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Etude des crédits du ministère de
l'Agriculture
(Dix heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaîtl
La commission permanente de l'agriculture est réunie pour
procéder à l'étude des crédits du ministère
de l'Agriculture. Les membres de la commission sont les suivants: M. Baril
(Arthabaska) remplacé par M. Boucher (Rivière-du-Loup); M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M.
Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé),
M. Samson (Rouyn-Noranda).
Il y aurait lieu de désigner un rapporteur pour les travaux de
cette commission.
Le député de Berthier agira à titre de
rapporteur.
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, je voudrais tout d'abord
m'excuser auprès des membres de la commission d'avoir été
en retard ce matin. J'ai dû aller au Conseil du trésor ce matin
à 9 h 15 et cela a été plus long que prévu.
M. Giasson: Cela a été long encore.
M. Garon: Cela dépend des fois mais, ce matin,
c'était long.
M. Giasson: ...
M. Garon: Des fois, il y a des dossiers qui sont plus simples,
des fois, il y a des dossiers plus compliqués. C'est la raison. Si le
dossier voit le jour un jour. Le dossier a été retardé ce
matin.
M. Giasson: La mise bas a été laborieuse.
M. Garon: C'est-à-dire que les accouchements sont
habituellement faciles, sauf quand le bébé se présente
mal.
M. Giasson: La présentation du bébé, c'est
le ministre qui l'a faite vis-à-vis de son collègue des
Finances.
M. Garon: Le ministre est un peu comme le gynécologue
là-dedans.
M. Giasson: ...à l'action.
Remarques préliminaires
M. Jean
Garon
M. Garon: Quand le bébé se présente mal,
c'est plus difficile. Des fois, c'est à cause des faits. Ce n'est la
faute de personne, mais à cause des faits qui sont... Les faits, on ne
peut pas toujours les arranger comme on veut. Ils sont comme ils existent. Je
voudrais simplement ce matin parler brièvement. Habituellement, je sais
qu'il y a un discours d'introduction. Je voudrais être le plus bref
possible.
Si on regarde le budget du ministère, on voit d'abord qu'il est
réparti en neuf grandes sections et qu'il y a eu des
réaménagements dans ces sections, pour une plus grande
cohérence. A ce moment, on peut constater, si on compare avec le livre
de l'an dernier, que les chiffres n'apparaissent pas de la même
façon. Simplement, vous remarquerez qu'il y a une nouvelle section qui
s'appelle la section 9 ou un secteur, pardon, un programme, Gestion du
territoire agricole, et dans ce programme ont été versés
des montants qui autrefois apparaissaient à d'autres programmes. Par
exemple, les remboursements de taxes foncières apparaissent à ce
programme et aussi l'augmentation des remboursements qui sont prévus
à l'élément 3, qui passent de $7 900 000 à $9 200
000. Au cours de l'année, des municipalités vont avoir leurs
zones permanentes déterminées et, à ce moment, le
remboursement de la taxe foncière va passer de 40% à 70%, ce qui
explique le changement.
De même qu'à partir du 1er janvier 1980, les taxes de
services vont être ajoutées aux taxes foncières pour les
fins du remboursement parce qu'il y avait des municipalités qui
dépassaient 1% ou 2%; à partir du 1er janvier, probablement,
selon le discours du ministre des Finances. Je voudrais dire également
qu'il y a, dans le budget des dépenses, des crédits qui sont non
récurrents, c'est-à-dire, des dépenses capitales qui
arrivaient à un moment donné et qui ne se renouvellent pas. Par
exemple, il y a la construction des serres à Saint-Hyacinthe qui avait
entraîné des dépenses capitales qu'on ne retrouve pas dans
le budget 1979/80.
Ce n'est pas un montant considérable qu'il restait à
payer, $140 000; laboratoire de L'Assomption dans le budget 1978/79, $1 300
000, mais une fois le bureau bâti, les $1 300 000 ne
réapparaissent pas. Les étables du Centre d'insémination
artificielle du Québec aussi pour 1978/79, construction de $317 000.
Là aussi, ces dépenses sont non récurrentes. Par ailleurs,
il va y avoir les dépenses pour des équipements nouveaux au cours
de l'année.
Il y a également un certain nombre de programmes qui vont
être en phase terminale, c'est-à-dire qui n'amèneront pas
des déboursés d'argent
considérables en 1979/80, alors qu'ils ont amené des
dépenses assez importantes en 1978/79. Je pense, par exemple, au
programme pour la conversion des producteurs d'urine de juments gravides
où il y avait un budget de $400 000 en 1978/79. C'est un programme
où, au fond, l'ensemble des producteurs s'est converti au cours de
l'année passée et il y aura moins de dépenses cette
année.
Il y a aussi des transferts en fonction des fonds de l'OPDQ et des fonds
du ministère de l'Agriculture qui expliquent, occasionnellement, des
budgets différents, mais on pourra en parler quand on parlera des
différents programmes.
Il y a également un programme terminé l'an passé
qui comportait une somme assez importante, l'an dernier. Cela va
peut-être intéresser le député de Montmagny-L'Islet,
parce qu'on a eu l'occasion quelquefois d'en parler: la conversion du bidon au
vrac. C'est-à-dire qu'il va y avoir des paiements sur trois ans,
1978/79, 1979/80, 1980/81. Il y avait des montants qui étaient dus pour
une période d'années plus longue; ce n'est pas seulement 1978/79,
je pense, mais 1979/80 et 1980/81. On a dit, à ce moment, que, si on
donnait le paiement immédiatement, au cours de l'année 1978/79,
le montant capital reçu serait plus important; au lieu d'être
échelonné sur deux ou trois ans, on a fait le paiement en un
an.
A ce moment, l'agriculteur dispose du montant capital
immédiatement plutôt que de l'avoir en morceaux moins importants.
Au lieu de retirer $3000 sur trois ans, $1000 par année pendant trois
ans, il peut retirer $3000 d'un coup. Cela lui permet de faire un
aménagement sur sa ferme qu'il n'aurait pas pu faire autrement, parce
qu'il aurait reçu de trop petits montants chaque année. Le
programme est terminé plus rapidement qu'il l'aurait été
autrement à la conversion du bidon en vrac. Il s'agissait d'un montant
de $800 000.
Pour les fusions de fabriques de produits laitiers, le programme ne
s'appliquera plus à l'avenir. On considère que la consolidation
des usines laitières, en vertu de la loi 72, a porté ses fruits.
Il ne faudrait pas consolider au point qu'il n'y ait qu'une entreprise au
Québec. Il y a eu une consolidation importante au cours des
dernières années. La loi a joué son rôle. Dans
l'avenir, s'il y a des fonds qui doivent être versés, en vertu de
la loi 72, que ce soit pour la modernisation de l'entreprise, le
développement de nouveaux types de produits, la modernisation
plutôt que pour les fusionnements, parce qu'on a assez fusionné.
S'il y a des fonds qui sont versés, que ce soit pour une perspective de
modernisation. Le montant qui apparaissait dans le passé pour des
fusions, dans le dernier budget, de $700 000 n'apparaîtra plus dans le
budget de cette année. On considère que les fusions d'entreprises
laitières ont été suffisamment
développées.
Il y a également un montant, dans le budget de l'an dernier, qui
explique peut-être la plus grande partie des crédits
périmés, peut-être 50%. Il y a eu très peu de
crédits périmés en 1978/79. Ce sont les silos
régionaux où il y avait un budget de $6 millions de prévu.
Il y a $5 millions qui n'ont pas été dépensés. On
comprend pourquoi, c'est facile à comprendre. C'est que les projets
n'étaient pas prêts pour construction, l'an dernier. Maintenant,
le programme va s'accélérer au cours de cette année. Nous
avons déjà actuellement quatre lettres d'offres qui ont
été envoyées à des entreprises pour des centres
régionaux au Québec. (10 h 45)
Au cours de cette année, les montants qui étaient
périmés l'an dernier ne devraient pas l'être cette
année, au contraire. C'est un des articles sur lesquels il faudra aller
peut-être en budget supplémentaire au rythme où les projets
viennent à aboutissement.
Dans les augmentations de montants, on indique possiblement une
tendance. Ce serait important qu'on parle des prévisions. On
prévoit un montant plus considérable pour l'aide aux syndicats de
gestion agricole. Il semble qu'il va se former plus de syndicats de gestion
agricole; il ne s'agit pas de plans conjoints. Un groupe d'agriculteurs, en
vertu du programme du ministère, s'engagent un agronome à temps
plein qui travaille pour eux, les guide, qui est leur employé.
Là-dessus, pour encourager la formation de ces syndicats de gestion, il
y a une subvention du ministère qui part de la première
année où on paie 90% des coûts jusqu'à la
cinquième année, 50%; ensuite, on reste à 50%. De sorte
que...
M. Giasson: Sont-ils affiliés à l'UPA?
M. Garon: Actuellement, ils ne le sont pas. J'ai demandé
qu'ils soient indépendants, qu'ils soient vraiment employés des
syndicats de gestion. Il y a eu des études qui ont été
faites mais personnellement j'ai demandé que ces employés des
syndicats de gestion soient vraiment les employés des syndicats de
gestion et non pas les employés de tierces personnes, pour que ce soient
vraiment les agriculteurs qui les engagent, qui passent les commandes.
Maintenant, tous les papiers qui s'écrivent ne veulent pas dire que
c'est ce qui va se produire mais je peux vous dire que l'aide aux syndicats de
gestion agricole a pour but que les producteurs progressifs puissent avoir un
expert à leur service à qui ils peuvent passer des commandes qui
semblent importantes pour leur aider. En tout cas, on verra au cours des
années sans doute si cette formule donne tous les résultats qu'on
en attend.
Les subventions de recherche vont aussi augmenter, au cours du prochain
budget 1979/80, de $150 000; elles vont passer de $1 640 000 à 1 790
000. Il s'agit des recherches confiées aux universités le
budget de recherche est plus fort que cela sans compter les recherches
qui se font au ministère. Des recherches sont confiées aux
universités. Il y a aussi un accroissement des sommes pour les cours aux
exploitants agricoles au collège Macdonald: $250 000. Il y a
également un accroissement pour les parcs d'engraissement des bovins de
boucherie. On a prévu $240 000 pour les parquets d'engraissement,
c'est-à-dire les
petits parcs pour 50 têtes et plus. Cela pourrait
s'accroître. Cela dépendra de la demande. Dans le moment, c'est
difficile de prévoir ce qui se produira au cours de l'année
1979/80, mais s'il y a plus de demandes, on fera des virements de fonds ou on
ira en budget supplémentaire. On a prévu aussi une augmentation
importante dans le budget de $400 000 pour le PATLQ à cause du nombre
d'inscriptions des agriculteurs qui augmente considérablement. Je pense
que cela va dans le bon sens pour les cultivateurs qui veulent moderniser leur
entreprise d'avoir un suivi plus précis de cette entreprise.
Il y a aussi des montants prévus pour la production des agneaux.
Je ne sais pas si on devrait parler de parcs d'engraissement. Ce ne sont pas
des parcs d'engraissement, mais des installations pour la production en
réclusion ou semi-réclusion. Le montant prévu est de $110
000. C'est justement une partie de la subvention à l'investissement des
agriculteurs qui vont s'organiser, mais, là encore, c'était
difficile de prévoir un montant puisque ce sera, à toutes fins
utiles, la deuxième année, mais possiblement la première
année avec vraiment de l'efficacité puisque les programmes ont
été annoncés au cours de l'an dernier pour l'utilisation
de ces sommes qui peuvent être octroyées.
Un montant de $1 million est prévu pour la modernisation des
érablières par l'installation de systèmes Sysvac qui a eu
un succès important l'an dernier. Cela a dépassé toutes
nos prévisions puisqu'on a dépensé...
Une Voix: ... dépensé...
M. Garon: On y a consacré $1 135 000, je pense.
Une Voix: On a dépensé $1 300 000.
M. Garon: On a dépensé $1 300 000 pour la
modernisation des tubulures. A $0.75, cela veut dire presque un million et
trois quarts, 1 750 000 érables qui ont été mis sous
tubulure. Alors, si on calcule les érables de l'année
dernière, cela veut dire qu'entre 1977 et en 1978, entre ces deux
années-là, il y a eu presque deux millions et demi
d'érables qui ont été mis sous tubulure
subventionnée.
M. Dubois: Cela fait seize millions. M. Garon: Hein?
M. Dubois: On est rendu à 16 millions à peu
près.
M. Garon: Entaillés? M. Dubois:
Entaillés.
M. Garon: On n'a pas les chiffres de 1979. Cela a baissé
de 1970 à 1976 de quelque 17 millions d'érables à 12 700
000, si ma mémoire est bonne. L'an dernier, en 1978, il y a eu 13 500
000 d'érables; 13 200 000 en 1977 et environ 13 500 000 en 1978. On n'a
pas encore les chiffres de 1979, mais il y a sûrement un accroissement
encore. Un des gros problèmes qu'il y avait au cours des années
soixante-dix, c'était le manque de main-d'oeuvre pour ramasser l'eau
d'érable. La tubulure vient, au fond, permettre l'automatisation, si on
veut, de la prise d'eau d'érable avec une meilleure qualité et un
meilleur rendement, rendement qui peut s'accroître de 50% à 100%
parce que cela siphonne un peu l'érable, pas trop pour ne pas endommager
l'érable, mais on tire un peu sur l'érable pour lui faire donner
un meilleur rendement. Par ailleurs, je ne pense pas que cela doit amener une
diminution de main-d'oeuvre importante, puisque, si on regarde l'installation,
la production des tubulures et tout cela, cela fait qu'il y a encore beaucoup
de monde d'occupé dans les érablières pour faire la
production d'eau d'érable. Cela permet de remettre en valeur des
érablières qui étaient un peu laissées à
l'abandon. Les prix ont été excellents. La production a
été excellente cette année. Je dois dire que 50% des
sommes d'argent, environ $550 000, ont été dépensés
dans la Beauce qui est venue chercher presque 50% des fonds qui avaient
été consacrés au développement des
érablières.
Alors, il y a aussi des montants accrus qui ont été
prévus pour la création d'emplois agricoles, puisque l'an dernier
nous sommes allés en budget supplémentaire. Un montant
supplémentaire de $1 million est prévu pour la création
d'emplois agricoles. Egalement, pour la pierre à chaux, $1 060 000 sont
prévus de plus que l'an dernier. Egalement, concernant les travaux
mécanisés, la prévision budgétaire est plus forte
cette année que la dépense qu'il y a eu l'an dernier. Il y a une
augmentation du budget concernant les travaux mécanisés de $3 200
000.
Il est également prévu, pour la modernisation des usines
laitières régionales, un montant de $840 000. Avec la
modernisation des usines laitières, on tombe un peu dans le secteur
où il va y avoir des choses importantes qui vont se faire au cours de
l'année 1979/80. Il y a des montants qui seront annoncés dans les
prochaines semaines pour la modernisation d'entreprises. Comme je le disais
tantôt, on n'utilisera plus la partie fusion de la loi 72, mais la partie
modernisation. Il y a donc $840 000 prévus.
Il y a aussi un montant supplémentaire de $750 000 prévu
pour la rationalisation du secteur des viandes qui a produit des changements
considérables au cours de l'année; il y a eu plusieurs projets au
cours de l'année écoulée et ils seront encore plus
considérables au cours de l'année 1980. Au cours de
l'année 1978/79, le service de l'aide technique à l'industrie
alimentaire poursuit la mise en oeuvre du programme de rationalisation du
secteur des viandes; 100 entreprises ont bénéficié de
l'accueil et des conseils en orientation de développement, 53 projets
industriels ont été réalisés et
évalués à leur mérite, 41 offres de subvention ont
été adressées aux entreprises, 23
projets dans le secteur de l'abattage, 18 projets dans le secteur de la
transformation, et 38 entreprises ont complété leur projet, pour
un montant total d'investissements de $17 500 000 pour des subventions
déboursées de $2 605 215. Il y a eu également 79
compensations pour abandon d'opérations versées à des
ateliers d'abattage ou de transformation de viande pour un montant de $341
067.80, au cours de l'année écoulée.
Si on regarde le total depuis le début du programme, on arrive
à 25 abattoirs admissibles aux subventions. 20 charcuteries et
salaisons, 11 salles de coupe, 8 pour les mets cuisinés, les
conserveries. 64 projets ont été acceptés avec la fin de
l'année 1979 et 59 ont reçu une subvention. On prévoit des
montants encore plus importants pour cette année. Cela veut dire qu'on
devrait arriver cette année à un chiffre à peu près
comme on avait prévu de 125 entreprises modernisées dans le
secteur des viandes à travers le Québec. C'est vraiment dans tout
le Québec. Je ne vais pas toutes les nommer, mais cela fait un nombre
considérable d'entreprises dans les différents comtés,
Kamouraska, Témiscouata, Bellechasse, Beauce-Sud, Nicolet, Drummond,
Nicolet encore, Johnson, Saint-Jean, Montcalm, deux dans le comté de
Champlain, dans le comté de Roberval; je pourrais continuer comme cela.
C'est dans tout le Québec.
M. Giasson: Dans Montmagny-L'Islet.
M. Garon: Dans Montmagny-L'Islet, il y a le monsieur qu'on a vu
ensemble. Normalement, je ne sais pas où c'est rendu. Tel que je le lui
avais dit... D'ailleurs, le fonctionnaire est allé le rencontrer,
puisqu'on l'avait rencontré ensemble, il était un peu inquiet et
c'était vraiment un exemple de personne qui n'avait pas besoin de
s'inquiéter. A la suite des visites des fonctionnaires, ils disaient que
les investissements à faire n'étaient pas considérables
pour que l'entreprise soit entièrement conforme, l'entreprise qu'on
avait vue ensemble dans votre comté. Elle avait même des camions
réfrigérés. (11 heures)
Ce qui arrive souvent, c'est que des gens ne sont pas au courant
exactement de ce qu'exige le programme. C'est pour cela qu'au cours de
l'année 1978 toutes les entreprises ont été
rencontrées dans le domaine des abattoirs, des charcuteries, quinze par
groupe, par petits groupes de 15 à 20, pour leur expliquer exactement ce
qu'étaient les règlements. Dans les différentes
régions, au lieu de les rencontrer tous ensemble, de leur envoyer des
écrits, de grandes législations, on a étudié le
règlement ensemble. Ce n'est pas facile toujours dans ces papiers.
Ils ont été rencontrés et on leur a
expliqué, par petits groupes de 15 à 20, c'était quoi la
loi, les possibilités d'indemniser tous ceux qui fermaient leur
entreprise. Par aiileurs, pour ceux qui se modernisaient, quelle était
la possibilité de subventions, etc. D'une façon
générale, je veux dire qu'il y a différents types de
personnes dans ce secteur. Il y a des gens qui sont âgés et qui
veulent tout simplement terminer leur vie dans ce secteur.
D'autres préparent une relève, travaillent avec leurs
enfants qui ont une trentaine d'années, une vingtaine d'années et
qui sont intéressés à ce que l'entreprise continue. A ce
moment, ils vont fermer l'abattoir qui n'était pas sous inspection et en
bâtir un sous inspection. Ils ont l'indemnité et, en même
temps, ils ont la subvention pour la modernisation. Dans certains cas, aussi,
les gens prennent l'indemnisation pour fermer l'abattoir qui n'est pas sous
inspection et le montant qui leur est alloué comme paiement comptant
pour construire une boucherie de détail puis vont s'approvisionner
auprès d'un abattoir qui est sous inspection.
Tout cela se fait actuellement. On verra plus à la fin de
l'année 1979 quelle est la situation dans ce secteur. Mais il y a une
chose certaine actuellement, c'est que cela a permis une meilleure organisation
au niveau du Québec. Il y a une possibilité également,
maintenant, de pouvoir développer le secteur des viandes, parce qu'il y
a des acheteurs, tandis qu'auparavant le principal problème
c'était que les gens vendaient leur boeuf en Ontario parce que le
marché pour le boeuf de meilleure qualité n'était pas
vraiment organisé au Québec. Ils allaient vendre en Ontario. J'en
ai dit un mot une fois dans un discours concernant SOQUIA et le
député de Montmagny-L'Islet l'avait commenté. En 1976, 70%
du boeuf de boucherie engraissé au Québec étaient vendus
en Ontario, abattus en Ontario.
M. Giasson:... pas chez nous.
M. Garon: Les parcs d'engraissement. Il n'y a pas beaucoup de
boeuf d'engraissement chez nous. Cela devait être possiblement dans les
30%. Il y en avait 70% qui s'en allaient se faire abattre en Ontario, tandis
qu'en 1978 la situation était complètement inversée:
c'était 70% qui étaient abattus au Québec. On
prévoit qu'en 1979 cela va être entre 90% et 100% qui vont
être abattus au Québec. Parce que, maintenant, les prix offerts
permettent une plus grande concurrence avec ces abattoirs modernisés qui
ont accès aux circuits commerciaux des magasins à succursales,
des grossistes. A ce moment, le prix offert est meilleur et l'agriculteur n'a
plus besoin d'envoyer son animal en Ontario; il obtient un meilleur prix au
Québec, en plus de ne pas avoir le transport à payer.
Le député de Maskinongé.
M. Picotte: Vous êtes plus beau de loin.
M. Garon: Oui. Vous avez l'air tout souriant, ce matin.
M. Picotte: Je suis en forme.
M. Garon: J'allais dire quelque chose, mais je ne le dirai pas
parce qu'on peut me l'appliquer. J'allais dire que vous étiez tout dodu,
quasiment prêt pour l'abattage. Cela pourrait se retourner contre
moi.
M. Giasson: Retirez cela rapidement.
M. Garon: Egalement un autre secteur où il y a des
montants qui vont être prévus qui sont plus considérables,
c'est l'aide à la mise en marché des fruits et légumes. Il
va y avoir un budget de $277 000 supplémentaires à ce qui
était prévu auparavant. Il y a un montant également pour
l'entreposage des légumes de $200 000 supplémentaires, parce que
l'an dernier ces programmes on eu un succès important. Pour l'aide
à la mise en marché des fruits et légumes,
c'est-à-dire des appareils pour un meilleur refroidissement des
légumes soit par des jets d'eau glacée ou encore par vacuum, par
le vide, on a permis vingt-six subventions pour un montant de $259 988.84.
Egalement pour le programme d'aide financière à l'implantation de
la restauration d'équipements d'entrepôt pour fruits et
légumes et pommes de terre, il y a eu 91 subventions pour un montant
total de $20 086 000. L'entreposage et le refroidissement des légumes
ont amené des dépenses considérables. Des budgets
supplémentaires sont prévus parce qu'ils vont fonctionner encore
cette année avec des montants plus considérables.
Je dois dire que les producteurs maraîchers de la région de
Montréal sont très contents de cela, d'autant plus que le
fédéral les avait abandonnés au cours de l'année
1978. L'élection aidant en 1979, on a vu que le fédéral a
promis de remettre en vigueur son programme qu'il avait abandonné en
1978, quand il avait fait ses coupures budgétaires. De toute
façon, notre programme est bien fait. On dit que, s'il y a un programme
fédéral, le producteur peut demander l'aide
fédérale et on compense ce qui manque. Il faut aller chercher au
maximum les sommes qui sont accessibles dans les programmes
fédéraux. Habituellement, quand un programme
fédéral touche des programmes québécois, on essaie
d'aller chercher le maximum d'argent en demandant aux producteurs de s'y
inscrire. La même chose pour la rationalisation du secteur des viandes;
c'est prévu dans le programme qu'il doit y avoir une demande de faite
quand c'est possible.
Il y a de grandes parties du territoire québécois qui sont
exclues dans le domaine des viandes, parce que les programmes du MEER, le
ministère de l'Expansion économique régionale, ne
s'appliquent pas dans la région de Montréal, sauf pour les mets
préparés et les produits surgelés. Quand on tombe dans le
domaine des abattoirs et tout cela, le fédéral ne paie pas dans
la plaine de Montréal et dans la région de Saint-Hyacinthe.
Même si le premier ministre Trudeau laisse entendre qu'il a payé
beaucoup et qu'il y a beaucoup d'industries dans ce secteur, le
fédéral a payé dans certains cas, mais dans plusieurs cas
il ne payait pas parce que son programme du ministère de l'Expansion
économique régionale ne s'appliquait pas dans ce territoire, sauf
pour deux produits déterminés.
Alors, il y a eu un développement considérable dans le
secteur des viandes, de l'entreposage des légumes, des pommes de terre.
C'est à peu près $1 400 000 au total, les deux ensemble, pour
l'entreposage et le refroidissement des légumes. J'ai remarqué,
en 1978, que l'attitude des producteurs maraîchers était
changée; en 1977, plusieurs disaient: Si on pouvait empêcher les
légumes de l'Ontario d'entrer, par un système d'inspection.
Tandis qu'en 1978, ils parlaient beaucoup plus d'envahir le marché de
l'Ontario parce qu'ils étaient équipés et
modernisés; ils sentaient qu'ils étaient à la fine pointe
du progrès dans le secteur des légumes.
Il y a également le programme de promotion conjointe des produits
agricoles et agro-alimentaires. Il y a un montant supplémentaire de
prévu pour la promotion des produits québécois de $167
000; l'an dernier, en 1978/1979, il y a eu $920 675.68 consacrés
à la promotion conjointe des produits agricoles et agro-alimentaires,
pour inciter les entreprises québécoises ou les producteurs
québécois à faire la promotion de leurs produits. Le
programme a été réaménagé récemment
pour que ce soit prévu sur une période de trois ans, pour qu'il y
ait une promotion organisée et continue des produits
québécois. Je pense que cela répond au voeu de tous les
partis politiques qui ont des bouts de programme, dans leur programme
politique, pour que la promotion des produits agro-alimentaires
québécois soit faite auprès des consommateurs.
Il y a des travaux qui se font aussi actuellement pour en arriver
à trouver un sigle qui identifierait les produits
québécois. Mais ce n'est pas facile de trouver un sigle. On a
toujours parlé dans ces secteurs de sigle de qualité ou de sigle
d'origine. Un sigle de qualité, ce n'est pas facile à appliquer.
Evidemment, il y a toujours une qualité par l'inspection qui est faite
des produits alimentaires, mais un sigle de qualité standard, c'est
à peu près impossible à mettre en oeuvre. On a
regardé ce qui se faisait ailleurs; c'est très difficile. Mais
sur un sigle d'origine qui permettrait l'identification des produits
québécois, il y a des travaux qui se font actuellement.
Il y a également un montant supplémentaire je pense
que cela entre dans l'éducation et la promotion, les deux à la
fois pour le lait-école; il y a un montant supplémentaire
prévu, pour l'année qui s'en vient, de $1 million. Ce qui fera
passer le budget du lait-école de $6 millions à $7 millions. On
peut dire que cela entre dans une meilleure alimentation pour les enfants mais,
en même temps, c'est un peu la promotion des produits laitiers qui est
faite de cette façon. On a vu des résultats puisque,
malgré une diminution du nombre des enfants, en 1977 et surtout en 1978,
contrairement à ce qui se passait dans les années passées,
au lieu de connaître une diminution du lait de consommation au
Québec, il y a une augmentation du lait consommé par les
Québécois, malgré la diminution du nombre des enfants.
Cela veut donc dire que c'est une sensibilisation au lait pour une meilleure
alimentation par un début d'éducation dans les écoles
grâce à ce programme, et une plus grande consommation de lait en
est résultée. Je pense bien que cela ne fera
de tort à personne. Par ailleurs, les parents qui ne veulent pas
que leurs enfants boivent de lait parce qu'il y a des théories
dans ce cas comme dans d'autres on ne leur fait pas boire de lait de
force. (11 h 15)
Evidemment, quand les parents sont contre le lait il y en a qui
sont contre les transfusions de sang, il y en a qui sont contre boire du lait
ils n'ont qu'à aviser l'école, et les enfants ne boivent
pas de lait. Il y a un montant supplémentaire là aussi. Il y a
également un montant supplémentaire prévu de $1 300 000
je l'avais mentionné tantôt pour le remboursement
des taxes foncières. C'est essentiellement pour prévoir les zones
agricoles, qui vont passer de 40% à 70% quand la zone permanente sera
déterminée, parce que des négociations sont en marche avec
plusieurs municipalités et, maintenant, il y a plus d'une centaine de
municipalités qui ont reçu leur avis de négociation. Les
négociations sont en cours avec plusieurs municipalités. Je veux
dire qu'au cours de l'année 1979 un grand nombre de municipalités
auront leurs zones agricoles permanentes déterminées. Quant aux
floralies...
M. Giasson: On va en parler.
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: On va en parler des fleurs.
M. Garon: Comment cela?
M. Giasson: Continuez à...
M. Garon: Les floralies, c'est un programme extraordinaire.
M. Giasson: Pour les agriculteurs du Québec, c'est
fantastique.
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: Pour les agriculteurs du Québec, c'est
fantastique.
M. Garon: Pour les floralies, cela a été
exceptionnel. Je dois dire que déjà, actuellement, on remarque un
regroupement qui se fait. C'est un secteur d'agriculteurs. C'est sans doute le
meilleur programme qu'on ait jamais fait au ministère de l'Agriculture.
C'est sans doute un programme qui ne coûtera pas un seul cent.
Déjà, à la suite des floralies internationales de 1980, on
a assisté à un regroupement des producteurs dans le domaine de
l'horticulture ornementale dans une fédération interdisciplinaire
qui regroupe sept organismes, soit dans le domaine des
pépinières, des fleurs, des arbres d'ornementation, etc., ou de
paysagistes. Les sept organismes sont regroupés dans une
fédération interdisciplinaire des producteurs d'horticulture
à l'occasion des floralies. Actuellement, les travaux
d'aménagement sont en train de se faire à l'île Notre-Dame,
qui deviendra un parc floral puisque c'est dans les conditions du
protocole d'entente qui a été signé entre le
ministère de l'Agriculture du Québec et la ville de
Montréal un immense parc floral de 360 acres. Cela aidera la
production horticole, l'horticulture ornementale au Québec. En
même temps, cela favorisera ce secteur économique important pour
lequel, je dois le dire, le gouvernement du Québec n'avait jamais
contribué d'à peu près aucune façon. Il n'avait
jamais aidé d'aucune façon. Les floralies, c'est un
élément. En même temps, il y a le Centre des cultures
maraîchères et horticoles, tant dans le domaine des légumes
et des fruits que des fleurs, des ornementations, à Sainte-Martine, qui
fonctionne actuellement on aura l'occasion de l'inaugurer dans quelques
jours et où tous les producteurs québécois de
culture en serres sont regroupés dans deux groupes, soit le groupe des
producteurs de légumes ou le groupe des producteurs de fleurs, pour
développer l'horticulture ornementale au Québec qui nous
présente, au fond, des importations de produits qu'on pourrait faire
ici. Il s'agit de produits agricoles au même titre que les autres qu'on
ne s'est jamais préoccupé de développer. On aimait mieux
les importer. Cela fait également partie de cela, le regroupement de la
fédération, le resserrement des liens avec la
fédération des producteurs d'horticulture. On aura l'occasion
encore dans les prochains jours d'annoncer des projets qui permettront un
financement autonome de cette fédération de producteurs et, en
même temps, la reconsolidation des sociétés d'horticulture
au Québec, qui regroupent 25 000 membres dans une centaine de
sociétés d'horticulture, qui vont, en collaboration avec le
ministère de l'Agriculture du Québec, s'occuper de promouvoir les
concours Villes et villages fleuris du Québec et Maisons fleuries du
Québec.
M. Giasson: Combien de membres?
M. Garon: 25 000 membres. Cela n'est pas si mal. Encore
là, qu'on regarde actuellement seulement le dynamisme qui est en train
de se développer dans ce secteur-là. On a vu dans les journaux
récemment que 35 000 producteurs horticoles représentant un
chiffre d'affaires de $25 millions viennent justement de se regrouper pour
mieux organiser leur production, leur mise en marché et leurs achats
pour stimuler, entre autres, la production au Québec des produits de
l'horticulture ornementale.
M. Dubois: Les plans conjoints.
M. Garon: Hein? Cela n'est pas mon secteur... Les plans
conjoints, ce n'est pas moi qui les vote. Ce sont ceux qui veulent se les
donner.
M. Dubois: Non, je ne fais que demander s'il y en a un.
M. Garon: Je ne pense pas.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous avez des
coopératives là-dedans?
M. Garon: Hein?
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il y a des
coopératives?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Garon: Je ne le sais pas. Alors, il y a un montant pour les
floralies puisque le gouvernement du Québec avance des sommes à
la ville de Montréal, à l'AMARC, qui est l'organisme qui a
été mandaté par la ville de Montréal pour avoir la
maîtrise d'oeuvre des floralies, l'Association montréalaise
d'action récréative et culturelle. Le gouvernement du
Québec a avancé, l'an dernier, $500 000 à la ville de
Montréal et, cette année, nous allons avancer $2 700 000. Le
reste sera avancé au cours de l'année 1980/81. Ce qui veut dire
que, selon un protocole d'entente, les fonds seront avancés,
c'est-à-dire que la ville de Montréal ne sera pas, comme
auparavant, dans les activités internationales qu'elle a menées,
"squeezée" par les différents ordres de gouvernement. Au
contraire, il y a une collaboration étroite entre le ministère de
l'Agriculture du Québec et la ville de Montréal pour faire un
succès de cette entreprise et, si possible je ne veux pas parler
trop vite une entreprise rentable. A toutes fins utiles, qu'est-ce qu'il
va y avoir? C'est un montant de $4 200 000 qui est avancé, qui peut
être avancé à la ville de Montréal puisqu'il y a un
coussin là-dedans, c'est-à-dire que le montant réel est de
$3 800 000 avec un coussin au cas où...
M. Giasson: Mais c'est très peu.
M. Garon: Je dors dire qu'on est loin des prévisions du
temps du gouvernement libéral, qui se chiffraient à
au-delà de $12 millions à un moment donné. Nous, on veut
faire des floralies qui vont être les plus belles floralies qu'on aura
sans doute jamais vues dans le monde, mais, en même temps, modestes, sans
faire des dépenses extravagantes. $4 200 000, c'est le budget maximal
possible d'avances à la ville de Montréal. Il y a en plus une
partie pour le secteur du Québec, pour la présentation du
Québec aux floralies. On pourra dire qu'en 1980, le Québec sera
en fleurs par les floralies, les villes fleuries, les villages fleuris et les
maisons fleuries; que le Québec vit en harmonie avec la nature et avec
son gouvernement.
M. Giasson:... en 1980. M. Garon: Hein?
M. Giasson: On va commencer cela en 1980, les maisons
fleuries?
M. Garon: Non, les maisons fleuries, les villes et villages
fleuris commencent cette année puisqu'il y a eu...
M. Giasson: Cela a commencé avant cette année, les
parterres de...
M. Garon: II y a des gens qui ont vu cela avant aujourd'hui. On
n'a pas découvert les fleurs en 1979, mais...
M. Giasson: C'est ce que vous aviez envie de dire.
M. Garon: II va y avoir un concours entre les villes du
Québec divisé en 14 régions, soit les 12 régions
agricoles plus la Communauté urbaine de Montréal et la
Communauté urbaine de Québec et ces villes pourront se diviser en
quartiers pour avoir des compétitions entre quartiers également.
Pour les villages, il va y avoir douze régions et les villages de la
Communauté urbaine de Québec et de la Communauté urbaine
de Montréal vont faire partie de la région agricole à
laquelle ils appartiennent. Pour qu'une municipalité participe, elle
doit s'engager à organiser à l'intérieur de ses limites un
concours de maisons fleuries de la municipalité où, à ce
moment-là, les producteurs horticoles pourront contribuer; il pourra y
avoir des prix en nature pour récompenser ceux qui auront fourni le plus
bel embellissement à leur maison. Il y a tout un règlement que
j'ai rendu public il y a quelques jours avec les gens de la
fédération des producteurs d'horticulture.
Je ne l'ai pas mentionné, mais on en parlera sûrement
également au cours de l'étude des crédits, c'est
l'accroissement considérable des prêts du crédit agricole.
Il y a deux secteurs qui ont augmenté considérablement au cours
de l'année écoulée; ce sont la Régie de
l'assurance-récolte et l'Office du crédit agricole. Au programme
2, concernant le financement agricole, on se rend compte que le crédit
agricole par les institutions privées a augmenté d'une
façon très importante il commençait à
zéro puisque les montants qui sont prévus pour le
remboursement ont passé de zéro à $3 594 900; ce sont des
remboursements des intérêts des prêts faits par le
crédit agricole où les sommes sont considérablement plus
élevées que ce qu'elles étaient dans le passé.
Après une première année de fonctionnement, on pourra sans
doute parler d'un crédit agricole qui, en 1976, avait prêté
environ $73 millions et cette année $206 millions; cela veut dire que
les montants de 1976 ont été triplés et que les montants
de 1977, qui étaient de $93 millions, je crois, ont été
plus que doublés. Cela veut donc dire que le crédit agricole a
augmenté considérablement suite aux lois pour que le
crédit soit fait par les institutions privées.
En même temps, pour les remboursements d'intérêts
pour le prêt agricole, vous remarquerez que, l'an dernier, il y avait eu
des crédits périmés à l'élément 7
parce qu'il y avait eu une surévaluation des prêts que le
gouvernement fédéral ferait au Québec. Il y en a eu moins
que prévu et, à ce moment-là, il y a eu une baisse des
crédits qui sont des subventions d'intérêts sur des
prêts agricoles fédéraux parce que leur nombre diminue et
qu'ils sont moins grands que prévu. (11 h 30)
Quant à l'assurance-récolte, alors qu'il y avait 5100
assurés en 1976, 6300 en 1977, 12 000 en
1978, en 1979 cela va être entre 15 000 et 16 000. Cela veut dire
que le nombre d'assurés au crédit agricole, entre 1976 et 1979,
aura plus que triplé. Cela veut dire que le nombre d'assurés,
assurance-récolte, sous le système collectif, en 1977,
était 1780; en 1978, 7977, en 1979, 12 356. Là aussi il y a une
augmentation importante pour la Régie de l'assurance-récolte. Je
ne voudrais pas en parler plus longuement.
Je pense qu'au cours de l'année 1979, il y a des programmes
nouveaux qui vont être mis en oeuvre parce qu'il y a de nouvelles
productions qui vont être encouragées, comme des productions dans
le domaine des poissons. Les éleveurs de poissons demandent à
être reconnus comme producteurs agricoles. Je ne sais pas s'ils vont
demander un plan conjoint, éventuellement. D'ailleurs, les
règlements ont été modifiés pour qu'ils soient
reconnus comme producteurs agricoles, ils ont été modifiés
récemment par le Conseil des ministres. Nous allons avoir des
programmes. Il y a déjà une mise en oeuvre qui s'est faite depuis
l'an dernier pour développer l'élevage de la truite au
Québec parce qu'on importe considérablement dans ce secteur et
qu'on devrait être capable de produire davantage.
Il va aussi y avoir des programmes nouveaux dans le secteur cunicole,
l'élevage des lapins, parce qu'il y a de plus en plus de producteurs qui
s'intéressent à cette production. Il faut également qu'il
y ait un meilleur suivi par le ministère de l'Agriculture, surtout que,
récemment, le gouvernement du Québec, par le ministère de
l'Agriculture et la Société de développement
coopératif, a aidé à la mise en place d'un abattoir
coopératif de lapins sous inspection à Saint-Apollinaire, dans le
comté de Lotbinière.
Je voudrais également dire que ce qui a été
considérable a été accru par le ministère, les
différentes régies ou offices qui font partie du ministère
de l'Agriculture et qui concernent l'agriculture. Les dépenses qui sont
transférées aux agriculteurs ont augmenté
considérablement depuis 1976/77 puisqu'on dit souvent quelle partie du
budget va en salaires, quelle partie va aux agriculteurs. Les chiffres que me
fournissent les fonctionnaires ici montrent le budget global du
ministère. En 1976/77, 48% constituaient les dépenses de
transfert aux agriculteurs. En 1977/78, cela augmentait à 52,3%. En
1978/79, à 55,6%. Et ce qu'on prévoit en 1979/80, c'est 59,4%.
Cela veut dire une augmentation, si on regarde, de 48% à 59,4% dans les
prévisions de cette année, une augmentation d'environ 25% de
l'argent du ministère qui va aux agriculteurs plutôt que de rester
dans le papier.
Il y a une amélioration considérable, il y a eu un effort
de fait depuis 1977 pour que cela coûte moins cher de frais
d'administration. Cela veut dire qu'il y a eu un effort de la plupart des
organismes du ministère. Si on regarde aussi les crédits
additionnels qui ont été obtenus au ministère de
l'Agriculture cette année, presque tous ces crédits additionnels
vont aller aux agriculteurs dans les dépenses de transfert plutôt
que dans des frais administratifs.
Comme vous le savez, on tente d'améliorer l'administration pour
qu'il y ait moins de brassage de papiers inutilement. Vous remarquerez, au
cours de cette année, l'amélioration considérable qui va
paraître dans les prochains jours, la publication des programmes du
ministère. Les programmes ont été uniformisés. Au
lieu d'avoir, selon l'inspiration de chaque écrivain, des programmes...
C'est un effort considérable. Dans certains cas, je me rappelle avoir
demandé: Pourquoi ce programme? On me disait: Dans le fond, ce programme
n'est plus nécessaire, il devrait disparaître. Je me rappelle, par
exemple, qu'on avait parlé du prix A et du prix B pour le lait. Il a
été annoncé, l'an dernier, qu'il n'y aurait plus de
subventions pour le prix B; maintenant que les entreprises étaient
toutes capables de payer le prix A, pourquoi subventionner cela? Non seulement
on n'a pas été critiqué, mais on a été
même félicité par les agriculteurs pour avoir cessé
de subventionner dans ce cas.
Il y a eu un effort considérable fait par les différents
organismes du ministère, que ce soit le ministère, l'Office du
crédit agricole, pour accélérer le financement,
l'assurance-récolte, pour qu'il y ait une plus grande efficacité
administrative. On a vu que cette année il y a une standardisation des
programmes. On dit: Quel est l'objectif du programme? Quels sont les moyens
à prendre? Quand les personnes sont-elles admissibles? Ainsi on se
retrouvera facilement dans ces programmes. On verra également, dans les
prochaines semaines, dans les prochains mois, une standardisation dans les
formules du ministère pour que, sur le plan administratif, les
dépenses soient mieux contrôlables, qu'il soit plus facile de
vérifier quand les dépenses sont utiles ou moins utiles. Il y
aura un contrôle des coûts également, le contrôle des
montants qui sont versés, parce qu'il s'agit d'un budget de près
de $300 millions; $268 millions, plus les sommes qui nous viennent de l'OPDQ;
cela fait un budget de presque $300 millions. C'est un budget
considérable et, à ce moment, les méthodes administratives
doivent être les plus modernes possible.
Evidemment, il peut y avoir des secteurs je me fie sur
l'Opposition pour nous l'indiquer qui n'ont peut-être pas toujours
la même efficacité. Mais les secteurs qui n'ont pas la même
efficacité vont être corrigés, vont devenir de plus en plus
efficaces, pour un meilleur service. Evidemment, des fois, cela prend un
certain temps, un temps plus long. Je pense que tous les services du
ministère, actuellement, sont beaucoup plus préoccupés de
leur efficacité et du renom du ministère de l'Agriculture du
Québec. Il y a eu un effort fait par chacun, au cours des derniers
mois.
Je ne voudrais pas m'étendre plus longuement, parce que je sais
que l'Opposition fera, comme par le passé, sa réplique et
ensuite... On a perdu un de nos collègues maintenant, enfin on va
épargner du temps.
M. Vaillancourt (Orford): Cela a l'air de vous coûter de le
dire.
M. Garon: Non, mais c'est évident qu'il se trouve à
y avoir deux partis plutôt que trois représentés à
la commission, maintenant.
M. Vaillancourt (Orford): II parle ailleurs. M. Garon:
Hein?
M. Vaillancourt (Orford): Cela revient au même, il parle
ailleurs.
M. Garon: Là il parle plus juste que du temps qu'il
parlait de l'agriculture. Là on sent qu'il parle juste.
M. Picotte: C'est lui qui est un péquiste
déguisé et vous vous êtes un créditiste
amélioré.
M. Garon: Je pensais que vous embarqueriez dans la lutte. Il y en
a qui disaient que...
M. Giasson: On se réserve pour les vrais combats, les
vrais défis.
M. Garon: Avec son chef.
M. Giasson: Son chef bien-aimé.
M. Garon: Je ne veux pas parler plus longuement. Je n'ai pas
nommé tous les fonctionnaires qui sont ici. Vous les reconnaissez
puisqu'il n'y a pas eu de changement depuis l'an dernier, je ne pense pas.
D'ailleurs, au cours de la journée, vous aurez la liste qui avait
été demandée des sous-ministres, mentionnant leur
date d'engagement, leur salaire, de même que les gens du cabinet et les
sommes d'argent qui sont consacrées à l'information, à la
publicité.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Merci, M. le Président. Heureusement qu'au
terme de ses propos le ministre a pris l'engagement de nous fournir au cours de
la journée ce qui avait fait l'objet d'une entente entre le leader
parlementaire du gouvernement et le leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Depuis que les ministères ont commencé l'étude
de leurs crédits, cette entente a été respectée
scrupuleusement. Jusqu'à maintenant, tous les ministères,
à la suite de l'accord intervenu et accepté par les partis,
avaient déposé certains documents auxquels vient de faire
allusion le ministre. Si le ministre n'avait pas pris cet engagement, j'aurais
soulevé une question de règlement puisqu'il s'agit d'un
règlement de fait qui existe à la suite de négociations
entre les deux leaders parlementaires des deux premiers partis à
l'Assemblée nationale. Mais lorsque le ministre nous dit que cela va
être déposé aujourd'hui, est-ce qu'on doit tenir pour
acquis qu'effectivement cela va être déposé
aujourd'hui?
M. Garon: Je vais être bien franc, je pensais que vous
aviez déjà reçu cela la semaine dernière, parce que
j'avais demandé que les documents vous soient portés la semaine
dernière. J'ai réalisé hier qu'ils ne vous avaient pas
été acheminés comme je le pensais.
M. Giasson: Vous connaissez le contenu de l'entente qui est
intervenue. C'est que chaque ministère...
M. Garon: Oui.
M. Giasson:... adressait une semaine à l'avance au chef
parlementaire ou au leader parlementaire les documents qui devaient être
produits. Si je pose la question pour que ce soit déposé
aujourd'hui, c'est que je ne voudrais pas qu'on connaisse la même
situation que celle que nous avons connue l'an passé lorsque le ministre
avait pris l'engagement de déposer de l'information au cours du mois de
juin parce qu'au moment de l'étude des crédits il ne
l'avait pas ainsi que des précisions sur des poursuites qui
avaient été menées contre certains entrepreneurs en
travaux mécanisés.
M. Garon: Non, non.
M. Giasson: Oui, dans vos propos...
M. Garon: Non, non, on devait revenir en commission parlementaire
et on n'est pas revenu. C'est cela qui est arrivé.
M. Giasson: On va sortir le texte du journal des
Débats.
M. Garon: Oui, on peut le sortir et on verra.
Le Président (M. Clair): Messieurs, s'il vous plaît,
un à la fois.
M. Garon: Je verrai à l'ajournement.
Le Président (M. Clair): C'est le député de
Montmagny-L'Islet qui a la parole.
M. Giasson: Fort de cet engagement du ministre de déposer
ces documents, que nous devions avoir une semaine à l'avance, je
voudrais d'abord saluer cordialement, au nom de l'Opposition officielle, les
fonctionnaires qui assistent le ministre pour l'étude des crédits
du ministère de l'Agriculture. A l'instar des années
antérieures, je suis assuré qu'ils seront d'une grande
utilité au ministre pour répondre à nos questions.
L'étude des crédits pour l'année 1978/79
s'était répartie, si ma mémoire est bonne, sur une
période de quatre jours, s'étendant du 19 au 26 avril 1978. Le
ministre se rappelle sans doute l'atmosphère qui régnait à
cette commission du 26 avril 1978. Vous ne vous en souvenez pas? A la suite des
remarques intempestives de quelques députés péquistes,
notre ministre de l'Agriculture,
coincé par l'attitude positive du député de
Maskinongé, alors critique de l'Opposition officielle en matière
d'agriculture, s'est senti obligé de mettre fin à la discussion
de ses crédits, discussion qui portait alors sur les enquêtes que
le ministre faisait faire sur certains entrepreneurs en travaux
mécanisés.
Quand on replace cela dans le vrai contexte, le ministre avait alors dit
ceci, le 26 avril, et c'est extrait du journal des Débats: "Je propose
que la commission soit ajournée jusqu'au mois de juin et je donnerai
tous les détails nécessaires à ce moment-là." Ce
sont les propos enregistrés au journal des Débats. Le ministre va
peut-être nous dire, comme il l'a déjà fait dans le
passé, qu'il a été mal cité et qu'on a mal
reproduit ses propos, mais on est habitué aux pirouettes du
ministre.
M. Garon: Je ne fais jamais cela. Mais lisez l'affaire au
complet, là.
M. Giasson: Cela n'a pas d'importance. Depuis avril 1978, nous
attendons les réponses du ministre aux questions du député
de Maskinongé. A défaut d'avoir fait siéger la commission,
tel que le proposait alors le ministre, l'Opposition officielle s'attendait ce
matin que le ministre nous donne enfin les réponses tant
souhaitées par nous. Le ministre, malheureusement, est demeuré
silencieux à ce propos.
Cependant, dès le début de l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture pour l'année
1979/80, je tiens à l'avertir qu'au programme 3, élément 2
nous exigerons des explications sur les propos non fondés que tenait
alors un député gouvernemental sur l'administration des travaux
mécanisés.
M. le Président, depuis quelques mois et notamment lors de
l'étude du projet de loi créant la Commission de protection du
territoire agricole, le titulaire actuel du ministère de l'Agriculture a
crié partout que l'agriculture est, pour ce gouvernement, la pierre
d'assise de notre société québécoise, que le
gouvernement actuel a un préjugé favorable pour l'agriculture et
les agriculteurs. Cependant, si nous étudions parallèlement
l'évolution des budgets du ministère de l'Agriculture sous le
gouvernement Bourassa et sous le gouvernement péquiste, la
réalité nous apparaît différente de celle que
décrit l'actuel ministre de l'Agriculture. Si on veut revoir quel a
été le volume ou le montant des budgets sous le gouvernement
Bourassa, on constate que, pour l'année financière 1970/71, en
chiffres absolus, le montant du budget qui avait été voté
était de l'ordre de $82 797 000. Je vous fais grâce des sous. Pour
l'année financière 1971/72, le budget était de l'ordre de
$85 871 000, soit une augmentation de 3,7% sur l'année
précédente. En ce qui a trait à l'année
financière 1972/73, le budget était porté à $96 390
000 pour une augmentation de 12,2%.
M. Garon: C'est le montant dépensé qui compte.
M. Giasson: Pour l'année financière 1973/74, nous
retrouvions un budget de $112 745 000 pour un accroissement en pourcentage de
l'ordre de 16,9%. L'année subséquente, soit 1974/75, le budget
était porté à $163 591 000 pour une augmentation de 45,1%
sur l'année précédente.
M. Garon: Quelle était la partie pour les fonctionnaires
et la partie pour les cultivateurs?
M. Giasson: Pour l'année 1975/76, ce budget était
porté à $203 302 000, soit encore une augmentation de l'ordre de
24,3%. L'année suivante, soit l'année 1976/77, le budget
était porté à $212 503 000, donc une augmentation de 4,5%.
Cela veut dire que, sous le gouvernement Bourassa que l'actuel ministre a tant
décrié comme ayant été néfaste pour
l'agriculture au Québec, le budget du ministère de l'Agriculture,
pendant six années et demie de pouvoir, a augmenté de 156,6%,
soit une augmentation annuelle moyenne de 22,3%.
Maintenant, sous un gouvernement qui a déclaré à
qui voulait l'entendre, non seulement par la bouche de son ministre de
l'Agriculture, mais surtout par des prises de position par l'actuel premier
ministre, que l'agriculture était la priorité du gouvernement,
quelles ont été les sommes qui ont été
consacrées, sur une période d'années de trois budgets
déposés, et quelles ont été les augmentations en
pourcentage? En 1977/78, le budget du ministère de l'Agriculture a
été porté à $225 600 000, soit une augmentation sur
l'année précédente de l'ordre de 6,2%. En 1978/79, nous
retrouvions un budget de $241 248 000. Là encore, il s'agissait d'une
augmentation de 6,9%. Cette année, le budget que nous avons à
discuter et étudier est de l'ordre de $250 238 000 soit une augmentation
de 3,7%.
M. Garon: $268 millions, voyons! Ce ne sont pas de faux
chiffres.
M. Giasson: Oui, mais vous avez des crédits de transferts
de $17 millions...
M. Garon: Des crédits permanents.
M. Giasson:... qui viennent de l'OPDQ. Ce ne sont pas des
crédits votés par l'Assemblée nationale du Québec.
Ce sont tout simplement des transferts de programmes à la suite
d'ententes auxiliaires. C'est cela, la réalité.
M. Garon: Non, non. C'est le budget complet. M. Giasson:
Ce que nous allons voter ici...
M. Garon: Comparez des choses comparables.
M. Giasson:... comme budget, ce ne sont pas les $17 millions qui
viennent d'ententes auxiliaires de l'OPDQ. Ce sont des crédits
votés par l'Assemblée nationale du Québec pour des sommes
d'argent qui proviendront du fonds...
M. Garon: On verra cela cet après-midi.
M. Giasson: ... consolidé du Québec ou qui sont des
sommes d'argent qui seront mises à la disposition du ministère
par le ministre des Finances. Donc, si on tient compte de l'inflation que nous
avons vécue année après année ici au Québec,
on peut déduire qu'au cours des trois années de l'administration
de l'actuel gouvernement, l'augmentation en pourcentage n'a même pas
rencontré l'inflation moyenne, c'est-à-dire l'augmentation
moyenne des prix à la consommation au Québec. A partir de cette
réalité, il n'y a pas lieu d'affirmer que le ministère de
l'Agriculture, depuis trois ans, a connu des augmentations au plan
budgétaire comme cela ne se serait jamais produit dans le passé.
Il s'agit de voir les chiffres, tels que le ministre peut les avoir chez lui,
que n'importe quel citoyen du Québec peut analyser, pour constater qu'en
dépit de préjugés très favorables pour
l'agriculture, qu'en dépit du fait que c'est la grande priorité
de ce gouvernement, comme je le disais il y a quelques instants, il n'y a rien
pour se tirer en l'air. C'est tout simplement une continuité logique.
Depuis trois ans, les budgets de l'agriculture n'ont pas dépassé,
au plan de l'augmentation en pourcentage, l'augmentation moyenne du coût
des intrants à la ferme que le ministère de l'Agriculture, cela
existe d'abord pour les agriculteurs. C'est sa première raison
d'être. Cela existe pour l'agriculture, donc, pour les agriculteurs.
Et même cette année, lorsque nous étudions les
prévisions d'augmentation du coût des intrants à la ferme,
tout ce qui entre dans les besoins de production à la ferme, le
pourcentage d'augmentation du budget de l'agriculture ne rencontre même
pas les prévisions du coût d'augmentation des intrants, que ce
soient les engrais chimiques, que ce soient les moulées pour nourrir le
bétail, que ce soit du côté de la machinerie agricole. Je
voulais faire ces précisions pour ramener tout le monde dans la
réalité concrète des faits qu'on vit et que les
agriculteurs devront vivre au cours de l'année. On pourrait même
aller plus loin, si on tient compte de l'inflation. En examinant le budget
1979/80 du ministère de l'Agriculture avec celui de 1978/79, on note une
augmentation en chiffres je parle des crédits qui sont
votés par l'Assemblée nationale du Québec et non pas des
transferts qui découlent d'ententes auxiliaires de $9 985 700 ou
3,8%. A ces $9 985 700...
M. Garon: Avez-vous déduit un montant pour les ententes
auxiliaires?
M. Giasson: Je crois, M. le Président...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le ministre! Vous
aurez l'occasion de...
M. Giasson: M. le ministre, vous aurez tout le loisir de poser
des questions lorsque j'aurai terminé mon intervention.
Le Président (M. Clair): Ou de répondre.
M. Giasson: J'ai tenté de vous écouter
religieusement tout à l'heure, de faire le moins d'interventions
possible. Je présume que vous aurez la gentillesse de me rendre la
pareille.
Le Président (M. Clair): Vous pouvez continuer, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Picotte: Attendez d'être dans l'Opposition et vous allez
pouvoir poser des questions. Cela s'en vient.
Le Président (M. Clair): Vous pouvez continuer. A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Giasson: Alors, de ce montant de $9 985 700 que je viens de
citer, il faut soustraire le montant de $2 700 000 que le ministère veut
investir dans les fameuses floralies. Même si le ministre prétend
que le montant de $2 700 000 qui va aller du côté des floralies va
servir directement les agriculteurs spécialisés en horticulture
ornementale, qu'il me soit permis de douter sérieusement de cela. Cet
argent ne servira pas directement au développement ou à une aide
directe à ceux qui font de l'horticulture ornementale. Ces sommes
d'argent vont servir à un événement qui va se tenir
à Montréal, qui va être un genre d'outil de propagande et
de publicité que le gouvernement veut se donner. Si le ministre nous
disait que le montant de $2 700 000 va être consacré
véritablement à aider les gens spécialisés en
horticulture ornementale, je dirais: D'accord, c'est un budget et c'est un
programme de l'ordre de $2 700 000 qui va servir ceux qui sont dans le champ,
qui veulent développer ou faire progresser des entreprises en
matière d'horticulture ornementale. Mais cela va servir on le
verra après pour mener une grosse opération qui va faire
beaucoup de fla-fla, peut-être beaucoup de bruit au cours de
l'année 1980, mais qui sera d'abord un outil de publicité et de
propagande pour le ministre comme pour le gouvernement et qui n'aura pas servi
vraiment ceux qui ont pris des risques, qui ont investi et qui ont voulu
développer une spécialité en horticulture. Il faut voir
les choses dans leur vraie dimension.
D'ailleurs, les fleurs qui seront exposées lors de ces
activités, dans une très grande proportion, ne seront pas des
fleurs produites nécessairement au Québec. Il y aura des fleurs
qui seront exposées là-bas, qui viendront de représentants
de pays qui participeront à ces floralies. Vouloir croire que ce seront
là des activités provenant uniquement de production ou de culture
de fleurs au Québec, c'est encore de nous raconter des histoires. De
plus, si le ministre avait tenu compte de l'indice du coût de la vie, il
aurait dû augmenter son budget de l'ordre de $22 975 000 ou
l'équivalent de 8,9% qui est le taux d'inflation ou l'indice moyen des
prix à la consommation au pays. Le budget du ministère de
l'Agriculture que nous avons à étudier, si nous tenons compte des
deux éléments que je viens de mentionner, et nous
devons en tenir compte, doit être amputé de $25 675 000. Le
budget n'est donc, en réalité, que de l'ordre si on tient
compte du jeu de l'inflation de $242 459 439.
Voilà donc, M. le ministre, l'état réel du budget
que vous avez déposé et que vous demandez d'étudier et
d'analyser à compter d'aujourd'hui. Il m'apparaît inadmissible que
vous laissiez le ministre des Finances manipuler systématiquement le
budget du ministère de l'Agriculture au détriment de la
collectivité agricole du Québec parce que je me doute bien que le
ministre a dû tenter, auprès de son collègue des Finances,
d'obtenir des sommes nettement plus élevées que celles qui
apparaissent au livre des crédits. Là encore, le ministre des
Finances, le gros ministre des Finances du Québec a réussi
à amputer beaucoup de projets ou de besoins qui étaient le propre
du ministère de l'Agriculture au Québec. Notre ministre de
l'Agriculture s'est contenté tout simplement d'accepter ou de se
soumettre aux desiderata ou à la volonté de notre ministre des
Finances.
L'Opposition officielle dénonce cette incapacité qu'a eue
le ministre de l'Agriculture de défendre fondamentalement les besoins
qui étaient siens au plan du ministère de l'Agriculture du
Québec. Sans doute que l'actuel ministre, lorsqu'il dit qu'il a un grand
préjugé favorable à l'agriculture, est sincère avec
lui-même. S'il est sincère avec lui-même, c'est donc le
ministre des Finances qui lui a coupé les ailes dans les besoins minima
qui étaient les siens pour tout simplement continuer l'opération
du développement de l'agriculture, puisque cela n'a pas commencé
avec la venue de l'actuel ministre, le développement de l'agriculture.
On n'a qu'à se rappeler les chiffres que j'ai cités tout à
l'heure; c'est une continuité tout simplement, comme ses successeurs
vont continuer de faire les efforts nécessaires pour répondre aux
besoins d'une agriculture qui va continuer d'évoluer, c'est facile de le
découvrir. (12 heures)
En définitive, je constate que la réalité que je
viens d'énoncer nous frappe tous et elle va surtout frapper les
agriculteurs du Québec. D'ailleurs, la population a commencé
à s'ouvrir les yeux dans le monde agricole. Il y a eu une période
d'euphorie avec la venue de notre actuel ministre de l'Agriculture.
Le sort a voulu qu'au cours de l'année 1978, entre autres, les
agriculteurs du Québec connaissent ce que j'appellerais une année
de vaches grasses, dans le sens qu'à peu près tous les principaux
secteurs de la production agricole au Québec, à la suite des
efforts constants et nombreux que les agriculteurs d'abord, au-delà des
ministres antérieurs et actuel de l'Agriculture, mais grâce
surtout aux efforts constants et répétés que les
agriculteurs du Québec se sont donnés, soit par la
coopération agricole, soit par le syndicalisme agricole, ont
été productifs. Ces cultivateurs utilisant des outils nouveaux
que le législateur avait jugé bon de leur accorder par des lois
ou des programmes, ont commencé à toucher des fruits qui
étaient surtout le résultat d'une constance dans l'effort.
Que ce soit l'utilisation, par exemple, du système des plans
conjoints, de meilleurs contrôles sur la production,
l'établissement de quotas afin de mieux régir les contrôles
et de mieux maintenir les structures de prix, les cultivateurs ont
touché en 1978 le fruit de cet effort, de ces batailles qu'ils ont
menées. Ils savent que ce n'est pas terminé, parce qu'en
agriculture comme dans d'autres secteurs, il faut toujours se réadapter,
rajuster son tir.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu une compréhension de la part des
gouvernements, du gouvernement actuel ou de ceux qui l'ont
précédé. Il y a eu certainement des gestes concrets
posés par les différents gouvernements en vue de mettre à
la disposition des cultivateurs des objectifs qu'ils poursuivaient, des outils
dont ils jugeaient avoir besoin.
C'est surtout grâce à l'organisation de la profession
agricole, tant par le secteur de la coopération qui a continué de
se développer avec de l'aide, avec des programmes. On n'a qu'à
penser à ce qui s'est fait dans le domaine du lait, de la modernisation,
du regroupement des usines laitières, pour constater que c'est encore un
appui, une aide qui est venue de l'Etat.
M. Garon: On les a aidés à se grouper.
M. Giasson: Peut-être que la question du ministre est
fondée de ce côté; je me pose moi-même des questions.
On pourra y revenir.
Je constate que le ministre a été faible devant le
comportement de son collègue des Finances et, de ce côté,
pour l'année qui débute, je crois que cela fait reculer
l'agriculture. Cela ne permet pas que l'agriculture fasse un autre bond en
avant au cours de la présente année, sauf si le ministre nous
certifie en termes d'exécution du programme de l'année dont nous
étudions les crédits, qu'il va obtenir des crédits
supplémentaires d'un volume suffisamment important pour permettre un
autre bond en avant de l'agriculture québécoise.
Evidemment, le ministre nous a fait part dans ses propos
préliminaires de secteurs où il y avait augmentation des budgets
ou des crédits. Il s'est retenu de traiter des secteurs où il y
avait diminution de crédits; c'est de bonne guerre, je l'accepte.
D'ailleurs, il nous reste la possibilité, tout au long du débat
sur les crédits, de revenir sur ces secteurs. Mais j'aurais cru, dans le
contexte agricole du Québec tel que nous le connaissons, que le ministre
aurait été plus loquace au-delà des propos qu'il nous a
tenus sur certains secteurs de son ministère où il y aura des
gestes à poser et des actions à prendre.
Nous avons appris qu'il y a des modifications qui doivent se produire du
côté du fonctionnement des bureaux et des laboratoires
régionaux. Il y aurait des modifications dans l'air et il y aurait des
orientations nouvelles qui doivent se prendre. Le ministre n'en a pas fait
mention. Cela aurait été intéressant de savoir la
perspective ou la projection du ministère en matière de
coopération pour
les prochaines années immédiates de ces bureaux et
laboratoires régionaux. Traditionnellement, lors des propos
préliminaires à l'étude des crédits, au cours des
deux années financières antérieures entre autres, le
ministre avait discouru fort longuement sur les besoins ou la
nécessité de créer au Québec une régie des
grains de provende et, dans son esprit, au moment où il explicitait fort
longuement ces projections, ce projet, il nous avait dit que c'était une
priorité, que cela lui apparaissait une priorité au Québec
à cause du contexte particulier qu'a toujours connu le Québec,
soit l'importation massive de céréales ou de grains de provende,
sachant que le territoire arable du Québec est limité à
peu près à 6 millions d'acres, soit 5% des terres arables au
Canada; quand nous comptons 6 millions d'acres cultivables, les provinces des
Prairies détiennent 79% des terres arables au Canada ou 81 millions
d'acres.
C'est facile d'imaginer que, dans le passé, nous ayons eu
à importer assez massivement des céréales, des grains de
provende, et les 6 millions d'acres que nous possédons au Québec,
le ministre le sait, ne pourront jamais nous permettre de produire la
totalité des céréales dont nous avons besoin pour les
élevages spécialisés, les productions sans sol. Donc, je
m'attendais ce matin que le ministre nous apporte des précisions, nous
indique nettement ce que sera la régie des grains de provende ou la
régie des grains qu'il entend instaurer au Québec au cours de
l'année, parce que, si je me souviens bien, dans le message inaugural du
premier ministre, une déclaration faisait état de la mise sur
pied d'une telle régie au cours de l'année 1979/80. Le ministre
nous a fait également beaucoup de bruit dans le passé sur les
besoins de créer une banque des terres, une banque des sols au
Québec. Là encore, ce matin, aucune nouvelle, aucune primeur. Le
ministre est totalement muet sur ce secteur. Il y avait également la
possibilité d'une législation qui devait régler beaucoup
de choses, soit la possibilité de vendre des terres arables au
Québec à des non-résidents. C'était une affaire
fantastique lorsque le ministre a eu à la commenter dans le
passé. Ce matin, cette merveille, il l'a cachée, il l'a tenue
bien cachée.
Il y a vraiment un problème colossal qui existe
présentement au Québec et qui implique directement un des
organismes relevant du ministre de l'Agriculture, soit la Régie des
marchés agricoles. C'est le problème colossal qui se pose
présentement dans le domaine du lait, à la suite de
décisions qui ont été prises, à la suite de
confrontations qui existent entre les deux grands secteurs organisés de
l'agriculture, soit la coopération agricole et le syndicalisme agricole,
et ces problèmes, même si le ministre n'en parle pas
présentement, sont très sérieux. Très
sérieux parce qu'ils vont mettre en cause la survie d'un des deux grands
organismes agricoles au Québec, s'il n'y a pas de solution
d'apportée, et c'est assurément, selon mon évaluation, la
grande urgence présentement pour les agriculteurs du Québec, la
solution nécessaire au règlement de ce problème. Vous
savez qu'il y a des ententes qui ont été conclues auparavant
entre les coopératives agricoles laitières et le syndicalisme
agricole et qu'il y a plusieurs coopératives au Québec qui ont
décidé de modifier le jeu de ces ententes. Cela va créer,
s'il n'y a pas de solution apportée dans les prochaines semaines, sinon
dans les prochains mois, des problèmes financiers très aigus
à l'une des grandes organisations agricoles que nous avons chez
nous.
M. le Président, je ne m'explique pas que le ministre regarde
passer le train, regarde les choses, recule et ne prenne pas position, ne
demande pas à la Régie des marchés agricoles de
déboucher sur des négociations, des rencontres en vue de trouver
la solution qu'il va falloir, coûte que coûte, apporter, face
à ce problème qui prend des dimensions incroyables. Je ne sais
pas si le ministre en est conscient, mais il s'agit de discuter avec des
personnes qui ont le bébé entre les mains, qui ont le
problème entre les mains, pour voir l'inquiétude qui règne
dans ce secteur. Le ministre va devoir se mouiller d'une façon ou de
l'autre. Si ce n'est pas lui-même qui se mouille, il devra exiger au
moins à une organisation dépendante de son ministère, aux
personnes responsables à la direction de ces organisations d'apporter la
solution que les cultivateurs attendent depuis quelques semaines.
Le ministre a également décrété
d'autorité un plan conjoint pour la production du porc au Québec.
Le ministre a jugé que c'était le moment, au-delà de la
volonté des producteurs exprimée majoritairement par un
référendum, il a décidé qu'il lançait
l'opération d'un plan conjoint au Québec. Sans doute, ayant
jugé que c'était nécessaire de lancer une telle
opération, il aurait dû, ce matin, nous dire, nous expliquer quels
ont été les bienfaits de la mise sur pied d'un plan conjoint pour
la production du porc, parce qu'il la jugeait essentielle, au point de la
décréter d'autorité, plutôt que la faire mettre en
opération par la volonté des producteurs qui avaient eu
l'occasion de s'exprimer dans un référendum, selon les
règles du jeu traditionnelles. Là encore, les merveilles de son
plan conjoint, il s'est bien tenu de nous en faire part, de nous les
expliquer.
M. Garon: Etes-vous contre?
M. Giasson: Un plan conjoint imposé d'autorité, je
suis contre. A un plan conjoint voulu par une majorité de producteurs,
selon les procédures établies, je suis totalement favorable.
M. Garon: Pourquoi avez-vous amendé la loi 75 pour
permettre cela?
Le Président (M. Clair): A l'ordre! A l'ordre!
M. Giasson: Ce n'est pas moi qui l'ai amendée. Cela a
été une erreur du ministre.
M. Garon: ... de votre parti. Vous n'aviez qu'à ne pas
l'adopter.
M. Giasson: Cela a été la volonté du
ministre qui vous a précédé de modifier la Loi de la mise
en marché des produits agricoles, pour décréter la mise
sur pied d'autorité de par la volonté du ministre, au lieu de
respecter la volonté des producteurs concernés. Je l'ai dit,
à l'époque, à mon collègue qui était
ministre. Je n'ai pas changé d'avis depuis et cela date de quelques
années.
M. Garon: ...
M. Giasson: M. le Président, je croyais également
que dans le budget que nous allions débattre cette année, y
retrouver des sommes très importantes pour le développement du
secteur de l'agro-alimentaire, parce que je vois l'actuel ministre, depuis des
mois, pour ne pas dire des années, se donner beaucoup de souci pour le
développement de l'agro-alimentaire au Québec. Donc, si c'est un
sujet de préoccupation constante pour lui, il était logique d'y
découvrir ou d'y percevoir dans le budget du ministère de
l'Agriculture, pour la présente année, des sommes
considérables pour aider le développement de tout le secteur
agro-alimentaire. Là encore, je n'ai rien découvert de
phénoménal. Nous aurons peut-être plus d'information
lorsque nous procéderons à l'étude programme par
programme, élément par élément, le ministre va nous
indiquer de quelle façon se traduit par des chiffres, par des
engagements financiers précis, ce grand souci de l'agro-alimentaire.
J'espérais également, M. le Président, ce matin
qu'on nous dépose l'organigramme du ministère de l'Agriculture,
le dernier organigramme que nous n'avons pas vu depuis quelque temps
déjà. Il y a toute une équipe qui travaille au
ministère de l'Agriculture, qui se partage des tâches, des
res-ponsabilités, des champs précis d'opération. Cette
vision, cette perception des responsabilités, cette attribution des
responsabilités se découvre, se traduit fort bien par un
organigramme. Pourquoi le ministre ne nous a-t-il pas déposé le
dernier organigramme qu'il a préparé sans doute à son
ministère.
M. Garon: On ne dépense pas d'argent pour faire imprimer
des choses comme cela.
M. Vaillancourt (Orford): Cela n'est pas sérieux de la
part du ministre de dire des choses comme celle-là.
M. Picotte: On va en reparler, c'est un gros problème,
cela. (12 h 15)
M. Giasson: Nous avons eu, au cours de la dernière
année, à examiner une loi qui a fait l'objet de très longs
débats à l'Assemblée nationale du Québec et qui a
même provoqué une reprise des travaux sessionnels après la
période des Fêtes, soit la loi 116. Elle poursuivait deux grands
objectifs, selon mon évaluation. Un objectif à court terme pour
régler des problèmes qui traînaient depuis des
années, mais qui devaient se régler immédiatement; un
autre objectif sur les modifications découlant des pouvoirs nouveaux,
surtout en ce qui a trait à la possibilité pour la régie
des marchés ou pour les offices de producteurs qui se font transmettre
des pouvoirs de la régie, d'agir sur les quotas détenus par les
producteurs, si c'était requis, par une suspension, par une confiscation
ou une annulation de quotas. Je vois cela comme un objectif à plus long
terme.
Il y avait également l'objectif à court terme, qui
était celui de permettre la perception de fonds ou de
prélevés que les producteurs, dans une production donnée,
avaient fait défaut de payer depuis quelque temps déjà, ce
qui créait des problèmes à la fédération qui
devait administrer un plan conjoint, parce que la même
fédération avait également des engagements de pris, des
garanties qu'elle donnait à l'Agence nationale de mise en marché
des oeufs. J'aimerais savoir du ministre ce qui est advenu de ces pouvoirs que
la loi 116 a donnés en vue de régulariser la situation de
certains producteurs à l'endroit de leur fédération.
Il y aurait également d'autres sujets qu'on pourrait aborder dans
ces quelques propos d'ouverture, mais certains communiqués du
ministère de l'Agriculture ont lancé des nouvelles, ont
établi des prises de position du ministère. Il y a eu ce
communiqué touchant les terres à l'intérieur du territoire
de Mirabel, les terres qui avaient été achetées par le
gouvernement canadien et qui ne sont pas nécessaires
immédiatement pour la zone aéroportuaire, ce sont des terres
qu'on pourrait qualifier d'excédentaires pour les besoins de
développement immédiat de l'aéroport. Le ministre a
émis des communiqués, a fait des déclarations à
savoir que les producteurs agricoles qui s'installeraient dans cette zone
limitrophe du territoire immédiat nécessaire pour le
développement seraient privés de tous les programmes de
l'Agriculture. Mais je ne voudrais pas trop m'étendre, à ce
moment-ci, sur ces champs. Nous pourrons y revenir lors de l'étude de
crédits à chacun des programmes qui auront des incidences
directes sur chacun des sujets que je viens de traiter.
J'aurais aimé aussi que le ministre nous dise de façon
précise le pourcentage du budget affecté au salaire des
fonctionnaires, aux rémunérations, nous donner le pourcentage
précis. Il a cité les pourcentages de transfert directement aux
producteurs, mais il aurait été intéressant
également de connaître le pourcentage précis du budget qui
est affecté à la rémunération, aux salaires ou
autres sujets connexes.
M. le Président, en terminant, j'ose croire qu'au cours de la
séance de cet après-midi nous aurons les documents que le
ministre s'est engagé à déposer, et nous allons poursuivre
l'étude de nos crédits programme par programme, ce qui va nous
permettre de voir vraiment où est la volonté de l'actuel ministre
de continuer le bond en avant dont il a largement fait état au cours des
récentes années. Merci.
Le Président (M. Clair): Merci. M. le député
de Huntington.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'aimerais tout d'abord
saluer tous les membres de cette commission, y incluant M. le ministre, ainsi
que tous les hauts fonctionnaires qui l'accompagnent aujourd'hui. Comme l'a
fait le député de Montmagny-L'Islet, tout à l'heure,
j'aimerais indiquer au ministre un manque d'information et un manque de
détails pertinents de sa part. Nous aurions pu étudier le budget
et les crédits du ministère de l'Agriculture en profondeur et les
analyser aussi, d'une façon logique.
Nous avons communiqué nous-même avec le cabinet du ministre
et le personnel de son cabinet nous a indiqué que les informations
pertinentes aux crédits 1979/80 nous seraient remises seulement au
moment de l'étude des crédits.
Une Voix: C'est comme l'organigramme.
M. Dubois: Le ministre ne semblait pas savoir pourquoi tout
à l'heure nous n'avons pas eu ces documents, mais c'est l'information
que nous avons reçue du cabinet du ministre. L'an dernier, au moment de
l'étude des crédits, il y a plusieurs programmes qui ne furent
pas étudiés du fait qu'à un certain moment le ministre a
mis fin à l'étude des crédits de façon très
subite. Je prends, par exemple, le domaine de la mise en marché, il ne
fut pas étudié l'an passé, et il y eut aussi plusieurs
autres programmes dont les crédits ne furent pas étudiés
du tout. Cette année, j'espère qu'on pourra terminer tous les
programmes, du premier au dernier, sans un arrêt subit, comme ce fut le
cas l'an dernier.
Tout à l'heure, le ministre nous a fait part des budgets qu'il
entend consacrer à différents programmes. Il nous a
indiqué la fluctuation de certains crédits, dans certains
secteurs d'activités. Je trouve quand même curieux que le ministre
ne nous ait pas fait état de la grande orientation qu'il entend donner
cette année au ministère de l'Agriculture.
A la suite de la sanction de dix à quinze projets de loi, dont
les projets 90, 100 et 116, et étant donné que ces projets de
loi, surtout les projets 90 et 100, auraient peut-être dû inciter
le ministre à nous donner la ligne de ces grandes orientations puisque
la loi 90 tout particulièrement ouvre un plus grand secteur agricole au
Québec et assure un respect du territoire agricole de façon
permanente et le projet de loi 100, qui attribuait plus de crédit aux
jeunes agriculteurs, une aide financière plus grande, je trouve quand
même curieux que le ministre n'ait pas été tellement
loquace dans ce domaine. Je pense que c'est assez difficile pour nous, à
la suite aussi du manque d'information que nous avons eu avant de commencer
cette commission, de parler en détail de tous les crédits
consacrés à tous les programmes et dans tous les secteurs
d'activités. J'ai bien l'impression que l'effort principal sera
orienté vers la production animale et vers la production des
céréales. Assurément, la loi 90 qui permet de conserver le
secteur agricole intact permettra certainement plus d'acrages de production
céréa-lière et, par le fait même, nous permettra
d'augmenter la production animale au Québec. C'est ce que je souhaite.
Au cours des discussions que nous aurons j'imagine qu'il y a un expert
ici en ce qui a trait à la production animale et surtout à la
mise en marché des viandes rouges j'aimerais poser des questions
sur le peu d'intérêt que semblent avoir les grandes chaînes
d'alimentation principalement dans l'achat du boeuf québécois. Il
semblerait qu'on ait tendance je parle des grandes chaînes
à continuer ou à persister à ne vouloir acheter que du
boeuf de l'Ouest, dans plusieurs cas.
Une Voix: C'est parce qu'on en manque.
M. Dubois: Oui, je comprends qu'on en manque. J'aimerais aussi
poser des questions sur le manque d'entrepôts
réfrigérés ici, ce qui pourrait être un facteur
essentiel si on veut relancer la production animale, surtout le boeuf de
boucherie. Je pense qu'il serait essentiel qu'on ait des entrepôts
frigorifiques pour laisser vieillir notre boeuf. On sait que l'immense
entrepôt frigorifique ambulant que constituent tous les wagons de chemin
de fer qui partent de l'Ouest et se dirigent vers l'Est est responsable de la
qualité supérieure de la viande qu'on reçoit ici. Parlant
des gens de l'Ouest, ils m'ont dit que la qualité de la viande qu'on
reçoit au Québec est supérieure à celle qu'ils
consomment là-bas parce qu'elle a vieilli quand elle nous parvient
tandis que, là-bas, elle est moins vieillie. Je ne sais pas si c'est un
des facteurs qui empêcheraient ou qui n'inciteraient pas les grandes
chaînes d'alimentation à acheter du boeuf québécois,
de toute façon je pense qu'on aura l'occasion d'y revenir tout à
l'heure.
En ce qui a trait à la Régie des marchés agricoles,
l'an dernier, nous n'avons pas atteint ce programme-là étant
donné que la commission a arrêté ses travaux. Je pense
qu'en temps et lieu il y aura lieu de poser des questions au président
de la régie sur les problèmes sérieux qui existent entre,
d'une part, les coopératives et, d'autre part, l'UPA. Le projet de loi
116 a définitivement rompu un équilibre très fragile qui
existait. Comme le ministre est au courant, ainsi que tous les membres de cette
commission, j'ai présenté il n'y a pas longtemps le projet de loi
193 qui pourrait permettre de rétablir un meilleur équilibre et
peut-être améliorer le climat qui existe présentement. De
toute façon, je pense qu'il est important qu'un jour le ministre tranche
cette question-là, prenne parti et essaie quand même d'aller au
fond des choses et de rétablir l'harmonie dans le domaine agricole
puisque, surtout dans le secteur laitier, la confrontation existe depuis
plusieurs mois, mais elle est grandissante aussi. Je pense qu'il y a vraiment
lieu pour le ministre d'aller au fond des choses et très
bientôt.
J'aimerais m'attaquer maintenant au secteur de la production du porc. Je
pense que ce secteur très dynamique a permis à notre
économie agri-
cole de connaître un essor assez formidable cette année. Le
secteur du porc est grandement responsable du revenu beaucoup plus
élevé cette année que les années
précédentes. Nous avons un très gros volume d'exportation
vers les Etats-Unis. Nous exportons aussi vers le Japon. Nous avons affaire,
dans le domaine du porc, à des gens très motivés et
très dynamiques; en passant, c'est un domaine où le plan conjoint
ne fonctionne pas, où on pourrait dire qu'il n'y en a pas, parce qu'il
ne fonctionne pas. On dit dans certains milieux que notre suffisance a atteint
environ 150%. Je ne pourrais dire si c'est vrai ou faux, mais il reste que
c'est un secteur qui fonctionne très bien. En passant, je voudrais me
permettre de féliciter les producteurs de porc du Québec qui sont
vraiment des hommes d'affaires à la fine pointe et j'aimerais faire
remarquer que la qualité exceptionnelle du porc produit au Québec
nous permet d'envahir des marchés extérieurs.
Ces éleveurs méritent de plus en plus la
considération du ministère de l'Agriculture. Je pense que nous
n'avons pas besoin d'avoir peur de ce secteur où les gens sont
très connaissants, très motivés et très
progressifs. Je pense qu'on peut les laisser aller sans crainte puisqu'ils sont
en possession de leur économie et ils l'administrent très bien.
Je n'aimerais pas voir présentement le syndicat agricole prendre en main
cette production, pour le moment de toute façon.
J'aimerais aussi, peut-être plus tard au cours de nos discussions
et de l'étude des programmes, connaître la position du ministre
sur le plan conjoint de la pomme de terre. Le 28 février, la
régie des marchés a rendu une décision...
M. Garon: ...
M. Dubois: Je veux connaître l'opinion du ministre parce
que je pense qu'on est ici pour se parler et cela a trait directement à
l'agriculture. On sait que la Fédération de producteurs de pommes
de terre demande un plan conjoint. Le 28 février, la régie des
marchés a rendu une décision à savoir que ceux qui
auraient cinq acres et plus de production voteraient lors d'un
référendum possible qui aurait peut-être lieu au cours de
l'année 1979. Quelques jours après, le 2 mai, la régie a
rendu une autre décision disant que tout le monde avait droit de vote au
référendum, tout producteur de pommes de terre sans indiquer la
grandeur de production, à partir d'un jardin de pommes de terre
jusqu'à des centaines d'acres. J'y reviendrai plus tard, au moment de
l'étude des crédits du secteur de la mise en marché. Cela
fait partie de la question que j'aimerais poser au président de la
Régie des marchés agricoles.
Il y a un autre secteur que j'aimerais voir expliciter plus à
fond par le ministre; cela a trait à l'environnement agricole qui,
d'après moi, devrait revenir à l'Agriculture. Je pense qu'on
connaît énormément de problèmes quand il y a lieu de
donner des permis pour l'agrandissement de production animale. Je pense qu'il y
a quand même un manque de collaboration entre les deux minis-
tères, soit l'environnement et l'Agriculture. Je pense qu'il y aurait
lieu, en ce qui a trait à l'environnement agricole, que ce domaine
revienne au ministère de l'Agriculture. Je pense que...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Huntingdon, je m'excuse de vous interrompre; il est 12 h 30, la commission
ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 30
Reprise de la séance à 15 h 43
Le Président (M. Boucher): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs!
La commission permanente de l'Agriculture est réunie pour
étudier les crédits du ministère de l'Agriculture pour
l'année 1979/80.
Les membres de la commission sont M. Baril (Arthabaska), M.
Beauséjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Gagnon (Champlain),
M. Garon (Lévis), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lèves-que
(Kamouraska-Témiscouata), M. Rancourt (Saint-François), M.
Vaillancourt (Orford). S'il vous plaît, à l'ordre!
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac Saint-Jean), M. Charbonneau
(Verchères), M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue), M.
Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Picotte (Maskinongé),
M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Dubois: J'ai encore quelques brèves remarques. Je ne
sais pas combien de temps il me reste. Vingt minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Allez-y, je pense qu'il n'y a
pas eu de comptage de temps ce matin.
M. Dubois: Je n'en ai que pour quelques minutes. Je voudrais
indiquer, M. le Président, que le ministre ne fut pas très
éloquent en ce qui a trait à une volonté de
développer notre secteur de transformation dans les produits
alimentaires. Il semblerait que le ministre n'a pu jusqu'à
maintenant, depuis... en fait, c'est son troisième budget qu'il
présente nous présenter une vraie politique de
développement en agro-alimentaire. En fait, le but primordial ça
a toujours été d'atteindre l'autosuffisance et c'est ce que tout
le monde vise dans ce domaine. On sait pertinemment que c'est assez difficile
de l'atteindre à 100%, mais quand même l'améliorer serait
déjà un point d'acquis. Il serait approprié pour le
ministre de nous apporter des mesures et un programme, une politique à
longue haleine pour développer ce secteur. Cela tarde beaucoup. (15 h
45)
Dans un autre domaine, le ministre pourrait nous dire, au moment
approprié, où en est rendue
sa régie des grains de provende. Le député de
Montmagny-L'Islet en a fait état ce matin et je me souviens bien qu'au
moment de l'étude des crédits en 1977, le ministre nous avait dit
qu'après le référendum, il instituerait sa régie
des grains de provende. Alors, j'aimerais que le ministre, au cours des
discussions que nous aurons, puisse nous indiquer, quand même, où
en est rendu ce dossier et quand il a l'intention d'instituer cette
régie des grains de provende.
En plus, M. le Président, j'aimerais attirer l'attention du
ministre sur les problèmes que vivent, depuis quand même quelques
années, les propriétaires du Marché central
métropolitain. Au moment de l'étude du projet de loi 90, on a
demandé au ministre à ce moment un amendement sur la
fiscalité en ce qui a trait spécifiquement au marché des
producteurs agricoles. Il était question du Marché central
métropolitain de Montréal, le grand centre nerveux de
l'entrée et de la sortie des produits agricoles. Le ministre sait
pertinemment que quelques milliers de producteurs agricoles, jardiniers
maraîchers, horticulteurs ont besoin de ce marché et ont besoin de
sa survie, afin de pouvoir poursuivre leur production, pouvoir disposer de
leurs produits. J'aimerais bien que le ministre nous promette, un bon jour,
d'apporter une mesure qui permettrait au Marché central
métropolitain de survivre, étant donné qu'ils ont un
problème de taxation. Je pense que c'est l'élément premier
auquel le ministre devrait s'attaquer. En plus, je sais qu'ils ont besoin
d'infrastructures nouvelles afin de donner des services aux producteurs
maraîchers. J'aimerais que le ministre nous apporte quelques
éclaircissements à ce sujet.
En plus, à quelques reprises j'ai fait état au ministre
d'un besoin de décentralisation des effectifs du ministère de
l'Agriculture. Je pense que les travailleurs dans chacun des bureaux des douze
régions agricoles souhaitent ardemment, cette décentralisation.
Je pense bien que c'est près de l'agriculteur qu'on va développer
l'agriculture. C'est en lui donnant de meilleurs services, en lui offrant toute
la compétence dont le ministère dispose, près de chez eux
et non à partir de Québec. Je comprends qu'il va toujours rester
des fonctionnaires à Québec, mais je pense que la majorité
présentement est à Québec. A mon sens, la majorité
devrait être dans les douze régions du Québec.
M. le Président, c'étaient les quelques remarques que
j'avais à faire au ministre présentement. J'aurai beaucoup
d'autres questions à lui poser au moment de l'étude des
crédits article par article, merci.
Le Président (M. Boucher): Merci M. le
député de Huntingdon. Compte tenu du temps que les intervenants
ont pris ce matin, pour les remarques préliminaires, je pense que, si
les membres sont d'accord pour procéder à l'étude des
crédits comme dans certaines commissions, à savoir qu'on discute
globalement de tous les programmes... Les questions sont posées et les
réponses sont données immédiatement. A la fin de
l'étude des crédits, on adoptera les programmes en bloc.
M. Giasson: Voici, M. le Président, peut-être une
précision. Au-delà de la discussion générale qui va
marquer le début des travaux à l'étude des crédits,
je ne voudrais tout de même pas qu'on n'ait pas la possibilité, au
moment de ce que vous avez appelé programme par programme, de poser
certaines questions à l'intérieur du programme, en dépit
des commentaires généraux qui auront été faits des
questions à caractère général posées au
ministre.
Le Président (M. Boucher): C'est exactement le sens. Il y
aura des questions...
M. Giasson: Lorsque vous avez appelé les programmes,
quelques questions additionnelles.
Le Président (M. Boucher): ... supplémentaires qui
pourront être apportées au moment de l'adoption de chacun des
programmes. Est-ce qu'il y a accord des membres de la commission pour
procéder de cette façon à l'étude des
crédits?
M. Picotte: Questions générales et quand on
arrivera à des questions particulières on pourra passer beaucoup
plus rapidement.
Le Président (M. Boucher): D'accord, alors M. le
ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le député de
l'Union Nationale a posé trois questions. La régie des grains,
qui a été annoncée dans le discours inaugural,
évidemment, c'est un projet de loi et il en sera question lorsqu'on le
déposera. Je dois dire que c'est une question sur laquelle nous avons
travaillé longuement, parce que c'est une question complexe, d'abord,
parce qu'il s'agit de commercialisation et, deuxièmement, parce qu'il y
a des aspects constitutionnels importants. Alors, la régie des grains,
qui avait été souhaitée depuis de nombreuses
années, peut devenir beaucoup plus nécessaire que ne l'avaient
anticipé les gens il y a quelques mois seulement; ils n'avaient pas
prévu que le gouvernement fédéral, par le biais de la
Commission canadienne du blé, changerait sa réglementation pour
possiblement revenir...
M. Giasson: Est-ce confirmé?
M. Garon: Ce n'est pas encore confirmé parce qu'il n'y a
pas moyen de savoir sur quoi exactement on veut faire les changements. C'est
une politique sournoise; la Coopérative fédérée,
les meuniers et l'UPA ont communiqué avec elle et, malgré ces
communications, tout ce qu'on reçoit, ce sont des
télégrammes ambigus du genre campagne électorale. Il n'y a
pas moyen d'avoir une politique franche et de savoir exactement ce qui en
est.
II est évident que j'ai communiqué la semaine
dernière... après une rencontre avec les producteurs agricoles,
j'ai envoyé un télégramme à Ottawa, qui est
signé conjointement par le président de la Coopérative
fédérée, le président de l'UPA, le président
de l'Association des meuniers et le ministre de l'Agriculture du Québec,
au sujet d'une politique des grains.
Il semble qu'à partir du 1er août les
Québécois n'auront plus accès au marché libre des
grains dans l'Ouest. De quelle façon? Selon quelles modalités?
Cela ne semble pas facile à savoir. Malgré toutes les demandes de
renseignements...
Une Voix: C'est comme votre organigramme!
M. Garon: Non, l'organigramme est clair, il n'a pas
changé, mais pour...
M. Dubois: Est-ce qu'ils devront transiger avec la Commission
canadienne du blé?
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Ils devront obligatoirement transiger avec la
Commission canadienne du blé?
M. Garon: II semble que ça va être ça; il
semble qu'on n'aura plus accès, à partir du 1er août, au
marché libre des grains. On sait que toute la politique d'élevage
a été basée sur cette politique de libre marché au
Québec, le développement des productions sans sol. Il n'y a pas
moyen de savoir exactement ce que le gouvernement fédéral veut
faire ou la Commission canadienne du blé.
D'ailleurs, au cours de l'année dernière, ça a
été un peu le même jeu de cachette avec le gouvernement
fédéral concernant ces politiques. Vous l'avez vu d'ailleurs,
lorsque les crédits ont diminué, il a été question
de faire disparaître l'Office des grains de provende, après
ça on l'a maintenu.
Je pense que ça n'a pas de bon sens la façon dont le
gouvernement fédéral mène cette question, étant
donné les centaines de millions qui sont investis par les
producteurs.
J'aurai l'occasion, possiblement ce soir, de vous donner lecture du
télégramme que nous avons fait parvenir au gouvernement
fédéral.
Ah! le voici. Je vais vous le lire. Cela n'a pas été un
télégramme politique et on n'a pas essayé d'en faire un
enjeu électoral. On a essayé au contraire j'ai eu
l'impression que c'était une politique électorale, mais on n'a
pas voulu en faire un enjeu de penser qu'après les
élections fédérales il faudrait essayer d'écarter
cette politique qui sera néfaste pour les producteurs
québécois. Après s'être attaqué au lait en
1976 on a essayé de déstabiliser la production
laitière en 1976 le gouvernement fédéral semble
vouloir déstabiliser maintenant la production des viandes au
Québec. Je n'ai pas besoin de vous dire que si nous n'en avons pas
encore parlé politiquement, nous allons commencer à en parler,
parce que je trouve inadmissible qu'on n'ait pas la franchise de nous dire ce
qu'on veut faire exactement et de quelle façon on veut le faire.
Voici la teneur du télégramme qui a été
signé par tout le monde: Suite au communiqué de presse
annonçant l'imposition de contingentement aux livraisons de
céréales sur le marché libre à partir du 1er
août 1979, trois des quatre soussignés... Ce n'est pas un
communiqué. Le fédéral annonce ses politiques par
communiqués. On essaie de savoir ce qu'il a voulu dire. Comme les
communiqués sont traduits en français et qu'ils sont toujours
dans une langue épouvantable, on a de la misère à savoir
ce qu'il veut dire par ses politiques. Alors, l'UPA, l'Association
professionnelle des meuniers, la Coopérative
fédérée ont essayé de faire connaître leur
réaction, ils ont essayé de voir exactement ce qu'impliquait la
politique fédérale...
M. Dubois: Est-ce qu'il y a eu un front commun de la part de
toutes les provinces de l'Est vis-à-vis de cette action du
fédéral?
M. Garon: A notre grand étonnement on a
assisté aux conférences fédérale-provinciales
à plusieurs reprises depuis la première du mois de
décembre 1976 cela a été discuté à
deux ou trois reprises, c'était toujours une seule province vraiment qui
mettait ce sujet à l'ordre du jour, la Saskatchewan, et il ne semblait
vraiment y avoir d'accord de personne. La Saskatchewan semblait seule.
Même les provinces du Manitoba et de l'Alberta, dans leurs propos, lors
des conférences fédérales-provinciales, semblaient
s'associer à la Saskatchewan dans ses demandes. C'est pour cela que nous
avons été terriblement étonnés. Cela nous semblait
une demande isolée de la Saskatchewan qui se plaignait que ses
productions animales n'étaient pas assez développées. Elle
voulait les développer davantage, mais je pense bien qu'il n'y a rien
dans le système actuel qui interdise à la Saskatchewan de
développer ses productions animales. Ce n'est pas en faisant un
marché discriminatoire basé sur une politique différente
pour les gens de l'Ouest et une politique différente pour les gens de
l'Est qu'on va bâtir des productions animales dans l'Ouest et essayer
d'écraser les productions qui sont développées dans l'Est,
surtout au Québec, après qu'on eut adopté une politique
qui était, non pas en faveur de l'Est uniquement, mais équitable
pour l'Est, c'est-à-dire qui permettait un libre jeu, un marché
libre tout simplement.
J'ai dit à plusieurs reprises que les politiques
fédérales avaient pour effet de briser l'agriculture
québécoise. En l'absence de plusieurs politiques
fédérales, l'agriculture québécoise se
développerait d'une façon beaucoup plus rapide et beaucoup plus
soutenue. Vous avez un exemple actuellement en fait de politique, on est
simplement revenu à des règles normales du jeu et les productions
sont établies au Québec. Actuellement, le gouvernement
fédéral semble vouloir revenir à la politique qui va
défavoriser l'Est. C'est assez surprenant d'ailleurs de voir un appui
libéral
comme cela dans le Québec, alors qu'on essaie de détruire
sa production agricole.
Tout à l'heure, le communiqué va revenir,
communiqué que nous avons fait parvenir au ministre Otto Lang. On
n'attendait pas de réponse dans le cours de la campagne
électorale, parce que je lisais dans le journal ce matin qu'il faisait
du porte à porte dans son comté. Il n'a peut-être pas le
temps de répondre aux télégrammes, mais s'il n'a pas le
temps d'y répondre en campagne électorale, il n'a pas d'affaire
à changer les politiques juste avant non plus. (16 heures)
M. Dubois: Cette action est préjudiciable aussi pour les
autres provinces de l'Est, les Maritimes, l'Ontario.
M. Garon: Elle couvre surtout le Québec qui avait des
productions animales développées. Elle touche beaucoup moins la
production de l'Ontario, qui produit une grande partie de ses
céréales. Alors qu'au Québec, nous importions les
céréales pour nourrir les animaux que nous élevions.
Tandis que les productions animales dans les Maritimes sont très
faibles. C'est tout petit ici. A toutes fins utiles, c'est le Québec qui
vendait plusieurs de ses animaux, à part le boeuf, dans une partie des
Maritimes. C'est évident que cette politique affecte essentiellement,
sinon uniquement et principalement le Québec. C'est pour cela que nous
avons voulu faire parvenir un communiqué après avoir
rencontré les gens des coopératives, les gens de l'UPA,
l'Association des meuniers, avoir leur attitude, un télégramme
qui était assez positif, dans le sens que nous proposions de nous
rencontrer avant que quoi que ce soit soit fait dans ce secteur, qu'il y ait
une rencontre fédérale-provinciale pour discuter de la question.
Je pense que cela ne donne rien au moment des élections de s'attendre
à des déclarations. Je ne comprends pas qu'on ait profité
de la campagne électorale pour annoncer cette politique. De toute
façon, le texte va vous parvenir incessamment et je reviendrai pour le
lire quand ils l'auront terminé.
Deuxièmement, le Marché central métropolitain dont
je vais parler, c'est à la suite de la rencontre avec les gens...
M. Dubois: De l'Association des jardiniers maraîchers.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: L'Association des jardiniers maraîchers.
M. Garon: J'ai eu une rencontre avec les gens du Marché
central et nous allons recommuniquer avec eux. On a retardé un peu, mais
il faut dire que les débats sur la loi 116 n'étaient pas
prévus à mon ordre du jour au cours du mois de février.
Evidemment, cela a retardé certains projets. Si le Marché central
a été retardé, c'est à cause d'un débat sur
la loi 116 qui a été trop long. Les producteurs maraîchers
du comté d'Huntingdon...
M. Picotte: Ce n'était pas fédéral.
M. Garon: Non, cela n'était pas le
fédéral.
M. Picotte: En deux ans et demi, vous avez eu le temps, ne mettez
pas la loi 116 en jeu.
M. Garon: Je dois communiquer avec les gens du Marché
central prochainement pour leur proposer de nous faire connaître un moyen
d'étudier les possibilités d'avenir du Marché central, sur
les perspectives d'avenir et, suite à l'élaboration de cette
politique, établir une politique un peu plus permanente, qui tienne
compte de la situation du Marché central.
Troisièmement, concernant la décentralisation du
ministère de l'Agriculture, il faut dire qu'il y a eu une phase de
décentralisation qui a été faite l'an dernier avec la
réaffectation des gens du service à l'hydraulique agricole.
Près de 200 employés qui étaient dans les bureaux,
principalement de Québec, de Drummondville et de Montréal, ont
été décentralisés dans des bureaux locaux du
ministère, un peu partout. Actuellement, le député de
Montmagny-I'lslet y a fait allusion également, il n'y a aucun plan
définitif de modification des bureaux tels qu'ils sont actuellement.
Tout ce qu'il y a, c'est une étude qui se fait à savoir s'il n'y
aurait pas une meilleure façon d'assurer un meilleur service aux
agriculteurs. Différentes hypothèses sont à
l'étude, mais je sais qu'il y a des rumeurs qui circulent dans les
bureaux disant que cela va se faire de telle ou telle façon.
Je peux vous dire, en toute vérité, qu'il n'y a aucune
décision de prise, que toutes les hypothèses sont
étudiées actuellement et je ne pense pas que nous fassions de
changement avant le cours de l'été alors que les travaux sont au
maximum, c'est là où il se fait le plus de travaux dans les
bureaux et ce n'est pas le temps de changer les structures en plein milieu de
l'été.
M. Vaillancourt (Orford): Mais le bureau du drainage agricole est
décentralisé?
M. Garon: Cela a été fait le printemps dernier
mais, pour les autres bureaux, il est question, par exemple, d'unifier deux
bureaux dans la région de Vaudreuil-Soulanges, pour en faire un seul et
qu'il soit localisé à un endroit différent pour fondre
deux bureaux en un seul, mais qu'il soit plus près des agriculteurs.
Actuellement, ce sont des délais administratifs de location de
bâtisses ou de discussion avec les gens qui s'en occupent; ils ne
travaillent pas à la vitesse du son, ce qui fait que le changement n'est
pas encore effectué à l'heure actuelle.
Je pense que chacune des régions va être
étudiée de façon précise pour savoir de quelle
façon les affectations de bureaux peuvent être meilleures. Il y a
une raison bien simple, c'est que ces bureaux ont été
établis il y a une dizaine d'années, lors de la
décentralisation qui a été faite en 1968, je pense.
Après onze ans, le nombre des
agriculteurs a changé, les productions ont été
modifiées et il est bon de s'interroger à savoir si, à
l'intérieur des bureaux, on a la meilleure affectation des ressources
possibles à ce moment-ci.
De la même façon, vous avez vu, au cours de ces
années, des employés d'autres services du ministère qui
ont été dans les régions pour être plus près
des agriculteurs. On dit toujours que la décentralisation, c'est
excellent. Il est vrai que la décentralisation, c'est excellent, mais
une trop grande décentralisation peut être aussi mauvaise qu'une
trop grande centralisation, parce que ça peut créer
l'émiettement et l'éparpillement des ressources également.
Il faut trouver la juste mesure et je pense que ça prend un certain
temps de discussion et de consultation. C'est pour ça que si vous
rencontrez des gens qui s'inquiètent, vous pouvez leur dire qu'il n'y a
rien qui va se faire à I emporte-pièce; tout ce qui va se faire
va se faire après consultation avec les gens concernés. Il y a un
groupe qui travaille là-dessus.
M. Vaillancourt (Orford): II n'a pas encore fait de rapport?
M. Garon: Non, ce sont plutôt les coordonna-teurs qui en
discutent. Mais il n'est pas question d'aller à l'emporte-pièce
et il n'est pas question non plus de déplacer des gens pour le plaisir
de les déplacer, du bas du fleuve en Abitibi ou de l'Abitibi vers
Montréal ou quelque chose du genre. Je comprends que des rumeurs
puissent circuler, mais il n'est pas question de ça.
Je voudrais dire un mot sur ce dont a parlé ledéputé de Montmagny-L'Islet. Je vous donne la liste des
sous-ministres et leur date d'entrée au ministère ce n'est
pas leur date d'engagement et leur salaire.
Vous voyez qu'il n'y a pas beaucoup d'abus. Pour les dépenses de
publicité, les gens du ministère me disent qu'ils ne peuvent pas
produire les données aujourd'hui, mais qu'ils pourraient les avoir
demain.
M. Vaillancourt (Orford): Celui qu'on a eu du ministère
des Transports la semaine dernière était beaucoup plus
détaillé, on avait tous les...
M. Garon: Je ne peux pas les donner plus détaillés,
j'ai demandé de donner le personnel de mon cabinet, à l'exclusion
des secrétaires. Dans le document on indique le nom des
sous-ministres.
Une Voix: ...
M. Garon: Non, ça n'est pas marqué, ce n'est pas
là-dessus qu'a porté l'entente; j'ai eu le texte exact tout
à l'heure... La demande qui m'a été envoyée est la
suivante: "La liste des sous-ministres, leur titre et leur traitement au 1er
mars 1979; deuxièmement, la liste du personnel politique affecté
au cabinet du ministre agents de bureau, dactylos, secrétaires,
réceptionnistes, téléphonistes exclus cette liste
devant indiquer en regard de chaque nom: a) la date de l'entrée en
fonction; b) le titre de la fonction; c) la classification et le traitement
annuel ou, selon !e cas, le tarif des honoraires." Je pense que je viens de
vous remettre exactement ce qui m'est demandé
"Troisièmement: les sommes dépensées aux fins de
publicité en 1978/79 et celles prévues pour 1979/80 pour le
ministère et les organismes, sociétés, régies,
commissions rattachés au ministère."
Pour la publicité de 1978/79, j'ai demandé qu'on sorte de
façon la plus précise possible en fonction des contrats la
publicité... C'est difficile de décortiquer ce qu'il y a
là-dedans, parce qu'il y a, par exemple, la publicité dans les
journaux et les revues, le Bulletin de l'agriculteur, la Terre de chez nous. Il
y a un contrat annuel de deux pages qui renseignent sur les programmes
agricoles du ministère, etc.
M. Picotte: Le Père Gédéon au Salon de
l'agriculture!
M. Garon: Les obligations générales du
ministère comme, par exemple, les programmes, toutes les publications du
ministère; la participation aux expositions, c'est-à-dire que les
kiosques, etc., sont faits pour la participation aux expositions; les
publications scientifiques et techniques et le lait dans les écoles.
Dans quel élément incluez-vous le lait dans les écoles? Il
y a, pour le lait dans les écoles, un petit journal pour les enfants,
afin de leur expliquer les données sur la nutrition, la bonne
alimentation et des choses du genre. Dans quoi incluez-vous ça?
M. Giasson: Dans l'information du ministère. (16 h 15)
M. Garon: Oui, mais on ne peut pas dire publicité dans le
sens où vous l'entendez, la propagande du gouvernement, la
publicité du gouvernement pour ses programmes, à ce
moment-là, c'est essentiellement de l'information. Ce sont des enfants
d'âge élémentaire.
M. Giasson: Cela dépend de l'information
gouvernementale.
M. Garon: Oui. Il faut faire les distinctions dans tout cela et
les services techniques. Il y a aussi des achats qu'on a vus dans les journaux
pour les annonces concernant des choses. La loi nous oblige à faire des
annonces dans les journaux. A toutes fins utiles, ce sont là les
dépenses de publicité. J'ai demandé de sortir cela de
façon très décortiquée, concernant la
publicité du ministère, pour vous le remettre. On va essayer de
l'avoir, si possible, pour demain, mais je voudrais l'avoir pour que vous
puissiez poser des questions là-dessus. Vous êtes libres de poser
des questions sur tous ces sujets.
M. Dubois: Si c'est complet, on n'aura pas de question à
poser.
M. Giasson: Mais effectivement, M. le ministre, sur ce
thème, si vous le permettez, est-ce que vous avez été
informé depuis quelque temps...
M. Garon: Oui, j'ai été informé. Je pensais
que la commande était passée et j'avais demandé la semaine
dernière de vérifier si c'était passé. J'avais
l'impression que tout était rendu et que tout était fait. C'est
simplement hier après-midi que j'ai eu un téléphone du
cabinet du leader du gouvernement demandant que les papiers soient
envoyés et que le chef de mon cabinet est venu me dira cela; j'ai
été estomaqué de voir que ce n'était pas rendu.
C'est là qu'il a donné la commande pour voir à ce qu'on
ait ces données pour vous les transmettre. Mais j'avais l'impression que
c'était fait depuis longemps. De toute façon, les salaires des
sous-ministres sont dans les comptes publics. Il n'y a pas grand-chose à
cacher là-dedans. Il y a la question de la publicité, où
on diminue le personnel. On est en train de refaire tout ce service et on veut
diminuer le nombre de postes. Au ministère de l'Agriculture, on avait un
grand nombre de postes à l'information et on pense qu'on peut faire le
même travail avec moins de personnel. C'est la révision qui est
faite actuellement. C'est beaucoup plus dans le sens d'une réduction que
dans le sens d'une augmentation. Mais il est évident que quand il arrive
certaines questions comme le lait dans les écoles et un programme
d'information aux enfants allant avec le lait, il y a de l'argent qui a
été consacré à cela pour que cela ait un meilleur
impact au point de vue de l'alimentation des enfants. C'est la même chose
quand la Commission de protection du territoire agricole doit donner des avis
dans les journaux, c'est évident qu'il y a un certain montant d'argent
qui va sous forme d'avis dans les journaux en vertu de la loi qui exige
certains avis dans les journaux en vertu des articles 47 et 70. Ce sont surtout
ces questions-là. Pour le reste, je pense que c'est à peu
près la même politique qu'habituellement, sauf concernant les
annonces dans la Terre de Chez nous. D'après le contrat, autrefois, on
payait une fois par année, au début ou à la fin, j'ai
demandé qu'on paie, comme toute entreprise normale, qu'on reçoive
le compte à tous les mois et qu'on paie à tous les mois,
même si c'est un contrat d'un an, sur un nombre de pages. Ce n'est pas
normal qu'on paie avant d'avoir eu la marchandise. Ce n'est pas normal qu'on
paie au bout d'un an seulement non plus. On leur a demandé, dans le
contrat, de payer tout simplement comme tout le monde, c'est-à-dire
qu'il y a une entente pour qu'on reçoive le compte et qu'on paie en
recevant le compte.
M. Vaillancourt (Orford): C'est bien normal.
M. Garon: Je pense que si 'e gouvernement se comportait plus
comme l'entreprise normale se comporte, ce serait mieux. J'avais
également le discours du député de Montmagny-L'Islet, je
vais le lire très rapidement. Le bureau et les laboratoires
régionaux, je pense avoir dit un mot là-dessus, la Régie
des grains également. Pour la banque de terres, cela va revenir avant
longtemps devant l'Assemblée; à ce moment-là, vous verrez
qu'il y a des petits changements par rapport à ce qui avait
été proposé à l'automne, mais simplement des
changements techniques qui n'affectent pas la politique du tout. Nous croyons
toujours que cette banque est nécessaire. Il y a des choses qui ont
été annoncées dans le discours inaugural du premier
ministre qui vont apparaître en temps et lieu. Je ne veux pas en parler
à ce moment-ci puisqu'il ne sert à rien de commenter les projets
de loi avant de les déposer.
Pour ce qui est du plan conjoint du porc, j'étais sous
l'impression que le Parti libéral avait adopté ces amendements en
1975 je pense à la Loi de la mise en marché des produits
agricoles pour permettre des plans conjoints sans
référendum; ce n'était pas inutilement. On n'a pas
passé des journées de temps de session pour permettre des plans
conjoints sans référendum, si on n'avait pas l'idée d'en
adopter. Autrement... '"
M. Giasson: Celui qui dirigeait l'Agriculture voulait faire
plaisir à l'UPA à l'époque; c'était là le
fond de ce problème.
M. Garon: J'ai toujours pensé et je pense toujours que le
plan conjoint...
M. Giasson: Si vous vous posez encore des questions, je vais vous
donner les réponses.
M. Garon: Je ne sais pas si c'est pour faire plaisir à
l'UPA qu'on a nommé le même personnage président de la
corporation qui est censée habituellement acheter les terrains pour les
ambassades du Canada en Angleterre, mais, cette fois-ci, pour administrer, sous
cette même corporation, les terres de Mirabel. Là, je ne sais pas
si c'était pour faire plaisir à l'UPA qu'il milite dans votre
parti, mais...
M. Giasson: II s'agit de qui en l'occurrence? M. Garon:
J'imagine que c'est le même. M. Giasson: Mais quel est son
nom?
M. Garon: Je ne le sais pas, je parle du même que vous avez
parlé. Quel était le nom du gars dont vous avez parlé?
M. Giasson: J'ai identifié nettement le monsieur, c'est le
ministre de l'Agriculture qui était en fonction à compter de 1970
et qui a amendé la Loi des marchés agricoles.
M. Garon: Je pensais à la même personne.
M. Giasson: Puisqu'il faut le nommer, c'est Normand Toupin.
M. Garon: Vous n'êtes pas d'accord avec ça?
M. Giasson: Avec quoi?
M. Garon: Qu'il ait amendé la loi.
M. Giasson: Non, je ne l'étais pas à
l'époque et je le lui ai dit. Il y a des gens qui avaient une voix plus
puissante que la mienne dans le temps.
M. Garon: De toute façon, le plan conjoint du porc a
été adopté. Je pense qu'il était nécessaire;
dans l'avenir on verra à quel point on peut en avoir besoin. Je ne
regrette pas cette décision, même si la mise en oeuvre, au point
de départ, peut être plus laborieuse que dans un autre cas, mais
on saura rapidement que ce plan conjoint était nécessaire.
On a également du développement de l'agro-alimentaire,
mais je pense que les chiffres parlent par eux-mêmes puisque, si on
regarde les pourcentages d'investissements en 1978 et les prévisions de
1979, dans le secteur de l'agro-alimentai-re, on se rend compte qu'il y a un
développement important dans le secteur agro-alimentaire, avec la
participation du gouvernement.
Tout à l'heure, le député de Montmagny-L'Islet nous
a mentionné qu'il y avait désillusion des agriculteurs,
après une période d'euphorie, concernant le gouvernement actuel.
Je ne me suis pas rendu compte de cette désillusion; je me suis
aperçu que peut-être au début l'euphorie n'était pas
vite, mais je pense que les politiques que nous avons mises en oeuvre depuis le
début de l'année 1977... l'industrie agro-alimentaire voit dans
quel sens nous essayons de travailler avec eux pour développer
l'agriculture et l'industrie alimentaire. Je pense que nous avons l'accord de
ces deux secteurs du monde agro-alimentaire; ça m'appa-raît
évident. Nous avons l'intention de continuer dans la même
direction et c'est pour ça que le budget du ministère a
été commenté par les journaux comme un budget de
consolidation, en voulant dire une poussée en avant dans les mêmes
directions dont les orientations avaient été prises en
1977/78.
Je voudrais simplement annoncer, un peu plus tard, les
différentes modifications que nous apportons aux programmes pour
l'année 1979 et on verra que les programmes qui vont s'appliquer en 1979
vont aller dans le sens d'un plus grand développement du secteur
agro-alimentaire et dans le sens de ce qu'attendent les agriculteurs et
l'industrie alimentaire.
La seule chose, c'est qu'on ne peut pas tout faire en même temps.
Dans certains cas, les ressources humaines sont limitées au
Québec, parce que nous héritons d'un certain nombre
d'années pendant lesquelles plusieurs types de production ont
été négligés ou pendant lesquelles le champ n'a pas
été occupé du tout par le ministère de
l'Agriculture. Quand on parle de l'élevage du poisson, par exemple,
quand on parle du développement de l'élevage du boeuf, il faut
quasiment, dans certains cas... certains fonctionnaires ont été
tellement traumatisés par les politiques du gouvernement
antérieur qu'ils craignent que les mêmes politiques ne reviennent,
c'est-à-dire qu'on lance des programmes pour, après cela, laisser
tomber les agriculteurs après les avoir encouragés à
investir dans certaines productions. Les agricul- teurs eux-mêmes quand
cela se produit cela s'est produit il n'y a pas longtemps dans la
région de Saint-Hyacinthe écrivent pour me dire que la
situation sous le gouvernement actuel n'est pas comparable à ce qu'elle
était sous le gouvernement antérieur où il n'y avait pas
de politique dans le développement du boeuf véritablement, mais
c'étaient des embryons de politiques.
On ne peut pas tout faire du jour au lendemain, parce que dans certains
cas il faut se donner les ressources humaines pour pouvoir fonctionner. Alors,
c'est tout ce qui peut retarder dans certains secteurs. Mais il y a une chose,
par exemple, qu'il va falloir dire aux agriculteurs également, c'est que
le développement qu'on connaît depuis deux ans ou deux ans et demi
au Québec n'est pas un acquis, ce n'est pas une certitude, l'appui des
agriculteurs aux politiques actuelles est nécessaire pour que les
politiques actuelles continuent. Si les agriculteurs pensaient que
c'était un postulat, une donnée, je pense que cela serait une
grave erreur, parce qu'on a vu dans le passé que les politiques
agricoles ne comptaient pas, ce qui était important, c'était de
faire de la politique avec l'agriculture. Je pense que si on ne veut pas
connaître ces jours terribles qu'ont connus les agriculteurs, les
agriculteurs vont devoir, au cours des prochains mois, des prochaines
années, bien considérer à quel endroit ils vont donner
leur appui et bien considérer également, s'ils veulent le
développement de l'agriculture, avec quel parti ils sont les plus
certains de connaître ce développement agricole qu'ils
souhaitent.
Quant au pourcentage au budget dont a parlé le
député de Montmagny-L'Islet, je me rappellerai toujours mon
premier cours de statistiques. Le professeur Hodgson, aujourd'hui
décédé, qui avait étudié à Chigaco,
commençait son cours en disant: "Figures cannot lie but liars can
figure". Il est évident qu'on peut prendre les chiffres et leur faire
dire n'importe quoi. Mais j'aime beaucoup mieux, plutôt que discuter sur
des chiffres, me fier aux sentiments des agriculteurs eux-mêmes qui
savent actuellement à quel point les programmes du ministère sont
ouverts, que ce soit le crédit agricole qui a augmenté en
flèche on aura l'occasion de faire le point un peu plus tard pour
donner des résultats du crédit agricole depuis la nouvelle loi...
On a eu l'occasion de le faire pour l'assurance-récolte et on aura
l'occasion, l'an prochain, quand toutes les régions du Québec
seront couvertes par l'assurance collective, on sera peut-être
allé plus loin dans ce secteur, de faire le point également sur
le programme de rationalisation des viandes, sur le programme d'entreposage des
légumes, sur le programme de refroidissement des légumes pour la
mise en marché, sur le programme de développement de la chair de
lapin, sur le programme de développement de la culture, de
l'élevage du poisson, sur le programme de l'élevage du boeuf avec
la stabilisation des prix, sur le programme de développement des
asperges, de la culture en serre, sur le programme... (16 h 30)
M. Giasson: De l'élevage du mouton.
M. Garon: ... d'élevage du mouton. Il y a aussi le
programme des érabllères. Mon ambition serait qu'on entaille les
52 millions d'érables qu'il y a au Québec: ce serait passer de 13
millions à 52 millions. A ce moment-là, je vois le directeur du
service de la mise en marché dire: Maintenant, faites votre oeuvre,
montrez-nous ce que vous êtes capables de faire!
Il y a des programmes qui sont mis en place. Il est évident
qu'ils ne sont pas connus au même rythme. Il y a des programmes qui sont
connus au fur et à mesure. Par exemple, la première fois qu'on a
mis en vigueur le programme pour le refroidissement de l'entreposage des
légumes, en 1977, cela n'a pas connu un succès foudroyant; les
agriculteurs n'étaient pas au courant, ils ont commencé à
y réfléchir. En 1978, cela a été
considérable et on s'attend également qu'en 1979 ce soit
considérable par les investissements effectués. Actuellement, je
dirais qu'il n'y a pas de limite au budget du ministère de
l'Agriculture, c'est une participation aux investissements des agriculteurs.
Selon que les investissements des agriculteurs sont plus élevés,
le budget va augmenter par surcroît.
Si on devait manquer d'argent je souhaite qu'on manque d'argent
dans notre budget actuel, on ira, et je le souhaite, en budget
supplémentaire. Il est évident je peux vous donner un
exemple qu'on va manquer d'argent dans les centres régionaux
d'entreposage. C'est évident qu'on va manquer de fonds parce qu'il y a
déjà quatre projets qui vont commencer c'était au
printemps et les abattoirs aussi. Dans la plupart des secteurs, je
souhaite qu'on puisse aller en budget supplémentaire. Cela va montrer
encore une fois le dynamisme de l'agriculture. J'aimerais donner seulement un
chiffre. La production au Québec a augmenté
considérablement en 1978. Si on regarde la production des
céréales, évidemment, il y a une partie qui est due
à la température. Cela a été une bonne année
en 1978 mais, si on regarde plus profondément, on se rend compte qu'en
1978 les surfaces, les superficies mises en culture ont augmenté de 4,6%
dans le domaine des céréales. Donc, l'augmentation n'est pas
seulement due à une belle température, mais à une
augmentation des mises en culture, des superficies ensemencées.
Je suis convaincu qu'avec ce qui est mis en place, la stabilisation qui
va s'étendre il y a eu la stabilisation du maïs grain l'an
dernier aux autres céréales au cours de cette
année, avec l'entreposage à la ferme, les centres
régionaux, la classification et tout cela, avec une régie qui va
venir chapeauter tout cela, on aura le "kit" complet pour le
développement de nos productions. Ces centres d'entreposage ont
tellement un effet bénéfique! On est allé, avec le
sous-ministre M. Ouellette, inaugurer à Amqui, dans la Matapédia,
le centre d'entreposage et les gens nous disaient: Cette année, nous
n'aurons plus besoin d'acheter l'avoine parce que nous allons produire toute
l'avoine dont nous avons besoin dans la région. L'an prochain, avec les
augmentations de cette année et de l'an prochain, on va sans doute faire
la même chose avec l'orge. On va produire assez d'orge pour subvenir
à nos besoins. Cela veut dire qu'auparavant les agriculteurs auraient
voulu augmenter, mais ils n'avaient pas les facilités.
Si on avait pu avoir la collaboration du gouvernement
fédéral, j'aurais souhaité... Il y a un programme
fédéral qui ne sert qu'à bâtir des centres
régionaux pour entreposer les grains importés de l'Ouest mais si
ces centres régionaux pouvaient servir également dans notre
programme, cela aurait pu être un projet
fédéral-provincial. J'ai écrit à deux ou trois
reprises à M. Whelan pour lui offrir la possibilité que ces
centres régionaux soient une participation
fédérale-provinciale, qu'on garantirait à 70%, qu'on
déduirait de la participation fédérale, on aurait pu
donner 35%, et cela aurait été 50-50, mais le gouvernement
fédéral ne voulait pas. Il voulait seulement limiter sa
construction de centres régionaux pour les grains importés de
l'Ouest.
Nous n'avons pas pu avoir cela aurait été beau
un centre de programmes d'égal à égal, 50/50, avec
une fleur de lys et une feuille d'érable sur le silo. Mais on n'a pas pu
avoir cette joie pour les centres régionaux. Je ne voudrais pas parler
plus longuement, je sens que les gens ont hâte d'entamer les
discussions.
Si on regarde l'augmentation du revenu des agriculteurs, je vais prendre
en 1970 je pense que c'est la meilleure base à partir de
1970 jusqu'à aujourd'hui. On voit, en 1970, qu'ils ont diminué de
6,6%; en 1971, ils ont augmenté de 14,2%; en 1972, ils ont
augmenté de 37,6%; en 1973, ils ont augmenté de 0,5%; en 1974,
ils ont augmenté de 8,2%; en 1975, ils ont augmenté de 19,4%; en
1976, ils ont baissé de 6,3%; en 1977, ils ont diminué de 0,9% et
en 1978, ils ont augmenté de 38,5% en revenus, variation annuelle,
dollar courant.
Si on prend l'augmentation en dollar constant, on se rend compte
c'est-à-dire en dollar toujours de la même année
qu'ils ont baissé de 5,2% en 1970; ils ont augmenté de 6,2% en
1971; ils ont augmenté de 23,4% en 1972; ils ont diminué de 21,8%
en 1973; ils ont diminué de 6% en 1974; ils ont augmenté de 5,6%
en 1975; ils ont diminué de 6,6% en 1976; ils ont diminué de 2,4%
en 1977 et ils ont augmenté de 24,2% en 1978. Cela veut dire donc que
les résultats n'ont pas été aussi mauvais. Evidemment, il
y a une part qui est due à la température. Dans l'agriculture, on
ne peut pas éviter cela. Il y a une part aussi due aux prix, cela a
été bon en 1978. Les deux ont été bons en 1978. Les
prix internationaux, c'est évident que cela ne dépend pas du
Québec à 100%.
M. Giasson: Surtout l'agriculture nord-américaine.
M. Garon: La température non plus ne dépend pas
à 100%. Le bon Dieu a toujours dit: Aide-toi et
le ciel t'aidera. Les cultivateurs se sont aidés le 15 novembre
et le bon Dieu fait le reste. Pour la production totale brute physique, si on
prend la moyenne des années, de 1970 à 1976, vous avez une
augmentation de 5% de la production physique et de 1976 à 1978,
l'augmentation a été de 9%. C'est une augmentation... Alors, 9%
de 1976 à 1978.
M. Vaillancourt (Orford): Vous seriez aussi bien de
déposer le tableau.
M. Garon: Cela veut dire que si on prend les revenus des
agriculteurs, de 1970 à 1976, en termes réels, en dollar constant
tenez bien vos tuques les agriculteurs sous le Parti
libéral ont baissé de 5% en termes réels alors que, de
1976 à 1978, sous le gouvernement actuel, ils ont augmenté de
21%.
M. Giasson: La citation de votre professeur est bien
fondée sur les chiffres que vous citez là.
M. Garon: Vous voyez que...
M. Giasson: II avait raison, votre professeur.
M. Garon: Non, mais...
Une Voix: C'est un bon professeur. Je l'ai eu. Il est
excellent.
M. Picotte: Le professeur Gazon.
M. Garon: Je ne voudrais pas être plus long parce que je
voudrais laisser l'Opposition poser des questions. Quand on recevra le texte,
si vous le voulez, vous le lirez, c'est le texte qu'on a envoyé au
gouvernement fédéral.
Le Président (M. Clair): Le député de
Maskinongé.
Discussion générale
M. Picotte: M. le Président, comme on le sait, chaque
année, la plupart du temps, on n'a pas toujours le temps de se rendre
à la fin des crédits. Comme il a été convenu de
parler d'ordre général de n'importe quel problème, quitte
à passer plus rapidement lorsqu'on arrivera à l'étude de
certains éléments des crédits, j'aimerais revenir
exactement à l'endroit où on a terminé l'an dernier. Le
ministre a eu l'occasion, je pense bien, en l'espace d'un an... je ne veux pas
le blâmer parce qu'on sait que, lorsqu'une commission parlementaire se
réunit à nouveau pour étudier les crédits,
même si le ministre de l'Agriculture nous avait dit qu'on pourrait se
réunir au mois de juin, il est évident que cela n'est pas
uniquement de son ressort; cela relève surtout du leader du gouvernement
et, le leader du gouvernement connaissant moins les besoins de l'agriculture,
nous ne nous sommes pas réunis finalement.
L'an dernier, à la fin de l'étude des crédits... on
sait, M. le Président, que le dossier des travaux
mécanisés a toujours été un dossier, comme on le
dit en français, chaud, mais on dit souvent "hot". Cela a toujours
été un dossier "hot" pour les titulaires des différents
ministères de l'Agriculture et souvent les députés autour
de cette table, autour d'une table de commission, ont toujours pris plaisir
à ridiculiser leurs prédécesseurs du côté des
travaux mécanisés allant jusqu'à dans certains cas,
laisser planer des doutes sur l'intégrité de certains
ex-collègues et de certains députés. Face à cela,
j'avais posé des questions bien précises au ministre de
l'Agriculture, questions auxquelles on n'a pas eu de réponse assez
précises.
Je vois venir le ministre qui me dira peut-être que ce n'est pas
dans l'intérêt public que certains noms paraissent, mais je pense
que cela touche des comptes publics. Je pense qu'il y a eu des sommes d'argent
du public qui ont été données à certains de ces
entrepreneurs et que les noms de ceux qui apparaissent dans la rubrique que je
vais demander devraient être cités publiquement. Je vais
m'efforcer d'avoir en détail ces noms. J'avais demandé le nombre
d'entrepreneurs qui avaient été soupçonnés par le
ministère d'avoir fait de la fraude du côté des travaux
mécanisés, les poursuites qui avaient été
intentées auprès de certains entrepreneurs et en plus le nombre
et le nom des entrepreneurs en question. Je pense bien que c'est dans
l'intérêt public de savoir lesquels ont été
condamnés, parce qu'on a intenté des poursuites devant les
tribunaux, lesquels ont été exonérés, lesquels ne
sont pas encore passés devant les tribunaux. Je voulais aussi savoir par
quel ministre ou sous quel gouvernement ces poursuites avaient
été intentées.
En fait, j'aimerais que le ministre de l'Agriculture, qui a sans doute
les réponses à ces questions que je lui posais il y a un an, me
brosse un tableau détaillé de la situation que je lui demande. Je
me réserve le droit, M. le Président, de revenir en question
additionnelle au cas où les réponses du ministre ne satisferaient
pas ma curiosité. (16 h 45)
M. Garon: Les documents que j'avais fait préparer l'an
dernier pour répondre à votre question, évidemment, je ne
mentionnerai pas de nom, vous pourriez les demander au ministère de la
Justice puisque c'est le ministère de la Justice on transmet les
dossiers au ministère de la Justice qui s'occupe ensuite de faire
les poursuites ou de nous dire ce qu'il doit en résulter. Les documents
soumis font état de quatorze cas d'entrepreneurs soumis pour
enquête au service d'enquête, de fraude et de faillite du
ministère de la Justice. L'an dernier, c'était un rapport au 24
mai 1978. J'avais fait préparer cela exactement pour répondre
à la question qui avait été posée l'an dernier par
le député de Maskinongé. Neuf enquêtes ont
été complétées, dont six cas ont été
suivis de plaintes devant les tribunaux et des condamnations ont
été prononcées par les tribunaux à l'égard
de cinq entrepreneurs. Les enquêtes
étaient encore en cours à ce moment-là à
l'égard des cinq autres entrepreneurs.
Une Voix: Cinq condamnations.
M. Garon: Six sur neuf enquêtes complétées,
l'an dernier à cette date-là.
Une Voix: Au 24 mai.
M. Garon: Au 24 mai, oui. Non, quatorze cas ont été
transférés au ministère de la Justice, neuf enquêtes
complétées, six poursuites et plaintes devant les tribunaux, cinq
condamnations et il restait des enquêtes en cours pour les cinq autres
entrepreneurs.
Une Voix: Six poursuites sur les quatorze cas.
M. Garon: Oui, mais il y avait cinq enquêtes qui
n'étaient pas terminées.
M. Picotte: A ce moment-là, ces cas de fraude
décelés, j'imagine, par les fonctionnaires du ministère de
l'Agriculture, avaient été effectués entre quelle date et
quelle date?
M. Garon: L'avez-vous?
M. Picotte: Un des fonctionnaires du ministère de
l'Agriculture.
M. Garon: L'avocat du contentieux, Me Gagné, me dit que
c'était pour des actions prises en 1976, en 1977 et en 1978.
M. Picotte: Les fraudes avaient été commises en
1976, en 1977 et en 1978.
M. Garon: En 1976, en 1977 et en 1978.
M. Picotte: Quel était le montant total ou approximatif,
en tout cas, de ces fraudes? Est-ce que cela totaliserait des montants
énormes? Est-ce qu'on a poursuivi en entrepreneur, par exemple, parce
qu'il y avait eu $5000 ou $10 000 de fraude ou si cela touche des chiffres de
$100 000, $200 000? Je pense qu'il est important de savoir de quel ordre de
grandeur étaient ces fraudes commises par un...
M. Garon: ... compliqué que cela. Cela variait de $500
à $13 000 environ.
M. Picotte: Parmi les neuf enquêtes et les six cas de
plaintes que le ministre a soulignés tantôt, il a mentionné
qu'il y avait eu cinq condamnations. Cela suppose, à ce
moment-là, que cinq entrepreneurs avaient été reconnus
coupables de fraude devant les tribunaux et que le verdict avait
été rendu par le tribunal. Le ministre me mentionne qu'il n'est
pas d'intérêt public de connaître le nom des
différentes entreprises ou des différents entrepreneurs au
Québec qui ont fraudé le gouvernement puisqu'ils ont
été reconnus coupables, à ce moment-là. Je
présume, puisqu'ils ont été reconnus coupables,
qu'à ce moment-là ils ont réellement fraudé, non
pas je présume, mais c'est cela: ils ont fraudé le
ministère de l'Agriculture, donc, le gouvernement du Québec. Le
ministre me mentionne qu'il n'est pas d'intérêt public de
connaître le nom des entreprises au Québec qui ont fraudé
le gouvernement.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela que je dis.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Garon: Ce n'est pas cela.
Le Président (M. Clair): Je m'excuse de vous interrompre
de part et d'autre. Vous savez que le président a comme devoir
d'informer l'Assemblée de toute violation du règlement. Je ne
dirai pas, à ce moment-ci, qu'il y a violation du règlement, mais
j'aimerais simplement porter à votre attention, des deux
côtés de la table, l'article 99.4 de notre règlement qui
spécifie clairement ceci: "II est interdit à un
député qui a la parole cela dit ce que cela a à
dire de parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou devant un
organisme quasi judiciaire ou d'une affaire qui est sous enquête lorsque,
dans ce dernier cas, les paroles prononcées peuvent être
préjudiciables à une personne."
Ce règlement vaut pour les deux côtés de la table;
je veux simplement vous le rappeler.
M. Picotte: M. le Président, je voudrais vous faire
remarquer...
M. Giasson: Dans le cas où les tribunaux n'ont pas rendu
de sentence ou de jugement. Une fois jugés et les sentences rendues, les
cas ne sont pas touchés par le règlement.
M. Picotte: Justement sur la question de règlement, je
voulais...
Le Président (M. Clair): Messieurs, je n'ai demandé
d'interprétation à personne et je n'ai pas demandé
d'être éclairé, je voulais simplement rappeler à
chacun des membres de la commission l'existence de ce règlement. Cela ne
suppose aucune question de règlement de qui que ce soit et j'ai bien dit
que je ne faisais que porter cela à la considération des membres
pour leur propre gouverne. Je n'accepterai aucune question de règlement;
libre à chacun des membres de se comporter comme bon lui semblera et
d'assumer ses décisions.
M. Picotte: Merci, M. le Président, je dois vous dire que
je connaissais l'article du règlement que vous avez cité autant
que vous. Je posais des questions sur les condamnations qui avaient eu lieu
jusqu'à maintenant et mon intention n'était pas de
déborder le cadre de ces condamnations.
J'aimerais savoir du ministre, puisqu'on ne connaît pas encore le
nom des entreprises qui ont fraudé le gouvernement du Québec par
le biais du ministère de l'Agriculure, si les cinq entreprises ou les
cinq entrepreneurs qui ont été condamnés
bénéficient présentement auprès du ministère
de l'Agriculture d'une accréditation pour continuer d'exercer et
d'effectuer des travaux mécanisés auprès des agriculteurs
du Québec.
M. Garon: Le 11 juillet, j'avais un autre rapport, c'était
neuf condamnations qu'il y avait eu; il y a un autre procès qui n'est
pas terminé.
M. Picotte: C'est encore mieux.
M. Garon: Les autres sont encore devant la justice. Qu'est-ce que
vous avez demandé?
M. Picotte: M. le Président, j'ai demandé au
ministre tantôt si parmi les neuf condamnations si je me rappelle
bien, on a dit neuf...
M. Garon: II y en a eu neuf. J'ai un rapport plus récent
où on dit onze condamnations.
M. Picotte: Au sujet des neuf condamnations qui ont eu lieu
jusqu'à maintenant, j'aimerais savoir si ces entrepreneurs ou ces
entreprises bénéficient encore d'une accréditation
auprès du ministère de l'Agriculture dans le but d'effectuer des
travaux auprès des agriculteurs du Québec au moment même
où je vous parle.
M. Garon: Actuellement, comme vous le savez, il n'y a plus
d'accréditation comme il y avait autrefois où les entrepreneurs
étaient accrédités par le gouvernement ou n'étaient
pas accrédités par le ministère. Maintenant, la
façon d'opérer, c'est de faire le contrat avec l'agriculteur. Il
n'y a pas d'accréditation, il y a une vérification avant les
travaux. C'était la principale source de fraude auparavant parce qu'il
n'y avait pas de vérification avant les travaux mais il était
supposé y en avoir une après.
Actuellement, le système que nous avons mis en place fait qu'il y
a une vérification avant les travaux; les travaux qui sont
effectués sont décrits sur un plan ou une photographie
aérienne et il y a une vérification après que les travaux
sont effectués pour bien constater que les travaux ont été
faits. C'est un système complètement différent qui est en
place puisqu'il s'était révélé que le
système antérieur n'était pas bon et permettait la fraude
beaucoup plus facilement. Maintenant, il y a une vérification avant et
après les travaux, selon le système qui a été
décentralisé en 1978, pour qu'on puisse voir les travaux avant et
qu'on puisse les voir après. D'ailleurs, les services me disent que la
vérification en général se fait dans les 48 heures,
à moins d'exception, de la fin des travaux.
M. Picotte: Cela veut dire tout simplement que les mêmes
entrepreneurs peuvent présentement effectuer des travaux pour des
agriculteurs et recevoir des honoraires du ministère de l'Agriculture
tel que prévu.
M. Garon: II n'y a plus d'honoraires non plus, parce que les
paiements ne sont plus faits aux entrepreneurs; les paiements sont faits aux
agriculteurs. Il n'y en a plus, comme auparavant, c'était une assez
curieuse façon, le cultivateur était un peu comme un enfant qu'on
pensait, il n'était pas capable de recevoir un chèque.
C'était l'entrepreneur qui était accrédité par le
gouvernement. Une fois qu'il avait fait sa réclamation, c'était
l'entrepreneur qui recevait le chèque. Le cultivateur là-dedans
était un peu comme un spectateur, une espèce de "passing Joe", tu
sais, qui regardait passer la parade sur sa terre. Actuellement, le
système c'est que c'est l'agriculteur qui est en charge de tout cela.
C'est lui qui remplit sa demande avant. C'est lui qui doit faire sa demande,
qui doit dire quand les travaux vont commencer pour que l'inspecteur puisse
aller voir avant les travaux, quels travaux il faut faire faire et ensuite on
l'avise que les travaux sont terminés. La personne va faire
vérifier les travaux parce qu'elle est intéressée à
avoir son chèque le plus rapidement possible.
L'inspecteur va vérifier si les travaux sont bien
effectués dans les 48 heures et, ensuite, il y a une recommandation de
l'inspecteur à savoir si le paiement doit être effectué ou
non et si le nombre d'heures de travaux effectués correspond à la
réalité ou non.
M. Picotte: Est-ce que c'est vous-même qui avez
acheminé vers le ministère de la Justice ces plaintes des
entrepreneurs qui avaient possiblement fraudé?
M. Garon: C'est-à-dire que j'ai demandé au
contentieux et au sous-ministre quand on a parlé de toute cette
question, que ce soit fait d'une façon automatique... Ce que je voulais,
j'ai dit: Je ne suis pas un juge et je ne veux avoir rien à faire avec
l'administration de la justice. D'une façon automatique, quand il y aura
des plaintes, quand il y aura des questions concernant les fraudes, des
questions comme celle-là, que les dossiers soient acheminés de
façon automatique au ministère de la Justice. Je ne veux
même pas les voir. Je veux que ce soit automatique. Que la justice fasse
son enquête et décide s'il va y avoir des poursuites ou non. Je ne
suis pas équipé au ministère pour faire des
enquêtes. Je n'ai pas un contentieux suffisant pour faire ces
enquêtes, pour déterminer s'il va y avoir des poursuites au
criminel ou non et, à ce moment, je pense que c'est le rôle du
ministère de la Justice. Mais j'ai donné les ordres: De
façon automatique, que les transferts se fassent là pour que ce
ne soient pas des règlements maisons.
M. Picotte: Est-ce que le ministre serait en mesure de me dire,
de me donner les dates ou les quatorze cas parce qu'on a parlé de
quatorze cas tantôt qui ont été acheminés
vers le ministère de la Justice dans le but que des poursuites soient
intentées contre ces entreprises?
M. Garon: On va regarder, on va le trouver. On peut dire, d'une
façon générale comme système, que nous avons voulu
que les agriculteurs soient responsables de leur entreprise et du choix de
l'entrepreneur, c'est-à-dire, qu'il n'y ait pas d'heures non plus
attribuées aux entrepreneurs. Auparavant, l'entrepreneur pouvait avoir
1000 heures, 2000 heures, 3000 heures ou 4000 heures. Le député
de Beauce-Sud... Le nombre d'heures, cela dépendait du nombre de
piastres dans sa caisse électorale. Je ne sais pas.
M. Giasson: Ayez le courage de ne nommer personne cependant.
M. Garon: Qui a déjà dit qu'il avait des affidavits
dans son bureau?
M. Giasson: Oui, mais il ne les a jamais
déposés.
M. Picotte: II s'est sauvé avant de les
déposer?
M. Vaillancourt (Orford): La machinerie a été
inspectée, par exemple, par le ministère? Il y a une
vérification qui est faite.
M. Garon: II y en a qui ont été transmis en 1976,
en février...
M. Picotte: Avant le changement... M. Garon: Oui.
M. Picotte: Combien y en a-t-il eu avant le changement de
gouvernement?
M. Garon: II y en a eu neuf.
M. Picotte: Neuf sur quatorze, une bonne moyenne. Les autres?
M. Garon: Le député de Saint-Jean semble au
courant.
M. Picotte: Oui, moi aussi j'étais au courant
l'année passée. Toutes les réponses que vous me donnez,
j'aurais pu vous les donner l'année passée.
M. Garon: Quoi?
M. Picotte: Je pourrai vous en donner d'autres tantôt
aussi.
M. Garon: II y en a eu deux au mois de mars 1976, une au mois
d'avril 1976, une au mois d'avril 1977 et une au mois de février
1978.
M. Picotte: De toute façon, M. le Président, je
pense que la réponse de M. le ministre est assez claire et satisfait en
partie, du moins, et cela vient un petit peu contrecarrer ce que certains
députés de cette commission, l'an dernier du moins, ont
déclaré à savoir que le ménage avait
été commencé le 15 novembre 1976. On s'aperçoit que
le grand ménage avait été commencé auparavant
puisqu'il y a neuf cas sur quatorze qui avaient été
acheminés vers le ministère de la Justice par l'honorable Kevin
Drummond, alors ministre de l'Agriculture sous le gouvernement Bourassa. (17
heures)
M. Garon: ...
M. Picotte: Oui mais, il reste que le ménage...
M. Garon: Cela n'a pas été très
apprécié du parti.
M. Picotte: ... avait été... il est resté
ministre jusqu'à ce qu'il y ait des élections et la
vérité a ses droits et on doit le mentionner. Il y avait une
autre question que je voudrais poser au ministre de l'Agriculture. Si ma
mémoire est fidèle, lorsqu'il y avait des travaux
mécanisés d'effectués, il y avait une formule de
remboursement, justement, dont le ministre nous parlait tantôt, où
le ministère payait en partie l'agriculteur et également
l'entrepreneur. Mais pour que le tout soit effectué, il fallait qu'il y
ait trois signatures apposées sur un document et ces trois signatures
étaient celles, d'abord, de l'entrepreneur, qui attestait avoir fait 40
heures chez un agriculteur. Deuxièmement, il y avait la signature de
l'agriculteur qui attestait que l'entrepreneur avait fait 40 heures.
Troisièmement, il y avait la signature de l'inspecteur, qui lui,
après inspection, disait que, normalement, les travaux effectués
avaient une durée approximative de 40 heures, parce que là, on ne
pouvait peut-être pas le dire à l'heure fixe ou à la demi
heure près. Mais il reste qu'on pouvait dire qu'approximativement, il y
avait 40 heures d'effectuées.
Le ministre m'a mentionné tantôt qu'il y avait des
entrepreneurs qui avaient été poursuivis et condamnés,
neuf cas, entre autres. A ce moment, s'il y a eu fraude de la part des
contracteurs, ça suppose également qu'il y a d'autres individus
qui ont participé à cette fraude. On dit souvent, en tout cas,
dans notre langage à nous, que celui qui tient la poche est aussi voleur
que celui qui en met dedans. A ce moment, j'aimerais savoir ce qu'il est advenu
des gens qui avaient contresigné, qui avaient signé le formulaire
attestant que l'entrepreneur avait bel et bien effectué les heures
mentionnées, c'est-à-dire qu'est-ce qui est arrivé
à l'agriculteur qui a signé une formule et est-ce qu'il y a eu
des enquêtes faites auprès des inspecteurs qui étaient
chargés de faire l'inspection? J'aimerais que le ministre, comme a dit
tantôt un des fonctionnaires, me décortique tout ça.
M. Garon: On ne pouvait pas aller plus loin. Je peux vous dire
simplement que les dossiers comme tels, ont été transmis au
ministère de la Justice qui s'est occupé de faire les
enquêtes par la suite.
M. Picotte: Je sais très bien que le contentieux du
ministère de l'Agriculture a travaillé dans tous ces dossiers et
a fait de nombreuses ren-
contres avec certains entrepreneurs, je le sais par expérience.
Le contentieux du ministère de l'Agriculture ne s'est jamais
mêlé de certains dossiers. C'est cela que vous me dites?
M. Garon: ... l'enquête...
M. Picotte: Un instant! Attention!
M. Garon: II y a un cas où les agriculteurs ont
été poursuivis, de même que l'entrepreneur. Cinq
agriculteurs ont été condamnés.
M. Picotte: Dans un cas? M. Garon: Dans un cas.
M. Picotte: Parce qu'il s'avérait nettement que
l'agriculteur était de connivence avec l'entrepreneur?
M. Garon: II faut dire une chose. Souvent, il peut arriver une
question, une question de preuve. Il y a des cas, je peux vous dire qu'il y a
des cas où il y a eu plus de dossiers que ça. Ce sont des
dossiers où il y a une enquête, une poursuite au criminel. Il y a
eu d'autres cas où il y a eu des remboursements, mais il n'y avait pas
les preuves qu'il fallait pour faire les poursuites au criminel. Pour obtenir
une condamnation criminelle, il faut que ce soit hors de tout doute
raisonnable. Alors, il est question de suffisance de la preuve dans certains
cas, pour qu'il y ait une condamnation criminelle. Une fois que l'enquête
était faite, le dossier était remis au procureur de la couronne
dans chacun des districts et c'est lui qui décidait s'il devait y avoir
une poursuite ou non, en fonction, j'imagine, de la preuve.
M. Picotte: Je voudrais clarifier une autre chose. On m'a
mentionné tantôt qu'il y avait eu neuf condamnations sur quatorze
cas. Cela ne veut pas dire nécessairement qu'il y a eu cinq autre cas
qui ont été exonérés de tout blâme. Est-ce
que c'est cela que cela veut dire? Est-ce qu'il y a eu des cas d'entrepreneurs
qui ont été exonérés, c'est-à-dire qui n'ont
pas été trouvés coupables de fraude envers le
gouvernement?
M. Garon: II y a un cas où la personne était
poursuivie sur 75 chefs et elle a plaidé coupable sur 37 chefs,
c'est-à-dire que dans ces poursuites il n'était pas question
uniquement d'un cas. C'était une série de faits. Il y a un cas
où il y a eu une plainte pour... Non, pardon, il y avait 97 chefs
d'accusation et elle a plaidé coupable sur 32, dans un cas.
M. Giasson: Euclide Allard & Yves Allard, son fils, et la
compagnie Bert-Mask Construction de Saint-Didace. C'est un document public,
c'est le Soleil du 14 juillet 1976, la presse Canadienne, PC.
M. Picotte: Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire
s'il y a certains entrepreneurs on vient d'en citer un qui depuis
ce temps, ont actionné le ministère de l'Agriculture ou ont
essayé d'obtenir des dédommagements du ministère de
l'Agriculture?
M. Garon: On me dit qu'il y a une poursuite au ministère
pour réclamer le montant qui n'a pas été payé,
environ $12 000, à la suite des causes qui ont été
entendues.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: C'est sur un autre sujet, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Sur le même sujet? M.
Dubois: Sur un autre sujet.
Le Président (M. Clair): Sur un autre sujet, oui, je vous
reconnais sur un autre sujet.
M. Dubois: Je voudrais demander au ministre de parler de son
projet à Sainte-Martine. Je pense que c'est un projet sur une
période de cinq ans. J'aimerais connaître les intentions du
ministre au niveau des effectifs qui se construiront là-bas. Ce sera
sans aucun doute un centre de recherche pour serres et grandes cultures.
M. Garon: Un centre de recherche sur les serres et les produits
sous serres, fruits et légumes, fleurs et horiculture ornementale.
M. Dubois: Quel montant le ministère prévoit-il
investir d'ici les cinq prochaines années?
M. Garon: C'est un peu aléatoire.
M. Dubois: D'ici cinq ans, vous ne le ferez pas cette
année.
M. Garon: Non, je ne le pense pas. D'ici cinq ans, on ne pourrait
pas répondre actuellement.
M. Dubois: II y a déjà eu des commentaires de faits
là-dessus, peut-être pas par le ministre lui-même, à
savoir qu'il y aurait des investissements de l'ordre de $5 millions à $6
millions d'ici cinq ans.
M. Garon: Ecoutez, $5 millions ou $6 millions de serre, cela fait
de la serre!
M. Dubois: Je ne parle pas strictement des serres. Je parle en
équipements de toutes sortes et en services de recherche.
M. Garon: Ah! Si vous parlez des salaires des
fonctionnaires...
M. Dubois: Non, en dehors de cela, les investissements, soit en
équipement, soit en salaires, soit en construction...
M. Garon: Non, il y a des serres expérimentales, des
tunnels, des cultures abritées et toutes sortes de choses comme cela,
mais pas pour...
M. Dubois: C'est parce que cela a coulé...
M. Garon: Non, il y a une projection du développement des
cultures en serre avec les gens impliqués, mais c'est surtout pour
expérimenter les techniques nouvelles, les techniques qui existent
ailleurs ou les techniques qu'ont expérimentées certains
producteurs de façon formelle pour voir les résultats concrets de
ces techniques. C'est un centre de mise au point technique de la production en
serre. Avec la vulgarisation de ces techniques et le regroupement des
agriculteurs, les producteurs en serre en deux grands groupes, les producteurs
maraîchers de fruits et légumes et de fleurs.
M. Dubois: L'ouverture officielle que vous allez faire,
possiblement dans les semaines qui viennent, ça porte sur quoi
exactement comme équipement?
M. Garon: Cela porte sur les serres qui existent, des tunnels et
ces choses-là.
M. Dubois: Les tunnels, est-ce que vous commencez cette
année?
M. Garon: Oui. J'ai un télex je peux
peut-être le lire que j'ai fait parvenir à M. Otto Lang. "A
l'honorable Otto Lang, ministre des Transports, Chambre des Communes, Ottawa.
"Suite au communiqué de presse annonçant l'imposition de
contingentements aux livraisons de céréales sur le marché
libre à partir du 1er août 1979, trois des quatre
soussignés ont fait connaître leur réaction et ont
même entrepris des démarches auprès de certains membres de
votre gouvernement. "Pour sa part, le ministère de l'Agriculture du
Québec a préféré s'abstenir de tout commentaire
pour quelques semaines, pour des raisons évidentes, mais tout en
espérant que sa décision serait reconsidérée. Il a
cependant utilisé ce délai pour analyser l'impact des changements
annoncés, analyse qui a confirmé les craintes
énoncées par les trois autres signataires. "Il est essentiel de
rappeler que la présente politique qui est en place depuis 1974, a
atteint les objectifs qui avaient été fixés lors de son
établissement. Il faut particulièrement reconnaître qu'elle
a apporté les avantages suivants: premièrement, une
opportunité additionnelle de mise en marché accordée aux
producteurs de céréales par l'entremise du marché hors
quota". Parce que cette politique est avantageuse pour les producteurs de
l'Ouest. Elle permet de grandes productions. "Deuxièmement, une source
de financement additionnelle réalisée par les
céréaliers de l'Ouest, via le biais de paiements comptants, de
grains livrés sur le marché hors quota. "Troisièmement, le
marché hors quota s'est avéré, depuis cinq ans, un
mécanisme efficace permettant le maintien d'un équilibre de prix
d'une unité et d'une équité entre les régions de
production animale du pays. "Quatrièmement, le volume de grains vendus
sur le marché hors quota a aussi facilité l'opération de
la Bourse des grains de Winnipeg et, par ce fait, fournit un mécanisme
essentiel d'indicateurs de prix, ainsi qu'un outil de protection pour toutes
les parties intéressées. "Le troisième avantage est d'un
intérêt plus particulier pour le Québec. En effet, la
politique actuelle a permis de mettre fin à la discrimination dont
étaient victimes les producteurs de viande de l'Est canadien. "Par cette
politique, ces derniers peuvent acheter sur le marché libre et, ainsi,
participer aux bénéfices créés par les surplus de
céréales, tout comme leurs homonymes des prairies. Si ce droit
leur est enlevé par une politique canadienne, il y a une discrimination
intolérable, d'autant plus que les deux groupes de producteurs doivent
concurrencer sur les mêmes marchés. "De votre côté,
vous argumentez que ces modifications à la politique canadienne n'auront
aucun effet négatif sur le marché de l'Est. Permettez-nous d'en
douter. En effet, en liant les contingentements de livraison allant à la
commission et ceux allant au marché libre, vous enlevez la principale
incitation que les céréaliculteurs ont d'utiliser le
marché libre, soit vendre plus de grains par acre plus tôt dans la
saison. "Dans ces conditions, il est certain que les prix sur le marché
libre s'élèveront au niveau du prix de la commission et
même, il faut prévoir, à moyen terme, la disparition pure
et simple de ce marché... "Par contre, il se développera dans les
prairies, tout comme au début des années 1970, un marché
interne où les prix en vigueur seront, de loin, inférieurs aux
prix pratiqués dans l'Est. Depuis la mise en place de cette politique en
1974, le ministère de l'Agriculture du Québec et les trois
signataires du présent Télex ont établi un
développement agricole en se fiant à la permanence de la
présente politique. "C'est pourquoi..." je pense que c'est assez
important, ça, que les gens comptaient que ce n'était pas une
politique temporaire. Autrement, ils n'auraient pas fait les investissements
qu'ils ont faits dans des productions... "C'est pourquoi les politiques
québécoises de développement de nos ressources, tant
humaines que physiques, ont tenté de promouvoir un développement
en faisant appel autant, sinon plus, aux productions animales qu'à la
production céréalière. Il serait très malheureux
que de telles actions soient anéanties par une décision
unilatérale de votre part. "Rappelons que le changement à la
politique canadienne des provendes coûtera des millions de dollars
additionnels aux producteurs de viande du Québec et rendra
désuets au Québec des équipements presque neufs". Il ne
s'agit pas seulement de millions additionnels. Cela va coûter
également... (17 h 15) "Les gens qui ont une marge de profit moins
forte, pour différentes raisons, soit qu'ils sont rentrés dans
les productions au moment où les prix
étaient plus faibles, etc, peuvent faire des faillites et,
à ce moment-là, ce sont des équipements presque neufs qui
vont être rendus désuets. Rappelons que le changement de la
politique canadienne des provendes coûtera des millions de dollars
additionnels aux producteurs de viande du Québec et rendra
désuets, au Québec, des équipements presque neufs. "C'est
pourquoi le ministre de l'Agriculture, appuyé par l'Association
professionnelle des meuniers, de la coopérative
fédérée et de l'Union des producteurs agricoles
c'est rare que tout ce monde s'entend demande avec insistance qu'avant
tout changement dans la politique canadienne des provendes actuelle, il y ait
une analyse en profondeur des implications d'un tel changement, qu'on
étudie des mesures alternatives pour régler les problèmes
mineurs visés par les changements annoncés et qu'une
réunion fédérale-provinciale soit convoquée pour
discuter des résultats des analyses précitées."
Voilà le texte que nous avons fait parvenir au ministre des
Transports, M. Otto Lang, sur cette question. Comme vous avez remarqué,
on n'a pas essayé de faire un débat politique là-dessus,
en comptant qu'après le 22 mai il y aurait un gouvernement à
Ottawa. On voudrait revoir toute cette question parce que c'est une question
très sérieuse pour les producteurs québécois. On
n'a pas mis de chiffres sur les pertes possibles. J'ai vu dans le journal Le
Soleil qu'on a parlé d'une perte de $25 millions, cela peut être
plus, cela peut être moins, mais c'est difficilement quantifiable
à ce moment-ci.
M. Dubois: A quelle date ce télex fut-il
envoyé?
M. Garon: Cela a été envoyé le 10 mai
1979.
M. Dubois: Vous n'avez pas eu de réponse depuis ce
temps?
M. Garon: Non.
M. Giasson: M. le ministre, auriez-vous une copie du
communiqué émis par la fédération? Il émane
de quel ministère?
M. Garon: On doit avoir cela. Cela a été
envoyé par le Wheat Board le 27 mars 1979. C'était un
communiqué.
M. Giasson: Oui, mais est-ce qu'on pourrait avoir la teneur?
M. Garon: "The Wheat Board announces changes in quota policies
for 1979/80 crop year." Je pense qu'il n'y a pas de problèmes pour avoir
une photocopie.
M. Giasson: D'accord.
Une Voix: C'est public, cela?
M. Garon: C'est public.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous l'avez seulement en
anglais?
M. Garon: Oui. Il y en a eu d'autres, il y a eu plusieurs
communiqués là-dessus. Suite à ce texte, les associations
québécoises ont communiqué, d'autres textes ont
été envoyés, mais...
M. Giasson: C'est leur propre écrit, des journalistes et
des associations agricoles.
M. Vaillancourt (Orford): Je vous pose la question à
savoir si vous l'avez seulement en anglais parce qu'il me semble que vous avez
dit, tout à l'heure, qu'il y avait eu une traduction qui n'était
pas tout à fait...
M. Garon: II y a eu d'autres textes par la suite.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas sur ce texte précis
que vous dites que la traduction était un peu erronée?
M. Garon: Non. C'était sur quel autre? Il y a eu d'autres
textes en réponse au discours... Il y a eu je n'ai pas la date
ici, j'ai la copie un télégramme qui a d'abord
été envoyé conjointement par le président de la
coopérative fédérée et le président de
l'Union des producteurs agricoles, M. Pigeon et M. Couture; suite à ce
communiqué, il y a eu des réponses. Il y a aussi eu des
communiqués des meuniers; on n'a pas le communiqué. Suite
à cela, des réponses ont été envoyées et il
se forme un ensemble de documents. Je ne me rappelle pas quel document est en
français.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, c'est une
correspondance que vous avez échangée depuis plusieurs mois.
M. Garon: Non. Le communiqué est sorti le 27 mars.
Evidemment, les gens ont commencé par le regarder se demandant ce que
c'était. Vous allez voir avec le texte, ce n'est pas un texte qui est
très clair, sauf qu'il annonce des changements à partir du 1er
août. Il y a eu une réaction. Nos gens au ministère ont
regardé cela, on a quand même été en contact avec
les gens de l'UPA, les meuniers et les coopératives
fédérées, on a étudié et essayé de
comprendre la teneur du communiqué, on a essayé d'obtenir des
renseignements.
Alors, les gens du ministère ont essayé de communiquer
avec les différents organismes, notamment la Commission canadienne des
grains, la Coopérative Fédérée, pour avoir des
renseignements additionnels et, comme des télégrammes avaient
été envoyés par les gens de la Coopérative
Fédérée et l'UPA, on a attendu des réponses
à ces télégrammes et en même temps on communiquait
avec eux. Finalement on a eu des rencontres au cours du mois d'avril avec la
Coopérative Fédérée et nous avons convenu d'envoyer
un communiqué
conjoint à M. Lang pour établir la position du
Québec. Le résultat de tout ça, c'est le
télégramme du mois de mai.
M. Dubois: Est-ce que le ministre pourrait distribuer des copies
de la correspondance entre son ministère, Otto Lang et le Wheat
Board?
M. Garon:... Le communiqué n'était pas suffisamment
explicite, on ne savait pas trop bien ce qu'on voulait faire. Le
problème, c'est que c'est un communiqué de presse, ce n'est pas
un règlement, le nouveau règlement qui va s'appliquer. Alors, le
communiqué de presse... Quel règlement concrètement
va-t-il y avoir? On n'a pas le texte du règlement, tout ce qu'on a c'est
un communiqué. C'est pour ça qu'il y a eu des communications
téléphoniques des gens du ministère pour avoir plus de
renseignements là-dessus.
M. Vaillancourt (Orford): C'est probablement pour établir
les bases du règlement qu'il y a des échanges de vues entre le
fédéral et les provinces actuellement.
M. Garon: Non, ce qui nous a étonnés en fait, c'est
surtout qu'il n'y avait rien qui laissait pressentir ça
véritablement parce qu'on ne sentait pas qu'il y avait vraiment une
demande très forte...
M. Giasson: M. Lang a voulu faire plaisir...
M. Garon: M. Lang est candidat en Saskatchewan et...
M. Giasson: ... aux céréaliers de l'Ouest.
M. Garon: ... il vient de la Saskatchewan et il fait campagne
à Saskatoon est, je pense, alors...
M. Giasson: II parait que c'est difficile.
M. Garon: On dit dans le journal de ce matin qu'il n'a pas le
sourire facile, il ne l'a pas d'habitude. Est-ce une "gammick"
électorale ou est-ce une politique? En tout cas on a de la misère
à obtenir des renseignements concrets sur la teneur exacte des
règlements concernant cette politique-là.
M. Vaillancourt (Orford): On va attendre qu'elle arrive.
M. Garon: On va demander, plutôt qu'attendre qu'elle
arrive, par télégramme qu'on ne fasse rien avant que les
conséquences d'une telle politique ne soient étudiées,
c'est-à-dire qu'on ait un règlement vraiment
rédigé, qu'on l'analyse en profondeur.
On dit dans les conclusions: Le ministre de l'Agriculture du
Québec, appuyé par l'Association professionnelle des meuniers du
Québec, de la Coopérative Fédérée, de
l'Union des producteurs agricoles, demandent avec insistance qu'avant tout
changement dans la politique canadienne des provendes actuelle, il y ait une
analyse en profondeur des implications d'un tel changement, qu'on étudie
des mesures autres pour régler les problèmes mineurs visés
par les changements annoncés, c'est-à-dire que si on veut tuer
une mouche, ça ne donne rien de prendre un bâton de baseball, on
peut prendre un morceau de journal. Il ne nous a pas semblé, lors des
conférences fédérale-provinciales, que les
problèmes que manifestait la Saskatchewan étaient tels qu'ils
devaient provoquer une réaction comme celle-là. C'est pour
ça qu'on demande d'analyser en profondeur les implications d'un tel
changement et d'étudier des mesures autres pour régler les
problèmes mineurs visés par les changements annoncés et
qu'une réunion fédérale-provinciale soit convoquée
pour discuter des résultats des analyses précitées.
M. Dubois: Toujours dans le domaine des céréales,
j'aimerais savoir si le ministre peut nous indiquer combien de tonnes furent
entreposées à Sainte-Rosalie dans les silos d'entreposage l'hiver
dernier, dans le courant de la saison dernière.
M. Garon: Un million de boisseaux.
M. Dubois: Vous parlez de la capacité totale, mais je
parle de la capacité qui fut entreposée.
M. Garon: Oh, c'est un pourcentage...
M. Dubois: Le pourcentage qui fut entreposé, le nombre de
tonnes.
M. Garon: Le centre a été prêt au cours de
l'automne...
M. Dubois: A-t-il été prêt à temps
pour les récoltes...
M. Garon: Non, il a été prêt en retard, on en
a entreposé une certaine quantité, mais on ne l'a pas
utilisé au maximum... On a entreposé les céréales
qui avaient séché ailleurs et on a commencé à
être en opération au cours de l'automne.
M. Dubois: On m'avait dit que ces silos n'avaient pas servi pour
la récolte locale de l'an passé, à ce
moment-là...
M. Garon: Ils ont été...
M. Dubois: S'ils ont servi, ce serait pour des
céréales déjà séchées dans d'autres
régions ou par d'autres séchoirs, j'imagine.
M. Garon: Oui. Cela peut arriver. J'ai vu des camions arriver,
une journée que j'étais là.
M. Dubois: Dans le domaine des céréales, c'est
tout.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Il semble bien que
cette possibilité, je dis bien cette possibilité de modification
aux règles du jeu établies depuis 1974 sur un marché libre
pour les agriculteurs de l'Est, de se procurer des céréales dans
l'Ouest, demeure très floue.
M. Garon: Très.
M. Giasson: Cela demeure flou. Nous n'avons pas de certitude
qu'il s'agit d'une décision arrêtée de la Commission
canadienne du blé qui recevrait l'approbation des autorités
fédérales de procéder, de retourner en arrière et
d'appliquer le système de commercialisation et de vente qui
prévalait avant 1974.
M. Garon: Non, je vous donne le texte, il dit quand même
que la Commission canadienne du blé annonce aujourd'hui des changements
importants dans les politiques de livraison des quotas. Ces politiques...
M. Giasson: C'est le même texte.
M. Garon: Passez-moi donc celui-là, s'il y en a qui ont
besoin d'autres photocopies.
M. Giasson: A tout événement, je pense que le
ministre a raison d'être prudent. D'ailleurs, les principales
organisations agricoles au Québec se sont mises d'accord, des gens qui
parfois sont divisés sur des objectifs personnels qu'ils peuvent
poursuivre se sont mis d'accord pour éviter que s'appliquent les
changements qu'il est possible de prévoir. Il va de soi que l'Opposition
officielle, dans ce domaine, va donner son appui total au ministre de
l'Agriculture du Québec dans les interventions et la bataille qu'il
devra livrer, si, éventuellement, ses prévisions devaient se
concrétiser.
M. Beauséjour: L'Opposition va-t-elle appuyer une motion
non annoncée ou devra-t-elle...
M. Giasson: Vous n'êtes pas dans le décor avec votre
patente, attendez donc.
M. Garon: II est fortement question actuellement que ce soit
retardé au moins d'un an, ce ne sera pas appliqué au 1er
août 1979, parce que même les fermiers de l'Ouest n'avaient pas eu
leur quota au moment des semences. Cela a été annoncé de
façon un peu rapide...
M. Giasson: A tout événement, si cela devait se
concrétiser, l'Opposition officielle va certainement donner son appui
parce que dans une certaine mesure, il y va de l'avenir de la production du
porc au Québec. S'il fallait que selon les prévisions et
indications que nous avons...
M. Garon: Pensez-vous?
M. Giasson:... que ce soit le prix de l'orge qui soit le plus
touché par l'application de nouvelles règles, nous savons tous
qu'il s'agit d'une céréale qui est largement utilisée dans
les moulées qu'on fabrique pour l'élevage du porc et on parle
d'une augmentation prévisible de l'ordre de 30%, c'est ça que
certains commentateurs ont laissé entendre.
M. Garon: Le Parti libéral ne semble pas vouloir discuter
beaucoup des actions unilatérales du gouvernement
fédéral.
M. Giasson: Quand il faut en discuter, nous en discutons, et je
dis justement au ministre que nous l'assurons de notre appui de ce
côté.
M. Garon: Avez-vous consulté votre chef?
M. Giasson: II n'est pas nécessaire pour le
député de Montmagny-L'Islet de consulter le chef.
M. Garon: Cela va lui prendre quelques jours de
réflexion.
M. Giasson: Non plus. Non plus.
M. Garon: Peut-être que Trudeau ne voudra pas.
M. Giasson: Traditionnellement, nous avons eu à examiner
des situations et nous nous sommes fixés sans jamais avoir à
consulter le fédéral. Je crois qu'il y a à
l'intérieur de l'Opposition officielle, suffisamment de jugement pour
permettre aux hommes qui y sont de se former des jugements sur des situations
données. Cela a été ainsi dans le passé et
ça va continuer de cette manière.
M. Garon: Quand vous allez faire des discours comme
député de Montmagny-L'Islet pour les candidats libéraux
aux élections fédérales...
M. Giasson: C'est encore du charriage du ministre...
M. Garon: Leur parlez-vous de vos appréhensions devant la
politique fédérale?
M. Giasson: Nommez-moi donc un député de
l'Opposition officielle qui aurait fait un discours, durant la présente
campagne fédérale? Au lieu de lancer des accusations..
M. Garon: J'ai vu ça dans les journaux, à moins que
les journaux ne disent pas la vérité.
M. Giasson: Nommez-moi un député... les journaux
ont dû identifier un député, si vous avez vu ça?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs! On
s'éloigne vraiment, de part et d'autre, de l'objet de la discussion.
M. Giasson: On ne s'éloigne pas, nous sommes exactement
dans le sens des remarques soulevées par le ministre de
l'Agriculture.
Le Président (M. Clair): La campagne électorale
fédérale... Je vous dis bien, M. le député de
Montmagny-L'Islet que de part et d'autre... (17 h 30)
M. Giasson: Rappelez le ministre à l'ordre, et nous allons
suivre.
Le Président (M. Clair): Si vous aviez
écouté ce que je disais, M. le député de
Montmagny-L'Islet, j'ai bien dit que je rappelais les deux côtés
de la commission à l'ordre. De part et d'autre, on s'éloigne du
sujet. Je vous prierais de revenir aux crédits. Est-ce qu'on serait
prêt à aborder l'étude du programme 1?
M. Giasson: Nous allons encore discourir pendant un certain temps
sur les questions générales.
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole, M. le
député.
M. Giasson: Le ministre, dans sa réplique, suite aux
interventions des deux Oppositions de ce côté-ci, a fait des
commentaires sur certaines questions que j'avais posées, que j'avais
soulevées mais, par contre, il est évident qu'il a oublié
de livrer son message, de livrer son point de vue, sur la principale question
que je considère avoir soulevée ce matin, soit celle de la
situation qui prévaut présentement dans le secteur laitier au
Québec.
Il y a différents problèmes agricoles au Québec, le
ministre en est conscient. Il y cherche des solutions. Mais, à
l'époque que nous traversons, ce qui m'apparaît le programme
crucial, ce sont les difficultés qui sont nées dans le secteur de
l'industrie laitière. J'aimerais que le ministre nous fasse le point
complet de cette situation, qu'il nous indique quelles seront les actions qu'il
va prendre incessamment, de la manière la plus immédiate
possible, qu'est-ce que la Régie des marchés agricoles lui a
livré comme commentaires sur cette situation. Et, puisque nous traitons
à ce moment-ci de questions touchant l'industrie laitière,
j'aimerais que le ministre nous indique si, à ce moment-ci, le projet
d'un prêt qui devait être fait par son ministère a
été effectué, sinon, quelles sont les orientations ou
à quel moment ces prêts devraient-ils être faits à
une coopérative laitière au Québec.
M. Garon: Quel prêt?
M. Giasson: II avait été question les
journaux en ont fait état de la possibilité qu'un
prêt soit consenti à la coopérative la
Québécoise, afin de pallier l'obligation, à la suite d'une
décision de la régie, de rembourser...
M. Garon: Le prêt a été effectué.
M. Giasson: Le prêt a été effectué.
Quel a été l'avis du contentieux de son ministère pour les
modalités d'application de ce prêt?
M. Garon: Le prêt a été effectué
après l'avis du contentieux.
M. Giasson: Du ministère de la Justice?
M. Garon: Du ministère de l'Agriculture, du
ministère de la Justice, et même de celui des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
M. Giasson: Cela va pour cela. Maintenant, la situation qui
prévaut dans le problème crucial des relations existant entre la
coopération agricole, suite à des décisions qui ont
été prises au cours des derniers mois et la position prise
à la suite de ces décisions à la Fédération
québécoise du lait industriel, de quelle façon le ministre
entend-il trouver des solutions à cette situation qui va devenir
intenable prochainement, s'il n'y a pas de solution apportée? C'est
crucial au moment où on se parle et le ministre doit en convenir.
M. Garon: Je dois dire que, dans le domaine du lait, il y a des
problèmes. Ces problèmes existent depuis de nombreuses
années. Quelle que soit la solution, quelle que soit la méthode,
quelle que soit la façon de le faire, la solution qui pourrait
être apportée dans les relations entre le syndicalisme agricole et
les coopératives agricoles, ne pourra pas être autre chose qu'une
solution négociée. Que ce soit une solution
négociée pour l'adoption de règlements qui vont
éventuellement être présentés à la
Régie des marchés agricoles, qu'il s'agisse même
éventuellement, de l'hypothèse qu'il y aurait une loi
spéciale, par exemple, il faudrait quand même qu'elle soit
précédée d'une négociation entre les parties
impliquées.
Je pense que si le gouvernement a l'autorité de dire comment cela
devrait fonctionner pour le lait, les parties d'Opposition seraient les
premiers à dire qu'il y a ingérance de l'État, que
l'État veut tout dicter et qu'on est en train de bâtir une
agriculture communiste, etc.
Actuellement, les lois permettent l'existence de coopératives,
les lois permettent l'existence de syndicats agricoles. En fonction de ces
lois, je pense qu'il appartient d'abord à ceux qui sont touchés
de s'entendre entre eux et d'établir des façons de fonctionner
qui permettront le respect des règles coopératives en même
temps que le respect des règles syndicales. C'est évident que
cela suppose des compromis de part et d'autre. Je pense que c'est
l'évidence même. Ceux qui pensent que les coopératives vont
l'emporter sur les syndicats ou qui pensent que les syndicats vont l'emporter
sur les coopératives sont dans l'erreur. La solution qui doit être
recherchée est une solution dans laquelle ni les coopératives ni
les syndicats vont l'emporter, mais la place que doit occuper le syndicalisme
et le rôle que doit jouer la coopération dans le domaine de la
mise en marché du lait vont être déterminés par les
deux et à ce moment-là chacun jouera le rôle que les
agriculteurs du Québec souhaitent qu'il joue. La complexité de
cette question ne peut être réglée par des solutions
à l'emporte-pièce, par les criards de village. Il faut que ce
soit fait par des gens réfléchis qui auront à vivre
ensemble. Il serait préférable aussi que les gens qui auront
à vivre ensemble des relations en-
tre les coopératives et le syndicalisme au cours des trente
prochaines années essaient de déterminer ensemble ce qu'ils
veulent voir fonctionner entre eux et pensent à se trouver des
interlocuteurs qui vont refléter l'avenir du lait plutôt que les
problèmes vécus au cours des trente dernières
années, avec toutes les divisions et les conflits de personnalité
qu'on a pu y trouver.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, vu le conflit
qui existe entre les deux groupes de producteurs de lait depuis de nombreuses
années, est-ce que le ministre a l'intention de prendre position,
étant donné qu'il n'y a pas eu d'accord, que la Régie des
marchés agricoles n'a pas rendu jugement sur cela?
M. Garon: II y a une décision de la régie qui a
été rendue. Elle a nommé un arbitre pour qu'il y ait une
conciliation entre les deux pour en arriver à trouver...
M. Vaillancourt (Orford): Un terrain d'entente.
M. Garon:... une entente entre les deux et déterminer le
rôle de chacun. C'est évident que le syndicalisme peut prendre
toute la place et que la coopération peut prendre toute la place, mais
pour des raisons historiques, les deux ayant fonctionné, il y a un
rôle, un partage qui doit être fait entre les
responsabilités de chacun. Quand on signe des plans nationaux, par
exemple, c'est évident qu'en signant des plans nationaux de mise en
marché, il y a la nécessité d'un plan conjoint, d'un plan
national et de l'administration de ce plan national. Les coopératives
qui ont été constituées au cours des années pour la
transformation des produits sont des entreprises qui ont un rôle à
jouer, mais est-ce que chacun doit essayer de l'emporter sur l'autre? Je ne le
pense pas. Je pense que pour un meilleur fonctionnement, il doit être
établi pour que le fonctionnement soit le meilleur possible, le plus
harmonieux et le plus économique possible... Je pense que la
rationalité économique devrait être à la base de ces
discussions. On doit établir quelle doit être la part de chacun.
Là-dedans, également, il y a des efforts pour tout le monde
à faire.
On a bâti au Québec des usines qui sont beaucoup plus
grosses qu'il n'aurait été nécessaire de le faire, de les
bâtir, si la production d'hiver et d'été avait connu un
écart moins considérable. C'est évident que ce serait
mieux si les routes de lait étaient mieux rationalisées. C'est
évident qu'il y a une certaine rationalisation, mais dans certains cas,
cela pourrait être encore mieux fait que dans certaines régions.
Dans certaines régions, c'est fait. Dans d'autres, cela ne l'est pas
assez. A ce moment-là, il y aurait des économies qui pourraient
être réalisées. C'est évident qu'on peut se battre
sur des principes. Dans toute affaire, il y a des principes. On peut se battre
sur les principes du syndicalisme, sur les principes de la coopé- ration
jusqu'à l'an 2000, mais il y a des problèmes concrets à
régler. Je pense que si on commence par les problèmes concrets,
on peut trouver des solutions plus rapidement.
M. Picotte: Le ministère a-t-il un rôle particulier
à jouer là-dedans? Je sais que le ministère n'a pas
à décider à la place des parties, mais le ministre fait
tellement appel à la bonne volonté de tout le monde dans un
contexte économique favorable, est-ce que le ministère n'aurait
pas un rôle à jouer qui pourrait favoriser encore davantage ce
rapprochement?
M. Garon: Pour le moment, il y a des décisions de la
régie pour nommer un arbitre et faire un rapprochement entre les
parties.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il y a eu un
rapprochement?
M. Garon: II y a eu des rencontres.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense qu'il n'y en a pas trop
eu.
M. Garon: Non, parce qu'il y a des gens qui voudraient nous voir
trancher à leur place. On vit dans un système démocratique
où les gens doivent se parler, se rencontrer et essayer de trouver des
terrains d'entente. Chaque fois qu'il y a une affaire qui ne marche pas, qu'il
manque un clou dans une maison, pourquoi, venir au gouvernement et demander au
gouvernement de toujours trancher. Je pense qu'il y a des organisations
responsables je l'espère en tout cas qui
représentent des milliers de personnes, qui représentent des
centaines de millions de dollars de capitaux et de mise en marché, des
organisations responsables qui doivent être capables de se rencontrer et
de se parler sans toujours que ce soit le gouvernement qui décide
à leur place. C'est évident, à ce moment-là, que
c'est plus facile quand c'est le gouvernement.
M. Picotte: Trancher dans le plan conjoint du porc, ils ont
peut-être pensé que cela se ferait un peu naturellement dans
d'autres domaines.
M. Garon: Le plan conjoint du porc, c'était
différent.
M. Picotte: Je ne veux pas discuter surtout de cela en
particulier, mais j'imagine que cela a pu être une façon de penser
pour eux que le gouvernement pourrait s'impliquer directement.
M. Garon: Je pense que le climat est quand même meilleur
actuellement, parce qu'il y a eu des périodes, à l'occasion de la
loi 116 où, artificiellement, les moteurs ont été
chauffés, mais je pense qu'actuellement, le climat est meilleur.
Parfois, je rencontre des groupes et, lors des dernières rencontres, des
gens m'ont dit qu'il y avait peut-être possibilité d'en arriver
à une solution.
J'ai remarqué, au cours du mois d'avril, que les gens que j'ai
rencontrés semblaient beaucoup plus confiants. Dans le règlement
de solutions comme celles-là, pour trouver une solution à des
problèmes comme ceux-là, il faut surtout regarder vers l'avenir
et oublier les divergences des 30 années passées.
M. Vaillancourt (Orford): Etant donné, M. le
Président, M. le ministre, que c'est un conflit qui existe depuis des
années et des années, est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité que le ministère, sur la recommandation du ministre
au lieutenant-gouverneur en conseil, prenne une décision pour
régler le conflit?
M. Garon: Avez-vous des suggestions comme solutions?
M. Vaillancourt (Orford): Je n'ai pas étudié le
problème en profondeur.
M. Garon: Comment le régleriez-vous? En avez-vous
parlé au Parti libéral? Comment régleriez-vous cela, vous
autres?
M. Vaillancourt (Orford): Si je me souviens bien, vous aviez
déjà dit qu'il y avait des possibilités qu'un conflit
semblable soit réglé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Garon: Oui. Les gens eux-mêmes, à ce
moment-là...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous leur avez
suggéré cela?
M. Garon: J'ai déjà parlé de cela, oui. Je
remarquais à ce moment-là que les agriculteurs souhaitaient, en
tout cas leurs représentants, qu'une solution à ces
problèmes puisse être élaborée par les agriculteurs
eux-mêmes et leurs représentants. Je dois dire que j'ai
trouvé que cela avait du bon sens et à ce moment-là, j'ai
pensé que ce serait mieux pour les gens des syndicats et des
coopératives de s'entendre ensemble sur le partage de la
responsabilité. (17 h 45)
M. Dubois: II y a un rôle assez fort de la Régie des
marchés, quand même.
M. Garon: Oui, mais la Régie des marchés joue un
rôle actuellement. D'ailleurs, elle est là pour ça.
M. Dubois: Est-ce que le président de la régie
devrait être présent au moment de cette commission ou une
journée quelconque?
M. Garon: Oui, il vont venir à un moment donné.
M. Dubois: Personnellement, j'aurais des questions à lui
poser.
M. Picotte: M. le Président, le ministre voudrait que les
syndicats et la coopération jouent au grand garçon et puissent
s'entendre.
M. Garon: Je n'ai pas dit ça; c'est vous qui le dites.
M. Picotte: Quand même...
M. Garon: Je n'ai pas dit que c'étaient des petits
garçons.
M. Picotte: Non, mais on vient d'écouter ce que vous avez
dit. Mais peut-être que ces gens, par des déclarations du
ministre... je savais qu'il y avait eu des déclarations à cet
effet. Heureusement, on vient de me rafraîchir la mémoire. Je sais
que le 10 mai 1977, par exemple, ce sont des paroles que le ministre a dites
lui-même en commission parlementaire. Peut-être qu'il a
été mal interprété, mal transcrit, mal cité,
etc.
M. Garon: Envoyez donc!
M. Picotte: II a mentionné: "II est possible que dans
cette perspective de l'unification des deux laits, il y ait de l'argent
à mettre par le gouvernement là-dedans, pour bonifier toute
l'industrie laitière et la penser en termes d'industrie et de la
développer." Plus loin il a dit le 31 mai 1977 toujours: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil pourrait créer un plan tout à
fait nouveau avec une administration nouvelle, l'exemptant de
référendum. A ce moment, ce serait strictement
référé au lieutenant-gouverneur pour l'exempter du
référendum". Ce sont les paroles du ministre.
M. Garon: Le lait?
M. Picotte: Cela a été dit le 31 mai. C'est sur la
politique laitière, le 31 mai 1977.
M. Garon: Cela ne réfère pas au lait.
M. Picotte: Cela touchait la politique laitière. C'est
bien et bel inscrit au journal des Débats.
M. Garon: Ce que vous venez de lire pouvait s'appliquer à
n'importe quoi dans le deuxième paragraphe.
M. Picotte: On discutait de politique laitière à ce
moment.
M. Garon: On parlait...
M. Picotte: Ce n'était pas tellement compliqué. Il
n'était pas question de mélanger les choux avec les raves.
D'ailleurs, le ministre de l'Agriculture est tellement compétent
là-dedans qu'il ne peut pas mélanger des choux et des raves;
c'est impossible. S'il le faisait, on aurait tous l'air fou ici autour de la
table. S'il le fait, il peut le faire devant ses fonctionnaires, mais pas
publiquement. Cela a
été dit lorsqu'on étudiait la politique
laitière. Cela a été dit en tous mots par le ministre. Il
ne faut pas se surprendre qu'à ce moment l'unification des deux laits,
comme on le mentionne souvent, n'est pas pour demain matin. Possiblement que
ces gens autant le système coopératif que le syndicalisme
attendent que le ministre de l'agriculture, vu qu'il a parlé du
lieutenant-gouverneur en conseil... On sait que le lieutenant-gouverneur en
conseil c'est simplement le Conseil des ministres qui prend certaines
décisions. Ce n'est pas surprenant qu'au bout de deux ans
c'était le 31 mai 1977 et on est au 15 mai 1979; ça fait deux ans
le dossier n'ait presque pas avancé, comme on l'a
mentionné et c'est vous-même qui nous l'avez dit tantôt, que
le dossier n'a pas fait de grands bonds. C'est suite à certaines
déclarations et on ne peut pas nier ça. C'est en toutes lettres
dans le journal des Débats. Je me demande si le ministre a encore les
mêmes... Il peut, toutefois, annuler ses déclarations par d'autres
déclarations qu'il pourrait nous faire aujourd'hui, ce qui permettrait
deux ans après de recommencer le dossier. Ce n'est pas surprenant que
ces gens... à moins que les paroles du ministre ne veulent rien dire. A
ce moment, si le ministre nous assure que ses paroles ne voulaient absolument
rien dire, ça ne me donne absolument rien de continuer l'étude
des crédits.
M. Garon: Arrête ça!
M. Vaillancourt (Orford): Le ministre peut se relire à la
page B2195, le 31 mai 1977.
M. Garon: II n'y a rien de contradictoire à ce que
j'entends là.
M. Vaillancourt (Orford): C'est vrai que le ministre était
débutant. Il a pris de l'expérience.
M. Garon: II n'y a rien de contradictoire. J'ai dit au
début que je voulais intervenir et ce sont les producteurs
eux-mêmes qui m'ont demandé de ne pas intervenir. J'ai dit
ça tout à l'heure et il n'y a rien de contradictoire.
M. Picotte: Mais il reste que, suite à vos
déclarations, il n'y a rien qui s'est fait. Quand je vous ai
demandé tantôt si le ministre avait un rôle à jouer
là-dedans, vous n'avez pas tenu les mêmes propos.
M. Garon: Bien non, j'ai dit qu'au début je voulais
intervenir. Les producteurs m'ont demandé de ne pas intervenir. J'ai
pensé que c'était une solution sage parce qu'une solution dans ce
domaine devrait être de toute façon une solution
négociée, négociée en vue de règlements
entre le syndicalisme et les coopératives, négociée en vue
d'une loi spéciale, négociée... On dit, par exemple, que
la régie actuellement a nommé un médiateur. Pourquoi? Pour
les amener à discuter entre eux, trouver un compromis, une forme de
négociation. De toute façon, quelle que soit la formule prise, il
devrait certainement être question de négocier entre les
intervenants.
M. Dubois: Le ministre est en train d'avouer que le projet de loi
116 ou certaines dispositions du projet de loi 116 n'ont pas aidé
à rétablir l'harmonie entre ces deux géants du lait.
M. Garon: Je pense que le projet de loi 116 n'a pas eu d'effet
là-dessus.
M. Dubois: Non, mais de toute façon certaines dispositions
n'ont pas été prisées par une des deux grandes parties en
cause.
M. Garon: La plupart des procédures avaient
été établies devant la Régie des marchés
agricoles avant la loi 116. Cela n'a pas eu...
M. Dubois: D'accord, ce n'était pas le début, mais
cela n'a pas aidé quand mêma. En chemin, je pense qu'au lieu de
rétablir l'équilibre cela a nui à l'équilibre. Il y
a un déchirement qui persiste parce que le producteur agricole, qui est
aussi membre d'une coopérative, qui est aussi membre de l'UPA, veut
respecter les deux. Il veut respecter son syndicat, il veut respecter sa
coopérative. Il est déchiré entre les deux. Ce n'est pas
une situation enviable pour l'agriculteur, surtout pas pour le producteur
laitier présentement. Je pense que le projet de loi 116, dans certaines
de ses dispositions, n'a pas aidé à cette harmonie qui doit
exister.
M. Garon: Je suis convaincu que le projet de loi 116... Vous
voyez qu'actuellement il n'y a pas encore de coopérative de
fermée. Je me rappelle que l'Union Nationale disait: Je vous avais bien
dit dans le débat sur la loi 116 qu'on compterait les fermetures. On les
regarde et on surveille cela. On a un rapport hebdomadaire, mensuel. J'ai dit
aux fonctionnaires: Si vous en voyez qui ferme, vous me le direz. Malgré
la loi 116, il n'y a personne de fermé encore.
Le Président (M. Clair): Je pense qu'on s'éloigne
des crédits, M. le ministre.
M. Dubois: C'est une mesure qui peut être
préjudiciable sans nécessairement fermer une usine.
M. Garon: C'est ce que vous m'aviez dit.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Huntingdon, je viens juste de signaler...
M. Dubois: Elles ne ferment pas parce que...
Le Président (M. Clair): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je viens tout juste de signaler au ministre que la question de la
loi 116 m'apparaissait plus ou moins pertinente à la discussion des
crédits. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur...
M. Dubois: Cela touche la mise en marché.
Le Président (M. Clair): II me semblait qu'on prenait une
piste un peu éloignée du domaine des crédits. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Malheureusement, j'ai
dû m'absenter au moment où le ministre commençait à
donner une réponse aux questions que je lui avais adressées. J'ai
manqué cette...
M. Garon: Ce n'était pas le temps de partir quand je
commençais à vous répondre.
M. Giasson: Mais j'ai été appelé à
l'Assemblée nationale pour intervenir dans le débat sur la loi
97.
M. Garon: Deux lièvres à la fois.
M. Giasson: II y en a qui sont capables de prendre deux
lièvres à la fois, d'autres pas. Relativement au problème
que nous retrouvons...
Une Voix: Cela dépend de la grosseur des
lièvres.
M. Garon: La taille des lièvres.
M. Giasson: Relativement au problème, le ministre a
certainement apporté ses commentaires, je les ai manques, mais
j'aimerais savoir du ministre si présentement la Régie des
marchés agricoles a reçu une ou des enquêtes touchant
l'instauration et la reconnaissance d'un plan conjoint dans le lait industriel
qui aurait été placées par des coopératives,
demandes qui voudraient que ce plan conjoint soit limité dans son champ
d'application aux sociétaires des coopératives laitières
du Québec.
M. Garon: Je pense que oui.
M. Giasson: Est-ce que ces requêtes datent d'il y a
longtemps?
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'au cours de
l'étude des crédits le président de la Régie des
marchés agricoles va être présent? Il y aurait
peut-être lieu de réserver ce genre de questions à ce
moment.
M. Giasson: Oui, mais je présume que le ministre doit
suivre ce dossier de très près.
M. Garon: Oui, je ne pourrais pas vous donner de date, mais il y
a eu une demande du mouvement coopératif.
M. Giasson: Et devant une telle requête, est-ce que le
ministre croit qu'il devra considérer une demande aussi précise,
aussi expresse?
M. Garon: C'est une requête à la régie.
M. Giasson: A la régie, mais la régie, c'est proche
parent du ministre.
M. Garon: Non. Il ne faut pas mélanger les affaires.
Actuellement, c'est devant la régie et autant que possible j'ai
essayé, depuis deux ans et demi, de ne pas jouer le rôle de la
régie, de ne pas prendre la place de la régie, mais de lui faire
jouer son rôle à 100%.
Évidemment, c'est plus fatiguant pour la régie, mais il
faut que la régie joue son rôle de régie et je ne peux pas
lui dire quoi faire. C'est elle qui doit analyser les dossiers au mérite
pour voir quelle est la meilleure solution.
M. Giasson: M. le Président, le ministre a signalé
tout à l'heure, juste au moment où je quittais, que, dans sa
perception des choses, il croyait fondamentalement que la solution
résiderait d'abord dans une négociation entre les parties,
même s'il fallait aller jusqu'à une loi spéciale.
Est-ce que le ministre est informé que la négociation est
commencée, qu'elle se fait présentement et est-il permis de
croire que la Fédération des producteurs de lait industriel devra
se retirer de cette négociation? Est-ce que ça peut être le
seul moyen de se retirer du champ de l'administration d'un plan conjoint de
lait industriel?
M. Garon: Nous n'avons jamais envisagé cette
hypothèse jusqu'à maintenant. Seulement, il y a autour de 20 000
producteurs dans la Fédération des producteurs de lait
industriel.
M. Giasson: Pour l'instant, si je comprends bien, il ne s'agit
pas d'une hypothèse qui est tombée sur la table. Mais quelles
sont les autres hypothèses que le ministre voit dans ce domaine, les
autres hypothèses de solutions de ce qui pourrait faire l'objet des
négociations?
M. Garon: C'est au stade où il y a un arbitre, un
médiateur qui est nommé par la régie et il y a discussion
entre les intervenants.
C'était la solution la plus équitable.
M. Giasson: Si la médiation se traduisait par un nouvel
échec, quels sont les gestes que le ministre entend poser?
M. Garon: Quels gestes poseriez-vous?
M. Giasson: Ce n'est pas moi qui suis ministre. C'est vous en
face de moi, C'est pour ça que j'ai le droit d'adresser des questions au
ministre.
M. Garon: Répondre immédiatement, ce serait
présumer d'une façon pessimiste du résultat des
discussions. Ce serait anticiper d'une façon pessimiste les discussions
qu'il pourrait y avoir avec les médiateurs. Je préfère
voir d'une façon optimiste les résultats des rencontres.
D'ailleurs, la dernière fois que j'ai vu les gens des
coopératives, ils me disaient: Vous seriez surpris si on trouvait une
solution, en voulant dire: on peut en trouver une bien plus que vous le pensez.
J'étais bien content de voir leur attitude d'esprit qui était
positive.
M. Giasson: C'est le monde de la coopération qui vous
indiquait qu'il pouvait trouver facilement une solution?
M. Garon: Cela peut être possible, mais ce serait... il y a
des gens qui sont encore assez optimistes sur les possibilités. C'est
évident.
M. Giasson: Mais vous ne pensez pas, M. le ministre, qu'il est
beaucoup plus facile d'être optimiste quand on possède davantage
le nerf de la guerre, par rapport à d'autres parties? Cela aide à
l'optimiste. On peut l'être longtemps.
M. Garon: Quel nerf de la guerre.
M. Giasson: Vous le savez comme moi que la coopération,
dans le contexte que nous constatons, a le bon bout du bâton. C'est elle
qui présentement se charge de percevoir tout l'argent au plan de
l'administration et que le matin où elle cesse de le percevoir, qu'il
est beaucoup plus compliqué et très difficile pour l'autre partie
d'aller percevoir cet argent directement de chacun des producteurs
impliqués. C'est facile d'être optimiste, quand on sait qu'on
occupe la bonne position et le grand fauteuil et que l'autre est placé
dans une situation terriblement difficile. Si vous me disiez que c'est la
Fédération des producteurs de lait industriel qui est optimiste,
ça me plairait davantage. C'est celui qui est en position plus faible
qui deviendrait optimiste.
M. Garon: Oui, en même temps, ce sont les dirigeants de
l'UPA qui m'ont demandé de ne pas intervenir.
M. Giasson: Vous avez eu une demande expresse de la direction de
l'UPA de ne pas toucher à ce dossier?
M. Garon: Au printemps 1977.
M. Giasson: En 1977, mais en 1979 est-ce que vous avez
l'impresion que cette demande de l'UPA tient toujours?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Ils ne veulent aucune intervention au palier
politique?
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, je m'excuse de vous
interrompre; je vous remercie de votre collaboration. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 59
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
La commission permanente de l'agriculture est réunie pour
continuer l'étude des crédits du ministère de
l'Agriculture.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, au moment de ce que
j'appellerais une réplique du ministre en cours de journée,
après les interventions du représentant de l'Union Nationale et
celles que j'avais faites, le ministre a commenté quelques-unes des
questions que nous avions posées ou a fait référence
à des silences que j'avais signalés de sa part sur certains
champs d'activités touchant le ministère de l'Agriculture. Il a
dit quelques mots sur le plan conjoint du porc. Mais j'aimerais savoir de
façon un plus explicite quelles sont les sommes qui ont
été perçues pour l'administration du plan conjoint du
porc.
M. Garon: Je ne peux pas le dire comme ça. Je ne sais
même pas si la régie pourrait répondre. Sans
vérifier, je sais qu'il y a eu des ententes avec des abattoirs, mais je
ne connais pas le nombre d'abattoirs. Dans le temps, il y a quelques mois, on
m'a dit qu'il y avait eu des ententes.
M. Giasson: Les abattoirs, à la connaissance du ministre,
auraient-ils donné suite à ces ententes? Auraient-ils retenu les
prélevés à la source?
M. Garon: Je ne peux pas répondre avec certitude. Il
faudrait vérifier auprès de la fédération.
M. Giasson: On pourrait le demander aux représentants de
la Régie des marchés agricoles qui doivent certainement suivre de
plus près le fonctionnement et l'administration des différents
plans conjoints.
M. Garon: Cela m'étonnerait qu'ils sachent tout
ça.
M. Giasson: Je comprends que c'est leur "job", mais tout de
même le plan conjoint a été institué à partir
d'une volonté qui était celle du ministre de l'Agriculture.
Habituellement, le ministre doit suivre d'assez près ses jeunes
bébés.
M. Garon: Mais ce sont des bébés qui ont grandi.
(20 h 15)
M. Giasson: Justement, on veut savoir jusqu'à quel point
ils ont grandi. La preuve de leur évolution rapide et de leur
développement réside dans la capacité d'obtenir les
sources qui sont utiles au développement et à l'accroissement de
la structure que le ministre a créée et mise en place.
M. Garon: C'est du paternalisme.
M. Giasson: Oui. Quand on est parrain ou qu'on est père
d'un projet, il y a une forme de paternalisme.
M. Garon: Ce serait un peu comme le père de famille qui
voudrait compter l'argent dans les poches de son garçon une fois qu'il
est marié. Ce serait aller un peu loin.
M. Giasson: Mais votre jeune n'est pas encore marié, il
n'a même pas commencé à marcher.
M. Garon : II s'exerce.
M. Giasson: Quoi qu'il en soit...
M. Garon: Villeneuve n'a pas couru bien longtemps avant de gagner
des courses.
M. Giasson: A quel moment le ministre croit-il qu'il devra
instaurer des contingentements et établir des quotas dans la production
du porc au Québec?
M. Garon: Ce n'est pas le ministre qui établit cela. Ce
sont les fédérations de l'assemblée générale
des producteurs qui peuvent le demander à la régie, ce n'est pas
le ministre qui établit les contin-gements.
M. Giasson: Mais le ministre ne croit pas que dans
l'expérience qui va se vivre très prochainement dans cette
production, en matière de prix, que les producteurs devront subir ou
accepter, il va être appelé à poser des gestes pour en
sauver un certain nombre qui vont l'amener à parler de contingentement
et de quotas?
M. Garon: Un contingentement à l'intérieur du
Québec, sans contrôle sur les importations et les exportations,
cela n'aurait pas de signification.
M. Giasson: Mais comment concevoir qu'un plan conjoint qu'on
décrète puisse atteindre des fins spécifiques et
précises si vous déclarez qu'il n'y a pas possibilité de
contingentement? Est-ce que vous croyez qu'un plan conjoint peut atteindre les
fins pour lesquelles il est créé si vous n'avez pas de
contrôle sur la production?
M. Garon: Oui. Cela dépend des productions, des fins
recherchées. Je pense, par exemple, au plan conjoint de la pomme. On
n'avait pas recherché de contingentement.
M. Giasson: Mais à longue échéance?
M. Garon: Même à longue échéance, cela
dépend des types de production.
M. Giasson: Je parle des productions où on est
autosuffisant. C'est sûr que si on va vers des productions où on
est obligé de faire venir le produit d'une autre province, il n'y a pas
de problème en matière de quota ou de contingentement, mais
lorsqu'on touche à des productions où on a presque ateint
l'autosuffisance...
M. Garon: ... mettre des contingents, c'est là qu'on peut
développer. Ce ne serait sûrement pas la raison, à ce
moment-là.
Il semble que la production canadienne du porc, actuellement,
représente 5% de la production nord-américaine et, dans
l'état actuel des choses, le Québec est compétitif en
regard des producteurs des autres provinces du Canada et des Américains.
Alors, il n'est pas question de contingentement à l'heure actuelle.
M. Giasson: Mais si la volonté des Américains
d'accroître leur production de porcs de 20% au cours de l'année
qui débute se réalise, le ministre croit-il toujours qu'on va
être compétitifs? On va être compétiteurs et on va
être capable de faire face à cette concurrence?
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Giasson: Non, mais vous êtes au courant de la
volonté de l'économie agricole des Etats-Unis d'accroître
de façon assez importante sa production.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: 20% d'augmentation de la production du porc aux
Etats-Unis équivaut à quoi par rapport à la production
canadienne?
M. Garon: II y a plusieurs facteurs. Il y a la production du
porc, les céréales, il y a le dollar canadien. Le dollar canadien
remonte un peu parce qu'il y a des élections. Si le gouvernement
libéral est réélu, il pourrait aussi bien retomber.
M. Giasson: Mais si Fabien Roy est élu, il va
régler le problème. Si Fabien Roy est élu dans la Beauce,
il a la solution aux problèmes.
M. Garon: II va faire quoi?
M. Giasson: Vous le savez. Vous connaissez la thèse de
Douglas, la thèse créditiste. Cela règle bien des
choses.
M. Garon: Avec un déficit de $13 milliards, pour moi, le
ministre Chrétien a pris la même thèse.
M. Giasson: Non, avec la thèse Douglas, il n'y a pas de
déficit. On crée toujours de l'argent.
Une Voix: II devrait connaître ça, il appuie
Fabien.
M. Giasson: Quand il y a des incartades, très souvent,
c'est le ministre qui en est la cause.
M. Garon: II y a plusieurs facteurs qui entrent en ligne de
compte. Il y a plusieurs variables. Dans le marché actuel, le
comportement est actuel. Dans un marché qui se
détériorerait... Je vais vous donner un exemple: On pourrait
faire la promotion du porc, aux Etats-Unis on consomme 65 livres de viande de
porc par tête. Ici, c'est 55 livres. On a changé d'orientation
maintenant depuis qu'on a amélioré le service d'information du
ministère. Mais à Pâques, on annonçait de l'agneau.
On l'importe à 93%. On serait peut-être mieux de faire la
promotion du porc. Au moins, on le produit ici.
Alors, il pourrait y avoir moyen de faire des productions, d'orienter
les promotions et la publicité sur le porc québécois. Au
Québec, on a la curieuse manie de consommer en moins grande
quantité les produits qu'on fait le mieux et de consommer en grande
quantité les produits qu'on fait le moins. Il faudrait réajuster
ça. Le lait, par exemple, c'est nous qui en faisons le plus et c'est
nous qui en consommons le moins au Canada. Le porc, c'est nous qui en faisons
le plus et c'est nous qui en mangeons le moins. Le boeuf, on n'en fait pas et
on en mange à mort. Alors, il y a quelque chose qui ne va pas. Il
faudrait rajuster notre consommation en fonction de nos productions. Il
faudrait davantage orienter c'est commencé graduellement avec la
promotion des produits québécois grâce à une
meilleure information sur les bonnes périodes de l'année des
produits... C'est commencé, mais ça ne peut pas porter des fruits
immédiatement. Il y a possibilité d'orienter davantage la
consommation québécoise vers les produits qu'on produit comme le
porc.
D'ailleurs, je ne sais pas si vous vous rappelez que des recherches
médicales ont démontré que la viande de porc était
la viande la plus maigre, à condition de ne pas manger le gras
autour.
M. Giasson: C'est une vérité de La Palice.
M. Garon: Le gras dans la viande de boeuf, excepté s'il
s'agit du limousin, est intercalé dans la viande. On voit les courants
de gras dans la viande. Dans le porc, c'est un maigre concentré; le gras
est à l'extérieur. C'est une viande qui est assez maigre.
Maintenant, les médecins révisent leurs théories sur le
cholestérol, comme vous pouvez le voir. Ceux qui ont un taux de
cholestérol élevé ne devraient pas manger de gras. Par
ailleurs, on s'est aperçu que le cholestérol combattait le
cancer. Un gars qui combat son cholestérol pourrait encourager son
cancer. C'est compliqué aujourd'hui avec les nouvelles...
M. Giasson: Le ministre a fait allusion au programme
d'assurance-stabilisation. Est-ce qu'il est dans son intention d'instaurer de
nouveaux programmes d'assurance-stabilisation?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Quelles sont les productions qui vont être
touchées?
M. Garon: En premier, les céréales comme l'orge,
l'avoine, le blé, les grains. Cela serait la première ligne, la
première orientation de la stabilisation. On espère avoir
terminé le calcul des coûts et établir un plan le plus
rapidement possible. J'espère même que ça pourra
s'appliquer cette année, si c'est possible.
M. Giasson: Au cours de l'année financière
1979/80?
M. Garon: Si c'était possible, oui. Mais il y a des
prévisions budgétaires. C'est le rythme de la discussion,
l'établissement des coûts de production, l'établissement du
régime qui vont faire foi de tout.
M. Giasson: Est-ce que le ministre prévoit, à
même son budget, à même ses crédits, la quote-part
qui pourrait faire face à des réclamations éventuelles
pour stabiliser les revenus dans les productions nouvelles, dans
l'hypothèse où le coût moyen ne serait pas en accord avec
les normes qui manquent? Dans les céréales...
M. Garon: On a prévu un montant pour les petites
céréales.
M. Giasson: Les petites céréales.
M. Garon: Les petites céréales, cela veut dire
les gens appellent cela comme ça les grains: l'orge,
l'avoine, le blé.
M. Giasson: M. le Président, étant donné que
mon collège de Huntingdon voulait intervenir sur ces
thèmes-là, je reviendrai, quitte à revenir avec d'autres
questions.
Le Président (M. Clair): M. le député
d'Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. C'était au
niveau du porc, pour faire suite aux questions de mon collègue de
Montmagny-L'Islet. Pour le pourcentage d'autosuffisance au Québec, dans
le porc, est-ce que vous avez une indication assez précise, M. le
ministre?
M. Garon: Près de 140.
M. Dubois: Dans certains milieux, on dit qu'au-delà du
prix des intrants ou des céréales et de l'échange de
l'argent américain, on dit que la qualité du porc au
Québec est supérieure à celle des États-Unis, que
nos méthodes de production sont supérieures et que la
génétique est plus avancée ici qu'aux États-Unis.
Apparemment, on se situe, selon certains experts, au premier plan de la
production nord-américaine au niveau de la qualité de nos
méthodes. Vu la qualité de notre production, même si le
dollar fluctue à un point tel qu'il est peut-être moins rentable
de produire le porc ici, il reste quand même que sa qualité sera
toujours là, c'est quand même un avantage marqué.
M. Garon: La qualité compte pour un certain prix la livre,
mais si vous avez en même temps un changement dans le taux du dollar
américain et du dollar canadien, et que vous avez en même temps
une nouvelle politique des grains dans l'Ouest, vous pouvez prendre une moyenne
culbute.
M. Dubois: Si on prend seulement un coût de 30%, cela va
nous affecter.
M. Garon: Non. Les gens, pour de la qualité, sont
prêts à payer tel prix de plus, mais ce n'est pas hors limite. Il
y a une limite pour le prix. Par exemple, il y a une prime pour le porc
québécois parce qu'on m'a dit qu'il y avait un taux de P.S.I. qui
était plus bas, ce qui permettait une conservation dans le magasin
à l'étalage de quelques jours de plus. Cela vaut de l'argent. Je
pense qu'on paie $0.10 la livre de plus...
Une Voix: Pas autant que cela.
M. Garon: II me semble que c'est $0.10. C'est à cause du
taux de P.S.I, qu'on vend plus aux États-Unis et au Japon. Mais,
supposons que... Ce taux vaut un certain montant d'argent. Mais, il y a une
limite pour cela. On est prêt à payer quelques cents de plus la
livre, mais pas n'importe quel montant.
M. Dubois: II y a aussi le fait que sur le marché
nord-américain, New York, Boston, Philadelphie, on a quand même...
Au niveau du transport dans certaines régions du Québec, on est
plus près d'eux, que les régions productrices
américaines.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Alors, c'est un autre avantage qu'on a.
M. Garon: Oui, et cela est un peu comme lorsque le steak en
tranche est trop cher vous mangez du steak haché. Si le steak
haché est trop cher, vous mangez du "baloney". C'est la même chose
dans les autres produits. Il y a une question de degré
là-dedans.
M. Dubois: II semblerait que notre haut taux de suffisance ici
ferait peur au ministère jusqu'à un certain point dans la
production du porc. J'aimerais connaître vraiment ce qui fait peur au
ministère sur le fait qu'on a un très haut degré de
suffisance. Par contre, je suis d'accord que si le coût des
céréales augmente, si le dollar fluctue, cela peut nous
pénaliser, je suis bien d'accord. Mais, apparemment, au
ministère, on a peur, considérant que notre taux de suffisance
est rendu très élevé et que... En fait, on a peur des
résultats futurs dans le porc.
M. Garon: Ce n'est pas le taux lui-même, mais pour celui
qui est rentré dans la production, il a tant d'années, il a trois
ans, deux ans, quatre ans, cinq ans, il a déjà amorti une partie
de sa capitalisation. (20 h 30)
Mais celui qui embarque immédiatement, et si le prix tombait dans
trois mois, il n'a pas amorti un sou de sa capitalisation. Celui, en plus, qui
veut se bâtir une porcherie sur un terrain un peu plus large que la
grandeur de la porcherie. La porcherie, par exemple, est de 20 000 pieds
carrés, et il veut la bâtir sur un acre de terre ou deux acres de
terre, ses risques sont plus grands que d'autres qui ont d'autres types qui
produisent une petite partie de l'alimentation de leur porc ou qui produisent
d'autres productions qui peuvent aider à cette production. Depuis
quelque temps, il y a des gens qui sont entrés dans la production du
porc qui n'avaient rien à faire dans cette production. Il y a des
professionnels, des comptables; j'ai vu un ingénieur l'autre jour qui
voulait entrer dans le porc. Entrer dans le porc, c'est une façon de
parler; commencer la production du porc. Je ne suis pas convaincu que ce soit
souhaitable.
M. Giasson: II faut tout de même avoir des connaissances
dans ce domaine.
M. Garon: Oui, ce qui va arriver l'enjeu est
là-dedans c'est que si trop d'amateurs entrent dans la production
du porc, l'ensemble du porc québécois va avoir une qualité
moindre. Ce sont tous les producteurs dans l'ensemble qui vont s'en
ressentir.
M. Giasson: Au prix que ça coûte pour
l'installation, j'imagine qu'il n'y a pas tellement d'amateurs quand même
qui se présentent à l'Office du crédit agricole pour avoir
un prêt, à moins que ce soit un millionnaire amateur.
M. Garon: Quand je vous dis amateur, je ne veux pas dire un
gars...
M. Giasson: C'est ça, parce qu'il n'a pas besoin de
financement.
M. Garon: Je veux dire un amateur, c'est un homme qui n'est pas
un spécialiste de la production du porc.
M. Dubois: Oui, et qui n'est pas désireux d'avoir des
financements, qui n'a pas besoin d'avoir de financement de l'office. A ce
moment, il y va seul, en autant qu'il a un permis du ministère de
l'Environnement. C'est pour ça que j'indiquais ce matin que...
M. Garon: Dans plusieurs pays, on interdit la production du porc,
à moins qu'on ait les terres suffisantes pour étendre le lisier.
Quand des gens veulent avoir leur porcherie, et qu'ils ont uniquement le
terrain pour bâtir la porcherie et le stationnement pour son automobile,
je n'encourage pas ça, en tout cas. Je vais vous dire bien franchement,
je trouve que c'est un manque de bon sens.
M. Dubois: Mais étant donné que c'est la production
porcine qui affecte le plus l'environnement, n'est-ce pas souhaitable que
l'environnement agricole sr.it repris par le ministère de l'Agriculture?
Ce sont deux choses qui vont bien ensemble. Si les permis du ministère
de l'Environnement sont contrôlés par le ministère de
l'Agriculture, à ce moment, vous n'êtes pas obligé
d'émettre un permis à quelqu'un qui est un amateur dans le porc,
même s'il est millionnaire.
Tandis que présentement, au niveau de l'environnement, ils sont
autonomes, quand même. Si la personne n'a pas besoin de crédits,
si le ministère de l'Environnement lui donne un permis, il ne va nulle
part.
M. Garon: Ce n'est pas le gouvernement qui peut dire à
quelqu'un: Toi, tu pourras produire, toi tu ne pourras pas.
M. Dubois: Mais il y a un certain contrôle, quand
même, qui peut s'exercer.
M. Garon: Vous allez nous mener dans un Etat pire qu'un pays
socialiste.
M. Dubois: Non, mais vous parlez de l'environnement...il y a
sûrement un problème d'environnement dans la production du porc.
Vous pouvez aller à l'Office du crédit agricole, vous n'aurez
peut-être pas de prêt. Vous pouvez avoir un permis au
ministère de l'Environnement quand même.Alors, si les deux
étaient joints au même ministère, il pourrait y avoir un
meilleur contrôle. Cela serait plus logique quand même au niveau
administritif. La question de l'environnement agricole remis à
l'agriculture a déjà été soulevée. Ce sont
deux choses qui vont bien ensemble.
M. Garon: Je sais qu'il y a des agriculteurs qui souhaiteraient
que le ministre de l'Environnement soit le ministre de l'Agriculture. Je
n'essaie pas de fouetter les chats des autres.
M. Dubois: II y a des ministres qui ont trois ou quatre
portefeuilles. Alors, ce n'est pas un problème. On a un ministre
physiquement capable de prendre deux ministères.
M. Garon: En masse.
Le Président (M. Clair): D'autres questions sur les
mêmes sujets, M. le député de Huntingdon? On peut revenir
au député de Montmagny-L'Islet? M. le député.
M. Giasson: J'aimerais également demander au ministre
qu'il dépose ou qu'il me fasse mention de l'organigramme du
ministère, ne serait-ce que pour rappeler aux membres de
l'Assemblée nationale qui travaillent à la commission
parlementaire de l'Agriculture, nous rappeler quelle est la structuration de ce
ministère et qui assume quoi, qui relève de qui, qui prend charge
de tel programme ou telle responsabilité au ministère. Est-ce que
vous pourriez nous donner les champs de responsabilités de chacun, s'il
vous plaît?
M. Garon: Vous voulez dire la structure, le cadre?
M. Giasson: La structure et les champs de responsabilités
dévolus à chaque cadre auprès du ministre, comme les
sous-ministres doivent assumer chacun des dossiers très
spécifiques.
M. Garon: Dans le titre, c'est clair. Les titres ont
été changés pour...
M. Giasson: Cela ne fait rien, cela va nous informer. J'imagine
que vous avez cela au ministère, c'est fondamental.
M. Garon: Je n'en ai pas besoin, je le sais par coeur.
M. Giasson: Même la plus petite entreprise partage des
tâches et assume des responsabilités propres à chacun
à l'intérieur de la structure. On vous écoute.
M. Garon: On va vous l'apporter.
M. Giasson: Vous n'avez pas cela de mémoire?
M. Garon: On l'a de mémoire, mais vous demandez
l'organigramme.
Qu'est-ce que vous voulez savoir?
Cela dépend de ce que vous voulez. Vous voulez avoir
l'organigramme ou vous demandez qu'on vous explique?
M. Giasson: L'organigramme, vous pouvez donner les explications,
même si on n'a pas le graphique devant nous.
M. Garon: Je pensais que vous vouliez avoir l'organigramme
physiquement et poser des questions ensuite.
M. Giasson: Partons avec cela, quitte à ce que demain, on
nous dépose le graphique.
M. Garon: II y a le sous-ministre en titre.
M. Giasson: Quelles sont les responsabilités de
chacun?
M. Garon: Le sous-ministre en titre a la responsabilité de
l'ensemble. De lui dépendent le contentieux et l'information. Ensuite,
vous avez quatre sous-ministres adjoints: Le sous-ministre adjoint à
l'administration, à la recherche et à l'enseignement, le
sous-ministre adjoint...
M. Giasson: M. le ministre, on va simplifier cela. Vous avez
déposé la liste des sous-ministres.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: M. Ouellet, sous-ministre en titre.
M. Garon: Sous-ministre en titre, oui.
M. Giasson: Droit de regard global.
M. Garon: Sur l'ensemble. Plus l'information.
M. Giasson: M. Jean-Guy Charbonneau, quels sont les directions ou
les secteurs de responsabilités qui lui sont propres?
M. Garon: Les productions régionales, ce qu'on appelait
autrefois le sous-ministre de la production. On dit aujourd'hui sous-ministre
des affaires régionales. Il s'occupe des régions.
M. Giasson: Ce qui était la production autrefois, ce sont
les affaires régionales.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: M. Léo-Jacques Marquis?
M. Garon: Commercialisation.
M. Giasson: M. Dagenais?
M. Garon: Etudes économiques, planification
économique.
M. Giasson: M. Therrien?
M. Garon: Administration, recherche et enseignement.
M. Giasson: Et vous allez déposer l'organigramme, le
graphique. Très bien.
Est-ce que le ministre entend donner suite aux revendications de l'UPA
qui, face à l'accroissement du coût des moulées au cours
des derniers mois, a réclamé une enquête complète
sur les coûts des moulées au Québec?
M. Garon: On a fait plus que cela. Nous allons faire faire une
étude au ministère, section études économiques, sur
les intrants agricoles au niveau de l'agriculteur, c'est-à-dire le
coût des moulées, le coût des pesticides, le coût des
insecticides, le coût des engrais chimiques, la gazoline, la machinerie,
et on va essayer, dans l'avenir, de suivre le prix de ces intrants de
façon régulière.
Tranquillement, je voudrais qu'au ministère de l'Agriculture, on
en vienne à établir nos statistiques, parce qu'on attend
après tout le monde, comme c'est là. On attend après le
ministère de l'Industrie et du Commerce qui, lui-même attend
après le gouvernement fédéral. Finalement, quand on
reçoit les statistiques, elles ne sont plus utilisables, parce qu'elles
sont trop vieilles.
M. Giasson: ... entendez instaurer votre programme de
statistiques?
M. Garon: Pas d'un coup sec, mais...
M. Giasson: Mais si vous voulez déboucher sur des
études très complètes et très...
M. Garon: On peut faire des études sans avoir un service
de statistiques. Il s'agit de les avoir, les statistiques, ailleurs. Mais on
dit qu'à long terme...
M. Giasson: Mais le ministre déplore que...
M. Garon: Cela prend trop de temps. Lorsqu'on veut suivre les
intrants, par exemple, suite à cette demande, on va étudier la
question des intrants et on va essayer d'établir une méthode pour
suivre la question des intrants, de façon régulière, tous
les mois. Cela veut dire le prix des moulées, les insecticides, les
pesticides, les herbicides et les engrais chimiques.
M. Giasson: Comme cela, vous ne donnerez pas suite
immédiatement à la demande de l'UPA?
M. Garon: Cela va être encore plus vaste.
M. Giasson: Vous allez présenter un autre projet qui sera
celui d'une étude...
M. Garon: Pour la moulée seulement.
M. Giasson: C'est-à-dire que vous voulez une
enquête. Ce n'est pas seulement une étude que l'UPA a
demandée, c'est une enquête.
M. Garon: On ne fera pas une enquête dans le sens... Une
étude sur le prix, oui, on fait une étude sur le prix.
M. Giasson: Le ministre ne pense-t-il pas qu'il serait utile de
dépasser encore ce palier-là, de dépasser le palier qu'il
vient de décrire et de mener une véritable recherche
disons une recherche au lieu d'une enquête sur l'ensemble du
coût qu'on retrouve dans l'agro-alimentaire, non pas seulement les
secteurs qui composent les coûts de production, mais l'ensemble de
l'opération se rendant jusqu'au niveau de la mise en marché,
parce qu'il y a un phénomène qui se produit, c'est que les
consommateurs québécois, face à la montée du prix
de certains produits agricoles, ont commencé à réagir et
vont réagir davantage? On va devoir un jour prouver que ces prix qui
deviennent quasi prohibitifs dans certains secteurs de l'alimentation ne sont
pas dus à des prix trop forts à la ferme, parce que le danger qui
nous guette, somme toute, c'est que, du côté de la consommation,
on pense que dans toute la chaîne de l'agro-alimentaire qui a
déjà un vice, des gens prennent une marge de profits trop grosse
dès le départ au niveau de la ferme. Cela devient important, je
pense, de connaître l'ensemble des coûts sur toute
l'opération.
M. Garon: C'est la demande que j'avais faite le 15 janvier 1978
à la Conférence fédérale-provinciale de Winnipeg
quand j'avais demandé que le gouvernement fédéral qui
publie les statistiques sur l'indice des prix de l'alimentation nous
décortique les prix en nous donnant, comme statistiques à tous
les mois, non pas le panier du consommateur mais le prix de l'agriculteur. Je
veux dire le prix des intrants, le prix agricole, le cultivateur qui
reçoit $0.30. Le prix des intrants, je pense que, si ma mémoire
est bonne, c'est quasiment $0.20. Il reste $0.10 à l'agriculteur,
à peu près. Le prix de la transformation, si ma mémoire
est bonne, c'est autour de $0.60. Je lui ai demandé le prix de la
distribution mais nous n'avons pas encore eu de
réponse à cette demande. Aux Etats-Unis ce n'est pas comme
cela. Par les statistiques, au lieu de porter des accusations fausses, on
rendait compte par exemple que la partie de l'argent qui va à
l'agriculteur est minime dans l'ensemble.
M. Giasson: Mais encore faut-il être en mesure de le
prouver de façon irréfutable.
M. Garon: C'est cela.
M. Giasson: Quelles sont les mesures que le ministre de
l'Agriculture a prises afin de donner suite aux demandes ou aux recommandations
du Vérificateur général de la province qui, dans son
rapport, a consacré quelques chapitres à l'examen de
l'étude des opérations comptables du ministère et des
contrôles que celui-ci peut établir sur certains des programmes
qu'il a à administrer?
M. Garon: On part de quelle date?
M. Giasson: C'est le dernier rapport du vérificateur,
celui pour l'année financière 1977/78, le dernier qu'on
connaisse.
M. Garon: Suite au rapport du vérificateur, il y a une
équipe qui travaille actuellement pour améliorer les
contrôles. On me dit que vers le 1er juillet 1979, on devrait avoir un
certificat du bureau du contrôleur des finances certifiant que les
méthodes administratives ou de contrôle du ministère de
l'Agriculture sont complètement étanches. (20 h 45)
M. Giasson: Enfin, est-ce que le ministre entend continuer
à assumer la même responsabilité en ce qui a trait au
chemin dit à vocation agricole?
M. Garon: Vous savez que c'est quelque chose qui se
répète d'année en année. Cette année, oui,
le ministre des Transports m'a confirmé qu'il y aurait une somme de $3
500 000 dont la répartition va être effectuée aux
municipalités pour les chemins municipaux à vocation agricole par
le ministre de l'Agriculture.
M. Giasson: Les critères d'éligibilité ou
d'admissibilité selon les priorités ne sont pas modifiés.
Est-ce que cela va fonctionner sur les mêmes données, les
mêmes bases?
M. Garon: C'est-à-dire qu'il va y avoir, à ce
moment, les mêmes... D'abord, les différents ordres de
priorités. Les premières priorités: les chemins qui sont
habités par des agriculteurs; deuxième priorité: ceux
où il y a des champs qui sont utilisés par les agriculteurs
même s'il n'y a pas d'agriculteurs qui demeurent dans ces endroits:
troisième priorité: les chemins forestiers qui mènent
à des forêts ou des routes qui relient les chemins agricoles,
etc.
M. Vaillancourt (Orford): Les chemins à l'intérieur
d'une érablière, est-ce que c'est inclus dans cela?
M. Garon: Non. On parle de chemins municipaux à vocation
agricole, pas de chemins privés.
M. Giasson: Enfin, il est une mesure sur laquelle j'ai eu, au
cours de la dernière année, des questions venant de
différents producteurs. C'est celle de l'application, dans le secteur
des travaux mécanisés, des choix pour les chemins qui vont
à des érablières ou boisés de ferme. Quelle est
exactement la réglementation qui régit ce secteur?
M. Garon: C'est la même norme que pour les acrages en
culture, trois quarts d'heure l'acre pour les chemins qui desservent les
érablières ou qui desservent les projets de ferme, à
condition qu'il s'agisse non pas de la coupe à blanc du boisé de
ferme, mais d'une exploitation rationnelle.
M. Giasson: Cela va bien jusque là. Maintenant, autre
étape: Est-il requis que le boisé de ferme ou
l'érablière soit situé sur la ferme en culture ou si le
cultivateur, comme cela se produit souvent, qui possède des terrains
boisés qui l'alimentent en bois ou sur lequel il peut tirer du bois de
pulpe et une érablière qui est située en dehors de sa
ferme cultivée...
M. Garon: On accepte, on paie sur des boisés de ferme qui
ne sont pas situés en continuité de la ferme, qui sont
situés un peu plus loin que la ferme, mais à condition que cela
ne dépasse pas la norme de trois quarts d'heure l'acre en culture.
M. Giasson: Croyez-vous que cette réglementation est
observée par l'ensemble des bureaux d'agronomes sur tout le territoire
du Québec? Vous n'êtes pas sûr?
M. Garon: Je ne sais pas.
M. Giasson: Vous ne le savez pas?
M. Garon: C'est supposé être appliqué de
cette façon, mais la façon de l'interpréter et de
l'appliquer...
M. Giasson: Normalement, selon les modalités que vous avez
déterminées, même si le boisé ou
l'érablière n'est pas situé sur le site de la ferme
elle-même, si c'est dans un autre rang ou deux rangs plus haut, ces
gens-là seraient admissibles aux travaux mécanisés pour
aménager une route d'accès à l'érablière ou
au boisé. Mais pourquoi a-t-on refusé à de vrais
cultivateurs authentiques, à des producteurs agricoles dans un
comté comme le mien des heures octroyées?
M. Garon: C'était pour le chemin conduisant à leurs
boisés...
M. Giasson: Ces cultivateurs, qui n'avaient pas pour
l'instant...
M. Garon:... pour faire un chemin conduisant à leurs
boisés...
M. Giasson: ... de travaux...
M. Garon:... utilisé ces heures pour autre chose.
M. Giasson: Non, ils n'avaient pas de travaux à faire
faire sur la terre en culture. Ces projets, ces besoins de l'année,
c'était la pénétration dans ces boisés.
M. Garon: II y a eu une interprétation... il a
raison...
M. Giasson: Est-ce qu'il y aurait possibilité qu'on
informe tous les bureaux d'agronomes du Québec? Ce qui crée des
commentaires défavorables, c'est que dans un comté un bureau
d'agronomes interprète ça dans le sens que vous venez de le
faire, soit que les cultivateurs en bénéficient, tandis que dans
le comté voisin, parce que c'est un autre bureau d'agronomes qui juge et
applique la mesure, ce n'est pas possible, ce n'est pas permis.
M. Garon: Cette année, il faut dire que le cahier de
charge utilisé dans le secteur du génie a été
entièrement refait; il a été clarifié pour qu'il
soit compris par tout le monde et on s'attend qu'il y ait une
interprétation uniforme de la réglementation parce que le cahier
de charge est censé être assez précis cette
année.
M. Vaillancourt (Orford): C'est peut-être ça qui
manquait dans le passé. Il n'était pas assez précis, parce
qu'on a vu, comme mon collègue le dit, plusieurs bureaux d'agronomes ne
pas interpréter la politique des travaux mécanisés de la
même façon.
M. Garon: Maintenant, il y a un cahier de charge très
précis cette année.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que tous les agriculteurs qui
possèdent des boisés peuvent bénéficier des travaux
mécanisés? Les producteurs d'arbres de Noël, est-ce qu'ils
peuvent en bénéficier aussi?
M. Garon: La limite, c'est trois quarts d'heure l'acre en
culture, tout le temps.
S'ils n'ont qu'un boisé, ils ne sont pas admissibles.
S'il n'a qu'un boisé, le propriétaire de boisé
privé n'est pas admissible, ce n'est pas de la culture.
C'est ça.
M. Vaillancourt (Orford): Mais les...
M. Giasson: Les producteurs agricoles...
M. Garon: C'est un producteur agricole.
M. Vaillancourt (Orford): Un type qui est reconnu producteur
agricole au sens de la loi, qui vend pour $1000 et plus...
M. Garon: Oui, $1000 et...
M. Vaillancourt (Orford): ... sa production, ce sont des arbres
de Noël cultivés.
M. Garon: Oui, mais s'il fait $1000, il n'en fait pas
beaucoup.
M. Vaillancourt (Orford): Non, mais je veux dire...
M. Garon: Trois quarts d'heure l'acre, ça ne donne pas
beaucoup d'heures.
M. Vaillancourt (Orford): Cela, c'est le minimum. Il peut en
produire pour $25 000, si vous voulez...
M. Garon: De?
M. Vaillancourt (Orford): D'arbres de Noël. Mais il y a
certains bureaux d'agronomes qui ne connaissent pas les producteurs d'arbres de
Noël comme des agriculteurs authentiques au sens de la
réglementation des travaux mécanisés.
M. Garon: Au Québec, c'est une question qui n'est pas
encore clarifiée, à savoir si un producteur d'arbres de Noël
est un cultivateur ou non. Je pense qu'il n'est pas considéré
comme un cultivateur à l'heure actuelle.
M. Vaillancourt (Orford): Oui, ça l'est.
M. Garon: Pardon?
M. Vaillancourt (Orford): Cela l'est.
M. Garon: Ce n'est pas clair. S'il a sa carte, par
ailleurs...
M. Vaillancourt (Orford): Oui, ça l'est. M. Giasson:
... sa carte de producteur...
M. Vaillancourt (Orford): Je parle de ceux qui ont leur carte de
producteurs.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Je ne parle pas des autres.
M. Garcn: Ce n'est pas ça que je veux dire. Par exemple,
l'élevage du poisson ne serait pas considéré comme une
production agricole. Alors, on l'a fait modifier et clarifier par
règlement pour dire qu'un éleveur de poisson, ce n'est pas un
pêcheur de morue. C'est de la pisciculture. Cela peut être
considéré comme un producteur agricole.
Maintenant, un producteur d'arbres n'est pas considéré,
à l'heure actuelle, comme un producteur agricole. Mais, s'il fait des
travaux dans un boisé de ferme, à ce moment-là, c'est un
ajout à sa ferme et les travaux qui lui sont accessibles sont dans la
proportion de l'acrage en culture, en raison de trois quarts d'heure
l'acre.
M. Vaillancourt (Orford): Mais moi je parle des producteurs
d'arbres de Noël cultivés, de ceux qui font exclusivement la
production d'arbres de Noël cultivés. Dans certains bureaux
d'agronomes, c'est reconnu comme des travaux mécanisés et dans
d'autres ça ne l'est pas. Il y a eu une réunion des producteurs
d'arbres de Noël de toute la province, il y a à peu près
trois semaines ou un mois, et plusieurs producteurs...
M. Garon: Etes-vous dans les arbres de Noël?
M. Vaillancourt (Orford): Je suis dans ça, oui. ... et
plusieurs producteurs d'arbres de Noël ont dit que dans leur région
c'était reconnu, qu'ils pouvaient bénéficier des travaux
mécanisés. Dans d'autres, cela n'était pas accepté.
C'est pour cela que je me demande si votre cahier de charge est assez explicite
pour ce genre de production aussi.
M. Garon: On ne parle par des arbres de Noël dans le cahier
de charge. Il faut que les arbres de Noël soient un ajout à la
ferme.
M. Vaillancourt (Orford): C'est une production comme produire
n'importe quoi. Il y a un marché.
M. Garon: En Europe, il n'y a pas de ministère des Terres
et Forêts. C'est rattaché à l'Agriculture.
M. Vaillancourt (Orford): II y en a plusieurs dont c'est le
gagne-pain.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Ils vivent avec cela. C'est vendu sur
le marché canadien et américain. Cela leur prend de la
machinerie, cela leur prend des travaux mécanisés comme toute
autre production, cela prend du drainage. Il y a de l'épandage d'engrais
chimique. Il y a des herbicides qui sont nécessaires.
Premièrement, il faut que le terrain soit bien égoutté et
cela prend des travaux mécanisés comme toute autre production.
C'est pour cela que les producteurs d'arbres de Noël, lors de la
dernière assemblée, ont demandé il y avait un type
du ministère des Terres et Forêts et de l'Agriculture si
c'était subventionné. Le type a dit oui, que cela l'était
dans sa région. Mais d'autres producteurs ont dit que dans leur
région cela n'était pas accepté. C'est pour cela qu'il
serait bon que ce soit clarifié dans votre cahier de charge, parce que
je pense que c'est une production qui est aussi importante que n'importe
quoi.
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): Qu'un type fasse la culture de
maïs grain, qu'il fasse la culture d'arbres de Noël ou qu'il fasse la
culture de pommes de terre, c'est de la culture quand même.
M. Garon: Vous voulez parler de l'arbre de Noël
cultivé?
M. Vaillancourt (Orford): L'arbre de Noël
cultivé.
M. Garon: Comme des radis.
M. Vaillancourt (Orford): Même chose, c'est par
rangées, c'est semé, c'est planté et c'est arrosé.
C'est cultivé comme...
M. Garon: Mais que fait le bulldozer dans les arbres de Noël
cultivés?
M. Vaillancourt (Orford): Qu'est-ce qu'il fait? M. Garon:
Oui.
M. Vaillancourt (Orford): C'est pour la préparation du
terrain. Il faut que le terrain soit nettoyé. Il faut enlever les arbres
qui ne sont pas bons. Il y a des places où ce sont des mauvais arbres.
Il y a du drainage à faire, parce que les arbres de Noël ne
poussent pas dans l'eau.
Je vous en parle parce qu'une délégation doit venir vous
rencontrer, l'Association des producteurs d'arbres de Noël et l'UPA de
Sherbrooke. Je leur ai dit que j'étais pour vous en parler à la
prochaine occasion. C'est pour cela que j'en parle. Ce serait bon que vous ayez
une bonne réponse à leur donner, lorsqu'ils viendront. Si vous
voulez les devancer, ce sera beaucoup plus apprécié.
M. Garon: On est de bonne heure pour les arbres de Noël.
M. Vaillancourt (Orford): Ce n'est pas de bonne heure, c'est
à ce temps-ci. Actuellement, c'est le temps de la plantation.
M. Garon: Ils ne les plantent pas pour cet automne quand
même!
M. Vaillancourt (Orford): Ils plantent pour dans huit à
dix ans. Il y a une rotation pour les arbres de Noël. Cela prend huit
à dix ans avant que cela soit prêt à vendre.
M. Garon: Alors un gars qui planterait dix arbres de Noël
n'aurait pas besoin d'en acheter.
M. Vaillancourt (Orford): II y en a qui plantent cela par
milliers. Il y a des plantations chez nous d'au-delà d'un million
d'arbres.
M. Garon: On regardera cela.
M. Vaillancourt (Orford): Je pourrais peut-être en parler
avec M. Deschênes.
M. Garon: Non, mais on va le regarder.
Le Président (M. Clair): Messieurs, est-ce que je peux
comprendre qu'on pourrait entamer le programme 1?
M. Giasson: J'aurais encore une question, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Oui, M. le
député.
M. Giasson: Est-ce que le ministre a l'intention de modifier la
loi du producteur agricole justement dans la qualification qui est
exigée présentement dans la loi pour être reconnu
producteur agricole? (21 heures)
M. Garon: Pas cette année.
M. Giasson: Vous ne croyez pas qu'il est urgent de
déterminer de nouvelles conditions?
M. Garon: Qu'en pensez-vous?
M. Giasson: Je crois que présentement exiger une mise en
marché de $1000 de produits agricoles est nettement insuffisant dans le
contexte de l'agriculture telle qu'elle existe en Amérique du Nord,
c'est une prolifération de producteurs agricoles qui, en fait, ne sont
pas des gens qui contribuent vraiment à l'économie agricole et
qui vont chercher toute une série de primes, qui deviennent admissibles
à beaucoup de programmes...
M. Garon: Que mettriez-vous comme montant?
M. Giasson: J'aimerais avoir l'avis du ministre
là-dessus.
M. Garon: On a le temps d'en parler...
M. Giasson: J'en parle, mais le ministre a certainement sa petite
idée, sa petite opinion là-dessus.
M. Vaillancourt (Orford): Des recommandations avaient
été faites au ministère de l'Agriculture.
M. Garon: Par qui?
M. Vaillancourt (Orford): Je ne me souviens pas qui avait fait
cette étude, mais vous n'avez qu'à en parler...
M. Garon: En quelle année?
M. Vaillancourt (Orford): Dans les années 1970, 1972,
peut-être avant...
M. Garon: Suite à ça, qu'avez-vous pensé de
ça?
M. Vaillancourt (Orford): On recommandait $5000 dans le
temps.
M. Garon: Qui ça, on?
M. Vaillancourt (Orford): Le comité en question, je ne me
souviens pas du nom.
M. Garon: Qu'est-ce que vous avez décidé?
M. Vaillancourt (Orford): II faudrait que je regarde dans mes
vieux dossiers. Peut-être que je pourrais retrouver ce document.
M. Garon: Quand vous avez vu ça, vous avez trouvé
que ça n'avait pas de bon sens, vous ne l'avez pas voté.
M. Vaillancourt (Orford): On n'était pas rendu
là.
M. Giasson: M. le ministre, vous blaguez, mais lors des
débats sur la loi 64...
M. Garon: Je ne blague pas.
M. Giasson: Oui, vous badinez pour le moins. Lors des
débats sur la loi, il y avait des personnes ça peut
d'ailleurs se retrouver au journal des Débats qui trouvaient que
déjà à l'époque exiger seulement $1000 de mise en
marché de produits c'était beaucoup trop faible.
M. Garon: C'est vrai.
M. Giasson: Par contre, d'autres personnes et d'autres groupes
institutionnalisés réclamaient le montant le plus bas possible de
manière à couvrir le plus de producteurs agricoles au
Québec. C'était un objectif recherché entre autres par le
syndicalisme agricole dans le temps. Je ne sais pas si son esprit a
évolué à ce niveau-là mais j'ai eu l'occasion de
discuter avec les représentants du syndicalisme agricole dans ma
région encore cette année, lors de son assemblée
générale, et tous ceux avec qui j'en ai discuté sont
unanimes à reconnaître que c'est un montant beaucoup trop faible.
Ce n'est pas la haute direction, c'est le niveau de direction
régionale.
M. Garon: Dans le passé, la façon de fonctionner
c'était d'avoir la carte de producteur agricole pour pouvoir
bénéficier des avantages du ministère de l'Agriculture. Il
n'est pas certain que dans l'avenir nous allons suivre cette
méthode-là sans changer la loi. On pourra changer les
façons; par exemple, dans plusieurs domaines vous allez voir que
maintenant, au ministère de l'Agriculture, on inscrit comme
critère que l'agriculture doit être la principale occupation. Il
s'agirait peut-être, parce que c'est la Loi du syndicalisme agricole...
Est-ce qu'on est obligé, comme ministère, de rendre accessible
les programmes du ministère à ceux qui satisfont à la
définition de producteur agricole?
M. Giasson: Mais ne pensez-vous pas qu'il y a des avantages
sérieux à une certaine forme d'harmonisation dans la
définition du producteur agricole, tant au niveau du syndicalisme qu'au
niveau du ministère? Il me semble qu'il doit y avoir une
possibilité de se comprendre à ces deux paliers.
M. Garon: Oui, mais c'est plus compliqué que cela, parce
qu'il y a beaucoup...
M. Giasson: Je ne vous dis pas que c'est simple, je vous dis que
ce n'est pas impossible.
M. Garon: II faut dire que de plus en plus il y a un pourcentage
de producteurs qui sont à temps partiel, ce qui représente une
production assez importante. Souvent, ils sont en voie d'établissement.
Il faudrait distinguer les programmes qui sont accessibles au producteur dont
la production est minimale et les programmes qui sont accessibles uniquement
à l'agriculteur professionnel.
Il faut de plus en plus se poser cette question, plutôt qu'une
définition de l'agriculteur. On a été amené
à réfléchir beaucoup à ces questions, surtout avec
la protection du territoire agricole. De quelle façon la protection des
terres peut-elle se faire dans la région périphérique
où il y a des agriculteurs qui sont ambivalents? Je me rappelle que mon
grand-père, en Gaspésie, était "triva-lent", si on veut;
il était pêcheur, cultivateur et bûcheron; il était
les trois. En Gaspésie on trouve des gens qui sont moins qu'avant
pêcheurs cultivateurs ou qui sont cultivateurs forestiers; on en
trouve encore beaucoup dans plusieurs régions
périphériques.
Je pense qu'en établissant ces définitions, il faudrait
peut-être être prudent pour ne pas pénaliser au fond les
plus petits, mais je suis d'accord avec vous que les programmes du
ministère, qui sont des programmes qui coûtent
énormément d'argent et qui, la plupart du temps, ne sont pas
utilisés par les petits agriculteurs, peuvent coûter beaucoup
d'argent au gouvernement. Pas la plupart du temps, ils ne sont à peu
près jamais utilisés par les petits agriculteurs, parce qu'ils
n'ont pas les moyens de les utiliser, mais ils sont utilisés souvent par
des professionnels qui ont le moyen de les utiliser. Je me demande si, à
ce moment, il ne faut pas rendre nos programmes accessibles à deux
catégories d'agriculteurs, l'agriculteur à temps plein,
professionnel et certains programmes à un producteur plus petit.
M. Vaillancourt (Orford): Si vous ne subventionnez pas un
agriculteur qui fait la production du boeuf, par exemple, qui est
déficitaire dans la province de Québec...
M. Garon: Pour le boeuf, il n'y a pas de limite.
M. Vaillancourt (Orford): S'il y a des personnes qui produisent
du boeuf, qui sont des professionnels dont ce n'est pas le gagne-pain...
M. Garon: Pour le boeuf c'est plus large, vous avez un bel
exemple, dans le boeuf...
M. Vaillancourt (Orford): Mais il y a plusieurs produits et
si...
M. Garon: Comme on importe un million...
M. Vaillancourt (Orford):... on ne les subventionne pas, on va
être encore plus déficitaire.
M. Garon: C'est ça, vous avez un exemple parfait, dans le
boeuf on aide tout le monde.
M. Vaillancourt (Orford): C'est pour ça que ces politiques
ont été maintenues pour tous, pour leur permettre d'alimenter la
production dans des catégories où on était
déficitaire.
M. Garon: C'est ça.
M. Vaillancourt (Orford): Parfois, un avocat peut avoir une ferme
et ce qu'il va produire va aider les besoins que nous avons de ce produit. S'il
n'est pas subventionné, il ne sera pas intéressé et on va
être encore plus déficitaire.
Le Président (M. Lévesque,
KamouraskaTémiscouata): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je pense
qu'effectivement, présentement, il y a deux critères reconnus. Si
je prends le ministère de l'Agriculture dans son ensemble, l'Office du
crédit agricole prête seulement à ceux dont le revenu
principal est l'agriculture. Je pense que c'est à peu près
ça et si on s'en va vers les travaux mécanisés ou certains
autres domaines, c'est le statut d'agriculteur reconnu par le syndicalisme
agricole et aussi reconnu par le ministère. Il y a quand même deux
critères qu'on reconnaît, selon les départements du
ministère.
Au moment de l'étude du projet de loi 90, j'avais fait part au
ministre que l'Ontario avait changé ses critères en 1978, si je
ne me trompe pas. C'était déjà sanctionné, par le
gouvernement de l'Ontario, que le critère de reconnaissance était
d'un peu plus de $4000, pour un producteur agricole. Ce changement avait
été effectué au cours de l'année 1978. D'ailleurs
j'avais lu au ministre, au moment de l'étude du projet de loi 90, les
nouvelles dispositions du projet de loi onta-rien, qui étaient
déjà sanctionnées à ce moment-là. C'est au
mois de novembre 1978 qu'on avait étudié le projet de loi 90.
En plus, selon le projet de loi 90, vous alliez remettre 90% des taxes
scolaires, municipales et taxes de services à un agriculteur, qui est
reconnu, avec $1000 de production.
Dans certains cas, il y en a qui vont coûter vraiment cher au
ministère. Dans certaines localités, si vous additionnez les
taxes de services aux taxes scolaires et municipales, cela
s'élève passablement. Il y a des gens qui retirent $600, $700,
$800, qui vont additionner tout à l'heure, peut-être $1000 et
$1200, en remboursement. Cela peut varier beaucoup. Il reste que souvent, pour
un statut... Est-ce que c'est vraiment l'intention du ministère de
réviser la reconnaissance du statut de producteur?
M. Garon: Pas à l'heure actuelle.
M. Dubois: Ne pensez-vous pas que vous serez obligé de le
faire quand vous commencerez
à rembourser 70% des taxes scolaires, municipales, des taxes de
service après que les zones seront permanentes dans les
municipalités?
M. Garon: Oui, à ce moment-là, cela va
être...
M. Dubois: II va y avoir des municipalités dont les zones
seront permanentes bientôt.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Durant l'année financière.
M. Garon: On va commencer à en avoir en juin.
M. Dubois: Alors, vous allez avoir des remboursements au
début du printemps prochain sur des taxes de 1979. Cela va
peut-être être partiel à ce moment-là, mais en 1980,
il va y en avoir douze mois sur douze. Cela veut dire que c'est un
problème auquel vous devrez vous attaquer bientôt. C'était
pour continuer dans la même veine que le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Relativement à la protection du territoire
agricole, est-ce qu'on peut croire qu'il y aura un prolongement de la zone
provisoire par rapport au décret du 9 novembre dernier? Est-ce qu'on
peut croire qu'au cours de l'année financière qu'on traverse, le
ministre va tenter l'aventure d'étendre la zone provisoire
au-delà des 614 municipalités qui ont été couvertes
au départ?
M. Garon: Pas cet été.
M. Giasson: Pas en 1979/80.
M. Garon: Je ne suis pas allé plus loin que cela. J'ai
dit: Pas cet été. Pas d'ici le mois de septembre.
M. Giasson: Est-ce que l'engorgement qui existe
présentement au bureau de la commission de protection invite le ministre
à beaucoup de prudence de ce côté-là?
M. Garon: Je ne dirais pas l'engorgement.
M. Dubois: 7000 cas, ce n'est pas de l'engorgement?
M. Garon: Non, ce n'est pas 7000 cas. Il faut distinguer, dans
les dossiers, entre les requêtes, les demandes, les déclarations
de droits acquis, les déclarations en vertu de l'article 31. Evidemment,
ce sont toutes des choses différentes. On peut parler de 7000 dossiers,
mais on ne peut pas parler de 7000 demandes.
M. Picotte: Ils ne peuvent pas donner d'avis écrits, alors
cela va plus vite.
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Quand les avocats de
l'assurance-automobile se plai- gnaient qu'ils perdaient des causes, les
requêtes... Les notaires devraient être capables de donner des
opinions. Quand vous restez dans une municipalité, vous avez un
règlement municipal, vous avez un droit acquis, vous n'allez pas au
tribunal dire: Reconnaissez mon droit acquis. Vous allez voir un avocat, il
vous dit: Vous avez un droit acquis en vertu de la loi. Parfait, alors je vais
construire. Mais là, vous allez à la Commission de protection du
territoire. Il y a des notaires qui devraient donner leur opinion. Ils ont
passé leurs examens de la Chambre des notaires. Ils peuvent donner leur
opinion sur un droit acquis, mais pas référer le cas à la
commission.
M. Picotte: Tout le monde semble avoir peur de cette
commission-là parce que j'ai vu certains notaires...
M. Garon: On n'en a pas peur.
M. Picotte: ... et j'ai eu un cas justement hier. Cela semble
curieux parce qu'on en a discuté privément la semaine
dernière. Vous vous rappelez de cela, l'histoire où la commission
ne voulait pas donner d'avis écrit dans certains cas. C'est une lacune,
on en a parlé un peu.
M. Garon: La commission n'est pas là pour recevoir toutes
les demandes de droits acquis pour dire: Oui, le droit est acquis, non le droit
n'est pas acquis. C'est une question juridique tout simplement. Quand vous
restez dans un territoire municipal, sur un territoire municipal, il y a un
règlement, vous avez un droit acquis en vertu du règlement. Vous
demandez tout simplement à votre avocat s'il y a un droit acquis ou non.
Vous n'allez pas devant la Cour supérieure pour avoir un jugement
déclaratoire pour droits acquis; je n'ai jamais entendu parler de
ça. (21 h 15)
M. Giasson: Mais, M. le ministre, il faut que le droit acquis
soit très bien défini dans la loi, vous l'admettez?
M. Garon: Les droits acquis sont très bien définis
dans la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Giasson: Toutes les demandes d'intervention qu'on m'a
prié de faire ne touchaient pas les droits acquis. Cela touchait des
transactions devant les faits et ça touchait des projets de
construction.
M. Garon: Mais le député de Maskinongé me
parlait des droits acquis.
M. Picotte: Est-ce que ça suppose que, lorsqu'un notaire a
accepté après le 9 novembre de faire un contrat entre deux
individus pour la vente d'un terrain, le notaire a pris ses
responsabilités et que normalement le type aurait le droit de
construire? Est-ce que c'est ça que ça suppose?
M. Garon: Le notaire qui est un professionnel du droit...
M. Picotte: Oui, généralement.
M. Garon: ... est là pour donner des opinions juridiques.
Normalement, si vous êtes un professionnel du droit et qu'un client vient
dans votre bureau vous demander s'il a le droit de faire telle chose, comme
professionnel du droit, vous lui dites oui ou non. Si vous vous trompez, vous
engagez, c'est évident, votre responsabilité professionnelle.
Mais un avocat est là pour ça. Cela me fait penser à un
médecin qui aurait peur d'opérer, qui aurait peur des
opérations. Vous vous dites qu'il n'est peut-être pas dans son
domaine, parce que si je viens pour me faire opérer, que je suis malade
et qu'il me dit: J'ai peur de ça, et qu'il me réfère
à quelqu'un d'autre... En droit, le notaire ou l'avocat est là
pour donner des opinions juridiques, pour vous dire si vous avez des droits ou
si vous n'en avez pas. Il ne faut pas tout déférer à la
commission.
M. Picotte: Vous admettrez quand même que le fait que la
commission dise dans certains cas: Vous pouvez y aller, il n'y a pas de
problème, l'individu lui dit: Etes-vous capable de m'écrire
ça pour que je n'aie pas de problèmes... La commission dit:
Ecoutez, on n'écrit rien, nous. On n'écrit pas ça et on ne
veut pas écrire ça. A ce moment, la municipalité
c'est un cas que j'ai justement eu hier en plus; le notaire a accepté de
passer le contrat; ça doit être parce que c'était
légal dit: On va te donner un permis de construction à
condition que la commission de contrôle on n'est pas toujours
sûr et il n'y a personne qui sait sur quel pied danser là
te donne l'autorisation de construire. Alors, le notaire a passé le
contrat et ça semble légal. La commission ne veut pas donner
d'avis juridique comme tel. Apparemment, ce n'est pas son rôle non plus.
La municipalité dit: Si vous avez la permission de la commission de
contrôle, vous pourrez construire. Le gars qui est assis là, le
citoyen, se dit: Qu'est-ce que c'est que cette maudite affaire-là? Et il
sacre après vous autres. Remarquez bien que ça me dérange
pas, au contraire, ça me fait plaisir. Il sacre après vous autres
quand même et durant ce temps il n'est pas capable de bâtir: il ne
sait pas ce qu'il y a à faire, parce que la municipalité lui dit
une chose et que la commission de contrôle ne veut pas lui écrire.
Le notaire a passé un contrat et il fait quoi avec ça? S'il se
construit, il a beau avoir le contrat du notaire dans ses poches, que tout soit
accepté et passé au bureau d'enregistrement, il a beau avoir tout
ça, s'il se construit, il va être pénalisé. La
municipalité l'arrêtera de construire tantôt, parce qu'elle
ne lui a pas donné le permis de construction et elle ne le lui donnera
pas tant que la commission de contrôle ne se sera pas prononcée.
La commission de contrôle disait: Ne regardez pas. C'est quoi
ça?
M. Garon: La loi dit que dans certains cas, quand il y a une
demande de permis à la munici- palité, pour avoir ce permis, on
doit faire une déclaration, la preuve selon laquelle on a fait une
déclaration de droits acquis à la commission. C'est ce que la loi
dit. Ce n'est pas plus que ça. Si la municipalité ne veut pas
donner le permis, elle a le droit. Elle n'est pas obligée de donner des
permis, la municipalité.
M. Picotte: Elle veut les donner à la condition que la
commission se prononce.
M. Garon: Voyons donc!
M. Picotte: C'est ça qui est indiqué. Je peux vous
montrer ça demain matin. J'ai le document dans ma valise, dans ma
mallette. C'est indiqué, d'ailleurs, sur la... il n'y a pas de droits
acquis, à ce moment. Cela veut dire que le notaire n'a pas fait son
travail comme il faut. Il a accepté de faire un contrat après le
9 novembre.
M. Garon: Non, de deux choses l'une, ou le gars a un droit acquis
ou il ne l'a pas. S'il l'a, la municipalité qui veut lui donner un
permis le lui donne, mais il est possible qu'elle ne veuille pas le donner et
qu'elle dise que c'est la commission. Il est possible également que la
municipalité...
M. Picotte: Pourquoi ne peut-elle pas lui donner son permis?
C'est tel quel, c'est bien indiqué, d'ailleurs: "Permis accordé
à condition que la Commission de protection du territoire agricole
accorde l'autorisation...
M. Garon: Parce qu'il ne doit pas avoir de droits acquis.
M. Picotte: En tout cas, mettez-vous à la place du citoyen
et je vous jure que votre affaire n'est pas belle et ce n'est pas drôle.
Vous essaierez de communiquer avec la commission de contrôle. J'ai des
enregistrements que je pourrai vous faire écouter, M. le ministre
je ne pourrais pas le faire en commission, mais je pourrai vous les faire
écouter personnellement avant des enregistrements où cela
prend deux heures parfois avant de pouvoir avoir la ligne, où ce n'est
pas occupé. C'est bien pire que de faire des réservations pour la
chasse et la pêche, ne vous fatiguez pas. Votre affaire est bien pire que
cela. Mais cela prend deux ou trois heures pour un citoyen avant d'avoir la
ligne, premièrement. Deuxièmement, quand il a réussi
à l'avoir, la plupart du temps on le passe de Caïphe à
Pilate. Il ne doit y avoir qu'un bon notaire parce que cela aboutit toujours au
même, après avoir passé à trois ou quatre. A un
moment donné la ligne se coupe. Mon citoyen est obligé de se
reprendre deux heures avant d'obtenir la ligne. Les gens demandent à
parler à M. Blain, évidemment. Ils ne savent pas que M. Blain
n'est pas parlable à cause justement de l'ouvrage qu'il a à faire
et de la position qu'il occupe. C'est évident que s'il parlait à
tous les citoyens du Québec, il n'aurait pas le temps de travailler.
C'est dans ce sens que je le dis. Il y en a qui répondent: II est en
conférence M. Blain. Quand cela change de télé-
phoniste: II n'est pas encore entré à son travail. J'ai
écouté cela sur ruban magnétoscopique; dans l'espace de
dix pieds, il y a trois réponses différentes. Tout à coup
la ligne se coupe et mon citoyen en a encore pour deux heures avant de
rejoindre ces gens. Vous vous mettrez dans la peau des citoyens et vous
viendrez voir ce qu'ils disent de votre commission et peut-être
allez-vous trouver que c'est moins drôle.
Il y a sûrement moyen d'améliorer ce système parce
que cela ne tient pas debout. Les nombreux dossiers dont le
député d'Huntingdon a parlé tantôt vont se
multiplier beaucoup plus que cela tantôt. Je ne sais pas ce que vous
allez répondre aux citoyens. Cela m'a l'air que lorsqu'on essaie
d'appeler à la commission pour un citoyen qui n'est pas capable de la
rejoindre, ces messieurs se trouvent offusqués parce que c'est comme si
c'était un tribunal. C'est dangereux si nous, les députés,
on appelle ou on parle à ces gens. Ecoutez, si cela devient dangereux de
faire mon travail de député, ils se mettront dehors. Je n'ai pas
fini de les appeler et de les importuner. Je réussis à les
rejoindre en dedans d'une heure et quart. Pour les citoyens cela leur prend
deux heures et demie. J'aime encore mieux faire le travail que les citoyens me
demandent de faire, parce qu'ils ne sont pas capables de les rejoindre. C'est
aussi simple que cela. Je ne sais pas s'il manque de numéros de
téléphone, de personnel, de téléphonistes ou de
quelque chose mais nos citoyens ne sont pas capables de les atteindre.
M. Garon: II y a trop de députés de l'Opposition au
téléphone...
M. Picotte: Cela se peut bien, parce que le député
de l'Opposition essaie de faire son travail. Si vous n'avez pas beaucoup des
membres du pouvoir qui font des appels c'est parce qu'ils ne font pas leur
travail. C'est aussi simple que cela. Ils vont se le faire dire la prochaine
fois qu'ils ne font pas leur travail. Vous allez voir. Ce n'est pas moi qui
vais leur dire. Les citoyens vont faire comme ceux d'Argenteuil et de
Jean-Talon. Cela va venir bien plus vite que vous pensez.
M. Garon: Oui? M. Picotte: Oui.
M. Dubois: Est-ce que le président de la commission doit
venir ici?
M. Garon: Oui, quand on va étudier...
M. Dubois: II va venir au moment des crédits.
Le Président (M. Clair): On pourrait peut-être
commencer les programmes un par un...
M. Beauséjour: Je n'aurais qu'une petite question, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Vous insistez M. le
député?
M. Beauséjour: Ce ne serait pas bien long. Le
Président (M. Clair): Oui, allez-y.
M. Beauséjour: C'est au niveau des syndicats de gestion
agricole. Je crois qu'il y en a d'autres qui ont été
formés cette année au Québec. Si c'est le cas, il y en a
combien et dans quelle région?
M. Garon: II y en a deux autres de formés.
M. Beauséjour: Et la politique là-dessus, M. le
ministre.
M. Garon: En 1978/79 il y en avait un à
Iberville-Missisquoi.
M. Beauséjour: Oui, mais Iberville cela existe
déjà...
M. Garon: Un à Nicolet-Yamaska et un autre, le Syndicat
agricole de Coaticook.
M. Beauséjour: La politique pour la formation et
l'administration, tout cela, n'est pas changé; c'est la même.
Le Président (M. Clair): Cela va M. le
député d'Iberville.
M. Beauséjour: Oui.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je veux demander au ministre s'il n'y a que trois
commissaires encore sur la commission de protection. Quatre sur sept, les trois
autres s'en viennent.
M. Garon: Tranquillement. Il faut faire des consultations pour
faire de bonnes nominations.
M. Dubois: Est-ce que les commissaires ou les fonctionnaires du
ministère, de la commission, travaillent avec les hauts fonctionnaires
des douze régions agricoles? Au niveau des recherches, est-ce que ce
sont les régions qui fournissent les recherches pour des exclusions, par
exemple? Est-ce que ce sont les régions agricoles ou...
M. Garon: Le service de protection du territoire agricole au
ministère de l'Agriculture et la commission demandent un avis technique
au service de protection du territoire qui dit quelle est la qualité du
sol à tel endroit.
M. Dubois: C'est un travail qui s'effectue à partir des
régions, présentement, au niveau des recherches.
M. Garon: Au niveau des recherches, ce n'est pas
nécessaire, c'est au niveau des vérifications sur place, dans la
localisation. Je dois dire que la principale lacune il va y avoir des
corrections apportées dans les prochains jours c'est en ce
qui concerne le formulaire. Il y a beaucoup de demandes qui ne sont pas
claires et à partir des renseignements qui sont fournis, la commission
n'est pas capable de prendre une décision. A ce moment-là, elle
doit demander de compléter les renseignements donnés à la
commission et elle communique avec les personnes pour qu'il y ait des
renseignements complets. Il y a une préparation qui se fait pour des
formulaires plus détaillés avec un guide pour remplir le
formulaire, un peu comme une formule d'impôt, pour que les renseignements
soient fournis à la commission. C'est peut-être la principale
raison, mais il faut dire une chose aussi. Ce n'est pas un tribunal
d'autorisation.
Pour celui qui fait sa demande, cela ne veut pas dire que d'une
façon automatique, il va avoir l'autorisation. Il faut dire aussi que
les comportements n'ont pas été changés de façon
automatique parce qu'une loi de protection du territoire agricole a
été adoptée. Les gens pensent encore à se
bâtir comme avant sur les terres agricoles. Il y a des gens qui ont
communiqué avec la commission qui ont dit: Si je veux m'acheter un
terrain pour me bâtir, est-ce que je serais mieux d'acheter dans le
blanc? Les gens de la commission ont dit: Oui, vous seriez mieux d'acheter dans
le blanc. A ce moment-là, il n'y a pas de permission à demander
et c'est fait. Par le fait que la commission existe, par le fait que tout cela
est mis en branle et aussi par le fait qu'il n'y a pas de zone permanente
déterminée actuellement, les demandes d'exclusion s'en vont
directement à la commission.
Une fois que les zones permanentes seront formées, cela devrait
être acheminé par l'intermédiaire des municipalités.
Actuellement, on est dans la pire phase, mais tout cela va se modifier. Il faut
dire aussi que les trois premiers commissaires ont été
nommés à la fin de décembre. On est rendu à la
mi-mai. Il a fallu qu'ils engagent du monde, qu'ils rencontrent les gens,
qu'ils donnent des séances d'information aux municipalités. Il y
a eu toute une phase préparatoire. Il est évident que le rythme
auquel les réponses vont être données par la commission, va
s'accélérer avec les semaines qui viennent.
M. Dubois: Vous aviez bien raison de faire un changement au
niveau de vos formulaires, parce que c'est rare que les gens donnent plus que
le formulaire en demande. C'est ce qui arrive exactement aujourd'hui.
M. Garon: II est possible que certaines demandes ne soient pas
assez précises.
M. Giasson: M. le Président, au début de chaque
année financière, afin de rendre opératoires tous les
programmes du ministère de l'Agriculture, ces programmes doivent
être signés. A quelle date les programmes du ministère
ont-ils été signés cette année? Est-ce qu'ils sont
tous signés, dans l'ensemble, à ce moment-ci?
M. Garon: II en reste quelques-uns, deux, je pense. La plupart
ont été signés au cours du mois d'avril. Cela a
été une des années où les programmes ont
été signés le plus tôt. On les a tous refaits.
D'habitude on les reportait. On en refaisait deux ou trois. Cette
année, on les a tous refaits pour adopter un modèle standard de
présentation des programmes. Cela a entraîné une
tâche assez...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'il y aurait
possibilité d'avoir une copie de ces programmes?
M. Garon: Ils sont justement au service de l'information
actuellement, pour l'impression.
M. Vaillancourt (Orford): Pour les membres de la commission.
M. Garon: On va le faire pour les membres de la commission et
tous les députés pourront en avoir une copie, un cahier
complet.
M. Vaillancourt (Orford): Vous allez en faire parvenir une copie
à tous les députés lorsque cela va...
M. Garon: On pourra en envoyer une copie. C'est public.
M. Dubois: Dans certaines régions, on disait que les
programmes étaient suspendus. Ils étaient à la
vérification? (21 h 30)
M. Garon: Quand vous faites des modifications dans un programme,
vous êtes obligés de retourner au Conseil du trésor, si
vous faites des modifications qui ont des applications financières.
Alors, il a fallu vérifier ces programmes. Il y en a quelques-uns qui
étaient reportés tels quels. Ils étaient juste
reformulés. Ceux-là, on a pu les mettre en route tout de suite,
mais pour ceux qui avaient des changements, il fallait aller au Conseil du
trésor. Actuellement, les régions ont des programmes. Il y a
très peu de programmes qui ne fonctionnent pas présentement.
M. Dubois: J'ai eu un cas concernant la construction d'un
entrepôt de conservation de légumes. Le programme était en
révision et on a dit...
M. Garon: C'est exact et ça ne tardera pas.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous pourriez prendre note
de ça et en faire parvenir une...
M. Garon: On ne l'a pas fait l'an dernier?
M. Vaillancourt (Orford):... copie... vous l'avez
déjà fait, mais pas l'an dernier, je pense.
M. Garon: On peut le faire.
M. Vaillancourt (Orford): Etant donné que vous les avez
refaits à neuf et qu'il y a des modifications, ce serait bon que vous
les laissiez en suspens.
M. Garon: Oui, d'accord.
M. Dubois: La promesse n'était pas verbale, elle
n'était pas statutaire.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Vous avez à la Commission de
protection du territoire agricole le président, le vice-président
et un ou deux commissaires nommés. Quels sont les deux commissaires?
M. Garon: Le président est Me Pierre-Luc Blain, le
vice-président nommé actuellement est M. Albert Allain. Un des
membres est Lauréat Tardif, et l'autre vient d'être nommé
la semaine dernière, c'est M. Normand Guérard, de
Plessisville.
M. Vaillancourt (Orford): Armand Guérard. Il y en a
combien, six?
M. Garon: II y en a sept; il y en a quatre de nommés.
M. Vaillancourt (Orford): II y en a quatre de nommés.
Quand vous attendez-vous de nommer les trois autres?
M. Garon: On essaie de voir. Ce n'est pas si facile que ça
de nommer les gens, parce que c'est un emploi qui occupe beaucoup. J'essaie de
les nommer le plus rapidement possible. Si je suis capable de trouver les
différentes personnes d'ici à la fin de mai, je le ferai.
M. Giasson: Vous manquez de candidats? M. Garon:
C'est-à-dire que...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous procédez par la
voie des journaux?
M. Garon: Je demande l'avis de tout le monde.
M. Dubois: ... nominations politiques. C'est presque cela.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Cela ne se peut pas.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce qu'on peut faire des
suggestions?
M. Garon: On n'a pas eu de nominations... Oui, vous pouvez me
faire des suggestions sans problème. Je veux demander des noms à
tout le monde. C'est comme faire des nominations à la Régie des
marchés agricoles. Ce n'est pas si facile que ça. J'ai vu des
gens, mais ils ont refusé.
M. Vaillancourt (Orford): Je sais que c'est assez difficile. Ce
sont des postes assez difficiles à combler, parce que ce n'est pas
n'importe qui qui peut faire le travail. En ce qui concerne les
représentations des députés auprès de cette
commission, est-ce que le ministre a pris bonne note de la plainte du
député de Maskinongé? Il paraît que les
députés ne sont pas très bien acceptés s'ils font
des représentations pour aider leurs concitoyens.
M. Garon: II faut dire une chose, la Commission de protection du
territoire est quand même un genre de tribunal. Imaginez-vous comme
député que vous allez faire des représentations
auprès du Tribunal du travail, auprès de la Régie des
marchés agricoles. Qu'est-ce qui arriverait? Alors, faire des
représentation auprès de la Commission de protection du
territoire agricole, je pense que c'est un peu délicat. Le
député, autant que je sache, est un représentant de ses
commettants, il n'a pas le pouvoir de citer pour autrui. Je ne le pense
pas.
M. Vaillancourt (Orford): Mais le député,
ordinairement, lorsqu'il communique avec un organisme, soit l'Office du
crédit agricole ou une commission quelconque, ne prend pas la
décision pour les membres de la commission, il va tout simplement
soumettre le dossier, il va demander où en est rendue l'étude du
dossier. Assez souvent, ce sont des renseignements que le type en question ne
peut pas obtenir. A l'office...
M. Garon: L'Office du crédit agricole et la Commission de
protection du territoire, ce n'est pas la même chose.
M. Vaillancourt (Orford): C'est un peu semblable.
M. Garon: Non, L'office est un organisme administratif. L'autre,
c'est un tribunal.
M. Vaillancourt (Orford): C'est un tribunal, d'accord, mais le
député lorsqu'il fait des représentations pour un de ses
électeurs ou un de ses concitoyens ne dira pas au président ou
à un membre de la commission de prendre telle décision. Il va
tout simplement lui soumettre le dossier et essayer d'obtenir des
renseignements à savoir où en est rendu le dossier en question.
Si le président ou le vice-président ne veut pas lui
répondre, il peut passer par l'entremise d'un secrétaire ou d'un
agent de bureau. Je ne sais pas de quelle façon cela fonctionne.
Il y a des organismes semblables où on a accès, où
on peut leur demander des renseignements. Je vous donnais, tout à
l'heure, l'Office du crédit agricole où on est très bien
servi. Sans prendre de décision et sans influencer, si vous
voulez, la décision des commissaires, on a les renseignements
qu'on veut avoir. Je pense que c'est le devoir d'un député de
travailler pour ses commettants. On est élu pour les aider, pour leur
rendre plus facile l'accès à l'administration
gouvernementale.
M. Garon: C'est vrai.
M. Vaillancourt (Orford): Mais il faut que les organismes en
question nous donnent les renseignements qu'on demande. Si la porte est
fermée, s'il n'y a pas moyen d'avoir les renseignements, je pense que
cela n'est pas de cette façon là qu'on peut administrer une
province. Il y a tellement de dossiers et tellement d'endroits où on
doit communiquer que ce n'est pas n'importe qui qui peut les trouver. C'est
tout ce que j'ai à dire dans ce domaine.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on passe à
l'étude du programme 1 ?
M. Giasson: M. le Président, j'aurais d'autres questions
mais je les insérerai plutôt au niveau des programmes, au fur et
à mesure.
Planification, recherche et enseignement
Le Président (M. Clair): Nous entamons l'étude du
programme 1 : Planification, recherche et enseignement. Est-ce que le ministre
aurait des commentaires d'ordre général sur ce programme?
M. Garon: Je vais essayer de me retrouver dans mes papiers.
M. Vaillancourt (Orford): Avant de commencer l'étude
article par article, j'aurais voulu demander au ministre de nous expliquer son
nouveau programme de subventions pour l'achat des machines agricoles.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on pourra le faire au
moment du programme en question?
M. Garon: II n'est pas encore adopté, parce qu'il faut
s'entendre avec le gouvernement fédéral. Il est en
activité dans trois régions.
M. Vaillancourt (Orford): Comme les moissonneuses-batteuses.
M. Garon: C'est cela. Les silos à la ferme...
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que les moissonneuses-batteuses
sont incluses là-dedans? dedans?
M. Garon: Oui, mais dans trois régions actuellement. Nous
voulons l'étendre à l'ensemble du Québec. Comme il s'agit
d'une entente fédérale-provinciale, il faut l'autorisation du
fédéral.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, la politique
n'est pas encore...
M. Garon: C'est à négocier avec le
fédéral. M. Vaillancourt (Orford): ...
M. Garon: II y a des régions qui ont déjà
été acceptées mais, pour l'étendre, il faut
négocier.
Il y a trois régions, la région du Bas-Saint-Laurent, du
Lac-Saint-Jean, l'Abitibi et la région de Québec, quatre
régions. L'Abitibi-Témiscamingue, Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Bas-Saint-Laurent, région de Québec.
M. Vaillancourt (Orford): Quelles sont les machineries qui sont
subventionnées?
M. Garon: Les moisonneuses-batteuses.
M. Vaillancourt (Orford): Seulement les
moissonneuses-batteuses.
M. Garon: Le séchoir à foin, vous appelez cela des
machineries.
M. Dubois: M. le ministre, il y a deux producteurs agricoles qui
m'ont mentionné, depuis un mois environ, qu'il y aurait possiblement de
l'aide financière sur l'achat de systèmes d'irrigation par
aspersion. Est-ce que c'est possible? Est-ce que cela a déjà
été discuté au ministère?
M. Garon: On n'en a pas actuellement.
M. Dubois: Non, mais est-ce que cela a été
discuté? Je n'ai jamais entendu parler de cela. Il y a deux producteurs
qui m'ont mentionné qu'il se pourrait qu'il y ait une aide
financière. Je ne le sais pas.
M. Garon: Cela n'existe pas à l'heure actuelle.
M. Dubois: Si cela existait, on aurait eu un programme, c'est
sûr, mais...
Le Président (M. Clair): Programme 1. Est-ce que le
ministre a des commentaires d'ordre général?
M. Garon: Non, rien de spécial, sauf que dans le programme
1, il y a trois éléments: élément 1, planification
et études économiques; élément 2, la recherche
agricole et élément 3, l'enseignement agricole. Il n'y a rien de
spécial là-dedans.
Le Président (M. Clair): J'appelle l'élément
1 à moins que le député de Montmagny-L'Islet n'ait des
commentaires d'ordre général sur le programme.
M. Giasson: J'aurais besoin de quelques informations.
Le Président (M. Clair): Allez-y.
M. Giasson: D'accord, je constate avec plaisir une augmentation
de l'ordre de $1 591 000 à ce programme par rapport au budget de l'an
dernier. Si on avait appliqué tout simplement l'indice moyen des prix
à la consommation, soit 8,9%, cela se serait traduit par une
augmentation de $1 502 000, donc on a dépassé
légèrement l'inflation qu'on aurait pu appliquer au taux
d'inflation appliqué à ce programme. Félicitations, M. le
ministre, pour le programme 1. J'aurais maintenant d'autres questions. Est-ce
que le ministre pourrait...
M. Garon: C'est le quart de l'accroissement de la
productivité.
Le Président (M. Clair): M. le député, je
m'excuse de vous interrompre, c'est simplement pour savoir comment la
commission entend fonctionner. Est-ce que c'est programme par programme ou
élément par élément également?
M. Giasson: On pourrait y aller élément par
élément.
Le Président (M. Clair): A ce moment-ci, vous êtes
au niveau de...
M. Giasson: Par programme et on adoptera le tout.
Le Président (M. Clair): D'accord, alors sur l'ensemble du
programme 1. M. le député.
M. Giasson: Du côté de la planification des
études économiques, est-ce que le ministre pourrait nous dire
quels sont les centres d'activités à l'intérieur de cette
opération? Il doit y avoir des études économiques qui
comportent...
M. Garon: C'est du personnel en gros qui s'occupe des
études économiques. Il y a 49 employés là-dedans.
46 permanents et trois occasionnels pour l'année 1979/80. Ce sont les
traitements et analyses, coordination et contrôle, de la
comptabilité coûts de production. Comité technique du
ministère de l'Agriculture et de l'UPA pour calculer les coûts de
production. Publications économiques, rapport d'indexation, les
publications annuelles, publications en gestion de ferme, études et
rapports aux autorités quand ils sont demandés ou quand ils sont
envoyés sans être demandés; syndicat de gestion agricole,
marchés fonciers. En gros, il s'agit, au cours de l'année qui
s'en vient, de services au niveau de la distribution, pour mettre la
priorité des études sur les céréales, les viandes,
les fruits et légumes. On veut, au cours de l'année, par des
ententes de plus en plus avec le bureau de la statistique du Québec et
de Statistique Canada, en vue de développer l'unité des
statistiques agricoles au ministère de l'Agriculture. On va avoir, de
plus en plus, nos propres données de façon plus rapide.
M. Giasson: M. le ministre, la subdivision de la planification,
c'est par centre de données ou centre d'activités. Quel est le
montant consacré en totalité pour tout ce que cela comporte du
côté des études économiques? Vous devez avoir
après cela la planification et l'aménagement.
M. Garon: Non, la planification des études
économiques, cela va ensemble.
M. Giasson: Qualification et aménagement. M. Garon:
On n'a pas cela.
M. Giasson: Vous n'avez pas de projets spéciaux non plus
dans la province.
M. Garon: Les projets futurs sont là-dedans, mais cela ne
comprend pas grand monde. Treize permanents et deux occasionnels.
M. Giasson: Dans les projets spéciaux. Quel est le montant
qui est précisément affecté aux projets spéciaux,
le montant des crédits? (21 h 45)
M. Garon: $372 900, en 1979/80. Il s'agit de dépenses
administratives seulement.
M. Giasson: Comment définissez-vous le terme
"crédits protégés" à l'intérieur de cette
subdivision? Vous n'avez pas une inscription "crédits
protégés"?
M. Garon: Ce sont des crédits apparemment qui servent
à payer les salaires.
M. Giasson: Tout ce qui apparaît comme crédits
protégés, ce sont les sommes réservées et
applicables exclusivement au paiement des salaires?
M. Garon: Uniquement les salaires.
M. Giasson: Tout ce qui apparaît comme crédits
protégés s'applique aux salaires. Dans les projets
spéciaux, quels sont ceux auxquels on va affecter les sommes qui ont
été prévues à ces fins?
M. Garon: C'est un groupe d'études à qui on confie
le mandat, point. Quand c'est le temps de la réalisation, c'est tout
dans le cadre des programmes du ministère. Quand vous recommandez, par
exemple, une intervention quelconque, les projets spéciaux se retirent
comme les études économiques. On n'a pas de budget de paiements
de transfert pour réaliser des choses. Les paiements de transfert,
ça va dans les autres programmes.
M. Giasson: Mais l'an dernier, le ministre avait fait grand
état d'un programme de recherche sur la production des bovins dans le
comté de Dorchester.
M. Garon: C'est une autre affaire, c'est un programme.
M. Giasson: Cela ne fait pas partie des programmes
spéciaux?
M. Garon: C'est une étude économique, ce ne sont
pas des programmes spéciaux. C'est le seul endroit où il y a un
programme, parce que c'est un programme d'étude économique.
M. Giasson: Mais le projet de bovins de Dorchester est à
l'intérieur d'une étude économique?
M. Garon: Oui, c'est un projet expérimental.
M. Giasson: Quel est le montant que le ministère a
dépensé l'an dernier sur ce fameux projet qui a été
mené en vertu de l'élément "études
économiques"?
M. Garon: $4000... $7000.
M. Giasson: Vous avez consacré $7000 à ce programme
que vous aviez lancé à grand renfort de publicité?
M. Garon: C'est-à-dire que non. Il y avait une certaine
garantie. Comme le prix du boeuf était excellent, il n'y a pas eu de
subvention pour le boeuf. Les techniques ont été suivies, elles
ont été analysées, mais il n'y a pas eu de subvention. Si
le prix du boeuf avait été bas, ça aurait
nécessité des subventions.
M. Giasson: Mais étant donné que le prix du boeuf
est nettement supérieur cette année, quelles sont les sommes que
vous allez consacrer? Quelles sont les prévisions en chiffres?
M. Garon: Pas beaucoup non plus. $10 000.
M. Giasson: Même si le prix du boeuf est nettement
supérieur?
M. Garon: Oui.
M. Giasson: L'an passé, vous avez mis peu, $7000, parce
que le prix s'était amélioré. Cette année, il est
meilleur, vous allez en mettre plus.
M. Garon: Non, c'est pour la collecte des données. On paie
un certain montant pour la collecte des données, pour pouvoir faire une
analyse économique.
M. Giasson: Cet argent sert uniquement aux frais de perception de
la collecte des données dans le programme en cause?
M. Garon: Oui, pour les ennuis que ça cause. On doit peser
les animaux pour vérifier la croissance, on doit faire classifier ses
bêtes; il y a toute une série d'opérations qu'on doit
faire. Ce qu'on veut vérifier avec ça, c'est la valeur des
programmes de croisements laitiers avec les bovins de boucherie. Tout le monde
a dit beaucoup de choses là-dessus, mais on n'a jamais quantifié
cela. Cette fois-ci, on veut le quantifier. Il faudrait quand même
ajouter, pour être honnête, qu'il y a des ressources humaines qui
sont détachées exclusivement à ce projet. C'est un autre
aspect. Pour utiliser, pour suivre le dossier, on vous donne un...
M. Giasson: Du personnel du ministère est
réaffecté là-bas... Dans la division agronomique et dans
le bureau du ministère de cette région.
M. Garon: C'est cela.
C'est un projet expérimental avec des exploitants. Alors, il faut
le suivre autant qu'un programme expérimental dans un laboratoire.
M. Giasson: Vous compensez quelque peu les producteurs agricoles
qui complètent la statistique.
M. Garon: Cela coûte bien meilleur marché que de le
faire à nos propres fermes. C'est fait dans des conditions que les
agriculteurs connaîtront plus tard. Alors, on a des résultats qui
se rapprochent beaucoup plus de la réalité en procédant de
cette façon.
Si c'était fait à une ferme du gouvernement, ça
coûterait bien plus cher que ça. Comme il est possible
également qu'on mette d'autres programmes en application pour
vérifier des expériences sur l'alimentation du boeuf de
boucherie, on ne le fera pas à des fermes gouvernementales. On le fait
en accord avec des agriculteurs, cela va se faire dans des milieux réels
et cela va coûter meilleur marché que de le faire à des
fermes gouvernementales.
M. Giasson: Ce programme est-il sous la responsabilité du
sous-ministre, M. Therrien, ou du sous-ministre, M. Dagenais?
M. Garon: M. Dagenais, des études économiques.
M. Giasson: Mais n'avez-vous pas dit tout à l'heure que M.
Therrien était responsable de ce secteur d'activités?
M. Garon: Non, il est à l'administration, recherche et
renseignements. C'est regroupé au programme 1, planification, recherche
et enseignement pour des fins comptables. Le secteur planification et
études économiques relève de M. Dagenais; recherche et
enseignement relève de M. Therrien. C'est évidemment pour des
fins comptables.
M. Giasson: Est-ce que le ministère entend maintenir ce
programme plus particulier à Na région de Dorchester pendant
quelques années.
M. Garon: On va attendre les résultats avant de
l'étendre à d'autres, c'est évident. Il faut être
logique. On fait une expérience...
M. Giasson: Vous la menez sur une période de X
années...
M. Garon: Trois ans.
M. Giasson: ... et lorsque vous aurez toutes les données
requises pour déterminer la rentabilité de l'expérience
vécue dans Dorchester, cela pourra se vivre dans une autre
expérience, dans une autre région.
M. Garon: On espère qu'à ce moment cela ne se vivra
pas dans une autre expérience, mais que cela va donner naissance
à un programme. C'est le but. Si les conclusions n'étaient pas
suffisamment claires et précises, on verra quels sont les points qu'il
faudrait retester pour s'assurer vraiment avant de lancer les agriculteurs dans
ce type de production. Mais pour le moment, le programme est prévu pour
trois ans. On devrait analyser ces données. C'est la première
fois. Même à l'Université Laval on faisait le même
projet, avec la différence que l'on ne s'est jamais donné la
peine ce n'est pas moi qui m'en occupais de toute façon de
mesurer l'efficacité de ces bêtes au niveau du marché.
Plusieurs résistent à acheter des F-1 parce qu'ils disent que
cela ne se classe pas aussi bien. On veut voir quelle est l'influence de
l'alimentation, est-ce que c'est l'influence du croisement? Quel facteur fait
que cela ne se classifie pas? Deuxièmement, est-ce que vraiment cela ne
se classifie pas? C'est l'autre question qu'il faut se poser. C'est cela le but
du programme dit dans des termes très simples; on pourrait l'expliquer
de façon plus sophistiquée.
M. Giasson: Du côté des études
économiques, le ministère n'avait-il pas fait produire ou
commandé une recherche d'étude économique sur la situation
de l'agriculture au Québec versus la participation du gouvernement
fédéral en ce qui a trait à l'agriculture ici au
Québec? Il n'y a pas eu un document de produit? Il me semble qu'il avait
été question de cela à un moment donné.
M. Garon: On va le faire de façon régulière
avant les conférences fédérales-provinciales pour...
M. Giasson: II n'y a pas eu un document, une brochure qui a
été préparée par le ministère de
l'Agriculture du Québec qui a fait une analyse assez complète,
assez poussée sur la rentabilité ou la non-rentabilité du
fédéralisme tel que pratiqué en agriculture, pour
l'ensemble de l'agriculture québécoise?
M. Garon: II y a eu des études de faites dans le cadre du
rapport des Affaires intergouvernementales qui demandait différents
renseignements...
M. Giasson: Est-ce que cela a été fait au
ministère de l'Agriculture ou au ministère des Affaires
intergouvernementales?
M. Garon: Au ministère de l'Agriculture, en partie. Il a
fourni les données.
M. Giasson: Ce rapport est-il complété?
M. Garon: II ne s'agit pas d'un rapport, c'est une étude.
Ce sont des informations fournies. Seulement sur le document...
M. Giasson: Est-ce que ce document est disponible?
M. Garon: II n'y a pas eu de copies de tirées. C'est un
document qui est fait exclusivement pour le ministère des
Affaires...
Ce sont des renseignements au ministère des Affaires
intergouvemementales.
M. Giasson: Ce document n'est pas disponible?
M. Garon: Ce sont des séries d'analyses, des séries
de statistiques. Il ne s'agit pas d'un document comme tel.
M. Giasson: Est-ce qu'un député de
l'Assemblée nationale du Québec, puisqu'il s'agit d'un document
public...
M. Garon: II ne s'agit pas d'un document.
M. Giasson: Quel terme donnez-vous à la brochure qui a
dû être publiée, suite à cette compilation de
chiffres?
M. Garon: II n'y a pas eu de publication. Le ministère
fait constamment des études sur différents sujets, mais ils ne
sont pas nécessairement...
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit d'un document secret?
M. Garon: Non, il s'agit de données ou d'analyses de
chiffres qui ont été fournies à la suite de commandes du
ministère des Affaires intergouvernementales. Il ne s'agit pas d'une
commande...
M. Giasson: L'Assemblée nationale n'a pas accès
à un tel document. Est-ce que c'est ce que je dois comprendre?
M. Garon: Ce n'est pas un document.
M. Vaillancourt (Orford): Comment appelez-vous cela?
M. Giasson: Ce que vous avez remis entre les mains du
ministère des Affaires intergouvernementales...
M. Garon: Ce sont des papiers.
M. Giasson: Ce sont des papiers, mais ce ne sont pas des
documents. Soyons sérieux.
M. Garon: Ce n'est pas, par exemple, un rapport, un
mémoire, mais ce sont différentes analyses sur différents
sujets.
M. Giasson: Oui, mais ces analyses ont été
produites dans une brochure, j'imagine, qui a dû être reliée
d'une façon quelconque. Cela ne doit pas être des feuilles
éparses.
M. Vaillancourt (Orford): Ce ne sont pas des bouts de papier.
Vous en avez gardé une copie.
M. Garon: Ce sont différentes séries chronologiques
qu'on appelle en statistiques des séries chronologiques, des
séries statistiques et qui sont analysées avec différentes
hypothèses.
M. Giasson: Ce sont des séries chronologiques.
M. Garon: Qu'on appelle en statistiques des chiffres, certaines
données statistiques des séries chronologiques.
M. Giasson: Ce document-là...
M. Garon: On appelait cela comme ça, dans le temps que
j'étudiais la statistique.
M. Giasson: ... ce document, cette brochure, je ne dirai pas ce
rapport, parce que le ministre ne veut pas que ce soit un rapport, ces
papiers-là on va prendre un terme beaucoup plus
général est-ce qu'un député de
l'Assemblée nationale du Québec peut les obtenir ou si c'est du
"top secret"?
M. Garon: C'est comme un projet de recherche où vous
confiez à cinq chercheurs des travaux différents. C'est
l'intégration de ces travaux qui a une valeur.
M. Giasson: Mais cela doit être intégré un
jour ou l'autre?
M. Garon: Ce n'est pas vous qui faites l'intégration. Ce
sont eux.
M. Giasson: Qui eux?
M. Garon: Le ministère des Affaires
intergouvernementales.
C'est à ce niveau-là que se fait l'intégration.
Le comité Bonin, vous en avez entendu parler?
M. Giasson: Le comité Bonin. Mais si j'en demande une
copie au ministère, je peux obtenir...
M. Garon: II n'y en a pas.
M. Giasson: II y a un seul exemplaire qui a été
passé...
M. Garon: Ce n'est pas un exemplaire. Disons que je suis un
chercheur. J'engage des étudiants et je leur dis: Faites-moi donc une
série statistique sur tel domaine. Toi, un autre, fais-moi donc une
série statistique sur tel domaine, l'autre... On fournit cela et
à un moment donné vous étudiez différentes
hypothèses là-dessus. A un moment donné, c'est le
maître d'oeuvre qui fait la compilation. Le maître d'oeuvre ce
n'est pas nous.
M. Giasson: Oui, mais c'est le ministère de l'Agriculture
qui a mis les ressources, soit les ressources humaines ou financières
pour produire la partie qui doit venir du ministère de l'Agriculture,
comme il y a sans doute d'autres parties qui vont aux Affaires
intergouvernementales qui peuvent être commandées à
d'autres ministères ou à un autre groupe de travail.
M. Garon: On fait des études comme celles-là d'une
façon régulière aux relations
fédérales-provinciales. Je vais vous donner un exemple concret.
Quand je fais mettre un sujet à l'ordre du jour, par exemple, la
recherche agricole au Québec et au Canada, je veux parler de ce
thème lors des conférences fédérales-provinciales.
Avant d'y aller, je vais voir M. Dagenais du service économique et je
lui dis: M. Dagenais, j'aimerais que cela soit inscrit. Je vais en parler parce
que je trouve que le Québec n'a pas eu sa part là-dedans.
Voulez-vous me sortir des données statistiques sur ce qu'ont
été, approximativement, les sommes dépensées par
Ottawa dans la recherche agricole, parce que j'ai besoin de ces données
pour aller discuter avec Ottawa. Ces chiffres-là sont produits à
l'année? Alors, de la même façon que chaque fois qu'il
arrive une question sur un sujet, je passe différentes commandes, par
exemple, pour avoir certains types de dossiers. Je vais vous donner un exemple.
J'ai déjà demandé, dans l'étude sur la pomme de
terre, si des subventions fédérales avaient un effet sur le
transport des pommes de terre. (22 heures)
Des études ont été faites. Une poche de pommes de
terre de cent livres qui venait de Grand Falls, Nouveau-Brunswick, à
Québec était meilleur marché qu'une poche de pommes de
terre qui venait du comté de Portneuf à Québec à
cause des subventions du gouvernement fédéral. Pourquoi? Parce
que je voulais dire un mot là-dessus dans la conférence
fédérale-provinciale. Je voulais voir quel était l'impact
de cette politique? Alors, je me suis rendu compte que la politique
fédérale sur la subvention des pommes de terre était
nuisible aux producteurs de pommes de terre du comté de Portneuf. Alors,
ce sont des points comme ça, c'est-à-dire, des
données.
Le Président (M. Clair): Messieurs, nous pourrons
continuer la discussion demain, il est 22 heures. La commission ajourne ses
travaux à demain matin, 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 1