Journal des débats de l'Assemblée nationale
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Le
jeudi 28 novembre 2024
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Vol. 47 N° 168
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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Gagnon, Yannick
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McGraw, Désirée
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St-Louis, François
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Grandmont, Etienne
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Boivin Roy, Karine
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Ghazal, Ruba
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Champagne Jourdain, Kateri
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Poulet, Isabelle
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Jeannotte, Chantale
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LeBel, Sonia
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Lacombe, Mathieu
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Chassin, Youri
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Roy, Nathalie
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Jolin-Barrette, Simon
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Simard, Jean-François
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Arseneau, Joël
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Tanguay, Marc
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Legault, François
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Fortin, André
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Dubé, Christian
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Maccarone, Jennifer
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Roy, Suzanne
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Setlakwe, Michelle
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Déry, Pascale
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McGraw, Désirée
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Roy, Nathalie
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Déry, Pascale
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Cadet, Madwa-Nika
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Legault, François
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Marissal, Vincent
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Dubé, Christian
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Roy, Suzanne
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Leduc, Alexandre
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LeBel, Sonia
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Prass, Elisabeth
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Carmant, Lionel
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D'Amours, Sylvie
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D'Amours, Sylvie
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Setlakwe, Michelle
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Caire, Éric
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Leduc, Alexandre
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Simard, Jean-François
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Arseneau, Joël
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Mallette, Carole
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Beauchemin, Frédéric
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Lafrenière, Ian
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D'Amours, Sylvie
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Caire, Éric
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Guilbault, Geneviève
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Derraji, Monsef
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Grandmont, Etienne
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Grandmont, Etienne
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D'Amours, Sylvie
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Arseneau, Joël
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Arseneau, Joël
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D'Amours, Sylvie
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Rizqy, Marwah
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Benjamin, Frantz
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Caire, Éric
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Morin, André Albert
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Morin, André Albert
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Benjamin, Frantz
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Caire, Éric
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Derraji, Monsef
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Chers collègues, bonjour.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes maintenant à la rubrique
Déclarations de députés, et je cède maintenant la parole au député… M. le
député de Jonquière.
Rendre hommage au Dr Claude Gagnon
M. Yannick Gagnon
M. Gagnon : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, une fierté de chez nous, Jonquière-Médic, un
service de soins à domicile pensé par les gens de Jonquière et supporté, en
grande partie, par les gens de Jonquière. Le service est toujours bien vivant,
mais il fallait y croire, il fallait s'y investir, à Jonquière-Médic.
Un homme en particulier n'a jamais baissé
les bras : collectes de fonds, négociations, remplacer un médecin. Cet
homme était toujours présent, Mme la Présidente. Cet homme disait toujours
une grande phrase quand je lui parlais : Jonquière-Médic, un service, une
solution.
La <solution, Mme la Présidente...
M. Gagnon :
...la >solution,
Mme la Présidente, c'était souvent cet homme en particulier, et cet homme en
particulier s'appelle le Dr Claude Gagnon. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Rendre
hommage à Mme Marlene Jennings
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, aujourd'hui, je me lève pour souligner l'apport inestimable
d'une leader extraordinaire pour Notre-Dame-de-Grâce, Montréal et pour
l'ensemble du Québec, soit l'honorable Marlene Jennings.
Députée fédérale de Notre-Dame-de-Grâce à
1997 à 2011, Mme Jennings brise un plafond de verre en devenant la
première femme... la première femme québécoise noire à être élue au Parlement
du Canada. Au-delà de ses nombreuses fonctions et contributions au fédéral,
elle travaille pour une société plus juste, inclusive, ici, au Québec.
A lawyer by training and
recipient of the prestigious Jackie Robinson Award, Mrs. Jennings was assistant
commissioner of police ethics, she is dedicated to social justice causes,
founded The Black Community Resource Centre and has served on a number of
boards and organizations, too numerous to mention, but, to name a few :
CIUSSS Centre Sud-Ouest de l'île de Montréal, YMCA, EMSB, QCGN, Centraide et Barreau
du Québec.
En terminant,
merci, Mme Jennings, pour tout ce que tu as fait pour NDG et pour le
Québec.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Joliette.
Souligner le succès de la 25e édition du Salon des
métiers d'art de Lanaudière
M. François St-Louis
M. St-Louis : Merci, Mme la
Présidente. Je souhaite souligner aujourd'hui en cette Chambre l'anniversaire
d'un événement culturel d'importance pour notre région, soit celui du Salon des
métiers d'art de Lanaudière.
Cette 25e édition, qui réunissait
plus de 35 artisans, s'est tenue les 15, 16 et 17 novembre derniers
au Centre André-Hénault, à Saint-Charles-Borromée. Les visiteurs auront eu
l'opportunité de découvrir une variété impressionnante de disciplines
artistiques, allant de la joaillerie à la confection de vitraux, en passant par
la création de vêtements, le travail du bois, la métallurgie, la sculpture
ainsi que la peinture.
Ce salon, Mme la Présidente, est bien plus
qu'une simple exposition, il est le témoignage vivant de la richesse culturelle
et artistique de notre belle région. Il démontre bien que Lanaudière est et
restera une destination de choix pour tous les amateurs d'art, quelle que soit
sa forme.
Je tiens donc à exprimer ma gratitude aux
nombreux partenaires qui, année après année, rendent possible ce rendez-vous
annuel. Merci de nous immerger dans un monde où l'art et l'imaginaire se
rencontrent, offrant des moments d'émerveillement inoubliables. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député de Taschereau.
Souligner le travail du YWCA de Québec et de
l'organisme Projet L.U.N.E.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Mme la
Présidente, aujourd'hui, je vous parle d'itinérance au féminin. Dans
Taschereau, deux organismes accueillent les femmes et leur permettent d'avoir
un nouveau départ.
La YWCA, c'est un continuum de services
formidable où se côtoient hébergement et services communautaires. Le profil des
femmes hébergées à la Y se diversifie, inclut de plus en plus les familles. 55
enfants ont été hébergés à la Y dans la dernière année. C'est inquiétant de
penser que les enfants vivent dans un contexte aussi précaire. Et c'est inquiétant
de savoir que les intervenantes doivent refuser des centaines de femmes par
année.
Le Projet L.U.N.E., c'est aussi un
organisme exceptionnel né de l'initiative des travailleuses du sexe.
Ces organismes souhaitent que le
gouvernement agisse en prévention pour empêcher que les femmes soient si
nombreuses à demander un hébergement d'urgence. Tant qu'on n'investira pas plus
dans la sortie de rue, les organismes vont devoir continuer de refuser des
femmes. En octobre, le Projet L.U.N.E. a refusé 83 femmes à l'hébergement
d'urgence par manque de place.
En ce moment, ce sont les états généraux
sur l'itinérance à Québec. J'espère que ça pourra aider le gouvernement à mieux
comprendre que l'itinérance, c'est le symptôme d'une crise sociale profonde. Il
y a de plus en plus de monde qui vivent de la précarité. Il faut évidemment
renverser la tendance.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Avant de céder la parole à ma
prochaine intervenante, est-ce qu'il y a un consentement pour que la députée
d'Anjou-Louis-Riel change le sujet de sa déclaration? Est-ce que j'ai le
consentement?
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Consentement. Donc, Mme la députée, la parole est à vous.
Souligner le succès de la Semaine nationale de
l'éducation juridique
Mme Karine Boivin
Roy
Mme Boivin Roy : Merci, Mme
la Présidente. Éducaloi a réalisé, ce mois de novembre, sa cinquième édition de
la Semaine nationale de l'éducation juridique. Cette nouvelle édition fut une
fois de plus parrainée par notre ministre de la Justice, M. Simon
Jolin-Barrette, et soutenue par le Barreau du Québec.
Ce fut l'occasion pour la communauté
juridique de se mobiliser pour animer des ateliers gratuits, interactifs et
ludiques d'initiation au droit lors d'une période de cours dans les salles de
classe. Près de 200 juristes bénévoles se sont prêtés au jeu et sont allés
à la rencontre d'environ 6 000 jeunes dans les écoles secondaires du
Québec. Dans mon cas, l'exercice s'est fait à l'école Édouard-Montpetit alors
que nous avons simulé le déroulement d'un procès criminel.
Ces ateliers visent à inciter les jeunes à
réfléchir, à confronter leurs idées et à prendre position sur des questions
juridiques de leur quotidien. Ils suscitent un vif intérêt et gagnent en
reconnaissance.
Éducaloi, qui fête ses 25 ans,
réussit bien sa mission de vulgariser le droit et de développer les <compétences...
Mme Boivin Roy :
...les
>compétences juridiques de la population du Québec afin de favoriser une
plus grande autonomie des individus et des communautés. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Mercier.
Inviter la population à participer à la Guignolée
du Plateau—Mont-Royal
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Le 7 décembre, de 15 heures à 18 heures, à place de
macadam, juste en face de mon bureau de comté, je vous donne rendez-vous pour
la Guignolée du Plateau. L'objectif est de récolter des dizaines de milliers de
dollars pour notre table de concertation en sécurité alimentaire, qui effectue
un travail essentiel sur le plateau. Contrairement aux idées reçues, plus d'une
personne sur cinq du grand Plateau vit avec un faible revenu.
Cet événement a débuté en 2018 sous le nom
de la guignolée des élus, sous l'impulsion de mon équipe de comté. D'année en
année, le projet a pris de l'ampleur après que des groupes communautaires, des
commerçants, des élus et toute une communauté se soient mis ensemble pour faire
en sorte que cette guignolée soit un succès et un événement aussi festif.
Merci du fond de mon cœur à toutes les
personnes qui mettent la main à la pâte pour que la guignolée soit un succès.
Que vous soyez... Que vous ayez quelques dollars, que vous ayez des produits,
des denrées alimentaires ou quelques mots d'encouragement, je vous invite à
venir nombreux et nombreuses à cette guignolée. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée, je cède maintenant la parole à la
députée de Duplessis.
Rendre hommage à M. Frédéric Gagnon
Mme Kateri Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : «Kuei!»
Merci, Mme la Présidente.
Le 21 novembre, le Septilien Frédéric
Gagnon a été récompensé par deux distinctions lors du Mérite municipal 2024.
Il a reçu le prix de l'Implication bénévole municipale et le prix Coup de cœur
du public. Celui que tout le monde appelle affectueusement Fred est un
entrepreneur et, malgré son emploi du temps bien chargé, il ne compte pas les
centaines d'heures bénévoles qu'il consacre à plusieurs causes.
En avril 2020, en pleine pandémie, il met
à contribution ses équipements, son équipe et son réseau de contacts pour créer
l'événement Zumba dans les rues. Des centaines de personnes participent,
amusées et émues de partager un moment de bonheur avec leurs amis et leurs
voisins.
Fort du succès de cette initiative, Fred
relance l'idée d'organiser la grande parade de Noël. Et, derrière la magie, les
décorations et les lumières, se trouvent des individus et des entreprises qui
se mobilisent pour semer le bonheur.
Fred est la preuve que le bénévolat a de
grandes retombées pour une ville, et Sept-Îles est chanceuse de t'avoir, Fred.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à la
députée de Laporte.
Souligner le 130e anniversaire de la Société
d'horticulture de Saint-Lambert
Mme Isabelle Poulet
Mme Poulet : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je souligne les 130 ans d'existence de la Société
d'horticulture de Saint-Lambert, la doyenne dans son domaine. Depuis 1894, ses
membres ont le plaisir de se mettre les deux mains dans la terre et de humer
les parfums des plantes qu'ils affectionnent. Cette passion, ils la partagent
avec la population lambertoise lors des conférences portant sur l'horticulture,
la culture des fruits et légumes, ainsi que sur les enjeux environnementaux.
Par son implication dans la communauté, la
société participe à l'embellissement de propriétés privées et publiques,
notamment en effectuant l'entretien des parcs de Saint-Lambert. Être membre de
la Société d'horticulture a ses bénéfices, dont des rabais lors
d'expositions... de jardins et dans certaines pépinières. Depuis 130 ans,
ils sèment la passion.
Je félicite tous les membres, passés et
présents, de faire de l'horticulture un loisir inspirant, créatif, nourrissant
et porteur de saines habitudes de vie. Longue vie à la Société d'horticulture
de Saint-Lambert!
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la
députée de Labelle.
Rendre hommage à M. Pierre Laporte
Mme Chantale Jeannotte
Mme Jeannotte : Merci, Mme la
Présidente. Le 30 août dernier, M. Pierre Laporte, travailleur de rue
reconnu et tant aimé dans le grand Mont-Laurier, a pris sa retraite, et ce,
après 19 années de loyaux services. Pierre Laporte a changé la vie de
plusieurs personnes, que ce soit dans les petits gestes posés au quotidien pour
les itinérants, mais aussi pour les jeunes et les moins jeunes qu'il croisait
sur son chemin.
En plus de son travail de rue, M. Laporte,
lui-même violoniste, a participé à la création et à l'organisation du Festival très-arts
invisibles à Mont-Laurier, regroupant les arts visuels, des chansonniers, de la
danse, dans une perspective inclusive.
Pierre Laporte a partagé sa passion du
travail de rue avec plusieurs stagiaires de L'Écluse des Laurentides, un
organisme communautaire destiné aux personnes ayant un problème qui affecte
leur qualité de vie.
Ainsi, avant de prendre sa retraite, il
s'est assuré que la relève était bien en place avec Amélie Garceau, qui a
travaillé comme infirmière en santé mentale pendant 14 ans. Il lègue un
précieux héritage pour le travail de rue dans les Hautes-Laurentides à travers
son humanité, son écoute et son ouverture d'esprit. Merci pour tout, M. Laporte.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à la
députée de <Champlain...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
…>Champlain.
Féliciter Mme Jacqueline Bergeron, lauréate du prix
Hommage aînés
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je tiens à souligner le dévouement de Mme Jacqueline
Bergeron.
Mme Bergeron est impliquée au sein de
la communauté de des Chenaux, dans le comté de Champlain, depuis de nombreuses
années. Récemment, elle a reçu le prix Hommage aînés de la part de la ministre
des Aînés pour la région de la Mauricie. Grâce à son implication constante, Mme
la Présidente, elle a réalisé plusieurs projets porteurs afin de briser
l'isolement des personnes aînées.
Aujourd'hui, Mme Bergeron, je veux
vous dire merci. Merci pour vos... de vous impliquer et de porter votre...
leurs voix de façon si exceptionnelle.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député de Papineau.
Souligner le travail des banques alimentaires de la
Lièvre et de la Petite-Nation
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Je profite de cette tribune pour souligner le travail essentiel de
deux organismes de ma circonscription, les banques alimentaires de la Lièvre et
de la Petite-Nation.
Fondée en 2002, la Banque alimentaire de
la Lièvre vient en aide à près de 15 000 résidents de Buckingham et
des environs à chaque année. Mené par l'infatigable Anne Mercier, l'organisme
innove constamment pour élargir son offre. Le service de repas chauds dans les
écoles et la mise sur pied d'une cuisine collective en sont des exemples
concrets.
De son côté, la Banque alimentaire de la
Petite-Nation est en activité depuis 1992. Nathalie Faubert et son équipe
répondent aux demandes d'aide de 6 000 personnes par année, notamment
avec 600 paniers de Noël qui sont confectionnés pour les fêtes.
D'ailleurs, j'invite les citoyens et les entreprises qui le peuvent à donner à
nos deux banques alimentaires. On le sait, les besoins sont grandissants, et le
coût des denrées augmente.
En mon nom et au nom des résidents de
Papineau, merci à vous, Anne et Nathalie, ainsi qu'à toutes vos équipes pour
votre travail essentiel. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député de Saint-Jérôme.
Souligner la tenue de la 15e édition de l'événement
L'Arbre du partage des policiers de Saint-Jérôme
M. Youri Chassin
M. Chassin :Merci, Mme la Présidente. Il y a 15 ans avait lieu la
première édition de L'Arbre du partage du service de police de la ville de
Saint-Jérôme. Et c'est donc, 15 ans plus tard, une bonne idée qui a
continué son chemin et qui a su trouver une réponse dans notre communauté qui
se mobilise chaque année, comme cette année encore.
L'arbre du partage, c'est
244 familles et près de 600 cadeaux, l'an dernier, qui ont été
distribués à des jeunes de familles moins nanties pour qu'ils puissent passer
un temps des fêtes magique.
Ce samedi, le 30 novembre, au Quartier 50+,
ceux qui le désirent peuvent aller participer et piger un nom d'un enfant et
ils ont une semaine pour acheter un cadeau et le ramener. Le 14 décembre,
le service de police de Saint-Jérôme se chargera de la distribution des
cadeaux. C'est une belle idée.
On remercie Mme Bernard, le service
de police et Éric Roy, un des membres fondateurs. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Cela met fin à la rubrique
Déclarations des députés.
Et je suspends les travaux quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 9 h 54)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 06
)
La Présidente : Bonjour, tout
le monde. Il y a de la tempête dans l'air aujourd'hui. On sent ça. Messieurs
dames, bienvenue. Bienvenue au parlement du Québec. Nous allons nous
recueillir...
Des voix : ...
La Présidente
: Nous
allons nous recueillir quelques instants, puis vous pourrez prendre vos places
finales après. Merci.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Voilà. Nous poursuivons les affaires <courantes...
La Présidente :
...vous
asseoir.
Voilà, nous poursuivons les affaires >courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de
loi, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bonjour, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 212
La Présidente : À
l'article a du feuilleton, j'ai reçu le rapport de la directrice de la
législation sur le projet de loi n° 212, Loi modifiant la Loi constituant
en corporation Foyer Wales - The Wales Home. La directrice de la législation a
constaté que les avis ont été faits et publiés conformément aux règles de
fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce rapport.
En conséquence, M. le député de Richmond
présente le projet de loi d'intérêt privé n° 212, Loi
modifiant la Loi constituant en corporation Foyer Wales - The Wales Home.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être
saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
La Présidente
: Adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la santé et des services sociaux
M. Jolin-Barrette : Oui.
Conformément au premier alinéa de l'article 267 du règlement, je propose
la motion suivante :
«Que le projet de loi d'intérêt privé n° 212, Loi modifiant la Loi constituant en corporation
Foyer Wales - The Wales Home, soit renvoyé pour consultations et étude
détaillée à la Commission de la santé et des services sociaux et que la
ministre responsable des Aînés soit membre de ladite commission pour la durée
de ce mandat.»
Mise aux voix
La Présidente : Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix
: Adopté.
La Présidente
: Adopté.
Présence de l'ambassadrice de la République fédérale
d'Allemagne, Mme Tjorven Bellman, et de la consule générale à Montréal, Mme Susanne
Aschi-Glesius
Et je vous signale à l'instant que j'ai le
plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de l'ambassadrice de la
République fédérale d'Allemagne, Son Excellence Mme Tjorven Bellman. Et
elle est accompagnée de la consule générale d'Allemagne à Montréal,
Mme Susanne Aschi-Glesius.
Nous poursuivons. Il n'y a pas de dépôt de
documents.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission des finances publiques et député
de Montmorency.
Projet de loi n° 75
M. Simard : Alors, bon matin,
Mme la Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport de la Commission des
finances publiques qui, le 27 novembre 2024, a procédé à l'étude très
détaillée du projet de loi n° 75, Loi donnant suite à des
mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 12 mars
2024 et à certaines autres mesures. La commission a adopté le texte du
projet de loi sans amendement.
La Présidente : Ce rapport
est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
Mettre sur pied des actions pour améliorer la qualité
éducative et le traitement des plaintes dans les services de garde éducatifs à
l'enfance
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 3 888 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les
suivants :
«Considérant que le Québec a été
précurseur dans la mise en place [de] centres [pour] la petite enfance, ayant
notamment pour objectif d'assurer des services éducatifs de qualité pour tous;
«Considérant que la qualité éducative des
services de garde éducatifs à l'enfance a un impact durable sur le
développement global des enfants d'âge préscolaire;
«Considérant que les enfants utilisateurs
de services de garde constituent une clientèle vulnérable, dépendante de
services de qualité pour assurer leur bien-être et leur sécurité;
«Considérant [...] le dernier rapport du
Vérificateur général du Québec [qui] révèle que près de 30 % des services
de garde évalués n'atteignent pas le seuil minimal de qualité éducative établi
par le ministère de la Famille, ce taux d'échec atteignant presque 60 %
pour les garderies subventionnées et non subventionnées;
«Considérant que ce même rapport identifie
des enjeux majeurs relatifs au traitement des plaintes;
«Considérant qu'il y a actuellement un
manque d'accompagnement offert aux parents et aux enfants à travers ce
processus de plaintes;
«Considérant que des actions correctives
sont nécessaires et urgentes pour garantir un environnement éducatif de
qualité, sain et sécuritaire pour chaque enfant;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec de présenter un plan d'action, dans les plus brefs
délais, pour mettre en œuvre les recommandations du Vérificateur général du
Québec formulées dans son rapport sur la qualité des services éducatifs à la
petite enfance et pour assurer un accompagnement adéquat aux enfants et aux
familles en cas de plaintes.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait
de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Je vous avise qu'après la période des questions
et réponses orales seront tenus les votes <reportés...
La Présidente :
...avise
qu'après la période des questions et réponses orales seront tenus les votes >reportés
sur l'adoption des projets de loi n° 73 et n° 63.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses, et, pour ce faire, je cède la parole, en question
principale, au chef de l'opposition officielle.
État des finances
publiques
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Pour mémoire, en 2014, après le 18 mois du PQ de
Pauline Marois, le déficit était de 5,6 milliards de dollars. Quatre
ans du gouvernement libéral : surplus budgétaire de
7 milliards de dollars. Retour en arrière avec la CAQ, à partir de
2018, comparable à des années péquistes, nouveau record : plus de
15 milliards de dollars de déficit.
Et les Québécoises et Québécois sont
doublement perdants, la CAQ a perdu le contrôle des finances publiques et les
Québécoises, Québécois n'ont pas accès aux services publics. En santé, à la fin
de ce deuxième mandat caquiste, force est de constater que l'agence de santé
est bien davantage une agence de recouvrement. La première tâche : couper
1,5 milliard de dollars pour l'année financière en cours, parce
qu'ils n'en ont plus, d'argent. La P.D.G., Mme Biron, l'a clairement
dit : «Il faut que le réseau contribue à réduire le déficit de l'État.»
Fin de la citation.
Mme la Présidente, derrière cela, il y a
des Québécoises et des Québécois qui sont sur les listes d'attente et qui
souffrent. Rappelez-vous du cas de Louise, 70 ans, dont j'ai parlé ici, en
cette Chambre, au premier ministre. Elle vit à Québec, elle a le cancer des
ovaires... elle a eu le cancer des ovaires. Elle a été opérée 11 mois
après le diagnostic, hors délai. Ça faisait dire à Louise : «À
70 ans, j'ai un bon bout de passé, c'est certain que j'aurais voulu une
meilleure fin de vie.» Elle continue et doit continuer à vivre avec le cancer.
Le premier ministre va-t-il enfin prendre
ses responsabilités?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, on le sait, il y a actuellement, pour l'année 2024‑2025, un
déficit, avant versement au Fonds des générations, de 8,8 milliards.
Essentiellement, ce déficit vient de deux choses : un, des augmentations
de salaire de 17,4 % qu'on a données aux employés de l'État et, deux, des
baisses d'impôt qu'on a faites pour la classe moyenne. Donc, j'aimerais
entendre le chef de l'opposition officielle : Avec laquelle des deux
mesures il n'est pas d'accord?
Maintenant, Mme la Présidente, la pire
menace qu'on a, actuellement, pour les finances publiques du Québec, c'est
d'avoir un tarif de 25 % sur toutes les exportations aux États-Unis. Or,
je souhaiterais que le chef par intérim du Parti libéral du Québec m'appuie
pour demander à Justin Trudeau de renforcer les mesures pour protéger, pour
sécuriser la frontière, pour éviter ce 25 % qui serait dramatique pour les
finances publiques du Québec.
Une voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Une seule personne a le droit de parole, première complémentaire, c'est
le chef de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Dans la septième
année caquiste, on le constate, la pire menace aux finances publiques, c'est le
gouvernement caquiste. C'est ça, la pire menace aux finances publiques. Il faut
qu'ils sortent de là, Mme la Présidente, ils en ont assez fait, des dégâts, là.
On a-tu hâte aux élections dans deux ans! Mais le deux ans qui est devant nous,
là, il va être dur, parce que leur déficit record de 11 milliards, il est
rendu à 15 milliards de dollars.
Puis là je lui parle de Louise,
70 ans, qui s'est fait opérer hors délai, 11 mois, pour le cancer des
ovaires. Qu'est-ce qu'il lui répond? Il ne prend même pas ses responsabilités.
Puis son agence, c'est une d'agence de recouvrement en santé.
Une voix : ...
La Présidente : Je vous
entends, M. le député. M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, il y a effectivement un grand contraste entre le gouvernement
libéral puis le gouvernement de la CAQ. Rappelons-nous, le gouvernement
libéral, puis ce n'est pas moi qui le dis, là, c'est Gaétan Barrette puis Carlos
Leitão, a fait des coupures sauvages dans le réseau de la santé. Nous, on a
rétabli la situation, on a donné des augmentations de salaire de 17,4 %.
On ne sait toujours pas si le Parti libéral est d'accord ou non avec ça. On a
baissé les impôts de la classe moyenne. Je pense que les trois partis
d'opposition sont contre ça, les baisses d'impôt, là. Donc, il y a juste la CAQ
qui se soucie...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...du
portefeuille des Québécois.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, qu'il arrête de dire ça, «se soucier du portefeuille des
Québécois». Il va falloir qu'on les paie, ses dégâts, pendant de nombreuses
années. 15 milliards de déficits, aujourd'hui, puis les services ne sont
même pas donnés, Mme la Présidente. Il dit rétablir la situation, c'est pire
que pire, on n'avait jamais vu ça, autant de personnes sur les listes
d'attente, notamment hors délais, pour oncologie, pour le cancer. Son
90 minutes, là, oubliez ça, c'est plus de trois heures et demie qu'on
attend avant de voir un médecin à l'urgence. C'est ça. Puis il a perdu le <contrôle...
M. Tanguay :
...3 h 30
qu'on attend avant de voir un médecin à l'urgence. C'est ça. Puis il a perdu le
>contrôle des finances publiques en...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, je sais que ça choque le Parti libéral, mais, depuis six ans,
l'argent, l'argent que les Québécois ont dans leur portefeuille a augmenté deux
fois plus vite au Québec que dans le reste du Canada. On n'a jamais vu ça avec
les libéraux, jamais, jamais.
Maintenant, Mme la Présidente, pour ce qui
est des chirurgies dans le réseau de la santé, on a eu une pandémie, on a
retardé des chirurgies pour sauver 10000,
20 000 vies, Mme la Présidente. Maintenant, on est en train de faire
du rattrapage.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, il dit : Il y a eu la pandémie. Encore l'excuse de la
pandémie. Encore l'excuse de la pandémie. Puis on dit : Bien oui. Bien,
pourquoi vous avez pris la parole pour dire : Quatre plans de rattrapage,
après la pandémie, puis ça a fait patate? Ils ont été incapables. C'est les
cibles mouvantes. On avance dans le temps, puis les cibles reculent. Depuis la
pandémie, quatre plans de rattrapage pour les chirurgies, quatre échecs qui ne
fonctionnent pas.
Puis je lui parle de Louise parce que,
derrière ses listes d'attente, il y a des visages des Québécoises et Québécois
qui souffrent de ce très mauvais, quel mauvais gouvernement caquiste!
La Présidente : Je vous
rappelle que vous vous adressez à la présidence. La réponse du premier
ministre. On écoute la réponse.
Des voix : ...
La Présidente
:
Silence, je vous prie. Silence.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, on est d'accord qu'il y a du rattrapage à faire sur les chirurgies.
C'est pour ça que le ministre de la Santé négocie actuellement avec, entre
autres, la FMSQ. Il y a de l'argent qui est disponible dans ce qu'on appelle
l'IPAM. On ne baissera pas les bras comme le gouvernement libéral. On va exiger
des résultats de la part des médecins spécialistes. Mais, Mme la Présidente, on
est en négociation. Donc, est-ce que le Parti libéral va être sur les lignes de
piquetage avec le syndicat des médecins?
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
Accès aux soins de
santé
M. André Fortin
M. Fortin :Aïe! Il me fait rire avec ses négociations, M. le premier
ministre, parce qu'en mai 2023, titre : Québec s'entend avec les
spécialistes pour un meilleur accès à des chirurgies. C'est le ministre de
la Santé qui l'a négociée, la dernière entente avec les spécialistes.
Mais, on va se le dire, là, le bilan de la
santé... en santé à la CAQ, là, c'est un désastre. Il y a 878000 patients qui
attendent une consultation. Puis, après cette négociation-là, il y a 161000 patients qui
attendent pour une chirurgie. Et qu'est-ce que le gouvernement de la CAQ
annonce, Mme la Présidente? Des coupures. On reporte des projets pour des
personnes autistes. On reporte des projets pour améliorer les conditions de vie
en centre jeunesse. On annule des projets de dialyse. On réduit les heures de
travail en CHSLD et, Mme la Présidente, on suspend des affichages de postes
pour des infirmières.
Alors, en bon gestionnaire, là, est-ce que
le ministre de la Santé peut nous dire comment couper des postes pour des
infirmières, ça va l'aider à faire du rattrapage au niveau des chirurgies?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Très bien. Merci
beaucoup. Puis, en fait, je m'adresse aux Québécois et non au député de Pontiac
parce que, Mme la Présidente, je veux juste être clair, ce serait très facile
pour moi aussi d'aller au spa, qu'il y a des journées qui sont assez
difficiles, mais je ne lâcherai pas, contrairement, contrairement, Mme la
Présidente, à ce qu'a fait le Parti libéral devant les médecins et
particulièrement devant les spécialistes au cours des dernières années.
Pourquoi le premier ministre vient de dire
ça? C'est qu'on a un montant de l'IPAM, Mme la Présidente, qui a été négocié, mais
il y a des petites conditions, vous avez, les petites lettres en bas de la
condition, là, qui fait qu'on n'est pas capables d'utiliser l'argent pour faire
le bon rattrapage des chirurgies. Ça, le Parti libéral, il ne veut pas
l'entendre, parce qu'ils sont du côté des spécialistes comme ils l'ont été
depuis 15 ans. Puis ce n'est pas drôle, Mme la Présidente, les Québécois
le comprennent. Si on l'avait, l'argent, vous ne pensez pas qu'on l'utiliserait
pour faire le rattrapage?
Écoutez, je peux trouver ça drôle de la
part du député de Pontiac, mais moi, je ne trouve pas ça drôle. Mais je n'irai
pas au spa non plus pour me reposer.
Des voix : ...
La Présidente : Chut!
Première complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :Ce qui est drôle, c'est le niveau d'acrobaties que le
ministre est prêt à faire pour justifier son manque de résultat, Mme la
Présidente, là. La raison pour laquelle il ne s'améliore pas au niveau des
chirurgies, c'est parce qu'il manque d'infirmières. Ce n'est pas parce qu'il
manque de salles d'opération, ce n'est pas parce qu'il manque de médecins, ce
n'est certainement pas parce qu'il manque de patients, Mme la Présidente, c'est
parce qu'il manque d'infirmières.
Alors, je lui répète la question :
Comment couper des postes d'infirmières va l'aider à faire un rattrapage en
chirurgie?
• (10 h 20) •
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
je vais continuer de répondre aux Québécois, parce qu'il n'y a pas vraiment
d'écoute du côté du député de Pontiac. Donc, je vais me concentrer à vous
répondre à vous et aux Québécois.
On a dit qu'il y avait deux grandes
conditions, Mme la Présidente, pour être capable de faire le <rattrapage...
M. Dubé :
...et aux
Québécois.
On a dit qu'il y avait deux grandes
conditions, Mme la Présidente, pour être capables de faire le >rattrapage
des chirurgies. Ça nous prenait des infirmières, puis, ça, là-dessus, le député
de Pontiac, il l'a compris maintenant. Qu'est-ce qu'on a fait? On a fait des
augmentations excessivement importantes. Les documents ont été entendus il y a
quelques mois. Maintenant, il s'agit de les signer pour que les infirmières
soient au rendez-vous dans nos salles d'opération. Maintenant, ça nous prend
des médecins. Ça nous prend des anesthésistes qui ne ferment pas à 3 heures.
Mme la Présidente, la réalité, c'est ça.
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : Ça prend du courage
pour se tenir devant le syndicat des...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André Fortin
M. Fortin :Ça prend des infirmières. C'est ce que le ministre de la
Santé vient de nous dire, ça prend des infirmières pour faire un rattrapage en
chirurgie. Il suspend des affichages de postes pour des infirmières. Il arrête
des missions de recrutement à l'étranger pour des infirmières. Il nous dit que
ça en prend plus puis il ne peut pas en embaucher plus, Mme la Présidente.
Alors, est-ce qu'il peut au moins avouer,
au moins dire à la population que ces coupures au niveau des infirmières vont
réduire les services à la population?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente,
si le député de Pontiac connaissait les détails de ce que je vais expliquer, ça
me ferait plaisir de prendre tout le temps qu'il voudrait pour l'expliquer. Je
ne suis pas sûr que je vais avoir de l'écoute, Mme la Présidente. Donc, je vais
vous le dire à vous aussi. Les postes vacants, en ce moment, qui ont été mis de
côté... pour une raison bien simple. Ce qu'on demande à Santé Québec avec leur
arrivée dans quelques jours, c'est de regarder toute l'organisation du travail.
Pourquoi on a demandé de la flexibilité dans nos conditions de travail de la
dernière convention? C'est pour être capables de mettre les bonnes personnes au
bon moment dans les bonnes salles. Ce n'est pas pour rien qu'on prend un peu de
recul aujourd'hui puis on dit : Il y a des postes vacants, mais est-ce
qu'on veut les combler? Je le sais, qu'il ne veut pas entendre la réponse, Mme
la Présidente, mais ça ne me dérange pas...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...parce que nous,
on fait ce qu'on a à faire puis on va avoir la discussion avec la...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Westmount—Saint-Louis.
Pénurie d'éducatrices
en service de garde
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Mme la
Présidente, dans les derniers jours, Radio-Canada nous apprenait que 4 000 éducatrices
ont quitté leur emploi l'an dernier pour travailler chez Costco, dans les
écoles, bref, pour des jobs plus payantes. Mais il n'y a pas juste les éducatrices
qui quittent, il y a aussi les étudiantes, moins d'inscriptions, plus
d'abandons, des programmes qui ferment faute d'inscriptions. Hier, le premier
ministre s'est vanté d'avoir recruté 7 500 éducatrices, mais ce qu'il
n'a pas dit, c'est que ce ne sont pas des éducatrices qualifiées. Le chiffre
préoccupant, c'est 278, ceux qui ont... les seules qu'ils ont... il a été
capable d'attirer, 278 éducatrices en trois ans. Vous savez quoi, c'est
probablement ces éducatrices qui vont aussi quitter le navire. C'est gênant
pour le gouvernement, mais c'est préoccupant pour nos familles et nos enfants.
Valorisons ma profession sont ici, dans
les tribunes, Mme la Présidente. Que leur répond la ministre?
La Présidente : La réponse de
la ministre de la Famille.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
Mme la Présidente. D'abord, ce qui est gênant, c'est de ne pas reconnaître que
les personnes qui entrent dans les services de garde éducatifs à l'enfance, ce
sont des personnes dévouées, passionnées et compétentes, Mme la Présidente, et
d'insinuer le contraire, c'est justement de dévaloriser la profession.
Le 7 500 places, Mme la Présidente,
il est au net. C'est-à-dire que ces 7 500 places... plus d'éducatrices qui
sont entrées que celles qui sont sorties, par exemple, pour aller à la
retraite. Oui, il y a le diplôme d'études collégiales qui est qualifiant, mais
il y a d'autres processus aussi qualifiants à l'intérieur des services de garde
éducatifs à l'enfance, dont l'attestation d'études collégiales. Dans les trois
dernières années, Mme la Présidente, c'est 8 500 éducatrices qui ont
été diplômées avec le certificat d'études collégiales, et, effectivement, pour
avoir la qualification telle qu'on l'entend, ça va se joindre à 4 990 heures
dans le réseau, Mme la Présidente.
La Présidente : En terminant.
Mme Roy (Verchères) : Alors,
je pense que, pour les familles du Québec, on doit valoriser la profession et
non pas faire le contraire.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Mme la
Présidente, depuis l'arrivée de la CAQ, on a baissé le ratio d'éducatrices
qualifiées. On a des bris de service comme jamais vu en raison de la pénurie.
Les éducatrices et les étudiants, ils quittent le navire. Le résultat, c'est
que la qualité baisse partout, puis ce n'est pas moi qui le dis, c'est la VG.
Pire encore, on est même rendus à donner des cours de premiers soins
entièrement en ligne. En deux clics, ça veut dire qu'on peut aider un enfant
qui s'étouffe. Franchement, seulement 278 éducatrices qualifiées en trois
ans.
Que leur répond...
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
Mme la Présidente. J'apprécie cette question complémentaire parce que j'ai
trouvé assez bizarre aujourd'hui qu'on dépose une pétition qui réclamait un plan
d'action qui est <déposé...
Mme Roy (Verchères) :
...qu'on
dépose une pétition qui réclamait un plan d'action qui est >déposé
depuis deux mois, hein? Alors, mon confrère des Îles-de-la-Madeleine réclame
qu'on dépose le plan d'action pour la Vérificatrice générale, qui a été déposé
le 23 septembre avec 29 actions spécifiques. Donc, oui, on est en
action, on continue les actions, puis, effectivement, ça donne des résultats.
On a parlé de qualité. Maintenant, notre taux de réussite, dans les derniers
mois, est de 80 %. Donc, nos actions sont pour les familles, pour les
enfants...
La Présidente : En terminant.
Mme Roy (Verchères) : ...pour
le réseau, et c'est ce qu'on va continuer de faire, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième...
deuxième complémentaire. Pour ce faire, le chef de l'opposition officielle.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la
Présidente, c'est une question excessivement importante, puis on veut entendre
la voix du premier ministre. Moi, c'est un dossier que j'ai eu, le dossier de
la famille, puis je me rappelle, à l'époque, l'actuel ministre à la Culture, on
a eu nos passes d'armes, puis le débat faisait rage, c'était de savoir, ça
prenait, dans les CPE, deux éducatrices qualifiées sur trois. C'était la norme.
La pandémie a fait en sorte qu'on a pris du recul là-dessus. À un moment donné,
c'était la moitié, puis là c'était le tiers, puis ce n'était que du temporaire.
Mais là une sur trois qualifiées... puis, oui, qualifiée, ça se dit, puis
Agir tôt, c'est concret, c'est tangible, les retards langagiers.
Que va faire le premier ministre?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. D'abord, c'est important de rappeler que la présidente du Conseil
du trésor est en négociation actuellement avec le syndicat des éducatrices en
CPE, en garderie. Donc, il faut quand même, là, ne pas commencer à essayer de
négocier sur la place publique. Donc, il faut quand même, un, respecter ça.
Deuxièmement, Mme la Présidente, j'écoute
le chef de l'opposition officielle, puis c'est comme s'il disait que les
éducatrices qui sont là, en place actuellement, ne sont pas bonnes. Bien, moi,
je suis fier. Puis on regarde le reste du Canada qui essaie de copier le modèle
québécois. Donc, soyons fiers de ce qui existe...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...actuellement,
dans...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Mont-Royal—Outremont.
Bonification de l'aide
financière aux études
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. La précarité financière à la hausse chez nos étudiants, c'est inacceptable
dans une société comme la nôtre. Aujourd'hui, des représentants des
associations étudiantes sont présents dans les tribunes. Ils sont ici pour
mettre en lumière l'urgence d'actualiser le programme d'Aide financière aux
études.
Les lacunes du programme sont
préoccupantes. Près d'un demi-milliard de dollars en aide n'a pas été utilisé
sur une période de six ans, de l'argent laissé sur la table au lieu d'aller
dans les poches des étudiants. Plus de 22 000 ont abandonné leur demande
avant de la finaliser. Il est urgent d'agir. Une réforme est essentielle pour
rendre le programme plus accessible, efficace et mieux adapté à leurs besoins.
Trop d'étudiants sont aujourd'hui confrontés à des choix déchirants qui, dans
une proportion croissante, les empêchent, Mme la Présidente, de manger à
leur faim. Cette insécurité financière menace directement leur réussite.
Mme la Présidente, où en sont rendus les
travaux de la ministre pour moderniser le régime? Et quand pourra-t-elle offrir
un programme qui répond enfin aux besoins des étudiants?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Et merci à ma collègue députée pour cette question. Je sais
que les associations étudiantes, l'UEQ et la FECQ sont en haut, dans les
tribunes. Je voudrais saluer notamment M. Jacob, M. Dervieux,
M. Paré et toutes les équipes des assos étudiantes avec lesquelles on
collabore sur une base régulière sur les enjeux de la précarité financière.
C'est une... c'est leur campagne, cette année, l'enjeu de la précarité
financière. Donc, évidemment, je suis très, très sensible à ces
préoccupations-là sur la situation des étudiants. Ça n'a jamais été un contexte
facile depuis les dernières années, avec la hausse des taux d'intérêt, la
hausse du coût de loyer.
Ceci dit, je ne serais pas gênée de dire
que les investissements en enseignement supérieur ont été colossaux, très, très
substantiels au cours des dernières années en aide financière aux études,
particulièrement dans le système de l'AFE. Le système de l'AFE est un programme
qui est le plus généreux au pays quand on se compare à d'autres provinces en
termes d'aide financière aux études. Il a été bonifié. On a pérennisé plusieurs
mesures au cours des dernières années, des mesures qu'on avait temporaires
durant la pandémie, qu'on est venu pérenniser. Je vous parle de
400 millions qu'on est venu bonifier au cours des dernières années sur
l'aide financière aux études. Et on a même...
La Présidente : En terminant.
Mme Déry : ...12 % de
plus d'étudiants qui ont accès à... grâce à une campagne de publicité...
• (10 h 30) •
La Présidente : Première
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Entre 2011 et 2023, le recours aux banques alimentaires par les
étudiants postsecondaires a augmenté de 540 %. C'est alarmant. Les assos
étudiantes du Québec font ce qu'ils peuvent avec des frigos communautaires, des
cuisines collectives, des paniers alimentaires.
Mais, Mme la Présidente, face à cette
crise, est-ce que le gouvernement va agir, va investir pour s'assurer que les
étudiants n'ont pas à choisir entre se nourrir et <étudier...
>
10 h 30 (version révisée)
<19283
Mme McGraw :
...investir pour s'assurer que les étudiants n'ont pas à choisir
entre se nourrir et >étudier?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, on est très conscients des enjeux, et ce
que je vous dis, c'est qu'on y a investi énormément d'argent, au cours des
dernières années, pour le soutien spécifiquement aux étudiants. On parlait de l'aide
financière aux études, mais il y a aussi le programme du PARES. On parle de 450 millions de
dollars sur cinq ans qu'on a investis depuis qu'on est au pouvoir. Sur la santé
mentale, des programmes en santé mentale qui sont directement une aide, encore
une fois, directe aux étudiants, on parle de 60 millions sur cinq ans en
2021, avec un rehaussement de 35 millions en 2022. Ça, c'est sans compter
les bourses Perspective, qui viennent, justement, aider et soutenir les
étudiants dans des programmes clés, dans des programmes stratégiques et
prioritaires pour le gouvernement.
La Présidente : En terminant.
Mme Déry : En tout et
pour tout, depuis qu'on est au pouvoir, on a augmenté, en enseignement
supérieur, les budgets d'autour de 30 %, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire, et, pour ce faire, je reconnais la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Mme la
Présidente, vous avez entendu mes collègues. Nos jeunes souffrent de précarité
financière au point de vivre de l'insécurité alimentaire. Nos jeunes ont faim.
Les représentants de la FECQ et de l'UEQ sont ici aujourd'hui dans les tribunes
pour offrir des solutions. Bien, ça tombe bien, il y en a une, solution qu'on
martèle ici depuis un an et demi : quand nos jeunes travaillent dans le
secteur public, réalisent des stages dans le secteur public, payez-les. Ça fait
un an et demi qu'on le dit, puis la CAQ était pour. Vous avez... Vous vous êtes
engagés à les payer.
Quand est-ce que ce sera fait?
La Présidente : Et vous vous
adressez à la présidence. Et la réponse de la ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, comme je l'ai dit en cette Chambre à
plusieurs reprises, on a fait des choix, des choix nécessaires, importants,
pour ceux qui, justement, diplôment en éducation ou en santé. On est venu
bonifier les conditions de travail, bonifier les salaires de ceux qui seront
sur le marché du travail éventuellement. Encore une fois, on a les droits de
scolarité les plus faibles en Amérique du Nord. On a des programmes de soutien
qui sont extrêmement généreux pour les étudiants. Alors, je suis consciente qu'il
y a des enjeux. On va continuer de travailler avec les assos étudiantes comme
je le fais depuis le début du mandat. On les rencontre sur une base régulière.
On va travailler avec eux. On regarde, en termes d'insécurité alimentaire…
La Présidente : En terminant.
Mme Déry : …mais ce que
je vous dis, c'est qu'on agit. On est là. Les sommes ont été très généreuses
depuis que nous sommes au pouvoir. Merci...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition.
Financement de l'aide alimentaire dans les écoles
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Mme la Présidente. On aura beau construire les plus belles écoles, on aura beau
former les meilleurs profs, on aura beau mettre des uniformes ou enlever les
cellulaires des classes, un enfant qui a faim, c'est un enfant qui n'est pas
capable d'apprendre. Ça fait des mois que je parle au premier ministre des
enfants qui ont faim dans nos écoles. Ça fait des mois que j'attends un geste,
une intention, un indice que le premier ministre a compris que la situation
empire puis que ça ne peut plus durer. Ces enfants-là n'ont pas de lobby. Ces
enfants-là ne siègent pas au Conseil des ministres. Il n'y avait rien pour ces
enfants-là dans la mise à jour économique. Alors, je me lève, encore une fois,
pour plaider leur cause. On est capable, au Québec, de nourrir tous nos
enfants. On a les moyens de le faire. La majorité des Québécois nous demandent
de le faire. Et, partout où ça se fait dans le monde, ça génère des milliards
de retombées positives. Le premier ministre nous le rappelle souvent, gouverner,
c'est faire des choix.
Donc, j'ai une question toute simple pour
lui aujourd'hui. Est-ce qu'il pourrait nous donner un exemple, un seul exemple
d'un investissement qui est, selon lui, plus important pour le Québec que de
nourrir nos enfants?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. D'abord, vous allez me permettre de prendre quelques secondes pour
saluer le chef du deuxième groupe d'opposition. On me dit que c'est sa dernière
période de questions. Je lui souhaite de passer du bon temps en famille. Ça
passe vite, ce temps-là. Je suis en train d'essayer d'organiser un souper
demain soir avec mes deux gars. Ce n'est pas simple. Donc, qu'il en profite
quand les enfants n'ont pas le choix puis qu'ils sont à la maison à temps
plein.
Mme la Présidente, le chef du deuxième
groupe d'opposition a raison, gouverner, c'est faire des choix, par exemple le
choix d'ajouter des orthophonistes, d'ajouter des aides à la classe. Il y a 25 %
des enfants au Québec qu'on appelle des EHDAA, qui ont besoin de plus d'aide,
qui ont le potentiel de réussir si on les aide, si et seulement si on les aide.
Maintenant, Mme la Présidente, il y a effectivement, <selon les études,
20 % des...
M. Legault :
...effectivement,
>selon les études, 20 % des élèves qui ne mangent pas à leur faim.
C'est pour ça qu'on a doublé le budget pour nourrir ces enfants-là puis on va
continuer à s'assurer qu'on sert bien puis qu'on aide ces 20 % d'enfants.
Ce que propose Québec solidaire, c'est nourrir 100 % des enfants, incluant
les enfants des familles riches. On parle d'un coût de plus de
700 millions de dollars, Mme la Présidente. Bon, d'abord, il faut
respecter la capacité de payer des Québécois, c'est important de le dire...
La Présidente : En
terminant.
M. Legault : ...il faut
faire des choix, Mme la Présidente. Notre choix, c'est de s'occuper du
20 %.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le
premier ministre a raison sur un point. Je propose qu'on nourrisse tous les
enfants du Québec. En fait, je propose à tous les partis dans cette Chambre
qu'on soit, ensemble, la première génération d'élus politiques à mettre au
monde la première génération d'enfants de l'histoire du Québec qui ne connaîtra
jamais la faim sur les bancs d'école. Si ça, ce n'est pas un bel héritage, je
ne sais pas c'est quoi.
J'aimerais que le premier ministre me
réponde : Qu'est-ce qui est plus important que ça, selon lui?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, je pense que le chef du deuxième groupe d'opposition puis moi, on
est assez d'accord pour dire que la priorité des priorités, ça devrait être de
s'occuper de nos enfants. C'est pour ça qu'on a fait le choix, depuis 2018,
d'augmenter de 50 % le budget en éducation, 50 % en six ans, Mme la
Présidente. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait avec cette augmentation de
50 %? Bien, il y a toutes sortes de services à donner à nos enfants,
incluant d'offrir à manger au 20 % qui n'est, malheureusement, pas nourri
ou n'a pas de lunch à l'école.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Donc, Mme
la Présidente, je pense qu'on a fait un effort, 50 %...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : L'état
des faits, au Québec, c'est que, malgré les investissements du premier
ministre, la faim, dans nos écoles, elle n'est pas stable, elle augmente. La
meilleure solution, celle qui est saluée partout dans le monde, c'est de
nourrir tous les enfants.
C'est ma dernière question depuis un petit
bout, j'aimerais une réponse claire du premier ministre : Peut-il me
donner un exemple, un seul exemple d'un investissement plus important pour le
Québec que de nourrir tous nos enfants?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je répète ce que j'ai dit, pour nous, l'objectif, c'est nourrir le
20 % qui n'ont pas les lunchs qu'ils devraient avoir le midi, pas
100 %, 20 %. Maintenant, il me parle de d'autres services qui sont
importants : offrir des services d'orthophoniste, offrir des services aux
enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, aux enfants autistes, aux
enfants qui ont des déficits d'attention. Ces enfants-là ont le potentiel de
réussir, si on les aide, donc, on a le devoir de les aider. C'est ce qu'on
fait.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Rosemont.
Gestion du réseau de la santé et des services
sociaux
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme
la Présidente. 330 postes abolis dans Chaudière-Appalaches,
565 postes au CISSS de Laval, 500 au CISSS Montérégie-Est. Ça, c'est
juste dans la dernière semaine. Ça fait six ans que la CAQ nous promet de
régler les problèmes de santé. Dans les faits, on recule.
Ça fait deux ans que le ministre de la
Santé nous dit : On a absolument besoin de Santé Québec pour régler les
problèmes de santé au Québec. Santé Québec prend officiellement les rênes dans
deux jours. Dans deux jours, Santé Québec sera un employeur, au Québec, et devra
prendre les décisions d'opération.
Est-ce que le ministre de la Santé peut
expliquer aux Québécois comment ils vont arriver, à Santé Québec, à régler nos
problèmes en santé, alors que la première mission qu'il leur a confiée, à Santé
Québec, c'est de couper plus de 1 milliard de dollars? Comment ils vont
faire ça?
• (10 h 40) •
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien, avec
plaisir, Mme la Présidente. Ce que je veux répondre aux Québécois... et c'est
très clair, pour moi, qu'au cours des deux dernières années, depuis qu'on a
déposé le plan santé, on a fait une cinquantaine de mesures qui permettent de
redonner des leviers de gestion à nos gestionnaires, et ça, ça passe par
l'amélioration qu'on a faite de nos différentes fondations, de nos ressources
humaines, les nouvelles conventions collectives avec les infirmières. On a
réussi à abaisser le TSO. Qui aurait dit, il y a quelques années à <peine,
qu'on serait capables...
M. Dubé :
...qui
aurait dit, il y a quelques années à >peine, qu'on serait capable de
faire une réduction du TSO? On l'a fait, Mme la Présidente. Qui aurait dit
qu'on pourrait éliminer la moitié des agences privées au cours des dernières
années? Il n'y a personne, de l'autre côté de la Chambre, qui pensait que
c'était possible.
Alors, qu'est-ce qu'on a fait, nous,
depuis deux ans, c'est de donner les leviers de gestion. Maintenant, ce qu'on
fait avec Santé Québec, qui est un des éléments qu'on a mis dans le plan santé,
c'est de dire : Maintenant, ces gestionnaires vont coordonner l'ensemble
du réseau de 350 000 personnes et vont le coordonner d'une façon
qu'on puisse respecter et nos budgets... mais aussi avoir de la rigueur
budgétaire à l'intérieur.
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : Et je pense
que c'est exactement ce que nos gestionnaires vont faire au cours des prochains
mois.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : On n'a pas
entendu l'ombre du début d'une réponse à comment on fait pour améliorer des
soins dans un réseau à bout de souffle, quand la première chose qu'on doit
faire, c'est de couper 1,5 milliard de dollars. On n'a pas eu de réponse
de ça.
Une autre contradiction, le ministre
n'arrête pas de dire qu'on manque de personnel puis qu'il veut redevenir un
employeur de choix. La première affaire qu'il fait, c'est d'abolir des postes.
Normalement, là, c'est un gestionnaire, il le sait, on abolit des postes quand
il y a trop de monde dans une organisation.
Il y a-tu trop de monde dans le réseau de
la santé, tellement de monde qu'on doit abolir des postes?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la
Présidente, je l'ai mentionné et je vais le rementionner pour que les Québécois
comprennent très bien, les postes qui ont été mis de côté, en ce moment, c'est
des postes qui étaient vacants. Ils étaient vacants. Et ce qu'on demande, en ce
moment... On n'a pas mis du personnel à pied, là, on a dit aux
gestionnaires : Prenez un pas de recul, comme j'ai expliqué tantôt au
député de Pontiac, puis dites-nous, maintenant, au cours des prochains mois,
comment on peut se réorganiser, notamment à la lumière des nouvelles
conventions collectives qu'on a. C'est ça, Mme la Présidente, savoir gérer. On
a eu le courage de redonner des leviers...
Des voix : ...
M. Dubé : Mme la
Présidente, on a eu le courage de donner des leviers de gestion à nos
gestionnaires...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...pour qu'ils
puissent opérer le système de façon efficace. C'est ce qu'on leur demande de
faire en ce moment.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Là, le
ministre dit : On n'a mis personne à pied. Ça, je m'excuse, là, mais ce
n'est pas tout à fait vrai, parce que ce qu'on fait en ce moment, c'est qu'on
pousse du monde vers la sortie, alors qu'on devrait essayer de les retenir.
J'ai des témoignages tous les jours, là, de gens qui travaillent dans le réseau
depuis des années, qui disent : J'ai perdu mon poste, je ne suis pas
remplacé; quelqu'un est parti à la retraite, il n'est pas remplacé. On pousse
les gens vers la sortie.
Alors, je repose ma question au ministre
de la Santé : Il y a-tu tellement trop de monde dans le réseau de la santé
qu'on va se permettre d'en mettre dehors?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme la
Présidente, encore une fois, j'ai expliqué puis je sais que le député veut
comprendre ce que je vais expliquer, donc je vais le faire avec délicatesse.
Lorsqu'on a demandé à des gens de changer de poste parce que... Comme j'ai
expliqué, dans certains cas, des mardis ou des mercredis, on avait trop de
personnes, puis il nous manque des personnes dans les honoraires... dans des
horaires défavorables, les vendredis soirs, les samedis, les fins de semaine.
C'est ça, savoir gérer, Mme la Présidente. C'est ce qu'on demande à Santé
Québec, de dire, maintenant qu'on a de la flexibilité, qu'on a de la mobilité
dans nos conventions collectives qui ont été signées à grand prix, Mme la
Présidente, il faut le reconnaître... Maintenant, nos gestionnaires ont cette
possibilité-là. C'est ce qu'on va mettre en place dans les prochains mois.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Avenir du réseau des centres de la petite enfance
M. Paul St-Pierre Plamondon
M.
St-Pierre
Plamondon :Mme la Présidente, depuis
plusieurs années, nous sonnons l'alarme en ce qui concerne le réseau des
services éducatifs à la petite enfance. Les CPE, c'est une réalité que je
connais bien, ayant trois enfants qui les fréquentent. On y retrouve des gens
dédiés, à qui on confie ce qu'on a de plus précieux dans la vie. Et, il n'y a
pas si longtemps, le secteur de la petite enfance, c'était une fierté
nationale, un modèle québécois admiré partout dans le monde, et puis est arrivé
ce gouvernement, et le joyau a été fragilisé. On voit la qualité des services
chuter, des éducatrices qui sont à bout de souffle et qui quittent le réseau.
On apprend, ce matin, leur remplacement par des employés non qualifiés. En
trois ans, sur 7 490 embauches, seulement 3,7 % ont les
qualifications, et on a toujours une liste d'attente de
33 000 enfants. Le gouvernement doit prendre acte de la gravité de la
situation, en tirer des conclusions politiques et donc réaliser que les
éducatrices des CPE méritent d'être reconnues à leur juste valeur et qu'on doit
développer en priorité le réseau CPE, pas le privé.
Est-ce que le premier ministre accepte de
prendre la responsabilité, après six ans, de ce déclin, de cette fragilisation
des services à la petite enfance au Québec?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, d'abord, je rappelle que, concernant les éducatrices, pour la
première <fois dans l'histoire du Québec...
M. Legault :
...pour
la première >fois dans l'histoire du Québec — donc, ça, ça
inclut les gouvernements du Parti québécois — dans la dernière
négociation, on a fait des offres différenciées, on a donné des plus grosses
augmentations de salaire aux éducatrices, aux enseignantes qu'aux autres
employés du gouvernement du Québec. Jamais un gouvernement du Parti québécois a
accepté de faire ce genre de proposition.
Maintenant, Mme la Présidente, la
présidente du Conseil du trésor est actuellement en négociation avec le
syndicat des éducatrices. On a réglé avec les infirmières. On négocie avec les
médecins. On a réussi à s'entendre avec les enseignants, enseignantes. On
négocie actuellement avec le syndicat des éducatrices.
Et je trouve ça dur, le jugement que vient
de poser le chef du troisième groupe d'opposition. Il nous dit : On était
fier du réseau des services de garde. Donc, il nous dit aujourd'hui, là, puis
il dit aux éducatrices qui sont en place : On n'est plus fier du service
que vous donnez aux familles du Québec. Bien, je ne suis pas d'accord avec lui.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Ce
que je dis aux éducatrices et aux éducateurs, c'est qu'un salaire d'entrée de
18 $ à 21 $, ce n'est pas acceptable. Puis la détérioration des
conditions de travail non plus, ce n'est pas acceptable. Ça fait six mois que
le rapport dévastateur de la Vérificatrice générale a été déposé, puis on ne
voit rien de concret depuis ce temps-là. Et, oui, les faits que j'ai énoncés
dénotent une fragilisation des services dans les CPE.
Est-ce que le premier ministre prend la
responsabilité de cela?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, je
viens encore d'entendre le chef du PQ dire que les services qui sont offerts
actuellement dans les services de garde ne sont pas bons. C'est effrayant de
dire ça comme message aux éducatrices. Oui, il y a des éducatrices qui n'ont
pas complété leur formation; c'est pour ça qu'on a mis en place de
l'alternance. Donc, on prend deux éducatrices, ils travaillent en alternance
chacun une semaine, puis, l'autre semaine, ils complètent leur formation.
Mme la Présidente, il faut aussi respecter
la capacité de payer des Québécois. Je le sais, le chef du PQ, il dit :
Les baisses d'impôt...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault : ...«not on my dead body». Il faut être capable de respecter
aussi...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
ça a donné un déficit de 11 milliards de dollars, justement.
Je reviens au sujet. Un gouvernement du Parti
québécois va faire des CPE une véritable priorité nationale. Et c'est ça, la
différence avec la CAQ. Et, lorsque la liste d'attente est à
33 000 enfants et lorsque les éducatrices quittent à bout de souffle,
nous, on le prend au sérieux. Si eux veulent déformer ce que j'ai dit, on va
laisser les personnes qui se dédient à nos enfants poser le jugement sur ce qui
est le plus approprié.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, il faut avoir un certain culot, parce que, quand on regarde le
bilan du gouvernement du PQ, le nombre de places qui ont été créées, là, ça n'a
rien à voir, c'est le jour et la nuit. Depuis qu'on est là, on a créé plus de
25 000 places. 25 000 places.
Mme la Présidente, oui, la demande est
très forte actuellement pour les raisons qu'on connaît. Donc, on continue à
travailler très fort pour continuer à ouvrir des places, pour continuer à
inciter des jeunes à aller étudier en service de garde. On a mis des incitatifs
dans nos cégeps. Donc, Mme la Présidente, je pense qu'on fait...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...des pas
dans la bonne direction, pas mal plus de pas que le dernier gouvernement du Parti
québécois.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Avenir du réseau des centres de la petite enfance
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme
la Présidente, ça fonctionne tellement bien qu'on a réussi à embaucher
7 500 nouvelles éducatrices. Ça, c'étaient les mots du premier
ministre hier, quand notre chef parlementaire le questionnait sur l'exode des
éducatrices. Ça fonctionne tellement bien, Mme la Présidente, qu'il y a encore
33 000 familles qui attendent toujours leur place dans le réseau. Ça
fonctionne tellement bien, là, que des milliers d'éducatrices sont en moyens de
pression et menacent de grève. Ça fonctionne tellement bien que la formation
collégiale n'attire plus et que les étudiantes abandonnent en cours d'études.
Ça fonctionne tellement bien, là, que la qualité éducative est en chute libre
et qu'au net la CAQ n'a réussi à recruter que 278 éducatrices qualifiées
en trois ans.
Mme la Présidente, sincèrement, là, est-ce
que la ministre de la Famille, elle aussi, elle trouve que ça va tellement
bien?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse de
la ministre de la Famille.
Mme Suzanne Roy
Mme Roy (Verchères) : Merci,
Mme la <Présidente. Ce qui est inquiétant...
La Présidente :
...la
réponse de la ministre de la Famille.
Mme Roy (Verchères) :
Merci,
Mme la >Présidente. Ce qui est inquiétant, c'est quand l'opposition,
pour faire de la petite partisanerie, défait...
Des voix : …
La Présidente : M. le...
Bien, je vous reconnais, allez… D'accord. Je vous reconnaissais. Non, madame,
retirez ces propos, vous savez qu'ils ne sont...
Une voix : …
La Présidente : Vous retirez?
C'est bien, poursuivez.
Mme Roy (Verchères) : Il
est quand même triste de constater, Mme la Présidente, que l'on dénigre le
service de garde éducatif aux enfants, qu'il est dénigré, et qu'on dénigre ces
éducatrices qui travaillent extrêmement fort et qui sont compétentes. Il est
encore plus triste, Mme la Présidente, de constater qu'on tente de faire peur
aux parents.
Une voix : …
La Présidente : Oui,
monsieur, je vais vous écouter. M. le leader du deuxième groupe, je vous
écoute.
M. Leduc : ...trois
fois, là, prêter des intentions. Ça suffit. Qu'on débatte de la bonne manière
ici, Mme la Présidente, s'il vous plaît.
La Présidente : M. le leader
du gouvernement, j'ai entendu des mots non parlementaires et je demanderais à
Mme la ministre de faire attention aux mots qu'elle a choisis. Ils étaient
évidents cette fois-ci. Mme la ministre, poursuivez et respectez les mots non
parlementaires, je vous prie.
Mme Roy (Verchères) : …Mme
la Présidente. Je vais choisir les mots, et je vais choisir les mots justes,
pour nous assurer, justement, qu'on donne l'heure juste aux parents du Québec,
ce qui n'est pas nécessairement le cas quand on découvre un nouveau parti
brouillon, semble-t-il. On nous parlait de parti brouillon. On vient de le
découvrir. On fait signer les parents. On demande aux parents de signer une
pétition pour réclamer un plan d'action qui est déposé depuis le 23 septembre,
Mme la Présidente, un plan d'action qui est déposé, qui est disponible pour
tous les parlementaires, Mme la Présidente, et qui... De plus, la Vérificatrice
du Québec s'est dite satisfaite du plan d'action.
La Présidente : En terminant.
Mme Roy (Verchères) : Donc,
on travaille pour les familles et pour les enfants.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme
la Présidente, si la ministre est si fière de son plan d'action, là, qu'elle le
dépose, parce qu'il n'est pas public, puis il n'y a personne ici qui l'a vu.
Des voix : …
M. Cliche-Rivard : Non,
non, non, elle le sait très bien, tout le monde l'a vu, personne n'a eu des
réactions, personne ne peut confirmer qu'est-ce qu'il est écrit puis personne
n'a la réponse au MFA. Donc, qu'elle le fasse puis qu'elle le divulgue, son
rapport. Pour chaque nouvelle éducatrice qualifiée qu'on embauche, là, il y en
a une qui quitte. Ce n'est pas compliqué, au net, si elle est remplacée, elle le
sera par une personne qui n'est pas qualifiée.
La ministre peut-elle arrêter de prétendre
que tout fonctionne tellement bien puis enfin trouver des solutions à l'exode
du réseau?
La Présidente : La réponse de
la ministre. Et là vous êtes deux ministres. Laquelle? Alors, la réponse de la
présidente du Conseil du trésor.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Vous savez, il y a plusieurs façons... Sur la
table, présentement, quand on parle de négociation, il y a une priorité qui est
primordiale pour nous et sur laquelle on travaille depuis 2018. D'ailleurs,
dans la dernière négociation, ça faisait partie, c'est-à-dire, de valoriser la
profession d'éducatrice… Et c'est pour ça que, dans la dernière négociation, on
a accordé 18 % sur trois ans, 18 % sur trois ans. Maintenant, il y a
plusieurs façons de valoriser la profession d'éducatrice, et, d'en parler de
façon positive, je pense que c'est une des façons de le faire. Maintenant, sur
la table de négociation, il y a des discussions pour voir des mesures
d'attraction, de rétention, comment on peut continuer de valoriser la
profession d'éducatrice. Et je pense qu'il faut souligner que...
La Présidente : En terminant.
Mme LeBel : ...dans les
dernières années, on a accru de plus de 7 000 éducatrices, dont les
deux tiers sont qualifiées.
La Présidente : Deuxième
complémentaire, et, pour ce faire, je reconnais le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : On va
mettre ça au clair, là, le réseau de la petite enfance, c'est un joyau
national, et les femmes qui tiennent ce joyau national à bout de bras, là,
elles ont besoin que leur gouvernement les aide, les paie bien, les soutienne
et améliore leurs conditions de travail. C'est ça que je demande au premier
ministre.
Est-ce qu'il est d'accord, oui ou non,
qu'il faut, de toute urgence, améliorer les salaires et les conditions de
travail des femmes qui font vivre notre joyau national?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, je
suis surpris de la question du chef de Québec solidaire parce que, lors de la
dernière négo, quand on a offert 18 % d'augmentation aux éducatrices,
quand on a offert aux enseignants plus d'augmentations qu'aux autres employés
de l'État, Québec solidaire était contre ça. Il disait : Il faut offrir
les mêmes augmentations à tout le monde. Donc, content de voir que Québec
solidaire se rallie à notre position.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de D'Arcy-McGee.
Accès aux services en santé mentale pour les jeunes
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, Mme
la Présidente. Les jeunes au Québec n'ont jamais ressenti autant de détresse,
et c'est alarmant. Selon l'enquête québécoise sur la santé des jeunes au
secondaire de l'institut de la statistique au Québec… dont 70 000 élèves
au secondaire ont participé, l'augmentation significative de la <détresse
chez nos jeunes...
Mme Prass :
...significative
de la >détresse chez nos jeunes, on apprend que 20 % des jeunes au
secondaire ont reçu un diagnostic de troubles anxieux. C'est plus du double
qu'en 2011. On apprend également que, pour les filles, elles sont susceptibles
d'avoir presque le double en matière de troubles anxieux, de dépression et de
troubles alimentaires. Ce n'est pas acceptable. Le ministre va me répondre que
les aires ouvertes sont là, justement, pour répondre aux jeunes. Par contre,
sur plus de 40 dans le réseau, il y a moins de trois psychologues qui sont
disponibles à travers le Québec. Les jeunes sont notre avenir. On a besoin
d'être à leur écoute. On a besoin d'offrir les ressources nécessaires.
Je veux savoir ce que le ministre va faire.
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, Mme
la Présidente. Je remercie la députée pour sa question, qui va me permettre de
dire qu'on va continuer à faire ce qu'on fait actuellement, Mme la Présidente.
Laissez-moi vous lire une partie du rapport de l'Association canadienne de la
santé mentale sur l'état de la santé mentale en 2024 : «Le Québec affiche
la prévalence la plus faible de troubles de santé mentale et de troubles
d'utilisation de substances, et le taux le plus élevé de bonne santé mentale au
Canada.» C'est ici, ça, Mme la Présidente.
Retournons à nos jeunes puis regardons les
données comme il faut. De 2010 à 2017, sous les autres gouvernements, on voyait
l'augmentation du taux d'anxiété de 9 % à 17 %. De 2017 à 2022,
l'augmentation a été freinée de 17 % à 20 %, Mme la Présidente. Ça
montre l'efficacité des mesures qu'on a prises, Épanouir avec la Santé publique
dans nos écoles, Hors-piste pour des activités dans la nature pour nos jeunes
avec des troubles anxieux, le 8-1-1 Info-Social pour ouvrir l'accès à tous nos
jeunes, les aires ouvertes pour des rendez-vous, Mme la Présidente, pour du
sans rendez-vous en santé mentale.
Le résultat de tout ça, bien, je l'ai déjà
montré ici, mais regardez ça une fois encore, depuis avril 2023, la liste
d'attente en santé mentale pour voir un professionnel en santé mentale, du
jamais-vu, Mme la Présidente.
La Présidente : ...à la
période de questions et de réponses orales. Je vous invite à demeurer en place
pour la tenue des votes reportés. Pour ce faire, je cède la place à la deuxième
vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour votre attention.
Votes reportés
Adoption du projet de loi n° 73
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Comme annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre de la Justice
proposant que le projet de loi n° 73, Loi visant à contrer le partage sans
consentement d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en
matière civile des personnes victimes de violence, soit adopté. Le vote est
maintenant ouvert.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour :106
Contre :0
Abstentions :0
• (11 heures) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La motion est adoptée. En conséquence, le projet de loi n° 73, Loi visant à contrer le partage sans consentement
d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en matière civile
des personnes victimes de violence, est adopté.
Adoption du projet de loi n° 63
Nous allons maintenant procéder au vote
reporté sur la motion de Mme la ministre des Ressources naturelles et des
Forêts proposant que le projet de loi n° 63, Loi modifiant la Loi sur les
mines et d'autres dispositions, soit adopté. Le vote est maintenant ouvert.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire <général…
>
11 h (version révisée)
<15399
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
...La période de vote est
terminée. M. le secrétaire >général.
Le
Secrétaire : Pour :79
Contre :25
Abstentions :3
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La motion est adoptée. En conséquence, le projet de loi n°
63, Loi modifiant la Loi sur les mines et d'autres dispositions, est adopté.
Motions sans préavis
En fonction de nos règles, nous sommes
maintenant à la rubrique Motions sans préavis, et, en fonction de nos règles, pardon,
et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant
un membre du groupe formant l'opposition officielle. Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Jean-Lesage, le député de
Matane-Matapédia et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale souligne qu'il
est primordial d'offrir à la jeunesse québécoise des environnements d'études
sains et des conditions d'études favorables à la réussite;
«Qu'elle prenne acte que de plus en plus d'étudiants
sont en situation de précarité au Québec et qu'à titre d'exemple, entre 2011 et
2023, le recours aux banques alimentaires par les étudiants postsecondaires a
augmenté de 540 %;
«Qu'elle souligne que l'insécurité
alimentaire exacerbe l'anxiété et nuit grandement à la réussite de la
population étudiante touchée;
«Qu'elle prend acte qu'au cours des
dernières années 500 M$ n'ont pas été réclamé par les étudiants et
étudiantes en raison de la difficulté d'avoir accès au programme d'aide
financière aux études;
«Qu'elle rappelle que 84 % des
stagiaires dans les établissements collégiaux et universitaires n'ont toujours
pas de rémunération pour leur travail effectué dans le cadre de leur stage
obligatoire;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale demande
au gouvernement de tout mettre en œuvre pour renverser le poids de la
précarité, notamment en débutant des travaux afin d'améliorer l'accessibilité à
l'aide financière aux études, en mettant en place les conditions afin d'assurer
la rémunération des stages obligatoires réalisés dans le secteur public et en
travaillant avec toutes les communautés collégiales et universitaires afin de
mettre en place et soutenir localement des initiatives visant à combattre la
précarité alimentaire.»
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Caire : ...consentement, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Pas de consentement. Je reconnais maintenant un membre du
deuxième groupe d'opposition. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Souligner la tenue des États généraux de l'itinérance
au Québec et demander au gouvernement de s'engager à étudier la déclaration
commune en découlant
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter
la motion suivante conjointement avec la députée de D'Arcy-McGee, le député des
Îles-de-la-Madeleine, la députée de Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
tenue, du 27 au 29 novembre, des quatrième États généraux de l'itinérance au
Québec;
«Qu'elle rappelle que la lutte à l'itinérance
est une responsabilité partagée par les différents paliers de gouvernements,
notamment du gouvernement du Québec;
«Qu'elle réaffirme la nécessité d'agir en
prévention, notamment par la construction de logements sociaux et par l'amélioration
de l'accès aux services sociaux;
«Qu'elle encourage la mise en place de
toutes solutions permettant d'améliorer la cohabitation avec les milieux et le
respect des droits des personnes en situation d'itinérance;
«Qu'elle souligne l'apport exceptionnel du
milieu communautaire auprès de cette population hautement vulnérable;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale demande
au gouvernement de s'engager à étudier la déclaration commune qui découlera des
états généraux.»
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Caire : Il y a
consentement, sans débat, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le leader de deuxième opposition.
M. Leduc : ...Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Le vote est maintenant ouvert.
Le vote est maintenant terminé. M. le
secrétaire général, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour :101
Contre :0
Abstentions :0
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : La motion est adoptée. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc : Oui, Mme la
Présidente. Pourrions-nous envoyer copie de cette <motion au...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...est
adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc :
Oui, Mme
la Présidente. Pourrions-nous envoyer copie de cette >motion au Réseau
Solidarité Itinérance du Québec? Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ce
sera fait. Donc, maintenant, je reconnais un membre du groupe formant le
gouvernement. M. le député de Montmorency, la parole est à vous.
M. Simard : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de
l'appui de la majorité des candidats à la chefferie du Parti libéral du Québec
à la construction d'un nouveau lien inter-rives autoroutier entre la
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches;
«Qu'elle souligne que cet appui reflète le
soutien de la population des régions de la Capitale-Nationale et de
Chaudière-Appalaches pour le projet;
«Qu'elle souligne que 23 entreprises
ont répondu à un appel d'intérêts pour la conception du futur lien;
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse la
nécessité d'un nouveau lien entre Québec et Lévis.»
La Présidente (Mme D'Amours) : Y
a-t-il...
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : S'il
vous plaît! Messieurs, s'il vous plaît, je suis debout. S'il vous plaît! Merci…
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : S'il
vous plaît! Mme la députée, arrêtez de vous interpeler. M. le leader du
gouvernement, donnez-moi une chance, s'il vous plaît.
Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Des voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Pas de consentement.
Des voix : ...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition. M. le
député des Îles-de-la-Madeleine. Et je veux entendre sa motion, s'il vous plaît.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis, le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale souligne qu'il
y a 6 mois, la Vérificatrice générale du Québec déposait un rapport dont
un chapitre est consacré à la qualité éducative à la petite enfance;
«Qu'elle rappelle que ce rapport met en
lumière de graves lacunes, notamment dans le traitement des plaintes déposées
au ministère de la Famille, une dégradation marquée de la qualité des services
en petite enfance au Québec, ainsi que l'incapacité du ministère de la Famille
à répondre adéquatement à ces enjeux;
«Qu'elle souligne qu'à ce jour, aucun plan
d'action, aucune mesure corrective, ni aucun programme n'a été rendu public par
le ministère de la Famille depuis le dépôt de ce rapport;
«Qu'elle demande au ministère de la
Famille de donner suite rapidement et publiquement au rapport de la
Vérificatrice générale du Québec à l'Assemblée nationale pour
l'année 2023-2024, déposé en mai 2024.»
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : …
La Présidente (Mme D'Amours) :
Pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous sommes maintenant à la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions. M. le leader du gouvernement. Et je vous
demanderais de sortir en silence, s'il vous plaît. M. le leader.
• (11 h 10) •
M. Caire : Merci, Mme la
Présidente. J'avise cette Assemblée que la Commission des relations avec les
citoyens poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 74, Loi visant
principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, de
14 heures à 18 heures et de 19 heures à 21 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la santé et des services
sociaux entendra les intéressés et procédera à l'étude détaillée du projet de
loi d'intérêt privé n° 212, Loi modifiant la Loi
constituant en corporation Foyer Wales - The Wales Home, le
jeudi 5 décembre 2024, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, à la salle Pauline-Marois.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Pour ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique se
réunira en séance de travail aujourd'hui, de 14 heures à
16 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de
procéder au <suivi ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
...aujourd'hui, de 14 heures à
16 h 30, à la
salle Louis-Hippolyte-La FontaineT, afin de
procéder au >suivi de la recommandation 1.3 du rapport du
printemps 2021 de la commission, soit que la Commission de
l'administration publique amorce une réflexion sur l'opportunité d'examiner les
états financiers consolidés du gouvernement en commission parlementaire et de
procéder à l'analyse du rapport annuel de gestion.
Je vous avise également que la Commission
spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le
développement des jeunes se réunira en séance de travail aujourd'hui, de
13 heures à 14 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, afin
d'organiser les travaux de la commission.
À la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée…
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader
adjoint du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Caire : Oui, Mme la
Présidente. Pourrions-nous suspendre les travaux quelques instants pour
permettre au ministre des Finances de revenir à la Chambre, s'il vous plaît?
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Nous suspendons les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 13)
(Reprise à 11 h 14)
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Nous reprenons nos travaux. Et l'Assemblée prend en
considération le rapport de la commission des... institutions, pardon, sur le
projet de loi n° 32, loi instaurant l'approche de sécurité...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : M. le leader du gouvernement.
Une voix : …
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Je ne suis pas assise. Votre micro ne fonctionnait pas.
Vous m'avez demandé l'article…
M. Caire : L'article 9
du feuilleton, s'il vous plaît, Mme la Présidente.
Projet de loi n° 80
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. L'Assemblée prend en considération le rapport de la
Commission des finances publiques sur le projet de loi n° 80, loi considérant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours
sur le budget du 12 mars 2024 et modifiant d'autres dispositions. Y
a-t-il des interventions? Oui, Mme la députée de Huntingdon.
Mme Carole Mallette
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente. La Commission des finances a procédé, le 26 novembre 2024, à
l'étude détaillée du projet de loi n° 80, Loi concernant la
mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 12 mars
2024 et modifiant d'autres dispositions.
Cette étape importante du processus
parlementaire s'est bien déroulée, et nos discussions ont été fort
constructives, comme en témoigne le rapport de la commission. Je tiens
d'ailleurs à remercier sincèrement mes collègues qui ont participé à cette
étude ainsi que tous les collaborateurs qui nous ont accompagnés et qui ont
grandement facilité notre travail.
Le projet de loi n° 80 permettra
notamment de mettre en œuvre des mesures du dernier budget. Il comprend
également des initiatives qui n'ont pas été annoncées dans le cadre du budget
mais qui sont incluses dans le projet de loi afin de répondre à des
préoccupations administratives. Ces mesures touchent une multitude de sujets et
visent à soutenir les Québécoises et les Québécois ainsi que les collectivités,
à agir pour les priorités économiques et optimiser l'action de l'État.
Sans entrer dans tous les détails, je peux
vous dire que ce projet de loi permettra notamment au gouvernement de prévoir
des mesures supplémentaires afin d'assurer le versement ponctuel des pensions <alimentaires...
Mme Mallette :
...des
mesures supplémentaires afin d'assurer le versement ponctuel des pensions >alimentaires
auxquelles ont droit les enfants et les parents gardiens qui leur permettent de
subvenir à leurs besoins, de soutenir les aînés en situation d'invalidité en
éliminant la réduction de la rente de retraite pour les personnes âgées de
65 ans et plus, de répondre à une problématique touchant Retraite Québec
en modifiant la définition de «conjoint de fait» dans le Régime des rentes du
Québec afin d'accélérer le traitement des demandes de conjoints survivants, de
mettre en place la rente viagère à paiement variable, RVPV, une mesure demandée
par les intervenants du milieu de la retraite qui constitue une option
intermédiaire entre la rente individuelle d'un assureur et les retraits faits
directement d'un compte épargne, de verser au Fonds des générations une partie
des surplus accumulés dans le Fonds d'information sur le territoire du
ministère des Ressources naturelles et des Forêts afin de réduire la dette
brute du Québec, de lutter plus efficacement contre le blanchiment d'argent et
l'évasion fiscale en identifiant et en encadrant les guichets automatiques de
cryptoactifs, et de soutenir le secteur de la restauration et des bars en
élargissant l'admissibilité à la compensation financière pour la transition
vers l'environnement infonuagique MEV Web.
Alors, voilà, Mme la Présidente, pour le
résumé du projet de loi n° 80. Je demande donc à mes collègues de cette
Assemblée de nous appuyer dans la prise en considération du rapport de la Commission
des finances publiques afin que nous puissions l'adopter dans les meilleurs
délais, et ce, au bénéfice de tous les Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Je reconnais maintenant le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Déficit record de 11 milliards de
dollars prévu en mars 2024. D'entrée de jeu, je pense que ça va être assez
clair, Mme la Présidente, on va voter contre ce projet de loi budgétaire du
ministre des Finances.
Il y a eu une combinaison de coupes des
services plus d'augmentation des impôts qui ont totalisé approximativement
4,5 milliards de dollars depuis mars 2024. Donc, on se serait attendus,
normalement, à ce que 11 moins 4,5 donne 6,5. On est encore à
11 milliards de dollars de déficit, Mme la Présidente. Ça ne tient
pas la route. Donc, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, il y a quelque
chose qui n'est pas bien calculé. On a eu la chance de questionner le ministre
des Finances à ce sujet-là. Malheureusement, on n'a pas été bien éclairés
là-dessus.
Il est tellement déficitaire, ce
projet-là... ce budget-là, qu'on est en train d'hypothéquer l'avenir de nos
jeunes. Je comprends, là, qu'il y a eu la pandémie, je comprends, là, qu'il y a
eu les taux d'intérêt qui ont été augmentés, je comprends qu'il y a eu une
guerre en Ukraine. Je comprends toutes les excuses qui ont été données par le
gouvernement pour nous justifier son déficit. Cependant, depuis mars 2024 à
aujourd'hui, O.K., relativement parlant, il n'y a pas grand-chose de nouveau à
part l'inefficacité d'avoir des bons chiffres précis de la part du
gouvernement. C'est ça, la réalité, Mme la Présidente.
On va voter contre ce projet de loi là
pour plusieurs raisons, parce qu'on avait aussi des demandes qui étaient
précises. On voulait avoir un directeur parlementaire du budget. Pour nous,
c'était essentiel pour la crédibilité du gouvernement, pour la crédibilité du
Québec, pour faire en sorte qu'on puisse être capables de pouvoir regarder les
gens qui prêtent de l'argent aux Québécois, c'est-à-dire les gens qui achètent
des obligations du Québec, puis de leur dire que nous, on est capables de bien
calculer nos choses, nous, on est capables de faire une bonne gestion des
finances publiques. Malheureusement, la crédibilité du Québec a été affectée
par la situation actuelle.
• (11 h 20) •
Il n'y a pas eu de plan de retour à
l'équilibre budgétaire, Mme la Présidente. Il y avait une loi, jadis, qui a été,
évidemment, là, révoquée par le gouvernement, mais il y avait une loi qui,
normalement, aurait été mise... aurait fait en sorte que, dès le dépôt du
budget, en mars 2024, le ministre des Finances aurait eu l'obligation de nous
déposer un plan de retour à l'équilibre budgétaire, automatiquement. C'était
impensable, à l'époque, de faire ça. Mais, depuis 2020, cette loi-là... cet
article de loi là qui aurait obligé le ministre des Finances à agir avec un
plan de retour à l'équilibre budgétaire a été renversé.
Donc, le gouvernement a toute la latitude,
maintenant, pour pouvoir mal gérer les finances publiques sans donner de plan
de match instantanément, lorsque des mauvaises nouvelles arrivent, avec
l'obligation d'être responsable envers les payeurs de taxes québécois, les
investisseurs, dans les obligations que le Québec émet de façon régulière, et
ce, à tous les jours qu'il a, maintenant, malheureusement... Les Québécois, on
se trouve à payer un taux d'emprunt relativement plus élevé, par rapport à
l'Ontario, qu'avant que la CAQ soit au gouvernement et avant, évidemment, la
date spécifique du <budget...
M. Beauchemin :
...les
Québécois, on se trouve à payer un taux d'emprunt relativement plus élevé par
rapport à l'Ontario qu'avant que la CAQ soit au gouvernement et avant,
évidemment, la date spécifique du >budget. On a perdu notre avantage
compétitif qu'on avait au niveau du financement à cause de ce gouvernement-là.
Un exercice sérieux des programmes du
gouvernement a été annoncé suite au déficit. On prendra comme réflexe de
dire : Bon, bien, O.K., au moins, ils comprennent la situation. Moi, la
surprise dans ça, Mme la Présidente, c'est : Comment se fait-il que,
depuis six ans, ce gouvernement-là n'a pas pensé, même une fois, considérer
l'importance de faire ces examens-là de façon annuelle, de façon récurrente
pour s'assurer de la pertinence, pour s'assurer que chaque dollar dépensé par
les Québécois soit fait de façon optimale? Non, non, non, on n'a rien pensé de
faire ça. On n'a même pas eu une fois le moindre souci de faire une révision
des programmes. On a juste ajouté par... ajouté par-dessus et ajouté
par-dessus. Donc, on a été déçus de la réaction du gouvernement.
Nous, il y a une chose qu'on va dire, puis
on va le donner au ministre des Finances, il a écouté notre collègue de La
Pinière qui a fait un plaidoyer très touchant pour faire une modification au
régime des rentes pour personnes... la RRQ, là, pour personnes invalides, un
combat, là, qui a été mené avec brio par ma collègue. Donc, là-dessus, je vais
féliciter le ministre des Finances d'avoir au moins écouté cette
revendication... revendication-là qui affectait plusieurs personnes au Québec.
Et je suis très fier de ma collègue de La Pinière d'avoir mené le combat.
Cependant, le ministre aurait pu aller
plus loin. Il aurait pu augmenter l'âge à 75 ans, l'âge maximum pour
recevoir la régie des rentes. On aurait aimé qu'il y ait un incitatif qui soit
instauré pour conserver les travailleurs expérimentés sur le marché du travail
en permettant de ne pas cotiser dans leur RRQ. Il n'y a rien, là-dedans, là,
qui aurait coûté un sou au gouvernement, là. Mais, non, on ne l'a pas fait.
Essentiellement, là, la critique qu'on a,
c'est que le projet de loi, il est vraiment autour du fait que le gouvernement,
il n'a pas fait attention à l'argent des Québécois. Il n'a pas fait preuve de
rigueur. Ça a été un gouvernement qui a été dépensier. Puis, malheureusement,
avec la mise à jour économique qu'on a vue la semaine passée et le petit calcul
que je vous ai expliqué tout à l'heure, Mme la Présidente, on est inquiets pour
l'avenir des choses. On est inquiets, parce que, malheureusement, ce n'est pas
de bon augure. On a été surpris et, maintenant, maintenant, je pourrais dire,
là, conditionnés à s'attendre à tout le temps des mauvaises nouvelles à chaque
fois qu'on parle du budget avec le gouvernement de la CAQ.
On est passés de 3, à 4, à
11 milliards six semaines après, hein, on parle ici de mise à jour 2023,
novembre 2023 à janvier 2024, pour, par la suite, avoir la confirmation, au
budget, que c'était 11 et que, là, maintenant… Après des coupes de 4,5 et des
augmentations d'impôt… totalisant, donc, 4,5 milliards de dollars, on
se serait attendus à un chiffre de 6,5 milliards. Malheureusement, ce
n'est pas ça. Donc, c'est encore une mauvaise nouvelle, Mme la Présidente.
Alors, qu'est-ce que ça va être, rendu au mois de mars, la réalisation finale
du fameux budget record, déficit record historique de la CAQ? Est-ce qu'on va
être rendus à 15? Est-ce qu'on va être rendus à 20? On ne le sait pas, Mme la
Présidente, parce qu'il n'y a aucune transparence de la part du gouvernement.
Donc, c'est pour l'ensemble de ces raisons
qu'on considère que le gouvernement n'a pas fait des bons choix et pour
l'ensemble de ces raisons que nous allons voter contre le projet de loi
n° 80. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Mise aux voix du rapport
S'il n'y a pas d'autre intervention, le
rapport de la Commission des finances publiques portant sur le projet de loi
n° 80, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines
dispositions du discours sur le budget du 12 mars 2024 et modifiant
d'autres dispositions, est-il adopté?
Des voix : …
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Adopté sur division. M. le leader du gouvernement, s'il
vous plaît.
M. Caire : Oui, Mme la
Présidente. Pourriez-vous appeler l'article 7 du feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 32
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée et de l'amendement du ministre
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. À l'article 7 du feuilleton, l'Assemblée prend
en considération le rapport de la Commission des institutions sur le projet de
loi n° 32, Loi instaurant l'approche de sécurisation culturelle au sein du
réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que l'amendement transmis en
vertu de l'article 252 du règlement par M. le ministre responsable des
Relations avec les Premières Nations et les Inuit. Cet amendement est déclaré <recevable...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) :
...cet amendement est déclaré >recevable.
Est-ce qu'il y a des interventions sur ce rapport ainsi que sur cet amendement?
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Mes premières paroles vont être pour les membres
des Premières Nations et des Inuits qui nous écoutent. Bonjour, «hello», «kwe»,
«shé:kon», «wachiya», «ullaakkut».
Très heureux de vous retrouver, Mme la
Présidente, amis, collègues députés, équipe de mon cabinet, équipe du
Secrétariat aux relations avec les Premières Nations et les Inuit qui nous
écoutent aujourd'hui, plus spécifiquement aussi, dans les collègues, le
collègue de l'Acadie, la collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques et vous, Mme la
Présidente. Mais quel heureux hasard de vous retrouver comme présidente
aujourd'hui, vous qui avez initié, à l'époque, la réponse à la commission
Viens. Alors, pour moi, c'est un honneur et un plaisir de vous retrouver dans
vos nouvelles fonctions.
J'ai le goût de dire : On est
arrivés. J'ai plusieurs collègues qui ont été très patients, qui ont vu que ça
nous a pris plusieurs mois pour arriver à un résultat dans ce projet de loi là.
Et j'ai le goût, Mme la Présidente, de faire un peu de chronologie pour nous
rappeler d'où on arrive, parce qu'on innove aujourd'hui. Il faut regarder
l'histoire.
On se rappellera, Mme la Présidente, que,
le 30 septembre 2019, le juge Viens a déposé son rapport, et c'est un
rapport qui faisait état des relations entre les autochtones et certains
services publics pendant la période de 2001 à 2015. Alors, malgré ce rapport,
il n'y a pas eu d'action. Il y a trois appels à l'action qui sont... qui sont
vraiment importants de la part du juge Viens, l'appel à l'action 74, où on
demande de modifier la Loi sur les services de santé et les services sociaux,
l'appel 75, qui demande d'encourager les établissements du réseau de la
santé et des services sociaux à mettre sur pied des services et des programmes
répondant aux principes, et l'appel 106, qui demande la mise en œuvre le
plus rapidement possible du comité sur l'application du projet de loi n° 21. Et ça, Mme la Présidente, aujourd'hui, dans les
prochains jours, avec les travaux qu'on va terminer ensemble, on va répondre à
trois appels à l'action de la commission Viens qui sont extrêmement importants
pour les membres des Premières Nations.
Une fois que je vous dis ça, on fait quoi?
On commence par quoi? De quelle façon on agit? Vous savez, Mme la Présidente,
au Québec, avant 2019, on n'avait jamais légiféré en matière autochtone.
C'était du jamais-vu. Alors, ce n'étaient pas des petites recommandations.
C'était complexe. Il y a plusieurs étapes.
On se rappellera par la suite qu'en
septembre 2020 la tragédie de Joyce Echaquan a été un électrochoc pour le
Québec. En novembre suivant, 2020, avec mon collègue et ami ministre de la
Santé, on s'est déplacés à Joliette. On a fait plusieurs annonces et on a pris
un engagement, l'engagement solennel d'inclure la sécurisation culturelle dans
la Loi sur la santé et les services sociaux, et c'est ce qu'on s'apprête à
faire aujourd'hui, Mme la Présidente. C'est un engagement qui est important. Par
la suite, on a... Il y a un guide sur la sécurisation culturelle qui a été
corédigé. Alors, il y a plusieurs choses qui ont avancé.
On aurait pu, Mme la Présidente, se
retrouver devant vous au printemps 2022, mais ce n'était ce pas ce que les
membres des Premières Nations et des Inuits demandaient. Parce qu'au niveau
législatif c'était complexe. On aurait pu faire ce qu'on appelle, dans le
jargon… faire un petit papillon dans un autre projet de loi. Ce n'était pas la
volonté des Premières Nations et des Inuits. Alors, on l'a respectée. On a
respecté que ça nous demandait de reporter notre engagement. Mais on voulait
faire différemment, puis c'est ce qui est arrivé.
En juin 2022, l'APNQL a écrit une
lettre ouverte en disant que la CAQ avait pris cet engagement et qu'elle devait
respecter l'engagement. C'était le minimum à faire. Alors, avec l'équipe, on a
retroussé nos manches. On a travaillé fort pendant l'été. On a consulté
informellement plusieurs groupes. En février-mars 2023, consultations
formelles à ce moment-là, Mme la Présidente, 14 organisations autochtones
qui ont été consultées. Le 9 juin 2023, on a déposé une première fois
notre projet de loi. Du 12 au 13 septembre 2023, on a fait une commission
parlementaire.
• (11 h 30) •
Et là je veux remercier les groupes
autochtones qui ont participé, Mme la Présidente. On a reçu 21 mémoires et
lettres qui ont été déposés, 12 témoignages en commission. On a reçu aussi
une lettre ouverte de la part de l'APNQL, qui refusait de participer, et
malheureusement on a le Bureau du Principe de Joyce qui a quitté nos
consultations. Ça ne nous a pas empêchés de continuer.
En septembre de la même année, en 2023, on
a rencontré les ordres professionnels parce que, vous allez voir, Mme la
Présidente, dans le projet de loi n° 32, il y a une
partie qui touche les ordres professionnels. Alors, on a fait nos rencontres.
On a reçu, encore une fois, une lettre de l'APNQL. On leur a écrit en disant
qu'on voulait travailler avec l'APNQL et on voulait faire les choses
différemment. L'adoption de principe a été faite en juin 2023.
Et là les gens qui nous écoutent à la
maison vont dire : Bien, mon Dieu, M. le ministre nous sort un paquet de
dates. Ce que je veux vous dire, chers collègues, Mme la Présidente, c'est que
ça n'a pas été simple. C'est vrai que ça n'a pas été simple, parce qu'on
voulait faire différemment et on s'est rendu compte aussi que nos deux
systèmes, ce qui se passe ici de façon législative et les réalités des
Premières Nations, c'est deux réalités qui sont très distinctes. Ça nous a
demandé de travailler différemment. On l'a fait avec les oppositions. Je veux
les saluer et les remercier. Elles nous ont permis d'arriver <aujourd'hui
avec...
>
11 h 30 (version révisée)
<17903
M.
Lafrenière :
...ils nous ont permis d'arriver >aujourd'hui
avec un projet de loi qui nous permet d'avancer.
Vous savez, il n'y a pas d'exemple au
Canada, Mme la Présidente. Il n'y a pas d'autres juridictions qui ont fait ce
qu'on s'apprête à faire. Le seul comparable qu'on pouvait aller voir, c'est la
Nouvelle-Zélande, alors on innove. Et ce n'est pas une course contre la montre
en disant : On veut être les premiers. Vous savez, Mme la Présidente,
quand on agit en matière autochtone, il n'y a pas de but électoraliste dans
tout ça, on le fait parce qu'il faut le faire comme gouvernement responsable.
Et c'est ce qu'on s'apprête à faire, Mme
la Présidente. C'est un changement qui est majeur dans la vie des membres des Premières
Nations et des Inuit. On vient changer leur vie. De quelle façon? Toute la
partie sécurisation culturelle où on envoie un message très clair au réseau :
Voici comment on veut travailler. On envoie un message très clair aux membres
des Premières Nations et des Inuit : Vous devez recevoir des soins qui
devraient vous être dispensés. Alors c'est un message clair.
On vient soutenir aussi le réseau parce qu'il
y a de très belles choses qui se font. On entend souvent parler d'événements
horribles, tragiques qui se passent dans le réseau, et ça arrive, Mme la
Présidente, mais il y a tout l'autre côté où il y a de très belles initiatives.
Je pense à Joliette, à l'hôpital de Joliette, qui... oui, qui a vécu la
tragédie de Joyce Echaquan, mais qui a mis en place des initiatives qui ont été
saluées par la communauté, je pense à une pharmacie de La Tuque qui a décidé de
faire des piluliers en attikamek pour que les gens puissent comprendre ce qu'il
y avait dans leurs médicaments, et j'en aurais des pages et des pages à vous lire,
Mme la Présidente. Alors, des belles choses. Et on espère aussi qu'avec ce
message... parce que, oui, il y a le côté correctif où on dit : Les
établissements qui ne travailleront pas bien, il y aura correction, on veut
promouvoir ce qui se fait de bien parce que les gens du réseau font des belles
choses au quotidien, Mme la Présidente. Alors, pour nous, on devait le faire, c'est
clair.
Depuis le jour un de notre première
présentation du projet de loi, il y a eu 21 changements. Alors,
clairement, ce qu'on a pris, on l'a modifié, on l'a bonifié avec le travail des
oppositions, je l'ai déjà dit puis je ne m'en cache pas. On a réussi à le
faire. On va être les premiers au Canada à faire ce geste. Je demande aux
membres des Premières Nations et des Inuit d'embarquer, de rester à l'écoute.
Je ne peux pas leur demander de faire confiance au jour un, Mme la Présidente,
je le comprends. Et c'est pour ça que, dans tout notre projet de loi, on l'a
dit, il n'y a pas de mur-à-mur. On veut s'adapter, on veut s'adapter à chacune
des réalités. On ne veut pas imposer une seule vision, parce qu'il n'y a pas
une réalité autochtone au Québec, Mme la Présidente, il y en a plusieurs.
Alors, je vous dis, c'est un pas qui est
extrêmement important. Encore une fois, je salue, à l'époque, le travail qui
avait été fait pour répondre à la commission Viens. Puis aujourd'hui vous êtes
témoin de l'aboutissement, Mme la Présidente, alors c'est un heureux hasard, j'en
suis très heureux. Merci aux collègues qui ont siégé avec nous pendant cette
commission. Merci à notre président de commission, qui a été extrêmement
flexible, parce que, Mme la Présidente, on a tenté toutes sortes de choses
extrêmement différentes. On a pris des pauses pour aller parler à des groupes,
on a fait... On a tenté de faire différemment puis, aujourd'hui, on fait un pas
vers l'avant. Alors, merci beaucoup. Et nous avançons, Mme la Présidente. Je
vous remercie.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions? M. le leader du gouvernement.
M. Caire : Oui, Mme la
Présidente. De consentement avec les oppositions, je vous demanderais d'ajourner
les travaux sur le débat présent.
La Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté.
M. le leader du gouvernement, s'il vous plaît.
M. Caire : Oui. Mme la
Présidente, pourriez-vous appeler l'article 8 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet de loi n° 61
Prise en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée et des amendements transmis
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'article 8 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission des transports et de l'environnement sur le projet de loi n° 61,
Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines
dispositions relatives au transport collectif, ainsi que les amendements
transmis en vertu de la... de l'article 252 du règlement par M. le député
de Nelligan, M. le député de Taschereau, M. le député des Îles-de-la-Madeleine
et M. le député de Saint-Jérôme. Ces amendements sont déclarés recevables.
Cependant, l'amendement du député de Taschereau à l'article 1 du projet de
loi est identique, quant au fond, à l'un des amendements transmis par M. le
député de Nelligan. Afin d'en éviter la répétition, seul ce dernier fera l'objet
du débat.
Est-ce qu'il y a des interventions sur ce
rapport ainsi que sur ces amendements? Je reconnais maintenant la ministre.
Allez-y. La parole est à vous.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :Merci, Mme la Présidente. Bonjour, tout le monde. Rebonjour,
en fait. On s'est déjà vus à la période de questions tout à l'heure. Très
heureuse d'intervenir cet après-midi... ce matin, en fait, sur le projet de loi
n° 61, vous l'avez énoncé, son nom, Mme la Présidente, donc la Loi
édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions
relatives au transport collectif. Comme je le dis toujours à la prise en
considération, je ne m'éterniserai pas, parce qu'on va réintervenir
vraisemblablement lors de l'adoption finale, et là je prendrai un petit peu
plus de <temps...
Mme Guilbault :
...et modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif.
Comme je le dis toujours, à la prise en
considération, je ne m'éterniserai pas, parce qu'on va réintervenir,
vraisemblablement, lors de l'adoption finale, et là je prendrai un petit peu plus
de >temps. Mais je ne pouvais pas, Mme la Présidente, ne pas saisir
cette nouvelle occasion, aujourd'hui, de rappeler, de rappeler la vision, le
leadership et la volonté politique qui sont sous-jacents à ce projet de loi
n° 61 qu'on a déposé, que j'ai déposé le 9 mai dernier, qu'on a
étudié en commission pendant près de 84 heures et qui, aujourd'hui, arrive
à une étape presque ultime de son cheminement avec la prise en considération.
Parce que, Mme la Présidente, ça fait deux
ans, un peu plus de deux ans que je suis ministre des Transports, et, les
quelques fois que j'ai eu l'occasion de me lever à la période des questions et
aussi à travers plusieurs conversations, plusieurs rencontres, plusieurs
allocutions que j'ai faites dans des dîners-conférences, dans des chambres de
commerce, dans toutes sortes de tribunes, la question du transport collectif
revient très, très, très régulièrement. Je dirais même qu'elle est
omniprésente. Pourquoi est-elle omniprésente, entre autres ici, à l'Assemblée
nationale, Mme la Présidente? Parce que les trois partis d'opposition, le Parti
libéral, Québec solidaire et le Parti québécois, soulèvent cette question-là
régulièrement, je l'ai dit, entre autres à la période de questions.
Donc, c'est pour moi une grande fierté de
voir qu'au-delà des questions qui sont posées, des réponses qui sont données,
de tous les discours qui peuvent être tenus, très théoriques, de la part des
partis d'opposition, sur la question du transport collectif non seulement notre
gouvernement, la Coalition avenir Québec, et je l'ai à plusieurs reprises
démontré avec divers tableaux et diverses données, on est le gouvernement qui
aura investi le plus en transport collectif dans l'histoire du Québec, mais en
plus, en plus, on aura été le gouvernement qui, une fois pour toutes, aura
réglé cette lacune qu'on avait en termes de capacité de réalisation de projets
de transport collectif d'envergure au Québec.
Avec le projet de loi n° 61, on le
dit dans le titre, on crée Mobilité Infra Québec, donc une petite équipe
spécialisée avec une expertise de pointe en transport collectif, pour se
donner, une fois pour toutes au gouvernement du Québec, non pas à travers une
filiale de la Caisse de dépôt, non pas à travers des bureaux de projets
éparpillés un peu partout, mais centralisée au... — au bureau du
Québec! — au gouvernement du Québec une capacité de réalisation et de
livraison de projets de transport collectif d'envergure au Québec. C'est une
chose qui manquait. Tout le monde en était conscient, mais personne avant nous
ne l'a réglé, ce problème-là, Mme la Présidente.
Alors, la Coalition avenir Québec non
seulement investit plus que tous ceux avant elle en transport collectif, mais,
en plus, se donne des moyens concrets pour livrer des projets. Parce que, que
ce soit en mobilité, que ce soit en santé, que ce soit dans toutes nos
infrastructures, Mme la Présidente, notre volonté, nous, à la Coalition avenir
Québec, c'est de livrer des projets. C'est la raison pour laquelle, aussi,
quand j'ai déposé mon projet de loi n° 61, c'était simultanément au projet
de loi n° 62, que mon collègue responsable des Infrastructures a
déposé pour réformer nos modes contractuels, pour avoir des projets qu'on est
capables de livrer plus rapidement à des coûts moindres, parce qu'on les fait
en mode collaboratif. Donc, je n'entrerai pas trop dans le détail, parce que
c'était le propos de mon collègue, qui l'a déjà, d'ailleurs, fait adopter, ce
projet de loi là, il y a quelques semaines.
Mais tout ça pour dire, Mme la Présidente,
que, de la part d'un gouvernement qui est obsédé par la livraison des projets — en
tout cas, moi, personnellement, c'est ça, mon obsession — livrer des
projets de transport collectif, on le voit, là, on le voit qu'on se heurte
systématiquement à cet... cet enjeu-là de capacité de réalisation des projets.
Et donc, au-delà de toutes les... de tous les propos théoriques qui sont tenus
par les oppositions, qui dénoncent, comme ça, de semaine en semaine, qu'on ne
fait pas assez de transport collectif, qu'est-ce qu'on fait avec le transport
collectif, mais qui, paradoxalement, nous ont retenu en commission pendant près
de 84 heures sur un projet de loi, dont près de 25 heures sur un seul
article, Mme la Présidente, je me suis longtemps posé des questions sur leur volonté
réelle que chemine ce projet de loi et qu'il soit adopté avant Noël.
• (11 h 40) •
Mais, à ma grande surprise, la semaine...
en fait, cette semaine, on a adopté le projet de loi avant Noël. Alors, je suis
obligée de dire que je suis très heureuse de ça, Mme la Présidente. Je les
remercie d'avoir changé leur fusil d'épaule, d'avoir changé d'attitude et
d'avoir fait en sorte qu'on puisse avancer dans le projet de loi du jour au
lendemain. Ça a été très vite à partir du moment où les partis d'opposition ont
décidé qu'ils voulaient... qu'ils ne souhaitaient plus retarder l'adoption du
projet de loi. Donc, je les en remercie, Mme la Présidente, parce qu'en plus de
créer Mobilité Infra Québec et d'augmenter notre capacité à réaliser des
projets il y avait, dans ce projet de loi là, des choses très importantes.
D'une part, on fait une petite révolution,
et je mesure mon mot, une révolution pour nos sociétés de transport, pour les
actifs qu'on possède à travers nos sociétés de transport et, bien sûr, les actifs
à venir que seront les futurs projets de transport collectif structurant qui
seront réalisés par Mobilité Infra Québec. Tout le potentiel de retombées
financières dans le développement immobilier, qui est quelque chose qui n'était
pas exploité à ce jour ou qui n'était pas pleinement exploité à ce jour, <devrais-je
dire...
Mme Guilbault :
...jour ou qui n'était pas pleinement exploité à ce
jour, >devrais-je dire, parce qu'encore une fois aucun des gouvernements
qui nous ont précédés ont fait les changements qui étaient nécessaires pour
donner ces pouvoirs-là aux sociétés de transport et les donner, bien sûr, à Mobilité
Infra Québec, qui pourra en faire aussi... Alors, maintenant, on a corrigé ça
dans le projet de loi, Mme la Présidente. J'étais avec Exo la semaine dernière.
Ils sont enchantés à l'idée de pouvoir aller chercher des revenus. Parce que
qu'est-ce qu'on veut? Aller chercher plus de revenus. On le dit souvent, on a
besoin d'argent pour faire nos projets. L'argent est rare pour tout le monde.
Donc, faisons tout ce qu'on peut pour aller chercher des nouveaux revenus.
Et l'autre chose, les amendements pour le
tramway de Québec. Donc, c'est sûr que moi, je trouvais un peu paradoxal de
voir les partis d'opposition retarder le projet de loi, alors qu'ils veulent
que le tramway avance. Alors, je leur disais au micro et j'ai dit : Si
vous voulez que le tramway avance, j'ai besoin des amendements. Si vous voulez
qu'on fasse du développement immobilier, j'ai besoin qu'on adopte le projet de
loi. Alors, on s'est finalement... «on» étant les trois partis d'opposition, se
sont finalement ralliés à nous, Mme la Présidente. J'en suis fort heureuse. Je
les en remercie.
Et je vais conclure là-dessus parce que je
reviendrai plus en détail à l'adoption finale, mais, vraiment, c'est un grand
jour. C'est un grand jour pour le gouvernement du Québec, la nation du Québec,
de se doter de cette nouvelle capacité en 2024, de livrer des projets qui non
seulement vont être structurants d'un point de vue de mobilité mais, je l'ai
dit, vont être capables de générer des retombées financières qui vont être
salutaires pour tout le monde, notamment nos contribuables. Parce qu'on en
revient toujours à la même chose : la capacité de payer des Québécois,
faire ce qu'il faut pour nos contribuables québécois. Parce que qui paie pour
ces projets-là? C'est les taxes, les impôts du même monde, là. Que ce soit à
travers les taxes d'une ville, ou du gouvernement du Québec, ou du gouvernement
fédéral, c'est le même monde qui paie. Alors, il faut que les Québécois en
aient pour leur argent et qu'on soit capables de leur livrer les meilleurs
projets possibles au meilleur coût.
Donc, un grand merci aussi aux groupes qui
sont venus nous voir en consultations particulières. C'est toujours très
instructif. D'ailleurs, dans la série d'amendements qui ont été déposés,
plusieurs s'inspiraient de ce qui nous a été dit dans le cadre des
consultations particulières, amendements qui ont été déposés d'ailleurs par
l'ensemble des partis autour de la table, tant le gouvernement que les trois
partis d'opposition, un travail collégial qui a été fait. Merci à mes collègues
de la banquette gouvernementale, plusieurs qui sont venus avec moi en
commission pendant ces longues heures, je l'ai dit. Merci à nos équipes, merci
à mes équipes du ministère des Transports et de la Mobilité durable, à mon
sous-ministre aussi, qui m'accompagne à chaque fois en commission
parlementaire, à nos équipes du leader, nos équipes du whip, toutes ces
personnes, les équipes de l'Assemblée nationale, bien sûr, les secrétaires, le
secrétariat de la commission, toutes ces personnes qui nous ont permis d'en
arriver à cette prise en considération aujourd'hui, Mme la Présidente. Alors,
merci. Et merci à vous, bien sûr, de m'avoir écoutée pendant ces sept minutes.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je reconnais le député
de Nelligan pour son intervention.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi, premièrement, de corriger quelque chose, parce que,
tout à l'heure, Mme la ministre parlait de 84 heures. On dirait que, dans
ce Parlement, siéger est devenu un calcul de nombre d'heures. Mais, dans
84 heures qu'elle a mentionnées, elle a oublié de mentionner que c'est
21 heures, presque, de consultations avec les groupes. Donc, je tiens
juste à rappeler que les consultations sont obligatoires, Mme la ministre, dans
le cadre de nos travaux. Et il y avait au-delà de 13 heures de suspension.
Donc, au bout de la ligne, Mme la Présidente, nous avons fait notre travail.
Et, encore une fois, je ne voulais pas me
lever parce qu'il y avait... elle nous a prêté des intentions par rapport au
retard. Je respectais, Mme la Présidente. Vous le savez. J'ai même fait mention
au leader adjoint du gouvernement que je ne vais pas l'arrêter pendant son
discours, mais je pense que, rendu à l'étape de l'adoption, elle peut même
prendre le temps qu'elle a, parce qu'elle a 30 minutes... ou
une heure, 30 minutes, une heure aujourd'hui pour vanter le projet — Ah?
30 minutes, oui? — pour vanter le projet. Mais Mme la ministre a
choisi de parler des oppositions, elle a choisi de parler de nombre d'heures. Elle
a remercié tout le monde, ce qui est très bien, mais ça, c'est un choix qui lui
revient par rapport à ses discours.
Moi, je vais revenir sur les faits de ce
projet de loi. Et je suis content, Mme la Présidente, que j'ai en face de moi,
hein, j'ai en face de moi quelqu'un qui s'est levé à l'intérieur de cette Assemblée
il y a quelques années. Et je vais le citer parce que je l'aime, Mme la
Présidente, et je nomme : le ministre actuel de la Cybersécurité. Et je
veux vous rappeler qu'est-ce qu'il disait, le ministre de la Cybersécurité. Le
ministre de la Cybersécurité, à l'époque, il parlait, il parlait de l'agence.
Et je ne vais pas lui prêter des intentions, parce que je dois faire attention,
parce que, sinon, il va se lever, mais je vais vous dire qu'est-ce qu'il
déclarait il y a quelques années : «Créer une agence, c'est créer une
agence de favoritisme. Créer une agence, c'est créer une instance qu'on éloigne
du contrôle parlementaire.» J'ai le goût juste de vous applaudir, M. le leader
adjoint du gouvernement, parce que ça a été une très bonne citation et une citation
extrêmement juste.
Mais j'étais déçu, Mme la Présidente, et
vous allez comprendre pourquoi. Au moment où je voulais avoir cet échange avec
lui en commission <parlementaire...
M. Derraji :
...vous
allez comprendre pourquoi. Au moment où je voulais avoir cet échange avec lui
en commission >parlementaire, j'ai déposé une motion préliminaire. Je
voulais inviter en commission parlementaire l'actuel ministre de la
Cybersécurité pour venir s'expliquer en commission parlementaire pourquoi il
pensait que créer une agence, ça va créer une agence de favoritisme, mais
malheureusement sa collègue ministre du Transport a voté contre le fait
d'écouter son collègue. Il faut le faire!
De quoi a-t-elle peur? Pourquoi elle a
empêché les membres de la commission d'entendre l'éminent collègue qui savait
plus que n'importe qui dans cette Assemblée qu'il y a un lien causal entre
créer une agence et le favoritisme? Mais, vous savez, Mme la Présidente, il a
le droit de changer d'avis. À date, je ne l'ai pas vu prendre position
publiquement que ce qu'il disait il y a quelques années n'est plus vrai
présentement, mais, vous savez, il a le droit. Il a le droit de le dire.
Alors, Mme la Présidente, ça a été un
projet de loi où nous avons entendu beaucoup de groupes. Et moi, je vais
prendre le temps de remercier mes collègues qui m'ont accompagné, ma collègue
la députée de Saint-Laurent, mon collègue député de Taschereau, le député des
Îles-de-la-Madeleine, mon collègue député de Saint-Laurent, les équipes de
recherche qui nous ont beaucoup aidés dans ce projet de loi.
Vous savez, Mme la Présidente, Mme la
ministre a dit quelque chose. Elle a parlé de la théorie. Elle a parlé de
l'obsession de son gouvernement à livrer des projets. Mais malheureusement son
bilan, hein, son bilan, et là, j'en suis sûr et certain, pas mal de collègues
caquistes le voient, il est nul en matière de transport collectif. C'est ça, le
constat. Donc, pour les gens qui nous écoutent, pendant qu'on gèle l'embauche
partout dans la fonction publique, pendant qu'on envoie un message à Laval de
couper dans le recrutement du personnel de soins de santé, pendant qu'on coupe
sur la rive nord, pendant qu'on gèle l'embauche dans toute la fonction
publique, la ministre du Transport, elle qui, dans son bilan en matière de
transport… elle est nulle, c'est double zéro mais pas un, parle de l'obsession
de son gouvernement de livrer les projets et que les paroles des oppositions
sont hypothétiques ou… c'est ça, sont théoriques, désolé, sont théoriques.
Écoutez, Mme la Présidente, j'écoute mon
collègue député de Taschereau. Il a des bonnes questions, et je tiens à le
saluer. Il fait un bon travail. Je n'ai jamais vu mon collègue de Taschereau
poser des questions théoriques uniquement, la même chose avec mon collègue du
Parti québécois, en transport. Donc, moi, je pense que la ministre aujourd'hui,
pendant les sept minutes où elle avait le droit et l'opportunité de vanter ce
qu'elle est capable de faire et ce qu'elle faisait en matière de transport,
elle a plus… passé plus de temps à parler de consultations. Elle n'a pas... Et
là elle nous a insinué un certain blocage, etc., mais, Mme la Présidente, force
est de constater que son bilan, il est juste négatif, moi, je dirais nul, parce
que, si on veut faire aujourd'hui le bilan caquiste en matière de transport, il
n'y a aucun projet livré en six ans en matière de transport collectif.
Par contre, ce qu'on constate, c'est que
le gouvernement caquiste a perdu le contrôle en termes de ses liens avec
l'ensemble des sociétés de transport. Vous avez vu ce qui se passe au métro de
Montréal. Vous avez vu comment même le projet de l'électrification du transport
et les autobus électriques n'avance pas. Et c'est vrai qu'après six ans, et que
tu n'as rien fait, qu'est ce que tu cherches? Tu crées une nouvelle agence. Tu
nommes un «top gun». On voit maintenant ce qui se passe avec le ministre de la
Santé. Il veut se débarrasser… Ce n'est plus lui qui est responsable. On met ça
dans une agence, on recrute un P.D.G. ou une P.D.G., on recrute des
vice-présidents, et, vous savez quoi, gérez la santé.
• (11 h 50) •
Bien, c'est exactement ce que la ministre,
votre ministre du Transport, est en train de faire. Elle veut créer une agence
pendant qu'on gèle l'embauche un peu partout pour que cette agence puisse faire
ce qu'elle n'était même pas capable de faire pendant six ans. Et, vous savez,
c'est triste, parce qu'à chaque fois qu'elle se lève dans cette Assemblée, elle
parle du REM, le REM de l'Ouest-de-l'Île, mais elle oublie… le REM relie
l'aéroport, oublie… le REM relie la Rive-Sud, et, dans la Rive-Sud de Montréal,
il y a pas mal de députés caquistes aussi. Donc, déjà, une méconnaissance du
tracé du REM à Montréal, et que, je tiens à le rappeler encore une fois, Mme la
Présidente, nous étions capables de l'initier, mais aussi de le livrer.
Et je sais que ça fait mal, hein? Ça fait
mal, en tant que ministre du Transport, avoir un bilan pareil, un bilan nul, un
bilan où ça craque partout. Je tiens juste à rappeler que, même en matière de
routes... Je tiens juste à rappeler à <Mme la ministre…
M. Derraji :
...de...
de routes. Je tiens juste à rappeler à >Mme la ministre qu'elle prend le
temps de lire le rapport dévastateur de la VG de l'année dernière.
Alors, Mme la Présidente, je sais que je
n'ai pas beaucoup de temps, et, j'en suis sûr et certain, vous allez entendre
ma collègue la députée de Saint-Laurent qui a fait un travail exceptionnel. Et,
quand la ministre parle des oppositions, je me rappelle de ma collègue, qui a
demandé la suspension? Qui a demandé de prendre plus de temps pour réfléchir
aux amendements? C'est la ministre. Est-ce qu'elle a eu le courage de le dire,
de dire que, grâce à nos interventions… Elle a dit : Donnez-moi un peu de
temps parce que je n'ai pas pensé à ça. Et là je tiens à lui rappeler, il y a
beaucoup de présidents de commission, 13 heures de suspension, il y a des
collègues qui ont assisté avec nous, 13 heures de suspension. Et là, quand
je vois, sur la place publique, on dirait qu'on a fait quelque chose de pas
correct, on devrait s'excuser à Mme la ministre parce qu'on a siégé pendant
84 heures.
Alors, Mme la Présidente, malheureusement,
je tiens à le dire, ce gouvernement n'a aucune vision en matière de transport.
Nous avons essayé avec tous les moyens d'amender le projet de loi. Et je sais,
parce qu'elle a fait le calcul par rapport à l'article 4, oui, je vais vous
dire pourquoi l'article 4 est très important. Et je me rappelle du combat,
parce qu'on l'a mené ensemble, et moi, je suis fier de le mener avec mes deux
autres collègues des autres oppositions et ma collègue la députée de
Saint-Laurent, parce que c'est le coeur du projet de loi. S'il vous plaît,
comment vous pouvez aujourd'hui expliquer à la population québécoise que vous
voulez créer une agence de transport et que cette agence soit
unidirectionnelle? Ils ne peuvent pas être autonomes. Depuis quand on veut recruter
des experts et on doit leur dire quoi faire? Elle est où, l'autonomie?
Eh oui, Mme la Présidente, nous avons
essayé avec tous les moyens qu'on avait en tant qu'opposition d'amender son
projet de loi. Mais malheureusement elle n'a pas accepté nos amendements. Et
c'est là la différence de fond. Et c'est pour cela que son projet de loi
brouillon ne va pas changer quoi que ce soit en matière de transport parce
qu'il n'y a pas de vision en matière de transport collectif. Refus d'ajouter le
mot «collectif» dans le transport. Refus d'ajouter dans les projets complexes
ce qui touche le transport collectif. Refus de donner l'autonomie à ses
experts. Et après elle vient nous dire : Je dois recruter les meilleurs
experts parce que, depuis très longtemps au Québec, on n'était pas capable de
faire... de livrer des grands projets. Oui, elle a raison, le «on» inclut
uniquement la CAQ, parce qu'ils n'ont rien livré. La dernière bonne
réalisation, elle est libérale. Je leur lance un défi : Dites-moi
qu'est-ce que vous avez livré en matière de transport collectif. Rien. La
dernière réalisation, elle est libérale, c'est le REM de Montréal.
Alors, Mme la Présidente, malheureusement,
et je tiens à le dire, on va voter contre son projet de loi parce que, par
honnêteté, je ne peux pas aujourd'hui cautionner la création d'une agence qui
n'a pas de vision, que sa mission va toujours recevoir des ordres politiques.
D'ailleurs, c'est ce que décriait le leader adjoint du gouvernement. Le
député... le ministre de la Cybersécurité avait raison, avait raison de dire
qu'il faut faire attention par rapport aux commandes politiques, parce que ça
ouvre la porte au favoritisme, mais aussi que ça éloigne du contrôle
parlementaire. Donc, au niveau du contrôle parlementaire, je peux lui dire
qu'on peut contrôler l'action d'une agence, mais là où je suis d'accord avec
lui, c'est une agence de favoritisme. Parce que l'ingérence politique, elle est
là. Demain, la ministre peut décider quels projets elle veut confier à
l'agence, mais il n'y a pas d'autonomie. Là, on parle de recruter des gens
indépendants, des experts qui vont travailler avec un P.D.G., qui vont recevoir
les ordres. Et, s'il n'y a pas d'ordre, on doit attendre les ordres. Et, s'il
n'y a pas de projet, on doit attendre les projets. Voilà, Mme la Présidente,
pourquoi on va voter contre cette agence.
Et, à l'image de l'agence de santé, on
voit le désengagement gouvernemental en matière de livraison des services.
Regardez ce qui se passe avec la santé. Le projet de loi bâillonné l'année
dernière en lien avec l'agence de santé, ça fait presque une année maintenant,
avez-vous vu une amélioration? Avez-vous vu une baisse de liste d'attente en
chirurgie? Avez-vous vu... avez-vous vu une amélioration de la qualité de
l'expérience patient au niveau de nos hôpitaux? Non, Mme la Présidente.
Alors, aujourd'hui, je suis convaincu, je
suis convaincu que le fait de ne pas donner plus <d'autonomie...
M. Derraji :
...Mme
la Présidente. Alors, aujourd'hui, je suis convaincu, je suis convaincu que le
fait de ne pas donner plus >d'autonomie à l'agence ne va pas aider
l'agence à aller au-delà de ce qu'on souhaite tous en tant que population. On a
besoin d'une vision claire en matière de mobilité durable.
Je n'ai jamais entendu quelqu'un
contredire le fait que, si tu veux recruter les meilleurs, tu dois juste leur
dire quoi faire. Mme la Présidente, j'ai toujours été entouré par des gens
meilleurs que moi parce qu'ils me ramènent plus loin. Et, si on voulait avoir
une vision, on aurait dû penser, le gouvernement aurait dû penser à des gens
qui avaient cette possibilité de ramener l'agence plus loin et non pas être à
la merci des commandes politiques gouvernementales. Ils ne peuvent pas initier
des études. Ils ne peuvent pas initier la réflexion autour d'un projet. Il faut
toujours que ça soit la commande politique. Mais, si on voulait faire ça,
pourquoi créer une agence?
La ministre avait la possibilité de créer
une division à l'intérieur du ministère, il y a des employés au ministère, leur
donner cette pseudoautonomie et les orienter vers le transport collectif.
Pourquoi, expliquez-moi, et là je lance ça à tous ceux qui nous regardent,
pourquoi créer une agence qui va suivre uniquement les orientations du
gouvernement et les commandes politiques? Est-ce que vraiment, quand on va
recruter des experts, ils vont aimer travailler dans ce contexte?
Ce qu'on a proposé : créer une
division, à l'intérieur du ministère, spécialisée dans le transport collectif.
Les ingénieurs sont capables, à l'intérieur du ministère, de faire des choses
pareilles.
Mais malheureusement, Mme la Présidente,
je pense, je pense que, vu l'échec caquiste en matière de transport, vu que Mme
la ministre ne peut pas, aujourd'hui, dire sur toutes les tribunes : J'ai
lancé, j'ai inauguré, j'ai réussi... En fait, le mot «réussite» n'existe pas,
en matière de transport collectif, dans... au sein de ce gouvernement caquiste;
il ne peut pas le dire. Et je sais que ça fait mal quand ton bilan est négatif.
Je sais que ça fait mal quand tu n'as rien livré. Je sais que ça fait mal quand
tu as perdu le contrôle des finances publiques. Je sais que ça fait mal quand
tu as hérité d'un surplus budgétaire de 7 milliards et que, maintenant sur
toutes les tribunes, les gens disent : Le gouvernement a perdu les
7 milliards, mais il nous laisse 14 milliards de dettes. Ça fait mal.
Ça fait mal, Mme la Présidente, que, la veille, on parle du tramway, le
lendemain, il y a une conférence de presse sur le troisième lien, parce que, je
sais, tout cela joue dans la tête de la ministre.
Alors, Mme la Présidente, je vais
terminer. Je sais que, demain, on va parler de l'adoption, parce que je sais
que vous allez aimer l'intervention de ma collègue la députée de Saint-Laurent,
qui m'a accompagné dans ce projet de loi, et je la remercie. C'est que,
malheureusement, au nom de la responsabilité et au nom de la rigueur, on ne va
pas voter pour ce projet de loi, parce que nous sommes convaincus que le
gouvernement fait fausse route. Ce n'est pas une agence qu'on a besoin, on a
besoin d'un gouvernement qui ait une vision et que cette vision, on doit tout
faire pour la mettre en place, la rendre possible.
Mais le nerf de la guerre, Mme la
Présidente, il est le suivant. L'agence que le gouvernement s'apprête à lancer
a besoin d'argent pour fonctionner et elle a besoin d'argent et de financement
pour réaliser ses projets, alors qu'avec un déficit historique de
14 milliards je dis aux Québécois et aux Québécoises qui nous
suivent : Il ne faut pas avoir trop d'attentes, en matière de transport
collectif, avec les caquistes. Merci, Mme la Présidente.
• (12 heures) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au
député de Taschereau.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, j'aimerais remercier, moi aussi, les groupes, les
personnes, les experts qu'on a entendus pendant les audiences particulières du
projet de loi n° 61, qui vient édicter la Loi sur Mobilité Infra Québec et
modifier certaines dispositions relatives au transport collectif.
C'est drôle, d'ailleurs, comment le titre
est écrit, hein? Parce que, d'un côté, on parle de Mobilité Infra Québec et, de
l'autre, de modifier certaines dispositions relatives au transport collectif.
Ce n'est peut-être pas si innocent que ça de l'avoir écrit comme celui-là,
parce qu'effectivement, dans la mission même de Mobilité Infra Québec, on s'est
bien rendu compte que, malgré tout le <cadrage...
>
12 h (version révisée)
<19267
M.
Grandmont :
...même de
Mobilité
Infra Québec
, on s'est rendu compte que... malgré tout le >cadrage
qu'a voulu faire Mme la ministre des Transports et de la Mobilité durable, on
comprend très bien que Mobilité Infra Québec ne fera pas que du transport
collectif. La tournée média qu'elle a faite en mai dernier, suite au dépôt de
son projet de loi, dans laquelle elle disait qu'il fallait reprendre les
destinées du transport collectif au Québec, ça, là-dessus, on est d'accord, sur
le papier, là. Dans le projet de loi, ce n'est pas ça qui est dit, Mobilité
Infra Québec pourra faire autant des projets de transport collectif complexes
que des projets de transport routier complexes.
Je pense que c'est la première des raisons
qui fait en sorte qu'on ne pourra pas appuyer ce projet de loi là. Parce qu'on
a essayé de le faire changer. On a essayé de faire ajouter au fameux article 4,
où on a passé beaucoup d'heures, j'en conviens... Si on a passé beaucoup d'heures,
c'est parce que cet article-là était très important. Évidemment, c'est la
mission, c'est le cœur de Mobilité Infra Québec. C'est
ce qu'elle pourra faire dans l'avenir. On s'est bien rendu compte qu'à l'intérieur
de cet article-là on avait des dispositions qui permettra à Mobilité Infra
Québec, par exemple, de réaliser le projet de troisième lien à Québec. C'est
très, très, très évident, elle pourra faire les transports routiers. J'y
reviendrai tantôt.
D'abord pourquoi créer une agence? Je
pense que c'est la première question qu'il faut se poser. Qu'est-ce que le
ministère des Transports et de la Mobilité durable, dans les six dernières
années, n'aurait pas pu faire lui-même? Qu'est-ce que le ministère n'aurait pas
pu faire lui-même? Est-ce qu'on n'aurait pas pu créer une division de transport
collectif à laquelle on aurait pu donner les moyens importants de réaliser, à l'intérieur
de ce ministère-là, des projets de transport collectif? Parce que c'est vrai,
là, on est bien d'accord avec la ministre, là, il y a quelque chose de gênant
là-dedans, six ans au pouvoir, aucun projet de transport collectif livré par la
CAQ, projet qu'elle aurait initié elle-même. Six ans, là, on a le temps d'en
faire, des choses. Non, plutôt, on a ralenti certains projets qui étaient déjà
sur les rails. Notamment, le projet de tramway à Québec, on l'a beaucoup
ralenti avec les efforts qui ont été déployés par l'ancienne ministre
responsable de la Capitale-Nationale et actuelle ministre des Transports et de
la Mobilité durable.
Donc pourquoi faire une agence? Parce que
c'est vrai que ça pose la question. La première, première question que ça pose,
c'est effectivement... Des fois, c'est pour masquer le fait qu'on n'a pas fait
grand-chose depuis six ans. Si on ne livre pas, si on n'est pas capable d'organiser
un ministère soi-même parce que son leadership n'est pas assez grand, bien, on
va plutôt créer une nouvelle structure et pouvoir dire, au bilan d'un deuxième
mandat de gouvernement : On a fait quelque chose, on a créé une agence.
Ça, ça n'aide pas à des nouvelles personnes à utiliser le transport collectif,
ça n'améliore pas le déficit d'entretien qu'on a dans le métro, par exemple, ça
n'augmente pas l'offre de services sur le terrain, ça ne met pas plus de gens
devant des options de mobilité durable. Mais ça permet de dire : On a fait
quelque chose. Une agence, si ça sert à ça, ça ne sert pas à grand-chose.
Actuellement, on a un gouvernement, en
face, qui aime ça, créer des agences : Santé Québec, qui a été créée
récemment, qui va entrer en fonction, là, officiellement, va devenir le plus
grand employeur du Québec dans deux jours, Mobilité Infra Québec. Ça va être
quoi, la prochaine? Ça va être Québec Québec, l'agence qui va remplacer le
gouvernement lui-même, dans laquelle il n'y a plus aucun ministre qui va avoir
de l'imputabilité? Parce ce que c'est un peu ça, l'enjeu, hein? On l'a vu avec SAAQclic, le fameux programme dont on a entendu parler
il y a à peu près un an, l'imputabilité ministérielle, là, évaporée, évaporée.
Ce n'est pas le ministre responsable de la Cybersécurité et du Numérique ni la
ministre responsable des Transports et de la Mobilité durable qui en ont payé
le prix. C'est le directeur... le P.D.G... l'ancien P.D.G., dans le fond, de
SAAQclic... de la SAAQ qui a perdu son emploi. C'est ça, le système, le siège
éjectable. Il n'est plus de l'autre côté de la Chambre, il est dans un bureau d'un
siège social d'une agence, quelque part au Québec.
Moi aussi, j'aimerais rappeler les paroles
du ministre actuel de la Cybersécurité et du Numérique, qui disait, en 2013,
quand le Parti québécois voulait créer une agence du transport, il disait :
«Créer une agence, c'est créer une agence de favoritisme, créer une agence, c'est
créer une instance qu'on éloigne du contrôle parlementaire.» Je comprends que
la solidarité ministérielle lui demande d'approuver la création de l'actuelle
agence Mobilité Infra Québec, mais j'aurais quand même été très intéressé de l'entendre
lors des audiences, quand on l'a interpelé, quand on a demandé à ce qu'on
puisse l'entendre pour comprendre son raisonnement, à l'époque, puis sa vision
aujourd'hui de la création d'une nouvelle agence qui traiterait de transport. C'est
exactement le même sujet, là : en 2013, c'était une agence pour les
transports, aujourd'hui, c'est une agence pour les transports. Qu'est-ce qui
fait qu'hier le ministre était défavorable à cette création-là et aujourd'hui
il est favorable? J'aurais aimé comprendre le cheminement de sa pensée par
rapport à ça, parce que moi aussi, je me pose des <questions...
M. Grandmont :
...j'aurais
aimé comprendre le cheminement de sa pensée par rapport à ça parce que, moi
aussi, je me pose des >questions, aujourd'hui, sur la création d'une
agence comme celle-là, sur l'imputabilité, sur le favoritisme, sur le contrôle
parlementaire qu'on pourra y avoir. Parce que ce qui va se passer, Mme la
Présidente, quand on va poser des questions sur les projets qui ne se livrent pas
au Québec, on va nous répondre, de l'autre côté, là : Attendez le rapport
annuel, vous allez avoir les réponses à la fin, ou : Attendez les études
de crédits, vous allez pouvoir questionner le ou la P.D.G. de cette agence-là.
Aïe! Ça va faire des périodes de questions formidables, Mme la Présidente. On
va poser des questions tout à fait légitimes parce que les projets ne seront
pas livrés sur le terrain puis, de l'autre côté, on va nous dire :
Attendez les études de crédits, faites une demande d'accès à l'information.
Aucune imputabilité. Il y a quelque chose qui ne tient pas là-dedans, Mme la...
Présidente, pardon.
Et la création d'agences, là, on dirait
que c'est en train de devenir une tendance lourde dans ce gouvernement-là. Et
je pense que ça déresponsabilise les ministres qui sont en face de nous, ça
enlève du pouvoir de contrôle parlementaire sur ce qui se passe réellement,
alors que, les transports, il faut y investir du temps puis de l'argent. C'est
urgent, notamment en transport collectif.
Si on a passé autant de temps sur
l'article 4, je le disais tantôt, c'est qu'il est au cœur de la création
de ce projet de loi là. Mme la ministre ne peut pas... la ministre des
Transports ne peut pas critiquer le fait qu'on a passé beaucoup de temps à
essayer d'améliorer le projet de loi. Il y a plusieurs éléments là-dedans qui,
évidemment, allaient orienter le travail de cette agence-là pour les prochaines
années et pour les prochaines décennies. Donc, c'est normal qu'on y ait passé
autant de temps, Mme la Présidente. Puis effectivement ce n'est pas qu'on s'est
ralliés à elle par la suite, c'est que les autres articles n'avaient pas le
même poids, la même importance dans ce projet de loi là. L'article 4, qui
constituait la mission de Mobilité Infra Québec, on devait y passer du temps.
Puis c'est là qu'on envoyait la mission... on envoyait l'agence faire tel ou
tel projet ou ne pas faire tel ou tel projet. Il me semble que c'est assez
logique de comprendre l'importance que ça revêtait.
Donc, dans les éléments qu'on a abordés
là-dedans notamment : la possibilité de faire des transports collectifs
seulement ou de faire des transports routiers complexes également. La mission,
actuellement, comme je le disais tantôt, là, l'article 4, ça dit que Mobilité
Infra Québec pourra faire les deux, les transports routiers complexes, les
transports collectifs routiers complexes. Mme la ministre a dit, là, dans sa
tournée médiatique en mai dernier, qu'elle, elle voulait travailler sur le
transport collectif. Puis, tout à l'heure, là, il n'y a pas plus... il y a à
peu près une vingtaine de minutes, là, elle répétait exactement le même
cadrage : temps du transport collectif. On a dit : Bien, si c'est
l'intention de Mme la ministre, demandons à Mobilité Infra Québec de ne faire
que du transport collectif, si c'est l'intention. On a essayé à plusieurs
reprises. On a eu des longues discussions avec elle. Elle a refusé, prétextant
qu'on ne sait pas ce que d'autres ministres pourraient éventuellement faire
avec cette agence-là. Ça manque un petit peu de... Ça manque un peu de
cohérence, en fait.
Un projet de loi, c'est supposé refléter
des intentions. L'intention, c'est du transport collectif. Sur le concret, ce
que ça donne, là, c'est qu'elle peut faire les deux. Et moi, j'y vois vraiment
un très, très grand risque, notamment parce qu'actuellement, au Québec, on a un
problème, Mme la Présidente : le ministère des Transports et de la
Mobilité durable fait beaucoup plus de transport routier que de transport
collectif. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire de routier, là. Il faut en
faire, il faut l'entretenir, notamment. C'est un vieux... un vieux parc de... c'est
un vieux réseau routier qu'on a. Les plus importantes infrastructures routières
qu'on a construites au Québec puis la plus grande majorité de ces
infrastructures-là datent des années 60-70. Fin de vie utile. Il faut les
entretenir. C'est une question de sécurité. Je suis bien d'accord. Le problème,
c'est qu'on investit encore beaucoup aujourd'hui dans la bonification. On
ajoute des routes, on ajoute des autoroutes, on élargit des autoroutes, on
ajoute des sorties puis des entrées d'autoroute. Ce que ça crée, c'est des
milieux de vie dans lesquels les gens sont dépendants de leur automobile.
• (12 h 10) •
Aujourd'hui, là, en 2024, avec tout ce
qu'on sait sur les changements climatiques, là, on devrait investir massivement
dans le transport collectif. En Ontario, ils ont compris ça. Dans leur plan
québécois... dans leur plan, ce n'est pas leur plan québécois, leur plan
ontarien des infrastructures, je ne sais pas comment ils l'appellent là-bas,
mais, en infrastructures, ils investissent pour les 10 prochaines années.
Ils prévoient 70 % d'investissement dans le transport collectif puis
30 % dans le routier. Essentiellement, c'est ça.
Au Québec, c'est exactement le rapport
inverse. On investit, encore aujourd'hui, 70 % dans le routier puis
30 % dans le collectif. Il y a quelque chose qui ne <fonctionne...
M. Grandmont :
...quelque
chose qui ne >fonctionne pas là-dedans, Mme la Présidente, puis ce
n'est pas parce que... ce n'est pas comme si le gouvernement lui-même ne le
savait pas. Le Plan pour une économie verte, là, c'est un document important
d'orientations de ce gouvernement-là, dans lequel il dit : L'objectif à
atteindre, c'est 50 % dans le routier puis 50 % dans le collectif.
Alors, je ne sais pas qu'est-ce qui se passe au PQI, là, je ne sais pas ce que
le ministre des Finances n'a pas lu comme documentation, mais on n'est pas sur
le bon ratio, d'une part, mais, en plus, si je reviens à l'agence, c'est que,
si on a une agence qui peut faire à la fois du routier puis du collectif, là,
ça va être quoi, le ratio de projets qui vont être réalisés? Est-ce que ça va
être 70 % pour du routier puis 30 % pour du collectif? Il n'y a rien
qui nous donne la garantie qu'on va finalement faire plus de transport
collectif puis il n'y a rien qui nous garantit qu'on va faire, comme la
ministre l'appelait elle-même... reprendre le destin du développement du
transport collectif au Québec, il n'y a rien, il n'y a aucune garantie, aucune
garantie, Mme la Présidente. C'est un risque, c'est un risque très, très grand.
Puis je ne comprends pas qu'elle n'ait pas voulu fermer la porte puis faire
travailler son agence uniquement sur le transport collectif.
Un autre enjeu qu'on a, sur lequel on a
travaillé, c'est le risque de privatisation de nos services de transport
collectif au Québec. Dans les dernières heures d'étude du projet de loi
n° 61, j'ai proposé un amendement pour s'assurer qu'un projet construit
par Mobilité Infra Québec serait donné en priorité à une société de transport
déjà existante, pour l'opérer, que la gestion, là, soit donnée à une société de
transport existante. La ministre des Transports a refusé. C'est quand même
étonnant. En tout cas, c'est inquiétant. Ça veut dire que Mme la ministre
pourrait décider que Mobilité Infra Québec fait un projet de transport
collectif puis décide de passer par-dessus les sociétés de transport puis le
donner à un gestionnaire privé sur un territoire donné.
Moi, ça m'inquiète, parce que... Deux
choses. Je suis assez vieux pour avoir connu les transports collectifs avant
que ça soit municipalisé, au Québec. C'était le privé qui gérait ça puis
c'était n'importe quoi. Dans les années 90, on a créé, par exemple, à
Québec la Société de transport de la Communauté urbaine de Québec, la STCUQ. On
a créé ça en rachetant les opérateurs privés puis en créant... en
municipalisant les services de transport collectif pour leur opération. Le
déploiement des services, là, c'était municipal. Ce que ça a fait, là... Ce
n'est pas parfait, le transport collectif au Québec, Mme la Présidente, là, ce
n'est pas parfait. Je vois le collègue en face faire une face. Je dirais que ça
dépend beaucoup de sa collègue, aussi, si ça ne s'améliore pas. Mais tout ça
pour dire que ce n'est pas parfait, le transport collectif, actuellement, mais
c'est beaucoup mieux que c'était avant, quand c'était du privé qui l'opérait.
C'est ça, la réalité.
Puis j'ai deux bons exemples pour ça. Je
ne sais pas si mon collègue ministre de la Cybersécurité et du Numérique prend
souvent le transport collectif interurbain. Ça va mal. C'est quoi, le modèle?
C'est du privé. Depuis 1980, là, il y a sept fois moins de départs dans le
transport collectif interurbain, au Québec, que dans les années 80.
Pourquoi? Parce que ce n'est pas perçu comme un service public. Un autre
domaine où ça va très mal, puis je suis persuadé que mon collègue, encore une
fois, de la Cybersécurité et du Numérique sera d'accord avec moi :
transport scolaire. Est-ce que ça va bien dans le transport scolaire? Pas
vraiment non plus. Il y a une autre étude qui est sortie récemment là-dessus,
c'est vraiment la catastrophe, Mme la Présidente. Chaque jour, il y a
7 000 élèves qui n'ont pas accès à des services. Qui opère le service
de transport collectif scolaire au Québec? Dans la grande majorité des cas,
c'est du privé. Encore une fois, ça ne fonctionne pas.
Les services de transport, là, routier au
Québec, est-ce que ça fonctionne? Ça fonctionne toujours, ça marche. Pourquoi?
Parce que c'est un service public. Est-ce qu'on leur demande de générer des
profits, ces routes-là? Non, on ne demande pas aux routes de générer du profit.
Est-ce que le gouvernement aide le réseau routier, au Québec, à fonctionner?
Non, il ne l'aide pas, il le subventionne directement, parce que c'est un
service public. Ça permet le déplacement des personnes, ça permet le
déplacement des marchandises. Pourquoi le transport collectif, ça devrait être
différent? Ça sert à déplacer des gens, ça sert à sortir des gens de la
congestion, ça permet, s'il y a moins de congestion, d'avoir un déplacement
plus efficace et plus rapide des marchandises. Ça aide tout le monde. Pourquoi
il y a un deux poids, deux mesures sur le transport collectif versus le
transport routier? Je ne le sais pas.
En tout cas, moi, je lui... j'ai essayé,
j'ai déposé des amendements pour qu'on puisse s'assurer que le <transport...
M. Grandmont :
...en
tout cas, moi, je lui... J'ai essayé. J'ai déposé des amendements pour qu'on
puisse s'assurer que le >transport collectif ne puisse pas être
développé par Mobilité Infra Québec, puisse être donné à des opérateurs privés.
Ça a été refusé.
Autre chose sur laquelle on a beaucoup
passé de temps, mon collègue de Nelligan en a parlé tantôt, c'est l'autonomie,
le pouvoir d'initiative des gens, des «top guns» qu'on va recruter à Mobilité
Infra Québec. On va engager les meilleurs en leur promettant un milieu de vie,
un milieu de travail stimulant, avec des conditions salariales, des conditions
d'emploi exceptionnelles, parce qu'évidemment on n'aura pas à... on n'aura pas
un syndicat dans les pattes au début, là.
On engage, donc, des «top guns» pour
travailler sur cette... dans cette agence-là, puis, d'un autre côté, on s'est
dit... On s'est inspirés, nous, des agences un peu partout dans le monde,
TransLink à Vancouver, Metrolinx à Toronto, Trafikverket en Suède. Ça, je ne
sais pas si la ministre l'a visité, Trafikverket, lors de son voyage en Suède,
quand elle est allée là-bas. Vous le savez, quand il y avait eu le petit enjeu,
là, dont on a légèrement parlé, là, SAAQclic, elle avait fait une tournée en
France puis en Suède. Donc, Trafikverket est une agence aussi qui fait des
transports, qui construit des transports.
Donc, on s'est inspirés de ces agences-là,
mais pas sur l'autonomie qu'on donne à nos «top guns» qu'on va recruter puis
qui vont travailler chez Mobilité Infra Québec. Non, ce que ces gens-là, qui
sont... qui ont une grande, grande, grande... des grandes compétences, des
grandes connaissances, ce qu'on va leur demander de faire, c'est d'attendre que
des projets leur soient donnés par la ministre des Transports. Entre deux
projets, là, ils ne feront rien. Ils ne feront pas de prospective. Ils ne
parleront pas avec les municipalités. Ils n'essaieront pas de voir c'est quoi,
les prochaines opportunités, qu'est-ce qu'on pourrait développer. Non, ils ne
feront pas ça. Ils vont attendre qu'on leur donne des commandes politiques.
C'est quand même un peu étrange, parce que tu engages des gens, des «top guns»,
puis tu ne leur fais pas assez confiance pour qu'ils te suggèrent des choses,
pas qu'ils fassent des projets de leur propre initiative, là, juste suggérer au
ministre des projets qu'on pourrait faire.
Moi, je voyais quelque chose là-dedans,
là, une opportunité incroyable. En donnant de l'autonomie aux gens, là, à ces
«top guns» là, là, je voyais une opportunité, pour le Québec, exceptionnelle.
D'une part, ça permet de développer une vision à long terme sur le
développement des transports collectifs, et ça, c'est quelque chose qui fait
grandement défaut au Québec. Dans les dernières décennies, là, ça a été dur de
se projeter sur le développement des transports collectifs en continu au
Québec, vraiment difficile, alors que, partout ailleurs, là où ça va bien, on
planifie à chaque année une nouvelle station, une nouvelle ligne. On est
toujours en train de penser à la prochaine étape. Ça, c'est quelque chose qui
manque au Québec. Puis malheureusement Mobilité Infra Québec ne pourra pas
faire ça parce qu'on refuse de donner de l'autonomie à cette agence-là. Mais,
en plus, c'est qu'on gagnerait en efficacité. Mme la Présidente, quand on a un
changement de gouvernement, là, on a un ministre ou une ministre... un nouveau
ou une nouvelle ministre des Transports qui va arriver, qui va être nommée par
le ou la première ministre, puis il va repartir d'une page blanche en
disant : Bon, ça va être quoi, les premiers projets que je vais faire,
qu'est-ce que j'ai promis déjà dans ma campagne électorale?, plutôt que
d'arriver en poste puis d'avoir une agence qui dit : Voici ce que nous
avons pensé que vous pourriez mettre de l'avant, voici les projets qui nous
semblent mûrs à être construits. Ça veut dire qu'on arriverait à se sortir de
ces grandes périodes d'incertitude qui sont guidées par les cycles électoraux.
On serait gagnants au Québec d'avoir juste le pouvoir de recommandation au
ministre, encore une fois, hein, pas de la réalisation, juste de la
recommandation.
Et c'est drôle, parce que je reviens à mes
trois agences que j'ai nommées tantôt, TransLink à Vancouver, Metrolinx à
Toronto puis Trafikverket en Suède, ces trois agences-là ont un pouvoir
d'initiative, celui de suggérer des projets au ministre des Transports de
l'autorité locale. Donc, trois agences qui ont inspiré Mobilité Infra Québec,
mais pas au point de donner de l'autonomie à Mobilité Infra Québec. On vient de
passer à côté d'une maudite belle opportunité, Mme la Présidente. On vient de
passer à côté de quelque chose qui nous aurait permis d'avancer vitesse grand
V.
• (12 h 20) •
Je vais m'arrêter bientôt, Mme la
Présidente, mais vous comprenez qu'on va voter contre malgré des avancées,
petites avancées, qui ont été faites, parce que, je le rappelle, quand j'avais
fait mes interventions, ma première intervention et le vote sur le principe,
j'avais répliqué à Mme la ministre qui disait : Tout le monde est en
faveur de la création de Mobilité Infra Québec. C'est ce qu'elle disait. Moi,
je disais, puis je pense que ça reflétait quand même bien l'état d'esprit des
audiences particulières que nous avons eues, tout le <monde...
M. Grandmont :
...particulières
que nous avons eues, tout le >monde a dit : Oui, une agence, mais
conditionnelle à un paquet de changements dans le projet de loi. Beaucoup de
changements, beaucoup de conditions qui étaient demandées pour être capable de
dire oui à une agence qui s'occuperait du développement de transport collectif.
Il y a des choses là-dedans qu'on n'a pas
réussi à changer, je les ai nommées tout à l'heure, qui vont m'inciter à voter
contre. Il y en a, quand même, je veux le souligner, qui, grâce au travail de
ma formation politique puis des oppositions, ont permis de faire certaines
avancées. Notamment, on a augmenté le nombre de personnes qui vont siéger sur
le conseil d'administration de Mobilité Infra Québec. On a ajouté des
compétences recherchées aussi pour ces personnes-là qui vont siéger sur ce
conseil d'administration là, notamment la notion de compétence en aménagement
du territoire, notion de compétence aussi en accessibilité universelle. On a
modifié la mission aussi de Mobilité Infra Québec, l'article 4, notamment
en ajoutant les projets de qualité, notamment aussi la notion d'accessibilité
universelle. On a, puis heureusement que ça a été fait, on a réussi, puis les
groupes aussi ont réussi à convaincre la ministre qu'il fallait clarifier la
notion de projet complexe. Il y avait un trou immense dans le projet de loi.
Mobilité Infra Québec était à même de réaliser des projets de transport
collectif complexes puis des projets de transport routier complexes, puis la
notion de projet complexe n'était pas définie, Mme la Présidente. C'est quand
même un oubli majeur. Mais là la notion de projet complexe a été définie, puis
on a pu même bonifier cette définition-là.
Puis autre point majeur, un irritant qui
était majeur pour les municipalités, c'était le fait que Mobilité Infra Québec
et/ou la ministre des Transports pouvait imposer une contribution financière
aux municipalités. Ça, ça avait été dénoncé par tout le monde. Dans aucun cas,
on ne pouvait avoir une négociation saine entre Mobilité Infra Québec, et la
ministre, et les municipalités sur la participation financière des
municipalités à la construction d'un projet, avec toujours cette épée de
Damoclès au-dessus, qui disait : Si on ne s'entend pas, là, on va vous
l'imposer, la contribution financière. On a réussi à faire enlever ça.
Heureusement, la ministre a entendu raison là-dessus, mais c'est grâce au
travail des oppositions et des groupes qu'on a entendus.
Donc, ce sont quand même des gains
importants, mais je vous rappellerai quand même que, sur le fond,
fondamentalement, là, on n'a rien changé sur l'intrusion du privé dans le
transport collectif, alors que ça ne fonctionne pas, on a plein d'exemples qui
montrent que ça ne marche pas. Ça peut juste permettre de réduire l'efficacité
puis l'offre de services au Québec en transport collectif, la notion, notamment
aussi, là, du fait qu'on va faire des transports routiers complexes, de même
que des projets de transport collectif complexes. Je pense vraiment qu'on
risque de simplement reproduire ce qu'on fait actuellement dans le ministère des
Transports et de la Mobilité durable, c'est-à-dire beaucoup plus de routier que
de collectif, alors que ça devrait être l'inverse. Toute de la notion
d'autonomie aussi donnée aux gens qu'on va embaucher chez Mobilité Infra Québec,
c'est quand même un point majeur aussi. Donc, voilà, je m'arrête là-dessus, Mme
la Présidente, on va voter contre, on se revoit demain. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, à mon tour de revenir sur l'étude du projet de loi n° 61, qui s'est déroulée pendant tout l'automne, et je
pense qu'à plusieurs reprises on a entendu la ministre se plaindre du fait
qu'on passait beaucoup de temps sur son projet de loi. Moi, je pense qu'au
contraire il était important de passer tout le temps nécessaire pour essayer de
le bonifier, pour essayer de l'améliorer, pour faire en sorte que le cadre dans
lequel on voudra réaliser des projets complexes de mobilité, de mobilité
durable, bien, qu'il soit le plus performant, le plus optimal possible.
Et ça, là, on parle de sommes d'argent
extrêmement importantes pour le contribuable, donc il fallait faire les choses
correctement. D'autant plus que nous avons tenu des consultations particulières
qui ont été extrêmement éclairantes sur les failles du projet de loi qui ont
été constatées par un peu tout le monde, même si la ministre s'employait à nous
dire que le projet de loi, l'idée d'une... de mettre en place une agence
faisait essentiellement l'unanimité à son point de vue. En fait, ce que nous
disaient la plupart des intervenants en consultations particulières, et je
profite de l'occasion pour les saluer, que ce soient les gens des différentes
villes qui nous ont donné leur point de vue sur le projet de loi, que ce soient
les fédérations ou les unions municipales, que ce soient les intervenants, les
chercheurs aussi, et l'ensemble, essentiellement, des propos consistait à
dire : Bien, si on peut trouver un moyen de débloquer un certain nombre de
<projets...
M. Arseneau :
...propos
consistait à dire : Bien, si on peut trouver un moyen de débloquer un
certain nombre de >projets face à l'immobilisme de ce gouvernement en
matière de mobilité durable et de transport collectif, bien, allons-y, mais
voici ce que l'on propose pour s'assurer que ça fonctionne, qu'on puisse enfin
aller de l'avant.
Et donc le projet de loi, s'il n'en tient
qu'à la formation d'une agence, soit, mais encore faut-il qu'elle puisse être
opérationnelle, et être efficace, et avoir une autonomie, et avoir une vision,
j'y reviendrai tout à l'heure, pour s'assurer que l'on puisse véritablement
miser sur cette nouvelle structure. C'est une structure, quand même,
supplémentaire, là. C'est une structure additionnelle à la machine
administrative que l'on a déjà au Québec.
Donc, il faut pouvoir justifier dans le
menu détail pourquoi c'est important de le faire, alors qu'on constate
évidemment qu'on est dans une situation déficitaire historique,
11 milliards de dollars, probablement davantage si on inclut le
déficit qui a été autorisé aux CISSS et aux CIUSSS, donc, au réseau de la
santé, de 1,5 milliard de dollars. Il y a d'autres montants, là,
qu'on a voulu rattraper lors de la dernière mise à jour économique. Donc, c'est
absolument essentiel de démontrer hors de tout doute que cet investissement-là
qu'on va faire dans une nouvelle agence, bien, qu'il puisse donner des
résultats probants.
Donc, les gens qui ont été consultés nous
ont dit : Il y a une multitude de propositions qu'on a à vous faire. Et je
pense que celle qui a été mentionnée par mes collègues tout à l'heure, à savoir
définir de quoi on parle quand on parle de projet complexe, bien, c'était
essentiel, et, ça, heureusement, on a quand même cheminé là-dessus. On a pu
préciser un tant soit peu de quoi on parlait. Alors, c'était l'essentiel.
Là où on a malheureusement failli à la
tâche devant l'obstination de la ministre, c'est à améliorer la mission de
l'organisme, la mission de la société d'État qu'on s'apprête à créer, et ce qui
rend l'ensemble de l'exercice, à mon point de vue, caduc ou, du moins,
hasardeux, voire dangereux, parce que, là, je veux vous ramener au fait que,
Mme la Présidente, ce n'est pas la première fois qu'on parle d'une agence, et
une agence, en tant que tel, il n'y a rien de négatif là-dedans. Il en existe
déjà, des sociétés d'État. Et il y a un certain nombre de conditions à remplir
pour que cette agence-là, ou une agence, ou une société d'État puisse livrer
des résultats et que ce soit positif pour les finances publiques, évidemment
pour la charge fiscale des contribuables et pour les usagers ou pour ceux qui
sont bénéficiaires des services que doit livrer l'agence en question ou la
société d'État.
D'ailleurs, en transport, une première
proposition avait été faite par mon collègue le député de Jonquière de
l'époque, qui était aussi ministre des Affaires municipales et ministre des
Transports, en 2013, en déposant un projet de loi pour créer une agence, une
agence de transport qui n'a, Mme la Présidente, aucun lien avec l'agence de
transport qu'on s'apprête à créer dans le cadre du projet de loi n° 61,
contrairement à ce que la ministre a tenté de nous laisser entendre à plusieurs
reprises depuis des mois. Le principal intéressé a d'ailleurs mentionné que,
s'il était favorable à la création d'une agence, ce type d'agence qui se
retrouve dans le projet de loi, eh bien, ce n'est pas ça qu'il défendait comme
projet, tout comme ce n'est pas le projet que je défendais lorsque j'ai
moi-même déposé un projet de loi en 2021 pour la création d'une agence de
transport, le projet de loi n° 796.
• (12 h 30) •
Et, dans les deux cas, que ce soit dans le
cas de mon collègue député de Jonquière ou dans le cas du projet de loi que
j'ai déposé en 2021, la réaction de la Coalition avenir Québec était
essentiellement la même : Ça ne nous intéresse pas, nous allons superposer
une structure supplémentaire à ce qui existe déjà et, au pire, nous allons
créer une agence qui a été qualifiée d'agence de favoritisme par le député de
La Peltrie à l'époque, critique en matière de transport, alors que l'objectif,
c'était tout le contraire. L'objectif de la création d'une agence de transport
qui aurait les responsabilités à la fois de la mise en place de grands projets
en matière de transport collectif et des projets en matière de transport routier,
c'était pour avoir une vision d'ensemble de la mobilité dans une perspective de
mobilité durable pour l'ensemble du territoire québécois et, évidemment, pour
tous les usagers des différents modes de <transport...
>
12 h 30 (version révisée)
<
M. Arseneau :
...du
territoire québécois et, évidemment, pour tous les usagers des différents modes
de >transport, dans une perspective d'améliorer notre bilan carbone,
notre bilan énergétique, améliorer la fluidité, réduire la congestion sur les
routes et favoriser le transport ou le transfert modal vers des systèmes de
transport collectif qui soient plus efficaces, plus performants et qui soient
mieux intégrés également au schéma d'aménagement du territoire ou aux règles d'urbanisme.
En fait, c'est le développement d'une vision d'ensemble qu'on souhaitait à
travers une agence. Mais des conditions sont à remplir pour arriver à un
objectif comme celui-là, les conditions sont les suivantes, c'est rassembler
une expertise qui va pouvoir déployer, justement, à la hauteur de toutes nos
ambitions une vision et une façon d'intervenir, une façon de faire qui soit
exemplaire, qui soit inspirée de ce qui se fait de mieux à travers la planète,
et ça, c'est un travail de tous les instants.
On peut recruter une équipe d'experts,
mais il faut leur donner la chance de voler de leurs propres ailes, de pouvoir
définir un plan de travail, de pouvoir être dans un processus d'amélioration
continue pour pouvoir justement adapter des solutions, des concepts, des façons
de faire, des modes de transport au contexte particulier du Québec, avec une
connaissance fine de ce qu'il y a de mieux en matière de technologie, en
matière d'approche, d'interconnexion, mais également en pleine connaissance de
cause lorsqu'il est question de respecter, par exemple, les règles d'urbanisme
des différentes villes, des agglomérations urbaines, là où on veut installer ou
mettre en place des nouveaux réseaux. Donc, avoir aussi cette espèce de respect
des instances existantes, mais l'esprit de collaboration, parce qu'évidemment
ça ne se fait pas en vase clos, ça doit se faire de façon intégrée. Et ça, ça
prend une équipe qui non seulement a une approche d'ouverture et de
collaboration et une expertise, mais qui déploie ces ressources-là dans un mode
actif et résolument concentré sur les résultats, livrer des résultats.
Alors, ça, cette expertise-là, une fois qu'elle
est mobilisée, elle doit être aussi apte à faire preuve d'initiative. Et donc
on a parlé à plusieurs reprises de cette capacité d'initiative qui est
essentielle, mais qu'on n'a pas voulu inclure dans le projet de loi n° 61,
dans sa mission ou dans les objectifs à atteindre nulle part dans le projet de
loi. En fait, c'est tout à fait le contraire. Ne voit-on autre chose qu'une
espèce de mégabureau de projet — c'est d'ailleurs les mots que j'emprunte
à la ministre là-dessus — pour pouvoir mettre en œuvre et réaliser
des projets qui auront été choisis par le gouvernement, par l'exécutif, et qui
seront confiés à l'agence Mobilité Infra Québec par décret? Ça, on a essayé de
savoir comment ça pouvait se réaliser, avec quel genre d'équipe. Parce que, si
la mission de l'organisme, si la mission de Mobilité Infra Québec ne dépend que
des mandats qui lui sont confiés, mais, à ce moment-là, on peut se poser la
question à savoir si on est capable véritablement de développer une expertise
en continu si on y va projet par projet, si on a des équipes de projets dans
certaines... certaines agglomérations. Est-ce que ces gens-là vont pouvoir
véritablement avoir la capacité de renouveler constamment leur expertise et d'avoir
une vision globale si on ne leur donne pas ce mandat-là? Et force est de
constater que les réponses ne sont pas concluantes.
Ce qu'on voudra, essentiellement, à
travers ce projet de loi là, c'est se donner un mécanisme pour réaliser des
projets qui seront décidés sur la base de quoi? On ne le sait trop. Mais on
peut deviner que ces choix-là seront faits sur la base des intérêts politiques
d'un <gouvernement...
M. Arseneau :
...d'un
>gouvernement quel qu'il soit, de l'Exécutif, et malheureusement c'est
exactement l'inverse qu'on aurait dû faire. C'est exactement l'inverse de ce
qui était proposé lors du dépôt d'un projet de loi, en 2013, par le Parti
québécois et à nouveau en 2021. C'était de créer une distance, un bras de
distance entre les décisions politiques et les instances responsables du
développement de la vision, de la planification, de la conception et de la
réalisation des grands ouvrages, des grands travaux nécessaires pour
l'amélioration de la mobilité durable au Québec, et de pouvoir aussi s'inscrire
dans la dynamique d'atteinte des cibles fixées par la politique de
développement durable au Québec. Et c'est ce qu'on voit malheureusement depuis
le début du mandat de la Coalition avenir Québec, c'est cette propension à
politiser les dossiers d'infrastructures en matière de transport qui,
essentiellement, a consisté à mettre du sable dans l'engrenage des grands
travaux, de sorte qu'absolument rien n'a été réalisé au cours des six dernières
années.
On pourrait parler des projets de REM de
l'Est ou de la Rive-Sud de Montréal ou encore, évidemment, du projet de tramway
à Québec où, à chaque étape, on a senti que l'Exécutif, le gouvernement
souhaitaient intervenir, alors que cette intervention-là s'est avérée, dans
tous les cas, un obstacle à la progression des travaux. Et là ce qu'on dit avec
cette agence-là, c'est qu'on va pouvoir continuer de le faire, mais le faire au
premier niveau, c'est-à-dire que rien ne se fera en matière de développement de
projets complexes de transport en transport collectif sans que le gouvernement
n'ait d'abord décrété que ça se fera et sur quelle base fera-t-il ses choix.
Bien, l'agence, actuellement, selon le texte qu'on a devant nous, ne pourra pas
l'alimenter avec des données objectives, avec une évaluation indépendante et
autonome de la situation, et ça, c'est hautement dommageable et c'est
certainement regrettable et contre-productif. Et cette absence d'autonomie là,
c'est à la base, je dirais, du caractère absolument contre-productif du projet
de loi et pour... et la raison pour laquelle nous ne pourrons pas appuyer cette
initiative-là.
L'autre... Un autre élément qui est
hautement problématique, c'est le fait qu'on crée cette agence-là sans savoir
exactement dans quoi on s'embarque. On a tenté d'obtenir des informations sur
les coûts qui allaient être générés par la mise en place d'une telle structure.
On nous a donné des chiffres qui sont très, très sommaires, sur une espèce de
transition de mise en place d'une structure comme celle-là sur un à trois ans,
et, à sa face même, cet... ce tableau-là de chiffres qui nous a été donné n'est
pas réaliste. Il n'est pas réaliste tout simplement parce que c'est sans
compter le fait qu'on va devoir constituer une équipe. Et là on a tenté de
savoir, bien, quelle était l'envergure de l'équipe, dans quels locaux ils
allaient s'installer et combien on comptait recruter de personnes, et ça, c'est
le flou le plus absolu.
• (12 h 40) •
On imagine qu'on va créer, au Québec, une
espèce de bureau de projet qui va pouvoir chapeauter une multitude de projets
en parallèle, et ça semblait être une idée extraordinairement novatrice dans la
conception que se fait la ministre, mais les effectifs dont on va avoir besoin,
bien, si on calcule, l'espace qui a déjà été identifié pour installer l'agence
ne permettrait l'embauche que de quelques dizaines de personnes, alors qu'on
sait très bien qu'un bureau de projet, que ce soit dans la région de Gatineau
ou que ce soit dans la région de Québec pour le projet de tramway, ça compte
plusieurs centaines de personnes. Et, ça, on se dit : Mais comment est-ce
qu'on va justement pouvoir connaître et quand est-ce qu'on va pouvoir connaître
l'ampleur de l'investissement <gouvernemental...
M. Arseneau :
...justement
pouvoir connaître et quand est-ce qu'on va pouvoir connaître l'ampleur de
l'investissement >gouvernemental dans ses ressources humaines, dans
cette expertise-là.
Évidemment, on sait qu'il y aura un C.A.,
on sait qu'il y aura un P.D.G., une P.D.G. et des hauts gestionnaires, mais on
va devoir aussi aller chercher une expertise qui existe déjà. À plusieurs
reprises dans les débats, on a dit : Cet exercice... cette expertise-là,
on ne l'a pas au Québec. En fait, on ne l'a pas au Québec, on ne l'a peut-être
pas au gouvernement du Québec, au ministère des Transports, quoiqu'il y a des
gens qui sont de très haute qualité et des gens dont la compétence n'est pas à
remettre en question, mais on les a fait travailler, au cours des dernières
années, voire des dernières décennies, essentiellement sur des projets
d'infrastructures routières, mais les compétences, elles sont... elles sont là.
Elles sont là en partie au ministère. On aurait pu, encore une fois, élargir le
bassin de cette expertise-là, on a décidé... au sein du ministère, on a décidé
de le faire dans une structure à part.
Et là où moi, j'ai un problème, ce n'est
pas tellement qu'on crée une agence, c'est qu'on crée une agence qui risque de
dédoubler la mission du ministère des Transports et de la Mobilité durable et
de créer une espèce de chevauchement, et ça, ça peut être hautement
contre-productif, parce qu'on... Il faut, je l'ai mentionné tout à l'heure, développer
une vision d'ensemble et une vision indépendante et avoir une capacité
d'initiative de la part d'une agence ou d'un ministère. Là, on crée deux
entités, l'une qui est complètement dépendante des décisions gouvernementales à
l'Exécutif et l'autre qui est un ministère et à qui on dit : Bien, les responsabilités
qui sont dévolues à l'agence pour l'instant ne sont pas celles qu'on te
reconnaît, mais ça pourrait venir, ça pourrait évoluer de cette façon-là.
On comprend que l'ouverture qui a été
créée en ne voulant pas préciser que l'agence était strictement dédiée au
transport collectif, bien, ça ouvre la porte à ce que l'on gruge tranquillement
au cours des années les responsabilités qui sont actuellement remplies par les
fonctionnaires du ministère des Transports et de la Mobilité durable, et ça, je
ne vois pas comment on peut justifier qu'on ait deux instances qui, ultimement,
pourraient être vouées à faire la même chose, et ça, ça m'apparaît être un
dédoublement, une confusion, une source aussi de dépenses et de gaspillage de
fonds publics qui est inquiétante, franchement, et je pense que ce n'est pas la
façon d'agir.
D'ailleurs, sur la question des agences
aussi, moi, je pense qu'il fallait faire un choix, et c'est comme si on n'avait
pas voulu faire de choix, c'est-à-dire faire un choix entre une agence qui soit
indépendante et qui puisse véritablement prendre la responsabilité du
développement d'une vision, d'une approche, d'un partenariat avec les parties
prenantes à travers le Québec, de la planification, de la conception, de la
réalisation des projets. C'était une option qui était à la portée du
gouvernement et qui, à mon point de vue, se défendait très bien, mais il
fallait, pour cela, faire un changement de cap majeur, c'est-à-dire qu'il
fallait inclure les ressources qui sont présentement à l'emploi du ministère
des Transports et de la Mobilité durable. On n'a pas voulu aller jusque-là. On
n'a pas voulu faire cette transition-là. Bien, maintenant, on va être pris avec
une structure à deux têtes, une espèce d'hydre dont on ne sait pas trop, trop,
là, quels seront les rôles, parce qu'ils se veulent évolutifs, des uns et des
autres.
Et ma plus grande crainte soit qu'on
ajoute un intervenant à la multiplicité des intervenants qui sont déjà parties
prenantes aux dossiers complexes de transport ou de mobilité à travers le
Québec, et qui donne malheureusement les résultats qu'on voit depuis nombre
d'années, c'est que ces projets-là sont d'une complexité importante, mais
également les responsabilités des uns et des autres sont assumées parfois de
façon litigieuse, voire contradictoire et opposée, de telle sorte qu'on
n'arrive pas à livrer des projets ambitieux dont on a <absolument...
M. Arseneau :
...des
projets ambitieux dont on a >absolument besoin. Parce qu'on est dans un
cycle aussi qui est le plus souvent lié à des cycles électoraux ou à des cycles
économiques qui sont beaucoup plus courts que ce que demanderait l'élaboration
de projets d'envergure pour le bien commun et avec une vision, justement,
résolument axée sur la livraison de résultats.
Les collègues ont parlé de la façon de
fonctionner dans les provinces voisines, des juridictions comme l'Ontario et la
Colombie-Britannique, on pourrait s'inspirer également des modèles qui
fonctionnent aussi en Europe, en Scandinavie, sans mentionner évidemment les
pays asiatiques, qui ont développé cette capacité-là, de livrer des projets
dans des temps records et avec une efficacité exceptionnelle.
Et nous... moi, j'ai l'impression que,
pour masquer un bilan qui est malheureusement nul, bien, on se dise : Au
moins, on aura adopté un projet de loi, on aura créé une structure, on aura mis
en place quelque chose de nouveau qui nous permettra de vendre aux citoyens
cette idée-là que les choses pourraient s'améliorer grâce à un mécanisme, à une
nouvelle structure, à une agence qui n'aura pas livré les résultats et qui
n'aura même pas la capacité de le faire sans avoir des mandats qui lui soient
confiés par le gouvernement, par l'Exécutif. Alors, ça, pour moi, c'est
extrêmement décevant, je vous dirais, parce qu'on ne voit pas la lumière au
bout du tunnel avec une agence comme celle-là.
Puis je ne ferai même pas la comparaison,
même si c'est tentant, avec l'agence Santé Québec, où, depuis plus d'un an
maintenant on fait miroiter que les soins de santé vont tellement s'améliorer
avec la création de Santé Québec. Et lorsqu'on voit, deux jours avant la mise
en place, l'entrée en fonction de l'agence, le premier mandat qui lui est
confié, c'est celui d'aller chercher plus de 1 milliard de dollars,
1,5 milliard de dollars dans le réseau de la santé, évidemment, aux dépens
des usagers du système... et donc c'est tentant de dire que les mêmes genres de
structures vont donner les mêmes résultats.
Mais on donnera la chance au coureur dans
ce cas-là. Le gouvernement ira de l'avant avec l'adoption de sa loi, la mise en
place de cette structure-là, et on découvrira quels seront les mandats qui
seront donnés, on découvrira les coûts que devront assumer les contribuables
face à cette nouvelle structure là. Mais on découvrira surtout quelle sera la
vision du gouvernement en matière de développement des projets complexes et
quelle sera la vision du gouvernement en matière de rétablissement d'un
équilibre qui est actuellement rompu entre le développement des projets de
transport collectif, de véritable mobilité durable, et les investissements qui
demeurent extrêmement importants en matière d'infrastructure routière et qui
contribuent à perpétuer cette culture de l'auto solo, et avec des impacts sur
la congestion routière, sur la fluidité des transports, et les impacts
délétères, évidemment, là, sur nos objectifs en matière de réduction de la
production de gaz à effet de serre, et d'amélioration, essentiellement, de la
situation ici, au Québec, et du bien-être des gens, et de la santé des gens,
mais également du bien-être de la planète.
• (12 h 50) •
Nous avons longuement débattu de la
mission et on a également discuté, dans les mesures... les dispositions modificatives
qui sont incluses à la loi, de la poursuite du projet de réalisation d'un
tramway à Québec. Et je voudrais prendre les dernières secondes de mon
intervention pour mentionner qu'on aurait voulu et on a tout tenté pour
modifier la mission de l'agence, avec une fermeture totale de la part de la
partie gouvernementale. Mais, sur la portion des dispositions modificatives,
nous avons déposé un projet d'amendement et nous souhaitons qu'il soit
considéré par nos collègues des différents partis parce qu'il y a là pour nous
un problème, encore une fois, qui relève de la même pratique du gouvernement de
vouloir s'ingérer <politiquement...
M. Arseneau :
...un
projet d'amendement, et nous souhaitons qu'il soit considéré par nos collègues
des différents partis parce qu'il y a là, pour nous, un problème, encore une
fois, qui relève de la même pratique du gouvernement de vouloir s'ingérer >politiquement
dans la définition des projets et dans la réalisation de projets qui soient le
plus à même de répondre aux objectifs que l'on s'est fixés en amont.
Et, pour ce qui est du réseau de transport
structurant de Québec, on a décidé d'amender la loi qui avait été adoptée, de
mémoire, en 2019 pour habiliter la ville de Québec à réaliser son réseau de
tramway. On a introduit un article, l'article 8.1, pour amender la Loi
concernant le Réseau structurant de transport en commun de la Ville de Québec.
En biffant l'idée qu'on doive lui permettre de réaliser son projet de tramway,
on a ajouté le fait que ce serait fait avec CDPQ Infra, ce qui, évidemment, est
positif, parce qu'on veut que ça avance avec CDPQ Infra, mais on a remplacé la
mention du tramway par une définition du parcours que devra emprunter le
tramway en précisant qu'il s'agit d'un tramway entre le secteur Legendre, le
secteur Charlesbourg, en passant par les pôles Sainte-Foy, Université Laval,
colline parlementaire et Saint-Roch, incluant une antenne vers le secteur
d'Estimauville, et d'un service rapide par autobus ou minibus.
C'est, à mon humble point de vue, du
jamais-vu. Qu'un projet de loi habilitant une ville et une corporation à aller
de l'avant avec un projet aille si loin dans la définition du projet et du
parcours nous semble contre-productif. Mais on y voit une tentative, encore une
fois, pour le gouvernement de s'ingérer dans la définition plus pointue du
parcours en excluant la possibilité que ce parcours-là, il soit plus optimal,
plus à même de répondre aux besoins des usagers et des citoyens. En d'autres
mots, on reprend une partie de la recommandation du rapport de CDPQ Infra, qui
parle du tramway dans son architecture de base, si on veut, avec une antenne
dans Charlesbourg, on dit que la phase II, on pourrait l'inclure
potentiellement, donc, jusqu'à d'Estimauville, mais on fait complètement
abstraction de la phase III qui, rappelons-le, doit constituer en la
réalisation d'un lien sous-fluvial vers Lévis. Alors, évidemment, si on adopte
cette modification-là, on vient contraindre le projet aux phases I et II
et s'empêcher de réaliser, dans les années qui viendront, la phase III. Et
c'est la raison pour laquelle, Mme la Présidente, nous avons déposé ce projet
d'amendement lors de la prise en considération.
Je vous remercie.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député. Je reconnais maintenant la députée de
Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : ...promis. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, le projet de loi, que j'ai eu le bonheur de
siéger avec mon collègue le député de Nelligan, qui est le porte-parole en
matière de transport, je dois vous avouer que j'ai été quand même surprise
parce que le gouvernement a quand même dit que l'agenda législatif allait être
très occupé et qu'on devait prioriser. Or, j'aurais aimé, plutôt, qu'on siège
sur un autre projet de loi. Parce qu'on attendait celui du ministre des
Services sociaux pour encadrer les lieux de consommation de drogue supervisés
aux abords des écoles et des garderies, mais il a dit qu'il avait manqué de
temps pour rédiger un tel projet de loi et que ça ira au printemps prochain.
Or, nous, ma collègue la députée de
D'Arcy-McGee ainsi et moi-même, on l'a interpellé en octobre 2023 sur cet
enjeu. À l'époque, il nous avait rabrouées en disant qu'il fallait apprendre à
tout le monde à vivre ensemble puis que, hein... et que les enfants, bien, ce
n'est pas grave, là, ils auront une formation à savoir comment gérer des
seringues, hein? Donc, le Parti québécois avait déposé une motion en juin 2024.
Malheureusement, j'étais absente parce que je donnais naissance deux jours plus
tard, mais j'avais donné mon appui à cette motion, puis le gouvernement,
finalement, avait décidé de voter contre la motion qui demandait la chose
suivante : qu'il y ait une zone tampon entre les écoles et les abords...
les écoles, les garderies et les centres <d'injection...
Mme Rizqy :
...entre
les écoles et les abords... les écoles, les garderies et les centres >d'injection
supervisée. Puis finalement, dernièrement, j'entendais le ministre des Services
sociaux dire : Bien, on a manqué de temps. Donc, un an plus tard, on a
manqué de temps, mais je siège sur un projet de loi que le leader adjoint du
gouvernement... non... oui, leader adjoint du gouvernement, entre autres
choses, bien, le ministre de la Cybersécurité lui-même n'en voulait pas, de ce
projet de loi. Lui, il disait : Créer une agence, c'est créer une agence
de favoritisme, créer une agence, c'est créer une instance qu'on éloigne du
contrôle parlementaire. Je vais peut-être même me pincer moi-même, parce que je
le cite et je suis d'accord avec lui.
Je ne comprends pas qu'on siège sur ce
dossier-là, sur cet enjeu-là, alors que, j'ai beau à me promener un peu partout
au Québec, il n'y a personne qui m'a interpelée pour dire : Aïe!
Savez-vous qu'est-ce qui nous manque au Québec? Une agence pour gérer le
transport.
Puis j'étais encore plus surprise, parce
que la ministre du Transport, elle a dit que les fonctionnaires qui
travaillaient au ministère des Transports, bien, n'avaient pas cette
compétence-là de gestion. Or, ce sont les mêmes qui iront travailler à la
nouvelle agence. Moi, je pense qu'ils sont compétents, mais je pense aussi que
le député de La Peltrie, qui était à l'époque le porte-parole, de 2012 à
2014, en matière de transports, là-dessus, il a raison, il faut lui donner,
quand même.
Mais par la suite j'ai posé la question
suivante, puis je n'ai toujours pas eu ma réponse : Ça va coûter combien?
Parce que ce beau monde là, il va falloir les payer. Puis là on a appris que,
des fois, le passé est garant de l'avenir, bien, avec l'agence Santé, Mme la
Présidente, bien, finalement, là, c'est des gros salaires. Donc, quand le
premier ministre disait : On va créer des jobs payantes, bien, il ne
parlait pas du... de la classe moyenne, là, il parlait de ceux qu'il allait
lui-même nommer dans des agences à des gros salaires, là, on parle du 600000 $, on parle des
autos de fonction.
Mais, quand j'arrive dans ce projet de loi
sur Mobilité Infra Québec, on n'a même pas le début du commencement de savoir
combien l'enveloppe budgétaire sera au final. C'est un petit peu préoccupant.
On ne sait pas combien qu'il y aura réellement d'employés. Ça va commencer, on
nous a dit, modestement. Imaginez, une équipe, une petite équipe, là, modeste
pour gérer des gros projets complexes, ça ne fait aucun sens.
Alors là, on va avoir la ministre, le
ministère du Transport et l'agence. Donc, je suis déjà capable d'anticiper les
prochaines périodes de questions. Imaginez : Ah non! Écoutez, M. le député
de Nelligan, cette réponse-là, on va attendre le rapport de l'agence qui
devrait d'abord être reçu par le ministère du Transport puis, par la suite,
avalisé par la ministre, on vous revient dans quelques mois.
Donc, l'imputabilité, là, avec ce projet
de loi, va complètement être évacuée. C'est ça qui va arriver. Parce qu'on le
voit déjà avec la santé. Qu'est-ce qu'on entend à chaque période de questions,
maintenant, de mon collègue le député de Pontiac? Le ministre de la Santé se
lève : Écoutez, ça s'en vient, ça s'en vient, l'agence vient d'être créée,
attendez, attendez. Bien, savez-vous qu'est-ce... qui attend, Mme la
Présidente? Bien, cette semaine à Québec, il y a deux personnes qui ont attendu
20 heures une ambulance.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée...
Une voix : …
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : …non, l'heure est arrivée pour vous demander si vous avez
terminé votre intervention ou si vous voulez revenir cet après-midi.
Une voix : …
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. Compte tenu de l'heure et conformément à l'ordre
spécial, les travaux sont suspendus jusqu'à 14 heures. Merci, tout le
monde.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h 30 (version révisée)
(Reprise à 14 h 01
)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, merci. Bon après-midi, collègues. Donc, je vous invite à prendre
place. Nous allons poursuivre nos travaux.
Alors, nous étions à l'article 8. L'Assemblée
poursuit le débat sur la prise en considération du rapport de la Commission des
transports et de l'environnement sur le projet de loi n° 61, Loi édictant
la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives
au transport collectif, ainsi que sur les amendements transmis en vertu de l'article 252
du règlement par M. le député de Nelligan, M. le député des Îles-de-la-Madeleine
et M. le député de Saint-Jérôme. Y a-t-il des interventions?
Puisqu'il n'y a pas d'intervention, j'ai
été informé qu'il y aurait consentement pour mettre aux voix un à un les
amendements proposés par M. le député de Nelligan, M. le député des Îles-de-la-Madeleine
et M. le député de <Saint-Jérôme...
>
14 h (version révisée)
<17909
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
...et M. le député de >Saint-Jérôme
et en faire la lecture. Consentement? Consentement.
Mise aux voix des amendements du député de Nelligan
Je mets d'abord aux voix les amendements
proposés par M. le député de Nelligan.
Je mets aux voix l'amendement modifiant l'article 1
du projet de loi et qui se lit comme suit :
L'article 4, tel qu'amendé, introduit
par l'article 1 du projet de loi est modifié par l'ajout, dans le premier
alinéa, après les mots «la réalisation de projets complexes de transport», du
mot «collectif».
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Je mets aux voix l'amendement modifiant l'article 1 du projet de loi
et qui se lit comme suit :
L'article 4, tel qu'amendé, introduit
par l'article 1 du projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin du
premier alinéa, de la phrase suivante : «Mobilité Infra Québec peut, de sa
propre initiative, étudier, analyser et proposer un projet complexe de transport
au gouvernement.»
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Rejeté. L'amendement est donc rejeté. Je mets aux voix l'amendement
modifiant l'article 1 du projet de loi et qui se lit comme suit :
L'article 4, tel qu'amendé, introduit
par l'article 1 du projet de loi est modifié par la suppression, dans le
premier alinéa, des mots «lorsque le gouvernement lui en confie la
responsabilité,».
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
C'est rejeté.
Mise aux voix de l'amendement du député des
Îles-de-la-Madeleine
Je mets maintenant aux voix l'amendement
proposé par M. le député des Îles-de-la-Madeleine modifiant l'article 8.1
du projet de loi, qui se lit comme suit :
Modifier le premier alinéa de l'article 1
de la Loi concernant le Réseau structurant de transport en commun, modifié par
l'article 8.1 du projet de loi, en remplaçant les mots «, soit la
réalisation d'un projet de tramway entre le secteur Le Gendre et le secteur
Charlesbourg, en passant [par] les pôles Sainte-Foy, Université Laval, colline Parlementaire
et Saint-Roch, incluant une antenne vers le secteur D'Estimauville, et d'un
service rapide par autobus ou minibus.» par les mots «et du Plan CITÉ (Circuit
intégré de transport express).».
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Rejeté.
Mise aux voix de l'amendement du député de
Saint-Jérôme
Je mets maintenant aux voix l'amendement
proposé par M. le député de Saint-Jérôme introduisant l'article 26.1 et
qui se lit comme suit :
Au chapitre III, Dispositions finales,
insérer, après l'article 26 du projet de loi, le suivant :
«26.1. La Loi sur Mobilité Infra Québec,
ainsi que les autres modifications apportées par la présente loi concernant la
gouvernance des projets de transport et les pouvoirs dévolus à Mobilité Infra
Québec, au ministère des Transports et de la Mobilité durable ou à toute autre
entité publique feront obligatoirement l'objet d'une évaluation, cinq ans après
leur entrée en vigueur, par le ministre responsable.
«Cette évaluation devra comprendre une
analyse d'impact réglementaire tenant compte des données observables par l'industrie.
L'évaluation devra être présentée à la commission parlementaire correspondante
de l'Assemblée nationale qui se prononcera alors sur le maintien, la
modification ou la suppression de cette nouvelle organisation et des pouvoirs
dévolus. L'évaluation devra de plus être rendue publique au moment de son dépôt
en commission parlementaire.»
Cet amendement est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Rejeté.
(Interruption)
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
C'est Siri qui me joue des tours.
Mise aux voix du rapport
Le rapport de la Commission des transports
et de l'environnement portant sur le projet de loi n° 61, Loi édictant la
Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif, est-il adopté?
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : M. le Président,
pourriez-vous appeler de nouveau l'article 7 du feuilleton, s'il vous
plaît?
Projet de loi n° 32
Reprise du débat sur la prise en considération du
rapport de la commission qui en a fait l'étude détaillée et de l'amendement du
ministre
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
À l'article 7 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus
tôt aujourd'hui sur la prise en considération du rapport de la Commission des
institutions sur le projet de loi n° 32, Loi instaurant l'approche de
sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux,
ainsi que sur l'amendement transmis en vertu de l'article 252 du règlement
par M. le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les
Inuit. Est-ce qu'il y a des <interventions...
Le Vice-Président (M.
Benjamin) :
...est-ce qu'il y a des >interventions? Je
reconnais M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M.
Morin : Alors, bon après-midi. Bonjour, M. le Président. C'est
important pour moi de prendre la parole à l'étape de la prise en considération
du rapport de la commission du projet de loi n° 32, Loi instaurant
l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des
services sociaux.
Alors, M. le Président, c'est un projet de
loi, je vous dirais, et j'en parlais en commission, qui a eu un long, un long
cheminement, en fait, plus d'un an, plus d'un an pour qu'on en arrive
aujourd'hui à la prise en considération. Et je vous dirais que c'est un projet
de loi qui a vécu des rebondissements, qui a soulevé de bons débats, de
l'émotion, parce que, si, aujourd'hui, on parle, on réfère à une loi qui traite
de la sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé, et qui touche
particulièrement, et qui vise à, justement, sécuriser les Premières Nations,
c'est parce que, M. le Président, on se souviendra du décès tragique de Mme Joyce
Echaquan. On ne peut pas parler de ce projet de loi sans rappeler cette
tragédie. Et, vous vous souviendrez, Mme Echaquan est décédée tragiquement
au Centre hospitalier régional de Lanaudière le 28 septembre 2020. La
coroner, Mme Kamel, à la fin octobre... en octobre 2021, remettait son
rapport, soulignant, entre autres, sur les causes et circonstances de son
décès... a conclu à un décès accidentel, mais auquel le racisme et les préjugés
ont contribué.
Et, en réponse, le Conseil de la nation
atikamekw a élaboré le Principe de Joyce et a soumis un mémoire portant sur
celui-ci au gouvernement du Québec le 16 novembre 2020, M. le Président.
Le Principe de Joyce, et le Bureau du Principe de Joyce, qui travaille,
justement, à la sécurisation culturelle dans les établissements de santé,
rappelle et veut que soit garanti à tous les autochtones un droit d'accès
équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé
ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique,
mentale, émotionnelle et spirituelle pour les membres des Premières Nations.
Il est important de rappeler qu'il faut
appuyer, à mon avis, le Principe de Joyce, je vous le soumets, parce que c'est
véhiculer un message positif pour l'adoption et pour la façon dont les Premières
Nations sont reçues dans les centres hospitaliers, et c'est aussi travailler à
mettre fin au racisme systémique dans notre société. Et je prends la peine de
le souligner, M. le Président, parce que, quand on était en commission
parlementaire, quand on a entendu des groupes, le Bureau du Principe de Joyce
est venu, et c'est ce qu'il demandait au gouvernement. Il n'y a pas eu
d'écoute. Alors, ils ont fermé leurs cartables et ils sont partis, ils ont
quitté la commission.
Et le projet de loi a cheminé et a
continué, et, quand on est arrivés à l'étude, à l'analyse article par article,
on a voulu travailler différemment, et donc travailler avec le gouvernement
mais aussi avec les Premières Nations. Et on a tenu des rencontres, dans un
cadre beaucoup plus informel, pour essayer de faire avancer ce projet de loi, y
apporter des modifications qui vont faire en sorte que, bien sûr, les Premières
Nations vont s'y reconnaître. Quand on parle, M. le Président, de sécurisation
culturelle, c'est pour les Premières Nations, par les Premières Nations, pour
les Premières Nations. C'est eux qui vivent cette situation-là,
malheureusement, dans nos services et dans nos centres de santé.
• (14 h 10) •
Donc, vous comprendrez que, tout au long
du processus, comme porte-parole de l'opposition officielle pour les relations
avec les Premières Nations et les Inuits, j'ai donc déposé plusieurs, plusieurs
amendements, 14 amendements et sous-amendements pour faire en sorte que les
paramètres, l'essence du Principe de Joyce soient reconnus et qu'ils puissent
être inclus dans ce projet de loi. Malheureusement, malheureusement, le
gouvernement n'en a pas retenu. Et, vous savez, moi, je m'étais... j'avais dit,
même écrit, en septembre 2023, que, pour que ce projet-là ait un sens, bien, il
fallait d'abord <reconnaître...
M. Morin :
...j'avais
dit et même écrit en septembre 2023, que... pour que ce projet-là ait un
sens, bien, il fallait d'abord >reconnaître qu'il y a du racisme ou de
la discrimination systémique au sein de certains établissements. Et donc j'ai
fait un plaidoyer pour ça à plusieurs étapes, à plusieurs reprises. Ça n'a pas
été entendu par le gouvernement.
Permettez-moi, M. le Président, de dire,
et je pense que c'est important de le souligner, quand on parle de discrimination
systémique, ce n'est pas moi qui l'invente, le rapport de la commission Viens
en fait état, quand on parle de racisme systémique, il y a d'autres rapports de
commission d'enquête qui en parlent également, on ne vise pas une personne en
particulier. On ne dit pas : A, B, C, monsieur, madame, vous êtes des
racistes. Ce n'est pas ça qu'on dit. Ce n'est pas ça que ça veut dire. Ce que
ça veut dire, c'est que, dans certaines institutions, dans certains milieux, il
peut y avoir des pratiques, souvent, qui sont conscientes, des fois,
inconscientes, mais qui vont faire en sorte qu'une personne va être traitée
différemment à cause de sa race, de son état ou encore parce qu'elle est
membres des Premières Nations. C'est ça que ça veut dire. Puis c'est à ça qu'il
faut s'attaquer, donc, et c'est ça qu'il faut modifier. Donc, ça m'apparaissait
être un élément… un élément hyper, hyperimportant. Et j'ai, donc, fait état au
ministre, je lui ai fait des propositions pour qu'il tienne compte de cette...
de cette réalité-là.
Vous savez, M. le Président, quand on a...
on a travaillé… Et ce n'est pas moi qui le dis, je m'appuyais, entre autres,
sur le rapport de la Commission de la santé et des services sociaux des
Premières Nations du Québec et du Labrador, qui soulignait : «Les
Premières Nations au cœur du processus…» C'est tout à fait en lien avec ce que
je vous disais tout à l'heure. Si on parle de sécurisation culturelle, c'est
pour les Premières Nations. Et on ajoute : «…pour une véritable approche
de sécurisation culturelle et de respect des droits fondamentaux.» Et ce qu'on
nous dit dans ce rapport, ce qu'on veut, et je cite la page 9 du
document : Une réalité... «La discrimination et le racisme
systémique : une réalité à prendre en compte pour améliorer l'état de la
situation…»
Quand on veut régler un problème, M. le
Président, il faut d'abord être capables de l'identifier, puis après, bien, on
pose les bons gestes pour l'enrayer. Et ce qu'on demandait, c'est que l'Assemblée
nationale et le gouvernement du Québec reconnaissent le racisme systémique.
C'est plus qu'une question de principe, c'est un point d'ancrage pour être
capables de traiter véritablement de la sécurisation culturelle. Le Collège des
médecins faisait le même constat, et le rapport final de la commission Viens ne
parle pas de racisme systémique mais parle de «discrimination systémique vécue
par les peuples autochtones au regard des services publics». Et donc ça
m'apparaissait essentiel, mais je dois vous dire qu'à chaque fois que j'ai
parlé de ça, de ces concepts, c'est une fin de non-recevoir de la part du
gouvernement.
C'était important pour moi de continuer,
n'est-ce pas, à débattre de cette question, alors j'ai proposé une voie de
passage au gouvernement en lui disant : Écoutez, si le mot «systémique» ou
«racisme systémique» ne fonctionne pas, puis c'est une fin de recevoir,
pourquoi, dans le projet de loi, on ne pourrait pas, à ce moment-là, parler de
discrimination propre aux Premières Nations ou envers les peuples autochtones,
ce qui ferait en sorte qu'au moins il y aurait une reconnaissance de l'enjeu?
On peut le préciser davantage, restreindre le débat. De toute façon, on parle
ici des Premières Nations. Alors, c'était une main que je tendais au gouvernement
pour que ce soit inscrit dans le projet de loi, et, malheureusement, cet
appel-là, cette main tendue n'a pas été... n'a pas été acceptée.
On a eu de longues discussions sur le
projet de loi. Le ministre nous a écoutés. Il est retourné consulter ses
collègues. Il nous est revenu avec des amendements. Et je commence avec ça,
parce que, dans ce projet de loi là, il y a un préambule. Donc, ça nous donne
une idée de l'importance que le gouvernement accorde au projet de loi, j'en
conviens, mais ce n'est pas inséré directement dans le projet de loi. C'est un
préambule. Sauf qu'on nous est revenus en nous disant et en ajoutant certains
éléments, entre <autres...
M. Morin :
...entre >autres,
un considérant qui se lit comme suit : «Considérant que la Commission
royale sur les peuples autochtones, la Commission de vérité et de
réconciliation du Canada, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles
autochtones disparues et assassinées et la Commission d'enquête sur les
relations entre les Autochtones et certains services publics — ça,
c'est le nom au complet de la commission Viens, à laquelle je faisais référence
tout à l'heure — ont reconnu le racisme et la discrimination vécus
par les membres des Premières Nations et les Inuit dans la société;».
Et, comme je disais à M. le ministre, ce
n'est pas mauvais, mais ce n'est pas suffisant. Au fond, au fond, vous ne
reconnaissez rien. Vous constatez un fait. Parce qu'effectivement, quand vous
allez lire les documents, les rapports de ces commissions, bien oui,
effectivement, ils ont parlé ou bien de racisme systémique ou de discrimination
systémique, je viens de faire référence au rapport final de la commission
Viens, et c'est écrit, mais il n'y a aucun engagement. Ça ne reconnaît rien.
Alors, c'est comme si moi, je dis : Considérant que, cet après-midi, je
suis à l'Assemblée nationale, au salon rouge, et que vous, M. le Président,
vous êtes assis sur le trône... Bien oui, c'est un fait, tout le monde voit ça.
Il n'y a pas d'engagement. Et ça, je dois vous avouer, M. le Président, que,
pour moi, sincèrement, c'est une déception. Pendant toute l'étude, l'analyse,
j'ai été en contact avec plusieurs membres des Premières Nations, plusieurs
groupes pour faire avancer, et le gouvernement nous est revenu avec ça.
Il y a un considérant, il est vrai, et je
le souligne :
«Considérant l'importance de cette
approche pour les membres des Premières Nations et les Inuit, laquelle a
notamment été mise de l'avant parmi les revendications du Principe de Joyce;».
Donc, ce n'est même pas le Principe de Joyce au complet.
Donc, c'est un des considérants, mais,
quant à moi, et je vous le dis avec respect, ce n'est pas suffisant. Je pense
qu'on aurait pu aller... On aurait pu aller plus loin. On aurait pu poser un geste
qui aurait fait en sorte que les Premières Nations se seraient reconnues et
qu'on aurait pu identifier spécifiquement la problématique et, après ça,
trouver des éléments pour, évidemment, la corriger et l'enrayer, la faire
disparaître. Donc, un élément qui aurait pu aller... qui aurait pu aller
beaucoup plus loin.
Autre élément que je tiens à souligner
dans le cadre de l'étude de ce projet de loi, il aurait pu y avoir des
consultations en amont de la part du gouvernement. Ça n'a pas été fait. On a
même parlé, à un moment donné, de possibilité de travailler véritablement en
commun, de corédiger des dispositions. Ça n'a pas été fait. Alors, j'espère,
j'espère que, fort de cette expérience, le gouvernement va comprendre, M. le
Président, et que, dorénavant ou pour le futur, il y aura une façon différente
de travailler avec les Premières Nations pour qu'elles se sentent véritablement
en sécurité au sein, évidemment, des établissements de services sociaux. C'est
un élément qui, pour moi, est fondamental.
• (14 h 20) •
Je dois souligner, cependant, qu'il y a...
il y a certaines avancées dans le projet de loi. Le Code des professions va
être modifié. Donc, ça va permettre, dans certains cas très précis, à des
membres des Premières Nations d'agir dans le domaine, notamment, de la santé
mentale, relations humaines, etc. C'est l'article 3 du projet de loi.
C'est un élément qui est positif, je le souligne, sauf que c'est... c'est... en
fait, c'est intéressant, mais ce n'est pas... ce n'est pas beaucoup.
Et, par la suite, on a eu énormément,
énormément de discussions pour essayer de définir ou de cerner des paramètres
dans le domaine de la sécurisation culturelle. Le gouvernement est revenu avec
une proposition, à savoir... et en définissant un peu la sécurisation culturelle
en disant que c'est une «approche qui consiste à mettre en œuvre un ensemble de
pratiques qui visent à assurer, pour les membres des Premières Nations[…], un
accès équitable et sans discrimination aux soins de santé et [de] services
sociaux» et que «cette approche vise à permettre aux membres des Premières
Nations et aux Inuit de bénéficier du meilleur état possible de santé physique,
mentale, émotionnelle et <spirituelle...
M. Morin :
...et que
cette approche vise à permettre aux membres des Premières Nations et aux Inuit
de bénéficier du meilleur état possible de santé physique, mentale,
émotionnelle et >spirituelle. [Ça] implique de tenir compte de leurs
réalités culturelles, linguistiques et historiques dans l'organisation des
soins et des services et [de] toute interaction avec eux.» On dit que ça «implique
aussi de considérer avec respect leurs pratiques ainsi que leurs savoirs
traditionnels et contemporains dans les domaines de la santé et des services
sociaux».
C'est un élément... c'est un élément
positif, je le souligne. On aurait pu aller plus loin, effectivement. Et on a
aussi excessivement travaillé sur ce que pouvaient être des pratiques
culturellement sécurisantes et ce à quoi ça doit correspondre. Alors,
là-dessus, il y a eu, effectivement, beaucoup, beaucoup d'échanges.
On a aussi souligné... j'ai souligné à
plusieurs reprises l'importance, quand on veut éventuellement évaluer… Donc, il
faudra... Il ne faudra pas seulement mesurer, ce n'est pas uniquement des cases
qu'on veut cocher pour savoir si, dans des établissements de santé, ils vont
mettre en œuvre des programmes, des politiques, qui va faire en sorte qu'il y
aura une sécurisation culturelle, mais bien qu'on soit capables d'évaluer, et
donc de le faire, évidemment, bien sûr, en accord et avec, bien sûr, le
travail, l'élaboration et la collaboration des Premières Nations. Parce qu'il
ne faut pas oublier, M. le Président, que c'est pour les Premières Nations que
ce projet de loi là est fait. Ce n'est pas... ce n'est pas pour nous, là. Mais
il faut absolument que tous, on travaille dans la même direction. Donc, il va
être très important qu'il y ait une collaboration. On nous dit, bien sûr, que
dorénavant ce sera Santé Québec qui aura... qui aura ce mandat de travailler
avec les centres de santé, les établissements de santé, mais donc qu'ils
devront, effectivement, mettre en œuvre des mécanismes pour être capables de
bien évaluer l'impact, en tenant compte des pratiques culturellement
sécurisantes. Donc, c'est un élément du projet de loi qui, je l'espère, sera
bien reçu et, évidemment, va fonctionner.
L'autre élément qu'on a... qu'on a réussi,
les oppositions, et ça, c'est ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
qui a apporté ces modifications-là, on voulait que ce rapport, celui dont je
viens de parler, puisse être, évidemment, présenté au comité national sur la
sécurisation culturelle. Parce que, dans le projet de loi, à
l'article 2.1, il y aura un comité national sur la sécurisation
culturelle. Donc, on voulait que le rapport soit présenté et pas simplement
déposé, mais qu'on puisse, évidemment, être capables de le regarder. Et le
ministre nous a dit que, dans le rapport global, on pourrait voir aussi les
rapports des différents établissements pour voir s'il y avait des modifications
ou des avancées dans certains... dans certains domaines. Donc, ça, normalement,
ça devrait être fait. Ça va être dans la loi. Ils n'auront pas le choix. Et
évidemment on dit que les modalités et... de la présentation aux Premières
Nations et aux Inuits seront établies par le comité national sur la
sécurisation culturelle, ce qui... ce qui est normal.
Cependant, on a eu aussi, M. le Président,
excessivement, énormément de discussions sur, bien sûr, la composition du
comité. C'est essentiel, parce que, si on veut parler véritablement de
sécurisation culturelle puis qu'il y a un comité national, bien, il faut que ce
comité-là soit capable, évidemment, de travailler, mais il faut qu'il soit
surtout représentatif des nations. Il y en a plusieurs au Québec, M. le
Président. Il y en a 11, en fait. Et là je dois vous avouer que ça aurait pu
être mieux. Bien honnêtement, là, quand on dit : «Le comité est formé des
membres nommés par le ministre et se compose minimalement des personnes
suivantes...» Et je comprends que, dans le projet de loi, on utilise le mot
«minimalement». Donc, ça peut être plus que ce qui est énoncé là, mais… par
exemple, «une personne représentant les Premières Nations et qui en est membre».
Une personne représentant les Premières Nations. On a 11 nations. Comment
le ministre va travailler avec le comité? Comment va-t-il appliquer, dans les
faits, le «minimalement»? Est-ce que ça peut être plus qu'un? On verra, mais je
peux vous dire qu'après vérification, après dialogue avec au moins un chef des
Premières Nations, le message, c'est que ce n'est pas assez <représentatif...
M.
Morin :
...le message, c'est que ce n'est pas assez >représentatif.
«Une personne représentant la nation inuit»,
on a questionné, j'ai questionné le ministre pour savoir : Oui, mais
pourquoi «une personne représentant la nation»? Parce qu'à 1°
on dit : «Une personne représentant les Premières Nations et qui en est
membre», mais on n'a pas ça pour les Inuits, c'est «une personne
représentant la nation inuit». Le ministre nous dit, et on a posé des questions
là-dessus : Écoutez, à leur demande, ils voulaient que ce soit comme ça.
Soit. Très bien. Je respecte ça.
Par la suite, on aura «une personne
possédant une expérience pertinente en matière de prestation, en milieu urbain,
[des] services de santé», ça, c'est un élément important, parce que, vous
savez, M. le Président, il y a un nombre important de membres des Premières
Nations qui habitent sur leur territoire, mais il y en a à peu près 48 %
qui habitent dans des milieux urbains, donc, évidemment, il faut être capables
d'avoir une représentativité, «une personne possédant une connaissance
pertinente des réalités spécifiques aux femmes et aux filles des Premières
Nations» et «une personne possédant une connaissance pertinente des réalités
spécifiques aux femmes et aux filles inuit», sans nécessairement être un membre
des Premières Nations ou un membre de la nation inuite. On dit qu'un règlement va
prévoir «les règles de fonctionnement du comité, les modalités d'administration
de ses affaires ainsi que ses autres fonctions, devoirs et pouvoirs».
Donc, après beaucoup de discussions, le
ministre nous est revenu avec cet amendement, qui aurait pu être bonifié. Ça ne
l'a pas été, mais c'est quand même un petit pas dans la bonne direction, sauf
que l'ennui, M. le Président, c'est que le problème reste entier, et ce qu'on
essaie de corriger, au fond, avec la sécurisation culturelle ne se retrouve pas
dans le projet de loi. Et ça, je dois vous avouer, pour moi, que ça a été
véritablement... pas une surprise, mais, en fait, j'étais déçu. Parce que la
majorité des groupes qui sont venus nous rencontrer en commission
parlementaire, le Bureau du Principe de Joyce, le chef Sipi Flamand, de
Manawan, à qui j'ai été en contact, le chef de l'APNQL, M. Ghislain
Picard, nous ont tous dit qu'il fallait plus. Et, quand on lit à nouveau le
mémoire du Collège des médecins qui a été présenté dans le cadre du projet de
loi, on rappelle clairement, M. le Président, qu'il faut une reconnaissance du
Principe de Joyce pour enrayer le racisme systémique. Alors, dans ce mémoire,
on parle de racisme. Dans le rapport final de la commission Viens, on parle de
discrimination systémique. Mais l'enjeu véritable, il est là, il est là.
Et, si on revient au rapport final de la
commission Viens, on nous le dit clairement : Toutes les observations que
le comité a faites mènent à aborder un dernier élément qui peut expliquer,
selon le commissaire Viens, «la discrimination systémique vécue par les peuples
autochtones» au savoir… des services publics, et «à savoir l'absence d'une
action gouvernementale pérenne et représentative des réels besoins exprimés par
les peuples autochtones».
• (14 h 30) •
Alors, M. le Président, si vous voulez
être capable d'exprimer les besoins réels des peuples autochtones, bien, il
faut les consulter, les peuples autochtones, il faut travailler en amont avec
eux, il faut être capable d'accepter que, dans certaines circonstances, on doit
sortir du cadre, on doit sortir de ce qu'on connaît comme procédures et qu'on
doit être capable, par exemple, de faire de la corédaction avec les Premières
Nations pour que ça représente véritablement ce qu'ils vivent, pour être
capable, après ça, de mettre en place des pratiques pour l'enrayer. Ça
m'apparaît absolument essentiel, puis c'est ce que le commissaire Viens
constatait.
On dit, à l'époque : «Si certaines
personnes insistent tant sur l'importance d'agir, c'est qu'en dépit des
solutions identifiées, des plans d'action adoptés, les changements perceptibles
sur le terrain demeurent faibles, voire inexistants.» Et donc, à la suite de ce
rapport… Puis, visiblement, visiblement, le gouvernement en a tenu compte, parce
que, dans son projet de loi, le gouvernement veut <absolument...
>
14 h 30 (version révisée)
<19253
M.
Morin :
...le gouvernement en a tenu compte, parce que, dans
son projet de loi, le gouvernement veut >absolument qu'il y ait un
préambule, puis, dans le préambule du projet de loi, il y a une référence à la
commission Viens.
Donc, visiblement, le gouvernement est au
courant. Donc, le gouvernement aurait pu agir différemment, M. le Président. Le
gouvernement aurait pu faire en sorte que, dès le départ, il ait une approche
différente avec les Premières Nations, parce que le sentiment que j'ai eu, même
si, à un moment donné, lors de l'étude article par article, c'est vrai qu'on a
tenu des rencontres, on a fait ça différemment, mais évidemment on a toujours
été pressés par le temps.
Et donc là il y avait, je pense, une
opportunité que l'on a ratée, et il fallait, il fallait, à mon avis, aller plus
loin. Il fallait avoir le courage de reconnaître qu'il y a, à tout le moins,
dans le projet de loi, de la discrimination spécifique à l'égard des Premières
Nations, et, ça, je peux... je suis à même de vous en parler, M. le Président,
parce que j'ai aussi le privilège de travailler dans le comité de suivi qui a
été créé par, à l'époque, le projet de loi n° 79, où
on a des rencontres, et ce rapport de suivi...
Rappelez-vous, le projet de loi visait à
mettre tout en œuvre pour retracer des enfants des familles autochtones
disparus que ce soit à la suite de passages dans des pensionnats ou dans des
hôpitaux. Et, à chaque fois qu'on travaille et, à chaque année, M. le
Président, et ça, c'est une bonne chose, à chaque année, il y a un rapport du
comité de suivi qui est déposé ici, à l'Assemblée nationale, mais on va
toujours dans une communauté pour déposer le rapport et être capables d'entrer
en dialogue avec les membres des différentes communautés. Bien, on nous dit la
même chose.
Vous savez, vous allez à l'hôpital... En
tout cas, je ne souhaite pas à personne d'aller à l'hôpital, mais ça nous
arrive tous, M. le Président. Ça m'est arrivé, mais, quand moi, je suis allé à
l'hôpital puis que j'étais malade, bien, j'étais déjà un peu stressé, parce qu'on
n'est pas bien, mais je n'ai jamais pensé que je serais maltraité dans l'hôpital
parce j'étais malade. Je veux dire, ça ne m'est jamais passé par la tête, là,
puis je n'ai pas vu de signe non plus, là, que ça peut arriver, là. Mais, quand
on parle aux membres des communautés, puis c'est encore le cas aujourd'hui,
même s'il y a eu, oui, oui, des efforts de faits, je le reconnais, il y a
encore des membres des Premières Nations qui me disent : Moi, je ne veux
pas y aller, à l'hôpital, là, j'ai peur. Ce n'est pas normal.
Alors, moi, j'aurais aimé, j'aurais aimé,
dans le cadre de ce projet de loi, qu'on soit capables de s'asseoir tous
ensemble puis d'aller vraiment avec un pas en avant et de faire en sorte,
justement, le Principe de Joyce, qui était si cher à la communauté de Manawan,
la communauté où vivait Mme Echaquan, qu'on soit capables de l'insérer dans le
projet de loi. À la rigueur, à la rigueur, si on avait dit qu'on l'adoptait dans
le préambule, ça aurait fonctionné. Ce n'était pas parfait, mais ça aurait été
un pas dans la bonne direction, mais on n'est même pas là, M. le Président.
Donc, la question qui se pose, c'est... Vu
que c'est un élément fondamental qui nous permet d'identifier le problème puis,
après ça, de le solutionner, oui, il y a quelques avancées dans le projet de
loi, mais on aurait pu tellement aller plus loin. Donc, c'est la raison pour
laquelle, M. le Président, après avoir réfléchi, après avoir parlé à des gens,
je ne pourrai pas, je ne pourrai pas voter en faveur de la prise en
considération, parce qu'on a raté, on a raté, je pense, un rendez-vous qui
aurait été important avec les Premières Nations. On aurait pu faire
véritablement différemment et on ne l'a pas fait.
Il y a un cadre législatif. Santé Québec
va devoir évidemment s'y soumettre. Puis on espère que ça va fonctionner assez,
assez rondement, mais on aurait pu aller tellement plus loin et faire preuve de
courage. On a raté cette occasion, M. le Président, et c'est la raison... Bien
sûr, deux choses, la première, c'est que je vais suivre les avancées de près,
parce qu'évidemment l'adoption devrait arriver assez prochainement, mais, ceci
étant, c'est la raison pour laquelle, au niveau de la prise en considération,
je vais, et ma formation politique, voter contre le projet de loi numéro n° 32, Loi instaurant l'approche de sécurisation culturelle
au sein du réseau de la santé et des services sociaux. Et je vous <remercie...
M. Morin :
...santé
et des services sociaux. Et je vous >remercie, M. le Président.
Mise aux voix de
l'amendement
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de l'Acadie. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Il n'y a pas d'autre intervention. L'amendement proposé par M. le ministre
responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit est-il
adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté sur division.
Mise aux voix du
rapport amendé
Le rapport, tel qu'amendé, de la Commission
des institutions portant sur le projet de loi n° 32, Loi instaurant
l'approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des
services sociaux, est-il adopté?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Motion d'ajournement de l'Assemblée
M. Caire : En conséquence, M.
le Président, je vous demande d'ajourner nos travaux à demain, à
9 h 40.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le leader officiel du... M. le leader officiel de l'opposition.
M. Derraji : Conformément à
l'article 106 de notre règlement, j'aimerais que l'on puisse débattre de
la motion d'ajournement du leader adjoint.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, je vous rappelle que l'auteur de la motion et un représentant de
chaque groupe parlementaire ont chacun un temps de parole de 10 minutes et
que l'auteur de la motion a droit à une réplique de cinq minutes.
Alors, je commencerai par monsieur....
Est-ce qu'il y a des interventions? Est-ce qu'il y a des interventions? M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : M. le Président,
écoutez, j'ai en face de moi le leader adjoint, le ministre de la Cybersécurité,
j'ai cru qu'il a beaucoup de choses à dire par rapport à la motion que je viens
de présenter, lui qui a toujours le bon verbe, il est capable de parler des
heures et des heures, M. le Président. Mais, bon, écoutez, je vais l'aider, je
vais dire pourquoi je demande qu'on utilise l'article 106 de notre
règlement pour débattre de la motion d'ajournement. C'est pour la simple
raison, M. le Président, c'est que je sais que le gouvernement a vidé
complètement son agenda législatif pour la journée. Pour les gens qui nous
suivent, il n'y a plus rien à l'intérieur du salon rouge, on va le fermer et on
va revenir demain.
Nous sommes là, M. le Président, dans une
session intensive. Les contribuables qui nous regardent et qui nous suivent
veulent maximiser le temps du législateur pour qu'on puisse avoir un changement
législatif sur les enjeux qui les préoccupent. Aujourd'hui, M. le Président, il
reste une bonne partie de l'après-midi, maintenant, et nous avons aussi la
possibilité de siéger en soirée. Il reste, M. le Président, beaucoup de projets
de loi sur la table. Et je tiens juste à le rappeler, j'ai déposé un projet de
loi sur le directeur parlementaire du budget. Les collègues peuvent, s'ils
acceptent... qu'on puisse commencer l'étude.
Il y a aussi, M. le Président, ma collègue
de Saint-Laurent qui a présenté un projet de loi, 892, Loi visant à interdire
l'offre de services de consommation supervisée à proximité d'un service de
garde éducatif à l'enfance en installation ou d'un établissement d'enseignement
offrant une formation de niveau préscolaire, primaire ou secondaire.
Alors, M. le Président, au lieu
d'ajourner, au lieu de fermer le Parlement, est-ce qu'on peut au moins saisir
l'occasion quand, dans une session intensive, les parlementaires doivent
travailler? Je pense que, M. le Président, c'est la moindre des choses qu'on
peut faire. Et, s'il vous plaît, ne me dites pas qu'il n'y a rien à faire. Nous
avons déposé beaucoup de projets de loi. Notre formation politique a déposé des
projets de loi très importants. Je vous dis, le ministre des Services sociaux
voulait déposer le même projet de loi que ma collègue la députée de
Saint-Laurent. On leur donne le projet de loi. Ils peuvent le redéposer. Qu'ils
appellent ce projet de loi. Nous sommes prêts à l'utiliser.
• (14 h 40) •
Des voix : ...
M. Derraji : Nous sommes
prêts. Je ne sais pas qu'est-ce qui fait rire les collègues, mais je pense que
c'est très sérieux, le projet de loi, en tout respect, chers collègues. C'est
un projet de loi important, et le ministre des Services sociaux voulait le
déposer.
Donc, M. le Président, je pense qu'au lieu
d'ajourner j'invite donc le leader adjoint du gouvernement à <suspendre...
M. Derraji :
...le
leader adjoint du gouvernement à >suspendre la séance, le temps qu'il
juge. S'il a besoin d'une heure ou deux heures, il peut suspendre
afin qu'on puisse organiser le tout. Moi, je lui offre mon entière
collaboration. Nous pourrions au moins maximiser le temps que nous avons.
Et nous avons à notre disposition pas mal,
pas mal de projets de loi. Moi, j'en suis sûr et certain, le leader adjoint du
gouvernement, qui a siégé pendant pas mal d'années, il sait très bien que ce
temps est précieux, lui-même qui dirige un important ministère. Mais, M. le
Président, nous avons l'opportunité aujourd'hui, au lieu de fermer le Parlement
et que chacun va aller faire ce qu'il a à faire, on peut quand même faire
avancer l'agenda législatif. C'est ça, notre rôle en tant qu'élus. La
population ne nous a pas donné le mandat d'aller faire du temps partiel au
Parlement.
Je vous le dis, M. le Président, ça fait
longtemps que je siège, six ans maintenant, je n'ai jamais vu une session
intensive pareille. Il n'y a rien. Il y a une seule commission qui roule. Ça
fait l'affaire, probablement, de quelques collègues, mais moi... Au moins, s'il
n'y a rien dans les commissions, est-ce qu'on peut, ensemble, s'entendre à
commencer l'étude détaillée d'un projet de loi que nous avons déposé? Vous avez
l'embarras du choix, choisissez le projet de loi qui vous intéresse, au lieu de
perdre le temps, et de le redéposer, et faire travailler les légistes, on peut
quand même s'entendre entre nous et commencer l'étude détaillée d'un projet de
loi.
M. le Président, juste pour qu'on soit
clair, le gouvernement maintenant est devant un choix : fermer le Parlement.
Ils peuvent me dire : Écoutez, M. le leader, ce que vous proposez, de
l'opposition officielle, ça ne nous intéresse pas, on ferme le Parlement. Alors
que l'horaire, l'horaire que nous avons autorisé la semaine dernière, c'est
qu'on n'ajourne pas à 13 heures... on n'ajourne pas à 15 heures, on
peut continuer à travailler jusqu'à 18 heures et en soirée. C'est ça, le
travail intensif au Parlement. Or, que je constate qu'on va fermer le
Parlement, on va fermer le salon rouge.
Donc, pour les gens qui se posent la
question : Bien, qu'est-ce que les députés font?, je tiens à les rassurer,
les membres de l'opposition officielle, mes collègues de l'opposition
officielle sont tous là, ils veulent tous travailler, mais il n'y a rien au
salon rouge. Il y a une seule commission qui roule. Et ce n'est pas vrai qu'on
n'a pas déposé des projets de loi, des bons projets de loi. Et ce n'est pas
vrai que d'autres collègues caquistes ne veulent pas qu'on travaille tous
ensemble, M. le Président. Il y a pas mal de projets de loi qui nous
interpellent, tous ensemble. Mais je suis dans l'obligation, malheureusement,
parce que le gouvernement me force, c'est que je vais monter à l'étage 2
et dire à mes collègues : Quittez le Parlement ou faites autre chose, il
n'y a rien, il n'y a rien. Mais je ne peux pas, M. le Président, laisser ça
passer. Parce que ce n'est pas la première semaine intensive où il n'y a rien.
Et attendez, on va revenir, la semaine prochaine, et je tiens à vous dire qu'il
n'y a rien, encore une fois, il y a un seul projet de loi, un seul projet de
loi.
Donc, M. le Président, je pense que les
Québécois qui nous ont élus veulent voir leurs élus travailler, veulent voir
leurs élus avancer l'agenda législatif et non pas fermer le Parlement. Donc, je
ne sais pas si le leader adjoint du gouvernement est à l'aise avec le fait
qu'il va fermer, aujourd'hui, le Parlement, que le salon rouge sera fermé dans
quelques minutes. Et je tiens à le rappeler, il y a une seule commission, nous
avons le droit à cinq commissions, il y a une seule commission maintenant.
Alors, M. le Président, j'offre ma collaboration au leader adjoint du
gouvernement, il est capable, je l'invite à suspendre la séance. On peut
suspendre la séance. Parlons-nous, on peut s'entendre sur un projet de loi, on
peut s'entendre comment maximiser le temps des collègues qui ont fait le
déplacement et on peut profiter de la contribution de l'ensemble des collègues.
Alors, M. le Président, j'espère que ce
que je viens de faire va faire raisonner le gouvernement, va leur donner
l'occasion de prendre un pas de recul, dire : Effectivement, nous sommes
tous là, nous sommes tous payés pour travailler, et on ne va pas <fermer...
M. Derraji :
...tous
payer pour travailler, et on ne va pas >fermer le Parlement pour faire
autre chose. Nous sommes payés, M. le Président, pour légiférer et, pour nous,
en plus, contrôler l'action gouvernementale. Contrôler l'action
gouvernementale, on va continuer à le faire, M. le Président, abstraction faite
à ce qu'il ferme ou pas le Parlement. Mais on veut légiférer.
Alors, M. le Président, mes collègues sont
prêts. Mes collègues sont prêts. Si vous voulez chercher ma collègue, aucun
problème. Je peux vous dire aussi ils sont où, vos collègues. Mais, si vous
invitez un projet de loi, ils sont là, ils sont présents. Donc, appelez un
projet de loi, on va commencer à l'étudier sur place.
Alors, M. le Président, j'espère que mon
collègue le leader adjoint du gouvernement va accepter notre demande. Je lui
demande de suspendre la séance, et que nous sommes prêts à discuter avec lui
avant d'ajourner et avant de fermer le Parlement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Il n'y a pas d'autre intervention.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Adopté sur division.
Ajournement
En conséquence, les travaux sont ajournés
au 29 novembre 2024, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 14 h 48)