(Dix heures)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Mmes
et MM. les députés, avant d'entreprendre nos travaux, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Affaires du jour
Dépôt du nouveau
diagramme de l'Assemblée
Est-ce qu'il y a consentement pour que je dépose
le nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui? Je dépose donc le
nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui, car il y a
consentement.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, j'aimerais mentionner que c'est la
première fois que vous présidez nos travaux. Je tiens à vous assurer de tout
notre respect et notre confiance. Je suis certain que vous allez présider nos
travaux avec impartialité et probité et je vous souhaite une bonne première
session avec nous. Donc, merci beaucoup, et félicitations pour votre nomination
à ce poste!
Et donc, à ce stade-ci, je vous demanderais
d'appeler l'article 1 du feuilleton.
Projet de loi n° 74
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. À l'article 1, M. le
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 74, Loi visant
principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers.
Y a-t-il des interventions? M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme la
Présidente. Je vous salue aussi. Je vous assure de ma pleine collaboration.
Donc, aujourd'hui, adoption de principe pour un
projet de loi qui est important parce qu'il vient améliorer l'agilité
gouvernementale dans un dossier qui est délicat. Tout le monde reconnaît, au
Québec, l'apport des immigrants. Au fil des décennies, je peux même dire au fil
des siècles, le Québec a toujours été une société accueillante, ouverte, puis
je pense qu'elle le sera toujours. Ça fait partie de nos valeurs fondamentales.
Parmi les immigrants qui viennent enrichir le
Québec, il y en a dans différentes catégories. Il y a des immigrants
permanents, des gens qui deviennent des nouveaux Québécois. Moi, je les appelle
carrément les nouveaux Québécois. Il y en a d'autres qu'on appelle résidents
non permanents ou les immigrants temporaires, qui font partie de plusieurs catégories. Certaines de ces catégories sont
réellement sous le contrôle du Québec, de l'Assemblée nationale, du
gouvernement, tandis que d'autres sont davantage du fait du gouvernement
fédéral. Certaines sont dans des catégories, je vous dirais, à responsabilité
partagée.
Ce matin, on traite d'un projet de loi qui est
important puisque le projet de loi vient renforcer la compétence du Québec sur
un des domaines d'immigration qui relève du gouvernement du Québec, soit les
étudiants étrangers. Une minorité d'entre eux sont au primaire, au secondaire.
La grande, grande, grande majorité sont en formation professionnelle, mais
surtout au cégep et à l'université.
Et, en ce moment, la loi qui nous gouverne est
très, je vous dirais, malhabile. C'est comme si on avait une immense masse puis qu'on avait de tout petits
clous à frapper, même parfois des vis. Ça ne fonctionne pas. Actuellement,
le ministère de l'Immigration, le ministre de l'Immigration n'a pour seul
pouvoir que celui de fixer le nombre maximal de
CAQ, de certificats d'acceptation du Québec à chaque année. Au moment où on se
parle, il y en a environ 122 000 qui ont été émis pour la dernière
année. C'est énorme, considérant qu'il y a 10 ans on était autour de
50 000. Donc, de 50 000 à 122 000, en termes de volume, c'est
énorme, en 10 ans, en termes d'augmentation.
Ça amène à se poser des questions. Et, comme
formation politique et comme gouvernement, je dirais, on s'est posé ces
questions. Que s'est-il passé entre 2014 et 2024 pour passer de 50 000 à
plus de 122 000? Est-ce que chacun, chacune
des étudiants étrangers, qu'on peut appeler aussi les étudiants internationaux,
qui sont sur le territoire québécois, sont ici à chaque fois dans des
programmes qui sont réellement des programmes pertinents, qui sont réellement
des programmes bien encadrés? Est-ce que tous ces étudiants-là sont toujours
dans des institutions qui font l'encadrement nécessaire? Ont-ils tous la
capacité de payer leurs études, dans certains cas? Est-ce que certains d'entre
eux arrivent ici sous de faux prétextes, alors qu'en réalité ce sont des
demandeurs d'asile qui passent par une voie de contour, prétextant être des
étudiants étrangers étant admis dans certaines institutions alors que leur
intention n'a jamais été d'étudier, mais bien d'arriver ici comme demandeur
d'asile, mais, je vous dirais, en coupant la file? Ça, c'est des questions
qu'on doit se poser, c'est des questions qu'on s'est posées, au gouvernement.
Et
l'analyse se fait, mais déjà on voit que, malheureusement, il y a des réponses
positives à certaines de ces questions-là, à savoir qu'il y a des programmes
qui accueillent des étudiants étrangers en très grand nombre et alors que ce
sont des domaines où il n'y a pas nécessairement de pénurie de main-d'oeuvre.
Ce sont des domaines qui ne répondent pas nécessairement aux critères qui nous
amènent à fixer quels sont les domaines porteurs pour le Québec en termes de
programmes stratégiques.
Et il y a des
programmes aussi qui amènent un afflux très, très important de gens qui ne
parlent pas la langue française et qui arrivent, par exemple, dans le Grand
Montréal où, on le sait, on a des enjeux importants avec la vitalité de la
langue française dans le Grand Montréal. Les études... les études de l'Office
québécois de la langue française en témoignent. Les données de Statistique
Canada en témoignent. Les études, les analyses, les recommandations du Commissaire
à la langue française en témoignent. Une fois qu'on a toutes ces
informations-là, est-ce qu'on doit se questionner sur le nombre d'étudiants qui
ne parlent pas français qui viennent étudier au Québec, particulièrement à
Montréal, dans une autre langue que le français? On doit se poser ces
questions-là. Mais je vous répète que, peu importe la réponse à ces questions,
si le gouvernement veut agir, au moment où on se parle, il ne peut pas le faire
autrement qu'en diminuant le nombre total de CAQ qu'il émet, en diminuant le
nombre total d'étudiants étrangers qu'il accueille.
Alors, si on ne
modifie pas la loi actuelle, si on refuse ce débat important, si on n'adopte
pas la loi actuelle et qu'on veut s'attaquer à des abus, bien, on va réduire de
manière arbitraire le nombre d'étudiants étrangers sans avoir aucune garantie
qu'on va s'attaquer à des institutions qui font des abus. On pourrait, de
manière maladroite, dire : Bon, bien, on passe de 122 000 à
50 000. C'est la proposition du Parti québécois, 122 000 à
50 000. C'est énorme, comme baisse, je vous dirais que c'est drastique,
surtout de manière aussi sèche et rapide que le propose le Parti québécois.
Bien, s'ils faisaient ça, avec la loi actuelle, il est certain qu'ils
mettraient à mal les régions du Québec, il est certain qu'ils feraient fermer
des programmes stratégiques en région, il est certain qu'ils viendraient, dans
certains cas, fermer des programmes dont on a vraiment besoin, par exemple en
santé, en éducation, et préserver d'autres programmes, préserver des
institutions qui sont en ce moment, je vous dirais, des usines à fabriquer des
résidents canadiens sous le faux prétexte
d'être des étudiants. Donc, la demande, la proposition du Parti québécois est
déraisonnable de par le nombre, de par aussi le fait que, jusqu'à présent, ils
n'acceptent pas le principe du projet de loi. Donc, non seulement leur
réduction est drastique, irréfléchie, mais, encore plus, elle est condamnée à
être malhabile si on n'adopte pas le projet de loi.
Notre posture, au
gouvernement, c'est de faire une analyse qui soit sérieuse avec les ministres
responsables. Le ministre de l'Éducation et son équipe, en ce moment,
regardent, analysent les programmes en fonction de la vitalité des régions, en
fonction des besoins économiques, en fonction de nos besoins en termes de
services publics et de manière à être bien
certains de ne pas faire fermer des programmes dans des centres de formation en
région. Ma collègue à l'Enseignement supérieur fait en ce moment les
mêmes analyses.
• (10 h 10) •
Et en attendant,
bien, on voit qu'il y en a, des aberrations. On l'a vu encore hier dans Le
Journal de Montréal, où on voyait une institution qui accueillait beaucoup
plus d'étudiants que sa capacité à les servir, qui donnait des diplômes de
formation, je vous dirais, qui ne répondent pas nécessairement aux besoins de
main-d'oeuvre. Et, si les gens ici dans l'Assemblée et des autres formations
politiques voudraient empêcher l'adoption du principe et l'adoption du projet
de loi, bien, ça veut dire qu'ils cautionnent ces aberrations-là, qu'ils
cautionnent les dérapages et qu'ils ne veulent pas que le gouvernement ait
l'agilité de s'attaquer à ça sans causer d'autres dommages.
Donc, Mme la
Présidente, j'appelle tout le monde à analyser vraiment bien la situation
actuelle, l'état du droit actuel, le pouvoir
qu'a le ministre actuel d'agir ou de ne pas agir pour corriger des situations.
J'appelle aussi les collègues à regarder le fait que nous reconnaissons
l'apport bénéfique des étudiants étrangers à la société québécoise, à la
recherche, au maintien de plusieurs programmes et au fait que plusieurs d'entre
eux deviennent ensuite des résidents permanents et des nouveaux Québécois, nous
le reconnaissons.
Nous allons continuer
d'accueillir des gens de partout. Ce n'est pas un projet de loi de repli sur
soi ou un projet de loi qui viendrait fermer complètement le robinet, c'est un
projet de loi d'agilité gouvernementale. Et après, une fois qu'il sera
sanctionné, je l'espère, je ne peux pas en présumer, bien, vous voyez, en
lisant comme il faut les articles, que les décisions qui seraient prises,
relatives à ce qui se passe en formation professionnelle, devraient être prises
en recommandations conjointes entre le ministre de l'Éducation et le ministre
de l'Immigration. Et, pour ce qui est... qui touche le... pour le secteur de
l'enseignement supérieur, bien, c'est des recommandations conjointes,
Enseignement supérieur, Immigration. Et j'ai déjà annoncé qu'une vaste
réflexion sur l'immigration temporaire aura lieu l'hiver prochain dans le cadre
de la planification pluriannuelle.
Donc, donnons-nous
les outils législatifs, donnons-nous l'agilité gouvernementale pour bien faire
les choses. Faisons ensuite les consultations correctement, par rapport à une
planification pluriannuelle, et donnons la prévisibilité nécessaire à notre
réseau d'éducation et d'enseignement supérieur pour être capables d'accueillir
des gens de partout qui vont venir répondre à des besoins de main-d'oeuvre, des
besoins de maintien de programmes, la vitalité des régions. On est capables de
faire ça ensemble. J'appelle de tous mes voeux mes collègues à collaborer et à
ne pas faire, cet après-midi et demain, des manoeuvres dilatoires qui
retarderaient indûment les travaux. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Je suis prête à entendre le député d'Acadie. La parole est à
vous.
M. André
Albert Morin
M. Morin : Merci, Mme la Présidente.
D'abord, permettez-moi de vous féliciter pour votre accession à la
vice-présidence de l'Assemblée nationale. Je suis heureux de prendre la parole.
Vous présidez nos travaux, vous allez le faire avec, évidemment, le professionnalisme
qu'on vous connaît. Alors, bravo! Et on continue, on continue à travailler,
n'est-ce pas?
Je suis heureux de
prendre la parole ce matin dans le cadre du projet de loi n° 74,
Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. On est à l'étape du principe, et
j'ai écouté M. le ministre attentivement, ses propos, lorsqu'il a présenté
son projet de loi. Aujourd'hui, il nous parle d'agilité, mais, vous savez, moi,
ce que j'ai surtout retenu, Mme la Présidente, des étapes que nous avons
franchies, notamment les consultations particulières, où on a entendu un très
grand nombre, très grand nombre d'associations, de professionnels, de recteurs
d'université, d'associations étudiantes et... tous ces groupes nous ont tous
dit que, si le ministre voulait adopter une façon de travailler pour avoir un
impact néfaste sur le Québec, son projet de loi était un excellent exemple.
Puis je pense que ça vaut la peine, ça vaut le temps de s'y attarder, et de
vous expliquer pourquoi, et de reprendre, en fait, ce qu'on a entendu en commission,
en fait, lors des consultations particulières en commission, pour que vous
puissiez bien comprendre, puis les gens qui nous écoutent le comprennent aussi,
pourquoi je vais être contre le principe de ce projet de loi.
Quand
on a une loi, quand on a un projet de loi, je pense que l'idée première, l'idée
maîtresse, pour un gouvernement, c'est de vouloir corriger, apporter une
précision, éclairer, et le projet de loi n° 74 fait exactement l'inverse,
et je vous le soumets. Dans les quelques
articles du projet de loi, ce qu'on y lit, au fond, c'est de permettre une plus
grande discrétion au gouvernement — c'est peut-être ce que le
ministre appelle l'agilité — et
d'accorder un pouvoir réglementaire au ministre qui va faire en sorte qu'au
fond, quelques articles, ce n'est pas un projet de loi très volumineux, mais
quelques articles... qui va faire en sorte que, par la suite, le gouvernement
aura carte blanche pour faire à peu près ce qu'il veut. Et, moi, je vous dirais, comme parlementaire, mon travail, c'est
évidemment de s'assurer que, quand que le gouvernement adopte un projet
de loi, qu'il y ait cette certitude, qu'il y ait cette façon, évidemment, de
travailler qui va permettre aux citoyens et aux citoyennes de bien comprendre
ce qu'on attend d'eux.
Et, quand je vous
parle d'incertitude, j'ai lu le projet de loi, c'est le constat que je fais,
mais je ne suis pas le seul à le faire. En fait, si j'étais tout seul, les gens
pourraient dire : Bien, écoutez, il n'est pas corroboré, c'est son idée.
Mais non. On a reçu récemment de la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse, du bureau de la
présidence, un document qui a été déposé à la commission. C'étaient les
commentaires du président. Et ce qu'on y retient, ce qu'on y lit en premier lieu, première
page : «Un projet de loi — et
je cite — qui
laisse planer beaucoup d'incertitudes sur sa mise en oeuvre.» Donc là, à
ce moment-là, on n'est plus... si vous me permettez, on n'est plus agile, on
s'en va dans l'inconnu.
La
Commission des droits note que l'admission des étudiants et étudiantes
étrangers sera désormais conditionnelle à l'admission dans un établissement
d'enseignement désigné par le gouvernement, dans une liste qui sera
éventuellement rendue publique par décret, mais les critères d'élaboration de
cette liste sont inconnus à ce jour. Donc, ce n'est pas très rassurant pour les
gens qui voudront, un jour, venir étudier au Québec ou pour les gens qui,
venant de l'étranger, sont en train d'étudier au Québec.
Et vous le voyez, je
vous le soumets, Mme la Présidente, les articles qu'on lit dans les journaux
depuis quelques jours en lien avec des immigrants qui sont sur le territoire
québécois, qui ont pu obtenir un certificat de sélection au Québec ou un
certificat d'accréditation au Québec, ils sont en train, évidemment, de ne plus
vraiment savoir ce qui les attend, et ça
crée beaucoup d'incertitude. Or, ce projet de loi ne vient pas encadrer
davantage, ne vient pas mettre en place plus de balises pour qu'on ait
plus de certitude. Je vous soumets que ça vient faire exactement le contraire.
Et la commission nous
dit : Ce critère, parmi les critères, là, prévoyant des décisions ou des
questions qui pourraient varier «en fonction de toute distinction jugée utile»,
c'est ce qui est dans le projet de loi... «Ce critère très large conférerait
ici une discrétion considérable au ministre de l'Immigration et au
gouvernement.» Et on ajoute, et je cite, à la page 3 : «Une grande
incertitude — ça,
ce n'est pas moi qui le dis — plane donc sur la manière dont le projet
de loi sera mis en oeuvre.»
Et, ça, je pense que
c'est important de le souligner, Mme la Présidente, parce qu'on peut avoir
toutes sortes de principes, on peut élaborer toutes sortes de lois, on peut
faire adopter des dispositions législatives, mais, quand vient le temps de
s'intéresser à la mise en oeuvre, à ce que ça va faire dans le quotidien des
Québécois et des Québécoises, bien, c'est là, à un moment donné, que ça devient
important, c'est là qu'il faut que ça ait tout son sens, c'est là qu'il faut
que les citoyens puissent savoir quoi faire. Bien, la Commission des droits de
la personne nous dit : Dans un cas comme ça, ce sera une grande, une
grande, incertitude.
On souligne
également : «Les incertitudes découlant de cette annonce inattendue ne
sont pas sans conséquence sur la vie et les droits des personnes touchées.»
Donc, c'est un élément fondamental que je tiens à souligner. Et un peu plus loin, à la page 4, on dit : «La
Commission des droits se désole — se
désole, le mot est quand même fort — qu'encore
une fois cette catégorie de personnes — évidemment, on parle des
immigrants qui viennent ici étudier, des étudiants internationaux — soit
placée devant une telle incertitude, mettant à mal des projets de vie, au
détriment de leurs droits.»
• (10 h 20) •
Et, au fond, ce que
ce document qui émane du bureau du président de la Commission des droits de la
personne fait un peu écho, si vous me permettez, à ce qu'on lit dans les
journaux depuis des semaines, des gens qui sont ici, qui sont établis ici, qui
n'ont pas encore obtenu leur citoyenneté, qui parlent français, qui travaillent
et qui ne savent pas s'ils vont être obligés de retourner chez eux ou d'aller
dans une autre province. Ce n'est pas très bénéfique pour le Québec. Est-ce que
cela va donner plus d'agilité au ministre? Bien, peut-être, mais, quand on
regarde l'effet bénéfique pour la population québécoise, là, permettez-moi de
m'interroger, et je vous le soumets, et je le soumets également aux collègues
qui siègent dans cette Assemblée.
Donc, un projet de loi qui va créer plus
d'incertitude que d'éléments concrets qui pourraient aider le ministre dans sa
planification, mais ce n'est pas tout. Ça, c'est la Commission des droits de la
personne, mais on a entendu, lors des consultations
particulières, beaucoup d'autres groupes, plusieurs universités, dirigeants
d'université, recteurs d'université, qui sont venus nous parler et qui nous ont
dit : Écoutez, faites attention, là, les étudiants internationaux qui
viennent au Québec contribuent à la réputation du Québec, contribuent à faire
avancer la recherche, le savoir. Et on ne parle pas ici, là, de centaines de
milliers de personnes, là. On parle d'universités. On nous a parlé de
recherche. On nous a parlé d'études supérieures. Donc, ça fait en sorte que
c'est une richesse pour le Québec, et le projet de loi va venir attaquer ça, et
je tiens à le souligner.
Mais, encore là, permettez-moi de prendre
quelque temps pour vous souligner certains éléments qui ont été énoncés par
différentes universités. Je vais citer le mémoire qui a été présenté par
l'Université du Québec à Rimouski. L'Université du Québec à Rimouski, c'est une
maison d'enseignement supérieur qui a une très grande réputation dans le Bas-Saint-Laurent.
Ils ont des programmes uniques. Ils font de la recherche notamment en tout ce
qui a trait les milieux marins. Ils ont des écoles, des départements en matière
d'éducation. Ils forment des nouveaux enseignants, évidemment, qui vont être
capables d'enseigner partout au Québec, mais souvent dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie, sur la Côte-Nord. C'est une université qui a une
grande réputation. Mais ce qu'on vient nous dire, c'est que le projet de loi n° 74 aura un impact. Et, contrairement, contrairement à ce
que le gouvernement dit : Ah! faites attention, crise du logement... Oui, effectivement, ça, on le
reconnaît, il y a un problème de logement, au Québec, mais c'est quand, après,
on vient nous dire que c'est à cause des
immigrants, bien là, c'est là qu'il faut faire des nuances. Les taux
d'inoccupation, dans plusieurs régions, datent de plusieurs années.
D'ailleurs, dans leur mémoire, et je prends la
peine de le souligner, l'Université du Québec dit que l'offre de logement a été considérablement accrue. Donc, ils
sont capables de gérer et de bien accueillir leurs étudiants internationaux.
«L'intégration et la réussite ont également été consolidées.» On souligne,
cependant, que l'effectif étudiant total, à l'Université du Québec à Rimouski,
a diminué, durant les 10 dernières années. Et donc les années masquent
aussi une réalité inquiétante pour l'université.
Parmi les recommandations, et j'attire votre
attention à ce sujet, Mme la Présidente, on dit : «Il est difficile de comprendre la nécessité d'adopter une loi qui
risquerait de contraindre non seulement les universités en général — donc
un constat qui est plus général, pour l'ensemble des universités au Québec — mais
plus particulièrement pour l'Université du Québec à Rimouski — et là
ce n'est pas moi qui le dis, c'est dans leur mémoire — dans
ses efforts d'attraction, d'accueil,
d'accommodement, de formation des personnes étudiantes internationales ainsi
que de compromettre l'apport inestimable de ces jeunes à la société
québécoise et de freiner leur éventuelle intégration et rétention dans les
régions.» Parce qu'un grand nombre d'étudiants qui vont venir dans nos
universités vont vouloir, après ça, rester au Québec pour y travailler. Et évidemment, à l'Université du Québec à Rimouski,
ils vont y travailler et ils vont étudier en français. Donc, je tiens à
le souligner, parce qu'on a entendu ces derniers temps, parfois, des
commentaires négatifs sur les étudiants internationaux, leur nombre, etc.
Le ministre, tout à l'heure, faisait référence à
un article qui a été publié hier. Je l'ai avec moi. C'est un cas unique, puis
des cas comme ça, bien, il faut les régler. Ça, c'est clair, bon, on ne va
jamais cautionner ça, ça, c'est évident. Mais ce n'est pas de ça dont on parle,
en général, dans nos universités, avec les étudiants internationaux. Et je me
permets de le répéter parce que c'est important de le souligner, ces gens-là
viennent ici pour faire de la recherche, pour contribuer au savoir, pour
contribuer à la société québécoise. Et, dans leur mémoire, l'Université du Québec
à Rimouski reconnaît leur apport inestimable, inestimable, de ces jeunes, à la
société québécoise. Et on dit que «le projet de loi pourrait freiner leur
éventuelle intégration et rétention dans les régions».
On ajoute qu'«il est important, pour l'Université
du Québec à Rimouski, d'exprimer son désaccord quant à la pertinence d'un tel
projet de loi, mais aussi quant au libellé actuel.» Parce que peut-être que, du
côté gouvernemental, on parle d'agilité, mais, quand on regarde le projet de
loi, on y voit, notamment à l'article 3, que «le ministre peut prendre une
décision relative à la réception et au traitement des demandes présentées
conformément au chapitre III» et qu'il peut prendre une décision «en
tenant compte, notamment, des orientations et des objectifs fixés au plan
annuel d'immigration, des besoins économiques, de la main-d'oeuvre, du besoin
de favoriser une diversité». Bref, c'est ce que le ministre, dans son exposé,
appelait, et je crois avoir assez bien noté ses propos, «fixer les domaines
porteurs pour le Québec».
Alors, c'est sa perception, je le respecte. Mais
moi, quand je regarde son projet de loi, moi, ce que ça me dit, c'est qu'au
fond est-ce que c'est le ministre, désormais, qui va décider dans quels
secteurs les universités, au Québec, vont faire de la recherche, vont investir,
vont développer des laboratoires? Qu'arrive-t-il, à ce moment-là, de la liberté
académique, qui doit être, à mon avis, respectée?
Alors, autant de questions pour lesquelles nous
n'avons pas de réponse, mais une chose est sûre, une chose est sûre, c'est que
l'Université du Québec à Rimouski exprime son désaccord quant à la pertinence
et au libellé, alors, mais pas uniquement au libellé, mais, quand même, à la
pertinence d'un tel projet de loi.
Et ce n'est pas tout, ce n'est pas tout,
l'Université du Québec à Montréal... Puis je cite des documents du réseau des
universités du Québec, parce que l'Université du Québec, c'est une réalisation
québécoise qui génère chez moi une grande
fierté. Ce sont des pôles de savoir dans un très grand nombre de régions du
Québec qui rendent, pour les gens des régions, un accès à des études
universitaires, et ça, c'est, pour moi, hyper, hyperimportant. Et, quand on
regarde ces réseaux-là, bien, plusieurs, évidemment, ont des études
supérieures, et, dans les études supérieures, bien, ils attirent, bien sûr, des étudiants qui viennent de
l'international, et qui vont donc vivre, et qui vont aller étudier, travailler,
éventuellement, dans nos régions. Donc, c'est un élément très positif
pour le Québec, et je tiens à le souligner pleinement.
• (10 h 30) •
Revenons à
l'Université du Québec à Montréal. Et on nous dit : «Les étudiants et
étudiantes internationaux, tant par leurs activités d'études et de recherche
que par l'intégration dans la société québécoise, contribuent à limiter l'impact de la diminution de l'effectif étudiant québécois
sur le marché du travail.» Et, on le sait, Mme la Présidente, on aura une
pénurie de main-d'oeuvre. Donc, il faut être capable de planifier. Il faut être
capable d'avoir des gens qui sont évidemment
bien formés, qui sont compétents pour occuper les emplois de demain, mais il
n'y a pas juste ça. Dans leur
mémoire, l'UQAM souligne : «Les universités francophones jouent un rôle de
vecteurs d'intégration socioculturelle et linguistique pour les
immigrants et les immigrantes temporaires.» C'est vrai, c'est une richesse.
Alors, si on veut les limiter, bien, ça devient un appauvrissement collectif,
et, ça, je pense qu'il faut le souligner. Il faut le souligner. Donc,
l'Université du Québec ne voit pas d'un bon oeil le projet de loi n° 74.
Je vais laisser le
monde universitaire pour quelques instants, mais je vous parlais de pénurie de
main-d'oeuvre. Je vous parlais de
l'importance d'avoir de la main-d'oeuvre qualifiée et de l'impact que pourra
avoir le projet de loi n° 74. Bien, on a reçu, en consultations particulières, un mémoire de la
présidente-directrice générale de l'Association québécoise du transport
aérien, l'AQTA, puis on sait comment le transport aérien, l'aviation,
l'avionique, c'est important pour le Québec.
Non seulement le Québec construit, fabrique des avions, c'est une réussite, on
n'a qu'à penser à Mirabel, mais, en plus, l'OACI a son siège à Montréal, seul
siège des Nations unies véritablement d'importance au Canada. Vous
connaissez, bien sûr, l'importance de Bell Helicopter à Mirabel, d'Airbus à
Mirabel, c'est sûr. Combien il y a d'emplois bien rémunérés dans cette grande
région du Québec qui font en sorte qu'on a une économie qui fonctionne bien?
Alors,
l'Association québécoise du transport aérien, qui est un organisme à but non
lucratif, nous dit : «D'abord, faites attention, il y a une pénurie
de main-d'oeuvre dans le secteur du transport aérien.» Une étude, un mémo émis par Transports Canada en 2024... Donc, c'est quand
même tout à fait récent. Et on nous parle, par la suite, des conséquences
régionales d'une limitation du nombre d'étudiants étrangers au Québec, et on
nous dit : «L'AQTA est extrêmement préoccupée des conséquences de
l'adoption du projet de loi n° 74, qui viendrait limiter encore davantage
le nombre d'inscriptions d'étudiants étrangers au moment même où l'offre peine
déjà à répondre aux besoins de l'industrie et du gouvernement. Et, quand on
prend cet énoncé-là et qu'on l'applique au projet de loi n° 74, on peut y
déceler tous les effets néfastes de ce
projet de loi tel qu'il est présentement. Pourquoi? Bien, parce que,
rappelez-vous ce que je soulignais il y a quelques minutes, il n'y a
rien dans le projet de loi qui permet de... une prévisibilité, qui permet de
prévoir, qui permet de savoir ce qu'il va arriver.
Alors, vous conjuguez
ça avec certains secteurs où il peut y avoir une pénurie de main-d'oeuvre, et
là ça devient très préoccupant. Est-ce que le gouvernement va réagir en
disant : Ah! c'est un secteur particulier? Parce que tout à l'heure le ministre nous disait, parlait... il
référait aux domaines porteurs. Peut-être, mais on ne le sait pas. Et
mettez-vous à la place d'un étudiant étranger qui veut venir développer
des compétences, des techniques, que ce soit en génie de l'aviation, construction d'avion, pilotage, etc.,
puis qui ne sait pas ce qu'il va arriver. Il dit : Si je commence mes
études, est-ce que je vais pouvoir les finir? Qu'est-ce qu'il va m'arriver?
Est-ce que les règles vont changer entre-temps? Vous ne le savez pas. Bien,
qu'est-ce que vous allez faire? Bien, vous allez aller ailleurs.
Moi, j'ai été très
privilégié dans ma vie parce que j'ai eu le privilège de faire des études à
l'étranger, justement, des études supérieures. Qu'est-ce que j'ai regardé?
Bien, évidemment, comment les étudiants étaient encadrés, gérés, quels étaient
les avantages. Puis, après ça, bien, ça a fait en sorte que j'ai choisi où
j'allais aller. C'est normal, tout le monde fait ça. Et là l'enjeu, avec le
projet de loi du ministre, c'est que, justement, ils ne le sauront pas. Puis ce
que je vous dis, ce n'est pas totalement hypothétique, là, parce que, lisez les
journaux dans les derniers jours, c'est vrai, on ne parle pas nécessairement
d'étudiants, on parle de travailleurs, on parle de gens qui ont des CSQ, on
parle de gens qui ont des CAQ puis qui voudraient avoir la citoyenneté, puis
que, là, les règles changent dans le milieu de l'équation. Alors, ça devient
très, très, très compliqué.
Imaginez l'impact
pour une région du Québec, ce n'est quand même pas banal, ce n'est pas banal.
Et on nous dit en plus, dans leur mémoire, que, sans l'apport des étudiants
étrangers, si on n'a pas assez de pilotes, si on n'est pas capable de former
assez de pilotes, bien, évidemment, c'est des régions qui vont en payer le
prix. Puis, vous le savez comme moi, le Québec, c'est un grand territoire,
magnifique mais grand. Puis moi, j'ai toujours en tête le Nunavik, parce que, dans mes responsabilités de
parlementaire, j'ai aussi le privilège d'être le porte-parole de l'opposition
officielle pour les Premières Nations et les Inuits. C'est loin, le
Nunavik. Donc, pas de pilote, pas d'avion, de toute façon, ils n'ont pas de route, alors c'est aussi simple que
ça. Donc, l'impact, il est important, l'impact, il est majeur. Et donc il faut
être capable de réagir et, justement, d'être agile. C'est ça qui est important.
L'association nous
dit : «Les mesures s'ajoutent et fragilisent l'industrie aérospatiale
québécoise reconnue comme un des trois pôles mondiaux dans le domaine.
L'aérospatiale et l'aviation sont des secteurs névralgiques et stratégiques
pour l'économie du Québec.» Il y a des régions qui en dépendent, et vous êtes à
même, bien sûr, de le savoir. Donc, autre mémoire, autre élément, et ce n'est
pas très positif pour le projet de loi n° 74.
Mais ce n'est pas tout.
On continue, on continue. Cette fois-ci, permettez-moi de référer au document
qui a été rédigé par HEC Montréal, un pôle de haut savoir de réputation
internationale. On est chanceux, c'est à Montréal. Et qu'est-ce qu'on nous dit?
Bien, on nous dit, entre autres, à la page 3, que, pour les étudiants
internationaux, le Québec travaille dans un secteur où il y a une concurrence
mondiale. C'est un peu ce que je vous disais tout à l'heure. Et on nous souligne, à la page 3 de leur
document : «Plus que jamais, la concurrence pour attirer les meilleurs
talents à Montréal et au Québec est mondiale.
«Les différents pays
courtisent les mêmes candidats que nous — évidemment — pour
soutenir l'innovation et la productivité», donc il en va de l'innovation et de
la productivité au Québec, mais également pour cultiver une diversité, bien sûr,
qui est bienvenue chez nous.
HEC Montréal.
La conclusion : «Un triste constat», les mots sont quand même forts, là,
«un triste constat en guise de conclusion».
«La
perception externe est toute simple — et
je cite — mais
provoque déjà des effets concrets et délétères — et ce n'est pas moi qui l'écris, là,
"délétère", c'est fort, comme mot — le Québec et le Canada ne
sont plus des destinations de choix pour les études d'enseignement supérieur.
«À l'heure où les défis des changements
climatiques, de la baisse de productivité et de l'accroissement des inégalités, pour ne nommer que ceux-ci, dominent
notre environnement socioéconomique, la contribution d'un établissement
universitaire francophone, comme HEC, évidemment, est nécessaire.»
Donc, ces pôles de savoirs, ces institutions
universitaires, il faut les aider, il ne faut pas leur nuire. Et ce que le
projet de loi n° 74 va venir faire, tel qu'il est
rédigé, bien, c'est évidemment de leur nuire, je répète, «un triste constat en
guise de conclusion», et les effets sont «concrets et délétères».
Et je pourrais m'arrêter là, mais non, on en a
reçu plein, de mémoires. Évidemment, Mme la Présidente, je ne vais pas tous les
lire parce que, comme je vous le disais d'emblée, plusieurs se recoupent, sont
à peu près au même constat. Il est rare de
voir un consensus, l'ensemble des participants qui sont venus nous voir en
consultations particulières, qui se dégage en disant : S'il vous
plaît, M. le ministre, ne faites pas ça. S'il vous plaît, ne touchez pas à ça,
parce que ça va avoir un impact.
Puis là,
bien, je vous ai donné des exemples concrets d'impact avec des mots qui sont
utilisés dans des documents qui ont été rédigés par ces maisons
d'enseignement supérieur. Puis je tiens à le dire, parce que c'est important
que cette voix-là soit entendue.
• (10 h 40) •
Maintenant, à l'ETS, le génie pour l'industrie,
École de technologie supérieure de l'Université du Québec, on souligne, à la page 9 de leur document :
«Réduire le nombre d'étudiantes et d'étudiants internationaux créerait un
manque de talents qui serait difficile à combler par les seuls diplômés
locaux.» Donc, encore là, ce n'est évidemment pas très positif. Et donc ça a un impact. Et on nous dit, évidemment, que, quand
les gens viennent étudier ici, bien sûr, bien sûr, ils apprennent, mais, après, quand ils retournent
dans leur pays, bien, ils deviennent des ambassadeurs de nos établissements
d'enseignement supérieur, et c'est bénéfique
pour le Québec. Quand, par la suite, le Québec a des relations à
l'international dans différents pays puis qu'il rencontre des gens qui
ont été formés au Québec, bien, ça crée des liens, évidemment. Donc, c'est
effectivement très, très important.
Quittons maintenant le monde universitaire et
regardons ce qu'en dit la Chambre de commerce du Montréal métropolitain,
organisme qui est quand même bien placé pour être capable d'évaluer le
positionnement de Montréal, le positionnement de Montréal dans le domaine de
l'économie. Puis on sait comment l'économie, c'est important pour le Québec.
Donc, ce qu'on nous dit, et d'ailleurs c'était... c'est le titre de leur
mémoire : Étudiants internationaux, des catalyseurs de croissance et de
vitalité. Donc, ça résume un peu ce que je vous disais tout à l'heure.
Donc, les gens qui viennent ici non
seulement apprennent, partagent, mais, après, quand ils retournent chez eux,
bien, évidemment, ils vont être des
ambassadeurs pour nos établissements d'enseignement. Et ça, je pense que c'est
fondamental, et il faut le dire.
Et ce qui est intéressant dans ce mémoire, c'est
que ça me permet de faire un lien avec ce que je vous disais, au tout début,
avec le mémoire de la Commission des droits de la personne : manque de
prévisibilité, absence de certitude, création d'une incertitude. Alors, ce
qu'on nous dit, et ce que le président de la chambre nous disait : «Pour attirer et retenir les meilleurs talents
internationaux, les processus de recrutement doivent être soutenus par des
politiques d'immigration claires et prévisibles. L'imprévisibilité
réglementaire compromet directement les efforts des universités pour recruter
des étudiants internationaux.»
Et on ajoute,
à la page 5 du mémoire : «La réputation du Québec et plus
particulièrement de Montréal en tant que destination académique de
choix, repose sur la stabilité de cadres réglementaires, sur des démarches
administratives simplifiées, transparentes,
soutenant l'intégration. Un cadre attractif doit permettre aux étudiants
internationaux de s'installer au
Québec, sans obstacle inutile ou imprévisible. Autrement, Montréal risque de
perdre des talents susceptibles de contribuer à des secteurs
névralgiques comme les sciences, la technologie, l'intelligence artificielle,
dont on parle beaucoup, et les sciences de la vie. Une réduction du nombre
d'étudiants internationaux, causée par des démarches administratives dissuasives, affaiblirait non seulement la
compétitivité des établissements, mais aussi leur capacité d'innovation,
considérant que leurs modèles financiers dépendent en partie des frais de
scolarité et des étudiants internationaux.»
Donc il faut une prévisibilité. Il faut éviter
de nuire à la réputation du Québec. Les étudiants internationaux, à Montréal,
c'est une contribution essentielle à l'économie québécoise. Donc, autant
d'éléments importants puisque, puisque les étudiants universitaires
internationaux, comme je le soulignais, sont aussi des vecteurs d'innovation.
Donc, il ne faut pas, il ne faut pas mettre en place un cadre législatif, par
la suite réglementaire, qui va venir nuire aux efforts des universités que nous
avons au Québec et à Montréal.
D'ailleurs, dans La Presse, il y a
quelques jours, et je vous parlais de plusieurs établissements universitaires,
bien, Maud Cohen, qui est la directrice générale de Polytechnique Montréal,
disait : «Les étudiants internationaux au Québec, une richesse à
protéger.» Donc, il faut s'assurer qu'on aura toujours cette attractivité. Et
les chiffres sont quand même intéressants, les pourcentages. On parle ici de
Polytechnique, mais on nous dit, et c'est la directrice générale qui l'écrit
dans La Presse : «Près de 60 % des inscrits à la maîtrise et
près de 70 % des inscrits au doctorat, à Polytechnique Montréal,
proviennent de l'international.» Ce n'est quand même pas banal. Et la
Polytechnique, évidemment, n'est pas le seul établissement universitaire à
vivre cette réalité-là.
Donc, ce qu'il faut, c'est avoir une
prévisibilité. C'est être capable, pour ces étudiants-là internationaux, de se dire : Ah oui! ils ont des lieux de haut
savoir, au Québec, il y en a dans plusieurs régions. Il faut être capable, il
faut être capable de savoir ce qu'il va m'arriver, si moi, je décide, si
moi, je décide d'aller au Québec, de vivre là, d'y travailler, d'étudier. C'est
excessivement important. Mais, quand vous regardez le projet de loi, puis en
particulier l'article 3, bien, la prévisibilité, moi, je ne la vois pas.
Je vois malheureusement beaucoup d'arbitraire. Et je ne suis pas le seul à le dire, l'ensemble des groupes nous l'ont dit. Et je
n'entrerai même pas dans les détails de l'importance de préserver la liberté académique des universités, parce que,
ça aussi, on nous l'a dit. Donc, quand vous regardez le projet de loi, là,
il y a des lumières rouges, jaunes qui allument partout, partout.
Tu sais, j'aurais tellement aimé qu'à un moment
donné quelqu'un vienne nous dire : Écoutez, là, c'est vraiment génial,
votre idée, M. le ministre, là. Bien non, bien non, même pas, aucunement.
Alors, moi, j'invite M. le ministre à regarder tout ça, à réfléchir et à voir
ce qu'il va faire avec son projet de loi. Je pense que c'est important. Il n'y
a pas eu beaucoup de gens qui se sont levés pour lui dire que c'était l'idée du
siècle ou de la décennie.
J'écoutais attentivement M. le ministre et,
évidemment, je vais faire attention, là, parce que je veux le citer
correctement, mais j'ai pris quelques notes. M. le ministre, dans son exposé,
nous disait : Écoutez, il faut agir, parce que, là, je n'ai pas les moyens...
je ne veux pas baisser les seuils, puis il faut éviter les usines à fabriquer
des citoyens canadiens par faux prétexte. Bien, ça, là, je vous dirai, Mme la
Présidente, évidemment, c'est sûr qu'il faut éviter de fabriquer des usines à
fabriquer des citoyens canadiens par fraude. C'est évident, ça, c'est certain.
Ça, là, il n'y a pas personne, là, qui va vous dire : Ah oui, aïe, ils ont
trouvé un mécanisme, là, c'est peut-être un peu frauduleux, donc c'est bon.
Bien non, ce n'est pas bon. Ce n'est pas bon, non, non, ça, c'est bien clair,
c'est très, très, très clair.
Moi, dans ma vie, j'en ai poursuivi, des
fraudeurs, là. Ça fait que ça, c'est bien clair qu'on n'en veut pas au Québec,
mais, une fois que j'ai dit ça, il y a quand même des moyens, dans la
législation actuelle, que le ministre peut utiliser.
Puis, si c'est vraiment ça, si c'est ça, son enjeu dans quelques
établissements, parce que là aussi... Puis, ça, M. le ministre y a fait
référence, là, il y a eu des articles du bureau d'enquête du Journal de
Montréal dans un établissement, un collège privé de Montréal, là. Bien, ça,
c'est sûr que ça n'a aucun bon sens. On ne veut pas ça. Ça, c'est évident, mais
ça, c'est un établissement.
• (10 h 50) •
Alors, M. le ministre va nous dire qu'avec toute
la panoplie législative au Québec présentement, tous ses conseillers, il faut
ce projet de loi là pour arrêter ça. Permettez-moi d'en douter parce que, dans
son projet de loi, ça ratisse tellement large que, là, il est en train de
s'attaquer à toutes les universités. Puis c'est la raison pour laquelle j'ai
pris la peine de citer plusieurs documents, plusieurs mémoires qu'on a eus en
commission pour illustrer que ce n'est pas seulement moi, là, qui dis ça, là,
mais il y a littéralement plusieurs institutions, et ils ne voient pas le
projet de loi d'un très bon oeil.
M. le
ministre nous dit qu'il a absolument besoin de cette législation-là. D'accord,
mais je regardais les règlements sur l'immigration au Québec, adoptés en
vertu de la loi, particulièrement la section II, le Programme des
travailleurs étrangers temporaires, et le Programme des étudiants étrangers,
section III. Dans le règlement, actuellement, il est écrit, à
l'article 11 : «Le ministre consent au séjour d'un ressortissant
étranger dans le cadre du Programme des étudiants étrangers lorsqu'il satisfait
aux conditions suivantes :
«1° il est admis dans un établissement
d'enseignement québécois;
«2° il dispose et continuera de disposer, pour
lui et les membres de sa famille qui l'accompagnent et pendant la durée du séjour au Québec, de ressources
financières suffisantes[...] — alors j'espère que, dans son ministère, ce sont
des choses qu'ils suivent et qu'ils analysent :
«a) payer les frais de transport aller-retour
entre le lieu de sa résidence à l'étranger et celui de sa destination au
Québec, les frais de scolarité[...];
«b) payer le montant [d'assurance] maladie[...];
«c) subvenir aux besoins essentiels sans qu'il
lui soit nécessaire d'occuper un emploi...» Évidemment, dans le cas des
mineurs, il faut, bien sûr, un consentement avec l'autorité parentale.
Mais on nous dit également, à l'article 13
du règlement : «L'étudiant étranger doit recevoir l'enseignement pour le
niveau d'études pour lequel le consentement du ministre a été donné.» Et, à
14 : «L'étudiant étranger doit faire de ses études sa principale activité,
à moins que le but principal de son séjour soit le travail», etc.
Donc, il y en
a, des critères, présentement. Donc, la question que moi, je me pose,
c'est : Quel suivi est fait de ça? Je veux dire, émettre un certificat pour les étudiants étrangers, il y
en a, des critères, présentement. Quand on nous parlait de ce collège
privé de Montréal avec 12 000 étudiants étrangers, quand j'ai lu
l'article, ces étudiants-là ont tous eu des certificats
d'acceptation du Québec, communément appelés CAQ. Il n'y a aucun critère? Il
n'y a aucune vigie? Il n'y a aucune mesure? Rien? Écoutez, ça me
dépasse, honnêtement, là.
Puis la réponse du ministre, c'est de
dire : Ah, bien, il me faut absolument ce projet de loi là, là, où je vais
être capable de venir déterminer des... prendre des décisions en tenant compte
des orientations et des objectifs fixés au plan annuel d'immigration, dont il
est responsable, des besoins économiques, de la main-d'oeuvre, favoriser une diversité
de provenances, adopter des règlements, puis on ne sait pas lesquels.
Et il y a même un article qui va venir amender
la Loi sur l'enseignement privé, pour, évidemment, permettre de déterminer des seuils d'élèves résidant au
Québec. Et là on n'a pas tellement de précisions sur ce que ça va donner. On
n'est même plus nécessairement dans l'enseignement universitaire. Donc,
qu'est-ce qu'on cherche à faire exactement? C'est assez nébuleux et ce
n'est pas précis.
Donc, est-ce qu'il y aura un impact sur les
régions? Oui. Est-ce qu'il y aura un impact sur la compétitivité de Montréal?
Oui. Les étudiants étrangers internationaux, c'est une richesse à protéger,
c'est ce que je soulignais, et il faut être capable de maintenir la
compétitivité du Québec à l'international. Il en va de notre économie, il en va
de notre développement, il en va d'une richesse importante pour le Québec. Si,
au moins, Mme la Présidente, je pouvais me rattacher à un document, à quelque
part, qui dit : Oui, oui, c'est bon, bon, je vous le dirais, là. J'en
cherche encore.
Aujourd'hui,
mes collègues vont intervenir après moi, je les remercie, mais c'est assez
particulier, je vous dirais, comme projet de loi. Et je ne peux pas
passer sous silence deux commentaires de M. le ministre à la fin de son exposé.
Et, encore là, je fais
attention à mes mots, mais je pense l'avoir cité... je pense que je vais le
citer textuellement. Ce que j'ai
entendu, c'est : Nous cautionnons des dérapages si on est contre le
principe. Ah bon! Ah bon! Donc, si, moi, là, comme parlementaire, là,
qui a été élu à l'Assemblée nationale, qui travaille avec tous mes collègues,
si moi, je vote contre le principe, puis, je vous le dis, c'est ce que je vais
faire, là, pour toutes les raisons que je vous ai mentionnées, est-ce que je
dois comprendre que je cautionne des dérapages? Moi, je n'ai pas cette
impression-là. Moi, j'ai l'impression de faire mon travail de parlementaire.
Moi, j'ai l'impression de contribuer au débat. Moi, j'ai l'impression de
vouloir faire changer, entre autres, ce projet de loi là pour le bien des
Québécois puis des Québécoises.
Puis ce n'est pas
juste moi qui le dis, Mme la Présidente. On peut regarder : Chambre de
commerce du Montréal métropolitain, HEC, UQAM, UQAR. Permettez-moi de vous
citer l'UQAR : «Difficile de comprendre la nécessité d'adopter une loi.
Permettez-nous d'exprimer notre désaccord quant à la pertinence d'un tel projet
de loi.» C'est exactement ce que je vous dis, Mme la Présidente. Est-ce que je
dois conclure que tous ces établissements-là, parce qu'évidemment ils ne sont
pas pour le projet de loi, là, moi non plus, là... Est-ce qu'on est tous en
train de cautionner des dérapages? Écoutez, je trouve ça fort. J'ai le droit,
comme parlementaire, de m'exprimer, puis j'ai le droit d'être en désaccord,
puis le gouvernement a le droit de faire son travail. Si le ministre pense que
c'est ce qu'il faut, bien, c'est lui le ministre, c'est lui qui a la
responsabilité ministérielle, il travaille avec le gouvernement, je le
respecte. Mais, moi, comme parlementaire, par exemple, je voudrais aussi qu'on
me respecte puis qu'on ne vienne pas me dire que je vais cautionner des
dérapages si je suis contre le principe. Non, je vais m'exprimer comme
parlementaire puis je vais faire mon travail de parlementaire au meilleur de ma
connaissance, ce que mes collègues vont faire également.
Donc, je tenais à
apporter cette précision-là parce que, bien sûr, bien sûr, on veut que ça
fonctionne, bien sûr, on veut ce qu'il y a de mieux pour le Québec, mais je
vous le dis sincèrement et respectueusement, moi, je vais faire mon travail de
parlementaire, puis, s'il y a des éléments que je dois questionner, s'il y a
des éléments que je dois contester, bien, je vais le faire, c'est mon travail,
c'est mon travail.
Pendant toute la
durée de ce projet de loi là, je vais avoir le privilège d'être accompagné de
ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont, on va faire notre travail d'opposition officielle,
Mme la Présidente. Puis tous les gestes qu'on va poser, on va le faire pour le
bien des Québécois et des Québécoises, mais ça, je tenais à le dire, je tenais
à le dire en cette Chambre, je tenais à le dire devant mes collègues. Non, on
n'en veut pas, de dérapage, mais on veut qu'on ait des bonnes lois au Québec
puis on veut que nos institutions d'enseignement puissent travailler, être
compétitives pour l'ensemble du Québec puis pour l'ensemble du monde également.
Donc, pour toutes ces
raisons, et je vous remercie pour votre écoute, je conclus en soulignant que je
suis contre le principe du projet de loi n° 74, Loi visant principalement
à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Je vous remercie
beaucoup, Mme la Présidente.
• (11 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député d'Acadie. Je suis maintenant
prête à entendre le député de Marquette. La parole est à vous, M. le député.
M. Enrico
Ciccone
M. Ciccone : Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, je vous
l'ai dit en privé, mais j'aimerais le répéter en public, pour vous féliciter
pour votre nomination. Bravo! C'est tout à votre honneur.
Ceci dit, Mme la
Présidente, je pense que le gouvernement de la CAQ nous a habitués, là, nous a
habitués au fil des ans, depuis les six dernières années, maintenant dans leur
septième année, qu'on n'aime pas les contre-pouvoirs. On veut avoir les
pouvoirs dans le bureau du ministre. On l'a même déjà entendu, quand les
oppositions vont s'opposer, puis ça, c'est déjà venu de la bouche du premier
ministre, là, qu'on chiale, les oppositions chialent. Moi, ça m'a toujours un
peu dérangé, Mme la Présidente, et je fais du pouce sur ce que mon collègue de
l'Acadie vient de dire.
Et, maintenant, là,
on va encore plus loin : si on s'oppose à ce projet de loi là, c'est qu'on
favorise le dérapage. Tu sais, à un moment donné, là, on a été témoins de
certaines paroles, ici, Mme la Présidente, qui sont inacceptables dans la sphère publique. Il faut faire attention.
Aujourd'hui, il faut faire attention, là, c'est... On vit en démocratie, c'est
la maison du peuple, alors je pense qu'il faut... Le choix des mots est
important, Mme la Présidente. On n'est pas toujours
d'accord, puis ce qui nous donne raison ici, ce matin, ce qui donne raison au
député de l'Acadie et mes collègues qui vont suivre après moi, c'est
que, justement... Puis on a rarement vu ça depuis les dernières années, du
moins depuis que je suis à l'Assemblée
nationale, où les groupes viennent, là, et, pratiquement, là, à 100 %,
sont contre cette idée-là, ou ils ont
des réserves majeures, ou on est vraiment inquiet avec les positons ou des
projets de loi qui sont présentés par le gouvernement.
La CAQ a toujours été
un gouvernement, un parti qui se fiait beaucoup aux sondages, très populiste,
Mme la Présidente. Et, dans ce cas-ci, là, je veux dire, si on regarde le petit
sondage qui a été fait pendant les consultations particulières, là, je pense qu'on aurait dû comprendre que ce qu'on a
mis en place dans le projet de loi n° 74, la Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, bien, écoute, on fait fausse
route, là, Mme la Présidente. Je pense qu'il faudrait mettre la... Il faudrait
se mettre la tête dans le sable pour ne pas réaliser que, oui, il y a eu
certains abus, il y a eu du dérapage au niveau du recrutement, mais... Puis là
ce n'est pas mes paroles, là, c'est les paroles de ceux qui sont venus nous
interpeler ici, à l'Assemblée nationale, où on va dire : Bien là, on
utilise un bazooka pour tirer un maringouin, là. Ça ne fonctionne pas, là.
Également, un recteur d'université qui a dit : Là, c'est comme donner un
mauvais médicament, puis là, là, on va vivre avec des effets secondaires
extraordinaires. C'est un peu ça, là, c'est
un peu ça, la vision. Puis c'est un peu le message qu'on a amené ici, à
l'Assemblée nationale, pour faire comprendre au ministre de
l'Immigration, et de la Francisation, et de l'Intégration la réalité et...
potentiellement, de ce projet de loi là, beaucoup, beaucoup d'ambiguïtés, pas
de prévisibilité.
Puis
là moi, Mme la Présidente, je vais... je vais jouer le rôle d'intermédiaire,
parce qu'encore une fois, je vais le dire pour les gens qui nous écoutent, là,
puis je suis sûr qu'ils sont en grand nombre, qui nous écoutent aujourd'hui,
là, vous savez qu'on a trois chapeaux ici, Mme la Présidente, on a le... On a
le rôle du législateur, que mon collègue de l'Acadie va faire et ma collègue
également de Mont-Royal—Outremont,
qui vont être en... qui vont étudier le projet de loi. Nous avons également le
rôle de contrôleur. Et on va le faire, là, cette semaine, encore une fois, avec
ce qui va être présenté par le ministre des Finances. Mais aussi, Mme la
Présidente, on a le rôle, selon moi, qui est peut-être le plus important, là,
c'est le rôle de l'intermédiaire.
Alors, ce que je vais
faire aujourd'hui, Mme la Présidente, c'est que je vais encore une fois tenter,
lors de l'adoption du principe, d'essayer de
faire comprendre au ministre que les groupes qui sont venus nous interpeler ne
sont pas nécessairement d'accord sur
certains éléments. Et je vais me faire l'intermédiaire de ces groupes-là, Mme
la Présidente.
Quand
on regarde l'Université du Québec, le réseau... c'est ça, de l'Université du Québec,
il y a M. Alexandre Cloutier,
un ancien collègue ici, à l'Assemblée nationale, il y avait Céline Poncelin qui
était là, de Raucourt, qui était vice-présidente, enseignement et
recherche, il y avait M. François Deschênes et M. Rousson qui sont
venus nous interpeler. Eux autres, ils avaient une grande inquiétude quant à la
mise en oeuvre, car ils ne connaissent pas l'intention du gouvernement. Déjà
là, là, quand tu ne connais pas l'intention... Puis c'est des gens du terrain,
c'est des spécialistes du terrain en enseignement supérieur. Ils ne connaissent
pas les intentions du gouvernement. Déjà là, on part, là... C'est chambranlant,
son affaire.
Également, ils disent
que c'est préoccupant de donner de tels pouvoirs réglementaires au ministre.
Alors, encore une fois, je vous disais, d'entrée de jeu, donner tous les
pouvoirs au ministre, c'est ce qu'on a... c'est ce que le gouvernement de la
CAQ nous a habitués, depuis le début de son gouvernement en place, pour essayer
de récupérer le plus de pouvoirs possible,
d'éliminer les contre-pouvoirs. Et il ne faut pas oublier, là, les universités,
là, les études supérieures, ils ont quand même une autonomie, là, ça
leur a été donné. Il ne faut pas leur enlever.
Également, ils disent
qu'ils sont inquiets quant à la répartition des programmes et leur
accessibilité sur le territoire. «Avoir un large éventail de domaines est un
avantage pour le Québec. Les besoins d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes que
demain. Il faut donc ouvrir tous les programmes et non se limiter à certains
secteurs.»
Également, ils ont
des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement d'intervenir dans la
planification des programmes. Également, ils ont soulevé une crainte que les
sciences sociales passent à la trappe.
Si on va... Si je
cite également un autre groupe qui sont venus nous interpeler, il y avait
Daniel Jutras, qui était le recteur de l'Université de Montréal. Il est venu
également avec M. Deep Saini, qui est le principal et vice-chancelier de l'Université
McGill. Eux autres stipulent, Mme la Présidente, que le projet de loi pourrait
contraindre les universités et aller à
l'encontre de l'autonomie, leur autonomie, je vous en ai parlé un peu plus tôt,
qui est très importante, soit dit en passant, pour les universités.
Également, ils ont
parlé de... «La croissance actuelle est cohérente et doit être soutenue et
encouragée.»
Également, le projet
de loi ne répond pas aux abus potentiels, les abus que je vous parlais un peu
plus tôt. Comme je vous dis, on réalise, là,
qu'il y a un problème. Pourquoi qu'on ne s'attaque pas à ce problème-là? Là,
vraiment, là, on vient, là, de
chambouler le tout puis on ne sait même pas si ça va fonctionner. Beaucoup
d'inquiétudes des gens sur le terrain. Je vous le répète, là, on utilise
un bazooka pour tirer un maringouin.
Puis il faut également,
là... Ce qu'ils stipulent, c'est qu'il faut arrêter de dire que les étudiants
internationaux sont des problèmes. Il faut arrêter de dire ça, Mme la
Présidente, parce que, sans eux, ils ne pourraient pas faire les projets de
recherche et les laboratoires de recherche. Elles compétitionnent, les
universités compétitionnent à l'échelle mondiale. Les étudiants reçoivent
plusieurs offres. Les processus de recrutement sont très rigoureux. Encore une
fois, je vous cite, là, M. Jutras et M. Saini : «L'Université
Laval aura 1 700 étudiants internationaux, et la sélection est bien
faite, mais c'est une perte de 22 % d'inscriptions à cette université
cette année. C'est majeur et dû, notamment, à de nombreuses mesures
administratives des ministères.»
Quand le gouvernement
nous dit : On écoute les gens sur le terrain, c'est des partenaires
importants, puis que les partenaires sur le
terrain, les spécialistes dans le domaine viennent vous dire : Oh!
attention, là, ce que vous faites, là, ça risque de ne pas fonctionner puis ça
peut nous mettre dans le trouble également, alors, il faut les écouter, Mme la Présidente.
Il n'y a rien de mal. On l'a déjà vu dans le passé, là. C'est ce qui faisait
que les gens aimaient le premier ministre à l'époque, il était capable de dire
qu'il avait fait une erreur : Ah! j'ai fait une erreur. Parfait. On va
changer. C'est sûr qu'on regardait les chiffres au bout du sondage puis, après
ça, bien, on se réajustait, là, mais ça passait toujours bien. On dirait, là, que ça ne fonctionne plus. On dirait que
ça ne fonctionne plus. Alors, Mme la Présidente, ils demandent d'être
exclus du projet de loi, car ils ne font pas partie du problème.
• (11 h 10) •
Maintenant, je vais
vous citer, Mme la Présidente, l'Union étudiante du Québec, qui était
représentée par M. Paré et
Mme Dommanget. Eux autres, ils ont une crainte de la centralisation du
pouvoir dans les mains du ministre de l'Immigration.
Encore une fois, ça revient toujours, là. Ça fait que ce n'est pas une personne
qui te le dit ou un groupe, là, c'est récurrent, Mme la Présidente. «Le
projet de loi vient perturber le financement des universités.» Ai-je besoin de rappeler l'importance du financement des
universités, un financement autre, justement, que qui vient du gouvernement, le
financement des étudiants étrangers, comment
c'est important? Puis ça, c'est nos étudiants du Québec qui en bénéficient.
Également, qu'est-ce
qui en bénéficie, c'est notre réputation à l'international. Je suis fier, moi,
de parler de l'Université McGill. Je suis fier de parler de l'Université de
Montréal, de l'Université Concordia. Ces universités-là font de grandes choses. Ça fait qu'on a besoin de ce soutien-là. Et le
groupe, Mme la Présidente, dénonce le fait que le PEQ a été suspendu
sans préavis.
Depuis deux, trois ans, on
n'a pas bonne presse à l'étranger. Il y a des baisses d'admissions, et c'est
lié à l'international. Ils s'expliquent mal, également, ce que le gouvernement
veut faire avec ce projet de loi, en raison de formules de financement des
universités et pour le plan stratégique du MES, le gouvernement est en
contradiction.
Quand tu as
les gens du milieu qui ne comprennent même pas un projet de loi... Puis c'est
des universitaires, là, Mme la Présidente, là, mais on ne comprend pas
ce que le projet de loi va donner. Je comprends que les projets de loi, en théorie, là, ça devait être écrit pour que le
citoyen puisse le prendre et comprendre, là, mais, quand il y a des
universitaires qui touchent... ou un projet de loi vient toucher leur
milieu, puis qu'ils ne comprennent pas, Mme la Présidente, ce qui est dans le
projet de loi, ce que ça va faire, c'est inquiétant. Ou du moins, ou du moins
j'espère que le ministre prend note que,
quand va arriver le temps d'étudier l'article par article... qu'il va déposer
des amendements pour rectifier le tout, là.
Maintenant, Mme la Présidente, Fédération des
cégeps, qui était représentée par notre ancienne collègue Mme Marie
Montpetit, on parle ici d'un amalgame risqué : «Les 48 cégeps publics
ne sont pas une porte d'entrée malsaine pour l'immigration. Les cégeps sont la
solution et non le problème. L'avantage des étudiants étrangers est de
maintenir une carte de programmes sur tout le territoire, ce qui améliore
l'accessibilité.» Elle demande également l'exemption du réseau collégial du
projet de loi.
C'est drôle, parce que la plupart des groupes,
là, ils ont ça en commun, ils demandent à être exemptés de ce projet de loi là.
Ça fait que, finalement, si on leur demande d'être exemptés du projet de loi,
bien, le projet de loi va servir à qui, Mme
la Présidente? Tu sais, il faudrait écouter, à un moment donné, il faudrait
écouter. Je comprends qu'il reste
deux ans, là, puis je comprends qu'on va avoir... on veut mettre des rubans à
notre tableau, Mme la Présidente, là, mais, en même temps, tu sais,
c'est-tu vraiment ça que tu veux laisser, là, une ambiguïté?
Et également ils sont inquiets de la
centralisation du pouvoir décisionnel au MIFI, car il n'a pas l'expertise. Ils
demandent minimalement l'implication du MES. C'est légitime comme demande, Mme
la Présidente.
L'Association québécoise des avocats et avocates
en droit de l'immigration : «La grande majorité des étudiants sont de
bonne foi. Cela prend plusieurs années avant de voir les effets de la présence d'un
étudiant sur le territoire, notamment sur la
recherche et l'innovation.» Il faut arrêter de regarder à court terme, Mme la
Présidente. Là, à court terme, on
peut dire qu'on a fait quelque chose, mais ça prend un certain temps. Comme le
mentionne l'Association québécoise des avocats et avocates en droit de
l'immigration, ça prend un certain temps, notamment sur la recherche et
l'innovation, pour avoir les résultats.
«L'imprévisibilité
que cause le projet de loi n° 74 — encore
une fois l'imprévisibilité, qui revient souvent — met en
péril les retombées économiques.» Seulement à Montréal, en 2019-2020, les
retombées étaient de 722,3 millions de dollars, Mme la
Présidente. C'est des retombées économiques, là. Il ne faut pas le nier.
«Lier le
certificat d'exemption Québec à un établissement est problématique pour la
mobilité.» L'an passé, le PEQ est devenu hors quota, alors le gouvernement
s'est autosurpris avec le niveau des demandes. «C'est de l'incohérence,
de la part du gouvernement, de faire
volte-face.» Ce n'est pas le député de Marquette qui le dit. Je suis
l'intermédiaire, Mme la Présidente.
Et là je pourrais continuer, là, avec
l'Université Bishop's, également, la FEC-CSQ, avec M. Youri Blanchet,
M. Bélanger, M. Poirier, également, Fédération étudiante collégiale
du Québec, M. Antoine Dervieux, et aussi École de technologie supérieure.
Eux, ils ont énormément d'inquiétudes sur le projet de loi. Conseil central du
Montréal métropolitain, Mme la Présidente, ils sont contre ce projet de loi.
M. Michel Leblanc, tout le monde le connaît, là. Je veux dire, il a ses
lettres de noblesse, M. Leblanc, là. Il faudrait peut-être l'écouter,
l'utiliser comme partenaire.
500 millions
de retombées économiques à Montréal seulement en 2019. On parle de retombées économiques,
là. Est-ce qu'on va être capables d'avoir les mêmes retombées
économiques avec ce projet de loi là? Est-ce que j'ai besoin de rappeler qu'on
est 11 milliards dans le trou? 11 milliards que la CAQ nous a mis,
Mme la Présidente, puis là on veut peut-être toucher et déstabiliser les
retombées économiques.
Mme la Présidente, je pourrais... Je sais que
j'ai 20 minutes, là, ça fait que je vais tout de suite passer, Mme la Présidente, à une lettre qu'on a reçue, une lettre
qu'on a reçue... une lettre qui a été envoyée à la ministre de l'Enseignement
supérieur et à M. le ministre de l'Immigration. Et, en copie conforme, Mme la
Présidente, il y avait plusieurs ministres également. Il y avait la ministre
des Relations internationales, le ministre de l'Emploi, le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, M. le ministre des Finances et M.
le ministre délégué à l'Économie. Je vais vous la lire, Mme la Présidente,
bien, si j'ai le temps de la finir, là.
«Mme la
ministre, M. le ministre, à l'issue des deux journées de consultations sur le
projet de loi n° 74 des 5 et 6 novembre derniers, nous tenons
à partager avec vous certaines observations et conclusions qui nous rassemblent
et qui nous incitent à vous réitérer notre réserve quant à l'application de ce
projet de loi dans le cas des établissements universitaires québécois. Nous
croyons que cette éventuelle loi aurait des effets très négatifs pour nos
établissements et pour le Québec.
«Nous n'allons pas reprendre ici l'ensemble des
arguments présentés en commission parlementaire par nos membres, mais, d'entrée
de jeu, nous tenons à rappeler à quel point cet accueil de nouveaux talents
internationaux dans nos universités
constitue un gage de richesse à plusieurs égards pour le Québec, à la fois pour
répondre à nos enjeux de pénurie de main-d'oeuvre, de développement
social, économique, culturel et durable, par leur contribution à la recherche,
à la création et à l'innovation de classe mondiale.
«Faut-il aussi rappeler que
l'internationalisation de nos cours, programmes et activités demeure une
réalité nécessaire et incontournable pour les étudiants québécois?
«Enfin, nous avons à coeur la francisation de
ces étudiants, étudiantes, gage de leur intégration dans nos régions et du
respect de l'identité québécoise. Nos établissements veillent à l'assurer in
situ avec sérieux, y compris de la part de nos universités anglophones.
«Nous tenons d'abord à
souligner que la population étudiante universitaire provenant de
l'international n'a pas fait l'objet d'une augmentation extraordinaire de
l'ordre de celle qui a été évoquée lors de l'annonce du projet de loi. D'après
les données de l'IRCC partagées avec le MIFI, 117 745 personnes
étaient titulaires de permis d'études valides au 31 décembre 2023. De ce
nombre, à peu près 95 000 fréquentaient un établissement d'enseignement
supérieur au collégial et à l'université, et près de 70 000, donc près de
60 % du total des titulaires de permis d'études, fréquentaient un
établissement universitaire.»
• (11 h 20) •
Et là, Mme la Présidente, je pourrais finir la
lettre, mais je sais que mes collègues vont en faire référence. Et ça, ça a été
signé par M. Christian Blanchette, recteur de l'Université du Québec à
Trois-Rivières, pour le Bureau de coopération interuniversitaire, et pour les
chefs... et ça, il a signé ça pour les chefs... pour les cheffes et les chefs
des établissements universitaires québécois : Mme Kathy Baig,
Mme Maud Cohen, Sophie D'Amours, Daniel Jutras, de l'Université de
Montréal, Sébastien Lebel-Grenier, de l'Université Bishop's, Vincent Rousson,
recteur de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Graham Carr, de
l'Université Concordia, Pierre Cossette, de l'Université de Sherbrooke,
François Deschênes, de l'Université du Québec à Rimouski, Murielle Laberge,
rectrice, Université du Québec en Outaouais,
Stéphane Pallage, recteur de l'Université du Québec à Montréal, Deep Saini,
recteur et vice-chancelier, Université
McGill, Alexandre Cloutier, président, Université du Québec, Hugo Cyr, directeur
général à l'École nationale d'administration
publique, Luc-Alain Giraldeau, directeur général, Institut national de la
recherche scientifique, Lucie
Laflamme, directrice générale, Université TELUQ, Federico Pasin, directeur aux
HEC Montréal, Ghislain Samson, recteur de l'Université du Québec à
Chicoutimi.
Mme la Présidente, si le ministre n'a pas
compris, avec les acteurs du terrain, quand ils leur disent que le projet de
loi ne fonctionne pas, il n'a rien compris, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député de Marquette.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je suis prête, maintenant, à
reconnaître la députée de Robert-Baldwin. La parole est à vous.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. À mon tour de vous féliciter pour cette belle nomination, et, je
dirais, bien méritée.
Donc, je continue en termes de nos interventions
concernant le projet de loi n° 74, la Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Tel que mentionné par
notre porte-parole et député de l'Acadie et évidemment notre député de
Marquette, notre formation politique est contre l'adoption de principe de ce
projet de loi. Et je sais que la députée de Mont-Royal—Outremont va également avoir une intervention après la mienne,
mais je tiens, Mme la Présidente, à vraiment, si je puis dire, miser mon
intervention et mes représentations sur l'impact de ce projet de loi sur nos
établissements universitaires, nos établissements d'enseignement supérieur.
Ça a été soulevé par mes deux collègues, mais je
tiens à réitérer comment, nous, au Québec, c'est une fierté, nos universités.
On est tellement fiers non seulement de la réputation, mais aussi que des
étudiants étrangers viennent ici non
seulement pour étudier dans une université, mais aussi pour enrichir leurs
vies. Et c'est réciproque. J'ai deux enfants, 23 et 26 ans. Les
deux ont fréquenté l'université, et ça a été... Pour eux, un aspect très
enrichissant de leur expérience universitaire, c'était d'avoir ces interactions
avec les étudiants étrangers, lesquels sont devenus également de bons amis. Et
donc il ne faut pas mettre tous ces avantages-là, ces bénéfices de côté.
Et, au fil
des ans, Mme la Présidente, nous avons réussi ici, au Québec, à attirer les
meilleurs talents, les meilleurs étudiants dans différents programmes,
dans différents établissements, et ce, malgré les efforts accrus de recrutement
par, évidemment, des universités à travers le monde pour ces mêmes étudiants.
Et donc nous devrions être tellement fiers de la grande réputation de nos
établissements universitaires et aussi, évidemment, de l'apport économique et
autres bénéfices qui en découlent.
Mais ce gouvernement, avec ce projet de loi, est
en train de mettre en péril et même de fragiliser toute la plus-value acquise
par nos universités pendant de nombreuses années. Faisant suite aux
consultations particulières tenues sur deux jours et la réception, je crois, de
28 mémoires, il faut quand même le réitérer haut et fort, que la vaste
majorité des acteurs du milieu de l'enseignement supérieur sont contre ce
projet de loi, et avec raison.
Et ce qui est d'autant plus incompréhensible,
Mme la Présidente, est que le projet de loi va clairement à l'encontre même de l'objectif du ministère de l'Enseignement supérieur, tel que défini dans son propre plan stratégique
de 2023 à 2027, et je cite, c'est
sous le titre L'internationalisation de l'enseignement supérieur :
«Attirer davantage d'étudiants internationaux dans les collèges et les
universités francophones de la province est une priorité gouvernementale.
Le Québec présente plusieurs atouts pour ces étudiants : des établissements d'enseignement supérieur
reconnus pour la qualité et la diversité de leurs programmes de formation, les
spécificités de leurs créneaux de recherche et des infrastructures à la fine
pointe de la technologie, une vie étudiante stimulante sur les campus, un coût
de la vie abordable, etc. Un bon nombre d'étudiants internationaux choisissent
d'ailleurs le Québec pour réaliser leur projet d'études en tout ou en partie ou encore pour effectuer de la recherche.
Ce nombre a connu une augmentation de 148 % au
cours de la dernière décennie, de 2010 à 2011 à 2020 à 2021, dans
un contexte caractérisé par une course planétaire aux talents.»
Et je cite également, Mme la Présidente, et je
croyais très pertinent, le mémoire déposé par la Fédération québécoise des
professeures et des professeurs d'université, la FQPPU — un
instant, je l'ai ici — parce
que, dans leur mémoire, ils ont vraiment sonné l'alarme en ce qui a trait à ce
projet de loi, qui pourrait déstabiliser le paysage de l'enseignement supérieur au Québec : «Sous prétexte de mieux
encadrer l'accueil des étudiants internationaux, ce projet de
loi confère au gouvernement de nombreux pouvoirs décisionnels. Ces derniers
menacent l'autonomie des universités et leur capacité à attirer des
talents internationaux.»
Je cite également la
présidente de la FQPPU, Madeleine Pastinelli : «En effet, en donnant au
gouvernement le pouvoir de bloquer l'accueil d'étudiants internationaux
souhaitant s'inscrire dans certains domaines de formation et certains
établissements, le projet de loi n° 74 remet en
question un principe essentiel — et on va le réitérer, Mme la Présidente, souvent — c'est
l'autonomie et l'indépendance des universités. Dans les faits, ce transfert de
pouvoirs risque de priver les établissements de leur autonomie, leur empêchant
indirectement de définir par elles-mêmes leur offre de formation.
«Qui plus est, le
Québec court le risque de renoncer à de précieuses perspectives internationales
qui nourrissent pourtant notre recherche et inspirent des solutions nouvelles
aux défis de l'heure. Nous croyons fermement que le gouvernement a tout à perdre en s'ingérant ainsi dans les décisions qui
devraient expressément relever de nos universités.»
La fédération, Mme la
Présidente, soulève également trois grandes inquiétudes : évidemment,
l'autonomie qui est menacée; deuxièmement, la viabilité des programmes
fragilisés. Et je cite : «Les universités, notamment celles en région, dépendent souvent des inscriptions des
étudiants internationaux pour soutenir la viabilité de certains programmes.
En restreignant leur accueil de manière discrétionnaire, le projet de loi
risque de compromettre leur survie.» Et finalement on mentionne qu'«avec des
règles plus restrictives et un manque de transparence le Québec pourrait perdre
son statut de destination d'études prisée. Or, les chercheurs, les chercheuses
et les étudiants internationaux apportent une diversité et un dynamisme
essentiels aux campus québécois. En limitant leur accès, le Québec enverrait un
signal de fermeture qui pourrait affaiblir son attractivité à l'échelle mondiale.»
• (11 h 30) •
Tel que mentionné,
Mme la Présidente, par plusieurs groupes, la compétition pour attirer les
meilleurs étudiants étrangers est féroce et planétaire. Plusieurs collèges et
universités en Europe et aux États-Unis et leurs gouvernements offrent des
conditions et des bourses très alléchantes pour recruter les meilleurs talents.
Le Québec et ses institutions doivent se démarquer pour les attirer.
Et, tel que
mentionné, Mme la Présidente, par Rémi Quirion, le Scientifique en chef du
Québec... Il mentionne qu'«il y a un manque alarmant, aujourd'hui, d'étudiants
québécois et canadiens dans nos universités, dans différents domaines, tels que
les sciences de la vie, génie numérique, aérospatiale, environnement et
plusieurs autres». Selon lui, il est essentiel de maintenir le nombre...
maintenir et sinon augmenter le nombre d'étudiants étrangers. «Ces étudiants
représentent autant une future main-d'oeuvre qualifiée pour le Québec qu'un
riche potentiel de collaboration avec ceux qui retournent dans leur pays.» Il
mentionne également que les équipes de recherche en dépendent grandement.
Mon collègue le
député de Marquette avait soulevé les préoccupations des établissements
universitaires par l'entremise d'une lettre
qui est datée du 12 novembre 2024, qui a été transmise par le Bureau de
coopération interuniversitaire, le
BCI, à la ministre de l'Enseignement supérieur et aussi au ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration. BCI, Mme la
Présidente, c'est quand même un organisme fort important et une voix que nous
devons absolument écouter par rapport à ce projet de loi. On ne peut pas
écarter les préoccupations et le fait qu'on a 20 établissements universitaires, enseignement supérieur, qui veulent
complètement être exclus de ce projet de loi. BCI est une organisation
créée par et pour les établissements universitaires québécois. Des
établissements s'y regroupent et en sont membres. Et mon collègue de Marquette
a mentionné tous les cosignataires, c'est tous les membres du BCI qui ont signé
cette lettre. Et évidemment le président du conseil d'administration du BCI est
Christian Blanchette, le recteur de l'Université du Québec à
Trois-Rivières. Donc, on a toutes les universités, là, au Québec. Il me semble
qu'il faut les écouter, parce que, pour eux, ça ne fait aucun bon sens, ce
projet de loi.
Et
j'aimerais, Mme la Présidente, qu'on regarde certains aspects de cette lettre,
les arguments soulevés, parce que c'est ça, le BCI, en termes de leur
mission, c'est de promouvoir les intérêts, les positions communes des
établissements universitaires, leur
diversité et aussi de contribuer à leur rayonnement, et BCI soumet un résumé de
leurs préoccupations dans cette
lettre. BCI réitère leurs grandes réserves quant à l'application de ce projet
de loi dans le cas des établissements universitaires québécois parce
qu'il y aura, évidemment, des effets très négatifs. Et donc le BCI réitère leur
demande d'être exclus de ce projet de loi.
BCI, premièrement,
rappelle à quel point cet accueil de nouveaux talents internationaux dans une
université constitue un gage de richesse à plusieurs égards pour le Québec, à
la fois pour répondre à nos enjeux de pénurie de main-d'oeuvre, de
développement social, économique, culturel et durable, par leur contribution à
la recherche, à la création et à l'innovation de classe mondiale, condition de
succès du développement de la société québécoise. Sans cette venue en sol québécois d'étudiants de choix, sélectionnés avec
soin par les institutions, les établissements universitaires, le Québec
serait en situation de recul ou de stagnation dans plusieurs domaines d'étude
et d'activité.
Deuxièmement, BCI
soulève, et je cite : «Faut-il aussi rappeler que l'internalisation de nos
cours, programmes et activités demeure une réalité nécessaire et incontournable
pour les étudiants québécois? Enfin, nous avons à coeur la francisation de ces
étudiants, gage de leur intégration dans nos régions et du respect de
l'identité québécoise.»
De plus, BCI rappelle
qu'il est hasardeux de soutenir que le nombre de permis d'études valides
correspond à un nombre de personnes présentes sur le territoire québécois.
Chaque année, au 24 septembre, le BCI procède, auprès des registraires des universités québécoises, à
une collecte de fond qui permet d'obtenir le portrait du nombre de personnes
inscrites aux différents cycles d'études. Ces données sur les inscriptions
partagées avec le MESS indiquent que c'est plutôt entre 58 049, à
l'automne 2023, et 57 440, à l'automne 2024, étudiants internationaux
universitaires que l'on peut compter sur le territoire, actuellement. BCI
insiste sur l'importance de prendre en compte les données officielles sur les
inscriptions dans le débat actuel, dans un contexte où l'on justifie la volonté
de limiter la présence des étudiants internationaux au
Québec en soutenant que le nombre actuel exerce une pression sur les services
sociaux et de santé de même que sur les logements.
Les mémoires déposés et les échanges en commission
parlementaire ont permis de rappeler que cette pression est peu ou pas présente
dans le milieu universitaire, car les moyens ont été pris par les
établissements pour répondre à la demande. C'est quand même un fait très
important, Mme la Présidente, dans le débat actuel. D'autre part, la moyenne
d'âge, il faut se le rappeler, des étudiants fait en sorte que ces derniers
n'imposent pas vraiment une pression sur les services.
74 % des étudiants internationaux inscrits à l'automne 2023 avaient 25 ans
et moins et 88 % avaient 30 ans et moins. Comme c'est le cas
pour la population locale du même âge, les étudiants internationaux ne
constituent pas un fardeau pour le système
de santé ni pour les services sociaux. À ce sujet, nos établissements
disposent, pour plusieurs d'entre eux, de cliniques et de services sur
leurs campus.
Pour ce qui est de la question, Mme la
Présidente, des demandes de permis d'études qui seraient remises sous prétexte
à des demandes d'asile ou formulées par des personnes n'ayant pas la capacité
financière requise, «il nous apparaît utile — dit
le BCI — de
rappeler que le système actuel des gouvernements du Québec et du Canada
permette de faire les vérifications administratives nécessaires avant
d'accepter de délivrer un CAQ pour études ou un permis d'études».
Mme la Présidente, tout a été dit par les
différents acteurs, les groupes en ce qui a trait à l'autonomie universitaire.
Mais BCI, dans la lettre... dans leur lettre, le rappelle, le réitère, que
c'est fondamental, ça fait partie des valeurs de l'université, cette liberté
académique universitaire et même, on mentionne, pour laquelle le gouvernement
du Québec a adopté une loi où il reconnaît,
et je cite, que «l'autonomie universitaire et la liberté académique
universitaire constituent des conditions essentielles à
l'accomplissement de la mission de ces établissements d'enseignement et qu'il y
a lieu de veiller à ce que ces établissements puissent accomplir leur mission
sans contrainte doctrinale, idéologique ou
morale. Dans cette perspective, mentionne BCI, s'y attaquer par le biais en
particulier de l'article 5 du projet de loi n° 74 met en cause
les fondements mêmes de l'institution qu'est l'université et par conséquent sa
capacité à planifier son offre de formation et de développement de la recherche
à court, moyen et long terme. Si le gouvernement du Québec décidait de
s'ingérer dans les décisions de nos établissements par le projet de loi, il
créerait sans aucun doute un précédent à fort risque de dérives publiques.»
Et, en terminant, Mme la Présidente, j'aimerais
citer ceci, de BCI, qui déclare que «l'université québécoise est plus qu'un vecteur d'immigration, il est important
de ne pas la réduire à ce rôle. L'immigration étudiante est une carte gagnante
pour le Québec. On ne peut pas l'oublier, on
ne peut pas l'écarter.» Et donc c'est pour cette raison que les établissements
universitaires souhaitent qu'on les retire de ce projet de loi, et j'espère
qu'on va écouter, au niveau du gouvernement, parce que...
• (11 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci beaucoup, Mme la députée de
Robert-Baldwin. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je suis
maintenant prête à reconnaître la députée de Mont-Royal—Outremont. Mme la députée,
la parole est à vous.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Eh bien, à mon tour de vous féliciter pour votre nomination. Ça me fait plaisir de référer à vous comme Mme la
Présidente et ça fait toujours plaisir de voir des femmes occuper ce rôle,
cette fonction extrêmement importante, là, au sein du Parlement.
Donc, à mon
tour de m'exprimer sur le projet de loi n° 74, la Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers, à l'étape de l'adoption du
principe. Comme l'a mentionné notre porte-parole en immigration, mon
collègue le député de l'Acadie, nous allons voter contre le principe de ce
projet de loi. Je le dis d'emblée, là, avec le
libellé actuel et ce qu'on a entendu durant les deux journées de consultations,
il est... ce projet de loi est mal avisé, et, à ce stade-ci, nous allons
voter contre et c'est sans équivoque.
Permettez-moi de brosser un portrait sommaire de
mon intervention, et ensuite je vais pouvoir élaborer plus en détail au niveau
des enjeux qui ont été soulevés durant les consultations et aussi durant les
nombreuses rencontres que j'ai eues avec les
établissements d'enseignement dans les derniers mois à titre de porte-parole de
l'opposition officielle en enseignement supérieur.
Donc, les constats sont assez accablants, là,
suite aux deux journées de consultation. On peut voir ici, encore une fois, une démonstration de l'improvisation du
gouvernement, là, au niveau de l'immigration. Ici, c'est de l'immigration
dont il est question. On peut aussi voir toute l'incohérence de ce
gouvernement, Mme la Présidente, où le gouvernement est en contradiction avec ses propres priorités, notamment
au niveau de l'enseignement supérieur, notamment au niveau
d'assurer qu'on réponde aux besoins de main-d'oeuvre. Le gouvernement, donc,
est aussi... Bien, en fait, il y a une autre
démonstration, Mme la Présidente, que le gouvernement, que le gouvernement
caquiste n'est pas le gouvernement de l'économie, parce qu'il y a un
impact énorme sur l'économie du Québec, ici, avec ce projet de loi là qui est
déposé.
Donc, avec le libellé actuel, il est impossible
pour nous, là, d'adhérer au principe et de voter pour l'adoption du principe de
ce projet de loi là. Les universités et les cégeps ont dit clairement :
Excluez-nous de ce projet de loi. Les universités ont parlé de l'importance de
la recherche, de l'innovation, et que ce projet de loi peut venir limiter la
capacité du Québec en recherche et en innovation. Et ici on ne parle pas
uniquement des domaines de pointe aujourd'hui, on parle aussi des domaines
émergents, et là on touche à la liberté académique et à l'importance de laisser
les universités gérer ses programmes de recherche. Pensons notamment à la
cybersécurité, à la transition énergétique, à l'intelligence artificielle, ce
sont des domaines où nous excellons au Québec, et nous voulons continuer
d'exceller, mais il y a aussi une panoplie de domaines en émergence où il faut
être présents, où il faut commencer les réflexions, il
faut commencer les travaux de recherche, et ce n'est pas le gouvernement qui
doit s'immiscer dans la gouvernance des universités pour venir restreindre,
donc, les pouvoirs des universités à ce niveau-là.
On est en train potentiellement d'atteindre ou
d'affecter négativement la réputation du Québec à l'international. On sait
qu'on est dans une course mondiale aux talents. On souhaite recruter, on
convoite des étudiants, ça se fait en continu, c'est... nos universités
travaillent fort sur le recrutement. Ils y ont mis des efforts. C'était
souhaité par le gouvernement, ils ont répondu à l'appel, et aujourd'hui on
vient leur dire : Il y en a trop, il faut couper, avec un projet de loi
qui est flou. Donc, c'est très, très inquiétant pour le milieu universitaire,
Mme la Présidente.
Le Bureau de coopération interuniversitaire est
venu déposer une lettre adressée aux ministres — je dis «ministres» au
pluriel — en
mettant en copie plusieurs des ministres du gouvernement, résumant les propos
qui avaient été mentionnés en consultations et ajoutant aussi d'autres
éléments, je vais y revenir plus tard, et donc ils sont clairs : encore
une fois, on demande que le milieu universitaire soit exclu de ce projet de
loi. Pour ce qui est des cégeps, ils ont aussi demandé d'être exclus. La
Fédération des cégeps est venue parler de l'importance de pouvoir offrir une gamme
variée de programmes.
Et les étudiants internationaux viennent assurer
de combler des cohortes. Avec la présence des étudiants internationaux, on peut
offrir aux étudiants québécois, dans leurs régions, des programmes, une vaste
panoplie de programmes. Donc, ce qu'on veut, c'est de garder nos jeunes dans
les régions. Nos cégeps sont des... ils sont très importants, ils sont des...
ils sont au centre du développement régional, c'est ce qu'il faut comprendre.
Donc, si on affecte les programmes, si on affecte l'offre de formation, on
vient affecter le développement régional, qui implique le volet économique,
social, communautaire. Il faut garder nos cégeps bien en vie, bien vivants,
bien remplis pour le bien des communautés à la grandeur du Québec et aussi,
évidemment, pour combler nos besoins en main-d'oeuvre. Avec une population vieillissante, il est absolument essentiel qu'on
puisse maintenir ces cohortes et maintenir ces programmes qui assurent,
donc, nos services publics, une pérennisation de nos services publics pour le
bien de la population.
Le ministre, quand il est venu faire sa brève
présentation, il a mentionné, lui aussi, donc, l'importance de la recherche, l'importance et l'atout que
représentent les étudiants internationaux. Il a dit, par contre, qu'il y a des
dérapages, qu'il y a des abus, qu'il y a des abus au niveau des efforts
de recrutement, ce qui fait que, dans certains établissements, il y a un nombre excessif d'étudiants
internationaux, et que ça, c'est la réelle problématique, et que, si nous, les
oppositions, nous n'adhérons pas aux objectifs recherchés par le
gouvernement avec ce projet de loi là de venir répondre aux abus, mais c'est
comme si on validait ou c'est comme si on venait cautionner ces situations
abusives. Moi, je peux vous dire, Mme la
Présidente, que, du côté de l'opposition officielle, ce n'est pas du tout notre
intention. C'est documenté, il y a eu, dans certains cas, dans certains
établissements... ça a été documenté au niveau du Canada, dans certaines
provinces, incluant le Québec, nous sommes
bien conscients, mais il appartient au gouvernement de démontrer que les outils
et les mesures dont il bénéficie
actuellement, sans parler du projet de loi n° 74, ne suffisent pas, ne
permettent pas au gouvernement de
venir répondre à ces problématiques, et, jusqu'à maintenant, le gouvernement
n'a pas du tout fait cette démonstration. Au contraire, on a devant nous
un projet de loi dont la vision est floue, les cibles ne sont pas claires, les
pouvoirs sont extrêmement larges. Et il est
essentiellement... dans son état actuel, Mme la Présidente, ce projet de loi,
il est rejeté par le milieu de l'enseignement supérieur.
Alors, encore
une fois, le gouvernement va devoir faire la démonstration qu'il n'a pas,
actuellement, les moyens de venir répondre adéquatement à ces situations
de recrutement abusives où finalement on attire ici des étudiants qui proviennent de l'international pour finalement ne
pas étudier, mais y retrouver une voie plus rapide vers une immigration permanente. Tout porte à croire, et c'est ce qu'on
a entendu, que le projet de loi va beaucoup trop loin. Et, pour citer ce
qu'on a entendu en consultations, c'est
comme utiliser un bazooka pour tuer une mouche. On est en train de prescrire un
médicament inapproprié qui va avoir des
effets secondaires indésirables. S'il y a eu quelques situations problématiques,
bien, qu'on ne vienne pas défaire tout le
système, qu'on ne vienne pas affecter tout le réseau, ce serait une grave
erreur. Donc, sur la base de tout ce qu'on a entendu, on va voter contre
le principe.
• (11 h 50) •
Au niveau des enjeux, donc, on a dit, je le
mentionne encore : le gouvernement se donne de larges pouvoirs. Et, comme législateurs, quand on a devant nous une
pièce législative pour laquelle on est incapables de dégager une vision claire, on est incapables de voir qu'il met de
l'avant une réponse ciblée à un problème précis, identifié, spécifique, bien,
comme législateurs, on doit être extrêmement prudents, et c'est ce qu'on fait,
Mme la Présidente. Nous adoptons, à l'opposition
officielle, une position prudente, parce qu'il y a trop à perdre dans ce
dossier-là. Les étudiants internationaux représentent une grande
richesse pour le Québec au sens le plus large du terme.
J'ai même entendu que c'était une solution à la
recherche d'un problème. C'est à ce point-là que ça me semble complètement
démesuré comme approche vis-à-vis une problématique qui est ciblée et pour
laquelle des mesures administratives utilisées dans le passé, en collaboration
avec le gouvernement fédéral, ont fait leurs preuves. Encore une fois, il n'y a vraiment pas place à
l'improvisation, ici, Mme la Présidente. Donc, il va falloir qu'on travaille
sérieusement sur le libellé pour
venir nous convaincre du bien-fondé de ces pouvoirs extraordinaires. En somme,
le projet de loi n° 74, il est
construit sur des bases qui ne se tiennent pas, Mme la Présidente. Étant donné
qu'il n'y a pas de cible, étant donné le flou autour de la mise en
oeuvre des visées du gouvernement, nous sommes contre.
Permettez-moi d'énumérer, donc, les conséquences
négatives potentielles associées à ce projet de loi là, et ils sont de deux
ordres : premièrement, les conséquences directes sur nos institutions
d'enseignement, et, ultérieurement, je vais parler des conséquences plus larges
sur le Québec, sur l'économie du Québec.
Revenons aux conséquences directes sur nos
institutions d'enseignement. On parle d'ingérence dans la gouvernance des
universités. Le gouvernement va pouvoir aller chercher l'information pertinente
directement auprès des universités, en dépit
de l'autonomie des institutions. Quand on parle de l'autonomie des
institutions, c'est un principe sacro-saint, on
parle de liberté académique, on parle d'autonomie de nos universités. Et ce
n'est pas moi simplement qui le dis, là, le
recteur de l'Université du Québec à
Trois-Rivières a signé récemment une
lettre ouverte intitulée Une brèche dans l'autonomie universitaire, en
parlant du projet de loi n° 74. Il vient dire que... M. Blanchette,
Christian Blanchette, recteur à
l'UQTR, dit : «Il est crucial de souligner l'incidence de ce texte
législatif sur l'autonomie universitaire, un pilier fondamental de notre
système d'enseignement supérieur.»
Le Bureau de
coopération interuniversitaire en parle également dans sa lettre datée du
12 novembre dernier, 2024 : «Il
est important de protéger l'autonomie des universités dans leur
diversité pour faire émerger des nouveaux programmes à tous les cycles,
pour soutenir de nouvelles niches de recherche qui enrichissent ces programmes
et nos connaissances, mais aussi pour
enrichir notre population étudiante venant de partout à travers le monde dans
tous les domaines.» Encore une fois,
le BCI, dans sa lettre, réunit donc d'une seule voix toutes les universités au
Québec, autant francophones qu'anglophones. Il parle d'une seule voix,
ici, Mme la Présidente.
Il faut faire
attention au manque de prévisibilité pour nos institutions. En se donnant,
donc, ce pouvoir réglementaire, le gouvernement, il pourra à tout moment fermer
ou ouvrir des programmes de recrutement à l'international. Il sera ainsi
impossible pour les établissements de faire une stratégie fiable de promotion
et de mise en marché de ces programmes. Dans
un contexte de compétitivité mondiale et de mondialisation des talents, il peut
être dévastateur que des étudiants soient les bienvenus et d'autres non. Encore une fois, le projet de loi, il est
flou et ses visées ne sont pas claires. On ne peut pas adhérer à cette
pièce législative, qui est beaucoup trop floue.
Il y aurait également un impact sur le
recrutement des enseignants. Encore une fois, c'est Christian Blanchette, donc, à la tête du BCI, qui le dit dans sa lettre
ouverte, le recteur de l'UQTR : «Un encadrement politique trop restrictif
rendra le recrutement de professeurs
talentueux, qu'ils soient québécois ou internationaux, plus difficile puisque
le développement de leurs recherches pourrait arbitrairement être
contraint par des décisions politiques découlant de cette loi, le projet de loi
n° 74.»
Il faut parler de l'impact financier sur les
institutions alors qu'il faut se rappeler, Mme la Présidente, que nos
universités souffrent d'un sous-financement, un sous-financement très important
qui a été soulevé à maintes reprises dans les dernières années. Il faut faire
un rappel parce que, quand on parle de financement et d'impact financier, il
faut parler de la nouvelle politique de financement des universités qui a été
déposée au mois de juin et qui n'injecte aucun nouvel argent. Au contraire, on compte sur la hausse des droits de
scolarité pour redistribuer cet argent dans le reste du réseau, mais, si
les inscriptions sont à la baisse, si on vient plafonner le nombre d'étudiants
internationaux, bien, il va y avoir un impact financier négatif dans tout le
réseau.
La baisse d'effectifs... Puis on la voit déjà,
la baisse d'effectifs, ça a été... ça a été rapporté en commission
parlementaire. Cette baisse va toucher tout le monde. Tout le monde va se
partager une plus petite tarte. C'est simple, Mme la Présidente, une perte
d'étudiants internationaux entraînera une perte de subventions. Il y a un
exemple qui a été mentionné par Christian Blanchette, là, le recteur de l'UQTR,
il a dit : «Si, par exemple, il y avait une réduction de 30 % des
étudiants internationaux, cela entraînerait des coupes budgétaires de l'ordre
de 120 à 150 millions.» Disons, pour les fins de la discussion,
150 millions, bien, il ne faut pas penser que ce sont nos universités, là,
les universités très riches, ce qui est
inexact... Il ne faut pas penser que ce sont les institutions elles-mêmes qui
vont être affectées avant tout, il
faut penser aux impacts sur l'ensemble du réseau. Il faut penser à l'impact sur
les services offerts aux étudiants dans tout le réseau. C'est aux
étudiants à qui il faut penser en premier lieu.
Le recteur de l'UQTR dit qu'avec des coupes
budgétaires de 150 millions, associées à une réduction de 30 % des
étudiants internationaux, dans son exemple, il va y avoir des programmes qui
vont fermer, moins de choix de cours, moins
de services à la population étudiante, par exemple moins de programmes en STEM, S-T-E-M,
qui est l'acronyme pour science,
technologie, ingénierie et mathématiques, moins de tout ça en région,
alors que ces programmes sont essentiels en région.
Au niveau de la recherche, s'il n'y a pas de
chercheurs, il n'y a pas d'argent pour financer la recherche. Puis, quand on
parle de la recherche, ce n'est pas juste à McGill, là, je ne suis pas ici pour
faire un plaidoyer uniquement pour McGill
puis les universités de la ville de Montréal, où j'habite. Il faut penser à
toutes les universités à la grandeur du Québec, qui ont des forces complémentaires en recherche. Par exemple, à
l'UQO, en Outaouais, ils sont très performants au niveau de la cybersécurité. Ailleurs, comme à l'Université de Sherbrooke,
ils ont un institut quantique. Ça a pris des années, bâtir ça. Il y a une clientèle internationale importante à
l'Université de Sherbrooke. Ils font un travail exceptionnel dans des
domaines de pointe. Et évidemment il y a toute la recherche qui se fait au
Québec en médecine, dans nos facultés de médecine, en collaboration avec les centres
hospitaliers universitaires.
Le projet de loi peut aussi créer une iniquité
entre les établissements. Comment est-ce que le gouvernement va venir choisir quels programmes vont être affectés?
À Montréal, on va pouvoir couper... on va imposer des coupures dans des
programmes de sciences humaines, mais... parce qu'on est à Montréal puis parce
que l'enjeu de l'anglais, c'est un enjeu
important, mais en région, par contre : Ah! là, ces programmes-là vont
pouvoir être maintenus parce qu'on parle des régions. Honnêtement, je ne
suis pas le gouvernement dans ses intentions au niveau de ce projet de loi là.
Alexandre Cloutier, président du réseau UQ, est
venu dire qu'il y aura un impact négatif sur la vitalité des programmes, sur la recherche, sur le développement
régional, sur l'emploi et même sur nos ententes avec nos partenaires à
l'international. On va nuire à notre capacité d'aller chercher les meilleurs
talents.
Il faut aussi
parler, Mme la Présidente, des incohérences, donc des incohérences entre le
projet de loi n° 74, avec la politique de financement qui mise sur les
droits de scolarité qui nous viennent des étudiants internationaux, incohérence
avec le plan stratégique du ministère de l'Enseignement supérieur 2023‑2027, qui parle de l'importance de l'internationalisation de nos... de nos
universités, de nos établissements, s'assurer que le Québec soit présent, soit
compétitif dans cette course mondiale aux talents...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Mme la députée, compte tenu de
l'heure... Je comprends que vous n'avez pas terminé votre exposé. Est-ce que
vous désirez reprendre au retour?
Mme Setlakwe :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Donc, compte tenu de l'heure, et afin de permettre la
tenue des affaires courantes, cet après-midi,
le débat... le présent débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 74 est ajourné.
Les travaux sont
suspendus jusqu'à 13 h 40. Merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 heures)
(Reprise à 13 h 41)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon mardi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
débutons nos travaux à la rubrique de déclarations de députés, et je cède
immédiatement la parole à M. le député d'Orford.
Souligner
le travail de l'organisme Corridor appalachien
M. Gilles
Bélanger
M. Bélanger :
Merci, Mme la Présidente. Je suis
fier de vous parler d'un organisme à but non lucratif exceptionnel, le
Corridor appalachien, dont l'engagement pour la protection de la nature est à
la fois inspirant et essentiel. Cet organisme joue un rôle remarquable en
matière de conservation de la biodiversité.
Fondé en 2002,
Corridor appalachien et ses 23 employés passionnés ont su bâtir une vision
solide, ancrée sur la science, qui vise à maintenir un vaste corridor d'aires
naturelles préservées au bénéfice de nos communautés.
Leur approche
collaborative et leurs partenaires et leur réseau de membres affiliés a permis
de protéger près de
18 000 hectares de terres privées. Cela fait des milieux naturels des
montagnes Vertes du nord le secteur où se concentrent le plus
d'initiatives de conservation en terres privées de tout le Québec, et leur
impact va même au-delà de la frontière américaine.
Ensemble,
continuons à soutenir Corridor appalachien pour la protection de la
biodiversité et pour la santé humaine.
Merci à l'équipe de
direction.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Maintenant, je cède la
parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Rendre
hommage à M. Joseph Lalla
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw : Merci,
Mme la Présidente. Le 3 novembre dernier ont eu lieu les élections
scolaires pour les commissions scolaires
anglophones au Québec, incluant English Montréal School Board, dont le siège
social se trouve dans mon comté. Je veux tout d'abord féliciter les nouvelles
commissaires scolaires qui vont représenter Notre-Dame-de-Grâce et
Montréal-Ouest, soit Sharon Nelson, Chelsea Craig et Paola Samuel, avec
l'équipe de Joe Ortona. J'ai hâte de collaborer avec celles-ci.
Toutefois, j'aimerais
surtout souligner et rendre hommage, un hommage chaleureux, à Joseph Lalla pour
ses 17 années de service envers notre communauté et nos écoles.
As a former high school teacher and
principal of several primary schools and high schools, Joe has over 52 years of experience in education, and as a school commissioner, since
2007, he has worked tirelessly improved educational outcomes and addresses
community concerns.
Thank
you, Joseph Lalla, for your you commitment to the students, families, and
schools in our community. Your advocacy and integrity have stood the test of
time, and we are grateful for your public services. Thank you.
Merci du fond de mon
coeur.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je vais
céder la parole à madame... oui, Mme la députée de Fabre.
Exprimer le souhait de voir la fin de la guerre
Mme Alice
Abou-Khalil
Mme
Abou-Khalil : Bonjour, Mme la Présidente.
Chaque jour, quelque
part dans le monde, le soleil se lève sur les ruines d'une ville autrefois
vibrante et des rues qui résonnent encore des cris de ceux qui sont perdus.
Ayant quitté le Liban
à l'âge de 16 ans pour fuir la guerre, la douleur vécue ne s'oublie jamais
et des souvenirs sont profondément ancrés.
À chaque instant,
quelque part, un enfant perd un parent, un parent enterre son enfant, et des
rêves s'effondrent sous le poids des bombes impitoyables.
Imaginez un instant
une mère qui cherche désespérément son enfant dans les décombres d'une maison
autrefois remplie de rires et de chaleur.
Derrière
chaque statistique, il y a un visage, un nom, une histoire d'amour interrompue,
d'amitiés brisées et de rêves réduits en cendres. Mais quelle est la finalité
de telles souffrances? On parle de paix, mais où est-elle vraiment?
Je rêve que la guerre
ne soit un jour plus qu'un murmure oublié dans les livres d'histoire. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Vaudreuil.
Encourager
l'achat local à l'approche du temps des fêtes
Mme
Marie-Claude Nichols
Mme Nichols :
Merci, Mme la Présidente. La
période des fêtes approche à grands pas, et c'est l'occasion idéale de
réaffirmer notre engagement envers l'achat local.
Le
contexte est particulier, vous le savez, le comté de Vaudreuil est aux prises
avec une circulation anormalement dense,
un trafic intense. Nos commerces en souffrent et subissent des pertes
économiques importantes. La période des fêtes est donc significative
pour la survie de plusieurs commerces.
Voilà pourquoi
j'invite l'ensemble de notre population à faire des choix locaux pour leurs
emplettes de Noël. Chaque achat, aussi modeste soit-il, peut faire une énorme
différence pour nos marchands qui investissent leur temps et leur coeur dans
leurs entreprises. Aussi, les marchés de Noël qui animent le comté mettent de
l'avant des créations uniques tout en proposant une atmosphère accueillante.
Accompagnés d'initiatives régionales, ces événements sont des lieux de
magasinage mais aussi le reflet de notre solidarité qui renforce notre économie
locale.
En
cette période de l'année, faisons un geste concret afin de prioriser nos
commerçants et artisans locaux. Chaque geste compte. Ensemble, nous
sommes une communauté plus forte.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, M. le député de Taillon, la
parole est à vous.
Souligner
la Journée québécoise pour la
santé et le bien-être des hommes
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Merci,
Mme la Présidente. Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui en cette
journée provinciale de la santé et du bien-être des hommes.
Je remercie les
groupes qui travaillent avec les intervenants à mieux rejoindre la population
masculine par des stratégies de promotion et de prévention, adapter les
services pour en améliorer l'accès et répondre aux besoins des hommes,
améliorer la compréhension des dynamiques masculines et les pratiques pour
répondre aux besoins des hommes.
Ensemble, nous avons
réussi à doter l'ensemble des régions sociosanitaires de répondants en matière
de santé et bien-être des hommes, soutenir financièrement 67 organismes
communautaires travaillant auprès des hommes avec des investissements de plus
de 25 millions et mieux rejoindre les hommes par la prise en compte de
leur réalité.
Cependant,
il reste encore beaucoup de travail à faire pour aider tous les hommes du
Québec. Plusieurs ne savent pas où se tourner lorsqu'ils vivent des
difficultés ou bien ils sont gênés de demander de l'aide.
Je tiens à remercier
le Réseau des Maisons Oxygène, qui font un travail extraordinaire auprès des
hommes qui vivent de la détresse. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la
députée de Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre
hommage à Mme Cécile St-Arneault
Mme Marie-Louise
Tardif
Mme Tardif : Mme Cécile St-Arneault est née en 1928, à
l'aube de la crise économique mondiale. Beauceronne de naissance, c'est en Abitibi qu'elle a vécu son enfance,
son adolescence et débuté sa famille avec son mari. Puis, le travail de
son conjoint les a amenés à s'établir à Grand-Mère.
Mme St-Arneault
est d'une époque où les femmes savaient tout faire. Elle cousait pour ses cinq
enfants, pour elle, elle tricotait,
crochetait, cuisinait, etc. Elle a traversé toutes les époques du dernier
centenaire en soutenant ses enfants, son mari et en s'engageant dans des
causes.
Aujourd'hui,
je veux l'honorer pour près de 50 ans d'implication comme bénévole dans la
société civile. Bénévole à la
boutique de l'Hôpital Laflèche de Grand-Mère, membre du conseil
d'administration de l'hôpital, confection de tricots pour des familles
dans le besoin, etc.
Merci
pour votre écoute, votre respect des autres. Merci d'avoir participé à bâtir le
Québec. Vous êtes extraordinaire!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je suis prête à céder la parole à Mme la
députée de Roberval.
Souligner
les performances d'athlètes aux
Championnats du monde de sauvetage
Mme
Nancy Guillemette
Mme
Guillemette : Merci. Aujourd'hui, je tiens à souligner la performance
des athlètes du club de sauvetage sportif de Saint-Félicien lors des
championnats du monde, en Australie, en août dernier.
Mila
Bonneau et Gabriel Gibbons-Renaud en étaient à leur première participation.
Pour Coralie Dion, il s'agissait d'une
deuxième expérience. Trois autres membres du club ont participé aux
compétitions : Stéphanie Labelle, Frédérick Fortin et
Marie-Ève Allard.
Le club de Saint-Félicien
et celui d'Alma se sont alliés pour former deux équipes. C'est ainsi que Rose
Fortin, Éliot Girard, Josée-Anne Lavertu et Gabriel Duchesne ont remporté le
titre de champions du monde dans la catégorie Intervention d'urgence simulée.
Julia Dumont et Rose St-Gelais ont reçu le bronze au lancer de la corde.
Je
suis certaine que tous les gens du comté de Roberval se joignent à moi pour
vous féliciter. Vous faites rayonner votre région. De plus, vous êtes
une inspiration pour les jeunes de chez nous. Félicitations à tous!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Châteauguay.
Rendre
hommage à Mme Linda Gervais
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron :
Mme la Présidente, imaginez-vous, le temps d'un instant, quelqu'un qui
répond toujours présent à des individus démunis et trop souvent désemparés.
Imaginez-vous quelqu'un qui combat les préjudices et travaille d'arrache-pied à vaincre la pauvreté. Imaginez-vous quelqu'un
qui milite pour les droits et la défense des personnes assistées
sociales.
Pour
moi, l'imaginaire n'est pas nécessaire, puisque l'exemple se trouve au
quotidien dans le don de soi que fait Mme Linda Gervais, qui se
trouve dans les tribunes, avec nous, aujourd'hui.
J'aimerais
rendre hommage à Mme Gervais, une femme précieuse qui oeuvre auprès du réseau
d'information et d'aide pour les personnes assistées sociales depuis bientôt
15 ans. Son engagement inconditionnel auprès de la communauté, il est remarquable. Pour moi, Mme Gervais
représente l'amalgame des qualités qui ont le mérite d'être grandement
soulignées.
Pour toutes ces
raisons, Mme Gervais, j'ai le très grand plaisir de vous remettre
aujourd'hui la Médaille de l'Assemblée nationale du Québec. Merci de votre
contribution essentielle pour le comté de Châteauguay. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à
reconnaître Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner
le 25e anniversaire du Centre Femmes L'Ancrage
Mme Martine
Biron
Mme Biron : Merci,
Mme la Présidente. La semaine dernière, j'ai eu le grand plaisir de prendre
part aux célébrations du 25e anniversaire du Centre Femmes
L'Ancrage.
L'organisme, situé dans le quartier Saint-David,
à Lévis, se veut un lieu de partage et de soutien où les femmes sont accueillies avec respect et ouverture. Elles
y trouvent de nombreux services et activités visant à briser leur isolement
et à favoriser le développement de leur autonomie.
Oeuvrant
également à la défense collective des droits, le Centre Femmes L'Ancrage
contribue depuis sa création au façonnement du paysage féministe lévisien.
À ce chapitre, je
suis heureuse d'accueillir dans les tribunes deux membres fondatrices, Monique
Dallaire et Louise Foisy, accompagnées de la directrice actuelle, Nathalie
Rousseau.
Merci au Centre
Femmes L'Ancrage de contribuer au mieux-être féminin depuis un quart de siècle.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous
poursuivons avec M. le député de Nicolet-Bécancour.
Rendre
hommage à Mme Marthe Taillon
M.
Donald Martel
M. Martel : Mme
la Présidente, Marthe Taillon a été la première agente de développement
culturel au Québec à oeuvrer en milieu rural. Elle s'est donné pour mission de
favoriser le rayonnement des arts et des lettres au sein de nos collectivités.
Elle y a travaillé de multiples façons, en suscitant l'adhésion des
partenaires, créateurs, entreprises et promoteurs du milieu. On lui doit
notamment la réalisation d'ouvrages de référence liés à la culture, au
patrimoine bâti et religieux et aux personnages de légende.
Marthe Taillon a joué
un rôle de premier plan au sein des MRC de Nicolet-Yamaska et Bécancour, mais
son travail a aussi servi d'inspiration aux autres MRC en milieu rural. Elles
se sont ainsi impliquées davantage dans le développement culturel, et, grâce à
cela, nous disposons aujourd'hui de moyens pour mettre en valeur nos
territoires.
Au nom de mes
concitoyens, je remercie Marthe Taillon pour sa contribution majeure au
rayonnement de la culture chez nous.
Merci, Marthe.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Donc, nous allons conclure cette rubrique avec Mme la
députée de Repentigny.
Souligner
le 30e anniversaire de l'organisme Fin à la faim
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Prendre soin des membres les plus vulnérables de
notre communauté est une immense
responsabilité sociale. Donc, à l'occasion du 30e anniversaire de
l'organisme Fin à la faim, je tiens à rendre un vibrant hommage à toute
l'équipe de bénévoles ainsi qu'à sa directrice générale, une femme absolument
exceptionnelle, Mme Colette Doré Thibault.
Grâce à leur engagement,
ils contribuent de manière remarquable à améliorer la qualité de vie des
personnes vulnérables de notre région. Leur mission est exigeante, mais
toujours accomplie avec gentillesse et bonté.
Chaque
semaine, l'organisme offre des services de dépannage alimentaire. En 2023, il y
a eu plus de 9 306 dépannages alimentaires, plus de 207 familles
différentes par semaine, 1 035 sacs d'épicerie qui ont été distribués
de façon hebdomadaire. Fin à la faim
multiplie ses initiatives. Qu'il s'agisse de dépannages d'urgence ou de
préparation de paniers de Noël, leur soutien est essentiel.
Alors, un grand,
grand merci d'être présents pour ceux et celles qui traversent des moments
difficiles et qui trouvent en vous un réconfort, vous êtes des acteurs précieux
dans ce domaine. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Ceci met fin à la rubrique de déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 55)
(Reprise à 14 h 08)
La
Présidente : Bonjour,
tout le monde. Messieurs dames, le parlement du Québec, c'est chez vous.
Bienvenue.
C'est
avec tristesse que nous avons appris le décès de M. Marcel Bédard, député
de Montmorency de 1973 à 1976. Nous allons nous recueillir quelques
instants en ayant une pensée particulière pour sa famille et ses proches.
Je vous remercie beaucoup.
Veuillez vous asseoir.
Présence
d'une délégation de parlementaires belges dirigée par le président du
Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, M. Benoît Dispa
J'ai le plaisir de
souligner la présence, dans les tribunes, d'une délégation de parlementaires
belges à l'occasion de la 31e session du Comité mixte Assemblée nationale
du Québec et Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, présidée par le
président du Parlement, M. Benoît Dispa.
Et j'attire
votre attention à l'effet que, cette année, nous soulignons le
45e anniversaire de cette entente bilatérale, soit l'une des plus
longues relations bilatérales que nous ayons eues à ce jour.
Présence
de Mme Louise Beaudoin, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
Et j'ai
également le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes, de
Mme Louise Beaudoin, ancienne députée de Chambly, puis de Rosemont.
Présence de MM. Camil
Bouchard et Pierre Curzi,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
De plus, j'ai le plaisir de souligner la
présence de M. Camil Bouchard, ancien député de Vachon, ainsi que la présence
de M. Pierre Curzi, ancien député de Borduas.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
responsable de la région de la Capitale-Nationale.
• (14 h 10) •
M. Julien : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer le tableau synthèse 2023‑2024 du
Fonds de la région de la Capitale-Nationale. Merci.
La Présidente : Ce document est
déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites au
feuilleton le 18 septembre 2024 par le député de Marguerite-Bourgeoys,
le 3 octobre 2024 par le député de Matane-Matapédia, le 8 octobre
2024 par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne et le 9 octobre 2024 par le
député de l'Acadie. Merci.
La
Présidente : Et, pour ma part, je dépose une lettre que m'a
adressée Mme la députée de Mirabel dans laquelle elle m'informe de sa
démission à titre de présidente de la Commission de l'économie et du travail.
Cette démission prenait effet le 7 novembre dernier.
Enfin, j'ai reçu préavis d'une motion qui sera
inscrite dans le feuilleton de demain aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition. Conformément à l'article 97.1 du règlement, je dépose copie
du texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de l'économie et du travail et député de Maskinongé.
Étude détaillée du projet
de loi n° 71
M. Allaire : Merci, Mme la
Présidente. Je dépose le rapport de la Commission de l'économie et du travail
qui, les 29, 30 et 31 octobre ainsi que
les 5, 6, 7 et 19 novembre 2024, a procédé à l'étude détaillée du projet
de loi n° 71, Loi visant à améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le
régime d'assistance. La commission a adopté le texte du projet de loi
avec des amendements. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ce rapport est
déposé.
Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 4.4 des règles de fonctionnement afin de déposer un rapport du
comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale? Y a-t-il
consentement? Consentement? Consentement.
Modification à la composition
de commissions parlementaires
Je dépose
le rapport du comité directeur de la Commission
de l'Assemblée nationale qui s'est
tenu le 13 novembre 2024 afin de
statuer sur une demande du groupe parlementaire formant le gouvernement
concernant un changement de membre à la Commission de l'économie et du
travail ainsi que sur la désignation à la présidence de la commission.
Je cède
maintenant la parole à Mme la première vice-présidente et députée de
Saint-Hyacinthe pour la présentation d'une motion. Mme la députée.
Motion proposant d'adopter les
modifications
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Mme la Présidente, je propose :
«Que les modifications à la composition des
commissions telles que prévues au rapport du comité directeur de la Commission
de l'Assemblée nationale soient adoptées.»
La Présidente : Y a-t-il
consentement pour déroger aux articles 129 et 134 du règlement?
Consentement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Matane-Matapédia.
Suspendre
les modifications apportées au crédit d'impôt pour
les services de production cinématographique
M. Bérubé : Mme la Présidente, je
salue les citoyens du mouvement Le Québec n'a plus d'effet(s) qui sont ici
avec nous aujourd'hui.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
12 071 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que
l'industrie des effets visuels et de l'animation rassemble
8 000 employés passionnés, créatifs et hautement qualifiés,
contribuant significativement au rayonnement international du Québec;
«Considérant
que cette industrie était en croissance depuis trois décennies et comptait
48 studios qui travaillaient sur 125 à 175 projets par année,
générant plus d'un milliard de revenus annuels;
«Considérant
que l'industrie des effets visuels et de l'animation est en redémarrage après
la double grève historique à Hollywood en 2023;
«Considérant que les
modifications apportées au crédit d'impôt dans le budget 2024-2025
disqualifient le Québec, qui perd sa place
de pôle mondial, et le privent de contrats majeurs, au profit de l'Ontario, de
la Colombie-Britannique, de l'Australie, de la France et du Royaume-Uni;
«Considérant que
présentement 67 % des 8 000 employés sont en mise à pied selon
le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec;
«Considérant
que les modifications au crédit d'impôt mettent à risque 77 % des
8 000 emplois de l'industrie par rapport à l'année de
référence 2022;
«Considérant que
chaque dollar investi dans le crédit d'impôt génère 6,08 $ de retombées
économiques;
«Considérant que le
gouvernement a investi 42,6 millions en formation de la relève;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«De suspendre les modifications apportées au crédit
d'impôt pour les services de production cinématographique; et
«D'ouvrir sans délai
le dialogue avec les acteurs de l'industrie québécoise des effets visuels.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La Présidente :
Et cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et
je cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition
officielle.
Gestion
du réseau de la santé et des services sociaux
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. La CAQ ne s'occupe pas de notre monde,
et on le voit à toutes les semaines, à tous
les jours, en santé. La CAQ a abandonné, dans les urgences, sur les listes
d'attente en chirurgie, les
Québécoises et Québécois. Les belles promesses en santé, toutes se sont vues ne
pas être réalisées, n'ont pas été réalisées, ce qui nous fait nous poser la question : Que vaut la parole du
premier ministre? Il est dans sa septième année, et les soins en santé
se sont détériorés de façon marquée avec la CAQ.
Rappelez-vous ce même
premier ministre qui, le 24 avril dernier, disait, et je le cite :
«On a décidé de ne pas faire de coupures
dans les services en santé et en éducation.» Fin de la citation. Le mandat de
Santé Québec, puis Mme Biron l'a dit
sur toutes les tribunes, le mandat, c'est d'aller couper
1 milliard de dollars dans la santé, Mme la Présidente. Elle disait,
le 13 novembre dernier, je la cite : «Il faut que le réseau contribue
à réduire le déficit de l'État pour qu'il ne s'accentue pas davantage.» Fin de la citation. Elle est en contradiction
avec ce que le premier ministre nous avait affirmé le 24 avril
dernier : Je ne toucherai pas à la Santé. Son mandat premier, c'est
d'aller chercher 1 milliard, ce qui fait en sorte que, dans le CIUSSS de Laval, on a suspendu l'affichage de
570 postes, et le communiqué dit : «Dans le cadre d'un retour
à l'équilibre budgétaire et du gel de recrutement décrété par le
gouvernement...»
Alors, ma question au premier
ministre, toute simple, Mme la Présidente : Que vaut sa parole quand,
aujourd'hui, il se contredit?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, depuis que la CAQ est au gouvernement, on a
augmenté le budget de la santé de plus de
50 %. Donc, on a eu des augmentations importantes à chaque année, incluant
cette année, l'année 2024-2025. Mon collègue le ministre des
Finances va déposer dans deux jours, jeudi, une mise à jour du
budget 2024-2025, et je peux déjà dire au chef de l'opposition officielle
qu'il n'y a aucune réduction de budget dans les dépenses, incluant les dépenses
en santé.
Maintenant, Mme la
Présidente, c'est vrai, puis c'était comme ça aussi dans le temps du Parti
libéral, les CISSS, les CIUSSS ont beaucoup de pression, augmentent parfois
leurs budgets plus que ce que... ce qu'on leur a accordé, pardon. Et, Mme la Présidente, je pense qu'une de
nos responsabilités, c'est de respecter les budgets, c'est de bien gérer
l'argent qui nous est confié par les Québécois. Donc, il n'y a aucun changement
dans le budget de la santé pour l'année 2024-2025, mais c'est important
que le réseau respecte ses budgets.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
On l'a tous entendu. Comment peut-il réconcilier ce qu'il vient de nous affirmer
avec ce que Mme Biron, P.D.G. de Santé Québec, affirme sur toutes les
tribunes? Je la cite, le 13 novembre : «Il faut que le réseau
contribue à réduire le déficit de l'État pour qu'il ne s'accentue pas
davantage.» Fin de la citation.
Son
mandat, peut-il le confirmer? Parce qu'elle, elle le dit à tout le monde, c'est
d'aller chercher 1 milliard de dollars dans la santé. Peut-il
le confirmer, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, c'est assez spécial d'entendre le chef du Parti
libéral, qui était là quand le gouvernement libéral a fait des coupes sauvages
dans le réseau de la santé, de venir nous reprocher de respecter les budgets.
Mme la Présidente, tout le monde va comprendre. Si on vous donne, demain matin,
un budget de 10 $ pour l'année, puis que, dans la première moitié de
l'année, vous dépensez tout le 10 $ ou vous dépensez plus que 5 $,
bien, effectivement, dans la deuxième moitié, il faut se serrer la ceinture. Ça
s'appelle de la bonne gestion.
Sur
l'année 2024-2025, il y a une augmentation des budgets. Maintenant, le
réseau doit respecter ses budgets.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Bien, Mme la Présidente, le réseau n'a pas le bon exemple avec le
gouvernement quand il est arrivé en place avec 7 milliards de surplus et
que, là, il a creusé un trou déficitaire de 11 milliards.
18 milliards qu'on n'a pas senti passer. 10 000 fonctionnaires
de plus, également, de l'État qu'on n'a pas senti passer dans la qualité des
services.
Ces coupures, parce
qu'on parle de coupures de 1 milliard de dollars, font en sorte que,
le 7 novembre, le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal ne pourvoit pas les
postes vacants, ne remplace pas les congés de maladie puis augmente la pression
sur le personnel en place. C'est ça, ses coupures.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, le chef de l'opposition officielle est un peu dur
à suivre. Il nous dit presque dans la même phrase : Le déficit est trop
gros, à 7 milliards, mais il faudrait dépenser plus en santé. Essayez de
réconcilier ça, Mme la Présidente.
Tout ce qu'on demande
aux responsables du réseau de la santé, c'est de respecter leur budget.
Pourquoi? Parce que, contrairement aux
autres partis, il n'est pas question d'augmenter les impôts et les taxes des
Québécois. Ils paient assez. Donc, on doit respecter les budgets.
• (14 h 20) •
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Alors, de partout, Mme la Présidente, à cause de cette mauvaise gestion là
de la CAQ, partout on voit des postes affichés être retirés. On en voit, entre
autres, 240, postes, retirés de l'affichage au CIUSSS de Laval :
préposés aux bénéficiaires, entretien, agents d'intervention, infirmières,
infirmières spécialisées, inhalothérapeutes. Des
centaines de postes partout au Québec qui ne sont plus affichés et dont les
administrateurs disent, les administratrices : Ça va venir affecter à la baisse l'accès aux soins
de santé. C'est ça, le résultat de sa mauvaise gestion, Mme la Présidente,
et qu'il l'assume.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, je demande au chef de l'opposition officielle
d'être un peu patient, mais je l'invite à faire un petit exercice, jeudi, de
regarder les prévisions. Il va voir que le budget 2024-2025 en santé est
plus élevé que le budget de 2023-2024, puis le budget prévu pour 2025-2026 est
plus élevé que celui de 2024-2025.
Donc, Mme la
Présidente, on augmente les budgets, mais c'est important de les respecter, ces
budgets-là. Ça s'appelle de la bonne gestion.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Pontiac.
Gestion
du réseau de la santé et des services sociaux
M. André
Fortin
M. Fortin : Ce qui est de plus en plus évident, là, c'est que le réseau
de la santé, c'est devenu un monstre à deux têtes : d'un côté, on a un
ministre élu qui reçoit 60 milliards de l'argent des contribuables
québécois; de l'autre, les «top guns» nommés
par le ministre qui ont le mandat de faire fonctionner le réseau. Le problème,
Mme la Présidente, c'est que les deux têtes disent deux affaires
complètement différentes.
Depuis des mois, le
ministre nous répète que Santé Québec va être un employeur de choix. Qu'à cela
ne tienne, Santé Québec nous dit : 1 400 employés vont devoir abandonner
une de leurs deux jobs dans le réseau, qu'ils vont devoir choisir entre leur job à temps plein au CISSS de Laval et les
deux soirs-semaine qu'ils consacrent à Sainte-Justine. Ces employés-là,
là, voici ce qu'il va se passer, Mme la Présidente, ces employés-là, pour
compenser leurs revenus perdus à l'employeur de choix du ministre, ils vont
prendre une job à l'extérieur du réseau, puis, pendant ce temps-là, leurs
ex-collègues vont être pognés pour faire du temps supplémentaire obligatoire.
Alors, est-ce que le
ministre peut ramener Santé Québec à l'ordre, s'il vous plaît?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, je suis très content d'avoir cette question-là, ce matin,
parce que j'aimerais rétablir les faits.
Il faut comprendre
que ce qui s'est passé, au cours des derniers mois, c'est la fusion de tous les
établissements, des CISSS, des instituts, etc., pour
350 000 employés, 350 000 employés. Ce qui va arriver, le
1er décembre, c'est qu'il y a environ
1 300 employés, 1 300 employés qui, en ce moment, parce
qu'ils avaient plus que 40 heures par semaine dans deux emplois, ne
répondent pas aux normes du travail. Les normes du travail exigent un maximum
de 40 heures du même employeur. On a fusionné tous les employeurs
ensemble. Alors, soyons très clairs, ce que j'ai demandé à Santé Québec :
de faire la meilleure transition possible. Est-ce que c'est des heures
supplémentaires qu'on peut donner à ces gens-là pour qu'ils puissent garder
leurs deux emplois pendant une certaine transition? On va tout faire.
Moi, ce matin,
j'étais en conversation avec les gens de Santé Québec, on a deux
objectifs : garder nos employés qui veulent travailler; s'il y en a qui
peuvent cumuler deux emplois, ils pourront le faire. On va trouver toutes les
méthodes pour être capables de faire la meilleure transition pour le 1er décembre.
Merci beaucoup.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Oui, dans les faits, par exemple, ces gens-là se sont fait donner
jusqu'à jeudi pour décider quelle job ils gardaient. Et, je vous le dis,
Mme la Présidente, le ministre dit une chose, Santé Québec dit et fait une
autre chose. Le ministre nous dit : Les
services ne seront pas affectés par les coupures, comme le premier ministre.
Qu'à cela ne tienne, Santé Québec
suspend des affichages pour des postes d'infirmières, de préposés,
d'inhalothérapeutes puis repousse des projets de soins directs comme la
dialyse.
Est-ce
que le ministre peut reconnaître qu'annuler des affichages pour des
infirmières, là, ça ne rattrape pas des listes de chirurgies?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, je vois que j'ai répondu à la première question. Je vais
répondre à la deuxième. Puis, ici, j'ai un tableau très intéressant. Il est
peut-être petit, mais, le tableau, il est disponible sur le site Web de Québec.ca.
Quand j'ai fait la présentation de la mise à jour du plan santé, Mme la
Présidente, il y a exactement 10 jours, j'ai expliqué toutes les mesures
que nous avons faites depuis le début du plan santé. Il y a une cinquantaine de
mesures. Et à chaque fois... Je vous donne des exemples, là, Mme la Présidente,
puis je les lis derrière moi, là. On a augmenté le personnel de
17 000 emplois. On a baissé la main-d'oeuvre indépendante. On a
baissé le TSO de 60 %. On a engagé des nouveaux médecins. On a travaillé
avec les données. On a travaillé avec des programmes TI. Et j'en passe.
Mme la Présidente,
savez-vous ce qu'on fait pour Santé Québec? C'est leur donner des outils pour
mieux gérer le réseau de la santé. C'est ça qu'on fait, Mme la Présidente.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Je vous le dis, Mme la Présidente, le ministre dit une
chose, Santé Québec fait une autre affaire. Le
ministre continue de répéter sur toutes les tribunes que Santé Québec, c'est de
la décentralisation, mais sa P.D.G., dans sa tournée d'entrevues cette
semaine, elle dit : «Santé Québec peut maintenant prendre les pratiques à
un endroit et les étendre à la grandeur du réseau.»
Mme la Présidente,
dans quel monde imposer des pratiques mur à mur envers et contre les équipes
locales, c'est de la décentralisation?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
Vous savez, Mme la Présidente, le
député de Pontiac, que j'apprécie beaucoup... J'ai corrigé un peu la situation
avec ma dernière déclaration, l'autre fois. C'est vrai que je l'apprécie
beaucoup. Il a été assez gentil de me dire que ce qui avait été déclaré la
semaine passée n'était pas acceptable, et je l'apprécie, qu'il me l'ait
souligné, je l'apprécie beaucoup.
Maintenant, Mme la
Présidente, quand on a fait le p.l. n° 15, quand on a
fait le p.l. n° 15, on l'a fait ensemble. On a fait un grand principe. Il y a un des
articles qui dit : C'est le principe de subsidiarité. Ça veut dire quoi,
ça, Mme la Présidente? Ça veut dire qu'on veut avoir la décision juste
sur le terrain pour s'assurer qu'on tient compte des disparités régionales, locales et de tout ça. Mme la
Présidente, ce n'est pas du «up-and-down», c'est du «bottom-up» qu'on va faire,
puis on va s'assurer que le réseau, il est bien géré. Merci beaucoup.
La
Présidente : En question principale, je reconnais à nouveau le député
de Pontiac.
Gestion
du réseau de la santé et des services sociaux
M. André
Fortin
M. Fortin : Je vous le dis, Mme la Présidente, le monstre de la santé
dit une chose et son contraire. Le ministre présente une grande stratégie de
prévention, il nous parle d'obésité, de tabagisme, de lutte à l'alcoolisme. La
semaine suivante, la P.D.G. de Santé Québec,
dans sa tournée d'entrevues, affirme, et je cite : «Dans les derniers
mois, il y avait beaucoup d'éparpillement dans le réseau, on a fait
beaucoup de choses au détriment des missions prioritaires. On doit vraiment
s'assurer de livrer sur l'essence du réseau.» Et elle parlait, Mme la
Présidente, de l'urgence, de la première ligne
et de la chirurgie uniquement. Non seulement c'est tout un constat sur le bilan
du ministre et de son éparpillement, mais c'est aussi très clair qu'on a l'intention, à Santé Québec, de ne plus
faire ces choses au détriment des missions prioritaires.
Alors, est-ce que le
ministre peut nous dire aujourd'hui qu'est-ce qui va être mis de côté par Santé
Québec? Le plan de prévention? La lutte à
l'obésité? Les soins à domicile? Les services à l'itinérance? Est-ce qu'il peut
nous éclairer sur les réels plans de Santé Québec?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
...encore une fois, on dirait,
comme on dit dans mon jargon : C'est une belle passe sur la palette, parce
qu'il y a quelques semaines, quand j'ai présenté le plan santé... Tout à
l'heure, j'ai parlé de comment on a travaillé sur les fondations. Là, ici, c'est toutes les mesures d'accès, Mme la
Présidente, que l'on a faites depuis deux ans, je vous les nomme. D'être capable de
travailler, entre autres, sur les DMS, ça, c'est la durée moyenne de séjour, on
a réussi à baisser deux années de
suite, Mme la Présidente. On a réussi aussi à clarifier qu'est-ce qui se
passait avec la prise en charge, parce que
notre priorité, c'est les P1 et les P2, et, les P3, P4, P5, on va les
transférer aux GMF pour qu'il y ait plus de patients qui soient vus par
les GMF.
Mme la Présidente, je
pense que, si les gens prennent le temps d'aller voir ce qu'on a fait jusqu'à
maintenant, au cours des deux dernières années, on est exactement où on voulait
être aujourd'hui. Et la gestion du changement va continuer, Mme la Présidente.
Et, si les gens ont des questions, ils peuvent aller voir sur notre site Web, vous
avez le détail de tout ce qu'on a fait jusqu'à maintenant et de tout ce qu'il
nous reste à faire avec la collaboration de Santé Québec. Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, des exemples comme ça, là, on en a des
tonnes. Le ministère a des cibles précises pour les délais ambulanciers, pour
les temps d'attente aux urgences, pour le soutien à domicile, mais la P.D.G. de
Santé Québec, dans sa tournée d'entrevues cette semaine, nous dit : Je
veux attendre au mois de mars avant d'avoir des cibles.
Alors, est-ce que les
cibles du ministre sont encore bonnes, ou est-ce qu'il les abandonne comme il
l'a fait pour les chirurgies, ou est-ce qu'on doit attendre au mois de mars
avant d'avoir des cibles pour le réseau de la santé, pour le 60 milliards
d'argent que les contribuables québécois lui donnent chaque année?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien, écoutez, le député,
là, encore une fois, je l'apprécie beaucoup, c'est difficile un petit peu à
suivre parce qu'il y a plusieurs
questions à l'intérieur de la même déclaration. Moi, ce que je dirais aux
Québécois, Mme la Présidente, c'est qu'on s'est fait un plan, un plan d'une
transformation d'un réseau qui est très complexe. On a dit, il y a
10 jours, quand je l'ai présenté, 48 des 50 mesures qu'on
avait identifiées il y a plus que deux ans sont soit réalisées ou sont en
cours.
Je pense qu'on suit un
plan de match qui est très rigoureux. C'est un réseau qui est difficile à
transformer. Mais, je le dis, avec l'arrivée
de Santé Québec et de l'équipe très compétente qui est en place, je vous le
dis, Mme la Présidente, les sceptiques seront confondus. Merci beaucoup.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Mme la Présidente, on a plusieurs questions parce que le ministre et sa
P.D.G. ont l'air d'être à mille lieues l'un de l'autre. C'est clair que le ministre, là, il met tous ses oeufs
dans le panier de Santé Québec, mais il n'a pas réussi à nous expliquer
en quoi Santé Québec va faire mieux que lui a réussi à faire pendant ses six
premières années.
Alors,
à défaut de ça, est-ce qu'on peut avoir au moins une vision claire? Parce que
d'avoir deux têtes dirigeantes avec deux visions différentes, ce n'est
pas gagnant pour les Québécois et les Québécoises.
• (14 h 30) •
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
J'avais le goût de ressortir mes
tableaux, mais peut-être que le député de Pontiac ne veut pas les voir, Mme la
Présidente. J'ai expliqué clairement que, des 50 mesures qu'on a
identifiées, Mme la Présidente, il y a deux ans, il y a 48 de ces
mesures-là qui sont soit réalisées ou en cours.
Qu'est-ce qu'on fait
pour Santé Québec? Santé Québec, c'est une de ces 50 mesures là. Qu'est-ce
qu'on a fait sur le TSO? Qu'est-ce qu'on a fait sur la main-d'oeuvre
indépendante? Qu'est-ce qu'on a fait pour l'engagement de nouveaux médecins? Il
y a une liste de 50 choses, qu'on avait faite, et on est toutes en train
de les faire. Qu'est-ce qui va arriver? Tout
ça va converger en 2025, comme on l'avait prévu, avec l'équipe de Santé Québec,
avec un ministère qui va se concentrer sur les orientations, et les
Québécois vont voir la différence, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de La Pinière.
Fermeture
de résidences privées pour aînés
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Mme
la Présidente, je ne vous apprendrai rien en disant que les résidences privées
pour aînés sont en crise, au Québec. 575 fermetures depuis le 31 mars
2019, et ça continue au rythme d'une fermeture aux 3,7 jours.
En janvier dernier, la
ministre a annoncé, en réaction, un programme d'allocation personnalisée de
200 millions sur cinq ans. Or, on apprenait, samedi dernier, que le
programme n'aide que 125 résidents en RPA sur les 2 100 promis. C'est
une somme annuelle de 3,3 millions, au lieu des 40 millions annuels
promis. C'est à peine 8 % des sommes. On est loin de la note de passage.
La CAQ nous a
habitués à des projets mal ficelés, c'en est un autre exemple malheureux. La
ministre pense-t-elle toujours que son programme fonctionne?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable des Aînés.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente, j'aimerais rappeler à ma collègue de La Pinière que nous sommes le
premier gouvernement à avoir autant investi dans les RPA au Québec.
Les RPA, c'est un modèle qui s'est développé il
y a plus d'une quinzaine, vingtaine d'années, et qui s'est développé, à toutes
fins pratiques, de façon parallèle au système de santé. Depuis notre arrivée,
en 2018, un ensemble de mesures et d'investissements
ont été mis en place pour soutenir les RPA. Les RPA, c'est le réseau privé, et
c'est notre gouvernement qui soutient
le réseau privé pour s'assurer que les personnes âgées qui y demeurent puissent
y vivre le plus longtemps possible. J'aimerais rappeler à ma collègue
que nous avons mis en place des mesures pour les aider à payer le salaire des
employés, des programmes d'achat de services, des programmes pour
l'installation des gicleurs, pour la modernisation de leurs infrastructures,
des programmes pour les aider à payer leurs primes d'assurance, parce que les
assurances ont augmenté de façon importante.
Ma collègue
arrive puis elle regarde un programme parmi la dizaine de programmes qu'on a
mis en place au niveau des RPA. Eh bien, oui, nous avons la note de
passage, avec les RPA, et nous allons continuer, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la Présidente,
clairement, la ministre a annoncé un programme qui ne fonctionne pas.
200 millions dorment dans les coffres. Deux autres RPA vont fermer, cette
semaine, au rythme actuel. L'exécution du programme est devenue chaotique. Les
petites RPA ne peuvent pas survivre dans ce contexte, notamment en région. On
assiste à une destruction de leur modèle d'affaires. Ce programme devait
freiner les fermetures. C'est un fiasco.
La ministre va-t-elle rajuster le tir?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la Présidente, je
suis très présente dans l'ensemble des régions du Québec et je vais visiter les
petites RPA comme les grandes RPA. Et ce programme-là visait essentiellement à
financer les petites RPA de 30 unités
et moins pour des personnes âgées qui sont en très lourde perte d'autonomie. Le
programme n'est pas mauvais en soi,
mais, dans les petites RPA, avec les années, on s'est rendu compte qu'il y
avait de moins en moins de personnes ayant une très lourde perte
d'autonomie. Cela explique pourquoi il y a une centaine de personnes qui
peuvent bénéficier, Mme la Présidente, de ce
programme. Et nous allons continuer. Et je pense que c'est important de
mentionner que nous avons aussi un programme pour les achats de
services.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme
Caron : Mme la Présidente, c'est gênant. La ministre perd
ses partenaires les uns après les autres. Pendant ce temps-là, des aînés perdent leur domicile en
RPA, les soins ne se donnent pas. Où iront ces aînés dont le profil nécessite
des soins importants? Il y en a déjà 3 700... près de 3 700 qui font
la file pour une place en CHSLD. Les ressources intermédiaires sont prises à la
gorge.
Qu'attend-elle pour assumer ses responsabilités?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente. Écoutez, on a un ensemble de programmes pour soutenir nos aînés, au
Québec, et je suis présente auprès des différents groupes aînés. Et nous
travaillons pour améliorer nos services dans tous les domaines, pas seulement
les RPA, Mme la Présidente, mais aussi les maisons des aînés. Hier, c'était ma 33e inauguration de maison des aînés au
Québec, Mme la Présidente. Et donc ça, ça répond aussi aux besoins de nos
aînés.
Nous sommes en train de conventionner
des CHSLD privés. Nous sommes à plus de 20 CHSLD privés qui sont
aujourd'hui conventionnés.
Alors, c'est un
ensemble de gestes concrets, Mme la Présidente. Nous sommes à des
années-lumière du Parti libéral, au moment où ils étaient à la tête...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du deuxième groupe d'opposition.
Financement
de l'aide alimentaire dans les écoles
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. La mise à jour économique
s'en vient, cette semaine, alors moi, j'aimerais mettre le premier ministre à
jour sur la situation économique des Québécois, qui appellent à l'aide
quotidiennement.
Il
y a 1 million, 1 million de personnes dans les banques alimentaires,
au Québec. Il y a bien du monde là-dedans que c'est du monde qui
travaille à temps plein, qui travaille fort, mais jamais assez fort pour
remplir leur frigo.
Il y a un élève sur
cinq qui a faim à l'école. Ça, c'est autant d'enfants qui ne sont pas capables
de se concentrer sur autre chose que leurs ventres qui gargouillent.
L'Observatoire des
tout-petits sonnait l'alarme la semaine passée. L'insécurité alimentaire frappe
maintenant une famille sur cinq avec un tout-petit à la maison. Ça, là, c'est
des mamans qui allaitent leurs bébés sans manger, elles-mêmes, à leur faim.
C'est là qu'on est rendus, au Québec.
Mme
la Présidente, j'ai un dernier chiffre, mais celui-là, il donne espoir. Il y a
deux Québécois, deux Québécoises sur trois qui sont d'accord avec notre
proposition pour nourrir nos enfants dans nos écoles, comme ça se fait à peu
près partout dans le monde.
Dans la mise à jour
économique du premier ministre, est-ce qu'il y aura enfin des bonnes nouvelles
pour les enfants qui ont faim dans nos écoles?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, on est tous touchés, effectivement, quand on entend des
histoires d'enfants qui n'ont pas mangé à leur faim, qui se retrouvent à
l'école dans une situation qui n'est pas acceptable. C'est pour ça, Mme la Présidente, que, quand on regarde
les banques alimentaires, on a augmenté les budgets de 150 millions.
Pour ce qui est de l'aide alimentaire dans les écoles, on a doublé le budget.
Donc, Mme la
Présidente, on a fait des efforts aussi, on a augmenté l'aide sociale pour les
personnes qui n'ont pas de contrainte...
c'est-à-dire, qui ont des contraintes à l'emploi de 50 %. Il n'y a pas un
gouvernement qui en a fait autant. On a doublé l'aide aux organismes
communautaires. Donc, Mme la Présidente, on aide.
Évidemment,
il y a des personnes, actuellement, qui sont sans emploi, sans qualification, entre autres les demandeurs d'asile, qui viennent dans les banques alimentaires. On calcule, juste à
l'aide sociale, que ça nous coûte 500 millions par année juste pour
aider les demandeurs d'asile.
Donc, Mme la
Présidente, il y a des efforts qui sont faits. On a aussi, pour la classe
moyenne, baissé les impôts. On va continuer d'aider les familles québécoises.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Depuis la première année du mandat du premier
ministre, il y a à chaque année de plus en
plus de gens dans les banques alimentaires, autrement dit de plus en plus de
gens qui ont de la misère à manger, puis la proportion de travailleurs,
de travailleuses augmente. Donc, le plan du premier ministre ne fonctionne pas.
Nous, on a une solution. Elle est sérieuse, elle est pragmatique. Elle est
appliquée dans tellement de pays dans le monde, elle est appliquée dans nos
propres CPE.
Est-ce qu'il va y
avoir des bonnes nouvelles, jeudi, pour les familles qui ont faim?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, partout dans le monde, partout dans le monde, il y a eu une
augmentation à l'épicerie, les loyers. Mais,
quand on se compare, Mme la Présidente, on voit que le revenu moyen des
familles québécoises, après
inflation, après impôt, a augmenté deux fois plus vite au Québec que dans le
reste du Canada. C'est une moyenne. C'est vrai qu'il y a des gens qui en
ont besoin. Qu'est-ce que propose Québec solidaire? 780 millions par année
pour donner des repas à tout le monde, même aux enfants
des familles riches. Nous, on essaie de se concentrer sur ceux qui ont des
besoins.
• (14 h 40) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Le premier ministre nous reproche de vouloir nourrir
tous nos enfants dans nos écoles, y compris ceux de la classe moyenne. On est
fiers de vouloir nourrir tous les enfants dans nos écoles, y compris ceux de la
classe moyenne. D'ailleurs, dans nos CPE, ça fonctionne très bien.
Question très simple
pour le premier ministre : Est-ce qu'il trouve ça injuste que les enfants
de familles riches, dans les CPE, aient un repas le midi?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, depuis que je suis en poste,
une de mes grandes fiertés, c'est qu'on a augmenté le budget de
l'éducation de 55 %, calculez ça, là, 55 % en six ans. Ça ne s'est
jamais vu au Québec. On a ajouté des orthophonistes, on a ajouté des aides à la
classe, on a ajouté toutes sortes d'aides, entre autres pour les enfants qu'on appelle EHDAA, qui ont des difficultés
d'apprentissage, qui représentent à peu près 25 % des élèves. Mais on
n'est pas d'accord avec Québec solidaire, de dire :
780 millions, là, on enlève ça à l'éducation puis on donne ça pour nourrir
les enfants des familles riches. On n'est pas d'accord avec ça.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Ressources
d'hébergement pour les itinérants
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente. Le couperet est tombé. Parmi
tous les projets visant la création de
places additionnelles en halte-chaleur cet hiver à Montréal, on apprend que
50 places seront laissées de côté, faute de financement. Il manque près de 1 million de dollars pour permettre
à ces 50 personnes de plus de passer l'hiver au chaud chaque nuit.
Les organismes
communautaires sur le terrain, à bout de bras, ont fait l'impossible pour en
faire encore davantage. Pour eux, c'était un geste essentiel pour améliorer la
cohabitation sociale dans nos quartiers et pour assurer un minimum de dignité
aux gens de la rue. Mais voilà qu'on les abandonne, le 19 novembre, alors
que les grands froids sont à nos portes.
Mme
la Présidente, devant les besoins criants, devant les risques de cohésion
sociale dans nos quartiers, devant la crise nationale de l'itinérance
qu'on vit, est-ce que le ministre va au moins bonifier l'enveloppe des mesures
hivernales pour qu'aucun projet ne soit écarté à Montréal cet hiver?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Bien,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
pour sa question, qui va me permettre,
encore une fois, de rappeler toutes les mesures qu'on a faites pour
l'itinérance. Les refuges 24/7, 12 mois par année. On a doublé
le nombre de places de refuge à travers Montréal. On a créé des refuges partout à travers le Québec, Mme la Présidente. On
a également... On s'est assurés d'avoir une trajectoire qui était disponible
partout.
Et
malheureusement il reste encore des besoins au niveau des haltes-chaleur. Mais
maintenant, moi, l'information que
j'ai eue du CIUSSS, c'est que tous les projets qui avaient... qui étaient en
accord avec l'appel d'offres qui a été fait ont été financés, Mme la
Présidente. Je ne crois pas qu'il y ait d'enjeu budgétaire, puisque je
travaille encore avec la ville de Montréal et le CIUSSS pour déployer un refuge de
25 places pour L'Itinéraire et pour le Gordon, également, qui
cherche à se relocaliser.
Donc, Mme la
Présidente, on croit sincèrement que ce n'est pas un enjeu budgétaire, mais
c'est vraiment un enjeu de projets de
haltes-chaleur pour ajouter des places, pour des mesures hivernales encore
nécessaires. Mais je n'arrête pas,
Mme la Présidente. Je travaille avec mon collègue au niveau fédéral pour faire
débloquer des sommes additionnelles, pour
que, s'il y a d'autres projets que ceux de haltes-chaleur, on puisse venir
ajouter des places à Montréal et ailleurs au Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Mme la Présidente, le ministre nous parle de projets
qui ne correspondent pas à tous les critères, mais c'est peut-être parce que
les organismes n'ont eu que quelques jours pour s'organiser. Si on pose la
question aux gens de la rue, là, de faire le choix entre une place au chaud qui
ne correspond pas à 100 % des critères ou bien tout simplement de passer
la nuit dehors, cet hiver, je pense que la réponse sera unanime, Mme la
Présidente.
Si des ajustements
doivent être faits, qu'ils le soient, mais le ministre va-t-il ajouter le
million manquant?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, encore là, on a une mésentente, parce qu'il
n'y a pas de million manquant. Est-ce qu'on doit trouver des places
additionnelles, Mme la Présidente? On va en ajouter 118. Et, en plus, on
développe d'autres projets.
Je
le répète, beaucoup des gens qui sont en campement ne veulent pas aller en
refuge. On a développé un plan pour l'itinérance
et la santé mentale, que je suis d'ailleurs allé présenter dans le comté de sa
collègue, à Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour, justement, permettre à
des personnes qui ne vont pas dans les refuges d'avoir de l'accompagnement vers
l'hébergement, du soutien en santé mentale dans les différents refuges.
Et ça, on parle de 200 places qui seraient disponibles, Mme la Présidente,
pour la prochaine année.
Donc, on travaille
sur des projets innovants pour s'assurer que toutes les personnes en situation
d'itinérance puissent trouver un toit cet hiver.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, c'est vrai que l'enveloppe initiale a été légèrement
bonifiée. J'en remercie le ministre. Tant
mieux. Mais, n'empêche, faute de moyens, les gens de la rue vont se priver de
50 places au chaud cet hiver.
Ces derniers vont passer la nuit dehors. Même dans les scénarios les plus
optimistes, il manquera des centaines de places en hébergement d'urgence
cet hiver à Montréal. On ne peut pas se permettre de refuser des projets.
Je redemande au
ministre : Va-t-il, au minimum, bonifier l'enveloppe pour ajouter ces
50 places?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Lionel Carmant
M. Carmant : Bien,
Mme la Présidente, il reste de l'enveloppe, donc il n'y a pas d'enveloppe à
bonifier. Ce qu'il faut développer vraiment, c'est des projets qui vont nous
permettre de sortir ces gens de la rue, la plupart ayant, par exemple, des problèmes de santé mentale. On en
parlait encore ce matin, de gens qui présentaient des problèmes de comportement, style accumulation compulsive. Bien,
nous, on a trouvé un organisme qui s'appelle Diogène, qui travaille avec
ces gens-là et qui va les aider à se prendre en charge, avoir du soutien au
niveau de leur santé mentale et trouver des
appartements dans la communauté, Mme la Présidente. On leur a offert
100 places additionnelles. Pour des problèmes de santé mentale plus
légers, on a également une centaine de places additionnelles. Mme la
Présidente, on travaille très fort pour aider nos personnes en situation
d'itinérance.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
du troisième groupe d'opposition.
Aide
aux petites et moyennes entreprises
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, le gouvernement de la CAQ a annoncé la
semaine dernière qu'il avait coupé dans huit
programmes d'aide et de soutien aux PME québécoises, et ce, pour sauver
455 millions de dollars. Pour ce gouvernement, quand il est
question de PME, qui représentent pourtant 99 % des entreprises au Québec,
toutes les occasions sont bonnes pour couper, mais, par contre, quand on parle
de multinationales étrangères, ah! bien là le chéquier
est grand ouvert, et on n'hésite pas à peser très, très fort sur le crayon.
3 milliards pour Northvolt, sans aucune garantie, ça, il n'y a pas
de problème.
Mme la Présidente,
sous un gouvernement du Parti québécois, il y aura un recentrage de l'État
québécois vers les PME québécoises. Notre priorité, ça va être de grossir les
entreprises québécoises. Sous un gouvernement du Parti québécois, ça va être plus de Couche-Tard, plus de Cascades
et moins de Northvolt. Et c'est ça, la différence entre la CAQ et le PQ.
Ce gouvernement mise d'abord sur les multinationales étrangères, quitte à
couper le soutien aux PME québécoises, alors que nous, on va d'abord miser sur
notre monde, nos entreprises, et ce, dans toutes les régions du Québec.
Des
voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! La réponse du premier ministre. On
écoute le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, ce que vient de dire le chef du
troisième groupe d'opposition ne tient pas debout. Il manque
d'information.
D'abord, les PME
québécoises. Depuis qu'on est au pouvoir, le nombre d'interventions auprès des
PME québécoises a augmenté de 42 %, pas
de 4 %, de 42 %. Et, Mme la Présidente, il y a plein d'entreprises
québécoises qu'on a aidées, je donne
des exemples : Kraft Nordic, Garda. On a aidé Premier Tech, on a aidé
Pharmascience. On a aidé plein d'entreprises québécoises.
Mais, Mme la
Présidente, ce qui est important aussi, il ne faut pas être contre d'attirer
des entreprises comme Alcan, des grandes
entreprises qui vont créer des emplois payants au Québec. Et ce qui est
important aussi, c'est de regarder la moyenne au bâton, puis la moyenne
au bâton, depuis six ans, c'est que jamais en 20 ans l'économie du Québec
n'a fait aussi bien qu'actuellement. Jamais
en 20 ans on n'a battu pendant six ans l'Ontario puis le reste du Canada.
Je suis très fier de ça.
Des voix : ...
La
Présidente : Vous connaissez le règlement, pas de bravo. Première
complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, le premier ministre nomme des
entreprises qu'on a aidées, mais tout ça pour éluder le fait qu'on est en train
de couper dans le soutien aux PME. Et on l'avait dit, et là je cite. L'ancien ministre de l'Économie, on l'avait
interpelé en disant : Si vous donnez beaucoup à des multinationales
étrangères, ça va avoir un impact sur
le soutien aux entreprises québécoises. Il nous avait dit, à l'époque, et je le
cite : «Ce n'est pas parce qu'on met 1,3 milliard de support à
Northvolt, en partie remboursable, qu'on n'est pas capables de faire les PME en
même temps. Notre niveau d'intervention dans les PME ne changera pas.»
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, ce n'est pas exact, ce que le chef vient de dire, je m'excuse,
là, mais ce n'est absolument pas exact.
D'abord, pourquoi les
programmes ont été arrêtés? Parce qu'on est victimes de notre succès. On avait
augmenté le budget chez Investissement Québec, et le budget est parti, avec des
PME québécoises, plus rapidement qu'on pensait. Donc, il faut respecter le
budget.
Et, je le répète, Mme
la Présidente, depuis six ans, jamais on n'a eu une croissance économique par
habitant qui est aussi bonne que ce qu'on a eu depuis six ans. Même chose pour
les travailleurs, les salaires ont augmenté plus vite ici, au Québec. C'est ça
qu'on veut.
• (14 h 50) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, on est
en train de couper dans huit programmes de soutien aux PME. La CAQ a mis tous ses oeufs dans le même panier,
et ce panier a des trous, vraisemblablement. Et c'est ça, le problème de
la CAQ, elle priorise des entreprises
multinationales étrangères parce que ça permet de couper des rubans devant les
caméras.
Le
PQ, le Parti québécois, va prioriser les PME québécoises. On est devant deux
visions très, très différentes ici.
La
Présidente : La réponse...
Des voix :
...
La Présidente :
S'il vous plaît! J'aimerais entendre la réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je
m'excuse, là, mais il va falloir que le Parti québécois change son équipe de recherchistes. On n'a jamais autant aidé les PME
québécoises qu'actuellement. C'est une priorité pour moi de développer les sièges
sociaux québécois. Mais il ne faut pas être contre attirer des entreprises qui
viennent de l'extérieur. Il faut être capable d'avoir un équilibre. Il
ne faut pas être fermé comme le chef du PQ.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Lesage.
Investissements dans le réseau
collégial
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Les mesures d'austérité de la CAQ mettent en danger la mission de
l'enseignement collégial au Québec. Je cite : «C'est l'avenir même de
l'accessibilité à l'enseignement supérieur qui est en péril.» Et ce n'est pas seulement moi qui le dis, ce sont les
cégeps eux-mêmes, les présidents des conseils d'administration qui sonnent l'alarme dans une lettre coup de poing
adressée au premier ministre et à la ministre de l'Enseignement supérieur
aujourd'hui.
Les cégeps enregistrent cette année la plus
forte hausse d'inscriptions depuis 25 ans, la plus forte hausse. Comment la CAQ réagit? Ils gèlent les embauches et
ils coupent dans les infrastructures, au pire moment possible. On nous dit : Ah! ce n'est pas grave, on coupe, mais
ça ne va pas couper dans les services aux étudiants. Mme la Présidente, c'était
la même ligne au Parti libéral il y a 10 ans, et on sait ce que ça a donné.
Qu'est-ce que la ministre de l'Enseignement
supérieur répond aux cégeps qui sonnent l'alarme?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Puis merci beaucoup pour cette question, qui est pertinente,
évidemment, dans le contexte actuel.
Alors, je
vais le répéter, jamais un gouvernement n'a autant investi en enseignement
supérieur, et plus précisément dans
le réseau collégial. Ça a toujours été l'enfant pauvre des gouvernements
précédents, le réseau collégial, alors qu'on a vraiment misé beaucoup
sur le réseau collégial, non seulement dans les budgets, les budgets qui ont
augmenté dans tout le réseau, depuis 2018, autour de 30 %, mais dans le
réseau collégial aussi en termes d'infrastructures, en termes d'heures
rémunérées. Ça a augmenté au cours des dernières années, au cours, même, des
quatre dernières années. Les heures rémunérées ont augmenté substantiellement parce
qu'on avait des programmes comme le PARES, on avait des programmes comme le PASME,
donc, pour la persévérance scolaire, pour la santé mentale. Il y a eu plusieurs
embauches qui ont été faites, de personnel, que ce soit de personnel en
soutien aux étudiants ou que ce soit du personnel de cadres.
Alors,
maintenant, c'est clair qu'on doit respecter les budgets, mais jamais les
budgets n'ont été aussi importants. Et on continue de travailler avec
chacun des cégeps. Chacun des cégeps a été contacté au cours des derniers mois.
Moi-même, j'ai parlé avec de nombreux D.G. des 48 cégeps au cours des
derniers mois pour m'assurer que...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Sol Zanetti
M.
Zanetti : Mme la Présidente, jamais les besoins n'ont été
aussi importants, au Québec, la plus grande hausse d'inscriptions depuis
25 ans. Depuis la rentrée, il y a des cégeps qui n'achètent plus de livres
pour leurs bibliothèques. Il y en a qui se
demandent comment ils vont faire pour réparer les salles de bain quand elles
brisent. Et là la CAQ en rajoute une couche et empêche d'embaucher du
personnel.
Il y a une
mise à jour économique qui s'en vient. Est-ce que la ministre va avoir des
nouvelles de réinvestissement dans le
milieu collégial pour s'assurer qu'au moins on assure les bases du réseau
collégial et qu'on ne mette pas en péril sa mission?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Vous avez raison, M. le
député, jamais les besoins n'ont été aussi importants, mais, justement, jamais on n'a autant investi, parce que le
rattrapage est extrêmement important. Le rattrapage, ce mot-là, pour moi, est
un mot-clé, parce que ça fait des
années qu'on n'avait pas investi ni en infrastructures... d'abord, notamment,
principalement en infrastructures, on
n'avait jamais investi. Il y a un rattrapage énorme. Tout arrive en même temps.
Ce réseau collégial a été bâti au même moment. On a de nombreux projets,
on a un taux de réalisation qui est extrêmement important, ce qui est une bonne nouvelle, mais il faut quand
même que je puisse respecter les enveloppes qu'on nous alloue. Quand les
projets doublent, triplent, quadruplent de prix, de coût, à un moment donné il
faut revoir ces projets-là puis de s'assurer que ça puisse rentrer dans le budget
du PQI et dans mes mesures budgétaires également. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Je vous rappelle que
vous vous adressez à la présidente. Deuxième complémentaire.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : La
marge de manoeuvre financière du gouvernement, c'est une décision politique,
c'est une décision politique. C'est vous qui décidez combien. Il y a des
revenus qui rentrent dans les coffres de l'État en fonction des décisions politiques que vous prenez. Et, avec
les décisions politiques que vous avez prises, vous mettez en péril les
missions des cégeps. Allez-vous assurer le minimum? Allez-vous... Est-ce que...
Excusez, oui, je sais.
La
Présidente : Oui. Vous vous adressez à la présidence. C'est bon pour
la ministre, c'est bon pour vous.
M. Zanetti : Mme la Présidente, est-ce que la ministre peut
s'engager à assurer la base? On lui demande... On sait que peut-être elle va dire : J'en ai fait plus
qu'avant. On ne demande pas de savoir si elle en a fait plus qu'avant, on
veut la base.
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. On assure tous les services, actuellement, que ce
soit en termes de budgets, que ce soit en termes de programmes, que ce soit en
termes de PQI pour les infrastructures. On a fait la tournée des 48 cégeps
justement pour être capables d'avoir exactement leur planification, chose qu'on
n'avait pas avant, parce qu'il n'y en avait
pas, de processus, il y a quelques années. On est arrivés, on a mis des
processus en place. Ces processus-là, on est en train de les parfaire,
parce qu'ils sont perfectibles.
Mais ce qu'il faut
comprendre, c'est que les budgets sont là, autant dans le PQI que les mesures
budgétaires, tout est là. Le problème qu'on
a, c'est qu'il faut que les cégeps respectent ces enveloppes-là. On ne peut pas
se permettre de dépasser en heures rémunérées. Puis ce qu'on avait comme
projections, c'est qu'on allait les dépasser. Donc, à un moment donné, il faut revenir aux enveloppes qu'on
a. Ça ne veut pas dire que l'argent n'est pas là. L'argent est là, les
services sont rendus aux étudiants, et on va continuer de travailler avec...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Pontiac.
Gestion
du réseau de la santé et des services sociaux
M.
André Fortin
M.
Fortin : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je
veux revenir sur les explications du premier ministre quant au fonctionnement des budgets des établissements de
santé. Le premier ministre nous a dit tantôt : Vous savez, c'est comme
quand on vous donne 10 $ puis on vous
dit : Vous avez toute l'année pour le dépenser, si vous le dépensez tout
au début, bien, c'est un peu de votre
faute, puis on vous demande de respecter votre budget. Le problème avec ça,
c'est que le ministre de la Santé, la présidente du Conseil du trésor
ont dit aux établissements de santé qu'ils pouvaient dépenser au-delà de leur budget. Ils leur ont dit : Tout ce qui
compte... tout ce qui compte sur la main-d'oeuvre indépendante ne sera pas
calculé. À preuve, le CISSS du Bas-Saint-Laurent nous a dit... jusqu'à hier, avait une directive : Ah! bien, vous
savez, vous pouvez excéder. Mais,
hier, ils se sont fait dire : Savez-vous quoi, ce n'est pas
8 millions que vous avez à couper, c'est 34 millions que vous
avez à couper de votre budget.
Alors,
moi, je veux bien, Mme la Présidente, là, qu'on nous dise : Ah! il faut
respecter notre budget, mais, quand on
change la directive en cours de route comme ça, le 18 novembre, comment
voulez-vous qu'ils le fassent sans affecter les services à la
population?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M.
Christian Dubé
M. Dubé : Mme
la Présidente, je vais répondre très clairement au député de Pontiac. Lorsqu'on
a fait une mesure... Tout à l'heure, j'ai parlé de 50 mesures. Je vous en
donne une, la réduction de la main-d'oeuvre indépendante, O.K.? Lorsqu'on a fait ce programme-là, on a
dit : Sur trois ans, il faut sauver 2 millions d'heures qui sont
données à la main-d'oeuvre indépendante. Savez-vous, Mme la Présidente,
depuis moins d'un an, on a sauvé pour l'équivalent de 1 milliard, 1 milliard d'argent qui était payé à la main-d'oeuvre indépendante. Ce qu'on dit
maintenant à nos gestionnaires :
Avec ces économies, vous êtes capables de replacer l'argent pour respecter
votre budget. Qu'est-ce que je vous ai dit tout à l'heure, Mme la Présidente,
c'est que nous, on a donné les moyens, à cause des actions qu'on a mises en
place dans les dernières années, on a donné des outils de gestion à nos
gestionnaires pour qu'ils soient capables de réaliser leur budget, grâce aux mesures qui ont été mises en place. La MOI, c'est
un bon exemple, et il y en a plein d'autres. On va continuer à
travailler dans ce sens-là. Merci beaucoup.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
de l'opposition officielle.
Gestion du réseau de la santé et
des services sociaux
M.
Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors,
Mme la Présidente, là on veut entendre le premier ministre, là-dessus. Quand on
parle de la malgestion caquiste des finances publiques, qui sont arrivés avec
des surplus budgétaires de 7 milliards de dollars, qui nous ont creusé un déficit historique de
11 milliards de dollars, et que les services ont diminué en
accessibilité et en qualité, ça,
c'est un fait, et celles et ceux qui doivent en répondre, c'est le premier
ministre et les ministres qui sont en poste dans leur septième année.
Les Québécoises et
Québécois, par dizaines de milliers sur des listes d'attente, notamment des
listes d'attente pour chirurgies, des listes
d'attente de plus d'un an, où les cibles sont mouvantes... Au fur et à mesure
que le temps passe, le gouvernement
avance dans le temps, mais les cibles reculent et ne sont jamais atteintes. Et,
dans un contexte où, à cause de ces gaspillages nombreux, on est rendus avec un
déficit historique, il ne sait plus quoi faire et il change les règles du jeu.
Que
répond le premier ministre quand il entend un fait de la vie, que, le
18 novembre, le CISSS s'est fait dire : Ce n'est plus 8 millions, c'est
34 millions? Peut-il imaginer une seule fois qu'ils ne couperont pas les
services? Voyons donc!
• (15 heures) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Mme la Présidente, j'invite le chef de l'opposition officielle à parler au
député de Pontiac. Il l'a bien dit tantôt, il y avait un budget spécifique pour
la main-d'oeuvre indépendante. Or, Mme la Présidente, depuis le début de l'année, le ministère de la Santé a
réussi à couper le budget de la main-d'oeuvre indépendante de 60 %,
60 %.
Donc,
la main-d'oeuvre indépendante, dans le temps du Parti libéral, ça coûtait
2 milliards par année. Là, on va être à moins de 1 milliard.
Donc, Mme la Présidente, c'est de la bonne gestion, c'est de la bonne gestion.
Comment
le Parti libéral, qui a scrapé le réseau de la santé en faisant des coupures
sauvages, peut-il nous reprocher d'avoir
coupé 60 % de la main-d'oeuvre indépendante, c'est-à-dire des agences
privées? Québec solidaire devrait applaudir, d'ailleurs.
La
Présidente : Alors, cela met fin à la période de questions et de
réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, en
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre du gouvernement. M. le leader.
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée
de Westmount—Saint-Louis, le député de Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et le
député d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée
nationale affirme qu'elle ne contribue pas à la construction des mécanismes du
racisme;
«Qu'elle affirme
qu'il n'y a pas en son enceinte une construction de l'Autre et de sa culture
qui serait inférieure ou dangereuse;
«Qu'elle énonce
qu'affirmer que l'Assemblée nationale contribue à la construction de cet Autre comme
étant un danger ne constitue pas de la pédagogie, mais une construction de la
division;
«Qu'enfin, elle
demande au député de Maurice-Richard de retirer ses propos et de s'excuser
auprès de cette Assemblée et de tous ses membres qui ont été visés par ses
accusations de racisme.»
La
Présidente : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix :
...
La
Présidente : Cette motion est...
Des voix :
...
La Présidente :
Il n'y a pas de consentement. Pas de consentement. En fonction de nos règles, maintenant,
je reconnais un membre du groupe formant l'opposition officielle.
Rejeter toute déclaration suggérant que l'Assemblée
et ses membres sont racistes
M. Derraji : Merci,
Mme la Présidente.Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le leader du
gouvernement, le député de Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et le
député d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée nationale
du Québec se dissocie de toute déclaration suggérant que cette Assemblée et ses
membres sont racistes;
«Qu'elle rappelle que de tels propos nuisent au
maintien du consensus nécessaire envers la lutte au racisme et toute forme de
discrimination dans notre société;
«Qu'enfin,
elle rappelle que les membres de l'Assemblée se sont engagés à respecter les
valeurs du Code d'éthique et de déontologie, notamment le respect et la
protection de l'Assemblée nationale et de ses institutions démocratiques.»
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, Mme
la Présidente, il y a consentement
pour un débat de deux minutes, de rigueur, par intervenant, dans l'ordre suivant : la députée de Westmount—Saint-Louis, le leader du gouvernement, la députée de Mercier et le député
de Matane-Matapédia.
La Présidente : Pour un débat de
deux minutes, vous avez bien dit?
M. Lévesque (Chapleau) : ...
La Présidente : De rigueur.
Je l'appliquerai. Alors, premier intervenant, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
nous vous écoutons. Deux minutes.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Je me lève aujourd'hui au nom de ma formation politique afin d'intervenir sur les propos prononcés par le
député de Maurice-Richard au sujet de racisme au sein de l'Assemblée nationale.
Nous avons eu l'occasion de le dire, ces
propos sont inacceptables et devraient être retirés dans leur intégralité, et
le député de Maurice-Richard devrait avoir la force morale d'offrir ses excuses sincères et entières
à l'ensemble des parlementaires blessés par ses propos.
Les regrets
exprimés par le député de Maurice-Richard nous apparaissent comme incomplets,
même s'ils constituent un premier pas
vers la reconnaissance de son erreur. Nous l'invitons à cesser toute
tergiversation et à reconnaître le caractère inacceptable de son
intervention. Avoir le courage de dire qu'il est allé trop loin ne remet pas en
cause la valeur de son engagement envers une société plus juste et plus
égalitaire. L'erreur est humaine.
Le racisme et la discrimination sont des
phénomènes présents dans toutes les sociétés, dans toutes les sociétés, le Québec n'y en fait pas exception. Nous avons le
devoir collectif, comme élus à l'Assemblée nationale, de fédérer les
Québécoises et les Québécois afin de lutter contre ces phénomènes. Il est
normal et même souhaitable, dans une société, d'avoir des désaccords sur les
moyens pour lutter contre ceci. Après tout, il est le rôle des parlementaires
de questionner les initiatives du gouvernement en la matière, de vouloir de
meilleurs résultats et de plus grandes avancées. Cela fait partie du débat
démocratique et du contrôle de l'activité gouvernementale qui nous incombe
tous.
Toutefois, nous ne devrions jamais verser dans
les attaques personnelles ou les généralisations excessives qui heurtent,
blessent et divisent. En ce sens, les propos du député de Maurice-Richard ont
causé de grands torts, suscité un tollé
négatif, et fragilisent le consensus nécessaire pour avancer comme société sur
cette question. Ensemble, nous avons le devoir d'élever le débat. Merci.
La Présidente : Je reconnais
maintenant le leader du gouvernement. Deux minutes d'intervention.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme
la Présidente. Ça fait quelques années que je siège ici, en cette Assemblée, et ce qui... ce que j'ai reconnu de la majorité de
mes collègues, que ce soit de l'ancien gouvernement ou du gouvernement actuel et de l'ensemble des parlementaires de
cette Assemblée, c'est souvent le sens de l'État. C'est ce qui gouverne bien
souvent chacun d'entre nous, Mme la
Présidente, parce que, peu importe la bannière politique sous laquelle nous
sommes élus, généralement, Mme la
Présidente, nous travaillons au bien-être collectif, avec pour chacun d'entre
nous une vision de ce qu'est le
bien-être collectif. Mais chacun d'entre nous, Mme la Présidente, au-delà de
nos divisions, au-delà de nos opinions,
au-delà de nos origines, au-delà de nos provenances régionales, Mme la
Présidente, nous défendons nos concitoyens et concitoyennes et nos idéaux, Mme la Présidente, et c'est bien ainsi,
mais on se respecte, Mme la
Présidente. Et, si, en cette
Assemblée, on affuble les collègues
de propos, d'attaques et d'éléments qui sont mensongers, nous perdons le liant,
le contrat que nous avons avec nos électeurs
et également la dignité que nous avons envers tous et chacun, du respect que
nous avons de débattre, Mme la Présidente.
Les propos du
député de Maurice-Richard, que nous avons entendus à une et même à deux
reprises, Mme la Présidente, sont complètement inacceptables dans notre
société. Nous enseignons un vivre-ensemble dans nos écoles pour qu'il n'y ait
pas d'intimidation, pas d'accusation, Mme la Présidente. On s'attendrait, un
membre élu de cette Assemblée nationale, qu'il puisse s'élever et qu'il puisse
faire preuve de dignité, Mme la Présidente. La seule chose à faire est de s'excuser auprès des membres de cette
Assemblée et auprès de l'ensemble des Québécois, parce que, lorsqu'on
attaque un collègue de l'Assemblée nationale en lui prêtant des propos faux,
inacceptables et mensongers, on attaque l'ensemble des
Québécois. Et les Québécois ne sont pas des racistes, je peux vous en assurer,
et tout le monde est d'accord là-dessus.
• (15 h 10) •
La
Présidente : Je reconnais maintenant la députée de Mercier pour un
droit de parole de deux minutes.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente.
Je m'exprime aujourd'hui en tant que première femme née à l'extérieur du
Québec à la tête d'un parti politique. Le Québec est une nation accueillante,
un endroit qui, aujourd'hui, fait l'envie de beaucoup de gens dans le monde.
Le
Québec a toujours considéré l'immigration comme une richesse, mais, tout le
monde le reconnaît aujourd'hui, le système d'immigration actuel comporte
des défis. Cela dit, ce n'est pas une raison pour que ces défis fassent l'objet
d'une surenchère ou de donner l'impression
que l'immigration est responsable de tous les problèmes du Québec. Est-ce
qu'affirmer qu'il faut réduire les seuils
d'immigration est raciste? Bien sûr que non. Mais on ne peut pas nier que,
depuis quelques années, le discours sur l'immigration est négatif. Les
immigrants, les Québécois issus de l'immigration et leurs enfants en sont aujourd'hui victimes. Je dénonce ce discours
négatif depuis longtemps. Depuis longtemps, je répète qu'il faut cesser de mettre les maux du Québec sur
le dos de l'immigration et je m'efforce à le faire de la meilleure façon
possible.
Non,
on ne peut pas soutenir que l'Assemblée nationale et ses membres, ici, mes
collègues les députés, sont racistes. Il est aussi important de
condamner les menaces et les messages haineux envers le député de
Maurice-Richard. Le racisme systémique existe, nous devons le
combattre. L'Assemblée nationale doit toujours réaffirmer son indéfectible
engagement dans la lutte contre le racisme. Merci beaucoup.
La Présidente :
Je reconnais maintenant le député
de Matane-Matapédia pour son intervention de deux minutes.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Merci, Mme la Présidente.
Et, pour revenir sur le sujet, cette fois, je vais lire une déclaration que
j'ai faite tout à l'heure.
Le
député de Québec solidaire de Maurice-Richard s'excuse pour une maladresse,
mentionnant que les exemples dont il a parlé concernant le député de
Taillon et le député de La Prairie étaient seulement maladroits.
Voici
la définition de «maladroit» : manque d'habileté ou de tact. Le député de
Maurice-Richard n'a pas manqué de tact. Il a rapporté sciemment de faux
propos, inventés de toutes pièces, en les attribuant à plus d'une personne. Il s'agit bel et bien de désinformation et non d'une
simple maladresse. Cette désinformation cherchait à miner la crédibilité
du député de La Prairie, du député de Taillon et du député de Camille-Laurin,
ainsi que de l'ensemble de l'Assemblée nationale
comme institution. Le mot peut apparaître dur, celui de «désinformation», mais
voici sa définition : action de désinformer, c'est-à-dire de
diffuser par les médias des informations délibérément erronées ou orientées.
Le député de
Maurice-Richard devrait donc présenter des excuses sincères aux personnes
visées pour ce qu'il a réellement fait, désinformer. Ses propos n'ont rien à
voir avec une simple maladresse, nous le savons tous. Cette institution est
importante pour les Québécois. Elle l'est pour chacun des membres de cette
Assemblée nationale. Et je peux témoigner
qu'il y a des moments où on doit serrer les rangs, et serrer les rangs, c'est
maintenant, avant que ce qui s'est passé prenne davantage d'altitude.
Mme
la Présidente, au nom du Parti québécois, je demande au député de
Maurice-Richard de placer l'institution
avant sa personne.
La
Présidente : Alors, cette motion... Oui, M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Derraji :
...vote nominal, s'il vous plaît.
Mise aux voix
La
Présidente : ...la période de votation est ouverte.
Parfait. La période
de vote est terminée. M. le secrétaire général, le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
La Présidente :
La motion est adoptée.
Pour
ma part, je vous rappellerai une seule chose. Être député est un énorme
privilège, et toutes et tous autant que nous sommes, nous travaillons uniquement pour une seule race, la race
humaine. Nous devons à toutes et à tous le respect, rappelons-nous-en.
Maintenant, une
motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe...
Une voix : ...
La
Présidente : Oui, oui, vous avez raison. Alors, veuillez m'excuser.
Je reconnais un
membre du deuxième groupe d'opposition pour sa motion, Mme la députée de
Mercier.
Condamner les menaces et
messages haineux
envers le député de Maurice-Richard
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
pour présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale condamne les menaces et messages haineux envers le député de
Maurice-Richard;
«Qu'elle affirme
qu'aucun parlementaire ne mérite d'être ciblé par la haine et la violence.»
Merci beaucoup.
La
Présidente : Oui, monsieur.
M. Lévesque
(Chapleau) : Consentement, sans débat, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Présidente : J'allais demander s'il y avait consentement.
Consentement. La motion est adoptée.
Maintenant,
je reconnais un membre formant le troisième groupe d'opposition. Vous aussi, M.
le député de Matane-Matapédia, vous aviez une motion à nous proposer.
Affirmer qu'aucun membre de l'Assemblée n'est motivé par le
racisme et la construction négative ou inférieure de l'autre
et dénoncer fortement tout propos en ce sens
M. Bérubé :
...Mme la Présidente, je suis désolé. Je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le leader parlementaire du gouvernement, la
députée de Westmount—Saint-Louis, le député d'Arthabaska et la députée de Vaudreuil, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle les valeurs prévues à l'article 6 de son Code d'éthique
et de déontologie, qui incluent le respect et la protection de l'Assemblée
nationale et de ses membres;
«Qu'elle exige que
ses membres souscrivent pleinement à ces valeurs dans toutes leurs actions et
s'en inspirent en toutes circonstances dans leurs fonctions;
«Que l'Assemblée
nationale affirme qu'aucun de ses membres n'est motivé par le racisme et la
construction négative ou inférieure de l'Autre et dénonce fortement tout propos
en ce sens;
«Qu'elle
affirme que de tenir des propos semblables peut miner la légitimité de
l'Assemblée nationale, nuire au vivre-ensemble et affaiblir la confiance
de tous les Québécois et Québécoises envers les institutions démocratiques du
Québec.»
La Présidente :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...consentement pour un débat de deux minutes, de
rigueur, par intervenant dans l'ordre suivant : le député de
Matane-Matapédia, le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, la
députée de Westmount—Saint-Louis
et le député de Laurier-Dorion.
La Présidente :
Je reconnais maintenant pour son
intervention, deux minutes, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Mme la Présidente, nous
faisons oeuvre utile. Nous débattons ici, là où doivent se passer nos échanges,
de questions sensibles et importantes. L'immigration en est une. L'intégration
en est une. Et il nous arrive parfois d'avoir des propos qui dépassent notre pensée. Habituellement, dans ces cas, on
réussit assez rapidement à se corriger et on passe à autre chose, les
gens sentent notre volonté de faire les choses correctement, d'être sincères. Ça
arrive.
Parfois, les enjeux
sont plus sérieux et parfois les enjeux font en sorte qu'on doit accuser la
position de l'autre. Tant que ça reste sur
les positions, ça va. D'ailleurs, en matière d'immigration, jamais nous, au Parti québécois, on n'accuse les individus liés à l'immigration. Par contre, il
nous arrive d'accuser ceux qui ont mis en place un système qui fait en sorte
qu'on ne peut pas dignement accueillir chez nous des immigrants et des
immigrantes qui ont choisi l'aventure québécoise, de participer à notre grande
famille, parce qu'il faut les loger correctement, parce qu'il faut leur
permettre d'aller à l'école, d'avoir accès à
un centre de la petite enfance, de vivre dignement. La plus grande des
prudences et la plus grande des vérités, c'est de dire : Voici ce qu'on
est capables de faire pour accueillir correctement les gens. Je pense
que c'est ce qu'il y a de plus responsable à faire.
Parfois, de dire ça,
pour nous, au Parti québécois, ou pour d'autres dans cette Chambre, ça nous
vaut un certain nombre de critiques, on est
prêts à les départager, sur les stratégies, sur l'opportunité de le faire, sur
le moment de le faire. Mais parfois ça va plus loin, on insinue que des
individus auraient des desseins cachés ou auraient des orientations
inavouables. C'est arrivé.
Alors,
qu'est-ce qu'on fait? On en prend acte, et puis on y réfléchit, puis on réalise
qu'autour de nous il y a des gens qui ont été touchés, des gens qui sont des
parlementaires, mais aussi des gens qu'on représente ou des membres de nos familles. Alors, on prend les moyens qui
s'imposent. On ramène à l'Assemblée nationale ces enjeux et on dit à la population québécoise : Réglons ces
questions-là sereinement. Personne, ici, n'a d'autre volonté que de bien faire
les choses. Merci.
• (15 h 20) •
La
Présidente : Je reconnais maintenant le ministre responsable de la
Lutte contre le racisme.
Une voix :
...
La
Présidente : Oui? Oui, M. le leader.
M. Leduc :
...rigueur pour tout le monde.
La Présidente :
Vous avez raison. Et j'ai échappé
quelques secondes, j'attendais le point, qui n'arrivait pas. Je serai
plus rigoureuse.
M. le ministre.
M. Christopher Skeete
M. Skeete :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous ne le savez pas, mais je suis le
fils pauvre d'une mère monoparentale, orphelin à l'âge de 16 ans. Jeune,
j'étais pauvre à un point tel où est-ce qu'on avait un «sleeping bag» dans la
fenêtre au lieu d'avoir des rideaux. On ouvrait le four pour se chauffer
l'hiver.
Aujourd'hui, je suis
ministre dans le gouvernement du Québec. C'est juste au Québec que cette
histoire est possible. De dire que cette
institution ne permet pas cette histoire-là, c'est de nier mon existence, c'est
d'ignorer ma présence et c'est d'ignorer la beauté qu'est le Québec
contemporain.
De dire que le Québec
n'est pas parfait, ça va du débat politique, Mme la Présidente. D'avoir une
opinion qui n'est pas pareille comme nos pairs, je peux vous dire, Mme la
Présidente, je suis rarement d'accord avec mes collègues, l'autre bord, côté orientations politiques, mais
jamais je ne nie le sens de leur implication, leur désir pour un Québec
meilleur.
Je
pense que l'occasion qu'on a aujourd'hui, c'est de ramener à l'ordre les propos
qui ont été dits pour se dire que, oui, il y a une lutte contre le racisme,
qu'on doit tous s'engager à éradiquer, mais de ne pas le voir partout. Ce n'est
pas parce qu'on n'est pas d'accord
sur certains sujets que c'est du racisme. Ce n'est pas parce qu'on ne pense pas
comme quelqu'un d'autre que c'est du
racisme. Arrêtons de voir le racisme partout. Il est déjà présent dans plus de
places qu'on souhaite.
Alors, ce que je
dirais à mes collègues aujourd'hui, c'est : Merci de me permettre cette
histoire, mais prenez un moment pour vous regarder, regarder l'Assemblée nationale,
qui, aujourd'hui, représente beaucoup les Québécois, à un point tel que, si on
faisait un inventaire partout ici, jamais on n'aurait eu autant de diversité.
Je vous invite à cette réflexion-là et je vous invite aussi, chers collègues, à
repenser votre position. Merci.
La
Présidente : Et je reconnais maintenant la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci encore, Mme la
Présidente. Comme vous pouvez constater, je pense que nous sommes tous ébranlés
par les propos au sujet du racisme ici, à l'Assemblée nationale. Je répète, ces
propos sont inacceptables et ils devraient être retirés dans leur
intégralité, et le député de Maurice-Richard devrait avoir la force morale
d'offrir ses excuses sincères et entières à l'ensemble des parlementaires
blessés par ses propos.
Accuser cette
institution de contribuer à la construction de mécanismes racistes, c'est non
seulement injuste envers ses membres, mais
aussi réducteur du travail collectif que nous accomplissons ici pour bâtir une
société inclusive et égalitaire.
Affirmer que nous véhiculons une vision de l'autre comme étant inférieure ou
dangereuse est une déclaration grave qui alimente la division plutôt que
le dialogue. Ce genre de propos ne favorise pas la pédagogie ni le progrès.
Il est essentiel de
préserver l'intégrité et la réputation de cette Assemblée nationale, qui est le
lieu sacré de la démocratie québécoise. Je
crois fermement que nous pouvons reconnaître les défis de notre société sans
ternir l'image de l'Assemblée ni
discréditer ses membres. Ensemble, nous avons la responsabilité de promouvoir
l'unité, et cela commence par le
respect mutuel et l'engagement à débattre dans un esprit constructif. Ensemble,
nous avons le devoir d'élever le débat chaque jour, partout, tout le
temps. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Et je reconnais maintenant le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Mme
la Présidente, la motion présentée aujourd'hui par le Parti québécois souligne
des principes, des principes
fondamentaux auxquels, j'en suis convaincu, nous souscrivons tous : le
respect, l'éthique et la dignité au sein de cette Assemblée. Ce sont des valeurs que nous devons incarner non
seulement ici, mais également dans l'ensemble de nos engagements envers
la société québécoise.
Cependant, il est
important d'aller au-delà des généralités. Québec solidaire a récemment
réaffirmé, lors de son congrès tenu en fin de semaine, son engagement
historique contre le racisme systémique et toutes les formes d'intolérance.
Nous avons aussi dénoncé l'instrumentalisation des personnes immigrantes dans
des débats publics, une pratique qui alimente la polarisation et détourne
l'attention des véritables causes des enjeux sociaux comme la crise du
logement, l'emploi ou l'accès aux services publics.
Il est de notre devoir, comme élus, de parler de
ces enjeux avec rigueur et respect, évidemment sans tomber dans des discours
qui disqualifient les paroles et les personnes qui les portent. Nous devons
tous ensemble faire preuve de responsabilité
dans nos paroles et nos actions, sans nous empêcher de faire les débats
politiques qui s'imposent sur les questions les plus difficiles, car,
lorsque nous attisons les divisions indues, nous minons non seulement nos
institutions démocratiques, les valeurs que nous prétendons défendre.
Québec
solidaire appelle donc à des solutions concrètes aux défis réels qui affectent
notre société : la lutte contre le racisme, la discrimination et la
haine, qui, malheureusement, continuent à exister dans notre société. Les
débats sur les meilleures politiques pour susciter l'intégration des personnes
issues de l'immigration dans la société québécoise ne sont pas un débat
théorique, et nous devons en débattre. Merci.
Des voix : ...
La Présidente : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Nous avons bien compris la fin. Maintenant, nous mettons
cette motion... Avant, je dois vous demander si cette motion est
adoptée. Adopté? Oui, M. le député?
M. Arseneau : ...groupe y
consent, nous aimerions voter.
Mise aux voix
La Présidente : Consentement, alors,
pour le vote? Voilà. Donc, la période de vote est ouverte.
...terminée. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 102
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Présidente : La motion est adoptée. Oui, M. le député de
Matane-Matapédia, vous voulez rajouter quelque chose?
M. Bérubé : Mme la Présidente,
nous aimerions envoyer cette motion à la fondation du Club Avenir.
La Présidente : Ce sera fait, pour
votre demande.
Maintenant,
une motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire
formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans
préavis. Consentement? Consentement.
M. le leader du gouvernement, M. le... adjoint.
Modifier l'horaire des travaux de l'Assemblée et des
commissions
pendant la période de travaux intensifs
M. Lévesque (Chapleau) : ...Mme
la Présidente.
«Que, pendant la période de travaux intensifs devant
se tenir du 25 novembre au 6 décembre 2024, l'horaire des travaux de
l'Assemblée et des commissions soit modifié ainsi :
«Que, le mardi soir, l'Assemblée et les
commissions tiennent séance de 19 [...] à 21 heures, plutôt que de
19 h 30 à 21 h 30;
«Que le jeudi
après-midi et le jeudi soir, l'Assemblée et les commissions tiennent séance de
14 heures à 18 heures et de 19 heures à 21 heures
plutôt que de 15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à
22 h 30.»
Mise aux voix
La Présidente : Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
À la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader adjoint du gouvernement. Si vous avez à sortir,
faites-le tout doucement, j'aimerais entendre l'appel des travaux.
• (15 h 30) •
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente.
Donc, j'avise
cette Assemblée que la Commission des transports et de l'environnement va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 61,
la Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines
dispositions relatives au transport collectif, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de
l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 76, la Loi visant principalement à accroître la qualité
de la construction et la sécurité du public, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des institutions va poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 73, Loi visant
à contrer le partage sans consentement
d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en matière civile
des personnes victimes de violence, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 19 h 15, à la salle Pauline-Marois.
La Présidente : Merci. Pour ma part,
je vous avise que la Commission de la culture et de l'éducation se réunira en séance de travail demain, le mercredi 20 novembre
2024, à 8 heures... de 8 heures à 8 h 30, à la salle
Pauline-Marois, afin de statuer sur
la possibilité que la commission se saisisse de la pétition portant sur la
demande d'exempter les étudiants autochtones des dispositions de la Loi
sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Toujours à la
rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, voilà, et je vous
informe que demain, lors des affaires
inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement caquiste de ne prendre aucune action qui aurait pour effet
d'alourdir le fardeau fiscal des petites et moyennes entreprises du Québec.»
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons passer, maintenant, aux affaires du jour.
Et je suspends quelques minutes pour que nous
puissions y aller. À tout de suite.
(Suspension de la séance à 15 h 33)
(Reprise à 15 h 34)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le leader du gouvernement, voulez-vous nous
indiquer la suite des travaux?
M.
Lévesque (Chapleau) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est un
plaisir de vous retrouver pour nos travaux cet après-midi.
J'aimerais qu'on appelle l'article 1 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 74
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : À
l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 74, Loi
visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers.
Et, Mme la
députée de Mont-Royal—Outremont, vous n'aviez pas terminé votre intervention,
donc je vous cède la parole immédiatement.
Mme Michelle Setlakwe
(suite)
Mme
Setlakwe : Merci, Mme la Présidente. Donc, je vais compléter
mon intervention. J'étais rendue à décliner, donc, certaines des conséquences plus larges que peut avoir ce projet de
loi n° 74 sur la société québécoise et les risques
plus généraux qu'on encourt, là, si les nouveaux pouvoirs qui seraient
attribués au ministre sont mal utilisés. Rappelons que notre formation
politique va voter contre le principe. Avec le libellé actuel, les pouvoirs
sont beaucoup trop larges. Il faut absolument que ces pouvoirs-là soient
balisés.
Le Québec, on va se rappeler, se donne notamment
la possibilité de procéder par décret. Et donc il y a un fort potentiel ici de nuire à notre économie. Il ne
faut absolument pas sous-estimer la contribution des étudiants internationaux,
qui contribuent à l'économie pendant qu'ils sont ici. Ils dépensent, ils
font rouler l'économie, ils travaillent pendant la durée de leurs études, donc ils comblent la pénurie de main-d'oeuvre,
ils contribuent à la capacité de recherche et d'innovation du Québec, ils sont présents dans les laboratoires
de recherche, surtout aux deuxième et troisième cycles, ils sont majoritaires,
comme je disais, aux cycles supérieurs. Donc, il faut absolument exclure ces
deux cycles, il faut demeurer attractif et compétitif, Mme la Présidente, dans
cette course globale aux cerveaux, aux meilleurs talents.
Et pour citer Maud Cohen, la directrice de
l'École polytechnique, dans ma circonscription, qui l'a si bien dit, et je la cite : «Les étudiants internationaux
qui sont passés par la Poly ont contribué et contribuent toujours à enrichir
notre société. En accueillant ces
talents, nous intégrons des perspectives et des compétences qui renforcent
notre avenir collectif. Favorisons leur place parmi nous pour en tirer
toute la richesse.» Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à
reconnaître un autre intervenant. M. le député de Jean-Talon, je vous cède la
parole.
M. Pascal Paradis
M.
Paradis : Merci, Mme la Présidente. Alors, on a tenu des
consultations particulières sur le projet de loi n° 74,
Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Et un des premiers constats qui ressort, qui ressort au terme
de ces consultations particulières, c'est qu'il y avait beaucoup
d'intervenants, sinon la totalité des intervenants qui se sont demandé où le
gouvernement voulait s'en aller avec ce projet de loi.
Il nous
indique que c'est pour encadrer la question des permis conférés aux étudiants
étrangers, qui sont liés à la question
de l'immigration, mais sans nous dire exactement où ils voulaient aller. Quelle
est la planification du gouvernement en matière d'étudiants étrangers
et, plus globalement, en matière d'immigration? Et les gens ne le savaient
tellement pas que plusieurs nous ont dit : Bien, nous, ça ne nous concerne
pas vraiment, ce projet de loi là, ou ça ne devrait pas nous concerner puis on devrait... on aimerait en être exclus. En fait,
la plupart des universités sont venues nous dire : Non, ça ne
devrait pas s'appliquer à nous. Les cégeps sont venus nous dire : Non, ça
ne devrait pas s'appliquer à nous.
Et donc c'est
un problème récurrent de la part de ce gouvernement que de vouloir se doter
d'instruments, d'outils ou de moyens sans nous dire ce qu'il veut en
faire. Je le sais, j'ai vu ça dans d'autres projets de loi. Puis il me semble
que c'est un commentaire que je fais malheureusement souvent, notamment au
moment de l'adoption du principe, c'est de
dire : Bien oui, mais, si on avait eu la planification avant, si le gouvernement nous avait indiqué ce qu'il veut faire, quels sont les objectifs
qu'il vise, notre travail de parlementaires serait beaucoup plus pertinent,
s'en trouverait facilité.
Dans les médias, au cours des consultations
particulières, on a compris, de la part du ministre, que c'était notamment pour
réduire la courbe du nombre d'étudiants étrangers au Québec. Mais dans quelle
mesure, comment le faire, pourquoi
exactement, on ne le sait pas, à telle enseigne que, pendant les consultations
particulières, on a entendu le ministre
parler plus souvent de la planification, en matière d'immigration, déposée par
le troisième groupe d'opposition, par
le Parti québécois. Il en a parlé plus souvent que de sa propre planification.
Bien sûr, parce qu'il n'en a pas. Alors ça, c'est un des premiers enjeux, c'est un des problèmes, en fait, qui
existent avec ce projet de loi, actuellement, c'est qu'on aurait dû avoir la planification du gouvernement,
avant, et on ne l'a pas eue. Et d'ailleurs, en matière d'immigration, c'est
un problème qui existe depuis sept ans.
Depuis sept ans, on essaie de comprendre quelle est la planification à long
terme, à moyen terme, pour arriver à savoir ce qu'on fait à court terme,
du gouvernement. Et on ne le sait pas.
Or, l'immigration, notamment celle des étudiants
internationaux, c'est une question qui se vit à long terme. Parce qu'on parle du projet de vie de personnes
qui choisissent de venir étudier au Québec, et ça, ça se planifie longtemps
à l'avance. Il faut réfléchir à son idée, il
faut savoir quelle institution on va viser, il faut faire le processus, et on a
besoin de savoir quelles sont les
conditions dans lesquelles on va être accueilli dans le pays qu'on vise. Donc,
c'est la prévisibilité qui est importante. Et ça, la majeure partie des
intervenants en consultations particulières sont venus nous le dire. Autant du
côté des institutions, des professeurs que des étudiants, tout le monde nous a
rappelé qu'il y a un projet de vie derrière
ça, que ça se planifie, et que ça prend de la stabilité, de la prévisibilité,
et qu'on ne peut pas dire, une année : Les vannes sont complètement ouvertes, puis l'année d'après dire : Non,
désolé, le programme est fermé, ce qu'on a vécu, d'ailleurs, avec ce gouvernement, entre l'année dernière et cette année.
Donc, premier problème, planification ou absence de planification.
• (15 h 40) •
Le deuxième
élément qu'il m'apparaît important de mentionner ici, c'est un autre élément
qui est malheureusement absent du
projet de loi et c'est la question du financement, qui est intimement liée à
celle des seuils, donc, non seulement d'immigration, ici, mais le nombre
de permis d'études qu'on octroie à des étudiants internationaux à chaque année.
Pourquoi? Parce que ce qu'on a vu, c'est une
croissance assez raisonnée, dans les institutions d'enseignement, du nombre
d'étudiants internationaux, notamment au fil des années 2010. Entre 2010 et
2017, il y a eu une croissance, et elle est beaucoup plus marquée dans
certaines institutions et à certains niveaux qu'à d'autres. Mais ce qu'on a vu à
partir de 2017‑2018, c'est une croissance vraiment fulgurante. C'est
là qu'on est passé de 20 000, avant les années 2010, étudiants
internationaux à à peu près 15 000,
dans les années 2010, jusqu'à 70 000 en 2017, et là on est rendus à
125 000, 125 000.
Donc, il y a
eu une hausse fulgurante, et cette hausse fulgurante est notamment arrivée en
même temps qu'il y a eu un changement des règles de financement, où là
le financement n'est pas géré par le gouvernement de manière globale et réparti entre les institutions, mais il est par
étudiant et il est indépendant de chaque institution. Donc, en réalité, il y a
une espèce de course aux étudiants internationaux, parce que ça vient avec du
financement et qu'actuellement, si on parle de réduire les seuils, c'est
peut-être une mesure de définancement des universités, ce qu'on ne veut pas
voir arriver et ce que plusieurs dénoncent. C'est-à-dire que, si on ne change
pas les règles de financement, et qu'on change les seuils, et qu'il y a moins d'étudiants, ça va affecter de manière
importante le financement des universités, notamment, où il y a le plus
d'étudiants internationaux, et ce n'est pas ça, je pense, l'objectif qu'on veut
atteindre.
C'est donc
dire que le gouvernement, dans son absence de planification, n'a pas encore
abordé cette question-là qui est au coeur de la problématique ou des
problèmes dont on veut discuter avec le projet de loi n° 74.
Donc, on invite le gouvernement à se pencher
sur cette question-là aussi. Nous, au Parti
québécois, on dit : Il faut
revenir à une formule de financement qui était celle... qui est analogue
à celle qui existait avant le changement de 2018, parce que ça a contribué à la
hausse fulgurante du nombre d'admissions, donc, pour les étudiants
internationaux. Et, ça, on ne le voit pas.
La troisième
question générale qui ressort aussi des consultations particulières, c'est
qu'il faut moduler, qu'il faut réfléchir à cette question-là, non pas de
manière mur à mur, c'est ce que certains nous ont dit, mais de façon spécifique
à chaque niveau d'enseignement, à chaque région et à chaque établissement. On
nous a bien démontré — et
nous, au Parti québécois, on l'avait déjà dénoté dans
notre planification sur l'immigration — qu'il y a des grandes
différences entre le niveau universitaire et le niveau des cégeps, qu'il y a
une grande différence entre Montréal, d'une part, Québec, d'autre part, et les
régions du Québec, d'autre part, et que, donc, il faut agir de manière ciblée,
il faut une planification ciblée. Encore une
fois, on aimerait... on aurait aimé avoir la planification du gouvernement
relativement à ces différents secteurs avant d'aborder l'étude du projet
de loi n° 74. On ne l'a pas. Mais le gouvernement
nous dit, dans le mémoire, notamment, produit par le ministre, que c'est pour
faire ça qu'il a besoin du projet de loi, parce qu'il nous indique qu'il a un pouvoir d'admission général pour l'ensemble
du Québec, mais qu'il ne peut pas assez cibler ses interventions, et que
c'est pour ça qu'il a besoin du projet de loi n° 74.
Nous, on est ouverts à en discuter avec le
ministre et avec les collègues des banquettes de l'opposition. On pense qu'il y a des questions intéressantes qui se
posent et que le ministre a commencé à évoquer, notamment, lors de la
deuxième journée d'étude du projet de loi, comprendre ce qu'il nous explique
dans son mémoire, c'est-à-dire qu'avec les outils dont il dispose actuellement
il y a des choses qu'il ne peut pas faire et que, s'il avait ces outils-là, il
pourrait avoir une meilleure gestion de la
question des étudiants internationaux. On est ouverts à l'entendre, on est
ouverts à l'écouter et en discuter.
Pour l'instant, on n'a pas été convaincus par ce
qu'on a entendu, autant sur la place publique qu'en commission parlementaire,
mais on va... donc je vous annonce, Mme la Présidente, qu'on va voter en faveur
du principe pour qu'on puisse aller
l'étudier, qu'on puisse aller en discuter, de ce projet de loi là, parce que
c'est une question qui est importante pour
le Québec, qui est importante pour nos institutions d'enseignement, parce que
c'est une richesse, les étudiants étrangers, pour nos programmes de recherche, pour nos programmes de pointe. C'est
essentiel dans plusieurs de nos régions, dans plusieurs de nos
institutions d'enseignement supérieur des régions. C'est essentiel pour
certains cégeps, ils sont venus nous le
dire, à quel point c'est important pour la vitalité des régions. Et, je le
redis, nous, on le reconnaît dans notre programme, dans notre
planification en matière d'immigration, au Parti québécois.
Maintenant, j'aimerais revenir à une question
aussi, en fait, qu'on vient d'aborder aujourd'hui au salon rouge de l'Assemblée nationale, celle de la façon dont
on peut avoir le débat sur cette question, parce qu'elle est liée, le nombre
d'étudiants étrangers ou d'étudiants internationaux... parce que, ça, c'est
intéressant, certains nous incitent à changer l'appellation.
L'appellation officielle, actuellement, c'est étudiants étrangers, et certains
nous ont dit qu'aujourd'hui on devrait parler d'étudiants
internationaux. Question intéressante aussi à aborder. Mais on l'a entendu
pendant les consultations particulières et on l'a entendu sur la place
publique, que, de discuter de ces questions-là, ça pourrait vouloir dire qu'on
stigmatise les étudiants étrangers, que c'est une mesure de fermeture de
discuter des seuils, que, si on fait ça, on
voit un Québec fermé puis qui va se priver de ressources importantes à
l'échelle internationale. Et on l'a entendu en consultations
particulières.
Je nous invite, toutes et tous, à s'inspirer de
ce qui vient de se passer aujourd'hui et à se dire : Est-ce qu'on peut parler de politiques publiques, notamment
celles qui concernent les étudiants internationaux, sans prétendre qu'on a
des mauvaises intentions en faisant ça, sans
faire référence à ces notions qu'on a entendues et dont on a parlé aujourd'hui,
que derrière ça, il y aurait du racisme, de la xénophobie, de la stigmatisation
des autres, de la réduction de la place du Québec dans le monde. Je pense qu'il
vient de se passer quelque chose aujourd'hui. Au Québec, on se dit que ce genre
d'accusation, ce genre de façon de prêter
des intentions aux autres plutôt que d'avoir un débat sur les faits, sur les
idées, on n'accepte pas ça.
Et ça va être important, dans le débat qu'on va
avoir, parce que c'est le premier qu'on va avoir sur des questions qui touchent ce dont on parle, ce dont on a parlé
aujourd'hui au salon rouge, à la suite des propos du député de Maurice-Richard.
On va parler d'immigration. On va parler de seuils. On va parler de nombre. On
va parler d'avenir du Québec. Alors, ne
répétons pas ce genre d'attitude qui consiste à dire que, parce qu'on a une
position x ou y là-dessus, on a des mauvaises intentions. Parce
qu'on l'a entendu, là : Bon, O.K., ce n'est peut-être pas le racisme, mais
on l'a entendu encore aujourd'hui, les
immigrants ont le dos large, on en met beaucoup sur la question de
l'immigration. Non, sur la base de
données, sur la base d'expertises en matière d'enseignement supérieur, en
matière d'éducation, en matière économique, en matière de développement
régional, sur la base d'exemples de ce qui se passe ailleurs dans le monde, de
statistiques, on doit ensemble discuter des meilleures politiques publiques, et
il est possible d'avoir des avis différents. Mon collègue le député de
Matane-Matapédia l'a dit dans son allocution tout à l'heure, on peut avoir des
avis différents puis discuter de celle qui
nous apparaît la meilleure des politiques publiques pour l'avenir du Québec,
notamment en matière d'étudiants
étrangers, mais sans prêter des intentions, sans utiliser des mots qui sont
parmi les plus durs, que c'est de la fermeture,
que c'est de la xénophobie, que c'est du racisme. Ce n'est pas de ça dont on
parle, c'est de politiques publiques.
Alors, on a un premier test qui va commencer
tout prochainement, parce qu'on va discuter de ça ensemble, et on est capables de le faire de façon mature pour
prendre les meilleures décisions à titre de parlementaires qui ont comme
seul et unique intérêt l'intérêt public,
celui de développer les meilleurs projets de loi pour le meilleur avenir du
Québec dans le meilleur intérêt de
toutes et de tous. Alors, nous, on est prêts à avoir cette discussion-là. Au
travail. Merci, Mme la Présidente.
• (15 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Maintenant, je
suis prête à entendre un autre intervenant ou intervenante. Mme la
députée... la députée, pardon, de La Pinière, la parole est à vous.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça me fait plaisir de prendre la parole pour intervenir sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers.
Alors,
plusieurs collègues se sont déjà exprimés. Vous me permettrez, Mme la
Présidente, de me concentrer sur un aspect de ce projet de loi, en fait, sur le
projet de l'expérience... le Programme de l'expérience québécoise, le PEQ.
Alors, le projet de loi est arrivé un peu comme
un cheveu sur la soupe, et je vous dis, Mme la Présidente, qu'il me laisse perplexe, justement parce que c'est la
deuxième fois que la CAQ attaque le PEQ, le Programme de l'expérience
québécoise. La CAQ l'a fait dans son premier mandat, a reculé, a remis le PEQ
en place avec quelques modifications, et là attaque le PEQ encore une fois en
le suspendant. Ça me désole beaucoup, Mme la Présidente, parce que le PEQ,
quant à moi, c'est l'un des meilleurs programmes qu'on n'a jamais eu pour
accueillir des étudiants étrangers.
Quelle
meilleure façon d'intégrer, de faciliter l'intégration d'étudiants étrangers
que de les accueillir au Québec pour qu'ils suivent une formation au Québec,
formés à notre manière, formés en français? La plupart sont déjà francophones,
ou parlent déjà le français, ou vont
l'améliorer en faisant leurs études. Certains vont aller dans les institutions
anglophones également, mais la grande majorité étudie en français, que
ce soit dans les cégeps ou dans les universités. Donc, ils se forment à la
manière qu'on veut les former, dans les programmes qui sont ouverts parce qu'on
a besoin de leurs compétences, on a besoin de leur travail. Ils sont jeunes.
Ils sont courageux parce qu'ils font le choix de laisser derrière leur famille
dans leur pays d'origine pour venir étudier au Québec. Ils s'installent ici,
ils socialisent avec leurs camarades de classe ou avec la communauté, au sens
plus large que dans leur institution d'enseignement. Ils tombent en amour, Mme
la Présidente, ils ont un copain, une copine québécois ou québécoise, ou
peut-être qui est un autre étudiant ou une autre étudiante internationale. Ils
décident de travailler ici après leur diplôme. N'oubliez pas qu'on a quand même... Même si les étudiants internationaux
paient plus cher que les étudiants québécois pour étudier au Québec, il
n'en demeure pas moins que le Québec a investi dans leur formation. Alors là,
ces étudiants parlent le français, sont formés comme on veut, sont prêts à travailler,
à rester au Québec pour travailler et souvent ils sont prêts à fonder une famille, une famille qui va être une famille
québécoise, ils sont prêts à faire leur carrière ici, à faire leur vie ici. Ce
seront des contribuables, aussi.
Qu'est-ce qu'on peut demander de mieux que des
étudiants qui participent au PEQ, des étudiants dans lesquels on investit? Et on sait, là, actuellement, on a un
déficit de 11 milliards, et le gouvernement tente par tous les moyens
d'aller récupérer des sommes pour tenter d'éponger un peu... un tant
soit peu le déficit. Tout cet argent qu'on a dépensé... qu'on a investi, je dirais, dans les étudiants étrangers, dans le cadre
du PEQ, ça s'envole en fumée. On leur dit : Bien là, partez, parce
qu'on vient de changer les règles du jeu. À mon sens, le Québec est une nation
qui se respecte, c'est une nation qui doit
respecter sa parole envers le contrat qu'on fait avec les étudiants étrangers
qui viennent étudier au Québec, qui
rêvent du Québec, qui ne veulent que contribuer au Québec. Qu'on change les
règles pour les futurs, c'est une chose, mais qu'on vienne changer les règles du jeu quand la partie est
commencée, ce n'est pas juste, ce n'est pas de respecter la parole du
Québec à l'étranger et envers ces étudiants.
Le soir même, le 30 octobre, quand c'est
tombé, cette nouvelle, j'ai reçu un message d'une voisine du comté de
La Pinière, une dame qui réside dans le comté de La Pinière. À
21 h 18, le 30 octobre, elle m'a écrit qu'elle était québécoise
et résidente de Brossard, où se trouve le comté de La Pinière. Elle m'a
dit ceci :
«J'habite avec mon conjoint qui est au doctorat
à l'UQAM, donc étudiant étranger. Je suis très inquiète par les mesures prises
par le gouvernement de la CAQ avec sa suspension du PEQ. Il vient de mettre un
énorme stress sur nos épaules. Comment entrevoir la suite et bâtir des projets
communs, maintenant? Il termine ses études en 2025. Il a été bénéficiaire de
bourses, donc on peut dire qu'un bon 100 000 $ des fonds des
contribuables a déjà été investi en lui. J'ai
32 ans, déjà. On attendait qu'il termine ses études et obtienne la
résidence pour fonder une famille. Donc, voilà un beau plan mis en péril. Est-ce que je comprends que la
seule solution serait le mariage, donc commencer des démarches d'immigration
autrement?
«Mon conjoint
est doctorant à l'UQAM, parfaitement bilingue en français et en portugais,
spécialiste en politique canadienne et québécoise et des relations avec les
peuples autochtones. Quelle ironie! Je trouve le climat de la dernière
année entraînant une marginalisation, haine des immigrants et les mettant au
centre de tous les problèmes du Québec et du
Canada. Je me sens si triste et je ne me reconnais pas dans ce Québec actuel,
austère à l'immigration. Que pouvez-vous faire? Que puis-je faire? Je me
sens impuissante.»
Voilà la détresse que cause à des Québécois et
des Québécoises le dépôt de ce projet de loi et la hache qu'il vient mettre
dans le PEQ. Quand on est un gouvernement et qu'on prend des décisions ou des
non-décisions... Parce qu'une politique publique, c'est autant une chose qu'un
gouvernement décide de faire qu'une chose qu'il décide de ne pas faire. C'est sa politique de ne pas faire
quelque chose, et ça, c'est tout à fait légitime, le gouvernement a droit de
faire des politiques comme il veut. Mais entendons-nous qu'un projet de
loi, c'est une politique publique. Comprenons... Et c'est là que, quand je vous disais tout à l'heure, Mme la Présidente,
que j'étais perplexe devant ce projet de loi là et le fait qu'il vient
s'attaquer pour une deuxième fois au PEQ, il faut comprendre que des politiques
publiques, ça a un impact dans la vie de
tous les jours, dans la vie des citoyens. Nos voisins et nos voisines, là, dans
nos comtés, les gens qu'on croise tous
les jours quand on est dans nos comtés, bien, ce sont des personnes en chair et
en os, ce sont des personnes qui sont touchées.
Et vous avez
vu la détresse de la personne qui m'a écrit. Je vous ai dit que c'est une
voisine du comté de La Pinière.
Je ne la connais pas personnellement, mais
elle vit dans mon comté, et je la considère comme une voisine. Ça, c'est un
cas. Et combien d'autres, combien de centaines, sinon de milliers
d'autres cas comme ça, parce que la CAQ vient changer les règles du jeu du
CAQ... du PEQ, pardon? Ça n'a juste pas de bon sens. Ça n'a juste pas de bon
sens.
• (16 heures) •
Non seulement ça nuit à ces personnes-là qui,
là, qui sont désemparées... Qu'est-ce qu'ils vont devoir faire? Est-ce qu'ils doivent retourner dans leur pays,
recommencer des études, être acceptés dans une institution d'enseignement
autre, alors qu'ils sont à la veille de...
d'être diplômés, comme c'est le cas du cas que je vous ai cité? Ils ont des
projets de vie. Alors
là, on veut... Dans ce cas-ci, est-ce qu'on voudrait que la dame, qui est
Québécoise, quitte le Québec pour aller, avec son conjoint, dans un autre pays où, là, on va l'accepter, on va lui
donner les règles du jeu, puis on va se tenir à ces règles du jeu là?
On brise des
vies, on brise des vies, on brise des projets de vie, quand on vient s'attaquer
de cette façon au PEQ. Ça n'a pas de bon sens. Ça n'a pas de bon sens.
On est un peuple fier, au Québec, on devrait être fier de notre parole.
Puis c'est un programme qui fonctionne. Comme je
le disais tantôt, c'est la meilleure immigration qu'on peut souhaiter. Une personne qui vient étudier au
Québec, formée à notre manière, prête à travailler, à avoir un projet de vie,
à fonder une famille ici, on ne peut pas demander mieux.
J'entends des gros soupirs, Mme la Présidente,
mais je crois sincèrement qu'on ne peut pas demander mieux que le PEQ. Je comprends que le gouvernement a des
objectifs en matière d'immigration, et tout ça, mais, de grâce, ne pas s'attaquer au PEQ de cette façon-là. Laissez
les gens qui sont sur place finir leur parcours d'études et leur permettre de
rentabiliser l'investissement que nous avons fait dans ces personnes en leur
permettant de rester, de travailler, de fonder leur famille, de fonder... de
faire leur projet de vie ici.
Ce projet de loi, qui vient mettre la hache dans
le PEQ, il nuit aussi à nos institutions d'enseignement, les institutions
d'enseignement supérieur, que ce soit le cégep, que ce soit l'université. Le
collègue de Jean-Talon l'a bien expliqué tout à l'heure. En toute transparence,
Mme la Présidente, je vous dirai que j'ai été une étudiante de l'École
nationale d'administration publique et que j'ai travaillé, pendant près de huit
ans, à l'École nationale d'administration publique,
avant d'être élue députée de La Pinière. Et les étudiants internationaux, à l'ENAP,
c'était très important. Oui, le financement que l'ENAP obtenait avec les
étudiants internationaux, c'était très intéressant pour l'ENAP, pour que l'ENAP continue. Non seulement ça, le deuxième...
la deuxième raison pourquoi c'était si intéressant, c'est que la majorité
des étudiants internationaux à l'ENAP, ce
sont des étudiants de pays africains francophones, dans lesquels l'ENAP faisait
rayonner non seulement l'ENAP, mais la
fonction publique québécoise, des gouvernements étrangers qui paient des
étudiants, triés sur le volet, pour venir étudier à l'ENAP.
Maintenant
que le PEQ est suspendu, que va-t-il arriver de ces étudiants et d'autres
étudiants internationaux qui
venaient notamment de l'Afrique francophone, sans avoir nécessairement de bourse
de leur gouvernement, bien, travaillaient
très fort pour réussir à finir leur programme le plus rapidement possible et
rester ici, par la suite, pour servir dans
notre fonction publique? Ça, c'est un exemple. Et tous les programmes, dans
toutes les universités ou dans les cégeps, bien, c'est la même chose. Alors là, ce qu'on vient faire avec ce projet
de loi, c'est qu'on va couper d'une manière indirecte dans le
financement de nos institutions, de nos propres institutions d'enseignement
supérieur.
Quand je dis que le PEQ, c'est l'un des
meilleurs programmes d'immigration que nous avons, bien, si, ces personnes, on les renvoie chez elles, imaginez que
le message va passer ailleurs, là. Parce qu'à ce moment-ci, au moment où
on se parle, Mme la Présidente, le gouvernement du Québec investit dans des
missions à l'étranger, encore aujourd'hui, pour aller chercher des étudiants,
attirer des étudiants ou des travailleurs. Mais, si on veut... si le
gouvernement veut ralentir l'immigration, si
c'est pour ça qu'il présente le projet de loi n° 74,
bien, peut-être, qu'il ralentisse ses investissements, ses dépenses de
ce côté-là, mais, de grâce, qu'il ne mette pas la hache dans le PEQ.
Quant à moi, quand on change les règles du jeu
une fois que la partie est commencée, bien, on ne respecte pas notre parole. Et c'est ça qu'on montre à
l'étranger. C'est ça, la vitrine québécoise, là, à l'étranger, avec ce projet
de loi là. Je suis certaine que ce
n'est pas l'intention du gouvernement, mais il faut prendre connaissance que,
dans les faits, sur le terrain, c'est ça qui arrive, en plus de briser des
vies, en plus de se priver d'une main-d'oeuvre qualifiée, compétente, formée ici, qui va contribuer à notre avenir, que ce soit
en santé, on sait combien on a besoin de gens dans le domaine de la santé,
mais dans tous les domaines technologiques, dans l'intelligence artificielle.
Il y a plein de métiers et de professions qu'on ne connaît pas encore.
C'est
important de former des gens à avoir une pensée critique, à avoir une formation
générale, et c'est ça que font nos
institutions d'enseignement supérieur. Alors, si les étudiants internationaux
viennent grossir les rangs de nos cohortes dans les institutions
d'enseignement supérieur, on est gagnants. Et, quand on sait, comme je le
disais tout à l'heure, que le gouvernement investit des fonds dans les études
de ces étudiants, bien, une saine gestion des finances publiques, ce serait de
permettre à ces étudiants de mener à terme leurs projets d'études et de rester
au Québec pour mener leurs projets de vie.
Alors, sur
ce, Mme la Présidente, je vais conclure, on a besoin, au Québec, de tenir
parole, d'être un État qui est réputé pour tenir sa parole envers les personnes
qu'on attire et qu'on séduit pour venir au Québec. Et la meilleure chose
à faire, ce serait de retirer ce projet de
loi ou, du moins, de retirer tout ce qui touche le PEQ dans ce projet de loi.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Alors, sans plus tarder, je
cède la parole à M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M.
Fortin : Merci, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir
d'être ici aujourd'hui pour parler du projet de loi n° 74,
Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers.
Bon, c'est un
objectif, hein, «visant principalement», parce que je suis loin d'être
convaincu que le titre du projet de loi va arriver à l'objectif qu'il cite,
mais, bon, Mme la Présidente... Et, si moi, je dis que je suis loin d'être
convaincu, je ne suis pas le seul.
J'écoutais le député de... le député du Parti québécois, un peu plus tôt, nous
dire qu'il n'est pas convaincu. Bien, je ne suis pas surpris. Le
gouvernement n'est pas convaincant, Mme la Présidente. Puis il a entendu... Le
député du Parti québécois
comme la plupart des collègues ici ont entendu ou ont lu les mémoires des
différents groupes qui se sont prononcés. Et là je vous fais une liste,
Mme la Présidente, des groupes qui se sont prononcés, là : l'Association
Hôtellerie du Québec, le Conseil du patronat du Québec, le collège Select
Aviation, la CSQ, l'Association des collèges privés,
l'Association québécoise du transport aérien, Polytechnique Montréal, le Conseil central du Montréal métropolitain, la Fédération
des chambres de commerce du Québec,
HEC Montréal, l'Université du Québec
à Montréal, Manufacturiers et exportateurs du Québec, la CSN, l'Alliance de
l'industrie touristique du Québec, conjointement avec d'autres groupes, l'UQAR, l'Université
du Québec à Rimouski, l'Université du Québec, la Fédération des cégeps, Université Bishop's,
l'ETS, l'École de technologie
supérieure, l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, l'Université Laval, l'Université McGill, l'Université de Montréal et l'Université
de Sherbrooke, tous ensemble, l'association québécoise des avocats en droit de
l'immigration, la fédération québécoise des professeurs d'université, l'Université
Concordia et l'Association des collèges privés non subventionnés.
Mme la
Présidente, combien de ces groupes sont en faveur du projet de loi? Très peu,
Mme la Présidente, très peu. Qu'on
soit du monde des cégeps, du monde universitaire, du monde économique ou autre,
Mme la Présidente, il ne se trouve pas grand monde pour être d'accord
avec la proposition du gouvernement.
Alors, on entend souvent ici, là, parler de
projets de loi qui sont mal ficelés ou qui ne sont pas à point. Bien, je vous dirais que ça, Mme la Présidente, quand les
groupes sortent un après l'autre, après l'autre, après l'autre avec le même
discours, bien, c'est pas mal ça, c'est pas mal mal ficelé. Et, quand je lis
les déclarations du ministre de l'Immigration, Mme la Présidente, qui est en charge de ce dossier-là, quand le ministre
de l'Immigration vient nous dire : Ah! bien, vous savez, on n'a pas de
chiffre précis sur la réduction qu'on cherche, on n'a pas de cible
particulière, on veut, pour utiliser ses mots, une réduction adéquate... Oui, mais ça veut dire quoi, ça, Mme la
Présidente? Là, on n'est pas ici pour parler pour parler. On est ici pour proposer des avancées
concrètes ou, dans certains cas peut-être, des reculs concrets, quand on parle
du gouvernement d'en face. Mais on n'est pas
ici pour parler avec des termes comme ça qui sont très peu spécifiques, là.
• (16 h 10) •
Une réduction adéquate, O.K., mais là on vient
donner à un gouvernement toutes sortes de leviers pour décider, du jour au lendemain : Tel programme n'est
plus là, tel programme n'est plus là, telle université, ah! ne peut plus faire
ça. Alors là, que le ministre nous dise : Ah! bien, moi, je veux
une réduction adéquate, bien, lui, il a peut-être une chose en tête, à savoir c'est quoi, une réduction
adéquate. Le prochain ministre, au remaniement inévitable de la CAQ, va peut-être avoir une autre vision de c'est quoi,
une réduction adéquate. Un prochain gouvernement va peut-être avoir une autre vision de c'est quoi, une réduction
adéquate. C'est un projet de loi, Mme la Présidente, qui ouvre la porte à
toutes sortes d'affaires que, peut-être, même le gouvernement ne
soupçonne pas à ce moment-ci.
Ce que le
ministre nous dit, et écoutez bien ça, Mme la Présidente, moi, ça me fait
toujours rire, ces affaires-là, là, et
ce n'est pas le premier ministre qu'on entend dire des choses comme ça :
«Le projet de loi va permettre d'aller chercher de l'information sur la fréquentation des programmes à travers le
Québec.» S'il vous plaît! Le ministre veut savoir il y a combien
d'étudiants internationaux à l'Université du Québec, là, il a juste à appeler
Alexandre Cloutier puis lui demander. Il
veut savoir il y a combien d'étudiants internationaux à l'Université du Québec
en Abitibi, je suis certain que, le recteur, ça va lui faire un plaisir
de lui dire. Mme la Présidente, on présente un projet de loi pour aller
chercher de l'information sur la fréquentation des programmes à travers le
Québec. Franchement!
Le problème,
là, c'est que le projet de loi, il permet pas mal plus que ça. Et j'en suis,
Mme la Présidente, il y en a, des
enjeux, quand on parle des étudiants internationaux au Québec, il y en a, il y
en a beaucoup. Et j'ai lu, comme tout le monde ici, l'article des derniers jours à propos du collège supérieur,
hein, à Montréal, qui est un des collèges, au Québec, qui a un modèle d'affaires, là, basé sur...
appelons ça une industrie plutôt lucrative d'étudiants qui viennent de
l'étranger. En Ontario, ils ont des collèges similaires. D'autres
juridictions ont ça aussi.
Et, quand je vous dis qu'il y a des problèmes,
il y en a, Mme la Présidente. Quand ce collège-là dit, dans sa projection 2024-2025, au gouvernement :
Ah! bien, il va y avoir 1 147 étudiants acceptés, et après ça il se
revire de bord, il envoie 12 262 certificats d'acceptation...
O.K. On s'entend, là, il n'y a pas 12 262 élèves, là, il y en a
3 000 quelques. Mais le ministre se
sert de ça pour nous dire : Ça, ah! ha! il y a quelque chose dans le
journal, c'est exactement pour ça que je veux légiférer. Aïe! Ce n'est
pas un... Là, ici, là, on ne parle pas d'un cas d'exception que personne n'a vu
venir.
Si le ministre savait que c'était ça, le
problème, qu'il aille légiférer contre ça, qu'il s'assure que les projections
que ces collèges-là donnent au gouvernement sont exactement le nombre d'élèves
qu'ils acceptent. Mais là le projet de loi,
là, il va tellement plus loin que ça, Mme la Présidente, il permet, comme je le
disais, au ministre de décider du jour au lendemain quels programmes
peuvent avoir des étudiants étrangers, lesquels ne peuvent pas en avoir,
combien ils peuvent en avoir. Il y a toutes sortes de dérapages possibles. Si
c'est ça, l'enjeu, si le moment «ah! ha!» du ministre de l'Immigration, c'est de savoir : Ah! c'est le
collège supérieur, c'est à ça, je veux m'attaquer, bien, qu'il nous propose
quelque chose pour des collèges comme
ceux-là plutôt que de tirer dans toutes les directions avec un projet de loi
comme celui-là.
Tantôt,
j'entendais un collègue, je pense que c'est le collègue du Parti québécois, qui
nous parlait de prévisibilité, hein,
il nous parlait de l'importance pour certaines personnes, quand ils font un
choix d'aller étudier à un endroit ou un autre à travers le monde, de savoir ce qui s'en vient. Une des choses,
Mme la Présidente, quand on parle de prévisibilité, là, c'est que le
gouvernement met en place lui-même des documents qui sont supposés envoyer une
indication à ceux qui le lisent, à ceux qui considèrent le Québec, quant à ses
intentions, quant à nos intentions communes.
Il y en a un,
document qui nous dit un peu où on veut s'en aller en matière d'enseignement
supérieur, c'est le plan stratégique du ministère, Mme la Présidente, le
plan stratégique du ministère de l'Enseignement supérieur. Il y a toute une
section sur l'internationalisation de l'enseignement supérieur. Ça fait deux
pages. Et ça, ce n'est pas un document qui
date d'il y a cinq ans, d'il y a 10 ans, d'il y a 15 ans, c'est un
document émis en 2023, Mme la Présidente, qui a été déposé ici, en cette
Chambre. Et on vient nous dire, Mme la Présidente, je vais lire le paragraphe
au complet pour le bénéfice
de tout le monde, qu'un des objectifs, c'est «d'attirer davantage d'étudiants
internationaux dans les collèges et les universités francophones de la
province». C'est une priorité gouvernementale, une priorité gouvernementale.
«Le Québec
présente plusieurs atouts pour ces étudiants : des établissements d'enseignement supérieur
reconnus pour la qualité et la
diversité de leurs programmes de formation — je
suis d'accord, Mme la Présidente — les
spécificités de leurs créneaux de
recherche et des infrastructures à la fine pointe de la technologie — je
suis encore d'accord, Mme la Présidente — une vie étudiante
stimulante sur les campus, un coût de la vie abordable, etc. — peut-être
de moins en moins, mais quand même. Un bon
nombre d'étudiants internationaux choisissent d'ailleurs le Québec pour
réaliser leur projet d'études en tout ou en partie pour effectuer de la
recherche.» Et là on se vante, Mme la Présidente : «Ce nombre a connu une
augmentation de 148 %
au cours de la dernière décennie, dans un contexte caractérisé par une course
planétaire aux talents.»
On vient dire, dans le plan stratégique du
ministère de l'Enseignement supérieur : Il y a une course planétaire aux talents, on veut attirer davantage d'étudiants
internationaux, c'est une priorité, et là le ministre de l'Immigration vient
déposer un projet de loi ici qui, Mme la Présidente, je le dis, vient jeter un
flou monumental sur cette priorité-là, et, oui, je le mets entre
guillemets, sur cette priorité-là du gouvernement de la CAQ, parce qu'il
pourrait permettre, encore là, je le répète, de fermer et d'ouvrir des
programmes à la bonne guise du gouvernement.
On dirait
qu'au gouvernement de la CAQ, là, quand il y a un enjeu qui est dans les
médias, c'est : Au diable les plans stratégiques, au diable! Je vous ai
parlé tantôt du plan stratégique du ministère de la Santé, là, bien là, les
objectifs, ils ne tiennent plus tant
que ça. Non, ils ne tiennent plus. On va en faire un autre, plan stratégique,
on va arriver avec d'autres objectifs.
Là, ici, on a le plan stratégique du ministère de l'Enseignement supérieur.
Bah! Ce n'est pas grave, ça ne tient plus, ça, ça ne tient plus, Mme la
Présidente.
J'espère que le gouvernement a considéré quand
même l'impact de son projet de loi sur nos laboratoires de recherche. Et là je veux parler du... Je veux
parler des universités spécifiquement, là. Il y a plusieurs collègues qui ont
parlé, entre autres, de la question
des cégeps, mais je veux parler de la question des universités et je vais
arriver aux universités en région, Mme la Présidente, dans quelques
instants.
Les laboratoires et les centres de recherche, il
y a 70 % des étudiants qui sont dans nos laboratoires, dans nos centres de
recherche universitaires qui viennent de l'international, 70 %. Alors,
posez-vous pas la question à savoir pourquoi les recteurs sont venus ici nous
dire : Faites attention, notamment aux deuxième, troisième cycles. Ça,
c'est de la recherche, de l'innovation dont
on ne peut pas... En fait, je ne sais même pas pourquoi on aurait un discours
sur est-ce qu'on peut s'en passer ou pas. Dans quel monde on
voudrait se passer du travail de ces étudiants-là? Dans quel monde on va se lever le matin puis dire : Aïe!
sais-tu quoi, on est bons, ici, au gouvernement du Québec, là, non, au Québec,
on n'a plus besoin de recherche, on
n'a plus besoin d'innovation, on n'a plus besoin de ça, non, on est corrects,
«we're good», pas de trouble, restez chez vous. Mme la Présidente, c'est
la base de ce que font les universités.
Puis là, j'en conviens, là, pour bien du monde,
là, les universités, on va là, on apprend. On fait notre trois, quatre ans, hein? On fait peut-être un deuxième
diplôme si ça nous tente. On retourne chez nous. On met le diplôme sur
le mur. On est bien fiers de ça. Mais, derrière les salles de classe, Mme la
Présidente, les universités, là, c'est un autre monde totalement. Il y a tellement plus que ça. Puis les laboratoires,
les centres de recherche, ils sont indispensables à nos universités. On veut qu'elles soient reconnues,
nos grandes institutions d'enseignement au Québec, on veut qu'elles soient
classées parmi les meilleures au monde. On est fiers de ça quand on les voit en
haut de la liste, devant les autres universités
canadiennes, les universités américaines, les universités d'à travers le monde.
Bien, des centres de recherche, Mme la Présidente, c'est une des raisons
pour lesquelles elles se classent si bien.
• (16 h 20) •
Là, le dernier point que je veux vous faire, Mme
la Présidente, c'est celui sur les universités en région. Et je vais faire
miens certains des propos qui ont été mis de l'avant par l'Université du Québec
à Rimouski. Et j'ai devant moi, là, un
gouvernement qui se prétend le gouvernement des régions, hein? Ils aiment ça,
dire ça. Ils le disent souvent. Ils ont
la parole facile pour dire : On est le gouvernement des régions. O.K. Ils
ont peut-être bien des députés de région, mais ils sont loin d'écouter puis d'entendre ce que leurs citoyens leur
disent, parce qu'ici, là, demandez aux gens de l'Université du Québec à Rimouski ce qu'ils pensent du projet
de loi n° 74, ils vont pas mal vous dire que c'est en haut
de la liste de leurs préoccupations. Demandez aux gens de l'Université
du Québec en Abitibi-Témiscamingue ce qu'ils pensent du projet de loi n° 74, ils vont pas mal vous dire que c'est en haut de leur
liste de préoccupations. Demandez aux gens de l'Université
du Québec à Chicoutimi ce qu'ils pensent du projet de loi n° 74,
ça va être la même rengaine, Mme la Présidente. Demandez aux gens chez nous, à l'UQO, à l'Université du Québec en
Outaouais, ce qu'ils en pensent, vous allez entendre la même chose.
Voici, Mme la
Présidente, ce qu'ils disent. D'abord, je reviens sur la question de la
recherche et de l'innovation : «Ces
personnes — les
étudiants étrangers — jouent
un rôle crucial à l'UQAR, notamment en ce qui concerne la recherche et
l'innovation. Aux cycles supérieurs, l'UQAR compte un grand nombre d'étudiantes
et d'étudiants provenant de l'international
qui viennent se former à la recherche. Leur présence contribue non seulement à
enrichir le milieu universitaire par leurs idées novatrices et leur
dynamisme, mais aussi à renforcer la capacité de l'université à mener des
projets de recherche pertinents et à développer des solutions qui bénéficient à
l'ensemble de la région et de la province.»
Ils nous disent, Mme la Présidente, qu'une fois
diplômés ces gens-là restent dans la région. Ils nous disent, Mme la Présidente : Ils ne vivent pas en vase
clos. Nos universités le savent, qu'il y a des défis en matière d'intégration :
«L'UQAR a mis en place les moyens nécessaires pour améliorer la sélection des
personnes candidates provenant de l'international.»
Ils nous disent qu'ils font ce travail-là et ils viennent dire à la ministre de
l'Enseignement supérieur que, grâce
aux initiatives du ministère et des autres ministères, des universités ont
ainsi connu une hausse de l'effectif étudiant international, de sorte
qu'à l'automne 2024 ces personnes représentent désormais 17 % de
l'effectif étudiant total. Ils viennent dire que c'est
grâce au gouvernement s'ils réussissent l'objectif qui était dans le plan
stratégique du ministère, mais ils viennent aussi dire, Mme la
Présidente : Faites attention aux arguments que vous utilisez quand vous
mettez de l'avant des projets de loi comme
ça. Parce qu'on vient dire : Ah! bien, il faut faire attention au
logement. Qu'est-ce que l'UQAR nous
dit : Bien, on a des projets de résidences étudiantes qui sont en cours de
construction qui vont bien, on va avoir
300 nouvelles places de résidence qui vont être disponibles, on va doubler
notre capacité actuelle, puis ça va nous permettre d'accueillir des
étudiants de l'étranger, Mme la Présidente. Ils nous disent qu'ils ont
consolidé leurs services à l'accueil, à l'intégration, à la réussite. C'est ça
qu'on veut.
Les universités, là,
elles sont venues nous dire... notamment les universités en région, sont venues
nous dire : On a besoin de ces étudiants-là pour nos programmes de
recherche, ces étudiants-là s'intègrent, on a les moyens de les intégrer, on y travaille, on a travaillé avec les
objectifs qui nous ont été donnés par le ministère de l'Enseignement supérieur,
ne venez pas nous mettre des bâtons dans les roues avec un projet de loi comme
ça.
Moi, je suis un
député en région, Mme la Présidente, puis ça me tente d'écouter mon université
là-dessus. J'espère que, les autres députés
en région, ça va leur tenter d'écouter leurs universités là-dessus. J'espère,
Mme la Présidente, qu'ils vont faire
des changements majeurs à ce projet de loi là, parce qu'en ce moment ils ne
rencontrent pas les objectifs de nos
universités à travers le Québec. Et ça, je ne conçois pas un député qui peut
juste se mettre... se cacher, là, se cacher les yeux, fermer les yeux,
se mettre la tête dans le sable, appelez ça comme vous voulez, et ignorer des
demandes tout à fait légitimes d'universités
comme ça qui disent : Wo! faites attention, on ne peut pas continuer comme
ça. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Tout va bien, M. le leader du gouvernement?
Vous n'aviez pas de... Alors, je suis prête à entendre une autre intervention.
M. le député d'Orford.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Non?
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions pour ce projet de loi là, le
projet de loi n° 74? M. le député d'Orford, nous sommes au 74. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Non?
Alors,
comme il n'y a pas d'autre intervention, je vais... Le projet de loi
n° 74, Loi visant principalement
à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, est-il
adopté? Adopté?
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Nous avons une demande de vote électronique. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous
demanderais de bien vouloir reporter ce vote à la prochaine période des
affaires courantes, s'il vous plaît.
Vote
reporté
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, votre demande de vote aura lieu à la prochaine
période des affaires courantes. M. le leader du gouvernement, je vous cède la
parole.
M. Lévesque (Chapleau) :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais que nous revenions, avec
le consentement des collègues, sur la motion sans préavis que nous avions faite
concernant l'horaire des travaux intensifs. Si vous me permettiez, là, avec
consentement, je la referais, et nous l'adopterions de nouveau.
Motions
sans préavis (suite)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a consentement pour la demande de M. le
leader adjoint du gouvernement? Consentement. Allez-y, M. le leader adjoint.
Modifier l'horaire des travaux de l'Assemblée et des
commissions
pendant la période de travaux intensifs
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci aux collègues. Merci à vous, Mme la Présidente. Donc,
je fais motion afin :
«Que, pendant la
période [des] travaux intensifs devant se tenir du 25 novembre au
6 décembre 2024, l'horaire des travaux de l'Assemblée et des commissions
soit modifié ainsi :
«Que, le mardi soir,
l'Assemblée et les commissions tiennent séance de 19 heures à
21 heures, plutôt que de 19 h 30 à 21 h 30;
«Que
le jeudi après-midi et le jeudi soir, l'Assemblée et les commissions tiennent
séance de 14 heures à 18 heures et de 19 heures à
21 heures plutôt que de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30;
«Que
la présente motion ait préséance sur toute disposition incompatible du
règlement de l'Assemblée nationale.»
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader adjoint. Est-ce qu'il y a
consentement?
Mise
aux voix
Donc, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui. Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement,
vous nous indiquez la suite?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Merci
beaucoup. Et je sens qu'il y a beaucoup d'enthousiasme de la part du collègue
d'Orford. Et je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article 2 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 75
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'est peu dire. Alors, à l'article 2 du
feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption du principe du projet de loi n° 75, Loi donnant suite à des mesures fiscales
annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 12 mars
2024 et à certaines autres mesures.
Donc, je conviens que, M. le député d'Orford,
vous voulez prendre la parole. Je vous la cède immédiatement.
M. Gilles Bélanger
M. Bélanger : Merci, Mme la
Présidente, c'est gentil. Je soumets à l'Assemblée nationale le projet de loi
n° 75 intitulé Loi donnant suite à des mesures fiscales
annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 12 mars 2024 et à
certaines autres mesures.
Ce projet de loi, Mme la Présidente, a été
présenté par le ministre des Finances le 7 novembre 2024. Il modifie
10 lois, dont la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe de vente du
Québec, ainsi qu'un règlement. Il donne suite à des mesures annoncées à
l'occasion de la présentation du point sur la situation économique et
financière du Québec du 7 novembre 2023 et du discours sur le budget du
12 mars 2024. Il donne également suite à des mesures annoncées dans divers
bulletins d'information publiés en 2022, 2023 et 2024.
Ce projet de loi, Mme la Présidente, modifie la
Loi sur les impôts, la Loi concernant les paramètres sectoriels de certaines
mesures fiscales et le Règlement sur les impôts afin, notamment :
1° de
prolonger le crédit d'impôt relatif à l'investissement et à l'innovation, d'en
bonifier les taux et de le rendre entièrement remboursable;
2° d'abolir la déduction additionnelle pour
amortissement de 30 % à l'égard de certains investissements;
3° de bonifier le crédit d'impôt
remboursable pour les productions cinématographiques québécoises;
4° de bonifier et de recentrer le crédit
d'impôt remboursable pour services de production cinématographique;
5° d'abolir le crédit d'impôt remboursable
favorisant le maintien en emploi des travailleurs d'expérience;
6° d'ajuster
les paramètres de calcul de la déduction incitative pour la commercialisation
des innovations au Québec;
7° de restructurer l'aide fiscale pour la
production de titres multimédias et pour le développement des affaires
électroniques.
De plus, ce projet de loi modifie la Loi
constituant Capital régional et coopératif Desjardins, la Loi constituant
Fondaction, le Fonds de développement de la Confédération des syndicats
nationaux pour la coopération et l'emploi et
la Loi constituant le Fonds de solidarité des travailleurs et des travailleuses
du Québec afin, notamment, de hausser le plafond d'émission de Capital régional et
coopératif Desjardins pour la période se terminant le 28 février 2025,
d'assouplir la règle prévoyant un plafond de 10 % applicable à
certains investissements effectués dans le secteur immobilier et de moderniser
l'encadrement des fonds de travailleurs sur les plans administratif et
opérationnel.
• (16 h 30) •
Le projet de loi modifie également la Loi
concernant l'impôt sur le tabac afin de hausser les taux de la taxe spécifique
sur les produits du tabac.
En outre, le
projet de loi modifie la Loi sur la taxe de vente du Québec afin, notamment,
que la règle de la valeur estimative ne soit pas applicable lors de
l'apport au Québec d'un véhicule routier usagé résultant d'un transfert entre
particuliers liés.
Par ailleurs,
le projet de loi modifie notamment la Loi sur l'administration fiscale, la Loi
sur les impôts et la Loi sur la taxe de vente du Québec afin d'y
apporter des modifications semblables à celles qui ont été apportées à la Loi
de l'impôt sur le revenu et à la Loi sur la taxe d'accise par des projets de
loi fédéraux sanctionnés en 2022 et en 2023.
Enfin, le projet de loi apporte des
modifications à caractère technique, de concordance et de terminologie.
Je vais
m'abstenir d'énumérer les autres mesures contenues dans le projet de loi
n° 75, puisque ses notes explicatives en font état et que nous
aurons l'occasion de l'examiner plus en détail en commission parlementaire.
J'invite donc, Mme la Présidente, les membres de
cette Assemblée à adopter le principe de loi n° 75. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je suis prête à
entendre un autre intervenant. M. le député de... excusez-moi, j'ai un
blanc de mémoire, votre circonscription...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
...Marguerite-Bourgeoys, excusez-moi. Alors, la parole est à vous.
M. Frédéric Beauchemin
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Vous me voyez
vraiment excité de venir ici aujourd'hui parler du projet de loi
n° 75, un projet de loi qui donne suite à des mesures fiscales annoncées à
l'occasion du discours du budget du 12 mars 2024. Incroyable!
Mme la Présidente, il y a quand même certaines
choses qui ont été faites, dans ce projet de loi là, qui, je dois dire, vont à
l'encontre même du développement économique. Je veux juste en souligner deux.
De prolonger le crédit d'impôt relatif à
l'investissement et à l'innovation et d'en bonifier le taux. Jusqu'à date, ça
va bien, mais, de le rendre entièrement remboursable, évidemment, pour
plusieurs PME, pour plusieurs entreprises, cet aspect-là de cette
modification-là va rendre la chose extrêmement difficile. Juste au niveau des
flux monétaires de ces entreprises-là, ça va être pénible.
D'abolir la
déduction additionnelle pour amortissement de 30 % à l'égard de certains
investissements. Encore là, on joue dans la même palette. Ça va être
extrêmement difficile, pour plusieurs entreprises, de pouvoir faire face à la
réduction de leurs flux de trésorerie. Mais surtout il faut comprendre ici
qu'en agissant de la sorte ce qu'on fait, c'est qu'on se trouve à ralentir
l'investissement d'entreprises, la modernisation du modèle d'affaires de ces
entreprises-là.
Ensuite, on abolit le crédit d'impôt
remboursable favorisant le maintien d'emploi des travailleurs d'expérience. En
pénurie de main-d'oeuvre, ça va à l'encontre de ce qui doit être fait.
On veut restructurer l'aide financière pour la
production de titres multimédias et pour le développement des affaires électronique, un secteur d'activité, au
Québec, Mme la Présidente, qui va relativement bien. On est en train de tirer
notre épingle du jeu, puis là ce qu'on fait
à la dernière minute, comme ça, on enlève le tapis en dessous de cette
industrie. C'est vraiment difficile à comprendre.
On avait, depuis plusieurs années déjà, mis en
place une vision de bonne gestion des finances publiques en demandant de façon récurrente au gouvernement de
mettre une approche en matière de gestion de fiscalité de nos entreprises,
d'y aller de façon intelligente, uniforme,
faire en sorte qu'on n'est pas en train d'alourdir le fardeau fiscal de nos
entreprises. Malheureusement, ce
projet de loi là va contre ça. On coupe des crédits d'impôt qui favorisent le
maintien aussi d'emplois de personnes de 60 ans et plus. On est en
pénurie de main-d'oeuvre, dois-je le rappeler?
Mme la
Présidente, c'est pour ces raisons que nous allons voter contre le principe.
Mais, si c'est... J'arrête de parler. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Comme il n'y a pas d'autre intervention, le
principe du projet de loi n° 75, Loi donnant suite à des mesures fiscales
annoncées à l'occasion du discours sur le budget le 12 mars 2024 et à
certaines autres mesures, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Sur
division. Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Et donc, conformément à l'article 243
de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 75, Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du
discours sur le budget du 12 mars 2024 et à certaines autres mesures,
soit déféré à la Commission des finances
publiques pour son étude détaillée et que le ministre des Finances soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion
adoptée. M. le leader, pour la suite.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup. À ce stade-ci, j'aimerais
qu'on appelle l'article 5 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 80
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Donc, à l'article 5 du feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption
du principe du projet de loi n° 80, Loi concernant la mise
en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 12 mars
2024 et modifiant d'autres dispositions.
Mme la députée de Huntington, je vous cède la
parole.
Mme Carole Mallette
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente. J'ai le plaisir de présenter pour adoption du principe le projet de
loi n° 80, Loi concernant la mise en oeuvre de certaines
dispositions du discours sur le budget du 12 mars 2024 et modifiant
d'autres dispositions. Ce projet de loi permettra de mettre en oeuvre
des mesures du dernier budget visant à financer
les services en santé et services sociaux, en éducation et en enseignement
supérieur, à soutenir les Québécoises, et les Québécois, et les
collectivités, à agir pour les priorités économiques et à optimiser l'action de
l'État.
Concrètement, le projet de loi n° 80 nous
permet notamment de nous attaquer à une tendance préoccupante constatée au
cours des dernières années concernant le paiement des pensions alimentaires. En
effet, la proportion des créanciers alimentaires qui reçoivent leur pension à
temps et en totalité a diminué, et les sommes qui leur sont dues ne cessent
d'augmenter. Nous voulons nous assurer que les pensions auxquelles ont droit
les enfants et le parent gardien leur sont
versées ponctuellement. Ces revenus sont importants et permettent à ceux qui en
bénéficient de subvenir à leurs besoins. Nous mettons donc en place une
nouvelle mesure incitative qui pourrait mener à la suspension du permis de
conduire ou du droit d'en obtenir un des
grands récalcitrants qui ont accumulé des arrérages de pension alimentaire
équivalant à au moins six mois de
versement. Cette mesure s'ajouterait à celle déjà prévue par la loi et pourrait
permettre à Revenu Québec de remettre plus de 32 millions de
dollars aux créanciers alimentaires au cours des deux premières années suivant
sa mise en place.
Rappelons que le processus de versement des
pensions alimentaires, c'est Revenu Québec qui agit comme intermédiaire entre
le débiteur et le créancier. Nous agissons donc pour lui octroyer une plus
grande flexibilité dans le cadre de ses
différentes missions, notamment en matière de recouvrement des pensions
alimentaires. Ainsi, nous modifions la
Loi facilitant le paiement des pensions alimentaires afin que le délai de
prescription du recours pour rendre inopposable la cession d'un bien au-deçà de sa juste valeur marchande par un
débiteur alimentaire en défaut à une personne avec qui il a un lien de
dépendance passe de trois à quatre ans et afin que ce délai commence à
courir à la date de la connaissance par Revenu Québec de la cession du bien. De plus, nous ajusterons les règles concernant la
sûreté exigible en matière de pension alimentaire afin qu'elle soit
versée uniquement en argent.
Par ailleurs,
le projet de loi opérationnalise le changement que nous avions annoncé lors du
dernier budget pour soutenir les aînés en situation d'invalidité. Il
faut savoir que, depuis de nombreuses années, une personne admissible à une
rente d'invalidité ayant atteint l'âge de 60 ans reçoit également sa rente
de retraite, qui est réduite selon le nombre de mois d'anticipation. Lorsque
cette personne atteint 65 ans, elle cesse de recevoir la rente d'invalidité
mais continue de recevoir une rente de
retraite réduite pour le reste de sa vie. Nous sommes conscients des impacts de
ce manque à gagner sur des aînés bien souvent vulnérables, et c'est
pourquoi à compter de 2025 cette réduction de la rente sera éliminée, comme le ministre des Finances l'a annoncé en mars
dernier au moment du dépôt du budget. Ce sont 77 000 aînés de
65 ans et plus qui profiteront ainsi d'une hausse de leur rente dès
l'année prochaine.
Nous
répondons également à une problématique touchant Retraite Québec, qui accuse du
retard dans le traitement des
demandes de conjoint survivant. Nous modifierons donc la définition de conjoint
de fait dans le Régime des rentes du
Québec afin qu'elle tienne compte de la représentation publique comme conjoint
lorsque seule celle-ci est présente. L'objectif est d'assurer une meilleure cohérence entre le RRQ et les régimes de
retraite du secteur public, ce qui permettra de simplifier et
d'accélérer le traitement de certaines demandes.
Nous allons également de l'avant avec la mise en
place de la rente viagère à paiements variables, une mesure demandée par les intervenants du milieu de la
retraite. Cette forme de rente, instaurée par le fédéral en 2021 et versée à
vie, est ajustée périodiquement pour tenir compte des rendements obtenus
sur les placements et de la longévité des rentiers du fonds. La RVPV constitue une option intermédiaire entre la rente
individuelle d'un assureur et le retrait fait directement d'un compte d'épargne. En termes de protection,
elle permet de couvrir le risque de survivre à son épargne parce qu'elle
mutualise le risque des participants.
Nous avons également inclus dans le projet de
loi n° 80 des mesures à saveur plus économique. Nous
avons entre autres décidé de verser au Fonds des générations une partie des surplus accumulés dans le Fonds
d'information sur le territoire du ministère des Ressources naturelles et des Forêts. Le montant de ce transfert, qui est établi à 400 millions
de dollars, viendra réduire la dette brute du Québec d'un montant équivalent et
il permettra de rembourser dès 2024‑2025 des emprunts venant à échéance. Le
financement du Fonds d'information sur le territoire provient de la
tarification perçue par les biens et services qu'ils offrent. Au cours des
dernières années, il a cumulé des surplus qui excèdent ses besoins futurs
prévus.
Dans un autre registre, le gouvernement a mis en
place différentes mesures pour mieux identifier et encadrer les guichets
automatiques de cryptoactifs, notamment pour lutter plus efficacement contre le
blanchiment d'argent et l'évasion fiscale.
Nous prévoyons donc, dans le projet de loi n° 80,
un cadre de transition pour les entreprises de services monétaires qui exploitent des guichets
automatiques de cryptoactifs. Cette mesure a pour objectif de les aider à se
conformer aux nouvelles règles découlant de
l'ajout d'une sixième catégorie dans la Loi sur les entreprises de services
monétaires visant explicitement l'exploitation de guichets automatiques de
cryptoactifs.
Nous agissons aussi
pour aider le secteur de la restauration et des bars en élargissant
l'admissibilité à la compensation financière relative à la facturation
obligatoire visant à soutenir les entreprises dans leur transition vers
l'environnement infonuagique, le MEV Web, qui est une solution évolutive par
rapport au module d'enregistrement des ventes, MEV, initial. Cette solution
permet que les factures soient envoyées électroniquement aux clients et que
l'information relative à la fourniture de produits et services soit transmise à
Revenu Québec en continu. Nous voulons permettre
à un plus grand nombre d'exploitants de bénéficier de la compensation
fiscale... financière, pardon, qui les aidera à prendre ce virage
important.
Alors,
voilà, Mme la Présidente, pour les principales mesures contenues dans le projet
de loi n° 80. Je demande donc aujourd'hui à cette Assemblée d'en adopter le principe afin que la Commission des finances publiques puisse entreprendre l'étude détaillée de
l'ensemble des mesures qu'il contient dans les meilleurs délais. Merci, Mme la
Présidente.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la
parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. L'excitation est à son comble. On parle du projet de loi n° 80, un projet loi budgétaire concernant la mise en
oeuvre de certaines dispositions du discours du budget du 12 mars 2024.
Écoutez, Mme la
Présidente, vous comprendrez que, de notre point de vue, on a trouvé ça un
malheureux exemple de mauvaise gestion des
finances publiques. Il y a eu un déficit record de 11 milliards de dollars
qui a été déposé, sans aucune transparence à savoir comment allons-nous
revenir à l'équilibre budgétaire. Et le gouvernement refuse toujours de se doter de ce plan de retour à
l'équilibre budgétaire, encore aujourd'hui, et refuse aussi de se doter d'un
directeur parlementaire du budget, Mme la Présidente.
Donc,
nous, on va continuer à demander au gouvernement d'effectuer un exercice
sérieux d'analyse et de révision de
tous les programmes gouvernementaux, pas d'attendre d'arriver devant la
catastrophe, comme ça a été le cas en mars cette année, mais de le faire
de façon récurrente, ce qui aurait dû être le cas dans les années précédentes.
Chacun de ces programmes-là doit être révisé pour s'assurer de sa pertinence.
Je ne trouve pas, personnellement, que c'est un bon projet de loi, pour
plusieurs raisons, parce que le gouvernement n'a fait aucune preuve de rigueur
en ce qui a trait à l'établissement de ses
prévisions économiques. On a manqué la mise à plusieurs reprises, et ce, depuis
les deux dernières années au minimum.
Depuis que moi, je suis ici, les prévisions économiques, ça a été vraiment...
on a manqué la balle totalement.
Le gouvernement est
dépensier, enregistre des déficits année après année, même en croissance
économique. Il faut le faire, Mme la
Présidente! Je ne trouve pas que c'est un bon projet de loi aussi parce que le
gouvernement ne démontre aucun
intérêt réel pour maintenir nos finances publiques en santé, et ce, de façon
pérenne. Ce n'est pas un gouvernement d'économie. Et c'est pour ces
raisons, Mme la Présidente, que nous voterons contre le principe de ce projet
de loi là.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Maurice-Richard.
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Merci, Mme la Présidente.
Je vais vous raconter une histoire. J'étais élu depuis seulement quelques
semaines et j'ai eu une rencontre avec Anabelle et Walter, de Moelle épinière
et motricité Québec, MEMO, qui m'ont parlé
de la situation suivante, donc, ils m'ont dit : Voilà, pour les personnes
en invalidité, quand ils arrivent à 65 ans, comme ils ne travaillaient pas à 60 ans, eh bien,
il y a une pénalité qui leur enlève à peu près un quart de leur RRQ. J'ai fait
répéter à la personne à plusieurs reprises pour être sûr d'avoir
compris. Non seulement, effectivement, c'était vrai, c'est-à-dire qu'on pénalise des gens qui, vous comprenez, sont
sur chaise roulante sur la base que les gens qui, eux, n'ont pas de problème
à... qui ne travaillaient pas à 60 ans, étaient pénalisés à 65 ans.
Figurez
vous, Mme la Présidente, que cette pénalité a été mise en place en 1997. À
l'époque, c'était un gouvernement péquiste. Le gouvernement libéral l'a
gardée. Le gouvernement caquiste l'a améliorée, car la pénalité a quand même diminué du tiers au quart du RRQ, mais était
encore là. Et malgré, en 2017, une décision de la commission de droits de la
personne et droits de la jeunesse qui recommandait l'abolition de la pénalité,
malgré toutes sortes de judiciarisations qui donnaient raison à l'aspect
discriminatoire de cette pénalité, eh bien, le gouvernement ne voulait pas l'enlever.
Plus tard, j'ai aussi travaillé avec Walter...
non, pardon, avec Kevin et Me Mongeon, qui étaient aussi très engagés dans
cette lutte-là pour obtenir justice. C'est un sujet que j'ai pris à
bras-le-corps. J'ai déposé une pétition qui a été signée par plus de 5 000 personnes. Je les ai
invités à l'Assemblée nationale pour organiser des conférences de presse, ici.
Nous avions eu une commission sur le
RRQ. Nous avons pu rajouter une section qui revient sur les revendications des
invalides malgré le fait que,
malheureusement, ils n'ont pas été invités pour s'exprimer en commission. Et
j'ai aussi déposé un projet de loi pour enlever la pénalité en question.
Eh bien, je suis très
heureux, Mme la Présidente, qu'avec ce projet de loi cette pénalité n'existera
plus, et c'est bien le résultat de la
combinaison d'une société civile active qui a travaillé fort pendant
25 ans et des relais à l'Assemblée nationale où, à partir du 1er janvier 2025, si ce projet de loi est
adopté, 77 000 personnes invalides vont voir leur RRQ augmenter,
sans compter, évidemment, toutes les personnes qui vont se rendre à 65 ans
plus tard.
Ça fait que, pour résumer, Mme la Présidente, il
y a des moments comme ça où on sent que notre travail parlementaire prend tout
son sens, et c'est une victoire de la société civile auquel nous avons
participé et dont je suis très, très fier. Mis à part ce
point, nous allons malheureusement, évidemment, voter contre le principe, comme
c'est la tradition pour tous les projets de loi qui touchent au budget. Et
voilà pour moi, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Comme il n'y a pas d'autre intervention, le
principe du projet de loi n° 80, Loi concernant la mise en
oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 12 mars 2024
et modifiant d'autres dispositions, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté
sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci, Mme la Présidente. Donc, conformément
à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le
projet de loi n° 80, la Loi concernant la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 12 mars 2024 et
modifiant d'autres dispositions, soit déféré à la Commission des
finances publiques pour son étude détaillée et que le ministre des Finances
soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci, Mme la Présidente. Je vous demande de
bien vouloir ajourner nos travaux à demain, 9 h 40, s'il vous
plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : En
conséquence, nous ajournons nos travaux au mercredi... Est-ce que la motion de
monsieur...
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Adopté. Donc, en conséquence, nous
ajournons nos travaux au mercredi 20 novembre 2024, à
9 h 40.
(Fin de la séance à 16 h 50)