(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour,
chers collègues. Veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes maintenant à la rubrique
Déclarations de députés, et je cède la parole à M. le député de Saint-Jean.
Souligner la création d'un nouveau service d'entraide pour
les hommes à Saint-Jean-sur-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Mme la Présidente, vous
vous souviendrez que, dans la foulée d'une augmentation de féminicides, la
ministre de la Sécurité publique du temps avait commandé à notre collègue de Chauveau
un portrait des services d'aide aux hommes potentiellement violents au Québec.
Et c'est comme ça que mon comté de Saint-Jean est apparu sur le radar avec deux
problèmes : un taux élevé de cas problématiques ou à risque et ce qu'on
appelle un trou de services. Les services étaient en équilibre en Montérégie,
mais le centre d'aide le plus près de chez nous était trop loin.
Grâce à l'écoute et l'aide du ministre des
Services sociaux, la communauté s'est mobilisée, et notre maison des familles,
Famille à Coeur, a accepté de créer, l'an dernier, Le Saule, notre service
d'entraide pour hommes. Et j'aurai le plaisir de le faire visiter à la ministre
de la Condition féminine vendredi, parce que je suis de ceux qui pensent que,
pour aider les femmes victimes de violence, il faut aussi aider les hommes,
parce que l'inclusion de l'un est indissociable de l'avancement de l'autre.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner le 100e anniversaire de l'Hôpital Shriners pour
enfants
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Cette année marque le 100e anniversaire de l'Hôpital Shriners
pour enfants, une institution spécialisée dans les soins pédiatriques, la
recherche révolutionnaire et l'innovation globale. Il fait partie du Site Glen
du Centre universitaire de McGill, une fierté de ma circonscription, à Notre-Dame-de-Grâce.
Created in 1925, Montréal
Shriners Hospital is a bilingual, short-term acute care hospital providing
specialized care to children. For 100 years, they have remained committed
to reaching as many children as possible and offering them unique patient-centered
care.
Rien de tout cela ne
serait possible sans les infirmières, les médecins, les administrateurs et le
personnel, qui font preuve d'attention et d'empathie incroyable, et dont
beaucoup sont des résidents de Notre-Dame-de-Grâce.
Bien que le Shriners soit une institution de
renommée internationale, les résidents de NDG peuvent en être fiers.
Bon anniversaire, et pour les prochaines
100 années! Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Marie-Victorin.
Féliciter l'équipe de volleyball des Carabins, gagnante
d'une médaille d'argent au championnat canadien, ainsi que son entraîneur,
M. Olivier Trudel
Mme Shirley Dorismond
Mme Dorismond : Merci, Mme la
Présidente. Je félicite l'équipe féminine de volleyball des Carabins de l'Université
de Montréal, dirigée par Olivier Trudel, présent dans les tribunes, pour leur
médaille d'argent au championnat canadien, la deuxième meilleure équipe du
pays. Les Carabins ont fait trembler le Québec en renversant les favorites, les
Pandas de l'Université de l'Alberta, pour atteindre la finale.
M. Trudel est devenu le premier entraîneur
de volleyball de l'histoire de l'UdeM à recevoir le titre du meilleur
entraîneur du Canada. En 12 ans, vous avez réussi à récolter deux
médailles de bronze et deux médailles d'argent. Élu entraîneur de l'année du
Québec pour la 12e fois, l'équipe est 13 fois championne du RSEQ. Et,
en 2025, il marque sa 300e victoire.
Je vous remets un certificat honorifique pour
votre dévouement et votre impact positif sur nos athlètes. Vous laissez une
empreinte indéniable sur la scène sportive. Serge, Marie-Line, vous pouvez être
fiers de votre fils.
Bravo à toute l'équipe!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Laurier-Dorion.
Appuyer les demandes des élèves de l'Académie de Roberval
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je tiens à souligner le combat des élèves de l'école
secondaire Académie de Roberval, qui se mobilisent pour la réintégration dans
leur école d'origine.
Délocalisés depuis 2017, les élèves ne ménagent
pas leurs efforts pour protéger cette école de ma circonscription, qui
nécessite des travaux majeurs.
Aujourd'hui, les élèves demandent au ministre de
l'Éducation de les entendre et d'autoriser enfin le financement nécessaire pour
la reconstruction de leur école.
Cette semaine, les élèves m'ont remis une
pétition qui a recueilli plus de 1 000 noms, de
1 000 signatures, et je me suis engagé à porter leur voix auprès du
ministre de l'Éducation.
Cet exemple de mobilisation des jeunes mérite
tout notre respect, parce qu'une école, ce n'est pas juste un bâtiment, c'est
un lieu d'attachement, de socialisation et de participation où nos jeunes se
forment à être les adultes de demain.
Les élèves de l'Académie de Roberval nous
montrent le chemin en se mobilisant pour leur école, et je les en félicite.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bonaventure.
Rendre hommage à Mme Nancie Smith
Mme Catherine Blouin
Mme Blouin : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, aujourd'hui, je souhaite souligner la vivacité d'esprit de
Mme Nancie Smith.
Cet hiver, à la patinoire de Pabos, il y a un
petit garçon qui s'est retrouvé en détresse respiratoire. Il était étouffé. Il
ne pouvait plus respirer. Il ne pouvait plus parler. Mais heureusement Nancie
était là. Pendant ces quelques secondes d'angoisse, elle est intervenue avec
calme, rapidité et instinct. Elle a changé le cours des choses, et c'est en
très grande partie grâce à elle que ce garçon a pu retrouver son souffle et
éviter le pire. Elle lui a sauvé la vie. Ce jour-là, elle a fait preuve de
courage et a rempli de reconnaissance le garçon et tous ses proches. C'est rare
qu'on sauve la vie de quelqu'un, mais Nancie, elle, elle l'a fait plusieurs
fois.
Alors, Nancie, du fond du coeur, je te dis
merci. Ta bienveillance, ton altruisme méritent d'être soulignés. Et c'est
toute la communauté qui est remplie de gratitude envers toi. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner le 35e anniversaire de Microcrédit Montréal
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente, je
prends la parole aujourd'hui pour souligner le 35e anniversaire de
Microcrédit Montréal, une organisation qui oeuvre sans relâche pour
l'épanouissement économique des entrepreneurs et des professionnels formés à
l'étranger.
Depuis sa création en 1990, Microcrédit Montréal
se distingue par son engagement à lutter contre la pauvreté et l'exclusion
sociale par la mise en place d'un modèle de financement socialement
responsable, innovant et accessible à tous, soit le microcrédit, ces petits
prêts qui changent des vies et rapportent gros à la société.
Je tiens à saluer l'approche humaine de
l'organisation, qui permet aux entrepreneurs d'avoir accès aux outils
nécessaires pour entreprendre en sol québécois avec confiance et qui épaule aussi
les professionnels dans l'accélération de la reconnaissance de leurs
compétences afin qu'ils puissent travailler dans leur domaine au Québec.
Notons que Microcrédit Montréal offre aussi de
l'accompagnement personnalisé aux femmes, contribue à la création d'emplois et
contribue au maintien de ces derniers.
À l'occasion de ce 35e anniversaire, merci
de permettre à de nombreux Québécois de réaliser leurs rêves. Longue vie à
Microcrédit Montréal!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner le 60e anniversaire de l'entreprise Transport
Gérald Pelletier
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci, Mme la
Présidente. Je prends la parole en cette Chambre aujourd'hui pour souligner les
60 ans d'existence de l'entreprise familiale Transport Gérald Pelletier.
Bien enracinée dans sa communauté à
L'Isle-Verte, Transport Gérald Pelletier transporte annuellement plus de
100 millions de litres de lait, de Saint-Simon à Rivière-du-Loup, en
passant par le Nouveau-Brunswick, contribuant activement à notre économie
locale.
L'entreprise familiale a été fondée en 1964 par
M. Gérald Pelletier, alors qu'il était âgé de seulement 22 ans. Après
avoir été dirigée par ses enfants Linda, Sylvie et Daniel, Transport Gérald
Pelletier est aujourd'hui sous la direction de Chloé et de Shana D'Amours, les
petites-filles de M. Pelletier. C'est en leur présence ce matin dans les
tribunes que je souhaite rendre hommage à vous, M. Pelletier, pour votre
apport inestimable à la vitalité de notre communauté.
Alors, au nom de tous les citoyens de la
circonscription de Rivière-du-Loup—Témiscouata, incluant Les Basques, merci,
et bon succès pour votre 60e anniversaire.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Portneuf.
Souligner l'engagement des bénévoles du Relais de la
Pointe-Aux-Écureuils
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais souligner l'implication extraordinaire des bénévoles du
Relais de la Pointe-Aux-Écureuils, à Donnacona.
Cet organisme a vu le jour il y a plus de
10 ans, lorsque des femmes et des hommes se sont mobilisés pour
sauvegarder l'église de Saint-Jean-Baptiste et lui redonner un second souffle.
Après un travail considérable, l'église abrite
aujourd'hui un club de gymnastique, un dépôt-vente de meubles, une salle de
spectacle, un musée, le cercle des fermières, et bien plus encore. L'année y
est rythmée par des activités qui sont devenues, au fil du temps, de véritables
traditions, comme le fameux vide-grenier ou les rendez-vous estivaux sur le
parvis, qui sont l'occasion de belles discussions dans une ambiance chaleureuse.
Le Relais de la Pointe-Aux-Écureuils, c'est un
exemple de requalification réussie d'un élément important de notre patrimoine
bâti.
Bravo à Marc Duval, aussi connu sous le nom de
Général Patente, pour son inventivité remarquable, ainsi qu'à toute la
formidable équipe de bénévoles qui rendent ce lieu vivant. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner le travail de l'organisation Saint-Hyacinthe
Technopole
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci, Mme la
Présidente. Dans un contexte où nos entreprises doivent jongler avec une
incertitude économique liée aux tarifs imposés par nos voisins du Sud, je
souligne l'initiative de Saint-Hyacinthe Technopole. Cet organisme accompagne
nos entreprises dans ces moments de turbulence économique par des ressources
stratégiques et des conseils personnalisés.
Saint-Hyacinthe Technopole a mis en place une
section, sur son site Web, dédiée aux entrepreneurs pour les informer des
mesures de soutien disponibles, un guide essentiel pour nos entreprises
locales. Je salue cette initiative qui contribue activement à soutenir notre
économie locale. J'encourage nos entrepreneurs à profiter de ces ressources et
à faire appel aux services d'accompagnement qui leur sont offerts. Alors, vous
pouvez aller sur le site st-hyacinthetechnopole.com, guide impact tarifs américains.
Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Saint-François.
Rendre hommage à Mme Madeleine Tremblay
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Mme
la Présidente, bachelière en pédagogie et en musique, Mme Madeleine
Tremblay est P.D.G. du Festival-concours de musique de Sherbrooke depuis 2003.
Elle a été professeure de piano, juge et
administratrice à l'Académie de musique du Québec, chargée de cours à l'Université
de Sherbrooke et directrice générale de l'Académie musicale des Cantons.
Mme Trembay a été présidente de l'Orchestre
symphonique des jeunes de Sherbrooke et secrétaire de l'Orchestre symphonique
de Sherbrooke.
Au Concours de musique du Canada, elle a présidé
la section sherbrookoise et les comités organisateurs des finales provinciales
et de la finale nationale.
Mme la Présidente, elle a aussi obtenu plusieurs
reconnaissances, dont le Mérite estrien en arts et culture, l'Ordre de la Croix
des Fusiliers de Sherbrooke, la Médaille de l'Assemblée nationale, le prix
Henri-Crochetière du Club Optimiste et le prix Fondation Desjardins — Engagement
bénévole.
Mme Tremblay, votre implication et celle de
votre formidable équipe permet à nos jeunes musiciens de s'exprimer et d'être
tellement fiers de leur travail. Merci.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Duplessis.
Souligner le début de la saison de la pêche au crabe
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : «Kuei», Mme
la Présidente. Signe que le printemps est bel et bien arrivé sur la Côte-Nord
et dans l'Est du Québec, c'est cette semaine que la saison de la pêche au crabe
est lancée. Aujourd'hui, je souhaite reconnaître le rôle vital que l'industrie
de la pêche commerciale joue pour l'économie de la Côte-Nord et du Québec.
Malgré les défis qu'impose le contexte
géopolitique actuel, les premiers casiers ont été lancés, et très bientôt le
crustacé tant attendu sera disponible dans les poissonneries. J'en salive déjà.
Je veux donc saluer ces hommes et ces femmes qui
se retroussent les manches pour aller en mer. Je lève aussi mon chapeau aux
travailleurs et travailleuses des usines de transformation qui nous permettront
de nous délecter de ce délicat fruit de mer.
Cette semaine, on aura vu les bateaux de pêche
partir en mer, déterminés à surmonter tous les obstacles. Merci pour votre
travail.
Sur ce, soyons fiers. Allons dans nos
poissonneries et encourageons nos pêcheurs en achetant local. Merci. Et bon
appétit!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Taillon.
Souligner la Semaine québécoise de la déficience
intellectuelle
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. La Semaine québécoise de la déficience intellectuelle se déroulait
du 16 au 22 mars 2025. Pour l'occasion, plusieurs activités se sont
déroulées un peu partout au Québec. J'en ai d'ailleurs profité pour participer
au Grand Rendez-vous unifié, qui regroupait des centaines de cliniciens et
d'athlètes olympiques spéciaux du Québec au Centre sportif McGill, samedi.
Célébrée chaque année, cette semaine vise à
sensibiliser la population aux réalités des personnes ayant une déficience
intellectuelle de même qu'à promouvoir une société plus inclusive et équitable.
L'édition 2025 de la campagne de sensibilisation avait pour thème J'avance!.
Plusieurs efforts en activités de jour, en
soutien à la famille, en hébergement ont été déployés ces dernières années par
notre gouvernement pour favoriser une pleine participation sociale et
l'autonomie des personnes vivant en situation de handicap. J'en profite pour
remercier l'ensemble des partenaires, des intervenantes et des intervenants.
Continuons d'avancer tous ensemble. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 54)
(Reprise à 10 h 07)
La Présidente : Bonjour, tout le
monde. 26 mars. Mesdames messieurs, bienvenue. Le parlement du Québec,
c'est chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence de l'ambassadeur de la République italienne,
M. Alessandro Cattaneo, et du consul général à Montréal, M. Enrico
Pavone
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de souligner la
présence, dans les tribunes, de l'ambassadeur de la République italienne, Son
Excellence M. Alessandro Cattaneo, à l'occasion de sa visite officielle. Et
il est accompagné du consul général à Montréal, M. Enrico Pavone.
Alors, chacun reprend sa place. Merci, messieurs
dames.
Accueil de la nouvelle députée
de Terrebonne, Mme Catherine Gentilcore
J'invite maintenant M. le chef du troisième
groupe d'opposition à accueillir la nouvelle députée de Terrebonne, Mme Catherine
Gentilcore.
(Applaudissements)
La Présidente : Et nous
procéderons maintenant aux allocutions pour l'accueil de la nouvelle députée de
Terrebonne. Je cède la parole à M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
Mme la Présidente. Donc, c'est évidemment avec beaucoup de fierté que nous
accueillons parmi nous aujourd'hui la nouvelle députée de Terrebonne, au terme
d'une élection forte en émotions, avec une haute signification.
Et, avant tout, je veux féliciter toutes les
candidates, tous les candidats qui, pour chaque parti, se sont donné la peine
d'aller à la rencontre des citoyens. Je veux les remercier parce que c'est un
don de soi, on ne le dit jamais assez, un don de soi pour la démocratie. Et on
sait tous à quel point ça peut être exigeant de faire une campagne électorale,
particulièrement dans ce cas-ci, ça a duré six mois. On met sa vie quotidienne
sur pause pour s'intéresser à ce qui se passe dans la vie des citoyens.
• (10 h 10) •
Je connaissais bien la députée de Terrebonne
avant son arrivée ici, à l'Assemblée nationale, et je peux vous dire que c'est
une femme d'exception. Je crois qu'elle est appelée à devenir une députée
incontournable ici, à l'Assemblée nationale, durant les années à venir. En
fait, j'en ai la profonde conviction. C'est surtout à l'ensemble des électeurs
de Terrebonne qu'elle a su révéler son talent, son désir de changer les choses,
également, son désir d'améliorer les conditions de vie de ses concitoyens. Et
c'est dans sa démarche qu'on a vu qu'elle aspirait, qu'elle voulait donner,
essentiellement, comme cadeau à ses citoyens celui de la liberté, sa liberté de
s'exprimer, la liberté qu'elle veut donner à son peuple de décider par
lui-même.
La députée de Terrebonne est talentueuse,
studieuse, rigoureuse. Elle est surtout extrêmement travaillante, et ça, c'est
une valeur que, personnellement, j'apprécie et que je valorise beaucoup. Donc,
je veux remercier les citoyens de Terrebonne de lui avoir fait confiance, de
nous avoir fait confiance, un choix qui a un impact positif sur notre formation
politique. Et, à ce titre, je les rassure, leur nouvelle députée de Terrebonne
aura des responsabilités à la hauteur de leurs attentes et à la hauteur des
nombreux défis devant nous. Donc, au total, ce sont neuf dossiers qui lui sont
confiés, notamment celui de l'économie, où elle pourra mettre à profit son
expertise à titre de gestionnaire. Elle a été notamment P.D.G. d'importantes
organisations, donc elle connaît plusieurs réalités, et c'est un mandat
important qui lui est confié.
La députée de Terrebonne aura également le
mandat exigeant, difficile, même, qu'est celui de l'itinérance. On sait que
c'est un phénomène qui est en croissance au cours des dernières années, et nous
croyons, au Parti québécois, qu'on est une société riche et qu'à titre de
société riche on ne devrait pas accepter ce phénomène. Donc, je lui confie ce
mandat-là.
Également celui de la culture. La députée de
Terrebonne a oeuvré pour une grande partie de sa carrière dans le milieu
culturel. Et elle a été chanteuse d'opéra, d'ailleurs, faut-il le mentionner.
Son nom, également, c'est Gentilcore, donc la présence de l'ambassadeur
d'Italie ne peut pas être un... ne peut pas être un hasard. Bref, c'est un
autre mandat important, celui de la culture. Il faut avoir la lucidité, en
2025, de réaliser que nous ne vivons pas dans une époque qui est favorable pour
les petites nations, pour leur épanouissement culturel. Donc, je lui confie
cette réflexion qui est essentielle pour la suite des choses.
En terminant, je veux dire que son arrivée
s'inscrit également dans une perspective d'ajouter une voix audible à
l'Assemblée nationale pour l'indépendantisme et le féminisme. Elle a mené
campagne à titre de fière indépendantiste et de fière féministe, et cette
démarche-là va se poursuivre ici, à l'Assemblée nationale.
Donc, il y a beaucoup de
travail qui attend la députée de Terrebonne, mais je n'ai aucun doute qu'elle
sera à la hauteur. Je lui souhaite la très bienvenue dans la maison de notre
peuple. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Merci, M. le chef du
troisième groupe d'opposition. Et je cède maintenant la parole à M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Bonjour, Mme
la Présidente. Je voudrais, à mon tour, souhaiter la bienvenue, féliciter la
nouvelle députée de Terrebonne. Je me rappelle un peu, la première fois qu'on
rentre ici, on est impressionnés, quand on se rappelle de l'histoire des
personnages marquants qui sont passés ici. Il faut rester un peu impressionné,
mais on s'habitue un petit peu avec le temps.
Je suis convaincu que la nouvelle députée de
Terrebonne va apporter un regard neuf à nos débats ici, au Québec. Et, bien, je
regardais un peu son C.V., effectivement, baccalauréat en chant classique, donc
le chef de l'opposition officielle va avoir de la compétition. Et s'est ajouté
ensuite un D.E.S.S. à HEC Montréal. Ça part bien quelqu'un dans la vie,
d'avoir un diplôme des HEC. Elle a beaucoup travaillé en marketing, au Devoir,
à L'Opéra de Montréal, à C2 Montréal, qui est un excellent organisme qui
fait la promotion de Montréal. Donc, elle a une belle expérience. Donc, je veux
lui souhaiter la bienvenue.
Je veux aussi saluer tous les candidats, en
particulier le candidat de la CAQ, Alex Gagné. Je pense qu'il y en a
plusieurs parmi notre famille de la CAQ qui ont eu l'occasion de le côtoyer.
C'est un jeune de 27 ans qui a lancé une fondation pour l'éducation. C'est
vraiment sa passion, comme la mienne un peu, pour l'éducation. Donc, il aide...
Puis il va retourner à la fondation, donc, suite à cette campagne. Il aide les
jeunes qui ont des problèmes financiers à s'acheter le nécessaire pour l'école,
mais il aide aussi les jeunes qui ont des difficultés d'apprentissage, il a
réussi à faire un jumelage avec des étudiants du cégep. C'est quelqu'un qui est
agréable. Je pense, c'est quelqu'un qu'on va revoir en politique, là,
franchement, c'est quelqu'un qui a beaucoup de talent. Donc, merci, Alex.
Donc, je termine, encore une fois, en souhaitant
la bienvenue à la nouvelle députée de Terrebonne. On a hâte de débattre avec
vous. Merci.
La Présidente : Merci, M. le premier
ministre. Je cède maintenant la parole au chef de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de souhaiter la bienvenue, la
très bienvenue à notre nouvelle collègue de Terrebonne. Ne vous surprenez pas,
ce n'est pas à tous les jours que les collègues se lèvent spontanément pour
vous applaudir quand on rentre au salon rouge. Je pense que c'est important de
le mentionner. Ça se peut que ça change dès demain. Mais ce n'est pas grave, ce
n'est pas grave, aujourd'hui c'est important de souligner votre entrée.
Vous avez été présidente du Parti québécois,
donc, depuis octobre 2023. Effectivement, vous avez un baccalauréat en chant
classique, alors le défi est déjà lancé au karaoké, soyez-en assurée. Et je
pense que c'est toujours rassurant pour un chef de parti de savoir qu'on a un
député ou une députée qui est capable de tenir le la, et d'avoir une harmonie
au sein du caucus, je pense que c'est toujours très, très bienvenu.
En ce sens-là, vous avez aussi des études
supérieures en journalisme de l'Université de Montréal, communications,
marketing aux HEC. Et j'ai vu que vous avez travaillé pour une entreprise dans
le domaine des technologies numériques. Alors, j'ai comme l'impression que ça
risque d'être un sujet qui revienne à l'Assemblée nationale. Je ne sais pas
pourquoi, mais je pense que ça risque d'être d'actualité certains jours.
Une fois qu'on a dit ça, Mme la Présidente,
aussi, votre feuille de route professionnelle vous a amenée à être directrice
marketing du quotidien Le Devoir, L'Opéra de Montréal, C2 Montréal.
Je suis heureux d'entendre le chef du Parti québécois dire qu'une valeur qui
lui tient à coeur, c'est le travail, parce que je pense que vous n'en manquerez
pas. Avec vos neuf dossiers, ce n'est pas les sujets qui vont manquer et la
nécessité, donc, de travailler en ce sens-là.
Je vais, sur une note un peu plus sérieuse
également, prendre le temps de vous citer. Ce que vous avez dit le 28 novembre
dernier m'a particulièrement touché, vous avez dit vouloir faire entendre une
voix féministe, pragmatique à l'Assemblée nationale et à poursuivre la lutte
pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Je salue cet engagement-là, et
vous pouvez nous considérer comme des alliés dans cette poursuite-là.
Félicitations, évidemment, vous me permettrez, à
notre candidate, Virginie Bouchard, qui a été sur le terrain avec les nombreux
bénévoles, elle a fait une belle campagne. Et également féliciter et remercier
tous les bénévoles de tous les partis, toutes les candidates et candidats.
C'est la démocratie qui a parlé, et, la démocratie, on ne se trompe pas, en
démocratie. Et, en ce sens-là, nous sommes très heureux de vous accueillir
aujourd'hui. Bienvenue. Bon mandat.
La Présidente : Merci, M. le chef de
l'opposition officielle. Et je cède maintenant la parole à la cheffe du
deuxième groupe d'opposition.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. À mon tour, donc, au nom de mes collègues de Québec
solidaire, de souhaiter la très bienvenue à la nouvelle députée de Terrebonne,
qui a eu une belle victoire le 17 mars dernier.
C'est toujours une bonne nouvelle quand une
femme fait son entrée à l'Assemblée nationale, et, dans ce sens-là, je me
réjouis beaucoup d'avoir une nouvelle députée parmi nous, ici, parce qu'il ne
faut pas oublier qu'il a fallu attendre une autre élection partielle, celle-là
en 1961, pour voir une première femme élue à l'Assemblée nationale. Je parle,
bien sûr, de Marie-Claire Kirkland-Casgrain. Il ne faut pas oublier qu'il a
fallu attendre jusqu'en 1940 pour que les femmes aient le droit de vote au
Québec.
• (10 h 20) •
Encore aujourd'hui, face au vent de la droite
dure qui souffle partout, il faut se rappeler nos avancées. C'est important de
s'en rappeler. Mais ce qu'on a encore plus besoin, aujourd'hui, c'est de nous
engager fermement à avoir de nouvelles assemblées jusqu'à ce que l'égalité
entre les femmes et les hommes soit parfaitement atteinte. Il nous faudra donc
toujours, et je suis certaine que la députée de Terrebonne est d'accord avec
ça, rester vigilants et vigilantes. Je dirais même qu'on devrait se serrer les
coudes, tout le monde ensemble, peu importe nos allégeances politiques, pour
que le Québec demeure ce fer de lance de l'égalité entre les femmes et les
hommes ici, au Parlement.
Je veux d'ailleurs suggérer à la nouvelle
députée de Terrebonne une lecture, le livre de Jocelyne Richer, Le sexe
du pouvoir. D'ailleurs, je l'ai distribué à tous les chefs du Parlement,
donc peut-être que le chef du Parti québécois pourrait lui passer sa copie. Il
me dit que oui. Donc, ça, ce serait une belle lecture.
Mme la Présidente, la députée de Terrebonne amène
avec elle beaucoup de bagage. Elle est passée par C2 Montréal, Le Devoir,
L'Opéra de Montréal, HEC Montréal tout comme moi. La députée est une
indépendantiste convaincue, assumée, une féministe, aussi, assumée, et ça
augure bien pour élever le débat ici, à l'Assemblée nationale. Elle est... Elle
a aussi un baccalauréat en chant classique, et peut-être, ça aussi, ça va
élever le débat et les gens qui ont des qualités de chant à l'Assemblée
nationale, et je ne vise personne.
Sans blague, j'espère qu'elle va garder un
souvenir mémorable de sa première journée dans cette Chambre. C'est vrai que ce
n'est pas tous les jours qu'on reçoit des éloges des collègues de tous les
partis. C'est important qu'elle mette cette journée-là dans sa poche, parce
qu'en politique il y a des bons moments, mais des fois il y a aussi des
défaites, et c'est important de se rappeler de ces moments-là. Je veux citer un
grand membre du camp indépendantiste qui a dit que c'est toujours important de
rester fidèle à ses rêves du début, et c'est ce que je lui souhaite.
En terminant, je tiens à féliciter toutes les
candidates et tous les candidats qui ont participé à cet exercice démocratique
important dans Terrebonne, et plus particulièrement la candidate Nadia Poirier,
et aussi de saluer le travail de tous les militants et toutes les militantes de
Québec solidaire qui ont travaillé à cette campagne. Merci aussi aux électeurs
et aux électrices qui ont voté pour Québec solidaire. Et, encore une fois,
bravo et félicitations à la nouvelle députée de Terrebonne!
La Présidente : Merci, Mme la cheffe
du deuxième groupe d'opposition.
Maintenant, comme le veut la tradition, Mme la
députée de Terrebonne s'adressera à l'Assemblée. Alors, je vous cède la parole
sans plus tarder.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci, Mme la
Présidente. Merci également au premier ministre, au chef de l'opposition
officielle et à la cheffe du deuxième groupe d'opposition pour vos bons mots.
Merci, chers collègues. Un merci tout particulier à mon chef, Paul, pour son
implication soutenue à mes côtés pendant toute cette campagne électorale dans
Terrebonne. Merci. Merci à mes valeureux collègues pour leur soutien
indéfectible mais aussi pour leur accueil chaleureux. Merci d'être là.
C'est un honneur et un privilège pour moi de
m'adresser à vous en cette Chambre. Ma présence ici est un signe de la vigueur
et de l'intégrité de la démocratie québécoise. On est choyés de faire partie
d'une démocratie aussi vibrante et dynamique, servie par des citoyens engagés
tout au long du processus électoral. J'ai une pensée toute particulière pour
les jeunes de secondaire V — ils étaient nombreux, d'ailleurs — qui
ont participé au projet pilote du DGE comme employés dans les bureaux de vote
le jour de l'élection. C'était vraiment beau de les voir contribuer activement
à notre démocratie.
Par le passé, on l'a dit, j'ai occupé des postes
de direction dans des institutions culturelles et médiatiques québécoises,
notamment L'Opéra de Montréal, Le Devoir. J'ai toujours choisi mes
défis professionnels avec une seule aspiration profonde : mettre mes
efforts au service du Québec, du rayonnement et du développement de ses
talents, de ses idées et de sa prospérité. La culture et la langue sont les
fondements de notre nation. Il me tarde d'échanger avec vous, mes collègues de
l'opposition, et avec M. le ministre de la Culture et des Communications à ce
sujet.
J'ai également mené une organisation dans le
domaine de l'innovation et des nouvelles technologies, deux secteurs qui sont
d'une importance cruciale pour notre économie, tout particulièrement, là, pour
les mois et les années à venir, et mes collègues peuvent compter sur mon
entière collaboration pour donner des impulsions nouvelles aux innovateurs et
aux PME québécoises.
Mais aujourd'hui, évidemment, je pense avant
tout aux citoyennes et aux citoyens de Terrebonne qui m'ont fait confiance afin
de porter leur voix à l'Assemblée nationale. Ces derniers mois, ils m'ont
confié leurs espoirs, mais leurs frustrations aussi. Ils m'ont parlé de leurs
attentes à l'égard des services publics, de leurs besoins d'équité et de
justice à l'heure où les besoins en matière de logement, de transport et de
soins de santé sont de plus en plus criants. Ils m'ont beaucoup touchée par
leur sensibilité envers les difficultés que vivent leurs concitoyens. Ils m'ont
parlé d'itinérance, de l'avenir de nos enfants, de notre
incapacité à bien accueillir les nouveaux arrivants, leurs voisins, qui sont de
plus en plus nombreux. Ces questions-là ont été au coeur de la campagne puis
elles vont être au coeur de mon mandat auprès d'eux et auprès de vous.
Enfin, j'aimerais réitérer les valeurs qui
m'animent, celles de la solidarité, de prospérité, d'identité et surtout
d'intégrité. Un des principaux adversaires que j'ai eu à combattre les
dernières semaines, c'était le cynisme des citoyens envers la classe politique.
Je me donne donc comme mission toute personnelle de tout faire pour contrer ce
cynisme par mes interventions en Chambre, en commission parlementaire et dans
toutes les activités politiques auxquelles j'aurai l'honneur de participer.
Nous avons tous ici, en cette Chambre, un devoir d'exemplarité, et je ferai
tout ce qui est en mon pouvoir pour être à la hauteur des responsabilités qui m'incombent
à titre de membre de l'Assemblée nationale du Québec. Je vous remercie toutes
et tous pour votre accueil. Merci.
La Présidente
La Présidente : Merci
beaucoup, Mme la députée de Terrebonne. Et j'aimerais également souhaiter la
plus cordiale bienvenue à notre nouvelle collègue et l'assurer de l'entière
collaboration de tous les membres de l'équipe de la présidence, que vous ne
voyez peut-être pas actuellement.
Maintenant, nous allons poursuivre les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Il n'y a pas de dépôt de documents ni de dépôt
de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Et je vous dirais qu'il n'y a pas de bravo.
Questions et réponses orales
Alors, nous en sommes maintenant rendus à la
période de questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la
parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Gestion des finances publiques
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors, Mme
la Présidente, il y a des questions, et on espère qu'il y aura des réponses. Et,
inquiétez-vous pas, il n'y aura pas, de notre côté, de bravo suite à la lecture
du budget.
Une fois qu'on a dit ça, Mme la Présidente,
puis au-delà... au-delà de l'étiquette politique, force est de constater, à
tout seigneur tout honneur, que le premier ministre est le roi incontesté ou le
«king» incontesté des déficits et du gaspillage. À la vue, à la lecture même du
budget, on peut voir que, et ça participe de la critique, le premier ministre
est un comptable qui a de la difficulté à compter, Mme la Présidente.
En 2025‑2026, ce sera un nouveau record, déficit
de 13,6 milliards de dollars. Imaginez ça, 13,6 milliards de dollars.
Et ce n'est pas le seul record, évidemment, qui revient au premier ministre, il
a d'autres records à son actif. Vous savez qu'en deux mandats, en huit ans, il
aura ajouté 96 milliards de dollars à la dette nette du Québec. Ça, en
huit ans, c'est 55 % de plus, additionné. Également, il aura ajouté
12 000 fonctionnaires de plus à Québec. On ne parle pas de celles et ceux
qui, en éducation et en santé, donnent les services de première ligne.
12 000 fonctionnaires de plus à Québec, déficit record de
13,6 milliards, et les Québécoises et Québécois n'ont pas les services
auxquels ils ont droit. Tout ça, Mme la Présidente, c'est sous le signe d'une
fin de régime.
Le premier ministre réalise-t-il qu'il entraîne
le Québec dans...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je suis content d'avoir la question, parce qu'on va pouvoir
corriger des faits. D'abord, parlons des records de déficit, O.K.? Le record...
D'abord, c'est important de dire, pour 2025‑2026, on prévoit un déficit de
1,8 % du PIB. Or, le record, au Québec, pour le déficit, c'est en 1994‑1995,
un gouvernement libéral. Premier ministre, Daniel Johnson fils. Quel était le
déficit? 3,3 % du PIB, presque le double du déficit qui est annoncé pour
l'année qui vient. Mme la Présidente, deuxième déficit record, 1995‑1996,
c'était Jacques Parizeau qui était le premier ministre, donc un budget du Parti
québécois. Déficit : 2,2 % du PIB. Donc, je rappelle, Mme la
Présidente, que le déficit qui est annoncé, c'est un déficit de 1,8 % du
PIB. Donc, je ne voudrais pas dire à Daniel Johnson que c'est le «king» des déficits,
on n'ira pas aussi bas que le Parti libéral dans ses façons d'appeler les
premiers ministres du Québec.
Maintenant, pour ce qui est de la dette, Mme la
Présidente, en 2018, la dette nette du Québec était à 46 % du PIB.
Aujourd'hui, la dette du Québec...
• (10 h 30) •
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...est à 38 %
du PIB.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, le premier ministre ne peut pas se féliciter de son déficit record
en dollars constants. Il ne peut pas s'en féliciter. Il ne peut pas dire aux
Québécoises et Québécoises : Aïe! ce n'est rien, 13,6 milliards de
dollars, qui s'ajoutent aux 11 milliards de l'an passé. Il ne peut pas
dire que ce n'est rien puis que ça ne changera pas rien dans leur vie. Les
Québécoises et Québécois ont l'impact de ces déficits-là à tous les jours.
J'ai cité, hier, le cas de M. St-Georges,
75 ans, qui attend son opération, puis qui va aller au privé, puis qui va
payer 23 000 $ parce que l'État l'a abandonné.
C'est ça, son bilan.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, vous
avez remarqué que je n'ai pas dit que ce n'était rien, le déficit. Tout ce que
je dis, c'est que, si je reprends l'expression du chef de l'opposition
officielle, le «king» des déficits, au Québec, il s'appelle Daniel Johnson
fils, qui a fait un déficit de 3,3 % du PIB.
Maintenant, Mme la Présidente, pourquoi on se
retrouve avec un déficit de 1,8 % du PIB, pour l'année 2025-2026?
Essentiellement trois raisons : un, on avait un rattrapage à faire dans
les services; deux, on a baissé les impôts de la classe moyenne; et, trois, il
faut aider les entreprises à faire face...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...aux tarifs de
M. Trump.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, le
premier ministre est incapable d'offrir les services auxquels la population,
les Québécoises et Québécois ont droit, incapable. Et c'est déficit sur
déficit, en dollars réels, c'est très clair. Rappelez-vous la mise à jour
économique de novembre 2023. Par la suite, c'était une erreur de
8 milliards. La dernière mise à jour économique, du
21 novembre 2024, c'était prévu à 9,2, il a fini à 13,6, erreur de
4,4.
C'est lui, le «king» des déficits, c'est un
comptable qui ne sait pas compter, et les Québécois n'en ont pas pour leur
argent.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Je vais répéter, parce
que, je pense, c'est important de répéter. Le déficit pour
l'année 2025-2026, le déficit d'un gouvernement de la CAQ, c'est
1,8 %. Le «king» des déficits, c'est Daniel Johnson, un gouvernement
libéral, 3,3 %. Puis le deuxième «king», c'est Jacques Parizeau, un
gouvernement du Parti québécois, 2,2 % de déficit, en pourcentage du PIB.
Mme la Présidente, tous les économistes
comprennent qu'il faut tenir compte de l'inflation. Un dollar de 1990, ce n'est
pas la même chose qu'un dollar de 2025. Tout le monde comprend ça, je pense,
même le chef de l'opposition officielle.
La Présidente : Troisième... Troisième
complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors, Mme la
Présidente, la mauvaise gestion, le gaspillage et les exemples, à tous les
jours, de gaspillage, des programmes qui ne fonctionnent pas, dont on n'a pas
la reddition de comptes, ce qui se passe avec Northvolt, ce qui se passe avec
SAAQclic, des gaspillages, Mme la Présidente, 12 000 fonctionnaires, à
Québec, de plus, puis les Québécoises et Québécois sont passés d'un surplus de
7 milliards à un trou de 13 milliards, à un différentiel de
20 milliards, puis ils n'ont pas les services. C'est ça, Mme la
Présidente, le triste bilan du premier ministre.
La Présidente : La
réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. La réalité, Mme la
Présidente, c'est que, depuis que la CAQ est au pouvoir, on a augmenté la
productivité plus que dans le reste du Canada, on a augmenté le revenu
disponible plus que dans le reste du Canada, parce qu'on a fait des baisses
d'impôt, on a augmenté plus le salaire moyen, au Québec, que dans le reste du
Canada, puis on a augmenté plus la richesse par habitant que dans le reste du
Canada. Jamais les libéraux ou les péquistes n'ont réussi à faire ça.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Marguerite-Bourgeoys.
Gestion des finances publiques
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente,
si la population se demande à quoi ressemble un gouvernement de Québec
solidaire, on en a un direct devant nous. Il a même déposé un... il a même
déposé un budget, hier...
Des voix : ...
La Présidente : Je vous rappelle
l'article 32 de notre règlement. Appel au décorum. Gardez le silence. Vous
l'avez assimilé?
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader
de l'opposition officielle, on perd du temps, là, hein, sur une de vos
questions. Alors, poursuivons. M. le député, nous vous écoutons.
M. Beauchemin : C'est comme si c'était
Québec solidaire qui avait déposé le budget hier, le gouvernement de Québec
solidaire déguisé en caquiste. Déficits année après année, et le retour à
l'équilibre budgétaire, c'est un mythe, Mme la Présidente.
Vous voulez un exemple? La CAQ utilise Trump
pour justifier la mauvaise gestion des finances publiques. Pourtant, entre la
mise à jour de novembre et le budget d'hier, le déficit a augmenté de
4,4 milliards, Mme la Présidente.
Comment ce gouvernement de Québec solidaire
déguisé en caquiste peut-il expliquer aux Québécois qu'ils ont perdu le
contrôle des finances publiques, avec un déficit record de
13,6 milliards de dollars, Mme la Présidente?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) :
Oui. Bien, Mme la Présidente,
j'aimerais clarifier quelque chose tout de suite avec l'opposition officielle,
parce qu'au mois... à la fin novembre dernier j'ai déposé, pour 2024‑2025, une
prévision de déficit de 11 milliards, et qu'est-ce que l'opposition a
fait, Mme la Présidente? Ils ont dénigré le ministère des Finances. Ils ont
dénigré le Québec. Ils ont dit que le déficit était de 15 milliards, sur
toutes les tribunes. Or, hier, nous avons révisé le déficit à
10,4 milliards.
Alors, le ministère des Finances fait un travail
sérieux avec des prévisions économiques centrées, c'est un travail qui est
rigoureux, puis on va continuer à le faire. On est engagés dans la saine
gestion des finances publiques. Et ça me fera plaisir de parler de 2025‑2026,
mais je voulais rappeler à cette Assemblée que le Parti libéral a dit sur
toutes les tribunes que le déficit de 2024‑2025 était de 15 milliards, et
il est de 10,4.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente,
la CAQ n'a jamais équilibré un seul budget. Ça, c'est le legs du ministre des
Finances et de son patron, le premier ministre. Des surplus budgétaires, en
2018, on est passés de ça à des déficits records à répétition. Les caquistes
sont des multirécidivistes en mauvaise gestion des finances publiques.
Mme la Présidente, comment ont-ils pu arriver
aussi bas?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, Mme la Présidente, je ne sais pas où était le
critique de l'opposition, mais dois-je rappeler qu'il y a eu une pandémie?
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Ah! Vous
n'étiez pas là? O.K.
Alors, en 2018‑2019, on nous a laissé un surplus
de 5 milliards de dollars, je l'ai reconnu. Et, par contre, il y avait une
note aux états financiers, de la Vérificatrice générale, qui disait que le
Parti libéral sous-estimait la dette de 2,4 % du PIB, et nous avons dû
prendre un ajustement de 10 milliards sur la dette...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...parce que le
Parti libéral n'avait pas des états financiers qui représentaient justement
les...
La Présidente : Deuxième...
Des voix : ...
La Présidente :
Article 32. Vous gardez le silence. Deuxième...
Des voix : ...
La Présidente : MM. les ministres,
je vous entends. Deuxième complémentaire. On vous écoute.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : La CAQ me fait
penser à un ado qui reçoit sa première carte de crédit, dépense sans compter,
trouve des excuses pour le découvert, promet de se reprendre l'année prochaine,
puis il récidive à nouveau. Avec la CAQ, le retour à l'équilibre budgétaire,
c'est un mythe qui s'éloigne à chaque année.
Mme la Présidente, comment voulez-vous que les
Québécois croient en la CAQ alors qu'ils nous ont promis une saine gestion des
finances publiques, mais ils nous livrent des déficits records annuellement?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, bien, Mme
la Présidente, je vais être obligé de continuer. Dans la dernière campagne
électorale, le Parti libéral faisait des déficits à chaque année puis il
oubliait de les sommer parce que la dette n'augmentait pas, alors on est
obligés de demander aux journalistes d'additionner les déficits puis de dire
que le Parti libéral ne savait pas compter, bon, je suis désolé de vous
dire ça.
Pourquoi les dépenses ont augmenté? Parce qu'il
y avait un retard d'investissement dans les services publics. Alors, on a dû
bonifier le programme d'infrastructures. Le chef de l'opposition parlait de la
dette. La majorité de ça, c'est l'augmentation des infrastructures. Il a dû...
Il a fallu investir dans nos ressources humaines. Il a fallu investir dans la
gouvernance, dans les données...
• (10 h 40) •
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...dans la
qualité des services, et puis on va continuer, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Compressions budgétaires
dans le réseau de la santé
M.
André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, en avril dernier, le premier ministre
nous promettait qu'il n'y aurait aucune coupure en santé. Alors là, je pense
que le ministre de la Santé nous doit des explications, parce que, dans les
dernières semaines, il nous a dit, et je cite : «3 % d'augmentation
du budget en santé, ça veut dire quoi? C'est en dessous des coûts de système.
Ça, ça veut dire des vraies coupures.» Et qu'est-ce que son ministre des
Finances lui a présenté hier? 3 %, Mme la Présidente, exactement ce que
lui-même considère des coupures. Et, pour l'année d'après, ça va être 2 %,
Mme la Présidente. Mais le ministre des Finances, il nous a quand même dit,
hier, que ce ne seraient pas des coupures, parce que, et encore là je cite, «il
y aura des gains d'efficacité de Santé Québec». Mme la Présidente, Santé
Québec, là, c'est une machine bureaucratique gonflée à l'hélium qui est rendue
à 2 000, avec le ministère de la Santé, 2 000 fonctionnaires
juste à la maison mère, pas dans les établissements.
Comment il peut nous dire, aujourd'hui, qu'on
s'en va vers autre chose que des coupures additionnelles en santé?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente. Alors, je veux rappeler que, durant la pandémie, nous avons donné
des ressources illimitées, en santé, pour combattre une pandémie, un virus
qu'on ne connaissait pas. Suite à la pandémie, il y a des dépenses qui
étaient... qu'on croyait temporaires qui se sont avérées permanentes, en santé.
Ensuite, il y a eu l'invasion de l'Ukraine par la Russie qui a poussé
l'inflation. Alors, il y a eu des dépenses d'inflation. Il y a eu une forte
croissance de population en 2023, en 2024, 2,5 %, 3 %. Donc, derrière
nous, une hausse de croissance moyenne, en santé, de 7 %, même chose en
éducation.
Et maintenant, puisqu'on doit revenir à
l'équilibre budgétaire, il y aura une croissance des dépenses qui va être
arrimée avec les revenus. C'est nécessaire. C'est la loi. Puisqu'on anticipe
une faible croissance des revenus, il va falloir que les dépenses s'arriment
avec les revenus.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, les Québécois, ils ne sont pas inquiets
des services qu'ils ont reçus pendant la pandémie, ils sont inquiets des
services qu'ils reçoivent aujourd'hui puis de ceux qu'ils vont recevoir dans le
futur. Puis là vous leur dites que, l'année prochaine, il va y avoir une
augmentation de 3 % du budget puis que, l'année d'après, ça va être
2 %. Puis, dans le 2 %, bien, il y a l'augmentation des salaires que
vous avez consentie, il y a le 2,2 % d'inflation, il y a les nouvelles
mesures du budget. Il n'en reste plus pour couvrir les services, actuellement,
présentement offerts dans le réseau.
Le premier ministre, là, il disait n'importe
quoi, quand il disait qu'il n'y aurait pas de coupures en santé.
La Présidente : Et je vous rappelle
que vous vous adressez à la présidente. J'aimerais entendre la réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente. Alors, on voit qu'en 2024‑2025 les dépenses en santé globales,
totales, de portefeuille, ont augmenté de 4,3 %, et il y a eu des
dépassements en cours d'année, et on a donné des ressources supplémentaires,
1,2 milliard. En fait, dans le budget d'hier, on a annoncé qu'on a
rehaussé les dépenses en santé de 1,2 milliard. Donc, on a répondu présent
pour assister Santé Québec.
Et il y a des réformes importantes qui sont
faites, en santé. On investit dans les ressources humaines, on investit dans
les infrastructures, dans la gouvernance, dans les données. On a augmenté les
admissions en médecine...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...on a amené
des projets de loi pour les infirmières praticiennes spécialisées...
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
André Fortin
M. Fortin : Le ministre des Finances a raison quand il dit que c'est
4,3 % d'augmentation cette année, puis c'est les pires services que les
Québécois ont jamais eus. Là, vous nous dites : Ça va être 3 % l'an
prochain, 2 % l'année d'après. Il y a le salaire puis l'inflation
là-dedans. Mais en plus il faut payer pour les 2 000 fonctionnaires
qui sont à Santé Québec. Moi, j'ai un organigramme, ici, Mme la Présidente,
j'en ai 10 pages, d'organigramme, là, de vice-présidents, de
vice-présidents adjoints puis de directeurs.
Alors là, si on est pour payer pour ça, il faut
qu'il nous dise quels services il va couper, quelle urgence va fermer en
région, quel CLSC, elles sont où, les coupures.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bon, on va mettre les
choses au clair, là. Le processus budgétaire que l'on fait avec le processus
des crédits est un exercice assez complexe, puis j'aimerais ça qu'au cours des
prochaines semaines, incluant les crédits provisoires...
qu'on fasse le lien entre le document de finances que mon collègue a déposé
hier et le document qui se fait au niveau des crédits de ma collègue présidente
du Conseil du trésor. On a eu des croissances importantes, au niveau de la
santé, de 8 %, 2022‑2023, 6 %, maintenant de l'ordre de 3 % pour
l'ensemble, l'ensemble des dépenses en santé. Ce qui va être intéressant, Mme
la Présidente, puis j'inviterais mes collègues à l'opposition à bien prendre
connaissance des deux documents...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...on va voir que les
services à la population ne sont pas à 3 %, mais beaucoup plus élevé...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Construction de nouvelles unités de logement
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. On est au milieu de la pire crise du logement des 40 dernières
années, mais ça ne paraît pas quand on regarde le budget de la CAQ. Aucun
nouvel argent pour construire de nouveaux logements, rien, un gros zéro. Encore
cette année, le message du gouvernement aux locataires du Québec, c'est :
Meilleure chance la prochaine fois, puis, en attendant, investissez donc dans
l'immobilier, soyez donc plus riches. Je m'ennuie presque du temps où le
premier ministre hallucinait des logements à 500 $ puis que tout le monde,
à la CAQ, nous disait qu'il n'y avait pas de crise du logement. Au moins, à
l'époque, ça avait le mérite d'être clair.
Mme la Présidente, en ce moment même, les gens
reçoivent leurs augmentations et ils méritent beaucoup plus qu'un budget qui
les traite comme une note en bas de page. Un Québec fort, c'est un Québec qui
construit des logements à la hauteur de la crise sans précédent qu'on vit
aujourd'hui. Encore une fois, le budget du premier ministre, il n'est pas à la
hauteur.
Est-ce qu'il faut comprendre que la CAQ a jeté
la serviette face à la crise du logement?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, depuis 2018, c'est plus de 6,5 milliards, 6,5 milliards,
qu'on a investis dans le logement, donc pour construire des logements abordables,
pour aider des locataires à faibles revenus, pour rénover des logements qui
sont vétustes.
Mme la Présidente, on a posé des gestes. On a
posé des gestes, entre autres, dans le programme Allocation-logement, on est
passé de 62 000 personnes qui reçoivent de l'aide à
150 000 personnes qui reçoivent de l'aide. On a travaillé aussi sur
la clause F du bail pour protéger certaines personnes des évictions. On a mis
un moratoire de trois ans sur les évictions. On a ajouté les personnes de 65 ans
et plus.
Donc, Mme la Présidente, je comprends que Québec
solidaire ne trouvera jamais que c'est assez, mais est-ce qu'ils pourraient
nous expliquer comment ils financeraient des milliards additionnels? Est-ce
qu'ils augmenteraient les impôts de la classe moyenne? Comment ils
financeraient ça?
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Je le répète,
j'invite le premier ministre à relire son propre budget, il y a zéro dollar
pour construire de nouveaux logements. Un comptable comme le premier ministre,
il sait que, quand on investit zéro dollar, les logements ne vont pas sortir de
terre comme ça, comme par magie. Le fardeau de l'austérité caquiste, c'est les
locataires qui vont la porter.
Pourquoi est-ce que le premier ministre continue
à abandonner les locataires du Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Merci, Mme
la Présidente. Bien, il faut regarder... Le budget, c'est une photo, il faut
regarder l'ensemble de tout ce qu'on fait. On a mis plus de 6,5 milliards
pour le logement, dont plus de 4 milliards pour la construction, puis
c'est pour ça qu'il y en a 23 000 qui sont en réalisation et en
planification. Et donc il y en a, des logements.
Maintenant, il avait une priorité au budget,
ici, puis il y avait des sommes disponibles au fédéral, alors on fait un appariement,
c'est la rénovation de HLM. Puis je vous ai même déjà entendu poser des
questions : Quand est-ce que vous allez rénover les HLM? Dans ce budget,
en collaboration avec le fédéral, ce qui double l'impact, on utilise les sommes. Et puis, pour ce qui est des Programmes de
supplément au loyer puis programme d'Allocation-logement, ça a doublé, Mme la
Présidente.
La Présidente : Et, oui, vous
vous adressez à la présidente. Deuxième complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Bien, Mme la
Présidente, avec le ministre des Finances, ça a le mérite d'être clair :
zéro dollar pour construire de nouveaux logements. Les logements, là, ils ne
vont pas sortir de terre par la volonté du Saint-Esprit. Au rythme de
construction actuel, ça va prendre au moins 25 ans pour arriver à un
équilibre dans le marché locatif.
Pourquoi le premier ministre continue à
abandonner les locataires du Québec? Qu'il ne me parle pas, qu'il leur réponde.
En ce moment, ils reçoivent des augmentations de loyer historiques. Pourquoi il
ne construit pas plus?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable de l'Habitation.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Mme la
Présidente, je pense que là, là, il faut arrêter d'exagérer. Il y a plus de
24 000 logements qui sont en construction actuellement. On en a livré
3 000 l'année dernière. On va en livrer 6 000 cette année. On va en
livrer plus de 9 000 l'année prochaine. À un moment donné, il faut informer
la population correctement. Les projets sortent de terre. Et la vraie solution
à la crise du logement, c'est d'augmenter l'offre, Mme la Présidente, et c'est
ce sur quoi on travaille.
L'argent pour la construction, là, on l'a eu à
la mise à jour économique. On l'a eu avant tout le monde, on l'a eu au mois de
novembre. Ça a été la même chose l'année dernière, en 2024. 1,8 milliard
en 2024, 184 millions à la mise à jour économique de novembre dernier.
Alors...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Verdun.
Compressions budgétaires
dans les services publics
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Ce matin, La Presse titre La hausse du budget
ne couvrira même pas les augmentations salariales des enseignants prévues cette
année. Les médecins nous disent que la hausse du budget en santé, et je
cite, «ne permet pas de couvrir l'évolution des coûts du système de santé. Les
coupes devront inévitablement se poursuivre.» Fin de la citation. Et, lorsqu'on
regarde les chiffres en détail, Mme la Présidente, là, la différence entre les
augmentations requises pour permettre la survie de nos services publics et les
augmentions dans le budget du ministre des Finances, ce qu'on a devant nous,
c'est l'austérité, c'est les coupures, l'austérité digne des pires heures
libérales et péquistes, et tout ça parce que nos gouvernements de droite sont
obsédés par la colonne des dépenses mais refusent de regarder l'autre colonne,
celle des revenus.
Il y a pourtant des moyens d'aller chercher des
nouveaux revenus en s'attaquant à ceux et celles qui accumulent des millions,
et voire des milliards de dollars, plutôt que couper...
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, bien, Mme
la Présidente, je suis déboussolé, parce que les libéraux m'accusent d'être
Québec Solidaire, puis Québec solidaire m'accuse d'être les libéraux. Alors...
Des voix : ...
La Présidente : Article 32, rappel
au décorum. Nous perdons du temps. Gardez le silence. Une seule personne a le
droit de parole ici, ce sera M. le ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Bien, je suis
sincère, Mme la Présidente, là, je vous dis ce que j'entends. Mais je veux
répondre à la question. Les dépenses, en 2025-2026, vont augmenter de 3 %.
C'est un choix. Il est nécessaire de revenir à l'équilibre budgétaire.
D'ailleurs, c'est la loi, et c'est ce qu'on veut. D'un côté, on dit que le
déficit est trop élevé. De l'autre côté, on dit qu'il n'y a pas suffisamment de
dépenses. On a la responsabilité de faire les bons choix. Alors, c'est certain
que, face à l'incertitude économique, on n'a pas une croissance des dépenses...
des revenus qui excède 3 %, on est raisonnables. Donc, on permet de financer
les services publics adéquatement en 2025-2026. Et, s'il faut mettre des sommes
supplémentaires en 2026-2027, on le fera.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Maintenant, c'est
clair, Mme la Présidente, la CAQ vient de le dire, ils ont fait le choix, le
choix de l'austérité. C'est ça, le choix qui vient d'être fait. Parce que, là,
là, on va se rappeler, là, le gouvernement nous a présenté un plan de retour à
l'équilibre budgétaire qui n'est plus bon la semaine prochaine, ils n'ont même
pas pris en compte les tarifs de Trump. Ce qu'ils vont faire, c'est mettre à
mal nos services publics. Ils viennent de le dire, Mme la Présidente, ils
viennent de l'admettre. Au lieu de chercher de nouveaux revenus, c'est les gens
ordinaires qui vont payer le prix des décisions caquistes.
Êtes-vous fier de ça, M. le ministre?
La Présidente : Et vous vous
adressez à la présidente, vous le savez, Mme la députée. La réponse du
ministre.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente. Alors, nous, on doit gouverner, on doit faire des choix difficiles.
Quelle est la priorité, face à la menace existentielle qui est devant nous?
C'est l'économie. On a décidé de se concentrer sur l'économie. Dans ce budget,
il y a 2,6 milliards d'aide fiscale pour favoriser l'investissement et
l'innovation des entreprises, c'est salué par toutes les associations
d'entreprises, les gens qui connaissent la fiscalité savent qu'on a fait les
bons choix, avec un nouveau crédit d'impôt à l'innovation. En plus, on donne
des ressources, plus de 900 millions, à Investissement Québec...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...pour venir
intervenir et soutenir les projets des entreprises.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra
Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Ce que les
Québécois et Québécoises veulent, c'est que, oui, on va faire face aux tarifs,
mais aussi, là, il faut faire face au démantèlement de nos services publics.
Regardez la colonne, ici, de l'éducation, là, ce qui manque, c'est énorme. Puis
ça, c'est les gens ordinaires qui vont payer trois fois, ils vont payer les
prix des tarifs, ils vont payer les coupures d'emplois, mais aussi ils vont
payer l'austérité, là.
C'est le temps de chercher des nouveaux revenus.
Pourquoi la CAQ n'agit pas de ce côté-là? Allez chercher les revenus chez les
1 % les plus riches. Mais eux, ils sont intouchables. Les...
La Présidente : La...
Des voix : ...
La Présidente : Dois-je vous
rappeler à chaque question l'article 32? Gardez le silence, je vous prie,
je fais appliquer votre règle.
La réponse du ministre.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, bien là je
suis étourdi, tantôt j'étais déboussolé, parce que, là, il y a eu un examen des
dépenses fiscales qui a duré pendant un an, on a étudié plus de
120 mesures avec CIRANO, la chaire en fiscalité et finances publiques, et
puis on arrive au bon endroit, Mme la Présidente, on a fait des choix
judicieux, avec des critères d'intégrité, de pertinence, d'équité, et puis là
on m'accuse de ne pas en avoir fait assez. On est à la bonne place, Mme la
Présidente. On fait un... on a fait un examen des dépenses fiscales, il y a un
examen des dépenses budgétaires.
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : On est
conscients de la saine gestion des finances publiques, on prend ça au sérieux,
on s'en occupe.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Rosemont.
Compressions budgétaires dans les services de santé
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : Merci,
Mme la Présidente. Il y a quelques semaines, le ministre de la Santé a
dit : «À 3 % ou moins d'augmentation de budget, nous sommes dans les
vraies coupures.» Il l'a dit ici même. Je ne sais pas s'il essayait de lancer
un message à son collègue des Finances ou un SOS, mais il a eu sa réponse
hier : 3 % cette année, 2 % l'an prochain.
Un peu de mathématiques. 1 % pour la santé,
ça représente 650 millions, donc 2 %, ça représente 1,3. Faites le
calcul, il va falloir trouver 2 milliards au cours des 24 prochains
mois. Ça fait peur, considérant ce qui a déjà commencé avec Santé Québec.
Alors, le gouvernement, il va couper où? Est-ce
que le ministre de la Santé va redonner une commande de 2 milliards, cette
fois-ci avec plus de temps, à Santé Québec? Puis comment est-ce qu'il peut
continuer d'essayer de faire croire au monde que les services ne sont pas
touchés? Comment il peut nous prendre pour des... je ne le dirai pas, puis nous
faire croire qu'il n'y aura pas de compressions dans les services?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M.
Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente. Alors, tout au cours du processus budgétaire, j'ai été en
discussion avec la présidente du Conseil du trésor, le ministre de la Santé, la
ministre des Aînés, le ministre des Services sociaux. Et puis on ne peut pas
faire une gestion uniquement par taux de croissance de dépenses, là. Si le taux
de croissance des dépenses en 2026‑2027 vous empêche de dormir, je vous demande
d'attendre le budget 2026‑2027 pour établir le taux de croissance des
dépenses, O.K.? Pour cette année, c'est 3 %. L'an dernier, c'était
4,6 %. L'an dernier, lorsqu'on a eu besoin d'efforts supplémentaires, on a
répondu présent. On a aidé le ministère de la Santé, Santé Québec. On a à coeur
l'amélioration des services. C'est pour ça qu'on investit dans les ressources
humaines, dans les infrastructures, qu'il y a des réformes de gouvernance,
qu'il y a des réformes au niveau des données, qu'on se sèvre de la
main-d'oeuvre indépendante, qu'on a fait des projets de loi pour élargir, les
infirmières praticiennes spécialisées, les pouvoirs des pharmaciens, qu'on a
augmenté les admissions en médecine. On va continuer, Mme la Présidente, avec
Santé Québec, qui vient d'arriver, en décembre...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...puis on va
améliorer la qualité des services.
La Présidente : Première
complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : Bien là, c'est moi qui
est déboussolé, là, d'entendre le ministre des Finances, qui est assez
professoral dans ses exposés, là, nous dire qu'il ne faut pas tenir compte du
taux de croissance de dépenses dans les budgets. C'est hallucinant, là. J'ai dû
faire 60 budgets, là, dans mes deux carrières, là, c'est l'étalon de
mesure ultime, parce que, sinon, il n'y a plus rien qui tient.
Alors, comment est-ce qu'ils peuvent continuer
de nous faire croire qu'à 3 % cette année, à 2 % l'an prochain il n'y
aura pas de compressions? C'est une chimère, Mme la Présidente.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Alors, je vais continuer,
tout à l'heure, parce que je n'ai pas eu le temps de terminer. J'ai bien
expliqué, Mme la Présidente, que, le processus des crédits, que ce soient les
crédits provisoires, qu'on discutera dans quelques minutes, ou les crédits
détaillés, il y a deux documents qu'il faut mettre ensemble, le document du
ministre des Finances, qu'il a déposé, et j'apprécie tout le travail qui a été
fait par son équipe au cours des derniers mois, mais la même chose du côté du
Trésor. Et, lorsqu'on regarde le chiffre de bas de page, qui montre une
croissance de 3 %, il faut prendre le temps de regarder les différentes
composantes de ça. Et je pense que c'est ça qu'on va faire au cours des
prochains jours, avec toute la collaboration de l'opposition...
La Présidente : En terminant.
• (11 heures) •
M. Dubé : ...et des gens qui nous
suivent, de voir qu'il y a des dépenses de services à la population qui sont
beaucoup plus élevées...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : La
comptabilité du gouvernement, ce n'est pas ésotérique, là, on ne parle pas du
sexe des anges, ici, là. Le ministre se lève. Je suis content qu'il se lève. Il
peut continuer, là. C'est lui-même qui nous a dit ici : À 3 % et
moins, nous sommes dans des vraies coupures. Puis là il nous dit : Ah non,
faites-vous-en pas, il y a une annexe que vous n'avez pas bien lue, là, moi, je
vais être capable de faire ça sans coupure. C'est de la magie. Je suis
intéressé de connaître la magie du ministre, parce qu'à 3 % puis à
2 % l'an prochain nous sommes en zone de coupures. Il n'y a pas de magie,
c'est de l'arithmétique.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : ...dans le même sens. Mme
la Présidente, tout à l'heure, on aura la chance de regarder les documents, et,
quand vous allez voir la section des services à la population, qui est le plus
important, qui est la base, là, c'est le budget de Santé Québec, le programme n° 2 des crédits, vous allez voir qu'on n'est pas à
3 %. J'aurai la chance de discuter avec vous. C'est à ça que sert, un
processus des crédits. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Gestion des finances publiques
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, il y a de la confusion en Chambre ce matin, j'entends les libéraux
dire que c'est un budget de Québec solidaire et j'entends Québec solidaire dire
que c'est un budget des libéraux. Mais cette confusion s'explique, elle
s'explique par le fait que ce gouvernement de la CAQ a trouvé le moyen de faire
le pire déficit de notre histoire et d'orchestrer des coupures et des
compressions dans les services, notamment en santé, les deux en même temps. Et
ce déficit, il n'est aucunement lié à la situation aux États-Unis, il est
l'oeuvre de la mauvaise gestion de la CAQ, sa tendance à gaspiller. La preuve,
c'est que, même dans le scénario fourni par le gouvernement, où il n'y a pas de
tarifs puis la situation est complètement stable avec les États-Unis, le
gouvernement dépose un déficit de 12,7 milliards, un record absolu dans
notre histoire. En rappel, on a gaspillé 710 millions dans Northvolt,
55 millions dans Flying Whales, 365 millions dans Recyclage Varennes,
1,2 milliard dans SAAQclic. La liste est trop longue, mais c'est vraiment
l'oeuvre d'une gestion de gaspillage.
Est-ce que le premier ministre peut prendre la
responsabilité et reconnaître que ce déficit record est entièrement le résultat
de sa mauvaise gestion des finances publiques?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, bien, Mme la
Présidente, d'abord, je vais répéter ce que j'ai dit tantôt, mais on est
habitués, avec le chef du PQ. Ce qu'il vient de dire, c'est inexact. Le déficit
record, c'est Daniel Johnson. Le deuxième déficit record, c'est Jacques
Parizeau. Donc, ce n'est pas le budget qui a été déposé.
Maintenant, Mme la Présidente, j'ai bien entendu
l'intervention du chef du PQ, hier, il nous a dit : Nous, on va mettre fin
aux subventions aux entreprises. Il a dit ça noir sur blanc. Moi, je me
rappelle très bien, en 1998, j'étais ministre d'Industrie et Commerce, au Parti
québécois, Bernard Landry était ministre des Finances, on a annoncé la création
d'Investissement Québec, qui peut donner... qui peut investir dans des actions,
dans de la dette ou dans des subventions. Moi, je pense que, dans les dernières
années, on n'a pas assez utilisé Investissement Québec. C'est pour ça que,
depuis six ans, on a fait exploser, on a doublé les interventions
d'Investissement Québec. Et c'est la raison pour laquelle, pour la première
fois dans l'histoire du Québec, pendant six ans, on a battu la croissance
économique par habitant du reste du Québec.
Donc, je suis surpris de voir le chef du PQ
dire : Moi, je ne suis pas d'accord avec l'approche de Bernard Landry,
et le chef du PQ dire : Je ne reconnais pas que Jacques Parizeau a fait un
plus gros déficit que le gouvernement de la CAQ.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Ce que j'ai
dit, hier, Mme la Présidente, c'est que le Parti québécois va mettre fin au bar
ouvert pour les subventions, mettre fin à l'abus, sous la CAQ, qui se compte en
milliards de dollars. Écoutez, là, il y avait un surplus de 4,5 milliards,
au terme du mandat des libéraux, puis on est rendus dans un déficit de
13 milliards. Donc, ce sont 18 milliards de dollars que la CAQ a
dilapidés.
Creuser un déficit de 18 milliards, pour le
parti qui voulait faire le ménage, est-ce que le premier ministre prend la
responsabilité de ce fiasco?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je le répète, c'est un choix qu'on a fait, chez Investissement
Québec. Il y a des centaines d'entreprises qu'on a aidées, puis on a réussi,
grâce à ça, à battre le reste du Canada. Évidemment, le chef du PQ s'amuse à
sortir quelques exemples où les résultats ont été moins bons, il oublie les
centaines qui sont bien allés.
Maintenant, il nous parle du déficit. Pourtant,
c'est lui qui dit : Moi, là, j'aurais un réseau de garderies, juste des
CPE. Fini, les garderies privées. Je vais construire 5 000 logements
de plus, je vais mettre 3 milliards de plus dans les soins à domicile.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Je vais créer un
service alimentaire pour tous les étudiants. Il y a des dépenses, j'en ai...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, je suis vraiment content que le premier ministre me parle du retour
à l'équilibre budgétaire, parce que, là non plus, la CAQ n'est aucunement
crédible. On prévoit, par magie, des augmentations de 2,5 milliards des
transferts fédéraux, bonne chance, une augmentation de 6 %, magie, magie, des
revenus, des revenus divers et des revenus des entreprises du gouvernement, on
ne sait pas pourquoi. Et le pire, dans tout ça, c'est qu'il y a encore, dans ce
qu'il présente, un 2,5 milliards à trouver quelque part.
Est-ce que le premier ministre peut reconnaître
que son plan n'est pas crédible?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
d'abord, les chiffres des transferts fédéraux pour les prochaines années
viennent du gouvernement fédéral, donc sont confirmés par le gouvernement
fédéral. Si j'étais le chef du PQ, je me garderais une petite gêne, quand je
parle du fédéral, parce que je l'invite à aller revoir son budget de
l'an 1 sur la défense. Aujourd'hui, plus que jamais, avec ce qui se passe
aux États-Unis, il va falloir mettre des dizaines de milliards en défense.
C'est où dans son budget de l'an 1?
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Terrebonne.
Orientations du ministère de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Mme la Présidente,
il allait de soi que ma première question reflète les préoccupations sincères
des gens qui m'ont élue en ce qui concerne l'état des finances publiques. Hier,
c'est bel et bien un déficit record que ce gouvernement a dévoilé. Pourquoi?
Parce que ce gouvernement, Mme la Présidente, a dépensé sans compter dans des
projets bâclés, à forts coûts, dont le risque a été mal calculé, on l'a dit,
710 millions dans Northvolt, 365 millions dans Recyclage Carbone
Varennes, 227 millions dans Lion, et la liste s'allonge.
Mais la ministre de l'Économie et moi, on a un
point en commun, Mme la Présidente, on a obtenu nos rôles ici à cause du départ
de la même personne. Mais les Québécois savent très bien ce que je pense, ce
que le PQ pense du gaspillage de leur argent durement gagné, mais ce qu'ils
veulent vraiment savoir, Mme la Présidente, c'est : Est-ce que la ministre
approuve le choix de son prédécesseur? Est-ce qu'elle va prendre la même
direction que Pierre Fitzgibbon, qui va nous mener à d'autres faillites, à
d'autres échecs caquistes, oui ou non?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente. Bien, c'est un plaisir de répondre à cette question. Et il y a une
menace existentielle, et donc on a choisi, dans ce budget, de se concentrer sur
l'économie. Et on le fait de plusieurs façons, avec le climat d'affaires, les
conditions, on veut inspirer la confiance, alors la déréglementation, la
libéralisation des échanges, le travail qui est fait dans l'espace économique
canadien, mais on le fait aussi avec le fiscal, 2,6 milliards d'aide
fiscale, avec l'amortissement accéléré, pour favoriser l'investissement, avec
l'innovation, le nouveau crédit d'impôt pour favoriser
l'innovation, parce que la réforme de 2014 n'avait pas fonctionné. Et puis il y
a de l'aide directe. L'aide directe, qui est le sujet de la question, bien, ça
vient avec l'expertise d'Investissement Québec. Il y a des prises de
participation, il y a des subventions, il y a des actions privilégiées. Et puis
on va continuer. Il y a plus de 900 millions. Et puis il faut supporter
nos entreprises face à cette importante menace.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : La ministre ne
s'est pas levée, mais c'est elle que j'aimerais entendre, que les Québécois
aimeraient entendre. Ça ne s'invente pas, là, les chiffres parlent
d'eux-mêmes : 26 grandes entreprises ont reçu plus de
100 millions du gouvernement de la CAQ, le tiers de toute l'aide versée
aux entreprises depuis 2018. La ministre doit dire clairement aux Québécois si
elle poursuit dans la même direction que M. Fitzgibbon.
Est-ce qu'elle peut garantir qu'elle ne donnera
pas la grosse part du gâteau aux grandes entreprises comme son prédécesseur? Si
c'est le cas, qu'elle nous le dise, il n'y a pas de honte à ça.
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente. 90 % des interventions d'Investissement Québec sont faites avec
des entreprises de moins de 200 employés, mais toutes les études le
montrent, que la productivité, le niveau d'investissement, le niveau
d'innovation est plus important dans les grandes entreprises. Alors, c'est pour
ça qu'on doit aussi soutenir les grandes entreprises, avec des interventions
qui sont plus importantes.
Puis on a des programmes qui sont adaptés.
Regardez nos programmes pour soutenir l'exportation. On en a pour les grandes
entreprises, on en a en région, on en a pour la petite entreprise. Au niveau du
programme FRONTIERE, il y a des sommes d'urgence pour les grandes entreprises...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...il y en a
aussi pour les petites entreprises. On travaille avec l'ensemble du tissu
économique.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Je n'ai pas obtenu
réponse à ma question. Mme la ministre de l'Économie, ce qu'on veut savoir,
c'est si elle va continuer dans la même veine que M. Fitzgibbon, son
prédécesseur. Est-ce qu'on va continuer à investir massivement dans ces grandes
entreprises là? Est-ce qu'il y aura la part de gâteau pour les PME? C'est ce
que les Québécois veulent savoir. Est-ce qu'on peut avoir une réponse claire?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi, à mon tour, de féliciter et de souhaiter la
bienvenue à la nouvelle députée, qui sera porte-parole, également, en matière
d'économie. Donc, c'est avec grand plaisir que l'on entame ces échanges ce
matin. Bienvenue des nôtres.
Alors, bien sûr, notre gouvernement va continuer
à aller de l'avant pour l'investissement et pour le soutien aux entreprises qui
permettent de positionner le Québec dans des créneaux stratégiques. La filière
batterie est un des exemples de ces créneaux stratégiques fort importants.
Également, l'aérospatiale est un autre de ces créneaux très importants. La
foresterie, les sciences de la vie, technologies de la santé, ce sont tous des
exemples...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...de secteurs qui
permettent de créer des bons emplois pour les Québécois...
• (11 h 10) •
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Compressions budgétaires dans les services de santé
M. André Fortin
M.
Fortin : Mme la Présidente, en termes de
période de questions, on en a eu une bonne, quand même, parce qu'on en a eu des
vertes puis des pas mûres de la part du gouvernement, là. Je cite : «On a
décidé de se concentrer sur l'économie.» Le gouvernement qui est à productivité
zéro en ce moment.
«On a beaucoup dépensé durant la pandémie. Il y
a eu la guerre en Ukraine.»
«On ne fera pas de la gestion par le taux de
croissance», alors que ça fait des années qu'ils font exactement ça.
Et, Mme la Présidente, quand même, la meilleure,
c'est le ministre de la Santé qui nous dit qu'avec 3 % il n'y aura pas de
coupures dans les services, Mme la Présidente. C'est exactement le contraire de
ce qu'il disait ici, en Chambre, il y a un mois. E c'est exactement la même
chose qu'ils nous ont dit lorsqu'ils ont demandé à Santé Québec de faire des
coupures de 1,5 milliard : Ah! il n'y aura pas de coupures dans les
services.
Je vous rappelle, Mme la Présidente, qu'il y a
des patients de cancer qui n'ont pas les services, qu'on a fermé des salles
d'opération, des services de santé mentale en région. C'est n'importe quoi,
dire qu'il n'y aura pas de coupures dans les services, c'est de la malhonnêteté
directe et sans gêne avec la population.
Des voix : ...
La Présidente : M. le leader
du gouvernement, je vais vous reconnaître pour le rappel au règlement, que
j'allais faire.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente,
vous le savez, c'est au lexique. En plus, ce sont des propos blessants. Le
député de Pontiac est un parlementaire d'expérience, Mme la Présidente. Vous
devriez le rappeler à l'ordre.
La Présidente : Et c'est ce que je
m'apprêtais à faire juste avant que vous vous leviez. M. le député de Pontiac,
vous savez très bien que ce mot est à notre lexique. Je vous demande de le
retirer, purement et simplement, et de poursuivre. Il vous reste quatre
secondes. Vous retirez?Vous retirez. La réponse du ministre de la
Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : J'apprécie mon leader de
me protéger si bien, je l'apprécie beaucoup.
Mme la Présidente, je pense que la question du
député de Pontiac va mal vieillir, mais très rapidement, très rapidement, dans
les crédits provisoires qu'on aura la chance de discuter dans quelques minutes,
il se souviendra très bien qu'il a dit que les services à la population ne
peuvent pas suffire avec 3 % et il verra très bien, Mme la Présidente, que
les services à la population augmentent de plus que 3 %. Il rit, en ce
moment; il rira jaune tout à l'heure. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, le député de Pontiac.
Compressions budgétaires dans les services de santé
M. André Fortin
M. Fortin : Aïe! Mme la Présidente, s'il y en a un qui doit rire jaune.
en ce moment, c'est le ministre de la Santé. C'est lui qui était ici, en cette
Chambre, puis qui a dit à tout le monde : À 3 % d'augmentation, c'est
des coupures, des vraies coupures dans des services. C'est ça qu'il a dit à
tout le monde ici. Et là ce que le gouvernement nous annonce, ce n'est pas
3 %, c'est 2 %, Mme la Présidente, 2 % d'augmentation l'année
prochaine.
Alors, déjà, là, déjà, il y a des patients de
cancer qui ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin. Déjà, il y a des
services en santé mentale qui sont fermés partout au Québec, dont en Abitibi. Déjà,
Mme la Présidente, déjà, il y a des salles d'opération qui ne fonctionnent pas
en région, avec le 4,3 % dont se vantait le ministre des Finances il y a
quelques instants.
Comment il peut sérieusement nous dire ici, là,
qu'il ne touchera pas les services à la population avec des chiffres comme
ceux-là?
Des voix : ...
La Présidente : Un instant. Pas de
bravo. M. le ministre, votre réponse.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente, j'ai
donné au député de Pontiac une troisième chance, je lui ai dit : Attendez
la discussion qu'on aura sur les crédits provisoires dans quelques minutes. Il
a voulu continuer à dire ce qu'il a dit, c'est son choix. Les gens qui nous
suivent aujourd'hui pourront le voir tout à l'heure, c'est beaucoup plus que
3 %. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente : Alors, voilà, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour ce faire, je cède la
place à la deuxième vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci, tout le
monde. Bonne fin de journée, tout le monde.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Comme
dit précédemment, nous sommes à la rubrique Motions sans préavis. En fonction
de nos...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
répète. Nous en sommes maintenant à la rubrique Motions sans préavis. En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
Demander au gouvernement de s'engager à construire
un pont sur le Saguenay
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le leader de l'opposition officielle et la
députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que la
Côte-Nord est géographiquement enclavée et que la construction d'un pont est
nécessaire pour son désenclavement;
«Qu'elle prenne acte du large consensus et de la
mobilisation citoyenne autour de ce projet;
«Qu'elle demande au gouvernement de dévoiler
l'étude d'opportunité qu'il a en sa possession;
«Que l'Assemblée nationale demande par
conséquent au gouvernement de s'engager à construire un pont sur le Saguenay.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente, il y a consentement, sans débat.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Consentement,
sans débat. Oui, M. le député de Matane.M. le député de Matane.
Une voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Le
vote est demandé. Donc, le vote est ouvert.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général, pour le résultat, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 105
Contre : 0
Abstentions : 1
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, cette motion est adoptée. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Merci,
Mme la Présidente. On aimerait envoyer le résultat de la motion à la Coalition
Union 138.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Ce sera fait, M. le député.
Je reconnais maintenant un membre du groupe
formant le gouvernement. Mme la députée de Châteauguay.
Souligner l'importance de la lutte contre la
violence et l'intimidation
Mme Gendron : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Marquette, le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
le député des Îles-de-la-Madeleine, la députée de Vaudreuil et le député de
Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse la
nécessité des mesures visant à lutter contre l'intimidation, notamment le Plan
d'action concerté pour prévenir et contrer l'intimidation et la
cyberintimidation de près de 30 millions de dollars du gouvernement du
Québec;
«Qu'elle réitère que la violence et
l'intimidation, sous toutes leurs formes, sont inacceptables dans la société
québécoise;
«Qu'elle reconnaisse que tous les citoyens,
groupes ou associations de la société québécoise ont le devoir de montrer
l'exemple et d'agir afin de lutter contre l'intimidation.»
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, Mme la
Présidente, il y a consentement, sans débat. Et je vous demanderais un vote
électronique, s'il vous plaît.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote électronique est appelé. Le vote est ouvert.
La période du vote étant terminée, M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 107
Contre : 0
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
La motion est adoptée.
Je reconnais maintenant un membre du groupe
formant l'opposition officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
pour votre motion.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le chef du troisième groupe d'opposition,
la députée de Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale constate que, selon
ses propres prévisions, à la fin de son mandat en 2026, la Coalition Avenir
Québec aura ajouté 96 milliards de dollars à la dette nette du Québec
depuis son arrivée au pouvoir en 2018, ce qui représentera une augmentation de
55 % de la dette nette du Québec.» Merci.
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Il n'y a
pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Pas de consentement.
Je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Verdun, pour votre motion.
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse qu'une croissance
des budgets en-deçà des coûts de maintien des services constitue de
l'austérité.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Il n'y a
pas de consentement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Il
n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous serions maintenant rendus à la rubrique
Avis touchant les travaux des commissions. Je demanderais aux collègues de quitter
en silence, s'il vous plaît. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Et donc j'avise cette Assemblée que la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 17 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des transports et de
l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 81, la
Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des institutions va poursuivre les
consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi
n° 91, la Loi instaurant le Tribunal unifié de la famille au sein de la
Cour du Québec, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des
commissions jusqu'à 12 h 50 et de 15 heures à 18 h 15,
à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de l'économie et du travail va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 85, la Loi modifiant
diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission de
l'économie et du travail se réunira en séance de travail le jeudi 27 mars
2025, de 8 heures à 8 h 30, à la salle RC.189, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition portant
sur les versements et les ajustements salariaux découlant du règlement de
maintien de l'équité salariale pour le personnel du réseau de la santé et des
services sociaux.
Je vous avise également que la Commission de la
santé et des services sociaux se réunira en séance de travail le
jeudi 27 mars 2025, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, de
8 heures à 8 h 30, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse des pétitions portant sur l'accessibilité des milieux de
vie substituts pour les personnes autistes ou ayant une déficience
intellectuelle, et de 8 h 30 à 9 heures, afin de statuer sur la
possibilité que la commission se saisisse de la pétition portant sur la
construction de l'urgence et des soins intensifs à l'Hôpital de Maria.
Nous serions maintenant rendus à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. J'aimerais que nous nous constituions en commission
plénière pour que nous puissions commencer les crédits provisoires.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
suspends les travaux quelque temps afin que la commission puisse s'installer.
Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 25)
(Reprise à 11 h 31)
Affaires prioritaires
Commission plénière
Étude des crédits provisoires 2025-2026
M. Benjamin (président de la commission
plénière) : Alors, bonjour, tout le monde. Conformément à l'ordre
adopté le 25 mars 2025, la commission plénière se réunit afin d'étudier
les crédits provisoires pour l'année financière 2025‑2026.
Santé
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à un échange entre M. le ministre de la Santé et les députés de
l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je vous
rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 2 min 59 s au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 min 58 s au deuxième groupe
d'opposition, 40 secondes au troisième groupe d'opposition et
24 secondes pour l'ensemble des députés indépendants. Débuteront ensuite
les échanges entre le ministre et les députés de l'opposition. Dans ce cadre,
les députés indépendants auront chacun droit à 45 secondes par heure
d'échange. Le temps non utilisé par les députés indépendants sera redistribué
proportionnellement entre le groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, le deuxième groupe d'opposition et le troisième groupe
d'opposition. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent
intervenir au cours de la... de l'ensemble, pardon, de l'étude des crédits
provisoires, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la
présidence.
Remarques préliminaires
J'accorde immédiatement la parole à M. le
ministre pour ses remarques préliminaires.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Parfait. Alors, merci
beaucoup, M. le Président. Et je salue non seulement mes collègues du
gouvernement, mais les gens de l'opposition. Merci. C'est toujours un exercice
très intéressant, les crédits provisoires. Ce n'est pas beaucoup, une heure,
mais on va essayer d'en profiter au maximum, puis je comprends l'intérêt des
gens ce matin.
D'ailleurs, je voudrais aussi remercier mon
collègue aux Finances et ma collègue présidente du Conseil du trésor, parce que, dans les circonstances que l'on connaît,
M. le Président, aujourd'hui, d'avoir pu nous donner des budgets si importants
en santé... Je tiens à remercier le travail non seulement de mes collègues,
mais aussi la confiance du premier ministre dans les derniers mois.
Maintenant, je veux me concentrer sur les
chiffres rapidement, mais j'aimerais dire que ce qui est important de ce qu'on
fait en santé, M. le Président, c'est de s'occuper de nos patients, de
s'occuper de nos Québécois. On va parler beaucoup de chiffres, quand on parle,
ce matin, des crédits provisoires, mais il faut toujours se rappeler pour qui
on le fait, et on le fait pour les Québécois. Et, lorsque je vais vous donner
quelques éléments, je pense, c'est important pour les Québécois de réaliser
que, depuis 2019, depuis l'arrivée de notre gouvernement, on a augmenté les
budgets, en santé, de 20 milliards. Il y a eu, effectivement, la pandémie,
on y réfère souvent, mais ça veut dire que c'est des budgets qui ont augmenté
de l'ordre de 50 %, M. le Président. Puis je vous donne quelques exemples.
En santé publique, on a augmenté les budgets de 567 millions. Le soutien à
domicile a été augmenté de 1,1 milliard. L'hébergement pour les personnes
âgées, là, je pense aux RPA, je pense aux CHSLD, plus de 3 milliards. Les
jeunes en difficulté, 1 milliard. La santé mentale, une augmentation de
732 millions. Les organismes communautaires, il ne faut pas l'oublier, 536 millions
d'augmentation. La santé physique, 5,5 milliards. Ça, ça inclut les
chirurgies, ça inclut tout ce qui se fait dans nos hôpitaux. L'assurance
médicaments, à la RAMQ, plus 336 millions. Et j'en passe. Donc, en fait,
ce sont plus de 13 milliards que je viens de vous énumérer, qui sont récurrents
dans des catégories de dépenses.
Maintenant, madame... M. le Président, je donne
des exemples concrets. J'ai parlé de dollars, mais je pense qu'il faut dire à
quoi ont servi ces dollars-là. Je parle, entre autres, de, en santé publique,
on a ouvert des points de service pour être capables de pérenniser ce qui avait
été fait durant la pandémie. Dans les soins à domicile, moi, il y a un chiffre
qui me frappe, avec ma collègue, Mme la Présidente, la ministre aux Aînés, plus
de 20 millions d'heures en soins à domicile, on est passés d'environ
15 millions d'heures à 35 millions d'heures, c'est majeur, en soins à
domicile. Et je pourrais vous donner des exemples en hébergement, on a ouvert
45 maisons des aînés. Alors, je le sais, qu'aujourd'hui on va parler du
budget 2025‑2026, mais il faut se rappeler que le budget 2025‑2026
qu'on va discuter suit six années où on a investi massivement en santé, et ça,
je pense que c'est important de le faire.
Maintenant, qui sont nos employés? Nos employés,
ce sont, entre autres, les infirmières, ce sont des préposés aux bénéficiaires,
ce sont les gens qui travaillent dans nos cuisines. Je veux juste donner un
exemple en termes d'heures, on est passés, en 2019‑2020, madame... M. le
Président, de 340 millions d'heures, à ces gens-là, à plus de
400 millions d'heures. Et, comme on le sait bien, il y a eu, depuis ce
temps-là, deux augmentations, deux modifications de conventions collectives qui
ont donné des augmentations de 18 % et 20 % au cours des deux dernières
années. Alors, non seulement on a augmenté le nombre d'heures d'infirmières,
etc., mais on a augmenté aussi leurs salaires de façon drastique. Alors, je
pense qu'il faut revenir...
Maintenant, j'avais la chance, tout à l'heure,
dans la période des questions... Puis je le sais, que ce n'est pas facile de
lire tous ces beaux documents là, puis je le sais parce que j'ai déjà été dans
l'opposition. C'est un petit peu frustrant parce qu'on reçoit ces documents-là
dans une période de quelques heures. On regarde les documents qui nous viennent
des crédits, puis on regarde le document qui nous vient du ministre des
Finances, puis là on essaie de mettre ça ensemble puis de comprendre exactement...
Alors, moi, ce que j'aimerais dire, M. le Président, puis ça pourra peut-être
lancer la discussion, j'aimerais que les gens prennent la note, à la page 19-16
du document n° 3... il y en a cinq, documents comme ça, des crédits, mais
je demanderais aux Québécois qui nous suivent, là, de prendre la page 19-16
et de regarder comment se détaille le 56 milliards qui nous est alloué, ce
qu'on appelle les dépenses de programmes. On n'est pas dans le consolidé, là,
on est dans les dépenses de programmes. Et, lorsqu'on parle des services à la
population, je me concentre sur ce qu'on appelle le programme 2, qui est
essentiellement le budget de Santé Québec.
Dans l'analyse qui est là, on a une croissance
de 4,2 % pour les services à la population, donc c'est beaucoup plus que
3 %. On pourra y revenir tout à l'heure, mais, malheureusement, quand les
crédits sont préparés, Mme la Présidente... M. le Président — je
m'excuse encore une fois — quand
les crédits sont préparés, ils n'ont pas encore tous les secrets du ministre
des Finances, et le ministre des Finances a rajouté à peu près
800 millions à ces montants-là, ici, alors, quand on les ajuste, puis je
pourrai l'expliquer comment ça se fait, ce n'est plus 4,2 % de croissance
qu'on a dans les services à population, mais c'est 5 %. Alors, moi, quand
je dis, aujourd'hui, que j'ai eu un ministre des Finances qui nous a appuyés
dans ce qu'on fait en santé, bien, moi, je me dis que les services à la
population augmentent de 5 %, et je tiens à les remercier. Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre de la Santé.
Discussion générale
La parole revient maintenant à M. le député de
Pontiac.
M. Fortin :
Merci. Merci, M. le Président. Je savais qu'on avait un gouvernement de
comptables, je ne savais pas qu'on avait un gouvernement de comptabilité
créative. Enfin, j'ai des questions, des questions précises sur certaines
parties des documents qui nous ont été présentés hier, et j'apprécierais, comme
toujours, M. le Président, des réponses franches, directes, courtes, rapides
pour qu'on puisse procéder avec le peu de temps qu'il y a, comme le disait le
ministre de la Santé.
Le ministre de la Santé, là, ne sera pas surpris
d'apprendre que les gens à Drummondville, ils sont déçus. Puis, «déçus», c'est
un mot faible. Je cite simplement, là, l'article de Radio-Canada : «La
déception est vive dans la région. Même la P.D.G. du CIUSSS est déçue de
l'absence de l'inscription d'un nouvel hôpital à Drummondville dans le Plan québécois des infrastructures.» Est-ce que le ministre peut
nous dire pourquoi il n'est pas inscrit et qu'est-ce qui s'est passé?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Dubé : Bien, je suis content
de savoir qu'on ne parlera pas de l'augmentation de 5 % aux services à la
population, peut-être plus tard. Maintenant qu'ils ont eu la réponse, M. le
Président, que ce n'était pas 3 %, mais 5 %, peut-être qu'ils vont
passer à une autre question, parce que ça a été essentiellement le sujet de la
discussion depuis hier, mais je vais répondre quand même à sa question sur
l'hôpital de Drummondville.
Il y a une procédure qui est très, très claire
pour faire les travaux correctement puis ne pas faire des annonces, M. le
Président, comme le Parti libéral a fait souvent, annoncer des hôpitaux trois,
quatre fois. Dans le cas de Drummondville, on a pris l'engagement que ce
projet-là serait au PQI durant notre mandat. C'est l'engagement qu'on a pris.
Alors, après avoir fait des analyses, on a fait des plans cliniques, on a fait
ce qu'il fallait faire, on s'est engagés — et je pense que c'est un
engagement majeur — de
présenter ce projet-là au PQI cette année, c'est-à-dire dans l'année qui est en
cours. Qu'est-ce qui est marqué dans le PQI? C'est que ce projet-là doit passer
au Conseil des ministres après avoir fait les analyses nécessaires pour qu'il
soit enclenché, effectivement, dans le projet... dans le PQI.
Alors, M. le Président, je comprends que les
gens trouvent que ça ne va pas assez vite, mais les procédures pour s'assurer
que... lorsqu'on mettra un prix, lorsqu'on mettra un échéancier dans le PQI, je
pense que les gens de Drummondville vont être contents, puis on va réaliser
notre engagement, c'est de faire un hôpital à Drummondville.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :
M. le Président, il n'y a pas personne qui demande un prix ou un échéancier, on
demande, les gens de Drummondville demandent à ce qu'il soit inscrit à l'étude
dans le Plan québécois des infrastructures. Ça, habituellement, là, c'est
l'étape 1. Alors, le ministre nous dit, aujourd'hui, que l'analyse pour se
rendre à l'inscription à l'étude, elle n'est pas complétée?
M. Dubé : Ce que je dis, là, ce
qui est écrit, M. le Président, dans les documents du PQI, c'est qu'il faut
qu'il y ait une autorisation du Conseil des ministres pour continuer à faire le
travail qui est en cours en ce moment pour être capable de l'inscrire au PQI
dans les étapes normales d'un PQI, c'est-à-dire le dossier d'opportunité, le
dossier d'affaires. Je m'excuse, mais le député de Pontiac connaît très bien, M.
le Président, comment on fonctionne quand on veut avoir des projets qui sont
bien évalués, avec les bons dollars, avec les bons échéanciers. C'est ce qu'on
va faire dans l'hôpital de Drummondville, c'est ce qu'on va faire pour
Saint-Jérôme et tous les autres projets. Voilà.
M. Fortin : ...des questions qui viennent directement des gens de
Drummondville, là : À quel moment le ministère va être prêt à présenter le
dossier au Conseil des ministres?
M. Dubé : On s'est engagés à le
faire durant l'année, M. le Président. C'est exactement ce qui est dit ici. Je
connais... J'ai suffisamment de pression de mes collègues du Centre-du-Québec,
entre autres le ministre M. Lamontagne, j'ai mes collègues, monsieur... les
députés de la région. Écoutez, on va faire les travaux correctement, il va être
présenté au Conseil des ministres, puis il pourra commencer le processus.
M. Fortin : Est-ce que ça... Est-ce que le ministre peut s'engager à ce
que ce soit fait cet été, avant l'été?
M. Dubé : Moi, je pense, M. le
Président, qu'à faire des questions comme le député de Pontiac fait en ce
moment...
M. Fortin : Ce sont des questions qui viennent des gens de
Drummondville.
M. Dubé : Oui, mais... c'est d'accord,
mais j'ai... on a un ministre qui est responsable de la région, on a des
députés qui sont là, qui nous mettent de la bonne pression, on n'a pas peur
d'en parler. On va faire les analyses correctement, M. le Président.
M. Fortin : Oui. M. le Président, je comprends que le ministre n'est
pas prêt à prendre aucun engagement envers l'hôpital de Drummondville en ce
moment, mais est-ce qu'il peut nous dire comment ils sont arrivés à la nouvelle
formule créative dans le PQI, c'est-à-dire on n'inscrit rien, on ne les met pas
officiellement à l'étude dans le PQI, mais on met une note, là, qu'on pense,
qu'on espère qui va peut-être satisfaire les gens de la place, en disant, pour
la première fois... Moi, je n'ai jamais vu ça. Ça fait longtemps que je regarde
les documents du PQI, c'est la première fois qu'on vient inscrire : Le
ministère, cette année, va soumettre un dossier sur cet hôpital-là. On le fait
dans le cas de Drummondville, on le fait dans le cas de Maria. C'est comme si
on disait aux gens, là : Bien, on ne l'inscrit pas, là, on n'est même pas
dans le début du processus officiel du PQI, mais on va regarder à faire de quoi
cette année. C'est... Le député de Rosemont l'a déjà faite, la démonstration.
Le PQI, là, c'est déjà un gros bassin, ça n'avance déjà pas vite là-dedans. Là,
on vient leur dire avant ça : Aïe! On va vous préinscrire au PQI. C'est-tu
ça, la stratégie? C'est-tu une stratégie de communication, ça?
M. Dubé : Bien, en tout cas,
notre stratégie, elle est sûrement différente de celle des libéraux, M. le
Président.
M. Fortin : Elle est différente de celles que vous avez utilisées les
six dernières années, aussi.
M. Dubé : Alors, M. le
Président, je voudrais terminer ma réponse. Je pense qu'il faut être certains
que, lorsqu'on met des projets dans le PQI, on est capables de les réaliser.
Regardez ce que mon collègue le ministre responsable des Infrastructures a fait
cette année, il a augmenté, encore une fois, le PQI de l'ordre de
11 milliards, on est passés de 153 milliards sur 10 ans à
164 milliards, et cette augmentation-là vient principalement dans les
trois premières années. Et pourquoi il a fait ça? C'est pour être capable de
réaliser rapidement des projets et non faire des promesses qui vont arriver
dans huit, 10 ans. C'est exactement ce qu'on a fait cette année, M. le
Président.
Alors, moi, je pense qu'on fait la bonne
approche. On est réalistes, on protège l'argent des Québécois et on va faire
les projets à la mesure de nos moyens, mais le plus rapidement possible.
M. Fortin : O.K. Là, il y a trois grands projets, là, qui s'attendaient
à être inscrits au PQI cette année, là, et le ministre les connaît très bien,
hein : l'hôpital de Drummondville et l'hôpital de Maria, et, les deux,
vous les avez préinscrits, c'est-à-dire vous avez trouvé une nouvelle formule
pour dire : Cette année, au cours de l'année, le ministère soumettra le
dossier pour approbation au Conseil des ministres, pour inscription au PQI.
D'accord, mais il y en a un que vous avez laissé de côté, hein, l'Hôpital
d'Amos. Vous ne l'avez même pas préinscrit, celui-là. Il n'est même pas... Il
n'y a même pas la certitude qu'il va y avoir cette année une inscription au
PQI. Pourquoi?
M. Dubé : Bien, écoutez, M. le
Président, là, sur l'Hôpital d'Amos, je sais qu'on en a discuté assez souvent,
je pense que c'est un projet... Puis moi, j'en entends parler, entre autres, de
la députée du coin. La phase II du projet qui n'avait pas été inscrit
au... de façon générale, on a décidé de le regarder globalement, parce qu'il
était beaucoup plus logique de regarder et la phase I et la phase II en
même temps.
Alors, je pense qu'il est important de dire
qu'on va le faire, ce projet-là. Dans les détails, au niveau des dates, je
n'embarquerai pas là-dedans, encore une fois, ce matin, mais c'est certain que,
pour nous, puis on en a pris l'engagement, il est déjà ce qu'on appelle en
planification, donc il est déjà en train d'être considéré, puis on va faire les
annonces quand ce sera le temps de le faire puis qu'on aura les bons montants
pour les projets en question, dont j'ai expliqué... et les bonnes dates de
réalisation.
M. Fortin : Alors, vous ne passerez pas par le PQI pour la phase II.
Vous l'inscrivez dans le projet qui est déjà inscrit, là.
M. Dubé : Bien, écoutez, là,
vous me demandez de vous donner des détails, je pense que, lorsqu'on
discutera... Là, on est dans les crédits provisoires, ici, M. le Président.
J'aime ça le rappeler au député de Pontiac, là, on est dans les crédits
provisoires pour les budgets. Là, on me demande des détails pour un hôpital à
Amos. Moi, je dis : Ce projet-là, il est déjà en planification, on va
faire les étapes nécessaires, c'est notre objectif, d'être consistants et
réalistes dans nos projets.
M. Fortin : Non, mais je pense que les gens d'Amos méritent une réponse
claire, quand même, là. Est-ce que, la phase II, vous la considérez
inscrite en planification?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Dubé : En ce moment, là, la
phase II n'est pas en planification, la phase II. Ce que j'ai dit, ce
qui nous est demandé par les médecins... Je suis allé à l'Hôpital d'Amos, j'ai
rencontré les médecins. Ce qu'ils nous demandent, c'est de combiner les deux,
c'est ça qui est demandé par les gens du coin.
Alors, avant de répondre au député de Pontiac,
moi, je vais m'asseoir avec le député... avec le ministre responsable des
Infrastructures puis de dire, parce que le dossier est en planification :
Est-ce que ce serait la bonne chose de combiner la phase I et la
phase II? C'est ce que j'ai dit tout à l'heure. Quand j'aurai une réponse
là-dessus... puis, probablement, je serai capable de répondre lorsqu'on sera en
analyse des crédits à la fin du mois d'avril, on fera ces réponses-là.
M. Fortin : O.K. Donc, le ministre est clair, la phase II, elle
n'est pas inscrite en planification.
M. Dubé : En ce moment, en ce
moment, en ce moment.
M. Fortin : Bon, O.K. Là, le ministre, d'entrée de jeu, là, il nous a
dit qu'il... il nous a fait... il a fait référence aux gens qui travaillent
dans le réseau, et c'est très bien, il faut en parler, des gens qui travaillent
dans le réseau. Moi, j'aimerais parler des 911 personnes qui travaillent à
la maison mère de Santé Québec. Le ministre nous a dit que ce n'est pas... ou
ce n'est pas normal, pour utiliser ses mots, ce n'est pas normal qu'il y ait
plus de fonctionnaires aujourd'hui, hein, si on combine le chiffre du ministère
de la Santé et de Santé Québec, qu'il y en avait avant la création de Santé
Québec.
Alors, j'ai une question
toute simple pour le ministre : Est-ce que 911 personnes à Santé
Québec, c'est une petite équipe agile comme il le souhaitait?
M. Dubé : Bien, je suis
tellement content d'avoir cette question-là, M. le Président, je vais essayer
d'y répondre rapidement, puis j'apprécie que le député me la pose parce qu'il y
a eu beaucoup d'information qui est inexacte. Il y a deux choses à Santé
Québec : il y a une équipe de direction et il y a des gens qui ont été
transférés du ministère pour faire des fonctions très spécifiques. On a des...
on a transféré près de 900 personnes qui étaient au ministère de la Santé,
qui sont maintenant à Santé Québec, qui ne sont pas dans la direction de Santé
Québec, O.K., on se comprend, là? C'est des gens, par exemple, en TI, en
technologies de l'information, c'est près de 500 personnes, des gens qui
sont responsables des infrastructures. Alors, il y a plusieurs groupes de
personnes comme ça que l'on considérait des gens d'opération qui étaient au
ministère, qui ont été transférés. Jusqu'à maintenant, là, depuis la mise en
place de Santé Québec, c'est environ 900 personnes. Maintenant, ce n'est
pas 900 personnes qui font la direction de Santé Québec.
Alors, moi, quand j'avais demandé... et j'avais
demandé, très clair, d'avoir une petite équipe agile, agile et efficace, à la
direction de Santé Québec. Quand je me suis rendu compte qu'il y avait des gens
qui étaient allés un peu loin dans l'organisation de leurs services, j'ai été très
clair, j'ai été très clair avec les gens qui me posaient des questions, j'ai
dit : Ce n'est pas à ça que je m'attendais.
Maintenant, ce n'est pas à moi à faire les
corrections. Moi, je suis là pour faire des orientations avec mon
sous-ministre, et on a dit à la direction de Santé Québec, au conseil
d'administration : Écoutez, en ce moment, là, il y a trop de monde au
niveau de certains postes. Il y a eu des décisions qui ont été prises, puis on
a corrigé.
Alors, moi, ce que je dis et je redis au député,
puis je suis content qu'il m'ait posé la question aujourd'hui, quand on va
avoir fini l'exercice au complet, là, les gens du ministère, il va y en avoir
moins, il y en a déjà moins. Il y a beaucoup... de sous-ministres adjoints
qu'il n'y en avait avant. Dans Santé Québec, il y a des transferts qui ont eu
lieu. Quand on va combiner tout ça, quand on va avoir fini l'exercice, il va y
avoir moins de personnes qu'il n'y en avait avant, ça, c'est garanti.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Pontiac.
M. Fortin : O.K. Lui, si j'ai bien compris, là, le ministre de la Santé
a compris qu'il y avait 911 personnes qui travaillaient à Santé Québec et
il a dit : Attends un petit peu, là, il y a des postes, là, qu'on n'a
peut-être pas besoin, là, hein? C'est ce qu'il vient de dire, là, essentiellement.
• (11 h 50) •
M. Dubé : Bien, ce que je
dis... Oui, excusez-moi, allez-y.
M. Fortin : Alors, j'aimerais qu'il nous dise combien de gens devraient
être à Santé Québec.
M. Dubé : Bon, ce que
j'aimerais lui dire, c'est que... puis je veux faire la différence, encore une
fois, Mme Biron, lorsqu'elle a eu les transferts, elle n'a pas posé de
question, on a dit : Voici, on vous transfère des infrastructures, on vous
transfère les gens de TI. Ça fait trois mois, là, qu'ils sont là, qu'ils sont
en place, là, depuis le mois de décembre. Elle est en train de regarder ça puis
de dire : Est-ce que j'ai besoin de tout ce monde-là? Est-ce que je peux
travailler avec... parce que non seulement on lui a transféré
900 personnes, mais elle a 350 000 employés dans
36 établissements, alors il faut qu'elle regarde l'ensemble de ça puis de
dire : Est-ce qu'il y a des réaménagements que je peux faire? La réponse,
c'est oui. Mais prenons... Là où on prend une photo en date d'un transfert,
après quelques mois, donnons-lui le temps de revoir toute sa structure,
incluant les 350 000 employés. C'est une... j'ai toujours dit ça,
c'est une organisation monstre, donnons-lui le temps de faire les analyses
qu'elle est en train de faire.
M. Fortin : Oui, mais là on ne parle pas des
350 000 employés, là, on ne parle pas des travailleurs sociaux, des
infirmières, on ne parle pas de...
M. Dubé : Non, non, pas du
tout.
M. Fortin : Là, on parle des 2 000 personnes, là, entre la
direction de Santé Québec et la direction du ministre...
M. Dubé : Mais je vous donne un
exemple, je veux juste être très précis...
M. Fortin : Non, non, mais je vous ai laissé terminer...
M. Dubé : Excusez-moi.
M. Fortin : ...j'ai été très respectueux, M. le ministre, je vous ai
laissé terminer.
M. Dubé : Non, allez-y,
allez-y. Excusez-moi.
M. Fortin : Alors, le ministre nous dit : Il va y avoir moins de
monde, à la fin, hein? Il y en avait... avant la fusion,
là, il y en avait 1 700... ou avant la création de Santé Québec, il y en
avait 1 700, des employés à la direction du ministère. Alors là, il y en a
2 000. Le ministre nous dit : Ce n'est pas normal qu'il y en ait plus
qu'avant. Alors, combien doit-il y en avoir, entre le ministère et Santé
Québec, là, entre... dans la direction du ministère et à Santé Québec? C'est
quoi, son objectif? Il aime ça travailler par objectif, j'ose espérer.
M. Dubé : O.K. Bien, je pense
qu'il y a une confusion de genre, là, puis peut-être qu'on pourra en reparler,
mais je veux juste qu'on se comprenne. Moi, quand je parle de la direction de Santé
Québec, c'est Mme Miron... Mme Biron, pardon, puis avec sa première
ligne, ses vice-présidents. Ça, c'est l'équipe de Santé Québec, l'équipe de
direction. Les gens qu'on a transférés, le 900 personnes qu'on a
transférées, là, c'est des gens qui travaillent dans les opérations, exemple,
je l'ai dit, infrastructures, TI.
Bon, maintenant, est-ce que l'organigramme final
de Mme Biron, de son équipe de direction, il est final? La réponse, c'est
non. Pas plus tard que la semaine dernière, elle a baissé l'organigramme qui
était anciennement celui de M. Abergel, elle l'a baissé de 20 %.
Alors, laissons-lui le temps de travailler pour dire, l'équipe de direction,
après quelques mois d'avoir travaillé avec les 36 P.D.G., qui fait quoi
dans les 36 P.D.G., avec leurs propres équipes. Moi, je dis que
Mme Biron fait un excellent travail. Elle n'a pas eu peur de poser des
gestes difficiles, elle va continuer de le faire.
M. Fortin : Parfait, M. le Président, il veut laisser Mme Biron
faire le travail à Santé Québec, là, mais il y a encore... le ministre, malgré
la création de Santé Québec, malgré qu'il se décharge, d'une certaine façon,
là, des opérations du réseau, là, il a encore le ministère sous sa
responsabilité directe, hein? Et, au ministère, si je me fie aux données dans Le
Journal de Montréal, il y a 1 084 personnes qui travaillent au
ministère de la Santé, pas du monde dans nos hôpitaux, pas du monde dans nos
établissements, pas du monde à Santé Québec, là, au ministère.
Et le ministre a dit : Ce n'est pas normal
qu'il y ait plus de monde qu'il y en avait avant. Alors, est-ce qu'il s'est
donné un objectif? Quand il nous dit qu'il va procéder par attrition, est-ce
qu'il a un objectif de temps? Alors, combien de gens devraient être dans
l'appareil du ministère? Et dans combien de temps il va arriver à cet
objectif-là? Parce que, je le dis pour cette raison-là, M. le Président, là,
chaque piastre qu'on met dans le ministère, c'est une piastre qu'on ne met pas
dans les établissements.
M. Dubé : Alors, ça, c'est une
autre très bonne question, puis je veux être clair, là, on est partis... puis
je vais garder des chiffres approximatifs, parce que je veux qu'on s'entende.
Quand on a fait la coupure des opérations et des orientations, il y avait à peu
près 2 000 personnes au ministère. Ça fait que, si on en a transféré
à peu près 900, il en reste donc 1 100, qui est à peu près le chiffre que
le député de Pontiac vient de citer. Depuis ce temps-là, qu'est-ce que le
sous-ministre responsable a fait? Il a fait passer de 15 SMA, 16 SMA,
à neuf. C'est déjà... Mais il faut que ces gens-là se réorganisent. Mais il ne
restera pas 900 personnes au ministère à la fin de l'exercice, je veux
qu'on soit clairs. Moi, j'ai demandé au ministre de la... au sous-ministre de
la Santé de dire, maintenant qu'on connaît les opérations, on sait ce qui est
fait par Santé Québec, de combien de personnes on peut, au cours des prochains
mois, se faire une idée de... Est-ce que c'est 10 %, 20 %, 30 %
qu'on peut faire? Aujourd'hui, je ne le sais pas, le chiffre, M. le député.
M. Fortin : Mais le problème avec ça, M. le ministre, là, c'est que
vous avez demandé à tous les établissements de santé, dans les derniers mois,
là, de faire ça rapidement, de vous arriver avec un plan de match, puis ils
vous ont dit : Moi, je peux couper tel poste d'infirmière auxiliaire, moi,
je peux couper tel poste d'adjoint administratif, moi, je peux couper tel
préposé. Tous les établissements de santé ont fait ça. Puis vous, vous nous
dites aujourd'hui : Moi, je viens de demander, je ne le sais pas encore,
si je peux éliminer 10 %, 20 %, 30 % du ministère. Pourquoi les
établissements qui donnent des services directs à la population ont été obligés
de faire ça avant vous-même au ministère?
M. Dubé : M. le Président, ce
que je répondrais au député de Pontiac, puis il connaît la réponse : Quand
on peut faire des ajustements ou des réorganisations, on le fait. Au ministère
de la Santé, ce sont tous des gens qui sont protégés par la sécurité d'emploi.
Si je décidais de les congédier, je les paierais pareil. Alors, je veux juste
qu'on soit conscients que ce qu'on demande au ministère, c'est de faire la même
chose qu'à Santé Québec, mais il faut le faire avec les moyens qu'on a, avec
les conventions collectives qu'on a. C'est ma réponse, M. le Président.
M. Fortin : M. le Président, moi, dans les secondes qui me restent, là,
je dois dire que, tu sais, l'exercice qu'on a demandé, là, aux différents
établissements, là, il a mené à des coupures de services directs. Alors, de
savoir qu'on n'a pas pu faire le même exercice dans les mêmes délais au
ministère, je pense qu'il y a beaucoup de gens dans le réseau, là, qui vont
s'arracher les cheveux de savoir ça. Puis de savoir aujourd'hui que le ministre
n'a pas un objectif clair en date d'aujourd'hui, le 26 mars, à savoir
combien de gens vont rester au ministère, quand est-ce que ces changements-là
vont être faits, et c'est quoi, son objectif final, je vous le dis, M. le
Président, c'est à s'arracher les cheveux que le ministre n'ait pas fait ce travail-là.
M. Dubé : Monsieur, est-ce
qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
malheureusement, c'est tout le temps qu'il nous restait pour ce bloc.
M. Dubé : O.K., parfait, je
reviendrai tout à l'heure. C'est beau, c'est beau.
Le Président (M. Benjamin) : Nous
allons passer au prochain bloc. Je rappelle au deuxième groupe d'opposition
qu'il dispose de 17 min 45 s pour le prochain bloc. J'apprécie
les questions claires, les réponses courtes, concises, question de maximiser
les échanges. Je cède la parole à M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci. Merci, M.
le Président. Bonjour au ministre et à son équipe. On va couper court dans les
présentations. De toute façon, on se connaît, on s'est beaucoup fréquentés
depuis quatre ans. Sachez que j'apprécie votre travail. M. le ministre,
êtes-vous satisfait des débuts de Santé Québec?
M. Dubé : Si quoi? Pardon, je
n'ai pas compris.
M. Marissal : Êtes-vous
satisfait des débuts de Santé Québec?
M. Dubé : Bien, ça a été des
débuts très difficiles, très difficiles, je ne vous le cacherai pas, parce que
la hauteur de la montagne, elle est grande, mais je pense que je suis tellement
content d'avoir cette équipe-là, là. Cette équipe-là, on vient de passer à
travers la préparation d'un budget très difficile. On parle beaucoup de Mme
Biron, là, mais il y a deux personnes que vous connaissez moins, que j'ai très
hâte que vous puissiez rencontrer, là, je pense, entre autres, à la cheffe des
finances, Mme Dugas, qui fait un travail extraordinaire, une compétence
que j'ai rarement vue, je pense à...
M. Marissal : Je n'en doute
pas, M. le ministre.
M. Dubé : Alors donc, ma
réponse, c'est que je suis très satisfait du travail qui est fait dans un
contexte très difficile, et les ajustements qui devaient être faits, ils ont
été faits.
M. Marissal : Oui, mais il y a
des ajustements parce que c'est parti un peu carré, mettons. Ma question,
c'est : Êtes-vous satisfait des débuts de Santé Québec? C'est votre
créature.
M. Dubé : Oui, oui, avec...
dans la limitation de la hauteur de la commande qu'on leur a donnée, je suis
très satisfait des débuts de Santé Québec.
M. Marissal : Vous êtes
satisfait de ce que vous lisez dans les journaux, d'être obligé d'intervenir
parce qu'il y a trop de monde, de M. Abergel qui n'a même pas fait trois
mois, qui a été éjecté. Vous êtes satisfait de ça pour vrai, là?
M. Dubé : M. le député de
Rosemont, je vous répondrais rapidement. J'en ai fait, des réorganisations, là,
puis nommez-moi combien il y en a, des réorganisations de 350 000 employés
qui gèrent un budget de plus que 1 milliard par semaine. Je suis très
satisfait du travail qui est fait en ce moment.
• (12 heures) •
M. Marissal : Même si vous êtes
constamment obligé de passer en arrière, de refaire le travail?
M. Dubé : Ce qui est tout à
fait normal.
Le Président (M. Benjamin) : ...au
député de Rosemont de poser sa question.
M. Dubé : Bien, j'essaie de
répondre rapidement.
M. Marissal : Non, c'est bon,
c'est un échange vif, j'apprécie, M. le Président. Allez-y, M. le ministre.
M. Dubé : Non, mais moi, je
vous dis, M. le député... Vous l'avez dit, ça fait longtemps qu'on se connaît.
Moi, ce que je vous dis, là... Vous m'avez demandé, dans p.l. n° 15,
si c'était une bonne chose qu'on se garde des droits de gestion de la part du
ministre, hein? On a un article qui disait justement ça. Alors, aujourd'hui,
moi, ce que vous dis, surtout dans la première année... Puis, je me souviens,
parce que j'ai ma cheffe de cabinet à côté de moi, puis, à tous les lundis, on
parle à Mme Biron puis à son équipe puis on dit : Voilà, il y a
des... il y a des journées, il y a des lundis que c'est un meeting qui va très
vite puis il y a d'autres journées que c'est un peu plus long. Mais, je veux
juste dire, c'est notre rôle d'intervenir quand on n'est pas satisfaits.
M. Marissal : Oui, mais avant
vous interveniez directement auprès des P.D.G. des CIUSSS et des CISSS, ce qui
était normal, il y avait comme une réaction bidirectionnelle. Là, on a mis
quelque chose entre les deux qui s'appelle Santé Québec. Ça fait que, là, vous
intervenez auprès de Santé Québec, Santé Québec va intervenir auprès des mêmes
D.G. des CIUSSS et des CISSS, et ils vont revenir à Santé Québec. Vous avez mis
non pas de la fluidité, mais un intermédiaire de plus, puis en plus, quand il y
a des coches mal taillées, vous êtes obligé d'aller faire le ménage. Expliquez-moi où est le gain d'efficacité dans cette
structure biscornue.
M. Dubé : Biscornue, je ne suis
pas sûr. J'ai toujours été impressionné par votre vocabulaire, M. le député de
Rosemont. Je ne suis pas certain que je peux répondre exactement qu'est-ce qui
est biscornu, mais ça ne me semble pas un très beau mot. Mais en tout cas.
Ce que je vous dirais, c'est que je pense qu'on
a simplifié la coordination, puis j'aimerais ça prendre 30 secondes pour
vous l'expliquer. Vous, vous voyez que c'est une étape supplémentaire, mais
moi, je m'assure que, quand on donne une directive, une orientation puis
qu'elle n'est pas suivie, là, je n'aie pas à me dire : Est-ce qu'on
l'avait bien dit? Est-ce que ça avait été bien compris? Si vous ne faites pas
ce qu'on vous dit, c'est : Merci beaucoup, on va passer à un autre appel.
Et, ça, on n'avait pas ça dans l'ancien temps. On n'avait pas ça.
Alors, moi, ce que je vous dis aujourd'hui, on
parle à Mme Biron, on lui dit : Voici les directives sur tel, tel
point, puis, quand ça n'arrive pas, c'est elle qui a la responsabilité de le
faire arriver. On n'a pas besoin de parler à 35 P.D.G. Et ça, c'est un
très, très gros changement dans les... la façon de travailler avec Santé Québec
et c'est ça qui, au début de ce processus-là qu'on vient de commencer il y a
quelques mois, à mon sens, va faire une grande différence. Juste dans le
budget, vous n'avez aucune idée, M. le député, comment c'était compliqué
d'avoir des états financiers où on pouvait discuter de dire : Est-ce qu'on
s'en va à la bonne place?
M. Marissal : Depuis près de
cinq ans que vous êtes ministre de la Santé, là, combien de fois vous avez eu à
parler à 35 P.D.G. dans une journée, là? Combien de fois c'est arrivé, ça?
M. Dubé : Ah! une fois par
semaine.
M. Marissal : Oui, mais vous
parlez aux 35 en même temps. Vous ne faites pas 35 appels, là.
M. Dubé : Oui. Oui, mais
pensez-vous qu'ils étaient tous en train d'écouter au téléphone, qu'ils étaient
tous en train de faire d'autre chose? Moi, ce que je vous dis, M. le député,
là...
M. Marissal : Bien là, vous
êtes en train de dire qu'on est gérés par une gang d'incompétents dans les
CIUSSS et les CISSS.
M. Dubé : Ce n'est pas... Si...
M. Marissal : Parce que, s'ils
n'écoutent pas le ministre au téléphone, on a un maudit problème, là.
M. Dubé : Si vous voulez dire
ça, M. le député, c'est vous qui le dites. Moi, ce que...
M. Marissal : Bien non, c'est
vous qui venez de dire qu'ils n'écoutaient pas au téléphone. Ils faisaient
quoi? Ils jouaient aux cartes? Ils...
M. Dubé : Non, mais ce que je
dis, ce que je dis : Il y a quelqu'un qui a la responsabilité de
coordonner le travail. Moi, là, dans les occupations qu'on avait du côté du
ministère, je l'ai dit et je le répète, juste faire les orientations,
travailler sur ce qui est important en santé publique, puis tout ça, c'était la
bonne chose à faire de se concentrer là-dessus.
M. Marissal : Très bien.
M. Dubé : C'est ce qu'on a
demandé. Maintenant, il y a des gens qui se concentrent sur les opérations.
M. Marissal : Merci. Merci.
M. Abergel, est-ce qu'il a été congédié avec cause ou dans un commun d'accord?
M. Dubé : Moi, je ne rentrerai
pas là-dedans, M. le... C'est une décision qui a été prise par Santé Québec,
par son conseil d'administration. Je n'irai pas...
M. Marissal : Et à quelles
conditions est-il parti?
M. Dubé : Je vais laisser ça à Santé
Québec, si vous avez des questions là-dessus. Moi, je n'irai pas dans la...
dans cette procédure-là, pas de façon publique ici.
M. Marissal : O.K. On aura Santé
Québec, de toute façon, aux crédits.
M. Dubé : Bien, écoutez, dans
les congédiements de cette nature-là, il y a des modalités qui sont
confidentielles, vous le savez.
M. Marissal : C'est ce qui
m'intéresse, précisément. Est-ce que nous aurons Santé Québec pendant les
crédits, non pas provisoires...
M. Dubé : Vous pourrez le
demander. Ils vont... Ils vous... pardon, répondront ce qu'ils ont à répondre.
Mais il y a toujours des mesures qui sont de nature confidentielle, là. Ça
relève...
M. Marissal : Non, non. Ce
n'est pas ça, ma question. C'est : Est-ce que nous aurons l'occasion de
questionner...
M. Dubé : Ah! bien oui. Bien
oui.
M. Marissal : ...les gens de Santé
Québec tout du long pendant les crédits?
M. Dubé : Bien oui, tout à
fait. C'est ce qui a été... On a convenu ça quand on a fait p.l. n° 15
ensemble.
M. Marissal : O.K. Tout du
long?
M. Dubé : Pardon?
M. Marissal : Tout du long? Ils
seront là de but en blanc?
M. Dubé : Oui, oui. Oui, oui.
C'est notre objectif, d'être capables de donner aux Québécois, à l'opposition
la chance de questionner nos gestionnaires, comme ils le font pour la SAQ,
comme ils le font pour Hydro-Québec. Ça va être la même chose. C'est une
société d'État qui doit répondre devant la commission des crédits.
M. Marissal : Oui. Bien,
parfois... J'ai été critique aux Finances puis en Économie. Parfois, il y a des
blocs de temps, par exemple, d'une heure, prévus. C'était le cas notamment avec
la Caisse de dépôt, que vous connaissez bien. Moi, je voudrais juste m'assurer
qu'étant donné l'importance de Santé Québec ils soient disponibles pendant
toute l'étude des crédits. Pas aujourd'hui, évidemment.
M. Dubé : Bien, je ne veux pas
prendre un engagement en termes de la façon dont ça va se faire, parce qu'on
pourra en parler ensemble, on pourra parler à nos leaders, là. Moi, je voudrais
juste vous dire que les gens de Santé Québec vont être présents. Bon, dans
quelle formule? Combien de temps? J'aimerais mieux vous revenir là-dessus.
Mais, à savoir si vous serez capable de poser directement des questions à
Mme Biron puis aux membres clés de son équipe, la réponse est oui.
M. Marissal : Bien, sachez que
c'est une demande formelle de ma part.
M. Dubé : Tout à fait.
M. Marissal : Et je crois que
mes collègues de l'opposition auront aussi des questions pour Santé Québec.
Je vais passer à mon sujet préféré, là, mon
marronnier, qui revient depuis plus de six ans que je suis député, l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont. Je ne m'attendais pas à de miracle hier dans le budget,
parce que je suis bien branché sur ce qui se passe, mais l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont est toujours en planification. Il ne se passe toujours
rien, si ce n'est que des ingénieurs sont en train de vérifier la solidité du
grillage d'urgence, qu'on a installé il y a plus de six ans, pour savoir s'il
faut remplacer le grillage d'urgence. On n'est pas exactement dans le grand
projet inspirant pour l'est de Montréal, et les employés, et les patients de
Maisonneuve-Rosemont si on est pour changer le grillage qui ne fait plus la
job. Moi, je désespère un peu, je vais vous le dire franchement, là. Puis ce
n'est pas un cas de comté, Maisonneuve-Rosemont, c'est un peu plus gros que ça,
là.
Alors, qu'est-ce qui se passe? Vous avez dit,
tout à l'heure, à mon collègue de Pontiac : Nous autres, on n'est plus
comme les libéraux, on ne veut pas annoncer trois, quatre fois un hôpital. Je
vous rappelle que vous l'avez déjà annoncé deux fois, vous êtes là depuis
seulement cinq ans, pas tout à fait, même, vous allez devoir l'annoncer au
moins une troisième fois, quand, finalement, vous aurez un budget puis une
échéance. On va vous accueillir avec plaisir dans Rosemont quand ce sera fait,
mais c'est quand? Quand est-ce qu'on va passer le cap de planification à
pépine?
M. Dubé : Moi, je vais être
très transparent avec vous, M. le député de Rosemont, je pensais sérieusement
que la pépine pouvait être dans le champ, sur le terrain de l'hôpital cette
année. C'est ce que je croyais qu'il était possible de faire. Je ne croyais que
ça... En ce moment, quand vous dites qu'il n'y a pas une cent qui est dépensée,
là, il y a un bureau de projets qui analyse, puis pas juste la grille, là,
parce que je ne pense pas que la grille est utilisée pour savoir comment on
va... Elle va rester, mais elle peut-tu toffer pendant qu'on fait les travaux?
C'est pour ça que la grille est testée, là, on s'entend, là.
M. Marissal : Clairement. Oui.
M. Dubé : O.K. Bon. Soyons...
M. Marissal : Oui, c'est clair.
M. Dubé : Soyons transparents
dans... Alors, en ce moment, il y a un bureau de projet, qui est important, là,
40 millions qui est dépensé. Moi, ce que je veux, je voulais être
certain... Puis j'en ai parlé beaucoup avec M. Julien, le ministre qui est
responsable des infrastructures, il faut que ce projet-là commence. Je suis
tout à fait d'accord avec vous, je suis le premier à dire que ça ne va pas
assez vite. Je suis d'accord avec vous, O.K., donc... Par contre, il y a eu
tellement d'annonces qui ont été précipitées, incluant la mienne, je le dis,
là, précipitées parce qu'on n'avait pas les bons chiffres, on n'avait pas la
bonne analyse.
Est-ce que c'est mieux, dans un hôpital qui va
coûter plusieurs milliards... là, je ne mettrai pas le chiffre sur la table,
vous le connaissez, là, mais on a une bonne idée maintenant, est-ce que c'est
mieux de prendre quelques mois de plus pour s'assurer qu'on va faire le bon
projet, un peu ce que je disais au député de Pontiac tantôt, là, qui va être
fait correctement? Alors, je suis le premier... Puis j'ai eu des rencontres,
comme vous savez, avec plusieurs médecins sur place, je me suis engagé qu'on le
ferait le plus rapidement possible. Il reste du travail à faire avant la
pépine, mais j'espère que ça va être le plus rapidement possible. C'est
l'engagement que j'ai pris.
M. Marissal : C'est combien de
temps, ça?
M. Dubé : M. le député, en ce
moment...
M. Marissal : Je pense qu'on
est rendus là, je pense qu'on doit ça aux gens de l'est de Montréal et du
Québec. Ça va être le plus gros projet d'infrastructure hospitalière de
l'histoire du Québec, si on fait vraiment ce qu'on doit faire, là. Je ne suis
pas dans l'enflure, là, je ne souhaite pas des pyramides d'Égypte, là. Mais,
cela dit, ça va être un immense chantier. C'est quand on commence?
• (12 h 10) •
M. Dubé : Bien, écoutez, ce
serait très facile pour moi de vous dire : On va faire telle date, parce
que c'est le stationnement qu'on va faire, puis etc., là. Moi, je ne suis pas
là-dedans, là. Moi, ce que j'ai demandé, c'est d'avoir une image complète du
déploiement qui va être fait, là, comme on le fait pour les différents
hôpitaux, pour ne pas qu'on se retrouve à faire des annonces, là, qui... où il
faut revenir. Alors, laissez-moi le temps, dans les prochains mois, de revenir.
Moi, ce que je vous dis, c'est que j'espère
qu'on va être capables cette année de tout faire ça, c'est-à-dire d'arriver
avec des dates précises de quand est-ce qu'on va commencer. Mais ce qu'on
demande, par exemple... Alors, quand vous dites qu'il n'y a pas d'argent, là,
il y en a, de l'argent. C'est 40 millions qui est dépensé par le bureau de
projet pour nous permettre...
M. Marissal : Oui.
M. Dubé : ...non, mais, M. le
député, c'est important, ce que je vous dis là, là, pour nous permettre...
M. Marissal : Bien sûr, mais
les premiers plans, M. le ministre, moi, je les ai vus il y a trois ans, là,
les premiers plans, là, ça ne changera pas tant que ça, là. La terre n'a pas
bougé à ce point-là qu'on va mettre l'hôpital ailleurs, là. C'est un hôpital,
ça va avoir tant d'étages, on a besoin de tant de stationnements. Après ça,
c'est la décoration puis la marge, j'en conviens. Mais le projet, il est assez
bien ficelé, là, assez bien pour avoir un échéancier. Là, on n'a pas de budget,
on n'a pas d'échéancier.
M. Dubé : M. le député, il y a
des montants, il y a des...
M. Marissal : Si vous faites
vos rénovations comme ça chez vous ou à votre cabane à sucre, M. le ministre,
ça ne marchera pas, là.
M. Dubé : Je suis content quand
vous revenez avec ma cabane à sucre, mais il n'y a aucun lien, là.
M. Marissal : Il n'y a personne
qui va vous financer, là. Vous n'avez pas d'échéancier, vous n'avez pas de
budget.
M. Dubé : J'aimerais ça avoir
le même budget pour HMR que j'aurais pour ma cabane à sucre, là. Mais ce que je
vous dis, M. le député, là : C'est un projet majeur, puis on ne veut pas
se tromper dans ce projet-là, puis on va faire les choses correctement. On a un
engagement envers la population de l'est de Montréal que ça va être le plus
rapidement possible. On est là-dedans. Mon collègue à l'Infrastructure, je lui
ai mis beaucoup de pression, lors du dernier PQI...
M. Marissal : Est-ce qu'on
commence avant les prochaines élections...
M. Dubé : Je ne vous répondrai
pas là-dessus.
M. Marissal : ...ou avant la
fin du mandat? Mettons-le autrement, avant la fin du...
M. Dubé : Quand on va avoir une
date claire avec des montants clairs, on va vous revenir, M. le député.
M. Marissal : O.K. Vous l'avez
dit tantôt, puis c'est vrai, on se connaît bien, là. Ça fait des années, là,
qu'on se fréquente professionnellement. Moi, je vais vous dire ce que
j'entends, là, c'est que ce n'est pas vous qui bloquez, puis je le crois.
M. Dubé : Là, vous parlez
toujours de HMR?
M. Marissal : Oui, pour lancer
le... j'allais dire donner le go, là, mais pour lancer le projet. Ce n'est pas
vous qui bloquez. Ça bloque au Conseil des ministres. Vous n'êtes pas obligé de
me donner les secrets du Conseil de ministres, là, mais, de toute façon, le
résultat est là. On avait encore les décrets qui sont sortis ce matin. Je suis
allé les voir avant de vous parler, là, pour ne pas que vous me répondiez
triomphalement, puis que j'ai de l'air nono, que vous avez enfin eu le décret,
mais il n'est pas là, le décret. Qu'est-ce qui bloque? Comment ça se fait qu'on
n'est pas capable de lancer ce projet sur lequel tout le monde s'entend? Ce
n'est pas une coquetterie, un hôpital de 6 milliards de dollars dans l'est
de Montréal, ce n'est pas un caprice du député.
M. Dubé : C'est bon, vous êtes
rendu à 6. Moi, je ne savais pas que c'était rendu à 6.
M. Marissal : Ouf! bien, plus
on attend, plus ça monte, hein? Plus on attend...
M. Dubé : C'est pour vous dire
comment il y a des chiffres...
M. Marissal : Vous êtes rendu à
combien, vous?
M. Dubé : Bien là, vous m'avez
dit 6. Moi, je n'ai jamais entendu 6, là.
M. Marissal : Bien, c'est parce
qu'on attend, puis je fais des extrapolations avec ce qu'on fait ailleurs.
Prenez l'hôpital de Vaudreuil, qui est plus petit, combien qu'il a coûté,
prenez l'Hôpital de Maisonneuve-Rosemont, ça risque d'être...
M. Dubé : Tantôt, j'expliquais...
Non, mais, écoutez, là, je n'irai pas...
M. Marissal : On règle pour
5,5, ça ne me dérange pas, là. Je veux savoir pourquoi ça bloque au Conseil des
ministres. Pourquoi vous n'êtes pas capable de faire passer ça?
M. Dubé : Bien, 5,5, 6, il y a
quand même 500 millions de différence, là, ce n'est pas des pinottes, ça,
là.
M. Marissal : Oui, c'est à
peine SAAQclic, là, de différence.
M. Dubé : Mais, M. le député,
on vient d'augmenter le PQI en santé. Ça fait qu'il est passé de
18 milliards à 24 milliards. Je pense que, s'il y a de l'argent qui
est disponible pour HMR, il y en a déjà qui est provisionné. C'est un projet
qui va arriver.
M. Marissal : Bien, raison de
plus, raison de plus...
M. Dubé : Oui, il va arriver.
Il va arriver, mais il va arriver quand on va savoir qu'on est capables de
réaliser ce projet-là dans des coûts qui sont raisonnables, avec la capacité
des Québécois de payer. Alors, il n'y a pas personne, en ce moment, là, qui
bloque le projet ou quoi que ce soit. J'ai expliqué ce matin... puis, je le
dis, le PQI, là, ce qui est important, c'est les trois premières années. On
vient d'augmenter de 11 milliards l'argent disponible pour les trois
premières années du PQI, c'est majeur, ça, là, pour être capables de faire...
de répondre aux promesses et engagements qui ont été faits.
Alors, nous, on dit : Cette année... cette
année, on demande de finir la planification. On a mis de l'argent dans le
projet du bureau de projet, laissons le travail se faire, puis, quand je vais
être capable de vous revenir, je vais être le plus généreux du monde.
M. Marissal : Combien de temps
il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Benjamin) : ...
M. Marissal : Bien, vous savez,
moi, le PQI, ce n'est pas un argument qui m'impressionne beaucoup, là, hein? Le
PQI, là, c'est le catalogue Sears de mon enfance, là. On recevait ça en
novembre et on cochait toutes les pages pour avoir tous
les cadeaux, là. À Noël, on avait un ou deux cadeaux, là, puis ce n'était pas
toujours ceux qu'on avait cochés. Vous pouvez tout mettre dans le PQI. La
preuve, c'est que vous avez tout mis dans le PQI, puis vous en rajoutez, puis
même pré-PQI maintenant. Dans vos propres exemples, là, dans les documents du
ministre des Finances, hier, là, vos exemples d'investissement en santé, ils ne
sont pas au PQI, c'est des projets. C'est des projets. Ça, c'est comme si je
vous disais que vous allez aller au ciel après la mort, c'est des projets.
M. Dubé : Vous ne pensez pas
que je vais aller au ciel?
M. Marissal : Je pense que vous
allez y aller. Pour moi, j'ai des doutes, mais je suis sûr que vous, vous y
allez directement.
M. Dubé : Ah! O.K. Ouf! Vous
m'avez fait peur, là, que vous m'annonciez quelque chose...
M. Marissal : Alors, le PQI,
là, honnêtement, là, ce n'est pas un argument très convaincant, M. le ministre,
là. HMR est au PQI depuis combien de temps?
M. Dubé : Je vous souhaite, M.
le député, je vais le dire avec beaucoup de gentillesse, là, un jour, si vous
êtes au gouvernement, là, que vous regarderez le travail qui est fait dans le
PQI par les équipes. Vous regarderez ça puis vous reviendrez me refaire le même
commentaire.
M. Marissal : C'est plus le
travail du gouvernement qui m'intéresse ici. Je n'ai aucun doute sur la
qualité.
M. Dubé : Je vous ai donné la
chance de vous reprendre.
M. Marissal : Je n'ai aucun
doute, mais c'est vous qui utilisez...
M. Dubé : Je vous ai donné la
chance... de dire que ce n'est pas un document sérieux, là...
M. Marissal : C'est vous qui
utilisez l'argument du PQI, alors que vous mettez des trucs là-dedans qui
n'existent même pas encore.
M. Dubé : Le PQI, mon cher
collègue, M. le député de Rosemont, le PQI, c'est mettre ensemble toutes les
décisions qui ont été prises. C'est ça, le PQI.
Le Président (M. Benjamin) : C'est
le temps qui était réservé au deuxième groupe d'opposition. Nous allons tout de
suite vers le troisième groupe d'opposition. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous disposez de 7 min 24 s.
M. Arseneau : Merci beaucoup...
Oui, Un, deux, micro! Oui, merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le
ministre, de vous prêter à cet exercice toujours fort agréable à chaque année.
Avec mes sept petites minutes, j'aimerais
d'abord aborder la question du budget dans son ensemble. Ce que j'ai compris
des échanges précédents, là, c'est que vous dites qu'à l'heure actuelle, avec
les budgets qui vous sont donnés, on est capables de compenser les coûts de
système et ne pas faire de compression dans les services à la population au
cours de la prochaine année. Est-ce que c'est bien ça que... ce à quoi vous
vous engagez?
M. Dubé : Bon. Alors, ce que j'ai
voulu expliquer sur le fameux débat du 3 % versus les coûts de système, on
sait que les coûts de système varient toujours environ de 2 % à 3 %,
puis ça, ça dépend beaucoup des augmentations qui sont faites au niveau des
salaires, quel est le niveau d'indexation. C'est vraiment... Le total des coûts
de système, là, c'est ce qu'on fait en termes d'augmentation de salaire. Puis
Dieu sait qu'on en a eu plusieurs, là, avec les nouvelles conventions et
l'inflation qui a été assez importante dans les dernières années. Bon. Ça,
c'est les coûts de système.
Moi, ce que je veux vous faire prendre
connaissance... Puis je sais que j'ai devant moi des députés qui sont avec...
dans la même commission sur la santé, donc vous connaissez. Puis je l'ai fait
parce que... Je voudrais juste prendre le document, là. Il y a un document qui
est très clair, que je veux... que j'ai...
M. Arseneau : ...beaucoup de
temps, là. J'ai moins de temps que mes collègues.
M. Dubé : Non, mais je vais y
aller rapidement. Non, mais c'est parce que c'est important, il y a beaucoup de
gens qui nous écoutent ce matin, là. Moi, je vous demande de prendre la
page 19-16 dans les crédits, dans les crédits. Puis il y a une... On peut
regarder, moi, ce que j'appelle qui est important, là, c'est le
programme 2. Le programme 2, là, c'est 44 milliards du
57 milliards. Et 44 milliards, ça, c'est le budget de Santé Québec.
En gros, là, plus ou moins, là, c'est le budget de Santé Québec. Et cette
croissance-là, une fois qu'on tient compte des ajustements que le ministre des
Finances nous a annoncés hier, à peu près pour 800 millions, la croissance
des dépenses pour Santé Québec, elle est de l'ordre de 5 %. 5 %. Pas
3 %. Il y a des endroits où c'est 1 % pour le reste du budget de la
santé puis il y a d'endroits, que je viens de vous dire, que c'est 5 %.
Peut-être que la moyenne, c'est 3 %, mais, où il y à des salaires, où il y
a de l'inflation puis où on sert la population, puis je le résume, c'est
5 %.
M. Arseneau : Bon. On sait
qu'au cours de la dernière année, là, des derniers mois, en fait, la commande à
Santé Québec, c'était d'aller chercher 1,5 milliard de dollars dans...
autant que possible sans toucher trop les services. Ce qu'on a appris hier,
puis est-ce que vous pouvez nous confirmer, c'est qu'on a atteint l'objectif à
hauteur de 300 millions de dollars.
M. Dubé : ...important de
corriger ça. Puis je suis content d'avoir la question, parce que beaucoup...
Quand les gens ont commencé à arriver à Santé Québec, puis, entre autres, je
parlais tantôt à notre cheffe des finances, là, Mme Dugas, je résume ça
pour donner une réponse courte, l'estimé, ce n'était pas la coupure qu'on
demandait, là, l'estimé du budget, à ce moment-là, avec le peu de connaissances
qu'il y avait, c'était qu'on s'en allait vers un déficit de 1,5. C'était ça.
Puis on avait dit : Faites un programme d'optimisation pour vous
rapprocher le plus possible de zéro tout en protégeant les services, j'avais
dit, dans la mesure du possible, O.K.? C'est ça que j'avais dit. À la lumière
de ce qu'ils ont réussi à faire... puis moi, je les remercie parce qu'ils ont
fait un très bon travail, difficile, mais ils ont fait un bon travail,
aujourd'hui, là, avec les chiffres qu'on connaît maintenant, il y aurait eu un
déficit d'à peu près 2,2 milliards. Parce que, vous savez, en santé, là,
on...
• (12 h 20) •
Le Président (M. Benjamin) : ...M.
le ministre.
M. Dubé : Je finis. 2,2. Ils
ont sauvé 800 millions dans la dernière partie de l'année. C'est ce qui
fait qu'ils ont fini avec un déficit de 1,2. Mais la vraie économie, le vrai
plan d'optimisation qu'ils ont réussi à faire, c'est 800 millions.
M. Arseneau : Parfait. Alors,
ça fait au moins trois mois qu'on vous demande où est-on allés chercher ces
800 millions de dollars de coupures dans les services de santé, dans le
système de santé. Est-ce que vous vous engagez à présenter un tableau de ce
qu'on a fait comme gestes pour y arriver?
M. Dubé : Oui. Alors, quand
l'analyse sera terminée, parce qu'il reste... on a encore une période, là, la
période 12, qu'on appelle, qui est le mois de mars, là, sera
terminée, on pourra faire cette analyse-là.
Mais moi, je vous donnerais deux exemples. Le
premier exemple, là, c'est la réorganisation des services. Plus on enlève du
personnel de jour, qui était moins occupé, puis qu'on le met les fins de
semaine, avec du nouveau personnel, avec des heures défavorables, il y a moins
de temps supplémentaire. Il y a eu énormément d'économies qui sont venues de la
réorganisation des postes.
Le deuxième, c'est tout ce qu'on appelle
l'optimisation. Est-ce qu'on a besoin de tant de personnes en communication,
etc.? Donc, ce que je vous dis : En ce moment, il y a eu des réductions
d'heures dans certains services. L'ensemble de tout ça a fait que, si on
n'avait pas fait ces mesures-là, c'est un déficit de 2,2 milliards qu'on
aurait eu, et on a fini à 1,2. Moi, je me dis, on a les bonnes personnes, ils
sont en train de faire un excellent travail, qui est difficile, de trouver l'équilibre
à conserver les services pour la population. Moi, je leur demande de continuer.
M. Arseneau : Je vais aborder à
mon tour le PQI. Écoutez, il y avait des attentes extrêmement importantes du
côté de Drummondville, du côté d'Amos, du côté de Maria. Entre hier... ou
avant-hier et hier, qu'y a-t-il de changé, quand on ne voit pas l'inscription
de l'Hôpital Sainte-Croix de Drummondville dans le PQI, quand on ne voit pas de
l'inscription de l'urgence de Maria dans le PQI, concrètement?
M. Dubé : Courte et
simple : ça prend une décision du Conseil des ministres.
M. Arseneau : Cette décision du
Conseil des ministres là, semble-t-il, elle est aussi attendue pour Amos.
Pourquoi attendre aussi longtemps une décision du Conseil des ministres?
M. Dubé : Bien, j'ai... Moi,
j'ai... je vous l'ai dit, là, je pense, je l'ai répété tantôt au député de
Rosemont, puis je m'excuse si j'ai à me répéter, là, je pense qu'il n'y a rien
de pire que d'annoncer des projets quand on n'a pas les bons montants, quand on
n'a pas les bons échéanciers. Dans ces projets-là, qui sont importants,
l'Hôpital de Maria, l'hôpital de Saint-Jérôme, on peut tous les nommer,
Drummondville, je pense qu'il faut avoir des projets qui sont... qui se tiennent,
puis je pense que c'est ça qu'on doit présenter au Conseil des ministres. On a
la chance, maintenant, d'avoir un ministre des Infrastructures, ce qu'on
n'avait pas avant. Il se concentre là-dessus. On a eu une augmentation du PQI à
163 milliards. Moi, je pense qu'on a un engagement de faire les bons
projets.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : ...évidemment,
mais est-ce qu'il est normal, dans votre vision des choses, qu'on ait davantage
de gens, de fonctionnaires qui travaillent, au ministère, sur les orientations
d'un paquebot comme celui de la Santé que de nombre de personnes qui s'occupent
de gérer les opérations? Est-ce qu'un jour on va avoir davantage d'énergie,
d'argent et de gens qui s'occupent des opérations plutôt que des orientations,
comme c'est le cas actuellement, même après le transfert d'un certain nombre
d'employés à Santé Québec?
M. Dubé : Écoutez,
je pensais avoir été clair tout à l'heure, mais, le même régime minceur qu'on
demande à Santé Québec, on le demande au ministère, la même chose.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre, malheureusement...
M. Dubé : On demande la même
chose.
Le Président (M. Benjamin) : ...malheureusement,
c'est tout le temps qui nous était imparti pour ce bloc. Nous allons maintenant
vers un autre bloc, qui revient à M. le député de Saint-Jérôme. Vous disposez
de 45 secondes pour vous adresser au ministre. Allez-y.
M. Chassin : Merci. Alors, c'est très court, je vais essayer de poser
une question courte. On a appris, fin février, que les projets de minihôpitaux
seraient sur la glace, puis, en fait, en tant qu'ancien adjoint parlementaire,
ça m'inquiète, vous pouvez comprendre. Je me demandais où c'en était et quand
on allait procéder avec la suite des appels d'offres qui sont en cours.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Dubé : Pour le moment, je ne
peux pas répondre à ça. Je ne peux pas répondre à ça.
M. Chassin : Est-ce que ce n'est pas, dans le fond, à l'agenda parce
qu'il y a un manque de disponibilité budgétaire?
M. Dubé : Bien, écoutez, ce que
je vous dis... Je viens d'expliquer, là, qu'on est passés de 153 à
164 milliards sur 10 ans.
M. Chassin : Donc, ce n'est pas ça.
M. Dubé : C'est énorme. C'est
énorme. Le projet, il est toujours en cours d'analyse.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement...
M. Dubé : C'est un engagement
qu'on avait pris dans le mandat. Le mandat n'est pas terminé.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps dont nous disposions pour ce bloc. Merci, M. le député de
Saint-Jérôme. Et nous revenons au dernier bloc, qui revient à l'opposition
officielle. M. le député de Pontiac, vous disposez de 8 min 6 s
pour ce bloc.
M. Fortin : 8 min 6 s?
Le Président (M. Benjamin) : Voilà.
M. Fortin : Très bien. O.K. Ça fait un certain temps qu'on a adopté le
projet de loi n° 15, hein, qui menait à la création de Santé Québec, là.
Et, dans le projet de loi n° 15, même si on était en défaveur de la
création de Santé Québec, il y a quand même des trucs sur lesquels on a tous
collaboré, travaillé et pour lesquels on a tous voté en faveur et qu'on a même
proposés. Dans ce projet de loi là, le ministre a pris l'engagement que,
lorsqu'un patient faisait face à des délais déraisonnables pour obtenir un
service dans sa région, il y aurait une obligation, de la part du gouvernement,
d'offrir à ce patient-là la possibilité d'aller dans une autre région et
d'avoir rapidement ce service-là, ou de se tourner vers le privé, ou, dans le
cas de ma région, d'aller vers l'Ontario. Mais, peu importe, là, l'engagement
qui était pris de la part du gouvernement, c'était : c'est trop long, on
trouve une autre alternative pour le patient, et c'est la responsabilité du
gouvernement de le faire. Pourquoi ce n'est toujours pas en place?
M. Dubé : Je suis très content
que vous me posiez la question, M. le député, parce que... excusez-moi, M. le
Président, là, je suis très content d'avoir cette question-là parce que, moi,
pour moi, c'était un des éléments clés de notre projet de loi, il y en avait plusieurs,
mais ça, la qualité du service ou l'accès, là... Puis j'étais très déçu quand
j'ai reçu la première version de ça, au mois de janvier. J'avais demandé aux
gens du ministère de travailler avec les gens de Santé Québec parce que c'est
eux qui... c'était le ministère qui fait le règlement, la partie légale. Mais
qui va l'opérer, c'est Santé Québec. J'ai reçu un premier projet de règlement
qui était totalement insatisfaisant, ça ne faisait pas la job, alors j'ai
redemandé de refaire ce règlement-là. Il est en cours en ce moment, puis je
veux être... je veux que... dans les délais que j'avais promis, là, être
capable d'avoir ce règlement-là, là, soit au début ou à la fin de l'été,
dépendamment comment les éditions de règlement vont se faire. Mais je ne suis
pas satisfait des versions que j'ai reçues jusqu'à maintenant, pour être très
clair, là. J'aimerais ça être capable de le mettre en application, je suis
celui qui veut que ça marche. Mais ce que j'ai reçu des gens qui étaient en
place, à ce moment-là, c'était loin d'être satisfaisant.
M. Fortin : Alors là, ce que vous nous dites aujourd'hui, là, c'est que
soit au début ou à la fin de l'été, là, ce règlement-là va être en vigueur?
M. Dubé : Moi, je voudrais...
ce que je voudrais, puis je vais être très clair, là...
M. Fortin : Non, mais ce qu'on veut savoir, c'est quand est-ce qu'il va
être en vigueur, quand est-ce que les patients vont avoir cette option-là.
M. Dubé : Bien, c'est ça, c'est
parce que, comme vous savez, comme vous savez, de publier le règlement, c'est
une chose, mais, dépendamment du temps d'édition... Moi, je voudrais qu'il soit
capable d'être au moins publié, puis je vous regarde en même temps, là, c'est...
au moins avant l'été, pour qu'on ait un règlement qui soit clair, qui dise...
C'est ça, mon objectif.
Bon, maintenant, quand vous dites «en vigueur»,
bien, est-ce qu'il sera contesté, est-ce qu'il y aura... Vous savez comment ça
fonctionne. Alors donc, moi, ce que je veux... Je voulais faire ça en mars-avril.
Est-ce que je vais faire ça en mai? La réponse, c'est ça : Moi, je veux
être capable de déposer le règlement pour que les Québécois comprennent que,
prenons un exemple, en chirurgie x, s'ils n'ont pas été servis dans un délai x,
ils peuvent aller au privé puis se faire rembourser. Mais j'aurais voulu
l'avoir avant. Je n'étais pas satisfait. J'ai demandé une autre version, qui
est en cours en ce moment.
M. Fortin : Mais la raison pour laquelle je vous pose la question, M.
le ministre, là, entre autres, là, au niveau des... Juste au niveau des
consultations, il y a 63 % des Québécois qui sont hors délai dans leurs
consultations. Ça, c'est hors délai, là, médicalement acceptable, là. C'est le
délai dans lequel ils devraient être capables de voir un... Ils sont 63 %.
Votre objectif, c'est 35 %.
M. Dubé : Oui, oui. M. le
député, je veux faire attention à une chose, là, puis vous savez qu'il y a des
négociations avec les médecins qui sont en cours, je ne veux pas mêler les
deux, O.K.? La consultation dont vous parlez, là, où on a les catégories, les A
et les B... Les A et les B vont très bien, les priorités, les spécialistes,
sont vues dans des temps raisonnables. Ça, c'est correct. Les C, D, E dont vous
parlez, là, qui constituent 85 %, presque 90 % du CRDS, il y a un
enjeu, entre les spécialistes et les omnis, de reconnaître est-ce qu'ils
devraient vraiment être faits. Ça, c'est le gros enjeu. Pour moi, ça n'a rien à
voir avec le règlement dont on parle.
Moi, ce que j'ai dit : Le règlement dont on
parle, je veux focusser sur les chirurgies, pour commencer. S'il y a quelque
chose qui est urgent, quelqu'un qui a une chirurgie qu'il juge urgente puis qui
n'a pas été faite dans des délais raisonnables, ça, c'est le premier objectif
du règlement dont on parle. La question des consultations, vous avez une bonne
question, pour moi, ça, ça va dans les négos avec nos médecins.
• (12 h 30) •
M. Fortin : O.K. Mais je veux juste vous dire, M. le ministre, là,
parce que vous avez dit... Pour les catégories A et B, là, 1 et 2, là,
c'est-à-dire les gens qui ont besoin d'une consultation, là, tout de suite, là,
hein, catégorie A, c'est en dedans de trois jours, B, c'est en dedans
10 jours, là, je m'excuse de vous informer, mais ça ne va pas bien
pantoute. Vous êtes à 83 % hors délai pour les catégories A et 71 %,
72 % hors délai pour les catégories B. Alors, vous ne pouvez pas me dire
que ça va bien.
Ceci étant... Puis je vous entends, là, je vous
entends depuis quelques semaines même dire : Aïe! ça va donc bien dans les
chirurgies. Je vous entends dire ça. J'ai entendu le ministre des Finances,
hier, dire : Ça va donc bien dans les chirurgies. Votre objectif, là, en
termes de chirurgies qui dépassent un an, c'est-à-dire le nombre de patients qui
attendent depuis plus d'un an pour une chirurgie, l'objectif, c'est qu'il n'y
en ait pas, hein? De façon générale, personne ne devrait attendre plus d'un an
pour sa chirurgie. Mais votre objectif à vous, la cible que vous vous étiez
donnée, c'est qu'il y en ait 2 300 au 31 mars. Là, vous le savez, que
vous êtes encore à 7 000,
puis le 31 mars... 7 121,
pour être précis. Puis c'est des chiffres que vous avez mis à jour aujourd'hui,
alors vous ne pouvez pas me dire le contraire. C'est à peu près trois... c'est
plus que trois fois votre cible.
Donc, au moment où le règlement va être en
vigueur, là, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup, du monde qui va se tourner
vers les autres options. Est-ce que le réseau va être prêt à avoir tous ces
gens-là? Est-ce que vous allez avoir les sous nécessaires pour que tous ces
gens-là se tournent vers le privé?
M. Dubé : Bon, je ne sais pas
combien j'ai de temps pour répondre, mais je vais essayer de répondre. Je ne
suis pas d'accord avec les chiffres que le député de Pontiac a cités pour...
M. Fortin : Bien, c'est vos chiffres, c'est vos chiffres...
M. Dubé : Non, non, attendez,
attendez, attendez...
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, M. le ministre, allez-y.
M. Dubé : Pour le CRDS, on
n'est pas d'accord. Les A et les B vont très bien. Je veux juste être clair.
Mais on pourra en rediscuter. Puis je ne veux pas perdre de temps sur celui-là
parce qu'on ne s'entend pas sur les chiffres. Il me
semble qu'ils sont plus clairs que ça.
Sur les chirurgies, les chirurgies depuis plus
qu'un an, je ne voudrais pas prendre à la légère ce que le député vient de
faire, mais on est passés, depuis deux ans, de 23 000 en attente de plus
qu'un an à 7 000. Ce n'est pas négligeable, là. Oui, on a un objectif de
2 300, mais on se rapproche dangereusement à tous les mois. Alors, M. le
Président, je vous dirais, ce n'est pas le triple de notre cible, ce qui est
important, c'est de... tous les mois, on baisse, tous les mois.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Pontiac.
M. Fortin : Oui, M. le Président, je veux juste dire une chose au
ministre sur les chirurgies, là. À chaque fois que son gouvernement parle des
chirurgies, il nous parle de ce chiffre-là, mais le nombre total de patients
qui attendent pour une chirurgie, là, il est encore à 150 000. Puis, les
chirurgies oncologiques, là, il y en a plus aujourd'hui qui attendent hors
délai qu'exactement au même moment l'année dernière. Et ça, M. le Président, je
ne laisserai jamais passer ça. Ça a été, je pense, ma première question, quand
j'ai été porte-parole en matière de santé, puis on va le tenir jusqu'à la fin.
Les patients qui attendent pour les chirurgies oncologiques ne devraient pas
être hors délai, jamais.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. Merci. Merci beaucoup. Ce bloc, malheureusement, est terminé.
Malheureusement, ce bloc est terminé. C'est tout le temps qu'il nous restait.
Donc, la commission plénière ayant terminé cet
échange, je remercie les personnes qui y ont participé. Et, pour permettre à la
commission de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes qui doivent se
retirer de le faire immédiatement.
Nous allons suspendre les travaux pour quelques
instants. Merci à vous.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 12 h 37)
La Présidente (Mme Soucy) :
Donc, la commission plénière poursuit ses travaux de l'étude des crédits
provisoires de l'année 2025‑2026.
Services sociaux
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder aux échanges entre M. le ministre responsable des Services sociaux et
les députés de l'opposition.
Remarques préliminaires
Donc, j'ai été informée que seulement M. le
ministre prendrait ses remarques préliminaires. Donc, je vais immédiatement
céder la parole à M. le ministre, en vous rappelant que vous avez six minutes
maximum pour faire vos remarques préliminaires. À vous la parole, M. le
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Chers collègues membres de la commission, pour me livrer à
cet exercice aujourd'hui, je suis accompagné des équipes du ministère, de mon
cabinet, et je tiens à les remercier d'entrée de jeu pour leur excellent
travail, également accompagné par mes collègues députés qui, tous les jours,
m'inspirent dans mon travail. Je vous remercie d'être là aujourd'hui.
J'aurai l'occasion d'aborder plusieurs dossiers
avec vous, sur lesquels mes équipes et moi avons travaillé très fort au cours
des dernières années. Certains, j'aimerais en discuter tout de suite. Le thème
de ma présentation sera, comme dit la phrase latine, Esse quam videri,
être plutôt que paraître. Au cours des dernières années, nous avons fait des
changements dans la culture de la façon dont sont déployés les services sociaux
au Québec, ça, c'est important de le réaliser, plus de prévention, plus d'intervention
précoce et le retour de nos services sociaux dans la communauté.
Tout d'abord, la protection de la jeunesse, un
dossier qui m'interpelle au plus haut point et qui est au centre de mes
priorités comme ministre. Un travail important a été réalisé dans les dernières
années notamment suite à la foulée du rapport de la commission Laurent. Il faut
changer les façons de faire, et ce, de façon durable. Depuis le mois d'octobre
dernier, la nomination de Mme Lesley Hill à titre de nouvelle directrice nationale
de la protection de la jeunesse a été annoncée, et son travail est déjà bien
entamé. Elle est très présente sur le terrain, et je l'en remercie.
Ses priorités actuelles sont le chantier majeur
sur la révision des services en réadaptation pour les jeunes hébergés en centre
jeunesse. La consultation des jeunes et des parents pour améliorer la
protection de la jeunesse est en cours, et la transformation des pratiques pour
améliorer la prévention et pour réduire le recours au placement est également
en cours. Elle travaille en étroite collaboration avec l'ensemble des
directions de la protection de la jeunesse et avec Santé Québec, notamment en
soutenant le partage de bonnes pratiques afin de s'assurer que les enfants et
les jeunes les plus vulnérables de notre société soient en sécurité et pour
restaurer la confiance de la population dans la protection
de la jeunesse.
Chaque enfant, chaque jeune mérite d'évoluer
dans un environnement sécuritaire, bienveillant et stable pour son
développement. Aucun effort ne sera ménagé pour y parvenir. On déploie aussi
beaucoup d'efforts pour mieux accompagner les jeunes qui sortent des centres
jeunesse. Par exemple, Agir en amont, de l'organisme Le Tournant, dont on a
souligné l'inauguration il y a quelques semaines, fait exactement ce travail.
Comme l'évoque le nom de ce programme, c'est en amont qu'on doit intervenir
pour préparer ces jeunes hommes et femmes à cette étape cruciale de leur vie.
En leur permettant d'avoir un lieu de vie stable, on réduit de beaucoup les risques
qu'ils vivent un épisode d'itinérance au cours des prochaines années.
Et aussi on commence à récolter les fruits du
rehaussement des services jeunesse que l'on fait depuis six ans en amont de la
protection de la jeunesse. On offre plus de services aux jeunes, et ça a un
impact direct sur l'amélioration des services en protection de la jeunesse avec
une réduction de la demande et une diminution de nos listes d'attente. Et, ça
aussi, il faut continuer notre travail.
• (12 h 40) •
Le deuxième dossier que je suis sûr dont on va
aborder aujourd'hui, c'est celui de l'itinérance, une grande préoccupation pour
nous tous. La demande de services est en forte hausse, et ce, partout au
Québec. Plusieurs efforts ont été déployés par notre gouvernement dans les dernières
années pour lutter contre l'itinérance et offrir un soutien concret aux
personnes vulnérables.
Je le répète, en 2021, le gouvernement a lancé
le Plan d'action interministériel en itinérance 2021‑2026, S'allier
devant l'itinérance, qui est un document complet qui s'accompagnait alors
d'investissements de 280 millions de dollars sur cinq ans. Depuis sa
publication, de nombreux investissements complémentaires ont été ajoutés pour
faire face à cette crise. Maintenant, on parle de plus de 420 millions. Et,
si on regarde ce qu'en 2029‑2030... avec les budgets actuels, c'est
726 millions de dollars qu'on aura investis pour l'itinérance.
Par ailleurs, j'ai aussi annoncé, il y a
quelques jours, conjointement avec le gouvernement fédéral, un financement de 50 millions,
dont 24 sont allés à la région de Montréal, afin de soutenir des initiatives
concernant l'itinérance pour sortir les gens des campements et des refuges. 205
projets ont été sélectionnés à travers 11 régions sociosanitaires du
Québec. On est très encouragés par la liste des projets qui ont été retenus.
Nous allons continuer à en faire plus pour l'itinérance, mais la clé, je le
répète, c'est plus de logements avec accompagnement si on veut s'en sortir. Et
ma collègue ministre de l'Habitation et moi, nous travaillons dans ce sens.
La situation de l'itinérance est complexe et
appelle à des actions concrètes à tous les niveaux, et j'espère que j'aurai
l'occasion de vous parler du programme PRISM, auquel je tiens beaucoup et qui
sort les gens avec des problèmes de santé mentale de l'itinérance. Nous allons
aussi parler du rehaussement des programmes de soutien aux organismes
communautaires, que l'on continue depuis les dernières années, depuis qu'on est
là, de façon constante, et qui arrive à un point quand même... un sommet
historique dans le financement de nos organismes communautaires.
En terminant, l'accès aux services en santé
mentale est évidemment une priorité qui a beaucoup occupé nos équipes au cours
des dernières années. On agit pour le mieux-être collectif, et les résultats
sont au rendez-vous. J'aurai la chance de vous le démontrer aujourd'hui. Le
nombre de personnes en attente d'un service de première ligne a diminué de
façon importante tant chez les enfants que chez les jeunes. C'est en raison de
ces efforts qu'on fait au niveau des services de proximité et en intervenant
plus précocement dans le parcours de ces individus, avec des programmes comme
Aire ouverte ou d'autres programmes que l'on a déployés à travers le réseau.
C'est donc un aperçu rapide des différentes
priorités qui témoignent des efforts qui ont été réalisés au cours des
dernières années pour le mieux-être des Québécoises et des Québécois. Il me
fera maintenant plaisir d'en approfondir avec vous sur ces enjeux et sur d'autres
au besoin. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Merci, M. le ministre.
Discussion générale
Donc, nous allons poursuivre avec les échanges
de Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Le ministre nous parle de changement de culture dans l'octroi des
services sociaux, mais, sur le terrain, ce qu'on entend, c'est le visage de
l'itinérance qui a tellement changé depuis la pandémie, depuis la crise du
logement, et que, justement, les mesures mises en place par le ministre des
Services sociaux n'ont pas évolué dans ce même sens.
Alors, le ministre nous dit que ce
50 millions du fédéral, ça va pouvoir financer 250 projets à travers
le Québec, mais je vous rappelle que, l'année passée, 126 projets, pour
92 millions de dollars, ont été déposés juste à Montréal, donc on a encore
un énorme écart pour répondre à la réalité sur le terrain, et également que la
STM a dû investir 33 millions de dollars de son budget, l'année passée,
pour atténuer, justement, la présence des personnes itinérantes dans le métro.
Et on sait que la STM a annoncé dernièrement qu'ils allaient mettre fin au
flânage, dans le métro, des personnes itinérantes.
Je suis curieuse si le ministre a mis des
mesures en place, justement, pour faire face à ces personnes qui vont se
retrouver par la suite dans l'espace public. Et, comme on le sait... Avec
l'arrivée du 1er avril et les haltes-chaleur qui vont fermer, qu'est-ce
que le ministre a mis en place ou qu'est-ce qu'il va mettre en place,
justement, pour atténuer cette réalité-là, surtout dans le contexte de la
cohabitation, qui devient de plus en plus un enjeu, surtout dans les grands
centres?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Carmant : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Puis je suis tout à fait d'accord avec la députée de D'Arcy-McGee
que, suite à la pandémie, on a vu une augmentation fulgurante, là, du nombre de
personnes en situation d'itinérance. Maintenant, on a agi, d'abord, en augmentant
le nombre de refuges. Je pense que ça, c'était la première phase de notre
réponse.
Maintenant, il faut aller plus loin dans notre
réponse, et nous, on insiste sur le fait que ce qu'il faut améliorer, c'est
l'hébergement de ces gens-là. Il y a des gens qui sont dans les refuges depuis
la pandémie. Moi, quand je visite des refuges, je vois des gens qui vont
travailler puis qui reviennent le soir... au refuge le soir, là. C'est une
situation aberrante. Et ces gens-là, ils sont prêts à retourner en logement.
C'est pour ça que je m'obstine un peu, là. Mais j'insiste beaucoup sur
l'hébergement pour ces gens-là.
Puis je suis heureux de voir que, dans les
projets qui ont été sélectionnés dans l'appel campements, on a des projets de
modulaires. Il était temps qu'on arrive à ça. La région de Gatineau a été
précurseure, avec leur projet, initié par le privé, de 100 modulaires.
Malheureusement, avec l'hiver, ils n'ont eu le temps d'en déployer que 40 sur
100, mais, déjà, ça a eu un impact significatif dans la région. Mais là, à
Montréal, déjà, on parle de 90 projets de modulaires qui vont... qui se
déploient rapidement. Je veux dire, le réseau scolaire le fait, année après
année, déployer des classes en modulaire. On peut déposer des projets
d'hébergement en modulaire qui s'installent rapidement. Et nous, comme on le
dit depuis le début, on va être présents pour accompagner ces gens-là.
Donc, moi, j'ai rencontré le maire de Mercier
cette semaine et je lui ai dit que moi, je pense que la solution, par exemple,
pour l'avenue Notre-Dame, c'est d'amener ces gens-là dans un des sites
modulaires de la ville de Montréal et s'assurer qu'on libère cet endroit, où la
cohabitation est très difficile. Puis ça, on peut le faire à plusieurs endroits.
Donc, moi, on commence avec trois projets, mais
je suis sûr qu'il va y en avoir plus. Longueuil a déposé un projet de
minimaisons. On va faire la même chose. Québec, je parle avec le maire de
Québec pour des minimaisons dans la région de Beauport. Et je pense que l'idée
doit faire son chemin. Et c'est comme ça qu'on va sortir les gens de
l'itinérance de façon rapide, en libérant des places en refuge, pour ceux qui
sortent des refuges, puis en amenant ceux qui peuvent directement du campement
vers les modulaires ou les minimaisons.
Mme Prass : ...et les
205 projets qui ont été acceptés, dont vous avez mentionné?
M. Carmant : Déposés en
Chambre?
Mme Prass : Oui.
M. Carmant : Bien, je pense que
c'est public, là, mais oui. On vérifie. On vérifie.
Mme Prass : Merci.
M. Carmant : Ça fait plaisir.
Mme Prass : Justement, dans
le... Justement, dans le cadre des demandes d'accès à l'information, nous avons
fait une demande à connaître le nombre de logements transitoires créés au
Québec dans les cinq dernières années, et la réponse qu'on nous a fournie,
c'est que «nous n'avons aucun document répondant au libellé de votre demande».
Donc, vous nous parlez... Vous le répétez souvent, les logements de...
transitoires, mais, quand on fait des demandes d'accès à l'information, les
informations ne sont même pas là. Donc, on a besoin de voir les preuves,
disons.
M. Carmant : Je ne veux pas
m'autoscooper, là, de donner des informations d'avance, mais on travaille sur
la fin de l'exercice de l'énumération. Tu sais, l'exercice a été beaucoup
critiqué, là, la valeur de l'énumération, mais ce qu'elle nous permet de voir,
c'est le nombre de personnes hébergées en situation d'itinérance. Et là vous
allez voir l'augmentation des refuges et des hébergements de transition dans
toutes les régions qui ont été... qui ont fait partie de l'exercice.
Mme Prass : Et on peut
s'attendre à voir l'énumération quand?
M. Carmant : Sous peu.
Mme Prass : O.K. Vous avez
mentionné...
M. Carmant : Mais, oui, avant
la fin de la session. Ça, c'est sûr.
Mme Prass : Donc, d'ici le mois
de juin.
M. Carmant : Oui, absolument.
Mme Prass : On a parlé,
évidemment, de la question de la cohabitation, comme on a dit, qui devient un
enjeu de plus en plus présent. Est-ce que vous avez des programmes? Est-ce qu'il
y a des projets qui ont été développés avec votre ministère, justement, pour
faire face à cet enjeu-là, que ce soient des campagnes de sensibilisation, que
ce soient des fonds pour les organismes communautaires pour qu'ils puissent,
justement, faire des activités, d'aller dans les quartiers, faire de la
sensibilisation auprès des gens? Parce que, moi, dans mon comté, il y a un
projet de... pour la cohabitation qui est arrivé à votre ministère, puis ils se
sont fait dire : Bien, on n'a pas de projet, on n'a pas d'argent pour la
cohabitation. Donc, est-ce que... Qu'est-ce que vous avez mis de l'avant ou qu'est-ce
que... Est-ce que vous avez mis quelque chose de l'avant? Et, si oui, quoi?
La Présidente
(Mme Soucy) : ...M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Bien, le projet qui vient en tête, évidemment, c'est celui de...
avec la SDS pour l'enjeu autour de Benoît-Labre, là, où on a mis en place une
équipe qui vient gérer l'environnement autour du centre de consommation
supervisée, et du refuge, et du logement supervisé. Ça, je pense que c'est la
base.
Mais je pense que le message qu'il est important
de dire aussi, là, puis je pense que les organismes me disent de le partager,
c'est que la plupart des projets, là, ça fonctionne, ça se passe bien. En fait,
les gens ont été surpris quand on a annoncé qu'il y avait des hébergements de
transition sur la rue Avenue du Parc, là, à 10 minutes de chez moi. Les
gens sont surpris du nombre de logements de transition qui sont installés
partout, parce que la plupart des organismes prennent le temps de bien faire
les choses en amont.
Moi, j'ai encore peut-être un enjeu avec le site
de consommation supervisée puis la cohabitation, qui n'est pas parfaite, là,
mais, ça, on va en reparler bientôt. On travaille là-dessus pour améliorer les
choses. Et, oui, on a des budgets pour les organismes qui nous aident dans ce
sens-là.
• (12 h 50) •
Mme Prass : ...dans le
centre-ville de Montréal, est-ce qu'il y a des projets, des organismes avec qui
vous avez travaillé? Je répète, quand la STM a mis fin au flânage dans... des
personnes itinérantes dans le métro, est-ce que vous avez mis des mesures en
place, justement, pour que ces gens-là, qui allaient se retrouver dans l'espace
public, puissent avoir accès à d'autres ressources, justement, pour faciliter
la cohabitation?
M. Carmant : Oui, oui. On
travaille avec plusieurs unités, là, de la ville de Montréal, soit EMMIS, les
services de police, certains organismes, comme MultiCaf, que vous connaissez
également, justement, pour améliorer le... cette cohabitation-là. Puis
moi-même, je participe à des réunions pour que les gens se parlent, parce qu'il
y a souvent un problème de communication.
Puis l'autre... l'autre programme qu'il est
important aussi de parler ici, c'est, justement, le programme PRISM, pour
programme de réinsertion, itinérance, santé mentale, parce que ceux qui causent
souvent des problèmes, c'est... C'est ceux qui ont des enjeux avec la santé
mentale qui inquiètent les voisins. Donc, nous, on... dans la deuxième phase de
notre prise en charge de l'itinérance, on a ajouté ce programme-là pour qu'ils
puissent aller dans des... qu'ils aient des places réservées dans des refuges,
jour et nuit. Donc, ils n'ont pas besoin de se présenter à 4 heures pour
aller chercher leur place. On leur donne un traitement avec des équipes de
santé mentale pour régler leur condition, et ensuite on les accompagne en
logement par la suite. Déjà, le programme a commencé en novembre, et on a près
de 70 personnes qui ont été mises en logement par les organismes Mission
Bon Accueil et Diogène. Et on veut en sortir 200 par année, de la rue, à
Montréal. On veut en sortir une centaine par année, à Québec, avec
Lauberivière. Et on a des projets qui sont sur la glace pour l'est de Montréal,
pour le nord de Montréal.
Et on travaille également pour développer un
genre de PRISM toxicomanie, parce que l'autre... l'autre catégorie de citoyens
qui génèrent de l'anxiété ou des problèmes de cohabitation, je vous dirais,
sont ceux qui ont des problèmes de toxicomanie, sans nécessairement avoir de
comorbidité au niveau de la santé mentale. Donc, c'est sûr qu'on va travailler
là-dessus également.
La Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Justement, plus tôt cette année ou peut-être à la fin de l'année
dernière, vous avez fait une annonce que... le gouvernement affirmait avoir
sorti 1 000 personnes de l'itinérance. Donc, nous avons également
fait une demande d'accès à l'information à cet égard, et la réponse que nous
avons donnée, c'est que cette déclaration... question au feuilleton, désolée,
que cette déclaration repose sur la compilation des données partagées par
plusieurs organismes communautaires. Par contre, les organismes communautaires
nous disent qu'ils étaient très, très, très étonnés d'entendre ce chiffre et
que c'était la première fois qu'un tel chiffre était avancé.
Nous, selon les informations qu'on a pu
recueillir avec nos différents partenaires sur le terrain, il n'y a personne
qui arrive proche du chiffre de 1 000. Donc, si c'est une compilation que
vous avez faite à partir des données qui vous ont été remises par les
organismes communautaires, seriez-vous prêt, justement, à déposer cette
compilation-là pour qu'on puisse arriver aux 1 000 personnes?
M. Carmant : Oui, on va vous...
on va vous envoyer la donnée. Mais je suis encore plus heureux, Mme la
Présidente. Finalement, les organismes communautaires nous ont dit que, dans
leurs redditions de comptes, et je remercie le RSIQ, là, pour cette
information, dans leurs redditions de comptes, avec les programmes VCS, ils
doivent donner le nombre de personnes qui sont mises en
logement. Donc, pour l'année 2023‑2024, c'est 3 144 personnes
qui ont été accompagnées en logement par les organismes communautaires, un
travail phénoménal.
Puis, oui, on va vous donner la... on va déposer
l'information qui nous a été transmise. Puis on va s'assurer qu'il y a un suivi
plus serré de cette information, parce que je l'avais clairement sous-estimée
en posant des questions aux organismes de Montréal et de la Rive-Sud. Donc, le
travail de nos organismes communautaires qui... en itinérance en région,
également, est à souligner, parce qu'eux aussi sortent beaucoup de monde de
l'itinérance dans chacune des régions du Québec.
Mme Prass : Donc, vous vous...
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
Mme Prass : Désolée.
La Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant. Vous avez parlé d'un dépôt de document. Est-ce que vous allez
le déposer maintenant?
M. Carmant : Par voie
électronique, là, comme d'habitude. On s'engage.
La Présidente (Mme Soucy) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour déposer le
document?
Document déposé
La Présidente (Mme Soucy) : Parfait. Donc, il y a consentement pour déposer le
document. Vous pouvez poursuivre.
Mme Prass : Merci. Si vous
pouvez vous engager d'avoir la ventilation régionale des 1 000 personnes...
M. Carmant : C'est ce que j'ai
demandé.
Mme Prass : Oui, oui. Non,
c'est ça. Et également... Je comprends également que vous vous êtes engagé pour
nous remettre les 205 projets qui ont été acceptés dans le cadre de
l'argent du fédéral...
M. Carmant : Dès qu'on va
pouvoir.
Mme Prass : ...et également... puis
également que vous vous engagez que le dénombrement va être publié d'ici la fin
de la session parlementaire.
M. Carmant : Énumération.
Mme Prass : Énumération,
plutôt. Désolée.
L'année dernière, quand on s'est assis ensemble
pour les crédits, je vous avais dit, justement, qu'on avait fait un exercice de
demande d'accès à l'information pour que chaque CIUSSS nous donne le nombre de
personnes qu'ils identifiaient en situation d'itinérance sur leur territoire,
et vous aviez été étonné de savoir que la grande majorité n'avait pas ces
chiffres-là.
Bien, je reviens à la charge, parce qu'on a
refait la demande cette année, et, à part un CIUSSS, ils nous ont tous dit la
même chose, ils nous ont dirigés vers le dénombrement de 2022. On comprend
qu'on est en 2025 et que la situation a évolué depuis. Donc, encore une fois,
pour toute la question de la planification, si les CIUSSS eux-mêmes ne savent
pas combien de personnes itinérantes sont sur leur territoire, ils ne sont pas
bien placés pour savoir où investir et quel est le... quels sont les montants et
les besoins, justement, dont ils doivent desservir.
Donc, hier, je vous ai posé une question, en
période de questions, pour la Capitale-Nationale, qui, dans le dernier
dénombrement, comptait 927 personnes en situation d'itinérance visible,
et, suite à nos demandes d'accès à l'information, on a pu voir qu'il y avait
90 places en hébergement d'urgence. Pour le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
231 personnes, 89 places en hébergement et transitoires. En Mauricie,
454 personnes en itinérance visible, 145 places en refuge temporaire
et hébergement d'urgence. Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine n'ont pas fait partie du
dénombrement de 2018... non, de 2022. Je comprends qu'ils vont faire partie de
la prochaine, mais, quand même, c'est des... c'est des données qui sont
importantes. Pour Chaudière-Appalaches, 293 personnes, 39 lits
d'hébergement d'urgence. Lanaudière, 314 personnes en situation
d'itinérance visible, 70 hébergements d'urgence. Laurentides,
464 personnes, 19 places d'hébergement d'urgence. Bas-Saint...
Bien, je ne veux pas continuer, mais tout ça
pour dire... Vous comprendrez qu'il y a une grande disparité entre le nombre de
personnes. Et, je comprends, il y a des logements transitoires, il y a des
hébergements d'urgence. On a toutes ces données-là, et ça n'arrive pas proche
de représenter le nombre de personnes qui ont été identifiées lors du dernier
dénombrement. Et, on se comprend, ce dénombrement, encore une fois, date de
2022. Donc, non seulement les chiffres ont augmenté, mais vous avez... Vous
avez eu trois ans pour agir en conséquence de ces chiffres-là, et ce qu'on voit, ce n'est pas... ça ne reflète pas cette
réalité-là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Écoutez, on va suspendre bientôt,
donc, dans 30 secondes. Alors, M. le ministre, si vous voulez commencer
votre réponse. Mais je vais devoir vous arrêter, parce qu'à 13 heures on
doit absolument faire une pause.
M. Carmant : Juste reprendre
l'exemple de Québec hier, là, Capitale-Nationale, 900 personnes en
situation d'itinérance, mais 98 qui dorment dans des lieux extérieurs le soir
du dernier dénombrement. Quelle a été notre réponse? Ajouter 117 places
d'hébergement, soit refuge, soit transition, dans la Capitale-Nationale. Tous
les autres, là, c'étaient soit des gens en hébergement d'urgence, en ressource
de transition, en centre de thérapie CRD.
Tu sais, dans le 10 000, là, je le répète,
là, il faut bien le comprendre, ça, il y en a 1 300 qui sont... qui
dorment dans la rue, et c'est pour ça qu'on a ajouté des places, pour que ces
gens-là aient un toit sur la tête en premier.
Maintenant, effectivement, il faut avoir des
nouvelles données, puis ça, on s'engage à le faire en avril de cette année.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Donc, conformément à l'ordre qui a été adopté le
25 mars 2025, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 02)
La Présidente (Mme Soucy) : Alors, rebonjour. La commission plénière reprend ses
travaux à l'étude de crédits provisoires pour l'année financière 2025‑2026.
Et nous allons poursuivre avec, je crois, Mme la députée de D'Arcy-McGee. C'était
rendu... c'était rendu à votre tour à poser la question. Alors, je vous cède
immédiatement la parole. Je vous informe qu'il vous reste
3 min 39 s à votre bloc.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. Plusieurs dans le... qui oeuvrent dans le milieu communautaire pour
l'itinérance trouvent qu'il y a un manque de vision de la part du gouvernement.
Et votre... et le plan qui... la stratégie qui a été mise de l'avant par le
gouvernement du Québec n'a pas de cible en tant que telle. Par contre, celui...
le plan canadien a des cibles. Et, encore une fois, on avait fait une demande
d'accès à l'information pour demander quelles étaient les cibles du ministère
des Services sociaux pour le plan d'action, et la réponse que nous avons eue,
c'est que le plan d'action vise à la réduction de l'itinérance, mais il n'y a
pas de chiffre qui accompagne cette réduction, donc difficile de mesurer les
résultats.
J'espère que les consultations, les travaux,
pour la prochaine mouture du plan vont commencer plus tôt que tard. Avez-vous
l'intention, dans la prochaine version, justement, d'avoir des cibles qui
pourront être mesurées?
M. Carmant : O.K...
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Carmant : Oui, excusez-moi,
là, j'ai tendance à intervenir trop rapidement. Mais, tu sais, l'enjeu, avec
les cibles, c'est que les cibles ne sont pas seulement dépendantes de notre
ministère, il y a beaucoup de ces cibles-là qui sont en lien avec la
disponibilité des logements, évidemment, qui est une problématique. Je pense
que la première cible, aussi, j'ai beaucoup insisté là-dessus au début, là, alors
que tout le monde disait : Bien, il faut viser l'itinérance zéro, là, moi,
je pense que la première chose qu'il fallait viser, c'était vraiment de
renverser la croissance de l'itinérance. On était vraiment dans une courbe qui
était exponentielle. Là, on va voir, cette année, si on arrive à aplatir un peu
la courbe, mais éventuellement il va falloir la renverser.
Puis c'est pour ça, justement, que l'an dernier,
pour la première fois, là, je mentionnais qu'on avait sorti... En fait, j'avais
même sous-estimé le nombre, là. J'avais dit qu'on avait trouvé du logement pour
1 000 personnes,
parce que c'est les chiffres que j'avais pu évaluer. Puis là ça nous permet
vraiment d'avoir des meilleures cibles. Maintenant, on sait année après année
combien de PSL on va sortir. Dans la dernière année, on les a tous attribués,
là, les 500. On sait également combien de logements pour les vulnérables vont
se... vont se développer via le PHAQ, avec le PRISM. Avec les projets PRISM, on
va savoir combien de personnes on s'attend également à sortir de l'itinérance.
Donc, on va pouvoir mieux prédire. Puis, oui, je pense que, dans le prochain
plan d'action, ce serait intéressant d'avoir des cibles.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Il vous reste 1 min 6 s, si vous voulez
poser une question puis laisser le temps au ministre d'y répondre. Allez-y.
Mme Prass : Justement, avec vos
collègues, il y a un comité interministériel en itinérance. Quand est-ce que...
c'est quand la dernière fois que vous vous êtes rencontrés? Vous vous
rencontrez à quelle fréquence?
M. Carmant : On
se rencontre aux quatre à huit semaines, donc c'était le... au début de... il y
a quelques semaines, là, on s'est rencontrés. Et nous, on travaille ensemble
surtout sur les mesures de prévention. Puis je pense que c'est deux belles
mesures qu'on a mises de l'avant, celle pour la sortie carcérale et celle pour
la sortie des centres jeunesse. Celle de la sortie carcérale est en application
depuis à peu près six à 12 mois, et celle sur la protection de la jeunesse
commence cette année, sur la sortie des centres jeunesse.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Il vous reste 23 secondes.
Mme Prass : 23 secondes.
Je vais continuer par la suite, mais plusieurs sur le terrain demandent qu'il y
ait la création d'une équipe centralisée pour connaître les différentes
ressources qui sont disponibles. Alors, ce qu'on entend, c'est que, par
exemple, à Montréal, le SPVM, ils vont appeler les différents refuges le
matin...
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Mme Prass : Merci.
La Présidente (Mme Soucy) : Votre temps est terminé. Nous allons maintenant poursuivre
avec... l'échange avec M. le député de Saint-Henri-Saint-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le ministre, merci à vos équipes d'être présentes. Écoutez, je
vous entendais d'entrée de jeu, je suis d'accord avec vous, on n'est pas
toujours d'accord, mais vous citiez itinérance et jeunesse dans votre exposé,
d'entrée de jeu, puis je pense que c'est les deux dossiers qui nous... parmi
les priorités des priorités, là. On va s'entendre que l'ensemble du dossier des
services sociaux en est une, mais c'est là où on s'entend pour aligner nos
priorités là-dessus. Je vais vous poser, donc, des questions en ce sens, là,
aujourd'hui, sur ces deux principaux thèmes là.
Premier thème, notamment, sur C.14, sur la
question de l'hébergement, hébergement communautaire, là, que vous indiquez
dans votre budget, 35 millions par année en soutien à l'hébergement. Dans
le budget 2025‑2026, vous dites : «Une somme de 175 millions — c'est
ce qui est écrit dans le budget — est donc prévue sur cinq ans.» On divise,
bon, 35 millions. Et vous citez différents secteurs, là, vous citez
l'hébergement des personnes en DI-TSA, vous citez notamment troubles du spectre
de l'autisme, vous dites santé mentale, jeunes quittant les centres jeunesse,
et vous dites itinérance. Est-ce qu'on peut avoir la ventilation du
35 millions, à ce stade-ci, par les postes?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : Non, à ce stade-ci,
ce n'est pas... les sommes ne sont pas encore ventilées par les problématiques.
Nous, ce qu'on veut... ce que je peux vous assurer, par exemple, puis ça, c'est
comme ça depuis le début, tout ce qui est hébergement pour l'itinérance, on va
être au rendez-vous. Évidemment, on voulait avoir les résultats de deux
concours, là, de VCS, un, le campement, puis, deux, le VCS3. Et, maintenant
qu'on les a, on va attendre l'approbation du fédéral et ensuite on aura une
meilleure idée, là, des ventilations qui vont être... qui vont être
nécessaires. Mais, encore une fois, je pense que, depuis le début sur
l'itinérance, là, on a toujours, toujours, toujours été au rendez-vous pour
tout ce qui est hébergement puis on va continuer à l'être.
M. Cliche-Rivard : Donc, dans
le 35 millions, ce qu'il faudra pour l'itinérance sera au rendez-vous.
M. Carmant : Absolument.
M. Cliche-Rivard : Donc,
c'est-tu la même chose pour les centres jeunesse, pour la sortie de centres
jeunesse, pour éviter l'itinérance jeunesse?
M. Carmant : Alors, la sortie
des centres jeunesse, il faut aller dans le... dans la section PSL. Puis on
sait que, chaque année, il y a à peu près 2 000 jeunes qui sortent
des centres jeunesse, et les chiffres, les études montrent que le quart de ces
jeunes-là sont à risque de faire des épisodes d'itinérance. Donc, c'est pour ça
qu'on a... on nous a alloué, au... À la mise à jour économique, le ministre des
Finances nous avait alloué 500 PSL jeunesse puis, cette année, au budget
de cette année, il nous accorde l'accompagnement pour ces 500 PSL
jeunesse, incluant pour le fameux projet Zénith, que votre collègue nous parle
souvent, là, à Québec. Donc...
M. Cliche-Rivard : O.K.Donc,
on a un volet... Excusez, là, on un volet accompagnement et on a le volet PSL
pour les centres jeunesse. Il y a les deux volets.
M. Carmant : Exact. On a les
deux volets.
M. Cliche-Rivard : La
ventilation, on va l'apprendre au compte-gouttes, au cours de l'année, avec les
annonces?
M. Carmant : Bien,
pour les centres... Ah! pour les PSL, ça, vous allez le savoir parce que...
M. Cliche-Rivard : Pas pour les
PSL, mais pour l'hébergement communautaire, le soutien communautaire à
l'hébergement, qu'est-ce qui va en jeunesse, qu'est-ce qui va en itinérance,
qu'est-ce qui va en DI-TSA-DP, pour le soutien communautaire.
M. Carmant : Oui, ça... Disons
qu'on a décidé de centraliser la gestion, parce qu'on l'avait décentralisée
auparavant, et ce qui arrivait, c'est que certaines régions, puis ça, c'est
quelque chose d'important, à cause d'un meilleur travail entre les
établissements puis les offices d'habitation, certaines régions étaient
capables de sortir très rapidement les PSL et puis les hébergements supervisés
tandis que d'autres régions avaient plus difficultés. Puis là il fallait qu'ils
fassent des échanges entre eux de PSL, etc. Donc, on a décidé de centraliser un
peu cette gestion-là. Ça va se faire de façon transparente, là. Quand les
projets vont sortir, on va être au rendez-vous. Puis, pour ceux qui
s'inquiètent, parce qu'il y a beaucoup d'organismes qui s'inquiètent, nous, ce
qu'on dit, c'est que les sommes sont disponibles trois mois avant l'ouverture
du site.
• (15 h 10) •
M. Cliche-Rivard : Parce que
Mme Duranceau a fait l'annonce, là, de 500 unités à la fin de
l'année 2024. On a eu des discussions, notamment en Chambre, sur l'accompagnement,
un soutien communautaire. Vous avez vu dans les journaux les mêmes articles que
moi du Tournant, on en parlait tantôt, vous avez lu les mêmes articles que moi
aussi de La Maison Benoît‑Labre, qui est sortie dans les médias, vous avez eu Les
Auberges du coeur. Donc, il y a quand même une inquiétude notable, là, de la
part du communautaire, de savoir que l'accompagnement communautaire est déjà
difficile pour les ressources qui existent, encore davantage pour celles qui
viendront ouvrir. Mais là vous garantissez que les sommes seront au rendez-vous
pour les nouvelles unités que Mme Duranceau a annoncées.
M. Carmant : Puis, dans...
La Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
je vous rappelle qu'on doit s'adresser à la présidence, et également le titre,
surtout le titre des ministres.
M. Cliche-Rivard : Oui. La
ministre de l'Habitation.
La Présidente (Mme Soucy) :
Donc, merci. Allez-y, M. le ministre.
M. Carmant : Oui, puis, dans
tous les exemples qui... mentionnés, les sommes étaient disponibles. Donc,
nous, on garantit que l'accompagnement, on va le fournir pour tous ces
projets-là.
M. Cliche-Rivard : Je vous
amène sur le terrain des PSL, vous en avez parlé il y a quelques minutes. Une
somme de 42,6 millions de dollars est donc prévue sur cinq ans pour
assurer des services à 900 personnes vulnérables qui bénéficient du PSL,
c'est ce qu'on lit à C.14. Par contre, aux états généraux, il y a eu ces
discussions-là sur la difficulté d'accessibilité au PSL. C'est la ministre — je ne
la renommerai pas — qui
s'est notamment attiré les critiques d'une partie de la foule présente au
centre des foires après avoir affirmé que le PSL pouvait contribuer à apaiser
la crise du logement, mais qu'elle a indiqué qu'une partie importante des
sommes prévues n'était pas utilisée.
Alors là, je voudrais vous entendre. Vous venez
bonifier le montant, vous confirmez que le montant a été, donc, utilisé à
100 % pour l'année 2024, malgré les prétentions relatées par la
presse puis dans le discours de la ministre de l'Habitation, puis vous vous
êtes convaincu que les nouvelles sommes vont être utilisées aussi. Parce que Mme
la ministre de l'Habitation disait que non, disait que l'ensemble des sommes
n'ont pas été allouées et utilisées.
M. Carmant : Là, on parle de
nos PSL pour nos plus vulnérables?
M. Cliche-Rivard : PSL,
volet 2.
M. Carmant : C'est ça. Donc,
nous, c'est... nous, nos 500 ont été utilisés. Donc, ça, il n'y a pas de doute,
et... mais on a dû travailler fort, par exemple, comme je vous expliquais
tantôt, à cause de certaines régions où c'était plus difficile à cause des
interactions entre les établissements puis les offices d'habitation. Donc,
certains, on a dû faire des échanges d'un établissement à l'autre, d'où notre
approche un peu plus centralisée, et on va travailler également... Je pense que
le modèle de la Capitale-Nationale est probablement le meilleur modèle puis je
me suis engagé également, avec les établissements de l'île de Montréal,
d'aller... de transporter cette meilleure pratique sur... dans toutes les
régions du Québec, parce que Montréal, c'est une des régions, d'ailleurs, où
c'est difficile, d'où le modèle où on fait beaucoup affaire avec le privé à
Montréal.
M. Cliche-Rivard : Oui, c'est
un bon élément, vous l'avez parlé, il y a le volet 2 pour
l'assouplissement pour les personnes plus vulnérables, disons-le comme ça. Le
volet 1, par contre, qui se destine notamment aux offices d'habitation,
les OMH, lui, par contre, a gardé ses mêmes rigidités. Est-ce que vous êtes
ouvert à assouplir les critères de rigidité qu'on a dans le volet 2 au
volet 1?
La
Présidente (Mme Soucy) : M. le
ministre.
M. Carmant : Oui, mais ça,
c'est pour les logements abordables, donc ce n'est pas nécessairement sous ma
gouvernance.
M. Cliche-Rivard : Parfait. On
y reviendra. Je partage votre positionnement sur le logement et l'accentuation
du logement sur la question de l'itinérance. Ceci dit, il n'empêche qu'on vit
les crises qu'ont vit puis les problèmes de cohabitation qu'on vit, le métro de
Montréal, notamment, et nos quartiers. Vous avez visité mon quartier à
plusieurs reprises. On a même fait une petite marche, là, aux abords d'un
campement l'été dernier, si je ne m'abuse. Donc, vous connaissez les réalités
de cohabilitation qui sont difficiles.
Je ne remets pas en question du tout la question
qu'on doit focusser sur le logement, mais là on a des enjeux de
surreprésentation dans les refuges et un petit peu partout dans nos villes.
Est-ce qu'il y a des sommes qui sont disposées et prêtes en refuges? Là, je
comprends que vous avez 205 projets, vous en avez parlé avec la collègue.
Mais, spécifiquement en refuges, on vise combien de places davantage à Montréal
l'année prochaine?
M. Carmant : Bien, il y a
certains projets qui visent des refuges, là, je n'ai pas tous les chiffres en
tête, mais certains visent des refuges, effectivement. Celui qui me vient en
tête c'est celui de l'organisme L'Itinéraire, là.
M. Cliche-Rivard : L'Itinéraire?
M. Carmant : Oui, qui est un
refuge.
M. Cliche-Rivard : Qui va
pouvoir, donc, ouvrir l'année prochaine. Cette année, on a eu un enjeu de locaux.
M. Carmant : Si tout se passe...
Si tout se passe normalement.
M. Cliche-Rivard : O.K. Et on
va avoir un 50, 100 places, quelque chose du genre.
M. Carmant : Ah! ça, je ne sais pas
comment...
M. Cliche-Rivard : O.K.
M. Carmant : Je ne peux pas
tout dévoiler.
M. Cliche-Rivard : Vous vous
êtes évidemment engagé envers la collègue, si j'ai bien compris, de déposer la
liste des 205 projets retenus. C'est ce que j'ai compris tout à l'heure.
On va l'avoir aussi par ventilation de ce qui est offert, là. Si c'est du
centre de jour, si c'est de l'hébergement transitoire, si ça, c'est de... du
refuge, on va avoir ça dans la ventilation.
M. Carmant : Oui, le même
document que j'ai vu, dès que j'ai l'approbation du gouvernement fédéral.
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
on va être capable de savoir à peu près, parce qu'on a eu ces discussions-là,
vous et moi, notamment à l'automne, sur la planification à la dernière minute.
Malheureusement, on a eu des enjeux. Vous avez aussi parlé des CIUSSS. Bon,
moi, j'ai quand même... Moi, ce que j'ai devant moi ou la personne que j'ai
devant moi, c'est le ministre des Services sociaux, c'est... On a eu ces
problèmes-là, d'argent qui... et d'appels d'offres qui sortent à la dernière
minute. Dans les 205 projets, il va y avoir une idée de pérennisation
aussi, là. Si vous allez l'annoncer, puis on va avoir la liste, Mme la
Présidente, de manière assez rapide, on va être capable d'avoir une idée en
amont de ce qui s'en vient pour novembre prochain.
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Carmant : Bien, on s'attend
que, dès que les organismes ont l'information, ils vont aller de l'avant.
M. Cliche-Rivard : Donc, on ne
devrait pas avoir une situation comme l'année dernière.
M. Carmant : Non. Puis, en
plus, j'ai mis une directive que, maintenant, il n'y aurait plus d'appel
d'offres. D'ailleurs, pour le supplément VCS, ils ont pris la liste des projets
qui n'avaient pas été approuvés au dernier appel d'offres plutôt que de refaire
un autre appel d'offres. Ça fait que ça, j'ai envoyé un message clair au
réseau, là.
M. Cliche-Rivard : Donc, il y
aura une pérennisation de ce qui a été offert.
M. Carmant : Exactement, là,
puis tout le monde est... en tout cas, de notre côté, là, on est tous tannés de
ce... de ces... de ces re-rebrassages de cartes année après année, là.
M. Cliche-Rivard :
Donc, en septembre, octobre, novembre, moi, je n'ai pas 18 appels
d'organismes qui ne sont pas au courant de si leurs budgets sont confirmés, là.
M. Carmant : Le message a été
clairement envoyé.
M. Cliche-Rivard : Je souhaite
ardemment que vous ayez été entendu, M. le ministre, évidemment.
DPJ, jeunesse, vous en faites une priorité
également. Les informations puis les sources... en fait, votre budget dit
145 millions de dollars par année sur 725 millions de dollars sur
cinq ans. Vous avez parlé de quelques éléments, notamment les services de
réadaptation, là. Vous avez énuméré une série d'articles. On voudrait justement
savoir exactement un petit peu plus clairement, là, vos 145 millions, ils
s'en vont où en jeunesse.
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Carmant : Oui. C'est
vraiment principalement pour la réadaptation. Puis l'enjeu qu'on voit beaucoup
actuellement, ce sont les débordements, les unités de débordement. Il y a
également un enjeu avec les familles d'accueil également. Mais, encore une
fois, ce qu'on va demander, là, dans le grand chantier de la réadaptation, là,
c'est... ce sont d'améliorer les pratiques en réadaptation puis aussi de
réfléchir à comment s'attarder à faire plus d'efforts à maintenir les
familles... les enfants dans les familles qui sont capables de prendre soin de
leurs jeunes et de... plutôt que d'aller directement ou trop rapidement en
réadaptation, et aussi de venir aider les familles qui ont des enfants
DI-DP-TSA, que... je répète, là, ne sont pas nécessairement au bon endroit dans
des centres de réadaptation avec des enfants qui ont des troubles d'attachement.
Donc, ce sont grosso modo les priorités.
M. Cliche-Rivard : Donc, ça, ça
va nécessiter, évidemment, de la main-d'oeuvre, ça va nécessiter de la
main-d'oeuvre qualifiée. On a parlé de ça dans les dernières années, là, la
reconnaissance des travailleurs, des travailleuses, des travailleuses sociales
notamment. Vous avez parlé de centres de réadapt, vous avez parlé aussi
d'accompagnement à la maison, là. Donc, des sommes vont être disponibles pour
l'embauche puis la reconnaissance de la qualité de leur travail?
M. Carmant : Bien, je ne suis
pas sûr qu'on ait besoin nécessairement de plus de travailleuses sociales et
de... pour la population, qui est en débordement, de centres jeunesse. Mais, si
vous vous souvenez, le... au budget de l'an dernier, on avait ajouté
108 millions de dollars et on a eu un recrutement assez important, là.
C'est 500... 500 éducateurs en centres jeunesse qui ont été ajoutés dans la
dernière année à travers le Québec, et plusieurs des... une bonne partie des sommes
du 108 millions ont été utilisées pour rehausser les équipes.
Il y a encore un manque de main-d'oeuvre, là, à
la DPJ, on ne s'en cachera pas, mais, nous, notre effort des dernières années a
été aussi de faire beaucoup plus en amont pour commencer à diminuer... où, là
aussi, on tente de renverser cette tendance, là, du nombre de signalements et
des délais de prise en charge de nos jeunes.
M. Cliche-Rivard : Donc, à
l'intérieur du réseau puis dans les réadapts, vous ne voyez pas de
modification, c'est ce que j'ai cru comprendre, là, aux sommes qui étaient déjà
là, vous jugez que le réseau est fonctionnel.
M. Carmant : Bien, je pense
qu'il faut rajouter de l'espace et de la... évidemment, de la supervision dans
ces espaces, puis il faut développer des espaces spécialisés. Et ça, il va y
avoir un transfert de personnel qui va... qui vont être disponibles pour faire
ça. J'en ai visité plusieurs. Et le... les... souvent, les unités DI-TSA qui
sont dans les centres jeunesse sont maintenues par du personnel DI-TSA. Donc,
eux, ils vont les suivre dans des endroits beaucoup plus appropriés, et ça,
c'est ça qui est important.
• (15 h 20) •
M. Cliche-Rivard : On y
reviendra quand on aura plus de temps sur les crédits, évidemment, sur ce
point-là.
Vous avez parlé des familles d'accueil. Il y a
des bonnes nouvelles? Il y a des sommes pour les familles d'accueil? C'est des
revendications importantes, ça.
M. Carmant : Absolument.
M. Cliche-Rivard : On parle de
quoi exactement?
M. Carmant : On n'a pas encore
la ventilation des sommes, mais une partie des sommes va servir à payer les
familles d'accueil, les familles d'accueil de proximité.
M. Cliche-Rivard : Là où est-ce
qu'on en est, là, c'est quelque chose avec lequel je suis bien d'accord avec
vous, si on pouvait avoir davantage de gens dans des familles de proximité
notamment, on aurait beaucoup moins de gens, justement, dans nos unités.
M. Carmant : Exact.
M. Cliche-Rivard : Et je pense
qu'on aurait quelque chose de peut-être plus pérein.
Je vois le temps qui file.
PSOC, j'aurais voulu vous entendre. Il me reste juste...
M. Carmant : ...faire un petit
commentaire sur les familles d'accueil?
M. Cliche-Rivard : Allez-y,
allez-y, allez-y.
M. Carmant : Une des choses
importantes que l'on fait avec la nouvelle directrice nationale également et
avec les gens du ministère, c'est également travailler sur les critères du
ministre, parce qu'il y a beaucoup de frustration, comme vous le savez, là, sur
les tailles des fenêtres, la hauteur des plafonds, le type de peinture, puis ça
aussi, on travaille là-dessus.
M. Cliche-Rivard : Tout à fait.
Tout à fait. Puis je vais me permettre, moi aussi, un commentaire. Quand on
voit l'état de vétusté de certains centres jeunesse, il y a des questions à se
poser sur si ces critères-là sont véritablement adaptés avec ce qu'on leur
fournit ailleurs dans le réseau. Je m'arrête là-dessus.
PSOC, sur cinq ans, vous dites : Rehausser
le financement des organismes. Est-ce que c'est de l'argent, les 10 millions,
là, annuels, qui vont aller directement à la mission, au PSOC, de ces
organismes-là ou si ce sera des appels à projets ou du discrétionnaire de votre
part, là, qu'on annoncera par-ci, par-là?
M. Carmant : Bien, il n'y aura
pas d'appel à projets, Mme la Présidente. La vaste majorité va aller à la
mission globale.
M. Cliche-Rivard : À la mission
globale.
M. Carmant : Oui, un peu comme
l'an dernier, où on avait... un peu...
M. Cliche-Rivard : Ce qui fait
à peu près 3 000 $... 3 000 $ par organisme, à peu près.
M. Carmant : ...un peu comme
l'an dernier, mais 10 millions de dollars au total.
M. Cliche-Rivard : 10 millions
divisés par les organismes, ça fait 3 000 $ par année, M. le
ministre.
M. Carmant : Un peu comme l'an
dernier, où on voulait s'assurer que les organismes restent ouverts, mais,
évidemment, dans le... dans le 10 millions qu'on ajoute, on n'inclut pas
le 2,2 % d'indexation aussi, là, qui va également aux organismes
communautaires.
M. Cliche-Rivard : Surdoses,
dépendances. En terminant, M. le ministre, beaucoup d'organismes en lien avec
la surdose et les dépendances nous ont contactés publiquement dans les
dernières semaines, dans les derniers mois. On sait qu'il y a deux surdoses par
jour au Québec. On sait que l'AIDQ, notamment, sonne l'alarme. Il y a la
coroner qui nous a dit justement qu'il fallait plutôt qu'on vise une
sensibilisation globale et partout sur la prévention des surdoses. Est-ce qu'on
n'est pas un petit peu en contradiction entre le message puis les annonces des
dernières semaines, là? On voit notamment qu'il y a un colloque qui a été
annulé puis on voit que les services en formation puis directement auprès des
populations, ils sont de plus en plus difficiles. Donc, qu'est-ce que vous répondez
au milieu, qui est très inquiet actuellement?
La Présidente (Mme Soucy) : ...M. le ministre, alors...
M. Carmant : Oui. Bien,
premièrement, je répondrais qu'ils vont recevoir les sommes promises, là. On
s'excuse du délai. Je pense que c'est dans la mécanique des choses que ça a
tardé, là, plus que dans... beaucoup plus que dans l'intention. Je pense que la
sensibilisation, on a fait des campagnes assez exceptionnelles cette année, là,
tant télévisuelles que médias sociaux, pour les jeunes, qui ont vraiment touché
la cible. Puis il ne faut pas oublier que, malgré que les parents n'en parlent
pas assez avec leurs jeunes, on est dans toutes les écoles.
Le programme avec l'AQCID, là, c'est quelque
chose de fantastique au Québec, là. Dans toutes... dans presque toutes les
écoles du Québec, les jeunes se font parler de consommation, des méfaits de la
consommation, de comment prévenir les complications. Donc, c'est... c'est
quelque chose... un travail constant. Et nous, on va continuer à appuyer les
centres de consommation supervisée. Et aussi on veut aussi travailler sur le
lien entre ces centres de consommation supervisée et l'accès aux traitements.
Ça, je pense, c'est quelque chose qu'on va parler beaucoup dans la prochaine
année, améliorer l'accès aux traitements.
M. Cliche-Rivard : Un projet de
loi à venir, je pense, c'est ça?
M. Carmant : Exact.
La Présidente (Mme Soucy) : Bon, bien, je vous remercie de votre... de votre échange,
M. le ministre et M. le député. Votre temps est terminé.
Donc, nous allons
maintenant poursuivre avec un membre du troisième groupe d'opposition. Mme la
députée de Terrebonne. Alors, bonjour. Je n'ai pas eu la chance de vous voir et
de vous féliciter. Alors, mes félicitations, et je vous cède immédiatement la
parole.
Mme Gentilcore : Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. le ministre. Merci à vos équipes aussi. Enchantée. C'est
un plaisir de venir vous parler d'un sujet qui me tient très à coeur
aujourd'hui. Je vais vous parler d'itinérance avant de passer la parole à mon
collègue, M. Arseneau, ici.
Donc, on le sait, bon, augmentation de
44 %, dans les cinq dernières années, d'itinérance, environ
10 000 personnes en situation d'itinérance actuellement sur le
territoire du Québec. Il y aura prochainement un nouveau dénombrement, là, le
15 avril qui vient. Je veux juste être bien certaine de vous avoir
compris, là, faire du pouce un peu sur ce que ma collègue des libéraux... ont
dit. Donc, vous n'avez pas d'objectif quantifiable en ce moment par rapport à
la réduction de l'itinérance?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Carmant : Bien, merci, Mme
la Présidente. Moi aussi, je vous souhaite la bienvenue au salon rouge.
Félicitations pour votre élection.
Bien, je pense qu'on ne peut pas parler de
réduction maintenant. Tu sais, je veux dire, on voit tous ce qui se passe dans
la rue, là. On n'est pas... On n'est pas... On ne se ferme pas les yeux. Ce
qu'on veut, c'est vraiment une espèce d'aplatissement de la courbe. Tu sais, on
travaille fort pour renverser la tendance.
Puis, quand j'étais allé au congrès de l'UMQ,
une des choses superintéressantes que, j'avoue, j'avais apprise, c'est qu'ils
nous disaient qu'on pouvait mettre un paquet de mesures en place, si on ne
travaillait pas plus sur la prévention, on ne serait jamais capables de
renverser cette courbe-là. C'est pour ça qu'on a commencé, avec le comité
interministériel, à travailler sur la prévention de sorties carcérales, prévention
des centres de jeunesse. On veut travailler également sur la prévention de la
perte de logement pour les aînés qui perdent leur conjoint. Donc, il y a toutes
sortes de situations de prévention qu'avec... que je travaille avec le comité
interministériel pour vraiment renverser cette tendance-là. Puis ça, je pense
que ça va venir s'ajouter à tous les efforts qu'on fait au niveau des refuges
puis de l'hébergement pour les personnes en situation d'itinérance.
Mme Gentilcore : Donc, pour le 15 avril,
vous vous attendez à une hausse?
M. Carmant : Oui. Je pense
qu'il faut être réaliste, là.
Mme Gentilcore : O.K. Vous avez
parlé de 500 PSL et de l'accompagnement qui vient avec aussi tout à
l'heure, mais vous le dites sans relâche, puis je suis d'accord avec vous
là-dessus, ce dont on a besoin, c'est de plus de logements. Sur le terrain, ce
qu'on nous dit, c'est qu'il manque de logements. Puis, pourtant, on ne voit
aucun montant supplémentaire, là, au niveau de ces logements-là dans le budget.
Donc, qu'est-ce que vous avez l'intention de faire par rapport à ça?
M. Carmant : Oui. Bien,
exactement, le volet PHAQ vulnérable, on a... on a annoncé 500 portes, là,
il y a quelques... il y a quelques mois. Donc, on pense en livrer au moins 200
cette... au cours de la prochaine année. On travaille aussi dans d'autres
volets, là, comme le projet PRISM, qui est itinérance, santé mentale, où déjà
on a garanti 300 mises en logement pour des itinérants avec problèmes de
santé mentale. Et on travaille avec le CIUSS du Centre-Sud, mais, pour le nord
de l'île, le CIUSSS de l'Est de l'île pour ajouter des lits PRISM. On va
ajouter huit lits pour femmes également à Mission Bon Accueil. Il y a d'autres
régions au Québec qui vont lever la main, comme Sherbrooke également.
Donc, dans ce programme PRISM, il y a non
seulement accès aux refuges puis aux soins en santé mentale, mais il y en a un
accompagnement en logement qui est garanti également dans l'argent qui est
réservé pour chaque individu qui rentre dans ce programme-là. Et on pense que
ça va faire une vraie différence pour la cohabitation, pour la mise en logement
et le maintien en logement. Puis les résultats sont assez... très probants pour
ce programme-là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Donc, M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
à vous la parole.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Merci à ma collègue de Terrebonne. Je voudrais juste faire un peu
de pouce sur une de ses questions. On s'attend à une hausse de l'itinérance.
Qu'est-ce qui serait raisonnable, compte tenu des mesures que vous avez mises
en place au cours des deux ou trois dernières années, comme pourcentage attendu
de hausse? La dernière fois, c'était 44 %. Est-ce qu'on vise la moitié de
ça ou 10 %?
M. Carmant : Bien, tu sais, en
politique, il ne faut pas faire de présomptions, là, mais, tu sais, on veut moins.
C'est sûr qu'on veut commencer à aplatir et même... tu sais, aplatir la courbe.
Ce que je peux vous dire...
M. Arseneau : Mais, pour suivre
la logique, si on déploie tous les efforts possibles comme État du Québec et en
collaboration avec les villes, mais que, malgré tout, ça continue d'augmenter,
l'objectif d'aplatir la courbe, c'est sur une période de
combien d'années selon les mesures que vous mettez en place? Pour vous, là,
l'objectif d'arriver à zéro puis commencer à reculer, c'est dans la prochaine
année? C'est dans les trois prochaines années?
M. Carmant : Moi, je pense
qu'il faut se donner un objectif de deux ans, qui serait raisonnable.
M. Arseneau : Pour arriver à
stabiliser pour ensuite réduire?
M. Carmant : Exact. Aplatir
puis commencer à diminuer.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Je ne voudrais pas qu'on passe cette occasion-là sans parler de santé mentale,
évidemment. Et je vais aborder la question des délais ou des personnes en
attente hors délai. On a, selon le tableau de bord, 6 647 personnes,
au 8 février, là, 2025, qui étaient en attente hors délai. Sauf que,
lorsqu'on regarde l'indicateur du plan stratégique gouvernemental, ce n'est pas
en nombre de personnes qu'on le calcule, mais plutôt en proportion des usagers
qui ont obtenu des soins. Et l'objectif, la cible pour 2024‑2025, c'est
65 %. Pourriez-vous nous aider à réconcilier les deux indicateurs qui ne
disent pas la même chose, mais pour les mêmes personnes qui sont en attente?
Est-ce qu'on a atteint cet objectif-là de 65 %?
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Carmant : Oui, merci. Pour
répondre directement à la question, là, on est sur le bord, si on ne l'a pas
atteint. Mais la raison pourquoi on a cet indicateur-là également, c'est parce
qu'après la pandémie, tu sais, il y a eu une explosion de la demande en santé
mentale, tant chez les jeunes que chez les adultes, qui est restée très élevée,
encore maintenant, surtout chez les adultes. Et nous, on a déployé beaucoup de
services de proximité, beaucoup de services multidisciplinaires. Puis mon
équipe a eu peur qu'il ne soit pas visible, là, ça fait qu'ils m'ont fait une
courbe qui montre l'impact de nos mesures sur les délais en santé mentale, là — ça,
c'est historique, là, ce qu'on voit — où, dans la dernière année,
on est passé de 16 500 personnes en attente à
12 000 personnes en attentes, à peu près, dont 6 000 que
vous dites hors délai, avec un délai médian d'autour d'une trentaine de jours.
• (15 h 30) •
Et je pense que le plus bel exemple de ce qu'on
parle avant, c'était... on disait que ça prenait deux ans, là, quand je suis
arrivé, en 2018‑2019, pour voir un psychologue, puis là on parle de délai de
six mois, là. C'est encore très long, mais on a une autre stratégie aussi, que
je pourrais vous expliquer, pour diminuer ces délais pour l'accès à la
psychologue et la psychothérapeute.
M. Arseneau : Oui, mais,
respectueusement, j'aimerais quand même qu'on puisse avoir une traduction, dans
le tableau de bord, des objectifs et des indicateurs qui sont fixés dans le
plan stratégique pour qu'on puisse justement vérifier à savoir si ces objectifs
sont atteints. Je vous crois sur parole sur l'atteinte du 65 %, mais on
aura l'occasion d'y revenir à l'étude des crédits.
Mais, dans le même sens, mais là on manque
vraiment de temps, j'aurais aimé savoir si on atteignait les objectifs
concernant les services à la DPJ de la même façon, là. Il y a un 53 % qui
devait être atteint cette année, le tableau de bord parle de 50 %...
La Présidente (Mme Soucy) : Votre temps est terminé. Désolée. Alors, ça ira...
Donc, le prochain bloc, M. le député de
Saint-Jérôme, je vous rappelle que vous avez un temps de 45 secondes, donc
je vous invite à faire ça vite pour que M. le ministre ait le temps de vous
répondre, évidemment. À vous la parole.
M. Chassin : Bien oui, je ne pourrai pas prêter le temps à mon collègue
des Îles-de-la-Madeleine, malheureusement. Aire ouverte, on l'a institué il y a
maintenant cinq ans, 2019‑2020, je pense. Est-ce qu'on a une évaluation des
résultats que ça donne? Je pense qu'il y a des milieux où ça marche
relativement bien. Puis on a vu que ça peut être un programme que certains
peuvent remettre en question parfois. Mais est-ce qu'on a une évaluation? Et
est-ce que, cette évaluation-là, on compte la rendre publique?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Carmant : Bien, la plus
belle évaluation, c'est la diminution de la liste d'attente santé mentale
jeunesse, là, qui est autour de 2 000, là, qui elle aussi a diminué de
plus de 50...
M. Chassin : Dû à Aire ouverte spécifiquement ou...
M. Carmant : Grâce aux services
Aire ouverte.
M. Chassin : Puis donc cette évaluation-là, c'est juste le chiffre
global?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci beaucoup. Le temps est terminé. Je dois maintenant
procéder au deuxième bloc avec l'opposition officielle, et je vous rappelle que
vous détenez 8 min 6 s. Ça inclut évidemment les réponses de M. le ministre. Alors, à vous la parole, Mme la
députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la
Présidente. En premier lieu, est-ce que je pourrais demander au ministre de
déposer ce qu'il vient de nous afficher? Voilà.
M. Carmant : Je pense que je
vais même déposer celui-là.
Mme Prass : Oui. On va le
mettre sur le mur. Là, je vais changer de sujet un petit peu. On va aller...
bien, pour les personnes vivant avec un handicap ou sur le spectre de
l'autisme. Mon collègue vous a déjà posé une question à propos du
35 millions dans le budget pour rehausser le soutien à l'hébergement. Et
on voudrait savoir si cet argent-là va aussi être disponible pour des projets
qui émanent d'organismes communautaires et de groupes familiaux, par exemple.
Donc, vous le confirmez?
M. Carmant : Oui. Oui, oui,
d'abord et avant tout, même, la majorité des projets, là, pour les personnes
DI-DP-TSA vont être ceux qui sont du logement supervisé, là.
Mme Prass : Et est-ce que,
justement, cet argent-là va venir avec un assouplissement des critères? Parce
que, nous, ce qu'on comprend, c'est que, quand les groupes se rendent à la SHQ,
c'est très difficile pour eux de faire avancer leurs projets, parce qu'il y a
des critères rigides. Et souvent, justement, les projets d'organismes
communautaires ou de... ou familiaux ne rentrent pas dans ces cadres plus
traditionnels là. Donc, c'est beau que l'argent soit là, mais il faudrait aussi
que la volonté des programmes soit... reflète la réalité, justement, de ces
projets-là. Parce que, plus tôt ce mois, justement, j'ai déposé une pétition de
la Société québécoise de la déficience intellectuelle pour demander plus de
logements alternatifs, parce que, bien, comme vous le savez, comme chaque
individu, vous et moi, quand on va chercher un logement, que ce soit un
appartement, une maison, on a un certain choix. On va voir différents
logements. On... Celui qui répond le plus à notre réalité est celui qu'on va
choisir. Souvent, les personnes avec une DI ou un TSA, ils vont être sur une
liste d'attente pendant plusieurs années, et là, après trois ans, on va leur...
on ne leur offrira pas, on va dire : Voici le logement que nous avons pour
vous, même si ça ne reflète pas la réalité de leurs besoins et de leur
condition. Alors, justement, le but de ce projet, le but de cette pétition-là,
c'était pour avoir différents types d'hébergement qui répondent aux réalités de
chacun. Ça peut être mixte, ça peut être supervisé ou non, ou quoi que ce soit.
Et, justement, excusez-moi, je vais vous donner
une statistique. Une personne avec une déficience intellectuelle doit attendre
en moyenne 1 211 jours, donc plus de trois ans, avant d'obtenir une
place. En comparaison, entre 2013 et 2014, l'attente était de 767 jours,
donc une augmentation de 58 %, qui est énorme.
Et, comme vous le savez, il y a plus en plus de
personnes qui reçoivent un diagnostic, et l'inquiétude des parents aussi, qui
voient leur enfant devenir adulte, qui ont une certaine autonomie, mais qui se
disent : À un moment donné, moi, je ne serai plus là et je veux m'assurer
que mon enfant, justement, ait un lieu de logement et d'hébergement qui est
sécuritaire pour eux, qui pourrait l'être à long terme.
Les OSBL qui ont des projets d'habitation ont
fait des recherches pour démontrer que leur coût par porte était moins élevé
que ceux des RI, des RTF et des RAC. Donc, évidemment, ça... Était moins élevé
par porte les projets des groupes communautaires que les RI, les RTF ou les
RAC. Et, si le gouvernement a des données sur les coûts des ressources, il
devrait les rendre publiques, justement, pour pouvoir faire ce travail en
amont.
Donc, moi, ce que je vous demande, c'est...
Donc, je comprends, de ce que vous avez dit, pour le 35 millions, vous
êtes ouvert à ce qu'il y ait des projets, disons, alternatifs qui émanent des
organismes communautaires, etc., mais, comme j'ai dit, je pense qu'il serait
important que vous ayez une conversation avec votre collègue au Logement, parce
que les moyens financiers peuvent être là, mais la volonté de comprendre que
certains projets, même s'ils ne rentrent pas dans un cadre spécifique, ça ne
veut pas dire qu'on les jette à la porte, justement, donc, je pense qu'il y a
un travail qu'il faudrait qui se fasse. Je ne sais pas si c'est demandé au
ministère du Logement ou à la SHQ de s'asseoir avec les groupes communautaires
pour comprendre leur réalité, les projets qu'ils vont amener de l'avant pour
que, justement, ils soient prêts avec les critères des programmes pour que ce
soit un parcours plus facile, parce qu'attendre des années, de travailler...
Des fois, on entend : Oui, la SHQ va travailler avec nous, mais ça prend
des années pour que ça aboutisse. Donc, je pense que, pour que l'argent soit
vraiment bien dépensé, il faut que les critères également suivent les réalités
des différents projets qui vont aller de l'avant.
Donc, est-ce que vous vous engagez à parler à
votre collègue et qu'on ait... et qu'elle... lui demander justement qu'elle ou
la SHQ aie ces conversations-là avec les organismes qui vont être parmi ceux
qui vont amener des projets?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Avant de céder la parole à M. le
ministre, est-ce que j'ai bien compris que vous aviez demandé le dépôt du
tableau?
Mme Prass : Exact.
La Présidente (Mme Soucy) : Alors, est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. Je
vous cède la parole, M. le ministre.
M. Carmant : Non seulement je m'engage,
là, mais je m'engage à l'amener à la table du comité interministériel. C'est
bon?
Mme Prass : O.K.
M. Carmant : Je ne peux rien
dire de mieux que ça.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Il vous reste 2 min 27 s, Mme la députée.
Mme Prass : O.K. Là, je vais
aborder quelque chose de façon vite. On va parler du répit, pendant quelques
minutes, et le programme que vous avez mis de l'avant il y a quelques années.
Alors, on est dans la troisième année, si je ne
me trompe pas, sur cinq ans. Mais on a été informés par plusieurs groupes sur
le terrain, dépendamment de la région, que, dans la première année du
programme, il y a des régions qui n'ont reçu aucun argent. Il y a des CIUSSS,
des CISSS qui n'ont fait aucun appel d'offres. Et l'argent qui n'a pas été
dépensé, vous avez dit, en période de questions, qu'il allait être remis dans
les années antérieures. Et, ensuite, vous avez dit que ça allait retourner dans
le fonds consolidé.
Donc, je vous donne l'exemple dans l'Estrie, qui
devait recevoir un montant de 392 000 dollars par année, y compris la
première année, qui n'a reçu aucun argent pour cette région-là, qui n'a reçu
aucun appel de projets de la part du CISSS...
M. Carmant : La première année.
Mme Prass : ...la première
année. Qu'est-ce que vous répondez à ces régions-là, quand même, qui avaient
10 millions de dollars sur la table la première année et qui ont reçu
zéro? Comment est-ce qu'ils vont se faire compenser pour cet argent, justement,
qui n'a pas... qui leur a même... Ils n'ont même pas eu la chance de proposer
des projets pour avoir accès à ces fonds-là.
• (15 h 40) •
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Carmant : Bien, écoutez, je
suis... Ça, c'est les règles du Trésor, là, tu sais. Je suis... Ce qu'il faut
comprendre, c'est que nous, on pensait qu'il y avait déjà des voies de passage
ou des voies comptables pour ce programme-là. Mais, en fait, ce que les
établissements faisaient, c'est qu'ils prenaient les sommes résiduelles de leur
programme des DI-DP-TSA pour aider le répit dans leur région. Puis
malheureusement, certaines régions ont vraiment pris trop de temps, là. Donc,
en «retrospect», c'est difficile de faire quoi que ce soit pour... à ce
niveau-là. Je dois l'avouer.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Allez-y.
Mme Prass : Merci. Est-ce qu'il
n'y aurait pas... Est-ce que vous n'auriez pas pu faire, votre ministère...
s'assurer, par exemple, que tous les CIUSSS et les CIUSSS, à tout le moins,
faisaient un appel de projets? Parce qu'il y avait des projets qui étaient
prêts. Il y avait des organismes qui attendaient ces appels de projets
justement pour financer des programmes. Et je comprends que, ça, c'est un enjeu
qu'on va aborder lors...
La Présidente (Mme Soucy) : Votre temps est terminé, Mme la députée.
Mme Prass : Merci.
La Présidente (Mme Soucy) : Donc, la commission ayant terminé cet échange, donc je
remercie les personnes qui y ont participé.
Et, pour... pour permettre à la commission
suivante de poursuivre, je vais... je vous demande de quitter immédiatement la
salle.
Et puis je vais suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 46)
Le Président (M. Benjamin) : Alors,
bon après-midi à toutes, bon après-midi, et à tous. Nous sommes réunis pour la
commission plénière, qui poursuit ses travaux sur l'étude des crédits
provisoires pour l'année financière 2025‑2026.
Finances
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à un échange entre M. le ministre des Finances et les députés de
l'opposition. Nous commencerons par les remarques préliminaires. Je vous
rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 2 min 59 s au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 min 58 s au deuxième groupe
d'opposition, 40 secondes au troisième groupe d'opposition et
24 secondes pour l'ensemble des députés indépendants.
Remarques préliminaires
J'accorde immédiatement la parole à M. le
ministre pour ses remarques préliminaires. M. le ministre.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui.
Est-ce qu'on reste assis, M. le Président?
Le Président (M. Benjamin) :
Bien sûr.
M. Girard (Groulx) : Ah oui?
O.K. Non, mais je manque d'expérience, là, aux crédits provisoires c'est la
première fois. On reste assis, bien assis. Et puis, en tout, cet agréable
exercice, combien de temps?
Le Président (M. Benjamin) : Il
dure une heure en tout.
M. Girard (Groulx) : Merci.
O.K. Alors, j'ai six minutes.
Le Président (M. Benjamin) : ...bien
dit que ça va être très agréable.
M. Girard (Groulx) : Pardon?
Le Président (M. Benjamin) : Ça
va être agréable.
M. Girard (Groulx) : Très
agréable. Bien, on va le vivre d'abord, puis je vous en reparle. O.K. O.K. Puis
là j'ai déjà gaspillé 30 secondes. C'est ça?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Alors, j'y vais. Alors, pour ceux qui ont manqué le discours au huis clos,
hier, je vais m'en inspirer.
Alors, face à la grande incertitude, le
gouvernement se concentre sur la création de richesse tout en protégeant les
soins de santé et l'éducation. Il réitère aussi son engagement à la saine
gestion des finances publiques en présentant un plan de retour à l'équilibre
budgétaire.
Le conflit commercial déclenché par la nouvelle
administration américaine assombrit déjà les perspectives économiques :
pour 2025, 1,1 %; 2026, 1.4 %. À 1,1 %, on est directement sur
la médiane des économistes du secteur privé. Dans notre scénario de référence,
nous avons retranché 0,7 % de croissance sur les deux années pour refléter
l'hypothèse, l'incertitude qui est ambiante, et, comme vous le savez, il y a
déjà des tarifs sur l'aluminium et sur les biens qu'on dit non conformes à
l'accord de libre-échange, ce qui correspond à peu près à 40 % des biens,
incluant l'aluminium. Alors, on fait l'hypothèse — parce que, les
économistes, on a besoin de faire des hypothèses — on fait une hypothèse
qu'il y a des tarifs de 10 % qui sont en vigueur pendant deux ans. Bien
sûr, la situation va changer, mais on ne sait pas l'ampleur des tarifs,
l'étendue des biens, la durée. Alors, c'est une hypothèse de travail, et il y a
un scénario alternatif où on a des tarifs de 25 % pendant deux ans.
C'est notre responsabilité, comme gouvernement,
d'aider à la transformation de l'économie québécoise. Peu importe les décisions
de la nouvelle administration la semaine prochaine, la relation de confiance
avec notre principal partenaire commercial est affectée, et donc on doit aider
l'économie québécoise à se transformer. Alors, dans l'urgence, on a présenté le
programme FRONTIERE, doté de 1,6 milliard de liquidités, pour appuyer la
transition, 11 milliards de PQI, une augmentation de 7 %, et aussi on
est engagés, toutes les provinces, le gouvernement fédéral, le Québec, nous
sommes engagés dans un exercice de libéralisation de l'espace économique
canadien. Mais dois-je rappeler que c'est 40 millions de personnes, tandis
que l'espace nord-américain, c'est 500 millions de personnes? La
destination ultime est le rehaussement du potentiel économique du Québec en
stimulant l'investissement et l'innovation des entreprises afin de solidifier
leur position concurrentielle sur l'échiquier mondial.
• (15 h 50) •
Au total, dans le budget 2025‑2026, c'est
5,4 milliards pour stimuler la création de richesse, 2,6 milliards pour
une fiscalité propice à l'investissement et l'innovation, notamment avec les
mesures d'amortissement accéléré, puis on pourra en reparler, parce que le
gouvernement fédéral n'a pas déposé sa législation, c'est problématique, mais
on s'engage à mettre en place l'amortissement accéléré dès que le gouvernement
fédéral aura précisé ses intentions.
Également, le nouveau
crédit d'impôt pour la recherche, l'innovation, la commercialisation, pilier de
l'aide fiscale à l'Innovation, page 21 du fascicule, un diagramme qui
explique tous les changements qu'on fait, et ces mesures-là ont été extrêmement
bien reçues hier par la communauté des affaires.
Il y a aussi 900 millions pour la
réalisation de projets d'entreprise, 759 millions pour favoriser l'apport
des régions, et j'annonce aussi 6,8 milliards pour soutenir les Québécois
à améliorer les services à la population.
Alors, il me reste deux minutes, et je pourrais
vous dire donc qu'au total il y a 12,3 milliards de mesures concentrées
sur la création de richesse et la protection des services publics, parce qu'il
y a aussi 5 milliards pour la santé et la réussite scolaire, qu'on a fait
un examen fiscal où on a analysé 170 mesures depuis un an, et
170 mesures fiscales, M. le Président, c'est du travail, en un an, et,
avec le ministère des Finances puis plusieurs experts universitaires, avec les
principes d'équité, intégrité, simplicité, pertinence, bien, on recentre les
activités du crédit d'impôt Affaires électroniques, du crédit d'impôt relatif
aux ressources, on uniformise la taxe sur les primes d'assurance, on instaure
une contribution additionnelle sur les véhicules hybrides et électriques
rechargeables et on met fin à l'indexation du seuil d'admissibilité au FSS.
Il me reste une minute, M. le Président, pour
vous dire quoi?, que la saine gestion des finances publiques... Je vais
ralentir un peu, tiens. On dirait que le podcast est à une fois et demie. Je
vais... La saine gestion des finances publiques est un élément essentiel d'un
bon gouvernement. Nous déposons donc un plan de retour à l'équilibre
budgétaire, et les gestes identifiés, il y en a. 2,6 milliards, incluant
le gain de capital, alors 2 milliards, si pas le gain de capital, en 2019‑2020.
Il y a 3 milliards d'effort aux dépenses, plus un 400 millions aux
sociétés d'État. En tout, 6 milliards de gestes identifiés. Ça permet,
assurément, de revenir à l'équilibre comptable, et il faudra faire quelques
efforts supplémentaires pour avoir l'équilibre budgétaire, après Fonds des
générations, c'est extrêmement important. Oui, le déficit est trop élevé, on
s'en occupe, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre des Finances.
Discussion générale
Et, sans plus tarder, je reconnais le député de
Marguerite-Bourgeoys. Peut-être vous rappeler que votre premier bloc est un
bloc de 20 minutes.
M. Beauchemin : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, premièrement, là, à tous ceux qui sont ici aujourd'hui,
là, pour participer, là, à cet exercice.
Je vais plonger directement dans le vif du
sujet. Donc, de la façon que ça fonctionne, M. le Président, c'est que je peux
poser des questions, le ministre répond à mes questions, mais j'ai un bloc de
20 minutes, c'est ça?
Le Président (M. Benjamin) : Exactement.
M. Beauchemin : O.K. À
l'intérieur de mon 20 minutes, il y a le temps de réponse du ministre.
Le Président (M. Benjamin) : Tout
à fait.
M. Beauchemin : D'accord.
M. Girard (Groulx) : ...remarques
préliminaires...
M. Beauchemin : Non, moi,
j'ai...
Le Président (M. Benjamin) : Non,
ils ont sauté leurs remarques préliminaires. C'est les questions, directe, et
échanges.
M. Beauchemin : Je vais aller
directement dans le vif du sujet.
Donc, les impacts de l'administration Trump,
comment est-ce que vous êtes arrivés spécifiquement, là, à un tarif de
10 %? Je comprends, j'imagine que c'est des conversations, là, mais
j'aimerais... avec des économistes, et tout, là, mais on voudrait comprendre le
rationnel du pourquoi qu'on en arrive à 10 %, vraiment clarifier ce
chiffre-là pour les gens qui nous écoutent.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Bien, d'abord, on a eu des tarifs annoncés le 4 mars, qui ont été
suspendus le 6 mars. Ensuite, il y a eu les tarifs sur l'aluminium, puis
l'acier, puis il y a la menace du 2 avril. Alors, il y a un climat ambiant
de menace, d'incertitude, qui, essentiellement, gèle les décisions
d'investissement des entreprises, parce que tout le monde attend de savoir
s'ils vont avoir accès au gouvernement américain. Alors, bien que la menace n'est
pas mise à exécution pleinement, on a déjà des effets qui ralentissent
l'économie québécoise, et ces effets-là nous ont amenés à retrancher la
croissance de 0,7 % sur deux ans, pour arriver à 1,1 %, directement à
la médiane de prévision des économistes. Et donc on dit : En moyenne,
cette incertitude-là, c'est comme s'il y avait déjà des tarifs de 10 % sur
l'ensemble des biens pour une période de deux ans.
Maintenant, c'est une hypothèse. La semaine
prochaine, il va y avoir des faits. Le... Supposons qu'il y a des annonces, un certain nombre de biens ou tous les biens, puis
des tarifs, mais, après ça, il va y avoir des négociations. Alors, par exemple,
pour finir, là, 10 % sur deux ans, c'est un peu comme 20 % sur un an,
ou 25 % pendant neuf mois, ou, si 25 % dure un an, c'est comme
12,5 % pendant deux ans. C'est une hypothèse de travail qui reflète
l'incertitude actuelle. Et on a un scénario alternatif, qui est un scénario où
il y a des tarifs de 25 % sur l'ensemble des biens pour deux ans, ça
provoque une récession. Mais ce n'est pas à nous d'annoncer des tarifs, pour la
semaine prochaine, de la nouvelle administration américaine.
M. Beauchemin : Mais, si je
comprends bien... Oui, M. le Président, est-ce que je dois attendre...
Le Président (M. Benjamin) : Oui,
allez-y, allez-y, M. le député.
M. Beauchemin : D'accord. Donc,
si je comprends bien, M. le ministre, alors, le scénario initial, c'était
1,7 % de croissance. C'est ça?
M. Girard (Groulx) : C'est...
Bien, on est à 1,1 % puis 1,4 %. Vous pouvez rajouter...
M. Beauchemin : Avant le
10 %, là.
M. Girard (Groulx) : La
prévision actuelle, 1,1 % en 2025, 1,4 % en 2026. S'il n'y avait pas
cette incertitude ambiante, vous pouvez relever ça de 0,3 % chaque année.
M. Beauchemin : D'accord. Donc,
le 0,3 % sur le produit intérieur brut québécois, ça représente combien en
dollars?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est plus que la règle du pouce de dire : 1 %, c'est
1 milliard, parce que, présentement, il faut comprendre qu'il n'y a aucun
investissement qui se fait tant qu'on n'aura pas de certitude sur la demande finale,
c'est-à-dire l'accès au marché américain.
M. Beauchemin : Je comprends.
Donc, étant donné cette réalisation-là... étant donné cette réalité-là, de dire
que l'effet de 10 % sur l'ensemble des biens pour une période de deux ans,
ça, vous l'aviez donc quantifié comme étant l'équivalent de 0,3 % sur le
produit intérieur...
M. Girard (Groulx) : Oui,
0,3 % chaque année ou 0,4 % la première année et 0,3 % la
deuxième.
M. Beauchemin : O.K. Ça fait
que... Et, 0,3 %, grosso modo, là, si je vous entends, M. le ministre, on
parle approximativement de 300 millions de dollars?
M. Girard (Groulx) : Non. Ce
que je vous dis, c'est que, dans un autre monde, si on avait une baisse de
0,3 % du PIB, on dirait que... 1 % c'est à peu près 1 milliard,
grosso modo. Mais, ça, c'est une situation particulière, là. On parle d'une
menace existentielle qui pourrait nous faire perdre accès au plus grand
consommateur au monde, alors l'effet est multiplié.
M. Beauchemin : O.K. C'est
parce que j'essaie juste... pour que les gens qui nous écoutent comprennent la
justification de dire que ce qui se passe actuellement, c'est comme si on avait
des tarifs, là, de 10 %. Les tarifs de 10 %, quel serait l'impact sur
notre économie aujourd'hui? Si on avait, là, deux ans de tarifs, 10 %,
est-ce qu'on a eu une étude, est-ce qu'on a quantifié?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est que la question... pour répondre à cette question, vous devez me
dire : Est-ce que les tarifs sont permanents? Parce que, si les tarifs de
25 % sont permanents, l'effet est permanent. Alors, le pire des scénarios,
c'est 25 % pour toujours, ça, ce serait la fin de l'accord de
libre-échange nord-américain, et puis, à ce moment-là, la Banque du Canada a
dit que les pertes de PIB potentielles seraient de l'ordre de 4 % pour
l'ensemble du pays, puis, au Québec, c'est quelque part entre 2,5 % puis
4 %. Mais vous devez comprendre que, contrairement à la COVID, où on a eu
une chute et un rebond, dans le cas où il y a des tarifs permanents, il y a une
chute, on repart sur un sentier de croissance, mais on ne recroise jamais.
C'est un effet permanent. Le PIB potentiel du Canada est 4 % plus bas en
permanence.
M. Beauchemin : Je comprends.
Ce que j'essaie... Où est-ce que j'essaie d'arriver, là, c'est que, pour en
arriver à 13,3 milliards de déficits, on a pris... vous avez pris la
supposition de base que c'est comme l'équivalent des tarifs, 10 % sur
notre économie pour une période de deux ans. Là, est-ce que c'est parfaitement
linéaire durant la période de deux ans? Est-ce qu'il y a une certaine
élasticité qui se fait à l'intérieur de la période de deux ans? Je vous
entends, je ne vais pas m'inventer l'expert en «spreadsheet» pour vous donner
le chiffre exact, là, O.K., mais ce que vous dites, c'est qu'en bout de piste,
ça, ça se traduit comme un recul de 0,3 %, 0,4 % du produit intérieur
brut cette année, 0,3 % l'année prochaine, grosso modo.
• (16 heures) •
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais l'effet sur les revenus est plus élevé.
M. Beauchemin : L'effet sur le
revenu est effectivement beaucoup plus élevé, j'en suis certain.
M. Girard (Groulx) : Multiplié.
M. Beauchemin : Et la raison
pour laquelle l'analyste ou les analyses en sont arrivés à ça pour M. et Mme
tout le monde qui nous écoutent, c'est juste parce qu'ils se disent : Bon,
O.K., il n'y en a pas, c'est le meilleur scénario. 25 % à l'éternité,
c'est le désastre total. Quelque part entre les deux, on va sûrement trouver un
terrain d'entente. Qu'est-ce qui a laissé croire aux analystes qu'un certain
terrain d'entente allait être probable, d'où en arriver à dire : Deux ans,
10 %? Quels sont les réflexes, hein, qui sont rentrés dans le «black box»
pour que ça donne le résultat deux ans, 10 %?
M. Girard (Groulx) : Très
simple. Nous sommes des économistes, on travaille avec des modèles économiques,
l'ensemble de la science économique dit que l'imposition de tarifs réduit la
production et augmente les prix. C'est universel. Oui, il y a quelques
personnes autour de Donald Trump qui disent que ce n'est pas le cas mais, en
général, neuf économistes sur 10 vont vous dire : Si vous mettez des
tarifs, la production baisse, les prix montent. D'ailleurs, les gens sur qui je
n'ai aucune influence, la Réserve fédérale américaine, les meilleurs
économistes aux États-Unis, la semaine dernière, ils disent : Étant donné
toutes ces menaces de tarifs, ce climat ambiant, ce yo-yo, on baisse la
production en 2025 de 0,4 % puis on augmente les prix de 0,2 %.
Premier signal. Eux autres non plus ils ne le savent pas ce qui va arriver le
2 avril, mais ils constatent qu'il y a une menace, que c'est possible et
que ça affecte la croissance.
Alors, réserve... Alors, ce qu'il va se passer
s'il y a des tarifs sur l'ensemble des biens et services qui circulent en
Amérique du Nord, mettons que c'est ça, là, tous les biens, O.K, prenons Alcoa,
là, elle produit de l'aluminium au Québec, vendu aux États-Unis, transformé aux
États-Unis, revendu en Europe, au Canada, partout dans le monde, Alcoa. Qu'est-ce
que dit le président d'Alcoa au président américain? Très mauvaise idée, les
tarifs. On l'aime, nous, l'aluminium cheap du Canada, O.K.? Ce n'est pas pour
rien qu'on est installés au Canada pour faire de l'aluminium, O.K.? Alcoa.
Alors, s'il y a des tarifs de 25 % sur
l'ensemble des biens qui circulent en Amérique du Nord, voici ma prédiction de
ce qui va arriver : une récession en Amérique du Nord.
M. Beauchemin : D'accord. Et
donc, basé là-dessus, c'est ça qui a justifié que les tarifs vont donc être
négociés. Donc, ça se quantifie en 10 %, deux ans. Tout ça, là, c'est...
M. Girard (Groulx) : C'est que
la menace de tarifs vise à exercer une pression sur le Canada pour obtenir des
concessions géopolitiques, commerciales, politiques. Et c'est certain que les
États-Unis, c'est 10 fois plus gros que le Canada, économiquement, alors
l'accès au marché américain vaut beaucoup plus au Canada que l'accès au marché
canadien pour les États-Unis, alors il y a une pression qui s'exerce. La menace
de tarifs, pour le Canada, elle est existentielle. Alors, nous, ce qu'on dit,
c'est que, oui, la menace est présente, oui, elle a des effets, mais, à la fin,
puisque c'est mauvais pour les États-Unis, bien, le... j'hésite à utiliser
l'expression «le gros bon sens»...
M. Beauchemin : Le gros bon
sens.
M. Girard (Groulx) : ...mais je
présume qu'ultimement la raison va prévaloir. Voilà.
M. Beauchemin : Oui, d'accord.
Mais donc, dans le contexte où est-ce que... bon, j'imagine que les fondations
sur lesquelles ce raisonnement-là a été conçu, c'est la première expérience du
premier mandat de Donald Trump, où est-ce qu'il a essayé de faire quelque chose
de similaire. On a vu, là, que, bon, il a dansé rapidement, etc. On s'attend
donc, grosso modo, au même genre de réflexe. Il n'y a rien dans le comportement
actuel de la nouvelle administration Trump qui laisse croire qu'on ne peut pas
vraiment se baser... Est-ce que, vraiment, pour lui, c'est important, là, qu'il
y ait une récession mondiale, nord-américaine?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire qu'on n'en a aucune idée, là, ce qui va se passer la semaine
prochaine.
M. Beauchemin : Exact.
M. Girard (Groulx) : On a parlé
à l'ambassadrice du Canada à Washington, qui est extrêmement compétente puis
qui a rencontré ses équipes, puis on entend que, mardi, les pays seraient
peut-être en trois catégories, puis le Canada, on souhaite être dans la
première catégorie, celle que les tarifs seront moins élevés. Mais tout ça, là,
c'est de la spéculation, on va le savoir mardi. Alors, nous, il y a un scénario
alternatif qui suppose des tarifs de 25 %, pas permanents, pour deux ans.
On l'a, ce scénario-là, c'est une récession au Québec.
M. Beauchemin : Oui. Puis
pourquoi deux ans?
M. Girard
(Groulx) : Bien, c'est un choix, là, parce qu'à un moment donné il y
aura peut-être des élections de mi-mandat dans deux ans. Alors, on s'est arrêté
là.
M. Beauchemin : O.K. Donc, ça,
c'est la fondation.
L'autre aspect de tout le calcul pour en arriver
où est-ce qu'on en est, finalement, là, c'est que ce ne soit pas supérieur à
25 %, n'est-ce pas? Donc, ma question, c'est : Advenant des cas où
est-ce que... par exemple, on l'a entendu déjà, là, sur les produits agricoles,
les menaces de l'administration Trump, là, d'aller jusqu'à 250 %, voire
400 %, O.K.? Est-ce que ça, ça a été quantifié dans vos calculs?
M. Girard (Groulx) : Bien,
encore une fois, 25 % sur l'ensemble des biens, c'est une moyenne. Alors,
peut-être qu'il peut y avoir un scénario où certains biens sont à 50 %
puis d'autres biens ne le sont pas, puis en moyenne, ça donne 25 %. On
travaille avec des hypothèses. Là, l'hypothèse, c'est 25 % sur l'ensemble
des biens, dans le scénario alternatif, avec des représailles sur des montants
équivalents par le Canada et pour deux ans. Puis, encore une fois, si c'est
50 % pendant un an, bien, ça va être catastrophique, mais ça ressemble à
25 % pendant deux ans.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, il vous reste moins de six minutes.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
qu'il aura un autre tour de parole après?
M. Beauchemin : Par la suite.
Le Président (M. Benjamin) : Éventuellement,
oui.
M. Girard (Groulx) : Éventuellement.
Parfait. Vous gérez ça d'une main de maître.
M. Beauchemin : Donc, juste
pour qu'on soit clairs, donc, l'industrie agricole, au Québec, ça représente
combien, approximativement, du produit intérieur brut en pourcentage?
M. Girard (Groulx) : C'est
petit. Je pense que c'est de l'ordre de 4 %. On va vous le trouver, vous
pouvez continuer avec vos questions.
M. Beauchemin : Donc, juste...
M. Girard (Groulx) : Je dirais
4 % du PIB.
M. Beauchemin : On reviendra
là-dessus.
Hier, vous avez dit que, bon, vous aviez mis en
place, là, des mesures spécifiques pour répondre aux menaces tarifaires pour
nos entreprises québécoises. J'ai, évidemment, vu la liste dans le livre du
budget, exactement, la page... je pense qu'on commence à la B.59, pour être
plus précis. J'aimerais ça, si c'était possible, que vous m'expliquiez...
Premièrement, bon, vous, vous dites que c'est 1 million... 1 milliard,
quasiment 1,1 milliard de dollars. On parlait aussi, là, de prévisions,
là, pour incertitudes, mauvaises éventualités, vous avez additionné, là, un
500 millions par rapport à ça. Donc, quand vous parlez, là,
spécifiquement, des mesures, à la page B.59, est-ce que ce serait possible
de nous expliquer, là, exactement, premièrement, la première, là, «aide
transitoire aux entreprises», 200 millions?
• (16 h 10) •
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, ça, c'est ce qu'on appelle le programme FRONTIERE, O.K.? Le programme
FRONTIERE, c'est 1,6 milliard de liquidités pour les entreprises. Alors,
ça, c'est le montant notionnel de prêts disponibles, par exemple, au coût des
fonds du gouvernement, 3,50 %, qui est rendu disponible pour les
entreprises exportatrices qui auraient des difficultés, qui étaient profitables
avant l'imposition de tarifs et qui étaient en difficulté, un peu comme on a
fait durant la pandémie, adapté aux tarifs. Alors, lorsqu'on a
1,6 milliard de notionnel, on a un impact financier de 400 millions
en provisions de crédit de 25 %.
M. Beauchemin : Oui, ça, je
comprends. Donc, ça, c'est relativement clair, là, que ça, c'est effectivement
une mesure spécifique pour aider, là, à la transition. Là, prolonger
l'amortissement accéléré, je veux dire, si Donald Trump n'avait pas été là, ça,
ça n'aurait jamais eu lieu.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, pour vous ramener en 2018, l'administration Trump a baissé
l'impôt des corporations, là, le TCGA, là, le Tax... en tout cas, peu
importe...
M. Beauchemin : Oui,
l'amortissement accéléré.
M. Girard (Groulx) : ...et il a
baissé l'impôt des corporations aux États-Unis. Et là a commencé... On s'est
demandé, au Canada : On fait quoi? Est-ce qu'on baisse l'impôt des
corporations? Et on a décidé... puis j'ai eu plusieurs discussions
avec le ministre Morneau, à cette époque-là, on a mis beaucoup de pression, le
Québec, pour mettre l'amortissement accéléré. L'amortissement accéléré, c'est
lorsque vous faites des dépenses en capital, vous passez 100 % de la
dépense la première année, ça diminue votre coût après impôt de vos
investissements et donc ça multiplie le rendement net, O.K.? Et en 2018, avec
M. Morneau, on s'est entendu que, plutôt que baisser l'impôt des
corporations, on allait baisser le taux effectif uniquement sur les nouveaux
investissements, parce que l'amortissement accéléré, ça s'applique sur les
dépenses en capital. Donc, ça a été mis en 2018, ça expire en décembre 2024.
Le fédéral, à la mise à jour, après nous avoir
dit qu'il n'allait pas le renouveler... alors, nous, on était harmonisé, ils
disent qu'ils ne le renouvellent pas, donc nous, on ne le renouvelle pas. Et
là, surprise, à la mise à jour, le gouvernement fédéral renouvelle
l'amortissement accéléré. Alors, on était vraiment surpris de ça. C'est
parfait. Il y a juste un problème, ils n'ont pas déposé la législation
cohérente avec leur volonté politique ou leur affirmation. Ils ont ajourné la
Chambre des communes, ils n'ont pas déposé de projet de loi, alors ils créent
de l'incertitude fiscale. Mais, nous, ce qu'on dit, c'est que c'est une
excellente mesure, et on a provisionné les sommes pour harmoniser
l'amortissement accéléré avec le gouvernement fédéral lorsqu'il déposera sa
législation.
M. Beauchemin : D'accord. Donc,
si ça n'avait pas eu lieu, on aurait été, donc, moins compétitifs pour nos
entreprises. Est-ce que l'administration Trump, le deuxième mandat Trump,
est... A-t-il une raison d'être par rapport à ça? Je veux dire, ça, c'est
quelque chose qu'on aurait fait peu importe.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, dans le TCJA, là, le... j'aimerais bien avoir l'expression du
TCJA, là, mais c'est Job Act, là, Tax... Tax Cut Job Act, quelque chose comme
ça, tiens, je vais me risquer, c'est... les... la diminution de l'impôt
corporatif est permanente. Et ce qu'on parle présentement, lorsqu'on dit :
Monsieur... la nouvelle administration veut financer ses baisses d'impôt, c'est
les baisses d'impôt pour les particuliers qu'ils veulent renouveler,
extensionner et peut-être même en faire d'autres, mais les baisses d'impôt
corporatives sont permanentes.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps qu'il nous restait pour ce premier bloc.
Nous allons maintenant passer au deuxième bloc,
qui revient au deuxième groupe d'opposition. Donc, avant de céder la parole à
Mme la députée de Verdun, je vous rappelle que vous disposez de
17 min 45 s pour ce bloc.
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le
Président. À mon tour de saluer M. le ministre. Très contente d'être avec vous
pour échanger sur le budget pour... et la présentation qu'il a faite tout à
l'heure.
J'aimerais ça reprendre là où est-ce qu'on s'est
laissés à la période des questions. Je pense que vous avez bien entendu ma
question ce matin. Ce qui m'inquiète énormément dans ce budget-là, c'est
lorsqu'on regarde les dépenses des... dans nos services publics, quand on
regarde l'évolution des augmentations prévues dans... en santé, en éducation et
qu'on le compare avec qu'est-ce qu'on appelle les augmentations requises qui
couvrent les coûts de système qui sont capables de maintenir nos services
publics. M. le ministre, tout à l'heure, le disait, là, puis il a été très,
très, très franc, là, si on annonce, dans une semaine, des tarifs comme tels
qu'ils sont... tels qu'on entend dans les menaces de M. Trump, là, on s'en
va en récession partout, et je suis d'accord avec lui, je pense que tout le
monde a fait le même constat.
Mais, pour faire face à cette récession-là, nos
services publics et notre filet social doit être plus fort que jamais. Et là je
vais citer un chiffre, puis je pense que M. le ministre va être capable de nous
expliquer le pourquoi. Dans le budget du Québec 2025‑2026, on prévoit une
très maigre augmentation de 2,2 % des dépenses pour le milieu scolaire, ce
qui ne serait même pas suffisant pour couvrir la hausse des salaires des
enseignants, là où ce qu'on a besoin plutôt d'une hausse de 4,7 %. Je vous
parle de cette année, l'année 2025‑2026. Pourquoi avoir seulement mis
2,2 % de hausse en éducation plutôt que le montant nécessaire pour offrir
des bons services à nos élèves?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors... Puis je vais utiliser cinq secondes pour clarifier que l'agriculture,
c'est 3 % de l'économie du Québec, là, le secteur bioalimentaire. Je
m'excuse, mais c'est une question, je pense, qui est pertinente pour tout le
monde.
Alors, si vous prenez la page F.41,
dépenses de portefeuilles, Éducation, 2025‑2026, 2,2 %, bien, ça frappe,
mais regardez le chiffre à côté, là, lui, ça frappe aussi : 14,7 % de
croissance en 2025, 2024‑2025. Alors, il y a eu des éléments non récurrents en 2024‑2025,
le plan de rattrapage suite aux grèves, l'offensive construction. Alors, ça,
ces éléments non récurrents là augmentent le dénominateur, et, lorsque vous
comparez le chiffre 2025‑2026 au chiffre 2024‑2025 et que le
dénominateur augmente, bien, le taux de croissance baisse, mais ce n'est pas
vraiment une baisse de taux de croissance, c'est qu'il y a des éléments non
récurrents. Alors, vous devez aller à la note 3 de la... 3, devrais-je
dire, pas 3, note 3 de la page F.42, et là on explique que le
14,7 %, qui... en passant, là, c'est fantasmagorique, là, 14,7 % de
croissance en éducation en 2024‑2025, mais que, si on l'avait ajusté, bien, ce
serait 11,1 % pour enlever les éléments non récurrents. Et donc,
lorsqu'on... on peut rétablir les dépenses, et, dans les faits, le 2,2 %
serait, sans effet exceptionnel, 5 %.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci pour la
réponse, M. le ministre. Je vais le ramener dans d'autres mots. Est-ce que...
L'augmentation de 2,2 % est-elle suffisante ou pas pour couvrir la hausse
de salaire des enseignants?
M. Girard
(Groulx) : Oui, suffisante pour couvrir les coûts de système.
Mme Zaga Mendez : Donc, pour
vous... Puis là je vais prendre votre parole, aujourd'hui. Donc, avec le
2,2 %...
M. Girard (Groulx) : Vous
pouvez prendre ma parole.
Mme Zaga Mendez : ...je ne vais
pas voir des chaînes autour des écoles dans les prochains jours.
M. Girard (Groulx) : Non.
Mme Zaga Mendez : On n'aura pas
des coupures dans les aides alimentaires, les activités parascolaires.
M. Girard (Groulx) : Non, on
vient de bonifier l'aide alimentaire dans le budget, là. Les banques
alimentaires, je les ai vues hier, là, ils m'ont félicité pour le budget
Mme Zaga Mendez : Je parle du
secteur scolaire, M. le ministre. Dans le dernier...
M. Girard (Groulx) : Bien, on
vient de signer une entente avec le fédéral pour bonifier l'aide alimentaire
dans les écoles.
Mme Zaga Mendez : Je veux juste
prendre... Je pose les questions, parce que, déjà, les acteurs en éducation
nous le disent, ils sont sortis dans les médias pour nous dire que le
2,2 % d'augmentation n'est pas suffisant, parce que...
M. Girard (Groulx) : Oui, mais
ils ne sont pas sortis dans les médias pour vous dire que 14,7 % c'était
exceptionnel puis nous remercier, là.
Mme Zaga Mendez : Non, parce
qu'on regarde le budget...
M. Girard (Groulx) : ...
Le Président (M. Benjamin) : On
va laisser à la députée de Verdun l'opportunité de poser sa question.
M. Girard (Groulx) : Vous avez
raison, M. le Président. Je m'excuse.
Le Président (M. Benjamin) : Merci.
Mme Zaga Mendez : Merci. On
regarde le budget, en ce moment, puis, nous, ce qu'on voit, c'est plutôt que
les augmentations en santé, c'est la même chose, en éducation, c'est celle qui
est plus préoccupante, parce que les acteurs s'entendent pour nous dire que le
besoin en éducation, c'est plutôt une hausse de 4,7 %, on est 2 % en
bas de ce qui est nécessaire, encore une fois, par les acteurs de l'éducation
pour être capable de couvrir les coûts de système. Mais, le ministre, je vais
juste prendre votre parole aujourd'hui, vous nous assurez, là, que les coûts de
système, pour l'année 2025‑2026, vont être couverts avec ce 2 %.
M. Girard (Groulx) : Oui, bien,
je vous suggérerais de ne pas prendre ma parole juste aujourd'hui, là, en
général j'essaie toujours de répondre au meilleur de mes connaissances. Alors,
ce que je vous dis, c'est que, sans effet exceptionnel de base, en 2024‑2025,
la croissance en éducation rétablie ou ajustée est de 4,8 %, et ça couvre
les coûts de système, incluant les hausses de salaire.
Mme Zaga Mendez : On va parler
un peu de transport en commun, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mme Zaga Mendez : Là,
j'entendais, ce matin, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, nous dire qu'on
voit un recul en termes de financement dans le transport collectif. «Dans le
budget 2025‑2026, le ministre des Finances — je la cite, ici — accorde
plus de 550 millions de dollars sur 10 ans, mais ça, c'est une somme
qui n'est pas seulement insuffisante, mais c'est une réduction de
258 millions de dollars.» Est-ce vrai?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Je pense
que c'est une question pour mon collègue des Infrastructures, parce qu'elle
parle de maintenance du métro de Montréal, on est vraiment dans le domaine des
infrastructures. Je ne sais pas si le ministre responsable des Infrastuctures a
été convoqué à ces crédits provisoires. Je n'ai pas de raison de ne pas prendre
la parole de la mairesse de Montréal, qui dit qu'elle
n'est pas satisfaite des sommes en maintenance d'actifs du transport en commun
dans le cadre du PQI, mais je n'ai pas les chiffres avec précision, en toute
honnêteté.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Verdun.
• (16 h 20) •
Mme Zaga Mendez : Je vais aller
de façon plus globale, là. On va reposer cette question-là au PQI, on va poser
aussi au ministre... pardon, à la ministre des Transports. C'est que j'ai
montré ce tableau-là, tout à l'heure, ce matin, pour montrer... en fait,
comment on va aller vers des compressions et des coupures, étant donné que les
budgets qui sont alloués dans nos services de santé et sociaux, en éducation
puis dans d'autres dépenses ne suivent pas les augmentations nécessaires.
Moi, ce que je veux comprendre dans ce
budget-là, c'est qu'on a essayé d'appliquer la même recette, tout en étant
devant une crise qui nous pend au-dessus de la tête. Est-ce que le ministre est
capable de nous promettre, aujourd'hui, qu'il n'y aura pas des coupures puis
d'austérité?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Mais
pouvez-vous préciser votre question?
Mme Zaga Mendez : Bon, je vais
la poser autrement. Est-ce que... Les coupures de la CAQ qui vont s'en venir,
parce que c'est ça qu'on voit avec les chiffres, vont-elles être plus ou moins
élevées que les coupures en 2015 par les libéraux?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, je vais vous amener à la page F.43. F.43 explique que le taux de
prévision des dépenses de portefeuille en 2025‑2026, qui est identifié à
1,8 %, est influencé à la baisse par le dénominateur, c'est-à-dire les
éléments extraordinaires de dépenses en 2024‑2025. Une fois ajusté pour ces
éléments extraordinaires, c'est expliqué à la page F.43, le taux de
croissance des dépenses est de 3 %. Lorsqu'il y a eu de l'austérité au
Québec au début des années 2015‑2016, en moyenne, il y a eu 1 % de
croissance de dépenses. Là, je vous dis qu'en 2025‑2026 il y aura 3 % de
croissance des dépenses. Il y a donc un ralentissement dans la croissance des
dépenses, mais il n'y a pas d'austérité au sens où vous l'entendez.
Le Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Je vais
avancer parce que je pense qu'il me reste de moins en moins de temps.
Une autre colonne qui nous intéresse, bien sûr,
c'est la colonne des revenus. Et j'aimerais ça vous entendre sur la réforme qui
entoure le gain en capital, et je vais être très précise, parce que, on est au
courant, il y a eu beaucoup de changements entourant le rehaussement des taux
d'inclusion du gain en capital. Cependant, il y a un élément dans cette réforme
qui prévoyait également l'augmentation de ce qu'on appelle le plafond
d'exonération, c'est-à-dire est cumulatif, donc des gains en capital et SGCC.
Donc, on parlait d'un plafond de 1,25 million à compter du 25 juin
2024. Ainsi, il avait aussi l'introduction d'un nouvel incitatif aux
entrepreneurs canadiens. Autrement dit, c'est qu'on n'a pas appliqué
l'exception du gain en capital, les changements, mais ils semblent avoir... on
semble avoir gardé les exclusions concernant certains types de gains en capital
pour permettre de ne pas payer aucun impôt sur ces gains qui ont continué
d'être rehaussés. Est-ce que c'est exact? Est-ce qu'on a gardé des exceptions
tout en ne pas appliquant la mesure du... par le fédéral?
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, vous savez, en matière de fiscalité, c'est important d'être très précis,
là, c'est pour ça qu'il y a des bulletins fiscaux, il y a les lois, il a la loi
de l'impôt. Alors, si vous allez à la page D.38 du budget, vous voyez que
la hausse du taux d'inclusion de gains de capital... Et par ailleurs je n'ai
aucune félicitation à faire au gouvernement fédéral, qui a encouragé les gens à
transiger avant juin 2025 pour ne pas subir la hausse de taux d'inclusion. Il y
a eu des vraies transactions, là, des ventes de compagnie, etc., et
soudainement on change d'avis, puis, bon, voilà. Alors, si vous regardez la
ligne «hausse du taux d'inclusion», bien, ça vaut 2,2 milliards, mais,
vous avez raison, il y avait aussi des assouplissements qui, eux, valent
350 millions. Et vous avez raison de poser la question : Est-ce que
vous renversez seulement la hausse du taux d'inclusion ou si vous renversez
aussi les assouplissements? Mais la réponse, c'est qu'on ne le sait pas, parce
que c'est une promesse électorale floue qui dit : On va renverser le gain
de capital. Mais ça prend une législation, ça prend des faits, ça prend le
dépôt d'un bulletin fiscal à une loi qui est adoptée, et on saura qu'est-ce qui
se passe. Pour l'instant, on a des promesses électorales. Les deux partis en
tête dans les sondages ont dit qu'ils avaient l'intention de renverser la
hausse du taux d'inclusion de capital, mais on ne sait pas si ça inclut de
renverser les mesures d'atténuation. En fait, on ne sait rien.
Mme Zaga Mendez : Alors, de ce
que je comprends, on va suivre le fédéral, peu importe ce que le fédéral fait.
M. Girard (Groulx) : On va être
harmonisé, comme on l'a toujours été, au niveau du gain de capital au Québec.
Comme toutes les provinces, on s'harmonise avec le gain de capital du fédéral.
Le traitement... il y a eu cinq à six changements depuis la création du taux de
gain de capital. Ça remonte à Robert Bourassa, Brian Mulroney, le Québec a toujours été harmonisé.
Mme Zaga Mendez : Merci. Donc,
pour juste finir cet aspect-là, ce que me dit le ministre, c'est qu'il serait
peut-être à l'aise qu'une mesure qui visait, à l'origine, de demander une
contribution supplémentaire à certains contribuables qui sont plus nantis puis
aisés dans la société, va aussi... pourrait se transformer, en même temps, en
une forme de cadeau à ce dernier si on laisse de côté l'état d'inclusion, mais
on continue avec les allègements? Est-ce qu'il est à l'aise avec ça?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, puis
pour ajouter à votre description de la scène, vous pourriez même avoir les
mêmes ministres qui défendaient la hausse d'inclusion qui hochent de la tête
lorsqu'on propose de la renverser, là, ça fait que ce n'est pas
particulièrement élégant. Alors, ce que je vous dis, c'est qu'en matière de
fiscalité ça prend de la clarté, des lois, de la législation, puis que le
gouvernement fédéral, dans ce dossier-là, ne nous l'a pas fournie, mais
j'imagine qu'après l'élection il y aura un budget puis il y aura de la clarté.
Mme Zaga Mendez : Combien de
temps qu'il me reste?
Le Président (M. Benjamin) : Il
vous reste moins de cinq minutes, Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Moins de cinq
minutes, O.K. J'allais... J'ai trois questions. En moins de cinq minutes, je
pense qu'on est capables.
La première, c'est l'abolition du bouclier
fiscal. Ça touche des personnes à revenus modestes. On parle d'environ
140 000 personnes qui... en moyenne, bon, ils vont perdre 244 $
par contribuable. Est-ce que vous avez fait une autre mesure semblable, de la
même ampleur ou similaire, qui vient toucher ou qui est équivalente pour les
personnes à revenus, là, plus élevés? Parce que, nous, ce qu'on voit avec
l'abolition du bouclier fiscal, c'est que ça vient de toucher vraiment les
personnes à revenus modestes.
M. Girard (Groulx) : En fait,
pour le bouclier fiscal, ça a été créé à la suggestion de la commission sur la
fiscalité de M. Godbout, en 2015, du gouvernement précédent. Et cette
année, dans le cadre des consultations pour l'examen des dépenses fiscales, la
chaire en fiscalité a admis que c'était une mesure complexe que personne ne
comprenait, et elle-même a suggéré que, plus qu'une mesure fiscale n'est pas
comprise, on devait l'abolir.
Mme Zaga Mendez : Je vais poser
une autre question, je n'ai pas beaucoup de temps. Le ministre m'explique c'est
quoi, la mesure, mais il ne me répond pas à la question de base, je... avec le
temps qu'il nous reste, là... On parlait, tout à l'heure, des tarifs. Il va y
avoir, peut-être des, contre-tarifs de la part du gouvernement canadien,
j'aimerais ça entendre le ministre, parce que, là, il faut aller chercher de
nouveaux revenus, on n'a pas le choix. Bien sûr, moi, j'ai plusieurs
propositions comment... Puis il aurait pu, le ministre, aller chercher, dans
des impôts de la fortune en touchant des personnes qui sont beaucoup plus
riches. Il ne va pas là, la CAQ ne souhaite pas aller là parce que ça va contre
leur vision économique, là. Nous, on pense qu'on est dans le moment d'aller
chercher des nouveaux revenus, plus que jamais, chez les personnes les plus
fortunées.
Mais je vais finir avec la question des tarifs.
Est-ce que le Québec a officiellement formulé une demande au gouvernement du
Canada d'obtenir une part des recettes des douanes qui vont découler des
contre-tarifs canadiens? Est-ce que cette discussion-là a eu lieu?
M. Girard (Groulx) : Oui,
l'ensemble des provinces canadiennes ont demandé au gouvernement canadien,
lorsqu'il aura des revenus associés à des contre-tarifs, de redonner l'argent
collecté aux industries qui sont affectées par les tarifs à l'exportation des
États-Unis. Alors, l'argent n'irait pas au gouvernement du Québec comme aux
industries qui sont affectées par des tarifs du gouvernement américain.
Mme Zaga Mendez : Et comment
vous allez le redistribuer, directement dans l'industrie?
M. Girard (Groulx) : Bien, par
exemple, là, supposons qu'il y a des tarifs qui impactent grandement
l'industrie forestière, alors il y aura de l'argent pour les entreprises de
l'industrie forestière.
Mme Zaga Mendez : Pardon?
M. Girard (Groulx) : Les
revenus des contre-tarifs canadiens seront distribués aux compagnies qui sont
affectées par les tarifs dans l'industrie du secteur forestier.
Le Président (M. Benjamin) : Il
vous reste 1 min 30 s, à peu près.
Mme Zaga Mendez : En
30 secondes, je peux poser une dernière question.
Le Président
(M. Benjamin) : 1 min 30 s.
Mme Zaga Mendez : Oui. Il y a
une mesure concernant les biens possédés à l'étranger. Le projet... le budget
prévoit l'introduction d'une nouvelle obligation de déclaration des biens
étrangers. Quel est, actuellement, le traitement fiscal de ces biens à
l'étranger qui sont détenus à l'extérieur du Canada? Donc, comment on va
traiter fiscalement suite à la déclaration? Est-ce qu'on envisage également des
pénalités dans le cas de non-respect, parce que... on va se le dire, pour être
assez dissuasif envers les contribuables qui possèdent des biens à la hauteur
de millions de dollars, je ne sais pas, une villa aux Bahamas... Comment est-ce
que le ministre compte traiter, fiscalement, ces biens-là?
• (16 h 30) •
M. Girard (Groulx) : O.K. Alors
là, il faut consulter les renseignements supplémentaires, section B,
page B.4, 1.1, «assurer la déclaration des biens détenus à l'étranger».
Alors, il y a déjà cette obligation au gouvernement fédéral, et on vient
l'imposer au niveau du gouvernement du Québec, alors ça permet à Revenu Québec
d'avoir une meilleure transparence sur les biens à l'étranger qui, évidemment,
doivent être déclarés par les contribuables canadiens.
Mme Zaga Mendez : Et, une fois
qu'on le sait, qu'est-ce qui arrive?
M. Girard (Groulx) : Bien, il y a...
ça dépend de c'est quoi, la nature des biens, puis etc., mais en général vous
payez d'abord un impôt à l'étranger et puis il peut y avoir un impôt
additionnel au Canada. Chaque bien est différent, puis ça dépend où il est
détenu, quel est le taux de taxation.
Mme Zaga Mendez : Et qu'est-ce que
c'est, la part qui reviendrait au Québec?
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps qui était imparti pour ce bloc. Merci, Mme la députée de
Verdun.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que
je peux apporter une clarification?
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
pas dans ce bloc, malheureusement, non.
Alors, nous allons passer au prochain bloc, qui
revient au troisième groupe d'opposition, et je vais céder la parole au chef du
troisième groupe de position, en vous indiquant que vous avez
7 min 24 s.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
7 min 24 s. Merci, M. le Président. Vous comprendrez que, dans
les circonstances, je vais me limiter à deux questions et demie. Je demande une
collaboration, là, pour qu'on aille à l'essentiel de ces questions-là.
Je commence d'abord par dire que j'ai beaucoup
de respect pour le ministre des Finances. Je pense que, globalement, c'est un
bon ministre et qu'il doit, par contre, composer avec des mauvais choix de son
premier ministre ou de certains ministres qui ne sont plus là, comme Pierre
Fitzgibbon, ce qui n'est pas toujours une tâche facile et une tâche que je dois
lui demander de faire aujourd'hui, à commencer par l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
On sait que c'est un hôpital qui tient avec de la broche, mais pas
l'expression, littéralement, avec de la broche. L'est de Montréal a toujours
été laissé pour compte en termes de proportion de soins, d'ambulances, les
locaux, je les ai visités, ça n'a aucun sens. Et là on apprend, aujourd'hui,
hier, en fait, que le projet demeure au stade de planification. Et on regarde
le PQI, et il y a plein d'autres projets à travers le Québec qui, eux, avancent
en phase de réalisation.
Ça ressemble drôlement à une décision politique.
Ça ressemble à un abandon, un nouvel abandon des gens de l'est de Montréal, et
ça se fait dans un contexte où le gouvernement de la CAQ a dit très clairement,
en septembre 2023, qu'on procédait, qu'on allait faire cette rénovation-là. En
juin 2024, je rappelle également que le CIUSSS de l'Est-de-l'île-de-Montréal a
confirmé que les plans, les devis, tout est terminé, tout est prêt.
Donc ma question, là, ma première, elle est
simple : Parce que les citoyens de l'est ne sont pas des citoyens de
seconde zone, parce que les citoyens ne peuvent pas attendre davantage, c'est
évident pour quiconque visite cet hôpital-là, est-ce que le ministre peut
s'engager à démarrer le chantier à l'été 2025, tel que promis à l'origine
par son gouvernement?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, je prends une seconde pour la précision. C'est évidemment les revenus
qui sont taxés, et non les biens. Je reviens à votre question. Le fait que le
projet est en planification, ça ne veut pas dire qu'il ne sera pas en
réalisation. Ça veut simplement dire qu'il n'est pas prêt à passer en
réalisation. C'est un projet qui est extrêmement important, je suis d'accord
avec vous. Le ministre dirait la même chose, et c'est notre intention de
s'occuper de cet hôpital, c'est indéniable.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
il est prêt, donc c'est quand? Parce que tout est prêt, là. En juin 2024, le
CIUSSS a confirmé que tout était fini, tout est prêt, on est prêt à aller en
réalisation, mais le PQI ne dit pas ça. Vous allez en réalisation à quel
moment, donc?
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
une question, définitivement, pour le ministre de la Santé ou le ministre des Infrastructures. Je n'ai pas la capacité de vous donner la
date précise, mais les travaux sont en cours de planification.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
dernière question là-dessus : Vous, vous me dites que vous ne le savez
pas.
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas la date. Vous, vous cherchez une date précise, à quel moment il va passer
de planification à réalisation. Je n'ai pas cette réponse.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le chef du troisième groupe d'opposition.
M. St-Pierre Plamondon : Sur le
déficit de 13,6 milliards, je me suis... j'ai consacré du temps, je suis
retourné à votre lancement en politique, en 2018, et j'ai trouvé la citation
suivante, qui vous ressemble, et c'est à votre honneur : «Je fais partie
des économistes qui croient que l'équilibre des finances publiques est
essentiel pour faire face au vieillissement de la population et investir
davantage en éducation et en innovation, qui sont les facteurs clés de création
de richesse.» Donc, ma question au ministre, M. le Président, elle est
simple : Est-ce qu'il trouve que son gouvernement est en phase avec sa
propre philosophie qui l'a incité à aller en politique, c'est-à-dire la saine
gestion des finances publiques?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui, M. le
Président. Puis c'est certain qu'il y a une différence entre théoriser sur la
politique et être dans l'action, je pense qu'on le sait tous. Il y a eu une
pandémie qui a amené des dépenses qu'on avait crues temporaires. On a vraiment
relevé le niveau de dépenses en santé. Et ce qu'on a appelé des... Il n'y a
rien de plus permanent que des dépenses temporaires. Ça, c'est une des choses
que j'ai apprises en politique.
Ensuite, il y a eu une période d'inflation de 7 %
à 8 %. Ce n'était pas prévu. Ensuite, je savais, mais je n'en connaissais
pas l'implication... Je savais que le gouvernement du Québec payait moins ses
employés que le gouvernement fédéral puis les municipalités. Ce que je ne
savais pas, c'est que ça allait nous rattraper au plein emploi. C'est que,
lorsque le taux de chômage était à 9 %, c'était possible, pour le
gouvernement, de moins payer, mais là, en plein emploi, le... Il a dû y avoir
un rattrapage dans le niveau des salaires des employés des services publics.
Puis, après ça, il y a eu la forte croissance de
population, en 2023-2024, mais c'est certain que, quand vous avez 3 % de
croissance de population, bien, ça a un effet sur la demande dans les secteurs
de la santé puis de l'éducation.
Bref, de mon bureau de trésorier d'une grande
banque, j'avais des opinions qui manquaient d'expérience sur le terrain. Et là,
bien, il y a eu une pandémie, puis il y a eu une période d'inflation, puis là
il y a une menace existentielle. Mais ce n'est pas particulièrement... ce n'est
pas facile, le service public.
Le Président (M. Benjamin) : Deux
minutes, M. le chef du troisième groupe d'opposition.
M. St-Pierre Plamondon : Sur la
pandémie, je ferai simplement la remarque, M. le Président, qu'en 2022 on est
retourné en situation budgétaire très confortable, un surplus. Donc, tu sais,
le lien de causalité... Il y a des facteurs sur lesquels je suis entièrement
d'accord, par exemple, l'accroissement de la population, qui est, d'ailleurs,
une politique largement attribuable au fédéral. C'est un sujet sur lequel on ne
s'accorde pas, moi, je pense qu'on devrait être indépendant. Mais je reviens
sur la philosophie politique. Vous avez également dit la chose suivante à
l'époque : «Mes rencontres avec François Legault et son équipe m'ont
convaincu qu'à la CAQ il y a une réelle volonté de changement, notamment dans
la gestion de nos finances publiques. L'équilibre des finances publiques est
essentiel pour faire face au vieillissement de la population, etc.»
Donc, c'est le premier ministre, j'imagine, qui
vous a convaincu de cette réelle volonté de bien gérer les finances publiques.
Est-ce qu'un déficit historique, avec les aléas et les risques devant nous, là,
un déficit historique à 13,6 milliards, est-ce que vous trouvez que c'est
cohérent avec une volonté de... à l'origine de faire le ménage et d'avoir une
gestion prudente?
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, d'abord,
le déficit historique, là, que vous dites historique, là, O.K., en proportion
du PIB, ce n'est pas un déficit historique. Mais allons à l'essence des choses.
Il y a une menace existentielle présentement. Alors, on rehausse les
provisions, on a 2 milliards de provisions. Je n'ai jamais eu autant de
provisions dans un budget, même durant la pandémie. Ensuite, on est obligé de
faire l'amortissement accéléré, l'innovation, de mettre le Programme FRONTIERE,
de donner de l'argent à Investissement Québec. Ça, c'est un autre milliard.
Alors...
Et tantôt vous avez dit : 2022, on est
revenu au bon endroit. Vous avez raison, mais c'est à partir de 2000. Les
négociations avec le secteur public ont eu un impact important sur le niveau de
dépenses, là, il ne faut pas s'en cacher. Il y a eu un rehaussement
permanent...
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
malheureusement...
M. Girard (Groulx) : ...de la
dépense en ressources humaines au gouvernement du Québec.
Le Président (M. Benjamin) : Malheureusement,
c'est tout le temps imparti pour ce bloc. Merci au chef du troisième groupe
d'opposition. Le prochain bloc revient au député de Saint-Jérôme, à qui je cède
la parole, et lui rappelle qu'il dispose de 45 secondes.
M. Chassin : Secondes.Et j'ai vu qu'il y avait, et dans le
budget et dans le discours, une section sur le bilan de l'examen pour améliorer
la fiscalité, l'examen des dépenses fiscales. Où est l'examen des dépenses
budgétaires? Est-ce que je l'ai manqué?
M. Girard (Groulx) : Il est
dans la stratégie de gestion de dépenses, livre 1.
M. Chassin : Volume 1. Puis est-ce que, quand vous avez cité, à la
Chaire de fiscalité et finances publiques... en disant : Peut-être deux
tiers, un tiers, est-ce que le ratio est respecté entre les réductions de
dépenses?
M. Girard (Groulx) : On est
plus... bien, présentement, ce qu'on a montré, puis je ne vous donnerai pas la
page, là, parce que vous n'avez pas beaucoup de temps...
Le Président (M. Benjamin) :
Malheureusement...
M. Girard (Groulx) : Non, mais
je dois finir ma réponse.
Le Président (M. Benjamin) : Non,
malheureusement, M. le ministre, c'est le temps imparti au bloc. Malheureusement,
je dois me cantonner au temps qui nous est imparti. Donc, je vais... le
prochain bloc revient à l'opposition officielle, et je vais céder la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys, en lui rappelant qu'il dispose de
8 min 6 s pour ce bloc.
• (16 h 40) •
M. Beauchemin : Je donne
25 secondes au ministre pour répondre.
Le Président (M. Benjamin) : Allez-y.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Page F... Moi, je voulais lui en donner sept, ça fait que vous êtes
généreux. Page F.65. Alors, il y a 2,6 milliards dans les dépenses
fiscales, mais, là-dessus, je pense qu'il faut dire qu'il y a 600 millions
de gain de capital, donc ex-gain de capital, 2 milliards... ça, c'est en
dollars 2029‑2030, 400 millions aux sociétés d'État, 3 milliards
aux dépenses. Donc, on serait à deux cinquièmes, 40-60.
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : F.62 à
F.65. Merci beaucoup, M. le député, c'est très fair-play.
M. Beauchemin : Donc, je
retourne à ce qu'on... Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Benjamin) :
Allez-y, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Je retourne à l'exercice que je voulais faire, donc, de passer à
travers la page, là, B.59, et je ne suis pas certain qu'on va être capable de
passer à travers les six pages de votre 1,1 milliard, mais allons-y avec
quelques exemples. En quoi est-ce que poursuivre la transformation numérique,
6 millions de dollars, aide, là, à faire face, là, aux menaces tarifaires?
M. Girard (Groulx) : Bien, on
va aller lire... B.11, alors, B.11, Poursuivre la transformation numérique. «Le
gouvernement du Québec a démarré l'offensive de transformation numérique en
2020 afin d'encourager les entreprises à hausser leur productivité grâce à des
investissements visant l'automatisation, l'intégration de l'intelligence
artificielle dans leurs activités et le passage au numérique. Dans le cadre du
budget 2025‑2026, le gouvernement annonce 14 millions de dollars sur
trois ans afin de poursuivre l'offensive de transformation numérique et
soutenir les entreprises dans leurs efforts visant à accroître leur
productivité.»
M. Beauchemin : D'accord. Donc,
on n'aurait pas fait ça, poursuivre ce programme-là, si Donald Trump n'avait
pas fait ses menaces tarifaires?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, si on avait été obsédé, par exemple, si la priorité, ça avait
été le déficit, là, si on avait dit qu'est-ce qu'on peut couper, peut-être
qu'on aurait mis moins que 14 millions, peut-être qu'on aurait...
peut-être qu'on ne l'aurait pas fait, tout simplement.
M. Beauchemin : Faciliter le
repérage des produits québécois, ça ne fait pas partie du rôle permanent du
gouvernement, de faire la promotion du terroir québécois?
M. Girard (Groulx) : Non, non,
non. Ce n'est pas le terroir, là, c'est, par exemple, l'aluminium, là, de dire
sa provenance, ou etc.
M. Beauchemin : O.K. Donc, ça,
ici, c'est quelque chose que...
M. Girard (Groulx) : Vous
savez, aux États-Unis, de ces temps-ci, il y a des choses... il y a une
certaine animosité envers le Canada dans l'administration américaine, mais
encore plus envers la Chine. Alors, dans certains produits, c'est important de
démarquer que le produit est de... qu'il n'y a pas de composante chinoise, etc.
M. Beauchemin : Renouveler la
stratégie québécoise des sciences de la vie, 15 millions de dollars. En
quoi est-ce que ça, ça aide face aux tarifs de Donald Trump?
M. Girard (Groulx) : Bien, les
sciences de la vie, c'est un des cinq secteurs stratégiques du Québec. On a une
expertise là-dedans et on sait qu'un... C'est un des secteurs qui a été
identifié par l'administration américaine comme voulant rapatrier la production
pharmaceutique aux États-Unis. Donc, c'est une industrie stratégique québécoise
qui a besoin d'aide.
M. Beauchemin : Ça fait que,
sans Donald Trump, on n'aurait pas aidé notre fleuron?
M. Girard (Groulx) : Bien,
certainement, avec Donald Trump, on a jugé nécessaire de renouveler cette
stratégie.
M. Beauchemin : Renouveler le
soutien à Finance Montréal...
M. Girard (Groulx) : Ça, il n'y
a pas de lien.
M. Beauchemin : O.K. Mais c'est
quand même dans la liste de votre tableau de la page...
M. Girard (Groulx) : Oui, mais
c'est parce qu'à un moment donné il faut placer les choses dans le budget, là,
puis c'est 2 millions en tout par année.
M. Beauchemin : Automatiser les
processus de l'État, 10 millions.
M. Girard (Groulx) : Attendez,
là, vous êtes à... toujours à B.59?
M. Beauchemin : Bien là j'ai...
moi, j'ai une feuille indépendante, là, mais, effectivement, là, à partir de la
page B.59, et ça descend, là.
M. Girard (Groulx) : O.K., bon,
Finance Montréal, là, c'est 2,3 millions sur cinq ans, alors non, ça
n'a pas de lien, c'est dans la section Accroître notre capacité à innover, qui
totalise 600 millions, 604 millions.
M. Beauchemin : Automatiser les
processus de l'État...
M. Girard (Groulx) : Oui, bien
ça, il faut innover, pas seulement dans les entreprises, mais il faut innover
aussi au gouvernement.
M. Beauchemin : Encore la
question : Si Donald Trump n'avait pas été là, on n'aurait pas...
M. Girard (Groulx) : Non, bien,
la section... la section Accroître notre capacité à innover n'est pas
particulièrement reliée à Donald Trump, mais la réforme du crédit d'impôt à
l'innovation, oui, là, quand on va à la page 21 du fascicule, où on abolit
huit crédits d'impôt. Donc, ça, définitivement, là, le premier
272 millions du 600... 604 millions, lui, est directement relié à des
menaces de l'administration américaine.
M. Beauchemin : Mais — pardon — l'objectif,
ici, c'est de vraiment aider nos entreprises à faire face à la menace
tarifaire, n'est-ce pas?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
c'est vraiment processus de l'État.
M. Girard (Groulx) : Mais c'est
ça que je vous dis, ça ne fait pas partie de ça.
M. Beauchemin : O.K. Réformer
la gouvernance des infrastructures technologiques, 2 millions.
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
le MCN, même chose, pas particulièrement pertinent à la menace, mais
définitivement des choses qu'on doit faire, avoir un état plus productif.
M. Beauchemin : Là, je ne veux pas
que le chef du troisième groupe d'opposition... ah! il n'est plus là, je ne
veux pas que le troisième chef de... troisième groupe d'opposition réagisse
trop, là, mais favoriser la souveraineté numérique.
Le Président (M. Benjamin) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Ça fait
tout partie de moderniser l'État, d'améliorer la prestation de services, de
transformer l'État. Et, non, ce n'est pas directement relié à la menace
tarifaire, mais c'est définitivement des choses qu'on doit faire. Donc, ça
aurait été dans le budget de toute façon.
M. Beauchemin : Là-dessus, je
vous entends, c'est sûr qu'on a besoin de le faire, donc juste parce que je
veux clarifier, parce que ça fait partie du total, qui est...
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien... mais le total de 5,4 milliards n'est pas 100 % relié aux
menaces de tarifs. Je vous confirme que, pour Finance Montréal, ça n'a aucun
lien.
M. Beauchemin : Renouveler le
plan économique social...
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
quelque chose qu'il fallait faire aussi, de renouveler le plan d'économie
sociale...
M. Beauchemin : ...l'initiative
pour une meilleure connectivité.
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
le cellulaire sur le territoire québécois, c'est important, c'est quelque chose
qu'il faut faire aussi indépendamment des menaces américaines.
M. Beauchemin : Bien là, il me
reste une minute, M. le ministre. Donc, c'est un petit peu l'exercice que je
voulais faire pour que les gens puissent nous entendre, là, à la maison, de
passer à travers l'ensemble des items qui ont été décrits comme impacts
financiers, là, à la page B.59, 60, 61, 62, 63 et 64, pour la mesure
totale de 1,67 milliard, parce que moi, j'en arrivais à une conclusion...
Grosso modo, on parlait directement, là, pour aider, là, les entreprises
québécoises à faire face à la menace tarifaire... j'arrivais à un chiffre de
460 millions de dollars. Je n'incluais pas, moi, le prolongement des
mesures d'amortissement accélérées, et j'imagine que vous... tantôt, par votre
réponse, j'ai compris que vous les inclusiez.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Le Président (M. Benjamin) :
Merci. C'est tout le temps, malheureusement, imparti pour ce bloc d'échange, et
qui met fin, d'ailleurs, à ce bloc d'échange, crédits sur les finances.
La commission plénière ayant terminé cet
échange, je remercie les personnes qui y ont participé. fEt, pour permettre à
la commission de poursuivre sa séance, je prie toutes les personnes qui doivent
se retirer de le faire immédiatement.
Je suspends donc les travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise à 16 h 54)
La Présidente
(Mme Soucy) : Donc, la commission plénière poursuit ses
travaux sur l'étude des crédits provisoires pour l'année
financière 2025-2026.
Sécurité publique
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à des échanges entre M. le ministre de la Sécurité publique et les
députés de l'opposition.
Remarques préliminaires
Donc, nous allons débuter par les remarques
préliminaires. On m'a déjà avisée que les oppositions ne prendraient pas leur
temps pour les remarques préliminaires. Donc, M. le ministre, je vous cède la
parole pour un six minutes qui vous est alloué.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. Alors, salutations aux collègues ministériels qui
sont là aujourd'hui. Je suis accompagné de mon sous-ministre, que vous
connaissez, Mme la députée, ma cheffe de cabinet, Émilie Toussaint, qui est
avec moi aujourd'hui.
Je vais prendre le six minutes juste pour vous
énumérer... c'est rare qu'on a le temps d'énumérer les bons coûts de la
dernière année, les mesures budgétaires qui nous ont été octroyées hier par le
ministre des Finances. Puis je commence par le premier aspect, qui en est un
non négligeable, parce qu'on a fait une belle annonce, la semaine passée, sur
la sécurité civile, sécurité incendie. Mme la députée de Westmount était avec
moi, là, quand on a adopté, quand on a travaillé tout le projet de loi n° 50 sur la sécurité civile, dans la dernière année. Elle
le sait aussi, ça faisait partie du post-mortem qu'ont a fait suite à l'année
extrêmement difficile qu'on a eue en 2023, suite aux inondations, suite aux
feux de forêt, les inondations de 2017‑2019 aussi.
Puis on s'est mis au travail, puis ça a donné
une petite révolution, dans une certaine mesure, en termes de sécurité civile,
à savoir que, depuis le 1er janvier dernier, bien, la SOPFEU, la SOPFEU,
que tout le monde connaît maintenant, qui est un acteur non négligeable pour
combattre les feux de forêt au Québec, bien, est devenue sous l'égide de la
Sécurité publique depuis le début de l'année. Puis ça a amené quoi aussi? Quand
on a adopté le projet de loi n° 50, j'avais parlé
d'une petite révolution, à savoir qu'on allait mettre en place une réserve
d'intervention d'urgence pour la sécurité civile, le RIUS. Ça veut dire quoi
concrètement? Bien, vendredi dernier, on a fait une belle annonce, à savoir
qu'il y aura 200 membres, 200 membres de la réserve qui seront
disponibles, prêts à agir, prêts à être déployés sur le terrain pour supporter
les différentes municipalités du Québec qui vivront des catastrophes, on ne le
souhaite pas, mais qui pourraient vivre des catastrophes, exemple, verglas — c'est
un peu tard, mais on ne sait jamais — inondations, feux de forêt
futurs. Donc, en situation exceptionnelle, en situation de dernier recours,
bien, il y aura 200 membres, donc, de cette réserve qui pourraient être
déployés partout sur le territoire québécois dans un horizon de 24 à
48 heures.
Il faut comprendre, la dynamique, la
coordination, tout ça se fait, grosso modo, comme avant, du côté de la sécurité
civile, mais, par la suite, les opérations terrain seront dédiées sous le
chapeau, là, l'égide de la SOPFEU, avec, et je veux les saluer... avec
l'Association québécoise des bénévoles en recherche et sauvetage, l'AQBRS, qui
seront nos partenaires avec la SOPFEU, avec la Croix-Rouge, aussi, qui aura
tout l'aspect communautaire, nécessairement, tout l'aspect plus humain, si je
peux le dire ainsi, à savoir d'accompagner les sinistrés dans le cas de
sinistre. Puis tout cela a été mis de l'avant grâce au financement que le
ministre finance, que le premier ministre nous a donné aussi lors du dernier
budget, une somme de 30,5 millions de dollars sur cinq ans. Donc, je veux
remercier... un gros sincère merci à notre maître d'oeuvre, à celui qui a
travaillé énormément fort, notre sous-ministre, Marc aussi, mais Jean Savard
aussi, qui a été responsable de mettre en place, avec Steve, son... le nouveau
directeur de la réserve d'intervention d'urgence. Donc, un gros bravo à vous
tous! Gros bravo à SOPFEU! Gros bravo à l'Association québécoise des bénévoles
en recherche et sauvetage et à la Croix-Rouge!
Un autre point non négligeable qui a été bon
dans la dernière année, c'est les projets d'atténuation de risques, le fameux
cadre pour la prévention de sinistres, où on a octroyé 69 millions de dollars
pour des projets d'atténuation, donc l'adaptation aux changements climatiques,
des projets d'atténuation qui ont été... des sommes qui ont été données, donc,
en lien aux feux de forêt qu'on avait subis en 2023 à La Tuque, à
Ferland-Boilleau, à Senneterre, Normétal, on se souvient de Normétal, à
Saint-Lambert en Abitibi, à Val-d'Or, Sept-Îles, Port-Cartier, Baie-Trinité,
Godbout, Albertville, Chapais, Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon, Matagami. Des
projets d'atténuation de risques aussi en matière d'érosion des berges qui ont
été faits, glissements de terrain à Alma, Saint-Ulric, Métis-sur-Mer,
Baie-des-Sables, Sainte-Félicité et Rimouski. Donc, des sommes qui ont très
bien été reçues et versées, donc, à ces municipalités.
Je veux aussi rapidement parler, là, des
nouvelles orientations en termes de sécurité incendie. C'est un sujet qu'on a
peut-être un peu moins parlé, je pense que ça a été des questions, quand même,
que ma collègue avait posées l'année passée sur la suite des schémas de
couverture de risques, l'évolution, les changements qu'on va y apporter. Je
l'ai déjà dit publiquement que je considérais qu'il y avait trop de services de
sécurité incendie au Québec. On en a près de 600 maintenant. C'est indéniable
que, présentement, il y a des discussions à gauche et à droite avec les
différentes municipalités du Québec qui souhaitent, pour certains, se
fusionner. Puis je pense que c'est une très, très bonne idée de mettre en
place, donc, les forces de tout le monde pour être capable d'offrir un service.
Puis, à la fin, le service est à qui? C'est à la population, c'est aux citoyens
qui, malheureusement, pourraient avoir un sinistre, un temps de réponse rapide
entre le nombre de pompiers et le nombre des minutes sur lesquelles on doit
répondre. Donc, c'est l'association des gestionnaires en sécurité incendie
aussi qui nous ont appuyés là-dessus pour aller de l'avant, pour être capable
de mettre en place des travaux qui ont débuté pour moderniser, donc, la Loi sur
la sécurité incendie.
• (17 heures) •
Il reste peu de... Il me reste à peine une
minute pour vous parler du projet de loi n° 66 aussi, le projet de loi
Maureen Breau, qui a été très bien reçu, je pense, encore aujourd'hui, autant
par les collègues de l'opposition que tous ceux qui étaient parties prenantes
de tout ça, donc un accompagnement avec nos nouveaux agents de liaison qui vont
être en mesure d'être la courroie de transmission pour être capable de relier
l'information entre le réseau de la santé et, nécessairement, les corps de
police, les services de police qui auront à participer et à travailler sur le
terrain, donc, pour assurer un suivi des gens qui ont... qui sont des personnes
suivies par la commission d'examen des troubles mentaux. Voilà.
La Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le
ministre.
Discussion générale
Donc, nous allons poursuivre avec un bloc de
20 minutes qui est attribué à l'opposition officielle. Donc, je cède
immédiatement la parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, collègues. Bonjour, M. le ministre,
M. Croteau. Suite à vos remarques préliminaires, M. le ministre, je veux
juste souligner que j'attends toujours mon invitation pour visiter le centre
des opérations gouvernementales. Ça fait peut-être deux fois que j'ai fait la
demande puis j'ai eu, je ne sais pas, une réponse pas claire, mais je lance
l'appel encore, parce que je souhaite faire cette visite.
Vous avez aussi fait la mention du SOPFEU. Où
est-ce qu'on peut retrouver SOPFEU dans le budget actuel?
La Présidente
(Mme Soucy) : ...
M. Bonnardel : La SOPFEU, dans les
crédits, si je ne me trompe, c'était... pour 2024, était sous... bien, pas
sous... était sous l'égide du ministère des Ressources naturelles. Donc, pour
2025, ils vont être sous notre chapeau à nous pour les prochains crédits.
Mme Maccarone : O.K. C'est
juste parce qu'on n'a pas fait le transfert encore...
M. Bonnardel : Exactement.
Mme Maccarone : ...ce qu'on voit
dans nos cahiers actuels.
M. Bonnardel : Bien, c'est un
transfert qui... comme je l'ai mentionné, qui a été fait en ce début d'année,
donc pour l'année... C'est vrai que l'année fiscale au gouvernement se fait du
31... du 1er avril au 31 mars, là. Mais, à moins que le sous-ministre
ait une réponse... Voulez-vous, permettez-vous...
Mme Maccarone : Non.
M. Bonnardel : Non. Ça va. On a
peu de temps, ça fait que...
La Présidente
(Mme Soucy) : Oui, je dois demander
le consentement. Est-ce que vous voulez...
M. Bonnardel : Non, non.
La Présidente
(Mme Soucy) : Non? O.K.
M. Bonnardel : Mais je donnerai
l'information plus précise, là...
La Présidente
(Mme Soucy) : Parfait.
Mme Maccarone : Par la suite.
M. Bonnardel : ...après, là,
s'il le faut.
Mme Maccarone : O.K. Oui, s'il
vous plaît. Puis, en restant sur le budget, je souhaite savoir si vous êtes
heureux du budget pour la sécurité publique.
M. Bonnardel : Excusez...
Mme Maccarone : Je souhaite
savoir si vous êtes heureux avec le budget pour la sécurité publique.
M. Bonnardel : Oui, oui, tout à
fait, tout à fait. Bien, la question, je l'attendais, je l'attendais à savoir
qu'il y a une explication pour 1la baisse de 12,7 %. Le premier point,
c'est des pistes d'optimisation, nécessairement, mais les deux points majeurs,
c'est une somme qui a été versée pour la convention collective de la Sûreté du
Québec, pour la portion de l'année... la portion d'année 2020‑2024 et la
portion sécurité civile. Si vous allez voir dans le document budgétaire, vous
avez une somme de plus ou moins... près de 155 millions, là, qui est
reliée aux sinistres, à débit, et tout le programme général d'aide financière,
le fameux PGAF. Donc, majoritairement... Puis vous comprenez, je pense que je
vous l'avais déjà expliqué, là, c'est... quand il arrive des catastrophes
naturelles, les sommes ne viennent pas du fonds consolidé, mais du Fonds de
suppléance. Donc, ces sommes, à la fin de l'année, si on a subi des
catastrophes à la hauteur de 400, 500 millions, bien, on vient supporter
le ministère.
Mme Maccarone : Mais ce n'est
pas la seule place où on a vu une baisse d'investissement. On a vu une
diminution du budget, oui, pour la SQ, mais pour le BEI, pour le coroner, pour
l'UPAC, pour la RACJ. C'est pour ça que je me demande, est-ce que vous êtes
toujours content.
M. Bonnardel : Ce sont des
petites sommes, des pistes d'optimisation importantes pour les différents
partenaires. Donc, il n'y a pas de somme majeure qui pourrait mettre en péril
le travail de ces partenaires.
Mme Maccarone : C'est une
baisse de 13,5 % au total, et les coûts augmentent régulièrement. Alors,
je ne pense pas qu'on peut constater que c'est des petites coupures. C'est
quand même une diminution de 17 % pour la SQ, pour la surveillance du
territoire, 19 % du budget pour lutter contre la criminalité, 60 % du
budget pour la sécurité civile et sécurité incendie. Je veux dire, au total, le
budget de la sécurité publique a diminué de 13,5 %. Ça fait que je
souhaite essayer de comprendre pourquoi vous êtes content de ce budget.
M. Bonnardel : Bien, c'est ce
que je vous ai mentionné, la baisse énorme vient surtout de la sécurité civile,
et la sécurité civile, à la base, il y a près de 155 millions de dollars
qui sont reliés aux sinistres. Les sinistres, je n'en souhaite pas, mais, s'il
y en a, ça varie d'année en année. Donc, vous avez à peu près 150 millions
de dollars qui sont spécifiquement pour les sinistres. Et vous avez la portion,
comme je vous l'ai mentionné, de la Sûreté du Québec qui vient... C'est une
rétro de la convention collective, donc, une somme de 87,8... 88 millions
de dollars. Donc, les grosses sommes qui amènent cette baisse que vous avez lue
viennent surtout des sinistres, sécurité civile et de la portion de la Sûreté
du Québec.
Mme Maccarone : Je vois le 60 %
pour cette portion, mais ça ne répond pas pour le 19 % de baisse pour
lutter contre la criminalité. Ça ne répond pas à le 17 % pour la SQ. On a
vu aussi la baisse dans le budget de l'UPAC. Puis j'ai plein de questions par
rapport à ça, parce que vous, vous avez retiré le commissaire à l'UPAC de ses
fonctions, deux ans avant la fin de son mandat, pour le nommer sous-ministre
associé dans votre ministère. Pouvez-vous expliquer pourquoi?
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, c'est une
décision personnelle de la part de l'ancien chef de l'UPAC.
Mme Maccarone : Oui, mais c'est
un choix gouvernemental de faire cette recommandation. Ça reste qu'il y a eu
125 députés qui ont voté en faveur de la nomination de M. Gaudreau.
Et là, vous, vous avez pris une décision de faire la recommandation de le
prendre pour votre ministère. Ça soulève pas mal de questions. On vient de
déshabiller l'UPAC pour habiller votre ministère, puis on a laissé un poste,
dont nous avons constaté, collectivement... pour sept ans, nous aurons la bonne
personne en place.
M. Bonnardel : Pourquoi d'autre...
répondre, outre vous dire que c'est une décision personnelle. M. Gaudreau
a décidé de se joindre au ministère de la Sécurité publique. Alors, si vous
avez des questions, il faudrait lui poser, mais c'est une décision personnelle.
Mme Maccarone : Ma question, ce
n'est vraiment pas pour M. Gaudreau. Oui, c'est vrai, c'est entre ses
mains, s'il souhaite appliquer, mais c'est vous le responsable de faire la
nomination. S'il était le candidat extraordinaire pour ce moment, pour occuper
le poste de sous-ministre associé, il me semble, d'ici deux ans, il aura été
toujours la même personne qui pourra occuper ce poste, au lieu de l'enlever
d'un contrat de sept ans, un engagement que lui avait pris, et que, nous, nous
avons aussi constaté. Comme j'ai dit, les 125 députés ici, à l'Assemblée,
on a pris cet engagement avec lui. Ça fait que c'était quand même votre choix.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M.
le ministre.
M. Bonnardel : Bien, Mme la
Présidente, je répète, c'est une décision personnelle de M. Gaudreau.
Alors, moi, je suis bien fier de l'avoir dans mon équipe, extrêmement fier. Me
René fait un très bon travail à l'intérim présentement à l'UPAC. Pas d'autre
chose à dire que c'est une décision personnelle de M. Gaudreau de se
joindre à nous.
Mme Maccarone : C'était une
décision ministérielle de faire la nomination, puis ça reste qu'on a des postes
qui sont vacants à l'UPAC, qui amènent plein de questions, pour SAAQclic, entre
autres. L'ex-ministre de la Sécurité publique, qui est maintenant la ministre
des Transports, a écrit une lettre à UPAC pour lui suggérer d'enquêter sur
SAAQclic. C'est un fiasco qui est déroulé sous votre responsabilité lorsque
vous étiez le ministre des Transports. Le commissaire par intérim, ça se peut
que lui ait déposé sa candidature pour devenir le prochain commissaire et ça se
peut qu'il est dans le processus de sélection, je ne sais pas, mais, si
l'actuel commissaire par intérim décide de suivre la suggestion de la ministre
des Transports et déclencher une enquête sur votre gestion, est-ce qu'il est
disqualifié?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, s'il y a des questions spécifiques sur SAAQclic, il y a une
commission d'enquête qui va se faire.
Mme Maccarone : C'est une
question sur UPAC.
M. Bonnardel : Mais à la fin,
je le répète, là, moi, je n'ai pas à intervenir sur les décisions que l'UPAC
pourrait prendre dans leur processus d'enquête, là. Il y a un mur de Chine qui
se fait entre le ministre et l'UPAC, là, je veux qu'on soit très, très, très
clair là-dessus, très clair. Donc, ce qui appartient à l'UPAC reste à l'UPAC,
puis il y a une commission d'enquête qui va se mettre en place pour la suite.
C'est tout.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Ça reste que
c'est quand même quelqu'un qui sera sous votre gestion, parce qu'on n'a pas un
commissaire nommé, on a un commissaire par intérim, nommé par votre... puis la
demande, c'est de votre collègue, d'enquêter sur des événements qui sont
arrivés sous votre responsabilité, quand vous avez été le ministre des
Transports. Ça fait que ça soulève plein de questions, surtout qu'on n'a plus
le commissaire qui était là, à l'UPAC, à l'époque, qui est maintenant
sous-ministre associé.
Alors, je pense que la question se pose.
Qu'est-ce que vous allez mettre en place pour protéger le processus de
sélection, pour ce que votre collègue a qualifié d'un fouillis, de SAAQclic?
La Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je vais céder
la parole à M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, en tout respect pour ma collègue, là, est-ce qu'elle me dit qu'elle
n'a pas confiance en Me René pour faire le travail à l'UPAC, présentement, même
s'il a un poste à l'intérim? Je pose la...
Mme Maccarone : Si j'avais des
questions pour lui, j'aurais communiqué avec lui. Moi, ma question c'est pour
vous.
M. Bonnardel : Bien, j'essaie
de comprendre l'angle, là, à quelque part. J'ai entièrement confiance en Me René
pour mener à bien l'enquête qu'il pourrait faire, qu'il peut commencer à faire
comme il le veut, comme il le souhaite. Moi, je n'ai pas à intervenir dans les
décisions de l'UPAC, là. Il y a, comme je l'ai répété, il y a un mur de Chine
entre...
• (17 h 10) •
Mme Maccarone : La différence,
c'est que le commissaire à l'UPAC est nommé par deux tiers de cette Chambre
ici. Ce n'est pas la même chose. Ça fait que ce n'est pas une question de
confiance en autre personne. C'est un commissaire qui est nommé aux deux tiers
par les élus ici à, l'Assemblée nationale. Puis là on n'est pas dans le même
processus, même qu'on a dit que c'était la priorité pour la CAQ de faire ceci,
et là on est rendu où... on est en plein processus d'enquête. Puis il y a des
questions qui vont être soulevées en ce qui concerne cette enquête, parce que
la personne qui a été nommée, ça se peut qu'il y ait un conflit, puis on n'a
aucune idée.
M. Bonnardel : Attendez, là.
Vous doutez de la probité de Me René?
Mme Maccarone : Je n'ai pas
mentionné son nom. C'est vous qui mentionnez son nom, pas moi.
M. Bonnardel : Vous parlez de
conflit, vous venez de dire un mot, là, «conflit».
Mme Maccarone : Moi, je
souhaite savoir quand...
M. Bonnardel : Vous doutez de
la probité du directeur par intérim de l'UPAC?
Mme Maccarone : Ça, c'est votre
parole, pas la mienne.
M. Bonnardel : Non, mais, je
veux dire, il faut juste être clair, là.
La Présidente (Mme Soucy) : Juste une personne à la fois. Je veux juste être... je veux
juste qu'on comprenne bien. En fait, M. le ministre, si vous voulez la parole,
je vous la donne. Ensuite, je vais vous la donner, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, je répète,
là, si vous doutez de la probité du directeur général par intérim de l'UPAC, Me
René, c'est extrêmement grave, ce que vous dites, là. C'est extrêmement grave.
Vous parlez de conflit. De quel conflit... quelles preuves que vous avez? C'est
extrêmement grave, ce que vous dites, Mme la députée, là.
Mme Maccarone : ...d'un
processus de nomination.
M. Bonnardel : Bien, le
processus suit son cours. Le processus suit son cours.
La Présidente (Mme Soucy) : Une personne à la fois. M. le ministre, une personne à la
fois. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, vous pouvez poser votre question.
Mme Maccarone : Il y a un
processus de nomination ici, dans cette Assemblée, puis ça reste que la
position n'est plus affichée. On a attendu des candidatures. En septembre, on a
mis fin à ça. On n'a toujours pas de commissaire nommé, et là on est en train
de demander de faire des enquêtes, puis ça se peut que la personne qui est
présentement en ce poste-là, comme intérim, a appliqué pour être commissaire
puis doit prendre des décisions.
Ça fait que je pense que la question se pose.
Quelles mesures allez-vous mettre en place pour assurer qu'on va avoir un
processus qui est clair, qui est net et qui va protéger le processus de
sélection? Puis je pourrais continuer. Moi, je souhaite savoir quand est-ce que
le prochain commissaire va être nommé, quand la nomination va être amenée ici
aux élus pour faire un vote.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Le
processus de sélection est bien établi dans la loi. Donc, je vous invite à le
suivre. Le processus de sélection suit son cours.
Mme Maccarone : Bien, oui, je
l'ai suivi. C'est depuis le 25 mars que les nominations sont closes, et
nous sommes rendus... On est quoi, aujourd'hui? On est le 26 mars. Alors,
qu'est-ce qui tarde? Est-ce que nous allons avoir une nomination bientôt?
M. Bonnardel :
Bien, le processus de sélection suit son cours. Vous le connaissez, vous l'avez
lu.
Mme Maccarone : Ça fait cinq
mois. Ça fait cinq mois, puis on n'a toujours pas eu aucun signal en ce qui
concerne une candidature qui serait proposée par le gouvernement. Puis on sait
qu'on a un gouvernement qui ne respecte pas nécessairement les termes en place,
parce que même un engagement de sept ans peut être un engagement de cinq ans.
Puis c'est un rôle, il me semble, que le gouvernement dit être essentiel, parce
qu'on est en train de dire : On devrait poursuivre avec des enquêtes.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, là, vous... Je ne comprends pas l'attaque qui se fait, là,
sur M. Gaudreau, là.
Mme Maccarone : Ce n'est pas
une attaque.
M. Bonnardel :
C'est une décision personnelle de sa part de se joindre au ministère. En quoi
cela pourrait être un problème aujourd'hui, là? Sincèrement, là, sérieusement,
en quoi cela pourrait être un problème? Le processus de sélection est bien
établi dans la loi pour l'UPAC. Le prochain directeur ou la directrice de
l'UPAC, il y a un processus qui est sur 18 mois. Donc, il n'y a pas rien
de spécial que vous ne connaissez pas. Le processus est bien établi, puis on va
le suivre.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Mme la ministre... Mme la députée.
Excusez-moi.
Mme Maccarone : M. le ministre
est en train de me prêter des intentions. Il n'y a aucune attaque. C'est des
questions, mais c'est des questions par rapport aux gestions du ministère.
C'est une question par rapport à des décisions qui sont prises, comme j'ai une
autre question : Est-ce que l'UPAC est toujours pertinente, selon le
ministre?
M. Bonnardel :
Bien, absolument. Absolument.
Mme Maccarone : O.K. Mais, si
c'est vrai... on n'a pas de commissaire depuis sept mois. On a aussi le projet
Serment où on a une enquête du BEI sur l'UPAC. Puis, si on regarde le rapport
annuel des travaux qui ont été effectués, on peut constater que c'était
beaucoup de travail sur des condamnations des passeports vaccinaux. Alors,
est-ce qu'on aura autre enjeu pour l'UPAC à occuper dans le futur?
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel :
...en tout respect, là, vous me demandez si, moi, j'interviens du côté de
l'UPAC pour leur donner des missions spécifiques ou des enquêtes spécifiques?
Mme Maccarone : Moi, ma question,
c'est sur la pertinence.
M. Bonnardel : Il
y a un mur de Chine, là, entre l'UPAC et moi. Ce n'est pas moi qui vais
décider...
Mme Maccarone : Ma question,
c'est sur la pertinence.
La Présidente
(Mme Soucy) : Juste une personne à la fois. Vous avez
posé... Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, vous avez posé une question, on va
laisser le ministre répondre.
M. Bonnardel :
J'ai entièrement confiance au travail de l'UPAC. C'est l'UPAC qui dicte ses
différentes volontés d'enquête sur des sujets x, y, qui peuvent être importants
ou qui peuvent être soulevés dans l'actualité.
La Présidente
(Mme Soucy) : Mme la députée.
Mme Maccarone : Sauf que c'est
sous votre responsabilité, puis nous n'avons plus de commissaire, puis ça,
c'est grâce à une décision ministérielle. Alors, moi, je souhaite savoir
qu'est-ce qui se passe, puis ce n'est pas la seule place où j'ai des questions.
On peut passer tout de suite à la RACJ. Vous
avez aussi... On a des places, des postes qui sont toujours vacants parce que
vous avez suspendu le patron de la RACJ pour une durée indéterminée. Ça fait
que je souhaite savoir pourquoi et si, lui, il est payé actuellement.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Ça
appartient aux Emplois supérieurs... Il est suspendu. Donc, vous comprendrez
que je ne peux pas commenter là-dessus.
Mme Maccarone : Mais ça, vous
n'avez pas la réponse à cette question.
M. Bonnardel :
Ça, c'est les Emplois supérieurs qui l'ont suspendu, avec les raisons qui
incombent aux Emplois supérieurs.
Mme Maccarone : Et savez-vous
s'il est toujours rémunéré?
Une voix : ...
M. Bonnardel : La
réponse est oui.
Mme Maccarone : O.K., parce
qu'il gagne 215 000 $ par année, puis ça, ça veut dire que, depuis sa
suspension, il récolte un 54 000 $. Ça, c'est des fonds publics. Puis
on n'a pas de réponse de le pourquoi, puis on ne sait pas pour combien de temps
que lui va rester à la maison sans travailler. Ça fait qu'on n'a toujours pas
de président.
La Présidente
(Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel :
C'est malheureusement la procédure lors d'une suspension.
Mme Maccarone : Mais on a... Je
pense qu'on a des enjeux dans la RACJ, puis on a besoin d'avoir une capitaine
de ce bateau, parce que, si on se base sur tout ce qui est arrivé avec la
situation vraiment grave de Mme Zapata... on l'a vu, il y a une enquête.
L'émission Enquête qui a été diffusée juste dernièrement, ils ont fait
des travaux exceptionnels puis, dans ce rapport, on peut voir le scandale des
morts qu'ils ont dit prévisibles. On utilise des mots comme «criminel». C'est
tellement troublant que le coroner Ramsay a amendé son rapport le 20 mars,
et le rapport initial, publié le 28 février 2023, qui comptait trois
recommandations à la RACJ, maintenant amendé, compte 12 recommandations.
Le coroner demande notamment de modifier la réglementation pour le sport de
combat pour intégrer les 11 recommandations. Ça fait trois ans depuis que
Mme Zapata est décédée. Moi, je souhaite savoir qu'est-ce que vous
attendez pour agir.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : J'ai pris... Si
vous permettez, j'ai pris connaissance de l'émission Enquête, du
rapport... du rapport, oui, du coroner, mais de l'enquête que Radio-Canada a
faite, qui est particulièrement troublante, troublant de voir que la RACJ a pu
être trompée, flouée par des examens neurologiques qui ont été faits du côté du
Mexique avant le combat malheureux qui est arrivé.
Dans ce contexte, aujourd'hui, bien, il y a une
dizaine de recommandations qui ont été émises par le coroner qui amènent des
décisions futures qui seront immensément importantes pour le futur de
l'industrie. Mais je reste troublé par ce que j'ai lu,
par ce que je l'ai vu, puis, dans ces conditions, vous comprendrez que ce n'est
pas un rapport qu'on va tabletter. J'ai déjà des discussions à gauche puis à
droite avec différents partenaires. On va aller au bout des choses pour être
capables de s'assurer de mieux sécuriser, donc, l'industrie, surtout de la
boxe, à la base, pour cette malheureuse tragédie qui a eu lieu, là, voilà
quelques mois déjà.
La Présidente (Mme Soucy) : Oui. Merci.
Mme Maccarone : Mme la
Présidente, dans les crédits de l'année passée, j'ai posé la question à M. Dolbec
en ce qui concerne l'application des recommandations du coroner, et lui, il m'a
dit : Oui, Mme la députée, on s'en vient, ça, ça va être terminé d'ici le
mois d'août. Le mois d'août 2024, pas 2025. Ça fait que je me demande : On
est rendus où avec cet engagement?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, comme je
le mentionne, là, il y a le dernier rapport qui a été amendé, modifié, si je
peux le dire ainsi, là... Donc, il faut nous donner le temps de mettre en place
un plan d'action, si je peux dire ainsi, avec les recommandations qui ont été
déposées par le coroner Ramsay, qui sont bonnes, pour être capables de
s'assurer de mieux encadrer, donc, cette industrie.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
• (17 h 20) •
Mme Maccarone : Sauf qu'on
avait un premier rapport qui était déposé, avec des recommandations
préliminaires, puis moi, j'ai eu un engagement de M. Dolbec que vous allez
procéder à mettre ça à l'oeuvre. Alors, si je comprends bien, ce n'est pas le
cas. On n'a pas mis aucune des recommandations du coroner en place à date,
malgré qu'on a eu un premier rapport en novembre 2023.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, il vous reste 24...
M. Bonnardel : Donc, c'est ça,
la réponse est fort simple, on va prendre acte du dernier rapport du coroner
qui a été déposé, qui amène certaines modifications au premier rapport qui a
été fait, voilà... oui, vous avez raison, voilà un an déjà, puis c'est avec les
conclusions de ce dernier rapport qu'on va prendre des décisions futures pour
la suite de l'industrie.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci beaucoup, M. le ministre.
Mme Maccarone : Est-ce que le
ministre peut au moins s'engager à appliquer la recommandation 7
immédiatement...
La Présidente (Mme Soucy) : C'est terminé.
Mme Maccarone : ...c'est-à-dire
que l'examen radiologique précombat soit fait au Québec?
La Présidente (Mme Soucy) : Votre temps est terminé. Mme la députée, le temps est
terminé. Je suis désolée. Il faut que nous enchaînions avec un bloc de
17 min 45 s pour le deuxième groupe d'opposition. Donc, M. le député
de Laurier-Dorion, à vous la parole.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le ministre. Je salue également vos collègues.
Donc, on vient de voir que c'est un budget du
gouvernement du Québec qui, en matière de sécurité publique, alloue des petits
montants un peu partout, qui n'offre aucune nouvelle mesure, par exemple, pour
cibler la lutte et la prévention de la délinquance juvénile, alors que le
Québec, oui, fait face à une flambée de la violence et des recrutements de
jeunes par les gangs criminels. Pour cause, on observe une baisse, vous l'avez
dit, approximativement à 16 %, là, du budget du ministère de la Sécurité
publique. C'est ce qui se reflète dans plusieurs dépenses et des mesures qui ne
seront pas indexées. Par exemple, le budget pour les incendies de forêt est
prévu à la baisse, alors que l'an passé, il en a coûté 318 millions.
La question qui s'impose tout de suite, M. le
ministre, là, c'est... Vous avez budgété seulement 123 millions.
Expliquez-nous, au bénéfice des députés et du public qui nous regarde, pourquoi
avez-vous budgété moins que la moitié? Est-ce que vous avez prévu un fonds
d'urgence, si jamais il y a des feux de forêt intenses?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bonnardel : C'est une bonne
question. Ça vient un peu en lien avec la députée de... la question de la
députée de Westmount—Saint-Louis
tantôt. Il est normal que la majorité de cette baisse que vous avez vue dans
les crédits budgétaires du ministère soit basée, premièrement, sur les
sinistres que nous avons eus en 2024, donc, l'ouragan tropical Debby, tout le
programme général d'aide financière sur lequel on a supporté, donc, les
municipalités et les sinistrés. On parle de plus ou moins
155, 156 millions de dollars pour cette portion.
Puis il faut comprendre que, lorsqu'il y a un
sinistre qui nous frappe, on ne peut pas prédire... On pourrait mettre
500 millions, si on voulait, dans ce programme de sécurité civile, mais on
pourrait ne pas le dépenser. Tout dépend des catastrophes naturelles, feux de
forêt ou autres. Donc, c'est le fonds de suppléance qui vient nous supporter,
donc, à la fin de l'année financière pour compenser, donc, ces différentes
catastrophes.
Je le disais tantôt, l'autre point majeur aussi,
c'est la rétro, c'est une somme rétro non récurrente pour la convention
collective de la Sûreté du Québec. Donc, on parle de 88 millions de
dollars ou à peu près. Donc, grosso modo, il y a des pistes d'optimisation,
nécessairement, qui viennent avec le ministère. Donc, les baisses les plus
importantes viennent surtout du fait qu'il y a eu des sinistres en 2024, une
portion rétro qui vient du côté de la convention collective de la Sûreté du
Québec.
Puis je fais un petit bémol de 30 secondes,
parce qu'il m'a posé un peu la question tantôt dans son préambule, c'est
important de mentionner que la nouvelle stratégie qu'on a annoncée hier dans le
budget, c'est une stratégie québécoise de lutte contre la criminalité. Il y a
une somme de 120 millions de dollars qui va être disponible pour les
différents corps de police, services de police, partout sur le territoire
québécois, une convergence aussi vers l'action communautaire qui va est importante,
les municipalités, l'intervention policière, et je sais que c'est un sujet que
vous m'aviez soulevé, si je ne me trompe pas, les gangs de rue aussi, dans ce
120 millions de dollars sur cinq ans.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre, M. le député.
M. Fontecilla : On va y
arriver, mais avant, j'aimerais savoir, là, pourquoi vous avez fait des
coupures des budgets dans des enveloppes qui nous paraissent comme très
importantes, là. Par exemple, il y a moins d'argent pour le Bureau des enquêtes
indépendantes, moins d'argent pour le Commissaire à la déontologie policière,
moins d'argent pour le Tribunal administratif de déontologie policière. Donc,
toutes les entités qui exercent un rôle de contrôle et de surveillance des
corps de police ont connu des baisses. Tout d'abord, pourquoi? Et ensuite
êtes-vous conscient que vous êtes en train d'envoyer un message, à travers ces
diminutions, ces coupures-là?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci.
M. Bonnardel : Je pense qu'il faut
voir ça pas mal plus comme des pistes d'optimisation. On peut faire toujours
plus, toujours plus au gouvernement, puis, dans ces conditions, on a des
pourcentages très minimes, minimes, du côté du ministère, pour... qui ont amené
une légère, légère baisse du côté de ces partenaires dans le budget de cette
année. Donc, je suis entièrement confiant qu'on va être capables, encore une
fois, de bien supporter ces différents partenaires, mais de livrer la
marchandise.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Fontecilla : Vous parlez de
baisses minimes, il faut voir par rapport à l'ensemble du budget de ces
organismes-là. Par exemple, pour le Bureau des enquêtes indépendantes, c'est
autour de 10 %, ce qui signifie quand même une coupe draconienne pour un
organisme de cette taille-là. Qu'est-ce que vous avez coupé exactement dans ces
trois organismes-là?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien,
précisément, là, on parle de 3 millions à peine, là, pour ce qui est des
crédits, des crédits comme tels, pour le Commissaire à la déontologie
policière, le tribunal administratif, la Régie des alcools, le Commissaire à la
lutte contre la corruption puis le BEI. On parle de crédits qui étaient de
70,8 millions de dollars, à 67,8. Donc, on parle de 3 millions de
moins sur l'ensemble de ces différents partenaires. Donc, je reste convaincu,
comme on l'a fait quand je parlais de pistes d'optimisation du côté du
ministère, que ces différents partenaires vont continuer de livrer la
marchandise comme ils le font très bien depuis les dernières années.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Fontecilla : Je l'espère bien,
M. le ministre, là, mais c'est des baisses substantielles pour les...
considérant les budgets de ces organismes-là. Je viens de vous le dire, le
Bureau des enquêtes indépendantes, il va compter sur un budget amputé de
10 %, et le budget... à vue d'oeil comme ça, le budget du Commissaire à la
déontologie policière, c'est autour de 5 %, et le Tribunal administratif
du logement, c'est autour d'un peu plus de 5 %, mais c'est...
M. Bonnardel : ...du logement,
ce n'est pas chez nous, là. Vous avez dit le logement, là.
M. Fontecilla : ...pardon,
Tribunal administratif de déontologie policière, là. Donc... par rapport au
budget de ces organismes-là, vous avez effectué des coupures importantes, là.
Ce n'est pas des gros montants dans l'absolu, par rapport au budget du Québec,
là, mais il y a... chaque dollar est important pour chaque organisme. Ne
craignez-vous pas que ces organismes-là sont en train de voir leur mission
compromise?
La
Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le
député.
M. Bonnardel : Bien, je peux
être plus précis pour le collègue, là. Le Commissaire à la déontologie, on
parle de 300 000 $.
À la page 20-9, le programme 6, Encadrement et surveillance... Le tribunal
administratif, on parle de 60 000 $,
du côté de la Régie des alcools, c'est 1 million. Et, du côté du
commissaire à la lutte contre la corruption, c'est moins de 1 million,
c'est 800 000 $.
Il y a 600 000 $
du côté du BEI puis il peut y avoir, comme mon... le ministre le mentionne, là,
de la rétro de conventions collectives aussi là-dedans, donc 3 millions
sur un budget de 70, pour cinq... pas sociétés, là, mais partenaires comme
tels, là, je ne vois pas un problème majeur là-dessus, là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Fontecilla : Est-ce que ça
signifie concrètement, M. le ministre, moins de personnel ou est-ce que
c'est... vous coupez dans la chair ou vous coupez dans le gras? Comment ça se
traduit concrètement, là, ces diminutions de budget pour ces organismes-là?
Est-ce que ces organismes vont avoir à diminuer leur personnel ?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, le même
gel de recrutement que vous connaissez déjà, mais, au-delà de tout ça, je vous
l'ai démontré, le budget de 3 millions de dollars de moins sur 70 au total
est très viable pour être capable de livrer la marchandise et de faire encore
mieux avec ce qu'ils ont cette année, là. Moi, je ne suis pas du tout inquiet,
là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Fontecilla : Donc, toujours
un peu la même réponse, faire plus avec moins, ce qui est... c'est une logique
qui a une... qui a des limites, vous en conviendrez. Mais vous n'êtes pas en
mesure de nous dire aujourd'hui s'il y a des coupures de personnel dans ces organismes-là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, comme je
l'ai mentionné, là, c'est de la rétro, de la rétro salariale aussi dans une
certaine mesure, et, de l'autre côté, c'est des pistes d'optimisation. Donc,
oui, il y a un gel que vous connaissez déjà dans les différents ministères du
gouvernement, mais, comme j'ai mentionné, là, il n'y a pas de coupe majeure,
là, dans nos partenaires comme tels, qui pourraient nous amener à être
inquiets, là. Je ne suis aucunement, aucunement, aucunement inquiet pour ces
partenaires qui vont livrer la marchandise comme ils le font dans les dernières
années, là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
• (17 h 30) •
M. Fontecilla : Merci, M. le
ministre. Je vais passer à un autre volet. Il y a dans votre... le budget de
votre ministère, il y a un budget de 119,6 millions pour mettre en place
la stratégie québécoise de lutte contre la criminalité qui... je cite, qui
«permettra entre autres de financer plus efficacement les organismes
communautaires, de travailler en prévention et de soutenir le travail des
policiers des services correctionnels».
Tout d'abord, est-ce que, dans cette
stratégie-là, le 119 dollars... je crois savoir qu'on y retrouve la
stratégie CENTAURE, qui regroupe, oui, certaines mesures de financement pour la
prévention, dont certaines adressées aux groupes communautaires, mais c'est
une... CENTAURE, c'est principalement de l'activité policière pour lutter
contre les trafics d'armes à feu. Quel est le pourcentage, dans les 119
attribués aux activités policières, versus les activités adressées aux
organismes communautaires ?
M. Bonnardel : C'est une
question qui est bonne. Premièrement, ça n'a rien à voir avec CENTAURE, ça.
M. Fontecilla : O.K. Parfait.
M. Bonnardel : Ça n'a rien à
voir avec CENTAURE comme tel. La somme que vous avez est bonne,
119,6 millions qui sont répartis sur une période de cinq ans. Puis, comme
je l'ai dit tantôt, d'entrée de jeu, il y a trois aspects qui sont importants
avec des partenaires : l'action communautaire, je vous l'ai mentionné
tantôt, les municipalités et nécessairement les policiers, l'intervention
policière. Puis il y a un aspect non négligeable qui est important, je le sais,
pour vous, dans la dernière année, vous m'avez posé une question, ce sont aussi
la situation des gangs de rue sur le territoire québécois.
Par coeur, la question m'avait déjà été posée
par un journaliste, puis je ne veux pas me tromper, mais on parle à peu près de
40 % à 60 %, 40 % côté prévention, 60 % du côté répression,
pour le partage des sommes qui sont dédiées dans les différents programmes que
nous avons. Donc, vous allez sûrement me dire : Est-ce que c'est
équitable? Moi, je crois que oui. Il y a un travail important qui doit être
fait en prévention pour mieux prévenir, mais il y a un travail de terrain, de
présence aussi des policiers en termes de répression qui est immensément
important. Puis je pense qu'on a réussi à trouver un équilibre qui est
intéressant dans le cadre du partage que nous avons à faire avec nos différents
partenaires pour les soutenir.
Je le disais puis je
termine avec ça rapidement, en 2018, on soutenait les différents corps de
police avec ces programmes à la hauteur de 16 millions de dollars. On est
rendu à 112 millions. Donc, on est pas mal fier de voir, avec cette
stratégie, qu'on soit capable de supporter l'ensemble des partenaires que je
vous ai mentionnés tantôt.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Fontecilla : Toujours sur le
même sujet, M. le ministre, vous financez... Quelle est la pratique de votre
ministère concernant le financement pour la prévention portée par les groupes
communautaires? Est-ce que c'est le financement à la mission ou le financement
par projet?
Une voix : ...
M. Bonnardel : C'est ça, c'est
qu'on va avoir une flexibilité, dans cette stratégie, comme telle pour soutenir
la mission, soutenir les projets puis de s'assurer de bien répondre aux
différents enjeux que je vous ai soulevés tantôt, qui sont importants. Donc,
ça, c'est une portion, 120 millions, qui est un de nos plus gros.
On a aussi, bon, un point non négligeable aussi,
là, les... toutes les équipes mixtes ou... je pense, je vous en avais déjà
parlé, les équipes mixtes sont sur le terrain aussi. On a des sommes pour ça
qui sont à la hauteur de 14,5 millions de dollars. Les EMIPIC du côté
Sûreté du Québec, du côté des communautés autochtones aussi, qui en font la
demande, donc, pour être capable de supporter... Puis on voit des beaux succès
à gauche puis à droite, autant du côté de la Sûreté du Québec avec ses équipes
mixes, travailleurs sociaux et policiers, policières, versus aussi la même
chose qu'on voit du côté du financement qu'on donne aux corps de police
municipaux pour avoir des équipes mixtes qui accompagnent... qui accompagnent,
malheureusement, certaines situations de cas de santé mentale ou d'itinérance
sur le terrain.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Très bien. Mais
les travailleurs sociaux dans les équipes mixtes dont vous parlez, là, c'est du
personnel embauché par les différents corps policiers?
M. Bonnardel : Oui, qu'on
finance, qu'on supporte. O.K. Il y a une portion de financement qui est
supportée par le ministère, il y a une portion de financement, aussi, qui avait
été octroyée voilà deux ans, si je ne me trompe, à la hauteur de
60 millions sur cinq ans, du côté des services sociaux.
M. Fontecilla : Très bien.
J'aimerais vous amener, M. le ministre, sur la question de la Loi sur les
jeunes contrevenants, là, qui prévoit des mesures de garde discontinue. Donc,
au lieu de, pour un jeune sous... condamné sous la Loi des jeunes
contrevenants, là, au lieu de faire une garde continue dans un centre jeunesse
toute la... qu'il soit en dedans, entre guillemets, toute la semaine, là, on prévoit...
la loi permet aussi qu'il passe la fin de semaine, etc., là, ce qui est une
peine mitoyenne, là, souvent un message qui est envoyé à des jeunes à des
risques de délinquance, là, ou, par exemple, pour purger une partie de leur
peine dans la communauté... Et ce qu'on nous dit, c'est que ce programme, la
garde discontinue, ne reçoit plus de financement depuis quelques années ou que
très peu de policiers s'y réfèrent. Est-ce que vous avez des données concernant
ce programme-là, de la garde discontinue?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. Monsieur...
M. Bonnardel : Je ne veux pas
vous corriger, monsieur... Mme la Présidente, M. le député, là, mais c'est une
question qui serait plus reliée aux Services sociaux puis à la DPJ. C'est une
question de garde discontinue, ou autres.
M. Fontecilla : Mais c'est des
jeunes contrevenants, là, c'est des jeunes qui ont commis des actes criminels,
là. Est-ce que c'est sous votre responsabilité?
M. Bonnardel : Ce n'est pas
notre... sous notre responsabilité, là.
M. Fontecilla : Donc, c'est
Santé et Services sociaux.
M. Bonnardel : Oui.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. Fontecilla : Très bien.
Quand vous dites... Là, je reviens au budget de 119 millions, là. Quand
vous dites : C'est financé plus efficacement, qu'est-ce que vous voulez
dire? C'est un peu une phrase très convenue, là, mais ça veut dire quoi,
concrètement, sur le terrain, M. le ministre?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Bien, c'est des programmes qui vont nous permettre d'avoir plus de
souplesse, de s'adapter aussi à certaines situations, je le disais tantôt, gang
de rue, l'action communautaire, les municipalités qui sont des partenaires,
nécessairement, les différents services de police municipaux sur le territoire
québécois. Donc, on va être capable d'avoir, comme le sous-ministre l'a
mentionné, plus de souplesse à mettre en place, donc, dans les prochaines
années, différents programmes qui vont être... qui vont être supportés et...
être supportés par nous, mais aidés par l'entremise de nos différents
partenaires, qui ont toujours été des partenariats importants sur le terrain,
l'action communautaire, les services de police et nécessairement les
municipalités.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le...
M. Fontecilla : Concernant ce
sujet, vous recevez du financement du gouvernement fédéral.
M. Bonnardel : Pour cette
portion?
M. Fontecilla : Oui.
M. Bonnardel : Non.
M. Fontecilla : Pour d'autres
activités de prévention de la criminalité?
M. Bonnardel : Bien, gang de
rue, gang de rue... Bien, pas gang de rue, mais crime organisé, crime organisé,
CENTAURE, oui, il y a eu des sommes, des sommes qui viennent du fédéral comme
tel, là.
Une voix : ...
M. Bonnardel : Drogue, oui,
c'est ça, là.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le député de Laurier-Dorion, il vous reste deux
minutes. C'est à titre informatif.
M. Fontecilla : Très bien,
j'aimerais avoir plus de précisions sur le budget de 4,4 millions pour...
sur trois ans, pour ce qui est... pour reconduire le financement de
l'équipe dédiée à la lutte contre la violence entre partenaires intimes à la
Sûreté du Québec. Qu'est-ce qu'il fait exactement, ce programme-là, M. le
ministre?
M. Bonnardel : Bien, ça, c'est
une équipe... c'est une bonne question, c'est une équipe spécialisée de la
Sûreté du Québec. Je n'ai pas la nomenclature, mais je parle... on a à peu près
huit partenaires de la Sûreté du Québec sur cette équipe spécialisée, qu'on
appelle la VPI, là, la violence entre partenaires intimes. Donc, c'est
complexe, les risques, importants pour les victimes qui sont impliquées et qui
nécessitent que la Sûreté du Québec soit, pour nous, là, munie d'une équipe
spécialisée pour la sécurité des victimes, les enfants dans les situations de
violence, de VPI, de violence avec les personnes intimes. Je veux que ce soit
une priorité pour nous autres, puis c'était important, pour moi, d'assurer la
continuité de cette équipe spécialisée du côté de la Sûreté du Québec, pour
s'assurer que cette petite équipe, quand même, mais immensément importante pour
le travail qu'ils font, assure une continuité, donc, pour accompagner, donc,
ces partenaires intimes, cette situation de violence que certains partenaires
pourraient avoir dans le quotidien.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Est-ce que
c'est des salariés à temps plein, sur ces projets-là, ou ils font ça entre...
parmi d'autres tâches?
M. Bonnardel :
Non, non, non, c'est une équipe dédiée, c'est une équipe spécialisée, là. Je
n'ai pas la nomenclature des personnes spécifiques qui sont sur l'équipe, là,
mais je pourrais vous la donner, là, dans le futur, là, pour vous dire
exactement qui en fait partie et qui fait quoi.
M. Fontecilla : Est-ce qu'ils
travaillent de façon... ils sont dans une unité ensemble, ils travaillent
dans... ou ils sont éparpillés à travers le territoire?
M. Bonnardel : Je ne peux pas
vous dire s'ils sont éparpillés ou non, là, mais c'est une équipe qui est
coordonnée, là, spécialisée, comme telle, pour s'assurer, là, de concentrer
leur travail. Puis il y a un financement qui est dédié spécifiquement à cette
lutte contre la violence entre personnes intimes.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Votre temps est terminé, je suis désolée...
M. Bonnardel : Je
vais vous donner...
La
Présidente (Mme Soucy) : Alors, nous devons poursuivre.
Alors, maintenant, nous allons poursuivre avec un bloc de
7 min 24 s pour le troisième groupe d'opposition. Donc, M. le
député de Jean-Talon, je vous cède immédiatement la parole.
M. Paradis : Bonjour, M. le
ministre. L'an passé, à l'étude des crédits, pas les provisoires mais à l'étude
des crédits, je vous ai posé des questions qui ont semblé vous surprendre sur
un sujet extrêmement important pour le Québec, celui de l'ingérence étrangère.
J'aimerais savoir quelles réponses vous avez pour nous cette année sur l'état
de préparation du Québec et des budgets qui sont consacrés par le ministère de
la Sécurité publique à la question de l'ingérence étrangère, notamment compte
tenu des conclusions du rapport Hogue, qui indique que les acteurs étrangers...
je cite : «Les acteurs étrangers ciblent les institutions à tous les
niveaux au Canada. Les gouvernements provinciaux, territoriaux, autochtones et
municipaux sont visés. Les réponses à l'ingérence étrangère, quel que soit l'ordre
du gouvernement visé, peuvent aussi nécessiter des outils d'intervention dans
des champs de compétence qui ne relèvent pas du gouvernement fédéral, aux
termes de la Constitution.»
L'année passée, votre réponse avait été :
C'est le gouvernement fédéral qui s'en occupe. Quand je vous ai demandé si vous
estimiez qu'il y avait des risques d'ingérence étrangère, vous m'avez
répondu : «Rien ne laisse croire qu'il y ait ingérence au Québec, rien,
rien, rien.» C'était aussi la même journée, en Chambre, où la mairesse de
Brossard nous avait transmis une lettre indiquant qu'elle avait des problèmes
d'ingérence étrangère dans ses élections municipales. Quelles sont vos réponses
aujourd'hui à ces questions?
• (17 h 40) •
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. C'est une réponse qui va être plus ou moins
similaire, là. Tout le travail qui est fait entre le bureau de la Sécurité de
l'État et le SCRS canadien, ce sont eux qui s'assurent des processus de
renseignement, d'enquête, s'il y a lieu, pour la suite des choses.
Je peux rassurer le député, il n'y a pas
d'ingérence étrangère vis-à-vis nos institutions démocratiques au Québec.
L'ingérence étrangère, vous l'avez vu et lu, j'imagine, comme moi, dans les
dernières années, sur certaines situations d'un employé chez Hydro-Québec, qui
a été suspendu voilà peut-être 24 mois ou peut-être un peu plus; sinon,
situation d'enquête que la GRC a mentionnée, déjà, à Brossard, sur une communauté
que vous avez nommée tantôt. Donc, ce sont les seuls cas, présentement, que le
bureau de la Sécurité de l'État... pas a soulevés mais qu'on a pu lire, qu'on a
pu lire, là, par les médias dans les derniers mois, là-dessus.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Paradis : Je ne parle pas
uniquement de cas avérés ou non, je parle de prévention et de préparation,
compte tenu du fait que la commission Hogue nous informe aussi que des États
étrangers se livrent à des activités non seulement contre les infrastructures
du gouvernement fédéral, mais aussi contre les infrastructures provinciales,
territoriales et municipales. Combien le gouvernement investit-il dans la
prévention et dans la préparation pour contrer de telles ingérences étrangères,
notamment en vue des élections qui s'en viennent tant au niveau municipal qu'au
niveau québécois?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Mme la Présidente, les membres de la direction du bureau de sécurité de l'État
ont la plus haute cote de sécurité, la plus haute cote de sécurité, ils sont en
lien avec les services canadiens de renseignement, ils sont en lien avec les
services canadiens de renseignement. Je l'ai dit tantôt, il n'y a pas
d'ingérence étrangère pour nos institutions démocratiques. C'est important, là,
je le répète, il n'a pas d'ingérence pour les institutions démocratiques,
d'ingérence étrangère. Il y a eu des cas que vous avez vus, lus comme moi dans
les dernières années. Et j'ai entièrement confiance au bureau de la Sécurité de
l'État pour faire le travail, aller chercher le renseignement, et c'est ce
qu'ils font avec la plus haute cote de sécurité, comme tel, avec le Service
canadien de renseignement.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci.M. le député.
M. Paradis : Je réitère que ma
question n'est pas de savoir si le ministre est d'avis qu'il y a des cas avérés
ou pas, je demande l'état de la préparation du Québec pour prévenir l'ingérence
étrangère, notamment en vue d'exercices démocratiques extrêmement importants au
niveau municipal et au niveau québécois dans les prochains mois, dans les
prochaines années. Quel est l'état de la préparation du Québec? Y a-t-il des
budgets qui sont consacrés? Est-ce qu'y a des efforts particuliers, au
ministère de la Sécurité publique, pour la prévention et la préparation?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, je répète, les membres du bureau de la Sécurité de l'État ont la
plus haute cote de sécurité. Vous comprendrez, je ne commencerai pas à partager
des informations du bureau la sécurité de l'État avec vous aujourd'hui, là. Ses
membres sont en contact quotidien avec les services canadiens de renseignement,
quotidien. Ce sont eux qui font le travail et qui auront ou auraient à partager
de l'information stratégique avec soit la GRC, ou la
Sûreté du Québec, ou différents autres partenaires de renseignement dans le
monde.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le député.
M. Paradis : Est-ce que je
comprends de la réponse ou des réponses du ministre que le gouvernement du
Québec, le gouvernement de la CAQ, confie entièrement au gouvernement fédéral
la question de la prévention des risques d'ingérence étrangère ou le Québec s'y
prépare lui-même? C'est bien de collaborer avec le gouvernement fédéral, mais
est-ce que le Québec considère qu'il a sa propre responsabilité et qu'il va
s'occuper de protéger les intérêts du Québec contre les risques d'ingérence
étrangère? Est-ce qu'il y a des budgets qui sont prévus? Est-ce qu'il y a des
documents? Est-ce qu'il y a une équipe de travail, pas seulement pour
collaborer avec le fédéral, mais pour s'occuper de nos intérêts au Québec?
Est-ce que, oui ou non, le ministère de la Sécurité publique s'occupe de ça
actuellement?
M. Bonnardel :
Tout à fait. On s'occupe de ça. Le bureau de la Sécurité de l'État fait le
travail.
M. Paradis : Est-ce que le
ministre peut nous indiquer... parce que j'ai fait la recherche, moi, j'ai
cherché les mots «ingérence étrangère» dans l'ensemble des documents
budgétaires du Québec, je n'ai rien trouvé. Est-ce qu'il y a quelque chose de
prévu, est-ce qu'il y a des sommes qui sont investies? Si oui, combien, quelle
équipe travaille là-dessus?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Bonnardel : Mais je répète
que le bureau de la Sécurité de l'État, les employés qui sont sous ce chapeau
d'une division qui est extrêmement importante pour la sécurité de l'État, avec
la plus haute cote de sécurité, ces membres travaillent nécessairement avec des
partenaires, et nos partenaires sont les partenaires canadiens que vous connaissez,
que ce soit le SCRS ou les différents partenaires internationaux, pour
s'assurer de répondre à de possibles attaques, ou autres, comme telles. Mais,
je le répète, il n'y a pas d'ingérence étrangère dans nos institutions
démocratiques au Québec, et j'ai entièrement confiance aux membres du bureau de
la Sécurité de l'État pour bien répondre et défendre nos intérêts et de
s'assurer qu'on a des partenaires bien au fait de la situation, que ce soit la
GRC, que ce soit la Sûreté du Québec ou autres partenaires.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. M. le député, je vous cède la
parole.
M. Paradis : Est-ce que le
ministre considère que c'est une question suffisamment importante, notamment
qu'il y a un impact sur les élections? Ici, on est bien placés pour parler
d'élection. Est-ce qu'il considère que c'est une question suffisamment
importante pour la travailler de façon transpartisane, avec notamment les
partis d'opposition, en vue de l'élection... des élections municipales qui s'en
viennent et en vue des élections au Québec, qui s'en viennent aussi, prévues au
mois d'octobre 2026, par exemple, au sein d'un groupe de travail spécial ou
d'une commission parlementaire spéciale?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, je répète, là, j'ai entièrement confiance aux membres du bureau de
la Sécurité de l'État, qui ont la plus haute cote de sécurité, la plus haute
cote de sécurité pour s'assurer d'avoir tous les renseignements, de partager
ces renseignements avec les partenaires...
La Présidente (Mme Soucy) :
Votre temps de parole est...
M. Bonnardel :
...et de répondre aux inquiétudes... Merci.
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre,votre temps de parole est terminé.
Je dois être juste avec tout le monde. Votre temps de parole et terminé, je
dois passer maintenant à l'opposition officielle. Mme la ministre... Mme la
députée, excusez-moi...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Soucy) :
...oui, je vous donne, oui, 8 min 6 s, exactement. Allez-y.
Mme Maccarone : Merci. Je veux
revenir sur le rapport de la RACJ, parce que je n'ai pas une réponse à ma
question que j'ai posée lors de notre dernier échange. La
recommandation 7, moi, je souhaite entendre le ministre, moi, je souhaite
avoir un engagement de sa part qu'immédiatement... c'est-à-dire qu'on va exiger
l'examen radiologique précombat soit fait au Québec pour tous... pour tous les
boxeurs qui vont venir ici.
La Présidente (Mme Soucy) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Mais la question
est importante, Mme la Présidente, là. Je l'ai répété tantôt, il y a eu un
premier rapport où il y avait une recommandation. Il y a un deuxième rapport
qui a été fait, où il y en a, si je ne me trompe, là, 11 ou 12, 11. On peut...
Moi, j'ai mon opinion. J'ai bien lu et vu le rapport et surtout vu tout le
processus d'enquête incroyable que Radio-Canada a fait sur cette situation. On
va laisser la RACJ mettre son plan d'action... dévoiler son plan d'action. On
va répondre. Je peux assurer la députée ici, là, qu'on ne va pas tabletter ça.
Pour moi, c'est immensément important. Ça a été une tragédie de...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Soucy) : Alors, juste...
M. Bonnardel :
Oui, je sais qu'il n'y a pas beaucoup de temps, mais j'arrête ça là.
La Présidente (Mme Soucy) :
Vu qu'on n'a pas beaucoup de temps de parole, je vais... il faudrait faire des
réponses qui sont plus courtes.
Mme Maccarone : Merci. Alors,
la réponse est non. Ça fait qu'on ne prend pas cet engagement aujourd'hui,
malgré que ça fait trois ans depuis son malheureux décès, malgré que le premier
rapport a été déposé en novembre 2023. C'est ça que j'entends.
Ça m'amène à un autre sujet...
M. Bonnardel :
Non, non, je veux juste corriger, je veux juste corriger ça, là.
Mme Maccarone : ...on peut
parler des agents de services correctionnels.
La Présidente (Mme Soucy) :
Juste un instant. Après.
Mme Maccarone : C'est à mon
tour de parler, merci. Là, on est avec les services correctionnels. Parce que
vous avez également voté contre la motion de mercredi où j'ai demandé un plan
d'action pour protéger ces gens qui sont en train de nous protéger. J'ai déposé
une pétition dernièrement. Je souhaite savoir si le ministre a l'intention de
l'étudier, parce que c'est pour les vestes anti-pic. Et, quand on regarde le
budget, on voit qu'il y a une augmentation de 2 % pour les services
correctionnels. Alors, est-ce qu'il va y avoir un montant qui va être utilisé
pour la protection de nos agents correctionnels?
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le ministre, à vous la parole, maintenant.
M. Bonnardel : Oui, je vais
prendre 20 secondes pour corriger ce que la députée a dit, là.
Premièrement, je vais prendre acte, et je ne suis pas le genre de gars qui
tablette ou qui dit une chose et qui ne le fait pas. Donc, si je vous dis qu'on
va prendre acte du rapport, laissez-moi le temps. Ce rapport Ramsay vient
d'être dévoilé. On va prendre le temps qu'il faut. Maintenant, on va aller le
plus rapidement possible, le plus rapidement possible pour bien encadrer cette
industrie, pour répondre de cette malheureuse tragédie, tragédie qui a eu lieu
au Québec dans les derniers mois.
Maintenant, je suis content de la question, je
vais prendre un autre 30 secondes pour répondre vite, vite à sa question.
Elle le sait très bien, on a eu les... J'ai annoncé les plus gros investissements
de l'histoire carcérale, voilà à peine un an déjà, pour supporter les
différents agents sur le... les agents de services correctionnels dans nos
centres de détention pour s'assurer d'augmenter leur sécurité. Je l'ai dit, on
va avoir... On a une chronologie, là, d'installation, que ce soit pour
détecteurs rayons X, les détecteurs corporels, que ce soient les drones,
pour être capables d'attraper ces fameux drones, là, qui entrent dans nos
différentes prisons, d'empêcher les cellulaires de fonctionner.
Vite, vite, vite, je termine avec ça, il y a eu
un projet pilote, suite à ma demande avec le fédéral l'année passée, pour qu'on
soit capables de tester nos premiers brouilleurs d'ondes dans les
établissements de détention.
• (17 h 50) •
La Présidente (Mme Soucy) :
...M. le ministre.
Mme Maccarone : Sauf que, juste
en fin de semaine à l'établissement de Québec, O.K., il y a eu une prise
d'otage. À l'établissement de Sorel, juste hier, on a une agente qui s'est fait
attaquer par une détenue femme. Alors, je pense qu'on ne peut pas attendre. Je
ne sais pas si vous êtes allé pour prendre un café avec un des agents qui
travaillent dans nos... dans le milieu carcéral, parce que leurs conditions de
travail sont déplorables. Ils ont des répercussions s'ils disent qu'ils ne
peuvent pas faire du temps supplémentaire obligatoire, mais ils sont
monoparentaux puis ils doivent aller à la maison pour s'occuper de leurs
enfants. Il y a une pénalité, ils sont sanctionnés. Si jamais ils disent que,
ah, j'ai liké quelque chose sur Facebook, ils sont sanctionnés. Ils n'ont pas
le droit de parler à ce sujet non plus parce qu'ils vont être sanctionnés.
Alors, moi, je souhaite savoir qu'est-ce que le
ministre va faire pour assurer qu'on aura plus de transparence et aussi pour
contrer cette augmentation de violence, mais aujourd'hui. Là, j'entends les
investissements que le ministre a faits dans le passé, mais ça reste
qu'aujourd'hui la preuve n'est pas là, parce qu'on a toujours une pénurie de
main-d'oeuvre, du temps supplémentaire obligatoire, ils
sont fatigués, ils ne peuvent plus... ils ne peuvent plus. On ne peut plus, tu
sais, creuser ce citron, je ne sais pas l'expression...
Une voix : ...
Mme Maccarone : ...presser le
citron, on ne peut plus presser le citron. Il dit : Au secours! Puis ils
ont des petites demandes d'avoir juste des vestes anti-pic, ils ont des
demandes d'avoir la reconnaissance de leur travail puis la valorisation, mais
ça reste qu'ils font face à énormément d'enjeux, puis ils ne vous demandent pas
pour l'argent, ils vous demandent d'avoir une reconnaissance, de faire...
d'engager du monde pour prêter main-forte, pour aider. Mais à date ce qu'on
voit, c'est des représailles, une omerta. Ils n'ont pas le droit de dénoncer.
Puis ils sont toujours seuls. On a toujours des agents qui agissent seuls dans
leur milieu carcéral.
Ça fait que qu'est-ce que vous allez faire,
mettons, dès demain, pour venir régler ces problèmes.
La Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M. Bonnardel : Mme la
Présidente, c'est tellement inexact et... je ne veux pas dire faux parce que
vous allez me dire de l'enlever, là, mais c'est totalement inexact de dire que
les agents ne peuvent s'exprimer. J'étais au centre de détention de Québec
mardi, là, j'étais au centre de détention de Québec mardi matin pour aller voir
les nouvelles installations, je pourrai l'expliquer plus longuement dans les
prochaines semaines, pour aller voir les installations technologiques, les
appareils qu'on a installés pour, justement, accompagner, mieux accompagner le
travail des agents correctionnels.
Je pourrais prendre les deux minutes qu'il
reste, je ne le ferai pas, je vais lui laisser une autre question, mais je veux
lui dire une chose : Elle le sait, que, pour moi, pourvoir les postes
d'agent de services correctionnels, c'était immensément important. On est parti
de la COVID, où ça a été extrêmement difficile depuis la COVID... on avait
12 %, 13 % de postes à pourvoir. Aujourd'hui, par coeur, ce matin, on
était à 7,3 % ou 7,6 % de postes à pourvoir. C'est une théorie du
petit pas, mais on s'améliore. Nos cohortes sont presque pleines pour former
ces agents de service correctionnels. On comprend la situation qu'ils vivent.
On leur a donné... On va leur donner encore, dans les prochains mois, plusieurs
outils. On est en discussion pour cette fameuse veste anti-pic. On va leur
donner tous les outils pour m'assurer une chose, qu'ils retrouvent, dans une
certaine mesure, une fierté, une fierté de travailler dans nos centres de
détention au Québec.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui. Moi, je
peux vous donner une copie des documents que j'ai reçus en ce qui concerne
l'omerta puis les représailles parce qu'ils dénoncent des choses sur Facebook
ou qu'ils likent un post. Ça fait que c'est sûr que je vais partager ça avec le
ministre.
Puis je m'en souviens, du moment où nous sommes
allés visiter un centre de répartition ensemble, puis je crois qu'on a eu une
entente, puis vous avez bien compris avec moi les difficultés qu'ils font face,
nos répartiteurs, entre autres, ce n'est toujours pas réglé, cette affaire-là.
Mais je vous tends la main encore une fois, si vous accepterez à aller prendre
un café avec deux agents pour parler de leur réalité, pas avec le
sous-ministre, beaucoup de respect pour vous, M. Croteau, mais pas avec un
sous-ministe, pas avec votre staff avec vous, parce que, quand le ministre
arrive, là, on, presque, liche les planchers pour que ce soit propre puis que
tout va bien. Est-ce que vous accepterez de faire ça pour avoir un vrai
portrait de qu'est-ce qui se passe dans le milieu carcéral?
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, 16 secondes.
M. Bonnardel : Bien, vous
savez, Mme la Présidente, je suis un partenaire de cette famille des agents de
services correctionnels. Je vais leur donner tous les outils possibles pour
m'assurer de leur sécurité. Comme je l'ai mentionné mardi matin, j'étais au
centre de détention de Québec pour aller parler à certains, puis on va les
accompagner.
La Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Votre temps est terminé.
Donc, la commission plénière ayant terminé cet
échange, je remercie les personnes qui ont participé.
Et j'ajourne les travaux... je suspends les
travaux jusqu'à...
Une voix : ...
La Présidente
(Mme Soucy) : Quelques instants? Bon, bien, alors, on
poursuit. Alors... Habituellement, on les suspend, à cette heure-là. Mais là je
suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 17 h 59)
La Présidente (Mme D'Amours) : La
commission plénière poursuit ses travaux sur l'étude des crédits provisoires
pour l'année financière 2025-2026.
Économie, Innovation et Énergie
Au cours de la prochaine heure, nous allons
procéder à un échange entre Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie et les députés de l'opposition.
Remarques préliminaires
Nous commencerons par les remarques
préliminaires. Je vous rappelle qu'un maximum de six minutes est alloué au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 2 min 59 s au
groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 1 min 58 s
pour le second et... deuxième groupe d'opposition, 40 secondes, troisième
groupe d'opposition, 24 secondes pour l'ensemble des députés indépendants.
J'accorde maintenant la parole à Mme la ministre pour ses remarques
préliminaires.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Merci.
Merci, Mme la Présidente. Donc, bonjour, bonjour à tous, très contente d'être
avec vous pour parler d'énergie. Alors, je tiens d'abord à saluer mes nombreux
collègues ici présents, donc : les députés de Roberval, de Beauharnois,
députés de Portneuf, Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les Basques, de Marie-Victorin, de
Châteauguay, de Labelle, de Bellechasse, Lotbinière-Frontenac, Les Plaines,
Beauce-Sud, Rousseau, Chapleau, le député de Jacques-Cartier, le député de
Maurice-Richard, le député de Jean-Talon et, bien sûr, Mme la présidente, de
même que les équipes du ministère qui m'accompagnent. Merci de votre présence
et merci au sous-ministre d'être des nôtres, mes équipes du cabinet, également.
Donc, merci de nous accompagner.
Alors, on va pouvoir entamer la discussion. Vous
le savez, il y a eu beaucoup de développement en lien avec le dossier de
l'énergie au cours des derniers mois. Alors, j'aimerais vous énoncer
quelques-uns de ces développements importants qui ont pris place.
• (18 heures)
•
Donc, il y a notamment eu le lancement d'une
importante stratégie de développement éolienne par Hydro-Québec, qui a déjà
mené à la signature de trois ententes de partenariat pour la construction de
parc d'éoliennes, d'un total de plus de 10 000 mégawatts d'électricité.
On a eu également le dépôt et l'étude du projet de loi n° 69,
la Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques, de même
que le lancement à venir de deux premiers appels d'offres pour doter le Québec
de 300 mégawatts d'énergie solaire. Il y a eu également la signature d'une
entente gagnante-gagnante entre le Québec et Terre-Neuve, une entente qui va
pouvoir pérenniser des ressources énergétiques importantes pour l'avenir. Il y
a eu également l'arrivée, bien sûr, du nouveau président des États-Unis, qui
vient chambouler bien des dimensions de l'économie québécoise, de l'économie
internationale. Et on en a encore un exemple qui nous a été... qui est apparu
il y a quelques minutes à peine. On a eu également le lancement de la tournée,
la tournée qui s'inscrit dans le cadre du PGIRE, la tournée Vision énergie,
tournée des régions à laquelle on invite les Québécois, les groupes qui sont
investis dans le domaine de l'énergie et dans tous les secteurs connexes, à
réfléchir et à discuter avec nous sur l'avenir énergétique du Québec, et plus
encore. Bref, les collègues des oppositions ont amplement de sujets, de
matière, sur lesquels on pourra échanger entre nous aujourd'hui.
Alors, on le sait, dans un contexte de
transition énergétique, il faut que ça avance en matière d'énergie au Québec et
il faut également que le Québec se positionne dans ce contexte international de
transition énergétique, et on a tout pour le faire, on a tous les atouts.
Alors, avant de commencer les échanges,
justement, je souhaite revenir sur quelques-uns des points importants. Les
chercheurs des HEC l'expliquent très bien dans leur publication annuelle, l'État
de l'énergie au Québec, qui est parue récemment. J'étais d'ailleurs au
lancement. Les défis énergétiques du XXIe siècle, on le sait, requièrent
une approche systémique. Alors que le monde entier est entré dans la transition
énergétique, alors, on doit plus que jamais tenir compte des liens entre les
différentes sources d'énergie, de leur transport, de leur transformation en
multiples produits, de leur consommation par divers secteurs d'activité, etc.
Ça doit se faire en ayant en tête les impacts économiques de même
qu'environnementaux de cette transition. Et, pour gérer les enjeux
énergétiques, on doit comprendre comment nos modèles d'affaires et nos
habitudes de consommation peuvent contribuer à privilégier la production d'une
source d'énergie plutôt qu'une autre.
Comme vous le savez, on s'est engagés dans un
véritable projet de société, comme gouvernement, projet qui vise à décarboner
notre économie. On souhaite transformer les défis de la transition énergétique
en occasion de développement économique parce qu'on a tous les atouts pour ce
faire. Bien que le Québec soit depuis longtemps à l'avant-garde en matière
d'énergie verte, il faut oeuvrer pour faire en sorte de garder ce
positionnement. On doit conserver cette force-là et poursuivre le développement
des différentes filières énergétiques, et ça passe notamment, donc, par une
diversification de nos sources d'énergie.
On a bâti notre mode de vie en nous appuyant sur
nos ressources énergétiques, sur notre talent, et la combinaison de ces deux
éléments a permis un enrichissement collectif des Québécois considérable. Et
aujourd'hui on est conviés à regarder comment bâtir l'avenir énergétique du
Québec.
Le constat qu'on fait est
clair. On doit continuer de faire preuve d'audace, d'ingéniosité pour soutenir
nos besoins actuels et futurs en agissant tant sur la demande que sur l'offre
en énergie et, pour ça, on doit se doter d'une vision claire et intégrée en
matière d'énergie propre et en matière d'efficacité énergétique et de sobriété
énergétique.
Avec le projet de loi n° 69, c'est ce qu'on
fait. La pièce maîtresse de ce projet de loi est le plan de gestion intégré des
ressources énergétiques, le PGIRE. Il va changer la façon qu'on a de penser
l'énergie. Je le disais, la situation a changé. On doit mieux évaluer la
consommation future d'énergie, les ressources disponibles et explorer
différentes options énergétiques et technologiques pour assurer une offre
stable, une offre durable.
Et, avant d'élaborer le PGIRE, notre
gouvernement souhaite rencontrer les intervenants des différents milieux,
qu'ils soient municipal, énergétique, économique, environnemental, politique,
les groupes de citoyens, ceux liés à la main-d'oeuvre, de même que les
communautés autochtones. On a besoin d'entendre le plus grand nombre pour
connaître leur vision sur la planification énergétique. On a lancé la tournée
Vision énergie récemment à Montréal. Je salue d'ailleurs le député de
Maurice-Richard, qui était des nôtres pour l'occasion. Et on maintient ce
dialogue avec une visite d'un ensemble de régions du Québec.
Je m'arrête là-dessus pour que l'on puisse
échanger avec les différents collègues. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Je cède maintenant la parole, pour vos remarques
préliminaires, pour une durée de 2 min 59 s, au député de
Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je suis très content d'être ici avec tous mes collègues, quand
même, du côté des banquettes gouvernementale que des oppositions. C'est sûr
qu'on est toujours dans la discussion sur l'énergie. Ça a fait presque toute la
journée que nous sommes avec la ministre dans l'étude du projet de loi n° 69. Et maintenant on va avoir une discussion plus sur
l'étude des crédits et des éléments qui sont dans le budget.
Puis, une chose que j'ai remarquée, c'est vrai
qu'il y a beaucoup de choses qui se passent au Québec en termes d'énergie, mais
je ne peux pas... de remarquer le fait que le dossier de l'énergie n'est
presque nulle part dans le budget. Si on regarde un petit peu, quand même, la
question de la transition énergétique et d'être plus efficace, peut-être plus
autonome en termes de consommation de l'énergie, quand même, peut-être, la
production, il n'y a pas grand-chose dans ce budget pour ça. Vous savez, Mme la
Présidente, je suis un fan des panneaux solaires. Je sais qu'il y a quelque
chose dans les cartes avec Hydro-Québec, mais j'ai toujours pensé quand même
que le gouvernement peut faire leur part aussi. Hydro-Québec a été très, très
claire avec leur plan, puis, quand ils étaient ici en commission, ça ne peut
pas être juste eux autres qui sont responsables pour mettre en mise leur plan
d'action, ça va prendre l'assistance du gouvernement.
Alors, dans ce sens-là, j'ai toujours pensé que
le Fonds vert, c'était peut-être un élément ou une place on peut trouver des
financements pour aider des gens de faire des rénovations de leur maison, pour
ajouter des panneaux solaires sur leur toit ou quand même d'acheter une
batterie, parce que les panneaux solaires sont bien intéressants, mais il faut
ajouter un mix des batteries. C'est qu'est-ce que plusieurs experts le disent,
c'est une façon d'être plus efficace. Alors, c'est sûr que...
Ça, c'est une chose que j'ai dite : Bien,
peut-être, ça va finalement être l'année où le budget du Québec parle d'un
programme pour les panneaux solaires, de faire des rénovations à la maison pour
se rendre ça plus efficace, lancer un programme, etc. Mais je n'ai pas... je
n'ai pas trouvé ça dans le budget. Mais, bref, c'est correct, on va... je vais
garder l'espoir pour l'année prochaine.
Mais encore, juste en général, on sait que, sur
la question de la formation de la main-d'oeuvre, c'est un élément qui est
hyperclé pour Hydro-Québec pour s'assurer qu'il peut aller de l'avant avec leur
plan. On ne trouve pas grand-chose dans le budget sur cette question
spécifiquement, comment on peut assister Hydro-Québec à trouver la
main-d'oeuvre nécessaire.
Alors, on va avoir une discussion sur plusieurs
éléments, Mme la Présidente. Ça va être une bonne discussion. Puis je vais
arrêter là parce que je comprends que je n'ai plus de temps pour mes remarques
préliminaires. Mais merci beaucoup pour l'écoute, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. M. le député de Maurice-Richard, est-ce que vous souhaitez faire
des remarques préliminaires? Non? Vous allez garder votre temps pour la période
d'échange.
Discussion générale
Donc, nous serions maintenant à la période
d'échange, et je vais céder la parole au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Parfait. Merci, Mme
la Présidente. Merci beaucoup. Je vais commencer avec quelque chose qui est
dans l'actualité. On a vu que le gouvernement du Québec a confirmé un décret
pour garder la hausse de 3 % pour les tarifs résidentiels d'Hydro-Québec,
mais je veux aller plus sur la question que... qui va payer pour le fait que le
gouvernement a décidé de garder ça à 3 %, parce qu'il y a un lapsus, un
manque de 0,6 % dans qu'est-ce que la hausse était demandée de la régie.
Et j'ai lu l'article rapidement. C'est correct, le gouvernement respecte ses
engagements, c'est qu'est-ce que la ministre a dit dans une mêlée de presse.
Mais après ça elle a dit : Peut-être ça va être des industriels et le
commercial qui devront absorber une hausse, mais après ça c'était : Non,
non, non, c'est correct. Hydro-Québec a déjà... avait
déjà décidé d'assumer la différence de 0,6 % à même le dividende de la
société de l'État au gouvernement. C'est une baisse d'un dividende provisionné,
on avait écrit par message texte, donc ça n'apporte pas nécessairement une
augmentation pour les clients commerciaux et industriels.
Mme la ministre, est-ce que vous êtes en mesure
de dire ce 0,6 %, c'est quoi le montant exact dans les chiffres? De
combien de millions est-ce qu'on parle dans les dividendes d'Hydro-Québec qu'on
a maintenant moins de?
• (18 h 10) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Bien, tout d'abord, je voudrais commenter sur certains... certaines
des remarques préliminaires du député de Jacques-Cartier quant à l'argent, par
exemple, qu'il n'y a... qu'il y a ou il n'y a pas dans le budget.
Alors, effectivement, l'essentiel des
investissements est fait par Hydro-Québec en ce qui a trait au développement
énergétique. Il y a toutefois le PGIRE, la tournée du PGIRE qui est portée par
le gouvernement, et, dans le budget d'hier, on retrouve une somme de
1,8 million sur deux ans qui est dédiée à l'organisation de cette tournée
sur le plan de gestion intégré des ressources énergétiques.
Et je sais que le député entretient une
attention particulière sur l'énergie solaire, on a d'ailleurs discuté, il y a
quelques jours, de ça, et je partage l'ambition du député de Jacques-Cartier
pour rehausser la présence de l'énergie solaire dans le bouquet énergétique du
Québec. C'est important que l'on s'engage dans cette forme d'approvisionnement
énergétique. Et je sens que, chez Hydro-Québec, il y a cette volonté également
de rehausser la part du solaire dans le bouquet énergétique. Il y a d'ailleurs
des appels d'offres, là, qui ont été évoqués. Donc, voilà, on va aller de
l'avant avec cette formule-là d'une manière plus marquée.
Alors, effectivement, on a fait... on a fait une
annonce, une annonce suite à l'adoption d'un décret par le Conseil des
ministres pour faire en sorte de plafonner à 3 % le tarif pour la
clientèle résidentielle d'Hydro-Québec. C'était l'engagement que l'on avait
fait aux Québécois, et donc on respecte notre engagement. Alors, il y aura
cette hausse qui sera plafonnée à 3 %. Et le différentiel entre ce
qu'avait établi, là, la Régie de l'énergie, à savoir une hausse de 3,6 %
pour le tarif domestique, et celle qui est adoptée via le décret du jour,
limitée à 3 %, il va être absorbé par Hydro-Québec. Donc, on m'a confirmé
effectivement qu'Hydro-Québec avait déjà provisionné des sommes importantes,
au-delà du 3 %, et, par conséquent, ça lui permet d'absorber le delta,
donc le 0,6 % de différence entre 3,6 % et 3 % comme tarif
résidentiel. Donc, voilà, c'est capté, c'était déjà provisionné par Hydro-Québec.
Et tout ça va être mis en oeuvre dès le 1er avril prochain, donc
1er avril 2025, et ça va permettre de bénéficier à 4 millions de
ménages québécois, donc l'ensemble des... de la clientèle résidentielle. Et la
différence entre le 3,6 % et le 3 % représente une somme de
50 millions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Et est-ce que, Mme la ministre, ça, c'est déjà pris en
considération, le dividende qu'Hydro-Québec a mis au gouvernement, ou ça, ça va
être ajouté à l'année prochaine?
Mme Fréchette : C'est l'année
en cours?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, c'était provisionné déjà pour l'année en cours dans les sommes
d'Hydro-Québec.
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Et, regarde, je comprends que le gouvernement a pris une
décision. 50 millions de dollars, on peut regarder le budget total puis
les dividendes d'Hydro-Québec, on dit : Ah! bien, ce n'est pas énormément,
mais, quand on a cette attitude, Mme la Présidente, c'est comment on se rend
dans une situation avec un déficit énorme. Parce que, chaque fois, on dit :
Bien, c'est juste 50 millions de dollars, bien, c'est juste
100 millions de dollars. Si on regarde le total des dépenses, ce n'est pas
énorme, mais je trouve encore... Je comprends, le gouvernement a pris une
décision, mais, à répétition, ce type de décisions a des conséquences lourdes
pour nous.
Puis je veux juste ajouter encore, pour les gens
comprennent bien la situation, oui, tous les gouvernements, souvent, ont des
déficits, ils empruntent de l'argent, mais le fait est qu'avec le gouvernement
présentement le service à la dette va augmenter d'une façon impressionnante
dans les prochaines deux années. Et ça, c'est l'argent qu'on va payer
essentiellement à des gens qu'on a prêté l'argent d'eux, et c'est des centaines
de millions de dollars qu'on va ajouter à ça qu'on ne peut pas dépenser dans
notre économie, dans notre système de santé, dans notre système d'éducation.
Alors, c'est où il faut avoir, à un certain moment, quand on parle de plus de
rigueur, c'est dans certains exemples comme ça. C'est juste on ne peut pas
regarder que c'est un ajout, on a moins d'argent, parce que, déjà, les
dividendes d'Hydro-Québec continuent de baisser, et c'est problématique. Des
fois, c'est lié au fait qu'on a moins de l'eau dans les réservoirs de nos
barrages, les autres, c'est dû à des autres éléments qu'on va discuter tantôt
dans le budget, qui a été indiqué, mais c'est juste, encore, Mme la Présidente,
je pense que, déjà, on peut faire des exemples un petit peu partout.
Le gouvernement prend des choix, ça, c'est leur
droit, mais il y a des conséquences. Et, si on calcule toutes ces décisions, ça explique pourquoi nous avons... rendus dans
une situation comme ça. Puis encore il y a un coût qui va être ajouté de chaque
fois qu'on prête l'argent ou on a moins d'argent dans... moins de revenus.
C'est des vraies conséquences pour l'État.
Mme la ministre, je veux... reviens sur cet
aspect-là, parce que, dans le budget, on parle de Churchill Falls. Et il y a
cet élément, sur la page F.12, où on dit : Bien, le budget prévoit
une baisse importante des revenus de la province pour les trois prochaines
années. Cette raison est mentionnée : «La diminution des revenus des
entreprises du gouvernement est principalement expliquée par les ajustements
apportés aux résultats d'Hydro-Québec découlant de l'inclusion de l'impact de
renouvellement de l'entente d'approvisionnement d'électricité provenant de
Churchill Falls ainsi que la baisse des exportations liées à la faible
hydraulicité.»
Je veux juste mettre le focus, pour l'instant,
sur Churchill Falls. Si on est déjà en train de perdre des revenus, est-ce que
le gouvernement a vraiment négocié la meilleure entente que possible pour le
Québec, Mme la Présidente, et... Question pour la ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre, votre réponse.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Bien, j'aimerais revenir, dans un premier temps, sur les
premiers points d'intervention du député de Jacques-Cartier. Pour nous, vous
savez, c'était crucial de protéger le pouvoir d'achat des Québécois et c'est ce
qu'on s'était engagé à faire en mettant de l'avant l'idée d'un plafond à
3 % pour la hausse du tarif résidentiel. Et donc on remplit notre promesse
avec le décret qui est adopté aujourd'hui pour plafonner, justement, à 3 %
la hausse du tarif résidentiel.
Je sais que les libéraux avaient pris une
approche différente au cours de la dernière décennie, ils ont préféré épargner
les industrielles, puisqu'ils ont fait en sorte de ne pas indexer les tarifs industriels
depuis plus de... les 10 dernières années.
Alors, de notre côté, il y a une question
d'équité qui était en jeu. Les Québécois, ils l'ont eu difficile ces dernières
années. Leur pouvoir d'achat a été affecté par une inflation qui a été parfois galopante.
Alors, il fallait absolument aider les Québécois à protéger leur portefeuille,
et c'est ce qu'on fait avec le décret d'aujourd'hui en limitant la hausse
tarifaire des clients d'Hydro-Québec à 3 %. Alors, cette somme de
50 millions, pour nous, c'est un investissement dans le portefeuille des
Québécois et dans le maintien d'une accessibilité des Québécois à une énergie
propre, mais également accessible sur le plan financier. Alors, c'était un
élément déterminant.
Par la suite, la question portait sur... pardon,
j'ai...
Une voix : ...
Mme Fréchette : Churchill
Falls, oui. L'entente Québec—Terre-Neuve,
une entente déterminante, vraiment, qui est d'une grande importance parce
qu'elle vient sécuriser des milliers de mégawatts à un prix plus que compétitif
pour les Québécois. Donc, on assure, dans le fond, une accessibilité,
justement, à une énergie propre et abordable pour des décennies à venir.
Alors, c'est une entente historique, en fait,
qui a été signée entre le premier ministre François Legault et le premier
ministre de Terre-Neuve en décembre dernier. C'était un partenariat
gagnant-gagnant qui va nous permettre de remplir... de contribuer à atteindre
nos objectifs en matière de rehaussement de la production énergétique, parce
que, oui, dans une période de transition énergétique, il nous faut rehausser de
manière importante l'offre énergique du fait de l'électrification, par exemple,
du secteur des transports. Donc, avec la signature de cette entente-là, on
vient sécuriser un rehaussement de la production de même qu'un accès pérenne à
une électricité renouvelable et abordable.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Kelley : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je reviens sur ce principe-là, que le parti libéral a toujours
appuyé les grosses industrielles. Et c'est vrai, le raisonnement qu'on a fait
ça souvent. Bien, la dernière fois que nous... quand on... la dernière... quand
nous étions au pouvoir, entre 2014 et 2018, M. le Président, c'était le premier
tour du président Donald Trump, qui a créé beaucoup d'incertitude aussi dans
notre économie, qui aussi jouait avec des tarifs. Puis, quand même, dans le
passé, on a eu des autres crises économiques. Alors, pour nous, c'est sûr, les
grosses industrielles, on sait que des régions sont les plus... l'air pour les
poumons de l'économie du Québec. Sans eux autres, il n'y a pas d'économie, on
n'a pas de job payante en région.
• (18 h 20) •
Alors, c'est sûr qu'on a pris des décisions
d'appuyer eux autres dans les périodes où c'était difficile. Et ça, c'est
pourquoi ils ont dit : On a toujours préféré le système qui était en place
parce que ça a aidé, nous, à traverser les périodes difficiles. Puis,
maintenant, on arrive avec une situation où ça semble qu'il va y avoir une
autre période difficile avec beaucoup d'incertitude avec l'arrivée de Donald
Trump une deuxième fois comme président des États-Unis.
Et c'est une discussion qu'il faut avoir. Parce
que, sinon, on a vu, Mme la Présidente, dans l'étude de Desjardins cette
semaine, les risques posés par les tarifs touchent en particulier des régions
comme la Côte-Nord, comme le Saguenay. C'est vraiment eux autres qui étaient
plus à risque à cause d'une guerre commerciale avec les Américains. Et ça,
c'est où on trouve nos... certaines de nos grosses industrielles qui offrent
des jobs payantes en région. Et on ne peut pas perdre ces industries-là. On
veut s'assurer qu'eux autres gardent le plus grand nombre en emploi que
possible, parce que ça n'aide aucune personne si les gens
se trouvent sur le chômage. Il faut avoir des gens qui paient des impôts pour
nos services. C'est partie de cette recette, agrandir notre économie pour
s'assurer qu'il y a des jobs payantes et des jobs... Puis on peut payer les
impôts pour s'assurer que nous avons des bons services de qualité au Québec.
Alors, je pense qu'encore les grands industriels
répètent à plusieurs reprises que le gouvernement regarde cette situation-là
parce qu'ils sont dans une situation... il y a beaucoup d'incertitude. Et peut-être,
maintenant, ce n'est pas le meilleur moment de hausser leurs tarifs d'une façon
importante. Et je crois toujours que c'est un argument qui... il faut
l'écouter, mais, bref, on n'a pas la même opinion là-dessus.
Mais on va passer à la deuxième question, qui
est liée avec Churchill Falls, mais encore, Mme la ministre, c'est ce fait
qu'on a perdu des revenus et le fait que c'est déjà prévu qu'on va perdre des
revenus de notre dividende d'Hydro-Québec avec la négociation, les ententes de
Churchill Falls. Et, si ça arrive dans les prochains deux ans puis un autre
gouvernement conservateur, à Terre-Neuve, arrive puis dit : On ne veut
rien savoir de cette entente-là, je suis moins convaincu que c'était peut-être
le meilleur deal qu'on a fait dans l'histoire du Québec. Moi, je me rappelle
toujours le fait... Je rappelle l'image, ça reste dans ma tête, quand j'ai vu
le premier ministre Terre-Neuve-et-Labrador qui a déchiré l'entente que nous
avons négociée avec eux autres dans le passé, qui était un contrat qui était
hyperimportant pour le Québec. C'était le meilleur contrat que nous avons
négocié, et c'est le Québec qui a pris tous les risques à l'époque aussi.
Alors, je suis moins sûr. Il y a beaucoup de
questions qui se posent. Est-ce que les retombées vont vraiment être à
200 milliards de dollars? Quand j'ai entendu qu'Hydro-Québec dit dans les
médias québécois : Ah, c'est la même entente, rien ne se change, puis,
l'autre jour, on voit dans les débats à Terre-Neuve, à Labrador, à Saint-Jean,
que des gens parlent du fait que ce n'est pas une bonne entente pour nous...
Alors, on questionne tout ça, mais, sur notre côté ici, au Québec on prend un
hypergrand risque avec cette entente, et, déjà, on a une liste des revenus...
se pose la question si c'est vraiment la meilleure entente, dans l'histoire du
Québec, négociée par notre premier ministre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors, je
vais revenir sur certains des commentaires du député. Donc, il faut voir que,
du côté de Terre-Neuve, l'entente a été vraiment immensément bien accueillie.
En fait, ça a été une délivrance, je vous dirais. Le sentiment qu'on avait,
parce que j'étais présente lors de l'annonce, et le sentiment qui régnait dans
la salle, c'en était vraiment un à la fois d'euphorie et de délivrance. C'était
très, très singulier, et je serais donc très étonnée que cette entente-là ne
recueille pas le soutien de ceux qui succéderont au premier ministre qui va,
bon, laisser sa place prochainement.
Donc, pour moi, en fait, c'est sûr qu'il reste
des éléments à négocier. Il y a des éléments de l'entente globale, là, qui a
été convenue, qui sont à préciser, mais les grands principes fondamentaux sont
là. Et l'entente garantit au Québec l'accès à un minimum de 7 200 mégawatts,
pour les 50 prochaines années, à 0,06 $ du kilowattheure. Ça, c'est
le fruit de quatre années de travail, je vous dirais, quatre années de
développement de relations avec le premier ministre Furey, également avec les
dirigeants gouvernementaux. Et c'est un prix, il faut voir que c'est un prix,
0,06 $ du kilowattheure, qui est plus bas que toutes les options
renouvelables qui existent en Amérique du Nord, les options renouvelables, là,
accessibles, fermes.
Alors, quand on parle du 200 milliards...
200 millions... 200 milliards de dollars, c'est ce qu'on a réussi,
grâce à cette entente-là, à épargner sur la durée du contrat. Parce que, si on
avait utilisé des formes d'énergie alternatives, il nous en aurait coûté plus
cher que ce 0,06 $ du kilowattheure. Donc, c'est de ce point de vue là
qu'il faut voir ce montant. C'est en épargnes qui va être obtenu sur la durée
de l'ensemble du contrat. On parle donc d'un contrat de 50 ans. Et on a
bâti, en fait, avec le projet hydro le plus abordable en Amérique du Nord,
donc, ce qui repose sur Gull Island. Ça, c'est une des parties particulièrement
intéressantes de cette entente, c'est qu'on va pouvoir aller harnacher le
potentiel de Gull Island. Et l'expertise d'Hydro-Québec sera mise à
contribution pour ce développement énergétique fort important.
Donc, sachant qu'on vit dans un monde vraiment
incertain, particulièrement ces derniers temps, je vous dirais que
l'incertitude s'est accrue, il est vraiment rassurant de voir qu'on a cette
entente-là qui a été convenue avec Terre-Neuve, parce qu'elle nous permet une
stabilité dans le temps et à un prix vraiment très intéressant, hors
compétition, je vous dirais. Alors, pour un bien essentiel, en plus, comme
l'énergie, l'incertitude va être dissipée, va être mise de côté du fait de
cette entente-là pour une bonne part de notre consommation. On parle de
15 % de l'énergie qui est consommée au Québec. Donc, c'est considérable
comme retombées pour le Québec.
Investir dans des barrages, là, ça a été
structurant pour la société québécoise puis ça va pouvoir l'être encore grâce à
cette entente. On va s'assurer, bien sûr, de la sécurité énergétique des
prochaines générations, de décarboner notre environnement et de créer de la
richesse collective. Alors, ça, ça va être au bénéfice des générations à venir.
Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. M. le député.
M. Kelley : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : 2 min 20 s.
M. Kelley : Je vais juste
terminer sur un point, Mme la ministre. Pas tout le monde est d'accord à
Labrador, on voit... à Terre-Neuve-Labrador, parce qu'on
voit l'ancien PDG de Newfoundland Hydro qui a dit que «Newfoundland Hydro was
taken to the cleaners on Churchill Falls deal». Alors, on ne sait pas si on va
avoir plus d'opposition dans les années qui s'en viennent, mais on verra la
suite des choses.
Aussi, on a eu beaucoup de temps qui est resté
sur l'ancien contrat, qui était très favorable au Québec. Puis Terre-Neuve-et-Labrador
étaient un peu coincés aussi avec le fait qu'ils doivent passer sur notre
territoire avec leur projet. C'est comme... nous sommes leur seul partenaire
dans leur situation pour le développement si c'est de Gull Island ou de
maximiser Churchill Falls, mais... Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de temps
qui reste dans mon bloc ici, Mme la Présidente, mais on verra la suite des
choses. C'est juste inquiétant qu'on voie déjà que l'entente va coûter,
Hydro-Québec, l'argent, puis on voit que le dividende d'Hydro-Québec est en
diminution à cause de plusieurs facteurs. Et ça, ce n'est pas bon pour l'État
ni pour un gouvernement qui a pris l'engagement de sortir de la situation
déficitaire puis d'aller vers une situation où il y a un budget à équilibrer
d'ici 2030, si je ne me trompe pas, Mme la Présidente.
Mais aussi il y a toutes les questions aussi
qu'Hydro-Québec va prendre beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de dettes dans les
années qui s'en viennent. Et ça doit être un peu... Ça doit être une
préoccupation de tout le monde, comment Hydro Québec va être capable de gérer
cette augmentation de dette et de payer pour tout ça. Ce n'est pas gratuit.
L'argent ne tombe pas du ciel, Mme la Présidente. Puis c'est sûr que c'est un
gros chantier. D'une certaine part, c'est nécessaire, mais on va revenir dans
le prochain bloc pour discuter si c'est nécessaire peut-être de regarder les
ententes avec New York puis Massachusetts, qui est mentionné dans le budget.
Est-ce que c'est mieux d'annuler ces deux contrats? C'est quoi, le coût? Est-ce
que c'est moins coûteux de faire ça que d'investir dans plusieurs différents
projets de barrages? Encore, ça, c'est pourquoi c'est nécessaire d'avoir une
vraie discussion avec la population, une vraie consultation. Alors, j'arrête
là, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Nous serions maintenant rendus au groupe... au deuxième groupe
d'opposition pour un temps de 17 min 45 s avec l'échange... avec Mme
la ministre. Donc, M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Très heureux d'être aux crédits... les précrédits, aujourd'hui.
Peut-être commencer par une question simple et
facile. Pendant le projet de loi n° 69, la position de l'extrême majorité
de la société civile, c'était qu'il fallait faire un grand débat autour du
PGIRE avant de proposer des modifications législatives aussi importantes que le
projet de loi n° 69. Votre argument, Mme la ministre, c'était que le
projet de loi permettait justement de faire un PGIRE, ce à quoi on s'accordait
que n'importe quel gouvernement pourrait planifier son projet de loi. Or,
l'exercice du PGIRE a commencé il y a deux semaines. Est-ce qu'il est vrai que
vous aviez besoin de ce projet de loi pour commencer l'exercice de
consultation?
• (18 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Alors, comme je l'expliquais, le projet de loi n° 69 nous
permet de poser un cadre qui sera en quelque sorte le réceptacle du PGIRE. Le
PGIRE, pour qu'il puisse prendre forme, prendre vie, il faut que le
gouvernement, qu'Hydro-Québec, que la Régie de l'énergie soient liés à ce qu'il
contiendra. Alors, c'est ce que permet le projet de loi n° 69,
entre autres. Il y a beaucoup d'autres objectifs qui sont visés, là. On veut
moderniser, bien sûr, l'encadrement réglementaire du secteur énergétique. Mais,
à la base, il faut qu'il y ait un lien entre ce qui sera contenu dans le PGIRE
et les institutions qui devront s'en remettre au PGIRE. Alors, c'est ce que
permet le projet de loi n° 69. Et, le PGIRE, on a commencé les tournées,
on a commencé les discussions...
M. Bouazzi : Mme la Présidente.
Mme Fréchette : ...mais il faut
voir que ça va se poursuivre pour encore la prochaine année. Donc, au terme de
cette prochaine année-là, les discussions entourant le PGIRE auront été
conclues.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le député.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Je vous inviterai à me regarder plus souvent, parce que Mme la
ministre a tendance à donner des très, très longues réponses, et, par respect
pour le débat démocratique que nous avons, je pense qu'il est important...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
avez pris une minute, je lui ai donné une minute.
M. Bouazzi : Je veux bien, mais
je vous invite...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis équitable avec le temps, je vous rassure, mais je vais vous regarder. Je
vous avais entendu et j'attendais que le temps de la ministre soit passé. Je
suis équitable avec le temps pour tout le monde, M. le député.
M. Bouazzi : C'est très bien. Et
j'espère que vous le serez dans le reste de cet échange.
Donc, parlons... parlons
de la privatisation de l'électricité. Le projet de loi, justement, ouvre la
porte à un peu plus de place dans le privé : le privé qui peut vendre au
privé, la limite du 100 mégawatts, des barrages qui peuvent, du coup,
passer au privé à partir d'Hydro-Québec. Ça fait maintenant 25 ans que
nous avons commencé à construire des éoliennes, donc depuis le gouvernement
péquiste de la fin des années 90, début des années 2000. S'en est
suivi un gouvernement libéral de M. Charest, puis un gouvernement péquiste,
puis un autre libéral, et puis maintenant la CAQ. Et puis on est 25 ans
plus tard et 100 % des éoliennes sont opérées et produites par le privé au
jour où on se parle aujourd'hui.
Est-ce que vous avez une étude, Mme la ministre,
qui explique que c'était une bonne idée de ne pas faire faire toutes ces
éoliennes-là par Hydro-Québec et ne pas les opérer par Hydro-Québec?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, j'aimerais rappeler au député de Maurice-Richard
que je souhaite simplement prendre le même temps qu'il prend pour poser
ses questions. J'ai vu qu'il avait tenté de m'interrompre avant la fin du temps
en question, mais je tiens à occuper l'ensemble du temps qui m'est disponible
pour répondre à ses questions de manière la plus détaillée possible. Alors,
c'est pour ça que j'ai souvent des longues réponses.
Alors, pour ce qui est d'Hydro-Québec,
j'aimerais rappeler qu'il n'est aucune question de privatiser Hydro-Québec,
bien au contraire. En fait, on vient renforcer Hydro-Québec avec le projet de
loi n° 69, également avec le projet de rehaussement considérable de la
production d'énergie de la part d'Hydro-Québec. Et, en ce qui a trait à
l'énergie éolienne, d'ailleurs, le projet loi n° 69
permettra à Hydro-Québec d'occuper une part beaucoup plus importante dans le
secteur de l'énergie éolienne. Il va pouvoir occuper une part de marché
importante. Donc, il y a un changement important qui va s'opérer à Hydro-Québec
par rapport à son lien en matière d'énergie éolienne. Puis j'entends aussi
qu'Hydro-Québec veut s'investir davantage dans le solaire, donc c'est un
accroissement de sa présence.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Bouazzi : Ça fait 25 ans
que les éoliennes sont faites par le privé. Est-ce que vous avez une étude, Mme
la ministre, qui dit que c'était une bonne idée de ne pas les faire faire par
Hydro-Québec?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors,
l'expertise en matière d'éoliennes était présente dans le secteur privé au
moment où le développement de l'énergie éolienne s'est opéré au Québec. Donc,
il y a eu des appels d'offres, ces dernières années, de la part d'Hydro-Québec
en lien avec l'énergie éolienne et le privé a été mis à contribution. C'est là
que se trouvait l'expertise. Maintenant, il y a une volonté chez Hydro-Québec
d'accroître son expertise dans le secteur de l'éolienne et c'est ce qui est en
train d'être fait.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
avez une étude, Mme la ministre, qui dit que faire faire ces éoliennes par le
privé depuis 25 ans a rapporté quelque chose à l'État?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, les
partenariats entre le secteur privé et Hydro-Québec, et d'ailleurs avec les
communautés également, et je sais que c'est une dimension qui est chère au
député de Maurice-Richard, que d'avoir des ententes,
notamment, avec les Premières Nations, elles ont permis de rapporter aux
Québécois des retombées importantes.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Je note que la réponse était très longue. C'est oui ou non. Vous
avez des recherches qui prouvent que oui, ça rapporte de l'argent à l'État ou
pas.
Mme la ministre, un projet qui se fait dans le
privé se fait évidemment parce que ça rapporte de l'argent au privé. Et les
dividendes, d'après une étude de l'IREQ, ont rapporté à peu près entre
1 milliard et 1 milliard et demi, dans des chiffres plutôt
conservateurs, en dividendes au privé. Est-ce que vous pensez que c'est une
bonne idée de ne pas avoir accès à cet argent-là, tout simplement, et le passer
au privé plutôt que le garder au niveau des factures des Québécoises et
Québécois ou pour payer nos services publics à travers les dividendes payés à
l'État par Hydro-Québec?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors, une
des choses qui m'interpellent particulièrement dans les retombées de ces
projets d'éoliennes, c'est notamment les retombées pour les communautés, les
communautés locales, particulièrement les Premières Nations.
C'est une occasion pour eux de rehausser leurs revenus, de diversifier leurs
revenus, de développer une expertise, de se bâtir un capital financier pour
investir dans des projets futurs. Donc, il y a là un véritable levier de
développement pour des Premières Nations, pour des communautés qui, pour elles,
va être transformationnel.
Alors, je m'étonne toujours d'entendre le député
de Maurice-Richard voir d'une manière très négative ces
ententes partenariales, parce que, s'il y en a un qui intervient de manière
régulière au bénéfice des intérêts des Premières Nations, c'est bien lui, mais
pourtant, quand il s'agit de ce genre de projet, il est à l'opposé de leur
intérêt.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Bouazzi : Mme la ministre,
vous avez dit qu'il va y avoir des nouveaux projets d'éoliennes qui vont être
sous la gouverne d'Hydro-Québec, c'est bien ça?
Mme Fréchette : Bien, il y aura
des projets, des projets futurs qui seront mis de l'avant.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
voulez dire que, dans les projets qui sont gérés par Hydro-Québec, que les
Premières Nations, les droits des Premières Nations, les revenus qui leur sont
dus seront bafoués? Vous avez l'air de dire... votre argument de dire : Ça
se fait dans le privé, c'est vraiment important pour les Premières Nations...
mais, si ça se faisait par Hydro-Québec, vous pensez qu'Hydro-Québec n'aurait
pas la capacité d'être correcte avec les Premières Nations?
Mme Fréchette : Non, pas du
tout. Il y a une volonté très claire et ferme d'Hydro-Québec de resserrer ses
partenariats avec les Premières Nations. Mais je dis que, dans plusieurs de ces
projets-là, il y a des redevances qui viennent aux communautés locales, qui
viennent aux Premières Nations, lorsqu'il y a une entente qui les lie pour un
projet d'énergie éolienne, et ça, ça vient s'ajouter aux retombées dont
bénéficient les populations autochtones, à travers Hydro-Québec, donc c'est une
plus-value additionnelle. Donc, c'est en ce sens-là que ça représente un
intérêt...
M. Bouazzi : Mais on est
d'accord, quand même, que ceux qui vont être faits par Hydro-Québec, dans
l'avenir, vont respecter au moins aussi bien ces contrats-là qu'aujourd'hui les
Premières Nations ont avec le privé. J'espère, en tout cas, que c'est le cas,
évidemment. Et, en imaginant que c'est le cas, parce qu'on ne peut pas imaginer
que le gouvernement... enfin, Hydro-Québec va faire moins bien que le privé
dans les accords avec les Premières Nations, à ce moment-là, on peut s'entendre
que l'argument de dire : Il faut faire plaisir aux Premières Nations en
allant dans le privé ne fonctionne pas vraiment, Mme la ministre.
J'ai ici des... l'oscillation du marché du
pétrole sur trois mois. On sait que ça a quand même bougé un peu. Alors,
c'est... date de septembre 2024, je m'en excuse, je n'ai pas mis à jour, mais
les oscillations sont toujours à peu près identiques. On est dans des marges de
10 % à 15 %. Ici, j'ai, à la même date, le marché du bitcoin, que
vous pouvez voir, qui oscille déjà beaucoup plus, beaucoup plus que le marché
du pétrole. Et ici, j'ai le marché de l'électricité. Ici, le marché de
l'électricité, il oscille à hauteur de 250 %, c'est-à-dire qu'il peut
passer de 0,25 $ du kilowattheure à moins de 0,03 $ du kilowattheure,
quand personne ne chauffe ou ne climatise et qu'on produit quand même de
l'électricité. Nous, on garantit sur 20 ans un prix fixe de l'électricité
au privé, et ce coût de raccordement, par rapport au marché, d'après une étude
de l'IREC, toujours, nous a coûté jusqu'à maintenant autour de 1 milliard
de dollars.
Est-ce que vous pensez que c'est correct de
transférer les gains au privé et garder des risques du côté du public, ce qui
nous fait perdre un milliard de dollars, Mme la ministre?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Juste un
moment.
Une voix : ...
Mme Fréchette : Oui,Mme
la Présidente, je demanderais au député de Maurice-Richard
si c'était possible de nous permettre de valider ces chiffres, parce que, là,
il nous montre des graphiques, mais on n'a pas ces données-là entre les mains.
Donc, c'est difficile de répondre, là.
M. Bouazzi : Avec grand
plaisir, je vais transmettre des courbes qui sont, d'ailleurs, toutes
publiques. Mon point, c'est que le marché de l'électricité, le marché spot, est
beaucoup, beaucoup, beaucoup plus risqué que le marché du pétrole ou même celui
du bitcoin. Est-ce qu'on est d'accord au moins sur ça Mme la ministre?
• (18 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Ah! bien,
effectivement, le marché spot est plus volatil.
M. Bouazzi : Donc, on est
d'accord que, quand on offre une stabilité sur 20 ans à un coût d'achat
d'électricité, par rapport à un marché qui est très
volatil... c'est-à-dire que, si le privé avait à dealer avec le marché du
privé, il n'investirait jamais, parce que c'est beaucoup trop risqué. Et
c'était bien parce que nous, en tant que société, Hydro-Québec y compris,
absorbant tout le risque de marché... que le privé veut bien investir dans ce
genre d'expérience, sinon le marché est beaucoup trop risqué.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Je
mentionnais qu'effectivement c'est un marché qui est plus volatil, le marché
spot, mais c'est aussi un marché que l'on connaît, dont on connaît les
variations, et plusieurs... en fait, la plupart de ces variations-là sont
prévues, sont connues d'avance. Et, quand on regarde la somme, au global, de
ces variations-là, bien, on peut estimer à l'avance ce qu'il en sera. Donc,
même si les courbes sont à l'image de montagnes russes, bien, dans les faits,
on peut savoir assez précisément à l'avance le type de volatilité qu'il y aura.
Donc, le niveau de risque n'est pas
représentatif... en fait, la volatilité n'est pas représentative du niveau de
risques qui y est associé. Ce n'est pas nécessairement corrélé.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Bouazzi : Je n'ai pas assez
de temps pour rentrer avec vous dans un débat technique. Ceci étant dit, ça
dépend quand même du coût marginal, Mme la ministre, et, si on se retrouve trop
souvent dans le coût marginal, ça peut être sacrément cher tout le temps, là.
Mais, pour conclure... Ah! peut-être un dernier
argument, Mme la ministre. Quand Hydro-Québec s'endette sur 20 ans, parce
que l'espérance de vie d'une éolienne, c'est 20 ans, elle s'endette à
hauteur de 4 % à peu près. Quand le privé s'endette pour la même éolienne,
disons une éolienne de 4 millions, les banques prêtent à hauteur de
8 % à peu près. Il y a une différence de 100 %. Juste, oublions
l'efficacité du privé, si vous y croyez, par rapport à Hydro, mais cette
différence-là, là, de 100 % dans le coût des créanciers, qui est transféré
aux banques, pas aux actionnaires, pourquoi est-ce qu'on ne le garderait pas
pour nous plutôt que de l'envoyer aux banques, Mme la ministre?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Donc, j'aimerais mentionner en fait qu'il y a plusieurs années
c'est sûr qu'Hydro était moins présente dans le secteur, par exemple, de
l'énergie éolienne, mais aujourd'hui, Hydro-Québec s'implique d'elle-même et
elle a la capacité d'aller chercher du financement à très bon taux. Donc,
voilà, c'est un développement important.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Bouazzi : Effectivement,
Hydro-Québec a toujours eu la capacité à s'endetter à un très bon taux étant
donné que les actifs d'Hydro sont pris en sécurité par l'État du Québec et que
l'État du Québec sécurise les prêts d'Hydro. Donc, effectivement, vous avez
raison, ce n'est pas nouveau, par exemple.
Ça fait que, si je résume, on transfère plein d'argent...
quand c'est fait dans le privé, on transfère plein d'argent aux banques, parce
que le coût de l'endettement est plus coûteux pour le privé que pour Hydro, on
transfère de l'argent aux actionnaires, parce qu'évidemment les actionnaires,
quand ils mettent de l'argent dans une éolienne, c'est pour recevoir de
l'argent qui ne va pas à Hydro. On prend tout le risque du marché pour
nous-mêmes, et, évidemment, il n'y a aujourd'hui aucune étude qui prouve que
c'était une bonne idée de le faire ou aucune étude, évidemment, encore moins
qui dit que c'était une bonne idée de nationaliser tout ça.
Est-ce que, Mme la ministre, vous pourriez vous
engager à faire une étude pour savoir est-ce que c'était une bonne idée de
privatiser toutes ces éoliennes et puis les futures éoliennes? Parce qu'il y a
des projets, évidemment, qui vont se faire dans le privé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Merci. Donc, bien, je pense que je n'ai pas à répondre pour des
décisions qui ont été prises déjà il y a 20-25 ans, mais je vous dis que,
comme je le mentionnais tout à l'heure, Hydro-Québec s'engage davantage, et
c'est ce que permet notamment le projet de loi n° 69,
dans le domaine de l'éolien. Alors, ça va être un changement de donne pour
Hydro-Québec, cet engagement accru. L'expertise va être davantage détenue par
Hydro-Québec que ce n'était le cas il y a 20 ans, 25 ans. Donc, voilà,
ça change la donne.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
M. Bouazzi : Mme la ministre,
M. Godbout, quand il a créé Hydro, il a pris une responsabilité par
rapport à des choses qui se sont faites avant. M. René Lévesque, quand il
l'a nationalisé le reste des projets, il a pris une décision par rapport à ce
qui s'est décidé avant.
Moi, ce que je vous pose comme question,
c'est : Est-ce qu'on pourrait avoir une étude qui, au moins, nous dise que
ce n'est pas une bonne idée de nationaliser toutes ces éoliennes qu'on a laissé
faire dans le privé? Est-ce que vous pouvez vous engager
à juste faire une étude? Je vous ai donné plusieurs milliards de dollars, là,
qu'on est en train de perdre. C'est beaucoup d'argent qu'ils pourraient payer
pour nos écoles et pour nos hôpitaux.
Est-ce que vous pourriez, s'il vous plaît, faire
une étude qui nous prouve que c'était une bonne idée et qu'il ne faut pas
nationaliser? C'est au moins ça, là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, moi, je
considère, en fait, que les partenariats sont gagnants. C'est toujours bon
d'avoir de la compétition pour justement faire baisser les prix. Les
partenariats qui sont signés avec des représentants des communautés autochtones,
des communautés locales, des MRC et de l'entreprise privée peuvent être
gagnants. Ils génèrent des retombées importantes pour ces communautés-là,
créent une diversification des revenus. Et Hydro-Québec également fait son
chemin avec une présence accrue qui sera permise du fait du projet de loi n° 69. Donc, pour moi, ça, c'est une avancée importante.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député. 40 secondes.
M. Bouazzi : Je remarque une
approche franchement dogmatique, Mme la Présidente. On n'est même pas capable
d'avoir... on a peur du résultat d'une étude qui nous dirait si Hydro-Québec
aurait fait ou nationaliserait toutes ces éoliennes, ce serait une bonne idée.
Avons-nous peur du résultat d'une étude? Je veux dire, je veux bien la croyance
dans le marché, Hydro-Québec est la preuve que garder un monopole dans la
création d'énergie était une bonne idée. Pourquoi avons-nous peur de faire une
analyse sur la possibilité de nationaliser toutes les éoliennes du Québec?
La Présidente (Mme D'Amours) : 10 secondes,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Mme la
Présidente, quand on nationalise, il faut compenser. Alors, c'est un faux
débat. Il faudrait sortir des fonds considérables pour racheter l'ensemble des
parcs éoliens déjà construits.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Nous passons maintenant à la période
d'échange avec le troisième groupe d'opposition pour une durée de 7 min
24 s. M. le député de Jean-Talon, la parole est à vous.
M. Paradis : Bonsoir, Mme la
ministre. Votre gouvernement a parié 2,9 milliards de dollars dans
Northvolt qui est maintenant en faillite. 710 millions de dollars sont
déjà engagés, dont 470 millions en Suède. 270 millions de dollars
canadiens sont investis par votre gouvernement de la CAQ dans la maison mère en
Suède.
Je vous cite, le 24 septembre dernier,
ouvrez les guillemets : «On a un statut vraiment privilégié, au sens où,
si jamais il arrivait un événement catastrophe, on serait bien positionnés pour
récupérer notre part d'actifs.» J'aimerais savoir quelle part d'actifs vous
comptez récupérer et qu'est-ce qui a été mis dans les comptes du gouvernement
du Québec sur cet investissement de 270 millions en Suède.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Donc, vous savez, notre gouvernement a fait énormément
d'investissements dans plusieurs projets. La plupart se sont très, très bien
déroulés. Il y en a d'autres pour lesquels il nous va falloir assumer une part
de défaut.
Alors, lorsque le député de Maurice-Richard
parle de 710 millions de dollars, bien, c'est que j'entends qu'il inclut
la Caisse de dépôt. La Caisse de dépôt ne relève pas des décisions du
gouvernement pour ce type d'investissement. Donc, j'invite le député à ne pas
inclure la Caisse de dépôt dans ces données chiffrées puisque ce qui relève de
la décision du gouvernement, c'est davantage ce qui se fait du côté du
ministère de l'Économie, tout comme d'Investissement Québec. Donc, de notre
côté, on avait investi une part des argents dans la maison mère et également
une part des argents au Québec en lien avec l'achat du terrain, et voilà.
Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député de Jean-Talon.
M. Paradis : La Caisse de
dépôt, c'est l'argent des Québécois. On parle de l'argent des Québécois. La
Caisse de dépôt n'aurait pas investi dans Northvolt sans la décision du
gouvernement d'investir.
Je répète ma question. 270 millions du
gouvernement du Québec, j'aimerais que la ministre se concentre là-dessus,
combien ça vaut actuellement? Vous avez provisionné combien? Vous avez garanti
aux Québécois à plusieurs reprises qu'on allait récupérer notre part d'actifs.
Vous avez dit qu'on était vraiment bien positionnés, avec un statut vraiment
privilégié. Comment va notre statut vraiment privilégié dans la faillite?
Combien ça vaut, les 270 millions?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, considérant la tournure des événements, ce qui est en cours, en
discussion relativement à la maison mère, le FDE avait investi un
510 millions dans l'entreprise, soit 270 millions pour une dette convertible dans Northvolt en Suède, et on estime
que la valeur de ce montant est perdue. Et, pour ce qui est de l'autre montant,
le 240 millions, il a été investi pour un prêt pour l'achat du terrain. Il
est donc adossé à la valeur du terrain qui est en garantie. Il faut voir que ce
terrain-là a fait l'objet d'investissements de plus de 100 millions de
dollars, au cours des derniers mois, par l'entreprise Northvolt. Donc, le
terrain a une valeur quand même fort intéressante. Il a des caractéristiques
tout à fait uniques. Il est d'une taille considérable et à proximité de la
métropole.
• (18 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Paradis : Alors, pour les
Québécoises et les Québécois qui nous écoutent, la ministre, après avoir dit le
contraire, qu'on allait récupérer une part importante d'actifs, aujourd'hui,
nous dit que ça vaut zéro, les 270 millions qu'on a investis dans la
maison mère en Suède.
Le premier ministre du Québec, lui, nous a dit
en Chambre, ici même, que, je le cite, «il y a un 200 millions américain — donc
c'est 270 millions canadiens — au siège social en Suède. Il
y a, en échange, des actifs, entre autres une usine en Suède.» Nous sommes dans
le processus de faillite. Est-ce que la ministre peut nous dire sur quelle
usine de Northvolt nous avons des actifs ou des garanties?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, bien, j'aimerais rappeler que le processus en cours n'est pas
complété. On a provisionné des sommes, mais le processus de traitement de la
demande, de mise en protection, n'est pas complété. Donc, on va obtenir les
conclusions. Je n'ai pas de moment exact auquel ça surviendra. Et par ailleurs,
bien, il y a l'actif très important, qui est le terrain qui est situé au
Québec, et qui a, comme je disais, fait l'objet d'un investissement de plus de
100 millions de dollars. Il a été aménagé, il a été nivelé, il a même été
pieuté. Il y a des milliers de pieux qui ont été installés sur le terrain pour
lui permettre d'accueillir une charge particulièrement lourde, donc, une
industrie importante qui pourra s'y établir. Le projet Northvolt Amérique du
Nord aussi demeure dans les cartons.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : J'aimerais avoir
une réponse à ma question parce que c'est le premier ministre du Québec qui
nous a dit ça ici, en Chambre : «Nous avons une débenture avec une
garantie en échange des actifs — je le cite — entre autres une usine
en Suède.» On n'a pas besoin d'avoir complété un processus de faillite pour
savoir sur quel actif on a ou non des garanties.
Je demande à la ministre de confirmer ce que le
premier ministre nous a affirmé ici, solennellement, en Chambre. Sur quelle
usine en Suède est-ce qu'on a des garanties?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors,
notre positionnement, tel qu'il était... tel que j'avais expliqué, moi, en tout
cas, à l'automne dernier, c'est qu'on avait un positionnement avant les
actionnaires. Donc, c'était un positionnement, voilà, qui nous plaçait à un
stade avant celui des actionnaires, et, par conséquent, bon, on a besoin de
voir le processus qui est en cours pour obtenir la conclusion et les suites...
définir les suites à donner à cet investissement.
M. Paradis : Est-ce que, oui ou
non, on a une garantie, comme le premier ministre l'a affirmé, sur l'usine
Northvolt Ett en Suède?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, j'ai indiqué qu'on avait investi 270 millions et qu'il y a un
processus qui est en cours, et, du côté du Québec, il y a le terrain qui est en
garantie associée à l'investissement qui a été fait, de 240 millions de
dollars, et cet investissement-là a une valeur importante.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député, pour 1 min 10 s.
M. Paradis : Pour une dernière
fois... dans un processus de faillite, c'est facile de savoir si, oui ou non,
on a une garantie. Sur le 270 millions en Suède, est-ce que, oui ou non,
on a une garantie sur une usine en Suède, comme le premier ministre l'a
affirmé?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Mme la
Présidente, alors, dans l'ordre de liquidation, notre positionnement vient
avant celui des actionnaires. Donc, c'est le positionnement que nous avons. Il
y a un processus qui est en cours actuellement et nous attendons de voir quels
sont les résultats de ce processus.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. 35 secondes, M. le député.
M. Paradis : Les Québécoises et
les Québécois comprennent bien qu'il n'y a pas de réponse parce qu'il n'y a pas
de garantie sur une usine en Suède, contrairement à ce que le premier ministre
a affirmé ici, en Chambre. Maintenant, il reste un terrain au Québec dans lequel
on a investi 240 millions. Est-ce que la ministre a fait évaluer ce
terrain? Combien vaut-il?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre, 15 secondes.
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, écoutez, ce terrain-là a fait l'objet de travaux il y a encore
quelques semaines, il a fait l'objet d'investissements de plus de
100 millions de dollars, il y a des caractéristiques inégalées...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Nous passons maintenant au... Bien là, M.
le député... O.K. Donc, nous passons maintenant à l'opposition officielle. Je
vous rappelle qu'il vous reste 5 min 34 s. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Mme la ministre, je
vous entends... je voulais entendre sur le corridor énergétique annoncé par le
premier ministre du Canada. On parle beaucoup, dans cette annonce où le premier
ministre du Québec était présent, des pipelines. Selon vous, c'est quoi, les
conditions gagnantes d'avoir un projet de pipeline qui traverse le Québec de
l'ouest du Canada? Comment on va soutenir ce corridor énergétique dans... votre
avis? C'est une question très importante pour la question de l'énergie au
Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Oui, merci, Mme
la Présidente. Le député de Jacques-Cartier évoque un élément important. C'est
sûr qu'on est dans un contexte complètement renouvelé en ce qui a trait au
développement énergétique est-ouest. C'est sûr qu'avec les soubresauts de l'économie
américaine il nous faut considérer le plus grand nombre d'alternatives
possibles.
Alors, est-ce que le secteur énergétique se
prêtera à ce renouveau? Je pense que c'est le côté de l'acceptabilité sociale
qui va nous permettre de répondre à cette question. Je pense qu'il était
clair... d'accord. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : M. le
député.
Mme Fréchette : Merci, Mme la
ministre. Vous avez cité le rapport des HEC sur le profil énergétique du
Québec. Environ 40 % du pétrole qui est consommé est quand même raffiné
ici, au Québec, ça vient des États-Unis. Est-ce que vous pensez qu'on est
capable de raffiner plus d'énergie, plus... excusez-moi, plus de pétrole qui
vient de l'ouest du Canada? Est-ce que ça, c'est quelque chose qui peut être
souhaitable dans le contexte actuel avec nos voisins américains ou on trouve
qu'ils sont un partenaire peut-être moins fiable? Est-ce que nos raffineries
ici, au Québec, sont capables de prendre plus de pétrole de l'ouest du Canada?
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Bon, je crois
qu'advenant qu'il y aurait un rehaussement important de l'afflux d'énergie, de
pétrole, de gaz venant de l'ouest du pays, il faudrait adapter fort
probablement nos infrastructures. Donc, adapter les infrastructures, ça veut
dire faire du rehaussement de capacité du côté des infrastructures. Donc, c'est
des coûts importants et ça requiert une acceptabilité sociale. Donc, ça, ça va
être l'élément déclencheur ou pas à savoir comment va se comporter la
population, de quelle manière verra-t-elle ce type de potentiel développement.
Et au terme de cette évolution, s'il y en a une, mais je pense qu'on commence
déjà à la percevoir, on verra s'il y a lieu de mettre de l'avant des projets,
mais encore faut-il que des projets soient déposés aussi auprès du
gouvernement.
M. Kelley : Et très rapidement,
Mme la ministre, je sais que, dans cette discussion, on parle beaucoup des
pipelines. Le Canada a payé beaucoup pour soutenir le secteur pétrolier du
Canada, mais Québec a fait beaucoup d'avancées dans notre propre infrastructure
énergétique qui est renouvelable, mais est-ce qu'on a eu notre juste part de la
«pie» canadienne, là, en termes de soutenir le développement de notre
infrastructure?
On sait qu'on lance un gros chantier ici, au
Québec. Je ne dis pas que le gouvernement fédéral doit payer pour qu'est-ce
qu'on est en train de faire, mais le fait que le gouvernement fédéral était
prêt à aider l'Alberta... mais, des fois, le Québec, je trouve qu'on n'a pas
notre juste part pour nos propres infrastructures. Et quand même, si on regarde
les interconnexions avec les autres provinces, les grandes lignes de
transmission sont vers les États-Unis, pas vers les autres provinces.
Alors, je sais que peut-être vous n'êtes pas
rendu là, mais, si jamais la discussion revient avec le prochain premier
ministre du Canada, on ne peut pas juste parler des pipelines, il faut parler
de l'infrastructure, de l'énergie renouvelable aussi, et Québécois est un
leader dedans. Alors, si on va parler des pipelines, moi, je parler pour des
lignes de transmission... que le gouvernement fédéral va aider des provinces
qui sont en train de faire une transition énergétique
vers des sources d'énergie renouvelables. Ça, c'est l'équité. Ça, c'est juste.
Et on ne peut pas juste miser sur des pipelines pour le gaz ou le pétrole. Il
faut avoir une discussion aussi sur ce que nous sommes en train de faire puis
avoir des retombées pour le Québec. Le gouvernement fédéral peut faire leur
part pour aider nous. C'est une opinion que je lance, mais c'est tout pour moi,
Mme la Présidente. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la... ministre, pardon, il vous reste 1 min 5 s.
Mme Fréchette : Alors, Mme la
Présidente, bien, je partage le constat du député de Jacques-Cartier à l'effet
que le Québec, avec son développement énergétique, n'a pas été cherché des
sommes au fédéral comme l'Ouest canadien en a obtenues. Or, c'était les
libéraux et les péquistes qui étaient là au moment du développement des
infrastructures énergétiques au Québec. Donc, ces deux partis qui formaient le
gouvernement à cette époque-là n'ont pas été chercher les sommes colossales
qu'aurait dû avancer le fédéral, si on était dans une dynamique d'équité par
rapport à l'Ouest canadien. Donc, il y a une belle occasion qui a été manquée
de ce côté-là.
Heureusement, on en a quand même fait, de ces
investissements, comme gouvernement du Québec, puis on a été chercher une
richesse collective considérable, mais, du côté fédéral, les gouvernements de
l'époque, péquistes et libéraux, n'ont pas été chercher ce qu'ils auraient pu
aller chercher.
La Présidente (Mme D'Amours) : 15 secondes.
• (19 heures)
•
M. Kelley : C'est vrai. Je
rappelle que le premier ministre était partie de ces gouvernements du Parti
québécois, Mme la Présidente, alors c'est lui qui a porté la responsabilité
aussi, mais, quand même, la CAQ est là depuis six ans. On sait qu'on a beaucoup
de...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avions.
Ceci met fin à l'étude des crédits provisoires
pour l'année financière 2025‑2026. Ces crédits provisoires sont-ils
adoptés?
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : On a
demandé un vote électronique. Donc, qu'on appelle les députés.
Et, conformément au deuxième alinéa de
l'article 114.2 de notre règlement, j'invite les personnes présentes
autres que les députés à se retirer.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 01)
(Reprise à 19 h 08)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Adoption des crédits
Voici la motion qui est mise aux voix :
«Que les crédits provisoires pour l'année
financière 2025‑2026 soient adoptés.»
Et le vote est maintenant ouvert.
Le vote est maintenant terminé, je vais vous
donner le résultat :
Pour : 75
Contre : 21
Abstentions : 0
Donc, la motion est adoptée. En conséquence, les
crédits provisoires pour l'année financière 2025‑2026 sont adoptés.
Et, la commission plénière ayant accompli son
mandat, je remercie les personnes qui y ont participé.
Et je suspends la séance pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 10)
(Reprise à 19 h 11)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Nous reprenons nos travaux. Mme la députée.
Mme Dionne (présidente de la commission
plénière) : Mme la Présidente, j'ai l'honneur de vous faire rapport
que la commission plénière a étudié les crédits provisoires pour l'année 2025‑2026
et qu'elle les a adoptés.
Mise aux voix du rapport de la commission
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Ce rapport est-il adopté?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote électronique a été demandé. Le vote est maintenant ouvert.
Le vote est maintenant terminé. M. le secrétaire
général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 75
Contre : 21
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, c'est adopté.
Projet de loi n° 96
Présentation, adoption du principe et adoption
En conséquence, Mme la ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor propose que
l'Assemblée doit se saisir du projet de loi... soit saisie, pardon, du projet
de loi n° 96, Loi n° 1 sur les crédits 2025‑2026, qu'elle
en adopte le principe et qu'elle adopte le projet de loi proprement dit.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote a été demandé. Les votes sont maintenant ouverts.
La période de vote étant terminée, M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 75
Contre : 21
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette
motion est adoptée. En conséquence, le projet de loi n° 96,
Loi n° 1 sur les crédits 2025‑2026, est adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi de l'étude des crédits
aux commissions parlementaires
M. Lévesque (Chapleau) : Merci,
Mme la Présidente. Je fais motion afin que l'étude de l'ensemble des crédits
budgétaires 2025-2026, sauf ceux de l'Assemblée, soit renvoyée en
commission permanente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés à demain, le jeudi 27 mars 2025, à 9h40. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 19 h 14)