Journal des débats de l'Assemblée nationale
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Le
mardi 19 novembre 2024
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Vol. 47 N° 163
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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Lévesque, Mathieu
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Roberge, Jean-François
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Roberge, Jean-François
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D'Amours, Sylvie
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Morin, André Albert
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Morin, André Albert
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D'Amours, Sylvie
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Ciccone, Enrico
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Ciccone, Enrico
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D'Amours, Sylvie
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Garceau, Brigitte B.
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Garceau, Brigitte B.
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D'Amours, Sylvie
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Setlakwe, Michelle
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Soucy, Chantal
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Bélanger, Gilles
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McGraw, Désirée
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Abou-Khalil, Alice
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Nichols, Marie-Claude
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Carmant, Lionel
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Tardif, Marie-Louise
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Guillemette, Nancy
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Gendron, Marie-Belle
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Biron, Martine
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Martel, Donald
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Déry, Pascale
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Caron, Linda
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Roy, Nathalie
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Bélanger, Sonia
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Legault, François
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Carmant, Lionel
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Zanetti, Sol
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Déry, Pascale
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Fortin, André
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Dubé, Christian
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Tanguay, Marc
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Jolin-Barrette, Simon
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Derraji, Monsef
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Roy, Nathalie
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Lévesque, Mathieu
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Maccarone, Jennifer
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Jolin-Barrette, Simon
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Ghazal, Ruba
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Bérubé, Pascal
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Leduc, Alexandre
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Skeete, Christopher
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Fontecilla, Andrés
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Arseneau, Joël
9 h 30 (version révisée)
(Dix heures)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Mmes et MM. les députés, avant d'entreprendre nos travaux, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Affaires du jour
Document déposé
Est-ce qu'il y a consentement pour que je
dépose le nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui? Je dépose
donc le nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui car il y a
consentement. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, j'aimerais mentionner que c'est la
première fois que vous présidez nos travaux. Je tiens à vous assurer de tout
notre respect et notre confiance. Je suis certain que vous allez présider nos
travaux avec impartialité et probité et je vous souhaite une bonne première
session avec nous. Donc, merci beaucoup et félicitations pour votre nomination
à ce poste.
Et donc, à ce stade-ci, je vous demanderais
d'appeler l'article 1 du feuilleton.
Projet de loi n° 74
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. À l'article 1, M. le ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration propose l'adoption du principe du projet de
loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux
étudiants étrangers. Y a-t-il des interventions? M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme
la Présidente. Je vous salue aussi. Je vous assure de ma pleine collaboration.
Donc, aujourd'hui, adoption de principe
pour un projet de loi qui est important parce qu'il vient améliorer l'agilité
gouvernementale dans un dossier qui est délicat. Tout le monde reconnaît, au
Québec, l'apport des immigrants. Au fil des décennies, je peux même dire au fil
des siècles, le Québec a toujours été une société accueillante, ouverte, puis
je pense qu'elle le sera toujours. Ça fait partie de nos valeurs fondamentales.
Parmi les immigrants qui viennent enrichir
le Québec, il y en a dans différentes catégories. Il y a des immigrants
permanents, des gens qui deviennent des nouveaux Québécois. Moi, je les appelle
carrément les nouveaux Québécois. Il y en a d'autres qu'on appelle résidents
non permanents ou les immigrants temporaires, qui font partie de plusieurs
catégories. Certaines de ces catégories sont réellement sous le contrôle du
Québec, de l'Assemblée nationale, du gouvernement, tandis que d'autres sont
davantage du fait du gouvernement fédéral. Certaines sont dans des catégories,
je vous dirais, à responsabilité partagée.
Ce matin, on traite d'un projet de loi qui
est important puisque le projet de loi vient renforcer la compétence du Québec
sur un des <domaines...
>
10 h (version révisée)
<15361
M.
Roberge :
...renforcer la compétence du Québec sur un des >domaines
d'immigration qui relève du gouvernement du Québec, soit les étudiants
étrangers. Une minorité d'entre eux sont au primaire, au secondaire. La grande,
grande, grande majorité sont en formation professionnelle, mais surtout au
cégep et à l'université.
Et, en ce moment, la loi qui nous gouverne
est très, je vous dirais, malhabile. C'est comme si on avait une immense masse
puis qu'on avait de tout petits clous à frapper, même parfois des vis. Ça ne
fonctionne pas. Actuellement, le ministère de l'Immigration, le ministre de l'Immigration
n'a pour seul pouvoir que celui de fixer le nombre maximal de CAQ, de
certificats d'acceptation du Québec à chaque année. Au moment où on se parle,
il y en a environ 122 000 qui ont été émis pour la dernière année. C'est
énorme, considérant qu'il y a 10 ans on était autour de 50 000. Donc,
de 50 000 à 122 000, en termes de volume, c'est énorme, en 10 ans,
en termes d'augmentation.
Ça amène à se poser des questions. Et,
comme formation politique et comme gouvernement, je dirais, on s'est posé ces
questions. Que s'est-il passé entre 2014 et 2024 pour passer de 50 000 à
plus de 122 000? Est-ce que chacun, chacune des étudiants étrangers, qu'on
peut appeler aussi les étudiants internationaux, qui sont sur le territoire
québécois, sont ici à chaque fois dans des programmes qui sont réellement des
programmes pertinents, qui sont réellement des programmes bien encadrés? Est-ce
que tous ces étudiants-là sont toujours dans des institutions qui font l'encadrement
nécessaire? Ont-ils tous la capacité de payer leurs études, dans certains cas?
Est-ce que certains d'entre eux arrivent ici sous de faux prétextes, alors qu'en
réalité ce sont des demandeurs d'asile qui passent par une voie de contour,
prétextant être des étudiants étrangers étant admis dans certaines institutions
alors que leur intention n'a jamais été d'étudier, mais bien d'arriver ici
comme demandeur d'asile, mais, je vous dirais, en coupant la file? Ça, c'est
des questions qu'on doit se poser, c'est des questions qu'on s'est posées, au
gouvernement.
Et l'analyse se fait, mais déjà on voit
que, malheureusement, il y a des réponses positives à certaines de ces
questions-là, à savoir qu'il y a des programmes qui accueillent des étudiants
étrangers en très grand nombre et alors que ce sont des domaines où il n'y a
pas nécessairement de pénurie de main-d'œuvre. Ce sont des domaines qui ne
répondent pas nécessairement aux critères qui nous amènent à fixer quels sont
les domaines porteurs pour le Québec en termes de programmes stratégiques.
Et il y a des programmes aussi qui amènent
un afflux très, très important de gens qui ne parlent pas la langue française
et qui arrivent, par exemple, dans le Grand Montréal où, on le sait, on a des
enjeux importants avec la vitalité de la langue française dans le Grand
Montréal. Les études... les études de l'Office québécois de la langue française
en témoignent. Les données de Statistique Canada en témoignent. Les études, les
analyses, les recommandations du Commissaire à la langue française en
témoignent. Une fois qu'on a toutes ces informations-là, est-ce qu'on doit se
questionner sur le nombre d'étudiants qui ne parlent pas français qui viennent
étudier au Québec, particulièrement à Montréal, dans une autre langue que le
français? On doit se poser ces questions-là. Mais je vous répète que, peu
importe la réponse à ces questions, si le gouvernement veut agir, au moment où
on se parle, il ne peut pas le faire autrement qu'en diminuant le nombre total
de CAQ qu'il émet, en diminuant le nombre total d'étudiants étrangers qu'il
accueille.
Alors, si on ne modifie pas la loi
actuelle, si on refuse ce débat important, si on n'adopte pas la loi actuelle
et qu'on veut s'attaquer à des abus, bien, on va réduire de manière arbitraire
le nombre d'étudiants étrangers sans avoir aucune garantie qu'on va s'attaquer
à des institutions qui font des abus. On pourrait, de manière maladroite, dire :
Bon, bien, on passe de 122 000 à 50 000. C'est la proposition du
Parti québécois : 122 000 à 50 000. C'est énorme, comme baisse,
je vous dirais que c'est drastique, surtout de manière aussi sèche et rapide
que le propose le Parti québécois. Bien, s'ils faisaient ça, avec la loi actuelle,
il est certain qu'ils mettraient à mal les régions du Québec, il est certain
qu'ils feraient fermer des programmes stratégiques en région, il est certain
qu'ils <viendraient...
M. Roberge :
...qu'ils
feraient fermer des programmes stratégiques en région, il est certain qu'ils
>viendraient, dans certains cas, fermer des programmes dont on a
vraiment besoin, par exemple en santé, en éducation, et préserver d'autres
programmes, préserver des institutions qui sont en ce moment, je vous dirais,
des usines à fabriquer des résidents canadiens sous le faux prétexte d'être des
étudiants. Donc, la demande, la proposition du Parti québécois est
déraisonnable de par le nombre, de par aussi le fait que, jusqu'à présent, ils
n'acceptent pas le principe du projet de loi. Donc, non seulement leur
réduction est drastique, irréfléchie, mais, encore plus, elle est condamnée à
être malhabile si on n'adopte pas le projet de loi.
Notre posture, au gouvernement, c'est de
faire une analyse qui soit sérieuse avec les ministres responsables. Le
ministre de l'Éducation et son équipe, en ce moment, regardent, analysent les
programmes en fonction de la vitalité des régions, en fonction des besoins
économiques, en fonction de nos besoins en termes de services publics et de
manière à être bien certains de ne pas faire fermer des programmes dans des
centres de formation en région. Ma collègue à l'Enseignement supérieur fait en
ce moment les mêmes analyses.
• (10 h 10) •
Et en attendant, bien, on voit qu'il y en
a, des aberrations. On l'a vu encore hier dans Le Journal de Montréal,
où on voyait une institution qui accueillait beaucoup plus d'étudiants que sa
capacité à les servir, qui donnait des diplômes de formation, je vous dirais,
qui ne répondent pas nécessairement aux besoins de main-d'œuvre. Et, si les
gens ici dans l'Assemblée et des autres formations politiques voudraient
empêcher l'adoption du principe et l'adoption du projet de loi, bien, ça veut
dire qu'ils cautionnent ces aberrations-là, qu'ils cautionnent les dérapages et
qu'ils ne veulent pas que le gouvernement ait l'agilité de s'attaquer à ça sans
causer d'autres dommages.
Donc, Mme la Présidente, j'appelle tout le
monde à analyser vraiment bien la situation actuelle, l'état du droit actuel,
le pouvoir qu'a le ministre actuel d'agir ou de ne pas agir pour corriger des
situations. J'appelle aussi les collègues à regarder le fait que nous
reconnaissons l'apport bénéfique des étudiants étrangers à la société québécoise,
à la recherche, au maintien de plusieurs programmes et au fait que plusieurs
d'entre eux deviennent ensuite des résidents permanents et des nouveaux
Québécois, nous le reconnaissons.
Nous allons continuer d'accueillir des
gens de partout. Ce n'est pas un projet de loi de repli sur soi ou un projet de
loi qui viendrait fermer complètement le robinet, c'est un projet de loi
d'agilité gouvernementale. Et après, une fois qu'il sera sanctionné, je
l'espère, je ne peux pas en présumer, bien, vous voyez, en lisant comme il faut
les articles, que les décisions qui seraient prises, relatives à ce qui se
passe en formation professionnelle, devraient être prises en recommandations
conjointes entre le ministre de l'Éducation et le ministre de l'Immigration. Et
pour ce qui est... qui touche le... pour le secteur de l'enseignement
supérieur, bien, c'est des recommandations conjointes, Enseignement supérieur,
Immigration. Et j'ai déjà annoncé qu'une vaste réflexion sur l'immigration
temporaire aura lieu l'hiver prochain dans le cadre de la planification
pluriannuelle.
Donc, donnons-nous les outils législatifs,
donnons-nous l'agilité gouvernementale pour bien faire les choses. Faisons
ensuite les consultations correctement, par rapport à une planification
pluriannuelle, et donnons la prévisibilité nécessaire à notre réseau
d'éducation et d'enseignement supérieur pour être capables d'accueillir des
gens de partout, qui vont venir répondre à des besoins de main-d'œuvre, des
besoins de maintien de programmes, la vitalité des régions. On est capables de
faire ça ensemble. J'appelle de tous mes vœux mes collègues à collaborer et à
ne pas faire, cet après-midi et demain, des manœuvres dilatoires qui
retarderaient indûment les travaux. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je suis
prête à entendre le député d'Acadie. La parole est à vous.
M. André Albert Morin
M.
Morin :Merci, Mme la Présidente. D'abord, permettez-moi de vous
féliciter pour votre accession à la vice-présidence de l'Assemblée nationale.
Je suis heureux de prendre la parole. Vous présidez nos travaux, vous allez le
faire avec, évidemment, le professionnalisme qu'on vous connaît. Alors, bravo!
Et on continue, on continue à travailler, n'est-ce pas?
Je suis heureux de prendre la parole ce
matin dans le cadre du projet de loi n° 74, Loi
visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers. On est à l'étape du principe, et j'ai écouté M. le ministre
attentivement, ses propos, lorsqu'il a <présenté...
M.
Morin :
...On est à l'étape du principe, et j'ai écouté
M. le ministre attentivement, ses propos, lorsqu'il a >présenté son
projet de loi. Aujourd'hui, il nous parle d'agilité, mais, vous savez, moi, ce
que j'ai surtout retenu, Mme la Présidente, des étapes que nous avons
franchies, notamment les consultations particulières, où on a entendu un très
grand nombre, très grand nombre d'associations, de professionnels, de recteurs
d'université, d'associations étudiantes... et tous ces groupes nous ont tous
dit que, si le ministre voulait adopter une façon de travailler pour avoir un
impact néfaste sur le Québec, son projet de loi était un excellent exemple.
Puis je pense que ça vaut la peine, ça vaut le temps de s'y attarder, et de
vous expliquer pourquoi, et de reprendre, en fait, ce qu'on a entendu en commission,
en fait, lors des consultations particulières en commission, pour que vous
puissiez bien comprendre, puis les gens qui nous écoutent le comprennent aussi,
pourquoi je vais être contre le principe de ce projet de loi.
Quand on a une loi, quand on a un projet
de loi, je pense que l'idée première, l'idée maîtresse pour un gouvernement,
c'est de vouloir corriger, apporter une précision, éclairer, et le projet de
loi n° 74 fait exactement l'inverse, et je vous le soumets. Dans les
quelques articles du projet de loi, ce qu'on y lit, au fond, c'est de permettre
une plus grande discrétion au gouvernement — c'est peut-être ce que
le ministre appelle l'agilité — et d'accorder un pouvoir
réglementaire au ministre qui va faire en sorte qu'au fond quelques articles...
ce n'est pas un projet de loi très volumineux, mais quelques articles — qui
va faire en sorte que, par la suite, le gouvernement aura carte blanche pour
faire à peu près ce qu'il veut. Et moi, je vous dirais, comme parlementaire,
mon travail, c'est évidemment de s'assurer que, quand que le gouvernement
adopte un projet de loi, qu'il y ait cette certitude, qu'il y ait cette façon,
évidemment, de travailler qui va permettre aux citoyens et aux citoyennes de
bien comprendre ce qu'on attend d'eux.
Et, quand je vous parle d'incertitude — j'ai
lu le projet de loi — c'est le constat que je fais, mais je ne suis
pas le seul à le faire. En fait, si j'étais tout seul, les gens pourraient
dire : Bien, écoutez, il n'est pas corroboré. C'est son idée. Mais non. On
a reçu récemment de la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse, du bureau de la présidence, un document qui a été déposé à la
commission. C'étaient les commentaires du président. Et ce qu'on y retient, ce
qu'on y lit, en premier lieu, première page : «Un projet de loi — et
je cite — qui laisse planer beaucoup d'incertitudes sur sa mise en
œuvre.» Donc là, à ce moment-là, on n'est plus... si vous me permettez, on
n'est plus agiles. On s'en va dans l'inconnu.
La commission des droits note que
l'admission des étudiants et étudiantes étrangers sera désormais conditionnelle
à l'admission dans un établissement d'enseignement désigné par le gouvernement,
dans une liste qui sera éventuellement rendue publique par décret, mais les
critères d'élaboration de cette liste sont inconnus à ce jour. Donc, ce n'est
pas très rassurant pour les gens qui voudront, un jour, venir étudier au Québec
ou pour les gens qui, venant de l'étranger, sont en train d'étudier au Québec.
Et vous le voyez, je vous le soumets, Mme
la Présidente, les articles qu'on lit dans les journaux depuis quelques jours
en lien avec des immigrants qui sont sur le territoire québécois, qui ont pu
obtenir un certificat de sélection au Québec ou un certificat d'accréditation
au Québec, sont en train, évidemment, de ne plus vraiment savoir ce qui les
attend, et ça crée beaucoup d'incertitude. Or, ce projet de loi ne vient pas
encadrer davantage, ne vient pas mettre en place plus de balises pour qu'on ait
plus de certitudes. Je vous soumets que ça vient faire <exactement...
M.
Morin :
...je vous soumets que cela vient faire >exactement
le contraire. Et la commission nous dit : «Ce critère, parmi les critères,
là, prévoyant des décisions ou des questions qui pourraient varier en fonction
de toute distinction jugée utile — c'est ce qui est dans le projet de
loi — ce critère très large conférerait ici une discrétion
considérable au ministre de l'Immigration et au gouvernement.» Et on ajoute, et
je cite, à la page 3 : «Une grande incertitude — ça, ce
n'est pas moi qui le dis, une grande incertitude — plane donc sur la
manière dont le projet de loi sera mis en œuvre.»
Et, ça, je pense que c'est important de le
souligner, Mme la Présidente, parce qu'on peut avoir toutes sortes de
principes, on peut élaborer toutes sortes de lois, on peut faire adopter des
dispositions législatives, mais, quand vient le temps de s'intéresser à la mise
en œuvre, à ce que ça va faire dans le quotidien des Québécois et des Québécoises,
bien, c'est là, à un moment donné, que ça devient important, c'est là qu'il
faut que ça ait tout son sens, c'est là qu'il faut que les citoyens puissent
savoir quoi faire. Bien, la Commission des droits de la personne nous
dit : Dans un cas comme ça, ce sera une grande, une grande, incertitude.
On souligne également : «Les
incertitudes découlant de cette annonce inattendue ne sont pas sans conséquence
sur la vie et les droits des personnes touchées.» Donc, c'est un élément
fondamental que je tiens à souligner. Et un peu plus loin, à la page 4, on
dit : «La Commission des droits se désole — se désole, le mot
est quand même fort — qu'encore une fois cette catégorie de personnes — évidemment,
on parle des immigrants qui viennent ici étudier, des étudiants internationaux — soit
placée devant une telle incertitude, mettant à mal des projets de vie, au
détriment de leurs droits.»
• (10 h 20) •
Et, au fond, ce que ce document qui émane
du bureau du président de la Commission des droits de la personne fait un peu
écho, si vous me permettez, à ce qu'on lit dans les journaux depuis des
semaines, des gens qui sont ici, qui sont établis ici, qui n'ont pas encore
obtenu leur citoyenneté, qui parlent français, qui travaillent et qui ne savent
pas s'ils vont être obligés de retourner chez eux ou d'aller dans une autre
province. Ce n'est pas très bénéfique pour le Québec. Est-ce que cela va donner
plus d'agilité au ministre? Bien, peut-être, mais, quand on regarde l'effet
bénéfique pour la population québécoise, là, permettez-moi de m'interroger, et
je vous le soumets, et je le soumets également aux collègues qui siègent dans
cette Assemblée.
Donc, un projet de loi qui va créer plus
d'incertitude que d'éléments concrets qui pourraient aider le ministre dans sa
planification, mais ce n'est pas tout. Ça, c'est la Commission des droits de la
personne, mais on a entendu, lors des consultations particulières, beaucoup
d'autres groupes, plusieurs universités, dirigeants d'université, recteurs
d'université, qui sont venus nous parler et qui nous ont dit : Écoutez,
faites attention, là, les étudiants internationaux qui viennent au Québec
contribuent à la réputation du Québec, contribuent à faire avancer la
recherche, le savoir. Et on ne parle pas ici, là, de centaines de milliers de
personnes, là. On parle d'universités. On nous a parlé de recherche. On nous a
parlé d'études supérieures. Donc, ça fait en sorte que c'est une richesse pour
le Québec, et le projet de loi va venir attaquer ça, et je tiens à le
souligner.
Mais, encore là, permettez-moi de prendre
quelque temps pour vous souligner certains éléments qui ont été énoncés par
différentes universités. Je vais citer le mémoire qui a été présenté par
l'Université du Québec à Rimouski. L'Université du Québec à Rimouski, c'est une
maison d'enseignement supérieur qui a une très grande réputation dans le Bas-Saint-Laurent.
Ils ont des programmes uniques. Ils font de la recherche notamment en tout ce
qui a trait les milieux marins. Ils ont des écoles, des départements en matière
d'éducation. Ils forment des nouveaux enseignants, évidemment, qui vont être
capables d'enseigner partout au <Québec...
M.
Morin :
...des nouveaux enseignants, évidemment, qui vont
être capables d'enseigner partout au >Québec, mais souvent dans le Bas-Saint-Laurent,
en Gaspésie, sur la Côte-Nord. C'est une université qui a une grande
réputation. Mais ce qu'on vient nous dire, c'est que le projet de loi n° 74 aura un impact. Et contrairement, contrairement à ce
que le gouvernement dit : Ah! faites attention, crise du logement... Oui,
effectivement, ça, on le reconnaît, il y a un problème de logement, au Québec,
mais c'est quand, après, on vient nous dire que c'est à cause des immigrants,
bien là, c'est là qu'il faut faire des nuances. Les taux d'inoccupation, dans
plusieurs régions, datent de plusieurs années.
D'ailleurs, dans leur mémoire, et je
prends la peine de le souligner, l'Université du Québec dit que «l'offre de
logement a été considérablement accrue». Donc, ils sont capables de gérer et de
bien accueillir leurs étudiants internationaux. «L'intégration et la réussite
ont également été consolidées.» On souligne, cependant, que l'effectif étudiant
total, à l'Université du Québec à Rimouski, a diminué, durant les
10 dernières années. Et donc les années masquent aussi une réalité
inquiétante pour l'université.
Parmi les recommandations, et j'attire
votre attention à ce sujet, Mme la Présidente, on dit : «Il est difficile
de comprendre la nécessité d'adopter une loi qui risquerait de contraindre non
seulement les universités en général — donc, un constat qui est plus
général pour l'ensemble des universités au Québec — mais plus
particulièrement pour l'Université du Québec à Rimouski — et là ce
n'est pas moi qui le dis, c'est dans leur mémoire — dans ses efforts
d'attraction, d'accueil, d'accommodement, de formation des personnes étudiantes
internationales ainsi que de compromettre l'apport inestimable de ces jeunes à
la société québécoise et de freiner leur éventuelle intégration et rétention
dans les régions.» Parce qu'un grand nombre d'étudiants qui vont venir dans nos
universités vont vouloir, après ça, rester au Québec pour y travailler. Et
évidemment, à l'Université du Québec à Rimouski, ils vont y travailler et ils
vont étudier en français. Donc, je tiens à le souligner, parce qu'on a entendu
ces derniers temps, parfois, des commentaires négatifs sur les étudiants
internationaux, leur nombre, etc.
Le ministre, tout à l'heure, faisait
référence à un article qui a été publié hier. Je l'ai avec moi. C'est un cas
unique, puis des cas comme ça, bien, il faut les régler. Ça, c'est clair, bon,
on ne va jamais cautionner ça, ça, c'est évident. Mais ce n'est pas de ça dont
on parle, en général, dans nos universités, avec les étudiants internationaux.
Et je me permets de le répéter parce que c'est important de le souligner, ces
gens-là viennent ici pour faire de la recherche, pour contribuer au savoir,
pour contribuer à la société québécoise. Et, dans leur mémoire, l'Université du
Québec à Rimouski reconnaît leur apport inestimable, inestimable, de ces
jeunes, à la société québécoise. Et on dit que «le projet de loi pourrait
freiner leur éventuelle intégration et rétention dans les régions».
On ajoute qu'«il est important, pour
l'Université du Québec à Rimouski, d'exprimer son désaccord quant à la
pertinence d'un tel projet de loi, mais aussi quant au libellé actuel.» Parce
que peut-être que, du côté gouvernemental, on parle d'agilité, mais, quand on
regarde le projet de loi, on y voit, notamment à l'article 3, que «le
ministre peut prendre une décision relative à la réception et au traitement des
demandes présentées conformément au chapitre III» et qu'il peut prendre
une décision «en tenant compte, notamment, des orientations et des objectifs
fixés au plan annuel d'immigration, des besoins économiques, de la
main-d'oeuvre, du besoin de favoriser une diversité». Bref, c'est ce que le
ministre, dans son exposé, appelait, et je crois avoir assez bien noté ses
propos, «fixer les domaines porteurs pour le Québec».
Alors, c'est sa perception, je le
respecte. Mais moi, quand je regarde son projet de loi, moi, ce que ça me dit,
c'est qu'au fond est-ce que c'est le ministre, désormais, qui va décider dans
quels secteurs les universités, au Québec, vont faire de la recherche, vont
investir, vont développer des laboratoires? Qu'arrive-t-il, à ce moment-là, de
la liberté <académique...
M.
Morin :
...des laboratoires? Qu'arrive-t-il, à ce
moment-là, de la liberté >académique, qui doit être, à mon avis,
respectée?
Alors, autant de questions pour lesquelles
nous n'avons pas de réponse, mais une chose est sûre, une chose est sûre, c'est
que l'Université du Québec à Rimouski exprime son désaccord quant à la
pertinence et au libellé, alors, mais pas uniquement au libellé, mais, quand
même, à la pertinence d'un tel projet de loi.
Et ce n'est pas tout, ce n'est pas tout,
l'Université du Québec à Montréal... Puis je cite des documents du réseau des
universités du Québec, parce que l'Université du Québec, c'est une réalisation québécoise
qui génère chez moi une grande fierté. Ce sont des pôles de savoir dans un très
grand nombre de régions du Québec qui rendent, pour les gens des régions, un
accès à des études universitaires, et ça, c'est, pour moi, hyper,
hyperimportant. Et, quand on regarde ces réseaux-là, bien, plusieurs,
évidemment, ont des études supérieures, et, dans les études supérieures, bien,
ils attirent, bien sûr, des étudiants qui viennent de l'international, et qui
vont donc vivre, et qui vont aller étudier, travailler, éventuellement, dans
nos régions. Donc, c'est un élément très positif pour le Québec, et je tiens à
le souligner pleinement.
• (10 h 30) •
Revenons à l'Université du Québec à
Montréal, et on nous dit : «Les étudiants et étudiantes internationaux, tant
par leurs activités d'études et de recherche que par l'intégration dans la
société québécoise, contribuent à limiter l'impact de la diminution de
l'effectif étudiant québécois sur le marché du travail.» Et, on le sait, Mme la
Présidente, on aura une pénurie de main-d'oeuvre. Donc, il faut être capable de
planifier. Il faut être capable d'avoir des gens qui sont évidemment bien
formés, qui sont compétents pour occuper les emplois de demain, mais il n'y a
pas juste ça. Dans leur mémoire, l'UQAM souligne : «Les universités
francophones jouent un rôle de vecteurs d'intégration socioculturelle et
linguistique pour les immigrants et les immigrantes temporaires.» C'est vrai,
c'est une richesse. Alors, si on veut les limiter, bien, ça devient un
appauvrissement collectif, et, ça, je pense qu'il faut le souligner. Il faut le
souligner. Donc, l'Université du Québec ne voit pas d'un bon œil le projet de
loi n° 74.
Je vais laisser le monde universitaire
pour quelques instants, mais je vous parlais de pénurie de main-d'œuvre. Je
vous parlais de l'importance d'avoir de la main-d'oeuvre qualifiée et de
l'impact que pourra avoir le projet de loi n° 74. Bien, on a reçu, en
consultations particulières, un mémoire de la présidente-directrice générale de
l'Association québécoise du transport aérien, l'AQTA, puis on sait comment le
transport aérien, l'aviation, l'avionique, c'est important pour le Québec. Non
seulement le Québec construit, fabrique des avions, c'est une réussite, on n'a
qu'à penser à Mirabel, mais, en plus, l'OACI a son siège à Montréal, seul siège
des Nations unies véritablement d'importance au Canada. Vous connaissez, bien
sûr, l'importance de Bell Helicopter à Mirabel, d'Airbus à Mirabel, c'est sûr.
Combien il y a d'emplois bien rémunérés dans cette grande région du Québec qui
font en sorte qu'on a une économie qui fonctionne bien?
Alors, l'Association québécoise du
transport aérien, qui est un organisme à but non lucratif, nous dit :
«D'abord, faites attention, il y a une pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur
du transport aérien.» Une étude, un mémo émis par Transports Canada en 2024...
Donc, c'est quand même tout à fait récent. Et on nous parle, par la suite, des
conséquences régionales d'une limitation du nombre d'étudiants étrangers au
Québec, et on nous dit : «L'AQTA est extrêmement préoccupée des
conséquences de l'adoption du projet de loi n° 74, qui viendrait limiter
encore davantage le nombre d'inscriptions d'étudiants étrangers au moment même
où l'offre <peine déjà...
>
10 h 30 (version révisée)
<
M.
Morin :
...au moment
même où l'offre >peine déjà à répondre aux besoins de l'industrie et du
gouvernement. Et, quand on prend cet énoncé-là et qu'on l'applique au projet de
loi n° 74, on peut y déceler tous les effets néfastes de ce projet de loi
tel qu'il est présentement. Pourquoi? Bien, parce que, rappelez-vous ce que je
soulignais il y a quelques minutes, il n'y a rien dans le projet de loi qui
permet de... une prévisibilité, qui permet de prévoir, qui permet de savoir ce
qu'il va arriver.
Alors, vous conjuguez ça avec certains
secteurs où il peut y avoir une pénurie de main-d'œuvre, et là ça devient très
préoccupant. Est-ce que le gouvernement va réagir en disant : Ah! c'est un
secteur particulier? Parce que tout à l'heure le ministre nous disait...
parlait... il référait aux domaines porteurs. Peut-être, mais on ne le sait
pas. Et mettez-vous à la place d'un étudiant étranger qui veut venir développer
des compétences, des techniques, que ce soit en génie de l'aviation,
construction d'avion, pilotage, etc., puis qui ne sait pas ce qu'il va arriver.
Il dit : Si je commence mes études, est-ce que je vais pouvoir les finir?
Qu'est-ce qu'il va m'arriver? Est-ce que les règles vont changer entre-temps?
Vous ne le savez pas. Bien, qu'est-ce que vous allez faire? Bien, vous allez
aller ailleurs.
Moi, j'ai été très privilégié dans ma vie
parce que j'ai eu le privilège de faire des études à l'étranger, justement, des
études supérieures. Qu'est-ce que j'ai regardé? Bien, évidemment, comment les
étudiants étaient encadrés, gérés, quels étaient les avantages. Puis, après ça,
bien, ça a fait en sorte que j'ai choisi où j'allais aller. C'est normal, tout
le monde fait ça. Et là l'enjeu, avec le projet de loi du ministre, c'est que,
justement, ils ne le sauront pas. Puis ce que je vous dis, ce n'est pas
totalement hypothétique, là, parce que, lisez les journaux dans les derniers
jours, c'est vrai, on ne parle pas nécessairement d'étudiants, on parle de
travailleurs, on parle de gens qui ont des CSQ, on parle de gens qui ont des
CAQ puis qui voudraient avoir la citoyenneté, puis que, là, les règles changent
dans le milieu de l'équation. Alors, ça devient très, très, très compliqué.
Imaginez l'impact pour une région du
Québec, ce n'est quand même pas banal, ce n'est pas banal. Et on nous dit en
plus, dans leur mémoire, que, sans l'apport des étudiants étrangers, si on n'a
pas assez de pilotes, si on n'est pas capable de former assez de pilotes, bien,
évidemment, c'est des régions qui vont en payer le prix. Puis, vous le savez
comme moi, le Québec, c'est un grand territoire, magnifique mais grand. Puis
moi, j'ai toujours en tête le Nunavik, parce que, dans mes responsabilités de
parlementaire, j'ai aussi le privilège d'être le porte-parole de l'opposition officielle
pour les Premières Nations et les Inuits. C'est loin, le Nunavik. Donc, pas de
pilote, pas d'avion, de toute façon, ils n'ont pas de route, alors c'est aussi
simple que ça. Donc, l'impact, il est important, l'impact, il est majeur. Et
donc il faut être capable de réagir et, justement, d'être agile. C'est ça qui
est important.
L'association nous dit : «Les mesures
s'ajoutent et fragilisent l'industrie aérospatiale québécoise reconnue comme un
des trois pôles mondiaux dans le domaine. L'aérospatiale et l'aviation sont des
secteurs névralgiques et stratégiques pour l'économie du Québec.» Il y a des
régions qui en dépendent, et vous êtes à même, bien sûr, de le savoir. Donc,
autre mémoire, autre élément, et ce n'est pas très positif pour le projet de
loi n° 74.
Mais ce n'est pas tout, on continue, on
continue. Cette fois-ci, permettez-moi de référer au document qui a été rédigé
par HEC Montréal, un pôle de haut savoir de réputation internationale. On
est chanceux, c'est à Montréal. Et qu'est-ce qu'on nous dit? Bien, on nous dit,
entre autres, à la page 3, que, pour les étudiants internationaux, le
Québec travaille dans un secteur où il y a une concurrence mondiale. C'est un
peu ce que je vous disais tout à l'heure. Et on nous souligne, à la page 3
de leur document : «Plus que jamais, la concurrence pour attirer les
meilleurs talents à Montréal et au Québec est mondiale. Les différents pays
courtisent les mêmes candidats que nous — évidemment — pour
soutenir l'innovation et la productivité», donc il en va de l'innovation et de
la productivité au Québec, mais également pour cultiver une diversité, bien sûr,
qui est bienvenue chez nous.
HEC Montréal. La <conclusion :
un triste constat. Les mots sont quand même....
M.
Morin :
...sûr, qui
est bienvenu chez nous. RHEC Montréal. La >conclusion : «Un triste
constat», les mots sont quand même forts, là, «un triste constat en guise de
conclusion. La perception externe est toute simple — et je cite — mais
provoque déjà des effets concrets et délétères — et ce n'est pas moi
qui l'écris, là, "délétère", c'est fort, comme mot — le
Québec et le Canada ne sont plus des destinations de choix pour les études
d'enseignement supérieur.
«À l'heure où les défis des changements
climatiques, de la baisse de productivité et de l'accroissement des inégalités,
pour ne nommer que ceux-ci, dominent notre environnement socioéconomique, la
contribution d'un établissement universitaire francophone, comme HEC,
évidemment, est nécessaire.»
Donc, ces pôles de savoirs, ces
institutions universitaires, il faut les aider, il ne faut pas leur nuire. Et
ce que le projet de loi n° 74 va venir faire, tel
qu'il est rédigé, bien, c'est évidemment de leur nuire. Je répète : «Un
triste constat en guise de conclusion», et les «effets [sont] concrets et
délétères».
Et je pourrais m'arrêter là, mais non, on
en a reçu plein, de mémoires. Évidemment, Mme la Présidente, je ne vais pas
tous les lire parce que, comme je vous le disais d'emblée, plusieurs se
recoupent, sont à peu près au même constat. Il est rare de voir un consensus,
l'ensemble des participants qui sont venus nous voir en consultations
particulières, qui se dégage en disant : S'il vous plaît, M. le ministre,
ne faites pas ça. S'il vous plaît, ne touchez pas à ça, parce que ça va avoir
un impact.
Puis là, bien, je vous ai donné des
exemples concrets d'impact avec des mots qui sont utilisés dans des documents
qui ont été rédigés par ces maisons d'enseignement supérieur. Puis je tiens à
le dire, parce que c'est important que cette voix-là soit entendue.
• (10 h 40) •
Maintenant, à l'ETS, le génie pour
l'industrie, École de technologie supérieure de l'Université du Québec, on
souligne, à la page 9 de leur document : «Réduire le nombre
d'étudiantes et d'étudiants internationaux créerait un manque de talents qui
serait difficile à combler par les seuls diplômés locaux.» Donc, encore là, ce
n'est évidemment pas très positif. Et donc ça a un impact. Et on nous dit,
évidemment, que, quand les gens viennent étudier ici, bien sûr, bien sûr, ils
apprennent, mais, après, quand ils retournent dans leur pays, bien, ils
deviennent des ambassadeurs de nos établissements d'enseignement supérieur, et
c'est bénéfique pour le Québec. Quand, par la suite, le Québec a des relations
à l'international dans différents pays puis qu'il rencontre des gens qui ont
été formés au Québec, bien, ça crée des liens, évidemment. Donc, c'est
effectivement très, très important.
Quittons maintenant le monde universitaire
et regardons ce qu'en dit la Chambre de commerce du Montréal métropolitain,
organisme qui est quand même bien placé pour être capable d'évaluer le
positionnement de Montréal, le positionnement de Montréal dans le domaine de
l'économie. Puis on sait comment l'économie, c'est important pour le Québec.
Donc, ce qu'on nous dit, et, d'ailleurs, c'était... c'est le titre de leur
mémoire : Étudiants internationaux, des catalyseurs de croissance et de
vitalité. Donc, ça résume un peu ce que je vous disais tout à l'heure.
Donc, les gens qui viennent ici non seulement apprennent, partagent, mais,
après, quand ils retournent chez eux, bien, évidemment, ils vont être des
ambassadeurs pour nos établissements d'enseignement. Et ça, je pense que c'est
fondamental, et il faut le dire.
Et ce qui est intéressant dans ce mémoire,
c'est que ça me permet de faire un lien avec ce que je vous disais, au tout
début, avec le mémoire de la Commission des <droits de la personne...
M.
Morin :
...et avec ce
que je vous disais au tout début, avec le mémoire de la Commission des >droits
de la personne : manque de prévisibilité, absence de certitude, création
d'une incertitude. Alors, ce qu'on nous dit, et ce que le président de la
chambre nous disait : «Pour attirer et retenir les meilleurs talents
internationaux, les processus de recrutement doivent être soutenus par des
politiques d'immigration claires et prévisibles. L'imprévisibilité
réglementaire compromet directement les efforts des universités pour recruter
des étudiants internationaux.»
Et on ajoute, à la page 5 du
mémoire : «La réputation du Québec et plus particulièrement de Montréal en
tant que destination académique de choix, repose sur la stabilité de cadres
réglementaires, sur des démarches administratives simplifiées, transparentes,
soutenant l'intégration. Un cadre attractif doit permettre aux étudiants
internationaux de s'installer au Québec, sans obstacle inutile ou imprévisible.
Autrement, Montréal risque de perdre des talents susceptibles de contribuer à
des secteurs névralgiques comme les sciences, la technologie, l'intelligence
artificielle, dont on parle beaucoup, et les sciences de la vie. Une réduction
du nombre d'étudiants internationaux, causée par des démarches administratives
dissuasives, affaiblirait non seulement la compétitivité des établissements,
mais aussi leur capacité d'innovation, considérant que leurs modèles financiers
dépendent en partie des frais de scolarité et des étudiants internationaux.»
Donc il faut une prévisibilité. Il faut
éviter de nuire à la réputation du Québec. Les étudiants internationaux, à
Montréal, c'est une contribution essentielle à l'économie québécoise. Donc,
autant d'éléments importants puisque, puisque les étudiants universitaires
internationaux, comme je le soulignais, sont aussi des vecteurs d'innovation.
Donc, il ne faut pas, il ne faut pas mettre en place un cadre législatif, par
la suite réglementaire, qui va venir nuire aux efforts des universités que nous
avons au Québec et à Montréal.
D'ailleurs, dans La Presse, il y a
quelques jours, et je vous parlais de plusieurs établissements universitaires,
bien, Maud Cohen, qui est la directrice générale de Polytechnique Montréal,
disait : «Les étudiants internationaux au Québec, une richesse à
protéger.» Donc, il faut s'assurer qu'on aura toujours cette attractivité. Et
les chiffres sont quand même intéressants, les pourcentages. On parle ici de
Polytechnique, mais on nous dit, et c'est la directrice générale qui l'écrit
dans La Presse : «Près de 60 % des inscrits à la maîtrise et
près de 70 % des inscrits au doctorat, à Polytechnique Montréal,
proviennent de l'international.» Ce n'est quand même pas banal. Et la
Polytechnique, évidemment, n'est pas le seul établissement universitaire à
vivre cette réalité-là.
Donc, ce qu'il faut, c'est avoir une
prévisibilité. C'est être capable, pour ces étudiants-là internationaux, de se
dire : Ah oui! Ils ont des lieux de haut savoir, au Québec, il y en a dans
plusieurs régions. Il faut être capable, il faut être capable de savoir ce qu'il
va m'arriver, si moi, je décide, si moi, je décide d'aller au Québec, de vivre
là, d'y travailler, d'étudier. C'est excessivement important. Mais, quand vous
regardez le projet de loi, puis en particulier l'article 3, bien, la
prévisibilité, moi, je ne la vois pas. Je vois malheureusement beaucoup
d'arbitraire. Et je ne suis pas le seul à le dire, l'ensemble des groupes nous
l'ont dit. Et je n'entrerai même pas dans les détails de l'importance de
préserver la liberté académique des universités, parce que, ça aussi, on nous
l'a dit. Donc, quand vous regardez le projet de loi, là, il y a des lumières
rouges, jaunes qui allument partout, partout.
Tu sais, j'aurais <tellement aimé qu'à
un moment donné quelqu'un vienne nous dire : Écoutez, ah! c'est
tellement...
M.
Morin :
...tu sais,
j'aurais >tellement aimé qu'à un moment donné quelqu'un vienne nous
dire : Écoutez, là, c'est vraiment génial, votre idée, M. le ministre, là.
Bien non, bien non, même pas, aucunement. Alors, moi, j'invite M. le ministre à
regarder tout ça, à réfléchir et à voir ce qu'il va faire avec son projet de
loi. Je pense que c'est important. Il n'y a pas eu beaucoup de gens qui se sont
levés pour lui dire que c'était l'idée du siècle ou de la décennie.
J'écoutais attentivement M. le ministre
et, évidemment, je vais faire attention, là, parce que je veux le citer
correctement, mais j'ai pris quelques notes. M. le ministre, dans son exposé,
nous disait : Écoutez, il faut agir, parce que, là, je n'ai pas les
moyens… je ne veux pas baisser les seuils, puis il faut éviter les usines à
fabriquer des citoyens canadiens par faux prétexte. Bien, ça, là, je vous
dirai, Mme la Présidente, évidemment, c'est sûr qu'il faut éviter de fabriquer
des usines à fabriquer des citoyens canadiens par fraude. C'est évident, ça,
c'est certain. Ça, là, il n'y a pas personne, là, qui va vous dire : Ah
oui, aïe, ils ont trouvé un mécanisme, là, c'est peut-être un peu frauduleux,
donc c'est bon. Bien non, ce n'est pas bon. Ce n'est pas bon, non, non, ça,
c'est bien clair, c'est très, très, très clair.
Moi, dans ma vie, j'en ai poursuivi, des
fraudeurs, là. Ça fait que ça, c'est bien clair qu'on n'en veut pas au Québec,
mais, une fois que j'ai dit ça, il y a quand même des moyens, dans la législation
actuelle, que le ministre peut utiliser. Puis, si c'est vraiment ça, si c'est
ça, son enjeu dans quelques établissements, parce que là aussi… Puis, ça, M. le
ministre y a fait référence, là, il y a eu des articles du bureau d'enquête du Journal
de Montréal dans un établissement, un collège privé de Montréal, là. Bien,
ça, c'est sûr que ça n'a aucun bon sens. On ne veut pas ça. Ça, c'est évident,
mais ça, c'est un établissement.
• (10 h 50) •
Alors, M. le ministre va nous dire qu'avec
toute la panoplie législative au Québec présentement, tous ses conseillers, il
faut ce projet de loi là pour arrêter ça. Permettez-moi d'en douter parce que,
dans son projet de loi, ça ratisse tellement large que, là, il est en train de
s'attaquer à toutes les universités. Puis c'est la raison pour laquelle j'ai
pris la peine de citer plusieurs documents, plusieurs mémoires qu'on a eus en
commission pour illustrer que ce n'est pas seulement moi, là, qui dis ça, là,
mais il y a littéralement plusieurs institutions, et ils ne voient pas le
projet de loi d'un très bon œil.
M. le ministre nous dit qu'il a absolument
besoin de cette législation-là. D'accord, mais je regardais les règlements sur
l'immigration au Québec, adoptés en vertu de la loi, particulièrement la
section II, le Programme des travailleurs étrangers temporaires, et le
Programme des étudiants étrangers, section III. Dans le règlement,
actuellement, il est écrit, à l'article 11 : «Le ministre consent au
séjour d'un ressortissant étranger dans le cadre du Programme des étudiants
étrangers l[orsqu'ils satisfont] aux conditions suivantes :
«1° il est admis dans un établissement
d'enseignement québécois;
«2° il dispose et continuera de disposer,
pour lui et les membres de sa famille qui l'accompagnent et pendant la durée du
séjour au Québec, [des] ressources financières suffisantes…» Alors, j'espère
que, dans son ministère, ce sont des choses qu'ils suivent et qu'ils analysent.
«a) payer les frais de transport
aller-retour entre le lieu de sa résidence à l'étranger et celui de sa
destination au Québec, les frais de scolarité[...];
«b) payer le montant [d']assurance maladie[...];
«c) subvenir aux besoins essentiels sans
qu'il lui soit nécessaire d'occuper un emploi...» Évidemment, dans le cas des
mineurs, il faut, bien sûr, un consentement avec l'autorité parentale.
Mais on nous dit également, à
l'article 13 du règlement : «L'étudiant étranger doit recevoir
l'enseignement pour le niveau d'études pour lequel le consentement du ministre
a été donné.» Et, à 14 : «L'étudiant étranger doit faire de ses études sa
principale activité, à moins que le but principal de son séjour soit le
travail», etc.
Donc, il y en a, des critères,
présentement. Donc, la question que moi, je me pose, c'est : Quel suivi
est fait de ça? Je veux dire, émettre un certificat pour les <étudiants
étrangers...
M. Morin :
...émettre
un certificat pour les >étudiants étrangers, il y en a, des critères,
présentement. Quand on nous parlait de ce collège privé de Montréal avec
12 000 étudiants étrangers, quand j'ai lu l'article, ces étudiants-là
ont tous eu des certificats d'acceptation du Québec, communément appelés CAQ.
Il n'y a aucun critère? Il n'y a aucune vigie? Il n'y a aucune mesure? Rien?
Écoutez, ça me dépasse, honnêtement, là.
Puis la réponse du ministre, c'est de
dire : Ah, bien, il me faut absolument ce projet de loi là, là, où je vais
être capable de venir déterminer des... prendre des décisions en tenant compte
des orientations et des objectifs fixés au plan annuel d'immigration, dont il
est responsable, des besoins économiques, de la main-d'œuvre, favoriser une
diversité de provenances, adopter des règlements, puis on ne sait pas lesquels.
Et il y a même un article qui va venir
amender la Loi sur l'enseignement privé, pour, évidemment, permettre de
déterminer des seuils d'élèves résidant au Québec. Et là on n'a pas tellement
de précisions sur ce que ça va donner. On n'est même plus nécessairement dans
l'enseignement universitaire. Donc, qu'est-ce qu'on cherche à faire exactement?
C'est assez nébuleux et ce n'est pas précis.
Donc, est-ce qu'il y aura un impact sur
les régions? Oui. Est-ce qu'il y aura un impact sur la compétitivité de
Montréal? Oui. Les étudiants étrangers internationaux, c'est une richesse à
protéger, c'est ce que je soulignais, et il faut être capable de maintenir la
compétitivité du Québec à l'international. Il en va de notre économie, il en va
de notre développement, il en va d'une richesse importante pour le Québec. Si,
au moins, Mme la Présidente, je pouvais me rattacher à un document, à quelque
part, qui dit : Oui, oui, c'est bon, bon, je vous le dirais, là. J'en
cherche encore.
Aujourd'hui, mes collègues vont intervenir
après moi, je les remercie, mais c'est assez particulier, je vous dirais, comme
projet de loi. Et je ne peux pas passer sous silence deux commentaires de M. le
ministre à la fin de son exposé. Et, encore là, je fais attention à mes mots,
mais je pense l'avoir cité... je pense que je vais le citer textuellement. Ce
que j'ai entendu, c'est : Nous cautionnons des dérapages si on est contre
le principe. Ah bon! Ah bon! Donc, si, moi, là, comme parlementaire, là, qui a
été élu à l'Assemblée nationale, qui travaille avec tous mes collègues, si moi,
je vote contre le principe, puis, je vous le dis, c'est ce que je vais faire,
là, pour toutes les raisons que je vous ai mentionnées, est-ce que je dois
comprendre que je cautionne des dérapages? Moi, je n'ai pas cette
impression-là. Moi, j'ai l'impression de faire mon travail de parlementaire.
Moi, j'ai l'impression de contribuer au débat. Moi, j'ai l'impression de
vouloir faire changer, entre autres, ce projet de loi là pour le bien des
Québécois puis des Québécoises.
Puis ce n'est pas juste moi qui le dis,
Mme la Présidente. On peut regarder : Chambre de commerce du Montréal
métropolitain, HEC, UQAM, UQAR. Permettez-moi de vous citer l'UQAR :
«Difficile de comprendre la nécessité d'adopter une loi. Permettez-nous
d'exprimer notre désaccord quant à la pertinence d'un tel projet de loi.» C'est
exactement ce que je vous dis, Mme la Présidente. Est-ce que je dois conclure que
tous ces établissements-là, <parce qu'évidemment ils ne sont pas pour le
projet de loi...
M.
Morin :
...conclure
que tous ces établissements-là, >parce qu'évidemment ils ne sont pas
pour le projet de loi, là, moi non plus, là... Est-ce qu'on est tous en train
de cautionner des dérapages? Écoutez, je trouve ça fort. J'ai le droit, comme
parlementaire, de m'exprimer, puis j'ai le droit d'être en désaccord, puis le
gouvernement a le droit de faire son travail. Si le ministre pense que c'est ce
qu'il faut, bien, c'est lui le ministre, c'est lui qui a la responsabilité
ministérielle, il travaille avec le gouvernement, je le respecte. Mais, moi,
comme parlementaire, par exemple, je voudrais aussi qu'on me respecte puis
qu'on ne vienne pas me dire que je vais cautionner des dérapages si je suis
contre le principe. Non, je vais m'exprimer comme parlementaire puis je vais
faire mon travail de parlementaire au meilleur de ma connaissance, ce que mes
collègues vont faire également.
Donc, je tenais à apporter cette
précision-là parce que, bien sûr, bien sûr, on veut que ça fonctionne, bien
sûr, on veut ce qu'il y a de mieux pour le Québec, mais je vous le dis
sincèrement et respectueusement, moi, je vais faire mon travail de
parlementaire, puis, s'il y a des éléments que je dois questionner, s'il y a
des éléments que je dois contester, bien, je vais le faire, c'est mon travail,
c'est mon travail.
Pendant toute la durée de ce projet de loi
là, je vais avoir le privilège d'être accompagné de ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont, on va faire notre travail d'opposition
officielle, Mme la Présidente. Puis tous les gestes qu'on va poser, on va le
faire pour le bien des Québécois et des Québécoises, mais ça, je tenais à le
dire, je tenais à le dire en cette Chambre, je tenais à le dire devant mes
collègues. Non, on n'en veut pas, de dérapage, mais on veut qu'on ait des
bonnes lois au Québec puis on veut que nos institutions d'enseignement puissent
travailler, être compétitives pour l'ensemble du Québec puis pour l'ensemble du
monde également.
Donc, pour toutes ces raisons, et je vous
remercie pour votre écoute, je conclus en soulignant que je suis contre le
principe du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Je vous remercie beaucoup, Mme
la Présidente.
• (11 heures) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député d'Acadie. Je suis maintenant prête à
entendre le député de Marquette. La parole est à vous, M. le député.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone :Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'entrée de jeu, je vous
l'ai dit en privé, mais j'aimerais le répéter en public, pour vous féliciter
pour votre nomination. Bravo! C'est tout à votre honneur.
Ceci dit, Mme la Présidente, je pense que
le gouvernement de la CAQ nous a habitués, là, nous a habitués au fil des ans,
depuis les six dernières années, maintenant dans leur septième année, qu'on
n'aime pas les contre-pouvoirs. On veut avoir les pouvoirs dans le bureau du
ministre. On l'a même déjà entendu, quand les oppositions vont s'opposer, puis
ça, c'est déjà venu de la bouche du premier ministre, là, qu'on chiale, les
oppositions chialent. Moi, ça m'a toujours un peu dérangé, Mme la Présidente,
et je fais du pouce sur ce que mon collègue de l'Acadie vient de dire.
Et, maintenant, là, on va encore plus loin :
si on s'oppose à ce projet de loi là, c'est qu'on favorise le dérapage. Tu
sais, à un moment donné, là, on a été témoins de certaines paroles, ici, Mme la
Présidente, qui sont inacceptables dans la sphère publique. Il faut faire
attention. Aujourd'hui, il faut faire attention, là, c'est... On vit en
démocratie, c'est la maison du peuple, alors je pense qu'il faut... Le choix
des mots est important, Mme la Présidente. On n'est pas toujours d'accord, puis
ce qui nous donne raison ici, ce matin, ce qui donne raison au député de l'Acadie
et mes collègues qui vont suivre après moi, c'est que, justement... Puis on a
rarement vu ça depuis les dernières années, du moins depuis que je suis à
l'Assemblée nationale, où les groupes viennent, là, et, pratiquement, là, à
100 %, sont contre cette idée-là, ou ils ont des réserves majeures, ou on
est vraiment inquiet avec les positons ou des projets de loi qui sont présentés
par le gouvernement.
La CAQ a toujours été un gouvernement, un
parti qui se fiait beaucoup aux sondages, très populiste, Mme la Présidente. Et,
dans ce cas-ci, là, je veux dire, si on regarde le petit sondage qui a été fait
pendant les consultations particulières, là, je pense qu'on aurait dû
comprendre que ce qu'on a mis en place dans le projet de loi n° 74,
la Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers, bien, <écoute...
>
11 h (version révisée)
<17943
M. Ciccone :
...loi
n° 74, la
Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, bien, >écoute,
on fait fausse route, là, Mme la Présidente. Je pense qu'il faudrait mettre
la... Il faudrait se mettre la tête dans le sable pour ne pas réaliser que,
oui, il y a eu certains abus, il y a eu du dérapage au niveau du recrutement,
mais... Puis là ce n'est pas mes paroles, là, c'est les paroles de ceux qui
sont venus nous interpeler ici, à l'Assemblée nationale, où on va dire :
Bien là, on utilise un bazooka pour tirer un maringouin, là. Ça ne fonctionne
pas, là. Également, un recteur d'université qui a dit : Là, c'est comme
donner un mauvais médicament, puis là, là, on va vivre avec des effets
secondaires extraordinaires. C'est un peu ça, là, c'est un peu ça, la vision. Puis
c'est un peu le message qu'on a amené ici, à l'Assemblée nationale, pour faire
comprendre au ministre de l'Immigration, et de la Francisation, et de l'Intégration
la réalité et… potentiellement, de ce projet de loi là, beaucoup, beaucoup d'ambiguïtés,
pas de prévisibilité.
Puis là moi, Mme la Présidente, je vais…
je vais jouer le rôle d'intermédiaire, parce qu'encore une fois, je vais le
dire pour les gens qui nous écoutent, là, puis je suis sûr qu'ils sont en grand
nombre, qui nous écoutent aujourd'hui, là, vous savez qu'on a trois chapeaux
ici, Mme la Présidente, on a le… On a le rôle du législateur, que mon collègue
de l'Acadie va faire et ma collègue également de Mont-Royal—Outremont,
qui vont être en… qui vont étudier le projet de loi. Nous avons également le
rôle de contrôleur. Et on va le faire, là, cette semaine, encore une fois, avec
ce qui va être présenté par le ministre des Finances. Mais aussi, Mme la
Présidente, on a le rôle, selon moi, qui est peut-être le plus important, là, c'est
le rôle de l'intermédiaire.
Alors, ce que je vais faire aujourd'hui, Mme
la Présidente, c'est que je vais encore une fois tenter, lors de l'adoption du
principe, d'essayer de faire comprendre au ministre que les groupes qui sont
venus nous interpeler ne sont pas nécessairement d'accord sur certains
éléments. Et je vais me faire l'intermédiaire de ces groupes-là, Mme la
Présidente.
Quand on regarde l'Université du Québec,
le réseau... c'est ça, de l'Université du Québec, il y a M. Alexandre
Cloutier, un ancien collègue ici, à l'Assemblée nationale, il y avait Céline
Poncelin qui était là, de Raucourt, qui était vice-présidente, enseignement et
recherche, il y avait M. François Deschênes et M. Rousson qui sont
venus nous interpeler. Eux autres, ils avaient une grande inquiétude quant à la
mise en œuvre, car ils ne connaissent pas l'intention du gouvernement. Déjà là,
là, quand tu ne connais pas l'intention... Puis c'est des gens du terrain, c'est
des spécialistes du terrain en enseignement supérieur. Ils ne connaissent pas
les intentions du gouvernement. Déjà là, on part, là... C'est chambranlant, son
affaire.
Également, ils disent que c'est
préoccupant de donner de tels pouvoirs réglementaires au ministre. Alors,
encore une fois, je vous disais, d'entrée de jeu, donner tous les pouvoirs au
ministre, c'est ce qu'on a... c'est ce que le gouvernement de la CAQ nous a
habitués, depuis le début de son gouvernement en place, pour essayer de
récupérer le plus de pouvoirs possible, d'éliminer les contre-pouvoirs. Et il
ne faut pas oublier, là, les universités, là, les études supérieures, ils ont
quand même une autonomie, là, ça leur a été donné. Il ne faut pas leur enlever.
Également, ils disent qu'ils sont inquiets
quant à la répartition des programmes et leur accessibilité sur le territoire. «Avoir
un large éventail de domaines est un avantage pour le Québec. Les besoins d'aujourd'hui
ne sont pas les mêmes que demain. Il faut donc ouvrir tous les programmes et
non se limiter à certains secteurs.»
Également, ils ont des inquiétudes quant à
la capacité du gouvernement d'intervenir dans la planification des programmes.
Également, ils ont soulevé une crainte que les sciences sociales passent à la
trappe.
Si on va... Si je cite également un autre
groupe qui sont venus nous interpeler, il y avait Daniel Jutras, qui était le
recteur de l'Université de Montréal. Il est venu également avec M. Deep
Saini, qui est le principal et vice-chancelier de l'Université McGill. Eux
autres stipulent, Mme la Présidente, que le projet de loi pourrait contraindre
les universités et aller à l'encontre de l'autonomie, leur autonomie, je vous
en ai parlé un peu plus tôt, qui est très importante, soit dit en passant, pour
les universités.
Également, ils ont parlé de… «La
croissance actuelle est cohérente et doit être soutenue et encouragée.»
Également, le projet de loi ne répond pas
aux abus potentiels, les abus que je vous parlais un peu plus tôt. Comme je
vous dis, on réalise, là, qu'il y a un problème. Pourquoi qu'on ne s'attaque
pas à ce problème-là? Là, vraiment, là, on vient, là, de chambouler le tout
puis on ne sait même pas si ça va fonctionner. Beaucoup d'inquiétudes des gens
sur le terrain. Je vous le répète, là, on utilise un bazooka pour tirer un
maringouin.
Puis il faut également, là… Ce qu'ils
stipulent, c'est qu'il faut arrêter de <dire...
M. Ciccone :
...on utilise un bazooka pour tirer un maringouin.
Puis il faut également, là… Ce qu'ils
stipulent, c'est qu'il faut arrêter de >dire que les étudiants
internationaux sont des problèmes. Il faut arrêter de dire ça, Mme la
Présidente, parce que, sans eux, ils ne pourraient pas faire les projets de
recherche et les laboratoires de recherche. Elles compétitionnent, les
universités compétitionnent à l'échelle mondiale. Les étudiants reçoivent
plusieurs offres. Les processus de recrutement sont très rigoureux. Encore une
fois, je vous cite, là, M. Jutras et M. Saini : «L'Université
Laval aura 1 700 étudiants internationaux, et la sélection est bien
faite, mais c'est une perte de 22 % d'inscriptions à cette université
cette année. C'est majeur et dû, notamment, à de nombreuses mesures
administratives des ministères.»
Quand le gouvernement nous dit : On
écoute les gens sur le terrain, c'est des partenaires importants, puis que les
partenaires sur le terrain, les spécialistes dans le domaine viennent vous
dire : Oh! attention, là, ce que vous faites, là, ça risque de ne pas
fonctionner puis ça peut nous mettre dans le trouble également, alors, il faut
les écouter, Mme la Présidente. Il n'y a rien de mal. On l'a déjà vu dans le
passé, là. C'est ce qui faisait que les gens aimaient le premier ministre à
l'époque, il était capable de dire qu'il avait fait une erreur : Ah! j'ai
fait une erreur. Parfait. On va changer. C'est sûr qu'on regardait les chiffres
au bout du sondage puis, après ça, bien, on se réajustait, là, mais ça passait
toujours bien. On dirait, là, que ça ne fonctionne plus. On dirait que ça ne
fonctionne plus. Alors, Mme la Présidente, ils demandent d'être exclus du
projet de loi, car ils ne font pas partie du problème.
• (11 h 10) •
Maintenant, je vais vous citer, Mme la
Présidente, l'Union étudiante du Québec, qui était représentée par M. Paré
et Mme Dommanget. Eux autres, ils ont une crainte de la centralisation du
pouvoir dans les mains du ministre de l'Immigration. Encore une fois, ça revient
toujours, là. Ça fait que ce n'est pas une personne qui te le dit ou un groupe,
là, c'est récurrent, Mme la Présidente. «Le projet de loi vient perturber le
financement des universités.» Ai-je besoin de rappeler l'importance du
financement des universités, un financement autre, justement, que... qui vient
du gouvernement, le financement des étudiants étrangers, comment c'est
important? Puis ça, c'est nos étudiants du Québec qui en bénéficient.
C'est également… Qu'est-ce qui en
bénéficie, c'est notre réputation à l'international. Je suis fier, moi, de
parler de l'Université McGill. Je suis fier de parler de l'Université de
Montréal, de l'Université Concordia. Ces universités-là font de grandes choses.
Ça fait qu'on a besoin de ce soutien-là. Et le groupe, Mme la Présidente,
dénonce le fait que le PEQ a été suspendu sans préavis.
Depuis deux, trois ans, on n'a pas bonne
presse à l'étranger. Il y a des baisses d'admission, et c'est lié à
l'international. Et… légalement, ce que le gouvernement veut faire avec ce
projet de loi... En raison de formules de financement des universités et pour
le plan stratégique du MEES, le gouvernement est en contradiction.
Quand tu as les gens du milieu qui ne
comprennent même pas un projet de loi, puis c'est des universitaires, là, Mme
la Présidente, là… Mais on ne comprend pas ce que le projet de loi va donner.
Je comprends que des projets de loi, en théorie, là, ça devait être écrit pour
que le citoyen puisse le prendre et comprendre, là, mais, quand il y a des
universitaires qui touchent... ou un projet vient toucher leur milieu puis
qu'ils ne comprennent pas, Mme la Présidente, ce qui est dans le projet de loi,
ce que ça va faire, c'est inquiétant… ou, du moins, ou, du moins, j'espère que
le ministre prend note que, quand va arriver le temps d'étudier l'article par
article… qu'il va déposer des... bien, les amendements pour rectifier le tout,
là.
Maintenant, Mme la Présidente, Fédération
des cégeps, qui était représentée par notre ancienne collègue Mme Marie
Montpetit, on parle ici d'un amalgame risqué : «Les 48 cégeps publics
ne sont pas une porte d'entrée malsaine pour l'immigration. Les cégeps sont la
solution et non le problème. L'avantage des étudiants étrangers est de maintenir
une carte de programmes sur tout le territoire, ce qui améliore
l'accessibilité.» Elle demande également l'exemption du réseau collégial du
projet de loi.
C'est drôle, parce que la plupart des
groupes, là, ils ont ça en commun, ils demandent à être exemptés de ce projet
de loi là. Ça fait que, finalement, si on leur demande d'être exemptés du
projet de loi, bien, le projet de loi va servir à qui, Mme la Présidente? Tu
sais, il faudrait écouter, à un moment donné, il faudrait écouter. Je comprends
qu'il reste deux ans, là, puis je <comprends...
M. Ciccone :
...écouter, à un moment donné, là, il faudrait
écouter. Je comprends qu'il reste deux ans, là, puis je >comprends qu'on
va avoir... on veut mettre des rubans à notre tableau, Mme la Présidente, là,
mais, en même temps, tu sais, c'est-tu vraiment ça que tu veux laisser, là, une
ambiguïté?
Et également ils sont inquiets de la
centralisation du pouvoir décisionnel au MIFI, car il n'a pas l'expertise. Ils
demandent minimalement l'implication du MEES. C'est légitime comme demande, Mme
la Présidente.
L'Association québécoise des avocats et
avocates en droit de l'immigration : «La grande majorité des étudiants
sont de bonne foi. Cela prend plusieurs années avant de voir les effets de la
présence d'un étudiant sur le territoire, notamment sur la recherche et
l'innovation.» Il faut arrêter de regarder à court terme, Mme la Présidente.
Là, à court terme, on peut dire qu'on a fait quelque chose, mais ça prend un
certain temps. Comme le mentionne l'Association québécoise des avocats et
avocates en droit de l'immigration, ça prend un certain temps, notamment sur la
recherche et l'innovation, pour avoir les résultats.
«L'imprévisibilité que cause le projet de
loi n° 74 — encore une fois, l'imprévisibilité qui revient
souvent — met en péril les retombées économiques.» Seulement à
Montréal, en 2019-2020, les retombées étaient de 722,3 millions de
dollars, Mme la Présidente. C'est des retombées économiques, là. Il ne faut pas
le nier.
«Lier le certificat d'exemption Québec à
un établissement est problématique pour la mobilité.» L'an passé, le PEQ est
devenu hors quota, alors le gouvernement s'est autosurpris avec le niveau des
demandes. «C'est de l'incohérence, de la part du gouvernement, de faire
volte-face.» Ce n'est pas le député de Marquette qui le dit. Je suis
l'intermédiaire, Mme la Présidente.
Et là je pourrais continuer, là, avec
l'Université Bishop's, également, la FEC-CSQ, avec M. Youri Blanchet,
M. Bélanger, M. Poirier, également, Fédération étudiante collégiale
du Québec, M. Antoine Dervieux, et aussi École de technologie supérieure.
Eux, ils ont énormément d'inquiétudes sur le projet de loi. Conseil central du
Montréal métropolitain, Mme la Présidente, ils sont contre ce projet de loi.
M. Michel Leblanc, tout le monde le connaît, là. Je veux dire, il a ses
lettres de noblesse, M. Leblanc, là. Il faudrait peut-être l'écouter,
l'utiliser comme partenaire.
500 millions de retombées économiques
à Montréal seulement en 2019. On parle de retombées économiques, là. Est-ce
qu'on va être capables d'avoir les mêmes retombées économiques avec ce projet
de loi là? Est-ce que j'ai besoin de rappeler qu'on est 11 milliards dans
le trou? 11 milliards que la CAQ nous a mis, Mme la Présidente, puis là on
veut peut-être toucher et déstabiliser les retombées économiques.
Mme la Présidente, je pourrais... Je sais
que j'ai 20 minutes, là, ça fait que je vais tout de suite passer, Mme la
Présidente, à une lettre qu'on a reçue, une lettre qu'on a reçue... une lettre
qui a été envoyée à la ministre de l'Enseignement supérieur et à M. le ministre
de l'Immigration. Et, en copie conforme, Mme la Présidente, il y avait
plusieurs ministres également. Il y avait la ministre des Relations
internationales, le ministre de l'Emploi, le ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie, M. le ministre des Finances et M. le ministre
délégué à l'Économie. Je vais vous la lire, Mme la Présidente, bien, si j'ai le
temps de la finir, là :
«Mme la ministre, M. le ministre, à
l'issue des deux journées de consultations sur le projet de loi n° 74 des
5 et 6 novembre derniers, nous tenons à partager avec vous certaines
observations et conclusions qui nous rassemblent et qui nous incitent à vous
réitérer notre réserve quant à l'application de ce projet de loi dans le cas
des établissements universitaires québécois. Nous croyons que cette éventuelle
loi aurait des effets très négatifs pour nos établissements et pour le Québec.
«Nous n'allons pas reprendre ici
l'ensemble des arguments présentés en commission parlementaire par nos membres,
mais, d'entrée de jeu, nous tenons à rappeler à quel point cet accueil de
nouveaux talents internationaux dans nos universités constitue un gage de
richesse à plusieurs égards pour le Québec, à la fois pour répondre à nos
enjeux de pénurie de main-d'oeuvre, de développement social, économique,
culturel et durable, par leur contribution à la recherche, à la création et à
l'innovation de classe mondiale.
«Faut-il aussi rappeler que
l'internationalisation de nos cours, programmes et activités demeure une
réalité nécessaire et <incontournable...
M. Ciccone :
...programmes et activités demeurent une réalité
nécessaire et >incontournable pour les étudiants québécois?
«Enfin, nous avons à cœur la francisation
de ces étudiants, étudiantes, gage de leur intégration dans nos régions et du
respect de l'identité québécoise. Nos établissements veillent à l'assurer in
situ avec sérieux, y compris de la part de nos universités anglophones.
«Nous tenons d'abord à souligner que la
population étudiante universitaire provenant de l'international n'a pas fait
l'objet d'une augmentation extraordinaire de l'ordre de celle qui a été évoquée
lors de l'annonce du projet de loi. D'après les données de l'IRCC partagées
avec le MIFI, 117 745 personnes étaient titulaires de permis d'études
valides au 31 décembre 2023. De ce nombre, à peu près 95 000
fréquentaient un établissement d'enseignement supérieur au collégial et à
l'université, et près de 70 000, donc près de 60 % du total des
titulaires de permis d'études, fréquentaient un établissement universitaire.»
• (11 h 20) •
Et là, Mme la Présidente, je pourrais
finir la lettre, mais je sais que mes collègues vont en faire référence. Et ça,
ça a été signé par M. Christian Blanchette, recteur de l'Université du
Québec à Trois-Rivières, pour le Bureau de coopération interuniversitaire, et
pour les chefs… et ça, il a signé ça pour les chefs... pour les cheffes et les
chefs des établissements universitaires québécois : Mme Kathy Baig,
Mme Maud Cohen, Sophie D'Amours, Daniel Jutras, de l'Université de
Montréal, Sébastien Lebel-Grenier, de l'Université Bishop's, Vincent Rousson,
recteur de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Graham Carr, de
l'Université Concordia, Pierre Cossette, de l'Université de Sherbrooke, François
Deschênes, de l'Université du Québec à Rimouski, Murielle Laberge, rectrice,
Université du Québec en Outaouais, Stéphane Pallage, recteur de l'Université du
Québec à Montréal, Deep Saini, recteur et vice-chancelier, Université McGill,
Alexandre Cloutier, président, Université du Québec, Hugo Cyr, directeur
général à l'École nationale d'administration publique, Luc-Alain Giraldeau,
directeur général, Institut national de la recherche scientifique, Lucie
Laflamme, directrice générale, Université TELUQ, Federico Pasin, directeur aux
HEC Montréal, Ghislain Samson, recteur de l'Université du Québec à Chicoutimi.
Mme la Présidente, si le ministre n'a pas
compris, avec les acteurs du terrain… quand ils leur disent que le projet de
loi ne fonctionne pas, il n'a rien compris, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député de Marquette. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je suis
prête maintenant à reconnaître la députée de Robert-Baldwin. La parole est à
vous.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. À mon tour de vous féliciter pour cette belle nomination,
et, je dirais, bien méritée.
Donc, je continue en termes de nos
interventions concernant le projet de loi n° 74, la Loi visant principalement
à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Tel que mentionné
par notre porte-parole et député de l'Acadie et évidemment notre député de
Marquette, notre formation politique est contre l'adoption de principe de ce
projet de loi. Et je sais que la députée de Mont-Royal—Outremont va
également avoir une intervention après la mienne, mais je tiens, Mme la
Présidente, à vraiment, si je puis dire, miser mon intervention et mes
représentations sur l'impact de ce projet de loi sur nos établissements
universitaires, nos établissements d'enseignement supérieur.
Ça a été soulevé par mes deux collègues,
mais je tiens à réitérer comment, nous, au Québec, c'est une fierté, nos
universités. On est tellement fiers non seulement de la réputation, mais aussi
que des étudiants étrangers viennent ici non seulement pour étudier dans une
université, mais aussi pour enrichir leurs vies. Et c'est réciproque. J'ai deux
enfants, 23 et 26 ans. Les deux ont fréquenté l'université, et ça a été…
Pour eux, un aspect très enrichissant de leur expérience universitaire, c'était
d'avoir ces interactions avec les étudiants étrangers, lesquels sont devenus
également de bons amis. Et donc il ne faut pas <mettre tous...
Mme Garceau :
...de
bons amis. Et donc il ne faut pas >mettre tous ces avantages-là, ces
bénéfices de côté.
Et, au fil des ans, Mme la Présidente,
nous avons réussi ici, au Québec, à attirer les meilleurs talents, les
meilleurs étudiants dans différents programmes, dans différents établissements,
et ce, malgré les efforts accrus de recrutement par, évidemment, des
universités à travers le monde pour ces mêmes étudiants. Et donc nous devrions
être tellement fiers de la grande réputation de nos établissements universitaires
et aussi, évidemment, de l'apport économique et autres bénéfices qui en
découlent.
Mais ce gouvernement, avec ce projet de
loi, est en train de mettre en péril et même de fragiliser toute la plus-value
acquise par nos universités pendant de nombreuses années. Faisant suite aux
consultations particulières tenues sur deux jours et la réception, je crois, de
28 mémoires, il faut quand même le réitérer haut et fort, que la vaste
majorité des acteurs du milieu de l'enseignement supérieur sont contre ce projet
de loi, et avec raison.
Et ce qui est d'autant plus
incompréhensible, Mme la Présidente, est que le projet de loi va clairement à
l'encontre même de l'objectif du ministère de l'Enseignement supérieur, tel que
défini dans son propre plan stratégique de 2023 à 2027, et je cite, c'est sous
le titre L'internationalisation de l'enseignement supérieur : «Attirer
davantage d'étudiants internationaux dans les collèges et les universités
francophones de la province est une priorité gouvernementale. Le Québec présente
plusieurs atouts pour ces étudiants:
des établissements d'enseignement supérieur reconnus pour la qualité et la
diversité de leurs programmes de formation, les spécificités de leurs créneaux
de recherche et des infrastructures à la fine pointe de la technologie, une vie
étudiante stimulante sur les campus, un coût de la vie abordable, etc. Un bon
nombre d'étudiants internationaux choisissent d'ailleurs le Québec pour
réaliser leur projet d'études en tout ou en partie ou encore pour effectuer de
la recherche. Ce nombre a connu une augmentation de 148% au cours de la dernière décennie, de 2010
à 2011 à 2020 à 2021, dans un contexte caractérisé par une course planétaire
aux talents.»
Et je cite également, Mme la Présidente,
et je croyais très pertinent, le mémoire déposé par la Fédération québécoise
des professeures et des professeurs d'université, la FQPPU — un
instant, je l'ai ici — parce que, dans leur mémoire, ils ont vraiment
sonné l'alarme en ce qui a trait à ce projet de loi, qui pourrait déstabiliser
le paysage de l'enseignement supérieur au Québec : «Sous prétexte de mieux
encadrer l'accueil des étudiants internationaux, ce projet de loi confère au
gouvernement de nombreux pouvoirs décisionnels. Ces derniers menacent
l'autonomie des universités et leur capacité à attirer des talents
internationaux.»
Je cite également la présidente de la
FQPPU, Madeleine Pastinelli : «En effet, en donnant au gouvernement le
pouvoir de bloquer l'accueil d'étudiants internationaux souhaitant s'inscrire
dans certains domaines de formation et certains établissements, le projet de
loi n° 74 remet en question un principe essentiel — et
on va le réitérer, Mme la Présidente, souvent — c'est l'autonomie et
l'indépendance des universités. Dans les faits, ce transfert de pouvoirs risque
de priver les établissements de leur autonomie, leur empêchant indirectement de
définir par elles-mêmes leur offre de formation.
«Qui plus est, le Québec court le risque
de renoncer à de précieuses perspectives internationales qui nourrissent
pourtant notre recherche et inspirent des solutions nouvelles aux <défis
de...
Mme Garceau :
...internationales
qui nourrissent pourtant notre recherche et inspirent des solutions nouvelles
aux >défis de l'heure. Nous croyons fermement que le gouvernement a tout
à perdre en s'ingérant ainsi dans les décisions qui devraient expressément
relever de nos universités.»
La fédération, Mme la Présidente, soulève
également trois grandes inquiétudes : évidemment, l'autonomie qui est
menacée deuxièmement, la viabilité des programmes fragilisés, et je cite :
«Les universités, notamment celles en région, dépendent souvent des
inscriptions des étudiants internationaux pour soutenir la viabilité de
certains programmes. En restreignant leur accueil de manière discrétionnaire,
le projet de loi risque de compromettre leur survie.» Et finalement on
mentionne qu'«avec des règles plus restrictives et un manque de transparence le
Québec pourrait perdre son statut de destination d'études prisée. Or, les
chercheurs, les chercheuses et les étudiants internationaux apportent une
diversité et un dynamisme essentiels aux campus québécois. En limitant leur
accès, le Québec enverrait un signal de fermeture qui pourrait affaiblir son
attractivité à l'échelle mondiale.»
• (11 h 30) •
Tel que mentionné, Mme la Présidente, par
plusieurs groupes, la compétition pour attirer les meilleurs étudiants
étrangers est féroce et planétaire. Plusieurs collèges et universités en Europe
et aux États-Unis et leurs gouvernements offrent des conditions et des bourses
très alléchantes pour recruter les meilleurs talents. Le Québec et ses
institutions doivent se démarquer pour les attirer.
Et, tel que mentionné, Mme la Présidente,
par Rémi Quirion, le Scientifique en chef du Québec... Il mentionne qu'«il y a
un manque alarmant, aujourd'hui, d'étudiants québécois et canadiens dans nos
universités, dans différents domaines, tels que les sciences de la vie, génie
numérique, aérospatiale, environnement et plusieurs autres». Selon lui, il est
essentiel de maintenir le nombre... maintenir et sinon augmenter le nombre
d'étudiants étrangers. «Ces étudiants représentent autant une future
main-d'œuvre qualifiée pour le Québec qu'un riche potentiel de collaboration
avec ceux qui retournent dans leur pays.» Il mentionne également que les
équipes de recherche en dépendent grandement.
Mon collègue le député de Marquette avait
soulevé les préoccupations des établissements universitaires par l'entremise
d'une lettre qui est datée du 12 novembre 2024, qui a été transmise par le
Bureau de coopération interuniversitaire, le BCI, à la ministre de
l'Enseignement supérieur et aussi au ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration. BCI, Mme la Présidente, c'est quand même un
organisme fort important et une voix que nous devons absolument écouter par
rapport à ce projet de loi. On ne peut pas écarter les préoccupations et le
fait qu'on a 20 établissements universitaires, enseignement supérieur, qui
veulent complètement être exclus de ce projet de loi. BCI est une organisation
créée par et pour les établissements universitaires québécois. Des
établissements s'y regroupent et en sont membres. Et mon collègue de Marquette
a mentionné tous les cosignataires, c'est tous les membres du BCI qui ont signé
cette lettre. Et évidemment le président du conseil d'administration du BCI est
Christian Blanchette, le recteur de l'Université du Québec à Trois-Rivières.
Donc, on a toutes les universités, là, au Québec. Il me semble qu'il faut les
écouter, parce que, pour eux, ça ne fait aucun bon sens, ce projet de loi.
Et j'aimerais, Mme la Présidente, qu'on
regarde certains aspects de cette lettre, les <arguments...
>
11 h 30 (version révisée)
<19271
Mme Garceau :
...qu'on regarde certains aspects de cette lettre, les >arguments
soulevés, parce que c'est ça, le BCI, en termes de leur mission, c'est de
promouvoir les intérêts, les positions communes des établissements
universitaires, leur diversité et aussi de contribuer à leur rayonnement, et
BCI soumet un résumé de leurs préoccupations dans cette lettre. BCI réitère
leurs grandes réserves quant à l'application de ce projet de loi dans le cas
des établissements universitaires québécois parce qu'il y aura, évidemment, des
effets très négatifs. Et donc le BCI réitère leur demande d'être exclus de ce
projet de loi.
BCI, premièrement, rappelle à quel point
cet accueil de nouveaux talents internationaux dans une université constitue un
gage de richesse à plusieurs égards pour le Québec, à la fois pour répondre à
nos enjeux de pénurie de main-d'oeuvre, de développement social, économique,
culturel et durable, par leur contribution à la recherche, à la création et à l'innovation
de classe mondiale, condition de succès du développement de la société
québécoise. Sans cette venue en sol québécois d'étudiants de choix,
sélectionnés avec soin par les institutions, les établissements universitaires,
le Québec serait en situation de recul ou de stagnation dans plusieurs domaines
d'étude et d'activité.
Deuxièmement, BCI soulève, et je cite :
«Faut-il aussi rappeler que l'internalisation de nos cours, programmes et
activités demeure une réalité nécessaire et incontournable pour les étudiants
québécois? Enfin, nous avons à coeur la francisation de ces étudiants, gage de
leur intégration dans nos régions et du respect de l'identité québécoise.»
De plus, BCI rappelle qu'il est hasardeux
de soutenir que le nombre de permis d'études valides correspond à un nombre de
personnes présentes sur le territoire québécois. Chaque année, au 24 septembre,
le BCI procède, auprès des registraires des universités québécoises, à une
collecte de fond qui permet d'obtenir le portrait du nombre de personnes
inscrites aux différents cycles d'études. Ces données sur les inscriptions
partagées avec le MESS indiquent que c'est plutôt entre 58 049, à l'automne
2023, et 57 440, à l'automne 2024, étudiants internationaux universitaires
que l'on peut compter sur le territoire, actuellement. BCI insiste sur l'importance
de prendre en compte les données officielles sur les inscriptions dans le débat
actuel, dans un contexte où l'on justifie la volonté de limiter la présence des
étudiants internationaux au Québec en soutenant que le nombre actuel exerce une
pression sur les services sociaux et de santé de même que sur les logements.
Les mémoires déposés et les échanges en
commission parlementaire ont permis de rappeler que cette pression est peu ou
pas présente dans le milieu universitaire, car les moyens ont été pris par les
établissements pour répondre à la demande. C'est quand même un fait très
important, Mme la Présidente, dans le débat actuel. D'autre part, la moyenne d'âge,
il faut se le rappeler, des étudiants fait en sorte que ces derniers n'imposent
pas vraiment une pression sur les services. 74 % des étudiants
internationaux inscrits à l'automne 2023 avaient 25 ans et moins et 88 %
avaient 30 ans et moins. Comme c'est le cas pour la population locale du même
âge, les étudiants internationaux ne constituent pas un fardeau pour le système
de santé ni pour les services sociaux. À ce sujet, nos établissements
disposent, pour plusieurs d'entre eux, de cliniques et de services sur leurs
campus.
Pour ce qui est de la question, Mme la
Présidente, des demandes de permis d'études qui seraient remis sous prétexte à
des demandes d'asile ou formulées par des personnes n'ayant pas la <capacité
financière requise...
Mme Garceau :
...des
demandes d'asile ou formulées par des personnes n'ayant pas la >capacité
financière requise, «il nous apparaît utile — dit le BCI — de
rappeler que le système actuel des gouvernements du Québec et du Canada
permette de faire les vérifications administratives nécessaires avant
d'accepter de délivrer un CAQ pour études ou un permis d'études».
Mme la Présidente, tout a été dit par les
différents acteurs, les groupes en ce qui a trait à l'autonomie universitaire.
Mais BCI, dans la lettre... dans leur lettre, le rappelle, le réitère, que
c'est fondamental, ça fait partie des valeurs de l'université, cette liberté
académique universitaire et même, on mentionne, pour laquelle le gouvernement
du Québec a adopté une loi où il reconnaît, et je cite, que «l'autonomie
universitaire et la liberté académique universitaire constituent des conditions
essentielles à l'accomplissement de la mission de ces établissements
d'enseignement et qu'il y a lieu de veiller à ce que ces établissements
puissent accomplir leur mission sans contrainte doctrinale, idéologique ou
morale. Dans cette perspective — mentionne BCI — s'y
attaquer par le biais en particulier de l'article 5 du projet de loi
n° 74 met en cause les fondements mêmes de l'institution qu'est
l'université et par conséquent sa capacité à planifier son offre de formation
et de développement de la recherche à court, moyen et long terme. Si le
gouvernement du Québec décidait de s'ingérer dans les décisions de nos
établissements par le projet de loi, il créerait sans aucun doute un précédent
à fort risque de dérives publiques.»
Et en terminant, Mme la Présidente,
j'aimerais citer ceci, de BCI, qui déclare que «l'université québécoise est
plus qu'un vecteur d'immigration, il est important de ne pas la réduire à ce
rôle. L'immigration étudiante est une carte gagnante pour le Québec. On ne peut
pas l'oublier, on ne peut pas l'écarter.» Et donc c'est pour cette raison que
les établissements universitaires souhaitent qu'on les retire de ce projet de
loi, et j'espère qu'on va écouter, au niveau du gouvernement, parce que...
• (11 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la députée de Robert-Baldwin. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
Je suis maintenant prête à reconnaître la
députée de Mont-Royal—Outremont. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci,
Mme la Présidente. Eh bien, à mon tour de vous féliciter pour votre nomination.
Ça me fait plaisir de référer à vous comme Mme la Présidente et ça fait
toujours plaisir de voir des femmes occuper ce rôle, cette fonction extrêmement
importante, là, au sein du Parlement.
Donc, à mon tour de m'exprimer sur le
projet de loi n° 74, la Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, à l'étape de l'adoption du
principe. Comme l'a mentionné notre porte-parole en immigration, mon collègue
le député de l'Acadie, nous allons voter contre le principe de ce projet de
loi. Je le dis d'emblée, là, avec le libellé actuel et ce qu'on a entendu
durant les deux journées de consultations, il est... ce projet de loi est mal
avisé, et, à ce stade-ci, nous allons voter contre et c'est sans équivoque.
Permettez-moi de brosser un portrait
sommaire de mon intervention, et ensuite je vais pouvoir élaborer plus en
détail au niveau des enjeux qui ont été soulevés durant les consultations et
aussi durant les nombreuses rencontres que j'ai eues avec les établissements
d'enseignement dans les derniers mois à titre de porte-parole de l'opposition
officielle en enseignement supérieur.
Donc, les constats sont assez accablants,
là, suite aux deux journées de consultation. On peut voir ici, encore une fois,
une démonstration de l'improvisation du gouvernement, là, au niveau de
l'immigration. Ici, c'est de l'immigration dont il est question. On peut aussi
voir toute l'incohérence de ce gouvernement, Mme la Présidente, où le
gouvernement est en contradiction avec ses propres priorités, notamment au
niveau de l'enseignement supérieur, notamment <au niveau...
Mme Setlakwe :
...notamment
au niveau de l'enseignement supérieur, notamment >au niveau d'assurer
qu'on réponde aux besoins de main-d'oeuvre. Le gouvernement, donc, est aussi...
Bien, en fait, il y a une autre démonstration, Mme la Présidente, que le
gouvernement, que le gouvernement caquiste n'est pas le gouvernement de
l'économie, parce qu'il y a un impact énorme sur l'économie du Québec, ici,
avec ce projet de loi là qui est déposé.
Donc, avec le libellé actuel, il est
impossible pour nous, là, d'adhérer au principe et de voter pour l'adoption du
principe de ce projet de loi là. Les universités et les cégeps ont dit
clairement : Excluez-nous de ce projet de loi. Les universités ont parlé
de l'importance de la recherche, de l'innovation, et que ce projet de loi peut
venir limiter la capacité du Québec en recherche et en innovation. Et ici on ne
parle pas uniquement des domaines de pointe aujourd'hui, on parle aussi des
domaines émergents, et là on touche à la liberté académique et à l'importance
de laisser les universités gérer ses programmes de recherche. Pensons notamment
à la cybersécurité, à la transition énergétique, à l'intelligence artificielle,
ce sont des domaines où nous excellons au Québec, et nous voulons continuer
d'exceller, mais il y a aussi une panoplie de domaines en émergence où il faut
être présents, où il faut commencer les réflexions, il faut commencer les
travaux de recherche, et ce n'est pas le gouvernement qui doit s'immiscer dans
la gouvernance des universités pour venir restreindre, donc, les pouvoirs des
universités à ce niveau-là.
On est en train potentiellement
d'atteindre ou d'affecter négativement la réputation du Québec à l'international.
On sait qu'on est dans une course mondiale aux talents. On souhaite recruter,
on convoite des étudiants, ça se fait en continu, c'est... nos universités
travaillent fort sur le recrutement. Ils y ont mis des efforts. C'était
souhaité par le gouvernement, ils ont répondu à l'appel, et aujourd'hui on
vient leur dire : Il y en a trop, il faut couper, avec un projet de loi
qui est flou. Donc, c'est très, très inquiétant pour le milieu universitaire,
Mme la Présidente.
Le Bureau de coopération interuniversitaire
est venu déposer une lettre adressée aux ministres — je dis «ministres»
au pluriel — en mettant en copie plusieurs des ministres du
gouvernement, résumant les propos qui avaient été mentionnés en consultations
et ajoutant aussi d'autres éléments, je vais y revenir plus tard, et donc ils
sont clairs : encore une fois, on demande que le milieu universitaire soit
exclu de ce projet de loi. Pour ce qui est des cégeps, ils ont aussi demandé
d'être exclus. La Fédération des cégeps est venue parler de l'importance de
pouvoir offrir une gamme variée de programmes.
Et les étudiants internationaux viennent
assurer de combler des cohortes. Avec la présence des étudiants internationaux,
on peut offrir aux étudiants québécois, dans leurs régions, des programmes, une
vaste panoplie de programmes. Donc, ce qu'on veut, c'est de garder nos jeunes
dans les régions. Nos cégeps sont des... ils sont très importants, ils sont
des... ils sont au centre du développement régional, c'est ce qu'il faut
comprendre. Donc, si on affecte les programmes, si on affecte l'offre de
formation, on vient affecter le développement régional, qui implique le volet
économique, social, communautaire. Il faut garder nos cégeps bien en vie, bien
vivants, bien remplis pour le bien des communautés à la grandeur du Québec et
aussi, évidemment, pour combler nos besoins en main-d'oeuvre. Avec une
population vieillissante, il est absolument essentiel qu'on puisse maintenir
ces cohortes et maintenir ces programmes qui assurent, donc, nos services publics,
une pérennisation de nos services publics pour le bien de la population.
Le ministre, quand il est venu faire sa
brève présentation, il a mentionné, lui aussi, donc, l'importance de la
recherche, l'importance et l'atout que représentent les étudiants
internationaux. Il a dit, par contre, qu'il y a des dérapages, qu'il y a des
abus, qu'il y a des abus au niveau des efforts de recrutement, ce qui fait que,
dans certains établissements, il y a un nombre excessif d'étudiants
internationaux, et que ça, c'est la réelle problématique, et que, si nous, les
oppositions, nous n'adhérons pas aux objectifs recherchés par le gouvernement
avec ce projet de loi là de venir répondre aux abus, mais c'est comme si on
validait ou c'est comme si on venait cautionner ces situations abusives. Moi,
je peux vous dire, Mme la Présidente, que, du côté de l'opposition officielle,
ce n'est pas du tout notre intention. C'est documenté, il y a eu, dans certains
cas, dans certains établissements... ça a été documenté au niveau <du Canada...
Mme Setlakwe :
...intention.
C'est documenté, il y a eu, dans certains cas, dans certains établissements...
ça a été documenté au niveau >du Canada, dans certaines provinces,
incluant le Québec, nous sommes bien conscients, mais il appartient au
gouvernement de démontrer que les outils et les mesures dont il bénéficie
actuellement, sans parler du projet de loi n° 74, ne suffisent pas, ne
permettent pas au gouvernement de venir répondre à ces problématiques, et,
jusqu'à maintenant, le gouvernement n'a pas du tout fait cette démonstration. Au
contraire, on a devant nous un projet de loi dont la vision est floue, les
cibles ne sont pas claires, les pouvoirs sont extrêmement larges. Et il est
essentiellement... dans son état actuel, Mme la Présidente, ce projet de loi,
il est rejeté par le milieu de l'enseignement supérieur.
Alors, encore une fois, le gouvernement va
devoir faire la démonstration qu'il n'a pas, actuellement, les moyens de venir
répondre adéquatement à ces situations de recrutement abusives où finalement on
attire ici des étudiants qui proviennent de l'international pour finalement ne
pas étudier, mais y retrouver une voie plus rapide vers une immigration
permanente. Tout porte à croire, et c'est ce qu'on a entendu, que le projet de
loi va beaucoup trop loin. Et, pour citer ce qu'on a entendu en consultations,
c'est comme utiliser un bazooka pour tuer une mouche. On est en train de
prescrire un médicament inapproprié qui va avoir des effets secondaires
indésirables. S'il y a eu quelques situations problématiques, bien, qu'on ne
vienne pas défaire tout le système, qu'on ne vienne pas affecter tout le
réseau, ce serait une grave erreur. Donc, sur la base de tout ce qu'on a
entendu, on va voter contre le principe.
• (11 h 50) •
Au niveau des enjeux, donc, on a dit, je
le mentionne encore : le gouvernement se donne de larges pouvoirs. Et,
comme législateurs, quand on a devant nous une pièce législative pour laquelle
on est incapables de dégager une vision claire, on est incapables de voir qu'il
met de l'avant une réponse ciblée à un problème précis, identifié, spécifique,
bien, comme législateurs, on doit être extrêmement prudents, et c'est ce qu'on
fait, Mme la Présidente. Nous adoptons, à l'opposition officielle, une position
prudente, parce qu'il y a trop à perdre dans ce dossier-là. Les étudiants
internationaux représentent une grande richesse pour le Québec au sens le plus
large du terme.
J'ai même entendu que c'était une solution
à la recherche d'un problème. C'est à ce point-là que ça me semble complètement
démesuré comme approche vis-à-vis une problématique qui est ciblée et pour
laquelle des mesures administratives utilisées dans le passé, en collaboration
avec le gouvernement fédéral, ont fait leurs preuves. Encore une fois, il n'y a
vraiment pas place à l'improvisation, ici, Mme la Présidente. Donc, il va
falloir qu'on travaille sérieusement sur le libellé pour venir nous convaincre
du bien-fondé de ces pouvoirs extraordinaires. En somme, le projet de loi
n° 74, il est construit sur des bases qui ne se tiennent pas, Mme la
Présidente. Étant donné qu'il n'y a pas de cible, étant donné le flou autour de
la mise en oeuvre des visées du gouvernement, nous sommes contre.
Permettez-moi d'énumérer, donc, les
conséquences négatives potentielles associées à ce projet de loi là, et ils
sont de deux ordres : premièrement, les conséquences directes sur nos
institutions d'enseignement, et, ultérieurement, je vais parler des
conséquences plus larges sur le Québec, sur l'économie du Québec.
Revenons aux conséquences directes sur nos
institutions d'enseignement. On parle d'ingérence dans la gouvernance des
universités. Le gouvernement va pouvoir aller chercher l'information pertinente
directement auprès des universités, en dépit de l'autonomie des institutions.
Quand on parle de l'autonomie des institutions, c'est un principe sacro-saint,
on parle de liberté académique, on parle d'autonomie de nos universités. Et ce
n'est pas moi simplement qui le dis, là, le recteur de l'Université du Québec à
Trois-Rivières a signé récemment une lettre ouverte intitulée Une brèche
dans l'autonomie universitaire, en parlant du projet de loi n° 74. Il
vient dire que... M. Blanchette, Christian Blanchette, recteur à l'UQTR,
dit : «Il est crucial de souligner l'incidence de ce texte législatif sur
l'autonomie universitaire, un pilier fondamental de notre système
d'enseignement supérieur.»
Le Bureau de coopération
interuniversitaire en parle également dans sa lettre datée du 12 novembre
dernier, 2024 : «Il est important de protéger l'autonomie <des universités...
Mme Setlakwe :
...datée
du 12 novembre dernier, 2024 : «Il est important de protéger l'autonomie >des
universités dans leur diversité pour faire émerger des nouveaux programmes à
tous les cycles, pour soutenir de nouvelles niches de recherche qui
enrichissent ces programmes et nos connaissances, mais aussi pour enrichir
notre population étudiante venant de partout à travers le monde dans tous les
domaines.» Encore une fois, le BCI, dans sa lettre, réunit donc d'une seule
voix toutes les universités au Québec, autant francophones qu'anglophones. Il
parle d'une seule voix, ici, Mme la Présidente.
Il faut faire attention au manque de
prévisibilité pour nos institutions. En se donnant, donc, ce pouvoir
réglementaire, le gouvernement, il pourra à tout moment fermer ou ouvrir des
programmes de recrutement à l'international. Il sera ainsi impossible pour les
établissements de faire une stratégie fiable de promotion et de mise en marché
de ces programmes. Dans un contexte de compétitivité mondiale et de
mondialisation des talents, il peut être dévastateur que des étudiants soient
les bienvenus et d'autres non. Encore une fois, le projet de loi, il est flou
et ses visées ne sont pas claires. On ne peut pas adhérer à cette pièce
législative, qui est beaucoup trop floue.
Il y aurait également un impact sur le
recrutement des enseignants. Encore une fois, c'est Christian Blanchette, donc,
à la tête du BCI, qui le dit dans sa lettre ouverte, le recteur de
l'UQTR : «Un encadrement politique trop restrictif rendra le recrutement
de professeurs talentueux, qu'ils soient québécois ou internationaux, plus
difficile puisque le développement de leurs recherches pourrait arbitrairement
être contraint par des décisions politiques découlant de cette loi, le projet
de loi n° 74.»
Il faut parler de l'impact financier sur
les institutions alors qu'il faut se rappeler, Mme la Présidente, que nos
universités souffrent d'un sous-financement, un sous-financement très important
qui a été soulevé à maintes reprises dans les dernières années. Il faut faire
un rappel parce que, quand on parle de financement et d'impact financier, il
faut parler de la nouvelle politique de financement des universités qui a été
déposée au mois de juin et qui n'injecte aucun nouvel argent. Au contraire, on
compte sur la hausse des droits de scolarité pour redistribuer cet argent dans
le reste du réseau, mais, si les inscriptions sont à la baisse, si on vient
plafonner le nombre d'étudiants internationaux, bien, il va y avoir un impact
financier négatif dans tout le réseau.
La baisse d'effectifs... puis on la voit
déjà, la baisse d'effectifs, ça a été... ça a été rapporté en commission
parlementaire. Cette baisse va toucher tout le monde. Tout le monde va se
partager une plus petite tarte. C'est simple, Mme la Présidente, une perte
d'étudiants internationaux entraînera une perte de subventions. Il y a un
exemple qui a été mentionné par Christian Blanchette, là, le recteur de l'UQTR,
il a dit : «Si, par exemple, il y avait une réduction de 30 % des
étudiants internationaux, cela entraînerait des coupes budgétaires de l'ordre
de 120 à 150 millions.» Disons, pour les fins de la discussion,
150 millions, bien, il ne faut pas penser que ce sont nos universités, là,
les universités très riches, ce qui est inexact… Il ne faut pas penser que ce
sont les institutions elles-mêmes qui vont être affectées avant tout, il faut
penser aux impacts sur l'ensemble du réseau. Il faut penser à l'impact sur les
services offerts aux étudiants dans tout le réseau. C'est aux étudiants à qui
il faut penser en premier lieu.
Le recteur de l'UQTR dit qu'avec des
coupes budgétaires de 150 millions, associées à une réduction de 30 %
des étudiants internationaux, dans son exemple, il va y avoir des programmes
qui vont fermer, moins de choix de cours, moins de services à la population
étudiante, par exemple moins de programmes en STEM, S-T-E-M, qui est l'acronyme
pour science, technologie, ingénierie et mathématiques, moins de tout ça en
région, alors que ces programmes sont essentiels en région.
Au niveau de la recherche, s'il n'y a pas
de chercheurs, il n'y a pas d'argent pour financer la recherche. Puis, quand on
parle de la recherche, ce n'est pas juste à McGill, là, je ne suis pas ici pour
faire un plaidoyer uniquement pour McGill puis les universités de la ville de
Montréal, où j'habite. Il faut penser à toutes les universités à la grandeur du
Québec, qui ont des forces complémentaires en recherche. Par exemple, à l'UQO,
en Outaouais, ils sont très performants au niveau de la cybersécurité.
Ailleurs, comme à l'Université de Sherbrooke, ils ont un institut quantique. Ça
a pris des années, bâtir ça. Il y a une clientèle internationale importante à
l'Université de Sherbrooke. Ils font un travail exceptionnel dans des domaines
de pointe. Et évidemment il y a toute la recherche qui se fait au Québec en
médecine, dans nos facultés de médecine, en collaboration avec les centres
hospitaliers universitaires.
Le projet <de loi...
Mme Setlakwe :
...les
centres hospitaliers universitaires.
Le projet >de loi peut aussi
créer une iniquité entre les établissements. Comment est-ce que le gouvernement
va venir choisir quels programmes vont être affectés? À Montréal, on va pouvoir
couper... on va imposer des coupures dans des programmes de sciences humaines,
mais... parce qu'on est à Montréal puis parce que l'enjeu de l'anglais, c'est
un enjeu important, mais en région, par contre : Ah! là, ces programmes-là
vont pouvoir être maintenus parce qu'on parle des régions. Honnêtement, je ne
suis pas le gouvernement dans ses intentions au niveau de ce projet de loi là.
Alexandre Cloutier, président du réseau
UQ, est venu dire qu'il y aura un impact négatif sur la vitalité des
programmes, sur la recherche, sur le développement régional, sur l'emploi et
même sur nos ententes avec nos partenaires à l'international. On va nuire à
notre capacité d'aller chercher les meilleurs talents.
Il faut aussi parler, Mme la Présidente,
des incohérences, donc des incohérences entre le projet de loi n° 74, avec
la politique de financement qui mise sur les droits de scolarité qui nous
viennent des étudiants internationaux, incohérence avec le plan stratégique du ministère
de l'Enseignement supérieur 2023‑2027, qui parle de l'importance de
l'internationalisation de nos... de nos universités, de nos établissements,
s'assurer que le Québec soit présent, soit compétitif dans cette course
mondiale aux talents...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Mme la députée, compte tenu de l'heure... Je comprends que
vous n'avez pas terminé votre exposé. Est-ce que vous désirez reprendre au
retour?
Mme Setlakwe : ...
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Donc, compte tenu de l'heure, et afin de permettre la
tenue des affaires courantes cet après-midi, le débat... le présent débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 74 est ajourné.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
13 h 40. Merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 heures)
13 h 30 (version révisée)
(Reprise à 13 h 41)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon
mardi. Vous pouvez vous asseoir.
Nous débutons nos travaux à la rubrique de
déclarations de députés. Et je cède immédiatement la parole à M. le député d'Orford.
M. Bélanger : Merci, Mme la
Présidente. Je suis fier de vous parler d'un organisme à but non lucratif
exceptionnel : Le Corridor appalachien, dont l'engagement, pour la
protection de la nature, est à la fois inspirant et essentiel. Cet organisme
joue un rôle remarquable en matière de conservation de la biodiversité.
Fondé en 2002, Corridor appalachien et ses
23 employés passionnés ont su bâtir une vision solide, ancrée sur la science,
qui vise à maintenir un vaste corridor d'aires naturelles préservées au
bénéfice de nos communautés. Leur approche collaborative, et leurs partenaires
et leur réseau de membres affiliés, a permis de protéger près de 18 000
hectares de terres privées. Cela fait des milieux naturels, des montagnes
vertes du Nord, le secteur où se concentrent le plus d'initiatives de
conservation en terres privées de tout le Québec, et leur impact va même
au-delà de la frontière américaine.
Ensemble, continuons à soutenir Corridor
appalachien pour la protection de la biodiversité et pour la santé humaine. Merci
à l'équipe de direction.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Le 3 novembre dernier a leu lieu les élections scolaires pour les
commissions scolaires anglophones au Québec, incluant English Montreal School
Board, dont le siège social se trouve dans mon comté.
Je vais, tout d'abord, féliciter les
nouvelles commissaires scolaires qui vont représenter Notre-Dame-de-Grâce et
Montréal-Ouest, soit Sharon Nelson, Chelsey Gregg et Paula Samuel, avec l'équipe
de George Tona. J'ai hâte de collaborer avec celles-ci. Toutefois, j'aimerais
surtout souligner et rendre hommage, un hommage chaleureux à Joseph Lalla pour
ses 17 années de service envers notre communauté et nos écoles.
As a former high school
teacher and principal... several primary schools and high schools, Jo has overt
52 years of experience in education and as a school commissioner since 2007.
His work... improved educational outcomes and address community concerns. Thank
you' Joseph Lalla, for your you commitment to the students, families, and
schools in our community. Your advocacy and integrity has stood the test of
time and we are grateful for your public services. Thank you. Merci du
fond de mon cœur.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je vais céder la parole à Mme...
oui, Mme la députée de Fabre.
Mme Abou-Khalil : Bonjour, Mme
la Présidente. Chaque...
Mme Abou-Khalil : ...jour,
quelque part dans le monde, le soleil se lève sur les ruines d'une ville
autrefois vibrante et des rues qui résonnent encore des cris de ceux qui sont
perdus. Ayant quitté le Liban à l'âge de 16 ans pour... la guerre, la
douleur vécue ne s'oublie jamais et des souvenirs sont profondément ancrés. À
chaque instant, quelque part, un enfant perd un parent, un parent enterre son
enfant et des rêves s'effondrent sous le poids des bombes impitoyables.
Imaginez un instant une mère qui cherche désespérément son enfant dans les
décombres d'une maison autrefois remplie de rires et de chaleur. Derrière
chaque statistique, il y a un visage, un nom, une histoire d'amour interrompue,
d'amitiés brisées et de rêves réduits en cendres. Mais quelle est la finalité
de telles souffrances? On parle de paix, mais où est-elle vraiment? Je rêve que
la guerre ne soit un jour plus qu'un murmure oublié dans les livres d'histoire.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée
de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, Mme la
Présidente. La période des fêtes approche à grands pas, et c'est l'occasion
idéale de réaffirmer notre engagement envers l'achat local. Le contexte est
particulier, vous le savez, le comté de Vaudreuil est aux prises avec une
circulation anormalement dense, un trafic intense. Nos commerces en souffrent
et subissent des pertes économiques importantes. La période des fêtes est donc
significative pour la survie de plusieurs commerces. Voilà pourquoi j'invite
l'ensemble de notre population à faire des choix locaux pour leurs emplettes de
Noël. Chaque achat, aussi modeste soit-il, peut faire une énorme différence
pour nos marchands qui investissent leur temps et leur cœur dans leur
entreprise. Aussi, les marchés de Noël qui animent le comté mettent de l'avant
des créations uniques tout en proposant une atmosphère accueillante. Accompagnés
d'initiatives régionales, ces événements sont des lieux de magasinage mais
aussi le reflet de notre solidarité qui renforce notre économie locale. En
cette période de l'année, faisons un geste concret afin de prioriser nos
commerçants et artisans locaux. Chaque geste compte. Ensemble, nous sommes une
communauté plus forte.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, M. le député de Taillon, la parole
est à vous.
M. Carmant : Merci, Mme la
Présidente. Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui en cette journée
provinciale de la santé et du bien-être des hommes. Je remercie les groupes qui
travaillent avec les intervenants à mieux rejoindre la population masculine par
des stratégies de promotion et de prévention, adapter les services pour en
améliorer l'accès et répondre aux besoins des hommes, améliorer la
compréhension des dynamiques masculines et les pratiques pour répondre aux
besoins des hommes. Ensemble, nous avons réussi à doter l'ensemble des régions
sociosanitaires de répondants en matière de santé et bien-être des hommes,
soutenir financièrement 67 organismes communautaires travaillant auprès
des hommes avec des investissements de plus de 25 millions et mieux rejoindre
les hommes par la prise en compte de leur réalité. Cependant, il reste encore
beaucoup de travail à faire pour aider tous les hommes du Québec. Plusieurs ne
savent pas où se tourner lorsqu'ils vivent des difficultés ou bien ils sont
gênés de demander de l'aide. Je tiens à remercier le réseau des Maisons Oxygène
qui font un travail extraordinaire auprès des hommes qui vivent de la détresse.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée
de Laviolette—Saint-Maurice.
Mme Tardif : Mme Céline
St-Arnaud est née en 1928, à l'aube de la crise économique mondiale.
Beauceronne de naissance, c'est en Abitibi qu'elle a vécu son enfance, son
adolescence et débuté sa famille avec son mari, puis le travail de son conjoint
les a amenés à s'établir à Grand-Mère. Mme St-Arnaud est d'une époque où
les femmes savaient tout faire. Elle cousait pour ses cinq enfants, pour elle.
Elle tricotait, crochetait, cuisinait, etc., et elle a traversé toutes les
époques du dernier centenaire en soutenant ses enfants, son mari et en
s'engageant dans des causes. Aujourd'hui, je veux l'honorer pour près de
50 ans d'implication comme bénévole dans la société civile, bénévole à la
boutique de l'hôpital Laflèche de Grand-Mère, membre du conseil
d'administration de l'hôpital, confection de tricots pour des familles dans le
besoin, etc. Merci pour votre écoute, votre respect des autres. Merci d'avoir
participé à bâtir le Québec. Vous êtes extraordinaire.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je suis prête à céder la parole à Mme la députée de
Roberval.
Mme Guillemette : Merci.
Aujourd'hui, je tiens à souligner la performance...
Mme Guillemette : ...des
athlètes du Club de sauvetage sportif de Saint-Félicien lors des championnats
du monde en Australie en août dernier. Mila Bonneau et Gabriel Gibbons Renaud
en étaient à leur première participation. Pour Coralie Dion, il s'agissait
d'une deuxième expérience. Trois autres membres du club ont participé aux
compétitions : Stéphanie Lebel, Frédérique Fortin et Marie-Ève Allard. Le
club de Saint-Félicien et celui d'Alma se sont alliés pour former deux équipes.
C'est ainsi que Rose Fortin, Eliott Girard, Josianne Lavertu et Gabrielle
Duchêne ont remporté le titre de champions du monde dans la catégorie
Intervention d'urgence simulée. Julia Dumont et Rose St-Gelais ont reçu le
bronze au lancer de la corde.
Je suis certaine que tous les gens du comté
de Roberval se joignent à moi pour vous féliciter. Vous faites rayonner votre
région. De plus, vous êtes une inspiration pour les jeunes de chez nous.
Félicitations à tous!
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Mme la
Présidente, imaginez-vous, le temps d'un instant, quelqu'un qui répond toujours
présent à des individus démunis et trop souvent désemparés. Imaginez-vous
quelqu'un qui combat les préjudices et travaille d'arrache-pied à vaincre la
pauvreté? Imaginez-vous quelqu'un qui milite pour les droits et la défense des
personnes assistées sociales.
Pour moi, l'imaginaire n'est pas
nécessaire, puisque l'exemple se trouve au quotidien dans le don de soi que
fait Mme Linda Gervais, qui se trouve dans les tribunes avec nous aujourd'hui.
J'aimerais rendre hommage à Mme Gervais, une femme précieuse qui œuvre auprès
du Réseau d'information et d'aide pour les personnes assistées sociales depuis
bientôt 15 ans. Son engagement inconditionnel auprès de la communauté, il est
remarquable. Pour moi, Mme Gervais représente l'amalgame des qualités qui ont
le mérite d'être grandement soulignées.
Pour toutes ces raisons, Mme Gervais, j'ai
le très grand plaisir de vous remettre aujourd'hui la médaille de l'Assemblée
nationale du Québec. Merci de votre contribution essentielle pour le comté de
Châteauguay. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je suis prête à reconnaître Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Biron : Merci, Mme la
Présidente. La semaine dernière, j'ai eu le grand plaisir de prendre part aux
célébrations du 25ᵉ anniversaire du Centre Femmes l'Ancrage. L'organisme, situé
dans le quartier Saint-David, à Lévis, se veut un lieu de partage et de soutien
où les femmes sont accueillies avec respect et ouverture. Elles y trouvent de
nombreux services et activités visant à briser leur isolement et à favoriser le
développement de leur autonomie.
Œuvrant également à la défense collective
des droits, le Centre Femmes l'Ancrage contribue depuis sa création au
façonnement du paysage féministe lévisien. À ce chapitre, je suis heureuse
d'accueillir dans les tribunes deux membres fondatrices, Monique Dallaire et
Louise Foisy, accompagnées de la directrice actuelle, Nathalie Rousseau. Merci
au Centre Femmes l'Ancrage de contribuer au mieux-être féminin depuis un quart
de siècle.
• (13 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député
de Nicolet-Bécancour.
M. Martel : Mme la
Présidente, Marthe Taillon a été la première agente de développement culturel
au Québec à œuvrer en milieu rural. Elle s'est donné pour mission de favoriser
le rayonnement des arts et des lettres au sein de nos collectivités. Elle y a
travaillé de multiples façons, en suscitant l'adhésion des partenaires,
créateurs, entreprises et promoteurs du milieu.
On lui doit notamment la réalisation
d'ouvrages de référence liés à la culture, au patrimoine bâti et religieux et
aux personnages de légendes. Marthe Taillon a joué un rôle de premier plan au
sein des MRC de Nicolet-Yamaska et Bécancour, mais son travail a aussi servi
d'inspiration aux autres MRC en milieu rural. Elles se sont ainsi impliquées
davantage dans le développement culturel. Et, grâce à cela, nous disons...
aujourd'hui de moyens pour mettre en valeur nos territoires. Au nom de mes
concitoyens, je remercie Marthe Taillon pour sa contribution majeure au
rayonnement de la culture chez nous. Merci, Marthe.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Donc, nous allons conclure cette rubrique avec Mme la députée de
Repentigny.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Prendre soin des membres les plus vulnérables de notre
communauté est une immense responsabilité sociale. Donc, à l'occasion du 30e
anniversaire de l'organisme...
Mme Déry : ...Fin à la faim.
Je tiens à rendre un vibrant hommage à toute l'équipe de bénévoles ainsi qu'à
sa directrice générale, une femme absolument exceptionnelle, Mme Colette
Doré Thibault. Grâce à leur engagement, ils contribuent de manière remarquable
à améliorer la qualité de vie des personnes vulnérables de notre région. Leur
mission est exigeante, mais toujours accomplie avec gentillesse et bonté.
Chaque semaine, l'organisme offre des
services de dépannage alimentaire. En 2023, il y a eu plus de
9 306 dépannages alimentaires. Plus de 207 familles différentes
par semaine, 1 035 sacs d'épicerie qui ont été distribués de façon
hebdomadaire. Fin à la faim multiplie ses initiatives, qu'il s'agisse de
dépannages d'urgence ou de préparation de paniers de Noël, leur soutien est
essentiel.
Alors, un grand, grand merci d'être
présents pour ceux et celles qui traversent des moments difficiles et qui
trouvent en vous un réconfort. Vous êtes des acteurs précieux dans ce domaine.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Ceci met fin à la rubrique de déclarations de députés, et je
suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 55)
14 h 03 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 08)
La Présidente
: Bonjour,
tout le monde. Messieurs dames, le Parlement du Québec, c'est chez vous, bienvenue.
C'est avec tristesse que nous avons appris
le décès de M. Marcel Bédard, député de Montmorency de 1973 à 1976. Nous allons
nous recueillir quelques instants en ayant une pensée particulière pour sa
famille et ses proches.
Je vous...
14 h 08 (version non révisée)
La Présidente : ...veuillez
vous asseoir.
J'ai le plaisir de souligner la présence,
dans les tribunes, d'une délégation de parlementaires belges à l'occasion de la
31ᵉ session du Comité mixte Assemblée nationale du Québec/Parlement de la
Fédération Wallonie-Bruxelles, présidée par le président du Parlement, M.
Benoît Dispa.
Et j'attire votre attention à l'effet que,
cette année, nous soulignons le 45ᵉ anniversaire de cette entente bilatérale,
soit l'une des plus longues relations bilatérales que nous ayons eues à ce
jour.
Et j'ai également le plaisir de souligner
la présence dans les tribunes de Mme Louise Beaudoin, ancienne députée de
Chambly puis de Rosemont. De plus, j'ai le plaisir de souligner la présence de M.
Camil Bouchard, ancien député de Vachon, ainsi que la présence de M. Pierre
Curzi, ancien député de Borduas.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclaration ministérielle ni de présentation de
projet de loi.
À la rubrique Dépôt de documents, M. le
ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.
M. Julien : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Permettez-moi de déposer le tableau synthèse 2023‑2024 du
Fonds de la région de la Capitale-Nationale. Merci.
La Présidente : Ce document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites au
feuilleton, le 18 septembre 2024, par le député de Marguerite-Bourgeoys,
le 3 octobre 2024, par le député de Matane-Matapédia, le 8 octobre
2004, par le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, et le 9 octobre 2024, par
le député de l'Acadie. Merci.
La Présidente : Et pour ma
part, je dépose une lettre que m'a adressée Mme la députée de Mirabel, dans
laquelle elle m'informe de sa démission à titre de présidente de la Commission
de l'économie et du travail. Cette démission prenait effet le 7 novembre
dernier.
Enfin, j'ai reçu un préavis d'une motion
qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux affaires inscrites par les
députés de l'opposition. Conformément à l'article 97.1 du règlement, je
dépose copie du texte de ce préavis.
À la rubrique Dépôt de rapport de
commission, M. le Président de la Commission de l'économie et du travail et
député de Maskinongé.
M. Allaire : Merci, Mme la
Présidente. Je dépose le rapport de la Commission de l'économie et du travail
qui, les 29, 30 et 31 octobre ainsi que les 5, 6, 7 et 19 novembre
2024, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 71, Loi visant à
améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime d'assistance.
La commission a adopté le texte du projet de loi avec des amendements. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente : Ce rapport
est déposé.
Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 4.4
des règles de fonctionnement afin de déposer un rapport du comité directeur de
la commission de l'Assemblée nationale? Y a-t-il le consentement? Consentement?
Consentement.
Je dépose le rapport du comité directeur
de la Commission de l'Assemblée nationale qui s'est tenu le 13 novembre
2024 afin de statuer sur une demande du groupe parlementaire formant le
gouvernement concernant un changement de membre à la Commission de l'économie
et du travail, ainsi que sur la désignation à la présidence de la commission.
Je cède maintenant la parole à Mme la
première vice-présidente et députée de Saint-Hyacinthe pour la présentation d'une
motion. Mme la députée.
Mme Soucy : Mme la Présidente,
je propose que les modifications à la composition des commissions, tel que
prévu au rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée nationale,
soient adoptées.
La Présidente
: Y
a-t-il consentement pour déroger aux articles 129 et 134 du règlement?
Des voix : Consentement.
La Présidente
: Consentement.
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
À la rubrique Dépôt de pétition, M. le
député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme la Présidente,
je salue les citoyens du mouvement Le Québec n'a plus d'effet qui sont ici avec
nous aujourd'hui.
Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 12 071 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants;
«Considérant que l'industrie des effets
visuels et de l'animation rassemble 8 000 employés passionnés,
créatifs, hautement qualifiés contribuant significativement au rayonnement
international du Québec;
«Considérant que cette industrie est en
croissance depuis trois décennies et comptait 48 studios qui travaillaient sur
125 à 175 projets par année, générant plus d'un milliard de revenus
annuels;
«Considérant que l'industrie des effets
visuels et de l'animation est en redémarrage après la double grève...
14 h 13 (version non révisée)
M. Bérubé : ...historique à
Hollywood en 2023;
«Considérant que les modifications
apportées aux crédits d'impôt dans le budget 2024-2025 disqualifient le
Québec, qui perd sa place de pôle mondial et le prive de contrats majeurs au
profit de l'Ontario, de la Colombie-Britannique, de l'Australie, de la France
et du Royaume-Uni;
«Considérant que, présentement, 67 %
des 8 000 employés sont en mise à pied, selon le Bureau du cinéma et
de la télévision du Québec;
«Considérant que les modifications au
crédit d'impôt mettent à risque 77 % des 8 000 emplois de l'industrie
par rapport à l'année de référence 2022;
«Considérant que chaque dollar investi
dans le crédit d'impôt génère 6,08 $ de retombées économiques;
«Considérant que le gouvernement investit
42,6 millions en formation de la relève; et «L'intervention réclamée se
résume ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec :
«De suspendre les modifications apportées
au crédit d'impôt pour les services de production cinématographique; et
«D'ouvrir sans délai le dialogue avec les
acteurs de l'industrie québécoise des effets visuels.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Et cet
extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Nous en sommes maintenant rendus à la
période de questions et de réponses orales, et je cède la parole, en question
principale, au chef de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. La CAQ ne s'occupe pas de notre monde, et on le voit à toutes
les semaines, à tous les jours, en santé. La CAQ a abandonné, dans les
urgences, sur les listes d'attente en chirurgie, les Québécoises et Québécois.
Les belles promesses en santé, toutes se sont vu ne pas être réalisées, n'ont
pas été réalisées, ce qui nous fait nous poser la question. Que vaut la parole
du premier ministre? Il est dans sa septième année, et les soins en santé se
sont détériorés de façon marquée avec la CAQ. Rappelez-vous ce même premier
ministre qui, le 24 avril dernier, disait, et je le cite : «On a
décidé de ne pas faire de coupure dans les services en santé et en éducation.»
Fin de la citation. Le mandat de Santé Québec, puis Mme Biron l'a dit sur
toutes les tribunes, le mandat, c'est d'aller couper 1 milliard de
dollars dans la santé, Mme la Présidente. Elle disait le 13 novembre
dernier, je la cite : «Il faut que le réseau contribue à réduire le
déficit de l'État pour qu'il ne s'accentue pas davantage.» Fin de la citation.
Elle est en contradiction avec ce que le premier ministre nous avait affirmé le
24 avril dernier : Je ne toucherai pas à la Santé. Son mandat
premier, c'est d'aller chercher 1 milliard, ce qui fait en sorte que dans
le CIUSSS de Laval, on a suspendu l'affichage de 570 postes, et le
communiqué dit «dans le cadre d'un retour à l'équilibre budgétaire et du gel de
recrutement décrété par le gouvernement».
Alors, ma question au premier ministre
toute simple, Mme la Présidente : Que vaut sa parole quand aujourd'hui il
se contredit?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, depuis que la CAQ est au gouvernement, on a augmenté le budget de la
santé de plus de 50 %. Donc, on a eu des augmentations importantes à
chaque année, incluant cette année, l'année 2024-2025. Mon collègue le
ministre des Finances va déposer dans deux jours, jeudi, une mise à jour du
budget 2024-2025. Et je peux déjà dire au chef de l'opposition officielle
qu'il n'y a aucune réduction de budget dans les dépenses, incluant les dépenses
en santé.
Maintenant, Mme la Présidente, c'est vrai,
puis c'était comme ça aussi dans le temps du Parti libéral, les CISSS, les
CIUSSS ont beaucoup de pression, augmentent parfois leur budget plus que ce que
leur ont... ce qu'on leur a accordé, pardon. Et, Mme la Présidente, je pense qu'une
de nos responsabilités, c'est de respecter les budgets, c'est de bien gérer l'argent
qui nous est confié par les Québécois. Donc, il n'y a aucun changement dans le
budget de la santé pour l'année 2024-2025, mais c'est important que le
réseau respecte ses budgets.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Tanguay : On l'a tout
entendu. Comment peut-il réconcilier ce qu'il vient de nous affirmer avec ce
que Mme Biron, P.D.G. de Santé Québec, affirme sur toutes les tribunes, je
la cite, le 13 novembre : «Il faut que le réseau contribue à réduire
le déficit de l'État pour qu'il ne s'accentue pas davantage.» Fin de la
citation. Son mandat peut-il le confirmer? Parce qu'elle, elle le dit à tout le
monde, c'est d'aller chercher 1 milliard de dollars dans la santé.
Peut-il le confirmer, oui ou non?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, c'est assez spécial d'entendre le chef du Parti libéral qui était
là quand que le gouvernement libéral a fait des coupes sauvages...
14 h 18 (version non révisée)
M. Legault : ...dans le réseau
de la santé, de venir nous reprocher de respecter les budgets. Mme la
Présidente, tout le monde va comprendre. Si on vous donne demain matin un
budget de 10 $ pour l'année puis que, dans la première moitié de l'année, vous
dépensez tout le 10 $ ou vous dépensez plus que 5 $, bien,
effectivement, dans la deuxième moitié, il faut se serrer la ceinture. Ça s'appelle
de la bonne gestion. Sur l'année 2024-2025, il y a une augmentation des
budgets. Maintenant, le réseau doit respecter ses budgets.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Tanguay : Bien, Mme la
Présidente, le réseau n'a pas le bon exemple avec le gouvernement. Quand il est
arrivé en place avec 7 milliards de surplus et que, là, il a creusé un
trou déficitaire de 11 milliards, 18 milliards qu'on n'a pas senti
passer. 10 000 fonctionnaires de plus également, de l'État qu'on n'a pas
senti passer dans la qualité des services. Ces coupures, parce qu'on parle de
coupures dans 1 milliard de dollars, font en sorte que, le 7 novembre,
le CIUSSS de l'Est de l'île de Montréal ne pourvoit pas les postes vacants, ne
remplace pas les congés de maladie puis augmente la pression sur le personnel
en place. C'est ça, ses coupures.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, le chef de l'opposition officielle est un peu dur à suivre et il
nous dit presque dans la même phrase : Le déficit est trop gros à 7 milliards,
mais il faudrait dépenser plus en santé, essayez de réconcilier ça. Mme la
Présidente, tout ce qu'on demande aux responsables du réseau de la santé, c'est
de respecter leur budget. Pourquoi? Parce que, contrairement aux autres partis,
il n'est pas question d'augmenter les impôts et les taxes des Québécois, ils
paient assez. Donc, on doit respecter les budgets.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Tanguay : Alors, de
partout, Mme la Présidente, à cause de cette mauvaise gestion là de la CAQ,
partout on voit des postes affichés être retirés. On en voit, entre autres, 240 postes
de retirés de l'affichage au CIUSSS de Laval, préposés aux bénéficiaires,
entretien, agents d'intervention, infirmières, infirmières spécialisées,
inhalothérapeutes. Des centaines de postes partout au Québec qui ne sont plus
affichés et dont les administrateurs disent, les administratrices : Ça va
venir affecter à la baisse l'accès aux soins de santé. C'est ça, le résultat de
sa mauvaise gestion, Mme la Présidente, et qu'il l'assume.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je demande au chef de l'opposition officielle d'être un peu
patient, mais je l'invite à faire un petit exercice, jeudi, de regarder les
prévisions. Il va voir que le budget 2024-2025 en santé est plus élevé que
le budget de 2023-2024. Puis le budget prévu pour 2025-2026 est plus élevé que
celui de 2024-2025. Donc, Mme la Présidente, on augmente les budgets, mais c'est
important de les respecter, ces budgets-là. Ça s'appelle de la bonne gestion.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
M. Fortin :Ce qui est de plus en plus évident, là, c'est que le réseau
de la santé, c'est devenu un monstre à deux têtes. D'un côté, on a un ministre
élu qui reçoit 60 milliards de l'argent des contribuables québécois. De l'autre,
les «top guns» nommés par le ministre, qui ont le mandat de faire fonctionner
le réseau. Le problème, Mme la Présidente, c'est que les deux têtes disent deux
affaires complètement différentes.
Depuis des mois, le ministre nous répète
que Santé Québec va être un employeur de choix. Qu'à cela ne tienne, Santé
Québec nous dit : 1 400 employés vont devoir abandonner une de leurs
deux jobs dans le réseau, qu'ils vont devoir choisir entre leur job à temps
plein au CISSS de Laval et les deux soirs semaine qu'ils consacrent à
Sainte-Justine. Ces employés-là, là, voici ce qui va se passer, Mme la
Présidente, ces employés-là, pour compenser leurs revenus, perdus à l'employeur
de choix du ministre, ils vont prendre une job à l'extérieur du réseau. Puis
pendant ce temps là, leurs ex-collègues vont être poignés pour faire du temps
supplémentaire obligatoire.
Alors, est-ce que le ministre peut ramener
Santé Québec à l'ordre, s'il vous plaît?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Dubé : Mme la Présidente,
je suis très content d'avoir cette question-là ce matin, parce que j'aimerais
rétablir les faits. Il faut comprendre que ce qui s'est passé au cours des
derniers mois, c'est la fusion de tous les établissements, des CISSS, des
instituts, etc., pour 350 000 employés, 350 000 employés.
Ce qu'il va arriver, le 1ᵉʳ décembre,
c'est qu'il y a environ 1 300 employés, 1 300 employés qui,
en ce moment, parce qu'ils n'avaient plus que 40 heures par semaine dans
deux emplois, ne répondent pas aux normes du travail... Les normes du travail
exigent un maximum de 40 heures du même employeur. On a fusionné tous les
employeurs ensemble. Alors, soyons très clairs, ce que j'ai demandé à Santé
Québec de faire la meilleure transition possible. Est-ce que c'est des heures
supplémentaires qu'on peut donner à ces gens-là pour qu'ils puissent garder
leurs deux emplois pendant une certaine transition? On va tout faire.
Moi, ce matin, j'étais en conversation
avec les gens de Santé Québec. On a deux objectifs, garder nos employés qui
veulent travailler. S'il y en a qui peuvent cumuler deux emplois...
14 h 23 (version non révisée)
M. Dubé : ...ils pourront le
faire, on va trouver toutes les méthodes pour être capables de faire la
meilleure transition pour le 1er décembre. Merci beaucoup.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Fortin :Oui. Dans les faits, par exemple, ces gens-là se sont fait
donner jusqu'à jeudi pour décider quelle job ils gardaient. Et je vous le dis, Mme
la Présidente, le ministre dit une chose, Santé Québec dit et fait une autre
chose. Le ministre nous dit : Les services ne seront pas affectés par les
coupures, comme le premier ministre. Qu'à cela ne tienne, Santé Québec suspend
des affichages pour des postes d'infirmières, de préposés, d'inhalothérapeutes,
puis repousse des projets de soins directs comme la dialyse.
Est-ce que le ministre peut reconnaître qu'annuler
des affichages pour des infirmières, là, ça ne rattrape pas des listes de
chirurgies?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Dubé : Mme la Présidente,
je vois que j'ai répondu à la première question, je vais répondre à la
deuxième. Puis, ici, j'ai un tableau très intéressant, il est peut-être petit,
mais le tableau, il est disponible sur le site Web de quebec.ca. Quand j'ai
fait la présentation de la mise à jour du Plan santé, Mme la Présidente, il y a
exactement 10 jours, j'ai expliqué toutes les mesures que nous avons fait
depuis le début du Plan santé. Il y a une cinquantaine de mesures et, à chaque
fois, je vous donne des exemples, Mme la Présidente, puis je les lis, derrière
moi, on a augmenté le personnel de 17 000 emplois. On a baissé la main-d'oeuvre
indépendante, on a baissé le TSO de 60 %. On a engagé des nouveaux
médecins. On a travaillé avec les données, on a travaillé avec des
programmes... et j'en passe.
Mme la Présidente, savez-vous ce qu'on fait pour
Santé Québec? C'est leur donner des outils pour mieux gérer le réseau de la
santé. C'est ça qu'on fait, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Fortin :Je vous le dis, Mme la Présidente, le ministre dit une
chose, Santé Québec fait une autre affaire. Le ministre continue de répéter,
sur toutes les tribunes, que Santé Québec, c'est de la décentralisation. Sa, P.D.G.,
dans sa tournée d'entrevues cette semaine, elle dit : Santé Québec peut maintenant
prendre les pratiques à un endroit et les étendre à la grandeur du réseau.
Mme la Présidente, dans quel monde imposer
des pratiques mur à mur envers et contre les équipes locales, c'est de la
décentralisation?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Dubé : Vous savez, Mme la
Présidente, le député de Pontiac, que j'apprécie beaucoup, j'ai corrigé un peu
la situation avec ma dernière déclaration l'autre fois. C'est vrai que je l'apprécie
beaucoup. Il a été assez gentil de me dire que ce qui avait été déclaré, la
semaine passée, n'était pas acceptable, et je l'apprécie qu'il me l'ait
souligné. Je l'apprécie beaucoup.
Maintenant, Mme la Présidente, quand on a
fait le pl 15, quand on a fait le pl 15, on l'a fait ensemble, on a fait un
grand principe. Il y a un des articles qui dit : C'est le principe de
subsidiarité. Ça veut dire quoi, ça, Mme la Présidente? Ça veut dire qu'on veut
avoir la décision juste sur le terrain pour s'assurer qu'on tient compte des
disparités régionales, locales, et de tout ça. Mme la Présidente, ce n'est pas
du «up and down», c'est du «bottom-up» qu'on va faire, puis on va s'assurer que
le réseau, il est bien géré. Merci beaucoup.
La Présidente : En question
principale, je reconnais, à nouveau, le député de Pontiac.
M. Fortin :Je vous le dis, Mme la Présidente, le monstre de la santé
dit une chose et son contraire. Le ministre présente une grande stratégie de
prévention, il nous parle d'obésité, de tabagisme, de lutte à l'alcoolisme. La
semaine suivante, la P.D.G. de Santé Québec, dans sa tournée d'entrevues,
affirme, et je cite : «Dans les derniers mois, il y avait beaucoup d'éparpillement
dans le réseau. On a fait beaucoup de choses au détriment des missions
prioritaires. On doit vraiment s'assurer de livrer sur l'essence du réseau.» Et
elle parlait, Mme la Présidente, de l'urgence de la première ligne et de la
chirurgie uniquement. Non seulement c'est tout un constat sur le bilan du
ministre et de son éparpillement, mais c'est aussi très clair qu'on a l'intention,
à Santé Québec, de ne plus faire ces choses au détriment des missions
prioritaires.
Alors, est-ce que le ministre peut nous
dire aujourd'hui qu'est-ce qui va être mis de côté par Santé Québec : le
plan de prévention, la lutte à l'obésité, les soins à domicile, les services à
l'itinérance? Est-ce qu'il peut nous éclairer sur les réels plans de Santé
Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Dubé : Mme la Présidente,
encore une fois, on dirait, comme on dit dans mon jargon : C'est une belle
passe sur la palette. Parce qu'il y a quelques semaines, quand j'ai présenté le
Plan santé... Tout à l'heure, j'ai parlé comment on a travaillé sur les
fondations. Là, ici, c'est toutes les mesures d'accès, Mme la Présidente, que l'on
a fait depuis deux ans, je vous les nomme : être capables de travailler,
entre autres, sur les DMS. Ça, c'est la durée moyenne de séjour. On a réussi
deux années de suite, Mme la Présidente. On a réussi aussi à clarifier qu'est-ce
qui se passait avec la prise en charge, parce que notre priorité, c'est les P1
et les P2, et les P3, P4, P5, on va les transférer aux GMF pour qu'il y ait
plus de patients qui soient vus par les GMF.
Mme la Présidente, je pense que, si les
gens prennent le temps d'aller voir ce qu'on a fait jusqu'à maintenant, au
cours des deux dernières années, on est exactement où on voulait être aujourd'hui.
Et la gestion du changement va continuer, Mme la Présidente. Et si les gens ont
des questions, ils peuvent aller voir sur notre site Web. Vous avez le détail
de tout ce qu'on a fait jusqu'à maintenant et de tout ce qu'il nous reste à
faire avec la collaboration de Santé Québec. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Fortin :Mme la Présidente, des exemples comme ça, là, on en a des
tonnes...
14 h 28 (version non révisée)
M. Fortin :...le ministère a des cibles précises pour des délais
ambulanciers, pour les temps d'attente aux urgences, pour le soutien à
domicile, mais la P.D.G. De Santé Québec, dans sa tournée d'entrevues cette
semaine, nous dit : Je veux attendre au mois de mars avant d'avoir des
cibles.
Alors, est-ce que les cibles du ministre
sont encore bonnes, ou est-ce qu'il les abandonne comme il l'a fait pour les
chirurgies, ou est-ce qu'on doit attendre au mois de mars avant d'avoir des cibles
pour le réseau de la santé, pour le 60 milliards d'argent que les contribuables
québécois lui donnent chaque année?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Dubé : Bien, écoutez, le
député, là, encore une fois, je l'apprécie beaucoup. C'est difficile un petit
peu à suivre parce qu'il y a plusieurs questions à l'intérieur de la même
déclaration.
Moi, ce que je dirais aux Québécois, Mme
la Présidente, c'est qu'on s'est fait un plan, un plan d'une transformation d'un
réseau qui est très complexe. On a dit, il y a 10 jours, quand je l'ai présenté :
48 des 50 mesures qu'on avait identifiées il y a plus que deux ans sont soit
réalisées ou sont en cours. Je pense qu'on suit un plan de match qui est très
rigoureux.
C'est un réseau qui est difficile à
transformer, mais je le dis, avec l'arrivée de Santé Québec et de l'équipe très
compétente qui est en place... je vous le dis, Mme la Présidente, les
sceptiques seront confondus. Merci beaucoup.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Fortin :Mme la Présidente, on a plusieurs questions parce que le
ministre et sa P.D.G. ont l'air d'être à 1000 lieues l'un de l'autre. C'est
clair que le ministre, là, il met tous ses oeufs dans le panier de Santé
Québec, mais il n'a pas réussi à nous expliquer en quoi Santé Québec va faire
mieux que lui a réussi à faire pendant ces six premières années.
Alors, à défaut de ça, est-ce qu'on peut
avoir au moins une vision claire? Parce que d'avoir deux têtes dirigeantes avec
deux visions différentes, ce n'est pas gagnant pour les Québécois et les
Québécoises.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Dubé : J'avais le goût de
ressortir mes tableaux, mais peut-être que le député de Pontiac ne veut pas les
voir, Mme la Présidente. J'ai expliqué clairement que, des 50 mesures qu'on a
identifiées, Mme la Présidente, il y a deux ans, il y a 48 de ces mesures-là
qui sont soit réalisées ou en cours.
Qu'est-ce qu'on fait pour Santé Québec...
Santé Québec, c'est une de ces 50 mesures là. Qu'est-ce qu'on a fait sur le
TSO? Qu'est-ce qu'on a fait sur la main-d'oeuvre indépendante? Qu'est-ce qu'on
a fait pour l'engagement de nouveaux médecins? Il y a une liste de 50 choses qu'on
avait faites, et on est en train de les faire. Qu'est-ce qui va arriver? Tout
ça va converger en 2025, comme on l'avait prévu, avec l'équipe de Santé Québec,
avec un ministère qui va se concentrer sur les orientations, et les Québécois
vont voir la différence, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de La Pinière.
Mme Caron : Mme la Présidente,
je ne vous apprendrai rien en disant que les résidences privées pour aînés sont
en crise au Québec. 575 fermetures depuis le 31 mars 2019, et ça continue au
rythme d'une fermeture aux 3,7 jours. En janvier dernier, la ministre a
annoncé, en réaction, un programme d'allocation personnalisée de 200 millions
sur cinq ans. Or, on apprenait, samedi dernier, que le programme n'aide que 125
résidents en RPA sur les 2100 promis. C'est une somme annuelle de 3,3 millions
au lieu des 40 millions annuels promis. C'est à peine 8 % des sommes. On
est loin de la note de passage. La CAQ nous a habitués à des projets mal
ficelés, c'en est un autre exemple malheureux.
La ministre pense-t-elle toujours que son
programme fonctionne?
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable des Aînés.
Mme Bélanger : Oui. Mme la
Présidente, j'aimerais rappeler à ma collègue de La Pinière que nous sommes le
premier gouvernement à avoir autant investi dans les RPA au Québec. Les RPA, c'est
un modèle qui s'est développé il y a plus d'une quinzaine, vingtaine d'années,
et qui s'est développé, à toutes fins pratiques, de façon parallèle au système
de santé. Depuis notre arrivée, en 2018, un ensemble de mesures et d'investissements
ont été mis en place pour soutenir les RPA. Les RPA, c'est le réseau privé, et
c'est notre gouvernement qui soutient le réseau privé pour s'assurer que les
personnes âgées qui y demeurent puissent y vivre le plus longtemps possible.
J'aimerais rappeler à ma collègue que nous
avons mis en place des mesures pour les aider à payer le salaire des employés,
des programmes d'achat de services, des programmes pour l'installation des
gicleurs, pour la modernisation de leurs infrastructures, des programmes pour
les aider à payer leurs primes d'assurance parce que les assurances ont
augmenté de façon importante.
Ma collègue arrive puis elle regarde un
programme parmi la dizaine de programmes qu'on a mis en place au niveau des
RPA. Eh bien, oui, nous avons la note de passage, avec les RPA, et nous allons
continuer, Mme la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Caron : Mme la Présidente,
clairement, la ministre a annoncé un programme qui ne fonctionne pas. 200
millions dorment dans les coffres, deux autres...
14 h 30 (version révisée)
Mme Caron : ...RPA vont fermer
cette semaine au rythme actuel. L'exécution du programme est devenue chaotique.
Les petites RPA ne peuvent pas survivre dans ce contexte, notamment en région.
On assiste à une destruction de leur modèle d'affaires. Ce programme devait
freiner les fermetures. C'est un fiasco.
La ministre va-t-elle rajuster le tir?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, je suis très présente dans l'ensemble des régions du Québec et je
vais visiter les petites RPA comme les grandes RPA. Et ce programme-là visait
essentiellement à financer les petites RPA de 30 unités et moins pour des
personnes âgées qui sont en très lourde perte d'autonomie. Le programme n'est
pas mauvais en soi, mais, dans les petites RPA, avec les années, on s'est rendu
compte qu'il y avait de moins en moins de personnes ayant une très lourde perte
d'autonomie. Cela explique pourquoi il y a une centaine de personnes qui
peuvent bénéficier, Mme la Présidente, de ce programme. Et nous allons
continuer. Et je pense que c'est important de mentionner que nous avons aussi
un programme pour les achats de service.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Caron : Mme la Présidente,
c'est gênant. La ministre perd ses partenaires les uns après les autres.
Pendant ce temps-là, des aînés perdent leur domicile en RPA, les soins ne se
donnent pas. Où iront ces aînés dont le profil nécessite des soins importants?
Il y en a déjà 3 700... près de 3 700 qui font la file pour une place
en CHSLD. Les ressources intermédiaires sont prises à la gorge.
Qu'attend-elle pour assumer ses
responsabilités?
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente. Écoutez, on a un ensemble de programmes pour soutenir nos aînés au
Québec, et je suis présente auprès des différents groupes aînés. Et nous
travaillons pour améliorer nos services dans tous les domaines, pas seulement
les RPA, Mme la Présidente, mais aussi les maisons des aînés. Hier, c'était ma
33e inauguration de maisons des aînés au Québec, Mme la Présidente, et donc,
ça, ça répond aussi aux besoins de nos aînés. Nous sommes en train de
conventionner des CHSLD privés. Nous sommes plus... à plus de 20 CHSLD privés
qui sont aujourd'hui conventionnés.
Alors, c'est un ensemble de gestes
concrets, Mme la Présidente. Nous sommes à des années-lumière du Parti libéral,
au moment où ils étaient à la tête...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. La mise à jour économique s'en vient cette semaine, alors, moi,
j'aimerais mettre le premier ministre à jour sur la situation économique des
Québécois qui appellent à l'aide quotidiennement.
Il y a 1 million, 1 million de
personnes dans les banques alimentaires au Québec. Il y a bien du monde
là-dedans que c'est du monde qui travaille à temps plein, qui travaille fort,
mais jamais assez fort pour remplir leur frigo.
Il y a un élève sur cinq qui a faim à l'école.
Ça, c'est autant d'enfants qui ne sont pas capables de se concentrer sur autre
chose que leur ventre qui gargouille. L'Observatoire des tout-petits sonnait l'alarme
la semaine passée. L'insécurité alimentaire frappe maintenant une famille sur
cinq avec un tout-petit à la maison. Ça, là, c'est des mamans qui allaitent
leur bébé sans manger, elles-mêmes, à leur faim. C'est là qu'on est rendus au
Québec.
Mme la Présidente, j'ai un dernier chiffre,
mais celui-là, il donne espoir. Il y a deux Québécois, deux Québécoises sur
trois qui sont d'accord avec notre proposition pour nourrir nos enfants dans
nos écoles, comme ça se fait à peu près partout dans le monde.
Dans la mise à jour économique du premier
ministre, est-ce qu'il y aura enfin des bonnes nouvelles pour les enfants qui
ont faim dans nos écoles?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, on est tous touchés, effectivement, quand on entend des histoires d'enfants
qui n'ont pas mangé à leur faim, qui se retrouvent à l'école dans une situation
qui n'est pas acceptable. C'est pour ça, Mme la Présidente, que, quand on
regarde les banques alimentaires, on a augmenté les budgets de 150 millions.
Pour ce qui est de l'aide alimentaire dans les écoles, on a doublé le budget.
Donc, Mme la Présidente, on a fait des
efforts aussi, on a augmenté l'aide sociale pour les personnes qui n'ont pas de
contraintes... c'est-à-dire qui ont des contraintes à l'emploi de 50 %. Il
n'y a pas un gouvernement qui en a fait autant. On a doublé l'aide aux
organismes communautaires. Donc, Mme la Présidente, on aide.
Évidemment, il y a des personnes, actuellement,
qui sont sans emploi, sans qualification, entre autres les demandeurs d'asile
qui viennent...
M. Legault : ...Mme la
Présidente, on aide. Évidemment, il y a des personnes actuellement qui sont
sans emploi, sans qualifications, entre autres les demandeurs d'asile qui
viennent dans les banques alimentaires. On calcule, juste à l'aide sociale, que
cela nous coûte 500 millions par année juste pour aider les demandeurs
d'asile.
Donc, Mme la Présidente, il y a des
efforts qui sont faits. On a aussi, pour la classe moyenne, baissé les impôts.
On va continuer d'aider les familles québécoises.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Nadeau-Dubois : Depuis la
première année du mandat du premier ministre, il y a à chaque année de plus en
plus de gens dans les banques alimentaires, autrement dit, de plus en plus de
gens qui ont de la misère à manger, puis la proportion de travailleurs, de
travailleuses augmente. Donc, le plan du premier ministre ne fonctionne pas.
Nous, on a une solution, elle est sérieuse, elle est pragmatique, elle est
appliquée dans tellement de pays dans le monde, elle est appliquée dans nos
propres CPE.
Est-ce qu'il va y avoir des bonnes
nouvelles, jeudi, pour les familles qui ont faim?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Mme la
Présidente, partout dans le monde, partout dans le monde, il y a eu une
augmentation à l'épicerie, les loyers. Mais, quand on se compare, Mme la
Présidente, on voit que le revenu moyen des familles québécoises, après
inflation, après impôt, a augmenté deux fois plus vite au Québec que dans le
reste du Canada. C'est une moyenne. C'est vrai qu'il y a des gens qui en ont
besoin. Qu'est-ce que propose Québec solidaire? 780 millions par année
pour donner des repas à tout le monde, même aux enfants des familles riches.
Nous, on essaie de se concentrer sur ceux qui ont des besoins.
• (14 h 40) •
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre nous reproche de vouloir nourrir tous nos enfants dans nos écoles, y
compris ceux de la classe moyenne. On est fiers de vouloir nourrir tous les
enfants dans nos écoles, y compris ceux de la classe moyenne. D'ailleurs, dans
nos CPE, ça fonctionne très bien.
Question très simple pour le premier
ministre : Est-ce qu'il trouve ça injuste que les enfants de familles
riches, dans les CPE, aient un repas le midi?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Mme la
Présidente, depuis que je suis en poste, une de mes grandes fiertés, c'est qu'on
a augmenté le budget de l'éducation de 55 %. Calculez ça, là, 55 % en
six ans, ça ne s'est jamais vu au Québec. On a ajouté des orthophonistes, on a
ajouté des aides à la classe, on a ajouté toutes sortes d'aides, entre autres
pour les enfants qu'on appelle EHDAA, qui ont des difficultés d'apprentissage,
qui représentent à peu près 25 % des élèves. Mais on n'est pas d'accord
avec Québec solidaire, de dire : 780 millions, là, on enlève ça à
l'éducation puis on donne ça pour nourrir les enfants des familles riches. On
n'est pas d'accord avec ça.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Le couperet est tombé, parmi tous les projets visant la création
de places additionnelles en haltes-chaleur cet hiver à Montréal, on apprend que
50 places seront laissées de côté faute de financement. Il manque près de
1 million de dollars pour permettre à ces 50 personnes de plus de
passer l'hiver au chaud chaque nuit. Les organismes communautaires sur le
terrain, à bout de bras, ont fait l'impossible pour en faire encore davantage.
Pour eux, c'était un geste essentiel pour améliorer la cohabitation sociale
dans nos quartiers et pour assurer un minimum de dignité aux gens de la rue.
Mais voilà qu'on les abandonne, le 19 novembre, alors que les grands
froids sont à nos portes.
Mme la Présidente, devant les besoins
criants, devant les risques de cohésion sociale dans nos quartiers, devant la
crise nationale de l'itinérance qu'on vit, est-ce que le ministre va au moins
bonifier l'enveloppe des mesures hivernales pour qu'aucun projet ne soit écarté
à Montréal cet hiver?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Carmant : Bien, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
pour sa question qui va permettre encore une fois de rappeler toutes les
mesures qu'on a faites pour l'itinérance : les refuges 24/7,
12 mois par année, on a doublé le nombre de places de refuges à travers
Montréal, on a créé des refuges partout à travers le Québec, Mme la Présidente.
On a également... on s'est assuré d'avoir une trajectoire qui est disponible
partout. Et, malheureusement, il reste encore des besoins au niveau des
haltes-chaleur. Mais maintenant, moi, l'information que j'ai eue du CIUSSS,
c'est que tous les projets qui avaient... qui étaient en accord avec l'appel
d'offres qui a été fait ont été financés, Mme la Présidente. Je ne crois pas qu'il
y ait d'enjeu budgétaire, puisque je travaille encore avec la ville de Montréal
et le CIUSSS pour déployer un refuge 25 places...
M. Carmant : ...travaille
encore avec la ville de Montréal et le CIUSSS pour déployer un refuge de
25 places pour l'itinéraire et pour le... Gordon également, qui cherche à
se relocaliser.
Donc, Mme la Présidente, on croit
sincèrement que ce n'est pas un enjeu budgétaire, mais c'est vraiment un enjeu
de projets de haltes chaleur pour ajouter des places pour des mesures
hivernales encore nécessaires, mais je n'arrête pas, Mme la Présidente. Je
travaille avec mon collègue au niveau fédéral pour faire débloquer des sommes
additionnelles pour que, s'il y a d'autres projets que ceux de haltes chaleur,
on puisse venir ajouter des places à Montréal et ailleurs au Québec. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, le ministre nous parle de projets qui ne correspondent pas à tous
les critères, mais c'est peut-être parce que les organismes n'ont eu que
quelques jours pour s'organiser. Si on pose la question aux gens de la rue, là,
de faire le choix entre une place au chaud qui ne correspond pas à 100 %
des critères ou bien tout simplement de passer la nuit dehors cet hiver, je
pense que la réponse sera unanime, Mme la Présidente.
Si des ajustements doivent être faits,
qu'ils le soient, mais le ministre va-t-il ajouter le million manquant?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Carmant : Bien, encore là,
on a une mésentente parce qu'il n'y a pas de million manquant. Est-ce qu'on
doit trouver des places additionnelles, Mme la Présidente? On va en ajouter
118. Et, en plus, on développe d'autres projets. Je le répète, beaucoup des gens
qui sont en campement ne veulent pas aller en refuge. On a développé un plan
pour l'itinérance et la santé mentale. Je suis d'ailleurs allé présenter, dans
le comté de sa collègue, à Sainte-Marie—Saint-Jacques… pour justement permettre
à des personnes qui ne vont pas dans les refuges d'avoir de l'accompagnement
vers l'hébergement, du soutien en santé mentale dans les différents refuges.
Et, ça, on parle de 200 places qui seraient disponibles, Mme la
Présidente, pour la prochaine année. Donc, on travaille sur des projets
innovants pour s'assurer que toutes les personnes en situation d'itinérance
puissent trouver un toit cet hiver.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, c'est vrai que l'enveloppe initiale a été légèrement bonifiée. J'en
remercie le ministre. Tant mieux, mais, n'empêche, faute de moyens, les gens de
la rue vont se priver de 50 places au chaud cet hiver. Ces derniers vont
passer la nuit dehors. Même dans les scénarios les plus optimistes, il manquera
des centaines de places en hébergement d'urgence cet hiver à Montréal. On ne
peut pas se permettre de refuser des projets.
Je redemande au ministre : Va-t-il au
minimum bonifier l'enveloppe pour ajouter ces 50 places?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Carmant : Bien, Mme la
Présidente, il reste de l'enveloppe. Donc, il n'y a pas d'enveloppe à bonifier.
Ce qu'il faut développer vraiment, c'est des projets qui vont nous permettre de
sortir ces gens de la rue, la plupart ayant, par exemple, des problèmes de
santé mentale. On en parlait encore ce matin, de gens qui présentaient des
problèmes de comportement, style accumulation compulsive. Bien, nous, on a
trouvé un organisme qui s'appelle Diogène, qui travaille avec ces gens-là et
qui va les aider à se prendre en charge, avoir du soutien au niveau de leur
santé mentale et trouver des appartements dans la communauté, Mme la
Présidente. On leur a offert 100 places additionnelles. Pour des problèmes
de santé mentale plus légers, on a également une centaine de places
additionnelles. Mme la Présidente, on travaille très fort pour aider nos
personnes en situation d'itinérance.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
M.
St-Pierre
Plamondon :Mme la Présidente, le
gouvernement de la CAQ a annoncé la semaine dernière qu'il avait coupé dans
huit programmes d'aide et de soutien aux PME québécoises, et ce, pour sauver
455 millions de dollars. Pour ce gouvernement, quand il est question
de PME, qui représentent pourtant 99 % des entreprises au Québec, toutes
les occasions sont bonnes pour couper, mais, par contre, quand on parle de
multinationales étrangères, ah! bien là le chéquier est grand ouvert, et on
n'hésite pas à peser très, très fort sur le crayon. 3 milliards pour
Northvolt sans aucune garantie, ça, il n'y a pas de problème.
Mme la Présidente, sous un gouvernement du
Parti québécois, il y aura un recentrage de l'État québécois vers les PME québécoises.
Notre priorité, ça va être de grossir les entreprises québécoises. Sous un
gouvernement du Parti québécois, ça va être plus de Couche-Tard, plus de
Cascades et moins de Northvolt. Et c'est ça, la différence entre la CAQ et le
PQ. Ce gouvernement mise d'abord sur les multinationales étrangères, quitte à
couper le soutien aux PME québécoises, alors que nous, on va d'abord miser sur
notre monde, nos entreprises, et ce, dans toutes les régions du Québec.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! La réponse du premier ministre. On écoute le premier ministre.
M. Legault : Mme la
Présidente, ce que vient de dire le chef du troisième groupe d'opposition ne
tient pas debout. Il manque d'information. D'abord, les PME québécoises. Depuis
qu'on est au pouvoir, le nombre d'interventions auprès des PME québécoises a
augmenté de 42 %, pas de 4 %, de 42 %. Et, Mme la Présidente, il
y a plein d'entreprises québécoises qu'on a aidées. Je lui donne des
exemples : Kraft Nordic, Garda...
M. Legault : ...des
exemples : Kraft Nordic, Garda, on a aidé Premier Tech, on a aidé
Pharmascience, on a aidé plein d'entreprises québécoises.
Mais, Mme la Présidente, ce qui est
important aussi : il ne faut pas être contre d'attirer des entreprises comme
Alcan, des grandes entreprises qui vont créer des emplois payants au Québec. Et
ce qui est important aussi, c'est de regarder la moyenne au bâton, puis la
moyenne au bâton, depuis six ans, c'est que jamais, en 20 ans, l'économie
du Québec n'a fait aussi bien qu'actuellement. Jamais, en 20 ans, on n'a
battu, pendant six ans, l'Ontario puis le reste du Canada. Je suis très fier de
ça.
Des voix : ...
La Présidente : Vous
connaissez le règlement : pas de bravos. Première complémentaire.
M.
St-Pierre
Plamondon :Mme la Présidente, le
premier ministre nomme des entreprises qu'on a aidées, mais tout ça pour éluder
le fait qu'on est en train de couper dans le soutien aux PME. Et on l'avait
dit, et là je cite l'ancien ministre de l'Économie, on l'avait interpellé en
disant : Si vous donnez beaucoup à des multinationales étrangères, ça va
avoir un impact sur le soutien aux entreprises québécoises. Il nous avait dit à
l'époque, et je le cite : «Ce n'est pas parce qu'on met 1,3 milliard
de support à Northvolt, en partie remboursable, qu'on n'est pas capables de
faire les PME en même temps. Notre niveau d'intervention dans les PME ne
changera pas.»
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Mme la
Présidente, ce n'est pas exact, ce que le chef vient de dire, je m'excuse, là,
mais ce n'est absolument pas exact. D'abord, pourquoi les programmes ont été
arrêtés? Parce qu'on est victimes de notre succès. On avait augmenté le budget,
chez Investissement Québec, et le budget est parti, avec des PME québécoises,
plus rapidement qu'on pensait. Donc, il faut respecter le budget.
• (14 h 50) •
Et je le répète, Mme la Présidente, depuis
six ans... jamais on n'a eu une croissance économique, par habitant, qui est
aussi bonne que ce qu'on a eu depuis six ans. Même chose pour les travailleurs,
les salaires ont augmenté plus vite ici, au Québec. C'est ça qu'on veut.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M.
St-Pierre
Plamondon :Mme la Présidente, on est
en train de couper dans huit programmes de soutien aux PME. La CAQ a mis tous
ses oeufs dans le même panier, et ce panier a des trous, vraisemblablement. Et
c'est ça, le problème de la CAQ, elle priorise des entreprises multinationales
étrangères parce que ça permet de couper des rubans devant les caméras.
Le PQ, le Parti québécois, va prioriser
les PME québécoises. On est devant deux visions très, très différentes, ici.
La Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La Présidente
: S'il
vous plaît! J'aimerais entendre la réponse du premier ministre.
M. Legault : Mme la
Présidente, je m'excuse, là, mais il va falloir que le Parti québécois change
son équipe de recherchistes. On n'a jamais autant aidé les PME québécoises
qu'actuellement. C'est une priorité pour moi de développer les sièges sociaux
québécois. Mais il ne faut pas être contre attirer des entreprises qui viennent
de l'extérieur, il faut être capable d'avoir un équilibre. Il ne faut pas être
fermé comme le chef du PQ.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci, Mme la
Présidente. Les mesures d'austérité de la CAQ mettent en danger la mission de
l'enseignement collégial au Québec. Je cite : «C'est l'avenir même de
l'accessibilité à l'enseignement supérieur qui est en péril.» Et ce n'est pas
seulement moi qui le dis, ce sont les cégeps eux-mêmes, les présidents des
conseils d'administration, qui sonnent l'alarme dans une lettre coup de poing
adressée au premier ministre et à la ministre de l'Enseignement supérieur
aujourd'hui.
Les cégeps enregistrent, cette année, la
plus forte hausse d'inscriptions depuis 25 ans, la plus forte hausse.
Comment la CAQ réagit? Ils gèlent les embauches et ils coupent dans les infrastructures,
au pire moment possible. On nous dit : Ah! ce n'est pas grave, on coupe,
mais ça ne va pas couper dans les services aux étudiants. Mme la Présidente,
c'était la même ligne au Parti libéral, il y a 10 ans, et on sait ce que
ça a donné.
Qu'est-ce que la ministre de
l'Enseignement supérieur répond aux cégeps qui sonnent l'alarme?
La Présidente : La réponse de
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente, puis merci beaucoup pour cette question qui est pertinente,
évidemment, dans le contexte actuel.
Alors, je vais le répéter, jamais un
gouvernement n'a autant investi en enseignement supérieur et plus précisément
dans le réseau collégial. Ça a toujours été l'enfant pauvre des gouvernements
précédents, le réseau collégial, alors qu'on a vraiment misé beaucoup sur le
réseau collégial, non seulement dans les budgets, les budgets qui ont augmenté
dans tout le réseau, depuis 2018, autour de 30 %, mais, dans le réseau
collégial aussi, en termes d'infrastructures, en termes d'heures rémunérées. Ça
a augmenté, au cours des dernières années, au cours, même, des quatre dernières
années. Les heures rémunérées ont augmenté substantiellement, parce qu'on avait
des programmes comme le PARES, on avait des programmes comme le PASME...
Mme Déry : ...substantiellement
parce qu'on avait des programmes comme le PARES, on avait des programmes comme
le PASME, donc pour la persévérance scolaire, pour la santé mentale. Il y a eu
plusieurs embauches qui ont été faites de personnel, que ce soit de personnel
en soutien aux étudiants ou que ce soit du personnel de cadres.
Alors, maintenant, c'est clair qu'on doit
respecter les budgets, mais jamais les budgets n'ont été aussi importants, et
on continue de travailler avec chacun des cégeps. Chacun des cégeps a été
contacté au cours des derniers mois. Moi-même, j'ai parlé avec de nombreux D.G.
des 48 cégeps au cours des derniers mois pour m'assurer que…
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Zanetti : Mme la
Présidente, jamais les besoins n'ont été aussi importants au Québec, la plus
grande hausse d'inscriptions depuis 25 ans. Depuis la rentrée, il y a des
cégeps qui n'achètent plus de livres pour leur bibliothèque. Il y en a qui se
demandent comment ils vont faire pour réparer les salles de bains quand elles
brisent. Et là la CAQ en rajoute une couche et empêche d'embaucher du
personnel.
Il y a une mise à jour économique qui s'en
vient. Est-ce que la ministre va avoir des nouvelles de réinvestissements dans
le milieu collégial pour s'assurer qu'au moins on assure les bases du réseau
collégial et qu'on ne mette pas en péril sa mission?
La Présidente : La réponse de
la ministre
Mme Déry : Vous avez raison,
M. le député, jamais les besoins n'ont été aussi importants, mais, justement,
jamais on n'a autant investi, parce que le rattrapage est extrêmement
important. Le «rattrapage», ce mot-là, pour moi, est un mot-clé, parce que ça
fait des années qu'on n'avait pas investi ni en infrastructures... d'abord,
notamment, principalement en infrastructures, on n'avait jamais investi. Il y a
un rattrapage énorme. Tout arrive en même temps. Ce réseau collégial a été bâti
au même moment. On a de nombreux projets, on a un taux de réalisation qui est
extrêmement important, c'est une bonne nouvelle, mais il faut quand même que je
puisse respecter les enveloppes qu'on nous alloue. Quand les projets doublent,
triplent, quadruplent de prix, de coût, à un moment donné, il faut revoir ces
projets-là puis de s'assurer que ça puisse rentrer dans le budget du PQI et
dans mes mesures budgétaires également. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Je vous
rappelle que vous vous adressez à la présidente. Deuxième complémentaire.
M. Zanetti : La marge de
manœuvre financière du gouvernement, c'est une décision politique, c'est une
décision politique. C'est vous qui décidez combien il y a des revenus qui
rentrent dans les coffres de l'État en fonction des décisions politiques que
vous prenez. Et, avec les décisions politiques que vous avez prises, vous
mettez en péril les missions des cégeps. Allez-vous assurer le minimum?
Allez-vous… Est-ce que… Excusez. Oui, je sais.
La Présidente : Oui, vous
vous adressez à la présidence, c'est bon pour la ministre, c'est bon pour vous.
M. Zanetti : Mme la
Présidente, est-ce que la ministre peut s'engager à assurer la base? On lui
demande... On sait que, peut-être, elle va dire : J'en ai fait plus
qu'avant. On ne demande pas de savoir si elle en a fait plus qu'avant, on veut
la base.
La Présidente : La réponse de
la ministre.
Mme Déry : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. On assure tous les services actuellement, que ce soit en
termes de budget, que ce soit en termes de programmes, que ce soit en termes de
PQI pour les infrastructures. On a fait la tournée des 48 cégeps justement
pour être capables d'avoir exactement leur planification, chose qu'on n'avait
pas avant, parce qu'il n'y en avait pas, de processus, il y a quelques années.
On est arrivés, on a mis des processus en place. Ces processus-là, on est en
train de les parfaire, parce qu'ils sont perfectibles. Mais ce qu'il faut
comprendre, c'est que les budgets sont là, autant dans le PQI que les mesures
budgétaires, tout est là. Le problème qu'on a, c'est qu'il faut que les cégeps
respectent ces enveloppes-là. On ne peut pas se permettre de dépasser en heures
rémunérées. Puis ce qu'on avait comme projections, c'est qu'on allait les
dépasser. Donc, à un moment donné, il faut revenir aux enveloppes qu'on a. Ça
ne veut pas dire que l'argent n'est pas là. L'argent est là, les services sont
rendus aux étudiants, et on va continuer de travailler avec...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Pontiac.
M. Fortin :Oui, merci, Mme la Présidente. Je veux revenir sur les
explications du premier ministre quant au fonctionnement des budgets des
établissements de santé. Le premier ministre nous a dit tantôt : Vous
savez, c'est comme quand on vous donne 10 $, puis on vous dit : Vous
avez toute l'année pour le dépenser. Si vous le dépensez tout au début, bien,
c'est un peu de votre faute puis on vous demande de respecter votre budget. Le
problème avec ça, c'est que le ministre de la Santé, la présidente du Conseil
du trésor ont dit aux établissements de santé qu'ils pouvaient dépenser au-delà
de leur budget. Ils leur ont dit : Tout ce qui compte, tout ce qui compte
sur la main-d'oeuvre indépendante ne sera pas calculé.
À preuve, le CISSS du Bas-Saint-Laurent
nous a dit… jusqu'à hier, avait une directive : Ah! bien, vous savez, vous
pouvez excéder. Mais hier, ils se sont fait dire : Savez-vous quoi, ce
n'est pas 8 millions que vous avez à couper, c'est 34 millions que
vous avez à couper de votre budget.
Alors, moi, je veux bien, Mme la
Présidente, là, qu'on nous dise : Ah! il faut respecter notre budget,
mais, quand on change la directive en cours de route, comme ça, le
18 novembre, comment voulez-vous qu'ils le fassent sans affecter les
services à la population?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Dubé : Mme la Présidente,
je vais répondre très clairement au député de Pontiac. Lorsqu'on a fait une
mesure... Tout à l'heure, j'ai parlé de 50 mesures, je vous en donne une,
la réduction de la main-d'oeuvre indépendante, O.K.? Lorsqu'on a fait ce
programme-là, on a dit : Sur trois ans, il faut sauver 2 millions
d'heures qui sont données à la main-d'oeuvre indépendante. Savez-vous, Mme la
Présidente, depuis moins d'un an, on a sauvé pour l'équivalent de
1 milliard, 1 milliard d'argent qui était payé à la main-d'oeuvre indépendante.
Ce qu'on dit maintenant à nos gestionnaires...
M. Dubé : ...argent qui était
payé à la main-d'œuvre indépendante. Ce qu'on dit maintenant à nos
gestionnaires : Avec ces économies, vous êtes capables de replacer
l'argent pour respecter votre budget. Qu'est-ce que je vous ai dit tout à
l'heure, Mme la Présidente? C'est que nous, on a donné les moyens… À cause des
actions qu'on a mises en place dans les dernières années, on a donné des outils
de gestion à nos gestionnaires pour qu'ils soient capables de réaliser leur
budget grâce aux mesures qui ont été mises en place. La MOI, c'est un bon
exemple, et il y en a plein d'autres. On va continuer à travailler dans ce
sens-là. Merci beaucoup.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef de l'opposition officielle.
M. Tanguay : Alors, Mme la
Présidente, là, on veut entendre le premier ministre là-dessus. Quand on parle
de la malgestion caquiste des finances publiques, qui sont arrivés avec des
surplus budgétaires de 7 milliards de dollars, qui nous ont creusé un
déficit historique de 11 milliards de dollars, et que les services ont
diminué en accessibilité et en qualité, ça, c'est un fait, et celles et ceux
qui doivent en répondre, c'est le premier ministre et les ministres qui sont en
poste dans leur septième année. Les Québécoises et Québécois, par dizaines de
milliers, sur des listes d'attente, notamment des listes d'attente pour
chirurgies, des listes d'attente de plus d'un an, où les cibles sont mouvantes,
au fur et à mesure que le temps passe, le gouvernement avance dans le temps,
mais les cibles reculent et ne sont jamais atteintes. Et, dans un contexte où,
à cause de ces gaspillages nombreux, on est rendus avec un déficit historique,
il ne sait plus quoi faire et il change les règles du jeu.
Que répond le premier ministre quand il
entend un fait de la vie, que, le 18 novembre, le CISSS s'est fait
dire : Ce n'est plus 8 millions, c'est 34 millions? Peut-il
imaginer une seule fois qu'ils ne couperont pas les services? Voyons donc!
• (15 heures) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, j'invite le chef de l'opposition officielle à parler au député de
Pontiac. Il l'a bien dit tantôt, il y avait un budget spécifique pour la
main-d'oeuvre indépendante. Or, Mme la Présidente, depuis le début de l'année,
le ministère de la Santé a réussi à couper le budget de la main-d'œuvre
indépendante de 60 %, 60 %. Donc, la main-d'œuvre indépendante, dans
le temps du Parti libéral, ça coûtait 2 milliards par année. Là, on va
être à moins de 1 milliard. Donc, Mme la Présidente, c'est de la bonne
gestion. C'est de la bonne gestion. Comment le Parti libéral, qui a scrapé le
réseau de la santé en faisant des coupures sauvages, peut-il nous reprocher
d'avoir coupé 60 % de la main-d'oeuvre indépendante, c'est-à-dire des
agences privées? Québec solidaire devrait applaudir, d'ailleurs.
La Présidente : Alors, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles
et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant
un membre du gouvernement. M. le leader.
M. Jolin-Barrette : Merci,
Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis,
le député de Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et le député
d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée nationale affirme qu'elle
ne contribue pas à la construction des mécanismes du racisme;
«Qu'elle affirme qu'il n'y a pas en son
enceinte une construction de l'autre et de sa culture qui serait inférieure ou
dangereuse;
«Qu'elle énonce qu'affirmer que
l'Assemblée nationale contribue à la construction de cet autre comme étant un
danger ne constitue pas de la pédagogie, mais une construction de la division;
«Qu'enfin, elle demande au député de
Maurice-Richard de retirer ses propos et de s'excuser auprès de cette Assemblée
et de tous ses membres qui ont été visés par ces accusations de racisme.»
La Présidente : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
La Présidente : Cette motion
est...
Une voix : …
La Présidente
: Il n'y
a pas de consentement. Pas de consentement. En fonction de nos règles, maintenant,
je reconnais…
15 h (version révisée)
<12187
La
Présidente :
...en fonction de nos règles, maintenant, je >reconnais
un membre du groupe formant l'opposition officielle.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le leader du gouvernement, le député de
Matane-Matapédia, la députée de Vaudreuil et le député d'Arthabaska :
«Que l'Assemblée nationale du Québec se
dissocie de toute déclaration suggérant que cette Assemblée et ses membres sont
racistes;
«Qu'elle rappelle que de tels propos
nuisent au maintien du consensus nécessaire envers la lutte au racisme et toute
forme de discrimination dans notre société;
«Qu'enfin elle rappelle que les membres de
l'Assemblée se sont engagés à respecter les valeurs du code d'éthique et de
déontologie, notamment le respect et la protection de l'Assemblée nationale et
de ses institutions démocratiques.»
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : ...pour
un débat de deux minutes de rigueur par intervenant dans l'ordre suivant :
la députée de Westmount—Saint-Louis, le leader du gouvernement, la députée de
Mercier et le député de Matane-Matapédia.
La Présidente : Pour un débat
de deux minutes, vous avez bien dit?
M. Lévesque (Chapleau) : ...
La Présidente
: De
rigueur. Je l'appliquerai. Alors, premier intervenant, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
nous vous écoutons. Deux minutes.
Mme Maccarone : Merci, Mme la
Présidente. Je me lève aujourd'hui au nom de ma formation politique afin d'intervenir
sur les propos prononcés par le député de Maurice-Richard au sujet de racisme
au sein de l'Assemblée nationale. Nous avons eu l'occasion de le dire, ces
propos sont inacceptables et devraient être retirés dans leur intégralité. Et
le député de Maurice-Richard devrait avoir la force morale
d'offrir ses excuses sincères et entières à l'ensemble des parlementaires
blessés par ses propos.
Les regrets exprimés par le député de
Maurice-Richard nous apparaissent comme incomplets, même s'ils constituent un
premier pas vers la reconnaissance de son erreur. Nous l'invitons à cesser
toute tergiversation et à reconnaître le caractère inacceptable de son
intervention. Avoir le courage de dire qu'il est allé trop loin ne remet pas en
cause la valeur de son engagement envers une société plus juste et plus
égalitaire. L'erreur est humaine.
Le racisme et la discrimination sont des
phénomènes qui... présents dans toutes les sociétés... dans toutes les
sociétés, le Québec n'y en fait pas exception. Nous avons le devoir collectif, comme
élus à l'Assemblée nationale, de fédérer les Québécoises et les Québécois afin
de lutter contre ces phénomènes. Il est normal et même souhaitable, dans une
société, d'avoir des désaccords sur les moyens pour lutter contre ceci. Après
tout, il est le rôle des parlementaires de questionner les initiatives du
gouvernement en la matière, de vouloir de meilleurs résultats et de plus
grandes avancées. Cela fait partie du débat démocratique et du contrôle de l'activité
gouvernementale qui nous incombe tous. Toutefois, nous ne devrions jamais
verser dans les attaques personnelles ou les généralisations excessives qui
heurtent, blessent et divisent.
En ce sens, les propos du député de
Maurice-Richard ont causé de grands torts, suscité un tollé négatif et
fragilisent le consensus nécessaire pour avancer comme société sur cette
question. Ensemble, nous avons le devoir d'élever le débat. Merci.
La Présidente : Je reconnais
maintenant le leader du gouvernement, deux minutes d'intervention.
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme
la Présidente. Ça fait quelques années que je siège ici, en cette Assemblée, et
ce qui... ce que j'ai reconnu de la majorité de mes collègues, que ce soit de l'ancien
gouvernement ou du gouvernement actuel et de l'ensemble des parlementaires de
cette Assemblée, c'est souvent le sens de l'État. C'est ce qui gouverne bien
souvent chacun d'entre nous, Mme la Présidente. Parce que peu importe la
bannière politique sous laquelle nous sommes élus, généralement, Mme la
Présidente, nous travaillons au bien-être collectif avec, pour chacun d'entre
nous, une vision de ce qu'est le bien-être collectif.
Mais chacun d'entre nous, Mme la
Présidente, au-delà de nos divisions, au-delà de nos opinions, au-delà de nos
origines, au-delà de nos provenances régionales, Mme la Présidente, nous
défendons nos concitoyens et concitoyennes et nos idéaux, Mme la Présidente, et
c'est bien ainsi. Mais on se respecte, Mme la Présidente. Et, si, en cette
Assemblée, on affuble les collègues de propos, d'attaques et d'éléments qui
sont mensongers, nous perdons le...
M. Jolin-Barrette : ...mais on
se respecte, Mme la Présidente. Et, si, en cette Assemblée, on affuble les
collègues de propos, d'attaques et d'éléments qui sont mensongers, nous perdons
le liant, le contrat que nous avons avec nos électeurs et également la dignité
que nous avons envers tous et chacun, du respect que nous avons de débattre,
Mme la Présidente.
Les propos du député de Maurice-Richard,
que nous avons entendus à une et même à deux reprises, Mme la Présidente, sont
complètement inacceptables dans notre société. Nous enseignons un
vivre-ensemble dans nos écoles pour qu'il n'y ait pas d'intimidation, pas
d'accusation, Mme la Présidente. On s'attendrait, à un membre élu de cette
Assemblée nationale, qu'il puisse s'élever et qu'il puisse faire preuve de
dignité, Mme la Présidente. La seule chose à faire est de s'excuser auprès des
membres de cette Assemblée et auprès de l'ensemble des Québécois parce que,
lorsqu'on attaque un collègue de l'Assemblée nationale en lui prêtant des
propos faux, inacceptables et mensongers, on attaque l'ensemble des Québécois,
et les Québécois ne sont pas des racistes, je peux vous en assurer, et tout le
monde est d'accord là-dessus.
• (15 h 10) •
La Présidente : Je reconnais
maintenant la députée de Mercier pour un droit de parole de deux minutes.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je m'exprime aujourd'hui en tant que première femme née à
l'extérieur du Québec à la tête d'un parti politique. Le Québec est une nation
accueillante, un endroit qui, aujourd'hui, fait l'envie de beaucoup de gens
dans le monde. Le Québec a toujours considéré l'immigration comme une richesse,
mais, tout le monde le reconnaît aujourd'hui, le système d'immigration actuel
comporte des défis.
Cela dit, ce n'est pas une raison pour que
ces défis fassent l'objet d'une surenchère ou de donner l'impression que
l'immigration est responsable de tous les problèmes du Québec. Est-ce
qu'affirmer qu'il faut réduire les seuils d'immigration est raciste? Bien sûr
que non, mais on ne peut pas nier que, depuis quelques années, le discours sur
l'immigration est négatif. Les immigrants, les Québécois issus de l'immigration
et leurs enfants en sont aujourd'hui victimes. Je dénonce ce discours négatif
depuis longtemps. Depuis longtemps, je répète qu'il faut cesser de mettre les
maux du Québec sur le dos de l'immigration et je m'efforce à le faire de la
meilleure façon possible.
Non, on ne peut pas soutenir que
l'Assemblée nationale et ses membres ici, mes collègues les députés, sont
racistes. Il est aussi important de condamner les menaces et les messages
haineux envers le député de Maurice-Richard. Le racisme systémique existe. Nous
devons le combattre. L'Assemblée nationale doit toujours réaffirmer son
indéfectible engagement dans la lutte contre le racisme. Merci beaucoup.
La Présidente : Je reconnais
maintenant le député de Matane-Matapédia pour son intervention de deux minutes.
M. Bérubé : Merci, Mme la
Présidente. Et, pour revenir sur le sujet, cette fois, je vais lire une
déclaration que j'ai faite tout à l'heure : «Le député de Québec solidaire
de Maurice-Richard s'excuse pour une maladresse, mentionnant que les exemples
dont il a parlé concernant le député de Taillon et le député de La Prairie
étaient seulement maladroits.»
Voici la définition de «maladroit» :
«Manque d'habileté ou de tact.» Le député de Maurice-Richard n'a pas manqué de
tact. Il a rapporté sciemment de faux propos, inventés de toutes pièces, en les
attribuant à plus d'une personne. Il s'agit bel et bien de désinformation et
non d'une simple maladresse. Ces désinformations cherchaient à miner la
crédibilité du député de La Prairie, du député de Taillon et du député de
Camille-Laurin ainsi que de l'ensemble de l'Assemblée nationale comme
institution. Le mot peut apparaître dur, celui de «désinformation», mais voici
sa définition : «Action de désinformer, c'est-à-dire de diffuser par les
médias des informations délibérément erronées ou orientées.»
Le député de Maurice-Richard devrait donc
présenter des excuses sincères aux personnes visées pour ce qu'il a réellement
fait, désinformer. Ses propos n'ont rien à voir avec une simple maladresse.
Nous le savons tous. Cette institution est importante pour les Québécois. Elle
l'est pour chacun des membres de cette Assemblée nationale. Et je peux témoigner
qu'il y a des moments où on doit serrer les rangs, et serrer les rangs, c'est
maintenant, avant que ce qui s'est passé prenne davantage d'altitude. Mme la
Présidente, au nom du Parti québécois, je demande au député de Maurice-Richard
de placer l'institution avant sa personne...
M. Bérubé : ...de placer
l'institution avant sa personne.
(Applaudissements)
La Présidente : Alors, cette
motion... Oui, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Derraji : ...nominal, s'il
vous plaît.
La Présidente : ...la période
de votation est ouverte.
Parfait. La période de vote est terminée.
M. le secrétaire général, le résultat.
Le Secrétaire : Pour :
102
Contre : 0
Abstention : 0
La Présidente : La motion est
adoptée.
Pour ma part, je vous rappellerai une
seule chose, être député est un énorme privilège, et toutes et tous, autant que
nous sommes, nous travaillons uniquement pour une seule race, la race humaine.
Nous devons à toutes et à tous le respect, rappelons-nous-en.
Maintenant, une motion sans préavis ayant
déjà été présentée par le groupe...
Une voix : ...
La Présidente : Oui, oui,
vous avez raison. Alors, veuillez m'excuser. Je reconnais un membre du deuxième
groupe d'opposition pour sa motion, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale condamne les
menaces et messages haineux envers le député de Maurice-Richard;
«Qu'elle affirme qu'aucun parlementaire ne
mérite d'être ciblé par la haine et la violence.»
Merci beaucoup.
La Présidente : Oui,
monsieur.
M. Lévesque (Chapleau) : Consentement,
sans débat, Mme la Présidente.
La Présidente : J'allais
demander s'il y avait consentement. Consentement. La motion est adoptée.
Maintenant, je reconnais un membre formant
le troisième groupe d'opposition. Aussi, M. le député de Matane-Matapédia, vous
aviez une motion à nous proposer.
M. Bérubé : ...Mme la
Présidente, je suis désolé. Je sollicite le consentement des membres de cette
assemblée afin de présenter, conjointement avec le leader parlementaire du
gouvernement, la députée de Westmount—Saint-Louis, le député d'Arthabaska et la
députée de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle les
valeurs prévues à l'article 6 de son code d'éthique et de déontologie, qui
incluent le respect et la protection de l'Assemblée nationale et de ses
membres;
«Qu'elle exige que ses membres souscrivent
pleinement à ces valeurs dans toutes leurs actions et s'en inspirent en toutes
circonstances dans leurs fonctions;
«Que l'Assemblée nationale affirme
qu'aucun de ses membres n'est motivé par le racisme et la construction négative
ou inférieure de l'autre et dénonce fortement tout propos en ce sens;
«Qu'elle affirme que de tenir des propos
semblables peut miner la légitimité de l'Assemblée nationale, nuire au
vivre-ensemble et affaiblir la confiance de tous les Québécois et Québécoises
envers les institutions démocratiques du Québec.»
La Présidente
: Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : ...consentement
pour un débat de deux minutes...
La Présidente : ...Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) : ...pour
un débat de deux minutes de rigueur par intervenant dans l'ordre suivant :
le député de Matane-Matapédia, le ministre responsable de la Lutte contre le
racisme, la députée de Westmount—Saint-Louis et le député de Laurier-Dorion.
La Présidente : Je reconnais
maintenant, pour son intervention, deux minutes, M. le député de
Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, nous faisons œuvre utile. Nous débattons ici, là où doit se passer
nos échanges de questions sensibles et importantes. L'immigration en est une.
L'intégration en est une. Et il nous arrive parfois d'avoir des propos qui
dépassent notre pensée. Habituellement, dans ces cas, on réussit assez
rapidement à se corriger et on passe à autre chose. Les gens sentent notre
volonté de faire les choses correctement, d'être sincères, ça arrive.
Parfois, les enjeux sont plus sérieux et
parfois les enjeux font en sorte qu'on doit accuser la position de l'autre.
Tant que ça reste sur les positions, ça va. D'ailleurs, en matière
d'immigration, jamais, nous, au Parti québécois, on accuse les individus liés à
l'immigration. Par contre, il nous arrive d'accuser ceux qui ont mis en place
un système qui fait en sorte qu'on ne peut pas dignement accueillir chez nous
des immigrants et des immigrantes qui ont choisi l'aventure québécoise, de
participer à notre grande famille, parce qu'il faut les loger correctement,
parce qu'il faut leur permettre d'aller à l'école, d'avoir accès à un centre de
la petite enfance, de vivre dignement. La plus grande des prudences et la plus
grande des vérités, c'est de dire : Voici ce qu'on est capables de faire
pour accueillir correctement les gens. Je pense que c'est ce qu'il y a de plus
responsable à faire.
Parfois, de dire ça, pour nous, au Parti
québécois ou pour d'autres dans cette Chambre, ça nous vaut un certain nombre
de critiques — on est prêt à les départager — sur les
stratégies, sur l'opportunité de le faire, sur le moment de le faire. Mais
parfois ça va plus loin. On insinue que des individus auraient des desseins
cachés ou auraient des orientations inavouables. C'est arrivé.
Alors, qu'est ce qu'on fait? On en prend
acte, et puis on y réfléchit, puis on réalise qu'autour de nous il y a des gens
qui ont été touchés, des gens qui sont des parlementaires, mais aussi des gens
qu'on représente ou des membres de nos familles. Alors, on prend les moyens qui
s'imposent. On ramène à l'Assemblée nationale ses enjeux et on dit à la
population québécoise : Réglons ces questions-là sereinement. Personne,
ici, n'a d'autre volonté que de bien faire les choses. Merci.
• (15 h 20) •
La Présidente : Je reconnais
maintenant le ministre responsable de la Lutte contre le racisme.
M. Leduc : ...
La Présidente : Oui? Oui, M.
le leader.
M. Leduc : ...rigueur pour
tout le monde.
La Présidente : Vous avez
raison. Et j'ai échappé quelques secondes. J'attendais le point qui n'arrivait
pas. Je serai plus rigoureuse. M. le ministre.
M. Skeete : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Vous ne le savez pas, mais je suis le fils pauvre d'un...
d'une mère monoparentale, orphelin à l'âge de 16 ans. Jeune, j'étais
pauvre à un point tel où est-ce qu'on avait un «sleeping bag» dans la fenêtre
au lieu d'avoir des rideaux. On ouvrait le four pour se chauffer l'hiver.
Aujourd'hui, je suis ministre dans le
gouvernement du Québec. C'est juste au Québec que cette histoire est possible.
De dire que cette institution ne permet pas cette histoire-là, c'est de nier
mon existence, c'est d'ignorer ma présence et c'est d'ignorer la beauté qu'est
le Québec contemporain.
De dire que le Québec n'est pas parfait,
ça va du débat politique, Mme la Présidente. D'avoir une opinion qui n'est pas
pareille comme nos pairs, je peux vous dire, Mme la Présidente, je suis
rarement d'accord avec mes collègues, l'autre bord, côté orientation politique,
mais jamais je nie le sens de leur implication, leur désir pour un Québec
meilleur.
Je pense que l'occasion qu'on a
aujourd'hui, c'est de ramener à l'ordre les propos qui ont été dits pour se
dire que, oui, il y a une lutte contre le racisme, qu'on doit tous s'engager à
éradiquer, mais de ne pas le voir partout. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas
d'accord sur certains sujets que c'est du racisme. Ce n'est pas parce qu'on ne
pense pas comme quelqu'un d'autre que c'est du racisme. Arrêtons de voir le
racisme partout. Il est déjà présent dans plus de places qu'on souhaite.
Alors, ce que je dirais à mes collègues aujourd'hui,
c'est : Merci de me permettre cette histoire. Mais prenez un moment pour
vous regarder, regarder l'Assemblée nationale...
M. Skeete : ...je dirais à mes
collègues aujourd'hui, c'est : merci de me permettre cette histoire, mais
prenez un moment pour vous regarder, regarder l'Assemblée nationale, qui
aujourd'hui représente beaucoup les Québécois, à un point tel que, si on
faisait un inventaire, partout ici, jamais on n'aurait eu autant de diversité.
Je vous invite à cette réflexion-là et je vous invite aussi, cher collègue, à
repenser votre position. Merci.
La Présidente : Et je
reconnais maintenant la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci encore,
Mme la Présidente. Comme vous pouvez constater, je pense que nous sommes tous
ébranlés par les propos du sujet du racisme, ici à l'Assemblée nationale. Je
répète, ces propos sont inacceptables, et ils devraient être retirés dans leur
intégralité, et le député de Maurice-Richard devrait avoir la force morale
d'offrir ses excuses sincères et entières à l'ensemble des parlementaires
blessés par ses propos.
Accuser cette institution de contribuer à
la construction de mécanismes racistes, c'est non seulement injuste envers ses
membres, mais aussi réducteur du travail collectif que nous accomplissons ici
pour bâtir une société inclusive et égalitaire. Affirmer que nous véhiculons
une vision de l'autre comme étant inférieure ou dangereuse est une déclaration
grave qui alimente la division, plutôt que le dialogue. Ce genre de propos ne
favorise pas la pédagogie ni le progrès.
Il est essentiel de préserver l'intégrité
et la réputation de cette Assemblée nationale qui est le lieu sacré de la
démocratie québécoise. Je crois fermement que nous pouvons reconnaître les
défis de notre société, sans ternir l'image de l'Assemblée ni discréditer ses
membres. Ensemble, nous avons la responsabilité de promouvoir l'unité, et cela
commence par le respect mutuel et l'engagement à débattre dans un esprit
constructif. Ensemble, nous avons le devoir d'élever le débat chaque jour,
partout, tout le temps. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Et je
reconnais maintenant le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Mme la Présidente,
la motion présentée aujourd'hui par le Parti québécois souligne des principes
et des principes fondamentaux auxquels, j'en suis convaincu, nous souscrivons
tous : le respect, l'éthique et la dignité au sein de cette Assemblée. Ce
sont des valeurs que nous devons incarner non seulement ici, mais également
dans l'ensemble de nos engagements envers la société québécoise. Cependant, il
est important d'aller au-delà des généralités.
Québec solidaire a récemment réaffirmé,
lors de son congrès tenu en fin de semaine, son engagement historique contre le
racisme systémique et toutes les formes d'intolérance. Nous avons aussi dénoncé
l'instrumentalisation des personnes immigrantes dans des débats publics, une
pratique qui alimente la polarisation et détourne l'attention des véritables
causes des enjeux sociaux comme la crise du logement, l'emploi ou l'accès aux
services publics.
Il est de notre devoir, comme élus, de
parler de ces enjeux avec rigueur et respect, évidemment, sans tomber dans des
discours qui disqualifient les paroles et les personnes qui les portent. Nous
devons tous ensemble faire preuve de responsabilité dans nos paroles et nos
actions, sans nous empêcher de faire les débats politiques qui s'imposent sur
les questions les plus difficiles. Car, lorsque nous attisons des divisions
indues, nous minons non seulement nos institutions démocratiques et les valeurs
que nous prétendons défendre...
Québec solidaire appelle donc à des
solutions concrètes aux défis réels qui affectent notre société : la lutte
contre le racisme, la discrimination et la haine qui, malheureusement,
continuent à exister dans notre société. Les débats sur les meilleures
politiques pour susciter l'intégration des personnes issues de l'immigration
dans la société québécoise ne sont pas un débat théorique, et nous devons en
débattre. Merci.
Des voix : ...
La Présidente
: S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Nous avons bien compris...
M. Fontecilla : ...un débat
théorique, et nous devons en débattre. Merci.
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Nous avons bien compris la fin. Maintenant, nous
mettons cette motion... Avant, je dois vous demander si cette motion est
adoptée. Adopté. Oui, M. le député?
M. Arseneau : ...groupe y
consent, nous aimerions voter.
La Présidente : Consentement,
alors, pour le vote, voilà. Donc, la période de vote est ouverte.
M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour :102
Contre :0
Abstentions :0
La Présidente : La motion est
adoptée. Oui, M. le député de Matane-Matapédia, vous voulez rajouter quelque
chose?
M. Bérubé : Mme la
Présidente, nous aimerions envoyer cette motion à la fondation du Club Avenir.
La Présidente : Ce sera fait
pour votre demande. Maintenant, une motion sans préavis ayant déjà été
présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande s'il
y a consentement pour permettre la lecture d'une autre motion sans préavis.
Consentement? Consentement. M. le leader du gouvernement? Non, monsieur le…
adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : ...pendant
la période de travaux intensifs devant se tenir du 25 novembre au 6 décembre
2024, l'horaire des travaux de l'Assemblée et des commissions soit modifié
ainsi :
«Que le mardi soir, l'Assemblée et les
commissions tiennent séance de 19 à 21 heures plutôt que de
19 h 30 à 21 h 30;
«Que le jeudi après-midi et le jeudi soir,
l'Assemblée et les commissions tiennent séance de 14 heures à
18 heures et de 19 heures à 21 heures plutôt que de 15 heures
à 18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30.»
La Présidente : Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
À la rubrique Avis touchant les travaux
des commissions, M. le leader adjoint du gouvernement. Si vous avez à sortir,
faites-le tout doucement. J'aimerais entendre l'appel des travaux.
• (15 h 30) •
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente.
Donc, j'avise cette Assemblée que la
Commission des transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée
du projet de loi n° 61, la Loi édictant la Loi sur
Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'aménagement du
territoire poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 76,
la Loi visant principalement à accroître la qualité de la construction et la
sécurité du public, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
19 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des institutions va
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 73, Loi
visant à contrer le partage sans consentement d'images intimes et à améliorer
la protection et le soutien en matière civile des personnes victimes de
violence, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Pauline-Marois.
La Présidente : Merci. Pour
ma part, je vous avise que la Commission de la culture et de l'éducation se
réunira en séance de travail demain, le mercredi 20 novembre 2024, à
8 heures, de 8 heures à 8 h 30, à la salle Pauline-Marois,
afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de la pétition
portant sur la demande d'exempter les étudiants autochtones des dispositions de
la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
Toujours à la rubrique Renseignements sur
les travaux de l'Assemblée, voilà, et je vous informe que, demain, lors des
affaires inscrites par les députés de l'opposition, sera débattue la motion
inscrite par M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement caquiste de ne prendre aucune action qui aurait pour effet
d'alourdir le fardeau fiscal des petites et moyennes entreprises du Québec.»
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons passer maintenant aux affaires du jour.
Et je suspends quelques minutes pour que
nous puissions y aller. À tout de suite.
(Suspension de la séance à 15 h 33)
15 h 33 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 34)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader du gouvernement, voulez-vous nous indiquer la suite des travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est un plaisir de vous retrouver pour nos
travaux cet après-midi. J'aimerais qu'on appelle l'article 1 du
feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : À
l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt
aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet de loi n° 74,
Loi visant principalement à améliorer l'encadrement relatif aux étudiants
étrangers. Et Mme la députée de Mont-Royal—Outremont, vous
n'aviez pas terminé votre intervention. Donc, je vous cède la parole
immédiatement.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je vais compléter mon intervention. J'étais rendue à
décliner, donc, certaines des conséquences plus larges que peut avoir ce projet
de loi n° 74 sur la société québécoise et les risques
plus généraux qu'on encourt si les nouveaux pouvoirs qui seraient attribués au
ministre sont mal utilisés. Rappelons que notre formation politique va voter
contre le principe. Avec le libellé actuel, les pouvoirs sont beaucoup trop
larges. Il faut absolument que ces pouvoirs-là soient balisés.
Le Québec, on va se rappeler, se donne
notamment la possibilité de procéder par décrets, et donc il y a un fort
potentiel ici de nuire à notre économie et il ne faut absolument pas sous-estimer
la contribution des étudiants internationaux qui contribuent à l'économie
pendant qu'ils sont ici, ils dépensent, ils font rouler l'économie, ils
travaillent pendant la durée de leurs études. Donc, ils comblent la pénurie de
main-d'œuvre. Ils contribuent à la capacité de recherche et d'innovation du
Québec. Ils sont présents dans les laboratoires de recherche, surtout au
deuxième et troisième cycle. Ils sont majoritaires, comme je disais, au cycle
supérieur, donc il faut absolument exclure ces deux cycles. Il faut demeurer
attractif et compétitif, Mme la Présidente, dans cette course globale au
cerveau, aux meilleurs talents.
Et pour citer Maude Cohen, la directrice
de l'École polytechnique dans ma circonscription qui l'a si bien dit, et je la
cite : «Les étudiants internationaux qui sont passés par la poly ont
contribué et contribuent toujours à enrichir notre société. En accueillant ces
talents, nous intégrons des perspectives et des compétences qui renforcent
notre avenir collectif. Favorisons leur place parmi nous pour attirer toute la
richesse. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je suis prête à reconnaître un autre intervenant. M.
le député de Jean-Talon, je vous cède la parole.
M. Paradis : Merci, Mme la
Présidente. Alors, on a tenu des consultations particulières sur le projet de
loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement
relatif aux étudiants étrangers. Et un des premiers constats qui ressort, qui
ressort au terme de ces consultations particulières, c'est qu'il y avait
beaucoup d'intervenants, sinon la totalité des intervenants qui se sont demandé
où le gouvernement voulait s'en aller avec ce projet de loi.
Il nous indique que c'est pour encadrer la
question des permis conférés aux étudiants étrangers, qui sont liés à la
question de l'immigration, mais sans nous dire exactement où ils voulaient
aller. Quelle est la planification du gouvernement en matière d'étudiants
étrangers et, plus globalement, en matière d'immigration? Et les gens ne le
savaient tellement pas que plusieurs nous ont dit : Bien, nous, ça ne nous
concerne pas vraiment, ce projet de loi là, où ça ne devrait pas nous concerner
puis on devrait... on aimerait en être exclus. En fait, la plupart des
universités sont venues nous dire : Non, ça ne devrait pas s'appliquer à
nous. Les cégeps sont venus nous dire : Non, ça ne devrait pas s'appliquer
à nous. Et donc c'est un problème récurrent de la part de ce gouvernement que
de vouloir se doter d'instruments, d'outils ou de moyens sans nous dire ce qu'il
veut en faire. Je le sais, j'ai vu ça dans d'autres projets de loi, puis il me
semble que c'est un commentaire que je fais malheureusement souvent, notamment
au moment de l'adoption du principe, c'est de dire : Bien, oui, mais si on
avait eu la planification...
15 h 38 (version non révisée)
M. Paradis : ...avant. Si le
gouvernement nous avait indiqué ce qu'il veut faire, quels sont les objectifs
qu'il vise, notre travail de parlementaire serait beaucoup plus pertinent, s'en
trouverait facilité.
Dans les médias, au cours des consultations
particulières, on a compris de la part du ministre que c'était notamment pour
réduire la courbe du nombre d'étudiants étrangers au Québec. Mais dans quelle
mesure? Comment le faire? Pour quoi exactement? On ne le sait pas. À telle
enseigne que, pendant les consultations particulières, on a entendu le ministre
parler plus souvent de la planification en matière d'immigration déposée par le
troisième groupe d'opposition, par le Parti québécois. Il en a parlé plus
souvent que de sa propre planification, bien sûr, parce qu'il n'y en a pas.
Alors ça, c'est un des... c'est un des premiers enjeux, c'est un des problèmes
en fait qui existent avec ce projet de loi actuellement, c'est qu'on aurait dû
avoir la planification du gouvernement avant, et on ne l'a pas eue. Et
d'ailleurs, en matière d'immigration, c'est un problème qui existe depuis sept
ans. Depuis sept ans, on essaie de comprendre quelle est la planification à
long terme, à moyen terme pour arriver à savoir ce qu'on fait à court terme du
gouvernement, et on ne le sait pas. Or, l'immigration, notamment celle des
étudiants internationaux, c'est une question qui se vit à long terme parce
qu'on parle du projet de vie de personnes qui choisissent de venir étudier au
Québec, et ça, ça se planifie longtemps à l'avance. Il faut réfléchir à son
idée, il faut savoir quelle institution on va viser. Il faut faire le
processus, et on a besoin de... de savoir quelles sont les conditions dans
lesquelles on va être accueillis dans le pays qu'on vise. Donc, c'est la
prévisibilité qui est importante, et ça. La majeure partie des intervenants en
consultations particulières sont venus nous le dire, autant du côté des
institutions, des professeurs que des étudiants. Tout le monde nous a rappelé
qu'il y a un projet de vie derrière ça, que ça se planifie et que ça prend de
la stabilité, de la prévisibilité et qu'on ne peut pas dire, une année, les
vannes sont complètement ouvertes, puis l'année d'après, dire : Non, désolé, le
programme est fermé. Ce qu'on a vécu d'ailleurs avec ce gouvernement entre
l'année dernière et cette année. Donc, premier problème, planification ou
absence de planification,
Le deuxième élément qu'il m'apparaît
important de mentionner ici. C'est... c'est un autre élément qui est
malheureusement absent du projet de loi, et c'est la question du financement
qui est intimement liée à celle des seuils donc de non seulement d'immigration
ici, mais le nombre de permis d'études qu'on octroie à des étudiants
internationaux à chaque année. Pourquoi? Parce que ce qu'on a vu, c'est une
croissance assez raisonnée, dans les institutions d'enseignement, du nombre
d'étudiants internationaux, notamment au fil des années 2010. Entre 2010 et
2017, il y a eu une croissance, et elle est beaucoup plus marquée dans certaines
institutions et à certains niveaux qu'à d'autres. Mais ce qu'on a vu à partir
de 2017‑2018, c'est une croissance vraiment fulgurante. C'est là qu'on est
passé de 20 000, avant les années 2010, étudiants internationaux, à peu
près 15 000 dans les années 2010, jusqu'à 70 000 en 2017, et là, on est rendu à
125 000, 125 000. Donc, il y a eu une hausse fulgurante, et cette hausse
fulgurante est notamment arrivée en même temps qu'il y a eu un changement des
règles de financement où, là, le financement n'est pas géré par le gouvernement
de manière globale et répartie entre les institutions, mais il est par étudiant
et il est indépendant de chaque institution. Donc, en réalité, il y a une
espèce de course aux étudiants internationaux parce que ça vient avec du financement
et qu'actuellement, si on parle de réduire les seuils, c'est peut être une
mesure de définancement des universités, ce qu'on ne veut pas voir arriver et
ce que plusieurs dénoncent, c'est-à-dire que si on ne change pas les règles de
financement, et qu'on change les seuils, et qu'il y a moins d'étudiants, ça va
affecter de manière importante le financement des universités, notamment où il
y a le plus d'étudiants internationaux, et... et ce n'est pas ça, je pense,
l'objectif qu'on veut atteindre. C'est donc dire que le gouvernement, dans son
absence de planification, n'a pas encore abordé cette question-là qui est au
cœur...
15 h 43 (version non révisée)
M. Paradis : ...de la
problématique ou des problèmes dont on veut discuter avec le projet de loi no
74. Donc, on invite le gouvernement à se pencher sur cette question-là aussi.
Nous, au Parti québécois, on dit : Il faut revenir à une formule de financement
qui était celle qui est analogue à celle qui existait avant le changement de
2018, parce que ça a contribué à la hausse fulgurante du nombre d'admissions,
donc, pour les étudiants internationaux. Et ça, on ne le voit pas.
La troisième question générale qui ressort
aussi des consultations particulières, c'est qu'il faut moduler, qu'il faut
réfléchir à cette question-là, non pas de manière mur-à-mur, c'est ce que
certains nous ont dit, mais de façon spécifique à chaque niveau d'enseignement,
à chaque région et à chaque établissement. On nous a bien démontré, et nous, au
Parti québécois, on l'avait déjà dénoté dans notre planification sur l'immigration,
qu'il y a des grandes différences entre le niveau universitaire et le niveau
des cégeps, qu'il y a une grande différence entre Montréal, d'une part, Québec,
d'autre part, et les régions du Québec, d'autre part, et que, donc, il faut
agir de manière ciblée, il faut une planification ciblée.
Encore une fois, on aimerait... on aurait
aimé avoir la planification du gouvernement relativement à ces différents
secteurs avant d'aborder l'étude du projet de loi no 74. On ne l'a pas, mais le
gouvernement nous dit, dans le mémoire, notamment, produit par le ministre, que
c'est pour faire ça qu'il a besoin du projet de loi, parce qu'il nous indique
qu'il a un pouvoir d'admission général pour l'ensemble du Québec, mais qu'il ne
peut pas assez cibler ses interventions et que c'est pour ça qu'il a besoin du
projet de loi no 74.
Nous, on est ouvert à en discuter avec le
ministre et avec les collègues des banquettes de l'opposition. On pense qu'il y
a des questions intéressantes qui se posent et que le ministre a commencé à
évoquer, notamment, lors de la deuxième journée d'étude du projet de loi,
comprendre ce qu'il nous explique dans son mémoire, c'est-à-dire qu'avec les
outils dont il dispose actuellement il y a des choses qu'il ne peut pas faire
et que, s'il avait ces outils-là, il pourrait avoir une meilleure gestion de la
question des étudiants internationaux. On est ouverts à l'entendre, on est
ouverts à l'écouter et en discuter.
Pour l'instant, on n'a pas été convaincus
par ce qu'on a entendu, autant sur la place publique qu'en commission
parlementaire, mais on va... donc, je vous annonce, Mme la Présidente, qu'on va
voter en faveur du principe pour qu'on puisse aller l'étudier, qu'on puisse
aller en discuter, de ce projet de loi là, parce que c'est une question qui est
importante pour le Québec, qui est importante pour nos institutions d'enseignement,
parce que c'est une richesse, des étudiants étrangers, pour nos programmes de
recherche, pour nos programmes de pointe. C'est essentiel dans plusieurs de nos
régions, dans plusieurs de nos institutions d'enseignement supérieur des
régions. C'est essentiel pour certains cégeps, ils sont venus nous le dire, à
quel point c'est important pour la vitalité des régions. Et je le redis, nous,
on le reconnaît, dans notre programme, dans notre planification en matière d'immigration,
au Parti québécois.
Maintenant, j'aimerais revenir à une... j'aimerais
revenir à une question aussi, en fait, qu'on vient d'aborder aujourd'hui au
Salon rouge de l'Assemblée nationale, celle de la façon dont on peut avoir le
débat sur cette question, parce qu'elle est liée. Le nombre d'étudiants
étrangers... ou d'étudiants internationaux, parce que ça, c'est intéressant,
certains nous incitent à changer l'appellation, l'appellation officielle,
actuellement, c'est «étudiants étrangers» et certains nous ont dit qu'aujourd'hui
on devrait parler d'étudiants internationaux. Question intéressante aussi à
aborder, mais on l'a entendu pendant les consultations particulières et on l'a
entendu sur la place publique, que de discuter de ces questions-là, ça pourrait
vouloir dire qu'on stigmatise les étudiants étrangers, que c'est une mesure de
fermeture de discuter des seuils. Que, si on fait ça, on voit un Québec fermé
puis qui va se priver de ressources importantes à l'échelle internationale. Et
on l'a entendu en consultations particulières.
Je nous invite, toutes et tous, à s'inspirer
de ce qui vient de se passer aujourd'hui et à se dire : Est-ce qu'on peut
parler de politiques publiques, notamment celles qui concernent les étudiants
internationaux, sans prétendre qu'on a des mauvaises intentions en faisant
ça...
15 h 48 (version non révisée)
M. Paradis : ...sans faire
référence à ces notions, qu'on a entendues et dont on a parlé aujourd'hui, que
derrière ça, il y aurait du racisme, de la xénophobie, de la stigmatisation des
autres, de la réduction de la place du Québec dans le monde? Je pense qu'il
vient de se passer quelque chose aujourd'hui. Au Québec, on se dit que ce genre
d'accusations, ce genre de façons de prêter des intentions aux autres plutôt
que d'avoir un débat sur les faits, sur les idées, on n'accepte pas ça. Et ça
va être important dans le débat qu'on va avoir, parce que c'est le premier qu'on
va avoir sur des questions qui touchent ce dont on parle, ce dont on a parlé
aujourd'hui au salon rouge, à la suite des propos du député de Maurice-Richard.
On va parler d'immigration. On va parler de seuils. On va parler de nombre. On
va parler d'avenir du Québec. Alors, ne répétons pas ce genre d'attitude qui
consiste à dire que, parce qu'on a une position x ou y là-dessus, on a des
mauvaises intentions, parce qu'on l'a entendu, là. Ah! O.K., ce n'est peut-être
pas le racisme, mais on l'a entendu encore aujourd'hui. Les immigrants ont le
dos large. On en met beaucoup sur la question de l'immigration. Non, sur la
base de données, sur la base d'expertises en matière d'enseignement supérieur,
en matière d'éducation, en matière économique, en matière de développement
régional, sur la base d'exemples de ce qui se passe ailleurs dans le monde, de
statistiques, on doit ensemble discuter des meilleures politiques publiques, et
il est possible d'avoir des avis différents. Mon collègue le député de
Matane-Matapédia l'a dit dans son allocution tout à l'heure. On peut avoir des
avis différents puis discuter de celle qui nous apparaît la meilleure des
politiques publiques pour l'avenir du Québec, notamment en matière d'étudiants
étrangers, mais sans prêter des intentions, sans utiliser des mots qui sont
parmi les plus durs, que c'est de la fermeture, que c'est de la xénophobie, que
c'est du racisme. Ce n'est pas de ça dont on parle, c'est de politique
publique.
Alors, on a un premier test qui va
commencer tout prochainement parce qu'on va discuter de ça ensemble et on est
capables de le faire de façon mature pour prendre les meilleures décisions à
titre de parlementaires qui ont comme seul et unique intérêt l'intérêt public,
celui de développer les meilleurs projets de loi pour le meilleur avenir du
Québec, dans le meilleur intérêt de toutes et de tous. Alors, nous, on est
prêts à avoir cette discussion-là. Au travail. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre un autre
intervenant ou intervenante. Mme la... la députée, pardon, de La Pinière, la
parole est à vous.
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça me fait plaisir de prendre la parole pour intervenir sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 74, Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Alors, plusieurs
collègues se sont déjà exprimés. Vous me permettrez, Mme la Présidente, de me
concentrer sur un aspect de ce projet de loi, en fait, sur le projet de l'expérience...
le programme de l'expérience québécoise, le PEQ.
Alors, le projet de loi est arrivé un peu
comme un cheveu sur la soupe, et je vous dis, Mme la Présidente, qu'il me
laisse perplexe, justement, parce que c'est la deuxième fois que la CAQ attaque
le PEQ, le programme de l'expérience québécoise. La CAQ l'a fait dans son
premier mandat, a reculé, a remis le PEQ en place avec quelques modifications
et là attaque le PEQ encore une fois en le suspendant. Ça me désole beaucoup, Mme
la Présidente, parce que le PEQ, quant à moi, c'est l'un des meilleurs
programmes qu'on n'a jamais eu pour accueillir des étudiants étrangers. Quelle
meilleure façon d'intégrer, de faciliter l'intégration d'étudiants étrangers
que de les accueillir au Québec pour qu'ils suivent une formation au Québec,
former à notre manière, former en français. La plupart sont déjà francophones,
ou parlent déjà le français, ou vont l'améliorer en faisant leurs études.
Certains vont aller dans les institutions anglophones également, mais la grande
majorité étudie en français, que ce soit dans les cégeps ou dans les
universités. Donc, ils se forment à la manière qu'on veut les former, dans les
programmes...
15 h 53 (version non révisée)
Mme Caron : ...ils sont
ouverts parce qu'on a besoin de leur... de leur compétence, on a besoin de leur
travail. Ils sont jeunes, ils sont courageux parce qu'ils font le choix de
laisser derrière leur famille dans leur pays d'origine pour venir étudier au
Québec. Ils s'installent ici, ils socialisent avec leurs camarades de classe ou
avec la communauté au sens plus large que dans leur institution d'enseignement.
Ils tombent en amour, Mme la Présidente. Ils ont un copain, une copine
québécois ou québécoise, ou peut être qui est un autre étudiant ou une autre
étudiante internationale. Ils décident de travailler ici après leur diplôme. N'oubliez
pas qu'on a quand même... Même si les étudiants internationaux paient plus cher
que les étudiants québécois pour étudier au Québec, il n'en demeure pas moins
que le Québec a investi dans leur formation. Alors là, ces étudiants parlent le
français, sont formés comme on veut, sont prêts à travailler, à rester au
Québec pour travailler, et souvent ils sont prêts à fonder une famille, une
famille qui va être une famille québécoise. Ils sont prêts à faire leur
carrière ici, à faire leur vie ici. Ce sera... ce seront des contribuables
aussi.
Qu'est ce qu'on peut demander de mieux que
des étudiants qui participent au PEC? Des étudiants dans lesquels on investit.
Et on sait, là, actuellement, on a un déficit de 11 milliards, et le
gouvernement tente par tous les moyens d'aller récupérer des sommes pour tenter
d'éponger un peu... un tant soit peu le déficit. Tout cet argent qu'on a
dépensé, qu'on a investi, je dirais, dans les étudiants étrangers, dans le
cadre du PEC, ça s'envole en fumée. On leur dit : Bien là, partez parce qu'on
vient de changer les règles du jeu. À mon sens, le Québec est une nation qui se
respecte. C'est une nation qui doit respecter sa parole envers le contrat qu'on
fait avec les étudiants étrangers qui viennent étudier au Québec, qui rêvent du
Québec, qui ne veulent que contribuer au Québec. Qu'on change les règles pour
les futurs, c'est une chose, mais qu'on vienne changer les règles du jeu quand
la partie est commencée, ce n'est pas juste. Ce n'est pas de respecter la
parole du Québec à l'étranger et envers ces étudiants. Le soir même, le 30 octobre,
quand c'est tombé cette nouvelle, j'ai reçu un message d'une voisine du comté
de La Pinière, une dame qui réside dans le comté de La Pinière. À 21 h 18,
le 30 octobre, elle m'a écrit qu'elle était québécoise et résidente de
Brossard, où se trouve le comté de La Pinière. Elle m'a dit ceci : J'habite
avec mon conjoint qui est au doctorat à l'UQAM, donc étudiant étranger. Je suis
très inquiète par les mesures prises par le gouvernement de la CAQ avec sa
suspension du PEQ. Il vient de mettre un énorme stress sur nos épaules. Comment
entrevoir la suite et bâtir des projets communs maintenant? Il termine ses
études en 2025. Il a été bénéficiaire de bourses, donc on peut dire qu'un bon
100 000 $ des fonds des contribuables a déjà été investi en lui. J'ai 32 ans
déjà. On attendait qu'il termine ses études et obtienne la résidence pour
fonder une famille. Donc, voilà un beau plan mis en péril. Est-ce que je
comprends que la seule solution serait le mariage, donc commencer des démarches
d'immigration autrement? Mon conjoint est doctorant à l'UQAM, parfaitement bilingue
en français et en portugais, spécialiste en politique canadienne et québécoise
et des relations avec les peuples autochtones. Quelle ironie! Je trouve le
climat de la dernière année entraînant une marginalisation, haine des
immigrants et les mettant au centre de tous les problèmes du Québec et du
Canada, je me sens si triste et je ne me reconnais pas dans ce Québec actuel
austère à l'immigration. Que pouvez-vous faire? Que puis-je faire? Je me sens
impuissante. Voilà la détresse que cause à des Québécois et des Québécoises le
dépôt de ce projet de loi et la hache qu'il vient mettre dans le PEQ...
15 h 58 (version non révisée)
Mme Caron : ...quand on est un
gouvernement et qu'on prend des décisions, ou des non-décisions. Parce qu'une
politique publique, c'est autant une chose qu'un gouvernement décide de faire
qu'une chose qu'il décide de ne pas faire. C'est sa politique de ne pas faire
quelque chose, et ça, c'est tout à fait légitime, le gouvernement a droit de
faire des politiques comme il veut. Mais entendons-nous qu'un projet de loi c'est
une politique publique. Comprenons... Et c'est là que... Quand je vous disais
tout à l'heure, Mme la Présidente, que j'étais perplexe devant ce projet de loi
là, et le fait qu'il vient s'attaquer, pour une deuxième fois, au PEQ.
Il faut comprendre que des politiques
publiques, ça a un impact dans la vie de tous les jours, dans la vie des
citoyens. Nos voisins et nos voisines, là, dans nos comtés, des gens qu'on
croise tous les jours quand on est dans nos comtés, bien, ce sont des personnes
en chair et en os, ce sont des personnes qui sont touchées.
Et vous avez vu la détresse de la personne
qui m'a écrit. Je vous ai dit que c'est une voisine du comté de La Pinière. Je
ne la connais pas personnellement, mais elle vit dans mon comté, et je la
considère comme une voisine. Ça, c'est un cas. Et combien d'autres, combien de
centaines, sinon, de milliers d'autres cas comme ça, parce que la CAQ vient
changer les règles du jeu du CAQ... du PEQ, pardon. Ça n'a juste pas de bon
sens, ça n'a juste pas de bon sens. Non seulement ça nuit à ces personnes-là,
qui, là... qui sont désemparées... Qu'est-ce qu'ils vont devoir faire? Est-ce
qu'ils doivent retourner dans leur pays, recommencer des études, être acceptés
dans une institution d'enseignement autre, alors qu'ils sont à la veille de...
d'être diplômés, comme c'est le cas du cas que je vous ai... que je vous ai
cité? Ils ont des projets de vie. Alors là, on veut... Dans ce cas-ci, est-ce
qu'on voudrait que la dame, qui est Québécoise, quitte le Québec pour aller,
avec son conjoint, dans un autre pays, où, là, on va l'accepter, on va lui
donner les règles du jeu, puis on va se tenir à ces règles du jeu là?
On brise des vies, on brise des vies, on
brise des projets de vie quand on vient s'attaquer de cette façon au PEQ. Ça n'a
pas de bon sens, ça n'a pas de bon sens. On est un peuple fier au Québec, on
devrait être fiers de notre parole. Puis c'est un programme qui fonctionne.
Comme je le disais tantôt, c'est la meilleure immigration qu'on peut souhaiter.
Une personne qui vient étudier au Québec, formée à notre manière, prête à
travailler, à avoir un projet de vie, à fonder une famille ici. On ne peut pas
demander mieux.
J'entends des gros soupirs, Mme la
Présidente, mais je crois sincèrement qu'on ne peut pas demander mieux que le
PEQ. Je comprends que le gouvernement a des objectifs en matière d'immigration,
et tout ça, mais, de grâce, ne pas s'attaquer au PEQ de cette façon-là. Laissez
les gens qui sont sur place finir leur parcours d'études et leur permettre de
rentabiliser l'investissement que nous avons fait dans ces personnes, en leur
permettant de rester, de travailler, de fonder leur famille, de fonder... de
faire leur projet de vie ici.
Ce projet de loi, qui vient mettre la
hache dans le PEQ, il nuit aussi à nos institutions d'enseignement, les
institutions d'enseignement supérieur, que ce soit le cégep, que ce soit l'université.
Le collègue de Jean-Talon l'a bien expliqué tout à l'heure. En toute
transparence, Mme la Présidente, je vous dirai que j'ai été une étudiante de l'École
nationale d'administration publique, et que j'ai travaillé, pendant près de
huit ans, à l'École nationale d'administration publique, avant d'être élue
députée de La Pinière, et les étudiants internationaux, à l'ENAP, c'était très
important. Oui, le financement que l'ENAP obtenait avec les étudiants
internationaux, c'était très intéressant pour l'ENAP, pour que l'ENAP continue.
Non seulement ça, le deuxième... la deuxième raison pourquoi c'était si
intéressant, c'est que la majorité des étudiants internationaux à l'ENAP, ce
sont des étudiants de pays africains francophones, dans lesquels l'ENAP faisait
rayonner non seulement l'ENAP, mais la fonction publique québécoise, des
gouvernements étrangers qui paient des étudiants, triés sur le volet, pour
venir étudier à l'ENAP.
Maintenant que le PEQ est suspendu, que va-t-il
arriver de ces étudiants, et d'autres étudiants...
16 h 03 (version non révisée)
Mme Caron : ...internationaux
qui venaient notamment de l'Afrique francophone, sans avoir nécessairement de
bourse de leur gouvernement, bien, travaillaient très fort pour réussir à finir
leur programme le plus rapidement possible et rester ici par la suite pour
servir dans notre fonction publique. Ça, c'est un exemple. Et tous les
programmes, dans toutes les universités ou dans les cégeps, bien, c'est la même
chose.
Alors là, ce qu'on vient faire, avec ce
projet de loi, c'est qu'on va couper d'une manière indirecte dans le
financement de nos institutions, de nos propres institutions d'enseignement
supérieur. Quand je dis que le PEQ, c'est l'un des meilleurs programmes d'immigration
que nous avons, bien, si ces personnes, on les renvoie chez elles, imaginez que
le message va passer ailleurs. Parce qu'à ce moment-ci, au moment où on se
parle, Mme la Présidente, le gouverneur du Québec investit dans des missions à
l'étranger, encore aujourd'hui, pour aller chercher des étudiants, attirer des
étudiants ou des travailleurs. Mais si on veut... si le gouvernement veut
ralentir l'immigration. Si c'est pour ça qu'il présente le projet de loi no 74,
bien, peut-être, qu'il ralentisse ses investissements, ses dépenses de ce
côté-là, mais, de grâce, qu'il ne mette pas la hache dans le PEQ.
Quant à moi, quand on change les règles du
jeu une fois que la partie commencée, bien, on ne respecte pas notre parole. Et
c'est ça qu'on montre à l'étranger. C'est ça, la vitrine québécoise, là, à l'étranger,
avec ce projet de loi là. Je suis certaine que ce n'est pas l'intention du
gouvernement, mais il faut prendre connaissance que, dans les faits, sur le
terrain, c'est ça qui arrive, en plus de briser des vies, en plus de se priver
d'une main-d'œuvre qualifiée, compétente formée ici, qui va contribuer à notre
avenir. Que ce soit en santé, on sait combien... combien on a besoin de gens
dans le domaine de la santé, mais dans tous les domaines technologiques, dans l'intelligence
artificielle, il y a plein de métiers, de professions qu'on ne connaît pas
encore. C'est important de former des gens à avoir une pensée critique, à avoir
une formation générale, et c'est ça que font nos institutions d'enseignement
supérieur. Alors, si les étudiants internationaux viennent grossir les rangs de
nos cohortes dans les institutions d'enseignement supérieur, on est gagnants.
Et, quand on sait, comme je le disais tout à l'heure, que le gouvernement
investit des fonds dans les études de ces étudiants, bien, une saine gestion
des finances publiques, ce serait de permettre à ces étudiants de mener à terme
leurs projets d'études et de rester au Québec pour mener leur projet de vie.
Alors, sur ce, Mme la Présidente, je vais
conclure, on a besoin, au Québec, de tenir parole, d'être un État qui est
réputé pour tenir sa parole envers les personnes qu'on attire et qu'on séduit
pour venir au Québec. Et la meilleure chose à faire, ce serait de retirer ce
projet de loi ou, du moins, de retirer tout ce qui touche le PEQ dans ce projet
de loi. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Alors, sans plus tarder, je cède la parole à M. le député de
Pontiac.
M. Fortin :Merci, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir d'être ici
aujourd'hui pour parler du projet de loi no 74, Loi visant principalement à
améliorer l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. Bon. C'est un
objectif, hein, «visant principalement», parce que je suis loin d'être
convaincu que le titre du projet de loi va arriver à l'objectif qu'il cite,
mais bon, Mme la Présidente... Et, si moi, je dis que je suis loin d'être
convaincu, je ne suis pas le seul. J'écoutais le député de... le député du
Parti québécois, un peu plus tôt, nous dire qu'il n'est pas convaincu. Bien, je
ne suis pas surpris, le gouvernement n'est pas convaincant, Mme la Présidente.
Puis il a entendu, le député du Parti québécois, comme la plupart des collègues
ici ont entendu ou ont lu, les mémoires des différents groupes qui se sont
prononcés. Et là je vous fais une liste, Mme la Présidente, des groupes qui se
sont prononcés, là : l'Association Hôtellerie du Québec, le Conseil du
patronat du Québec, le Collège Sélect Aviation, la...
16 h 08 (version non révisée)
M. Fortin :...CSQ, l'Association des collèges privés, l'Association
québécoise du transport aérien, Polytechnique Montréal, la Chambre de commerce
du Montréal métropolitain, la Fédération des chambres de commerce du Québec,
HEC Montréal, l'Université du Québec à Montréal, Manufacturiers et Exportateurs
du Québec, la CSN, l'Alliance de l'industrie touristique du Québec
conjointement avec d'autres groupes, l'UQAR, l'Université du Québec à Rimouski,
l'Université du Québec, la Fédération des cégeps, Universités Bishop's, l'ETS,
École de technologie supérieure, l'Association des commissions scolaires
anglophones du Cégep... du Québec, l'Université Laval, l'Université McGill, l'Université
de Montréal et l'Université de Sherbrooke, tous ensemble, l'Association
québécoise des avocats en droit de l'immigration, la Fédération québécoise des
professeurs d'université, l'Université Concordia et l'Association des collèges
privés non subventionnés.
Mme la Présidente, combien de ces groupes
sont en faveur du projet de loi? Très peu. Mme la Présidente, très peu. Qu'on
soit du monde des cégeps, du monde universitaire, du monde économique ou autre,
Mme la Présidente, il ne se trouve pas grand monde pour être d'accord avec la
proposition du gouvernement.
Alors, on entend souvent ici, là, parler
de projets de loi qui sont mal ficelés ou qui ne sont pas à point. Bien, je
vous dirais que ça, Mme la Présidente, quand les groupes sortent un après l'autre,
après l'autre, après l'autre, avec le même discours, bien, c'est pas mal ça. C'est
pas mal mal ficelé. Et quand je lis les déclarations du ministre de l'Immigration,
Mme la Présidente, qui est en charge de ce dossier-là, quand le ministre de l'Immigration
vient nous dire : Ah! bien, vous savez, on n'a pas de chiffres précis sur
la réduction qu'on cherche, on n'a pas de cible particulière, on veut, pour
utiliser ses mots, une réduction adéquate. Oui, mais ça veut dire quoi, ça, Mme
la Présidente?
Là, on n'est pas ici pour parler pour
parler, on est ici pour proposer des avancées concrètes ou, dans certains cas,
peut-être des reculs concrets, quand on parle du gouvernement d'en face, mais
on n'est pas ici pour parler avec des termes comme ça qui sont très peu
spécifiques, là. Une réduction adéquate, O.K., mais là on vient donner à un
gouvernement toutes sortes de leviers pour décider du jour au lendemain :
Tel programme n'est plus là, tel programme n'est plus là, telle université, ah,
ne peut plus faire ça. Alors là, que le ministre nous dise : Eh bien, moi,
je veux une réduction adéquate, bien, lui, il a peut-être une chose en tête, à
savoir c'est quoi, une réduction adéquate. Le prochain ministre au remaniement
inévitable de la CAQ va peut-être avoir une autre vision de c'est quoi une
réduction adéquate. Un prochain gouvernement va peut-être avoir une autre
vision de c'est quoi une réduction adéquate. C'est un projet de loi, Mme la
Présidente, qui ouvre la porte à toutes sortes d'affaires, que peut-être même
le gouvernement ne soupçonne pas à ce moment-ci.
Ce que le ministre nous dit, et écoutez
bien ça, Mme la Présidente, moi, ça me fait toujours rire, ces affaires-là, là,
et ce n'est pas le premier ministre qu'on a entend dire des choses comme ça :
Le projet de loi va permettre d'aller chercher de l'information sur la
fréquentation des programmes à travers le Québec. S'il vous plaît. Le ministre
veut savoir il y a combien d'étudiants internationaux à l'Université du Québec,
là, il a juste à appeler Alexandre Cloutier puis lui demander. Il veut savoir il
y a combien d'étudiants internationaux à l'Université du Québec en Abitibi et
je suis certain que le recteur, ça va lui faire un plaisir de lui dire. Mme la
Présidente, on présente un projet de loi pour aller chercher l'information sur
la fréquentation des programmes à travers le Québec. Franchement. Le problème,
là, c'est que le projet de loi, il permet pas mal plus que ça. Et j'en suis, Mme
la Présidente, il y en a, des enjeux quand on parle des étudiants
internationaux au Québec. Il y en a. Il y en a beaucoup.
Et j'ai lu, comme tout le monde ici, l'article
des derniers jours à propos du collège supérieur, hein, à Montréal, qui est un
des collèges au Québec qui a un modèle d'affaires basé sur... appelons ça une
industrie plutôt lucrative d'étudiants qui viennent de l'étranger. En Ontario,
ils ont des collèges similaires, d'autres juridictions ont ça aussi. Et quand
je vous dis qu'il y a des problèmes, il y en a, Mme la Présidente. Quand ce
collège-là dit, dans sa projection 2024-2025, au gouvernement : Ah!
bien, il va y avoir 1 147 étudiants acceptés, et, après ça, il se
revire de bord, il envoie 12 262 certificats d'acceptation... O.K.,
on s'entend, là, il n'y a pas 12 262 élèves là, il y en a 3 000
quelques, mais le ministre se sert de ça pour nous dire : Ça, haha, il y a
quelque chose dans le journal, c'est exactement pour...
16 h 13 (version non révisée)
M. Fortin :...ça que je veux légiférer. Eh! ce n'est pas un... Là,
ici, là, on ne parle pas d'un cas d'exception, que personne n'a vu venir. Si le
ministre savait que c'était ça le problème, qu'il aille légiférer contre ça, qu'il
s'assure que les projections que ces collèges-là donnent au gouvernement sont
exactement le nombre d'élèves qu'ils acceptent. Bien là, le projet de loi, là,
il va tellement plus loin que ça, Mme la Présidente. Il permet, comme je le
disais, au ministre de décider du jour au lendemain quels programmes peuvent
avoir des étudiants étrangers, lesquels ne peuvent pas en avoir, combien ils
peuvent en avoir. Il y a toutes sortes de dérapages possibles. Si c'est ça l'enjeu,
si le moment «Ah! Ha!» du ministre de l'Immigration, c'est de savoir : Ah!
c'est le collège supérieur. C'est à ça, je veux m'attaquer. Bien, qu'il nous
propose quelque chose pour des collèges comme ceux-là, plutôt que de tirer dans
toutes les directions avec un projet de loi comme celui-là. Tantôt, j'entendais
un collègue. Je pense que c'est le collègue du Parti québécois qui nous parlait
de prévisibilité, hein? Il nous parlait de l'importance pour certaines
personnes, quand ils font un choix d'aller étudier à un endroit ou à un autre à
travers le monde, de savoir ce qui s'en vient. Une des choses, Mme la
Présidente, quand on parle de prévisibilité, là, c'est que le gouvernement met
en place lui-même des documents qui sont supposés envoyer une indication à ceux
qui le lisent, à ceux qui considèrent le Québec quant à ses intentions, quant à
nos intentions communes. Il y en a un document qui nous dit un peu où on veut s'en
aller en matière d'enseignement supérieur. C'est le plan stratégique du
ministère, Mme la Présidente, le plan stratégique du ministère de l'Enseignement
supérieur. Il y a toute une section sur l'internationalisation de l'enseignement
supérieur, ça fait deux pages. Et ça, ce n'est pas un document qui date d'il y
a cinq ans, d'il y a 10 ans, d'il y a 15 ans. C'est un document émis
en 2023, Mme la Présidente, qui a été déposé ici en cette Chambre. Et on vient
nous dire, Mme la Présidente, je vais lire le paragraphe au complet pour le
bénéfice de tout le monde, qu'un des objectifs, c'est d'attirer davantage d'étudiants
internationaux dans des collèges et des universités francophones de la
province. C'est une priorité gouvernementale, une priorité gouvernementale. Le
Québec présente plusieurs atouts pour ces étudiants, des établissements d'enseignement
supérieur reconnu pour la qualité et la diversité de leurs programmes de
formation - je suis d'accord, Mme la Présidente - des spécificités de leurs
créneaux de recherche et des infrastructures à la fine pointe de la technologie
- je suis encore d'accord, Mme la Présidente - une vie étudiante stimulante sur
les campus, un coût de la vie abordable, etc., peut-être de moins en moins,
mais quand même. Un bon nombre d'étudiants internationaux choisissent d'ailleurs
le Québec pour réaliser leurs projets d'études, en tout ou en partie pour
effectuer de la recherche. Et là on se vante, Mme la Présidente : Ce
nombre a connu une augmentation de 148 % au cours de la dernière décennie,
dans un contexte caractérisé par une course planétaire aux talents. On vient
dire dans le plan stratégique du ministère de l'Enseignement supérieur :
Il y a une course planétaire aux talents. On veut attirer davantage d'étudiants
internationaux. C'est une priorité. Et là le ministre de l'Immigration vient
déposer un projet de loi ici, qui, Mme la Présidente, je le dis, vient jeter un
flou monumental sur cette priorité-là, et oui, je le mets entre guillemets, sur
cette priorité-là du gouvernement de la CAQ. Parce qu'il pourrait permettre,
encore là, je le répète, de fermer et d'ouvrir des programmes à la bonne guise
du gouvernement. On dirait qu'au gouvernement de la CAQ, là, quand il y a un
enjeu qui est dans les médias, c'est au diable des plans stratégiques, au
diable. Je vous ai parlé tantôt du plan stratégique du ministère de la Santé,
là. Bien là, les objectifs, ils ne tiennent plus tant que ça. Non, ils ne
tiennent plus. On va en faire un autre plan stratégique. On va arriver avec d'autres
objectifs. Là, ici, on a le plan stratégique du ministère de l'Enseignement
supérieur. Bah! Ce n'est pas grave, ça ne tient plus ça, ça ne tient plus, Mme
la Présidente. J'espère que le gouvernement a considéré quand même l'impact de
son projet de loi sur nos laboratoires de recherche. Bien là, je veux parler
du... je veux parler des universités spécifiquement, là. Il y a plusieurs
collègues qui ont parlé, entre autres, de la question des cégeps, mais je veux
parler de la question des universités et je vais arriver aux universités en
région, Mme la Présidente, dans quelques instants. Les laboratoires et les
centres de recherche, il y a 70 % des étudiants...
16 h 18 (version non révisée)
M. Fortin :...qui sont dans nos laboratoires, dans nos centres de
recherche universitaires, qui viennent de l'international. 70 %. Alors,
posez-vous pas la question à savoir pourquoi les recteurs sont venus ici nous
dire... faites attention, notamment au deuxième, troisième cycles. Ça, c'est de
la recherche, de l'innovation dont on ne peut pas... En fait, je ne sais même
pas pourquoi on aurait un discours sur est-ce qu'on peut s'en passer ou pas.
Dans quel monde on voudrait se passer du travail de ces étudiants-là? Dans quel
monde on va se lever le matin puis se dire : Aïe! Sais-tu quoi? On est
bon, ici, au gouvernement du Québec, là. Non, au Québec, on n'a plus besoin de
recherche, on n'a plus besoin d'innovation, on n'a plus besoin de ça. Non, on
est correct. «We're good», pas de trouble, restez chez vous. Mme la Présidente,
c'est la base de ce que font les universités.
Puis là j'en conviens, là, pour bien du
monde, là, les universités, on va là, on apprend, on fait notre trois, quatre
ans, hein, on fait peut-être un deuxième diplôme si ça nous tente, on retourne
chez nous, on met le diplôme sur le mur, on est bien fiers de ça, mais,
derrière les salles de classe, Mme la Présidente, les universités, là, c'est un
autre monde, totalement. Il y a tellement plus que ça, puis les laboratoires,
les centres de recherche, ils sont indispensables à nos universités. On veut qu'elles
soient reconnues, nos grandes institutions d'enseignement au Québec. On veut qu'elles
soient classées parmi les meilleures au monde. On est fiers de ça, quand on les
voit en haut de la liste, devant les autres universités canadiennes, les
universités américaines, les universités d'à travers le monde. Bien, des
centres de recherche, Mme la Présidente, c'est une des raisons pour lesquelles
elles se classent si bien.
Là, le dernier point que je veux vous
faire, Mme la Présidente, c'est celui sur les universités en région. Et je vais
faire miens certains des propos qui ont été mis de l'avant par l'Université du
Québec à Rimouski et j'ai devant moi, là, un gouvernement qui se prétend le
gouvernement des régions, hein? Ils aiment ça, dire ça, ils le disent souvent.
Ils ont la parole facile pour dire : On est le gouvernement des régions. O.K.,
ils ont peut-être bien des députés de région, mais ils sont loin d'écouter puis
d'entendre ce que leurs citoyens leur disent. Parce qu'ici, là, demandez aux
gens de l'Université du Québec à Rimouski ce qu'ils pensent du projet de loi no
74, ils vont pas mal vous dire que c'est en haut de la liste de leurs
préoccupations. Demandez aux gens de l'Université du Québec en
Abitibi-Témiscamingue ce qu'ils pensent du projet de loi no 74, puis ils vont
pas mal vous dire que c'est en haut de leur liste de préoccupations. Demandez
aux gens de l'Université du Québec à Chicoutimi ce qu'ils pensent du projet de
loi no 74. Ça va être la même rengaine, Mme la Présidente. Demandez aux gens
chez nous, à l'UQO, à l'Université du Québec en Outaouais, ce qu'ils en
pensent. Vous allez entendre la même chose.
Voici, Mme la Présidente, ce qu'ils
disent. D'abord, je reviens sur la question de la recherche et de l'innovation.
Ces personnes, les étudiants étrangers, jouent un rôle crucial à l'UQAR,
notamment en ce qui concerne la recherche et l'innovation. Aux cycles supérieurs,
l'UQAR compte un grand nombre d'étudiantes et d'étudiants provenant de l'international
qui viennent se former à la recherche. Leur présence contribue non seulement à
enrichir le milieu universitaire par leurs idées novatrices et leur dynamisme, mais
aussi à renforcer la capacité de l'université à mener des projets de recherche
pertinents et à développer des solutions qui bénéficient à l'ensemble de la
région et de la province. Ils nous disent, Mme la Présidente, qu'une fois
diplômés, ces gens-là restent dans la région. Ils nous disent, Mme la
Présidente, ils ne vivent pas en vase clos, nos universités le savent, qu'il y
a des défis en matière d'intégration. «L'UQAR a mis en place les moyens
nécessaires pour améliorer la sélection des personnes candidates provenant de l'international.»
Ils nous disent qu'ils font ce travail-là et ils viennent dire à la ministre de
l'Enseignement supérieur que, grâce aux initiatives du ministère et des autres
ministères, des universités ont ainsi connu une hausse de l'effectif étudiant
international, de sorte qu'à l'automne 2024 ces personnes représentent
désormais 17 % de l'effectif étudiant total. Ils viennent dire que c'est
grâce au gouvernement s'ils réussissent l'objectif qui était dans le plan
stratégique du ministère.
Mais ils viennent aussi dire, Mme la
Présidente : Faites attention aux arguments que vous utilisez quand vous
mettez de l'avant des projets de loi comme ça. Parce qu'on vient dire : Ah
bien, il faut faire...
16 h 23 (version non révisée)
M. Fortin :...attention au logement. Qu'est-ce que l'UQAR nous dit :
Bien, on a des projets de résidences étudiantes qui sont en cours de
construction, qui vont bien, on va avoir 300 nouvelles places de résidence
qui vont être disponibles, on va doubler notre capacité actuelle puis ça va
nous permettre d'accueillir des étudiants de l'étranger, Mme la Présidente. Ils
nous disent qu'ils ont consolidé leur service à l'accueil, à l'intégration, à
la réussite. C'est ça qu'on veut. Les universités, là, ils sont venus nous
dire... notamment les universités en région, sont venus nous dire : On a
besoin de ces étudiants-là pour nos programmes de recherche, ces étudiants-là s'intègrent,
on a les moyens de les intégrer, on y travaille, on a travaillé avec les
objectifs qui nous ont été donnés par le ministère de l'Enseignement supérieur,
ne venez pas nous mettre des bâtons dans les roues avec un projet de loi comme
ça.
Moi, je suis un député en région, M... Mme
la Présidente, puis ça me tente d'écouter mon université là-dessus. J'espère
que les autres députés en région, ça va leur tenter d'écouter leurs universités
là-dessus. J'espère, Mme la Présidente, qu'ils vont faire des changements
majeurs à ce projet de loi là, parce qu'en ce moment il ne rencontre pas les
objectifs de nos universités à travers le Québec. Et ça, je ne conçois pas un
député qui peut juste se mettre... se cacher, là, se cacher les yeux, fermer
les yeux, se mettre la tête dans le sable, appelez ça comme vous voulez, et
ignorer des demandes tout à fait légitimes d'universités comme ça qui disent :
Wo! Faites attention, on ne peut pas continuer comme ça. Je vous remercie, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Tout va bien, M. le leader du gouvernement, vous n'aviez
pas de... Alors, je suis prête à entendre une autre intervention, M. le député
d'Orford.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Non.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions pour ce projet de loi là, le projet
de loi n° 74? M. le député d'Orford, nous sommes au 74. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Non. Alors, comme il n'y a pas d'autre intervention, je vais...
le projet de loi n° 74, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement
relatif aux étudiants étrangers, est-il adopté?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
Nous avons une demande de vote électronique. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir reporter
ce vote à la prochaine période des affaires courantes, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
votre demande de vote aura lieu à la prochaine période des affaires courantes.
M. le leader du gouvernement, je vous cède la parole.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais que nous revenions, avec le
consentement des collègues, sur la motion sans préavis que nous avions faite
concernant l'horaire des travaux intensifs, si vous me permettiez, là, avec
consentement, je la referais et nous l'adopterions de nouveau.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Est-ce
qu'il y a consentement pour la demande de M. le leader adjoint du gouvernement?
Consentement. Allez-y, M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
aux collègues. Merci à vous, Mme la Présidente Donc, je fais motion afin que,
pendant la période des travaux intensifs devant se tenir du 25 novembre au
6 décembre 2024, l'horaire des travaux de l'Assemblée et des commissions
soit modifié ainsi :
Que le mardi soir, l'Assemblée et les
commissions tiennent séance de 19 h à 21 h plutôt que de 19 h 30
à 21 h 30;
Que le jeudi après-midi et le jeudi soir,
l'Assemblée et les commissions tiennent séance de 14 h à 18 h et de
19 h à 21 h plutôt que de 15 h à 18 h et de 19 h 30
à 22 h 30;
Que la présente motion ait préséance sur
toute disposition incompatible du règlement de l'Assemblée nationale.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le leader adjoint. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
vous... cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui.
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement, vous nous indiquez la suite?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup. Et je sens qu'il y a beaucoup d'enthousiasme de la part du
collègue d'Orford. Et je vous demanderais de bien vouloir appeler l'article
deux du feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'est
peu dire. Alors, au... l'article deux du feuilleton, M. le ministre des
Finances propose l'adoption du principe du projet de loi n° 75, loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget du 12 mars 2024 et à certaines autres mesures. Donc, je conviens
que, M. le député d'Ordord, vous voulez prendre la parole, je vous la cède
immédiatement.
M. Bélanger : Merci, Mme la
Présidente, c'est gentil. Je soumets à l'Assemblée nationale le projet de loi
n° 75 intitulé Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion
du discours sur le budget du 12 mars 2024 et à certaines autres mesures.
Ce projet de loi, Mme la Présidente, a été
présenté par le ministre des Finances le 7 novembre 2024. Il modifie 10 lois,
dont la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe de vente du Québec, ainsi qu'un
règlement.
Il donne suite à des mesures annoncées à l'occasion
de la présentation du point sur la situation économique et financière du Québec
du 7 novembre 2023 et du discours sur le budget du 12 mars 2024.
Il donne également suite à des mesures...
16 h 28 (version non révisée)
M. Bélanger : ...annoncé dans
divers bulletins d'information publiés en 2022, 2023 et 2024.
Ce projet de loi, Mme la Présidente,
modifie la Loi sur les impôts, la Loi concernant les paramètres sectoriels de
certaines mesures fiscales et le Règlement sur les impôts, afin, notamment, de
prolonger le crédit d'impôt relatif à l'investissement et à l'innovation, d'en
bonifier les taux et de le rendre entièrement remboursable, d'abolir la
déduction additionnelle pour amortissement de 30 % à l'égard de certains
investissements, de bonifier le crédit d'impôt remboursable pour les
productions cinématographiques québécoises, de bonifier et de recentrer le
crédit d'impôt remboursable pour services de production cinématographique, d'abolir
le crédit d'impôt remboursable favorisant le maintien en emploi des
travailleurs d'expérience, d'ajuster les paramètres de calcul de la déduction
incitative pour la commercialisation des innovations au Québec, de restructurer
l'aide fiscale pour la production de titres multimédia et pour le développement
des affaires électronique.
De plus, ce projet de loi modifie la Loi
constituant Capital régional et coopératif Desjardins, la Loi constituant
Fondaction, le Fonds de développement de la Confédération des syndicats nationaux
pour la coopération et l'emploi, et la Loi constituant le Fonds de solidarité
des travailleurs et des travailleuses du Québec, afin, notamment, de hausser le
plafond d'émissions de Capital régional et coopératif Desjardins pour la
période se terminant le 28 février 2025, d'assouplir la règle
prévoyant un plafond de 10 % applicable à certains investissements
effectués dans le secteur immobilier, et de moderniser l'encadrement des fonds
de travailleurs sur les plans administratif et opérationnel.
Le projet de loi modifie également la Loi
concernant l'impôt sur le tabac afin de hausser les taux de la taxe spécifique
sur les produits du tabac. En outre, ce projet de loi modifie la Loi sur la
taxe de vente du Québec afin, notamment, que la règle de la valeur estimative
ne soit pas applicable lors de l'apport, au Québec, d'un véhicule routier usagé
résultant d'un transfert entre particuliers liés. Par ailleurs, ce projet de
loi modifie notamment la Loi sur l'administration fiscale, la Loi sur les
impôts et la Loi sur la taxe de vente du Québec, afin d'y apporter des
modifications semblables à celles qui ont été apportées à la Loi de l'impôt sur
les revenus et à la Loi sur la taxe d'accise par des projets de loi fédéraux,
sanctionnés en 2022 et en 2023. Enfin, ce projet de loi apporte des
modifications à caractère technique, de concordance et de terminologie.
Je vais m'abstenir d'énumérer les autres
mesures contenues dans le projet de loi n° 75, puisque ses notes
explicatives en font état, et que nous aurons l'occasion de l'examiner plus en
détail en commission parlementaire. J'invite donc, Mme la Présidente, les
membres de cette Assemblée à adopter le principe de loi n° 75. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre un autre intervenant. M. le
député de... excusez-moi, j'ai un blanc de mémoire de votre circonscription...
Marguerite-Bourgeoys, excusez-moi. Alors, la parole est à vous.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Vous me voyez vraiment excité de venir ici aujourd'hui
parler du projet de loi n° 75, un projet de loi qui donne suite à des
mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours du budget du 12 mars 2024.
Incroyable!
Mme la Présidente, il y a quand même
certaines choses qui ont été faites, dans ce projet de loi là, qui, je dois
dire, vont à l'encontre même du développement économique. Je veux juste en
souligner deux. De prolonger le crédit d'impôt relatif à l'investissement et à
l'innovation et d'en bonifier le taux. Jusqu'à date, ça va bien. Mais de le
rendre entièrement remboursable, évidemment, pour plusieurs PME, pour plusieurs
entreprises, cet aspect-là de cette modification-là va rendre la chose
extrêmement difficile. Juste au niveau des flux monétaires de ces
entreprises-là, ça va être pénible. D'abolir la déduction additionnelle pour
amortissement de 30 % à l'égard de certains investissements, encore là, on
joue dans la même palette, ça va être extrêmement difficile, pour plusieurs
entreprises, de pouvoir faire face à la réduction de leur flux de trésorerie.
Mais surtout, il faut comprendre aussi qu'en agissant de la sorte, ce qu'on
fait c'est qu'on se trouve à ralentir l'investissement d'entreprises, la
modernisation du modèle d'affaires de ces entreprises-là.
Ensuite, on abolit le crédit d'impôt
remboursable favorisant le maintien d'emploi des travailleurs d'expérience. En
pénurie de main-d'œuvre, ça va à l'encontre de ce qui doit être fait. On veut
restructurer l'aide financière pour la production de titres multimédia et pour
le développement des affaires électronique, un secteur d'activité au Québec, Mme
la Présidente, qui va relativement bien, on est en train de tirer notre épingle
du jeu, puis là ce qu'on fait, à la dernière minute comme ça, on enlève le
tapis en dessous de...
16 h 33 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...de l'industrie.
C'est vraiment difficile à comprendre. On avait, depuis plusieurs années déjà,
mis en place une vision de bonne gestion des finances publiques en demandant de
façon récurrente au gouvernement de mettre une approche en matière de gestion
de fiscalité de nos entreprises, d'y aller de façon intelligente, uniforme,
faire en sorte qu'on n'est pas en train d'alourdir le fardeau fiscal de nos
entreprises. Malheureusement, ce projet là... de loi là va contre ça. On coupe
des crédits d'impôt qui favorisent le maintien aussi d'emplois de personnes de
60 ans et plus. On est en pénurie de main-d'œuvre, dois-je le rappeler, Mme
la Présidente? C'est pour ces raisons que nous allons voter contre le principe.
Bien, si c'est... J'arrête de parler. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Comme il
n'y a pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 75, Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget le 12 mars 2024 et à certaines autres mesures, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Sur
division. Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Et donc, conformément à l'article 243
de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 75, Loi
donnant suite à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le
budget du 12 mars 2024 et à certaines autres mesures, soit déféré à la
Commission des finances publiques pour son étude détaillée et que le ministre
des Finances soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Motion
adoptée.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le leader, pour la suite.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup. À ce stade-ci, j'aimerais qu'on appelle l'article 5du
feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Donc, à l'article 5 du feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption
du principe du projet de loi n° 80, Loi concernant la mise en oeuvre de
certaines dispositions du discours sur le budget du 12 mars 2024 et
modifiant d'autres dispositions. Mme la députée de Huntington, je vous cède la
parole.
Mme Mallette : Merci, Mme la
Présidente. J'ai le plaisir de présenter, pour l'adoption du principe, le projet
de loi n° 80, Loi concernant la mise en œuvre de certaines dispositions du
discours sur le budget du 12 mars 2024 et modifiant d'autres dispositions.
Ce projet de loi permettra de mettre en œuvre des mesures du dernier budget
visant à financer les services en santé et services sociaux, en éducation et en
enseignement supérieur, à soutenir les Québécoises et les Québécois et les
collectivités à agir pour les priorités économiques et à optimiser l'action de
l'État.
Concrètement, le projet de loi n° 80
nous permet notamment de nous attaquer à une tendance préoccupante constatée au
cours des dernières années concernant le paiement des pensions alimentaires. En
effet, la proportion des créanciers alimentaires qui reçoivent leur pension à
temps et en totalité a diminué, et les sommes qui leur sont dues ne cessent d'augmenter.
Nous voulons nous assurer que les pensions auxquelles ont droit les enfants et
le parent gardien leur sont versées ponctuellement. Ces revenus sont importants
et permettent à ceux qui en bénéficient de subvenir à leurs besoins.
Nous mettons donc en place une nouvelle
mesure incitative qui pourrait mener à la suspension du permis de conduire ou
du droit d'en obtenir un des grands récalcitrants qui ont accumulé des
arrérages de pension alimentaire équivalant à au moins six mois de versement.
Cette mesure s'ajouterait à celle déjà prévue par la loi et pourrait permettre
à Revenu Québec de remettre plus de 32 millions de dollars aux
créanciers alimentaires au cours des deux premières années suivant sa mise en
place. Rappelons que le processus de versement des pensions alimentaires, c'est
Revenu Québec qui agit comme intermédiaire entre le débiteur et le créancier.
Nous agissons donc pour lui octroyer une plus grande flexibilité dans le cadre
de ses différentes missions, notamment en matière de recouvrement des pensions
alimentaires. Ainsi, nous modifions la Loi facilitant le paiement des pensions
alimentaires afin que le délai de prescription du recours pour rendre
inopposable la cession d'un bien au-deçà de sa juste valeur marchande par un
débiteur alimentaire en défaut à une personne avec qui il a un lien de
dépendance passe de 3 à 4 ans et afin que ce délai commence à courir à la
date de la connaissance par Revenu Québec de la cession du bien. De plus, nous
ajusterons les règles concernant la sûreté exigible en matière de pension
alimentaire afin qu'elle soit versée uniquement en argent.
Par ailleurs, le projet de loi... le
changement que nous avions annoncé lors du dernier budget pour soutenir les
aînés en situation d'invalidité. Il faut savoir que, depuis de nombreuses
années, une personne admissible à une rente d'invalidité ayant atteint l'âge de
60 ans reçoit également sa rente de retraite qui est réduite selon le
nombre de mois d'anticipation. Lorsque cette personne atteint 65 ans...
16 h 38 (version non révisée)
Mme Mallette : ...elle cesse
de recevoir la rente d'invalidité, mais continue de recevoir une rente de
retraite réduite pour le reste de sa vie.
Nous sommes conscients des impacts de ce
manque à gagner sur des aînés bien souvent vulnérables, et c'est pourquoi, à
compter de 2025, cette réduction de la rente sera éliminée, comme le ministre
des Finances l'a annoncé en mars dernier au moment du dépôt du budget. Ce sont 77
000 aînés de 65 ans et plus qui profiteront ainsi d'une hausse de leurs rentes dès
l'année prochaine.
Nous répondons également à une
problématique touchant Retraite Québec, qui accuse du retard dans le traitement
des demandes de conjoint survivant. Nous modifierons donc la définition de
conjoint de fait dans le régime des rentes du Québec afin qu'elle tienne compte
de la représentation publique comme conjoint lorsque celle-ci est présente. L'objectif
est d'assurer une meilleure cohérence entre la... et les régimes de retraite du
secteur public, ce qui permettra de simplifier et d'accélérer le traitement de
certaines demandes.
Nous allons également de l'avant avec la
mise en place de la rente viagère à paiements variables, une mesure demandée
par les intervenants du milieu de la retraite. Cette forme de rente, instaurée
par le fédéral en 2021 et versée à vie, est ajustée périodiquement pour tenir
compte des rendements obtenus sur les placements et de la longévité des
rentiers du fonds. La RDPV constitue une option intermédiaire entre la rente
individuelle d'un assureur et le retrait fait directement d'un compte d'épargne.
En termes de protection, elle permet de couvrir le risque de survivre à son
épargne parce qu'elle mutualise le risque des participants.
Nous avons également inclus dans le projet
de loi no 80 des mesures à saveur plus économique. Nous avons, entre autres,
décidé de verser au Fonds des générations une partie des surplus accumulés dans
le Fonds d'information sur le territoire du ministère des Ressources naturelles
et des Forêts. Le montant de ce transfert, qui est établi à 400
millions de dollars, viendra réduire la dette brute du Québec d'un montant
équivalent et il permettra de rembourser, dès 2024-2025, des emprunts venant à
échéance. Le financement du Fonds d'information sur le territoire provient de
la tarification perçue par les biens et services qu'ils offrent. Au cours des
dernières années, il a cumulé des surplus qui excèdent ses besoins futurs
prévus.
Dans un autre registre, le gouvernement a
mis en place différentes mesures pour mieux identifier et encadrer les guichets
automatiques de cryptoactifs, notamment pour lutter plus efficacement contre le
blanchiment d'argent et l'évasion fiscale. Nous prévoyons donc, dans le projet
de loi no 80, un cadre de transition pour les entreprises de services
monétaires qui exploitent des guichets automatiques de cryptoactifs. Cette
mesure a pour objectif de les aider à se conformer aux nouvelles règles
découlant de l'ajout d'une sixième catégorie dans la Loi sur les entreprises de
services monétaires visant explicitement l'exploitation de guichets
automatiques de cryptoactifs.
Nous agissons aussi pour aider le secteur
de la restauration et des bars en élargissant l'admissibilité à la compensation
financière relative à la facturation obligatoire visant à soutenir les entreprises
dans leur transition vers l'environnement infonuagique, le MEV Web, qui est une
solution évolutive par rapport au module d'enregistrement des ventes, MEV,
initial. Cette solution permet que les factures soient envoyées
électroniquement aux clients et que l'information relative à la fourniture de
produits et services soit transmise à Revenu Québec en continu. Nous voulons
permettre à un plus grand nombre d'exploitants de bénéficier de la compensation
fiscale... financière, pardon, qui les aidera à prendre ce virage important.
Alors, voilà, Mme la Présidente, pour les
principales mesures contenues dans le projet de loi no 80. Je demande donc
aujourd'hui à cette Assemblée d'en adopter le principe afin que la Commission
des finances publiques puisse entreprendre l'étude détaillée de l'ensemble des
mesures qu'il contient dans les meilleurs délais. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. L'excitation est à son comble. On parle du projet
de loi no 80, un projet loi budgétaire concernant la mise en œuvre de certaines
dispositions du discours du budget du 12 mars 2024.
Écoutez, Mme la Présidente, vous
comprendrez que, de notre point de vue, on a trouvé ça un malheureux exemple de
mauvaise gestion des finances publiques. Il y a eu un déficit record de 11
milliards de dollars qui a été déposé, sans aucune transparence, à savoir :
comment allons-nous revenir à l'équilibre budgétaire?
Et le gouvernement refuse toujours de se
doter de ce plan de retour à l'équilibre budgétaire, encore aujourd'hui, et
refuse aussi de se doter d'un directeur parlementaire du budget, Mme la
Présidente. Donc, nous, on va continuer à demander au gouvernement d'effectuer
un exercice sérieux d'analyse et de révision de tous les programmes
gouvernementaux, pas d'attendre d'arriver devant la...
16 h 43 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...comme ça a
été le cas en mars cette année, mais de le faire de façon récurrente, ce qui
aurait dû être le cas dans les années précédentes. Chacun de ces programmes-là
doit être révisé pour s'assurer de sa pertinence. Je ne trouve pas
personnellement que c'est un bon projet de loi, pour plusieurs raisons et parce
que le gouvernement n'a fait aucune preuve de rigueur en ce qui a trait à l'établissement
de ses prévisions économiques. On a manqué la mise à plusieurs reprises, et ce
depuis les deux dernières années au minimum. Depuis que moi, je suis ici, les
prévisions économiques, ça a été vraiment... on a manqué la balle totalement.
Le gouvernement est dépensier, enregistre
des déficits année après année, même en croissance économique. Il faut le
faire, Mme la Présidente. Je ne trouve pas que c'est un bon projet de loi, aussi
parce que le gouvernement ne démontre aucun intérêt réel pour maintenir nos
finances publiques en santé, et ce, de façon pérenne. Ce n'est pas un
gouvernement d'économie et c'est pour ces raisons, Mme la Présidente, que nous
voterons contre le principe de ce projet de loi là.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, Mme la
Présidente. Je vais vous raconter une histoire. J'étais élu depuis seulement
quelques semaines et j'ai eu une rencontre avec Anabelle et Walter de Moelle
épinière et Motricité Québec mémo, qui m'ont parlé de la situation suivante.
Donc, ils m'ont dit : Voilà, pour les personnes en invalidité, quand ils
arrivent à 65 ans, comme ils ne travaillaient pas à 60 ans, eh bien
il y a une pénalité qui leur enlève à peu près un quart de leur RRQ. J'ai fait
répéter à la personne à plusieurs reprises pour être sûr d'avoir compris. Non
seulement effectivement, c'était vrai, c'est-à-dire qu'on pénalise des gens
qui, vous comprenez, sont sur chaises roulantes, sur la base que les gens qui,
eux, n'ont pas de problème à... qui ne travaillaient pas à 60 ans étaient
pénalisés à 65 ans.
Figurez vous, Mme la Présidente, que cette
pénalité a été mise en place en 1997. À l'époque, c'était un gouvernement
péquiste. Le gouvernement libéral l'a gardé. Le gouvernement caquiste l'a
amélioré, car la pénalité a quand même diminué du tiers au quart du RRQ, mais
était encore là. Et malgré, en 2017, une décision de la Commission des droits
de la personne et droits de la jeunesse qui recommandait l'abolition de la
pénalité, malgré toutes sortes de judiciarisations qui donnaient raison à l'aspect
discriminatoire de cette pénalité, eh bien, le gouvernement ne voulait pas l'enlever.
Plus tard, j'ai aussi travaillé avec
Walter... non, pardon, avec Kevin et Me Mongeon, qui étaient aussi très
engagés dans cette lutte-là pour obtenir justice. C'est un sujet que j'ai pris
à bras le corps. J'ai déposé une pétition qui a été signée par plus de 5 000 personnes.
Je les ai invités à l'Assemblée nationale pour organiser des conférences de
presse ici. Nous avions eu une commission sur le RRQ. Nous avons pu rajouter
une section qui revient sur les revendications des invalides, malgré le fait
que, malheureusement, ils n'ont pas été invités pour s'exprimer en commission.
Et j'ai aussi déposé un projet de loi pour enlever la pénalité en question.
Eh bien, je suis très heureux, Mme la
Présidente, qu'avec ce projet de loi, cette pénalité n'existera plus. Et c'est
bien le résultat de la combinaison d'une société civile active qui a travaillé
fort pendant 25 ans et des relais à l'Assemblée nationale où, à partir du
1ᵉʳ janvier 2025, si ce projet de loi est adopté, 77 000 personnes
invalides vont voir leur RRQ augmenter, sans compter évidemment toutes les
personnes qui vont se rendre à 65 ans plus tard.
Ça fait que, pour résumer, Mme la Présidente,
il y a des moments comme ça où on sent que notre travail parlementaire prend
tout son sens, et c'est une victoire de la société civile auquel nous avons
participé et dont je suis très, très fier.
Mis à part ce point, nous allons
malheureusement évidemment voter contre le principe, comme c'est la tradition
pour tous les projets de loi qui touchent...
16 h 48 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...touche au
budget. Et voilà pour moi, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Comme il n'y a pas d'autre
intervention, le principe du projet de loi n° 80, Loi concernant la mise
en œuvre de certaines dispositions du discours du budget du 12 mars 2024
et modifiant d'autres dispositions, est-il adopté?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté,
sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. Donc, conformément à l'article 243 de notre
règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 80, la Loi
concernant la mise en œuvre de certaines dispositions du discours sur le budget
du 12 mars 2024 et modifiant d'autres dispositions, soit déféré à la
Commission des finances publiques pour son étude détaillée et que le ministre
des Finances soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci, Mme la Présidente. Je vous demande de bien vouloir ajourner nos travaux
à demain, 9 h 40, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : En
conséquence, nous ajournons nos travaux au mercredi... Est-ce que cette... la
motion de M. le...
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
Donc, en conséquence, nous ajournons nos travaux au mercredi 20 novembre
2024 à 9 h 40.
(Fin de la séance à 16 h 50)