(Neuf
heures quarante minutes)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Mesdames messieurs, bonjour. Vous pouvez prendre
place.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
sommes à la... à la rubrique, pardon, Déclarations de députés, et je cède
maintenant la parole au député de Saint-Jean.
Rendre hommage à
M. Gérard Bisaillon
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : Mme la Présidente, j'ai
eu l'honneur, samedi soir, de remettre la Médaille du député de l'Assemblée
nationale au père Noël de Saint-Blaise-sur-Richelieu.
Gérard Bisaillon,
même s'il n'a pas la barbe blanche et le costume rouge, est un vrai père Noël,
parce que c'est beaucoup grâce à lui si ceux et celles, à Saint-Blaise, qui ont
faim peuvent manger, et pas seulement au lendemain de la distribution des
paniers de Noël, mais à longueur d'année.
Ancien
conseiller municipal de Saint-Blaise et ancien maire aussi, M. Bisaillon
dispose d'une sorte de bas-côté dans
le garage municipal où il entrepose la cueillette de la guignolée annuelle et
ce qu'il achète en solde avec les fonds qui lui sont confiés. Samedi
soir, au souper de reconnaissance des bénévoles de Saint-Blaise, je disais que,
si M. Bisaillon est le père Noël, c'est parce qu'ils sont tous, eux, ses
lutins, et parce que c'est ça, prendre soin.
D'ailleurs,
Mme la Présidente, à tous mes concitoyens du comté de Saint-Jean, joyeuses
fêtes à tous. Et prenez bien soin de vous, des vôtres et des autres.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. Je cède maintenant la parole à la députée de
Bourassa-Sauvé.
Souligner le 20e anniversaire
de l'organisme Un itinéraire pour tous
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Mme la Présidente, je
suis heureuse de souligner aujourd'hui les 20 ans d'existence d'Un
itinéraire pour tous, un organisme bien ancré dans ma circonscription de
Bourassa-Sauvé.
Fondé
en 2004, Un itinéraire pour tous a pour mission de soutenir le développement
social et la lutte à la pauvreté dans Montréal-Nord. À cette fin, cet
organisme offre des services de relation d'aide, et agit notamment en matière
de persévérance scolaire et de prévention de la violence chez les jeunes.
Un
itinéraire pour tous sait rassembler, réchauffer les cœurs et redonner le
sourire aux différentes communautés, familles et jeunes qui composent
Bourassa-Sauvé grâce à ses multiples activités visant à développer un milieu
misant sur l'appartenance à la communauté, la participation sociale, l'entraide
et l'intervention de proximité.
Cet organisme s'est
démarqué par son approche humaine et proactive face aux enjeux qui surviennent
à l'occasion sur notre territoire. Pas étonnant donc qu'Un itinéraire pour tous
impressionne par sa capacité mobilisatrice hors pair et le profond sentiment
d'appartenance qu'éprouvent nos jeunes à son égard.
Je tiens profondément
à souligner le travail d'Un itinéraire pour tous, équipe menée de main de
maître par M. le directeur, Ousseynou Ndiaye.
Bon
20e anniversaire à tous!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. C'est maintenant au tour de la députée de Laporte.
Souligner le 45e anniversaire
du Club FADOQ Greenfield Park
Mme Isabelle
Poulet
Mme Poulet : Merci, Mme la Présidente.
Alors, je souligne le 45e anniversaire du Club FADOQ Greenfield Park,
un organisme qui a un impact majeur sur la vie de plusieurs personnes de notre
communauté.
L'organisme a pour
mission d'offrir des services et de développer le mieux-être de ses
508 membres, sous la présidence d'une
dame chaleureuse et sympathique, Mme Diane Poli, et des membres du conseil
d'administration, ayant tous des valeurs de bienveillance et d'entraide.
Le club a grandi en
ayant comme préoccupation d'offrir un haut niveau de standard dans ses
services.
Il offre notamment des
activités culturelles, éducatives, sociales et sportives pour répondre à divers
besoins et contribue à briser l'isolement
des personnes âgées. Ces activités permettent aux membres de s'épanouir et de
socialiser dans un climat amical et convivial.
Sachez que la danse en ligne est très populaire.
Leur slogan Entrez dans la danse! est donc tout approprié pour la FADOQ
Greenfield Park.
Je tiens à remercier et à féliciter toutes les
personnes qui se sont impliquées durant ces 45 dernières années. Et je
leur souhaite longue vie. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée de Laporte. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-Henri... Sainte-Anne, pardon.
Souligner le 50e anniversaire de l'organisme
Action-Santé de Pointe-Saint-Charles
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Exactement.
Merci, Mme la Présidente. Je souhaite aujourd'hui souligner le
50e anniversaire de l'organisme Action-Santé de
Pointe-Saint-Charles.
Dans ma
circonscription, il existe un espace sans préjugé où des personnes vivant avec
différents enjeux de santé mentale peuvent recevoir une aide
psychologique importante. À travers des interventions et des activités
favorisant le développement d'un lien de confiance, l'appropriation du pouvoir
et l'amélioration de leur qualité de vie, les personnes fréquentant Action-Santé Pointe-Saint-Charles acquièrent des
connaissances et des habiletés leur permettant de reprendre le contrôle
sur leur vie.
Face à
l'augmentation du nombre de personnes vivant avec des problématiques de santé
mentale, il est rassurant de savoir qu'une ressource alternative et
communautaire telle qu'Action-Santé existe pour briser l'isolement grâce au
soutien social.
Enfin,
j'invite mes collègues à se joindre à moi pour saluer le travail exceptionnel
d'Action-Santé de Pointe-Saint-Charles et leur souhaiter un très joyeux
50e anniversaire. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Rivière-du-Loup-Témiscouata.
Souligner le 60e anniversaire du Camp Richelieu Vive la
joie
Mme Amélie Dionne
Mme Dionne : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens à souligner en cette Chambre aujourd'hui, le
60e anniversaire du Camp
Richelieu Vive la joie, un lieu emblématique qui a marqué plusieurs
générations. Je souligne aussi la présence dans les tribunes de Mme Rioux,
directrice générale, M. Vivel, directeur adjoint, et Mme Rioux,
présidente.
Le camp a été créé en 1964 par l'abbé Ronald
Landry et le Club Richelieu à Saint-Modeste, sur les anciennes terres de mon grand-père, Prudent Dionne.
Saint-Modeste... Aujourd'hui, on lui reconnaît un parcours exceptionnel,
passant par des moments de croissance, d'adaptation et de renouveau.
Grâce à une vision commune des équipes et du conseil d'administration, le camp
s'est modernisé et a su diversifier son offre pour répondre aux besoins des
jeunes. Ce n'est pas seulement un lieu de vacances de plein air, c'est aussi un
endroit où des liens d'amitié se tissent, où des valeurs de solidarité et de
dépassement de soi sont transmises.
Félicitations
et merci à tous ceux et celles qui, depuis 60 ans, contribuent à en faire
un véritable joyau pour les jeunes! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Robert-Baldwin.
À l'occasion des 12 jours
d'action contre les violences faites aux
femmes, souligner la participation de Dee Joyce à la campagne
de sensibilisation avec le projet musical Garçon
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Durant cette période des 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes, je tiens à saluer un
projet de sensibilisation porteur d'espoir intitulé Garçon, une oeuvre
musicale de sensibilisation contre la violence conjugale et l'impact de
cette violence sur les enfants.
C'est avec
fierté que j'ai accepté de marrainer ce projet qui inspire le dialogue et le
changement. C'est l'initiative de Dee
Joyce, un artiste québécois de grand talent et d'une profonde humanité. Dee
Joyce, par ses paroles, livre un message personnel de son vécu, ayant
grandi dans la violence. Son hommage touchant à sa mère et son témoignage
personnel résonnent avec force.
Brisons
le silence et donnons aux femmes le courage de briser le cycle de la violence.
Vous et vos enfants méritent beaucoup mieux.
En cette
période de réflexion et d'action, je remercie Dee Joyce et toute son équipe
pour ce projet et leur engagement. Ensemble, bâtissons un avenir où
chaque femme, chaque enfant peut vivre en sécurité et en toute dignité. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Saint-François.
Rendre hommage à Mme Jocelyne Gagnon
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Mme
la Présidente, le transport adapté collectif et interurbain Acti-Bus est en
deuil dans la région de Coaticook. Sa directrice générale, Mme Jocelyne
Gagnon, a rendu l'âme prématurément le 22 octobre à l'âge de 62 ans.
Si on a un
système de transport en commun dans la MRC de Coaticook, c'est grâce à cette
bâtisseuse qui a été à la barre d'Acti-Bus pendant 43 ans.
Elle figure aussi, avec sa mère, Mme Anita
Gagnon, et avec Mme Thérèse Marcoux, parmi les fondateurs des
Troubadours de la vie, un organisme qui offrait des activités à des personnes
en situation de déficit intellectuel.
Dès le début
de mon élection, en 2018, j'ai travaillé avec Mme Gagnon pour développer
et rehausser le financement du
transport en commun régional. Je vais conserver précieusement le souvenir d'une
femme droite, dévouée, une femme au grand coeur, innovatrice, fonceuse
et engagée pour le bien de sa communauté.
Mme la
Présidente, j'offre mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses
proches, dont une partie des membres sont ici, dans les tribunes,
aujourd'hui. Alors, merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la députée de Bonaventure.
Rendre hommage à M. Hervé Leblanc
Mme Catherine Blouin
Mme Blouin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de célébrer un homme
exceptionnel non seulement pour ses exploits sportifs, mais aussi pour
son rôle déterminant dans la vie sportive et communautaire de la
circonscription Bonaventure. Il s'agit de M. Hervé Leblanc.
À 85 ans, M. Leblanc est un modèle de
dévouement. Si ses récentes performances aux championnats du monde des maîtres
en Suède sont impressionnantes, avec une médaille d'or au 10 et au cinq
kilomètres de marche athlétique, son impact local va bien au-delà des podiums.
Dans la baie des Chaleurs, M. Leblanc a
également été un pionnier dans le développement du ski de fond. En initiant autant les enfants que les adultes, il a
su mettre en lumière ce sport d'hiver, notamment par ses judicieux conseils et
ses encouragements.
M. Leblanc est un exemple qui nous prouve
qu'on peut continuer à se dépasser à tout âge.
Alors, aujourd'hui, nous célébrons surtout son
immense contribution à la vie sportive de la Gaspésie. Merci, M. Leblanc, pour votre détermination, votre
générosité et pour avoir si souvent mis votre passion au service des autres.
Vous êtes un véritable modèle pour toute la région. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole au député de Portneuf.
Rendre hommage à Mme Katerine Savard
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci,
Mme la Présidente. Une icône sportive originaire de Pont-Rouge a tiré sa
révérence. C'est la nageuse Katerine Savard, qui a brillé dans les bassins
pendant tant d'années. 34 médailles obtenues lors de compétitions internationales, trois participations aux Jeux
olympiques, une fois médaillée, quatre fois championne du monde avec l'équipe
de relais canadien. C'est l'une des plus grandes nageuses de l'histoire du
Québec.
Aujourd'hui,
cette spécialiste du 100 mètres papillon ne cesse pas de voler, mais
change simplement de direction. Katerine
laisse derrière elle des performances époustouflantes pour poursuivre une carrière
dans l'enseignement et comme entraîneuse auprès de jeunes nageurs.
Katerine, que
ce soit sur les bancs de l'école ou dans la piscine, je sais que vous allez
nourrir la passion et les rêves de la
jeunesse québécoise. Vous avez toute mon admiration, celle des Portneuvoises et
des Portneuvois et celle du Québec. Vous nous avez fait vibrer pendant
tant d'années, vous nous rendez fiers. Merci, et un immense bravo.
(9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
au député de Mégantic.
Souligner l'engagement et le travail des bénévoles et des
organismes
communautaires de la circonscription de Mégantic
pendant la période des fêtes
M.
François Jacques
M. Jacques :
Merci, Mme la Présidente. Dans quelques semaines, nous nous réunirons avec
nos familles et nos amis et nous partagerons avec eux de bons moments.
Cependant, il est important de se rappeler que, pour beaucoup, cette période
peut représenter de la solitude, des difficultés financières ou même de la
détresse émotionnelle.
C'est
pourquoi je veux souligner l'engagement et le travail assidu de tous les
bénévoles, employés et organismes communautaires de ma circonscription qui vont
veiller sur la communauté durant la période des fêtes. Que ce soit dans la MRC
du Granit, dans le Haut-Saint-François, dans le sud des Appalaches ou à Stoke,
des dizaines d'organismes sont à l'oeuvre pour soutenir les gens et
combler les besoins des familles en situation de vulnérabilité.
Je
veux donc dire merci à tous ces gens pour qui l'esprit des fêtes est avant tout
un esprit de partage et de générosité.
J'en profite
également pour souhaiter une belle période des fêtes et une heureuse nouvelle
année à tous mes concitoyens. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Vachon.
Souligner
l'inauguration d'une nouvelle école primaire à Saint-Hubert
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci à mes collègues. Aujourd'hui,
c'est avec une immense fierté que je souligne l'arrivée d'une école combinée à
Saint-Hubert réunissant l'école des Mille-Sports et l'école Parc-des-Glaïeuls.
Le 11 novembre
dernier, nous avons célébré l'inauguration officielle de ce projet ambitieux
inscrit dans le cadre des nouvelles générations des écoles. Avec une capacité
d'accueil de 652... 652 élèves, pardon, cette école offre aujourd'hui aux
jeunes de Vachon un établissement qui est moderne et innovant. Cette école a
été possible grâce à un investissement de plus de 45 millions, financé par
le ministère de l'Éducation du Québec. Et, Mme la Présidente, cette école, elle est super belle. École sur trois
étages, des locaux qui sont modernes, qui sont communicants, les jeunes peuvent
travailler ensemble. Beaucoup de fenêtres, même dans le gymnase, Mme la
Présidente. C'est une superbe école avec une cour d'école qui est accessible à
toute la communauté, avec des tables de ping-pong.
Alors,
moi, ça me donne foi pour l'avenir, Mme la Présidente. Je suis persuadé que
cette école va être une source de réussite pour nos jeunes. Bravo!
Félicitations! Mme la Présidente, merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
9 h 54)
(Reprise à 10 h 06)
La Présidente :
Bonjour, tout le monde. Vous êtes
nombreux, ce matin. Bienvenue chez vous. Le parlement du Québec, c'est
chez vous.
Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Déclarations ministérielles
À
la rubrique Déclarations ministérielles, Mme la ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor.
Révision du régime de négociation des conventions
collectives
des secteurs public et parapublic
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci,
Mme la Présidente. Le régime de négociation des conventions collectives des
secteurs public et parapublic a été instauré
en 1985. Il est mieux connu sous le nom de loi 37. Son adoption trouve ses
origines dans le rapport
Martin-Bouchard, présenté en 1978 par Me Lucien Bouchard et M. Yves
Martin. Il convient de rappeler que les années 70 furent marquées
par de nombreux conflits de travail dans les secteurs public et parapublic, ce
qui a fortement influencé la création de ce régime, toujours en vigueur près de
40 ans plus tard.
En tant que présidente du
Conseil du trésor, j'ai eu le privilège de diriger deux rondes de négociation.
Le contexte actuel, il faut le dire, est bien différent de celui de l'époque.
J'ai pu constater que les règles actuelles ne répondent plus du tout aux
réalités d'aujourd'hui et qu'elles s'avèrent beaucoup trop lourdes. Le marché
du travail a évolué, les relations de travail se déploient dans une nouvelle
dynamique, et l'économie s'est transformée.
Au cours des 40 dernières années, la Cour
suprême a redéfini la notion de liberté d'association, influençant ainsi le
cadre des relations de travail. De plus, le modèle traditionnel de négociation,
axé principalement sur la question des salaires, ne reflète plus du tout les
préoccupations des employés ni les priorités gouvernementales. C'est pourquoi il est devenu nécessaire de réviser en profondeur
le régime de négociation des conventions collectives des secteurs public
et parapublic.
Plusieurs objectifs guideront cette réforme. Il
faut d'abord simplifier la structure de négociation. La division actuelle,
entre plusieurs paliers, ne permet pas du tout une discussion globale sur les
enjeux cruciaux pour la population, notamment
l'organisation du travail. Nous avons besoin d'un cadre plus souple pour
aborder efficacement ces questions, et ce, dans tous nos secteurs, que
ce soit l'éducation, le collégial, la fonction publique, la santé et les
services sociaux.
Il faut revoir la gouvernance patronale. Une
meilleure définition des rôles et responsabilités des intervenants patronaux est nécessaire pour éviter les
incohérences. Nous souhaitons ainsi renforcer la vision globale du gouvernement
sur les priorités qu'il détermine en fonction des besoins de la population.
Il faut adapter également le régime à la
transformation du réseau de la santé. Par la réforme que nous proposerons, Santé Québec disposera d'outils plus
efficaces pour améliorer l'accès des soins de santé pour les Québécois. Le régime de négociation actuel n'est notamment
pas adapté à la réalité d'un employeur unique dans le réseau. À cet effet,
une des clés nous apparaît d'éviter des
changements qui provoqueraient un maraudage ou des changements majeurs dans
les accréditations.
• (10 h 10) •
Mme la Présidente,
la loi 37, instaurée il y a plusieurs décennies, reflète des dynamiques
économiques, sociales et organisationnelles
d'une autre époque. De plus, les besoins des employeurs et des employés ont
évolué, que ce soient les attentes
des plus jeunes générations en matière de conditions de travail, l'importance
croissante de la conciliation entre la vie personnelle et le travail ou
l'avènement des nouvelles technologies dans les milieux de travail.
Les citoyens sont en droit d'avoir des services
publics efficaces et de haute qualité. Cependant, un régime de négociation
rigide empêche l'adaptation rapide aux besoins changeants de la société, ne
citons que le vieillissement de la population ou bien encore la place
prépondérante qu'occupe maintenant toute la question de la santé mentale.
En résumé, le
cadre actuel manque d'agilité et ne favorise pas nécessairement des règlements
rapides. Les divers acteurs impliqués sont forcés de suivre un processus
rigide qui passe par des étapes obligatoires qui ne contribuent pas toujours à
la discussion.
Tout cela, Mme la Présidente, peut donner
l'impression aux gens que la structure l'emporte sur les enjeux qui les préoccupent. Les perceptions qui en découlent
sont nuisibles pour la cohésion sociale. Elles dépeignent un portrait sombre
des réalités terrain, alors que nous avons
des milieux de travail d'une richesse extraordinaire dont nous devons être
fiers.
Notre gouvernement aura donc le courage de
procéder à cette réforme majeure. À terme, elle contribuera à rendre l'État
plus efficace, ainsi qu'à une gestion plus saine des finances publiques.
Mme la Présidente, j'annonce donc à cette
Assemblée mon intention de déposer un projet de loi visant à moderniser le régime de négociation des
conventions collectives. Ce nouveau cadre devra répondre aux enjeux actuels
tout en préservant un équilibre dans les relations entre employeurs et
syndicats. Merci, Mme la Présidente.
(Applaudissements)
La Présidente : Merci, Mme la
ministre. Et, à cette étape-ci, les députés ont le droit d'applaudir.
Je cède maintenant la parole à la députée de
Saint-Laurent.
Mme
Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Permettez-moi
d'analyser un petit peu le discours de la présidente du Conseil du
trésor.
Je
cite : «Le contexte actuel est bien différent de celui de l'époque.»
Quelle époque? Celui où est-ce qu'ils nageaient sur les surplus avant de
les dépenser sans compter?
«J'ai pu constater que les règles actuelles ne
répondent plus aux réalités d'aujourd'hui, qu'elles s'avèrent trop lourdes.»
Négocier de bonne foi, c'est trop lourd? De faire des négociations intensives,
pendant qu'ils ont laissé les enfants à la maison pendant cinq semaines, c'est
trop lourd? Négocier la fin de semaine, c'est trop lourd?
«Au cours des
40 dernières années, la Cour suprême a redéfini la notion de liberté
d'association.» Que veut-elle dire exactement? Qu'elle veut, en fait,
avoir le pouvoir d'imposer une loi spéciale. Qu'elle le dise clairement. «Notre modèle traditionnel axé sur la
gestion des salaires ne reflète plus les préoccupations des employés.» Je pense
qu'on a manqué une méchante partie, au gouvernement. Les enseignants qui sont
venus, avec Josée Scalabrini, avec des codes
de couleur, ils parlaient de quoi? Pas des salaires, de la gestion de classe,
parce qu'on n'a jamais eu autant d'enfants avec des besoins particuliers
dans nos écoles. Tout le monde l'a entendu, le message, sauf le gouvernement.
Citons toujours la présidente du Conseil du
trésor. «Les citoyens sont en droit d'avoir des services publics efficaces et de haute qualité.» Tout le monde est
d'accord. Même le ministre de la Santé, il dit : On n'en a pas pour votre
argent. Comment peut-elle expliquer, six ans plus tard, leur incapacité
chronique à livrer ces fameux services?
«Tout
cela peut donner l'impression aux gens que la structure l'emporte sur les
enjeux qui les préoccupent.» J'ai le goût d'applaudir. Pourquoi, en six ans, on
a eu ldroit à deux réformes de gouvernance, de structure en éducation? Pourquoi
qu'on a eu droit à une réforme de gouvernance et de structure en santé?
Pourquoi qu'on a le droit, maintenant, à une autre réforme de structure en
transport? C'est ça qui brime la réputation, c'est leurs propres actions, pas
ceux des citoyens, pas ceux des travailleurs de la fonction publique.
Elle ajoute :
«Elles dépeignent un portrait sombre de la réalité terrain, alors que nous
avons des milieux de travail d'une richesse
extraordinaire.» Qu'elle dise ça à la vice-première ministre du Québec, qui a
dit qu'il n'y en a pas... il n'y a pas d'expertise au ministère du
Transport pour le transport collectif, c'est pour ça qu'il faut créer une
agence. Qu'elle le dise à la vice-première
ministre. On sait qu'elle, elle a une grande estime, évidemment, d'elle-même,
très peu pour la fonction publique, très peu pour la fonction
publique...
Des voix : ...
La Présidente :
Je suis debout. Je suis debout.
On garde le silence. Je vais reconnaître le leader du gouvernement.
Brièvement. Quelle est votre question et votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, notre
règlement s'applique même durant les déclarations ministérielles. Je
pense que la députée de Saint-Laurent devrait s'excuser à la vice-première
ministre. Ça manque de classe.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Nous allons poursuivre. Je vous rappelle
simplement de...
Des voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! J'entends les
commentaires. C'est moi qui parle, vous vous taisez. Maintenant, je vous invite
au respect, les uns les autres. Ce moment-ci est solennel. Nous devons nous
respecter, faire attention aux propos. Vous
vous adressez à la présidente. Vous avez tout votre temps. Poursuivez, Mme la
députée, mais demeurons respectueux.
Mme Rizqy : Oui.
Bien, moi, je cite le texte. La richesse de ceux qui travaillent pour la
fonction publique, nous, on la connaît, mais
la vice-première ministre a quand même jeté en dessous de l'autobus non
seulement la fonction publique, mais même son prédécesseur, pas plus
tard qu'hier. Maintenant, avec la Coalition...
Des voix : ...
Mme Rizqy :
Donc, si on...
La
Présidente : Non. Excusez-moi. M. le leader, quel est votre rappel au
règlement? Brièvement, je vous prie.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, on
tient... les propos qui viennent d'être tenus, «jeté en dessous de l'autobus»,
ce n'est pas acceptable de parler d'un collègue comme ça...
La Présidente :
Alors, vous allez me permettre de
trancher. On parle aussi, ici, de la critique de la... du gouvernement.
Alors, j'aimerais entendre la suite. Et demeurons respectueux. Il vous reste du
temps, Mme la députée.
Mme Rizqy : En
quoi ce fameux futur projet de loi va aider les Québécois à ne pas attendre
20 heures une ambulance, à Québec? En quoi ce projet de loi va aider pour
s'assurer que ce ne soit pas un agent de sécurité qui fasse le triage dans un hôpital? En quoi que ça, ça va
aider à s'assurer que, justement, on ait un agent de sécurité, au CHUL de
Québec, pour l'unité de psychiatrie? Parce
qu'il n'y a pas d'argent, on l'a coupé, Mme la Présidente. En quoi ça va aider
nos profs en francisation qui sont dans la rue parce que leurs jobs aussi ont
été coupées?
Tout ça, on n'aura
pas plus de services ni en santé ni en éducation. Pas plus tard qu'hier, les
agents de détention étaient dans la rue
parce que leur emploi est à risque. Il y en a un, en ce moment, qui est
malheureusement dans le coma. Nous,
on espère, au Parti libéral du Québec, que vous entendez le message. Ce n'est
pas des structures qu'on a besoin, c'est des services.
La
Présidente : Merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant le député
de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal :
Merci, Mme la Présidente. Il y a une première à tout. C'est la première fois,
en plus de six ans que je siège ici, que j'ai à répondre à une déclaration
ministérielle. J'ai même dû demander à mon leader : Ça mange quoi en
hiver? Qu'est-ce que je fais? Qu'est-ce que je dis?
Je n'irai pas aussi loin et en profondeur que ma
collègue de Saint-Laurent, parce que nous sommes devant un énoncé d'intention,
ici, que je reçois, que je reçois. Il est vrai que les lois qui datent de plus
de 30, 40 ans doivent être revues à l'occasion, c'est vrai.
Je sais que la présidente
du Conseil du trésor sort par ailleurs d'un marathon de négociations. Ça ne
paraît pas tout le temps, puis je vais être
bon joueur, j'ai connu pas mal de présidents et de présidentes du Conseil du trésor, ce n'est pas le poste le plus
glamour — je
vais me faire reprocher l'anglicisme, là — le plus... le plus flamboyant, le plus flamboyant,
mais je sais, puis notez, notez, je sais que la présidente du Conseil du trésor
travaille très fort. Je la vois très tôt le matin ici, je la croise très tard le soir. Je le sais, qu'elle travaille très
fort et qu'elle ne sait pas toujours les mérites de ces négociations.
Puis, à sa face même, les dernières négociations
ont été longues et difficiles, ardues, avec des tiraillements, ce qui est nécessaire,
puis ce qui est nécessairement ce qu'on voit toujours, dans toutes les
négociations, mais à la fin les résultats ne sont pas si mal, je dois le dire,
je dois le dire, ils ne sont pas si mal. C'est vrai qu'on a dû...
Des voix : ...
M. Marissal : Quand je parlais...
Quand je parlais de première, quand...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous plaît!
Article 32. Je suis debout. On écoute le député de Rosemont.
• (10 h 20) •
M. Marissal : ...première, c'est la
première fois que je me fais applaudir par les gens de la CAQ.
Mais les
négociations ont été longues et difficiles. Puis ce qu'on nous disait souvent,
de la partie syndicale, et pas juste les représentants et les représentantes
syndicaux, mais les employés, souvent les gens disaient : On a de la
misère à avoir des répondants en face, au gouvernement, puis il faut
être deux pour danser, il faut être deux pour danser.
Alors, si on
revoit la façon de négocier, moi, ma balise ultime, ma balise primaire, c'est
les services aux concitoyens, aux concitoyennes, qui paient des impôts,
qui s'attendent à avoir des services. Si on va dans ce sens-là, je serai là
pour accompagner la ministre dans son projet de loi qu'elle nous annonce
aujourd'hui.
La bonne foi se présume, la bonne foi se
présume, mais le doute est permis. J'entends parfois, de l'autre côté, un discours que moi, j'associe à une critique
contre-productive du mouvement syndical. Le premier ministre le dit souvent, il
nous reproche souvent d'être sur les lignes de piquetage, comme si c'était une
tare, pour un élu, que d'être avec les gens qui nous donnent les
services au moment où ils ont le plus besoin de notre soutien. Moi, je tire une
fierté d'être sur les lignes de piquetage quand il y a, par exemple, des profs
qui sortent en disant : On a de mauvaises conditions de travail. Et, de fait, les profs ont de mauvaises conditions
de travail, au Québec. Alors, je me fais une fierté d'être avec eux et avec
elles, je me fais une fierté d'aller
discuter avec les infirmières, les préposés aux bénéficiaires, quand ils sont
dans la rue, pour dire : On travaille dans des conditions qui sont
difficiles, qui sont parfois inhumaines. Puis, de toute façon, vous
savez comme moi que, dans le domaine de la santé, avec la loi sur les services
essentiels, le droit de grève, là, c'est une
vue de l'esprit, les moyens de pression sont particulièrement limités. Alors,
si en plus on leur reproche d'aller dans la rue pour faire entendre leur
plaidoyer, je pense qu'on a un problème, un problème de transparence et de
démocratie.
Alors,
j'accueille ce que la ministre met sur la table, la présidente du Conseil du
trésor met sur la table aujourd'hui. On
va l'étudier à son mérite. Je sais que la présente convention collective
s'applique, même si Santé Québec vient d'être instaurée, ce sera
pour la prochaine fois, donc il y a du temps devant nous, mais, je le dis et je
le redis, en ce qui nous concerne, c'est
d'abord et avant tout les services publics de qualité. Ça passe par
l'attraction de notre personnel. Ça passe par la rétention de notre
personnel. Puis, ça aussi, il va falloir avoir le courage, un jour, de le
regarder en face, parce qu'on a un gros
problème d'attraction et on a un gros problème de rétention, puis on n'y
arrivera jamais, à donner nos services publics
à la hauteur des impôts qu'on paie, si on n'est pas capables de régler ça.
Alors, j'attends le projet de loi avec impatience.
La Présidente : Merci, M. le
député de Rosemont. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Discussion globale,
cadre plus souple, définition des rôles, renforcement de la vision globale,
voilà une excellente tarte aux pommes, servie avec une bonne portion de crème
glacée extra vanille. C'est une façon de voir les choses, mais on pourrait
aussi... Puis c'est l'approche des fêtes, Mme la Présidente, hein? On pourrait
aussi voir ça comme une salade de mots, une salade de mots auxquels ce
gouvernement-là nous a souvent habitués, parce que voilà des intentions
intéressantes, mais on n'a pas d'idée, aujourd'hui, des réelles intentions de
la ministre et du gouvernement en ce qui concerne cet élément essentiel qu'est
le processus de négociation entre le gouvernement du Québec et les employés de
l'État.
Qu'est-ce qu'on veut faire au-delà de ces
intentions-là? On ne le sait pas. Et c'est une façon de procéder qui est récurrente de la part de ce gouvernement. On
annonce des intentions, on fait des bonnes communications, mais on ne sait pas ce que le gouvernement entend faire. Et,
entre les objectifs, et la communication, et les résultats, il y a souvent une
très grosse différence, ce gouvernement-là.
Prenons le cas de Santé Québec. Moi, j'étais un
député nouvellement élu, l'année passée, à la même période de temps, et on nous
a imposé une des plus importantes réformes de l'histoire du Québec sous
bâillon, sans aucune raison, alors que les
oppositions collaboraient, et l'argument c'était, c'est ce qu'on a
entendu : On va livrer des résultats, on va livrer des résultats après les fêtes. Qu'est-ce qu'on a eu comme
résultats? C'est de la structurite, c'est de la bureaucratie, c'est des
hauts salariés qui ont été embauchés, et il n'y a toujours pas de résultat, et
on est d'ailleurs toujours dans la bureaucratie.
Mobilité Infra Québec, un rapport
dévastateur, Mme la Présidente, de HEC Montréal, qui dit que le gouvernement
s'ingère dans les projets d'infrastructure,
cause des délais et des coûts. On va dire : Le gouvernement... On peut
imaginer que le gouvernement va corriger ça. Bien non. Il nous propose
Mobilité Infra Québec, qui centralise encore plus et qui politise encore plus
les projets d'infrastructure.
Francisation Québec,
on nous dit : Il y a de plus en plus d'immigrants à franciser au Québec,
on va mettre de l'argent. On coupe massivement dans des cours de francisation
qui fonctionnent. On apprend ce matin, aujourd'hui, que 11 000 personnes
au Québec ont perdu leurs cours de francisation, ça crée des situations
dramatiques. Et, pendant ce temps-là,
qu'est-ce qu'on a créé avec Francisation Québec? De la paperasse, de la
bureaucratie. Qui mène vers quoi? Des listes d'attente interminables
pour que les personnes immigrantes puissent se franciser.
Alors, on annonce
quelque chose, on fait le contraire. Est-ce que ça va être ça encore une fois
qu'on va voir avec ce processus de négociation? On verra. Si, en tout cas, sous
le couvert de «discussion globale», on centralise la négociation au
gouvernement, on va être là pour y répondre. Si, sous le couvert de «cadre plus
souple», on réduit la capacité des travailleurs à négocier localement en
fonction de leur milieu, et de leurs besoins, et de leur réalité, on va y répondre. Si on renforce une «vision globale» en
diminuant la nécessité de la décentralisation des services publics de
l'État, on va être là pour y répondre.
Il ne s'agit pas de
questions anodines, Mme la Présidente. Je le mentionnais tout à l'heure, puis
mes collègues l'ont mentionné, la ministre
aussi l'a mentionné, c'est un processus vraiment important pour le gouvernement
du Québec, pour les travailleurs de
l'État. Ça devrait commencer par une définition claire des objectifs que le
gouvernement poursuit avec sa réforme. Et on l'invite à faire ses
devoirs comme il se doit, d'abord consulter les parties prenantes. Je suis curieux de savoir dans quelle mesure il y a un
post mortem qui a été effectué au terme des négociations. Je tiens, moi aussi,
à me joindre avec mon collègue le député de
Rosemont, dire : On le sait, que c'est un processus difficile, c'est un
processus long, la ministre et
d'autres membres du gouvernement y ont participé, y ont mis beaucoup d'heures,
mais quelles leçons on en a tiré et quelles leçons les représentants des
travailleurs de l'État en ont tiré? Quelles sont leurs propositions? Quelle est leur évaluation de ce processus de
négociation? Il faut écouter les experts, les entendre avant de fixer ces
objectifs, avant d'énoncer les
intentions. Si on veut aménager un environnement de négociation plus efficace
mais équitable pour tout le monde,
qu'est-ce que des experts indépendants en disent? Démontrer de la prévisibilité
pour tout le monde, pour tous les acteurs qui sont des parties prenantes
de cette réforme.
Alors, on attend ces
intentions, on attend ces objectifs plus clairs. Si c'est ça, on va être là
pour y participer. Si ce n'est que de la
communication, si ce n'est qu'une salade de mots, bien, à ce moment-là, on va
être là pour s'y opposer comme il se doit. Merci.
La Présidente :
Je vous remercie, M. le député de
Jean-Talon. Et je cède maintenant la
parole à Mme la ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor pour son
droit de réplique.
Mme Sonia LeBel (réplique)
Mme LeBel : Merci,
Mme la Présidente. Vous savez, dans les dernières années, à tout le moins
depuis 2018, le véhicule qu'est la
déclaration ministérielle, c'est-à-dire que d'annoncer des intentions à l'Assemblée
nationale, a rarement été utilisé. Il
est utilisé aujourd'hui parce que je prends au sérieux ce véhicule-là
d'annoncer devant cette Assemblée que je respecte l'intention d'un
gouvernement de revoir un régime de négociation qui n'a plus sa raison d'être
en 2024.
Donc,
je vais choisir de prendre la main tendue ou de lire une main tendue à travers
tous les commentaires, bien qu'ils
étaient beaucoup plus clairs de la part de mon collègue de Québec solidaire,
parce que, justement, le fait d'annoncer cette intention-là de revoir un
régime et non pas les droits constitutionnels qui affectent les syndicats, on
se comprend, on ne travaillera pas sur le
droit d'association, on ne travaillera pas sur le droit d'avoir des leviers de
négociation, on parle d'une loi qui encadre la façon dont les
négociations se règlent, la façon dont les tables de négociation se déploient,
qui fait partie du grand domaine de la
négociation, et je pense que c'est le premier domino qu'on doit faire tomber
pour être capables d'avoir des relations plus saines entre les
gouvernements, la partie patronale qu'est le gouvernement au sens large, et les
syndicats.
D'ailleurs, je suis
un peu surprise de la déclaration... la réponse à ma déclaration du Parti
québécois et du Parti libéral, parce que, dans le passé, ils ont été au
pouvoir et ils ont pu expérimenter ce régime de négociation là, Mme la
Présidente, et de nombreux présidents du Conseil du trésor, dont
Mme Jérôme-Forget, qui était au Parti libéral, auraient rêvé de changer ce régime de négociation là, de nombreux
rapports ont été déposés, tant par le Parti libéral que par le Parti
québécois, pour changer, étudier et changer ce régime de négociation là, mais
ils n'ont jamais donné suite.
Alors,
par cette déclaration ministérielle, Mme la Présidente, j'affirme notre volonté
d'y donner suite, parce que je crois sincèrement que c'est dans le
meilleur intérêt des Québécois. Merci.
(Applaudissements)
La Présidente :
Merci, Mme la ministre. Je vous
disais qu'à cette étape les députés ont le droit d'applaudir, mais, s'il
vous plaît, on ne tape pas sur les bureaux.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
• (10 h 30) •
M.
Jolin-Barrette : Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande
d'appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 85
La
Présidente : À l'article a du feuilleton, M. le ministre délégué
à l'Économie présente le projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions
principalement aux fins d'allègement du fardeau réglementaire et administratif.
M. le ministre.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Avec fierté.
Ce projet de loi
prévoit diverses dispositions ayant principalement pour but d'alléger le
fardeau réglementaire et administratif des entreprises.
Ainsi, le projet de
loi allège différentes dispositions relatives aux permis d'exploitation prévus
par la Loi sur les produits alimentaires, notamment en abolissant les frais
supplémentaires relatifs au nombre d'unités de maintien chaud ou froid et en
réduisant les droits exigibles relatifs au permis d'exploitation
d'établissement de préparation de succédanés de produits laitiers. Il exempte
de plus les titulaires de certains permis prévus par cette loi de l'obligation
d'obtenir pour le même lieu un permis autorisant la préparation d'aliments en
vue de leur vente au détail, la fourniture de
services moyennant la rémunération, l'exercice de l'activité de restaurateur
ou, selon le cas, la préparation ou la vente en gros de succédanés de
produits laitiers.
Le
projet de loi contient des dispositions prévoyant que l'obligation de marquage
de contenants de bière ne s'applique pas
à la bière qui est vendue et livrée à un établissement au Québec et qui est
fabriquée par un titulaire de permis de brasseur dont le volume total de
vente pour l'année civile qui précède n'excède pas 15 millions
de litres de bière.
Le
projet de loi assouplit différentes dispositions relatives aux permis de
production de boissons alcooliques, notamment
en autorisant la sous-traitance de certaines activités de fabrication,
d'embouteillage, de transport et de livraison des boissons alcooliques
par le titulaire d'un permis de production artisanale, aux conditions prévues
par un règlement qu'il édicte.
Le
projet de loi retire l'exigence que le représentant d'une agence de sécurité
privée se consacre à temps plein aux activités de l'entreprise et celle de
fournir un cautionnement pour garantir l'exécution des obligations d'une telle
agence.
Le projet de loi
apporte des modifications en matière de publicité de droits pour simplifier la
présentation et la consultation de certaines réquisitions d'inscription,
notamment en ce qui a trait à la documentation du transfert de l'information d'un document papier vers un support
technologique. Il prévoit également que la radiation ou la réduction de l'inscription de plusieurs hypothèques sur le
registre foncier s'obtient par la présentation de réquisitions distinctes, sauf
si ces hypothèques portent sur le même immeuble ou ont en commun le même
débiteur.
Le
projet de loi modifie la Loi sur la qualité de l'environnement afin d'accorder
plus d'importance aux besoins des agriculteurs
et des aquaculteurs qu'à ceux de certaines autres activités humaines, notamment
celles liées à l'industrie, dans l'exercice du pouvoir d'autorisation
visant un prélèvement d'eau.
Le
projet de loi abolit l'exigence d'être titulaire d'un permis pour exploiter un
commerce au détail de matériel vidéo.
Le
projet de loi prolonge les délais prescrits pour la transmission des rapports
financiers par le titulaire de permis et les bureaux coordonnateurs de
la garde éducative en milieu familial prévus par la Loi sur les services de
garde éducatifs à l'enfance et hausse le seuil de subvention à partir duquel
ces rapports financiers doivent être vérifiés.
Le
projet de loi apporte des modifications sur la Loi sur la publicité légale des
entreprises pour éliminer les frais exigibles par dossier supplémentaire
lorsqu'une demande de regroupement d'informations qui excède 500 dossiers
est transmise au Registraire des entreprises par mode technologique.
Le
projet de loi retire l'obligation pour un employeur de transmettre une copie de
l'avance... de l'avis de licenciement collectif
à la Commission des normes, de
l'équité, de la santé et de la sécurité du travail. Il élargit l'habilitation réglementaire
permettant à la commission de déterminer les contaminants et les matières
dangereuses pour lesquels un employeur doit
tenir un registre afin de lui permettre de déterminer dans quels cas et à
quelles conditions l'employeur doit tenir un tel registre.
Le
projet de loi modifie la Loi sur les cités et villes et le Code municipal du
Québec afin que la séance portant sur l'adoption du budget ou du programme
triennal d'immobilisations puisse également porter sur tout le mode de
financement relatif à une dispense... pardon, à une dépense prévue au
budget.
Le projet de loi
énonce la fonction du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
de soutenir l'achat local et de le promouvoir pour favoriser l'essor des
entreprises du Québec.
Le
projet de loi apporte certaines modifications relatives aux périodes
d'admission du public dans les établissements commerciaux. À cet égard,
il retire la restriction prévoyant qu'au plus quatre personnes doivent assurer
le service dans les établissements d'alimentation et les pharmacies pour que le
public puisse y être admis en dehors des heures légales. Il soustrait les points de vente de la Société québécoise du cannabis à l'application de certaines restrictions
applicables aux périodes d'admission.
Il octroie de plus au ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
le pouvoir d'autoriser la mise en
oeuvre de projets pilotes visant à évaluer les conséquences de la modification
des heures et des jours d'admission applicables à certains
établissements commerciaux sur leur compétitivité.
Le
projet de loi abaisse le seuil minimal d'investissement du Fonds pour la
croissance des entreprises québécoises et apporte des précisions quant à
la portée d'un tel investissement pour les besoins de ce fonds et de Capital
ressources naturelles et énergie.
Le
projet de loi modifie la Loi sur les architectes pour y ajouter les
habilitations réglementaires requises en vue
de la mise en oeuvre de l'Accord de la reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles pour les architectes entre le Canada et
l'Union européenne et ses États membres.
Enfin, le projet de
loi apporte des modifications de concordance.
Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Et je reconnais le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : Oui, Mme la Présidente,
nous souhaitons la tenue de consultations particulières sur ce projet de loi.
Merci, Mme la Présidente.
Mise
aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix : Adopté.
La
Présidente : Adopté. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc :
Mme la Présidente, pourriez-vous appeler l'article b du feuilleton, s'il
vous plaît?
Projet
de loi n° 894
La Présidente :
À l'article b du feuilleton, M.
le député de Saint-Henri—Sainte-Anne présente le projet de loi n° 894, Loi visant à étendre
l'admissibilité au régime d'assurance maladie et au régime général d'assurance
médicaments à toutes les femmes ou à toutes
les personnes enceintes vivant au Québec sans égard à leur statut migratoire.
M. le député.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'en profite pour saluer, dans les
gradins, la présence de Médecins du Monde,
de la clinique SPOT et du Service de référence en périnatalité pour les femmes
immigrantes de Québec.
Ce
projet de loi a pour objectif de rendre admissibles au régime d'assurance
maladie et au régime général d'assurance médicaments toutes les femmes
ou toutes les personnes enceintes vivant au Québec, sans égard à leur statut
migratoire.
En
ce qui a trait à l'admissibilité au régime d'assurance maladie, le projet de
loi modifie la Loi sur l'assurance maladie et le Règlement sur
l'admissibilité et l'inscription des personnes auprès de la Régie de
l'assurance maladie du Québec pour que
soient considérées comme domiciliées au Québec, et donc couvertes par le régime
d'assurance maladie à titre de résidentes, toutes les femmes ou toutes
les personnes enceintes qui démontrent leur intention de demeurer au Québec pour une période de plus de six mois suivant leur inscription
à la Régie de l'assurance maladie du Québec ainsi que pour toute période
de plus de deux mois suivant la date prévue pour l'accouchement.
Le
projet de loi prévoit que les femmes ou les personnes enceintes non autrement
admissibles le sont pour une période de deux ans suivant la date prévue
de l'accouchement. Dans le cas où il y a eu une interruption de grossesse, le
projet de loi prévoit que la femme ou la
personne demeure admissible pour une période de 12 semaines après la date
où survient cette interruption.
Le
projet de loi élimine, pour toutes les femmes ou pour toutes les personnes
enceintes, le délai de carence en assurance maladie.
Enfin, le projet de
loi prévoit des dispositions transitoires. Merci.
Mise
aux voix
La Présidente :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix : ...
La Présidente :
C'est votre droit. Alors, vous
êtes toutes et tous là. Le...Oui, oui, bien sûr, M. le secrétaire
général. La période de vote est ouverte.
Et la période de vote
est terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 109
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Présidente : Alors, la motion est adoptée.
Dépôt de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte
contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
M. Charette :
Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2023‑2024
du Comité consultatif de l'environnement
Kativik et le rapport d'activité 2023‑2024 du Comité consultatif pour l'environnement de
la Baie-James.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour ma part, je
dépose le rapport annuel d'activité 2023‑2024 du Comité de surveillance
des activités de l'Unité permanente anticorruption.
Dépôt
de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
de la culture et de l'éducation et député de Pontiac.
Auditions
et étude détaillée du projet de loi n° 211
M. Fortin : Merci. Merci, Mme la Présidente. Je dépose le rapport de la Commission
de la culture et de l'éducation qui, le 3 décembre 2024, a procédé à
l'audition des intéressés et à l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé n° 211, Loi sur l'École Polytechnique de Montréal. La
commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements. Merci, Mme
la Présidente.
• (10 h 40) •
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions. M. le député de Pontiac.
Donner
accès à une couverture publique des soins de santé
à toutes les femmes enceintes vivant au Québec
M. Fortin : Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale et signée par
3 188 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que
chaque année des centaines de femmes vivant au Québec et contribuant à l'essor de
la province par leur présence et [par] leurs compétences sont exclues de la
couverture de la Régie de l'assurance maladie du Québec en raison de leur
statut d'immigration précaire et accouchent sans avoir eu accès à des soins
prénataux;
«Considérant que le
manque d'accès à des soins de base et l'absence de prise en charge adéquate des
soins entourant la grossesse augmentent les risques de complications et portent
atteinte à la santé et à la sécurité des mères et de leurs enfants;
«Considérant que
l'absence d'une solution concrète complique le travail du personnel soignant en
créant des situations complexes et graves qui auraient pu être évitées et que
le système de santé paiera plus tard en soins et en interventions, ce qu'il
n'investit pas en prévention maintenant;
«Considérant
que, depuis trois ans, les parties prenantes expertes sur le dossier
s'entendent sur la nécessité de mettre en place un programme
garantissant l'accès aux soins périnataux pour les femmes enceintes migrantes à
statut précaire;
«Considérant
que le Plan d'action en périnatalité et petite enfance 2023‑2028
du gouvernement du Québec [ainsi que] l'Organisation
mondiale de la santé affirment l'importance des soins prénataux pour la santé
des femmes et des bébés à naître;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec une couverture publique des
soins de santé durant la période périnatale pour toutes les femmes
enceintes vivant au Québec, indépendamment de leur statut migratoire.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Dépôt
de rapports de commissions (suite)
Auditions
et étude détaillée du projet de loi n° 211
Mise
aux voix
Et, en ce qui a trait au rapport que vous avez
précédemment déposé, je devais vous demander aussi s'il est adopté.
Des
voix : Adopté.
La
Présidente : Adopté. Merci.
Dépôt
de pétitions (suite)
Et M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
Décréter
un moratoire sur l'émission de certificats d'autorisation
pour des projets dans des milieux humides
M. Leduc :
...ça me fait plaisir de déposer cette pétition au nom de ma collègue la
députée de Verdun.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
2 400 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les milieux humides sont essentiels au maintien de la biodiversité et
qu'ils contribuent significativement à la lutte et à l'adaptation aux
changements climatiques;
«Considérant
que les milieux humides contribuent à la qualité de l'eau, à la recharge des
nappes phréatiques, ainsi qu'à la prévention des inondations et des
sécheresses;
«Considérant que le Commissaire
au développement durable — dans
son rapport
en avril 2023 — conclut
que le MELCCFP "n'utilise pas de manière efficace les mécanismes
prévus" dans la loi concernant les milieux humides et hydriques et que
"plusieurs lacunes mettent à risque l'atteinte" de l'objectif
d'aucune perte nette;
«Considérant
qu'entre 1990 et 2011 [11 %] des milieux humides des basses-terres du
Saint-Laurent ont été dégradés ou détruits;
«Considérant que,
depuis 2017, le MELCCFP a autorisé 98 % des demandes d'autorisation pour
des projets affectant ou détruisant les
milieux humides et qu'il n'a utilisé que 3 % des sommes versées en
compensation pour en recréer de nouveaux;
«Considérant
que d'importantes superficies de milieux humides sont détruites illégalement et
que le MELCCFP n'a pas les ressources pour empêcher ce saccage;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec de décréter un moratoire sur
l'émission des certificats d'autorisation
pour des projets dans des milieux humides jusqu'à ce que le MELCCFP ait mis en
oeuvre les recommandations du rapport
de la Commissaire au développement
durable et que le MELCCFP ait utilisé
la totalité du fonds de compensation pour recréer les superficies
détruites depuis 2017 et que l'efficacité de cette mesure soit évaluée.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Et
j'ai reçu une demande de M. le député d'Arthabaska pour la présentation d'une
pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour la présentation de
cette pétition? Consentement. M. le député d'Arthabaska.
Mettre
en place un nouveau programme d'habitation à loyer modique
M. Lefebvre : Merci, Mme la Présidente.
Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 236 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que la
mission de la Société d'habitation du Québec est de mettre à la disposition des
citoyens et citoyennes des logements à loyer modique;
«Considérant
que les 73 000 logements à loyer modique (HLM), répartis à travers le
Québec, ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins des
34 000 ménages inscrits sur les listes d'attente;
«Considérant que
l'inflation des dernières années a réduit de près de 10 % le budget des
offices d'habitation et affecté fortement les services aux locataires, notamment
en aggravant la pénurie de personnel;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«De
mettre en place un nouveau programme HLM permettant aux offices d'habitation de
réaliser 5 000 logements par année;
«D'indexer pleinement
les budgets accordés à l'administration et à l'entretien des HLM.»
Et je certifie que
cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur l'adoption du projet de loi n° 61.
Et
je vous avise qu'à la rubrique des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée j'entendrai les représentations concernant la demande
d'intervention sur une violation de droit ou de privilège soulevée hier par M.
le leader de l'opposition officielle.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Hausse
des tarifs d'électricité pour les grandes entreprises
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Ce matin, Nicolas Lachance, du Journal de Québec, Hausse
de tarifs d'électricité : les grandes entreprises ciblées par Hydro-Québec.
Le premier ministre a pris la décision, il va augmenter
les tarifs d'électricité pour les grandes entreprises québécoises. De qui
parle-t-on, Mme la Présidente? Toutes les entreprises manufacturières, notamment les serres, l'acier vert,
l'aluminium. L'aluminium, rappelons que c'est 15 000 emplois, notamment au Saguenay—Lac-Saint-Jean puis sur la Côte-Nord. Les mines, là
aussi, il y a 15 000 emplois, notamment en Abitibi. Les pâtes
et papiers, plus de 20 000 emplois. Où ça? En Mauricie, en Outaouais,
en Estrie.
La
décision prise par le premier ministre, ce que l'on en sait, c'est qu'on parle
d'au moins 6 %. La taxe CAQ sera d'au
moins 6 %, c'est décidé, c'est prévu comme ça. Ce sera un choc tarifaire
pour nos entreprises dans toutes les régions du Québec, ce qui faisait dire à Jocelyn Allard, de l'Association
québécoise des consommateurs industriels d'électricité, je le
cite : «Une hausse pourrait mener à la fermeture d'entreprises et des
pertes d'emploi au Québec.»
Le premier ministre
veut dorer la pilule. Le premier ministre a donné le mandat à Hydro-Québec,
pendant au moins deux, trois mois, de
dépenser des centaines de milliers de dollars en sondages pour savoir comment
vendre ça, cette taxe CAQ là. Donald Trump nous menaçait de nous taxer;
le premier ministre, lui, il va le faire.
Combien sera sa taxe
CAQ? 6 %, 8 %, 12 %?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
très surprenant comme question de la part du Parti libéral. Et j'entendais, ce
matin, la députée de Saint-Laurent, puis j'essayais de comprendre, honnêtement,
puis je ne comprenais pas.
D'abord, quand on est
arrivés, il y avait trop d'électricité. Bon, on a attiré des entreprises qui
ont créé des emplois payants, ce qui fait que le Québec a réussi à battre
l'Ontario puis le reste du Canada, depuis six ans, pour ce qui est de l'augmentation du salaire moyen, pour
ce qui est de l'augmentation du revenu disponible. Maintenant, Mme la Présidente, ça nous permet d'envisager de doubler
la capacité d'Hydro-Québec, parce qu'on sait comment fabriquer de
l'énergie. Ça va créer encore des emplois payants.
Mme la Présidente,
quand on regarde les tarifs, actuellement, au Québec, les tarifs d'électricité,
les tarifs sont beaucoup plus bas que dans le reste de l'Amérique du Nord. Puis
là il faut séparer deux choses. Les tarifs résidentiels, les individus, les
Québécois, on s'est engagés à ce qu'il n'y ait pas d'augmentation de plus que
3 % pour les individus. Maintenant, les
grandes entreprises, Mme la Présidente, qui ailleurs paieraient beaucoup plus,
est-ce qu'on doit envisager la possibilité d'augmenter leurs tarifs?
Évidemment, l'objectif, c'est toujours de rester compétitifs. Évidemment,
il y a une nouvelle donne, depuis la semaine passée, avec les risques associés
à ce que propose M. Trump.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : En parlant de Donald
Trump, qu'il arrête de parler de la menace de Donald Trump. La menace, c'est
le gouvernement de la CAQ. Ils vont taxer,
eux autres, ça, c'est clair comme de l'eau de roche, il l'a déjà dit, au moins
6 %, au moins 6 %. C'est un choc tarifaire.
Moi,
je veux faire sauver aux Québécoises et Québécois des centaines de milliers de
dollars puis du temps. Il le sait, de
combien sera sa taxe CAQ, qu'il le dise clairement aujourd'hui. 6 %,
8 %, 12 %? Et ça, ce sera, entre autres, sur nos scieries.
21 000 emplois au Saguenay, en Abitibi, en Gaspésie, Côte-Nord.
Qu'il le dise. À
combien, la taxe CAQ?
• (10 h 50) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Bon, une journée, le chef de l'opposition officielle se lève, il
dit : Le déficit est trop grand, au
Québec. L'autre journée, il se lève puis il dit : Bien, écoutez, on ne
peut pas, même si les entreprises, les grandes entreprises paient
beaucoup plus cher leur électricité...
Une voix : ...
M. Legault :
Non, ailleurs, ailleurs. Il faut me laisser finir ma phrase.
Donc,
Mme la Présidente, Mme la Présidente, les entreprises, au Québec, ont tout un
avantage, actuellement. Est-ce qu'on
peut augmenter leurs tarifs tout en les gardant compétitives? C'est ça qu'on se
pose, comme question, actuellement.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Le premier ministre, Mme
la Présidente, il dit toujours : Il est où, le gaspillage, il est où, le
gaspillage, je ne le vois pas, le
gaspillage. Bien, le gaspillage, il est dans le mandat d'Hydro-Québec, qui va
prendre deux, trois mois, ça va
coûter des centaines de milliers de dollars, alors que la décision est déjà
prise. Ça fait que coupez la dépense, le gaspillage. Qu'il le dise
clairement.
Il parle des grandes
entreprises. Allons-y voir. Il va frapper les Serres Toundra, 225 employés
à Saint-Félicien. Les Serres Savoura, Sagami, 450 employés. Demers,
300 employés. C'est eux qu'il va surtaxer avec sa taxe CAQ.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bon, Mme la Présidente, d'abord, j'espère qu'on s'entend sur le fait de
limiter les augmentations de tarifs pour les
individus, pour le résidentiel, à 3 %. À un moment donné, ce n'était pas
clair, là, j'entendais certains partis d'opposition dire : Ce n'est
pas faisable, puis etc. Nous, là, on le garantit, les tarifs pour le
résidentiel ne vont pas augmenter de plus que 3 %.
Maintenant, Mme la
Présidente, est-ce qu'on pourrait augmenter les tarifs des grandes entreprises,
en sachant que le prix de l'énergie n'arrête pas d'augmenter partout dans le
monde? C'est une question à se poser.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, quand
le premier ministre... la dernière fois qu'il a garanti quelque chose, là,
il avait garanti, en 2019, que jamais l'inflation ne serait à 6 %, il
l'avait garanti, puis il se demandait sur quelle planète ceux qui pensaient ça
l'affirmaient. Alors, lui, il n'était pas sur la même planète que nous.
Il y a une chose
qu'il peut nous garantir, c'est que les tarifs des manufacturiers vont
augmenter, entre autres les serres dont j'ai fait mention. Alors, la décision
est prise. Qu'il le dise, qu'il ait le courage de le dire. La taxe, c'est au
moins 6 %. Il l'a déjà dit.
À combien, sa taxe
CAQ?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, on le sait tous, les prochains travaux, même les
derniers travaux, comme La Romaine, qui ont été initiés par Jean Charest,
ont coûté beaucoup plus cher que des travaux comme Churchill Falls. Donc, il faut penser qu'à l'avenir les tarifs vont
augmenter. Mais ce qu'on dit, Mme la Présidente, on va protéger les individus,
on va protéger le résidentiel. Moi, je pense que c'est une bonne décision.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Saint-Laurent.
Hausse
des tarifs d'électricité pour les grandes entreprises
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je comprends que le premier ministre n'a
pas bien compris mon point de presse. Je comprends aussi qu'il est mêlé, parce
qu'il a dit que les partis d'opposition ont dit que nous, on va augmenter les tarifs. Ce n'est pas nous qui
a dit ça, c'est Pierre Fitzgibbon. Il était sur toutes les tribunes pour le
dire. Il l'a même écrit dans son projet de loi, qui porte toujours son
nom. Tellement que c'est lui qui l'a dit, Pierre Fitzgibbon, il a été convoqué par le premier ministre, avec
son chef de cabinet, un samedi, pour dire : Arrête de dire qu'on va
augmenter les tarifs. Le mardi
suivant, il l'a répété, Pierre Fitzgibbon. Qu'est-ce qui est arrivé? Fini.
Bye-bye. Il est parti. Le grand architecte n'est plus.
Et
maintenant on apprend que le premier ministre parle de : Ailleurs, ça
coûte moins cher, ou peut-être plus cher, l'électricité, mais il ne le
sait pas. C'est pour ça qu'il est en train de sonder.
Quand est-ce qu'ils
vont nous dire c'est quoi, la vraie taxe CAQ?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette :
Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, bien, également, j'ai été très
étonnée de la réaction du Parti libéral ce matin et de la députée de
Saint-Laurent concernant une étude qui a été demandée par Hydro-Québec, parce
qu'en fait ce genre d'étude là est fait annuellement, et les résultats sont en
ligne. Alors, c'est tout simplement qu'Hydro-Québec veut s'assurer de la juste
valeur de notre électricité, électricité qui appartient à tous les Québécois.
Et je pense que, si cet exercice-là n'était pas mené annuellement,
régulièrement... je pense qu'il faudrait s'en inquiéter. Alors, c'est une bonne pratique de veiller à ce
que le prix qui est associé à notre électricité, qui par ailleurs est verte, eh
bien, soit le juste prix et la juste valeur.
Alors,
chaque année, Hydro-Québec fait la comparaison de ses tarifs avec les
grandes villes nord-américaines. Alors, je peux vous montrer un résultat de ce que ça donne, c'est ce genre
d'information, où on voit que le tarif payé au Québec, pour les résidents, est beaucoup plus bas que le
tarif dans d'autres villes nord-américaines. Il est marqué :
«Source : Hydro-Québec.» Alors, voilà, c'est ce genre de résultat
que donne ce type d'étude.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente, ce que
j'ai en main, c'est différent. C'est un devis qui a une entente de
confidentialité qui a été signée pour
leur dire : Parlez-en à personne. J'ai même dû caviarder les numéros.
Là-dedans, on demande : Voulez-vous vérifier certains secteurs
stratégiques? Et on les nomme, les secteurs stratégiques. Et on dit :
Pouvez-vous voir c'est quoi, leur
sensibilité à payer plus cher la fameuse taxe verte?, que
la ministre a répété 22 fois lors des consultations particulières.
Alors, on pose la
question : Ça vaut combien, la taxe CAQ?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
Alors, Mme la Présidente, l'exercice mené cette année s'inscrit en
continuité avec les exercices qui sont menés... qui ont été menés les dernières
années. Une attention plus marquée sera donnée aux secteurs industriels pour comparer la valeur de l'électricité
avec d'autres villes nord-américaines. Il me semble que c'est tout à fait
normal que l'on procède à ce genre d'exercice.
Moi,
je trouve que ce qui est pas mal préoccupant, plus
préoccupant, c'est l'approche qu'a adoptée le Parti libéral il y a
10 ans. Vous savez, il y a 10 ans, c'est important de prendre un peu
de recul, les libéraux ont créé une iniquité en matière de tarifs d'électricité. Leur approche était claire : les
Québécois allaient être indexés, les industries, les commerces allaient être
indexés, les PME également, mais pas les industriels.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente, là on
va se concentrer. Là, elle vient finalement d'admettre, elle vient finalement
d'admettre...
Des voix : ...
La Présidente :
Non, c'est beau, M. le leader, je
suis debout. Assoyez-vous. Il n'y a pas de rappel au règlement ici. On
peut poursuivre. Et je veux entendre la question. Vous avez 23 secondes.
Poursuivez.
Mme Rizqy : ...vient tout juste
d'admettre : Cette fois-ci, dans l'étude, on va y aller de façon plus
détaillée. Elle vient de le dire.
Si ça fait des années
qu'ils la font, la fameuse étude, peut-elle expliquer pourquoi elle a été
incapable de déposer la fameuse étude pour comparer chacun de ces secteurs et
pourquoi le premier ministre du Québec n'est même pas capable de nous dire combien ça coûte ailleurs pour l'aluminium et
les serres? L'a-t-il, le tableau — je
n'ai pas terminé, il me reste deux secondes — M. le premier
ministre?
La
Présidente : ...terminé. La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la Présidente,
les clients industriels, au Québec, paient en moyenne 5,6 cents le
kilowattheure. À Chicago, c'est 9,3. À Toronto, c'est 9,5. À Calgary, c'est
10,7. À Détroit, c'est 11,5. À New York, c'est 19,4. À Boston, c'est 28,2.
Mme la Présidente,
là, franchement, le Parti libéral est à côté de ses pompes, aujourd'hui, là.
La Présidente : En question principale,
je reconnais maintenant la députée de Saint-Laurent.
Hausse
des tarifs d'électricité pour les grandes entreprises
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
le premier ministre vient de prendre exactement le même narratif que sa ministre de l'Économie, où est-ce qu'elle s'est
trompée lors des consultations particulières, parce qu'on a posé la question
suivante : J'ai combien d'aluminium dans l'État de New York? J'ai combien
d'aluminium puis de scieries à Toronto? J'ai
combien d'aluminium à San Francisco? Zéro comme dans Ouellet. C'est pour ça
qu'on a demandé d'avoir une étude comparée
avec des pommes avec des pommes puis des oranges avec des oranges. Mais, ça, je
pense qu'il vous manque juste la banane, M. le ministre... M. le premier
ministre.
Maintenant, Mme la...
Des voix : ...
La
Présidente : Oui, M. le... Je suis debout. On garde le silence.
M. le leader, je vous reconnais. Quel est votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Deux
choses, Mme la Présidente. Premièrement, le respect entre collègues. Et,
deuxièmement, on s'adresse à vous, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et vous avez raison à cet égard. Merci. Et, vous
le savez, Mme la députée, vous parlez à travers moi, et me posez les questions à moi-même, et n'interpelez pas
directement un collègue de l'autre côté de la Chambre. Je vous écoute.
Mme Rizqy : Mme la Présidente,
la ministre a comparé Miami, New York, San Francisco et Toronto. Nous, en attendant, à Baie-Comeau, ils sont en région. C'est
pour ça qu'on a demandé : Avez-vous des vrais comparables avec nos vrais secteurs et aussi où est-ce qu'ils sont
situés? Elle était incapable de donner ce tableau-là. C'est pour ça
qu'aujourd'hui ils ont mandaté, avec
Hydro-Québec, de trouver des vrais comparables. Sinon, ils nous les auraient
déposés. Ils ne l'ont pas.
• (11 heures) •
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente, écoutez, avoir des données comparables sur les tarifs d'électricité
à l'échelle de l'Amérique du Nord, je ne vois pas ce qu'il y a comme enjeu ce
matin avec ça. Il y a un exercice qui doit
être fait de manière régulière. C'est ce qu'Hydro-Québec fait, va continuer à
faire, et c'est important qu'elle le fasse.
La vraie iniquité qu'il faut réparer, c'est
celle qui a été créée par les libéraux, avec l'assentiment du Parti québécois, parce qu'il faut voir que
l'idée venait du PQ, mais elle a été mise en oeuvre par les libéraux, à savoir
que les Québécois allaient être indexés annuellement, que les commerces de
détail, les commerces de proximité devaient être indexés annuellement au niveau de leurs tarifs, également que les PME
devaient être indexées annuellement, ils ont l'argent, ils vont être
indexés, mais que, oh! les industriels, eux, il ne faut pas les indexer
annuellement.
Alors, il y a 10 ans, c'est ce qui a été
décidé, et nous, on va réparer cette iniquité-là. Il faut qu'il y ait une indexation. Alors, ce n'est pas notre approche de
protéger cette iniquité. Notre approche, c'est de protéger les Québécois.
Alors, le maximum qui sera chargé en matière
de hausse tarifaire pour les clients résidentiels, pour les Québécois, ce sera
3 %, et c'est pour ça qu'on va se battre.
La Présidente : Première
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais...
Une voix : ...
La Présidente : Un instant. M. le
leader du gouvernement, quel est votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Bien,
en fait, la députée de Saint-Laurent a fait référence à un document à plusieurs
reprises. On souhaiterait le dépôt du document, Mme la Présidente.
La
Présidente : Est-ce que vous déposez le document? Consentement pour le dépôt? M. le leader
de l'opposition officielle.
M. Derraji : Il n'y a pas de
consentement. C'est un document de travail.
Des voix : ...
La
Présidente : Je suis debout. Article 32, article 37.
Gardez le silence et demeurez assis, je vous prie, tout le monde. Tout
le monde, gardez le silence, je vous prie. Je vais trancher. Il n'y a pas de
consentement, ce qui est légitime. Nous allons poursuivre. Et je disais... Première
complémentaire. Et, pour ce faire, pour ce faire, nous allons entendre le chef
de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la Présidente,
il y a quelque chose de très, très clair pour toutes les Québécoises et Québécois.
La CAQ sont dans leur septième année. Ils courent après l'argent. Ils ont
gaspillé pendant sept ans l'argent public,
puis aujourd'hui ils courent après l'argent, puis ils se cassent la tête :
Où est-ce qu'on pourrait aller chercher de l'argent? Puis Hydro-Québec, ils en ont besoin, de l'argent, alors il y
aura un choc tarifaire, il y aura une taxe CAQ. Puis, quand le premier ministre confirme que ça va être
au moins 6 % dans l'article de Nicolas Lachance, on veut savoir c'est
combien. Ça va, ça, impacter nos régions, notre économie.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, une
de mes plus grandes fiertés, c'est d'avoir baissé les impôts, d'avoir augmenté
le salaire moyen, d'avoir réussi, depuis six ans, à ce que le revenu
disponible, au Québec, là, ça, ça veut dire le
revenu après impôt et après inflation, ait augmenté deux fois plus vite au
Québec que dans le reste du Canada. Jamais, jamais, jamais on n'a vu ça quand
le gouvernement libéral était au pouvoir. Donc, Mme la Présidente, c'est la
même chose pour les tarifs d'électricité. On protège les Québécois puis
on est fiers de ça.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, on
voit un premier ministre qui est à bout d'idées. Alors, il va taxer nos
manufacturiers, notamment les serres dont j'ai fait mention ce matin, avec un
choc tarifaire, on parle d'au moins 6 %, parce qu'il court après l'argent.
Il a trop gaspillé dans sa septième année et il continue là-dessus.
En ce
sens-là, Mme la Présidente, il a le devoir de dire la vérité aux Québécoises et
Québécois. Combien sera sa taxe CAQ? Parce qu'elle va contribuer à son
oeuvre de saboter l'économie du Québec.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, je vais vous écouter
brièvement. Quel est votre rappel au règlement?
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le mot est au lexique. Le chef
de l'opposition officielle le sait. Bien oui, «sabotage», c'est au lexique. Il est conjugué, Mme la Présidente. Dans
tous les cas, Mme la Présidente, il devrait le retirer, Mme la
Présidente...
Des voix : ...
La Présidente : Je suis debout, M.
le leader. Alors, après vérification, il n'est pas au lexique. Moi, je vous
demande le respect les uns avec les autres. Respect, tout le monde. Attention à
vos propos et attention à la formulation aussi, M. le chef. Oui, M. le leader.
Quel est votre rappel?
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, c'est vrai qu'il n'est pas au
lexique, mais il devrait y être, Mme la Présidente.
Des voix : ...
La
Présidente : J'ai déjà... M. le leader de l'opposition
officielle, j'ai déjà tranché. Je veux entendre, maintenant, la réponse
du premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Bien, j'ai beaucoup de difficultés à suivre
le Parti libéral. Je répète, au Québec les compagnies manufacturières,
là, les compagnies industrielles paient 5,6 cents pour leur électricité. À
Toronto, c'est 9,5 cents. À Boston,
c'est 28 cents. Mme la Présidente, quand même qu'on augmenterait à six ou
sept cents, on resterait très en bas de nos voisins. Pourquoi le Parti
libéral veut protéger, c'est-tu des amis? Qu'est-ce qu'ils veulent faire?
Des voix : ...
La Présidente : Je suis debout. M.
le leader de l'opposition officielle, brièvement, votre rappel au règlement.
M.
Derraji : Mme la Présidente, j'invite M. le premier ministre
à un peu de prudence, parce que, s'il y a un ami de Cascades, il est
juste en arrière de lui, il était...
La
Présidente : Bon, alors, c'est beau. On va arrêter, maintenant, de
s'invectiver d'un côté et de l'autre ou de s'interpeler. C'est beau, M. le
leader du gouvernement. On va poursuivre. Il y a d'autres questions.
Et je reconnais, en
question principale, la députée de Mercier.
Francisation
des immigrants
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Normalement, un gouvernement nationaliste devrait encourager
les immigrants à apprendre le français,
mais, avec la CAQ, c'est les immigrants qui manifestent, qui descendent dans la
rue pour dire : On veut parler
français, s'il vous plaît, ne coupez pas dans nos cours de français. C'est le
monde à l'envers. C'est complètement absurde.
Moi,
je pensais que le premier ministre et moi, on était d'accord sur au moins une
chose : il faut protéger le français, au Québec. Il faut m'expliquer
comment ça va protéger le français, de fermer les classes de francisation; comment
ça va protéger le français, de mettre des centaines de profs à la porte. La
francisation, ça marche. Les classes sont pleines de monde qui ont juste le
désir d'apprendre notre langue commune. Mais là le gouvernement leur dit :
Ça marche trop bien, je ferme la shop. Voyons donc! Pour une fois qu'un
investissement de la CAQ fonctionne et qu'on ne va pas à la faillite.
Mettre des profs de
français à la porte, empêcher des immigrants d'apprendre le français, le
premier ministre, est-ce qu'il est fier de ça?
La
Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La
Présidente : La réponse du premier ministre. On l'écoute.
M. François
Legault
M. Legault : O.K.
On reste calmes, on reste calmes. Bien oui. Bien oui, bien oui.
Mme
la Présidente, bon, rappelons quelques chiffres, là. Je sais que la nouvelle
cocheffe... ou je ne sais pas comment elle s'appelle, là, mais, en tout cas, du
deuxième groupe d'opposition nous disait hier qu'elle est allée aux HEC.
Ce qu'on dit, c'est que, quand on est
arrivés, en 2018, on francisait 30 000 personnes par année. Ça,
c'était le Parti libéral. Actuellement, on francise
70 000 personnes par année. Donc, le budget a augmenté à chaque
année.
Par
contre, le nombre d'immigrants temporaires, en deux ans, est passé de
300 000 à 600 000. Qu'est-ce qui est arrivé en début d'année, c'est
qu'on a essayé de répondre à la demande. Donc, les centres de services, les
organismes, Francisation Québec ont donné beaucoup de cours, ont dépensé
le budget qu'on leur avait donné en début d'année.
Donc,
nous, on leur demande de respecter leur budget. Donc, on va franciser
70 000 personnes. Mais, à un moment donné, il y a une limite à l'argent qu'on investit, il y a une limite
dans nos budgets. L'argent ne pousse pas dans les arbres. Puis on n'en
veut pas, de taxe orange, de ce côté-ci.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, comme à chaque fois, il y en a
trop, il y en a trop. C'est la CAQ qui est allée à l'étranger pour
recruter des travailleurs. Moi, je me rappelle du ministre du Travail qui
disait devant la chambre de commerce :
Des travailleurs étrangers temporaires, on en veut, on en veut, venez ici,
venez ici. Maintenant, ces travailleurs étrangers temporaires que le
gouvernement de la CAQ est allé chercher sont ici. Ils sont là. Est-ce qu'on
veut qu'ils apprennent le français, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, je sais qu'on est en désaccord, la députée de Mercier et
moi, mais on pense qu'à 600 000 il y en a trop, actuellement, d'immigrants
temporaires. On pense qu'il y en a trop. On n'a pas assez de personnes dans le réseau de la santé, dans le
réseau de l'éducation. On n'a pas assez de logements. Malheureusement, même
si le Québec a toujours été accueillant, sera toujours accueillant... Puis je
comprends ces personnes-là de vouloir améliorer
leur sort en venant au Québec, mais, Mme la Présidente, 600 000, une
augmentation de 300 000 en deux ans, est-ce qu'enfin Québec
solidaire va dire la même chose que nous : Il y en a trop, il faut réduire
le nombre?
• (11 h 10) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Clairement,
ce gouvernement-là n'est pas à l'écoute. Le premier ministre ne nous écoute
pas. À chaque fois qu'il parle d'immigration, il me fait sentir de trop. Moi,
j'ai eu la chance...
Des voix : ...
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, brièvement, votre rappel.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, il y a
des limites, là, hein, il y a des limites. On prend la parole d'un collègue
en cette Chambre. Puis ce que vient de faire la députée de Mercier, ça n'a pas
d'allure, ça n'a pas d'allure...
La Présidente :
M. le leader, je suis debout. Je
suis debout. Je ne vous entends plus, votre micro est coupé. C'est sa
perception des choses, et elle a le droit de poursuivre.
Une voix :
...
La
Présidente : Non. On poursuit.
Une voix :
...
La
Présidente : Je suis debout. M. le leader du gouvernement, nous
perdons beaucoup de temps.
Poursuivez. Demeurons
respectueux.
Mme
Ghazal : Mme la Présidente, moi, je connais ça, la francisation. J'ai eu la chance d'apprendre le
français, puis de me lever ici, en
cette Chambre, puis de parler cette langue, puis de poser des questions au
premier ministre grâce à mon prof en classe d'accueil, qui s'appelait
Gilles. Gilles, aujourd'hui, avec la CAQ, il aurait perdu sa job.
C'est comme ça qu'on
va protéger le français au Québec?
La
Présidente : La réponse... La réponse du...
Des voix : ...
La
Présidente : On retrouve nos esprits. La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : D'abord, je suis très content, très, très content
que Québec solidaire soit enfin d'accord pour dire : Il faut
protéger le français, au Québec.
Maintenant, qu'est-ce
qu'on a fait dans les derniers mois? On a réduit le nombre de travailleurs
temporaires dans le programme PTET. Le
fédéral a annoncé qu'ils vont réduire le nombre de travailleurs temporaires
dans le programme PMI. Quand c'est
rendu que Justin Trudeau dit qu'il y a trop d'immigrants au Québec, il est
temps que Québec solidaire se réveille.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Rosemont.
Recours
au secteur privé dans le réseau de la santé
M.
Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la Présidente.
Le ministre de la Santé semble avoir enfin compris qu'il y a trop de médecins
qui quittent le réseau public vers le privé. Mieux vaut tard que jamais. Le
ministre arrive en ville et réalise qu'il y a trop de médecins... Depuis qu'il est là, au pouvoir, 50 % de plus
ont déserté le public pour le privé. C'était prévisible. C'était hautement
prévisible.
Là,
aujourd'hui, le ministre nous arrive avec un projet de loi, on en discutera, il
se présente en sauveur, débarque avec son gobelet en plastique pour écoper le
fond de la chaloupe dans laquelle il a lui-même fait des trous depuis des
années en poussant les médecins vers le privé.
Mettons qu'on
retienne les nouveaux médecins comme il veut le faire, et on en discutera, est-ce
qu'il peut au moins, par souci de cohérence, arrêter d'ouvrir des nouvelles
cliniques privées, arrêter de donner de nouveaux décrets qui ouvrent encore
plus de place au privé? Par souci de cohérence, est-ce qu'il peut au moins
favoriser le public?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Alors, Mme la Présidente, j'apprécie beaucoup
cette question-là. Puis je note un changement de ton, de la part du député de Rosemont, que j'apprécie
beaucoup, je dois dire, parce que, lorsqu'on a eu des décisions difficiles,
puis je pense, entre
autres, aux agences privées, il y a quelques années, on avait eu beaucoup de
collaboration, entre autres, de Québec solidaire, parce qu'on s'entendait sur
l'importance de limiter le privé, justement, dans les agences. C'est un
peu la même chose qu'on va discuter avec la place du privé chez les médecins.
Par
contre, je n'irai pas dans le principe du dogmatisme, parce que je ne pense pas
que c'est ça qu'il me dit aujourd'hui, mais
j'ai bien expliqué, Mme la Présidente, hier, quand j'ai présenté le projet de
loi, que c'était une première étape, parce que ce que je veux qu'on
fasse au cours des prochains mois... Puis je le vois dans la réaction des gens
dans le public qui nous ont appelés depuis
le dépôt du projet de loi, hier, il y a une acceptation d'aller plus loin, il y
a une acceptation d'avoir d'autres mesures. Par exemple, je pense au Collège
des médecins, qui a parlé, entre autres, des tarifs maximums. Et ce que je
dirais, Mme la Présidente, aujourd'hui, et je veux rassurer le député de
Rosemont, on va être très ouverts aux suggestions qui vont être faites au cours
des prochains mois, avant d'aller en commission parlementaire.
La
Présidente : Première complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
O.K. Bien, je vais prendre la balle au bond. C'est parce que ce n'est pas
la première fois que le ministre dit des
choses puis qu'après ça le discours change un peu. Je veux juste être sûr qu'on
le comprend bien ici, là. Est-ce qu'il est en train d'ouvrir la porte à
une tarification maximale, ce qui tuerait dans l'oeuf l'idée de profit en
santé, on s'entend? Puis il y a d'autres
provinces qui le font, puis ça marche superbien. Est-ce qu'il est en train de
nous dire ça? Parce que, s'il dit ça,
là on jase, Mme la Présidente, là on jase pour vrai. Je veux juste être sûr,
parce que des fois j'ai compris des choses, puis après ça le ministre a
dit autre chose. Est-ce qu'il s'en va là, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : ...il y a peut-être avec le mot «sevrage» que j'ai
erré, il y a quelques semaines. Si c'est à ça que le député fait
référence, j'ai clarifié. Puis je pense qu'on s'est entendus qu'il fallait
mieux encadrer le privé. Très clair.
Maintenant,
sur la question, j'aimerais mieux prendre la réponse de la façon suivante. J'ai
dit que j'avais énormément de respect
pour le Dr Gaudreault, qui est le président du Collège des médecins. Et,
en parallèle avec nos annonces, il y a quelques semaines, le Collège des
médecins a dit : Je pense qu'on devrait regarder d'autres mesures. C'est
le Collège des médecins qui a fait référence
à la tarification maximum, parce que, justement, Mme la Présidente, c'est une
méthode, c'est une approche qui a été prise dans d'autres provinces.
Alors, on va continuer de réfléchir à tout ça.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M.
Vincent Marissal
M. Marissal :
Il y a autre chose que le
ministre peut faire, puis il peut le faire maintenant, parce que la RAMQ lui a
préparé un beau règlement, qui est sur son bureau depuis des mois, c'est
d'empêcher les médecins portes tournantes, là, vous savez, ces médecins,
là, qui prennent un dossier au public, qui partent au privé, qui offrent même
des deals pour faire deux hanches pour le prix d'une. Ça, il peut le faire. Il
peut le faire. Le règlement, il existe sur son bureau.
Je me demande
pourquoi est-ce qu'il ne l'a pas fait à ce jour. Parce que, là encore, il y a
contradiction. On veut garder nos jeunes médecins dans le public, mais on
favorise le privé.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bien,
écoutez, Mme la Présidente... Puis je vais répondre la même chose, mais je
prends l'exemple du va-et-vient. C'est la
même approche. Lorsqu'on va être en commission parlementaire puis qu'on va
inviter tous les gens qui vont venir discuter, on va regarder l'ensemble des
solutions, parce que le va-et-vient peut causer un problème, en ce
moment, quand on veut faire du rattrapage de chirurgies, peut aider aussi du
côté du rattrapage des chirurgies.
Alors,
ce que je dirais pour aujourd'hui, et c'est pour ça qu'hier j'ai été très clair,
c'est une première étape, qui est saluée par le Collège des médecins. J'ai reçu
beaucoup de commentaires qu'on devrait regarder d'autres mesures. Je pense
qu'il n'y aura pas de moment plus propice, durant la commission parlementaire,
à faire l'examen de toutes les mesures. Merci.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Couverture
des soins de santé liés à la grossesse et à la périnatalité
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la
Présidente. En 2024, au Québec, toute la société et tous les partis politiques
représentés ici, on s'entend pour dire qu'on doit tout faire en notre pouvoir
pour protéger ce qu'on a de plus précieux, nos enfants. Eh bien, pour protéger nos
tout-petits et puis, disons-le, nos tout-petits à naître, il faut pouvoir
protéger leurs mères aussi pendant la
grossesse et pendant la période de périnatalité. C'est une question de dignité
humaine, d'égalité des chances, de
santé publique et de prévention, parce qu'après tout l'enfant, dès sa
naissance, sera couvert, lui, par la RAMQ. C'est d'ailleurs un des bons coups du ministre de la Santé. Or, il n'en
demeure pas moins que, pendant la grossesse, ni l'enfant ni sa mère,
évidemment, ne seront couverts.
J'ai
donc une question toute simple pour le ministre de la Santé : Peut-on
compter sur lui, comme on le fait pour tous les enfants, afin d'accorder
la RAMQ à toutes les femmes enceintes au Québec?
La Présidente :
La réponse du ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bien, encore une fois, je vais vous dire, je suis
même agréablement surpris du ton de Québec solidaire au cours des derniers
jours. Et je salue de la façon dont la question est présentée, parce que
j'apprécie beaucoup que le député
mentionne qu'on a été le premier gouvernement, depuis des années, à faire le
projet de loi n° 83, qu'on a fait ensemble, pour, justement, donner
une couverture aux enfants d'immigrants. Et je pense qu'aucun gouvernement
n'avait eu le courage de faire ça, et
c'est ce qu'on a fait. Et ça, j'apprécie beaucoup que le député le souligne en
ouverture de sa question maintenant.
Deuxièmement, on
avait dit qu'on ferait un groupe de travail sur ça pour être capables de
regarder toutes les conséquences, d'aller
plus en amont, c'est-à-dire au niveau, par exemple, des femmes qui sont
enceintes lorsqu'elles arrivent au Québec. Et c'est ça, l'enjeu...
(Interruption)
M. Dubé : Woups!
Il y a un téléphone qui sonne. On va le laisser sonner. Voilà. Bon.
Maintenant, ce que
j'aimerais dire, Mme la Présidente, et un peu comme on l'a fait jusqu'à
maintenant, moi, dans des cas extrêmes... il
y a des cas qui me sont présentés, comme ministre de la Santé, et que
j'autorise. Des fois, il faut faire
des exceptions, et on en a fait. On a même de nos médecins qui, dans... J'y
reviendrai, Mme la Présidente. Le téléphone...
• (11 h 20) •
La Présidente :
Oui. Attention à vos sonneries. Le
décorum. Ce n'est pas permis, les téléphones qui sonnent. Première
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente. J'invite, justement, M. le
ministre à terminer le travail...
Des voix : ...
La Présidente :
Attendez. Vous ne perdrez pas de
secondes. Article 32. Gardez le silence. Une seule personne a le
droit de parole ici. Je veux entendre le député. Vous avez 22 secondes.
M. Cliche-Rivard : ...quand même, Mme la
Présidente, là, un sujet important pour Aïcha, qui, tel que le rapportait
Le Devoir, n'a pas pu avoir d'échographie pendant sa grossesse. Elle
s'est empêchée d'aller à l'hôpital lorsqu'elle vivait des douleurs importantes, puis elle avait peur de ne pas pouvoir
recevoir la péridurale, faute de moyens, quand elle ne serait plus
capable de supporter la douleur.
Est-ce que le
ministre peut nous dire s'il trouve cette situation normale en 2024?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Bien,
écoutez, Mme la Présidente, j'ai bien dit, puis je vais le redire : On va
continuer de regarder qu'est-ce qu'il est possible de faire. Je rappelle, je rappelle,
Mme la Présidente, qu'on est la seule province au Canada qui a accepté le projet de loi n° 83 et qui
s'occupe des enfants d'immigrants, à travers tout le Canada. C'était quand même
un premier grand geste qu'on a fait.
Malheureusement, en ce moment, la façon dont on est protégés... Je vous donne
un exemple. On a des médecins qui prennent la décision, puis je salue ce
qu'ils font... qui sont dans des salles d'opération, qui arrivent avec des... avec des femmes enceintes qui n'ont pas la
protection, soit d'avoir leur permis de travail, ou peu importe, leur citoyenneté, et ces médecins-là
doivent prendre des charges à leurs frais. Je salue ce qu'ils font. Il va
falloir trouver d'autres solutions.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente. Je vais essayer de
convaincre le ministre de la Santé, évidemment, mais j'aimerais aussi entendre le ministre des Services sociaux, pour
qui la prévention est très importante, parce qu'après tout, sans suivi médical nécessaire pendant la
grossesse, on met à risque la santé et le bien-être de ces futurs enfants et on
risque de ne pas détecter les conditions
pour lesquelles on avait le pouvoir d'agir en amont. Ce sont alors nos services
sociaux qui vont devoir absorber les besoins de l'enfant après sa
naissance, faute de prévention.
Le ministre des
Services sociaux, lui, est-il d'accord avec notre approche?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : ...une excellente coordination, avec le ministre
des Services sociaux. Puis je regarde dans son programme d'Agir tôt,
c'est justement la préoccupation que le ministre a lorsqu'on a décidé... et je
le répète, Mme la Présidente, lorsqu'on a pris la décision de s'occuper des
enfants qui étaient au Québec, peu importe leur citoyenneté.
Maintenant,
moi, j'aimerais dire qu'on va apporter toujours des solutions à des situations
qui sont préoccupantes, exceptionnelles, hors de l'ordinaire, mais, à un moment
donné, il faut être capables de soigner nos Québécois, soigner les
personnes qui sont chez nous, et il faut quand même protéger le fait
qu'effectivement il y a beaucoup de personnes qu'on doit soigner, et on va
continuer d'évoluer dans cette situation-là. Merci.
La
Présidente : En question principale, je reconnais la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Construction
d'un poste électrique d'Hydro-Québec dans le Quartier latin
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Merci, Mme la Présidente. La saga de la
relocalisation du poste Berri-2 dans ma circo se poursuit. Quand des
gens comme... assez bien connus, comme des urbanistes, des architectes, des
historiens, même une ancienne ministre et la fondatrice de la BANQ, unissent
leurs voix pour dire au gouvernement qu'il est en train de commettre une
grosse, grosse, grosse erreur, bien, il me semble qu'on écoute.
Le décret ministériel
autorisant la vente du terrain de la BANQ n'est toujours pas signé. Puis,
aujourd'hui, le ministre de la Culture, bien, je m'adresse à lui parce que
c'est sur sa table. Ça fait trois semaines que je l'ai interpelé, que je lui ai dit qu'il y a une rencontre qui est
prévue entre Hydro-Québec et Aqualini pour trouver une solution alternative.
Est-ce
que le ministre s'engage à suspendre l'adoption du décret pour laisser le temps
à Aqualini et Hydro de pouvoir trouver la piste de sortie?
La
Présidente : La réponse de la ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la Présidente,
merci. Donc, j'ai discuté déjà avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques de ce dossier. Donc, c'est sûr que je comprends l'inquiétude qu'il peut
y avoir autour de ce poste-là, de ce changement-là. C'est un quartier, le
Quartier latin, qui a besoin d'amour, qui a besoin de relance, et c'est sûr que
l'intégration de cette structure-là dans son environnement va être très importante, et on en tient compte. On veut
faire en sorte que ce soit bien intégré dans le milieu.
Maintenant,
il y a une chose qui est claire, c'est que le poste qui est actuellement en
service, il l'est depuis 1968. Il est arrivé à sa fin de vie. On fait
face, par ailleurs, à une hausse de la demande d'énergie. Alors, il faut
procéder à un agrandissement et à une reconstruction, donc, de ce poste.
Le
poste, il doit être à proximité du public qu'il dessert, des clients qu'il
dessert, alors on n'a pas tant d'options que ça. Ce que je peux dire, c'est
qu'Hydro-Québec a fait une analyse des différentes options qui existent, mais
on est quand même face à des contraintes qui peuvent être importantes
sur le plan technique, et, dans le secteur, il n'y a pas énormément d'options
que ça. Mais Hydro-Québec s'assure d'identifier l'emplacement le plus optimal.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme
Manon Massé
Mme Massé : Mme la Présidente, j'ai dit à la ministre, il y a
quelques semaines, que j'ai réussi à asseoir ensemble un propriétaire d'un
autre terrain qui est juste en face de celui de la BANQ... On a des gens... Mes
concitoyens n'en veulent pas, de ce complexe-là industriel en plein
coeur du Quartier latin, en plein coeur du quartier culturel.
Alors,
est-ce que le ministre de la Culture s'engage à ne pas signer ce décret-là
avant que la rencontre Hydro-Aqualini ait
eu lieu?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Économie.
Mme Christine
Fréchette
Mme
Fréchette : Oui. Alors, Mme la Présidente, bon, alors, moi, je
fais confiance à Hydro-Québec pour choisir le meilleur des scénarios.
Les discussions ne sont pas terminées, il y a eu plusieurs échanges au fil des
mois, au fil des années,
mais ce qui est important, c'est qu'Hydro-Québec choisisse le meilleur
emplacement pour la suite des choses. Donc, on va veiller à construire
un projet qui aura le moins d'impacts possible. Et, dans la mesure du possible,
on va choisir un terrain pour lequel il n'y aura pas d'expropriation qui serait
requise, parce que ça, ce n'est pas ce qu'on souhaite. Et, moi, je me dis, le terrain qui sera libéré, une fois qu'on aura
déplacé la structure, est-ce qu'il pourrait être converti en un espace
vert? Il me semble qu'il y a là une possibilité à réfléchir.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : ...puis Phyllis Lambert vous disent que c'est une
erreur anachronique, de construire ce mégaposte-là, il me semble que ça
devrait éveiller, sonner quelques cloches.
Mme la
Présidente, présentement, le décret est sur le bureau du ministre de la
Culture, et le terrain à côté de celui dont on parle, qu'on ne voudrait pas
voir ce complexe-là, n'a pas besoin d'être exproprié. Va-t-il ne pas le signer
avant?
La Présidente : La réponse du
ministre... de la ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : De la ministre.
Merci. Alors, bien, en septembre dernier, là, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques me faisait parvenir une lettre me demandant que soit évalué
spécifiquement le scénario de l'îlot Voyageur de manière plus approfondie.
Donc, je sais que c'est le... un des secteurs qu'elle considère pour le
déplacement. Mais ce scénario-là, ça
impliquerait des expropriations des propriétaires occupants puis ça aurait
aussi un impact assez important sur
plusieurs occupants, et au premier chef ceux de la gare d'autobus. Or, la gare
d'autobus, c'est un service public, que l'on veut préserver, bien sûr.
Alors, il faut tenir compte aussi de ces éléments-là.
Mais, comme
je dis également, est-ce qu'il y aurait possibilité de faire de l'espace qui
sera libéré un espace vert? Moi, je pense qu'il y a matière à réfléchir
de ce côté.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Stratégie du gouvernement en
matière de développement
économique et d'énergie
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Quelle est la dernière
excuse de la ministre de l'Économie, de l'Énergie et de l'Innovation pour expliquer les retards et les ratés de la réforme
du secteur de l'énergie? Je la cite : «L'arrivée de la nouvelle administration
aux États-Unis vient un peu changer la donne», alors que le projet de loi est
sur pause, le projet de loi n° 69, depuis bien avant l'élection
américaine, qui n'était pas, j'espère, une surprise non plus pour le
gouvernement.
Aujourd'hui,
nouvelle révélation des médias, le gouvernement réfléchit à un stratagème, à
quelque chose, dans le projet de loi, relativement aux tarifs
industriels, par rapport aux tarifs domestiques, alors que, le projet de loi,
ce n'est pas du tout ce qu'il prévoit.
Alors, ce qu'on voit, c'est du bricolage. C'est un gouvernement qui réfléchit
tout haut, comme il nous l'avait habitué sous l'ancien ministre Pierre
Fitzgibbon. Nouvelle ministre, même stratégie.
Est-ce que la
ministre pourrait s'engager aujourd'hui à retirer le projet de loi n° 69
et à présenter une réelle vision pour l'avenir énergétique et économique
du Québec?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Alors, bien, j'ai eu le plaisir dès mon arrivée, je dirais,
quelques jours après ma nomination dans mes nouvelles responsabilités, de
prendre part aux consultations particulières sur le projet de loi n° 69,
notamment avec le député de Jean-Talon et la collègue de Saint-Laurent. Alors,
bien, il faut voir qu'il y a plusieurs
mémoires, hein, qui ont été déposés. En fait, on en a plus de 70 qui ont été
déposés. On a rencontré presque une
quarantaine de ces groupes. Plusieurs idées ont été mises de l'avant. Et je
pense que le but de ce genre d'exercice là, c'est de faire en sorte de
s'inspirer des bonnes idées et de voir à aménager des modifications, s'il y a
lieu.
Donc, ça,
c'est un processus, d'une part, qui prend un certain temps. Chaque projet de
loi est perfectible. Alors, voilà, c'est notamment des éléments qui nous
ont amenés à retarder l'étude du projet article par article.
Mais je pense qu'on conviendra que l'arrivée de
la nouvelle administration à la Maison-Blanche, bien, ça provoque
potentiellement des changements importants dont il faut tenir compte. Alors, on
va vouloir s'assurer d'avoir une meilleure idée des intentions du prochain
président élu avant de s'engager dans cette discussion qui va porter,
notamment, sur les tarifs et la répartition des tarifs.
• (11 h 30) •
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : ...consultations
particulières, où à peu près tous les intervenants sont venus nous dire la même
chose : On ne sait pas quelle est la vision du gouvernement sur l'avenir
énergétique du Québec. Et là on va arriver avec un projet de loi qui va être
rapiécé, ramanché, charcuté.
Je
réitère ma question : Est-ce que la ministre est plus intéressée par
l'héritage législatif de son prédécesseur ou par une véritable politique,
solide, pour l'avenir énergétique du Québec?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme
Fréchette : Mme la Présidente, je pense que notre vision, elle est
claire, à savoir qu'il faut s'engager dans
la transition énergétique et en faire — c'est
notre point de vue, parce qu'il y a des possibilités de ce côté-là — un
outil, même, un levier de développement économique pour les Québécois. On a des
ressources naturelles. On a des minéraux critiques et stratégiques. On a une expertise qui peut être mise de
l'avant dans le cadre de la transition énergétique, et c'est ce à quoi
on s'affaire avec la filière batterie.
Maintenant,
ça requiert de rehausser considérablement la production d'électricité. Alors,
c'est au coeur du projet de loi n° 69, tout comme l'est,
d'ailleurs, le PGIRE, le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques.
La Présidente :
En terminant.
Mme
Fréchette : Alors, notre vision, elle est bâtie autour de ces
éléments-là d'importance.
La Présidente :
Alors, cela met fin à la période
de questions et de réponses orales. Demeurez en place pour le vote reporté. Et,
pour ce faire, je cède la place à la deuxième vice-présidente de l'Assemblée
nationale. Je vous remercie et vous dis à plus tard.
Votes reportés
Adoption
du projet de loi n° 61
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : À la rubrique Votes reportés, comme annoncé
précédemment, nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de
Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable, proposant que le
projet de loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et
modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif, soit adopté.
Le vote est maintenant ouvert.
La période de vote
étant terminée, M. le secrétaire général, pour le résultat du vote, s'il vous
plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 77
Contre :
27
Abstentions :
2
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : La motion est adoptée. En conséquence, le projet de
loi n° 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant
certaines dispositions relatives au transport collectif, est adopté.
Motions
sans préavis
À
la rubrique des motions sans préavis, en fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du
groupe formant le gouvernement. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de Mont-Royal—Outremont et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale déplore le climat malsain que tentent de faire régner
certains militants sur les campus collégiaux et universitaires;
«Qu'elle rappelle la
responsabilité des établissements de prendre tous les moyens nécessaires pour
assurer un environnement sain et sécuritaire pour tous les étudiants;
«Que
l'Assemblée nationale affirme qu'elle ne tolérera pas que le conflit au
Proche-Orient soit importé de [quelque] façon sur nos campus.»
Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Pas de consentement. Je reconnais
maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme la députée
de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député des Îles-de-la-Madeleine, le député de
Laurier-Dorion et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement caquiste de revoir de toute
urgence les modalités du Programme de supplément au loyer afin d'en
favoriser un plus grand recours dans une perspective de lutte contre
l'itinérance.» Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Un membre du deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Laurier-Dorion, la parole est à vous.
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
pour présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
D'Arcy-McGee, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de
Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que la rigidité des critères du Programme de
supplément au loyer nuit aux efforts pour loger des personnes en
situation d'itinérance;
«Qu'elle
souligne que les difficultés à octroyer l'ensemble des unités de ce programme
ne relèvent pas de la responsabilité des organismes communautaires;
«Qu'elle
demande au gouvernement de revoir les critères, notamment les seuils
admissibles de coût de loyer, ainsi que les pratiques d'application du
programme afin qu'il soit mieux adapté aux réalités de l'itinérance.» Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Donc,
je reconnais un membre du troisième groupe d'opposition. M. le chef du
troisième groupe d'opposition, la parole est à vous.
Demander au gouvernement de cesser tout financement
public d'organismes qui encouragent des formes
d'exploitation sexuelle des mineurs
M. St-Pierre
Plamondon : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis, le député de Laurier-Dorion et la députée
de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale réitère son engagement à lutter contre l'exploitation
sexuelle des mineurs, le proxénétisme et le trafic humain;
«Qu'elle prenne acte
que des organismes qui promeuvent des formes d'exploitation sexuelle des
mineurs, comme le "sugaring",
reçoivent des fonds publics par le biais du Programme de soutien aux organismes
communautaires;
«Qu'en conséquence,
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de cesser tout financement public
d'organismes qui encouragent des formes d'exploitation sexuelle des mineurs.»
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Consentement, sans débat. Oui, M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme la Présidente, si
cela est possible, avec le concours d'un groupe parlementaire, nous aimerions
voter sur cette motion.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : ...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Consentement. Donc le vote est ouvert.
Le vote est maintenant terminé. M. le secrétaire
général, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 100
Contre :
0
Abstentions :
1
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : La
motion est adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous sommes maintenant à la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement,
s'il vous plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, j'avise
cette Assemblée que la Commission de l'aménagement du territoire va
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 79, la Loi édictant la Loi sur les contrats des
organismes municipaux et modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
administratif des organismes municipaux, aujourd'hui, après les avis touchant les travaux des
commissions jusqu'à 12 h 50 et de 15 heures à 17 h 25,
à la salle Louis-Joseph-Papineau.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le leader adjoint. Pour
ma part, je vous avise que la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles se
réunira en séance de travail aujourd'hui, de 15 heures
à 15 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin
de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat
d'initiative portant sur la réforme des programmes d'assurances de La Financière
agricole du Québec.
• (11 h 40) •
Je vous avise également que la Commission des
transports et de l'environnement se réunira en séance de travail aujourd'hui, de 15 h 30 à
16 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative sur les
révélations importantes au sujet de la crédibilité de l'organisme Éduc'alcool
en lien avec des enjeux de santé publique et de sécurité routière.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, je cède maintenant la place à Mme la Présidente.
Violation de droit ou
de privilège soulevée le 3 décembre 2024
sur le dépôt du rapport annuel de gestion 2023 de la
Société de l'assurance automobile du Québec
La Présidente : Alors, rebonjour.
Nous allons poursuivre à cette rubrique sur les renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Je suis prête à vous
entendre sur la demande d'intervention portant sur un droit ou un privilège des
élus. Je suis prête à vous entendre.
Alors, qui souhaite commencer? M. le leader de l'opposition officielle, je vous
écoute.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Mme
la Présidente, cette question de privilège qui est devant vous est extrêmement
simple à statuer et, en même temps,
extrêmement sérieuse. La question que vous devez vous poser est la
suivante : Est-ce que la ministre des
Transports et de la Mobilité durable
a déposé le rapport annuel de gestion de la Société de l'assurance automobile du Québec dans les délais
prescrits par la Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec? La
réponse à cette question est simple : Non. D'ailleurs, la ministre
l'a elle-même admis en cette Chambre hier.
Revenons sur
les faits. L'article 19 de la Loi sur la Société de l'assurance automobile
du Québec est très clair, et je cite :
«La société doit, au plus tard le 30 avril de chaque année, remettre au
ministre ses états financiers ainsi qu'un rapport annuel de gestion pour
l'exercice financier précédent.
«[...]Le
ministre dépose les rapports de la société devant l'Assemblée nationale dans
les 15 jours de leur réception ou, si elle ne siège pas, dans les
15 jours de la reprise de ses travaux.»
Or, le dernier rapport annuel de gestion de la
Société de l'assurance automobile du Québec a été déposé en septembre 2023 à
l'Assemblée, et ce, pour l'année 2022. Le rapport annuel de
gestion 2023 aurait dû être déposé en mai
2024. Je tiens à le rappeler, le rapport annuel de gestion de 2023 aurait dû
être déposé en mai 2024, et voilà que nous sommes au mois de décembre 2024, à quelques jours de la fin de notre
session. Vous constaterez, à la lumière des faits, que le rapport annuel de gestion 2023 n'a
toujours pas été déposé par la ministre, ce qui, à notre avis, constitue, à
première vue, un outrage au Parlement.
Mme la Présidente, vous devez rendre une
décision en vous appuyant sur notre jurisprudence, qui est très claire et qui rappelle l'importance de respecter
l'obligation de déposer un rapport annuel de gestion selon les délais prescrits
par la loi. Vous me permettrez de citer, à cet égard, quelques décisions
qui ont été rendues par vos prédécesseurs.
Le
11 mars 1993, une importante décision a été rendue par le président
Jean-Pierre Saintonge dans une situation similaire à celle que nous avons devant nous, et je
cite : «Le dépôt de documents devant l'Assemblée nationale est une affaire
sérieuse qui concerne d'abord et
avant tout l'Assemblée elle-même. Les règles concernant le dépôt de document,
même celles inscrites dans des lois, ont trait à la procédure de
l'Assemblée; c'est pourquoi la présidence a compétence pour les interpréter.
«La
communication des renseignements contenus aux rapports que doivent déposer en
vertu de la loi les ministères et organismes publics est importante pour
l'exercice des fonctions parlementaires des députés. L'omission de déposer ces
rapports pourrait donc entraver l'exercice de ces fonctions parlementaires.»
Une autre
décision, rendue par le président Jacques Chagnon le 12 février 2015, a
reconnu que «le fait de ne pas déposer
un document dans un délai imparti par la loi constitue, à première vue, un
outrage au Parlement. La communication des renseignements contenus aux
rapports que doivent déposer en vertu de la loi les ministères et les
organismes publics est importante pour l'exercice des fonctions parlementaires
des députés et l'omission de déposer ces rapports pourrait entraver l'exercice
de ces fonctions parlementaires,»
Vous me permettrez également de citer une
décision plus récente de votre prédécesseur, François Paradis, rendue le 5 décembre 2019 : «...il ne
fait aucun doute qu'une omission de déposer un document alors que la loi le
prescrit constitue un outrage à
première vue. Ceci s'explique du fait que pour exercer un contrôle
parlementaire efficace, l'Assemblée a besoin d'être informée de tout ce
qui se passe dans l'appareil étatique, et ce, en temps utile.»
Mme la
Présidente, je pense que les décisions que je viens de citer sont sans
équivoque et ne laissent pas la possibilité d'interpréter la situation
qui nous occupe aujourd'hui autrement.
Mme la
Présidente, hier, en Chambre, j'ai questionné la ministre sur les raisons du
retard dans le dépôt du rapport annuel
de gestion de la Société de
l'assurance automobile du Québec.
Fidèle à son habitude, elle a rejeté la faute entièrement sur la Société
de l'assurance automobile du Québec.
Or, Mme la Présidente, je lui ai rappelé la
définition du principe de responsabilité ministérielle dans notre procédure
parlementaire. Permettez-moi de vous la citer à nouveau : «Un ministre est
responsable devant le Parlement non
seulement de ses propres actions, mais aussi de celles des fonctionnaires de
son ministère. C'est ainsi qu'un ministre pourrait éventuellement être obligé de démissionner en raison d'un cas
important de mauvaise gestion dans son ministère.»
Mme la Présidente, peu importent les excuses et
les raisons que la ministre et le leader du gouvernement vont nous donner pour
expliquer ce retard, cela ne change en aucun cas le fait que le rapport annuel
de gestion de la Société de l'assurance automobile du Québec n'a pas été
déposé, malgré qu'il aurait dû l'être depuis des mois. La ministre a eu des
mois pour régulariser la situation.
C'est la responsabilité de la ministre de
s'assurer que son ministère va lui transmettre les documents prescrits par une loi, et c'est la responsabilité du leader
du gouvernement de s'assurer que ces documents soient déposés en Chambre
dans les délais prescrits.
Et,
d'ailleurs, je vais me permettre de rappeler les propres mots de la ministre
des Transports elle-même ici, en Chambre, en 2023 : «Notre responsabilité,
c'est que, quand on s'aperçoit qu'un travail a été inadéquatement fait par
les personnes payées et nommées pour le
faire, c'est effectivement la responsabilité d'un ministre, la responsabilité
ministérielle.» Ce sont les propos de la ministre des Transports et de
la Mobilité durable.
En
conclusion, Mme la Présidente, je crois que les faits devant nous et les
décisions dans notre jurisprudence parlent d'eux-mêmes. Vous avez
aujourd'hui le fardeau de déterminer si les privilèges et les droits des députés
ont été bafoués, ces privilèges et ces
droits dont vous êtes la gardienne. En ne déposant pas un document essentiel au
travail des députés, non seulement la
ministre des Transports et de la Mobilité durable entrave le travail
parlementaire, mais elle contrevient à la loi. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
La Présidente : Je reconnais
maintenant, pour son intervention, M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Pour commencer, moi, si, dans le futur, j'ai la chance d'être
leader du gouvernement, leader parlementaire
du gouvernement, je peux vous assurer d'une chose : si mon gouvernement
était accusé d'outrage au Parlement,
je serais assis dans mon siège pendant l'entièreté du plaidoyer de mes
collègues leaders des autres oppositions. C'est ce que je ferais, Mme
la...
La
Présidente : Oui. Oui, je vais vous entendre... Non, je vais
vous entendre, M. le leader adjoint. On va tous en bénéficier.
M. Lévesque
(Chapleau) : Bien oui. Bien, Mme la Présidente, on ne peut pas
souligner l'absence de collègues en cette Chambre.
La
Présidente : Voilà. C'est important. M. le leader du deuxième
groupe d'opposition, vous avez entendu? Je suis d'accord. Poursuivez.
M. Leduc : Sur le fond de la
question, Mme la Présidente, je ne répéterai pas tout ce qui a été dit, mais
j'appuie l'entièreté des propos de mon collègue de l'opposition officielle. La
jurisprudence parlementaire est absolument claire au sujet des obligations
légales entourant les dépôts de documents à l'Assemblée nationale. L'importance
du dépôt des documents prescrits par la loi pour l'exercice des fonctions
parlementaires est indéniable. Comment pouvons-nous faire notre travail d'opposition, peu importe quel groupe d'opposition
dans lequel nous siégeons, si nous n'avons pas accès à ces documents-là?
C'est la matière même de notre fonction de député de l'opposition ici, à l'Assemblée
nationale.
En
ne déposant pas le rapport annuel de gestion de la société pour
l'année 2023 dans les délais prescrits par la loi, la ministre prive les
parlementaires d'informations pertinentes pour la réalisation de leur travail
de contrôleurs de l'action gouvernementale. Puis, Mme la Présidente, on n'en a pas tant que ça, des
leviers pour contrôler l'action gouvernementale. C'est très difficile, dans les différentes commissions, d'aller obtenir
des audiences de différents ministres, de différents groupes, il faut souvent convaincre. Évidemment, on dit que
les commissions sont souveraines. Bien sûr, il faut convaincre les députés
des autres... de la partie gouvernementale,
essentiellement. C'est très rare qu'on réussit à le faire. Tout un chacun
jugera de la raison pour laquelle
c'est difficile de le faire, mais, si on n'a pas accès, en plus, aux documents,
c'est très difficile de faire notre travail, voire impossible.
La ministre était
déjà ministre, la dernière fois que la présidence a fait un rappel sur
l'importance du dépôt des documents prescrits par la loi, en 2019. Elle a peu
d'excuses à nous livrer aujourd'hui. J'ai hâte d'entendre le plaidoyer de mon collègue. C'est donc le même gouvernement
qui ne respecte pas les règles de cette institution à nouveau. Mme la
Présidente, vous devez être exemplaire dans votre décision et rappeler à
l'ordre le gouvernement. Merci beaucoup.
La
Présidente : Et je reconnais, pour son intervention, le leader adjoint
du gouvernement.
M. Mathieu
Lévesque
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, vous l'avez
entendu, le leader de l'opposition
officielle allègue que les articles 66 et suivants de notre règlement ont
été transgressés par l'omission de la ministre
des Transports et de la Mobilité durable de déposer devant l'Assemblée
nationale le rapport annuel de la Société
de l'assurance automobile du Québec dans les délais prescrits par l'article 19
de la Loi sur la Société de
l'assurance automobile du Québec.
Donc,
sachez que la SAAQ prend au sérieux ses obligations envers l'Assemblée
nationale. L'organisme effectue présentement sa première fin d'année avec un
nouveau système informatique, Mme la Présidente, ce qui a causé des
délais dans la production de ses états financiers. Devant ces délais, la SAAQ
s'est dotée de moyens pour produire dès que
possible son rapport annuel de gestion. En plus de ses vérificateurs externes
habituels, la SAAQ a mandaté une firme externe, PricewaterhouseCoopers,
pour l'aider à finaliser son rapport. La SAAQ poursuit également ses travaux avec
la Vérificatrice générale pour lui permettre de finaliser son opinion sur ses
états financiers 2023.
Donc, Mme la
Présidente, la ministre ne pouvait pas déposer un rapport qu'elle n'avait pas
et qui n'est pas achevé à l'heure actuelle. Ni la ministre ni la SAAQ n'ont
voulu porter atteinte aux droits et privilèges, bien entendu, des membres de notre Assemblée. Au contraire, la
SAAQ travaille d'arrache-pied afin de pouvoir fournir aux parlementaires
une information complète et exacte le plus rapidement possible, Mme la
Présidente.
La ministre et la
SAAQ sont de bonne foi, évidemment, dans ce dossier. En conséquence, il n'y a
pas lieu de donner suite à la question de privilège, puisque le retard dans la
production du rapport annuel de gestion est consécutif à des enjeux
technologiques et ne découle en aucun cas d'une volonté de la SAAQ ni de la
ministre de ne pas respecter les droits et privilèges des parlementaires.
Merci.
La Présidente :
Je constate qu'il n'y a pas
d'autre intervention. Alors, je vais prendre vos plaidoiries en délibéré.
Pour la suite de nos
travaux, je vais maintenant céder la place, à nouveau, à la deuxième
vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci pour votre attention.
Avis
de sanction de projets de loi
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pour ma part, je vous informe qu'il y aura sanction
des projets de loi suivants, aujourd'hui, à
15 heures, au bureau de son honneur la lieutenante-gouverneure : le
projet de loi n° 73, Loi visant
à contrer le partage sans consentement d'images intimes et à améliorer la
protection et le soutien en matière civile des personnes victimes de violence;
le projet de loi n° 80, Loi
concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 12 mars 2024 et modifiant d'autres dispositions.
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il vous
plaît.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à ce
stade-ci, je vous demanderais de bien vouloir rappeler l'article 11 du
feuilleton.
Projet
de loi n° 78
Adoption
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : À l'article 11 du feuilleton, M. le ministre de
la Justice propose l'adoption du projet de loi n° 78, Loi donnant suite à
l'entente entre le ministre de la Justice et le Barreau du Québec pour la
bonification des tarifs de l'aide juridique.
Y a-t-il des
interventions? M. le ministre, la parole est à vous.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bonjour, Mme la Présidente. Nous entamons aujourd'hui le débat sur l'adoption
du projet loi n° 78,
Loi donnant suite à l'entente entre
le ministre de la Justice et le Barreau du Québec pour la bonification des
tarifs de l'aide juridique. Je me permets de faire un clin d'oeil du fait
qu'il s'agit d'un projet de loi qui est important pour l'ensemble des
justiciables, Mme la Présidente.
La justice
constitue l'un des piliers de notre société, et, en ce sens, son accès ne
devrait jamais être un luxe. Il y a plus
de 50 ans, les Québécoises et les Québécois ont, collectivement, décidé de
faire de l'accès à la justice un droit fondamental. La Commission des
services juridiques fut ainsi créée, et, aujourd'hui, notre régime d'aide
juridique est l'un des plus généreux au
monde. Celui-ci s'appuie sur le travail des 475 avocats permanents d'aide
juridique ainsi que sur celui des 1 700 avocats de la pratique
privée qui prennent des mandats d'aide juridique.
La
possibilité de défendre ses droits, l'égalité de tous devant la loi et l'équité
sont des principes fondamentaux de notre
système d'aide juridique et doivent continuer de nous guider dans nos
décisions. Depuis déjà quatre ans, en collaboration avec les partenaires
du milieu de la justice, nous nous sommes engagés dans un grand chantier de
modernisation du régime d'aide juridique.
Faisant suite à une importante hausse des tarifs d'aide juridique, un mandat a
été confié à un groupe de travail
indépendant pour améliorer la structure des tarifs d'aide juridique. À ce jour,
la grande majorité des recommandations du groupe de travail ont été
mises en oeuvre ou sont en voie de l'être.
Une première
entente a été conclue avec le Barreau
du Québec dès juin 2022 afin de
répondre aux recommandations jugées les plus urgentes formulées par le
groupe de travail. C'est, ensuite, pour mettre en oeuvre
79 recommandations du rapport que nous avons conclu, en juin 2024,
l'entente entre le ministre de la Justice et le Barreau du Québec pour la
bonification des tarifs de l'aide juridique. Certaines des recommandations de
cette dernière entente nécessitent des modifications législatives et
réglementaires, et c'est ce que le projet de loi n° 78 nous permet de
faire aujourd'hui.
Le projet de loi se décline en trois mesures
principales. D'abord, Mme la Présidente, il permettra d'améliorer l'accès à
l'aide juridique en matière criminelle et pénale. En effet, les citoyens
pourront désormais avoir plus facilement accès à l'aide juridique lorsqu'ils
souhaitent porter en appel un jugement en matière criminelle et pénale en
présence d'un recours extraordinaire ou
lorsqu'ils sont poursuivis pour des infractions sommaires, donc de moindre
gravité. Dans les deux cas, les critères d'admissibilité ont été
élargis.
Ensuite, nous souhaitons donner à un avocat
ayant pris un mandat d'aide juridique la possibilité d'être remplacé par tout
autre avocat, que ce dernier provienne ou non du même cabinet, pour accomplir
une partie du mandat. Cette modification permettra de favoriser un traitement
plus rapide et plus efficace des dossiers au bénéfice des justiciables.
Finalement,
et comme convenu avec le Barreau dans l'entente en juin dernier, le processus
de négociation des tarifs d'aide
juridique sera revu et modernisé afin que les avocats et les notaires soient
représentés par une nouvelle association dans le cadre des négociations. Ces nouvelles entités devront être
représentatives des avocats et des notaires qui prennent des mandats d'aide juridique. Cette mesure a comme
objectif de permettre aux ordres professionnels de se recentrer sur leur
mission première, c'est-à-dire la protection du public.
Les changements législatifs que nous souhaitons
adopter aujourd'hui visent à assurer la pleine mise en oeuvre de l'entente de
juin dernier.
L'adoption du
projet loi n° 78 constitue un nouveau pas vers une justice plus
efficace, plus accessible et, surtout, plus humaine.
En terminant, vous me permettrez de remercier
l'ensemble des collègues de la banquette gouvernementale qui ont participé à
l'étude détaillée, notamment le député de Richmond, à titre de président, de
remercier l'ensemble des collègues des
oppositions, de remercier le personnel du ministère de la Justice, des équipes
et de mon cabinet qui ont travaillé sur le projet de loi n° 78.
Alors, Mme la Présidente, je vous dis : À la prochaine.
• (12 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Je reconnais maintenant le député
d'Acadie. La parole est à vous.
M. André Albert Morin
M. Morin : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je suis heureux de prendre la parole au stade de l'adoption
du projet de loi n° 78, Loi donnant suite à l'entente entre le ministre de
la Justice et le Barreau du Québec pour la bonification des tarifs de
l'aide juridique.
En effet, il
s'agit, et j'écoutais M. le ministre en parler... il s'agit d'un projet de loi
important, puisqu'évidemment ce projet de loi a pour objet de donner suite à
l'entente qui est intervenue, l'entente de principe entre le ministre de
la Justice et le Barreau du Québec suite, évidemment, aux recommandations qui
ont été faites par le Comité indépendant sur les tarifs d'aide juridique. Donc,
vous comprendrez qu'il y a eu de nombreuses négociations, Mme la Présidente, et
c'est une bonne chose qu'on puisse aujourd'hui, en arriver, bien sûr, à une
entente. Pourquoi? Bien, parce que l'aide juridique,
et, surtout, les justiciables qui peuvent en bénéficier, bien, ça fait en sorte
qu'ils pourront avoir une représentation adéquate devant les tribunaux
et qu'ils pourront être représentés, évidemment, par avocat.
Quand on regarde le projet de loi, c'est un
projet de loi qui comporte, simplement, quelques articles, et on se rend compte, évidemment, que ça va s'appliquer,
notamment, en matière criminelle et pénale. Et il y a certains critères qui
sont énoncés. On dit, notamment, à
l'article 1, qu'il pourra... en fait, l'accusé pourrait être représenté,
s'il est probable qu'il soit reconnu
coupable, s'il en résulterait, pour ce dernier, une peine d'emprisonnement ou
de mise sous garde, ou encore, la perte de moyens de subsistance, ou
encore, lorsqu'il est dans l'intérêt de la justice que l'aide juridique soit
accordée à cet accusé. Donc, vous voyez que c'est un
volet qui est important parce que, quand quelqu'un est accusé d'une infraction ou d'un acte criminel, évidemment, les
conséquences, s'il est reconnu coupable, c'est qu'il puisse, évidemment,
se voir imposer une peine privative de
liberté, donc une peine d'emprisonnement, et, évidemment, vous connaissez et on
peut très bien imaginer les conséquences.
Évidemment, être en détention, c'est quelque chose qui, bien sûr, est important,
mais ça a un impact, bien sûr, sur l'accusé,
donc il est important qu'il puisse bénéficier d'une représentation juridique
adéquate.
Et
évidemment, dans notre société, on est privilégiés, on a un principe qui
s'appelle la présomption d'innocence. Donc,
il faut que le poursuivant prouve hors de tout doute raisonnable les éléments
essentiels de l'infraction qu'il reproche à l'accusé. L'accusé, lui, a droit à un avocat pour se défendre et il
n'a qu'à soulever un doute raisonnable pour être acquitté. C'est comme
ça que notre système fonctionne. Cependant, cependant, il est important, parce
que, dans notre société, il y a des gens qui
ne peuvent pas se payer les services d'un avocat, donc, qu'il puisse bénéficier
de l'aide de l'État pour être représenté adéquatement.
Le projet de loi souligne également que, s'il
est probable qu'il soit reconnu coupable, l'accusé, évidemment, donc, pourrait être représenté, si c'est également
«dans l'intérêt véritable de l'accusé que l'aide juridique lui soit accordée»,
ou encore «dans l'intérêt de la justice que l'aide juridique soit accordée à
cet accusé, compte tenu des circonstances exceptionnelles de l'affaire,
notamment sa gravité [et] sa complexité». Et ça aussi, c'est deux éléments
importants qui vont donner une discrétion,
une marge de manoeuvre à l'aide juridique pour que, dans les circonstances,
l'accusé puisse, évidemment, être représenté. Ça, c'est... l'entente, ça a pris
du temps pour négocier cette entente-là, mais, là, on en est arrivés... Et donc la façon dont on fonctionne,
évidemment, dans notre société, c'est qu'il faut maintenant que le ministre
de la Justice donne suite, et c'est ce qu'il a fait avec son projet de loi
n° 78.
Cependant, il n'y a pas que ça, dans le projet
de loi n° 78. Si vous regardez l'article 3, on dit, entre autres, que
l'article 83.21 de la loi, la Loi sur l'aide juridique, va être modifié et
va être remplacé, dans le premier alinéa, des «organismes
habilités à représenter les notaires, les avocats, les huissiers ou les
sténographes» par une association représentative
«des notaires, des avocats, des huissiers ou des sténographes qu'il reconnaît
par arrêté ministériel». Donc, au fond, ce que cet article-là vient faire,
c'est que, dorénavant, lorsqu'il y aura des négociations pour les tarifs d'aide
juridique, ce n'est plus le Barreau qui pourra négocier ou la chambre
des notaires, mais une association d'avocats ou de notaires.
À prime
abord, ce n'est pas une mauvaise chose. Pourquoi? Bien, parce que, le Barreau,
sa première mission... c'est un ordre
professionnel, donc sa première mission, c'est la protection du public. Il en
va de même de la chambre des notaires. Les
ordres professionnels ne sont pas là pour représenter des intérêts pécuniaires
de leurs membres, mais bien de s'assurer que le public va être protégé. C'est
ça, la mission d'un ordre. Sauf que, dans le cas des tarifs d'aide juridique,
depuis la création de l'aide
juridique, c'est toujours le Barreau qui les a négociés. Mais le Barreau
reconnaît, et c'est mentionné dans l'entente de principe, qu'il veut effectivement
changer les choses.
D'ailleurs, quand on regarde l'entente de
principe qui a été signée entre le ministre de la Justice, le Barreau du Québec pour le Comité indépendant sur les tarifs
d'aide juridique, document qui a été signé le 6 juin 2024, on se rend
compte qu'au départ, dans les considérants, il y a le considérant
suivant, «que le Barreau du Québec s'engage à donner suite à la recommandation 177 du rapport final du
groupe qui a négocié, et ce, dans les meilleurs délais, et ainsi que soit créée
une nouvelle entité de négociation habilitée à représenter les avocats dans le
cadre de la négociation des tarifs juridiques.» Et on souligne également
que, considérant l'engagement du Barreau que je viens de citer au considérant
précédent, l'engagement du Barreau, dis-je,
de donner suite à la recommandation 177, le ministre entend appuyer les
démarches afin de clarifier les rôles
et responsabilités de tous les acteurs ainsi que de favoriser le recentrage du
Barreau du Québec sur sa mission de protection du public.
Donc, le ministre entend appuyer les démarches.
Et, quand on regarde, par la suite, les différentes dispositions de l'entente, on se rend compte effectivement qu'à
l'article... Bon, la recommandation 177, et c'est dans l'entente, parmi
les engagements, on dit : «Le Barreau
du Québec s'engage à donner suite à la recommandation 177 du rapport final du groupe qui a négocié ainsi que soit créé, dans les
meilleurs délais, une nouvelle entité de négociation habilitée à représenter
des avocats dans le cadre de la négociation des tarifs d'aide juridique.»
Quand on regarde les considérants, et je l'ai
mentionné, mais je le répète, le ministre entend appuyer les démarches. Moi,
quand je lis ça, Mme la Présidente, je me dis : Bien, il y a une entente de
principe de signée. Il y a un engagement des parties à l'effet qu'ils vont
travailler pour en arriver là, c'est-à-dire créer une association, et le
ministre entend les appuyer dans leurs
démarches. Donc, normalement, ça ne devrait pas arriver demain matin. Et je ne
vous dis pas que ça ne doit pas
arriver. Ce n'est pas ça que je dis. Je reconnais clairement qu'il peut y avoir
un rôle qui est paradoxal entre le travail ou le rôle d'un ordre
professionnel et celui d'une association.
• (12 h 10) •
D'ailleurs, on le voit, on le voit avec les
médecins, ce n'est pas le Collège des médecins qui négocie les tarifs des médecins au Québec, ce sont des fédérations ou
des associations de médecins. Est-ce que le Barreau doit en arriver là? Oui, j'en suis. Est-ce que la Chambre des notaires
doit en arriver là? Oui, également. Le projet de loi souligne deux autres
groupes, des huissiers et des sténographes, sauf qu'on nous a dit en commission
parlementaire... parce que j'ai posé la question au ministre, mais ça a l'air
que, pour ces deux groupes-là de professionnels, il n'y a pas véritablement de
négociation. C'est-à-dire qu'il y a des décrets, puis, bon, on impose ou, en
fait, on adopte un tarif.
Pour le Barreau, c'est différent. Il y a
véritablement une négociation, puis une négociation qui peut prendre du temps puis qui peut être longue, sauf que non
seulement le ministre entend appuyer les démarches... En tout cas, on peut
dire qu'il y a pris le considérant au sérieux, très au sérieux, parce que ce
que le ministre a fait, c'est qu'il l'a directement inclus dans son projet de
loi n° 78. Donc, l'article va être modifié, puis, dorénavant... Là, on est
à l'étape de l'adoption. Donc, il y aura,
par la suite, la sanction au cabinet de la lieutenante-gouverneure, mais, après
ça, la loi va entrer en vigueur, puis c'est ce qui va prévaloir.
Donc,
désormais, il va falloir que ce soit une association qui négocie les tarifs. Et
là, évidemment, quand on a étudié le projet
de loi, bien, dans le projet de loi, on dit qu'«un ordre professionnel ou une
association qu'il contrôle, qu'il finance
ou qui lui est autrement liée ne peut être reconnu comme une association
représentative en vertu du premier alinéa».
Donc,
l'alinéa que je viens de vous lire fait en sorte que, dorénavant, il y aura une
association de juristes, que ce soient des notaires ou des avocats, et
que, par la suite, cette association-là ne pourra pas être financée par un
ordre professionnel, c'est-à-dire le Barreau ou la Chambre des notaires, une
association représentative.
Et
là les questions que j'ai posées au ministre, c'est : Qu'est-ce que vous
entendez par «représentative»? Est-ce que c'est l'ensemble des avocats?
Peut-être pas parce que ce n'est pas l'ensemble des avocats qui vont, en fait,
accepter des mandats d'aide juridique. Il y a à peu près
29 000 avocats au Québec. Il y a beaucoup moins de notaires. Mais donc, évidemment,
une vingtaine de mille de personnes qui négocient, ça a une force de
négociation face au gouvernement. Mais ce
n'est probablement pas de ça dont il s'agit. Alors, de quoi on parle? Est-ce
qu'au niveau, par exemple, des avocats qui pratiquent en droit criminel,
on parle de l'association des avocats et avocates de défense de Montréal ou du
Québec? Alors là, on vient de réduire le
nombre d'une façon considérable. Est-ce qu'on parle d'une association d'avocats
en droit de la famille, en droit de
l'immigration? Parce que, si c'est le cas, là aussi, on vient de réduire d'une
façon considérable le nombre de
personnes. On ne le sait pas. Ce que le ministre nous a dit, c'est qu'il
voulait que ce soit représentatif. Est-ce que ça pourrait être toutes
ces personnes-là qui prennent des mandats d'aide juridique? Peut-être. Je ne le
sais pas.
Et
le ministre nous dit : Ah! bien là, ça va être aux professionnels à
s'arranger. Je veux bien, sauf que ces négociations sont longues. Et là,
ce que je comprends, c'est qu'après l'entrée en vigueur de la loi, bien, il n'y
aura pas d'autre option possible. Il va
falloir que l'association soit créée. Les professionnels trouveront une forme
juridique quelconque et représentative.
Or, ce qu'on m'a
dit... Parce que j'ai vérifié. Moi, je pensais que ce projet de loi, Mme la
Présidente, ce serait quand même très rapidement qu'on allait entériner
l'entente et que c'était à peu près tout. Alors, en ayant vu ça, bien, j'ai dit, il
y a un impact. Et là, ce qu'on me
dit, c'est que ça ne correspondrait pas spécifiquement à l'idée derrière le
protocole, l'idée de ce qui a été négocié.
Et
d'ailleurs, d'ailleurs, le Barreau du
Québec a pris la peine d'écrire à la
Commission des institutions pour souligner et rappeler que le Barreau,
évidemment, veut arrêter de négocier des tarifs d'aide juridique, mais qu'il
faut quand même qu'une association ait le temps nécessaire pour être formée, pour
être capable de remplir son rôle. Donc, c'est la raison pour laquelle le
Barreau souligne à la commission : «Bien que le Barreau ait salué
l'avancée que constitue le projet de loi, il n'en demeure pas moins que son
article 3 ne correspond pas à notre vision concernant la mise en oeuvre de
la recommandation 177, donc celle du Groupe de travail indépendant sur la
réforme de la structure tarifaire de l'aide juridique,
ni à l'Entente de principe concernant les tarifs des honoraires et les débours
des avocats dans le cadre du régime d'aide
juridique», ce qu'on appelle l'entente de principe, selon le document auquel je
faisais référence, Mme la Présidente, celui qui a été conclu le 6 juin
dernier.
On
souligne que «l'article 3 du projet de loi prévoit notamment que le
ministre reconnaît une association représentative par arrêté ministériel et qu'un ordre ou une
association qu'il contrôle ou qu'il finance ne peut être reconnue comme une
association représentative. L'article 6
du projet de loi prévoit par ailleurs que c'est le gouvernement qui détermine
la ou les dates auxquelles ce pouvoir de reconnaissance et cette
interdiction entreront en vigueur.»
Donc, quel temps le
ministre va laisser? On ne le sait pas. Est-ce que... Bon, probablement pas et
sûrement pas le lendemain de la mise en
vigueur. D'ailleurs, on a questionné le ministre là-dessus. Mais est-ce que ce
sera deux mois, trois mois, six mois?
On n'en a aucune idée, aucune idée. Et donc le Barreau estime que ces deux
dispositions doivent être discutées plus amplement afin de refléter
l'entente de la recommandation 177 du groupe qui a négocié.
Et
rappelez-vous, Mme la Présidente, ce que je disais à propos des considérants au
départ de l'entente de principe. Le ministre entend appuyer les
démarches. Je peux comprendre, je peux comprendre la surprise du Barreau et de
la Chambre des notaires. Bien qu'ils aient reconnu, à la
recommandation 177, qu'il était important qu'une association soit créée, la minute où vous signez un document
puis vous vous dites : Bien, moi, le ministre, c'est ce qui est écrit, je
vais appuyer vos démarches, puis que,
là, quelques semaines, quelques mois après vous
retrouvez la fameuse démarche dans un projet de loi, je vous dirai que
c'est tout un appui. C'est un gros... une grosse poussée vers l'avant.
Donc,
on se ramasse aujourd'hui dans cette situation-là. Et le Barreau rappelle, dans
sa lettre à la commission, que «les actions prises par le ministre sont
prématurées, en ce que les articles 3 et 6 du projet de loi vont
occasionner des enjeux qui doivent être plus amplement discutés et amendés».
D'ailleurs, dans le considérant, on disait que le ministre entend appuyer les démarches, donc j'imagine que
c'est légitime de penser qu'il y aurait eu d'autres négociations, ce qui
n'a pas été le cas.
Le
Barreau rajoute : «Le texte de ces articles, tel que rédigé, peut
permettre au ministre de reconnaître une association qui serait
existante, mais qui ne bénéficierait ni de la légitimité nécessaire ni de la
capacité financière et matérielle pour
assurer sa pérennité. Un tel scénario, s'il s'avérait, affecterait
nécessairement la crédibilité du régime de négociation et pourrait
affecter la qualité des services fournis à la population.»
Et c'est la raison
pour laquelle, moi, j'ai posé des questions au ministre en lui demandant :
Écoutez, ça va être quoi? Je comprends que
vous nous dites que ça va être représentatif, mais, encore là, est-ce qu'on
peut en savoir davantage? Est-ce que
vous pouvez nous donner, en fait, une échelle dans le temps, quand ça pourra
rentrer en vigueur? Et, bon, le ministre nous a dit : Pas tout de
suite, mais on n'a pas plus de précisions.
Évidemment, le ministre ici a le beau jeu, puis
je vais le répéter parce que c'est... il faut que ce soit dit, là. Je comprends qu'un ordre professionnel, ce n'est pas
son mandat ni son objectif de négocier des tarifs ou de l'argent pour ses
membres. C'est vrai. Ça fait à peu près 50 ans que ça fonctionne comme ça.
Le Barreau le reconnaît. Ils veulent changer les
choses. Mais là le problème, c'est que le ministre, lui aussi, est le
négociateur, parce que l'entente, elle est entre le Barreau et le ministre. Puis c'est
le ministre, évidemment, et le gouvernement qui vont déterminer les tarifs
d'aide juridique suite à la négociation.
• (12 h 20) •
Si
l'association, que le ministre reconnaît, n'a pas la capacité financière de
négocier, bien, on va se ramasser dans une drôle de situation pour
l'ensemble des justiciables. C'est sûr qu'au niveau des tarifs les avocats et
les notaires vont en profiter, parce qu'ils
vont charger leur acte professionnel au gouvernement et, par la suite, ils vont
recevoir une rémunération, compte tenu de ce qu'ils font. Mais
voyez-vous la difficulté ici? Le ministre a le pouvoir de reconnaître
l'association, mais c'est le ministre aussi qui négocie pour le gouvernement.
Dans notre système juridique, la bonne foi se
présume, puis le ministre, en commission, nous a donné son engagement que ce serait représentatif, mais vous
comprendrez qu'il y a quand même... s'il n'y a pas de conflit d'intérêts, Mme la Présidente, il y a quand même une apparence de conflit.
Parce que le ministre, d'une part, va reconnaître l'association qui va lui
permettre, lui, de négocier avec l'association, puis c'est lui qui tire les
ficelles. Donc, vous comprendrez que c'est un peu difficile et que ça place
cette association-là et le ministre dans une drôle de position.
Alors, le Barreau disait : «Le ministre
pourrait faire entrer en vigueur ce nouveau régime alors que l'association ne dispose pas des requis nécessaires, ce qui
affecterait la teneur des négociations.» Quand j'ai lu ce passage-là,
évidemment, c'est la raison pour laquelle j'ai questionné le ministre
sur ces questions-là. On nous dit qu'il y aura du temps. Alors, moi, j'ai pris la parole du ministre, je tiens à
le répéter, donc il y aura du temps. Mais voilà, il faut s'assurer aussi que
les tarifs seront adéquats pour que les gens, les membres du Barreau
puissent accepter les tarifs puis, après ça, représenter évidemment la
population adéquatement. Le Barreau a transmis la lettre à la commission mais
on nous dit au ministre également, parce que
le Barreau trouvait ça important que les articles 3 et 6 soient amendés, 3
et 6 du projet de loi. Ça n'a pas été fait.
Le Barreau, en terminant, réitère, en guise de conclusion, que son retrait dans la négociation
des tarifs d'aide juridique ne doit pas équivaloir à une impossibilité
pour lui de financer des initiatives pour favoriser l'accès à la justice ou la protection du public : «S'il importe au
ministre de la Justice de procéder immédiatement à un recentrage de notre
mission, les amendements proposés
sont, de l'avis du Barreau, la solution la plus opportune pour établir un
équilibre raisonnable et réaliste
entre la mission de protection du public de l'ordre et la protection des
intérêts économiques de l'association à naître.»
Et, quand on
lit, évidemment, cette demande-là du Barreau, donc, de pouvoir continuer de
financer des initiatives pour favoriser l'accès à la justice ou la protection
du public, cette remarque, elle est pertinente parce que, quand on
regarde le projet de loi, le projet de loi dit bien que, dorénavant, le Barreau
ne pourra plus représenter une association ni évidemment donner de l'argent
pour différents programmes que cette association qui va négocier les tarifs
pourrait demander.
Or, et j'ai posé des questions à M. le ministre
là-dessus, ce que ça veut dire en clair, c'est que, si jamais, hypothèse, il y avait une association d'avocats et
d'avocates de défense qui était créée pour négocier des tarifs d'aide juridique,
bien, cette même association, et c'est ma
compréhension, ne pourrait pas demander au Barreau des fonds pour, par exemple,
financer des campagnes d'information sur les droits des personnes. Il faudrait
qu'une autre association soit créée pour qu'on
puisse demander au Barreau des fonds. Donc, ça va évidemment alourdir et rendre
ces demandes là plus complexes, évidemment.
Donc, est-ce que le projet de loi est une bonne
chose? Est-ce que c'est important qu'on donne suite à l'entente en ce qui a trait aux tarifs d'aide juridique? La
réponse, sans hésitation, Mme la Présidente, c'est oui. Est-ce que le ministre
était obligé d'inclure cette disposition-là dans le projet de loi? La réponse,
c'est non, compte tenu, évidemment, qu'il s'était engagé à appuyer les
démarches. Alors là, on n'appuie plus des démarches. On va imposer au Barreau
et à la Chambre des notaires un nouveau régime qui va faire en sorte qu'ils
devront très rapidement s'adapter et créer une association. Le ministre nous dit : Oui, mais, écoutez, ils
savaient, c'est dans l'entente, la recommandation 177 est là, ça fait longtemps, ça fait trop longtemps. Alors,
moi, je vais les inciter, je vais les pousser un peu, sauf qu'entre appuyer des
démarches puis imposer un projet de loi, bien, il y a une marge de manoeuvre.
On parle ici de deux choses différentes.
Alors, est-ce
qu'une association est utile? Est-ce qu'il doit... Est-ce qu'on doit en créer
une? Oui. Je pense qu'il aurait été,
pour ma part, préférable que le ministre attende et que le ministre,
évidemment, prenne acte du considérant où il appuyait des démarches. Là, avec un projet de loi, c'est
une démarche assez unilatérale de la part du gouvernement, et donc je pense
qu'on aurait pu attendre. De toute façon, le gouvernement et le ministre ont
toujours la possibilité de revenir avec un projet
de loi, d'autant plus que sa collègue la ministre présidente du Conseil du
trésor, qui s'occupe également des ordres professionnels, nous dit
qu'elle a entamé une réforme importante des ordres professionnels.
Donc, on
aurait pu, on aurait pu, tel que c'était indiqué dans le considérant, appuyer
des démarches, clarifier les rôles et
responsabilités de tous les acteurs pour favoriser le recentrage, comme c'est
écrit. Puis, si jamais ça n'avait pas avancé
assez vite, bien, on aurait pu, on aurait pu faire en sorte que, dans un projet
de loi éventuel sur les ordres professionnels... en arriver avec la
création des associations. Ce n'est pas la voie que le gouvernement a choisie.
Je suis conscient et j'accepte ce que M. le
ministre nous a dit, mais ce que je souhaite, c'est qu'un jour ce soit une
association qui négocie les tarifs, d'une part, mais, d'autre part, c'est que
les associations aient quand même assez de
temps et qu'elles soient véritablement représentatives, pour qu'il y ait un
équilibre entre, évidemment, permettez-moi l'expression, les forces en
présence. Parce qu'évidemment, si dorénavant les notaires et les avocats ne
sont pas capables d'avoir une association
qui a un poids face au gouvernement, bien, ça va avoir de l'air d'une
négociation assez unilatérale pour des tarifs d'aide juridique.
Et c'est sûr que ces tarifs d'aide juridique là
servent et vont être utilisés, c'est une partie de la rémunération des avocats
et des notaires. Je le comprends, sauf que ce n'est pas uniquement pour leur
rémunération, parce qu'après ça ces avocats et notaires, ces professionnels
vont, évidemment, donner des services, vont donner des services à la population, et donc ça va bénéficier à l'ensemble du service
et du système judiciaire au Québec. C'est pour ça qu'on négocie des tarifs
d'aide juridique, c'est pour ça qu'on a, effectivement, l'aide juridique, qui
se partage entre des permanents et des
avocats, avocates de pratique privée qui prennent des mandats d'aide juridique.
Et ça, je pense que c'est particulièrement important.
Alors, à ce stade-ci,
c'était ma dernière opportunité, Mme la Présidente, de faire part à la
population qui nous écoute de certains enjeux de ce projet de loi. Est-ce que
ça aurait pu être fait différemment? Oui, tout à fait. Le ministre a décidé de donner une grosse poussée en avant,
alors on espère que ça va fonctionner pour le mieux, parce qu'en bout de
piste... Et puis ça, on l'a vécu avant la
signature de l'entente, et, bien sûr, il y a un intérêt pécuniaire pour les
avocats et les notaires, mais, si
vous n'avez pas des tarifs représentatifs, bien, les gens n'en prendront pas,
de mandats. Et c'est ça qu'il faut éviter.
Alors,
en terminant, permettez-moi, Mme la Présidente, de remercier M. le
ministre, les collègues de la banquette gouvernementale, les gens qui siégeaient avec moi, les collègues des
oppositions, mon recherchiste, M. Gabriel Bourret, qui était avec
moi et qui m'a accompagné. Merci également, Chambre des notaires, Barreau, qui
nous ont envoyé des documents pour nous aider dans nos réflexions, dans nos
échanges avec M. le ministre. Et permettez-moi aussi de remercier le président
de la Commission des institutions, qui préside toujours nos travaux avec
célérité et brio.
Alors, voilà, au
moins, au moins, il y aura des nouveaux tarifs d'aide juridique, mais espérons,
espérons que ces associations-là, que ce soient de notaires ou d'avocats,
auront le temps pour être véritablement efficaces lors d'une prochaine
négociation. Merci, Mme la Présidente.
• (12 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise
aux voix
Le
projet de loi n° 78, Loi donnant
suite à l'entente entre le ministre de la Justice et le Barreau du Québec pour
la bonification des tarifs de l'aide juridique, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement, s'il
vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article 9 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 74
Adoption
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : À
l'article 9 du feuilleton, M. le ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration propose
l'adoption du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux
étudiants étrangers.
Est-ce qu'il y a des
interventions? Oui, M. le ministre de l'Immigration, la parole est à vous.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci
bien, Mme la Présidente. Donc, voici venue, enfin, la dernière étape avant le
vote sur le projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers.
Ça arrive dans un
contexte qui est particulier, et je l'ai déjà dit, une augmentation très, très
forte du nombre d'étudiants étrangers sur le territoire québécois, une
augmentation de 140 % en 10 ans. Passer de 50 000 à plus de 120 000 personnes entre 2014 et 2024,
c'est quand même considérable. Ça doit amener toute personne raisonnable à se poser des questions, à se demander si, dans chaque
cas, ce sont des étudiants qui, réellement, étudient dans des établissements reconnus. Est-ce qu'ils étudient toujours à chaque fois dans
des programmes qui sont reconnus? Est-ce qu'ils sont en grand nombre dans des institutions francophones? Est-ce qu'ils sont en
grand nombre des gens qui vont venir contribuer à des secteurs économiques nécessaires à l'enrichissement du Québec ou
alors est-ce qu'ils vont contribuer à contrer notre pénurie de services
publics? La réponse n'est pas oui dans toutes ces réponses. C'est pourquoi il
faut être capables de se donner les outils
législatifs, de se donner l'habilité gouvernementale d'être capables de mieux
contrôler l'arrivée de toutes ces personnes-là.
De
manière générale, les étudiants étrangers, les étudiants internationaux sont
une richesse pour le Québec. Ils viennent contribuer, ils viennent
s'intégrer à la nation, ils viennent maintenir des programmes bien vivants dans
nos régions. Ils travaillent aussi dans des chaires de recherche qui sont
importantes. Donc, tout ceci n'est pas remis en cause. Cependant, il est
nécessaire, dans le contexte actuel, de modifier nos lois pour se donner plus
d'agilité gouvernementale quand on sait que
plusieurs étudiants, en réalité, arrivent ici dans le but, en réalité, de
devenir demandeurs d'asile ou d'autres arrivent sans qu'on soit capables
de les accueillir correctement, parce qu'on ne tient pas compte suffisamment de
notre capacité d'accueil. Plusieurs
étudiants sont incapables de se trouver un logement ou alors arrivent dans des
endroits où la crise du logement est
telle qu'ils contribuent à l'augmentation du coût des loyers et à la pénurie de
logements. On ne veut pas ces... ces effets négatifs là de la venue
d'étudiants étrangers.
La
nouvelle loi va nous permettre de recueillir davantage d'informations, va
être... La nouvelle loi apportera des outils au ministre de l'Éducation
et à la ministre de l'Enseignement supérieur d'aller chercher plus
d'informations pour qu'on puisse prendre
ensuite des décisions qui sont plus éclairées et pour poser des gestes qui sont
ciblés. Voilà ce qui est important et voilà ce qu'il faut retenir de ce
projet de loi là.
On arrive aussi avec l'introduction de nouveaux
concepts, la notion d'établissement désigné. Pour accueillir des étudiants
étrangers, il faudra maintenant être sur la liste d'établissements désignés par
le gouvernement et il faudra aussi accueillir les gens dans ce qu'on appelle
des programmes reconnus, des programmes à grande valeur ou à valeur ajoutée,
pour être bien certains de préserver la valeur de nos diplômes et la réputation
internationale du Québec, réputation à laquelle contribuent nos institutions
québécoises, dont on est si fiers.
On arrive aussi avec de nouveaux articles qui
vont nous permettre de faire des distinctions, lorsqu'on va faire l'analyse de la venue de ces étudiants étrangers,
en considérant maintenant l'ordre d'enseignement dans lequel ces étudiants
seront admis, pourront étudier, la région aussi, le cycle d'études, les
programmes en eux-mêmes et aussi la langue d'enseignement, parce que, dans
toutes nos décisions, il faut qu'on prenne, évidemment, en considération la
fragilité de notre langue française. Le
projet de loi va donc nous donner une meilleure habilité pour mieux servir les
Québécois puis pour travailler en équipe avec toutes les institutions de notre
réseau d'éducation et de nos... de notre réseau d'enseignement
supérieur. On va être capables de tenir compte des régions, des programmes
d'études, de nos besoins, de nos services publics,
de nos chaires de recherche. On va être capables de tenir compte aussi des besoins
économiques, des besoins de main-d'oeuvre et des besoins dans nos
services publics. Et je le mentionne, parce que, de tout ça, on ne peut pas
tenir compte en ce moment. Au moment où on
se parle, le gouvernement, le ministre de l'Immigration ne peut pas faire cette
analyse-là et accorder ou ne pas accorder des CAQ, des certificats
d'acceptation du Québec, en fonction des critères actuels. Donc, je vous dirais que c'est une manière d'être davantage
maîtres chez nous dans un domaine qui est si important, soit l'éducation
et l'enseignement supérieur.
C'est important de le rappeler, avec ce projet
de loi là, on vient aussi, je vous dirais, instituer de manière importante la
notion de travail d'équipe, parce que les décisions devront être prises en
collaboration avec, dans le cas... dans certains cas, le ministre de
l'Éducation, dans d'autres cas, la ministre de l'Enseignement supérieur. Et, à
la fin, ce sera des décisions gouvernementales, donc, prises en Conseil des
ministres, qui assurent la prise en considération des intérêts régionaux, des intérêts économiques et des autres
considérations pour avoir une décision qui est réellement éclairée. Ça aussi, ce sont des gains pour le Québec, pour
l'État québécois, qui pourra ainsi prendre de meilleures décisions pour
la nation québécoise.
Donc, je remercie maintenant les équipes, autant
les députés qui ont travaillé avec nous sur ce projet de loi, évidemment, les gens qui ont présidé nos travaux
en commission, vous-même, Mme la Présidente, qui présidez nos travaux
aujourd'hui, les équipes du ministère puis aussi les collègues des oppositions,
avec qui on a travaillé, je dirais, dans un
beau climat, en collégialité, en adoptant ensemble des amendements pour
améliorer ce projet de loi. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres
interventions? Oui, M. le député de l'Acadie... d'Acadie, pardon, la
parole est à vous.
M. André Albert Morin
M. Morin : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Alors, deuxième intervention pour ma part, ce matin, dans un autre
projet... un autre projet de loi. Je suis heureux de prendre la parole. On est
au stade de l'adoption du projet de loi n° 74,
Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Je suis heureux parce que, pendant...
Puis ça va être la dernière fois que je vais avoir la chance d'en parler, de
prendre la parole sur ce projet de loi.
Quand le projet de loi a été déposé, quand on a
reçu des groupes en consultations particulières, quand on a travaillé le projet
de loi article par article, je dois vous dire, honnêtement, ce n'était pas très
clair pour moi, quel était l'objectif qui était recherché par le ministre et
quels problèmes il essayait de corriger, parce qu'au fur et à mesure que le
projet de loi avançait il y a eu des changements dans le discours du
gouvernement.
Et je suis
heureux, ce matin, d'entendre le ministre dire en cette Chambre, il y a
quelques minutes, que les étudiants internationaux
sont une richesse pour le Québec. Bon, il a rajouté «de manière générale». Mais
c'est vrai que les étudiants internationaux sont une richesse pour le
Québec. D'ailleurs, ce n'est pas juste moi qui le dis, Mme la Présidente, c'est
l'ensemble des recteurs, principaux d'université qui sont venus nous parler,
c'est la Fédération des cégeps puis c'est, entre autres, des représentants des
maisons d'enseignement privées, collèges d'enseignement privés.
Donc,
là-dessus, le discours change, et c'est... c'est tant mieux, parce que, et là
je vous le dis d'une façon générale, le Québec, pour être bien
positionné sur la scène internationale, pour faire fonctionner des chaires de
recherche qui ont une réputation au Québec
mais aussi à l'étranger, dans plusieurs programmes et surtout dans les régions,
a besoin d'étudiants internationaux. Donc, ce n'est quand même pas
banal.
• (12 h 40) •
Alors, je commence comme ça, avec un préambule,
parce que je pense que c'est comme ça qu'il faut aborder cette question-là. Est-ce que ça veut dire, par
ailleurs, qu'il ne faut pas avoir ou exercer un contrôle sur les étudiants
étrangers? Bien non, ce n'est pas ce
que je dis. Évidemment qu'il faut exercer un contrôle, c'est sûr, mais, encore
là, il faut exercer un contrôle qui va être véritablement efficace.
Et je vous dirai d'entrée de jeu qu'avant même
de vouloir changer la loi il faut quand même regarder le coffre à outils qu'a
le ministre présentement pour mettre en application des mesures, faire
appliquer des mesures et contrôler l'arrivée
d'étudiants internationaux au Québec. Et, à ce niveau-là, ce que le ministre
disait, c'est : Écoutez, moi, je veux avoir
ces pouvoirs-là — et
il l'a mentionné — donc
être capable d'identifier des établissements désignés, être capable
d'identifier des programmes reconnus, par règlement, pour y aller d'une façon
un peu plus chirurgicale.
Alors, ce que le ministre nous dit, c'est que,
présentement, il peut toujours établir un seuil, mais il ne peut pas... il ne
peut pas modifier, semble-t-il, le nombre d'étudiants internationaux qui
pourraient être acceptés dans différents programmes spécifiques. Je veux bien,
mais on lui a demandé à plusieurs reprises : Oui, mais c'est quoi, le problème
que vous essayez de régler? Or, il nous
dit : Il y a des établissements qui sont délinquants, qui ne respectent
pas les normes. Ah! bon, très bien. S'il y a des établissements qui ne
respectent pas la loi, bien, il faut sévir, Mme la Présidente, il faut passer à l'action. On ne veut pas... On ne va pas
encourager les établissements qui ne respectent pas la loi ou les règlements.
Au moment où on étudiait le projet de loi, il y
a eu un article publié dans Le Journal de Montréal, je crois, par leur
bureau d'enquête, Québec a autorisé un record de 12 000 étudiants
étrangers dans un collège privé de Montréal. Alors là, deux choses. Bien, est-ce que c'est normal? Non, mais
l'article, le titre... Québec a autorisé. Le collège d'enseignement n'a
pas fait ça tout seul, là. Le gouvernement du Québec a validé ça.
Alors, ce qui est intéressant quand on lit
l'article, c'est qu'il y aurait eu 12 622 certificats d'acceptation
du Québec — l'acronyme,
c'est des CAQ — pour
les étudiants admis dans le collège, et ce qu'on nous dit, c'est que le
gouvernement prévoyait accueillir seulement 1 147 étudiants en 2024‑2025.
On nous dit également que ce même collège là
voulait accueillir ou pouvait accueillir... avait un maximum de
3 300 certificats possibles. Mme la Présidente, si un collège ne respecte pas la loi, bien, ce que je
dis au gouvernement, c'est : Agissez, vous en avez, des mesures. Puis,
quand un établissement d'enseignement prévoyait accueillir
1 147 étudiants, mais que le gouvernement du Québec autorise 12 000 étudiants,
bien, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
Alors là, on va venir me dire, Mme la
Présidente, qu'on avait besoin de ce projet-là parce qu'il n'y a rien, dans la machine gouvernementale, rien, pas un drapeau
jaune ou rouge qui s'est levé. Bien, il y a un problème. Il y a un gros problème. Alors, est-ce qu'on est pour ça?
Évidemment, non, c'est sûr, mais j'inviterais le gouvernement à prendre ses
responsabilités.
Et là on a
continué l'analyse, on a continué l'étude, et, à un moment donné, on a eu un
briefing technique, et là, pendant le briefing technique, on nous a
dit : Ah! non, écoutez, il y a un autre problème, là, c'est parce qu'il y
a eu un débat judiciaire. Ah! O.K. Non, mais
ça se peut. Remarquez, Mme la Présidente, je le dis avec respect pour le
gouvernement, ça aurait été
intéressant de le savoir dès le départ. Tu sais, on aurait pu travailler
là-dessus, là. Mais on l'a appris pendant le briefing technique.
Bon, alors,
on a demandé au gouvernement s'il pouvait partager avec nous les documents
judiciaires et on se rend compte que,
dans le passé, en 2021, en 2020, il y a eu, effectivement, un décret du
gouvernement qui visait... le décret A.M., 2021, l'arrêté n° 2021-001, qui visait à contrôler... Mais, une fois
l'arrêté ministériel pris, il y a, entre autres, le cégep de la Gaspésie qui a
contesté puis le collège Canada qui ont contesté l'arrêté du gouvernement. Ils
ont demandé en urgence, ce qui est logique, une demande d'injonction
provisoire puis une ordonnance de sauvegarde.
Or, on se
rend compte que la cour a émis ces documents-là, mais ces décisions, là,
judiciaires, ça vise, évidemment, à préserver des droits pour qu'éventuellement
il y ait un débat, au fond, qui soit fait. Mais là ce qu'on apprend,
c'est que le gouvernement, finalement, a retiré son décret, s'est engagé à
respecter la demande d'injonction et a continué à traiter les CAQ. Donc, la décision, au fond, on ne l'a
jamais eue, et, ce qu'on essayait de régler, bien, on ne l'a pas su non plus.
Alors, je vous dirais, pour ma part, une
certaine déception. Parce qu'évidemment on est conscients qu'il y a eu une
augmentation importante, puis c'est sûr qu'on veut que le gouvernement puisse
être en mesure de contrôler son immigration,
qui, d'ailleurs, est une compétence partagée avec le gouvernement fédéral. Et,
au Québec, on a une entente entre les deux ordres de gouvernement pour
gérer l'immigration. Alors, on ne dit pas qu'il ne faut pas qu'il n'y ait rien
qui soit fait, loin de moi cette idée, mais, encore, que ce soit fait d'une
façon efficace.
Donc, j'ai regardé aussi, parce que j'essayais
toujours de comprendre... En vertu de la Loi sur l'immigration, le gouvernement du Québec peut adopter un
règlement sur l'immigration, ce qu'il a fait, et, dans son règlement, il y a
une section qui traite du Programme
des étudiants étrangers. Parce que le ministre nous dit : Écoutez, moi, je
peux juste baisser le plafond, après ça, c'est comme si c'était
automatique.
Bien, moi, je
vous dirais, Mme la Présidente, que, dans le règlement, on dit : «Le
ministre consent au séjour d'un ressortissant étranger dans le cadre du
Programme des étudiants étrangers lorsqu'il satisfait aux conditions
suivantes :
«1° il est admis dans un établissement
d'enseignement québécois;
«2° il dispose
et continuera de disposer, pour lui et les membres de sa famille qui
l'accompagnent et pendant la durée du séjour au Québec, [des] ressources
financières suffisantes pour :
«a) payer — entre autres — les
frais de transport aller-retour entre le lieu de sa résidence à l'étranger et [...]
sa destination au Québec, les frais de scolarité et les autres frais relatifs
aux études; puis
«b) payer le montant d'une assurance maladie et
hospitalisation pour la durée de son séjour[...];
«c) subvenir aux besoins essentiels sans qu'il [...]
soit nécessaire d'occuper un emploi au Québec;».
Donc, moi, ce
que je comprends du règlement qui est en vigueur actuellement, là, quelqu'un de
l'étranger qui veut venir étudier ici, au Québec, il doit d'abord
démontrer qu'il a été admis, ça va de soi, il doit d'abord être capable de démontrer, par la suite, qu'il a des ressources
financières suffisantes, dispose et continuera de disposer, pour lui et les
membres de sa famille qui
l'accompagnent et pendant la durée du séjour au Québec, des ressources
financières suffisantes. Il faut qu'il
paie ses frais de transport, il faut qu'il paie ses frais de scolarité puis il
faut qu'il soit capable de subvenir à ses besoins essentiels sans
travailler.
Alors, quand le ministre nous dit qu'il n'y a
pas de levier, bien, moi, je l'inviterais et j'invite le gouvernement à
regarder le règlement qu'ils ont admis. Je ne peux pas croire, je ne peux pas
croire que le gouvernement va émettre un CAQ sans s'assurer que ça, c'est
rempli. M. le ministre nous disait : Ah! il y a des étudiants qui viennent
ici, mais ce n'est pas vraiment pour étudier, finalement,
ils font une demande de demandeur d'asile. Écoutez, il y en a peut-être quelques-uns, c'est possible, mais est-ce qu'on
peut d'abord commencer par appliquer notre législation puis notre réglementation
comme il faut, planifier, puis, après, bien, on verra?
• (12 h 50) •
On verra, parce que
ce que ce projet de loi vient faire, c'est de donner, en fait, un pouvoir
excessivement important au ministre. Et je comprends, et c'est vrai, c'est
écrit dans le projet de loi, le ministre, dans ses règlements, tout dépendant
des circonstances, va faire ça avec la ministre de l'Enseignement supérieur ou
encore avec le ministre de l'Éducation, mais
il n'en demeure pas moins que ça lui donne un pouvoir excessivement important
et qu'on ne sait pas ce qui va arriver avec les règlements. Et ce qu'on
nous a dit, ce que tout le monde nous a dit, c'est : Ce dont on a besoin
en immigration, c'est de la prévisibilité. Les universités nous l'ont dit. Les
cégeps nous en ont parlé. La Chambre de commerce de Montréal nous l'a dit. On
ne peut pas gérer l'arrivée d'étudiants internationaux, parce qu'évidemment ça a un impact sur des programmes, en
disant : Le gouvernement a un pouvoir réglementaire, il l'exercera, vous
verrez ce que ça va donner, on va se
consulter entre ministres. C'est particulièrement troublant et ça manque
carrément de prévisibilité.
Et
donc le ministre a raison quand il dit : Dorénavant, il y aura des
établissements désignés puis des programmes reconnus. Alors, ce que sa réglementation va permettre de faire, c'est
d'aller identifier des établissements puis après ça des programmes. Bien
sûr, bien sûr, la loi énonce certains critères. Et ça, c'est écrit, et vous le
retrouvez, entre autres, à
l'article 3 : Le ministre va prendre sa décision «en tenant compte [...]
des orientations et des objectifs fixés au plan annuel d'immigration,
des besoins économiques», de la main-d'oeuvre, «favoriser une diversité de
provenance des demandes de sélection». Ça,
on lui a posé beaucoup de questions, parce qu'on s'est dit : Est-ce qu'il
pourrait exclure des pays? Est-ce que
ça pourrait être discriminatoire? On nous a assurés que non. Alors, je le
souligne. «Considérations humanitaires, [...]toute situation susceptible de compromettre la santé, la
sécurité [...] le bien-être de personnes immigrantes, [...]la capacité
d'accueil et d'intégration», au Québec, le français, notre langue
commune, et l'intérêt... ou l'intérêt public.
Alors,
si mon souvenir est bon, l'élément additionnel du français a été amené par...
au départ, par mon collègue le député de Jean-Talon. Et ça, le
gouvernement, je pense, a retravaillé l'amendement. Finalement, on était tous
en faveur. Unanimement, on a adopté ça.
Pourquoi? Bien, bien sûr, parce que le français, c'est notre langue commune,
c'est hyperimportant. On conçoit ça. Ça, il n'y a pas de problème.
Mais par ailleurs le
ministre, là, il va pouvoir prendre des décisions avec certains de ces
critères-là. On a même demandé à ce qu'il
puisse... ou à ce qu'il doive, finalement, conseiller, ou demander conseil, ou
dialoguer avec les maisons d'enseignement.
Ce qu'on nous a répondu, si ma mémoire est bonne, c'est : Écoutez, la
ministre de l'Enseignement supérieur est là, elle est en contact avec
les établissements d'enseignement. Bon, d'accord... et donc, par la suite,
identifier des établissements désignés puis des programmes reconnus.
Or, ce que les
universités sont venues nous dire, et il y a eu plusieurs mémoires qui ont été
déposés... Et puis le Bureau de coopération interuniversitaire a même écrit à
la ministre de l'Enseignement supérieur et au ministre de l'Immigration en nous disant : «Nous croyons
que cette éventuelle loi aura des effets très négatifs pour nos établissements
et pour le Québec.»
Alors,
moi, j'ai écouté attentivement M. le ministre, tout à l'heure, qui
disait : Écoutez, avec ça, on va être maîtres chez nous. Bien, moi,
je suis bien d'accord avec ça, d'autant plus, vous vous rappellerez, Mme la
Présidente, Maîtres chez nous, là, c'était assez libéral comme slogan, hein? Ça
fait quelques années, mais, quand même, ce n'est pas la CAQ qui a inventé ça. C'est important, sauf qu'il faut
qu'on s'assure que le Québec va garder, évidemment, sa compétitivité au
niveau international, qu'on va permettre à nos maisons d'enseignement, à nos
universités et particulièrement aux cycles supérieurs
d'avoir la marge de manoeuvre pour agir, pour faire fonctionner leurs
programmes. Là, avec le projet de loi en question, on ne le sait pas, on
ne le sait pas.
L'ensemble des
recteurs et directeurs généraux d'établissement qui ont signé ce document-là
nous disent : «Faut-il aussi rappeler que l'internalisation de nos cours,
programmes et activités demeure une réalité nécessaire et incontournable pour les étudiants québécois?» Et
donc ça fait partie d'un ensemble qui est fragile, auquel il faut faire
attention.
Et on nous expliquait
aussi que, quand on développe un programme universitaire, ce n'est pas quelque
chose qu'on développe en deux, trois ou quatre mois, là. Ça prend des années.
Et, une fois qu'on offre le programme, bien évidemment, on crée des attentes,
évidemment, donc, autant de difficultés.
On
nous rappelle, dans cette lettre, l'importance de la cohérence des politiques
publiques du Québec. Puis pourquoi on
nous rappelle ça? Bien, c'est tout à fait pertinent, parce que, Mme la
Présidente, quand on va voir le plan stratégique 2023‑2027 du ministère de l'Enseignement
supérieur, en lisant le document, bien sûr qu'on parle de la capacité
d'accueil, mais on parle, bien sûr, de l'importance des moteurs de
développement dans nos collèges, nos universités,
le soutien à la recherche, à l'innovation. Et ça, ça se fait très souvent dans
les programmes d'études supérieures, entre
autres, évidemment... pas uniquement, mais, entre autres, avec des étudiants
qui viennent de l'international. Et ça, c'est le message de la ministre
de l'Enseignement supérieur dans son plan.
Il y a
aussi le... le message de la sous-ministre, pardon, et on nous dit qu'évidemment, bien sûr,
il faut miser sur la capacité d'accueil, mais que le ministère s'est
doté de nouveaux secteurs qui se consacrent à l'accessibilité, la réussite, l'expérience étudiante. Et, quand on regarde le
document, on nous dit : «Un réseau accueillant, accessible, ouvert sur le
monde et orienté vers l'avenir», «soutenir
la capacité d'accueil des établissements d'enseignement supérieur», «favoriser
la collaboration de toutes les régions du Québec», et surtout, surtout,
et c'est là que ça devient très intéressant, «augmenter la mobilité étudiante
régionale, la mobilité étudiante francophone internationale».
Donc, quand
je vous parlais de la cohérence, ici, malheureusement, on a un exemple
d'incohérence. Vous avez le gouvernement qui dépose un plan stratégique qui est
toujours en vigueur jusqu'en 2027 et le même gouvernement qui dépose un projet de loi qui va venir mettre un frein à ce
qui est énoncé dans le plan stratégique. Donc, c'est, entre autres, ce que nous
soulignaient les différents recteurs des universités.
Est-ce que, Mme la Présidente, nous terminons à
13 heures?
Une voix : ...
M. Morin : Oui? D'accord. Alors,
nous nous approchons dangereusement de 13 heures, Mme la Présidente. Je
n'ai pas terminé mon intervention, alors, évidemment, je pourrai la continuer
cet après-midi, je présume.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Il vous... Il reste quelques
secondes. Je vous invite à continuer, et je vous interromprai quand ce
sera le temps.
M.
Morin : Parfait. Merci, Mme la Présidente. Donc, en fait,
ce qu'on nous dit, c'est que les universités québécoises sont en mesure
de gérer les étudiants internationaux étrangers...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Et voilà, M. le député, nous sommes maintenant 13 heures. Mais j'ai
entendu que vous vouliez continuer votre intervention au retour des travaux?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : C'est
exact.
Donc, nous suspendons les travaux jusqu'à
15 heures. Voilà. Merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 01)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
après-midi. Vous pouvez vous asseoir.
L'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du
projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement
relatif aux étudiants étrangers.
Et, M. le député de l'Acadie, je vous cède la
parole pour le reste de votre intervention.
M.
Morin : Merci, Mme la Présidente. Bon après-midi. Alors,
j'en étais, un peu plus tôt aujourd'hui, à vous dire comment, au fond, ce projet de loi amenait une
incertitude et un manque de prévisibilité en ce qui a trait aux changements
qui vont être apportés, éventuellement, à la
Loi sur l'immigration. Et je citais un document qui a été rédigé par l'ensemble
des recteurs des universités. Les universités de Laval, McGill, Montréal et
Sherbrooke nous ont aussi déposé un mémoire. Ils sont venus nous voir en
consultations particulières et ils nous rappelaient, évidemment, que la
prévisibilité a été mise à mal, notamment
dans la dernière année, par le nombre de changements qui sont intervenus en
immigration, et donc ce changement additionnel risque de, évidemment,
semer à nouveau de l'incertitude et de la confusion.
On nous souligne que ça va avoir un impact sur
nos institutions et que... on rappelle un peu ce que je disais ce matin, c'est-à-dire qu'il y a un manque de
cohérence entre les politiques gouvernementales. Je citais un peu plus tôt, ce
matin, la planification stratégique du ministère de l'Enseignement supérieur,
qui voulait attirer davantage d'étudiants internationaux, et le projet de loi
du ministre, qui nous disait qu'il voulait les diminuer. Donc, manque de
prévisibilité, manque de cohérence, c'est un enjeu important. Et, au fond, les
universités demandaient à ce qu'elles soient exclues de l'article 5, qui, notamment, va permettre éventuellement au
gouvernement de prendre des décisions relativement aux demandes
présentées à titre d'étudiants étrangers.
Alors,
l'Université du Québec et le réseau des universités du Québec ont fait
sensiblement la même demande, et on nous disait qu'une répartition par
programme, ce qui est envisagé par le projet de loi, risque de nuire au
développement de certaines
disciplines tout aussi importantes pour la réalisation de la mission
universitaire. On nous rappelle également que, si le projet de loi entraîne une éventuelle réduction des étudiants
internationaux, ce qui risque d'être le cas, en tout cas, c'est sûrement
un élément recherché par le ministre, donc ça pourrait entraîner des
conséquences négatives majeures sur toutes
les régions du Québec ainsi que sur les universités elles-mêmes. Donc, je tiens
à le souligner, et ce n'est pas banal.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...si vous voulez parler, allez à l'extérieur du
salon, s'il vous plaît. Sinon... Puis, si
vous voulez parler, ça ne me dérange pas, mais parlez à voix basse, parce que,
là, on vous entend, ça dérange l'intervenant qui est en train de prendre
la parole. Merci. Allez-y, poursuivez.
M. Morin : Mme la Présidente, je
tiens à vous remercier pour ce rappel, effectivement.
Donc, ce que
je disais, c'est que les principaux et les directeurs du réseau des universités
du Québec nous disaient que le projet de loi n° 74 pourrait entraîner des
conséquences négatives majeures sur toutes les régions du Québec ainsi
que sur les universités même, et on demandait donc à ce qu'elles soient exclues
de l'article 5. C'est un amendement que l'opposition officielle a déposé. J'ai travaillé,
dans le cadre de ce projet de loi, avec ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont, et dont je salue l'excellent travail, d'ailleurs, et on a donc
présenté cet amendement-là qui a été... qui a été rejeté. Et on est même
allés un peu plus loin en disant : Bien, écoutez, si vous ne voulez pas
exclure les universités tel qu'elles le
demandent, peut-être que vous pourriez exclure les deuxième et troisième cycles
universitaires, et ça aussi, ça a été... ça a été refusé. Donc, c'est un enjeu
de taille. Ça a été soulevé par l'ensemble des universités et ça a été soulevé
également par la présidente de l'association des cégeps.
Je vous
souligne que l'Université du Québec à Rimouski a déposé un mémoire juste pour
l'Université du Québec, qui rappelait évidemment l'importance des étudiants
internationaux en ses murs et qui nous rappellent qu'à l'UQAR, donc, l'Université du Québec à Rimouski, au fond,
ils ont été capables de gérer les étudiants internationaux et que l'effectif
étudiant a diminué depuis les 10 dernières années.
Donc, on se
demande toujours ce que le ministre essaie de corriger. Et d'ailleurs c'est la
recommandation du recteur de l'Université du Québec à Rimouski, qui
écrivait : «À la lumière de ce qui précède, il est difficile de comprendre
la nécessité d'adopter une loi qui
risquerait de contraindre non seulement les universités en général, mais plus
particulièrement l'Université du Québec à Rimouski dans ses efforts
d'attraction, d'accueil, d'accompagnement et de formation des personnes
étudiantes internationales.»
Pour l'Université du Québec à Rimouski. M. le
ministre nous disait : Écoutez, il faut tenir compte de la capacité d'accueil. Si on accueille des étudiants
étrangers, il faut s'assurer de les loger, évidemment, et c'est sûr que c'est
un enjeu, c'est sûr que c'est un
défi, sauf que, si on regarde, par exemple, la région de Rimouski plus
particulièrement, une région que j'ai
le privilège de connaître, bien, le taux d'inoccupation, l'absence de loyers ou
de logements disponibles, ça existe depuis quatre, cinq, six ans. Donc,
c'est même prépandémique.
Alors, c'est
un enjeu de taille, mais pas uniquement à cause des étudiants étrangers
internationaux, et, à l'Université du
Québec à Rimouski, ils ont aussi plusieurs étudiants qui viennent de régions,
mais ailleurs que dans la région du Bas-Saint-Laurent.
Je pense, entre autres, à la Gaspésie. Ces gens-là doivent aussi se trouver un
logement. Donc, évidemment, il faut toujours un équilibre. Et on pense
que, tout comme le recteur, d'ailleurs, de l'UQAR, que les mesures envisagées par le ministre ne sont peut-être pas les bonnes
mesures. En tout cas, chose certaine, c'est qu'il va étendre beaucoup trop
large son pouvoir discrétionnaire pour
pouvoir contrôler l'immigration d'une façon qui pourrait nuire aux universités.
Ce n'est d'ailleurs pas moi qui le dis,
c'est l'ensemble des universités qui nous l'ont dit à maintes, et maintes, et
maintes reprises.
Alors quand on a vu ça, ma collègue de
Mont-Royal—Outremont
et moi, parce qu'on parle ici d'universités, on
parle de cégeps, on parle d'enseignement supérieur, bien, est arrivée,
évidemment, l'étape des motions préliminaires, et on s'est dit : Je
pense que ce serait important d'entendre la ministre de l'Enseignement
supérieur, pour voir, pour s'assurer qu'elle
est bien au fait de l'impact que ce projet de loi va avoir. Alors, on a plaidé
ça, et ça nous a été refusé par le gouvernement.
Par la suite, on a présenté une autre motion
préliminaire, parce que, et je l'ai mentionné un peu plus tôt dans mon exposé, on a appris un peu au compte-gouttes
que, finalement, le gouvernement avait tel document, qu'il y avait une poursuite judiciaire ou qu'il y en avait eu une.
Ils ont partagé les documents. On a voulu savoir s'il y avait eu véritablement
une analyse d'impact qui avait été faite, parce qu'entre le discours du
ministre et celui des recteurs d'université, il y a un décalage important. Donc, on s'est dit : Est-ce qu'on pourrait
avoir toutes les notes ministérielles, les documents explicatifs, les
impacts du projet de loi? Parce qu'on veut comprendre. Alors, la motion a été
refusée.
On a présenté une motion pour entendre la
Commission des droits de la personne, et je vais vous expliquer, Mme la Présidente, pourquoi. La commission des
droits, par la plume de son président, nous a écrit en disant : «Un projet
de loi qui laisse planer beaucoup d'incertitudes sur sa mise en oeuvre», et
c'est ce que je dis, c'est ce que je souligne, c'est ce que je rappelle depuis le début de mon intervention. Et on nous
dit : «...un établissement d'enseignement désigné par le gouvernement
dans une liste qui sera éventuellement rendu publique par décret. Les critères
d'élaboration de cette liste sont inconnus à
ce jour. Le projet de loi prévoit, de plus, que toutes les décisions relatives
à la gestion des demandes d'immigration,
tous programmes confondus, seront prises en vertu de différents critères dont
la liste n'est pas limitative.» Donc, la commission nous rappelle que
cela va donner, va accorder un très large pouvoir discrétionnaire au ministre.
Et donc on nous rappelle qu'une grande incertitude plane sur la manière dont le
projet de loi sera mis en oeuvre. Et la commission des droits «se désole — et
c'est leur vocabulaire, c'est quand même fort — de ne pouvoir faire, dans les
circonstances, une analyse complète du
projet de loi et des conséquences concrètes qu'il pourrait avoir sur les droits
et libertés protégés par la charte, compte tenu des délais impartis».
• (15 h 10) •
Au fond, ce que la commission nous dit,
c'est : Écoutez, nous, on aurait aimé avoir plus de délais, on n'a pas eu le temps, mais on est vraiment inquiets de ce
qui se passe. Alors, comme porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'immigration, bien, j'ai fait une demande, présenté une motion préliminaire
pour les entendre. Ce n'est pas compliqué, on
parle d'un organisme de l'État, indépendant, qui a un mandat très important,
parce qu'ils sont là, ils veillent à la charte québécoise des droits et libertés, qui est un document-phare, qui est un
document que les gens du Québec peuvent invoquer quand leurs droits ne sont pas respectés. La commission peut faire des
enquêtes, il peut y avoir éventuellement des litiges devant le Tribunal des droits de la personne.
Donc, venant de son président, on s'est dit : C'est important, il faudrait
les entendre, ça permettrait, au
fond, au gouvernement de bien cerner ce qu'ils sont en train de faire et de
voir s'il n'y aurait pas un impact sur les droits.
Parce que, quand on nous dit que, parmi les
critères, et là je suis à l'article 3 du projet de loi, il pourrait y
avoir des besoins économiques, des besoins
de favoriser une diversité de provenance, des demandes de sélection, alors
est-ce que ça voudrait dire que le ministre
pourrait exclure des pays? Alors, on nous a assurés, de la part du
gouvernement, que la charte allait être respectée. Bien, mais on aurait
quand même aimé entendre la commission, ce qui nous a été refusé.
On
a fait une demande également pour entendre un institut de recherche très
particulier qui s'appelle l'ISMER, institut de recherche spécialisé, à
Rimouski, dans les sciences de la mer. Ils ont beaucoup d'étudiants étrangers internationaux. C'est le seul centre de recherche
francophone sur les études de la mer, les études scientifiques au Canada. Ils
étaient inquiets. Moi, je leur ai parlé, et ils étaient très inquiets du projet
de loi. Je vous le donne en mille, Mme la Présidente, ça
nous a été refusé. Et, finalement, on voulait entendre l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec, un autre organisme du gouvernement
québécois, parce qu'eux aussi étaient inquiets, et, évidemment, ça n'a pas été
accepté non plus.
Alors, on a fait
l'analyse du projet de loi, étude article par article. On a tenté de
modifier... Il y a certaines modifications qui ont été déposées par le
gouvernement lui-même. Je vous en donne un exemple. Au départ, dans le projet de loi, à l'article 4, on disait
qu'une décision prise en vertu des articles 50 ou 51 est prise pour une
période de 24 mois, ce qui est vraiment très court. Donc, ça a été
modifié à 48 mois. On a voulu qu'il y ait plus de consultations. Ça a été difficile. Finalement, finalement, on a été
capables d'avoir une disposition, un ajout, un amendement, et qui fait en sorte
qu'il y aura après un nombre d'années, une évaluation de la loi.
Parce qu'on a
l'impression, j'ai l'impression, dans ce projet de loi, que le gouvernement
essaie de corriger quelque chose dont il ne
cerne pas véritablement les enjeux, l'impact, et qu'il a de la difficulté à
décrire les paramètres. Et donc c'est
particulièrement inquiétant, d'autant plus que, comme porte-parole de
l'opposition officielle en matière d'immigration,
je demande depuis des mois qu'il y ait un bureau intégré de la planification au
sein du ministère. Et on nous a posé des questions là-dessus. Il ne s'agit pas
de réinventer la roue, comme on dit, il ne s'agit pas d'augmenter le nombre de fonctionnaires, mais il s'agit d'arrêter
de travailler en silo, au sein de l'organisation, pour qu'on soit capables
de mieux planifier. Et ça, c'est effectivement difficile.
On a voulu aussi
exclure les universités. Pourquoi? Bien, parce que, quand vous lisez le projet
de loi, et que vous savez qu'une fois qu'il
sera adopté il y aura des établissements désignés, il y aura des programmes
reconnus, et que c'est le ministre, après consultation de la ministre de
l'Enseignement supérieur et de l'Éducation, qui va les désigner, bien, évidemment, tout dépendant de ce qu'il va
faire, compte tenu de certains critères, des besoins économiques, est-ce
qu'il va aller jouer dans la liberté académique des universités? La question se
pose. Les universités nous l'ont soulevée. Alors,
ce n'est quand même pas banal, parce qu'il y a une loi du Québec qui protège
cette liberté académique. Donc, encore là, ça semble être un manque de
cohérence.
Donc, dans tout ça,
est-ce qu'on va avoir plus de prévisibilité? Non. C'est ce que tout le monde
nous a dit, incluant la chambre de commerce
de Montréal. Le ministre va s'accorder de très larges pouvoirs. Moi, j'ai même
parlé, un peu plus tôt, d'un chèque en blanc. Il n'y aura pas de
prévisibilité pour les établissements, ce qui est un enjeu, toutes les universités nous l'ont dit, incluant, incluant
des organismes importants d'enseignement du gouvernement du Québec, entre autres le réseau de l'Université du Québec. Et on a eu également d'autres maisons
d'enseignement qui sont venues nous en parler. Quand je vous parlais de
la lettre signée par le Bureau de coopération interuniversitaire, on retrouve, là-dedans, l'École nationale d'administration
publique, qui forme les gestionnaires de l'État québécois, l'Institut national
de la recherche scientifique, qui craignent, TELUQ, HEC Montréal, etc. Donc,
c'est loin... c'est loin d'être banal.
Et on voit que...
Parce qu'on l'a demandé : Est-ce que vous avez des documents? Est-ce que
vous avez fait des analyses? Bien, on nous
les a refusés. Donc, pour moi, de l'opposition, ça devient évidemment très
difficile. C'est comme si le gouvernement travaillait à l'envers, c'est comme
s'il faisait un constat, mais, au lieu de faire des analyses, bien, il s'attaque directement aux admissions dans les
établissements. Puis on sait que, oui, il peut y avoir plusieurs CAQ de
délivrés, mais qu'en bout de piste
c'est un nombre beaucoup plus restreint d'étudiants qui vont évidemment
s'asseoir dans les bancs ou dans les classes de l'école.
Donc,
c'est problématique, et, en plus, dans ce ministère, bien, on voit qu'il y a
l'immigration, il y a la francisation. Les gens veulent apprendre le français.
Ils veulent apprendre le français. Ils veulent être au Québec. C'est normal,
notre langue commune, c'est le
français. Mais on voit puis on voyait encore ce matin l'épicentre de la crise
en francisation. Et je cite un
article du Devoir, et là c'est un nombre excessivement important,
11 171 personnes qui sont touchées par l'absence de places en francisation au Québec. Donc, c'est
vraiment, vraiment compliqué à suivre et c'est la raison pour laquelle, dans
l'état actuel des choses, c'est impossible pour moi d'être en faveur de
l'adoption de ce projet de loi.
En terminant, Mme la
Présidente, pour toutes les raisons que j'ai évoquées, permettez-moi de
remercier ma collègue députée de Mont-Royal—Outremont pour sa participation aux travaux — on a
travaillé en équipe, ça a été vraiment
excessivement productif et agréable — pour
la qualité de ses interventions. Je remercie également le ministre et la
banquette gouvernementale, on a eu de bons débats, très bons débats, les
oppositions qui ont travaillé également, tous
les groupes qui ont déposé des mémoires et qui l'ont fait dans une période de
temps quand même assez, assez courte.
• (15 h 20) •
Donc, ces gens-là, en
plus de leur travail, de leur mandat, prennent le temps de déposer des
mémoires. Donc, très important de les
remercier. Et évidemment moi, dans l'opposition officielle, je vais continuer.
On va suivre ça, c'est clair, et on
espère qu'il n'y aura pas d'impact tel que ça a été décrit par les universités,
parce que ça aurait un impact négatif important sur l'attractivité et
évidemment aussi la réputation du Québec sur notre territoire, mais aussi à
l'étranger. Finalement, finalement, permettez-moi de remercier la présidente de
la commission, qui a fait un excellent travail, et tout le personnel de
l'Assemblée.
Alors,
pour toutes ces raisons, Mme la Présidente, moi, je vais voter contre
l'adoption du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux
étudiants étrangers. Je vous remercie.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, nous poursuivons l'intervention
avec M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Nous voilà donc à l'étape de l'adoption. On se voyait tous
et toutes ici hier pour la prise en considération du rapport du projet de loi
n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux
étudiants étrangers.
Écoutez, hier, je l'annonçais, là, et, bon,
malheureusement, on a vu nos propositions d'amendement refusées, donc les gens verront bien la conclusion de notre
indication de vote à l'effet qu'on sera contre également. Je l'avais annoncé
hier. Je pensais avoir soumis des voies de
passage qui nous permettaient de bien relier les deux principes forts dans
cette... dans ce dossier-là. Malheureusement, ça n'a pas été possible.
Alors,
revenons un peu sur les faits. Il y a effectivement, actuellement, trop
d'immigrants temporaires au Québec. Ma
formation politique est limpide à cet effet-là, et ça concerne évidemment les
étudiants étrangers temporaires également. Il faut réduire l'immigration
temporaire, et ça, ça va passer par une meilleure planification, et, pour ça,
il y a des volets importants de la réforme qui me semblent être positifs, qui
me semblent être constructifs.
Et évidemment
la meilleure planification de l'immigration temporaire, ça passe par l'inclusion
de l'immigration temporaire à même la planification pluriannuelle des
seuils, et ça, c'est quelque chose que nous, on a réussi à faire intégrer dans le projet de loi. On a modifié les
articles 3, 4 et 5 de la Loi sur l'immigration de manière unanime avec
toutes les formations politiques, le
ministre y compris, afin que, maintenant, on intègre également la planification
des temporaires dans la planification pluriannuelle.
C'est une
avancée considérable, Mme la Présidente, qui va nous permettre de savoir
combien on vise d'étudiants étrangers sur le territoire du Québec,
combien on vise de gens du PMI, combien de gens on vise du PTET pour qu'on se ne retrouve pas comme on se retrouve
actuellement, avec 100 000 immigrants temporaires, pour qu'on puisse
savoir où on s'en va, là. Ça fait des années qu'on planifie l'immigration
permanente. Tant mieux, mais, depuis les quelques dernières années, il était devenu inévitable de mieux
planifier l'immigration temporaire. Et de faire un débat sur l'immigration sans
avoir un discours ou un débat de fond sur
les temporaires, c'était passer à côté du plus gros de l'affaire. Alors, ça,
c'est un élément très positif.
La
possibilité également de mieux encadrer et de mieux sélectionner quels CAQ
seront délivrés, quels certificats d'acceptation du Québec seront
délivrés dans la catégorie des études, ça, c'est un élément qui est important
également. On va pouvoir mieux concentrer, on va pouvoir mieux choisir, on va
pouvoir mieux avancer dans nos discussions.
Ceci dit, il
y a là un gros problème, et les consultations particulières sont venues nous le
révéler. Le collègue de l'Acadie en parlait il y a quelques minutes, les
institutions postsecondaires, là, universitaires, cégeps, qui sont au coeur du développement, de la recherche et de
l'innovation au Québec, sont excessivement inquiets et inquiètes. Ils sont
venus, tous, presque, en commission
pour nous sonner l'alarme, pour nous dire que leur autonomie, leur
indépendance, leur capacité de vision, leur capacité de développement de
programmes, leurs capacités de recherche, leur capacité d'avancement seraient
mises en danger par le projet de loi. Et ça, ces inquiétudes-là, souvent
présentées par des recteurs, des rectrices, des
directeurs, des directrices, des gens qui sont au coeur de nos institutions
publiques postsecondaires, n'a pas fait l'objet, à mon humble avis, de
considérations suffisantes et n'a pas été contrebalancé par des propositions de
modification du ministre qui nous auraient
permis, aujourd'hui, d'appuyer le projet de loi dans son ensemble. Et, pour
moi, il y a là une mise en balance qui a échoué. Et il aurait fallu
mieux adresser et répondre aux inquiétudes du milieu universitaire, aux
inquiétudes du milieu collégial public afin que le projet de loi soit pris main
dans la main avec ces institutions-là.
Et un exemple-phare, et clé, et déterminant de
mon indication de vote, c'est que, lorsque fut le temps, pour nous, à deux reprises, notamment à une de ces
reprises-là, avec une proposition d'amendement du collègue de Jean-Talon,
quand était venu le temps d'ajouter la consultation obligatoire, dans la loi,
des institutions publiques postsecondaires, quand
nous avons proposé cette même modification là à l'alinéa suivant et hier
encore, à la prise en considération du rapport, quand j'ai demandé ne
serait-ce qu'un minimum d'ouverture pour que la loi protège le processus de
consultation, pour qu'on soit certains que
lesdites décisions soient prises main dans la main avec notre réseau collégial
et universitaire pour les rassurer,
il y a eu fin de non-recevoir du côté ministériel. On nous dit : C'est
implicite, tellement implicite qu'on n'a pas besoin de l'ajouter. Ceci dit, le fait est que c'était si simple de
le faire que, pour nous, le refus et le rejet, coup après coup, d'intégrer la consultation à même le projet de loi
face aux inquiétudes du milieu nous inquiètent et nous laissent dubitatifs
quant à la volonté fondamentale et réelle d'un réel processus de consultation.
Et, dans des concepts et dans des éléments aussi
fondamentaux que la liberté académique, la liberté de gestion de l'autonomie de nos universités, leur
développement, leur innovation, leurs chaires de recherche, le développement à
l'international, pour moi, le seul fait qu'on n'ait pas été capables de faire
les quelques gestes qui nous auraient permis... qui auraient permis de rassurer le réseau dans son ensemble, pour moi,
ça, c'est là où le bât blesse et c'est là où c'est devenu impossible, malgré les points positifs du projet
de loi, malgré l'importance de mieux planifier l'immigration temporaire,
c'est là où ça devenait impossible pour nous d'accepter de soutenir le projet
de loi du ministre.
D'autres
tentatives ont été faites, ne serait-ce qu'au moins dans le processus de
désignation de qui pourra recevoir des
étudiants internationaux, là, d'aller le définir par règlement, le baliser, de
préparer une procédure de retrait de désignation qui respecterait
l'équité procédurale; encore une fois, fin de non-recevoir. On a voulu désigner
d'office également nos universités puis nos institutions publiques. Alors
qu'ils l'étaient, désignés d'office, dans le règlement actuel, ils ne le seront plus dans la loi. Dans le contexte de
l'incertitude, dans le contexte des dizaines de mémoires qu'on a reçus, puis
des inquiétudes qui ont été relevées
puis des mises en doute qui ont été rapportées, il aurait fallu faire un geste
positif puis les reconnaître. Cette incapacité-là aussi nous empêche
d'avancer vers un vote positif.
Alors, Mme la
Présidente, comme je le soulignais tout à l'heure, d'emblée, ce fut notre
proposition, qui est discutée depuis plusieurs mois, plusieurs années, à
l'effet qu'il faut intégrer les temporaires dans la planification
pluriannuelle, très
bien. D'emblée, je l'ai dit, il faut réduire l'immigration temporaire au
Québec, c'est très clair, les étudiants étrangers en sont également, il faut réduire. Maintenant,
comment on va réduire? Toute la question est là. Et quel pouvoir le ministre
aura? Et comment cette réduction-là va se faire, va s'opérer sans que ce soit
fait au détriment des régions, sans que ce soit fait au détriment de la langue française, qui, d'ailleurs, le mot
«francisation» ou «français», là, n'existait pas dans la première
version du projet de loi, là, ce fut notamment grâce aux modifications
proposées par le Commissaire à la langue française et les oppositions qu'on a
pu avoir l'importance et l'impact du français, et sans qu'on mette à mal
l'indépendance puis l'autonomie de nos universités?
Il y avait tout à
fait possibilité, là, d'avancer conjointement dans une position commune qui
nous aurait tous et toutes permis d'être unanimes aujourd'hui puis d'appuyer le
fond, qui est évidemment le lien et le besoin du Québec de mieux planifier son immigration temporaire. Malheureusement, dans le
comment, on n'a pas pu trouver consensus. Et, pour nous, il y a des
drapeaux rouges qui se sont levés pour la communauté étudiante, pour la
communauté collégiale, pour la communauté universitaire. Et donc, Mme la
Présidente, en remerciant les parlementaires, l'équipe ministérielle, les légistes, les oppositions, évidemment, les
groupes qui ont participé, ce sera donc sans surprise que vous verrez que nous
voterons contre au niveau de l'adoption du projet de loi n° 74. Merci.
• (15 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons le débat avec M. le député de
Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais commencer,
moi aussi, par des remerciements, d'abord au ministre qui a participé, je pense, de façon la plus
constructive possible à l'étude de ce projet de loi. Je reviendrai un petit peu
tout à l'heure sur les réserves que j'ai à ce sujet-là, mais j'aimerais quand
même le remercier. L'équipe de son cabinet, l'équipe du ministère, qui a travaillé, bien sûr, très fort
pour préparer ce projet de loi, les légistes. Tous mes collègues des banquettes
de l'opposition, je vois ici mon collègue le
député de l'Acadie, mon collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne, la collègue aussi de Mont-Royal—Outremont a participé à nos travaux, entre autres, et je pense
que nous l'avons fait dans un esprit très constructif. Mes collègues de la
recherche de la troisième opposition, Élisabeth Vigneault et Jean-Nicolas
Mailloux. Toutes les personnes qui ont
participé à nos travaux, soit en venant témoigner ou soit en déposant des
mémoires, qui ont vraiment participé
à cet exercice démocratique important, et tout le personnel de l'Assemblée
nationale qui facilite le dialogue lors de la commission parlementaire
et lors de nos travaux, notamment ici aujourd'hui.
Projet
de loi n° 74 sur l'encadrement des étudiants internationaux,
sur améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Titre intéressant, mais quelles étaient
les intentions du gouvernement derrière ce projet de loi n° 74?
Pourquoi ce projet de loi? Ça a pris du temps avant de comprendre où
voulait aller le gouvernement, où voulait aller le ministre avec ce projet de loi. Et ce problème récurrent
chez ce gouvernement quant à la transparence, quant à l'annonce des intentions
réelles plutôt qu'un exercice de communication, ça crée non seulement des
distorsions, mais ça génère des inquiétudes, des préoccupations parce qu'une partie
du message qui était comprise ou qui a été envoyée comme ça, jusqu'à ce qu'on
commence les consultations particulières et l'étude détaillée, ce qu'on
attendait beaucoup, c'est : Ah! il y a des abus, il y a des excès et on veut les contrer avec ce projet de loi, ce
qui fait qu'il y a des institutions parmi les plus importantes dans le
secteur de l'enseignement supérieur au Québec qui ont senti qu'elles avaient
besoin de venir se justifier devant les parlementaires sur toute la question de
la gestion des étudiants internationaux, alors que le gouvernement, on l'a appris plus tard, oui, il y a une question des
abus, mais il y a aussi d'autres questions qui étaient en jeu. On a reçu, le
matin d'une réunion technique qu'on a... Le public connaît moins ces événements-là,
mais ce sont des réunions importantes où l'équipe ministérielle communique avec
notamment les députés de l'opposition, puis là on discute d'aspects plus
techniques. Et c'est là qu'avec les questions de l'opposition, notamment les
miennes, on a compris que, derrière ça, il y avait une inquiétude juridique,
parce qu'il y avait eu des recours qui ont été intentés, notamment par des
institutions d'enseignement, à la suite de l'annonce du gouvernement de réduire
le nombre de certificats d'admission au Québec pour les étudiants étrangers. Et donc, en réaction, le gouvernement
comprenait qu'il lui manquait des outils, dans sa boîte à outils législative, dans sa boîte à outils
normative, pour mieux... pour avoir une politique plus cohérente en matière de
gestion des certificats d'admission du
Québec et donc de l'immigration quant aux étudiants internationaux. Si on avait
su ça avant, si on ne nous avait pas envoyé une liasse de documents la journée
même où on commençait l'étude détaillée du projet de loi, peut-être que
nos... notre travail aurait été facilité, peut-être que nos échanges auraient
été plus fructueux.
Ça,
c'est sur la partie, donc, technique des outils dont veut se doter le
gouvernement avec le projet de loi n° 74. Mais il y a aussi la
question de la planification de l'immigration qui a été soulignée, d'ailleurs,
par mes collègues. On entre dans l'étude de
ce projet de loi là sans avoir aucune idée d'où le gouvernement se situe quant
au seuil d'immigration, lui, qu'il considère
raisonnable, quelles sont ses cibles, quelle est sa politique globale en
matière d'immigration, d'abord, et quelle est sa politique concernant
les étudiants internationaux, les étudiants, bon, qui s'appellent toujours les
«étudiants étrangers», je continue à dire
qu'on devrait réfléchir à changer l'appellation pour adopter celle «d'étudiants
internationaux», mais donc on parle d'étudiants internationaux, quelle
est la vision du gouvernement. Ça aurait rassuré beaucoup de monde si on avait
connu quelle est sa planification, quelle est sa vision. Mais, en date
d'aujourd'hui, au moment où on discute de l'adoption, on ne le sait toujours
pas. Et c'est de l'essence même de notre exercice législatif de comprendre à quel endroit on veut aller avec un projet de
loi. Un projet de loi, là, ce sont des outils législatifs pour aller quelque
part, pour faire quelque chose. Et
c'est de la bonne gouvernance, c'est de la bonne façon de concevoir la
démocratie que, vraiment, d'en dire le plus possible à la population et
aux parlementaires pour qu'ils et elles puissent mieux faire leur travail.
Le manque de
planification, dans ce projet de loi là et dans le secteur de l'immigration en
général, génère beaucoup d'inquiétude. Et c'est beaucoup cette
inquiétude-là qu'on a entendu s'exprimer lors des consultations particulières.
Et plusieurs ont souligné, et nous, on le souligne aussi,
ce qui s'est passé avec le PEQ, avec le Programme de l'expérience québécoise,
où on annonce une chose une année, et, presque une année plus tard, on annonce
exactement le contraire. Et ça, ça a un
impact sur la vie des gens, ça a un impact sur la planification des
institutions d'enseignement en ce qui concerne notamment les étudiants
internationaux.
Alors, on repose la question : Où est le plan
du gouvernement de la CAQ en matière d'immigration? Le Parti québécois, lui, en a proposé un, en a déposé un.
Et ce qui est intéressant, c'est que le ministre lui-même a passé plus de
temps, en consultations particulières et en étude détaillée du projet de loi, à
parler de notre planification plutôt que de la sienne ou plutôt que de
celle du gouvernement, parce que, bien sûr, il n'y en a pas. Alors, nous, on
est très fiers d'avoir présenté, de manière
transparente et claire aux Québécoises et aux Québécois, ce qu'est notre vision
pour l'immigration.
Et d'ailleurs, en ce qui concerne les étudiants
internationaux, j'ai posé plusieurs questions, lors de différents témoignages, aux personnes qui venaient, et je
leur suggérais, je leur glissais à l'oreille : Voici ce que nous, on
prévoit, et plusieurs ont dit que non
seulement ça avait beaucoup de bon sens, mais j'ai même entendu : C'est de
la musique à nos oreilles.
Alors, ça, c'est sur la question de la
planification. C'est encore lié... Et j'insiste encore une fois sur cette question-là, celle du financement dont le
gouvernement ne nous a pas parlé, alors que, sans aborder cette question-là, on
ne peut pas vraiment régler non plus la
question des étudiants internationaux et la question du nombre de certificats
d'admission au Québec qu'on va octroyer à des immigrants temporaires
pour des études au Québec. La question du financement, c'est de dire qu'en 2017 les règles de financement ont été changées.
C'est... Ce changement-là a généré une course aux étudiants
internationaux dont plusieurs ont parlé. Parce que, maintenant, le financement
va directement aux institutions d'enseignement en fonction, donc, du nombre
d'étudiants internationaux, là, grosso modo, pour simplifier, alors qu'avant c'était le gouvernement qui recevait les
montants et qui les répartissait de manière équitable. C'est, notamment,
à la suite de ce changement que le nombre d'étudiants internationaux, que le
nombre de certificats d'admission a grimpé de
70 000 à 125 000 par année, ce qui est une hausse vraiment très
importante, dont à peu près tout le monde aujourd'hui dit qu'elle a été excessive et qu'il faut revenir
à des seuils plus raisonnables, compte tenu, là, de... du nombre de rapports
notamment, qu'on a reçus, celui du Commissaire de... à la langue française et
celui d'autres intervenants, donc, sur la capacité du Québec à gérer ce
nombre-là.
Alors, on n'a pas annoncé, on n'a... on ne sait
toujours pas ce que le gouvernement entend faire avec les règles de
financement. Or, s'il y a une diminution des seuils pour les étudiants
internationaux sans qu'on ne révise les règles de financement, est-ce que ça va
équivaloir à du définancement? Est-ce que ça veut dire que c'est une façon,
pour le gouvernement, d'envoyer moins
d'argent aux universités, c'est une manière où on contourne... où on met... on
fait de manière détournée ce qu'on ne
veut pas faire de manière... directement, c'est-à-dire de... d'annoncer des
coupures aux universités? Si c'est
ça, le projet de loi, donc, ne dit pas ce qu'il est vraiment, et ça ne doit pas
être ça. Donc, le projet de loi n° 74, s'il veut atteindre ses fins, doit s'accompagner d'une réflexion de la part
du gouvernement, des annonces, de la transparence sur la question du
financement des étudiants internationaux.
• (15 h 40) •
On a entendu souvent parler de toute la question
du lien entre le nombre de certificats d'acceptation, au Québec, qui est émis à
chaque année et le nombre d'inscriptions, où on voit que, là, il y a une grande
différence entre les deux. Et plusieurs nous ont dit : Bien, on ne sait
toujours pas exactement ce qui se passe avec cette différence-là. Est-ce que ce sont des gens dont on perd la trace, qui s'en
vont dans d'autres catégories? Et ça, cette question-là aussi, elle nécessite
une réflexion, et de la transparence, et de la planification de la part du
gouvernement. Et ça s'intègre aussi dans une planification
globale des liens entre l'immigration temporaire, l'immigration permanente,
entre les étudiants internationaux et
leur intégration, plus tard, à d'autres catégories d'immigration. On n'a pas
entendu le gouvernement sur ces questions-là, qui sont fondamentales
à... au bon fonctionnement des objectifs qu'il dit vouloir atteindre avec le
projet de loi n° 74.
Bon,
heureusement, certains amendements ont été considérés, certains, mon collègue
de Saint-Henri—Sainte-Anne le mentionnait tout à l'heure,
à la suggestion... des suggestions très pertinentes de la part du Commissaire à
la langue française, qui nous disait : Le gouvernement dit, répète
à satiété que c'est un projet de loi qui vise, notamment, à assurer la
pérennité de la langue française dans une politique d'immigration qui vise cet
objectif-là. Le projet de loi ne contenait les mots «langue française» nulle
part. Ça a été ajouté, mais, du côté, donc, de la troisième opposition, j'ai,
notamment, proposé qu'on intègre la mention
que c'est la seule langue commune au Québec conformément au texte de
l'article 1 de la Charte de la langue française.
J'ai déposé un amendement, qui m'apparaissait
fondamental, pour qu'il y ait une consultation préalable des établissements
d'enseignement désignés quant aux seuils d'immigration, quant aux décisions que
le gouvernement prend... que le ministre,
parce qu'il y a des décisions que c'est le ministre lui-même qui va prendre,
sur consultation, puis il y a des décisions que c'est le gouvernement
qui va prendre, après consultation. Et il s'agissait de faire quelque chose de très simple, c'est-à-dire d'indiquer, de
manière très claire, dans le projet de loi, qu'il va falloir qu'il y ait un
processus de consultation des établissements d'enseignement désignés,
donc des universités du Québec, des cégeps ou de leurs représentants et cet
amendement n'a pas été accepté. Et, un peu plus loin, le collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne
a proposé un même amendement, un amendement
similaire à un autre article, ça a encore été refusé. On est revenus hier, les
collègues sont revenus hier, en proposant de nouveau ces amendements-là, ils
ont été refusés, alors que le ministre n'a cessé de nous dire que c'est évident
qu'il allait le faire, que ça se fait déjà.
Bien, si
quelque chose est évident, il n'y a aucun problème à l'intégrer dans un projet
de loi. Et, si on ne l'intègre pas
dans un projet de loi, pourquoi? Parce que, bien sûr, c'est un élément qui
aurait pu rassurer des institutions d'enseignement, dont la plupart sont
venues nous dire qu'elles aimeraient être exclues du projet de loi. Bon, vous
allez voir que nous, on a un avis différent
là-dessus, avec notre vote sur le projet de loi, que je vais annoncer tout à
l'heure, mais, s'il n'y a pas ce résultat-là, plusieurs nous ont
dit : Bien, alors, il faut qu'il y ait une obligation de consultation
parce que, bien sûr, on
est des parties prenantes essentielles dans ce processus-là. Et, je le réitère,
le ministre nous a dit : Bien oui, c'est sûr qu'on va les consulter. Comment on pourrait fixer
le nombre sans consulter les universités et les cégeps du Québec, leurs représentants? Les étudiants aussi sont venus nous
dire : Bien, nous aussi, on pourrait participer, de manière constructive,
à ce processus-là. Eh oui, pourquoi pas, c'est comme ça qu'on fait les choses
en 2024. Quand on veut faire de bonnes politiques
publiques, on s'assure de parler avec les experts, avec les gens du terrain
pour établir les meilleures politiques publiques.
Alors,
je m'interroge encore, c'est un combat qu'on a mené pendant plusieurs heures,
des banquettes de l'opposition. On a essayé de comprendre pourquoi,
alors que le ministre nous disait : Bien oui, on va consulter, mais alors
pourquoi on ne l'écrit pas. On n'a pas
vraiment eu de réponse satisfaisante, et ça, c'est très malheureux qu'on n'ait
pas réussi à le faire, parce que ça
aurait permis de tenir compte de plusieurs des préoccupations légitimes des
institutions d'enseignement sur la question de la richesse que
représentent les étudiants internationaux dans plusieurs institutions, ce sur
quoi nous sommes toutes et tous d'accord ici, sur les besoins et les objectifs
particuliers des institutions d'enseignement, sur la question de la liberté
académique.
Et
moi, je comprends, quand le ministre nous dit, quand le gouvernement nous
dit : Oui, mais attention, entre les seuils d'immigration, la question des inscriptions puis de gestion
interne des étudiants, il y a quand même des distinctions à faire, et le gouvernement doit pouvoir gérer de
manière cohérente les seuils d'immigration, notamment pour les étudiants
internationaux. Fort bien, mais il y avait des préoccupations légitimes dont on
aurait pu prendre soin en s'assurant qu'il y ait un dialogue constant, constructif,
transparent avec les parties prenantes, et là ce n'est pas inscrit dans le
projet de loi.
Donc,
il y avait des occasions pour à peu près tous les partis de se rejoindre et d'en
faire un projet de loi qui aurait pu susciter, qui sait, un vote
favorable de tous les partis ici représentés à l'Assemblée nationale. Et
malheureusement la main tendue ou les mains
tendues n'ont pas été saisies. Alors, on espère, en tout cas, que le ministre
va faire ce qu'il a dit plusieurs fois
en commission parlementaire qu'il allait faire, c'est-à-dire que, oui, il va
consulter les institutions d'enseignement.
Chose intéressante, c'est que cette commission a
bien démontré qu'on peut avoir un dialogue franc, un dialogue parfois vigoureux, mais un dialogue constructif sur des
questions de l'immigration sans prêter d'intention, sans stigmatiser, sans
faire des accusations. Je l'ai moi-même mentionné au début de nos travaux en
étude détaillée, parce qu'on avait entendu un peu, là, de ces commentaires-là, là, que de discuter de ces
questions-là, c'était de stigmatiser les étudiants internationaux, c'était de dire qu'on n'est pas ouverts aux
étudiants internationaux, de faire peur aux étudiants internationaux. Et je
pense que de dire ce genre de chose là, ça contribue à générer un tel
climat de peur ou de stigmatisation. Et donc ce qu'il faut comprendre, c'est que si on discute de politiques
publiques, y compris quand on dit : Bien là, il s'est passé quelque chose
à partir du milieu des années 2010, c'est qu'il y a eu une hausse
fulgurante des seuils, et qu'à peu près tout le monde on se dit : Bien, il
faut revenir à des seuils... Bien, ce n'est pas tout le monde qui disait ça, il
y a quelque temps, mais aujourd'hui, la
plupart, plusieurs observateurs disent, des analyses sérieuses puis des études
sérieuses disent : Il s'agit de revenir à des seuils plus
raisonnables qui sont... qui vont mieux permettre de réussir l'aventure
québécoise des étudiants internationaux et qui vont mieux permettre à
l'ensemble des intervenants au Québec aussi de gérer cette immigration des étudiants internationaux, cette immigration,
globalement, de manière positive pour tout le monde. Et donc, oui, on peut
avoir ce dialogue-là sans se prêter des intentions, c'est ce qu'on a fait
pendant plusieurs heures, donc, de travaux, notamment lors des
consultations particulières, mais aussi lors de l'étude détaillée.
Donc, Mme la
Présidente, j'annonce que nous allons voter pour le projet de loi n° 74
parce qu'on a fini par comprendre. Puis je sais
gré au ministre d'avoir fini par s'expliquer plus en détail sur ce qu'il veut
faire avec le mécanisme. Il
dit : On a pu augmenter les seuils au fil des ans, mais, quand il s'agit
de revoir les seuils à la baisse, on n'avait pas les outils législatifs
et les outils normatifs qui nous permettaient de le faire, et il y avait une
crainte que ça se termine en débats devant
les tribunaux. Je comprends, puis je sais que mon collègue de l'Acadie l'a mentionné
tout à l'heure, le débat n'était pas terminé, donc on ne sait pas ce
qu'il en serait advenu.
Je comprends que le
gouvernement dit : Bien, évitons d'aller là et assurons-nous qu'on a les
bons outils pour avoir une politique
cohérente, une planification globale et cohérente de l'immigration. Et là, dans
ce cas-ci, nous, on l'a présenté, notre plan, et on en est fier, on veut
revenir à des seuils raisonnables d'immigration temporaire, notamment pour les
étudiants internationaux, revenir à ce qui fonctionnait il y a quelques années
seulement, on parle du milieu des années 2010, et, pour ce faire, le
gouvernement dit : Bien, on a besoin de ces outils-là. On l'a écouté. On
les a regardés. On pense que ça va permettre d'atteindre des objectifs
importants qui ont été soulignés par le Commissaire à la langue française, par d'autres intervenants,
d'autres expertises, notamment ceux qui sont cités dans le plan du Parti québécois,
Pour un modèle viable en immigration, qui va permettre d'agir de manière
distincte, selon les niveaux d'enseignement, selon les régions, donc de
s'assurer, notamment, qu'on prend soin de cette forme d'immigration et de
l'apport des étudiants internationaux, par
exemple, au niveau collégial, ça nous a été souligné, par exemple dans les régions.
Et donc, pour s'assurer qu'on puisse le faire de manière globale, qu'on puisse
le faire de manière cohérente, ce projet de loi, c'est ce que le
gouvernement a démontré, est utile. C'est pourquoi nous allons voter contre. Maintenant,
la question, c'est : Que va-t-on en
faire? Et nous posons la question parce que ça demeure un mystère, avec ce
gouvernement. Nous n'avons toujours pas sa politique, nous n'avons toujours pas
son plan, nous l'attendons, parce que, maintenant qu'il y a les outils, la question, c'est : Qu'est-ce qu'on va en
faire? On va être attentifs à la réponse à cette question-là, Mme la
Présidente. Merci.
• (15 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le projet de loi n° 74? Mme la députée de
Westmount... de Mont-Royal—Outremont,
pardon, allez-y. À vous la parole.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme
Setlakwe : Merci, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de me
prononcer, de prendre la parole aujourd'hui dans le cadre de l'adoption finale,
là, du projet de loi visant à mieux encadrer les étudiants étrangers, le projet
de loi n° 74. Moi, je préfère
référer... qu'on réfère à eux comme les étudiants internationaux. D'ailleurs, ça
nous a été mentionné durant les consultations.
Je tiens à le
souligner, Mme la Présidente, ce fut un plaisir et un véritable privilège de
travailler côte à côte avec mon
collègue député de l'Acadie dans ce dossier important, un dossier qui est
finalement l'intersection de l'immigration et de l'enseignement supérieur, là. Les réseaux d'enseignement supérieur
sont directement touchés par ce projet de loi en immigration. Donc, ce
fut vraiment un privilège et un grand plaisir.
Mme la Présidente, quand on étudie un projet de
loi, les parlementaires, on doit se poser des questions de base avant d'étudier le libellé. On doit se demander,
et comprendre, et saisir quelle est la problématique qu'on tente... à laquelle
on tente de remédier, qu'on tente d'encadrer, de régler. Et ensuite on se
demande : Mais est-ce que le projet de loi met de l'avant des mesures, des
outils, des pouvoirs adéquats, mesurés, réfléchis? Est-ce que les balises sont
présentes? Est-ce que finalement on ne
créera pas une plus grande problématique? Est-ce que c'est une démarche
réfléchie, prudente et équilibrée? Eh bien, simplement, Mme la
Présidente, ici, nous sommes toujours dans le flou, après les... des heures de consultation, des heures d'échanges, des heures
d'étude détaillée. De notre côté, l'opposition officielle, nous demeurons
perplexes, nous demeurons face à un flou,
face à un manque de vision, et on va voter contre, comme mon collègue l'a
annoncé.
Est-ce qu'il y a une... Est-ce qu'il y a eu
certains cas... Est-ce qu'il y a eu des problématiques ciblées? Est-ce qu'il y a eu, dans le passé, des cas abusifs, des
cas de recrutement excessif? Est-ce que, dans certains collèges, il y a eu,
donc, une hausse fulgurante, un nombre d'étudiants internationaux très
importants qui ont été accueillis dans certains collèges? La réponse, c'est oui. Ce sont des cas documentés, ce sont des
cas qui ont fait l'objet des médias. On aurait aimé, de la part du
ministre, avoir plus de détails. On n'a pas été capable d'avoir le fin détail.
Mais là où je veux en venir, Mme la
Présidente, c'est : Est-ce qu'il fallait adopter le projet de loi
n° 74 pour répondre à ces problématiques bien ciblées? Je continue de penser que non. Je continue de
penser que, dans la balance des inconvénients, on a potentiellement, ici, une
situation où on a une pièce législative qui est à ce point floue et qui octroie
des pouvoirs très, très larges et une discrétion très large au gouvernement. Et on est donc face, potentiellement, à une
situation où on va créer plus de problèmes. On va affecter un réseau et
des démarches de recrutement. Parce que c'est ça qui doit l'emporter, c'est ça
qui doit ressortir et c'est ce qui est
ressorti des consultations et des discussions. Les étudiants internationaux
sont une grande richesse pour le Québec, au sens le plus large du terme,
ils constituent un atout crucial, essentiel, et le recrutement qui se fait en
continu au sein de nos institutions se fait
de façon générale, généralement parlant, de façon réfléchie, chirurgicale. Tout
est bien, bien géré au sein de nos
établissements. Et, s'il y a quelques cas d'exception, bien, il faut faire
extrêmement attention et être prudent
de ne pas venir affecter négativement le reste du réseau. Donc, bien
simplement, si on veut l'exposer simplement, notre position, c'est ça, à la suite de l'étude, nous ne sommes toujours
pas convaincus que le projet de loi est la bonne réponse à ces
problématiques ciblées.
Donc, on l'a
dit, le ministre s'accorde de très larges pouvoirs. Essentiellement, c'est un
chèque en blanc. Il va pouvoir fermer
le robinet, et on ne sait pas dans quelle mesure, il n'a pas été capable de
nous dire le nombre d'étudiants qu'on a en trop, le plafond qui va être imposé, les limites, les restrictions.
Est-ce qu'on parle de 10 %, 20 %, 30 %? Est-ce qu'il y en a
trop? On nous dit qu'il y en a trop, mais il
y en a trop, c'est combien? On parle de combien d'étudiants? Nous ne le savons
pas. Où est le problème? Est-ce que le
problème est dans les grands centres? Est-ce que le problème est dans les
régions? Nous ne savons toujours pas.
Est-ce que le problème est dans le réseau anglophone versus le réseau
francophone? On ne le sait pas non plus. Est-ce qu'il y a certains
programmes qui sont superflus? Nous ne le savons pas. Nous avons posé les
questions, mais nous sommes restés sans réponse, Mme la Présidente.
Il est
important de parler de la prévisibilité. Les établissements sont venus nous
dire qu'ils ont besoin de prévisibilité. Et, je l'ai dit, le recrutement se fait en continu sur plusieurs années.
Le Québec évolue dans un contexte mondial, global, où c'est extrêmement
compétitif. Les étudiants, les cerveaux, les plus grands cerveaux sur la
planète sont convoités, sont sollicités.
Ici, au Québec, il y en a également, des grands cerveaux, on le sait, je ne dis
pas qu'il n'y en a pas, mais c'est reconnu,
nous, nos étudiants aux études supérieures, après le premier cycle, dans une
grande majorité, se trouvent un emploi et
intègrent le marché du travail. À l'étranger ou à l'international, il y a des
candidats qui cherchent à se rendre au deuxième, troisième cycle, ils cherchent à se déplacer à l'international, à venir
chez nous, au Québec. On a quelque chose d'extraordinaire à offrir, on a une qualité de vie, on a un milieu
extraordinaire, on a des universités francophones, on brille à l'international
au niveau de la francophonie.
Alors, je
n'ai toujours pas... je ne sais toujours pas où le ministre a l'intention de
couper. Il dit qu'il va être... il a tenté
de se montrer rassurant, sauf qu'il a entre les mains une pièce législative qui
lui donne des pouvoirs qui, potentiellement, pourraient causer un
dommage énorme à notre réseau, et à notre économie, et à notre capacité
d'innover, à notre capacité au niveau de la
recherche. Pour terminer mon point sur les étudiants internationaux, ils
viennent ici. Au niveau des deuxième et troisième cycles, ils
constituent la majorité de nos cohortes. Au niveau de la maîtrise, c'est...
souvent plus de 50 % de nos cohortes au
niveau de la maîtrise sont représentés par des étudiants internationaux. Et,
quand on parle de doctorat, ça peut
aller jusqu'à 70 %. Alors, on fait quoi dans nos laboratoires de
recherche? On fait quoi pour être compétitif, pour pouvoir continuer
d'être à la fine pointe au niveau de la recherche, de pouvoir continuer à
pouvoir financer nos chaires de recherche si on coupe dans les étudiants
internationaux au niveau des deuxièmes, troisièmes cycles? Ce sont des
questions extrêmement pertinentes qu'on a posées, et puis les inquiétudes
demeurent, Mme la Présidente.
Au niveau
de... là je parle des universités, des deuxièmes, troisièmes cycles, mais les
étudiants internationaux sont un atout essentiel aussi au niveau de nos
cégeps, du réseau collégial, partout en région pour que nos... pour le bénéfice
des Québécois avant
tout, là. Quand on parle d'étudiants internationaux, ce n'est pas qu'on est...
notre regard n'est porté qu'uniquement
sur leur sort, le regard est porté sur l'intérêt commun, sur l'intérêt
collectif ici, au Québec, pour que nos jeunes
Québécois, partout en région, puissent rester dans leur région, ne quittent pas
pour les grands centres. On sait que c'est un enjeu, l'exode vers les
grandes villes. On veut garder nos jeunes en région. La population est
vieillissante. On veut pouvoir offrir toute une panoplie, toute une gamme de
programmes. Alors, si un jeune veut rester, pour donner un exemple, à Chicoutimi dans un programme en santé, ou autres, services
sociaux, peu importe, on peut nommer toute une panoplie de programmes,
s'il veut rester dans sa région pour pouvoir contribuer à sa région, à remplir
les besoins en main-d'oeuvre, des besoins en
services publics notamment, bien, il va falloir qu'on continue d'offrir les
programmes, parce qu'on ne pourra pas
ouvrir les programmes sans la présence d'étudiants internationaux. Les
étudiants internationaux, donc,
assurent qu'on puisse avoir des programmes, qu'on puisse... donc, ils sont
une... ils contribuent... s'ils contribuent à la vitalité de nos cégeps,
bien, ils contribuent à la vitalité des régions.
Et puis donc,
dans ce sens-là, nous, on a demandé au ministre, on a déposé des amendements
très clairs, là, pour pouvoir exclure
les cégeps et les universités. C'est ce qu'ils demandaient. Ça a été refusé. On
a demandé d'enchâsser dans la loi le principe du respect de l'autonomie
des institutions. C'est elles, c'est les institutions qui savent le mieux quels
programmes doivent être offerts. Ils doivent pleinement pouvoir remplir leur
mission. On a demandé d'exclure les cycles
supérieurs. Ça a été refusé. Et, comme l'ont dit mes collègues avant moi, on a
demandé aussi d'enchâsser dans la loi l'obligation de consulter le
milieu avant d'élaborer des seuils. Tout ça a été refusé.
Permettez-moi de conclure en mentionnant des
incohérences avec la propre politique ou le plan stratégique du ministère de l'Enseignement supérieur, qui compte
sur l'internationalisation de l'enseignement supérieur. Donc, on voit
des incohérences, Mme la Présidente, on demeure inquiets. Nous voterons...
• (16 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'est
terminé, Mme la députée, je suis désolée de vous couper. Est-ce qu'il y a...
Madame, merci. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur le projet de loi
n° 74?
Il n'y a pas
d'autre intervention. Donc, le projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, est-il adopté?
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, nous avons ici une demande de vote
électronique. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : ...doutez sûrement de ma demande. Je vous demanderais de bien
vouloir reporter ce vote à demain, s'il vous plaît.
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
m'en doutais fortement, mais j'attendais que vous le disiez. Alors, à la
demande du gouvernement, le vote sera reporté à demain.
Donc, pouvez-vous nous indiquer la suite de nos
travaux, maintenant?
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Nous ne
faisons pas encore de la télépathie, mais un jour, peut-être. Donc, je
vous demanderais d'appeler l'article 7 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 32
Reprise du débat sur
l'adoption
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 7 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 3 décembre 2024 sur l'adoption du projet de
loi n° 32, Loi instaurant
l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et
des services sociaux.
Est-ce qu'il y a des intervenants ou
intervenantes pour ce projet de loi? Mme la députée, à vous la parole.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Je suis très contente
d'être là avec vous après-midi pour vous parler de cette dernière étape concernant le projet de loi
n° 32, Loi instaurant l'approche
de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services
sociaux.
En fait, il faut se rappeler d'entrée de jeu
pourquoi l'Assemblée nationale du Québec a décidé, le gouvernement a pris le
leadership là-dessus, a décidé de mettre au jeu un projet de loi parlant de
sécurisation culturelle. Je ne sais pas si
vous vous souvenez, Mme la Présidente, mais je suis certaine, comme tous les
Québécois et Québécoises, vous avez en mémoire ce jour où nous
apprenions, grâce aux réseaux sociaux, le décès, dans des conditions tout à
fait inhumaines, inacceptables,
intolérables, d'une femme courageuse, d'une femme qui, parce qu'elle connaît au
quotidien ça veut dire quoi, être
constamment poursuivie par le racisme systémique de l'ensemble de nos
institutions et particulièrement le système de santé, a eu le courage de se filmer dans ses derniers instants de sa vie
pour nous faire comprendre, à tout le monde, que ce
n'est pas une question de rhétorique, que ce n'est pas une question : Où
sont les méchants? C'est une question de connaissance et de reconnaissance de
l'histoire. On en doit beaucoup à Joyce Echaquan, et je ne suis pas certaine — en tout cas, moi, je ne me mets pas dans ce lot-là — que
j'aurais le courage que cette femme-là a eu. Elle a utilisé son dernier souffle de vie pour qu'on comprenne que la
discrimination faisait partie de son quotidien et celui de ses frères et
soeurs, des Premières Nations et des Inuits.
Alors, ça a
été un déclencheur important. Bien, Mme la Présidente, on avait déjà des
signaux. On avait déjà des signaux comme quoi la situation des Premières
Nations et des Inuits était inacceptable, intolérable et que des situations
inhumaines comme celles-là arrivaient régulièrement. D'ailleurs, vous vous
souvenez, la commission Viens nous avait déjà
sonné des cloches. La commission royale d'enquête avait déjà sonné des cloches.
La commission sur les femmes... les filles et les femmes disparues et
assassinées avait déjà sonné des cloches. Bien, ça leur aura pris le courage de
Joyce Echaquan pour nous faire, disons, allumer.
Alors, c'est
d'ailleurs pourquoi, dans le principe... dans le... pardon, le projet de loi
qu'on a étudié, il y a eu, comme, le
dépôt déjà, il y a quelques mois, je dirais même plusieurs mois, en juin 2023,
et lorsqu'on a ouvert le premier... la première étape du processus... Aujourd'hui, on est à la dernière étape du
processus d'adoption du projet de loi, mais la première étape, lorsqu'on
a ouvert les auditions, eh bien, on s'est retrouvé face à des groupes, des
groupes et des Premières Nations et des
Inuits et des groupes allochtones qui sont venus nous dire qu'il était bien sûr
impératif d'intervenir au niveau de la sécurisation culturelle dans nos
structures en santé et services sociaux, mais que ça devait se faire main dans
la main en lien... en presque corédaction...
On emploie le terme consacré de coconstruction, mais ce qu'on veut dire, c'est
d'être égal à égal avec les Premières
Nations et les Inuits pour écrire ce projet de loi là. Ça aurait dû être ça,
puis là je fais faire un pas en
arrière, un pas en arrière parce qu'on a besoin de comprendre collectivement,
je pense, que les autochtones, ce n'est
pas des chialeux, ce n'est pas du monde qui, dans le fond, n'arrête pas de se
plaindre. Ce n'est pas des gens qui ont tous, dans le fond, des profils de gens
vulnérables, maganés, pas capables de se prendre en main. C'est des êtres
humains à part entière. Et d'ailleurs
la déclaration des Nations unies pour le droit des peuples autochtones affirme
clairement que les droits des autochtones sont des droits humains.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, Mme la
Présidente, là, mais d'être obligé de rédiger une déclaration internationale
que, d'ailleurs, le Québec, le Canada a tardé à signer — bien,
le Québec notamment parce qu'on n'est pas encore un pays — parce
qu'une telle déclaration dit que les droits des autochtones sont des droits
humains, il me semble, ça ne devait pas...
ça n'aurait pas dû exister, ça, au début du XXIᵉ siècle. Mais on a eu besoin de
le faire, puis ça a été la conclusion de 20 ans de travail, de 20 ans
de travail des Premiers Peuples, donc des Premières Nations et des Inuits et en discussions et négociation avec les
Premières Nations sur l'ensemble de la planète et avec les pays assis autour
de la table de l'ONU. De cette déclaration découlent des... plusieurs grands
principes, dont un qui est fondamental...
Je prendrais
de l'eau, quelqu'un à quelque part. Ah! Merci. Regardez si c'est fin, ce monde-là!
Ça se lève tout de suite.
Une voix : ...
Mme
Massé : Bien, voilà. Et regardez bien le nombre de verres
d'eau que je vais avoir. Ce n'est pas rien. Là, vous assistez à...
Une voix : ...
Mme Massé : Je te crois.
Une voix : ...
Mme Massé : Merci. Pour toutes les
fois, messieurs dames qui nous écoutez, qu'il n'y a pas beaucoup de collaboration dans cette Assemblée, il y a des
fois où c'est vraiment exemplaire. Vous allez voir, je vais peut-être même
en avoir un deuxième. Non, c'est une blague.
Bon, plus sérieusement, parce qu'il y a des gens
qui ont dû aussi collaborer pour écrire cette Déclaration des Nations unies pour les droits des peuples
autochtones, qui, à l'article 19, dit ceci : «Les États — et
le Québec est un État — se
concertent et coopèrent de bonne foi avec
les peuples autochtones intéressés par l'intermédiaire de leurs propres
institutions représentatives avant d'adopter et d'appliquer des mesures
législatives et administratives — c'est bien de cela qu'on parle — susceptibles
de concerner les peuples autochtones, afin d'obtenir leur consentement
préalable, donné librement et en connaissance de cause.»
• (16 h 10) •
Bon, c'est
plate, Mme la Présidente, ce n'est pas ça qui est arrivé, ce n'est pas ça qui
est arrivé. Ce n'est pas ça qui est arrivé encore cette fois-là, parce que ce
n'est pas la première fois que ça n'arrive pas. En fait, ça n'arrive jamais.
Et on a très hâte au jour où ça va arriver
pour vrai, parce qu'on va, nous aussi, comme nation québécoise, reconnaître que
les nations... que les Premiers Peuples, les
autochtones, les Premières Nations et les Inuits ont des droits et que leurs
droits sont des droits humains.
D'ailleurs,
la commission Viens, qui a fait un travail, je pense, reconnu par l'ensemble
des parlementaires, avait déjà, d'entrée de jeu, là, dans ses appels
transversaux... avait déjà identifié la nécessité que le Québec — donc,
on sait comment ça marche, ça passe
par des projets de loi que le gouvernement met sur la table — aurait
défini une loi de mise en oeuvre de
la déclaration des Nations unies, et, malheureusement, on s'est arrêtés en
cours de route. Parce que le premier appel transversal, il a été fait,
avec des excuses publiques faites de la bouche du premier ministre, le deuxième
appel, il a été fait
grâce à une motion que j'ai déposée en 2019 et qui a été adoptée à l'unanimité,
qui reconnaît les principes de la déclaration
des Nations unies, mais toutes les motions que j'ai dépassées, après, pour
qu'on mette en oeuvre cette déclaration-là,
donc qu'on reconnaisse que les droits des Premiers Peuples sont des droits
humains, bien, ça, ça a toujours été refusé. Et c'est très triste, parce
qu'on aurait pu, avec le projet de loi n° 32, qui est un projet de loi qui
concerne les Premières Nations, les
Inuits... parce que c'est eux et elles, Mme la Présidente, qui vivent, à chaque
jour, la discrimination et le racisme
systémique, c'est eux et elles. Moi, je peux bien les écouter, je peux avoir
une grande oreille, je peux même être
assez habile pour reprendre leurs mots, mais moi, quand je sors d'ici, je ne
subis pas de discrimination sur la seule base que je suis une personne
des Premières Nations ou une personne inuite.
Alors, on
avait un beau rendez-vous avec le projet de loi n° 32, mais,
malheureusement, dès le départ, le ministre est parti tout seul de son bord. Et les groupes sont venus nous le dire,
hein, 14 groupes qui sont venus, que ce soient... aussi diversifiés que le Collège des médecins, la Commission des droits de la personne et des droits
de la jeunesse, les infirmières,
beaucoup de groupes représentant les
Premières Nations et les Inuits. Et les Premières Nations avaient fait leur
travail, eux autres, ils avaient fait leur travail parce que, quand
Joyce a posé son geste courageux, bien, les Premières Nations se sont
rassemblées ensemble puis ont dit : Bien, écoutez, ça n'a plus de bon sens
que notre monde vive ça. Parce qu'on va se
le dire, Mme la Présidente, là, pas jusqu'à la mort, ou peut-être des fois
jusqu'à la mort, ce que Joyce a vécu, là, ce n'est pas... ce n'est pas... Moi, quand je parle avec les gens des
Premières Nations, quand je parle avec les personnes inuites, ils me parlent des discriminations qu'ils vivent.
Ils ont peur d'aller à l'hôpital parce qu'ils ne savent pas s'ils ne se feront
pas traiter de drogués, si les... Les biais qui sont enregistrés,
malheureusement, dans notre cerveau par toutes sortes d'affaires, bien, ils ont peur, ils ne vont pas se faire soigner ou ils
tardent d'aller se présenter. Puis malheureusement, bien, parfois,
certains en meurent ou, à tout le moins, aggravent leur situation.
Puis ce n'est pas pour rien que, lorsque Joyce
est décédée, les Premières Nations se sont réunies puis ont dit : Bien, O.K., il va falloir qu'on définisse c'est
quoi... c'est quoi que la déclaration des Nations unies nous donne comme
droits. Puis écoutez ça, vous allez être surprise, là, mais le Principe
de Joyce, il se lit ainsi, facile : «Le Principe de Joyce...» Puis attachez votre tuque, parce que ce qui est
là-dedans, ça frappe fort. «Le Principe de Joyce vise à garantir à tous les
autochtones un droit d'accès équitable, sans
aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le
droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale,
émotionnelle et spirituelle.
«Le Principe de Joyce requiert obligatoirement
la reconnaissance et le respect des savoirs et des connaissances
traditionnelles et vivantes des autochtones en matière de santé.»
Vous seriez
en droit, Mme la Présidente, de me dire : Bien, voyons, Manon, ce n'est
pas ça, la réalité. Bien, si ça a pris quelqu'une qui prenne tout son courage
pour qu'on en arrive là, il me semble qu'on doit répondre présent, présente.
Alors, la sécurisation culturelle, c'est quelque
chose que nous autres, on ne connaissait pas, les allochtones, on n'en a pas besoin, mais les gens des Premières
Nations et des Inuits, eux, le savaient très bien. D'ailleurs, c'est... ce
n'est pas pour rien que, lorsqu'on a
entendu les groupes, notamment, les groupes autochtones sont tous venus nous
dire : Bien, voyons donc, oui,
on a besoin de sécurisation culturelle, mais ce n'est pas vous autres, les
allochtones, qui allez nous dire c'est
quoi puis comment on doit faire ça, c'est nous autres. Alors, on va s'asseoir
ensemble, on va le travailler ensemble, ce projet de loi là.
Vous savez, la coconstruction, Mme la
Présidente, c'est quelque chose qui semble très difficile, et pourtant je feuillette ici le rapport du Protecteur du citoyen, qui a rédigé ce rapport-là sur le cinq ans
d'application de la commission Viens,
bien, des appels à l'action de la commission Viens, ce rapport-là a été
coconstruit avec les Premières Nations et les Inuits. Alors, le Protecteur
du citoyen, qui a beaucoup moins de
ressources qu'un gouvernement, le gouvernement, il gère l'enveloppe de tous les
Québécois et Québécoises, a été capable de le faire. Bien, les Premières
Nations et les Inuits sont en droit
de s'attendre que l'Assemblée législative du Québec, qui rédige des lois et,
qui plus est, des lois qui les concernent, bien, la coconstruise, la coécrive, la coréfléchisse avec eux, puis pas
dans nos modes de fonctionnement à
nous autres, là, parce que nos modes de fonctionnement à nous autres...
Bien, d'ailleurs, «à nous autres», entendons-nous, là, c'est du gouvernement
britannique. Ça nous vient de très, très loin. Un jour, nous changerons ces
choses-là, mais, bref, ce n'est pas leur façon de faire. Parce que la
coconstruction, bien, ça demande, premièrement, d'être extrêmement patients, patientes, d'être flexibles, de... d'avoir des
allers-retours d'égal à égal. Pas : Nous autres, on décide, puis, vous
autres, bien, essayez de négocier le
plus que vous pouvez. Non, non, d'égal à égal. Ça fait que ça, ce n'est pas
facile puis ce n'est pas facile dans nos institutions de type colonial
comme on a ici.
Alors, puisqu'on le sait que ce n'est pas
facile, mais que je suis certaine que tout le monde ici reconnaît que les
droits des Premières Nations et des Inuits sont des droits humains, bien, je
pense qu'on a un devoir d'être créatifs, il
faut inventer. Si on ne veut pas changer toute la règle, si on veut rester dans
les cadres qui... de cet empire britannique, qui nous a donné son parlementarisme, bien, il faut, au moins, être créatifs
quand il est temps de rédiger des lois qui concernent des nations, qui sont des nations à part entière,
reconnues pas seulement aux Nations
unies, mais aussi, même... oui, c'est
drôle, ça, ici même, au Canada.
• (16 h 20) •
Mais, écoutez, on dit ça, reconnues au Canada, encore
aujourd'hui le gouvernement du Québec porte en appel une décision qui oblige les États — je vous l'ai lu tantôt, l'article 19 — de
consulter, de... pas consulter, de dire : Ah! je t'ai entendu, non,
non, de travailler d'égal à égal pour s'assurer d'obtenir un consentement
préalable, donné librement et en toute
connaissance de cause. Bien, encore une fois, notre argent public, notre argent
public sert à aller, encore une fois, devant la Cour suprême pour
dire : Bien, on n'est pas d'accord avec vous. Je ne sais pas... le
gouvernement n'est pas d'accord avec quoi, là, mais je peux vous dire que ça
commence à nous coûter une beurrée, puis ça coûte une beurrée aussi aux Premières Nations, ça coûte du temps, ça
coûte tout ce qu'on n'a pas quand on veut travailler d'égal à égal, parce
que, quand on veut travailler d'égal à égal, le temps qu'on a, on veut
l'utiliser à coconstruire des rapports égalitaires, à coconstruire une... je ne dirais pas
«coconstruire», à reconstruire une relation saine, et, pour ça, bien, on a
beaucoup de croûtes à manger. Puis,
malheureusement... Bon, ça, j'ai fait un petit aparté, je ne suis pas hors
d'ordre, mais presque. Ça fait que je vais me ramener à l'ordre
moi-même. J'ai beaucoup d'autodiscipline.
Alors, il
faut être créatifs. J'étais en train de vous dire qu'il faut être
créatifs, créatives. Pourquoi? Bien, parce que le parlementarisme
britannique nous oblige de l'être.
Puis regardons le bon côté des affaires, Mme la
Présidente. Déjà dans le cadre d'un autre projet de loi qui touchait les services sociaux, le projet de loi
n° 37, l'idée, là, c'était d'avoir un commissaire à la protection des
enfants... bien, déjà, au moment de
ce projet de loi là, à la suggestion de mon collègue, on s'était entendus,
comme parlementaires, tous les partis, pour dire : O.K. Puis ça
avait demandé, inévitablement, la collaboration du gouvernement. Il dit :
O.K., on n'est pas habitués de faire ça,
dans notre démarche à nous autres, de... en cours de route, là, de retourner
s'asseoir pour discuter, parce que,
dans les faits... et, dans ce cas-là, il n'avait pas vraiment été question de
la dimension des Premières Nations, en tout cas, de façon dédiée.
Alors donc,
on a créé une première brèche, hein? C'est Leonard Cohen qui disait ça, que,
quand il y a une petite craque, là,
la lumière, elle passe. Bien, dans ce cas-là, c'était sur le projet de loi
n° 37 où, pour une première fois comme parlementaires, on avait décidé qu'on changeait un petit peu les règles
du jeu tout en restant très, très, très dans la loi. Mais on innovait,
on créait.
Bien, je vous dirais, on a fait un deuxième tour
de roue sur le projet de loi n° 32. Bien sûr, ma critique est acerbe sur le fait que ça aurait dû être fait dès
le jour 1, je vais le redire, mais, dans le projet de loi n° 32,
encore là, avec la collaboration de mon collègue de l'Acadie, du
ministre, des autres députés qui étaient autour de cette table-là, on s'est dit : Bien... Parce que, vous vous
rappelez, là, ça a été déposé en 2023. Là, ça a été silence radio pendant
plusieurs mois. Le ministre a fait
des consultations. C'est une chose de faire des consultations, c'en est une
autre de s'asseoir et de travailler ensemble. Et ça, c'est quelque chose
que les gens des Premiers Peuples pourraient vraiment nous apprendre à faire.
Pensez-vous que tout ce monde-là, ils pensent pareil, Mme la Présidente? Bien
non, ils ne pensent pas tous pareil. Ils n'ont pas tous la même compréhension
des enjeux, ils n'ont pas tous... ils n'ont pas tous la même conviction de
l'effet d'une telle loi ou d'une telle loi,
mais ils ont tous quelque chose... en tout cas, pas mal de monde que j'ai
rencontré depuis des années, c'est : Quand on ne s'entend pas, on
s'assoit puis on se parle.
Alors, c'est
ça qu'on a fait dans le projet de loi n° 32, on a essayé de faire un
deuxième tour de roue pour innover. Hein,
le projet de loi n'avait pas été coconstruit, le gouvernement avait travaillé
ça, bien sûr, avec une couple de coups de téléphone. Mais on a eu des
rencontres là où on s'est obstiné, là, on s'est obstiné, puis... où le ministre
a été clair. Il a dit : Bien, le
racisme systémique, je ne peux pas aller là. Bien là, M. le ministre, vous ne
pouvez pas aller là, vous êtes un homme blanc, c'est sûr, vous ne pouvez
pas aller là. Sans mépris, là, mais j'essaie juste de dire : Moi, comme
femme blanche, je ne le sais pas, c'est quoi
le racisme systémique. Je l'entends, je suis capable de... mon oreille
d'intervenante est capable de saisir
quand les gens me parlent de cette discrimination-là, mais moi, perso, je ne
vis pas ça, là, puis ça ne me tenterait pas, honnêtement, là, hein, Mme
la Présidente, de vivre ça.
Alors, on a créé cet espace-là pour délibérer,
là, dire : O.K. Bien, on peut-tu faire d'autres pas d'abord, hein? On
peut-tu faire en sorte... Puis là, bien, les gens des Premières Nations avaient
lancé l'idée d'une discrimination, d'un racisme
ou d'une discrimination spécifique vécue par les Premières Nations et les
Inuits, mais on ne pouvait pas aller là non plus.
Bon, le
ministre a travaillé fort. On est arrivé avec quelque chose. Ça apparaît dans
le préambule, ça apparaît dans le préambule, mais ça ne dit pas que nous
reconnaissons ça. Ça dit qu'il y a des commissions, des commissions comme la commission Viens, comme la commission royale
d'enquête, comme la... Il y a des commissions qui ont reconnu ça, mais
nous autres, on n'a pas encore cette... je ne mettrai pas de mots, on n'est pas
capable de faire ça. On n'est pas capable de
faire ça. Ça fait que c'est très décevant. Et moi, je suis certaine qu'il y a
des gens des Premières Nations qui vont être très choqués et déçus que
le projet de loi, le projet de loi qui porte sur la sécurisation culturelle,
n'est pas capable de reconnaître le problème
à la base. Bien, c'est sûr qu'il y a du monde qui vont être sceptiques sur les
résultats qui vont sortir de ce projet de loi là, que ce que ça va
donner concrètement.
Mais, vous savez, moi, j'aime toujours
reconnaître à César et à Césarine ce qui leur appartiennent, et je le sais, que le ministre a travaillé fort pour faire que ce
projet de loi là ne soit pas celui qu'on a eu en 2023, qu'il avance, mais, plus
que ça, dans cette idée de faire autrement,
dans cette idée de la petite brèche qu'on a créée avec le projet de loi n° 37,
là, avec le projet de loi n° 32, au micro, le
ministre nous a dit que les règlements qui doivent découler... je ne me
souviens pas de l'article, 3 quelque
chose, là, qui doivent découler du projet de loi n° 32, que ces
articles-là seront coconstruits avec les
gens des Premières Nations et des Inuits. Ah! bien là, ça, si je vois ça, je
vais être bien contente parce que ça va être un autre pas qu'on va avoir
fait, comme parlementaires, pour nous assurer que, tranquillement, on apprend à
marcher vers la coconstruction avec les Premiers Peuples. Alors, il sait très
bien qu'il peut compter sur moi pour lui rappeler.
Et je...
avant que vous changiez d'entre vous deux, je voudrais dire une chose, Mme la
Présidente. Si cette... ce n'est pas
de l'innovation, parce que «innovation» voudrait dire des transformations
profondes, mais, si cette créativité-là, on a pu l'avoir grâce à la
collaboration des parlementaires autour de la table, on a pu l'avoir aussi
grâce au président de l'Assemblée,
qui a... le président, je veux dire, pas de l'Assemblée, mais de la commission,
qui est assis devant moi aujourd'hui, et
qui a su assumer son rôle dans les règles de l'art, en, bien sûr, appliquant
les règles de... du parlementarisme britannique, mais, en même temps, en
nous permettant d'être créatifs, et ça, je l'en remercie beaucoup.
Je poursuis, si... Oui? Ah! Moi, je poursuis, je
fais comme si de rien... Je vais prendre une gorgée d'eau, tiens.
Alors, écoutez, on a fait des gains dans ce
projet de loi là, là. Le projet de loi qui nous a été présenté en 2023 puis celui qui va être adopté dans les prochaines
heures... bien, en fait, bientôt, il n'est pas du tout pareil. Il n'est pas du
tout pareil, puis il y a des choses importantes. Là, je vous ai parlé plus de
ce qui n'a pas marché, pourquoi je ne suis pas de bonne humeur, puis pourquoi je sais qu'il y
a du monde qui ne seront pas de bonne humeur parce que... bien, parce que c'est ça, c'est ça qui est ça, mais il y a
quand même des gains qui ont été faits, puis, un peu de chauvinisme, je vais
soulever ceux que ma formation politique, on
a faits. Pourquoi pas, hein, M. le Président? Je vous vois sourire, là, mais ça
a été du travail ensemble, là. On
s'est obstiné pas pire. On était branchés directement en lien avec des gens des
Premiers Peuples.
• (16 h 30) •
Je vous dirais qu'un des premiers gains que...
de laquelle je suis vraiment très contente, c'est que, quand on parle de sécurisation culturelle, désormais dans
le projet de loi, on parle aussi de l'inclusion, bien sûr, de la culture, de
l'histoire, mais de la... des notions linguistiques. Les Premiers
Peuples nous le disent tous, puis nous autres, comme francophones en Amérique du Nord, on le sait, c'est que notre
langue, ce n'est pas juste une façon de communiquer, quoique c'en est une, c'est aussi une façon de s'identifier, c'est
une façon d'être. Notre langue, elle est composée de nos savoirs ancestraux, et
d'avoir inclus cette notion-là dans
l'article de définition de ce qu'est la sécurisation culturelle, franchement,
un très bon coup.
L'autre élément qui pourrait nous apparaître un
peu particulier, mais, moindrement qu'on côtoie les gens des Premiers Peuples,
on sait comment ça fait partie profondément de leur réalité, et c'est toute la
question de... des réalités spirituelles. Les gens des Premiers Peuples... La
religion, ce n'est pas de ça que je vous parle ici, là. C'est la dimension
spirituelle de l'humain, hein? C'est pourquoi, constamment, ils vont parler du
mental, le psychologique, le social, la communauté, le communautaire et le
spirituel. Bien, on a pu l'écrire, puis ça, c'est intéressant.
Quand je vous
dis qu'on a continué à créer des craques dans le système du corpus législatif
québécois, en termes de
parlementaires, le mot «spirituel» n'était pas très prisé dans notre corpus
parlementaire, M. le Président. On l'a intégré, une première fois, avec
le projet de loi n° 79, qui s'adresse spécifiquement, encore, pour les
Premières Nations et les Inuits, on l'a
intégré quand on parlait du processus de guérison. Alors, il est arrivé là
parce qu'il y a eu des juristes audacieux, audacieuses qui se sont
dit : O.K., on n'écrit pas juste des lois pour nous autres, là, quand on
parle des autres, bien, on va parler de leur
langage. Ça fait que cette première-là, qui a eu lieu il y a quelques années
sur le 79, nous a permis, là, de
dire : Non, non, bien, on l'a fait dans le 79, on va le faire là,
puisqu'on parle de sécurisation culturelle. Et voilà, ça aussi, c'est un
gain fort intéressant.
Bon, l'autre
élément, cette loi-là s'engage elle-même à déposer que Santé... Santé Québec...
Excusez-moi, je ne suis pas encore habituée avec le nom, ça a commencé depuis
hier, là, avant-hier, là, ça fait qu'on va s'habituer, Santé Québec
devra annuellement déposer des rapports. Puis, à un moment donné, on a eu une
discussion avec M. le ministre en
disant : Bien, écoutez... C'est parce que ça disait : «Le ministre va
transmettre le rapport au comité de suivi.» Là, on disait : Bien,
un peu de respect, là, on ne peut pas juste leur transmettre ça, comme :
O.K., je t'ai mis ça dans la poste, tu vas le recevoir puis... Écoute, c'est de
la réalité... c'est de leur réalité dont il est question. Alors, nous,
parlementaires, croyons que c'est important que vous ayez le déposé, puis que
donc, donc, vous vous assoyez et vous discutez, hein, je vous le transmets, vous le recevez par la poste ou par courriel, là,
c'est plus simple. Je ne suis pas obligée de m'asseoir avec vous pour discuter. Mais si je m'en vais vous
le déposer, j'aurais l'air bien bête si je m'en retournais tout de suite. Alors
donc, ça, aussi banal, un seul mot, il y a tout un esprit derrière, et
le ministre a accepté d'aller là.
Bon, c'est sûr, là, la petite échappée des
services sociaux, il ne faudra jamais oublier... Parce que dans à peu près tous les exemples qui nous ont été amenés,
durant tout le processus, c'est des exemples au niveau de la prestation du
système de santé, mais cette loi-là, et je
vous le dis aussi aux gens des Premières Nations, parce qu'il y en a qui
m'écoutent, M. le Présideny, ça
inclut les services sociaux. Les services sociaux, c'est la DPJ. Je sais que
c'est tout un autre sujet, mais ça inclut les services sociaux :
l'itinérance, services sociaux; santé publique, services sociaux. Cette loi de
sécurisation culturelle, c'est pour les services de santé et services sociaux,
ce qui est vraiment extraordinaire.
Ensuite, il y a la création du comité national
sur la sécurisation. En fait, pour faire simple, là, la loi fait ceci,
c'est-à-dire qu'elle oblige... Je fais un résumé, là, je ne suis pas en train
de la lire. Vous allez tous pouvoir la lire, elle va être abrogée dans les heures qui viennent. Ce qu'elle dit,
globalement, c'est : Les établissements de santé et de services
sociaux doivent développer avec les Premiers Peuples, avec les Inuits des
approches de sécurisation culturelle avec des
unités... avec de l'évaluation, donc de la mesure d'atteinte d'impacts, qu'ils
doivent annuellement en faire le bilan et faire un rapport. Et ça, on dit qu'à chaque établissement... ça veut
dire, mettons, oui, ton hôpital, mais ton CLSC, puis ta DPJ, puis ton...
au niveau des personnes vivant avec un handicap. Bref, il faut qu'ils fassent
des actions en sécurisation culturelle et il faut qu'ils en fassent un rapport
annuellement à la nouvelle bébelle qui s'appelle santé publique... Santé Québec, qui, Santé Québec, elle, va déposer à
l'Assemblée nationale un rapport, qui, lui, va être... Bon, bien, je ne me
souviens plus de l'étape, ce n'est
pas tout à fait vrai. Oui, déposé ici... Il faudrait que je retourne dans mes
notes, mon petit cerveau... mais vous comprenez le principe. Et ce
rapport-là sera déposé au comité de suivi national.
Donc, le
comité de suivi national, c'est comme... Le ministre a parlé des fois d'un
comité aviseur, d'un comité qui conseille, d'un comité, en fait, qui est
là pour aider le ministre à s'assurer que, dans les établissements du Québec,
peu importe où sur le territoire, il y a des
approches de sécurisation culturelle qui sont développées. On a déjà beaucoup
d'expertise, M. le Président. Il y a
déjà énormément de centres d'amitié autochtones qui ont développé soit leurs
propres cliniques ou qui ont développé, à l'intérieur de leurs services
de santé ou services sociaux, des collaborations avec les CIUSSS, avec...
Alors, il y a
déjà une pratique qui est là. Il y a déjà du monde qui n'ont pas attendu la loi
parce qu'ils avaient entendu le cri
du coeur de Joyce Echaquan, mais, maintenant, c'est juste que c'est
obligatoire. C'est la loi. Et, dans ce sens-là, je suis plutôt très
heureuse de nous être assurés que, sur le comité national, il y a
obligatoirement des membres des Premières
Nations, des Inuits, des gens qui ont de l'expérience avec la réalité des
femmes et des filles des Premières Nations, mais ce qu'on aurait
vraiment voulu...
Et, pour
nous, là, c'est un... On dit ça en anglais, là, je n'ai pas de traduction...
C'est le point de rupture. Aïe! Je suis
bonne. C'est un «dealbreaker». Si on veut traiter de nation à nation, dans mon
livre à moi, là, c'est superimportant qu'on reconnaisse que, même si c'est sous une loi, bon, la Loi sur les
Indiens, qui est vraiment de la schnout, qui... bon, qui crée plein de problèmes, on s'en conçoit, mais crée aussi des
modes de représentation... Et, dans l'article 19 de la déclaration des Nations unies... Je reviens à elle parce que
je me dis: À un moment donné, je vais en prendre un par un puis je vais finir
par tous vous les avoir expliqués. Je suis
rendue à peu près au huitième depuis deux, trois ans. Alors, l'article 19,
qui dit que les États se concertent,
coopèrent de bonne foi avec les peuples autochtones intéressés par
l'intermédiaire de leurs propres institutions représentatives...
• (16 h 40) •
Alors là, M. le Président, je me suis battue bec
et ongles pour qu'on trouve avec le ministre la façon de permettre aux
Premières Nations d'identifier qui qu'ils veulent, eux autres, qui va aller
s'asseoir sur ce comité-là, mais que c'est
un élu, malgré toutes les imperfections — le
ministre aime ça, dire ça, souvent — malgré
toutes les imperfections que peut
avoir, de très loin, le système de représentation qu'on leur a imposé, rentré
dans la gorge à la fin de l'autre siècle, pas l'autre, mais l'autre avant, le «on» exclut la personne qui parle,
vous comprenez bien, bien, le ministre s'est systématiquement refusé
d'inclure des représentants, des élus des Premières Nations et des Inuits.
Alors, quand on dit : Bien, il faut, de bonne foi, s'asseoir avec eux
autres par l'intermédiaire de leurs propres institutions représentatives, je
pense que, là, on a manqué un rendez-vous. Je pense que, là, le gouvernement de
la CAQ a manqué un rendez-vous et j'en suis très attristée parce que j'essayais
de donner un exemple au ministre, je disais : Bien, voyons donc, oui, vous
me dites que, bon, il va y avoir des gens
qui connaissent les Premières Nations, des gens des Premières Nations
elles-mêmes qui... mais là vous avez un comité national, il n'y en a pas
partout à travers le Québec, il n'y en a rien qu'un, et vous ne voulez même pas que les Premières Nations
déterminent eux-mêmes qui va être là comme représentants des élus. Là,
je n'étais pas contente. Je n'étais pas contente, mais ce n'est pas parce qu'on
n'est pas contents qu'on ne continue pas de travailler, et on a continué de
travailler parce qu'on le sait, comment c'est fondamental pour les Premiers Peuples,
cette sécurisation culturelle.
C'est sûr que
toute la question... La façon dont le ministre a trouvé pour que, et je le
cherche à l'instant... pour qu'on commence à oser, peut-être, à dire que
ça existe, la réalité du racisme et de la discrimination qui est vécue de façon
spécifique par les Premières Nations et les
Inuits, ça a été de l'inscrire dans un considérant du préambule. Un considérant
du préambule, bien, ça donne une
orientation, c'est important. C'est sûr, certain, puis je l'ai déjà dit, mais
là je vais le répéter, ça aurait été bien qu'on puisse lire là : Considérant
que l'Assemblée nationale du Québec reconnaît que les Premières Nations, les Inuits vivent du racisme, de la
discrimination spécifiques au seul fait qu'ils soient des Premières Nations ou des Inuits, ça aurait été
le fun, mais on ne s'y est pas rendus. Puis, quand je dis «ça aurait été le
fun», je ne veux pas minimiser. Je trouve
que... même, je m'entends dire ça, puis, je trouve, ce n'est pas bien que j'aie
dit ça comme ça, parce que, dans les faits, ça aurait été essentiel, ça
aurait été essentiel.
Mais le ministre, parce qu'il a travaillé fort
puis parce qu'il sait bien, lui aussi, il côtoie des personnes des Premières Nations puis des Inuits, il sait bien ce qu'ils vivent sur le terrain à chaque
jour... Ça ne fait pas toutes les premières pages, là. Quand tu as un
cancer du côlon et que tu ne te présentes pas à l'hôpital de peur de ne pas en
ressortir, pas parce que tu penses que tu
vas mourir du cancer du côlon, tu ne sais pas que tu l'as, bien, tu endures le
mal, parce que, des histoires d'horreur sur du monde qui sont allés à
l'hôpital et comment ils se sont fait traiter... bien, tu endures ton mal jusqu'à tant qu'il soit trop tard puis que,
finalement, bien, tu t'en vas dans le monde des esprits, comme ils diraient.
Mais cette personne-là, elle avait droit, là, à des services de santé.
Pas parce qu'elle est autochtone qu'elle n'avait pas le droit. Mais, si elle
n'y va pas, ce n'est pas parce que... parce que... Non. Parce qu'elle a peur
d'avoir des services qui va la rendre encore plus mal d'être qui elle est. Puis
moi, je comprends un peu ça.
Ça fait que
j'aurais aimé ça, mais ce n'est pas ça. Mais il a quand même trouvé une façon
de le faire, c'est de reconnaître que
«la Commission royale sur les peuples autochtones, la Commission [...] vérité
et réconciliation du Canada, l'Enquête nationale sur les femmes et les
filles autochtones disparues et assassinées et la Commission d'enquête sur les
relations entre les Autochtones et certains
services publics — la
commission Viens — ont
reconnu le racisme et la discrimination vécus par les membres des Premières
Nations et les Inuit dans la société». C'est habile. C'est habile.
On va continuer à demander ce que les Premières
Nations ont demandé, c'est la reconnaissance intégrale du Principe de Joyce.
Et, même si on y retrouve plusieurs éléments dans le projet de loi sur la
sécurisation culturelle, bien, il y a un
élément fondamental qui est la grille d'analyse qui te permet d'analyser les
actions que tu vas développer pour créer, générer la sécurisation
culturelle.
Alors, on a
travaillé à aller, même si on n'était pas contents, des fois... le ministre non
plus, il n'était pas content, des fois, on a partagé ça en cours de route, mais
on a essayé d'aller le plus loin possible, dans le plus large consensus
possible. Puis, bien sûr, je suis certaine que vous sentez toute ma
déception qu'on n'est pas arrivés là.
Vous savez, c'est complètement paradoxal. Il a
été une époque où c'était... mon allié sur le dossier, c'était le Parti québécois, sur la question du racisme systémique, c'était le Parti québécois, Véronique Hivon notamment. Puis le Parti libéral était au
pouvoir, il ne voulait pas trop reconnaître ça. Puis la CAQ ne se mêlait pas
trop de ça. On se chicanait entre nous autres, tu sais. Puis là, woups!
la game change, les chaises changent, mais, pendant ce temps-là, il y a de nos concitoyens qui, eux autres, vivent ça encore
au quotidien. Mais, bref, je vais m'arrêter là, je pense, vous avez bien senti
ma déception.
Alors, ce projet de loi là, il ne ressemble en
rien à ce qu'il était. On est allés chercher des gains importants pour les gens
des Premiers Peuples, parce qu'en bout de ligne c'est ça qui est important,
c'est ces personnes-là qui vont bénéficier. Et pas juste ces personnes-là, M. le
Président, parce que, quand les gens qui sont dans le réseau de la santé, qui
sont dans le réseau des services publics vont faire plus que la formation de
90 minutes qu'ils ont présentement et qu'ils
vont se mettre à réfléchir ensemble avec des gens des Premières Nations sur c'est quoi, les biais que je porte, moi, culturellement, c'est quoi, moi, que j'ai
enregistré, comme intervenante sociale, ou comme infirmière, ou comme médecin,
c'est quoi que j'ai enregistré comme étant
ce qu'on pourrait qualifier de préjugement par rapport aux gens des
premières... des Premiers Peuples, quand on va
commencer ce travail-là ensemble, on va découvrir... et le «on», c'est le «on»
large des allochtones qui vont avoir la
chance de travailler sur des projets, des programmes, des mesures de
sécurisation culturelle avec les Premières Nations et les Inuits. C'est qu'ils vont découvrir des gens extraordinaires, des
gens qui veulent exactement la même
chose que nous, c'est-à-dire vivre libre, vivre heureux, vivre en santé, dans toute
la fierté de qui ils sont, même si ça fait des décennies, voire des siècles que
des attitudes colonisatrices cherchent à les faire disparaître. Ça rend fier,
ça.
Moi, je pense
que les allochtones qui vont... les allochtones de toutes origines, parce qu'il
y en a, des allochtones de toutes origines, dans notre réseau de la
santé et des services sociaux, quand ils vont se mettre à travailler avec les
Premiers Peuples pour essayer de voir comment on peut faire en sorte que les
jeunes n'aient plus peur d'aller à l'hôpital, d'aller...
être accompagnés parce qu'on a un enfant qui a une déficience intellectuelle,
qui n'ont plus peur parce qu'ils savent que les ponts sont retissés,
parce qu'on a replacé l'équilibre d'égal à égal, nous, les Européens qui sommes
là depuis, bien sûr, 300, ou 400 ans, ou 20 ans, ça dépend, et eux
qui sont là depuis toujours, on va avoir rétabli l'égalité entre les nations. C'est un rêve. Vous avez le droit de
me dire que je suis rêveuse, mais j'espère que je suis rêveuse, parce que
les droits des autochtones sont des droits humains. Ça devrait tous nous
interpeler, ça.
• (16 h 50) •
Et je pense que ça va interpeler les gens avec
lesquels on va... que la loi qu'on a créée va leur exiger de développer des
pratiques de sécurisation culturelle. Je ne pense pas qu'ils vont dire :
Oh non! pas une autre job qui arrive d'en
haut. Je pense qu'ils vont dire : Enfin, enfin, je peux avoir des outils
pour être capable de me mettre en relation d'égal à égal avec les gens
des Premières Nations. Ça fait que moi, je pense que c'est plutôt positif.
C'est sûr que, bon, quand je lis dans
l'article 1, de mémoire... c'est-tu bien ça, Manon?, l'article 1,
dans un des petits picots, là, le cinquième,
qu'on dit que «la mise en oeuvre des pratiques culturellement sécurisantes doit
tenir compte des dispositions législatives et réglementaires relatives à
l'organisation du fonctionnement de Santé Québec et des établissements...», ça
tombe sous le sens, il faut qu'ils respectent la loi. Il y a un petit reste de phrase
que j'aurais bien voulu qui disparaisse, puis ça dit : «...ainsi que des
ressources humaines, matérielles et financières dont ces derniers disposent.»
Bien là, vous comprendrez que les gens qui nous écoutent, première chose qu'ils
se disent : Bien, voyons donc! Vous
adoptez une loi puis vous dites tout de suite que, s'il y a des limites, on va
passer à un autre appel, on a... Dans le
cadre de cette loi-là, on indique même que les ressources financières et
humaines peuvent être un frein au développement de ces pratiques-là.
Moi, le ministre a essayé de me rassurer, il a
essayé de nous rassurer, je n'étais pas la seule à soulever cette question-là, je ne suis pas très rassurée. Et j'ai
une extrême confiance au comité national, parce qu'il va être composé des gens
des Premières Nations, entre autres, mais moi, je vais avoir un oeil
particulier sur celle-là, parce que c'est toujours... c'est toujours ça, hein,
dans la vie, c'est... Certains disaient : L'argent, c'est le nerf de la
guerre. Moi, je pense que le jour où on comprendra que l'argent, c'est
le nerf de la paix, peut-être qu'on prendrait les choses différemment. Et, dans
ce sens-là, je suis très inquiète de voir
cet article-là, mais le ministre a essayé de me rassurer, et j'ai confiance au
comité national de coordination.
Alors, on a
fait du bon chemin, on a travaillé fort. C'est clair qu'on n'a pas passé ni par
le chemin de la coconstruction, même
si on a créé des petites craques en cours de route. Je sais qu'il y a des gens
qui ne seront pas contents, comme je sais
qu'il y a des gens qui vont être très contents. Moi, je suis très contente
d'une très grande partie du travail qui a été réalisé. Mais, par contre, M. le Président, je vous annonce
que je vais voter contre, j'en avais déjà avisé le ministre, parce que, pour
moi, c'était dès le début du processus.
Là, ce serait le fun qu'on s'entende ici tout le
monde, là, quand il y a une loi qui concerne les Premières Nations, vous ne l'écrivez pas avant d'aller les
voir. Vous allez les voir puis là vous dites : J'ai une loi qui va
concerner vos nations, mettons, sur les mines, mettons, sur
Hydro-Québec, mettons... Je pourrais en nommer énorme, là, parce que toutes les lois qu'on écrit, M. le Président, ont
des impacts sur les Premiers Peuples. Et je pense que ce serait bien qu'à
partir de maintenant les gens qui sont au gouvernement... puis là je
parle de ceux qui sont là présentement, mais il y en aura d'autres, on ne sait
pas qui sera les autres, bien, que, premièrement, on se garroche pour rédiger
une loi qui va mettre en oeuvre la
Déclaration des Nations unies pour le droit des peuples autochtones. Pourquoi?
Bien, qu'un coup qu'on va avoir... on
va s'être entendus avec les Premières Nations sur ce qui est là-dedans, ça
parle de leur langue, leur culture, leur territoire, leurs services sociaux, la protection de leur famille, des
enfants, ça parle de tout... Il me semble que, si on avait une loi qui mettait ça en oeuvre, ça nous
réglerait bien des problèmes et bien des poursuites en justice inutiles,
puisqu'ils ont des droits constitutionnels, mais il faudrait faire le
travail politique. Alors, je convie tous les gouvernements entre maintenant et
jusqu'à tant qu'on le fasse, que ça se fasse au PC, parce qu'on en a
besoin.
Ça fait que je vais voter contre, parce que ça
aurait été le fun qu'on commence avec ça, on ne l'a pas fait, une
coconstruction, parce que ça aurait été le fun qu'on reconnaisse clairement que
l'Assemblée nationale reconnaît effectivement que les Premières Nations sont
victimes d'une discrimination spécifique seulement par le fait qu'ils sont des Premières Nations et des Inuits. Puis après ça
je me dis : Bien, quand je regarde tout ça, je sais que quand cette loi-là
va se mettre en application, le ministre m'a assuré que ça allait se
faire très rapidement, puis je pense qu'il va même créer quelque chose de différent pour... l'abrogation? Non, ce n'est pas
ça, l'abrogation. En tout cas, quand ils vont aller rencontrer la
gouverneure générale... Parce que c'est encore comme ça au Québec, hein, vous
le savez... Ah! oui, c'est vrai, vous le
savez, on est encore obligé, des lois qu'on adopte ici, d'aller les faire
valider de l'autre bord de la rue par la gouverneure générale.
Une voix : ...
Mme Massé : Hein?
Une voix : ...
Mme Massé : C'est ça, la sanction,
merci. L'abrogation, c'est comme un rêve, l'abrogation du poste de... Non. En tout respect de Manon, que je connais bien, qui
est une femme des Premiers Peuples, d'ailleurs, une femme micmaque. Mais, bref, le ministre me disait : Manon, je
vais aller faire ça... on va faire ça de façon spéciale. Ça fait que je lui
laisse ça. Je n'irai pas, parce que,
pour moi, à partir du moment où elle sera adoptée, l'Assemblée nationale du
Québec a toute la légitimité de la
mettre en action. Et j'espère sincèrement que cette loi-là va nous avoir fait
avancer sur notre compréhension de
notre rôle comme Assemblée nationale, notre compréhension de notre rôle et de
nos responsabilités quand on est au gouvernement, et, pour ça, bien, je... Les remerciements d'usage
seraient... Ça ne serait pas bien de ma part de complètement omettre de vous dire que je suis consciente qu'il
y a du monde qui ont travaillé fort. Je pense aux équipes du ministre, du
ministère, ministère de la Santé, bien sûr,
et des Services sociaux, les gens de nos équipes qui nous accompagnent. Moi,
j'avais une perle qui travaillait avec moi, qui, elle, elle a catché qu'il
fallait prendre toutes les craques qui allaient se présenter à nous pour être capables de toujours dire... et c'est... je
parle de Caroline Boucher, de toujours dire : On a fait un pas de plus vers les relations d'égal à égal,
en coconstruction, dans notre législation, puis je pense qu'aujourd'hui elle
peut dire mission accomplie.
Alors, je vais voter contre malgré un certain
nombre de gains qui ont été faits. Merci, M. le Président.
• (17 heures) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée. Alors, nous sommes toujours
sur le débat, donc, de l'adoption du projet de loi n° 32, et je
reconnais M. le député de Joliette.
M. François St-Louis
M. St-Louis : «Kuei, kuei», M. le
Président. Chers collègues, je suis très fier d'être ici aujourd'hui à titre de
porte-parole du ministre responsable des
Relations avec les Premières Nations et les Inuits et aussi, et surtout, fier
d'être ici à titre de député de la
circonscription de Joliette. M. le Président, bien au-delà de la fierté, je
sens une certaine fébrilité, fébrilité car la sécurisation culturelle,
ce n'est pas un sujet facile à porter comme non-autochtone.
Vous savez,
comme tous les Québécois et Québécoises, en septembre 2020, j'ai vécu un
électrochoc lors du décès de Joyce Echaquan. Cet électrochoc collectif
qui a commencé chez nous, à Joliette, nous a tous marqués profondément, M. le
Président. Depuis de nombreuses années, je travaille, je côtoie, je collabore
avec la communauté atikamekw de Manawan. Je
profite d'ailleurs de cette tribune pour saluer le travail de M. Guy
Niquay, qui fait une différence dans la vie de plusieurs grâce à son
rôle important à l'hôpital de Joliette.
M. le Président, lors de son allocution, le
ministre a remercié à plusieurs reprises le travail de nos collègues et des
oppositions. J'aimerais faire de même aujourd'hui, mais j'ajouterai quelques
points. Comme gouvernement, nous acceptons la critique. Elle est nécessaire, et
nous devons la considérer lorsqu'elle est constructive. Or, il est difficile d'accepter la critique du Parti libéral, alors que
ce parti aurait pu tellement en faire pendant ses 15 années au pouvoir,
15 ans, M. le Président. Notre collègue de l'opposition officielle
a critiqué la théorie des petits pas. O.K., je veux bien. On a écouté, mais où étaient les libéraux en matière de
relations avec les Premières Nations et les Inuits pendant toutes ces années?
Vous cherchez, M. le Président, mais vous ne
trouverez pas. Normal, car le Parti libéral n'a rien fait, aucun projet de loi,
en 15 ans. Nous, nous sommes un
gouvernement courageux. Nous avons toujours dit que ce projet de loi n'était
pas parfait, mais il faut bien
commencer quelque part, M. le Président, et ce quelque part, ce n'est
certainement pas entre ici et une autre communauté.
Hier,
j'écoutais le député de l'Acadie qui disait avoir parlé avec quelques personnes
issues des Premières Nations. Avec tout le respect que je lui dois, M.
le Président, il y a une différence énorme entre parler avec quelques
autochtones et parler avec des autochtones de partout au Québec, dans
55 communautés, 11 nations, y compris les Inuits. Le député de
l'Acadie a répété à plusieurs reprises, mardi soir, «les Premières Nations».
Oui, il y a les Premières Nations, mais il
y a aussi les Inuits, et, croyez-moi, M. le Président, le ministre parle avec
tout le monde, élus, non élus, Premières Nations en communauté, Inuits et autochtones en milieu urbain. Il le répète ad
nauseam, il n'existe pas une réalité autochtone, mais bien
55 réalités.
Alors, M. le Président, on reçoit la critique,
mais, dans ce cas-ci, on cherche toujours la critique constructive qui pourrait
faire avancer le sort des Premières Nations et des Inuits. Ce n'est pas pour
nous qu'on fait un projet de loi, M. le
Président. Comme parlementaires, il est de notre devoir de le faire pour tout
le monde. Et, en passant, ce n'est pas avec
ce projet de loi qu'on va gagner des votes. Ce projet de loi n'est pas
politique, il est humain. C'est un projet de loi qui va améliorer la vie
des autres.
Nous l'avons toujours dit, les relations avec
les Premières Nations et les Inuits, ce n'est pas l'affaire du ministre uniquement, c'est le devoir de tous les
parlementaires. Voilà pourquoi, à ce jour, M. le Président, ce sont près de
50 députés qui se sont rendus en territoire autochtone à la
rencontre des différentes communautés. Ces rencontres sont essentielles, essentielles pour comprendre l'autre, pas juste la
rencontre d'un chef ou d'un groupe, M. le Président, il nous faut aller à la
rencontre de l'autre.
Avant de conclure, j'aimerais aborder brièvement
le racisme systémique. M. le Président, j'aimerais rappeler un fait, pas deux, pas trois, un seul, le rapport
Viens, déposé en 2017. Cette commission d'enquête portait sur les relations
entre les autochtones et certains services
publics au Québec jusqu'en 2016. Désolé de vous l'apprendre, M. le Président,
mais, qu'il n'en plaise ou non au Parti libéral, jusqu'en 2016, ils étaient au
pouvoir. Pourquoi les libéraux n'ont rien fait, jamais rien fait? La réponse est relativement simple, M. le Président,
c'est un sujet sensible qui divise. Nous, nous avons fait le choix
d'avancer et non de s'obstiner.
En
terminant, M. le Président, les projets de loi que mon gouvernement, que notre
gouvernement a fait adopter, en collaborant avec les oppositions, sont des
projets de loi humains. Personnellement, j'ignore où est la place de la partisanerie lorsqu'il s'agit de vies humaines et
de gens vulnérables. On peut faire de la politique sur bien des sujets mais
pas sur le sort des gens vulnérables. Ce processus a été demandant pour tous
les partis, les professionnels, les Premières Nations, les Inuits, tout le monde, M. le Président, mais
on a réussi. On avance. Et j'étais présent à la fin de l'étude détaillée,
et, croyez-moi, M. le Président, il y avait
beaucoup d'émotion. Nous avions tous le sentiment d'avoir fait un pas de plus
vers l'autre. Et ce sentiment, M. le
Président, ce n'est pas tous les jours qu'on le vit. Merci à tous ceux et
celles qui ont cru en ce projet de loi malgré les «malgré». Merci.
«Meegwetch.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Joliette. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Il n'y a
pas d'autre intervenant.
Alors,
le projet de loi n° 32, Loi
instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé
et des services sociaux, est-il adopté?
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé.
Une voix : ...
Vote reporté
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Conformément à la demande du leader adjoint du
gouvernement, ce vote sera reporté à demain. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...je vous demande
d'appeler l'article 10 du feuilleton à ce stade... à ce stade-ci. Merci.
Projet
de loi n° 75
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 10 du feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption
du projet de loi n° 75, Loi donnant suite à des mesures
fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 12 mars 2024
et à certaines autres mesures.
Je reconnais comme
premier intervenant M. le député d'Orford.
M. Gilles
Bélanger
M. Bélanger :
M. le Président, je soumets à l'Assemblée nationale le projet de loi
n° 75 intitulé Loi donnant suite
à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
12 mars 2024 et à certaines autres mesures. Le projet de loi n° 75 a été
présenté le 7 novembre 2024, et le principe en a été adopté le 19 novembre
2024. La Commission des finances publiques
en a fait l'étude détaillée le 27 novembre 2024 et en a adopté les
223 articles. Le rapport de la commission a été déposé le
27 novembre et a été pris en considération le 28 novembre.
Ce projet de loi
donne suite à des mesures annoncées à l'occasion de la présentation du point
sur la situation économique et financière du
Québec le 7 novembre 2023 et du discours sur le budget du 12 mars
2024. Il donne également suite à des mesures annoncées dans divers
bulletins d'information publiés en 2022, 2023 et 2024.
Étant
donné, M. le Président, que ce projet de loi contient des modifications
diverses regroupées en sujets principaux et que l'ensemble de ces sujets
a fait l'objet d'une étude détaillée, j'en discuterai sommairement.
Ce
projet de loi, M. le Président, modifie la Loi sur les impôts, la Loi
concernant les paramètres sectoriels de certaines mesures fiscales et le Règlement sur les impôts
afin, notamment, de prolonger le crédit d'impôt relatif à l'investissement
et à l'innovation, d'en bonifier les taux et de le rendre entièrement
remboursable, d'abolir la déduction additionnelle pour amortissement de
30 % à l'égard de certains investissements, de bonifier le crédit d'impôt
remboursable pour les productions
cinématographiques québécoises, de bonifier et de recentrer le crédit d'impôt
remboursable pour services de production
cinématographique, d'abolir le crédit d'impôt remboursable favorisant le
maintien en emploi des travailleurs d'expérience,
d'ajuster les paramètres de calcul de la déduction incitative pour la
commercialisation des innovations au Québec, de restructurer l'aide
fiscale pour la production de titres multimédias et pour le développement des
affaires électroniques.
De plus, ce projet de
loi modifie la Loi constituant Capital régional et coopératif Desjardins, la
loi constituant Fondaction, le Fonds de développement de la Confédération des
syndicats nationaux et la coopération et l'emploi et la Loi constituant le Fonds de solidarité des travailleurs et des
travailleuses du Québec afin, notamment, de hausser le plafond d'émission de Capital régional et coopératif
Desjardins pour la période se terminant le 28 février 2025, d'assouplir la
règle prévoyant un plafond de
10 % applicable à certains investissements effectués dans le secteur
immobilier et de moderniser l'encadrement des fonds de travailleurs sur
les plans administratif et opérationnel.
Le projet de loi modifie également la Loi
concernant l'impôt sur le tabac afin de hausser les taux de la taxe spécifique
sur les produits du tabac.
En outre, ce projet de loi
modifie la Loi sur la taxe de vente du Québec afin, notamment, que la règle de
la valeur estimative ne soit pas applicable lors de l'apport au Québec d'un
véhicule routier usagé résultant d'un transfert entre particuliers liés.
Par ailleurs, ce projet de loi modifie notamment
la Loi sur l'administration fiscale, la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe de vente du Québec afin d'y apporter des modifications semblables à
celles qui ont été apportées à la Loi de l'impôt sur le revenu et à la
Loi sur la taxe d'accise par des projets de loi fédéraux sanctionnés en 2022 et
en 2023.
Enfin, ce projet de loi apporte des
modifications à caractère technique, de concordance et de terminologie.
Je tiens à remercier, M. le Président, mes
collègues du gouvernement de même que les députés des partis d'opposition membres de la Commission des finances
publiques pour leur collaboration lors de l'étude de ce projet de loi.
En conclusion, je demande donc à cette
Assemblée, M. le Président, de bien vouloir adopter le projet de loi n° 75.
Merci, M. le Président.
• (17 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député d'Orford. Et, comme prochain
intervenant, je reconnais M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Nous sommes à un
moment excitant de la législature. On est en train de réviser un projet
de loi fiscal. Donc, on va vraiment retenir nos émotions ici, M. le Président.
Vous savez,
c'est un projet de loi qui discute, en fait, de mesures qui sont déjà en place.
Donc, on n'a rien de nouveau qui est annoncé. C'est déjà des mesures qui
sont déjà comprises de la majorité des Québécois.
Il y a eu
quand même certaines choses qui ont été avancées dans ce projet de loi là, au
niveau des fonds fiscalisés, par exemple, pour leur permettre d'avoir plus
de... d'être plus légers, d'être plus faciles à motiver l'investissement en développement économique pour le Québec. Je pense
au Fonds de solidarité, Fondaction. Au niveau des... de l'immobilier,
permettre un plus grand développement au niveau de l'immobilier au Québec,
c'est essentiel, surtout en ce moment, dans
une crise comme on la vit... on la vit tout partout, malheureusement, à travers
le Québec. La taxation supplémentaire sur
les produits de tabac, évidemment, personne ne peut être contre ça. Mais il y a
eu quand même plusieurs éléments qui ont
été, je dirais, difficilement acceptables pour quelqu'un qui parle de
développement économique, puis je m'explique.
Ici, on a
parlé de l'abolition de la déduction additionnelle pour l'amortissement accéléré,
terme comptable pour dire : Finalement,
vous allez prendre plus de temps pour amortir vos investissements. Donc, au
niveau du développement économique,
ça veut dire que, pour un entrepreneur, ça va lui prendre plus de temps avant
de pouvoir être remboursé sur l'investissement
qu'il fait en entreprise. Donc, on s'entend, la conséquence directe, c'est de
décourager l'investissement. Donc, ça, c'est une prise contre le
développement économique, une prise contre le gouvernement.
Modification
des crédits d'impôt aux affaires électroniques. On peut penser, par exemple, à
CGI, une compagnie québécoise, un
fleuron québécois, pour qui cette modification-là va, évidemment, aller jouer
dans les revenus de l'entreprise, et ça va, donc, malheureusement,
limiter les désirs de continuer d'investir dans l'économie québécoise pour eux.
Les modifications au crédit d'impôt en
production de multimédia, l'industrie du jeu vidéo, notamment, crédit d'impôt
culturel, les effets spéciaux...
L'abolition
du crédit d'impôt pour les travailleurs expérimentés, ça, M. le Président,
c'est quelque chose que nous, on a eu beaucoup de misère à comprendre,
en fait, parce qu'on est en pénurie de main-d'oeuvre. On veut motiver les gens
à rester plus longtemps sur le marché du travail, et ce qu'on a vu de la part
du gouvernement, c'est une politique qui va
aller à l'encontre même de garder des personnes expérimentées, des personnes
qui sont connaissantes sur le marché du
travail plus longtemps. L'argument du ministre était de dire que les crédits
étaient inefficaces. Bon, O.K. Je comprends. Le crédit est peut-être inefficace, et je peux croire à la parole du
ministre. Pourquoi, à ce moment-là, ne pas juste restructurer le
programme pour atteindre l'objectif? L'objectif, ici, c'est quoi? C'est de
s'assurer qu'on ait de la main-d'oeuvre expérimentée
sur le marché du travail. Là, on est en train de les décourager de rester sur
le marché du travail, M. le Président, ça fait que ça va à l'encontre
même du développement économique.
On comprend que le ministre cherche de l'argent,
parce que, bon, il y a, évidemment, un déficit structurel incroyablement élevé,
là, maintenant au Québec, là. On a eu une présentation de la mise à jour
économique il y a déjà deux semaines, où le
chiffre était de 11 milliards, malgré le fait qu'il y avait eu
4,5 milliards de coupes et de revenus additionnels qui,
normalement, auraient dû faire en sorte que le déficit annoncé, lors de la mise
à jour économique, aurait dû être de
6,5 milliards. Malheureusement, ce qu'on a eu, on a eu un déficit reporté,
encore une fois, à 11 milliards. Donc,
c'est... ou bien le déficit était à 15 milliards, 15,5, ou le déficit
était à 6,5, mais de juste dire qu'on continue à être à
11 milliards de dollars, c'est qu'il y a quelque chose qui ne balance
pas, M. le Président. C'est ça, l'enjeu.
Donc, on est, évidemment, aussi face à un
gouvernement qui a sauté à pieds joints dans l'augmentation du taux d'inclusion sur le gain en capital. Ce geste a
généré 1 milliard de revenus additionnels au gouvernement, une mesure qui,
encore une fois, n'a pas été mise en place officiellement par le gouvernement
fédéral.
Donc, encore une fois, ici, on doit se poser la
question. Quand on est en train de taxer l'entrepreneuriat, taxer l'innovation, taxer l'investissement
d'entreprises, quand on se compare, justement, avec ce qui est au sud de la
frontière, c'est-à-dire une économie
qui va, de toute évidence, y aller de l'avant avec, probablement, une réduction
du taux d'imposition, probablement, un encouragement des investissements
d'entreprises, quand on compare ça, M. le Président, avec la performance
médiocre du Canada et du Québec en termes de productivité, avec aucune mesure
qui a été mise en place, qui aurait pu être
mise en place par ce gouvernement-là, ici, pour stimuler l'investissement
d'entreprises, pour faire en sorte qu'on puisse avoir une amélioration
de notre productivité... Ça fait... Ça fait 19 trimestres consécutifs
qu'on perd du terrain,
M. le Président. C'est inconcevable. Donc, dans tout ce contexte-là, quand on
pense à ce qu'on aurait pu faire, ce qu'on
aurait pu mettre en place pour aider le Québec, le Québec, qu'il soit un Québec
de l'avenir, un Québec plus productif qui pourra compétitionner avec ce
qui se passe juste au sud de la frontière, en réaction à ce qui s'est passé à
l'élection américaine, force est de constater, M. le Président, que,
malheureusement, on n'a pas mis nos atouts du bon côté.
Donc, vous ne serez pas surpris, M. le
Président, qu'on va rester fidèles à nos habitudes de vraiment avoir les intérêts du développement économique, les intérêts
fiscaux du Québec, les intérêts de tous les payeurs de taxes du Québec, l'intérêt de nos entreprises à coeur, et puis ça
va être pour ces raisons-là qu'on ne va définitivement pas voter pour ce projet
de loi là. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants?
Mise aux voix
Donc, s'il
n'y a pas d'autre intervenant, le projet de loi n° 75, Loi donnant suite à des mesures fiscales
annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
12 mars 2024 et à certaines autres mesures, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté
sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 66 du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi n° 210
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : L'article 66. Alors, à l'article 66 du
feuilleton, M. le député de Blainville propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 210, Loi concernant la Ville de Blainville.
Y a-t-il des interventions? Il n'y a pas
d'intervention.
Mise aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 210,
Loi concernant la Ville de Blainville, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler à nouveau
l'article 66 du feuilleton, s'il vous plaît.
Adoption
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : À l'article 66 du feuilleton, M. le député de
Blainville propose l'adoption du projet de loi n° 210, Loi
concernant la Ville de Blainville.
Y a-t-il des interventions? Je reconnais M. le
député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Je me permets, évidemment, de prendre la parole quelques
minutes ici aujourd'hui pour vous entretenir de l'adoption du projet de loi
n° 210 qui concerne la ville de Blainville.
Ce fut un grand plaisir, comme parrain de ce projet de loi, d'en discuter en
commission cette semaine aux côtés de
ma collègue ministre des Affaires municipales et de mes collègues le député de
Jonquière. Il y avait la députée de Laporte et il y avait la députée de
Labelle qui s'étaient jointes à nous.
Donc, je
salue également les 13 membres du conseil municipal, évidemment, la
mairesse, Mme Liza Poulin, et les
12 conseillers, conseillères de district qui ont adopté une résolution en
ce sens en juillet dernier. Cela a été la première étape vers la mise en place de ce comité, parce
qu'évidemment le projet de loi, c'est la formation d'un comité exécutif. Donc,
nous sommes ici en dernière étape avant la mise en place, qui sera bientôt
faite, j'en suis certain.
Vous savez,
Blainville est désormais la troisième ville la plus populeuse des Laurentides,
la 18e au Québec lors du dernier
recensement, avec un peu plus de 61 000 habitants, et ayant vu sa
population doubler au cours des 25 dernières années. Il est temps,
évidemment, que la ville se dote d'un comité exécutif, à l'instar des villes
voisines de taille semblable, comme
Saint-Jérôme, Repentigny, évidemment, Shawinigan et Saint-Jean-sur-Richelieu,
qui ne sont pas des villes voisines
mais, quand même, qui sont de taille semblable. Blainville vient d'adopter,
justement, un plan triennal d'immobilisations de plus de
100 millions de dollars. Donc, c'est quand même une ville qui est
importante.
Plusieurs avantages
découleront de l'adoption de cette loi et permettront d'améliorer l'efficacité
des décisions, par exemple la prise de décision rapide, le comité exécutif
peut se réunir plus fréquemment que le conseil municipal complet, ce qui permet de prendre des décisions
urgentes plus rapidement, une efficacité opérationnelle, le comité aidera
à gérer les opérations quotidiennes de la ville en supervisant les différents
départements, en assurant que les politiques et les projets sont... que les
projets soient mis en oeuvre efficacement, la coordination et la collaboration,
le comité facilitera la coordination entre les différents services municipaux
et assurera une collaboration efficace pour atteindre les objectifs de la ville, un conseil stratégique. Il s'agit, à titre...
Bien évidemment, le comité exécutif agit à titre de conseiller au maire et au conseil municipal, aidant à définir
et à mettre en oeuvre les priorités de la ville, et il fait de la surveillance
et de la conformité. Le comité
exécutif veille à ce que les actions de la ville soient conformes aux lois et
règlements en vigueur, assurant ainsi une gouvernance transparente et
responsable.
• (17 h 20) •
Ces avantages
permettent au comité exécutif de jouer un rôle crucial dans la gestion efficace
de la gouvernance d'une ville. Les exemples
sont nombreux de belles réalisations orchestrées par des comités exécutifs dans
d'autres villes, partout au Québec et même ailleurs dans le monde. On
peut penser à des projets d'urbanisme, de développement, de transport.
L'objectif est de demeurer près des citoyens, réactifs à leurs demandes, d'améliorer
leur quotidien tout en stimulant l'économie
locale et en augmentant l'attractivité de la ville. Évidemment, Blainville a
été choisie, la ville, pour accueillir
les Jeux du Québec d'hiver au printemps... hiver-printemps 2026, donc,
encore une fois, un signe d'une ville qui est en plein essor.
Donc,
tout cela, grâce à l'adoption de ce projet de loi, sera possible avec la
formation de ce comité exécutif. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Blainville. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Je
reconnais Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle
Setlakwe
Mme
Setlakwe : Merci, M. le Président. À mon tour de prendre la parole
brièvement au sujet de ce projet de loi d'intérêt privé qui concerne la ville
de Blainville.
J'ai assisté, donc...
Hier, en commission parlementaire, on a reçu les gens de Blainville, la
mairesse ainsi qu'un... que deux juristes,
le directeur général, notamment, et puis on nous a exposé, donc, les raisons
pour lesquelles la ville de
Blainville souhaite se doter d'un comité exécutif. Et j'ai trouvé que la
présentation avait été très professionnelle. C'était rigoureux. Et on a bien... Il s'est bien dégagé que c'était
bénéfique pour la population de permettre, donc, cette... d'adopter
cette loi, cette loi spéciale et de permettre à la ville de se doter d'un
comité exécutif.
Notons
que le conseil de Blainville est constitué de 13 membres, donc la mairesse
et 12 conseillers, et donc on a, donc,
affaire, donc, à un nombre suffisant de conseillers, là, pour que certains d'entre...
certains d'entre eux puissent siéger au
comité exécutif tout en maintenant une gouvernance efficace au conseil
municipal. Donc, clairement, on a affaire, ici, à un conseil de
13 personnes, donc c'est tout à fait approprié de nommer, de permettre la création
d'un comité exécutif.
La ville de
Blainville a approximativement 61 000 habitants, donc elle se trouve
dans cette... dans cette tranche, dans cette
fourchette de taille moyenne, là, entre 50 000 et
100 000 habitants. Et on voit, donc, de plus en plus de villes de
cette taille, des villes comparables qui se
dotent d'un comité exécutif. Alors, c'est tout à fait approprié. On a... On
parle d'une ville qui est toujours en développement, en croissance, qui
a mis... qui a déposé un projet important, un PPU, un projet particulier
d'urbanisme, en lien avec une densification, un développement autour de
l'artère qui est bien connue, le boulevard Curé-Labelle. Et puis donc, lié à
ce... en lien avec ce PPU et cette vision d'aménagement, là, pour les prochaines années, il y a, donc, différents
enjeux, différents... oui, différents enjeux. On nous a parlé, notamment, de
transition écologique, d'enjeux
sociaux, mais de toutes sortes de dossiers qui vont... qui vont émaner, donc,
de cette vision... de cette vision importante pour le boulevard
Curé-Labelle.
Et puis je pense que
ça va être tout à fait approprié, là, qu'on ait un comité exécutif qui se
penche sur certains... certains dossiers, certaines décisions. Ça va alléger
les délibérations du conseil. Il y a des prises de décision qui vont pouvoir se
prendre de façon plus efficace, plus rapide, encore une fois, pour le bénéfice
de la population. Et notons, et j'ai trouvé
que c'était un point important, que c'est tout le conseil, à l'unanimité, là,
qui a voté pour... en faveur de cette démarche,
donc, de création d'un comité exécutif. Et puis donc, M. le Président, je ne
vois aucune raison de ne pas voter en faveur de ce projet de loi, qui
est au bénéfice de la population et qui va assurer, donc, une meilleure gouvernance,
une meilleure efficacité au sein du conseil municipal de la ville de
Blainville. Voilà, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise
aux voix
Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, le projet de loi n° 210, Loi concernant la Ville de Blainville, est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais
de bien vouloir appeler l'article 65 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 209
Adoption
du principe
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : À l'article 65 du feuilleton, Mme la députée des
Plaines propose... attendez... elle propose
l'adoption du principe — voilà,
c'est le mot que je cherchais, du principe — du projet de loi n° 209, Loi
concernant la Ville de Terrebonne.
Y a-t-il des
interventions? Il n'y a pas d'intervention.
Mise
aux voix
Le
principe du projet de loi n° 209, Loi concernant la Ville de Terrebonne,
est-il adopté? Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Pouvez-vous appeler
de nouveau l'article 65 du feuilleton, s'il vous plaît?
Adoption
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 65 du feuilleton, Mme la députée des Plaines propose l'adoption
du projet de loi n° 209, Loi concernant la Ville de Terrebonne.
Comme première
intervenante, je reconnais Mme la députée des Plaines.
Mme Lucie
Lecours
Mme
Lecours (Les Plaines) :
Bonsoir, presque, M. le Président. Alors, je suis heureuse d'intervenir pour
l'adoption finale du projet de loi
n° 209. En fait, c'est un projet de loi d'intérêt privé, qu'on appelle
affectueusement le PLIP, mais j'aime mieux ce que je vois, le projet de
loi n° 209, Loi concernant la Ville de Terrebonne.
Vous savez, un projet
de loi d'intérêt privé, bien, évidemment, ça doit être présenté par un député.
C'est les règles ici, à l'Assemblée nationale. Moi, ça m'a fait un grand
plaisir de recevoir la demande de la part de la ville de Terrebonne d'étudier
le projet de loi qui était... qu'ils voulaient que je dépose en leur nom, avec
le ministère des Affaires municipales. Donc, je remercie ma collègue ministre,
qui, avec toute son équipe, nous a accompagnés aussi dans l'étude de ce projet de loi d'intérêt privé, qui a culminé,
maintenant, aujourd'hui, vers l'adoption finale. La directrice de cabinet du maire actuel de Terrebonne nous
expliquait en commission parlementaire, hier, que c'est la deuxième fois
que ce genre de projet est déposé à
l'Assemblée nationale mais la première fois qu'il se rend aussi loin. Donc, je
suis fière que c'est avec nous que ça ait pu se faire.
Essentiellement, ce
projet de loi d'intérêt privé permet, parce que ça ne l'est pas, permis, à
l'heure où on se parle, à la ville de
Terrebonne de faire l'acquisition d'un immeuble qui est détenu en copropriété
divise. Ça va être éventuellement permis, lorsque le projet de loi,
actuellement, de la ministre des Affaires municipales, le 79, si ma mémoire est
bonne, qui est en étude actuellement, va jusqu'à son adoption, et que cette portion
de son projet de loi fait l'unanimité, ça va être permis, mais, pour l'heure où
on se parle, ce n'est pas permis.
Et
l'important, pour la ville de Terrebonne, c'était qu'ils puissent l'acquérir à
ce moment-ci de la période de 2024, parce que le bail qu'ils ont avec
l'entreprise se termine... pas l'entreprise, mais les détenteurs du bâtiment se
termine, ils doivent procéder à l'acquisition du bâtiment en tant que tel.
Alors, maintenant que ça leur est permis, ils vont pouvoir poursuivre les
démarches avec le propriétaire du bâtiment. Donc, essentiellement, ça leur
permet de faire ça.
Ce
qu'ils vont faire avec le bâtiment... Parce que c'était aussi dans mes
préoccupations. Quand on nous présente ça, on se dit : Bien, qu'est-ce que vous allez faire avec le bâtiment?
Actuellement, la MRC est déjà propriétaire d'une grande partie des
locaux. Donc, ils veulent poursuivre cette location-là avec la municipalité
régionale de comté des Moulins. Ils veulent
également, éventuellement... Parce qu'ils vont accompagner les... pas les
propriétaires, mais les locataires de baux
commerciaux, ils vont les accompagner tranquillement pour qu'ils puissent aller
se loger ailleurs, dans ce centre-ville-là, parce que ça fait partie de
leurs demandes, mais entre-temps ils vont continuer, justement, à les
accueillir.
Moi, c'était une
préoccupation. Je suis une grande amoureuse d'économie locale. C'est important
pour moi, comme pour tous mes collègues,
d'ailleurs. Donc, d'accompagner ces commerces-là vers d'autres lieux, c'était,
pour moi, essentiel, parce
qu'éventuellement ce pourrait servir, ça, c'est la ville qui va le décider,
soit pour des locaux d'organismes communautaires, même rapatrier
certains services de la municipalité à l'intérieur de ce bâtiment-là, qui... la
ville le souhaite bien, puisse en faire l'acquisition. Donc, lorsque ce sera
fait, ils vont pouvoir éventuellement planifier.
Donc,
essentiellement, je vous épargne tous les détails, parce que c'est un projet de
loi d'intérêt privé très technique, mais il s'agissait de permettre à la
ville d'en faire l'acquisition.
• (17 h 30) •
Alors, merci à tous ceux qui étaient là. Merci
aussi à la collaboration des oppositions. Un projet de loi d'intérêt privé, ça se déroule très rapidement, tellement
rapidement qu'on voit... on voit comment ça se passe, mais je pense que,
pour l'essentiel, le travail de fond avait
été fait, d'étude par les oppositions, lorsqu'ils ont reçu les projets de loi,
évidemment par nous aussi, avec le truchement du ministère des Affaires
municipales. Puis ce genre de projet là est important aussi pour faire évoluer notre... tout ce qu'on fait
aussi au niveau, notamment, des municipalités, mais de d'autres projets de loi
aussi qui... d'intérêt privé qui peuvent être... comme on dit, des incongruités,
parfois, puis il faut régulariser ça.
Alors, ça m'a
fait plaisir de pouvoir accompagner la ville de Terrebonne dans cette adoption
de projet de loi d'intérêt privé. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée des
Plaines. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Je reconnais Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. À mon tour, donc, de prononcer quelques mots au sujet de ce projet de loi n° 209, la Loi concernant la Ville de Terrebonne, une loi d'intérêt privé, un PLIP, comme on
l'appelle ici, à l'Assemblée nationale.
Encore une fois, la ville de Terrebonne est venue nous présenter un projet qui
avait été bien réfléchi, donc d'aucune façon est-ce qu'on a... on a
l'intention de s'opposer à leur démarche.
La ville de
Terrebonne souhaite donc se porter acquéreur d'un bâtiment en copropriété divise,
selon la loi actuelle, et ça prend une loi spéciale. Ce n'est pas... ce
n'est pas une transaction qu'une municipalité peut conclure, et donc d'où la raison de ce projet de loi pour autoriser la
ville à procéder de cette façon, donc, à se porter acquéreur d'un bâtiment en
copropriété divise.
Ce n'est pas la première fois que la ville de
Terrebonne entame cette démarche. Ça fait un bon moment qu'ils y pensent. Et
c'est la deuxième fois qu'un projet de loi en ce sens est déposé, mais ils
n'avaient pas été jusqu'au... jusqu'au bout de la démarche. Je ne connais pas
les circonstances exactes, mais ce qu'il faut noter, c'est que c'est une
réflexion de longue date. Ils travaillent d'ailleurs à l'acquisition du
bâtiment depuis un an. C'est un bâtiment qu'ils occupent, donc, sur le boulevard des Seigneurs, là, un lieu stratégique
à Terrebonne. Ils occupent déjà 50 % de l'immeuble, en location
avec la MRC, qui occupe tout un... tout un étage. Et puis, actuellement, ce
sont donc les... la direction des communications, le Bureau des citoyens et la
vérificatrice générale qui s'y trouvent. Donc, c'est déjà un lieu où les
citoyens sont habitués de se déplacer pour recevoir des services de la ville.
On nous a expliqué quelles étaient les intentions pour le futur. Donc,
évidemment, la ville veut être propriétaire de l'immeuble et rationaliser,
centraliser les bureaux pour le bénéfice de
la population. Il y aura des économies de coûts. On nous a expliqué aussi que
tout se fera en douceur. Donc,
actuellement, il y a d'autres occupants. Évidemment, il y en a qui sont des
locataires, il y a des propriétaires, mais,
à l'échéance des baux, les occupants vont quitter. Il n'y aura pas
d'expropriation. Au besoin, il y aura exercice d'un droit de préemption, mais on a bien saisi, donc,
quelle était l'intention de la ville ici, et c'est au bénéfice de la
population, là, de voir tous ces bureaux centralisés au même endroit, et
donc de rationaliser et d'avoir... donc, de pouvoir bénéficier d'économies de
coûts.
Le projet de loi n° 79 qu'on étudie
présentement avec... qui a été déposé par le gouvernement, on est, d'ailleurs, en consultations en ce moment, M. le Président,
c'est un omnibus en affaires municipales. Et ce projet de loi va permettre
aux villes... va donner ce nouveau pouvoir aux villes, donc, d'être
propriétaires d'un bâtiment en copropriété, mais, étant donné qu'on ne fait
qu'entamer les consultations, l'étude va se poursuivre l'an prochain, en 2025.
On a compris, donc, que la ville de
Terrebonne avait besoin, là, de conclure la transaction rapidement, mais, dans
le futur, c'est un pouvoir qui va
être octroyé, par la loi, aux villes. Donc, on n'aura plus besoin de procéder
de la façon dont on procède en ce moment par un projet de loi d'intérêt
privé.
Donc, écoutez, je n'ai pas d'autre chose à
mentionner. C'était une démarche planifiée, réfléchie, rigoureuse. Et puis,
donc, heureuse de pouvoir appuyer la ville de Terrebonne dans sa démarche.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mise aux voix
Alors, le
projet de loi n° 209, Loi concernant la Ville de Terrebonne, est-il
adopté? Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous
demanderais de bien vouloir ajourner nos travaux à demain,
9 h 40, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
par conséquent, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi le 5 décembre,
à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 36)