(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Chers
collègues, veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes maintenant à la rubrique
Déclarations de députés, et je cède maintenant la parole au député de
Saint-Jean.
Souligner le succès du
spectacle Blagues et blues : héritages en fête
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Mme la Présidente,
samedi soir, en passant faire un tour au spectacle du Mois de l'histoire des
Noirs organisé par L'ANCRE, notre service d'accueil des nouveaux arrivants à
Saint-Jean-sur-Richelieu, je me suis rappelé que je siégeais cette semaine aux
consultations particulières du p.l. n° 84, le projet de loi sur
l'intégration nationale. Je n'aurais pas pu espérer une meilleure mise en
contexte comme préparation pour travailler sur ce projet de loi, qui va nous donner un modèle d'intégration
des nouveaux Québécois sur mesure pour la société distincte que nous
sommes, plutôt que le multiculturalisme canadien dans lequel le Québec n'a
jamais vraiment été à l'aise et, surtout, ne s'est jamais vraiment reconnu.
Et c'est ce que j'ai vécu samedi soir, des
hommes et des femmes venus de partout, de toutes les cultures, qui se rassemblent avec la communauté pour socialiser,
et partager, et vivre la culture en musique et en humour sans renier la leur,
parce que c'est ça, l'intégration nationale, pour que tous les Québécois
puissent parler une langue commune, pour faire nation et vivre ensemble une
culture commune. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole au député d'Acadie.
Souligner le 25e anniversaire
d'Éducaloi
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Je suis très heureux de souligner le 25e anniversaire
d'Éducaloi.
Depuis sa fondation, Éducaloi s'est donné comme
mission de rendre le droit simple et compréhensible à un plus grand nombre de citoyens et de citoyennes du
Québec. En tant que porte-parole de l'opposition officielle en justice, je
suis fier de souligner le travail réalisé par Éducaloi en matière de
vulgarisation du droit.
Nul n'est censé ignorer la loi, et Éducaloi,
avec ses capsules juridiques, contribue à donner tout son sens à cette maxime.
Éducaloi a su développer une approche visant l'accessibilité en communiquant
clairement et en produisant des outils, des moyens de communication afin de maintenir
une justice accessible. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, puisque le nombre de
visites sur leur site se compte par milliers.
Félicitations au président du C.A., Me Francisco
Couto, et à toute l'équipe! Longue vie à Éducaloi! Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
au député de Joliette.
Rendre hommage à
Mme Marie-Eve Ducharme
M. François St-Louis
M. St-Louis : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens à rendre hommage, aujourd'hui, à Mme Marie-Eve
Ducharme, directrice générale de l'Association pour les jeunes de la rue
de Joliette.
Mme Ducharme a grandement marqué notre
communauté par son leadership et son engagement indéfectible envers les jeunes les plus vulnérables de notre
communauté. Ayant participé activement à consolider et à développer le
travail de rue pendant plus d'une décennie, on lui doit notamment l'acquisition
et l'aménagement de la nouvelle maison servant à accueillir la clientèle et à
offrir les différents services de l'organisme. Elle est aussi à l'origine de la
mise en place d'une communauté de pairs
aidants, du projet PAVO et de la création d'une clinique de détection et
d'analyse de substances, pour ne nommer que ceux-là.
Pour nous tous, l'annonce récente de son départ
est teintée d'une certaine tristesse, mais surtout d'une grande reconnaissance et d'une très grande fierté pour
tout le travail accompli. Donc, du fond du coeur, au nom de tous les citoyens de
la circonscription de Joliette et en mon nom, merci pour tout, Marie-Eve. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Souligner le travail des Jardins de la Terre
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je rends hommage à une
entreprise d'économie sociale de
Saint-Paul-d'Abbotsford, Les Jardins de la Terre. J'ai l'honneur de recevoir
aujourd'hui le président du conseil d'administration, M. Pascal
Fafard.
Dotée d'un C.A. fort,
d'une équipe passionnée et compétente, Les Jardins de la Terre ouvre les portes
de son programme d'insertion depuis plus de
20 ans sur une belle fermette de trois hectares. L'accès à la terre et la
transformation alimentaire permet aux
participants d'apprendre à se connaître, de développer leurs forces et leurs
talents afin d'intégrer le marché du travail, le tout dans un environnement
bien encadré par des intervenants professionnels. Leur labeur permet de
nourrir en circuit court plus de 200 familles par année, des paniers qui
sont composés de produits frais et cuisinés. L'an
dernier, ils ont ouvert un kiosque libre-service afin de se rapprocher des gens
de leur communauté et que tous puissent profiter de leur production.
Merci à la grande famille
des Jardins de la Terre de tisser des liens entre l'humain et la nature, le
tout en s'impliquant pour créer un avenir plus responsable et durable. Merci,
M. Fafard. Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
au député de Jacques-Cartier.
Souligner
la fête de la Saint-Patrick et la tenue de
la 200e édition du défilé à Montréal
M. Gregory
Kelley
M. Kelley : Aujourd'hui, je veux
souligner le 200e anniversaire du défilé de Saint-Patrick à Montréal.
Savez-vous, Mme la Présidente, que le défilé est le meilleur en Amérique
du Nord? Et je vous invite tous à participer à ce moment historique.
This
year is the 200th edition of the St. Patrick's Day parade, and, boy, Madam
Speaker, I know it's going to be one heck of a party! But the parade doesn't
happen without the hard work of all the volunteers of the United Irish
Societies, who work year round to make the parade the best St. Patrick's
parade in North America. Thank you for your dedication.
To
all the volunteers of the St. Patrick's Society who, year round, organize
events to promote and foster the deep-rooted Irish traditions here, in Québec, thank
you for your hard work.
Le 17 de mars, Mme la Présidente, nous sommes tous Irlandais pour un
jour, tout le monde au Québec, et je veux souligner le défilé de
Saint-Patrick ici, à Québec. Joyeuse Saint-Patrick! Happy St. Patrick's
Day! «Sláinte!»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
la députée de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Rendre
hommage à M. Marc-André Paradis
Mme Amélie
Dionne
Mme Dionne : Merci, Mme la Présidente.
Aujourd'hui, je souhaite rendre hommage à un passionné d'éducation, de
culture et de science. M. Marc-André Paradis, ici présent, dans les
tribunes, avec nous, aujourd'hui, accompagné de sa collègue Moa-Kym Bérubé,
consacre son temps, depuis plus de 25 ans, à faire rayonner ces domaines
essentiels.
En tant qu'astronome
au musée scientifique ASTER, au Témiscouata, il a brillamment relevé le défi de
créer des ateliers pédagogiques destinés aux écoles. Il s'est également imposé
comme astronome en chef de l'observatoire, guidant de nombreuses familles à
travers des séances d'observation céleste inoubliables. Toujours enthousiaste à
partager son savoir, M. Paradis répond présent lorsqu'il s'agit
d'organiser des activités en dehors de l'observatoire.
Au
nom de tous les citoyens de la circonscription, merci pour votre implication
exceptionnelle et votre dévouement à rendre la science accessible à tous,
et surtout à nos jeunes.
Et, sur ce, Mme la
Présidente, j'aimerais souhaiter un joyeux anniversaire à ma fille,
aujourd'hui, qui célèbre ses 23 ans. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député d'Abitibi-Est.
Souligner
le 75e anniversaire de l'Hôpital Saint-Sauveur et le
90e anniversaire du service hospitalier de Val-d'Or
M. Pierre
Dufour
M. Dufour : Mme
la Présidente, j'ai le plaisir de faire une minute historique, ce matin. 2025
souligne le 75e anniversaire de l'Hôpital Saint-Sauveur de
Val-d'Or, mais la 90e année du service hospitalier.
Revenons donc en 1935,
alors que le village de Bourlamaque se développe à l'ombre du chevalement de la
mine Lamaque, avant même la création de la ville de Val-d'Or. N'ayant point de
bâtiment pour répondre à la situation, c'est
le domicile du Dr Fisher, médecin de la mine, qui fera office de
dispensaire, avec un grand total de deux lits pour soigner les gens.
Malgré l'agrandissement de la maison du docteur,
la croissance de travailleurs travaillant à la mine, l'arrivée de médecins et le développement de la ville feront
en sorte de voir la compagnie minière construire un nouvel hôpital d'une
vingtaine de lits qui sera inauguré en 1941. C'est d'ailleurs en 1947, après
plusieurs années de démarches, que la ville de
Val-d'Or verra le gouvernement investir pour créer un hôpital de 80 lits.
L'inauguration aura lieu le 28 mai, mais c'est le 22 janvier 1950 que le premier patient y
sera admis. Finalement, un pavillon sera ajouté en 1974 pour ajouter une
centaine de lits. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
la députée de Laval-des-Rapides.
Souligner le 10e anniversaire
de La Maison 100 Limites
Mme Céline Haytayan
Mme Haytayan : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais vous parler, aujourd'hui, de La Maison 100 Limites. Unique en son genre au Québec, cet organisme de
Laval-des-Rapides vient en aide aux personnes vivant avec un trouble de la personnalité limite, un TPL. Leurs services
d'entraide, leurs ateliers thérapeutiques, leurs formations sont essentiels pour
que les personnes vivant avec un TPL apprennent à mieux gérer ce trouble,
puissent s'accomplir et s'épanouir.
Fondée en
février 2015, La Maison 100 Limites oeuvre à Laval depuis maintenant
10 ans. J'aimerais donc profiter de ce moment pour leur souhaiter
un excellent 10e anniversaire. Je tiens également à les remercier
chaleureusement et à les féliciter pour leur superbe travail.
Alors, bon succès et joyeux anniversaire à La
Maison 100 Limites! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Lac-Saint-Jean.
Féliciter le collège d'Alma
pour son classement au palmarès des cégeps
M. Éric Girard
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Mme la Présidente, je souhaite profiter de la
publication récente du palmarès des cégeps pour souligner les excellents
résultats du collège d'Alma, qui s'est démarqué dans plusieurs domaines,
notamment en sciences de la nature, sciences humaines, soins infirmiers et
techniques policières.
Depuis
plus de six ans, j'ai la chance de collaborer de nombreuses façons avec le
collège d'Alma, mon alma mater, et à chaque
fois je suis impressionné. Notre collège est innovant, qu'on pense au COlab ou
à la technique de pharmacie, il est inclusif, autant pour nos étudiants
étrangers que pour la communauté LGBTQ+, il est dynamique, autant au niveau sportif qu'académique, et il est
performant, comme en témoignent les résultats du palmarès. Et tout ça, Mme la
Présidente, c'est grâce à l'équipe. Cette
équipe, sous la direction de Marie-Ève Gravel, permet à notre population
d'avoir accès à un enseignement supérieur de qualité chez nous, dans notre
comté, et ça, c'est extrêmement précieux pour la vitalité de notre
milieu.
Encore une fois, bravo au collège d'Alma!
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Mégantic... non, pardon, excusez-moi,
Saint-François. Je vous regarde, mais j'ai nommé le nom... l'autre député qui
va suivre après vous. Donc, députée de Saint-François, s'il vous plaît.
Rendre hommage à
Mme Hélène Viau
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Mme la Présidente,
native de Montréal, Mme Hélène Viau a choisi Sherbrooke pour y exercer la
profession d'orthophoniste.
Après huit ans au CHUS, elle a travaillé au
Centre de réadaptation Estrie pendant 28 ans. Lors de ses quatre dernières
années, elle était assistée d'un chien Mira entraîné pour la réadaptation.
À sa retraite, ayant obtenu de Mira un chien
déclassé, Mme Viau s'est jointe à l'équipe de bénévoles du CHSLD
Saint-Vincent, où elle participe à des activités organisées par des
techniciennes en loisirs.
Depuis 11 ans, elle va deux fois par
semaine au CHSLD. Certaines personnes résidentes aiment simplement voir
circuler le chien, ce qui leur rappelle des souvenirs de leur ancien animal de
compagnie. D'autres le flattent, ce qui leur
procure beaucoup de joie. Mme la Présidente, d'autres encore profitent de la
présence canine pour créer un lien avec Mme Viau.
Je
vous cite en exemple Mme Viau pour montrer qu'une oeuvre pleine d'humanité
peut prendre une forme inattendue, en l'occurrence avec un animal apaisant.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
au député de Mégantic.
Souligner
le succès du programme de pédagogie en plein air de
l'école du Saint-Nom-de-Jésus de Beaulac-Garthby
M. François
Jacques
M. Jacques : Merci, Mme la Présidente.
Aujourd'hui, je souhaite présenter une belle initiative de l'école primaire
du Saint-Nom-de-Jésus de Beaulac-Garthby.
En 2019, l'école a
mis en place un concept innovateur, la pédagogie par le plein air. Depuis, le
vélo, la pêche, la survie en forêt se retrouvent parmi les activités
hebdomadaires des jeunes.
En intégrant
l'apprentissage en plein air dans leur curriculum, les enseignants permettent
aux enfants de développer un lien profond
avec la nature tout en favorisant leur bien-être général. Cette pratique
encourage la curiosité, la créativité et l'engagement des élèves envers
leur environnement.
Ce programme
pédagogique, tout comme celui offert à la polyvalente de Disraeli, est
encouragé par la Signature innovation/plein air adoptée par la MRC des
Appalaches en 2021.
Je veux donc saluer
tous ceux et celles qui sont à l'origine de cette belle initiative et
l'équipe-école actuelle qui en assure le bon
fonctionnement jour après jour. Merci de permettre aux élèves de notre région
de se connecter avec la nature. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Avant de poursuivre, j'ai besoin d'un consentement pour
que la députée de Mercier puisse donner sa déclaration. Est-ce que j'ai...
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Consentement? Donc, la parole est à vous, Mme la
députée.
Souligner
le travail de l'organisme Plein Milieu
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Il y a un peu plus d'un an, je faisais une
déclaration pour rappeler au gouvernement l'importance de poursuivre le
financement de Plein Milieu, un organisme dans mon comté qui fait de la
réduction des méfaits en toxicomanie auprès de la population à risque
d'itinérance.
Aujourd'hui, je suis
heureuse d'annoncer que Plein Milieu est en mesure d'acheter... il a été en
mesure d'acheter le bâtiment dans lequel il
était locataire et aussi d'agrandir ses locaux, donc ça lui permet d'améliorer
les services essentiels qu'il offre à la population.
Les membres de
l'équipe de Plein Milieu sont d'une ténacité sans limites. Ils et elles
travaillent dans un contexte très difficile,
où les ressources manquent de façon récurrente et où les populations
vulnérables sont de plus en plus nombreuses, et aussi dans un contexte où il y
a une incompréhension par rapport à la réduction des méfaits qui est parfois
instrumentalisée à des fins politiques. Pourtant, c'est une approche humaine
qui a fait ses preuves et qui donne des résultats
pour les personnes les plus vulnérables de notre société. On doit, comme élus,
toujours appuyer et valoriser l'approche de la réduction des méfaits.
Merci à toute
l'équipe de Plein Milieu.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h
55)
(Reprise à 10 h 06)
La
Présidente : Bonjour. Bonjour, tout le monde. Bienvenue au parlement
du Québec, c'est chez vous.
Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Les portes sont
fermées.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose la réponse du gouvernement à la pétition
déposée en Chambre le 29 janvier 2025 par le député de Maskinongé.
Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions,
M. le président de la Commission de l'aménagement du territoire et député de Drummond—Bois-Francs.
Étude détaillée du projet de
loi n° 79
M. Schneeberger : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je dépose le rapport de la Commission de l'aménagement du
territoire qui, les 4, 5, 6, 11 et 25 février 2025, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 79, Loi édictant la Loi sur
les contrats des organismes municipaux et modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau administratif des organismes
municipaux. La commission a adopté le texte de loi avec des amendements.
La Présidente : Ce rapport est
déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Augmenter l'allocation de participation au Programme
d'aide et d'accompagnement social Action
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je tiens d'abord à reconnaître des membres de la Maison Les Étapes, à Notre-Dame-de-Grâce, qui sont les
auteurs de cette pétition, qui sont avec nous, aujourd'hui, dans les tribunes.
Alors, je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 363 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que l'allocation mensuelle du
Programme d'aide et d'accompagnement social (PAAS Action) est demeurée
inchangée depuis plus de 20 ans, à 130 $/mois, alors que les autres
programmes d'Emploi-Québec ont vu leurs montants révisés à la hausse;
«Considérant que l'allocation pour contrainte
temporaire à l'emploi s'élève à 161 $/mois;
«Considérant
que le coût de la vie augmente continuellement, affectant de manière
disproportionnée les prestataires du programme, qui, comme tout autre citoyen,
ont des besoins essentiels et des charges financières croissantes;
«Considérant
que les participants du PAAS Action jouent un rôle clé dans la communauté par
leurs contributions bénévoles et que ce programme agit comme un levier
essentiel pour leur accompagnement vers l'emploi, en leur offrant un
cadre d'apprentissage progressif adapté à leur rythme et à leurs besoins
particuliers;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«D'augmenter l'allocation de participation au
programme PAAS Action pour mieux soutenir les participants dans leur parcours vers
l'emploi et leur progression socioprofessionnelle;
«De permettre aux participants ayant une
contrainte temporaire de conserver leur allocation tout en recevant
l'allocation de participation du PAAS Action, afin de mieux répondre à leurs
besoins financiers tout au long de leur parcours d'intégration;
«D'offrir la possibilité de prolonger la période
de participation au programme PAAS Action au-delà de la limite actuelle, lorsque cela est justifié, pour soutenir une transition
réussie vers l'emploi, notamment pour les participants en voie
d'atteindre leurs objectifs socioprofessionnels, mais nécessitant plus de temps
en fonction de leur rythme de progression.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci, Mme la Présidente.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole, en question principale,
au chef de l'opposition officielle.
Rapport de la Vérificatrice
générale sur le projet SAAQclic
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, nous sommes devant un scandale caquiste, le scandale
SAAQclic. Hier, le premier ministre a tenu
en cette Chambre des propos inexacts. Je le cite en période des questions
hier : «La VG a étudié tout le
dossier, incluant tous les procès-verbaux, non caviardés, et est arrivée à la
conclusion que la mauvaise information a été donnée au ministre.» Fin de
la citation.
Or, jeudi dernier, la
VG, en point de presse, a dit, et je la cite : «Je ne suis pas en mesure
de répondre en relation avec les ministres.»
Questionnée : «Donc, on ne peut pas conclure que les ministres n'étaient
pas informés?», sa réponse : «Je ne suis pas en mesure de le
savoir.» Encore une fois questionnée : «Est-ce qu'on peut déduire que les
ministres ne sont pas au courant ou non?», la réponse, troisième, de la
VG : «Je ne suis pas en mesure de conclure ça.»
Alors, quand le
premier ministre dit, de façon inexacte, que la VG a exonéré ses ministres,
qu'ils ont eu la mauvaise information, c'est inexact. Ça, c'est réglé. Il ne
peut plus plaider cette défense-là.
Maintenant, en juin
2022, il était clair pour le C.A. que c'était un dépassement de coûts de
222 millions. En septembre 2022, en pleine campagne électorale, il aurait
fallu rendre public ce dépassement de coûts là, ça aurait fait désordre pour la
CAQ.
La théorie du premier
ministre, croit-il vraiment ses ministres, que, le premier ministre, le C.A.,
pendant l'élection, tout seul, sans aucune implication et à l'insu des
ministres, ils auraient décidé de protéger la CAQ?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
on est tous d'accord ici, dans cette Chambre, que ce qui est arrivé à la SAAQ,
à la Société de l'assurance automobile, c'est inacceptable. C'est inacceptable
qu'on n'ait pas été tenus au courant, entre autres, de dépassements de coûts
aussi importants.
Maintenant,
Mme la Présidente, je veux citer la Vérificatrice générale. Dans son rapport,
d'abord, article 24, elle dit : «À l'interne, la direction du
programme a véhiculé comme information que les coûts prévus pour réaliser le
projet CASA s'élevaient désormais à 682 millions de dollars, sans
dépassement de coûts additionnel par rapport au contrat avec l'Alliance.»
Article 25, toujours la Vérificatrice générale, qui dit : «Des
informations incomplètes ont été véhiculées dans les communications transmises
par la SAAQ à la Commission de l'administration publique et au dirigeant
principal de l'information. En effet, ces communications ne faisaient pas état
de dépassements de coûts par rapport aux contrats avec l'Alliance.» Et
elle conclut : «Les informations transmises ne donnaient donc pas un
portrait juste de la situation.»
Mme la Présidente, je
continue. Paragraphe 100, la Vérificatrice générale dit : «La SAAQ
rendait compte de l'avancement du programme, notamment à la Commission de
l'administration publique, au dirigeant principal de l'information et à la
population. Or, l'information...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...contenue dans les documents transmis n'offrait pas un portrait clair...»
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay :
Paragraphe 30 : «D'ailleurs, la documentation fournie au conseil
d'administration précisait que l'option 2
avait comme avantage de retarder la publication de l'avenant, alors que
l'option 1 incluait un risque médiatique et politique élevé.»
Le C.A. de la SAAQ a
décidé, à leur insu, de protéger les intérêts politiques caquistes en pleine
campagne électorale, ils ont dit : On ne va pas, tout seuls, abrier le
222 millions?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je n'avais pas eu le temps de lire l'article 100 du rapport de la
Vérificatrice générale. Donc, je le répète, la Vérificatrice générale
dit : «La SAAQ rendait compte de l'avancement du programme, notamment à la
Commission de l'administration publique, au dirigeant principal de l'information
et à la population. Or, l'information contenue dans les documents transmis
n'offrait pas un portrait clair et complet de la situation.»
Maintenant, ce que je
voudrais savoir, c'est, la Vérificatrice générale a été nommée en 2015...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...proposée par le
gouvernement libéral, appuyée à...
La
Présidente : Deuxième...
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! Une seule personne a le droit de parole
maintenant. Deuxième complémentaire. Le chef de l'opposition officielle.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, la VG a clairement dit : «Je ne suis pas en mesure
de répondre en relation avec les ministres.» Celui qui doit répondre en
relation avec les ministres, c'est le premier ministre. Quand il sait que son
ministre des Transports a arrêté de faire rapport à partir de 2020, 2021, 2022,
quand il sait que son ministre, hier, de la Cybersécurité a dit : En 2020,
on était pris avec une solution qui ne fonctionnait pas... Il a dit ça, hier,
qu'en 2020 ils étaient pris avec une solution qui ne fonctionnait pas, en 2020,
et il n'a rien fait. Qu'il réponde de ses ministres.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, peut-être que le chef de l'opposition officielle ne
m'écoutait pas. Donc, je répète ce qu'a dit la Vérificatrice générale, je la
cite : «La direction du programme a véhiculé comme information que les
coûts prévus pour réaliser le programme CASA s'élevaient désormais à
682 millions de dollars, sans dépassement de coûts additionnel par
rapport au contrat avec l'Alliance.»
Mme
la Présidente, la Vérificatrice générale, Mme Leclerc, a été proposée par
le gouvernement libéral, appuyée à l'unanimité. Pourquoi, aujourd'hui, le Parti
libéral préfère croire M. Malenfant plutôt que la Vérificatrice générale?
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, la VG l'a clairement dit, et je le répète, le premier
ministre ne veut pas entendre. Le premier
ministre... Et la population le juge. Quand la VG dit : Pour les
ministres, je ne peux pas me prononcer, c'est à lui de répondre de ses
ministres, qui n'ont rien fait à partir de 2020, qui le savaient. Aveu, hier,
du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, il savait que ça ne marchait
pas en 2020, il n'a rien fait. Son ministre des Transports, à l'époque, il a
arrêté de faire rapport. Alors, le premier ministre, Mme la Présidente, quand
il tolère les irresponsables, il est responsable.
La
Présidente : Attention à vos propos, M. le chef. La réponse du premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, ça fait une semaine que le leader de l'opposition
officielle se promène avec des documents
caviardés puis il nous dit : Pourquoi vous avez peur de décaviarder? Mme
la Présidente, la Vérificatrice générale a vu, lu tous les procès-verbaux non
caviardés puis elle dit que l'information qui a été transmise était erronée.
Pourquoi le Parti libéral, qui a nommé la VG, n'a plus confiance en elle? C'est
important, Mme la Présidente, de voir, actuellement, un parti politique qui a
eu une grande histoire ne pas appuyer la Vérificatrice générale...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...qu'il a lui-même nommée.
La Présidente :
En...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! En question
principale, une seule personne a maintenant le droit de parole, je reconnais
le député de Nelligan.
Accès à l'information sur le projet SAAQclic
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Mme
la Présidente, hier, nous avons eu la démonstration que l'actuel ministre de la
Sécurité publique, ancien ministre des Transports, ne savait rien, n'était pas
au courant de rien. Aujourd'hui, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique,
lui, a parlé avec Karl Malenfant, et Karl Malenfant lui a présenté tous les
scénarios.
Après
l'élection de 2022, l'actuelle ministre des Transports, est-ce qu'elle a
rencontré les gens de la SAAQ? Est-ce qu'elle est capable, aujourd'hui, de nous
dire combien de rencontres elle a eues avec le président-directeur général, avec le président de C.A.? Et est-ce
qu'elle a rencontré M. Malenfant? Est-ce que... Oui, octobre 2022, vous
étiez ministre, Mme la ministre. Est-ce que vous avez rencontré Karl Malenfant?
Et, si vous avez rencontré Karl Malenfant, de quoi avez-vous parlé avec M. Karl
Malenfant ou avec M. Marsolais?
La
Présidente : Et, en tant que leader, vous savez que vous vous adressez
à la présidente lorsque vous posez vos questions, M. le leader. La réponse de
la ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, évidemment
que j'ai rencontré à plus d'une reprise le P.D.G. de la Société de l'assurance
automobile, comme je le fais avec la P.D.G. de la Société des traversiers, comme je le fais avec la P.D.G. de la Commission
des transports, les trois organisations qui relèvent de ma responsabilité.
En
ce qui concerne le P.D.G... les P.D.G. successifs de la SAAQ, j'ai eu ma
première rencontre avec M. Marsolais probablement quelque part en novembre, considérant que j'ai été nommée
le 20 octobre. Et par la suite j'en ai eu d'autres. J'ai eu une
quantité d'interactions assez importante avec lui puis avec plusieurs membres
de son équipe. Je l'ai dit en point de
presse la semaine passée, je faisais des Teams sept jours sur sept avec eux
pendant le déploiement, pendant le fiasco, à la réouverture des bureaux,
parce que ça n'avait pas de bon sens, le manque de planification du surcroît
d'achalandage qui se présentait dans les centres de services sept jours sur
sept. J'écrivais même les tweets à leur place, à un moment donné, parce que
c'était mal géré. Donc, ça, je l'ai déjà dit très clairement.
Ceci étant dit, Mme
la Présidente, l'information qui nous a été communiquée, que ce soit en
novembre 2022 ou à tout autre moment, depuis les débuts, sous le Parti
québécois et sous le Parti libéral, du virage numérique de la SAAQ, était
incomplète ou erronée...
• (10 h 20) •
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...des propos mêmes de la Vérificatrice générale. Comment pouvons-nous
prendre une décision éclairée avec de l'information erronée...
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, j'ai avec moi une présentation de Karl Malenfant, le
2 novembre, rencontre de la
vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable,
quatre mois avant le fiasco. Donc, elle ne peut pas dire aujourd'hui
qu'elle n'était pas au courant. Elle était au courant. La présentation, elle
est là, en date du 2 novembre 2022. Le fiasco est arrivé quatre mois plus
tard.
Mme la Présidente,
vous avez deux choix : décaviarder les p.-v. ou démissionner.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, à noter, une fois de plus, Mme la Présidente, les
procès-verbaux qui les intéressent, seulement à partir de janvier 2019. On
ne s'intéresse pas à la partie 2014-2018 qui était sous le gouvernement
libéral puis on ne s'intéresse pas non plus à la partie 2014 où le Parti
québécois a exempté la SAQ d'une reddition de comptes.
Bref,
Mme la Présidente, je vais citer la Vérificatrice générale, je vais citer la
Vérificatrice générale en conférence de
presse jeudi dernier : «On s'en va vers une transformation numérique au
Québec qui est nécessaire. Le fait qu'on ne divulgue pas au public, aux dirigeants et aux parlementaires
l'information qui est exacte, c'est hautement problématique.»
Autre extrait :
«En septembre 2020, on rebrasse le budget...
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...et on mentionne que tout va bien au niveau des délais,
alors que c'est erroné.»
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente, la
vice-première ministre vient de demander si on est d'accord pour décaviarder
le tout depuis 2014. Je lui dis dès
maintenant : Oui. Êtes-vous capable de décaviarder depuis 2014? Nous
sommes prêts. Décaviardez l'ensemble des p.-v.
Mme la Présidente, elle est
responsable de ce fiasco. Il y a eu une rencontre avec Karl Malenfant, novembre
2022. Le fiasco est arrivé en 2023. Qu'ils décaviardent les p.-v. ou
qu'elle démissionne.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui. Alors, je continue, Mme la Présidente. Justin Lawarée,
un professeur à l'école nationale d'affaires
publiques et expert en transformation numérique des organisations
publiques : «Ce qui me frappe, c'est le manque de transparence. On n'a pas tout dit. On n'a pas
communiqué clairement aux décideurs politiques qu'il y avait des hausses
de coûts. On a laissé penser que les tests
avaient été réalisés et que les indicateurs étaient au vert, alors que ce
n'était pas le cas. Il y a eu de la manipulation de données.»
Mario Dumont :
«Le scandale, c'est le fait de ne pas avoir dit la vérité. On a mal informé les
dirigeants.»
Brian Myles,
directeur du Devoir : «La genèse du scandale porte aussi la marque
du gouvernement péquiste de Pauline Marois. C'est lui qui adopte un décret
initial permettant à la SAAQ d'obtenir une dérogation et de se libérer des
obligations de reddition de comptes...
La
Présidente : En terminant.
Mme Guilbault : ...envers le Secrétariat du Conseil du trésor.»
Donc, tous ces gens
intelligents là auraient tort, Mme la Présidente?
La Présidente :
En question principale, je
reconnais à nouveau le député de Nelligan, qui s'adresse à la présidence.
Accès
à l'information sur le projet SAAQclic
M. Monsef
Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, vous assistez depuis une semaine à un vrai fiasco
caquiste. Hier, nous avons interpelé l'ancien ministre des Transports. Lui, il
était très clair : Je ne savais rien, je n'ai rien entendu et je n'ai pas parlé avec le C.A. C'est sa responsabilité, en
tant que ministre responsable, de parler avec le conseil d'administration.
Sachant, Mme la Présidente... Nous
assistons à la plus importante transformation numérique au sein de l'appareil
gouvernemental, et vous n'avez pas de statutaire avec votre PCA et votre P.D.G.?
Qu'il dévoile combien de fois il l'a rencontré.
Je repose la question
à Mme la vice-première ministre. Nous sommes prêts, on vous dit, le Parti
libéral, il est prêt à refaire la demande de décaviarder l'ensemble des p.-v.
depuis 2014. Ça a été sa demande. Mme la Présidente, la vice-première ministre
a un seul choix : décaviarder les p.-v. ou démissionner aujourd'hui.
La
Présidente : La réponse de la ministre des Transports et de la
Mobilité durable.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, bien, je continue, Mme la Présidente, parce qu'il y a beaucoup de
gens, et d'observateurs, et de commentateurs,
incluant, évidemment, la VGQ, au premier chef, qui est dépositaire et
signataire du rapport qu'elle a elle-même
déposé jeudi dernier, mais il y a beaucoup de gens intelligents qui commentent
depuis ce temps-là et qui sont très conscients du fait que ce fiasco-là,
à l'origine, part du Parti québécois et du Parti libéral.
Et
je cite, Mme la Présidente, note de service pour les libéraux : «Marc — député
de LaFontaine — et
compagnie, à votre place je ferais attention avant de faire les jars et de
talonner le gouvernement, parce que, pendant le règne des libéraux, au printemps 2018, on posait déjà
des questions sur la grosseur de la bouchée de ce virage numérique à la SAAQ, sur les états de service de Karl Malenfant,
qui avait mal fait sa job à Hydro-Québec.» Ça, c'est Patrick Lagacé qui
dit ça au 98,5. Et je peux continuer longtemps, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Monsef
Derraji
M. Derraji :
Mme la Présidente, on lance des défis, on les accepte, ils les refusent.
Elle nous a dit : Est-ce que vous voulez décaviarder depuis 2014? J'ai dit
oui. Est-ce qu'elle va avoir le courage de dire oui?
Je reviens à sa
rencontre avec Karl Malenfant. Quatre fois avant le fiasco. Qu'est-ce
qu'il lui a dit pour la convaincre que tout allait bien, et elle a donné le go
à la transformation de la SAAQ, Mme la Présidente? Je répète : Décaviardez
ou démissionnez.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme
Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Bon, alors, Mme la Présidente, je continue, là : «La réalité a été
maquillée par des gestionnaires du projet qui étaient un petit groupe à
l'intérieur de la SAAQ en lien avec des firmes externes. Le comité de
direction, le C.A. de la SAAQ, le
gouvernement, tous ont été tenus dans l'ignorance, recevant même de fausses
informations sur l'état des lieux.» Sébastien Bovet, Radio-Canada. Tous
des gens qui ont lu le rapport, qui font des commentaires attentifs sur
une situation qui est évidente, Mme la Présidente.
Et je ne comprends même pas qu'à titre de député
ici puis de membre des commissions parlementaires il ne s'insurge pas plus que
ça que lui-même et des gens de son parti ont été floués à même une commission
parlementaire. C'est de ces sujets, Mme la Présidente, où on devrait tous être
scandalisés .de la même chose...
La Présidente : En terminant.
Mme Guilbault :
...c'est-à-dire une société d'État qui a été sous la gouverne de tous les
partis ici, sauf Québec solidaire...
La
Présidente : Deuxième complémentaire. Et, pour ce faire, je
cède la parole au chef de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, le premier
ministre, il voit sa ministre répondre. Il est-tu fier du spectacle qu'elle lui
offre? Il est-tu fier? Croit-il vraiment qu'elle remplit ses devoirs de
ministre responsable?
La Présidente : ...du gouvernement.
Quel est votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Clairement,
Mme la Présidente, on s'adresse à vous. Et le chef de l'opposition officielle
occupe une fonction importante dans notre régime, il devrait faire
preuve...
La Présidente : Bon, M. le leader,
je suis debout. Ce n'est pas une question de règlement. La...
Des voix : ...
La Présidente : Il... Il s'adressait
à la troisième personne. M. le chef, poursuivez. 22 secondes.
M. Tanguay : Mme
la Présidente, là, le premier ministre, c'est lui qui est responsable de ses
ministres. Il y a un ministre du Transport, 2018‑2022, qui n'a rien fait,
qui a arrêté de rapporter à l'Assemblée nationale dans les rapports annuels. Il y a un ministre de la Cybersécurité et du Numérique qui a dit en... qui a dit qu'en 2020 il savait
que ça ne marchait pas. Puis il y a une ministre des Transports qui n'a
pas vu le fiasco.
Décaviardez ou démissionnez.
Des voix : ...
La
Présidente : C'est maintenant le moment de répondre. Je vous en
prie, j'entends un petit peu trop de bruit. La réponse du premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, comme plusieurs analystes le répètent, ce qui est clair, dans le
rapport de la Vérificatrice générale... Et elle le dit en toutes lettres :
«Des informations incomplètes ont été véhiculées dans les communications. Ces
communications ne faisaient pas état de dépassements de coûts.»
Maintenant, on interviewe celui qui est un peu
responsable, M. Malenfant, puis là le Parti libéral dit : Moi, je
crois M. Malenfant, mais je ne crois pas la Vérificatrice générale. Est-ce
que ça veut dire que, tout ce que va faire la Vérificatrice générale, dans
l'avenir...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...le Parti
libéral ne va plus la croire? C'est quand même grave, là. Est-ce qu'ils
demandent...
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
La Présidente : Article 32. On
retrouve le silence, je vous prie. Article 32. Critique du comportement.
En question principale, je reconnais maintenant
la députée de Mercier. On vous écoute, madame.
Rapport de la Vérificatrice
générale sur le projet SAAQclic
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. À chaque jour, on en apprend un peu plus sur le
fiasco caquiste SAAQclic, à chaque jour on a de nouvelles questions, et à
chaque jour la CAQ répond la même affaire : C'est la faute de la planète entière, sauf de leur faute.
Évidemment, aucune responsabilité de la part d'aucun ministre de la CAQ, au
pouvoir depuis sept ans.
Hier, le premier
ministre nous a parlé du très mauvais contrat signé par les libéraux. À
entendre le premier ministre, c'était le
pire contrat de l'histoire du Québec. Pourquoi, donc, à leur arrivée, en 2018,
quand ils ont lu ce très mauvais rapport, le pire de l'histoire,
pourquoi ils ne l'ont pas déchiré? Pourquoi est-ce que l'ex-ministre des
Transports, il n'a rien fait? Pourquoi
est-ce que le ministre du Numérique n'a rien fait? Pourquoi est-ce que la
ministre actuelle des Transports n'a rien fait?
Je
répète ma question d'hier au premier ministre : Ça prend combien d'argent
public gaspillé, à un ministre caquiste, pour perdre sa job? Si 500 millions de dollars de l'argent des
Québécois, gaspillé, ce n'est pas assez, où est-ce qu'il place la barre?
À 1 milliard? 1,5 milliard? 2 milliards? Combien?
• (10 h 30) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je
l'ai dit, ce qui est arrivé à la SAAQ, c'est très grave. On a un contrat qui avait
été signé à 600 millions, ça va nous coûter 1,1 milliard,
500 millions de plus, Mme la Présidente.
Or,
que dit la Vérificatrice générale? Elle dit : Dans les communications, ça
ne faisait pas état des dépassements de coûts. La Vérificatrice
générale.
Je le répète, Mme la
Présidente, en 2015, si je me souviens bien, il y avait des députés de Québec
solidaire, puis, en 2015, Québec solidaire a
appuyé la nomination de la Vérificatrice générale. Est-ce que Québec solidaire,
aujourd'hui, demande la démission de la Vérificatrice générale? Est-ce
qu'ils ont toujours confiance dans la Vérificatrice générale?
Des voix : ...
La
Présidente : C'est bruyant. Une seule personne a le droit de parole,
maintenant, c'est la députée de Mercier. Première complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Mme la Présidente, je demande au premier ministre d'arrêter de nous prêter
des mauvaises intentions. Nous faisons
entièrement confiance à la Vérificatrice générale, qui a fait un excellent
rapport. Si les fonctionnaires ont
pris les ministres caquistes pour des valises, ce serait le fun qu'ils ne
fassent pas la même chose avec la population du Québec.
Des voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Quel est votre rappel au
règlement?
M. Jolin-Barrette :
Premièrement, ce sont des propos blessants, hein? Le ton. On est des
collègues, ici, hein? Et de présumer ce que nous dit la députée de Mercier,
c'est irrespectueux envers ses collègues. On peut se respecter...
La
Présidente : Alors, je suis debout. Merci, M. le leader. Ce n'est pas
une question de règlement. Elle parlait des fonctionnaires et non des collègues.
C'est ce que vous alliez me dire, M. le leader du deuxième groupe?
M. Cliche-Rivard :
...par ailleurs, Mme la Présidente, vous dites souvent que la critique est
permise en cette Chambre. C'est tout ce que fait la collègue.
La Présidente :
Je suis d'accord avec vous. Poursuivez. Et on demeure respectueux les uns
avec les autres. Les gens vous écoutent, ils veulent comprendre. Mme la
députée, il vous reste du temps, poursuivez.
Mme Ghazal : Le premier ministre nous
cite des extraits du rapport de la Vérificatrice générale. S'il l'a bien lu,
s'il l'a bien compris, bien, il devrait faire la seule chose qui s'impose,
c'est-à-dire demander une commission d'enquête publique comme celle qu'il avait
demandée en 2015.
Est-ce qu'il est
d'accord?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, la Vérificatrice générale, c'est une personne qui est indépendante
du gouvernement. Indépendante. Puis c'est très important, Mme la Présidente,
que tout le monde ici ait confiance en la Vérificatrice générale.
Qu'est-ce que
dit la Vérificatrice générale? Elle dit : «La direction du programme a
véhiculé comme information que les
coûts prévus pour réaliser le programme s'élevaient à 682 millions de
dollars, sans dépassement de coûts additionnel par rapport au contrat.»
Sans dépassement de coûts.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Pourquoi
refuse-t-on de croire la Vérificatrice...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Le rapport de la Vérificatrice générale, c'est
une première étape. Maintenant, il faut que le premier ministre arrive
aux conclusions qui s'imposent. Avec un demi-milliard, ça, c'est un minimum, là,
ça risque de coûter plus en dépassements, les
Québécois méritent mieux. Ils méritent la seule chose qui s'impose : une
commission d'enquête publique sur le bordel informatique.
Pourquoi le
premier ministre refuse de donner ça aux Québécois et Québécoises, qui méritent
de faire la lumière sur toute cette histoire-là? Pourquoi est-ce qu'il fait
comme le Parti libéral du Québec, qui refuse une commission d'enquête
publique?
La Présidente : Mme la députée, je
vous rappelle que ce que vous nous montrez, que je viens de voir, n'est pas un
tableau, c'est un article de journal, et ce n'est pas permis. La réponse.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
on est en train d'inventer, à Québec solidaire, une nouvelle façon de faire. À
partir de maintenant, la Vérificatrice générale, qui est indépendante, ce n'est
qu'une première étape. Donc, quand la Vérificatrice générale dit : Les
dépassements de coûts n'ont pas été mentionnés, c'est juste une première étape,
on n'est pas obligés de la croire, selon
Québec solidaire. Mme la Présidente, est-ce qu'on va commencer à dédoubler
toutes les fonctions indépendantes
comme la fonction de Vérificatrice générale? Je sais que ça ne dérange pas
Québec solidaire de dépenser...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...puis
d'ajouter de la bureaucratie puis de la bureaucratie. Moi, j'ai confiance en la
Vérificatrice générale.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Sherbrooke. On vous écoute,
madame.
Projet
d'agrandissement du site d'enfouissement
de l'entreprise Stablex
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Imaginez un
instant que le gouvernement du Québec s'apprête à protéger un terrain qui a une
grande valeur écologique et que le gouvernement fédéral décide de l'exproprier
pour vendre le terrain à une entreprise qui
veut y enfouir des déchets dangereux. Le premier ministre déchirerait toutes
ses chemises pour dénoncer l'ingérence, ce serait un scandale national,
et il aurait raison.
Et c'est pourtant exactement ce que la CAQ fait
avec le dossier Stablex à Blainville. La CAQ s'est mise au service des lobbyistes
d'une entreprise américaine qui est le plus grand importateur de déchets
dangereux au Québec. Ils veulent forcer Blainville à vendre un terrain avec une
valeur écologique exceptionnelle, confirmée par le BAPE, un terrain boisé, avec
une tourbière, que la ville voulait protéger.
Il y a quelques jours, les ministres de la CAQ
nous disaient qu'il fallait se tenir debout contre les États-Unis, et là ils
veulent faire d'urgence une loi pour respecter les délais de construction d'une
entreprise américaine qui importe des déchets toxiques des États-Unis. Moi, je
ne veux pas que le Québec détruise notre territoire pour être la poubelle des
États-Unis.
Pourquoi la CAQ défend Stablex au lieu de
défendre les Québécois?
La Présidente : La réponse de la ministre
des Ressources naturelles.
Mme Maïté
Blanchette Vézina
Mme Blanchette
Vézina : Mme la Présidente, je pense, c'est un dossier important dont
on parle aujourd'hui puis en ce moment, en fait, qu'on prend très au sérieux.
Contrairement à Québec solidaire, nous, on est conscients que les activités
économiques au Québec génèrent des déchets, mais on veut les enfouir de manière
sécuritaire.
La situation, elle
est critique, Mme la Présidente, dans ce dossier-là. Ça a été porté à notre
attention, et il est important, comme gouvernement, qu'on agisse. C'est pour ça
que je travaille sur un projet de loi qui va permettre d'avoir la meilleure
solution, la solution avec le moins d'impact. Mais, dans la gestion de nos
matières résiduelles, Mme la Présidente, on en a besoin. C'est plus de
600 partenaires, entreprises du Québec qui font affaire avec cette
entreprise-là et qui, si, demain matin, n'ont pas cette solution, vont se
retrouver sans alternative, Mme la Présidente.
Alors, comme
gouvernement, nous, on est pragmatiques. On prend au sérieux la situation. Et
on veut trouver la meilleure solution, et
c'est ce qu'on va faire, pour s'assurer qu'il n'y ait pas de bris de service
pour la ville de Québec, pour la ville de Lévis, pour de nombreuses
grandes industries qui ont ce besoin et qui n'ont pas d'autre alternative, Mme
la Présidente. Alors, on va agir de manière responsable.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Écoutez, Blainville a fait ses devoirs. Ils ont une étude qui dit très
clairement que leur terrain a une plus grande valeur écologique que celui du
gouvernement. Ça ne fait aucun sens de raser un boisé et une tourbière alors que, juste à côté, le terrain du
gouvernement, il est déjà déboisé. Si on arrête d'importer ici les vidanges des
États-Unis, il va y en avoir, de la place pour gérer nos propres déchets
sur le terrain du gouvernement. Le premier ministre parle du jus d'orange, là, mais, s'il y a une chose
qu'on devrait arrêter d'importer des États-Unis, c'est bien leurs déchets
toxiques.
Ça, est-ce qu'il va
être capable de le dire aux États-Unis?
La
Présidente : La réponse de la ministre des Ressources naturelles et
des Forêts.
Mme Maïté Blanchette
Vézina
Mme Blanchette Vézina : Mme
la Présidente, j'aimerais bien entendre les solutions qui sont proposées
réellement, parce que, concrètement, on a analysé toutes les solutions
possibles, et la solution qu'on envisage, elle a le... c'est celle qui a
le moins d'impact.
Comprenons bien, Mme
la Présidente, là, le Québec exporte quatre fois plus de déchets industriels
dangereux qu'il n'en importe. Alors, par exemple, si je prenais l'idée de la
collègue en face, qui me dit qu'il faudrait cesser d'importer certains des
déchets qui sont importés dans le site, ça voudrait dire qu'on aurait quatre
fois plus de déchets que ce qui est actuellement la situation pour le Québec.
Et je n'ai toujours pas d'autre solution que cette solution qui est envisagée.
Alors, Mme la
Présidente, encore une fois...
La
Présidente : En terminant.
Mme Blanchette Vézina : ...on
est pragmatiques. On est conscients, nous, qu'il y a des déchets. Et on prend
ça au sérieux, puis on le fait de manière sécuritaire.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Savez-vous ce que ferait un gouvernement qui priorise les intérêts des
Québécois? Il dirait aux États-Unis de garder leurs déchets toxiques chez eux.
Il utiliserait son propre terrain déjà déboisé pour traiter les déchets de nos
600 entreprises québécoises et il laisserait Blainville protéger sa
tourbière. Ça, ce serait se tenir debout face
aux États-Unis. Ça, ce serait protéger les intérêts du Québec. En ce moment, on
a un gouvernement qui veut empêcher une
municipalité de protéger notre territoire pour permettre à une compagnie
américaine d'enfouir ici leurs déchets toxiques.
Je
leur pose la question : Pourquoi ils préfèrent défendre les intérêts de
Stablex au lieu des intérêts des Québécois?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Maïté Blanchette
Vézina
Mme Blanchette Vézina : Mme
la Présidente, je vais être très claire, on protège les intérêts des Québécois,
ici, et c'est ça, la meilleure décision qu'on va prendre, en ayant en
tête le fait que c'est plus de 600 clients québécois qui se retrouveraient
sans solution si on n'agissait pas. Alors, on prend au sérieux la situation.
Et
je répète à la collègue que c'est quatre fois plus de déchets que le Québec
exporte qu'il n'en importe. Alors, j'aimerais
comprendre la solution qui va être offerte par QS magiquement, parce que, s'il
y a un bris de service, les impacts vont être majeurs, majeurs sur
l'environnement.
Alors, on va prendre
la meilleure décision, Mme la Présidente, en fonction de la situation, pour
mitiger les impacts à la fois sur les citoyens de Blainville, à la fois pour
les entreprises, mais, bien sûr, en étant conscients, de notre part...
• (10 h 40) •
La
Présidente : En terminant.
Mme Blanchette
Vézina : ...qu'il y a des déchets à toute activité économique, Mme la
Présidente.
La Présidente :
En question principale, je
reconnais maintenant la députée de Mont-Royal—Outremont. La parole est à vous.
Rapport de la Vérificatrice générale sur le projet
SAAQclic
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe :
Mme la Présidente, revenons à SAAQclic, où on parle de dépassements de
coûts de 600 millions de dollars au minimum que les contribuables
québécois devront éponger. Portons notre regard sur la réaction et surtout sur l'attitude du ministre de la Cybersécurité et du
Numérique. Je ne sais pas ce qui est le plus insultant pour les
Québécois : a, son attitude désinvolte et sa nonchalance; b, son
légendaire détachement, comme s'il n'était pas
le leader de la transformation numérique, comme s'il n'avait pas un rôle à
jouer, rôle qui a été mis en lumière ce matin dans le texte de
Marie-Michèle Sioui; ou c, sa défense trop facile, qu'on a caché des
informations.
Mais, pour moi, ce
qui est le plus insultant dans mon rôle de parlementaire, c'est de me faire
répondre, en commission parlementaire sur l'identité numérique, que mes
questions ne sont pas pertinentes, que... de me faire dire que de discuter du
rapport de la VG, c'est hors sujet.
Mme la Présidente, ça
dépasse les bornes. Le ministre a des comptes à rendre aux Québécois sur son
rôle dans le fiasco et ses rencontres multiples avec M. Malenfant.
La
Présidente : La réponse du ministre responsable de la Cybersécurité et
du Numérique.
M. Éric Caire
M. Caire :
Oui. Mme la Présidente, je vais faire abstraction de la série de jugements
de valeur dont je fais l'objet dans la question de ma collègue et je vais lui
répondre, effectivement, sur l'article de ce matin, parce que ce que j'ai lu
s'inscrit en droite ligne de ce qu'on retrouve dans le rapport de la
Vérificatrice générale.
M. Malenfant a
été rencontré pendant trois jours par la Vérificatrice générale. La
Vérificatrice générale a rencontré les représentants de mon ministère, a
rencontré des représentants de différents ministères. Et c'est quoi, la
conclusion de la Vérificatrice générale? Bien, c'est que M. Malenfant n'a
pas donné la bonne information ni au conseil d'administration, ni au dirigeant
principal de l'information, ni au ministère des Transports, ni au Conseil du
trésor.
Alors là, Mme la
Présidente, je pense que le premier ministre a bien campé la question. À qui la
députée de Mont-Royal—Outremont va
faire confiance? À la Vérificatrice générale, sur laquelle le leader de
l'opposition officielle se base pour déposer
une motion de violation de droit et privilège, hein, parce
que ce qui est bon pour la CAQ doit être bon pour les ministres,
j'imagine, ou sur le témoignage de Karl Malenfant? C'est ça, la question.
La
Présidente : En terminant.
M. Caire :
Peut-elle répondre?
La
Présidente : Première complémentaire. Et, pour ce faire, je cède la
parole au chef de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Là, j'ai une question toute simple, toute précise, au ministre. Hier, quand
il a dit, précisément sur SAAQclic, ce qui
suit, qu'est-ce qu'il voulait dire? Je cite : «En 2020, on était pris avec
une solution qui ne fonctionnait pas, qui ne répondait pas aux besoins.»
Qu'est-ce qui ne
fonctionnait pas sur SAAQclic, sur SAAQclic?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Éric Caire
M. Caire : Je
veux préciser, ce n'est pas une question plantée. Ce que je voulais dire, c'est
qu'en 2015 la planification a été mal
faite. C'est ce que la Vérificatrice générale dit. Ce que je voulais dire,
c'est que l'appel d'offres a été orienté, en 2015,
pour favoriser SAP, LGS, IBM. Ce que je veux dire, c'est que beaucoup de
personnalisations ont été... ont été requises, ce qui veut dire que ce n'était
pas la bonne solution, elle ne répondait pas aux besoins. Ce que je voulais
dire, c'est qu'en 2020, quand le comité de
gestion s'est rendu compte qu'il ne livrait pas la marchandise, il a été obligé
de procéder à un réalignement du projet et il a caché ça. Il n'a pas
donné la bonne information, ni au conseil d'administration...
La
Présidente : En terminant.
M. Caire :
...ni au DPI, ni au ministre des Transports, ni au Secrétariat du Conseil
du trésor. C'est ça que...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
...Mme la Présidente, la VG, qui a eu accès aux procès-verbaux non
caviardés, a clairement dit qu'elle ne peut pas répondre en ce qui a trait à la
responsabilité des ministres. Le ministre vient de témoigner qu'en 2020 il
savait que ça ne fonctionnait pas, et après ça il n'a plus rien dit, il n'a
plus rien fait, ne s'est pas questionné.
Mme la Présidente, ce
qui est demandé, là, la VG, là, elle a eu accès aux p.-v. décaviardés, le
premier ministre va-t-il demander que la lumière soit faite, va-t-il
décaviarder ou demander à ce qu'il démissionne?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
D'abord, c'est important de dire que la Vérificatrice générale a eu accès
aux procès-verbaux décaviardés. Et qu'est-ce qu'elle dit? Elle dit : «Des
informations incomplètes ont été véhiculées. Ces communications ne faisaient
pas état de dépassements de coûts.» Il me semble que ça ne peut pas être plus
clair que ça. Pourquoi le Parti libéral n'a plus confiance en la Vérificatrice
générale?
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
La parole est à vous. On vous écoute.
Protection des droits des locataires
aînés
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, Mme la Présidente. Ça fait trois ans, trois ans que les aînés de
Mont-Carmel attendent de la part de la ministre des Aînés et de la ministre de l'Habitation
des gestes forts pour leur permettre de vivre en sécurité dans leur milieu de
vie. Zavriyev, c'est un propriétaire qui fait trembler tout le monde parce
qu'il met les gens en dehors de chez eux. Il n'est pas le seul, d'ailleurs.
J'étais là, il y a
trois ans, quand la ministre des Aînés est allée visiter les aînés de
Mont-Carmel. Elle leur a dit : Donnez-moi le temps, je viens d'arriver en
poste. Ma priorité, c'est l'hébergement des aînés.
J'ai
en main leur bilan, trois ans de lutte. Ces gens-là attendent. Et je cite... Je
le dépose, d'ailleurs, Mme la Présidente. Je cite : «Le
gouvernement du Québec doit soutenir concrètement les démarches visant à
soustraire Mont-Carmel du marché privé.»
Qu'est-ce que la
ministre leur répond?
Document déposé
La
Présidente : Consentement pour le dépôt? Consentement.
La réponse de la
ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, évidemment, je suis très, très
sensible à la situation de Mont-Carmel,
parce que, oui, je me rappelle, il y a trois ans, j'avais offert l'aide à ma
collègue, d'aller visiter les résidents de Mont-Carmel, et ma collègue
ne voulait pas que je me déplace pour rencontrer les gens de Mont-Carmel.
Alors, ceci étant
dit, l'important, c'est de protéger nos aînés. L'important, c'est d'être près
des locataires qui vivent dans des résidences comme Mont-Carmel.
Dans
l'article de ce matin, on lisait d'ailleurs qu'il y avait des mesures qui
avaient été adoptées par le gouvernement pour assurer la protection et
limiter aux locataires aînés de vivre des évictions. Donc, on a agi au niveau
des évictions, comme gouvernement, avec ma collègue à l'Habitation, dans son
projet de loi n° 31. On a amélioré la loi pour les coopératives, pour
protéger, avec le ministère de l'Économie et de l'Innovation... pour protéger
les aînés. Il y a eu également toute l'amélioration pour les centres d'assistance
et d'accompagnement aux plaintes, pour protéger les aînés dans
leurs résidences. Il y a eu plusieurs mesures également pour les évictions, au Tribunal
administratif du logement. Il y a beaucoup de travail qui est fait également
avec les CISSS, les CIUSSS.
Mme la Présidente, même les municipalités ont un
droit de préemption...
La Présidente : En terminant.
Mme Laforest : ...mais on va
continuer d'aider, parce que, je suis d'accord, c'est un dossier très sensible.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Quand la ministre
des Aînés et la ministre de l'Habitation sont venues sur place rencontrer les
aînés de Mont-Carmel, elles ont dit : On va s'occuper de vous. C'est les
RPA qui s'effondrent à travers le Québec. Et trois
ans de lutte, de gens qui ont 80 ans, 90 ans, c'est énorme. Ce qu'ils
demandent, c'est un programme qui va leur permettre de sortir leur RPA
du milieu privé.
Qu'est-ce que la CAQ attend?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente. Effectivement, dès le début de mon mandat, j'ai eu l'occasion
d'aller rencontrer les aînés du Mont-Carmel,
et vous étiez présente aussi, Mme la députée. Donc... Et je veux saluer la
mobilisation de ces aînés, effectivement, qui ont eu le courage de faire face
puis de dénoncer ce qu'ils considéraient comme une injustice. Je les ai écoutés attentivement. Il y a eu, donc,
ce qu'on sait, tout le déroulement, là, au niveau juridique. Je pense que ça
s'est conclu de façon positive. Et on continue, donc, d'accompagner les
personnes, les aînés qui vivent dans toutes les RPA...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme Massé : Mme la Présidente,
les aînés de Mont-Carmel, ça fait, je le réitère, trois ans qu'ils se battent.
Ça n'a pas de bon sens d'être obligé de se
battre à 90 ans pour s'assurer d'avoir des services de sécurité et un toit
sur la tête qui répond à leurs besoins. Ça s'appelle un milieu de vie.
Ces gens-là demandent au gouvernement de la CAQ
de pouvoir avoir un programme qui va leur permettre de récupérer du pouvoir sur
leur résidence. Est-ce qu'elles vont enfin le mettre à jour, ce programme?
La Présidente : La réponse de la
ministre, qui s'adresse à la présidente.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente, écoutez, je suis un peu surprise de l'intervention, là, de la
députée. Honnêtement, là, Mont-Carmel, c'est vrai qu'il y a eu une
mobilisation, mais la situation s'est réglée. Ils ont pu, donc, continuer à vivre dans leur RPA. Ce que vous... Ce
que vous me demandez actuellement, ils ont les leviers pour le faire,
pour mettre en place des comités clientèles, pour pouvoir s'assurer que le
milieu de vie réponde aux normes et aux standards. Dans les RPA, au Québec,
c'est ça qui se passe, Mme la Présidente.
On parle de deux choses, là. On parle de toute
la mobilisation citoyenne, qui s'est conclue positivement. On peut-tu être
contents de ça? Bien, je pense que ça, c'est une très bonne chose. Puis, pour
les RPA, on est là...
• (10 h 50) •
La Présidente : En terminant.
Mme Bélanger : ...on
est au rendez-vous pour soutenir les aînés qui vivent dans les différentes RPA
du Québec, que ce soit géré par...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Rapport
de la Vérificatrice générale sur le projet SAAQclic
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, la CAQ est prête à tout pour se déresponsabiliser de la crise à la SAAQ, et une partie de la responsabilité
ministérielle, c'est de répondre aux questions des oppositions avec sérieux et
honnêteté. Or, hier, le premier ministre a
affirmé pas moins de 15 inexactitudes en une seule période de questions.
Il a dit à six reprises que la VG a conclu que le
gouvernement avait été mal informé. C'est absolument inexact, la VG n'a jamais affirmé
cela. Il a dit par trois fois que les choses...
Des voix : ...
La Présidente :
Monsieur... S'il vous plaît! M. le
leader du gouvernement. Quel est votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, dans notre règlement, on doit prendre la parole d'un
député, hein, et...
Des voix : ...
La Présidente :
Alors, je suis debout. Merci. Je
suis debout. Assoyez-vous tous et toutes. J'entends vos commentaires. Je
ne veux plus entendre de commentaire. Une seule personne a le droit de parole.
Il est exact que nous
devons prendre la parole des collègues. Il est exact que nous devons prendre la
parole des collègues, c'est à notre article... article 35.6°. On ne peut
refuser d'accepter la parole. Mais je vous laisse faire votre travail et
critiquer les collègues.
M. le député de
Matane-Matapédia. Quel est votre rappel au règlement? Parce que j'imagine que
c'est ce que vous allez faire.
M. Bérubé :
Mme la Présidente, il est permis depuis toujours de souligner les
inexactitudes, c'est à la base de la reddition de comptes. Alors, je vous
demanderais de...
Une voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, je vous en prie, j'ai
tranché. Je vous dis que nous devons prendre la parole des collègues, mais que
je vous permets de critiquer le travail. Poursuivons dans le respect. Je veux
vous entendre, chef.
M. St-Pierre
Plamondon : Le premier ministre a affirmé par trois fois que les
choses se sont améliorées avec le nouveau
président de la SAAQ. C'est absolument inexact. La VG est claire : plus de
18 mois après la mise en service, il y a toujours
100 problèmes informatiques jugés persistants, puis ils sont en retard sur
la planification. Il a sous-entendu que la VG demandait une enquête de l'Autorité
des marchés publics. C'est totalement inexact. De manière désespérée, il a dit
quatre fois qu'un décret de 2014 du PQ avait donné une exemption à la SAAQ pour
ne pas être obligée de donner des
informations au gouvernement. C'est totalement inexact. D'ailleurs, la SAAQ est
allée chercher une autorisation
auprès du Conseil du trésor en 2015, donc aucun rapport possible. Il a
également affirmé que les oppositions ne respectent pas la Vérificatrice
générale. C'est totalement inexact. J'ai plusieurs autres exemples.
Et, Mme la
Présidente, ma question au premier ministre : Devant tant d'inexactitudes,
que vaut sa parole?
La
Présidente : M. le leader du gouvernement. Quel est votre rappel au
règlement?
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, ça ne s'améliore pas. Vous l'avez dit, 35.6°, on doit
prendre la parole des collègues ici, en cette Chambre. On comprend que le
donneur de leçons en chef du Parti québécois...
Des voix :
...
La
Présidente : Bon, M. le leader, s'il vous plaît! Je vous remercie. Je
vais trancher. La critique est toujours possible. Demeurez respectueux. Et
maintenant j'aimerais entendre la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, je comprends que le chef du troisième groupe
d'opposition n'aime pas que je lui rappelle ses inexactitudes et ses changements
de position, hein? Il nous a dit qu'il avait un malaise avec le nationalisme,
mais après il n'avait plus de malaise. Il nous a dit qu'il n'y avait plus de
déclin du français au Québec; après, il a
dit le contraire. Il nous a dit que la loi 101 au cégep, ce n'était pas
une bonne idée; après, il nous a dit le contraire. Il nous a dit que les
souverainistes harcèlent les Québécois, qui ne veulent pas de référendum; après,
il nous a dit le contraire. Il nous a dit que ce serait une bonne idée
de privatiser Hydro-Québec; après, il nous a dit le contraire.
Mme la Présidente, la
Vérificatrice générale a été très claire, il y a des informations erronées qui
ont été données, on n'a pas dit qu'il y avait
des dépassements de coûts. Donc, Mme la Présidente, je comprends que le chef du
Parti québécois est de plus en plus interpelé sur ses inexactitudes, mais, la
vérité, là, qu'il lise le rapport de la Vérificatrice générale, c'est très
clair.
La Présidente :
Première complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : À
entendre le premier ministre, non seulement la CAQ n'est responsable de rien,
ils sont des victimes de ce dépassement de 500 millions de dollars. Parmi
les inexactitudes dites par le premier ministre hier, c'est l'idée que,
lorsqu'un ministre n'a pas obtenu la bonne information, il ne devrait pas être
imputable, ce qui est contraire à la définition de responsabilité
ministérielle.
À nouveau, que vaut la parole du premier
ministre?
Des voix : ...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, je vais être obligé de citer au chef du troisième groupe
d'opposition la Vérificatrice générale, qui dit : «La direction du
programme a véhiculé comme information que les coûts prévus pour réaliser le
programme s'élevaient à 682 millions de dollars, sans dépassement de coûts
par rapport au contrat initial.» Donc, le chef du PQ peut bien arriver puis
dire : On est passé de 600 millions à 1,1 milliard, puis c'est
la responsabilité de tel ou tel ministre, à
un moment donné on ne peut pas dire à un ministre : Tu es responsable,
alors qu'on lui a menti...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...alors qu'on ne
lui a pas donné la bonne information.
La Présidente : Alors, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour ce faire, je cède la
place à la deuxième vice-présidente.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Vous
avez terminé? Vous avez terminé?
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Comme mentionné, nous sommes à la rubrique Motions sans préavis. En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre du groupe formant l'opposition
officielle. M. le leader de l'opposition officielle, la parole est à vous.
M. Derraji : Mme la Présidente,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Maurice-Richard, le député des Îles-de-la-Madeleine et la
députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des propos du ministre de la Cybersécurité et
du Numérique, prononcés le
25 novembre 2021, au sujet de la responsabilité ministérielle, mentionnant
que "celui qui a la responsabilité de l'application de la loi,
c'est [lui] qui en est imputable";
«Qu'elle prenne acte que l'article 25 de la
Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec stipule que "Le
ministre des Transports est chargé de l'application de la présente loi";
«Qu'enfin, elle déclare que l'ex-ministre des
Transports et actuel ministre de la Sécurité publique, ainsi que l'actuelle ministre des Transports sont, en vertu
de la responsabilité ministérielle telle qu'exprimée par le ministre de la Cybersécurité
et du Numérique, imputables du fiasco SAAQclic.»
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Pas
de consentement.
Je reconnais maintenant un membre du deuxième
groupe d'opposition, M. le député de Maurice-Richard, pour votre motion.
M. Bouazzi : Merci,
Mme la Présidente. Donc, je sollicite le consentement de cette Assemblée pour
présenter la motion suivante conjointement avec le député des
Îles-de-la-Madeleine :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte qu'un des
responsables du projet de transformation numérique CASA a récemment livré sa
version des faits concernant le fiasco SAAQClic;
«Qu'elle souligne qu'il affirme notamment avoir
rencontré le ministre de la Cybersécurité et du Numérique à de nombreuses reprises;
«Qu'elle constate que l'arrivée de
nouvelles informations soulève de sérieuses questions quant aux responsabilités
des différents acteurs impliqués, à la
transparence du gouvernement et à la gestion de l'ensemble des projets [...]
numérique totalisant 8 milliards de dollars;
«Qu'en
conséquence l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de
déclencher une commission d'enquête publique sur la transformation
numérique de l'État.» Merci.
• (11 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Donc,
je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le
député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Robert-Baldwin et
le député de Jean-Lesage, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale salue l'initiative de la Société professionnelle des
auteurs et compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs en
faveur de la découvrabilité des contenus culturels;
«Qu'elle reconnaisse
que la plateforme Musiqc.ca participe de l'effort collectif auquel nous sommes
conviés afin de promouvoir le travail des
travailleurs et travailleuses de la culture et de proposer leurs chansons au
public québécois;
«Qu'elle rappelle que
le ministre de la Culture et des communications a déclaré, le
12 février 2025, que : "Le défi est que [la musique québécoise] soit proposée aux Québécois pour
qu'ils aient ensuite le choix de l'écouter ou pas" et que
"bien souvent, cette musique québécoise ne leur est tout simplement pas
proposée";
«Qu'elle rappelle
également que des initiatives, comme le programme Découvrabilité des contenus
culturels francophones, du ministère de la
Culture et des Communications ont précisément pour but de soutenir des projets
visant à favoriser la découvrabilité des contenus culturels francophones
en ligne.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Donc,
je suis prête à reconnaître un membre du groupe formant le gouvernement, Mme la
députée de Huntingdon.
Mme Mallette :
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale déclare que les cotisations des membres des accréditations syndicales
québécoises ne devraient pas être dépensées par l'organisation ou ses
dirigeants à des fins personnelles, politiques ou partisanes.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous
en serions maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions.
Et je vous demanderais, chers collègues,
ceux qui doivent quitter l'enceinte, de le faire en silence. M. le leader
adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci, Mme la Présidente.
Donc,
j'avise cette Assemblée que la commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'alimentation et des ressources naturelles va poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi n° 69, la Loi assurant la gouvernance
responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions
législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures,
à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet de
loi n° 81, la Loi modifiant diverses dispositions en matière
d'environnement, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission des
finances publiques va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 82,
la Loi concernant l'identité numérique
nationale et modifiant d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 15 heures à 18 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
relations avec les citoyens va poursuivre les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet de loi n° 84, la Loi
sur l'intégration nationale, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions jusqu'à 12 h 50 et de 15 heures à
18 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 85, la Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins
d'allègement du fardeau réglementaire et administratif, aujourd'hui, de
15 heures à 18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Nous serions rendus à la
rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous
plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 11 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 87
Prise
en considération du rapport de la commission qui en a fait l'étude
détaillée et de l'amendement du député de Saint-Jérôme
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : À l'article 11 du feuilleton, l'Assemblée prend
en considération le rapport de la Commission de l'économie et du travail pour
le projet de loi n° 87, Loi concernant principalement le développement et
la mise en valeur de terrains industriels et la gouvernance de la Société du
parc industriel et portuaire de Bécancour, ainsi que l'amendement transmis en vertu de
l'article 252 du règlement par M. le député de Saint-Jérôme.
Cet amendement est déclaré recevable.
Y a-t-il des
interventions sur ce rapport ainsi que sur l'amendement? M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis fier d'intervenir dans la prise
en considération du projet de loi n° 87, la Loi
concernant principalement le développement et la mise en valeur de terrains
industriels et la gouvernance de la Société
du parc industriel et portuaire de Bécancour, qui vise, entre autres, à développer et améliorer la gestion des terrains industriels qu'à réformer la
gouvernance aussi de la société, en lien avec le développement de notre
chère et très appréciée filière batterie.
L'objectif est de
permettre à la SPIPB de répondre aux besoins grandissants des entreprises en
agrandissant le parc industriel de
Bécancour, notamment en lien avec la zone d'innovation dans la Vallée de la
transition énergétique et la filière
batterie, qui a connu... qui continue, pardon, de connaître une grande,
grande... bien, en fait, qui continue à avoir une grande croissance et
qui nous fait toujours de plus en plus fiers.
Le
projet de loi n° 87 vise à donner à la SPIPB les moyens d'acquérir
des terrains et de financer des infrastructures pour des projets stratégiques à
Bécancour, avec des retombées qui vont avoir un impact considérable partout au
Québec. Il propose des ajustements à
la gouvernance de la SPIPB pour se conformer à la Loi de la gouvernance des
sociétés d'État, élargir son territoire, notamment en incluant le Parc
industriel Laprade, qui permettra à la SPIPB d'accueillir des PME et qui
profiteront aussi à des retombées importantes pour la filière batterie.
Le projet de loi
aussi prévoit plusieurs nouveaux pouvoirs pour la SPIPB, incluant l'acquisition
des terrains industriels, la participation
au financement d'infrastructures publiques et l'exercice d'un droit de
préemption sur certains terrains, ce qui va nous aider à éviter la
spéculation. Ça précise aussi... bien, ça va permettre aussi, pardon, à la
gestion des filiales de la société. Comme ça,
elle va pouvoir avoir différents montages financiers qui vont permettre aussi
l'accroissement du terrain... du potentiel du terrain.
Depuis 2018, depuis
que notre formation politique a pris le pouvoir, le parc industriel de
Bécancour connaît un développement fulgurant, en particulier grâce à
l'expansion de la filiale batterie. Des grandes entreprises, telles Nemaska Lithium et Air liquide Canada, se sont
installées avec des investissements qui totalisent 2,5 milliards de
dollars. La région, un pôle important
dans la Vallée de la transition énergétique, crée un dynamisme économique
essentiel pour le gouvernement mais
pour les Québécois partout. Le parc offre des infrastructures de classe
mondiale. Les investissements prévus et dans les années à venir sont
estimés à 700 millions de dollars.
Mme
la Présidente, je voudrais souligner le travail de toute l'équipe du ministère
de l'Économie et de mes collègues qui ont siégé sur la commission, même
le collègue de l'opposition avec qui on a eu le plaisir... a eu des échanges
fructueux et constructifs. Je me permets aussi de remercier mon collègue, le
très apprécié député de Nicolet-Bécancour, qui a su beaucoup nous aider, Mme la
Présidente. Le collègue de Nicolet-Bécancour, qui a, bien sûr, à coeur sa belle
région, son beau comté, mais aussi tout ce
qu'on essaie de faire avec la filière batterie, a été d'une aide précieuse, d'une
contribution exceptionnelle, mais aussi d'un leadership, ma foi,
enviable. Le collègue a su nous aider à guider que ce soit la relation avec les voisins qui sont les Abénaquis, la ville. Il a
su savoir nous guider et nous informer sur l'importance de cette belle
collaboration. En fait, Mme la Présidente, je pense que ce projet de loi là
n'aurait pas été possible sans mon collègue de Nicolet-Bécancour. Donc, je
profite de l'occasion pour le saluer, pour le remercier.
Donc, c'est un projet
de loi qui était vraiment important, tant attendu et qui a reçu une bonne
collaboration, comme je l'ai dit tantôt, des oppositions. Je les remercie pour
leur contribution également. Puis, comme j'ai dit aussi antérieurement, les collègues, aussi, qui ont participé ont su aussi
apporter un éclaircissement et des bonnes questions sur les enjeux qui nous... avaient devant nous. Donc,
je suis confiant que la SPIPB va avoir tout ce qu'elle a de besoin pour
continuer son bon travail et surtout de faire en sorte qu'on a maintenant un
modèle, un modèle à suivre, sur le développement économique.
Beaucoup
de projets d'infrastructures qui doivent avoir lieu. Souvent, quand on veut
recevoir des projets, on est confronté avec tout à faire : on arrive, on
doit acheter le terrain, on doit développer le terrain, on doit avoir des
infrastructures sur le terrain. Ce qui est intéressant avec la SPIPB, Mme la
Présidente, c'est qu'on travaille de l'autre sens :
les infrastructures sont prévues d'avance, les investissements sont faits
d'avance. Et, maintenant que la SPIPB a le pouvoir de faire
l'acquisition de terrains et de construire des infrastructures, on est capables
d'arriver avec des projets presque clés en
main pour des entreprises qui veulent s'y établir. Ça sauve des délais
importants pour ce que nous voulons faire et ça nous permet de faire des
choses plus rapidement pour faire atterrir les projets porteurs pour le Québec.
Donc, très fiers d'avoir pu contribuer à ce beau projet-là.
Je me permettrais
aussi, avant de terminer, Mme la Présidente, de dire un gros merci aux équipes
du ministère de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie, sans qui... Bien, écoutez, être bien appuyé et bien épaulé, ça
compte pour beaucoup, et je les
apprécie beaucoup, je les remercie et je les salue de passage. Donc, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Au plaisir de vous, peut-être, recevoir à
la SPIPB un jour, de voir les beaux projets de la Vallée... dans la Vallée de
la transition énergétique. C'est vraiment de
quoi à voir. Je vous invite, si vous avez la chance, à y aller. Puis d'ailleurs
j'invite tous les Québécois à aller
voir les grands projets qui se font là, qui sont vraiment porteurs d'avenir. Alors,
merci, Mme la Présidente.
• (11 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui. Je suis prête
à entendre M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Donc, le projet de loi n° 87, Loi concernant principalement le développement et la mise en valeur de
terrains industriels et la gouvernance de la Société du parc industriel
et portuaire de Bécancour, c'est important, stratégiquement parlant, là, pour
la filière batterie, c'est important, c'est un chantier majeur, là, pour le développement économique du Québec, et on est
d'accord avec le principe, on est d'accord avec l'idée. On a étudié le
projet de loi avec le ministre et l'équipe et on a quand même été capables
d'avoir plusieurs points de discussions intéressants pour faire avancer le
projet dans le bon sens.
La région de Bécancour
est déjà, évidemment, un pôle clé, là, pour cette filière, avec l'ajout du parc
Laprade. On vient donc augmenter, là, la
possibilité de développement du projet. Mais notre rôle, cependant, à
l'opposition officielle, c'est quand
même d'être... un devoir de vigilance, on doit s'assurer que ce que le
gouvernement fait, il le fait dans le bon ordre, que les choses sont
faites comme il se doit. On a donc questionné le gouvernement sur l'octroi des
pouvoirs d'acquisition du ministère de
l'Économie, Innovation et Énergie sur tout le territoire du Québec, sans
recours à l'expropriation.
En réalisant ce
projet de loi, Mme la Présidente, on a été quand même assez surpris, en le
lisant, que c'était à la grandeur du Québec que le ministère allait, donc,
déployer ce nouveau pouvoir. On a été préoccupés, évidemment, concernant le
droit de préemption accordé à la SPIPB. C'est important de protéger aussi
l'autonomie municipale et garantir des collaborations, respectueuses avec les
communautés autochtones.
Malheureusement, on a
pu constater qu'autant la ville que la MRC, que la communauté abénaquise ont
exprimé leur déception quant au manque de consultation en amont de la part du
gouvernement. Nous avons donc proposé et fait
des amendements, et malheureusement on n'a pas été capables d'avoir les accords
du gouvernement. On a parlé de représentation et inclusion au conseil
d'administration, on a fait des propositions pour ajouter des sièges pour la
ville de Bécancour, pour la nation
abénaquise qui est sur le conseil d'administration de la SPIPB . L'objectif
était ici d'assurer, évidemment, une gouvernance inclusive et
représentative de tous les acteurs locaux.
Pour ce qui est de la
protection de l'environnement et du respect des droits des autochtones, nous
avons appuyé la proposition du deuxième
groupe d'opposition, l'amendement, là, de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour favoriser la création d'aires protégées d'initiative
autochtone. Le Parti libéral du Québec est même arrivé avec un amendement qui était une voie de passage claire
pour permettre à tout le monde de voter et répondre à la demande de la communauté
W8banaki. On voulait faire... enchâsser le devoir de collaboration de la SPIPB
avec la nation. Pour nous, c'était important.
Au
niveau de la... du respect de l'autonomie municipale, on a fait notre devoir et
on a veillé au respect de l'autonomie en proposant des amendements pour
préciser que l'autonomie municipale doit être respectée dans l'application des pouvoirs d'acquisition du ministère de l'Économie,
Innovation et Énergie. Les résultats de nos démarches, Mme la Présidente,
bien, les amendements ont tous été rejetés
par le gouvernement, les trois propositions, une après l'autre. Le gouvernement
a jugé, donc, que c'était redondant, nos demandes d'amendement sur
l'autonomie municipale et sur les aires protégées d'initiative autochtone. On a été déçus face au manque d'ouverture du
ministre sur ces enjeux qui étaient, selon nous, très importants.
Malgré tout, nous, ce
qu'on considère ici qui est important, le projet de loi est crucial pour le
développement économique de la région de Bécancour. Donc, nous, on veut quand
même que le projet de loi avance parce que, pour le Parti libéral du Québec, on veut être en faveur, évidemment, du
développement économique de la région. Cependant, on doit rester
vigilant, et c'est ça, l'engagement de l'opposition officielle, c'est que, pour
le futur, nous allons être vigilants face à
l'application des nouveaux pouvoirs du ministère de l'Économie, Innovation et
Énergie et de la SPIPB. Le Parti libéral du Québec surveillera de près l'utilisation des pouvoirs d'acquisition
du ministère de l'Économie, Innovation et Énergie et du droit de préemption de
la SPIPB. Notre objectif, ça va être de veiller au respect de l'autonomie
municipale et de la continuité de la collaboration avec les communautés
autochtones.
Mais, dans le contexte, lorsqu'on se retire un
peu puis qu'on regarde ça de loin, c'est évident que la situation économique de
la filière batterie, elle est menacée par l'arrivée du président Trump
d'imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les
produits canadiens, pouvant nuire, donc, ainsi, à notre filière batterie, parce
que les clients ultimes des batteries qui vont être éventuellement produites
là-bas sont au sud de la frontière.
Donc,
Mme la Présidente, on comprend l'importance d'avoir une meilleure gouvernance,
on comprend l'importance de se préparer puis d'avoir une bonne gouvernance,
d'avoir un peu plus d'espace, on parle d'ajouter à peu près 30 % du
parc industriel pour la SPIPB, etc., on n'a aucun enjeu avec le concept en tant
que tel, mais force est de constater qu'il y a du sable dans l'engrenage dans la filière batterie actuellement. Parce
que le fait que le gouvernement américain veut retirer les subventions qui sont
incluses dans le Inflation Reduction Act a un effet cascade ici même, au
Québec, où les subventions ne seront pas données, donc, aux celluliers
qui se sont installés à Bécancour et ailleurs au Québec. Et donc, ce que ça va avoir comme conséquence, Mme la Présidente,
c'est que, oui, ils vont construire des bâtiments, mais on a même vu, en fait,
qu'il y a des bâtiments qui... la construction a été mise sur pause juste la
semaine dernière, Mme la Présidente, ce qui est triste, mais,
malheureusement, c'est la réalité. Donc, étant donné que plusieurs de ces
entreprises-là vivent malheureusement aux crochets du gouvernement pour pouvoir
être capables de réaliser leurs projets, le fait que le gouvernement devra donc
reculer sur ces avancées monétaires, bien, c'est... force est de constater que
plusieurs de ces projets-là n'auront pas lieu.
Donc,
le projet de loi n° 87, le champ d'observation du projet de loi
n° 87, il est vraiment concentré sur la SPIPB, sur la gouvernance
de la SPIPB, nonobstant ce qui se passe à l'extérieur de la planète. Et
malheureusement, force est de constater que
ce qui va se passer sur le reste de la planète aura une influence extrêmement
négative sur notre filière batterie, Mme la Présidente. Et c'est ce qui
va faire en sorte qu'avec les meilleures intentions du monde on a fait avancer
ce projet de loi là, avec les meilleures
intentions du monde on voudrait que ce soit, donc, quelque chose qui va
s'appliquer, mais on va réaliser,
dans très peu de temps, que, malheureusement, avec le gouvernement américain de
l'autre côté de la frontière, ils vont tirer la couverte de leur côté,
et notre filière batterie risque de vraiment en prendre pour son rhume.
En guise de
conclusion, le débat nous a quand même, tout de même, permis d'obtenir
certaines assurances sur l'application des nouveaux pouvoirs. Donc, on a eu le
ministre qui a donc élaboré certaines des balises au microphone, et donc on
l'a... on va le garder en tête. Le manque de représentation autochtone et
l'absence de garantie pour les aires protégées demeurent extrêmement
regrettables. Le Parti libéral du Québec, donc, cependant, appuiera le projet
de loi, tout en restant vigilant sur son
application. On va s'engager avec des valeurs d'inclusion, de respect de
l'autonomie municipale, de
réconciliation avec les Premiers Peuples et de protection de l'environnement, à
faire en sorte que ce projet de loi là soit efficace, optimal pour tous
les Québécois.
Et
avec ceci, Mme la Présidente, je vous remercie et je remercie tous les parlementaires
pour ces échanges qui ont été très constructifs. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je reconnais
maintenant le député de Saint-Jérôme.
M.
Youri Chassin
M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. Alors, effectivement, comme vous
l'avez vous-même mentionné, j'ai déposé un amendement à cette étape-ci de la
prise en considération du projet de loi et je trouve important d'expliquer cet
amendement, parce que, dans le fond, un peu comme le collègue de
Marguerite-Bourgeoys le soulignait, ce projet de loi comporte des nouveaux
pouvoirs. Alors, évidemment, un pouvoir de préemption, par exemple, à la
société, on donne finalement à la Société du
parc industriel et portuaire des pouvoirs, puis je pense que ça peut être
utile. On donne aussi au ministre des nouveaux pouvoirs qui peuvent
aussi être utiles, Mme la Présidente.
Et ce n'est pas que
je ne fais pas confiance au collègue de Marguerite-Bourgeoys ou de l'opposition
officielle; bien au contraire, je suis
certain qu'ils vont veiller au grain. Néanmoins, j'aimerais proposer qu'on
donne, dans ce projet de loi là, un mécanisme formel qui, inscrit dans
la loi, va prévoir que, cinq ans après l'adoption de la loi, les nouveaux pouvoirs
vont faire l'objet d'une étude de mise en application. On en fera une analyse
qui va permettre aux parlementaires de voir, finalement, en rétrospective,
hein, donc cinq ans plus tard, qu'est-ce que cela aura donné. Est-ce que
c'était utile? Est-ce que ça a donc été utilisé? Pas du tout, un peu, beaucoup,
passionnément? Je veux... Je voudrais, dans le fond, qu'on ait la possibilité
de le voir, de le recevoir. Je voudrais qu'on ait aussi la possibilité, à ce
moment-là, quelques années plus tard, de se prononcer là-dessus. Et donc,
évidemment, il faut que ce soit bien mené, il faut que ce soit aussi partagé
avec les parlementaires et rendu public, à mon avis, d'où l'idée d'ajouter un
article dans les dispositions finales pour permettre cet exercice.
• (11 h 20) •
Et
permettez, Mme la Présidente, que je prenne le temps de lire l'article que je
propose d'ajouter. Donc, ce serait un article, en quelque sorte, 25.1
qui se lirait ainsi :
«Les
pouvoirs confiés au ministre par les articles 1 et 2, à la Société par les
articles 9 et 10, ainsi que le droit de préemption à
l'article 12 feront obligatoirement l'objet d'une évaluation, cinq ans
après leur entrée en vigueur, par le ministre responsable de l'application de
la présente loi.
«Cette évaluation
devra comprendre une analyse d'impact économique tenant compte des données
observables pour chaque utilisation d'un de
ces pouvoirs. L'évaluation devra être présentée à la commission parlementaire
correspondante de l'Assemblée nationale qui se prononcera alors sur le
maintien, la modification ou la suppression du pouvoir dévolu par chaque
article concerné.
«L'évaluation devra
de plus être rendue publique au moment de son dépôt en commission
parlementaire.»
C'est en quelque
sorte, Mme la Présidente, ce qu'on appelle une clause crépusculaire. C'est
probablement une traduction un peu littérale de la tradition américaine, les
«sunset clauses», mais, en fait, c'est vraiment une idée d'avoir la possibilité, à un moment donné spécifique, que, sans
intervention postérieure à l'adoption du projet de loi, il y ait un moment de
reddition de comptes prévu. Il n'y a pas de besoin d'avoir un grand débat pour
dire : Il faut absolument réévaluer où on a vu quelque chose. C'est prévu,
on l'a, notre rendez-vous. Et je pense que c'est une bonne pratique, Mme la Présidente, quand on donne des nouveaux
pouvoirs, ce qu'on fait régulièrement en cette Chambre, de les évaluer, de le partager avec tous les parlementaires, de le
rendre public avec la population aussi, donc, et de pouvoir se prononcer
sur cette opportunité, la pertinence et
la signification de ces pouvoirs qu'on s'apprête à octroyer tant au ministre
qu'à une société. Je pense que c'est
une bonne pratique. Et donc j'invite non seulement le gouvernement, mais tous
les parlementaires à adopter cet amendement. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix de l'amendement
S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous... l'amendement, pardon, proposé par M. le député de
Saint-Jérôme est-il adopté?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Rejeté.
Mise aux voix du rapport
Le rapport de la
Commission de l'économie et du travail portant sur le projet de loi n° 87,
Loi concernant principalement le développement et la mise en valeur de terrains
industriels et la gouvernance de la Société du parc industriel et portuaire de
Bécancour, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. M. le leader du gouvernement, s'il vous
plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci,
Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 12 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 90
Prise
en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : À l'article 12 du feuilleton, l'Assemblée prend
en considération le rapport de la Commission de la culture et de l'éducation
sur le projet de loi n° 90, Loi reconnaissant le hockey sur glace comme
sport national du Québec et concernant les référents culturels nationaux.
Y a-t-il des
interventions? M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, on franchit une nouvelle étape,
celle de la prise en considération du rapport de la Commission de la culture et
de l'éducation sur le projet de loi n° 90, Loi reconnaissant le hockey sur
glace comme sport national du Québec...
Des voix :
...
M. Lacombe : ... — on
voit que ça suscite de l'enthousiasme — et concernant les référents culturels nationaux.
Donc,
d'abord, je commence en saluant le travail des membres de la commission dans le
cadre de l'étude détaillée des six articles — il y en avait vraiment
très peu — du
projet de loi, qui s'est déroulée jeudi dernier. Ça a avancé rondement. Donc,
évidemment, merci aux membres de la commission, notamment la présidente, les
collègues députés qui étaient présents,
notamment ceux, bien sûr, du gouvernement, mais aussi de l'opposition, avec qui
ça nous a fait plaisir de collaborer, la collègue de Robert-Baldwin,
évidemment, qui était là, le collègue de Marquette, qui est un passionné de
hockey, un sport qui l'habite, qu'il a pratiqué pendant plusieurs années à
titre professionnel.
Donc, je ne referai
pas l'exercice de vous expliquer de long en large pourquoi est-ce que le hockey
devrait être notre sport national et quels
sont les avantages parce qu'on l'a fait longuement, mais je répète seulement
que, pour nous, évidemment, ça tombe sous le sens, que le hockey, il est ancré
non seulement dans notre histoire, parce que c'est au Québec, à Montréal, qu'a eu lieu le premier match de
hockey sur glace dans le monde, et, à ce titre-là, la fédération internationale
reconnaît que le hockey a été inventé ici, à Montréal, et c'est généralement
reconnu comme la plus grande contribution du
Québec à l'histoire mondiale des sports... Donc, dans l'histoire, c'est ancré,
d'une part, mais ça s'est aussi ancré dans notre culture.
Et, lorsqu'on parle de
référents culturels nationaux, un autre élément qui est intégré au projet de
loi, qui est apporté par le projet de loi, la création de ces référents
culturels nationaux, bien, le hockey sur glace, comme sport national, devient
le premier référent culturel national du Québec, parce que, oui, c'est ancré
dans notre culture, qu'on pense à des oeuvres musicales, je pense à des
chansons célèbres de Loco Locass qui mettent en valeur le hockey, que je pense
à des séries qui ont marqué le Québec, comme Lance et compte, notamment,
que je pense au vocabulaire, aux expressions,
donc, qui ont fait leur entrée... et je les ai souvent citées, «donner son
110 %», «travailler fort dans les coins», «être vite sur ses
patins». Donc, pour toutes ces raisons, ça s'inscrit donc aussi dans notre
culture.
Mme la
Présidente, je ne serai pas plus long que ça, seulement vous dire qu'au-delà,
donc, du fait que nous désignerons, quand le projet de loi... si le
projet de loi est adopé, on a bon espoir que ce sera le cas, le hockey sur
glace comme sport national du Québec, on introduira aussi une journée nationale
du hockey sur glace, qui sera l'occasion, on
a eu cette discussion-là entre collègues, de mettre en valeur le hockey pas
nécessairement toujours en tant que sport, oui, c'est important, en fait, oui,
c'est important de toujours le faire, mais aussi de le mettre en valeur, de
mettre son histoire en valeur puis de mettre en valeur, donc, les
éléments culturels qui s'y rattachent.
Donc, je
termine là-dessus, encore une fois, en remerciant tous les collègues, en
remerciant aussi notre collègue la ministre responsable des Sports, du Loisir
et du Plein air, pour qui c'était bien important, parce que rappelons-nous que
ça découlait aussi... que ça découle
aussi, ce projet de loi, de la recommandation n° 1
du groupe de travail sur l'avenir du hockey, qui recommandait d'en faire
notre sport national. Donc, merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le ministre. Je reconnais maintenant la députée de
Robert-Baldwin. La parole est à vous.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, merci, M. le ministre, pour la présentation, vos
interventions concernant ce projet de loi, le projet de loi, Mme la Présidente,
qui reconnaît le hockey sur glace comme sport national du Québec et concernant
les référents culturels nationaux, parce qu'il ne faut pas oublier que ce
projet de loi n° 90 non seulement
reconnaît le hockey comme étant notre sport national, mais introduit également,
dans notre loi, cette nouvelle notion de référents culturels.
Et donc, tel que nous avions mentionné au début,
suite au dépôt du projet de loi, nous avions confirmé que nous étions
favorables à l'adoption et, évidemment, à la prise de considération,
aujourd'hui, du projet de loi, suite à notre... nos échanges lors de l'étude
détaillée du projet de loi. Comme nous le savons, il n'y a pas eu de
consultations particulières, puisqu'il y a quand même une évidence ici, au
Québec, le hockey sur glace, comme on dit, fait partie... joue... joue une place importante, si je peux
m'exprimer ainsi, dans l'histoire et la culture du Québec. Le hockey sur glace
est pratiqué dans toutes les régions du Québec, dans les centres urbains comme
dans les communautés rurales.
Et, évidemment, nous avons le premier match de
hockey, nous en sommes très fiers, officiellement, qui a eu lieu le
3 mars 1875, et donc, la semaine prochaine, nous allons célébrer le
150e anniversaire du premier match de hockey
ici, au Québec. Et donc la pertinence, si je peux m'exprimer ainsi, du dépôt du
projet de loi... parce qu'évidemment il y a un lien entre cette
reconnaissance symbolique dans le projet de loi et le... la célébration qui va
venir, la semaine prochaine, concernant le premier match.
• (11 h 30) •
Nous savons, Mme la Présidente, que le hockey
est rapidement devenu un lieu d'expression aussi de l'identité québécoise
nationale. Nous sommes fiers de nos équipes, que ce soit... j'ai mon collègue
ici, de Marquette, un ancien joueur de la
Ligue nationale, donc de nos... évidemment, de nos équipes, que ce soient les
Canadiens, à un moment donné, c'étaient les Nordiques, mais on est fiers de nos
équipes, et aussi que ce soient les équipes de nos jeunes. Les parents,
les enfants sont très dévoués en ce qui a trait à la pratique de ce sport. Il y
a beaucoup de compétitions à différents niveaux. On a des jeunes qui atteignent aussi des rangs assez élevés, qui jouent
junior, il y en a certains qui vont aux Jeux olympiques, et donc... et d'autres vont jouer au hockey à
l'extérieur, que ce soit en Europe, que ce soit aux États-Unis, avec des
bourses d'études... qui peut être très intéressant également, Mme la
Présidente.
Et donc, en ce qui a trait au projet de loi,
suite à nos échanges... parce que nous savions, Mme la Présidente, qu'il n'y
avait pas d'augmentation de crédits qui venait avec ce projet de loi, avec les
nouvelles dispositions telles qu'introduites, que ce soit la notion de
référents culturels. Et aussi, en termes de... à l'article 2... parce
qu'évidemment, en hissant le hockey au rang de sport national du Québec, il va
y avoir, le premier samedi du mois de février, à compter de l'année prochaine... nous allons avoir une
journée nationale du hockey sur glace. Et donc, c'est sûr qu'avec... et ça a
été mentionné par le ministre, que ce
projet de loi découle d'une des recommandations phares du rapport qui avait été
publié en avril 2022, Le hockey, notre passion, et c'était
un rapport... il y avait environ 16 experts qui étaient... qui ont pris
part dans l'étude du développement du hockey, comment améliorer le hockey ici,
au Québec, comment le développer, comment, également, augmenter l'accès du
hockey aux jeunes, parce que nous savons très bien que ça coûte cher, ce n'est pas toutes les familles qui ont les moyens
pour acheter les bâtons de hockey, les patins et les jambières. Moi, j'ai eu un
gardien de but, donc je sais, je comprends très bien les coûts liés à ça,
surtout les garçons, parce que ça grandit vite, et donc les coûts montent vite. Et ça fait en sorte que ça prend aussi un
grand engagement, de la part des parents, et dévouement aussi pour
soutenir leurs filles ou leurs garçons.
Et donc ça fait en sorte que, oui, on veut
hisser le hockey au rang de sport national, c'est ça que le rapport avait comme recommandation, mais il y avait huit autres
recommandations qui étaient en lien avec cette reconnaissance. Et donc je vois
maintenant, suite à l'échange que nous avons eu la semaine dernière, que ce
projet de loi met en valeur, si je peux dire, l'histoire du hockey. Oui, on en fait un
sport national, mais, s'il va y avoir du financement de programmes plus tard, dans
l'avenir, qui va émaner de l'enveloppe budgétaire du patrimoine culturel et non
du CALQ, on a eu l'engagement du ministre à
ce sujet, ça va être lié, vraiment, Mme la Présidente, avec
l'histoire du hockey et l'élément culturel du hockey, et non lié au
développement de l'accès, aux jeunes, du hockey.
On sait très bien qu'il y a des arénas qui sont
en état vétuste à travers la province, et donc ce n'est pas lié non plus à mettre de l'argent, si je peux dire, ou à
financer des rénovations d'arénas. Et donc ça, ça va être plutôt dans la cour
de la ministre des Sports et Loisirs plutôt que le ministre de la Culture.
Donc, je croyais que c'était bien d'avoir cet échange-là pour que ce soit clair
pour tout le monde, vraiment, l'impact concernant la modification qui a eu lieu
dans la Loi sur le patrimoine culturel et
non seulement la reconnaissance du hockey sur glace comme sport national, mais
aussi cette nouvelle notion, qui a été intégrée dans le projet de loi,
qu'il est référent culturel national, une notion qui vient avec une longue
définition.
Et donc on verra, par la suite, je crois que ça
va être le Conseil du patrimoine qui va avoir un mot à dire en termes de...
probablement, M. le ministre. On avait parlé peut-être de... s'il va y avoir
des mets culturels, est-ce qu'on va reconnaître, peut-être, un hymne, plus
tard. Là, on a commencé avec le hockey et donc on verra, pour la suite, s'il va
y avoir des reconnaissances de d'autres éléments dans notre culture qui
seront... qui vont refléter un référent culturel.
Et je voulais juste mentionner, Mme la
Présidente, que c'était au paragraphe 5°, où on retrouve le pouvoir du ministre d'octroyer «des subventions dans le but
de favoriser la connaissance ou la mise en valeur des référents culturels
nationaux» et aussi son pouvoir de «conclure des ententes avec toute personne
ou tout groupement dans le but de favoriser la connaissance ou la mise en
valeur des référents culturels nationaux». Donc, oui, il pourrait y avoir un soutien financier de l'enveloppe budgétaire du
patrimoine, mais ça va être plutôt pour... en lien avec l'histoire du hockey.
Et donc, sur ce, Mme la Présidente, je vous
remercie pour votre attention. Je remercie également le ministre pour le dépôt
de ce projet de loi. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, je veux juste vous
mentionner que le dernier mercredi de février marque la Journée du
chandail rose au Canada. J'ai mis ma cravate rose, Mme la Présidente, parce que je ne pense pas que vous auriez aimé que
j'arrive ici avec un chandail rose. Il aurait fallu demander le consentement,
soit dit en passant. Mais voici pourquoi je
porte la cravate. Puis c'est quand même de mise parce que, quand on parle de
hockey, Mme la Présidente, on sait que ça
fait beaucoup référence à l'intimidation, et j'aimerais rappeler... Dieu sait
qu'on en a parlé la semaine passée,
mais rappeler que ce n'est jamais une bonne idée de se venger d'un coup vicieux
avec des coups de poing sur la gueule, tous âges confondus, Mme la
Présidente.
Sur ce, c'est un bon coup, c'est un bon coup,
puis je me sens privilégié, aujourd'hui, de prendre la parole, mais non
seulement ça, mais d'avoir été présent durant toutes les étapes de ce projet de
loi là, qui va reconnaître, selon moi, le plus beau sport au Québec, là. Je
sais qu'il y en a qui ne seront pas d'accord avec moi. La ministre responsable
des Sports ne sera peut-être pas d'accord
avec moi non plus parce qu'elle est spécialiste dans un autre sport, mais, pour
moi, le hockey, ça a été ma vie, puis c'est peut-être pour cette raison-là, Mme
la Présidente, que je suis ici aujourd'hui puis je vous parle, parce
que, si ça n'avait pas été de ça, j'aurais peut-être fait d'autres choses. Mais
le hockey m'a amené beaucoup, et le hockey,
la population du Québec, dans l'histoire, a amené beaucoup aussi, à toutes les
familles du Québec.
• (11 h 40) •
Pour moi, le
hockey a toujours été synonyme de rassembleur, ça a été synonyme de joie. Il
fut un temps, Mme la Présidente, où on disait : On vient au monde,
au Québec, avec des patins dans les pieds. Aujourd'hui, ce serait agréable
d'être capable de répéter ça encore une fois. Alors que le sport, à l'époque,
je l'ai dit et je réitère, c'était rassembler, aujourd'hui ça semble être
divisif. Puis, moi, ça me fait de la peine de dire ça, mais ça démontre qu'on a
un gros, gros problème au niveau du
développement du hockey au Québec, qu'il faut... Puis je ne dis pas que les
gens en place, ce n'est pas des gens compétents, il faut juste revoir un
peu la façon de faire, parce qu'il reste... puis je vais vous citer, là, Stéphane Laporte, qui... en deux
paragraphes : «Si on ne se regroupe pas, si on ne rallume pas l'esprit
d'équipe, le dernier des Québécois — puis
ça, il fait référence au hockey — naîtra,
dans quelques années, même pas pour un petit pain, juste pour qu'on en
fasse une bouchée.»
C'est gros,
là. Je comprends qu'il y a des éléments plus importants en société que le
hockey, Mme la Présidente, là, mais ici, le sujet, aujourd'hui, c'est
qu'on vient donner une importance capitale, là, on vient d'élever le sport du hockey — c'est
un privilège, là, pour ce sport-là — comme
sport national d'une nation, là. Puis, comme ma collègue l'a dit, de Robert-Baldwin, on est d'accord avec ça. Cependant, la seule
chose que j'aimerais mentionner, c'est qu'on utilise cette appellation-là,
qu'on élève ce sport-là au rang de sport national ici, au Québec, mais qu'on le
traite de cette façon-là aussi.
Encore une fois, je sais qu'il y a d'autres
enjeux pas mal plus importants au Québec, mais, quand on va prendre des
décisions en matière sportive au niveau du hockey, par exemple... Là, on parle
de culture. Oui, la culture a son... va
avoir son mot à dire sur... dans différents secteurs, là, pas au niveau du
développement, mais, référent culturel, parfait, on veut faire connaître le sport, on veut... on va offrir... puis là le
ministre nous l'a dit, ça, ça vient de lui, là, qu'on va offrir,
éventuellement, des programmes, parce que, là, il n'y a pas de nouveaux
crédits, là, mais éventuellement il va y avoir des programmes qui vont être
offerts, où, par exemple, une ville va être capable de faire un événement
particulier durant... sur une patinoire de quartier où on va célébrer le
hockey, les traditions du hockey, puis ça, ça va être possible d'aller chercher
des fonds nécessaires. Et j'invite tous les collègues ici, à l'Assemblée
nationale, de rester... puis dans le salon rouge, de rester à l'affût, s'il y a des programmes, là, de
le dire à nos municipalités, à nos associations, qu'il va y avoir des
programmes où on va être capables, là, de faire reconnaître... malgré qu'on
connaît bien le hockey ici, là, mais qu'on
va être capables d'utiliser, faire bouger nos jeunes avec ce genre de programme
là, toujours dans le but de signaler, de renforcer l'aspect culturel de
notre tradition qui est le hockey.
Alors, Mme la
Présidente, je ne prendrai pas plus de temps que ça, seulement pour vous dire
que ça a été pour moi un privilège puis un naturel aussi de faire partie de
l'exercice, des différentes étapes, là, du projet de loi n° 90, la Loi
reconnaissant le hockey sur glace comme sport national du Québec et concernant
les référents culturels nationaux.
Sur ce, Mme la
Présidente, je vais vous souhaiter une belle journée. Portez du rose pour
signifier que nous sommes tous contre l'intimidation. Et on se reparle à la
prochaine étape. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Y a-t-il d'autres interventions?
Mise
aux voix du rapport
Le
rapport de la Commission de la
culture et de l'éducation portant sur
le projet de loi n° 90, Loi
reconnaissant le hockey sur glace comme sport national du Québec et concernant
les référents culturels nationaux, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il
vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
À ce stade-ci, Mme la Présidente, je vous demanderais de bien vouloir suspendre
nos travaux jusqu'à 15 heures.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, afin de permettre le débat sur une affaire inscrite par les
députés de l'opposition, cet après-midi, les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures. Merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à 11
h 45)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Bonjour, chers collègues. Vous pouvez prendre place.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée exige du gouvernement le
dépôt
d'un plan d'action d'ici juin 2025 afin de protéger le
personnel des services correctionnels
Nous en sommes
maintenant à l'affaire inscrite par les députés de l'opposition. À
l'article 66 du feuilleton, aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte d'une
dégradation évidente de la sécurité au sein de nos établissements correctionnels
et qu'elle exige du gouvernement caquiste de déposer un plan d'action d'ici
juin 2025 afin de protéger le personnel des services correctionnels.»
Je vous informe que
la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion
inscrite par Mme la députée de Westmount—Saint-Louis s'effectuera comme
suit : 10 minutes sont réservées à l'auteure de la motion pour sa
réplique, 52 min 45 s sont allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 28 min 38 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 18 min 5 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, 6 min 2 s sont allouées au troisième groupe
d'opposition et 1 min 30 s sont allouées à chacun des députés
indépendants. Dans le cadre de ce débat, le
temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires, selon les
proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions
ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle que... pardon,
aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat,
ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, on jase quand même d'un
sujet qui, je dirais... je pense que c'est peut-être un peu tabou. On parle
rarement du milieu carcéral, puis encore moins des agents qui travaillent dans
le milieu carcéral. Ce qui se fait, ce qui se dit à l'intérieur de nos prisons
reste à l'intérieur de ces murs-là. Ce n'est
pas populaire, ce n'est pas sexy, mais honnêtement c'est assez, c'est assez.
Puis on a vu, vraiment, dans la revue de presse dernièrement, depuis les
cinq derniers mois, comment ça a explosé. Pourquoi? Parce que les agents correctionnels ont décidé de dénoncer, ils ont
décidé de parler de leur quotidien. Parce que c'est un au secours, Mme
la Présidente, on est vraiment rendus là.
Mais
avant c'est vrai que personne ne parlait du milieu carcéral, mais, depuis
plusieurs mois, il faut constater que ça brasse en tabarouette dans nos
établissements à Québec, vraiment, là, partout dans la province, la violence,
l'agression, les drones, les armes, l'infrastructure, des appels 9-1-1
des détenus à l'intérieur de nos prisons, à la SQ, pas normal, et les
conditions de travail qui sont déplorables, déplorables, Mme la Présidente.
Mais il faut que je débute en disant puis en parlant
de l'omerta dans ce réseau, Mme la Présidente. Nous, on était censés d'avoir
plein de gens dans les tribunes aujourd'hui, des agents correctionnels, leurs
familles, les autres employés du milieu carcéral. Puis vous savez quoi? Il y a
tellement une omerta, il y a tellement de l'intimidation puis de peur, peur de
représailles, eux, ils ont dit : Désolé, Mme la députée, je ne sais pas si
on va pouvoir venir aujourd'hui parce qu'on a peur des sanctions, on a peur, on
a peur même si on va sur les réseaux sociaux puis on parle de notre propre
opinion. Parce que, si on n'est pas agent correctionnel, ça reste qu'on est
quand même citoyen ou citoyenne, puis on a le droit de s'exprimer. C'est quand
même des employés du public.
Et, à un
moment donné, il me semble, on a adopté une loi où on a parlé de mettre fin à
l'omerta, de parler aux... de la protection de nos lanceurs d'alerte, de leur
donner une voix. Pourquoi? Parce qu'eux aussi, ils souhaitent les conditions
qui s'améliorent, ils souhaitent que le milieu carcéral s'améliore. Il veut que
les choses bougent puis s'avancent pour le
bien-être non seulement des gens qui travaillent dans le milieu carcéral, pour
les détenus, pas juste pour eux. C'est des gens avec des coeurs, c'est
des gens qui ont choisi cette profession. Je trouve ça dégueulasse,
dégueulasse, dérangeant. C'est de l'intimidation.
Puis vous
savez quoi, Mme la Présidente? Aujourd'hui, c'est la journée de la lutte contre
l'intimidation. Je porte le rose pour ceci...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Madame...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
M. le... M. le...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
15399Un instant, s'il vous plaît! Je suis
debout. Article 32. S'il vous plaît! Merci, Mme la députée, d'attendre.
Là, je reconnais le ministre. Quel est votre rappel au règlement, s'il vous
plaît?
M. Bonnardel : ...Mme la
Présidente, on parle d'omerta et d'empêcher les ASC de venir ici...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, la députée ne vise pas un collègue, elle parle de la situation que vivent les employés. Alors, je vous
invite à la prudence pour interpeler la députée. Vous m'interpelez. Et je vous
demande aussi, là, la prudence à nommer le règlement auquel vous faites
allusion.
Maintenant, Mme la députée, s'il vous plaît,
veuillez poursuivre.
Mme Maccarone : Merci. Comme je
disais, Mme la Présidente, il y a tellement d'intimidation puis de peur. Comme je dis, c'est la journée où on porte le rose,
c'est une journée où on porte le rose pour dénoncer ceci puis de lutter contre
ça. Mais ils ont peur des risques, risques de sanctions, risques de pénalités,
risques qu'ils vont faire face à leur employeur qui va leur dire : Aïe! tu
n'es pas supposé de parler contre nous. Mais ils veulent que ça change. C'est
pour ça qu'ils souhaitaient être ici. Puis je sais qu'il y en a plein qui nous
écoutent aujourd'hui. Je sais que vous êtes là puis que vous êtes en ondes, que
vous êtes là puis vous nous écoutez. Sachez qu'il y a du monde ici, à
l'Assemblée nationale, qui se préoccupe de
vous, même s'il y a autre personne qui vous fait peur, même si vous êtes
intimidés, même s'il y a une omerta. C'est ça qui arrive. Il faut dire
la vérité, Mme la Présidente.
Pas plus tard que ce matin, entre autres, j'ai
reçu des photos de ceux qui ont reçu de leur employeur qu'ils sont convoqués
pour des rencontres d'équité procédurale concernant l'utilisation des réseaux
sociaux. Ça, c'est les faits. C'est les faits. Puis ce n'est pas moi qui est en
train de les inventer, c'est leur réalité. Comment est-ce qu'on pense qu'on va
améliorer les choses si on ne peut pas au moins entendre la voix des gens
concernés? C'est la place du peuple, c'est
la maison du peuple. S'il n'y a pas une autre place sur la planète ou dans la
province du Québec qu'ils peuvent se faire entendre, ça doit être ici.
C'est un débat public. On est des élus. On porte la voix de ces personnes. On
est supposés d'être là aussi pour les écouter, pour être en mesure de porter
cette voix-là.
Moi, là,
en... Puis je pourrais aussi ajouter, Mme la Présidente, j'ai dû... j'ai
rencontré plein d'agents, plein, plein, plein d'agents, mais vous savez quoi?
Je ne pouvais pas les rencontrer ici. Ils avaient peur même d'avoir leurs noms dans
un registre. J'ai dû les rencontrer dans une
place neutre tellement qu'ils ont peur de représailles dans ce réseau. Ce n'est
pas normal.
Et je sais, je sais que ça préoccupe le
ministre, je sais que ça préoccupe le ministère. Ce n'est pas une attaque
nécessairement contre eux. Même la notion de la motion, on demande un plan
d'action, c'est quelque chose très positif. Parce que je sais qu'il y a eu des
investissements dernièrement. Je sais que le gouvernement a investi
35,8 millions sur cinq ans pour mieux protéger les établissements. Mais la
réalité, c'est que ce n'est pas assez, ça ne fonctionne pas.
Et je dois le dire, Mme la Présidente, je suis
inquiète. L'année passée, on a fait face à un déficit de 7 milliards. Cette année, on s'attend à un déficit entre 11 et
14 milliards. C'est qui que vous pensez va être coupé, qui va faire face à
des déficits, qui va faire face à des coupures, des compressions?
Écoute, c'est dans le milieu carcéral, c'est ce qui n'est pas populaire, c'est des
personnes pour qui on n'en parle jamais. Je m'attends que ça va être eux qui
vont aussi faire face à des difficultés, mais c'est impensable parce qu'en ce moment, là, les conditions de
travail, les infrastructures, il y a tellement de choses qui ne fonctionnent
pas. On ne peut pas ignorer, on ne peut pas ignorer qu'est-ce qui se passe.
Les drones, là, Mme
la Présidente, on peut même dire les aérodrones, tellement, là, les
établissements de détention sont devenus des
aéroports des drones. C'est des aérodrones. On est rendus là. Juste ce matin,
cinq drones, là, juste ce matin, il y a eu cinq drones qui, on a entendu, ont
été attrapés. Puis c'est bien, c'est bien... c'est ceux qu'on peut
retracer, parce que ça occupe tellement le milieu carcéral puis les agents.
C'est rendu, là... C'est incroyable. Tous les jours,
les drones survolent les établissements. Il y a des livraisons de cellulaires,
il y a du matériel, comme des pics, il y a des armes qui rentrent dans nos prisons, il y a de la drogue, il y a de
la McDo. Écoute, c'est un meilleur service qu'Amazon. Franchement, tu
sais, j'aimerais avoir le même service.
Puis ce n'est pas la
faute des agents correctionnels, ce n'est pas la faute des agents
correctionnels. Parce que, vous savez quoi, les infrastructures sont tellement
délaissées, ils sont capables de péter les fenêtres sans arrêt pour accueillir
les réceptions. Il n'y a pas assez d'agents sur le terrain, à l'extérieur, pour
faire de la surveillance, pour attraper ces
drones. C'est mission impossible. Ils ne pourront pas réussir sans que le
gouvernement agisse puis qu'ils font quelque chose pour mettre fin à
ceci.
• (15 h 10) •
Écoute, les drones,
là, Mme la Présidente, ça va... ça suit même les agents de leur milieu de
travail jusqu'à leurs voitures, de leur milieu de travail jusqu'à leur
domicile. Pourquoi? Parce que c'est des... c'est de la peur qu'ils sont en train de créer pour ces personnes qui sont
là pour nous protéger. On ne pense pas peut-être que c'est ça, mais c'est
vraiment ça. C'est des mesures de protection
pour la population, les gens qui travaillent comme des agents correctionnels
sont là pour notre bien-être, ils sont là pour nous aider. Qu'est-ce qu'on
ferait avec tout ce monde-là si on n'avait pas des agents qui travaillent dans
le milieu carcéral? On va leur laisser vraiment promener partout dans les rues?
Il y a des anciens... il y a des constables
spéciaux qui sont ici, qui travaillent à l'Assemblée nationale, qui sont des
anciens agents dans le milieu
carcéral. Ils peuvent en témoigner, des conditions qui ont vraiment détérioré,
surtout depuis que la CAQ est au pouvoir.
Dans
les crédits juste de l'année passée, Mme la Présidente, on a vu... en
2022-2023, 542 drones ont été signalés dans les établissements de
détention. En 2023-2024, là, on a 822, signalés seulement, là, c'est une
augmentation de 53 %. Ce n'est pas n'importe quoi, c'est
incroyable. Puis 419 colis saisis, mais là je parle... encore une fois,
c'est uniquement ceux qui ont été saisis. C'est la pointe de l'iceberg. Et je
répète, encore juste ce matin, cinq drones, cinq drones!
Puis, quand on parle
des drones, là on parle des interventions qu'on doit avoir à l'intérieur de nos
prisons. Ça fait que ça, ça veut dire, il va
falloir qu'on fait un... les agents doivent aller à la chasse, ils doivent
faire des interventions, tout le monde est incarcéré, tout le monde doit rester
dans leur cellule. Ça, ça veut dire, il doit y avoir des boucliers
balistiques pour rentrer, où on pousse les incarcérés au fond, pour être en
mesure de chercher des choses dans leurs cellules.
Mais là on vient de savoir que ceux qu'ils ont actuellement dans nos prisons,
ici, à Québec, ne sont même pas des boucliers balistiques qui peuvent
leur protéger des... des armes, des armes, des «penguns», qu'ils en font
maison, à l'intérieur de nos prisons. Tellement que ce qu'ils font, ils ont prêté
du stock de Donnacona, qui est une prison fédérale, parce qu'on savait que, oh! leur vie n'était peut-être pas assez
protégée. Mais on ne les a pas gardés, ce matériel-là, on l'a retourné à Donnacona. Franchement, Mme la
Présidente, ça, c'est la moindre de choses d'avoir de l'équipement de protection
pour nos agents, c'est la moindre des
choses. Encore une fois, leur vie, là, est à risque. Les conditions de travail,
pour eux, ce n'est pas normal.
L'autre chose qu'on
peut faire, c'est de, finalement, aller vers l'avant avec les brouilleurs
d'ondes. Le ministre en a parlé à quelques
reprises. Ça fait que la question, je souhaite, qu'il va adresser dans ses
remarques : Ça arrive quand? Ça
presse. Quand est-ce que ce sera mis à l'oeuvre? Puis est-ce que ça va être
partout, dans toutes les prisons, ou est-ce qu'on va cibler quelques prisons,
ou est-ce que ça va être un projet pilote? C'est quoi, les coûts? Puis, parce
qu'on sait qu'on va faire face à des
mesures de compression, comment allez-vous faire ces choix? Ou est-ce qu'on va
encore les priver de ce besoin nécessaire? C'est essentiel pour qu'ils
fassent leur travail, leur travail pour protéger, encore une fois, la
population. Parce que, les drones, là, ce n'est pas juste un impact dans le
milieu carcéral, c'est un impact sur la SQ. C'est
un impact aussi, on peut le dire, sur les policiers municipaux. Mais là, si je
parle juste de la SQ, la SQ, là, Mme la Présidente, ils se sont déplacés
plus que 2 000 fois, plus que 2 000 fois dans les
établissements de détention juste dans l'année passée. Ça, là, c'est presque
six fois par jour, six fois par jour. Ça, c'est notre argent, ça, c'est notre
argent, c'est mes taxes qui paient pour ça. Ils doivent se déplacer. Puis ça,
je ne compte même pas, encore une fois, comme j'ai
dit, les appels de 9-1-1 à l'intérieur des prisons pour le au secours, parce
qu'on sait qu'on a peut-être des détenus qui sont armés. Puis même les
incarcérés ne se sentent pas en sécurité. Parce que ce n'est pas tous les
incarcérés qui sont dangereux. Il y en a qui
sont là puis il veut se... il veut terminer leur peine, puis être réhabilité,
puis rentrer dans la société.
À Bordeaux, là, il y
a presque à chaque jour 300 interventions de la SQ, juste l'an dernier.
C'est dangereux pour la population, pour... C'est parce que, Bordeaux, si vous
savez où c'est, Mme la Présidente, c'est dans le comté de mon collègue le député de l'Acadie. C'est résidentiel. Ça fait que,
chaque fois qu'il y a quelqu'un qui va gérer un drone, qui est en train de conduire, s'il l'échappe,
bien, ça tombe dans la cour d'une famille avec des enfants. Il y a de la
drogue, il y a des aiguilles, il y a des armes qui tombent dans la cour
ou devant la face des enfants, des familles, des citoyens et des citoyennes qui n'ont rien à voir avec tout
ce qui se passe dans notre milieu carcéral. Ça fait qu'eux aussi sont à risque.
La SQ est allée dans l'établissement plus que 484 fois à Québec, là, juste
ici, dans l'enceinte d'où nous sommes, dans cette
région, 484 fois juste l'an dernier. Et, encore une fois, je parle
uniquement de la SQ. Je ne parle même pas des corps de policiers
municipaux.
Le ministre a déjà dit que lui aussi, il est
préoccupé par les cellulaires dans les prisons. C'est une bonne chose. Et je
comprends la préoccupation. On a des détenus qui sont en train de filmer des
vidéos de musique et après les télécharger sur YouTube, des détenus qui font ça, Mme la Présidente. Puis
ça, on peut dire que, ah! ah! c'est drôle, hein? Ce n'est pas drôle. Ce
n'est pas drôle parce qu'encore une fois on voit des lacunes dans les mesures
sécuritaires de nos prisons. Il y a même une personne incarcérée qui a été
torturée et filmée. Et, ça aussi, on l'a retrouvé sur les réseaux sociaux.
C'est horrible, Mme la Présidente. Ça prend des mesures de contrôle.
C'est pour ça qu'il faut contrôler les drones.
Ce n'est pas normal. Mais c'est... Dans le fond, c'est rendu normal, puis ça ne
devrait pas l'être. Ça devrait être l'inverse. Juste l'année passée, ils ont
saisi plus que 1 500 cellulaires dans les établissements de
détention. Ça, c'est plus que quatre par jour. Quatre par jour. Puis c'est
impensable. Puis ça, c'est juste ce qu'on a
saisi, parce qu'on sait qu'il y en a plein d'autres, là, qui sont bien cachés.
Puis ça rentre à chaque jour. Ça fait que c'est impossible pour les
agents de tout retracer ça, de faire leur travail comme du monde. Ça fait qu'on
peut estimer qu'il y a beaucoup plus que ça. Et, encore, ça, ça rentre par les
drones.
Puis, quand
on parle des conditions, on ne peut pas oublier, négliger, passer par-dessus la
montée de violence, la montée de violence dont on fait face partout dans la
province du Québec. Mais, dans le milieu carcéral, l'augmentation importante de drones, on peut déduire que les
détenus aussi sont mieux équipés, sont mieux équipés, beaucoup plus que les
agents correctionnels, dans plusieurs cas, parce qu'ils ont des cellulaires,
ils ont des drogues, ils ont des armes artisanales. Et c'est là où le
cercle vicieux commence, Mme la Présidente, parce que, quand on a plus de
drones, ça veut dire on a plus de détenus
dans leurs cellules, parce qu'il faut fouiller pour trouver ce matériel. Quand
on a plus de détenus dans leurs cellules, qui peut durer jusqu'à
23 heures par jour, c'est des conditions qui sont aussi... il faut le
dire, même si ce n'est pas populaire, leurs
conditions aussi de vie, pour les détenus, se détériorent. C'est quand même des
êtres humains. Il faut aussi penser à eux, à quelque part. La colère
monte. Quand la colère monte, bien, les risques de violence aussi. Et ça arrive
de plus en plus souvent.
Mme la Présidente, je pense que c'est important
de faire la mention, tu sais, on reçoit tellement, tellement de messages du
milieu carcéral puis des agents, c'est des gens avec des coeurs. Puis, quand on
dit que leurs conditions détériorent, puis il y a un impact aussi sur les
personnes incarcérées, même eux, ils sont en train de dénoncer. Ils sont en train de dénoncer tellement que les conditions
sont graves. Ils disent : Regarde, avec ce qui est arrivé, parce qu'il y a
eu un appel 9-1-1, parce qu'il y a eu une arme, on essaie de
retracer l'arme dans la prison, en quelque part, ça fait que tout est fermé,
«shutdown» total. Puis qu'est-ce qui arrive? Aucun repas n'a été servi par les
agents, aucun médicament n'a passé, aucun
agent n'est rentré dans un secteur pour vérifier les quelque 60 alarmes
reçues dans la soirée. Ça, c'est les agents qui ont dénoncé ceci parce qu'ils
souhaitent faire leur job. Ils souhaitent être là. Puis ça, je peux ajouter des
histoires. J'en ai, des histoires, là. Ça peut se... virer folle. Je ne
sais même pas comment vous faites ce travail-là, là, tous les gens qui
travaillent dans le milieu carcéral, chapeau, chapeau. Je m'inquiète pour vous,
je dors puis je pense à vous autres.
C'est... On a une liste d'attente, pour les cellules d'isolation, qui peut
aller jusqu'à six mois. Ça fait que, ah! là, le député de Pontiac, tu as fait quelque chose de pas correct, là, tu as
agressé un autre... un autre détenu, c'est sûr, tu as une pénalité, mais, regarde, il faut attendre six
mois, là, avant que tu vas la recevoir. C'est une blague? Je ne sais pas. Il y
a des choses à changer.
Ça fait
que... Puis évidemment la terrible, terrible, terrible agression qui a été
faite, à Sorel-Tracy, envers l'agent correctionnel que... C'est
impensable, ça a été une attaque sauvage. Lui, sa vie, là, ça ne va jamais être
comme avant. La vie de sa famille ne va
jamais être comme avant, la vie de ses collègues ne va jamais être comme avant.
Les histoires qu'on entend... Parce qu'on a rencontré quelques-uns de
ses collègues, qui ont dit... Les difficultés de santé mentale... Il y a beaucoup de gens qui sont en arrêt de travail, ils
ne sont pas capables de retourner parce qu'ils sentent encore l'odeur du
sang. Ça reste imprégné pour eux, ça reste
imprégné. Puis c'était un agent qui était seul. Ça prend du renforcement. Il y
a des solutions à ces problèmes. Il faut être là pour aider ces
personnes.
• (15 h 20) •
J'ai d'ailleurs reçu hier, suite à une demande à
l'accès à l'information, le rapport de la CNESST suite à ces événements, puis
je souhaite citer quand même des passages intéressants du rapport, parce qu'il
y a quand même des dérogations puis il y a
quand même des demandes, des modifications auprès de l'employeur, comme...
l'employeur, on a su... ces choses arrivent parce que l'employeur n'informe pas
adéquatement les travailleurs sur les risques reliés à leur travail et expose les travailleurs à un risque d'agression
pouvant leur occasionner des blessures. La CNESST a aussi dit :
«L'employeur n'assure pas la supervision appropriée afin de faire en sorte que
le travailleur ait l'habileté et les connaissances requises pour accomplir de façon sécuritaire le
travail qui lui est confié et ce qui n'est pas supervisé. Cette situation expose
les travailleurs à un risque d'agression pouvant leur occasionner des
blessures.»
Je comprends qu'il y a eu des avis de correction,
bravo, bravo. Il y a des mesures qui ont été mises en place pour essayer de changer ceci, pas toutes, mais il
y en a qui sont toujours en cours, mais ça reste que ça a pris quand même un
événement horrible avant que le gouvernement ait agi. C'est quand même eux qui
sont le gouvernement... qui sont l'employeur, c'est eux qui sont responsables
de ceci. Puis c'est dommage que ça ait pris un agent, à Sorel-Tracy, à être
sauvagement attaqué avant qu'on agit, avant qu'on fait quelque chose. Mais... Puis,
si je résume les mesures prises par l'employeur, qui est le gouvernement, pour
changer des choses, on a déplacé le détenu, on a fait des rencontres, beaucoup, beaucoup, beaucoup de rencontres.
Qu'est-ce qu'on a... On a agi, mais je pose la question, Mme la Présidente, parce que... puis ce n'est pas juste moi qui pose
cette question, c'est les agents à Sorel aussi. Eux aussi, ils se posent la
question : Qu'est-ce qui va vraiment changer pour moi dans mon milieu de
travail? Qu'est-ce qui va vraiment changer pour moi en termes de protection de
ma vie? Puis ce qu'on a... Parce qu'au bout de la ligne on n'a pas plus
d'agents qui travaillent à Sorel, on n'a pas plus d'agents, puis c'est
ça que tout le monde dit, qu'ils en ont besoin. On a besoin de plus de
personnes. Pire encore, ce qu'ils ont fait, ils ont fermé des secteurs, parce
qu'on veut revenir avec moins d'effectifs
qu'avant l'événement qui est survenu, moins d'effectifs. On a besoin de plus
d'effectifs, mais, apparemment, on va avoir moins d'effectifs.
Il y a aussi des mesures
qui ont été prises, comme fermer, comme je dis, des secteurs, pour récupérer
des agents, mais ça, c'est... on patche des
problèmes, on patche des problèmes. Il faut faire du recrutement, il faut faire
de... rétention. Et il ne faut jamais oublier, puis, les agents, à
Sorel, nous l'avons dit, c'est un métier risqué, il faut que les gens soient au courant de ça. Il faut rehausser la
formation, l'accompagnement. Il faut changer la façon de faire les choses
pour s'assurer qu'on évite un autre drame comme nous avons eu. Parce que ce
n'est pas normal. Je ne peux même pas imaginer
de quitter la maison chaque matin ou que mon être cher quitte la maison chaque
matin, ou le soir, ou l'après-midi, pour aller à son travail sans savoir
s'il va revenir le soir sans être agressé, sans être la victime d'un acte de
violence, sans avoir peur pour leur vie. C'est ça, les conditions de travail,
pour nos agents en milieu correctionnel. Ce n'est pas normal, ce n'est pas
normal, surtout qu'on sait maintenant qu'il y a des agents... c'est...
L'histoire de qu'est-ce qui est arrivé à
Sorel-Tracy, oui, c'est grave, oui, c'est horrible, puis, oui, tout le monde était bouleversé par cette histoire, mais ce n'est
pas la seule fois que quelque chose comme ça est arrivé. C'était quelque chose qui
a été médiatisé et dénoncé, mais ce n'est pas la seule fois qu'on a fait face à
un tel drame puis une telle violence.
C'est d'ailleurs, entre autres, que... j'étais
fière de porter la voix des agents en ce qui concerne la demande d'une pétition
pour avoir des vestes anti-pic, des vestes anti-pic. Ils m'ont contacté
pourquoi? Parce qu'encore une fois ils ne
demandent pas la lune, Mme la Présidente, une veste anti-pic pour protéger les
agents pendant qu'ils sont en travail. Parce qu'actuellement vous savez
qu'est-ce qu'ils ont, Mme la Présidente? Ils ont une chemise bleue. Ils ont des
gants. Ils ont une paire de menottes. Puis
c'est tout, c'est tout. Puis ils font face à des bandits, on peut le dire, ils
font face à des personnes incarcérées.
Puis là il
faut comprendre la différence entre la prison provinciale versus fédérale. Ici,
c'est moins de deux ans, mais on a beaucoup de détenus dans le milieu
carcéral provincial qui sont en attente d'un procès pour le milieu carcéral fédéral. Alors, on a des gens très violents dont
ils font face, puis ils ne sont pas équipés. Ils n'ont même pas accès à un
poivre de Cayenne. Ça, il y en a, là, mais c'est barré quelque part au fond,
puis, si tu veux, bien, là, il faut sortir la clé. C'est un peu trop
tard pour avoir ça. Mais je comprends, il y a toutes sortes de mesures de
sécurité qui sont en place. Encore une fois,
ce qu'ils ont besoin, c'est de l'aide, c'est plus de bras, c'est plus d'agents
pour leur aider à maîtriser des situations, et il y a autres suggestions
aussi.
Ça fait que j'espère que le ministre, lui, il va
prendre en considération la pétition, il va peut-être même la signer, mais
aussi qu'ils vont se saisir de cette pétition, parce que c'est une petite
demande qui peut faire beaucoup de bien pour beaucoup de personnes qui font
face à énormément de difficultés, puis qui ont des craintes, puis qui ont peur.
Il y a autre
chose, puis c'est intéressant, Mme la Présidente, parce qu'on voulait savoir
plus sur les vestes anti-pic, ça fait qu'on a fait une demande à l'accès
à l'information pour mieux comprendre qu'est-ce qui se passe, là, dans le milieu carcéral, puis les documents, là, qu'ils
nous ont dit, ils ont été produits exclusivement pour le ministre. Alors, je demande au ministre de dévoiler ces documents. On
sait que c'est un gouvernement qui manque un peu de transparence, là, qui est
en train de caviarder tous les documents, mais nous, on souhaite avoir accès à
ces informations, ça va être important, c'est important, c'est comme ça
qu'on va comprendre qu'est-ce qui se passe. Parce que je reviens encore à la
sécurité des agents d'établissement de détention, si on parle de ça... Là, il y
a des données hyperpréoccupantes, Mme la Présidente, notamment concernant les
congés, par exemple, pour des raisons de maladie ou accident de travail. Depuis
que la CAQ est au pouvoir, les statistiques
ont littéralement explosé. Là, là, le temps supplémentaire obligatoire en
heures, là, des agents, depuis que la CAQ est au pouvoir, il a augmenté
de 350 %, 350 %. Puis là je parle uniquement de temps supplémentaire
obligatoire. Ça ne parle même pas de temps supplémentaire, qui s'élève à
environ 6 070 heures. Ce n'est pas n'importe quoi, une augmentation
obligatoire. Puis, obligatoire, Mme la Présidente, vous savez qu'est-ce qui se passe, là. Si moi, dans ma vie, je travaille
comme agente correctionnelle et vous m'obligez de rester, mais je suis monoparentale
puis je dois m'occuper de mes enfants, et si je dis : Je ne peux pas y
aller ou, vous savez quoi, j'en ai fait, tu
sais, plusieurs heures, je suis rendue déjà à 65 heures cette semaine,
70 heures cette semaine, pis je lève ma main, je dis : Je ne peux
pas, là, il faut que je remplis la paperasse, si mon employeur dit : Je ne
suis pas en accord avec vous, je suis pénalisée, j'ai une sanction ou
bien ils vont retenir ma paie de deux jours. Mais c'est quoi, ça? Comment
allons-nous retenir du monde, recruter du monde s'ils vont toujours avoir des
sanctions puis des conditions de travail qui sont déplorables? Ça, là, ça, ça
fait mal, puis ça, c'est quelque chose que nous pouvons changer.
C'est... Puis, juste une autre histoire, je sais
qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, mais c'est tellement désorganisé puis
il y a tellement de temps supplémentaire, un, je ne sais même pas si je vais
travailler... Puis, si jamais je suis...
puis je pense que je dois rentrer à minuit ou à 2 heures, le matin, il
faut que je mets un cadran parce que ça se peut qu'ils vont changer mon
horaire à la dernière minute, puis là il faut que je rentre à 8 heures, le
matin, puis je ne le savais même pas. Franchement, tu sais, ce n'est pas comme
ça qu'on va garder du monde, là. On perd du monde, on perd trop de monde, on perd de l'expertise parce que le monde quitte,
puis ils quittent après deux mois, ils quittent après deux mois parce
qu'ils constatent qu'il y a plein d'autres jobs qui sont, un, moins
dangereuses, plus payantes, et les conditions de travail sont supérieures. Ça
fait que pourquoi que je vais rester?
Les infrastructures, je n'ai pas assez de temps
de parler de ça, là, mais, si on a des émeutes dans nos prisons, c'est parce
que les détenus sont en train de creuser puis de briser des murs pour quitter
de... une section de prison pour aller à l'autre tellement que les prisons sont
en train de s'écrouler. Puis j'ai mentionné déjà les fenêtres, les fenêtres que nous pouvons briser à maintes reprises pour
faire entrer toutes sortes de contrebandes dans nos prisons. C'est la sécurité
de nos populations, c'est la sécurité de nos agents. Quand on parle de leur
sécurité, on parle de la nôtre.
Moi, là, j'ai
rencontré plusieurs personnes dans plusieurs établissements. J'ai passé des
heures à discuter. Ce que je souhaite, c'est que le ministre fait exactement le
même processus que moi, sans ses équipes, sans les attachés politiques, seul à
seul, un à un, avec des agents, pour entendre leur histoire, pour parler
franchement avec eux. Parce qu'ils ont des suggestions, ils ont des
suggestions. Il faut changer le classement des détenus dans nos prisons, parce
qu'actuellement c'est fait par des fonctionnaires, puis,
eux, ce qu'ils souhaitent, ce que c'est fait par des professionnels, des
criminologues qui savent de quoi qu'ils parlent. Parce que c'est une mesure de
sécurité. Puis, vous savez quoi, ça ne coûte presque rien.
• (15 h 30) •
C'est une demande réelle, passez du temps avec
eux devant un café. Puis savez-vous, là, si vous faites ça, en passant, parce que j'ai fait ça, il y a tellement
de difficultés, en termes de santé mentale, parce que leur emploi est tellement
difficile, si vous rentrez dans un café, Mme la Présidente, eux, là, ils vont
vouloir faire face à la porte, parce qu'ils ne peuvent pas être dos à la porte
tellement qu'ils ont peur, tellement qu'ils sont concentrés sur la violence
puis la protection de leur vie. Ce n'est pas normal. Mais faites ça, faites ça
parce que vous allez apprendre.
C'est une occasion d'assumer une responsabilité
qui est importante, encore une fois, pour des protections d'un rôle essentiel, un métier méconnu, dans un dossier
où on ne parle pas, mais on peut faire beaucoup de bien avec très peu
d'argent, avec très peu d'actions, mais juste la volonté du gouvernement.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
cède maintenant la parole au ministre.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : Merci, Mme la
Présidente. D'entrée de jeu, on va régler certaines choses, là. Quand j'entends
parler d'omerta chez nos agents carcéraux,
je dirais à la députée, avec tout le respect que je lui dois, là, à tous les
députés de l'opposition, là : J'ai rencontré maintes et maintes
fois le syndicat, à chaque visite, dans les centres de détention, j'ai parlé au représentant syndical, j'ai parlé à
des employés, la situation, je la mesure, je la mesure, je mesure l'importance
et je suis extrêmement lucide face à la situation.
Maintenant, il y a plusieurs points qui sont
inexacts, on va le dire poliment, de ce que la députée a mentionné. Il n'y en a pas, d'omerta. Puis je dis à ceux qui
nous écoutent, là, s'il y en a qui nous écoutent, là, il y en a qui nous
écrivent, de toute façon, qui m'écrivent, bien, chaque agent, agente qui
prendra le temps de m'écrire ou d'écrire à nos équipes, je peux leur dire... leur garantir de protéger leur identité. Jamais, au
grand jamais, il y a un agent correctionnel qui va nous appeler, qui va
nous écrire, au cabinet ou autre, qui sera réprimandé. Jamais. Jamais.
Maintenant, il y a plusieurs points que la
collègue a mentionnés, puis je pense que c'est important que je puisse
expliquer à ceux qui nous écoutent certains points.
Premièrement, on va parler un peu de situations
en lien avec la rareté de main-d'oeuvre. Je sais que ma collègue a déjà posé une question là-dessus dans la
dernière année puis je vais lui répondre : Les postes à pourvoir, le défi
qu'on a, l'amélioration, quand même,
qu'on voit en termes de postes à pourvoir, les nouvelles formations aux centres
de formation, le perfectionnement correctionnel qu'on a mis en place au
centre de détention de Laval, les nouvelles cohortes d'ASC qui sont formées.
Ma collègue l'a mentionné aussi, ça va être
important que j'explique, puis je suis content de le faire aujourd'hui, la plus
grosse annonce, je le dis bien humblement, là, de l'histoire carcérale dans les
25 dernières années. On a annoncé
36 millions de dollars, l'année passée. Puis je vais y revenir pour
expliquer, grosso modo, les enjeux que
j'y ai vus, pourquoi on a demandé des
sommes aussi importantes au ministre des Finances pour être capables de
répondre aux inégalités, on va le dire ainsi, en termes de sécurité, que
j'ai vues dans les centres de détention, Mme la Présidente. Puis on va y
revenir un petit peu plus tard.
Les
réprimandes et sanctions, on était rendus et on est rendus à une étape, dans le
système carcéral, je vais y revenir aussi, où le rapport de force devait et
doit être revu entre les détenus et les agents carcéraux. La collègue l'a
mentionné, je le mentionne aussi, plus jamais je ne veux revoir une
situation, un événement comme on a vu à Sorel. À Sorel, je me suis déplacé 46 heures plus tard. J'ai vu des
agents, des agentes pleurer devant moi. J'ai plus que mesuré la situation qui
était, pour eux, extrêmement grave. Ça aurait pu se passer à Bordeaux,
ailleurs, peu importe, là, ça aurait pu se passer dans un autre centre de détention. C'est arrivé à Sorel, et je leur ai
promis que j'aurais... que j'allais prendre action. On va prendre
action, mais je vais y revenir un petit peu plus tard.
Puis je
terminerais mon intervention avec les investissements futurs dans le Plan québécois des infrastructures, le maintien des actifs, le défi de la nouvelle
prison pour femmes qu'on va avoir à bâtir... puis de répondre aussi à certains
établissements, là, qui ont quand même un
peu besoin d'amour, mais on n'est pas dans une situation catastrophique, là,
comme certains souhaitent ou veulent le mentionner.
Puis, quand je dis ça, bien, d'entrée de jeu,
Mme la Présidente, la situation de la main-d'oeuvre, je me souviens d'une question où, c'était aux crédits l'année
passée, la députée me demandait : Bon, on en est où? La situation, ça va
mal. On est dans un contexte — puis je fais un petit bémol,
une petite parenthèse rapide — de négociation avec les agents carcéraux,
avec le Conseil du trésor. Je comprends et je mesure leurs demandes. Je ne dis
pas que ce qu'ils font, ce n'est pas correct. C'est normal, on est dans un
contexte de négociation, là, puis il faut se mettre ça en tête. Il reste que le marché du travail québécois postpandémie... je
l'ai dit ici, dans cette Chambre, il y a plusieurs secteurs d'emploi qui ont
été mis à mal, dont celui des agents carcéraux. Je pourrais parler pendant cinq
minutes des infirmières, des enseignants, des préposés, techniciennes,
garderies, peu importe, on vit une situation postpandémique qui est extrêmement
difficile. Maintenant, j'ai dit à mon équipe : Il faut trouver des moyens
de redonner un peu d'attractivité à ce rôle immensément important que sont nos
femmes et nos hommes qui travaillent dans les centres de détention.
Puis je veux
vous énumérer quand même le taux de vacance, les postes, puis l'amélioration,
là. Pour moi, j'y vois une théorie du
petit pas, mais, quand même, on avance, puis on y voit une amélioration année
après année. Puis je vous donne des chiffres, Mme la Présidente, pour
votre gouverne puis pour ceux qui... je sais qu'il y en a qui nous écoutent. Le 1er avril 2022, là, on sort de la pandémie
ou presque, on a 387 postes vacants pour un taux de vacance de près de
12,5 %. On
est... un an plus tard, le 1er avril 2023, on en a gagné 10, à 377, mais
on est à 12,15 % de taux de vacance. On s'en va un petit peu plus loin, le 11 septembre 2023,
quelques mois plus tard, on en a perdu, on était à 420, on est à 13,55 %,
ça ne va pas bien. 2024, 11 mars, on est passés de 420, Mme la Présidente,
à 298, on était à 9,91 % le 11 mars 2024. Puis les derniers
chiffres que j'ai eus, ils sont aussi frais que voilà 48 heures ou
24 heures, là, le 20 février 2025, on est passés de 298 à 228, 228, à
7,56 %.
Je le dis bien humblement, ça s'améliore. On a
encore beaucoup de travail à faire, mais on s'améliore puis on réussit. Puis je l'ai dit au syndicat, on a un
défi, vous et moi, de redonner des nettes... des lettres de noblesse à ce rôle,
à ce travail immensément important. Je le sais, que ce n'est pas simple,
travailler dans un centre de détention, là, ce n'est pas simple, mais on est capables d'aller recruter des hommes et des
femmes pour faire ce travail, encore une fois, qui est très important
pour nos centres de détention et ceux qui sont là.
Je veux quand même vous énumérer quelques points
qui sont importants quand je parle de négociation collective. Il faut savoir
qu'on a fait... Je vais me permettre de lire certains points qui sont
importants pour le Trésor et certaines mesures qu'on a mises en place dans le
recrutement et le processus de sélection. Au-delà de ce qui a été, Mme la Présidente, accordé à la fonction publique,
là, on a... on s'est entendus avec le syndicat pour mettre en place des
mesures additionnelles afin de prendre en considération, je le dis souvent, les
particularités du travail des agents des services...
de services correctionnels. On sait que ce n'est pas la même chose,
nécessairement, que les autres corps d'emploi dans la fonction publique.
Exemple, on a mis une prime, une prime
d'attraction-rétention qui va au-delà de ce qui a été accordé à la majorité de
la fonction publique, qui a été mise en place par notre gouvernement en
partenariat avec le syndicat qui représente les agents de services
correctionnels, des mesures qui ont porté fruit, porté fruit déjà, parce que,
bon, le recrutement va nécessairement un peu mieux, puis on continue le travail
dans la négociation actuelle afin d'améliorer, on l'a souvent dit, les conditions de travail des agents. Puis je le
sais, là, que le TSO est immensément important, là. Je ne suis pas aveugle, là, je le vois, je le sais, on
me le dit, mais on veut plus... on ne veut pas... on ne veut pas plus de postes
à pourvoir, on veut réduire le nombre de
postes à pourvoir, on veut rendre le travail plus attractif, puis,
nécessairement, la corrélation qui vient avec ça, ce sera moins de TSO
pour nos agents correctionnels.
Donc, on continue, vous le comprendrez bien, les
échanges avec le syndicat. Puis, je l'ai mentionné, ma... je ne suis pas plus
loin que le téléphone, qu'une rencontre virtuelle ou en présence. Puis on l'a
fait, là, voilà à peine quelques semaines déjà avec le syndicat pour leur
évoquer notre... l'importance, l'importance du rôle qu'ils ont, mais jusqu'à quel point je prends au sérieux la
situation, les différentes situations qui ont été énumérées par nos collègues
ou sinon les médias dans les dernières semaines.
Puis je veux lire quand même quelques points
importants, là, dans le processus de recrutement, là, qui sont importants pour
moi puis dans le processus de sélection qui sont maintenant, là, dorénavant,
là, effectués tous les mois. Ça veut dire quoi? Ça fait que, dès que
l'inscription... dès l'inscription à un processus de sélection, toutes les
personnes inscrites et admissibles sont
contactées pour un examen oral ainsi qu'une entrevue de sélection. Premier
point, la prise de contact est donc
maintenant plus rapide, il n'y a pas de délai entre l'examen et l'entrevue.
Depuis qu'on a fait ce changement, Mme la Présidente, entre octobre 2023
puis décembre 2024, on a donc... contacté, pardon, 1 627 postulants
sur l'emploi en ligne, on a convoqué
1 343 candidats qui ont été passés en entrevue, on a accueilli
402 aspirants ASC. De ce nombre, 303
ont débuté leur métier d'ASC en établissement de détention, on en est très
heureux. Je le disais tantôt, que ça va un peu mieux, côté recrutement.
• (15 h 40) •
On a un redéploiement — puis
ça, on l'a mentionné aux syndicats — sur une base volontaire des
agents vers les établissements de détention
où la rareté de personnel est plus importante. On le sait, du côté de l'Est du
Québec, ça va... c'est un petit peu
plus compliqué, de ce côté. On a accueilli jusqu'à 60 stagiaires pour
chaque trimestre dans la prochaine... on va accueillir
60 stagiaires pour chaque trimestre dans la prochaine année, pour un total
de 180 à travers le réseau correctionnel. On a des nouveaux partenariats qui
ont été conclus avec certains cégeps afin d'accueillir plus de stagiaires que l'an dernier, on va passer de 68 en
2023 à 84 en 2024. On va aussi accueillir environ 210 stagiaires-école,
principalement des étudiants, pour la session d'automne, qu'on a déjà eus de
2022, à l'automne 2024. De ce nombre, il y en a 165 qui ont été embauchés
à titre d'ASC. On va aussi, pour le programme d'hiver, ouvrir des stages pour
le programme d'hiver 2025. Je vous dis
aujourd'hui qu'à l'hiver 2025 on a 30 stagiaires qui sont entendus
dans l'ensemble... attendus, pardon, dans l'ensemble des... du réseau
correctionnel, puis des démarches, incessamment, ont été réalisées auprès
des cégeps afin d'offrir plus de places, des places de stage restantes pour
l'hiver 2025.
On a aussi mise sur pied du programme
Ambassadeur — c'est
106 agents de services correctionnels qui ont été identifiés, dans ce
cas-ci; augmentation de la visibilité du MSP sur les différents réseaux
pour rendre le boulot plus attrayant, plus attractif; tournée des
établissements d'enseignement scolaire afin de promouvoir le métier d'agent de services correctionnel, depuis le 1er avril
2024 188 conférences-métier ont été réalisées, on a une équipe
d'attraction des talents qui
prévoit... qui en prévoit plus de 120 pour l'hiver 2025, du 1er avril
au 15 décembre 2024, c'est 55 événements, foires d'emploi,
conférences dans les écoles et organismes qui ont été organisés pour promouvoir
le boulot; tenue de la troisième édition de la Semaine des services correctionnels,
qui vise à la fois la reconnaissance des employés et la promotion des emplois;
lancement, en novembre 2023, du balado sur les services correctionnels Au-delà
des barreaux, cinq épisodes ont été diffusés depuis; puis création d'une
vidéo promotionnelle pour le métier d'ASC.
Donc, pour
moi, c'était important, là, c'est une nomenclature que je devais mentionner
parce que j'étais conscient, puis je
suis conscient de la situation, ce n'est pas encore parfait, mais je pense
qu'on démontre aujourd'hui... Puis je suis content de la motion de la...
d'aujourd'hui, là, ça me permet de faire de la promotion puis de montrer aux
parlementaires puis aux Québécois
qu'on prend la situation au sérieux, puis je pense que le... les chiffres que
je vous ai montrés d'entrée de jeu le démontrent. Cette théorie, bien, va nous
amener à réduire le nombre de postes à pourvoir, on le souhaite bien, là,
dans les prochains mois, sinon les prochaines années.
Je vous parlais d'un autre des points
importants, les formations au centre de formation et de perfectionnement
correctionnel, qui maintenant va... se fait à même les locaux de
l'établissement de détention de Leclerc. Ce qu'on veut, bien, ça va avec, hein,
on veut former plus d'agents... d'agents ou d'aspirants, là, annuellement. On
a, au centre de formation, là, des cohortes
de 60 candidats par cohorte qui se succèdent aux cinq semaines. Donc, vous
comprendrez qu'on peut en faire pas mal, ce qui va nous permettre
d'augmenter notre capacité de formation pour répondre à la rareté de
main-d'oeuvre.
Une plus
grande autonomie, aussi, au sous-ministériat concernant la flexibilité et
l'agilité. Donc, c'était important pour
nous. Avant, ça se faisait à l'école. Transférer ça, maintenant, au centre de
détention, à même les locaux de l'établissement de détention Leclerc, de
Laval, pour nous, là, c'est plus... c'est une occasion d'être plus flexibles
puis nous permettre d'être plus agiles, là,
pour adapter, comme je le mentionnais, notre structure puis le contenu aux
besoins changeants de l'organisation.
On a, depuis que le centre de formation est
ouvert là-bas, le 11 septembre 2023, 402 aspirants qui ont été reçus,
donc, au centre de formation. Du
1er avril au 2 décembre 2024, c'est neuf processus de sélection d'ASC
qui ont été réalisés en concordance
avec les cohortes de formation. On a aussi remplacé les examens en ligne par un
examen oral ainsi qu'une entrevue de sélection qui facilite le processus puis
de permettre une meilleure sélection. Les stages, à l'hiver 2025,
on a 25 stagiaires en techniques
d'intervention en milieu carcéral, cinq stagiaires qui proviennent des
techniques d'intervention en
criminologie, des démarches réalisées auprès des cégeps afin d'offrir plus de
places de stage restantes pour l'hiver 2025. Puis, en terminant, on a un projet pilote à
l'établissement de... centre de détention de Québec pour accueillir trois
stagiaires qui proviennent du D.E.C. en techniques en intervention puis
en délinquance du cégep Garneau.
C'est important de le faire, j'ai le temps de le
faire puis je me permets de prendre tout le temps que je peux avoir, là, pour exposer la situation, parce
qu'au-delà de tout ça, on a eu des épisodes... puis j'arrive à un point qui,
pour moi, est immensément important, là, c'est l'annonce de 36 millions
qui a été faite par notre gouvernement voilà un an déjà à Québec, puis, je
m'explique, parce qu'il y a eu deux épisodes malheureux qui ont retenu
l'attention dans les annales carcérales de nos centres de détention dans les
10, 12 dernières années. Tout le monde se souvient, le 17 mars 2013, au centre de détention de Saint-Jérôme, évasion à
bord d'un hélicoptère. Un mois... pas un mois, un an plus tard, 7 juin
2014, trois trafiquants, encore une fois, trafiquants de stupéfiants,
qui s'évadent de l'établissement de détention de Québec. Comment? Avec...
encore une fois, en hélicoptère.
2013‑2014, on se serait attendu, dans les années
suivantes ou plus rapidement, autant par le Parti québécois que le Parti libéral, à des investissements pour
mieux protéger nos centres de détention. À la fin, ce fut niet, un gros zéro.
Je le dis bien humblement puis bien
respectueusement, parce que, quand je suis arrivé en poste, je me suis rendu
compte, après avoir visité plusieurs centres de détention, puis je le
disais d'entrée de jeu, qu'il y avait des inégalités en termes de sécurité dans
nos centres de détention puis qu'on devait y répondre. Pourquoi? Exactement ce
pour quoi la députée a mentionné : les agents considéraient qu'il manquait
ceci, il manquait cela.
Alors, quand
j'ai annoncé, le 24 octobre 2023, 36 millions de dollars, puis que le
ministre des Finances m'a dit : Go,
vas-y, ce que tu m'expliques là, ça ne tient pas la route, on vous donne les
sommes, puis allez donner des outils aux agents de services correctionnels,
bien, ça a amené plusieurs points, puis je vous énumère ces points : des
scanners corporels — bizarrement,
il manquait de scanners corporels dans les centres de détention; des systèmes
de détection de drones — j'y
reviendrai, j'y reviendrai; les postes de fouille, incluant les rayons X pour
l'ensemble des visiteurs et membres du
personnel — bizarrement,
il en manquait; sécurisation des cours extérieures pour empêcher les drones ou
même les hélicos d'arriver, c'est un enjeu qui était immensément important.
On va y aller un par un.
Sécurisation
des cours. Bien, on en avait déjà 24, cours, qui étaient complétées. Bon, il y
a des centres de détention où c'est... pas que c'est moins important, qui sont
moins gros, que la clientèle est différente, puis on veut nécessairement
mieux protéger ou empêcher la livraison de ces drones ou évasions par
hélicoptère dans des centres où c'est plus costaud.
Donc, de ces 24 cours sécurisées, on va en ajouter 15 de plus dans les
cinq prochaines années, Mme la Présidente, pour un total de 39.
Les systèmes fixes de détection de drones, ça,
c'est un enjeu, puis je l'ai mentionné, c'est un des principaux enjeux, puis tout le monde va être d'accord
avec moi, ici, là, ça doit cesser. Et j'ai demandé au ministère d'évaluer toutes
les options, toutes les options possibles, pour m'assurer et s'assurer
de réduire le nombre de livraisons de drones dans nos centres de détention. C'est inacceptable, puis je pense que tout le
monde va être d'accord, inacceptable de voir, aujourd'hui, des détenus
continuer leurs opérations à l'intérieur d'un centre de détention et dans leurs
cellules, inacceptable. Donc, pour moi, ce
qui est important, puis pour le ministère, c'est de m'assurer que je puisse
avoir la meilleure technologie. Le risque zéro n'existe pas, mais les
statistiques sont beaucoup trop importantes. On en saisit. Bien oui, on en
saisit, mais moi, je veux les réduire encore
plus, puis j'ai dit à l'équipe : On a les sommes aujourd'hui, là, vous
allez me chercher ce qu'il y a de mieux pour être capables de réduire ces
livraisons puis de s'assurer qu'on va avoir le moins possible d'entrées de drogue, de cellulaires à l'intérieur, de peu
importe quoi, peu importe quoi qui peut entrer à l'intérieur de nos barreaux.
Les scanners corporels pour les personnes
incarcérées. Vous allez peut-être surpris de savoir qu'il y avait des centres de détention qui n'avaient pas de scanner
corporel. Donc, les fouilles à nu, c'était correct. Maintenant, quand on
n'est pas obligés... Vous le savez, là, détenus, cavités corporelles, on rentre
des choses, puis là, bien, ce n'était pas nécessairement simple pour une
fouille, fouille à nu. Avec les scanners corporels, vous comprenez,
aujourd'hui, on aura des outils technologiques pas mal plus importants pour s'assurer
de mesurer que le ou la détenue ne pourra entrer n'importe quoi à l'intérieur
des barreaux, même chose pour la fouille des visiteurs et des membres du
personnel. Bien oui, il y avait des
établissements qui possédaient, donc, ces rayons X, si je peux le dire ainsi,
un peu les mêmes machines qu'on voit dans les aéroports partout, partout dans le monde. On va donc
nécessairement avoir des établissements de détention qui vont obtenir
ces rayons X dans les prochains mois, d'ici le 31 mars 2025.
• (15 h 50) •
Puis un des points
qui n'étaient pas mentionnés dans le point presse que j'ai fait voilà un an
mais que je disais, pour moi, que c'était un
enjeu immensément important, bien, ça va avec les livraisons de drones, mais
c'est l'utilisation du cellulaire à l'intérieur. Puis je répète ce que
j'ai déjà dit dans plusieurs entrevues dans les dernières semaines, sinon dans les trois ou quatre derniers mois, pas simple
de travailler pour empêcher l'utilisation du cellulaire à l'intérieur parce
que, quand on parle d'ondes cellulaires, c'est de juridiction fédérale. Et
c'est là que j'ai eu des discussions importantes avec le ministre LeBlanc, juste avant qu'il soit promu comme ministre
des Finances, on était à Yellowknife au mois d'octobre dernier, deux ministres à qui j'ai demandé de
l'aide parce que, bon, il y avait LeBlanc, qui était responsable de la sécurité
publique et qui est responsable des centres de détention fédéraux et, de
l'autre côté, François-Philippe Champagne, qui devait me... qui doit me donner son
autorisation par l'entremise de l'organisme ISDE, l'institut scientifique de
développement économique, qui doivent me donner leur autorisation pour être
capable d'entreprendre des projets ou un
projet pilote pour définir la meilleure option pour brouiller... ou peu importe
la technologie qui empêcherait, donc, le cellulaire de fonctionner.
Donc, première étape,
le seul organisme, le seul organisme au Canada qui peut tester ou qui a
l'autorisation de tester ces brouilleurs
d'ondes, c'est la GRC. Donc, la GRC va, dans les prochaines semaines, venir
faire des tests au Québec pour
démontrer comment eux fonctionnent, pas nécessairement simple non plus, parce
que, quand tu parles de brouilleurs d'ondes dans un centre de détention où il y
a des habitations assez rapprochées, limitrophes, ce n'est pas nécessairement
simple, mais, bon, on veut comprendre comment tout cela fonctionne. Puis c'est
un projet qui... bien, pas un projet, mais une analyse qui va se faire sur 24,
36, 48 heures, puis on pourra, par la suite, définir les principales
technologies avec lesquelles on pourra travailler aussi quand on aura
l'autorisation de l'ISDE, qui devrait arriver, là, dans les prochaines
semaines. Je parlais justement de cela avec François-Philippe Champagne voilà à
peine une semaine.
Donc, voici un peu le
portrait, le portrait des équipements puis de l'annonce qu'on a faite voilà un
an déjà, qui, pour moi, est immensément importante, mais c'est un processus qui
avance, maintenant, pour donner des outils aux agents de services
correctionnels partout sur le territoire québécois.
Réprimandes
et sanctions, je l'ai mentionné tantôt d'entrée de jeu, j'irai rapidement
sur ce point, mais c'est non moins important. Pour moi, Mme la
Présidente, je me rends bien compte, là, quand on parle de réclusion, on parle
de confinement en cellule ou dans le trou, comme on dit en termes de prison, il
y a un rapport de force qui est devenu inégal entre les détenus et les agents
de services correctionnels. Quand j'ai vu la situation de Sorel et j'ai mesuré
ce qui était imposé, par la suite, à cette
personne, j'ai compris, minimalement, qu'on devait agir le plus rapidement
possible pour ne plus revoir ce genre d'événement immensément malheureux qui
est arrivé à Sorel. J'ai dit à mes équipes : Vous vous mettez au
travail le plus rapidement possible, puis je l'ai dit aux syndicats, on va
livrer quelque chose dans les prochaines semaines pour vous assurer, nous
assurer que ce rapport de force, bien, que ce ne soient plus les détenus qui l'ont, que ce soient les agents, parce que,
pour moi, toucher à un agent, c'est la peine... quand je dis la peine maximale,
c'est la peine maximale qu'on peut donner en
termes de réprimande et sanction, puis aujourd'hui, bien, ça ne fonctionne
plus. On ne rira plus de nos agents de services correctionnels dans le futur
parce qu'on va leur donner des outils qui vont permettre à ces comités, dans
les différents centres de détention, de donner des réprimandes et sanctions
adéquates selon le geste posé, selon ce qui
a pu être saisi dans nos centres de détention ou dans leurs cellules. On va
agir. Je leur ai promis, on va le faire.
Je termine, ou
presque, Mme la Présidente, en vous parlant du Plan québécois des
infrastructures, du maintien d'actif.
Rapidement, ce sont des sommes, pour la Sécurité publique, qui sont
importantes, on parle de trois quarts de milliard de dollars en jeu dans
le PQI 2025‑2035. Il y en a une grande part, de ce trois quarts de
milliard, là, qui est consacrée au nouveau
centre de détention qui va prendre forme, là, pour les femmes à Montréal, là,
dans les prochains mois, sinon les prochaines semaines. Tout cela a déjà
débuté.
Puis je veux dire aux
agents correctionnels, à ceux qui sont dans nos centres de détention : Il
y a des sommes importantes pour les 10 prochaines années, là. On parle de
plus ou moins 30, 35, 40 millions de dollars qui vont être investis
annuellement dans nos différents centres de détention pour répondre aux
différents besoins, qu'on soit...
l'établissement de Hull, établissement de Hull, là, qui est un des centres, là,
qui est assez vétuste puis qui a besoin d'amour, on le sait très bien,
là, mon collègue le mentionne, le leader adjoint, là, qui a été visité par moi
aussi puis par plusieurs personnes dans les derniers mois, du côté de notre de
notre équipe. Donc, c'est déjà, depuis 2024, là, à l'étude... à l'étape de la mise à l'étude, pardon, donc, puis
on va nécessairement, par la suite, là, avec la ville de Gatineau... la
recherche d'un terrain dans la
municipalité, qui a déjà été lancée par la SQI. Donc, pour Hull, pour nous,
c'est extrêmement important.
Il y a aussi toute la
situation de New Carlisle, là, je ne veux pas vous énumérer tout ce qui va
être fait... tout ce qui a été fait, là, une
situation malheureuse à New Carlisle dans les 24 derniers mois. Donc,
on va prendre acte pour s'assurer d'avoir un établissement qui est
sécuritaire.
Donc, c'est un peu le
portrait, Mme la Présidente, que je souhaitais faire cet après-midi pour
répondre aux inquiétudes de la députée ou des députés de l'opposition, pour
ceux qui nous écoutent aujourd'hui, pour leur dire qu'on n'a pas puis on ne
restera pas les bras croisés face à la situation. Je pense que tout ce que je
vous démontre, depuis 25, 26, 27 minutes déjà, c'est immensément important.
On prend au sérieux le rôle que ces agents ont dans les différents centres de détention du Québec. Puis, je peux leur
assurer une chose, je vais leur donner les outils pour qu'ils puissent bien
faire leur travail.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jean-Talon, la parole est à vous.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Merci, Mme la
Présidente. C'est un dossier qui préoccupe le Parti québécois depuis longtemps.
En septembre dernier, on a demandé au
gouvernement de collaborer davantage avec les acteurs du milieu, et notamment
avec les villes, pour améliorer la sécurité
publique. On a demandé au gouvernement d'intensifier les efforts et l'action en
matière de prévention et de lutte à la criminalité pour... tout ça est lié,
évidemment, à la situation carcérale.
En octobre 2024, on a réclamé une
commission parlementaire sur le recrutement des jeunes criminalisés, mais sur l'impact tentaculaire qu'a ce nouveau
phénomène de l'intensification, donc, de l'action des groupes criminels et qui
a un impact, évidemment, jusque dans les milieux carcéraux. On a refusé
cette commission parlementaire. Et l'idée était justement qu'on puisse discuter
ensemble d'un plan d'action qui inclurait la situation dans les milieux
carcéraux, qu'on écoute les experts, qu'on
voie quelles sont les données les plus récentes, mais surtout qu'on ait un
portrait complet de la situation.
C'est ça, l'idée. Et on nous l'a refusé, donc, le gouvernement a refusé qu'on
se réunisse tout le monde ensemble, de manière transpartisane, à l'Assemblée
nationale, pour parler de sécurité publique, pour parler de lutte au crime
organisé et pour parler de la
situation dans les centres carcéraux. La violence augmente, les statistiques
sont là, il y a une guerre sans précédent dans les milieux criminels. Ça
se reflète, bien sûr, dans les prisons.
En décembre 2024, ça ne fait pas longtemps, nous
avons demandé au premier ministre de prendre la mesure de ce qui se passe dans les centres de détention. C'était à l'occasion
d'une attaque, j'allais dire sans précédent, mais d'une attaque d'une extrême
violence contre un gardien du centre correctionnel de Sorel-Tracy. Et on a
rappelé, à ce moment-là, les constats du milieu : il y a une plus grande
l'utilisation des technologies, les drones, les cellulaires, pour orchestrer
des crimes autant à l'extérieur des centres de détention qu'à
l'intérieur des centres de détention, il y a des graves enjeux de santé mentale et il y a un manque criant
d'effectifs de gardiens, alors que la violence est toujours plus présente et
plus brutale.
Alors donc, les personnes des services
correctionnels font un travail d'une très grande importance dans notre société pour faire appliquer les peines qui sont
prononcées par les tribunaux, avec un effet, donc, qu'on veut, de dissuasion
pour faire... pour intensifier la lutte à la criminalité et diminuer,
justement, ces phénomènes criminels. Donc, ça prend des moyens pour assurer le bon fonctionnement de nos centres de
détention, parce que, sinon, c'est les travailleurs du milieu qui paient
de leur propre sécurité le manque d'actions et le manque de moyens.
Les employés, les gens des services
correctionnels pointent, montrent du doigt les conditions de travail pénibles,
dire... ce n'est pas facile, actuellement, et ils parlent d'une déconnexion des
gestionnaires et d'une difficulté à dialoguer avec le gouvernement sur cette
question-là. Et ça, donc, c'est le premier appel aujourd'hui, c'est de répondre présent, de ne pas avoir ces réponses
qu'on a entendues, y compris ici, en Chambre, et c'est des réponses que moi,
j'ai obtenues à un certain nombre de mes questions ou de mes interventions avec
le ministre de la Sécurité publique, puis c'est de dire que non, ce n'est pas
ça, la situation, puis oui, on en fait assez, puis on avait un plan il y a
quelques années, puis le plan, il est encore bon, puis c'est à ça qu'on s'en
tient. On demande de notre ministre qu'il fasse preuve d'écoute, qu'il se mette
en position de dialogue et qu'il se mette en mode solution avec l'ensemble des
intervenants du milieu.
• (16 heures) •
Si on laisse se dépérir la situation qui est
dénoncée par plusieurs collègues aujourd'hui, ça risque d'avoir un effet à long
terme, des effets continuels d'un certain laisser-aller dans le dossier qui est
vraiment injustifiable dans les circonstances. On a entendu aussi beaucoup
dire : Bien, c'est la faute d'Ottawa, etc. Oui, il y a peut-être une
partie de la responsabilité qui est là, mais il faut que le gouvernement du
Québec, il faut que le ministre de la Sécurité publique se demande aujourd'hui ce qu'il peut faire de plus, ce qu'il peut faire
de mieux pour faire partie des solutions, dont certaines sont proposées, donc,
par les intervenants du milieu. On ne peut pas laisser les événements violents
se continuer comme c'est le cas
actuellement puis de réagir... on ne peut pas continuer à réagir à la pièce, il
faut vraiment une nouvelle stratégie pour faire face à ces
événements-là.
J'ai parlé, tout à l'heure, de l'événement qui a
visé un agent correctionnel à l'établissement de détention de Sorel-Tracy. Il y
a eu le meurtre d'un détenu au centre de Rivière-des-Prairies. Il y a eu un détenu
qui a été victime d'une véritable séance de
torture en prison, une agression qui a été filmée, qui a été diffusée. Donc,
c'est des gens qui sont équipés de téléphones intelligents et dont on
apprend qu'ils continuent leurs activités criminelles de l'intérieur des
centres de détention. J'ai, moi, comme député de Jean-Talon, entendu... j'ai eu
des dénonciations de ce qui se passe au centre
de détention de Québec, il y a eu des nouvelles, aussi, qui ont filtré, une
cellule qui a été mise... il y a eu un feu, donc, dans une cellule. En janvier 2025, des gardiens
qui reçoivent des menaces très violentes se retrouvent dans des situations d'insécurité,
des agents correctionnels qui ont été agressés par des détenus.
Donc, il faut agir et surtout il faut que le
ministre se place en mode écoute, en mode solution, en mode dialogue. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Laporte.
Mme Isabelle Poulet
Mme Poulet : Oui, merci, Mme la
Présidente.
Alors, j'ai une proposition d'amendement à la
motion présentée par la députée de Westmount—Saint-Louis :
À la suite de «que l'Assemblée nationale prenne
acte d'une dégradation», retirer le mot «évidente»;
À la suite de «qu'elle exige du gouvernement
caquiste de», remplacer les mots «déposer un plan d'action» par «poser des
actions».
Alors, ainsi, l'amendement
amendé se lirait comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte d'une dégradation de la sécurité au sein de
nos établissements correctionnels et
qu'elle exige du gouvernement caquiste de poser des actions d'ici juin 2025
afin de protéger le personnel des services correctionnels.»
Maintenant,
concernant la motion d'aujourd'hui, alors, je salue mes collègues et vous-même,
Mme la Présidente. Je remercie tout d'abord la collègue de Westmount—Saint-Louis de nous convoquer aujourd'hui pour échanger sur un sujet fort
important pour la population québécoise, et on prend cette... ce sujet-là aussi
très au sérieux.
Les agents de services correctionnels jouent un
rôle crucial dans notre système de justice. Ces hommes et ces femmes travaillent chaque jour pour assurer la
sécurité des citoyens tout comme celle des personnes détenues. Leur travail
va bien au-delà de la simple surveillance. Je tiens à le souligner pour mettre
en avant l'importance de leur rôle.
Les agents de services correctionnels
maintiennent la sécurité et l'ordre dans les établissements de détention. Ils surveillent les détenus, interviennent en cas
de conflit et veillent à ce que les règles soient respectées. C'est primordial
pour le bon fonctionnement de notre système carcéral. Ils jouent aussi un rôle
clé dans l'évaluation et le suivi des comportements des détenus. Ils sont
formés pour prévenir les incidents violents, intervenir de manière appropriée lorsque des situations dangereuses se présentent.
Leur présence et leurs actions contribuent à créer un environnement plus sûr
pour tous.
Les agents de services correctionnels
travaillent en étroite collaboration avec d'autres professionnels du système de justice, tels que les psychologues, les
travailleurs sociaux, les avocats, pour assurer une prise en charge globale
des détenus. Ce sont des équipes à
l'intérieur même des établissements correctionnels, tout comme plusieurs
organismes communautaires à l'extérieur, qui permettent cette offre de
services. L'objectif demeure de diminuer le risque de récidive et de favoriser la réinsertion sociale des personnes
incarcérées. Leur travail est essentiel, Mme la Présidente, pour le bon fonctionnement des établissements de
détention et pour aider les détenus à se réintégrer dans la société de manière
positive.
Des agents de services correctionnels font face
à de nombreux défis dans leur travail quotidien. J'entendais le ministre en entrevue, en décembre dernier, qui
faisait état des enjeux avec lesquels les agents ont eu à faire face. Vous avez
sûrement senti son indignation, tout comme moi, par rapport aux enjeux
de sécurité actuels.
Voici quelques-uns des principaux défis que
vivent les agents au quotidien. Le travail dans un environnement carcéral est
souvent stressant. Les agents doivent gérer des situations potentiellement
dangereuses et maintenir l'ordre, ce qui
peut entraîner une pression importante. Les agents de services correctionnels
sont exposés à des risques, y compris des
agressions de la part des détenus. Ils doivent être constamment vigilants et
prêts à intervenir en cas de conflit et assurer leur sécurité
personnelle. Les agents doivent régulièrement suivre des formations pour rester
à jour sur les procédures de sécurité, les techniques de gestion des conflits,
les lois en vigueur.
Je souligne l'excellent travail du Centre de
formation et de perfectionnement correctionnel, qui joue un rôle essentiel dans la préparation et le développement
des agents de services correctionnels au Québec. La formation pour les futurs agents des services correctionnels dure
neuf semaines : cinq semaines au Centre de formation et de
perfectionnement correctionnel et quatre semaines dans un établissement de
détention de leur région. La formation vive à... vise à développer les
compétences nécessaires pour intervenir de manière professionnelle et éthique
dans diverses situations.
Le programme d'intégration à la fonction d'agent
des services correctionnels est également soutenu par l'École nationale de police du Québec, qui offre une
formation complémentaire de huit semaines. Cette dernière inclut des modules
sur les lois, des procédures judiciaires, des techniques d'intervention.
Le Centre de formation et de perfectionnement
correctionnel et l'École de police travaillent ensemble pour garantir que les
agents des services correctionnels reçoivent une formation complète et de haute
qualité leur permettant de remplir efficacement leurs fonctions. Ces défis
rendent le travail des agents de services correctionnels exigeant mais aussi
essentiel pour le bon fonctionnement du système correctionnel et la réinsertion
des individus, des détenus.
Cela étant dit, je vous ramène aux événements
qui se sont produits au cours des dernières semaines et qui ont dirigé les
projecteurs encore plus sur leur... sur le milieu carcéral. L'événement de
Sorel a bien sûr marqué l'imaginaire de tous et chacun, où un détenu a été
agressé sauvagement... a agressé un détenu sauvagement... un agent de services
correctionnels. Cet événement est tragique, a mis en lumière des enjeux de sécurité
à l'intérieur de nos établissements de
détention. Mme la Présidente, les personnes incarcérées dans les établissements
du Québec ont des profils variés, allant de criminels de carrière à des
personnes peu criminalisées. De plus, un certain nombre sont également des
prévenus incarcérés durant leur procédure judiciaire avant de recevoir un
verdict.
Nous sommes à même de le constater dans
l'actualité, les groupes émergents, comme plusieurs nouveaux... les gangs de... nouveaux gangs de rue, rivalisent
dorénavant avec le crime organisé traditionnel comme la mafia italienne ou les motards criminalisés comme les Hell's Angels.
L'évolution des rapports de force entre ces groupes criminels se
répercute également sur la clientèle incarcérée. En effet, les membres de ces
groupes, de ces groupes criminalisés, s'organisent de plus en plus et tentent
d'étendre leurs activités criminelles et leurs luttes de pouvoir à l'intérieur
des murs de nos établissements de détention. L'intrusion des cellulaires,
drogues, des outils pour recevoir les livraisons par drones se multiplient et
font augmenter la pression à l'intérieur des murs.
• (16 h 10) •
Les agents de services correctionnels se
retrouvent devant des personnes incarcérées qui ont adopté un style de vie
criminel et qui continuent leurs activités à l'intérieur des murs. Les
sanctions pouvant être appliquées dans les établissements de détention vont du
blâme à la réclusion, en passant par l'avertissement, l'avis écrit, la
réprimande, la perte de bénéfices, le
confinement en cellule. Leur application doit s'adapter à la nouvelle réalité
du milieu carcéral dans le respect
des droits des personnes incarcérées et de la mission de réinsertion sociale du
service correctionnel québécois. Le Protecteur du
citoyen et la charte des droits et des libertés encadrent les sanctions et
mesures disciplinaires possibles telles que
le temps maximum qu'une personne incarcérée peut passer en réclusion. Il est
indéniable que nous devons nous assurer d'appliquer les sanctions
nécessaires auprès des personnes incarcérées qui choisissent de maintenir leur
mode de vie criminel dans nos établissements de détention et qui constituent un
risque pour la sécurité des agents de services correctionnels ainsi que pour
les autres personnes incarcérées.
Nous regardons
plusieurs options et nous nous assurons... nous nous assurerons que les moyens
dont disposent les acteurs du système carcéral et judiciaire puissent être
appliqués pour ceux qui commettent des gestes répréhensibles à l'intérieur des murs et mettent ainsi à risque
la sécurité des agents de services correctionnels ainsi que des autres
personnes incarcérées. Des agressions contre les agents de services
correctionnels devraient être punies de façon beaucoup plus sévère et avec
des conséquences plus importantes pour les détenus, surtout lorsqu'il
s'agit d'infractions de nature criminelle. Ceux qui tenteront de rentrer à l'intérieur des murs, via des mules ou des
drones, des substances illégales comme la drogue, les cellulaires, le
tabac ou des outils pour faciliter ces passages seront aussi dans le
collimateur du ministre.
De plus, nous sommes
conscients que le travail des agents de services correctionnels comporte des
risques. Nous travaillons afin de pouvoir
les diminuer. C'est notamment avec les représentants des agents de services
correctionnels à la table de
négociation que nous pourrons cerner ces risques et trouver des solutions
concrètes. Jamais un gouvernement n'est allé aussi loin pour s'assurer
que la loi et l'ordre soient maintenus à l'intérieur des murs.
Notre
gouvernement veut transmettre un message clair à l'effet qu'il ne tolérera pas
que des détenus maintiennent des activités criminelles dans les
établissements et mettent en danger tant les agents de services correctionnels
que les autres personnes incarcérées. Nous
voulons durcir le ton, tout en permettant aux agents de services correctionnels
de poursuivre leur rôle et ainsi protéger la société. On doit soutenir
nos agents de services correctionnels afin qu'ils puissent actualiser l'ensemble des facettes de leur rôle dans ce
travail essentiel pour maintenir la confiance de la population dans le système de justice et surtout s'assurer que le sentiment
de sécurité des Québécois demeure inébranlable. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci.
Tel que stipulé à
l'article 98.1 du règlement, une motion présentée aux affaires inscrites
par les députés de l'opposition ne peut être
amendée, sauf avec la permission de son auteur. Est-ce que... La permission de
l'auteure est-elle accordée?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
nous allons poursuivre le débat sur la motion de fond, et je cède la
parole au député de Laurier-Dorion.
M.
Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la Présidente.
Pour le bénéfice de tout le monde et de notre audience, ce serait de mise de
lire l'objet de la motion du mercredi :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte d'une dégradation évidente de la sécurité au
sein de nos établissements correctionnels et qu'elle exige du gouvernement
caquiste de déposer un plan d'action d'ici juin 2025 afin de protéger le
personnel des services correctionnels.»
D'emblée,
Mme la Présidente, je vais moi-même déposer un amendement à cette proposition,
qui se lit comme suit :
«[Que l'Assemblée
nationale prenne acte] que le Protecteur du citoyen, dans son rapport 2022‑2023,
affirme que de graves atteintes aux droits des détenus résultent [...] de
l'insuffisance des effectifs dans les établissements de détention et qu'elle
reconnaisse que ces atteintes contribuent à la dégradation de la sécurité [dans
les prisons].»
On l'a entendu assez
souvent, on lit les nouvelles, on le sait, les prisons du Québec sont en crise.
Il y a une flambée de violence. Il y a une flambée de manquements à la
sécurité. Les témoignages sont nombreux, l'introduction de téléphones cellulaires et l'utilisation assez répandue des objets
tranchants, des armes blanches. D'autre part, différentes sources, dont
le Protecteur du citoyen, nous signalent des graves manquements aux droits des
détenus, ce qui alimente à leur tour la détresse et la colère de certains
détenus qui peuvent aboutir à des actes violents.
Donc, les agents
correctionnels, et on les remercie, ont sonné l'alarme sur les conditions dans
les prisons. Entre 2018 et 2023, plus de
270 agressions ont été perpétrées contre des agents. Quelques déclarations
qu'on a entendues de la part des agents correctionnels, et je
cite : «On nous envoie au front avec le strict minimum. Le gouvernement
est déconnecté.» Une autre : «Je ne vois pas de vision du gouvernement du
Québec pour le milieu carcéral. Notre système est
incapable de gérer les criminels d'aujourd'hui et leurs moyens technologiques.
Une paire de menottes pour quatre agents. Ma seule protection, c'est ma
radio pour appeler du "backup".» Fin de citation.
Pourtant, les armes
détenues par les détenus pullulent dans les livraisons par drones directement
aux fenêtres. Cela est un vrai fléau : deux, trois drones par jour
seulement à Bordeaux, ici, à Montréal, et 1 500 cellulaires saisis l'an passé dans le réseau carcéral du Québec. Les
groupes criminalisés peuvent continuer leurs activités de l'intérieur des
prisons. En 2022, comme exemple, le contrat de meurtre visant le journaliste
d'enquête de La Presse Daniel Renaud a été commandé
d'une prison, et, en 2024... et l'incendie, dans le Vieux-Montréal, qui a tué
une touriste française et sa fille, aussi a été commandé depuis l'intérieur
d'une prison. Les criminels peuvent donc ainsi continuer à recruter, par
exemple, des adolescents et des adolescentes. Extorsion, incendies criminels,
règlements de compte, prostitution, les prisons sont devenues les centres de
commandement de la criminalité au Québec, et cela doit cesser.
L'enjeu de la sécurité
dans les prisons ne concerne pas que les agents correctionnels, mais l'ensemble
de la société. D'un côté, on met des criminels dangereux en prison à grands
frais pour les contribuables, mais est-ce qu'on avance vraiment quand ces
criminels peuvent exercer leurs activités à l'intérieur des murs des prisons?
On a aussi tendance à ne parler que des détenus
particulièrement violents, mais on oublie toute une population carcérale, dont
des femmes qui subissent les contrecoups de cette montée de la violence dans
les prisons, une violence, il faut le rappeler, Mme la Présidente, qui vient
aussi du système carcéral lui-même et qui s'exprime par l'isolement prolongé, la surpopulation, le non-accès à
l'extérieur d'une cellule à cause du manque d'effectif et des problèmes de
sécurité.
Les
avocats carcéralistes ont d'ailleurs écrit au ministère de la Sécurité publique
récemment pour demander une commission d'enquête sur les établissements de
détention du Québec. Ces avocats allèguent des... et je cite : «...des
conditions insupportables, contraires à la loi et préjudiciables à la dignité
humaine.» Fin de citation. Des périodes d'enfermement prolongé, un manque
d'accès aux avocats et le transfert des détenus sans préavis. Ces avocats
déplorent aussi de ne pas pouvoir communiquer avec leurs clients pour leur
défense.
Si vous avez entendu l'ensemble des discours
aujourd'hui, Mme la Présidente, il n'y en a pas une seule fois qu'il y a un
député d'aucun parti, encore moins le ministre, qui a parlé du mot
«réhabilitation». C'est comme si cette notion
n'existait plus. Il s'agit maintenant de la loi et l'ordre et punir seulement
davantage les détenus. Je ne dis pas qu'il ne faut pas appliquer des sanctions
et contrôler la criminalité, mais il ne faut pas oublier un des piliers fondamentaux
de notre système carcéral qui vise la
réhabilitation des détenus, et cela est un principe incontournable de notre
système correctionnel.
• (16 h 20) •
Du côté des femmes, on a appris, en décembre
dernier, qu'on avait fermé temporairement la prison pour femmes de Québec, mais qu'on avait laissé
certaines détenues sur place en les bougeant dans des secteurs moins sécurisés,
dit-on, où elles peuvent croiser des
criminels, des criminels violents, dont des proxénètes. Est-ce que c'est ça, la
solution du ministre, improviser des transferts et mettre des femmes à risque?
Le ministre déplace les femmes à la prison Leclerc de Laval, mais là
aussi on dénonce des conditions déplorables des détenus, au point où une
demande de recours collectif a été déposée.
Ce qui est dénoncé dans ce recours collectif, là : fouilles à nu
systématiques et dégradantes, air vicié, moisissures, champignons,
fientes d'oiseau dans les cellules, rats, insectes, refoulement d'égout et
vomissures dans les salles de fouille, non-accès aux médicaments, etc. C'est
ça, la réalité dans les centres de détention du Québec.
On a beaucoup
parlé de... le manque d'investissement et le manque de main-d'oeuvre dans le
système correctionnel du Québec. L'incapacité à gérer la violence dans les
prisons est directement liée au manque d'investissement dans les bâtiments,
et dans la sécurité, et à cause de la pénurie de personnel. Selon le syndicat,
ce qui nous a été rapporté, il manquerait actuellement 500 agents dans le
réseau carcéral de la province, 280 postes sont vacants sur 2 600, et
250 agents sont en absence à long
terme. Donc, selon les informations provenant du syndicat, il y aurait
20 % de manque d'effectif dans l'ensemble du réseau.
On a entendu le ministre nous donnant des
chiffres inférieurs à ces estimations-là, mais ce qu'on dénote des déclarations
du ministre, c'est qu'il y a une forte fluctuation : ça monte, ça
augmente... ça baisse, ça augmente. Donc, ça indique un roulement important de
personnel. Et, lorsqu'il y a, posez la question à n'importe quel expert des
ressources humaines, Mme la Présidente, lorsqu'il y a du roulement de
personnel, c'est parce qu'il y a un problème dans la boîte. Combien d'agents,
par exemple, sont en arrêt prolongé à cause des conditions de travail et de la
détresse dont ils sont témoins au quotidien? Combien d'agents sont en arrêt
prolongé parce qu'ils ont choisi ce métier à cause de la mission de réinsertion
sociale et de réhabilitation qui fait partie de leur mandat?
Dans les conditions actuelles, malheureusement,
ces agents correctionnels sont plutôt occupés à se protéger eux-mêmes et à
éteindre des feux à longueur de journée. Ils sont occupés à saisir des drones
et des cellulaires qui entrent à tout bout
de champ dans les établissements. Avec une pénurie de personnel aussi grave, ce
serait la moindre des choses que les
agents aient des outils pour travailler en toute sécurité. On ajoute à ça, Mme
la Présidente, la surpopulation carcérale, qui avoisine les 120 %,
donc un dépassement de 20 % de la capacité actuelle, alors que la capacité
d'accueil versus la capacité fonctionnelle dans une prison, ce sont deux
choses. Pour pouvoir jouer avec le niveau de sécurité avec des détenus qui se
désorganisent, il faut avoir des espaces libres, c'est une question de sécurité
pour tout le monde, détenus et agents.
Par manque de personnel, on enferme des détenus
plus souvent et plus longtemps dans leurs cellules, donc ça rend le tempérament des détenus beaucoup plus
difficile. Quand on gère un système de prisonniers en les embarrant plus longtemps, en diminuant les portions de nourriture
données, en diminuant les services, il y aura nécessairement une réaction,
en quelque part, de la part des détenus. Ça
prend juste un détenu qui est plus mécontent que les autres, et là c'est comme
une traînée de poudre : quand ça part, c'est difficilement arrêtable. Dans
ce sens, Mme la ministre, je crains qu'il y ait une crise de grande ampleur si la situation continue. Il est nécessaire
de se pencher sur ce dossier-là avec toutes les ressources et toute la
rigueur nécessaires.
Le ministre, on l'a entendu, de la Sécurité
publique l'a reconnu, on veut... et il l'a dit, je cite : «On veut revoir
le principe des sanctions et des réprimandes. On est rendus à l'étape où ça ne
fonctionne plus. J'ai demandé à ce qu'on analyse ça de fond en comble.» J'en ai
entendu tantôt aussi... l'expression «loi et ordre». Donc, on connaît la
technique : plus de punitions. Mais
plus de punitions, ce n'est pas nécessairement la solution des problèmes qui
existent dans les prisons. Oui, le pouvoir, le véritable pouvoir doit
être détenu par des agents correctionnels, mais on ne réglera pas le problème
de fond dans les prisons en augmentant les sanctions des prisonniers. C'est une
façon de se leurrer et croire que les punitions à elles seules vont régler le
problème.
Le ministre
est très vocal, quand il est question de punir les détenus violents, mais il
parle rarement des très mauvaises conditions
de vie dans les prisons, qui ont aussi un impact sur le niveau de détresse de
l'ensemble de la population carcérale. Les agents
correctionnels demandent des actions structurantes, plutôt que des solutions
temporaires et ponctuelles. Le lien de
confiance est malheureusement brisé avec le ministère de la Sécurité publique.
Concernant, par exemple, les fameux brouilleurs d'ondes pour le téléphone
cellulaire ou d'autres technologies pour empêcher les drones d'arriver, on nous
dit que ça fait 10 ans que ça traîne. Le ministre, évidemment, met la
faute sur le gouvernement fédéral et le CRTC, c'est toujours un adversaire... un bouc émissaire facile à trouver, mais, à
chaque jour qui passe, des criminels peuvent continuer leurs activités
en toute liberté, et les agents correctionnels doivent courir après les drones
et les cellulaires.
Les agents aussi demandent une meilleure formation
pour faire face à la population carcérale dont les cas s'alourdissent, dont des
personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale... Donc, pour ces
gens-là, ce n'est pas plus de punitions
qu'il faut, madame, c'est des services en santé mentale, Mme la Présidente. Et
le président du syndicat des agents correctionnels ne mâche pas ses mots
pour décrire le travail du ministère... du ministre de la Sécurité publique, et je le cite : «Il est maître de
chantiers inachevés, et la bureaucratie gouvernementale mine la sécurité de la
population québécoise.» Fin de citation.
Et le Protecteur du citoyen s'est penché, entre
autres, dans son rapport 2022-2023, sur la situation qui prévaut dans les prisons du Québec. Il nous dit :
«Selon une directive du ministère, sauf exception, toute personne devrait
s'accorder un minimum quotidien de deux heures à l'extérieur de sa
cellule. Or, le Protecteur du citoyen a constaté que des personnes ont été maintenues dans leur cellule
pendant plus de 24 heures, parfois jusqu'à 36 heures de suite. Durant
ces périodes de confinement, les personnes n'ont pas... n'ont accès ni
au téléphone, ni aux visites, ni à la douche, ni aux activités de formation, de
sport ou de réinsertion sociale comme l'accès à l'école ou à des groupes de
soutien. Est-ce une façon de réduire la pression qui existe dans les prisons du
Québec?
Par ailleurs, à moins d'être soupçonnée de
dissimuler un objet sur elle, toute personne incarcérée a le droit à un minimum
d'une heure par jour de sortie dans la cour extérieure. De l'avis du Protecteur
du citoyen, il s'agit là d'un besoin de
base, là. Malheureusement, toujours par manque d'agents correctionnels, ces
sorties-là sont trop souvent annulées. On
annule aussi fréquemment les visites pour les détenus alors que certains et
certaines ont des enfants et des familles. C'est inacceptable. Et tout
ça ne fait qu'exacerber la détresse.
Je sais, madame, parler des conditions de vie
des prisonniers n'est pas populaire, là. Les prisonniers, on préfère les punir et les punir encore davantage que parler
de leurs droits, mais malheureusement on doit se rappeler que les prisonniers
et les détenus sont aussi objets de droits, même s'ils ont été condamnés.
Une autre...
Pour soutenir cette affirmation, Mme la Présidente, je vous rappelle que
l'Organisation des Nations unies a
statué en 2015 les règles minimales concernant le traitement des détenus,
notamment pour laisser l'isolement cellulaire. L'isolement pendant
22 heures ou plus par jour sans contact humain réel doit être appliqué
avec... doit être appliqué le plus rarement
possible pour la plus courte durée possible avec l'approbation des autorités
compétentes. Il est formellement interdit
de recourir à l'isolement cellulaire pour une durée qui n'est pas déterminée à
l'avance. Et cet isolement cellulaire ne
peut durer plus que 15 jours consécutifs. Les personnes qui ont un
handicap mental ou physique ne peuvent être placées en isolement
cellulaire lorsque celui-ci pourrait aggraver leur état.
Or, dans son dernier rapport, le Protecteur du
citoyen déplore qu'un grand nombre de personnes incarcérées restent confinées
en cellule 22 heures et plus par jour, parfois pendant plusieurs semaines.
Elles sont enfermées seules ou avec un codétenu dans une cellule exiguë munie
d'un ou de deux lits, d'un lavabo et d'une toilette, sans intimité. Est-ce que le ministre est d'accord que de telles
conditions de détention peuvent exacerber à la fois la détresse des détenus,
mais aussi des agents correctionnels, contribuant ainsi à aggraver la pénurie
de main-d'oeuvre dans les établissements de détention?
• (16 h 30) •
C'est important, Mme la Présidente, de se
rappeler que l'augmentation de la violence dans les prisons peut avoir plusieurs causes. Oui, une augmentation de
la puissance des groupes criminalisés existant dans l'intérieur... à l'intérieur
de la prison qui réussissent à faire rentrer... c'est des téléphones
cellulaires, et pas juste des téléphones cellulaires, de la drogue, du tabac, enfin, toutes sortes de
produits qui... les centres de détention sont devenus des centres de commandement
pour des actes criminels qui sont commis dans l'ensemble du territoire
québécois, mais aussi il y a une dégradation marquée
des conditions de vie des prisonniers, ce qui augmente la pression de la population
carcérale et peut très souvent, malheureusement, aboutir à la violence.
Donc, on doit intervenir, augmenter la salubrité
des prisons, investir dans le cadre bâti, embaucher davantage d'agents correctionnels et, finalement, s'y attaquer,
si on veut éviter une crise qui pourrait survenir dans... n'importe quand.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Donc, votre
amendement est déposé sous réserve de la permission de l'auteure. Et je
cède maintenant la parole à la députée de Roberval.
Mme Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci,
Mme la Présidente. Je voudrais saluer tous les collègues qui sont ici, en cette
Chambre, et la députée de Westmount—Saint-Louis, aussi, qui nous donne l'occasion de discuter d'un sujet qui est...
qu'on prend tout le monde ici très au sérieux, autant le gouvernement
que les oppositions. Et c'est une problématique qui est une préoccupation pour
nous tous.
Comme députée d'un comté qui accueille un
établissement de détention qui a fait l'objet, dans les médias récemment... je suis inquiète aussi pour la
situation actuelle, je suis inquiète pour la population, mais aussi pour les
agents de sécurité... correctionnels. Puis j'entendais la députée de Westmount—Saint-Louis,
tout à l'heure, dire comment les agents avaient peur de
divulguer des informations. Bien, moi, je pense qu'on ne doit pas avoir une loi
d'omerta, et, sincèrement, ce niveau-là
m'interpelle. Donc, je les invite... Le ministre l'a dit tout à l'heure, là, je
les invite à communiquer ou avec mon
bureau ou avec le ministre, mais il ne faut pas qu'ils aient peur de dénoncer
des situations qu'ils arrivent... qui arrivent dans leur... dans nos
prisons.
Le Québec en entier fait face à une importante
pénurie de main-d'oeuvre depuis plusieurs années. Cette pénurie affecte de
façon substantielle le recrutement de personnel et contribue à la concurrence
dans tous les secteurs, public, parapublic,
privé, pour procurer des employés, mais surtout aussi pour les retenir, nos
employés. Le secteur des services correctionnels ne fait pas exception à
ce problème. On y observe également une rareté de la main-d'oeuvre. Cependant,
le ministère... Grâce aux actions de notre gouvernement, notamment grâce aux
conditions de travail rehaussées lors de la dernière ronde de négociation, le
taux de postes vacants est au plus bas depuis les cinq dernières années. Donc,
ça, c'est encourageant.
Au-delà des paramètres accordés aux agents de
sécurité correctionnels, notre gouvernement a mis en place aussi des mesures
additionnelles à celles de la fonction publique afin de prendre en
considération les particularités du travail des agents de sécurité
correctionnels. Le ministre l'a dit tout à l'heure, une prime
d'attraction-rétention qui va au-delà de ce
qui a été accordé à la majorité de la fonction publique a aussi été mise en
place, et ce, en partenariat et en accord avec les syndicats.
Le
sous-ministériat des services correctionnels a entamé, il y a peu, une
réorientation concernant l'embauche, le recrutement et la formation du personnel. Notre gouvernement est
également en négociation avec le syndicat représentant les agents. Il
importe de souligner que d'autres solutions passeront notamment par cet
exercice de négociation.
Mon collègue
le ministre de la Sécurité publique a pris connaissance de la situation dès son
arrivée en poste, dès son arrivée au ministère. Il a agi pour favoriser
le recrutement, la formation et l'embauche rapides des agents. Jamais, jamais,
un gouvernement n'a autant fait à ces niveaux tout en assurant la bonne
performance de nos ressources au sein des organisations et des établissements,
le tout au service des Québécoises et des Québécois.
Actuellement, le processus de sélection est
effectué à tous les mois, comme le mentionnait le ministre, et les candidats
sont contactés immédiatement, dès lors l'inscription, pour un examen oral ou
pour... et une intervention... une entrevue
de sélection. Le redéploiement, aussi, d'agents de services correctionnels vers
des établissements de détention où la rareté du personnel est plus
marquante est effectué sur une base volontaire.
Afin d'augmenter la visibilité du métier, le
ministère s'est engagé à faire la tournée des établissements scolaires et faire
la publicité du métier pour valoriser le métier d'agent de services
correctionnels par la création d'une vidéo promotionnelle et le lancement d'un
balado intitulé Services correctionnels : au-delà des barreaux.
Il y a aussi
eu 188 conférences métiers qui ont été réalisées pour faire la promotion
de cette carrière auprès des jeunes. Le ministère a aussi plusieurs... a
assisté aussi à plusieurs événements, soit des foires d'emploi, conférences
dans des écoles, dans des organismes, pour présenter le travail des
agents de services correctionnels. On prévoit plus de 120 conférences,
d'ailleurs, pour l'hiver qui vient.
Le ministère de la Sécurité publique a fait
beaucoup d'efforts aussi pour faire la reconnaissance des métiers dans les
services correctionnels et leur importance pour maintenir la sécurité publique,
notamment par la mise en place de la Semaine des services correctionnels, une
semaine thématique annuelle qui souligne le dévouement des quelque
4 500 travailleurs qui font partie du personnel de ce réseau.
Très concrètement, Mme la Présidente, l'action
la plus grande du ministère de la Sécurité publique pour promouvoir le métier
d'ASC, c'est l'ouverture du Centre de formation et de perfectionnement
correctionnel dans les mêmes locaux que l'établissement du centre de détention
Leclerc de Laval. Cette mesure s'inscrit dans le désir d'autonomie et d'agilité
pour la formation des agents correctionnels. Il est prévu que davantage de
candidats seront formés à chaque année. Ça nous aidera très certainement dans
le recrutement. Chaque cohorte de 60 étudiants se succède aux cinq semaines, permettant au centre de formation d'augmenter
sa capacité et, pour ça, de mieux répondre aux besoins des centres de
détention. Ça permet aussi une plus grande autonomie au sous-ministériat... au
sous-ministériat avec plus de flexibilité et d'agilité pour s'adapter aux
besoins évolutifs de l'organisation en matière de structure et de contenu.
Encore pour optimiser la sélection et la qualité
des candidats ainsi que faciliter le processus, les examens de sélection en
ligne ont été remplacés par un examen et une entrevue. Nous avons également
commencé un projet pilote à l'établissement de détention de Québec, qui a pris
sous son aile trois stagiaires du DEC en Techniques en intervention délinquance
du cégep Garneau. Bien que tout ce travail puisse prendre un certain temps à
donner des résultats désirés, nous sommes sur la bonne voie, nous sommes en
action et nous prenons la situation très au sérieux.
L'émergence des drones utilisés à des fins
parfois malveillantes a conduit le gouvernement à adopter une approche
proactive et déterminée. Vous savez, avant, ce n'étaient pas des drones, ce
n'est pas des balles de tennis qu'ils jetaient dans les... dans les cours.
Maintenant, ils se sont modernisés aussi, donc on doit aussi se moderniser. Donc, c'est pourquoi je tiens à souligner les
efforts soutenus que nous déployons dans ce domaine. Actuellement, des travaux
sont en cours dans plusieurs établissements
de défense pour installer les premiers systèmes de détection de drones fixes.
Ces investissements, qui font partie d'une
initiative ambitieuse de mise en place de technologies de pointe pour sécuriser
nos infrastructures, témoignent de notre volonté de répondre aux défis modernes
de la sécurité publique. L'objectif de ce système de détection n'est pas
seulement de suivre l'évolution des drones en temps réel, mais aussi de
garantir que des mesures adéquates sont prises en cas de menace. Ces
technologies permettront d'identifier les drones en approche, et ce, bien avant qu'ils ne représentent un danger
pour les personnes et les infrastructures. Lorsqu'un drone sera détecté, le protocole prévu s'appliquera immédiatement,
permettant une intervention rapide, efficace et sécuritaire, ça, notamment...
l'intervention du personnel de sécurité qui sera formé aussi pour répondre,
bien évidemment, à ces situations. De plus, des mesures
comme la fermeture des cours ou la mise en place de zones de sécurité seront
déployées pour protéger les zones sensibles. Ce système de détection est donc
un levier essentiel, un levier important pour prévenir toute intrusion
malveillante et pour assurer la sécurité des citoyens, des agents de sécurité
et des usagers des établissements concernés également.
Cela fait partie de notre stratégie globale de modernisation de nos capacités
de sécurité publique et de gestion des risques.
• (16 h 40) •
Ce projet ambitieux
ne se limite pas à quelques sites. Le ministère de la Sécurité publique a
élaboré un plan d'action à long terme qui
prévoit l'acquisition de nouveaux équipements pour d'autres établissements au
cours des années financières 2024‑2025. Donc, cette phase
d'expansion vise à couvrir l'ensemble du territoire national de manière
progressive. Donc, en poursuivant ces travaux, nous agissons de manière
déterminée pour protéger nos citoyens, nos infrastructures, nos employés et nos
institutions, et ce, pour garantir une gestion optimale des risques liés à
l'utilisation des drones.
Il s'agit d'exemples,
ici, de réponses sérieuses et responsables aux enjeux de sécurité actuels. On
sait que tout n'est pas parfait, Mme la
Présidente, bien au contraire. Il y a une chose : on en est conscients et on est
en action. Le ministre est sur le
terrain, le ministre est en contact avec les équipes et le ministre prend les
actions qu'il faut. Et nous prenons la chose très au sérieux. Merci, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Richelieu.
M.
Jean-Bernard Émond
M. Émond :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour de prendre la parole dans le
cadre de cette motion après M. le ministre,
les collègues de Laporte et de Roberval, des collègues des oppositions, dont la
députée de Westmount—Saint-Louis, que je salue et que je remercie pour le dépôt de cette motion qui nous
permet, Mme la Présidente, de démontrer, encore une fois, que c'est
une situation que l'on prend au sérieux.
Si
vous me permettez, d'entrée de jeu, Mme la Présidente, comme député de
Richelieu, et puisque cette magnifique circonscription englobe la ville
de Sorel-Tracy, je voudrais, encore une fois, offrir mon soutien à l'agent
correctionnel qui a été victime d'une
incroyable agression, un geste inacceptable et malheureux. Et, encore une fois,
je tiens à lui offrir tout mon soutien. C'est une prison, un centre de
détention, Mme la Présidente, à Sorel-Tracy, que j'ai eu l'occasion de visiter avec M. le ministre, si je me souviens
bien, en 2022, en novembre 2022; il faisait très froid, en effet. Et j'ai
rencontré, Mme la Présidente, des hommes et des femmes, des agents qui
travaillent, des agents correctionnels qui travaillent à l'intérieur de cet établissement, qui font un
travail exceptionnel, des gens dédiés, un travail qui n'est pas facile. J'en ai
appris beaucoup lors de cette visite, Mme la Présidente. Ce n'est pas
tous les jours qu'on a l'occasion d'aller voir comment ça se passe concrètement sur le terrain, à l'intérieur des murs d'un
centre de détention. Un centre de détention qui est situé à un endroit qui est
adéquat, je vais le dire comme ça, puisqu'à Sorel-Tracy, là, s'il y a des gens
du coin qui nous écoutent, savent
qu'on a également ce qu'on appelle la vieille prison, là, qui n'est plus en
utilisation, fort heureusement, qui était, on va se le dire, à un bizarre d'endroit, là, à un endroit pas tout à fait
approprié, tout près de chez ma belle-mère, tiens, ceci dit. Et puis, bien, elle est très heureuse, tout
comme moi, que le nouveau centre de détention soit maintenant dans un endroit qui
est beaucoup plus inacceptable.
En tout cas, trêve de
plaisanteries, Mme la Présidente, je vais vous amener dans un bref retour en
arrière, dans le début des années 2000, puisqu'on a observé, à cette
époque, une tendance à la surpopulation, dans les établissements carcéraux,
avec des conditions de détention qui se sont détériorées année après année,
tant pour les détenus que pour le personnel. Et le sous-financement, à
l'époque, en matière de sécurité a eu, bien entendu, un impact sur le
personnel, et de nombreux postes sont restés
vacants pendant de longues périodes, et, les prisons étant souvent en
sous-effectif, ça a compliqué la gestion de la sécurité.
Donc, à notre arrivée
en poste, en 2018, on a hérité d'une situation qui était complexe, Mme la
Présidente, marquée par une rareté de personnel dans les établissements
carcéraux. Et c'est une situation qui n'est pas unique aux centres de détention. Je ne vous apprends rien,
Mme la Présidente, comme adjoint en éducation, la formation professionnelle,
j'y fais un parallèle puisqu'en formation professionnelle il y a une
corrélation évidente entre le taux de diplomation, le taux d'inscription et le taux de chômage. Puis là, comme on vit
depuis plusieurs années dans un taux d'emploi quasi nul, un taux de
chômage quasi nul, le plein-emploi, devrais-je dire, bien, ça demeure difficile
d'attirer des gens dans la profession.
M. le ministre l'a
dit à maintes reprises, il faut valoriser... Et, comme vous m'indiquez qu'il ne
me reste pas grand temps, une minute, je
vais clore sur la formation professionnelle, mais peut-être me diriger
rapidement vers la fin de mon intervention, Mme la Présidente, pour vous
dire que, quand on prend la situation au sérieux, quand on est sérieux, bien, on investit. Et le ministre en a parlé, en
octobre 2023 c'est des investissements majeurs de plus de 35 millions qui
ont été mis en place pour renforcer la sécurité des établissements de
détention. Donc, notre gouvernement prend acte, tout ça, pour s'assurer de
rendre nos centres de détention beaucoup plus étanches d'ici 2026. Le ministre
l'a dit, on est le gouvernement qui a le
plus investi pour améliorer la sécurité dans nos établissements de détention,
Mme la Présidente, et on va continuer de le faire. Je vous remercie.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Je reconnais maintenant le député de Pontiac
pour 1 min 5 s.
M. André Fortin
M. Fortin : Une chance que la députée de Westmount est là, parce qu'on
n'en parle jamais, de cet enjeu-là, Mme la Présidente. Puis, moi, ce que j'ai
entendu aujourd'hui, là, c'est scandalisant, c'est scandalisant qu'il y ait un
omerta dans le réseau carcéral au Québec puis c'est scandalisant que le
ministre de la Sécurité publique pense qu'il n'y en a pas, d'omerta, que c'est
correct, on peut juste lui écrire, à lui...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le député, un instant. Un appel au règlement, M.
le leader adjoint?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pardon. Pardon.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup. Donc, c'est un mot qui est au lexique, l'«omerta», puis
peut-être vous pourriez le chercher vous-même, je l'ai ici devant moi. Et je
demanderais au collègue de le retirer. On n'en a pas fait grand cas tout
à l'heure, mais là ce n'est pas permis. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député, vous avez compris qu'il est au lexique. Alors, allez-y.
M. Fortin : ...c'est scandalisant, ce qui se passe dans le réseau
carcéral, puis il n'y a personne au gouvernement qui a l'air intéressé par la question. Ils nous disent : Il n'y a
pas de problème, on est capables d'attirer des agents correctionnels avec des balados, des vidéos. À la place, là,
donnez-leur donc des outils, donnez-leur donc de l'aide, donnez donc des bras, protégez-les
donc, c'est ça qu'ils ont besoin, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Si je ne suis pas intervenue, c'est que le mot
au lexique est fait pour quand on adresse ce
mot-là au gouvernement ou aux collègues de l'Assemblée nationale. Ici, ce n'est
pas adressé aux collègues de l'Assemblée nationale.
Donc,
je vous demande maintenant... je vous demande maintenant, Mme la députée, avant
de faire votre réplique, est-ce que vous acceptez l'amendement du député
de Laurier-Dorion?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Donc je vous demande maintenant de faire votre
réplique. Vous avez 10 minutes.
Mme
Jennifer Maccarone (réplique)
Mme Maccarone :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'ai entendu puis j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les interventions des
collègues du gouvernement et ainsi que les collègues des autres oppositions, et
il y a... évidemment, j'ai des choses que je souhaite partager.
C'est
vrai, le ministre a parlé de : Oui, on a 12 % de vacance dans les
postes quand on parle des agents correctionnels. Le ministre, lui, dit
lui-même que les agents sont en train de quitter. Mais, ce qu'il ne dit pas,
c'est que 20 % des agents ont moins de deux ans d'expérience, puis, à
chaque année, on voit plus que 100 qui quittent le navire parce que leur job,
c'est trop difficile. Il y a une centaine de démissions à cause des conditions
de travail, la violence, l'utilisation abusive du temps supplémentaire
obligatoire.
Puis moi, là, en
passant, je n'ai pas parlé du syndicat, pas une fois. C'est le ministre qui a
parlé des syndicats, que c'est lui qui a rencontré des syndicats. Là, là, moi,
j'ai parlé avec des agents. Et c'est ça que j'encourage le ministre à faire, de
rencontrer les agents, de faire des tête-à-tête que moi, j'ai faits. J'ai passé
des heures avec eux. Puis c'est la même chose comme le député de
Richelieu : Bravo! Vous avez visité une prison, c'est excellent, mais
vous, vous avez fait ça avec des gestionnaires. Il faut aller sur le terrain
puis rencontrer les agents à l'extérieur de leur milieu d'affaires. Parce que,
oui, il y a une omerta, oui, ils ont peur des représailles. J'ai les preuves.
Ils m'ont envoyé toutes sortes de documents aujourd'hui. Ils auront voulu être
dans les tribunes aujourd'hui, mais ils ont eu des représailles de leur
employeur, qui disait : On vous convoque à une réunion parce que vous avez
dit quelque chose sur les réseaux sociaux et
on ne veut pas que vous vous exprimez en ce qui concerne vos conditions de
travail. Si ça, ce n'est pas une omerta ou des représailles, je ne sais
pas c'est quoi. Et, oui, il faut le dénoncer. C'est important.
• (16 h 50) •
Le monde, là, ils
ont... ils ne se sont pas vus dans le discours du ministre. Je suis désolée.
Mais une chose que je peux dire à mes collègues, les députés qui ont pris la
parole, c'est vrai, il n'y a jamais un gouvernement qui en a fait autant pour
le milieu carcéral. Jamais un gouvernement n'a fait autant de temps
supplémentaire obligatoire à leurs employés
dans le milieu carcéral, jamais un gouvernement n'aura eu autant de congés de
maladie de leurs agents, jamais un
gouvernement n'aura perdu et gaspillé autant d'argent. C'est effectivement un
gouvernement qui va marquer l'histoire des
agents. C'est clair. Les gens ne vont pas oublier la gouverne de la CAQ, parce
que les choses se sont détériorées depuis ils sont au pouvoir, depuis
2018.
Le ministre a parlé
de : Oui, oui, c'est normal, là, qu'ils se dénoncent, qu'ils vont sur la
place publique, ils sont en négociation. Il n'y a pas une personne, il n'y a
pas un agent, une agente qui m'ont parlé des conditions salariales. Ils n'ont
pas parlé de négociation. Ils ont parlé de sécurité. Ils ont parlé de la
protection de leur vie, de la protection de leur famille, de leurs enfants. Ils
ont peur. Ils ont parlé de l'effet sur leur vie. Ils ont parlé des images de
violence. Ils ont parlé du fait qu'ils sont désensibilisés face à la violence
qu'ils voient au quotidien puis le manque d'aide qu'ils reçoivent. Ils ont dénoncé la désorganisation des établissements. Ils
ont dénoncé le fait qu'on a des hauts dirigeants qui ont zéro expérience dans le milieu carcéral. Ils ont
dénoncé, oui, le fait qu'il y a une omerta, puis ils ont de la difficulté de
prendre la parole sur la place publique.
Écoute, plusieurs prisons ont manifesté
dernièrement à cause de qu'est-ce qui est arrivé, malheureusement, à
Sorel-Tracy puis les malheureuses conditions. Et, même quand je suis allée à
leur rencontre, il n'y a pas une personne qui m'a parlé des conditions
salariales, pas une fois.
Ce n'est pas une question de négociation, c'est
une question de respect, c'est une question de valorisation de la profession,
c'est une question, oui, d'engagement du personnel, oui, de continuer de mettre
fin aux portes tournantes. C'est... Il faut
arrêter de faire ceci. Puis, respectueusement, il n'y a pas une personne qui
m'a parlé : Ah! on a besoin d'avoir des vidéos promotionnels. Non,
ce n'est pas ça qu'ils ont besoin. Ils ont besoin de parler des vraies choses,
de la formation quand les gens arrivent. Ils ont besoin de garder le monde dans
les postes qui sont là puis éviter le roulement à chaque jour que... quelqu'un qui dise : Ah! deux mois, là, je ne
suis pas capable de toffer, c'est trop difficile. Il faut accroître la
qualité de nos institutions. Il faut équiper nos agents correctionnels. Il faut
parler ouvertement de leurs conditions de travail.
Alors, quand
quelqu'un m'a parlé de la négociation, tu sais, je dis au ministre : Il
faut arrêter d'écouter les hauts fonctionnaires dans son ministère puis d'aller
sur le terrain parler avec le vrai monde, parler avec les agents, être à leur
écoute. Fais ça sans les sous-ministres, fais ça sans les attachés politiques,
avoir une vraie conversation dans le terrain, parce que c'est ça qu'ils
s'attendent de leur ministre, quelqu'un qui va agir en leur nom, pour eux, pour
leur bien-être. C'est beau, des paroles,
mais, tant qu'on n'a pas d'action et un vrai plan d'action qui comprend aussi
une réforme de la loi en ce qui
concerne le milieu carcéral... Ça fait très longtemps depuis que nous n'avons
pas actualisé ceci. Il faut le faire.
Mme la Présidente, je peux vous lire, là, une
revue de presse depuis juste les cinq derniers mois, puis là, là, c'est
136 pages. Je ne peux pas lire tout ça, je peux vous lire uniquement les
titres, avec le temps qu'il me reste : Livraison de drogues par drone,
Livraison par drone, Du camping à la prison de Québec par manque de
places, Des détecteurs de drone non fonctionnels dans nos prisons,
Des détenus sont des clients rois dans le système carcéral québécois,
Les agents correctionnels manifestent partout au Québec, Détenus munis de
cellulaires, Une arme à feu possiblement introduite dans l'enceinte de
la prison d'Orsainville, Prison à Roberval : On a perdu le contrôle
complètement, Les détenus provoquent une émeute, Un
détenu dangereux met le feu dans sa cellule, Incident de violence au
centre de détention de Sherbrooke, Six agents correctionnels envoyés à
l'hôpital par un détenu désorganisé, Un Noël violent à la
prison de Québec, Trois agents correctionnels blessés au centre de
détention de Québec, Lacunes de sécurité à la prison de Québec,
Rien ne va plus, selon les agents correctionnels, Des agents ont peur
pour leur sécurité, Tension et violence en prison, Le détenu,
c'est lui qui a le pouvoir en ce moment, Une personne incarcérée
torturée et filmée au centre de détention de Québec, Toutes les prisons
du Québec confinées, Un membre de gang retrouvé mort, Un agent
correctionnel méconnaissable après une attaque sauvage, La présence
potentielle d'une arme à feu force un confinement à la prison, Les
méfaits coûtent cher dans nos prisons, Des détenus de Québec défoncent
un mur de béton, Les cellulaires en prison, un fléau, Un détenu
battu à mort à Rivière-des-Prairies.
Mme la Présidente, il y en a 74, articles. Je
vous ai lu, je ne sais pas, peut-être une vingtaine. C'est impensable,
qu'est-ce qui arrive dans les prisons, c'est sérieux, puis le gouvernement a
une responsabilité d'agir.
Hier, là, le gouvernement a voté en faveur d'une
responsabilité ministérielle. Lui, c'est le gouvernement, c'est le ministre, c'est lui qui est responsable, c'est
lui qui engage les agents correctionnels, c'est lui qui les forme, c'est lui
qui les paie, c'est lui qui les pénalise, c'est lui qui les sanctionne
puis c'est lui qui va les congédier. Il a une responsabilité. Si le
gouvernement ne vote pas en faveur de cette motion, ça veut dire que c'est eux
qui sont responsables la prochaine fois
qu'on va avoir une attaque sur un agent correctionnel parce que c'est eux qui
ont le pouvoir d'agir, ça va être sur leurs épaules, pas les nôtres.
L'opposition officielle, là, le Parti libéral du
Québec, on est là pour défendre les agents correctionnels. On a été ici depuis
le début. Ça fait des années depuis qu'on creuse ce dossier. Pourquoi? Parce
qu'ils sont venus nous voir. Parce qu'il n'y a personne du côté de la CAQ qui
sont en train de les écouter.
Le ministre a
aussi dit cette semaine qu'il s'est trompé : Ah! je me suis trompé. O.K.
S'il ne veut pas être obligé d'admettre encore une fois qu'il s'est
trompé, il devrait revoir son discours puis, encore une fois, aller à la
rencontre des agents pour entendre de leur propre voix leur réalité.
Moi, là, je peux vous dire, avec les minutes
qu'il me reste, là, Mme la Présidente, tous les agents que j'ai rencontrés,
eux, là, au début... puis je demandais, parce que c'est tellement difficile de
faire ce rôle-là : Pourquoi que vous avez choisi d'être un agent
correctionnel? C'était un rêve. C'était parce qu'ils voyaient quelque chose de noble
dans ce rôle-là, parce qu'ils voulaient
travailler à la réhabilitation des personnes qu'eux, ils voyaient comme vulnérables,
des gens qu'on pouvait sauver. Ça faisait
partie de ce qu'ils voulaient faire. Il y avait un respect. Ils étaient
excités, même, de dire : Moi, là, je peux faire une différence dans notre
système public. Et là ils se sont délaissés parce que ça ne prend pas beaucoup
de temps de voir que, eh mon Dieu! il n'y a personne qui est là pour me
défendre, il n'y a personne qui a mon dos, surtout pas le gouvernement de la
CAQ. Eux, là, ils ont... Ils sont de bonne foi puis ils ne sont pas juste là
pour parler de leur bien-être pour leurs conditions de travail. Ils parlent
aussi des conditions des détenus. Puis c'est des gens de coeur, qui sont dévoués,
qui vont au travail à chaque jour, peu importent les conditions de travail,
même si c'est
obligatoire, parce qu'ils savent que leur rôle est essentiel. C'est pour ça
qu'ils s'attendent... Eux, ils attendent... Moi, j'attends et je pense que tous
mes collègues s'attendent que le gouvernement réalise la même chose. C'est
essentiel. Il faut reconnaître que
c'est un travail que nous devons valoriser. On a besoin d'eux, parce que, le
jour qu'ils ne seront pas là, Mme la Présidente, eh boboy! on va faire face
à beaucoup de problèmes.
Alors, la
seule chose que je veux vous laisser, collègues, pendant que vous êtes en train
d'écouter, là : «Do better, do your job.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Donc, je vais mettre aux voix la motion de madame...
Oui?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Il faut que je lise la motion avant, Mme la députée, s'il vous plaît.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un instant, je vais me... Je vais m'asseoir, puis on va vous entendre
correctement, M. le leader. Donc, je vous reconnais, M. le leader adjoint.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. De consentement, on pourrait reporter et la
lecture et le vote à demain, s'il vous plaît?
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Je vais demander à mes collègues de la table si c'est une possibilité, de
faire... Oui? Donc, est-ce que j'ai le consentement pour reporter la lecture et
le vote pour demain?
• (17 heures) •
Des voix : ...
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Donc, M. le leader adjoint, maintenant, conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote et la lecture
de la motion de Mme la députée de Westmount—Saint-Louis seront tenus à la période des affaires courantes de demain.
Pour la suite de nos travaux, M. le leader
adjoint, s'il vous plaît.
Ajournement
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Donc, j'aimerais bien qu'on ajourne justement nos
travaux à demain, à 9 h 40, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : En
conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi le
27 février 2025, à 9 h 40. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 01)