Journal des débats de l'Assemblée nationale
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Le
mercredi 30 octobre 2024
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Vol. 47 N° 158
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Intervenants par tranches d'heure
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Lévesque, Sylvain
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Lafrenière, Ian
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Morin, André Albert
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Lemieux, Louis
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Zaga Mendez, Alejandra
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Hébert, Geneviève
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Grandmont, Etienne
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Caron, Vincent
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Chassin, Youri
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Carmant, Lionel
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Soucy, Chantal
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Charest, Isabelle
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Boivin Roy, Karine
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Roy, Nathalie
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Jolin-Barrette, Simon
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Simard, Jean-François
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Maccarone, Jennifer
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Tanguay, Marc
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Legault, François
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Garceau, Brigitte B.
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Carmant, Lionel
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Derraji, Monsef
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Leduc, Alexandre
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Roy, Nathalie
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Nadeau-Dubois, Gabriel
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Legault, François
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Leduc, Alexandre
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Jolin-Barrette, Simon
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Carmant, Lionel
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Fontecilla, Andrés
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Ghazal, Ruba
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Roberge, Jean-François
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Arseneau, Joël
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Chassin, Youri
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Girard, Eric
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Lévesque, Sylvain
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Paradis, Pascal
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Lévesque, Sylvain
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Lévesque, Mathieu
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Bonnardel, François
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Garceau, Brigitte B.
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Boulet, Jean
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Cadet, Madwa-Nika
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Cadet, Madwa-Nika
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Lévesque, Sylvain
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Leduc, Alexandre
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Lakhoyan Olivier, Sona
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Lévesque, Sylvain
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Dufour, Virginie
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Lévesque, Mathieu
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Soucy, Chantal
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Cliche-Rivard, Guillaume
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Roberge, Jean-François
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Bon mercredi matin, chers collègues.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Je vous invite, s'il vous plaît, à bien
vouloir vous asseoir, car nous en sommes à la rubrique Déclarations de députés,
et pour la première déclaration aujourd'hui, je reconnais M. le député de
Vachon.
Souligner la contribution du Club Optimiste de
Saint-Hubert à la tenue de la fête d'Halloween dans la circonscription de
Vachon
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je souligne l'engagement communautaire
du Club Optimiste de Saint-Hubert à l'occasion de la fête de l'Halloween.
Depuis plusieurs années, cet organisme
contribue à la réussite de cette... soirée, pardon, pour les enfants de mon
comté. Chaque année, avec mon équipe, nous nous associons au Club des
Optimistes pour cet événement en distribuant des chocolats chauds, mais surtout
pour être présents sur le terrain avec les gens de première ligne, des
policiers et les pompiers que je salue. Cette collaboration, M. le Président,
contribue à faire de cette fête un moment sécuritaire et mémorable pour les
tout-petits.
Et comme vous le savez, demain soir, nos
rues seront remplies de petits monstres vêtus de leurs costumes <préférés...
M. Lafrenière :
...vêtus de leurs costumes >préférés, prêts à récolter des bonbons.
Alors, on se rappelle certaines consignes de sécurité : on accompagne les
enfants, on vérifie les friandises avant de leur donner accès à tout ce sucre qu'ils
ont récolté et, pour les automobilistes, je leur demande prudence et patience.
Une très bonne Halloween! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Vachon. Pour la prochaine déclaration, je
reconnais M. le député de l'Acadie.
Souligner le 30e anniversaire de l'organisme
Bois urbain
M. André Albert Morin
M. Morin : Alors, bonjour, M.
le Président. C'est avec une immense fierté que je tiens à souligner le 30e anniversaire
de Bois Urbain, un organisme phare situé dans la circonscription de l'Acadie.
Bois urbain est situé au cœur du secteur
Chabanel. En ses murs, on y apprend et fabrique de véritables petits chefs-d'œuvre
en bois, meubles de salon, meubles de bureau, différents objets tendance, mais
tous faits à la main.
Bois Urbain offre des cours d'ébénisterie
depuis trois décennies et aide des jeunes adultes à intégrer le marché du
travail en devenant de véritables ébénistes de talent. Bois Urbain est devenu
depuis sa création un modèle de réussite dans la réinsertion sociale, avec une
vision qui aide les gens.
Je suis très heureux de souhaiter à Bois
Urbain un bon 30e anniversaire. Je les invite à continuer leur mission.
Bravo, et merci!
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de l'Acadie. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, nous allons entendre M. le député de Saint-Jean.
Souligner le lancement d'une nouvelle démarche visant
la création d'un centre d'innovation en sécurité civile et publique dans le
Haut-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président,
la semaine dernière, la décision a été confirmée, au terme d'un long processus :
le projet d'une zone d'innovation en sécurité civile et publique dans le
Haut-Richelieu n'a pas obtenu la désignation officielle du gouvernement du
Québec.
J'étais avec les partenaires économiques
de la région dès le premier jour, il y a trois ans, lorsque l'idée s'est
littéralement imposée. C'était ça, et c'était... et ça reste une vraie bonne
idée. Mais force est de constater, en fin d'analyse, que le projet n'est pas
mûr, considérant les paramètres essentiels à l'obtention d'une telle
désignation, à commencer par l'absence d'un gros client, un bailleur de fonds
privé qui peut investir largement pour bénéficier de la synergie de la
recherche d'institutions de haut savoir et d'un écosystème industriel comme
nous en avons un chez nous, prêt à s'investir. C'est ça, une zone d'innovation.
Mais, à défaut d'une zone, nous travaillons maintenant sur un centre
d'innovation qui réunit déjà des chercheurs et des partenaires régionaux qui
ont tellement bien travaillé ensemble en apprenant, et on va continuer de travailler
ensemble, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Saint-Jean. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Verdun.
Remercier la Maison d'accueil des nouveaux arrivants
Îles-des-Soeurs pour l'organisation du Gala de reconnaissance de l'héritage
interculturel et féliciter les lauréats
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Aujourd'hui, je veux célébrer l'organisme de l'Île-des-Sœurs, la Maison
d'accueil des nouveaux arrivants, la MANA, pour l'organisation annuelle du Gala
de reconnaissance de l'héritage interculturel.
Ce gala est devenu une tradition précieuse
pour Verdun, mettant en lumière la persévérance des nombreux immigrants qui,
malgré les épreuves et les défis, réussissent à se démarquer, à enrichir la
société québécoise par leur travail, leur détermination et surtout leur talent.
Chaque histoire de réussite est un témoignage de courage et de résilience
montrant que l'immigration est une richesse autant sociale qu'économique pour
notre communauté.
Je souhaite donc féliciter les lauréats de
2024, Eddy Ramírez et Bryan Steven Pérez Osorio pour leur parcours
exceptionnel, ainsi qu'Elisabeth Angers pour son apport à l'inclusion
interculturelle. Je salue aussi le dévouement de tous les membres la MANA qui
chaque année organisent avec brio ce gala de reconnaissance. Leur travail est
essentiel dans l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants à l'Île-des-Sœurs.
Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Verdun. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à M. Jean-Michel Longpré
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président,
depuis 33 ans, l'historien Jean-Michel Longpré se dévoue à protéger et à
promouvoir le patrimoine sherbrookois et estrien.
Il est notamment membre du C.A. du Comité
du patrimoine de Bromptonville depuis 1992 et son trésorier depuis 2011. Il a
publié plusieurs articles dans les bulletins de Bromptonville et du canton de
Brompton, et contribué à la présentation du circuit patrimonial dans le vieux
Brompton. En collaboration avec le Musée de la nature et des sciences de
Sherbrooke, M. Longpré est l'initiateur des fouilles archéologiques sur le
site de Kruger, auxquelles il a participé. Il a fait partie du comité
consultatif d'urbanisme de l'ancien arrondissement de Jacques-Cartier pendant
huit ans et de la ville de Sherbrooke pendant deux ans. Depuis 1991, il
soutient le projet de restauration de la prison Winter à Sherbrooke, qui lui a
valu, en 2021, la Médaille du souverain pour les bénévoles, décernée par la
gouverneure générale.
M. le Président, M. Longpré défend notre
patrimoine comme une richesse d'avenir. <Merci...
Mme Hébert :
...comme
une richesse d'avenir. >Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Saint-François. Et maintenant, pour la prochaine
déclaration, je reconnais M. le député de Taschereau.
Saluer la fondation de l'organisme Le Répit
Basse-Ville
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : M. le
Président, je souhaite profiter de cette déclaration pour souligner la
fondation d'un organisme qui est déjà un pilier du soutien aux personnes vivant
en situation d'itinérance à Québec, Le Répit Basse-Ville.
Vous demanderez comment un organisme qui
tenait son AGA de fondation début octobre peut déjà être un pilier; parce qu'il
s'agit d'un projet collectif fort de l'expérience des équipes du PIPQ, de L'Archipel
d'entraide, du YMCA, soutenu par une collaboration entre les organismes le RAIIQ,
la ville de Québec et les équipes du CIUSSS. Le Répit développe ainsi une
expertise unique à Québec qui permet un accueil à haut seuil. Leur approche
basée sur la mobilisation des pairs aidants est d'une remarquable humanité.
Je salue leur engagement, leur agilité et
leur ténacité. Le financement est toujours un casse-tête, l'accessibilité
sociale demeure un défi, la crise de l'itinérance que nous traversons est
évidemment sans précédent, mais l'équipe du Répit Basse-Ville et son conseil
d'administration sont des éléments clés pour faire de notre milieu une
communauté plus résiliente. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Taschereau. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à M. le député de Portneuf.
Souligner le geste héroïque de M. Mikaël Fiset
M. Vincent Caron
M. Caron : Merci, M. le
Président. L'été dernier, par une belle fin de journée, un résident de ma
circonscription, Mikaël Fiset, se rendait à Donnacona. En traversant un pont
sur la 138, il aperçoit un homme immobile, regardant la rivière en contrebas.
Mikaël le dépasse puis l'observe dans son rétroviseur. C'est alors qu'il voit
l'homme enjamber le garde-corps du pont. Faisant demi-tour, Mikaël engage la
conversation avec lui. Il parvient à convaincre l'homme en détresse de
descendre du garde-corps et de le rejoindre. Mikaël l'accompagne en lieu sûr et
appelle immédiatement les services d'urgence, qui interviennent rapidement.
Ce jour-là, Mikaël Fiset a très
certainement sauvé une vie. Je tenais ici à le féliciter chaleureusement pour
son geste héroïque. Je remercie également son père, Michel Fiset, qui m'a
partagé cette histoire émouvante.
J'en profite pour saluer tous ces héros
discrets de notre quotidien qui, par leurs gestes, sauvent des vies au Québec. Mille
fois merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Portneuf. Et maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
Souligner le travail de l'organisme Quartier
général de l'audace
M. Youri Chassin
M. Chassin :M. le Président, saviez-vous que l'audace a son quartier
général à Saint-Jérôme? Le Quartier général de l'audace, ou QGDA, est le plus
important club d'entrepreneurs étudiants des Laurentides avec plus de
300 membres. Luc Boulanger et son équipe offrent des formations, des
ateliers, l'accès à du mentorat et même des bourses aux étudiants qui
souhaitent se lancer en affaires.
Développer l'état d'esprit entrepreneurial
chez nos jeunes, c'est la meilleure stratégie pour faire face aux défis du
repreneuriat, selon Bernard Casavant et Philippe Fugère, coprésidents de la
campagne de financement du QGDA. Et, en seulement deux ans d'existence, c'est
la somme de 2 635 000 $ qui a été amassée auprès des généreux
partenaires et entreprises de la région.
Alors, messieurs, vous déplacez des
montagnes pour la relève. Un grand merci. Et merci aussi à toute l'équipe du
cégep, de la fondation et des donateurs pour cette somme impressionnante, mais
surtout pour faire sentir à la relève qu'elle est bien entourée. Toute une
communauté vous appuie pour que vos rêves aillent loin. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Saint-Jérôme. Et nous poursuivons notre
rubrique avec la déclaration de M. le député de Taillon.
Souligner le 40e anniversaire du Centre
communautaire Le Trait d'union
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je veux célébrer le 40e anniversaire du Centre
communautaire Le Trait d'union.
Cet organisme dédié au développement et au
mieux-être de la personne par le biais du loisir, de la culture et de l'action
communautaire est un incontournable de Longueuil. Que ce soit par son offre
culturelle incroyable, son offre de cours variés destinés aux jeunes et aux
aînés ou encore par l'initiative des camps de jour à prix modique destinés à
notre population défavorisée du quartier, l'équipe du Centre communautaire Le
Trait d'union affiche toujours présent quand il est question d'enrichir la vie
de notre communauté.
Aujourd'hui, je prends le temps de
remercier l'équipe du conseil d'administration, dirigée par M. Richard Goudreault,
et surtout les piliers de l'équipe des opérations avec M. Adel Berbaoui et Mme Véronique
Denis. Nous sommes chanceux de compter sur vous et, bien sûr, sur les bénévoles
qui nous offrent un accueil chaleureux, des repas délicieux et une ambiance
incroyable. Merci, et longue vie au Centre communautaire Le Trait d'union!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député de Taillon. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Rendre hommage aux organismes et aux corporations
de loisirs de Saint-Hyacinthe
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Bonjour, M. le
Président. Demain, c'est la fête de l'Halloween, une journée que nos
tout-petits attendent avec impatience pour se déguiser et faire la récolte de
bonbons.
Pour une huitième année <consécutive...
Mme Soucy :
...Pour
une huitième année >consécutive, l'Halloween de la députée est de retour.
Au fil des ans, l'événement s'est transformé en importance pour devenir ce qu'il
est aujourd'hui, et depuis trois ans, grâce à un partenariat avec le Club
Optimiste Douville, les enfants peuvent sillonner un sentier hanté dans lequel
les attendent fantômes, vampires, sorcières et zombies pour les faire
frissonner de peur.
Je profite de mon temps de parole pour
remercier chaleureusement tous les précieux bénévoles du Club Optimiste
Douville pour la conception de ce sentier et de leur excellente collaboration.
Fidèles à nos habitudes, M. le Président, mon équipe et moi y serons pour
distribuer bonbons et le traditionnel chocolat chaud.
Je souhaite à tous les enfants une joyeuse
Halloween et une bonne récolte de bonbons. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup Mme la députée de Saint-Hyacinthe, et joyeuse Halloween.
Maintenant, pour la prochaine déclaration, je cède la parole à Mme la députée
de Missisquoi.
Rendre hommage à M. Ralph Gilman
Mme Isabelle Charest
Mme Charest : M. le
Président, je souhaite saluer la contribution exceptionnelle de M. Ralph
Gilman, citoyen de Bedford, qui œuvre depuis plus de 45 ans à assurer la
sécurité des membres de sa communauté.
Suivant les traces de son grand-père pompier
dans les années 30, M. Gilman fait ses débuts en 1977 dans la brigade
du canton de Bedford. En 2007, il est nommé directeur du Service de sécurité
incendie pour la ville de Bedford et trois municipalités voisines. Toute sa
carrière, il s'assure de la modernisation des équipements pour qu'ils répondent
aux besoins de toute son équipe, incluant les femmes qui en font partie. Il a
contribué à la mise en place d'une entente d'entraide rassemblant 11 brigades
desservant les 21 municipalités de la MRC Brome-Missisquoi, une première
sous cette forme au Québec. Il a également travaillé activement à l'implantation
d'un centre d'entraînement régional pour la formation des pompiers.
M. Gilman est toujours aussi actif et
continue de donner à sa communauté, et ce, bien au-delà de son travail au
Service de sécurité des incendies. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Brome-Missisquoi. Et maintenant, nous
allons conclure notre rubrique avec la déclaration de Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner le 20e anniversaire de la Tohu
Mme Karine Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Seul diffuseur spécialisé en cirque contemporain en Amérique du
Nord, la Tohu célèbre ses 20 ans d'existence cette année.
En appuyant le développement de la
discipline et en offrant la richesse du cirque d'ici et d'ailleurs, elle a
contribué à positionner Montréal comme capitale internationale des arts du
cirque. Agissant à titre de pavillon d'accueil et d'interprétation du parc
Frédéric-Back, modèle de transformation et d'ingénierie environnementale, la Tohu
offre aussi une vaste gamme d'activités éducatives sur l'environnement. Ancrée
au cœur du quartier Saint-Michel, la Tohu s'est avérée un moteur de vitalité
culturelle, sociale et économique sur le territoire. Elle a même su se
démarquer par une audacieuse politique d'employabilité locale pour les jeunes
du quartier.
Pour sa 20e saison, débutée le
17 octobre dernier, la Belgique, l'Australie, le Mozambique et la France s'inviteront
à la Tohu qui, durant deux décennies, a vu passer des productions aussi
improbables qu'impressionnantes.
Merci pour l'émerveillement, et bonne
continuation au directeur général, Stéphane Lavoie, et ses équipes.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel. Et maintenant, cela met
fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55
)
10 h (version révisée)
(Reprise à 10 h 07)
La Présidente
: Mesdames
et messieurs, bienvenue chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons
nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le
leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : …Mme
la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites au feuilleton le
11 septembre 2024 par la députée de La Pinière et le 26 septembre
2024 par le député de l'Acadie. Merci.
La Présidente
: Ces
documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission des finances publiques et député
de Montmorency.
Étude détaillée du projet de loi n° 77
M. Simard : Oui, Mme la
Présidente. C'est avec grand plaisir que je dépose le rapport de la Commission
des finances publiques qui, le 24 octobre dernier, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 77, Loi modifiant
principalement des lois instituant des régimes de retraite du secteur public. Et
nous avons adopté ce projet de loi sans amendement. Je vous remercie.
La Présidente : Ce rapport
est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Demander l'exemption des étudiants autochtones des
dispositions de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le
français
Mme Maccarone : Merci, Mme
la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 2 794 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Attendu que la Loi sur la langue
officielle et commune du Québec, le français [...] a été mise en place pour
préserver la langue française au Québec, sans tenir compte de la préservation
des langues autochtones;
«Attendu que de nombreux étudiants et
étudiantes autochtones n'ont pas de Déclaration d'admissibilité à l'enseignement
en anglais et sont donc soumis à toutes les exigences de la loi 14;
«Attendu que la loi 14 impose des
restrictions éducatives et linguistiques aux autochtones inscrits au cégep et
restreint les droits individuels des étudiants et étudiantes à décider de leur
langue d'enseignement en fonction de leurs objectifs professionnels;
«Attendu que la loi 14 exige que les
étudiants et étudiantes autochtones ayant peu ou pas de connaissances en
français suivent des cours de français supplémentaires à des niveaux dépassant
leurs capacités, compromettant ainsi leurs chances de réussite académique,
notamment lors de l'Épreuve uniforme du français;
«Attendu qu'il n'existe pas de programme d'accompagnement
ou de financement spécifique aux étudiants et étudiantes autochtones les aidant
à se soumettre aux exigences linguistiques de la loi 14 et qu'ils se
sentent livrés à eux-mêmes;
«Attendu que la loi 14 a un effet
dissuasif sur les étudiants autochtones dans la poursuite de leur formation
postsecondaire, car elle crée une barrière éducative pour eux et elles;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au
gouvernement du Québec d'exempter tous les étudiants et étudiantes autochtones
des dispositions de la loi 14.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait
de pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant rendus à la
période de questions et de réponses orales. Je cède la parole, en question principale,
au chef de l'opposition officielle.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, force est de constater que la CAQ ne s'occupe pas de notre monde,
ne s'occupe pas, entre autres, de nos jeunes vulnérables. Avec le drame de la
fillette de Granby en 2019, le premier ministre avait déclaré, en mai 2019, à l'annonce
du lancement de la commission Laurent, ce qui suit : «…nous a tous
fortement émus. Plusieurs questions et préoccupations <envers l'efficacité
du...
M. Tanguay :
...préoccupation
>envers l'efficacité du système et protection de la jeunesse.» Fin de la
citation. Il avait ciblé l'inefficacité du système et voulait s'y attaquer.
Le rapport a été déposé, Mme la
Présidente, en 2021, ça fait trois ans, et quels sont les résultats? On voit
que, partout dans le réseau, il y a des cas inacceptables. Dans les
20 derniers jours : le 9 octobre, Mauricie—Centre-du-Québec sous
tutelle, faux rapports déposés au tribunal, évaluations incomplètes, droits des
enfants brimés; semaine dernière, Cité-des-Prairies, pendant deux ans, neuf
éducatrices qui aujourd'hui sont suspendues ou congédiées ont fait des
inconduites sexuelles envers cinq mineurs; lundi, en Montérégie, trois employés
ont démissionné en raison de comportements inappropriés de nature sexuelle sur
des événements qui remontaient à 2019, Mme la Présidente.
Face à cela, on a un ministre responsable,
dans le titre, des Services sociaux qui s'insurge mais qui n'agit pas en amont.
Le comité de suivi de la commission Laurent a exprimé ses inquiétudes face à la
non-mise en place des recommandations.
Quelle est la réponse du gouvernement?
Quand va-t-il donner suite au rapport Laurent comme il se doit?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente. D'abord, quand le chef de l'opposition officielle dit : On ne
s'occupe pas de nos jeunes, je lui rappelle qu'on a augmenté les budgets de la
DPJ de plus de 50 %. Donc, je pense qu'il devrait corriger cette fausse
affirmation, Mme la Présidente.
Deuxièmement, Mme la Présidente, on a
augmenté les salaires, les primes qui sont payés aux gens de la DPJ. Par
contre, là où il faut calculer que ça prend un certain temps, il faut recruter
des personnes, autant des intervenants que des superviseurs, puis ça prend un
certain temps pour les former. Ces gens-là doivent avoir une formation. On ne
peut pas, du jour au lendemain, dire : On ajoute 1 000, 1 500,
2 000 personnes. C'est ça qu'on est en train de faire, et ils sont
tous déjà formés puis ils attendaient chez eux pour être appelés.
Donc, Mme la Présidente, il y a des
efforts qui sont faits. Régine Laurent elle-même a dit : Ça va
prendre 10 ans pour mettre en place les changements qu'on propose. Le
ministre a répondu : Moi, je vais essayer de le faire en six ans. Donc,
Mme la Présidente, il y a des efforts qui sont faits. Il y a une nouvelle
commissaire qui devrait être... pas une commissaire…
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...mais une
directrice nationale qui devrait être nommée aujourd'hui, une femme compétente.
La Présidente : Réponse
terminée. M. le premier ministre, vous avez dit un terme qui est au lexique, je
vous demande de le retirer, tout simplement, «fausse affirmation». Retirez-le.
Vous le retirez?
M. Legault : ...
La Présidente : Voilà.
Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, je suis excessivement... nous sommes excessivement préoccupés pour
nos jeunes vulnérables dans le réseau, surtout quand on entend le premier
ministre dire : Le ministre se donne six ans. Ça fait déjà six ans qu'il
est là. Il se donne un autre six ans, ce qui va faire 12 ans, Mme la
Présidente.
Le ministre... Martine Desjardins,
présidente du comité de suivi, disait : «Une seule nouvelle recommandation
semble avoir fait l'objet de travaux dans les deux dernières années. La
majorité des recommandations étiquetées urgentes doivent être mises en place.»
Pourquoi ça n'a pas été fait? On ne peut
pas attendre six ans.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon. Mme la
Présidente, indirectement, le chef de l'opposition officielle vient de nous
dire qu'il ne reconnaît pas la compétence de Régine Laurent, qui a
dit : Ça prend 10 ans. Donc, je pense que, pourtant, au Québec, tout
le monde va reconnaître la grande compétence de Régine Laurent puis de
toute l'équipe qui a écrit un rapport et donc qui a dit : Ça prend
10 ans.
Maintenant, Mme la Présidente, il y a des
changements qui sont faits actuellement. Il y a des embauches qui sont faites.
Il faut prendre le temps de former les gens. C'est inacceptable, ce qu'il est
arrivé dans certaines DPJ.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la
Présidente, allons-y voir, Régine Laurent, là, elle n'était pas toute
seule, c'était une commission transpartisane, puis elle était loin d'être toute
seule. On va citer l'ex-vice-président de la commission Laurent,
André Lebon, qui disait, lundi : «Il était toujours — parlant
du ministre — toujours en mode réactif, comme s'il apprenait des
choses. Ça ne se peut pas qu'il apprenne ça aujourd'hui.» Le ministre lui-même,
hier, a avoué qu'il rencontrait... il avait cessé de rencontrer la DPJ personnellement
chaque mois : «Je vais me rasseoir, j'aurais dû continuer à le faire.»
Reconnaît-il qu'il a <manqué à son
devoir?...
M. Tanguay :
...la
DPJ, personnellement, chaque mois. Je vais me rasseoir, j'aurais dû continuer à
le faire.»
Reconnaît-il qu'il a >manqué à
son devoir?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, ça
fait quelques fois que j'entends le chef de l'opposition remettre en question
la compétence du ministre responsable des Services sociaux. Je rappelle, Mme la
Présidente, que le ministre responsable des Services sociaux est un médecin
réputé internationalement, qui était à l'Hôpital Sainte-Justine. Je pense que
tous les partis politiques au Québec auraient rêvé de l'avoir dans leur équipe.
Donc, actuellement, le ministre se démène, avec les ressources qui sont
disponibles au Québec. On sait qu'il y a...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...une
augmentation importante du nombre de cas. Donc, il faut tenir compte de cette
situation.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Que le premier
ministre pose donc la question si les jeunes, dans le réseau, qui sont
abandonnés, disent puis considèrent que le ministre, c'est le ministre rêvé,
que c'est un rêve. Pense-t-il que le fait que ce soit un ami, comme il l'a
justifié hier, ça justifie le fait qu'il soit encore ministre aujourd'hui? Il a
dit : C'est un ami, en réponse aux journalistes, comme si c'était un
critère.
Le ministre n'est au courant de rien, ne
se rend compte de rien, et la seule solution qu'il a apportée cette semaine,
c'est de congédier celle qu'il avait nommée tambours et trompettes, deux fois
plutôt qu'une. Alors, quelle est sa part de responsabilité? Va-t-il...
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, bon,
on a vu comment le chef de l'opposition officielle traite les gens de notre
parti, hier. Il continue aujourd'hui. Mme la Présidente, effectivement, le
ministre responsable des Services sociaux est un ami que je connais depuis
longtemps, c'est ce qui m'a permis de le convaincre de venir en politique. On
le sait, que ce n'est pas facile, faire de la politique aujourd'hui. Donc, Mme
la Présidente, je demande au chef de l'opposition officielle d'avoir un peu de
respect pour ses collègues d'en face.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Robert-Baldwin.
Révision du système de protection de la jeunesse
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Hier, le premier ministre a réaffirmé sa confiance
envers son ami le ministre de la Protection de la jeunesse, une protection en
crise depuis six ans sous ce gouvernement. Hier encore, il a affirmé que
l'immigration était la cause de cette crise. Vraiment? Est-ce que c'est
l'immigration qui a agressé des mineurs en centre jeunesse? Est-ce que c'est
l'immigration qui a freiné la nomination tant attendue du Commissaire au
bien-être et aux droits des enfants et l'instauration d'une charte des droits?
C'est scandaleux, scandaleux d'entendre de tels propos dans cette Chambre, Mme
la Présidente.
Le ministre endosse-t-il les paroles de
son ami le premier ministre?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je remercie la députée de Robert-Baldwin,
qui va me permettre de vous exposer l'impact des nouveaux arrivants sur la
demande à la protection de la jeunesse. Et oui, elle est réelle.
Mme la Présidente, l'impact des nouveaux
arrivants est... joue un rôle sur tous nos services que l'on offre. Vous savez
qu'à mon grand désespoir il y a des gens qui partent d'Amérique du Sud, des
Caraïbes, qui traversent les États-Unis à pied, à pied, avec leurs enfants, qui
arrivent au Québec, et, parce qu'ils n'ont pas les... parce que... à cause de
leur état, la DPJ est appelée et doit intervenir dans ces cas-là.
Alors, moi, ce que j'ai demandé, c'est
qu'on intervienne avec les services sociaux, avec les organismes
communautaires, qu'on modifie notre façon d'intervenir pour s'assurer que ces
enfants-là puissent rester dans leur famille. Mme la Présidente, c'est
important, c'est important que notre façon de faire dans les choses soit
différente. Nous, ce qu'on souhaite, là, c'est que les gens qui arrivent au
Québec contribuent à la société québécoise du mieux possible, et c'est en leur
offrant le meilleur accueil et les meilleurs services possible...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...incluant
les services jeunesse, Mme la Présidente.
• (10 h 20) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Mme la
Présidente, je ne peux pas comprendre, ça... je trouve inacceptable la réponse
du ministre, qui reprend les propos du premier ministre en liant COVID,
l'immigration à qu'est-ce qu'il s'est passé à Cité-des-Prairies. C'est
complètement inacceptable. On a déjà perdu trois ans, depuis la nomination de
Catherine Lemay. Le ministre l'a avoué lui-même, qu'il a délaissé sa présence
sur le terrain. Pourtant, c'est sa job.
Peut-il au moins...
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, moi,
je tiens à vous dire que, quand je suis arrivé en 2018, là, il y avait deux
dossiers tout aussi <dramatiques, là...
M. Carmant :
...quand
je suis arrivé en 2018, là, il y avait deux dossiers tout aussi >dramatiques,
là — j'invite qui veut... qui le veut d'aller chercher quels étaient
ces dossiers, que je ne nommerai pas par respect pour mes prédécesseurs — pour
lesquels j'ai demandé une rencontre avec les DPJ en janvier 2019, là, avant le
drame de Granby. Bien, les DPJ m'ont dit que c'était la première fois de leur
vie qu'ils rencontraient un ministre, Mme la Présidente. C'est ça, la réalité.
Le premier ministre qui a rencontré les DPJ au Québec, c'est un ministre de
notre gouvernement, Mme la Présidente. Puis on a travaillé avec ça par la
suite.
Dans la loi, là, le rôle de la DNPJ...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...c'est
d'animer cette table. Je lui ai laissé faire son rôle par respect...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Les
recommandations du rapport Laurent n'avancent pas. La CAQ a refusé notre motion
d'hier demandant d'assurer la mise en œuvre de toutes les recommandations.
Pourtant, le ministre s'y était engagé à plusieurs reprises déjà.
Qu'est-ce qui a changé? La CAQ pense
vraiment que nos enfants vulnérables ont le luxe d'attendre?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Mme la
Présidente, tu sais, on peut faire tout en même temps et tout échouer ou on
peut y aller de façon ordonnée, Mme la Présidente.
Nous, là, ce que... la stratégie qu'on a
utilisée, c'est de le faire en trois phases. On a fait tout ce qui est en amont
de la DPJ, on a fait tout ce qui est dans le processus interne de la DPJ, puis
là on est rendu aux centres jeunesse. Je ne minimise pas l'importance de ce
qu'on voit dans les centres jeunesse. On y travaille, on est rendu là. On a
déposé le grand chantier des centres jeunesse cet été. On commence les
réunions cet automne. Tout le monde va être impliqué. J'ai demandé que les
syndicats soient impliqués. J'ai demandé que les intervenants soient impliqués.
J'ai demandé que tout le monde qui veuille participer...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...à
améliorer la vie de nos enfants soit impliqué, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef de l'opposition officielle.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Lors de la
nomination de Catherine Lemay à titre de directrice nationale de la protection
de la jeunesse en mars 2021, le ministre a affirmé ce qu'il suit... ce qui
suit : «Cette nomination est un important pas pour procéder à ces
changements cruciaux, et je suis persuadé que Mme Lemay, avec son parcours
impressionnant au sein de nos équipes jeunesse et de ses grandes qualités de
leadership, est la personne qu'il nous faut.» Ça, c'est la décision du
ministre, qui l'a nommée, qui avait mis tous ses espoirs en elle, qui a été en
fonction, Mme la Présidente, pendant plus de trois ans et qui, cette semaine,
soudainement, n'est plus du tout la personne qui devait être là pour remplir le
mandat. Le ministre lui-même a reconnu qu'il avait cessé d'être présent auprès
des directions de la protection de la jeunesse. Il a dit : Si c'était à
refaire, je ferais différemment. Le ministre, en ce sens-là, puis ça se dit en
cette Assemblée nationale, n'a pas fait en sorte de faire son mandat, d'être
responsable des services sociaux.
Pendant ce temps-là, les cas se
multiplient : encore une fois, Mauricie—Centre-du-Québec,
Cité-des-Prairies, à Laval, en Montérégie. Le ministre, lui, il a un ami. Le
ministre, lui, a un ami qui s'appelle le premier ministre. Les jeunes
vulnérables n'ont pas un ami qui s'appelle premier ministre.
Question au premier ministre :
Pourquoi le ministre est mieux protégé que nos jeunes?
Des voix : ...
La Présidente : Silence, je
vous prie! Je veux entendre la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, disons que ça ne vole pas haut du côté du Parti libéral du Québec.
Mme la Présidente, comme vient de
l'expliquer le ministre responsable des Services sociaux, puis comme l'avait
proposé aussi Régine Laurent, il faut y aller dans l'ordre. Les centres
jeunesse, ce qu'on appelle la DPJ, ça devrait être le dernier recours pour
placer un jeune qui a des difficultés. Il faut d'abord faire de la prévention.
Il faut qu'il y ait des services d'offerts, entre autres dans les CLSC.
Il y a eu une explosion du nombre de
problèmes de santé mentale. Et, contrairement à ce qui a été dit tantôt, il y a
un ensemble de raisons pourquoi il y a eu cette explosion. Il y a eu la COVID,
il y a des problèmes, malheureusement, importants de consommation de drogue.
Et, oui, il y a des enfants, des demandeurs d'asile qui vivent des problèmes
familiaux difficiles, puis il faut s'en occuper.
Donc, Mme la Présidente, quand on gère,
que ce soit dans le privé ou dans le public, on essaie de choisir les
meilleures personnes. On essaie de se fier aux C.V. des personnes. Je pense <que,
dans la majorité des cas, ce qu'on a fait...
M. Legault :
...les
meilleures personnes, on essaie de se fier aux C.V. des personnes. Je pense >que,
dans la majorité des cas, ce qu'on a fait depuis six ans, ça a été des bons
choix. Maintenant, il peut arriver, effectivement, qu'on se rende compte que
certaines personnes n'aient pas toutes les qualités qui sont requises pour une
tâche précise.
La Présidente : En terminant.
M. Legault : Ça a été le
cas de Mme Lemay.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Pourquoi ce
n'est pas le cas du ministre? Pourquoi ce n'est pas le cas du ministre, qu'on
se rende compte qu'il n'est pas la personne de la situation? Le premier
ministre vient de le dire, des fois, on nomme des gens qui ont des beaux C.V. — le
ministre a un beau C.V. — qui semblent être parfaitement compétents
pour livrer des résultats, et il l'était ab initio. Mais pourquoi le premier
ministre n'applique pas cette bonne mesure là?
La directrice, elle est partie, Mme Lemay,
elle a été congédiée. Quelle évaluation, quelle évaluation le premier ministre
fait-il de son ami le ministre?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, j'aurais aimé voir ou j'aimerais voir le chef de l'opposition
officielle s'occuper des dossiers d'itinérance, des dossiers de santé mentale
qui explosent, des dossiers des jeunes, là, qui sont dans des gangs de rue.
J'aimerais ça le voir, j'aimerais ça le voir. Mais de se permettre des
commentaires comme ça sur une personne qui se dévoue au quotidien, je le vois
aller, on le voit aller, il se démène pour nos jeunes, je trouve ça vraiment
déplacé, ce que fait le...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...chef de
l'opposition officielle.
Des voix : ...
La Présidente : Pas de
commentaire après les réponses. Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la
Présidente, là, on est rendu au cœur du problème. Moi, nous, l'opposition
officielle, on ne pourrait pas, on ne serait pas autorisés, en cette démocratie
et cette Assemblée nationale, de remettre en question les résultats d'un
ministre, qui, pour nous, sont inacceptables et sont un échec? On n'aurait pas
le droit, basé sur ce que le premier ministre vient de dire, de remettre en
question le bilan du ministre, et d'exiger des comptes, et de demander au
premier ministre de se demander si, oui ou non, son ami est toujours à la bonne
place?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la
Présidente, je trouve que le chef de l'opposition officielle est tellement,
tellement mal placé pour donner des leçons de gestion. On l'a vu, en fin de
semaine, c'est le chaos dans son caucus, hein, il y a deux ou trois députés qui
ont dit : On n'est pas d'accord avec ça, nous autres, fermer les écoles privées
de tradition religieuse catholique. Il y a eu deux candidats à la chefferie, en
fin de semaine, qui ont dit : On n'est pas d'accord avec le chef par
intérim du Parti libéral. Donc, moi, je l'invite, là, à se regarder dans le
miroir avant de donner des leçons de gestion.
La Présidente : M. le leader.
M. Derraji : ...Mme la
Présidente.
La Présidente : Alors, je
vous reconnais, M. le leader de l'opposition officielle. Quel est votre rappel
au règlement?
M. Derraji : Je ne voulais
pas me lever, Mme la Présidente, pendant l'échange, parce que c'est un échange
extrêmement important. Mais il y a deux ministres, le ministre de
l'Environnement et la ministre du Tourisme, qui nous ont mis au défi de vous
poser la question, parce qu'ils ont dit, pas une fois, pas deux, «cheap». Et il
m'a mis au défi de me lever pour vous le demander. Je l'invite, s'il vous
plaît, à respecter cette Assemblée et à retirer ces mots.
La Présidente : Alors, je
reconnais M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc : J'ai entendu
les mêmes choses. On m'a également regardé, on m'a aussi nargué pour vous
demander de vous mettre au défi de voir s'ils avaient prononcé ces mots-là. Ça
fait plusieurs fois que ces deux ministres en particulier sont récalcitrants,
ils sont des tannants, Mme la Présidente. Il faudrait sévir, s'il vous plaît.
Des voix : ...
La Présidente : Je suis
debout, gardez le silence! Alors, je vais reconnaître maintenant le leader du
gouvernement. Brièvement, quel est votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Mme
la Présidente, le décorum, en cette Assemblée, puis le respect entre des
collègues. Ce que le chef de l'opposition fait, en méprisant un de ses
collègues, le ministre de la Santé et Services sociaux...
Des voix : ...
La Présidente : Monsieur...
Des voix : ...
La Présidente
: Bon,
non, là, je suis debout, vous vous assoyez tous les deux. Merci, messieurs.
Alors là, je vais trancher. Maintenant, je vais vous apprendre un petit peu ce
que notre règlement nous dit, et, naturellement, les gens de la table me l'ont
appris avec toute leur expertise et leur jurisprudence. De un, commencez par
vous respecter les uns les autres. De deux, je ne peux que statuer sur les
propos que j'entends, mais ce n'est pas un chèque en blanc pour vous dire plein
de choses et vous invectiver les uns les autres. Alors, à cet égard, je vous
demande d'être respectueux, et nous allons poursuivre dans le respect.
Maintenant, nous en étions <rendus...
>
10 h 30 (version révisée)
<12187
La
Présidente :
...je vous demande d'être respectueux. Et nous
allons poursuivre dans le respect.
Maintenant, nous en étions >rendus,
si je ne m'abuse, en question principale, au chef du deuxième groupe d'opposition.
Des voix : ...
La Présidente : Là, là,
regardez, il y a des gens qui vous... Non. M. le leader du gouvernement, c'est
beau, vous pouvez vous asseoir. Les gens vous écoutent ici et vous voient. Vous
êtes filmés. Messieurs dames, gardez le silence. C'est votre période des questions.
Et je vous souligne aujourd'hui... Demeurez assis, je n'ai pas terminé. Je vous
souligne aujourd'hui qu'il y a une question du député indépendant, et que je
vais sauvegarder son droit de parole, et qu'on va se rendre jusque-là.
Maintenant, vous demeurez respectueux les uns avec les autres. Et vous
procédez, monsieur, allez-y avec votre question.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Des enfants aussi jeunes que neuf ans placés en isolement
derrière des barreaux au Centre jeunesse de Laval; trois ados qui tentent de s'évader
du Centre jeunesse de Québec, armés de barres de fer; dans le même centre, des
jeunes qui déclenchent une émeute, dispersés au Taser et au poivre de Cayenne;
neuf éducatrices suspendues ou congédiées pour inconduite sexuelle au centre
jeunesse de la Cité-des-Prairies; à Laval, une éducatrice qui entretenait, je
cite, «des relations de séduction avec des adolescents» a été embauchée après
les faits dans un autre centre jeunesse, celui de la Cité-des-Prairies; en
Montérégie, trois employés qui démissionnent pour des inconduites sexuelles
envers des jeunes depuis 2019; en Mauricie, la DPJ qui place des enfants en
adoption sur la base de fausses informations. Les histoires se suivent et se
ressemblent, et le gouvernement du Québec est complètement dépassé par la
situation.
Ça fait six ans que le ministre des
Services sociaux est responsable de la DPJ, ça fait six ans, rien n'est réglé,
et ça va de pire en pire. Qu'est-ce qui fait croire au premier ministre que son
ministre va réussir à faire en deux ans ce qu'il a échoué à faire en six ans?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je vais répéter ce que j'ai dit tantôt, ce que j'ai dit hier, d'abord,
on vit, au Québec, comme à beaucoup d'endroits dans le monde, une explosion de
jeunes qui ont des problèmes graves, pour toutes sortes de raisons, là : suite
de la COVID, problèmes de drogue, problèmes de gangs de rue, enfants de
demandeurs d'asile. On a un ensemble de raisons qui font que, partout, il y a
une explosion, donc, de la demande de services.
On a eu une commission parlementaire.
Régine Laurent a fait une série de recommandations, a dit : Il faut y
aller dans l'ordre, sur 10 ans, il faut d'abord s'assurer que la DPJ et
les centres jeunesse soient le dernier lieu où on envoie les enfants, il faut d'abord
essayer de s'occuper des familles, des jeunes, des problèmes de santé mentale,
dans les CLSC, être capables de faire de la prévention.
Bien, Mme la Présidente, on a embauché des
milliers de personnes. On a actuellement des postes qui ne sont pas comblés. Ça
prend un certain temps pour former autant des intervenants, là, avec de l'expérience...
C'est certain qu'une éducatrice ou un éducateur, là, qui sort de l'école n'a
pas la même expérience que quelqu'un qui a travaillé pendant 10 ans, 20 ans
dans le réseau. Même chose du côté de la supervision.
Je pense que le ministre responsable des
Services sociaux, dans le contexte actuel, fait le maximum de ce qu'il est
possible de faire…
La Présidente : En terminant.
M. Legault : …mais on va
continuer, Mme la Présidente, d'aider nos jeunes.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le
ministre responsable de la DPJ a reconnu qu'il ne faisait même pas une
rencontre par mois avec la personne responsable de la DPJ. Ce n'est pas
exactement ce que je qualifierais de travail maximum.
Ça fait six ans qu'il est aux commandes,
et la situation s'empire. Pourquoi le premier ministre pense-t-il que ce même
ministre va réussir à faire en deux ans ce qu'il a échoué à faire en six <ans...
M. Nadeau-Dubois :
...pense-t-il
que ce même ministre va réussir à faire en deux ans ce qu'il a échoué à faire
en six >ans?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, d'abord, ce
qui vient d'être dit est inexact. Le ministre responsable des Services sociaux
rencontrait la directrice nationale à chaque semaine. Donc, vous voyez, encore
là, c'est le même chef qui disait, hier : Ça ne dérange pas le premier
ministre du Québec que des enfants ne mangent pas. C'est rendu là, le niveau
des débats au Québec. C'est rendu là, la nouvelle façon de faire de la
politique avec le jeune chef de Québec solidaire. Puis je ne le sais pas, si ça
va être mieux avec la cocheffe qui va s'ajouter, mais, Mme la Présidente, je
pense qu'il faut être capable de regarder la situation...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...de voir que
c'est difficile, actuellement, du côté des...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre a assez peu de leçons à donner sur le ton des débats en cette Chambre,
Mme la Présidente. Il n'a pas répondu à ma question. La situation à la DPJ
s'empire. Le ministre est aux commandes de ce réseau depuis six ans, et ça
s'empire. Il reste deux ans à son mandat. Comment le premier ministre peut-il
penser que ce même ministre va réussir à faire en deux ans ce qu'il a échoué à
faire en six ans?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, il faudrait être de mauvaise foi pour dire que la situation ne
s'est pas améliorée du côté de l'itinérance. Il faudrait être de mauvaise foi
pour dire qu'on n'a pas, dans les dernières années, traité beaucoup plus de
jeunes qui ont des problèmes de santé mentale que les années...
La Présidente : M. le leader
du deuxième groupe.
M. Leduc : ...parlementaire
avec le plus d'expérience ici devrait le savoir.
La Présidente : M. le leader
du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, le premier ministre n'a pas traité personne de mauvaise foi. Il a
dit : «Il faudrait être de mauvaise foi», Mme la Présidente. C'est dans le
contexte, Mme la Présidente, les mots doivent être dans un contexte. Vous devez
l'analyser en ce sens-là, Mme la Présidente.
La Présidente : Alors, je
vais simplement...
Des voix : …
La Présidente
: Vous
trouvez ça drôle, là-bas? Ça rit beaucoup, Mme la ministre. Je voudrais nous
assurer… Il est vrai qu'on n'a pas accusé directement une personne d'être de
mauvaise foi. Cela dit, ne faisons pas indirectement ce qu'on ne peut pas faire
directement, mais soyons respectueux dans nos échanges et poursuivons. M. le premier
ministre, il vous reste 22 secondes.
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, il y a 500 000 personnes et plus qui travaillent dans les
réseaux publics. Il y a une hiérarchie. Il y a des sous-ministres, des
sous-ministres adjoints, des directeurs nationaux. Je sais que le chef de
Québec solidaire n'a peut-être pas eu l'occasion d'être au gouvernement, mais
on ne peut pas s'attendre à ce que...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. J'ai été très clair avec le ministre hier, le départ de Mme Lemay
était la seule chose à faire, mais l'histoire ne s'arrête pas là. Hier, on a
entendu le ministre en débat d'urgence, mais personne au Québec n'a été rassuré
par ses explications. Il n'a convaincu personne. Pire, on apprend, ce matin,
qu'il rejette du revers de la main un rapport de la commission des droits de la
personne et de la jeunesse qui demande d'urgence de fermer le
Mont-Saint-Antoine, qui conclut que les droits des enfants dans ce centre sont
lésés. Il n'y a pas d'eau chaude, les enfants ne prennent pas leur douche, il
pleut à l'intérieur, les murs sont pourris. Des conditions de vie pareilles,
Mme la Présidente, normalement, ça ferait l'objet d'un signalement à la DPJ,
mais, il y a un problème, c'est un établissement de la DPJ.
• (10 h 40) •
Hier, j'ai offert une dernière chance au
ministre. Aura-t-il le courage de venir s'expliquer aux Québécois et aux
Québécoises en commission parlementaire?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je remercie le député de Saint-Henri—Sainte-Anne pour sa
question, mais il faut quand même le faire, Mme la Présidente. Hier, on me
disait que je n'agissais pas dans l'urgence, que je ne voyais pas l'urgence
d'agir, et là on me reproche d'avoir agi de façon urgente avec le dossier du
Mont-Saint-Antoine. Quand même spécial, Mme la Présidente.
Alors, on parlait de changement de
culture, de l'importance d'aviser le ministre rapidement. Alors, je salue le
CIUSSS—Centre-Sud, qui m'ont contacté avec l'exposé factuel de la CDPDJ. Et je
suis allé vérifier de mes propres <yeux...
M. Carmant :
...de
mes propres >yeux, une visite de deux heures dans toutes les unités du
Mont-Saint-Antoine, que les... que les rénovations qui devaient être faites ou
qui... qui devaient être faites ont été faites, Mme la Présidente. Les toits,
les toilettes, les murs, j'ai tout inspecté, Mme la Présidente. Et, pour être
sûrs qu'il y ait transparence, on avait avec nous Mme Gagnon, qui avait
déjà visité le site, qui avait des photos avec elle pour me prouver l'état
d'avant de la situation. Mme la Présidente, c'est important, j'ai demandé au
CIUSSS d'avoir une rencontre rapidement avec la CDPDJ...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...pour
confirmer que tous les changements ont été effectués.
La Présidente : Première
complémentaire, et je reconnais, pour ce faire, le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. En mai 2019, j'ai accepté de siéger sur la commission Laurent.
Regardez bien autour de vous, Mme la Présidente, je suis le seul député qui...
dans cette Chambre, qui a signé le rapport de la commission Laurent, pas le
ministre, pas le premier ministre. C'est pour ça que je suis dans l'obligation
de me lever aujourd'hui, Mme la Présidente. Je sens que la CAQ a tabletté le
rapport de la commission Laurent, là. Cette négligence est inacceptable. En
tant qu'ex-commissaire de la commission Laurent...
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci. Tabletté
le rapport? Je vous ai dit, je rencontre le comité de suivi pour leur montrer
tout ce qu'on a fait. Maintenant, les choses, là, ça ne se fait pas comme ça.
Mais, quand on fait des changements structuraux, Mme la Présidente, dans la
façon dont nos services fonctionnent, bien, le changement finit par arriver.
Alors, ici, on a la courbe de santé
mentale de notre jeunesse, nos listes d'attente. Ça s'est-tu déjà vu, une
diminution de plus de 60 % des listes d'attente en santé mentale jeunesse,
au Québec, hein? Il y en a qui pensent que ça ne m'intéresse pas, que je ne
m'en préoccupe pas, que je ne veux pas que les choses s'améliorent? Eh bien,
voilà, Mme la Présidente. On n'a pas mis de Band-Aid, nous autres, on fait des
changements structuraux...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...en profondeur
dans un système qui ne marchait pas avant qu'on arrive.
Des voix : ...
La Présidente : Vous
connaissez la règle, pas de bravo. Deuxième...
Des voix : ...
La Présidente
: Et
gardez le silence. Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, le ministre nous dit qu'il agit dans l'urgence. Ça fait des mois
que la CDPDJ enquête sur Mont-Saint-Antoine. Des enquêteurs spécialisés sont
allés sur le terrain et ont conclu, avec des experts, qu'il y avait des lésions
de droit, mais, non, une visite de deux heures du ministre, puis tout ça, ça
s'efface. Voyons donc!
Je le répète : Aura-t-il le courage
de venir s'expliquer en commission?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, Mme la
Présidente, on a lu la liste de l'exposé factuel des changements qui doivent
être effectués. On a visité site par site, porte par porte, étage par étage
pour voir ce que ces changements... avaient été effectués, et tous ceux qui
doivent être faits… devra être fait avant une prochaine rencontre avec la
CDPDJ. Les mêmes experts, les mêmes experts. Oui, ça va être fait de façon
adéquate.
Et il faut que le CIUSSS explique les
changements qui ont été faits, confirme que c'est adéquat pour la CDPDJ. Et
c'est ainsi, c'est comme ça qu'on veut fonctionner par la suite, Mme la
Présidente. Il faut que les gens soient au courant des changements. On veut
plus de transparence au niveau de la DPJ. Je pense qu'on veut tous la même
chose, le meilleur pour nos enfants.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Mercier.
Francisation des immigrants
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Arrivée à seulement 10 ans, je n'ai pas eu la chance de faire
le choix du Québec, mais j'ai eu l'immense privilège de choisir sa langue et sa
culture, puis ça, ce n'est pas arrivé par hasard. Si je suis ici, devant vous,
c'est que le système québécois m'a permis, à moi et à ma famille, d'avoir accès
à des cours et à des profs de français. Et nous avons appris plus que la
grammaire et l'orthographe, nous avons découvert une société fière de son
histoire et de son accent, qui réussit à fleurir malgré les difficultés, bref,
un pays sans pays qui nous a rappelé notre chère Palestine.
Malheureusement, le démantèlement caquiste
des classes de francisation défait les avancées que le Québec a faites pour
protéger la langue française. Est-ce que le ministre peut arrêter de démanteler
les cours de francisation, un outil essentiel à la protection de notre langue?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Je pense qu'évidemment ma collègue est un exemple pour les gens qui
arrivent au Québec et qui apprennent, maîtrisent et aiment la langue française.
Je salue son engagement à cet égard-là.
Je veux quand même dire qu'on ne peut pas
parler de démantèlement de cours de français par notre gouvernement. C'est tout
le contraire. Nous sommes le gouvernement qui avons adopté la loi n° 96, qui avons créé le <poste...
M. Roberge :
...gouvernement,
c'est tout le contraire. Nous sommes le gouvernement qui avons adopté la loi
n° 96, qui avons créé le >poste de Commissaire à la
langue française, le ministère de la Langue française et créé Francisation
Québec. À notre arrivée, on francisait environ 20 000 personnes par
année. L'an passé, ça a été environ 76 000. Cette année, on devrait faire
encore plus. Alors, je ne pense pas qu'on peut parler de démantèlement d'aucune
manière. Et je signale que le budget qui est dévolu à Francisation Québec, et
donc aux cours de français, est plus élevé cette année que l'an passé. En fait,
il est plus élevé que jamais dans l'histoire du Québec.
Donc, on peut voir, ici, quelques tableaux
qui montrent ceci. Le nombre de groupes ouverts par le ministère de
l'Immigration, Intégration et Francisation est en augmentation, et, même, quand
on compare saison par saison, on voit qu'il y a une hausse qui est constante.
Une fois qu'on a un nombre de groupes ouverts qui est plus élevé, bien
évidemment, le nombre d'élèves est en croissance. Pourquoi? Parce que le budget
est aussi en croissance.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la
Présidente, le ministre peut me montrer les tableaux qu'il veut, peut se
justifier, les faits sont clairs, les classes de francisation ferment en ce
moment. Fermer des classes de francisation, ça menace la protection du français
au Québec.
Je veux interpeler le ministre de
l'Éducation. Je le sais, que c'est un amoureux de la langue française. Alors,
j'aimerais ça qu'il me dise ce qu'il pense du fait que, dans sa propre
circonscription, il y a beaucoup de classes qui ferment, à peu près plus de
classes. Qu'est-ce qu'il répond aux gens de son comté?
La Présidente : Et moi, je
vous dis que ce n'est pas un tableau didactique. La réponse du ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, j'ai déjà expliqué, dans les semaines précédentes, que le
budget du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration
dévolu à Francisation Québec est plus élevé cette année que les années passées.
Le budget qui est envoyé aux centres de services scolaires, qui est une
fraction du budget de Francisation Québec, je le précise, le budget envoyé aux
centres de services scolaires est égal, cette année, avec les années passées,
mais il est plus élevé, cette année, que jamais dans d'autres réseaux aussi.
J'invite ma collègue à être bien attentive
parce qu'on va annoncer des ouvertures et des augmentations d'offres de cours
dans les prochaines semaines...
La Présidente : En terminant.
M. Roberge : ...dans les
prochains mois, comme je l'ai dit depuis les dernières semaines. On feint la
surprise, mais je ne fais que répéter...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Il y a 2 000 élèves
qui n'ont plus de classe de français. Il y a des profs qui sont en train de
perdre leur emploi en francisation. C'est une expertise qu'on est en train de
perdre. Les faits sont clairs. Ce n'est pas demain matin ou plus tard qu'on
veut avoir des cours, c'est aujourd'hui. Le français, là, c'est la porte
d'entrée à la culture québécoise. Quand on se dit qu'on est un gouvernement
nationaliste qui aimons le français, qui faisons des publicités pour le
français, bien, ce n'est pas suffisant, c'est les actions qui comptent.
Quand est-ce que le ministre va reculer et
arrêter de couper des cours de français? Il y a des coupes...
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Bien, Mme la
Présidente, je suis content de voir que non seulement ma collègue réussit, puis
elle défend bien la langue française, mais que sa formation est maintenant
nationaliste. Ça devrait faire la une un peu partout. C'est un changement qui
est majeur. Je salue ce changement-là. Québec solidaire nationaliste, c'est une
nouvelle.
Ceci dit...
Une voix : ...
M. Roberge : Ah non! Elle me
corrige : Non, non, non, on n'est pas nationalistes, mais il faut des
actions nationalistes dans un parti qui n'est pas nationaliste. C'est parfait.
Expliquez-vous, là. Le Parti québécois, il a ses contradictions, le Parti
libéral a de la misère à se gérer, puis QS vient de changer. C'est le fun, on
regarde ça aller.
• (10 h 50) •
La Présidente : En
question...
Des voix : ...
La Présidente : Un peu de
silence, je vous prie. En question principale, je reconnais maintenant le
député des Îles-de-la-Madeleine.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, le ministre l'a avoué lui-même, il convient qu'il avait arrêté de
faire des suivis avec les DPJ du Québec parce que la directrice nationale,
dit-il, s'en occupait. Il avait pris une certaine distance, comme si la
nomination d'une directrice nationale le dégageait de ses responsabilités
depuis trois ans et demi.
Maintenant qu'il a démissionné... la
directrice nationale, il affirme qu'il va se rasseoir avec sa successeure pour
être au courant de ce qui se passe sur le terrain. Il y avait donc une
déconnexion. Si on comprend bien, il découvrait avec nous, dans le journal,
l'accumulation des scandales, semaine après semaine, mois après mois à la
DPJ : falsification de dossiers, faux témoignages pour retirer des enfants
à leurs familles et les placer, conditions carcérales ou insalubres dans les
centres jeunesse, inconduites, agressions sexuelles, les plus récentes à
Cité-des-Prairies puis à Laval et en Montérégie, ces scandales qui brisent des
vies et qui minent la confiance du public.
Quel est le plan de match du ministre pour
rétablir la confiance dans la DPJ?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie le député des Îles-de-la-Madeleine
pour sa question, qui va me permettre de clarifier. Effectivement, je
m'asseyais auparavant de façon mensuelle à la table des DPJ, rôle qui a été
pris en charge par la directrice nationale, mais c'est sûr que je parlais à
chaque semaine, si ce n'est pas à chaque <jour...
M. Carmant :
...auparavant,
de façon mensuelle, à la table des DPJ, rôle qui a été pris en charge par la
directrice nationale, mais c'est sûr que je parlais à chaque semaine, si ce
n'est pas à chaque >jour, à la directrice nationale de la protection de
la jeunesse par la suite, là. Il ne faut pas... Il ne faut pas modifier ou mal
comprendre les choses, là.
Maintenant, ce qui est important, c'est
effectivement de... avec la prochaine nomination, c'est de rapprocher le poste
de la directrice nationale de la population et des DPJ. Ce que ça prend, Mme la
Présidente, le changement de culture, là, c'est d'apprendre la transparence. Il
faut montrer qu'on offre suffisamment de services en amont à la DPJ et après la
DPJ pour ne pas avoir à mettre un voile autour de ce qui est fait. Mme la
Présidente, nous, ce qu'on veut, c'est lever, tout simplement, tous les actes,
expliquer ce qui se fait, montrer où on s'en va et s'assurer que la population
soit en confiance, parce que la réalité...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...c'est qu'on
veut améliorer les services pour tous nos jeunes.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : …la population
est en confiance quand on sent que le ministre prend ses responsabilités. On
parle d'un changement de culture. Est-ce qu'il y aura un changement d'approche?
Le ministre dit qu'il n'avait plus confiance envers la directrice nationale
qu'il avait nommée deux fois plutôt qu'une. Depuis quand? Comment s'est
traduite cette baisse ou cette perte de confiance, ces derniers mois… ou est-ce
que c'est simplement parce que l'accumulation de scandales, c'était trop et
qu'il fallait trouver un bouc émissaire?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Pas du tout, Mme
la Présidente. En fait, tout ce qui a été fait jusqu'à présent, là, en amont de
la DPJ, pour diminuer le nombre de signalements, pour faire de la prévention,
pour que les choses soient prises en charge le plus rapidement possible, ça
s'est fait de façon harmonieuse.
Puis je vous ai montré un résultat, je
peux vous en montrer d'autres. Les signalements ont cessé d'augmenter au Québec
l'année dernière, ont même diminué. Les listes d'attente à la DPJ sont au plus
bas qu'elles ont été depuis la pandémie. Donc, les résultats commencent à être
là, même chose au niveau, là, du type d'intervention qu'on fait. Avec des
programmes comme Ma famille, ma communauté, on a diminué de 700 placements,
dans la dernière année, en les gardant dans leur famille, dans leur communauté.
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : Donc,
maintenant, il faut faire la même chose avec les centres jeunesse et laisser...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, le poste de la directrice nationale comporte plusieurs
responsabilités, notamment de s'assurer que les pratiques et les standards
soient absolument exemplaires, ce qui n'a pas été le cas depuis trois ans et
demi, à sa face même. Comment le ministre va-t-il s'assurer non pas, là, d'agir
en amont puis d'injecter plus d'argent, s'assurer que les pratiques à la DPJ
soient exemplaires?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, je pense
que, depuis un mois, on envoie des signaux clairs, Mme la Présidente. Quand on
a eu un doute sur Mauricie—Centre-du-Québec, ce n'est pas... ce n'est pas des
intentions administratives qu'on a mises sur la table, on a mis la DPJ du Centre-Mauricie-du-Québec
sous tutelle. Même chose avec les épisodes de scandales sexuels, Mme la
Présidente, on a lancé des enquêtes policières, on a congédié les gens qui
devaient être congédiés, et tous ceux qui ont participé à ce scandale auront
droit aux conséquences à la hauteur de ce qui a été fait, Mme la Présidente. On
prend les choses très au sérieux. J'ai besoin d'avoir quelqu'un à mes côtés qui
va trancher également, et c'est pour ça qu'on a demandé de changer la
directrice nationale. Merci.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député indépendant, qui pourra poser
toutes ses questions. En question principale, voici le député de Saint-Jérôme.
Subventions accordées aux résidences privées pour
aînés
M. Youri Chassin
M. Chassin :Mme la Présidente, dans le budget 2021‑2022, le
ministre des Finances a mis sur pied un programme de transition salariale pour
le personnel soignant dans les RPA, soit des primes qui leur permettent d'offrir
une rémunération compétitive, au coût d'environ 336 millions de
dollars. Ce programme temporaire de transition implique d'avoir une année de
référence prépandémique. Toutes les RPA ouvertes depuis n'en bénéficient pas,
mais elles ne luttent pas à armes égales. Leurs compétiteurs, eux, en
reçoivent, de cette aide.
J'ai rencontré Maxime et François, qui ont
ouvert une RPA de neuf places à Saint-Jérôme, très chaleureuse, et avec des
ententes conclues avec le CISSS des Laurentides. C'était leur rêve. Ils y ont
mis beaucoup d'amour et beaucoup d'argent. Mais aujourd'hui, avec le fardeau
réglementaire très lourd, les frais qui augmentent, les salaires qui sont
élevés, la rareté relative du personnel soignant, ils y arrivent très
difficilement.
Alors, les grandes RPA en bénéficient.
Maintenant, ça a été élargi. Et je voudrais savoir si, d'ici à ce qu'il se
termine, peut-être, ce programme, le ministre des Finances <mettra-t-il
fin...
M. Chassin :
...le ministre des Finances >mettra-t-il fin
à...
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui. Merci,
Mme la Présidente. C'est certain que la situation des résidences pour aînés est
extrêmement difficile, puis on prend cette situation-là très au sérieux. On est
en discussion constante avec leur association, la ministre des Aînés, le
ministère. Je les ai moi-même rencontrés. On les aide au niveau des assurances,
pour les administrateurs et dirigeants, au niveau des gicleurs, au niveau des
services. On a même une aide supplémentaire pour les rénovations et on a un
programme de subvention salariale. Puis je rappelle qu'on parle d'entreprises
privées, là. Et on est conscients que la bonification que nous avons faite aux
employés du secteur public crée une pression additionnelle au niveau des
résidences privées pour aînés.
Alors, c'est pour ça que nous avons pris
la décision, ensemble, de bonifier le programme qui devait expirer le
31 mars 2024, puis on l'a prolongé jusqu'au 31 décembre 2026. Et ça
va permettre, avec le comité que dirige la ministre responsable des Aînés, de
s'attaquer à la problématique que le député de Saint-Jérôme souligne
aujourd'hui.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Youri Chassin
M. Chassin :Évidemment, on est à un mois d'une mise à jour, moins d'un
mois d'une mise à jour. Moi, c'est vraiment la question de l'inéquité entre les
nouvelles RPA qui veulent contribuer et cette subvention qui est donnée de
façon, finalement, discriminatoire. Il me semble qu'on peut rétablir aussi
l'équilibre en diminuant progressivement cette subvention, comme c'était prévu,
plutôt que de la maintenir à 100 % jusqu'à sa fin supposée du
31 décembre 2026.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Mme la
Présidente, bien, si c'était le seul problème auquel fait face les résidences
pour aînés, bien, ça me ferait plaisir de le régler, puis on passerait à autre
chose. Malheureusement, on a des enjeux au niveau des assurances, au niveau de
l'entretien des bâtiments, au niveau des gicleurs, au niveau des services qui
sont offerts, au niveau de la compétitivité des salaires dans leur ensemble.
Alors, c'est pour ça qu'on a un comité de travail interministériel qui se
penche sur l'ensemble de ces questions. Et la problématique qui est soulignée
ici, elle est connue, elle est importante. L'association nous en a parlé. La
ministre des Aînés dirige le comité interministériel...
La Présidente : En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...qui
s'occupe de ces questions.
La Présidente : Et deuxième
complémentaire.
M. Youri Chassin
M. Chassin :Mme la Présidente, je pense qu'on se comprend, mais j'ai
besoin de savoir. Alors, peut-être que le comité va se rendre à un avis
bientôt, mais moi, j'ai besoin de comprendre que… Pour un parti qui était censé
défendre les entrepreneurs, à qui on met des bâtons dans les roues, des RPA
qu'on a dans tous nos comtés, est-ce qu'on peut au moins alléger le fardeau
pour pouvoir diminuer le besoin de subventions?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, Mme la Présidente, des bâtons dans les roues, je pense que c'est un abus
de langage, là, parce qu'on met plus de 900 millions pour aider, on a mis
plus de 900 millions. Puis là je ne parle pas du 750 millions dans le
crédit d'impôt maintien à domicile. Alors, c'est une problématique qui est
complexe. Il n'y a pas de solution simple à des problèmes complexes. On les
aide pour les assurances, les gicleurs, l'entretien des bâtiments, les
salaires, les services. On va continuer. La ministre responsable des Aînés
s'occupe de ce problème. C'est un problème qui nécessite un travail
interministériel. La problématique que vous soulignez, elle est connue, elle
est réelle, on va s'en occuper.
• (11 heures) •
La Présidente : Voilà, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous
allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Pour ce faire, je cède la
place au deuxième vice-président de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour
votre attention.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, bon mercredi matin, chers collègues. Nous en sommes à la rubrique
Motions sans préavis, et, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation, je reconnais maintenant un membre du troisième groupe
d'opposition, et ce sera M. le député de Jean-Talon.
Condamner le blocage du pont Jacques-Cartier
survenu le 22 octobre 2024
M. Paradis : M. le Président,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le ministre de la Sécurité publique, la députée de Westmount—Saint-Louis,
le député d'Arthabaska, le député de Saint-Jérôme et la députée de Vaudreuil,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que le
Québec est une société démocratique reposant sur l'État de droit qui garantit
et valorise la liberté d'expression dans l'espace public de manière pacifique;
«Qu'elle rappelle que cette liberté
d'expression doit être exercée de telle sorte à ne pas mettre à risque la
sécurité du public;
«Qu'elle condamne le blocage du pont
Jacques-Cartier à Montréal survenu le 22 octobre dernier.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le <député...
>
11 h (version révisée)
<19999
M. Paradis :
...blocage du pont Jacques-Cartier à Montréal, survenu le 22 octobre
dernier.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le >député. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Il
y a consentement, sans débat. Et je vous demanderais un vote électronique, s'il
vous plaît, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, le vote électronique est demandé, chers collègues.
Le vote est maintenant ouvert. Je vous
invite, s'il vous plaît, à bien vouloir enregistrer votre vote dès maintenant.
Le vote est maintenant terminé.
Alors, pour le résultat, M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour :109
Contre :0
Abstentions :0
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
La motion est adoptée.
Alors, pour la prochaine motion, je
reconnais un membre formant le gouvernement, et ce sera M. le ministre de la
Sécurité publique.
M. Bonnardel : M. le
Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député de Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée nationale condamne
vigoureusement tout acte de désobéissance civile, notamment bloquer un pont;
«Qu'elle affirme que de tels actes causent
de sérieux préjudices, notamment l'annulation de rendez-vous médicaux, et sont
irrespectueux envers les autres citoyens;
«Que l'Assemblée nationale se dissocie des
personnes qui commettent de tels gestes.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
deuxième groupe d'opposition. Pas de consentement? Il n'y a pas de
consentement.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
S'il vous plaît! Mes chers collègues, s'il vous plaît! S'il vous plaît! On
évite de s'invectiver de part et d'autre.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
M. le leader du gouvernement, M. le chef du deuxième groupe d'opposition,
s'il vous plaît! Merci beaucoup.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
S'il vous plaît, M. le leader du gouvernement! Merci beaucoup.
Nous poursuivons maintenant avec la
prochaine motion, et ce sera celle d'un représentant de l'opposition officielle.
Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci, M.
le Président.
Je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale déclare que
devant les multiples crises qui secouent la direction de la protection de la
jeunesse, un leadership renouvelé est requis à sa tête afin d'apporter une
nouvelle vigueur pour y faire face;
«Qu'elle déclare qu'à la suite du débat d'urgence
tenu le 29 octobre 2024, il est impératif d'opérer un changement de
culture au sein de la protection de la jeunesse et de renforcer les mesures de
protection pour nos enfants les plus vulnérables qui sont placés sous la
responsabilité de l'État;
«Qu'elle exige du gouvernement caquiste de
réaliser des enquêtes ponctuelles sur les pratiques ayant cours dans les
directions régionales de la protection de la jeunesse;
«Qu'enfin, elle demande au gouvernement de
devancer son échéancier afin d'intensifier et d'accélérer la mise en oeuvre des
recommandations de la commission Laurent.»
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Il
n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Il n'y a pas de consentement.
Alors, je suis maintenant prêt à
reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole à
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci,
M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette
Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
Robert-Baldwin, le député des Îles-de-la-Madeleine <et la députée...
M. Cliche-Rivard :
...sollicite
le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Robert-Baldwin, le député des
Îles-de-la-Madeleine >et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte des
récentes révélations d'inconduites sexuelles qui se seraient produites au
Centre de réadaptation pour les jeunes en difficulté d'adaptation de la
Cité-des-Prairies et qui ont donné lieu à la suspension de neuf éducatrices et
au retrait, pour la durée de l'enquête, de deux gestionnaires;
«Qu'elle rappelle que la DPJ Mauricie—Centre-du-Québec
a été récemment mise sous tutelle à la suite de révélations contenues dans un
rapport de la Commission des droits de la personne;
«Qu'elle rappelle également les
interventions policières qui ont été nécessaires au centre de réadaptation Le
Gouvernail de Beauport, en octobre, ainsi qu'au centre de réadaptation pour
jeunes Val-du-Lac de Sherbrooke, en mars dernier;
«Qu'elle prenne acte de la récente
démission de la Directrice nationale de la protection de la jeunesse;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale mandate
la Commission de la santé et des services sociaux afin d'entendre le ministre
responsable des Services sociaux, conformément aux dispositions de
l'article 293.1 du règlement de l'Assemblée nationale, à propos de sa
gestion de la direction de la protection de la jeunesse.» Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Il
n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les
travaux des commissions
Alors, nous en sommes maintenant à la
rubrique Avis touchant les travaux des commissions. Alors, pour la suite des
choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...M.
le Président.
Donc, j'avise cette Assemblée que la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 63, la Loi
modifiant la Loi sur les mines et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des institutions va
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le
projet de loi n° 73, la Loi visant à contrer le partage sans consentement
d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en matière civile
des personnes victimes de violence, aujourd'hui, après les avis touchant les
travaux des commissions jusqu'à midi et de 15 heures à 18 h 15,
à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des transports et de
l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 61, la
Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines
dispositions relatives au transport collectif, aujourd'hui, de 15 heures à
17 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'économie et du travail
va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 71, la Loi
visant à améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime
d'assistance sociale, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Pour ma part, je vous avise que la Commission de la santé et des services
sociaux se réunira en séance de travail le jeudi 31 octobre 2024, de
8 heures à 8 h 30, à la salle Pauline-Marois, afin de statuer
sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative
portant sur les drogues du viol, telles que le gamma-hydroxybutyrate (GHB) et
la kétamine.
À la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée…
Affaires du jour
Alors, la période des affaires courantes
étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Où allons-nous travailler aujourd'hui, M.
le leader adjoint du gouvernement?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Et je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 3 du feuilleton.
Projet de loi
n° 76
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, à l'article 3 du feuilleton, M. le ministre du Travail
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 76, Loi visant
principalement à accroître la qualité de la construction et la sécurité du
public.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître
le premier intervenant. M. le leader adjoint du gouvernement ou le député de
Chapleau?
M. Lévesque (Chapleau) : ...leader
adjoint du gouvernement, je vous demanderais de bien vouloir suspendre quelques
petits instants, s'il vous plaît, le temps de... Voilà.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, d'accord, on va suspendre nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 10)
(Reprise à 11 h 12)
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Alors, tel que mentionné précédemment, M. le ministre du Travail propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 76, Loi
visant principalement à accroître la qualité de la construction et la sécurité
du public.
Alors, comme premier intervenant, je
reconnais M. le ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M. le
Président.
Je suis heureux, évidemment, de proposer,
aujourd'hui, l'adoption du principe du projet de loi n° 76,
qui vise principalement à améliorer la qualité de la construction et la
sécurité du public. C'est un projet de loi qui est d'une grande importance,
puisqu'il nous permettra d'avoir une incidence positive sur la qualité de la
construction, particulièrement dans le domaine de l'habitation.
Dans les dernières années, on a remarqué
une hausse du nombre de non-conformités détectées dans les bâtiments
d'habitation. Comme vous le savez, c'est des vices de construction, de
conception qui ne se résument pas à des dommages matériels, mais derrière
chaque problématique, il y a un drame humain qui affecte des personnes, des
proches et des familles. C'est pourquoi on est déterminés à changer les choses
et à corriger les lacunes du système actuel.
La semaine dernière, on a tenu des
consultations particulières devant la Commission de l'aménagement du territoire.
Nous avons entendu 16 groupes. Je les remercie, ils ont participé à ces
consultations avec beaucoup de sérieux et ils nous ont, bien sûr, engagés dans
un processus de réflexion. J'aimerais les nommer : l'Ordre des architectes
du Québec, l'Ordre des ingénieurs du Québec, Corporation des maîtres
électriciens du Québec, l'Association de la construction du Québec, Corporation
des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec, l'Association des
professionnels de la construction et de l'habitation du Québec, Corporation des
entrepreneurs généraux du Québec, Manufacturiers de structures de bois du
Québec, Elles de la construction, Centrale des syndicats démocratiques, Ordre
des technologues professionnels du Québec, l'Association des consommateurs pour
la qualité dans la construction, Garantie de construction résidentielle,
Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec, Me Éric
Thibaudeau et Me Philippe Farley.
Évidemment, il y a trois autres groupes
qui n'ont pas pu participer aux consultations particulières, mais ils ont quand
même soumis un mémoire que nous allons, bien sûr, analyser.
Et on est heureux, je pense, de constater
que nos objectifs sont tous les mêmes. Tous les groupes reconnaissent le
caractère impératif de l'amélioration de la qualité des travaux de construction
et d'assurer une meilleure protection à la population.
J'ai beaucoup apprécié la qualité des
échanges et les propositions constructives par rapport à certains points
pouvant être améliorés. Je vous dis d'emblée que je partage l'avis des groupes
invités sur l'importance d'avoir recours à une approche collaborative pour
l'élaboration des règlements qui découleront du projet de loi n° 76.
Je suis ravi, d'ailleurs, la plupart ont exprimé une volonté, une ambition
d'être une partie intéressée, prenante dans les discussions qui précéderont
l'adoption du cadre réglementaire.
La mesure-phare du projet de loi, bien
sûr, a suscité beaucoup de discussions. En fait, c'est un article,
l'article 16, où on rend obligatoire l'inspection des travaux à au moins
trois étapes charnières. Souvent, j'ai répété qu'une étape qui s'imposait,
c'était avant la fermeture des murs pour qu'on puisse constater les travaux
d'électricité et de plomberie, qui sont malheureusement souvent à l'origine de
dommages matériels. Mais ces étapes seront définies dans un plan de
surveillance et permettront, à la fin, avant l'accès du bâtiment à la
population, de délivrer une attestation de conformité au Code de construction
et aux normes de construction établies <par les municipalités...
M. Boulet :
...conformité
au Code de construction et aux normes de construction établies >par les
municipalités. La majorité des commentaires, comme je le mentionnais, parlaient
d'évaluer comment on pouvait bonifier l'article, mais surtout pour assurer une
meilleure compréhension, parce que, vous le savez, on fait des lois pour
qu'elles soient bien appliquées et, si on veut qu'elles le soient, elles
doivent d'abord et avant tout être bien comprises. Donc, les notions vont pouvoir
être clarifiées lors des travaux, notamment, qui seront faits sous l'égide de
la Régie du bâtiment du Québec et le comité coordonnateur inspection, qui
comprend un comité coordonnateur des ordres professionnels — les
architectes, les ingénieurs, les technologues — les maîtres
électriciens, les maîtres mécaniciens en tuyauterie, Garantie de construction
résidentielle, et le but, c'est d'avoir un guide de bonnes pratiques en matière
d'inspection, avec la collaboration du Bureau de normalisation du Québec, qui
va l'élaborer, ce guide-là, et une vingtaine de partenaires, d'associations,
d'entrepreneurs et de consommateurs y contribueront.
M. le Président, en plus des inspections
obligatoires, il y aura une formation initiale obligatoire pour l'entrepreneur
avant d'obtenir sa licence délivrée par la Régie du bâtiment du Québec, donc
s'assurer que les entrepreneurs ont les compétences, connaissent bien les
enjeux des chantiers de construction en matière de gestion, de santé et
sécurité du travail. Et donc il aura à compléter cette formation-là, ce sera un
prérequis essentiel à l'obtention de la licence.
Afin d'accroître la protection des
nouveaux acheteurs, le projet de loi propose aussi d'élargir le cautionnement
de licences afin qu'il puisse s'appliquer aux travaux de construction d'une
maison neuve, même quand l'entrepreneur ne détient pas la sous-catégorie de
licence prévue. Le projet de loi inclut aussi des dispositions pour encadrer la
médiation et l'arbitrage quand il y a des différends qui découlent de
l'application du plan de garantie, géré par Garantie de construction
résidentielle, qui est l'assureur pour les bâtiments d'habitation jusqu'à
quatre étages.
On bonifie aussi le registre public des
titulaires de licence de la RBQ, et ça, ça fait suite à un rapport du bureau de
la vérification générale en 2021. On ajoute des informations comme, notamment,
s'il y a eu des annulations ou des suspensions de licence de l'entrepreneur, et
ça va évidemment permettre aux Québécois, Québécoises de le réaliser avant de
faire un choix définitif d'entrepreneur pour bâtir conformément à ses besoins.
Il est aussi prévu que l'inspection des bâtiments, dans le contexte de
transactions immobilières... il y a des mesures dans le projet de loi pour
assurer une formation des inspecteurs, une formation obligatoire qui tient
compte, évidemment, de la particularité de l'inspection qui doit se faire avant
la conclusion d'une transaction immobilière.
• (11 h 20) •
Actuellement, les régisseurs de la RBQ
peuvent suspendre, annuler ou refuser de délivrer une licence. Le projet de loi
permettra — toujours dans la perspective d'un retour à la conformité — d'émettre
des avis de correction puis des mesures, par exemple, dans les cas de travaux
qui sont mal effectués, pour éviter que ça se perpétue. Et, comme nous
rappelait Garantie de construction résidentielle, c'est huit à 15 fois
plus onéreux de reprendre des travaux qui ont été mal exécutés à l'origine, donc
un impact positif sur les délais et aussi sur les coûts.
Le projet de loi prévoit la mise en place
d'un régime de sanctions administratives pécuniaires qui permet aussi un retour
rapide à la conformité, plutôt que le processus pénal, qui est long, complexe,
et qui crée énormément, aussi, de confusion, et qui ne permet pas un retour
diligent à la conformité. Un délai de carence de 12 mois est aussi
évité... prévu pour éviter qu'un entrepreneur dont la licence a été annulée
puisse immédiatement présenter une nouvelle demande. On souhaite également
faciliter la possibilité de poursuivre au pénal une entreprise ou un dirigeant
en cas d'infraction à la loi. Il y a des modifications d'harmonisation à la loi
qui gouverne les maîtres électriciens et les maîtres mécaniciens en tuyauterie
pour favoriser aussi la modernisation de ces deux lois-là. Comme vous <le
savez...
M. Boulet :
...qui
gouverne les maîtres électriciens et les maîtres mécaniciens en tuyauterie pour
favoriser aussi la modernisation de ces deux lois-là. Comme vous >le savez,
il y a des corporations qui émettent des licences et qui assurent la
qualification des maîtres électriciens et des maîtres mécaniciens en
tuyauterie.
Donc, en terminant, M. le Président, je
tiens à remercier mes collègues des partis d'opposition pour leur présence,
leur engagement, la qualité de leur participation à cette partie importante du
processus législatif, ma collègue de Bourassa-Sauvé, avec qui je développe une
habitude de collaboration, une habitude de respect — on réfère
souvent à l'importance de ce concept-là — et, une personne que j'apprécie
beaucoup aussi, la députée de Chomedey, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, le
député de Jean-Talon, le député de Saint-Jérôme, mes collègues gouvernementaux,
mes amis, les membres de ma famille politique, mes collègues, donc, de
Huntingdon, Labelle, Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, entre autres.
Donc, étudier attentivement, vous le
savez, M. le Président, les divers aspects d'un texte législatif, c'est ce qui
nous permet d'obtenir des résultats qui correspondent aux intentions et à
l'intérêt général. Les échanges des derniers jours vont nous permettre
d'atteindre les objectifs que j'ai mentionnés au début, et on a déjà en tête
quelques propositions d'amendement, et je vais certainement en discuter avec
mes collègues des partis d'opposition, mais je suis profondément convaincu, et
les consultations particulières ont contribué à raffermir ma conviction, que
les fondations et la structure du projet de loi sont solides. Donc, j'espère
continuer de collaborer avec les collègues, et j'invite maintenant les membres
de l'Assemblée à adopter le principe du projet de loi n° 76. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le ministre du Travail.
Et maintenant, pour la prochaine
intervention, je reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika
Cadet
Mme Cadet : Bonjour, M.
le Président, merci à vous.
Donc, c'est à mon tour, donc, de prendre
parole à cette occasion, donc, de l'adoption du principe du projet de loi
n° 76, Loi visant principalement à accroître la qualité de la construction
et la sécurité du public. Je commencerai là où le ministre, donc, a terminé,
donc, avec mes remerciements afin, donc, de ne pas les omettre, M. le
Président.
Donc, des remerciements sincères, donc, à
l'ensemble, donc, de mes collègues. Permettez-moi, donc, de commencer avec la
députée de Chomedey, donc, qui m'a accompagnée dans l'étude, donc, de ce projet
de loi, donc, de ma formation parlementaire, également, donc, la députée des
Mille-Îles, qui... même si n'a pas eu l'occasion, donc, d'être avec nous, elle
interviendra aujourd'hui lors, donc, de cette adoption de principe. C'est notre
porte-parole en matière d'habitation, et ses conseils ont été judicieux et
précieux. Enfin, bien évidemment, donc, le ministre, les collègues de la partie
gouvernementale ainsi que les autres oppositions, pour lesquelles, donc... qui,
effectivement... donc, nous avons eu, donc, des échanges respectueux au cours
des consultations particulières que nous avons tenues.
Comme d'habitude, M. le Président, je vais
aussi en profiter, donc, pour remercier, donc, les groupes qui ont soumis des
mémoires ainsi que ceux qui se sont prévalus de l'opportunité de venir
témoigner en commission parlementaire lors des consultations particulières, parce
que, je le dis souvent, donc, ils nous alimentent, hein, ils nous permettent de
mieux faire notre travail de parlementaires, ils nous permettent, donc, de nous
assurer, nous, comme opposition officielle, donc, de bien contrôler l'action
gouvernementale et de nous assurer que leurs intérêts, mais particulièrement,
donc, l'intérêt du public, l'intérêt de la population soit bien protégé grâce à
leur expertise qu'ils viennent nous partager. Je les nomme aussi, à mon tour,
dans l'ordre où on les a reçus : Me Éric Thibaudeau, associé, avocat,
l'Ordre des architectes du Québec, l'Ordre des ingénieurs du Québec, la
Corporation des maîtres électriciens du Québec, l'Association de la
construction du Québec, la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du
Québec, l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation
du Québec, l'APCHQ, la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec,
Manufacturiers de structures de bois du Québec, Les Elles de la construction,
la Centrale des syndicats démocratiques, l'Ordre des technologues
professionnels du Québec, l'association des consommateurs pour la qualité de la
construction, Garantie de construction résidentielle, Regroupement des
gestionnaires et copropriétaires du Québec, ainsi que Me Philippe Farley,
associé principal de Farley Avocats. Donc, merci à vous tous pour votre
préparation aguerrie et votre présentation en commission parlementaire. Donc,
vous aurez compris, M. le Président, donc, avec l'ensemble <des
groupes...
Mme Cadet :
...commission
parlementaire. Donc, vous aurez compris, M. le Président, donc, avec l'ensemble
>des groupes que je vous ai nommés, donc, nous avons tenu, donc, des
consultations très riches.
À travers celles-ci, et je ne reviendrai
pas, je ne ferai pas une partie didactique comme j'ai eu l'occasion de le faire
lors d'un autre projet de loi, M. le Président, mais vous comprendrez,
donc, avec les différents groupes que nous avons entendus, que, manifestement,
donc, même si, donc, j'abonde dans le même sens que le ministre, les
consultations, donc, ont bien évidemment été constructives, riches et
généreuses. Elles ont aussi permis, donc, de mettre au jour quelques...
quelques inquiétudes, quelques préoccupations qui étaient, donc, tout à fait
légitimes de la part, donc, de ces experts, hein, ceux qui vivent, vivent et
construisent, littéralement, mais ceux qui sont, donc, les acteurs, donc, du
milieu de la construction et de l'habitation, afin de nous assurer que le
projet de loi qui soit présenté puisse véritablement, donc, répondre aux enjeux
qui ont préséance dans le secteur.
Vous savez, M. le Président, j'ai souvent
l'occasion, donc, de le répéter, au Québec, qu'est-ce que la population, elle
veut, hein, en matière de construction, elle souhaite que l'on construise plus,
que l'on construise mieux et que l'on construise à moindre coût. Lors de
l'adoption du... lors de l'étude du projet de loi n° 51, j'ai abondamment
répété cette marotte, abondamment répété ce mantra-là qu'il fallait absolument
que, pour... en fait, pour susciter notre adhésion, comme formation politique,
à ce projet de loi là, il fallait absolument que l'on puisse élever les
standards pour nous assurer que le projet de loi réponde efficacement, donc,
aux enjeux, donc, de construire plus et de construire à moindre coût. Nous
allons voter en faveur, donc, de ce projet de loi, même si nous avions beaucoup
de préoccupations que nous avons soulevées, nous avons déposé énormément, donc,
d'amendements de ce côté-là, et bon, c'est surtout, donc, à ces enjeux que ce
projet doit s'attaquait.
Ici, M. le Président, ce que l'on a saisi,
puis le ministre, donc, a acquiescé, donc, à ce commentaire que j'ai fait plus
tôt, lors de mes remarques préliminaires, bien, l'objectif, ici, c'est de nous
assurer, bien, qu'au Québec on puisse construire mieux. Évidemment, c'est sûr
qu'on reviendra toujours, donc, sur les trois piliers, hein, donc, de la
construction, construire plus et construire à moindre coût, parce qu'au final,
bien, construire plus... Et on l'a mentionné très souvent lors de l'étude du
projet loi n° 51, on ne pourra jamais passer sous silence, M. le
Président, que l'on vit au Québec, donc, une crise du logement, une crise de
l'habitation, que c'est absolument nécessaire que l'on puisse... que le... bien,
que l'on puisse répondre à cet enjeu. Et d'ailleurs ma collègue des Mille-Îles,
que l'on aura l'occasion d'entendre, donc, a effectué, donc, moult
préoccupations, moult propositions en matière, donc, d'habitation, et on attend
toujours qu'on y réponde favorablement, parce que l'on pense que ça nous
permettrait, nous, enfin, au Parti libéral du Québec... on pense que ça nous
permettrait de construire, de construire plus et de construire à moindre coût.
Donc, ces éléments-là sont absolument nécessaires.
Je suis aussi porte-parole en matière...
pour la jeunesse pour ma formation politique, M. le Président, et on le sait
qu'à cet égard, donc, les jeunes, donc, peinent à trouver... peinent à accéder
à la propriété. Donc, encore une fois, donc, on... cet enjeu défrayait les
manchettes jusque dans les derniers jours, donc ça demeure, donc, des enjeux,
donc, absolument présents dans l'actualité et auxquels il faut répondre, et ce
projet de loi là, donc, ne répond pas à ces enjeux-là.
• (11 h 30) •
Ceci dit, donc, quand on en arrive, donc,
au projet de loi, on se concentre, donc, sur la préoccupation, donc, de
construire mieux. Et je vous dirais, M. le Président, que j'espère, j'espère
que ce projet de loi là nous permettra, donc, de construire mieux, parce qu'en
fait, ce qu'il... au-delà, donc, des différentes, donc, précisions, donc, au
niveau des dispositions qui ont été présentées un peu plus tôt par le ministre,
une bonne partie de ce qui sera véritablement développé le sera par règlement
de la Régie du bâtiment du Québec, au cours des deux prochaines années.
M. le Président, j'ai parlé avec plusieurs
groupes, on les a entendus en commission parlementaire, et, s'il y a, donc, un
élément qui, certainement, je pense, a pu être perceptible, donc, de la part
des groupes, c'est, d'une part, leur passion pour la qualité de la
construction, hein, parce que c'est bien le titre du projet de loi, leur
investissement en termes, donc, de mesures et ce qu'ils pourraient faire, donc,
pour accroître cette qualité de la construction, en fait, pour assurer la
qualité de la construction et la sécurité du public, au Québec. Donc, ça, certainement,
donc, on a compris qu'il y avait, donc, cet engagement <et cet
investissement...
>
11 h 30 (version révisée)
Mme Cadet : ...la qualité de
la construction et la sécurité du public au Québec. Donc, ça, certainement,
donc, on a compris qu'il y avait, donc, cet engagement et cet investissement,
donc, institutionnels, donc, de bien des groupes que nous avons vus.
Donc, ça signifie aussi que, parce qu'ils
se sentent si, en fait, prêts à assurer, donc, cette qualité de la construction
et la sécurité du public… qu'en fait, là, ce serait bien qu'on puisse arriver,
donc, à ces résultats-là dans moins de deux ans, même si on... Je vous lis,
donc, la disposition, donc, en ce sens dans le projet de loi, M. le Président,
et je veux... et j'irai, donc, dans la disposition, donc, en ce sens. Donc, on
comprend que, bon, la Régie du bâtiment, donc, prendra, donc... devra, donc,
aux fins de la prise, donc, d'un premier règlement d'application des troisième
et quatrième alinéas de l'article 16, donc, du projet de loi, donc,
introduit par l'article 2, donc, publier... publier un projet de règlement,
donc, au plus tard d'ici deux ans... la date qui suit de deux ans celle de la
sanction de la présente loi.
Donc, je vous le précise ici, M. le
Président, donc, l'article 60 du projet de loi, parce qu'en fait la Régie
du bâtiment ne devra pas adopter ce projet de loi d'ici deux ans. La Régie du
bâtiment devra publier un projet de règlement d'ici deux ans, les deux années
suivant la date de la sanction du projet de loi. Vous comprendrez que je viens
de vous dire que les acteurs du milieu, ils sont arrivés, donc, très préparés.
Je vous ai nommé, donc, la liste des groupes que nous avons entendus. Ils
étaient plusieurs. Ils étaient même encore plus nombreux à être intéressés à
être interpelés, donc, par ce projet de loi. Donc, ça vous dit à quel point c'est
un... c'est un sujet, donc, qui suscite énormément d'engouement ou d'intérêt de
la part des experts et des acteurs.
Donc, quand on voit, donc, ce type de
délai là, et considérant, donc, des délais qui nous ont d'ailleurs été
communiqués lors de nos... lors, donc, des consultations particulières, donc, à
d'autres fins, donc, à quel point, donc, la Régie du bâtiment, malheureusement,
n'a pas toujours été en mesure, donc, de répondre, donc, à certaines, donc, de
ses obligations, donc, dans les délais impartis, bien, c'est certainement, donc,
une question qui soulèvera, donc, beaucoup d'attention de notre côté, M. le
Président, parce que, tout comme ces groupes, tout comme ces experts, tout
comme ces acteurs, bien, nous aussi, on a hâte d'accroître la qualité de la construction,
d'assurer la qualité de la construction puis la sécurité du public parce que c'est
important de construire mieux, mais de construire mieux tout de suite. Je vous
l'ai dit, le milieu, il est prêt.
Aussi, ce qu'on... une autre préoccupation
qui est revenue en filigrane, donc, de nos consultations particulières et qui
est arrivée, donc, comme un enjeu aussi important… Et je vous relis, donc, ce
même article-là. Donc, l'article 60, donc, du projet de loi, dans nos
dispositions transitoires et finales, donc, essentiellement, donc, la régie,
donc, devra prendre un premier règlement en application des troisième et
quatrième alinéas de l'article 16. Donc, ça, ça veut dire que ça se peut
que la Régie du bâtiment décide d'y aller par étapes, décide d'y aller par
phases. Moi, M. le Président, je ne suis pas nécessairement étapiste dans la
vie puis je pense que ce n'est pas nécessairement, donc, l'ensemble des groupes
qui le sont.
Puis un des... une des questions qui est
souvent revenue, et pour laquelle je n'ai pas l'impression qu'on a eu une
réponse claire de la part du ministre, c'est, bien, quels types de bâtiments
seront couverts, parce que, bon, le projet de loi en tant que tel ne le précise
pas et, à l'inverse, en fait, dit que ce règlement, donc, un règlement de la
régie, donc, un parmi plusieurs, donc, déterminera les catégories de bâtiments,
d'équipement, d'installations ou travaux de construction auxquels s'applique le
présent article, les étapes charnières devant être prévues par le plan de surveillance,
etc., donc, ce qu'on retrouve au paragraphe 4°... pardon, à l'alinéa quatre,
donc, de l'article 16.
Donc, avec... Considérant, donc, cet
élément-là, M. le Président, et sachant, encore une fois, donc, que la sécurité
du public puis la qualité de la construction, avec tout ce qu'on a vu comme
éléments étant ressortis dans l'actualité, avec les drames humains que ça peut
causer, que ça peut susciter, puis ces drames humains là, ils nous ont été
présentés notamment par les Elles de la construction lors de nos consultations
particulières, ainsi que d'autres groupes, mais particulièrement, donc, par
celui-ci, avec plusieurs exemples, le ministre était d'ailleurs, donc, très...
je l'ai senti, donc, très sensibilisé, donc, à cette question-là, bien, je pense
que...
Mme Cadet : ...bien, je pense
que cette... je ne veux pas parler d'enthousiasme parce qu'on parle, donc, de
situations malheureuses, mais je parle, donc, d'une vivacité, donc, face à ce
que nous avons entendu, bien, je pense que ce serait aussi important que ça se
reflète dans la capacité, donc, de pouvoir parvenir, donc, à cette sécurité-là
assez rapidement pour qu'elle ne soit pas factice, M. le Président. Je pense
que l'ensemble des parlementaires puis l'ensemble des groupes, que ce soient,
donc, ceux qui sont, donc... bon, que ce soient, donc, les constructeurs
eux-mêmes, ceux qui les représentent ou ceux qui représentent, donc, les
consommateurs, donc, dans le milieu de l'habitation ainsi que, bon, évidemment,
donc, ceux qui eux-mêmes, donc, sont attitrés, donc, à effectuer, donc, la
surveillance, on partage tous le même objectif, là, celui que j'ai nommé un peu
plus tôt, donc de construire mieux. Donc, si nous le partageons, si c'est assez
clair qu'ici, qu'il n'y ait pas de dissidence face à l'objectif même du projet
de loi, bien, ce serait important que les mesures qui permettent donc de mettre
en place cet accroissement-là de la qualité de la construction, bien, puissent
se faire de la meilleure manière possible.
Alors, quand je vous parle des délais ou
quand je vous dis, bon, que le règlement, donc, s'occupera de déterminer, donc,
les différentes catégories de construction, de catégories de bâtiment, bien, il
ne faudrait pas... il ne faudrait pas qu'on... qu'on en oublie. Il ne faudrait
pas que ceux qui sont les moins protégés aujourd'hui se retrouvent à faire
l'objet d'un second, ou d'un troisième, ou d'un quatrième règlement, et
qu'on... et qu'on n'arrive pas, donc, à bien les protéger.
Et, quand je vous parle, donc, de ceux qui
sont les moins protégés en ce moment, M. le Président, je veux vous mettre en
contexte. C'est qu'en fait, bon, là on comprend bien qu'il n'y a pas
d'inspection obligatoire qui existe au Québec, mais il y a des inspections qui
se font dans le milieu. Ça se fait particulièrement, donc, dans le cas des
bâtiments publics, donc nos écoles, nos hôpitaux, etc. Donc, de ce côté-là,
habituellement, donc, le donneur d'ouvrage, qui est la SQI, va octroyer, donc,
des contrats de surveillance. Les ingénieurs, les architectes, donc, ont
l'habitude d'oeuvrer, donc, dans ce cadre-là. On le sait aussi, le ministre,
donc, vient de parler de GCR, donc, il y a déjà, donc, un système, donc,
d'inspection pour les bâtiments de quatre étages et moins, donc qui seront donc
assujettis, donc, au régime de Garantie de construction résidentielle. Donc, il
y a... il y a déjà, donc, un... même si, donc, il n'y a... il n'y a pas, donc,
de loi-cadre qui... il n'y a pas de loi-cadre en vigueur, il y a déjà, donc,
une certaine forme, donc, de surveillance, donc, qui est opérée, donc, dans le
milieu.
Donc, quand je vous dis, M. le Président,
que le... un règlement de la régie déterminera les catégories de bâtiment, puis
qu'on comprend, en lisant les dispositions transitoires et finales, qu'il
pourrait y avoir, donc, plusieurs règlements, que ça pourrait se produire par
phases, que le règlement pourrait tout simplement être déposé dans deux ans, et
on n'a aucune idée à quel moment il serait appliqué à ce moment-là, parce
qu'évidemment il devra y avoir des consultations, c'est certain, et, ça, tous
les groupes nous l'ont bien confirmé, ils voudront... ils devront... ils
voudront, mais je pense qu'ils devront être certainement, donc, consultés,
donc, au coeur de ce processus-là, bien, je pense qu'il faut qu'on soit
capables, donc, de ramasser le tout, qu'on puisse agir promptement et qu'on
puisse s'assurer que, lorsqu'on parle, donc, des différentes catégories de
bâtiment, que ceux qui sont les moins protégés soient... fassent certainement
partie... bien, en fait, s'il fallait en avoir un, donc, d'un tout, mais disons
que, s'il fallait, donc, en avoir plusieurs, donc, à cet égard, donc, qu'ils
soient, donc, les premiers, donc, à être assujettis. Parce qu'en fait, ici,
donc, on... le projet de loi est agnostique face... face au type de bâtiment.
Donc, tout est référé à la régie, et ça a certainement soulevé des inquiétudes,
M. le Président.
• (11 h 40) •
Je vous ai nommé, donc, ceux qui sont,
donc, bien, donc, protégés. Donc, entre les deux, qu'est-ce qu'il reste, hein?
Bien, il reste, bien évidemment, en grande partie, bien, les tours d'habitation
de... bien, en fait, de plus de quatre étages, c'est les quatre étages et
moins, donc de plus de quatre étages, donc on parle, donc, des copropriétés divises,
les condos, M. le Président, qui, bien souvent, donc, ne sont pas... en ce
moment, donc, il n'y a pas, donc, d'inspection qui se déroule sur le marché
lorsqu'il y a des nouvelles tours d'habitation qui sont construites. Et, à cet
égard, quand je vous disais que nous avons entendu plusieurs témoignages
ahurissants, certainement que ces... certainement que ces tours-là devront,
donc, être assujetties au règlement, donc, qui viendra. Et on s'assurera, donc,
de bien... Moi, je vous dirais, ma formation politique, donc, s'assurera, donc,
de bien disposer, donc, des balises...
Mme Cadet : ...de bien... moi,
je vous dirais, ma formation politique, donc, s'assurera, donc, de bien... de
disposer, donc, des balises ou des mesures de contrôle pour que ce soit le cas,
M. le Président, parce qu'il y en a eu trop, il y en a eu trop, de dossiers où
des gens, donc, ont perdu l'investissement de leur vie parce qu'il y avait des
vices de construction. Ma collègue des Mille-Îles elle-même posait en cette
Chambre des questions à ce sujet au ministre du Travail, donc, concernant la Régie
du bâtiment, donc, en cette Chambre, au salon bleu, lors de la période de
questions. J'ai moi-même questionné le ministre, donc, à ce sujet aussi, lors
de nos études de crédits budgétaires, la première année et la seconde année,
pour savoir, bien, quand est-ce qu'on s'en vient avec ça parce que c'est
attendu, donc, du milieu qu'on puisse, donc, répondre, donc, à ce besoin de
construire mieux et d'accroître la qualité de la construction et la sécurité du
public. Et donc vous comprendrez que cette préoccupation que je soulève
aujourd'hui, M. le Président, elle ne date pas d'hier, donc on l'a, à maintes
reprises... on l'a, à maintes reprises, soulevée au ministre, on attendait, on
attendait de l'action.
Là, donc, on arrive à ce qu'on nous a
présenté, puis je vais en profiter aussi, parce que ça me rappelle, donc, M. le
Président... vous dire, donc, en fait, pourquoi c'est si important que ces...
au-delà, donc, des... Bon, évidemment, ce sont, donc, des drames humains. Il y
a eu les cas qui ont été médiatisés, mais au-delà de ceux qui ont été
médiatisés, sur la Régie du bâtiment, il y aurait des éléments de
non-conformité dans 55 %, donc, des inspections qui ont été réalisées en
2022, donc, et, selon GCR, corriger des travaux mal exécutés coûterait de huit
à 15 fois plus cher qu'au moment de la construction. Donc, ça, ce sont,
donc, des statistiques pour ce qui est, donc, des cas médiatisés.
Par ailleurs, donc, en 2023, c'est près de
200 résidents qui ont appris... 200, M. le Président, qui ont appris
qu'ils vivaient avec des problèmes d'infiltration et de vices cachés, donc, en
raison de problèmes qui n'avaient jamais été décelés lors de la construction
15 ans plus tôt.
Donc, vous pouvez vous imaginer ce que ça
signifie. Vous pouvez imaginer comment, pour des consommateurs, c'est... je
pense que je vais répéter, en fait, le terme «drame humain», parce que je pense
que c'est le meilleur pour qualifier comment des gens peuvent se sentir quand
ces… ces… bien, en fait, quand des inspections n'ont pas été réalisées et qu'au
final, donc, on arrive, donc, au résultat d'aujourd'hui.
Donc, ça m'amène, M. le Président, donc, à
vous préciser, donc, d'autres éléments, parce que, bon, on a compris, donc, ce
qu'était le projet de loi de façon générale, les principaux défis de fond, je
vous dirais, donc un défi, donc, de gouvernance, donc, qu'on voit, donc, avec
le projet de loi. Mais, encore une fois, donc, lors, donc, des consultations,
on a entendu, donc, des préoccupations plus particulières de la part des
groupes. Je vous dirais, donc, par exemple… et le ministre, donc, a dit, donc,
qu'il travaillerait, donc, certainement, donc, sur différents amendements à la
lumière de ce que nous avons entendu. Je l'espère, parce que plusieurs, donc,
de ces recommandations-là faisaient consensus, notamment, je dirais, donc, la
première, donc, quand on y va, donc, dans l'ordre, donc, du projet de loi
sur... dans... bien, en fait, donc, qui, donc, devra confier par contrat la
réalisation des différentes inspections.
Donc, ici, donc, à l'article 2
modifiant l'article 16 de la Loi sur le bâtiment, on lit :
«L'entrepreneur ou le constructeur-propriétaire doit faire inspecter ses
travaux de construction — donc — à au moins trois étapes
charnières de la construction et, à ces fins, il doit confier par contrat, pour
toute la durée des travaux, la réalisation de ces inspections et l'élaboration
de ce plan de surveillance… à un ingénieur, un architecte, une personne ou un
organisme reconnus par la régie.»
Je reviendrai, donc, à cette deuxième
partie, mais la première ici, donc, dans le projet de loi, comme bien des
groupes, moi, ce que j'ai lu, c'est que l'entrepreneur ou le
constructeur-propriétaire doit confier par contrat la réalisation des
inspections, donc, à un surveillant, à un inspecteur professionnel. J'y ai vu
un gros enjeu, M. le Président, et à peu près tous les groupes qui sont venus,
je pense qu'on en a nommé 16, M. le Président, la quasi-totalité des groupes
nous ont dit : Il faut changer ça, il faut s'assurer que ce ne soit pas
l'entrepreneur ou, bon... bien surtout, bon, l'entrepreneur qui confie par
contrat la réalisation de ces inspections.
Vous pouvez vous imaginer, M. le Président,
ce que ça peut représenter...
Mme Cadet : ...par contrat la
réalisation de ces inspections. Vous pouvez vous imaginer, M. le Président, ce
que ça peut représenter en matière de conflit d'intérêts pour un entrepreneur
de dire : Bon, bien, moi, je choisis qui est mon surveillant, surtout dans
la mesure où un projet de loi... Comme je vous l'ai dit, donc, le projet de
loi, donc, ne détermine pas ce qu'on va retrouver comme obligations précises au
niveau des inspections, mais, bon, relègue ça, donc, à un règlement, donc, qui
n'est pas encore... qui n'a pas encore été publié ni adopté.
Donc, vous comprendrez que, dans le cas de
figure, donc, un entrepreneur, donc, pourrait dire : Bien, moi, j'ai... je
réponds, donc, à des soumissions, on est dans une politique, donc, de plus bas
soumissionnaire, bien, je vais y aller avec le strict minimum de ce qui est
prévu dans le projet de loi ou dans le règlement pour répondre... Donc, il y a
un besoin, donc, des clients. Et donc on n'aura pas toujours, donc, les
inspections qui seront jugées utiles selon le jugement professionnel, donc, des
professionnels, donc, qui seront appelés, donc, à réaliser ces inspections-là.
Vous comprendrez ce que ça représente en termes, donc, de manque de latitude pour
réaliser ces inspections en vertu, donc, du contrat, mais aussi, donc, le
risque, donc, de nivellement par le bas.
La question du nivellement par le bas… La
question, donc, du conflit d'intérêts est revenue, mais c'est... il semblait
encore plus difficile, donc, à concevoir, considérant que le troisième
paragraphe de l'article 16, donc, nous indique : «L'entrepreneur ou
le constructeur-propriétaire ne peut pas entreprendre de travaux de
construction à moins d'avoir conclu un tel contrat.» Donc, vous pouvez
imaginer, donc, si c'est l'entrepreneur qui conclut ce contrat-là, les délais
que ça pourrait occasionner, considérerant, donc, ces dispositions-là qui
existent aussi, donc, dans le projet de loi.
M. le Président, je vous l'ai mentionné
dès le départ, dans... Bon, là, dans le résidentiel, il y a un énorme enjeu,
mais, au niveau institutionnel, il y a déjà des inspections qui se font, puis
ce n'est pas l'entrepreneur qui conclut le contrat, c'est le donneur d'ouvrage
qui le fait, donc, puis il n'y a pas de cadre. Donc, vous vous imaginez
l'incohérence que ça viendrait soulever alors que, techniquement, donc, le
projet de loi pourrait s'appliquer à tout... pourrait s'appliquer, donc, à tous
les bâtiments, et je vous l'ai dit, donc, qu'il est agnostique ici. Donc, on
viendrait créer deux régimes face à ce qui se déroule déjà, donc, dans le
milieu et ce que viendrait créer le projet de loi ici. Bien, heureusement, moi,
je pense que j'ai entendu une ouverture de la part du ministre à venir... à
faire, donc, des modifications ici, mais vous pouvez certainement vous attendre
à ce que moi, je dépose un projet d'amendement ici pour répondre à cette
préoccupation qui a été soulevée par tout le monde, par tout le monde.
Puis j'ai aussi posé la question en
consultations particulières : Qu'est-ce qui se passe ailleurs au pays?
Parce qu'évidemment il y a des régimes d'inspection ailleurs. Puis on nous a
dit : Bien, ailleurs au… ailleurs, ce n'est pas l'entrepreneur qui le
fait. Donc, non seulement ce n'est pas comme ça qu'on le fait au Québec, ce
n'est pas comme ça qu'on le fait ailleurs au Canada, quand il y a des
inspections qui sont, donc, réalisées de façon obligatoire, donc, dans le
secteur résidentiel, au niveau des copropriétés, ailleurs au Canada. Donc, il
n'y a aucune raison pour laquelle, donc, qu'on soit distincts quant à cette
disposition-là. Comme j'ai dit, j'ai bon espoir qu'on vous arrive et que,
lorsqu'on en sera, donc, au discours d'adoption du projet de loi… que je vous
dise, M. le Président, que mon amendement a été accueilli, mais je ne peux pas
passer sous silence cet élément-là qui, s'il fallait recenser, donc, les
recommandations, donc, de chacun des groupes, probablement, donc, qu'il
s'agirait, donc, de celle, donc, qui arriverait, donc, en haut de la pile en
termes de nombre de fois mentionnée dans les mémoires des groupes.
• (11 h 50) •
Un autre élément, donc, qui est revenu
très souvent, et j'arrive à un point que je vous ai déjà lu, M. le Président,
vous comprendrez qu'il y a beaucoup de choses qui se passent à l'article 2
de ce projet de loi là, hein, c'est pas mal, donc, le cœur de ce qui s'y
déroule, c'est qu'encore une fois... Donc là, on viendrait dire, donc, le
donneur d'ouvrage, mais le propriétaire, le bénéficiaire ultime… Ces termes-là
ont été utilisés de façon interchangeable, donc, par les différents groupes.
L'objectif, c'est que la personne qui souhaite, donc, recevoir, donc, des
inspections, donc, celle qui pourra bénéficier du bien, soit celle qui se
dise : Bien, voici ce que j'ai besoin qui soit inspecté, donc, que cette
personne-là, donc, puisse, donc, donner ces contrats-là, mais là à qui, hein?
On dit, donc : «…la réalisation de ces inspections, l'élaboration de ce
plan de surveillance et la production de cette attestation de conformité à un
ingénieur, un architecte ou une personne ou un organisme reconnus par la régie
conformément à un règlement de celle-ci.»
Ici, bon, il y a deux enjeux, M. le
Président. Bien, d'abord, évidemment, un ingénieur, c'est génial, un
architecte, c'est génial, mais il y a déjà...
Mme Cadet : ...mais il y a
déjà eu un règlement, donc, qui permet aux technologues, technologues, donc,
en... bon, en architecture, bien souvent, donc, aux technologues professionnels
de pouvoir réaliser des inspections.
D'ailleurs, du côté de GCR, ils sont venus
témoigner en commission parlementaire, où ce qu'on a compris, c'est que, pour
les quatre étages et moins, la plupart du temps, donc, ceux qui réalisent,
donc, les inspections, donc, dans le petit... le petit cadre bâti, là, dans le
petit bâtiment, ce sont bien majoritairement, donc, des technologues. Donc, on
le sait qu'ils sont, donc, pour certains types de bâtiments, donc, habilités,
donc, à réaliser toutes ces inspections. Pour d'autres types, il y aura, donc,
une certaine, donc, délégation.
Mais il y a des ententes qui existent et
qui ont été, donc, adoptées, donc, pas plus tard que cette année, et
auxquelles, donc, il faut faire référence. Donc, on comprendra, M. le
Président, que l'appareil gouvernemental ne peut pas, d'un côté, donc, avoir
accordé des... certaines... certains droits ou certaines, donc, fonctions,
donc, aux technologues, et de l'autre, donc, à travers le projet de loi n° 76, les omettre. On comprend bien qu'avec la formule
suivante, qu'ils pourraient être reconnus par un règlement, mais on comprendra
bien que ça va prendre un moment, hein, M. le Président. Et il n'y a rien ici,
donc, de coulé dans le béton, pour employer un calembour de circonstance. Et
donc tout le monde est venu nous dire qu'il fallait les inclure, pas juste
donc, dans un éventuel règlement, mais à la loi, comme les autres.
Je vous l'ai dit, il y a déjà, donc, ce
régime d'entente là, donc, qui existe, donc ils ont le droit, donc, de
réaliser, donc, certaines inspections, donc, aujourd'hui. Donc, il n'y a aucune
raison, donc, de les omettre, donc, de ce cadre légal là d'emblée. Donc, je
vous donne une autre... une autre prédiction, M. le Président, là : que je
déposerai, donc, un amendement aussi, donc, qui permettra aux technologues,
donc, de produire, donc, de réaliser, donc, ces inspections et ces plans-là.
Maintenant, je vous disais, il y avait
deux problèmes. Le deuxième... Donc, on dit, donc, les inspections, donc, sont
confiées à un ingénieur, un architecte, un technologue professionnel ou une
personne ou un organisme reconnus par la régie, conformément à un règlement. «À
une personne ou un organisme», M. le Président, c'est très, très, très large.
Je comprends bien, donc, par règlement, donc, les groupes seront consultés, on
l'entend, mais de façon... en fait, d'emblée, que le cadre légal puisse
ratisser aussi large, sans balises, ça m'apparaît être un enjeu, M. le
Président.
D'une part, bon, on dit : «Personne
ou organisme», hein, donc, bon, personne physique, personne morale, on comprend
bien, là, qu'il y a peut-être une volonté, donc, d'aller plus loin ici. Mais ce
qui rassure la population, puis je nous ramènerais encore, donc, au titre du
projet de loi, accroître la sécurité du public ou assurer la sécurité du
public, bien, qu'est-ce qui permet d'assurer la sécurité du public, donc, bien
souvent? Bien, je veux dire, ici, donc, quand les inspections, donc, sont
réalisées par des membres d'un ordre professionnel, bien, certainement que le
public, donc, a certaines assurances, parce que, bon, ils sont assujettis à un
code de déontologie, ils ont, donc, certaines balises, donc, qui leur
permettent, donc, de... et, s'il y a quoi que ce soit, donc, on peut, donc...
il y a un mécanisme, donc, pour pouvoir, donc, porter plainte, donc, parce
qu'ils sont membres d'un ordre professionnel. C'est le cas des technologues
aussi, d'ailleurs. Donc, ici, donc, on a un cas, donc, certainement, qui nous
permet, donc, d'assurer cette sécurité du public là.
Lorsqu'on permet à la régie de ratisser
aussi large qu'une personne ou un organisme, je pense que le projet de loi
devrait certainement prévoir certaines balises, donc, à ce point-là, afin de
nous assurer, donc, de bien préserver cette sécurité-là au final. Donc, oui,
nous assurer, donc, de pouvoir, donc, réaliser ces inspections dans des délais
raisonnables, on le souhaite. Je vous l'ai dit, plus tôt, les objectifs, ce que
les Québécois, ils veulent, c'est qu'on construise mieux, plus vite et à
moindre coût. Donc, oui, on veut s'assurer, donc, de construire plus vite. Mais
on veut... mais on veut construire mieux et plus vite, donc, à la fois, M. le
Président, donc c'est bien important que ces... que le législateur puisse bien
encadrer la régie, donc, de ce pouvoir de reconnaissance d'une personne ou un
organisme, des termes, donc, très, très, très larges, ici.
Un autre élément, donc, ici, comme je dis,
donc, si on parle, donc...
Mme Cadet : ...des termes,
donc, très, très, très larges ici.
Un autre élément. Donc, ici, comme je dis,
donc, si on parle, donc, d'un... c'est une portion très riche du projet de loi
ou très concentrée, donc, qui est aussi revenue, dont plusieurs nous on dit...
Et moi, comme je le répète souvent, M. le Président, donc, avec ces deux
projets de loi là, je commence à connaître le milieu de la construction, mais
moi, je n'en ai pas tenu beaucoup, de marteaux, hein, dans ma vie, donc je me
fie à nos experts. Et ce qu'on a beaucoup entendu, c'est que la nomenclature du
projet de loi était importante et qu'on ne pouvait pas employer de façon
interchangeable les termes «surveillance» et «inspection». On nous a bien
précisé, ce sont les technologues qui l'ont fait, que la surveillance est un
processus en continu et que les inspections étaient donc... donc des actes
ponctuels. Le plan de surveillance, oui, donc à certains égards, donc, pourra
ne comprendre que, bon, ces trois inspections à trois étapes charnières, dont
avant la fermeture des murs, comme le ministre vient de le mentionner, mais ce
sera bien important que l'on comprenne bien, nous, comme législateurs, dans le
cadre de la rédaction, donc, de cette disposition-là, que l'on emploie, donc,
ces termes-là distinctement et que ce soit très clair que l'objectif, ici,
c'est d'avoir, donc, un... c'est d'assurer, donc, un plan de surveillance,
donc, beaucoup plus complet, qui pourra comprendre, donc, ce mécanisme, donc,
d'inspection là.
Donc, quand on... quand l'objectif, ici,
donc, est d'assurer la qualité de la construction et la sécurité du public, mais
oui, ces inspections, donc, sont les étapes... C'est le coeur, hein, c'est le
coeur, donc, de ce qui est proposé aussi, ce qui est voulu de la part des
acteurs du milieu, mais certainement l'objectif de... d'abord, de faire
confiance au jugement professionnel, mais aussi, donc, de bien saisir
l'importance, de bien capter l'importance, donc, du plan de surveillance dans
le processus qui nous permet, donc, d'assurer cette qualité de la construction
là. Ce n'est pas quelque chose d'anodin. Donc, certainement qu'on aura, donc,
ces discussions-là avec le ministre afin, donc, de clarifier ces points-là lors
de l'étude détaillée du projet de loi.
Enfin, donc, dans les mêmes deux
paragraphes, je vous disais : «L'entrepreneur... doit faire inspecter ses
travaux de construction à au moins trois étapes charnières de la construction,
déterminées par un plan de surveillance du chantier, et obtenir une attestation
de leur conformité au Code de construction et, le cas échéant, aux normes de
construction adoptées par une municipalité.» Ici, M. le Président, ce qu'on a
aussi beaucoup entendu lors des consultations particulières, c'était
l'importance que la conformité ne soit pas seulement adaptée au Code de la
construction, mais qu'elle le soit aux normes, donc, adoptées par une
municipalité, mais qu'il y ait aussi une conformité aux plans et devis.
• (12 heures) •
Plusieurs groupes, donc, sont venus, donc,
nous mentionner, et principalement dans le cadre où ce soit... que ce serait,
donc, le donneur d'ouvrage, le bénéficiaire ultime, le propriétaire, donc, qui
accorde, donc, ce contrat-là de surveillance à un professionnel ou à un
inspecteur encadré, bien, ça va être bien important que le... Bien, en fait,
là, que ce qu'il souhaite, ce propriétaire-là, c'est que... ce qu'il voulait
avoir, là, comme immeuble, que ce soit bien ça qu'il obtienne au bout de la
ligne aussi, là. Donc, oui, il faut qu'il y ait cette conformité-là, ça, c'est
très clair, c'est un strict minimum. Mais la question de la conformité aux
plans et devis, elle est revenue. Puis le ministre, souvent, donc, il a
répondu : Bien oui, ici, c'est un minimum, hein, ce qui se retrouve dans
le projet de loi. Mais, comme je le mentionnais dès le départ, il n'y a
personne qui veut se retrouver avec un... avec un certain nivellement vers le
bas qui ne permette pas de répondre aux besoins. On comprend bien qu'à certains
égards ce strict minimum-là, évidemment, l'objectif, en fait, il faut qu'il
soit respecté, encore faut-il qu'il faut qu'on comprenne, donc, à quelle... en
fait, quelle ligne on trace, quel est ce strict minimum-là que nous souhaitons,
donc, dans l'élaboration de ce projet de loi là. Donc, quand, donc, des
groupes, donc, nous disent : Bien, il faut que le fait que le client,
bien, il obtienne, donc, ce qu'il veut, donc, en bout de ligne, ça, c'est un
élément important qui a été mentionné.
Je ne vous cacherai pas, c'est sûr, des
préoccupations ont été soulevées quant à la conformité même, donc, de ces plans
et devis. Il va falloir qu'on ait ces discussions-là, M. le Président. Mais ça
n'empêche pas... Et, pour avoir questionné, donc, les groupes sur.... donc, sur
cette question, donc, lors des consultations, donc en commission la semaine
passée, ce qu'on comprenait, c'est que, oui, parfois...
12 h (version révisée)
<19261
Mme Cadet :
...lors des consultations, donc en commission la semaine passée, ce
qu'on >comprenait, c'est que, oui, parfois, ça, ça pouvait être une
préoccupation, donc le... donc, certains avis divergents, donc, quant à cette
conformité-là, mais, si... Ça n'empêche pas le fait que le client, donc, devra
obtenir, donc, ce qu'il souhaite et qu'au final, donc, s'il y a des arbitrages
à faire, qu'ils soient faits rapidement. Il ne faut pas oublier non plus que
ceux qui les rédigent, ces plans-là, bien, ce sont, encore une fois, les
membres d'un ordre professionnel, donc ils sont imputables aussi, donc, de
cette conformité. Et il y a, donc, un processus, donc, qui permet, bien oui, d'assurer
la sécurité du public mais aussi, donc, de garantir une forme, donc, de
protection, donc, quant à la conformité des plans et devis. J'ai entendu, donc,
les commentaires des uns et des autres là-dessus. Mais certainement, donc, M.
le Président, donc, il faudra nous assurer, donc, d'élever nos seuils dans ce
cadre-là.
Enfin, donc, un des éléments qui a été
mentionné, trouvé, donc, bien intéressant, M. le Président, c'est... bien, la
question, donc, de ce... de cette attestation, donc, de conformité, qu'est-ce
qu'il va se passer avec au fil du temps. Puis il y a bien des groupes qui... il
y a un des groupes qui est venu, qui nous a présenté cette idée-là. Puis d'autres
nous ont dit : Ah! on aurait aimé y penser... Mais vous savez, parfois, M.
le Président, donc, vous achetez une propriété, donc, qui n'est pas neuve, et
là, donc, vous recevez, bon, le certificat de localisation... il y a divers
éléments, donc, qui suivent, donc, cet... qui suivent afin que vous soyez aussi
informé, donc, de ce qu'il s'est passé précédemment. Mais souvent, donc, quand
vous faites... quand vous achetez, donc, une propriété, qui, elle, donc... bon,
elle a déjà été habitée, bien, vous allez voir, donc, il y a un inspecteur,
donc, qui... que vous allez embaucher, donc, pour faire, donc, l'inspection
visuelle à ce moment-là, mais il ne pourra ouvrir les murs et voir qu'est-ce qu'il
s'est passé entre les deux murs, hein? On espère qu'il n'y a rien qui s'est
produit entretemps, parfois, je veux dire, on se croise les doigts, mais l'inspection
qui est réalisée à ce cadre... dans ce cadre-là, aussi professionnelle
soit-elle, et bien souvent, je veux dire, elle l'est, et les acheteurs sont
satisfaits, mais il y a des limites, il y a des limites à ce que ces
inspecteurs-là peuvent observer à travers leur expertise développée au fil des
années, d'où l'idée intéressante de s'assurer que l'attestation de conformité,
bien, puisse être transmise aux futurs acheteurs.
On nous a proposé, par exemple à travers
le moyen, donc, du registre foncier, donc, ça, ça pourrait, donc, être un
mécanisme. Mais, au final, ce qu'on a compris, au-delà, donc, du mécanisme en
tant que tel, c'est de nous assurer que l'attestation de conformité est bien...
Et, encore une fois, surtout dans le cas, donc, d'une copropriété, quand on
achète, donc, une unité, donc, qui, elle, a été, donc, bâtie il y a quelques
années, donc, des promoteurs, donc, se sont assurés, donc, de monter le projet,
ont eu leurs premiers acheteurs, et là, donc, il y a une revente, donc, de cette
unité-là, donc, de s'assurer de : O.K., bien, est-ce qu'il y a une
attestation de conformité par rapport à ce qu'il s'est passé? Parce que, dans
les faits, en ce moment, les acheteurs ne peuvent pas le savoir. Ils vont faire
leur inspection dans leur unité, mais ils n'auront aucune idée, s'il n'y a pas
eu de... s'il n'y a pas eu, donc, d'éléments survenus qui ont été, donc, vus
des propriétaires. Ils ne pourront jamais savoir qu'est-ce qu'il s'est produit
entre les murs, d'où l'importance d'inspecter... que l'une des étapes
charnières d'inspection, bien, soit avant, donc, la fermeture desdits murs.
Donc, ça vous donne, donc, une bonne idée, M. le Président.
Enfin, il faudra, donc, dans le cadre,
donc, du projet de loi... l'étude détaillée, donc, du projet de loi n° 76,
nous assurer que... bon, que les différentes, donc, dispositions soient...
permettent aussi de, bon, aux différents, donc, justiciables, donc, qui
interagissent avec le bureau des régisseurs, la Régie du bâtiment, d'avoir, donc,
tous les outils à leur disposition afin que les principes de justice naturelle
soient respectés. Notamment, Me Thibaudeau, par exemple, est venu, donc, nous
prévenir qu'il faudrait, donc, que le cadre général d'application, donc, qui
devra, donc, être créé par la Régie du bâtiment, par voie réglementaire, à l'article 159.1,
bien, qu'il soit véritablement adopté avant que les différentes mesures sur les
sanctions administratives pécuniaires, bien, soient mises en application, ce
qui nous apparaît, d'emblée... ce qui nous apparaît, donc, être une... être un
élément, donc, qui se doit, donc, d'être bel et bien <adopté...
Mme Cadet :
...apparaît
donc être une... être un élément, donc, qui se doit, donc, d'être bel et bien >adopté.
Parce qu'évidemment, malheureusement, ce qu'on constate, c'est que, bon, la
régie, parfois, donc, peut adopter, donc, certains règlements en vertu, donc,
de la loi du bâtiment, en ce moment, mais que ces règlements n'ont pas été
adoptés. Et, malheureusement, donc, ça donne, donc, un cadre, donc, très flou
dans lequel se mouvoir, d'où l'importance que ce soit bel et bien le cas ici.
Donc, on est ici, donc, dans les principes de justice naturelle, M. le
Président, donc, certainement que ça fera partie, donc, des points qui seront
soulevés lors de l'étude détaillée du projet de loi.
Enfin, M. le Président, donc, je pense que
j'aurais pu aller encore plus profondément, donc, dans différents points du
projet de loi. Je ne veux pas vous ennuyer non plus, mais, certainement, je
pense ce que... Parce que, par exemple, on peut penser, donc, à toutes les
questions, donc, des plans de garantie, des plans de garantie qui sont
optionnels, donc, pour les habitations, donc, de plus de quatre étages, et,
lorsque... On nous a dit, donc, qu'il y a des inspections, mais là, s'il y a
quand même, donc, un litige, donc, qui survient, c'est extrêmement coûteux,
donc, pour une personne, donc, qui n'a pas bénéficié, donc, de plans garantie
privés, lorsqu'il n'était pas assujetti à GCR, par exemple, donc, qui est
l'assureur, comme l'a mentionné le ministre, donc, pour les petits bâtiments.
Donc, tout ça, donc, ce sont, donc, des éléments, donc, qui feront l'objet...
qui continueront, donc, de faire l'objet de discussions lors de l'étude détaillée
du projet de loi.
Dès le départ, vous m'avez entendue, M. le
Président, donc, dire que... et de répéter, donc, les termes du ministre, que
la relation, donc, elle est respectueuse, et on continuera d'avoir des échanges
sur ce ton-là, lors de l'étude détaillée du projet de loi. Mais certainement
que nous, au Parti libéral du Québec, que nous comme opposition officielle,
qu'on sera certainement vigilants pour nous assurer que, comme je l'ai
mentionné... que le projet doit nous permettre véritablement de construire
mieux, que les drames humains pour lesquels nous avons questionné le ministre
tant en Chambre, lors de la période de questions, que lors de l'étude des
crédits budgétaires, pendant deux années consécutives, ne demeurent pas lettre
morte, que nous nous assurons que ces propriétaires-là soient bien protégés,
que des cas comme celui qu'on a vu dans le comté du ministre des Finances, M.
le Président, ne se reproduisent plus et qu'on s'assure que ce qui est prévu
ici soit bel et bien suffisant et assure la qualité de la construction assez
vite, afin qu'on construise mieux au Québec. On en a besoin. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Avant de céder la parole
au prochain intervenant, je vous informe qu'un débat de fin de séance se
tiendra demain, le jeudi 31 octobre 2024, à 13 heures, sur une
question adressée par M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne à M. le ministre
responsable des Services sociaux concernant la gestion de la direction de la
protection de la jeunesse.
Alors, comme prochain intervenant, je
reconnais, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, M. le
Président. C'est un projet de loi important, un projet de loi intéressant,
qu'est le projet de loi n° 76 qui a été déposé par mon estimé collègue le
ministre du Travail. Je faisais la blague, pendant les audiences, je pense
qu'on en est à notre 11e ou 12e projet de loi, le ministre et moi. Je
pense que c'est celui qu'il a déposé, depuis les six ans que nous sommes ici,
qui est le plus consensuel.
À peu près tout le monde est venu en
commission pour dire qu'ils soutenaient le projet de loi, avec des propositions
d'amendement, bien sûr. Mais je vous dirais que, d'habitude, quand le projet...
quand le ministre déposait des projets de loi, assez rapidement, le téléphone
sonnait, et des groupes, en mode semi-panique, me disaient : Que c'est ça?
Que c'est ça? Je veux être invité en commission, ça n'a pas de bon sens. Cette fois-ci,
le téléphone a été très, très tranquille, M. le Président. Ça voulait dire
qu'il y avait une forme, je pense, générale d'approbation par rapport à la
démarche du ministre.
• (12 h 10) •
Beaucoup de gens l'ont dit, puis ma
collègue de l'opposition officielle l'a mentionné à l'instant, c'est un projet
de loi qui était attendu depuis longtemps, cette réforme de la construction, du
RBQ en particulier. On a traité, il y a quelques semaines, quelques mois à
peine, une grosse réforme de l'industrie de la construction, la session
dernière, qui avait, lui... Donc, cette réforme-là était beaucoup plus, tu
sais, divisive, on va le dire comme ça. Ce n'était pas tout le monde qui était
d'accord avec l'ensemble des articles, loin de là. Mais, cette fois-ci, force
est de constater que c'est une démarche beaucoup plus appréciée.
Encore une fois, je suis convaincu qu'il y
aura des amendements. Notre collègue de l'opposition officielle en a annoncé
quelques-uns. Je suis moi-même en train de travailler à voir si j'en fais, je
vais certainement en faire, mais lesquels, quand et comment, etc. Je <souligne
aussi la contribution...
M. Leduc :
...travailler
à voir si j'en fais, bon, je vais certainement en faire, mais lesquelles, quand
et comment, etc. Je >souligne aussi la contribution de l'ensemble des
personnes qui sont venues présenter des mémoires, beaucoup de mémoires envoyés
par courriel. Je ne peux pas m'empêcher, étant moi-même leader du deuxième
groupe d'opposition, de souligner que les délais, par contre, de convocation
étaient ridicules, là, c'était à peine une semaine. Ça fait que ça...
Heureusement que c'était, somme toute, consensuel et que ce délai ridicule de
convocation d'une semaine n'a pas trop entaché les travaux des audiences, mais,
pour vrai, il ne faut pas que ça se répète trop souvent, là. Une semaine, ce
n'est pas prendre au sérieux, je pense, d'un point de vue de démarche… Bien
sûr, de fond, on écoute toujours, là, quand ils sont devant nous, on écoute, on
pose des questions, on se concentre, mais, d'un point de vue de démarche,
convoquer des gens à une semaine d'avis, c'est un manque de respect, à mon
avis, mais bon, je ferme la parenthèse.
Sur le projet de loi n° 76 qui nous
intéresse aujourd'hui, je n'irai pas dans les détails sur tout ce que ça veut
dire, je pense que la présentation de ma collègue a bien, bien fait le tour de
la question. Seulement un mot de manière plus générale... c'est important, il y
a un consensus clair que tout le monde veut construire plus vite, hein? Il y a
plein de causes sur la crise du logement. On ne s'entend pas toujours, le
gouvernement et nous, sur l'ensemble des causes de la crise du logement. Par
contre, tout le monde s'entend qu'il faut construire davantage, plus vite. Mais
le défaut, des fois, si on veut aller trop vite, c'est de ne pas le faire bien,
de tourner les coins ronds.
Et, bien sûr, il y a eu des cas qui ont
été médiatisés, en particulier, là, des résidences avec des tours à condos, là,
pour les nommer comme ça, qui étaient des tours de carton, finalement, et qui a
causé toutes sortes de problèmes. Et ça, ça doit être évité à tout prix parce
qu'on se magasine encore plus de problèmes.
D'ailleurs, ça me permet de souligner que
la seule ou à peu près la seule voix discordante dans les audiences, c'était le
RGCQ, le Regroupement des gestionnaires de copropriété du Québec, qui disait,
avec raison, que, là, avec la densification, qui est un phénomène, je pense,
qui va s'accentuer dans les prochaines années, à savoir qu'on va construire plus
en hauteur, plus concentré, en particulier alentour de structures de transport
collectif, des bouches de métro, des lignes d'autobus, etc., c'est appelé à se
concentrer dans le futur. Bien, si ça, c'est le phénomène qui va venir vers
nous, de ne pas intégrer les tours à condos de plus de quatre étages dans la
loi, c'est un problème.
Et, encore une fois, la présentation du
RGCQ était particulièrement éloquente à ce sujet. Moi, c'est certainement un
mémoire que je vais aller relire, une présentation que je vais probablement
réécouter, carrément, pour préparer mes interventions lors du projet de loi.
C'est bien de se concentrer sur les maisons unifamiliales, etc., mais il ne
faut pas qu'on oublie, évidemment, les grandes tours à condos, qui vont prendre
de plus en plus de place. Moi-même, dans mon quartier, un des plus gros
projets, en ce moment, résidentiel, c'est une série de quatre... cinq, même,
tours à condos qui vont nécessairement faire plus que quatre étages. Donc, de
savoir qu'on n'a pas tout à fait les mêmes règlements pour ça que pour le reste
du résidentiel, moi, ça m'inquiète pour la suite des choses.
Mais, outre cette inquiétude-là, qui, je
pense, est valide puis, je pense, sera partagée par mes collègues des autres
oppositions, je suis convaincu que le ministre aussi, je le sentais très
attentif lors de la présentation du RGCQ, je pense que c'est une étude
détaillée qui va bien se dérouler, comme toutes les autres que j'ai faites avec
M. le ministre dans le passé. Et, sur ce, bien, évidemment, nous allons voter
pour le principe du projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Alors, y a-t-il
d'autres interventions? Il y a Mme la députée de Chomedey. Alors, je vous cède
la parole, Mme la députée.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan Olivier : Merci,
M. le Président. J'ai eu le plaisir d'accompagner ma collègue pour ce projet de
loi. Et puis c'était très intéressant de voir tous les organismes qui sont
venus nous donner leurs suggestions, leur opinion sur ce projet de loi, parce
qu'en fin de compte on est là pour s'assurer que nos citoyens sont bien
traités. Et puis ce projet de loi a de bonnes intentions, mais, d'après tout ce
qu'on a entendu, il y a des lacunes. Et puis nous, on va s'assurer que... on va
essayer d'apporter les recommandations qu'on a entendues afin que ce soit un
très bon projet de loi.
Donc, aujourd'hui, je souhaite aborder
avec vous le projet de loi n° 76 présenté par le ministre du Travail, ce
projet de loi intitulé Loi visant principalement… je me suis trompée, oui, Loi
visant principalement à diversifier les stratégies <d'acquisition des
organismes…
Mme Lakhoyan Olivier :
...
Loi
visant principalement à diversifier les stratégies >d'acquisition des
organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans la réalisation de
leurs projets d'infrastructure... répond à des enjeux importants dans le
secteur de la construction.
Face à l'ampleur des problématiques de
qualité et de sécurité dans la construction, il était grand temps d'agir. Nous
avons tous en tête des tragédies, comme celle liée au centre hospitalier de
Lanaudière, dont les travaux ont relevé de graves défauts structurels et ont
montré la nécessité de rénovations coûteuses. Cet incident ne doit pas être
considéré comme un cas isolé. Il représente un appel urgent à l'action. Les
défauts structurels observés au centre hospitalier de Lanaudière ont non
seulement mis en péril la sécurité des patients et du personnel, mais ont
également soulevé des inquiétudes quant à l'intégrité de nos infrastructures.
De nombreux Québécois ont été victimes de telles négligences. Il est, donc,
impératif que ce projet de loi soit robuste et efficace.
Rappelons que, si ce gouvernement se
souciait réellement des besoins des nouveaux acheteurs et de la classe moyenne,
il aurait agi plus rapidement pour proposer un projet de loi comme celui-ci. Le
Parti libéral du Québec s'engage à faire en sorte que ce texte législatif soit
approfondi et rigoureux. Nous refusons de le voir adopté au détriment des
citoyens et des consommateurs. On est en accord. On est en accord. Il ne faut
pas mal comprendre… L'objectif, c'est d'apporter des solutions afin qu'on
améliore ce projet de loi.
Donc, ce projet de loi arrive dans un
contexte où les consommateurs québécois demandent davantage de transparence et
de garanties quant à la fiabilité des constructions. Au-delà du cas du centre
hospitalier de Lanaudière, des cas récents ont mis en lumière de nombreux cas
de manquements graves aux normes de la construction, affectant les familles,
les jeunes acheteurs et les couples propriétaires. Imaginons, M. le Président,
une famille qui aménage dans son premier chez-soi, une petite maison, jusqu'à
ce que les premières fissures apparaissent. C'est pour éviter ce genre de
mauvaise surprise que le projet de loi n° 76 vise à renforcer les
inspections, et donc répondre à ces préoccupations.
C'est pourquoi nous, au Parti libéral du
Québec, reconnaissons la nécessité d'une telle législation pour améliorer la
confiance des citoyens envers le secteur de la construction et pour protéger
leurs investissements qui sont souvent les plus importants d'une vie.
Toutefois, nous devons également veiller à ce que ce projet de loi soit
équitable, efficace et réaliste dans son application. Nous serons donc
attentifs aux ajustements nécessaires pour assurer une application juste qui ne
pénalise pas les entrepreneurs ou les acheteurs et qui respectent les délais et
budgets des projets, tout en maintenant un haut niveau de sécurité et de
qualité.
En commission parlementaire, nous avons pu
entendre différents experts et parties prenantes du secteur et leurs retours
sont précieux pour bien saisir l'impact du projet de loi sur le terrain. Les
différents groupes entendus lors des consultations ont été relativement
favorables au projet de loi. Ils ont, dans l'ensemble, exprimé un soutien pour
le projet de loi en tant qu'avancée importante vers la protection des
consommateurs. Des organisations comme l'Ordre des architectes du Québec,
l'Ordre des ingénieurs du Québec ainsi que des associations de consommateurs et
des professionnels de la construction ont partagé leurs perspectives. Ces
contributions soulignent non seulement les avancées que propose ce projet, mais
aussi des risques qu'il conviendrait d'ajuster pour assurer son efficacité.
• (12 h 20) •
Je vais, donc, revenir sur les points clés
de ce projet de loi en mettant en lumière les aspects positifs, tout en
soulevant les points de vigilance et des ajustements à prendre en compte. Notre
rôle en tant que députés et représentants de l'opposition officielle est de
s'assurer que ce projet de loi sert réellement les intérêts des citoyens
québécois, protège les <consommateurs et renforce...
Mme Lakhoyan Olivier :
...les
>consommateurs et renforce la qualité des constructions, tout en
assurant une application pragmatique pour les acteurs de l'industrie.
Tout d'abord, le projet de loi introduit
l'obligation de réaliser des inspections à trois étapes clés, qu'on appelle des
étapes... trois étapes charnières. Au cours des projets de construction, on
demande que, trois fois, qu'il y a de l'inspection. Des organisations comme l'Association
de la construction du Québec et l'Ordre des architectes du Québec y voient une
réponse efficace aux besoins de transparence et de sécurité dans l'industrie.
Cette initiative est perçue comme une manière de rétablir la confiance des
consommateurs et de renforcer les contrôles qui encadrent le secteur de la
construction du Québec.
Cependant, M. le Président, des questions
demeurent quant à ces étapes. Doivent-elles être adaptées selon la nature et la
taille des bâtiments? Serait-il possible pour chaque professionnel
d'interpréter ces étapes selon son jugement ou devra-t-on s'en tenir à une
définition rigide qui serait dans la loi? Prenons le cas d'un immeuble en
hauteur. Faut-il inspecter trois étapes spécifiques de la construction globale
ou chaque étage et unité individuellement?
Sur la question des catégories de
bâtiments ciblés, le texte actuel manque de précision là-dessus. Est-ce que ce
sont seulement les petits bâtiments résidentiels qui sont concernés? Qu'en
est-il des tours d'habitation qui présentent des défis uniques de construction
et de sécurité? Ces choix auront des répercussions directes sur la qualité et
la sécurité de la construction, et il faut que ces étapes soient définies de
façon à garantir un suivi rigoureux.
Toujours dans cette idée de contrôle, le
projet de loi prévoit des inspections pour s'assurer que les travaux respectent
le Code de construction, mais il laisse de côté un point important, les plans
et les devis spécifiques du projet qui contiennent les demandes précises du
propriétaire, comme les matériaux choisis ou les dimensions exactes. Vérifier
ces plans est essentiel pour assurer que les travaux correspondent aux attentes
précises du client, et pas seulement aux règles générales. En négligeant cet
aspect, il y a un risque de réaliser des travaux qui seraient conformes aux
normes, certes, mais qui ne répondent pas vraiment aux besoins spécifiques du
projet. Pour garantir la satisfaction du propriétaire et la qualité de
l'ouvrage, il est, donc, indispensable d'inclure la vérification des plans et
devis dans les inspections.
L'attribution du contrat de surveillance,
quant à elle, représente un enjeu éthique majeur qui a beaucoup été soulevé en
commission, notamment par l'Ordre des architectes du Québec, l'Ordre des
ingénieurs du Québec et la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec.
Dans ce projet, il revient à l'entrepreneur et non au client de le confier.
Pourtant, la pratique la plus répandue dans les secteurs industriel, commercial
et institutionnel est que le client ou le donneur d'ouvrage ait cette
responsabilité pour assurer une transparence accrue. En effet, lorsque le
client attribue le contrat de surveillance, il peut s'assurer que les intérêts
de son projet sont protégés, que les travaux sont réalisés conformément aux
spécifications et que les normes de qualité sont respectées. Cela réduit le
risque de conflits d'intérêts et renforce la confiance entre le client et
l'entrepreneur. En revanche, si l'entrepreneur choisit le surveillant, il peut
avoir des doutes sur l'objectivité de la surveillance, ce qui peut nuire à la
transparence et à la crédibilité du projet et créer des conflits d'intérêts.
Ces groupes recommandent que la
responsabilité de choisir les professionnels chargés des inspections revienne
au donneur d'ouvrage ou au propriétaire. Ce point nécessiterait, donc, un
ajustement pour éviter toute confusion et querelle.
De plus, la Centrale des syndicats
démocratiques et l'Association de la construction du Québec recommandent que
les nouvelles mesures de surveillance ne se limitent pas aux constructions
neuves mais soient aussi appliquées aux rénovations <majeures et aux
logements...
Mme Lakhoyan Olivier :
...ne
se limitent pas aux constructions neuves, mais soient aussi appliquées aux
rénovations >majeures et aux logements multifamiliaux. Cela permettrait
d'étendre la protection des consommateurs à un plus large éventail de projets
en s'assurant que tous les types de constructions respectent les mêmes exigences
de qualité. Nous, au Parti libéral du Québec, on soutient cette recommandation
pour assurer une protection uniforme dans le secteur.
Toujours concernant les contrats de
surveillance, la possibilité de retards dans les chantiers est également une préoccupation.
Le projet de loi prévoit que les travaux ne peuvent débuter sans un contrat de
surveillance en place, mais des retards dans l'attribution de ces contrats
pourraient freiner le lancement des projets. Imaginons un projet de
construction d'un nouveau bâtiment qui doit débuter en mars. Selon le projet de
loi, les travaux ne peuvent commencer sans un contrat de surveillance en place.
Si l'attribution de ce contrat est retardée en raison d'un processus d'appel
d'offres compliqué, disons jusqu'à avril, le démarrage des travaux est bloqué.
Ce retard peut entraîner des coûts supplémentaires, car le personnel ne peut
pas commencer les travaux et cela retarde la construction du bâtiment. Cet
exemple illustre comment la nécessité d'un contrat de surveillance peut,
paradoxalement, ralentir la réalisation de projets importants si les processus
d'attribution ne sont pas efficaces. Le gouvernement doit prendre en compte ce
genre de situation, qui pourrait poser de gros problèmes à l'avenir dans
l'application de ce projet de loi.
Un autre aspect fondamental est la
différence entre inspection et surveillance, comme ma collègue l'a déjà
mentionné, qui pourrait créer des ambiguïtés si elle n'est pas clarifiée. Les
professionnels, notamment l'Ordre des ingénieurs du Québec et l'Ordre des
architectes du Québec, ont souligné l'importance de clarifier les termes
«inspection» et «surveillance» dans le projet de loi. Les mots ont un sens et
ne doivent pas être employés à la légère. Bien que ces deux notions soient complémentaires,
elles n'ont ni les mêmes objectifs ni les mêmes responsabilités. Selon l'OAQ,
la surveillance est une activité proactive et continue tout au long du projet,
alors que l'inspection est ponctuelle et à des étapes charnières du projet. Il
préconise l'utilisation du terme «surveillance qui peut contenir des
inspections». Sans distinction claire, les ambiguïtés pourraient nuire à
l'application de la loi et entraîner des interprétations divergentes parmi les
acteurs concernés. Une définition précise de chaque rôle garantirait une
compréhension uniforme et l'atteinte des objectifs du projet de loi.
La formation et la qualification des
inspecteurs représentent un enjeu majeur dans le cadre du projet de loi n° 76. Les groupes consultés soulignent l'importance d'une
formation initiale solide et d'une formation continue rigoureuse pour garantir
que les inspecteurs disposent des compétences nécessaires pour assurer la
qualité et la sécurité sur les chantiers. Cependant, certaines questions
subsistent quant aux modalités de cette formation continue. Qui en sera
responsable? Quel en sera le contenu? Et comment s'harmonisera-t-elle avec
celles d'autres professions régulées? Par ailleurs, il reste à déterminer si
les inspecteurs actuellement en poste doivent suivre une mise à niveau et, si
oui, à quel coût et pour qui. Il faut absolument que le gouvernement instaure
des exigences strictes en matière de formation pour promouvoir une construction
sécuritaire et durable, et il serait pertinent de communiquer des précisions
sur sa mise en œuvre.
• (12 h 30) •
Toujours dans cette question de
financement, un autre enjeu soulevé est celui de l'impact financier des
nouvelles exigences d'inspection. Dans un contexte de hausse du coût de la vie,
il est légitime de se demander si ces mesures risquent d'augmenter les prix de
vente des biens immobiliers, et donc de <restreindre...
>
12 h 30 (version révisée)
<19295
Mme Lakhoyan
Olivier :
...biens immobiliers et donc de >restreindre l'accès
à la propriété. Des préoccupations ont été exprimées, notamment par l'Association
des consommateurs pour la qualité dans la construction et le Regroupement des gestionnaires
et copropriétaires du Québec, au sujet de l'impact des nouvelles exigences sur
les prix des habitations. Le risque est que les coûts accrus d'inspection se
répercutent sur les acheteurs, rendant l'accès à la propriété encore plus
difficile qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Rappelons que le taux d'accession à la
propriété des jeunes Québécois âgés de 25 à 34 ans a considérablement
chuté. Selon Statistique Canada, ce taux était d'environ 30 % en 2021, ce
qui est une baisse significative par rapport à 47 % en 2001. Cette
tendance, M. le Président, s'inscrit dans un contexte plus large où les jeunes
adultes rencontrent des défis croissants pour accéder à la propriété, souvent
en raison des prix élevés de l'immobilier et d'autres facteurs économiques. Il
est donc crucial que, par ce projet de loi, le gouvernement limite les effets
inflationnistes des nouvelles exigences et n'aggrave pas, encore une fois, les
conditions économiques des Québécois.
La RBQ, la Régie du bâtiment du Québec, se
voit attribuer de nouvelles responsabilités dans le cadre du projet de loi n° 76,
mais des préoccupations sérieuses demeurent quant à sa capacité de gérer cette
charge sans ressources supplémentaires. Plusieurs groupes consultés estiment qu'un
renforcement des effectifs et des moyens financiers est indispensable pour que
la RBQ puisse appliquer la loi de manière rigoureuse et assurer un suivi
efficace des inspections. Actuellement, la RBQ ne dispose que de cinq
régisseurs, ce qui limite sa capacité d'action face aux nouvelles exigences du
projet de loi.
La capacité de la RBQ à adopter des
règlements supplémentaires prévus par la loi, à surveiller leur application et
à effectuer des inspections requises est également mise en doute. Il serait
alors judicieux de prévoir une augmentation des ressources humaines et
financières pour la RBQ afin de garantir une application solide, impartiale et
cohérente des nouvelles normes introduites.
Le projet de loi prévoit des sanctions
financières ou sanctions administratives pécuniaires pour ceux qui ne
respectent pas les normes établies. Toutefois, Éric Thibaudeau, un expert
juridique consulté, recommande de créer un cadre plus flexible pour éviter un
surplus de sanctions qui pourraient ralentir les procédures. Il plaide pour l'introduction
de mécanismes de médiation afin de résoudre les conflits sans toujours recourir
aux tribunaux. Ces sanctions devraient viser à encourager des corrections
rapides tout en évitant de surcharger le système judiciaire.
Me Farley a, lui aussi, mis en garde
contre des sanctions financières abusives et disproportionnées prévues dans le
projet de loi qui ne sont pas adaptées à la hauteur du manquement identifié.
Sans exclure complètement l'idée d'une sanction pécuniaire, il suggère de
limiter l'amende pour qu'elle n'excède pas un certain moment.
Nous plaidons pour le... de gros
ajustements afin de garantir que la loi soit équitable et réellement
protectrice pour les consommateurs. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Chomedey.
Maintenant, je suis prêt à reconnaître la
prochaine intervenante, et ce sera Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, c'est un plaisir de venir vous parler aujourd'hui
du projet de loi n° 76, bien que je n'aie pas assisté — bonjour,
M. le ministre — aux consultations parce que j'étais dans une autre
commission, mais vous le savez, M. le ministre, que c'est un... c'est un projet
de loi qui m'interpelle particulièrement. J'étais, d'ailleurs... Oui, c'est à
vous que je dois parler, je m'excuse, parce que M. le ministre me faisait des
petits signes.
Donc, comme élue municipale, j'ai été
interpelée dans le passé — j'ai été huit ans conseillère municipale — par
des citoyens qui, malheureusement, se sont retrouvés avec des maisons mal
construites, mais généralement, au moment où ils s'en rendaient compte, l'entrepreneur
avait pris la poudre d'escampette — je pense que c'est le bon terme,
je ne suis pas certaine. Mais, bref, malheureusement, ces gens-là se
retrouvaient devant des défaillances importantes et devaient assumer les coûts
presque entièrement, et ça, ça, c'est arrivé à plus d'une reprise.
La ministre de l'Habitation a même... lorsque
le projet <de loi...
Mme Dufour :
...et
ça, ça, c'est arrivé à plus d'une reprise.
La ministre de l'Habitation a même...
lorsque le projet >de loi a été déposé, a mentionné que ce serait la fin
des entrepreneurs cabochons. Donc, ça, c'est le terme que la ministre de
l'Habitation a utilisé. Mais je dois dire qu'elle a raison, il y en a, M. le
Président, et malheureusement des gens en ont payé le prix. Et on le sait,
la... une maison, une propriété comme ça, c'est l'investissement d'une vie.
C'est souvent le fonds de retraite des gens. On met tout notre argent là-dedans,
et malheureusement, parfois, on est pris à devoir payer pour corriger les
défauts, mais en plus d'assumer la totalité de la facture qu'on avait
initialement et sans avoir de moyens.
Et ça, des gens de Boisbriand l'ont
malheureusement vécu, et ça, c'est... à mon sens, je pense que c'est le pire
cas de vices cachés que j'ai vu dans les dernières années : 162
copropriétaires se sont retrouvés avec des copropriétés qui n'avaient plus de
valeur, tout simplement. Dans le fond, il y a eu des estimés qui ont été faits,
les rénovations pour réparer les défaillances étaient plus élevées que la
valeur des propriétés, alors ils se retrouvaient, là... j'avais parlé avec les
gens du syndicat de copropriété, ils se retrouvaient devant l'option de
dire : Bien, on assume 500 000 $ par unité pour corriger ou on
vend... on démolit et on vend les terrains, puis, avec les terrains, on espère
peut-être se renflouer un petit peu par rapport à l'hypothèque qui est toujours
existante. Et c'est ça qui est le pire là-dedans, c'est que les gens ont dû
quitter leurs logements qui étaient devenus toxiques à cause des moisissures.
Ils ont dû payer un nouveau loyer, hein, pour se reloger, tout en devant
toujours assumer une hypothèque entière, là, sur les bâtiments. Eh bien, vous
comprendrez qu'il y en a plusieurs qui ont dû, malheureusement, faire faillite,
et c'est vraiment des drames humains terribles qu'on a vus là.
Et c'est quelque chose, en fait, d'assez
simple qui s'est passé. À la base, c'est un projet où il n'y a eu aucune mesure
qui a été prise pour palier au rétrécissement de la charpente de bois. Puis ça,
M. le Président, c'est un phénomène naturel qui est toujours prévu,
normalement, lors de la construction. On sait que le bois, il a une certaine
épaisseur, puis qu'au moment de... que le bâtiment s'assèche et se rétrécit, et
donc il faut toujours prévoir ce jeu-là. Ça n'a pas été fait dans ce cas-là. Et
je ne rentrerai pas dans les détails parce que le dossier est judiciarisé, mais
c'est quelque chose qui aurait pu être décelé si on avait fait une inspection
lorsque les murs étaient ouverts.
Il y a eu une inspection dans ce cas-ci,
je dois le dire, par la Garantie de construction résidentielle, et ça, ça s'est
fait après cinq ans, mais impossible à voir, M. le Président, parce que ça,
c'était à l'intérieur, et les dommages se sont étirés, étirés, et, après
15 ans, bien, c'est là que, vraiment, là, on a commencé à constater des
défaillances visibles, parce que, dans le fond, le bâtiment était défaillant
dès le début, mais on ne le voyait pas, c'était à l'intérieur des murs. Alors,
on sait aujourd'hui que c'est quelque chose qui serait et qui aurait pu être
évité si on avait vu... eu un régime d'inspection. Donc, c'est clair, il nous
faut des inspections en cours de construction.
D'ailleurs, je dois dire... hein, on dit
souvent : Québec est une société distincte, bien, elle est vraiment
distincte dans le domaine des inspections obligatoires pour les bâtiments résidentiels
parce qu'on est la seule province qui n'a pas de... la seule province
canadienne qui n'a pas ce genre de régime là. Actuellement, seulement les
ouvrages de quatre étages ou moins sont inspectés par la Garantie de
construction résidentielle, comme je vous disais, mais ça s'est fait un coup
que la construction est terminée, lorsqu'on ne peut plus vraiment voir les
défaillances à l'intérieur du bâtiment ou dans la structure.
• (12 h 40) •
Et donc je vais peut-être vous souligner
que, dans le mémoire du Conseil des ministres qui était présenté avec le projet
de loi — ce sont des chiffres, donc, qui viennent du gouvernement — on
peut lire que «malgré l'obligation qu'ont les entrepreneurs de construire
conformément au Code de construction»... parce que, ça, on en a un, code de
construction, comme je vous le disais, la charpente de bois, c'est prévu dans
le Code de construction, mais, malgré tout, la Régie du bâtiment du Québec détecte
chaque année des non-conformités dans 59 % des interventions effectuées sur
les immeubles d'habitation. Puis ça, c'était juste sur l'année 2023‑2024,
59 %, ça, c'est... c'est ce qu'on a détecté. Imaginez toutes celles qu'on
n'a pas détectées parce qu'on ne le voit pas encore. C'est incroyable, ces
chiffres, ça fait peur. Et d'ailleurs l'Association de la construction du
Québec, en avril 2023, suggérait et demandait... puis je suis sûre que ce n'est
pas la première fois qu'ils le faisaient, mais moi, j'ai pu retrouver ça, où
ils suggéraient le déploiement d'une politique provinciale en matière
d'inspection <de bâtiments...
Mme Dufour :
...retrouver
ça, où ils suggéraient le déploiement d'une politique provinciale en matière
d'inspection >de bâtiments, et ils disaient que ça serait un élément
significatif pour garantir la qualité de construction et surtout la protection
des consommateurs québécois dans le marché de l'immobilier. Parce que c'est
terrible, quand on regarde toutes les règles de protection qu'on a si on achète
un téléviseur, mais, pour ce qui est de notre plus grand achat de notre vie,
hein, une maison, bien, on est beaucoup, beaucoup moins protégés, c'est
hallucinant.
Et présentement, donc, les mesures qui
sont proposées par la Loi sur le bâtiment, actuellement, bien, proposent des
recours aux consommateurs en cas de malfaçon, mais ça ne garantit pas la
solvabilité. Donc, oui, on peut se retourner vers l'entrepreneur, mais le
problème, c'est que ces entreprises-là ne sont peut-être plus solvables, ils
ont peut-être déjà fermé boutique, puis ça, c'est assez fréquent. On
constatait, à Laval, que, pour chaque nouveau projet immobilier, bien, il y a
une entreprise qui se crée, puis après ça, à la fin, quand les unités sont
vendues, les unités de copropriété, bien, le projet... l'entreprise est fermée,
et là il n'y a plus d'actifs. Donc, même si les consommateurs ou les... en tout
cas, les propriétaires, nouveaux copropriétaires se retrouvent pris avec... ils
veulent poursuivre une entreprise, ils poursuivent une coquille vide. Donc, ça,
c'est vraiment un enjeu, et c'est ce qui se passe aussi dans le cas de
Boisbriand, notamment, mais il y en a plein d'autres, cas comme ça.
Et effectivement, là, l'Association de la
construction du Québec notait à quel point ils reçoivent tellement de
témoignages de consommateurs qui soulignent des difficultés à faire reconnaître
et corriger les malfaçons qui affectent leur immeuble ainsi que les coûts, la
lourdeur, les délais causés par les recours mis en place pour faire valoir
leurs droits. Donc, au lieu d'avoir une approche où on corrige, on répare,
soyons plutôt d'une approche prévention, prévenons les problèmes avant qu'ils
se développent. Finalement, la même approche qu'on devrait avoir en santé,
quant à moi.
Et, quand je vous disais qu'on est une
société distincte, Québec, il n'y a pas vraiment d'inspection obligatoire en
cours de construction. Et même les tours d'habitation — ma collègue
la députée de Chomedey, je l'ai entendue parler de ça — actuellement,
ne sont pas couvertes par ça, alors que, dans le reste du Canada, bien, on
exige entre deux et sept inspections, là, selon les villes, selon les
provinces.
Moi, je voudrais vous parler de l'exemple
ontarien, parce que je m'y... j'y ai souvent fait référence dans des
interventions que j'ai faites, on prévoit des inspections lors de l'excavation,
les fondations, l'ossature du bâtiment, dont la charpente, structure du toit. C'est
quelque chose qu'en Ontario ils ne voient pas, là, des enjeux de charpente, ils
les corrigent avant que le bâtiment soit fermé, l'isolation, le système de
plomberie, les finitions intérieures, et ça marche, M. le Président, parce que,
écoutez ça, les plaintes pour vices de construction sont trois fois moins
élevées en Ontario. On pourrait dire : Ils sont trois fois plus élevés au
Québec. C'est énorme, c'est énorme.
Donc, on a intérêt à mieux construire, alors,
il y a un projet de loi qui est déposé pour ça. Et ce que je constate, c'est
qu'il propose de réaliser trois inspections à des moments charnières, mais on
ne sait pas quand, on ne sait pas où, on ne sait pas quoi. Donc, le projet de
loi ne définit pas, tout va être établi, ce que je comprends, par règlement,
ultérieurement. Donc, il faudra définir la catégorie de bâtiments qu'on veut
viser, les équipements, les travaux de construction qui vont être concernés par
les obligations d'inspection. C'est important de savoir où on s'en va. Donc,
pour l'instant, on est un peu... on navigue un peu dans le noir, puis ça, je
pense que tous les groupes l'ont mentionné, qu'ils veulent savoir à quoi
s'attendre. Je comprends qu'ils seront probablement consultés. Il faudrait
s'assurer de consulter tous les groupes, vraiment tous les groupes pour ça.
Un élément qui me chicote beaucoup avec le
projet de loi comme il est rédigé actuellement, c'est, en fait, qu'il... comment
je pourrais vous dire ça, c'est qu'actuellement on prévoit que
l'entrepreneur... c'est l'entrepreneur qui va donner le contrat d'inspection,
et là c'est assez différent de ce qui se fait dans les autres provinces. Je
vous parlais de l'exemple ontarien, où c'est une entité séparée, dans ce
cas-ci, ce sont les municipalités, dans d'autres provinces, c'est une entité
distincte, là, ce n'est pas une municipalité, mais, bref, c'est toujours séparé
de l'entrepreneur, l'inspection qui est effectuée. Là, ici, on dit : Bien,
c'est l'entrepreneur qui va donner le contrat d'inspection. Et, moi, ma
crainte, M. le Président, c'est que l'entrepreneur devienne juge et partie,
parce que... puis, ah! je vous reviens souvent là-dessus, vous m'avez entendue
souvent parler de la commission Charbonneau, que j'ai vécue de plein fouet, à
Laval, bien, il y a <un risque...
Mme Dufour :
...vous
m'avez entendue souvent parler de la commission Charbonneau, que j'ai vécue de
plein fouet, à Laval, bien, il y a >un risque de... un risque éthique.
Tu sais, on a beau faire affaire avec des professionnels, c'est quand même des
ingénieurs qui ont été sanctionnés par la commission Charbonneau, c'est des
professionnels. Il a beau y avoir un ordre professionnel, où il y a de l'homme,
il y a de l'hommerie. Donc, il faut essayer de se mettre des protections pour
éviter qu'il y ait la tentation de faire des entourloupettes, là, ce qu'on ne
souhaite pas vraiment, parce qu'au bout du compte, comme je vous ai dit, s'il y
a une inspection qui se fait puis qu'on ne détecte pas des vrais enjeux de
conformité, qu'on ne les détecte pas intentionnellement pour que... aller plus
vite, pour que ça coûte moins cher à l'entrepreneur, bien, au bout du compte,
on va le payer, parce que c'est la société qui va être prise avec ces
constructions-là.
Le cas de Boisbriand que je vous
mentionnais au début, c'est 162 copropriétés, M. le Président, qui vont
être démolies ou qui ont déjà été démolies en partie, c'est effrayant. On est
en crise du logement, puis là on perd des logements, des logements qui étaient
de belle qualité, d'ailleurs, visuellement. Visuellement, ils étaient de belle
qualité, mais, à l'intérieur, c'était une catastrophe, tu sais, dans les murs,
et tout. Donc, c'est important que les inspections soient faites avec
diligence, et, pour ça, il faut s'assurer que ce soit... c'est ça, qu'on ne
soit pas juge et partie là-dedans.
Actuellement, dans le secteur industriel,
commercial et institutionnel, c'est le donneur d'ouvrage qui est responsable
d'octroyer le contrat d'inspection. Donc, ça, ça peut être une option,
effectivement, qui a été évoquée par plusieurs groupes, que, si, par exemple,
je ne sais pas, moi, c'est la SHQ, la Société d'habitation du Québec, qui donne
un contrat pour une construction, bien, que ce n'est pas l'entrepreneur qui
donne... excusez-moi, qui donne un contrat, c'est ça, pour une construction,
bien, ce ne serait pas l'entrepreneur qui donnerait le contrat d'inspection,
mais plutôt la SHQ. Là, on enlève le juge et partie. Ça, ça marcherait.
L'enjeu, c'est dans le domaine des
copropriétés. Là, ça, c'est bien différent parce que, là, on a une entreprise
qui est créée pour, en fait, construire ces logements-là, mais, au fur et à
mesure que la construction avance, et tout ça, les propriétés sont vendues à
des copropriétaires, et ultimement le bâtiment, il n'appartient plus à
l'entreprise qui a construit. Donc, si cette entreprise-là est le donneur
d'ouvrage, elle devient juge et partie parce que ce n'est pas elle qui va être
prise avec les problèmes à la fin, ça va être les copropriétaires.
Et ça, ça a été mentionné par le
regroupement... je veux juste dire le bon nom, Regroupement des gestionnaires
en copropriété du Québec. Ils ont mentionné que, pour eux, là, c'était un
risque, et ils disaient, donc, que, c'est ça, le promoteur serait le premier
bénéficiaire des inspections à un moment où le syndicat, lui, il n'existe
toujours pas. Donc, il est essentiel, ils nous disaient, que la loi prévoit
explicitement le transfert du bénéfice de ces attestations au syndicat. Mais
moi, j'irais plus loin, il faut s'assurer que les inspections soient faites
dans le but de protéger ce futur syndicat de copropriétés là. Et ils disent
d'ailleurs que leur situation reste incertaine. Les copropriétaires seront-ils
aussi bénéficiaires de ces inspections? Il faut s'assurer que toutes les
parties prenantes soient protégées et pleinement informées des garanties liées
à la construction de leur immeuble.
• (12 h 50) •
Il y a tellement d'enjeux avec les
copropriétés, M. le Président, qu'il faut absolument que le projet de loi
vienne clarifier ça, ici, parce que, malheureusement, c'est trop souvent le
cas… Boisbriand, c'est un cas comme ça, ce sont des copropriétaires, et ceux
qui ont construit, bien, je ne sais pas s'ils sont encore là, dans ce cas-là,
mais je l'ai vu dans d'autres projets, où c'est une entreprise qui a été créée,
elle est fermée, puis là, après ça, bien, il n'y a plus moyen de se tourner
vers le constructeur, donc c'est un enjeu.
Il me reste moins de cinq minutes, M. le
Président. Je vais peut-être vous mentionner… J'étais surprise de constater,
dans le projet de loi, qu'on souhaitait... puis c'est un article, hein, c'est
le premier article du projet de loi, qu'on souhaitait assujettir l'installation
de systèmes destinés à produire ou accumuler de l'énergie, incluant l'énergie
renouvelable, à la Régie du bâtiment du Québec. Et pourquoi j'étais surprise?
Parce qu'il y a quelques mois, en début d'année, en fait, j'étais dans un
projet de loi, l'étude du projet de loi n° 41 sur l'efficacité énergétique
des bâtiments, et j'ai eu énormément d'échanges avec le ministre de
l'Environnement là-dessus, où il est venu enlever à la Régie du bâtiment du
Québec le pouvoir de rédiger les normes environnementales <qui étaient...
Mme Dufour :
...rédiger
les normes environnementales >qui étaient normalement dans le code du
bâtiment. Donc, le code du bâtiment, normalement, relève de la Régie du bâtiment
du Québec, mais le projet de loi n° 41, lui, il est
venu enlever tout ce qui était développement durable, tout ce qui était
efficacité énergétique des bâtiments, transition énergétique, tout ça a été
sorti pour être mis dans un nouveau code du bâtiment durable qui relèverait non
plus de la Régie du bâtiment du Québec, mais bien du ministre de
l'Environnement. Tous les groupes, tous les groupes qui sont venus en
commission, à l'époque, avaient mentionné comme quoi c'était une erreur, qu'il
fallait garder ça simple et maintenir tout ça dans le même code du bâtiment.
Alors, j'étais un peu surprise, M. le Président, de constater que, dans ce
projet de loi ci, le 76, bien là, on revenait avec l'idée de donner à la RBQ,
la Régie du bâtiment du Québec... en fait, s'assurer, là, que... je vais vous
dire exactement comment on le dit, qu'on voulait «intégrer à la juridiction de
la RBQ d'établir et d'élaborer des normes de construction et de sécurité visant
les installations comme des panneaux solaires installés sur un terrain privé»,
tout ce qui est... dans le fond, ce qu'on dit, «tout système destiné à produire
ou accumuler de l'énergie». Ça, c'est sûr que c'est en ligne directe avec la
transition énergétique qu'on parlait dans le projet de loi n° 41.
Alors, j'ai de la difficulté à comprendre comment on va s'y retrouver par la
suite. Et ça, je pense que ça serait intéressant d'entendre le ministre, le ministre
du Travail à ce sujet.
Et je vais terminer... Ah oui, c'est ça, un
des éléments qui nous... quand on a étudié le projet de loi n° 41,
ce qui nous a semblé, c'est que peut-être que le ministère de l'Environnement
n'avait peut-être pas confiance en la Régie du bâtiment du Québec pour établir
ces normes environnementales là. Donc, est-ce que ça a changé? Ça, je serais
curieuse de savoir. Ou est-ce que c'est une omission, puis le ministère de
l'Environnement n'a pas remarqué cette petite ligne-là dans le projet de loi?
Donc, ça, ce sera à préciser. Et, comme je le disais, bon, la majorité des
entités en construction demande le maintien de toutes ces normes-là dans... à
la Régie du bâtiment du Québec.
Puis je terminerais en disant qu'il y a
quand même des enjeux. Si le ministère de l'Environnement avait des craintes
par rapport à la capacité de la Régie du bâtiment du Québec de mettre en place
ces normes-là, bien, il y a un avocat, Me Philippe Farley, qui, lui, a soulevé
des enjeux plutôt au niveau de... est-ce qu'elle est en mesure d'assumer plus
de responsabilités. Et là il y a beaucoup d'éléments dans le projet de loi qui
concernent, par exemple, la qualification professionnelle des inspecteurs en
bâtiment, etc. Mais quelque chose que je vous soulignerais, M. le Président,
que ça fait au moins six ans, au moins six ans, que la Régie du bâtiment du
Québec n'est pas venue rendre de comptes à la CAP, la Commission
d'administration publique. Et, pour répondre aux questions, donc, de Me Farley,
ce serait peut-être intéressant que la Régie du bâtiment du Québec soit
convoquée et participe à ces échanges-là pour s'assurer, dans le fond, que ce
projet de loi là puisse être mis en oeuvre, parce que, là, il y aura beaucoup
qui va dépendre de la Régie du bâtiment du Québec, donc il faut s'assurer
qu'ils ont les compétences et les ressources pour pouvoir le faire entièrement.
Sur ce, M. le Président, je vous souhaite une bonne journée et merci de votre
écoute.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Mille-Îles.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors, le principe du projet de loi n° 76, Loi visant principalement à accroître la qualité de
la construction et la sécurité du public, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de l'aménagement du territoire
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président.
Donc, conformément à l'article 243 de
notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 76,
la Loi visant principalement à accroître la qualité de la construction et la
sécurité du public, soit déféré à la Commission de l'aménagement du territoire
pour son étude détaillée et que le ministre du Travail soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Adopté.
Alors, compte tenu de l'heure et afin de
permettre le débat sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition cet
après-midi, le présent débat sur l'adoption de principe du projet de loi n° 76 est ajourné et les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Oui, M. le leader adjoint. Oui, pardon.
M. Lévesque (Chapleau) : ...il
a été adopté.
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
Ah oui, c'est vrai. Donc, le... Je vais reprendre ma formulation.
Les travaux sont ajournés, puisque le
projet de loi... suspendu... Les travaux <sont suspendus, mais le projet
de loi, lui, est terminé...
Le Vice-Président (M. Lévesque) :
...les travaux >sont suspendus, mais le projet de loi, lui,
est terminé. Donc, merci beaucoup.
Alors, on poursuit cet après-midi, à
15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
14 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bonjour.
Vous pouvez vous asseoir. Et nous allons poursuivre aux affaires du jour.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Demander au gouvernement de s'engager à réinstaurer
les services de francisation en milieu scolaire
À l'article 58 du feuilleton, aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale constate la
fermeture de plusieurs dizaines de classes de francisation partout au Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec
de s'engager à réinstaurer les services de francisation en milieu scolaire qui
ont été interrompus dans les dernières semaines et à prendre tous les moyens
nécessaires pour éviter de nouvelles fermetures de service dans ces milieux.»
Je vous informe que la répartition du
temps de parole pour le débat restreint sur la motion de M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
s'effectuera de la façon suivante : 10 minutes sont réservées à l'auteur
de la motion pour sa réplique, 47 min 45 s sont allouées au <groupe...
>
15 h (version révisée)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : ...l'auteur
de l'émotion pour sa réplique, 47 min 45 s sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 23 min 40 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 28 min 5 s
sont allouées au deuxième groupe d'opposition, six minutes sont allouées au
troisième groupe d'opposition et 1 min 30 s sont allouées à
chacun des députés indépendants.
Dans le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires, selon la proportion établie
précédemment. Mises à part ces consignes, les interventions ne seront soumises
à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils
souhaitent intervenir dans le cadre de ce débat, ils ont 10 minutes pour
en aviser la présidence.
Je cède immédiatement la parole à M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. Merci aux collègues d'être présents aujourd'hui pour ce sujet
fort important, les coupures en francisation dans les centres de services
scolaires. Vous l'avez lue, ma motion est limpide, que l'Assnat... que l'Assemblée
nationale constate la fermeture de plusieurs dizaines de classes en
francisation partout au Québec — j'y reviendrai — qu'elle
demande au gouvernement du Québec de s'engager à réinstaurer les services en
francisation en milieu scolaire qui ont été interrompus dans les dernières
semaines — les articles sont nombreux, j'y reviendrai — et
à prendre tous les moyens nécessaires pour éviter de nouvelles fermetures de
services dans ces milieux.
Je sors à peine, Mme la Présidente, d'un
point de presse avec les centres de services scolaires, les fédérations de
syndicats d'enseignants et d'enseignantes, des étudiants et des étudiantes qui
nous interpellent, tous et toutes classes politiques, pour assurer que ces
classes ne ferment pas. Ça fera l'objet de nos discussions aujourd'hui. Ça fait
quelques semaines qu'on parle de ça. Ce n'est pas la première fois dans cette
Chambre qu'on en parle non plus.
Dès le début de la session parlementaire,
on en parlait, et les articles ont commencé à se faire voir dès le mois d'août.
Moins de classes de francisation, malgré une forte demande, c'est ce qu'on
lisait, en raison d'une impasse budgétaire. On y reviendra, ça aussi, Mme la
Présidente, sur les impasses budgétaires. Le CSS... Les CSS, les centres de
services scolaires, ferment ou limitent l'ouverture de classes de francisation
aux adultes. Les listes d'attente s'allongent et les intervenants s'inquiètent.
Vous l'avez tous et toutes lu dans vos revues de presse.
3 septembre, coupures en francisation
au CSS des Mille-Îles, 90 % des classes de francisation du centre de
services scolaire des Mille-Îles seront annulées et 20 postes seront
abolis, raison invoquée, restrictions budgétaires imposées par le MEQ. Pendant
ce temps-là, du côté gouvernemental, on tente de nous faire croire qu'il n'y a
pas de coupure, mais les faits sont têtus, Mme la Présidente, les faits sont là,
les classes sont là. Les étudiants perdent leurs classes. Les profs perdent
leurs classes, leurs groupes.
9 octobre, trois centres de Québec
fermés aux nouveaux élèves. Trois centres de francisation du Québec n'accepteront
aucun nouvel élève pour la prochaine session. 9 octobre, il n'y a pas de
coupe en francisation, c'est faux, prétendait l'article. C'est le titre. 9 octobre,
que se passe-t-il avec la francisation au Québec? L'institut de la coopération
pour l'éducation des adultes s'inquiète.
Ça continue, on est seulement au début
octobre, tout se déboule. 10 octobre, les budgets du centre de
francisation de Sainte-Foy amputés malgré les promesses. Le centre d'éducation
a vu son budget dédié aux cours de francisation amputé de 17 % pour la
présente année scolaire. Le nombre d'élèves admis, lui, a été réduit du tiers.
On continue de nous dire, de l'autre côté, qu'il n'y en a pas, de coupure en
francisation. Les faits sont têtus, Mme la Présidente, les groupes nous le
disent, les élèves nous le disent, les profs nous le disent.
17 octobre, réduction des services à
Montréal, à Granby, à Sherbrooke. 500 personnes en Estrie vont perdre cette
ressource. Au CSS du Val-des-Cerfs, à Granby, l'annonce touche 21 profs et
plus de 300 élèves. 23 octobre, sortie des enseignants en
francisation, qui en ont gros sur le cœur, je cite : «Outrés, dégoûtés,
jetés à terre, en colère, les émotions sont fortes pour les enseignants en
francisation qui ont subi de nombreuses fermetures de classes dans les
dernières semaines.»
24 octobre, les fermetures de classes
se succèdent. Selon la CSQ, au moins 113 enseignants affiliés ont perdu
leur emploi jusqu'ici et 46 ont subi une réduction de tâche. On continue, de l'autre
côté, de nous répondre qu'il n'y en a pas, de coupure en francisation. L'autre
grand syndicat, la Fédération autonome de l'enseignement, la FAE, constate de
son côté...
M. Cliche-Rivard : ...constate,
de son côté, que 73 profs ont écopé.
28 octobre, 42 % des élèves en
francisation relocalisés. Selon le MIFI, 3 626 ont vu leurs cours annulés,
des milliers d'étudiants, plus de 200 enseignants vont perdre leur emploi.
34 000 élèves étaient déjà en attente de cours en septembre, Mme la
Présidente.
29 octobre, des coupes dans la
francisation en Estrie. On apprend que le Centre Saint-Michel de Sherbrooke a
reçu 2,1 millions, pour 2023-2024, et en 2024-2025 c'est
900 000 $ de moins. Le budget du centre d'éducation aux adultes
diminue également. Mais, encore une fois, du côté ministériel, on nous
dit : Bien non, il n'y en a pas, de coupes.
29 octobre, fin ou presque fin des
cours de francisation à Lévis, le comté même du ministre de l'Éducation. Le CSS
des Navigateurs met un terme à ses cours à temps complet. Seulement
30 élèves sur 300 pourront poursuivre une formation; 23 enseignants sur 26
perdent leur emploi.
Les fermetures sont partout, Mme la
Présidente, surtout en région, où le MIFI n'est pas là. Le CSS de la Riveraine
songe à abolir la francisation. Le CSS de Rouyn-Noranda a mis fin à son
service, il y a 127 élèves qui vont écoper. Le CSS de l'Or-et-des-Bois, à
Val-d'Or, se voit aussi contraint de fermer tous ses groupes à l'éducation aux
adultes : 210 élèves pénalisés, Mme la Présidente.
Le MIFI est quasiment absent en région.
Les centres d'éducation aux adultes sont vitaux, et la CAQ n'a visiblement pas
la volonté de franciser les gens en région. Et le ministre continue de nous
dire qu'il n'y a pas de coupure?
Je continue, Mme la Présidente. J'ai des
témoignages, j'en reçois par dizaines, on en reçoit par dizaines, dans nos
boîtes publiques. Je suis certain que les députés du gouvernement en reçoivent
autant. On nous dit, je cite : «J'ai déménagé au Québec, il y a six ans,
sans connaître la langue française. Actuellement, je suis des cours de
francisation à la commission scolaire Eastern Townships, depuis 2022, et j'ai
fait de bons progrès. Ce cours est très important pour moi car tous les
services au Québec sont uniquement en français, donc comprendre et parler le
français est essentiel pour moi — bien oui. La décision de fermer le
programme en francisation aura un impact sérieux sur ma vie car je ne pourrai
pas communiquer de manière basique, mais aussi, comme beaucoup d'autres
immigrants, nous ne pourrons pas nous sentir des citoyens égaux.» C'est ça, les
témoignages qu'on reçoit.
J'en lis un autre : «J'habite
actuellement dans la belle province de Québec. J'habite ici depuis deux ans et
à chaque jour je sens que je m'intègre davantage à la société québécoise. Cela
a été possible grâce à votre soutien avec la francisation. Mais maintenant je
m'inquiète d'une possible fermeture de mon cours. Mon envie est de continuer à
m'intégrer dans la société, et pour cela, la francisation est très importante.
J'aimerais donc vous demander de pouvoir poursuivre mon programme en
francisation. Je pense que cela contribue beaucoup à l'intégration des nouveaux
arrivants.»
Je continue. C'est tous des témoignages
qu'on reçoit dans nos boîtes, vous les recevez aussi. «J'ai commencé la
francisation à l'été 2023. Ces cours me permettent non seulement de
maîtriser la langue française, mais aussi de m'intégrer plus facilement dans la
société québécoise. Grâce aux cours de francisation, je me sens plus confiante
dans ma communauté, je peux parler avec les gens et participer à la vie
sociale. De plus, ça m'aide à la maison, car je peux aider mes enfants avec
leurs devoirs. Au travail, le français me permet de mieux communiquer avec mes
clients et de faire mon travail plus facilement.»
Je continue : «Je suis une infirmière
péruvienne et je vis à Sherbrooke depuis un an. Depuis un an, je suis un cours
de francisation en ligne à la commission scolaire Eastern Townships les lundis
et mercredis de 9 h à 12 h. J'ai choisi cette option parce qu'elle me
convient pour suivre mes études et ensuite pour aller travailler. La
francisation a une grande importance dans ma vie car elle a facilité mon
intégration dans mon milieu de travail et dans ma vie sociale. Par exemple,
grâce aux études de français, j'ai réussi à obtenir mon premier emploi dans le
milieu de la santé du Québec comme préposée aux bénéficiaires. J'ai pour
objectif de continuer à améliorer la langue pour suivre une formation afin de
devenir une infirmière au Québec.»
• (15 h 10) •
Des témoignages comme ça, Mme la
Présidente, on en a, on en a, des coupures de presse comme celles que je vous
ai lues, on en a et on en a, mais de l'autre côté, du côté gouvernemental, on
continue à prétendre qu'il n'y a pas de coupes en francisation. C'est du
non-sens, Mme la Présidente.
On l'a vu, on a tenu un point de presse
transpartisan, ce midi, avec les CSS, les centres de services scolaires...
M. Cliche-Rivard : ...on l'a
vu. On a tenu un point de presse transpartisan ce midi, avec les CSS, les
centres de services scolaires, les syndicats, et on a vu que, dans les faits,
c'est plutôt le contraire. En fait, les règles budgétaires 2024-2025 du ministère
de l'Éducation précisent très clairement — M. le ministre, vous allez
nous montrer votre tableau, j'en suis certain — à la page 20 — trois
tableaux, encore mieux — à la page 20, Mme la Présidente, que,
cette année, exceptionnellement... «Exceptionnellement pour
l'année 2024-2025, une limite est fixée concernant le nombre d'ETP
déclarés dans la catégorie des services éducatifs en francisation. Cette limite
est établie au nombre d'ETP déclarés dans la catégorie de services éducatifs
francisation de l'année 2020-2021.» Quelle surprise! Ça veut dire qu'en
2024, avec le nombre de nouveaux arrivants qui veulent se franciser, ça veut
dire, avec cette ligne-là, qu'on restreint le nombre d'heures que les CSS
peuvent dispenser en francisation au Québec. Le ministre empêche... les
ministres — incluant le ministre de l'Éducation — empêchent
les CSS à ne pas dépenser davantage en francisation que dans
l'année 2020-2021, l'année de la pandémie, Mme la Présidente.
En point de presse, quand les médias ont
demandé aux syndicats pourquoi ils pensaient que 2020-2021 avait été la période
de référence, on nous a dit que c'était probablement la façon de couper le plus
parce que c'était l'année où il y avait eu le moins de nouveaux arrivants qui
s'étaient inscrits en francisation. Donc, le ministre restreint le nombre
d'heures dispensées en francisation par les CSS pour qu'il ne dépasse pas celui
qu'on a dépensé dans une année de pandémie, où l'immigration était à son plus
bas. Comment le ministre peut-il défendre ce choix-là?
Mme la Présidente, le ministre joue sur
les mots. Il dit qu'il n'y a pas de coupures, mais il empêche les CSS de
dépenser et d'utiliser leur plein budget en francisation. Tous les centres de
services scolaires du Québec, qui avaient promis et prévu leur budget bien
avant de recevoir les nouvelles mesures budgétaires, là, n'avaient pas eu
d'autre choix que de planifier leur offre en francisation conformément aux
besoins, aux demandes et à leurs capacités de l'année dernière. Jamais, et ils
nous l'ont dit, ils ne pensaient, et avec raison, que le ministre leur
refuserait le droit de franciser ceux et celles qui levaient la main.
Les ministres les accusent d'avoir dépensé
l'argent d'une année au complet en quelques mois. Mais, bizarre, Mme la
Présidente, tous les centres de services scolaires, tous, eux, ils avaient mal
compris. Eux, ils sont dans l'erreur. Tous les directeurs, toutes les
directions locales, régionales de tous les CSSDM, les CSS du Québec sont dans
l'erreur. Pas le ministre, non, non, non, pas les ministres. Non, ça, ce n'est
pas possible, ça. Vraiment? Poser la question, Mme la Présidente, c'est y
répondre. Ce n'est pas plutôt le ministre qui a changé les règles du jeu à
mauvais escient, de surcroît en plein match? Pas possible, ça? Ce n'est pas
plutôt ça, l'explication, Mme la Présidente? Sans parler du fait que d'octroyer
un maximum d'heures similaires à celui de la pandémie, ça ne fait aucun sens.
Quand on change les règles, Mme la Présidente, aussi bien le faire pour
qu'elles soient meilleures, pas pour empirer le réseau.
Le ministre plaide, et il va nous le
montrer avec son tableau, j'en suis certain, que les budgets de francisation
ont augmenté de 217 millions à 250 millions en francisation dans la
dernière année. Par contre, Mme la Présidente, elles sont où, ces classes-là?
Ils sont où, les cours? Je viens de vous démontrer, là, avec la revue de presse
puis les témoignages, qu'il y a des milliers d'étudiants qui perdent leurs
classes. Il y a des profs qui perdent leur job. Il y a des groupes qui ferment.
Et tout ce que le ministre peut leur offrir, c'est un tableau. Le ministre
indique que ces étudiants seront localisés avec Francisation Québec. C'est plus
de 3 600 élèves avec des cours annulés, puis ils seraient
20 000... 2 000, pardon, à être référés par-dessus la liste d'attente
actuelle de Francisation Québec, qui a connu les malheureuses ratées qu'on
connaît tous, et cela va augmenter drastiquement dans les prochaines semaines
parce que les cours tirent à leur fin, là. La motion est aujourd'hui parce
qu'on arrive à la fin de l'enveloppe, là. Il y a des cours qui se finissent
cette semaine...
M. Cliche-Rivard : ...aujourd'hui
parce qu'on arrive à la fin de l'enveloppe, là. Il y a des cours qui se
finissent cette semaine, d'autres la semaine prochaine, puis ils n'ouvrent pas
par la suite. Donc, aux chiffres qu'on a vus, il va y avoir une explosion
phénoménale du nombre d'étudiants, étudiantes puis de profs qui vont perdre
leur accès à la francisation.
Le ministre va faire quoi? Les profs sont
virés par dizaines aux centres de services scolaires. Ils ne sont pas embauchés
par le MIFI. Les locaux, là, ils ne sont pas loués par MIFI. Les classes qui
vont être fermées dans les CSS ne seront pas ouvertes ou louées par le MIFI.
Si, au moins, c'était ça qui se passait, si on avait un transfert, puis que les
classes s'ouvraient de l'autre bord, les étudiants ne seraient pas par milliers
à nous dire qu'ils perdraient leur classe. Il n'y en a pas, de nouvelle classe,
Mme la Présidente. Les étudiants sont devant rien. On a fait des recherches,
les syndicats aussi ont fait des recherches, les CSS ont fait des recherches,
des dizaines et des dizaines d'étudiants ont fait des recherches : rien
n'ouvre. C'est inacceptable, Mme la Présidente. S'il y avait des classes qui
ouvraient, là, via Francisation Québec, on ne serait pas là aujourd'hui, on
n'aurait pas toute la société civile qui lève un drapeau rouge. Le Commissaire
à la langue française, dans son rapport de 2023-2024, là, il dresse un portrait
inquiétant du déploiement de Francisation Québec. Ce n'est pas comme si ça
marchait très bien, malheureusement, Mme la Présidente, Francisation Québec.
Couper dans des milieux qui fonctionnent pour octroyer ou pour renvoyer tout le
monde dans la file d'attente à Francisation Québec, c'est fortement inutile et
c'est une mauvaise décision. La coupe d'un cours, c'est tout un milieu, c'est
tout un tissu qui s'effrite. Bien au-delà de la francisation, c'est aussi une
expertise qui se perd. La francisation, Mme la Présidente, c'est aussi de
l'intégration. Ce n'est pas juste enseigner la grammaire et la langue, c'est
enseigner la culture, c'est enseigner les repères, les valeurs, les façons de
vivre en société, bref, ce qui nous façonne, ce qui façonne le Québec. On
n'apprend pas à devenir Québécois en ligne, Mme la Présidente, ça se passe en
classe, dans la communauté, ensemble, entourés des gens qui partagent le même
but et le même espoir, celui d'apprendre notre magnifique langue. En coupant
dans la francisation, Mme la Présidente, le ministre met à mal non seulement notre
identité, il met à mal la langue française puis il met à mal le Québec.
Alors, il a l'occasion de faire la bonne
chose aujourd'hui, là. Les cours — et on nous l'a expliqué ce matin — il
y a encore une petite fenêtre d'opportunité, il y a encore une chance pour que
ces élèves-là, du moins pour ceux qui ne l'ont pas encore perdu, ne perdent pas
tous leurs cours, puis il y a encore une chance pour que les profs conservent
leur expertise puis leurs groupes. La fenêtre n'est pas grande. Ils nous
écoutent, ils étaient là avec nous tantôt et ils sont tous très attentifs et
attentives. Le ministre va-t-il s'engager à rouvrir et à redonner des cours à
ceux et celles qui ont perdu leur service de francisation dans les dernières
semaines et va-t-il s'engager à ce qu'il n'y a aucun autre étudiant qui suit
actuellement son parcours en francisation ne perde accès à leurs classes. C'est
ça, l'essence de notre demande, c'est ça, l'essence de notre mesure, M. le
ministre. Vous trouverez le chemin qu'il faut, vous trouverez le moyen qu'il
faut, mais, s'il vous plaît, ne fermons pas des classes qui fonctionnent. Il y
a des étudiants puis des nouveaux arrivants qui ont levé la main par milliers,
qui veulent continuer. Ils sont là, là, ils sont chez nous. Ils réussissent bien.
Il y en a qui sont infirmières, il y en a qui sont préposés aux bénéficiaires,
puis il y en a qui vont le devenir, puis il y en a qui veulent contribuer au
Québec de demain. Permettez-leur de continuer, permettez-leur de rester dans
leur milieu de vie, dans leur milieu d'enseignement, avec leurs amis, leurs
profs, leur communauté. Permettez-leur de devenir Québécois, permettez-leur de
devenir Québécoise puis d'apprendre notre langue.
• (15 h 20) •
J'espère qu'on aura des bonnes nouvelles.
J'espère que le ministre de l'Éducation puis le ministre de la Francisation
vont se parler, puis j'espère qu'ils vont débloquer les budgets. Il n'est pas
trop tard. Il n'est pas trop tard pour bien faire, Mme la Présidente. Il y a
une fenêtre d'opportunité, elle n'est pas grande, mais on peut s'assurer que
ces gens-là conservent leur cours puis on peut s'assurer que ceux qui l'ont
perdu puissent revenir en classe. C'est là, là, pas dans trois semaines, pas
dans un mois, pas dans six mois quand toutes les équipes vont être réaffectées,
quand les gens...
M. Cliche-Rivard : ...pas dans
trois semaines, pas dans un mois, pas dans six mois, quand toutes les équipes
vont être réaffectées, quand les gens vont avoir abandonné, quand les gens ne
sont plus rejoignables. C'est là, là, qu'il faut bouger.
Donc, la motion, elle est ouverte le plus
positivement possible, elle tend la main. Accordons la possibilité pour tous
ceux qui étudient, actuellement, de continuer et réinstaurons les cours puis
les classes de ceux qui les ont perdus. C'est ma demande pour vous, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je vais céder la parole au prochain
intervenant. Alors, M. le ministre de l'Immigration, de la Francisation et
de l'Intégration, la parole est à vous.
M. Roberge : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci aux collègues présents aujourd'hui pour aborder ce
débat-là. Les débats du mercredi, des fois, sont utiles pour faire la lumière,
parce que, dans le cas des mêlées de presse ou dans le cas des périodes de
questions régulières, on fait tout en quelques secondes, puis il y a des
dossiers qui sont plus complexes, qui méritent des explications qui durent plus
que quelques secondes. Merci aux collègues, aussi, de la partie gouvernementale
qui sont ici pour participer au débat puis qui vont contribuer tout à l'heure.
Bien, avant d'y aller directement sur les
commentaires, les questions de mon collègue, je pense qu'il faut faire une
petite mise en situation, rappeler que Francisation Québec n'a pas toujours
existé, comme organisation, c'est assez jeune. Pendant longtemps, des années,
des années, on avait un réseau disparate d'organismes qui faisaient de la
francisation. Chacun le faisait avec cœur pour aider les nouveaux arrivants ou
des gens qui sont ici depuis longtemps à apprendre la langue québécoise, la
seule langue officielle et commune, le français. Ça se faisait dans des écoles,
dans des centres de services scolaires, évidemment, des fois dans des cégeps,
dans des organismes sans but lucratif.
Malheureusement, il n'y avait pas de
coordination, il n'y avait pas de mécanisme de répartition, il n'y avait pas un
financement qui était équitable et il n'y avait pas non plus une échelle de
niveaux de compétences qui permettait d'avoir une certaine uniformité entre la
qualité des cours, garantir aussi des progrès aux élèves, qui soient
comparables, dire : Bon, bien, j'ai suivi tant d'heures de cours, où
est-ce que je suis rendu? En fonction des différents parcours qui étaient
suivis par les élèves, on avait différents résultats, puis c'était difficile
pour les gens de savoir : Bien, est-ce que je peux maintenant converser?
Est-ce que je peux maintenant décrocher un emploi directement? Quel est mon
niveau, réellement, en lecture, etc.?
Donc, maintenant, on a non seulement un
organisme, qui est un guichet unique, qui s'appelle Francisation Québec, pour
l'inscription et la répartition des apprenants dans les réseaux — donc
il y a des réseaux qui francisent, mais il y a un guichet unique — mais
on a aussi une uniformité, en termes de qualité, puis on a aussi une échelle de
compétences, de niveaux de compétence, pour tous les partenaires de Francisation
Québec. Et c'est cohérent aussi avec les barèmes qu'on se donne au ministère de
l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration. Quand on dit, par
exemple : Pour obtenir tel, tel statut, tel certificat, pour renouveler
ton permis de séjour, tu dois atteindre le niveau 4, 5, 6, bien, ils
peuvent se référer à Francisation Québec, ils peuvent suivre des cours et, peu
importe où ils sont sur le territoire, ils vont savoir où ils en sont. Donc,
ça, je pense que c'est un acquis qui est extrêmement important.
Et ça n'a pas toujours été comme ça, comme
je le dis. En 2017, d'ailleurs, sous le gouvernement libéral, on avait un
rapport de la Vérificatrice générale, puis ça disait : «La francisation au
Québec est un fiasco.» Donc, ça ne fonctionnait pas, c'était disparate,
sous-financé, et il y avait vraiment des failles un peu partout. Et «fiasco»,
ça veut dire : échec complet. J'ai regardé dans le Larousse. Donc,
c'est de là dont on... c'est de là dont on partait quand on est arrivés au
gouvernement, en 2018. Il fallait prendre acte de la situation, rebâtir ça,
s'assurer d'une uniformité pour les partenaires qui donnent les cours, il
fallait aussi rassurer tous les gens qui suivent des cours, à l'effet qu'ils ne
perdaient pas leur temps, mais qu'ils progressaient réellement, puis il fallait
financer l'offre de cours.
Pour arriver à ça, bien, il fallait créer Francisation
Québec, et on l'a fait par une loi qui est maintenant une loi fondamentale du
Québec, la loi n° 14, on l'appelle tous la loi n° 96, mais c'était la loi n° 14,
Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.
Cet après-midi...
M. Roberge : ...mais c'était
la loi n° 14, la Loi sur la langue
officielle et commune du Québec, le français.
Cet après-midi, deux formations politiques
qui ont voté contre cette loi nous disent qu'on n'en fait pas assez. Ils ont
voté contre la création du ministère de la Langue française, ils ont voté
contre la création du Commissaire à la langue française, ils ont voté contre la
création de Francisation Québec, ils ont voté contre le fait qu'on a une seule
langue officielle et commune au Québec, le français, ils ont voté contre le
resserrement des exigences en français au cégep, ils ont voté contre un élément
qui fait ma fierté, quelque chose qui fait que maintenant, au Québec...
Je vais vous montrer ce graphique-là. On
ne le voit pas souvent. Ça, ici, c'est la répartition des étudiants dans nos
cégeps. Certains disent : Ah! il faudrait donc appliquer la Charte de la
langue française dans les cégeps. Je vous invite, si vous faites Ctrl+F,
Ctrl+F5, quelque chose comme ça, avec l'ancienne mouture de la Charte de la
langue française, vous ne trouverez pas le mot «cégep» ou «collège» avant la
loi n° 96. Avec la loi n° 96,
on a complètement changé la donne. Et on voit qu'avant 96, ici, en rouge, ça,
c'était le pourcentage d'étudiants qui fréquentaient des cégeps anglophones. Ça
montait jusqu'à la sanction de la loi n° 96. Et
maintenant, voici les projections du pourcentage d'étudiants qui vont
fréquenter des cégeps anglophones à l'avenir.
Ici, en bleu, ça, c'est le pourcentage
d'étudiants qui fréquentaient des cégeps francophones. Ça descendait, ça
descendait, ça descendait. Nous avons adopté la loi n° 96.
Et voici les projections pour le pourcentage d'étudiants qui fréquenteront
maintenant les cégeps francophones. Nos amis de Québec solidaire et du Parti
libéral ont aussi, donc, voté contre ces mesures lorsqu'ils ont voté contre la
loi n° 96. Mais, pour ceux qui ne faisaient rien,
nous n'en faisons pas assez aujourd'hui. C'est particulier.
Donc, avec la loi n° 96,
on s'est donné une structure qui fonctionne, un guichet unique, des normes de
qualité. Mais après, il fallait financer, bien sûr, pour que l'offre de
services soit déployée. Alors, ici, j'ai des tableaux qui montrent que le financement
est au rendez-vous. Donc, ici, c'est le nombre d'élèves qui ont participé à
l'offre de services de francisation du ministère de l'Intégration et de la
Francisation et... de l'Intégration et de l'Immigration, pardon, au cours des
10 dernières années. Donc, on voit qu'il y a une stagnation jusqu'à ce
qu'on arrive en 2018‑2019. Et après, eh bien, ça augmente. Ça, c'est le nombre
d'élèves.
Pourquoi le nombre d'élèves augmente? On
le voit ici, parce qu'ici c'est le nombre de groupes qui sont ouverts, donc on
voit qu'il y a une progression en termes du nombre de groupes. Et ici, oui,
malgré mon collègue qui dit qu'on a des coupures, là, terribles, l'année 2024‑2025
est une année où on voit qu'il y a une progression qui continue pour le nombre
de groupes qui sont ouverts. Donc, dans une année où mes collègues dénoncent
des coupures, bien, il y a plus de groupes qui sont ouverts puis il y a plus
d'élèves qui font de la francisation.
Et pourquoi on arrive à ça? Bien, parce
que le financement est au rendez-vous. Donc, le nombre de groupes est plus
élevé, le nombre d'élèves est plus élevé parce que les dollars sont là. Donc,
plus de dollars, plus d'élèves, plus de groupes, meilleure coordination,
guichet unique, critères de qualité, tout ça dénoncé par des gens qui ont voté
contre ces améliorations. Trouvez l'erreur, Mme la Présidente. Je les ai devant
moi.
Alors, une fois que ceci est dit, on peut
toujours faire mieux, on peut toujours faire mieux. Il faut s'en assurer comme
gouvernement. Il faut s'assurer de toujours, d'une année à l'autre, déployer
les services et le redéployer. L'amélioration gouvernementale, ce n'est pas de
tout le temps ajouter une couche par-dessus une autre. S'il y a des choses qui
fonctionnent moins bien, il faut les corriger. Mario Dumont, il dit :
C'est une erreur de faire plus de ce qui ne marche pas. J'aime assez cette
image-là. Voilà pourquoi, lorsqu'on déploie un service, qu'on est à l'an 2
d'un service qui est nouveau, Francisation Québec, c'est la deuxième année en ce
moment, on s'assure de ne pas faire de coupure dans les budgets, mais on
s'assure aussi de déployer l'offre en mesurant comment ça fonctionne.
• (15 h 30) •
Donc, l'an passé, les centres de services
scolaires ont reçu 104 millions de dollars. Dans certains cas, ils
ont dépensé davantage. Cette année, ils reçoivent 104 millions. On leur
dit de respecter les budgets. Certains vont dire que c'est une coupure. Je ne
suis pas d'accord. Au début de l'année, ils savaient qu'ils auraient
104 millions. Et c'est une règle de base, là, quand tu reçois un budget,
tu planifies ton budget sur 12 mois en présumant que tu as ce budget-là.
Ce n'est pas l'idée du siècle...
15 h 31 (version non révisée)
M. Roberge : ...ton budget sur
12 mois en présumant que tu as ce budget-là. Ce n'est pas l'idée du siècle
d'aller dépasser 100 % de ton budget dans les quatre, dans les six, dans
les huit premiers mois. Malheureusement, c'est arrivé dans certains cas. Mais
qu'à cela ne tienne mes collègues disent : Bien, il faudrait qu'ils
puissent faire cette année ce qu'ils ont fait l'an passé. On voit que plusieurs
centres de services scolaires ne font pas cette année ce qu'ils ont fait l'an
passé. Cette année, ils ont fait beaucoup plus que l'an passé dans les premiers
mois. Les collègues l'expliqueront peut-être, mais, écoutez, entre le 1ᵉʳ juin
et le 30 septembre 2023, dans les centres de services scolaires, on a
francisé 13 591 personnes. Cette année, entre le 1ᵉʳ juin et le
30 septembre 2024, dans les centres de services scolaires, on a francisé
32 040 personnes, une hausse d'autour de 235 % pour la même période.
On leur a donné les mêmes budgets. Puis, dans les premiers mois, ils ont choisi
de franciser 235 % plus d'élèves que l'an passé pour les mêmes mois, mois
pour mois. Ils nous arrivent, maintenant, en novembre, en décembre, puis ils
disent : Bien là, je ne peux pas continuer à ce rythme-là, je suis obligé,
là, de mettre des gens à pied. Bien, c'est effectivement difficile de maintenir
cette cadence de 236 % de plus que l'an passé pendant 12 mois si ton
budget est équivalent.
Ceci dit, est-ce que ça veut dire que,
cette année, il va y avoir moins d'élèves, moins de personnes francisées? Bien,
pas du tout, pas du tout. Parce que non seulement il n'y a aucune coupure, mais
il y a une bonification de Francisation Québec, parce que, mon Dieu!, les
centres de services scolaires ont donné tout un coup en début d'année, ces
gens-là sont francisés, là, ils ne désapprendront pas le français en novembre,
décembre, janvier, là. Des gens ont reçu des services.
L'an passé, record absolu, record de tous
les temps, jamais le Québec n'avait francisé autant de gens, 76 000 personnes. Du
temps du Parti libéral, c'était 20 000 personnes par année. L'an
passé, nous avons francisé 76 000 personnes. Mais tantôt, les gens du
Parti libéral vont dire qu'on n'en fait pas assez, encore une fois, trouvez l'erreur.
Et, cette année, même si on suit l'année record, je vous le dis, là, ça ne
baissera pas. On risque de faire un peu mieux encore que l'an passé. Sur une
année, on va franciser encore davantage plus de monde que 76 000 personnes.
Mais là, mes collègues, oui, il dit : Oui, mais ce n'est pas assez. Il y a
des listes d'attente. La liste d'attente ne témoigne pas du fait qu'on ne
francise pas assez, la liste d'attente témoigne du fait qu'il y a trop de
personnes sur le territoire québécois qui sont des immigrants temporaires qui
ne parlent pas le français. Et là ne demandez pas à mes collègues de Québec
solidaire et du Parti libéral de réduire. Ils ne sont pas d'accord avec les
réductions. Québec solidaire, peut-être, qu'ils voudraient hausser les taxes,
mais, même si on augmentait les taxes, si on avait cette mauvaise idée, bien,
on n'aurait pas les profs. À un moment donné, ça ne s'achète pas un prof qui n'existe
pas.
Malgré tout, Mme la Présidente, on
continue de déployer et de redéployer en cours d'année. Parce que, oui, il y a
les centres de services scolaires, mais il y a tous nos autres partenaires.
Pour ceux qui disent que des cours, là, il n'y a personne qui en ouvre nulle
part, là, ça n'existe pas, des ouvertures de cours ou de groupes, bien,
laissez-moi vous dire que le 30 septembre, ça ne fait pas longtemps, le 30 septembre,
le MIFI a ouvert plusieurs groupes à temps partiel, 930 groupes. Mais,
quand un centre de services scolaire, après avoir dépassé son budget en début d'année,
ferme un groupe, ça fait la une. Mais quand le MIFI ouvre 930 groupes,
cherchez sur Google, on n'en parle pas. Puis mes collègues n'en parlent pas,
ils font comme si ça n'existait pas. 930 groupes, 16 000 personnes
débutaient des cours le 30 septembre, il y avait des cours à Montréal, il
y avait des cours, 27 groupes, en Estrie, 38 groupes dans la Capitale
nationale, 35 groupes, notamment dans les Laurentides, en bonification.
Puis on ne s'arrête pas là. On travaille sur un deuxième calendrier qu'on
appelle le calendrier B, qui va nous permettre d'ajouter encore d'autres
groupes de plus qui sont confirmés, 49 groupes confirmés...
15 h 36 (version non révisée)
M. Roberge : ...1 100
places de plus qui vont commencer, eux, le 18 novembre. J'ai hâte que mes
collègues en parlent, fassent des X, fassent des tweets, disent : Hahaha,
bravo, nouvelle offre de cours! J'ai hâte de lire tout ça. J'ai des doutes voir
si mes collègues auront l'honnêteté intellectuelle de souligner ça aussi. En
tout cas, ils n'ont pas souligné les 16 000 groupes du 30 septembre,
peut-être souligneront-ils les groupes du 18 novembre. Et il va y en avoir
d'autres en décembre, il va y en avoir d'autres en janvier, on va faire des
partenariats, on va s'assurer que, dans des endroits ou des centres de services
scolaires... se sont retirés malheureusement, bien, on déploie de nouveaux
groupes dans ces régions-là, précisément parce que les gens qu'on a à cœur, c'est
les apprenants.
Et, Mme la Présidente, malgré tous mes
efforts, malgré tous les millions, malgré la coordination inégalée qu'on a, on
ne peut pas franciser 200 000, 300 000, 400 000 personnes par
année. Ce n'est pas raisonnable de penser ça. Ce n'est pas raisonnable de
financer ça à coups de milliards. Il faut réduire le nombre d'immigrants
temporaires sur le territoire québécois. Puis évidemment, dans toute leur
sagesse, j'imagine que les collègues vont nous appuyer dans les prochaines
semaines quand nous poserons des gestes en ce sens. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
suis prête à entendre un autre intervenant. Ce sera une intervenante, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la Présidente.
Mme la Présidente, vous avez souvent entendu ma formation politique dénoncer
les différents échecs en matière de francisation, et, manifestement, aujourd'hui,
ne fait pas exception à la règle. Nous, sans surprise... donc, nous appuyons la
motion, donc, déposée par le collègue de 3shsa. Vous avez... vous l'avez d'ailleurs
entendu déclamer la liste des différents articles qui ont fait état de la
détresse des apprenants et à quel point les différents enseignants en matière
de francisation ont été choqués des différentes coupures. Et, oui, il s'agit de
coupures en matière de francisation qui empêchent ces apprenants d'accéder à
leur droit à l'apprentissage du français, qui est enchâssé dans la Charte de la
langue française.
Mme la Présidente, cette situation est si
choquante que vous nous avez entendus la dénoncer ici, oui, au salon rouge, en
période de questions, mais également mon collègue le député de l'Acadie et moi,
nous avons demandé au Commissaire à la langue française d'enquêter sur le bris,
donc, du... en fait, à quel point le droit à l'apprentissage du français a été
bafoué par ce gouvernement, et ce, en vertu de l'article 195 de la Charte
de la langue française. Les bris de service, Mme la Présidente, je pense que,
chaque matin, vous, comme les collègues ici présents, vous vous êtes levés puis
vous avez lu, vous avez fait votre revue de presse, vous avez lu vos journaux,
puis vous avez vu qu'à Granby, qu'à Longueuil, qu'à Sherbrooke, qu'à Magog, qu'à
Val-d'Or, à Rouyn-Noranda, à Montréal, à Laval, en Mauricie, dans les
Laurentides, à Québec, c'est partout pareil, des classes ferment. Puis ça, ça
affectera des milliers d'étudiants au Québec.
Juste ce matin, il y avait un dernier
gazouillis de Sébastien Desrosiers à 10 h 23, pendant qu'on était ici
tous ensemble, qui nous disait : Après Lévis, mardi... Lévis, donc, on
parle, donc, du comté du ministre de l'Éducation, le père de la Charte des
valeurs, après Lévis, mardi, c'est à Québec qu'on met la hache en francisation.
Le Centre de services scolaire des découvreurs indique que la plupart des cours
cesseront dès lundi prochain. La fermeture de classes touche 449 élèves et
21 enseignants qui perdent leur emploi. Ça, c'est juste aujourd'hui. Puis
ça, Mme la Présidente, je pense qu'il n'y a personne qui se surprendra, là, si
demain matin on se réveille puis qu'on a encore des nouvelles du même type,
bien, on aura encore la mine basse parce qu'on se dira : Ce gouvernement
est encore en train de faillir à sa tâche. Ce gouvernement est encore en train
de briser son contrat moral avec les personnes immigrantes.
Le ministre nous dit : Ah! bien,
regardez, là, il vient de nous en faire donc l'exposé, et on le prend au mot,
on espère, bien évidemment, donc, entendre, donc, ces nouvelles, donc, de
personnes, donc, déplacées, donc, dans des classes, mais l'enjeu, c'est qu'on a
besoin que ça se passe maintenant parce qu'il y a des enseignants qui perdent
leur emploi. Puis à un moment donné, s'ils quittent le réseau, bien...
15 h 41 (version non révisée)
Mme Cadet : ...si on attend
des mois et des mois avant d'être capable, donc, de réaffecter des étudiants,
bien, ça va être bien difficile d'être capable, donc, de réintégrer, donc, ces
mêmes enseignants, mais d'autant plus que, bien, quand on nous dit : Bien,
c'est correct, on va les enlever de la file, donc, des centres de services
scolaires puis on va s'assurer qu'ils puissent suivre, donc, ces cours-là,
donc, à travers, donc, le magique Francisation Québec, bien, quand les gens
sont déplacés, on voit des situations inexplicables, comme la personne qui
habite à Sept-Îles qui s'est vue offrir une place, oui... Regardez, vous allez
avoir une place. C'est très bien beau. Vous n'irez pas en centre de services
scolaire, vous allez avoir une place dans un... Il s'est fait offrir une place
dans un cours à Baie-Comeau, à 237 kilomètres de son domicile. Mme la
Présidente, vous, là, est-ce que vous pensez que c'est... que c'est logique,
que c'est acceptable, que l'État québécois fasse ce type d'offre là ridicule à
un être humain qui est en quête de francisation? Nous, on ne le pense pas.
Mme la Présidente, si le gouvernement
était sérieux en matière de francisation, le ministre nous a montré son beau
tableau qui nous présente tout le temps, si le gouvernement était sérieux en
matière de francisation, bien, d'une part, bien, il utilisera toutes les sommes
qu'il reçoit du fédéral. Parce qu'on comprend qu'il y a eu des augmentations,
donc, de... des augmentations de près de 40 % depuis 2018-2019, puis l'an
dernier, c'est 775 millions qui ont été reçus. Le gouvernement utiliserait
toutes ces sommes-là pour être capable de franciser à la place de nous dire qu'il
fait des coupes, alors que ces coupes-là sont issues de sa mauvaise
planification budgétaire, parce qu'il préfère mettre de l'argent, donner 7 millions
aux Kings de Los Angeles, puis de se péter les bretelles, puis de voter contre
notre motion ici, à l'Assemblée nationale, puis de dire : Oui, oui, c'était
une bonne décision. Donc, le gouvernement préfère se targuer de prendre ce type
de décision là plutôt que de réinvestir, donc, les sommes en matière de
francisation. Puis, si le gouvernement était sérieux en matière d'augmentation
de la demande, parce qu'on a bien entendu le ministre nous étayer à quel point
c'est toujours un peu son bouc émissaire... bien, j'espère que, si le
gouvernement est sérieux là-dessus, que demain, là, on... que l'immigration
temporaire, bien, serait incluse au plan annuel de l'immigration, comme mon
collègue de l'Acadie le demande depuis près d'un an aujourd'hui.
Avec tout ça, Mme la Présidente, après
avoir entendu tous ces faits... La semaine dernière, je me suis levée ici, en
Chambre. Mon collègue de l'Acadie et moi, on s'est levé l'un après l'autre pour
questionner, lui, le ministre de l'Immigration, mais moi, le ministre de la
Langue française. Parce que moi, je me pose cette question-là. Parce que, là,
on vient d'entendre le ministre de l'Immigration, donc, nous parler d'à quel
point il est fier de son bilan, mais moi, je me demande si le ministre de la
Langue française, il est fier de son bilan. Est-ce que le ministre de la Langue
française, quand il se regarde dans le miroir puis qu'il parle à son alter ego,
est-ce qu'il est satisfait du travail qui est fait pour s'assurer que les
droits qui sont conférés à la Charte de la langue française soient respectés,
mais aussi pour s'assurer que notre langue officielle, que notre langue commune
puisse être partagée avec ceux et celles qui souhaitent tant l'apprendre? Je ne
sais pas si le ministre à la Langue française comprend ce que ça représente,
lui qui a dit il y a à peu près un an qu'il ne pouvait pas tolérer — ce sont
ses termes — qui ne pouvaient pas tolérer que des immigrants temporaires ne
parlent pas français. Mais ce même ministre empêche ces immigrants temporaires
là d'avoir accès à des cours, alors qu'ils ne pouvaient pas tolérer ça. Puis il
nous a parlé, donc, de plein d'éléments du projet loi 96, en passant, pour
lesquels... ceux qu'il a énumérés, c'étaient des éléments en grande partie pour
lesquels on a voté en faveur. Mais ce à quoi on a certainement voté contre, c'est
le fait d'obliger des personnes immigrantes à communiquer avec l'État à l'intérieur
d'un délai de six mois. Parce que, là, ce qu'on voit, c'est que non seulement,
donc, le ministre, il coupe dans l'offre de francisation dans les centres de
services scolaires, mais il y a des gens qui agonisent sur les listes d'attente
de Francisation Québec, alors que ce gouvernement, donc, oblige ces personnes à
interagir avec l'État en français au bout de six mois, quand on est rendu à
quatre mois, quatre mois d'attente avant d'avoir accès à des services de
francisation, quatre mois d'attente, des délais qui ont augmenté de 80 %
depuis un an.
Donc, Mme la Présidente, on a des
fermetures de classes qui se comptent par centaines dans l'ensemble du Québec.
Je vous ai énuméré les régions plus tôt. Puis le ministre, en ce moment, plutôt
que se dire comment est-ce qu'on règle ce problème, comment est-ce qu'on s'assure
qu'on soit capable, nous, comme État québécois, de prendre nos responsabilités,
bien, lui, il préfère pelleter ça dans la cour des centres de services
scolaires plutôt que de se dire : Bien, moi, je suis imputable de ça, puis
je vais me lever, puis on va voir comment est-ce qu'on peut travailler
ensemble. Ça, c'est avoir le sens des responsabilités, Mme la Présidente. Puis,
pendant ce temps-là, pendant qu'on nous présente, donc, des beaux tableaux puis
qu'on nous transmet un discours...
15 h 46 (version non révisée)
Mme Cadet : ...qui n'est... n'est
pas à la hauteur des responsabilités du ministre. Je ne sais pas, si, pendant
ce temps-là, il réalise que... ce que ça représente pour un être humain qui
attend, là, qui nous regarde, parce que les gens nous regardent aujourd'hui, Mme
la Présidente, donc, un être humain qui nous regarde puis qui se dit... qui
voit sa classe fermer du jour au lendemain, qu'est-ce que ça représente pour
lui d'avoir à poursuivre ce parcours du combattant pour pouvoir se franciser et
s'intégrer à la société québécoise. Il y a des gens, puis c'est factuel, Mme la
Présidente, qui travaillent la nuit à temps plein dans des entrepôts puis qui,
en même temps, suivaient des cours de francisation dans des centres de services
scolaires à temps plein. Comprenez, il y a 24 h dans une journée. La nuit,
ils travaillent à temps plein, le jour, ils étudient à temps plein parce qu'ils
veulent s'intégrer puis ils veulent s'assurer de se déployer à leur plein
potentiel au sein de la société québécoise. Puis ces gens-là, aujourd'hui, se
retrouvent abandonnés par l'État québécois. Ils ne sont pas une statistique,
là, ils ne sont pas des chiffres. Ce sont des vrais êtres humains qui sont ici,
qui ont parfois été sélectionnés par l'État québécois, qui ont parfois été
accueillis et acceptés comme immigrants par l'État québécois et qui aujourd'hui
se retrouvent à ne pas pouvoir... à ne pas voir l'État remplir sa part de
responsabilité dans le dossier de la francisation. Pour ces gens-là, ne pas
pouvoir apprendre la langue, ça les précarise. Puis, en passant, là, de
demander, donc, des cours de français pour tous, bien, c'est le Parti libéral
du Québec qui l'a demandé. C'est le député de Jacques-Cartier, au cours du
dernier mandat, qui s'est levé puis qui s'est assuré que, dans toute réforme...
dans toute réforme, donc, sur la langue française, bien, qu'on puisse s'assurer
qu'un élément comme celui-là, ce soit intégré. Donc ici, on limite les
opportunités d'emploi puis la capacité de ces gens-là à vouloir... à pouvoir
créer de la richesse. Parce que croyez-moi qu'ils le veulent. Si on le voit,
donc, ces listes d'attente là qui se... qui s'allongent et qui se multiplient, c'est
parce que les gens veulent apprendre le français. Je rencontrais des groupes la
semaine dernière, puis à chaque fois, on nous répète la même chose. Il n'y a
personne, Mme la... Mme la Présidente, qui nous dit : Moi, ça ne me tente
pas d'apprendre le français. Tout le monde sait, tout le monde comprend que c'est
notre langue officielle, que c'est notre langue commune, que c'est absolument
important pour pouvoir... pour pouvoir faire société au Québec, de pouvoir
maîtriser cette langue si riche, cette langue si importante pour nous.
Donc, aujourd'hui, ce qu'on constate, c'est
l'incurie du gouvernement du Québec en matière de francisation. Et j'espère que
le ministre de la Langue française, quand il aura fini, donc, de nous écouter,
bien, il pourra parler avec son homologue ministre de l'Immigration puis lui
dire : Vous savez quoi, M. le ministre... donc, parler à son alter ego,
dire : Vous savez quoi, M. le ministre, il faut qu'on agisse puis il faut
qu'on agisse maintenant. Vous savez quoi, M. le ministre? Il y a péril en la
demeure. Parce que j'aimerais rappeler au ministre de la Langue française sa
mission, promouvoir, valoriser et protéger la langue française et son statut au
Québec. Donc aujourd'hui, moi, j'invite le ministre de la Langue française à
promouvoir, valoriser et protéger la langue française et son statut au Québec
en maintenant les services de francisation sur le territoire. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons le débat avec M. le député de
Jean-Talon.
M. Paradis : Mme la
Présidente, ce matin, très tôt, j'étais devant le centre de francisation
Louis-Jolliet, à Québec, comme je l'étais vendredi dernier, tôt le matin,
devant le centre de francisation Le Phénix, dans ma circonscription de
Jean-Talon. Il y avait là de vrais êtres humains, des enseignants, des membres
du personnel de ces centres de francisation qui ont comme travail de franciser,
d'aider à l'accueil, à l'intégration, qui ont l'expertise, qui le font,
certains depuis longtemps, qui viennent de perdre leur emploi en raison des coupures
effectuées par le gouvernement. Il y avait là des étudiants, des gens qui
arrivent à Québec, qui veulent être francisés et qui disent : Mes cours
ont été coupés parce qu'à Québec il n'y a plus de cours d'entrée pour les
nouvelles personnes qui arrivent et qui veulent se franciser. De vraies
personnes qui donnent de vrais cours de francisation, en personne, à des... à
des immigrants et qui disent : Il y a eu des coupures.
Le ministre, le gouvernement, le ministre
de l'Éducation aussi continuent à nier cette réalité...
15 h 51 (version non révisée)
M. Paradis : ...qui s'est
reproduite à Granby, à Sherbrooke, à Montréal, à Rouyn, partout au Québec. On a
reçu des lettres, j'ai reçu une lettre de 200 professeurs, 200
enseignants, qui dit : On est stupéfaits, on vient de nous annoncer que
nous avons perdu notre emploi.
Les règles budgétaires du gouvernement du
Québec, sur lesquelles j'ai interpelé le ministre de la... de l'Immigration et
de la Francisation la semaine dernière, je les ai déposées ici, le disent clairement.
Exceptionnellement, pour cette année, les règles ont été changées. On ne prend
plus l'année de référence, la précédente et celle d'avant pour déterminer le
budget, mais on annonce, en plein milieu de l'année, à tous les centres de
services que, là, ils vont avoir moins d'argent. Je les ai vus, les chiffres de
plusieurs centres de services scolaires, c'est moins d'argent. Là, on a coupé 1 million.
Là-bas, on a coupé 700 000 $. Là-bas, on a coûté 600 000 $.
C'est ça, les vrais chiffres, et le gouvernement continue à le nier. Et le
ministre aujourd'hui nous produit des tableaux puis il dit : Au MIFI, on n'a
pas coupé. On est en train de parler des budgets des centres de services
scolaires du ministère de l'Éducation. Et là, ici, on joue sur les mots. Si on
n'a pas eu la réponse, c'est parce que c'est dur de contredire les propres
documents du gouvernement.
C'est ça qui est en train de se passer.
Les budgets de cours qui fonctionnent ont été coupés par un gouvernement qui
dit que la francisation, c'est important. Mais là c'est le festival de : c'est
la faute à. C'est la faute à l'immigration. Un gouvernement qui vient de se
faire dire encore, par un rapport indépendant déposé ce matin, qu'il a perdu le
contrôle de l'immigration, qu'il a eu des seuils d'immigration stratosphériques
et donc plus de monde à franciser. D'abord, donc, c'est la responsabilité du
gouvernement mais qui rejette tout le temps : C'est la faute au fédéral.
Le rapport, encore ce matin, confirme, d'abord, le rapport que le Parti québécois
a déposé lundi. C'est une responsabilité partagée du gouvernement fédéral et du
gouvernement de la CAQ. Perdu le contrôle, beaucoup de monde à franciser, puis
là on dit : On va franciser. Qu'est-ce qui se passe? On coupe les
ressources de francisation. Ah! c'est la faute aux centres de services
scolaires, ils ont trop dépensé. On l'a encore entendu aujourd'hui. Leur budget
a été coupé. Ce n'est pas qu'ils l'ont trop dépensé vite, leur budget a été
coupé. Les gouvernements... Les documents du gouvernement le confirment.
Qu'est-ce qui se passe, donc? Alors, moi,
j'ai interpelé la première fois sur les cours à Québec, parce que les cours à
Québec, à Sainte-Foy, à Québec, c'est sorti le 9 octobre. Les gens ont dit :
Il n'y en a plus, de cours, on n'a pas d'argent. Depuis ce temps-là, on a lancé
un concours, hein, de type Où est Charlie?, mais il n'y a pas de Charlie. Où
sont les cours de francisation? Le gouvernement continue à nous montrer des
tableaux. Là, il nous parle de 930 groupes ouverts. Moi, j'ai demandé :
Donnez-moi une place à Québec où il y a des nouveaux cours. Je l'ai encore
demandé ce matin. J'étais avec toute la communauté de la francisation :
les organisations communautaires, les centres de francisation. Je demande :
Où sont les nouveaux cours? Personne n'est capable de m'identifier un lieu
physique où il y a des cours. Personne n'est capable de me nommer une
institution où il y a un nouveau cours de francisation. Pourquoi? Parce que les
cours ont été coupés. Et là qu'est-ce qui se passe? On dit : On a mis de l'argent.
Qu'est-ce qui se passe encore? Typique de ce gouvernement, on a fait de la
structurite, de la bureaucratie, on a créé de la paperasse, on a créé une
nouvelle patente, Francisation Québec, avec plus de 30 000 noms sur
les listes d'attente aujourd'hui. J'ai essayé d'y aller moi-même. Actuellement,
on dit : Les délais augmentent, on n'est pas capable de vous répondre,
désolé.
Donc, c'est ça, la situation. Il y a
peut-être de l'argent, on ne le sait pas, il n'y a pas de transparence. Mais, s'il
y a de l'argent, en tout cas, ça va dans une patente administrative qui ne
donne pas de cours, qui ne permet pas de franciser les immigrants qui arrivent.
C'est de la liste d'attente, c'est de la structurite, c'est de la bureaucratie.
On nous parle de chiffres, on nous montre les tableaux, ça ne contribue pas à l'intégration,
ça ne contribue pas à l'accueil. Est-ce qu'on est en train d'aller vers un
virage vers des cours en ligne? Beaucoup nous parlent de ça. Si c'est ça, la
situation, que le gouvernement nous l'indique. En attendant, c'est soit des
cours qui fonctionnent, soit une patente administrative qui ne donne pas de
résultat, comme ça arrive souvent avec ce gouvernement. Qu'on rétablisse
immédiatement le financement des centres de services...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'est...
Merci, M. le député. Maintenant...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Maintenant,
je cède la parole à Mme la députée de Vimont.
Mme Schmaltz : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Maintenant que nous savons...
15 h 56 (version non révisée)
Mme Schmaltz : ...qu'il n'y a
pas eu de coupures en francisation. J'aimerais revenir sur le fait qu'au
Québec, principalement pour notre gouvernement, la protection du français est
un enjeu capital. Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons déployé plusieurs
démarches pour garantir non seulement sa pérennité, mais aussi pour intégrer
dans la vie quotidienne de tous les nouveaux arrivants la facilité ou du moins
leur donner des outils pour apprendre le français. Le français, c'est l'un des
plus beaux héritages que nous pouvons léguer à nos... à nos enfants, aux
générations futures, mais aussi aux nouveaux Québécois qui choisissent de
vivre... de choisir le Québec pour un nouveau chez soi.
En vertu de la Charte de la langue
française, tous les Québécois, peu importe leur origine, ont droit à des
services et à un apprentissage en français, tout ça pour préserver et
promouvoir l'usage du français au Québec. La charte reconnaît également que l'apprentissage
du français est crucial pour l'intégration au... dans le milieu du travail,
mais aussi pour pouvoir... participer, pardon, pleinement à la vie, à la
société du Québec. Francisation Québec, en tant que portail unique, coordonne
la majorité de ces services en assurant naturellement l'accessibilité, la
cohérence. L'organisation offre une vaste gamme de formations qui sont adaptées
aux besoins particuliers de chaque nouvel arrivant. Que ce soit en classe, que
ce soit dans le milieu du travail, que ce soit en ligne, peu importe, tous les
services sont diversifiés et surtout, ils sont accessibles. Francisation Québec
détermine aussi les modalités d'admission, le classement des apprenants, mais
aussi le suivi des progrès. Il développe des programmes, des supports
pédagogiques, des outils adaptés qui visent à encourager l'usage actif du
français dans le quotidien des nouveaux arrivants. Des initiatives aussi ont
été mises en place pour les jeunes enfants dans les services de garde. Notre
gouvernement souhaite faciliter le parcours d'apprentissage du français avec
plusieurs options. On parle de cours généraux ou encore spécialisés, qui sont à
temps complet, qui sont à temps partiel, en présentiel ou en ligne, peu
importe, on en a pour tous les goûts, pour tous les niveaux. Les besoins
diversifiés des étudiants ont été pris en compte aussi dans l'élaboration des
programmes en francisation. Ce sont des ressources en ligne gratuites qui vont
compléter cette offre et qui vont soutenir l'intégration linguistique.
Par ailleurs, j'aimerais aussi souligner l'importance
des petites et des moyennes entreprises dans la réussite économique du Québec
et dans l'intégration linguistique. Dans le cadre des consultations sur les
seuils d'immigration, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a
publié un sondage qui révèle que quatre PME sur cinq appuient activement les
services de francisation, tant pour leurs retombées économiques que pour l'intégration
des nouveaux employés. Les données sont parlantes. On a 80 % des
dirigeants de PME qui considèrent que la francisation des employés immigrants
est bénéfique pour l'économie du Québec. 79 % estiment que ces mesures
renforcent l'intégration en milieu de travail et 84 % soutiennent que l'accès
aux services de francisation encourage l'établissement des nouveaux arrivants
en région. Comme l'a souligné François Vincent, vice-président, donc, de la
FCEI du Québec, pour les entrepreneurs du Québec, les services de francisation
sont essentiels pour l'intégration des nouveaux arrivants et, dans un contexte
de pénurie de main-d'œuvre, les actions gouvernementales en immigration et
francisation sont cruciales pour notre économie. Dans un contexte de pression
fiscale, de coûts élevés, il est essentiel que Francisation Québec soutienne
les PME dans leurs efforts de francisation, notamment par des cours de français
de base pour les petites entreprises, des formations courtes et ciblées, c'est-à-dire
entre 60 et 80 heures pour le personne... le personnel salarié, des
formations qualifiantes en milieu de travail qui permettent une progression des
compétences en français. Des aides financières adaptées sont également
disponibles pour soutenir les entreprises en fonction de leur taille et de
leurs besoins.
Parmi nos principaux partenariats, nous
avons J'apprends le français qui est un programme de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, qui jumelle des commerces de quartiers plurilingues à
des étudiants. On a DialogueFR qui est un service d'apprentissage du français
pour les employeurs et les employés issus de la restauration. Et on a également
développé Des affaires en français, qui est un projet pour les PME...
16 h 01 (version non révisée)
Mme Schmaltz : ...en Estrie,
Outaouais et Montérégie. On reconnaît que l'apprentissage du français peut
aussi poser des... quelques défis, disons, pour certaines familles. C'est pour
ça qu'on a mis en place le volet Famille qui... avec des initiatives pour
faciliter l'apprentissage du français dès le plus jeune âge, notamment par le
jeu, ce qui est essentiel pour le développement des enfants. Les projets
familiaux comprennent... qui est une application gratuite pour aider les
familles allophones à communiquer avec les éducatrices en service de garde. On
a Passe-Partout, naturellement, on en a parlé, une initiative de
Télé-Québec pour initier les jeunes enfants de familles immigrantes au
français. On a également un programme pour améliorer l'accès aux cours de
français pour les femmes immigrantes, en partenariat avec le ministère de la
Famille et le Secrétariat à la Condition féminine.
Alors, ce sont des initiatives qui offrent
aux familles des moyens ludiques, conviviaux pour encourager la francisation
dans un cadre familial. En somme, la francisation est essentielle pour
préserver et promouvoir la langue française au Québec. Elle favorise l'intégration
des nouveaux arrivants sur les plans académiques, sur les plans professionnels,
sociaux, tout en partageant avec eux, encore une fois, notre culture et nos
valeurs. Alors, merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, pour poursuivre le débat, je cède la
parole à M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Le dossier de la francisation, ce qui se passe en
ce moment, c'est un peu une rupture de promesse du gouvernement de la CAQ. C'est
un gouvernement qui avait dit : On va défendre l'identité québécoise.
Comment voulez-vous défendre l'identité québécoise quand vous coupez en
francisation? Et là débat sémantique : Il n'y a pas de coupe en
francisation. On a augmenté les... On a augmenté les budgets, disent-ils.
Comment ça se fait que les cours ferment? Comment ça se fait qu'au centre
Louis-Joliette, dans ma circonscription, dans Jean-Lesage, bien, il y a une
session qui va se terminer ce vendredi et qu'aucun nouveau... aucun nouvel
étudiant n'a été accepté pour la prochaine session? Comment ça se fait que,
pour les sessions suivantes, ils ne savent pas à quoi s'en tenir? Comment ça se
fait qu'il y a des postes puis des classes qui se ferment partout au Québec, s'il
n'y a pas de coupe? Ah non! Bien, c'est parce qu'on n'a pas coupé. Bien, c'est
parce qu'il y a une hausse de la demande, puis on leur demande de respecter
leur budget. Ça, ce que ça veut dire, là, c'est un choix gouvernemental de
passer à la trappe la francisation. C'est un choix gouvernemental de dire :
Ce n'est pas assez important. Et ce choix-là, là, ils ont beau dire : C'est
à cause de l'augmentation de l'offre et c'est à cause qu'il y a trop d'immigrants.
Bien, ça, là, ça ne marche pas, parce que c'est eux qui sont responsables des
revenus de l'État. C'est eux qui sont responsables du déficit de 11 milliards
de l'État du Québec actuellement. C'est eux qui sont responsables de ça. Et là,
ça, ça fait des décennies au Québec que, quand on a un déficit, on dit :
Ah! Mais alors il faut couper quelque part. On n'a pas le choix, il faut qu'on
coupe en francisation. Et quand on coupe en francisation, on coupe dans l'identité
québécoise. On coupe dans notre capacité à intégrer des gens ici, à faire en
sorte qu'ils partagent notre langue commune, qu'ils peuvent fraterniser avec
leur voisin, obtenir un emploi plus qualifiant, comprendre comment défendre
leurs droits, savoir qu'est-ce qui se passe en ce pays. C'est là-dedans qu'on
coupe quand on coupe en francisation. Est-ce qu'il y a quelque chose de plus
important que ça pour l'identité québécoise? Je ne pense pas. Est-ce que c'était
plus important... Est-ce que c'était plus important de baisser les impôts des
plus nantis? La CAQ, elle a elle-même fait des baisses d'impôts qui ont réduit
les revenus de l'État de 1,7 milliard de dollars, Mme la Présidente.
Et ils ont fait ça. Et c'était sûr qu'après ça, ils allaient couper dans les
services. Et c'était sûr qu'après ça, ils allaient couper en francisation.
Pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça? Là, je ne referai pas l'historique de
toutes les coupures de revenu de l'État qu'il y a eu depuis les années 2000,
mais si on n'avait pas baissé les impôts et taxes, et le plus souvent des plus
riches et de ceux qui ont le plus d'argent, depuis 24 ans, bien, aujourd'hui,
là, il n'y en aurait pas de déficit. On aurait des surplus budgétaires avec les
mêmes choix que fait le gouvernement caquiste actuel. Mais on n'est pas revenu
sur les... sur les décisions passées à la CAQ. On a continué à creuser le trou
des revenus. Et ça, c'est irresponsable. La responsabilité du gouvernement, c'est
d'aller chercher les revenus nécessaires pour nos besoins fondamentaux. Est-ce
que le gouvernement est en train de dire essentiellement aux Québécoises et aux
Québécois : La francisation, ce n'est pas fondamental? Les immigrants qui
arrivent ici, là, s'ils ne parlent pas le français...
16 h 06 (version non révisée)
M. Zanetti : ...c'est plate,
mais ce n'est pas si pire que ça, c'est plus important de s'assurer que les
gens qui gagnent plus de 100 000 $ et paient, je ne sais pas, 800 $
de moins d'impôt par année. C'est un drôle de choix. C'est un choix qui va à l'encontre
de la défense de l'identité québécoise. C'est un choix qui mérite d'être
condamné.
Et, toute la rhétorique de «on ajoute des
cours», bien, si vous ajoutez des cours, pourquoi vous en laissez, des cours,
se fermer? Pourquoi est-ce qu'en ce moment on a des professeurs, partout au
Québec, super qualifiés, qui ont de l'expérience, qui sont en train de
réfléchir à changer de carrière à cause de l'incertitude que le gouvernement
laisse planer au-dessus des services de francisation au Québec? Est-ce que c'est
responsable de faire ça en pleine pénurie de main-d'oeuvre? En pleine pénurie
de main-d'oeuvre, on fait ça?
Puis évidemment on ne dit jamais que c'est
de la... Le gouvernement dit... va jamais dire que c'est de sa faute. Le
gouvernement ne va jamais assumer les conséquences de ses choix fiscaux. Le
gouvernement va mettre ça sur la faute des immigrants. Il va dire : Il y
en a trop, il y en a trop. C'est lui qui les a accueillis, c'est lui qui leur a
ouvert les portes, et aujourd'hui, parce qu'il a fait des choix fiscaux
irresponsables, c'est eux qu'on blâme, c'est eux les boucs émissaires, c'est à
cause d'eux autres, si, en ce moment, on coupe les services puis qu'on réduit
notre capacité à faire en sorte que tout le monde parle français au Québec. Je
trouve ça complètement irresponsable. Et je pèse mes mots parce que je dirais
des mots qui sont pires. Mais là, je me... je crains que vous ne me le
permettriez pas en cette salle. Mais ça le mériterait, ça le mériterait.
Là, on est dans une situation qui est
extrêmement difficile. Et l'austérité qu'on voit se pointer dans le milieu de
la francisation, là, bien, c'est une austérité qui fonctionne un peu de la même
façon dans toutes les autres sphères où le gouvernement est en train de couper.
On dit : On ne coupe pas, on limite, on demande aux gens de ne pas
dépasser. Ou, même, c'était pire en enseignement supérieur, on dit : Ah!
vous avez tant d'argent à dépenser, mais on vous n'autorise pas à le dépenser
au complet, on vous autorise à en dépenser une fraction à cause des choix qu'on
a faits sur les... sur les... sur les revenus de l'État. Mais jusqu'où est-ce
qu'on va s'enfoncer comme ça? Jusqu'où est-ce qu'on va couper les services
essentiels au Québec à cause de ces choix fiscaux là?
Est-ce qu'en ce moment, là, le plus grave
au Québec, là, ce serait que quelqu'un qui gagne 100 000 $ et plus,
là, il économise, mettons, 800 $ d'impôt? Aïe, ça, ce serait, là... le
Québec s'effondrait. Ah, par contre, ce n'est pas grave qu'il y ait presque 1 million
de Québécois qui aient recours à l'aide alimentaire, ah, ça, ce n'est pas si
pire. Ah, tiens, les enfants de la DPJ, là, qui sont dans des situations
terribles, bien, ça, c'est... c'est moins grave. Il ne faudrait surtout pas
aller demander aux gens qui gagnent 100 000 $ et plus par année de
payer 800 $ de plus d'impôt. Aïe! Là, le Québec s'effondrerait.
Mme la Présidente, le Québec, il est en
train de s'effondrer. Et ça va prendre des revenus pour empêcher ça. La
francisation, là, c'en est un facteur tellement important parce qu'il touche à
notre identité. Je comprends qu'il y ait beaucoup de monde au gouvernement, là,
qui avait comme projet, rêve de jeunesse de faire du Québec un pays et qu'ils l'ont
abandonné. Je comprends, ça arrive, ils ne sont pas les seuls. Mais au moins,
ils faisaient semblant de dire : On va défendre les valeurs québécoises et
l'identité québécoise. Mais là, on voit que ça, là, ce n'était pas vrai.
Ce n'est pas ça qui s'est passé avec la
CAQ. À chaque fois qu'on a réduit nos revenus, on a réduit notre capacité à
faire en sorte que les gens qui arrivent ici, ils parlent français, puis qu'on
forme une communauté avec eux qui soit soudée, tissée serrée. Là, ce qu'on
prépare, c'est une recette pour le contraire de l'inclusion, Mme la Présidente.
On est en train... La CAQ est en train de mettre en place tout ce qu'il faut
pour qu'il y ait plus d'exclusion dans notre société. Et on ne peut pas tolérer
ça.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre un autre
intervenant ou intervenante. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut prendre la
parole? Il faut se lever si on veut prendre la parole. Alors, Mme la députée d'Iberville,
la parole est à vous.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je parle au nom de mon gouvernement
pour répondre à la motion qui est déposée par les partis d'opposition, une
motion qui nous accuse de faire un manque d'initiative et de faire des coupures
concernant les classes de francisation...
16 h 11 (version non révisée)
Mme Bogemans : ...au Québec.
Premièrement, je voulais rappeler
l'importance qu'on accorde en tant que gouvernement à la francisation et à
l'intégration de tous les immigrants au Québec. L'admission est au cœur même de
nos engagements en tant qu'élus parce qu'on veut un Québec plus fort, un Québec
nationaliste, fier, unifié par notre langue, le français.
L'importance de franciser les nouveaux
arrivants est essentielle pour l'avenir de notre nation puis c'est un outil clé
pour avoir une intégration réussie. C'est pourquoi, en 2023, bien, on a créé
Francisation Québec, et déjà la première année, on a francisé plus que 76 000 personnes.
Ça, c'est environ la population de Granby. Ensuite du 1ᵉʳ avril au 30 septembre
cette année, donc à peu près six mois dans notre deuxième année, c'est 70 000
personnes supplémentaires qu'on a formées, puis ça, c'est à peu près la
population de la ville de Mirabel qu'on a formée cette année. On y est arrivés
parce qu'on a mis sur pied un guichet unique qui regroupe toute l'offre de
formation en francisation au Québec. Ça, si ce n'est pas prendre la
francisation à cœur, madame la Présidente, je ne sais pas ce que c'est. On a
organisé une structure qui respecte la priorité des gens, qui donne une chance
égale à tous, à l'accès à la francisation, qui standardise l'inscription pour
pouvoir mieux accompagner et mieux desservir et qui uniformise la qualité de
l'enseignement partout au Québec.
On maximise l'utilisation des ressources
en francisation de tout notre territoire, et c'est la première fois que ça se
fait dans l'histoire du Québec, Mme la Présidente, et c'est arrivé en 2023. On
offre des cours à temps complet, à temps partiel, de jour, de soir, de fin de
semaine, en présentiel, à distance. Il ne faut pas se le cacher, ça, ça aide
l'intégration aux cours de francisation d'une clientèle beaucoup plus
diversifiée que par le passé, puis je pense, entre autres, aux femmes qui ont
de plus en plus accès aux cours de francisation parce qu'on sait que c'est plus
difficile pour elles d'avoir accès, par exemple, à un véhicule, ou elles ont
des enfants en charge à la maison.
En plus, en 2023, on a mis sur pied un
programme intensif de francisation, encore quelque chose de nouveau pour
répondre aux besoins des élèves allophones de partout au Québec. C'est loin
d'être anecdotique et ça témoigne de notre engagement ferme à avoir un
apprentissage de qualité pour l'ensemble de la clientèle parce qu'on répond au
besoin qu'on a entendu sur le terrain, parce que c'est vrai que ça prend du
courage pour unifier l'ensemble des forces en francisation québécoise de tous
horizons, pour créer une structure qui est maintenant transparente, qui vise à
concerter l'ensemble des acteurs, parce qu'il y a, comme disait le ministre
tout à l'heure, le Québec, la francisation, c'est carrément un réseau de divers
réseaux.
On a réussi à réunir et à développer des
partenariats dans l'ensemble des régions du Québec. Avec eux, on continue de
diversifier l'offre aux services à la clientèle et ensemble. On partage une
volonté ferme d'aider les nouveaux arrivants à s'intégrer chez nous. Et déjà, à
la fin de la première année d'opérations de Francisation Québec, on comptait
déjà 140 partenaires institutionnels et communautaires. C'est 264 points
de services partout au Québec en un an qui ont été mis en service et qui
passent directement par Francisation Québec. Donc, en détail, c'est 48 OBNL,
18 cégeps, quatre universités, 70 centres de services scolaires. On
reste ouverts à inclure de nouveaux partenaires en tout temps. Puis... que la
francisation... bien, on est fort, au Québec, de l'ensemble des liens qu'on
crée partout, et notre vision a toujours été plus large qu'exclusivement des
cours qui passent par les centres de services scolaires, mais ils sont bien un
partenaire parmi tant d'autres très importants pour Francisation Québec.
On gagne toujours comme société à la
pluralité et à la diversité des offres pour répondre aux besoins qui sont
variés déjà parce que la vraie vie implique une diversité qui... parce que
c'est la diversité des parcours. On sait très bien que quelqu'un qui va se
franciser, ce n'est pas une ligne droite puis ce n'est pas des parcours qui
sont tous comparables. Les gens arrivent ici avec un bagage qui leur
appartient, avec une histoire différente, et c'est là-dessus qu'on fonde notre
travail, sur le pouls et les gens de la vraie vie. Et c'est pour ça que nos
actions résonnent puis mobilisent vers Francisation Québec, puis c'est pour ça
que nos actions répondent tant que ça aux besoins sur le terrain.
On est ralenti actuellement parce que
notre service est soumis à des contraintes logistiques, à la disponibilité des
ressources. Parce que le service qu'on a mis sur pied, bien, il fonctionne puis
il répond aux besoins des nouveaux arrivants. C'est vrai que la flexibilité des
formules d'apprentissage puis la diversité des formules de participation sont
appréciées pour tous, pour tous les élèves parce qu'on les a écoutés, parce
qu'on a fait des cours pour eux. À la CAQ, on a toujours été connecté sur le
terrain. On est conscients que le parcours de francisation est différent pour
chacun. C'est pour ça...
16 h 16 (version non révisée)
Mme Bogemans : ...c'est pour
ça qu'on a autant de variétés, c'est pour ça qu'on travaille avec autant de
partenaires. On a investi 104 millions dès la création de Francisation
Québec l'année 1. On reconduit le 104 millions cette année. Et pour l'ensemble
du réseau de francisation au Québec, c'est 40 millions additionnels qui
sont mis. C'est une hausse de 15 % de financement juste pour 2024.
Alors, Mme la Présidente, permettez-moi de
vous rappeler que notre gouvernement doit faire preuve de pragmatisme dans l'ensemble
de nos décisions. Notre gouvernement reconnaît le besoin croissant. Mais, Mme
la Présidente, c'est crucial de rappeler que ces efforts s'inscrivent dans un
monde où les besoins sont juste infinis et la situation est particulière. Nos
ressources, elles, sont limitées. La réalité, la demande, c'est qu'elle est
trop importante. La demande explose et c'est attribuable à la hausse fulgurante
des immigrants temporaires sur notre territoire. Aujourd'hui, c'est 600 000 immigrants
temporaires en sol québécois.
Nous balançons chaque action en fonction de la
priorité éducative pour garantir un système équitable. On vise la performance
de notre système pour garantir une offre à tous les élèves, qu'ils soient
allophones, francophones, les Premières Nations, dans l'ensemble de notre
système éducatif. En deux ans, c'est 146 000 personnes que nous avons
francisées. C'est un exploit, un record pour la province. Et le ministre
veut... il vient d'affirmer qu'on va faire encore davantage pour 2025. Donc, on
est loin d'arrêter notre travail. L'enjeu, c'est qu'on a l'équivalent de la
population de la ville de Québec de plus en sol québécois qui sont issus de l'immigration
temporaire. C'est trop pour notre capacité d'agir.
L'opposition nous accuse de ne pas en
faire assez, mais elle se garde de prendre en compte et de nommer la réalité du
terrain, les enjeux logistiques, les contraintes réelles que toute personne qui
gère un budget est à même de comprendre. Nous avons le courage d'avoir mis sur
pied Francisation Québec, une organisation unique en son genre qui répond
actuellement aux besoins de la clientèle visée. On avance avec détermination, Mme
la Présidente. On agit avec... en la matière plus que n'importe quel parti dans
le passé. Et actuellement, on reconnaît les défis auxquels on est confronté. On
prend nos décisions de manière éclairée pour maximiser l'impact de chaque
dollar investi. C'est déjà la moitié des 3 000 élèves qui sont
redirigés vers le MIFI par les centres de services scolaires qui sont replacés
en classe. On agit pour l'uniformité et la conformité en termes de qualité pour
tous les cours de francisation au Québec. Notre gouvernement est dans la
démarche proactive pour améliorer les initiatives actuelles, tout en répondant
à un Québec qui est en pleine évolution. Et d'ailleurs, on est en contact
permanent avec tous les élèves qui sont référés par les centres de services
scolaires au ministère.
Les changements sont réels dans notre
société et le changement démographique et linguistique pour notre nation est
réel. J'ai sillonné tout le Québec avec le ministre de l'Immigration et ma
collègue des Vimont pour rencontrer les partenaires du secteur éducatif. Là, on
parle des universités, de cégeps, des écoles, des secteurs économiques, tous
les milieux, encore une fois, que ce soit la restauration, l'agriculture, l'industrie,
le commerce de détail, touristique, le communautaire, que ce soient des
associations, des syndicats, des services en immigration directement, des
services pour les entreprises, les partenaires du municipal, les MRC, on a
rencontré même l'ensemble des directions régionales du MIFI qu'on a réouvert et
ils participent actuellement à l'ensemble de nos démarches. Dès le début de
mandat, c'est ce contact avec ces gens-là qui fait la différence. Et dès son
arrivée en poste, le député de Chambly et ministre de l'Immigration est venu
dans mon comté, il a rencontré l'ensemble des acteurs intéressés, parce qu'on
est encore dans la même démarche d'être près de notre monde, nous, à la CAQ.
Je conclus en disant que c'est sérieux
pour nous, la francisation au Québec, on reconnaît qu'on a du travail à faire.
On a vraiment déjà les manches bien relevées pour trouver une solution à la
situation. On est déterminés dans notre volonté d'agir et d'offrir à chaque
nouvel arrivant les outils nécessaires pour permettre sa pleine intégration au
Québec. La francisation, c'est bien plus qu'un problème de gestion de classe.
La francisation, c'est un projet de société parce que ça exige des ressources,
ça exige de la patience, une collaboration active avec l'ensemble des acteurs
du milieu si on veut que ce soit réussi.
Mme la Présidente, le Québec, c'est une
terre d'accueil de choix. La francisation, c'est au cœur de la protection même
de l'identité collective des Québécois. Et, comme gouvernement, je pense qu'on
est gardien du trésor que les ancêtres nous ont laissé, une nation distincte
tant en langue, en culture...
16 h 21 (version non révisée)
Mme Bogemans : ...grâce à
notre patrimoine. Mme la Présidente, on prend la francisation au sérieux, et je
suis fière de faire partie du gouvernement qui a le courage de l'avoir fondée,
qui a le courage de continuer de l'améliorer. Je suis certaine qu'on va pouvoir
faire respecter notre langue et nos valeurs et de donner une chance égale à
chaque nouvel arrivant de s'intégrer pleinement à notre belle société. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député de l'Acadie.
M.
Morin :Merci, Mme la Présidente. Vous comprendrez que, comme
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration, d'intégration
et de francisation, il était important pour moi de prendre la parole cet
après-midi dans le cadre de cette motion déposée par le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne. Dans mon allocution, il va y avoir un mot-clé, Mme la
Présidente : «incohérence», incohérence de ce gouvernement du début jusqu'à
la fin dans ce dossier.
Permettez-moi de rappeler les mots de
notre premier ministre, qui disait : Écoutez, c'est incroyable, ça n'a pas
de bon sens, il faut s'occuper du français au Québec. Ça tombe bien, on parle
de francisation, mais moi, je vais vous parler de coupures en francisation.
Le ministre de la Langue française et de l'Immigration,
qui disait : Moi, là, je ne peux pas tolérer qu'un immigrant ne parle pas
français, bien, j'aimerais ça qu'il m'explique pourquoi il coupe partout en
francisation dans l'éducation aux adultes. Parce que, là, il va avoir un
problème de tolérance ou d'intolérance, je ne le sais pas, mais il va avoir un
problème sérieux parce que, des coupes, il y en a partout, partout, partout.
Le ministre de l'Éducation, qui disait :
«Les demandes en francisation atteignent des sommets — et je le cite — mais,
comme gouvernement, nous devons être responsables et respecter notre capacité
de payer.» Bien, c'est sûr que ça atteint des sommets parce que ce gouvernement
est incapable de contrôler l'immigration temporaire. Ce gouvernement, alors qu'on
lui demande de tenir compte des temporaires, des travailleurs temporaires
étrangers dans sa planification, ne le fait pas. C'est lui qui les invite, puis
après il nous dit : Il y en a trop. Je vous le disais au départ :
«incohérence», c'est le mot-clé.
Mais ce n'est pas juste ça. Après ça, on
nous dit : Il faut respecter notre capacité de payer. Bien, ce
gouvernement-là envoie de l'argent par les fenêtres à gauche et à droite, et,
après ça, ils n'ont plus de capacité de payer. Incohérence, incohérence,
incohérence. Et ça un... ça a un impact important, important sur la
francisation au Québec.
Moi, dans mes questions, je posais
parfois... je faisais une image en disant : Écoutez, ils ont passé la
tronçonneuse dans la francisation. Bien, ce matin, dans Le Soleil, on utilisait
un autre outil : la hache. On passe la hache à Lévis. Bien, dans les deux
cas, Mme la Présidente, ça coupe. Tronçonneuse ou hache, c'est coupant. Et ils
ont coupé où? Basses-Laurentides, Abitibi, Québec, Estrie, Sherbrooke,
commission scolaire Eastern Township, Beauce, Montréal, centre de... scolaire
Marguerite-Bourgeoys, dans ma circonscription. C'est fascinant. Je ne sais pas
où le ministre prend ses chiffres, mais moi, je l'invite, le ministre. Qu'il
vienne s'asseoir avec moi. On va aller rencontrer le centre scolaire
Marguerite-Bourgeoys puis on va parler. Et puis là il va se rendre compte... Ça
a l'air qu'il augmente ses budgets puis il ne coupe pas, bien, il va se rendre
compte qu'il y a du monde là, là, qui n'ont plus de classe de francisation.
Bien, ce n'est pas étonnant, parce que,
dans leur planification budgétaire, la CAQ a déterminé des budgets en fonction
de la clientèle de 2020-2021, tu sais, c'était à l'époque de la pandémie. Donc,
c'est sûr qu'il y a plus de monde maintenant, parce qu'ils ne sont pas capables
de planifier, parce qu'ils font rentrer trop de temporaires, puis après ça ils
nous disent : Il y en a trop. Cherchez l'erreur.
Alors, c'est sûr que ça crée un problème.
C'est sûr qu'ils ne sont plus capables de franciser. Mais ça a un impact réel,
cependant, et ça, on ne peut pas l'ignorer. C'est des élèves qui vont perdre
leur classe chez les adultes. C'est des enseignants qui vont perdre leur
emploi. Et ça, j'en ai parlé lors de périodes de questions précédentes en cette
Chambre, Mme la Présidente. Et ça, il y a un impact réel, des enseignants qui n'auront
plus d'emploi. Ce que je leur souhaite...
16 h 26 (version non révisée)
M.
Morin :...à ces enseignants-là, à cause de l'absence de
planification du gouvernement, c'est qu'ils puissent se trouver des postes
ailleurs le plus rapidement possible. Mais à cause de l'absence de
planification, bien, ce qui va arriver, c'est que si jamais le ministre décide
de redonner du budget en francisation, bien là, il va avoir de la difficulté à
trouver des enseignants. Ils vont s'être trouvé des postes ailleurs.
On nous a parlé beaucoup de francisation
au Québec. Eh oui! Quand des classes se ferment, les élèves retournent sur des
listes d'attente. Francisation Québec, c'est très centralisé, ils sont très
efficaces. C'est pour ça que, récemment, ils ont offert à un étudiant de
Sept-Îles d'aller se former en français à Baie-Comeau, 237 kilomètres plus
loin. Et quand ils retombent sur une liste d'attente, Mme la Présidente... Je
peux vous en faire la nomenclature assez rapidement, parce qu'il y avait un
article dans Le Soleil exactement là-dessus ce matin. Liste d'attente :
Montréal, 19 296; Montérégie, 5 361; Capitale-Nationale, 1 839;
Laval, 1 612; Outaouais, 930. Quand est-ce que vous pensez que ces gens -à
vont avoir une place à cause de ce gouvernement qui est totalement incapable de
planifier? C'est un enjeu réel parce que, je l'ai dit à plusieurs reprises, une
façon excellente de s'intégrer au Québec, c'est d'apprendre le français. Et
plus ces gens-là attendent, plus ils sont pénalisés. Donc, l'impact, il est
réel. C'est loin d'être hypothétique, bien au contraire, bien au contraire.
Je vous parlais des immigrants
temporaires. Un organisme indépendant nous apprenait aujourd'hui que ce
gouvernement est responsable de 55 % des 167 000 permis de
travail accordés à des immigrants temporaires. Là, maintenant, on assiste à une
guerre de chiffres. Il n'en demeure pas moins qu'il y a des gens qui sont ici
et qui voudraient se franciser. La situation est tellement importante que ma
collègue, la députée de Bourassa- Sauvé, et moi-même avons demandé au
commissaire à la langue française d'enquêter sur le sujet. Parce que pour un
gouvernement qui se dit être capable de défendre le français au Québec et qui
est incapable de s'assurer que des gens qui viennent ici vont apprendre le
français, je le répète à nouveau : De l'incohérence, incohérence. Les
nouveaux arrivants, Mme la Présidente, veulent apprendre le français. Il y a
des coupures dans la circonscription du ministre de l'Éducation. J'espère qu'il
parle à son collègue, le ministre de la Francisation. Parce que, d'après ce que
je peux comprendre, bien, il y en aurait des coupures à Lévis. Alors, le
ministre qui nous dit qu'il n'y a aucune coupure. Bien, j'espère qu'au Conseil
des ministres, ils peuvent se parler. Le ministre de l'Éducation nous le
disait, et je le cite : On doit respecter notre capacité de payer. C'est
une période d'adaptation et de changements. Bien, si c'est une période d'adaptation
et de changements, ce n'est probablement pas parce qu'il rouvre trop de postes.
C'est probablement parce qu'il n'y en a pas assez, d'où la notion de coupure.
Et c'est ça la réalité, Mme la Présidente.
Je lisais ce matin dans Le Soleil
un article où on nous parle de deux Colombiennes, Esperanza Sepulveda et Mayra
Florian. Les deux sont au Québec, et on nous apprend... et c'est le titre :
«Esperanza au bord du désespoir» parce qu'elle attend. Elle attend. Elle ne
sait pas quand elle pourra commencer ses cours en francisation. J'espère juste
que Francisation Québec ne l'enverra pas à Trois-Rivières suivre ses cours,
parce qu'elle, elle est dans la région de Québec, Mme la Présidente, et c'est
un enjeu de taille et c'est un enjeu qui est très sérieux.
Nous au Parti libéral du Québec, la
francisation, on prend ça très au sérieux. D'ailleurs, il y a quelque temps,
mon collègue, le député de Jacques-Cartier disait même que ces cours-là
devraient être gratuits. Si ça fait partie de l'essence même de ce qu'on est au
Québec de parler français, notre langue officielle, bien, il faut être capable
de mettre en place des mesures qui vont permettre à toutes ces personnes d'être
francisées, et ce, le plus rapidement possible. On ne peut pas ignorer...
16 h 31 (version non révisée)
M.
Morin :...le cri du cœur de ces gens qui sont au Québec et qui
souhaitent apprendre le français. Moi, je travaille avec ces gens-là sur le
terrain, Mme la Présidente, et je peux vous assurer qu'elles veulent apprendre
le français. Et, à cause des délais, j'ai une collègue, la députée de La
Pinière, qui partageait une information avec moi aujourd'hui qui disait que,
dans son comté, il y a un des citoyens qui ne parle pas français. Il voudrait
apprendre le français. Les délais sont passés, le six mois. Donc là,
Francisation Québec va communiquer avec lui. Ils communiquent avec lui en
français. C'est pratique, il ne comprend pas le français. Puis là, bien, ils
lui disent : Vous allez manquer votre rendez-vous, vous ne nous répondez
pas. Mais oui, mais comment vous voulez qu'il réponde? Et ça, là, ça, là, bien,
c'est l'incohérence du gouvernement de la CAQ qui entraîne ce genre de
situation là, Mme la Présidente.
En terminant, je vous dirais que je veux
proposer un amendement à la motion du député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Et ça
se lit comme suit : Que la motion du député de Saint-Henri—Sainte-Anne
soit amendée de la manière suivante : à la quatrième ligne, ajouter, après
le mot «scolaire», les mots «pour adultes» afin de préciser le tout.
Donc, ça se lirait : «Qu'elle demande
au gouvernement du Québec de s'engager à réinstaurer les services de
francisation en milieu scolaire pour adultes qui ont été interrompus dans les
dernières semaines et à prendre tous les moyens nécessaires pour éviter de nouvelles
fermetures de services dans ces milieux.»
Évitons, évitons des coupes
additionnelles, ajustons les budgets, c'est ce que je demande au ministre, et assurons-nous
qu'il n'y aura plus de coupes en francisation. Ça permettrait, Mme la
Présidente, à ce gouvernement incohérent de redevenir un tantinet cohérent et à
rendre des services pour la population du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le député, votre motion présentée... une motion présentée aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition ne peut pas être amendée, sauf avec
la permission de son auteur. Donc, lorsque vous allez reprendre la parole, vous
nous direz si vous l'acceptez.
Maintenant, je suis prête à entendre un
autre intervenant ou intervenante, Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Alors,
bonjour, Mme la Présidente. Alors, le contexte migratoire au Québec, à l'heure
actuelle, il est historique. Les chiffres ont déjà été mentionnés, mais je
pense que c'est important de les redire, là : Près de 600 000 résidents
non permanents sur le territoire québécois à l'heure actuelle. C'est près de 60 000 personnes
qui ont participé à des cours de francisation entre le 1ᵉʳ juin et le 30 septembre
2024, c'est 54,6 qui ont déclaré avoir un statut de travailleur temporaire.
Notre... La pression, vous comprenez, elle est énorme sur le système d'éducation
à l'heure actuelle, puis notre gouvernement, oui, met effectivement de la
pression sur le gouvernement fédéral, parce que c'est lui principalement qui a
un effet sur l'immigration. Il y a des avancées majeures qui ont été faites,
puis je pense, c'est important de les souligner : Il y a eu la fermeture
du chemin Roxham, on a le retour des visas mexicains puis il y a eu une récente
baisse des seuils d'immigration fédérale aussi, parce que le Québec a mis ces
pressions-là sur le gouvernement fédéral.
Sur un autre sujet, puis ça, c'est très,
très important, ça me touche beaucoup. Moi, je vais vous parler de la
francisation dans les écoles, les écoles primaires puis les écoles secondaires,
Mme la Présidente. On a investi comme jamais auparavant pour mieux intégrer,
franciser les nouveaux arrivants dans nos écoles. Dans toutes les régions du
Québec, le nombre d'élèves allophones, cependant, explose, et on a de la
difficulté à répondre à la demande. Il ne faut pas oublier tout le travail qui
se fait par exemple dans ces écoles-là, primaires et secondaires, parce que c'est
important de franciser les jeunes élèves, ça a un impact important. J'ai
travaillé longtemps dans les écoles, vous le savez, je connais bien le milieu
de l'éducation. La vitesse à laquelle ces jeunes-là sont capables d'apprendre
le français, c'est incroyable, dans nos classes, ici, dans notre réseau. Le
français, notre langue commune, c'est la responsabilité de la transmettre à nos
jeunes au Québec, puis on le fait bien dans nos classes. Mon collègue de l'Éducation
effectue un travail colossal à ce niveau-là, puis je pense, ça mérite de le
souligner, parce que les classes de francisation ne cessent de s'ajouter dans
le réseau. En septembre... Entre septembre 2022 et...
16 h 36 (version non révisée)
Mme Tremblay : ...septembre
2024, le nombre d'élèves en classe d'accueil a pratiquement doublé. En un an et
demi, il y a eu une hausse de plus de 530 places d'accueil environ. On est
passé d'un total de 104... 700, pas 100, 704 classes ouvertes en juin 2022
à un total de 1 338 classes ouvertes à la fin juin 2024. C'est 21 000,
presque 22 000 élèves de plus. Ce n'est pas marginal, c'est énorme, Mme
la Présidente. C'est pratiquement plus de 50 écoles, nouvelles écoles qu'il
nous faudrait construire pour répondre à cette demande-là. Pour le ministre de
l'Éducation, évidemment que c'est... qui fait un bon travail puis que c'est
important pour lui.
Je tiens à souligner que, par ailleurs,
dans les nouvelles ententes nationales qui ont été signées en juin dernier, on
prévoit aussi des mesures pour venir soutenir les élèves issus de l'immigration
ou allophones. Ces montants là, ça va près... ça va jusqu'à près de 10 millions,
puis ça permet... puis je l'ai ici, l'entente, là, de la convention collective,
ça permet justement d'ouvrir des classes d'accueil. Ça peut être des modèles
hybrides aussi, ça peut être l'intégration en classe ordinaire, parce qu'un
modèle qui fonctionne aussi, mais avec des services, bien évidemment, donc
selon les besoins du centre de services scolaire, selon les besoins des élèves.
Ça, c'est le travail que le ministre de l'Éducation fait. Mais c'est sûr que la
pression, elle est énorme, mais c'est important de scolariser ces enfants-là.
Mais ce n'est pas facile, il y a des défis.
D'ailleurs, prenons l'exemple du Centre de
services scolaire de Montréal, qui a ouvert depuis septembre 2023, l'équivalent
de trois écoles primaires, pour franciser les élèves. Le travail est là, on le
fait, le travail de francisation, mais la situation, elle est aussi difficile
en région, parce que le nombre est excessivement important de nouveaux élèves
que nous devons franciser. Mais les jeunes l'apprennent rapidement dans nos
écoles primaires, nos écoles secondaires, puis il y a un travail important qui
se fait. Puis moi, je tiens à remercier les enseignants puis les enseignantes
pour la qualité du travail qui est fait au niveau de la francisation dans nos
écoles. Parce que si nos élèves font en sorte qu'ils apprennent aussi bien le
français, c'est parce que, dans ces écoles-là, il y a des enseignants et des
enseignantes qui transmettent cette passion-là, cette éducation-là pour la
langue française.
J'aimerais ça aussi vous dire que notre
gouvernement est intervenu à plusieurs reprises, a même passé un projet de loi
important, projet de loi dans lequel, encore une fois, notre objectif était d'arrêter
le déclin du français au Québec et d'inverser la tendance à long terme. On doit
prendre tous les moyens possibles pour y arriver, Mme la Présidente, parce que,
la langue française, c'est la base de notre identité comme nation.
Ici, ce qu'on a fait, le projet de loi n° 96, Mme la Présidente. C'est un moment important, mais
moi, j'aimerais rappeler que tous les partis de l'opposition ont voté contre la
loi n° 96. Les libéraux également ont voté contre ce
projet de loi là. Pas plus tard que tantôt, aujourd'hui, il y a une
intervenante de ce parti qui disait : «La langue française, si riche et si
importante pour nous.» Pourtant, c'est ce même parti qui a voté contre la loi n° 96, loi qui venait protéger notre langue française. C'est
la même chose pour le Parti québécois, qui a choisi le même camp que le Parti
libéral et qui a voté contre le projet de loi n° 96,
projet de loi, hein, qui est venu reconnaître le... ait reconnu... Le français
est maintenant reconnu dans la Constitution canadienne comme étant la seule
langue officielle du Québec. Le français est également reconnu comme étant la
langue commune de la nation québécoise, Mme la Présidente. On a voté contre ça.
Tantôt, on a lancé une invitation au
ministre de l'Éducation. Hein, on a dit : Moi, je l'invite à promouvoir et
à valoriser la langue française. Moi, maintenant, je vais en lancer une,
invitation, aux partis de l'opposition. La prochaine fois qu'on va mettre en
place une loi ou des mesures pour protéger notre langue française, je vais les
inviter à voter en faveur de ces mesures-là.
Mme la Présidente, j'aimerais maintenant
déposer un amendement à la motion présentée aujourd'hui. Donc, je vais procéder
à la lecture :
Au premier alinéa, remplacer les mots «la
fermeture de plusieurs dizaines de classes de francisation partout au Québec»
par «l'engouement pour les services de Francisation Québec.»
Supprimer le dernier alinéa. Ajouter les
cinq alinéas suivants à la fin de la motion...
16 h 41 (version non révisée)
Mme Tremblay : ...qui a
souligné que la... que Francisation Québec a été lancé le 1er juin 2023;
«Qu'elle rappelle que les 76 000 personnes
francisées pendant sa première année d'opération constituent un record;
«Qu'elle réitère que le ministère de l'Immigration,
de la Francisation et de l'Intégration n'a coupé dans son budget en... n'a pas
coupé, n'a pas coupé dans son budget en francisation, alors qu'il est passé de
170,3 millions en 2019 à 251,3 millions en 2024;
«Qu'elle reconnaisse que les 600 000 résidents
non permanents au Québec mettent la pression sur les services publics, dont
celui de la francisation;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec
de poursuivre ses efforts dans le déploiement de Francisation Québec.» Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme
la députée, vous savez que votre amendement est déposé sous réserve de la
permission de l'auteur de la motion. Donc, je suis prête à entendre un autre
intervenant. M. le député de Saint-Jean, la parole est à vous.
M. Lemieux : Pour combien de
temps, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Pour
six min 30 s, M. le député.
M. Lemieux : Vous êtes trop
bonne pour moi. Merci, Mme la Présidente. Question d'intendance réglée. Donc,
salutations à tous les collègues.
Un petit aveu à vous faire. Je ne
comprends pas ce débat ni cette motion du deuxième groupe de l'opposition,
inscrite aujourd'hui par les députés de l'opposition, en l'occurrence, le
deuxième groupe d'opposition. Je ne comprends pas ce que les oppositions ne
comprennent pas dans les services de francisation qui, comme on a dit qu'on le
ferait et comme on l'a fait, sont maintenant regroupés sous un guichet unique,
Francisation Québec, pour pouvoir franciser le plus possible, puisque le
français, la langue officielle et commune du Québec, est une des grandes
priorités de notre gouvernement et que nous avons tout avantage à franciser
ceux et celles de la communauté anglophone qui le veulent et les nouveaux
arrivants pour mieux les intégrer à notre société, à nos valeurs, à notre
culture, pour pouvoir véritablement vivre ensemble.
Je ne comprends pas ce qui n'est pas
compris. Le collègue de Saint-Henri-Sainte-Anne disait, en ouverture, si j'ai
bien entendu de l'autre côté de la porte, que les faits sont têtus, qu'il a
dit. Bien, les chiffres aussi, sont têtus. Et le ministre les a représentés
pour la xe fois encore aujourd'hui à ce débat, on n'a jamais autant financé la
francisation au Québec et on n'a jamais autant eu de nouveaux arrivants en
classe de francisation que cette année.
Les oppositions continuent de critiquer
vivement nos efforts en matière de francisation, c'est pour ça qu'on est ici
aujourd'hui, mais je considère que les explications de nos ministres sont
éloquentes. Et peut-être que c'est parce qu'on ne parle pas de la même chose
que je ne comprends pas.
Parce que c'est un fait qu'un peu moins de
la moitié des cours de francisation qui sont assumés par les centres de
services scolaires sont en cause dans la mesure où leur offre de services a été
réduite ces derniers temps, pas leur financement, leur calendrier. Le fait est
que plusieurs ont épuisé les fonds qui leur avaient été affectés. J'imagine que
la bonne nouvelle, c'est qu'ils ont pu faire beaucoup de travail cet été
pendant les vacances scolaires, mais que, ce faisant, ils ont utilisé une large
part de leur budget. Certains ont tout pris l'enveloppe. Certains appellent ça
des coupures, que j'ai entendus toute la journée et une partie de la semaine,
mais non, ce ne sont pas des coupures, qui seraient des réductions de budget. Il
s'agit, comme l'a dit la ministre du Conseil du trésor, de ne pas tolérer de
dépassements budgétaires après une augmentation de budget, justement parce que
les budgets ont été augmentés. Il me semble que c'est assez clair.
Je vous ai dit que je ne comprenais pas,
mais ce que je commence à deviner, par contre, c'est que personne ne parle de
la vraie question, du coût de la francisation. Même si on tient à en faire le
maximum, le plus possible, dans un de ses premiers rapports thématiques, le
nouveau commissaire à la langue française expliquait, au printemps, qu'il était
techniquement impossible de franciser tous ceux qui levaient la main, ils sont
tout simplement trop nombreux, et il n'y a juste pas assez de professeurs. Et,
bien sûr, même si on arrivait théoriquement à pouvoir, ça coûterait, devinez
combien, Mme la Présidente, 11 milliards de dollars. Parce que, oui,
c'est une question d'argent, quelque part, parce que, comme le ministre de l'Éducation
le rappelait hier, nous devons respecter la capacité de payer des
contribuables. On ne peut pas affirmer que le Québec a réduit les budgets
consacrés à la francisation, mais on peut affirmer...
16 h 46 (version non révisée)
M. Lemieux : ...que Québec
fait tout ce qu'il faut pour que les budgets soient respectés. C'est tout le
contraire, Mme la Présidente. Mais ceux qui demandent, comme dans cette motion,
de restaurer le service de francisation en milieu scolaire veulent quoi, au
juste? Qu'on dépense sans compter, par principe, parce que c'est bon pour tout
le monde et qu'il faut franciser pour combattre le déclin du français? J'en
suis. Je suis debout et je vais le rester pour continuer de le dire, il faut
combattre le déclin du français et il faut franciser. Mais, dans la vraie vie,
il faut passer à la caisse aussi.
Depuis notre arrivée au gouvernement, le
budget alloué à la francisation dans le réseau scolaire, et juste le réseau
scolaire, dans les centres de services scolaires, est passé de 57 millions
à 104 millions de dollars. Mais ce n'est, comme je le disais plus
tôt, qu'un peu moins de la moitié des budgets de francisation, puisque
Francisation Québec a d'autres partenaires.
Alors, la question, c'est : Combien
est-ce qu'il faut investir dans la francisation? Mais ce n'est pas ce qu'on
nous parle, ce n'est pas ce qu'on nous dit, ce n'est pas ce qu'on nous demande,
mais c'est la question, combien. Nous, on a budgété, dans le budget courant,
2024-2025, 251,3 millions de dollars pour la francisation. Et ça, Mme
la Présidente, c'est 15 % de plus que l'année budgétaire précédente. Donc,
oui, on va franciser plus, autant que faire se peut, autant qu'on a les moyens
de le faire et autant qu'on a le personnel pour le faire, cette année, plus de
75 000 personnes, comme le disait le ministre un peu plus tôt.
Et d'ailleurs, je vais terminer en citant
le ministre. Parce que ça m'a impressionné. J'étais de l'autre côté de la
porte, j'écoutais en cachette. «Les files d'attente en francisation ne sont pas
le résultat du fait qu'il manque de moyens, elles sont le résultat du fait qu'il
y a trop d'immigrants temporaires sur le territoire québécois.» Et il a ajouté :
«J'imagine que les collègues de l'opposition vont nous appuyer auprès du
fédéral dans nos demandes de réduire ce nombre au cours des prochains mois.»
Vous êtes patient, M. le ministre. Je pense qu'ils... on aurait... on aurait dû
entendre tout cet appui au cours des dernières semaines, des derniers mois.
Mais moi, voulez-vous que je vous dise, M. le ministre, au cours des dernières
semaines et des derniers mois, je pense sincèrement que les Québécois
comprennent que les Québécois ont suivi les...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le... Allez... Allez-y. C'est 30 secondes. Allez-y. Excusez-moi.
M. Lemieux : Merci beaucoup.
Alors, les Québécois ont suivi pas juste l'actualité, puis les nouvelles, puis
les commentaires, puis tout ça, ils ont suivi le gouvernement qui, avec le
premier ministre, a imposé cet agenda dans le discours public, que 600 000 nouveaux
arrivants, en ce moment... pas «nouveaux arrivants» mais...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Et
là... Et là, votre temps est terminé. Alors, merci, M. le député de Saint-Jean.
Maintenant, bien, je vais céder la parole à M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne. Et je vous rappelle, M. le député, que vous devez nous
dire si vous acceptez les amendements déposés. Et je vous rappelle qu'il y a un
amendement du Gouvernement et un amendement de l'opposition officielle. Alors,
voilà. La parole est à vous.
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme
la Présidente. D'intendance, d'abord, comme vous le soumettez, là, j'accepterai
l'amendement du député d'Acadie. Évidemment, ils l'auront compris, je refuserai
l'amendement du Gouvernement. Ils n'en seront même pas surpris. Bel essai, c'est
ce que je leur dirai, bel essai.
Et j'en profite pour demander à M. le
ministre de nous déposer ses magnifiques tableaux. Il aime si bien les brandir,
alors je ne voulais pas l'interrompre tout à l'heure, je le fais à l'intérieur
de mon intervention. Ça nous fera plaisir de lire vos tableaux et de les
regarder, M. le ministre.
Immense détour, Mme la Présidente, immense
détour, mais bien peu à offrir. Les étudiants et les étudiantes n'ont pas
demandé un cours sur l'héritage du ministre de l'Immigration et de la
Francisation. Ils ont demandé des cours de français.
Je vais rappeler l'histoire, pendant qu'on
y est, aux collègues. On n'a pas voté contre la 96, on a voté... on a voté
pour. On a évidemment dit qu'il y a plein d'éléments qu'on enlèverait
là-dedans, mais à un moment donné, se lever puis prétendre le contraire, il ne
faut pas exagérer. Il ne faut pas réécrire l'histoire.
Pas moins de francisation. Elle est bonne,
celle-là, Mme la Présidente. Voyons donc. On a regardé un des tableaux soumis,
automne 2023, 772 classes, on passe à 936 en automne 2024. Plus 164,
certes, mais ce qu'on apprend depuis des semaines, c'est la fermeture de
dizaines et des dizaines et des dizaines de classes. Aussi bien soit-il, Mme la
Présidente, qu'on passe à moins 200 et plus, et donc que le bilan en ouverture
de classe, il n'est pas dans le vert, Mme la Présidente, il est dans le
rouge...
16 h 51 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...Donc,
ça serait intéressant que le ministre intègre à ses chiffres les fermetures de
classes en CSS, en centre de service scolaire, pour qu'on ait au net l'ouverture
et la fermeture des classes. Ça sera pour un prochain tableau. 3 600
étudiants ont déjà perdu leur cours de francisation. De ceux-là, environ 2 000
attendent encore d'être localisés, relocalisés à Francisation Québec. Et ça s'ajoute
aux dizaines de milliers de personnes qui attendent un cours de français. Des
milliers vont les rejoindre dès la semaine prochaine, des dizaines de profs
vont perdre leur job dans quelques jours, des milliers d'étudiants vont perdre
leur groupe, leur classe. Ça, c'est une tragique perte d'expertise... ces
gens-là, ils ne passent pas à Francisation Québec. Quel échec! Le ministre
critique les CSS encore. Semble-t-il que c'est plus facile à faire en
francisation qu'en laïcité. Les CSS n'ont rien compris. L'ensemble d'entre eux,
Mme la Présidente, tous les centres de services scolaires n'ont rien compris
sur leur budget. Ils ont les fonds, mais on les empêche de les utiliser. Par
contre, ça serait leur mauvaise gestion. Bien sûr. Bien sûr. C'est sûrement
plus simple de couper dans le budget des CSS et dans le budget d'un collègue
que dans le sien. Au final, le constat est là : le gouvernement ne donne
pas le budget nécessaire et ne permet pas au CSS de dépenser son budget en
francisation. Puis, Mme la Présidente, le ministre n'a rien nié. Il a restreint
les budgets pour limiter au nombre d'heures... le nombre d'heures à celui de
2020 et 2021. Il a bel et bien utilisé l'année de la pandémie comme année de
référence pour établir le nombre d'heures dispensées en francisation. Il ne l'a
pas nié. C'est noir sur blanc dans ses documents, Mme la Présidente. Et je
réitère : La seule explication plausible des syndicats ce matin, c'est
parce que c'était la meilleure année pour couper davantage. Il nous dit que des
classes sont disponibles. Essayez de trouver des classes disponibles. On a
cherché les classes disponibles. L'ensemble des milliers d'étudiants...
cherchent à se franciser, ont cherché des classes disponibles. Les syndicats,
les étudiants ont cherché des places disponibles. Tous les partis d'opposition
ont cherché des places disponibles. Où sont-elles ces classes-là? Trop de
personnes au Québec. Eh! celle-là, elle m'a fait rire, M.... Mme la Présidente.
Ça vient de la bouche du ministre de l'Immigration. Le ministre de l'Immigration
accuse les oppositions, mon parti, de surcroît, d'être responsable de la hausse
fulgurante du nombre d'immigrants au Québec. Non, mais quand même, il faut le
faire. S'il y a trop de temporaires au Québec, ce n'est pas de sa faute. PTET,
M. le ministre. Vous émettez 100 % des CAQ dans le PTET. Les étudiants, vous
émettez 100 % des CAQ pour les étudiants. Oui, oui. PRTQ, vous admettez
toutes les sélections dans le programme économique, dans le PEQ aussi, M. le
Président... Mme la Présidente. Revendiquer le PMI, renégocier l'accord
Canada-Québec, introduire l'immigration temporaire dans la planification
pluriannuelle, c'est tous des non, ça, de votre côté.
Cela dit, vous n'êtes pas responsable de l'augmentation
de l'immigration. Quand même, je répète que ce sont les mots du ministre de l'Immigration.
Ces temps-ci, je me demande vraiment : Qu'est-ce qui n'est pas de la faute
des immigrants avec ce gouvernement-là. J'ai presque envie de leur lancer un
défi, là. Nommez trois choses qui ne sont pas de la faute des immigrants au
Québec. Parce que, même récemment, les déboires en DPJ, les agressions
sexuelles commises, c'était de la faute des immigrants. Si le ministre ne veut
pas écouter le PQ, si le ministre ne veut pas écouter le Parti libéral, si le
ministre ne veut pas écouter QS, c'est son affaire. Mais il doit écouter les
profs. Il doit écouter les directions. Il doit écouter les étudiants, puis les
étudiantes, puis les nouveaux arrivants. Bien non, tout le monde a tort :
des milliers d'étudiants, des dizaines de profs, des syndicats, des directions,
des journalistes à la pelletée qui écrivent là-dessus, la société civile, les
trois partis d'opposition. Le député de Saint-Jean disait qu'il ne nous
comprend pas. Bien oui...
16 h 56 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...c'est
sûr, Mme la Présidente, ce n'est certainement pas le ministre, ce n'est
certainement pas le gouvernement qui sont dans l'erreur. C'est tout ce
monde-là, tout ce monde-là n'ont rien compris, bien sûr.
En terminant, Mme la Présidente, la
francisation, c'est aussi l'intégration. Ce n'est pas juste enseigner la
grammaire, la langue, c'est enseigner la culture, les repères, les valeurs, les
façons de vivre en société. C'est apprendre ce que c'est, être Québécois. En
coupant en francisation, le ministre met à mal non seulement notre identité, il
met à mal mal la langue française. Il met à mal le Québec.
Une voix : ...
M. Cliche-Rivard : Bien là.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.,
je vous cède la parole, vous avez un appel au règlement.
M. Lévesque (Chapleau) : Article 35.
Ce sont des propos blessants. Et on prête des intentions au ministre et au
gouvernement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
M. le leader de la deuxième opposition, vous avez un appel au règlement, j'imagine?
Une réplique?
M. Leduc : Oui. Mon collègue
fait des critiques parfaitement légitimes en cette Chambre, les mêmes qu'on
ferait à la période des questions. Je ne vois pas pourquoi on l'interrompt, là.
Qu'on le laisse terminer, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
le temps file, il faut se... il faut terminer le débat. Alors, continuez, M. le
député.
M. Cliche-Rivard : Et voilà,
si le gouvernement a de la misère à vivre avec son bilan, c'est leur affaire.
Ce sera dit.
Il me reste deux minutes. Mes derniers
mots, Mme la Présidente, vont aller aux étudiants et aux étudiantes en
francisation, aux nouveaux arrivants qui ont levé la main pour apprendre le
français, qui sont abandonnés par le gouvernement, ainsi qu'envers leurs profs.
Ne lâchez pas, votre cause finira par être entendue. Il faut garder espoir. L'amour...
L'amour de la langue aura raison du gouvernement. Je le souhaite plus que tout.
Je nous le souhaite plus que tout. Mme la Présidente, le ministre a encore le
temps de faire la bonne affaire, le gouvernement a encore le temps de faire la
bonne affaire, j'espère qu'il entendra raison. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Le débat est terminé. Alors, conformément au
règlement, je dois d'abord mettre aux voix la motion d'amendement présentée par
M. le député de l'Acadie avant de procéder au vote sur la motion principale.
Alors, je vais vous faire la lecture de ces deux motions.
La motion principale de M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale constate la
fermeture de plusieurs dizaines de classes de francisation partout au Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec
de s'engager à réinstaurer les services de francisation en milieu scolaire qui
ont été interrompus dans les dernières semaines et à prendre tous les moyens
nécessaires pour éviter de nouvelles fermetures de services dans ces milieux.»
La motion d'amendement de M. le député de
l'Acadie se lit comme suit :
«Que la motion du député de
Saint-Henri-Sainte-Anne soit amendée de la manière suivante : À la
quatrième ligne, ajouter le mot «scolaires», les mots «pour adultes».
Je mets d'abord aux voix la motion... Oui,
M..
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors,
il y a une demande de vote électronique. M. le leader du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Vous
vous doutez sûrement de ce que... ma demande. Donc, on va reporter ce vote à
demain, s'il vous plaît. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Je m'en doutais fortement mais je devais quand même vous céder la parole.
Alors, conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote sur la
motion de M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne et sur la motion d'amendement
du député de l'Acadie seront tenus à la période des affaires courantes de
demain. Merci.
Alors, je vous cède la parole, M. le
leader, pour nous indiquer la suite de nos travaux.
M. Lévesque (Chapleau) : Exactement.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir ajourner
nos travaux à demain, 9 h 40, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
Donc, en conséquence, nous ajournons nos
travaux à demain jeudi le 31 octobre 2024 à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 01)