète - de donner une porte de sortie du
tunnel de six mois pour les cinémas-répertoires, les festivals de
films, les camps d'été, etc., toutes les institutions ou
associations qui pourraient vouloir tourner un film sans que vous soyez
prêts à engager les 1500 $ pour le sous-titrage dudit film. Si on
veut adopter cet amendement, on peut toujours aborder quand même le fait
qu'il y a d'autres problèmes à l'article 79. C'est ce que j'avais
l'intention de faire.
Le Président (M. Laplante): Ah oui, absolument. Vous avez
absolument raison.
M. French: Mais, à mon sens...
Le Président (M. Laplante): C'est qu'en adoptant les
amendements, on n'adopte pas l'article. L'article reste ouvert à la
discussion. Êtes-vous d'accord?
M. Richard: M. le Président, je suis d'accord avec
l'amendement.
Le Président (M. Laplante): Êtes-vous d'accord avec
le troisième amendement du ministre?
M. French: Adopté.
M. Ryan: J'ai posé une question tantôt. Je voulais
m'assurer que toutes les difficultés évoquées par
certaines représentations qui ont été faites auprès
de nous sont surmontées par cet amendement.
M. French: La réponse est non, sauf que l'amendement est
un pas dans le bon sens. Par la suite, il faudrait aborder les autres
problèmes.
Le Président (M. Laplante): C'est exact. On va aborder ces
problèmes à l'article 79. L'amendement est-il adopté?
M. Richard: Adopté.
Une voix: Le troisième amendement.
Le Président (M. Laplante): Le troisième
amendement, d'accord.
M. Ryan: Maintenant, il y en a un quatrième.
Le Président (M. Laplante): Là, on discute de
l'article 79. Si vous avez d'autres amendements à apporter, vous allez
les apporter. D'accord?
M. Ryan: C'est très bien.
M. French: Avons-nous adopté l'élimination des mots
"dans le but de favoriser la présentation..."?
M. Richard: Pas encore.
M. French: Cela n'a pas été adopté, donc,
adoptons-le.
M. Ryan: C'est l'objet du quatrième amendement.
M. Richard: Non.
M. Ryan: On va vite, nous, M. le Président.
M. French: M. le Président, la motion d'amendement du
député d'Argenteuil était de laisser tomber dans le
premier paragraphe de l'article 79 les mots: "Dans le but de favoriser la
présentation en public et simultanée de versions
sous-titrées ou doublées en français de films dont la
langue est autre que le français."
M. Richard: M. le Président, adopté sur
division.
M. Proulx: Oui, sur division, parce que c'est contre l'esprit et
toute l'articulation de la loi qui a pour but d'affirmer le fait
français dans le cinéma. Moi-même, je m'y oppose.
M. Richard: Je respecte le point de vue exprimé par le
député de Saint-Jean.
M. Proulx: C'est ce pourquoi on adopte la loi 109.
M. French: Adopté sur division.
M. Richard: Adopté sur division. Le retranchement des
premiers mots...
M. Hains: Le préambule.
M. Richard: Non, non, c'est le retranchement, M. le
Président, des premiers mots de l'article 79 jusqu'à la
régie. Il faudrait désormais écrire la régie avec
un "1" majuscule.
Le Président (M. Laplante): C'est adopté sur
division. D'accord. Maintenant, êtes-vous prêts à adopter
l'article 79?
M. French: M. le Président, je voudrais signaler quand
même que, dans la mesure où un film passe ses 60 jours et qu'un
cinéma, surtout un cinéma de l'extérieur de Québec
ou de Montréal, voudrait passer le film, que ce soit un film japonais ou
anglais, il y a un tunnel de six mois pendant lequel le film ne sera pas
disponible aux ciné-parcs, aux cinémas non métropolitains,
etc. Je veux signaler qu'Alliance Québec et d'autres intervenants, et
pas uniquement les intervenants de langue anglaise, ont fait valoir qu'il y a
là une contrainte à la liberté de circulation d'un bien
culturel important, soit les films. Je présume que l'argument du
ministre est essentiellement qu'ayant ajouté la possibilité de
sous-titrage, le montant d'argent impliqué pour se conformer au 2 de
l'article 79 devient tout à fait raisonnable à l'intérieur
des possibilités des distributeurs. Est-ce cela l'argument?
M. Richard: Voilà, M. le Président. On nous a dit,
et d'ailleurs il y a même eu des offres qui ont été faites
en commission parlementaire, qu'un sous-titrage, c'est 1200 $. Comme le
délai est de 60 jours, il n'y a personne qui ne peut plus se payer les
1200 $. C'est pourquoi j'ai insisté pour apporter l'amendement sur le
sous-titrage. J'ai été d'accord avec l'amendement, proposé
par moi mais suggéré par le député de Westmount,
finalement pour les mêmes motifs. Je ne voulais pas que l'article 79 soit
tatillon. Je poursuivais certains objectifs, mais je souhaitais que ces
objectifs soient atteints sans qu'on soit tatillon. Je dois vous dire, M. le
Président, que l'article 79, tel que libellé, avant même
son amendement, ralliait la quasi-unanimité des intervenants du
milieu.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Est-ce que l'article
79 tel qu'il est amendé... Oui, Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas de qui vient la suggestion, si
c'est de mon collègue de Westmount.
M. Richard: M. le Président, pour les fins du journal des
Débats et aussi pour mon collègue, le député de
Westmount, avec la permission de Mme la députée de L'Acadie, je
voudrais citer M. Don Drisdell. The Executive Vice-Président of United
Theaters said yesterday: "The Legislation, if passed,
will have little effect since French language versions are usually
available before the proposed 60 days deadline".
M. French: M. le Président, j'ai remarqué le
commentaire et cela m'a rassuré.
Le Président (M. Laplante): Je m'excuse, la parole est
à Mme la députée de L'Acadie.
M. French: Je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: II y avait deux questions, peut-être
qu'elles ont été discutées pendant mon absence. Quel est
le but de limiter à 30 jours, puisqu'il s'agit de la présentation
de films dans un contexte bien défini, avec des objectifs assez
définis? Le deuxième point est le suivant: Que la permission soit
répétée, si la régie le juge d'intérêt
public. Je pense que, dans le premier cas, cela devait déjà
être d'intérêt public si on l'a permis pendant 30 jours. Je
ne sais pas pourquoi...
M. Richard: Mme la députée de L'Acadie, c'est
simplement pour éviter qu'on utilise cela pour contourner toute la
loi.
Mme Lavoie-Roux: Mais des films... M. Richard: C'est
ce...
Mme Lavoie-Roux: ...présentés trois soirs par
semaine...
M. Richard: Non, mais on peut imaginer qu'on
présente...
Mme Lavoie-Roux: ...dans une seule salle.
M. Richard: Oui, mais on peut imaginer que, dans une salle, on
présente un film trois jours dans une semaine et quatre jours un autre
film. Cela satisfaisait pleinement le député de Westmount.
Mme Lavoie-Roux: Si cela satisfait mon collègue de
Westmount... Quant à la question de la régie: si elle juge
d'intérêt public de répéter la permission...
M. Richard: Oui, c'est parce que la régie verra s'il
s'agit essentiellement de contourner la loi ou si, vraiment, c'est
d'intérêt public.
M. French: Je voudrais ajouter, si le ministre ne l'a pas fait,
à l'intention de ma collègue, la députée de
L'Acadie, que le permis est effectivement renouvelable à moins que la
régie ait conclu que la personne qui en fait l'application en ait fait
une exploitation commerciale, systémique, qui consiste donc à
essayer de détourner les objectifs de la loi.
M. Richard: C'est cela.
M. French: C'est l'idée. Je voudrais qu'il soit clair que
vous êtes d'accord avec cette idée.
M. Richard: C'est l'idée, M. le Président.
M. French: Donc, cet échange peut guider le
président de la régie dans son administration de
l'amendement.
M. Richard: Oui, M. le Président, pas un tribunal, mais un
président de régie.
Mme Lavoie-Roux: Je me rallie à mon collègue de
Westmount, c'est presque son amendement.
M. Richard: C'est son amendement, Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Bon, c'est son amendement, je suis contente
qu'on le reconnaisse, je pensais que c'était son amendement. Cela sera
facile pour la régie de dire que c'est exploité sur une base
commerciale, puisque les gens paient pour voir, le film et de restreindre
vraiment cela à 30 jours. En tout cas, si tout le monde est satisfaitl
Même si le ministre nous l'assure, et que je prends la parole du
ministre, quand on voit, par exemple, certaines décisions que les divers
bureaux de l'Office de la langue française, que ce soit la régie
de la surveillance ou d'autre, ont prises en interprétant des lois ou
des règlements, espérons qu'on aura affaire à des gens -
pas tous, mais certains d'entre eux - qui auront l'esprit un peu plus ouvert et
seront moins tatillons pour accorder les renouvellements.
M. Richard: Oui. Mais, encore une fois, Mme la
députée de L'Acadie, il ne s'agit pas non plus, comme le
rappelait le député de Westmount, de faire de la gymnastique pour
contourner une loi.
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que la parole du ministre, dans son
interprétation, n'est pas suffisante en commission parlementaire.
M. Richard: Je sais, M. le Président, que la parole d'un
ministre... Mais on voit bien que l'article 79 ne se veut pas tatillon et
embarrassant pour la circulation des films. Au contraire, on a
précisément voulu atténuer les difficultés qui
pourraient se présenter. (21 heures)
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 79 tel
qu'amendé par les papillons est adopté?
M. French: Non, M. le Président. Je voudrais revenir
à M. Drisdell.
M. Richard: M. Drisdell.
M. French: M. Drisdell. J'ai saisi qu'au moins un des "majors"
n'est pas en profond désaccord avec le ministre. Bon, tant mieux!
M. Richard: M. le Président, pour n'induire personne en
erreur, les "majors", à l'égard de l'article 79, n'ont pas
formulé d'ojection.
M. French: Merci beaucoup. Le problème reste quand
même parce que les "majors" ne sont pas préoccupés au
premier chef par l'accès aux films à Sherbrooke, dans Brome, dans
l'Outaouais québécois, à Aylmer, par exemple, les
marchés qui ne sont pas tellement intéressants pour la
première distribution mais qui pourraient être intéressants
dans un délai de deux, trois ou quatre mois. Il reste que le tunnel
empêche les gens de ces marchés d'avoir accès aux films non
français pendant une période de six mois. Il reste toujours ce
problème.
M. Richard: M. le Président.
M. French: L'argument du ministre est le montant de 1200 $ qu'on
devra investir pour régler le problème.
M. Richard: M. le Président, mais oui! Et le tunnel
n'existe plus à partir du moment où il y a le sous-titrage. Je le
rappelle, la première copie coûte 1200 $ et les autres ne
coûtent presque rien. Il n'y a plus de tunnel ensuite. Or, dès
qu'il y a un petit succès commercial, cela justifie le sous-titrage.
C'est ce que j'ai voulu viser comme objectif et c'est pour cela que j'ai
renoncé au doublage, parce que le doublage coûte très
cher.
Le Président (M. Laplante): D'accord. L'article 79, tel
qu'amendé par le papillon, est adopté. Maintenant, à
l'article 80, il y a un petit amendement aussi à la première
ligne. Dans la première ligne, "dans" est écrit "dand"; il faut
écrire "dans". C'est l'amendement.
M. Ryan: À l'article 79, est-ce que j'ai compris que le
député de Westmount demandait que ce soit adopté sur
division ou si c'était adopté...
Le Président (M. Laplante): Non. Je n'ai rien compris de
cela.
M. Ryan: Vous n'avez rien compris? Le Président (M.
Laplante): Non.
M. Ryan: Est-ce que vous étiez sûr
d'écouter?
Le Président (M. Laplante): Pardon? M. Ryan:
Étiez-vous sûr d'écouter?
Le Président (M. Laplante): J'étais sûr
d'écouter. Avec tous les amendements apportés de part et d'autre,
on exprime un désir d'adopter sur division et c'est mon rôle de
dire "sur division". Si personne ne l'annonce, je ne peux l'annoncer
moi-même.
M. Ryan: C'est parce que j'avais cru comprendre qu'il l'avait
dit.
Le Président (M. Laplante): C'est ce que vous voulez
avoir?
M. French: M. le Président, je voudrais préciser
quand même, parce que je l'ai dit, n'étant pas certain que mes
propres collègues étaient d'accord avec moi. Voilà
pourquoi je l'ai dit d'une façon un peu incertaine. Je voudrais le faire
adopter...
Le Président (M. Laplante): Ah bien! Écoutez, je
n'ai pas à interpréter ce que vous faites.
M. French: Ce n'était pas votre faute, M. le
Président.
M. Richard: La commission de l'honnêteté est presque
de la candeur.
Le Président (M. Laplante): C'est bien cela. L'article est
adopté, mais sur division.
M. Ryan: Après cela, on va faire des échanges de
joueurs.
Le Président (M. Laplante): II est adopté sur
division. Là, je suis d'accord.
M. Ryan: On va embarquer M. Proulx, le député de
Saint-Jean, avec le député de Westmount.
Le Président (M. Laplante): Article 80. J'ai
annoncé la modification qu'il y avait à la première ligne:
"d-a-n-d" devient "d-a-n-s". L'article 80, M. le ministre.
M. Richard: À l'article 80, il y a un petit amendement
qu'on a...
M. Hains: Une correction. M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Sur division,
vous allez me les dire. J'appelle l'article 81.
M. Richard: Adopté. L'article 81 est très
important, M. le Président. Le député d'Argenteuil va
être tout à fait d'accord avec cela, de même que le
député de Saint-Henri.
Le Président (M. Laplante): Article 81, adopté.
À l'article 82, il y a une modification.
M. Hains: Page 18, à la deuxième ligne.
Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 82, tel que
modifié par un papillon est adopté.
M. Hains: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): L'article 83.
M. Ryan: Non, attendez un peu. Vous allez trop vite, M. le
Président. Il y a l'article 82.1.
M. Richard: Oui, il y a l'amendement à l'article 82.1 qui
est extrêmement important, M. le Président.
M. Ryan: II ne nous satisfait pas dans sa forme actuelle, mais
j'entendrai d'abord l'explication du ministre.
M. Richard: M. le Président, il s'agit d'un amendement qui
est apporté. Est-ce que vous l'avez en votre possession, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, je l'ai en ma
possession.
M. Richard: C'est un amendement qui vise essentiellement à
modifier un peu les règles dans les ciné-parcs. M. le
député d'Argenteuil, c'est parce que, dans les ciné-parcs,
les écrans sont très souvent contigus de telle sorte qu'on
pourrait avoir des films pour 14 ans et plus, des films pour tous. On peut
même retrouver des ciné-parcs avec trois écrans
contigus. Prenons une hypothèse: un film pour tous, un film pour 14 ans
et plus et un film pour 18 ans et plus. Ce qu'on recherche par l'amendement que
nous apportons aujourd'hui, c'est d'imposer la contrainte la plus rigide,
c'est-à-dire les 18 ans et plus, dès qu'il y a un film pour 18
ans et plus dans un ciné-parc avec écrans contigus, pas
nécessairement contingus, mais à plusieurs écrans.
M. Hains: Est-ce que, jusqu'ici, M. le ministre, les films pour
18 ans et plus n'étaient pas exclus des ciné-parcs?
M. Richard: Oui, M. le Président. M. Hains:
Alors!
M. Ryan: Nous autres, justement, nous aurions
préféré le maintien de la situation actuelle sur cette
question-là.
M. Hains: Et, par conséquent, pas d'annonces de films pour
18 ans et plus dans les ciné-parcs, puisque c'est déjà
défendu, je crois.
M. Ryan: C'est cela.
M. Hains: C'est cela que vous vouliez?
M. Richard: Pourriez-vous expliquer pourquoi, s'il y a des permis
qui sont donnés dans une salle, on ne pourrait pas les donner? On ferait
des catégories différentes, dans la mesure où on ajoute
l'amendement.
M. Hains: C'est parce que les ciné-parcs, ce sont vraiment
des endroits où des familles se réunissent en
général. C'est là qu'on va le soir, le dimanche soir,
n'importe quand. Alors, c'est beaucoup plus exposé à des jeunes
enfants, parfois même de l'âge de huit à dix ans, qui vont
aller au ciné-parc parce que c'étaient, auparavant, des films
pour toute la famille, pour tous.
M. Richard: M. le député de Saint-Henri, en toute
déférence, je vous dis que si c'est toute la famille, ce seront
des films pour tous et, à ce moment-là, il ne pourra pas y avoir
des films pour 18 ans et plus.
M. Hains: C'est cela.
M. Richard: C'est cela que l'amendement dit. L'amendement rejoint
tout à fait vos préoccupations.
M. Ryan: J'aimerais vous poser une question. Pourquoi avons-nous
cette réglementation actuellement et pourquoi voulez-vous la
changer?
M. Richard: Mon Dieu! Parce que je ne vois pas de raison de faire
plusieurs catégories, une pour les salles et une pour les
ciné-parcs, dans la mesure où le propriétaire du
ciné-parc a un choix à faire. Je pense que, normalement, il va
faire le choix d'avoir des films pour tous ou pour 14 ans et plus, parce que -
le député de Saint-Henri a raison - ce sont des films pour toute
la famille. S'il choisit les films pour 18 ans et plus, il risque d'avoir des
problèmes. Mais, à partir du moment où on met
l'amendement, de surcroît, qu'il doit être
assujetti aux contraintes les plus sévères s'il y a
plusieurs écrans dans le ciné-parc, je pense que c'est
déjà en soi une très forte incitation à
présenter des films pour tous ou pour 14 ans et plus.
Mme Lavoie-Roux: Je réalise, M. le Président, que
l'article 82.1 veut sans aucun doute rejoindre la préoccupation qui est
exprimée par mon collègue de Saint-Henri, mais il reste que vous
ouvrez la porte plus facilement à ce que les gens contournent la loi.
Avant, ils ne pouvaient pas présenter ces films. Vous n'aviez même
pas besoin de vérifier si les enfants avaient 18 ans ou moins ou encore,
les parents disaient: Les enfants dorment en arrière de l'auto, etc.
Là, vous obligez. D'abord, qui va contrôler si les enfants ont 18
ans et plus, quand ils entrent à la noirceur? Tandis qu'avant, vous
n'aviez même pas le problème; il ne se posait pas puisque les
films pour 18 ans et plus n'étaient pas présentés. Je
comprends que vous ayez une préoccupation analogue, mais je pense que
vous ajoutez ici une difficulté supplémentaire dans
l'application.
M. Ryan: M. le Président, M. le Président.
M. Richard: C'est possible, M. le Président, et Mme la
députée de L'Acadie souligne un problème réel, mais
la contrepartie est que cela va permettre la présentation dans les
ciné-parcs de films qui sont parfois de vrais chefs-d'oeuvre ou
extraordinairement intéressants à voir et qui s'adressent aux 18
ans et plus.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ryan: On me signale le cas de ciné-parcs qui sont
parfois situés à proximité immédiate de
développements résidentiels et qui, de ce point de vue, posent un
problème spécial. On m'a cité des cas précis et je
ne veux pas les nommer ici, mais il me semble que... Dans le propre
comté du ministre, il y en aurait. Je pense qu'il va les
reconnaître, n'est-ce pas? N'est-ce pas, M. le ministre?"
M. Richard: Oui, dans certains cas, c'est juste. C'est juste,
mais...
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez le mettre en suspens avec les
autres, y penser un petit peu, téléphoner au curé de la
paroisse?
M. Richard: Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu! Que cette tendance
à restreindre m'effraie, M. le Président, elle souligne toujours
les restrictions à la liberté! Ce qu'on met, ce sont des balises,
exactement comme à l'article 82.1. C'est la technique utilisée
dans le monde occidental, les balises plutôt que les restrictions. En
tout cas.
M. Ryan: Mais...
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, je n'aime pas
beaucoup la remarque du ministre. Est-ce que vous voulez dire qu'avant -
d'après ce que j'ai compris -alors que les films pour les 18 ans et plus
n'étaient pas permis dans les ciné-parcs, les gens se plaignaient
de restrictions indues et de restrictions à la liberté des gens?
C'est ce que vous venez de nous dire.
M. Richard: M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Et vous voulez enlever ces restrictions à
la liberté des gens simplement en mettant une disposition qui dise: Si
les gens n'ont pas 18 ans et plus, ils ne pourront pas être admis
à un film pour les 18 ans et plus. Et vous avez invoqué la
question de faire la concordance avec tout ce qui se passe dans les
cinémas ordinaires -c'est bien ce que j'ai compris. Dans les
cinémas ordinaires, je pense que ce type de contrôle est beaucoup
plus facile et qu'ordinairement les enfants de moins de dix ans restent chez
eux tandis que, dans les ciné-clubs, c'est la famille qui s'en va au
cinéma, pas toujours, mais très souvent.
Je n'aime pas beaucoup me faire dire qu'on va mettre des restrictions
à la liberté des gens quand les circonstances sont
différentes. Vous invoquez la concordance avec les cinémas
ordinaires et je pense que ce sont deux situations tout à fait
différentes.
M. Ryan: Je pense que le ministre a un mal de
compréhension.
M. Richard: M. le Président, un peu à mon corps
défendant, encore une fois, je vais accepter l'amendement
proposé.
M. Ryan: Nous acceptons de rouvrir l'affaire.
M. Richard: À mon corps défendant, parce que...
M. Ryan: Merci. On l'apprécie.
Le Président (M. Laplante): II faut dire qu'il n'y aura
pas d'article 82.1.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'est ce que vous voulez
dire?
M. Ryan: Non, non, non.
M. Richard: Non, non, non. On va vous proposer cela, M. le
Président.
M. Ryan: C'est cela. On peut vous faire une suggestion, M. le
ministre.
M. Richard: À mon corps défendant, Mme la
députée de L'Acadie, parce qu'il y a certains bons films que je
ne pourrai jamais voir, moi, dans un ciné-parc et bien d'autres comme
moi. Comme je ne dois pas défendre mes intérêts, mais ceux
de la collectivité, je vais l'accepter.
Une voix: Et ceux de vos enfants.
Mme Lavoie-Roux: Mais vous vouliez aller les voir dans un
ciné-parc?
M. Richard: Oui, mais je ne vais jamais dans un ciné-parc
parce qu'on présente vous savez quel type de films: Superman II, Rocky
II et Rocky III. Cela ne m'intéresse pas.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je dois dire que, si on tombe dans les
faits personnels, je n'aime pas beaucoup aller dans les ciné-parcs,
parce que je m'endors dans la voiture. Je préfère aller au
cinéma que dans les ciné-parcs.
M. Richard: Si vous vous endormez, c'est parce que les films ne
sont pas bons, Mme la députée de L'Acadie. Quand le film est
très bon, on ne s'endort pas.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être. (21 h 15)
M. Ryan: II me semble que la responsabilité du
président est évidente. Si le gouvernement est embarrassé,
on pourrait lui proposer un amendement.
Le Président (M. Laplante): On va attendre pour voir ce
qu'ils sont en train d'écrire.
M. Ryan: D'accord, si cela répond...
Le Président (M. Laplante): La séance est suspendue
pour une couple de minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 16)
(Reprise de la séance à 21 h 25)
M. Richard: Je propose de retirer l'amendement 82.1. J'indique
immédiatement aux membres de la commission que j'ajouterai un article,
qui sera 92.1, M. le Président, plus tard, pour indiquer dans quelles
conditions un permis d'exploitation de ciné-parc peut être
accordé.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie. Donc,
l'amendement 82.1, nouvel article, est retiré. Le tout est
reporté à l'article 92.1.
M. Richard: Si je lisais, M. le Président, au
député d'Argenteuil l'amendement que je vais proposer à
l'article 92.1...
M. Ryan: Oui, je l'apprécierais.
M. Richard: ...je pense que cela le rassurerait
immédiatement. Cela se lirait comme suit: "Le titulaire d'un permis
d'exploitation de ciné-parc ne peut présenter en public un film
classé dans la catégorie 18 ans et plus." Cela est-il
satisfaisant?
M. Ryan: Merci.
Le Président (M. Laplante): Vous me le donnerez à
ce moment-là. Maintenant...
M. Richard: Tout cela, M. le Président, parce que je n'ai
encore - je l'ai dit hier - en sept ans rien refusé à la
députée de L'Acadie; mon dossier est encore intact.
Mme Lavoie-Roux: On va continuer.
M. Richard: Mon dossier est encore intact. J'espère
qu'elle ne me refusera rien.
Mme Lavoie-Roux: Je garde quand même ma liberté
d'action.
M. Richard: Je n'en suis pas sûr, avec tout ce que vous
proposez.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, j'appelle
l'article 83. À l'article 83, il y a un petit amendement aussi, qui est
un mot superflu. Il se lit comme suit: "L'article 83 est modifié en
supprimant, à la deuxième ligne, après le mot "attestant",
le mot "de". Alors, c'est le mot "de" qui est supprimé.
M. Richard: Adopté avec le petit sous-titre: Classement
des films-annonces. N'est-ce pas, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, on n'est pas
obligé de...
M. Richard: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Oui, si vous le
préférez, on peut le faire, M. le ministre. Adopté.
Article 84.
M. Ryan: Juste pour ma gouverne, à propos des
films-annonces, je veux être sûr de comprendre la même chose
que le ministre, est-ce qu'il pourrait me donner sa
définition de films-annonces?
M. Richard: C'est essentiellement un extrait de film ou un court
film qui annonce un autre film.
M. Ryan: Très bien.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qu'on appelait autrefois les
"previews".
M. Richard: C'est cela.
M. Ryan: Les extraits qu'on présente à la
télévision, par exemple?
M. Richard: Oui, dans chaque salle de cinéma, normalement,
il y a, comme le dit Mme la députée de L'Acadie, des "previews",
c'est à dire des films-annonces.
Mme Lavoie-Roux: II y a un terme français pour cela.
M. Richard: Ce sont les films-annonces.
M. Ryan: Parfois, on dit bandes-annonces...
M. Richard: On disait bandes-annonces autrefois.
M. Ryan: ...dans certains dictionnaires
cinématographiques.
Le Président (M. Laplante): L'article 83, tel
qu'amendé, est adopté. Article 84? Adopté.
Une voix: Des aguicheurs.
M. Richard: Mon sous-ministre, Mme la députée de
L'Acadie, dit qu'on peut appeler cela en français - c'est
peut-être à cela que vous songiez - des aguicheurs.
Mme Lavoie-Roux: Non, cela est trop savant pour moi.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 85.
À l'article, il y a un amendement à la deuxième ligne qui
fait disparaître, après "attestant", le mot "de" qui est
superflu.
M. Richard: En anglais, Mme la députée de L'Acadie,
cela a toujours cours, je crois. En français, "aguicheur" cela n'a
plus cours, mais en anglais c'est "teaser".
Mme Lavoie-Roux: Vous connaissez cela dans toutes les
langues!
M. Richard: Je suis convaincu que Mme la députée de
L'Acadie se serait opposée à l'expression "aguicheur".
Le Président (M. Laplante): On est rendu, avec tout cela,
à l'article 85. L'article 85, tel qu'amendé par la suppression,
à la deuxième ligne, du mot "de", sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Ryan: M. le Président, pour l'étude d'un projet
comme celui-ci, cela prend un président pas trop autoritaire.
Le Président (M. Laplante): Non. Il ne l'est pas beaucoup,
n'est-ce pas?
M. Richard: Puis-je suggérer au député
d'Argenteuil de ne point vous rendre autoritaire?
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 86.
M. Richard: Regardez cette précaution à l'article
86, Mme la députée de L'Acadie.
M. Ryan: Où sommes-nous, là? M. Richard:
À l'article 86.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez donc, vous ne voulez quand
même pas présenter aux enfants n'importe quoi, n'est-ce pas?
Bon!
M. Ryan: La question que je me pose à 86.1...
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil, c'est qu'il va falloir aller à 86; c'est un nouvel article
86.
M. Ryan: Et vous êtes à 86, je m'excuse.
Le Président (M. Laplante): Oui, si vous voulez l'adopter,
je suis bien prêt. Si vous n'êtes pas prêt.
M. Ryan: Je suis prêt. Adopté. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'article 86 est
adopté. J'appelle le nouvel article 86.1. Vous voulez le lire, M. le
ministre.
M. Richard: "La présente sous-section ne s'applique pas
à la radiodiffusion, au sens de la Loi sur la radiodiffusion (S.R.C.,
chapitre B-11)."
M. Ryan: M. le Président, cet amendement m'inspire une
question. C'est une question à deux volets.
Est-il d'abord nécessaire? Il me semble
que c'est sous-entendu tout au long du texte de loi que ces dispositions
ne s'appliqueront pas aux organismes régis par le gouvernement
fédéral, par une loi fédérale.
Deuxièmement, on peut interpréter cet amendement comme
voulant signifier, de la part du gouvernement, l'intention actuelle ou possible
de soustraire même Radio-Québec à la loi qui serait
adoptée par l'Assemblée nationale du Québec et je ne vois
pas la justification d'une telle attitude.
Permis d'exploitation
M. Richard: M. le Président, la question est pertinente et
j'y réponds très brièvement et directement. Je pense
qu'à la rigueur, le député d'Argenteuil pourrait avoir
raison, mais c'est pour enlever toute ambiguïté, en raison des
dispositions de l'article 87 et de l'article 87.1, pour qu'on ne puisse pas
s'imaginer - c'est qu'on parle d'écrans à ce moment-là -
et pour ne pas soulever de contestations, à savoir que quelqu'un qui
aurait un appareil de télévision dans un bar public
présentant des films sur un écran serait assujetti à la
Loi sur le cinéma.
M. Ryan: La question est bonne.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Est-ce que...
M. Richard: Mais là où je donne raison au
député d'Argenteuil, c'est que si l'on était allé
devant les tribunaux... C'est pour éviter des contestations
inutiles.
M. Ryan: C'est bien. Maintenant, il y a un deuxième volet
de ma question qui a échappé à l'attention du ministre.
Est-ce qu'on pourrait à la rigueur comprendre cet amendement comme
pouvant signifier que le gouvernement voudrait que Radio-Québec fasse
exception à la loi ou si, dans l'ensemble...
M. Richard: Non, M. le Président.
M. Ryan: ...le gouvernement entend que Radio-Québec
devrait être soumise de manière générale à sa
Loi sur le cinéma dans la mesure où elle agit dans le domaine du
cinéma?
M. Richard: Non, M. le Président, pas du tout, et cela est
dans le contexte de la section II, Permis d'exploitation. C'est uniquement pour
les permis d'exploitation.
Le Président (M. Laplante): Et l'on y arrive.
M. Richard: II ne s'agit donc pas, M. le Président,
d'assujettir de quelque manière que ce soit Radio-Québec à
la Loi sur le cinéma.
M. Ryan: C'est curieux, mais j'aurais été
porté à croire le contraire. J'aurais plutôt
été porté à croire que le gouvernement du
Québec, prétendant toujours affirmer sa souveraineté
partout où c'est possible, aurait dit: Nonobstant l'existence d'une
compétence fédérale à ce moment-là, dans le
cas d'un organisme qui relève de nous, nous verrons à ce que
notre loi s'applique à lui. Nous ne pouvons pas le faire pour les
autres, parce qu'ils relèvent de la juridiction fédérale.
Toutefois, dans le cas de Radio-Québec, cela m'étonne d'entendre
le ministre soutenir une thèse comme celle-là.
M. Richard: M. le Président, le député
d'Argenteuil pensait avoir marqué des points. Il en marque souvent, mais
pas là. C'est qu'il faut lire l'article 86 dans le cadre de la section
II; Permis d'exploitation. Cela ne vise pas du tout des organismes, cela vise
uniquement des écrans. Donc, cela n'a rien à voir avec les
organismes dont il s'agit, que ce soient Radio-Canada ou
Radio-Québec.
M. Ryan: Vous dites que l'article 86 vise les écrans?
M. Richard: Oui.
M. Ryan: Est-ce que c'est clair dans le texte, ça? Il me
semble qu'il n'est pas question d'écrans là?
M. Richard: C'est le moyen "radiodiffusion", ce n'est pas un
organisme.
M. Ryan: Mais vous dites: "Nul ne peut présenter en
public"... Je veux savoir si cela comprend Radio-Québec ou non.
Nul...
M. Richard: Non, cela ne comprend pas Radio-Québec.
M. Ryan: Parce que Radio-Québec tombe sous la loi
fédérale? Je ne comprends pas.
M. Richard: M. le Président, si Radio-Québec
voulait présenter des films en public ailleurs que sur son écran
de télévision, elle serait assujettie à la loi, mais pas
dans le cadre de l'exercice normal de son mandat.
M. Ryan: Même quand elle présente des films.
M. Richard: Même quand elle présente des films.
M. Ryan: Vous trouvez cela logique? Une voix: Ah!
M. Ryan: M. le ministre trouve cela logique?
M. Richard: Tout à fait. M. Ryan: Pourquoi?
M. Richard: Parce que Radio-Québec est assujettie à
sa propre loi.
M. Ryan: Fédérale.
M. Richard: Non, à sa loi constitutive...
M. Ryan: Mais pour opérer au Québec...
M. Richard: ...et aux décisions de son conseil
d'administration.
M. Ryan: Mais ce conseil, pour opérer, il suit la loi
fédérale et il échapperait à la loi
provinciale.
Une voix: Le CRTC.
M. Richard: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Merci. Cela me suffit. La cause est claire.
Le Président (M. Laplante): Article 86.1? C'est un nouvel
article après la section II sur les permis d'exploitation.
Adopté?
M. Hains: Adopté. Une voix: Sur division. M.
Ryan: Sur division, oui.
Le Président (M. Laplante): L'article 86.1 est
adopté sur division. D'accord. J'appelle l'article 87.
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Laplante): Adopté.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, il y a un nouvel
article, l'article 87.1.
M. Ryan: M. le Président, je m'excuse. J'étais
distrait. Est-ce que vous avez demandé l'adoption de l'article 86.1?
Le Président (M. Laplante): L'article 86.1 a
été adopté.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Laplante): L'article 87 a
été adopté sur division.
M. Ryan: Très bien. C'est cela.
Le Président (M. Laplante): J'appelle un nouvel article,
l'article 87.1. M. le ministre, si vous voulez le présenter, s'il vous
plaît!
M. Richard: Oui, M. le Président. Il se lirait comme suit:
"Un permis d'exploitation est requis pour chaque écran sur lequel un
film peut être présenté en public."
M. Ryan: Une question me vient à l'esprit. Est-ce que
c'est vraiment nécessaire d'avoir un permis d'exploitation pour chaque
écran? Ne serait-ce pas mieux pour chaque établissement qui
présente des films en public, où l'on présente des films
en public? Chaque écran, cela m'étonne.
M. Richard: M. le Président, c'est parce qu'il y a des
dispositions à l'article 159 qui nous incitent à accorder les
permis d'exploitation pour chaque écran plutôt qu'à chaque
salle.
Mme Lavoie-Roux: À quel...
M. Richard: À l'alinéa 6.
Une voix: Quel numéro?
M. Richard: L'article 159, alinéa 6.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: Est-ce que c'est fini sur ce sujet-là?
M. Ryan: Non, ce n'est pas fini, parce qu'on lit l'alinéa
6 et on est à l'article 107.
Le Président (M. Laplante): C'est sur l'article 87 qu'il a
une question à poser.
M. Richard: Exactement.
M. Hains: Cela m'appelait à vous demander ceci, M. le
ministre: Une association bénévole qui présente un film,
disons, en plein air, dans un camping, est-ce qu'elle a besoin d'un visa ou de
quelque chose? Oui?
M. Richard: Si c'est une projection publique, elle a besoin d'un
visa. Si c'est une projection privée, elle n'en a point besoin.
Mme Lavoie-Roux: Dans les établissements?
M. Richard: Dans les établissements publics, oui.
Mme Lavoie-Roux: Alors, cela veut dire que, dans les
hôpitaux...
M. Richard: Mais pas dans un
établissement scolaire et à des fins
d'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Mais dans les hôpitaux?
M. Richard: Mais pas dans un établissement scolaire,
à des fins d'éducation.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais dans les hôpitaux, dans les
centres d'accueil, cela fait partie des activités
régulières?
M. Richard: Non, dans les centres d'accueil, c'est
considéré comme privé, si ce n'est pas ouvert au public en
général.
M. French: Dans les hôpitaux, c'est la même
chose?
M. Richard: Même chose pour les hôpitaux. Mais, si on
ouvre au public en général, là, il s'agit d'une
présentation publique.
M. Hains: Dans un camping, c'est...
M. Richard: C'est privé.
M. Hains: C'est privé? Il n'y a pas...
M. Richard: À moins qu'il y ait un prix d'entrée et
que...
M. Hains: Non, non, non. Disons qu'on donne cela en soirée
et qu'on passe le chapeau ou quelque chose comme cela.
M. Richard: Non. Si je vous invite chez moi, M. le
député de Saint-Henri, pour une projection...
M. Hains: Non, mais je parle bien de camping où il y a
beaucoup de roulottes.
M. French: Est-ce qu'il campe chez lui, le député
de Montmorency?
M. Richard: Pardon? Il y a un camping à Montmorency!
M. Hains: Cela, c'est privé.
M. French: Cela doit être beau.
Mme Lavoie-Roux: Pendant qu'il a été parti, on l'a
privé d'aller au ciné-parc.
M. Hains: M. le ministre, finalement, non?
M. Richard: Non, non.
Le Président (M. Laplante): L'article 87.1 est-il
adopté?
M. Richard: Adopté.
M. Ryan: Sur division, jusqu'à nouvel ordre pour
nous...
Le Président (M. Laplante): Sur division.
M. Ryan: ...parce que cela dépend de deux autres articles
dont je n'ai pas compris complètement...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur l'article 87, moi,
je pense que vous allez avoir pas mal de gens qui, non volontairement, vont
être hors la loi, qui vont être dans l'illégalité,
entre guillemets, dans les circonstances. Écoutez, pour des fins, par
exemple, de ramasser des sous, pour des fins charitables, etc..
M. Richard: Oui, mais s'il y a un prix d'entrée, cela va
prendre un visa. Si on réclame un prix d'entrée, cela va...
Mme Lavoie-Roux: Mais, ordinairement, vous demandez le permis de
la ville parce que là, il y a une taxe qui...
M. Richard: Non.
Mme Lavoie-Roux: ...est prélevée, mais...
M. Richard: Non, non, Mme la députée de L'Acadie,
je veux vous rappeler que s'il fallait qu'on exclue ceux-là, on
donnerait libre cours à tous les abus que vous énumériez
tout à l'heure. Il faut éviter cela.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est parce que vous...
M. Richard: On ne peut pas contourner la loi et présenter
des films...
Mme Lavoie-Roux: ...disiez, par exemple, que, dans un
hôpital, du moment qu'il n'y a pas de frais d'entrée qui sont
exigés...
M. Richard: M. le Président, je voudrais dire quelque
chose qui va tout clarifier. L'article 87 dit: "Nul ne peut exploiter un lieu
de présentation de film en public...". C'est l'exploitation - c'est
assez clair comme définition - d'un lieu, ce n'est pas l'exploitation
d'un film.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! M. Ryan: C'est entendu, cela.
M. Richard: C'est l'exploitation d'un lieu.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Hains: D'accord.
M. Ryan: M. le Président, entre les deux, il y a une
nuance à laquelle le ministre ne s'est pas arrêté. Il y a
votre lieu d'exploitation pour lequel il faut un permis; nous sommes d'accord.
Pour le film, c'est un visa que cela prend; c'est une autre chose. Est-ce que
vous avez besoin d'un permis d'exploitation pour chaque écran sur un
même lieu d'exploitation? C'est là que nous nous posons le
problème.
M. Richard: Oui, M. le Président, à cause de
l'article 159, lequel se réfère lui-même à l'article
107.
M. Ryan: Alors, tant qu'on n'aura pas vu cela comme il faut, on
est obligé de...
M. Richard: D'adopter sur division.
M. Proulx: M. le Président, sur l'article 87.1: "Un permis
d'exploitation est requis". L'expression "est requis", n'est-ce pas une forme
d'anglicisme: "is required"? Est-ce qu'on ne pourrait pas changer cette
formulation pour "exigé"? Qu'en pensez-vous, M. le ministre? C'est une
forme d'anglicisme. Quand j'étais au collège militaire, je
corrigeais constamment mes étudiants à ce sujet. La forme passive
est une forme...
M. Hains: anglaise.
M. Proulx: ...anglaise. Est-ce que vous êtes de mon avis
là-dessus? C'est une forme anglaise, c'est une traduction de "is
required". Est-ce que vous êtes de mon avis là-dessus? Enfin, on
commence à s'entendre...
M. Ryan: Je regrette, parce qu'il y a beaucoup de place pour la
forme passive, même dans la langue française.
M. Proulx: Oui, mais la forme passive est beaucoup plus...
M. Ryan: S'il fallait que vous épuriez le texte à
tous les endroits où il y a des formes passives, on aurait un gros
travail de rédaction à faire.
M. Proulx: Assurément.
M. Ryan: Dans ce cas-ci, c'est peut-être bon. Remarquez que
je ne m'y oppose pas, si le ministre n'a pas d'objection à faire le
changement.
M. Richard: Je n'ai point d'objection à faire droit...
M. Ryan: Mais j'aimerais mieux avoir une discussion en
aparté avec vous, sur votre thèse générale, avant
de vous donner l'impression que j'y souscris.
Une voix: C'est vrai, on dit cela, que la forme passive...
M. Ryan: On disait cela au collège, bien oui! On disait
bien des choses!
M. Proulx: On le dit encore aujourd'hui. (21 h 45)
M. Richard: On ne disait pas que c'était fautif, on disait
que c'était moins parfait.
M. Hains: Non. C'est cela.
M. Proulx: Je me demande si on ne pourrait pas dire: "est
exigé"...
M. Richard: M. le Président, c'est avec plaisir que
j'accueille la requête du député de Saint-Jean.
Le Président (M. Laplante): Un permis d'exploitation
est...
M. Richard: Je mettrais "est nécessaire", mais enfin.
M. Proulx: Oui, "est nécessaire". M. Hains: C'est
parfait. M. Proulx: Nécessaire.
M. Ryan: Un professeur devenu politicien.
Le Président (M. Laplante): Amendement à la
première ligne de l'article 87.1: remplacer le mot "requis" par
"nécessaire".
M. Hains: Voilà.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Hains: Oui, sur division.
Le Président (M. Laplante): Article 87.1, adopté
sur division. J'appelle l'article 88, s'il vous plaît!
M. Richard: Adopté. M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Cela va pour celui-là.
Adopté.
M. Ryan: II y a juste une chose au point de vue linguistique,
cela m'étonne que le député de Saint-Jean laisse passer
celle-ci qui est beaucoup plus grave.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve que cela fait drôle un permis
d'exploitation...
M. Ryan: C'est effrayant. C'est une source de scandale. À
l'âge de la Charte de la langue française, présenter une
phrase comme celle-là, M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...est nécessaire pour chaque
écran sur lequel un film peut être présenté.
M. Ryan: Ce que vous voulez dire, c'est que la demande
d'obtention ou de renouvellement d'un permis d'exploitation doit être
faite conformément aux règlements de la régie. Cela va
très bien, mais, de la façon que cela est formulé, cela
laisse à désirer. Je n'en fais pas de cas de guerre.
M. Richard: M. le député d'Argenteuil a raison.
C'est même fautif.
M. Proulx: Lequel? L'article 88?
M. Richard: C'est plus grave encore que l'imperfection
signalée par le député de Saint-Jean, nettement plus
grave, parce que, là, c'est fautif.
M. Proulx: Article 88?
M. Richard: Oui, article 88. On va essayer quand même de
corriger un peu. La demande d'un permis d'exploitation...
M. Ryan: Je vous fais une suggestion que vous pourrez
étudier: La demande d'obtention ou de renouvellement d'un permis
d'exploitation doit être faite conformément aux règlements
de la régie.
M. Richard: Pourriez-vous répéter, s'il vous
plaît?
M. Ryan: La demande d'obtention ou de renouvellement...
M. Richard: ...d'un permis d'exploitation... Oui, adopté.
Vous avez entendu, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, il faut que je corrige
ici. Je préférerais que vous me le placiez sur un papillon pour
l'accrocher ici parce que je n'ai plus d'espace pour écrire.
M. Richard: M. le député d'Argenteuil va
rédiger le papillon.
M. Proulx: II a beaucoup de papiers: c'est un homme qui a
écrit au moins 4000 éditoriaux.
Le Président (M. Laplante): L'amende- ment du
député d'Argenteuil est adopté.
M. Ryan: Oui, c'était un de mes fidèles
lecteurs.
Le Président (M. Laplante): L'article 88 est adopté
avec l'amendement. Article 89.
M. Proulx: J'avais l'appui moral de M. Ryan à ce
moment-là. Si j'ai été élu dans Saint-Jean, c'est
probablement grâce à lui.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez beaucoup appris dans ce
temps-là. Il vous connaissait mal.
M. Proulx: Là, vous êtes méchante. M. Ryan
m'avait fait un hommage extraordinaire à ce moment-là. Je lui
dois une partie de ma victoire. J'ai à son endroit beaucoup de respect
et d'admiration.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, c'est le même
témoignage que M...
M. Proulx: Est-ce exact, M. Ryan, ce que je dis là? Vous
qui dites toujours la vérité.
M. Ryan: Oui, oui, et c'est réciproque.
M. Richard: M. le Président, voulez-vous rappeler les
députés de Saint-Jean et d'Argenteuil à l'ordre, s'il vous
plaît?
Mme Lavoie-Roux: C'est le même témoignage que M.
Bellemarre lui rendait aussi.
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas l'article 89.
Article 89.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Article 89, adopté.
Article 90.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y a pas une formulation,
puisqu'on est rendu dans le français...
M. Proulx: Oui, c'est ce pourquoi on fait cette loi, madame.
Mme Lavoie-Roux: Est valable pour... C'est parce qu'il y a les
deux. Ordinairement, on dit: n'excédant pas dix ans. Ici, on dit:
...mais cette période ne peut excéder dix ans. C'est long pour
rien. Vous êtes rendu à 90. Vous avez accepté 89, alors,
allez-y!
Le Président (M. Laplante): Cela va pour l'article 90?
Adopté. À l'article 91, il y a un papillon d'amendement qui est
assez
long. On va regarder l'amendement de l'article 91 tel qu'il est et
après cela, vous me direz quand vous serez prêts à
travailler soit par paragraphe ou par article complet. C'est de la
sémantique, cela?
M. Richard: Oui.
M. Ryan: Attendez un peu. Nous autres, on est... Voulez-vous nous
laisser juste une petite chance?
Le Président (M. Laplante): Attendez, il est
concentré.
M. Proulx: Quand il est concentré, il ne faut pas le
déconcentrer.
M. Ryan: Cela va.
M. Proulx: M. Ryan, dans l'expression "un permis d'exploitation
est délivré", le mot "délivré" ne serait-il pas un
anglicisme - is delivered - d'après vous? Je ne connais pas l'opinion du
ministre, mais quelle est votre opinion?
M. Ryan: Je crois qu'il est français. Sous réserve
de vérification, je crois qu'il est français.
M. Proulx: Le ministre l'affirme...
M. Richard: C'est le terme le plus juste.
M. Ryan: Le plus juste, oui.
M. Richard: En matière d'émission de permis, le mot
délivré est utilisé.
M. Ryan: On peut vérifier.
Le Président (M. Laplante): Vous aviez la parole, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'ai un problème. Voulez-vous que nous disposions
tout d'abord des amendements qui ont été présentés
par le ministre avant que nous discutions d'autres aspects? J'aurais un autre
amendement à proposer. Je pourrais peut-être vous en faire part
tout de suite pour que le ministre voie s'il peut l'incorporer dans les
siens?
Le Président (M. Laplante): Pour empêcher... Oui,
allez donc. Donnez-le donc pour voir.
M. Ryan: Au premier alinéa, je demanderais qu'on laisse
tomber toute la dernière phrase de l'alinéa: "Ce rapport doit
être attesté sous serment ou par déclaration solennelle."
J'écrirais plus sobrement: Ce rapport doit indiquer le nom du titulaire,
etc. Je ne pense pas que le gouvernement soit justifié d'exiger une
présentation sous serment ou par déclaration solennelle. Cela me
semble un abus de pouvoir, parce que nous sommes dans l'ordre administratif,
nous sommes dans l'ordre des rapports courants entre les citoyens, les
entreprises et le gouvernement. Il me semble que l'obligation faite par la loi,
comme c'est le cas d'ailleurs dans le reste du texte, doit être
suffisante et qu'au besoin le gouvernement prévoie des sanctions - je
pense qu'il y en a plus loin - pour les déclarations fausses ou des
choses comme cela, cela va très bien. Je trouve que cela est abusif
parce que cela débouche tout de suite sur une offense criminelle. Je
pense que c'est un peu fort. Le gars qui aura écrit 502 admissions dans
la semaine, au lieu de 498, je ne pense pas qu'il faille le charger de toutes
les peines qui découlent d'une accusation criminelle.
M. Richard: M. le Président, j'accepte l'amendement
proposé par M. le député d'Argenteuil.
Le Président (M. Laplante): C'est que... M. Ryan:
Très bon mouvement.
Le Président (M. Laplante): À la quatrième
ligne, après le point: "Ce rapport doit être attesté sous
serment ou par déclaration solennelle.", cette phrase est biffée.
Adopté?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Maintenant que votre
amendement est adopté, M. le député d'Argenteuil, si vous
voulez, pour lever toute ambiguïté, M. le député
d'Argenteuil, on va adopter les amendements que le ministre propose.
Après, on en discutera et, s'il y a d'autres amendements à
incorporer, on le fera au fur et à mesure. On est d'accord?
M. Ryan: Si vous me le permettez, M. le Président, il y en
a seulement un autre que voudrait peut-être...
Le Président (M. Laplante): Oui? Allez-y dans ce cas.
M. Ryan: ...proposer mon collègue de
Saint-Henri. S'il était accepté par le gouvernement, cela
permettrait de régler le tout beaucoup plus rapidement.
Le Président (M. Laplante): On va attendre M. le ministre
avant de le...
M. Ryan: Oui.
M. Hains: Cela va, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Henri.
M. Richard: M. le Président, je voudrais revenir à
l'amendement que j'ai accepté et indiquer immédiatement quand
même dans quel esprit je l'ai accepté. Je n'ai pas d'objection -
il ne faut pas être tatillon -sauf qu'à l'article 93 je vais,
suivant la suggestion faite par le député d'Argenteuil, proposer
un amendement pour couvrir les renseignements faux au paragraphe 3
probablement, pour le resserrer un peu, pour qu'il y ait une sanction aux
renseignements faux.
M. Ryan: Nous n'avons aucune objection à cela.
M. Richard: D'accord.
M. Hains: Maintenant, à l'article 91, M. le
Président...
Le Président (M. Laplante): Oui?
M. Hains: ..."chaque semaine", n'est-ce pas un peu trop fort? Un
rapport mensuel ne serait-il pas mieux?
M. Richard: M. le Président, c'est la pratique courante.
L'unité de programmation au cinéma, c'est la semaine.
M. French: M. le Président, si vous me le permettez...
Le Président (M. Laplante): Y a-t-il autre chose, M. le
député de Saint-Henri?
M. Hains: Non, M. le Président.
M. French: M. le Président, sur le même sujet.
M. Hains: Allez-y donc!
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M. le
député de Westmount.
M. French: Ce n'est pas qu'on s'oppose à ce que la
période administrative en question soit la semaine, mais on se demande
pourquoi le rapport doit être déposé chaque semaine. C'est
quand même une question différente.
M. Richard: L'idée de la billetterie est acceptée
par tout le monde et a été demandée par le milieu, comme
vous le savez, mais certains objectifs étaient d'obtenir des
renseignements. Comme la régie va devoir compiler ces renseignements et
les rendre publics, il ne faudrait pas qu'il y ait un trop grand délai
entre le moment du rapport et le moment de la publication.
Comme l'unité de programmation, encore une fois, est la semaine,
ce n'est pas très exigeant.
M. French: M. le Président, y a-t-il une demande de
délai de soumission? Le projet de loi dit "chaque semaine". Si le
rapport hebdomadaire se trouve à arriver huit semaines respectivement et
successivement, la régie a-t-elle des recours? Je ne le pense pas.
Encore une fois, ce n'est pas le délai qui est remis en question, mais
la fréquence.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: II y a déjà des rapports administratifs
entre les exploitants et les pouvoirs publics qui existent en vertu des lois
existantes. Les exploitants doivent soumettre des rapports au titre de la taxe
d'amusement. Ces rapports doivent-ils être soumis hebdomadairement,
mensuellement ou à une autre périodicité? Je pense qu'il
serait important de le savoir. Cela pose une autre question ici. À
l'avenir, en raison de cette disposition de l'article 91, l'exploitant
sera-t-il obligé de faire chaque semaine deux rapports, un qui s'en ira
à la ville de Montréal ou à la ville de Québec et
au ministère du Revenu pour les parties en dehors des centres
métropolitains, et en plus un autre rapport à la régie
ici? Est-ce que c'est ce que le ministre nous annonce ou s'il y aura une
intégration de ces rapports? Tout d'abord, je demanderais comment cela
fonctionne. Est-ce que les rapports qu'ils doivent faire à la ville de
Montréal sont hebdomadaires? Je pense que, à Montréal,
c'est la ville qui est percepteur pour le gouvernement. (22 heures)
M. Richard: C'est trimestriel, M. le Président.
M. Ryan: Oh! Trimestriel et là, vous voulez sauter
à hebdomadaire!
M. Richard: Hebdomadaire, à cause des objectifs
mêmes de la billetterie qui sont recherchés par tout le monde pour
avoir des renseignements rapides et au fur et à mesure.
M. French: Pourquoi?
M. Richard: Parce que, si on veut avoir les renseignements dont
on a besoin pour la billetterie et que ces renseignements doivent être
publiés, encore faut-il qu'ils soient disponibles avant qu'il ne soit
trop tard.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais faire une
observation au ministre. Je ne vois
pas du tout l'intérêt public impérieux qui rendrait
absolument nécessaire la publication aussi rapide de données
statistiques de cette nature, je vois cela un peu plus loin dans l'amendement
que le ministre ajoute à la fin de ses amendements. C'est le seul qui
m'inspire des réserves sérieuses, d'ailleurs: La régie
doit publier, selon les moyens qu'elle juge appropriés, les
renseignements visés dans les paragraphes 1 à 5 qui lui ont
été communiqués pour le mois précédent et
ce, sur une base de statistiques hebdomadaires. Je n'ai pas d'objection
à cela. Est-ce qu'on doit lui faire un devoir de publication ici? Est-ce
qu'on veut qu'elle vienne s'ingérer dans le mécanisme du
marché à ce point? Qu'elle doive rendre des comptes à une
certaine périodicité, c'est très bien, mais je me demande
ce que cela vient ajouter au dynamisme et au libre fonctionnement de
l'industrie du cinéma que ce genre d'obligation qu'on crée pour
la régie.
M. Richard: C'est que toute l'industrie souhaite depuis fort
longtemps une billetterie pour lui permettre de pouvoir planifier et d'avoir
les renseignements le plus rapidement possible. D'autre part, je vous signale
qu'on n'invente pas en la matière dans le monde occidental; ailleurs, en
France, en Belgique, dans d'autres pays, c'est ce qui existe et c'est chaque
semaine.
Encore une fois, M. le Président, il n'y a personne, que je
sache, en commission parlementaire, qui nous a fait des représentations
à cet égard; au contraire, parce que toute l'industrie dit:
Enfin, il nous faut une billetterie.
M. French: Mais le ministre pourrait-il expliquer pourquoi, pour
les profanes? Nous ne sommes pas contre, nous sommes prêts à
être persuadés, sauf qu'une billetterie pour avoir une
billetterie, c'est...
M. Richard: C'est parce que, pour planifier des programmations,
compte tenu du nombre de salles qu'il y a au Québec, il est important
d'avoir les renseignements que fournit une billetterie. D'autre part,
évidemment, les distributeurs y trouvent un intérêt direct
dans le fait qu'ils vont être sûrs que les renseignements qu'on
leur fournit sont exacts; parce qu'on n'est pas toujours sûr que les
renseignements qu'on fournit sont exacts quant à la fréquentation
de certaines salles. Cela donne des statistiques extrêmement
éloquentes à la fois sur la fréquentation des salles, sur
le succès commercial de certains types de films ou de films en
particulier, sur la possibilité de les programmer ailleurs au
Québec. C'est pourquoi les renseignements qui deviennent disponibles, il
faut qu'ils le soient en temps utile. De même, cela va fournir à
l'industrie des statistiques globales sur l'ensemble du comportement de
l'industrie au Québec. C'est pourquoi personne ne s'est opposé
à la billetterie dans le milieu de l'industrie du cinéma;
c'était réclamé par l'industrie elle-même.
Le Président (M. Laplante): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, sur...
M. Richard: Cela a donné des résultats tout
à fait probants ailleurs, on n'a jamais assisté à la
disparition d'une billetterie une fois qu'elle a été
créée, au contraire, parce qu'on en tire profit.
M. Ryan: Sur le principe de la billetterie, je n'ai pas
d'objection, je trouve que c'est une institution qui vient compléter
l'équipement dont une société a besoin pour assurer que
l'industrie fonctionnera bien de ce côté. C'est une idée
à laquelle je n'ai pas d'objection, mais l'idée de la publication
de renseignements et de statistiques est une idée qu'il faut quand
même manier avec un certain doigté. Je vais prendre un exemple; il
peut arriver qu'un film, dans la première phase de sa carrière,
ne connaisse pas un succès fulgurant, connaisse même des
difficultés très graves, et que le distributeur juge devoir
corriger la situation par une campagne publicitaire très intensive.
Peut-être qu'au bout d'une certaine période de quelques semaines
ou quelques mois, il aura réussi à remonter la côte et
à faire un succès de son film qui peut être, par
hypothèse, un film d'excellente qualité d'ailleurs. Si les
statistiques émanant d'un organisme public viennent l'assommer au bout
d'un mois et font dire à tout le monde que ce film est un échec,
et vu le genre de commentaires que cela va susciter à gauche et à
droite, c'est de nature à avoir des effets économiques nocifs,
à mon point de vue.
Moi-même, j'ai été dans l'industrie de la
publication pendant quand même au-delà de quinze ans. Il n'y a
rien que je détestais plus que de voir mes concurrents rapporter mon
tirage. Je me disais que ce n'était pas leur affaire. Je me disais que
c'était ma responsabilité de voir, comme gérant
général de l'entreprise, à ce que l'entreprise fasse se
rencontrer les deux bouts de la chaîne. J'ai lu très souvent des
commentaires ou des informations sottes qui étaient de nature à
créer un tort considérable à mon entreprise et je ne
voudrais pas dans ce cas-ci... Quand c'est un organisme privé qui le
fait, je n'y peux rien, parce que je crois à la liberté de la
presse. Je ne voudrais pas que l'intervention d'un organisme gouvernemental
vienne entraîner des effets économiques nocifs pour des
entreprises qui sont déjà,
pour plusieurs, dans une situation quand même assez marginale.
Je ne vois pas, seulement pour le souci esthétique qu'on peut
nourrir d'avoir des statistiques fréquentes et hebdomadaires, qu'on
devrait entraîner ce genre de complications. Il me semble que si cette
billetterie était tenue de présenter des statistiques
générales sur une base périodique, une
périodicité trimestrielle ou semestrielle, mais je ne
m'engagerais pas dans ces détails dans le texte du projet de loi. Il me
semble qu'elle serait amplement suffisante pour les fins qu'on poursuit parce
qu'il arrive à un moment donné que la fin devient une fin en
elle-même et c'est un souci de raffinement qui me semble pousser les
choses trop loin. Je ne vois pas du tout l'utilité pour qui que ce soit
de ce genre de contrainte rigide. Encore une fois, j'admets le principe de la
billetterie, j'admets même le principe de publications à
intervalles périodiques de statistiques générales qui vont
informer le public là-dessus.
Quant à ce qui se passe en France en particulier, je ne sais pas
quel rayonnement ont les renseignements publiés par la Billetterie
nationale de France de ce point de vue. Peut-être sont-ils
diffusés dans les publications spécialisées mais, dans un
journal comme le Monde, je n'ai jamais vu d'échos de ces statistiques.
Peut-être n'étais-je pas assez attentif, mais cela n'occupe pas
une grande place dans l'information qui est publiée par les journaux
quotidiens en France, à ma connaissance en tout cas. Je ne sais pas si
le ministre ne pourrait pas modérer un petit peu ses transports.
M. Richard: C'est parce que c'est publié dans les revues
spécialisées.
M. Ryan: Oui.
M. Richard: C'est toujours publié dans les revues
spécialisées. C'est d'un grand intérêt pour les
revues spécialisées.
M. Ryan: Oui, ce que je vous dis, c'est que je ne vois pas
l'utilité d'une publication hebdomadaire là-dessus par une
régie gouvernementale. C'est ce qui me fatigue. Imaginez ce que cela va
prendre. Vos ministères...
M. Richard: M. le Président, voyez-vous, la régie
doit publier chaque mois sur une base de statistiques hebdomadaires.
M. Hains: Elle les aura quand même.
M. Richard: Je pense que c'est là que cela devient
important, sur une base de statistiques hebdomadaires...
Mme Lavoie-Roux: Faites-lui venir des statistiques hebdomadaires,
vous n'aurez pas besoin de...
M. Richard: ...elle publie chaque mois. On a cela partout
à travers le monde, pas seulement en France. On l'a en Belgique, on l'a
même aux États-Unis, M. le Président.
M. Ryan: Je ne mettrais pas cela dans la loi.
M. Richard: Encore une fois, M. le Président, c'est une
demande qui a été formulée par le milieu. C'est une
recommandation unanime du rapport Fournier. Ce sont les gens de
l'industrie....
M. Ryan: M. le Président.
M. Richard: ...et aucun des représentants de l'industrie
n'a soulevé d'objection quant à cela. Alors, j'estime qu'ils
connaissent un peu mieux les mécanismes de leur industrie que moi et, en
conséquence, je suis très réticent à remettre en
cause les objectifs mêmes d'une billetterie en modifiant ce
délai.
M. Ryan: M. le Président, je vais faire une suggestion au
ministre. D'abord, je ne trouve pas les mots "chaque mois" dans le texte de
l'amendement qui nous a été soumis. Le ministre les a
ajoutés, emporté par son éloquence.
M. Richard: M. le Président, seulement une chose pour ne
pas prolonger. Cela dit: "...et pour le mois précédent".
M. Ryan: Oui.
M. Richard: "...qui lui ont été communiqués
pour le mois précédent". Ce n'est pas chaque mois, c'est pour le
mois précédent.
M. Ryan: C'est cela. Je trouve qu'on disposerait de la
difficulté si le ministre acceptait d'écrire une chose comme
celle-ci: La régie doit publier périodiquement, selon les moyens
qu'elle juge appropriés, les renseignements visés dans les
paragraphes 1 à 5 qui lui ont été communiqués et
ce, sur la base de statistiques hebdomadaires. J'admets cela, les statistiques
hebdomadaires, c'est l'unité de production, ça va très
bien. Mais je vous regarde aller et vos ministères, y compris le
vôtre, ne sont pas même capables de produire un rapport à
l'intérieur d'une période d'un an. Ça leur prend un an
pour sortir un rapport d'activités annuelles. Puis, il y a du personnel
qui doit travailler là-dessus à l'année. Quand est-ce que
votre rapport a été déposé pour l'année
1981-1982?
M. Richard: Ça frise la diffamation en ce qui a trait au
ministère des Affaires
culturelles.
M. Ryan: Quand a-t-il été déposé
à la Chambre?
M. Richard: Ça frise la diffamation. Je somme le
député d'Argenteuil de dire cela en dehors de la commission
parlementaire.
Des voix: Ha! Ha!
M. Ryan: M. le Président, je renouvelle mon affirmation
générale.
M. Richard: M. le Président, les deux dernières
années, on l'a déposé à l'intérieur du
délai. Je demande au député d'Argenteuil de retirer ses
paroles en ce qui a trait au ministère des Affaires culturelles.
M. Ryan: M. le Président, j'affirme solennellement que,
depuis le 1er mai, on a déposé à l'Assemblée
nationale une grande quantité de rapports de ministères pour
l'année 1981-1982 qui, à ce stade tardif, n'ont plus aucune
utilité pour personne, sinon pour les historiens de l'avenir et pour les
archivistes.
Mme Lavoie-Roux: Quand ce ne sont pas ceux de 1980-19811
M. Ryan: Je me dis: Qu'on commence par corriger ce
problème-là. Qu'on mette ici une certaine souplesse.
M. Richard: M. le Président, M. le député
d'Argenteuil a fourni la réponse à sa question quand il a dit, en
ce qui a trait, bien sûr - j'espère qu'il va retirer ses paroles
en ce qui concerne le ministère des Affaires culturelles - à
d'autres ministères, que ces documents n'étaient plus d'aucune
utilité. Je ne voudrais pas, M. le Président, que cela nous
arrive avec les renseignements que nous obtiendrons de la régie. La
réponse était contenue dans la question du député
d'Argenteuil.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait mettre un délai d'un
mois.
M. Ryan: M. le Président. D'abord, je pose une question.
C'est une suggestion que nous faisons pour l'utilité du ministre et de
cette régie. La régie doit publier périodiquement, selon
les moyens qu'elle juge appropriés, parce que je constate tout le
personnel que cela va prendre pour cela et toute la bureaucratie, pour jouer
avec des statistiques. L'industrie du cinéma, il ne faut pas se faire
d'illusions, au Québec, combien de personnes cela
représente-t-il? Combien de personnes vont lire cela? Cela ne fait pas
un gros public, finalement, entre vous et moi. Non, une vraie revue
professionnelle, on n'en a pas.
M. Hains: Est-ce qu'on a une vraie revue vraiment
spécialisée là-dedans?
M. Ryan: Quelques-unes.
M. Hains: Mais pas gouvernementales.
M. Ryan: Ce n'est pas une revue de l'industrie. Ce sont des
revues qui rejoignent des secteurs particuliers de l'industrie.
M. Richard: M. le Président, je propose une suspension de
trois minutes.
Le Président (M. Brouillet): Nous suspendons les travaux
de la présente commission pour trois minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 14)
(Reprise de la séance à 22 h 25)
Le Président (M. Brouillet): Nous reprenons nos travaux.
M. le ministre.
M. Richard: Je vais proposer un compromis pour que la base des
statistiques demeure la semaine mais que le rapport soit aux quinze jours. Il
faut que la base de statistiques...
M. Ryan: C'est du progrès.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on n'avait pas d'objection à
cela.
M. French: On ne s'est jamais opposé à cela.
M. Richard: Et le rapport aux quinze jours. Personne ne s'est
opposé à cela, M. le Président.
M. French: Oui, d'accord, si le ministre nous dit que personne ne
s'y oppose. Dans d'autres domaines, je ferai remarquer au ministre que, si
l'industrie est tellement désireuse d'avoir ces renseignements, elle
fournit cela sur une base volontaire. On s'échange des renseignements.
On dépense de l'argent. Il me semble que la seule chose que le ministre
nous ait dit c'est qu'on dépense l'argent du contribuable pour aider les
exploitants privés à planifier leur mise en marché,
n'est-ce pas? Je veux bien me rallier aux besoins de l'industrie, mais je ne
vois pas pourquoi le contribuable subventionnerait ce processus
d'échange de renseignements.
M. Richard: Cela sert à beaucoup d'autres fins que celles
évoquées par le député de Westmount et qui ont
déjà été
explicitées. Pour atteindre les objectifs d'une billetterie, on
m'assure qu'il faut que la base des statistiques soit hebdomadaire et qu'il n'y
ait pas un trop grand délai. C'est pourquoi je propose comme compromis
que ce soit quinze jours au lieu d'une semaine en gardant la même base
hebdomadaire.
M. French: Le ministre a-t-il une formulation pour les quinze
jours?
M. Richard: M. le Président, mes collaborateurs sont en
train de travailler...
M. French: Alors, est-ce qu'on peut poser d'autres questions sur
le même article entre-temps?
M. Richard: Oui, bien sûr.
M. French: M. le Président, dans le paragraphe 4, je suis
un peu mal à l'aise quant aux mots "et leurs coûts unitaires". Ce
n'est pas parce que je suis contre, mais je présume que cela veut dire
le prix des billets.
M. Richard: Oui, M. le Président.
M. French: Oui. Excusez-moi, je n'ai pas compris.
M. Richard: C'est parce qu'ils peuvent varier pour une même
présentation.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
M. French: La seule préoccupation que j'aurais, c'est que
techniquement le coût unitaire des billets, c'est le coût unitaire
que l'exploitant a payé pour acheter les billets. Ce n'est pas leur prix
de vente.
M. Richard: Ce n'est pas dans le contexte, M. le
Président.
M. French: Enfin, c'est une question d'esthétique. Si le
ministre est satisfait de sa loi, il est satisfait. Au paragraphe 6, le
ministre me dit-il que les gens de l'industrie... Je ne veux pas invoquer
l'industrie parce qu'il n'y a pas qu'une industrie, il y a une série
d'industries interreliées. Les gens qui auraient à fournir les
renseignements, d'après le 6 , sont tous d'accord. Ils veulent
dévoiler leurs affaires au grand jour. Ils sont bien contents de le
faire, d'après le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec le député de
Westmount. Le taux de répartition de la recette entre le titulaire du
permis d'exploitation et le titulaire du permis de distribution, je trouve que
c'est se mettre le nez où on n'a pas d'affaire.
M. Richard: Pour permettre l'application de l'article 107.
M. French: L'article 107?
Mme Lavoie-Roux: II faut que ces ententes soient rendues
publiques?
M. Richard: Ce ne sont pas des choses qui sont rendues
publiques.
M. French: L'article 107 crée ses propres
problèmes, par exemple.
M. Richard: Oui, mais c'est pour régler d'autres
problèmes plus graves, M. le Président.
M. French: En tout cas, on en discutera lorsqu'on sera rendu
là.
M. Richard: Parce qu'on est dans une situation un peu unique. On
l'a vu avec la poursuite qui a été prise devant la commission sur
les politiques restrictives.
M. French: D'accord. On en discutera lorsqu'on sera rendu
là. Encore une fois, le ministre convient donc que l'industrie a quelque
réticence devant le paragraphe 6, mais, compte tenu qu'il faut avaler
l'article 107 s'il est constitutionnel, on est obligé d'avaler le 6°
avec le reste.
M. Richard: Voilà, M. le Président. Et l'article
107 est constitutionnel.
M. French: Donc, il n'est pas strictement vrai que l'industrie
n'a fait aucune objection.
M. Richard: En ce qui a trait à l'article 107, dans
certains cas, on a fait valoir qu'il vaudrait mieux l'abandonner. Dans certains
cas, ai-je dit.
(22 h 30)
M. French: Puis-je poser une dernière question au
ministre, M. le Président? Que va-t-il faire si les cinémas font
leurs rapports de façon tardive? Parce qu'il est très
intéressé par la ponctualité du processus de la production
des renseignements. Y a-t-il une partie de la loi qui va servir d'incitation -
pour ne pas dire plus - à un exploitant ou à un titulaire de
permis de faire ses rapports non seulement sur la bonne base, sur la bonne
période, mais aussi de façon ponctuelle?
M. Richard: La réponse apparaît à l'article
93, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Pardon? Est-ce que vous
seriez d'accord qu'on revienne à l'article 91, étant donné
que tout le monde est présent, pour disposer de
l'amendement?
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous l'amendement?
M. French: Je n'ai pas d'objection, sauf que je vous soulignerai,
M. le Président, qu'on parle toujours de l'article 91.
Le Président (M. Brouillet): Ah bon! C'est que là,
on...
M. French: On avait évoqué l'article 107, mais on
est revenu à l'article 91.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Alors, je
reviendrai à l'amendement. Je vais vous le lire. Il y a, en tout, six
amendements à l'article. Je peux vous lire les six amendements et on
pourrait les adopter. C'est un amendement en six parties.
Mme Lavoie-Roux: Ne pourrait-on pas finir de poser les questions
qu'on a sur l'article 91 et après, faire les amendements, parce que, si
on fait les amendements, on va y revenir, étant donné qu'on a
procédé à des questions pour chacun?
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
Mme Lavoie-Roux: C'est très court. C'est simplement que
j'avais des questions au paragraphe 6. À 7, on dit: "Tout autre
renseignement déterminé par règlement de la Régie."
Encore une fois, c'est très large. La régie, pour une foule de
motifs qu'on ne connaît pas et que, probablement, elle n'aurait
peut-être pas au départ, peut éventuellement demander une
foule de renseignements. Le but des renseignements, de 1 à 6 , c'est
vraiment d'obtenir des données statistiques, n'est-ce pas?
M. Richard: Oui, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi ne dit-on pas: Tout autre renseignement
déterminé -par exemple - à des fins statistiques? La
régie peut, à un moment donné, se mettre le nez dans
n'importe quoi.
M. Ryan: Tout autre renseignement statistique.
Mme Lavoie-Roux: Ou tout autre renseignement statistique. Comme
vous voudrez.
M. Richard: M. le Président, je voudrais signaler que les
règlements doivent être approuvés après des
audiences publiques et entérinés par le gouvernement. Alors, il y
a une double balise. Pourquoi, à l'article 159, a-t-on prévu les
audiences publiques? Pour que vraiment tout le milieu soit associé
à la définition et à la confection des règlements
et ensuite, cela doit être entériné par le
gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Une minute.
M. Richard: Cela apparaît à l'article 159.7, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le paragraphe 7. M. Richard: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez ajouté l'alinéa 7, parce
qu'on ne l'a pas. C'est un amendement.
M. Richard: C'est en effet un amendement.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! On va regarder l'amendement.
M. Richard: J'ai expliqué hier, Mme la
députée de L'Acadie, que nous avions transposé de
l'article 158 à l'article 159 certains éléments
précisément pour permettre les audiences publiques et que nous
avions en plus ajouté des amendements à l'article 159.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'amendements à l'article
157.
M. Richard: À l'article 159.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 159, je m'excuse.
M. Ryan: L'article 159 ne traite pas tout à fait de
cela.
Mme Lavoie-Roux: Mais je ne vois pas comment cela oblige à
des audiences publiques.
M. Richard: Avec l'article 162, Mme la députée de
L'Acadie.
M. Ryan: À l'article 159, il n'est pas question de
cela.
M. Richard: M. le Président. Mme Lavoie-Roux: Oui,
mais...
M. Richard: Ce que j'ai expliqué hier, c'est que l'article
162 dit que tous les règlements adoptés en vertu de l'article 159
doivent être assujettis aux audiences publiques.
M. Ryan: D'accord. C'est l'article 162. Cela va.
Mme Lavoie-Roux: Oui. La seule chose, c'est que, quand le
gouvernement décide... Je
comprends que c'est une soupape de sûreté, il n'y a aucun
doute, puisqu'il y a des audiences publiques, mais si c'est à des fins
statistiques, je ne sais pas pourquoi on ne met pas "à des fins
statistiques". Si vous décidez d'imposer un règlement, même
si tout le monde s'oppose, vous allez finir par l'adopter de toute
façon.
M. Richard: Je n'ai pas d'objection, Mme la députée
de L'Acadie. Mais, encore une fois, il y a là une double balise. Il ne
faut pas inventer des problèmes là où il n'y en a pas. Il
y a assez d'endroits où il y en a.
Mme Lavoie-Roux: Vous voyez comment les règlements de la
loi 101 ont fini par s'élaborer, en fin de compte.
M. Richard: Oui, mais...
Mme Lavoie-Roux: Sûrement que le gouvernement n'avait
aucune mauvaise intention au point de départ, je suis convaincue de
cela.
M. Ryan: Justement, dans le cas de la loi 101, si mes souvenirs
sont exacts, on ne publie pas le projet dans la Gazette officielle avec
possibilité d'audiences publiques après la publication. C'est le
ministre qui nous fait part de cela une bonne journée, lorsqu'il nous
les communique. Je ne crois pas qu'il y ait des audiences publiques pour la
discussion des règlements. Ici, il y a des audiences publiques, n'est-ce
pas?
Mme Lavoie-Roux: II n'y en a nulle part, des audiences publiques.
C'est une nouveauté, cela.
M. Ryan: C'est une innovation.
M. Richard: Voilà, ce sont les balises que j'ai voulues
précisément pour ne pas que...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Ryan: On pourrait vous dire que vous ne serez pas toujours
ministre et qu'il y en aura peut-être un autre qui voudra jouer
là-dedans, mais on va vous faire confiance.
Mme Lavoie-Roux: Là, c'est dans la loi.
M. Richard: Je serai peut-être là pour le combattre,
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Vous serez le bienvenu dans notre camp.
M. Proulx: Vous serez peut-être notre futur ministre des
Affaires culturelles. On ne le sait.
M. Ryan: II y a bien des possibilités.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'on vous a lu
l'ensemble des amendements proposés à l'article 91? Cela n'a pas
encore été lu.
M. Richard: Non, il faudrait alors les lire...
Le Président (M. Brouillet): Globalement, non. Si vous le
voulez, je vais lire l'ensemble des amendements proposés à
l'article 91.
M. Ryan: Je ne voudrais pas vous imposer quoi que ce soit, M. le
Président, mais, si le ministre pouvait nous donner lecture du texte
amendé au complet, je pense qu'on saisirait mieux. Je ne sais pas s'il
peut le faire, s'il pense pouvoir le faire tout de go comme cela. Cela nous
donnerait une meilleure idée du point où nous en sommes.
Le Président (M. Brouillet): Oui, mais pour le journal des
Débats il va falloir que je donne d'abord les amendements, quitte
à relire le texte amendé après. Je vais vous lire les
amendements proposés pour l'ensemble de l'article. En suivant, vous
allez voir les modifications apportées.
L'article 91 est modifié de la façon suivante: 1° par
le remplacement de l'alinéa introductif par le suivant: "Le titulaire
d'un permis d'exploitation doit, conformément aux règlements de
la régie, transmettre à celle-ci chaque deux semaines un rapport
sur les films qu'il a présentés en public lors des deux semaines
précédentes."
L'autre amendement, le deuxième: par le remplacement de la
première ligne du deuxième alinéa par la suivante: "Ce
rapport doit indiquer pour chaque semaine..."
Le troisième amendement proposé: en remplaçant au
paragraphe 3 du deuxième alinéa le mot "présentation" -
qui est au singulier dans le texte - par le mot "présentations".
Quatrième amendement: en remplaçant au paragraphe 5 du
deuxième alinéa le mot "distribution" par le mot
"distributeur".
Cinquième amendement: en remplaçant à la
deuxième ligne du paragraphe 6 du deuxième alinéa les mots
"de distribution" par les mots "le titulaire d'un permis de distributeur".
Sixième amendement: en ajoutant à la fin l'alinéa
suivant: "La régie doit publier selon les moyens qu'elle juge
appropriés les renseignements visés dans les paragraphes 1
à 5 qui lui ont été communiqués pour le mois
précédent et ce, sur une base de statistiques hebdomadaires."
Vous avez ici l'ensemble des
amendements proposés.
Mme Lavoîe-Roux: II y en avait un autre, M. le
Président. Peut-être que cela n'a pas d'importance, mais vous avez
oublié de le dire - il est dans le texte original. Il y avait
également suppression de la dernière phrase: "Ce rapport doit
être attesté sous serment ou par déclaration solennelle".
Cela a été supprimé.
Le Président (M. Brouillet): Oui, cela a
déjà été adopté.
M. Richard: Oui, il a été adopté. Mme
Lavoie-Roux: D'accord, parfait.
Le Président (M. Brouillet): II a été
adopté.
M. Richard: II a été adopté.
Une remarque. On vient de changer complètement le premier
alinéa. Le premier amendement n'est plus utile, on a changé le
texte complet de l'alinéa pour celui qu'a lu M. le président. La
phrase est disparue.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Cela avait été
adopté.
M. Richard: Je voudrais indiquer en particulier - je profite de
l'occasion pour ouvrir cette parenthèse - qu'une des principales
recommandations de la commission Fournier, c'est qu'il y ait désormais
des primes au succès. La seule façon qu'on a de vérifier
sera la billetterie. On veut encourager, en d'autres termes, le
succès.
Mme Lavoie-Roux: Cela dépend de la sorte de succès
que vous voulez encourager.
M. French: Et comment?
M. Ryan: Qu'est-ce que vous voulez dire? Pourriez-vous
répéter cela? J'ai manqué cet...
M. Richard: Une des recommandations du rapport Fournier est
d'accorder des primes au succès. Par exemple, Maria Chapdelaine est un
immense succès de "box office" au Québec. C'est quand même
important, si on produit, qu'il y ait des gens qui voient et que ce soit en
même temps de la qualité. Il y aura également des primes
à la qualité. On veut miser sur les deux: qualité et
succès.
M. Ryan: Cela viendra plus tard. Cela fait partie des choses que
peut faire la Société générale du
cinéma.
M. Richard: Voilà, M. le Président.
M. Ryan: J'aimerais autant qu'on n'aille pas plus loin, parce
qu'il y a certains cas de succès que j'aimerais autant ne pas voir
accompagnés...
M. Richard: Non, je conviens de cela, M. le Président.
M. Ryan: ...de récompenses financières.
M. Richard: Mais...
M. Ryan: Pardon?
M. Proulx: C'est subjectif.
M. Richard: J'en conviens, M. le Président, mais de
là...
M. Ryan: Dans l'industrie où j'ai oeuvré longtemps,
cela aurait été un très mauvais critère.
M. Richard: Non, mais il n'est pas interdit de produire un film
de qualité qui soit en même temps un succès au guichet. M.
le député d'Argenteuil, il n'est pas interdit de penser qu'on
puisse produire un film de qualité qui soit en même temps un
succès au guichet.
Mme Lavoie-Roux: Oui, si vous avez les deux, c'est un double
succès.
M. Ryan: Très bien. C'est parce que vous disiez que vous
auriez eu deux formes de récompense.
M. Richard: Le film Les Plouffe, par exemple, c'est un
succès au guichet, Maria Chapdelaine, Les bons débarras, aussi et
pour faire plaisir au député de Rousseau, j'ajouterais Les
Mâles. Le film Les Plouffe, Mme la députée de L'Acadie, est
un grand succès de guichet au Québec.
Mme Lavoie-Roux: De ce côté-ci de
l'océan.
Le Président (M. Brouillet): Maintenant, est-ce qu'on
serait prêt à adopter les amendements que j'ai lus
tantôt?
M. Ryan: II y a seulement une chose que je suggérerais au
ministre d'ajouter, vu qu'il a pris sa décision sur le dernier
alinéa de tout. Je me demande si cela ne serait pas plus clair s'il
écrivait: La régie doit publier mensuellement, selon les moyens
qu'elle juge appropriés, les renseignements visés dans les
paragraphes 1 à 5 et qui lui ont été communiqués
pour le mois précédent. Il me semble que, si c'est cela qu'il
veut dire - je n'étais pas d'accord - j'aimerais autant qu'il le dise
clairement. Il dit qu'elle
doit publier pour le mois précédent, mais il n'y a pas de
point de comparaison. Il n'y a pas de point de rapport.
M. Richard: Vous voudriez ajouter le mot "mensuellement"
après le mot "publier"?
M. Ryan: Oui, il me semble que cela serait plus complet au point
de vue de la clarté française.
M. Richard: Adopté.
M. Ryan: Je me fais votre logographe. Je n'ai pas beaucoup de
mérite. Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Le mot "mensuellement"
...
M. Ryan: "La régie doit publier mensuellement".
M. Richard: M. le Président, si c'est adopté, j'ai
l'amendement dont j'avais parlé tout à l'heure...
Le Président (M. Brouillet): Donc, on apporte un
sous-amendement au dernier amendement que j'ai lu tantôt. On ajoute,
après les mots "la régie doit publier", le mot
"mensuellement".
Des voix: C'est cela.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des amendements sont adoptés?
M. Ryan: Je ferais seulement une remarque additionnelle, si vous
me le permettez. Est-ce que c'est absolument indispensable que vous mettiez
dans le texte de la loi les mots "et ce, sur une base de statistiques
hebdomadaires"? Est-ce que cela doit aller dans la loi? Parce que vous dites
qu'elle doit publier les renseignements visés dans les paragraphes 1
à 5 qui parlent de renseignements pour les opérations de chaque
semaine. Est-ce que vous devez l'encarcaner à ce point? Parce que cela
peut vouloir dire qu'elle ne peut pas les publier autrement. Il me semble qu'on
ne doit pas aller aussi loin que cela dans un texte législatif.
C'était bon de le dire à l'état de projet.
M. Richard: Oui, je sais, c'est ce que la régie fera. Mais
on n'est pas obligé de le mettre dans la loi.
M. Ryan: Je ne pense pas.
(22 h 45)
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, la
dernière proposition de sous-amendement qui consiste à rayer les
mots "et ce, sur une base de statistiques hebdomadaires" est-elle
acceptée?
M. Richard: Adopté, oui, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Bon. Alors, ce
sous-amendement est adopté, le sous-amendement qui consiste à
rayer du dernier amendement les mots "et ce, sur une base de statistiques
hebdomadaires" est adopté.
Je reviens à ma question: Est-ce que vous êtes prêts
à adopter l'ensemble des amendements?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, adopté. M. Richard:
M. le Président. Le Président (M. Brouillet):
Adopté. M. Richard: Oui, très bien.
Le Président (M. Brouillet): Nous revenons à
l'article 91. Est-il adopté?
M. Richard: Adopté. M. le Président, j'annonce
immédiatement qu'au moment où nous étudierons les articles
94 à 100, notamment l'article 97, je proposerai un article qui sera
91.1.
M. Ryan: Quand nous serons rendus à l'article 100?
M. Richard: Oui, parce que c'est relié. Je ne veux pas
ouvrir le débat sur l'article 97 immédiatement puisqu'on s'est
entendu pour garder cela pour la fin. Alors, j'annonce immédiatement que
j'aurai un article 91.1 pour faire la concordance avec l'article 97.
M. Ryan: M. le Président, sur l'article 91, me
permettriez-vous une dernière remarque qui n'est pas de la nature d'un
amendement?
Le Président (M. Brouillet): Oui, très
bien.
M. Ryan: Je voudrais seulement émettre le voeu que la
régie, dans la publication des statistiques que prévoit l'article
91, veille à trouver des formes de publications qui n'iront pas
au-delà des normes raisonnables de divulgation qu'un organisme public
doit conserver, en l'occurrence par rapport aux entreprises privées qui
oeuvrent dans le champ. Je pense que vous conviendrez avec moi qu'une certaine
confidentialité dans les données financières est un
élément essentiel pour le bon fonctionnement de l'entreprise
privée qui doit faire face à des concurrents sur les
marchés tous les jours. Je voudrais que cela soit consigné dans
les comptes rendus de nos débats que cette considération
était présente dans l'esprit des intervenants. Je pense bien que
le ministre va partager mon souci de ce
côté-là.
M. Richard: M. le Président, c'est un souci qui est
partagé et je pense bien que la régie sera très soucieuse
de ne pas publier des informations autres que celles qui pourraient être
d'intérêt public, notamment pour permettre l'essor des
périodiques sur le cinéma.
M. Ryan: Très bien.
M. Richard: Je pense que cela va permettre un essor des revues et
périodiques sur le cinéma.
Le Président (M. Brouillet): Une petite correction: je
dois dire que l'article 91 est adopté tel qu'amendé, ce que je
viens de mentionner tantôt.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Alors, nous passons à
l'article 92.
M. Ryan: Veuillez m'excuser. Je veux seulement demander un
renseignement, parce qu'on n'en a pas discuté ici, sur le sixième
paragraphe de l'article 91: "le mode et le taux de la répartition de la
recette convenus entre le titulaire d'un permis d'exploitation et de
distribution". Entre le titulaire d'un permis d'exploitation et le titulaire
d'un permis de distribution, c'est cela que cela veut dire?
Mme Lavoie-Roux: Oui, il a été remplacé. Il
y a un amendement là-dessus.
M. Ryan: Oui, excusez-moi. C'est parfait, c'est très bien.
Voici la question que je voulais vous poser: Est-ce une pratique qui est
établie dans d'autres pays? On va jusque dans ces
détails-là? Oui?
M. Richard: Oui, M. le Président. M. Ryan:
Très bien.
Le Président (M. Brouillet): L'article 92 est-il
adopté?
M. Richard: Notamment, M. le Président, en Allemagne, en
Belgique.
M. Ryan: Très bien. Je retire ma question, on me dit
qu'elle a été posée en mon absence. Vous voyez, cela
témoigne de l'unité de préoccupation de l'équipe de
l'Opposition, contrairement à certaines impressions qui auraient pu
être laissées par d'autres exemples.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a jamais eu de dissidence
d'exprimée.
M. Ryan: Oui, tantôt, malheureusement. M. Proulx:
Oui, oui, une dissidence.
M. Richard: Mme la députée de L'Acadie, on a
assisté à une coalition circonstancielle entre le
député de Westmount et le député de
Saint-Jean...
M. Proulx: C'est une opposition historique.
M. Richard: ...les deux se rebellant contre l'autorité
légitimement constituée.
Le Président (M. Brouillet): L'article 92 est-il
adopté? Adopté. Article 93.
M. Richard: M. le Président, j'avais annoncé un
amendement, le voici: L'ajout de l'article 92.1 se lirait comme suit: "Le
titulaire d'un permis d'exploitation de ciné-parc ne peut
présenter en public un film classé dans la catégorie "18
ans et plus"."
M. Ryan: À quel numéro?
M. Richard: Article 92.1. C'est en rapport avec le débat
de tout à l'heure, pour répondre au voeu exprimé, je crois
unanimement, y compris par le député de Westmount. Je ne suis pas
sûr, car il a été silencieux là-dessus.
M. Ryan: Oui, quelque peu là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je dois dire qu'il n'était pas ici.
M. Richard: M. le député de Westmount.
M. French: J'étais en train de parler sur une motion de
report sur le projet de loi 17, la réforme du Code du travail.
M. Richard: Je ne suis pas sûr, M. le député
de Westmount, que vous seriez d'accord avec cela. C'est une concession
très importante que j'ai faite à l'Opposition.
M. Ryan: Trop tard pour t'opposer, Rick.
M. Richard: Adopté.
M. Ryan: Voulez-vous répéter le texte de
l'amendement? Le titulaire d'un permis...
M. Richard: "Le titulaire d'un permis d'exploitation de
ciné-parc ne peut présenter en public un film classé dans
la catégorie "18 ans et plus"."
Le Président (M. Brouillet): Adopté?
M. Richard: Sur division, avec la dissidence du
député de Westmount.
M. French: Non, non, voyons doncl
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Cela me semble être
adopté avec la dissidence du ministre.
Le Président (M. Brouillet): Adopté à
l'unanimité.
M. Richard: Article 93, M. le Président. J'aurais
maintenant, à la suite d'autres discussions que nous avons eues
précédemment, à apporter un amendement. L'article 93 est
modifié par l'addition avant le début du paragraphe 3 des mots
suivants, et cela va modifier, bien sûr, la numérotation: 3 si
elle fournit, dans le rapport prévu par l'article 91, des renseignements
faux ou inexacts ou...". Je pense qu'on s'entend là-dessus. C'est pour
remplacer l'obligation du serment et de la déclaration solennelle. Il
s'agit de sanctionner les faux renseignements.
M. Ryan: Est-ce que c'est nécessaire d'ajouter "ou
inexacts" à des renseignements faux? Il me semble que cela comprend
tout.
M. Richard: C'est parce que cela va avec le...
M. Ryan: Comme vous le savez, la thèse gouvernementale
veut qu'il y ait une grande différence entre ces deux
mots-là.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne comprennent pas vite.
M. Proulx: On n'a pas compris.
M. Ryan: M. le ministre est complètement étranger
à ces...
Mme Lavoie-Roux: ...ces vulgaires débats.
M. Proulx: Lesquels? Pourriez-vous répéter ce que
vous avez dit?
Mme Lavoie-Roux: La différence entre inexactitude et
fausseté.
M. Richard: Je pourrais me contenter de faux.
M. Ryan: Oui, très bien. M. Richard: Oui.
M. Ryan: Cela ne s'applique pas au cas que l'on avait à
l'esprit.
M. Richard: Inexacts, cela pourrait être des renseignements
erronés.
M. Ryan: Oui, il peut y avoir une erreur qui a été
commise de bonne foi, qui doit être corrigée à ce
moment-là.
Mme Lavoix-Roux: On laisse le mot faux.
M. Richard: II y a le "ou" parce que cela va avec le paragraphe 3
après: ou si, après avoir reçu... Je n'en ai
peut-être pas besoin du "ou". Oui, j'ai besoin du "ou". Il y a le "ou"
à la fin.
M. Ryan: Oui, où? M. Richard: Cela va.
Le Président (M. Brouillet): II faut ajouter pour
compléter l'amendement tel que lu par le ministre que le 3 devient 4 et
que le 4° devient 5° .
M. Richard: Voilà, M. le Président.
M. Ryan: Où est-ce que vous ajoutez le "ou"? C'est ce que
je ne comprends pas.
M. Richard: C'est seulement le 3°, M. lé
Président, qui est modifié. On ajoute un espace.
M. Ryan: Cela reste dans le 3 ° . M. Richard: Cela
reste dans le 3°. M. Ryan: C'est cela que je pensais. M. Richard:
Oui.
Le Président (M. Brouillet): Le "ou" se comprend mieux.
Donc, éliminons ce que j'ai dit. La numérotation reste telle
quelle. L'amendement consiste à introduire dans le paragraphe 3 ce que
le ministre a lu tantôt. Je répète: on ajoute, avant le
début du paragraphe 3, les mots suivants: "Si elle fournit, dans le
rapport prévu par l'article 91, des renseignements faux ou...".
M. Richard: Et là il faut lire le reste de
l'alinéa.
M. Ryan: Cela va très bien ensemble.
Le Président (M. Brouillet): Si, après avoir
reçu...
M. Ryan: Cela veut dire que si elle a commis des erreurs
administratives, après avoir été admonestée par la
régie, refusant de se conformer à ses obligations de
présenter des rapports exacts, cela peut devenir une raison pour la
révocation ou la suspension de son permis. Cela va très bien.
M. le Président, je ne sais pas si vous me permettriez de faire
une petite correction avec l'approbation des représentants du
gouvernement. Au début, quand nous avons établi la liste des
membres de la commission, je pense que la députée de L'Acadie et
le député de Westmount ont été identifiés
comme intervenants. Est-ce que le ministre et ses collègues auraient
objection à ce qu'on les inscrive plutôt comme membres, parce que
je m'aperçois qu'ils ont participé à des votes et je ne
voudrais pas que cela mêle les cartes?
Le Président (M. Brouillet): On n'a pas voté.
M. Proulx: On n'a pas voté, je pense. M. Richard:
On n'a pas voté.
M. Ryan: À plus forte raison, vous n'auriez pas
d'objection à ce changement.
M. Proulx: Ils ont été ici toute la
soirée.
M. Richard: Si jamais il y avait un vote, il ne faudrait pas que
ce soit un traquenard pour un vote.
M. Proulx: Si jamais il y avait un vote, on serait mal
appris.
M. Ryan: C'est un défaut de votre serviteur, qui n'a pas
du tout cette mentalité.
M. Proulx: On s'en est aperçu ce soir.
Vous avez raison, on l'a vu ce soir, mais c'est M. French et Mme
Lavoie-Roux sont intervenants. On n'a pas voté ce soir.
M. Ryan: C'est juste pour que tout le monde soit sur un pied
d'égalité.
Le Président (M. Brouillet): On n'a pas pris un vote
enregistré, cela ne posera pas de problème.
M. Richard: Pour le moment, il n'y a aucun problème.
M. Ryan: Je pense que cela ne posera pas de problème.
"Demain is another day".
M. Proulx: C'est un homme d'expérience qui parle.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est-il
adopté? Adopté.
M. Richard: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): L'article 93 est
adopté tel qu'amendé. Adopté.
M. Richard: M. le Président, maintenant, je propose
l'adoption en bloc des articles 94 à 99 inclusivement.
M. Ryan: Cela va de soi, à la fin de nos travaux.
Le Président (M. Brouillet): Nous avions
décidé de suspendre ces articles de 94 à 100
exclusivement, nous y reviendrons à la fin. Nous passons donc à
la sous-section 3 intitulée: Permis de tournage, à l'article
100.
Mme Lavoie-Roux: Les cloches qui sonnent.
Permis de tournage
Le Président (M. Brouillet): II y a un amendement
proposé à l'article 100. Vous avez cela entre les mains. Je vais
vous lire en quoi consiste l'amendement:
L'article 100 est remplacé par le suivant: "Sauf s'il s'agit de
la Société de radiotélévision du Québec ou
d'un titulaire d'une licence en vertu de la Loi sur la radiodiffusion, nul ne
peut effectuer sur une base professionnelle des prises de vue
cinématographiques au Québec s'il n'est titulaire d'un permis de
tournage."
M. Richard: Adopté?
M. Ryan: Non. Il y a une couple de questions que je veux poser
là-dessus. Tout d'abord, pourriez-vous expliquer la nature et les motifs
du changement que nous apporte l'amendement proposé?
Deuxièmement, pourriez-vous nous dire s'il est absolument indispensable
à vos yeux que les mots "Sauf s'il s'agit" jusqu'à la Loi sur la
radiodiffusion soient inclus dans le texte de l'amendement et pourquoi?
M. Richard: J'ai eu l'occasion hier, au début de la
commission parlementaire, d'exposer les motifs qui m'ont amené à
apporter cet amendement. En ce qui a trait au deuxième volet de la
question formulée par le député d'Argenteuil, je
répondrai immédiatement: c'est parce qu'il serait difficile, pour
les productions maison de Radio-Québec, par exemple, d'imposer le permis
de tournage. C'est ce qu'elle fait de manière quotidienne. (23
heures)
Quant au premier volet, cela a été réclamé,
je dirais, à cor et à cri, d'avoir un permis universel et
automatique de tournage, ne serait-ce que pour permettre d'offrir les services
que nous sommes en mesure d'offrir et ne serait-ce aussi qu'à titre de
renseignements susceptibles de nous aider dans une campagne visant à
amener un plus grand nombre de tournages au Québec, Parce
que vous savez qu'il y a là un intérêt
économique assez évident à avoir des équipes de
tournage en plus grand nombre au Québec et il y a également un
intérêt économique à offrir les services de toute
nature que nous sommes en mesure d'offrir. Mais je rappelle encore une fois, M.
le Président - j'insiste là-dessus - que c'est un permis
automatique et universel.
M. French: M. le Président, je ne vois ni dans
l'amendement, ni dans l'autre papillon - quitte à me faire corriger - ce
concept d'universalité et de gratuité.
M. Richard: La régie délivre un permis de tournage
à une personne qui lui en fait la demande, sur paiement du droit
prescrit, conformément au règlement de la régie.
M. French: Mais la gratuité, c'est le droit prescrit?
M. Richard: Non, le droit prescrit, il s'agit uniquement d'un
droit nominal payant les frais de l'émission du permis; il ne faut pas
que ce soit une taxe déguisée.
M. French: C'est ce que veut dire la gratuité?
M. Richard: C'est cela.
M. French: Donc, la régie n'a aucun pouvoir de
refuser.
M. Richard: Non, et c'est pourquoi l'article 101 a
été mis là.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement à
l'article 100 est-il adopté?
M. Ryan: Dans le cas de Radio-Québec, si
Radio-Québec décidait de tourner des films en dehors de ses fins
immédiates; disons qu'elle décide d'ouvrir un petit
département d'éducation populaire où elle va faire du
tournage de films, pourquoi serait-elle exemptée de l'obligation d'avoir
un permis de tournage? Pour la production quotidienne sur l'écran de
télévision, je comprends très bien, mais il me semble que
les fins de Radio-Québec ne sont pas limitées à cela.
M. Richard: Radio-Québec, c'est une
télévision éducative au sens large; alors, à partir
du moment où elle agit à l'intérieur de la licence qu'elle
détient, on ne veut pas doubler les contrôles et, dans ses
productions maison, on ne veut pas l'amener à demander des permis, elle
fait cela quotidiennement. Mais je vous ferai remarquer que Radio-Québec
est généralement associée à d'autres producteurs
qui devraient obtenir un permis de tournage, par exemple, dans le cas d'un film
en coproduction, dès qu'elle sort de son mandat.
M. Ryan: II y a une chose qu'on va préciser, il faut
peut-être aller à l'article 102 pour comprendre ce que veut faire
le gouvernement: "Le permis de tournage est valide pour la période que
détermine la régie, selon les circonstances." C'est...
M. Richard: Oui, parce que cela dépend de la durée
prévue d'un tournage.
M. Ryan: Cela veut dire que Radio-Québec pourrait
très bien avoir un permis d'une durée d'un an, deux ans, trois
ans pour toutes les fins de tournage autres que la production
d'émissions de télévision. Il me semble qu'elle devrait
l'avoir comme les autres; je ne vois pas pourquoi...
M. Richard: Radio-Québec, en ce qui a trait à sa
programmation, est déjà assujettie à la Régie des
services publics. On ne peut vraiment pas multiplier les contrôles.
M. Ryan: Mais c'est ce que vous faites depuis sept ans dans
à peu près tous les domaines de l'activité humaine.
M. Richard: Ne me reprochez point de ne pas vouloir le faire.
M. Ryan: Mais je vous reproche de faire partie de ce gouvernement
qui l'a fait et qui continue encore de le faire par cette loi-ci.
Je vous le dis franchement, je ne vois pas pourquoi Radio-Québec
serait exemptée ainsi, cela fait bien des fois qu'on observe ce
phénomène depuis le début de la discussion et je ne vois
pas du tout ce que cela nous apporte, de même que si le titulaire d'un
permis...
M. Richard: II ne s'agit pas seulement de Radio-Québec, il
s'agit de TVA et de tous les autres.
M. Ryan: À supposer que TVA décide de lancer une
petite entreprise de production de films à côté, il n'y a
rien qui l'empêche de le faire. Il n'y a rien qui l'empêche de se
donner une petite filiale maison. Pourquoi serait-il exempté de cette
obligation? Parce qu'il y a un permis...
M. Richard: M. le Président, non. Le cas ne se posera pas,
parce que s'il crée une filiale qui soit une entreprise de production,
cette filiale n'est pas détentrice d'un permis en vertu de la Loi sur la
radiodiffusion.
M. Ryan: Mais s'il peut le faire en vertu de son statut
général, des statuts qu'il s'est donnés, à ce
moment pourquoi serait-il
exempt de l'obligation d'avoir un permis de tournage au Québec?
Supposez que... Comment s'appelle l'entreprise à Montréal?
CFCM-TV. Quel est le nom juridique? Télé-Métropole.
M. Richard: Les filiales sont assujetties à la loi quand
c'est à des fins de production de films. Il y en a de ces filiales et
elles y sont assujetties tandis que la maison mère, si je peux me
permettre l'expression, détentrice d'un permis en vertu de la Loi sur la
radiodiffusion, n'y est pas assujettie parce que c'est dans le cadre de son
mandat général. Dès qu'elle sort de son mandat
général et qu'elle crée une filiale, elle y est assujettie
et Radio-Québec le sera également.
M. Ryan: Vous apportez là des précisions qui ne
sont pas dans le paragraphe: "Sauf s'il s'agit de la Société de
radio-télévision du Québec..."
M. Richard: Parce que les filiales ne sont pas
détentrices, comme le dit la loi, d'un permis en vertu de la Loi sur la
radiodiffusion.
M. Ryan: Mais est-ce que...
M. Richard: Ce qu'on exclut, ce sont uniquement les entreprises
détentrices d'un permis en vertu de la Loi sur la radiodiffusion.
M. Ryan: Mais je vous pose encore...
M. Richard: Dès qu'il y a une filiale et qu'elle n'est pas
détentrice, elle est assujettie à la loi.
M. Ryan: Je vous pose encore le cas hypothétique que vous
avez vous-même soulevé, si j'ai bien compris. À supposer
que Radio-Québec décide de parrainer en société
avec d'autres intérêts une production de film, qu'arrive-t-il? Je
pense qu'il n'y a rien dans son mandat qui l'empêche de faire cela.
M. Richard: La société qu'elle va parrainer est
assujettie à la loi. Supposons -et ce n'est pas un cas
hypothétique, cela peut survenir - que Radio-Québec parraine un
film avec une entreprise de production au Québec, l'entreprise de
production y est assujettie.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, seulement pour mon
information, si, par exemple, Radio-Québec décide de produire un
film qui soit un opéra, elle peut par la suite le vendre, le
commercialiser. Il n'y a pas de restriction à cela. C'est-à-dire
qu'elle n'est même pas en coproduction avec quelqu'un d'autre...
M. Richard: Non, non, mais on en est au permis de tournage, Mme
la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais si elle tourne un film...
M. Richard: Oui, elle a le droit de le faire.
Mme Lavoie-Roux: Et, ensuite, le...
M. Richard: Elle n'a pas de permis à demander si elle le
fait comme tel.
Mme Lavoie-Roux: Mais elle peut ensuite le vendre ou le
louer.
M. Richard: Oui. Généralement, elle le vend
à une autre télévision. C'est dans son mandat
général en tant que détentrice d'un permis en vertu de la
Loi sur la radiodiffusion.
M. Ryan: Ce que je veux essayer de vous faire comprendre, c'est
mon inquiétude quant à la possibilité qu'en vertu d'une
disposition comme celle-ci Radio-Québec puisse se lancer sans être
restreinte exactement aux mêmes obligations que les autres dans des
actions qui consistent à concurrencer les autres producteurs de
films.
M. Richard: Non, M. le Président, aucune inquiétude
à cet égard. C'est uniquement en ce qui a trait au permis de
tournage et, dès que c'est une filiale, dès qu'elle s'associe
à quelqu'un d'autre, c'est généralement ce qui se passe.
Associer la pratique que l'on vit, c'est, pour les sociétés de
télévision, s'associer à des entreprises de production
qui, elles, sont assujetties à la loi.
M. Ryan: D'accord. Une autre question. Vous dites que nul ne peut
effectuer sur une base professionnelle des prises de vue
cinématographiques au Québec. Comment définissez-vous
cela, sur une base professionnelle? Où cela commence-t-il et où
cela finit-il?
M. Richard: Mon Dieu, c'est parce qu'on ne veut pas viser les
amateurs. Donc, sur une base professionnelle, c'est en tant que professionnels
du métier.
M. Ryan: Comme base, cela me semble assez fragile.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire que ce serait pour des
fins...
M. Richard: Oui. Au fond, cela signifie: pour ceux qui le font
à des fins commerciales.
Mme Lavoie-Roux: Cela veut dire sur une base lucrative.
M. Richard: Oui. C'est parce qu'on ne voulait pas viser les
amateurs.
Mme Lavoie-Roux: Parce que vous pouvez quand même avoir un
professionnel qui est cinéaste et qui le fait pour ses loisirs.
C'est-à-dire qu'il ne faudrait pas qu'il soit commercialisé.
M. Richard: Oui. Il ne le fait pas à ce moment-là
dans le cadre de sa profession, sur une base professionnelle.
Mme Lavoie-Roux: II ne faudrait pas qu'il serve à des fins
lucratives, essentiellement.
M. Richard: C'est cela.
M. Ryan: Même lucratives, je suis un peu
réservé là-dessus, parce qu'il peut arriver qu'une
personne fasse une création cinématographique pour la
première fois, ou même sur une base amateur, ayant d'autres
occupations professionnelles, et que cette création soit un grand
succès qu'elle veuille vendre après sur le marché. Il ne
faut pas qu'il y ait...
M. Richard: C'est plus juste en français de dire sur une
base professionnelle que sur une base commerciale, mais je n'ai pas d'objection
à mettre "sur une base commerciale".
M. Ryan: C'est embêtant, cela. M. Richard:
Pardon?
M. Ryan: J'aime mieux "commerciale" que "professionnelle" d'un
côté. J'essaie de voir. Supposons que ce soit l'Université
de Montréal.
M. Richard: C'est plus juste de dire "professionnelle", M. le
Président. On vient de m'en convaincre. C'est qu'un artisan, un
technicien du cinéma peut faire un tournage pour une entreprise de
production. Il ne le fait pas sur une base qu'on peut appeler commerciale, il
le fait sur une base professionnelle.
M. Ryan: Mais, encore une fois, je vous posais la question au
tout début, où cela finit-il et où cela commence-t-il? Le
type va dire: Je n'ai pas d'affaire à me rapporter à ces
gens-là. Je n'ai pas de permis à leur demander. Je fais cela sur
une base;..
M. Richard: M. le Président, cela signifie simplement:
dans le but de gagner sa vie. Je pense que c'est l'expression qu'on peut
utiliser.
M. Ryan: Si le gars vous dit: Je sais d'avance que je vais perdre
de l'argent, je le fais pareil parce que le cinéma m'intéresse;
j'ai déjà fait de l'argent dans d'autres productions; j'ai
été éditeur entre-temps, j'ai été ceci ou
cela, vous êtes dans un dilemme. Si vous écrivez cela, c'est
très difficile à définir et, si vous n'écrivez
rien, c'est toute la validité de l'article qui est en cause.
L'article que vous aviez dans le projet originel était, à
mon point de vue, plus réaliste. Vous imposiez à une personne
physique qui ne réside pas au Canada ou à une personne morale ne
possédant point d'établissement au Canada l'obligation de se
pourvoir d'un permis de tournage si elle veut tourner des films au
Québec. Je pense que c'est très bien et je me demande si votre
formulation originelle, M. le ministre, n'était pas
préférable à celle-ci. Là, on va commencer à
aller s'enquérir si c'est professionnel ou pas.
M. Richard: M. le Président, je veux rappeler que c'est
à la demande du critique officiel de l'Opposition qu'on a laissé
tomber le permis de producteur...
M. Ryan: Ah oui!
M. Richard: ...pour le remplacer par le permis de tournage, parce
qu'on nous en a parlé en commission parlementaire. Encore une fois, je
ne voudrais pas qu'on passe des heures là-dessus. On comprend l'esprit
sur une base professionnelle, exactement comme on dit qu'un
médecin...
Mme Lavoie-Roux: Exerce sa profession. (23 h 15)
M. Richard: ...exerce sa profession, c'est par respect pour les
gens. Un médecin, même s'il ne fait pas d'argent avec un geste
qu'il pose, il le pose sur une base professionnelle. C'est pour cela qu'on met
"professionnelle", c'est le terme qui nous paraît le plus juste. Il y a
des gens là-dedans qui ne sont pas très heureux d'être
considérés comme des commerçants.
M. Ryan: C'est pour cela que je trouvais infiniment
préférable même le permis de tournage, pour un producteur
d'ici... Je pense que je vous ai entendu l'autre jour évoquer une raison
comme celle-ci: il va déranger les autobus à Montréal, il
va déranger la circulation en tournant des scènes, c'est une
bonne chose qu'il ait un permis. Il aura besoin d'un permis de la ville de
toute manière. Ce n'est pas le permis du bureau de Québec qui lui
permettra de déranger la circulation de la rue Sherbrooke. C'est un
permis de plus.
M. Richard: Non, cela permet d'offrir des services. Cela permet
aussi de savoir ce qui se passe, si la production est en chute libre ou en
hausse, s'il y a une augmentation de la production de films tournés au
Québec. Cela permet aussi, en ce qui a trait aux étrangers,
plusieurs possibilités. Je ne pense pas, M. le Président, que cet
article crée beaucoup de problèmes éventuellement. Je
comprends qu'on pourrait en discuter toute la nuit pour essayer d'arriver
à une rédaction qui soit parfaite, mais je ne suis même pas
sûr qu'on puisse y parvenir, c'est une entreprise humaine.
M. Ryan: Pour ce qui est du permis de tournage, il est
attribué à une personne physique ou morale, non pas à un
projet particulier. Disons que ce sont les Entreprises Pathé Inc. Elles
demandent un permis de tournage au Québec. Vous dites que le permis sera
donné automatiquement sur demande. Par conséquent, il n'est pas
question de leur demander quel film sera tourné. J'imagine que, si c'est
un permis donné à une personne, ce sera pour une période
d'au moins un an. J'espère que vous n'envisagez pas avec cet article -
c'est pour cela qu'à l'article 102 j'aurai un amendement à vous
proposer - de demander qu'il ait un permis de tournage tous les trois mois ou
tous les deux mois. Qu'est-ce qu'on veut exactement avec cela? Ce n'est pas
clair.
M. Richard: M. le Président, si quelqu'un nous dit: Je
pense tourner un film, je prévois deux mois pour le tournage, la
régie lui donnera quatre, cinq ou six mois. Je pense qu'on commence
à voir des problèmes qui n'existent vraiment pas.
M. Ryan: Si le type...
M. Richard: D'autant plus que c'est à la demande des... On
peut passer des heures et des heures là-dessus, mais, vraiment...
M. Ryan: Je pense que cela ne donne rien de s'impatienter. On
pose des problèmes réels, on veut comprendre. Supposez que ce
soit un producteur qui fait des courts métrages. Il en fait, disons,
deux douzaines dans l'année. J'espère qu'il ne sera pas
obligé d'aller chercher douze permis, qu'il aura un permis pour
l'année, qu'il ne sera pas obligé de se rapporter continuellement
au bureau de la régie. Si c'est le tournage d'un grand film comme le
ministre veut en avoir, c'est une autre affaire. On peut faire une
catégorie spéciale.
M. Richard: M. le Président, c'est fait pour...
M. Ryan: En général, vos producteurs font des
courts métrages. Ils font des films publicitaires. Ils en font d'autres
sortes. En général, ils produisent des choses de courte
durée parce qu'ils n'ont pas les moyens de faire du grand métrage
tout le temps. Ce sont des choses spéciales.
M. Richard: Oui.
M. Ryan: Ici, vous voulez tout couvrir. C'est pour cela que
j'allais ajouter que tantôt, à l'article 102, je vais au moins
vous proposer qu'on parle du permis de tournage de la manière suivante:
est valide pour la période que détermine la régie en
conformité avec ses règlements à ce sujet. Il faudrait
qu'il y ait des règlements pour qu'on ne soit pas soumis à cette
épée de Damoclès: On te le donne pour un mois, tu
reviendras dans un mois.
M. Richard: Ce n'est pas fait pour cela. L'objectif n'est pas
cela. À moins d'avoir quelqu'un franchement de mauvaise foi, et trois
personnes de mauvaise foi à la régie, ce n'est pas possible. Je
peux reprendre chaque article et essayer d'imaginer les problèmes qui
pourraient être soulevés par chacun des articles, essayer
d'imaginer des desseins diaboliques poursuivis par ceux qui auront à
appliquer cette loi, qu'il s'agisse des membres du conseil d'administration,
des membres de la régie, du ministre ou du gouvernement, je peux vous en
imaginer, M. le député d'Argenteuil, des problèmes et des
desseins diaboliques visant à faire disparaître le monde.
M. Ryan: Je crains que le ministre ne commence à
manifester des signes de fatigue. Je lui rappelle que ce que je propose
à l'article 102 est bien simple et tout à fait dans la même
veine que ce qui est à l'article 101. Vous dites que la régie
délivre un permis de tournage à une personne qui lui en fait la
demande, sur paiement du droit prescrit, conformément au
règlement de la régie. Ce que je vous demande, à l'article
102, c'est que le permis de tournage soit valide pour la période que
détermine la régie, conformément aux règlements de
la régie, conformément à ses règlements...
M. Richard: Comme cela ne change absolument rien, M. le
Président...
M. Ryan: Oui, cela change quelque chose.
M. Richard: ...j'accepte.
M. Ryan: Cela veut dire que, pour l'octroi des permis de
tournage, on va être obligé d'avoir un règlement et la
personne qui va requérir ce permis va savoir à quoi s'attendre,
tandis que, comme l'article est formulé ici, la personne ne le sait pas.
En
tout cas, c'est ma lecture et c'est bien difficile de réfuter
cela, à la lumière de celle-ci.
M. Richard: M. le Président, je suis d'accord.
Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Un instant, s'il vous
plaît! L'amendement à l'article 100 - procédons par ordre -
on l'a discuté tantôt, mais il n'a pas été
adopté. Est-il adopté? L'amendement à l'article 100 est
adopté. L'article 100 est-il adopté tel qu'amendé?
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Brouillet): Adopté tel
qu'amendé. L'article 101 est-il adopté?
M. Richard: Adopté.
M. Ryan: L'article 100, je voudrais que vous l'adoptiez sur
division.
Le Président (M. Brouillet): L'article 100.
M. Ryan: Sur division. Une voix: Tu as raison.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté sur division.
M. Ryan: À l'article 101, je n'ai pas d'objection.
Très bien.
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 101 est
adopté.
M. Richard: L'article 102 est adopté tel qu'amendé
par le député d'Argenteuil.
Le Président (M. Brouillet): Une minute, s'il vous
plaît!
M. Ryan: L'article 103 est supprimé. Des voix: Ha!
Ha!
M. Hains: "Conformément au règlement de la
régie" au lieu de "selon les circonstances". C'est cela?
Le Président (M. Brouillet): Voulez-vous relire
l'amendement à l'article 102, s'il vous plaît, et m'en fournir une
copie?
M. Hains: "Le permis de tournage est valide pour la
période que détermine la régie, conformément au
règlement de la régie."
M. Ryan: Conformément à son règlement.
M. Hains: Conformément à son règlement.
Le Président (M. Brouillet): On remplace "selon les
circonstances"...
M. Hains: C'est cela. M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Brouillet): ...par
"conformément...
M. Hains: À ses règlements.
Le Président (M. Brouillet): ...à ses
règlements". Quelqu'un peut-il m'écrire cela?
M. Hains: À son règlement?
Le Président (M. Brouillet): On s'entend sur cette
formulation: "Conformément au règlement de la régie".
Une voix: Est-ce qu'on répète le mot
"régie"?
M. Hains: ...pour la période que détermine la
régie, conformément à ses règlements,
conformément aux règlements. On ne va pas répéter
le mot "régie". Il est juste avant.
M. Ryan: À son règlement.
M. Hains: D'accord? Conformément à son
règlement. Est-ce que c'est cela?
Le Président (M. Brouillet): Donc, l'amendement qui
consiste à remplacer, selon le dernier alinéa de l'article 102,
"selon les circonstances", par les mots "conformément à son
règlement"...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je pense que c'est mieux de laisser
"règlement de la régie". La régie délivre un permis
-Écoutezl On est dans le français - de producteur...
Le Président (M. Brouillet): L'article 102.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes à l'article 102.
Des voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement est
adopté. L'article 102 est-il adopté tel qu'amendé?
M. Hains: Adopté tel qu'amendé. Les articles 103,
104, 105, 106.
Le Président (M. Brouillet): Sous-section 4. Permis de
producteur.
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 103 est-il
adopté?
M. Hains: Adopté. Non, c'est supprimé.
M. Richard: Les articles 103 à 106 sont
supprimés.
M. Hains: Les articles 103 à 106 sont supprimés. Je
disais cela pour le taquiner.
M. Richard: À la demande du député de
Saint-Henri.
M. Hains: Merci. Cela faisait frissonner.
Le Président (M. Brouillet): II y a un amendement. La
sous-section 4 de la section II du chapitre III est supprimée.
Adopté?
M. Hains: Adopté.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Ryan: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
serait d'accord, mais il me semble que l'article 107 se rattache directement
aux articles 94 à 98 et qu'on devrait garder cela ensemble pour le
sprint final. Cela va?
M. Richard: Indirectement, ce sont les balises pour
rééquilibrer les choses.
M. Hains: J'aime bien votre mot "balises".
Le Président (M. Brouillet): Excusez-moi, s'agit-il des
articles 107 et 108?
M. Ryan: On va sauter. M. Hains: On suspend.
Matériel vidéo
Le Président (M. Brouillet): Alors, on suspend les
articles 107 et 108 et nous abordons l'article 109. Section IV. "Material"
vidéo. Adopté?
M. Hains: Le titre? "Matériel" vidéo, n'est-ce
pas?
M. Ryan: C'est un anglicisme terrible, M. le député
de Saint-Jean. Il faut surveiller l'affaire jusqu'au bout.
Des voix: "Material".
M. Ryan: II y a là une faute.
M. Hains: Non pas "material", mais matériel.
M. Richard: Matériel.
M. Ryan: Dans le titre, en lettres majuscules.
Le Président (M. Brouillet): Alors, amendement...
M. Hains: Vous ne l'aviez pas vu, mon Jérôme, vous
ne l'aviez pas vu!
M. Ryan: La prudence insidieuse du député...
M. Hains: L'anglais qui se glisse là.
Le Président (M. Brouillet): S'il vous plaît! Un peu
d'ordre. Dans la section IV, nous changeons le titre. Il y a amendement au
titre: au lieu de "material", c'est "matériel". Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
109?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
110.
M. Ryan: Pour une fois qu'il n'y a pas d'exception pour
Radio-Québec.
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
111?
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait me donner le but de ces
dispositions?
M. Richard: D'inclure - ce qu'on a dit au début - le
matériel vidéo...
M. Ryan: Cela veut dire que...
M. Richard: ...et de protéger les droits d'auteur sur les
copies. Cela est très important pour la protection des droits
d'auteur.
M. Ryan: Cela s'applique seulement aux titulaires d'un permis de
distributeur. Cela veut dire qu'il peut se faire des échanges de
matériel vidéo en dehors de cela, surtout sur une base
éducative...
M. Richard: Oui.
M. Ryan: ...culturelle, par exemple.
M. Richard: Vous avez parfaitement raison, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Très bien, je pense qu'on ne peut être que
favorable à cela.
Le Président (M. Brouillet): L'article 111 est
adopté?
Des voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
112?
M. Richard: À l'article 112, il y a un amendement.
M. Hains: II y a juste une petite correction à 112, je
crois?
Le Président (M. Brouillet): Je vous lis l'amendement
à l'article 112: "L'article 112 est modifié, "1. en
remplaçant, à la première ligne, le mot "distribution" par
le mot "distributeur"; "2. en remplaçant, à la deuxième
ligne, le mot "du" par le mot "de"."
Adopté?
M. Ryan: "Le".
Le Président (M. Brouillet): J'ai "de" ici.
M. Richard: C'est une erreur, c'est par le mot "le". (23 h
30)
Le Président (M. Brouillet): Par le mot "le", corrigeons.
Adopté?
L'article 112, tel qu'amendé, est adopté?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 112 est
adopté tel qu'amendé. Passons à l'article 113.
Adopté?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Maintenant,
l'article 114. Adopté?
M. Richard: Adopté.
Régie du cinéma et de la vidéo
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
Section V. Régie du cinéma et de la vidéo. Article
115. Adopté?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article 116.
Adopté?
M. Ryan: Non, non, non.
Mme Lavoie-Roux: Non. Cela commence à être plus
sérieux ici. C'est la composition de la régie, là.
M. Ryan: La régie, d'après le projet qui nous est
soumis, comprendrait trois membres, dont un président, nommés par
le gouvernement. Est-ce qu'on pourrait savoir... D'ordinaire, une
régie... Il me semble que les régies que nous connaissons
comprennent plus de trois membres. Je comprends que ça va aller avec
l'importance de l'industrie, il ne faut pas non plus exagérer. La
Régie des marchés agricoles est formée d'au moins cinq ou
sept membres, à ma connaissance, et la Régie des services publics
est formée d'au moins cinq membres certainement, mais je ne connais pas
le nombre exact. Qu'est-ce qu'il y a comme régies à part
celles-là? Le tribunal du zonage agricole, je n'en connais pas le nom
exact.
M. Proulx: À la Commission de protection du territoire
agricole, ils sont plusieurs.
M. Ryan: La Commission de protection du territoire agricole a
maintenant plus de cinq membres. Elle a nommé des membres
régionaux, etc. Alors, ici, vous, vous en voulez seulement trois. Ce
sera la plus petite régie parmi celles que nous connnaissons.
M. Richard: Oui, ça indique mes orientations, M. le
Président, et je signale que j'ai eu des recommandations dont l'une est
importante au moins, à l'effet d'augmenter le nombre et, jusqu'à
maintenant, j'ai résisté à cette
recommandation-là.
Mme Lavoie-Roux: Vous faites bien.
M. Richard: En réalité, je ne veux pas que ce soit
un superorganisme. Il y aura du personnel mais ce sont uniquement les trois
membres de la régie. La régie aura, bien sûr, du personnel,
comme le bureau de surveillance a présentement du personnel. Je n'ai pas
tendance, M. le Président, - c'est une question de choix, on pourrait
encore là discuter longtemps - à vouloir créer des
superorganismes.
M. Ryan: Ce qu'il est important pour
nous de connaître, c'est la manière dont vont s'agencer les
différents services attendus de cet organisme. Actuellement, toute la
partie de l'inspection et de l'octroi de permis de distribution, d'exploitation
de salles, qui fait cela exactement?
M. Richard: C'est le bureau de surveillance.
M. Ryan: Le bureau de surveillance. Est-ce qu'on pourrait
demander, M. le Président, au ministre s'il consentirait à ce que
le président du bureau de surveillance vienne nous indiquer un peu
l'activité actuelle de ce bureau? Je pense que ce serait bon. Je ne me
souviens pas qu'on l'ait entendu en commission parlementaire ici; moi, depuis
que...
M. Proulx: C'est un homme prudent, discret et
réservé.
M. Ryan: J'ai un désaccord avec lui là-dessus parce
qu'il prétend que c'est une description inexacte du personnage.
M. French: Oui, c'est vrai...
M. Richard: M. le Président, je n'ai pas d'objection.
M. Ryan: Nous aurions peut-être quelques questions à
lui poser sur la manière dont ça marche. On va mieux comprendre
cet agencement-ci...
M. Richard: Je vais vous indiquer tout de suite que la pression
qui est venue pour ajouter des membres à la régie est venue du
président actuel du bureau de surveillance.
M. Ryan: Ah bon! Vous nous donnez un "break".
M. Richard: Pression très très forte, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Elle est venue aussi du front commun.
M. Richard: Oui mais, là, c'était autre chose, Mme
la députée de L'Acadie.
M. French: Oui, on s'imagine cela.
Mme Lavoie-Roux: Mais c'était quand même sur la
composition de la régie.
M. Ryan: Je vous remercie de consentir à cela. Je crois
que ce sera très utile pour les fins de notre discussion.
M. Richard: Je n'ai pas d'objection. J'invite le président
de la régie...
M. Ryan: Ensuite, on vous demandera, évidemment, les
changements que le projet de loi va entraîner par rapport à ce qui
existe et on aura une vue claire. C'est un secteur de l'administration publique
sur lequel je suis, quant à moi, imparfaitement informé, et par
ma faute en grande partie.
Le Président (M. Brouillet): Alors, M. le président
de la régie, c'est cela?
M. Richard: Du bureau de surveillance. Le député
d'Argenteuil, M. le Président, prétend que nous vivons
discrètement, presque cachés. Alors, voici un document qui est
accessible à tout le public, que nous publions tous les dix-huit mois et
qui s'appelle "Cahier des films visés". Il contient la loi, la liste de
tous les films visés par catégorie ainsi que le fonctionnement du
bureau, sa composition et en particulier une description de ce que nous
appelons le service de l'inspection.
Le Bureau de surveillance du cinéma est un organisme
parajudiciaire, une commission formée de sept membres et soutenue par
des services de documentation, des services techniques de projection, ce qui
veut dire au grand total un organisme relativement modeste de 25 ou 26
personnes. Ce qu'il importe de souligner, c'est le service d'inspection
régionale et ce particularisme, pour bien apprécier l'opinion
publique, ce particularisme que les inspecteurs sont recrutés dans la
région qu'ils représentent. Ceux-ci sont tenus de faire des
rapports sur l'état de l'opinion pour éclairer les membres de la
commission quand ils siègent pour rendre des décisions, dont
celle de classifier les films. Vous avez la région métropolitaine
de l'est de Montréal, la région métropolitaine ouest - la
majorité de la population se trouvant dans cette région - la
région métropolitaine de Québec, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la région de l'Abitibi-Témiscamingue, la
région de Gatineau et des Laurentides, et la région du
Bas-Saint-Laurent.
Pour ce qui est du mandat du bureau, le bureau de surveillance n'a pour
mandat que la classification des films. L'État québécois,
actuellement, n'intervient absolument pas dans le domaine de l'exploitation
quant à l'aspect commercial, l'aspect de la tenue des salles.
L'État québécois est totalement absent de cela. Il n'y a
qu'un permis qui est le permis de distributeur et qui relève non pas du
bureau de surveillance, mais du ministère du Revenu, qui a
délégué, pour des raisons d'efficacité, au
secrétaire du bureau de surveillance la responsabilité
d'émettre le permis de distributeur. Mais le mandat du bureau de
surveillance ne va pas plus loin que celui d'autoriser ou de refuser en vertu
de l'article 10 et, s'il accepte, de classifier
les films.
Une autre chose fort importante, qui fait ce particularisme
québécois et qui explique en partie le libéralisme qu'on
nous reproche pour ce qui est des adultes, c'est que la classification de 18
ans ici est imperative, obligatoire. Alors, voilà en
résumé le mandat du bureau.
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez nous indiquer en quoi consiste
le travail des inspecteurs régionaux?
M. Richard: C'est un travail double, un travail très
technique, celui de s'assurer que la classification est respectée. Donc,
l'inspecteur fait la tournée des salles, se rend dans la cabine de
projection, s'assure que les copies des films projetés ont bien
été visées par le bureau de surveillance. Apparaît
sur la pellicule ce qu'on appelle des sceaux et la bande de classification qui
doit accompagner la copie. Cela, c'est l'aspect très technique et
matériel de ses responsabilités.
L'autre responsabilité, qui est énorme, est celle
d'être à l'écoute des mentalités, de voir s'il y a
contestation des classifications ou contestation des orientations du bureau et
de faire des rapports écrits, de telle sorte que les membres de la
commission puissent être constamment à l'écoute, par le
truchement des inspecteurs, des citoyens du Québec.
M. Proulx: Combien de personnes en tout travaillent à
votre bureau?
M. Richard: Comme je vous le disais, en incluant les inspecteurs,
cela varie de 25 à 26.
M. Ryan: J'aurais peut-être voulu, dans la même
veine, obtenir des précisions sur l'organisation du bureau central. Vous
nous avez parlé des inspecteurs. D'après ce que j'ai compris, il
y en a huit ou neuf.
M. Richard: Non, il y a cinq grandes régions.
M. Ryan: Cinq grandes régions.
M. Richard: Je peux les énumérer, d'ailleurs. Cela
se trouve en page de garde de...
M. Ryan: C'est très utile pour nous.
M. Richard: D'ailleurs, je pourrai faire suivre. C'est un
document public qui est distribué à qui veut le recevoir. On en
est à la huitième ou...
M. Ryan: Savez-vous si les députés sont sur votre
liste d'envoi?
M. Proulx: Je ne pense pas en avoir reçu.
M. Richard: C'est la dixième édition.
M. Ryan: Cela confirme mes appréhensions. C'est la
dixième édition. Je pense qu'on va vous écrire pour vous
demander la série complète.
M. Richard: Je donnerai dès demain matin la directive au
bureau de faire suivre à toute la députation la dernière
édition, ainsi que le dernier rapport statistique sur les films
visés.
M. Ryan: Avant qu'on parle du rapport, je vous avais
demandé de nous dire un petit peu l'organisation du bureau central. On
est parti des cinq inspecteurs régionaux et on montait. Cela voudrait
dire qu'il vous reste 23 ou 24 collaborateurs au bureau central.
M. Richard: II faut bien faire la distinction entre la commission
et les services de soutien. Le bureau de surveillance, c'est la commission.
Donc, il y a exactement en ce moment six personnes qui sont, en plus du
président, M. Pierre Saucier, vice-président, M. Jean Tellier,
secrétaire, Mme Eugenia Dau. On a fini par faire croire... J'en profite
pour dire que nous avons été dès les années
soixante le premier organisme québécois à ce niveau
à nommer des femmes. C'est peut-être oublié depuis le
temps.
Mme Lavoie-Roux: Vous les nommez où, vos femmes?
M. Richard: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Vous les nommez à quel poste?
M. Richard: Au poste de membre de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Ah! membres de la commission.
M. Richard: Vous avez Mme Dau, Mme Fay Arnold et M. Gilles
Desruisseaux. Il y a une vacance actuellement. Nous n'avons pas recruté
à cause du projet de loi qui transforme l'organisme.
M. Ryan: Vous voulez dire que, normalement, il y aurait sept
membres.
M. Richard: Sept membres.
M. Proulx: Nommés par le gouvernement.
M. Richard: Non, depuis la réforme des
années soixante, les membres ont été
recrutés en vertu de la Loi sur la fonction publique.
M. Proulx: Vous, êtes-vous nommé par le
gouvernement?
M. Richard: J'ai été nommé par le
gouvernement.
M. Proulx: Les autres par la fonction publique.
M. Richard: C'est-à-dire qu'il y a eu recrutement par voie
de concours selon les dispositions de la Loi sur la fonction publique.
Une voix: Vous êtes le président-directeur
général?
M. Richard: Président seulement. Le titre, c'est
président.
Alors, le bureau de surveillance est réellement la commission de
surveillance; ce sont véritablement ces six personnes qui se forment en
jury de deux pour voir chacun des films soumis pour distribution au public dans
la province de Québec.
M. Ryan: Ces personnes sont-elles toutes à temps
plein?
M. Richard: Oui, étant de la fonction publique.
M. Ryan: Je m'excuse, continuez.
M. Richard: Alors, les autres personnes, ce sont des
projectionnistes, des comptables et des gens au service de la documentation. Il
nous faut une énorme documentation sur les films avant qu'un film soit
soumis à l'examen d'un jury. Il y a préparation d'une
documentation sur ce qu'a été, comme le cinéma nous vient
en grande partie de l'étranger, l'exploitation du film à
l'étranger, ce qu'ont été les classifications ou le
classement donné au film par des commissions de contrôle
étrangères. Il y a un service de documentation assez
considérable.
M. Ryan: Maintenant, votre bureau fonctionne-t-il comme une
régie autonome? Par exemple, est-ce qu'il émet ses chèques
lui-même, voit-il à son administration? Il ne marche pas par
réquisition auprès du ministère. (23 h 45)
M. Richard: Nous sommes un organisme totalement autonome,
relevant du ministre des Affaires culturelles qui fait rapport devant le
Parlement. Il n'y a aucune intervention, tout comme à la Régie
des services publics.
M. Ryan: Savez-vous que c'est le seul organisme du genre que je
connaisse dont les membres soient recrutés par voie de concours de la
fonction publique?
M. Richard: Oui. Dans les années soixante, à cause
de l'héritage qu'on traînait d'une politisation... Vous savez, je
pense, M. Ryan, ce qu'était l'ancien bureau dit de censure. Je pense
qu'il y a toute une bibliothèque sur ce qu'était ce bureau.
C'était, entre autres choses, comme il n'y avait pas de Sénat au
Québec - enfin, je n'ai pas le droit de faire ce genre de commentaire -
mais c'était l'endroit où on déposait des gens qui avaient
eu en politique des carrières plutôt malheureuses. De toute
façon, ce n'était pas très important...
M. Ryan: Excusez, parce qu'il y a un ancien premier ministre qui
a fait partie du bureau. Sa carrière n'a pas été
malheureuse à cause de cela, mais il était passé
avant.
M. Richard: M. Johnson.
M. Ryan: Votre ancien chef, M. le député de
Saint-Jean.
M. Richard: II faut lire le rapport Régis. Je ne fais que
citer, à toutes fins utiles, des extraits du rapport...
M. Ryan: Ce sont des blagues que je fais, je suis d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Depuis quand les nominations se font-elles par
la fonction publique?
M. Richard: Depuis la réforme déclenchée en
1962 par M. Lapalme et le gouvernement Lesage pour dépolitiser le Bureau
de censure du cinéma. Le premier geste à faire était de
mettre fin à la politique, de nommer directement les membres du bureau
de censure.
M. Ryan: II y a une question qui reste obscure dans mon esprit.
Ils sont recrutés par voie de concours de la fonction publique. Une fois
qu'ils ont réussi le concours, qui les nomme membres du bureau de
surveillance?
M. Richard: C'est encore un particularisme qui revient un peu
à un droit de refus du cabinet. La procédure qui était en
usage jusqu'à ce qu'il y ait cette vacance au septième poste
était très particulière, mais le gouvernement de
l'époque l'a voulu ainsi. Comme c'était une commission, il
fallait que ce soit sanctionné par le cabinet; alors, il y avait
recrutement en vertu de la Loi sur la fonction publique. Ils étaient
identifiés ou assimilés à la classe, à la
catégorie des attachés d'administration et comme censeurs
nommés par le cabinet par
décret. Le décret sanctionnait le recrutement qui avait
été fait selon les dispositions de la Loi sur la fonction
publique. Cela ne s'est jamais vu ailleurs, mais cela a été voulu
ainsi. On traîne un héritage très particulier. Cela a
été voulu ainsi, moi, je ne peux pas... Je ne fais que vous dire
ce qu'a été l'histoire. L'héritage était tel, la
politisation était telle... C'est pourquoi je disais tantôt qu'on
retrouvait là des gens qui n'avaient peut-être pas toute la
compétence voulue et que cela ne nuisait pas tellement parce qu'à
toutes fins utiles la censure était faite ailleurs.
M. Ryan: II n'y a pas de publications du bureau de surveillance,
sauf ce rapport annuel dont vous avez parlé tantôt.
M. Richard: Chaque mois, il y a un rapport qui est disponible
donnant tous les titres des films qui ont été autorisés
par le bureau.
M. Ryan: Dans le rapport annuel, la partie du classement des
films - qui doit occuper une place substantielle j'imagine, je ne l'ai pas vu -
est-ce qu'on donne les raisons des décisions qui ont été
rendues par la régie en matière de classement? Est-ce qu'il y a
un registre là-bas qui est ouvert pour consultation publique ou si ce
sont des choses qui demeurent...
M. Richard: Ce n'est pas publié, mais chaque classement
fait l'objet d'un jugement écrit conservé dans les archives.
M. Ryan: Ces archives peuvent-elles être consultées
par un citoyen ordinaire?
M. Richard: On nous a toujours dit qu'à cause de notre
caractère - et ce n'est pas moi qui l'invente - de tribunal
administratif cela ne pouvait pas être rendu accessible,
c'est-à-dire que cela ne pouvait pas être publié. Par
contre, on ne nous a jamais précisé que la fiche, qu'on appelle
fiche d'examen et qui contient le jugement, ne pouvait pas être
consultée. Cela a été un des premiers gestes de
réforme dans les années soixante, parce qu'avant il n'y avait
rien d'écrit: les raisons qui avaient amené un classement
donné ou un interdit momentané d'un film devaient être
enregistrées et données par écrit. Alors, tout est
consigné par écrit.
M. Ryan: D'après ce que je comprends, vous avez la fiche
générale, qui doit être assez concise où vous
enregistrez le classement et, ensuite, il y a un dossier plus
élaboré qui, lui, n'est pas disponible.
M. Richard: II y a une fiche qui donne ce qu'on appelle la
filmologie, c'est-à-dire ce que sont le film, le réalisateur, le
producteur, la nationalité, toutes ces données. Ensuite, à
cause de ce que nous sommes, il y a toutes les classifications des organismes
étrangers qui ont été données au film et, pour des
raisons d'informatique -parce que tout est informatisé - le
caractère du film, si c'est un policier, un western, etc. C'est la face
de la fiche. Sur le dos de la fiche, il y a le jugement porté par le
jury et signé par le président, et ce depuis 1963.
M. Ryan: Est-ce que c'est un jugement qui est accompagné
des motifs de la décision...
M. Richard: Tout est donné.
M. Proulx: Si un film est jugé trop osé ou non
conforme aux bonnes moeurs et que vous le refusez, est-ce que les compagnies le
renvoient par la suite et font les coupures? Qu'est-ce qui arrive?
M. Richard: Elles ont une possibilité, soit de venir en
révision ou de faire des modifications. Généralement,
quand c'est un cinéma d'une certaine qualité - dans ce domaine,
c'est généralement une contestation du classement du film - on
vient en révision. Pour ce qui est de la "sexploitation", de
l'érotisme, quand on sait fort bien que, s'il y a refus, c'est en vertu
de l'ordre public et des bonnes moeurs, on n'insiste pas, on communique avec le
bureau pour savoir quelles sont les raisons qui ont amené le refus et
là, on modifie en conséquence.
Cette question est fort importante parce que, pour revenir au
débat qui se fait depuis des mois, qu'on autorise des choses
effrayantes, abominables et diaboliques, ce qui arrive très souvent
c'est qu'un même titre qui aura été autorisé - il
n'aura même pas été autorisé, il aura pris l'affiche
- à New York, aura été autorisé ici en
quatrième version modifiée. Et la personne qui ne va pas au
cinéma peut dire, comme cela arrive depuis quelques mois: Mais c'est
effrayant, j'ai vu ce film à New York et j'ai découvert dans la
liste du bureau ou par ouï-dire que le même film était
autorisé au Québec. On ne s'est pas aperçu que le
même film était autorisé en quatrième,
troisième ou deuxième version modifiée.
M. Proulx: L'exemple, ce serait peut-être le film Deep
Throat; est-il passé au Québec en version modifiée,
probablement? En tout cas, aux États-Unis, il passait en version
intégrale.
M. Richard: Le seul Deep Throat qui a passé,
c'était un Deep Throat qui était une espèce de parodie du
Deep Throat véritable. Le Deep Throat américain dont on a
tellement parlé n'a jamais été autorisé ici au
Québec, mais il y a un Deep Throat qui a été
autorisé et qui était une parodie du premier Deep Throat.
Mme la députée de L'Acadie, vous auriez eu
intérêt à entendre ce que le président du bureau de
surveillance vient de dire!
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je vais être obligée
de le faire répéter.
M. Ryan: On va vous le présenter dans cinq minutes!
Mme Lavoie-Roux: Non, j'ai tout entendu sauf depuis que le leader
vient de me distraire.
M. Ryan: Une couple de questions additionnelles, M. le
Président.
Pour votre budget annuel, comment procédez-vous? Est-ce que vous
soumettez cela au ministre des Affaires culturelles? Comment les fonds vous
sont-ils transmis?
M. Richard: Là, il y a une distinction qu'il nous faut
faire. Pour ce qui est des orientations, des politiques du bureau de
surveillance, c'est l'autonomie totale. Pour ce qui est de l'aspect
administratif, nous nous en remettons, par protocole, par entente, au service
de soutien du ministère des Affaires culturelles, parce que nous ne
sommes pas réellement assez considérables pour avoir tous les
services administratifs autonomes.
M. Ryan: Est-ce que j'ai bien compris tantôt que, comme
organisme, vous êtes responsables à l'Assemblée
nationale?
M. Richard: Nous sommes responsables auprès du ministre
des Affaires culturelles, qui est responsable devant l'Assemblée
nationale. À toutes fins utiles, cela veut dire que nous sommes
responsables devant l'Assemblée nationale parce que le ministre ne peut
intervenir dans le jugement porté sur les films.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander à M.
Guérin quand il a été invité la dernière
fois à venir faire rapport ou fournir des explications devant une
commission parlementaire? Est-ce déjà arrivé?
M. Richard: Jamais.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Jean.
M. Proulx: Seulement une dernière question. On a
répété souvent que le bureau de surveillance de l'Ontario
était plus sévère...
M. Richard: Non, c'est la première fois.
M. Ryan: Et on a passé proche de ne pas l'entendre.
Grâce à votre collaboration, M. le ministre, on a pu l'entendre et
je l'apprécie.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Saint-Jean, avez-vous posé la question que vous vouliez poser?
M. Proulx: Non, je n'ai pas pu la poser, M. le
député d'Argenteuil m'interrompt tout le temps.
M. French: Et le ministre.
Le Président (M. Brouillet): Alors, je reviens à
vous, M. le député de Saint-Jean.
M. Proulx: On a souvent fait des comparaisons entre le Bureau de
surveillance du Québec et celui des autres provinces, celui de
l'Ontario, celui des provinces de l'Ouest et celui des Maritimes. Est-ce que
vous êtes en contact avec ces gens? Est-ce que vous les rencontrez
souvent? Est-ce que vous vous considérez plus libéral, au centre,
par rapport à tout le travail que vous faites? Souvent, pendant la
commission parlementaire et les auditions, on a comparé l'Ontario et les
Maritimes. Quel est votre sentiment là-dessus, M. Guérin?
M. Richard: Je vais parler de faits. Il y a une telle chose qui
s'appelle la Conférence canadienne des bureaux de surveillance du
cinéma et il y a réunion tous les deux ans. On y retrouve nos
collègues dans le cadre de cette conférence, au sens anglais de
l'expression. Disons qu'il y a une espèce de club, ce n'est pas
très...
M. Proulx: Ce n'est pas une circonférence.
M. Richard: Disons que c'est une espèce d'habitude qu'il y
ait réunion. Ce n'est pas structuré, ce n'est pas officiel. Les
bureaux de surveillance, depuis l'invention du cinéma, se retrouvent
tous les deux ans dans une rencontre ici et là à travers le pays,
selon la coutume qu'à tour de rôle un bureau reçoit.
Pour ce qui est de votre deuxième question - et je ne veux pas
blaguer, mais c'est la seule façon d'y répondre - disons
qu'à l'exception du bureau ontarien, nous sommes consultés, et
énormément, par tous les autres bureaux. À l'exception du
bureau ontarien qui, entre parenthèses - c'est une chose que je tiens
quand même à signaler -a reconnu notre efficacité
administrative en adoptant toutes nos procédures, mais cela s'est
limité aux procédures.
M. Proulx: Et non pas vos jugements. M. Richard: Non.
M. Proulx: Et non pas vos jugements de...
M. Richard: Non.
Mme Lavoie-Roux: II faut dire que notre morale n'a pas
évolué de la même façon.
M. French: Grâce à Dieu!
M. Ryan: Je ne veux pas interrompre le député de
Saint-Jean à ce sujet. Parfois, il y avait des silences que
j'interprétais comme la fin de ses questions et, si je me suis
trompé...
Il y a une autre question que je voulais poser au président du
bureau de surveillance: Si vous voulez nous répéter ce qui est
d'accès public, ce qui ne l'est pas, dans les dossiers que vous compilez
à propos des décisions du bureau de surveillance, si je comprends
bien, vous avez dit que la fiche plus générale sur laquelle sont
consignées les données d'identification et la décision du
bureau, c'est une fiche qu'un citoyen, qui veut demander de la voir, pourrait
consulter.
M. Richard: Nous ne l'avons jamais fait, mais nous
répondons de la façon suivante et nous le faisons constamment:
quand, par exemple, on nous demande pourquoi et comment nous en sommes
arrivés à 14 ans pour Le tambour, nous répondons que c'est
en nous inspirant de la fiche d'examen et du jugement qui a été
porté par le jury. À toutes fins utiles, dans la forme de la
correspondance, on répète le jugement qui a été
porté par le jury d'examen, (minuit)
Je dois vous faire remarquer, M. le député d'Argenteuil,
que jamais on ne nous a fait reproche de ne pas avoir répondu à
la demande d'information. Au contraire, on est un bureau où nous
écrivons énormément.
M. Ryan: Supposez que moi, comme personne
intéressée dans le travail de votre organisme, je voudrais faire
une étude un peu systématique des fiches
cinématographiques que vous avez, je n'y aurais pas accès, selon
ce que vous avez dit. Il faudrait que vous me résumiez cela dans votre
correspondance? C'est là ma question.
M. Richard: Non, je pense, M. le député, que ce qui
a été vécu depuis 20 ans, c'est que chaque fois qu'un
citoyen ou un groupe de citoyens nous a demandé comment il se faisait
que nous avions classifié ou classé ce film - il y a un
débat sur l'expression - à 14 ans plutôt que pour tous, on
a toujours répondu en donnant toutes les raisons par écrit.
M. Ryan: Ce n'est pas cela que je vous demande.
M. Richard: Je vous fais état, M. le député,
de ce qui a existé. La question dont vous nous faites part ne nous a
jamais été posée. Jamais personne n'a demandé au
bureau de surveillance de publier ses fiches d'examen. On a toujours
répondu par écrit, par lettre, et les gens semblaient satisfaits.
Ils nous ont même remerciés. Il y a eu un article dans la Gazette
l'an dernier - si j'avais su que ce débat allait se faire, j'aurais
apporté tout cela - où l'on nous félicitait comme
organisme public de répondre aux questions...
Félicité par la Gazette, vous savez, M. Guérin!
Mme Lavoie-Roux: Ici, en général, c'est mal vu par
le côté ministériel.
M. Proulx: Si cela avait été par le Devoir, cela,
c'eût été autre chose. Avez-vous déjà
été félicité dans un éditorial du Devoir,
dans le passé, M. Guérin?
M. Ryan: C'est ce qu'on appelle une question plantée..
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qui lui a valu la carrière
politique de notre collègue de Saint-Jean, d'avoir été
congratulé par le Devoir.
M. Proulx: Congratulé, c'est "congratulation", c'est un
anglicisme.
M. Richard: Pas du tout. C'est un très beau mot
français.
M. Proulx: Je retire mes paroles. J'insiste... J'ai
été l'objet d'éditoriaux du Devoir dans le passé,
à plusieurs reprises.
M. Richard: J'ai eu cette consécration. Le directeur
s'était occupé dans un premier...
M. Proulx: Est-ce que les critiques étaient conformes
à celles d'aujourd'hui?
M. Richard: Non, je dirais que M. Ryan était très
inquiet à notre sujet.
M. Proulx: C'est un homme foncièrement...
M. Richard: M. le député d'Argenteuil était
très inquiet. M. Ryan, à l'époque directeur du Devoir,
était très inquiet à notre sujet.
M. Proulx: De nature, c'est un homme profondément
angoissé et inquiet.
M. Richard: Je dois ajouter...
M. Ryan: Beaucoup moins, du moins, pas à propos de
l'avenir de la nation autant que vous. Je vois cela plus paisiblement.
M. Proulx: Vous me dites des méchancetés et moi, je
vous fais des compliments.
M. Richard: J'insiste, M. le député, pour
compléter ma réponse...
M. Proulx: Oui, parce qu'elle est importante.
M. Richard: Voyant que le directeur du Devoir était
très inquiet, je suis entré en communication avec lui et j'ai
demandé l'hospitalité de ses pages. Avec beaucoup
d'élégance, il m'a permis une réplique qui
était...
Vous avez demandé avec élégance ou il vous a permis
avec élégance?
Mme Lavoie-Roux: Les deux.
M. Richard: Les deux. La réplique a été
reproduite. L'échange a amené une étude assez
poussée de ce que voulait dire le cinéma, l'intervention de
l'État dans le domaine du cinéma, quelque temps plus tard.
M. Ryan: C'est ainsi que cela se faisait. M. le
Président...
M. Proulx: Ce n'est plus comme cela. Ce n'est plus comme dans
votre temps.
M. Richard: Merci, M. le Président, de cette
première.
M. Ryan: Je pense qu'on doit remercier le président du
bureau de surveillance - j'ai failli dire du bureau de censure mais je me suis
retenu - de ces renseignements très utiles qu'il nous a donnés.
J'espère qu'il sera encore avec nous demain. Lorsque viendra le moment
d'apprécier les changements qu'apporte le prochain chapitre que nous
devons examiner, je pense que ses lumières pourraient nous être
utiles.
M. Richard: M. le Président, le président du bureau
de surveillance m'a offert d'être présent, ce que j'ai
accepté de gaieté de coeur. Cette fois-ci, c'est lui qui me l'a
offert. La dernière fois, c'est moi qui, au moment de la commission
parlementaire, le lui avais demandé.
Le Président (M. Brouillet): Alors, je vous fais remarquer
qu'il est minuit et quelques minutes. Selon l'ordre de la
Chambre, nous devrions suspendre nos travaux, pas seulement les
suspendre, mais les ajourner.
M. Richard: M. le Président, avant, puis-je solliciter la
collaboration de l'Opposition pour m'indiquer approximativement de combien
d'heures de commission parlementaire ils prévoient que nous aurons
besoin encore?
Mme Lavoie-Roux: Combien en a-t-on eu depuis le début?
M. Richard: Sept.
Mme Lavoie-Roux: Sept?
M. Richard: Non. Sept aujourd'hui. Hier...
M. Ryan: Cela passe vite en votre compagnie.
Une voix: Cela fait douze heures.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait onze heures.
Le Président (M. Brouillet): Hier, c'était
combien?
Une voix: Cinq heures.
Le Président (M. Brouillet): On nous indique qu'hier
c'était cinq heures et, aujourd'hui...
M. Richard: Cinq heures hier et sept aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait douze heures.
M. Richard: Cela fait douze heures.
Le Président (M. Brouillet): Cela fait douze heures.
Mme Lavoie-Roux: Au moins encore douze heures.
M. Hains: Non, peut-être pas.
Le Président (M. Brouillet): Cinq heures
peut-être?
Mme Lavoie-Roux: On verra. Une voix: Peut-être cinq
heures.
M. Richard: Mme la députée de L'Acadie, je veux
comprendre. C'est que j'ai à planifier une semaine extrêmement
chargée. Cela remet en cause certaines lois
que les citoyens et les citoyennes s'attendent de voir sinon
adoptées, du moins déposées. Je pense en particulier
à la Loi sur les archives, qui est attendue depuis 20 ans, qui est
refaite. Demain, il y a un Conseil des ministres et le Conseil des ministres
doit se prononcer. Elle est à l'ordre du jour du Conseil des ministres.
Il y a la Loi sur les musées. Mon Dieu! II y a bien d'autres chats
à fouetter. C'est uniquement dans un esprit de collaboration que je
demande approximativement...
Mme Lavoie-Roux: C'est bien difficile.
M. Richard: Je ne pense pas que j'aie été rigide
jusqu'à maintenant.
M. Ryan: Pas du tout. Vous ne l'avez pas été du
tout.
M. Hains: Je parle à M. le député ici. Ce
sera probablement encore deux sessions, encore deux termes. On devrait pouvoir
finir cela.
M. Richard: Cela veut dire cinq ou six heures environ. D'accord.
Je vais prévenir le leader du gouvernement.
M. Ryan: Évidemment, cela ne comporte pas d'engagements
mathématiques, mais moralement c'est ce que...
M. Richard: Non. Ce n'est pas cela que je demande.
M. Ryan: Oui, nous pouvons envisager honnêtement à
peu près cela, parce que tout le chapitre sur la régie, je pense
bien qu'on ne peut pas l'expédier en moins d'une couple d'heures, si on
veut être honnête.
M. Hains: Une séance là-dessus, plus une
séance sur...
M. Ryan: L'autre partie, 94, 98, 107, c'est pas loin d'une couple
d'heures, je pense.
M. Richard: Voilà.
M. Ryan: II y aura les concordances après, les parties de
la fin, sanction et concordances. Il faut quand même les examiner avec un
peu de soin, parce qu'autrement on fait le travail à moitié.
M. Richard: Je suis d'accord. Ce que je voulais avoir, c'est une
idée approximative du temps.
M. Hains: On devrait pouvoir...
M. Ryan: Cela veut dire qu'en donnant un bon coup, il y a de
très bonnes chances qu'on finisse cela demain.
M. Richard: Oui, parce que, si on peut siéger durant deux
séances... C'est compliqué, parce qu'il y a trois commissions de
prévues demain. Alors, il y aurait de la place seulement demain matin,
si on délogeait un de mes collègues.
M. French: II y en a déjà trois dont aucune pour ce
projet de loi-ci. Vous dites qu'il y en a trois, cela ne comprend pas...
M. Richard: Oui, mais le leader m'a parlé de la
possibilité de faire un changement.
M. Hains: Faire place à la culture.
M. Richard: De faire place à la culture, sauf qu'au lieu
de nous donner simplement demain matin - apparemment, il n'avait que demain
matin - j'aimerais mieux avoir au moins un après-midi et une
soirée.
M. French: Vous avez raison, parce qu'on ne finira pas demain
matin.
M. Ryan: II y a des problèmes qui se posent demain dont on
doit être conscient.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a toute la recherche scientifique.
M. Ryan: Demain, je crois comprendre que le sujet à
l'ordre du jour au salon bleu, c'est le projet de loi 19 sur la création
du ministère de la Science et de la Technologie, projet dans lequel
trois d'entre nous allons être impliqués directement. Étant
donné ces relations avec chacun des secteurs dont nous nous
occupons...
M. Hains: C'est demain matin.
M. Ryan: ...on va essayer de donner un coup quand même.
Demain matin, il y aura le discours du ministre et il y aura le discours du
porte-parole de l'Opposition. Peut-être que cela nous donnera le temps de
faire au moins ce bout de chemin ici. D'ailleurs, le ministre nous a
informés tantôt que notre commission siège demain matin et
qu'on n'a pas le choix. Après, il faut quand même qu'on fasse
notre travail. C'est un peu la faute du gouvernement s'il nous arrive avec cet
amoncellement de projets touchant à la culture et à
l'éducation d'une manière directe. Le projet de loi sur la
science et la technologie, c'est bien beau les grands mots, mais, finalement,
cela affecte beaucoup l'éducation, qu'on le veuille ou non. On est
obligé de regarder cela de très près.
M. Richard: Je comprends cela. D'accord. Maintenant que j'ai une
idée
approximative, cinq ou six heures, je vais essayer de placer cela...
Le Président (M. Brouillet): On va attendre l'ordre de la
Chambre demain. On pourra toujours en parler au leader. Pour ce soir,
nous allons ajourner nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 10)