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(Seize heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires culturelles entreprend ses travaux dans le
but d'étudier, article par article, le projet de loi 109.
Les membres de la commission sont Mme Bacon (Chomedey), MM. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), Payne (Vachon),
Charbonneau (Verchères), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Blouin
(Rousseau), Hains (Saint-Henri), Proulx (Saint-Jean), Richard (Montmorency),
Ryan (Argenteuil), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants de la commission sont MM. Bisaillon (Sainte-Marie),
Dauphin (Marquette), Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM.
Leduc (Fabre), Leduc (Saint-Laurent), Rochefort (Gouin), French
(Westmount).
Je demanderais qu'on désigne un rapporteur à la
commission.
M. de Bellefeuille: Je propose M. LeBlanc.
Le Président (M. Paré): Vous proposez donc M.
LeBlanc, député de Montmagny-L'Islet. Est-ce que tout le monde
est d'accord?
Une voix: Certainement.
Le Président (M. Paré): M. LeBlanc,
député de Montmagny-L'Islet, sera donc le rapporteur de cette
commission.
J'inviterais M. le ministre à nous faire ses commentaires
préliminaires.
Remarques préliminaires
M. Richard: M. le Président, j'avais avisé mon
collègue, le critique officiel de l'Opposition, compte tenu de la
besogne que nous avions à accomplir, que je me priverais de remarques
préliminaires. Sauf que je voudrais, contrairement aux habitudes
acquises, comme j'avais déjà remis le texte des amendements que
je proposerais aujourd'hui à l'Opposition, déposer
immédiatement, en liasse, tous ces amendements qui sont nombreux. Mais,
il n'y a pas beaucoup d'amendements qui sont importants.
J'indique immédiatement, M. le Président, à
l'Opposition que, par rapport au texte que je leur ai remis, il y a encore de
très petits amendements infimes de concordance qui n'ont aucune
incidence importante en ce qui a trait au projet de loi.
Il y a d'autres copies, M. le Président.
Le Président (M. Paré): J'en conclus donc, M. le
ministre, qu'il n'y aura pas de commentaires préliminaires plus longs de
votre part ni du côté...
M. Richard: Bien, je ne le sais pas.
Le Président (M. Paré): Oui. Donc, M. le
député de Saint-Henri.
Est-ce que vous aviez terminé vos remarques préliminaires,
M. le ministre?
M. Richard: Non, mais je vais attendre dans ce cas-là,
comme je n'avais pas prévu faire des remarques préliminaires;
j'ai déjà eu l'occasion de faire beaucoup de remarques avec ce
projet de loi. Je pense que je garderai ces remarques à mesure que nous
aurons à adopter le projet de loi, article par article.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Saint-Henri.
M. Hains: Avant de commencer à proprement parler de
l'étude article par article du projet de loi 109, j'aimerais rappeler
aux membres de la commission la position prise par les représentants
quant à ce projet de loi. À prime abord, sur le fondement de la
loi, nous avions signifié notre accord lors du débat de
deuxième lecture. Les objectifs que nous retrouvons dans la loi,
à savoir une structure de soutien plus efficace du secteur privé
de l'industrie cinématographique, une structure plus cohérente de
réglementation et de contrôle ainsi qu'une distribution plus
conforme aux intérêts et aux besoins québécois, ces
objectifs figuraient déjà dans la loi du Parti libéral en
1975. Cependant, cet accord sur les principes ne nous a pas
empêchés de faire part au ministre des Affaires culturelles des
nombreuses réserves que nous entretenions à ce moment à
l'endroit du texte de la loi.
Au chapitre des organismes mis sur pied par le gouvernement et des
rôles qui leur étaient dévolus, certaines précisions
étaient nécessaires. Par exemple, l'Institut du
cinéma et de la vidéo, dans le projet original, occupait
une position propre à multiplier les difficultés d'harmonisation
de l'intervention gouvernementale dans ce domaine. C'est surtout en raison de
la fonction de contrôle de l'institut sur la société que
nous souhaitions et souhaitons toujours voir ces deux organismes clairement
dissociés quant à leurs rôles et fonctions respectifs.
À ce sujet, nous apprenons que le ministre se proposait d'amender le
projet de loi pour faire de l'institut un véritable organisme
consultatif. C'est bien cela?
Alors, nous sommes très curieux de connaître le texte
précis puisqu'il peut y avoir eu des retouches. Nous sommes
également curieux de savoir s'il a reconsidéré la
composition dé l'institut pour faire une place vraiment reconnue aux
représentants du public, de même qu'à une plus grande
partie de groupes concernés dans l'Institut du cinéma, comme nous
le lui avions demandé. Toujours selon ces informations, l'article 79
serait amendé pour tenir compte du sous-titrage dans son deuxième
alinéa. Si tel est le cas, et je crois que c'est cela, cela nous sied
très bien.
Au sujet de l'article 97, nous sommes un peu plus perplexes quant
à ce qu'on peut obtenir de renseignements. Nous étions d'accord
avec l'orientation en général canadienne de l'article original,
avec la réserve que les accords dont se vantait le ministre puissent se
concrétiser au profit de l'industrie québécoise de
distribution et du consommateur. Les changements que proposerait le ministre ne
nous semblent pas tout à fait maintenir l'orientation initiale. Nous
aurons d'ailleurs l'occasion d'étudier ce point en profondeur une fois
rendus aux articles concernés.
Nous sommes également intéressés à obtenir
plus de précision de la part du ministre en ce qui a trait aux 10% des
revenus bruts que les distributeurs devraient investir dans l'industrie
québécoise. Nous avions également donné notre
assentiment à la proposition de la ministre
déléguée à la Condition féminine de
créer au sein de la régie un organisme consultatif qui aurait
pour fonction principale de servir de pivot entre les décisions
relatives au classement des films et les voeux du public. Nos réflexions
sur cette régie allaient jusqu'à mieux définir les
responsabilités de la régie, à savoir un contrôle
réglementaire sur l'industrie du cinéma et même
l'élaboration de certains critères et le classement des films.
C'est donc avec intérêt que nous attendrons de voir si le ministre
a donné suite, dans les modifications qu'il entend apporter, aux
nombreuses représentations qu'il a eues à ce sujet, ainsi qu'aux
décisions irréversibles de la régie.
Ceci résume brièvement les points que nous entendons
traiter au cours de la commission. Il n'est pas nécessaire de s'attarder
plus longtemps à ce stade-ci, nous aurons le temps de débattre
ensemble des points les plus importants. Voilà le petit laïus
initial pour moi.
Le Président (M. Paré): Merci, M. le
député de Saint-Henri. Donc, nous allons entreprendre
l'étude... Oui, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Avant qu'on ne procède à l'étude
article par article, M. le Président, je crois qu'il serait utile que le
ministre nous donne au moins une description générale de
l'économie des amendements qu'il nous propose, puisque nous sommes en
face d'une grande abondance d'amendements. Le ministre a eu l'obligeance de les
communiquer à notre porte-parole officiel dès vendredi, ce qui
nous a permis d'en faire une première lecture rapide.
Si le ministre pouvait au moins résumer, sur les grands
thèmes qui ont été soulevés au cours du
débat de deuxième lecture, les positions que définissent
les amendements déposés, je pense que cela nous aiderait à
définir une position, parce qu'il peut arriver qu'on soit appelé
à prendre position sur l'article 1 et que cela ait des
répercussions sur l'article 125 et que nous n'ayons pas eu le temps de
faire tous les liens dans notre esprit. Il me semble que cela serait une bonne
chose. Cela simplifierait l'étude article par article ensuite, faut-il
espérer.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
Modifications au projet de loi
M. Clément Richard
M. Richard: Je suis d'accord, M. le Président. J'avais
promis, M. le Président, un document au député
d'Argenteuil. J'en profite pour le lui remettre. Je pense que ce serait
intéressant pour l'ensemble des membres de la commission qu'on puisse
prendre connaissance de ce document. C'est un document du Conseil de l'Europe
sur l'industrie USA du cinéma de 1969 à 1979.
M. le Président, c'est avec plaisir que j'acquiesce à la
requête formulée par !e député d'Argenteuil. Je
voudrais tout d'abord indiquer quels sont les articles importants ou les
parties importantes de la loi auxquels les amendements se rapporteront.
Je pourrais indiquer immédiatement que je pense que cela n'est
pas sans importance, parce que cela ajoute quand même un certain nombre
d'amendements - à la suite de la commission parlementaire, je pense que
le député de Saint-Henri s'en souviendra, j'avais proposé
qu'on élimine le mot "vidéo" du titre du projet de loi. Je
pense que le milieu - si je peux m'exprimer ainsi - de la vidéo
voulait être absolument certain que le projet de loi englobe la
vidéo. Mais ce n'était pas tout à fait correct, au niveau
du bon français, de mettre la Loi sur le cinéma et la
vidéo, puisque le cinéma, manifestement, englobe la vidéo
qui est un soutien technique parmi d'autres. La vidéo se trouve
englobée par le projet de loi, mais non plus dans le titre.
J'avais demandé - vous vous en souviendrez - aux gens du milieu
de la vidéo s'ils étaient d'accord pour faire disparaître
le mot "vidéo" du projet de loi. Ils m'avaient dit qu'ils étaient
d'accord, mais à une condition, bien sûr, c'est que le projet de
loi englobe la vidéo. C'est donc une modification qui a son importance,
puisqu'elle se trouve à modifier plusieurs articles du projet de loi
pour des fins de concordance.
Il y a d'autres articles importants qui sont modifiés dont, bien
sûr, celui qui concerne le doublage, l'article 79, auquel je vais
soumettre un amendement qui inclura désormais le sous-titrage
également. Vous vous souviendrez qu'en commission parlementaire, on nous
avait indiqué que, s'il ne s'agissait que de sous-titrage, cela ne
posait pas de problème. Je pense que, effectivement, tout le milieu est
tout à fait d'accord avec l'idée d'ajouter le sous-titrage.
Je vais expliquer ce que cela nous apportera dans l'économie
générale de la loi, pour répondre de façon plus
précise au député d'Argenteuil. C'est que, dans
l'état actuel des choses, en tout cas au plan international, il
était un peu illusoire de songer à créer
immédiatement une industrie du doublage au Québec, tandis qu'il
n'est pas du tout illusoire qu'on puisse arriver à créer une
industrie du sous-titrage qui sera, bien sûr, moins importante en termes
de création d'emplois - j'en conviens - que l'industrie du doublage.
Mais, en la matière, je dirais que mieux vaut un tiens que deux tu
l'auras. C'est pourquoi je me suis rangé de l'avis de ceux qui disaient
qu'on pourrait se contenter d'inclure le sous-titrage. Ce qui n'exclura pas
pour autant - cela est important et doit être dit - que les films en
langue étrangère soient doublés. Je pense qu'ils
continueront à être doublés, parce que les
cinéphiles québécois sont habitués à voir
des films doublés. On peut imaginer que cela prendrait un certain nombre
d'années avant que le comportement des cinéphiles s'en trouve
modifié de façon importante. Dans certains pays à travers
le monde, on préfère toujours le sous-titrage aux films
doublés. Je pense que les cinéphiles très souvent
préfèrent le sous-titrage au doublage. Par exemple, il me semble
assez évident que c'est plus intéressant de voir un film comme
Gandhi sous-titré que doublé, un film japonais, en tout cas.
Les articles 94 à 97 sont modifiés de façon
substantielle et doivent se lire avec l'article 187, notamment l'article 187.2,
et cela n'est pas sans importance. J'attire l'attention des membres de la
commission là-dessus. L'article initial du projet de loi
prévoyait qu'il y aurait réappropriation du marché de la
distribution par des entreprises canadiennes. On m'a fait valoir - les membres
de la commission le savent mieux que quiconque - à plusieurs reprises,
que cet article n'était pas étanche. C'est le moins qu'on puisse
dire. Je me suis bien rendu compte que l'article n'était pas
parfaitement étanche. D'une part, on m'a fait valoir qu'avec le
libellé de l'article 97 original on pourrait constituer des "fronts"
à Toronto et que cela augurait très mal pour l'industrie du
cinéma au Québec. D'autre part, on m'a fait valoir que
c'était un peu raide pour les "majors" américains que de les
priver complètement de toute possibilité de distribuer des films
au Québec.
Nous avons donc réexaminé, à la lumière de
ce qui nous a été dit en commission parlementaire, cet article.
Remarquez que certains mémoires trouvaient que nous n'allions pas assez
loin. Ce qui m'apparaissait important, c'était d'assurer la survie et le
développement d'un réseau de distribution au Québec, parce
qu'il faut comprendre que, s'il n'y a pas de réseau de distribution au
Québec, il n'y aura pas non plus, au bout de la course, de production,
parce que ce sont les distributeurs qui, généralement,
investissent dans la production de films pour avoir des produits à
distribuer. Donc, s'il n'y a pas de distribution, au bout de la course il n'y a
pas non plus de production de films au Québec. Cela a un impact -
inutile de vous le dire - culturel négatif extrêmement important,
de même qu'un impact économique extrêmement important.
Traditionnellement, les distributeurs au Québec se sont
approvisionnés en films européens, parce que évidemment
ils n'ont jamais eu véritablement accès aux films
américains. En s'approvisionnant aux films européens, ils ont pu
survivre et, ainsi, investir dans la production de films au Québec.
Mais, depuis 1979, les "majors" américains ont décidé de
conclure des accords avec certaines firmes européennes de telle sorte
que cela risquait de couper complètement l'approvisionnement en films
européens pour les distributeurs québécois. Donc, à
moyen terme, on aurait assisté à la disparition absolument
inéluctable dans de telles conditions du réseau de distribution
québécois et, par voie de conséquence, de toute la
production québécoise. D'ailleurs, je pense bien qu'il y a une
corrélation assez importante. En tout cas, c'est beaucoup plus qu'une
coïncidence le fait que la production de films québécois
depuis 1979 a chuté lamentablement par rapport à ce qu'elle
était auparavant.
J'ai eu de multiples rencontres autant avec l'industrie du cinéma
du Québec qu'avec les "majors" américains. Multiples, je dirais
que c'est presque un euphémisme tellement il y a eu de ces rencontres.
J'ai pris également connaissance d'un rapport commandé par le
gouvernement fédéral. Nous nous sommes dit que, comme ce qu'on
visait était d'assurer la survivance et le développement d'un
réseau de distribution au Québec, ce qu'il fallait
empêcher, c'est que ce réseau soit complètement
avalé par les "majors" américains, comme cela a été
le cas au Canada anglais. Je vous rappelle qu'au Canada anglais, 97% des
bénéfices sont contrôlés par les "majors"
américains. Toute l'entreprise de distribution au Canada anglais s'est
à peu près effondrée, parce que les Américains se
sont emparés de tout le marché. (17 heures)
Après de multiples rencontres, aussi bien avec le milieu
québécois qu'avec les représentants des "majors"
américains, j'ai proposé des concessions qui sont
extrêmement importantes, qui sont peut-être trop importantes dans
une certaine mesure. Mais, à l'impossible, nul n'est tenu. La politique
est peut-être l'art du possible. Mais je pense que cela permettra
désormais aux Américains de distribuer les films dont ils sont
producteurs et de distribuer également les films sur lesquels ils
détiennent les droits mondiaux. Ceci signifie, en d'autres termes, que
quand ils cèdent des droits à la Suède, on leur dit: Si
vous cédez des droits à la Suède, vous pouvez
également les céder au Québec et si vous achetez des
droits pour le monde, on n'a pas d'objection, comme vous le ferez ailleurs dans
n'importe quel autre pays.
En somme, ce qu'on demande, c'est que les "majors" américains se
comportent au Québec exactement comme ils se comportent partout à
travers le monde entier.
Ils étaient - je l'avoue - plutôt heureux des concessions
faites par rapport à l'article original, mais insatisfaits, parce qu'ils
tiennent absolument à ce que, quand ils obtiennent les droits pour
l'Amérique du Nord, cela inclue le Québec. En d'autres termes, ce
qu'on nous réclame, c'est que le Québec devienne "domestic
market" ou une extension du marché américain.
Inutile de. vous dire que cela aurait des conséquences absolument
funestes, puisque, à très court terme, on assisterait, dans de
pareilles conditions, à deux choses: d'abord, la disparition du
réseau de distribution au Québec qui ne pourrait pas survivre
uniquement à même le film québécois et, d'autre
part, tout le marché serait conquis par les "majors". Comme aux
États-Unis un peu comme au Canada anglais - je rappelle cela parce que
c'est très important seulement 1% du temps écran aux
États-Unis n'est pas américain si on inclut - je ne veux pas
faire injure à qui que ce soit - les Anglophones et les Australiens. En
d'autres termes, il n'y a que 1% du temps écran aux États-Unis
réservé à d'autres films qu'aux films américains,
anglais et australiens. Comme les films anglais et australiens ne prennent
qu'une part absolument infime du marché, on peut dire que pour tout le
cinéma étranger, le temps écran qui lui est
réservé aux États-Unis est de l'ordre de 2% tout au
plus.
Le Canada anglais vit à peu près cette situation. Parce
que nous avons un réseau de distribution québécois, nous
avons eu droit, traditionnellement, à un cinéma très
varié, à un cinéma international qui était
tantôt allemand, tantôt suédois, tantôt anglais,
tantôt français, bien sûr, et tantôt italien; il ne
faut pas oublier les Italiens. Ceci est un cas unique en Amérique du
Nord, il faut bien s'en rendre compte. On l'oublie, parfois, parce qu'on vit au
Québec. Mais, en Amérique du Nord, nulle part ailleurs qu'au
Québec, on n'a accès à un cinéma aussi
varié. Si on a eu accès à ce cinéma...
M. French: Toronto et New York.
M. Richard: Oui, mais j'ai parlé dans l'ensemble des
États-Unis, M. le député.
M. French: Nulle part!
M. Richard: Bien sûr que je reconnais d'emblée qu'il
y a quelques salles, à New York, à Chicago et à Los
Angeles où sont présentés des films, mais je vous dis que,
sur l'ensemble du territoire américain, c'est 1% au cinéma
étranger. Il me semble que New York n'est pas les États-Unis.
C'est un chiffre qui est tiré du rapport Fournier en même temps
que du document du Conseil de l'Europe. Donc, il y avait un danger très
net de rendre le marché québécois très captif et en
même temps hermétique, de le refermer. C'est pourquoi il nous faut
assurer un réseau québécois de distribution, parce que ce
réseau s'approvisionne sur le marché international autre
qu'américain essentiellement. Alors, l'économie des articles 94
à 97 vise essentiellement à garder l'accès au
cinéma international. Pour cela, il nous faut assurer la survivance et
le développement d'un réseau de distribution proprement
québécois.
Je vous signale que nous avons ajouté l'article 187 - qui a
été une concession jugée importante - qui dit que les
articles 94 à 97, notamment l'article 97, ne s'appliqueront pas aux
films détenus actuellement par les "majors" américains. Cela ne
s'appliquera qu'au moment de la mise en vigueur de la loi.
Une voix: ...
M. Richard: Non, non, ce qu'on veut dire, c'est que, même
s'ils n'ont pas les droits mondiaux sur les films actuellement, ce n'est pas
tellement le caractère rétroactif, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est qu'ils pourront distribuer dans deux ans un
film qu'ils possédaient il y a trois ans. La vie d'un film peut varier
infiniment entre six mois et dix ans ou quinze ans. Alors, l'article 187,
là-dessus, n'est pas tatillon, il élimine tout cela, notamment
l'article 187.2.
M. Ryan: Dans sa version originale ou dans une nouvelle version,
l'article 187?
M. Richard: Oui, mais l'article 187 est nouveau.
M. Ryan: Nouveau? Parce qu'il n'est pas...
M. Richard: L'article 187.2.
M. Ryan: ...dans la liste qu'on a ici. Je ne le trouve pas.
M. Richard: II me semble que c'est l'article 187.2, oui.
M. Ryan: II n'est pas dans la mienne. M. Richard:
L'article 187.1.1.
M. Ryan: Ma copie est incomplète. Je vais faire corriger
cela.
M. Richard: Je m'excuse pour ce qui manque.
M. Ryan: C'est très bien.
M. Richard: Je m'excuse, M. le député d'Argenteuil.
Donc, à partir de là - je reviens toujours à
l'économie de la loi - à partir de ces privilèges qu'on
accorde à la fois aux distributeurs américains et aux
distributeurs québécois, on leur dit: Si vous voulez avoir des
privilèges, et vous en êtes bien contents, maintenant, par
exemple, en retour, vous allez investir un tant soit peu dans la production de
films québécois. C'est le sens et la portée de l'article
98.2. Il y en a qui nous ont suggéré de mettre un pourcentage
beaucoup plus important. On a dit: Non, le maximum, cela va être 10% et
les conditions seront, bien sûr, déterminées par la
régie après audiences publiques.
Alors, c'est un peu un retour du privilège qui leur est
accordé de distribuer, parce que l'argumentation est toujours la
même, c'est qu'on veut distribuer pour pouvoir produire. Si cela est
vrai, vous allez investir au moins 10% - pas au moins, c'est un maximum qu'on
met - pour détenir ce privilège et pour pouvoir l'exercer, vous
allez au moins investir dans la production québécoise. Ceci va
nous permettre d'amener les "majors" américains qui n'ont jamais, ou
à peu près jamais, investi dans la production
québécoise à investir. Je vous avoue que cet article n'est
pas du tout contesté par les Américains.
M. Scowen: II faut augmenter les prix pour compliquer.
M. Ryan: Si je comprends bien, on le verra quand on arrivera
à cet amendement, c'est investir dans la production au
Québec.
M. Richard: Au Québec.
M. Ryan: Ce n'est pas nécessairement dans la production
des auteurs québécois.
M. Richard: Non, non, non, non. Le film québécois,
M. le député d'Argenteuil, ayant été défini
par l'institut antérieurement, cela allait pour tout le monde, cela ne
causait pas de problème, on en avait discuté en commission
parlementaire; mais on a même l'intention d'élargir encore la
portée du film québécois. Cela veut dire dans n'importe
quel film. Cela veut dire que si les "majors" veulent investir dans un film,
par exemple, où ils ont plus l'habitude, un film de langue anglaise au
Québec, ils pourront le faire. S'ils veulent investir dans un seul film,
ils peuvent le faire. Je pense que cela risque et je m'en
féliciterais...
M. Scowen: Ce n'est pas évident pour moi.
M. Richard: Cela risque certainement d'augmenter la production de
films en langue anglaise au Québec. Je n'ai pas la moindre objection
à cet égard.
M. le député d'Argenteuil, l'article 100 prévoit
maintenant un permis universel et automatique de tournage, mais nous avons, par
ailleurs, éliminé le permis de producteur. Pourquoi le permis de
tournage universel et automatique? C'est pour une raison très simple.
C'est que toute l'industrie, la régie, l'institut et la
société ont intérêt à savoir ce qui se passe
sur le territoire, ne serait-ce que pour permettre d'offrir les services que
nous sommes en mesure d'offrir et, d'autre part, pour essayer de voir comment
on pourrait amener plus de tournage au Québec. Vous savez qu'il y a des
États qui font des campagnes de publicité pour amener des
équipes de tournage sur leur territoire.
Je rappelle que c'est un permis sans condition, universel et
automatique. Cela s'applique aussi bien aux Québécois qu'aux
étrangers.
L'article 159 est, quant à moi, assez
important dans la mesure où il transpose des cas prévus
à l'article 158 également. Par cas, j'entends des
règlements qui devront faire l'objet d'audiences publiques avant
d'être adoptés. Alors, on a ajouté les cas où les
règlements ne pourront être adoptés par la Régie des
services publics qu'après audiences publiques. L'article 158
prévoit les cas où la régie peut adopter des
règlements sans audiences publiques et, à l'article 159, ce sont
les cas où la régie devra se soumettre aux audiences
publiques.
Il y a également l'article 107. Je m'excuse de l'avoir
sauté, c'est parce que je les donne de mémoire un peu. L'article
107 répond à un problème qui était très aigu
et qui a été évoqué dans les journaux de la semaine
dernière, relativement aux politiques restrictives de certaines firmes,
en ce qui a trait à la distribution. C'est l'article 107.1, pour
être plus précis. Vous savez que Cinéplex, qui est une
firme canadienne, s'était adressée à la Commission des
politiques restrictives sur le commerce pour faire en sorte qu'on mette fin
à ces pratiques qui empêchaient beaucoup d'exploitants de salles
d'avoir accès en première exclusivité à des films
dont les "majors" détenaient les droits. Il y a eu une entente
intervenue hors cour - si je peux m'exprimer ainsi - pour un an, pour voir
comment la situation va évoluer. Cette entente prévoit maintenant
que les "majors" vont cesser ces politiques restrictives. La cause reste
pendante pendant un an devant la commission pour voir si les "majors" vont
vraiment suivre la politique qu'ils se sont engagés à suivre
désormais, qui n'est plus une politique de monopole et une politique
restrictive. Une des raisons pour lesquelles, malgré l'entente, il
fallait l'inclure dans la loi - je réponds tout de suite à
l'objection de savoir pourquoi on l'a mise dans la loi si maintenant il y a une
entente signée par les "majors" - c'est uniquement parce que je veux que
cela s'applique également aux réseaux de distribution
québécois qui, eux, ne sont pas partie à l'entente
intervenue entre Cinéplex et les "majors". (17 h 15)
Finalement, et je pense que ceja terminerait l'exposé sur
l'économie générale des amendements qui sont
proposés, ce sont les articles 127.1 à 133 qui concernent la
surveillance. M. le député de Saint-Henri, tout à l'heure,
rappelait ce qui a été dit partiellement en commission
parlementaire à ce sujet. J'ai souvent répété que
je ne voulais pas être le censeur de l'État
québécois, que cela m'apparaissait extrêmement
périlleux. Ce à quoi on a finalement abouti, et ce n'est pas sans
importance, c'est que, désormais, les décisions de la
régie, c'est-à-dire de l'actuel Bureau de surveillance, devront
être motivées. Il y aura un répertoire public de ces
décisions et la régie devra se soumettre tous les deux ans
à des audiences publiques pour justifier en quelque sorte les
décisions qui auront été prises durant les deux ans qui se
seront écoulés; deux ans ou moins, puisque c'est au moins tous
les deux ans qu'elle doit se soumettre à des audiences publiques.
Il me semble qu'on peut difficilement aller plus loin que cela sans
éviter le danger de censure. Je suis disposé à
écouter, M. le député de Saint-Henri, les propositions
concrètes qui verraient à régler ce problème, mais
je vous signale encore une fois que j'ai ajouté la fameuse phrase: Le
Bureau de surveillance désormais ne pourra pas émettre de visa
à l'égard des films qui, notamment, soutiennent et encouragent la
violence sexuelle. Et il me semble que c'est quelque chose qui est facile
à déterminer, à cause des verbes "soutenir" et
"encourager".
On nous a demandé - et je vous le rappelle, M. le
député de Saint-Henri - à plusieurs reprises, d'essayer
d'élaborer des critères. Chaque fois, j'ai renvoyé la
balle et j'ai demandé qu'on nous présente des critères, et
tout le monde a décliné l'invitation à le faire. Est-ce
qu'il y aura des critères après deux ans, ainsi qu'un
répertoire de décisions? J'imagine qu'on aura ce que j'appelle un
commencement de critères, mais je serai très réticent
à vouloir instaurer une forme de censure à cet égard.
Cela termine un peu le tour que je voulais faire des principaux
amendements au projet de loi. J'espère, M. le député
d'Argenteuil, avoir répondu substantiellement à la question que
vous m'avez posée.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, cela veut dire que l'article 77
n'est pas modifié. Il demeure tel qu'il était dans le projet
originel.
M. Richard: Lequel?
M. Ryan: L'article 77. Vous n'y avez pas retouché du tout,
je crois?
M. Richard: Celui-là, je le laisse tel quel.
M. Ryan: À propos de l'agencement des divers organismes,
peut-être que vous pourriez nous expliquer comment...
M. Richard: Je me souviens des représentations qui ont
été faites par l'Opposition au moment des commissions
parlementaires, représentations qui rejoignaient tout à fait mes
préoccupations. Je pense que les membres de la commission parlementaire
en étaient conscients. Comme là il y a des fonds très
importants qui sont
accordés à l'industrie - je vous rappelle qu'on a
ajouté 6 000 000 $ plus des amortissements fiscaux dans le dernier
budget dont on n'a pas beaucoup parlé, mais qui sont très
significatifs pour la relance de l'industrie du cinéma - il
m'apparaissait très périlleux de confier à l'industrie le
soin de se subventionner elle-même, parce que les risques de conflit
d'intérêts étaient constants, étaient permanents. On
était constamment en état de conflit d'intérêts;
c'est pourquoi je n'ai pas retenu les recommandations de la commission Fournier
à cet égard, pas plus que je n'ai retenu les recommandations de
la commission Fournier en ce qui a trait au nombre de structures. Elle en
recommandait sept. J'aboutis à trois, parce que c'est un strict minimum.
Si je n'aboutissais pas à trois - je pense que M. le
député de Saint-Henri va le reconnaître - je serais
obligé ou bien d'accepter la situation de conflit
d'intérêts ou bien d'ajouter des structures.
Il y a un organisme qui s'appelle l'Institut québécois du
cinéma qui est extrêmement important, au sein duquel on retrouvera
désormais quatre personnes - cela répond exactement à ce
que vous aviez demandé - représentant le public malgré, je
vous le rappelle, les oppositions à cet égard. Le seul regret que
j'ai - Mme la députée de Chomedey va s'en rappeler, cela la
faisait sourire à chaque fois et moi aussi - c'est qu'il y a une
vingtaine de groupes qui nous ont demandé d'être
représentés au sein de l'Institut québécois du
cinéma, mais cela n'est pas possible à moins de créer un
institut avec 20 personnes. Il fallait une société
générale d'aide au cinéma qui est essentiellement une
exécutante. La société va exécuter, elle ne sera
pas aux prises avec des conflits d'intérêts. C'est pour
éviter les conflits d'intérêts qu'il fallait la
société. L'institut est l'organisme le plus important pour
l'élaboration de la politique, mais l'exécution relève de
la société. Il fallait bien une autre structure qui s'appellera
la régie, qui englobe tout le reste. J'insiste sur un point: l'ensemble
des autres mesures, autant que je puisse savoir, rallie à peu
près l'unanimité, y compris la billetterie. À chaque fois
que je pouvais éliminer un permis ou quelque chose, j'étais bien
d'accord, mais c'est l'industrie elle-même qui réclamait depuis
fort longtemps une billetterie. Pour avoir une billetterie, il me fallait une
structure.
Il y a déjà dans l'état actuel des choses le bureau
de surveillance, l'Institut québécois du cinéma.
L'institut, finalement, est la société générale
d'aide au cinéma. Tout ce qu'on arrive à créer, c'est une
régie qui joue le rôle du bureau de surveillance, entre autres -
ce n'est donc pas une addition - et la société
générale d'aide au cinéma qui joue le rôle actuel de
l'Institut québécois du cinéma. J'ai pu limiter au strict
minimum le nombre de structures qui devaient être créées.
La commission Fournier en recommandait sept.
Le Président (M. Paré): Cela répond à
vos questions, M. le député d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui. Sur les mécanismes de contrôle, il y
avait des histoires d'assermentation de caractère purement
administratif...
M. Richard: Pour les fins de la billetterie, M. le
député d'Argenteuil, c'est bien sûr qu'il doit y avoir un
rapport remis. Encore une fois, tout le monde est d'accord avec cela. Les
textes de loi prévoient les deux choses: serment ou déclaration
solennelle. Je n'hésiterais pas du tout à enlever le serment et
à mettre la déclaration solennelle, si tel était le
désir des membres de la commission.
M. Ryan: On verra cela à ce moment-là, mais pour
l'instant, dans l'ensemble, vous...
M. Richard: On verra à ce moment-là. Tout ce que
cela dit, c'est: serment ou déclaration solennelle.
Le Président (M. Paré): Nous allons procéder
à l'étude article par article...
M. Ryan: II y aurait peut-être une question
préalable, aussi, qu'il serait bon de clarifier. L'affaire des "majors"
occupera une place centrale. On pourra bien décider d'y toucher
seulement lorsqu'on sera rendu aux articles qui traitent de cela. Est-ce que le
ministre serait en mesure de faire le point sur les représentations
qu'il a pu recevoir de la part des entreprises concernées, de la part
d'intérêts connexes et même de la part des autorités
gouvernementales américaines. Il y a toutes sortes de rumeurs qui
circulent actuellement. J'aimerais bien que vous fassiez le point
là-dessus. Cela nous éclairerait beaucoup.
M. Richard: Je pense, M. le député d'Argenteuil,
que je l'ai indiqué tout à l'heure, j'ai eu de très
nombreuses rencontres aussi bien avec le milieu québécois du
cinéma... non seulement des rencontres, mais des conversations
téléphoniques très nombreuses encore. De même, j'ai
eu des rencontres avec les représentants des "majors" américains.
Il y a eu beaucoup de rencontres entre les fonctionnaires, mon personnel de
cabinet et les représentants des "majors" américains. Aussi,
ai-je eu des rencontres avec le consul général américain.
Évidemment qu'on s'est senti soulagé quand on a vu que l'article
97 initial était modifié,
non seulement modifié, mais littéralement aboli. Sauf
qu'on a continué à me dire que c'était insatisfaisant
aussi bien du côté du consul général
américain - je le reconnais d'emblée - que du côté
des "majors"; c'était insatisfaisant, parce qu'on voulait que le
Québec soit un "domestic market" américain. Je leur ai dit que,
là, j'étais rendu au bout de la corde. Le milieu
québécois trouve que je suis allé un peu au-delà
des concessions qu'on aurait dû faire. Je ne peux aller plus loin sans
faire du Québec un "domestic market" américain.
Il faut le comprendre, ils contrôlent -je vous le rappelle, M. le
Président - 97% des profits au Canada anglais. C'est quoi l'objectif
d'une entreprise qui contrôle 97% des profits au Canada anglais? C'est
d'en contrôler 98%, 99% et 100%. C'est assez normal, je pouvais
difficilement prévoir autre chose. Pour les satisfaire, c'est le
"domestic market" américain et je suis incapable d'aller
jusque-là.
Entre autres, par exemple, je peux vous révéler la
dernière concession qui a été faite; cela a
été très significatif pour eux, encore là ils l'ont
reconnu. L'article initial prévoyait qu'on leur donnait le droit de
distribuer au Québec les films dont ils étaient producteurs et
détenteurs des droits mondiaux. J'ai modifié le "et" par un "ou".
Le texte que vous avez, c'est un "ou" au lieu du "et", ce qui élargit
considérablement l'éventail des possibilités de
distribution des films américains au Québec. Cela va avoir les
conséquences suivantes: ils vont être encore au Québec
légèrement au-dessus de ce qu'ils font dans les pays
européens comme marché. L'alternative, c'est de dire: Très
bien, "domestic market". À ce moment-là, il y a les
conséquences et je n'ai plus besoin d'un projet de loi.
M. Ryan: C'est une question extrêmement importante, M. le
Président, que le ministre est en train de discuter avec nous. Je
voudrais lui demander ceci: Est-ce que le ministre, à différents
stades des conversations, a déposé d'autres projets que celui qui
est maintenant consigné dans les amendements déposés
à la table aujourd'hui?
Deuxièmement, le gouvernement aurait-il échangé de
la correspondance écrite à ce sujet soit avec les
autorités américaines, soit avec les autorités
fédérales vu que celles-ci sont présumément
intéressées dès lors qu'il s'agit d'une dimension
internationale du projet de loi? Dans l'hypothèse affirmative, le
ministre pourrait-il résumer les communications qui ont pu survenir et,
deuxièmement, . les communiquer à titre d'information aux membres
de la commission pour que, sur cet aspect précis du projet de loi, nous
sachions exactement à quoi nous en tenir au sujet de la situation de
fait?
Encore une fois, je fais écho à des rumeurs qui circulent.
Nous entendons toutes sortes de choses. Si nous avons l'information
précise, je pense que cela peut disposer d'un bon nombre des bruits que
nous entendons, d'une manière plus propice à l'examen serein du
projet de loi. (17 h 30)
M. Richard: Je n'ai rien à cacher en la matière.
C'est qu'il y a eu ce qu'on appelle dans le jargon diplomatique une note
verbale qui a été remise par le gouvernement du Québec au
consul général américain. Une note verbale, dans le jargon
diplomatique, c'est un écrit, mais c'est un écrit sans adresse.
Je ne veux pas vous induire en erreur, c'est une note verbale dans le jargon
diplomatique, mais dans le jargon diplomatique, c'est un petit texte
écrit sur la position finance qu'on a remis. C'est exactement ce qu'il y
a dans les articles 94 à 97. Essentiellement, c'était pour dire:
Voici la concession ultime et, à ce moment-là, cela avait pour
effet de changer le "et" par un "ou".
M. Ryan: Le ministre pourrait-il résumer, pour les membres
de la commission, la nature des représentations qui ont pu être
faites à ce sujet par les autorités américaines ou, encore
une fois, par les autorités fédérales? Le ministre a dit
tantôt qu'il y avait eu des rencontres...
M. Richard: Les autorités fédérales, les
représentations qui ont été faites, ce sont des
représentations d'appui sans équivoque au projet de loi. J'ai
même eu l'occasion de m'entretenir avec mon homologue, le ministre
fédéral des Communications, à qui j'ai pris la peine de
téléphoner pour le remercier de son appui. Le ministre
fédéral des Communications a dit et je cite le texte de la Presse
du samedi 4 juin 1983: "Si les "majors" comptaient sur le ministre Francis Fox
pour déjouer le plan de réappropriation de la distribution de M.
Clément Richard, ils ont vu cette semaine s'envoler leur dernier espoir.
Interrogé mardi, lors d'une conférence de presse tenue à
Montréal, le ministre des Communications du Canada a
déclaré sans équivoque qu'il trouvait le projet Richard
très acceptable. La politique québécoise en matière
de cinéma s'harmonise très bien avec celle d'Ottawa,
reconnaît le ministre, et recherche finalement les mêmes
objectifs."
II ajoute: "Je trouve que les positions de Clément Richard sont
très courageuses, a même admis M. Francis Fox, je lui souhaite
beaucoup de succès." Je pourrais lire l'article. Alors, du
côté fédéral...
M. Ryan: Me permettez-vous de demander une précision sur
la citation de M. Fox? Est-ce que M. Fox, lorsqu'il a tenu ces propos,
était au courant des derniers
amendements que vous déposez aujourd'hui? M. Richard: Non,
M. le Président.
M. Ryan: II parlait sur la foi de la première version du
projet de loi.
M. Richard: Oui, de la réappropriation complète et
de l'exclusion. Il parlait de l'exclusion complète des
Américains. Peut-être qu'il va appuyer moins fort parce qu'ils ne
sont pas exclus.
M. Ryan: Maintenant, de la part des autorités
américaines, je pense que le ministre a dit qu'il y avait eu des
rencontres avec le consul général américain. Deux
questions. Ces rencontres avaient-elles été demandées par
le gouvernement du Québec ou par le consul général
américain?
M. Richard: Mon Dieu, écoutez, il y a des rencontres
depuis la commission parlementaire, si je ne m'abuse, et certaines ont
été demandées par nous, d'autres par le consul
général américain. Je suis un peu hésitant, parce
que j'espère ne pas commettre d'impair. Remarquez que j'ai avisé
le consul général américain que la commission
parlementaire avait lieu aujourd'hui et donc que je rendrais publics les
amendements aujourd'hui. Je ne lui ai pas dit que je révélerais
la nature de nos conversations.
M. Ryan: Est-ce qu'il serait vrai qu'à un stade ou
l'autre, on aurait laissé savoir au gouvernement québécois
que si le projet était adopté dans une teneur jugée plus
ou moins inacceptable par les autorités américaines, cela
pourrait entraîner des conséquences pour d'autres genres
d'intérêts que nous pouvons avoir dans nos rapports avec les
États-Unis? Par exemple, la diffusion de certains produits,
l'acceptation ou la mise en oeuvre de certains contrats de grande importance
pour nous aux États-Unis. Est-ce qu'il y aurait eu des allusions
à des choses comme celles-là?
M. Richard: M. le Président, vous savez que c'est assez
normal que, quand il y a des négociations - et j'imagine que
l'État d'Israël doit vivre cela tous les jours - entre pays, on
puisse évoquer des trocs possibles, mais je ne peux pas parler de
menaces de représailles, non.
Le Président (M. Paré): Donc, si cela
complète...
M. Richard: Et j'ai rappelé, M. le Président, aux
"majors" aussi bien qu'au consul général américain que le
premier ministre, quand il s'était adressé à des membres
du Sénat américain, avait dit que les investissements
américains étaient les bienvenus au Québec, sauf - il
avait insisté sur le mot "sauf" - en matière culturelle. Encore
une fois, il ne s'agit pas d'empêcher, bien au contraire, les films
américains d'être vus et distribués au Québec, pas
du tout. Il s'agit d'empêcher simplement que tout le réseau de
distribution, et donc de production du Québec, soit avalé.
Le Président (M. Paré): Donc, nous allons
procéder...
M. Scowen: Peut-être juste quelques questions.
Le Président (M. Paré): Oui, dans les commentaires
aussi? M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Discussion générale
M. Scowen: Je m'intéresse beaucoup à comprendre
l'attitude de base du ministre, et du ministère, et du gouvernement
envers tous ces investissements non québécois. Je dois vous dire
que j'ai eu de la misère à le comprendre pendant le débat
de deuxième lecture et j'ai encore un peu de misère à le
comprendre. Peut-être que, si je lui pose une ou deux questions, cela
deviendra plus clair. C'est dans ce sens que je voudrais lui demander d'abord
ceci: II a dit, quand il a fait référence à ces fameux
10%, qu'on avait accordé certains privilèges aux distributeurs et
je veux comprendre le sens dans lequel il comprend cette expression. Quelle est
l'idée, dans son esprit, des privilèges qu'on accorde à
quelqu'un qui veut distribuer des films au Québec?
M. Richard: II n'y a que les Québécois et les
Américains qui pourront distribuer directement au Québec. On
respecte ce que j'appellerais l'ancienneté. Non seulement on n'a pas
d'objection - je pense que cela peut vous convaincre, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce - à ce qu'ils
investissent, mais on dit: Vous pouvez investir 10% et dans n'importe quel
film.
M. Scowen: Je ne fais pas allusion aux 10% comme tels. Pour le
moment, je n'ai aucune objection aux 10%. Je veux comprendre le sens...
M. Richard: Je vais vous donner un exemple. Si vous êtes
une compagnie suédoise et que vous ne pouvez distribuer au Québec
à moins d'être, ce qu'on appelle en jargon, en "joint venture"
avec une entreprise québécoise... On ne fait pas obstacle non
plus au "joint venture" dans la nouvelle rédaction de l'article 97.
M. Scowen: L'idée qui m'a frappé, c'est
que vous semblez dire que l'État a le droit d'accorder ou de ne
pas accorder le privilège de distribuer quelque chose, ou de faire le
commerce, ou de faire de l'activité économique au Québec.
Je pensais que le droit de faire affaires au Québec n'était pas
un privilège accordé par l'État, mais plutôt une
initiative prise par quelqu'un.
M. Richard: Mais, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, en la matière, à cause de
l'omnipuissance basée sur l'immensité du marché
américain, on est obligé de légiférer, sans quoi ce
sont les distributeurs québécois qui n'auront plus le droit de
distribuer. Donc, dans ce sens-là, on est obligé de faire
échec à tous les autres, sauf aux Américains et aux
Québécois.
M. Scowen: Si je comprends bien, vous avez parlé de
monopole américain. Est-ce que c'est une seule compagnie
américaine qui a ce monopole? Vous avez dit qu'ils ont 97% et que
maintenant ils recherchent 100%. Est-ce que c'est une seule? Il y en a
combien?
M. Richard: Ce sont les "majors". J'ai parlé de six
jusqu'à maintenant.
M. Scowen: Ils se font concurrence l'un et l'autre?
M. Richard: Sans doute une certaine concurrence, mais ils
agissent toujours un peu de la même façon, surtout à
l'étranger. Je vais vous rappeler, par exemple, que la poursuite qui a
été prise contre eux devant la commission de politique
restrictive a été prise contre les six qui avaient exactement la
même politique, elle est signée par les six. Ce sont les six qui
sont venus négocier avec moi, parce qu'il y a une association des
six.
Ce qui complique la situation au Québec, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, qui est un peu une situation
unique par rapport au reste du monde, si on exclut le Canada anglais qui est
dans une situation beaucoup plus difficile que la nôtre encore. C'est
qu'il y a Famous Players avec ses 74 salles ici et Odéon qui a l'autre
stock de salles.
Alors, pour vous dire comment ils agissent quand même en
concertation dans une certaine mesure: Durant un certain temps, il y a quatre
de ces firmes qui vont chez Odéon, les trois autres chez Famous Players.
Tout à coup, on assiste à l'inversion. Il y en a quatre qui vont
chez Famous Players et trois chez Odéon. Il est évident...
M. Scowen: Oui. Cela veut dire quoi?
Une voix: Ces gens s'entendent bien, c'est ce que cela veut
dire.
M. Richard: Non, mais il est évident qu'ils peuvent...
M. Scowen: Est-ce que vous dites qu'ils font des ententes entre
eux pour limiter leur concurrence? Est-ce cela que vous voulez dire?
M. Richard: Non, non, attention! Ce que j'ai dit...
M. Scowen: Je vous pose la question. Je veux comprendre ce qui se
passe.
M. Richard: Alors, je vous réfère aux journaux de
la semaine dernière sur l'entente intervenue devant la Commission sur
les politiques restrictives du commerce.
M. Scowen: Non, mais la question que je pose est: Si c'est ce qui
existe ici au Québec, vos réponses suscitent un paquet de
questions additionnelles. Si je comprends bien, vous me dites que vous
êtes d'avis, évidences à l'appui, que les six compagnies
majeures et les deux grands réseaux de salles sont en collusion pour
limiter la concurrence entre eux ici au Québec. Je pense que c'est cela
que vous me dites.
M. Richard: Non, non, attention! Je ne dis pas qu'entre eux, ils
ne se font pas concurrence sur certains films - c'est bien sûr que cela
arrive - sauf qu'ils ont une action commune pour pénétrer
certains marchés. C'est cela que je dis.
M. Scowen: Et cette action commune, c'est une action
concertée entre les deux grands réseaux de salles?
M. Richard: Je ne sais pas comment vous appelleriez cela, mais
regardez encore une fois l'entente sur Cinéplex à la suite de la
poursuite...
M. Scowen: Oui.
M. Richard: ...et vous allez voir que c'étaient des
techniques communes de marketing.
M. Scowen: Oui, mais il me semble que tout cela est plus ou moins
couvert par les lois qui régissent les monopoles et la collusion
commerciale. Il existe des lois là.
M. Richard: Oui, mais indépendamment des lois, dans la
mesure où ces "majors" sont extrêmement puissants...
M. Scowen: Oui.
M. Richard: Je le répète, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, si on pouvait s'appuyer sur
un marché de 75 000 000 $,
de 100 000 000 $ ou de 225 000 000 $ comme les Américains, on
n'aurait pas besoin de légiférer.
M. Scowen: Mais la chose que je ne comprends pas, c'est...
M. Richard: Mais dans la mesure où ils vont... Regardez
comment cela se passe. Quand ils s'en vont en Italie, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce - il me semble que c'est un
argument qui devrait vous convaincre - et qu'ils disent à un producteur
italien: Nous voudrions les droits pour les États-Unis, y compris le
Québec.
M. Scowen: Oui.
M. Richard: Si vous ne nous donnez pas les droits pour le
Québec, nous regrettons... N'importe qui cédera les droits pour
le Québec dans des conditions pareilles, parce qu'il va chercher...
M. Scowen: Non, mais...
M. Richard: ...tout le marché américain. Alors, si
je ne protège pas le distributeur québécois par une loi,
il ne pourra jamais s'approvisionner en Italie pour avoir un film pour
distribuer au Québec.
M. Scowen: Oui, mais la chose que je ne comprends pas, c'est:
Est-ce le fait que ces compagnies sont grandes que vous n'aimez pas? Est-ce le
fait que, parce qu'elles sont grandes, elles font la collusion que vous n'aimez
pas ou est-ce le fait qu'elles sont des compagnies étrangères?
C'est quoi, le problème qu'on essaie de régler?
M. Richard: Je vous dis deux choses: la puissance de ces
compagnies-là, compte tenu du marché dont elles disposent.
D'accord?
M. Scowen: Bon, permettez-moi de vous arrêter sur ce point.
Dans le domaine de l'automobile, par exemple, il existe à peu
près sept ou huit compagnies qui contrôlent effectivement 97% du
marché. Existe-t-il en soi quelque chose de mauvais? Est-ce que cela
veut dire qu'il n'y a pas de concurrence entre ces compagnies? Le simple fait
que les compagnies soient grandes et étrangères, quant à
moi, ne signifie pas qu'il n'y a pas de concurrence saine, efficace,
féroce même entre les compagnies.
M. Richard: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, j'espère...
M. Scowen: Alors, je pose la question...
M. Richard: ...que vous ne comparez pas le cinéma et
l'automobile.
M. Scowen: Oui, oui, j'ai le droit de le comparer avec ce que je
veux.
M. Richard: Alors là, la divergence fondamentale d'opinion
entre nous est à ce niveau-là.
M. Scowen: Alors, si je vous comprends, vous prétendez que
la différence, c'est la culture dans un cas et un simple commerce
de...
M. Richard: Oui, et je fais exactement la même distinction
qui a été faite par le premier ministre pour dire: Les
investissements américains sont les bienvenus au Québec et cela
sera sans restriction, sauf en matière culturelle.
M. Scowen: Ah! Alors donc, en matière culturelle, les
investissements américains ne sont pas les bienvenus ici. (17 h 45)
M. Richard: Non. J'apporte même une nuance à
cela.
M. Scowen: Je pense que c'est important.
M. Richard: Je dis qu'ils peuvent investir désormais
à condition de ne pas tout contrôler.
M. Scowen: Ah! C'est cela, maintenant on...
M. Richard: Vous savez, c'est ce qui est arrivé...
M. Scowen: Maintenant, on fait du progrès.
M. Richard: C'est ce qui est arrivé, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, au Canada anglais. C'est la
raison pour laquelle le ministre fédéral des Communications est
tellement d'accord avec le projet de loi, même le projet de loi
initial.
M. Scowen: Parce que...
M. Richard: C'est pourquoi il a aussi commandé une
étude. C'est pourquoi le Conseil de l'Europe a fait une étude
là-dessus. Parce que, quand vous disposez d'un marché de 225 000
000 $, vous pouvez tout avaler. Cela veut dire que, si on laissait les
Américains faire ce qu'ils veulent... Si on suivait ce que vous semblez
recommander comme hypothèse de solution, dans quelques mois, il n'y
aurait plus de réseau de distribution. Il n'y aurait plus, donc, de
production.
M. Scowen: Quand...
M. Richard: Je vous pose la question, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce: Est-ce que vraiment les frontières
seraient utiles?
M. Scowen: Je n'ai jamais prétendu que les
frontières étaient utiles. Je me pose de grandes questions dans
ce sens.
M. Richard: On devrait devenir américains?
Mme Bacon: On reste français.
M. Scowen: Mais pour revenir à vos réponses...
Mme Bacon: Français pour la culture et américains
pour l'argent.
M. Richard: Est-ce qu'on devrait devenir américains?
M. Scowen: Ces questions de frontières, quand il s'agit de
cinéma, ne m'intéressent pas beaucoup, je dois vous le dire. La
question des frontières cinématographiques ne m'intéresse
pas beaucoup. Je reviens à ce que je vous ai dit en deuxième
lecture. Vous avez dit qu'il fallait trouver une solution. Avant de trouver une
solution, il faut s'entendre sur le problème. Je suis à la
recherche - je le répète - de renseignements et d'information. Je
n'ai pas de parti pris dans l'affaire, mais j'ai dit, lorsque je regardais la
situation dans les cinémas, et je vous avais fait la liste d'un certain
samedi dans la Presse et d'un certain lundi dans le Soleil...
M. Proulx: C'était très intéressant.
M. Scowen: Ce que j'ai vu, c'est que, à toutes fins
utiles, tous les Québécois, au moins dans les deux grandes
villes, avaient l'occasion de voir une quantité presque illimitée
de films dans leur langue et dans la langue anglaise. À Montréal,
cette journée-là, en faisant exception des films erotiques et des
ciné-parcs, il y avait 47 films en français, dont la
moitié était doublée, et 17 films en anglais, ce qui est
suffisant - je l'aurais pensé - pour 99% de la population. Je n'avais
pas mentionné toute une série de salles de toutes sortes qui
diffusent des films de partout dans le monde, des vieux films, des films
expérimentaux.
Je ne pouvais, à première vue, voir le très grand
problème que vous essayez de régler. Vous me dites que le
problème est que cela est contrôlé par six compagnies
internationales majeures. En somme, je n'y vois rien de mauvais, pourvu que les
films que les gens veulent voir soient disponibles, et disponibles dans la
langue française, et, pour ceux qui veulent les voir dans la langue
anglaise, dans la langue anglaise, dans la mesure où c'est rentable. Je
voyais la situation où, pour le commun des "mortaux", il n'existe aucun
problème pour trouver un film...
Des voix: Des mortels.
M. Proulx: Ce n'est pas le commun des marteaux.
M. Scowen: Vous voyez l'effort suprême que je fais pour utiliser
la langue de Molière. Pour la plupart des gens, il n'existait pas de
problème immédiat urgent. Il y a la situation actuelle: six
grandes compagnies américaines se font concurrence pour le marché
français. Oui, quelqu'un a prouvé qu'il y avait un film qui se
nomme Arthur qui a été disponible à Paris six semaines
avant d'être disponible à Montréal. Je me dis: So what? Il
existe des films anglais qui sont disponibles à New York avant
Montréal et des films français disponibles à Paris avant
d'être disponibles à Montréal. Cela fait partie du
marché. Pourquoi un projet de loi viendrait-il régler quelque
chose qui ne me semble pas si important?
J'écoute le ministre. Il dit que le problème n'est pas
là. Le problème n'est pas la population et sa capacité de
voir les films. C'est un problème de réseau. Même si ce qui
arrive au bout du compte est correct, je n'aime pas la façon dont cela
se réalise. Maintenant, j'essaie de comprendre le problème. Il
nous dit: Effectivement, ce sont les étrangers qui ne sont pas les
bienvenus ici dans le domaine culturel, mais ils sont les bienvenus dans les
autres domaines. Si c'est le cas, si c'est à la lumière de cela
qu'il faut regarder le projet de loi, si l'objectif du projet de loi est de
rappeler aux étrangers qu'ils ne sont pas les bienvenus dans le domaine
culturel, on le regardera sous cet angle. Mais je répète que je
cherchais à voir le problème que vous avez voulu solutionner par
votre projet de loi et je ne l'ai pas trouvé.
M. Richard: M. le Président, je regrette que le
député de Notre-Dame-de-Grâce ne m'ait pas
écouté précédemment, mais je crois lui avoir
expliqué la corrélation très étroite qui existait
entre la distribution et la production au Québec. J'ai expliqué
que l'un des objectifs de ce projet de loi, c'est d'assurer qu'il y aura
production de films québécois au Québec et que, s'il n'y a
pas de réseau de distribution, il n'y aura pas de production de films
québécois.
J'ai également expliqué qu'il n'est pas souhaitable que
l'essentiel des décisions de programmation, c'est-à-dire les
choix des films, de leur origine, de leur nature, du moment et de l'ampleur de
leur diffusion,
choix qui affectent tous les citoyens et toutes les citoyennes du
Québec, soient faits par des sociétés
étrangères.
J'ai aussi expliqué que nous étions en situation
privilégiée, mais que cette situation risquait de
disparaître à partir du moment où le réseau de
distribution du Québec disparaîtra et qu'à ce
moment-là, les films étrangers, les films du cinéma
international ne seront plus présentés au Québec, comme
c'est le cas aux États-Unis, comme c'est le cas au Canada anglais. La
vérité, elle est là. Les chiffres sont assez
éloquents en la matière et c'est tellement vrai que c'est 1% - je
le répète - 1% du temps écran aux États-Unis qui
est réservé à ce cinéma international, 1%. Bien
sûr, le député de Westmount dira: New York. Bien oui, je le
reconnais, New York.
M. French: Toronto, San Francisco, Los Angeles, Chicago, toutes
les concentrations métropolitaines inévitablement amènent
un cinéma international.
M. Richard: Les chiffres, c'est 1% du temps écran public.
Si vous contestez les chiffres qui n'ont jamais été
contestés par les "majors"...
M. French: M. le Président, ils ne connaissent pas les
chiffres.
M. Richard: Ils n'ont jamais été contestés.
Enfin, cela donne ça.
M. French: Ce sont des exagérations du ministre. Il
exagère.
M. Richard: Alors, c'est le Conseil de l'Europe qui
exagère puisque les chiffres, je les prends dans un document...
M. French: Est-ce que le ministre prétend que
Montréal a actuellement la meilleure sélection de films
internationaux disponibles?
M. Richard: Les chiffres, je les prends dans le rapport Fournier
et je les prends dans le document du Conseil de l'Europe.
M. French: Je conteste les chiffres, M. le Président.
M. Scowen: Écoutez, ce sont mes 20 minutes, M. le
Président, et je suis interrompu par mon collègue. J'essaie de
comprendre le raisonnement du ministre, c'est-à-dire les objectifs qu'il
veut solutionner. Il a commencé là, mais ils ont changé
depuis 20 minutes.
M. Richard: Au Québec, dans l'état actuel des
choses, c'est 56% des films qui ne sont pas américains quand on parle en
termes de nombre de films.
Ce qu'il faut donc empêcher, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce - et à tout prix - c'est que le réseau
de distribution du Québec disparaisse, parce qu'à ce
moment-là, c'est toute l'industrie qui disparaît. Un très
grand nombre d'emplois disparaîtraient également.
M. de Bellefeuille: Article premier.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Actuellement, dans la production
québécoise - il y en a - quels sont les chiffres les plus
récents sur les investissements effectués par les distributeurs
américains et par les distributeurs québécois?
M. Richard: Dans les productions québécoises?
M. Scowen: Oui.
M. Richard: Mon Dieu! Pour les Américains, je n'ai
même pas de chiffres, parce que ce n'est pas significatif.
M. Scowen: Et pour les productions québécoises?
M. Richard: Je n'ai pas de chiffres précis, mais c'est
très important.
M. Scowen: Mais...
M. Richard: Je vais vous donner le dernier exemple. C'est le
distributeur Astral qui a investi la plupart des sommes qui ont permis de faire
Maria Chapdelaine.
M. French: M. le Président, d'où est venu le revenu
d'Astral qui a été investi dans Maria Chapdelaine?
M. Richard: Là, vous me posez une question...
M. French: Seriez-vous totalement négatif si je vous
disais que cela venait, pour la majeure partie, des États-Unis et du
reste du Canada?
M. Richard: En partie, sans doute. M. French: En partie,
sans doute...1. M. Richard: En partie, sans doute.
M. French: En grande partie, environ 90%.
M. Richard: En partie, sans doute.
M. Scowen: Le ministre m'a dit que les
investissements faits par les "majors", les distributeurs, dans la
production québécoise, c'est, à toutes fins utiles, nul.
Ils n'en font pas?
M. Blouin: Question de règlement.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Rousseau.
M. Blouin: Je crois que, tout en étant fidèle
à la largeur d'esprit dont tous les membres doivent faire part en
commission parlementaire, les députés de l'Opposition sont en
train d'enfreindre l'article 154, paragraphe 2, qui dit que la commission peut
amender en deuxième lecture - nous sommes en commission de
deuxième lecture - un projet de loi - c'est là que vous
reconnaîtrez que vos propos ne sont pas conformes au règlement -
pourvu que l'amendement ne soit pas étranger à l'objet du projet
de loi et qu'il ne s'oppose pas au principe affirmé en deuxième
lecture. Si vous voulez tout remettre en cause, vous ne pouvez pas le faire
à ce moment-ci. Vous auriez dû le faire avant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
M. Scowen: Je ne remets rien en cause. Je veux que cela soit
clair. Pour suivre - il y a de nombreux amendements, je pense qu'il faut
accepter que le projet de loi qu'on...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît;
M. Blouin: C'est une suggestion...
M. Scowen: Est-ce que je peux continuer? Je ne sais pas qui a le
droit de parole ici.
Le Président (M. Paré): S'il vous plaît,
à l'ordrel
M. Blouin: II faudrait d'abord que je termine ma question de
règlement.
Le Président (M. Paré): En terminant...
M. Blouin: Ce que je voudrais suggérer au
député de Notre-Dame-de-Grâce - je pense qu'il s'y
prêtera de bonne grâce -c'est que nous puissions aborder ces sujets
au moment où nous touchons à ces articles-là et non pas
commencer à remettre en cause les grands principes de la loi. Cela n'est
pas conforme à l'esprit des travaux que nous devons mener
actuellement.
M. Scowen: Concernant cette question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Paré): J'avais une intervention
avant de Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. Je pense que chacun de nous a droit à 20 minutes pour
les notes préliminaires. Je ne vois pas pourquoi le député
de Rousseau semble impatient. Il est tout à fait normal que nous
puissions faire part de nos remarques à tour de rôle.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai posé une certaine question au ministre,
parce que, dans son discours de deuxième lecture, ce n'était pas
clair pour moi quels étaient les objectifs recherchés. Cela a
été encore moins clair quand j'ai vu les amendements
proposés et entendu les commentaires du ministre. J'ai à l'esprit
de faire une bonne commission parlementaire et j'ai posé certaines
questions auxquelles le ministre n'a pas hésité à
répondre. Avec la permission du ministre, du président et du
député de Rousseau, j'aimerais terminer cette intervention, parce
que je pense que cela vaut la peine. Ce ne sera pas long.
On a commencé, il faut l'admettre, par donner beaucoup d'exemples
des problèmes de consommateurs de films. On a beaucoup parlé de
cela. On voulait régler le problème d'accès des
Québécois aux films. J'ai donc examiné cela à ma
façon à moi, je l'admets, mais je ne voyais pas de
problèmes aussi graves que le prétendait le gouvernement. Il y
avait d'autres possibilités. Maintenant, le ministre soulève - et
ce n'est pas la première fois - l'idée que la production de films
québécois est intimement liée au contrôle du
réseau de distribution. C'est une idée intéressante. Il
dit que si on réussit à mieux contrôler notre réseau
de distribution, on aura donc beaucoup plus de production de films
québécois. J'espère que j'aurai l'occasion, en cours de
route, de lui demander de faire la preuve de cette revendication, de cette
assertion, parce qu'il est possible qu'on puisse québéciser tout
le réseau de distribution, qu'on puisse rendre totalement
québécois le réseau de distribution et se trouver
malheureusement sans film québécois. On sera étonné
de constater qu'on a réglé le mauvais problème. Il faut
donc s'asurer qu'on règle les bons problèmes.
M. Richard: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, pour n'induire personne en erreur, pour ne pas
tromper l'Assemblée nationale, je voudrais vous rappeler que...
Mme Lavoie-Roux: On ne fait jamais cela, nous.
M. Richard: ...on ne québéoise pas le réseau
de distribution, on permet à un réseau de distribution
québécois de survivre.
Le Président (M. Paré): Ceci dit, comme nos
règlements le demandent, étant donné qu'il est 18 heures,
les travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 21)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des affaires culturelles reprend ses travaux
pour étudier le projet de loi no 109.
Les membres de la commission sont Mme Bacon (Chomedey), M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet), M. Payne (Vachon), M. Champagne (Mille-Îles), M. de
Beliefeuille (Deux-Montagnes), M. Blouin (Rousseau), M. Hains (Saint-Henri), M.
Proulx (Saint-Jean), M. Richard (Montmorency), M. Ryan (Argenteuil), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Dauphin
(Marquette), M. Lavigne (Beauharnois), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Leduc
(Fabre), M. Leduc (Saint-Laurent), M. Rochefort (Gouin), M. French
(Westmount).
Nous en étions aux discussions préliminaires et la parole,
si j'ai bien compris, est à Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme on est dans des...
Je pense qu'après ces questions d'ordre général, cela va
permettre d'étudier la loi plus rapidement.
M. Richard: M. le Président.
Le Président (M. Paré): M. le ministre.
M. Richard: De mémoire, depuis sept ans, je ne me souviens
pas d'avoir refusé quoi que ce soit à Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Bon, Ceci étant dit...
Une voix: Ne vous laissez pas acheter. Mme Lavoie-Roux:
Non, mais c'est...
M. Richard: Y compris, M. le Président, au moment
où j'occupais...
Mme Lavoie-Roux: Le poste de président.
M. Richard: ...le poste de président au...
M. Proulx: Je me souviens de votre visite aux Nations-Unies avec
Mme Lavoie-Roux.
M. Richard: II était de notoriété publique
que j'avais un faible pour Mme la députée de L'Acadie.
M. Proulx: Vous l'avez même amenée aux
Nations-Unies. À New-York ensemble.
Mme Lavoie-Roux: Bon, là...
M. Richard: Je n'aurais pas dû vous emmener, mais
enfin...
Le Président (M. Paré): Revenons, s'il vous
plaît, à la pertinence des débats.
Mme Lavoie-Roux: La question que je voulais poser, M. le
Président, on en a discuté ici en commission parlementaire lors
des audiences publiques, assez longuement, j'en conviens. Il reste que depuis
ce temps, non seulement le front commun contre la pornographie, mais un grand
nombre d'associations, soit la Fédération des femmes du
Québec ou encore le Conseil du statut de la femme ou d'autres groupes,
sont revenus à la charge sur la fameuse question de la pornographie. Je
sais que le ministre a dit -et j'ai bien aimé cela - "Je ne veux pas
être le ministre de la censure." Et, je pense qu'il l'a
répété avant le souper, si ma mémoire est bonne. Il
reste que je me demandais, dans le grand nombre d'amendements qu'il a soumis -
sauf le fait que, par exemple, la régie serait obligée de rendre
publiques ses décisions, je crois qu'il y aura des audiences publiques
qui seront tenues tous les deux ans où on pourra faire un relevé
des décisions qui ont été prises - y a-t-il, dans les
amendements que le ministre apporte - peut-être aurais-je dû en
prendre connaissance, mais il y en avait beaucoup et je dois admettre que je
suis arrivée, encore une fois, un peu en retard cet après-midi -
des choses qui répondent en partie aux demandes de ce front commun ou de
d'autres groupes qui ne s'y sont pas associés directement, mais qui ont
aussi fait des représentations dans le sens des dangers de la
pornographie, particulièrement en ce qui touche la vidéo? Il
semble que par le truchement de la vidéo - non pas la vidéo qui
pourrait être utilisée dans les maisons privées, parce que
je pense bien que personne ne veut s'immiscer dans les maisons privées -
mais qui est utilisée, soit dans les motels, enfin tout ce genre
d'endroits semi-publics, si on peut dire, d'endroits publics, somme
toute...
M. Richard: M. le Président, pour répondre à
Mme la députée de L'Acadie, je vais lui dire que la vidéo
- je l'ai expliqué au début d'ailleurs dans les remarques
préliminaires - est couverte par la loi. Cela veut dire que les
règles qui s'appliquent aux films s'appliquent également à
la vidéo, dès que c'est dans un endroit public.
Il y a quelques petits problèmes que je pourrais toutefois
évoquer par exemple. Il y a un problème qui est devant la Cour
suprême présentement, à savoir si un film projeté
dans une chambre de motel ou d'hôtel est projeté dans un endroit
privé ou public. Cela est devant la Cour supême. Si la Cour
suprême décide que c'est public, la loi s'applique. Si la Cour
suprême décide que c'est privé, la loi ne s'applique pas.
Je n'y pourrai évidemment rien. À la vidéo cela
s'applique. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion d'en discuter à quelques
reprises avec Mme la députée de L'Acadie. Quand je me suis
rangé, à la demande du Conseil du statut de la femme et de ma
collègue, la ministre déléguée à la
Condition féminine, c'était d'abord et avant tout pour couvrir la
vidéo que je le faisais, à cause de certaines projections de
vidéo qui, à mon humble avis, étaient absolument
inacceptables dans une société civilisée.
Je sais que mon collègue de D'Arcy McGee n'aime pas beaucoup
cette addition. J'ai été très critiqué pour avoir
ajouté cela. Autant j'ai été critiqué pour avoir
ajouter le "notamment", auant j'ai été critiqué parce que
je ne voulais pas d'autres structures.
M. Marx: J'espère que le ministre ne va pas toujours
parler pour moi. Souvent, j'ai fait des déclarations assez
nuancées.
En ce qui concerne la décision de la Cour suprême du
Canada, cela me surprend que le ministre laisse la Cour suprême
décider la politique du Québec dans cette matière. Si le
ministre veut qu'une chambre de motel soit un lieu public, il pourrait
décider cela ce soir, de même que s'il veut que ce soit un lieu
privé. Laisser la Cour suprême définir ce qu'est un lieu
public, c'est laisser la Cour suprême décider la politique du
gouvernement car il ne s'agit pas de questions constitutionnelles. Il s'agit
d'une question d'interprétation d'un statut et d'une loi ordinaire. Je
pense que c'est au ministre de prendre ses responsabilités et de
décider tout de suite comment il aimerait qu'un lieu public soit
défini. Pourquoi laisser la Cour suprême décider quelle
sera la portée de la loi 109?
M. Richard: M. le Président, je le répète,
la politique est claire. La loi s'applique à tous les lieux publics. Il
y a une loi qui s'appliquait aux lieux publics, cette loi a été
attaquée, pas la loi elle-même, mais des dispositions de la loi,
pour dire qu'une chambre d'hôtel ou de motel était un endroit
privé. C'est devant la Cour suprême. Je vais laisser la Cour
suprême se prononcer.
M. Marx: Juste une question. Je pense que c'est au ministre
à définir "public" et "privé" dans son projet de loi et de
ne pas -comment dirais-je - "pass the buck" à la Cour suprême du
Canada. C'est la première fois de ma vie que j'entends un
législateur qui a préparé quelque chose dont il ne
connaît pas la portée demander aux tribunaux de décider. Si
les tribunaux décident que c'est public, ce sera public, s'ils
décident que c'est privé, ce sera privé. Je pense que le
ministre doit avoir une politique en ce qui concerne son projet de loi et doit
décider maintenant s'il veut qu'une chambre de motel ou d'hôtel
soit un lieu privé ou public. Ce n'est pas une décision pour la
cour mais pour le législateur, c'est une décision pour le
ministre.
M. Richard: M. le Président, contrairement au
député de D'Arcy McGee, je ne refuse pas de m'inspirer de la
cause qui est devant la Cour suprême et d'attendre à cet
égard la décision de la Cour suprême. Si elle décide
que c'est public, cela veut dire que la loi va s'appliquer. Si elle
décide que c'est privé, la loi ne s'appliquera pas aux chambres
d'hôtel et aux motels. (20 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas s'il y a une analogie à
faire. Elle est certainement boiteuse. Dans le cas des règlements
touchant l'accès ou touchant les barrières architecturales dans
les édifices ou les bâtiments auxquels le public a accès,
il reste que les motels, les hôtels, etc. sont considérés
comme des édifices publics dans un certain sens.
M. Richard: Oui, parce qu'il est bien entendu qu'il y a des
salles publiques dans ces endroits. Il s'agit de savoir si une chambre que vous
louez...
Mme Lavoie-Roux: Est publique.
M. Richard: ...est publique. À mon humbre avis, si c'est
une chambre louée à un individu, je ne sais pas ce que la Cour
suprême décidera, mais j'aurais tendance à dire que c'est
assimilable au bail de quelqu'un pour une journée. La preuve, c'est
qu'on peut louer une chambre d'hôtel pour un mois ou un an, exactement
comme un logement. Dans ce sens, cela pourrait peut-être répondre
au député de D'Arcy McGee.
M. Marx: ...parce que c'est à vous de décider.
Prenons le Code criminel, un lieu public et un lieu privé sont
définis. Prenons d'autres lois du Québec, un lieu public et
un
lieu privé sont définis dans la loi. C'est à vous
de décider si vous voulez que les chambres de motel et d'hôtel
soient couvertes par la loi. Si vous voulez comment dirais-je - vous soustraire
de vos responsabilités de proposer une définition, c'est à
vous de décider, mais ne passez pas le "buck" à la Cour
suprême. C'est acceptable. Cela veut dire que le ministre ne sait pas ce
qu'il veut faire. Ce n'est pas la définition qu'il aimerait avoir dans
la loi et il adopte un projet de loi avec une définition conditionnelle.
La condition, c'est la Cour suprême qui va décider de la
portée de cette définition. Je pense qu'en droit, c'est
juste.
M. Richard: Je regrette l'agressivité un peu inutile du
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: C'est avec beaucoup d'amitié que j'ai
parlé sur ce ton, pas du tout d'une façon agressive.
M. Richard: Je dis que la loi s'applique à tous les
endroits publics. Si la Cour suprême décide qu'une chambre
d'hôtel est un endroit public, cela va s'appliquer. Si elle décide
que c'est un endroit privé, cela ne s'appliquera pas. C'est aussi simple
que cela.
Mme Lavoie-Roux: Si j'ai cette préoccupation davantage
vis-à-vis des chambres de motel que des salles de réunion qui
peuvent se trouver à l'intérieur des motels, c'est à la
suite de représentations qui nous ont été faites et dont
j'en suis certaine, le côté ministériel a été
saisi. Ce sont des représentations du Comité de la protection de
la jeunesse. J'aimerais quand même qu'on m'indique quelles mesures
pourront être prises pour contrer l'accès des mineurs à ces
chambres de motel. Vous avez sans doute reçu - le député
de Rousseau, en particulier, et peut-être d'autres; c'est peut-être
un peu la raison pour laquelle on me l'a envoyé aussi...
Évidemment, est-ce qu'on va commencer à faire des lois
pour dire que les chambres de motel ne peuvent être louées
à des mineurs parce que, selon ce qu'on nous rapporte - ce n'est pas mon
invention, vous l'avez reçu vous aussi - les mineurs louent des chambres
de motel et ont accès à ces vidéos. Il y en a
peut-être que cela ne dérange pas, la corruption des jeunes mais,
moi, cela me fatigue. Là-dessus, je me demande concrètement,
comment, le gouvernement va essayer de contrer ou de faire échec
à ce genre de choses avec les jeunes. Je pense qu'on parle de choses
réelles. On parle de pornographie dure, "hardcore", comme les gens
disent. Je ne sais pas si le ministre y a réfléchi et quelle
réponse il va apporter à ce type de problème.
M. Richard: Oui, M. le Président, j'ai
réfléchi longuement à cette question, d'autant plus qu'on
a tous à vivre avec le problème dans une certaine mesure. Par
exemple, je souhaiterais bien, comme ministre des Affaires culturelles,
être abonné au câble de la télévision payante.
J'ai choisi de ne pas m'abonner à la télévision payante
précisément parce que je ne voulais pas que mes enfants puissent
tourner le bouton et avoir accès aux types de films pornographiques
qu'on présente et non seulement pour ne pas que mes enfants
eux-mêmes y aient accès, mais pour ne pas qu'ils invitent à
la maison, comme je l'ai vu dans certaines maisons, des groupes de jeunes pour
voir ces films pornographiques et, je n'hésite pas à le dire,
dans certains cas un peu dégradants. Sauf que cela pose tout le
problème de... Oui, on pourrait en reparler, M. le député
de Westmount. Je n'ai pas la moindre objection...
M. French: J'ai dit cela en farce, M. le ministre. Je ne veux pas
en parler ici.
M. Richard: ...à parler de TVEC. Je n'ai pas d'objection
qu'il pose des questions là-dessus. Cela me fera plaisir de lui
répondre.
M. French: J'avais l'intention, mais pas ici parce que
c'est...
M. Richard: J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec plusieurs
membres de l'Opposition au sujet de la décision du gouvernement à
cet égard, sauf que cela pose tout le problème. Je n'ai pas
l'intention dans cette loi de faire en sorte que l'État se substitue aux
parents et qu'il assume la responsabilité des parents. Alors, sauf,
encore une fois - et cela c'est une modification importante, Mme la
députée de L'Acadie -en ce qui a trait aux ciné-parcs:
comme les écrans sont parfois contigus, on adopte la règle la
plus rigide. Si c'est un film pour 18 ans et plus et qu'il y a trois
écrans dans un ciné-parc, cela veut dire que c'est la
règle pour les 18 ans et plus qui va s'appliquer partout. Je peux le
faire assez facilement, mais je ne peux pas empêcher... Je n'ai pas
l'intention de faire dire à la Loi sur le cinéma que les mineurs
n'auront pas le droit de louer une chambre d'hôtel ou une chambre de
motel.
Mme Lavoie-Roux: C'est pour cela que je vous ai dit que c'est
très difficile de contourner cela, parce que si on se met à dire
cela...
M. Richard: Vous avez parfaitement raison, mais c'est
très...
Mme Lavoie-Roux: ...mais d'un autre
côté, il reste que le problème demeure pour les
jeunes. C'est un problème réel. Évidemment, je suis
convaincue et les enfants du ministre sont encore jeunes et peut-être que
lorsqu'ils seront plus vieux, ils auront d'autres intérêts que
cela, mais il reste que c'est le cas d'un grand nombre d'enfants. Je ne suis
pas capable de mesurer à moyen et à long terme les effets de
cela, mais j'ai l'impression qu'on s'en va dans une espèce d'escalade
dont les jeunes vont faire les frais et qui aura peut-être des
conséquences encore plus graves quand ils seront rendus à
l'âge adulte, en fait de comportement.
M. Richard: Oui, et c'est pourquoi il faut agir au niveau de
l'éducation des jeunes et à d'autres niveaux qu'au niveau
purement législatif et de la contrainte simplement.
M. Marx: Mais dans le projet de loi actuel, on prévoit des
catégories. Bon, c'est-à-dire que des enfants de moins de 18 ans
n'auront pas le droit d'assister à n'importe quel film. Ce serait
impossible pour un jeune de seize ans d'assister à un film dans une
salle de cinéma, mais ce serait possible pour lui de louer une chambre
de motel et de voir exactement la même chose.
M. Richard: Oui, mais il ne faut pas exagérer.
M. Marx: Qui est exclu.
M. Richard: Vous avez raison, M. le député de
D'Arcy McGee, mais il ne faut pas exagérer la portée.
M. Marx: Oui.
M. Richard: Je ne suis pas sûr que tous les jeunes de seize
ans ont les moyens d'aller louer une chambre d'hôtel pour voir un film
pornographique.
M. Marx: C'est exactement cela. Le ministre n'a pas toute
l'information. Je vais lui donner l'information additionnelle. C'est exactement
ce qu'ils font. Un jeune loue la chambre pour un soir et tous ses amis
assistent au visionnement comme...
M. de Bellefeuille: Cela existe. Cela coûte moins cher que
le cinéma.
M. Blouin: II n'y a pas de taxes sur les chambres
d'hôtel?
M. Marx: Est-ce que le ministre va nous proposer une politique
pour faire face à ce problème dont on a pris connaissance?
M. Richard: Je voudrais faire remarquer, encore une fois, M. le
Président, que dans la cause dont la Cour suprême a
été saisie, Mme la députée de L'Acadie, la Cour
suprême a décidé que le "lobby" de l'hôtel
était un endroit public, mais que les chambres étaient des
endroits privés. Là, encore une fois, cela relève de la
responsabilité des parents. Si je savais que mes enfants louent des
chambres d'hôtel ou de motel, je ne serais pas très heureux et
j'ai l'impression que je couperais les vivres un peu. Mais je ne veux pas me
substituer aux parents là-dedans. Vous savez, on est souvent
accusé de faire de la "contrôlite", c'est l'expression
utilisée par mon collègue, le député de
Saint-Henri, et il a raison de s'inquiéter. Mais, en même temps,
je n'irai pas m'immiscer, comme l'a déjà dit un homme politique
assez bien connu au Québec et ailleurs, dans les chambres de la
nation.
M. Marx: Cela dépend qui loue ces chambres et qui sont
dedans. C'est-à-dire qu'on essaie de voir si le gouvernement a une
politique en ce qui concerne la pornographie qui est à portée de
la main des jeunes.
En ce qui concerne les chambres de motel, c'est un problème au
Québec. Si le ministre n'est pas au courant de ce problème, on
peut lui fournir toute l'information voulue. Est-ce que le gouvernement a une
politique en ce qui concerne le genre de pornographie? Si le ministre dit: Je
n'ai pas de politique et je n'ai pas pensé à cela, on va passer
à autre chose.
M. Richard: M. le Président...
M. de Bellefeuille: ...on va pouvoir passer à autre
chose.
M. Richard: M. le Président, la politique, en ce qui a
trait à la pornographie, apparaît dans tout le projet de loi,
tellement d'ailleurs qu'elle est contestée. C'est la meilleure preuve
qu'il y en a une. Je voudrais indiquer qu'une des bases de la politique qui
apparaît dans de projet de loi, c'est le refus de se substituer aux
parents. Si le député de D'Arcy McGee propose qu'on se substitue
aux parents et que l'État assume des responsabilités qui,
normalement, sont dévoulues aux parents, je peux lui répondre
tout de suite que je ne suis pas d'accord. S'il propose que l'État entre
dans les chambres de la nation, je peux lui dire que je ne suis pas d'accord
avec lui. Si c'est cela qu'il veut critiquer, il a la liberté absolue de
le faire. Moi, je lui dis que non.
Je sais qu'il est parfaitement d'accord avec moi en ce qui a trait
à son refus presque viscéral que j'épouse de la censure.
Mais s'il veut passer de la censure... Si le député de D'Arcy
McGee craint maintenant, parce qu'il y a des groupes de pression, et
qu'il a évolué, qu'il nous le dise aussi, parce que le
discours et le langage qu'il tenait au moment de la commission parlementaire
m'apparaissent assez radicalement différents du discours qu'il
prétend maintenant tenir avec beaucoup d'ambiguïté. C'est
assez ambigu.
M. Marx: C'est un procès d'intention, M. le ministre.
M. Richard: S'il veut nous proposer une politique
différente, s'il veut nous proposer de contrôler les chambres
privées, qu'il nous le dise. Je lui réponds tout de suite - c'est
politique: Non.
M. Marx: Le ministre a dit qu'il ne veut pas se substituer aux
parents. L'État s'est déjà substitué aux parents
à l'article 77 où on prévoit qu'un mineur n'a pas le droit
d'assister à n'importe quel film. Donc, il y a déjà une
politique gouvernementale en ce qui concerne les jeunes.
Je n'ai jamais parlé de la censure ce soir. Le ministre n'a
peut-être pas saisi la nuance ou la différence entre la censure et
le contrôle de la pornographie. On peut avoir le contrôle. On peut
avoir des lois en ce qui concerne l'étalage dans les magasins du coin,
j'ai déjà posé une question sur cet aspect au ministre de
la Justice encore aujourd'hui. La réponse a été un peu
difficile à saisir.
M. French: À notre grand étonnementl
M. Marx: Mais le ministre peut bien vouloir empêcher les
enfants d'avoir accès à la pornographie, j'appelle cela le
contrôle sans la censure. Le ministre l'a maintenant fait à
l'article 77, c'est bien clair. (20 h 45)
En ce qui concerne les chambres de motel louées par les jeunes et
ainsi de suite, le ministre ne nous propose pas une politique pour
contrôler l'accès de ces jeunes à ces films dans les
chambres de motel, quand il ne sont pas accompagnés de leurs
parents.
M. Richard: Manifestement, le député de D'Arcy
McGee oublie que les parents qui ont de tels films chez eux n'en ont pas le
contrôle durant leur absence. Il oublie également que les parents
qui s'abonnent à la télévision payante n'ont pas le
contrôle de la télévision payante, puisque les enfants
peuvent tourner le bouton et avoir accès à ce type de film. Je
n'ai point l'intention de contrôler davantage surtout dans les chambres
privées, cela m'apparaîtrait extrêmement
périlleux.
Je voudrais rappeler entre autres - ce qui m'avait beaucoup
frappé - que le Congrès juif du Canada, en commission
parlementaire, proposait l'abolition de toute forme de censure et même
l'abolition du
Bureau de surveillance du cinéma. Cela m'a beaucoup frappé
- je ne suis pas prêt à me rendre jusque là, bien sûr
- car il y avait de bons arguments en faveur d'une pareille proposition
quoique, à mon avis, elle allait beaucoup trop loin. Ce que j'ai
essayé de faire, c'est de présenter un projet de loi qui, bien
sûr, impose certaines contraintes, mais le moins possible pour que
l'État ne se substitue pas aux parents.
M. Scowen: Pour conclure sur ce point, je pense qu'il y a toute
une différence entre la censure et le contrôle en ce qui concerne
les enfants. On peut être contre la censure à 100% et pour le
contrôle en ce qui concerne l'accessibilité aux mineurs. Je vois
que le peuple est d'accord avec moi. Je pense que c'est important.
Une voix: Vous parlez pour le peuple.
Mme Lavoie-Roux: On représente le peuple. On essaie
toujours.
M. Marx: II y a toute une différence entre la censure et
le contrôle. C'est la distinction que j'aimerais que le ministre accepte.
Si le ministre répond que, dans ce projet de loi, on n'est pas vraiment
prêt à faire la guerre à la pornographie en ce qui concerne
l'accessibilité aux mineurs, il va laisser au ministre de la Justice ou
à un autre ministre le soin de compléter ce projet de loi dans un
autre projet de loi ou je ne sais comment. Mais c'est une autre question. Or,
quand il parle de contrôle, d'empêcher l'accès des enfants
à certains films et de la censure, je pense qu'il a tort de tenir de
tels propos. Je pense qu'il y a peut-être quelque chose à faire en
ce qui concerne l'accessibilité de la pornographie aux jeunes. Il ne
s'agit pas de la censure; il s'agit de contrôler l'accessibilité,
soit des magazines, soit des cassettes, soit de la pornographie qui se trouve
dans d'autre matériel.
M. Richard: Je répète que partout dans les endroits
publics, cela est fait, mais je pense que l'État doit éviter de
contrôler les lieux privés. Alors, cela devient la
responsabilité des parents.
Le Président (M. Paré): Est-ce qu'on passe à
l'étude du projet de loi no 109 article par article? Avant d'adopter
l'article 1, étant donné qu'une modification est apportée
au titre même et que cela peut avoir des répercussions sur
certains articles, je vais apporter le changement qui est proposé. "Ce
projet est modifié par..." Oui, Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: II me restait une question à poser sur
ces remarques
préliminaires.
Le Président (M. Paré): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai entendu parler avant le souper -
d'ailleurs, on l'a entendu en commission parlementaire - du problème de
l'établissement de critères pour décider si on permettait
un film ou non. On dit qu'il est impossible de faire ça, parce que le
ministre a dit qu'il a lui-même invité des gens à le faire
et lorsqu'il leur a fait l'invitation, ils étaient plus réticents
parce qu'ils ne savaient pas comment procéder.
Est-ce que le ministre pourrait m'indiquer comment, à l'heure
actuelle, on décide qu'un film est accepté par le bureau ou est
rejeté? Ils doivent avoir certains critères, ou bien est-ce
qu'ils font ça au pifomètre?
M. Richard: J'ai l'impression, M. le Président, que la
question devrait être posée aux membres...
Mme Lavoie-Roux: Tout le monde a essayé d'établir
que c'était impossible d'établir des critères et on a
déjà un bureau qui en rejette très peu et accepte les
autres. Je ne sais pas sur quels critères ils se basent.
M. Ryan: II en fait venir. Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Richard: II faudrait poser la question aux membres du bureau
de surveillance. Je ne suis jamais intervenu pour leur demander
d'autoriser...
Mme Lavoie-Roux: Nous, on a décidé que ce
n'était pas possible.
M. Richard: ...ou d'interdire l'émission d'un visa sauf
que je pense que le projet de loi qui est soumis répond en partie aux
craintes de Mme la députée de L'Acadie - à son souhait ou
à ses voeux, sinon à ses craintes - dans le sens où on
dit, le projet de loi dit, à la régie qui va faire office de
bureau de surveillance: "désormais vos décisions devront
être modifiées et vous devrez avoir un répertoire public".
Là-dessus, je sais que...
Une voix: Motivées.
M. Richard: Oui, les décisions "motivées".
Mme Lavoie-Roux: II va falloir...
M. Marx: Est-ce que le ministre sait que la Cour d'appel de
l'Ontario a décidé, il y a quelque temps, que la régie qui
fait la censure, en Ontario, le fait de façon inconstitutionnelle,
étant donné qu'il n'y a pas de critères dans la loi
ontarienne?
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai devant moi ce jugement-là.
M. Marx: J'espère que le ministre a déjà lu
ce jugement.
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez vu le jugement?
M. Richard: Oui je vais répondre. C'est qu'il n'y avait
pas de critères de classement, alors que dans notre cas il y a un
critère de classement qui est 77: "Si elle est d'avis, la régie,
dans les 15 jours suivant la date où la demande a été
présentée que le contenu du film ne porte pas atteinte à
l'ordre public ou aux bonnes moeurs"... et l'on ajoute: "notamment, en ce qu'il
n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle, la classe dans l'une des trois
catégories suivantes selon les spectateurs auxquels il s'adresse".
Ce qu'on reprochait dans le dossier dont vous faites état, c'est
de n'avoir aucun critère, tandis que dans notre cas, l'article 77 dit:
prévoir des critères d'ordre public et de bonnes moeurs et un
autre critère qui n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle.
M. Marx: Je vois qu'il y a un autre petit point. En Ontario, la
charte canadienne s'applique. Elle ne s'applique pas au Québec et ne
s'appliquera pas dans ce projet de loi. On est peut-être seulement dans
la théorie parce que la cour a décidé, en Ontario, en
fonction de la liberté d'expression. Comme ici on n'a pas de garantie
constitutionnelle de la liberté d'expression, ce jugement ne
s'appliquerait pas au Québec. M. le Président, je pense que c'est
clair, si on lit l'article 199 du projet de loi: "la présente loi a
effet indépendamment des dispositions des articles 2 et 7 à 15 de
la loi constitutionnelle de 1982", c'est-à-dire la Charte des droits et
libertés du Canada. Donc, si on enfreint la liberté d'expression
dans ce projet de loi, ce sera impossible pour les tribunaux
québécois d'appliquer la charte du Canada. Non mais la charte
québécoise, en ce qui concerne la liberté d'expression,
n'a pas préséance sur ce projet de loi. C'est le projet de loi
sur le cinéma qui a préséance sur la charte
québécoise au moins à ce moment-ci.
M. Blouin: Ce n'est pas marqué.
M. Marx: Ce n'est pas nécessaire que ce soit
marqué.
M. Blouin: Pourquoi alors on le spécifie
dans toutes les lois, quand on veut y faire exception. C'est une loi
fondamentale.
M. Marx: Oui mais la loi...
M. Blouin: Donnez-moi un petit cours...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre dit que,
eux, c'est parce qu'ils n'en avaient pas de critères, tandis que nous on
va en avoir, si l'on se réfère à l'article 77: "ne doit
pas porter atteinte à l'ordre public ou aux bonnes moeurs, notamment en
ce qu'il n'encourage ni ne soutient la violence sexuelle, le classe..." Est-ce
que c'est suffisamment précis pour servir de "binding", comme disait le
jugement de la Cour d'appel de l'Ontario, de "binding standard"? Des choses
aussi vagues que ce qui porte atteinte aux bonnes moeurs, pour vous ce qui
porte atteinte aux bonnes moeurs peut être différent de ce qui
porte atteinte aux bonnes moeurs pour moi. Cela demeure très
subjectif.
M. Richard: Voila le bon problème, mais je crois que c'est
suffisant. C'est ce qu'on a reproché dans la cause de l'Ontario. On a
reproché de ne pas avoir ce minimum de critères. On ne pouvait
donc se raccrocher à rien tandis que là, le Bureau de
surveillance - maintenant la régie - peut se raccrocher à l'ordre
public et aux bonnes moeurs notamment en ce qui encourage ou soutient la
violence sexuelle qui est quand même un critère - je pense que Mme
la députée de L'Acadie le reconnaîtra - assez
précis.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, on reviendra plus tard.
Étude article par article
Suppression des mots "vidéo" et
"vidéothèque"
Le Président (M. Paré): On était donc rendu,
avant d'adopter le point 1, à un changement à apporter. Le
changement qui serait apporté: "Ce projet est modifié par la
suspension des mots "vidéo..."
M. Richard: Je m'excuse, M. le Président, ce n'est pas par
la suspension des mots, mais par la suppression.
Le Président (M. Paré): ... par la suppression des
mots "vidéo" et "vidéothèque" partout où ils se
trouvent, y compris dans l'intitulé, à l'exception des articles
1, 94, 98.1, 164, 167, 170, du paragraphe 5e de l'article 157 et de la section
IV du chapitre III en faisant les adaptations nécessaires." Est-ce que
cette modification est adoptée?
M. de Bellefeuille: Adopté.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: II y a une chose, M. le Président. Comme on fait
allusion à plusieurs articles qui vont venir et qui n'ont pas encore
été adoptés, il faudrait au moins suspendre ceci...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
M. Ryan: ...tant qu'on n'aura pas vu ces articles-là, et
qu'on n'aura pas vu leur répercussion exacte.
M. Richard: M. le Président, si je peux me permettre, pour
dissiper toute crainte de ce côté-là, c'est que la
définition du mot "film" dans le projet ne laisse aucun doute quant
à l'intégration, voire l'assimilation aux films de la
vidéo et de tout autre support technique et là je cite le projet
de loi: "...ayant pour résultat un effet cinématographique."
L'ajout d'un alinéa à l'article 1 précisant que les mots
"cinéma" et "cinématographique" comprennent également tout
champ d'activité qui a trait à des films renforce cette
inclusion. La formule du cinéma et de la vidéo devient donc
redondante et inutile. Elle était de surcroît - je l'ai
expliqué cet après-midi - inusuelle dans la terminologie
cinématographique internationale. C'est pourquoi on a supprimé le
mot "vidéo". S'il y avait d'autres choses, d'autres incidences, je
n'aurais pas objection à ce qu'on suspende, mais il n'y a pas d'autres
incidences. Je peux en donner la garantie au député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Si le ministre consent à suspendre à ce
moment-là, cela deviendrait automatique à la fin.
M. Richard: Je prends bonne note que le titre est adopté
sous réserve qu'il n'y ait pas d'incidences.
Le Président (M. Paré): On appelle donc l'article 1
du projet de loi.
M. Richard: M. le Président, avant l'article 1, la formule
introductive sous le titre est remplacée par la suivante: "Le Parlement
du Québec décrète ce qui suit." C'est la nouvelle
formule.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre peut expliquer pourquoi il
change: "Sa Majesté, de l'avis et du consentement de l'Assemblée
nationale..."? Cela fait partie de la réforme parlementaire...
M. Richard: Parce que depuis la
réforme parlementaire, c'est la formule consacrée.
Mme Bacon: Et ce projet de loi avait été
écrit avant?
M. Richard: Avant l'adoption. Est-ce qu'il est adopté?
Le Président (M. Paré): Cette modification est
adoptée?
M. Ryan: Oui, on n'a pas le choix.
Le Président (M. Paré): Adopté. J'appelle
donc l'article 1.
M. Richard: II s'agit simplement, M. le Président, d'un
ajout qui spécifie l'inclusion de la vidéo. C'est l'article 1,
alinéa 1.1: "Dans la présente loi, les mots "cinéma" et
"cinématographique" comprennent également tout champ
d'activité qui a trait à des films." (21 heures)
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait répéter
l'explication qu'il vient de donner?
M. Richard: Oui. J'ai indiqué que c'était
uniquement pour renforcer la définition, pour être absolument
sûr que cela comprend la vidéo.
M. Ryan: Oui, mais je trouve que pour justifier l'explication
vous en prenez pas mal large. Ici, c'est formulé ainsi: Dans la
présente loi, les mots "cinéma" et "cinématographique"
comprennent également tout champ d'activité qui a trait à
des films. Vous donnez trois exemples de champs d'activité qui ne
devraient pas, à mon point de vue, être embrassés par cette
loi: la télévision...
M. Richard: Ah non, la...
M. Ryan: Vous avez ensuite... Non, mais c'est parce qu'ici vous
définissez l'objet général de la loi, n'est-ce pas? Nous
sommes à l'article 1 des définitions. Vous avez, par exemple,
l'enseignement cinématographique. Il me semble que cela relève du
ministère de l'Éducation. La critique cinématographique
relève de la liberté de la presse, il me semble; cela n'a rien
à voir avec le ministre ou avec la Loi sur le cinéma.
M. Richard: M. le Président, M. le député
d'Argenteuil a raison, sauf qu'à chaque fois que les mots
"cinéma" et "cinématographique" apparaissent, c'est dans un
contexte bien particulier qui exclut les domaines qu'évoquait M. le
député d'Argenteuil. Alors, je pense que cela ne se posera pas
à chaque fois qu'on va utiliser les mots "cinéma" ou
"cinématographique".
Le Président (M. Paré): Est-ce que la modification
est adoptée?
M. Ryan: M. le Président, pour être franc, j'aurais
préféré une plus grande précision.
M. Richard: M. le Président, prenons la
télévision: elle est toujours exclue.
M. Ryan: Oui.
M. Richard: Quand on arrive aux articles, on exclut la
télévision.
M. Ryan: Justement. Tantôt, d'ailleurs, je vous demanderai
de ne pas l'exclure nommément. Il arrive souvent, dans ces
débats, qu'on joue aux quatre coins; quand un évoque le principe,
l'autre évoque l'aspect pratique et vice-versa. En tout cas, c'est une
réserve que je mets ici. S'il y avait eu quelque chose comme: Dans la
présente loi, les mots "cinéma" et "cinématographique"
comprennent également tout champ d'activité qui a trait à
des films... Les mots "dans le cadre de la présente loi", à ce
moment-là, il n'y a pas de problème.
M. Richard: Je voudrais donner un exemple...
M. Ryan: Oui.
M. Richard: ...si M. le député d'Argenteuil me le
permet. Quand on dit que la loi doit permettre le développement de la
recherche cinématographique, il faut que cela inclue la recherche dans
le domaine de la vidéo, même pour la recherche et la critique.
Cela ne pose pas de problème en cours de route. Si jamais cela pose un
problème, on verra, mais cela ne pose vraiment pas de problème
dans le texte.
M. Ryan: Je voudrais vous expliquer le pourquoi de mon
hésitation. Dans les milieux où le projet de loi suscite des
objections, l'argument qu'on entend le plus fréquemment, c'est celui qui
prête au gouvernement des intentions de dirigisme excessif. Nous, nous
avons dit que nous étions favorables au projet de loi en deuxième
lecture. Par conséquent, nous croyons que le but premier du projet de
loi, ce n'est pas d'établir un dirigisme excessif, mais de favoriser
surtout l'épanouissement d'un secteur privé du cinéma par
l'exercice d'attributions normales de la part du gouvernement dans la
surveillance de ce champ d'activité. Ici, je ne voudrais pas qu'à
l'extérieur on puisse
prendre des bouts de phrase du texte de loi et dire: Voyez-vous, on a
cette menace et personne n'a mis de réserve à cela. Si vous
n'avez pas d'objection, comme on est au chapitre des termes introductoires qui,
à la fin, n'auront probablement plus beaucoup d'importance, si vous
pouviez l'accepter, comme vous l'avez fait avec le précédent, je
pense que cela...
Une voix: Sous réserve.
M. Richard: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Paré): D'accord. Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: J'ai deux petites remarques. La
première, c'est que nous avons sauté par-dessus le titre du
chapitre premier qui est modifié, que le ministre se propose de
modifier.
Le Président (M. Paré): C'est une proposition qui a
été retirée, sauf que...
M. Hains: C'est la première version, cela.
M. de Beliefeuille: Cela s'appelle: Définitions.
Mme Bacon: Ce n'est plus cela?
Le Président (M. Paré): Nous sommes au chapitre
premier qui s'appelle "Définitions".
M. Hains: C'est parce que dans l'ancienne on avait...
Mme Bacon: C'est qu'on avait "Définitions et application",
M. le Président.
M. Hains: C'est cela. On dit qu'il fait allusion à
cela.
Mme Bacon: Cela ne tient plus...
Le Président (M. Paré): Cela ne tient plus.
Mme Bacon: ...l'amendement que vous avez fait?
M. Richard: On a enlevé le mot "application".
M. Hains: C'est cela.
Le Président (M. Paré): Donc, le titre demeure tel
quel et il faudrait approuver à ce moment-ci l'article premier.
M. de Beliefeuille: Sur l'article premier,
M. le Président, dans les trois premiers alinéas, il y a
la définition de films et de matériel de vidéo. Ensuite,
il y a l'article 1.1 que nous venons de discuter avec M. le
député d'Argenteuil, dans lequel on dit que: "...les mots
cinéma et cinématographique comprennent également tout
champ d'activité qui a trait à des films", ce qui pourrait avoir
l'air d'exclure à ce moment-ci tout champ d'activité qui a trait
à du matériel vidéo. D'après les explications du
ministre, l'intention n'est pas du tout celle-là. Est-ce qu'il ne
faudrait pas dire "comprennent également tout champ d'activité
qui a trait à des films ou à du matériel
vidéo"?
M. Richard: M. le Président, non, parce que le film est un
support et un moyen technique qui comprend, par définition, la
vidéo. C'est pourquoi, quand on parle de films, on parle toujours de
vidéo.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. de Bellefeuille: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Sous réserve.
Le Président (M. Paré): Non. Tout à l'heure,
on est allé trop vite. Ce n'est pas un amendement à l'article 1
qu'on avait, mais un ajout d'article, soit 1.1. Donc, l'article 1.1 est sous
réserve. Est-ce que l'article 1 comme tel est adopté?
M. Richard: Adopté.
Politique du cinéma
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc,
article 2. Au chapitre II, Développement du cinéma et de la
vidéo. Section I, Politique du cinéma et de la vidéo.
Article 2?
M. Richard: M. le Président, les amendements, c'est le
développement du cinéma. Il va toujours falloir faire la
concordance à partir du moment où on a supprimé la
vidéo. Section I, c'est politique du cinéma. En ce qui a trait
à l'article 2, il est identique moins la concordance avec la suppression
du mot "vidéo".
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. À
l'article 3, il y a aussi une modification. L'article 3 est modifié de
la façon suivante: 1) en ajoutant au paragraphe 3 avant les mots "le
développement", les mots
"l'implantation et"; 2) en remplaçant à la fin du
paragraphe 5 le point par un point virgule; 3) en ajoutant à la fin le
paragraphe 6 suivant: "6) la participation des entreprises de
télévision à la production et à la diffusion de
films québécois".
M. Richard: M. le Président, ce qui est important
là-dedans c'est la participation des entreprises de
télévision à la production et à la diffusion de
films québécois. Il est évident que, quand on produit des
films, tôt ou tard ils se retrouvent sur les écrans de
télévision. Comme l'avenir du cinéma passe
nécessairement par la télévision dont elle est, et de
loin, le plus important client, la participation de la télévision
au cinéma québécois doit donc constituer un objectif
prioritaire de la politique du cinéma.
C'est pourquoi le premier volet de l'amendement procède, quant
à lui, d'un strict souci de cohérence avec le paragraphe 1 du
même article.
Le Président (M. Paré): Donc, est-ce que les
modifications sont adoptées?
M. Ryan: Si vous me permettez seulement une question à
propos de l'alinéa 2: "Le développement du cinéma
québécois et la diffusion de la culture cinématograhique
dans toutes les régions du Québec..." Il me semble qu'il y a une
notion qui manque là-dedans, M. le ministre. La diffusion des oeuvres
cinématographiques, il me semble que cela n'est pas exprimé
clairement dans votre article. Il me semble que cela devrait être le
premier objet de la loi. Je ne sais pas si vous pourriez au moins l'ajouter
ici, le développement. Il me semble que le premier objet de la loi est
la diffusion des oeuvres cinématographiques et de la culture
cinématographique dans toutes les régions du Québec et le
développement du cinéma québécois. Il me semble que
c'est une...
M. Richard: M. le Président, j'accepte avec plaisir la
proposition du député d'Argenteuil. Alors, cela se lirait...
M. Ryan: En veillant bien à ce que la distinction soit
faite entre la diffusion des oeuvres cinématographiques...
M. Richard: ...et de la culture.
M. Ryan: ...et le développement du cinéma
québécois aussi. Ce qu'on vise est plus large. C'est la diffusion
des oeuvres cinématographiques dans leur acception la plus large.
M. Richard: Alors, cela pourrait se lire comme suit: Le
développement du cinéma québécois...
Mme Lavoie-Roux: On va vous mettre dans la loi, M. le
député.
M. Ryan: Je veux rester en-dehors.
M. Richard: ...et la diffusion des oeuvres et de la culture
cinématographique dans toutes les régions du Québec.
Le Président (M. Paré): Cet amendement est-il
adopté? Adopté. Est-ce que l'amendement...
M. Ryan: J'aurais une question à propos de l'alinéa
6 qu'on veut ajouter.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'aimerais que le ministre fournisse des explications
sur le pourquoi de cet ajout qu'il veut faire à ce moment-ci en
traînant les entreprises de télévision là-dedans,
alors qu'on sait très bien que les entreprises de
télévision relèvent de la juridiction
fédérale. Je voudrais savoir sous quel aspect, de quelle
manière et pourquoi le ministre peut inclure les entreprises de
télévision ici?
M. Richard: II y a déjà et il y a encore
présentement plusieurs projets de coproduction et parfois même des
coproductions presque permanentes entre l'entreprise privée du
cinéma et les entreprises publiques ou privées de
télévision. C'est pour indiquer qu'on souhaite qu'il y ait cette
espèce d'arrimage entre les entreprises de télévision et
l'entreprise indépendante de production de cinéma au
Québec qui est absolument nécessaire, à mon humble
avis.
M. Ryan: L'explication me satisfait.
Le Président (M. Paré): L'article 3 est
adopté. Est-ce que l'article 3 tel qu'amendé est
adopté?
M. Ryan: Adopté. M. Richard: Adopté.
Cinémathèque reconnue
Le Président (M. Paré): L'article 3 est
adopté. J'ai ici le projet de loi no 109 où il y aurait un
changement à faire avant l'article 4. "L'intitulé de la section
II du chapitre I est remplacé par le suivant: Cinémathèque
reconnue." Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer?
M. Hains: C'est parce que dans le
projet initial de cet article, on ne parlait pas de
cinémathèque reconnue. Je me demande pourquoi favoriser, dans une
loi, la diffusion d'une cinémathèque québécoise
alors qu'il y en a encore beaucoup d'autres quand même,
cinémathèques privées qui sont aussi fondées en
vertu de la partie 3 de la Loi sur les compagnies? Pourquoi faire un certain
favoritisme qui n'est pas tellement justifiable?
M. Ryan: Si le ministre pouvait préciser ses intentions
à ce sujet. Je crois comprendre qu'il existe une
cinémathèque provinciale québécoise. Est-ce qu'il
en existe une qui est de nature publique?
M. Richard: C'est-à-dire que c'est une
cinémathèque privée.
M. Ryan: Où loge-t-elle?
M. Richard: Mon Dieu, à la Cinémathèque,
coin Saint-Denis et Maisonneuve.
M. Ryan: Dans quel cadre juridique fonctionne-t-elle?
M. Richard: C'est une corporation à but non lucratif qui
vit essentiellement d'une subvention qui lui est accordée par contrat du
ministère des Affaires culturelles, qui est l'unique membre
québécois de la Fédération internationale des
archives du film. La cinémathèque québécoise est
déjà reconnue en quelque sorte par le ministère en vertu
d'un protocole d'entente qui a été signé le 10 mai 1978.
Au fond, là-dedans, ce n'est pas très compromettant puisqu'en
vertu des règles d'interprétation, le singulier inclut le
pluriel, de telle sorte qu'on peut reconnaître, le cas
échéant, plus d'une cinémathèque. Mais après
avoir consulté le milieu, après la commission parlementaire,
comme cette cinémathèque reçoit une subvention importante
du ministère des Affaires culturelles, qu'elle est reconnue au plan
international, on a dit: Pourquoi ne pas le mettre dans la loi? Mais c'est une
corporation à but non lucratif, je crois, qui existe en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies et qui a maintenant pignon
sur rue dans le même édifice que l'Institut
québécois du cinéma.
M. Hains: Si on lit l'article 4, c'est écrit: "Le ministre
peut, aux conditions qu'il détermine, reconnaître une
cinémathèque, etc." Tout de suite, vous en reconnaissez une
officiellement sans reconnaître les autres...
M. Richard: M. le Président, ça dit que le ministre
peut, aux conditions qu'il détermine, reconnaître une
cinémathèque, cela veut dire n'importe quelle.
(21 h 15)
M. Hains: Oui, c'est cela. Mais, de prime abord, vous
reconnaissez celle-là.
M. Richard: Je vous dis tout de suite que je vais la
reconnaître, mais cela n'exclut pas qu'on puisse en reconnaître une
autre.
M. Ryan: Tantôt vous avez même ajouté un
amendement comportant la reconnaissance explicite de la
cinémathèque québécoise, n'est-ce pas?
M. Richard: Oui.
M. Ryan: En vue de cet amendement et même en vue de ce que
nous discutons maintenant, avez-vous ici la liste des officiers de cette
cinémathèque?
M. Richard: Mon Dieu, le président en est M. Roch Demers.
Je ne connais pas tous les membres du conseil d'administration. Mais c'est
après avoir consulté le milieu, après la commission
parlementaire, qu'on nous a dit: Écoutez, pourquoi ne pas le mettre dans
la loi, parce que dans la plupart des lois à travers le monde on
reconnaît une cinémathèque.
M. Ryan: C'est ce que vous voulez faire.
M. Richard: Oui.
M. Ryan: Est-ce absolument essentiel d'en reconnaître une
en particulier dans la loi?
M. Richard: Celle-là est tellement... M. Ryan:
Reconnue dans le milieu.
M. Richard: ...reconnue dans le milieu et dans les faits par la
subvention très importante que lui verse le ministère des
Affaires culturelles.
M. Ryan: De quel ordre est la subvention?
M. Richard: Mon Dieu, cela a été de plusieurs
centaines de milliers de dollars pour la construction et maintenant - juste un
moment - sous réserve, je vous dirai 300 000 $ par année.
M. Ryan: Est-ce la seule cinémathèque qui existe
à votre connaissance, M. le ministre?
M. Richard: Non, il y en a au moins une autre qui
m'apparaît assez importante, qui est également très
fréquentée, mais qui n'a pas du tout le même statut pour
le
moment, c'est celle de l'Université Concordia.
M. Ryan: C'est une cinémathèque qui...
M. Richard: Sauf que la cinémathèque dont il s'agit
est la seule cinémathèque de conservation. C'est pourquoi c'est
le seul membre de la Fédération internationale des archives du
film.
M. Ryan: Au point de vue de l'importance de l'inventaire,
avez-vous une idée de l'importance relative de chacune?
M. Richard: M. le Président, pour bien comprendre, les
autres cinémathèques qui peuvent exister sont des
cinémathèques de diffusion. La cinémathèque dite
québécoise est une cinémathèque de conservation et
c'est la seule.
M. Ryan: Très bien. Là, vous apportez un
élément très intéressant. Si vous pouviez assurer
dans cette section de la loi que ce que vous faites sous l'empire de la section
II c'est justement du travail visant à favoriser l'activité de
conservation, je pense que cela diminuerait beaucoup les problèmes.
J'anticipe un peu, M. le Président, mais c'est seulement pour les fins
de la discussion. Je vois l'article suivant: "La cinémathèque ou
la vidéothèque reconnue exerce les fonctions que le ministre lui
confie dans le cadre d'un contrat conclu avec ce dernier". Si c'étaient
les fonctions de conservation ou les fonctions en matière de
conservation. Si vous repreniez la formulation qui est dans le paragraphe
précédent, je pense que cela aiderait beaucoup à dissiper
nos inquiétudes, parce que je crois comprendre que ce sont d'autres qui
s'occupent de la diffusion du cinéma. On craint qu'en vertu du prestige
que lui donnerait sa reconnaissance par le ministre la
cinémathèque québécoise - c'est celle que vous
voulez nous faire reconnaître - pourrait être amenée
à se lancer dans le domaine de la diffusion et à exercer une
activité de concurrence déloyale à l'endroit d'autres
organismes du genre. Si cela pouvait être évité par une
formulation plus serrée, je pense que cela dissiperait des
inquiétudes qui peuvent être fondées.
M. Richard: M. le Président, je pense que je vais dissiper
les inquiétudes fondées, en tout cas, du député
d'Argenteuil en une certaine mesure. Les règles de la
Fédération internationale des archives du film interdisent la
diffusion dans le sens où on l'entend généralement. Les
règles sont très strictes à cet égard. C'est
pourquoi on veut lui accorder une reconnaissance; c'est le seul membre
québécois de la Fédération internationale des
archives du film. Pour vous donner un exemple, la plus importante collection au
monde de films d'animation se retrouve à la cinémathèque
québécoise. Alors, cela ne peut pas devenir, sans perdre son
statut véritable, un centre de diffusion.
M. Ryan: Je ne veux pas être malin, M. le ministre, mais je
sais que, parfois, le gouvernement du Québec n'est pas influencé
outre mesure par des affiliations internationales. On a eu un cas
dernièrement, avec la loi 111, que vous connaissez comme moi. Nous avons
des organismes québécois qui sont affiliés à la
Ligue internationale des droits de l'homme. La ligue internationale a
exprimé des objections très fermes à l'encontre de cette
loi. Elle traîne encore dans nos statuts même si son application
est presque réduite à néant aujourd'hui.
Dans cet esprit, je suppose facilement qu'il pourrait arriver que la
cinémathèque québécoise dise: En ce qui nous
concerne, nous regrettons beaucoup ce règlement de la
Fédération internationale. J'oserais même présumer
que si la fédération internationale avait besoin de
l'adhésion du Québec et surtout de sa cotisation, elle serait
peut-être prête à faire une petite exception. Les organismes
internationaux ne sont pas toujours ceux qui donnent l'exemple de la plus haute
vertu, comme vous le savez.
M. Richard: M. le Président, je voudrais simplement savoir
quelle serait la recommandation.
M. Ryan: Le ministre devrait accepter ceci: La
cinémathèque ou la vidéothèque reconnue exerce les
fonctions que le ministre lui confie en matière de conservation dans le
cadre d'un contrat conclu avec dernier. Cela irait parfaitement avec le
paragraphe précédent.
M. Richard: En matière de conservation du patrimoine
cinématographique et de diffusion, vous voulez éviter de...
M. Ryan: Seulement en matière de conservation, je pense
que...
M. Blouin: Quel est le problème? M. Ryan:
Pardon?
M. Blouin: Pourquoi ne pourrait-il pas faire de diffusion?
M. Richard: Parce qu'on va exclure les autres de la
diffusion.
M. Ryan: Un de mes collaborateurs me fait une remarque. Je pense
que nous étions en train de vous conduire hors de la bonne voie.
Déjà, à l'article 4, le mot "diffusion" est
présent.
M. Richard: Oui, c'est cela. On ne peut pas exclure "de la
diffusion", parce qu'un des rôles de toutes les
cinémathèques est de diffuser le répertoire. Autrement,
cela ne sert à rien de conserver 50 000 films si on ne les diffuse
pas.
Le Président (M. Paré): J'aimerais seulement vous
rappeler, avant qu'on aille à d'autres articles, que nous étions
toujours au changement de titre de la section II.
M. Hains: Cela va ensemble. Quant à moi, j'aimerais autant
que cela reste comme auparavant.
M. Richard: Enlever cinémathèque? C'est
après la commission parlementaire, M. le Président...
M. Hains: Cela a l'air drôle. On n'a aucun critère.
Vous dites cela. On n'a aucun critère. Alors avant même que les
critères, que les motifs ne soient établis, vous la nommez tout
de suite "vidéothèque reconnue" presque "nationale".
M. Richard: C'est embêtant de ne pas la
reconnaître.
M. Hains C'est cela, mais...
M. Richard: Le gouvernement fédéral et nous avons
versé peut-être 1 000 000 $ au total...
M. Hains: ...dans la loi, est-ce que c'est vraiment
nécessaire?
M. Richard: ...je vous dis cela sous réserve, je ne
voudrais pas être accusé.
M. Hains: Mais ce n'est pas...
M. Richard: 300 000 $ par année et il y a un contrat.
C'est un peu comme...
M. Hains: Cela ne l'empêche pas de continuer. Mais est-ce
que c'est ta place, dans la loi, de le reconnaître officiellement?
M. Richard: Non, cela ne l'empêchera pas. C'est parce que
dans toutes les lois sur" le cinéma à travers le monde, ils en
reconnaissent au moins une quelque part; c'est la raison pour laquelle cela n'y
était pas au début.
M. Hains: Oui.
M. Richard: Après avoir consulté le milieu, il est
évident qu'ils ont dit: Donnez donc une reconnaissance à cette
cinémathèque, compte tenu de son importance.
M. Hains: Est-ce que cela venait de
Concordia?
M. Richard: Non, mais le rôle est différent. Cela
n'exclut pas, encore une fois...
M. Hains: Je comprends cela.
M. Richard: ...au contraire, je connais les deux. Cela n'exclut
pas du tout. Je trouve qu'on se priverait de quelque chose d'important nous
permettant de faire connaître la cinémathèque.
M. Ryan: Nous étions encore au titre? M. Hains:
...aussi en même temps.
M. Ryan: Je crois que "cinémathèque reconnue" est
préférable, si vous me permettez une opinion personnelle. C'est
plus large que "la cinémathèque".
M. Richard: Bien sûr. M. Hains: Oui, le titre...
M. Ryan: ...on pourrait peut-être, si le président
nous invite à voter sur le titre, je serais disposé à
voter.
M. Hains: À l'article 5, vous direz: La
cinémathèque reconnue...
M. Ryan: ...
Le Président (M. Paré): Donc, j'en conclus que
l'intitulé de la section II "Cinémathèque reconnue" est
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): Donc, on en vient
maintenant à l'article 4.
M. de Bellefeuille: L'article 4 est-il adopté?
M. Ryan: J'ai encore de petites difficultés à
propos du mot "diffusion". Ce n'est pas parce que je veux faire du
bysantinisme. Le point que je cherche à éviter, c'est le genre de
situation privilégiée qui pourrait être faite à un
organisme au détriment des autres. Il peut arriver qu'on ait deux, trois
ou quatre organismes qui se consacrent à la conservation du patrimoine
cinématographique et à sa diffusion. Si, par exemple, le ministre
dit: Moi, j'ai décidé, du haut de ma grandeur, que c'est cet
organisme que je favoriserai; les autres, vous restez de côté,
vous êtes des marginaux. Le ministre aura toujours une certaine latitude
pour agir de la sorte, mais je ne voudrais pas que la loi lui facilite les
choses. Peut-être que comme il est formulé là, il est
acceptable, mais c'est le mot "diffusion" qui me semble aller
au-delà. J'admets d'autre part l'argument qu'on m'a apporté,
suivant lequel une cinémathèque de conservation a un certain
rôle en ce qui concerne la mise en circulation des oeuvres du
répertoire. Ils ne sont pas là pour être dans un
"frigidaire" évidemment, c'est bien.
Le Président (M. Paré): J'en conclus que l'article
4 est adopté.
M. Richard: Je prends bonne note, M. le député
de...
M. de Bellefeuille: Cela va, il est adopté.
M. Ryan: Non, non! On est en train de discuter.
M. Richard: Je dis que je prends bonne note de vos remarques et
de vos observations, sauf qu'encore une fois, c'est de fait la
Cinémathèque québécoise qui a été
relancée, si je peux me permettre l'expression, par le ministère
depuis plusieurs années et qui existe en vertu d'un contrat, un peu
comme le Musée des beaux-arts existe en vertu du contrat avec le
ministère des Affaires culturelles.
M. Ryan: Là, nous anticipons parce que cela va venir
tantôt à l'amendement que vous proposez. Je cherche, dans la
formulation générale, à laisser la porte également
ouverte à tous les organismes, sans plus. Je ne fais pas du tout de
procès à l'intention de la Cinémathèque
québécoise, au contraire.
M. Richard: M. le Président, en ce qui a trait à
l'article 4, il n'y a pas de problème, parce que le singulier inclut le
pluriel.
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 4 est
adopté? Adopté. L'article 5?
M. Hains: On enlève le mot "vidéothèque",
c'est cela?
M. Richard: Oui.
M. Hains: La cinémathèque reconnue, cela va?
Le Président (M. Paré): L'article 5 est-il
adopté?
M. Ryan: Juste un point, la cinémathèque reconnue
exerce les fonctions que le ministre lui confie dans le cadre d'un contrat
conclu avec ce dernier. Évidemment, c'est sans préjudice des
fonctions qu'elle peut juger devoir exercer par ailleurs dans le cadre de ses
propres statuts à elle.
M. Richard: C'est bien évident.
Le Président (M. Paré): L'article 5,
adopté.
M. Hains: Une minute, est-ce que c'est un bon français? Le
mot "dernier", qu'est-ce que c'est?
Le Président (M. Paré): Le ministre.
M. Hains: C'est vous cela, c'est correct. Cela marche, je pensais
que c'était la cinémathèque.
M. Blouin: Cela ne veut pas dire que c'est le dernier
ministre!
Le Président (M. Paré): L'article 5 est
adopté. L'article 6?
M. Ryan: Juste une chose, c'est parce qu'à l'article 4, on
reconnaissait "une" cinémathèque, et ensuite, on passe à
"la" cinémathèque reconnue. La cinémathèque
reconnue, c'est facile à interpréter. Je ne sais pas comment cela
sera interprété ultimement, mais finalement, il y en avait une
qui devait être reconnue. Je ne sais pas s'il n'y a pas moyen
d'introduire quelque part l'idée qu'il pourrait y en avoir plus
d'une.
M. Richard: À l'article 6.1, l'amendement est implicite,
cela clarifie tout parce qu'on dit qu'aux fins de l'application de la
présente, la cinémathèque québécoise est une
cinémathèque reconnue. Ce qui, évidemment, implicitement,
indique qu'il peut y en avoir plus d'une.
M. Ryan: À ce moment-là, je suis prêt
à accepter votre argument si vous acceptez, en contrepartie, que le mot
"une" puisse figurer également.
M. Hains: ..."une cinémathèque reconnue exerce ces
fonctions."
M. Ryan: ...aux articles 5 et 6, ce serait parfait.
M. Hains: Mettez "une", cela change beaucoup.
M. Richard: Pas d'objection.
Une voix: Cela dépend comment tu l'as
interprété. Dans le contexte...
M. Hains: Si on dit "la", on ne parle que d'une.
M. Ryan: On pourrait défendre l'autre
interprétation, mais si le ministre accepte celle-ci, cela va contenter
tout le monde.
M. Richard: M. le Président, à l'article 5, "une"
cinémathèque.
Le Président (M. Paré): Donc l'amendement "une" qui
remplace le premier mot, "la", est adopté?
M. Richard: à l'article 6, "une"
cinémathèque.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 5 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. L'article
6?
M. Richard: "Une".
Le Président (M. Paré): L'amendement qui remplace
"la" par "une" est-il adopté? Est-ce que l'article 6 tel
qu'amendé est adopté?
M. Ryan: En ce qui concerne l'article 6, attendez un peu, on va
vous demander des explications. Si vous voulez nous expliquer l'article 6, M.
le ministre. Est-ce qu'il y a une cinémathèque reconnue?
(21 h 30)
M. Richard: M. le Président, comme le mandat essentiel
d'une cinémathèque reconnue est d'assurer la conservation des
films, on dit qu'elle peut exiger d'avoir la copie d'un film - seulement d'un
film produit au Québec - à la condition, bien sûr, d'en
assumer les frais. Son mandat essentiel est d'assumer la conservation.
Le Président (M. Paré): L'article 6 tel
qu'amendé est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Donc,
section III... Je m'excuse.
M. Richard: Un instant, 6.1.
M. de Beliefeuille: Est-ce que je pourrais proposer un
amendement? À 6.1, que nous ajoutions une virgule après la
parenthèse. Ouvrir une parenthèse, LRQ, chapitre C-38, fermer la
parenthèse et ajouter une virgule.
M. Richard: On accepte.
Le Président (M. Paré): L'amendement de l'ajout
d'une virgule est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 6.1 est adopté?
M. Ryan: Est-ce que le ministre pourrait nous faire tenir une
copie de la charte de cet organisme le plus tôt possible?
M. Richard: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Ainsi que la liste complète des administrateurs?
Et si vous aviez une copie du dernier rapport annuel qui a été
envoyé au gouvernement sous l'empire de la section de la Loi sur les
compagnies, cela compléterait la documentation.
D'abord, la charte; deuxièmement, la liste des administrateurs;
troisièmement, le dernier rapport soumis au gouvernement sous l'empire
de la troisième section de la Loi sur les compagnies.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 6...
M. Ryan: M. le Président, je demanderais qu'on adopte cet
article sous réserve des choses que nous pourrions voir en prenant
connaissance de cette documentation qui nous fait défaut pour
l'instant.
M. Richard: Je veux bien comprendre "sous réserve", mais
je veux qu'on l'adopte. Ce que je fais là-dedans, je m'engage,
dès que c'est possible, mais je pense que ce sera possible très
rapidement.
M. Ryan: II me semble que si vous êtes prêt à
le reconnaître vous devez avoir un minimum de documentation sur
l'organisme, n'est-ce pas?
M. Richard: Vous allez l'avoir demain, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 6.1 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Ryan: Sous réserve. C'est ce que nous avons
demandé. Autrement, on peut continuer à discuter
indéfiniment et personne ne gagnera.
Le Président (M. Paré): Cela peut être sur
division, mais on doit adopter l'ensemble...
M. Ryan: Non, on ne veut pas s'opposer à cela, nous. La
cinémathèque est un très bon organisme, mais nous voulons
être certains d'avoir tout vérifié avant de donner notre
adhésion à cette proposition du gouvernement qui nous arrive sous
la forme d'un amendement à ce moment-ci. Je vous dis que, si vous voulez
qu'on continue d'en
discuter, on peut bien continuer, on va soulever toutes sortes de points
et cela n'avancera à rien.
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Blouin: Le fait d'adopter l'article sur division ne signifie
pas nécessairement que vous vous y opposez, mais cela signifie que vous
désirez obtenir des renseignements supplémentaires avant de vous
prononcer là-dessus lors d'une conférence de presse ou autrement.
Cela ne nous empêche pas, ce soir, de l'adopter sur division.
M. Ryan: C'est ce que je ne veux pas. Il me semble que l'esprit
dans lequel on discute ce projet de loi n'est justement pas
celui-là.
M. Richard: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, sauf
qu'il me semble que cela pose un problème technique, c'est-à-dire
qu'on peut difficilement adopter sous réserve. Je dis que je prends
l'engagement de remettre tous les documents pertinents demain.
Le Président (M. Paré): Étant donné
qu'on devra aussi adopter le prbjet dans son ensemble à la fin, cela
peut être adopté à l'unanimité ou adopté sur
division seulement. Le ministre a quand même pris en note, je crois, la
demande que vous lui faites, sauf qu'on doit adopter l'article 6.1 tel
qu'amendé.
Donc, l'article 6.1 tel qu'amendé est-il adopté?
M. Ryan: Abstention.
Le Président (M. Paré): L'article 6.1 tel
qu'amendé est adopté.
Mme Lavoie-Roux: Non. S'il y a abstention, c'est adopté
sur division.
Le Président (M. Paré): ...sur division. Aide
financière
Maintenant, section III, Aide financière, article 7?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté.
M. Richard: L'article 8, M. le Président.
M. Hains: Les normes à l'article 7, c'est la
réglementation, le dernier mot? "Suivant le plan d'aide, les programmes
et les normes établis conformément..." C'est cela?
M. Richard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 7 est
adopté?
M. Hains: Est-ce que ça marche, Claude? L'article 7?
M. Ryan: Oui, ça va.
Le Président (M. Paré): Adopté.
À l'article 8, il y a des modifications. L'article 8 est
modifié de la façon suivante: Premièrement, en supprimant
au paragraphe premier les mots "dans les productions". Deuxièmement, en
insérant dans la deuxième ligne du paragraphe troisième,
après le mot "cas", les mots "et dans la mesure". Troisièmement,
en remplaçant le paragraphe sixième par le suivant: "...de
subventions, y compris les subventions au déficit, mais pour ces
dernières, dans le cas et dans la mesure déterminés par
règlement du gouvernement." Quatrièmement, en supprimant les
paragraphes septième, huitième et neuvième. M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: J'aurais une question à poser au
ministre. Je ne suis pas sûr à quel article elle s'accrocherait
plus particulièrement. Mais, c'est peut-être là où
nous parlons de la Société générale du
cinéma. C'est à propos de la formation des cinéastes et
autres artistes et artisans du cinéma. Il me semble que la formation est
un secteur dans lequel les besoins sont particulièrement pressants dans
le domaine du cinéma et je me demande où dans la loi nous
prévoyons la possibilité, non seulement d'une aide à des
entreprises et à des films, mais d'une aide à des personnes qui
souhaitent se perfectionner; une aide qui peut prendre la forme, je suppose, de
bourses d'études ou de stages d'études. Est-ce que c'est
prévu par la loi? Si oui, où est-ce prévu?
M. Richard: M. le Président, la question du
député de Deux-Montagnes est fort pertinente puisqu'en effet,
l'article no 8 ne parle que de la forme que peut prendre l'aide. C'est à
l'article 61, alinéa 4, que le député de Deux-Montagnes
aura sa réponse: "D'encourager ou d'aider financièrement la
formation, la recherche, le développement et l'innovation dans le
domaine du cinéma."
Une voix: Ah oui.
M. Ryan: Cela fait partie des amendements?
M. Richard: Non, dans le texte.
Le Président (M. Paré): Cela répond à
votre question, M. le député de Deux-Montagnes? Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Moi, c'est au troisièmement et au
sixièmement: "De prêts ou avances sans intérêt ou
à un taux plus bas que celui qui a cours sur le marché, dans les
cas déterminés par règlement du gouvernement." Et, au
sixièmement: "De subventions, y compris les subventions au
déficit dans les cas déterminés par règlement du
gouvernement." Est-ce que le ministre pourrait nous donner quelques exemples de
ce qu'il a à l'esprit? Parce que, en deuxièmement: "De
prêts ou d'avances avec intérêt à un taux au moins
égal à celui qui a cours sur le marché", je pense que cela
va. Mais, quand vous arrivez avec des prêts sans intérêt,
des subventions au déficit, vous pensez à quoi en particulier?
Surtout que cela va être décidé par règlement du
gouvernement.
M. Richard: M. le Président, c'est uniquement dans ces
deux cas exceptionnels qu'on dit "par règlement du gouvernement" parce
qu'il s'agit de privilégier vraiment des entreprises avec des taux plus
bas que ceux du marché.
Mme Lavoie-Roux: Vous pensez à quoi? Ou à qui?
M. Richard: Mon Dieu! Quand la Société
générale d'aide reçoit une demande de prêt, à
un taux nettement inférieur au taux du marché, encore faut-il
que...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela viendrait de qui?
M. Richard: Des entreprises.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Pourquoi des entreprises auraient des
taux...
M. Richard: Cela peut...
Mme Lavoie-Roux: ...aussi privilégiés que
ceux-là, alors que d'autres seront au taux du marché et...
M. Richard: Non, je pense que c'est la règle, par exemple,
de la SDI, ou la règle des autres entreprises, la règle de
l'Office du crédit agricole un peu également. On dit que dans ces
cas-là, pour ne pas que cela donne libre cours à des abus, dans
ces deux cas-là seulement, il faudra que le règlement soit
entériné par le Conseil des ministres.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Vous n'avez pas de...
M. Richard: Cela peut se présenter.
Cela dépend évidemment du taux d'intérêt.
Mais supposons que pour qu'un projet soit réalisé, un producteur
dit qu'il ne peut pas emprunter à plus de 8% autrement cet énorme
projet dans lequel il est prêt à investir des millions de dollars,
il ne peut pas le réaliser, le gouvernement devra juger s'il peut
accorder des taux privilégiés et dans quelle mesure ces taux
peuvent être privilégiés. C'est la même chose pour
les déficits. Ce sont les deux cas où on prévoit un
règlement pour ne pas donner libre cours à des abus de la
Société générale du cinéma. Un peu comme
dans toutes les lois des sociétés d'État, au-delà
d'un certain montant, cela prend l'autorisation du gouvernement.
M. Ryan: Dans la mesure où cela va en dessous des taux du
marché, il faut que ce soit dans la mesure déterminée par
le gouvernement.
M. Richard: Parfois, c'est un pensez-y bien avant de
surprivilégier quelqu'un.
Le Président (M. Paré): Est-ce que cela
répond à votre question, Mme la députée de
L'Acadie? M. le député de Rousseau.
M. Blouin: J'aimerais savoir pourquoi le ministre a
supprimé les alinéas 7 et 8 du projet original. Je présume
qu'il voulait s'intégrer... Je lis les alinéas 7 et 8: 7e "L'aide
financière peut prendre la forme de subventions à des
activités de promotion ou de représentation du cinéma
québécois;" et 8e: "d'une participation financière
à des festivals et autres manifestations
cinématographiques;".
M. Richard: M. le Président, la question est encore une
fois pertinente. On ne définit plus les types d'activités, mais
c'est uniquement la forme que peut prendre l'aide. On ne distingue plus
production de promotion dans l'ensemble de l'article. Il eut été
redondant d'utiliser cela.
M. Blouin: Et vous l'intégrez dans: "de tout autre moyen
autorisé par le gouvernement."
M. Richard: En plus, mais déjà c'est
intégré dans l'article 1. Les investissements, les prêts
sont déjà compris. Cela peut viser la promotion ou la
production.
M. Ryan: Je vais revenir sur ce point tout de suite après.
Il me semble qu'on n'est pas tout à fait dans le même ordre de
considération. À l'alinéa 1, on dit: L'aide
financière peut prendre la forme d'un investissement en échange
d'une participation aux bénéfices. Cela est clair. Si quelqu'un
veut produire un film ou veut fonder une entreprise de cinéma, on fait
un
investissement là-dedans en retour d'une participation aux
bénéfices, "de prêts ou d'avances", c'est clair; à
un taux égal à celui du marché, à un taux
inférieur à celui du marché sur directive ou dans le cadre
prescrit par le gouvernement, cela va aussi; de garanties aux prêteurs et
investisseurs...", cela va. "de primes à la qualité et au
succès...", cela va.
À partir de ce moment-là, c'est moins clair. "de
subventions, y compris les subventions au déficit", mais dans ces
derniers cas, "dans la mesure déterminée par règlement du
gouvernement." Ensuite, vous laissez tomber le reste: "... de subventions
à des activités de promotion ou de représentation du
cinéma québécois, d'une participation financière
à des festivals et autres manifestations..." Je crois que le ministre a
dit que cela entrait dans les catégories précédentes. Je
ne comprends pas très bien.
M. Richard: L'alinéa 6 parle de subventions. Cela peut
être des subventions à la promotion. Je vais vous donner un
exemple, le festival des films du monde qui est toujours subventionné,
bien sûr, parce que c'est une des grandes activités
cinématographiques au Québec chaque année. C'est en vertu
de l'alinéa 6 que le festival des films du monde sera
subventionné. C'est uniquement une activité de promotion.
M. Ryan: Oui, c'est très bien. Ce que je crains, M. le
ministre, c'est: "... dans les cas déterminés par
règlement du gouvernement."
M. Richard: Cela s'applique uniquement aux subventions au
déficit.
M. Blouin: C'est justement. Comme c'est placé dans le
même article avec les déficits...
M. Ryan: Ce n'est pas clair, là. On va regarder
l'amendement.
M. Richard: Les subventions sont dans le cas de... C'est assez
clair. En ce qui a trait aux subventions, c'est indiqué: "Y compris les
subventions au déficit", mais pour ces dernières,
c'est-à-dire pour les subventions au déficit, "dans les cas
déterminés par règlement."
M. Blouin: Puisque justement vous associez les subventions au
déficit, on a encore le sentiment que cela s'adresse aux subventions qui
s'adressent à des projets particuliers de films et non pas à des
activités de promotion ou de représentation ou de participation
à des festivals.
M. Richard: On parle d'investissements, de subventions, de
garanties de prêts et cela s'applique à l'ensemble des
activités, M. le député de Rousseau, que ce soit de la
promotion ou de la production. (21 h 45)
M. Blouin: Pourquoi l'avez-vous enlevé?
M. Richard: Parce que ce serait redondant.
M. Blouin: Ce n'est pas si évident que cela.
M. Richard: Encore une fois, M. le Président, j'insiste
sur une chose: On ne parle pas des objets d'aide, à l'article 8, mais
des normes d'aide.
M. Blouin: Vous parlez des objets quand vous dites, par exemple:
"...d'un investissement dans les productions en échange d'une
participation aux bénéfices". C'est évident que ce sont
des bénéfices sur des films. Ce ne sont certainement pas des
bénéfices sur la participation à l'investissement.
M. Richard: Non, cela peut être un bénéfice
sur une activité de promotion.
M. Blouin: Les activités de promotion ne rapportent pas
des bénéfices.
M. Richard: Cela peut être un bénéfice sur
une activité de distribution.
M. Blouin: Une activité de distribution, peut-être,
mais on sort encore une fois des festivals et des activités de
promotion.
M. Ryan: À supposer - je vais faire une hypothèse,
M. le Président - que la société du festival international
du film offre une participation à la Société
générale du cinéma, est-ce qu'elle pourrait participer
à cette entreprise sous la forme d'un investissement?
M. Richard: Oui.
M. Ryan: D'après votre définition.
M. Richard: Bien sûr.
M. Ryan: C'est parce que, là, il est seulement question
des formes d'aide et non pas des...
M. Richard: Ce sont seulement les formes d'aide.
M. Blouin: C'est pour cela que je vous le fais
répéter, parce que les gens vont se référer
à ce que vous nous dites en commission parlementaire. Vous l'avez
tellement répété que cela va probablement
entrer dans "tout autre moyen autorisé par le gouvernement".
M. Richard: Non, "de tout autre moyen autorisé par le
gouvernement", c'est uniquement comme garantie. Tout est déjà
compris dans les six premiers alinéas.
M. Blouin: De toute façon, vous avez été
clair, je pense.
M. Ryan: Ce qu'on n'aime pas, je prends le cas des festivals de
films internationaux, il y a quelque chose qui ne marche pas là-dedans
pour moi. Disons qu'ils conçoivent un budget de 1 000 000 $ pour que
cette entreprise fonctionne. Pour que cela fonctionne, il faudrait avoir une
subvention de 300 000 $ du gouvernement. On en aurait une de 200 000 $ du
gouvernement fédéral, une de 100 000 $ du gouvernement municipal,
le reste viendrait de dons de l'entreprise privée. Cela pourrait
être interprété comme étant une subvention au
déficit. Il me semble que ce n'est pas exactement cela. Il me semble que
c'est le gouvernement qui prendrait sa part des responsabilités dans le
financement d'une activité qui a un grand impact pour le rayonnement de
la culture cinématographique. De la façon dont c'est
formulé, cela me semble... Je ne sais pas si...
M. Richard: Alors, le seul cas où M. le
député d'Argenteuil aurait raison, ce serait si, après la
tenue du festival, on venait nous trouver pour éponger un
déficit; là, on dirait oui. Quand on sollicite une subvention
pour la tenue d'une activité comme celle-là, il n'y a pas de
problème.
M. Ryan: J'ai l'impression que votre formulation n'est pas
satisfaisante.
M. Blouin: Avec les explications que vous nous avez
données, si les gens se réfèrent aux travaux de la
commission, ils vont savoir ce que vous vouliez dire.
M. Ryan: Cela ne vaut rien parce que plus personne ne les
lit.
Mme Lavoie-Roux: On a déjà eu cela pour la loi 101
et cela ne valait plus, ce que le ministre avait dit en commission.
M. Ryan: Ce que je comprends, M. le ministre, on va essayer de le
comprendre clairement. D'abord, vous vouliez parler de subventions.
M. Richard: Oui, je pense qu'on s'entend sur ce qu'on veut dire.
C'est la forme, encore une fois, plutôt que les objets.
M. Ryan: C'est cela. Je ne sais pas si vous n'y gagneriez pas
à faire deux articles différents, deux alinéas
différents de subventions. Dans le cas des subventions accordées
pour un déficit encouru - je ne vois pas comment cela se fait - dans les
cas déterminés par règlement du gouvernement. Je suis
favorable à cela. Je ne veux pas que la personne ou l'organisme qui
demande une subvention soit tout de suite placé, par un ministre le
moindrement véreux, dans la situation où on dit: C'est encore un
déficit, il faut que j'aille voir le premier ministre avec cela. J'ai
mon ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui ne
comprend rien. Excusez.
M. Richard: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à me rallier au point de vue du député d'Argenteuil. Je
voudrais quand même le référer à l'article 61 qui
indique bien, par exemple, à l'alinéa 3: "...de promouvoir ou
d'aider financièrement le cinéma québécois en
favorisant sa représentation dans les festivals et autres manifestations
cinématographiques et de promouvoir la culture cinématographique
au Québec, d'encourager la participation des entreprises de
télévision, d'encourager ou d'aider financièrement la
promotion, de promouvoir ou d'aider financièrement la distribution.
Dès qu'on arrive à ces objets, on l'a de façon très
limpide.
Mme Lavoie-Roux: Là il n'est pas compris dans le 6, c'est
au... 61.
M. Richard: Non. La distinction c'est que c'est la forme... Mais
je n'aurais pas d'objection toutefois, pour une question de clarté,
à ajouter un 7°: à mettre "6° de subventions" et à
mettre un 7 "de subventions au déficit". Séparer les deux dans un
souci de clarté. Je pense que cela rejoindrait les préoccupations
du député d'Argenteuil.
M. Ryan: C'est cela.
M. Richard: II serait d'accord là-dessus. M. le
Président, c'est bien compris: 6° de subventions et 7 , on retranche
y compris et on met: "de subventions.au déficit dans les cas et dans la
mesure déterminés par règlement du gouvernement.
M. Ryan: II y a seulement une difficulté qui reste, c'est:
au déficit de quoi? Un déficit d'opération, un
déficit de bilan, un déficit... Un déficit, c'est une
expression tellement générale.
M. Richard: C'est justement, avec la distinction qu'on vient de
faire, cela va être dans les cas et dans la mesure
déterminés par le gouvernement, parce que cela serait
extrêmement difficile, je pense qu'on en
conviendra tous, de circonscrire parfaitement tous les cas dans un
projet de loi.
M. Ryan: Ce n'est pas brillant comme formulation. On n'a pas
d'objection. Mais, ce qu'on veut dire finalement... Une subvention au
déficit, d'abord, cela ne se fait pas. On donne une subvention à
un organisme ou à une entreprise. On ne donne pas une subvention
à un déficit. Je pense que subvention en vue de combler un.
déficit... Le point que j'ai, c'est le suivant. C'est une subvention...
Vous voulez laisser cela le plus large possible ici. Je pense que moi je
n'aurais pas d'objection: Subvention à une entreprise ou à une
activité déficitaire, mais seulement dans les cas... et cela je
comprends.
M. Richard: On peut ajouter cela: à une entreprise ou
à une activité déficitaire.
M. Ryan: À un organisme. Si vous voulez juste un projet,
c'est encore mieux. J'aime mieux cela. Disons qu'une entreprise a
réalisé un film, ils avaient conçu un budget et le budget
a été défoncé pour toutes sortes de raisons, comme
cela a été le cas dans le passé souvent. Vous voulez que
ce soit réservé à la supervision immédiate du
gouvernement, sous forme de..., je n'ai pas d'objection. J'aime mieux que ce
soit pour une activité ou une entreprise.
M. Richard: Mais il ne faut pas trop se limiter. Il faut faire
attention dans le domaine pour ne pas être trop limitatif. C'est cela que
je veux éviter parce que c'est tellement varié comme
activités.
M. Ryan: C'est parce que là vous voulez vous
protéger. Il y a une autre petite réserve que je vais vous faire
avant qu'on accepte de voter.
M. Richard: Je suggère qu'on passe à l'article 9 et
on va essayer de voir si on peut...
M. Ryan: M. le Président, on ne peut pas accepter de
prendre cela sous réserve: II faut voter.
M. Richard: Ce n'est pas une réserve. C'est une
suspension.
M. Ryan: Très bien. Cela marche, évidemment, cela
va.
Mme Lavoie-Roux: Ils vont faire leur devoir.
Le Président (M. Paré): L'article 8 ainsi que les
amendements sont suspendus.
M. Ryan: Avant qu'on suspende... Là vous donnez à
la Société générale du cinéma tout le
pouvoir en matière de subvention, y compris à des
activités extraordinaires ou plutôt de type exceptionnel qui
pourraient se présenter, comme un festival extraordinaire. Disons qu'il
pourrait arriver quelque chose qui relève plus de la grâce du
prince finalement. Cela peut être, à un moment donné, une
société de production cinématographique. On va encourager
une société productrice de films en Acadie, par exemple. Il me
semble que peut-être le pouvoir de débourser du gouvernement reste
intact avec cela. Peut-être que ie gouvernement plutôt va faire une
subvention quand même, mais ce que je ne voudrais pas, c'est que cela
donne un monopole de subvention à la société
générale. Il pourrait arriver qu'il y ait des cas spéciaux
où il serait bon que le ministre fasse une recommandation au
gouvernement et que le gouvernement puisse donner de l'argent directement.
M. Richard: M. le Président, cela a toujours existé
même avec l'Institut québécois du cinéma, sauf que,
généralement, le ministre demande l'avis de la
société générale si c'est un cas vraiment
spécial.
M. Ryan: Je vous pose une autre question. Est-ce que vous trouvez
que c'est une bonne chose? Je n'ai pas d'objection formelle, mais je ne suis
pas sûr que ce soit une bonne chose de donner à la
Société générale du cinéma une vocation
d'être une espèce de patron des arts. Je la vois comme un
organisme fonctionnel. Un producteur de cinéma a conçu un projet,
il aura la participation de cet organisme. Il dit: Très bien, voici nos
coordonnées et voici ce que nous attendons de vous. Mais quand il s'agit
de subventions à des organismes qui sont plutôt dans le domaine de
l'éducation et de la culture cinématographique, je me demande
sincèrement si c'est une bonne chose de donner tout le paquet à
cet organisme-là.
M. Richard: II y a eu une telle évolution par rapport
à ce qui existait et ce qui existe présentement. Il faut se
rappeler qu'il y aura l'Institut québécois du cinéma qui
sera un peu le chien de garde de la société, de même que le
ministre des Affaires culturelles également. Alors, c'est un peu
l'application de la théorie "check and balance". Ils auront des comptes
à rendre en même temps.
M. Ryan: Je vous dis cela, parce que je vois des
sociétés d'État à Ottawa: Le Canadien National qui
est rendu promoteur de 56 activités qui ne sont pas de son domaine; Air
Canada qui est rendue promotrice de festivals de musique et de
festivals de ceci et de cela. Au nom de l'image publique qu'une
société doit se donner et d'une interprétation le
moindrement extensive de son mandat, on la retrouve à peu près
dans n'importe quoi au bout d'un certain nombre d'années. Je ne sais
pas, mais je trouve que si on crée un empire trop gros de ce
côté-là qui aurait droit de regard sur tout, n'oubliez pas
une chose, cet organisme va être un partenaire d'entreprises commerciales
et il va être actionnaire dans une société de cinéma
ou dans une production cinématographique particulière.
M. Richard: II n'est pas au dictionnaire, pas au sens strict du
terme.
M. Ryan: Mais quand vous dites: D'un investissement en
échange d'une participation aux bénéfices, cela ressemble
pas mal à cela.
M. Richard: Dans un projet, pas dans une compagnie, pas dans une
firme.
M. Ryan: On ne le sait pas. On ne peut pas dire cela, parce qu'on
parle seulement des formes. Vous avez dit qu'on ne parlait pas des objets.
M. Richard: M. le Président, à l'article 46...
M. Ryan: Oui.
M. Richard: ...le député d'Argenteuil a la
réponse.
M. Ryan: Ah! Pourquoi l'avez-vous mise là? "Elle ne peut
également faire aucun investissement par achat de capital-actions dans
une entreprise". Cette réserve étant acceptée
évidemment, il reste quand même que cette société
fait des opérations qui sont de type commercial. Elle va faire des
prêts ou des avances avec intérêt. Là, c'est une
décision surtout commerciale qu'elle prend. Elle fait un prêt au
taux du marché. En même temps, elle est patronne des arts. On va
dire: Oui, M. Losique, vous avez un très beau festival cette
année; vu que ce n'est pas mal, on va vous donner 500 000 $.
L'année prochaine, on dira: On ne l'a pas aimé votre festival
l'an dernier, on va vous réduire cela à 100 000 $. Je ne sais pas
si vous ne lui donnez pas une extension un peu trop large. J'ai un autre
exemple. La 5DI, on ne la voit pas commençant à financer des
cours aux Hautes études commerciales et à financer des
expositions industrielles et commerciales. On dit: Ton rôle à toi,
c'est de faire des prêts à l'entreprise et de faire des
investissements. Elle peut même prendre du capital-actions dans des
proportions que déterminent les règlements du gouvernement.
Je ne sais pas si c'est bon de mêler ces deux fonctions dans le
même organisme.
M. Richard: M. le Président, le danger que signale le
député d'Argenteuil serait réel si la
société ne devait pas agir dans le cadre d'un mandat qui lui est
conféré à la fois par l'Institut québécois
du cinéma et par le ministre, mandat que l'on retrouve dans un contrat
qui est signé. Donc, elle doit exécuter selon ce contrat et la
programmation. Elle est liée par la programmation suggérée
par l'Institut québécois du cinéma. Alors, elle ne
pourrait jamais s'écarter de son mandat essentiel parce que
contrôlée par l'institut et le ministre. Il est évident que
c'est là l'intérêt de la structure proposée.
L'institut québécois proposera toute une programmation et une
politique en disant: Voici, on voudrait qu'il y ait tant dans la promotion,
tant dans la production et tant dans les festivals, etc. Il ne pourra pas
s'écarter de ce mandat et il devra rendre des comptes.
M. Ryan: Cela veut dire qu'un organisme qui fait un petit travail
d'éducation dans le domaine du cinéma devra passer par combien
d'étages? Est-ce qu'il ira d'abord à l'institut ou à la
société? Il ira à la société, j'imagine.
C'est elle qui est opératoire.
M. Richard: Je m'excuse, M. le Président, j'étais
en train de lire un texte.
M. Ryan: Si j'ai une société d'éducation
cinématographique...
M. Richard: Oui.
M. Ryan: ...et que je veux de l'aide parce que je prétends
faire un travail convenable, il faut que j'aille d'abord à la
société. La société examinera mes projets. Elle
dira: Oui, on pourrait peut-être donner 300 000 $ à cet organisme.
Normalement, il faut qu'elle fasse toute sa programmation pour l'année.
Elle soumet cela à l'institut. L'institut dit oui. Il le soumet au
ministre ensuite. Est-ce que cela veut dire qu'il faudra passer par tous ces
étages avant que quelque chose commence à se faire?
M. Richard: Non. La programmation est soumise annuellement. C'est
un contrat exactement comme on en a avec d'autres organismes. C'est un contrat
qui prévoit un cadre de programmation.
M. Ryan: La programmation, en ce qui concerne la production
cinématographique, je comprends très bien cela, mais, pour le
reste de l'activité, je trouve que c'est bien...
M. Richard: Oui, mais, M. le Président,
elle n'aura pas le choix, parce que les gens de l'Institut
québécois du cinéma et le ministère des Affaires
culturelles, ce qui les intéresse au premier chef, c'est la production.
Alors, elle ne pourra pas s'écarter. Dans le contrat qui sera
signé, la ventilation des sommes dont elle dispose sera faite.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que je vous ai fait confiance
pour celle-là.
M. Ryan: En tout cas, cela reviendra tantôt quand on
parlera de l'institut et de la société. J'enregistre quand
même cette réserve en ce qui touche l'aide financière aux
organismes à caractère culturel ou éducatif qui ne sont
pas engagés directement dans la production. Je trouve que des
distinctions devraient être faites qui ne sont pas faites ici. C'est une
réserve que j'émets à propos de l'article 8.
M. Richard: M. le Président, cela ne s'est pas
véritablement présenté jusqu'à maintenant à
l'Institut québécois du cinéma depuis qu'il existe; en
tout cas, pas à ma connaissance. Ce sera encore plus difficile
maintenant, parce qu'il y a deux chiens de garde. Ils ne pourront pas
s'écarter de leur mandat. C'est précisément pourquoi il y
a deux chiens de garde.
M. le Président, si je pouvais revenir à une formulation
en ce qui a trait à l'alinéa 6, je proposerais qu'on mette les
mots "de subventions" et, à l'alinéa 7, les mots "de subventions
à des activités ou à des entreprises en vue de combler un
déficit, dans les cas et dans la mesure déterminée par
règlement du gouvernement". Je pense que cela rendrait l'ensemble des
dispositions plus limpide.
Le Président (M. Paré): Donc, les
amendements...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Quant au 10 , je trouve que l'aide
financière peut prendre plusieurs formes. On en a déjà un,
deux, trois, quatre, cinq, six, sept. Là, la porte est toute grande
ouverte avec ceci: "De tout autre moyen autorisé par le gouvernement".
Qu'est-ce que vous envisagez?
M. Richard: Je ne le sais pas, c'est uniquement, Mme la
députée de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Je n'aime pas ces grandes portes ouvertes.
M. Richard: Moi non plus, mais c'est pour nous prémunir
contre une interprétation trop limitative. C'est tellement varié
dans ce secteur qu'on ne sait jamais ce qui va nous arriver.
Mme Lavoie-Roux: Le problème avec ces grands articles
ouverts c'est que finalement c'est un moyen - c'est souvent, j'exagère
peut-être, cela peut être un moyen utilisé
exagérément - pour contourner, dans le fond, l'esprit de la loi,
les fonctions réelles - enfin, il s'agit, ici, de la
société générale - des organismes... Il y a
tellement de portes qui sont ouvertes dans les six points qu'on a
mentionnés. Si jamais il arrive une autre circonstance et que vous
faites la démonstration... Modifier des lois n'est pas facile, mais d'un
autre côté - je ne sais pas on est dans le domaine de l'aide
financière...
M. Richard: Oui, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: ...on est dans le domaine des...
M. Richard: Une loi existe pour 10, 15, ou 20 ans, c'est un
secteur en pleine évolution. On ne sait pas trop ce qui pourrait se
présenter, et c'est uniquement pour nous prémunir parce que s'il
arrive un projet, vous imaginez bien qu'on...
Mme Lavoie-Roux: Un amendement à une loi n'a pas besoin de
durer 10, 15 ou 20 ans.
M. Richard: Je comprends, mais c'est par rapport à un
projet très précis, très concret; on ne vient pas pour
amender la loi, il est souvent trop tard dans ces conditions-là.
Mme Lavoie-Roux: Parce que l'aide financière peut prendre
la forme de tout autre moyen. Vous avez déjà des investissements.
Vous avez des investissements directs avec possibilité d'échange,
participation aux bénéfices. Vous avez des prêts
avec intérêts, sans intérêts, des garanties, des
primes, des subventions, et même des subventions au déficit des
entreprises et des activités. J'essaie de penser à un autre moyen
d'aide financière qui pourrait faire l'objet...
M. Richard: Je vais vous avouer franchement: on l'a pris dans les
autres lois constitutives des sociétés d'État où on
met toujours cette réserve, au cas où il nous arrive quelque
chose qu'on n'avait absolument pas prévu.
Mme Lavoie-Roux: Dans le monde culturel, les gens
élargissent et élargissent;
vous le savez, M. le Président, toutes les causes sont
bonnes.
M. Richard: Je vais vous donner un cas: Une bourse.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est prévu nulle part ailleurs?
M. Richard: Ce n'est prévu nulle part ailleurs. Je ne dis
pas que cela va se présenter.
Mme Lavoie-Roux: Mais cela pourrait se présenter.
M. Richard: À ce moment, je vous rappelle encore une fois
que cela demanderait l'autorisation du gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y a pas d'autres dispositions
dans les lois du ministère des Affaires culturelles ou à travers
d'autres ministères, où des bourses pourraient êftre
accordées pour des fins d'études cinématographiques?
M. Richard: C'est parce que le ministère,
traditionnellement...
Mme Lavoie-Roux: Vous en donnez des bourses. '
M. Richard: Mais pas pour le cinéma.
Mme Lavoie-Roux: Mais qu'est-ce qui vous empêche d'en
donner pour le cinéma?
M. Richard: II faudrait modifier des choses en profondeur. Depuis
que la loi de 1975 existe, le ministère a laissé à
l'Institut québécois du cinéma le soin de faire la
programmation et de distribuer les sommes d'argent disponibles.
M. Ryan: Est-ce que pour donner... C'est vrai que...
M. Richard: Je ne dis pas que...
Mme Lavoie-Roux: Je ne pense pas que vous allez en abuser.
M. Richard: ...c'est impensable.
Mme Lavoie-Roux: II me semble qu'il y a d'autres
mécanismes pour donner des bourses.
M. Richard: Oui, mais si quelqu'un intervenait, en tout cas, on
pourrait être accusé et on dirait: C'est cela, c'est le
ministère qui veut reprendre le contrôle sur le cinéma
etc.
M. Ryan: M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas
moyen de répondre à l'inquiétude de la
députée de L'Acadie en ajoutant quelques mots qui obligeraient au
moins le gouvernement, dans ces cas-là, à rendre sa
décision publique?
M. Richard: D'accord, là-dessus, je n'ai aucune
objection.
M. Ryan: S'il y avait moyen d'ajouter cela à l'article 10.
Je cherche depuis longtemps... J'admets la nécessité ou
l'opportunité de cette clause, mais il peut arriver qu'on l'apprenne
cinq ans après en fouillant dans les comptes publics, en prenant
connaissance d'une étude; c'est que cela nous avait passé sous le
nez à tout le monde, on se rend compte cinq ans après. Tandis que
là, s'il y a une obligation de publication, cela va nous donner une
garantie.
Mme Lavoie-Roux: Parce que, à un moment donné, cela
pourrait être le don d'une maison pour... C'est considérable.
M. Richard: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Une bourse reste toujours dans les limites
d'environ 10 000 $. Je pense que si c'était rendu public, ce serait une
excellente suggestion.
M. Ryan: M. le Président, pendant que ses conseillers
disposent de ce point-ci, j'aurais une autre question à poser. Je ne
vois nulle part, dans les différentes formes que peut revêtir
l'aide financière, la participation financière à des
organismes ou à des entreprises à but non lucratif.
M. Richard: C'est implicite, M. le Président.
M. Ryan: Où ça? Cela ne peut pas être dans le
premier parce que c'est en échange d'une participation aux
bénéfices. Dans le deuxième non plus, ce sont des
prêts ou des avances. Dans le troisième, ce sont des
garanties.
M. Richard: Dans le premier, M. le Président, ça ne
peut pas l'être parce que, par définition, pour un organisme
à but non lucratif, il n 'y a pas de bénéfices, alors que
pour tous les autres, cela s'applique.
M. Ryan: Ce que je voulais dire, prenons comme exemple une
société dont la formation était récemment
portée à ma connaissance. C'est une municipalité qui
s'associe à une autre municipalité puis à une organisation
privée. Elles forment une société pour l'organisation
d'une exposition. Elles se disent: Chacune va mettre le tiers de l'argent
requis. Si on a besoin de 300 000 $ pour marcher, chacun met 100 000 $.
C'est
une entreprise à but non lucratif, c'est pour la
réalisation d'une exposition régionale de...
Il pourrait arriver qu'on veuille solliciter la participation
financière de la société pour une entreprise de ce
genre-ci. Est-ce que cela pourrait aller quelque part dans les
catégories que nous avons?
M. Richard: Oui, cela irait dans les catégories 2, 3, 4, 5
et 6.
On ne fait pas de distinction. Il n'y a rien qui indique que cela doit
être uniquement pour les organismes à but lucratif. La distinction
n'est pas faite.
M. le Président, je voudrais ajouter un élément
qu'on vient de m'apporter. En vertu de la Loi sur l'accès à
l'information, l'article 175...
Mme Lavoie-Roux: Tous les gens vont vous demander cela.
M. Richard: ...prévoit qu'un décret -c'est par
décret et un décret est forcément public...
Mme Lavoie-Roux: Pour autant que je regarde ma Gazette
officielle. Je suis assez fidèle à le faire, mais quand
même.
M. de Bellefeuille: À ce moment, il faudrait
peut-être le dire que c'est par décret.
M. Ryan: Est-ce que nous pourrions autoriser par décret
gouvernemental?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Richard: Le gouvernement n'agit que par décret, mais
enfin...
M. Ryan: Mais il agit par le ministre aussi.
Mme Lavoie-Roux: Mais le gouvernement, ce n'est pas le
ministre.
M. Richard: Non, le gouvernement, ce n'est pas le ministre. C'est
toujours un décret. Forcément.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, cela va. On va suivre la Gazette.
M. Ryan: Dans la loi sur l'information gouvernementale, est-ce
qu'on donne un délai pour la publication d'un décret? Cela doit
être marqué, sauf les cas où l'on juge que dans
l'intérêt public, il ne faut pas publier tout de suite.
Il y a sûrement une clause de sauvegarde.
Cette loi, j'y ai porté peu d'attention à cause de cela,
d'ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on va trouver bien des petites portes de
sortie. C'est un peu comme cela. Ce sont des portes de...
M. Ryan: Vous ne l'avez pas ici, cette loi? Y aurait-il
possibilité de la faire venir vu qu'on a invoqué cet argument? Ce
serait une affaire de rien.
Le Président (M. Paré): Est-ce que les amendements
à l'article 8 sont adoptés?
M. de Bellefeuille: M. le Président, vous avez sans doute
remarqué qu'il faut renuméroter l'alinéa qui porte le
numéro 10. Je pense qu'il devient le numéro 8.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Renuméroter les
alinéas.
Le Président (M. Paré): II faudrait aussi remarquer
que dans les amendements, l'alinéa 3 sera: "en remplaçant le
paragraphe 6 par les suivants" et pas par "le suivant", étant
donné que cela va être remplacé par deux alinéas,
deux paragraphes. Est-ce que l'amendement, tel que corrigé, est
adopté?
M. Richard: Adopté. (22 h 15)
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 8, tel qu'amendé, est adopté? Adopté. Donc,
j'appelle l'article 9 qui comporte aussi une modification.
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement pour le français, c'est
plus joli?
M. Richard: Oui, c'est le comité de
législation...
Mme Lavoie-Roux: C'est mieux, franchement.
M. Hains: À l'article 9, il va y avoir plus que cela.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, c'est tout.
M. Hains: Mais, cela ne marche pas. Si on compare avec l'article
33, on a plus loin la modification qui est apportée à l'article
33: "L'institut a pour fonctions de conseiller le ministre sur
l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique du cinéma et
de la vidéo et d'en surveiller l'exécution". Ici, c'est "La
Société générale du cinéma et de la
vidéo doit transmettre chaque année..." Alors ce serait au
ministre et non pas à l'institut. Non? Cela va rester à
l'institut?
M. Richard: II faut que l'institut soit informé.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui parce que ce sont ceux qui maintenant
décident des
subventions dont l'institut décidait autrefois.
M. Richard: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Alors, il faut qu'ils sachent à qui ils
vont...
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander à mon
collègue de Saint-Henri de reprendre son argument parce que j'ai
manqué le début?
M. Hains: J'ai dit qu'en vertu de l'article 33, l'institut a pour
fonctions de conseiller le ministre sur l'élaboration et la mise en
oeuvre de la politique... C'est cela? C'est la nouvelle correction qui a
été apportée?
M. Richard: Oui.
M. Hains: Je prends la correction qui a été
apportée. Si on regarde l'article 33 et l'article 9 maintenant, il me
semble qu'il y a une petite anomalie: "La Société
générale du cinéma et de la vidéo transmet chaque
année à l'Institut québécois..." Ce ne serait pas
directement à vous, au ministre?
M. Richard: Non, M. le Président, il faut lire l'article
33 avec l'article 34.
M. Ryan: L'article 34, d'après ce que je comprends, vous
ne l'amendez pas du tout? Vous le laissez comme il était dans le texte
original?
M. Richard: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Je trouve que cela fait curieux. On va y revenir
tantôt.
M. Richard: Sauf qu'on a amendé l'article 33 pour le
rendre davantage conforme à l'article 34.
M. Ryan: Ce qu'on avait cru comprendre dans l'amendement que vous
annonciez, c'est que l'Institut québécois du cinéma
devenait un organisme à vocation consultative comme l'est, par exemple,
dans son ordre, le Conseil supérieur de l'éducation. Mais cela
impliquait, pour nous, que l'organisme à caractère
opératoire qu'est la Société générale du
cinéma ait une relation directe avec le ministre. Je donne un exemple de
ce que je comprenais de ceci. Tantôt, cela va demander pour le moins des
réaménagements entre les articles 33 et 34. La
Société générale du cinéma prépare un
programme d'aide au cinéma pour la prochaine période. Est-ce que
c'est marqué "à tous les ans", dans le projet de loi? Disons que
c'est à tous les ans. Moi, je croyais qu'elle le transmettait au
ministre, que le ministre était obligatoirement tenu de solliciter
l'avis de l'Institut québécois du cinéma là-dessus,
que l'institut lui donnait son avis et qu'ensuite le ministre prenait la
décision d'aider, après avoir reçu l'avis de l'institut,
ce qui lui donne d'ailleurs, dans les cas de nécessité, une
certaine marge.
À ce sujet, depuis le début, je tiens à
préserver l'autorité du ministre également. Je l'ai
toujours fait dans tous les projets de loi semblables que j'ai pu être
amené à discuter. Je pense que c'est bien important qu'il reste
une autorité nette. À un moment donné, par excès de
démocratie... Dans ce cas-ci, c'est assez curieux, parce qu'il y a
d'autres cas où le gouvernement agit exactement en sens contraire. Mais,
dans ce cas-ci, peut-être qu'on est enclin à donner tellement
à ces organismes qu'il ne restera finalement plus rien au ministre.
M. Richard: M. le Président, cela m'étonne un peu
d'entendre ces propos.
M. Ryan: Pas de ma part.
M. Richard: Non pas de la part du député
d'Argenteuil, mais on m'a souvent dit et répété que le
ministre se conservait tous les pouvoirs non seulement dans le cas de cette
loi-là mais également dans le cas d'autres lois. J'aurais
tendance généralement à partager le point de vue du
député d'Argenteuil, sauf qu'on est devant une situation
créée à partir de la loi de 1975 et des habitudes acquises
avec lesquelles on doit rompre. On dit que' ce ne sera plus l'industrie qui va
se subventionner, les membres de l'industrie qui se subventionneront entre eux.
Comme l'expertise - qui n'abonde pas au Québec en la matière -
est au niveau de l'industrie, en ce qui a trait à l'élaboration
des politiques et aux programmes, aux orientations générales, il
me semblait important de laisser cela entre les mains de l'Institut
québécois du cinéma à la condition toutefois c'est
toujours la condition que j'ai maintenue malgré les pressions .- je
pense que le député de Saint-Henri en sait quelque chose et ceux
qui participaient à la commission parlementaire - que la
Société générale d'aide au cinéma soit
l'exécutante et que les membres de l'industrie ne se subventionnent pas
entre eux. C'est la règle. Je suis disposé à leur laisser
l'orientation des politiques, la conception des programmes. L'article 35 donne
un rôle au ministre.
M. Ryan: M. le Président, dans les explications qu'apporte
le ministre je porte une attention spéciale pour ma part à celle
qui évoque l'évolution en cours. On est parti d'un certain point
et on s'en va vers un autre qui reste indéterminé pour l'avenir
à long terme; mais pour l'avenir à très court terme et
à moyen terme qu'on doive passer
par une forme intermédiaire comme celle-ci, je le comprends.
D'autant plus qu'à l'article 11: "Le ministre, après avoir
été saisi du plan d'aide approuvé par l'Institut
québécois du cinéma, peut le modifier lors de son
approbation."
M. Richard: M. le Président, le député
d'Argenteuil a lu l'article que je m'apprêtais à lire. Il m'a
devancé. Les articles 9, 10, 11 et 12 doivent se lire avec les articles
33, 34 et 35.
M. Ryan: Je tiens quand même à inscrire que, pour
l'avenir à long terme, plus ces choses-là seront nettement
clarifiées mieux ce sera pour tout le monde. Je comprends encore une
fois que, dans une perspective d'évolution, il y a certaines
formulations qui paraissent plus opportunes ou souhaitables actuellement, mais
pour l'avenir à long terme, je crois qu'il est très important que
les organismes à vocation consultative soient nettement situés
dans cette ligne justement pour avoir une indépendance totale dans
l'expression d'opinions mais ne pas être engagés dans les
responsabilités d'exécution. C'est ce qui fait la clarté
du rôle que joue le Conseil supérieur de l'éducation et ses
commissions. Elles ne sont aucunement engagées dans la mise en oeuvre
des politiques. Chacun est entièrement libre, chacun de ces organismes
qui forment la famille des organismes consultatif au Conseil supérieur
de l'éducation. On doit se réjouir que dans l'ensemble ils
émettent des opinions vigoureuses, bien construites et orientées
vers le bien général, qui exercent une certaine influence sur le
gouvernement, surtout quand les opinions sont demandées avant que les
décisions ne se prennent, ce qui n'est pas toujours le cas.
Le Président (M. Paré); Est-ce que l'amendement
à l'article 9 est adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 9 tel qu'amendé est adopté?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
10.
M. Ryan: Oui, on vient d'en discuter.
Le Président (M. Paré): Article 10 adopté.
Article 11.
M. Richard: C'est un article très important.
Le Président (M. Paré): Article 11
adopté.
Mme Lavoie-Roux: C'est votre pouvoir discrétionnaire.
M. Richard: Je voudrais que vous vous réconciliiez...
M. Ryan: On a une petite remarque pour le ministre, avant qu'on
aille trop loin.
M. Richard: Ce sera plutôt pour le collaborateur, parce que
je ne le connaissais pas...
M. Ryan: J'avais raison de ne pas lire cela trop attentivement
parce que toutes les sauvegardes qu'on prévoyait sont là. Il faut
le lire. On vous connaît bien. Article 11.1: "Les décrets du
gouvernement sont publiés à la Gazette officielle du
Québec au plus tard 30 jours après qu'ils ont été
pris. "Le gouvernement peut en différer la publication pour un motif
d'intérêt public exposé dans le décret."
M. Richard: On imagine mal invoquer l'intérêt public
dans un cas comme celui-là.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez quand même cru bon de mettre le
tempérament.
M. Ryan: Cela va se faire souvent. Ils vous diront cela.
M. Richard: M. le Président, je ne connaissais pas le
libellé de l'article 175 de la loi d'accès.
M. Ryan: Dans ce cas-là, à supposer que vous
publiiez le décret...
M. de Bellefeuille: Ce n'est quand même pas une porte
complètement ouverte parce qu'il faut que le gouvernement décide,
au moment où il adopte ce décret, qu'il va en différer la
publication. Il ne peut pas faire cela après coup, d'après le
texte que vous venez de lire.
M. Ryan: Ils pourront publier le décret un an
après. Ils diront qu'ils n'ont pas publié avant contrairement aux
stipulations de la loi sur le droit d'accès à l'information pour
des raisons d'ordre financier. On ne voulait pas faire perdre d'argent à
personne. On ne voulait pas mettre en danger ceci ou cela. Je n'ai pas trop
confiance à cela. En tout cas.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez bien raison.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 11 est-il
adopté?
M. Ryan: Je connais trop les gouvernements.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
12.
Une voix: Adopté.
L'Institut québécois du
cinéma
Le Président (M. Paré): Article 12, adopté.
Donc, on passe à la section IV, l'Institut québécois du
cinéma, premièrement constitution et organisation, article 13.
Est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Ryan: Oui, le mot "vidéo" disparaissant.
Le Président (M. Paré): Oui, c'est cela.
Adopté. Article 14, adopté. Article 15.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais demander au ministre pourquoi
c'est un nombre pair au lieu d'un nombre impair?
Mme Lavoie-Roux: Cela ne leur fait plus rien maintenant. Je me
souviens que dans certaines lois, cela m'avait étonné. Ils disent
non maintenant que cela n'a plus d'importance. Autrefois cela en avait, mais
aujourd'hui cela n'en a plus. Il me semblait que c'était le principe du
nombre impair, en cas de décision.
M. Richard: Ce n'est pas parce que je suis superstitieux, M. le
Président. Je ne suis pas superstitieux.
Le Président (M. Paré): Article 15, adopté.
À l'article 16, il y a des changements à apporter. "L'article 16
est modifié de la façon suivante: premièrement, en
remplaçant, à la première ligne du premier alinéa,
les mots "au moins une" par les mots "une seule"; deuxièmement, en
remplaçant, le paragraphe Je par le suivant: 3° les techniciens; en
remplaçant, le paragraphe 7e par le suivant: 7° les
scénaristes.
M. Ryan: M. le Président, je ne veux pas vous interrompre,
mais il me semble que le ministre n'a pas répondu à la question
précédente sur le chiffre pair. Il a dit qu'il n'était pas
superstitieux.
Je veux seulement lui poser une question. Il a peut-être
répondu à ce problème ailleurs dans la loi. En cas de
division des voix, six contre six, qu'est-ce qui arrive? Est-ce qu'on donne un
vote prépondérant au président?
Mme Lavoie-Roux: On va en mettre treize, cela va être plus
chanceux.
M. Richard: On a le choix: ou treize ou un vote
prépondérant.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. de Beliefeuille: Treize ne change rien. S'il n'y a pas de vote
prépondérant, ils ne peuvent pas décider.
Mme Lavoie-Roux: Sauf qu'en principe, c'est mieux treize qu'un
vote prépondérant parce qu'un président soit toujours
obligé de trancher, qu'il soit obligé de trancher trop souvent,
ce n'est pas bon. C'est vrai cela.
M. Richard: On pourrait ajouter tout à l'heure à
l'article 28, "le vote prépondérant."
M. Ryan: En tout cas, l'un ou l'autre des deux pour qu'au moins
en logique, ce soit une structure fonctionnelle.
Le Président (M. Paré): Donc, on revient à
l'article 16. J'étais dans les modifications. La quatrième,
c'est: En remplaçant le paragraphe 8° par le suivant: "8° les
industries techniques". Est-ce qu'il y a des questions sur les modifications
à l'article 16? (22 h 30)
M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre aurait l'obligeance de
nous expliquer pourquoi les techniciens remplacent les artisans et pourquoi les
scénaristes remplacent les auteurs-compositeurs? Où trouve-t-on
dans cette énumération, les monteurs, les imagistes ou cameramen
et les preneurs de son?
M. Richard: Je réponds immédiatement à la
dernière partie de la question. À l'alinéa 3, c'est
à la demande des techniciens qu'on a changé la terminologie parce
que maintenant, entre autres, les syndicats s'appellent les syndicats de
techniciens et non pas les syndicats d'artisans. Il y a une artisane ou une
technicienne présente dans la salle qui appuie mes dires.
M. de Bellefeuille: II y a un autre aspect à ma
question.
Le Président (M. Paré): Oui. Est-ce que vous voulez
poursuivre, M. le député de Deux-Montagnes?
M. de Bellefeuille: Où sont passés les
auteurs-compositeurs et pourquoi apparaissent tout à coup les
scénaristes?
M. Richard: Nous avons mis "les scénaristes" parce que la
société qui
regroupe les auteurs-compositeurs s'appelle la Société des
auteurs-compositeurs, mais elle ne regroupe pas d'auteurs-compositeurs, mais
bien des scénaristes.
M. de Bellefeuille: Où trouve-t-on ceux qui font de la
musique pour le cinéma?
M. Richard: Ils ne sont pas dans une des catégories. Je ne
pense pas, en tout cas, je ne sais pas s'il y a des gens dont le métier
consiste essentiellement à faire de la musique de film au Québec.
Je ne sais pas, en tout cas, peut-être que oui.
M. de Bellefeuille: Au Québec, je ne sais pas. Oui,
sûrement. À l'Office national du film...
M. Richard: De façon accessoire mais dans le secteur
privé... Là, ce dont il s'agit, c'est de tous les groupes du
secteur privé.
M. de Bellefeuille: De toute façon, il n'y a pas eu de
représentations.
M. Richard: Aucune.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Paré): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Avant qu'on aille voter, je voudrais signaler que sur la
composition de l'institut...
M. de Bellefeuille: Tous n'ont pas le bon esprit que nous
manifestons.
M. Ryan: Je voulais signaler ceci, M. le Président. Lors
du débat de deuxième lecture, nous avions porté deux
points à l'attention du ministre, dont le point qu'a soulevé le
député de Deux-Montagnes tantôt et qui venait de
représentations faites par certains groupes du cinéma qui ne se
sentaient pas représentés dans les huit catégories
définies par le texte initial. Il y a des petits changements qui ont
été faits qui vont donner satisfaction à certains. Ce
n'est pas sûr qu'on donne satisfaction à tous ici.
M. Richard: C'est même certain qu'on ne donne pas
satisfaction à tous.
M. Ryan: Le ministre nous avait dit: Si on ne donne pas
satisfaction à tous, il nous reste l'article 18 en vertu duquel il est
loisible au ministre de proposer au gouvernement la nomination de quatre autres
membres. Là-dessus, nous avions fortement insisté pour que le
gouvernement soit tenu, en vertu de la loi, de réserver un certain
nombre de places au sein du conseil de l'Institut québécois du
cinéma à des personnes ne provenant pas du milieu du
cinéma, lesquelles par conséquent, pourront porter sur les choses
un regard plus objectif et plus détaché.
On disait, par exemple: Supposez que vous êtes obligés
d'augmenter le nombre de catégories d'agents directement engagés
dans le domaine du cinéma. Disons que vous porteriez cela de huit
à dix. Il faudrait cinq membres en provenance de l'extérieur, une
proportion d'un tiers. Cela, c'était l'idée que nous avions
formulée. Toujours donner la garantie qu'un tiers des membres seront des
personnes qui ne sont pas directement dans le milieu du cinéma. Mais
avec l'article 18 comme il est formulé - cela ne me fait rien que ce
soit 12 ou 15, si c'est assez 12, c'est tant mieux - si le ministre se
réservait un peu de marge... Tout à coup il arrive deux groupes
importants qui auraient droit d'être représentés, qu'il
puisse leur donner une représentation mais qu'en même temps, on
ait toujours la garantie que le public aura un tiers des membres et que
ceux-là seront nommés directement par le gouvernement.
M. Richard: Oui, M. le Président, la difficulté, et
je pense qu'on l'a vécue en commission parlementaire quand on a entendu
les mémoires, c'est qu'il y avait peut-être une vingtaine de
demandes d'être représenté à ce conseil. Alors,
même en les mettant à 15, je n'arriverais pas à satisfaire
tout le monde. Ce que je voudrais signaler toutefois, par exemple, il y a les
cinémas parallèles. Le cinéma parallèle, ce sont
des gens du milieu mais qui vont forcément être
représentés par l'un ou l'autre des groupes qu'il y a
là-dedans, pas nécessairement en tant que cinéma
parallèle. Alors, évidemment, ils souhaiteraient être
représentés comme d'autres groupes. On a eu, je me souviens... On
aurait eu besoin d'au moins un conseil de 20 membres. Ce n'est pas possible. On
l'alourdirait tellement. Mais je dois vous dire que dans mon esprit l'article
18 a toujours voulu assurer la présence du public, notamment de
cinéphiles.
M. Ryan: Est-ce qu'une proposition comme celle-ci vous serait
agréable? Le ministre propose au gouvernement la nomination de quatre
autres membres choisis en dehors des groupes énumérés
à l'article 16?
M. Richard: Non, je n'ai pas d'objection à cela.
M. Ryan: Cela donne au moins la garantie que la
représentation devra être plus large. C'est vrai qu'à un
moment donné il peut y avoir une personne qui soit engagée dans
le cinéma parallèle...
M. Richard: Le cinéma parallèle, cela
peut être le public.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Ryan: Cela peut être plus utile là.
M. Richard: C'est bien évident que cela peut être le
public; c'est pour cela que je ne veux pas me limiter.
M. Ryan: Oui.
M. Richard: Alors si, par exemple, cela fait des années
qu'un professeur organise un ciné-club dans un cégep ou à
l'université, je ne veux pas m'interdire de dire: Cela, ce serait la
bonne personne à nommer à l'institut.
Mme Lavoie-Roux: Alors, vous l'auriez dans l'article 18.
M. Richard: Je l'aurais dans l'article 18.
M. Ryan: Et si vous choisissiez un nombre impair, vous pourriez
mettre cinq là et ce serait parfait. Cela ne vous interdit pas d'en
choisir dans le milieu du cinéma encore une fois, mais la seule
réserve c'est que vous ne les choisissiez pas dans les milieux qui sont
énumérés à l'article 16. Cela peut être un
critique de cinéma, par exemple.
M. Richard: C'est le problème soulevé par le
député de Deux-Montagnes tantôt.
M. Ryan: Oui.
M. Richard: Quand on aura un absent, on ne règle pas le
problème six-six. On est toujours mieux avec le vote
prépondérant.
M. Ryan: Mais l'idée, c'est que les groupes qui sont
représentés explicitement devraient laisser la place à
d'autres pour les postes qui restent.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'ai l'impression
qu'il y a là trois groupes de quatre, n'est-ce pas? Il y a quatre
représentants des créateurs dans le cinéma; il y a quatre
représentants de ceux pour qui le cinéma est une entreprise et il
y a quatre représentants du public. Est-cela, M. le ministre?
M. Richard: Pas tout à fait, c'est qu'il y a vraiment huit
associations qui sont déjà représentées à
l'Institut québécois du cinéma avec une terminologie
différente qu'on nous a demandé de corriger, par exemple, en ce
qui a trait aux techniciens. On ajoute quatre représentants du
public.
M. de Bellefeuille: Oui, mais si vous examinez les huit
catégories dans l'article 16 qui est proposé, les
réalisateurs, cela entre dans les créateurs; les producteurs,
cela entre dans les gens pour qui le cinéma est une entreprise. Cela
fait un de chaque côté. Les techniciens sont des créateurs.
Les distributeurs sont des gens qui sont du côté entreprise et
ainsi de suite, cela fait quatre et quatre.
M. Richard: Si on veut, oui.
M. de Bellefeuille: Je suis en train de me demander si quatre sur
douze pour représenter les créateurs, c'est assez. Je ne sais
pas. Je pose la question.
M. Richard: C'est bien balancé.
M. de Bellefeuille: C'est le jugement que vous portez sur la
question, M. le ministre, bon.
Le Président (M. Blouin): Oui, Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Non, il faut adopter l'article 16 avant de
passer aux autres.
Le Président (M. Blouin): C'est cela. On y vient.
Une voix: C'est parce qu'on a sauté à l'article
18.
Le Président (M. Blouin): Je devrais relire les
amendements. "L'article 16 est modifié de la façon suivante:
Premièrement, en remplaçant, à la première ligne du
premier alinéa, les mots "au moins une" par les mots "une seule";
deuxièmement, en remplaçant le paragraphe 3 par le suivant: "3
les techniciens"; troisièmement, en remplaçant le septième
paragraphe par le suivant: "7 les scénaristes"; quatrièmement, en
remplaçant le paragraphe 8 par le suivant: "8 les industries
techniques". L'amendement est-il adopté?
M. Ryan: II y a une chose que nous n'avons pas discutée,
je m'excuse. Le ministre reconnaît une seule association
représentative. Est-ce qu'il s'agit, à toutes fins utiles, de
demander à ces associations trois noms de personnes qui pourraient
être invitées à faire partie du conseil d'administration de
l'institut? À supposer qu'il y ait deux associations rivales dans un
milieu, celle des réalisateurs, par exemple, est-ce que le ministre a
vraiment intérêt à en reconnaître seulement une des
deux? Quels moyens prendra-t-il pour ce faire? Est-ce qu'il ne serait pas mieux
de prendre acte
de l'existence des deux et de demander des suggestions à
chacune?
M. Richard: M. le Président, je pense que, pour le moment,
cela se poserait dans un seul cas. C'est pour ne pas encourager le
fractionnement des associations. En vertu de l'article 23, le ministre peut, en
vue d'une nomination, vérifier les caractères
représentatifs d'une association qu'il a reconnue suivant l'article 16.
Cela m'apparaît extrêmement important parce que, autrement, ce
seront des querelles interminables. Ce sera le fractionnement. On risque
d'assister au fractionnement des associations et à leur multiplication.
Je passerais mon temps à vérifier laquelle est
représentative si on arrive avec 32 associations différentes.
Comme tout le projet de loi vise à encourager la consolidation
des entreprises, il faut aussi encourager la consolidation des associations
représentatives.
M. Ryan: Est-ce qu'on ne devrait pas au moins, si vous lui donnez
le pouvoir de vérifier le caractère représentatif d'une
association, lui créer l'obligation de consolider celle qui a
été établie comme étant la plus
représentative? C'est laissé à la discrétion du
ministre, comme c'est là. Comme ancien avocat syndical cela
m'étonne beaucoup de la part du ministre qu'il garde une telle
discrétion au gouvernement.
Une voix: Elle est bonne. Il vient d'en sortir une bonne.
M. Richard: J'aurais une très bonne réplique, M. le
Président.
M. Ryan: On l'écouterait avec plaisir!
M. Richard: Cette demande, entre autres, a été
formulée par les syndicats. Vous voyez que je ne me suis pas
décyclé complètement.
M. Ryan: Vous savez que je n'ai jamais pris l'opinion d'un
syndicat comme critère ultime de vérité.
M. Richard: D'une part, M. le Président, le
député d'Argenteuil me reproche d'avoir oublié mon
passé syndical et quand je le retrouve, il me le reproche encore.
M. Ryan: Ce que je vous reproche, c'est d'oublier la règle
objective de décision qui était censée être
l'essentiel d'une bonne loi du travail. Je crois qu'il faudrait lui donner
l'obligation, surtout s'il a vérifié le caractère, de
choisir celle qui est représentative, autrement cela peut être ses
petits amis.
M. Richard: Non. Je suis bien d'accord.
M. Ryan: Rien ne nous protège contre cela.
M. Richard: Le ministre...
M. Ryan: Rien ne nous protège dans le texte de la loi
comme il est. Il faut être réalistes!
Mme Lavoie-Roux: Le député d'Argenteuil a encore
des illusions parce que rien ne nous protège de cela dans aucune
loi.
M. Ryan: Dans le domaine du travail... (22 h 45)
M. de Bellefeuille: Est-ce que le député
d'Argenteuil a terminé sur ce point? Parce que j'avais un autre point
à soulever.
M. Ryan: Non.
M. Proulx: II commence.
M. Ryan: II me semble qu'il y a là un bon point. On veut
éviter que des petits lobbies amicaux se forment et se fassent accorder
un privilège par un parti qui pourrait avoir un préjugé
favorable à l'un ou l'autre de ces groupes. Si vous mettez une seule
association, cela vous crée une obligation.
M. Richard: M. le Président, je serais disposé
à mettre - je pense qu'on pourrait ainsi régler le
problème - à l'article 16: "Le ministre reconnaît
l'association la plus représentative de chacun des groupes suivants du
secteur privé du cinéma."
M. Ryan: Déjà, cela améliore sensiblement le
texte.
Le Président (M. Blouin): Alors, vous changeriez les mots
"au moins une association..." L'amendement était de dire "une seule".
Maintenant, vous dites "l'association la plus représentative"?
M. Proulx: Non, ce serait limitatif.
M. Richard: Non, il faut que je fasse attention parce qu'il ne
faut pas que ce soit...
M. Proulx: Cela vous met un carcan. M. Richard:
Pardon?
M. Proulx: C'est un carcan que vous vous mettez, M. le
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas un carcan. C'est la
difficulté d'établir laquelle est la plus
représentative.
M. Proulx: Oui laquelle, c'est cela.
M. Richard: On l'a à l'article 23, quand même.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on l'a à l'article 23.
M. Richard: On l'a à l'article 23.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui!
M. Proulx: II peut vérifier. Il peut.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il reste quand même...
M. Proulx: Si vous mettiez "la".
M. Ryan: Moi, j'aimerais mieux: "Pour les fins du présent
paragraphe, le ministre reconnaît l'association représentative de
chacun des groupes suivants du secteur privé du cinéma".
Après, il a son pouvoir de vérification à l'article
23.
M. Richard: Oui.
Le Président (M. Blouin): Vous acceptez cela, M. le
député d'Argenteuil?
M. Ryan: Pardon?
M. Richard: II y a un danger, en vertu des règles
d'interprétation, qu'on dise que le singulier comprend le pluriel. C'est
cela, le danger. En tout cas, l'esprit, c'est de ne pas reconnaître trois
associations de réalisateurs et trois de producteurs, etc.; si on veut
limiter le nombre à douze et avoir les quatre du public, il faut se
limiter de cette façon-là.
M. Ryan: Comment aviez-vous formulé cela tantôt M.
le ministre?
M. Richard: J'avais formulé cela - je ne le savais pas,
d'ailleurs... La formulation que j'ai proposée est à peu
près, sinon rigoureusement identique à celle qui existait dans le
projet de...
M. Ryan: Ah oui? Cela devait être bon. Mais je
n'étais pas là.
M. Richard: "Le ministre reconnaît, aux conditions qu'il
détermine, l'association la plus représentative".
M. Ryan: En tout cas, si vous n'aviez pas d'objection, c'est une
formulation qui me paraîtrait préférable.
M. Richard: Bon, d'accord. Alors: "Le ministre
reconnaît...
M. Ryan: Oui, mais "aux conditions qu'il détermine", je
pense que ce n'est pas clair non plus.
M. Richard: Cela apparaît à l'article 23.
M. Ryan: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'auriez quasiment plus besoin de l'article
23.
M. Richard: On n'a peut-être pas besoin de l'article 23
dans ces conditions.
M. Ryan: Non.
Mme Lavoie-Roux: Si vous le mettez, vous n'avez plus besoin de
l'article 23.
M. Ryan: Non, parce que vous pouvez renouveler ici. Cela,
c'était la vérification du caractère...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais là, on dit: "aux conditions
qu'il détermine".
M. Richard: La vérification, oui. Je n'ai pas besoin des
mots "aux conditions qu'il détermine".
M. Ryan: Oui, d'un côté, c'est bon, M. le ministre,
que vous mettiez "aux conditions qu'il détermine" parce que, là,
vous êtes obligé d'expliciter les critères que vous avez
utilisés et les moyens de vérification que vous avez retenus
tandis que si vous ne l'avez point, cela peut être une
décision...
Une voix: Discrétionnaire.
M. Ryan: ...discrétionnaire ou arbitraire. Le mot
"discrétionnaire" est meilleur; c'est sûr que cela embrasse plus
large parce que cela peut être discrétionnaire sans être
arbitraire.
Une voix: Oui, c'est vrai.
M. Richard: C'est une contribution significative.
Le Président (M. Blouin): Alors...
M. Ryan: Je sais que c'est parce qu'il n'a pas le droit, parce
qu'on le connaît dans d'autres circonstances.
M. Proulx: Pardon?
M. Ryan: Je dis qu'on vous connaît dans d'autres
circonstances.
M. Proulx: Lesquelles?
Le Président (M. Blouin): S'il vous
plaît! Nous allons revenir maintenant à l'article 16. Il
pourrait donc se lire ainsi: "Le ministre reconnaît l'association la plus
représentative de chacun des groupes suivants du secteur privé du
cinéma: premièrement, les réalisateurs;
deuxièmement, les producteurs; troisièmement, les
techniciens...
Mme Lavoie-Roux: Avant, on avait "aux conditions qu'il
détermine". Vous avez fait sauter cela: "Le ministre reconnaît,
selon les conditions qu'il détermine, l'association la plus
représentative de chacun des groupes."
M. Richard: Cela va.
Une voix: II faudrait dire aux conditions.
M. Ryan: Je trouve que ce serait parfait.
Mme Lavoie-Roux: Reconnaît, aux conditions qu'il
détermine lui-même.
M. Ryan: À mon point de vue, ce serait tout à fait
acceptable.
M. Richard: M. le Président, est-ce qu'on adopte 16?
Après, j'ai une proposition à faire.
M. de Bellefeuille: J'ai un point au sujet de 16, M. le
Président.
Le Président (M. Blouin): Je n'ai plus de place sur
ma...
M. de Bellefeuille: Changez de feuille, M. le Président.
Je bloque un peu sur les trois mots "du secteur privé." Est-ce que ce
sont deux secteurs non communicants: le privé et un autre qui serait -
je ne sais pas public? Est-ce que les associations chevauchent les deux
secteurs? Est-ce que les associations sont exclusives au secteur privé
dans chacun de ces huit domaines énumérés dans l'article
16?
M. Richard: M. le Président, Radio-Canada, cela pourrait
concerner Radio-Canada et l'ONF qui ont tous les deux des syndicats
autonomes.
M. de Bellefeuille: II n'y a pas une association - je ne sais pas
- dans le domaine de la réalisation ou dans un autre domaine...
M. Richard: Non, M. le Président.
M. de Bellefeuille: ...où on retrouverait des gens du
public et du privé?
M. Richard: Non, M. le Président.
M. de Bellefeuille: Merci.
Mme Lavoie-Roux: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce désire apporter ses lumières.
M. Richard: Sa grâce. Bon anniversaire, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Une voix: C'est votre anniversaire, M. le
député.
Mme Lavoie-Roux: Bon anniversaire. Une voix: On a
mangé du gâteau. Le Président (M. Blouin): Bon,
alors... Une voix: J'ai tout mangé son gâteau. Une voix:
Non.
Mme Lavoie-Roux: Tout cela va être dans le journal des
Débats.
M. Richard: M. le Président, est-ce que l'article 16 est
adopté?
Le Président (M. Blouin}: Je vais relire l'article 16
avant que nous procédions à son adoption tel qu'amendé.
L'article 16 se lirait donc comme suit: "Le ministre reconnaît, aux
conditions qu'il détermine, l'association la plus représentative
dé chacun des groupes suivants du secteur privé du cinéma:
1° les réalisateurs; 2° les producteurs; 3° les techniciens;
4° les distributeurs; 5° les exploitants; 6° les
interprètes; 7° les scénaristes; 8° les industries
techniques. "Il demande par écrit à chacune des associations
reconnues de lui soumettre dans un délai de 30 jours les noms de trois
candidats représentatifs de son groupe."
L'article 16 est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. M. Richard:
Adopté.
Le Président (M. Blouin): Adopté. Article 17.
M. Richard: Puis-je suggérer une suspension de 120
secondes?
Le Président (M. Blouin): Nous suspendons pour 120
secondes.
(Suspension de la séance à 22 h 53)
(Reprise de la séance à 23 heures)
Le Président (M. Paré): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons les travaux. Nous
venions d'appeler l'article 17 et à l'article 17, il y a aussi
une modification qui se lit comme suit: "L'article 17 de cette loi est
modifié par la suppression dans les deuxième et troisième
lignes du deuxième alinéa des mots "et qu'elle est la seule
reconnue par ce groupe".
M. Ryan: C'est un amendement qui découle de ce qui a
été dit.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement est
adopté?
M. Ryan: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Paré): L'amendement est donc
adopté.
Est-ce que l'article 17, tel qu'amendé, est adopté?
M. Ryan: Adopté. M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 17 est
adopté. J'appelle l'article 18.
M. Ryan: II y a un amendement qui a été
suggéré plus tôt, je ne sais pas si le ministre en fait une
proposition?
M. Richard: Oui, M. le Président, mais je pense que dans
la discussion que j'avais eue avec le député d'Argenteuil, je lui
avais expliqué que c'était un peu difficile parce que si l'on
prend le cas des cinémas parallèles, je ne veux pas les
exclure.
M. Ryan: Et le texte qui était proposé était
ceci, je pense: "choisis en dehors des groupes énumérés
à l'article 16".
M. Richard: Le bel exemple donné par le
député d'Argenteuil et par le député de
Saint-Henri, le cinéma parallèle, ça peut être un
exploitant. Je ne veux pas l'exclure.
Le Président (M. Paré): L'article 18 est-il
adopté?
M. Ryan: Non, non, il n'y a pas de discussion.
M. Richard: M. le Président, je serais prêt -
puisque l'esprit du projet de loi, c'est bien cela - à dire que le
ministre propose au gouvernement la nomination de quatre autres membres,
à titre de représentants du public de telle sorte que si jamais
c'est un exploitant des cinémas parallèles, il ne vient pas
représenter les cinémas parallèles, mais le public.
M. Ryan: Non, cela ne va pas. Selon moi, on est mieux de ne rien
mettre, à ce moment-là.
M. Blouin: Avez-vous un amendement à suggérer?
M. Ryan: Oui. La nomination de quatre autres membres dont au
moins trois doivent venir d'un milieu extérieur au cinéma. Cela
ne serait pas mauvais.
M. Hains: Ou bien choisis dans le public, c'est-à-dire
choisis parmi le public. Non?
M. Richard: M. le Président, on affaiblit la clause
à laquelle vous teniez tant. On nous dira après cela
qu'obligatoirement, il y en a un autre qui vient du milieu alors que dans mon
esprit, il y en a quatre qui viennent du public.
M. Hains: Non, mais en disant "choisis" dans le public...
M, Ryan: Je voudrais expliquer l'esprit de l'amendement que je
suggérerais à savoir qu'au moins trois doivent venir d'un milieu
extérieur aux groupes énumérés à l'article
16. C'est précis - on ne tourne pas autour du pot - et cela laisse au
ministre la possibilité de suggérer une personne à titre
d'exception. Cela pourrait être une personne qui est dans le
cinéma parallèle, cela pourrait être une personne qui est
un producteur de qualité exceptionnelle mais qui est rejetée par
la mafia établie dans son milieu, comme il arrive souvent, on le sait
très bien. On aurait la garantie qu'il y en a trois qui viennent d'en
dehors de cela. Cela donne une garantie d'oxygénation.
M. Blouin: Au moins trois, mais cela peut être les
quatre.
M. Ryan: Oui, cela peut être les quatre. À un moment
donné, tout le monde va dire qu'il est allé chercher le
talent.
Je dis seulement, M. le ministre, qu'en dehors des groupes
énumérés à l'article 16 il peut arriver que vous
vouliez choisir un critique de cinéma, par exemple - je n'ai pas
d'objection du tout, cela va être excellent -mais non dans ces huit
confréries, qui sont presque des corporations. Certaines vont le devenir
plus avec l'encadrement que crée la loi.
M. Blouin: Dont au moins trois se situent à
l'extérieur des groupes énumérés à l'article
16.
M. Richard: Mais, quand on connaît le fonctionnement, ce
serait épouvantable d'en nommer deux d'un secteur. En soi, ce serait
invivable pour le ministre.
M. Ryan: Qu'on choisisse en dehors de ces secteurs, je n'ai pas
d'objection.
M. Richard: Non, mais j'ai envie de dire que c'est presque
implicite parce que je ne vois pas comment on pourrait nommer deux
réalisateurs, deux techniciens ou deux distributeurs; cela ne serait pas
facile à vivre pour le ministre, de toute manière,
M. Ryan: On a déjà vu un premier ministre canadien
choisir un architecte qui était cinquième sur la liste;
c'était son ami personnel.
M. Proulx: C'était un gars de Vancouver.
M. Richard: M. Erickson qui a fait le Royal Thompson Hall.
M. Hains: Est-ce qu'on trouve la formule magique ou non?
M. Ryan: Je propose d'être au moins trois.
M. Richard: M. le Président, je me rallie, mais avec
beaucoup de réserve parce que c'est une ouverture à ce qu'on me
demande d'en mettre deux dans un groupe.
M. Ryan: J'apprécie votre ouverture.
M. Richard: Je ne l'apprécie pas beaucoup parce que le
fait de dire: Dont au moins trois n'appartiennent pas à l'un des groupes
mentionnés à l'article 16...
M. Ryan: Si vous voulez les quatre, on n'a pas d'objection, mais
cela ne règle pas l'autre problème que vous avez
évoqué et que nous reconnaissons. Le principe qu'on défend
ici, c'est la présence d'intérêts plus larges que ceux du
cinéma immédiat. Il peut arriver qu'un professeur de
littérature, qui a l'esprit large, qui a une ouverture sur la culture
cinématographique puisse être un membre très utile ici.
M. Richard: Voilà.
M. Ryan: II peut arriver qu'un homme d'affaires aie l'esprit
cultivé et soit en mesure de fournir une contribution très
appréciable au travail de cet institut. On veut que ce souci s'impose au
gouvernement par la force même de la loi.
M. Richard: C'est cela qui va arriver, parce que je ne peux pas
en prendre deux dans les groupes qui sont là. Tandis que là
j'ouvre la porte pour qu'on me demande d'en prendre deux. Quand on dit:
"...l'association la plus représentative..." on s'est entendu
là-dessus tout à l'heure, je risque d'encourager le
fractionnement parce qu'ils se diront qu'ils auront une place
là-dessus.
M. Ryan: Le risque opposé c'est qu'avec la formulation
actuelle, vous puissiez en nommer quatre parmi ces groupes-là. C'est le
risque contraire.
M. Richard: M. le Président, l'article 17 exclut cela: "Le
ministre choisit parmi les personnes dont les noms lui sont soumis pour chaque
groupe, celles dont il recommande la nomination au gouvernement".
M. Hains: Comment avez-vous dit cela, M. le ministre?
M. Richard: L'article 17. Ensuite: "La personne..." Cela exclut
qu'on puisse en prendre d'autres parmi ces gens-là.
M. Ryan: Je pense que cela ne l'exclut pas. J'essaie de vous
donner raison pour abréger la discussion.
M. Proulx: On ne discute pas. Il y a deux minutes qu'on ne parle
pas.
M. Richard: ...les silences beaucoup plus que la discussion.
M. Ryan: C'est que parfois en parlant, on complique les choses.
Au moins, en se taisant on les laisse au point où elles en
étaient, qui n'est pas toujours idéal. Ici, dans l'article 17, si
je comprends bien, vous choisissez parmi les noms qui vous ont
été proposés. Il y a 24 noms au maximum, vous en retenez
8. Vous choisissez pour chaque groupe de trois noms celui de la personne que
vous recommandez. Vous avez choisi et vous proposez au gouvernement, en vertu
de l'article 18, la nomination de quatre autres membres. Il me semble que vous
pourriez choisir une de ces personnes-là parmi vos quatre autres
membres. Il n'y a rien qui vous empêche de le faire, qui vous interdise
de le faire. Elle ne sera cependant pas là comme représentante
des réalisateurs...
M. Richard: Oui, ce qui vous l'interdit, M. le Président,
c'est tout l'esprit de la loi. Le ministre qui ferait cela serait aux prises
avec des problèmes considérables. Tout le monde lui demanderait
d'avoir deux représentants dans le groupe.
M. Hains: Le public aussi.
M. Richard: II est évident que ce qu'on a voulu
là-dedans, et on l'a assez répété, c'est le public.
Par ailleurs, le public peut être exactement le type dont vous avez
parlé tout à l'heure, le cinéphile homme d'affaires. Il
est évident qu'il faut quelqu'un qui s'intéresse au
cinéma.
Une voix: L'avocat cinéphile.
M. Richard: Oui, cela peut être un professeur de
cégep, un professeur d'université.
M. Ryan: Je le sais bien, on est tous d'accord là-dessus.
Est-ce que ce serait aller trop loin pour vous de dire: propose au gouvernement
la nomination de quatre autres membres choisis en dehors des professionnels du
cinéma?
M. Hains: À part les groupes mentionnés à
l'article 16.
M. Blouin: Cela va de soi que c'est en dehors des groupes
identifiés à l'article 16.
M. Richard: Je ne peux pas dire cela,
M. le Président, parce qu'un professeur de cégep, c'est un
professionnel du milieu du cinéma.
M. Proulx: II pourrait être un critique.
M. Richard: Cela pourrait être un critique.
M. Ryan: ...en dehors des huit groupes mentionnés à
l'article 16.
M. Hains: En dehors des groupes mentionnés à
l'article 16.
M. Proulx: Oui, ce sont des gens très compétents et
qui s'y connaissent.
M. Ryan: Je pense que vous y gagneriez à mettre cela.
C'est un des principes de fond que nous avons défendus en
deuxième lecture.
M. Richard: Oui, mais l'association représentative.
M. Hains: C'est choisi en dehors des groupes qui sont
mentionnés là.
M. Richard: Alors, on va mettre "en dehors des associations
reconnues à l'article 16". Cela m'irait comme formulation.
M. Hains: J'ai mérité mon salaire ce soir.
Une voix: Pardon?
M. Hains: J'ai mérité mon salaire ce soir.
M. Ryan: Cela accroche encore un peu. À l'article 16,
j'aimerais mieux si vous mettiez "en dehors des groupes reconnus à
l'article 16". Si vous voulez m'apporter des arguments qui feraient pour
l'autre, je les accepterais volontiers. Ce qui peut arriver... Ce qu'on veut,
c'est élargir le champ de la représentation. On dit: Ce sont huit
groupes de professionnels, c'est très bien, ils ont leurs
priorités, ils vont constituer les deux tiers des effectifs du conseil
de l'institut. On en veut quatre qui viennent en dehors de ces groupes, de ces
milieux. Le mot "groupe" est déjà dans votre article 16,
d'ailleurs.
M. Richard: "Groupe" peut avoir une interprétation au sens
du dictionnaire: Les exploitants, par exemple, regroupent, au sens du
dictionnaire, les exploitants de cinémas parallèles, sauf que
l'association qui risque d'être reconnue ne regroupe que les exploitants
commerciaux. Si on dit "en dehors des groupes", cela veut dire qu'on ne peut
pas reconnaître des parallèles; au sens du dictionnaire, un
parallèle est un exploitant. Si on dit "en dehors des associations
reconnues", cela permet aux parallèles qui ne sont pas dans
l'association des exploitants d'être présents.
M. Ryan: Je comprends ce point. Ce qui pourrait arriver, c'est
qu'il y ait quatre ou cinq associations parallèles et le ministre va
leur dire: Je ne peux pas te reconnaître ici, on t'envoie là. On
se ramasse avec toute une chapelle uniquement composée de gens du
cinéma alors qu'on voulait avoir des gens de l'extérieur. Tandis
que si vous mettez "groupe", cela nous donne une protection plus forte parce
qu'on va être obligé de sortir de ce milieu. "Dont au moins trois
qui doivent être choisis en dehors des huit groupes", ce serait parfait.
Cela vous donne une possibilité, votre représentant du
cinéma parallèle, mais on tient à l'autre. On est
très proches, M. le ministre. Il suffit que vous disiez le dernier
mot.
M. Blouin: Sur chaque article depuis le début, vous
êtes très proches.
M. Richard: Pourquoi "l'une des associations reconnues en vertu
de l'article 16", cela n'irait-il pas? "Groupe", je crains qu'on ait des
problèmes avec les parallèles.
M. Ryan: Le problème qui peut arriver, c'est que si vous
avez cinq ou six associations dissidentes ou parallèles, il peut arriver
que vous ayez l'Association officielle des réalisateurs et qu'il y en
ait une autre à côté et qu'on se retrouve avec du monde du
même milieu, finalement. C'est cela la difficulté.
M. Richard: Vous avez raison, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je m'aperçois qu'il faut que j'explique cela
clairement. Cela fait deux fois que je le dis.
M. Blouin: Les choses que l'on conçoit bien
s'énoncent clairement et les mots pour le dire arrivent aisément.
(23 h 15)
M. Ryan: C'est le plus gros de mes handicaps en politique, il
faut toujours répéter le même argument dix fois et je n'en
suis pas capable.
M. Hains: L'orateur dit: Qui a dit cela? Il répond:
Boileau. Il dit: Dehors, Boileau.
M. Richard: Si on prend votre formule, M. le député
d'Argenteuil, on va se créer des problèmes avec les
exploitants.
M. Ryan: Même si vous avez la possibilité...
M. Richard: Vous avez raison et j'ai raison.
M. Ryan: C'est cela, mais si vous en aviez au moins trois, cela
vous laisse une possibilité d'exception.
M. Richard: J'ouvre la porte.
M. Ryan: Oui, mais il faudra que vous exerciez votre
discrétion. L'autre formule, c'est d'aller complètement en dehors
et, là, c'est dangereux.
M. Richard: Je vous avoue que dans mon esprit, en tout cas, c'est
le public.
M. Blouin: Peut-on demander le vote? Cela fait vingt minutes.
M. Hains: Oui, mais suggérez-nous quelque chose.
M. Blouin: Je propose l'article tel qu'il est écrit.
Une voix: Tel quel? M. Blouin: Oui.
M. Ryan: Je voudrais rappeler que le ministre était quand
même prêt à faire un pas dans l'autre sens. Si c'est
écrit: "propose au gouvernement la nomination de quatre autres membres
choisis en dehors des associations énumérées à
l'article 16", cela est déjà un progrès. Je disais qu'il
restait un risque que vous reconnaissez, mais c'est quand même mieux que
de ne rien dire.
M. Richard: Je pourrais le mettre.
M. Hains: C'est vous qui allez le choisir.
M. Ryan: II restera un risque, mais il est beaucoup moins grand
que de ne rien avoir.
M. Richard: Oui. Cela indique l'orientation.
M. Ryan: Cela indique l'orientation.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement serait
d'ajouter: "choisis en dehors des groupes reconnus à l'article
16..."
M. Hains: Ce n'est peut-être pas parfait, mais c'est
déjà mieux.
M. Richard: Des associations représentatives choisies
à l'article 16.
M. Ryan: Reconnues.
M. Richard: Reconnues à l'article 16.
M. Ryan: C'est cela. En dehors des associations reconnues, ce
serait assez.
M. Richard: Ce serait quoi, la dernière formulation?
Quatre autres membres qui n'appartiennent pas aux associations reconnues en
vertu de l'article 16.
M. de Bellefeuille: M. le Président, ne serait-ce pas
mieux de dire: Qui n'ont pas été proposés par les
associations?
M. Ryan: On aime mieux l'autre. Excusez-moi, je vous remercie
quand même.
M. Blouin: Est-ce qu'on peut voter sur l'amendement, M. le
Président?
M. Richard: Oui, mais relisez-le.
Le Président (M. Paré): II faudrait qu'on
répète l'amendement.
M. Ryan: Je voudrais qu'on le lise d'abord.
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Richard: Alors voici l'amendement à l'article 18: "Le
ministre propose au gouvernement la nomination de quatre autres membres qui
n'appartiennent pas à une association reconnue en vertu de l'article
16."
Le Président (M. Paré): Très bien.
L'amendement est-il adopté?
M. Richard: Adopté. M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 18 tel qu'amendé est adopté?
M. Richard: Adapté. M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
19.
M. Richard: Adopté.
M. Blouin: Au Québec, cela ne veut pas dire dans les
limites de la ville de Québec, c'est tout le Québec, n'est-ce
pas?
M. Ryan: Attendez un peu, cela veut dire qu'ils sont
nommés pour au plus trois ans, cela veut dire qu'ils peuvent être
nommés pour un an?
M. Richard: Cela, c'est l'article 20. M. le Président,
nous sommes à l'article 19.
Le Président (M. Paré): À l'article 19.
M. Ryan: Ah! à l'article 19. Je pensais que l'article 19
avait été adopté.
Une voix: Oui, oui, c'est fait. M. Richard: Non.
Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 19 est
adopté. Article 20.
M. Richard: Au plus trois ans.
M. Ryan: Cela veut dire que le ministre pourrait, à sa
discrétion, en faire nommer certains pour un an, d'autres pour deux ans
et d'autres pour trois ans.
M. Richard: Voilà pourquoi c'est comme cela, M. le
Président, c'est pour assurer la rotation. Une fois qu'on compose pour
la première fois le conseil, il faut en nommer pour un an, d'autres pour
deux ans et d'autres pour trois ans afin d'assurer la rotation.
M. Ryan: C'est justement la question qui me venait à
l'esprit. Une fois passée cette période d'entrée en
scène, est-ce que ce ne serait pas mieux que le mandat soit le
même pour tout le monde: Une fois que vous avez fait votre premier tour,
puisque vous pouvez créer des catégories de membres...
M. Richard: Non, non, c'est parce qu'il y a des membres qui
peuvent être nommés en cours de route à des postes
vacants.
M. Ryan: D'habitude, on y pourvoit séparément. Il
me semble qu'il y a un danger que vous créiez des catégories de
membres inégales. Certains ont été nommés pour un
an, vous, vous avez été nommé pour deux ans. Au
départ, je l'admets, c'est une chose qui se défend très
bien. Mais de façon permanente, cela me semble moins défendable.
Il me semble que vous pourriez parer à ce problème facilement en
mettant un autre alinéa disant que, dans le cas d'une personne qui est
nommée pour remplacer un membre qui n'a pas fini son mandat, c'est pour
la durée qui restait.
M. Richard: M. le Président, je serais en désaccord
avec cet article, parce que parfois des gens qui acceptent d'être
nommés au sein d'un conseil comme cela, c'est à la condition que
le mandat soit pour un an ou deux. C'est parfois une des conditions. Ils ne
veulent pas y siéger trop longtemps. Autant que je sache, dans d'autres
organismes, cela n'a jamais soulevé le moindre problème.
M. Blouin: Tout soulève des problèmes ce soir.
M. Ryan: Pardon?
M. Blouin: Tout soulève des problèmes ce soir.
M. Ryan: Que veut-il dire?
M. Blouin: Je veux dire ce que tout le monde a observé.
Tout soulève des problèmes. Il me semble qu'on ne va pas à
l'essentiel assez vite.
M. Ryan: On n'est pas pressé, nous autres.
M. Blouin: Je vois cela que vous n'êtes pas
pressés.
M. Ryan: Pas du tout. Plus vous manifesterez cette attitude,
moins on se pressera.
M. Blouin: Ah bon!
M. Ryan: J'avais un de mes amis qui avait une devise: Plus ils
sont pressés, plus il faut les faire attendre.
M. Blouin: Oui, mais si cela ne nous donne pas l'occasion d'aller
à l'essentiel, vous n'y gagnez rien.
M. Ryan: On procède à un rythme raisonnable. Je
pense qu'on essaie d'améliorer le projet de loi. Il n'y a aucun des
problèmes que nous avons soulevés jusqu'à maintenant qui
était impertinent.
M. Blouin: II y en a un là.
M. Ryan: Je vous défie d'en nommer un. Celui-ci, si vous
aviez le moindrement l'expérience des organisations, vous devriez savoir
que c'est un problème très réel.
Le Président (M. Paré): M. le député
de Montmagny-L 'Islet.
M. LeBlanc: Est-ce que "deux mandats consécutifs" voudrait
dire un maximum de six ans?
M. Richard: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Je demanderais au ministre s'il connaît des
exemples d'organismes où on procède de cette manière?
M. Richard: Oui, M. le Président, plusieurs.
M. Ryan: Je voudrais que vous les nommiez.
M. Richard: Je vais vous donner, entre autres, la Commission des
biens culturels.
M. Blouin: Les conseils municipaux. M. Ryan: Mais non.
M. Blouin: Mais oui, quand quelqu'un démissionne ou
décède, il est nommé pour un an...
M. Ryan: Ce n'est pas là le problème. Le
problème...
M. Blouin: Le conseil peut le nommer pour un an si ce n'est pas
dans la dernière année.
M. Richard: La Société...
M. Ryan: On y reviendra après.
M. Richard: La Société de développement des
industries de la culture.
M. Ryan: M. le Président, au Conseil supérieur de
l'éducation, tous vos membres sont nommés pour un mandat de trois
ou quatre ans - je ne me souviens pas - ils ont tous la même durée
de mandat pour être chacun en mesure de fournir la même
performance. Si un membre est invité à compléter le mandat
d'un membre démissionnaire ou décédé, dans ce cas,
c'est correct, ce sera pour la durée qui reste à ce mandat. On ne
crée pas un mandat spécial pour celui-là. Il vient
terminer le mandat d'un autre. Mais ils sont tous nommés, au
départ, pour un mandat de même durée, c'est le principe que
je défends. Dans les conseils municipaux, tout le monde est nommé
pour un mandat de même durée, sauf ceux qui sont appelés
à compléter le mandat d'un autre. Si c'était cela qu'on
disait ici...
M. Blouin: C'est probablement ce qui se produira
là-dedans.
M. Ryan: On ne marche pas avec du "probablement" dans les lois,
on marche avec des choses claires.
M. Hains: ...pour trois ans.
M. Richard: M. le Président, cela me paraît avoir
tellement peu d'importance. Ce sont les deux formules qui ont été
retenues. Si l'Opposition y voit quelque chose d'extrêmement
sacré, je ne le vois pas.
M. Blouin: Mais il peut arriver, M. le ministre, dans certains
cas...
M. Richard: Je ne vois pas de difficulté là. Mais
si l'Opposition voit une difficulté, M. le Président...
M. Blouin: Mais M. le ministre, il peut arriver dans certains cas
que des gens à qui vous demandez de faire partie de ces organismes, des
individus qui y auront une influence absolument fondamentale, que ces gens,
pour toutes sortes de raisons, ne puissent pas y siéger trois
années consécutives. Je ne vois pas pourquoi on mettrait dans la
loi une restriction pareille.
M. Richard: Peut-être que les associations
représentatives vont préférer recommander ces personnes au
ministre pour un an, pour deux ou pour trois ans, plutôt que d'être
obligées de les nommer pour trois ans. Je pense que si une personne
n'est plus agréée par son association représentative, au
bout de deux ans cela peut créer des problèmes. Je ne suis pas
prêt à "filibuster" mon propre projet de loi avec une discussion
interminable là-dessus. Mais je pense qu'il y a intérêt
à ce qu'on conserve cet article.
M. Ryan: Je propose un amendement, M. le Président: "Pour
trois ans." "Les membres de l'institut son nommés pour trois ans", sauf
ceux qui sont appelés à compléter un mandat d'une personne
qui s'en va, au besoin. Ce serait la même règle pour tout le monde
à ce moment-là. Et si vous m'apportiez des exemples d'organismes
comparables où cela fonctionne comme cela et où cela serait la
règle plutôt que l'exception, peut-être que je
réexaminerais ma position, mais j'en serais extrêmement
surpris.
Le Président (M. Paré): II y a un amendement qui
est suggéré par le député d'Argenteuil pour enlever
les mots "au plus". Donc, la première phrase de l'article se lirait
ainsi: "Les membres de l'institut sont nommés pour trois ans." Est-ce
que cet amendement est adopté? Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, j'aimerais faire une
remarque. Mon collaborateur me signale que dans le projet de loi no 19,
qui est présentement à l'étude, et pourvoyant à la
création d'un ministère de la Science et de la Technologie, il
est prévu la création d'un certain nombre d'organismes, et on
dit: pour la première année, il y a un certain nombre de membres
qui sont nommés pour un an, d'autres deux ans, d'autres pour trois ans.
Cela va très bien, il n'y a pas de problème là-dedans du
tout. Je voudrais bien reconnaître le caractère vrai, fondé
de cette préoccupation. Mais si ensuite, en principe, les nominations
sont de même durée, que ce soit deux ou trois ans - si le ministre
craint que trois ans soit trop long, on n'a pas d'objection à ce que ce
soit deux ans - le principe qui me semble devoir être défendu ici,
c'est l'identité de mandat pour chacun des titulaires. L'égale
durée du mandat étant un élément essentiel de cette
identité de mandat, me semble-t-il, je pense que les techniciens
pourraient arranger cela bien facilement. Je ne prétends pas dicter un
texte, mais c'est une chose qui pourrait être faite bien facilement.
M. Richard: M. le Président, ce qui est le pire
là-dedans, c'est qu'on reconnaît que l'identité des mandats
ne peut pas exister pour la première fois. Or, ce qui est le plus
important, c'est quand on compose le conseil. C'est à ce
moment-là que cela devient particulièrement important. Alors,
j'ai de la difficulté...
M. Ryan: On ne discute pas là-dessus, on le
reconnaît, M. le ministre.
M. Richard: Oui, mais...
M. Ryan: Si vous voulez reconnaître en retour qu'une fois
passés les premiers mandats, après cela, les mandats seront
d'égale durée. Disons que vous avez des gens qui sont
nommés...
M. Richard: M. le Président, je pense que le
député d'Argenteuil n'a pas saisi mon argument.
M. Ryan: Cela se peut.
M. Richard: Comme tantôt je n'avais pas saisi le sien et
qu'il m'a indiqué qu'il le répéterait deux fois, je vais
lui répéter le mien deux fois. Le conseil d'administration le
plus important pour une société de ce genre, c'est le premier.
Or, c'est pour le premier conseil que vous voudriez l'inégalité
des mandats et c'est le conseil le plus important. Pour les autres qui
suivront, cela pose beaucoup moins de problème. Cela n'a jamais,
à ma connaissance, posé le moindre problème.
M. Ryan: Juste une minute. Je vais écouter cela et je vais
vous répondre après.
M. le Président, si vous me permettez de répondre à
M. le ministre. Le principe d'un début comme celui qui est
proposé, c'est de permettre le renouvellement continuel d'un organisme.
Si on donne un mandat d'égale durée au départ, cela veut
dire que vous avez douze personnes qui arrivent cette année et il y a
une grosse chance qu'il y en ait huit, dix, douze qui partent au bout de trois
ans et qu'en attendant, il n'y ait à peu près aucun changement
qui se produise. Tandis que si vous commencez avec quatre personnes qui ont
mandat d'un an, cela veut dire qu'au bout d'un an, vous en remplacez quatre; au
bout de l'année suivante, vous en avez huit qui ont été
remplacées, avec possibilité de renouvellement de mandat
évidemment qui tempère les risques inhérents à
cela. Et après trois ans, ce seraient toujours des mandats de trois ans
mais remplaçables quatre à la fois, renouvelables quatre à
la fois. C'est un très bon principe pour la formation d'un organisme et
qui est très répandu d'ailleurs. Je n'invente rien, je vous prie
de me croire. (23 h 30)
Pour compléter, l'amendement pourrait se lire comme ceci à
peu près: "Lors de la création de l'organisme, quatre membres
sont nommés pour un an, quatre pour deux ans, quatre pour trois ans.
Ensuite, les mandats sont accordés pour une durée de trois ans."
Cela règle tout le problème.
M. Richard: M. le Président, je pense que c'est bonnet
blanc, blanc bonnet. Le député d'Argenteuil n'a pas
répondu vraiment à l'argument que j'ai soulevé. Ceci
étant dit, pour faire accélérer nos travaux, je ne veux
pas bloquer un projet de loi de cette importance avec une discussion
interminable sur l'article 20. Pour ce motif, je suis disposé à
accepter l'amendement du député d'Argenteuil.
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement est
adopté?
M. de Bellefeuille: Quel amendement?
M. Champagne: Qu'est-ce que cet amendement
révolutionnaire?
M. Richard: M. le Président, la formulation devrait
être celle-ci: "Les membres de l'institut sont nommés pour trois
ans. Toutefois, quatre des premiers membres sont nommés pour deux ans et
quatre pour un an."
Le Président (M. Paré): Est-ce que cet amendement
est adopté?
M. Blouin: Cela signifie quatre des premiers membres?
M. Hains: Lors de la création.
Le Président (M. Paré): Donc, le nouvel
article...
M. Richard: M. le député de Rousseau, je vous en
prie.
M. Ryan: Nous, nous avons compris cette fois.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 20 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Hains: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Article
21.
M. Ryan: Pas de problème.
Le Président (M. Paré): Pas de problème.
D'accord. Adopté. Article 22.
Une voix: Je m'excuse, à l'article 20, on conserve quand
même la deuxième phrase?
M. Hains: Oui, un membre ne peut être nommé pour
plus de deux mandats consécutifs.
M. Richard: Oui, un membre ne peut être nommé pour
plus de deux mandats consécutifs. Article 22, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): Article 21, adopté.
Article 22.
M. Richard: Adopté.
M. Ryan: II n'y a pas de problème
Le Président (M. Paré): Article 22, adopté.
Article 23.
M. Richard: L'article 23, on en a beaucoup discuté en
même temps que les autres. Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 23, adopté.
Article 24.
M. Ryan: À l'article 23, M. le Président, je
m'excuse...
M. Blouin: II est adopté.
M. Ryan: Oui, on a quand même le droit d'émettre une
opinion.
M. Blouin: Oui, bien sûr, avec plaisir.
M. Ryan: On a le droit d'émettre une opinion. Est-ce qu'il
ne faudrait pas, par mesure de sauvegarde, ajouter: Le ministre peut, en vue
d'une nomination, vérifier le caractère représentatif
d'une association qu'il a reconnue suivant l'article 16, aux conditions qu'il
détermine? Mon problème, c'est qu'il faut connaître le plus
possible les critères en vertu desquels le gouvernement agit. Est-ce
qu'il va déterminer une procédure pour la vérification du
caractère représentatif d'une association ou si on laisse cela au
bon plaisir du ministre tout simplement, en bonne législation?
M. Richard: M. le Président, je pense qu'il faut tenir
compte de la réalité parfois. Le ministre qui oserait faire fi du
caractère représentatif d'une association agirait à
l'encontre de son propre intérêt.
M. Ryan: Voyez-vous, on peut régler cela dans un
paragraphe, je n'ai pas d'objection, en deux lignes et un tiers. En même
temps qu'on discute ici, l'Assemblée nationale est en présence
d'un projet de loi émanant d'un autre ministre traitant d'un sujet
analogue. Pour le règlement de problèmes semblables, non
seulement on prévoit toutes sortes de critères, mais on
prévoit même la formation d'une commission d'appel, ce qui est
inusité même dans la législation du travail. Vous avez vu
le projet de loi no 32? Je n'invente rien. Tout ce que je vous demande, c'est
de dire: En vue d'une nomination et suivant les conditions qu'il
détermine, vérifier le caractère représentatif
d'une association qu'il a reconnue. Le seul point, c'est que je veux
éloigner le plus possible le danger de l'arbitraire dans le texte
législatif.
M. Richard: M. le Président, en commission parlementaire,
tous les groupes mentionnés à l'article 16 se sont fait entendre.
Aucun n'a soulevé d'objection quant au caractère de l'article 23.
C'est parce qu'ils connaissent la réalité et ils savent
pertinemment que ce n'est pas possible pour un ministre. Il va être
obligé de s'assurer du caractère représentatif. Cela va
devenir invivable. Il agirait à. l'encontre de son intérêt.
Et imaginez comment l'institut lui-même et tous les autres groupes le
dénonceraient, avec raison parce qu'on craindrait, bien sûr, qu'il
ne fasse la même chose avec les autres groupes. On peut imaginer
des problèmes. Je pense que dans la réalité, ce n'est pas
susceptible de se produire.
Le Président (M. Paré): L'article 23 est
adopté.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): Sur division. Article 23
adopté sur division. Article 24.
M. Ryan: Je pose une question, dans le cas du président
parce que je pense que cela ne revient pas ensuite; la
rémunération et le statut du président. Est-ce que le
président est à temps complet? Est-ce que c'est un salarié
ou si c'est une personne...
M. Richard: Non, M. le Président. Le président
n'est pas à temps plein.
M. Ryan: Si les membres décident de proposer comme
secrétaire le président, est-ce que c'est incompatible avec la
qualité de membre de l'institut?
M. Richard: Oui. M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Paré): Article 24, adopté?
Article 25.
M. Ryan: Attendez un peu, M. le Président. Pour recevoir
une allocation de présence, quelles sont les normes du gouvernement
là-dedans? Est-ce que vous avez des normes pour l'ensemble des
organismes de ce titre qui sont explicites? Est-ce qu'il y aurait un
décret ou un arrêté en conseil qui nous renseignerait
là-dessus?
M. Richard: II y a une norme du Conseil du trésor sur la
rémunération des membres des conseils d'administration.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait l'avoir à la prochaine
séance de la commission? Ce serait bien utile parce qu'il en est
question pour d'autres projets de loi.
M. Richard: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Comme c'est écrit: Dans la mesure prévue
par règlement du gouvernement. Très bien.
Le Président (M. Paré): L'article 24 est
adopté. Article 25. L'article 25 est modifié par la suppression
des mots "et en dirige le personnel".
M. Richard: C'est parce que, comme il n'est pas à temps
plein...
M. Ryan: II n'est même pas à temps partiel.
M. Richard: II est responsable de l'administration, alors, cela
fait bizarre de dire: Et il en dirige le personnel.
M. Ryan: Mais cela fait même bizarre de dire: Est
responsable de l'administration de l'institut, parce que c'est le conseil, il
me semble, ce n'est pas le président. Il me semble que c'est la
responsabilité du conseil.
M. Richard: Le responsable de l'administration, comme dit mon
sous-ministre, le "chairman of the board", c'est le président.
M. Ryan: Je vais vous poser une question qui ne devrait pas
être interprétée comme une tentative pour étirer la
discussion. Est-ce que vous avez d'autres exemples, M. le ministre,
d'organismes de même nature où le statut du président
serait défini comme vous le faites dans ce projet de loi? Une personne
qui n'est aucunement rémunérée et que l'on définit
dans la loi comme étant responsable de l'administration de l'institut
à l'exclusion du conseil d'administration. Cela fait curieux pour moi.
C'est de l'administration. Il me semble que c'est tout le conseil. Je ne vois
pas pourquoi vous mettriez cela sur le dos du président.
M. Richard: Est-ce qu'on pourrait y revenir tout à
l'heure? On va trouver une loi qui s'applique. Suspendre.
Le Président (M. Paré): L'article 25 est suspendu.
Article 26.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Paré): Article 26 adopté.
Article 27.
M. Ryan: II y a un changement.
Le Président (M. Paré): Oui, il y a un changement
à l'article 27. Le premier alinéa de l'article 27 est
remplacé par le suivant: "L'institut a son siège social à
l'endroit déterminé par le gouvernement. Un avis de la situation
ou de tout changement du siège social est publié à la
Gazette officielle du Québec".
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait savoir pourquoi ces changements?
Est-ce que vous avez des intentions en arrière de cela ou si
c'est simplement une mesure de prudence?
M. Richard: On n'a pas la moindre intention, M. le
Président. Cela a tout simplement trait à une nouvelle directive
quant à la rédaction des textes législatifs.
M. Ryan: Très bien. Alors, en principe...
M. Richard: II va de soi que c'est à Montréal.
M. Ryan: C'est ce que je voulais
savoir.
Je voulais simplement rappeler à votre sous-ministre que
l'exemple d'un conseil d'administration de cégep ne serait probablement
pas un bon exemple ici parce que ce n'est pas tout à fait le même
genre de vocation. Ceci est un organisme à vocation consultative tandis
que l'autre est un organisme de gestion. Par nature, un conseil
d'administration d'un cégep ce n'est pas la même chose. Si vous en
aviez un à vocation consultative un peu comparable, cela
compléterait l'information de manière plus équitable.
Là, c'est que le conseil a un président qui est
rémunéré. Surtout actuellement c'est un président
à temps complet, si mes renseignements sont exacts.
Le Président (M. Paré): Donc l'amendement à
l'article 27 est adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 27, tel
qu'amendé, est adopté.
M. Ryan: Oui.
M. Richard: Oui. Article 28.
Le Président (M. Paré): L'article 28?
M. Richard: M. le Président, à l'article 28, j'ai
un amendement à suggérer ou à proposer conformément
à la discussion que nous avons eue plus tôt. C'est que l'article
28 est modifié par l'addition, à la fin de l'alinéa:
"...en cas de partage égal des voix, le président dispose d'une
voix prépondérante". On ajouterait l'alinéa suivant: "En
cas de partage égal des voix, le président dispose d'une voix
prépondérante".
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 28, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 29. Est-ce que
l'article 29 est adopté?
M. Ryan: Adopté.
M. Richard: Article 30.
Le Président (M. Paré): L'article 30. À
l'article 30, il y a aussi un amendement. L'article 30 est remplacé par
le suivant: "Le président ou le secrétaire transmet au ministre
les avis de convocation et les procès-verbaux des séances de
l'Institut".
M. Ryan: Pourquoi avez-vous enlevé le mot "tous"? C'est
seulement une question de précision.
M. Richard: Le mot "séance". On utilise le mot
"séance" dans un texte législatif au lieu du mot
"réunion", et c'est "transmet" au lieu de "doit transmettre", pour les
mêmes raisons que précédemment. Adopté?
Le Président (M. Paré): Le nouvel article est
adopté. J'appelle l'article 31.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 31 est
adopté.
M. Ryan: L'article 31, cela va.
Le Président (M. Paré): L'article 32. Il y aussi un
amendement. L'article 32 est modifié par le remplacement du
deuxième alinéa par le suivant: "Ce règlement peut, de
plus, déterminer les autres conditions de travail du secrétaire
et des autres membres du personnel".
M. Ryan: Oui, c'est bien.
Le Président (M. Paré): L'article 32, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 33.
M. Richard: II y a "fonctions et pouvoirs".
Le Président (M. Paré): II y a aussi un amendement
à l'article 33.
M. Richard: Non, mais il y a "fonctions et pouvoirs", le
titre.
Le Président (M. Paré): II n'y a pas de
changement.
M. Richard: D'accord. Adopté. Article 33.
M. Ryan: L'article 33, il faut voir comme il faut.
Le Président (M. Paré): L'article 33 est
remplacé par le suivant: "L'Institut a pour fonction de conseiller le
ministre sur l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique du
cinéma et d'en surveiller l'exécution".
M. Richard: C'est pour être beaucoup plus clair,
conformément aux voeux exprimés par l'Opposition en commission
parlementaire.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 33 est
adopté?
M. Ryan: II y a une expression qui...
M. Blouin: Ah! L'Opposition s'est trompée?
M. Ryan: Si c'étaient nos termes à nous, ce serait
une autre affaire, mais "d'en
surveiller l'exécution" c'est une formule qui est un peu
ambivalente. "Surveiller" au sens large, évidemment, non pas avec des
pouvoirs d'autorité. Comment établissez-vous cela d'après
votre conception des termes? "Surveiller", est-ce que c'est l'exécution
ou l'application? (23 h 45)
M. Richard: II faut toujours lire l'article 33 avec l'article 34
qui..
M. Ryan: Oui, on y arrive. Si vous voulez qu'on le suspende un
moment, je n'ai pas d'objection à les prendre tous les deux
ensemble.
M. Richard: L'article 34.
Le Président (M. Paré): L'article 33 est suspendu.
L'article 34.
M. Ryan: Pour expédier un petit peu le travail, en lisant
les articles 33 et 34, il nous semble qu'on pourrait marquer: "d'en surveiller
l'application". L'institut a pour fonction de conseiller le ministre sur
l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique du cinéma et
d'en surveiller...
M. Richard: M. le Président, si ça peut
accélérer les travaux, je n'ai pas d'objection à remplacer
"exécution" par "application".
M. Ryan: Le reste peut rester tel quel, d'après nous.
M. Richard: Je propose un amendement à l'article 33:
Remplacer à la fin les mots "l'exécution" par les mots
"l'application".
Le Président (M. Paré): Donc, l'amendement à
l'article 33 est adopté.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Le nouvel article 33 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 34 est
adopté? Adopté.
M. Richard: Adopté. Article 35.
M. Ryan: Oui, l'article 34 est adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 35. On poursuit
après minuit. L'article 35 est modifié par le remplacement, dans
la première ligne du deuxième alinéa, du mot
"établi" par le mot "établit".
M. Ryan: Ah! C'est bien, ça.
M. Richard: C'est un amendement très important.
M. Blouin: M. le député d'Argenteuil, avez-vous une
objection?
M. Ryan: Je voudrais vous demander -blague à part - ce que
le contrat vient ajouter à tout ceci. À supposer qu'il n'y ait
pas de contrat, qu'est-ce que ça change? Chaque année, l'institut
est obligé de présenter son budget.
M. Richard: Oui, mais c'est le ministre qui est responsable de
l'application de la politique et c'est lui qui en répond à
l'Assemblée nationale.
M. Ryan: Oui.
M. Richard: C'est lui qui est responsable de son application,
alors ça prend nécessairement un contrat et c'est ce qu'on a avec
tous les organismes, en tout cas, au ministère.
M. Ryan: Je nie que ça soit la pratique dans les autres
ministères.
M. Richard: Non, au ministère des Affaires
culturelles.
M. Ryan: ! n'est pas question de contrat entre le gouvernement et
le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre ou avec le Conseil
supérieur de l'éducation, ou le Conseil de la politique
scientifique. Le Conseil des universités ne fonctionne pas non plus avec
des contrats. Il y a une loi constitutive qui leur dit ce qu'ils doivent faire,
il y a des ressources qui sont mises à leur disposition par l'organisme
qui les emploie.
Je touve ça redondant et, pour être franc, je trouve que
ça crée de fausses impressions. C'est la loi qui leur permet
d'agir, ce n'est pas une entente ou un contrat avec le ministre. Une fois
qu'ils existent...
M. Richard: C'est parce que c'est le ministre, comme vous l'avez
souhaité, qui est responsable de l'application. Alors, pour s'assurer de
l'application des politiques, le ministre signe un contrat avec l'institut.
M. Ryan: C'est une notion qui me semble un peu farfelue, ce genre
de relations que vous instituez. Je vous défie de me trouver des
exemples, à l'extérieur de votre ministère, où l'on
procède comme ça. Il peut très bien arriver qu'un
organisme à vocation générale...
M. Richard: II y a toujours eu un contrat, entre autres, avec
l'institut.
M. Ryan: Ce n'est peut-être pas un bon exemple parce que
ça nous affecte directement.
M. Richard: II y a des contrats avec les conseils
régionaux de la culture.
M. Ryan: Ce n'est pas dans le même ordre de grandeur. Dans
la mesure même où il s'agit de passer une commande à un
organisme, je comprends que cela se fasse en vertu d'un contrat, il peut
arriver, par exemple, que même le ministre de l'Éducation donne
une commande spéciale au Conseil supérieur de l'éducation
et dise: On va signer un contrat pour que ce soit bien clair.
Pour l'exercice des attributions légales, normales,
définies par la loi, il me semble qu'il n'a pas besoin de
contrat; justement, c'est même instituer la possibilité d'un
empêchement de fonctionner qui ne devrait jamais être convenable,
le seul moyen qui est à la disposition du ministre étant
d'empêcher l'attribution d'un budget. Une fois que cela est dans la loi,
tu n'as pas besoin de contrat.
Il me semble, M. le ministre, que c'est un reliquat du temps...
M. Richard: Le contrat devient très important dans la
mesure où le ministre a des orientations à donner.
M. Ryan: En tout cas...
M. Richard: Le ministre ne se prive pas. C'est conforme au
souhait exprimé par le député d'Argenteuil tout à
l'heure.
M. Ryan: Non, au contraire, autant je n'aurais pas d'objection
à ce que vous donniez des orientations à l'organisme
chargé de la réalisation, la Société
générale du cinéma, autant je ne veux aucunement de vos
directives pour l'organisme consultatif. C'est cela qui est le sens de
l'affaire. Je crois que ceci - c'est ce que j'allais dire avant que vous
parliez - est un reliquat de l'ancienne conception qu'on est en train d'essayer
de nettoyer.
Encore une fois, qu'il y ait un contrat pour une fin précise
nécessitant ce genre d'entente, très bien, mais non pour
l'exécution des attributions générales, de grâce!
Qu'on nous sauve de ce pléonasme législatif, de ce danger de
corruption des fins de l'organisme.
M. Richard: C'est le seul moyen qu'a le ministre de fixer les
orientations qu'il veut privilégier. Cela m'apparaît
extrêmement important. Ce n'est pas comme le Conseil supérieur de
l'éducation qui n'a pas à fixer les orientations.
Une voix: II a raison là-dessus.
M. Ryan: ... je l'écoute là.
M. Proulx: II a raison là-dessus, c'est fondamental.
M. Ryan: Voulez-vous répéter votre argument pour
voir s'il est aussi fondamental que...
M. Richard: Oui, si le député de Saint-Jean...
J'explique: le Conseil supérieur de l'éducation ne fixe pas les
orientations, donc il n'y a pas à intervenir de contrat, mais là,
à cause de l'article 34, si le ministre veut privilégier des
orientations, il doit le faire dans le cadre d'une entente qui intervient entre
l'institut et le ministre.
M. Ryan: Est-ce que...
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'aurais deux choses à dire à ce sujet.
Tout d'abord, le ministre a cité le cas du Conseil supérieur de
l'éducation. C'est vrai que le Conseil supérieur de
l'éducation se borne à émettre des avis, qu'il ne fixe pas
des orientations. Je vais vous citer le cas du Comité catholique et du
Comité protestant qui, eux, fixent des orientations dans certains cas,
qui ne marchent point et n'ont jamais marché, à ma connaissance,
moyennant un contrat avec le ministre de l'Éducation. Moi-même, je
vous assure que si j'étais appelé à faire partie d'un de
ces deux organismes et qu'on dût me dire qu'on fonctionnera moyennant un
contrat avec le ministre, je dirais: Bonjour la visite. Je ne siège pas
à un comité consultatif affublé d'une telle
hypothèque.
Deuxièmement, vous dites que vous voulez imprimer votre
orientation, M. le ministre. Je suis parfaitement d'accord avec vous. Je
reconnais que cela est fondamental, mais la loi vous reconnaît cette
prérogative ailleurs. La loi, justement, dit: Votre
société générale va soumettre son projet de
programme à l'Institut québécois du cinéma qui
approuve et qui, ensuite, le transmet au ministre, lequel doit l'approuver pour
qu'il soit réel. Il a même le pouvoir de modifier. Justement, le
ministre ne peut pas intervenir à tous les bouts de la chaîne, il
s'entoure d'une structure consultative, il va intervenir au niveau que
définit la loi. Vous connaissez l'article comme moi, on l'a passé
tantôt, cet article. Si vous le faites intervenir aux deux bouts de la
chaîne - c'est l'article 11 - il peut également le modifier lors
de son approbation. Cela n'empêche pas le ministre s'il rencontre...
M. Richard: M. le Président, je propose qu'on suspende la
discussion sur l'article 35; on y reviendra plus tard.
M. Ryan: Volontiers.
Le Président (M. Paré): L'article 35 est suspendu.
Article 36?
M. Ryan: L'article 36 est impeccable.
Le Président (M. Paré): L'article 36 est
adopté?
M. Richard: Adopté, M. le Président.
M. Ryan: Non, mais je surveillais une chose à l'article
36, c'est que les deux bouts soient clairs: II soumet son avis sur une question
que lui soumet le ministre. Il peut aussi soumettre son avis sur toute question
qu'il juge opportun d'examiner. Cela, je pense que c'est très bien.
M. Blouin: Comme vous voyez, M. le député, le
contrat n'est pas très contraignant.
M. Ryan: Non, il existe, mais on n'en a même pas
besoin.
Le Président (M. Paré): L'article 36 est
adopté. Article 37.
M. Ryan: Ici, c'est très important cette
affaire-là. Je ne pense pas qu'on puisse... Je suggérerais qu'on
suspende l'examen de cet article-là, parce que cela va avec tout le
problème...
Une voix: Quel article? M. Hains: L'article 37.
M. Ryan: L'article 37 est extrêmement important. Je pense
que le ministre va en convenir avec moi. Cela se relie directement à
tout le problème des permis de distribution.
M. Richard: Oui, M. le Président.
M. Ryan: Plus tard, quand on va arriver aux articles qui vont de
94 à 99, je pense qu'on va être obligé de se rapporter
à ceci.
M. Richard: C'est vrai, M. le Président. Et même la
définition actuelle de l'institut a été produite en
commission parlementaire, au moment où on a entendu les mémoires.
Cette définition existe déjà.
M. Ryan: Mais elle est susceptible d'être
modifiée.
M. Richard: Oui, sans doute.
M. Ryan: Évidemment, parce que c'est de nature à
avoir des répercussions très sérieuses sur l'octroi des
permis de distribution et également sur l'appréciation des
investissements des sociétés de distribution. Je pense que cela
fait partie d'un tout qu'on doit examiner ensemble.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: À l'article 37, au milieu de la
troisième ligne, est-ce que le mot "des" n'est pas de trop? Est-ce que
ce ne serait pas plus clair si on disait: "de l'établissement de normes
pour reconnaître des oeuvres comme films québécois?
Une voix: Oui, c'est évident.
M. Richard: Oui, M. le Président. Je suis d'accord pour
retrancher le mot "des" pour le moment. Mais, puisque le député
d'Argenteuil nous demande de suspendre, on va le suspendre de toute
manière.
M. Ryan: II y a une question que je vous demanderais d'examiner
en vue de la discussion qu'on va avoir là-dessus, M. le ministre. Je
constate que l'institut établit ces normes par règlement,
après consultation auprès de la société
générale. Il n'y a pas de problème. Mais, là
où je me pose un problème, c'est à propos de la
formulation: "L'Institut établit ces normes par règlement." Voici
un organisme qui a une vocation consultative. Là, vous lui donnez un
rôle décisionnel, un rôle législatif. Est-ce qu'il ne
faudrait pas mettre au moins que ce règlement-là... Attendez un
peu, c'est écrit dans le paragraphe suivant, je retire toutes mes
remarques, M. le Président. "Un projet de ce règlement
étudié sera soumis au gouvernement en vue de son approbation."
Cela va, je retire mon objection. C'est correct, cela marche, c'est très
bien.
M. Richard: Merci.
M. Ryan: C'était une question d'ailleurs, ce
n'était pas une objection. Il reste les considérations
fondamentales qu'on doit scruter à la loupe.
M. Richard: M. le Président, article 38.
Le Président (M. Paré): On suspend l'article
37?
M. Richard: Article 37, oui; cela fait 35 et 37. Article 38.
Le Président (M. Paré): Article 38.
M. Ryan: II n'y a pas de problème à l'article
38.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 38 est
adopté.
Une voix: M. le Président, il est minuit.
M. Richard: II n'est pas minuit, M. le Président.
Le Président (M. Paré): Au point no 3: Comptes et
rapports.
M. Ryan: On peut adopter le point no 3. Peut-être qu'on
peut régler cela s'il n'y a pas d'objection à ce qu'on prenne
deux minutes de plus.
M. Hains: On va finir. On va se rendre à la
société.
M. Ryan: Oui, c'est cela. On est constructif.
M. Hains: On aura fini l'institut.
M. Ryan: On n'est pas comme nos collègues du gouvernement,
M. le ministre. On veut marcher vite.
M. Hains: Qu'est-ce que tu en penses?
Le Président (M. Paré): Donc, article 39.
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): L'article 39 est
adopté.
M. Hains: D'accord. M. Richard: Article 40.
Le Président (M. Paré): L'article 39 est
adopté. Article 40.
M. Ryan: Je veux seulement m'assurer du sens des mots suivants:
"doit, au plus tard le 30 juillet de chaque année". L'année se
termine le 31 mars. Il doit soumettre au plus tard le 30 juillet de chaque
année des états financiers, ceux de la société
générale. Moi, je ne crois pas que la société
générale doive soumettre ses états financiers et un
rapport par l'intermédiaire de l'institut. Il me semble que, dans la
perspective que le ministre a décidé de retenir, l'institut
produit ses états financiers; la société
générale également va produire ses états financiers
au ministre.
M. Richard: Oui mais, M. le Président, il faut que
l'institut soit en possession de ces états financiers. C'est l'institut
qui surveille l'application - on l'a dit tout à l'heure - qui conseille
le ministre et qui détermine les orientations de la
société générale. Alors, le ministre doit les
avoir, lui.
M. Ryan: Mais...
M. Richard: Il est assez normal que la
société...
M. Ryan: Je ne connais pas de cas où on procède
comme cela, encore une fois, (minuit)
M. Richard: Non, M. le Président, je reconnais cela. J'ai
expliqué au tout début et on en a beaucoup parlé en
commission parlementaire. Je reconnais cela. C'est parce que la loi actuelle -
c'est dans son évolution - prévoyait que c'était
l'institut seul et les membres entre eux qui faisaient tout et maintenant on
l'a départagé pour la raison que j'ai expliquée
longuement. C'est uniquement pour départager.
M. Ryan: Je n'aime pas cette formulation de l'article 40, je vous
le dis franchement, parce que cela donne à croire que la
société générale est une société qui
dépend de l'institut, alors que ce n'est pas le cas. La
société générale est une société qui
dépend du ministre et du gouvernement par l'intermédiaire du
ministre. C'est le gouvernement qui nomme ses membres, ce n'est pas l'institut.
Il me semble que le rapport financier doit être donné à
ceux qu'il nomme et non pas à un organisme intermédiaire à
vocation consultative.
M. Richard: C'est relié à l'article 34. M. Ryan:
Hybride.
M. Richard: Hybride et je pense bien supérieure dans ce
cas à la situation qui prévaut actuellement en vertu de la loi
adoptée en 1975.
Le Président (M. Paré): "L'article 40 est
modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne, du mot
"produire" par le mot "transmettre."
M. Ryan: Je vous avoue qu'au début de la prochaine
séance, je vais proposer un amendement à l'article 40, s'il reste
quelque chose.
Le Président (M. Paré): Vous ne pouvez pas en
proposer s'il est adopté.
M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Paré): Vous ne pouvez pas proposer
un amendement si l'article est adopté.
M. Ryan: Si vous le voulez, je vais proposer tout de suite, il
n'y a pas de problème. Si le président insiste pour que je le
propose tout de suite, je vais le proposer tout de suite. Je vous signale qu'il
est minuit passé.
M. Blouin: Oui, mais il y a eu consentement pour se rendre...
Le Président (M. Paré): Non, je n'ai pas
demandé de consentement, mais je vais devoir le faire. Il est minuit.
Selon nos règlements, cela prend le consentement des deux partis pour
pouvoir poursuivre les travaux.
M. Richard: Je propose qu'on se rende à l'article 44 pour
entreprendre...
Le Président (M. Paré): Y a-t-il consentement pour
poursuivre les travaux jusqu'à la section IV, c'est-à-dire
jusqu'à l'article 44 inclusivement?
M. Richard: Adopté.
Le Président (M. Paré): Donc, nous poursuivons les
travaux jusqu'à l'article 44 inclusivement. Nous sommes toujours
à l'article 40.
M. Ryan: M. le Président, non, il n'y a pas de
consentement.
Le Président (M. Paré): II y en a eu un.
M. Ryan: Non, parce que cela peut nous entraîner dans un
débat d'une heure.
M. Blouin: Êtes-vous sérieux?
M. Ryan: Oui, je vous le dis, il n'y a pas de consentement.
M. Blouin: Écoutez, qui est critique de l'Opposition? On a
eu le consentement du critique.
M. Ryan: Nous sommes ici comme des membres égaux.
M. Blouin: Égaux?
M. Ryan: Oui, nous nous entendons très bien entre nous. Il
n'y a aucun problème.
Nous allons faire une concession, M. le Président. Si cela
accommode le gouvernement, on va y aller tout de suite ce soir pour cela. On va
essayer de régler cela assez vite.
Le Président (M. Paré): J'ai le consentement pour
qu'on poursuive les travaux jusqu'à ce qu'on ait adopté les
articles qui suivent jusqu'à l'article 44 inclusivement. On a le
consentement?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Paré): Donc, on poursuit. Nous
sommes à l'article 40.
M. Ryan: Le consentement, c'est le privilège de chaque
membre, vous savez cela? Un membre suffit pour détraquer toute...
M. Richard: Si le député d'Argenteuil voyait
l'amendement qu'on a apporté à l'article 42, je pense que cela le
réconcilierait avec l'article 40.
M. Ryan: Cela s'améliore légèrement, mais
cela ne règle pas le problème que je vais essayer de
régler par un amendement en bonne et due forme. Je propose que l'article
40 se lise comme suit: "L'Institut et la Société
générale du cinéma doivent, au plus tard le 30 juillet de
chaque année, produire au ministre leurs états financiers
respectifs ainsi qu'un rapport de leurs activités pour l'exercice
financier précédent. Les états financiers et le rapport
d'activités doivent contenir tous les renseignements exigés par
le ministre." Aucun problème là-dedans.
M. Hains: C'est parfait.
M. Richard: Je vais suspendre cet article jusqu'à
demain.
M. Ryan: Merci.
M. Hains: Donc, on ne recevra pas l'amendement.
M. Richard: Les articles 35, 37 et 40.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 40 est
suspendu jusqu'à demain. Article 41.
M. Ryan: Quelle que soit la solution apportée à 40,
41 peut demeurer.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 41 est
modifié par la suppression, après les mots "Assemblée
nationale, des mots "du Québec". Est-ce que l'article 41 amendé
est adopté?
M. Hains: Adopté.
M. Richard: Adopté.
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 42.
M. Blouin: Est-ce que cela ne créera pas
d'ambiguïté conformément aux
déclarations du ministre?
M. Richard: Suspendu jusqu'à demain.
M. Ryan: ...
M. Richard: Des fois je ne comprends pas vite, M. le
député d'Argenteuil.
M. Blouin: M. le député d'Argenteuil...
Le Président (M. Paré): L'article 42.
M. Ryan: Article 42.
Le Président (M. Paré): L'article 42 est
modifié en remplaçant les mots "les activités de
l'Institut ou celles de la société" par les mots "ses
activités".
M. Ryan: J'aurais un amendement à proposer
là-dessus, M. le Président, inspiré du même principe
que celui qui a été déposé pour l'article 40 et je
souhaite qu'il ait le même sort. "L'Institut et la société
doivent en outre fournir au ministre les renseignements qu'il requiert sur
leurs activités respectives."
M. Richard: Au chapitre sur la société, il y a
l'article équivalent, M. le Président. Très bien.
Le Président (M. Paré): L'article 42 tel
qu'amendé est adopté.
M. Ryan: Voulez-vous m'indiquer l'article?
M. Richard: Article 68.
M. Ryan: Article 68. On va regarder cela, ne vous impatientez
pas, là-bas.
M. Richard: Article 68, dans le bas de la page.
M. Ryan: Cela ne nous énerve pas du tout.
M. Hains: Pourquoi ne pas le mettre là, comme cela?
M. Richard: On le met pour celui-là au chapitre de
l'institut et après, au chapitre de la société.
M. Ryan; Tout cela se tient. Finalement, cela prouve la
validité du point qu'on soulevait au tout début. C'est
évident que si on adopte l'article 40 dans sa forme actuelle, cela
reproduit une conception des rapports entre les deux organismes qui n'est pas
celle que nous sommes disposés à accepter. Si on accepte un
amendement ici, cela va entraîner un léger amendement à
l'article 67 ensuite. Les articles 42 et 68 il n'y a pas de problème,
cela peut marcher.
Le Président (M. Paré): Donc, l'article 42 tel
qu'amendé est adopté.
M. Richard: Article 43, pas de problème.
M. Ryan: II y a seulement une chose à l'article 42, je
m'excuse: "ou celles de la société."
M. Richard: On l'a enlevé. M. Hains: ...
Le Président (M. Paré): L'article 42 est
adopté tel qu'amendé. Article 43.
M. Richard: C'est pour cela que je vous ai dit que cela vous
réconcilierait avec l'article 40 tout à l'heure. Article 43.
M. Ryan: Oui, c'est cela. C'est bien. Puis vous n'aurez pas de
misère avec...
M. Hains: L'article 40, comme il est formulé, c'est
parfait.
M. Ryan: II le sait.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 43 est
adopté?
M. Ryan: L'article 44 également.
Le Président (M. Paré): Article 43 adopté.
Article 44 adopté.
M. Blouin: On continue.
M. Richard: Je suis prêt à continuer, M. le
Président.
M. Hains: L'article 40, qu'est-ce que tu en dis, Claude?
M. Richard: Article 40, demain en même temps que 35 et
37.
Le Président (M. Paré): Tel qu'on s'est entendu,
à moins qu'il y ait un consentement unanime des deux partis, les travaux
vont être suspendus. Donc, est-ce qu'il y a consentement pour
poursuivre?
M. Ryan: On suspend.
Le Président (M. Paré): Les travaux de la
commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 0 h 10)