Journal des débats de l'Assemblée nationale
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Le
mercredi 19 février 2025
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Vol. 47 N° 184
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Intervenants par tranches d'heure
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Benjamin, Frantz
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Lemieux, Louis
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Dufour, Virginie
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Lachance, Stéphanie
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Hébert, Geneviève
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Kelley, Gregory
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Bonnardel, François
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Bérubé, Pascal
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Biron, Martine
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Soucy, Chantal
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Martel, Donald
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Jolin-Barrette, Simon
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Roy, Nathalie
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Jolin-Barrette, Simon
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Boulet, Jean
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Derraji, Monsef
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Ghazal, Ruba
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Lamontagne, André
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Champagne Jourdain, Kateri
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Tanguay, Marc
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Legault, François
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Fortin, André
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Dubé, Christian
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Caron, Linda
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Ghazal, Ruba
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Roy, Nathalie
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Legault, François
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Marissal, Vincent
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Dubé, Christian
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Leduc, Alexandre
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Boulet, Jean
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Paradis, Pascal
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Jolin-Barrette, Simon
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Bérubé, Pascal
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Dufour, Virginie
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Charette, Benoit
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Benjamin, Frantz
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Guilbault, Geneviève
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Benjamin, Frantz
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Ciccone, Enrico
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Lévesque, Mathieu
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Lacombe, Mathieu
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Garceau, Brigitte B.
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Nichols, Marie-Claude
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Nichols, Marie-Claude
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Benjamin, Frantz
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Ciccone, Enrico
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Benjamin, Frantz
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Charest, Isabelle
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Lévesque, Mathieu
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D'Amours, Sylvie
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Tanguay, Marc
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Tanguay, Marc
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D'Amours, Sylvie
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Fréchette, Christine
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Zaga Mendez, Alejandra
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Zaga Mendez, Alejandra
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D'Amours, Sylvie
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Laforest, Andrée
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Beauchemin, Frédéric
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D'Amours, Sylvie
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Paradis, Pascal
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Lévesque, Mathieu
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Girard, Éric
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Lachance, Stéphanie
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Lachance, Stéphanie
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D'Amours, Sylvie
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Lemieux, Louis
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Beauchemin, Frédéric
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Lévesque, Mathieu
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bonjour, collègues. Prenez place. Nous allons commencer nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et, pour débuter, nous sommes à la
rubrique Déclaration des députés. Et je reconnais M. le député de Saint-Jean.
Remercier les personnes ayant porté assistance à
leurs concitoyens lors du dernier blizzard
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président,
blizzard oblige, en parcourant les manchettes des derniers jours, il y a de
quoi se réjouir de la solidarité qui a engendré l'entraide, de la résilience
qui nous a permis de bien réagir et d'avoir cette faculté de voir le bon côté
des choses. Évidemment, optimiste de nature, j'avoue que mon verre est pas mal
toujours au moins à moitié plein. Ce qui fait que je me désole, moi aussi, de
voir la déferlante de commentaires négatifs des gérants d'estrade des médias
sociaux au sujet du blizzard. C'est pourquoi, aujourd'hui, je veux saluer et
remercier tous ceux et celles qui ont fait la différence chez nous, dans le
Haut-Richelieu, et partout au Québec, entre autres les infirmières et tout le
personnel hospitalier, les policiers et les autres services d'urgence, et nos
concitoyens qui ont porté assistance aux plus mal pris en leur donnant un coup
de main ou un coup de pelle.
D'ailleurs, en parlant de la neige, M. le
Président, je veux dire à tous les déneigeurs publics et privés : Merci et
ne lâchez surtout pas! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. Et je reconnais maintenant Mme la
députée des Mille-Îles.
Souligner le 80e anniversaire du Courrier
Laval
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je suis ravie de célébrer aujourd'hui un jalon important dans l'histoire
de notre communauté lavaloise, les 80 ans du Courrier Laval, un
journal local qui a su évoluer au fil des décennies pour devenir un acteur
incontournable de l'information dans notre région.
Je tiens également à souligner aujourd'hui
le travail exceptionnel du journaliste Stéphane St-Amour, qui fait partie de la
grande famille du Courrier Laval depuis juin 1983. Son dévouement, son
professionnalisme et sa passion pour l'information ont marqué de nombreux
lecteurs au fil des années.
Le travail remarquable de M. St-Amour a d'ailleurs
été honoré récemment par la société nationale des Québécois de Laval, qui l'ont
nommé citoyen d'exception 2025.
Félicitations au Courrier Laval
pour ses 80 ans de service. Je vous souhaite un avenir prospère et surtout
que cette belle aventure médiatique se poursuive encore longtemps.
Félicitations!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée des Mille-Îles. Et je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Bellechasse.
Souligner la participation de jeunes innovateurs de
la circonscription de Bellechasse à la compétition World Robot Olympiad à Porto
Rico
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Merci, M. le
Président. Maxime Lemieux... Maxime Lavoie, Olivier Lemieux et Nathan
Saint-Hilaire ont participé à la prestigieuse compétition World Robot Olympiad
Open Regional Championships à Porto Rico. Je les salue chaleureusement dans nos
tribunes. En somme, ils ont conçu un projet à la fois novateur et humaniste, un
robot destiné à la distribution de médicaments aux personnes en situation de
vulnérabilité. Grâce à un système combinant des aimants et des capteurs, le
bras du robot saisit le bon médicament avec l'utilisation d'une carte de <couleur...
Mme Lachance : ...d'une
carte de >couleur. Cette initiative brillante illustre le savoir-faire
des jeunes d'ici. Leur participation en tant que seule équipe canadienne dans
la catégorie Future innovators - Junior est une véritable source de
fierté pour Bellechasse et Chaudière-Appalaches.
Puissent-ils poursuivre cette voie
prometteuse et inspirer d'autres jeunes à innover pour un monde meilleur. Bravo
encore à Maxime, Olivier et Nathan!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Bravo et félicitations à vous trois. Merci, Mme la députée de Bellechasse.
Et je reconnais maintenant M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
Souligner le travail du Collectif Ex-Placé DPJ et
d'Exeko pour faire connaître les droits de la jeunesse
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. Je souhaite aujourd'hui souligner le travail du Collectif
Ex-Placé DPJ et d'Exeko, qui ont lancé, en décembre dernier, le premier livre
sur les droits de la jeunesse créé par et pour les jeunes. Ça s'appelle Droit
de cité. Puisque, pour défendre ses droits, il faut d'abord les connaître
et les comprendre, Droit de cité utilise différentes stratégies pour
accrocher ses lecteurs : témoignages, dialogues, articles de loi
vulgarisés, le tout dans un objet coloré rempli d'activités réflectives, un
véritable outil pour les jeunes actuellement dans les services jeunesse ainsi
que pour les professionnels qui travaillent auprès d'eux.
Devant le courage de ces jeunes adultes
qui ont puisé dans leur expérience personnelle afin de pouvoir mieux protéger
les droits du plus grand nombre, je réitère l'importance de l'éducation aux
droits et de la mise en place de moyens nécessaires à leur respect plein et
entier. J'invite les collègues à se joindre à moi pour souligner cette
initiative importante et à contribuer activement à son rayonnement afin de
favoriser un plus grand respect des droits des enfants sur la responsabilité de
l'État québécois.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Saint-Henri-Saint-Anne. Et la parole revient
maintenant à Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à M. Daniel Harvey
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président,
M. Daniel Harvey a gravi les échelons jusqu'à directeur des opérations du
Canadian Tire de l'est de Sherbrooke. Parallèlement à son travail, son
engagement dans le sport depuis plus de 30 ans lui a valu, l'année
dernière, le Prix du bénévolat en loisir et en sport Dollard-Morin. Président
du club de plein air Biathlon Estrie de 1996 à 2015, il a formé des bénévoles,
organisé des courses et amélioré des sites de compétition. Souvent chef de
parcours, il a démontré une flexibilité et une résilience peu communes en
collaborant à de nombreux championnats canadiens. M. Harvey a notamment
supervisé l'entretien du parcours des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver. Il
est arbitre qualifié par l'Union internationale de biathlon. Et, comme chef de
compétition, son leadership et son esprit d'équipe impressionnent. Par
ailleurs, il est officier pour le Cadre des instructeurs de cadets, où il a
occupé différentes fonctions depuis 1988.
Pour conclure, M. le Président, M. Harvey
est une référence de niveau national en biathlon. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Saint-François. Au tour maintenant de M. le député
de Jacques-Cartier.
Dénoncer les compressions budgétaires dans le
réseau scolaire
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Les coupures
budgétaires de la CAQ ont commencé à faire mal au réseau de l'éducation dans
mon comté, M. le Président, 6 millions de dollars coupés dans le budget du
centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys. Pour un gouvernement qui se
dit ils sont les grands défenseurs de notre langue commune, c'est honteux, M.
le Président. Les conséquences sont graves pour nos enfants. Il n'y a pas des
enseignants qualifiés dans nos classes, il y a une réduction des services et
des programmes et un gel sur les projets d'infrastructure, comme les
rénovations pour l'école Allancroft.
2,5 million dollars cut
from Lester B. Pearson budget. It's hurting our students. Vital extra curricular
activities, indigenous development programs, school clubs are facing cuts, the
hiring freezes at John Abbot College and across the Lester B. Pearson School Board,
on top of freezes to necessary infrastructure investments.
This helps who, Mr. Speaker?
Today, I am standing up for the students, teachers, support staff, parents,
grandparents and all those who care about and value education in my riding.
These cuts are unacceptable.
En 2026, dehors avec la CAQ! Dehors avec
ce gouvernement qui n'est pas bon.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Et la parole revient maintenant à
M. le député de Granby.
Souligner le 40e anniversaire de l'organisme
Entr'elles
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : M. le Président,
à la fin de la dernière année, l'organisme Entr'elles de Granby atteignait le
cap des 40 ans d'existence. Entr'elles est un centre de femmes dont la
mission consiste à informer et à aider toute femme de la Haute-Yamaska à
accroître le pouvoir sur sa vie et à exercer une citoyenneté engagée. De plus,
l'organisme offre aussi un service d'hébergement de crise avec une approche
alternative en santé mentale pour les femmes de toute la région.
2024 aura été une année particulièrement
remplie pour eux en lançant, en mars, une clinique communautaire avec une
infirmière clinicienne, aussi une halte-chaleur, annoncée par le ministre
responsable des Services sociaux en octobre dernier avec du financement pour
permettre un service accessible de 8 h 30 à 22 heures ainsi que
les fins de semaine. Ce service permettra aux femmes qui l'utilisent d'accéder
à différents services d'hygiène, et elles pourront aussi y manger et dormir. Et,
pour conclure l'année, l'organisme a déménagé dans un endroit plus grand pour
leur permettre de mieux accomplir leur mission.
Je tiens à remercier et à féliciter Mme Sophia
Cotton et toute son équipe pour le travail important que vous faites pour les
femmes de notre territoire. Votre présence apporte un impact positif tangible,
votre <accompagnement...
M. Bonnardel :
...positif,
tangible, votre >accompagnement auprès de ces femmes vulnérables est
grandement apprécié par toute notre communauté. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Granby. Au tour maintenant de M. le député de
Matane-Matapédia.
Soutenir Uniboard Canada face à la hausse des
tarifs américains
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le Président,
le groupe Uniboard est un grand fabricant de produits de bois d'ingénierie et
opère la plus importante usine de fabrication de panneaux de particules en
Amérique du Nord, dans la municipalité de Sayabec, dans la Matapédia. Il s'agit
du plus important employeur privé de ma circonscription, avec 400 employés.
La menace des hausses des tarifs
américains imposés aux industriels crée des tensions commerciales, mais
également des insécurités face à la pérennité des activités et du maintien des
emplois pour tous les manufacturiers au Québec. Par exemple, Uniboard exporte
environ 40 % de sa production, et les clients québécois et canadiens de
l'industrie du meuble exportent ensuite plus de 50 % de leur volume aux
États-Unis.
Je témoigne ainsi mon soutien à Uniboard
afin de solliciter le gouvernement du Québec pour soutenir les besoins
financiers de nos industriels manufacturiers et soutenir le maintien de la
main-d'œuvre afin de permettre de conserver leurs effectifs en attendant une
reprise dans les marchés. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Matane-Matapédia. La parole revient maintenant à Mme
la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner la tenue de la troisième édition de
l'événement Sculptures sur glace
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci, M. le
Président. L'organisme Mon Quartier de Lévis tiendra du 21 au 23 février la
troisième édition de l'événement Sculptures sur glace. Ce sera une occasion
unique d'admirer les réalisations d'artistes professionnels, qui se produiront
devant 25 commerces situés dans les cinq quartiers patrimoniaux de la
ville. La population pourra également s'initier à cet art via la création
d'œuvres citoyennes, le tout dans une ambiance festive, grâce à l'animation des
lieux par des organismes communautaires.
• (10 h 50) •
Désirant nous impliquer encore davantage
cette année, mon collègue le député de Lévis et moi avons contribué à la
création d'un rallye permettant aux participants de partir à la recherche
d'indices se trouvant dans les commerces afin de courir la chance de remporter
un prix. L'invitation est donc lancée à la population de Lévis, des
Chutes-de-la-Chaudière et des environs de prendre part à cet événement des plus
rassembleurs. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Saint-Hyacinthe.
Rendre hommage aux acéricultrices et aux
acériculteurs
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Fin février
marque le temps du début des sucres, M. le Président. Aujourd'hui, je salue le
dévouement de nos acériculteurs et acéricultrices, dont le travail dépasse la
production de sirop d'érable. Ils perpétuent cette tradition ancestrale avec
passion et savoir -faire et incarnent notre connexion profonde avec la nature.
Dans la MRC des Maskoutains, nous sommes
fiers d'abriter 140 entreprises acéricoles, dont 100 dans ma
circonscription. Ces producteurs dévoués contribuent de manière significative à
notre économie locale et à notre patrimoine culinaire en produisant l'impressionnante
quantité de 2 millions de livres de sirop d'érable chaque année, en plus
d'offrir une gamme diversifiée de produits dérivés.
M. le Président, c'est une industrie
emblématique de notre identité culturelle et gastronomique québécoise, et je
tiens à les remercier de la préserver. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Saint -Hyacinthe. Je reconnais maintenant M. le
député de Nicolet -Bécancourt.
Rendre hommage à Mme Lise Laforce et à M. Mario
Courchesne
M. Donald Martel
M. Martel : M. le Président,
la municipalité de Baie-du-Febvre possède une salle de spectacle de qualité
exceptionnelle qui fait la fierté de ses quelque 1 000 habitants.
Lancée en 1949 sous le nom de Salle paroissiale Belcourt, cette salle s'est
transformée au fil des ans pour devenir le Théâtre Belcourt sous l'impulsion
d'un groupe de citoyens engagés, parmi lesquels on trouvait Lise Laforce et
Mario Courchesne. Grâce à eux, nous avons, à Baie-du-Febvre, notre propre
petite Place des Arts.
Je veux rendre hommage à Lise et Mario et
souligner toute l'énergie et toute la passion qu'il leur a fallu investir pour
faire de cette salle le succès qu'on lui connaît aujourd'hui. Ils ont pu
compter sur la collaboration étroite de la municipalité de Baie-du-Febvre et de
la MRC de Nicolet-Yamaska, mais aussi sur la générosité de nombreux et fidèles
bénévoles.
Je remercie Mario Courchesne et Lise
Laforce ainsi que tous leurs collaborateurs pour cette belle réussite qui fait
notre fierté. Bravo, vous deux!
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Nicolet-Bécancour. Je reconnais maintenant M. le
député de Borduas.
Souligner le 40e anniversaire du Centre
périnatal Le Berceau
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M.
le Président. Aujourd'hui, j'aimerais profiter de ce temps de parole pour
signer le 40e anniversaire du Centre périnatal Le Berceau. Depuis 40 ans,
cet organisme accompagne les futurs et nouveaux parents dans leur parcours en
mettant l'accent sur l'importance de valoriser leur rôle et de favoriser la
création de liens profonds avec leurs bébés dès la <grossesse...
M. Jolin-Barrette :
...leur
bébé dès la >grossesse. Il est essentiel de souligner, M. le Président,
que Le Berceau offre un accompagnement personnalisé et une variété de services
visant à favoriser le développement optimal des enfants et des adultes qu'ils
deviendront. Ces services incluent des cours, des ateliers, des conférences,
des groupes de soutien, un service d'aide à domicile ainsi que la vente et la
location de produits pour bébé. Par ailleurs, plus d'une quarantaine
d'activités centrées sur le mieux-être des familles sont également offertes.
Je tiens à remercier les membres du
conseil d'administration, l'équipe de professionnels dévoués, les bénévoles
ainsi que toutes les personnes qui se sont impliquées et qui continuent de
faire de ce lieu un acteur clé pour notre communauté et un pilier
incontournable pour les parents de notre région. À toutes et à tous, un bon 40e
et surtout bonne continuation. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Borduas. Alors, voilà qui met fin à la rubrique
Déclarations des députés. Je remercie chaque collègue pour votre déclaration.
Et nous allons suspendre les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 54)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 06)
La Présidente : Bonjour, tout
le monde. Bienvenue. Bienvenue au Parlement du Québec.
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de
loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour, Mme
la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 89
La Présidente : À l'article a
du feuilleton, M. le ministre du Travail présente le projet de loi n° 89, Loi
visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou
de lock-out. M. le ministre.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Ce projet de loi modifie le Code du travail et d'autres
dispositions afin principalement de considérer davantage les besoins de la population
en cas de grève ou de lockout.
Le projet de loi introduit ainsi des
dispositions visant le maintien de services assurant le bien-être de la
population, soit les services minimalement requis pour éviter que ne soit
affectée de manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou
environnementale de la population, notamment celle des personnes en situation
de vulnérabilité. À cet égard, il confère au gouvernement le pouvoir de
désigner, par décret, une association accréditée et un employeur à l'égard
desquels le Tribunal administratif du travail peut déterminer si des services
assurant le bien-être de la population doivent être maintenus en cas de grève
ou de lockout. Il octroie au tribunal le pouvoir d'ordonner le maintien de tels
services, à la demande de l'une des parties désignées par décret, et ce, pour
la seule phase des négociations en cours. Il exclut par ailleurs de
l'application de ces dispositions le secteur de la santé et celui de la
fonction publique.
Le projet de loi oblige l'association
accréditée et l'employeur visés par une décision ordonnant le maintien de
services assurant le bien-être de la population en cas de grève ou de lockout à
négocier de tels services dans les 15 jours suivant la notification de
cette décision. Il confie au tribunal notamment la fonction d'évaluer la
suffisance des services prévus par l'entente entre les parties ainsi que, à
défaut d'entente ou s'il juge ceux prévus par l'entente insuffisants, celle de
déterminer les services à maintenir et la façon de les maintenir.
Le projet de loi précise que la grève ou
le lockout en cours se poursuit malgré une décision du tribunal ordonnant le
maintien de services assurant le bien-être de la population, sauf si ce dernier
juge que des circonstances exceptionnelles justifient de suspendre l'exercice
du droit de grève ou de lockout. Il modifie le nom de la division des services
essentiels du tribunal et lui attribue le mandat d'instruire les affaires
concernant les services assurant le bien-être de la population. Il comporte
également des dispositions pénales.
De plus, le projet de loi permet au
ministre du Travail, s'il estime qu'une grève ou un lockout cause ou menace de
causer un préjudice grave ou irréparable à la population et que l'intervention
d'un conciliateur ou d'un médiateur s'est avérée infructueuse, de déférer le tribunal...
le différend, excusez-moi, à un arbitre afin que ce dernier détermine les
conditions de travail des salariés visés par l'unité de négociation en grève ou
en lockout. Il prévoit qu'une telle décision du ministre met fin à la grève ou
au lockout en cours et établit la procédure d'arbitrage applicable. Il exclut
de l'application de ce pouvoir les secteurs public et parapublic.
• (10 h 10) •
Enfin, le projet de loi harmonise certaines
dispositions visant l'exercice du droit de grève dans les services publics de
manière à les rendre applicables à l'exercice du droit de lockout et prévoit
que les affaires découlant du chapitre du Code du travail concernant les
services essentiels et du nouveau chapitre de ce code concernant les services
assurant le bien-être de la population sont instruites et décidées de façon
prioritaire par le tribunal. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Et je
reconnais le leader de l'opposition officielle, oui.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. C'est un important projet de loi, et, dans ce sens, nous souhaitons
la tenue de consultations particulières. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Présidente : Alors, est-ce
que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Toujours à la rubrique Présentation de projets de loi, M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article b du
feuilleton.
Projet de loi n° 895
La Présidente : À
l'article b du feuilleton, Mme la députée de Mercier présente le projet de
loi n° 895, Loi établissant un réseau scolaire commun afin de garantir
l'égalité des chances. Mme la députée.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je suis très fière aujourd'hui de présenter le projet de loi
n° 895, Loi établissant un réseau scolaire commun afin de garantir
l'égalité des chances. Et je veux aussi profiter de la présence, dans les
tribunes, parmi nous, de M. Stéphane Vigneault et Anne-Marie Boucher, du
mouvement citoyen École ensemble, que j'ai consulté pour travailler sur ce
projet de loi là.
Ce projet de loi vise à ce que l'école
québécoise assure l'égalité des chances de ses élèves, et ce, peu importe leur
origine socioéconomique.
Le projet de loi crée un réseau scolaire
commun afin de rendre le système d'éducation du Québec plus équitable.
Ainsi, le projet de loi modifie la Loi sur
l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé afin de :
1° regrouper au sein d'un réseau scolaire
commun les écoles publiques de niveaux préscolaire, primaire et secondaire
ainsi que les écoles privées de ces niveaux qui le souhaiteront;
2° mettre fin au financement public des
écoles privées de niveaux préscolaire, primaire et secondaire afin... ayant
choisi de ne pas intégrer le réseau commun;
3° interdire tout processus de sélection
des élèves au sein du réseau commun;
4° prévoir les mêmes conditions de
gratuité et de financement au sein de l'ensemble des écoles de ce réseau;
5° prévoir des mesures de compensation
visant à réduire les inégalités entre les écoles.
Enfin, le projet de loi contient des dispositions
diverses, transitoires et finales. Merci.
Mise aux voix
La Présidente : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente : Adopté.
Dépôt de documents
Alors, à la rubrique Dépôt de documents,
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries, de l'Alimentation.
M. Lamontagne : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel d'activité de 2023‑2024
de l'Institut de technologie agroalimentaire du Québec. Merci.
La Présidente : ...Mme la
ministre de l'Emploi.
Mme Champagne Jourdain : Oui,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le plan stratégique... (panne de
son) ...2029 de la Commission des partenaires du marché du travail. Merci.
La Présidente
: Ce
document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, je dépose la réponse à la question inscrite au feuilleton le 5
décembre 2024 par le député de Pontiac.
La Présidente : Ce document
est déposé.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions ni de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant rendus à la
période de questions et de réponses orales. Et, pour ce faire, je cède la
parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Accès aux soins de santé
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
on vit présentement, dans le réseau de la santé, une grande confusion. On se
demande c'est qui, le patron. Le 7 février, le ministre de la Santé a
affirmé, je le cite : «C'est à Santé Québec de gérer et à nous de
superviser.» Résultat, la CAQ ne s'occupe pas de notre monde, des Québécoises
et Québécois qui attendent des heures au téléphone pour se faire dire :
Bien, allez aux urgences.
Cas vécu, article hier de LaPresse,
de Marie-Eve Cousineau. Mme Suzy Cardinal, 70 ans, de Montréal. Elle est
asthmatique. Il y a une dizaine de jours, elle avait une toux terrible. Elle
était très épuisée, impossible de voir son médecin de famille avant un mois.
Pour trouver un rendez-vous, elle appelle 8-1-1. Première tentative, Mme
Cardinal raconte : «Après une heure et demie d'attente, une infirmière
répond et me demande mes symptômes. Elle me dit : "Il faut que vous
alliez à l'urgence". Mais je ne suis pas un cas d'urgence.» Elle rappelle
8-1-1. Après une heure trente d'attente, la ligne est coupée. Troisième
tentative, rappelle 8-1-1, une heure d'attente, elle laisse ses coordonnées,
une infirmière la rappelle, lui donne un rendez-vous dans deux jours.
Diagnostic : influenza, sinusite sévère, des antibiotiques sont prescrits.
Au total, elle a passé 12 heures au
téléphone et sur Internet, ce qui fait conclure à Mme Cardinal, je la
cite : «Ce n'est pas tout le monde qui est acharné comme moi[...] D'autres
auraient abandonné, se seraient rendus aux urgences.» C'est ça, le réseau de
santé avec la CAQ.
Qui, ce matin, le premier ministre va-t-il
blâmer? Qui est responsable? Les gestionnaires? Santé Québec? Assurément pas
son ministre. Qui est responsable?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, j'invite le chef de l'opposition officielle à lire le projet de loi
sur Santé Québec. Il va voir, c'est bien défini, les rôles de chacun. Le
ministre et le ministère donnent les orientations, et Santé Québec s'occupe des
opérations quotidiennes.
Maintenant, Mme la Présidente, dans le cas
qui est mentionné, le chef de l'opposition officielle l'a très bien dit, ce
n'était pas un cas qu'on considère urgent pour aller à l'urgence d'un hôpital.
Malheureusement, Mme la Présidente, on a un problème de prise en charge en
première ligne depuis toujours au Québec. 50 % des patients qui se rendent
à l'urgence pour engorger les hôpitaux auraient dû être traités en première
ligne dans un GMF.
Mme la Présidente, depuis qu'on est au
pouvoir, on a réussi à augmenter de 600 000 le nombre de Québécois qui ont
un médecin de famille ou un GMF, mais il reste encore, malheureusement,
beaucoup de Québécois qui n'ont pas accès à un GMF ou à un médecin de famille.
On est en négociation avec la FMOQ, donc avec le syndicat des médecins de
famille, et il doit y avoir une plus grande prise en charge. Il y a certains médecins
de famille qui ne prennent pas en charge assez de patients. C'est quelque
chose que Gaétan Barrette a essayé de régler. Il n'a pas réussi. Tous les
gouvernements ont essayé de régler avec la FMOQ. Nous, Mme la Présidente, on va
persister puis on va aller jusqu'au bout pour qu'on ait une première ligne
forte. Tant qu'on n'aura pas une première ligne forte, on ne pourra pas avoir
un réseau efficace.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Le premier
ministre, lui, il dit : Ce n'est pas un cas d'urgence. Mais c'est ce que
l'infirmière lui a dit. Autre cas, Marc Chiandussi, 54 ans, Longueuil, mercredi
soir, avait de grosses crampes, il se tordait de douleur, il a appelé le 8-1-1.
Après 2 h 26 min d'attente, l'infirmière lui a dit quoi? Allez
aux urgences... pas été, son mal est parti après deux Tylenol, deux Advil. Ce
n'est pas normal. À matin, 10 février… pardon, au 10 février, au 8-1-1, le taux
d'appels... d'abandon, au 8-1-1, était de 46 %.
Qui est responsable, le gestionnaire ou le
superviseur?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je répète ce que j'ai dit, puis ce n'est pas d'hier qu'on parle de
ce problème-là. Rappelez-vous du rapport de Michel Clair, le rapport Clair,
puis il y en a des dizaines, de rapports au Canada. Ce n'est pas un problème
qui est unique au Québec.
Malheureusement, les médecins de famille
ne prennent pas assez en charge… certains médecins de famille, je devrais dire,
Mme la Présidente, parce qu'il y en a qui font leur part pour prendre en
charge, mais il y en a d'autres qui ne font pas leur part. Gaétan Barrette a
essayé de mettre en place un projet de loi où il y aurait des pénalités.
Malheureusement, Philippe Couillard ne lui a pas laissé mettre en place des
pénalités. Nous, on va aller jusqu'au bout du processus.
• (10 h 20) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Le bout achève
parce qu'il est dans sa septième année puis il n'a rien réglé. Donc, c'est la
faute des médecins, c'est la faute des libéraux et de Gaétan Barrette. Pierre
Côté, 70 ans, au Lac-Saint-Jean, il n'a pas de médecin de famille, il voulait
renouveler ses médicaments, il n'y avait aucun rendez-vous disponible au GAP. Il
a appelé le 8-1-1. Qu'est-ce que vous pensez qu'ils lui ont dit? Allez à
l'urgence. M. Côté a dit : J'étais mal à l'aise de prendre une place à
l'urgence pour des renouvellements de médicaments. Fin de la citation. Ce
matin, 9 h 38, taux d'occupation, urgence, 134 %.
Qui est responsable, les gestionnaires ou
les superviseurs?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, le chef de l'opposition
officielle a écrit ses questions probablement à l'avance puis il n'écoute pas
mes réponses. On dit aux gens d'aller à l'urgence parce que, malheureusement,
il n'y a pas assez de prise en charge en première ligne. Quand on parle de
l'hôpital, on parle de la deuxième ligne, de la troisième ligne. Le défi, au
Québec, puis partout, à peu près dans tous les réseaux de la santé, c'est
d'avoir une première ligne plus forte. Puis il n'y a pas de raison, au Québec,
Mme la Présidente, qu'on ait 10 000 médecins de famille... Il n'y a pas de
raison qu'il y ait 2 millions de Québécois sur 9 millions qui n'aient
pas accès à un médecin de famille ou à un GMF. On va se battre pour réussir
cette négo.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Qu'il ne
s'inquiète pas, je les écoute, ses réponses, mais maintenant je veux qu'il
entende les cas. Je viens de faire état de Mme Cardinal, M. Chiandussi, M.
Côté. Je veux qu'il entende le cas de Philippe Bougie, 65 ans, Mirabel, pas de
médecin de famille, il souffre de douleurs chroniques au dos. Jeudi dernier, il
a appelé le 8-1-1. La dame, l'infirmière a dit : Vous avez besoin d'une
consultation urgente. M. Bougie raconte : «Je leur ai dit : Qu'est-ce
que je fais? On m'a répondu : Il faut reprendre le processus [parce qu'il
n'y avait pas de place, rappelez le 8-1-1].»
Qui est responsable dans leur septième
année, les gestionnaires ou les superviseurs?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Oui, Mme la
Présidente, le ministre de la Santé a mis en place le GAP, qui est un système
où on peut avoir accès à un médecin de famille. Il y a 50 000 rendez-vous
par jour qui sont pris sur le GAP. Malheureusement, ce n'est pas encore
suffisant puis il faut avoir plus de collaboration de la part du syndicat des
médecins de famille pour convenir d'une entente où tous les Québécois seraient
pris en charge. Je comprends que le chef de l'opposition officielle arrive avec
M. Côté, monsieur… je ne sais pas trop qui, Pierre, Marc. Ce qui est important,
Mme la Présidente, là...
Des voix : ...
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, ce qui est important, c'est qu'on s'occupe de chaque Québécois.
Des voix : ...
La Présidente : Silence, je
vous prie. En question principale, je reconnais le député de Pontiac.
Mission de Santé Québec
M. André Fortin
M. Fortin :Oui. Mme la Présidente, avec les entrevues du ministre de
la Santé, en fin de semaine, puis les explications du premier ministre, là, je
pense qu'on doit un peu de clarté aux Québécois. Le ministre nous a essentiellement
dit : Quand on me rapporte une situation qui ne fonctionne pas, bien, moi,
j'appelle Santé Québec. Mme la Présidente, nous, on comprend, là, qu'il reste
un an et demi au mandat. Il reste un an et demi avant que le ministre de la
Santé quitte la vie politique, mais son bilan, il s'empire de jour en jour puis
il ne peut pas prendre ce temps-là à jouer au député de l'opposition.
Là, ça va mal. Quand ça va mal dans le
réseau de la santé, quand les Québécois ne sont pas capables d'avoir les soins
nécessaires, le ministre appelle Santé Québec, puis il leur demande qu'est-ce
qui se passe, puis, après ça, il relaie les lignes qui lui viennent des «top
guns». La réalité, Mme la Présidente, c'est que les gens n'ont pas voté pour
Geneviève Biron, ils ont voté pour le gouvernement de la CAQ, parce que tous
les députés ici ont pris des engagements locaux d'améliorer les soins de santé,
mais là ils n'ont plus aucun pouvoir là-dessus.
Alors, qu'est-ce qui va se passer avec ces
engagements-là? Est-ce qu'ils vont simplement demander à Santé Québec qu'est-ce
qui se passe avec ça?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
je suis très content d'avoir cette question-là, parce que je vais rappeler au
député de Pontiac le projet de loi, qu'on a fait ensemble, qui s'appelle le
projet de loi n° 15, il y a plus qu'un an maintenant. Premièrement, je
vais lui lire l'article 26 qui définit la mission de Santé Québec :
«De plus, Santé Québec a pour mission de mettre en œuvre les orientations, les
cibles et les standards déterminés par le ministre, notamment à l'égard de
l'organisation et de la prestation de services…»
Des voix : …
M. Dubé : Madame, ce serait
bon qu'il écoute, parce que peut-être qu'il ne s'en rappelle pas. Maintenant,
Mme la Présidente, il est clairement dit, dans la mission de Santé Québec, que
le ministre, ou les ministres, parce que j'ai des collègues aussi aux Aînés
puis aux Services sociaux, que… lorsqu'on pense qu'une orientation, que des
objectifs, que des cibles ne sont pas rencontrés, qu'on a le droit
d'intervenir. On s'est gardé cette responsabilité-là, Mme la Présidente.
Alors, qu'est-ce qui arrive? Si on apprend
que... puis surtout en période de transition, là, Santé Québec, ça vient de
commencer, s'il y a un élément du GAP qu'on aime moins, s'il y a un élément des
urgences qu'on aime moins, dans les priorités qu'on a données en santé, c'est
tout à fait normal qu'on intervienne, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :Je suis content que le ministre se souvienne de la mission
de Santé Québec, peut-être qu'il va pouvoir annuler le contrat de 100000 $ qu'ils ont
donné pour se trouver une mission. Mais là, en ce moment, Mme la Présidente,
là, il y a neuf urgences, au Québec, là, où le taux d'occupation est à
200 % : Pontiac, Maniwaki, Verdun, Lakeshore, LaSalle, le Royal Vic,
Mont-Laurier, la Minganie, Sept-Îles, toutes à 200 % d'occupation. Puis la
seule explication du ministre, à date, là, c'est de dire : Est-ce que
c'est de ma faute s'il y a plus d'influenza? Là, le monde, ils vont à l'urgence
parce qu'ils ne sont pas capables d'avoir une ligne au 8-1-1, pas capables
d'avoir de réponse.
Qu'est-ce que vous allez faire, rappeler
Santé Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : ...Mme la
Présidente, que le... Le député de Pontiac n'a pas écouté la réponse du premier
ministre. Il n'y a pas juste une raison pour laquelle les urgences sont bien
occupées. On vient d'expliquer clairement que les médecins de famille ne
prennent pas assez en charge. On a plus de 50 %, Mme la Présidente, des P4
et des P5 qui vont à l'urgence. C'est parce que la première ligne n'est pas
assez forte pour les prendre. J'ai expliqué combien de fois, Mme la Présidente?
Puis là il y a des médecins qui commencent
à sortir pour dire : C'est vrai, le ministre a raison, le vieillissement
de la population, c'est un gros facteur. Mme la Présidente, il y en a
plusieurs, facteurs. On travaille sur un ensemble de faits. La négociation avec
les médecins est un élément important, mais on va continuer à faire le travail,
Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :C'est vrai qu'il l'a dit souvent. Ça fait six ans et demi
qu'il nous dit la même affaire avec zéro résultat. Là, le maire de La Tuque,
là, il est sorti sur la place publique, en fin de semaine, pour nous dire que
la fermeture du bloc opératoire, ça ne peut plus durer, que c'est dangereux
pour les patients. Les femmes atteintes à... les femmes enceintes à La Tuque
passent deux semaines, avant d'accoucher, à l'hôtel à Shawinigan, juste au cas.
Est-ce que le ministre va régler cette
situation-là ou est-ce qu'il va simplement demander un état de la situation à
Santé Québec? Le ministre, là, c'est lui, ce n'est pas Geneviève Biron.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je pense qu'il faut
faire, Mme la… Mme la Présidente, la différence très claire, là. Je comprends
le député de Pontiac de dire que le système ne s'est pas amélioré, puis les cas
spécifiques dont il parle, j'ai beaucoup d'empathie pour ça, le premier
ministre aussi. Mme la Présidente, je veux juste être clair, là, on fait le
travail. Quand on voit quelque chose qui n'est pas à notre goût, j'ai
dit : On a le droit d'intervenir. J'ai intervenu plusieurs fois, je l'ai
dit, en période de transition. Ça s'applique à La Tuque, ça s'applique à tous
les endroits au Québec où on a des enjeux, Mme la Présidente.
De dire que le système ne s'est pas
amélioré... Quand je regarde chacune des urgences, chacun de nos
établissements, malgré l'augmentation de la population, malgré le
vieillissement, on s'est améliorés, les statistiques le prouvent.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de La Pinière.
Financement de places en CHSLD privés
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la
Présidente, on apprend que 1 200 lits sont à risque de fermer dans
des CHSLD privés conventionnés, faute de financement adéquat. Concrètement, ça
veut dire 1 200 personnes aînées très vulnérables, qui sont déjà
hébergées en CHSLD, qui pourraient perdre leur milieu de vie.
Est-ce que la CAQ est consciente que ces
1 200 places sous-financées sont en péril? Ce sont
1 200 qui risquent de s'ajouter aux 3 500 qui sont déjà sur la
liste... 3 300 qui sont déjà sur la liste d'attente. Où ces personnes aînées
vulnérables vont-elles aller? Aux urgences? Ça va être le seul recours. À
l'hôpital? Ça va être la dernière place.
Est-ce que la CAQ va se ressaisir et
accorder un financement adéquat aux CHSLD privés conventionnés pour nos aînés?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Premièrement, je
veux mentionner, en l'absence de ma collègue ici, aujourd'hui, que le travail
qu'elle fait...
Des voix : ...
La Présidente : Poursuivez,
M. le ministre.
M. Dubé : Mme la Présidente,
le travail que ma collègue fait au niveau des aînés, puis particulièrement dans
les CHSLD, est exceptionnel. On a eu un programme qu'on a mis, avec les
derniers budgets, de conventionner un certain nombre de CHSLD. On est en train
de le faire. À chaque fois qu'on a un nouveau PQI, on augmente le nombre de
CHSLD qui sont des CHSLD privés qu'on veut qu'ils deviennent des CHSLD publics,
pour avoir les meilleures conventions de travail et de s'assurer de la qualité
des soins. Ma collègue a poussé plusieurs dossiers de conventionnement de
CHSLD. On va continuer à le faire.
Mme la Présidente, on a un objectif, dans
nos CHSLD, c'est de s'occuper de la qualité des soins, et ma collègue travaille
là-dessus. Alors, je pense qu'avec les budgets qu'on va avoir, avec le PQI qui
va être mis en place, on va être capables de continuer à réparer nos CHSLD, à
les moderniser, mais aussi à conventionner ceux qu'on peut faire.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la
Présidente, ça fait 65 ans que le modèle des CHSLD privés conventionnés
existe. Un gestionnaire me dit qu'en 35 ans de carrière c'est la première
fois qu'il voit des CHSLD privés conventionnés déficitaires et qui risquent de
fermer. 1 200 aînés, là, qui risquent de perdre leur place puis n'ont
nulle part d'autre à aller, sauf l'hôpital, avec 3 300 déjà sur la liste
d'attente, comme je disais tantôt. On risque de voir 4 500 aînés sans
place.
Est-ce qu'on va trouver des solutions?
• (10 h 30) •
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je trouve ça
intéressant, parce que j'ai eu cette discussion-là avec ma collègue lorsqu'on
préparait nos demandes au ministère des Finances puis au PQI. Savez-vous qui a
mis un moratoire sur le conventionnement des privés consolidés? C'est les gens
de l'autre bord. C'est drôle, hein? Peut-être que ce n'est pas drôle. Mais je
vous le dis, Mme la Présidente, on est le premier gouvernement à avoir renversé
cette situation-là et de dire : S'il y a des CHSLD privés qui ne répondent
pas aux besoins et à la qualité des services, on va le faire. Ce
gouvernement-là précédent, les libéraux, avait mis un moratoire pendant
30 ans. Pendant 30 ans, il y a eu un moratoire sur le
conventionnement des CHSLD. Je pense qu'on est très corrects, de ce côté-ci de
la Chambre.
La Présidente : En
question... Oh! deuxième complémentaire. Madame, allez-y.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Le PQI, c'est
pour en construire de nouveaux. On parle du financement pour le fonctionnement
des CHSLD privés conventionnés, y compris des nouveaux, qui ont été
conventionnés par la ministre et qui sont déficitaires, y compris des OBNL qui
sont déficitaires. Alors là, il faut s'ouvrir les yeux, il faut voir c'est
quoi, la situation. Puis, au prochain budget, j'espère que l'argent va être là,
parce que c'est 1 200 aînés qui risquent de perdre leurs places.
Où allons-nous les mettre?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Je pense que je
n'ai pas le droit de dire qu'ils essaient de faire peur aux aînés. Je n'ai pas
le droit de dire ça, hein?O.K., correct.
La Présidente : Ne faites pas
indirectement ce que vous ne pouvez pas faire directement. Vous le savez. Et,
M. le leader de l'opposition, vous alliez dire la même chose. On vient de
remettre les...
Des voix : ...
La Présidente
: Alors,
retirez... Vous retirez? Dites que vous retirez et poursuivez.
M. Dubé : ...ce que j'ai dit.Mme la Présidente, notre premier ministre est très clair, on a augmenté nos
budgets en santé de 20 milliards sur les six dernières années. On a
augmenté le PQI de 100 milliards à 153 milliards sur six ans. On
continue à faire nos investissements dans des maisons des aînés, à rénover nos
CHSLD, à mettre plus d'argent dans les privés conventionnés, ce que le
gouvernement précédent n'a jamais fait, avec le moratoire dont j'ai parlé tout
à l'heure. Mme la Présidente, pour nos aînés, là, on n'a rien à se reprocher,
particulièrement du gouvernement d'avant. Voilà.
Des voix : ...
La Présidente : Une seule
personne a le droit de parole ici. Je la reconnais, il s'agit de la députée de <Mercier.
On vous écoute.
>
10 h 30 (version révisée)
<12187
La
Présidente :
...de la députée de >Mercier. On vous
écoute.
Financement des écoles
privées religieuses
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Ce que je dépose, ce matin, ce n'est pas juste un projet de loi, c'est
un projet de société. C'est à l'école publique québécoise que je suis devenue
québécoise et que je me suis intégrée à notre culture commune. C'est à l'école
publique que j'ai fréquenté des Poirier, des Nguyen et des Abdelgawad. C'est à l'école
publique que les enfants se retrouvent ensemble, peu importe qui sont leurs
parents, peu importe leur salaire, peu importe leur statut social, peu importent
leurs origines, leur religion, peu importe la langue qu'ils parlent à la
maison. Mais cette école-là, malheureusement, est en train de disparaître, est
en train de s'effriter petit à petit. Et que fait le premier ministre du
Québec? Il défend un système d'éducation brisé qui divise les enfants. Il est
rendu le premier ministre du statu quo en éducation.
Nous, à Québec solidaire, on a entendu la
population, qui veut du changement. Alors, j'ai une proposition pour le premier
ministre. Allons-y étape par étape. Chaque année, la CAQ envoie un gros chèque
de près de 200 millions de dollars à des écoles privées religieuses qui
enseignent aux enfants à prier. Est-ce que le premier ministre est d'accord
avec la grande majorité des Québécois et Québécoises qui veulent arrêter de
payer pour enseigner aux élèves à prier à l'école?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. J'invite la cheffe du deuxième groupe d'opposition à aller voir les
études PISA, P-I-S-A. Ce sont des tests internationaux qui sont faits dans tous
les pays en lecture, en mathématiques et en sciences. Et non seulement le
Québec est parmi les meilleurs, mais, dans ces tests, on a une nouvelle section
où on compare les résultats des 20 % d'élèves les plus riches avec les 20 %
d'élèves qui viennent de familles les plus pauvres. Et, Mme la Présidente, c'est
au Québec, c'est au Québec qu'on a l'écart le plus petit. Mme la Présidente,
selon le dernier résultat, aux États-Unis, il y a un écart de 260 points,
en Suède, 256, au Canada, 244, en Finlande, 242, au Danemark, 230, et au Québec,
seulement 225. On est les meilleurs. On a le meilleur système où il y a le
moins de différence entre les enfants qui viennent de milieux riches et les
enfants qui viennent de milieux pauvres.
Donc, Mme la Présidente, je comprends que
Québec solidaire aime ça dire que tout va mal, mais on est parmi les meilleurs
au monde. Est-ce qu'elle peut le reconnaître? Est-ce qu'elle peut aller voir
les tests PISA au lieu d'arriver avec des propositions où elle ferme toutes les
écoles privées puis elle se prive du financement des parents qui viennent...
des enfants qui viennent dans ces écoles-là? Ça ne tient pas debout. Ça nous
coûterait plus cher de ne plus avoir d'écoles privées. Et on a les meilleurs
résultats au monde.
La Présidente
: Première
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Il y a tellement
de choses que le premier ministre... qu'il a dites qui sont inexactes, je n'ai
pas le temps, en 30 secondes, de les expliquer.
Des voix : ...
La Présidente : Attendez.
Selon le règlement, article 32, vous gardez le silence, vous écoutez la
réponse, tout comme la... vous écoutez la question, tout comme la réponse. Nous
l'avons écoutée, maintenant j'écoute la... (panne de son) ...vous avez 22 secondes.
Mme Ghazal : Le premier
ministre se trompe. Je l'invite à lire le projet de loi et je l'invite aussi à
lire le Plan pour un réseau commun, qui défait ce qu'il dit, et je veux
aussi déposer ce document.
Il n'a pas répondu à ma question. Hier, on
a fait voter une motion pour dénoncer toute influence religieuse à l'école
publique. Je vais lui parler d'une influence religieuse commanditée par lui :
on donne 200 millions de dollars pour faire prier les enfants à l'école.
La Présidente : Consentement
pour le dépôt du document? Consentement pour le dépôt?
Une voix : ...
La Présidente : Pas de
consentement pour le dépôt du document.
Des voix : ...
La Présidente
: Article 32,
on garde le silence. Et la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, j'invite la cheffe du deuxième groupe d'opposition à aller voir les
études qui ont été faites par les Prs Catherine Haeck, Pierre Lefebvre,
Philip Merrigan, de l'UQAM. Ils sont très clairs, c'est au Québec qu'il y
a le moins d'écart entre les enfants qui viennent de milieux pauvres et les
enfants qui viennent de milieux riches. On est les meilleurs au monde. Et qu'est-ce
que veut faire la cheffe du deuxième groupe d'opposition? Fermer les écoles
privées.
Nous, on veut travailler à améliorer les
écoles publiques, pas à fermer ce qui fonctionne bien.
La Présidente
:
Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : On ne veut pas
rien <fermer...
M. Legault :
...ce
qui fonctionne bien.
La Présidente :
Deuxième
complémentaire.
Mme Ghazal :
On
ne veut pas rien >fermer. J'aimerais ça que le premier ministre réponde
à ma question. En ce moment, on finance à près de 200 millions de dollars
de l'argent des Québécois pour des écoles comme Loyola où est-ce qu'on fait des
messes, on célèbre des messes... faire des prières.
Est-ce que c'est normal, ça, dans une
société laïque? Est-ce que le premier ministre est d'accord avec ça? Est-ce
qu'il est fier qu'on enseigne, avec de l'argent public, dans des écoles
privées... qu'on enseigne aux enfants à prier?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, bon, d'abord, là, difficile à suivre, Québec solidaire, qui a voté
contre la Loi sur la laïcité, maintenant vient nous parler de laïcité, surtout
venant de la cheffe, en plus, de Québec solidaire.
Mme la Présidente, 60 % du financement
vient du gouvernement, 40 % vient des parents. Est-ce que la cheffe de
Québec solidaire pourrait nous dire qui paierait pour le 40 % qui vient
des parents avec l'abolition des écoles privées, comme elle le propose?
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Rosemont.
Maintien du service des
urgences du Centre multiservices en santé et en services sociaux de
Fortierville
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme
la Présidente. Je veux d'abord saluer la mairesse de Fortierville,
Mme Julie Pressé, qui est avec nous aujourd'hui, et le préfet de la MRC de
Bécancour, Mario Lyonnais. Ils ne sont pas ici en touristes, ils sont ici parce
qu'ils sont mobilisés pour sauver l'urgence de Fortierville, qu'on a d'ailleurs
protégée ici par une motion le 7 novembre dernier.
• (10 h 40) •
Si on ferme Fortierville, les services de
santé les plus proches sont à 100 kilomètres — 100 kilomètres.
Les citoyens de Rivière-Rouge sont devant les tribunaux pour sauver leur
urgence, Mont-Joli réduit ses ouvertures de fin de semaine, puis il y a aussi
Trois-Pistoles qui s'est mobilisé toute la fin de semaine et qui va continuer
de se mobiliser. En pleine tempête hivernale, avez-vous déjà essayé ou imaginé
de conduire 60, 80 ou 100 kilomètres avec des enfants, parce que l'urgence
de votre patelin est fermée?
Est-ce que le ministre peut dire à la
mairesse et au préfet de Bécancour... et la mairesse de Fortierville que ce
qu'ils subissent, c'est ce qu'il appelle les compressions minimales qu'il a
demandées à Santé Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, je
vais...Mme la Présidente, je vais en profiter aussi pour saluer mon
collègue le député de Bécancour, parce que je pense qu'il fait un excellent
travail pour défendre ce dossier-là. Et ce dossier-là, comme je l'ai expliqué
souvent, j'ai fait la même mise au point, la semaine dernière avec le député de
Pontiac, ou d'autres dossiers qui nous sont amenés, je pense que,
malheureusement ou heureusement, ils sont amenés à un moment où on nous dit que
la décision est prise soit de fermeture, alors que ce n'est pas le cas. Ici,
c'est exactement la même chose. On a demandé à nos différents P.D.G., et c'est
ça, le rôle de Santé Québec, c'est de regarder comment on peut se rapprocher le
plus de l'équilibre budgétaire dans des endroits où c'est plus difficile et de
s'assurer qu'on minimise l'impact sur les services.
J'ai été très clair, Mme la Présidente,
c'est ça que les Québécois nous demandent, c'est de trouver l'équilibre entre
la capacité de payer des Québécois et de maintenir des services de haute
qualité. Ici, c'est exactement ce qu'on fait à Bécancour, c'est aussi ce qu'on
va faire pour l'urgence de Fortierville. On va être capables de regarder, avec
les gens de Santé Québec, quelle est la meilleure solution pour continuer
d'offrir des services de qualité. Merci.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Encore une
fois, Santé Québec, la poudre de perlimpinpin. Le ministre est obligé d'appeler
Santé Québec; Santé Québec appelle les CISSS et les CIUSSS, qui vont prendre
des informations, qui reviennent, après ça, au cabinet. Je ne sais pas quel
genre d'efficacité on a gagné là-dedans, mais, moi, ça m'a l'air plus kafkaïen
qu'avant. Et, pendant ce temps-là, le ministre, lui, dit : Bien, c'est
Santé Québec qui a les réponses, ce n'est pas moi.
Alors, est-ce qu'il peut dire à la
mairesse de Fortierville qu'elle est, elle et sa population, victime des
compressions minimales sur les soins qu'il a ordonnés à Santé Québec? Parce que
c'est lui qui a ordonné ça.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
je ne sais pas, moi, en tout cas, je pense qu'il y a quelque chose qui est mal
compris, là, puis peut-être que l'opposition... je ne leur prêterai pas de
mauvaises intentions qu'ils ne veulent pas comprendre, mais le rôle de Santé
Québec, c'est un rôle de coordination et de s'assurer, Mme la Présidente, que
les meilleures pratiques sont faites partout. Comment ça se fait que, dans
certaines situations, dans des endroits où il y a moins de personnes, où on a
plus de difficultés, qu'il y a des P.D.G. qui réussissent à trouver des
solutions puis qu'il y en a d'autres qui ont peut-être plus de difficultés?
On a expliqué que le rôle de Santé Québec,
c'était d'accompagner les différents P.D.G., leurs différentes équipes, pour
trouver des solutions. Mme la Présidente, c'est ça, le rôle de Santé Québec
puis c'est ça qu'on va continuer à faire.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Toujours
pas de réponse. Ça serait le <fun d'en avoir une, juste une, là,
pendant...
M. Marissal :
...toujours
pas de réponse. Ce serait le >fun d'en avoir une, juste une, pendant la
session, à moins qu'il faut encore attendre un communiqué de Santé Québec
vendredi à 4 h 15, là, mais le problème, c'est que Santé Québec n'est
pas élu par la population. C'est le ministre qui est élu. Nous sommes élus.
Nous sommes redevables et imputables devant la population. C'est vrai pour le
ministre de la Santé aussi.
Alors, je repose ma question, là, qui est
supersimple. Il y a des gens qui attendent des réponses, la mairesse et sa
population. Trois-Pistoles aussi attend des réponses. Est-ce qu'ils entrent
dans la catégorie des soins minimaux coupés acceptables par Santé Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
j'ai déjà répondu. Dans l'ancien gouvernement libéral, ce qu'on faisait quand
il y avait une période d'austérité, on coupait puis on disait : Ça prend
10 %, 15 % de coupures. Qu'est-ce qu'on demande à nos gestionnaires, au
contraire, nous, c'est de faire preuve de jugement puis d'arriver... avant de
prendre une décision, de regarder les autres possibilités. C'est exactement ce
que nos P.D.G. font, en discussion avec les gens de Santé Québec, pour être
capables de trouver des solutions. Est-ce que c'est fermé à Fortierville? La
réponse, c'est non. Est-ce que c'est fermé à Trois-Pistoles? La réponse, c'est
non. On a posé des questions, et c'est notre rôle. Je le répète, ça a été
défini dans la loi quand on a fait p.l. n° 15. C'est
maintenant un article important, l'article 26, qui donne au ministre le
droit d'intervenir s'il n'est pas satisfait des orientations. Voilà.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Projet de loi visant à
considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de
lock-out
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Dans le milieu du
travail, on s'entend généralement pour dire que notre Code du travail
représente un point d'équilibre fragile qui assure au Québec une certaine paix
industrielle. Avec le projet de loi qu'il vient de déposer, le ministre du
Travail porte une attaque frontale aux droits des travailleurs et vient rompre
ce fragile équilibre. Il vient singer le gouvernement Trudeau, qui a décidé de
ne pas respecter le droit d'association protégé par la charte des droits. Que
la CAQ singe Trudeau, il faut le faire, Mme la Présidente. Pourtant, il n'y a
même pas six ans, le ministre a fait adopter son projet de loi, le projet de
loi n° 33 sur les services essentiels. Il déclarait ceci : «Avec le
projet de loi n° 33, nous assurons l'équilibre entre le droit de grève des
salariés ainsi que la protection de la santé et de la sécurité de tous les
citoyens du Québec.» Eh bien, le débat des services essentiels, il avait l'air
pas mal réglé en 2019. C'est le ministre du Travail lui-même qui l'avait réglé,
ce débat-là.
Qu'est-ce qui a tellement changé depuis
2009 pour que le ministre se renie de manière aussi flagrante? Pourquoi
vient-il aujourd'hui rompre cet équilibre en attaquant le droit des
travailleurs et travailleuses du Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. En fait, les droits des travailleurs reconnus dans le Code du
travail puis dans la Charte des droits et libertés de la personne sont
totalement respectés. Ce que ce projet de loi là fait, c'est de protéger
davantage les besoins de la population, notamment les personnes en situation de
vulnérabilité, pendant une grève ou un lock-out. Tout ce que nous cherchons à
faire, c'est de maintenir un équilibre entre l'exercice du droit de grève et
les répercussions extrêmement dommageables pour la population. Une grève, c'est
un moyen de pression sur un employeur, mais ça ne peut pas servir à prendre la
population en otage.
Alors, j'invite mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve à bien lire le projet de loi, et il va réaliser que ce
n'est pas la même chose que le Code canadien du travail. Il y a des balises, il
y a des concepts, et c'est tout à fait équilibré. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Toujours dans le
cadre du projet de loi n° 33 de 2019, le ministre déclarait : «Les
modifications proposées visent d'abord à assurer la santé et la sécurité
publique tout en respectant le droit de grève des salariés, maintenant
constitutionnalisé par l'arrêt Saskatchewan de la Cour suprême depuis 2015.»
Le ministre est-il en train de nous
proposer l'adoption de modifications législatives qu'il sait pertinemment être
contraires aux chartes et à la jurisprudence? Le ministre, c'est un avocat de
profession, Mme la Présidente. Il sait que son projet de loi va se faire
démolir juridiquement. Pourquoi il démontre aussi peu de respect pour les
tribunaux et pour les travailleurs du Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. C'est les Québécois et Québécoises que nous voulons d'abord et
avant tout respecter. Les syndicats ont un mandat. Les syndiqués exercent des
droits que nous respectons, qui sont totalement légitimes, mais on ne peut pas
tolérer… Tout le monde a son exemple de conflits de travail au Québec qui ont
eu des dommages importants. Je le répète, la décision de la Cour suprême en
2015 à Saskatchewan, on connaît les critères, et lisez bien ce qui est dans le
projet de loi pour vous assurer que ça sera appliqué de manière équilibrée.
Merci.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Je ne <comprends
pas d'où ça sort...
La Présidente :
...complémentaire.
M. Leduc :
Je ne >comprends
pas d'où ça sort, Mme la Présidente. Je ne comprends pas l'urgence. C'est-tu
préventif contre la grève des CPE qui s'en vient dans une couple de semaines?
C'est-tu une vengeance contre la grève des profs, la grève héroïque de l'an
dernier? Il n'y en aurait plus, de profs, dans les écoles sans cette grève-là.
Des voix : ...
La Présidente : Bon,
messieurs dames, je suis debout. Je vous rappelle l'article 32, le
décorum. Je vous invite à être prudents, parce qu'ici il y a une intention malicieuse,
et on ne peut pas prêter d'intention malicieuse à ses collègues.
Nous allons poursuivre, mais dans le
respect, je vous prie. Il vous reste 12 secondes.
M. Leduc : Il n'y en aurait
plus, de profs, dans les écoles sans cette grève héroïque là, Mme la
Présidente.
Des voix : ...
La Présidente
: S'il
vous plaît!
M. Leduc : Si vous n'en voulez
pas, de grève, négociez comme du monde, faites des offres, assoyez-vous à table
à la place de vous attaquer aux droits des travailleurs et travailleuses.
Des voix : ...
La Présidente : Bon, je suis
debout. À nouveau, je vous rappelle notre règlement, le décorum. Vous gardez le
silence. Demeurez respectueux. Attention à vos propos. Je veux entendre la
réponse du ministre.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Oui, merci, Mme
la Présidente. Encore une fois, je vais le redire, on ne s'attaque pas aux
droits des travailleurs, on veille à la protection de la population. Il y a eu
des conflits de travail. J'inviterais mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve à
discuter avec des familles qui ont des enfants à besoins particuliers.
J'inviterais mon collègue à discuter avec des familles endeuillées.
J'inviterais mon collègue à discuter avec des personnes qui ne peuvent pas se
rendre à l'hôpital, qui sont à faibles revenus et qui ont des problématiques de
transport. Il y a beaucoup d'exemples, Mme la Présidente. On s'intéresse à la
protection des...
• (10 h 50) •
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
La Présidente : Vous
connaissez le règlement. Pas de commentaires après la réponse.
En question principale, je reconnais
maintenant le député de Jean-Talon. On vous écoute, monsieur.
Négociations commerciales avec les États-Unis
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Hier, ici, en
Chambre, le premier ministre a rajouté une couche de moutarde. Alors que Donald
Trump est au sommet de sa force et que le Québes est en... le Canada est en
position de faiblesse, il insiste pour tout mettre sur la table et faire
beaucoup de compromis dans les négociations avec l'administration américaine.
Et, en plus, je le cite hier : «On va mettre une taxe à l'exportation sur
l'aluminium», pour lui faire payer le prix de sa mauvaise décision concernant
l'aluminium. Comble d'ironie, l'industrie qu'il prétend protéger comme ça dit
que ça va lui faire encore plus mal.
J'ai posé la question, la semaine passée,
à la ministre, je la réitère, la question, parce que les Québécois veulent le
savoir. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, en Côte-Nord, la Mauricie, le Centre-du-Québec,
la région de Montréal, les gens qui vivent du bois, de l'aéronautique, de
l'aluminium veulent savoir comment la ministre compte protéger ces secteurs-là,
alors que le premier ministre les a mis en position de faiblesse.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, je remarque le grand courage du chef du troisième groupe
d'opposition. Le PQ, ce qu'il nous dit, c'est : Il faut se laisser
intimider par Donald Trump, il faut se laisser intimider, il ne faut pas faire
valoir nos atouts. M. Trump nous dit : Je n'ai pas besoin de votre
bois, je n'ai pas besoin de votre aluminium, je n'ai pas besoin de vos minéraux
critiques. Et qu'est-ce que fait le PQ? Il dit : Bien oui, effectivement,
M. Trump a raison, hein? Le chef du troisième groupe d'opposition, il
défend M. Trump.
Nous, on va défendre les travailleurs
québécois. Il n'y a pas un emploi qu'on va laisser partir. On va se tenir debout
devant M. Trump puis on va négocier une entente globale avec des
pénalités, s'il faut, pour être certains que ça soit respecté. On ne pliera pas
comme le Parti québécois. On n'ira pas dire à M. Trump : Vous avez
raison, voici notre aluminium pas cher, voici notre bois pas cher, voici nos
minéraux critiques pas chers. On va se tenir debout, contrairement au Parti
québécois.
Des voix : ...
La Présidente : Article 32.
Gardez le silence. Première complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Je note que la
ministre ne se lève toujours pas en réponse à mes questions. Mais là c'est
incroyable, ce qu'on vient d'entendre.
Des voix : ...
La Présidente : Alors, un
petit rappel ici au règlement. M. le leader du gouvernement, brièvement, quel
est votre rappel?
M. Jolin-Barrette : En vertu
de notre <règlement...
La Présidente :
...M.
le leader du gouvernement, brièvement, quel est votre appel?
M. Jolin-Barrette :
…en
vertu de notre >règlement, n'importe quel membre du Conseil des
ministres peut répondre, ainsi que les adjoints, et là le député de Jean-Talon
avait le plaisir d'échanger avec le premier ministre. Qu'est-ce qu'il veut de
plus?
La Présidente : Je… M. le
député de Matane-Matapédia, quel est votre appel au règlement? Je vous
reconnais, mais quel est-il?
M. Bérubé : Vous allez
l'entendre à l'instant, Mme la Présidente. On peut poser des questions à qui on
veut en cette Chambre, alors ils n'ont pas à commenter ça. Alors, si la
ministre veut répondre, d'aventure, elle a l'autorisation du premier ministre,
ça va nous faire plaisir.
La Présidente : Et, cela dit,
vous l'avez dit vous-même, on n'a pas à commenter ça. Ce qu'a dit le leader du
gouvernement est exact. Le gouvernement répond...
Des voix : …
La Présidente
: Le
gouvernement répond par l'élu de son choix, et vous le savez. J'aimerais que
nous écoutions la suite. M. le député.
M. Paradis : Alors, la
ministre ne répond pas à mes questions, mais le premier ministre, je vais
saisir le plaisir parce que, là, il nous dit : Moi, je me tiens debout, je
me tiens debout. Alors, la semaine passée, on disait, les cartes bien ouvertes
pour tout le monde aux États-Unis… mais là, en plus, il prend ses cartes, puis
là il les donne : Tiens, l'aluminium, je te le donne, tiens, le bois, je
te le donne, tiens, l'aéronautique, je te le donne. Il ne reste plus rien. C'est
ça, se tenir debout pour le Québec, vraiment? Pourquoi le premier ministre n'admet
pas qu'il s'est trompé avec cette offre-là irréfléchie?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, contrairement au chef du PQ, nous, on est conscient que le Québec a
des atouts extraordinaires. On a des ressources naturelles que voudrait M. Trump,
on ne va pas lui donner. On a des minéraux critiques, on a de l'expertise, Mme
la Présidente, en aéronautique, on a du bois, on a de l'électricité pour
fabriquer, entre autres, de l'aluminium, ce que les États-Unis n'ont pas. Donc,
oui, on ne va exclure rien pour leur faire payer, parce que ce n'est pas vrai
qu'ils peuvent nous remplacer. Nous, on va se tenir debout, on ne va pas rester
assis comme le chef du PQ.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Commencer une
négociation en disant : Je vais faire beaucoup de compromis, on n'a pas
entendu parler des gros gains encore, mais surtout ne pas se souvenir que, la
dernière fois, avec le même Donald Trump, savez-vous ça a pris combien de temps
renégocier l'Accord de libre-échange? Trois ans et demi pour qu'il soit en
vigueur, avec, pendant ce temps-là, une guerre tarifaire du même président
Trump qui a imposé des tarifs à l'aluminium canadien et du Québec.
C'est ça, régler l'incertitude? C'est ça,
faire des gros gains? Le premier ministre s'est trompé, il devrait l'admettre.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, je suis d'accord, là, pour une fois, avec le député, ça va prendre
du temps à négocier avec M. Trump, mais plus vite on commence, plus vite
on va être capable d'essayer d'avoir une entente globale. Je ne comprends pas
le PQ, qui dit : Attendons en 2026. Si on retarde le début des
négociations d'un an, ça veut dire qu'on retarde éventuellement la conclusion
d'un an.
Je pense que c'est important qu'on mette
M. Trump devant ses contradictions. Il a besoin de notre aluminium, il a
besoin de notre bois, il a besoin de nos minéraux critiques. Puis on va se
tenir debout, on ne restera pas assis comme le chef du PQ. On ne pliera pas
devant…
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Mille-Îles. On vous écoute,
madame.
Frais associés à la
collecte sélective
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Mme la
Présidente, plus une semaine ne passe sans qu'on constate les dommages de la
réforme caquiste de la collecte sélective. La semaine dernière, des éditeurs de
magazines ont dû couper des éditions. Hier, ce… la semaine avant, c'étaient des
chocolatiers et les SAQ qui ont dû augmenter leurs prix. Hier, ce sont des
chaînes de restaurant qui ont constaté qu'elles devront refiler la facture
caquiste aux clients. On va payer plus cher chez Benny et St-Hubert à cause de
la collecte sélective.
Mais aujourd'hui, Mme la Présidente, c'est
au nom des producteurs agricoles que je me lève. Certains producteurs ont vu
leurs factures doubler ou même tripler avec des frais supplémentaires de plus
de 100 000 $ pour certains, 100 000 $, Mme la Présidente.
Qu'est-ce que le ministre de
l'Environnement va faire pour que les cartons de lait, les douzaines d'oeufs et
nos cannes de sirop d'érable n'augmentent pas aussi?
La Présidente : Alors, la
réponse du ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements
climatiques, de la Faune et des Parcs.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. La question de la collègue ressemble étrangement à celle qu'elle a
posée ici même, en cette Chambre, la semaine dernière. Ma réponse va donc s'y… s'y
rapprocher également.
Un petit rappel dans le temps, dans un
premier temps. Tout d'abord, une loi, loi que sa formation politique a appuyée,
d'ailleurs, l'ensemble des formations politiques ont appuyée, donc adoptée à
l'unanimité. Ensuite, une réglementation, réglementation qui a fait l'objet
d'une large consultation, consultation à laquelle sa <formation...
M. Charette : ...qui a fait
l'objet d'une large consultation, consultation à laquelle sa >formation
politique a refusé de participer. Mais tout ceci est en vigueur avec des
résultats qui sont intéressants.
D'ailleurs, il y a quelques jours à peine,
et j'ai salué sa présence, elle a participé à l'inauguration du centre de tri
de l'est de Montréal, qui est parmi les plus modernes non seulement au Québec,
mais au monde, et c'est en partie grâce à la réforme qui a été adoptée.
Ceci dit, la question des tarifs, elle se
pose avec acuité. Il faut savoir que le gouvernement du Québec n'est pas
responsable de l'opération de ces transformations-là, mais bien les producteurs
eux-mêmes. Donc, les tarifs sont imposés par les producteurs qui siègent sur le
conseil d'administration, qui les détermine. Donc, c'est les producteurs
eux-mêmes qui ont arrêté cette grille...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Avec
l'incertitude, Mme la Présidente, créée par les tarifs américains, on n'a pas
besoin de se tirer dans le pied nous-mêmes en s'imposant des tarifs caquistes
liés à la collecte sélective. Certes, il faut le payer, le service, mais le
service, là, il coûte pas mal, pas mal trop cher, et il y a une triple
facturation la même année.
Les éditeurs de magazines, les
restaurateurs, les producteurs agricoles, ils comprennent tous que ça ne marche
pas. Pourquoi le ministre, lui, ne comprend pas? Va-t-il agir?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Benoit Charette
M. Charette : La collègue, je
le mentionnais, était présente à l'inauguration du centre de tri. Je pense
qu'elle en était fière, et elle avait toutes les raisons d'être fière.
Ceci dit, nous sommes conscients qu'il y a
une problématique au niveau des tarifs qui, dans certains cas, peuvent être
très élevés. Mais il faut rappeler que ce ne sont pas le... en fait, ce n'est
pas le gouvernement du Québec qui les détermine, ce sont les producteurs
eux-mêmes.
Donc, j'invite la collègue à m'accompagner
auprès des démarches qui sont faites autant auprès d'Éco Entreprises
Québec, de l'AQRCB pour ce qui est de la consigne, pour rappeler à l'ordre ces
producteurs, leurs obligations, et faire en sorte que le coût chez les
détaillants ou les autres producteurs plus petits soit atténué.
La Présidente : En terminant.
M. Charette : Et, si des
changements sont nécessaires à la réglementation, on le fera du côté du
gouvernement.
• (11 heures) •
La Présidente : Et cela met
fin à la période de questions et de réponses orales.
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, pour ce faire, je cède la
place au troisième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci, tout le
monde. Bonne fin de journée.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, bonjour, collègues. En fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais un membre du deuxième
groupe d'opposition. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Mont-Royal—Outremont,
le député de Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale dénonce toute
ingérence politique dans le contenu des cours du réseau collégial québécois.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Nous allons maintenant à la prochaine motion,
qui revient au troisième groupe d'opposition. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : À la bonne heure!
Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Rosemont, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que
35 nations, États et territoires administrés dits non souverains ont au
moins une association nationale reconnue par une fédération sportive à
l'échelle mondiale;
«Qu'elle prenne acte de la volonté du
gouvernement de reconnaître le hockey sur glace comme sport national du Québec;
«Qu'en conséquence, l'Assemblée nationale
demande au gouvernement de doter le Québec d'équipes nationales féminine et
masculine de hockey sur glace et de prendre les mesures nécessaires pour
qu'elles soient reconnues par la Fédération internationale de hockey sur
glace.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Ce qui nous amène à la prochaine motion, qui
revient au gouvernement. Et je reconnais Mme la ministre des Transports et de
la Mobilité durable.
Mme Guilbault :Oui, merci, M. le Président. Je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
leader de l'opposition officielle :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de
la récente croissance démographique au Québec;
«Qu'elle reconnaisse la nécessité de
construire de nouvelles infrastructures, notamment des infrastructures
routières, afin de mieux répondre aux besoins de la population.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour <débattre...
>
11 h (version révisée)
<17909
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
...Y a-t-il consentement pour >débattre
de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Ce qui nous amène à la prochaine motion, qui
revient à l'opposition officielle. Et je reconnais M. le député de Marquette.
M. Ciccone :Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Rosemont, le chef du troisième groupe d'opposition
et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse les
effets néfastes et délétères de la violence et des bagarres dans le sport,
notamment au hockey, et les séquelles qui peuvent en découler;
«Qu'elle condamne tout propos faisant
l'apologie des combats et de la violence dans le sport, qu'il soit amateur ou
professionnel;
«Qu'enfin, elle invite l'ensemble des
parlementaires à tenir des propos responsables vis-à-vis de la violence dans le
sport.»
Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Il n'y a pas de consentement. Merci. Merci. Ce qui nous amène...
Des voix : ...
Avis touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Collègues! Nous allons poursuivre nos travaux. Et M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Et donc, j'avise cette Assemblée que la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'alimentation et des ressources naturelles
va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures,
à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des finances publiques va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 82, la Loi concernant
l'identité numérique nationale et modifiant d'autres dispositions...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Pardon, excusez-moi, M. le leader adjoint du gouvernement. Collègues, je me
permets de vous faire le rappel que les travaux sont en cours. Je vous
demanderais de quitter l'enceinte, s'il vous plaît, en toute discrétion. S'il
vous plaît! Les travaux sont en cours. M. le leader adjoint du gouvernement,
poursuivez.
M. Lévesque (Chapleau) : Donc,
comme je le disais, donc, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 15 heures à 18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de l'aménagement du
territoire va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 86, la Loi
visant à assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30,
à la salle Pauline-Marois;
La Commission des transports et de l'environnement
va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 81, la Loi modifiant
diverses dispositions en matière d'environnement, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'économie et du travail
va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 87, la Loi concernant
principalement le développement et la mise en valeur de terrains industriels et
la gouvernance de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour,
aujourd'hui, de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le leader adjoint du gouvernement. J'inviterais les collègues qui
doivent quitter de le faire, s'il vous plaît, en toute discrétion. Les travaux
sont en cours.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Avis de sanction du
projet de loi n° 213
À la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée, je vous informe qu'il y aura sanction du projet de loi
n° 213, Loi concernant certains immeubles situés dans la Municipalité de
Dixville, aujourd'hui, à 11 h 30, au bureau de Son Honneur la
lieutenante-gouverneure.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : M.
le Président, je vous demanderais d'appeler l'article 2 du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 90
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 2 du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des
Communications propose l'adoption du principe du projet de loi n° 90, Loi
reconnaissant le hockey sur glace comme sport national du Québec et concernant
les référents culturels nationaux. Je reconnais M. le ministre de la Culture et
des Communications.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, effectivement, nous sommes rendus à l'étape de l'adoption
du principe du projet de loi n° 90, Loi reconnaissant le hockey sur glace
comme sport national du Québec et concernant les référents culturels nationaux,
sur lesquels j'aurai l'occasion de revenir dans quelques minutes.
Avant toute chose, bien sûr, je voudrais
remercier de leur contribution quelques personnes, c'est-à-dire le personnel du
ministère de la Culture et des Communications, tous les intervenants concernés
par ce projet de loi, de même que les équipes du loisir et du sport du
ministère de l'Éducation ainsi que le secrétariat du Conseil du trésor, qui ont
toutes collaboré à ce que nous vous avons présenté.
Le projet de loi n° 90, que j'ai
déposé le 6 février, comporte deux objectifs principaux : d'abord,
reconnaître le hockey sur glace comme étant le sport national du Québec et
introduire dans la Loi sur le patrimoine culturel la notion de référents
culturels <nationaux...
M. Lacombe :
...Québec
et introduire dans la
Loi sur le patrimoine culturel la notion de
référents culturels >nationaux.
S'il est adopté, dans le cadre du premier
volet, le projet de loi prévoit aussi la création d'une journée nationale du
hockey sur glace, qui aurait lieu le premier samedi de février à chaque année.
Les racines historiques et culturelles du hockey sur glace sont profondes au
Québec. C'est chez nous qu'il est devenu le sport moderne que l'on connaît
aujourd'hui. En 2008, la Fédération internationale de hockey sur glace a
d'ailleurs reconnu que le tout premier match organisé de hockey sur glace a eu
lieu à Montréal, le 3 mars 1875, donc, il y a presque exactement
150 ans.
Avec le temps, le hockey sur glace est
devenu plus qu'un sport. C'est devenu un lieu d'expression de l'identité
nationale des Canadiens français puis des Québécois. Beaucoup de nos joueurs et
de nos joueuses ont été élevés au rang de héros nationaux et font toujours la
fierté des Québécoises et des Québécois — quelques noms seulement :
Joe Malone, Maurice Richard, Jacques Plante, Jean Béliveau, Guy Lafleur, Mike
Bossy, Mario Lemieux, Patrick Roy, Marie-Philip Poulin, Caroline Ouellette,
Manon Rhéaume, des figures incontournables du hockey sur glace qui ont fait
rêver le Québec. Elles ont inspiré beaucoup de jeunes à suivre leurs traces.
D'un point de vue historique, le hockey
sur glace a souvent constitué, pour les Québécoises et les Québécois, une
transposition de leur lutte nationale et un lieu d'expression de revendications
sociales. Pensons seulement à l'émeute du Forum en 1955, avec Maurice Richard
comme personnage principal, cet événement que plusieurs considèrent d'ailleurs
comme un des éléments déclencheurs de la Révolution tranquille.
• (11 h 10) •
Il fait aussi partie intégrante de notre
culture. Plusieurs de nos œuvres d'art, de nos films, de nos chansons, de nos
livres, par exemple, s'inspirent du hockey sur glace. Plusieurs de nos
expressions y réfèrent aussi. Je pense notamment, et vous pourriez en ajouter,
aux expressions «accrocher ses patins», «travailler fort dans les coins», «donner
son 110 %», «être un joueur de premier trio», «patiner sur les bottines»,
«niaiser avec la puck», «faire une passe sur la palette». Ce sont des
expressions ancrées dans notre culture, et on les entend régulièrement, autant
dans la sphère privée que dans la sphère publique. La compétition
d'improvisation théâtrale qu'est la Ligue nationale d'improvisation, la LNI,
qui a été créée chez nous au Québec aussi, elle s'est grandement inspirée de la
partie de hockey.
Le hockey sur glace occupe également une
grande place dans l'espace social. Il est pratiqué dans toutes les régions du
Québec, autant dans les centres urbains que dans les communautés rurales.
Au-delà des ligues organisées ou professionnelles, il y a sur tout le
territoire des ligues amicales pour tous les âges, pour tous les calibres. Le
hockey sur glace permet de socialiser, de bouger, de profiter de l'hiver. C'est
aussi une formidable activité d'intégration. On en parle souvent, il n'y a rien
de mieux que de déneiger ensemble une patinoire un jour de tempête, comme
celles qu'on connaît ces temps-ci, et de jouer une partie de hockey pour
intégrer des jeunes nouveaux Québécois. Une autre preuve de la vitalité du
hockey sur glace au Québec, le nombre important d'arénas et d'autres
infrastructures où on peut pratiquer ce sport et d'organisations aussi qui
encadrent sa pratique.
Je pense que je peux, donc, affirmer sans
me tromper que tous les Québécois ont des souvenirs en lien avec le hockey, peu
importe leur forme. Mais, malgré son empreinte forte sur notre culture, et même
si le hockey sur glace est, dans les faits, considéré depuis longtemps, dans
l'esprit des Québécois, comme étant le sport national, il n'existe aucune
reconnaissance officielle de l'État québécois à cet effet. C'est ce qu'on veut
corriger avec ce projet de loi.
Je pense qu'il est grand temps de
reconnaître officiellement la place fondamentale que ce sport occupe dans notre
société, dans nos traditions, dans nos valeurs, dans notre identité. Il fait
partie de notre patrimoine culturel. Ce projet de reconnaissance du hockey sur
glace comme notre sport national fait d'ailleurs écho à la première
recommandation du rapport déposé en mars 2022 par le Comité québécois sur le
développement du hockey. Ce groupe d'experts avait été mandaté par le
gouvernement du Québec pour établir un état de situation du sport et proposer
des solutions pour en assurer le développement.
Donc, voilà, M. le Président, pour le
premier volet du projet de loi n° 90. Le deuxième, quant à lui, prévoit
introduire la notion de référent culturel national dans la Loi sur le
patrimoine culturel. On entend par référent culturel national un élément de la
culture québécoise forgé dans la tradition, qui caractérise et évoque de
manière singulière un aspect de l'identité culturelle du Québec, qui constitue
un repère largement partagé par les individus de la société et renforce les
liens entre eux, reconnu à ce titre par la loi. On suggère que la
reconnaissance des référents culturels nationaux se fasse par l'adoption d'un
projet de loi à cet effet comme celui que nous présentons aujourd'hui. Le
hockey sur glace deviendrait, par l'adoption de ce projet de loi, le premier
référent culturel national au Québec. Le projet de loi prévoit que le ministre
de la Culture et des Communications pourrait <accorder...
M. Lacombe :
...le
ministre de la Culture et des Communications pourrait >accorder de
l'aide financière et conclure des ententes pour favoriser, entre autres, la
connaissance ou la mise en valeur des référents culturels nationaux.
Par ailleurs, je tiens à préciser que la
reconnaissance du hockey sur glace comme sport national du Québec constituerait
essentiellement un geste de valorisation. Le projet de loi n'a pas d'effet sur
les structures de ce secteur d'activité. Les organismes, les fédérations ou
encore les équipements ne sont pas visés par ce projet de loi.
En conclusion, je suis heureux d'être le
ministre qui présente ce projet de loi pour faire officiellement du hockey sur
glace notre sport national. C'est important pour nous que les Québécois soient
fiers des lieux, des événements, des personnages historiques et bientôt aussi
des référents culturels qui ont forgé l'identité de leur nation, qu'ils aient
envie de les célébrer aussi, d'où notre proposition de créer, dans le cadre de
ce projet de loi, une journée nationale du hockey sur glace.
M. le Président, la Commission de la
culture et de l'éducation va entamer sous peu, dans les prochaines heures,
l'étude détaillée du projet de loi n° 90. Je suis
convaincu qu'avec la bonne collaboration de ses membres, et puisque le projet
de loi n'a seulement que six articles, on va pouvoir le faire cheminer très
rapidement.
J'invite donc, M. le Président, les
membres de l'Assemblée à adopter le principe du projet de loi n° 90,
Loi reconnaissant le hockey sur glace comme sport national du Québec et
concernant les référents culturels nationaux. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le ministre de la Culture et des Communications. Prochaine
intervenante, je reconnais Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
M. le Président. À mon tour, maintenant, M. le Président, de parler de
l'adoption du principe du nouveau projet de loi reconnaissant le hockey sur
glace comme sport national du Québec et concernant les référents culturels
nationaux. Évidemment, c'est... la reconnaissance du hockey comme sport
national, on va se le dire, on ne peut pas être contre ça. Tout le monde, je
crois, au Québec, ont leurs expériences, adorent le sport du hockey. C'est sûr
que c'est répandu partout au Québec, et moi-même, je peux... j'ai mon
expérience personnelle, M. le Président, parce que j'ai été une de ces mères,
avec mon jeune garçon qui était gardien de but. On le dit toujours parmi les
parents, que les parents qui sont des parents de gardien de but, qu'il faut
avoir une bonne personnalité, assez forte, parce qu'on ne sait jamais. Évidemment,
quand tu perds ton match, d'habitude, on regarde le gardien de but, mais, quand
on gagne, par exemple, c'est toute l'équipe qui gagne, et c'est bien vu.
Et donc, oui, pour l'adoption du principe,
M. le Président, notre formation politique va voter pour, mais, vous savez,
lorsqu'on regarde le projet de loi, oui, il y a seulement six articles, et on
parle, oui, d'une reconnaissance qu'on veut... une reconnaissance que le hockey
sur glace va être le sport national du Québec. On va le prévoir dans le projet
de loi, la Loi qui modifie la loi sur le patrimoine culturel, pour y inclure la
notion de référent culturel national. Et donc, dans le projet de loi, on va
confirmer que le hockey sur glace est un référent culturel national.
Ceci dit, M. le Président, quel est
l'objectif réel de ce projet de loi? Pourquoi, à ce moment-ci, est-ce que le
ministre de la Culture, compte tenu du contexte économique dont nous vivons
actuellement et aussi la crise sans précédent dans l'écosystème culturel... je
vais y arriver dans quelques instants, mais pourquoi en ce moment? Je peux
comprendre qu'on va fêter le 150e anniversaire du premier match officiel
du hockey qui a eu lieu à Montréal, et, ça, je peux très bien le comprendre,
qu'il va y avoir des célébrations, commémorations, et tout ça, liées à cet
événement, mais on n'avait pas besoin d'un projet de loi pour ça.
Et là, M. le Président, j'aimerais
regarder l'aspect qui est aussi important dans ce projet de loi pour déterminer
où on s'en va avec, finalement, cette reconnaissance, qui va... les
conséquences, si je peux dire, du projet de loi, et qui va pouvoir en <bénéficier...
Mme Garceau :
...qui
va... les conséquences, si je peux dire, du projet de loi et qui va pouvoir en >bénéficier.
Parce que, là, le projet de loi définit la notion de référent culturel national
comme, notamment... Un référent «doit être reconnu par la loi. Il donne de plus
au ministre le pouvoir d'octroyer des subventions — et je veux miser
là-dessus, M. le Président, "d'octroyer des subventions" — et
de conclure des ententes dans le but de favoriser la connaissance ou la mise en
valeur des référents culturels nationaux.»
Donc, je comprends du ministre qu'il vient
tout juste de définir, si je peux dire, le but de favoriser... qu'est-ce que ça
veut dire, «favoriser la connaissance», on veut... ça va être un geste de
valoriser le hockey. Ça, c'est une chose. La mise en valeur des référents
culturels nationaux, de la façon qu'on va le faire, on va voir en étude
détaillée quels sont les objectifs du ministre à cet égard.
Mais où le bât blesse, M. le Président,
concernant ce projet de loi, c'est qu'il n'y a pas d'enveloppe budgétaire, il
n'y a pas de crédit additionnel en ce qui a trait aux subventions que peut-être
le ministre va pouvoir octroyer à différents organismes. Il va conclure des
ententes avec qui? On n'a pas de détail. Donc, ça, on va l'étudier en période,
évidemment, d'étude détaillée. Mais il est clair, d'après le mémo au Conseil
des ministres, que ce projet de loi n'a aucune implication financière, n'a
aucun budget. Et donc, si le ministre veut octroyer des subventions pour
valoriser ou mettre en valeur le hockey comme sport national ici, au Québec, où
va-t-il prendre l'argent pour le faire? C'est la question que je pose au
ministre.
• (11 h 20) •
Parce que, là, d'après le mémo au Conseil
des ministres, et je vais le citer, M. le Président, pour que ça soit clair, au
paragraphe 8 : «Le projet de loi lui-même ne prévoyant aucun budget
spécifique et aucun objectif précis au-delà de la reconnaissance, l'adoption de
mesures de suivi et d'évaluation n'est pas considérée pertinente.»
Paragraphe 9 : «La proposition ne comporte pas d'implication
financière. Le ministre de la Culture et des Communications pourra toutefois
conclure des ententes et accorder de l'aide financière à même ses crédits — donc,
à même son budget en culture, actuel — notamment pour favoriser la
connaissance et la mise en valeur des référents culturels nationaux, dont le
hockey sur glace.» On va le regarder. Je vais poser plusieurs questions, M. le
Président, au ministre.
Nous commençons demain l'étude détaillée,
mais j'espère et j'ose croire que, compte tenu de la crise sans précédent dans
le milieu culturel, actuelle, au Québec, dont il est complètement au parfum des
faits, et des doléances, et des revendications, que ce soit du Front commun
pour les arts, que ce soit de la grande... tous les groupes qui font partie de
la grande mobilisation pour les arts au Québec, qui vont avoir une autre
manifestation... Ça va être la quatrième manifestation, M. le Président,
samedi, le 22 février. Il va y avoir des manifestations partout à travers
le Québec, le 22 février, encore une fois, pour aller chercher l'écoute du
ministre, parce qu'il y a des coupures en culture. Les artistes n'arrivent pas
à rejoindre les deux bouts.
On est en train, en ce moment... parce
qu'il n'y a pas eu d'indexation du Programme du Soutien à la mission, on parle
de 446 organismes culturels qui souffrent en ce moment, là, M. le
Président, on est en train d'annuler des spectacles, annuler certaines
programmations, partout dans les régions. Même le musée de Rimouski a
dit : Bien là, nous, on va... pour une période déterminée, on va fermer.
On a décidé aussi de retirer la <gratuité...
Mme Garceau :
...on
va... pour une période déterminée, on va fermer. On a décidé aussi de retirer
la >gratuité des dimanches, qui était quand même une mesure libérale,
depuis plusieurs années, qui était très, très populaire, encore des coupures.
Et donc on est... En culture, on est en
crise. On a des revendications très importantes en termes d'augmentation du
budget pour arrêter, comme la présidente de l'UDA a dit, l'hémorragie en
matière de culture. On a les membres des conseils régionaux de la culture qui
sont venus le mentionner, ils l'ont confirmé, on a besoin d'aide en ce moment.
On n'a pas l'écoute du ministre. On a besoin qu'il agisse, qu'il nous aide.
Même moi, la semaine passée, M. le Président, j'ai sorti avec une annonce d'une
mesure urgente en ce moment, là, pour les aider, parce que, là, la
programmation, surtout dans les théâtres, est en péril. On est en train, là, de
regarder... On ne pourra pas faire toutes nos programmations. Il va falloir
couper. L'offre culturelle est en train de diminuer.
Et donc on est dans une situation où on
doit agir, et là on arrive avec ce projet de loi, en termes de... Je ne sais
pas si c'était le bon moment de le déposer, le projet de loi, compte tenu du
contexte économique, surtout dans le domaine de la culture. Oui, on va être favorables
à cette reconnaissance du hockey comme sport national, en termes... du Québec,
mais, pour le reste, M. le Président, je vais avoir plusieurs questions à
poser au ministre, parce qu'il a mentionné que, oui, ça vient de la... Ce
projet de loi émane de la recommandation-phare du comité. Il y a eu un comité
qui a été mis en place par le gouvernement caquiste en 2021, qui est sorti avec
un rapport au mois de mai 2022, c'était le Comité québécois sur le
développement du hockey, Le hockey, notre passion. On voulait... On a
étudié... Il y avait 17 experts, M. le Président, qui ont assisté à des
séances de travail pour voir, pour étudier, pour déterminer comment est-ce
qu'on peut faire valoir le hockey, comment est-ce qu'on peut le rendre plus
accessible à nos jeunes, parce que nous le savons, M. le Président, que le
hockey, maintenant, c'est devenu de moins en moins accessible aux familles en
raison des coûts, les coûts associés juste à l'équipement.
Puis je ne vais pas vous dire combien j'ai
dépensé pour mon garçon qui est allé de, je ne sais pas, là, cinq pieds à
six pieds et cinq, O.K., en termes de coût de jambières, les bâtons, et
tout ça. À un moment donné, si on veut reconnaître le hockey... On est pour ça,
là, la reconnaissance comme sport national, mais il faut quand même, après ça,
dire : Bien là, comment on va développer... comment est-ce qu'on va rendre
le hockey plus accessible à nos jeunes? Parce que ça devrait être ça,
l'objectif, au bout du compte, parce que c'est un beau sport. C'est un sport...
Puis je l'ai vu avec mon garçon, j'ai vu... avec ses amis, il y a de la
discipline, il y a un sentiment d'appartenance. Ça nous... Ça les motive aussi
à continuer leurs études. Il y a beaucoup de bénéfices liés au hockey. Puis
c'est une activité physique. On bouge, c'est bon pour la santé. Il y a toutes
sortes de choses qui font en sorte qu'on devrait, oui, l'encourager, élaborer
des politiques afin que le hockey soit plus accessible à nos jeunes.
Et je pense que... et j'ose croire, M. le
Président, qu'on va avoir cette discussion lors de l'étude détaillée pour
déterminer une augmentation des crédits afin de pouvoir mettre en œuvre,
vraiment le mettre en œuvre, le hockey, comme sport national, pour venir aider
les familles, pour que les parents puissent avoir de l'argent dans leurs poches
pour payer pour les patins, puis les bâtons, puis pour aller... C'est tellement...
C'est le fun d'aller... les tournois à l'extérieur du <Québec...
Mme Garceau :
...pour
aller... c'est tellement... c'est le fun d'aller... les tournois à l'extérieur
du >Québec. On est fiers, on a nos équipes du Québec, on joue contre des
équipes de l'Ontario, des fois des États-Unis. On est fiers de ça, comme
parents, de faire partie de... On fait partie de l'équipe aussi, là, et ça
exige beaucoup de sacrifices des parents pour... compte tenu des coûts mais
aussi du temps. On doit, des fois, prendre des congés de vacances, et tout ça,
pour aller à ces tournois. Donc, j'espère que le ministre, lorsque nous allons
avoir cet échange, cette conversation en ce qui a trait à... Ça ne peut pas
être juste une reconnaissance symbolique, cette question de... que le hockey
soit notre sport national.
On avait, M. le Président, dans le rapport
dont j'ai mentionné, le comité, et je cite également, il y avait une citation,
suite au dépôt du rapport de la ministre, à ce moment-là, ministre responsable de
la Condition féminine, mais aussi Sport et Loisir, qui mentionnait que, oui, on
s'engage à évaluer le rapport et on va y donner suite, mais il y avait huit
autres recommandations, M. le Président, pas juste l'aspect de hisser le hockey
au rang de sport national du Québec, mais il y avait aussi une recommandation
très, très importante, et je vais miser là-dessus, c'est de rendre le hockey
accessible pour tous.
• (11 h 30) •
Et aussi, compte tenu que je suis
porte-parole en condition féminine, je dois le mentionner qu'il y a eu une
grande évolution, une grande émergence du hockey féminin, et là nous avons la
ligue professionnelle. La Victoire, nous en sommes fiers. Mais je me souviens,
quand mon garçon avait commencé à jouer au hockey, puis ça, c'était... là, je
sais qu'ils ont changé, là, mon collègue de Marquette... ça démontre... ça fait
un certain temps que j'étais là-dedans, mais là le prénovice, et novice, et
tout ça, puis là je comprends, c'est M7, M9, M11, donc, quand j'étais dans les,
oui, M7, M9, M11, mon garçon jouait avec des filles, il était le gardien de
but, mais à la défense, là, d'habitude, c'étaient des filles, puis je dois vous
dire qu'ils protégeaient mon gars, ils étaient extraordinaires, ces filles-là,
et je trouvais, dans un certain sens, que c'était regrettable, parce qu'à ce
moment-là il n'y avait pas assez de filles qui jouaient au hockey, et donc les
filles devaient jouer avec les garçons.
Là, je comprends, dans certaines régions,
mon collègue va me corriger, si j'ai tort, mais il y en a, des... de plus en
plus, à ce jeune âge, parce que c'est là, hein, où on apprend, dans les...
comme le M7, M9, il y a de plus en plus, là, d'équipes féminines, avec des
jeunes filles, et là c'est... mais il y en a, dans d'autres régions, où c'est
encore mixte, et donc il y a peut-être un travail à faire là-dessus, parce que
je sais que de plus en plus de filles s'inscrivent pour jouer au hockey, elles
adorent le hockey, et donc on veut les encourager, c'est sûr et certain.
Et donc ça, c'était une des
recommandations, aussi, phare, je dirais, et je crois que, comme
parlementaires, si, vraiment, on veut, comme on dit, mettre un peu de mordant
dans le projet de loi, il faudrait regarder tout cet aspect d'accessibilité à
nos jeunes, M. le Président.
Donc, sur ce, je vais céder la parole à
mon collègue et j'ai très hâte à nos discussions et échanges, demain, afin de
pouvoir bonifier ce projet de loi, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Robert-Baldwin.
Je vous informe qu'un débat de fin de
séance se tiendra demain, le jeudi 20 février 2025, à 13 heures,
sur une question adressée par M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve à M. le
ministre du Travail concernant la protection du droit de grève des
travailleuses et des travailleurs du Québec.
Nous poursuivrons avec l'adoption du
principe du projet de loi n° 90, et je reconnais Mme la députée de
Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Oui, merci
beaucoup. Merci, M. le Président. Donc, je profite de l'occasion pour
intervenir sur le projet de loi n° 90. Je vais le dire d'emblée, c'est un
projet de loi qui a... qui est... qui a vraiment eu un effet, un impact dans le
comté de Vaudreuil, assez <important...
>
11 h 30 (version révisée)
< 15439
Mme Nichols :
...qu'il
y a vraiment eu un effet, un impact dans le comté de Vaudreuil, assez >important.
Les gens ont fait : Hein? Un projet de loi pour reconnaître le hockey sur
glace comme sport national? Cool! C'est vraiment la réaction qu'on a eue au
bureau de comté de Vaudreuil.
Puis, bien, vous comprendrez que je prends
cette fenêtre-là, je prends cette opportunité-là pour intervenir puis rappeler
que, quand on dépose un projet de loi, bien, on s'attend à ce qu'il y ait
des... tu sais, qu'on... On dépose un projet de loi, on s'attend à une certaine
logique qui va avec le dépôt du projet de loi, c'est-à-dire qu'il doit y avoir
une cohérence, il doit y avoir une logique, vraiment une logique avec le projet
de loi n° 90, c'est-à-dire qu'on dépose un projet de loi, c'est souvent
pour régler une problématique. C'est souvent pour trouver une solution à un
enjeu. Ça ne peut pas être juste comme ça qu'on dépose un projet de loi, pour
se dire : C'est le fun. C'est le fun, notre sport national, on le
reconnaît, puis ça finit là. Non. Il y a des impacts. La preuve, je vous l'ai
dit, les gens appellent au bureau de comté, les gens sont contents qu'on
reconnaisse le sport national, mais, après ça, ils disent : C'est le fun,
mais on va le pratiquer comment dans Vaudreuil? On n'a pas d'infrastructure
sportive dans le comté de Vaudreuil.
Puis je regarde, là, ici, au salon rouge,
parce qu'il y a plusieurs ministres qui ont été interpelés, ce n'est pas la
première fois que j'en parle, M. le Président... Le député de Marquette a aussi
été sollicité, parce que le député de Marquette, il vient de Pincourt. Il vient
de Pincourt, puis là je lui fais un petit clin d'œil, puis je le salue. Il le sait,
les élus l'ont aussi sollicité, les élus de mon comté l'ont aussi sollicité
pour lui dire, tu sais : Peux-tu nous donner un coup de main? Tu es
porte-parole de l'opposition officielle en matière de sport, loisir, peux-tu
nous donner un coup de pouce?
Je regarde aussi de l'autre côté. La
ministre des Affaires municipales, elle est venue faire une annonce en octobre
dernier. Puis je la remercie parce qu'elle a eu la gentillesse de prendre le
temps de rencontrer les élus après avoir annoncé une subvention pour une
caserne de pompiers, la quatrième sur l'île, parce qu'il y a quatre villes sur L'Île-Perrot.
Les quatre ont leur caserne de plusieurs millions de dollars, mais il n'y a
aucune infrastructure sportive. Donc, on annonce une caserne de... bien,
écoutez, c'est... le programme, c'était le... je ne me souviens pas, le PRACIM,
de mémoire, là. Ça fait que c'était un programme pour des infrastructures, pour
une nouvelle caserne de pompiers, mais, quand on arrive à des infrastructures
sportives, bien, on n'est pas là.
Puis pourtant ce n'est pas parce qu'il n'y
a pas de projet de déposé, là, M. le Président, là. Au PAFIRSPA, le programme d'infrastructures
sportives, la ville de Pincourt... En fait, je vais vous le... Je vais rentrer
dans les détails. J'ai le temps, là, j'ai 20 minutes, là, pour vous en parler.
Le comté de Vaudreuil, c'est sept municipalités. Il y a quatre municipalités
sur L'Île-Perrot qui représentent plus de 40 000 de population. 40 000
de population. Il y a entre huit et neuf écoles primaires, il y a une école
secondaire qui s'appelle le Chêne-Bleu. À côté de l'école secondaire du Chêne-Bleu,
il y a une infrastructure puis il y a eu des problèmes juridiques. Mais il y a
déjà eu une bonne volonté, des gens, un rassemblement, puis je ne veux pas
nommer de noms, mais ça n'a pas fonctionné. Il y a eu une certaine compétition.
Ça, c'est un dossier qui a été judiciarisé. La ville a rajouté l'infrastructure
qui devait être un aréna, super bel aréna, M. le Président. Je pourrais même
vous montrer à l'écran, là, des photos, là. L'infrastructure est en place, là.
Elle est en place. Elle n'est pas... L'intérieur est magnifique, là. L'intérieur
a des poutres. Il manque juste un petit peu de sous pour aller plus loin puis
compléter cette infrastructure-là.
Ce pourquoi les quatre villes de L'Île-Perrot,
Terrasse-Vaudreuil, Notre-Dame-de-l'Île-Perrot, L'Île-Perrot et Pincourt, se
sont mis ensemble pour déposer le projet au PAFIRSPA, le projet qui voulait,
dans le fond... à compléter cette infrastructure-là, parce qu'il est, entre
autres, situé à côté d'une école secondaire, mais parce qu'il y a un besoin sur
l'île. Il y a du sport-études à l'école secondaire du Chêne-Bleu, en hockey, et
les jeunes vont où? Les jeunes vont à Saint-Anne-de-Bellevue, les jeunes vont à
Vaudreuil-Dorion, les jeunes vont à Valleyfield, en sport-études, là, sur du
temps du sport-études, là. Les jeunes vont à Valleyfield, 80 kilomètres,
aller-retour, pour pratiquer le sport national qui va être le hockey sur glace.
C'est incompréhensible.
Puis la situation a changé. Je vais vous
revenir avec l'historique du bâtiment à Pincourt, là, mais la situation a
changé, puis elle est critique depuis les derniers mois, parce que l'aréna à
Saint-Anne-de-Bellevue, qui est vraiment, là, à proximité de L'Île-Perrot,
l'aréna à Sainte Anne-de-Bellevue, ville natale du premier ministre… L'aréna à
Sainte-Anne-de-Bellevue a fermé pour cause de désuétude. Donc, il n'est plus
fonctionnel, il est fermé. J'ai eu des appels au bureau de comté, M. le
Président, là. Les ligues de garage, les ligues, là, les citoyens qui vont
jouer, qui se rencontrent le mercredi soir, ils n'ont plus de glace.
Bien, le sports-études s'est retourné de
bord puis a vérifié… parce que c'est le jour, ils peuvent… mais les ligues de
garage, là, ils appellent au bureau puis ils disent : On fait quoi? On n'a
pas de place, on n'a plus d'endroit où aller. Le sports-études s'est retourné
de bord, ils se sont envoyés... ils se sont en allés à Valleyfield. Bien, même
à Valleyfield, là, le député de Beauharnois, là… il va être sollicité, le
député de Beauharnois, parce qu'à Valleyfield, là, il n'y en aura plus,
d'heures, à un moment donné. La députée de Soulanges, là… Elle va être
sollicitée aussi, la députée de Soulanges. Pourquoi? Parce que ses étudiants
viennent en sports-études dans le comté de Vaudreuil.
Ça fait que je sollicite aussi leur appui,
leur coup de pouce, pour dire : Bien, il faudrait peut-être prévoir
quelque chose, prévoir un programme rattaché au projet de loi n° 90,
en disant : Bien oui, on va en avoir un, programme de soutien financier.
Puis ce n'est pas que ça n'existe pas, là. Ça existe, parce que, récemment,
j'ai vu que la ministre responsable du Sport et du Loisir et du Plein air,
évidemment, a envoyé une lettre, le 4 février dernier, au maire de Victoriaville,
lui disant que la ville pourrait bénéficier d'une aide financière maximale
équivalant à 100 % des coûts admissibles, 6 millions, afin de
réaliser le projet de construction d'un complexe multifonctionnel, et ce, dans
le cadre du Programme de soutien aux infrastructures pour les Jeux du Québec.
Ça fait qu'il y en a un, il y a un programme.
Une voix : ...
Mme Nichols : Bien oui, ça a
rapport. Bien certainement que ça a rapport, parce que moi... Bien, c'est parce
que peut-être que vous avez manqué la phrase précédente, mais ce que je dis,
c'est que le projet de loi n° 90 peut être rattaché à
un programme de financement pour être complémentaire à ce qu'on veut,
c'est-à-dire à créer... à ce que le hockey devienne notre sport national, oui,
mais qu'on mette en place du financement pour dire : Écoutez, regarde, ça
va justement dans le cadre du projet de loi n° 90.
On reçoit les Jeux du Québec, on fait la
même chose. On a mis en place un programme de soutien aux infrastructures pour
les Jeux du Québec. Donc, pourquoi qu'on ne ferait pas un programme de soutien
financier pour notre sport national qui est le hockey sur glace? Pourquoi pas?
Ça, c'est du ressort du gouvernement. Puis je ne veux pas dire que les
représentations pour l'équipement… Tu sais, c'est vrai que c'est cher,
l'équipement. Les bagarres au hockey, oui, mais ça, est-ce que c'est du ressort
du gouvernement? Certainement qu'ils ont un mot à dire. Bien, ici, le
financement des infrastructures, c'est directement lié aux fonctions… c'est
directement lié à la partie gouvernementale, qui doit poser des gestes pour que
ça soit cohérent.
Donc, M. le Président, je le réitère, le
comté de Vaudreuil, les étudiants, les ligues de garage, le patin artistique...
Puis je fais une parenthèse sur le patin artistique parce que je viens d'avoir
Maxime Deschamps, un grand patineur artistique de Vaudreuil-Dorion, qui est
d'ailleurs en compétition internationale en Corée du 19 au 25 février prochain.
Bien, c'est parce qu'ils ont eu du temps de glace dans des arénas comme
Vaudreuil-Dorion, parce qu'ils avaient la possibilité de pratiquer à
Vaudreuil-Dorion. Bien, les jeunes de L'Île-Perrot, ils n'en ont pas. Ils n'en
ont pas, d'endroit. Il n'y a pas d'infrastructure de disponible pour eux. Ça
fait qu'il y a certainement un lien hyperimportant à faire avec tout ça.
Je me pose... Je ne veux pas revenir,
parce qu'à chaque fois que je parle du PAFIRSPA, la ministre se lève puis elle
me répond qu'il y a beaucoup de projets qui sont déposés, puis que l'enveloppe,
bien, tu sais, l'enveloppe n'est pas assez grande puis que… Je pense qu'on
parlait, je ne m'en souviens pas, là, sur 10 ans, là, de 1,5 milliard, je
pense, sur 10 ans. C'est clair que ce n'est pas suffisant. J'en conviens avec
la ministre, bien oui, on a des limites budgétaires, puis, oui, on peut
faire... tu sais, oui, il y a des limites, mais, s'il y a des limites, pourquoi
on dépose un projet de loi pour faire du hockey un sport national, mais qu'on
n'a pas les sous pour faire les infrastructures qui viennent avec? C'est là,
moi… C'est là où je n'adhère pas, M. le Président.
La ville de L'Île-Perrot a déposé deux
fois les demandes au PAFIRSPA, pour le Programme d'aide financière aux
infrastructures récréatives, sportives et de plein air, puis, à deux reprises,
le projet a été refusé. Un projet qui a été refusé alors que ça vient répondre
aux besoins de 40 000 citoyens, alors qu'il y a quatre municipalités
qui se mettent ensemble pour déposer ce projet-là, alors qu'il y a
11 partenaires qui souhaitent convertir une structure existante dans un
centre sportif multifonctionnel. En plus, le centre peut même être aménagé pour
accueillir des événements culturels qui peuvent rassembler jusqu'à
1 900 personnes. Donc, il y a même une double fonction. Le projet
pourrait bénéficier non seulement aux 40 000 citoyens, mais également
aux communautés environnantes.
Puis, en plus, le bonus de ce projet-là...
parce que je pense que ce projet-là mérite qu'il soit réévalué puis mérite
qu'on le regarde, maintenant, avec... je vais dire avec des yeux différents,
avec des yeux... des yeux où on est inquiets pour nos jeunes, parce que, nos
jeunes, on veut qu'ils pratiquent. On a le sport-études. Moi, je me suis battue
pour garder le sport-études. Le député de Marquette m'a aidée aussi, on a
marché dans les rues, sur L'Île-Perrot, on a fait les représentations au
ministre de l'Éducation. On l'a gardé, notre sport-études. Bon, il y a eu
des... il y a quand même eu certaines modifications, mais, bon, on l'a, notre
sport-études, nos jeunes pratiquent leur sport-études. Puis là, bien, on a une
infrastructure, à côté de l'école, qui est inachevée.
Alors, je pense que ça mérite qu'on mette
des efforts supplémentaires ou, du moins, qu'on regarde ce projet-là avec un
œil différent, l'oeil du projet de loi n° 90, je vais le dire comme ça. Mais je
pense que ça mérite une attention particulière relativement... parce que c'est
un fait nouveau. C'est un fait nouveau. En droit, on le dit souvent, là, on
peut intervenir quand il y a un fait nouveau. Bien, il y en a un, fait nouveau.
En fait, il y en a deux : il y a la fermeture de l'aréna de
Sainte-Anne-de-Bellevue puis, deux, il y a le projet de loi n° 90.
Donc, il y a une grande ouverture, de la
part des quatre municipalités de l'île, à ce qu'on s'assoie ensemble, qu'on
regarde différents modes... qu'on regarde ensemble différents modes de
financement. Bien, c'est sûr qu'il y en a, différents modes de financement.
Donc, les municipalités sont ouvertes, sont prêtes à faire leur petit bout de
chemin là-dessus.
Et ce pourquoi... D'ailleurs, là, la
semaine passée, j'ai déposé une lettre de la ville, du maire de Pincourt, qui
fait une demande de rencontre... parce que les élus, les élus municipaux ont
une certaine responsabilité aussi puis ils ont de la pression de leurs
citoyens, ils ont des pressions des familles. Tu sais, les familles doivent
aussi voyager les enfants à l'extérieur de la région pour que l'enfant puisse
pratiquer son sport. Donc, les élus municipaux ont beaucoup de pression, ce
pourquoi ils m'ont dit : Bien, Marie-Claude, peut-être qu'on pourrait
déposer une lettre avec une demande de rencontre au premier ministre, le
premier ministre serait peut-être plus sensibilisé. Parce que, quand on parle
de Sainte-Anne-de-Bellevue, il est natif de Sainte-Anne-de-Bellevue, il connaît
la réalité aussi, parce qu'il vient du coin. Il connaît la réalité. Ça fait que
les élus municipaux se disent : Bien, c'est peut-être là, la solution.
Parce qu'on a quand même trois ministres qui sont venus voir, constater, là, la
situation. Le ministre de l'Éducation est venu, la ministre des Affaires
municipales est venue.
Alors, la semaine passée, le
10 février, j'ai déposé cette demande de rencontre là pour le
parachèvement du centre sportif de L'Île-Perrot. Je remercie, d'ailleurs,
l'équipe... la ministre et l'équipe de la ministre du Loisir... du Sport et du
Loisir, laquelle a répondu de façon positive. Il y aura une rencontre
d'organisée, là, prochainement pour qu'on puisse en discuter et on verra s'il y
a une attention particulière ou s'il y a des pistes de solution qu'on pourrait
mettre de l'avant afin que nos jeunes ne se voient pas privés de la pratique de
leur sport et que ça soit le... Ce n'est pas juste... Là, c'est sûr qu'on parle
du hockey comme un sport national, le hockey sur glace, mais il y a quand même
aussi le patin artistique, il y a nos ligues de garage, il y a... Ces
infrastructures-là sont des milieux de vie importants pour les communautés.
Donc, M. le Président, je pense que c'est
mon devoir... en fait, je suis convaincue que c'est mon devoir de me lever ici
aujourd'hui, au salon rouge, pour transmettre, entre autres à la partie gouvernementale,
les conséquences... ou, en fait, les demandes qui sont, comme je disais en début,
tant l'effervescence autour du projet de loi n° 90, mais aussi les
attentes de la population en lien avec ce projet de loi là. Le ministre...
j'écoutais le ministre tantôt, qui disait que ce projet de loi là est, en fait,
entre autres, une référence culturelle, mais, tu sais, ça ne veut rien dire,
être une référence culturelle pour les citoyens qui veulent juste des arénas
pour pouvoir pratiquer leur sport.
Donc, je le réitère, M. le Président, il y
a une certaine cohérence à avoir dans tout ça. Donc, moi, je me fais un devoir
de faire les représentations pour la population de Vaudreuil dans ce sens-là.
Et je serai présente pour la suite des choses et en espérant, sincèrement...
J'ai l'impression de casser les oreilles du gouvernement, mais ce que je veux
surtout qu'on revienne... qu'on retienne, c'est qu'il y a des jeunes qui ont ce
besoin-là, là. Il y a des jeunes, là, qui, depuis un mois, ne peuvent plus
pratiquer ce sport-là. Donc, on a besoin des yeux, on a besoin d'aide. Et c'est
au nom des élus, au nom des familles, au nom des jeunes qui veulent pratiquer
ce sport que je fais les représentations, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la députée de Vaudreuil. Et je cède maintenant la parole à M. le
député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone :Merci beaucoup, M. le Président. Je tiens à remercier la
députée de Vaudreuil qui tient, haut et fort, le projet de l'aréna de Pincourt.
Comme elle a mentionné un peu plus tôt, c'est mon patelin, je suis né là. J'ai
fait tout mon hockey dans la région, malheureusement, ce n'était pas dans ma
ville natale qui est Pincourt. On était obligé de s'expatrier à Vaudreuil. Ce
n'était pas si pire, à l'époque, mais aujourd'hui, avec les conditions des
infrastructures, les gens sont obligés d'aller un peu plus loin.
Et je vous dirai, M. le Président, que,
pour l'aréna de Pincourt... J'ai 54 ans aujourd'hui, si vous saviez...
parce que le projet existait à l'époque, là. On voulait bâtir un aréna quand
j'étais haut comme ça, ça fait longtemps, là, quand j'étais haut comme ça, ça
fait longtemps, et on vendait du chocolat. J'en ai vendu du chocolat, M. le
Président. Ça n'a pas de bon sens. Mon père faisait partie du comité pour
l'aréna, puis, après je ne sais pas combien d'années, une trentaine d'années et
plus, à un moment donné, j'ai reçu un coup de téléphone qui m'a dit... M.
Bessette, que je salue, puis qui m'a appelé puis qui m'a dit : Enrico,
finalement, on va l'avoir, notre aréna. Mais j'ai dit : pas avec l'argent
qu'on a ramassé avec les barres de chocolat. Il dit : Oui, oui, oui, on a
toujours gardé cet argent-là pour bâtir l'aréna, on a l'aréna.
Et là la députée l'a mentionné, on a commencé
le projet, bataille juridique, judiciaire. L'aréna est encore là. Et, je vous
dis, je vais voir mes parents quand même assez souvent, là, et, à chaque fois
que je passe là, j'ai des larmes aux yeux. Ça me fait de la peine de voir une
infrastructure… qui est extraordinaire, là, quand tu rentres, là, avec les
poutres en bois, c'est nouveau, nouvel âge. C'est extraordinaire, de la façon
que ça a été fait, puisque ça avait été bâti aussi pour des concerts également,
alors pour le son. Alors, c'était très, très bien fait. Alors, en espérant que
ce projet-là pourra être reparti.
Je tiens également, M. le Président, à
m'excuser aussi à toute la population du Québec. Alors, on est au… C'est le
meilleur endroit pour m'excuser. J'ai été 18 ans dans les médias et,
pendant 18 ans, comme chroniqueur, analyste, animateur, j'ai dit que le
sport national du Québec était le hockey, ce qui était complètement faux, M. le
Président. Alors, je tiens à m'excuser pour ça. C'était une citation qui était
fausse, mais cependant, on va remédier à ce problème-là. Puis c'est… on le voit
d'un bon oeil, là, de notre côté ici, là, de voir… surtout moi,
personnellement, de voir mon sport être élevé au titre de sport national de ma
province. Écoutez, au pays, ça a déjà été fait, mais de ma province, c'est
extraordinaire. Cependant, j'espère juste que ce titre-là ne soit pas seulement
symbolique, là, que ce ne soit pas seulement un coup de marketing, là.
Tu sais, il y a un poids, là, à désigner
le hockey comme notre sport national. Puis vous m'avez entendu, lors des
dernières semaines, là, de mettre de la pression, parce que c'est mon devoir de
mettre de la pression. O.K., vous voulez monter le hockey au titre de sport
national, mais ça, ça vient avec des responsabilités, là. Puis mes collègues en
ont... ma collègue en a parlé, la collègue de Vaudreuil également en a parlé,
ça vient avec, oui, des infrastructures. Je sais qu'il y a un montant important
qui a été investi, mais ça, il faut le renouveler, là. Il faut en mettre, de
l'argent, là. C'est important que le programme roule chaque année, là, parce
qu'à un moment donné, qu'on mette le montant qu'on voudra, si on ne met pas les
montants nécessaires, bien, ça va devenir de plus en plus désuet, puis on ne
sera jamais capables de rattraper le temps perdu.
Je sais qu'on... que la CAQ, et même la
ministre, a, sur son bureau, les recommandations. Mais, quand on regarde, une
des recommandations, c'est «doter le Québec des infrastructures appropriées au
développement du hockey». Je comprends qu'on veut un aréna, là, dans... une
patinoire dans toutes les villes et villages du Québec. Je comprends que... Tu
sais, on sait tous compter, là. On sait tous compter, puis ça, c'est quand
même... c'est quand même énorme, là, puis je comprends que ça coûterait cher.
Mais, en même temps, on peut avancer et être meilleurs aussi.
Quand je vous disais qu'il ne faut pas
seulement que ce soit symbolique, moi, quand j'ai lu, M. le Président... tu
sais, puis on prend des trucs aussi, là, au fil des années, là. Moi, j'ai pris
le mémoire, là, au Conseil des ministres, là, puis, quand j'ai vu ça, je me
suis dit : Bon, bien, je sais que la ministre a un budget pour le sport,
pour le hockey, puis je me suis dit : Mon Dieu! La culture veut
s'approprier du hockey. Bien, tant mieux, on va avoir deux enveloppes. C'est
extraordinaire, mais je comprends que c'est pour... c'est réservé pour
certaines catégories, là.
Mais quand je vois, ici, au point 8,
hein, là je répète, mémoire au Conseil des ministres, «le projet de loi
lui-même ne prévoyant aucun budget spécifique et aucun objectif précis», entre
parenthèses, au-delà de la reconnaissance, je me suis dit : On fait ça
pourquoi? Pourquoi? Tu sais, on va avoir des questions à poser, là, pendant
l'étude détaillée, là. Tu sais, je comprends, parce que, là, si on regarde
l'historique du hockey, là, avec le gouvernement, là, tu sais, je veux dire, le
rapport de hockey a été déposé dans un moment où on voulait changer le
narratif, là. Ça n'allait pas bien dans les CHSLD. Par la suite, je ne vous
parlerai pas de la game des Kings, M. le Président. Là, ça, ici, pourquoi
ça vient là? Ma collègue, elle l'a amené : Pourquoi ça vient là? Ce n'est
pas qu'on est contre, là, mais on a des questions à poser, là, de savoir
comment... le pourquoi.
Puis beaucoup d'éléments dans ce projet de
loi... Quand on parle, M. le Président, de sport national, là, je vais
juste vous lire ici, là, ça, ça veut dire que... «un sport et une pratique
sportive qui sont au cœur de nos traditions, de nos valeurs puis de notre
identité.» Ça veut dire qu'on va élever le sport. Déjà qu'il était quand même
assez élevé, là, il est quand même important ici, là, on l'élève à un autre
niveau, là. Ça veut dire quoi, là? Ça veut-tu dire qu'on va amener ça partout?
C'est sûr que moi, mon rêve le plus utopique, M. le Président, puis ça, c'est
un projet de société, là, que ça... tout le sport passe par les écoles puis que
ça ne coûte plus une cent, là, pour les parents, là, puis qu'on puisse
démocratiser le sport. Parce que la ministre a même parlé de démocratisation du
sport. Puis je comprends qu'on... ça ne peut pas arriver demain matin, là. On
ne peut pas faire ça demain matin puis même l'année prochaine, là. Tu sais, ça,
c'est un projet de société. Il faut commencer à y penser. Il faut semer des
graines. Il faut le dire. Il faut en parler le plus souvent possible, plus
souvent possible. Puis, à un moment donné, bien, un pas à la fois, on va
peut-être pouvoir y arriver. Est-ce que je vais être encore là, M. le Président?
Je ne le sais pas. Est-ce que je vais être encore vivant? Je ne le sais pas non
plus. Mais selon moi, avec l'expertise que j'ai accrue au cours de ma vie, et
les gens qui m'entourent aussi, c'est pas mal la voie à aller.
Mais ça, ça coûte des sous. Puis, en même
temps, si on élève le hockey au niveau du sport national, je pense qu'on
pourrait peut-être saisir l'opportunité pour en parler encore plus puis semer
plusieurs graines.
Ceci dit, M. le Président, je veux juste
vous lire un élément, quelques... un texte de Stéphane Laporte. Mais avant de
parler du texte de Stéphane Laporte, je vais prendre l'occasion pour dire que,
tu sais, en matière de timing, là, quand on parle de sport, là, puis on parle
de hockey, là, tu sais, je veux dire, ce qui s'est produit depuis hier, là, je
ne peux pas passer sous silence... Puis j'en ai parlé amplement puis je vais en
parler encore aujourd'hui. Tu sais, j'ai déposé une motion aujourd'hui pour
faire attention à nos propos au niveau de faire l'apologie des bagarres. Tu
sais, je veux dire, on a avancé, M. le Président, au niveau de la société puis
au niveau de la société québécoise. Pourquoi qu'on a avancé à ce niveau-là? Parce
que... il y avait deux personnes dans le salon bleu, à l'époque, salon rouge
aujourd'hui, qui avaient la même vision, puis on a avancé à ce niveau-là, puis
on a dit : Les bagarres, là, ça n'a pas de bon sens. Puis même la
ministre, qui a déjà utilisé le mot «barbare»... c'est barbare, effectivement.
Puis là d'entendre, aujourd'hui… bien,
hier, cette semaine, le premier ministre... puis refuser même la motion, j'ai
trouvé ça un petit peu un synchronisme, là, parce que je ne veux pas utiliser
le mot «timing» là, un mauvais timing. Je vais parler du… un des plus beaux
sports au Québec, puis on veut le mettre au rang du sport national, puis qu'on
accepte encore, de la bouche du premier ministre… parce que lui, il aime ça,
les bagarres. Je comprends que ça met la ministre dans une position un peu
délicate, mais je sympathise avec elle. Je sympathise énormément avec elle.
Ceci dit, je vous laisserai sur un texte
de Stéphane Laporte, du 16 février dernier dans La Presse, parce
que ça explique un peu ce qui se passe présentement au Québec, notamment avec
le hockey. «80 ans après l'explosion de Maurice Richard, le Québec est à
court de munitions. Durant la Confrontation des 4 nations, qui se déroule,
en ce moment, à Montréal et à Boston, il ne reste plus, pour représenter le
beau grand Canada face à la Suède, à la Finlande et aux États-Unis, qu'un seul
Québécois. Ils sont 11 Ouest-Canadiens, sept Ontariens, trois citoyens des
Maritimes et une souris bleue.
«Nous ne pouvons même pas crier à
l'injustice. Le talent de chez nous n'a pas été boudé. Nous n'avons pas de
compatriotes comparables aux Crosby, McDavid, MacKinnon ou Makar parmi nous. Si
ça se trouve, aucun Québécois ne s'alignerait avec l'équipe canadienne aux Jeux
olympiques d'hiver de l'an prochain, à Milan et Cortina. On en est là.
«Samuel Montembeault pourrait bien être le
dernier Québécois à faire partie de l'élite d'un sport que notre gouvernement
provincial s'apprête à nationaliser. Trop peu, trop tard.»
«Que s'est-il passé? Oui, le hockey s'est
internationalisé, mais ce n'est pas une raison pour qu'il n'y ait qu'un seul
Québécois dans l'équipe du Canada. Les Russes, les Suédois ou les Allemands ne
peuvent pas nous voler notre place dans l'équipe nationale canadienne. La
modernité du hockey touche autant le reste du Canada que le Québec. Pourquoi
continuent-ils de produire quantité et qualité de joueurs surdoués alors que
nous peinons à en faire autant?
«Je crains bien que la raison principale
ne s'applique pas seulement au hockey. J'ai bien peur que le hockey ne soit que
le symptôme du mal qui nous ronge : le désintéressement, l'indifférence
face au "nous", l'obsession du "je".
«Serions-nous en train de disparaître? Les
Québécois du XXe siècle seraient-ils incapables de s'adapter au
XXIe siècle en tant que société solidaire?
«Comment se fait-il que le Québec soit
incapable de mettre au point un programme de hockey efficace et fructueux? S'il
y en a qui connaissent ça, c'est bien nous autres. On n'y parvient pas, parce
qu'on n'arrive pas à mettre de côté nos intérêts personnels pour le bien
collectif. On est devenus des mangeux de pucks.» Le ministre de la Culture,
tantôt, citait des expressions québécoises, on est devenus des mangeux de
pucks, M. le Président. On ne sait plus... «On ne se fait plus de passes. On
ne s'aide plus.»
« Le hockey, qui permettait à tant de
Québécois moins fortunés de devenir des transfuges de classe, d'accéder à un
autre monde, est devenu un sport de riches auquel l'accès leur est refusé.
«Jouer au hockey est devenu compliqué, à
un point tel que ce n'est plus jouer, c'est s'investir dans le hockey. Les
patinoires ne sont plus accessibles. Guy Lafleur se glissait dans un trou de
l'aréna de Thurso pour accéder à la glace et devenir Guy Lafleur.»
Vous m'avez vu interpeler le ministre...
le premier ministre à plusieurs... plusieurs fois au niveau de l'aréna de Thurso.
Je comprends qu'il y a des programmes. Puis ce n'est pas une question de
prendre des décisions politiques, mais, quand je parle de la force des mots
d'un chef d'État, il en a eu, des mots durs, là, en acceptant que les jeunes se
battent, encore aujourd'hui, dans la Ligue nationale, O.K.? Il a même dit
aussi, M. le Président, qu'il était pour sauver l'aréna de Thurso. On l'attend.
C'est des mots forts d'un premier ministre, ça. C'est des mots forts. Il faut
qu'il respecte sa parole.
«Y a pas de secret. C'est en <jouant
qu'on devient joueur...
12 h (version révisée)
<17943
M. Ciccone :
...respecte
sa parole. Il n'y a pas de secret, c'est en >jouant qu'on devient
joueur. Une loi qui fait du hockey le sport national des Québécois ne sert à
rien si elle n'est pas... si elle n'est que sémantique. Le harfang des neiges est
l'oiseau officiel du Québec. Je ne crois pas que cela ait changé grand-chose à
son plan de vol. L'iris versicolore est l'emblème floral du Québec. Je ne crois
pas que cela ait changé grand-chose à sa floraison, à sa situation dans le
gazon. Par contre, le hockey devient officiellement ce qu'il a toujours été, le
sport national du Québec. Il faut qu'il redevienne source de fierté. Il faut
que les institutions qui l'encadrent le rendent attrayant, excitant, amusant.
Il faut que les joueurs aient le goût d'y jouer.
«Le grand Serge Savard jouait du matin au
soir au hockey, les samedis et dimanches de sa jeunesse — ça, c'était
nous dans le temps aussi, M. le Président. Le midi, il rentrait dîner chez lui
patins aux pieds tellement il était attaché à ce jeu — j'ai dîné
nombre de fois avec mes patins dans les pieds, M. le Président. Le hockey, c'était
le rêve des enfants. Qui voulaient jouer toute leur vie. Aujourd'hui, le
hockey, c'est le rêve des parents. Qui veulent un enfant dans la ligue
nationale pour assurer leurs vieux jours — c'est des mots qui sont
durs, M. le Président. Le hockey n'est plus un jeu. Le hockey est une job.
«Le problème, c'est que, pour redresser la
barre, pour replacer les choses, il faut parvenir à s'entendre, et c'est ce que
les Québécois ne réussissent plus à faire, s'entendre, s'accorder, s'harmoniser.
Autant pour restructurer le hockey que pour restructurer l'éducation ou la
santé.
«Aucun leader ne parvient à rassembler les
gens autour d'un idéal. Parce que, l'idéal, plus personne n'ose le porter, plus
personne n'ose y croire, plus personne n'ose en parler, du Québec de tous les
Québécois, des Québécois d'avant, de ceux de maintenant et des arrivants — et
des arrivants, et des arrivants, M. le Président.
«Voilà pourquoi, de plus en plus, nous
vivons dans un monde où les autres décident pour nous. Nous vivons dans un
monde qui va nous assimiler.
«Si on ne se regroupe pas, si on ne
rallume pas… si on ne rallume l'esprit… si on ne rallume pas l'esprit d'équipe,
le dernier des Québécois naîtra dans quelques années même pas pour un petit
pain, juste pour qu'on fasse une bouchée… juste pour qu'on en fasse une
bouchée.
«En attendant, on n'est même pas habillé. On
regarde le show de la passerelle. Go, Canada, go! En espérant pouvoir nous
aider à gagner bientôt.»
Et ça, c'était un texte de Stéphane
Laporte, que je remercie. Et, sur ces belles paroles, M. le Président, je dirai
que nous allons voter en faveur du principe. Cependant, nous aurons des
questions très importantes. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de Marquette. Nous poursuivons l'adoption du principe
du projet de loi n° 90, et je reconnais Mme la ministre responsable du
Sport, du Loisir et du Plein air.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Oui, merci, M.
le Président. Très heureuse d'intervenir sur ce projet de loi qui... Bien, je
remercie mon collègue pour l'avoir déposé et je trouve que c'est un projet de
loi qui est extrêmement porteur pour le milieu du sport, parce que, pour le
premier référent culturel, c'est le sport. Puis on le sait, on en a parlé, mon
collègue en a parlé aussi, à quel point le hockey...
Puis moi, je suis une patineuse de vitesse.
Je ne suis pas une joueuse de hockey, mais je suis capable de reconnaître que
le hockey fait partie de nos traditions, que, le hockey, on a tous des
souvenirs qui y sont reliés, que ce soit parce qu'on y a joué quand on était
ti-cul sur la glace de quartier, parce qu'on l'a regardé à la télé avec notre famille,
parce qu'on s'est enflammé dans une discussion autour de la machine à café.
Bref, le hockey, c'est un référent culturel, et il est nommé, et ça, je trouve
que c'est très porteur pour le milieu sportif, parce que, quand on parle de
culture, habituellement on parle d'art de la scène, de peinture, et tout ça,
mais là, pour une fois, on reconnaît que le sport, ça peut être un vecteur d'identité.
Alors, je suis très, très satisfaite de ça.
Maintenant, je trouve ça assez particulier
d'entendre les collègues puis... bon, d'une part, la députée de Robert-Baldwin
qui part puis qui dit : Ah! mais là la culture, ça n'a pas de bon sens,
puis là on a un projet de loi, puis on a des besoins en culture. Mais là, après
ça, on dit : Oui, mais là c'est un projet de loi qui vient juste donner un
symbole, comme quoi que c'est un référent, ça fait que, là, il faut mettre de l'argent
dans le sport puis il faut mettre de l'argent dans les infrastructures. Puis là,
après ça, on a... Là, on fait le débat des infrastructures, puis là on dit :
Bien là, il faut juste mettre de l'argent dans les patinoires, puis tout ça. J'invite
la députée de Vaudreuil à parler aussi à ses citoyens, qui, probablement,
veulent des piscines, puis qui veulent des terrains de pickleball, puis qui
veulent toutes <sortes...
Mme Charest :
...de
Rpickleball, puis qui veulent toutes >sortes de choses.
Ce qui est intéressant, avec tout ce qu'on
a fait avec le comité hockey... Puis là je rappelle aussi que le dépôt du
projet de loi reflète la première recommandation du comité hockey, qui disait
de reconnaître le sport du hockey sur glace comme notre sport national. Donc,
on vient rencontrer la première recommandation du rapport du comité hockey en
nommant le hockey comme notre sport national. Mais tout ce qui a été fait avec
ce comité hockey, ça sert, justement, à allumer la flamme dont le député de
Marquette vient d'évoquer, puis le texte de Stéphane Laporte.
Donc, avec le comité hockey, on a voulu
rassembler tous les acteurs du milieu pour, justement, dégager une vision
commune pour pouvoir développer le hockey puis pour faire en sorte
qu'ultimement, là, les jeunes évoluent dans un milieu sain et sécuritaire,
qu'on arrive avec des solutions puis des propositions qui vont faire qu'on va
s'y plaire, au hockey, ça va continuer à être un milieu porteur de fierté puis
porteur de jeunes qui vont s'accomplir, puis qui vont se développer, puis qui
vont aller à leur plein potentiel.
Donc, plein de choses qui ont été mises en
place avec ce comité hockey, qui nous a servi non seulement pour développer le
hockey, mais aussi pour développer les autres sports. Parce que, le hockey, on
y croit beaucoup, mais on croit aussi dans tous les autres sports, pour faire
en sorte que nos jeunes se développent à leur plein potentiel.
• (12 h 10) •
Donc, on a, entre autres, les
infrastructures sportives, et je le sais, à quel point c'est important pour
toutes les municipalités puis pour toutes les régions, à quel point c'est
important, les infrastructures sportives, mais de tous les sports. Et, encore
une fois, on a investi comme on n'a jamais investi dans les infrastructures. Le
député de Marquette faisait allusion qu'il faut mettre de l'argent, mais il
faut en mettre beaucoup, parce que, sinon, ça devient désuet. Bien,
malheureusement, on est dans cette situation-là parce que les gouvernements
précédents n'ont jamais investi dans les infrastructures. On a des
infrastructures qui datent des années 60, 70 puis qui, là, tombent en
ruine. Alors, nous, on en met massivement, de l'argent dans les
infrastructures, pour faire en sorte que, partout au Québec, on ait accès à des
infrastructures de qualité, pour que les jeunes puissent bouger, mais puissent
bouger aussi selon leurs besoins, selon leurs goûts, et dans toutes les
infrastructures possibles et imaginables, et dans tous les sports.
Ceci étant dit, on sait que le hockey a
une place extrêmement importante dans nos régions, et c'est pour ça qu'il y a
plus de 30 % de l'enveloppe du PAFIRSPA qui est allé dans des infrastructures
de patinoires ou d'arénas. Donc, il y a quand même un effort qui est fait,
parce qu'on veut soutenir le hockey.
Mais il y a tout plein d'autres mesures
aussi qui découlent du rapport du comité hockey pour faire en sorte, justement,
que le milieu soit sain, soit sécuritaire, que les jeunes y aient accès. On
parle d'accessibilité, beaucoup, là, pour le hockey. Je rappelle une mesure qui
est extrêmement porteuse, c'est celle des programmes particuliers qu'on
finance, 300 $ pour les parents pour faire en sorte de baisser la facture.
Donc, évidemment, ça, ça sert à tous les parents qui ont des jeunes qui sont
inscrits au hockey à l'école secondaire. Donc, on vient baisser les frais des
programmes particuliers, donc les PPP.
Ensuite, on a la mesure circonflexe, donc,
les banques d'équipement, 40 millions qui ont été investis pour faire en
sorte que, partout au Québec, on ait accès à de l'équipement gratuit. Ça fait
que ça, c'est des patins, c'est des casques, c'est des hockeys, c'est des
luges, c'est des skis, c'est toutes sortes de choses pour faire en sorte qu'on
puisse bouger. Mais, encore une fois, on veut rendre accessibles le sport et
aussi le hockey à toute la population.
On a parlé du développement du hockey
féminin. Je rappelle que nous avons financé le développement du hockey féminin
puis le centre d'entraînement pour le hockey féminin, et on voit un essor dans
l'inscription des jeunes filles au hockey, et ça, je trouve ça très porteur. Et
non seulement on voit un essor dans l'inscription des filles au hockey, mais,
enfin, on a renversé la vapeur, parce qu'auparavant, là, ça régressait, les
inscriptions au hockey, pas juste les filles, là, mais les garçons aussi, là,
il y avait de moins en moins de jeunes qui s'inscrivaient au hockey. Bien là, enfin,
on a mis un frein non seulement à la régression, mais on est en hausse, donc
près de 5 % de hausse d'inscriptions. Donc, ça veut dire qu'on fait du
chemin.
Plein de mesures qu'on a mises en place,
puis là je ne les élaborerai pas toutes, mais plein de choses qu'on a mises en
place, justement, suite à ce fameux comité hockey qui nous a donné des
recommandations puis sur lesquelles on travaille puis qu'on continue de
travailler pour faire en sorte que le sport national reste un sport porteur de
positivisme, qu'il soit une source de fierté et qu'on continue à en parler de
façon positive autour des machines à café.
Puis pourquoi on le fait cette année
aussi, là? Bien, je vous rappelle que, cette année, on célèbre le
150e anniversaire du premier match de hockey. Donc, un projet de loi qui
n'a pas demandé bien, bien, bien de temps au ministre de la Culture, là, qui
n'a pas... fait en sorte qu'il n'a pas pu entendre tout le milieu culturel, là,
dans leurs doléances, et tout ça, là, c'est quelque chose qui s'est <fait...
Mme Charest :
...tout
le milieu culturel, là, dans leurs doléances, et tout ça, là, c'est quelque
chose qui s'est >fait quand même assez rapidement. Puis, encore une
fois, il n'y a pas de sommes qui sont investies là-dedans, donc ça ne vient pas
priver le milieu de la culture, ça ne vient pas priver les autres sports non
plus. On vient juste reconnaître que, culturellement parlant, le hockey est une
source de fierté pour les Québécois, c'est une source d'identité, un point
c'est tout. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, Mme la ministre du Sport, Loisirs et Plein air. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Mise aux voix
S'il n'y a pas d'autre intervention, le
principe du projet de loi n° 90, Loi reconnaissant le hockey sur glace
comme sport national du Québec et concernant les référents culturels nationaux,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la culture et de
l'éducation
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Donc, conformément à l'article 243 de
notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 90, la Loi
reconnaissant le hockey sur glace comme sport national du Québec et concernant
les référents culturels nationaux, soit déféré à la Commission de la culture et
de l'éducation pour son étude détaillée et que le ministre de la Culture et des
Communications soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. À ce stade-ci, je vous demanderais de bien
vouloir suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, afin de permettre le débat sur l'affaire inscrite par les députés de
l'opposition cet après-midi, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 15)
14 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 01)
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Mmes, MM. les collègues, veuillez prendre place.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée déclare néfaste pour l'industrie québécoise de l'aluminium
l'imposition de tarifs à l'exportation
Nous en sommes maintenant aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition. Donc, à l'article 63 du
feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale déclare que
l'imposition de tarifs à l'exportation sur l'aluminium québécois, tel que
proposée par le premier ministre du Québec, [sera] néfaste pour l'industrie
québécoise de l'aluminium et tout particulièrement pour l'économie de la région
du Saguenay—Lac-Saint-Jean.»
Je vous informe que la répartition du
temps de parole pour le député... le débat restreint sur la motion inscrite par
M. le député de Marguerite-Bourgeoys s'effectuera comme suit : 10 minutes
sont allouées à l'auteur de la motion pour sa réplique, 52 min 45 s
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 28 min 38 s
sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 18 min 5 s
sont allouées au deuxième groupe d'opposition, 6 min 2 s sont
allouées au troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s sont allouées
à chacun des députés indépendants.
Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les propositions
établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants
que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à
partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole au chef de l'opposition
officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je suis très heureux, je pourrais le dire comme ça, de
prendre la parole sur la motion qui est déposée par notre collègue de
Marguerite-Bourgeoys. Donc, motion importante ce mercredi, et c'est un débat
qui est amené par le parti de l'économie au Québec, le Parti libéral du Québec,
le seul véritable parti de l'économie, le Parti libéral du Québec.
La motion : «Que l'Assemblée
nationale déclare que l'imposition de tarifs à l'exportation sur l'aluminium
québécois, tel que [le propose] le premier ministre du Québec — puis,
soit dit en passant, l'industrie ne <veut pas...
>
15 h (version révisée)
<11789
M.
Tanguay :
...tel que le propose le premier ministre du Québec
— puis,
soit dit en passant, l'industrie ne >veut pas, alors, le parti de l'économie,
cherchez-le pas en face — serait néfaste pour l'industrie québécoise
de l'aluminium....» C'est ce qu'on sait. C'est ce qu'ils disent.
Nonobstant cela, le premier ministre
persiste et signe et voudrait leur imposer cette taxe-là. Particulièrement pour
l'économie de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, des milliers d'emplois dans
l'aluminium, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, pourraient être mis à risque. Lorsque
l'on ajoute les menaces... Tout le monde à la maison a compris, tout le monde
comprend. C'est clair que les menaces tarifaires de Trump, c'est mauvais pour l'économie.
C'est mauvais pour les Américains, s'ils décident d'aller là-bas. Mais, nous,
ce qui nous intéresse, c'est le Québec, c'est le Canada, le Québec d'abord. C'est
mauvais, ces tarifs-là, si, d'aventure, il allait de l'avant avec ça. Réponse
du premier ministre du Québec : Bien, moi, je vais en faire, moi aussi.
Que la taxe soit importation ou
exportation, on s'entend tous, c'est mauvais pour l'économie. Que la taxe
vienne de Donald Trump ou du premier ministre... j'allais nommer son nom, mais
vous connaissez c'est qui, moi, je ne peux pas le nommer, Trump ou le premier
ministre, c'est mauvais. Que ça vienne de Québec, du complexe G ou de
Washington, Maison-Blanche, une taxe import-export, c'est mauvais pour l'économie.
Vous ne pouvez pas dire : Bien, moi, je vais combattre le feu par le feu,
puis Trump, il va reculer.
Mme la Présidente, la mission première du
premier ministre du Québec, c'est de protéger puis de voir même se développer
notre économie, consolider nos entreprises, rassurer les travailleurs,
travailleuses. Ils sont des milliers, des milliers, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
dans l'aluminium. Et les gens qui travaillent là-dedans, l'Association de l'aluminerie...
des alumineries du Canada l'ont clairement dit : Nous, on n'a pas besoin,
pour diversifier nos échanges, de se faire tordre le bras par le premier
ministre du Québec en disant : Bien, moi, je vais vous obliger à
développer de nouveaux marchés, notamment en Europe, en vous imposant, moi,
premier ministre du Québec, une contre-taxe de 25 % de ce que vous allez
vendre aux États-Unis. Ils n'ont pas besoin de ça pour avoir des incitatifs de
dire : Bien là, on va se faire faire mal par notre premier ministre, on va
développer les marchés en Europe.
Puis, soit dit en passant, j'ouvre une
parenthèse, ce n'est même pas de compétence du premier ministre du Québec que d'imposer
une telle taxe à l'exportation, c'est une compétence fédérale, le cas échéant.
Alors, une fois qu'on a dit ça, probablement que le premier ministre — je
pense qu'il l'avait échappée, celle-là — n'aurait pas la compétence
pour imposer cette taxe-là sur les exportations. Ça ne lui appartient pas,
cela.
Alors, ce qu'il devrait faire, par contre,
c'est s'asseoir avec le fédéral. Et, plutôt que d'aller, comme il l'a fait la
semaine passée, à Washington pour dire qu'il est prêt à faire beaucoup de
compromis sur la forêt, l'aéronautique et l'aluminium, je vais y revenir, il
devrait aussi... plutôt que de dire cela, prêt à faire des compromis, il
devrait s'asseoir avec le fédéral et les autres partenaires économiques
canadiens, les premiers ministres des provinces et dire : On va se faire
une stratégie commune.
C'était de les voir, Mme la Présidente,
devant la Maison-Blanche, dans un point de presse : un disait quelque
chose, un disait une autre affaire, puis notre premier ministre, il n'a pas
donné sa place, c'est lui-même qui a sonné la charge en disant, imaginez-vous
donc, qu'il était prêt à faire beaucoup de compromis.
Alors, on a devant nous Donald Trump qui
menace, puis c'est sa stratégie économique, d'imposer des tarifs à l'importation,
aux importations américaines de produits canadiens, québécois. Face à cela,
nous, on doit négocier. Le Québec seul, séparé, le grand rêve du Parti
québécois, ne serait pas plus fort, au contraire, au contraire. Le Québec, au
sein de la fédération canadienne, parce qu'on l'a bâti, ce pays-là, bien, il
faut faire marcher et fonctionner tous nos leviers économiques. Il faut s'asseoir
avec les partenaires canadiens et dire : On va avoir une stratégie commune
et on va parler front commun face aux menaces de Trump.
Moi, dans une vie antérieure, Mme la
Présidente, j'étais avocat en litige commercial. Alors, moi, je n'étais pas
homme d'affaires, je ne faisais pas des affaires, mais, comme avocat en litige
commercial, je ramassais bien souvent les dégâts des gens d'affaires quand ils
en faisaient, jusqu'en cours de faillite, Mme la Présidente. Puis, en litige
civil, vous... on réglait à peu près neuf dossiers sur 10. Neuf dossiers sur 10,
on n'allait pas devant le juge, parce qu'on savait fort probablement ce qu'il
allait dire, le juge. On s'assoyait devant la partie adverse, l'avocat ou l'avocate
en face, puis je n'ai jamais commencé une négociation, jamais, jamais, jamais,
parce que je n'aurais pas fait longue carrière là-dedans, en disant :
Bonjour, chère consoeur, vous nous poursuivez pour 2 millions de dollars,
je tiens à vous dire, moi, d'entrée de jeu, on négocie, que moi, je suis prêt à
vous concéder ça, je suis prêt à vous concéder ceci et je suis prêt à vous
concéder... et concéder cela. Qu'est-ce que vous en pensez? Tout de suite, qu'est-ce
qu'elle m'aurait dit? Elle dit : C'est très bien, parfait. Maintenant,
j'en veux plus. Alors, j'aurais commencé en <mettant...
M. Tanguay :
...ce
qu'elle m'aurait dit? Elle dit : C'est très bien, parfait. Maintenant,
j'en veux plus. Alors, j'aurais commencé en >mettant tout mon jeu sur la
table. Jamais vous ne faites ça.
Ce qu'a fait le premier ministre? Le
premier ministre dit : Donald Trump, d'abord et avant tout, c'est une
menace. Il s'en va porter le message à Donald Trump : On débute des
négociations, plutôt que d'avoir une position de force. Moi, quand je
commençais mes négociations, c'était une position de force : Vous savez,
chère consoeur, que votre client, telle, telle, telle affaire, il est en
position de faiblesse. Puis vous savez que, si, mon client, ça lui tentait de
faire ça, ça, ça, ça aurait des répercussions. Vous savez que vous devez
régler. Vous savez que vous avez tout intérêt à régler, parce que, sinon, ça va
vous coûter cher, et très, très cher. Jamais vous ne dites : Voici les
trois compromis. On peut-tu commencer la négociation? Ce qu'a fait le premier
ministre.
• (15 h 10) •
Le premier ministre, il est allé dire, et
je le cite, tout le monde a compris à la maison, quelle erreur : «On est
prêts à beaucoup de compromis dans l'aéronautique, dans la forêt, peut-être
dans la sécurité à long terme sur l'aluminium.» Il referme son dossier, zippe
sa valise, saute dans l'autobus, puis retourne à Montréal. Wow! Aïe! Donald
Trump, là, Mme la Présidente, je suis certain qu'il s'est dit : Wow! Il a
été trop généreux. Je vais arrêter d'en demander. Je vais arrêter d'en
demander. Où est-ce que je signe? Moi, je prends ça avant qu'il change d'idée,
là, le premier ministre du Québec. Bien non! Ça s'appelle : Parfait. Tu me
concèdes ça de territoire? Bien, la conversation commence là. La conversation
commence dans votre territoire.
Voir si, au hockey, la game qui aura
lieu... la partie qui aura lieu jeudi soir, les Canadiens vont dire : Bien
oui, faites la mise au jeu sur notre ligne bleue. François Legault a fait en
sorte comme si le Canada—États-Unis commençait la partie de jeudi soir à la
ligne bleue de la zone canadienne. On va mettre... On va faire... Puis
savez-vous quoi? Toutes les mises au jeu qui devraient être centrales, on va
les faire dans notre territoire. C'est comme ça que nous autres, on aborde...
on aborde le match. On est sérieux. Prenez-nous au sérieux. Bien, ils ne vous
prendront pas au sérieux. Ils vont dire : Voyons donc, ça n'a pas de bon
sens!
L'industrie de l'aluminium, pour revenir
là-dessus, d'imposer une taxe, ce qu'il ne peut pas faire, sur l'exportation,
mauvaise idée telle que décrite par les gens de l'industrie de l'aluminium,
même la ministre responsable de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean a dit, et
je la cite : «Avant d'aller de l'avant avec une contre-taxe tout de suite,
il faut bien réfléchir.» Fin de la citation. Qu'elle a raison! On lui donne
raison. Il aurait juste fallu que le premier ministre applique ce bon conseil
là, qu'il réfléchisse puis qu'il ne le dise pas, parce que c'est une fausse
bonne idée, Mme la Présidente. Ça n'arrivera pas. De toute façon, il n'a pas le
pouvoir de faire ça. Puis on a dépensé du temps sur une mauvaise stratégie.
Alors, ce qu'on conseille au premier
ministre, en terminant, Mme la Présidente... Le 6 novembre, au lendemain
de l'élection de Donald Trump, le premier ministre a dit quoi? Je le
cite : Je vais prochainement... Il y a plus de trois mois, lendemain de
l'élection de Trump, le premier ministre dit : «Je vais prochainement
nommer un émissaire spécial de haut niveau, donc quelqu'un de très connaissant,
d'expérience.» Fin de la citation. Ça fait plus de trois mois et demi qu'on
l'attend, Mme la Présidente. Il est réellement temps qu'il le nomme parce
que... dans sa stratégie, où on voit qu'il n'a pas de plan puis que, là, il
nous affaiblit plus qu'autre chose, il serait grandement temps... Puis le
premier ministre a dit hier : Ce n'est pas... Ce n'est pas de la matière
pour les enfants, là, ce qu'on fait là. Je suis d'accord avec lui. Il serait
grandement temps qu'il nomme quelqu'un, finalement, qui gère le dossier, qui
est capable de nous coordonner un plan de match, de très connaissant et
d'expérience, ce qu'on manque cruellement à la tête de l'État québécois, face à
Donald Trump. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le chef de l'opposition. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Mme la ministre de l'Économie, la parole est à vous.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, merci,
Mme la Présidente. Je tiens d'abord à saluer le collègue de
Marguerite-Bourgeoys, qui nous interpelle aujourd'hui concernant ce sujet
d'imposition des tarifs à l'exportation sur l'aluminium québécois. Ça fait suite
aussi à la... à leur demande de tenir un débat d'urgence sur l'imposition de
tarifs sur les exportations canadiennes vers les États-Unis il y a deux
semaines. Donc, Mme la Présidente, je tiens également à saluer les partis
d'opposition, qui appuient le gouvernement, le gouvernement de la CAQ, dans le
cadre des menaces de l'administration Trump envers le Canada.
Les États-Unis sont en fait en totale
contravention avec notre accord de libre-échange, avec les intentions qu'ils
nous ont exprimées ces dernières semaines. Et ils s'attaquent directement à
notre économie, à nos entreprises et aux emplois des travailleurs québécois, et
ça, c'est <inacceptable...
Mme Fréchette : ...économie,
à nos entreprises et aux emplois des travailleurs québécois, et ça, c'est >inacceptable.
Je sais que ça préoccupe tous les députés des oppositions autant que nous, à la
Coalition avenir Québec, et, plus encore, je sais que plusieurs sont inquiets
pour la suite des choses. Alors, soyons clairs, notre plan A, ce n'est pas
de devenir le 51e État des États-Unis, c'est d'éviter les tarifs
douaniers.
Les États-Unis constituent notre premier
partenaire commercial. Il y a plus de 73 % des exportations québécoises de
marchandises qui sont destinées au sud de la frontière, et ces exportations-là
sont liées à plus de 400 000 emplois au Québec. En fait, il y a plus
de 9 000 entreprises, 9 300, pour être exacte, entreprises qui brassent
des affaires en sol américain. Alors, ma première responsabilité, c'est de
protéger notre économie, protéger les entreprises québécoises, protéger nos
emplois également.
Alors, avec le comité Québec—États-Unis,
qu'on a mis sur pied ces dernières semaines et qui est présidé par le premier
ministre François Legault, sur lequel je siège avec sept autres de mes
collègues ministres, on se rencontre très régulièrement pour ficeler les
différents scénarios d'action.
En parallèle, on se garde aussi très
connectés avec le milieu des affaires pour envisager les meilleurs scénarios
possible et bien prendre le pouls des différents milieux, des différents
secteurs qui pourraient être plus durement, plus directement affectés par de
potentiels tarifs. Je poursuis mes rencontres avec les représentants, aussi,
des principales associations économiques pour discuter des secteurs, justement,
qui seront les plus touchés, et de voir de quelle manière ça pourrait procéder
au sein de chacun de ces secteurs advenant qu'il y ait des tarifs qui soient
appliqués. Et, quand je parle des secteurs les plus directement touchés, je
pense notamment à l'aérospatiale, à l'aluminium, à l'industrie agricole, à
l'industrie forestière, au secteur de l'énergie, etc.
En plus de tout ça, notre gouvernement
continue de faire pression, bien sûr, sur le fédéral pour qu'il resserre la
gestion de la frontière canado-américaine.
Bref, on est actifs sur plusieurs fronts.
Et par ailleurs le gouvernement du Québec a développé, au fil des années, un
solide réseau à l'international avec des délégations partout dans le monde. Le
Québec est, en fait, un des seuls États fédérés à être aussi présent à
l'étranger.
Et il est essentiel de travailler en
étroite collaboration avec les États-Unis pour leur faire valoir le haut degré
d'intégration qu'il y a entre nos deux économies, qu'il y a entre plusieurs de
nos secteurs économiques stratégiques et de faire en sorte que soient relayés
nos propres messages par des alliés américains auprès de l'administration
Trump.
Alors, dans cette optique, il faut dire
qu'on était au travail avant même l'élection du nouveau président. Le Québec
était encore plus prêt qu'en 2016 pour travailler avec une administration
Trump. En prévision des élections, on a notamment augmenté de 20 % nos
effectifs aux États-Unis et on a rehaussé les représentations de Miami et de
Washington, D.C. au statut de délégation.
Ceci dit, il faut tout de même commencer à
considérer davantage des marchés d'exportation alternatifs, comme par exemple
le marché européen, le marché de l'Asie, pour être moins dépendants des
États-Unis. J'étais à Davos, d'ailleurs, récemment, pour poursuivre nos
discussions auprès de représentants d'autres marchés d'exportation potentiels
et pour rencontrer aussi des entreprises québécoises qui ont un pied-à-terre à
l'étranger, et le message que j'ai porté là-bas, c'est que le Québec est un
partenaire d'affaires de premier plan pour réaliser leurs projets d'envergure.
On doit profiter davantage des
opportunités découlant de nos accords de libre-échange, comme celui avec l'Union
européenne, par exemple, duquel on n'a pas suffisamment tiré profit, et pour
faire valoir à nos partenaires que le Québec est la place pour développer leurs
projets d'affaires. La situation actuelle nous démontre clairement qu'il est
essentiel que les entreprises québécoises, elles diversifient leurs marchés
d'exportation, et il faut y voir dès maintenant.
Ceci dit, une des choses qui m'est apparue
claire ces derniers temps, avec les propos et les menaces tenus par le
président américain, c'est qu'on doit faire le point sur nos atouts, sur ce qui
nous distingue, sur ce qui fait de nous, le Québec, un partenaire
incontournable et essentiel pour les Américains. Parce que ce sont nos atouts
qui, ultimement, vont faire la différence dans le cadre des négociations à
venir avec les autorités américaines. Par exemple, en matière d'énergie propre,
est-on conscients que l'énergie renouvelable produite au Québec équivaut à
22 % de toute l'énergie renouvelable produite aux États-Unis? En fait, le
Québec est une véritable puissance nord-américaine en matière d'énergie verte.
C'est un actif qui est recherché et dont la valeur est appelée à s'accroître
dans un contexte de transition énergétique.
On a aussi l'aluminium. Ça va être très <difficile...
Mme Fréchette :
...dans
un contexte de transition énergétique.
On a aussi l'aluminium. Ça va être très
>difficile pour les États-Unis de se passer de nous, surtout s'ils ne
souhaitent plus importer d'aluminium de Chine, parce que le Québec produit
75 % de tout l'aluminium primaire qui est produit en Amérique du Nord. Et,
en plus, avec notre technologie révolutionnaire appelée Elysis, on va pouvoir
se démarquer encore davantage comme un leader dans cette industrie, en
parvenant à produire l'aluminium le plus vert au monde. C'est vraiment
impressionnant, en fait, de voir tout ce qu'on parvient à faire ici, au Québec.
Et ce que le premier ministre avance, M.
le Président, c'est qu'on ne doit pas céder aux menaces du président Trump et
qu'on doit tout mettre sur la table pour protéger notre économie. Ce que notre
gouvernement souhaite faire, c'est de renégocier une entente dans sa globalité
avec les États-Unis, le Mexique et le Canada afin de mettre fin à l'incertitude
entourant l'économie. On doit absolument éviter le piège des ententes
sectorielles. On doit mettre de l'avant nos atouts, tels les minéraux critiques
et stratégiques, le bois d'oeuvre, l'énergie verte, les talents, notre capacité
à innover, et j'en passe. Et ça vaut aussi pour l'aluminium, Mme la Présidente.
Ma collègue la ministre responsable de la superbe région de Saguenay—Lac-Saint-Jean
et députée de Chicoutimi va vous en parler plus longuement tout à l'heure avec
grande fierté, j'en suis convaincue.
• (15 h 20) •
Maintenant, les oppositions, M. le
Président... Mme la Présidente, pardon, devraient saluer tout le travail que
notre gouvernement fait dans le cadre de cette guerre commerciale qui
s'annonce. Le premier ministre était à Washington la semaine dernière dans le cadre
de la mission du Conseil de la fédération. Il a rencontré notamment la
direction de la National Association of Home Builders pour discuter de l'impact
des tarifs sur l'exportation du bois québécois. Et, selon elle, l'apport du
Québec en bois d'oeuvre est irremplaçable dans le marché américain. Aussi clair
que ça. Il a aussi parlé avec les dirigeants d'Alstom de l'impact des tarifs
sur le transfert de pièces entre le Québec et les États-Unis. Le premier
ministre a discuté avec l'Association de l'aluminium du Canada, l'American
Aluminum Association, Alcoa et Rio Tinto, mais, Mme la Présidente, tous sont
d'accord pour dire que les exportations du Québec dans ce secteur sont
irremplaçables. On exporte 2,9 millions de tonnes d'aluminium vers les
États-Unis chaque année, et ça, ça représente 60 % de leurs besoins.
Alors, lors de sa deuxième journée de
tournée à Washington, le premier ministre a rencontré des élus démocrates, des
élus républicains tout comme des représentants du Canadian American Business
Council. Plus encore, il a aussi parlé avec des conseillers seniors du
président Trump à la Maison-Blanche. Alors, quel était son message? Bien, Mme
la Présidente, il a rappelé aux Américains les impacts négatifs qu'auraient les
tarifs douaniers des deux côtés de la frontière. C'est totalement illogique
pour les États-Unis de mettre en place des tarifs sur des produits comme
l'aluminium puisqu'ils sont incapables de répondre à leurs propres besoins.
Alors, le premier ministre a aussi
expliqué qu'on peut créer des partenariats gagnant-gagnant dans plusieurs
secteurs pour protéger nos emplois, tout en aidant les États-Unis à réduire
leur dépendance à la Chine, ultimement, leur principale cible, les aider à
sécuriser leur chaîne d'approvisionnement et à améliorer leur propre économie.
Notre priorité, c'est d'éviter, bien sûr, l'imposition de tarifs et de parvenir
à une entente globale avec les États-Unis qui va donner de la prévisibilité aux
entreprises du Québec.
Toutefois, on est prêts pour toute
éventualité. Notre première responsabilité, comme gouvernement, c'est de
défendre les travailleurs québécois, de les soutenir et de redéployer
l'économie, advenant qu'il y ait imposition de tarifs. Et c'est vrai non
seulement pour l'aluminium, mais aussi dans une série d'autres secteurs
stratégiques.
D'ailleurs, ce qui est clair, et je pense
que ça vaut la peine de le répéter, c'est que Donald Trump a tout faux
lorsqu'il dit qu'il n'a pas besoin du Canada et, par conséquent, du Québec. Les
États-Unis s'appuient sur de nombreuses entreprises, sur de nombreux secteurs
d'activité du Québec pour plusieurs de leurs chaînes d'approvisionnement
d'importance. En fait, les contrecoups subis par les Américains avec
l'imposition de tarifs, notamment en matière de hausses de prix de nos
exportations, vont se faire sentir dans plusieurs sphères économiques, dans
plusieurs sphères politiques et auprès des consommateurs américains, et la
pression exercée par tous ces acteurs-là sur leurs dirigeants va s'ensuivre
rapidement. On doit rester proche de ses alliés américains parce qu'il n'y a
rien comme un Américain pour convaincre un Américain de changer de cap.
Alors, le gouvernement va être au
rendez-vous pour soutenir celles qui pourraient être particulièrement touchées
en raison de l'importance de leurs exportations vers les États-Unis. Si les
entreprises sont <frappées...
Mme Fréchette :
...en
raison de l'importance de leurs exportations vers les États-Unis. Si les
entreprises sont >frappées par des tarifs douaniers, ce sera le rôle du
gouvernement de les aider à demeurer productives, à demeurer compétitives sur
leur marché d'exportation. Sur ce, je vais m'arrêter ici, Mme la Présidente,
mais chose certaine, c'est que l'administration Trump se tire dans le pied avec
cette guerre tarifaire qu'elle compte amorcer.
Pour conclure, je souhaite réitérer qu'on
va faire le maximum pour protéger les Québécois. On va redéfinir et redéployer
notre économie, si le besoin est, fabriquer de nouveaux produits et ouvrir de
nouveaux marchés. On va se mobiliser, se serrer les coudes, se tenir debout,
chacun à la mesure de nos moyens. On va prendre action.
La première chose à faire, c'est d'acheter
québécois quand on peut le faire. Tant en tant que consommateurs qu'en tant
qu'entreprises, renforcer nos chaînes d'approvisionnement québécoises, ça, ce
serait un objectif vraiment intéressant à mettre de l'avant, peu importe qu'il
y ait des tarifs ou pas, ça va être bénéfique pour l'économie québécoise, pour
l'ensemble des Québécois si on parvient à faire une avancée plus marquée dans
ce domaine-là. Et, même si c'est très choquant, cette attaque du président
Trump, même si les prochains mois vont être difficiles, on doit garder la tête
froide, se retrousser les manches et se battre. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à
Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme
la Présidente. Alors, nous débattons de la motion qui a été déposée par les
collègues du Parti libéral : «Que l'Assemblée nationale déclare que
l'imposition des tarifs à l'exportation sur l'aluminium québécois, tel que
proposé par le premier ministre du Québec, serait néfaste pour l'industrie
québécoise de l'aluminium [...] tout particulièrement pour l'économie de la
région du Saguenay [et] Lac-Saint-Jean.»
Et j'aimerais prendre un moment pour
analyser certains éléments, parce que je pense qu'on a, tous et toutes, été
surpris de voir le premier ministre justifier cette proposition d'augmenter...
bien, en fait, d'imposer qu'est-ce qu'on appelle des tarifs à l'exportation
dans l'objectif de diversifier des débouchés pour l'aluminium québécois. Je
veux juste rappeler que, lorsqu'on met des tarifs à l'exportation, ce sont des
producteurs et ce sont les vendeurs, c'est les industries qui vont assumer ces
tarifs-là, ce n'est pas nécessairement dans... au marché américain que ça va
être fait.
Mais réfléchissons encore un petit peu
plus, parce que ce type de tarifs là, en temps normal, c'est quelque chose
qu'on ne fait pas. Parce que je ne crois pas que la volonté du premier
ministre, c'est de dire qu'on va faire et on va continuer avec ce type de
tarifs après un règlement de crise, voir si on est capables ou pas de négocier
une entente. Si cette entente-là est éventuellement signée, bien, fort à parier
que de tels tarifs seraient interdits, on n'irait certainement pas repartir
dans une guerre tarifaire et remettre... en remettant des tarifs qui sont...
qui iraient à l'encontre desdits décrets... pardon, desdites ententes.
Donc, ce que le ministre... le
premier ministre propose, que la CAQ propose, c'est des tarifs à l'exportation,
comme je le disais, à 25 % de notre côté. En ce moment, les États-Unis
auraient déjà mis de leur côté des tarifs à l'importation de 25 %, si ce
n'est pas 50 %, et c'est ça qui nous inquiète. Parce qu'à travers le
méli-mélo de déclarations de Trump, on a bien entendu qu'il y a des tarifs, il
pourrait y avoir des tarifs de 25 % qui sont spécifiques à l'aluminium, et
ces tarifs-là pourraient s'appliquer en plus d'un tarif de 25 % général
applicable sur tout bien importé du Canada. Parce que, ça aussi, on l'a
entendu, sur des tarifs réciproques à géométrie... variable, pardon, qui inclut,
dans l'esprit du président de Trump, un tarif pour nous punir d'avoir la TPS.
Parce que, là, c'est extrêmement difficile de suivre l'objectif, mais aussi
qu'est-ce qu'on réclame de l'autre côté de la frontière. On a vraiment de la
misère de se retrouver, mais une chose qui, pour nous, est certaine, le tarif à
l'exportation sur l'aluminium invoqué par le premier ministre s'appliquerait
face à des tarifs d'importation déjà mis en place et qui sont trop... trop
forts. Bien, en fait, ils ne devraient pas exister, je pense, on s'entend tous
dans cette Chambre pour le dire, mais déjà ce serait 50 % plus un
25 % payé ici, ce qui augmenterait plus ou moins de 75 % le prix de
l'aluminium.
Mais alors, dans ce cas, pourquoi il
faudrait un incitatif supplémentaire à l'exportation vers d'autres pays? C'est
ça qu'on se demande et c'est pour ça qu'on remet en question cette proposition
de la part du premier ministre. Donc, même si une partie de nos acheteurs
habituels vont accepter peut-être de payer le tarif américain et continuer d'acheter
notre aluminium, il y en a une autre, <partie...
Mme Zaga Mendez :
...notre
aluminium. Il y en a une autre >partie, qui, eux, vont arrêter d'acheter
complètement, et on va se retrouver avec des stocks, ici, à écouler, parce
qu'on le sait bien, que ces tarifs-là ne visent que nos entreprises au Québec.
Que ce soit en raison du manque de
fiabilité du partenaire, de ce cas-là, de Trump, ou de la baisse de
compétitivité de notre aluminium en raison des tarifs américains pour nos
producteurs d'aluminium, on a déjà, déjà là des excellentes raisons de se
mettre à essayer fort de trouver des nouveaux débouchés. Donc, dans ce sens, il
ne nous paraît pas utile en ce moment de mettre des tarifs à l'exportation sur
l'aluminium québécois. Là-dessus, nous sommes d'accord.
• (15 h 30) •
Ce qui nous inquiète aussi, ce qui peut
arriver dans le... sur le long terme, parce qu'on est en train de lancer des
idées, de dire : Moi, je vais tarifier à 25 %, non, finalement, à
50 %, puis, de notre côté, on le met à l'exportation. Qui qui paie?
Comment ceci va affecter le prix sur le long terme? Et c'est ça qui m'inquiète
le plus en ce moment, Mme la Présidente, et les effets sur les travailleurs.
Parce que, quand on augmente... on fait un tarif à l'exportation, le prix va
être payé par les producteurs, par les alumineries. Lorsqu'on paie ce prix-là,
ça augmente notre coût de production. N'importe quel entrepreneur va vous
dire : Dès qu'on augmente mon coût de production... Et ça, on est
peut-être capable de le faire un mois, peut-être quelques semaines, mais, sur
le long terme, il va falloir des restructurations économiques. Et, nous, c'est
ça, notre plus grande... une de nos grandes craintes, quel type de
restructuration économique on va encourager. Parce qu'en ce moment, déjà, avec
tous les signaux qu'envoient les Américains, les entreprises en aluminium sont
déjà poussées à regarder d'autres marchés, sont déjà là-dessus depuis quelques
mois parce qu'ils voient venir cette menace-là. Donc, d'ajouter une mesure
supplémentaire, nous, ce qu'on trouve, c'est que ça peut venir accélérer, et
c'est notre crainte, des restructurations, par exemple, dans le milieu de
travail. Il n'y a rien là qui nous assure que les emplois vont rester au
Québec, que les alumineries vont rester au Québec. Et c'est ça qui nous
inquiète avec ce type de proposition.
On va donc, comme je le disais,
voter en faveur de la motion proposée. Mais là-dessus, ce qu'on ne veut pas
dire non plus, c'est que les idées d'exportation ou même la suspension de la
vente de certaines de nos exportations ne puissent pas être une bonne idée dans
certains cas. J'entendais tout à l'heure la ministre de l'Économie nous le
dire, il va falloir se pencher sur notre avantage, qui est l'énergie verte,
l'énergie propre. Bien, c'est ça... c'est ça qu'il faudra utiliser, d'abord et
avant tout, comme levier, et qu'on n'est pas en train de faire.
Trump reconnaît que les Américains ont
tellement besoin de notre énergie que, dans le cas de l'énergie, ils l'ont
très... ils l'ont dit, leurs intentions, ils proposent des tarifs de 10 %
plutôt que 25 %. Pourquoi? Parce qu'ils reconnaissent qu'ils en ont
tellement besoin, de cette énergie-là, ils ne peuvent pas s'en passer. C'est
donc reconnaître qu'elle est là, la faiblesse, en termes de partenaires
commerciaux avec les États-Unis, et qu'ils savent qu'ils ne peuvent pas se
passer de nous.
Dans une guerre commerciale, il faut
savoir jouer nos meilleurs atouts, jouer nos cartes. Et c'est... en ce moment,
bien, c'est l'électricité, c'est l'hydroélectricité du Québec. Parce que, sans
notre électricité, ce n'est pas juste des usines qui vont devoir payer leur
aluminium plus cher, que ça va avoir comme impact, c'est des usines qui vont
fermer, on le voit, entre autres, dans le Nord-Est américain. Puis du monde qui
vont avoir de la misère à se chauffer ou s'éclairer, ça va... ça a plus
d'impact. C'est un de nos plus grands leviers, qu'on n'est pas en train
d'utiliser.
Et, vous savez, du côté du Canada, leur
meilleur levier, c'est encore une fois en termes énergétiques, bien, c'est le
pétrole. Puis, pour donner quelques chiffres, c'est 80 % de la production
pétrolière canadienne qui est exportée vers les États-Unis, c'est 60 % des
importations de pétrole des États-Unis qui proviennent du Canada. Donc, on
coupe le robinet, on met des tarifs à l'exportation importante, par exemple,
sur le pétrole canadien, c'est ça qui va avoir un impact dissuasif fort sur les
États-Unis. Parce qu'en ce moment on n'est pas en train de mettre ces
tarifs-là, selon nous, à la bonne place.
Très rapidement, le coût, par exemple, de
l'essence peut se mettre à monter, et tout ça va avoir des impacts sur
l'inflation. Bref, les Américains ne sortent pas gagnants, au jour le jour,
au-delà de la simple utilisation d'une ressource. Pour un président qui a dit
que l'inflation se mettrait à baisser rapidement dès son entrée en fonction,
bien, ça va faire plus mal si on se concentre sur nos leviers énergétiques.
Au lieu de mettre des tarifs à
l'exportation sur l'aluminium, le premier ministre serait mieux d'inviter à en
appliquer sur l'énergie. C'est ce que nous, on l'invite de faire depuis le
début, que de revoir nos contrats, de revoir à la hausse le prix de
l'hydroélectricité. C'est le genre de leviers que le premier ministre devrait
utiliser, et qui ont une influence beaucoup plus grande sur l'économie
américaine, et que ça peut nous donner un vrai levier de négociation.
Et, en ce qui concerne les choses qu'on
devrait déjà faire au lieu de créer des tarifs à l'exportation dans <l'aluminium...
>
15 h 30 (version révisée)
<19263
Mme
Zaga Mendez :
...au lieu de créer des tarifs à l'exportation dans
>l'aluminium. On a eu quelques débats en Chambre concernant l'achat
local et la promotion, au cœur même de notre État, d'assurer des marchés locaux
et québécois. C'est ça qu'on trouve qui manque dans les idées qui sont mises de
l'avant par la CAQ en ce moment.
J'entendais la ministre nous dire :
On vous encourage d'acheter local, tout le monde, tous ceux qui peuvent. Bien,
tant mieux, c'est de belles paroles, on n'est pas en désaccord avec le
principe, mais c'est le fait qu'on n'a pas de mesures robustes, en ce moment,
qui sont mises sur la table pour vraiment arriver à cet objectif. Puis, bien
sûr, quand on parle d'achat local, on ne prétend pas que ça va régler l'ensemble
du problème, mais ce sont des mesures qui pourraient permettre d'assurer un
marché, déjà, pour nos entrepreneurs et nos producteurs locaux. Il faut
comprendre que, pour un dollar qui est dépensé chez un commerçant local, plus
de la moitié reste ici comparativement à moins de 20 % pour un groupe
international. Le premier ministre le disait aussi, hier, qu'avec des taxes sur
l'exportation il allait venir chercher la part du Québec. Moi, je vais vous
dire qu'avec des politiques d'approvisionnement local, on vient la chercher
pour de vrai, cette part du Québec.
Qu'on soit clair, des cibles, on en a un
peu partout, des cibles d'achat local. C'est bien beau, c'est noble sur papier,
mais la réalité est tout autre. Et là-dessus ce sont nos marchés publics, c'est
le levier de l'État qui est le plus puissant pour réaliser nos objectifs d'achat
local.
J'ai quelques exemples à vous donner.
Selon l'UPA, notre taux d'autosuffisance est d'environ 35 %, 55 % si
on inclut les produits dits transformés au Québec, ce qui peut vouloir dire
simplement que des produits sont embouteillés ou mis en boîte au Québec. On
a... il y a eu... on a débattu aussi le problème de la Stratégie nationale d'achat
d'aliments québécois. Puis, il y a un autre problème là-dedans, c'est la
définition de «produit du Québec» qui est trop large. On dit qu'un aliment
transformé au Québec peut être considéré comme un achat local, ce qui n'encourage
pas les aliments qui poussent chez nous. Ça, c'est une des critiques qui peut
être portée.
Le seul programme de soutien financier qui
permet, par exemple, aux producteurs agricoles d'acheminer leurs produits dans
les institutions publiques à travers des hubs a été coupé en janvier dernier.
Aucune cible de matière de production d'achat local n'a été exigée par le
gouvernement. Chacune des institutions détermine sa propre cible, nous dit... nous
a dit le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. Ce que nous
dit aussi ce conseil-là, c'est qu'on est rendus à exiger, à exiger des taux,
des quotas dans les institutions publiques.
Puis vous me direz : Ah! vous parlez
des aliments quand le débat, c'est sur l'aluminium. C'est pour montrer que les
tarifs, et tout, ça affecte tous les secteurs de notre économie. On peut déjà, d'un
côté, utiliser des leviers à l'exportation sur l'énergie, mais, de l'autre
côté, on n'entend pas encore c'est quoi, les réponses pour tous les autres
secteurs économiques qui sont déjà affectés par l'incertitude et pour lesquels
des simples gestes comme l'imposition de taux dans l'achat dans nos marchés
publics, dans nos contrats publics, dans l'approvisionnement des biens, bien,
pourraient changer la vie de ces producteurs-là, de ces entreprises-là qui
viendraient défendre le Québec. Et moi, je suis certaine que, si on fait ça,
les Américains vont nous dire : Ah! c'est du protectionnisme. Mais c'est
notre façon de répondre, en ce moment, à toute l'incertitude qui est créée par
les États-Unis, mais aussi pour respecter puis garder cette part du Québec ici.
Donc, je nous rappelle, on a besoin de
quotas d'achat local dans nos institutions publiques, on veut accroître les
achats d'aliments québécois dans les écoles, on veut accroître l'utilisation
des matériaux de construction pour tous nos nouveaux... nos infrastructures. On
parlait de l'acier, de l'aluminium, c'est parler de tout ce qu'on a besoin pour
développer les transports en commun. On devrait déjà s'assurer d'accélérer ces
chantiers-là, d'offrir ces marchés-là seulement à nos distributeurs et
producteurs québécois. C'est des choses qui peuvent être très, très simples à
faire et déjà répondre à l'incertitude.
J'ai d'autres exemples à vous donner. Par
exemple, un examen du marché portant sur un échantillon de 1 000 produits
vendus au Québec, effectué dans le cadre d'une étude de marché sur le commerce
électronique, nous démontre qu'on en trouve 80... pardon, qu'on en trouvera 80 %
à moindre coût chez les détaillants québécois. Donc, c'est juste pour montrer
que, dans une autre filière, on peut déjà commencer à remplacer puis encourager
dans les... l'achat par nos institutions publiques.
On est en pleine crise du logement, on
parlait des matériaux de construction. Il va falloir construire du logement
social pour le monde, il va falloir construire plus de logements et, pour ça,
il faut n'utiliser que notre bois ici pour nos maisons au Québec. L'association
québécoise des quincailleries et des matériaux de construction nous confirme
que l'industrie a des alternatives pour quasiment tout ce qu'on fait aux <États-Unis...
Mme Zaga Mendez :
...nous
confirment que l'industrie a des alternatives pour quasiment tout ce qu'on fait
aux >États-Unis. Donc, c'est déjà des mesures, comme je vous parlais,
dans nos marchés publics, quand on parlait de l'accélération de nos projets en
transport en commun pour l'acier, de relancer ou accélérer des chantiers, des
constructions de logements, en s'assurant que tout le bois puis les matériaux
de construction sont faits au Québec, bien, c'est des façons supersimples et
rapides pour permettre déjà de se protéger et de rendre notre économie beaucoup
plus résiliente face aux menaces de Trump.
Donc, si je résume, on va appuyer cette
motion. Nous ne croyons pas que créer des tarifs à l'exportation pour
l'aluminium, c'est une bonne... c'est une bonne idée, c'est une chose... ce
n'est pas une bonne idée, c'est... Pour nous, ce n'est pas viser la bonne ressource,
on devrait être plus stratégique et appliquer ce type de mesures pour les
ressources énergétiques, dans notre cas, l'hydroélectricité. Mais, si on
regarde du côté du Canada, voire du côté du gaz, c'est là le point le plus
faible des États-Unis et... Et, d'ores et déjà, faire des politiques et
augmenter l'achat local au sein de nos institutions québécoises, aller au-delà
des cibles, instaurer des quotas, demander le développement du transport en
commun avec notre acier puis aluminium au Québec, c'est des choses qu'on
pourrait déjà mettre en place au lieu de faire des propositions qui, pour nous,
n'atteignent pas la cible, mais qui créent encore plus d'incertitudes sur le
long terme pour les travailleurs et travailleuses de cette industrie, qui est
l'aluminium et l'acier. Je vous remercie, Mme la Présidente.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la
ministre des Affaires municipales.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je suis quand même heureuse d'être ici, évidemment, en cet
après-midi. Salutations au collègue de Marguerite-Bourgeoys, salutations à ma
collègue de Verdun, surtout salutations à mes collègues du Saguenay—Lac-Saint-Jean
qui sont ici et mes collègues de la partie gouvernementale. Et merci à la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Évidemment, comme le faisait remarquer,
hier, ma collègue ministre de l'Habitation hier soir, le député de
Marguerite-Bourgeoys semble s'intéresser vraiment particulièrement aux actions
que prend notre gouvernement dans le secteur de l'aluminium, dont dans le cadre
des menaces tarifaires de l'administration Trump. Donc, en plus du débat de fin
de séance d'hier soir, il nous interpelle aujourd'hui à ce sujet. Alors, je
suis ici avec grand plaisir parce que, oui, je suis ici à titre de députée de
Chicoutimi, mais aussi ministre responsable de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alors, Mme la Présidente, chez nous,
l'aluminium, ça coule dans nos veines. Ça fait 100 ans que l'aventure de
l'or gris est une source de fierté chez nous. Donc, il a forgé notre région. Tout
le monde connaît quelqu'un qui a travaillé dans le domaine ou qui travaille
encore dans le domaine. Tout le monde le sait, le Saguenay—Lac-Saint-Jean
occupe une position très stratégique dans la production et la transformation de
l'aluminium au Canada, les cinq députés du Saguenay—Lac-Saint-Jean peuvent
le confirmer.
Alors, au Québec, nous avons
28 minéraux critiques et stratégiques, et l'aluminium en fait partie. Sa
filière soutient plus de 30 000 emplois bien rémunérés, répartis dans
1 700 entreprises partout au Québec, dont la majorité au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Alors, nous avons quatre centres de recherche et de développement, oui,
des chaires de recherche, et plus de 400 chercheurs. Tous ces gens
unissent leur effort et leur talent dans le but de paver la voie à des procédés
novateurs. L'aluminium, Mme la Présidente, engendre des retombées économiques
très importantes puisque l'aluminium figure en tête de la liste des principaux
produits d'exportation du Québec. En 2023, on parle de plus de
9 milliards de dollars, donc l'aluminium se classe tout juste derrière
l'aérospatial.
D'ailleurs, dans le précédent budget de
mon collègue ministre des Finances, nous avons reçu 31 millions pour
accélérer le virage 4.0 qui consiste, premièrement, à intégrer les
technologies de l'information et de la robotisation en entreprise, également,
qui modernise les entreprises du secteur et accroît leur exportation, qui
accélère l'innovation et la recherche, qui mise sur l'aluminium durable du
Québec. L'aluminium qui est produit au Québec est doté de l'empreinte la plus
faible, la plus faible au monde, grâce à notre hydroélectricité au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
On parle de six usines, on parle de six centrales hydroélectriques
chez nous, dans la région. Donc, c'est une valeur particulièrement à l'échelle
internationale, il faut être fiers.
Mme la Présidente, les États-Unis auront
beaucoup, beaucoup de difficultés à se passer de nous, nous, oui, surtout que...
s'ils ne veulent plus importer d'aluminium de <Chine...
Mme Laforest :
...surtout
que s'ils ne veulent plus importer d'aluminium de >Chine. Pourquoi?
Parce que le Québec produit 75 % de tout l'aluminium primaire en Amérique
du Nord. Le premier ministre, la ministre de l'Économie et moi avons parlé à
plusieurs reprises, avec mes collègues du Saguenay—Lac-Saint-Jean, à des grands
producteurs d'aluminium ainsi qu'avec les associations qui représentent
l'industrie. Tous sont d'accord pour dire que les exportations du Québec dans
ce secteur sont irremplaçables. On exporte 2,9 millions de tonnes
d'aluminium vers les États-Unis chaque année, soit 60 % de leurs besoins.
C'est totalement aberrant de la part du
président Trump, Mme la Présidente, de mettre des tarifs sur des produits comme
l'aluminium. Ce sont des centaines de secteurs qui seront affectés. Si on pense
à un des secteurs majeurs aux États-Unis, celui de la défense nationale, avec
quoi est-ce que les Américains construisent des équipements? On le sait très
bien, la réponse est simple, c'est l'aluminium, et surtout l'aluminium du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Les États-Unis s'appuient sur de nombreuses entreprises du Québec pour
plusieurs de leurs chaînes d'approvisionnement. Les contrecoups subis par les
Américains avec l'imposition des tarifs vont se faire sentir dans plusieurs
sphères économiques et politiques. Gardons le sourire dans cette situation, Mme
la Présidente. La pression exercée par les entreprises américaines sur les
dirigeants va sûrement suivre.
Grâce aux actions de notre gouvernement,
les prochaines années s'annoncent prometteuses, notamment grâce au
développement de la technologie de rupture d'électrolyse d'aluminium sans
émission de gaz à effet de serre, ELYSIS. Mme la Présidente, je ne le sais pas,
mais est-ce que le député de Marguerite-Bourgeoys réalise que le Québec, et
plus particulièrement le Saguenay—Lac-Saint-Jean, sera le premier au monde à
produire l'aluminium sans émission de gaz à effet de serre? C'est vraiment
révolutionnaire.
Aussi, 96 nouvelles cuves de la
technologie AP60 sont en construction à Arvida. Le projet à lui seul
contribue à la production annuelle d'environ 160 000 tonnes métriques
d'aluminium primaire. Jamais il n'y a eu autant d'investissements au Saguenay—Lac-Saint-Jean
depuis six ans, même depuis 12 ans. Même l'industrie nous le dit. Mme la
Présidente, je n'ai pas besoin de vous dire que c'est majeur, chez nous, en
termes d'emploi, c'est majeur en termes de retombées économiques dans la
région.
Le 10 janvier dernier, j'ai eu le
plaisir de recevoir ma collègue ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie pour faire la visite du site où la technologie ELYSIS sera mise en
oeuvre avec mon collègue député de Jonquière. La P.D.G., également, d'Investissement
Québec y était. On a procédé à l'annonce de plus de 14 millions de dollars
dans cette technologie. Depuis 2018, notre gouvernement a investi
94 millions également pour appuyer le développement d'ELYSIS. Ça va
permettre à cette coentreprise de poursuivre le développement de la technologie
qui a le potentiel de propulser le Québec à l'avant-plan d'un véritable
changement dans l'industrie de l'aluminium et d'augmenter notre compétitivité à
l'échelle internationale.
C'est lors de cette même journée, le
10 janvier, que le nouveau P.D.G. d'ELYSIS, François Perras, entrait en
poste. Il a dit que le développement de la technologie solidifierait la place
du Québec sur le marché mondial de l'aluminium. Oui, toute la région a souligné
l'excellente nouvelle. Toute la région, Mme la Présidente, travaille main dans
la main, et on doit unir nos forces pour garder cette technologie chez nous
également. Ce n'est pas le temps de se diviser. Ce n'est pas le temps d'essayer
de se diviser. Alors, essayons de travailler ensemble, Mme la Présidente.
Dans le même sens, on est en train de
travailler sur un centre d'innovation en aluminium au Saguenay—Lac-Saint-Jean
avec mes collègues députés. Ça va nous permettre d'accroître notre capacité à
être compétitifs et à rester à l'avant de la parade. Au fil des semaines, nous
pourrons vous donner beaucoup plus de détails sur ce projet, mais je peux vous
assurer qu'on travaille très, très fort, avec les collègues de la région, avec
la ministre de l'Économie, pour concrétiser ce projet rapidement.
Nous avons un créneau d'excellence pour la
transformation de l'aluminium. Sa mission est de contribuer à la croissance des
entreprises de transformation d'aluminium et de fabrication d'équipement
spécialisé afin de créer de la richesse dans la vallée de l'aluminium chez
nous. Les créneaux et les pôles d'excellence visent à dynamiser l'économie en
s'appuyant sur les gens d'affaires et sur la recherche de l'excellence dans les
secteurs clés du Québec. C'est clair que notre gouvernement comprend très bien
l'importance stratégique du secteur de l'aluminium au Québec. C'est un secteur
qui crée de l'emploi, de la richesse, du savoir au Québec… du savoir-faire au <Québec...
Mme Laforest :
...au
Québec, du savoir-faire au >Québec. En plus, ça se fait dans une belle
région qui est la nôtre, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je me tiendrai toujours
debout, Mme la Présidente, pour la création des emplois, la création de la
richesse dans ma région, avec mes collègues ici présents.
Pour rassurer le député de Marguerite-Bourgeoys
sur les propos du premier ministre, je tiens à dire qu'on ne doit pas céder non
plus aux menaces de Trump et qu'on doit obligatoirement protéger notre
économie. Oui, il y a des possibilités, comme je l'ai dit, à étudier, oui, il y
aura des propositions à venir, mais travaillons ensemble, s'il vous plaît. Le
premier ministre l'a dit, on va se battre. Notre plan A reste évidemment
d'éviter les tarifs. On doit éviter les tarifs. Mais, si ces tarifs ont lieu,
notre gouvernement sera prêt rapidement à mettre des programmes en place pour
aider les entreprises.
Je tiens encore une fois à rassurer le
député de Marguerite-Bourgeoys. Je suis en contact constant avec les
différentes industries du Saguenay dans les... dont les entreprises oeuvrent dans
le secteur de l'aluminium, et mes collègues du Lac-Saint-Jean travaillent avec
les entreprises du Lac-Saint-Jean également. Encore une fois, on travaille
ensemble.
• (15 h 50) •
La concertation régionale est essentielle
pour protéger les secteurs clés de l'économie du Saguenay—Lac-Saint-Jean et
ainsi faire face à ce défi ensemble. Je serai là avec mes collègues de la
région, avec la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, avec
le premier ministre et avec tout notre gouvernement pour protéger notre
industrie. Personne ne va réussir à nous diviser, personne, parce qu'on est là,
on est là, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, pour les familles, pour les
travailleurs, pour les entreprises de ma région. Je vais rester toujours
debout. Je vais rester fière. Je vais défendre toujours l'or gris, depuis
100 ans qu'il est là, chez nous, dans la région, surtout à titre de
ministre régionale et députée de Chicoutimi. Un petit conseil : pourquoi
on ne travaillerait pas ensemble? Je pense que c'est important à ce moment-ci.
Alors, merci, Mme la Présidente. On est
dans une situation particulière, donnons-nous la main, s'il vous plaît,
collègues députés. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vais relire la motion, là, juste pour qu'on
soit clair là-dessus, la motion du mercredi :
«Que l'Assemblée nationale déclare que
l'imposition de tarifs à l'exportation sur l'aluminium québécois, tel que
proposée par le premier ministre du Québec, [sera] néfaste pour l'industrie
québécoise de l'aluminium et tout particulièrement pour l'économie de la région
du [Lac-Saint-Jean].»
J'entendais ma collègue qui représente la
région du Lac-Saint-Jean, là, pour le gouvernement puis je comprends que les
gens qui nous écoutent à la maison sont inquiets. Ils sont inquiets pourquoi?
Bien, parce que Donald Trump, c'est un intimidateur. Ça fait que, là, on est
face à quelqu'un, là, qui nous pousse vers les câbles un peu, là, puis qui
essaie d'avoir comme un nouvel objet, là, pour mettre dans sa collection. Bien,
je vais vous dire, là, si on met tout en contexte, là, il faut comprendre, là,
que l'objectif de la motion qu'on a déposée, nous, c'est d'être un
porte-étendard de toutes nos PME du Québec dans son ensemble, évidemment la
région du Lac-Saint-Jean et l'industrie de l'aluminium plus particulièrement.
Moi, je suis tombé en bas de ma chaise,
Mme la Présidente, quand j'ai entendu le premier ministre, à Washington, dire
qu'il voulait renégocier de façon prématurée l'accord de libre-échange avec les
Américains, mais qu'il était en plus prêt à faire des compromis pour notre
aéronautique, nos forêts puis la sécurité de notre aluminium. Puis ça, c'est
une chose, là, O.K., on peut avoir une crampe intellectuelle une fois de temps
en temps, ça peut arriver, là, mais, en plus de ça, là, O.K., de faire ça sans
avoir aucunement consulté les gens de l'industrie, sans leur dire qu'ils
allaient être, eux, sacrifiés sur la place publique, pour moi, c'est quelque
chose que je ne comprends pas, là. Moi, je veux qu'on réussisse au Québec. Je
veux que le Canada puis que le Québec, on gagne, O.K., je veux qu'on soit les
plus forts, au maximum de notre potentiel, mais il faut que tout le monde amène
sa game à la game, Mme la Présidente, parce que, dans le contexte actuel, on ne
peut pas l'échapper comme on l'a échappé la semaine passée à Washington.
Juste pour qu'on comprenne une chose, là,
puis mon chef ici l'a mentionné, ce n'est pas de juridiction de la part du
premier ministre de pouvoir imposer des tarifs sur l'exportation sur notre
matière première qu'on produit ici même, au Québec, là, c'est de juridiction
fédérale. Ça fait que, juste en partant, là, il faudrait quand même qu'on
connaisse un peu les séparations de pouvoirs puis les champs de compétence,
parce que c'est important, justement, dans un contexte où est-ce qu'on doit
être le plus fort qu'on puisse être. Bien, travaillons en équipe. Oui, je suis
prêt à travailler avec le gouvernement, avec tout le <monde...
M. Beauchemin :
...travaillons
en équipe. Oui, je suis prêt à travailler avec le gouvernement, avec tout le >monde
pour qu'on puisse gagner dans cette bataille-là, mais il faut qu'on comprenne
une chose, on doit travailler aussi avec nos partenaires dans le reste du Canada.
C'est essentiel.
Puis, contrairement à ce que le premier
ministre a dit, là, ce n'est pas facile de transférer la taxe à l'exportation
sur les clients. Ça va... Parce que le marché de l'aluminium, puis je ne veux
pas faire mon professeur d'école, là, mais c'est un marché qui est efficace.
C'est un marché, là... Il n'y a aucun arbitrage qui se fait facilement dans ce
marché-là. Donc, ça, ce que ça veut dire, Mme la Présidente, là, c'est
qu'essentiellement, avec ce qui se passe, avec les menaces américaines, là,
notre aluminium deviendrait le plus cher, donc pas attrayant pour personne. Ça
fait que c'est quelque chose qui va à l'encontre même de la logique économique,
l'argumentaire utilisé par le premier ministre. Puis malheureusement ce que ça
fait, c'est que ça mine la crédibilité de l'ensemble de notre argumentaire
quand on est face à cette situation-là, face à l'intimidateur en chef qui est
Donald Trump.
Donc, c'est important, là, qu'on puisse
mettre les choses en perspective pour qu'on comprenne comment tout fonctionne
dans l'industrie de l'aluminium. Les Américains ne produisent qu'à peu près
700 000 tonnes par année du métal primaire, de l'aluminium. Ils en
ont de besoin, là, évidemment beaucoup plus, c'est sûr et certain. Le Canada en
exporte. La grande majorité des importations d'aluminium aux États-Unis
viennent du Canada. Mais les Américains ont déréglementé leur énergie en
2010... de 2010 à 2014, ce qui a créé l'hécatombe dans leur système de
fabrication d'aluminium parce que, du jour au lendemain, ça devenait
inabordable pour eux autres de pouvoir compétitionner, faire de la production à
l'échelle mondiale. Donc, le résultat net pour les Américains, ils ont fermé
neuf de leurs 14 usines, puis ce qui a fait en sorte qu'ils ont totalement
réduit leur capacité de production à l'intérieur. Et ce n'est presque pas
impossible, mais c'est presque impossible pour eux autres de se retourner sur
un dix cents puis de faire cette production-là. Ça va leur prendre une dizaine
d'années pour remettre en place, donc, des alumineries.
Donc, pour passer à travers cette
histoire-là, quand on comprend l'ensemble de l'oeuvre, bien, on se dit :
O.K. Donc, les Américains ont besoin d'avoir de l'aluminium. C'est un marché
qui est efficace. Il veut nous imposer un tarif, mais il n'est pas capable
parce qu'il va avoir... absolument besoin d'avoir notre aluminium. On comprend
toute la logique. Ça fait que je ne comprends pas à ce moment-là, quand on sait
que notre adversaire a cette faiblesse-là, quand on sait, là... on est face à
notre client, là, O.K., puis que le client, il n'a aucune autre... il a
d'autres alternatives qui vont lui coûter plus cher, comment se fait-il qu'on
va tout de suite mettre sur la place publique : Bien, on va te faire un
deal tout de suite? Comme disait mon chef, on ne peut pas commencer une
négociation comme ça. C'est... Avant même de se rendre à la table de
négociation, on est là, on baisse nos culottes, on donne notre argent, on
hypothèque nos maisons, on fait tout pour lui rendre la vie plus facile, puis,
en bout de piste, là, bien, ça va être le début de la négociation avec lui.
C'est sûr et certain qu'on va avoir d'autres sacrifices additionnels à faire si
on commence déjà en position de faiblesse. Vous savez, on ne peut pas négocier
quand on a la tête dans la bouche de l'ours. Ça ne fonctionne pas, Mme la
Présidente. On doit absolument se rendre le plus fort possible.
Ça fait que, vous savez, les Américains
sont dépendants de nous, ça, c'est sûr et certain. On est le plus grand
exportateur — le Québec, je parle, O.K. — d'aluminium pour
les Américains. On veut diversifier nos marchés. Ça fait que ça, ça fait partie
de l'action de se sortir de la tête de la bouche de l'ours, là. On doit se
faire plus fort en ayant des marchés à l'extérieur des États-Unis, c'est sûr et
certain, mais prenons le temps de le faire. Pour aider l'industrie de
l'aluminium, là, à se chercher des nouveaux marchés, la dernière chose qu'on
doit faire, c'est de les taxer. La dernière chose qu'on doit faire, c'est de
leur rendre la vie encore plus difficile.
Ça fait que, moi, c'est important, là,
qu'on comprenne, là, l'action spécifique de la motion du mercredi, elle est sur
la taxe additionnelle que le premier ministre suggérait à haute voix, là, à qui
voulait bien l'entendre, qu'on devrait imposer à l'industrie de l'aluminium. Ça
ne fonctionne pas, Mme la Présidente. Ça ne tient pas la route. Ça fait en
sorte que notre industrie devient de moins en moins compétitive. Puis, si
l'objectif était de faire en sorte qu'on voulait les aider à diversifier leur
marché, on s'est tiré dans le pied, Mme la Présidente. Dans le contexte
géopolitique mondial actuel, avec ce qu'on a entendu de Marco Rubio hier, comme
quoi qu'on est prêts à laisser tomber les sanctions contre la Russie, bien là
il va y avoir 5 millions de tonnes d'aluminium qui, là, soudainement, vont
avoir à trouver preneur, qui, là, actuellement, s'en vont directement dans la
bouche des <Chinois, qui, eux autres, «by the way»...
M. Beauchemin : ...vont
avoir à trouver preneur, qui, là, actuellement, s'en vont directement dans la
bouche des >Chinois, qui, eux autres, «by the way», les achètent à une
fraction du prix parce que les Russes n'ont pas le choix que de vendre juste à
eux autres, ils sont barrés. Là, maintenant, les Russes vont avoir plus
d'argent parce que Marco Rubio a voulu faire ça. Pour faire quoi? Pour avoir
une position de force contre le Québec?
Il faut comprendre l'agenda, là, du
président Trump, il faut comprendre la chronologie des événements du président
américain avant de se dire : Ah! bon, on va faire des compromis avec notre
aérospatiale, on va faire des compromis avec nos forêts, des compromis avec
notre aluminium, on est prêts à renégocier tout de suite. Il faut comprendre
l'agenda, là, il faut prendre un... une pause, là, se calmer puis dire :
O.K., c'est quoi, la situation? Bien, la situation, là, c'est qu'actuellement
on a des forces et on a des faiblesses. Travaillons sur nos faiblesses pour
qu'on puisse se retirer la tête de la bouche de l'ours, là, c'est-à-dire, ayons
plus de force avec nos partenaires canadiens, diversifions notre économie,
essayons d'avoir plus... dans le général, là, pas spécifique à l'aluminium.
Dans le général, O.K.? Soyons plus productifs. S'il y a une industrie, en fait,
au Québec, qui a la chance de devenir plus productive, c'est bel et bien
l'industrie de l'aluminium. Elle a tous les éléments, beaucoup de leviers
financiers, énormément de technologies, compétition mondiale. Donc, tous les
éléments sont en place pour que, justement, la productivité puisse être au
rendez-vous. Rendons-nous plus productifs, devenons essentiels dans l'échelle
mondiale. C'est la chose à faire, Mme la Présidente.
• (16 heures) •
Vous savez, le président américain dit
qu'il y a seulement des compétiteurs aux alumineries canadiennes, c'est lesles
Américains qui vont l'être, là. Ça, ça ne tient pas la route, ça va lui prendre
trop de temps, O.K.? Ça fait que c'est le métal russe, c'est la Chine qui vont
faire une différence. Mais, vous savez, en bout de piste, là, O.K., les
alumineries canadiennes et, évidemment, celles qui sont au Québec, au
Lac-Saint-Jean — en passant, je suis le député qui représente la
région du Lac-Saint-Jean pour le Parti libéral dans ma formation politique — ces
alumineries-là, là, O.K., vont payer un prix si on n'est pas capables de
pouvoir penser avant de parler à haute voix comme ça. Parce que, là, ce qui
arrive, là, c'est qu'on crée des conditions qui sont dangereuses pour tous les
gens qui sont interpelés dans l'industrie. Les gens qui sont interpelés dans
l'industrie, soudainement, deviennent insécures par rapport à : Est-ce que
le premier ministre a vraiment dit ça? N'a-t-il pas vraiment dit ça? Qu'est-ce
qui se passe avec les Américains? Vont-ils vraiment vouloir faire ça?
Les gens qui travaillent, là, sur le
terrain, là, dans l'industrie, là, et avec des matériaux provenant de
l'industrie, et à fournir aussi l'industrie de l'aluminium, ils sont tous en
train de se poser un paquet de questions qu'il y a un mois ils ne se posaient
pas, là. Bien, ça apparaît être banal, Mme la Présidente, mais ce n'est pas
banal, parce qu'en bout de piste, là, leur sécurité à l'emploi est en jeu. Ils
n'ont pas la tête à l'emploi autant qu'avant. Ça fait que ça, c'est un enjeu extrêmement
important. La productivité n'est pas au même rendez-vous qu'il y a un mois, où
ils ne sont plus. Ils n'ont pas la tête à l'emploi. C'est important, là, de
penser à cette histoire-là.
Vous savez... Je sais que le premier
ministre aime souvent se comparer, là, avec nos collègues de l'Ontario, mais,
vous savez, Doug Ford, lui, il a pris la défense des alumineries ontariennes et
canadiennes sans les menacer de tarifs. Nous, on a fait l'inverse. Sur la place
publique, à Washington, devant le gros ours, là, la bouche grande ouverte, on
s'est rentré la tête dedans tout seuls. Bien, moi, c'est à se demander si...
honnêtement, si le premier ministre comprend la négociation 101. Quand on
s'en va, là, en négociation, on se doit... Il y a une expression en anglais,
là, «keep your powder dry», là, O.K.? Bien, c'est important de garder, là, la
poudre à fusil très sèche, là, si je peux la traduire en français le plus
simplement possible, sinon, là, on ne va pas être capable de tirer quand ça va
être le temps. Puis là, si notre intention était de, justement, dire : On
est prêts à faire des compromis ici et là ou «whatever», O.K., bien, c'est
correct quand c'est rendu que tu n'as pas le choix puis que tu es à ce
moment-là de la négociation. Mais, avant même que la négociation commence, de
sortir tous les argumentaires sur la table, ça ne tient juste pas la route.
Tu sais, vous savez, le premier ministre a
dit, à la période de questions, puis il avait l'air fâché, en fait, quand il
l'a dit, j'ai trouvé ça intéressant, que, tu sais, il fallait se tenir debout
contre M. Trump, contrairement à ce que le Parti québécois a dit. Mais il
faut plus que se tenir debout, là. Il faut s'assurer qu'on articule une
stratégie puis un plan qui tient la route puis qui ne nous désavantage pas. Ça
fait que moi, je préfère le silence à, justement, baisser nos gardes, montrer
notre jeu de cartes à tous puis faire en sorte squ'on a l'air d'être un petit
peu amateur, si je peux utiliser le <terme, là...
>
16 h (version révisée)
<19307
M.
Beauchemin :
...le >terme, là, face à la compétition,
face au président Trump. Vous savez, il a un peu créé la panique, le premier
ministre, en agissant de la sorte. Peut-être que les collègues du gouvernement
ont eu des échos dans leurs circonscriptions. Moi, j'ai eu des appels de
plusieurs de mes collègues de mon ancienne vie, qui m'ont appelé, qui m'ont dit :
Qu'est-ce que ça voulait dire, cette histoire-là, de quel... sur quelle planète
vit-il? Bien, vous savez, moi, là, je donne le bénéfice du doute, là. Ils
viennent avec les meilleures intentions du monde. Certainement qu'ils viennent
avec les meilleures intentions du monde
Mais là, aujourd'hui, là, O.K., on a
besoin d'être sur notre game. Il faut absolument qu'on comprenne, O.K., qu'à
chaque fois qu'on dit quelque chose c'est noté dans le petit livre de la Maison-Blanche,
là. À chaque fois qu'on dit quelque chose, là, ils l'écrivent puis ils
comprennent ce qu'on est en train de se dire entre nous autres ici, là. O.K.? Il
y a un traducteur, là, à Washington, là, qui va donner les minutes, si jamais c'était
nécessaire de les donner, au président Trump. Tout est écouté. Tout va être
traduit pour qu'eux autres entendent. Ça fait que tout ce que le premier
ministre dit, là, qu'il le dise en français, qu'il le dise à un journaliste
régional, qu'il le dise à un journaliste national. Peu importe, tout ce qu'il
va dire, ça va être rapporté au président Trump.
Ça fait que maintenant qu'on sait ça, là,
est-ce que c'est un spectacle qu'on est en train de faire pour essayer de
convaincre l'électorat québécois ou est-ce qu'on est en train de démontrer qu'on
est… vraiment, on a les intérêts des Québécois à cœur? Bien, je pense que c'est
important, là, qu'on se ressaisisse puis qu'on se dise : O.K., on a une
stratégie. Puis la stratégie qu'on veut, là, c'est de faire respecter le
Québec, devenir une nation plus forte. On veut avoir tous les éléments
importants, tous les outils de notre bord, toute notre poudre à canon. Il faut
qu'elle soit sèche, là, O.K.? Gardons tout ça propre, là, pour nous autres, là,
pour qu'on puisse être capables de, justement, bien négocier quand le temps va
venir de le faire, parce que, sinon, Mme la Présidente, on va se tirer dans les
pieds, puis, quand on va vouloir tirer vers l'adversaire, bien, le boulet de
canon, là, il va faire un pied puis il va tomber à terre. Ça n'aura pas de
sens.
Vous savez, on est dans une fédération,
moi, que j'aime beaucoup. On a énormément d'alliés dans notre fédération. On se
doit de parler à nos alliés puis de parler d'une seule voix. Je comprends, là,
que la situation affecte effectivement les gens du lac Saguenay… le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
excusez. Je comprends que c'est malheureux, O.K., mais, avant même de parler
sur la place publique de tout ce qu'on est prêts à sacrifier, il faut parler
aux gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Il faut leur parler. Il faut comprendre c'est
quoi, la réalité sur le terrain. Puis sont-ils d'accord quand on leur propose
ou quand on va, disons, proposer sur la place publique de mettre leur industrie
à risque?
Moi, je ne comprends pas comment ça se
fait qu'on n'a pas été capables de parler à la chambre de commerce américaine. J'entendais
la ministre de l'Économie, tout à l'heure, nous dire que le premier ministre a
parlé au Home Builders Association. «Well, that's fine», mais moi, j'aurais
aimé ça qu'on parle à la chambre de commerce américaine, parce que, la chambre
de commerce américaine, ils représentent toutes les industries aux États-Unis.
Puis en passant, c'était avec eux, en 2017, qu'on a eu le plus de leviers de
lobbying pour faire en sorte que le président Trump version 1 nous écoute.
Donc, comment se fait-il qu'on n'a pas engagé ce dialogue? Comment se fait-il
que ça... encore, il faut donner le plan de match à l'équipe du gouvernement
pour qu'il puisse agir là-dessus? Vous savez, la renégociation de la première
version, là, du US-Mexico-Canada, là, ça a pris plusieurs années. On a vécu
sous une ère tarifaire qui a duré pendant plusieurs mois par la suite.
Donc, je comprends l'argumentaire. On veut
que ça se passe vite. On veut que ça… qu'on passe au prochain appel. On veut
régler ça le plus rapidement. On veut ci, on veut ça. En passant, c'est le même
président qui a signé cet accord-là qui est en poste aujourd'hui, puis il en
veut un deuxième. Que vaut la parole du président Trump? Elle ne vaut pas
grand-chose. Ce qu'on va faire, là, c'est qu'on va lui dire… Oui, on va
renégocier avec lui. On va lui donner notre aluminium. Peu importe ce que le
premier ministre dit, là, on va renégocier. Puis qu'est-ce qu'il va faire? Il
va resigner tout ça, puis, le lendemain, ça va être : Bon, O.K., c'est
quoi, le prochain objet argent que je peux aller me chercher? Il n'y en aura
pas, Mme la Présidente, de fin de l'inquiétude par rapport à ce que le
président Trump est en train de faire. Ça va être continuel.
Donc, on se doit de se concentrer sur comment,
nous, on peut s'améliorer. On se doit, nous, de se concentrer sur nos leviers
pour s'assurer qu'on puisse se sortir la tête de la bouche de l'ours. On doit
s'assurer d'une chose, c'est que, pour que les gens au grand complet dans le
Québec comprennent que ce que le premier ministre a dit ne tient pas la route,
il faut que ça soit expliqué de la part du gouvernement. C'était une erreur de
la part du gouvernement. Moi, je la relis, là, la motion du mercredi, Mme la
Présidente, là, tout le monde devrait être d'accord avec ça. On se parlerait,
là, «one on one», là. Il n'y aura pas personne qui va me dire : Ah non!
c'est une vraiment bonne idée, ça. Ça, là, demain matin, je la signe, tu en
veux combien? C'est sûr que non, ce n'est pas une bonne idée du tout, Mme la
Présidente.
Ça fait que c'est certain que, quand on
regarde ça, là, on doit au moins se sortir de cet exercice qui nous mène en
position de faiblesse face aux Américains puis on doit réaliser que c'est
important de faire en sorte que les gens dans l'industrie de l'aluminium au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
les gens qui sont responsables de l'industrie puissent avoir un bon canal de
communication avec le gouvernement, que le gouvernement comprenne les enjeux de
ce marché-là, qui est extrêmement efficace, c'est un marché qui ne permet aucun
arbitrage, puis de s'assurer qu'une fois qu'on a tous ces éléments-là mis en
place, Mme la Présidente, on puisse être capable d'avoir une proposition solide
pour faire avancer le Québec. Mais attendons avant d'offrir n'importe quoi sur
la place publique, attendons de voir c'est quoi que le président veut avoir. On
n'est pas pressés, là, de le voir. Je comprends qu'on est inquiet, mais soyons
stratégiques.
Pour moi, Mme la Présidente... puis
j'essaie de juste me mettre à la place de ceux qui vont faire face à ces
situations au Lac-Saint-Jean. C'est important pour moi de... pour eux qu'ils
comprennent qu'au Parti libéral, là, on est là pour défendre toute l'industrie
de l'aluminium, que ce soit à la production, que ce soit aux fournisseurs de
services à l'industrie même, que ce soit dans la transformation, produits de
valeur ajoutée, qui représentent grosso modo, là, 35 % de nos exportations
en passant, là. Il y a 65 %, c'est du lingot, là, on l'envoie directement
en lingots. Il y a 35 %, là, c'est de la valeur ajoutée, c'est un produit
d'aluminium transformé spécifiquement pour un véhicule automobile, par exemple.
Avant, là, de pouvoir avoir une approbation pour la compagnie américaine qu'un
autre fournisseur X soit capable de remplacer ce que nous, au Québec, on est
capable de faire, là, ça va prendre des années. Oui, on a des avantages
stratégiques, on les comprend. Ça fait que tout cet argumentaire-là, là, qu'on
a entendu de la part de la ministre, oui, je l'entends, mais je ne comprends
pas le premier ministre de dire, sur la place publique : On va vous offrir
la sécurité de notre industrie de l'aluminium. C'est comme... voyons donc, ça
ne tient pas la route.
• (16 h 10) •
Donc, la motion du mercredi, on doit se
dire que c'est un mauvais exemple de ce que c'est la négociation, là, de la
part du premier ministre, d'avoir offert ça sur la place publique, là. La
motion du mercredi, elle doit être acceptée par tous. Dans une négociation, Mme
la Présidente, là, on doit obtenir quelque chose. En bout de piste, là,
qu'est-ce qu'on a obtenu? Qu'est-ce qu'on a obtenu de la part du gouvernement
américain? Pas grand-chose. C'est terminé? Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : L'année
prochaine, ça va faire 125 ans qu'on produit de l'aluminium au Québec, et,
pour fêter ça, le premier ministre du Québec fait un cadeau empoisonné au
secteur de l'aluminium en inventant la surtaxe Legault sur l'aluminium.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Vous avez entendu comme moi ce que le collègue a dit. Ce n'est pas permis en
Chambre.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député et M. le... Merci, M. le leader adjoint
du gouvernement. M. le député, je vous invite à la prudence, s'il vous plaît.
M. Paradis : Sur quel mot?
Là, je vois que mon temps roule, là, mais...
Une voix : ...
M. Paradis : Alors, la taxe,
la surtaxe du premier ministre sur l'aluminium. Parce que, si on fait un petit
cours très rapide de commerce international, lorsqu'il y a une menace de tarifs
douaniers d'un autre pays... ici, c'est l'administration Trump qui menace
d'imposer des frais de douane à la frontière sur tout l'aluminium du Québec. La
réplique, d'habitude, c'est de prendre des produits que ce même pays là envoie
chez nous puis d'imposer des frais de douane, pas de faire ce que le premier
ministre du Québec propose, c'est-à-dire : on va avoir ces frais de douane
additionnels de 25 %, puis moi, je vais rajouter une taxe dessus, je vais
le rendre encore plus cher, l'aluminium du Québec.
Et attendez, ce n'est pas tout, Mme la
Présidente. On ne sait pas encore, parce qu'il faut se démêler dans les
nombreux décrets du président américain... c'est que ça se pourrait que ces
tarifs-là de 25 % imposés par l'administration Trump s'ajoutent à des
tarifs additionnels de 25 % sur tous les produits auxquels le gouvernement
de la CAQ veut ajouter une autre taxe. Et ce qui est extraordinaire, c'est
qu'en faisant ça le gouvernement prétend défendre une industrie qui dit :
Non, non, non, ne faites pas ça, s'il vous plaît, ça va nous nuire. On en est
rendus là.
Et ce qui vient de se passer
d'extraordinaire avec la motion de mon collègue, je le remercie, le député de
Marguerite-Bourgeoys, parce que c'est vraiment sur la question du tarif ou de
la taxe additionnelle sur l'aluminium que porte la motion aujourd'hui... et on
a entendu la ministre responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean se lever, faire un
discours plein de belles paroles, mais on n'a pas entendu un mot pour protéger
ou pour se dire d'accord avec l'initiative du premier ministre. Est-ce que la
ministre a été capable de se lever puis dire : Oui, c'est une bonne idée,
venez taxer une des principales industries de ma région de manière
additionnelle... aux menaces tarifaires américaines? Pas entendu un mot. La
ministre de l'Économie s'est levée tout à l'heure, je n'ai pas entendu un mot
pour défendre l'idée du premier ministre, pas un mot. Et ça fait deux fois que
je me lève, pendant la période de questions, pour lui demander de me répondre
là-dessus. Rien.
Alors, moi, je veux entendre la députée de
Chicoutimi, ministre responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean, dire : Oui,
c'est une bonne idée, s'il vous plaît, une taxe additionnelle sur notre
aluminium, ça va rassurer les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je veux entendre
le député de Dubuc, je veux entendre le député de Lac-Saint-Jean, je veux
entendre le député de Jonquière, je veux entendre la députée de Roberval.
Qu'est-ce qu'ils vont dire de ça? Je veux les entendre : Oui, on est
d'accord, c'est une bonne idée de mettre une taxe additionnelle sur nos
exportations d'aluminium, alors que toute l'industrie nous dit de ne pas faire
ça.
C'est l'inverse qu'il faut faire. Nous, au
Parti québécois, on propose d'adopter des mesures dès maintenant pour se mettre
sur le chemin de la diversification, de l'exploration d'autres marchés de
remplacement. On a dit : Vite, des missions commerciales, allons-y. On l'a
proposé. Est-ce qu'on a entendu parler de ça? Non. On a dit : Il faut
défiscaliser les nouvelles exportations vers les nouveaux marchés, on va aider
nos entreprises à démarrer rapidement cette diversification. Parce que ça fait
longtemps qu'on en parle, on le sait que ce n'est pas facile, mais on
dit : Ça prend des mesures pour aller là. Ce n'est pas ça qu'on entend. On
entend le contraire. On entend notre gouvernement qui veut imposer une taxe
additionnelle à un de nos secteurs névralgiques.
Alors, si c'est ça qu'on appelle se tenir
debout, affaiblir encore plus nos industries névralgiques, bien, moi, je ne
comprends plus ce gouvernement-là. Si se tenir debout, c'est d'offrir ça, dès
maintenant... parce que, là-dessus, le député de Marguerite-Bourgeoys a raison,
là, les Américains, actuellement, ils nous regardent puis ils regardent le
premier ministre du Québec qui a dit : Je vais garder la tête froide, il
faut garder la tête froide, qui s'en va réfléchir tout haut à Washington, qui
s'en va à Washington avec son jeu tout ouvert, contre toutes les règles des
négociations commerciales internationales, j'en sais quelque chose, pour dire :
Voici les... Je suis prêt à faire beaucoup de compromis, et voici les compromis
que je vais faire. On ne l'a pas entendu dire ce qu'il veut faire comme gains.
Par contre, on l'a entendu dire ce qu'il est prêt à abandonner, et il a inclus
là-dedans l'aluminium. Et non seulement il dit : Je suis prêt à faire
beaucoup de compromis sur l'aluminium, et sur l'aéronautique, et sur le bois,
mais, en plus, je vais taxer, je vais surtaxer l'aluminium.
Donc là, alors que l'administration Trump
dit : Bien, actuellement, je vise le monde entier, ce qui veut dire que
tous les pays du monde sont visés par les menaces de tarif sur l'aluminium de
l'administration Trump, notre gouvernement veut nous mettre en position de
faiblesse en disant : Bien, moi, je vais nous donner un désavantage
concurrentiel par rapport aux autres. C'est une erreur, c'est un
affaiblissement de la position du Québec.
Je demande aux députés de la région de
rappeler le premier ministre à l'ordre pour que vraiment, là, on se mette en
position de fermeté pour défendre les intérêts du Québec. Se tenir debout, ce
n'est pas nous affaiblir, c'est l'inverse.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Je cède maintenant la parole au député de Lac-Saint-Jean.
M. Éric Girard
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Merci,
Mme la Présidente. Écoutez, tout d'abord, je vais saluer mes collègues de la
partie gouvernementale, de la partie de l'opposition aussi, plus
particulièrement mon collègue de Dubuc, qui est ici présent avec moi, qui
représente fièrement la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean avec mes autres...
mes quatre autres collègues aussi.
J'ai souvent l'occasion... j'ai eu souvent
l'occasion de m'exprimer sur le dossier de la foresterie, en cette Chambre, un
dossier qui me tient excessivement à cœur. Maintenant, c'est un autre sujet qui
est le sujet de l'aluminium aujourd'hui, sur la motion. Et je vais revenir sur
ce que mon collègue député de Marguerite-Bourgeoys a dit, tout à l'heure, en
disant qu'on n'était pas connectés sur notre terrain. Je vais revenir
là-dessus. Mais je vais commencer en vous faisant un historique au niveau de
l'aluminium. Mes collègues ministres, tout à l'heure, ont fait un très bon
exposé, là, au niveau plus économique. Moi, je vais descendre un petit peu plus
au niveau de la région, puis la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, mon cher
collègue.
Vous savez, l'aluminium, ça a commencé
chez nous avec la construction de la centrale d'Isle-Maligne, dans la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean, à Alma, entre autres, et sa mise en opération était en
1926. En même temps se construisait une usine à Arvida, une usine de coulée, et
ça s'est fait avant même Hydro-Québec. Donc, on a été les précurseurs, avec des
gens de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean comme travailleurs, qui ont
construit cette industrie. Et il y a eu aussi la construction d'une communauté.
Et entre autres, à Arvida, il s'était construit en même temps 270 maisons
en quelques mois, on me dit même en 135 jours, puis on est au début du
XXe siècle.
• (16 h 20) •
Je trouve ça important, moi, là, même si
vous trouvez ça drôle, chers collègues de la partie de l'opposition, de se
rappeler aussi, là, l'historique, de se rappeler d'où on vient. Puis on marque
un tournant décisif, hein, à cette époque-là. C'est un positionnement de la
région du Saguenay—Lac-Saint-Jean comme un centre névralgique de la production
d'aluminium.
Il est arrivé aussi la Seconde Guerre
mondiale, puis la demande en aluminium a explosé, entre autres, pour la
production en aéronautique. C'est là que l'aluminium est devenu un métal
stratégique déterminant. Puis, juste pour vous rappeler aussi, durant cet
effort de guerre là, la base de Bagotville a été construite en conséquence de
l'aluminium puis des centrales hydroélectriques. À cette époque, on devait protéger
ce centre névralgique. C'est devenu le centre principal de production
d'aluminium au monde. Donc, c'était important. C'est pour ça que je tenais à
rappeler ces choses-là, parce que je trouve que c'est important.
Puis vous allez voir pourquoi je dis ça,
parce que c'est... c'est 100 ans d'histoire, c'est dans notre ADN, chez
nous, là, autant que la forêt, là. Puis ma collègue en a fait part tout à
l'heure, de quelques chiffres. C'est quoi, l'aluminium, chez nous? C'est plus
grand que nature, là. C'est ça, l'aluminium, chez nous, là, c'est plus grand
que nature. Savez-vous que c'est plus de 50 % de la production mondiale de
Rio Tinto qui est produite au Saguenay—Lac-Saint-Jean? C'est
1,2 million de tonnes produites au Saguenay—Lac-Saint-Jean. On a une usine
d'alumine. Je vous invite à aller consulter, là, sur le site de Rio Tinto,
vous allez voir c'est quoi, une usine d'alumine, c'est le... c'est le principal
pour produire de l'aluminium. On a cinq usines d'électrolyse. On a six
centrales hydroélectriques. J'en ai quatre juste dans mon comté. On a un centre
de recherche et de développement. On a un chemin de fer, 142 kilomètres,
Rio Tinto. On a un port, Rio Tinto, un port dans le comté de mon collègue
ici. C'est usines d'électrolyse les plus perfectionnées au monde, en termes
techniques, puis qui sont alimentées exclusivement avec de l'hydroélectricité.
Donc, en plus, c'est propre. Je ne sais pas, mais c'est un avantage
concurrentiel énorme. C'est 8 % du PIB de ma région, c'est
9,16 milliards en produits d'exportation, en valeur, au Québec.
Chez nous, là... parce que j'entends
dire... Mon collègue de... Marguerite-Bourgeoys? C'est bien ça, Mme la
Présidente? Il a dit tantôt : Parlez à votre monde. Les cinq députés
régionaux, là, du Saguenay—Lac-Saint-Jean, là, sont connectés sur leur terrain.
On est avec nos entrepreneurs. On est tissés serré. On est proches de notre
monde. C'est 4 000 travailleurs. Savez-vous c'est quoi, Mme la Présidente,
4 000 travailleurs? 4 000. Y avez-vous pensé? 2 000 contracteurs
aussi qui font affaire avec Rio Tinto, des sous-contractants qui engagent du
monde, des sous-contractants qui engagent des sous-contractants qui engagent du
monde. Ça fait que ne venez pas me dire qu'on ne sait pas de quoi qu'on parle
quand on parle d'aluminium puis de forêt, parce qu'on pourrait débattre
longtemps, cher collègue. Tout est rattaché. C'est complexe. C'est une
industrie qui est en synergie. On la connaît, notre industrie. On la défend,
notre industrie. Mais ce n'est pas comme ça qu'on va y arriver.
Je continue encore avec quelques chiffres.
Rio Tinto dépense plus de 1 million par jour, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
en maintien d'actifs, juste pour maintenir ses actifs, 1 million par jour.
Ils viennent d'investir 1,4 milliard pour la construction de l'usine AP60,
à Jonquière. Ça, c'est les derniers investissements. Je ne calcule pas la
réfection des fours à Alma, l'augmentation de la capacité d'ampérage à l'usine
d'Alma. En plus, on construit une usine de billettes aussi à Alma, donc on
transforme. Malgré ce qui se passe au niveau économique, on est réalistes. Le
secteur continue d'investir. En plus, ils investissent dans les centrales
hydroélectriques. La Centrale Isle-Maligne va avoir 100 ans, six centrales qui
font travailler du monde, des entreprises telles que Nordex, leurs machineries,
quand c'est le temps de faire des pelles. On est des spécialistes, puis on va
le rester, Mme la Présidente, puis on va passer au travers.
Puis le gouvernement, il fait quoi? Le
gouvernement, savez-vous, cher collègue de Marguerite-Bourgeoys, il investit
dans la technologie Elysis. On développe avec eux cette technologie-là. On est
partenaires. On est partenaires aussi dans les ententes hydroélectriques,
hydrauliques. Vous savez, on ne se limite pas juste à la production primaire,
hein? Je l'ai dit encore puis je le redis, c'est un écosystème qui est large.
On parle de fabrication d'équipements, des spécialistes, de la recherche aussi.
On n'en parle pas, mais il y a de la recherche qui se fait chez nous, de
l'innovation technologique. On a de la formation, de la main-d'oeuvre
qualifiée. On a des centres de formation professionnelle, chez nous, qui font
des travailleurs dans le domaine de l'aluminium. On a des femmes qui
travaillent là, on a des hommes, des jeunes, des moins jeunes. Je le redis
encore, je le redis, je le redis pour que vous le compreniez, c'est un
écosystème complexe. Je pourrais en rajouter encore, mais on va se garder des
choses.
Vous savez, les gens, là, de la région,
là, je l'ai dit, ils ont l'aluminium, tout comme la forêt, dans leur ADN. Je
vous invite à regarder notre drapeau régional. On a la couleur grise qui parle
de l'aluminium. On a des travailleurs qualifiés, des travailleurs de grande
qualité, des spécialistes qui, en ce moment, sont avec nous autres en train de
travailler à se battre et non à faire de la petite politique.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député, c'est une chose que vous ne pouvez pas
dire...
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Oui, puis, en même temps, j'aimerais que vous vous
adressiez à la présidence, parce que ça fait à plusieurs reprises que vous vous
adressez directement au collègue de Marguerite-Bourgeoys. Donc, je vous invite
à la prudence et vous adresser à la présidence, s'il vous plaît.Merci.
M. Girard (Lac-Saint-Jean) : Sans
parler de tous nos sous-traitants, nos équipementiers, Mme la Présidente, qui
travaillent dans ce domaine-là. Vous savez, c'est un domaine qui est ancré dans
nos vies. On retrouve ça aussi dans nos universités, où des chercheurs, Mme la
Présidente, et des étudiants consacrent temps et énergie pour améliorer, créer,
produire et réfléchir à cette industrie. Donc, ce n'est pas rien.
On a des élus qui travaillent en ce
moment, Mme la Présidente, avec le milieu économique, justement, à trouver des
solutions. Ce n'est pas la première fois qu'on vit des crises, là, mais on va
passer au travers, Mme la Présidente. Puis on est sur le terrain, Mme la
Présidente. Les députés du Saguenay—Lac-Saint-Jean, on est proches de notre
monde, on leur parle. On connaît notre coin, on connaît notre système. On est
des partenaires, puis je vous invite à être des partenaires. Il faut qu'on
continue à travailler ensemble avec le milieu. Moi, c'est ça que les gens m'ont
dit, avant-midi, avec qui j'ai parlé, encore dernièrement, des équipementiers,
des gens aussi de Rio Tinto. On va s'en sortir, on est des gens résilients, on
va y arriver.
• (16 h 30) •
Pendant que nous, ici, Mme la Présidente,
on fait des débats, ce qui est important pour la démocratie, bien, il y a des
gens qui travaillent en ce moment dans ma région, dans notre région, qui
travaillent en collaboration avec des manufactures, avec des sous-traitants,
les gens de l'industrie, les élus. Ils travaillent tous ensemble à trouver des
solutions, à développer d'autres marchés, là. Ça se fait, là, ce n'est pas...
ça ne vient pas d'arriver de même, là, mais ça prend du temps à faire ça, Mme
la Présidente. Ça ne se fait pas en claquant des doigts. Il y en a, des
marchés, aussi, déjà.
Donc, je pense qu'il faut se serrer les
coudes, puis on va passer au travers. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Bellechasse.
Mme Stéphanie Lachance
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Depuis quelques semaines et encore pour plusieurs semaines, on va
continuer à travailler ensemble. Puis, je le demande, on doit travailler
ensemble, parce que l'impact des tarifs sur nos industries, il est possible, il
est important et il pourrait être très important. Donc, comme le mentionnait
mon collègue juste avant moi, c'est important de travailler ensemble.
Le Québec, c'est un leader mondial en matière
d'aluminium. Notre nation bénéficie d'une des sources d'énergie les plus
propres au monde, l'hydroélectricité, ce qui rend notre aluminium parmi les
plus écologiques. L'aluminium, c'est un métal stratégique, comme le dit ma
collègue députée de Chicoutimi, qui façonne nos infrastructures mais qui
façonne aussi plusieurs technologies émergentes. Elle représente un élément
essentiel dans la transmission vers des technologies plus durables, comme les
véhicules électriques, comme les énergies renouvelables et tout ce qui
contribue à réduire notre empreinte de carbone.
Pour ceux qui ne connaissent pas le
processus de production de l'aluminium primaire, bien, j'aimerais ici présenter
un bref aperçu, un rappel des concepts scientifiques derrière. D'abord, la bauxite.
La bauxite, c'est le minerai qu'on trouve au tout début de la chaîne de
production de l'aluminium. Il faut quatre à cinq <tonnes de bauxite...
>
16 h 30 (version révisée)
<17835
Mme
Lachance :
...début de la chaîne de production de l'aluminium. Il
faut quatre à cinq >tonnes de bauxite, de cette roche sédimentaire, pour
produire deux tonnes d'alumine. Dans la seconde étape du processus, la
réduction de l'alumine par électrolyse, on pourra produire une tonne d'aluminium.
La production d'une tonne d'aluminium, ça équivaut à la production d'une tonne
et demie de dioxyde de carbone en contrepartie, puis c'est à cet effet-là que
notre gouvernement s'est penché, sur la possibilité de produire de l'aluminium
plus propre, plus durable, par des procédés technologiques avancés.
Comme l'a mentionné ma collègue députée de
Chicoutimi, depuis 2018, le gouvernement s'est associé à deux producteurs
importants d'aluminium dans le monde, soit Alcoa Corporation et Rio Tinto, au
Saguenay, avec l'objectif de développer une technologie novatrice, une
technologie de réduction de l'alumine pour produire de l'aluminium primaire au
Québec, de façon à respecter nos objectifs de décarbonation. En effet, cette
technologie révolutionnaire qui utilise des anodes inertes pour effectuer l'électrolyse
de l'aluminium élimine complètement les émissions de GES durant le processus de
production de l'aluminium en remplaçant le processus traditionnel d'électrolyse,
qui génère du CO2, par une technologie de
pointe qui produit de l'oxygène pur et les particules d'aluminium.
ELYSIS représente un véritable saut
technologique qui pourrait transformer l'industrie mondiale de l'aluminium, Mme
la Présidente. C'est important de le mentionner. Puis évidemment on a soutenu
cette industrie-là quand même beaucoup parce qu'à terme nous sommes convaincus
que la technologie ELYSIS sera adoptée par toutes les alumineries au Québec,
mais aussi va permettre de réduire à 5 millions de tonnes annuellement nos
émissions de CO2. Ce n'est pas rien, Mme la
Présidente. Je crois également qu'il est important de souligner la pertinence
du développement d'une telle technologie ici, au Québec. Quand on développe ici,
au Québec, une technologie comme celle-là, qui sera exportable, bien, ce n'est
pas ailleurs que ça se passe, c'est ici, chez nous.
On ne peut pas minimiser, Mme la
Présidente, les retombées économiques que ce projet de grande envergure aura
pour le Québec. À terme, une fraction des revenus récurrents de royautés sur la
vente de cette technologie aux producteurs d'aluminium mondiaux va revenir ici,
au Québec, dans notre portefeuille. On investit dans la décarbonation de l'aluminium,
mais également dans le potentiel commercial d'ELYSIS, qui montre à la fois
notre engagement pour améliorer notre empreinte écologique, mais aussi pour la
décarbonation et aussi pour une amélioration de notre vision économique pour le
Québec.
En plus des bénéfices environnementaux, le
recours à la technologie d'ELYSIS, Mme la Présidente, permettra aux alumineries
d'augmenter leur productivité, de réduire leurs coûts d'opération et de
diminuer l'intensité de leurs investissements en capitaux, en plus de se
soustraire à la tarification du carbone. En commercialisant cette technologie à
l'échelle mondiale, cette technologie pourra être déployée dans tous les
projets de nouvelles alumineries et même dans la conversion des alumineries
existantes dans les nouvelles usines.
Donc, Mme la Présidente, on voit ici à
quel point c'est important. Puis on doit continuer à travailler ensemble pour
la suite des choses et évidemment faire en sorte que... À la lumière de ces
informations, on le constate, tout ça va nous placer comme un État exemplaire,
et, en plus, des plus compétitifs en matière d'aluminium au niveau
international. Quand on parle, Mme la Présidente, de l'impact des tarifs puis qu'on
regarde l'état de la situation avec l'aluminium, on est chanceux parce qu'internationalement
on a une technologie, on est en train de se développer.
Donc, je le dis puis je le répète, on doit
continuer à travailler ensemble. Puis je tends la main aux oppositions parce qu'actuellement
c'est le temps d'unir nos forces pour travailler à réaliser nos projets, à
investir dans notre futur, et tout est devant nous pour qu'on puisse le faire
avec un secteur de l'aluminium qui est, ma foi, très florissant, où les gens
travaillent très fort, au Saguenay, entre autres choses, à développer des <technologies...
Mme Lachance :
...travaille
très fort au Saguenay, entre autres choses, à développer des >technologies
de pointe qui se retrouvent nulle part. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député de Saint-Jean.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Pour combien de
temps, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : 10 min 20 s, M. le député.
M. Lemieux : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Puisque je serai le dernier à prendre la parole du côté
gouvernemental dans ce débat réservé aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition et que ceux qui m'ont précédé de ce côté-ci de la Chambre se sont
concentrés sur la partie du libellé de la motion qui traite de l'industrie de
l'aluminium en général et, en particulier, des impacts d'éventuels
contre-tarifs sur l'aluminium et de son impact potentiel sur l'économie du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
je vais prendre un pas de recul, Mme la Présidente, pour aborder le contexte
politique et économique de la question, mais pas avant de souligner que ce
n'est pas pour rien que je parle d'éventuels tarifs à l'exportation et de
potentiels impacts sur l'économie de cette région que je connais bien, tout
comme son cœur industriel en aluminium, et que je sais résiliente, ne serait-ce
que parce qu'elle en a vu d'autres. J'aurais préféré, dans la motion,
«contre-tarifs éventuels», parce que oui, c'est une des réponses possibles à la
guerre commerciale qui est en train de se préciser et avec laquelle s'amuse le
président américain, qui est, tout le monde sera d'accord, tout sauf
prévisible. Et pas seulement à l'égard du Canada, mais, il le prouve bien
depuis son arrivée en poste, à grands coups de décrets signés au marqueur
Sharpie, tous azimuts, sur tout ce qu'on peut imaginer ou, je devrais peut-être
dire, sur tout ce qu'il est capable d'imaginer.
Donc, oui, à mon avis, et je suis à cet
égard fier et solidaire de la posture de notre premier ministre, il ne faut
surtout rien écarter et ne pas considérer, en ce moment, sur ce qu'on pourrait
faire éventuellement, ce qu'on devra faire, peut-être, lorsqu'on sera
confrontés à la réalité qui nous sera imposée, à terme, par le président
américain, au final. Pour les mêmes raisons, il me semble qu'il faudrait parler
de potentiels impacts sur l'économie de cette industrie et des régions où elle
se trouve, et, oui, en commençant par le Saguenay—Lac-Saint-Jean, potentiels
dans le sens que personne ne sait vraiment ce qui va se passer et même si ça va
se passer. Mais tout le monde sait que ça pourrait avoir des impacts majeurs
pour toute l'économie.
• (16 h 40) •
Et j'y reviendrai, mais je dois répéter
tout de suite que le gouvernement est en action et prêt à faire face à
plusieurs scénarios. Et, on le dit depuis le début, on sera, dans une première
étape, au rendez-vous pour soutenir les entreprises de tous les secteurs ciblés
par des tarifs pour une crise qui provoquerait des problèmes de liquidités,
tout en épaulant les initiatives visant à développer de nouveaux marchés, ce
qu'on est, d'ailleurs, déjà en train de faire, et c'est fondamental, sans
oublier les travailleurs, pour ne pas qu'ils fassent les frais d'une guerre
commerciale que nous n'avons pas cherchée et qui, à bien des égards, relève
encore, aux dernières nouvelles en tout cas, de la politique-fiction trumpiste.
Donc, je m'inscris en faux, si vous ne
l'avez pas encore compris, contre le libellé de la motion qui est sur la table,
même si je me réjouis, Mme la Présidente, qu'on en parle. Et c'est pour ça que
je suis debout devant vous, parce qu'en fait ce dont il est question et ce que
le président américain semble vouloir mettre en place, ce n'est rien de moins
qu'un nouvel ordre économique mondial, s'il arrive à ses fins. Il faut
toujours, depuis son élection, dire «si», «éventuel», «potentiel», etc., parce
que la théorie du chaos qui est la sienne nous transforme, avec tous les gouvernements
de la planète, en acteurs dans une mauvaise émission de téléréalité.
Mais si, effectivement, l'ordre économique
mondial doit changer, je suis de ceux qui pensent et qui disent qu'il ne faut
pas attendre et qu'il faut saisir les opportunités dans la crise et en profiter
plutôt que de la subir. Et on est bien placés pour ça. Depuis six ans, notre
croissance économique a été la meilleure du reste du Canada. Et, comme le
répète le premier ministre avec raison, puisque c'est son mantra économique
depuis 10 ans, le Québec a réduit son écart de richesse avec ses voisins
pour la sixième année, parce que les salaires des Québécois ont augmenté plus
vite que l'inflation, avec le résultat que les Québécois ont bénéficié de la
plus forte hausse du pouvoir d'achat, entre 2018 et 2024. Ce qui n'empêche pas
que plusieurs Québécois et plusieurs entreprises vivent des difficultés. Mais
l'économie du Québec reste solide.
On fait des choix responsables, on va
continuer d'investir dans les services aux Québécois, mais on va aussi
s'assurer que chaque dollar soit bien investi. Parce qu'on le sait, il faut
rendre nos services plus efficaces. Autrement dit, on veut et on va prendre
soin de notre monde et leur en donner pour leur argent, parce qu'on le sait, on
est parmi les juridictions les plus taxées en Amérique, et il y a une raison à
ça, ça s'appelle le filet social, Mme la Présidente, un filet que notre société
distincte a tissé en s'émancipant avec la Révolution tranquille. Ça coûte cher,
et ça, ça s'appelle un choix de société, pour bien s'occuper de tout le monde.
D'ailleurs, il y a une série d'articles
dans La Presse, depuis deux semaines, qui m'impressionnent et que je lis
avidement à chaque matin. Il y en a un en particulier du <titulaire...
M. Lemieux :
...et
que je lis avidement à chaque matin, il y en a un en particulier du >titulaire
de la Chaire Jarislowsky sur la confiance et le leadership politique de l'UQTR
en collaboration avec l'ENAP, un certain Stéphane Paquin, qui sera sans doute
surpris d'entendre son nom en Chambre aujourd'hui. Il a signé, c'était lundi, Bâtir
une société gagnante — L'exceptionnel modèle québécois. Il
fait une mise en situation dans le temps sur les politiques et l'économie des
années 80 à aujourd'hui qui démontre que le Québec, depuis la Révolution
tranquille, n'a jamais cessé de tirer... de tisser, pardon, ce filet social
pour construire une société plus juste et plus solidaire que le reste du pays
et que les États-Unis, bien évidemment. Avec beaucoup de chiffres et d'études à
l'appui, le Pr Paquin nous explique que le Québec est plus égalitaire,
pour le dire comme ça, que la moyenne canadienne et des pays de l'OCDE, et
qu'on fait même mieux à ce chapitre que les principaux pays nordiques. Ça
s'appelle le coefficient de Gini, G-i-n-i, qu'il démontre puisqu'il mesure les
inégalités dans la distribution des revenus. Un coefficient de 0 signifie
l'égalité totale, qui veut dire que la richesse est distribuée parfaitement, et
un coefficient de 1 désigne une inégalité totale, tout ça en compte des
salaires après impôts, transferts, interventions de l'État, etc.
Mais, vous allez voir, c'est intéressant.
Le coefficient de Gini de la France, par exemple, est de 0,29; les États-Unis,
0,38 — 0, c'est l'idéal, 1, c'est moins bon — le
Royaume-Uni, 0,36; la Suède, la Norvège, 0,29; la Finlande, le Danemark, 0,27.
Eh oui, le coefficient de Gini du Québec est de 0,26, mieux que la moyenne
canadienne, ce qui a fait écrire à Stéphane Paquin lundi, et que je cite :
«Le Québec est moins inégalitaire que quatre des pays nordiques, il faut le
faire!» Fin de la citation. Et on l'a fait, ce filet social, pour toutes les
raisons que nous dictait, depuis la Révolution tranquille, cette société
distincte que nous sommes. Et on va continuer à le tisser par solidarité, tout
en conjuguant les défis qui s'imposeront avec les velléités du président
américain.
C'est le moment de se concentrer, en ce
moment, nous tous, sur l'urgent. Mais il y a aussi, comme le disait notre
ministre de la Santé pendant la pandémie, l'important — il faut
toujours garder un œil sur les deux — et reconnaître nos forces en ce
moment et nos faiblesses pour mieux considérer nos options au-delà des calculs
et des théories économiques macro pour le reste du monde et micro pour chez
nous, continuer de prendre soin de notre monde et construire l'économie de
demain, si c'est ça qu'il faut faire. Et ça tombe bien, on a déjà commencé à le
faire, par exemple, notre filière batterie, qui est la conséquence logique de
l'électrification de notre société, qui a la chance de pouvoir compter sur une
richesse incommensurable d'électricité propre. L'aide aux entreprises, par
exemple, on sait comment faire, depuis six ans, ça fonctionne. Même chose pour
la mondialisation et la diversification de nos marchés. C'était déjà en
augmentation, si ce n'est que le marché américain a continué de croître en
accéléré. Mais on s'est préparés depuis, bien qu'avant l'élection du mois de
novembre on était déjà à l'oeuvre avec ça, en reconfigurant, par exemple, nos
bureaux du Québec un peu partout dans le monde et aux États-Unis pour être plus
en situation de réaction. Les bureaux du Québec sont aussi, ni plus ni moins,
que des extensions naturelles d'Investissement Québec, qui est notre carte
frimée dans ce jeu-là pour aider les entreprises québécoises à investir
d'autres marchés. Pas plus tard qu'hier, le gouvernement a annoncé
10 millions de dollars pour le Québec — chez nous, en
Montérégie, c'était 1,5 — pour la mise en oeuvre des activités de
promotion des exportations et d'accompagnement des entreprises exportatrices
pour saisir les occasions d'affaires au Canada et à l'international et de façon
durable.
Le défi, c'est donc de garder la tête
froide et de faire des choix qui nous permettront de profiter au lieu de subir
la crise. Parce que, comme je ne cesse de le répéter, dans chaque crise, il y a
des opportunités. Et la grâce que je nous souhaite, c'est de les saisir et de
les exploiter dans le secteur de l'aluminium, comme dans celui du bois ou de
l'agroalimentaire et tous les autres secteurs industriels et commerciaux
partout au Québec. Il faut la refaire, cette économie qui est la nôtre, si
c'est ça qui est le défi, et il faut le faire partout au Québec, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
comme en Gaspésie ou la Côte-Nord et dans toutes les régions du Québec, sans
oublier sa métropole et sa capitale, qui sont nos poumons économiques.
Mme la Présidente, j'ai confiance :
confiance en notre gouvernement, confiance en notre premier ministre, confiance
envers les Québécois et le Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Sinon, je serais <prête...
M. Lemieux :
...et
le Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Sinon, je serais >prête à entendre le député de Marguerite-Bourgeoys
pour sa... réplique, pardon. Vous avez 10 minutes.
M. Frédéric
Beauchemin (réplique)
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je suis content d'avoir entendu le député
de la circonscription de Lac-Saint-Jean qui parlait avec cœur de l'histoire de
la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean dans son ensemble. Puis je comprends que
c'est important qu'on comprenne l'historique, évidemment, c'est certain. Ce que
je trouve vraiment triste, cependant, c'est que son premier ministre n'en fait
aucune valeur ajoutée dans son processus de décision. Puis il a quand même
décidé, malgré tout, de suggérer, au détriment des gens de la grande région du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
de suggérer d'aller imposer un tarif additionnel à notre exportation
d'aluminium, faire mal à la région directement.
Donc, évidemment, ça aurait été une bonne
chose que le premier ministre comprenne aussi l'histoire. Puis j'apprécie
vraiment ce qui a été mentionné par le député de Lac-Saint-Jean, puis je trouve
que c'est vraiment une chose qui aurait dû prendre le temps d'être répétée au
premier ministre pour peut-être lui faire comprendre que c'est important de
penser un peu plus à l'ensemble de l'histoire de la chose avant de faire des
propositions dommageables pour l'économie de la région.
Mais, moi, ce que je veux, là, c'est qu'on
comprenne qui va être le meilleur interlocuteur pour nous représenter, Mme la
Présidente. Je n'ai pas confiance, malheureusement, dans le premier ministre,
parce qu'il a perdu ma confiance en agissant de la sorte. Malheureusement,
quand il parle de la façon comme il le fait de taxer notre industrie
spécifiquement, ce que ça donne, c'est que ça fait de l'inquiétude à tous les
travailleurs, comme je le mentionnais tantôt, et qui n'ont plus la tête au
travail de la même façon. Ils sont inquiets de façon additionnelle.
• (16 h 50) •
Tout à l'heure, là, moi, ce que je disais,
là, c'est que ce que je veux, là, c'est qu'on ait vraiment notre «top gun».
Puis pour ceux qui ont regardé le film, là, le «top gun», là, moi, ce que je
veux, c'est Maverick, je ne veux pas Goose, O.K., je ne veux pas celui qui va
écraser son avion. Ce qui est important, là, c'est qu'on ait celui qui va être
capable d'aller tirer sur le «target». Mme la Présidente, malheureusement,
quand on a des allocutions aléatoires de la part du premier ministre, que ce
soit à Washington ou même ici, dans cette Chambre, qui menacent des industries
comme l'aéronautique, la forêt, l'aluminium, qui parlent de réouvrir l'ensemble
de l'oeuvre de l'accord de libre-échange de façon prématurée, ne sachant pas ou
n'avoir pas compris l'agenda caché du président Trump, ça m'inquiète beaucoup.
Ça fait que juste peut-être pour donner un
coup de main au premier ministre, puis c'est vraiment de tout cœur que je le
fais, là, il faut comprendre que, dans la négociation, la première chose qu'on
doit comprendre, c'est l'agenda de notre adversaire, quelle est la chronologie
de l'agenda de notre adversaire. C'est quoi, celui du président Trump?
M. Trump, là, a devant lui la nécessité de remplir, là, O.K., ses
promesses électorales. Une de ces promesses électorales là, c'est la fameuse
baisse d'impôt pour tous les riches Américains. Comment va-t-il payer ça? Bien,
il a besoin de la sacoche, il a besoin d'avoir du cash qui rentre. Parce qu'à
7 % du PIB comme déficit, leur trajectoire, elle est insoutenable, donc il
doit générer des revenus additionnels. Bien, son idée de tarifs, là, c'est
exactement ça, c'est de générer des revenus additionnels pour se retourner de
bord puis les distribuer aux payeurs de taxes américains.
Maintenant qu'on comprend que cette
chronologie-là, elle doit se faire rapidement, là, tu sais, on ne parle pas,
là, de quatre, cinq, six mois, là, on parle de deux, trois mois. Dans deux,
trois mois, le président n'aura pas le choix que de faire cette annonce-là. Ça
fait qu'il veut obtenir des gains rapidement. Quand on comprend l'horaire
politique du président américain, bien, on doit maintenant se dire : O.K.,
correct, il y a un horizon de temps court. Ce n'est pas le temps de paniquer
puis dire : Je suis prêt à offrir mon aluminium, mon bois, mon aérospatial
tout de suite. Laissons venir la demande. On le sait bien, là, qu'on va être
affectés, s'il va de l'avant avec son affaire. On n'a pas le choix, on doit
s'équiper nous-mêmes. Travaillons sur nos forces. Mais de baisser nos culottes comme
ça sur la place publique, Mme la Présidente, ça nous affaiblit.
Donc, vous savez, quand on comprend ça,
là, on comprend qu'aussi il y a un autre facteur, c'est les élections de
mi-mandat aux États-Unis qui, elles, vont arriver, là, en novembre 2026, mais
ça, c'est la fin du processus électoral. Comme vous le savez autant que moi,
là, les élections aux États-Unis, là, c'est un <festival...
M. Beauchemin :
...comme
vous le savez autant que moi, là, les élections, aux États-Unis, là, c'est un >festival.
Ils font ça n'importe quand à peu près, mais leurs élections durent très
longtemps. Donc, à partir de quand il va falloir que le premier... le président
américain se promène avec un trophée : Ah! voici, j'ai obtenu l'aluminium
du Québec? Quand est-ce qu'il va avoir besoin de se promener avec ça? Il va
avoir besoin de se promener avec ça peut-être à partir de l'été, de cet été,
là, 2025, l'automne 2025. Donc, un autre... un autre crochet, là, O.K.,
qui va nous dire : Voici, à partir de cette date-là, il va falloir que le
président Trump ait des trophées à montrer à sa population.
Maintenant qu'on comprend, là, que
l'agenda du président, ce n'est pas, là, sur les 10 prochaines années, il
a de besoin que ça se négocie plus rapidement qu'on le pense. Il a de besoin
lui-même de négocier l'accord de libre-échange plus rapidement qu'on le pense.
Ça ne sert à rien de le dire sur la place publique : De notre bord à nous,
on est prêts à renégocier maintenant. Attendons que le client le demande. On
n'est pas obligés, là, de, tout de suite, faire une vente à escompte, là.
Après ça, on doit travailler sur nos
forces, Mme la Présidente, comme je le disais tantôt, puis je n'ai rien
entendu, là, de tous ceux qui nous ont parlé de la part du gouvernement, qu'on
a un canal de communication avec la chambre de commerce américaine. Le plus
gros lobby d'entrepreneurs américains, la chambre de commerce des États-Unis,
personne ici ne nous a parlé comme quoi qu'on avait une communication avec eux
autres. Ça, c'est la première étape, on doit parler aux élus. On doit parler à
l'industrie du bois, l'industrie de l'aluminium, à toutes les industries, je
comprends, mais il y a un lobby aux États-Unis qui regroupe tout ce beau
monde-là, c'est le U.S. Chamber of Commerce. Il faut qu'on leur parle. Moi, je
considère ça inacceptable que ce gouvernement-là ne le fait pas. Pour moi, ça
me dépasse. Donc, ça, c'est la première étape.
Deuxième étape, on doit travailler avec
nos collègues canadiens. On doit travailler à faire tomber nos barrières
interprovinciales. On doit s'assurer, là, qu'on a un vrai alignement
réglementaire, un allègement réglementaire qui est un vrai allègement
réglementaire, là, pas des mesurettes comme on a eues de la part du
gouvernement depuis les six, sept dernières années, là. On a de besoin de
quelque chose de solide. Savez-vous combien ça a coûté de plus, depuis que le
gouvernement de la CAQ est au pouvoir, en réglementation pour nos entreprises
au Québec? 2,5 milliards de plus que ça coûte juste pour remplir plus de
paperasse pour nos PME au Québec.
L'objectif du gouvernement, depuis sept
ans, en réduction de paperasse, puis d'efficacité, puis d'allègement
réglementaire, on va se donner un objectif de 200 millions, mais on veut
baisser de 200, on monte de 2,5 milliards. Net, ça va nous coûter
2,3 milliards de dollars, le fardeau administratif que ce gouvernement-là
impose à nos entreprises. Voici maintenant quelque chose qu'on pourrait donc
travailler. Soyons sérieux, donnons-nous un vrai objectif d'allègement réglementaire
pour qu'on devienne plus compétitifs. Qu'est-ce qui se passe de l'autre bord de
la frontière, Mme la Présidente? Ils vont vraiment, eux, alléger leur
environnement, qui n'était déjà pas très indu, en réglementation et en
administration, en paperasse. Donc, nous, on n'a pas le choix, on doit se
réveiller. Donc, deuxième piste de solution pour le gouvernement.
Troisième piste de solution pour le
gouvernement, la fiscalité. Comment se fait-il que ce gouvernement-là, quand on
a d'autres provinces qui sont plus compétitives que nous, que ce
gouvernement-là ne la comprend toujours pas, celle-là? Optimisons notre
fiscalité pour toutes nos entreprises. Donc, troisième piste de solution.
Quatrième piste de solution, Mme la
Présidente, là, la résultante de ça, c'est qu'on doit être plus productifs.
Pourquoi? Pour qu'on ait plus de marge. Pourquoi? Pour qu'on soit plus
indispensables pour le client, parce qu'en bout de piste, là, le client, s'il
trouve qu'on est valeur ajoutée, il va dire : O.K., je vais faire affaire
avec eux autres. Mais on n'a pas juste un client, devenons plus productifs pour
être capables d'être attirants pour tous les clients sur la planète. C'est ça
qui compte, Mme la Présidente. On doit absolument s'assurer d'avoir ça.
Donc, quand je brosse ce portrait-là,
O.K., je donne le plan de match de 35 ans d'expérience dans le monde des
affaires. Ça fait 35 ans que j'ai... J'ai travaillé pendant 35 ans à
ne faire que ça, trouver des arbitrages, assurer qu'on puisse avoir de façon optimale
les meilleurs résultats pour les institutions pour lesquelles j'ai travaillé.
Mon objectif était simple, O.K., de faire en sorte qu'on puisse être... C'est
quoi? On a besoin d'une stratégie. J'ai donc donné la stratégie, le plan de
match au gouvernement. Le gouvernement devrait suivre ça, parce qu'en bout de
piste, Mme la Présidente, là, on ne peut pas faire des déclarations comme le
premier ministre l'a fait, là, sans penser qu'il n'y aura pas de conséquence.
Moi, ce que je veux, c'est que le premier ministre se ressaisisse, que
l'industrie de l'aluminium au Saguenay—Lac-Saint-Jean puisse croître, qu'on
n'est pas en train de la <menacer...
M. Beauchemin :
...au
Saguenay—Lac-Saint-Jean puisse croître, qu'on n'est pas en train de la >menacer
avec un tarif caquiste additionnel, puis qu'en bout de piste, là, ce que le
premier ministre doit faire, c'est d'arrêter de se négocier lui-même sur la
place publique, puis de penser aux intérêts de tous les Québécois, évidemment
en incluant les gens, les grandes gens, les fières gens de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je vais maintenant mettre aux voix la
motion de M. le député de Marguerite-Bourgeoys, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale déclare que
l'imposition de tarifs à l'exportation sur l'aluminium québécois, tel que
proposée par le premier ministre du Québec, serait néfaste pour l'industrie
québécoise de l'aluminium et tout particulièrement pour l'économie de la région
du Saguenay—Lac-Saint-Jean.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
• (17 heures) •
M. Beauchemin : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Un vote électronique a été demandé. M. le leader du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...de
ma demande, j'aimerais bien qu'on le reporte à demain, s'il vous plaît, Mme la
Présidente.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Cette... En conséquence, ce sera reporté à demain. M. le
leader adjoint, pour la suite de nos travaux, s'il vous plaît.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
À ce stade-ci, je vous demanderais de bien vouloir ajourner nos travaux à
demain, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : En conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi
le 20 février 2025... oups!, à 9 heures... Motion...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. La motion est adoptée.
En conséquence, nous ajournons nos travaux
à demain, jeudi 20 février 2025, à 9 h 40. Merci beaucoup,
tout le monde.
(Fin de la séance à 17 h 01)