(Dix heures une minute)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mardi. Donc, MM., Mmes les députés, avant d'entreprendre nos travaux, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Vous pouvez vous asseoir.
Affaires du jour
M. le leader du gouvernement, est-ce que vous
voulez nous indiquer le début de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Bonjour,
d'abord, Mme la Présidente, à vous et aux collègues présents. Bien heureux de
reprendre ces travaux en ce mardi matin. Et je vous demanderais de bien vouloir
appeler l'article 3 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 85
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader. Donc, M. le ministre délégué à l'Économie propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif.
Donc, M. le ministre délégué à l'Économie, je
vous cède immédiatement la parole.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Permettez-moi de vous saluer, en ce beau mardi matin, et aussi le
collègue de Marguerite-Bourgeoys, puis mes beaux collègues et belles collègues
de la partie gouvernementale, toujours un plaisir de me retrouver avec vous.
C'est une fierté pour moi de vous soumettre...
de soumettre aujourd'hui pour adoption du principe le projet de loi n° 85,
la loi qui vise à modifier diverses dispositions aux fins d'allègement
réglementaire et administratif des entreprises du Québec. C'est un long nom
technique, mais ce que ça veut dire, Mme la Présidente, c'est qu'on travaille
fort pour réduire la paperasse pour nos entreprises.
C'est notre quatrième projet de loi en ce sens,
Mme la Présidente. On avait promis qu'on en ferait cinq sur les cinq ans dans
notre plan d'action 2020‑2025. Le projet de loi, bien, c'est sûr que
l'allègement réglementaire, ça rime avec l'accroissement de la productivité des
entreprises parce que, si on peut réduire la paperasse des entreprises, bien,
en même temps, on leur permet de se concentrer sur ce qui compte vraiment,
c'est leur productivité, et d'assurer la qualité de vie des employés, et aussi
leur rentabilité, Mme la Présidente.
Le projet de loi, bien, il propose
33 mesures, sous la responsabilité de 13 ministères et organismes,
pour alléger le fardeau administratif, que ce soit en alimentation, les
boissons alcooliques, le commerce de détail, de matériel vidéo, les
établissements commerciaux.
Les collègues ici vont être contents de
l'apprendre, mais, dans le projet de loi, on parle de l'exemption du marquage,
le fameux timbre, pour les microbrasseries. C'est un projet que je travaille,
Mme la Présidente, depuis deux ans pour faire atterrir, et ça va beaucoup aider
les microbrasseries québécoises à réduire le temps qu'elles consacrent à se
conformer sur un timbre qui n'était depuis longtemps plus nécessaire.
On a aussi regardé pour le transport des vins,
Mme la Présidente. Maintenant, ça va être possible, pour un titulaire
artisanal, de faire de la sous-traitance par un tiers, un autre agriculteur,
pour le transport des vins vers leur clientèle. Ça aussi, Mme la Présidente,
c'est le fruit de plusieurs années de travail. Je dois vous dire que ça n'a pas
été facile, mais ça me fait vraiment un grand sentiment de fierté d'avoir pu
faire atterrir ça.
On parle aussi, dans ces 33 mesures, d'une
économie totale de 20 millions de dollars. C'est notre plus gros projet de
loi, et, d'ici le prochain, on va réussir notre objectif, Mme la Présidente,
qui était de réduire de 10 % le nombre des formalités administratives,
puis on est tout près, là, du 15 % dans le volume, là. On va y arriver,
là, je pense, mais ça va être très difficile d'arriver au 15 % de
réduction du volume du fardeau administratif. Puis, bien sûr, je suis confiant
qu'on va arriver aux 200 millions d'économies pour les entreprises, qui
était une réduction de 20 % en termes de dollars monétaires, pour la
réduction du fardeau administratif.
C'est sûr, Mme la Présidente, on a fait un
projet de cinq ans avec cinq projets de loi pour réduire le fardeau de
200 millions, mais la paperasse est un grand problème pour le Québec. Mme
la Présidente, je suis sûr que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys va nous le
rappeler, les estimations de 2024 sont que le fardeau administratif coûte
10,9 milliards de dollars par année à nos entreprises, que ce soit au
niveau municipal, que ce soit au niveau provincial, que ce soit au niveau
fédéral. Tout confondu, c'est presque 11 milliards de fardeau
administratif, Mme la Présidente, puis c'est trop. C'est trop.
Je suis fier, moi, de faire partie d'un
gouvernement, le premier gouvernement, qui a donné un plan d'action, notre premier,
et on arrive tout près de la fin de ce plan d'action, et on réfléchit déjà au
prochain plan d'action. Mme la Présidente, si la
situation au sud de notre frontière nous apprend quelque chose, c'est qu'il
faut aller plus vite pour rendre la vie plus facile pour nos entreprises. Il
faut aller plus rapidement parce que c'est quelque chose qui a trop tardé.
Alors, moi, je suis très content d'être
responsable de l'allègement réglementaire. Je le dis souvent, dans les
commissions, que l'allègement réglementaire, ce n'est pas sexy, mais c'est
important parce qu'on regarde ligne par ligne les lois qui imposent ce
fardeau-là. Que ce soit un règlement qui est désuet, un règlement qui est
redondant, il faut tout regarder, toutes les lois qui ont été passées par le
Québec, pour ainsi les réduire.
Concrètement, là, pour les entrepreneurs, dans
l'ensemble du Canada, ça représente 1 375 $ par employé pour les
grandes entreprises de 100 employés et plus et 10 000 $ par
employé pour les entreprises de moins de cinq employés. C'est énorme comme
fardeau administratif, Mme la Présidente, puis on doit en faire plus, et notre
gouvernement s'est engagé à le faire.
Vous savez, je l'ai dit tantôt, que l'allègement
réglementaire, ce n'est pas sexy, mais c'est important. Si c'était facile, Mme
la Présidente, bien, d'autres personnes l'auraient fait. La raison que c'est
compliqué, l'allègement réglementaire, Mme la Présidente, c'est qu'on parle ici
de challenger les machines internes sur leurs façons de faire. Alors, quand on
parle à des collègues des différents ministères et organismes, ils ont tous des
bonnes raisons pour faire ce qu'ils font au quotidien. Ils ont embauché des
gens pour faire des choses qui doivent se faire parce qu'on leur a donné le
mandat de le faire. Mais, quand on demande de questionner si c'est encore
pertinent, bien, la question ne revient pas à ces gens-là, c'est à nous de
décider qu'est-ce qui est important. Nous, les législateurs, nous, les
Québécois qui subissent ce fardeau-là, on doit décider, nous, si, bien, le jeu
en vaut la chandelle. Et, quand une loi devient désuète, redondante, ou peu
applicable, ou pas applicable, ou plus nécessaire, bien, on se doit de faire le
ménage dans notre corpus législatif.
À tous les jours, on parle de projets de loi ici,
dans cette enceinte, dans les différentes commissions. Puis les gens qui nous
écoutent aujourd'hui peuvent faire le tour des postes de l'Assemblée nationale,
il y a plein de postes de commissions qui se passent. On écrit des lois à tous
les jours, Mme la Présidente. C'est rare qu'on enlève des lois, c'est rare
qu'on réduise l'empreinte du gouvernement. Et je pense que, si on veut vraiment
optimiser et de lancer un momentum pour nos entreprises à aller de l'avant, à
pousser l'audace, on doit leur donner les outils en réduisant leur fardeau
administratif.
Alors, ce projet de loi là, il fait un grand
pas. Est-ce qu'il fait tous les pas? Non. Comme le corpus législatif date d'une
centaine d'années, bien, l'allègement réglementaire, ça doit être un processus
en continu annuel. D'ailleurs, c'est ma forte croyance qu'on va devoir
continuer à toutes les années à se poser ces questions-là. Quand je regarde ce
qui se fait en Ontario, ça m'inspire, Mme la Présidente. En Ontario, ils font
deux projets de loi par année. Ils ont imposé une norme d'un sur deux sur la
réglementation, donc, pour chaque fardeau administratif, ils doivent en enlever
deux. Nous, on a un principe un pour un. Puis notre piscine n'est pas assez
grande, Mme la Présidente. Moi, je pense qu'il faut aller plus loin dans notre
piscine, il faut aller... il faut regarder tous les formulaires, il faut
regarder tous les enjeux. Mais on y travaille, Mme la Présidente. Puis, comme
je vous ai dit tantôt, ce n'est pas facile.
Les entreprises, eux autres aussi, on leur
demande de contribuer. Moi, je copréside un comité avec des acteurs patronaux,
des groupes communautaires, comme la FCCQ ou même la FCEI, des gens qui sont
dans l'écosystème entrepreneurial. Et avec ces gens-là, sous la coprésidence de
moi et la FCEI, bien, on se donne comme mandat de regarder c'est quoi qui est
prioritaire. Avant, ce comité se réunissait une fois par année. Maintenant, on
se réunit deux fois par année pour aller plus vite. Puis l'idée, c'est de voir,
encore une fois, où est-ce qu'on devrait mettre l'emphase pour les prochaines
années. Puis c'est intéressant et important que ces idées-là viennent de ces
gens-là, parce qu'on a beau vouloir challenger les machines intérieures sur
l'allègement réglementaire, on n'a pas toujours les réponses qu'on souhaite.
Parce qu'on leur demande de se regarder eux-mêmes puis de dire, bien, qu'est-ce
qu'ils pensent qu'ils devraient changer. On a plein de recommandations qui
viennent des différents ministères et organismes, qui font un bon travail pour
évaluer ce qui devrait être revu, mais, d'avoir cette perspective-là du client,
l'entreprise qui, elle, doit transiger avec l'État, je pense que c'est vraiment
important. Et d'ailleurs, si les entreprises qui nous regardent en ce moment
ont le goût de le faire, ils peuvent aller sur le site Web du ministère, il y a
une boîte aux lettres. Moi, je veux lire exactement ce qui vous empêche d'aller
plus vite, de pousser l'audace, parce qu'on a besoin de vous, les entreprises,
pour aller plus loin puis aller plus vite.
• (10 h 10) •
Donc, très fier de proposer ici notre quatrième
projet de loi pour alléger le fardeau administratif. Est-ce qu'on règle tous
les problèmes, Mme la Présidente? Non. Est-ce que c'est un combat quotidien?
Oui. Est-ce qu'on va lâcher, Mme la Présidente? Absolument pas, parce que c'est
un programme, et un progrès, qui est nécessaire pour relancer nos entreprises
et leur donner le pouvoir et le momentum qu'ils ont de besoin pour affronter un
monde de plus en plus incertain. Donc, je m'engage à vous aujourd'hui, Mme la
Présidente, et à l'ensemble des collègues, que je ne lâcherai pas le morceau
sur l'allègement réglementaire. Ce n'est peut-être pas sexy, mais c'est
tellement important. Alors, au plaisir de vous revoir pour la prochaine mouture.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le ministre. Maintenant, je suis prête à reconnaître un autre
intervenant. Alors, ce sera M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci à vous tous. Merci au ministre d'être ici ce matin puis de nous parler du projet de loi n° 85.
Peut-être juste faire une petite mise en
contexte, il y a quand même 270 000 et plus de PME dans nos
17 régions économiques. Elles ont besoin de notre soutien plus que jamais,
surtout dans le contexte économique actuel, comme on peut s'imaginer, avec le
président Trump, de l'autre côté, qui menace avec les tarifs notre économie.
Bien sûr, il faut diversifier nos marchés de commerce autant en resserrant les
liens avec l'Europe et l'Asie qu'en faisant tomber les barrières
interprovinciales, mais on doit vraiment diminuer le fardeau administratif de
nos PME. Le président Trump, lui, s'en va dans cette direction-là et y va de façon
un petit peu plus drastique. Et on pourra parler de M. Musk et de son
initiative et tout, là. Ce n'est pas ce que je souhaite, là, que le Québec se
fasse mitrailler de la même façon. Mais moi, j'aime quand même qu'on définisse
des barèmes pour être capables de quantifier la réussite, pour savoir est-ce
qu'on atteint nos objectifs, est-ce qu'on est capables de mesurer le succès.
Puis, pour moi, bien, vous savez, le fardeau administratif des entreprises, là,
a augmenté depuis 2018. J'entends le ministre nous dire comme quoi que
l'objectif, pour ce projet de loi là, était une réduction, là, de
20 millions de dollars. En commission parlementaire, lorsqu'on a eu les
consultations particulières, on a quand même entendu aussi le ministre nous
parler que son objectif, c'était, en fait, depuis l'initiative initiale du
gouvernement de la CAQ, d'avoir une réduction de 200 millions de dollars
du fardeau administratif. Ça fait que, quand on regarde tout ça, on se
dit : C'est correct, c'est un projet de loi omnibus, il y a plein de
petites mesures, mais est-ce qu'on cible vraiment le problème? Est-ce qu'on
aide assez, en fait, notre économie? Est-ce qu'on a une vision globale pour se
rendre à, si on veut, un objectif concret, qu'on va pouvoir dire : Voici,
on a vraiment fait une différence, on a changé l'orientation du bateau
administratif, si on peut dire?
Puis, juste, peut-être, pour mettre les choses
en perspective, en 2017, le coût de la réglementation au Québec était estimé à
8,5 milliards. Cette année, le ministre l'a dit tout à l'heure, c'est
11 milliards, une augmentation, selon le FCEI, de 28 %. Bon, juste si
on veut faire des choses de façon relative, là, O.K., qu'est-ce que le 200
millions de dollars d'objectif du gouvernement, sur l'ensemble de son temps au pouvoir,
de réduction du fardeau administratif... qu'est-ce que ça, ça représente sur
notre économie? Bien, notre économie, grosso modo, là, O.K., c'est
560 milliards de produit intérieur brut. 200 millions sur
560 milliards, Mme la Présidente, ce n'est pas 1 %, ce n'est pas
0,05 %, c'est 0,03 %. Trois points de base, Mme la Présidente. Donc,
200 millions, ça ne bougera même pas, O.K., en termes de productivité, ça
ne bougera même pas, en termes de valeur, l'économie du Québec.
On nous dit qu'on veut réduire le fardeau
administratif de 200 millions de dollars. Mais les chiffres sont là,
là : 11 milliards maintenant, en 2025, contre 8,5, là, en 2017. Donc,
on a quand même rajouté 2,5 milliards de dollars de fardeau administratif.
Puis là on parle de se dire que notre objectif, ici, c'est de réduire le
fardeau administratif de nos entreprises de 200 millions de dollars. Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que moi, je trouve ça... Bien, c'est noble, on
veut aller dans la bonne direction, je comprends, puis on va essayer d'épauler
le gouvernement. Mais je pense qu'une façon de faire en sorte qu'on atteigne
nos objectifs, c'est de se mettre des paramètres, c'est de se dire : O.K.,
comment on va quantifier une réussite?
Parce que c'est sûr que, quand on dit 200 millions
de dollars, entre vous et moi, c'est un gros chiffre, 200 millions de
dollars, mais 200 millions de dollars sur 560 milliards, c'est un
arrondissement, c'est non significatif. Donc, objectivement, dans un contexte
nord-américain où est-ce que le gouvernement actuel est menacé par le
gouvernement au sud de la frontière, on va s'entendre d'une chose, ça va être
important de relever la barre, ça va être important d'avoir vraiment en tête
des objectifs clairs. Et puis je vais adresser quelques pistes de solution dans
mon allocution.
Je parlais du FCEI tout à l'heure. Ils ont
dénoté que c'était 735 heures perdues par chacune de nos entreprises, en
termes de papiers, la paperasse, la réglementation à faire, pour
l'année 2024. Une autre statistique qui est intéressante, c'est que
seulement 11 % des entrepreneurs croient que le gouvernement du Québec
comprend leurs défis administratifs et réglementaires. 11 %, Mme la
Présidente. 89 % n'y croient pas, là. Seulement 7 % des entreprises
québécoises croient que le gouvernement veut réellement réduire la
bureaucratie. Bien, je les comprends, Mme la Présidente, on se donne un
quatrième projet de loi, là, pour alléger le fardeau réglementaire, on se donne
un objectif de 200 millions de dollars, mais, en même temps, le coût
réglementaire a augmenté de 2,5 milliards. Ça fait que c'est sûr qu'ils ne
doivent pas croire ce qui sort d'ici, Mme la Présidente. Ils doivent se
dire : Bien, c'est du n'importe quoi, là. Le net, là, c'est
2,3 milliards de plus que ça coûte pour l'ensemble des entreprises au
Québec. Ça fait qu'où est la vision? C'est une réelle préoccupation. Puis on a
vraiment besoin, Mme la Présidente, d'avoir une vue d'ensemble puis des
objectifs clairs, qui sont significatifs, qu'on va être capables de quantifier,
parce que, comme je le disais tantôt, on a été menacés et on l'est encore.
Un des aspects du projet de loi qui est... Parce
que, moi, c'est mon deuxième exercice avec le ministre sur ce sujet-là, le
timbre. Ça fait que j'en ai entendu parler beaucoup l'an passé, la version de
l'an passé, on revient encore là-dessus cette année. Mais je ne sais pas, moi,
si vous êtes... si vous aimez la bière, le cidre, les spiritueux, mais vous
avez quand même remarqué qu'il y a quand même plusieurs produits québécois,
plusieurs produits qui sont vendus dans notre Société des alcools et dans
d'autres systèmes de distribution qui apportent le timbre.
Moi, je viens des Cantons-de-l'Est. Donc, pour
moi, le Domaine Pinnacle, c'est un joyau que... J'ai appris, en fait, la
semaine dernière, que la licence pour le fabriquer est distribuée dans les
alentours du Domaine Pinnacle, dans les Cantons-de-l'Est. Donc, je trouve ça
vraiment fantastique. C'est bon pour, évidemment, plein de microbrasseries de
pouvoir penser de réduire le fardeau administratif relié au timbre, que je
pense à la région du Lac-Saint-Jean, où est-ce que je suis député parrain, là,
de la région, La Voie maltée aussi, pour eux, c'est important. Mais, peu
importe ce qu'on préfère comme boisson, sachez que beaucoup de nos producteurs
artisanaux, en plus de développer des recettes qui sont excellentes, ils
offrent des produits de qualité et ils doivent apposer manuellement un timbre
sur chacune de leurs bouteilles. Même la Société des alcools le fait. Ça fait
que c'est un... c'était déjà un système qui était considéré,
là, archaïque, inefficace en 2018. O.K.? Imaginez ce que c'est en 2025.
Bien, en autant qu'on est concernés, là, nous,
les libéraux, on avait aboli le timbre. On a écouté nos PME et on a agi. Toutes
les étapes vers l'abolition du timbre ont été franchies par le gouvernement
libéral. Puis je vais vous donner la chronologie. En 2010, on a introduit les
modèles d'enregistrement des ventes, les MEV, dans les restaurants et dans les
bars. En 2014, on a harmonisé les taxes sur l'alcool, peu importe l'endroit de
la consommation, à domicile ou sur place. Avec juste ces deux mesures-là, on
venait de régler les deux enjeux que le timbre venait adresser dans son
introduction en 1971, c'est-à-dire la traçabilité et la taxation. En 2018, avec
Martin Coiteux et Carlos Leitão, qui ont mené à l'adoption du projet de loi à
l'unanimité, du projet de loi n° 170, qui prévoyait
l'abolition du timbre avec une entrée en vigueur le 12 juin 2020, nos
microbrasseurs, tenanciers de bar, restaurateurs ont tous poussé un soupir de
soulagement.
• (10 h 20) •
Pourtant, le timbre est encore en place
aujourd'hui puis il est obligatoire. Pourquoi? Bien, parce que le gouvernement
caquiste a refusé de tenir l'engagement pour lequel il avait pourtant voté, parce
qu'on avait eu un vote en faveur de ce projet de loi là de la part du
gouvernement de la CAQ. Le contexte pandémique a servi de prétexte pour repousser
l'engagement à une date ultérieure, mais, si on peut même leur donner le
bénéfice du doute, la pandémie est maintenant derrière nous, et pourtant aucun
effort n'a été fait pour alléger totalement, là, dans le contexte de la bière,
le timbre. En 2025, on dit : C'est assez. Il est temps de passer... d'agir
pour nos PME productrices de boissons alcoolisées, pour nos bars, nos
restaurants, les milieux de la culture, tous les domaines qui sont associés
directement ou indirectement avec une mesure qui n'est plus efficace.
À présent, on parlait aussi, dans le projet de
loi, des heures d'ouverture. Là, je vais prendre une petite... une petite
«curve» à gauche, là. Vous savez, il y a eu un match de hockey ce week-end
entre les Canada et les États-Unis. Ça a fait couler beaucoup d'encre. On a eu
le droit à des bagarres, des beaux bruits, des passes. Malheureusement, le
Canada a perdu, et une autre façon de perdre un match, c'est une interception
ou, si vous voulez, une passe indirecte sur la palette de l'adversaire. Eh
bien, je vous parle de ça parce que, quand on veut faire modifier les heures
d'ouverture, l'introduction dans le projet de loi pilote, là, ici, on risque de
faire directement une passe sur la palette à des multinationales de ce monde.
Puis je m'explique, là. J'ai déjà entendu les critiques du ministre là-dessus,
que les Walmart ne sont pas inclus là-dessus, mais au détriment des PME et de
nos dépanneurs. Ils ont lancé un cri du coeur, puis le gouvernement ne les
entend pas. En tout cas, il ne les a pas écoutés.
Le dépanneur, là, c'est une fierté québécoise.
Le nom le dit, ils sont là pour nous dépanner parce qu'on en a besoin. Pas
besoin d'aller à l'épicerie de grande surface, on est là, juste à aller au
dépanneur du coin. Dans les villes, il y en a plusieurs, on en trouve presque à
chaque coin de rue. Même dans nos régions, les dépanneurs font partie du tissu
social. En 2006, toutes les parties prenantes ont pu trouver un terrain
d'entente, grâce au leadership de Raymond Bachand, pour statuer sur la
politique actuelle, c'est-à-dire : un maximum de quatre employés pour
tenir une épicerie ou une pharmacie après 21 heures la semaine et
20 heures la fin de semaine, avec des conditions additionnelles.
D'une part, l'abolition des restrictions... on
risque de créer plus de compétition avec les multinationales étrangères, qui,
elles, ont plus les moyens, évidemment. On doit absolument parler des projets
pilotes, mais en ce moment, là, on parle seulement de la compétitivité comme
critère seul pour autoriser le projet pilote. Qu'est-ce qui empêche une
multinationale d'être autorisée à ouvrir plus tard pour des raisons de
compétitivité? On ne devrait pas considérer les impacts sur les citoyens, sur
les PME québécoises? Même si on exclut les multinationales, là, aujourd'hui,
là, est-ce que c'est vraiment ça qu'on veut, au Québec, des épiceries
24 heures sur 24? Au Québec, on fonctionne comme ça depuis longtemps,
jusqu'à 20 heures, 21 heures, tu vas à l'épicerie puis, après ça, tu
t'en vas au dépanneur. Pourquoi changer ça? Surtout, la question qui tue, là,
c'est : Qui a demandé que cela, ça change? Est-ce que c'est Amazon?
C'est-tu Walmart? Est-ce qu'on... est-ce qu'ils prévoyaient s'en aller dans
l'alimentation davantage pour concurrencer nos épiceries? Qui nous met à l'abri
du fait que, par exemple, Walmart ne pourrait pas réagir en disant : O.K.,
je vais diviser mon secteur pharmaceutique, mon secteur alimentaire de mon
plancher, j'ai maintenant une épicerie, j'ai maintenant une pharmacie et j'ai
aussi les moyens, parce que moi, je fais 168 milliards de bénéfice par
trimestre, de mettre des employés à temps plein, je peux en mettre 25, moi, si
je veux, je n'ai aucun problème de liquidités?
Qu'est-ce qui empêche, hein, nos... les
concurrentiels américains de venir ici puis d'essayer de trouver une façon de
s'adapter à la loi dans toute légalité? Puis là on leur a créé l'opportunité
pour nous rentrer dedans. Ça fait qu'en d'autres mots ce que je dis, là, c'est
qu'en modifiant les heures, ce qu'on fait ici, c'est une passe sur la palette.
Le joueur adverse, là, O.K., il ne l'a peut-être pas encore reçue, la puck,
mais il va le savoir dans pas longtemps.
On peut aussi parler de l'impact, là, de
conciliation travail-famille pour nos jeunes étudiants, la santé mentale, puis
la FTQ et l'Association des détaillants en alimentation en parlent. Puis je
voudrais citer un certain ex-député de Rousseau, aujourd'hui premier ministre
du Québec, qui disait, en 2006, lors du débat qui a mené au statu quo
actuel : «Je pense que l'équilibre entre les consommateurs et la
conciliation travail-famille ne se trouve pas dans ce projet de loi.»À
l'époque, c'est-à-dire le projet de... Ça fait que, donc, pour cette fois-ci,
là, est-ce que la conciliation de travail-famille va être considérée? On aura
des questions pour obtenir des spécifications et on n'hésitera pas de déposer
des amendements pour que nos PME et les étudiants ne soient pas oubliés.
Mme la Présidente, on doit parler d'un autre
aspect du bilan de ce gouvernement, la productivité. La page D.6, là, vous
m'avez peut-être entendu quelques fois répéter cette page-là depuis la dernière
année, 2024, admet, par le ministre des Finances, qu'aucun gain de productivité
n'a été réalisé au Québec en cinq ans, aucun. Pendant ce temps-là, on a alourdi
le fardeau administratif de nos entreprises de 2,5 milliards. Pendant ce
temps-là, nos voisins au Sud, eux, ont eu une augmentation de 30 % de leur
productivité. Pendant ce temps-là, nos entreprises ici ont de la misère à avoir de la prévisibilité, à savoir qu'est-ce qu'elles vont
faire au niveau de leurs blocs d'énergie, qu'est-ce qu'elles vont faire au
niveau de la nouvelle réglementation, qu'est-ce qu'elles vont faire au niveau
de leur fiscalité. Pendant ce temps-là, on alourdit le fardeau réglementaire
sur toutes nos PME.
Et les chiffres de FCEI que j'ai cités tantôt,
en ouverture, sont clairs là-dessus, et ce, malgré bientôt quatre projets de
loi du ministre pour nous parler que c'est supposé d'aller dans l'effet
inverse. Et pourtant, le net résultat, Mme la Présidente, là, ça coûte
2,5 milliards de plus depuis que la CAQ est au gouvernement, juste dans le
fardeau administratif pour nos PME. L'enjeu, là, c'est qu'avec ce gouvernement-là
on fait un petit allègement réglementaire d'un bord. On parle du un pour un,
mais, clairement, on n'a pas quantifié le un qu'on enlève. On sait bien le
un qu'on ajoute, là, O.K.? On a une idée de qu'est-ce que ça va nous
coûter? Non, on n'a aucune espèce d'idée. On parle d'un objectif de 200 millions
dans le un qu'on va enlever, puis le un qu'on ajoute, clairement, il nous
a coûté 2,3 milliards de dollars... 2,5 milliards de dollars. Donc,
un pour un, c'est un beau slogan, là, mais la réalité, là, c'est qu'en bout de
piste on paie tout plus cher. On est moins productifs, on est moins
compétitifs, puis c'est vous et moi, Mme la Présidente, et tous les citoyens du
Québec qui en paient le prix.
Puis là, maintenant, dans le contexte
économique actuel, si on n'est pas capables de se relever puis de dire :
O.K., c'est le temps de mettre la barre vraiment à haut niveau, c'est vraiment
le temps de se donner des vrais objectifs, Mme la Présidente, on va se faire
avaler tout rond, parce que c'est exactement l'objectif du président au Sud. Et
donc, si on n'est pas capables de rendre notre économie plus compétitive, si on
n'est pas capables de jouer à l'intérieur de notre zone pour s'assurer qu'on se
défend comme il le faut, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse en offensive,
Mme la Présidente?
Le projet loi n° 25,
je l'ai mentionné tout à l'heure, j'allais vous suggérer quelque chose,
j'allais vous dire ce qu'il en est. En fait, moi, je ne compte plus le nombre
de personnes avec qui j'ai jasé du projet loi n° 25
qui me disent que ça, là, c'est un enjeu majeur pour les compagnies au Québec,
pour les entreprises au Québec. C'est extrêmement compliqué pour eux de s'y
conformer, extrêmement compliqué.
Vous savez, on a décidé d'être à l'avant-garde
là-dessus, O.K., mais on n'a pas voulu suivre ce qui se passe dans les autres provinces.
Il y a plus de consultations. Il y a plus d'uniformité. Il n'y a pas d'autre
ensemble qu'on a décidé de suivre. On a juste décidé de s'isoler à l'intérieur
de nos frontières québécoises, si on peut dire, puis d'y aller de l'avant avec
ce projet de loi là sans consulter à l'extérieur. Je parle encore de chiffres,
Mme la Présidente. On n'a pas voulu mettre des balises pour dire : Bon,
bien, voici un comparable, voici ce qui se passe ailleurs, voici ce qu'on
pourrait faire. Puis, en passant, est-ce que les autres l'ont fait déjà? Oui.
Quelles ont été les conséquences? On n'a fait aucune de ces analyses d'impact
économique. On l'a déposé puis on a décidé de sacrifier une certaine
productivité de nos entreprises. Mais, maintenant qu'on regarde ça, Mme la
Présidente, là... je sais, là, c'est jouer le quart-arrière du lundi matin,
mais on n'a quand même pas fait l'exercice de base en arrière de monter le
projet de loi, c'est-à-dire un impact économique, un impact comparable, comment
qu'on définit le succès, est-ce que... qu'est-ce que va être la réponse de nos
compétiteurs, qu'est-ce que va être la réponse de l'Ontario, qu'est-ce que va
être la réponse des Américains. On n'a pas fait le travail, Mme la Présidente,
et les conséquences sont claires, je le répète, 2,5 milliards de dollars
que ça coûte de plus pour toutes nos entreprises au Québec, le fardeau
administratif additionné que le gouvernement de la CAQ nous a imposé depuis son
arrivée au pouvoir.
• (10 h 30) •
Dans les consultations, on a aussi parlé de la
Loi sur les décrets de convention collective, une relique, là, de 1934, Mme la
Présidente, qui pèse encore sur nos PME aujourd'hui, à ce jour. C'est une loi
qui est unique en Amérique du Nord. Je vais vous l'expliquer. Les décrets
obligent l'employeur à soumettre un rapport mensuel en indiquant le nombre
d'heures travaillées pour chaque employé et à payer une taxe sur la masse
salariale supplémentaire. Là, c'est 10 000 entreprises qui sont
assujetties à ça. C'est moins de 4 %. Ajouter une taxe sur la masse
salariale est de la paperasse. Comment se fait-il que cette petite histoire là
n'a pas été tout simplement discartée? Comment se fait-il qu'on n'a pas pensé,
dans un projet de loi où est-ce que notre objectif ici, c'est de réduire la
paperasse, d'enlever ça? C'est relativement simple. Une économie de
12,3 millions de dollars, Mme la Présidente, c'est à peu près dans l'ordre
de grandeur de ce que le ministre nous propose. Ça fait que suis surpris que
ça, ça n'a pas été inclus. La FCEI dit avoir sensibilisé le gouvernement à cet
enjeu, mais le projet de loi n° 85, là, ne veut absolument pas y remédier.
La Fédération des chambres de commerce du Québec
nous a aussi parlé de la zone d'entreprise, supposée être un guichet unique
pour les entreprises pour faire des demandes de permis, accéder à des
formulaires, etc., mais il semblerait que tous les ministères n'y ont pas
encore adhéré, Mme la Présidente. Ça fait que c'est un beau concept, on en
parle, mais la machine ne suit pas. On parle encore ici d'un exemple où est-ce
qu'on se donne des idées, on y va de l'avant, mais on ne définit pas le succès,
on ne dit pas c'est quoi qui va catégoriser la réussite du projet de loi. On ne
parle pas de ce qui se passe à l'extérieur du Québec pour faire des
comparables. On ne se donne pas un historique pour être certain qu'on s'en va
dans la bonne direction.
Mme la Présidente, c'est encore une fois un
autre exemple comme quoi que le gouvernement, malheureusement, vit sur un...
avec des oeillères pour se viser dans un tunnel, pour être capable de juste
penser à une chose sans regarder ce qui se passe alentour. C'est problématique,
Mme la Présidente. On n'est pas seuls sur terre. En tout cas, il est temps que
ça bouge.
Moi, j'aurais pu vous parler de la
sous-traitance de nos PME dans le domaine des boissons alcoolisées ou encore
des ventes... prêt-à-manger pour nos restaurants, dans les épiceries, les
commerces locaux dans nos régions, mais moi, je vais m'arrêter ici parce que,
pour l'étude détaillée, le Parti libéral du Québec, évidemment, va répondre
présent. On va avoir des questions, on va faire des suggestions pour rendre ce
projet de loi un peu plus costaud, parce que, Mme la Présidente... comme je
disais tantôt, 2,5 milliards de coûts additionnels depuis l'arrivée au
pouvoir de ce gouvernement-là, puis l'objectif spécifique
de ce projet-là, c'est 20 millions. L'objectif du projet de faire
plusieurs projets de loi là-dessus, du ministre délégué à l'Économie, c'est
200 millions. Mme la Présidente, ce n'est même pas trois points de base.
Notre priorité, pour nous, là, c'est vraiment
les entreprises québécoises, qu'on puisse être gagnants à l'échelle mondiale,
qu'on puisse faire en sorte que le Québec va se distinguer. Puis en ce moment,
là, O.K., si je peux prendre encore l'analogie du hockey, là, on est en train
de parler de notre défensive, qu'est-ce qu'on peut faire chez nous pour nous
aider. Je ne parle pas de l'offensive face à Donald Trump, là, je parle de
notre défensive. On doit, nous autres, absolument faire de l'allègement
réglementaire une vraie priorité, une priorité, là, qui va définitivement faire
une différence dans le quotidien de toutes nos PME. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à reconnaître Mme la députée de Verdun.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. C'est à mon tour de venir intervenir puis parler dans le cadre de
la discussion du principe du projet de loi n° 85.
Pour nous, d'abord et avant tout, on veut reconnaître qu'il y a certaines
dispositions dans ce projet de loi qui sont attendues depuis longtemps par
certaines entreprises afin d'alléger le fardeau réglementaire et administratif,
puis je pense d'abord et avant tout aux microbrasseurs du Québec qui, depuis
des années, nous sensibilisent à leur réalité. Ils nous sensibilisent au fait
que le processus de marquage a freiné énormément le développement économique de
cette filière depuis des années. Et je suis contente, et j'y reviendrai, de
voir des dispositions qui vont leur permettre d'avoir un plus grand marché pour
leurs produits.
Je pense aussi aux titulaires de permis de
production artisanale qui doivent naviguer dans des processus qui sont assez
complexes de fabrication et de livraison de leurs produits, un obstacle qui les
a empêchés de se consacrer pleinement à leur véritable mission, qui est la
production de produits locaux artisanaux, que ce soient nos microdistilleurs ou
autres.
Ce projet-là n'est pas parfait, mais il y a
certaines bases qui vont aider nos entreprises. Je vais les nommer rapidement.
Donc, la première, l'abolition du marquage pour les contenants de bière qui est
fabriquée par un titulaire d'un permis de brasseur dont le volume n'excède pas
15 000 litres de bière, l'assouplissement... deuxièmement, pardon,
l'assouplissement des dispositions relatives aux permis de production de
boissons alcooliques, notamment en autorisant la sous-traitance de la
fabrication et l'embouteillage, le transport et la livraison... des titulaires
de permis de production artisanale. Troisième disposition intéressante, la
priorisation de l'eau en milieu agricole.
Cependant, notre plus grand enjeu se trouve dans
des dispositions qu'on n'avait pas vues venir et qui causent de plus en plus de
débats, c'est-à-dire la déréglementation des heures d'ouverture. Je vais
revenir sur cet enjeu-là à la fin de mon exposé.
Tout d'abord, je veux remercier tout le monde,
tous les groupes qui sont passés en commission, et je veux souligner l'apport
de certains d'entre eux qui ont fait des ajouts et remarques qui vont être
importants et que nous, on veut porter lors de l'étude détaillée du projet de
loi.
J'ai parlé tantôt de nos microbrasseurs du
Québec, l'Association des microbrasseries du Québec, qui est en faveur,
justement, de l'abolition du marquage sur les contenants de bière. Ils nous
recommandent que l'entrée en vigueur de cette abolition du marquage pour les
entreprises qui produisent moins de 150 000 hectolitres soit
accélérée pour... pour que ça coïncide avec l'adoption du projet de loi. Je
pense qu'on est capable de faire ça ensemble puis leur permettre déjà de
garantir ce marché-là puis ce développement qu'ils attendent depuis des années.
Ils nous demandent aussi qu'une infraction liée
au marquage de la bière constatée dans les 120 jours précédents de
l'entrée en vigueur du p.l. n° 85 ne fasse pas
l'objet de sanctions judiciaires, donc avoir des dispositions qui font en sorte
qu'on n'est pas en train de pénaliser nos producteurs, nos microproducteurs qui
vont être dans une période d'adaptation.
On nous parle aussi de la sous-traitance des
activités de livraison, au même titre que les producteurs artisanaux des
secteurs de... provenant du secteur des vins, cidres et alcools de petits
fruits. Les microbrasseurs nous sensibilisent d'inclure les détenteurs de
permis d'artisan-brasseur aux permis visés par la sous-traitance des activités
de livraison des boissons alcooliques.
Et une autre demande historique que, je pense,
on a la chance en ouvrant... en ayant un projet de loi comme ça, c'est l'accès
aux marchés publics. Vous savez, les microbrasseurs n'ont pas le droit, en ce
moment, de vendre leurs bières et leurs produits dans nos marchés publics. Nous
sommes dans une époque dans laquelle on veut encourager le commerce local, on
veut encourager puis avoir des places dans lesquelles on assure ces marchés-là,
bien, au même titre que les producteurs artisanaux de vin, de cidre et autres
alcools à base de fruits. On nous recommande fortement que, dans ce projet de
loi, les microbrasseurs... les microbrasseries québécoises puissent avoir la
possibilité de vendre leurs bières dans les marchés publics pour contribuer à
la promotion et la valorisation des produits locaux.
Je veux souligner aussi l'apport des Producteurs
de cidre du Québec. Ils nous ont beaucoup sensibilisés à l'enjeu de l'achat des
pommes, parce que, ce qu'ils souhaitent, nos producteurs, c'est qu'un titulaire
de permis de production artisanale puisse fabriquer des cidres dans... avec des
pommes qui proviennent 100 % du Québec, donc vraiment attacher la
production avec un approvisionnement local des pommes, dont un minimum de
50 % qui proviennent de ses propres vergers. Il est essentiel que ce
projet de loi, le projet de loi n° 85, prévoie, pour
les titulaires d'un permis de production artisanale de cidre, l'achat des
matières premières pour la fabrication de leurs produits, parce
qu'en ce moment, ils n'ont pas ce droit-là. Et je pense que c'est normal, ils
sont rendus des producteurs bien établis. Oui, ils peuvent avoir des vergers
puis produire leurs propres pommes, mais je pense qu'acheter la matière, avoir
cette possibilité ne va pas seulement leur assurer l'approvisionnement dans des
moments où il peut y avoir des fluctuations, mais aussi agrandir la variété des
produits qu'on peut avoir sur le marché.
• (10 h 40) •
Ils nous recommandent donc, Les Producteurs de cidre
du Québec, de permettre l'achat des pommes à la hauteur de ce que le producteur
artisanal de cidre produit.
On nous a parlé aussi de la sous-traitance de la
livraison, puis la principale demande des Producteurs de cidre, c'est...
titulaire d'un permis de fabrication artisanale et de pouvoir confier à un
tiers la livraison de produits aux consommateurs et aux différents détenteurs
de permis.
En ce qui concerne le marquage, Les Producteurs
de cidre nous recommandent d'abolir également le système de marquage
obligatoire pour les titulaires de permis artisanal de cidre et non uniquement
pour ce qui est des contenants de bière. Puis je pense que c'est la prochaine
étape à considérer, de voir comment on va faciliter aussi, en enlevant le
marquage, en revoyant cette disposition-là, pour qu'on puisse encourager la
production mais surtout la consommation de nos produits artisanaux au Québec.
Dans ce sens, je parlais tantôt des marchés
publics, il y a même la Fédération des chambres de commerce du Québec qui appuie
de modifier l'article 84 de la Loi sur les infractions en matière de
boissons alcooliques afin de permettre aux microbrasseries de vendre leurs
bières dans les marchés publics, au même titre que les détenteurs des permis de
production artisanale, que ce soit le vin, cidre et l'hydromel.
L'Union des producteurs, l'UPA, sont venus nous
parler, au-delà des dispositions concernant les boissons alcoolisées, d'avoir
aussi une pensée à comment on peut encourager de plus en plus le commerce et la
consommation locale. En ce qui concerne le marquage, l'UPA s'entend aussi pour
l'abolition du système de marquage et des timbrages des contenants de boissons
alcoolisées pour toutes les catégories de permis de production artisanale.
Comme je le disais, on est dans une réflexion d'aller plus loin que les
microbrasseurs. La demande des microbrasseurs, c'était un minimum dans le
contexte actuel.
On nous parle aussi de la sous-traitance des
activités de livraison. L'UPA nous demande de permettre aux producteurs
artisanaux de boissons alcooliques de sous-traiter à un prestateur de services
de leur choix l'entreposage et la livraison de leurs produits aux consommateurs
et aux titulaires de permis, d'autoriser le regroupement des producteurs
artisanaux de boissons alcoolisées sous forme de coopérative, afin de réaliser
la livraison qu'on propose... qu'on proposait par la sous-traitance des
activités de fabrication.
Par la suite, bon, on nous a rappelé
l'importance qu'il y a, dans ce projet-là, de la priorité pour le prélèvement
d'eau. Je pense que, pour l'agriculture, c'est essentiel. Cette modification va
permettre de reconnaître le caractère fondamental des activités agricoles et
aquacoles en matière d'accès à l'eau et ce qui accorde une importance
particulière aux besoins en eau des secteurs agricoles par rapport à ceux de
l'industrie.
Puis, bien sûr, je pense que c'est une
opportunité, puis j'entendais le collègue de Marguerite-Bourgeoys, de
comprendre puis de bien saisir toutes les opportunités qu'on a pour encourager
l'achat local. Et, pour ça, il faut aller au-delà du projet de loi n° 85,
en mettant en place des politiques qui sont plus claires pour tous le
ministère, les institutions, les organismes publics, pour utiliser les leviers
qu'on a pour favoriser l'acquisition des biens et des matériaux de construction
québécois. De notre côté, à Québec solidaire, nous mettons déjà une proposition
au jeu, c'est d'avoir un quota d'achat de 75 % des produits dans nos
contrats publics, surtout dans l'approvisionnement. C'est là qu'au Québec on a
beaucoup de travail à faire. On est juste à 52 % de l'approvisionnement
que c'est des biens québécois. Nous avons besoin d'aller plus loin, et, pour
nous, ça passe par des quotas.
Puis L'Union des producteurs nous disait...
l'UPA nous disait à quel point c'était difficile de savoir que... si, les
cibles que le Québec s'est données, on était en train de les atteindre et
quelle était la distribution des produits, surtout maraîchers, des produits
d'alimentation qui sont achetés au Québec. Donc, ce qu'ils nous suggèrent,
c'est de se doter, dans la stratégie québécoise d'achat d'aliments québécois,
des cibles d'accroissement d'achat d'aliments québécois dans l'institution
publique, dans les organismes publics, et d'inclure aussi, dans la cible, les
achats de produits biologiques. On sait que les produits biologiques peuvent
être plus coûteux, et, étant donné que l'État a un plus grand levier, une plus
grande... une meilleure planification dans l'achat dans les marchés publics, il
pourrait ay voir des critères et des cibles en termes de production biologique
et ainsi assurer un marché pour nos producteurs qui se voient de plus en plus
menacés avec les tarifs puis l'instabilité économique. Ils nous suggèrent de
mettre en place des indicateurs clairs dont l'état d'avancement est divulgué
annuellement puis encourager le ministre... le ministère, les institutions, les
organismes publics à réserver des appels d'offres exclusivement aux produits certifiés
biologiques ou ajuster à la hausse ces marges préférentielles.
Comme je disais tout à l'heure, ce projet de loi
n'est pas parfait. Il y a un grand enjeu que... bien, que nous, nous avons avec
le projet de loi, ce qui concerne la section II de ce projet de loi, qui
nous parle des modifications dans les heures d'ouverture des établissements
commerciaux. Pour nous, notre position est claire, nous demandons le retrait
des articles dans la section II afin de préserver l'équilibre trouvé en
2008 entre les besoins des entreprises, ceux de la clientèle et la protection
des travailleurs et travailleuses, en particulier nos jeunes travailleurs. On a
eu... On était sensibilisés par cette question par le TUAC, qui est un syndicat
dans l'alimentation, qui compte quand même... qui représente plus de
39 000 membres auprès des... non, pardon, 675 unités de travail.
On parle des commis d'épicerie, des caissiers, que ce soit au Metro, Super C,
Adonis, IGA, Provigo. Et donc 60 % des gens qui sont syndiqués dans ces milieux-là,
bien, ce sont des jeunes de moins de 30 ans. C'est eux, les travailleurs
et travailleuses qui occupent ces postes.
Mais je tiens à
sensibiliser ici que ce n'est pas seulement les syndicats qui nous ont parlés
de cet enjeu-là, c'est aussi l'Association des détaillants, que malheureusement
on n'a pas pu entendre en commission parlementaire. L'Association des
détaillants en alimentation, ce qu'ils souhaitent, c'est le retrait des
dispositions qui concernent les changements aux heures d'ouverture des
détaillants en alimentation. Cette association craint que les modifications
n'entraînent qu'un désengagement des employés essentiels et ne tiennent pas
compte de la réalité de la main-d'oeuvre. Ce qu'elle souligne aussi, c'est que
la réglementation actuelle est plus adaptée et que les heures d'ouverture
réduites en fin de semaine permettent une meilleure allocution des ressources.
Puis, de plus, l'Association des détaillants en alimentation s'inquiète des
conséquences potentielles sur la conciliation travail-vie personnelle des
employés, particulièrement des jeunes aux études.
On a aussi reçu un mémoire de l'Association des
marchands dépanneurs et épiciers du Québec, qui préconise de maintenir le statu
quo concernant les règles sur les heures d'ouverture des établissements
commerciaux, car ses membres, donc on parle de nos petits dépanneurs, de petits
marchands, des commerces locaux, se sont adaptés aux règles en vigueur depuis
2006, et l'association estime que les cadres actuels fonctionnent bien et assurent
un équilibre concurrentiel entre les grands détaillants et les plus petits
commerces.
Donc, on a l'Association des détaillants en
alimentation, l'association des marchands des dépanneurs et l'épicerie qui nous
recommandent le retrait de toutes dispositions relatives aux heures d'ouverture
afin de préserver ledit équilibre qui est là depuis 2006, ce qui nous fait, en
fait, nous demander : Pourquoi ces dispositions sont là dans la loi?
Pourquoi il y a eu un changement soudain, que ce soit dans les dispositions
préconisant un projet pilote ou dans le fait qu'on va avoir... on va pouvoir
avoir plus d'employés à partir d'une certaine heure? Parce qu'en prolongeant
les heures d'ouverture des commerces les employeurs pourront, ce qu'on appelle,
attribuer des horaires de soir et de nuit à un nombre illimité d'employés.
Étant donné la forte présence des jeunes dans nos épiceries, ces modifications
vont entraîner inévitablement une pression accrue sur ceux qui combinent
travail et études.
Je veux ramener que les études sur la question
du décrochage scolaire sont claires. Au-delà de 15 heures de travail
hebdomadaire, les conséquences sont préoccupantes. On parle d'une baisse de
performance scolaire, un risque accru de décrochage, une augmentation de symptômes
d'anxiété et de détresse psychologique. De plus, le travail en soirée et le
manque de sommeil posent des enjeux majeurs pour nos jeunes. Pourtant, c'est
précisément ce que le projet de loi propose aux jeunes travailleurs, parce que,
lorsqu'on déréglemente, on le sait très bien, ça va être de la pression sur les
jeunes travailleurs de combler ces chiffres-là, de rentrer plus tard, et ce
n'est pas tout le monde qui a le luxe, le privilège de dire non à leur
employeur. Moi, j'ai reçu plusieurs commentaires et témoignages qui me
disaient : Bien, si je dis non, bien, on ne va plus me mettre dans le
«payroll», si je dis non, je vais peut-être perdre ma job, je ne vais plus
avoir cette assurance-emploi. Et ça, c'est extrêmement inquiétant.
Il est important de souligner l'incohérence du
gouvernement, parce que moins à... deux ans après avoir adopté un encadrement
du travail des enfants avec un large consensus et une vaste concertation, il
envisage maintenant une déréglementation qui affaiblirait ces avancées pour les
17 ans et plus. Je veux rappeler que les jeunes de 17 ans et plus qui
sont dans nos commerces, bien, sont toujours mineurs, puis encore la plupart
d'entre eux vont au secondaire. On sait que 89 % des Québécois estiment
que la société doit en faire plus et davantage pour la réussite éducative des
jeunes. C'est peut-être une des raisons pour laquelle on réglemente puis on
encadre les heures d'ouverture ici, au Québec. Puis cette volonté d'encourager
les jeunes à poursuivre leurs études doit s'appliquer au-delà de 17 ans,
parce que ces jeunes-là peuvent être au secondaire, au cégep, mais on veut
assurer leur réussite.
• (10 h 50) •
Il est difficile pour nous, puis je pense que
plusieurs acteurs... de comprendre pourquoi le gouvernement souhaite briser la
fragilité... le fragile équilibre qui est issu du consensus de 2006‑2008. Je
vous ai parlé des détaillants en alimentation, je vous ai parlé des petits
dépanneurs, je vous ai parlé des travailleurs. C'est rare, là, qu'on voie les
travailleurs et aussi les patrons être ensemble puis d'accord sur la même
chose. Alors, pour nous, c'est très difficile de comprendre pourquoi ce
consensus puis cet équilibre pourraient être brisés par le projet de loi
lorsqu'il propose d'allonger les heures d'ouverture des commerces sans
identifier une véritable demande ni mener une consultation en bonne et due
forme.
On sait que des solutions existent déjà pour les
parents qui sont occupés, les travailleurs aux horaires atypiques. On nous a
nommé plusieurs exemples en commission. L'achat en ligne, il y a plusieurs
détaillants déjà qui ont développé des outils pour ça. Donc, on n'a pas besoin,
au Québec, d'être capables d'acheter des choses à deux heures, à trois heures
du matin quand on a tellement de dispositions, quand on sait que la pression va
être retombée sur nos jeunes travailleurs. Et, pour nous, si ces modifications
sont adoptées, la pression sur les jeunes va augmenter, ce qui va compromettre
l'équilibre entre le travail, études, vie personnelle, et qui va affecter aussi
leur santé physique et mentale, avec une hausse d'accidents, parce que plus on
travaille, plus il y a des risques d'accidents de travail, mais aussi en termes
de santé physique, parce que c'est un risque. On est en train d'augmenter le
risque d'épuisement.
Donc, pour conclure, Mme la Présidente, je vous
ai dit qu'il y a des dispositions dans ce projet de loi avec lesquelles on est
d'accord, pour lesquelles on est pour qu'on se lance dans l'étude du projet de
loi. Mais nous allons mener une grande bataille, c'est celle de revoir, voire
complètement écarter les dispositions en ce qui concerne la déréglementation
d'heures d'ouverture parce qu'il faut protéger la viabilité de nos commerces
ici face aux géants américains.
Et je le répète... En fait, je n'ai pas eu la
chance de le dire, mais les seuls détaillants qui se sont réjouis de cette
nouvelle, c'étaient les Walmart de ce monde, qui semblaient être à l'origine,
en fait, ce qu'on croit, de cette demande. Alors même que le premier ministre,
quand il était en mission à Washington, nous disait qu'il fallait défendre
l'économie québécoise puis se tenir debout pour nos commerces locaux, les
dispositions vont à l'encontre de ce souhait-là. On doit
assurer la santé, la sécurité et la conciliation travail-études-vie personnelle
pour nos travailleurs et travailleuses et pour nos jeunes. Il faut qu'on soit
capables d'avoir des dispositions qui assurent la réussite scolaire. Et c'est
pour ça qu'on demande le retrait de ces articles-là. Et c'est la plus grande
bataille qu'on va mener dans le cadre de l'étude du projet de loi. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le
projet de loi n° 85? Il n'y a pas d'autres interventions?
Mise aux voix
Donc, le principe du projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions principalement
aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de l'économie et du travail
M. Lévesque (Chapleau) : Merci, Mme
la Présidente. Donc, conformément à l'article 243 de notre règlement, je
fais motion afin que le projet de loi n° 85, la Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, soit déféré à la Commission de l'économie et du
travail pour son étude détaillée et que le ministre délégué à l'Économie soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion
adoptée. M. le leader, pouvez-vous nous indiquer la suite de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 83
Reprise du débat sur l'adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui.
À l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le
13 février 2025 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 83, Loi favorisant l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la
santé et des services sociaux.
M. le... Bon. Mme la députée, Mme la députée
de... voyons, La Pinière, je vous cède la parole.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça fait plaisir de prendre la parole pour l'adoption du
principe du projet de loi n° 83, Loi favorisant l'exercice de la médecine
au sein du réseau public de la santé et des services sociaux.
Et je vous dirais d'entrée de jeu, Mme la
Présidente, que l'écart est grand entre le titre du projet de loi et le contenu
du projet de loi et ce qu'il pourrait réussir à faire. Je vais me permettre de
lire le premier article du projet de loi.
La Loi sur l'assurance maladie est modifiée par
l'insertion, après l'article 26, du suivant — alors :
«27. Pour pouvoir se prévaloir de l'article 26 — évidemment
de la Loi sur l'assurance maladie — afin de devenir un
professionnel non participant — c'est-à-dire de ne pas participer au
réseau public — un
médecin doit d'abord avoir été un médecin soumis à l'application d'une entente
pendant cinq ans.
«Le médecin qui, alors qu'il ne peut se
prévaloir de l'article 26 pour devenir un professionnel non participant,
exige ou reçoit pour un service assuré une rémunération autre que celle prévue
à une entente commet une infraction et est passible d'une amende de
20 000 $ à 100 000 $ et, en cas de récidive, d'une amende
de 40 000 $ à 200 000 $.»
C'est une entente... c'est un projet de loi qui
a été élaboré sans consultation des parties prenantes. La Fédération médicale
étudiante du Québec est venue nous le dire d'une façon très directe et très
claire, en nous disant, et je reprends ses mots, que c'est un projet de loi qui
semble avoir été fait... je dis «qui semble» pour être plus polie, mais ce qui
a été dit, c'est qu'il a été fait sur un coin de table, et que c'est la
solution politique facile, et que ça ne va pas régler le départ
de certains médecins du réseau public.
Pourquoi solution facile, solution politique
facile? Parce que, lorsqu'on dit qu'on va obliger les médecins, les jeunes
médecins à travailler pendant cinq ans dans le réseau public au Québec après la
fin de leurs études, ça semble une bonne idée. On se dirait : Bon, bien,
tant mieux, on manque de médecins, puis là, au moins, ceux-là, ils vont
travailler pendant cinq ans dans le réseau public. Ça semble une bonne idée.
Comme l'expression le dit, une fausse bonne idée, c'est ce qu'on a entendu en
commission parlementaire, Mme la Présidente. Tous les groupes qui sont venus en
commission parlementaire présenter leur mémoire nous ont dit que ça ne
fonctionnerait pas.
Ça ne fonctionnerait pas, d'abord, l'approche
punitive, les... Dans le projet de loi, on ne dit pas que les amendes de
20 000 $ à 100 000 $ pour un médecin qui aurait fait un
acte médical qui est normalement payé par la RAMQ mais qui l'aurait fait en
dehors de la RAMQ, donc dans le privé, alors qu'il n'a pas le droit de le faire
parce que ça ne fait pas encore cinq ans qu'il pratique, dans le cadre... si ce
projet de loi était adopté, qu'en cas de récidive l'amende serait... pourrait
passer de 40 000 $ à 200 000 $. On ne dit pas, dans le
projet de loi, que c'est par jour et par acte médical, mais le ministre l'a dit
lui-même en entrevue que ce serait par jour et par acte médical. Alors, comment
pensons-nous qu'un jeune médecin, même s'il fait un salaire plus élevé que la
moyenne, va pouvoir continuer de pratiquer avec de telles amendes? On pourrait dire :
Bien oui, justement, on ne veut pas qu'il sorte du réseau privé, donc les
amendes vont fonctionner. Non, la méthode coercitive ne fonctionne pas, c'est
ce qu'on est venus nous dire.
Et ce que les étudiants en médecine nous ont
dit, c'est : Au lieu de gaspiller — c'est le mot qui a été
utilisé — du
temps de parlementaires, de la fonction publique à travailler sur un projet de
loi comme cela, qui ne va pas atteindre ses objectifs, travaillons donc sur les
causes qui poussent les médecins à vouloir sortir du réseau, parce que, ce
qu'on nous a dit, tous médecins confondus, leur objectif, c'est de soigner la
population, et leur objectif, c'est de travailler dans le réseau, mais encore
faut-il qu'on leur donne les conditions qui leur permettent de travailler dans
le réseau. Et, là-dessus, ce qu'on a entendu, c'est que, même si un médecin
travaille dans le réseau, si on ne lui donne pas accès au plateau pour faire
des chirurgies, s'il n'a pas le personnel, que ce soient des infirmières ou
autres, autour pour lui permettre d'utiliser le plateau et faire des
chirurgies, bien, il ne peut pas les faire. Alors, le chirurgien se trouve à
faire une, deux, trois chirurgies par semaine ou par mois, alors qu'il pourrait
en faire 20 s'il avait... 20 par semaine s'il avait l'équipe autour. On nous a
même dit que, dans certains cas, les médecins ne peuvent pas faire des
chirurgies parce qu'il n'y a pas de personnel pour donner des rendez-vous.
C'est vraiment l'absurde. Il n'y a pas de personnel pour donner les rendez-vous
aux patients qui sont malades et qui attendent leur chirurgie.
Alors, dans ce contexte-là, si on adopte le
projet de loi tel quel et qu'on oblige les jeunes médecins à travailler au
moins cinq ans dans le réseau, bien, j'ai posé la question à la Fédération des
médecins spécialistes du Québec en consultations, est-ce que ça veut dire qu'on
va avoir des médecins qui vont se tourner les pouces pendant qu'ils sont dans
le réseau public parce qu'ils n'ont pas accès aux plateaux, au matériel et aux
ressources humaines pour leur permettre de pratiquer? Et la réponse a été, pour
la grande majorité, oui, imaginez-vous.
Alors, ce projet de loi qui a été présenté sans
consultation des parties prenantes, qui fait l'unanimité contre lui, pas contre
l'objectif parce que tout le monde est pour renforcer le système public, tout
le monde est pour que les médecins pratiquent dans le système public, bien, les
gens qui sont sur le terrain reconnaissent que, pour y parvenir, il faut
réparer le réseau. Il faut donner la base pour que les médecins puissent mettre
leur expertise au service de la population et soigner la population, mais ce
projet de loi ne va pas y arriver, le projet de loi tel quel. On verra s'il y a
des amendements. J'espère que le gouvernement va apporter des amendements à ce
projet de loi là et qu'ils vont accepter les amendements de la part des partis
de l'opposition, mais c'est clair que ça ne va pas fonctionner.
• (11 heures) •
Non seulement ça, ça risque d'avoir des effets
pervers qui vont empirer la situation, et, quand je parle d'effets pervers,
dans toute politique publique, même la meilleure politique publique...
Politique publique, ça peut être un projet de loi, ça peut être une directive,
ça peut être un programme. La meilleure politique publique, bien réfléchie,
peut avoir des effets pervers inattendus. C'est la nature des politiques
publiques. Dans ce cas-ci, les effets pervers sont déjà identifiés si le projet
de loi est adopté tel quel.
Par exemple, on a des jeunes médecins, là,
d'ailleurs, parmi ceux qui étaient en commission parlementaire durant les
consultations, qui nous ont dit à ce moment-là : Dans neuf jours, nous, on
choisit où on va aller pour notre résidence. Pensez-vous qu'ils ont l'esprit
tranquille et l'assurance de dire : Bien, moi, je... c'est sûr que je reste
au Québec pour ma résidence? Oh! un pensez-y-bien, là. Ceux qui sont en
quatrième année, est-ce que, tout d'un coup, tout va changer, puis on va les
obliger à pratiquer dans le public dans l'état où le public est en ce moment?
Parce qu'ils nous ont tous dit, ils veulent faire leur carrière dans le public.
Mais, s'ils arrivent dans un milieu de pratique où on revient 20 ans,
25 ans en arrière... Écoutez, même du matériel qui ne fonctionne pas ou
qui arrête de fonctionner en cours de chirurgie, ça n'a pas de bon sens. Ça n'a
aucun sens.
N'oublions pas que les médecins sont là pour
soigner. Ils veulent soigner la population le mieux possible. Alors, quand ils
voient qu'ils n'ont pas le... soit qu'ils ont du vieux matériel ou du matériel,
parce qu'il a un certain âge, ne fonctionne pas ou est intermittent, bien, ils
ne se sentent pas en... ils ne sentent pas en confiance pour que le traitement
ou l'intervention qu'ils sont en train de réaliser soit bonne pour le patient.
Et les médecins sont formés pour prendre, on nous l'a bien dit... prendre une
décision basée sur les faits. Ils établissent un diagnostic après avoir analysé
les symptômes, et ce qu'ils veulent, c'est de corriger la cause et non pas
juste le symptôme. On nous l'a dit et redit en commission parlementaire.
Une autre chose, un autre effet porc-épic, je
dirais, qui hérisse les médecins, c'est que ce qui pourrait arriver, les
médecins qui vont dire... puis qui n'ont pas le choix, là, ils doivent
signer... ils devraient signer une entente, si le projet de loi est adopté tel
quel, pour pratiquer pendant... être obligés de pratiquer pendant cinq ans dans
le réseau public à la fin de leurs études, bien, ils
risquent de dire : Si les conditions de pratique... Si les conditions de
pratique sont bonnes, aucun problème, ils vont continuer pendant 30 ans.
Mais, si les conditions de pratique ne sont pas bonnes, pendant ces cinq
premières années là, comme elles ne sont pas bonnes actuellement, si ça ne
s'améliore pas, bien, ils vont dire : Oh! moi, j'ai hâte au bout de mon
cinq ans, au bout de mon cinq ans, je vais avoir fait mon temps, payé ma dette
à la société puis je m'en vais dans le privé. Exactement ce qu'on ne veut pas
qui arrive. Exactement ce que le gouvernement ne veut pas voir arriver. On est
tous unanimes, en cette Chambre, qu'on ne veut pas que le système public se
vide complètement pour aller vers le privé.
C'est quand même quelque chose d'important dans
nos valeurs et puis dans notre... dans notre contrat social, l'assurance
médicaments, la régie de l'assurance médicaments. Et ça m'amène à faire un
petit retour en arrière qui a été fait par Mme Lagacé Dowson, qui est
venue en commission parlementaire. Lorsque l'assurance maladie a été créée, il
y a eu une clause qui a permis aux médecins qui ne voulaient pas adhérer au
réseau public de continuer de pratiquer à l'extérieur du réseau public. Et
c'est problématique. Il y a encore des relents de cela. Alors, est-ce que,
vraiment, on veut continuer avec ça? Pourquoi on vise uniquement les jeunes
médecins, mais pas les autres? C'est une discussion à avoir, une réflexion à
avoir là-dessus pour que ce soit juste pour tout le monde.
Ce que les étudiants en médecine nous ont dit
aussi : Écoutez, on n'est pas... la médecine, ce n'est pas la seule
profession, dans le domaine de la santé, qui est... n'arrive pas à pratiquer
dans le réseau. Pourquoi vise-t-on uniquement les médecins? On manque de
pharmaciens, on manque de psychologues, on manque d'infirmières, on manque d'à
peu près toutes les professions dans la santé. Pourquoi on cible uniquement les
médecins? Alors, c'est aussi une question à se poser. C'est aussi important d'y
réfléchir avant d'instaurer une règle qui cible uniquement un groupe.
Et j'avoue que j'étais... j'avais de l'empathie
pour les étudiants en médecine qui étaient en commission parlementaire, qui se
sont fait dire par des députés de la partie gouvernementale à quelques
reprises : Mais vous ne pensez pas qu'avec les 5 000 personnes
qui veulent entrer à la Faculté de médecine qu'il y en au moins 1 000, parce
qu'il y en a 1 000 qui sont acceptés... vous ne pensez pas que, parmi les
5 000, il y en aurait au moins 1 000 qui sont prêts à s'engager pour
le réseau de la santé public? Alors, c'est comme dire à ceux qui sont là :
Bien, vous, vous n'êtes pas vraiment engagés, là, vous, tu sais, passez, là,
puis au suivant, il y en a un qui va vouloir venir. Je ne sais pas, moi, mais
je trouve ça insultant pour ces jeunes médecins là, alors qu'on les voyait...
Je dirais que l'intelligence leur sortait par les yeux, tellement ils étaient
éloquents, mais ce sont les meilleurs qu'on veut.
Moi, si j'ai besoin de me faire opérer, là,
bien, je serais contente, je serais plus rassurée de savoir que le médecin qui
va m'opérer, c'est la crème de la crème. Il y en a eu 5 000 qui ont voulu
entrer en médecine dans sa cohorte. On a retenu les 1 000 meilleurs.
Bien, j'aime mieux que ce soient ces 1 000 meilleurs là qui
m'opèrent, moi, que ceux qui auraient bien voulu entrer en médecine, mais qui
n'ont peut-être pas les compétences nécessaires pour le faire.
Alors, je pense qu'il faut... Dans l'étude de ce
projet de loi, dans l'analyse, l'étude article par article, je pense qu'il
faudra prendre un pas de recul, là, puis écouter, être à l'écoute de ce qui
nous a été dit, parce que, je le redis, on est tous d'accord pour renforcer le
réseau public. On est tous d'accord pour que les médecins pratiquent
majoritairement, sinon à 100 % dans le réseau public, mais mettons-les pas
dans des conditions impossibles. Quel que soit le domaine d'activité, si on met
les gens dans une situation impossible, ils ne vont pas livrer la marchandise
ou, alors, s'ils livrent la marchandise, théoriquement, ils vont faire beaucoup
de mal sur le terrain.
Regardons, par exemple, juste l'exemple de Santé
Québec. On leur dit : Vous allez gérer les opérations dans le domaine...
dans le réseau de la santé au Québec en suivant des directives ministérielles.
Première chose qu'on leur demande de faire, couper 1,5 milliard. Bien, on
vient de les mettre presque K.-O. Ils vont le faire sûrement, mais ce qu'on
entend dans les CISSS et les CIUSSS, avec toutes les coupures de postes qu'on
voit dans les journaux, ça affecte directement les... ça affecte directement la
population, la santé de la population.
• (11 h 10) •
Alors, si on met les médecins... les jeunes
médecins dans une situation impossible, il faut que vous travailliez dans le
réseau, puis qu'on n'améliore rien autour, ils ne vont pas performer mieux. Ils
ne vont pas... Ils ne vont pas en faire plus, de chirurgies, s'ils n'ont pas
les plateaux, même s'ils sont dans le réseau. Alors, on s'attend à quoi d'eux?
Qu'ils s'assoient, qu'ils fassent de la paperasse, qu'ils se tournent les
pouces, qu'ils jouent aux cartes parce qu'ils ne peuvent pas aller opérer? Ils
vont perdre tout ce qu'ils ont appris, toutes leurs compétences. Ça n'a pas de
sens. Ça n'a vraiment pas de sens.
Alors, l'objectif du projet de loi est très bon,
c'est... Je disais, au début, l'intitulé... Il y a un grand écart entre
l'intitulé du projet de loi puis ce qu'il risque de faire avec ce qui est
inclus dans les articles du projet de loi, mais attardons-nous à l'objectif de
favoriser l'exercice de la médecine au sein du réseau public, favoriser
l'exercice de la médecine, donc s'assurer que ça fonctionne dans les hôpitaux,
dans les cliniques, dans les salles d'opération, s'assurer que les médecins de
tout âge et les ordres professionnels de la santé puissent se... puissent
mettre leurs compétences, leurs spécialités au service de la population dans le
réseau public. Donnons-leur les outils pour faire ça.
L'un des groupes nous disait... disait, en fait,
au ministre de la Santé : Vous avez établi un plan avec
quatre piliers, pourquoi vous ne travaillez pas sur ça plutôt que de venir
proposer un projet de loi comme celui-ci? Je pense que c'est important de
réfléchir à ce qui nous a été dit en commission parlementaire pour apporter des
amendements à ce projet de loi puis pour étudier le projet de loi article par
article.
Une chose qu'on a beaucoup entendue pendant le
projet de loi, pendant l'étude, pendant les consultations, je dirais, c'est que
le Collège des médecins était d'accord et trouvait que le projet de loi
n'allait pas assez loin. On laissait planer une information comme quoi le Collège
des médecins disait... était prêt à aller même jusqu'à 10 ans. Je ne sais
pas si le Collège des médecins avait vraiment... s'était vraiment positionné de
cette façon-là, peut-être que oui. Si c'est le cas, clairement, le Collège des
médecins a pris un pas de recul en entendant les autres groupes qui sont venus présenter leurs mémoires, parce qu'ils ne nous ont pas dit
qu'ils étaient pour les mesures coercitives. Ils sont d'accord pour renforcer
la présence des médecins dans le réseau public, mais ils ne sont pas d'accord
avec les mesures coercitives puis ils ne sont pas d'accord pour empêcher les
médecins formés au Québec d'exercer hors territoire, hors du Québec.
Pourquoi? Bien, parce qu'on a des médecins qui
vont... des médecins qui terminent leurs études, qui veulent aller faire leur
résidence dans une autre province parce que, selon leur spécialité, il y a un
programme de jumelage... je devrais dire... j'aurais dû dire ça en premier, il
y a un programme de jumelage pancanadien qui existe, qui permet aux médecins
finissants d'aller faire leur spécialité, leur résidence dans le domaine qu'ils
veulent, dans lequel ils veulent se spécialiser, donc d'aller faire leur
résidence au Québec ou dans une autre province. Et c'est très compétitif, et
puis ils vont aller, bien, là où on leur offre la possibilité de faire la
résidence dans leur domaine de spécialité. Et c'est la même chose, il y a des
médecins qui sont formés hors Québec qui peuvent venir faire leur résidence au
Québec parce que, dans un de nos centres hospitaliers universitaires, on leur
permet d'apprendre davantage sur leur spécialité. Donc, il y a un échange de
cette façon-là.
Bien là, tout à l'heure, j'ai dit que les
médecins québécois, là, qui sont... les finissants qui sont à la veille de
choisir où ils vont faire leur résidence, là, qu'ils se demandent : Bien,
est-ce que... si la loi passe pendant que je fais ma résidence ou avant que je
l'aie commencée, est-ce que je vais être pris avec des pénalités comme ça si je
ne reviens pas tout de suite au Québec après? Bien, il y a aussi le fait que
les médecins qui ont été formés à l'extérieur, qui viendraient faire leur
résidence au Québec et qui voudraient retourner dans leur province pour
pratiquer, tout comme les résidents du Québec qui voudraient revenir au Québec
pour pratiquer ici... bien là, ces résidents hors province, pensez-vous qu'ils
vont avoir le goût de venir au Québec, avec une épée de Damoclès comme ça qui
peut leur pendre au-dessus de la tête?
Puis, les médecins diplômés au Québec qui
veulent faire un fellowship aux États-Unis pour une surspécialisation, c'est
fort possible qu'après leur fellowship peut-être qu'ils vont vouloir travailler
un petit peu plus aux États-Unis avant de revenir au Québec. Bien là,
pensez-vous qu'ils vont vouloir faire des études au Québec s'ils savent qu'ils
vont avoir des amendes comme ça qui vont leur être imposées s'ils vont faire un
fellowship et qu'ils restent un petit peu plus longtemps? Il y a plein de
situations qui peuvent se présenter aussi, dans la vie, là, pour les personnes,
même, qui sont ici, au Québec, qui ne vont pas faire un fellowship à
l'extérieur, qui restent toujours au Québec. Qu'en est-il des congés parentaux?
Qu'en est-il des congés de maladie?
Et, en plus, on veut faire signer ça à des
jeunes qui commencent leurs études en médecine, là, à peu près à l'âge de
19 ans. Ils vont s'engager pour... puis on sait que les études en médecine
sont longues, alors qu'ils vont s'engager pour plusieurs années en avant. On ne
connaît pas la vie, il n'y a personne qui connaît la vie, ce qui peut nous
tomber dessus : un proche qui tombe malade, quelqu'un qui tombe en amour
puis qui veut aller vivre avec son conjoint ou sa conjointe à l'extérieur du
Québec.
Il y a tout plein de situations, puis je comprends
qu'on ne peut pas imaginer toutes les situations, mais on sait qu'il y en a qui
ne pourront pas respecter le contrat. Qu'est-ce qui va leur arriver? Puis un
étudiant qui commence la médecine à 19 ans, ça se pourrait qu'au bout d'un
an, un an et demi, il se dise : Ce n'est pas fait pour moi, ça, je pense
que je ne suis pas fait pour ça, je veux faire un changement de carrière. Il va
avoir signé, il va s'être engagé à travailler cinq ans dans le réseau de la
santé. Alors, est-ce qu'on va le garder à cause des contraintes qui sont
prévues dans ce projet de loi? Est-ce qu'on va garder des gens qui se
disent : Finalement, ce n'est pas pour moi, mais qui vont poursuivre leurs
études, et qui n'auront pas le coeur à faire ça, et finalement qui ne seront
pas heureux dans le réseau, puis ce ne sera pas nécessairement heureux pour
leurs patients non plus?
On veut les meilleurs. On veut leur donner les
meilleures conditions d'exercer puis on veut donner les meilleurs soins à la
population dans le réseau public. Bien, travaillons à réparer le réseau public
et soyons cohérents avec nous-mêmes, parce que, la semaine avant même de
déposer ce projet de loi, le ministre annonçait encore des CMS. Alors, est-ce
qu'on en veut, du privé, ou est-ce qu'on veut encourager le public?
Il y a vraiment, vraiment une réflexion à y
avoir avant de procéder à l'étude détaillée de ce projet de loi, à mon avis.
J'imagine et j'espère qu'il y aura des amendements qui seront discutés, parce
que c'est trop important. Les retombées ou les conséquences de ce projet de
loi, tel qu'il est écrit, sont trop importantes pour qu'on fasse fi de tout ce
qui nous a été dit en commission parlementaire par des gens qui connaissent le
milieu, qui sont dans le milieu tous les jours, par des gens qui veulent
s'engager pour le réseau public, mais qu'on repousse, qu'on rebute avec des
mesures ciblées comme celles qui sont dans le projet de loi.
Je dirais : Ayons la sagesse d'écouter ce
qu'ils nous ont dit, de travailler, vraiment, de se concentrer à améliorer
prioritairement le réseau de la santé, les conditions d'exercice dans le réseau
de la santé pour que les médecins soient capables de pratiquer parce qu'il y
aura suffisamment de personnel pour donner les rendez-vous, il y aura
suffisamment d'infirmières pour travailler avec les médecins dans la salle
d'opération, il y aura suffisamment de brancardiers ou de personnel pour
nettoyer les salles d'opération pour pouvoir opérer une autre personne après,
concentrons-nous sur cela et sur le matériel, un matériel à la fine pointe. On
n'est peut-être pas obligés d'avoir ce qui est toujours le plus, plus, plus,
mais ayons au moins du matériel moderne, qui fonctionne, qui est en état de
fonctionner, et pas du matériel intermittent comme ce dont on nous a parlé.
• (11 h 20) •
Et, quand on aura fait ça, on va voir que les
médecins et les autres professionnels vont vouloir rester, parce qu'ils vont
dire : Enfin, je peux m'acquitter de mes responsabilités, je peux faire du
bien, je peux soigner la population, répondre aux besoins de la population, parce
qu'en fin de compte c'est juste ça... c'est tout ça et c'est juste ça qu'ils
demandent, et je sais que c'est ce que le ministre veut aussi, de répondre à la
population et de soigner. On veut tous ça en cette
Chambre et dans la population. Alors, concentrons-nous sur les conditions
gagnantes pour que ça réussisse, pour garder les médecins et les autres
professionnels de la santé dans le réseau public. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Comme il n'y a pas d'autre intervention, le
projet... le principe du projet de loi n° 83, Loi favorisant
l'exercice de la médecine au sein du réseau public de la santé et des services
sociaux, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté
sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la
santé et des services sociaux
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Nos travaux vont bon train. Et donc, conformément
à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de
loi n° 83, la Loi favorisant l'exercice de la médecine au sein du réseau
public de la santé et des services sociaux, soit déféré à la Commission de la
santé et des services sociaux pour son étude détaillée et que le ministre de la
Santé soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. Cette motion est-elle adoptée? Motion adoptée. Je vous recède la parole,
M. le leader, pour nous indiquer la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 63
du feuilleton.
Projet de loi n° 213
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, à l'article 63 du feuilleton, Mme la députée de Saint-François
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 213, Loi concernant
certains immeubles situés dans la Municipalité de Dixville.
Madame... Y a-t-il des interventions? Il n'y a
pas d'intervention.
Mise aux voix
Le principe du projet de loi n° 213,
Loi concernant certains immeubles situés dans la Municipalité de Dixville,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Adopté. M. le leader adjoint, la suite, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci.
Je vous demanderais d'appeler de nouveau l'article 63, s'il vous plaît,
Mme la Présidente.
Adoption
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Donc, Mme la députée de Saint-François propose l'adoption du projet de loi n° 213, Loi concernant certains immeubles situés dans la
Municipalité de Dixville. Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la députée de
Saint-François, je vous cède la parole.
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Merci, Mme la
Présidente. Vous me voyez très heureuse de prendre la parole aujourd'hui pour
l'adoption du projet de loi privé n° 213. C'est une
loi qui concerne certains immeubles situés dans la municipalité de Dixville,
une petite localité limitrophe aux frontières américaines, comptant un peu
moins de 800 habitants, qui sont situés dans la MRC
de Coaticook, en Estrie.
Vous savez, Mme la Présidente, ce projet de loi
ne se limite pas à corriger une irrégularité administrative, il trace une voie
pour revitaliser le coeur villageois, répondre à des besoins criants en
logement et infrastructures et redonner vie à un patrimoine qui a longtemps
servi la communauté.
Permettez-moi d'abord de rappeler le contexte et
les raisons pour l'adoption de ce projet de loi. Le terrain et les immeubles en
question ont été acquis en 2003 par le Centre de réadaptation en déficience
intellectuelle et en troubles envahissants du développement de l'Estrie, alors
connu sous le nom de Centre d'accueil Dixville inc. Cette acquisition, bien
qu'animée par des bonnes intentions à l'époque, s'est réalisée sans les
autorisations prévues par l'article 260 de la loi sur les services
sociaux. Alors, par conséquent, l'acte de cession devenait invalide. Donc,
depuis l'acquisition, cette irrégularité juridique a pesé comme un obstacle sur
le développement de la municipalité.
Alors, Mme la Présidente, depuis sa fondation,
en 1965, l'histoire du Centre d'accueil Dixville est étroitement reliée à celle
de la communauté. Ce centre a été un pilier pour les personnes vivant avec une
déficience intellectuelle ou des troubles envahissants du développement, et son
legs demeure ancré dans la mémoire des citoyens.
Or, la vocation de ces immeubles doit maintenant
évoluer pour répondre aux besoins actuels et futurs de la communauté. La
municipalité a déjà racheté les terrains et les bâtiments concernés avec
l'objectif clair de dynamiser le village. Par les projets envisagés, bien, on
retrouve le déménagement des bureaux municipaux, qui manquent cruellement
d'espace dans l'hôtel de ville actuel, la création d'espaces communautaires
pour accueillir des activités qui enrichiront la vie sociale et culturelle des
citoyens, le soutien de la croissance démographique en offrant de nouveaux
locaux à l'école primaire Sancta-Maria, la régularisation des infrastructures
municipales vieillissantes qui nécessitent des investissements urgents et
surtout la construction de logements abordables, un besoin criant pour cette
municipalité, comme dans beaucoup d'autres au Québec.
Ces projets sont des solutions concrètes à des
défis bien réels. En matière de logement, Dixville présente un parc locatif le
plus vieillissant de la MRC de Coaticook et des loyers parmi les plus élevés de
la région. Il est donc urgent de bonifier l'offre locative pour l'habitation
abordable. De plus, ces développements s'inscrivent dans une vision plus large
de la revitalisation du coeur villageois historique. Je tiens à rappeler qu'ils
ont même fêté l'été dernier leur 150e anniversaire.
L'acquisition des terrains permettra le maintien
des services de proximité, la protection d'un patrimoine précieux et la
préservation des paysages naturels, dont le parc John-Visser, qui font la
beauté de la place. Bref, ce projet de loi aura un effet positif direct sur la
qualité de vie des citoyens et celle des générations futures.
En terminant, Mme la Présidente, j'aimerais
remercier les personnes qui ont travaillé à rendre possible l'adoption de ce
projet de loi, soit le leader du gouvernement et ministre de la Justice, Simon
Jolin-Barrette... — oups!
excusez-moi — ainsi
que son équipe, dont Mme Annie Desnoyer et Jean-Charles Duchetto, pour
leur accompagnement tout au long du processus. Je tiens aussi à remercier de la
confiance de Mme la mairesse, Mme Bouchard, qui est aussi la doyenne des
mairesses au Québec, et de son directeur général, M. Sylvain Benoit, ainsi
que j'aimerais saluer toute la communauté de Dixville, qui a su garder espoir
malgré les obstacles.
Donc, comme mentionné précédemment, ce projet de
loi ne fait pas seulement corriger une irrégularité administrative, il ouvre la
porte à un avenir prometteur pour les citoyens de cette charmante municipalité
dont l'ambition des projets n'a pas d'égale que la résilience de ceux qui les
portent. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée de Saint-François. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Non?
Mise aux voix
Donc, le projet de loi n° 213, Loi
concernant certains immeubles situés dans la Municipalité de Dixville, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader du gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Au risque de me répéter, nos travaux vont bon
train, et je vous demanderais d'appeler l'article 64 du feuilleton, s'il
vous plaît.
Motions du gouvernement
Motion proposant que
l'Assemblée approuve
la Décision n° 1/2024
du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de reconnaissance
mutuelle des qualifications professionnelles pour les architectes dans le cadre
de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union
européenne et ses États membres
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Donc, à l'article 64 du feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au
débat sur la motion inscrite à l'article 64 du feuilleton faisant suite au
dépôt par Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, le
28 janvier 2025, d'un engagement international. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale approuve la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne et ses États membres.»
Je vous rappelle qu'en vertu de
l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales
cette motion donne lieu à un débat restreint de deux heures. La
répartition des temps de parole dans le cadre de ce débat s'effectuera comme
suit : 57 minutes sont allouées au groupe formant le gouvernement,
31 min 4 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 20 min 34 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 6 min 51 s sont allouées au troisième
groupe d'opposition, 1 min 30 s sont allouées à chacun des
députés indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les
députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué
entre les groupes parlementaires selon la proportion établie précédemment. Mis
à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de
temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent
intervenir dans ce débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour
en aviser la présidence.
• (11 h 30) •
Je cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jean.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. C'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à cette Assemblée,
pour son approbation, au nom de ma collègue la députée de Chutes-de-la-Chaudière
et ministre des Relations internationales et de la Francophonie, donc... de
proposer l'approbation de la Décision n° 1/2024 du Comité mixte de la
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles du 10 octobre
2024 établissant un accord de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles pour les architectes dans le cadre de l'Accord économique et
commercial global entre le Canada et l'Union européenne et ses États membres,
mieux connu sous l'acronyme de AECG, il va y avoir beaucoup d'acronymes et de
choses qui paraissent compliquées, mais elles sont tellement importantes, dans
ce qui suit, Mme la Présidente, parce que l'AECG, c'est le premier accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles — on va
appeler ça un ARM — découlant
du chapitre 11 de l'AECG, chapitre spécifiquement dédié à ce type
d'accord. La mise en oeuvre de cet engagement international aura des retombées
positives pour le Québec et ses partenaires européens. Il stimulera la mobilité
professionnelle en facilitant les démarches des architectes québécois
souhaitant pratiquer dans un État membre de l'Union européenne et celles des
architectes européens souhaitant exercer leur profession au Québec.
La décision du comité mixte constitue un
engagement international important pour le Québec, au sens de
l'article 22.2 de la Loi sur le ministère des Relations internationales,
parce qu'elle exige des modifications législatives au Québec. Et voilà pourquoi
nous sommes ici, en tout cas, maintenant.
À titre de rappel, les négociations sur l'AECG
se sont conclues en septembre 2014, et l'accord a été signé par le Canada
et l'Union européenne le 30 octobre 2016. L'accord est ensuite entré en
vigueur de manière provisoire le 21 septembre 2017. À cet égard,
d'ailleurs, le gouvernement du Québec a donné son assentiment à ce que le
Canada applique provisoirement l'AECG par le décret 585-2017 du
14 juin 2017. Le gouvernement du Québec s'est subséquemment déclaré lié
par l'AECG, tel qu'il s'applique provisoirement, au moyen du décret 806-2019 du
8 juillet 2019.
Sur le plan des relations internationales du Québec,
l'AECG aura permis un meilleur alignement entre l'Union européenne et le Québec
au sein de forums internationaux. L'accord pave d'ailleurs la voie au
renforcement des relations institutionnelles du Québec avec l'Europe, qui ont
vu des avancées concrètes, telles que le partenariat entre le Québec et le
Comité européen des régions, que la ministre des Relations internationales a
annoncé en mars dernier, en marge d'un déplacement officiel en Belgique. La
coopération internationale entre le Québec et l'Europe poursuit sa croissance,
surtout dans des secteurs comme l'aérospatiale, la santé, l'énergie,
l'intelligence artificielle, la recherche et l'innovation. Le gouvernement du
Québec dispose aussi de neuf représentations dans les États membres de l'Union
européenne, qui accompagnent les entreprises et l'ensemble des parties
prenantes québécoises.
Mme la Présidente, si la décision du Comité
mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles
établissant un accord de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles pour les architectes, découlant de l'AECG, a été déposée,
c'est en raison des exigences des articles 22.2 et 22.4 de la Loi sur le
ministère des Relations internationales, qui reconnaît que le rôle que joue
l'Assemblée nationale en ce qui concerne l'approbation et la mise en oeuvre des
engagements internationaux du Québec est important.
Ce processus, prévu par la Loi sur le ministère
des Relations internationales et reflété par la pratique du gouvernement du
Québec en matière d'engagements internationaux, est fondé sur une doctrine qui
sous-tend la pratique du Québec en matière de relations internationales depuis
près de six décennies, la doctrine Gérin-Lajoie. Suivez-moi bien, c'est
passionnant. Il s'agit de la vision énoncée en avril 1965 par le ministre de
l'Éducation de l'époque, M. Paul Gérin-Lajoie, dans un discours prononcé
devant le corps consulaire. Depuis lors, cette vision est mieux connue comme la
doctrine Gérin-Lajoie. Cette doctrine s'appuie sur le principe du prolongement
externe des compétences internes de l'État québécois. Elle affirme que ce qui
est de compétence du gouvernement du Québec sur son territoire est de compétence
québécoise à l'extérieur de ses frontières. C'est logique. Ça fait 60 ans
que ça dure. En vertu de la doctrine Gérin-Lajoie, le Québec dispose des
assises pour négocier, conclure et mettre en oeuvre de nombreuses ententes avec
ses champs de compétences.
La doctrine Gérin-Lajoie
constitue toujours la pierre angulaire de l'action internationale du Québec et
aussi de l'action de son réseau de représentation à l'étranger. À ce jour, le
Québec a conclu 845 ententes internationales dans autant de domaines qu'il
y a de compétences gouvernementales, dont 440 sont toujours en vigueur, ainsi
que 264 actes concertés non conventionnels. Avec ses partenaires
internationaux, le gouvernement du Québec prend des mesures concrètes pour
assurer l'effectivité de ses engagements afin qu'ils produisent des droits pour
ses bénéficiaires.
De plus, le gouvernement du Québec veille aux
intérêts du Québec lors de la négociation par le gouvernement du Canada d'un
accord ou d'une convention internationale multilatérale portant sur des
matières qui relèvent de la compétence constitutionnelle du Québec.
Conformément au troisième alinéa de l'article 22.1 de la Loi sur le
ministère des Relations internationales, le gouvernement du Québec doit, pour
être lié par un engagement international du Canada touchant à la compétence
constitutionnelle du Québec et pour donner son assentiment à ce que le Canada
se déclare lié par celui-ci, prendre un décret à cet effet. Décret, c'est là où
on s'en va.
Pour ce faire, le gouvernement du Québec doit
d'abord obtenir l'approbation de l'Assemblée nationale du Québec, tel que prévu
par l'article 22.4 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales. C'est pourquoi je vous présente aujourd'hui, au nom de la
ministre des Relations internationales, cette décision du comité des ARM,
adoptée en application de l'AECG, qui touche aux questions de réglementation de
la main-d'oeuvre et du marché du travail.
Mme la Présidente, le Québec a une expérience
importante en matière d'entente de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles. Ça, c'est RQP, pour les intimes du monde diplomatique, on
s'entend. Le Québec a été précurseur, en 2008, avec la signature d'une entente
de RQP avec la République française. Cette entente est un succès depuis plus de
15 ans, et 71 arrangements de reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles, les ARM, ont été signés jusqu'à maintenant.
Ces ARM auront permis à plus de 10 000 personnes de pouvoir exercer
leurs professions, métiers ou fonctions de part et d'autre de l'Atlantique.
L'entente Québec-France constitue l'une des réalisations marquantes des
dernières années, au bénéfice de la relation directe et privilégiée entre le
Québec et la France. Le gouvernement du Québec a également signé une entente de
RQP avec la Confédération suisse en juin 2022. Cinq ARM ont aussi été signés de
manière concomitante à la conclusion de cette entente internationale du Québec,
et les discussions se poursuivent afin d'ajouter de nouveaux ARM.
De plus, le Québec poursuit des discussions avec
d'autres pays partenaires pour la signature de nouvelles ententes en RQP. Les
accords de reconnaissance mutuelle contribuent à féliciter... à faciliter
l'attraction d'une main-d'oeuvre qualifiée et l'intégration de ces
professionnels sur le marché du travail au Québec. Puisque le processus de
reconnaissance des qualifications est simplifié par ces ARM, les personnes
obtiennent leur reconnaissance plus rapidement qu'en passant par la procédure
régulière de reconnaissance des qualifications qui exige une analyse de chaque
dossier individuel. Ce processus leur permet d'accéder plus rapidement au
marché du travail dans leur domaine d'expertise. Les ARM favorisent aussi une
mobilité accrue des professionnels du Québec qui souhaitent pratiquer dans une
autre juridiction. L'expérience qu'ils auront acquise à l'étranger est un atout
pour le Québec puisque ces professionnels reviennent au pays avec un bagage de
connaissances nouvelles qui enrichiront les pratiques ici.
Maintenant que le comité des accords de
reconnaissance mutuelle a adopté la décision établissant un ARM des
architectes, le Québec entame parallèlement les démarches de mise en oeuvre de
cet engagement international qui implique une modification aux lois et
règlements du Québec afin de rendre l'ARM effectif sur son territoire. Et c'est
pour ça que nous sommes ici, pour l'instant en tout cas. Ces modifications
législatives ont été présentées à l'Assemblée nationale dans le cadre du dépôt
du projet de loi n° 85, le projet de loi en allègement du fardeau
administratif pour les entreprises, intitulé plus spécifiquement le projet de Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif, dont on a d'ailleurs adopté le principe ici ce
matin même.
Mme la Présidente, en résumé, ça facilitera
l'attraction d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée qui occupera des postes à
hauts salaires. Selon une étude socioéconomique de l'Ordre des architectes du
Québec, qui brosse un portrait de l'évolution de la profession dans la
prochaine décennie, le salaire annuel moyen des architectes est de
98 801 $, sur la base de données de 2021. L'ARM permettra aussi à des
architectes québécois de pouvoir travailler plus facilement sur des projets
d'envergure en Europe. De manière globale, l'ARM des architectes découlant de
l'AECG contribuera à internationaliser davantage cet ordre professionnel et
enrichira ainsi l'action internationale du Québec.
En définitive, l'adoption de cet ARM contribuera
au rayonnement du Québec à l'étranger, et à l'exportation de ses services
professionnels, ainsi qu'au renforcement des collaborations entre le Québec et
ses partenaires européens.
Mme la Présidente, je propose en conséquence que
l'Assemblée nationale approuve la Décision n° 1/2024 du Comité mixte de la
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles du 10 octobre
2024 établissant un accord de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles pour les architectes dans le cadre de l'Accord économique et
commercial global entre le Canada et l'Union européenne que je viens de vous
présenter et de vous expliquer et qui fait partie, en quelque sorte, du projet
de loi n° 85 dont on vient d'adopter le principe et pour lequel l'étude
article par article en commission parlementaire est sur le point de débuter.
Mme la Présidente, je vous remercie au nom de la
ministre des Relations internationales.
• (11 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à reconnaître M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci,
Mme la Présidente. Je suis heureux, ce matin, de prendre la parole en cette
Chambre relativement à la Décision n° 1/2024 du Comité mixte de la
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles du 10 octobre
2024 établissant un accord de reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles pour les architectes dans le cadre de l'Accord économique et
commercial global entre le Canada et l'Union européenne et ses États membres.
Et je vous dirai d'emblée, Mme la Présidente, évidemment que nous sommes
favorables, en accord avec, bien sûr, cette entente qui va permettre des
échanges pour les professionnels architectes entre le Québec et, évidemment,
les pays d'Europe, d'Union européenne.
C'est important d'avoir ces accords, et au
Québec on peut en être fiers. Et je vais un peu vous parler, parce que mon
collègue le député de Saint-Jean faisait référence à la doctrine Gérin-Lajoie.
Alors, c'est toujours agréable pour moi de parler de cette doctrine, parce que
Gérin-Lajoie a été un ministre très important, un ministre libéral du cabinet
de Jean Lesage, et, effectivement, il avait cette vision pour le Québec au sein
de la fédération canadienne, mais, pour lui, le Québec devait pouvoir jouer un
rôle de premier plan au sein de ses compétences qui lui sont données par la
Constitution, que ce soit bien sûr au Canada mais aussi à l'étranger. Et c'est
un discours qu'il a prononcé, et à partir de cela, évidemment, les actions du Québec
ont été en ce sens, ce qui a permis au Québec d'avoir son réseau de diplomates
à l'étranger.
Vous le savez, nous avons des délégués généraux,
des représentants, des délégués dans plusieurs pays. On en a aussi au sein de
la fédération canadienne mais dans plusieurs pays, que ce soit aux États-Unis,
en Asie, en Europe, et ça permet, ça permet au Québec d'avoir une fenêtre sur
le monde et de faire la promotion, évidemment, de ce qu'on fait, de notre
économie, de notre culture. Et ça, c'est particulièrement, particulièrement
important. Et c'est grâce à la vision que Gérin-Lajoie avait lorsqu'il était
ministre dans le cabinet de M. Lesage.
Le Québec a toujours continué dans cette
voie-là, et il est important de le dire, il est important de le souligner. Et
je vous dirai que, notamment au niveau des accords entre corps professionnels,
je me rappelle le leadership de M. Jean Charest, qui avait à l'époque
conclu une entente entre le Barreau... les Barreaux de France et le Barreau du
Québec pour permettre à la mobilité des membres du Barreau d'exercer, que ce
soit en France ou ici, au Québec. Donc, une autre entente importante, et ça
permet, évidemment, d'avoir de meilleures relations avec tous ces pays.
Pourquoi je vous parle de tout ça? Puis je
reviendrai plus spécifiquement, tout à l'heure, à l'entente plus spécifique qui
touche évidemment les architectes, entente qui est très importante et pour
laquelle nous sommes favorables. Bien, je vous parle de tout ça parce que nous
connaissons très bien la situation présentement dans le monde, nous connaissons
très bien la situation aux États-Unis avec l'administration américaine. Et
moi-même, en cette Chambre, je soulignais à plusieurs reprises qu'il était
important pour le Québec de diversifier ses marchés, de faire en sorte qu'on
puisse développer des ententes, des ententes économiques avec d'autres pays,
qu'on puisse exporter, pas seulement aux États-Unis, mais ailleurs dans le
monde. Et donc, que nous ayons ces ententes avec plusieurs pays, c'est
fondamental. Et que la diplomatie québécoise, que les fonctionnaires qui
travaillent au ministère des Relations internationales puissent faire ce
travail, c'est évidemment fondamental pour le positionnement du Québec, non
seulement au sein de la fédération canadienne, mais également dans le monde.
Je l'ai souligné, ces fonctionnaires font un
travail remarquable. Ils sont là pour défendre les intérêts et puis ils sont là
d'abord pour le Québec. Et ça, ça m'apparaît être très, très, très pertinent,
très important. Puis il faut le souligner, dans une période où nous vivons, et
c'est le moins qu'on puisse dire, au niveau économique, de l'incertitude et un
manque de prévisibilité, donc, c'est important que ces gens-là qui travaillent
pour le Québec le fassent, bien sûr, en collaboration avec les diplomates des
Affaires étrangères du Canada, on a une place très importante au sein de la
fédération canadienne, mais qu'ils agissent, évidemment, toujours dans les
intérêts du Québec, ce qu'ils font avec brio et grand professionnalisme.
Pourquoi, pourquoi je vous dis ça, puis pourquoi
c'est important de diversifier nos marchés? Bien, c'est pour que les Québécois,
les Québécoises puissent continuer de travailler, puissent continuer d'avoir
évidemment un niveau de vie qui est celui que l'on connaît et qui est
important.
Je vous dirai, et le collègue le député de Saint-Jean
y faisait référence tout à l'heure, si cette entente-là peut être conclue,
bien, c'est en grande partie grâce à l'Accord économique et commercial global,
ce qu'on appelle... l'acronyme, c'est l'AECG, qui est un accord entre le
gouvernement canadien et l'Union européenne. C'est une entente qui est très
importante parce qu'elle couvre différents domaines, et puis je vous parlerai
dans quelques minutes de sa portée, mais ça permet entre autres l'échange de travailleurs
et de travailleuses entre l'Union européenne et le Québec. Le Québec est partie
à cette entente, donc ça devient effectivement très important de se positionner
correctement pour que les professionnels du Québec et, notamment ici, les
architectes puissent, bien sûr, en bénéficier.
C'est important aussi de parler de la portée de
cet accord économique, commercial et global, parce que ça vise plusieurs
secteurs, ça vise plusieurs secteurs dans le cadre des échanges commerciaux que
le Canada peut avoir avec l'Union européenne. Bien sûr, ça va avoir pour effet
de réduire les droits de douane, ça va donner accès aux marchés européens et ça
permet aussi aux Européens d'avoir accès au marché canadien, bien sûr, mais ça
permet d'établir un équilibre pour favoriser ces échanges commerciaux entre le
Canada, le Québec et l'Union européenne. Mais ce que ça fait aussi, c'est de
simplifier, bien sûr, les différentes formalités à nos frontières et également
de respecter la confidentialité des renseignements sur les entreprises
recueillis à des fins douanières. Et on le sait, comment c'est important, Mme
la Présidente, de protéger des renseignements personnels, des renseignements
commerciaux. Donc, l'entente-cadre le permet.
Ça permet, bien sûr, aux entreprises canadiennes
de soumissionner sur des appels d'offres dans les marchés publics de l'Union
européenne, et ça, je tiens à le souligner parce que quand je vous disais, au
départ, qu'il est important de diversifier nos marchés et donc de faire en
sorte que les entreprises québécoises et canadiennes puissent avoir accès au marché européen, je pense que c'est un élément qu'il faut
considérer et qu'il faut se rappeler pour les entreprises d'ici afin de leur
ouvrir ces marchés à l'étranger. Mais, et c'est là que ça devient, évidemment,
encore beaucoup plus pertinent, dans le cadre de la motion du gouvernement, cet
accord-cadre permet des services, des échanges et de la mobilité de la
main-d'oeuvre.
Donc, un plus grand nombre de débouchés
s'offrent aux fournisseurs de services canadiens dans les pays de l'Union
européenne, et, évidemment, ça va faciliter l'entrée temporaire de travailleurs
qualifiés sur le territoire de l'Union européenne, et donc ça permet à des
fournisseurs canadiens, ça permet à des professionnels canadiens de pouvoir
aller travailler plus facilement dans les pays de l'Union européenne, et donc,
ça leur offre, évidemment, de nouvelles avenues, de nouvelles opportunités,
évidemment, que je les invite à prendre, parce que ça permet, bien sûr,
d'exporter le savoir québécois à l'étranger, dont nous sommes évidemment très
fiers, parce que nos professionnels, dans nos universités, notamment — parce
que, là, ce matin on parle des architectes — sont des gens excessivement bien
formés. On doit être fiers de nos collèges, de nos cégeps, de nos universités,
qui forment très bien les gens. Et donc, à ce moment-là, ils peuvent aller
travailler à l'étranger, notamment dans l'Union européenne.
• (11 h 50) •
Il sera donc plus facile pour des professionnels
hautement qualifiés, bon, on fait référence ici aux architectes, aux gens
d'affaires, aux ingénieurs, architectes-cadres, d'aller travailler dans les
pays de l'Union européenne. Et donc les dispositions en lien avec cette entente
vont être capables d'élargir l'accès, et ça va faciliter les déplacements
temporaires ou la réinstallation de certains professionnels ou des gens
d'affaires à l'étranger dans l'Union européenne, et ça, c'est particulièrement
important.
Donc, ça va permettre à des entreprises
canadiennes et québécoises, y compris des professionnels, on parle ici
d'architectes, ce matin, d'avoir accès à des marchés et, évidemment, de pouvoir
travailler avec une plus grande certitude. Et on sait comment c'est important,
dans le monde des affaires, d'avoir cette certitude, d'avoir ce que... je
dirais, cette prévisibilité, parce que c'est fondamental, quand on veut
investir à l'étranger, quand on veut aller travailler à l'étranger, bien, il
faut qu'on soit capable de bien connaître les cadres ou le cadre dans lequel on
va, évidemment, s'insérer. Important aussi de faire confiance, les gens avec
qui on va faire affaire, bien sûr, ou pour lesquels on va aller travailler.
Donc, cette entente-cadre va permettre cette
prévisibilité-là, et l'accord dont on parle, en ce qui a trait aux architectes,
relativement ou en lien avec la motion du gouvernement, va évidemment permettre
cette prévisibilité, va donc jeter les cadres, les bases de ces échanges entre
les architectes, que ce soit ici, pour des architectes de l'Union européenne
qui viendraient ici, ou pour des architectes du Québec qui vont aller
travailler dans l'Union européenne.
Donc, les dispositions de l'accord-cadre vont
permettre d'accroître la stabilité, la protection, au bénéfice, évidemment,
bien sûr, d'une part, des gens d'affaires, des investisseurs, mais également
aux professionnels, notamment les architectes, et, ça, je pense que c'est
important. Je pense qu'il faut le mentionner. Et donc ça permet au Québec de
bien se positionner et d'exporter son savoir, d'être capable de diversifier nos
champs, notre économie, nos exportations avec d'autres pays, et donc, en
partie, se dégager de l'économie américaine.
Je vous dirai également, et ça, c'est important
de le souligner, l'entente-cadre, donc, l'AECG, vise également à protéger les
travailleurs, parce qu'évidemment c'est important d'aller travailler à
l'étranger. Encore faut-il que les travailleurs, les travailleuses québécois
qui vont y aller soient, évidemment, protégés, qu'ils entrent dans un cadre
législatif qui va leur donner, bien sûr, certains avantages, certaines
protections, et, ça, l'entente, l'entente-cadre, le prévoit notamment par
l'application des lois sur le travail. Les politiques nationales protègent les
principes et les droits fondamentaux au travail, y compris le droit à la
liberté d'association, le droit de négocier collectivement, l'abolition, bien
sûr, du travail des enfants, du travail forcé obligatoire et l'élimination de
la discrimination. Et je pense que ça, c'est fondamental, il faut également...
il faut également le souligner.
Donc, dans cette entente-cadre, par la suite,
par la suite, le Québec peut entrer dans différentes négociations avec des pays
ou avec l'Union européenne pour prévoir des échanges en ce qui a trait aux
professionnels, et c'est exactement, c'est exactement ce que fait, bien sûr, la
motion du gouvernement en lien avec la Décision n° 1/2024
du Comité mixe de la reconnaissance mutuelle. Et que prévoit, que prévoit cette
entente? C'est, bien sûr, que les architectes puissent évidemment travailler
dans des pays de l'Union européenne. On le dit clairement, que «le champ
d'application territorial de la présente décision s'étend aux pays qui adhèrent
à l'Union européenne». Et, bien sûr, il y a quand même, pour une partie, la
possibilité d'appliquer certaines mesures pour réglementer l'admission ou le
séjour temporaire des personnes physiques sur son territoire. Bien sûr,
l'entente-cadre prévoit la protection de l'intégrité de ses frontières, ce qui
est tout à fait logique et légitime, et, bien sûr, de permettre cependant à ce
que les professionnels puissent aller travailler au sein de l'Union européenne.
Donc, ça, ça m'apparaît excessivement important.
Puis, dans le cas qui nous occupe plus particulièrement, parce qu'on parle ici
d'architectes, le Regroupement des ordres d'architectes du Canada, donc, le
ROAC, a commenté l'entente, et ça, ça m'apparaît également important de
prendre... de prendre quelques minutes pour vous faire part de leur réaction
parce qu'au premier titre ce sont eux, bien sûr, qui sont visés par l'entente,
et il s'agit, bien sûr, d'un regroupement d'ordres d'architectes, dont, bien
sûr, celui du Québec.
Donc, au Canada, on a un regroupement d'ordres
d'architectes. En Europe, ils ont le Conseil des architectes d'Europe, mais,
autant le Regroupement des ordres d'architectes au Canada que le Conseil des
architectes de l'Europe, évidemment, appuient, confirment la conclusion de
l'accord pour la reconnaissance mutuelle dans le cadre de l'exercice de
l'architecture. Et, vous savez, c'est une entente qui vise un grand nombre de
personnes, et c'est important de le mentionner. Le Conseil des architectes
d'Europe, c'est 43 organisations membres, donc un grand nombre
d'architectes, différents organismes régulateurs de tous les pays membres de
l'union, des pays en voie d'adhésion, de la Suisse, de la
Norvège. Donc, au fond, à travers ses membres, là, le Conseil des architectes
d'Europe, c'est 600 000 architectes venant de 31 pays européens.
Donc, ça vous donne une idée de l'importance, bien sûr, de cette entente-cadre
dont nous parlons ce matin, incluse dans la motion du gouvernement.
On nous dit que ça a été le fruit d'une décennie
de négociations, donc ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. Ça vous donne
une idée, donc, de l'importance aussi pour nous, à l'Assemblée nationale, de
prendre quelques instants ce matin pour parler de l'importance de cette
entente. Rassurez-vous, nous, ça ne nous prendra pas plusieurs années, on va régler
ça... on va régler ça ce matin.
Et là je comprends qu'il me reste quelques
minutes avant la pause, une minute, mais je pourrai probablement continuer
cet après-midi, parce que, si mon souvenir est bon, on a 31 minutes, je
crois, qui nous avaient été avisées. Donc, permettez-moi, avant la pause,
puisqu'il reste une minute, de dire que c'est un accord qui est très
important parce que ça va permettre aux architectes du Québec d'aller
travailler en Europe, d'avoir accès au marché européen. Et, bien sûr, compte
tenu de la qualité de la formation que nos architectes ont au Québec, ils
auront, bien sûr, les qualifications requises pour satisfaire aux exigences de
l'accord et ils pourront, donc, demander un permis d'exercice de l'architecture
dans un des pays hôtes, et ça aussi, c'est très important. Et l'accord va
favoriser, bien sûr, ces échanges et cette reconnaissance. Donc, ça ouvre la
porte pour des architectes qualifiés, alors que, dans la réalité également, les
bureaux d'architectes sont de plus en plus connectés à l'échelle mondiale.
Donc, cet accord-là va venir faciliter ces échanges.
Et, puisque le temps file, Mme la Présidente, je
vais terminer ici. Je pourrai continuer cet après-midi.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député, en fait, la motion sera ajournée, puis, si le gouvernement la
rappelle cet après-midi, bien, à ce moment-là, vous pourrez poursuivre.
Donc, vous aurez compris que, compte tenu de
l'heure, puis afin de permettre la tenue des affaires courantes de cet après-midi,
le présent débat sur la motion de Mme la ministre des Relations internationales
et de la Francophonie est ajourné.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 13 h 40
)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Mesdames
messieurs, chers collègues, bonjour. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes maintenant à la rubrique
Déclaration de députés et nous débutons avec Mme la députée de Louis-Hébert.
Non, elle n'est pas ici encore. Député de Viau, pardon. La parole est à vous.
Souligner le Mois de l'histoire des Noirs
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Février s'élève, porteur de mémoire et d'horizons. Il ravive ces
récits trop souvent murmurés, ces voix qui ont bâti, aimé, résisté, et qui
continuent d'enrichir notre Québec.
À travers cette deuxième édition de rencontres à
l'Assemblée nationale, nous ouvrons un espace où l'histoire se raconte, où la
fierté s'exprime pleinement. L'histoire des Noirs n'est pas une parenthèse, Mme
la Présidente. Elle est ancrée dans nos rues, dans notre culture, dans nos
rêves. Elle est dans chaque pas vers l'avenir, rappelant que l'égalité et la
reconnaissance ne sont pas des promesses à différer, mais des engagements à
honorer.
Je tiens à souligner parmi nous la présence,
aujourd'hui, de Sandra, d'Ariane, d'Aissatou, de Mohamed, de Salimatou, de
Florent, Gloire, Henriette, Néphry, Carla, Leo Francisque, Jean-Marc Esterlin,
Narcisse, Lysiane. Vous portez par votre engagement cette mémoire vivante. Que
ce mois soit un rappel à écouter, à apprendre, à s'unir pour que l'histoire ne
soit plus un ombre, mais une lumière pour tous. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Nous passons maintenant à la déclaration du député de Chauveau.
La parole est à vous.
Souligner le 30e anniversaire de l'Association des
familles Roy d'Amérique
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Cette année, l'Association des familles Roy
d'Amérique célèbre son 30e anniversaire. Je salue, dans les tribunes, la
présidente, Suzanne Claire Roy, accompagnée de Pierre
Dubé, Simon Brouard et Suzanne Roy.
Fondée le 3 septembre 1995 à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière par l'abbé Jean-Guy Roy, l'Association des familles
Roy d'Amérique compte 286 membres dévoués. Depuis 1764, 24 députés
ayant comme patronyme Roy ont siégé dans cette Assemblée, dont trois
actuellement.
Ayant pour mission de réunir pour se souvenir,
l'association peut s'enorgueillir de posséder une base de données dénombrant
quelque 230 entrées sur la ligne généalogique des Roy et des noms dérivés.
On pourrait dire que les descendants de ces 25 familles souches Roy
constituent la famille la plus nombreuse au Québec.
Le 20 septembre prochain, l'association
tiendra son grand rassemblement annuel à Saint-Vallier.
Bon rassemblement à la famille Roy, Mme la
Présidente!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Félicitations à la famille Roy!
Je cède maintenant la parole à la députée de
Vaudreuil.
Rendre hommage à M. Sébastien Daviau
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : La communauté
culturelle de Vaudreuil-Soulanges perd un acteur clé avec le décès subit de
Sébastien Daviau, lequel avait été récemment nommé à la direction du musée
régional.
Historien de formation, il a toujours su
transmettre avec passion ses connaissances pour l'histoire et le patrimoine,
étant soucieux de les rendre accessibles à tous. Pendant plus de 25 ans,
Sébastien a joué un rôle essentiel au sein du musée, d'abord comme conservateur
aux collections et à la recherche, puis comme directeur général. Derrière son
travail rigoureux se cachait un souci du détail exceptionnel qui a permis de
documenter et préserver de nombreux éléments du patrimoine régional. Son
engagement discret mais déterminant a marqué tous ceux qui ont collaboré avec
lui. Il avait à coeur de faire rayonner le musée bien au-delà de la région. Nul
doute que son travail et sa vision continueront d'inspirer ceux et celles qui
poursuivront cette mission.
Je tiens à exprimer mes sincères sympathies à sa
conjointe, Edith, ses filles, ses proches, ainsi qu'à la grande famille du
Musée régional de Vaudreuil-Soulanges.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de
Laurier-Dorion.
Souligner le travail de la Table de concertation
culturelle Villeray—Parc-Extension
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je tiens à souligner le travail de la Table de
concertation culturelle Villeray—Parc-Extension.
Cette importante institution de ma conscription
regroupe 77 membres, dont des artistes, des artisans, des organismes et
des travailleurs culturels. L'organisme a pour mission de mobiliser l'ensemble
du milieu des arts autour d'enjeux communs, de représenter l'intérêt de ses
membres et de contribuer au développement de la vie culturelle sur notre
territoire.
Or, malgré son rôle crucial, la survie de la
table de concertation est en péril, faute de financement adéquat. On dit
souvent que la culture est l'âme du Québec.
C'est à travers la culture que nous racontons
qui nous sommes et que nous tissons les liens qui nous permettent de rêver et
de construire un avenir commun. Les organismes culturels sont au coeur de cette
mission.
C'est pourquoi il faut reconnaître pleinement
l'importance de la culture et des arts en assurant un financement stable et
durable aux organismes qui, comme la table de concertation Villeray—Parc-Extension,
oeuvrent sans relâche pour faire rayonner notre identité collective. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Lac-Saint-Jean.
Rendre hommage à M. Elliot Bouchard
M. Éric Girard
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Mme la Présidente, je souhaite rendre hommage à un citoyen de mon comté, Elliot
Bouchard, qui est décédé au début janvier à l'âge de 9 ans. Elliot était
atteint de la mycolipidose de type II, une maladie héréditaire rare qu'on
retrouve plus fréquemment dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Tout au long de la vie d'Elliot, sa famille
s'est assurée de lui offrir une belle vie, des soins à la maison remplis
d'amour, et elle n'a reculé devant rien pour faire vivre à Elliot de nombreuses
expériences, malgré ses limitations, malgré la maladie.
Depuis son départ, Elliot a laissé un vide
immense dans la vie de son entourage et de toute sa communauté.
Aujourd'hui, je rends
hommage à Elliot, mais surtout à sa famille. Ils ont défoncé des portes quand
c'était nécessaire et se sont battus pour leur enfant, épaulés par Dany Harvey,
pédiatre, et toute une communauté.
Maintenant qu'Elliot est parti, leur désir,
c'est de faire connaître la mycolipidose de type II, que les tests de
porteurs soient enfin disponibles pour permettre aux futurs parents de prendre
des décisions éclairées, et surtout qu'on se souvienne d'Elliot.
Geneviève et Keven, vous avez toute mon
admiration, et j'espère vous avoir aidé un peu à réaliser vos rêves. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Gaspé.
Féliciter les organisateurs et les participants de la
Saucette de Gaspé, activité de financement tenue au profit d'Opération Enfant
Soleil
M. Stéphane Sainte-Croix
M. Sainte-Croix : Merci, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à l'organisation de la
Saucette de Percé, qui amasse des fonds pour l'organisme Enfant Soleil.
L'événement consiste en une courte baignade en
mer au pied du célèbre rocher Percé, en Gaspésie, le deuxième samedi de
décembre. Pour m'y être rendu, je puis assurer qu'il ne faut pas avoir froid
aux yeux pour y participer.
Fondée en 2011 par Karen Cahill et Marie-Eve
Trudel-Vibert, cette activité a pour double objectif de soutenir la santé des
enfants du Québec et de dynamiser la communauté locale en hiver. Chaque année,
plus de 700 enfants gaspésiens bénéficient de soins dans les grands
centres pédiatriques grâce aux retombées de cette activité. Depuis sa création,
la Saucette a permis de remettre plus de 814 000 $ à Enfant Soleil
grâce à la participation de plus de 1 400 courageux et courageuses.
Je salue l'engagement de tous les participants
et organisateurs, et je lance un défi à mes collègues ici, en Chambre, de
participer à l'édition 2025. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Verchères.
Souligner le 45e anniversaire du Club St-Luc de
Verchères
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci, Mme la
Présidente. Depuis 45 ans, le Club St-Luc de Verchères veille au bien-être
de nos aînés en leur offrant accompagnement, un transport essentiel.
Fondé par Fernand Berthiaume, le club a traversé
une épreuve, en 1993, avec la perte de son fondateur et de plusieurs membres
dans un accident à Lac-Bouchette. Malgré cela, l'organisme a su renaître grâce
à la détermination de ses bénévoles.
Sous la présidence de Pierre Dépatie, engagé
depuis plus de 30 ans, le Club St-Luc offre plus qu'un service de transport,
il assiste, aide, rassure en étant aux côtés des aînés à chaque étape de leur
vie.
Alors, l'organisme offre également un service de
prêt d'équipement médical, assurant ainsi aux aînés un soutien concret pour
faciliter leur quotidien.
Merci à ces personnes de coeur qui consacrent
temps et énergie à veiller sur nos aînés. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Chambly.
Souligner la tenue d'une campagne de financement au profit
de la Maison Stéphane-Fallu
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. La Maison Stéphane-Fallu de POSA-Source des Monts, c'est un service
d'hébergement novateur et unique au Québec dédié aux jeunes hommes qui quittent
les centres jeunesse une fois qu'ils ont atteint la majorité. Déjà, en quelques
années, c'est plus de 22 jeunes hommes qui ont pu bénéficier d'un coup de
pouce extraordinaire qui leur a permis de prendre leur envol.
Et une bonne nouvelle, c'est l'agrandissement de
la Maison Stéphane-Fallu, qui s'en vient à Chambly avec l'ajout d'un pavillon
supplémentaire, une aile dédiée, cette fois-ci, aux jeunes femmes.
Je vous invite donc à vous procurer des
chandails de la collection Aimer pour vrai, avec des phrases d'artistes
engagés, des phrases d'artistes de coeur pour la cause. Il y a des messages de
Stéphane Fallu, Souldia, Mike Ward, Annie-Soleil Proteau, Die-On et Geneviève
Gagnon.
Je tiens à féliciter la directrice générale,
Sandra Bolduc, et toute l'équipe de POSA et de la Maison Stéphane-Fallu pour leur soutien auprès des jeunes. Vous faites
vraiment une différence extraordinaire dans leur vie.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Hull.
Souligner le 45e anniversaire du Centre de travail
LARO
Mme Suzanne Tremblay
Mme Tremblay : Mme la Présidente,
aujourd'hui, je suis heureuse de souligner la mission d'un acteur essentiel de
ma communauté, une des plus anciennes entreprises d'économie sociale du Québec,
le Centre de travail LARO. Depuis plus de 45 ans, il se distingue par son
engagement envers les personnes ayant des limitations fonctionnelles.
LARO transforme des défis en opportunités, des
aspirations en carrières et des gestes simples en actes d'une profonde
humanité. Bien plus qu'un simple milieu de travail, LARO, c'est une communauté,
un lieu où chaque personne est reconnue et mise en valeur.
Le Centre de travail LARO démontre concrètement
que l'économie sociale peut changer des vies. En offrant des emplois adaptés,
durables et valorisants, il permet à chacun de contribuer, d'évoluer et,
surtout, de s'épanouir. Son impact va bien au-delà du travail, il renforce
notre tissu social et rappelle l'importance de bâtir une société où chacun
trouve sa place.
Ce succès repose sur le travail des fondateurs,
des employés, des bénévoles et des partenaires qui, chaque jour, font une
réelle différence. Je tiens à leur exprimer toute ma reconnaissance et à les
remercier pour leur dévouement. Bon 45e anniversaire!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Johnson.
Souligner le 60e anniversaire du Centre communautaire
récréatif Saint-Jean-Baptiste de Drummondville
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Oui, merci beaucoup,
Mme la Présidente. C'est avec fierté que je joins ma voix à la collectivité
drummondvilloise dans le cadre des célébrations des 60 ans du Centre
communautaire récréatif Saint-Jean-Baptiste.
Depuis sa fondation, cet organisme a servi de
repère à des générations de Drummondvillois en tant que lieu de rassemblement
et de partage, où jeunes et moins jeunes se rencontrent, où les talents
s'expriment et où les liens se renforcent, enrichissant ainsi notre communauté.
Ce fort sentiment d'appartenance se nourrit de
l'implication de plus de 300 bénévoles qui, chaque année, s'investissent
pour que chaque personne se sente accueillie et puisse profiter d'un filet social
tissé serré. Les nombreuses activités, camps d'été et autres initiatives issues
du dynamisme de cette grande famille ont un impact tangible en encourageant un
mode de vie actif et combattant l'isolement.
J'applaudis chaleureusement le dévouement de la
directrice générale, Linda Thomas, du personnel, des bénévoles et des
partenaires du Centre communautaire récréatif Saint-Jean-Baptiste. Votre
implication incarne parfaitement l'esprit de solidarité et de convivialité qui
caractérise Drummondville.
Bon 60e! Merci, Mme la Présidente. Les gens du
centre communautaire sont ici aujourd'hui.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Au
nom de la présidence, toutes nos félicitations.
Maintenant, avant de poursuivre, j'ai besoin de
votre consentement pour que vous me donniez le consentement que M. le député de
Viau reprenne sa déclaration de député, parce que ses invités n'étaient pas
encore arrivés, maintenant ils sont tous ici, et M. le député de Chapleau, pour
une déclaration. Est-ce que j'ai votre consentement? Consentement. Donc, M. le
député de Viau, la parole est à vous.
M. Benjamin : Merci. Mme la
Présidente. Février s'élève, porteur de mémoire et d'horizons. Il ravive ces
récits trop souvent murmurés, ces voix qui ont bâti, aimé, résisté, et qui
continuent d'enrichir notre Québec.
À travers cette deuxième édition à l'Assemblée
nationale, nous ouvrons un espace où l'histoire se raconte, où la fierté
s'exprime pleinement. L'histoire des Noirs n'est pas une parenthèse. Elle est
ancrée dans nos rues, dans notre culture, dans nos rêves. Elle est dans chaque
pas vers l'avenir, rappelant que l'égalité et la reconnaissance ne sont pas des
promesses à différer, mais des engagements à honorer.
Je souligne la présence de Sandra, d'Ariane,
d'Aissatou, Mohamed, Salimatou, Florent, Gloire, Henriette, Néphry, Carla, Leo,
Jean-Marc, Narcisse, Lysiane. Vous portez par votre engagement cette mémoire
vivante. Que ce mois soit un rappel à écouter, à apprendre et à s'unir pour que
l'histoire ne soit plus une ombre, mais une lumière pour nous tous. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Mes
salutations à vos invités, M. le député de Viau.
Maintenant, je cède la
parole au député de Chapleau.
Souligner le 40e anniversaire du Carrefour
jeunesse-emploi de l'Outaouais
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais prendre un moment pour
célébrer le 40e anniversaire du Carrefour jeunesse-emploi de l'Outaouais,
un pilier incontournable de notre région.
Depuis sa fondation, en 1985, le CJEO a
accompagné des milliers de jeunes adultes âgés de 16 à 35 ans dans leur
cheminement vers l'emploi, les études, l'entrepreneuriat et la réalisation de
projets porteurs d'avenir.
Ce modèle unique, le premier du genre au Québec,
a été reconnu pour son approche novatrice et ses résultats probants. Grâce à
l'engagement de son équipe, dirigée à l'époque par Mme Martine Morissette,
le CJEO a inspiré la création de 110 carrefours jeunesse-emploi partout au
Québec. Son impact sur notre société est indéniable.
À ce jour, le CJEO continue d'être un acteur
essentiel dans le développement de la jeunesse, soutenant des initiatives
locales et internationales et contribuant activement à l'avancement des causes
sociales, économiques et environnementales.
En ce 40e anniversaire, je rends hommage au
travail d'exception du CJEO et de son personnel, particulièrement
Mme Josée Cousineau, la directrice générale. Félicitations pour ces
40 années de succès au service des jeunes!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Maintenant,
nous terminons avec la déclaration de la députée de Louis-Hébert. La parole est
à vous.
Rendre hommage à M. Jean-Marc Auclair
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci, Mme la Présidente. C'est avec beaucoup de
fierté que je tiens à rendre hommage à un homme exceptionnel de notre
circonscription de Louis-Hébert, M. Jean-Marc Auclair, présent ici, dans
nos tribunes, avec son épouse.
À 71 ans, il illumine chaque matin le
chemin de nos enfants de l'école primaire L'Arbrisseau en tant que brigadier
scolaire. Plus qu'un gardien de la sécurité, il incarne la joie de vivre dans
notre communauté de Cap-Rouge. Surnommé affectueusement «monsieur Bonheur»,
«monsieur Soleil» et «monsieur Sourire», M. Auclair ne se contente pas de
veiller sur nos enfants, il leur offre chaque jour une dose de joie et de
réconfort, en plus d'être une figure pour la sécurité routière.
En décembre dernier, son dévouement a été
reconnu à l'échelle nationale lorsqu'il a remporté le prestigieux prix du Brigadier
favori du Canada.
M. Auclair, votre gentillesse et votre
engagement sont une source d'inspiration pour nous tous. Par votre optimisme et
par votre générosité, vous nous rappelez que de simples petits gestes peuvent
nourrir un esprit de communauté chaleureux. Pour toutes ces raisons, merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Ceci
met fin à la déclaration de députés.
Je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 57
)
(Reprise à 14 h 06)
La Présidente : Bonjour, tout le
monde. Mesdames messieurs, bienvenue chez vous. Le parlement du Québec, c'est
chez vous.
Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Merci beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Présence
de la consule générale de Suisse, Mme Anne-Béatrice Irène Bullinger
J'ai le plaisir, aujourd'hui, de souligner la
présence, dans les tribunes, de la consule générale de Suisse,
Mme Anne-Béatrice Irène Bullinger, à l'occasion de sa visite de prise de
poste.
Présence de M. Jean-Martin
Aussant, ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Et j'ai le plaisir de souligner la présence,
dans les tribunes, de M. Jean-Martin Aussant, ancien député de
Nicolet-Yamaska.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas
de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre responsable des Aînés.
Mme Bélanger : Oui. Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le rapport 2018‑2023 sur
l'application de la Loi concernant les soins de fin de vie et le rapport sur la
situation des soins de fin de vie au Québec de la Commission sur les soins de
fin de vie pour la période du 1er avril 2018 au 31 mars 2023. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre délégué à l'Économie.
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2023‑2024
des fonds de recherche du Québec suivants : Nature et technologies, Santé,
ainsi que Société et culture. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ces documents sont déposés.
M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui. Bonjour,
Mme la Présidente. Je dépose la réponse à la question inscrite au feuilleton le
6 décembre 2024 par le député de Jean-Lesage et les réponses du
gouvernement aux pétitions déposées en Chambre le 19 novembre 2024 par le
député de Matane-Matapédia, le 26 novembre 2024 par le député de Taschereau
et le 28 novembre 2024 par le député des Îles-de-la-Madeleine. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés.
Pour ma part, je dépose une lettre que m'a
adressée le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du
Canada, M. Marc Miller, en réponse à la motion adoptée à l'Assemblée
nationale le 1er février 2024 concernant le versement des sommes réclamées
pour l'accueil et l'accompagnement des demandeurs d'asile.
J'ai également reçu préavis d'une motion qui
sera inscrite dans le feuilleton de demain aux affaires inscrites par les
députés de l'opposition. Conformément à l'article 97.1 de notre règlement,
je dépose copie du texte de ce préavis.
• (14 h 10) •
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
de Jean-Lesage.
Créer une aire protégée agricole et naturelle sur
le territoire de Rabaska à Lévis
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 1 297 pétitionnaires. Et je la dépose ici en
présence, dans les estrades, là, du Collectif Sauvetage.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le consortium gazier Rabaska a
obtenu en 2007, par décret du gouvernement du Québec, l'exclusion de
272 hectares de territoire agricole à l'extrémité est de Lévis, ce qui
équivaut à 2,7 fois les Plaines d'Abraham;
«Considérant qu'en 2007, la Commission de
protection du territoire agricole du Québec a rendu un avis défavorable au
projet d'un port méthanier jugé trop dommageable pour l'agriculture;
«Considérant que ce décret a été émis pour ce
seul projet méthanier, abandonné en 2013;
«Considérant que l'entente signée à l'époque
entre l'Union des producteurs agricoles et le promoteur Rabaska prévoyait, en
cas d'abandon, qu'un retour en zone agricole serait demandé conjointement;
«Considérant qu'en 2024 ce territoire est
toujours exclu de la zone agricole, malgré l'abandon du projet;
«Considérant que le gouvernement du Québec est à
finaliser les démarches d'acquisition de ce territoire dans le but d'y
implanter un projet industriel;
«Considérant que ce développement
entraînerait :
«La destruction irréparable des terres
agricoles, d'habitats naturels et humides, ainsi que la bordure fluviale
abritant des espèces endémiques menacées;
«L'effacement irrémédiable d'un patrimoine paysager
unique; et
«Le risque de répercussions néfastes sur un
territoire plus grand;
«Considérant que le gouvernement du Québec s'est
engagé à protéger 30 % de notre territoire en terres publiques d'ici 2030;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec qu'il assure la conservation des 272 hectares d'agriculture et de
nature sur le coteau de la Martinière à Lévis par la création d'une aire
protégée agriculture-nature.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la parole, en
question principale, au chef de l'opposition officielle.
Impact des négociations commerciales avec les États-Unis
dans le secteur de l'aluminium
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. La semaine dernière, le premier ministre a fait une première
visite à Washington depuis cinq ans, alors vous comprendrez qu'il n'était pas
trop tôt. Le constat de son voyage à Washington, malheureusement, c'est un
échec. Il a été contre-productif quant aux intérêts du Québec. Mercredi
passé, le premier ministre a dit, et je le cite, à Washington : «On est
prêts à beaucoup de compromis dans l'aéronautique, dans la forêt, peut-être
dans la sécurité à long terme sur l'aluminium.» Fin de la citation. Aller
donner sa liste de concessions, Mme la Présidente, en début d'échange, ce n'est
jamais une bonne idée.
Le premier ministre a même dit être pressé de
renégocier l'accord de libre-échange. Il a dit : Plus vite on fait cette
négo, plus vite on se débarrasse de l'incertitude. Vous voyez là un trait du
gouvernement caquiste et du premier ministre : plus vite on fait, plus
vite on se débarrasse. Mais à quel prix, Mme la Présidente?
Le premier ministre veut imposer, il l'a suggéré
la semaine passée, une contre-taxe de 25 % sur l'aluminium qui est exporté
pour forcer les entreprises, dit-il, à se diversifier. Or, il n'en avait pas
parlé à l'Association de l'aluminium du Canada, qui, eux, disent : On n'a
pas besoin de ça pour se diversifier, puis faites attention aux milliers
d'emplois ici, au Québec. Même sa ministre responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
elle le dit : Avant d'aller de l'avant avec une telle contre-taxe tout de
suite, il faut bien réfléchir. Même sa ministre dit que c'est mal ficelé, il
faut bien réfléchir.
Pourquoi le premier ministre a parlé sans
réfléchir, la semaine passée?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, il y a des bons sujets, puis je suis content d'avoir l'occasion
d'expliquer nos positions. Contrairement à ce que dit M. Trump, les
États-Unis sont dépendants du Québec et du Canada pour plusieurs produits, puis
le plus important, c'est l'aluminium. Les États-Unis produisent seulement
14 % de leurs besoins en aluminium, puis 60 % de leurs besoins sont
comblés par le Québec. On pourrait parler aussi du bois, de la forêt.
M. Trump ne peut pas faire pousser les arbres plus vite aux États-Unis.
Puis on pourrait parler aussi de tous les minéraux critiques, stratégiques, qui
se retrouvent au Québec puis pour lesquels les États-Unis ont besoin de ces
minéraux, entre autres, pour la défense. Donc, ce n'est quand même pas pour
rien.
Donc, Mme la Présidente, ce que j'ai dit, c'est
que je trouve normal que M. Trump puis l'administration, aux États-Unis,
soient inquiets, par exemple, dans ces trois produits-là, de leur
approvisionnement à long terme. Est-ce que le Québec pourrait faire des
concessions, des compromis pour signer un approvisionnement à long terme à des
bons prix, payants pour le Québec? C'est le genre de chose qu'on pourrait
négocier.
Maintenant, Mme la Présidente, M. Trump
propose de mettre des tarifs sur l'aluminium alors qu'il a besoin d'aluminium.
Donc, on ne doit pas exclure de dire : On va mettre une taxe à
l'exportation sur l'aluminium pour lui faire payer le prix de sa mauvaise
décision concernant l'aluminium.
Mme la Présidente, c'est certain que les
compagnies d'aluminium préfèrent garder tous les marchés ouverts. Tout le monde
comprend ça.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Comme tout bon
entrepreneur, les compagnies d'aluminium ne veulent pas payer une surtaxe de
25 % à l'exportation, en leur disant : Vous avez besoin de ça, vous
ne savez pas comment ça marche, vous avez besoin de ça pour vous diversifier,
quand elles-mêmes disent : On n'a pas besoin de ça pour se diversifier.
Puis Jean Simard a été très clair, sur une radio la semaine passée, en
disant : On va être capables d'aller ailleurs, s'il faut y aller, ailleurs,
pas besoin de cette surtaxe-là.
A-t-il parlé récemment à Jean Simard, de
l'industrie? Et, avec ses compromis et sa contre-taxe, où est-ce qu'il s'en va
avec la stratégie ouverte?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, j'ai parlé plusieurs fois à Jean Simard, puis il sait très bien ma
position. Prenez un exemple très concret. L'aluminium pour le F-150 de Ford est
fait au Québec, c'est un aluminium spécial qu'ils ne peuvent pas prendre
ailleurs. Donc, les États-Unis seraient très mal pris, et Ford, et GM, et
Chrysler, s'il y avait une taxe à l'exportation, s'ils étaient obligés de
s'approvisionner ailleurs dans le monde, où il n'y a aucune surcapacité.
Donc, Mme la Présidente, je pense que Jean
Simard comprend très bien ma position, et je comprends très bien la position de
Jean Simard.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Oui, puis Jean
Simard, il n'est pas d'accord. Il n'est pas d'accord, il dit que ce n'est pas
la bonne affaire. Sa ministre responsable du Saguenay—Lac-Saint-Jean, par exemple,
excusez du peu, elle non plus, elle n'a pas de l'air à être d'accord, quand il
dit : Un tarif, contre-tarif de 25 % sur les exportations.
30 millions d'emplois. Elle l'a dit publiquement, la semaine passée :
Avant d'aller de l'avant avec une contre-taxe, il faut bien réfléchir.
Le premier ministre, visiblement, n'a pas tenu
compte de l'opinion de Jean Simard et de sa ministre. Va-t-il réfléchir avant
de parler?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
quand on regarde la situation mondiale de l'aluminium, la capacité de
production est égale aux besoins. Donc, si les États-Unis décidaient qu'ils ne
veulent plus prendre 60 % de leur aluminium au Québec, ils seraient
obligés de l'acheter ailleurs, puis ça donnerait un espace pour que nous, on
exporte ailleurs. C'est exactement ce qui est arrivé en 2017. C'est pour ça que
Jean Simard puis tous les gens dans l'aluminium ne sont pas inquiets sur les
pertes d'emploi. L'aluminium, il n'y a pas de surcapacité. Mais il ne faut pas
céder au chantage de Trump, qui dit : Je vais mettre une taxe de 25 %
pour tout le monde.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Bien, Mme la
Présidente, le premier ministre est dur à suivre. Il dit : Je vais mettre
une contre-taxe pour contrer Trump, mais aussi je vais faire des compromis. Je
n'ai pas parlé à l'association canadienne de l'aluminium. Ils ont besoin de moi
pour savoir quoi faire puis comment gérer leur stock — inquiétez-vous
pas, ils savent comment gérer leur stock.
Il y a des milliers d'emplois dans toutes les
régions, dont au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
30 000 en jeu, puis le premier ministre joue à l'apprenti sorcier.
Quand va-t-il donner suite à ce qu'il disait? Il
voulait nommer prochainement un émissaire spécial de haut niveau. Va-t-il le
nommer, finalement?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, Mme la
Présidente, je comprends que c'est assez complexe. Si M. Trump met une
taxe à l'importation sur l'aluminium, ce sont les États-Unis qui vont ramasser
le 25 %. Si le Canada met une taxe à l'exportation sur l'aluminium, c'est
nous qui allons ramasser le 25 %.
Maintenant, que va faire M. Trump avec son
25 %? Va-t-il aller aider GM, Ford, Chrysler, qui sont très inquiets,
actuellement, de voir le prix de l'aluminium qui augmenterait de 25 %?
Mme la Présidente, ce n'est pas un jeu pour les
enfants, c'est un jeu qui est compliqué, puis on est en bonne position avec
l'aluminium.
Des voix : ...
La Présidente : Je suis debout. Pas
de commentaire après les réponses. Une seule personne a le droit de parole, et
je reconnais maintenant, pour ce faire, le député de Marguerite-Bourgeoys.
Négociations commerciales avec
les États-Unis
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Le premier
ministre tient à renégocier prématurément l'accord US-Mexico-Canada. Il la dit
à qui veut bien l'entendre : Vite, ça presse. On ne sait pas ce que Trump
veut, mais le premier ministre spécule sur la place publique et offre à rabais
notre aéronautique, nos forêts, notre aluminium avec rien en retour.
Un autre moment d'anthologie de la part du
premier ministre, c'est sa proposition de taxer notre aluminium vendu aux Américains,
en plus des tarifs de Trump, pour exporter ailleurs qu'aux États-Unis. On va
jouer dur, disait le premier ministre, avant de se faire dire par l'association
de l'aluminium que c'est une mauvaise idée, qu'on doit réfléchir, et que, pour
trouver des nouveaux marchés, la dernière chose que l'industrie a besoin, c'est
de se faire taxer par son propre gouvernement. Même sa ministre responsable du
Saguenay est d'accord avec nous.
Mme la Présidente, est-ce que le premier
ministre ou une de ses ministres peut nous confirmer si la CAQ va taxer
l'industrie de l'aluminium, oui ou non?
• (14 h 20) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, il y a deux stratégies qui sont possibles. Actuellement, M. Trump
ne respecte pas l'entente Canada—États-Unis—Mexique,
donc, évidemment, ça veut dire qu'il faut renégocier cette entente-là. On peut
essayer de négocier une entente globale ou, comme le proposent les oppositions,
à chaque mois commencer une nouvelle proposition, une nouvelle négociation. Ce
mois-ci, c'est l'aluminium. Le mois prochain, ça va être le bois. Dans deux,
trois mois, ça va être les minéraux critiques. Nous, on pense que c'est mieux
de commencer une négociation globale pour savoir où on s'en va une fois pour
toutes avec les États-Unis, plutôt que de faire ça à la pièce, comme le
proposent le Parti libéral et le Parti québécois.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Je comprends
que le premier ministre veut jouer dur. Moi, je veux qu'il joue intelligemment.
Jouer intelligemment, là, c'est faire de la mobilisation avec la chambre de
commerce américaine et les élus locaux pour leur faire comprendre qu'ils ont
tout à perdre à fragiliser notre économie. Jouer intelligemment, ça veut aussi
dire qu'on ne négocie pas à rabais, nous-mêmes, sur la place publique, qu'on
comprend les conséquences de nos actes, qu'on parle aux gens affectés avant de
réfléchir à voix haute.
Est-ce que le premier ministre est prêt à jouer
intelligemment?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Mme la
Présidente, comme le rappelle le premier ministre, c'est important de
renégocier une entente dans sa globalité et de mettre de l'avant nos atouts. Et
Dieu sait que, les atouts qui sont d'un grand intérêt pour les Américains, on
en a. On parle ici de l'aluminium, notamment. On peut penser au bois d'oeuvre,
également, qui est d'une grande importance pour l'économie américaine. Et je
pense également aux minéraux, aux minéraux critiques et stratégiques. On en a
28, de ces minéraux-là. Et actuellement les États-Unis, bien, ils dépendent
essentiellement de la Chine pour l'importation de plusieurs de ces minéraux
critiques et stratégiques.
Alors, ce sont tous là des atouts qui, dans le
cadre d'une négociation globale, pourront être mis de l'avant par le Québec,
par le Canada, pour renégocier une entente qui va donner de la prévisibilité
aux entreprises.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Est-ce que le
premier ministre comprend que renégocier rapidement l'accord de Trump n'enlève
pas l'incertitude? Trump va gagner à y aller plus vite. Il va revenir à la
charge. Dire qu'on veut renégocier vite, c'est dire qu'on est en panique, et
Trump le sait. Ça nous met en position de faiblesse. Est-ce que la CAQ comprend
que Trump gagne tout à aller vite? Aidons-nous en premier, pas Trump.
Mme la Présidente, je repose ma question. Est-ce
que le premier ministre est prêt à jouer intelligemment?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : En tout cas, ce
qui est clair, Mme la Présidente, c'est qu'advenant que les États-Unis, que
l'administration américaine imposent des tarifs aux exportations canadiennes...
c'est que c'est les Américains qui vont se faire mal à eux-mêmes. Les
Américains vont devoir payer plus cher, en tant que consommateurs, en tant
qu'entrepreneurs également, plus cher pour les intrants qui proviendront du
Québec, et ça, ça va créer un phénomène de rehaussement des prix, d'inflation,
qui va dans l'exact opposé de ce que le président Trump souhaite.
Alors, on peut rester confiants qu'advenant que
ces tarifs soient imposés... que le mal sera... le plus... le mal sera fait
essentiellement sur les Américains et que, par conséquent, on va avoir un
meilleur rapport de négociation pour resigner une entente globale qui va
être... qui va couvrir l'ensemble des secteurs.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Bourassa-Sauvé.
Impact des négociations
commerciales avec les États-Unis sur les entreprises
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
la semaine dernière, le premier ministre s'est rendu à Washington pour aller
compter des buts pour le Québec. À l'inverse, bien, il a montré aux entreprises
et à nos travailleurs québécois qu'il comptait les défendre avec un filet
désert. Je le répète, le premier ministre est allé dire aux Américains qu'il
comptait faire des concessions, beaucoup de compromis dans l'aéronautique, dans
la forêt et l'aluminium. Il a lui-même placé le Québec en position de
faiblesse. C'est 3 à 0 pour Donald Trump.
Pendant ce temps-là, le premier ministre, il
oublie que le secteur de l'aéronautique, bien, ça représente
41 700 emplois; celui de la foresterie, 58 764 emplois;
l'industrie de l'aluminium, 30 000 employés. Pour que ces secteurs,
ils demeurent compétitifs, et pour qu'on puisse diversifier nos marchés, la
priorité, c'est de préserver ces emplois.
Mme la Présidente, est-ce que la ministre de
l'Emploi, elle est d'accord avec la déclaration du premier ministre? C'est
quoi, son plan main-d'oeuvre?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Emploi.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. Écoutez, je veux vous dire que le gouvernement va répondre
présent pour les travailleurs et pour les entreprises. D'ailleurs, la semaine
dernière, j'ai rassemblé tous les partenaires du marché du travail dans un
forum extraordinaire, pour faire le point sur la situation mais aussi pour
travailler ensemble sur des solutions, et ça a été un franc succès, Mme la
Présidente.
On a un plan en trois phases. On a eu la chance
de l'expliquer à plusieurs reprises, et je vais le refaire. D'abord, on veut
s'assurer, dans un premier temps, de limiter au maximum les pertes d'emploi.
Et, avec ma collègue la ministre de l'Économie, on travaille sur des mesures
qui vont nous permettre de nous assurer que les entreprises soient capables de
passer à travers, de résister au choc, en fait, si jamais des tarifs sont
appliqués. Je pense aussi au fait... à la deuxième étape de notre plan, qui est
celle de faire en sorte de diversifier nos débouchés. On y travaille aussi. Et
on sera là aussi pour requalifier les travailleurs qui veulent et qui voudront
le faire, si jamais il y avait des pertes d'emploi, Mme la Présidente.
Alors, c'est ça, notre plan. On a toujours été
en action puis on va continuer de l'être.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
pour diversifier nos débouchés, les travailleurs doivent demeurer dans leurs
secteurs. Justement, la ministre, elle a rencontré les acteurs de l'emploi la
semaine dernière. Je ne peux pas croire qu'ils leur ont dit... qu'ils lui ont
dit que c'était correct pour eux qu'elle transfère 35 000 de leurs
travailleurs vers le Labrador. Trois secteurs névralgiques ont été jetés sous
l'autobus par le premier ministre. Les autres, là, ils se regardent puis ils se
demandent ça va être qui, le prochain secteur à risque.
Est-ce que la ministre de l'Emploi, elle peut
rassurer nos monteurs de lignes, d'aéronefs, nos ingénieurs forestiers, et leur
dire c'est quoi, son plan main-d'oeuvre?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. Je pense qu'on a été très clairs, notre première priorité,
c'est celle de nous assurer qu'il y ait le moins de pertes d'emploi possible, donc,
de soutenir les entreprises pour faire en sorte qu'elles
puissent passer à travers ce contexte difficile là. Dans la suite des choses,
on va certainement les soutenir pour qu'elles puissent déboucher leur marché,
ce qui va... ce qui permettrait aussi de pouvoir conserver nos emplois,
évidemment. Et, dans un troisième temps, si on doit faire face à des pertes
d'emploi massives, bien, on sera là pour requalifier les travailleurs, Mme la
Présidente. Il y en a qui vont aimer ça, aller en construction...
La Présidente : En terminant.
Mme Champagne Jourdain : ...il
y en a d'autres qui vont être attirés par d'autres secteurs. On va être là pour
les accompagner dans leurs démarches. Merci.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente,
la semaine dernière, là, les Québécois, ils souhaitaient voir un capitaine
Québec d'abord. À la place, ils ont eu droit à un joueur qui tire dans son
propre but. Les travailleurs des secteurs de l'aéronautique, là, forestier puis
de l'aluminium, ils sont inquiets, puis les autres travailleurs, là, ceux parmi
les 100 000 à travers le Québec qui risquent de perdre leurs emplois,
bien, ils se demandent c'est qui qui va les défendre. Ce n'est pas vrai qu'ils
pourront tous se reconvertir vers le domaine de la construction.
Est-ce que la ministre de l'Emploi, elle a un
plan pour les travailleurs dont les emplois sont fragilisés par la menace
tarifaire?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Kateri Champagne
Jourdain
Mme Champagne Jourdain : Merci,
Mme la Présidente. J'ai eu la chance de parler de notre plan en trois phases,
qui guide, naturellement, chacune des solutions qui est apportée par l'ensemble
de mes collègues. Et on est aussi très présents sur le terrain. Tous nos
collègues sont présents sur le terrain, visitent des entreprises. J'étais, moi,
la semaine passée, chez Koptair, une entreprise du domaine, aussi,
aéronautique, Mme la Présidente, et on a pu échanger sur, effectivement, les
réalités du secteur.
Je peux vous assurer qu'on va être là pour
soutenir les entreprises, dans un premier temps, pour s'assurer qu'il y ait le
moins de pertes d'emploi possible. C'est la mission qu'on s'est donnée. Et,
dans l'optique où on devrait requalifier des travailleurs, on va y aller avec
nos priorités dans des secteurs d'avenir, Mme la Présidente. Merci.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Impact des négociations commerciales avec les États-Unis
sur l'industrie forestière
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci, Mme la
Présidente. L'industrie forestière est inquiète. La menace tarifaire américaine
de 40 % arrive rapidement, et l'industrie forestière ne se sent pas
écoutée ni soutenue par la CAQ.
Le 11 février dernier, le premier ministre
s'est rendu à Washington pour négocier sur la place publique et dire qu'il
sacrifierait, entre autres, l'industrie forestière. Faire des compromis aux
dépens de l'industrie, c'est abandonner des milliers de travailleurs.
En Abitibi-Témiscamingue, l'industrie forestière
primaire emploie 14 % des travailleurs de la région. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
l'industrie primaire et secondaire composent près de 25 % des emplois. Si
une scierie ferme, c'est une papetière qui voit le coût de ses intrants
augmenter. Si une papetière ferme, c'est toute la région qui est mise à risque.
On met des milliers d'emplois à risque.
L'industrie a besoin de prévisibilité, pas un
premier ministre qui se met à genoux devant le président américain et qui met
en jeu notre industrie forestière qu'on a de besoin.
Mme la Présidente, pourquoi que la ministre de
la Forêt a laissé le premier ministre abandonner les travailleurs forestiers?
• (14 h 30) •
La Présidente : La réponse du
ministre délégué à l'Économie.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Et j'apprécie la question parce que ça nous permet de revenir
sur certains faits, là, Mme la Présidente.
Vous savez, le premier ministre a lancé un
groupe de réflexion, à l'intérieur de notre gouvernement, avec tous les
ministres concernés par les tarifs douaniers américains potentiels. On le
répète, notre premier objectif, c'est d'essayer d'éviter ces tarifs-là. Et donc
on travaille fort pour communiquer les besoins que les Américains ont pour le secteur forestier. Ils savent qu'ils ont besoin de nous.
En fait, une des premières choses qui est sortie,
après la première menace du président Trump, c'était un communiqué du National
Home Builders Association qui venait dire, justement, que ce n'était pas une
bonne idée de faire ces tarifs-là. Deuxièmement, le premier ministre, pendant
son voyage à Washington, a rencontré le National Home Builders Association dans
le but de multiplier les alliances qu'on pourrait avoir ensemble pour
travailler à régler ce dossier. Mais ça ne date pas d'hier, Mme la Présidente,
qu'il y a des enjeux dans le secteur forestier, il y a déjà des tarifs de 14,4 %
qui affectent nos gens, et on travaille beaucoup pour essayer de les
accompagner à travers de ces moments imprévisibles.
La Présidente : Première
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le chef de l'opposition
officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : On va essayer de
suivre le premier ministre. Il dit : Trump ne respecte pas l'accord de
libre-échange. On veut arrêter Trump, qui nous menace de nous lancer des
tarifs. Il va à Washington, et le message : Je suis prêt à faire des
concessions, beaucoup de compromis. L'aéronautique, voilà. L'aluminium, voilà.
Forêt, voilà. Il est tout nu, Mme la Présidente, une fois qu'il a dit ça.
Le premier ministre, plutôt que d'arriver dans
une position de force, arrive dans une position de compromission, arrive sans
aucune force, Mme la Présidente. On veut comprendre c'est quoi, son plan.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, M. Trump dit : Je n'ai pas besoin du Québec puis du
Canada pour l'aluminium. C'est faux. Il dit : Je n'ai pas besoin du Canada
puis du Québec pour la forêt. C'est faux. Il dit : Je n'ai pas besoin du
Québec puis du Canada en aéronautique. Mme la Présidente, pensez juste à
Pratt & Whitney à Longueuil. Les moteurs d'avion traversent la
frontière quatre fois. Est-ce que Pratt & Whitney aux États-Unis
va payer quatre fois 25 % de tarifs sur les moteurs d'avion? Ça ne tient
pas debout. À un moment donné, il faut le dire, que ça ne tient pas debout. Puis
il faut, par contre, être ouvert à faire une entente à long terme pour être
capables de les rassurer sur les approvisionnements à long terme.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Il veut
faire une entente à long terme, alors qu'il y a déjà en vigueur une entente à
long terme. Il veut mener la discussion en mettant tout sur la table, tout est
prêt à compromis, puis il pense que Donald Trump ne s'arrêtera pas là. Il pense
que Donald Trump dit : Ah! O.K. Parfait. Le premier ministre du Québec
veut aller vite, je vais lui donner ce qu'il veut, c'est parce qu'il m'en a
déjà trop donné. La stratégie du premier ministre, c'est de dire : On va
tellement lui en donner qu'il ne pourra plus nous en demander.
En forêt, là, c'est quoi, les compromis qu'il a
derrière la tête? On peut-tu savoir, en forêt?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
le chef de l'opposition officielle dit : L'entente Canada—États-Unis—Mexique est
déjà en vigueur. Allo? Allo? On a M. Trump qui dit : Je veux mettre
des tarifs de 25 %. Est-ce que ça respecte l'entente? Pas du tout. Pas du
tout.
Donc, Mme la Présidente, ce qu'on veut, c'est de
renégocier l'entente...
Des voix : ...
La Présidente : ...ministre. Une
seule personne a un droit de parole. C'est de ce côté-ci qu'il y a trop de
bruit. J'aimerais entendre le premier ministre. Et, tout le monde, c'est bon
pour tout le monde. On écoute le premier ministre, des deux côtés.
M. Legault : Mme la Présidente,
il n'est pas question de sacrifier un emploi, il n'est pas question de faire
quelque compromis à court terme que ce soit. Est-ce qu'on peut rassurer les
États-Unis qu'on sera là à long terme pour le bois, pour l'aluminium, pour
l'aéronautique? C'est ça que souhaitent les États-Unis, puis on est capables de
le faire de façon payante pour le Québec.
La Présidente : En...
Des voix : ...
La Présidente : Pas de commentaire
après les réponses.
Maintenant, en question principale, une seule
personne a le droit de parole ici, j'aimerais entendre la députée de Mercier.
On vous écoute, madame.
Financement
des écoles privées
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Le premier ministre a toujours défendu bec et ongles l'école à
trois vitesses et le statu quo en éducation. Peut-être qu'il va changer
d'avis en regardant le sondage CROP qui est sorti aujourd'hui dans Le
Journal de Montréal. 85 % des Québécois veulent changer de modèle en
éducation, 85 % des Québécois veulent intégrer les écoles privées à un
seul réseau scolaire commun, sans écrémage et sans ségrégation.
Le premier ministre et le ministre de
l'Éducation sont de plus en plus isolés dans l'équipe du statu quo en
éducation. À peu près tout le reste du monde a compris qu'on ne peut pas
continuer avec un système brisé qui met la majorité des enfants québécois sur
la voie de service.
Et, ça tombe bien, nous, à Québec solidaire, on
écoute la population. J'ai d'ailleurs l'intention, demain, de déposer un projet
de loi pour ramener l'égalité des chances dans nos écoles, pour une... pour
amener une vraie mixité dans nos écoles, sans égard au portefeuille des
parents, sans égard aux notes des élèves, sans égard à la religion.
Est-ce que le premier ministre est à la même
place que les Québécois et Québécoises ou est-ce qu'il veut continuer à
défendre le statu quo en éducation?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, j'ai été effectivement trois ans ministre de l'Éducation. C'est
le dossier qui me tient le plus à coeur.
On a effectivement, au Québec, des écoles
privées qui sont subventionnées à 60 %. Ça veut dire que les parents
paient 40 %. Si, demain matin, on fermait toutes les écoles privées au
Québec, on perdrait 40 % du financement de ces écoles-là. Donc, à un
budget égal, on aurait moins de financement pour l'éducation.
Il y a un deuxième groupe d'écoles qui s'appelle
des écoles avec des programmes particuliers, que ce soit en arts ou en sports,
ça aide beaucoup d'enfants à rester connectés à l'école. Par contre,
malheureusement, il y a des enfants qui ont des graves difficultés
d'apprentissage où on ne peut pas réduire le temps qui est accordé aux matières
de base, comme le français puis les mathématiques, pour le remplacer par le
sport et les arts.
Donc, il faut être prudent quand on dit qu'il
faut donner des programmes particuliers à tout le monde. On l'a fait, on a
donné un 300 $, on augmente le nombre d'écoles avec des programmes
particuliers, mais soyons prudents avec les enfants qu'on appelle les EHDAA,
qui représentent 25 % des enfants.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente,
ce n'est pas Québec solidaire qui le dit, c'est le Conseil supérieur de
l'éducation, qui a été mis aux poubelles par ce gouvernement, qui le dit, on a
le système d'éducation le plus inégalitaire au Canada. On ne peut pas être
fiers de ça. Ça, ça ne rend pas service ni aux élèves en difficulté ni aux
élèves qui sont maintenant au régulier. Et, en plus, notre école sélectionne
sur la base du portefeuille puis du salaire des parents. Elle peut refuser un
programme scolaire pour les enfants. On ne peut pas accepter un système
d'éducation aussi inégalitaire, et les Québécois non plus ne l'acceptent pas.
La Présidente : Et je vous rappelle,
Mme la députée, qu'un article de journal n'est pas un tableau didactique. M. le
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, Québec solidaire veut fermer toutes les écoles privées
subventionnées au Québec. C'est le choix de Québec solidaire, ce n'est pas
notre choix. Québec solidaire, aussi, veut forcer tous les enfants, même les
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, à faire moins de français,
moins de mathématiques, pour remplacer ça par plus de sport et d'art. Dans
certains cas, ce n'est pas une bonne idée, Mme la Présidente. Donc, c'est le
choix de Québec solidaire, ce n'est pas notre choix.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : J'invite le
premier ministre à lire le projet d'École ensemble pour avoir un réseau commun.
Ils ont fait leurs calculs, et ce que ça fait, c'est que ça permet de faire des
économies. Ce n'est pas vrai qu'on veut fermer toutes les écoles privées. Les
écoles privées vont pouvoir exister, mais on va les subventionner à 100 %,
et elles ne pourront plus faire de sélection.
Tous les enfants du Québec ont droit à une
éducation, une bonne éducation, et on a besoin d'un système égalitaire. Je ne
comprends pas que le premier ministre n'est pas d'accord non pas avec Québec
solidaire, mais avec la population. 85 % de la population...
La Présidente : Mme la députée,
votre temps est écoulé. Je vous ai dit de ne pas montrer cet article, qui n'est
pas un tableau didactique. Vous avez bien compris?
La réponse du premier ministre. On l'écoute.
M. François Legault
M. Legault : Bien, je m'excuse,
Mme la Présidente, mais ce n'est pas exact, ce que dit la cheffe de Québec solidaire.
Si, demain matin, on ne finance plus le 40 % des écoles privées, on va
être obligés de les financer à 100 %, donc il va y avoir moins d'argent de
disponible. C'est ça que ne comprend pas Québec solidaire. Donc, je ne sais
pas, qu'elle continue à lire des études.
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Lesage. On vous écoute.
Aide
financière aux études
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Les étudiants et étudiantes du Québec dans les cégeps et les
universités, ils souffrent de la faim. 40 % d'entre eux vivent de
l'insécurité alimentaire. 40 %, c'est deux sur cinq, Mme la
Présidente. Ces chiffres-là, là, ils parlent d'une misère intolérable. La santé
mentale et physique des étudiants est en péril, leur réussite académique aussi,
les loyers explosent, la facture d'épicerie explose, et qu'est-ce que fait la
CAQ? Elle leur enlève des bourses d'études. Elle enlève de l'argent à la
communauté étudiante. La CAQ voudrait les confiner à la détresse, elle ne
ferait pas autre chose.
Quatre étudiants sur 10 souffrent de la faim.
Est-ce que la ministre de l'Enseignement supérieur va maintenir ses coupures ou
faire la seule chose qui s'impose, aider financièrement la communauté
étudiante?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci pour cette question. J'ai pris connaissance comme tout le
monde, ce matin, Mme la Présidente, du sondage qui a été publié par les
associations étudiantes, que je salue, d'ailleurs, ils sont dans les tribunes,
M. Étienne Paré qui est là, de l'UEQ, avec lequel on a passé du temps, mes
collègues et moi, ce week-end, pour le caucus de l'UEQ. Il y a aussi les
représentants de la FECQ qui sont ici, Antoine Dervieux et Jacob Parisée.
• (14 h 40) •
Alors, j'ai pris connaissance des faits
saillants du sondage, mais je n'ai pas pris connaissance encore et je n'ai pas
fait l'analyse approfondie du sondage. Ceci dit, je suis consciente que c'est
un contexte qui est difficile pour les étudiants, pour bien des gens,
d'ailleurs, mais pour plusieurs étudiants aussi, parce qu'il y a la hausse du
coût de la vie, parce qu'il y a la hausse du coût des loyers, parce qu'on a une
inflation galopante depuis un beau bout de temps. Je suis consciente que la
situation est difficile, mais je refuse de dire qu'on reste les bras croisés et
qu'on n'a rien fait.
Je pense qu'on est le gouvernement qui avons
investi le plus en enseignement supérieur depuis les dernières années, et nous
avons le programme le plus généreux partout au pays quand on parle d'aide
financière aux études. C'est un programme qui est extrêmement généreux et c'est
un programme qu'on a bonifié à la hauteur de plus de 1 milliard de dollars
de plus depuis 2019. Entre 2019 et 2023...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Mme la Présidente,
je vais poser ma prochaine question au ministre des Finances. Quand le ministre
des Finances voit l'étendue de l'insécurité alimentaire, 40 %, est-ce
qu'il en tient compte dans ses indicateurs économiques? Est-ce que ça compte
pour lui quand il va décider si la CAQ continue d'enlever de l'argent à la
communauté étudiante ou si elle va les aider financièrement?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Eh bien, je peux compter sur un collègue qui a à coeur
l'enseignement supérieur, aux Finances. On est contents de l'avoir avec nous.
C'est quelqu'un qui est très sensible aux enjeux de la communauté étudiante et
de la population étudiante. D'ailleurs, on est tous en demandes prébudgétaires.
Je pense qu'il a eu même l'occasion de rencontrer plusieurs partenaires et
plusieurs acteurs, justement, du milieu de l'enseignement supérieur, Mme la
Présidente.
Alors, je le répète, on a investi énormément
d'argent dans le programme socle, le programme qui est vraiment la mission même
de l'enseignement supérieur, qui s'appelle l'aide financière aux études. On l'a
bonifié avec une série de mesures depuis 2019, une série de mesures, je
pourrais vous les énumérer, mais, entre 2019 et 2023, on a eu plus de
1 milliard d'investissement. C'est sans compter l'argent qui a été mis au
cours de la dernière année, en 2024. Alors, c'est vous dire que ça nous tient à
coeur. Je vais continuer...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Mme la Présidente,
ils me parlent de l'argent qu'ils ont mis, mais, en ce moment, ce qu'ils font,
c'est qu'ils coupent au moment où 40 %, 40 % de la communauté
étudiante souffre d'insécurité alimentaire.
Il y a trois propositions dans la campagne de
l'Union étudiante du Québec : rémunérer les stagiaires, actualiser l'aide
financière aux études, lutter contre l'insécurité alimentaire. Ils vont-tu
pouvoir faire au moins une affaire là-dedans? Parce que, sinon, là, on va
pouvoir dire qu'ils abandonnent la jeunesse dans la détresse.
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Alors, je veux juste rappeler, d'entrée de jeu, que je comprends
très bien les défis que vivent actuellement les étudiants. D'ailleurs, j'ai
l'occasion de leur parler de tout ça régulièrement, et on est très conscients
que le contexte soit difficile. Ceci dit, on y a investi, encore une fois,
énormément d'argent, que ce soit dans le soutien aux étudiants direct à travers
l'AFE ou que ce soit à travers des plans d'action que nous avons mis, tant à la
persévérance et à la réussite que des plans d'action en santé mentale, parce
que, justement, en enseignement supérieur, je ne veux pas que ce soit un frein
à l'accessibilité. Ceci dit, on a les droits de scolarité, encore une fois, les
plus faibles en Amérique du Nord, et ces droits de scolarité ont été plafonnés
à 3 %. Ça aussi, ça coûte beaucoup d'argent au gouvernement. Je vais
continuer, Mme la Présidente, à soutenir les étudiants dans leur parcours.
La Présidente : Question
principale. Je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Responsabilité
du ministre de la Cybersécurité et du Numérique dans le déploiement de la
plateforme SAAQclic
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, l'unique responsable de l'échec du dossier SAAQclic, c'est le
gouvernement de la CAQ. Ce n'est pas la faute de la pandémie, ce n'est pas la
faute de Donald Trump, ce n'est pas la faute du fédéral non plus.
On apprend aujourd'hui qu'un mois avant le
déploiement de ce fiasco SAAQclic, les voyants rouges s'allumaient partout.
Voici ce qu'une source impliquée dans la préparation du projet a révélé, et je
cite : «On voit que, sur plusieurs aspects, ils n'étaient pas prêts. Dans
une entreprise privée, on ne serait jamais allé de l'avant. Ils ont été avertis
des vulnérabilités et des problèmes, et pourtant ils ont procédé.»
Le responsable de ce fiasco, c'est donc le
ministre de la Cybersécurité. C'est lui qui avait la responsabilité ministérielle
de s'informer, d'agir, de surveiller ce qui se passe. Mais le responsable,
c'est aussi le premier ministre, qui l'a laissé aller et qui le laisse toujours
aller sans rendre des comptes.
Donc, ma question : Est-ce que le premier
ministre va faire comme sa ministre des Transports et convoquer les responsables de ce fiasco-là dès cet après-midi, et au
premier chef son ministre de la Cybersécurité, ou est-ce qu'il va continuer à
l'envoyer en porte-à-porte dans Terrebonne comme si de rien n'était?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : On ne se chicanera
pas avec le bloc pour ce qui se passe dans Terrebonne.
Mme la Présidente, d'abord, d'être capable de se
brancher avec une identification numérique, ça aurait dû être fait depuis très
longtemps, et chaque gouvernement qui est arrivé a retardé ce projet-là parce
que c'est complexe. Ce qu'on n'a pas fait.
Malheureusement, la façon dont ça a été mis en
place, c'était inacceptable, puis on l'a déjà dit. Qu'est-ce qu'on a fait? On a
remplacé le président de la SAAQ, on vient de remplacer le président du conseil
d'administration de la SAAQ, on est en train de revoir les façons de travailler
à la SAAQ. Mais, Mme la Présidente, c'est important de faire ce virage
numérique, qui aurait dû être fait par les gouvernements du Parti libéral, par
les gouvernements du Parti québécois. Ça n'a pas de bon sens qu'à chaque
fois qu'un citoyen veut s'inscrire on est obligé de recommencer à zéro notre
inscription. Il devrait y avoir une façon de travailler qui est numérique.
Donc, Mme la Présidente, il y aura, dans les
prochains jours, un rapport de la Vérificatrice générale qui sera déposé, qui
nous aidera à continuer à prendre les mesures qui sont nécessaires, mais on va
continuer de s'assurer qu'il y ait en place ce virage numérique.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, SAAQclic, c'est un fiasco. Je vous cite ce qu'une autre source
spécialisée en cybersécurité, qui n'est pas autorisée à parler publiquement, a
révélé — ouvrez
les guillemets : «Ils ont fait un pile ou face, le résultat parle de
lui-même.» Et la même source souligne que les tests d'intrusion n'étaient pas
complètement réalisés, il y avait des vulnérabilités importantes.
Donc, je répète ma question : Est-ce que le
premier ministre va lui-même convoquer les responsables de ce fiasco, dont son
propre ministre de la Cybersécurité?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, le chef du troisième groupe d'opposition a manqué une bonne game.
Il dit : Est-ce que vous allez convoquer le président? On a changé le
président. Est-ce que vous allez convoquer le conseil d'administration? On a
changé le président du conseil d'administration.
Donc, Mme la Présidente, on n'a pas attendu que
le chef du troisième groupe d'opposition, tout à coup, se lève puis dise :
Oh! il faudrait faire des changements à la SAAQ. Ça fait longtemps que c'est en
marche, Mme la Présidente. Mais, contrairement au gouvernement du Parti
québécois, on n'a pas joué à pile ou face puis on ne s'est pas dit : Ah!
c'est trop compliqué, reportons le virage numérique. Nous, on va le faire.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Un
classique ici, Mme la Présidente. Donc, on a de la difficulté avec le concept
de responsabilité ministérielle. C'est la faute de tout le monde, sauf de la
CAQ. Donc, je réitère qu'il y a des dizaines et des dizaines de tâches qui
n'étaient pas terminées. Il y a un ministre qui n'a pas supervisé et qui n'a
pas fait son travail.
Est-ce que le premier ministre peut reconnaître
l'échec de son gouvernement et prendre ses responsabilités, à titre de
gouvernement, la responsabilité ministérielle?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, il y a des sociétés d'État, Loto-Québec, Hydro-Québec, il y a
beaucoup de sociétés d'État, et, quand on n'est pas satisfaits du travail d'un
président d'une société d'État, d'abord, c'est le conseil d'administration qui
doit prendre des décisions. Nous, on a pris nos responsabilités, on a changé le
président du conseil d'administration puis on a changé le P.D.G. de la SAAQ. Je
pense qu'on a mis nos culottes, on a agi, contrairement à ce que faisait le
Parti québécois.
La Présidente : En
question principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Financement
des organismes de prévention en toxicomanie
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, il y a quelques jours, la coroner Gamache, rendant son rapport sur
le décès dramatique du jeune Mathis Boivin, 15 ans, dénonçait l'absence de
mesures de sensibilisation et de prévention des surdoses dans l'ensemble du
Québec. Mathis n'est malheureusement pas un cas unique. De janvier à septembre
2024, il y a à peu près 500 décès liés à une surdose au Québec. Ça, c'est
deux personnes qui meurent chaque jour, et c'est une augmentation de 33 %
en un an. C'est désastreux et c'est inquiétant.
Mais, pendant ce temps-là, en raison de
l'austérité et de la mauvaise gestion de la CAQ, les principaux organismes qui
travaillent à sauver des vies sont dans l'obligation d'arrêter leurs services,
faute de recevoir le financement qui leur avait été promis. Des formations, des
ateliers sur la prévention, des analyses de substances, tout écope.
Au plus fort de la crise, le Québec perd des
services en prévention, Mme la Présidente. Le ministre peut-il s'engager
en cette Chambre à débloquer les fonds immédiatement?
• (14 h 50) •
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci, Mme
la Présidente. Je remercie le député de Saint-Henri—Sainte-Anne pour sa question, qui
commence par la triste histoire du jeune Mathis. Puis, ça adonne bien, la
semaine dernière le père de Mathis nous a effectivement contactés pour nous
remercier de la campagne publicitaire qui est en cours actuellement, de
sensibilisation sur les surdoses. Ici, on a souvent tendance à stigmatiser les
surdoses avec les personnes en itinérance, mais on oublie que la plupart des
gens qui décèdent de surdoses sont des gens qui ont un emploi, puis qui
travaillent, et qui ont un domicile, et qui, malheureusement, meurent à
domicile. Puis je pense que la campagne publicitaire qui est en cours
actuellement capture très bien ceci, Mme la Présidente.
Deuxième partie de la question, c'est des
inquiétudes à propos du financement des organismes communautaires. Je suis très
surpris également de celle-ci. C'est sûr qu'on travaille pour que les sommes se
rendent sur le terrain, là, c'est notre travail quotidien, mais il faut
également mentionner qu'on a déployé une mesure PODS, qui est un investissement
avec le fédéral, qui pendant des années, sous les anciens gouvernements, s'est
vraiment limitée seulement à l'aspect recherche et institutionnel, mais moi,
j'ai travaillé pour que l'argent aille dans nos organismes communautaires, et
je pourrais vous faire une liste des projets qui sont en train de se déployer à
travers le Québec, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, article du Devoir aujourd'hui, les quatre regroupements
d'organismes ont écrit au gouvernement. Les fonds sont promis, ce n'est pas une
question de financement des organismes communautaires, c'est une promesse qui a
été délivrée, il y a des programmes qui n'auront pas lieu, les coupes ont
commencé, il y a des gens, là, ce matin, qui ont reçu des appels : Ne
rentrez pas, les postes sont coupés.
On est au plus fort de la crise des surdoses,
les programmes devaient avoir lieu, les ateliers de formation devaient avoir lieu.
Est-ce que, oui ou non, le gouvernement va débloquer les sommes?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, Mme la
Présidente, les sommes ont été allouées. Maintenant, on va voir qu'est-ce que
ça suppose, mais, clairement, les sommes vont être distribuées aux organismes
qui en ont... qui ont des programmes en place, Mme la Présidente.
Comme je vous dis, nous, au contraire, on est en
train d'innover, de déployer des nouveaux programmes pour s'assurer qu'on passe
d'un statut où on faisait de la recherche sur les surdoses, sur les
conséquences des surdoses, à des programmes où on est en train d'intervenir sur
le terrain, Mme la Présidente. Puis je parle à tous les organismes pour
m'assurer qu'on développe une trajectoire puis une stratégie pour lutter contre
la toxicomanie et les surdoses. Trop souvent encore, nos gens vont aux urgences
et se retrouvent à la rue par la suite. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'ils
soient pris en charge par notre réseau de santé et communautaire pour s'assurer
du meilleur suivi.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, le ministre nous dit que l'argent s'en vient, ça va venir, mais ça
fait des mois, là, ça va faire des années qu'on leur dit ça, Mme la Présidente,
et maintenant on est rendus à des formations qui sont annulées, à des postes
qui sont coupés.
Mme la Présidente, je vous rappelle qu'il y a
deux décès par jour, de surdose, au Québec. Voici ma question au
ministre : Ça va en prendre combien encore, des jours, pour qu'on débloque
les fonds?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Mme la Présidente,
nous, on continue à travailler avec tous nos organismes communautaires et avec tout
le réseau pour améliorer les services pour les surdoses et sur la toxicomanie,
Mme la Présidente. Comme je vous dis, c'est la première fois qu'on a investi
des sommes du fédéral dans nos organismes communautaires à travers le Québec.
C'est la première fois qu'on est en train de développer une stratégie nationale
pour la prise en charge des surdoses et de la toxicomanie, Mme la Présidente.
On est en train de faire de la sensibilisation dans les écoles. On a un
programme dans les écoles. On est en train de faire de la sensibilisation
populationnelle avec une campagne médiatique, du jamais-vu, Mme la Présidente.
Encore une fois, nous, on prend en considération tous ces enjeux-là et on
travaille pour la population du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Marquette.
Propos
du premier ministre concernant les bagarres au hockey
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Mme la Présidente, suite au match Canada—États-Unis à
la coupe des 4 Nations, je cite le premier ministre : «Je ne suis pas
contre les batailles, mais, quand on veut se venger d'un coup vicieux, ça peut
être une bonne idée.»
Est-ce que le premier ministre est conscient du
message qu'il envoie à notre jeunesse du Québec? C'est irresponsable, M. le
premier ministre.
Des voix : ...
La Présidente : Je suis debout.
Silence, je vous prie!
Je reconnais maintenant la ministre responsable
des Sports, du Plein air et du Loisir.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : Merci, Mme la
Présidente. Bien, très heureuse d'avoir eu une question en lien avec les
bagarres. On se souvient à quel point j'ai travaillé de pied ferme pour faire
en sorte que, justement, les bagarres dans la ligue junior majeur... ligue
junior Maritimes du Québec soient bannies. On a vu que, bien, ça a finalement
porté fruit, parce que le règlement est rentré en vigueur. Donc, très
satisfaite. Et très satisfaite aussi du soutien à la fois du premier ministre,
mais aussi de tous mes collègues dans ce dossier-là pour faire en sorte,
justement, que les bagarres ne fassent pas partie du quotidien de ces jeunes
joueurs, pour la plupart d'âge mineur. Alors, encore une fois, très satisfaite
de ce dossier-là.
Puis j'en profite, parce que je trouve ça intéressant
que le député de Marquette nous pose des questions comme celle-là, parce que je
l'ai vu s'offusquer aussi de toute la situation de l'ammoniac, et tout ça.
Donc, je pense qu'une des personnes qui a le plus de crédibilité ici pour
parler du hockey puis comment on peut avoir une influence positive, bien, c'est
le député de Marquette, parce que c'est un ancien joueur de hockey. Donc, je
l'invite à dire à ses collègues, amis, joueurs de hockey : Bien, vous avez
un rôle à jouer, vous avez un rôle d'influenceur auprès des jeunes. Je les
invite aussi à parler aux parents, dire : Vous n'avez pas besoin d'un
bâton de 400 $ pour jouer au hockey, vous pouvez avoir un bâton tout
simplement chez Canadian Tire.
Des voix : ...
La Présidente : C'est trop bruyant.
Il reste...
Des voix : ...
La Présidente : Silence!
Article 32, décorum. Il reste des secondes à votre période de questions.
Et, en question principale, je reconnais le chef de l'opposition officielle.
Propos du premier ministre concernant les bagarres au hockey
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, là, Mme la
Présidente, le sujet est excessivement sérieux, puis, moi, comme père de
famille... Puis le premier ministre trouve ça drôle. Le premier ministre trouve
ça drôle. On parle des batailles, des bagarres, des gars qui se donnent des
coups de poing dans la face parce qu'ils sont sur la patinoire. Deux gars qui
se donneraient des coups de poing sur la face dans la rue, Mme la Présidente,
ils iraient en prison. Ils iraient au poste de police puis en prison. La
société a évolué. La société a évolué, Mme la Présidente.
Et on vient d'entendre la ministre responsable
des Sports. Elle, elle l'a clairement dit, elle est contre ça. Elle est contre
ça, les batailles dans le hockey. Elle vient de dire, à raison : Il faut
prêcher par l'exemple, il faut envoyer les bons signaux. Qu'a fait le premier
ministre? Qu'a fait le premier ministre? Je vous le cite, madame... je le
cite : «Je ne suis pas contre les batailles, mais, quand on veut se venger
d'un coup vicieux, ça peut être une bonne idée.» Fin de la citation. Quand le
premier ministre dit ça, Mme la Présidente, ce n'est pas anodin. Quand le
premier ministre, qui est une personne que les jeunes, que la population
regarde pour avoir, entre autres, des lignes de comportement... quand il envoie
ce message-là, que se battre au hockey, c'est une bonne idée, dixit le premier
ministre — c'est
1 min 30 s, Mme la Présidente, merci beaucoup — quand
le premier ministre dit ça, il envoie le mauvais message. Il ne peut pas rire.
Moi, comme père de famille, là, Mme la Présidente, je m'attends à ce que le
premier ministre se lève et, contrairement à ce qu'il a dit, qu'il le dise
clairement, comme sa ministre, qu'il a un rôle à jouer : Les batailles au
hockey, c'est non.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, je pense qu'il faut faire la différence entre les batailles chez
les jeunes, chez les jeunes, où il y a parfois des gars qui ont la taille du
député de Marquette puis d'autres qui sont tout petits. Donc, il faut être
prudent chez les jeunes.
Maintenant, il y a des pour et des contre, dans
la Ligue nationale. Il y a beaucoup de spécialistes qui disent : S'il n'y
avait pas de batailles, il y aurait beaucoup de coups vicieux. Mais, une chose
qui est certaine, ce qui est arrivé samedi soir avec les deux frères Tkachuk,
où il n'y avait pas eu de coup vicieux, puisque la partie n'était pas
commencée, bien, M. le... Mme la Présidente, Mme la Présidente, je pense que ça
n'a pas sa place, ce qu'on a vu avec les deux frères Tkachuk, comme ça n'avait
pas sa place, le rôle que jouait le député de Marquette quand il jouait à
hockey.
La Présidente : Voilà. Cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis, et, pour ce faire, je cède la
place à la deuxième vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci, tout le
monde. Bonne fin de journée.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Nous en sommes maintenant à la rubrique Motion sans préavis. Et, en fonction de
nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais
maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme la députée
de Bourassa-Sauvé.
Rendre
hommage à Mme Antonine Maillet et offrir des condoléances à sa famille et
à ses proches
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le ministre de la
Culture et des Communications, le député de Jean-Lessage, le député des Îles-de-la-Madeleine
et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale rende hommage à
Mme Antonine Maillet, romancière et dramaturge acadienne, décédée hier à
l'âge de 95 ans;
«Qu'elle se remémore ses nombreuses oeuvres et
créations, notamment le personnage de la Sagouine ainsi que son roman le plus
célèbre, Pélagie-la-Charrette, qui lui a valu le prestigieux prix
Goncourt en 1979 et qui a su perpétuer le souvenir de la tragédie que fut la
déportation des Acadiens;
«Qu'elle prenne acte de l'ampleur de son legs
littéraire et culturel envers la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick et
plus largement envers la diaspora acadienne, ainsi que l'ensemble de la
francophonie;
«Qu'elle se remémore les nombreux honneurs et
distinctions qui lui ont été rendus, notamment le titre de Commandeur de
l'Ordre national de la Légion d'honneur de France, le titre d'officier de
l'Ordre du Canada et le titre d'officier de l'Ordre national du Québec;
«Qu'elle rappelle le lien particulier
qu'entretenait [...] Antonine Maillet avec la ville de Montréal, où elle a élu
domicile, et toute l'affection que lui portaient les Québécoises et les
Québécois;
«Qu'elle exprime ses plus sincères condoléances
à sa famille et ses proches endeuillés;
«Qu'enfin, elle observe
une minute de silence en la mémoire de cette ardente défenseure de la langue
française.»
• (15 heures) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
M. Lévesque (Chapleau) : Mme la
Présidente, il y a consentement pour un débat de deux minutes de rigueur par
intervenant, dans l'ordre suivant : la députée de Bourassa-Sauvé, le
ministre de la Culture et des Communications, le député de Jean-Lessage et le
député des Îles-de-la-Madeleine.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Est-ce qu'il y a consentement pour qu'il y ait quatre intervenants et que...
pour que la durée des interventions soit limitée à un maximum de deux minutes
chacune? Consentement. Donc, je cède la parole à Mme la députée. Allez-y.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : «Mais en 1880, cent
ans après son retour d'exil par la porte arrière et sur la pointe des pieds,
l'Acadie sortait sur son devant-de-porte pour renifler le temps et s'émoyer de
la parenté. De toutes les anses, et de toutes les baies, et de toutes les îles,
on sortait la tête et dressait l'oeil. Et c'est alors qu'on se reconnut.»
C'est notamment dans ces termes, que l'on peut
lire dans Pélagie-la-Charrette, qu'Antonine Maillet a dépeint son Acadie
natale, qu'elle chérissait et dont elle a moult fois conté les vertus, pour le
plus grand émerveillement des bibliophiles du Québec et de l'ensemble de la
francophonie. C'est donc une romancière et dramaturge, certes, mais surtout une
défricheuse, une ambassadrice et une allumeuse de réverbères qui nous a quittés,
ce lundi 17 février 2025.
Née le 10 mai 1929 à Bouctouche, au Nouveau-Brunswick,
Antonine Maillet a appris le devoir de transmission de la part de parents
instituteurs. C'est d'abord dans le monde universitaire qu'elle fera sa marque,
enseignant notamment à l'Université de Montréal et à l'Université de
Californie, à Berkeley. Le succès retentissant de la pièce La Sagouine
lui fera quitter son rôle de professeure afin de revêtir à temps plein l'habit
d'écrivain, en 1975. C'est au cours de cette période qu'elle rédigera son roman
le plus célèbre, Pélagie-la-Charette, paru en 1979, qui raconte la
déportation des Acadiens sous l'oeil de l'odyssée d'une femme devenue esclave
s'affranchissant grâce à son retour en ses terres. Puisant dans les traditions
orales acadiennes, ce roman permettra à Antonine Maillet de remporter le prix
Goncourt, faisant d'elle la première non-Européenne et la seule Canadienne à ce
jour à en être récipiendaire.
Antonine Maillet compte à son actif plus de
12 pièces de théâtre et une vingtaine de romans. Tout au long de sa
carrière, les honneurs et décorations ont fusé de toutes parts, consacrant son
statut d'âme de la littérature acadienne contemporaine. Convaincue que la
langue française appartient à ceux qui la parlent, Antonine Maillet aura fait
résonner dans son oeuvre le souffle d'une langue française aux accents uniques.
Puissent ces accents s'enchevêtrer et tintamarrer gaiement là où vous êtes
désormais, Mme Maillet.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au ministre de la Culture
et des Communications.
M.
Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. La disparition d'Antonine Maillet à l'âge vénérable de 95 ans
donne lieu, depuis hier, à un concert d'éloges dûment mérités, un peu partout,
mais ce qui me réjouit davantage, c'est que cette figure emblématique et
incontournable de la littérature a été célébrée non pas seulement dernièrement,
mais tout au long d'une carrière unique, remarquable et remarquée. Une oeuvre
qui lui confère une place de choix dans l'histoire des lettres.
On se souviendra d'elle comme celle qui a donné
une voix à celles et ceux qui n'existaient que dans l'ombre, les petites gens,
qu'on regarde trop souvent de haut. Puisant sans complexe dans la tradition
orale, Antonine Maillet a fait de cette si particulière langue acadienne le
matériau premier de sa célèbre Sagouine, incarnée des milliers de fois sur
scène avec brio par sa regrettée complice, Viola Léger. Cette magnifique langue
a aussi été au coeur de plusieurs de ses romans, dont On a mangé la dune,
en 1962, et, bien sûr, ma collègue en parlait, Pélagie-La-Charrette, qui
a reçu le prix Goncourt en 1979.
Fondatrice de la littérature moderne acadienne,
installée à Montréal depuis 55 ans, Antonine Maillet a construit une
oeuvre qui nous a prouvé que l'universel se trouve aussi dans les réalités
locales. Sa culture, son érudition, sa vivacité d'esprit, son intelligence
sensible et son humilité ne se seront jamais démenties. Éduquée chez les
soeurs, où elle a aussi fait un séjour en communauté, elle a aussi été inspirée
par l'appel non pas nécessairement de Dieu, mais du rôle qu'elle savait devoir
jouer pour assurer la survie de son peuple et de son pays natal, l'Acadie.
Celle qui a longtemps vécu sur la rue portant
son nom à Outremont publiait encore, l'année dernière, un nouvel opus et
n'avait rien perdu de sa vivacité intellectuelle. J'ai d'ailleurs eu le plaisir
de la croiser brièvement lors de cette cérémonie qui se tenait au Salon du
livre de Montréal cette année.
Selon ses dernières volontés, elle reposera dans
son Bouctouche natal, d'où, il ne fait aucun doute, en compagnie de son amie
Viola, elle continuera de veiller sur le pays de la Sagouine.
Reposez en paix, Mme Maillet. Merci pour
tout.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Je reconnais maintenant le député de Jean-Lesage.
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Dans l'histoire d'un peuple, il y a des artistes qui sont présents
assez longtemps pour marquer, laisser une marque dans leur culture. Antonine
Maillet était bien plus que la créatrice du personnage de la Sagouine. Par son
oeuvre, elle représentait la volonté insatiable d'un peuple à se mettre en
scène, à se voir lui-même dans ce qu'il a de plus sincère. Pendant toutes ces
années, elle a invité les gens du monde entier à venir rencontrer l'Acadie,
pour rappeler qu'elle était bien vivante, et ce, malgré les grands dérangements
de l'histoire.
Toujours à côté de ceux et celles qui ont été
opprimés, Antonine Maillet maîtrisait l'art de mettre en lumière la vie et la
richesse de la langue du pays, admirer la sagesse des gens d'en bas, comme elle
le disait, voir que, dans les tragédies du quotidien, il y a toujours une
sortie par le haut quand tout le monde est solidaire.
C'est donc avec un énorme tintamarre de
tristesse et de reconnaissance que tous les Acadiens et Acadiennes et leurs
amis du monde entier saluent le départ d'Antonine Maillet. De Natashquan en
passant par la Louisiane, jusqu'à Bouctouche, où elle est née, les mots
d'Antonine Maillet continueront de résonner pour longtemps.
Au nom de Québec solidaire, je tiens à
transmettre mes plus sincères condoléances à sa famille et à tous ses proches
endeuillés.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, Antonine Maillet a été l'âme d'un peuple. Elle a fait découvrir et
rayonner l'Acadie à travers la littérature, mais surtout à travers le monde
entier. Son oeuvre raconte l'Acadie et son peuple avec sensibilité, sincérité
et une grande humanité. Elle exprime aussi une vérité essentielle qui s'est
maintes fois vérifiée dans l'histoire.
Il arrive un moment où un peuple, une nation se
donne une oeuvre fondatrice qui témoigne de son ancrage dans le temps. Pour les
Acadiens dont je suis et avec qui les citoyens des Îles-de-la-Madeleine sont
liés par l'histoire, c'est Antonine Maillet qui a le mieux témoigné du Grand
Dérangement, ce drame fondateur de notre nation, dans une épopée plus grande
que nature. Elle a mis en lumière la noblesse, le courage, la résilience, la
force tranquille de milliers d'Acadiens déportés sur des côtes étrangères et
qui luttent inlassablement pour regagner leur patrie. Elle a témoigné des
injustices et des violences qui ont été infligées aux Acadiens. Elle a témoigné
du sort inique que l'Empire britannique a réservé à mes ancêtres, à nos
compatriotes d'Amérique française. Mais surtout elle leur a rendu justice par
la force de son oeuvre, et notamment par le fait que cette oeuvre a reçu le
premier prix Goncourt décerné à un auteur non européen, en 1979. Elle a révélé
l'Acadie au monde entier et elle nous a donné une leçon à nous aussi,
Québécois, nous qui avons découvert et adopté son oeuvre dès 1972 avec le
personnage de la Sagouine. Une leçon, oui, parce que les réserves de courage,
d'éloquence et de résilience que les Acadiens manifestent dans l'oeuvre
d'Antonine Maillet et dans l'histoire sont comme des balises pour nous dans
notre marche vers la pleine émancipation du Québec.
Au nom des Acadiens des Îles-de-la-Madeleine et
de tous les Québécois qui, comme moi, partagent leurs origines avec celles de
Pélagie et de la Sagouine, mes hommages à une grande romancière et dramaturge,
à une ambassadrice d'exception, l'unique Antonine Maillet.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Je vous invite à vous lever afin de faire une minute de silence pour Mme Maillet.
• (15 h 10 — 15 h 11)
•
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie. Vous pouvez vous rasseoir.
Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Oui. Merci.
J'aimerais, s'il vous plaît, qu'une copie de cette motion soit envoyée à
l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Ce
sera fait.
Maintenant, je reconnais un membre du deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Taschereau.
Demander
au gouvernement de respecter les principes de préservation du patrimoine et de
développement
durable dans ses projets
d'infrastructure
M. Grandmont : Mme la
Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec le leader de l'opposition officielle, le
député de Jean-Talon et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le
premier ministre s'est montré favorable à l'implantation d'un nouveau lien
autoroutier entre Québec et Lévis;
«Qu'elle rappelle que la protection du
patrimoine mondial de l'UNESCO est une responsabilité collective inaliénable et
qu'aucun projet d'infrastructure ne doit compromettre la préservation de cet
héritage exceptionnel;
«Qu'elle souligne également l'importance de
protéger les paysages uniques de l'île d'Orléans, qui font partie intégrante du
patrimoine visuel et culturel de la région de Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de
respecter les principes de préservation du patrimoine et de développement
durable dans ses projets d'infrastructure.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Consentement,
sans débat. M. le leader.
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, je vous demanderais un vote électronique.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Le
vote est maintenant ouvert.
Le vote est maintenant terminé. M. le secrétaire
général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 95
Contre : 0
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : La
motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Est-ce possible que la motion soit envoyée aux groupes
suivants : la ville de Québec, la MRC de L'Île-d'Orléans, la ville de
Lévis, la Communauté métropolitaine de Québec, la Commission de la capitale
nationale et la coalition Non au troisième lien?
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Ce
sera fait.
Je suis prête, maintenant, à entendre la motion
du député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le député de Pontiac, le député de Rosemont, le
député de Saint-Jérôme et la députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle la volonté
du gouvernement de mettre fin à l'omerta dans le réseau de la santé;
«Qu'elle reconnaisse que plusieurs employés
n'osent pas dénoncer des situations par peur de représailles pour leur emploi;
«Qu'enfin elle demande au gouvernement de mettre
en place les mesures pour favoriser la dénonciation sans risque de représailles
pour le personnel du réseau de la santé de toutes situations qui affectent les
services à la population ou leur sécurité.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Pas
de consentement.
Je suis maintenant prête à entendre la motion
d'un membre du groupe formant le gouvernement, et c'est la parole au ministre
de l'Éducation.
Réitérer que les élèves ont droit à un climat sain,
sans intimidation, sans violence et sans influence religieuse
M. Drainville : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de Bourassa-Sauvé, le député
de Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale
réitère que les élèves ont droit à un climat sain, sans intimidation, sans
violence et sans influence religieuse;
«Qu'elle rappelle que des événements comme ceux
qui se sont déroulés à l'école Bedford sont inacceptables au Québec;
«Que l'Assemblée nationale appuie l'intention du
gouvernement de légiférer afin d'éradiquer toute tentative d'introduire des
manifestations de nature religieuse ou des actes ou comportements relevant de
l'obscurantisme religieux ou toute autre forme de comportement ou de propos
sexiste, raciste, homophobe, transphobe ou discriminatoire dans les écoles
publiques québécoises.»
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Le
vote est maintenant ouvert.
La période du vote étant terminée, M. le
secrétaire général, pour le résultat des votes, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 93
Contre : 0
Abstentions : 0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Cette motion est adoptée.
Une motion sans préavis ayant été adoptée...
ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement,
je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion
sans préavis.
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Consentement.
Donc, M. le leader adjoint du gouvernement, donc, ce serait... Pardon, je vais
faire l'annonce. M. le whip en chef du gouvernement, s'il vous plaît.
Modifier
la composition de certaines commissions parlementaires
M. Laframboise : Merci, Mme la
Présidente. Conformément à l'article 129 de notre règlement, je fais
motion afin :
«Que la députée d'Abitibi-Ouest soit nommée
membre de la Commission de l'aménagement du territoire en remplacement du
député de Richelieu;
«Que le député de Masson soit nommé membre de la
Commission des finances publiques en remplacement du député de Maskinongé; et
«Qu'enfin, ces changements prennent effet
immédiatement.»
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Donc, M. le leader adjoint du gouvernement... Une motion sans préavis ayant
déjà été présentée par un groupe... par le groupe parlementaire formant le
gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une
autre motion sans préavis.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le leader adjoint du gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations particulières sur le projet de loi
n° 84
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et donc je demande le consentement pour déroger à
l'article 84.1 de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive
de consultations particulières donnant suite à une entente entre les leaders,
la députée indépendante de Vaudreuil, le député d'Arthabaska et le député de
Saint-Jérôme.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que l'Assemblée nationale entérine le mandat
donné à la Commission des relations avec les citoyens, dans le cadre de l'étude
du projet de loi n° 84, la Loi sur l'intégration nationale,
de procéder à des consultations particulières et de tenir
des auditions publiques le mardi 25 février 2025, de 9 h 45
à 12 h 25 et après les avis touchant les travaux des commissions vers
15 h 15 [jusqu'à] 19 h 20, le mercredi 26 février
2025 après les avis touchant les travaux des commissions vers 11 h 15
[jusqu'à] 12 h 50 et de 15 heures à 18 h 15, le
jeudi 27 février 2025 après les avis touchant les travaux des
commissions vers 11 h 15 [jusqu'à] 12 h 50 et de
14 heures à 16 h 25 et le mardi 18 mars[...], de
9 h 45 à 12 h 10 et après les avis touchant les travaux des
commission vers 15 h 15 [jusqu'à] 19 h 20;
«Qu'à cette fin, la commission entende les
personnes et organismes suivants : Gérard Bouchard,
Guillaume Rousseau, Institut de recherche sur le Québec, Guy Rocher,
sociologue, Commissaire à la langue française, Table de concertation des
organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, Union des
municipalités du Québec, Centrale des syndicats du Québec, Québec Community
Group Network, Culture pour tous, Vision Diversité, Société des musées du
Québec, Télé-Québec, l'Association des commissions scolaires anglophones du
Québec, Laboratoire de recherche en relations interculturelles de l'Université
de Montréal, [...] David Carpentier, professeur à l'Université d'Ottawa,
Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec, Assemblée des
Premières Nations du Québec et du Labrador, [...] Paul Eid, professeur à
l'Université du Québec à Montréal, Regroupement des Organismes en Francisation
du Québec, Mouvement laïque québécois, Droits collectifs Québec, Centre d'appui
aux communautés immigrantes, Confédération des Syndicats Nationaux,
Regroupement des festivals régionaux artistiques indépendants, Regroupement des
événements majeurs et internationaux, Union des artistes,
Complexe X-Immigration;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes pour le [...] gouvernement, 3 minutes 36 [...] pour
l'opposition officielle, 1 minute 12 [pour le] deuxième groupe
d'opposition, 1 minute 12 secondes pour le député indépendant;
«Que la durée maximale de l'exposé de chaque
organisme soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la
Commission soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 [...] pour le [...] gouvernement, 10 minutes 30
[...] pour l'opposition officielle, 3 minutes 30 [...] pour le
deuxième groupe d'opposition, 3 minutes 30 [...] pour le député
indépendant;
«Qu'une suspension de 5 minutes soit prévue
entre les échanges avec chaque [personne et] organisme;
«Que le ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration soit membre de ladite Commission pour la durée
du mandat.»
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le leader du gouvernement. Donc, nous serions... C'est adopté, oui, la...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
Merci.
Avis
touchant les travaux des commissions
Maintenant, nous serions à la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'alimentation et des ressources naturelles
va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des finances publiques va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 82, la Loi concernant
l'identité numérique nationale et modifiant d'autres dispositions, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de l'aménagement du territoire va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 86, la Loi visant à
assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité, aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Pauline-Marois;
La Commission des transports et de
l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 81, la
Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Pour ma part, je vous avise que la Commission spéciale sur les impacts
des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes se
réunira en séance de travail le mercredi 19 février 2025, de
7 h 15 à 8 h 45, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de procéder à la formation sur
l'encadrement légal et réglementaire des géants du Web.
Je vous avise également
que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en séance de
travail le mercredi 19 février 2025, de 8 heures à
8 h 30, à la salle RC.193, afin de statuer sur la possibilité
que la commission se saisisse des pétitions portant sur la construction de
l'urgence, des soins intensifs et du bloc opératoire au Centre hospitalier
Hôtel-Dieu d'Amos.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Nous en serions maintenant rendus à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je vous informe que demain, lors
des affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion
inscrite par M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale déclare que
l'imposition de tarifs à l'exportation sur l'aluminium québécois, tel que
proposée par le premier ministre du Québec, serait néfaste pour l'industrie
québécoise de l'aluminium et tout particulièrement pour l'économie de la région
du Saguenay—Lac-Saint-Jean.»
Affaires
du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 64 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Motions
du gouvernement
Reprise
du débat sur la motion proposant que l'Assemblée approuve la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne et ses États membres
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. À l'article 64, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt
aujourd'hui sur la motion de Mme la ministre des Relations internationales et
de la Francophonie proposant que l'Assemblée nationale approuve la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne et ses États membres.
Avant de céder la parole au prochain
intervenant, je vous informe qu'il reste 49 min 23 s au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 17 min 32 s au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle et 23 min 13 s au
deuxième groupe d'opposition.
Maintenant, M. le député de l'Acadie n'avait pas
terminé son intervention. Je lui cède donc la parole.
M. André
Albert Morin (suite)
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je disais, avant la pause d'à midi, l'importance de cette
entente pour permettre aux professionnels, en l'occurrence, ici, aux
architectes, de pouvoir accroître leur mobilité, servant ainsi et pouvant
visiter, voyager, travailler dans plusieurs pays européens, et vice versa,
donc, pour des Européens pouvant venir ici, au Canada. C'est l'objet même de
cette entente dont nous débattons aujourd'hui et dont le gouvernement a fait
motion. Je disais également... Et je référais à un article du Regroupement des
ordres d'architectes du Canada, qui traitait de l'accord Europe, Canada et
Québec, dans ce cas-ci, et qui soulignait, notamment en ce qui a trait aux
différents éléments de l'entente, que cette entente visait également la protection
des travailleurs et qu'elle permettrait aux architectes, que ce soient les
architectes du Québec ou les architectes membres de pays de l'Union européenne,
de pouvoir faire ces échanges.
Évidemment, l'accord prévoit certaines exigences
d'admissibilité de base, bien sûr, parce qu'évidemment un ordre professionnel
est là avant tout pour la protection du public. Et donc, pour que ça
fonctionne, un architecte de l'Union européenne ou du Québec doit être inscrit
et, bien sûr, posséder un permis d'exercice ou, autrement, il doit être... bien
sûr, être membre en règle de son organisme professionnel dans la juridiction où
il opère. On souligne également qu'il doit avoir une formation avec des années
d'expérience en architecture. Il doit pratiquer sa profession. Et évidemment il
doit avoir une connaissance des lois en lien avec l'architecture dans son pays,
bien sûr. Il doit aussi connaître les codes, les lois qui s'appliquent à
l'exercice de l'architecture dans le pays hôte, ce qui est aussi logique dans
les circonstances. Maintenant, ça va permettre la mobilité entre l'Union
européenne et le Québec. Et finalement, bien sûr, les architectes de l'Union
européenne qui voudront venir exercer au Québec devront, bien sûr, suivre
quelques heures de formation, parce qu'il y a, bien sûr, des règles
particulières dans le domaine de l'architecture au Québec.
Mais, ceci étant dit, Mme la Présidente, quand
on regarde l'entente dont nous débattons, cet après-midi, on voit qu'il s'agit,
à mon avis, d'un avantage pour les architectes du Québec, pour les architectes
de l'Union européenne, que ça va permettre une meilleure mobilité entre le
Québec et les pays de l'Union européenne. Et c'est la raison pour laquelle, Mme la Présidente, nous sommes en faveur de cette
entente et nous sommes en faveur d'approuver et d'appuyer la Décision
n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des qualifications
professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un accord de
reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne — dont
le Québec, évidemment, fait partie — et les États membres. Alors, nous
serons en faveur de cette motion. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix de la motion de Mme la ministre des Relations internationales et de
la Francophonie proposant que l'Assemblée nationale approuve la Décision n° 1/2024 du Comité mixte de la reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles du 10 octobre 2024 établissant un
accord de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles pour les
architectes dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne et ses États membres. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : En
conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée
nationale. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...à
ce stade-ci, je vous demanderais de suspendre jusqu'à l'annonce des débats de
fin de séance. À moins que vous ayez les débats de fin de séance en vos mains?
Et donc je vous demanderais de suspendre jusqu'à la tenue de ces débats, s'il
vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
je vous informe, effectivement, qu'un débat de séance se tiendra aujourd'hui, à
18 h 30. Ce débat portera sur une question adressée par M. le député
de Marguerite-Bourgeoys à Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie concernant la déclaration préoccupante du premier ministre qui
propose de taxer l'industrie québécoise de l'aluminium qui exporte aux
États-Unis.
Donc, j'ajourne les travaux... je suspends les
travaux, pardon, jusqu'aux débats. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 30)
(Reprise à 18 h 30)
Débats de fin de séance
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Tel
qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au débat de fin de
séance, qui portera sur une question adressée par M. le député de
Marguerite-Bourgeoys à Mme la ministre responsable de l'Habitation, en
remplacement de Mme la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie,
concernant la déclaration préoccupante du premier ministre qui propose de taxer
l'industrie québécoise de l'aluminium qui exporte aux États-Unis.
Je vous rappelle que, conformément à
l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont droit chacun à un temps de parole de cinq minutes,
et le député a ensuite le droit à une réplique de deux minutes.
M. le député, à vous la parole.
Négociations commerciales avec les États-Unis
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. D'entrée du jeu, je vais juste, peut-être, remémorer tout le
monde sur les paroles que le premier ministre a utilisées en Chambre, plus tôt
cet après-midi, lors de la question à propos de savoir pourquoi qu'il voulait
renégocier de façon prématurée l'accord Canada—Mexique—États-Unis. Et ce que le premier
ministre a dit, c'était ceci : «Il y a deux stratégies qui sont possibles.»
Je vais focusser sur ce qu'il a dit exactement, là. «Actuellement,
M. Trump ne respecte pas l'entente Canada—États-Unis—Mexique, donc, évidemment,
ça veut dire qu'il faut renégocier cette entente-là.»
Juste pour qu'on mette les choses en
perspective, là, la première entente Canada—Mexique—États-Unis, c'était M. Trump
qui l'a signée, et il ne respecte pas sa propre signature. Donc, moi, quand je
regarde ça, je me dis : O.K., là on semble être pressés, nous, de vouloir
renégocier ça parce qu'il ne la respecte pas. Ça fait que c'est comme... c'est
comme : La saucisse est fraîche parce que plus de monde en mange, plus le
monde en mange, la saucisse est fraîche. Il n'y a aucune
logique, là, en arrière de ça. La réalité, c'est qu'il ne respectera pas plus
une deuxième entente.
Donc, sur le terme spécifique de l'aluminium,
j'ai été quand même assez surpris d'apprendre que le premier ministre nous a
fait partager, en fait, là, son idée comme ça, à brûle-pourpoint, de tarifer
encore plus l'industrie de l'aluminium, sans avoir vérifié avec les gens de
l'industrie. Parce que c'est quand même une industrie qui est spécifique, le
marché de l'aluminium, c'est un marché qui est complexe, avec plusieurs
barrières d'entrée, ce qui fait en sorte que bouger cette industrie-là, c'est
extrêmement compliqué.
Donc, il n'y a aucune cible économique logique
qui va être atteinte en taxant nous-mêmes notre propre industrie. Donc, j'ai
posé la question, je voulais savoir si la CAQ, le premier ministre avait
l'intention, oui ou non, de taxer l'industrie de l'aluminium, au-delà des
tarifs de Donald Trump, pour essayer de faire bouger l'industrie à aller vers
d'autres marchés pour ses exportations. On n'a pas eu de réponse claire. Moi,
j'ai été assez abasourdi de voir que le premier ministre, là-dessus, et la
ministre de l'Économie, les deux, n'ont pas été capables de nous répondre
clairement, à savoir : oui ou non, les intentions sont là de se servir de
ce levier-là.
Moi, je comprends que le premier ministre veut
jouer dur... bien, essayer de jouer dur, mais, moi, ce que je préférerais,
comme j'ai mentionné en Chambre tout à l'heure, c'est qu'on joue de façon
intelligente. On a la Chambre de commerce des États-Unis, qui est probablement
le lobby le plus fort qui existe pour l'industrie, tout confondu, aux
États-Unis, et, avec eux, on a été capables d'avoir une excellente relation en
2017 pour, justement, faire la première monture de cet accord-là. Et ils sont
encore déjà présents, là, dans le marché, aux États-Unis, et ils veulent nous
aider. Donc, moi, je ne comprends pas pourquoi qu'on n'a pas développé plus de
relations avec eux.
L'industrie de l'aluminium, c'est la même chose.
On a une contrepartie là-bas. L'industrie du cuir, des métaux, des automobiles,
peu importe l'industrie, là, il y a... on a des contreparties de l'autre côté
de la frontière, on doit développer ces relations-là. C'est eux, le lobby,
c'est eux qui vont aller faire pression sur les élus locaux pour s'assurer que,
justement, on entende raison.
Mais le but ultime, ici, c'est d'essayer de
comprendre, en négociation 101, là, essayer de comprendre c'est quoi que
le premier ministre essaie d'obtenir, là, de la part du président, qui semble
être difficile d'avoir. On ne le sait pas, on ne le voit pas. Mais, chose
certaine, là, quand on regarde le calendrier américain, on comprend que ce que
M. Trump veut faire, c'est d'avoir la plus grosse sacoche possible, comme
Monique Jérôme-Forget a déjà eu, pour pouvoir donner des coupures dans les
impôts, pour pouvoir baisser les taxes aux contribuables. C'est ça, son objectif.
Donc, lui, ce qu'il veut, là, c'est de démontrer un objet doré,
superintéressant aux électeurs pour leur dire : J'ai été capable de
ramasser de l'argent avec les tarifs que j'ai imposés à tout le monde,
maintenant je veux vous payer une baisse d'impôt. Bien, ça, c'est dans le
calendrier, là, c'est dans les prochains mois qu'il va faire ça. Donc, si on a
une idée de l'horizon de temps, on est capables, on est capables de se faire
une tête, à savoir quelle va être la stratégie. La stratégie, c'est d'essayer
d'être capable de passer à travers cette période-là pour que, justement, la
pression soit sur les épaules du président américain.
Donc, d'offrir comme ça sur la place publique
qu'on est prêt à renégocier l'entente de libre-échange, qu'on est prêt à donner
des compromis sur l'aluminium, nos forêts, l'aéronautique avant même que les
demandes arrivent, c'est de se mettre les deux genoux à terre, Mme la
Présidente, et j'en suis vraiment...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la ministre.
Vous avez... Je vous rappelle que vous avez un temps de parole maximum de cinq
minutes.
Mme France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je tiens d'abord à saluer le collègue de
Marguerite-Bourgeoys, avec qui j'ai peu la chance de débattre. Et on me fait
remarquer que le collègue semble s'intéresser particulièrement aux actions que
prend notre gouvernement dans le cadre des menaces tarifaires de
l'administration Trump. Alors, non seulement le député se prévaut d'un débat de
fin de séance ce soir, mais, en plus, d'une motion du mercredi, demain, sur le
même sujet.
Alors, bien, toujours est-il qu'il me fait
plaisir d'être ici ce soir au nom de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie et pour parler d'un des atouts dont dispose le Québec dans
cette guerre tarifaire qui s'amorce, et j'ai nommé l'aluminium.
Mais, avant toute chose, je souhaite rassurer le
député de Marguerite-Bourgeoys à l'effet que notre gouvernement prend très au
sérieux les menaces du président Trump d'imposer des tarifs sur les produits
canadiens exportés vers les États-Unis. Notre préparation a commencé bien avant
son assermentation, puisque nous voulions nous assurer que les exportateurs
québécois continueraient de bénéficier d'un accès sans entrave au marché
américain. Plusieurs rencontres ont eu lieu avec des hauts responsables du gouvernement
fédéral, des représentants des autres provinces et territoires et nos
partenaires à l'étranger afin de nous assurer que toutes les mesures possibles
soient prises pour maintenir des échanges commerciaux sains et compétitifs
entre le Québec et les États-Unis. De plus, la ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie poursuit ses rencontres avec nos principales
entreprises exportatrices et la plupart de nos associations sectorielles.
Alors, notre gouvernement est donc pleinement
conscient de leurs préoccupations, et, Mme la Présidente, le député ne sera pas
étonné d'apprendre que, si des barrières commerciales sont imposées par les
États-Unis, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour soutenir les
entreprises québécoises qui seront touchées en vue de minimiser les impacts.
Maintenant, sur l'aluminium, le secteur de
l'aluminium est stratégique pour l'économie québécoise. D'ailleurs, les cinq députés de la Coalition avenir Québec de la région
pourraient vous le confirmer. En effet, l'aluminium fait partie de la liste des
métaux critiques et stratégiques, et sa filière soutient près de
30 000 emplois bien rémunérés, répartis dans quelque
1 700 entreprises partout au Québec.
Aussi, grâce aux actions de notre gouvernement,
les prochaines années s'annoncent prometteuses, notamment grâce au
développement de la technologie de rupture d'électrolyse d'aluminium sans
émissions de gaz à effet de serre, j'ai nommé ELYSIS. Je fais ici une courte
parenthèse pour rappeler que la ministre de l'Économie et la ministre
responsable de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean ont annoncé un investissement de
plus de 14 millions dans cette technologie en janvier dernier. Toute la
région avait alors souligné l'excellente nouvelle.
Alors, l'aluminium, Mme la Présidente, a le
potentiel d'engendrer des retombées économiques importantes puisque l'aluminium
figure en tête de liste des principaux produits d'exportation du Québec. C'est
plus de 9 milliards en 2023, derrière l'aérospatiale. Finalement, saviez-vous
que l'aluminium produit au Québec est doté de l'empreinte carbone la plus
faible au monde grâce à notre hydroélectricité? Alors, il faut être fiers de
ça, Mme la Présidente.
• (18 h 40) •
Les États-Unis auront beaucoup de difficultés à
se passer de nous, surtout s'ils ne souhaitent plus importer d'aluminium de la
Chine. Alors, pourquoi? Parce que le Québec produit 75 % de tout
l'aluminium primaire en Amérique du Nord. Le premier ministre et la ministre de
l'Économie ont parlé à plusieurs reprises avec nos grands producteurs
d'aluminium ainsi qu'avec les associations qui représentent l'industrie. Tous
sont d'accord pour dire que les exportations du Québec dans ce secteur sont
irremplaçables. On exporte 2,9 millions de tonnes d'aluminium vers les
États-Unis chaque année, soit 60 % de leurs besoins.
Alors, c'est totalement insensé de mettre des
tarifs sur des produits comme l'aluminium, pour lesquels les États-Unis sont
incapables de répondre à leurs propres besoins. Les États-Unis s'appuient sur
de nombreuses entreprises et secteurs d'activité du Québec pour plusieurs de
leurs chaînes d'approvisionnement d'importance. Les contrecoups subis par les
Américains avec l'imposition de tarifs...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : En
terminant.
Mme Duranceau : ...de hausse de
prix...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme
la ministre, je suis obligée de vous arrêter, puisque votre temps de parole est...
est écoulé, pardon, et je dois être juste envers tout le monde. M. le député,
je vous cède la parole pour une durée maximum de deux minutes.
M. Frédéric Beauchemin (réplique)
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, oui, effectivement, je suis d'accord avec la ministre,
c'est insensé d'imposer des tarifs sur le secteur de l'aluminium pour les
Américains. C'est insensé d'imposer des tarifs sur le secteur de l'aluminium
pour le Québec, pour notre industrie, pour les gens de la région du Saguenay.
C'est pour ça, Mme la Présidente, que j'ai été abasourdi quand j'ai entendu le
premier ministre réfléchir à haute voix qu'il était sur l'idée comme quoi que
ce serait une bonne affaire d'imposer des tarifs additionnels à notre industrie
de l'aluminium pour les motiver à changer de marché, de diversion... Je n'ai
aucune espèce d'idée c'était pourquoi. C'était quelque chose qui n'avait même
pas été vérifié avec les gens de l'industrie.
Donc, j'ai posé la question tantôt en
Chambre : Oui ou non, va-t-on taxer de façon additionnelle l'industrie de
l'aluminium? Aucune réponse claire de la part du premier ministre, aucune
réponse claire de la part du gouvernement. Mme la Présidente, force est de
constater que... peut-être que, ce qui est arrivé à ce moment-là, le premier
ministre était en train de spéculer, sur la place publique, quelles allaient
être les intentions, mais, chose certaine, ce n'est pas en taxant notre propre
aluminium qu'on va être capables de pouvoir s'assurer l'ouverture de nos
marchés parce que, toutes choses étant égales par ailleurs, si on taxe notre
aluminium, notre aluminium va être plus cher tout partout.
Donc, Mme la Présidente, il n'y avait pas de
logique. Il n'y avait pas de commentaire qui suivait la logique économique de
la part du premier ministre là-dessus. Puis, il faut comprendre, si on décide
d'envoyer notre aluminium à l'extérieur du marché américain, bien, c'est un
marché qui est équilibré, le marché européen ou le marché du Moyen-Orient va
envoyer son aluminium... ou même la Russie, là, qui, soudainement, va peut-être
être libre de pouvoir transiger avec les Américains, envoyer son aluminium vers
les États-Unis. On va retrouver l'équilibre. Donc, Mme la Présidente, je n'ai
pas entendu la réponse à ma question, malheureusement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Ceci met fin aux débats de fin de séance.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, les travaux sont
ajournés au mercredi 19 février, 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 44)