(Neuf heures quarante minutes)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Bon
mercredi matin, chers collègues.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir
vous asseoir, car nous en sommes à la rubrique Déclarations de députés. Et,
pour la première déclaration, aujourd'hui, je reconnais M. le député de Vachon.
Souligner
la contribution du Club Optimiste de Saint-Hubert à la tenue
de la fête d'Halloween dans la circonscription de Vachon
M. Ian
Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup, M.
le Président. Aujourd'hui, je souligne l'engagement communautaire du Club
Optimiste de Saint-Hubert à l'occasion de la fête de l'Halloween.
Depuis plusieurs années, cet organisme contribue
à la réussite de cette... soirée, pardon, pour les enfants de mon comté. Chaque
année, avec mon équipe, nous nous associons au Club Optimiste pour cet
événement en distribuant des chocolats chauds, mais surtout pour être présents
sur le terrain avec les gens de la première ligne, les policiers et les
pompiers, que je salue. Cette collaboration, M. le Président, contribue à faire
de cette fête un moment sécuritaire et mémorable pour les tout-petits.
Et comme vous le savez, demain soir, nos rues
seront remplies de petits monstres, vêtus de leurs costumes préférés, prêts à
récolter des bonbons. Alors, on se rappelle certaines consignes de
sécurité : on accompagne les enfants, on vérifie les friandises avant de
leur donner accès à tout ce sucre qu'ils ont récolté, et, pour les
automobilistes, je leur demande prudence et patience.
Une très bonne Halloween! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Vachon. Pour la prochaine déclaration, je reconnais
M. le député de l'Acadie.
Souligner
le 30e anniversaire de l'organisme Bois urbain
M. André
Albert Morin
M. Morin : Alors,
bonjour, M. le Président. C'est avec une immense fierté que je tiens à
souligner le 30e anniversaire de Bois Urbain, un organisme-phare
situé dans la circonscription de l'Acadie.
Bois urbain est situé au coeur du secteur
Chabanel. En ses murs, on y apprend et fabrique de véritables petits
chefs-d'oeuvre en bois, meubles de salon, meubles de bureau, différents objets
tendance, mais tous faits à la main.
Bois Urbain offre des cours d'ébénisterie depuis
trois décennies et aide des jeunes adultes à intégrer le marché du travail en devenant de véritables ébénistes de
talent. Bois Urbain est devenu, depuis sa création, un modèle de réussite
dans la réinsertion sociale, avec une vision qui aide les gens.
Je suis très heureux de souhaiter à Bois Urbain
un bon 30e anniversaire. Je les invite à continuer leur mission. Bravo! Et
merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de l'Acadie. Maintenant, pour la prochaine déclaration,
nous allons entendre M. le député de Saint-Jean.
Souligner
le lancement d'une nouvelle démarche visant la
création d'un centre d'innovation en sécurité civile
et publique dans le Haut-Richelieu
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux : M. le Président,
la semaine dernière, la décision a été confirmée, au terme d'un long
processus : le projet d'une zone d'innovation en sécurité civile et
publique dans le Haut-Richelieu n'a pas obtenu la désignation officielle du
gouvernement du Québec.
J'étais avec les partenaires économiques de la
région dès le premier jour, il y a trois ans, lorsque l'idée s'est
littéralement imposée. C'était ça, et c'était... et ça reste une vraie bonne
idée. Mais force est de constater, en fin d'analyse,
que le projet n'est pas mûr, considérant les paramètres essentiels à
l'obtention d'une telle désignation, à commencer par l'absence d'un gros
client, un bailleur de fonds privé qui peut investir largement pour bénéficier
de la synergie de la recherche d'institutions de haut
savoir et d'un écosystème industriel comme nous en avons un chez nous, prêt à
s'investir. C'est ça, une zone d'innovation.
Mais,
à défaut d'une zone, nous travaillons maintenant sur un centre d'innovation,
qui réunit déjà des chercheurs et des partenaires régionaux, qui ont
tellement bien travaillé ensemble, en apprenant, et on va continuer de
travailler ensemble, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Saint-Jean. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Verdun.
Remercier la Maison d'accueil des nouveaux arrivants
Îles-des-Soeurs
pour l'organisation du Gala de reconnaissance de l'héritage
interculturel et féliciter les lauréats
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je veux célébrer l'organisme de l'Île-des-Soeurs la Maison d'accueil des nouveaux arrivants, la MANA,
pour l'organisation annuelle du Gala de reconnaissance de l'héritage
interculturel.
Ce gala est devenu
une tradition précieuse pour Verdun, mettant en lumière la persévérance des
nombreux immigrants qui, malgré les épreuves et les défis, réussissent à se
démarquer, à enrichir la société québécoise par leur travail, leur détermination et surtout leur talent. Chaque histoire de
réussite est un témoignage de courage et de résilience, montrant que
l'immigration est une richesse autant sociale qu'économique pour notre communauté.
Je souhaite donc
féliciter les lauréats de 2024, Eddy Ramírez et Bryan Steven Pérez Osorio, pour
leur parcours exceptionnel, ainsi qu'Elizabeth Angers pour son apport à
l'inclusion interculturelle.
Je salue aussi le
dévouement de tous les membres la MANA qui chaque année organisent avec brio ce
gala de reconnaissance. Leur travail est
essentiel dans l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants à
l'Île-des-Soeurs. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Verdun. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Saint-François.
Rendre hommage à M. Jean-Michel Longpré
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : M. le Président, depuis
33 ans, l'historien Jean-Michel Longpré se dévoue à protéger et à
promouvoir le patrimoine sherbrookois et estrien.
Il est notamment
membre du C.A. du Comité du patrimoine de Bromptonville depuis 1992 et son
trésorier depuis 2011. Il a publié plusieurs
articles dans les bulletins de Bromptonville et du canton de Brompton et
contribué à la présentation du circuit patrimonial dans le vieux
Brompton.
En collaboration avec
le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke, M. Longpré est
l'initiateur des fouilles archéologiques sur le site de Kruger, auxquelles il a
participé.
Il
a fait partie du comité consultatif d'urbanisme de l'ancien arrondissement de
Jacques-Cartier pendant huit ans et de la ville de Sherbrooke pendant
deux ans.
Depuis 1991, il
soutient le projet de restauration de la prison Winter à Sherbrooke, ce qui lui
a valu, en 2021, la Médaille du souverain pour les bénévoles, décernée par la
gouverneure générale.
M. le Président, M. Longpré
défend notre patrimoine comme une richesse d'avenir. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Saint-François.
Et maintenant, pour la prochaine déclaration, je reconnais M. le député de
Taschereau.
Saluer la fondation de l'organisme Le Répit Basse-Ville
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont :
M. le Président, je souhaite profiter de cette déclaration pour souligner
la fondation d'un organisme qui est déjà un
pilier du soutien aux personnes vivant en situation d'itinérance à Québec, Le
Répit Basse-Ville.
Vous me demanderez :
Comment un organisme qui tenait son AGA de fondation début octobre peut déjà
être un pilier? Parce qu'il s'agit d'un projet collectif. Fort de l'expérience
des équipes du PIPQ, de L'Archipel d'entraide, du YMCA, soutenu par une collaboration entre les organismes, le RAIIQ,
la ville de Québec et les équipes du CIUSSS, le Répit développe ainsi
une expertise unique à Québec, qui permet un accueil à haut seuil.
Leur approche, basée
sur la mobilisation des pairs aidants, est d'une remarquable humanité.
Je salue leur engagement,
leur agilité et leur ténacité.
Le
financement est toujours un casse-tête, l'accessibilité sociale demeure un
défi, la crise de l'itinérance que nous traversons est évidemment sans
précédent, mais l'équipe du Répit Basse-Ville et son conseil d'administration
sont des éléments clés pour faire de notre milieu une communauté plus
résiliente. Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Taschereau. Maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à M. le député de Portneuf.
Souligner le geste héroïque de M. Mikaël Fiset
M. Vincent Caron
M. Caron :
Merci, M. le Président. L'été
dernier, par une belle fin de journée, un résident de ma circonscription,
Mikaël Fiset, se rendait à Donnacona. En traversant un pont sur la 138, il
aperçoit un homme immobile, regardant la rivière en contrebas. Mikaël le
dépasse, puis l'observe dans son rétroviseur. C'est alors qu'il voit l'homme
enjamber le garde-corps du pont. Faisant
demi-tour, Mikaël engage la conversation avec lui. Il parvient à convaincre
l'homme en détresse de descendre du garde-corps et de le rejoindre.
Mikaël l'accompagne en lieu sûr et appelle immédiatement les services
d'urgence, qui interviennent rapidement.
Ce
jour-là, Mikaël Fiset a très certainement sauvé une vie. Je tenais ici à le
féliciter chaleureusement pour son geste héroïque.
Je remercie également
son père, Michel Fiset, qui m'a partagé cette histoire émouvante.
J'en
profite pour saluer tous ces héros discrets de notre quotidien qui, par leurs
gestes, sauvent des vies au Québec. Mille fois merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, M. le député de Portneuf. Et maintenant, pour la prochaine
déclaration, je cède la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
Souligner le travail de l'organisme Quartier général de
l'audace
M. Youri Chassin
M. Chassin : M. le Président, saviez-vous que l'audace a son quartier
général à Saint-Jérôme? Le Quartier général
de l'audace, ou QGDA, est le plus important club d'entrepreneurs étudiants des
Laurentides, avec plus de 300 membres.
Luc Boulanger et son équipe offrent des formations, des ateliers, l'accès à du
mentorat et même des bourses aux étudiants qui souhaitent se lancer en
affaires.
Développer l'état
d'esprit entrepreneurial chez nos jeunes, c'est la meilleure stratégie pour
faire face aux défis du repreneuriat, selon
Bernard Casavant et Philippe Fugère, coprésidents de la campagne de financement
du QGDA. Et, en seulement deux ans d'existence, c'est la somme de
2 635 000 $ qui a été amassée auprès des généreux partenaires et
entreprises de la région.
Alors,
messieurs, vous déplacez des montagnes pour la relève. Un grand merci. Et merci
aussi à toute l'équipe du cégep, de
la fondation et des donateurs pour cette somme impressionnante, mais surtout
pour faire sentir à la relève qu'elle est bien entourée.
Toute une communauté
vous appuie pour que vos rêves aillent loin. Merci.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Saint-Jérôme. Et
nous poursuivons notre rubrique avec la déclaration de M. le député de
Taillon.
Souligner le 40e anniversaire du Centre communautaire
Le Trait d'union
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, M. le Président.
Aujourd'hui, je veux célébrer le 40e anniversaire du Centre communautaire
Le Trait d'union.
Cet organisme dédié
au développement et au mieux-être de la personne par le biais du loisir, de la
culture et de l'action communautaire est un
incontournable de Longueuil. Que ce soit par son offre culturelle incroyable,
son offre de cours variés destinés aux jeunes et aux aînés ou encore par
l'initiative des camps de jour à prix modique destinés à notre population défavorisée du quartier, l'équipe
du Centre communautaire Le Trait d'union affiche toujours présent quand
il est question d'enrichir la vie de notre communauté.
Aujourd'hui,
je prends le temps de remercier l'équipe du conseil d'administration, dirigée
par M. Richard Goudreault, et
surtout les piliers de l'équipe des opérations, avec M. Adel Berbaoui et
Mme Véronique Denis. Nous sommes chanceux de compter sur vous
et, bien sûr, sur les bénévoles, qui nous offrent un accueil chaleureux, des
repas délicieux et une ambiance incroyable.
Merci. Et longue vie
au Centre communautaire Le Trait d'union!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député de Taillon.
Maintenant, pour la prochaine déclaration, je cède la parole à Mme la
députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner
la contribution du Club Optimiste Douville à la tenue de la
fête d'Halloween dans la circonscription de Saint-Hyacinthe
Mme Chantal
Soucy
Mme Soucy : Bonjour, M. le
Président. Demain, c'est la fête de l'Halloween, une journée que nos tout-petits
attendent avec impatience pour se déguiser et faire la récolte de bonbons.
Pour une huitième année consécutive, l'Halloween
de la députée est de retour. Au fil des ans, l'événement s'est transformé en
importance pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, et depuis trois ans, grâce à
un partenariat avec le Club Optimiste
Douville, les enfants peuvent sillonner un sentier hanté dans lequel les
attendent fantômes, vampires, sorcières et zombies pour les faire
frissonner de peur.
Je profite de
mon temps de parole pour remercier chaleureusement tous les précieux bénévoles
du Club Optimiste Douville pour la
conception de ce sentier et leur excellente collaboration. Fidèles à nos
habitudes, M. le Président, mon équipe et moi y serons pour distribuer
bonbons et le traditionnel chocolat chaud.
Je souhaite à tous les enfants une joyeuse
Halloween et une bonne récolte de bonbons. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Saint-Hyacinthe. Et joyeuse Halloween!
Maintenant, pour la prochaine déclaration, je
cède la parole à Mme la députée de Brome-Missisquoi.
Rendre
hommage à M. Ralph Gilman
Mme
Isabelle Charest
Mme Charest : Merci, M. le
Président. Je souhaite saluer la contribution exceptionnelle de M. Ralph
Gilman, citoyen de Bedford, qui oeuvre depuis plus de 45 ans à assurer la
sécurité des membres de sa communauté.
Suivant les
traces de son grand-père pompier dans les années 30, M. Gilman fait
ses débuts en 1977 dans la brigade du canton de Bedford. En 2007, il est
nommé directeur du service de sécurité incendie pour la ville de Bedford et
trois municipalités voisines. Toute sa carrière, il s'assure de la
modernisation des équipements pour qu'ils répondent aux besoins de toute son équipe, incluant les femmes qui en font partie. Il
a contribué à la mise en place d'une entente d'entraide rassemblant 11 brigades desservant les
21 municipalités de la MRC de Brome-Missisquoi, une première sous cette
forme au Québec. Il a également travaillé activement à l'implantation
d'un centre d'entraînement régional pour la formation des pompiers.
M. Gilman est toujours aussi actif et
continue de donner à sa communauté, et ce, bien au-delà de son travail au service
de sécurité des incendies. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée de Brome-Missisquoi. Et maintenant nous allons conclure notre
rubrique avec la déclaration de Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner
le 20e anniversaire de la Tohu
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin
Roy : Merci, M. le Président. Seul diffuseur spécialisé
en cirque contemporain en Amérique du Nord, la Tohu célèbre ses 20 ans d'existence cette année. En appuyant le développement
de la discipline et en offrant la richesse du cirque d'ici et
d'ailleurs, elle a contribué à positionner Montréal comme capitale
internationale des arts du cirque.
Agissant à titre de pavillon d'accueil et
d'interprétation du parc Frédéric-Back, modèle de transformation et
d'ingénierie environnementale, la Tohu offre aussi une vaste gamme d'activités
éducatives sur l'environnement. Ancrée
au coeur du quartier Saint-Michel, la Tohu s'est avérée un moteur de vitalité
culturelle, sociale et économique sur
le territoire. Elle a même su se démarquer par une audacieuse politique
d'employabilité locale pour les jeunes du quartier.
Pour sa
20e saison, débutée le 17 octobre dernier, la Belgique, l'Australie,
le Mozambique et la France s'inviteront à la Tohu, qui, durant deux
décennies, a vu passer des productions aussi improbables qu'impressionnantes.
Merci pour l'émerveillement et bonne
continuation au directeur général, Stéphane Lavoie, et ses équipes.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la
députée d'Anjou—Louis-Riel.
Et maintenant cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55
)
(Reprise à 10 h 07)
La Présidente : Mesdames et
messieurs, bienvenue chez vous.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je
vous remercie beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Oui. Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites
au feuilleton le 11 septembre 2024 par la députée de La Pinière et le
26 septembre 2024 par le député de l'Acadie. Merci.
La Présidente :
Ces documents sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Étude détaillée du projet de loi n° 77
M. Simard :
Oui, Mme la Présidente. C'est avec grand plaisir que je dépose le rapport
de la Commission des finances publiques qui, le 24 octobre dernier, a
procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 77, Loi
modifiant principalement des lois instituant des régimes de retraite du secteur
public. Et nous avons adopté ce projet de loi sans amendement. Je vous
remercie.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Demander l'exemption des étudiants autochtones des
dispositions de la
Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 2 794 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu que la Loi
sur la langue officielle et commune du Québec, le français a été mise en place
pour préserver la langue française au Québec, sans tenir compte de la
préservation des langues autochtones;
«Attendu que de
nombreux étudiants et étudiantes autochtones n'ont pas de déclaration
d'admissibilité à l'enseignement en anglais et sont donc soumis à toutes les
exigences de la loi 14;
«Attendu que la
loi 14 impose des restrictions éducatives et linguistiques aux autochtones
inscrits au cégep et restreint les droits individuels des étudiants et
étudiantes à décider de leur langue d'enseignement en fonction de leurs
objectifs professionnels;
«Attendu que la loi
14 exige que les étudiants et étudiantes autochtones ayant peu ou pas de connaissances
en français suivent des cours de français supplémentaires à des niveaux
dépassant leurs capacités, compromettant ainsi leurs chances de réussite
académique, notamment lors de l'épreuve uniforme de français;
«Attendu qu'il
n'existe pas de programme d'accompagnement ou de financement spécifique aux
étudiants et étudiantes autochtones les
aidant à se soumettre aux exigences linguistiques de la loi 14 et qu'ils
se sentent livrés à eux-mêmes;
«Attendu que la
loi 14 a un effet dissuasif sur les étudiants autochtones dans la
poursuite de leur formation postsecondaire, car elle crée une barrière
éducative pour eux et elles;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires, demandons au gouvernement du Québec d'exempter tous les étudiants et
étudiantes autochtones des dispositions de la loi 14.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
• (10 h 10) •
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, force est de constater que la CAQ ne s'occupe pas de notre
monde, ne s'occupe pas, entre autres,
de nos jeunes vulnérables. Avec le drame de la fillette de Granby, en 2019, le
premier ministre avait déclaré, en
mai 2019, à l'annonce du lancement de la commission Laurent, ce qui suit :
«nous a tous fortement émus», «plusieurs questions et préoccupations envers l'efficacité du système de protection
de la jeunesse». Fin de la citation. Il avait ciblé l'inefficacité du
système et voulait s'y attaquer.
Le rapport a été déposé, Mme la Présidente, en
2021, ça fait trois ans, et quels sont les résultats? On voit que partout dans le réseau il y a des cas
inacceptables. Dans les 20 derniers jours : le 9 octobre,
Mauricie—Centre-du-Québec
sous tutelle, faux rapports déposés au tribunal, évaluations incomplètes,
droits des enfants brimés; semaine dernière, Cité-des-Prairies,
pendant deux ans neuf éducatrices, qui aujourd'hui sont suspendues ou
congédiées, ont fait des inconduites sexuelles
envers cinq mineurs; lundi, en Montérégie, trois employés ont démissionné en
raison de comportements inappropriés de nature sexuelle sur des
événements qui remontaient à 2019, Mme la Présidente.
Face à cela,
on a un ministre responsable, dans le titre, des Services sociaux qui s'insurge
mais qui n'agit pas en amont. Le
comité de suivi de la commission Laurent a exprimé ses inquiétudes face à la
non-mise en place des recommandations.
Quelle est la réponse du gouvernement? Quand
va-t-il donner suite au rapport Laurent comme il se doit?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, d'abord, quand le chef de l'opposition officielle dit : On ne
s'occupe pas de nos jeunes, je lui rappelle qu'on a augmenté les budgets de la
DPJ de plus de 50 %. Donc, je pense qu'il devrait corriger cette fausse
affirmation, Mme la Présidente.
Deuxièmement, Mme la Présidente, on a augmenté
les salaires, les primes qui sont payés aux gens de la DPJ. Par contre, là où
il faut calculer que ça prend un certain temps, il faut recruter des personnes,
autant des intervenants que des
superviseurs, puis ça prend un certain temps pour les former. Ces gens-là
doivent avoir une formation. On ne peut pas, du jour au lendemain, dire : On ajoute 1 000, 1 500,
2 000 personnes — c'est
ça qu'on est en train de faire, et ils sont tous déjà formés — puis
ils attendaient chez eux pour être appelés.
Donc, Mme la Présidente, il y a des efforts qui
sont faits. Régine Laurent elle-même a dit : Ça va prendre 10 ans pour mettre en place les changements
qu'on propose. Le ministre a répondu : Moi, je vais essayer de le faire en
six ans. Donc, Mme la Présidente, il
y a des efforts qui sont faits. Il y a une nouvelle commissaire qui devrait
être... pas une commissaire...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...mais une
directrice nationale qui devrait être nommée aujourd'hui, une femme compétente.
La
Présidente : Réponse terminée. M. le premier ministre, vous
avez dit un terme qui est au lexique, je vous demande de le retirer,
tout simplement, «fausse affirmation». Retirez-le. Vous le retirez?
M. Legault : ...
La Présidente : Voilà. Première
complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, je suis excessivement... nous sommes excessivement préoccupés
pour nos jeunes vulnérables dans le réseau, surtout quand on entend le
premier ministre dire : Le ministre se donne six ans. Ça fait déjà six ans
qu'il est là. Il se donne un autre six ans, ce qui va faire 12 ans, Mme la
Présidente.
Le ministre... Martine Desjardins, présidente du
comité de suivi, disait : «Une seule nouvelle recommandation semble avoir fait l'objet de travaux dans les deux
dernières années. La majorité des recommandations étiquetées urgentes
doivent être mises en place.»
Pourquoi ça n'a pas été fait? On ne peut pas
attendre six ans.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bon, Mme la
Présidente, indirectement le chef de l'opposition officielle vient de nous dire
qu'il ne reconnaît pas la compétence de Régine Laurent, qui a dit :
Ça prend 10 ans. Donc, je pense que pourtant, au Québec, out le monde va reconnaître la grande compétence
de Régine Laurent puis de toute l'équipe qui a écrit un rapport, et donc
qui a dit : Ça prend 10 ans.
Maintenant, Mme la Présidente, il y a
des changements qui sont faits actuellement. Il y a des embauches qui sont
faites. Il faut prendre le temps de former les gens. C'est inacceptable, ce qui
est arrivé dans certaines DPJ.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, allons-y voir. Régine Laurent, là, elle n'était pas
toute seule, c'était une commission
transpartisane, puis elle était loin d'être toute seule. On va citer
l'ex-vice-président de la commission Laurent, André Lebon, qui disait,
lundi : «Il était — parlant
du ministre — toujours
en mode réactif, comme s'il apprenait des choses. Ça ne se peut pas qu'il apprenne ça aujourd'hui.»
Le ministre lui-même, hier, a avoué qu'il rencontrait... il avait cessé de
rencontrer la DPJ personnellement chaque mois : «Je vais me rasseoir,
j'aurais dû continuer à le faire.»
Reconnaît-il qu'il a
manqué à son devoir?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bon, ça fait quelques
fois que j'entends le chef de l'opposition remettre en question la compétence
du ministre responsable des Services sociaux. Je rappelle, Mme la Présidente,
que le ministre responsable des Services sociaux est un médecin réputé
internationalement, qui était à l'Hôpital Sainte-Justine. Je pense que tous les
partis politiques au Québec auraient rêvé de l'avoir dans leur équipe.
Donc,
actuellement, le ministre se démène avec les ressources qui sont disponibles au
Québec. On sait qu'il y a...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...une augmentation importante du nombre de cas. Donc, il faut tenir compte
de cette situation.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Que le premier ministre pose donc la question si les jeunes dans le réseau
qui sont abandonnés disent puis considèrent
que le ministre, c'est le ministre rêvé, que c'est un rêve. Pense-t-il que le
fait que ce soit un ami, comme il l'a
justifié hier, ça justifie le fait qu'il soit encore ministre aujourd'hui? Il a
dit : C'est un ami, en réponse aux journalistes, comme si c'était
un critère.
Le
ministre n'est au courant de rien, ne se rend compte de rien, et la seule
solution qu'il a apportée, cette semaine, c'est de congédier celle qu'il avait
nommée, tambour et trompette, deux fois plutôt qu'une. Alors, quelle est sa
part de responsabilité? Va-t-il...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon. Bon, on a vu comment le chef de l'opposition officielle traite les
gens de notre parti, hier. Il continue
aujourd'hui. Mme la Présidente, effectivement, le ministre responsable des
Services sociaux est un ami que je connais depuis longtemps, c'est ce qui m'a
permis de le convaincre de venir en politique. On le sait, que ce n'est pas
facile, faire de la politique aujourd'hui.
Donc, Mme la Présidente, je demande au chef de l'opposition officielle d'avoir
un peu de respect pour ses collègues d'en face.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Robert-Baldwin.
Révision du système de protection de la jeunesse
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Hier, le premier ministre a réaffirmé sa
confiance envers son ami le ministre de la
Protection de la jeunesse, une protection en crise depuis six ans sous ce
gouvernement. Hier encore, il a affirmé que l'immigration était la cause
de cette crise. Vraiment? Est-ce que c'est l'immigration qui a agressé des
mineurs en centre jeunesse? Est-ce que c'est l'immigration qui a freiné la
nomination tant attendue du Commissaire au bien-être et aux droits des enfants
et l'instauration d'une charte des droits? C'est scandaleux, scandaleux
d'entendre de tels propos dans cette Chambre, Mme la Présidente.
Le ministre
endosse-t-il les paroles de son ami le premier ministre?
La Présidente : La réponse du
ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Écoutez, je remercie la députée de Robert-Baldwin,
qui va me permettre de vous exposer l'impact
des nouveaux arrivants sur la demande à la protection de la jeunesse. Et,
oui, elle est réelle.
Mme la
Présidente, l'impact des nouveaux arrivants joue un rôle sur tous nos services
que l'on offre. Vous savez qu'à mon
grand désespoir il y a des gens qui partent d'Amérique du Sud, des Caraïbes,
qui traversent les États-Unis à pied, à
pied, avec leurs enfants, qui arrivent au Québec, et, parce qu'ils n'ont pas
les... parce que... à cause de leur état, la DPJ est appelée et doit
intervenir dans ces cas-là.
Alors, moi, ce que j'ai demandé, c'est qu'on
intervienne avec les services sociaux, avec les organismes communautaires,
qu'on modifie notre façon d'intervenir pour s'assurer que ces enfants-là
puissent rester dans leurs familles, Mme la
Présidente. C'est important, c'est important que notre façon de faire dans les
choses soit différente. Nous, ce
qu'on souhaite, là, c'est que les gens qui arrivent au Québec contribuent à la
société québécoise du mieux possible, et c'est en leur offrant le
meilleur accueil et les meilleurs services possible...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...incluant les
services jeunesse, Mme la Présidente.
• (10 h 20) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau : Mme
la Présidente, je ne peux pas comprendre... je trouve inacceptable la réponse
du ministre, qui reprend les propos
du premier ministre en liant COVID, l'immigration à qu'est-ce qui s'est passé à
Cité-des-Prairies. C'est complètement inacceptable. On a déjà perdu
trois ans, depuis la nomination de Catherine Lemay. Le ministre l'a avoué
lui-même, qu'il a délaissé sa présence sur le terrain. Pourtant, c'est sa job.
Peut-il au moins...
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Bien, moi, je
tiens à vous dire que, quand je suis arrivé, en 2018, là, il y avait deux
dossiers tout aussi dramatiques, là, j'invite qui veut... qui le veut d'aller
chercher quels étaient ces dossiers, que je ne nommerai pas par respect pour
mes prédécesseurs, pour lesquels j'ai demandé une rencontre avec les DPJ, en
janvier 2019, là, avant le drame de Granby. Bien, les DPJ m'ont dit que c'était
la première fois de leur vie qu'ils rencontraient un ministre, Mme la Présidente. C'est ça, la réalité. Le premier ministre
qui a rencontré les DPJ, au Québec, c'est un ministre de notre
gouvernement, Mme la Présidente. Puis on a travaillé avec ça par la suite.
Dans la loi, là, le rôle de la DNPJ...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...c'est d'animer
cette table. Je lui ai laissé faire son rôle par respect...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau : Les
recommandations du rapport Laurent n'avancent pas. La CAQ a refusé notre motion
d'hier demandant d'assurer la mise en oeuvre de toutes les
recommandations. Pourtant, le ministre s'y était engagé à plusieurs reprises
déjà.
Qu'est-ce qui a changé? La CAQ pense vraiment
que nos enfants vulnérables ont le luxe d'attendre?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Mme
la Présidente, tu sais, on peut faire tout en même temps et tout échouer ou on
peut y aller de façon ordonnée, Mme la Présidente.
Nous, là, la stratégie
qu'on a utilisée, c'est de le faire en trois phases. On a fait tout ce qui est
en amont de la DPJ, on a fait tout ce
qui est dans le processus interne de la DPJ, puis là on est rendu aux centres
jeunesse. Je ne minimise pas l'importance
de ce qu'on voit dans les centres jeunesse. On y travaille, on est rendus là.
On a déposé le grand chantier des
centres jeunesse cet été. On commence les réunions cet automne. Tout le monde
va être impliqué. J'ai demandé que les syndicats soient
impliqués, j'ai demandé que les intervenants soient impliqués, j'ai demandé que
tout le monde qui veuille participer...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant :
...à améliorer la vie de nos enfants soit impliqué, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
de l'opposition officielle.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Lors de la nomination de Catherine Lemay à titre de directrice nationale de
la protection de la jeunesse, en mars 2021, le ministre a affirmé ce qui
suit : «Cette nomination est un important pas pour procéder à ces changements cruciaux, et je suis persuadé que
Mme Lemay, avec son parcours impressionnant au sein de nos équipes
jeunesse et ses grandes qualités de leadership, est la personne qu'il
nous faut.» Ça, c'est la décision du ministre, qui l'a nommée, qui avait mis tous ses espoirs en elle, qui a été
en fonction, Mme la Présidente, pendant plus de trois ans et qui cette semaine,
soudainement, n'est plus du tout la personne qui devait être là pour remplir le
mandat.
Le
ministre lui-même a reconnu qu'il avait cessé d'être présent auprès des
directions de la protection de la jeunesse. Il a dit : Si c'était à refaire, je ferais différemment. Le
ministre, en ce sens-là, puis ça se dit en cette Assemblée nationale, n'a pas fait en sorte de faire son mandat, d'être
responsable des services sociaux. Pendant ce temps-là, les cas se multiplient,
encore une fois : Mauricie—Centre-du-Québec,
Cité-des-Prairies, à Laval, en Montérégie.
Le ministre, lui, il a un ami. Le ministre, lui, a
un ami qui s'appelle le premier ministre. Les jeunes vulnérables n'ont
pas un ami qui s'appelle premier ministre.
Question au premier
ministre : Pourquoi le ministre est mieux protégé que nos jeunes?
Des voix : ...
La
Présidente : Silence, je vous prie! Je veux entendre la réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, disons que ça ne vole pas haut du côté du Parti
libéral du Québec.
Mme la Présidente,
comme vient de l'expliquer le ministre responsable des Services sociaux, puis
comme l'avait proposé aussi Régine Laurent, il faut y aller dans l'ordre. Les centres
jeunesse, ce qu'on appelle la DPJ, ça devrait être le dernier recours pour
placer un jeune qui a des difficultés. Il faut d'abord faire de la prévention.
Il faut qu'il y ait des services d'offerts, entre autres, dans les CLSC.
Il
y a eu une explosion du nombre de problèmes de santé mentale. Et, contrairement
à ce qui a été dit tantôt, il y a un ensemble de raisons pourquoi il y a
eu cette explosion. Il y a eu la COVID. Il y a des problèmes, malheureusement,
importants de consommation de drogue. Et, oui, il y a des enfants, des
demandeurs d'asile qui vivent des problèmes familiaux difficiles, puis il faut
s'en occuper.
Donc, Mme la
Présidente, quand on gère, que ce soit dans le privé ou dans le public, on
essaie de choisir les meilleures personnes,
on essaie de se fier aux C.V. des personnes. Je
pense que, dans la majorité des cas,
ce qu'on a fait, depuis six ans, ça a été des bons choix. Maintenant, il
peut arriver, effectivement, qu'on se rende compte que certaines personnes
n'aient pas toutes les qualités qui sont requises pour une tâche précise.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
Ça a été le cas de Mme Lemay.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Pourquoi ce n'est pas le cas du ministre? Pourquoi ce n'est pas le cas du
ministre, qu'on se rende compte qu'il n'est
pas la personne de la situation? Le premier ministre vient de le dire, des fois
on nomme des gens qui ont des beaux C.V. — le ministre, il a un
beau C.V. — qui
semblent être parfaitement compétents pour livrer des résultats, et il l'était
ab initio. Mais pourquoi le premier ministre n'applique pas cette bonne mesure
là?
La directrice, elle
est partie, Mme Lemay, elle a été congédiée. Quelle évaluation, quelle
évaluation le premier ministre fait-il de son ami le ministre?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
j'aurais aimé voir ou j'aimerais voir le chef de l'opposition officielle
s'occuper des dossiers d'itinérance, des dossiers de santé mentale qui
explosent, des dossiers des jeunes, là, qui sont dans des gangs de rue. J'aimerais ça le voir, j'aimerais ça
le voir. Mais, de se permettre des commentaires comme ça sur une personne
qui se dévoue au quotidien, je le vois aller, on le voit aller, il se démène
pour nos jeunes, je trouve ça vraiment déplacé...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...ce que fait le chef de l'opposition officielle.
Des voix : ...
La Présidente :
Pas de commentaire après les réponses. Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là, Mme la Présidente,
là, on est rendus au coeur du problème. Moi, nous, de l'opposition officielle,
on ne pourrait pas, on ne serait pas autorisés, en cette démocratie et cette
Assemblée nationale, de remettre en question les
résultats d'un ministre qui, pour nous, sont inacceptables et sont un échec? On
n'aurait pas le droit, basé sur ce que le premier ministre vient de dire, de remettre en question le bilan du
ministre, et d'exiger des comptes, et de demander au premier ministre de
se demander si, oui ou non, son ami est toujours à la bonne place?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente, je
trouve que le chef de l'opposition officielle est tellement, tellement mal
placé pour donner des leçons de
gestion. On l'a vu, en fin de semaine, c'est le chaos dans son caucus, hein, il
y a deux ou trois députés qui ont dit : On n'est pas d'accord avec
ça, nous autres, fermer les écoles privées de tradition religieuse catholique. Il y a eu deux candidats à la
chefferie, en fin de semaine, qui ont dit : On n'est pas d'accord avec le
chef par intérim du Parti libéral. Donc, moi, je l'invite, là, à se
regarder dans le miroir avant de donner des leçons de gestion.
La
Présidente : M. le leader...
M. Derraji :
...
La Présidente :
Alors, je vous reconnais, M. le
leader de l'opposition officielle. Quel est votre rappel au règlement?
M. Derraji :
Je ne voulais pas me lever, Mme la Présidente, pendant l'échange, parce que
c'est un échange extrêmement important, mais
il y a deux ministres, le ministre de l'Environnement et la ministre du
Tourisme, qui nous ont mis au défi de
vous poser la question, parce qu'ils ont dit, pas une fois, pas deux, «cheap».
Et elle m'a mis au défi de me lever pour vous le demander. Je l'invite,
s'il vous plaît, à respecter cette Assemblée et à retirer ces mots.
• (10 h 30) •
La
Présidente : Alors, je reconnais M. le leader du deuxième groupe
d'opposition.
M. Leduc :
J'ai entendu les mêmes choses. On
m'a également regardé et on m'a aussi nargué pour vous demander de vous mettre au défi de voir s'ils avaient prononcé
ces mots-là. Ça fait plusieurs fois que ces deux ministres en particulier
sont récalcitrants. Ils sont des tannants, Mme la Présidente. Il faudrait
sévir, s'il vous plaît.
Des voix : ...
La Présidente :
Je suis debout. Gardez le silence.
Alors, je vais reconnaître, maintenant, le leader du gouvernement.
Brièvement. Quel est votre rappel au règlement?
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le
décorum, en cette Assemblée, puis le respect entre les collègues, ce que
le chef de l'opposition fait, en méprisant un de ses collègues, le ministre de
la Santé et Services sociaux...
Des voix : ...
La
Présidente : Monsieur...
Des voix :
...
La Présidente :
Bon, non, là, je suis debout, vous vous assoyez tous les deux. Merci,
messieurs. Alors là, je vais trancher.
Maintenant, je vais vous apprendre un petit peu ce que notre règlement nous dit.
Et, naturellement, les gens de la table me l'ont appris, avec toute leur
expertise et leur jurisprudence. De un, commencez par vous respecter les uns les autres. De deux, je ne peux que statuer
sur les propos que j'entends, mais ce n'est pas un chèque en blanc pour vous
dire plein de choses et vous invectiver les
uns les autres. Alors, à cet égard, je vous demande d'être respectueux, et nous
allons poursuivre dans le respect.
Maintenant, nous en étions rendus, si je ne
m'abuse, en question principale, au chef du deuxième groupe d'opposition.
Des voix : ...
La Présidente : Là, là, regardez, il
y a des gens qui vous... Non. M. le leader du gouvernement, c'est beau, vous
pouvez vous asseoir. Les gens vous écoutent ici et vous voient. Vous êtes
filmés. Messieurs dames, gardez le silence.
C'est votre période des questions. Et je vous souligne, aujourd'hui... Demeurez
assis, je n'ai pas terminé. Je vous souligne, aujourd'hui, qu'il y a une
question du député indépendant, et que je vais sauvegarder son droit de parole,
et qu'on va se rendre jusque-là. Maintenant,
vous demeurez respectueux les uns avec les autres. Et vous procédez, monsieur,
allez-y avec votre question.
Révision
du système de protection de la jeunesse
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, Mme
la Présidente. Des enfants aussi jeunes que neuf ans placés en isolement
derrière des barreaux au Centre jeunesse de Laval. Trois ados qui tentent de
s'évader du Centre jeunesse de Québec, armés
de barres de fer. Dans le même centre, des jeunes qui déclenchent une émeute,
dispersés au Taser et au poivre de Cayenne.
Neuf éducatrices suspendues ou congédiées pour inconduite sexuelle au centre
jeunesse de la Cité-des-Prairies. À Laval,
une éducatrice qui entretenait, je cite, «des relations de séduction avec des
adolescents» a été embauchée après les faits dans un autre centre jeunesse,
celui de la Cité-des-Prairies. En Montérégie, trois employés qui démissionnent
pour des inconduites sexuelles envers des jeunes, depuis 2019. En Mauricie, la
DPJ qui place des enfants en adoption sur la base de fausses informations. Les
histoires se suivent et se ressemblent, et le gouvernement du Québec est
complètement dépassé par la situation.
Ça fait six ans que le ministre des Services sociaux
est responsable de la DPJ, ça fait six ans, rien n'est réglé, et ça va de pire
en pire. Qu'est-ce qui fait croire au premier ministre que son ministre va
réussir à faire en deux ans ce qu'il a échoué à faire en six ans?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la
Présidente, je vais répéter ce que j'ai dit tantôt, ce que j'ai dit hier. D'abord,
on vit, au Québec, comme à beaucoup
d'endroits dans le monde, une explosion de jeunes qui ont des problèmes graves,
pour toutes sortes de raisons : suites de la COVID, problèmes de
drogue, problèmes de gangs de rue, enfants de demandeurs d'asile. On a un
ensemble de raisons qui font que partout il y a une explosion, donc, de la
demande de services.
On a eu une
commission parlementaire. Régine Laurent a fait une série de recommandations, a
dit : Il faut y aller dans
l'ordre, sur 10 ans. Il faut d'abord s'assurer que la DPJ et les centres
jeunesse soient le dernier lieu où on envoie les enfants, il faut d'abord essayer de s'occuper des familles, des jeunes,
des problèmes de santé mentale dans les CLSC, être capables de faire de
la prévention.
Bien, Mme la
Présidente, on a embauché des milliers de personnes. On a actuellement des
postes qui ne sont pas comblés. Ça prend un certain temps pour former
autant des intervenants, là, avec de l'expérience... C'est certain qu'une
éducatrice ou un éducateur, là, qui sort de l'école n'a pas la même expérience
que quelqu'un qui a travaillé pendant 10 ans, 20 ans dans le réseau.
Même chose du côté de la supervision.
Je pense que
le ministre responsable des Services sociaux, dans le contexte actuel, fait le
maximum de ce qu'il est possible de faire...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...mais on va
continuer, Mme la Présidente, d'aider nos jeunes.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le ministre
responsable de la DPJ a reconnu qu'il ne faisait même pas une rencontre par
mois avec la personne responsable de la DPJ. Ce n'est pas exactement ce que je
qualifierais de travail maximum.
Ça
fait six ans qu'il est aux commandes, et la situation s'empire. Pourquoi le
premier ministre pense-t-il que ce même ministre va réussir à faire en deux ans
ce qu'il a échoué à faire en six ans?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, d'abord, ce qui vient d'être dit est inexact. Le ministre responsable
des Services sociaux rencontrait la
directrice nationale à chaque semaine. Donc, vous voyez, encore, là, c'est le
même chef qui disait, hier : Ça ne
dérange pas le premier ministre du Québec que des enfants ne mangent pas. C'est
rendu là, le niveau des débats, au Québec. C'est rendu là, la nouvelle façon de
faire de la politique, avec le jeune chef de Québec solidaire, puis je ne sais
pas si ça va être mieux avec la cocheffe qui va s'ajouter. Mais, Mme la
Présidente, je pense qu'il faut être capable de regarder la situation...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...de voir que c'est difficile, actuellement, du côté des...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier ministre a
assez peu de leçons à donner sur le ton des débats en cette Chambre, Mme la Présidente. Il n'a pas répondu à ma
question. La situation à la DPJ s'empire. Le ministre est aux commandes de ce
réseau depuis six ans, et ça s'empire. Il reste deux ans à son mandat. Comment
le premier ministre peut-il penser que ce même ministre va réussir à
faire en deux ans ce qu'il a échoué à faire en six ans?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, il faudrait être de mauvaise foi pour dire que la
situation ne s'est pas améliorée du côté de l'itinérance. Il faudrait être de
mauvaise foi pour dire qu'on n'a pas, dans les dernières années, traité
beaucoup plus de jeunes qui ont des problèmes de santé mentale que les
années...
La
Présidente : M. le leader du deuxième groupe.
M. Leduc :
...parlementaire avec le plus d'expérience ici, il devrait le savoir.
La
Présidente : M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Mme la Présidente, le premier ministre n'a pas traité personne de mauvaise
foi. Il a dit : «Il faudrait être de mauvaise foi», Mme la Présidente.
C'est dans le contexte, Mme la Présidente, les mots doivent être dans un
contexte. Vous devez l'analyser en ce sens-là, Mme la Présidente.
La
Présidente : Alors, je vais simplement...
Des voix :
...
La Présidente : Vous trouvez ça
drôle, là-bas? Ça rit beaucoup, Mme la ministre. Je voudrais nous assurer... Il
est vrai qu'on n'a pas accusé
directement une personne d'être de mauvaise foi. Cela dit, ne faisons pas
indirectement ce qu'on ne peut pas faire
directement, mais soyons respectueux dans nos échanges. Et poursuivons. M. le
premier ministre, il vous reste 22 secondes.
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, il y a 500 000 personnes et plus qui
travaillent dans les réseaux publics. Il y a
une hiérarchie. Il y a des sous-ministres, des sous-ministres adjoints, des
directeurs nationaux. Je sais que le chef de Québec solidaire n'a
peut-être pas eu l'occasion d'être au gouvernement, mais on ne peut pas
s'attendre à ce que...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci, Mme la Présidente. J'ai été très clair avec le ministre hier, le
départ de Mme Lemay était la seule chose à faire, mais l'histoire ne
s'arrête pas là. Hier, on a entendu le ministre en débat d'urgence, mais
personne au Québec n'a été rassuré par ses explications. Il n'a convaincu
personne.
Pire,
on apprend, ce matin, qu'il rejette du revers de la main un rapport de la
commission des droits de la personne et de la jeunesse qui demande d'urgence de
fermer le Mont-Saint-Antoine, qui conclut que les droits des enfants dans ce centre sont lésés. Il n'y a pas
d'eau chaude, les enfants ne prennent pas leur douche, il pleut à l'intérieur,
les murs sont pourris. Des conditions de vie pareilles, Mme la
Présidente, normalement, ça ferait l'objet d'un signalement à la DPJ, mais, un
problème, c'est un établissement de la DPJ.
Hier,
j'ai offert une dernière chance au ministre. Aura-t-il le courage de venir
s'expliquer aux Québécois et aux Québécoises en commission
parlementaire?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Merci, Mme la
Présidente. Je remercie le député de Saint-Henri—Sainte-Anne pour sa question, mais il
faut quand même le faire, Mme la Présidente. Hier, on me disait que je
n'agissais pas dans l'urgence, que je ne voyais pas l'urgence d'agir, et là on
me reproche d'avoir agi de façon urgente avec le dossier du Mont-Saint-Antoine.
Quand même spécial, Mme la Présidente.
• (10 h 40) •
Alors, on parlait de
changement de culture, de l'importance d'aviser le ministre rapidement. Alors,
je salue le CIUSSS—Centre-Sud,
qui m'ont contacté avec l'exposé factuel de la CDPDJ, et je suis allé vérifier
de mes propres yeux, une visite de deux
heures dans toutes les unités du Mont-Saint-Antoine, que les rénovations qui
devaient être faites ou qui... qui devaient être faites ont été faites,
Mme la Présidente. Les toits, les toilettes, les murs, j'ai tout inspecté, Mme
la Présidente. Et, pour être sûrs qu'il y ait transparence, on avait avec nous
Mme Gagnon, qui avait déjà visité le site,
qui avait des photos avec elle pour me prouver l'état d'avant de la situation.
Mme la Présidente, c'est important, j'ai demandé au CIUSSS d'avoir une
rencontre rapidement avec la CDPDJ...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant :
...pour confirmer que tous les changements ont été effectués.
La
Présidente : Première complémentaire. Et je reconnais, pour ce faire,
le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, Mme la Présidente. En mai 2019, j'ai accepté de siéger sur la
commission Laurent. Regardez bien autour de vous, Mme la Présidente, je suis le
seul député qui... dans cette Chambre, qui a signé le rapport de la commission Laurent, pas le ministre, pas le
premier ministre. C'est pour ça que je suis dans l'obligation de me lever
aujourd'hui, Mme la Présidente. Je sens que
la CAQ a tabletté le rapport de la commission Laurent, là. Cette négligence est
inacceptable. En tant qu'ex-commissaire de la commission Laurent...
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci. Tabletté le rapport?
Je vous ai dit, je rencontre le comité de suivi pour leur montrer tout ce qu'on a fait. Maintenant, les
choses, là, ça ne se fait pas comme ça. Mais, quand on fait des changements structuraux, Mme la Présidente, dans la façon dont
nos services fonctionnent, bien, le changement finit par arriver.
Alors, ici, on a la
courbe de santé mentale de notre jeunesse, nos listes d'attente. Ça s'est-tu
déjà vu, une diminution de plus de 60 % des listes d'attente en santé
mentale jeunesse, au Québec, hein? Il y en a qui pensent que ça ne m'intéresse
pas, que je ne m'en préoccupe pas, que je ne veux pas que les choses
s'améliorent? Eh bien, voilà, Mme la Présidente. On n'a pas mis de Band-Aid,
nous autres, on fait des changements structuraux...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant :
...en profondeur dans un système qui ne marchait pas avant qu'on arrive.
Des voix : ...
La
Présidente : Vous connaissez la règle, pas de bravo. Deuxième...
Des voix :
...
La Présidente :
Et gardez le silence. Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Mme la Présidente, le ministre nous dit qu'il agit dans l'urgence. Ça fait
des mois que la CDPDJ enquête sur Mont-Saint-Antoine. Des enquêteurs
spécialisés sont allés sur le terrain et ont conclu, avec des experts, qu'il y
avait des lésions de droits. Mais, non, une visite de deux heures du ministre,
puis tout ça, ça s'efface. Voyons donc!
Je le répète :
Aura-t-il le courage de venir s'expliquer en commission?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Bien, Mme la Présidente, on a lu la liste de l'exposé factuel des changements
qui doivent être effectués. On a visité site par site, porte par porte, étage
par étage pour voir est-ce que ces changements avaient été effectués. Et tout ce qui doit être fait devra
être fait avant une prochaine rencontre avec la CDPDJ, les mêmes experts, les
mêmes experts.
Oui,
ça va être fait de façon adéquate. Il faut que le CIUSSS explique les
changements qui ont été faits, confirme que c'est adéquat pour la CDPDJ.
Et c'est ainsi, c'est comme ça qu'on veut fonctionner par la suite, Mme la Présidente.
Il faut que les gens soient au courant des changements. On veut plus de
transparence au niveau de la DPJ. Je pense qu'on veut tous la même chose, le
meilleur pour nos enfants.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mercier.
Francisation des immigrants
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Arrivée à seulement 10 ans, je n'ai pas eu
la chance de faire le choix du Québec, mais j'ai eu l'immense privilège de
choisir sa langue et sa culture, puis ça, ce n'est pas arrivé par hasard. Si je suis ici, devant vous, c'est que le système
québécois m'a permis, à moi et à ma famille, d'avoir accès à des cours et à
des profs de français. Et nous avons appris
plus que la grammaire et l'orthographe, nous avons découvert une société fière
de son histoire et de son accent, qui
réussit à fleurir malgré les difficultés; bref, un pays sans pays qui nous a
rappelé notre chère Palestine.
Malheureusement,
le démantèlement caquiste des classes de francisation défait les avancées que
le Québec a faites pour protéger la langue française.
Est-ce que le
ministre peut arrêter de démanteler les cours de francisation, un outil
essentiel à la protection de notre langue?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Je pense qu'évidemment ma collègue est un exemple
pour les gens qui arrivent au Québec et qui
apprennent, maîtrisent et aiment la langue française. Je salue son engagement à
cet égard-là.
Je
veux quand même dire qu'on ne peut pas parler de démantèlement de cours de
français par notre gouvernement.
C'est tout le contraire. Nous sommes le gouvernement qui avons adopté la loi n° 96, qui avons créé le
poste de Commissaire à la langue française, le ministère de la Langue
française, et créé Francisation Québec. À notre arrivée, on francisait environ 20 000 personnes par année. L'an
passé, ça a été environ 76 000. Cette année, on devrait faire encore plus.
Alors, je ne pense pas qu'on peut parler de démantèlement d'aucune
manière. Et je signale que le budget qui est dévolu à Francisation Québec, et donc
aux cours de français, est plus élevé cette année que l'an passé. En fait, il
est plus élevé que jamais dans l'histoire du Québec.
Donc, on peut voir,
ici, quelques tableaux qui montrent ceci. Le nombre de groupes ouverts par le
ministère de l'Immigration, Intégration et
Francisation est en augmentation, et, même, quand on compare saison par saison,
on voit qu'il y a une hausse qui est
constante. Une fois qu'on a un nombre de groupes ouverts qui est plus élevé,
bien, évidemment, le nombre d'élèves est en croissance. Pourquoi? Parce
que le budget est aussi en croissance.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente, le
ministre peut me montrer les tableaux qu'il veut, peut se justifier, les faits
sont clairs, les classes de francisation
ferment, en ce moment. Fermer des classes de francisation, ça menace la
protection du français au Québec.
Je
veux interpeler le ministre de
l'Éducation. Je le sais, que c'est un
amoureux de la langue française. Alors, j'aimerais ça qu'il me dise ce qu'il pense du fait que dans
sa propre circonscription il y a beaucoup de classes qui ferment, à peu près
plus de classes. Qu'est-ce qu'il répond aux gens de son comté?
La Présidente : Et moi, je vous dis
que ce n'est pas un tableau didactique. La réponse du ministre.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, j'ai déjà expliqué, dans les semaines précédentes, que le
budget du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration
dévolu à Francisation Québec est plus élevé cette année que les années passées.
Le budget qui est envoyé aux centres de services scolaires, qui est une
fraction du budget de Francisation Québec, je le précise, le budget envoyé aux centres de services scolaires est
égal, cette année, avec les années passées, mais il est plus élevé,
cette année, que jamais dans d'autres réseaux aussi.
J'invite ma collègue à être bien attentive parce
qu'on va annoncer des ouvertures et des augmentations d'offre de cours dans les
prochaines semaines, dans les prochains mois...
La Présidente : En terminant.
M. Roberge : ...comme
je l'ai dit depuis les dernières semaines. On feint la surprise, mais je ne
fais que répéter...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme
Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Il y a
2 000 élèves qui n'ont plus de classe de français. Il y a des profs
qui sont en train de perdre leur emploi en francisation, c'est une expertise
qu'on est en train de perdre. Les faits sont clairs. Ce n'est pas demain matin
ou plus tard qu'on veut avoir des cours, c'est aujourd'hui. Le français, là,
c'est la porte d'entrée à la culture
québécoise. Quand on dit qu'on est un gouvernement nationaliste qui aimons le
français, qui faisons des publicités pour le français, bien, ce n'est
pas suffisant, c'est les actions qui comptent.
Quand est-ce que le ministre va reculer et
arrêter de couper des cours de français? Il y a des coupes...
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Bien, Mme la
Présidente, je suis content de voir que non seulement ma collègue réussit, puis
elle défend bien la langue française, mais que sa formation est maintenant
nationaliste. Ça devrait faire la une un peu partout,
c'est un changement qui est majeur. Je salue ce changement-là. Québec solidaire nationaliste, c'est une nouvelle.
Ceci dit...
Une voix : ...
M. Roberge : Ah! Non, elle me corrige, non, non, non, on n'est
pas nationalistes, mais il faut des actions nationalistes dans un parti
qui n'est pas nationaliste. C'est parfait. Expliquez-vous, là. Le Parti
québécois, il a ses contradictions, le Parti libéral a de la misère à se gérer,
puis QS vient de changer. C'est le fun, on regarde ça aller.
• (10 h 50) •
La Présidente : En question...
Des voix : ...
La Présidente : Un peu de silence,
je vous prie. En question principale, je reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine.
Révision
du système de protection de la jeunesse
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Mme la
Présidente, le ministre l'a avoué lui-même, il convient qu'il avait arrêté de
faire des suivis avec les DPJ du Québec parce que la directrice nationale,
dit-il, s'en occupait. Il avait pris une certaine distance, comme si la
nomination d'une directrice nationale le dégageait de ses responsabilités
depuis trois ans et demi.
Maintenant
qu'il a démissionné la directrice nationale, il affirme qu'il va se rasseoir
avec sa successeure pour être au courant de ce qui se passe sur le
terrain. Il y avait donc une déconnexion. Si on comprend bien, il découvrait
avec nous dans le journal l'accumulation des scandales, semaine après semaine,
mois après mois, à la DPJ : falsification de dossiers, faux témoignages
pour retirer des enfants à leurs familles et les placer, conditions carcérales
ou insalubres dans les centres jeunesse, inconduites,
agressions sexuelles, les plus récentes à Cité-des-Prairies, puis à Laval et en
Montérégie, ces scandales qui brisent des vies et qui minent la confiance du
public.
Quel est le plan de
match du ministre pour rétablir la confiance dans la DPJ?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie le député des Îles-de-la-Madeleine
pour sa question, qui va me permettre de clarifier. Effectivement, je
m'asseyais auparavant de façon mensuelle à la table des DPJ, rôle qui a été
pris en charge par la directrice nationale, mais c'est sûr que je parlais à
chaque semaine, si ce n'est pas à chaque
jour, à la directrice nationale de la protection de la jeunesse par la suite,
là. Il ne faut pas... Il ne faut pas modifier ou mal comprendre les
choses, là.
Maintenant, ce qui
est important, c'est effectivement de... avec la prochaine nomination, c'est de
rapprocher le poste de la directrice nationale de la population et des DPJ. Ce
que ça prend, Mme la Présidente, le changement de culture, là, c'est
d'apprendre la transparence. Il faut montrer qu'on offre suffisamment de
services en amont à la DPJ et après la DPJ
pour ne pas avoir à mettre un voile autour de ce qui est fait. Mme la
Présidente, nous, ce qu'on veut, c'est lever,
tout simplement, tous les actes, expliquer ce qui se fait, montrer où on s'en
va et s'assurer que la population soit en confiance, parce que la
réalité...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant :
...c'est qu'on veut améliorer les services pour tous nos jeunes.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
...la population est en confiance quand on sent que le ministre prend ses
responsabilités. On parle d'un changement de
culture. Est-ce qu'il y aura un changement d'approche? Le ministre dit qu'il n'avait
plus confiance envers la directrice nationale qu'il avait nommée deux fois
plutôt qu'une. Depuis quand? Comment s'est traduite cette baisse ou cette perte de confiance, ces derniers
mois? Ou est-ce que c'est simplement parce que l'accumulation de scandales,
c'était trop, et qu'il fallait trouver un bouc émissaire?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Pas du tout, Mme la
Présidente. En fait, tout ce qui a été fait jusqu'à présent, là, en amont de la
DPJ, pour diminuer le nombre de signalements, pour faire de la
prévention, pour que les choses soient prises en charge le plus rapidement
possible, ça s'est fait de façon harmonieuse. Puis je vous ai montré un
résultat, je peux vous en montrer d'autres. Les signalements ont cessé
d'augmenter, au Québec, l'année dernière, ont même diminué. Les listes
d'attente à la DPJ sont au plus bas qu'elles
ont été depuis la pandémie. Donc, les résultats commencent à être là, même
chose au niveau, là, du type d'intervention qu'on fait. Avec des programmes
comme Ma famille, ma communauté, on a diminué de 700 placements,
dans la dernière année, en les gardant dans leurs familles, dans leur
communauté.
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant :
Donc, maintenant, il faut faire la même chose avec les centres jeunesse et
laisser...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, le poste de la directrice nationale comporte plusieurs
responsabilités, notamment de s'assurer que
les pratiques et les standards soient absolument exemplaires, ce qui n'a pas
été le cas depuis trois ans et demi,
à sa face même. Comment le ministre va-t-il s'assurer non pas, là, d'agir en
amont puis d'injecter plus d'argent, s'assurer que les pratiques à la
DPJ soient exemplaires?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, je pense que,
depuis un mois, on envoie des signaux clairs, Mme la Présidente. Quand on a eu
un doute sur Mauricie—Centre-du-Québec, ce n'est pas... ce n'est pas des intentions administratives qu'on a
mises sur la
table, on a mis la DPJ du Centre-Mauricie-du-Québec sous tutelle. Même chose
avec les épisodes de scandales sexuels, Mme la Présidente, on a lancé des
enquêtes policières, on a congédié les gens qui devaient être congédiés, et
tous ceux qui ont participé à ce scandale auront droit aux conséquences
à la hauteur de ce qui a été fait, Mme la Présidente. On prend les choses très au sérieux. J'ai besoin d'avoir
quelqu'un à mes côtés qui va trancher, également, et c'est pour ça qu'on a
demandé de changer la directrice nationale. Merci.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
indépendant, qui pourra poser toutes ses questions. En question principale,
voici le député de Saint-Jérôme.
Subventions accordées aux résidences privées pour aînés
M. Youri Chassin
M. Chassin : Mme la Présidente, dans le budget 2021‑2022, le
ministre des Finances a mis sur pied un programme de transition salariale pour
le personnel soignant dans les RPA, soit des primes qui leur permettent
d'offrir une rémunération compétitive, au
coût d'environ 336 millions de dollars. Ce programme temporaire de
transition implique d'avoir une année
de référence prépandémique. Toutes les RPA ouvertes depuis n'en bénéficient
pas, mais elles ne luttent pas à armes égales. Leurs compétiteurs, eux,
en reçoivent, de cette aide.
J'ai
rencontré Maxime et François, qui ont ouvert une RPA de neuf places à
Saint-Jérôme, très chaleureuse, et avec des ententes conclues avec le CISSS des
Laurentides. C'était leur rêve, ils y ont mis beaucoup d'amour et beaucoup
d'argent. Mais aujourd'hui, avec le fardeau
réglementaire très lourd, les frais qui augmentent, les salaires qui sont
élevés, la rareté relative du personnel soignant, ils y arrivent très
difficilement.
Alors,
les grandes RPA en bénéficient. Maintenant, ça a été élargi. Et je voudrais
savoir si, d'ici à ce qu'il se termine, peut-être, ce programme, le ministre
des Finances mettra-t-il fin à...
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) :
Oui.
Merci, Mme la Présidente. C'est certain que la situation des résidences
pour aînés est extrêmement difficile, puis
on prend cette situation-là très au sérieux. On est en discussion constante
avec leur association, la ministre des Aînés, le ministère. Je les ai
moi-même rencontrés. On les aide au niveau des assurances, pour les administrateurs et dirigeants, au niveau des
gicleurs, au niveau des services. On a même une aide supplémentaire pour les
rénovations.
Et on a un programme
de subvention salariale. Puis je rappelle qu'on parle d'entreprises privées,
là. Et on est conscients que la bonification
que nous avons faite aux employés du secteur public crée une pression
additionnelle au niveau des
résidences privées pour aînés. Alors, c'est pour ça que nous avons pris la
décision, ensemble, de bonifier le programme, qui devait expirer le 31 mars 2024, puis on l'a prolongé jusqu'au
31 décembre 2026. Et ça va permettre, avec le comité que dirige la ministre responsable des Aînés, de
s'attaquer à la problématique que le député de Saint-Jérôme souligne
aujourd'hui.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Youri Chassin
M. Chassin : Évidemment, on est à un mois d'une mise à jour, moins d'un
mois d'une mise à jour. Moi, c'est vraiment
la question de l'inéquité entre les nouvelles RPA, qui veulent contribuer, et
cette subvention qui est donnée de façon,
finalement, discriminatoire. Il me semble qu'on peut rétablir aussi l'équilibre
en diminuant progressivement cette subvention, comme c'était prévu,
plutôt que de la maintenir à 100 % jusqu'à sa fin supposée du
31 décembre 2026.
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Mme la Présidente, bien, si c'était le seul problème auquel
fait face les résidences pour aînés, bien,
ça me ferait plaisir de le régler, puis on passerait à autre chose.
Malheureusement, on a des enjeux au niveau des assurances, au niveau de
l'entretien des bâtiments, au niveau des gicleurs, au niveau des services qui
sont offerts, au niveau de la compétitivité
des salaires dans leur ensemble. Alors, c'est pour ça qu'on a un comité de
travail interministériel qui se penche sur l'ensemble de ces questions. Et la
problématique qui est soulignée ici, elle est connue, elle est importante.
L'association nous en a parlé. La ministre des Aînés dirige le comité
interministériel...
La
Présidente : En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...qui s'occupe de ces questions.
La Présidente : Et deuxième
complémentaire.
M. Youri Chassin
M. Chassin : Mme la Présidente, je pense qu'on se comprend, mais j'ai
besoin de savoir. Alors, peut-être que le
comité va se rendre à un avis bientôt, mais moi, j'ai besoin de comprendre que...
Pour un parti qui était censé défendre les entrepreneurs, à qui on met
des bâtons dans les roues, des RPA qu'on a dans tous nos comtés, est-ce qu'on
peut au moins alléger le fardeau, pour pouvoir diminuer le besoin de
subventions?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) :
Oui. Bien, Mme la Présidente, des bâtons dans les roues, je pense, c'est un
abus de langage, là, parce qu'on met
plus de 900 millions pour aider, on a mis plus de 900 millions. Puis
là je ne parle pas du 750 millions dans le crédit d'impôt maintien
à domicile.
Alors, c'est une problématique qui est complexe.
Il n'y a pas de solution simple à des problèmes complexes. On les aide pour les assurances, les gicleurs,
l'entretien des bâtiments, les salaires, les services. On va continuer. La
ministre responsable des Aînés
s'occupe de ce problème. C'est un problème qui nécessite un travail
interministériel. La problématique que vous soulignez, elle est connue,
elle est réelle, on va s'en occuper.
• (11 heures) •
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis.
Et, pour ce faire, je cède la place au deuxième vice-président de
l'Assemblée nationale. Merci beaucoup pour votre attention.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
bon mercredi matin, chers collègues. Nous en sommes à la rubrique Motions sans
préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je
reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition, et ce sera M.
le député de Jean-Talon.
Condamner
le blocage du pont Jacques-Cartier
survenu le 22 octobre 2024
M. Paradis : M. le Président,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le ministre de la Sécurité
publique, la députée de Westmount—Saint-Louis, le député d'Arthabaska, le député de Saint-Jérôme et la députée
de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que le Québec est une société démocratique reposant sur
l'État de droit qui garantit et valorise la liberté d'expression dans
l'espace public de manière pacifique;
«Qu'elle
rappelle que cette liberté d'expression doit être exercée de telle sorte à ne
pas mettre à risque la sécurité du public;
«Qu'elle condamne le blocage du pont
Jacques-Cartier à Montréal survenu le 22 octobre dernier.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Il y a consentement, sans débat. Et je vous
demanderais un vote électronique, s'il vous plaît, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
le vote électronique est demandé, chers collègues.
Le vote est
maintenant ouvert. Je vous invite, s'il vous plaît, à bien vouloir enregistrer
votre vote dès maintenant.
Le vote est maintenant terminé. Alors, pour le
résultat, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 109
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Lévesque) : La
motion est adoptée.
Alors, pour
la prochaine motion, je reconnais un membre formant le gouvernement, et ce sera
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Bonnardel : M. le Président,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Saint-Jérôme :
«Que
l'Assemblée nationale condamne vigoureusement tout acte de désobéissance
civile, notamment bloquer un pont;
«Qu'elle
affirme que de tels actes causent de sérieux préjudices, notamment l'annulation
de rendez-vous médicaux, et sont irrespectueux envers les autres
citoyens;
«Que l'Assemblée nationale se dissocie des
personnes qui commettent de tels gestes.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader du deuxième groupe
d'opposition. Pas de consentement? Il n'y a pas de consentement.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : S'il vous plaît! Mes
chers collègues, s'il vous plaît! S'il vous plaît! On évite de
s'invectiver de part et d'autre.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : M. le leader du gouvernement,
M. le chef du deuxième groupe d'opposition, s'il vous plaît! Merci
beaucoup.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Lévesque) : S'il
vous plaît, M. le leader du gouvernement! Merci beaucoup.
Nous poursuivons maintenant avec la prochaine
motion, et ce sera celle d'un représentant de l'opposition officielle. Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale déclare que devant
les multiples crises qui secouent la direction de la protection de la jeunesse,
un leadership renouvelé est requis à sa tête afin d'apporter une nouvelle
vigueur pour y faire face;
«Qu'elle
déclare qu'à la suite du débat d'urgence tenu le 29 octobre 2024, il
est impératif d'opérer un changement de culture au sein de la protection
de la jeunesse et de renforcer les mesures de protection pour nos enfants les
plus vulnérables qui sont placés sous la responsabilité de l'État;
«Qu'elle exige du gouvernement caquiste de
réaliser des enquêtes ponctuelles sur les pratiques ayant cours dans les
directions régionales de la protection de la jeunesse;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement de devancer son échéancier afin d'intensifier et
d'accélérer la mise en oeuvre des recommandations de la commission
Laurent.»
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Il n'y
a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Il
n'y a pas de consentement.
Alors, je suis maintenant prêt à reconnaître un
membre du deuxième groupe d'opposition, et je cède la parole à M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
Robert-Baldwin, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de
Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des récentes révélations d'inconduites
sexuelles qui se seraient produites au
Centre de réadaptation pour les jeunes en difficulté d'adaptation de la
Cité-des-Prairies et qui ont donné lieu à la suspension de neuf
éducatrices et au retrait, pour la durée de l'enquête, de deux gestionnaires;
«Qu'elle
rappelle que la DPJ Mauricie—Centre-du-Québec a été récemment mise sous tutelle, à la suite de
révélations contenues dans un rapport de la Commission des droits de la
personne;
«Qu'elle rappelle également les interventions
policières qui ont été nécessaires au centre de réadaptation Le Gouvernail
de Beauport, en octobre, ainsi qu'au centre de réadaptation pour jeunes
Val-du-Lac de Sherbrooke, en mars dernier;
«Qu'elle prenne acte de la récente démission de
la directrice nationale de la protection de la jeunesse;
«Qu'enfin, l'Assemblée nationale mandate la
Commission de la santé et des services sociaux afin d'entendre le ministre responsable des Services sociaux,
conformément aux dispositions de l'article 293.1 du règlement de
l'Assemblée nationale, à propos de sa gestion de la direction de la
protection de la jeunesse.» Merci.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Il n'y a pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors,
nous en sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux des
commissions. Alors, pour la suite des choses, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : ...M.
le Président. Donc, j'avise cette Assemblée que la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 63,
la Loi modifiant la Loi sur
les mines et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
institutions va poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 73,
la Loi visant à contrer le partage
sans consentement d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en matière civile des personnes victimes
de violence, aujourd'hui, après les
avis touchant les travaux des commissions jusqu'à midi et de
15 heures à 18 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
transports et de l'environnement va poursuivre l'étude détaillée du projet de
loi n° 61, la Loi édictant la Loi sur
Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au
transport collectif, aujourd'hui,
de 15 heures à 17 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de
l'économie et du travail va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 71, la Loi visant à
améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime d'assistance
sociale, aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30,
à la salle Pauline-Marois.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Pour ma part, je vous avise que la Commission de
la santé et des services sociaux se réunira
en séance de travail le jeudi 31 octobre 2024, de 8 heures à
8 h 30, à la salle Pauline-Marois, afin de statuer
sur la possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative
portant sur les drogues du viol, telles que le gamma-hydroxybutyrate, GHB,
et la kétamine.
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
Alors, la période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour. Où allons-nous travailler aujourd'hui, M. le leader adjoint du
gouvernement?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Et je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 3 du feuilleton.
Projet de loi n° 76
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
à l'article 3 du feuilleton, M. le ministre du Travail propose l'adoption
du principe du projet de loi n° 76, Loi visant principalement à accroître la qualité
de la construction et la sécurité du public.
Alors, je suis
maintenant prêt à reconnaître le premier intervenant. M. le leader adjoint du
gouvernement ou le député de Chapleau?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...leader adjoint du gouvernement, je vous demanderais de
bien vouloir suspendre quelques petits instants, s'il vous plaît, le temps
de... Voilà.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Alors, d'accord, on va suspendre nos travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 11
h 10)
(Reprise à 11 h 12)
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Alors,
tel que mentionné précédemment, M. le ministre du Travail propose l'adoption du principe du projet de loi n° 76,
Loi visant principalement à accroître
la qualité de la construction et la sécurité du public.
Alors, comme premier
intervenant, je reconnais M. le ministre du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci,
M. le Président. Je suis heureux, évidemment, de proposer, aujourd'hui,
l'adoption du principe du projet de loi n° 76, qui vise
principalement à améliorer la qualité de la construction et la sécurité du
public. C'est un projet
de loi qui est d'une grande importance, puisqu'il nous permettra d'avoir une
incidence positive sur la qualité de la construction, particulièrement
dans le domaine de l'habitation.
Dans les dernières années, on a remarqué une
hausse du nombre de non-conformités détectées dans les bâtiments d'habitation.
Comme vous le savez, c'est des vices de construction, de conception qui ne se
résument pas à des dommages matériels, mais
derrière chaque problématique, il y a un drame humain qui affecte des
personnes, des proches et des familles. C'est pourquoi on est déterminés à
changer les choses et à corriger les lacunes du système actuel.
La semaine dernière, on a tenu des consultations
particulières devant la Commission de l'aménagement du territoire. Nous avons entendu
16 groupes. Je les remercie, ils ont participé à ces consultations avec
beaucoup de sérieux et ils nous ont,
bien sûr, engagés dans un processus de réflexion. J'aimerais les nommer :
l'Ordre des architectes du Québec, l'Ordre des ingénieurs du Québec,
Corporation des maîtres électriciens du Québec, l'Association de la
construction du Québec, Corporation des
maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec, l'Association des professionnels
de la construction et de l'habitation du Québec, Corporation des
entrepreneurs généraux du Québec, Manufacturiers de structures de bois du
Québec, Elles de la construction, Centrale des syndicats démocratiques, Ordre
des technologues professionnels du Québec, l'Association des consommateurs pour
la qualité dans la construction, Garantie de construction résidentielle, Regroupement
des gestionnaires et copropriétaires du Québec, Me Éric Thibaudeau et
Me Philippe Farley.
Évidemment, il y a trois autres groupes qui
n'ont pas pu participer aux consultations particulières, mais ils ont quand
même soumis un mémoire que nous allons, bien sûr, analyser.
Et on est heureux, je pense, de constater que
nos objectifs sont tous les mêmes. Tous les groupes reconnaissent le caractère
impératif de l'amélioration de la qualité des travaux de construction et
d'assurer une meilleure protection à la population.
J'ai beaucoup apprécié la qualité des échanges
et les propositions constructives par rapport à certains points pouvant être
améliorés. Je vous dis d'emblée que je partage l'avis des groupes invités sur
l'importance d'avoir recours à une approche collaborative pour l'élaboration
des règlements qui découleront du projet de loi n° 76.
Je suis ravi, d'ailleurs, la plupart ont
exprimé une volonté, une ambition d'être une partie intéressée, prenante dans
les discussions qui précéderont l'adoption du cadre réglementaire.
La
mesure-phare du projet de loi, bien sûr, a suscité beaucoup de discussions. En
fait, c'est un article, l'article 16, où on rend obligatoire l'inspection
des travaux à au moins trois étapes charnières. Souvent, j'ai répété qu'une
étape qui s'imposait, c'était avant la fermeture des murs pour qu'on puisse
constater les travaux d'électricité et de plomberie, qui sont malheureusement
souvent à l'origine de dommages matériels. Mais ces étapes seront définies dans
un plan de surveillance et permettront, à la fin, avant l'accès du bâtiment à
la population, de délivrer une attestation de conformité au Code de construction et aux normes de
construction établies par les municipalités. La majorité des commentaires,
comme je le mentionnais, parlaient d'évaluer comment on pouvait bonifier
l'article, mais surtout pour assurer une meilleure compréhension, parce que,
vous le savez, on fait des lois pour qu'elles soient bien appliquées et, si on
veut qu'elles le soient, elles doivent
d'abord et avant tout être bien comprises. Donc, les notions vont pouvoir être
clarifiées lors des travaux, notamment, qui seront faits sous l'égide de
la Régie du bâtiment du Québec et le comité coordonnateur inspection, qui
comprend un comité coordonnateur des ordres professionnels — les
architectes, les ingénieurs, les technologues — les maîtres électriciens, les maîtres mécaniciens en tuyauterie, Garantie de
construction résidentielle, et le but, c'est d'avoir un guide de bonnes pratiques en matière d'inspection,
avec la collaboration du Bureau de normalisation du Québec, qui va l'élaborer, ce guide-là, et une vingtaine de
partenaires, d'associations, d'entrepreneurs et de consommateurs y
contribueront.
M. le
Président, en plus des inspections obligatoires, il y aura une formation
initiale obligatoire pour l'entrepreneur avant d'obtenir sa licence
délivrée par la Régie du bâtiment du Québec, donc s'assurer que les
entrepreneurs ont les compétences,
connaissent bien les enjeux des chantiers de construction en matière de
gestion, de santé et sécurité du travail. Et donc il aura à compléter
cette formation-là, ce sera un prérequis essentiel à l'obtention de la licence.
Afin d'accroître la protection des nouveaux
acheteurs, le projet de loi propose aussi d'élargir le cautionnement de licences afin qu'il puisse s'appliquer aux
travaux de construction d'une maison neuve, même quand l'entrepreneur ne
détient pas la sous-catégorie de licence prévue. Le projet de loi inclut aussi
des dispositions pour encadrer la médiation et
l'arbitrage quand il y a des différends qui découlent de l'application du plan
de garantie, géré par Garantie de construction résidentielle, qui est
l'assureur pour les bâtiments d'habitation jusqu'à quatre étages.
On bonifie aussi le registre public des
titulaires de licence de la RBQ, et ça, ça fait suite à un rapport du bureau de
la vérification générale en 2021. On ajoute des informations comme, notamment,
s'il y a eu des annulations ou des suspensions de licence de l'entrepreneur, et
ça va évidemment permettre aux Québécois, Québécoises de le réaliser avant de faire un choix définitif d'entrepreneur
pour bâtir conformément à ses besoins. Il est aussi prévu que l'inspection
des bâtiments, dans le contexte de transactions immobilières... il y a des
mesures dans le projet de loi pour assurer une formation des inspecteurs, une formation obligatoire qui tient compte,
évidemment, de la particularité de l'inspection qui doit se faire avant
la conclusion d'une transaction immobilière.
• (11 h 20) •
Actuellement, les régisseurs de la RBQ peuvent
suspendre, annuler ou refuser de délivrer une licence. Le projet de loi permettra, toujours dans la perspective
d'un retour à la conformité, d'émettre des avis de correction puis des mesures,
par exemple, dans les cas de travaux qui sont mal effectués, pour éviter que ça
se perpétue. Et, comme nous rappelait Garantie
de construction résidentielle, c'est huit à 15 fois plus onéreux de
reprendre des travaux qui ont été mal exécutés à l'origine, donc un
impact positif sur les délais et aussi sur les coûts.
Le projet de loi prévoit la mise en place d'un
régime de sanctions administratives pécuniaires qui permet aussi un retour rapide à la conformité, plutôt que le
processus pénal, qui est long, complexe, et qui crée énormément, aussi, de
confusion, et qui ne permet pas un retour diligent à la conformité. Un délai de
carence de 12 mois est aussi évité... prévu pour éviter qu'un entrepreneur dont la
licence a été annulée puisse immédiatement présenter une nouvelle demande.
On souhaite également faciliter la possibilité de poursuivre au pénal une
entreprise ou un dirigeant en cas d'infraction à la loi. Il y a des
modifications d'harmonisation à la loi qui gouverne les maîtres électriciens et
les maîtres mécaniciens en tuyauterie pour
favoriser aussi la modernisation de ces deux lois-là. Comme vous le savez, il y
a des corporations qui émettent des licences et qui assurent la
qualification des maîtres électriciens et des maîtres mécaniciens en
tuyauterie.
Donc, en terminant,
M. le Président, je tiens à remercier mes collègues des partis d'opposition
pour leur présence, leur engagement,
la qualité de leur participation à cette partie importante du processus
législatif, ma collègue de Bourassa-Sauvé, avec qui je développe une
habitude de collaboration, une habitude de respect, on réfère souvent à l'importance de ce concept-là, et, une personne que
j'apprécie beaucoup aussi, la députée de Chomedey, le député d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Jean-Talon,
le député de Saint-Jérôme, mes collègues gouvernementaux, mes amis, les membres de ma famille politique, mes
collègues, donc, de Huntingdon, Labelle, Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, entre autres.
Donc, étudier attentivement, vous le savez, M.
le Président, les divers aspects d'un texte législatif, c'est ce qui nous permet d'obtenir des résultats qui
correspondent aux intentions et à l'intérêt général. Les échanges des derniers
jours vont nous permettre d'atteindre les objectifs que j'ai mentionnés
au début, et on a déjà en tête quelques propositions d'amendement, et je vais certainement en discuter avec mes collègues des
partis d'opposition, mais je suis profondément convaincu, et les consultations particulières ont contribué à raffermir
ma conviction, que les fondations et la structure du projet de loi sont
solides. Donc, j'espère continuer de collaborer avec les collègues, et j'invite
maintenant les membres de l'Assemblée à adopter le principe du projet de loi
n° 76. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le
ministre du Travail. Et maintenant, pour la prochaine intervention, je
reconnais Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Bonjour,
M. le Président, merci à vous. Donc, c'est à mon tour, donc, de prendre parole
à cette occasion, donc, de l'adoption du principe du projet de loi
n° 76, Loi visant principalement à accroître la qualité de la construction
et la sécurité du public. Je commencerai là où le ministre, donc, a
terminé, donc, avec mes remerciements, afin, donc, de ne pas les
omettre, M. le Président.
Donc, des
remerciements sincères, donc, à l'ensemble, donc, de mes collègues.
Permettez-moi, donc, de commencer avec
la députée de Chomedey, donc, qui m'a accompagnée dans l'étude, donc, de ce
projet de loi, donc, de ma formation parlementaire, également, donc, la
députée des Mille-Îles, qui... même si n'a pas eu l'occasion, donc, d'être avec
nous, elle interviendra aujourd'hui lors,
donc, de cette adoption de principe. C'est notre porte-parole en matière
d'habitation, et ses conseils ont été
judicieux et précieux. Enfin, bien évidemment, donc, le ministre, les collègues
de la partie gouvernementale ainsi que les autres oppositions, pour
lesquelles, donc... qui, effectivement... donc, nous avons eu, donc, des
échanges respectueux au cours des consultations particulières que nous avons
tenues.
Comme d'habitude, M. le Président, je vais aussi
en profiter, donc, pour remercier, donc, les groupes qui ont soumis des mémoires ainsi que ceux qui se sont
prévalus de l'opportunité de venir témoigner en commission parlementaire
lors des consultations particulières, parce que, je le dis souvent, donc, ils
nous alimentent, hein, ils nous permettent de mieux
faire notre travail de parlementaires, ils nous permettent, donc, de nous
assurer, nous, comme opposition officielle, donc, de bien contrôler
l'action gouvernementale et de nous assurer que leurs intérêts, mais
particulièrement, donc, l'intérêt du public,
l'intérêt de la population soit bien protégé grâce à leur expertise qu'ils
viennent nous partager. Je les nomme aussi, à mon tour, dans l'ordre où
on les a reçus : Me Éric Thibaudeau, associé, avocat, l'Ordre des
architectes du Québec, l'Ordre des ingénieurs du Québec, la Corporation des
maîtres électriciens du Québec, l'Association de la construction du Québec, la Corporation des maîtres mécaniciens en
tuyauterie du Québec, l'Association des professionnels de la
construction et de l'habitation du Québec, l'APCHQ, la Corporation des
entrepreneurs généraux du Québec, Manufacturiers de structures de bois du
Québec, Les Elles de la construction, la Centrale des syndicats démocratiques, l'Ordre des technologues professionnels du Québec,
l'association des consommateurs pour la qualité de la construction,
Garantie de construction résidentielle, Regroupement des gestionnaires et
copropriétaires du Québec, ainsi que Me Philippe Farley, associé principal de
Farley Avocats. Donc, merci à vous tous pour votre préparation aguerrie et
votre présentation en commission
parlementaire. Donc, vous aurez compris, M. le Président, donc, avec l'ensemble
des groupes que je vous ai nommés, donc, nous avons tenu, donc, des
consultations très riches.
À travers
celles-ci, et je ne reviendrai pas, je ne ferai pas une partie didactique comme
j'ai eu l'occasion de le faire lors d'un autre projet de loi, M. le
Président, mais vous comprendrez, donc, avec les différents groupes que nous
avons entendus, que, manifestement, donc,
même si, donc, j'abonde dans le même sens que le ministre, les consultations,
donc, ont bien évidemment été constructives, riches et généreuses. Elles
ont aussi permis, donc, de mettre au jour quelques... quelques inquiétudes, quelques préoccupations qui étaient, donc, tout à
fait légitimes de la part, donc, de ces experts, hein, ceux qui vivent,
vivent et construisent, littéralement, mais ceux qui sont, donc, les acteurs,
donc, du milieu de la construction et de
l'habitation, afin de nous assurer que le projet de loi qui soit présenté
puisse véritablement, donc, répondre aux enjeux qui ont préséance dans
le secteur.
Vous savez,
M. le Président, j'ai souvent l'occasion, donc, de le répéter, au Québec,
qu'est-ce que la population, elle veut, hein, en matière de
construction, elle souhaite que l'on construise plus, que l'on construise mieux
et que l'on construise à moindre coût. Lors
de l'adoption du... lors de l'étude du projet de loi n° 51, j'ai
abondamment répété cette marotte, abondamment répété ce mantra-là qu'il
fallait absolument que, pour... en fait, pour susciter notre adhésion, comme
formation politique, à ce projet de loi là, il fallait absolument que l'on
puisse élever les standards pour nous assurer que le projet de loi réponde efficacement, donc,
aux enjeux, donc, de construire plus et de construire à moindre coût. Nous
allons voter en faveur, donc, de ce projet de loi, même si nous avions beaucoup
de préoccupations que nous avons soulevées, nous avons déposé énormément, donc, d'amendements de ce côté-là, et bon,
c'est surtout, donc, à ces enjeux que ce projet doit s'attaquait.
Ici, M. le Président,
ce que l'on a saisi, puis le ministre, donc, a acquiescé, donc, à ce
commentaire que j'ai fait plus tôt, lors de mes remarques préliminaires, bien,
l'objectif, ici, c'est de nous assurer, bien, qu'au Québec on puisse construire mieux. Évidemment, c'est sûr qu'on
reviendra toujours, donc, sur les trois piliers, hein, donc, de la
construction, construire plus et construire à moindre coût, parce qu'au final,
bien, construire plus... Et on l'a mentionné très souvent lors de l'étude du projet loi n° 51, on ne pourra jamais passer sous silence, M. le Président, que l'on
vit au Québec, donc, une crise du logement, une crise de l'habitation, que
c'est absolument nécessaire que l'on puisse... que le... bien, que l'on puisse
répondre à cet enjeu. Et d'ailleurs ma collègue des Mille-Îles, que l'on aura
l'occasion d'entendre, donc, a effectué,
donc, moult préoccupations, moult propositions en matière, donc, d'habitation,
et on attend toujours qu'on y réponde favorablement, parce que l'on
pense que ça nous permettrait, nous, enfin, au Parti libéral du Québec... on
pense que ça nous permettrait de construire,
de construire plus et de construire à moindre coût. Donc, ces éléments-là sont
absolument nécessaires.
Je suis aussi
porte-parole en matière... pour la jeunesse pour ma formation politique, M. le
Président, et on le sait qu'à cet égard,
donc, les jeunes, donc, peinent à trouver... peinent à accéder à la propriété.
Donc, encore une fois, donc, on...
cet enjeu défrayait les manchettes jusque dans les derniers jours, donc ça
demeure, donc, des enjeux, donc, absolument présents dans l'actualité et
auxquels il faut répondre, et ce projet de loi là, donc, ne répond pas à ces
enjeux-là.
• (11 h 30) •
Ceci dit, donc, quand
on en arrive, donc, au projet de loi, on se concentre, donc, sur la
préoccupation, donc, de construire mieux. Et
je vous dirais, M. le Président, que j'espère, j'espère que ce projet de loi là
nous permettra, donc, de construire mieux, parce qu'en fait, ce qu'il...
au-delà, donc, des différentes, donc, précisions, donc, au niveau des dispositions qui ont été présentées un peu plus
tôt par le ministre, une bonne partie de ce qui sera véritablement développé
le sera par règlement de la Régie du bâtiment du Québec, au cours des deux
prochaines années.
M. le Président, j'ai
parlé avec plusieurs groupes, on les a entendus en commission parlementaire,
et, s'il y a, donc, un élément qui, certainement, je pense, a pu être
perceptible, donc, de la part des groupes, c'est, d'une part, leur passion pour la qualité de la construction, hein,
parce que c'est bien le titre du projet de loi, leur investissement en termes,
donc, de mesures et ce qu'ils pourraient faire, donc, pour accroître cette
qualité de la construction, en fait, pour assurer la qualité de la construction et la sécurité du public, au Québec. Donc,
ça, certainement, donc, on a compris
qu'il y avait, donc, cet engagement et cet investissement, donc,
institutionnels, donc, de bien des groupes que nous avons vus.
Donc,
ça signifie aussi que, parce qu'ils se sentent si, en fait, prêts à assurer,
donc, cette qualité de la construction et
la sécurité du public... qu'en fait, là, ce serait bien qu'on puisse arriver,
donc, à ces résultats-là dans moins de deux ans, même si on... Je vous lis, donc, la disposition, donc, en ce sens dans
le projet de loi, M. le Président, et je veux... et j'irai, donc, dans la disposition,
donc, en ce sens. Donc, on comprend que, bon, la Régie du bâtiment, donc,
prendra, donc... devra, donc, aux fins de la prise, donc, d'un premier
règlement d'application des troisième et quatrième alinéas de
l'article 16, donc, du projet de loi, donc, introduit par
l'article 2, donc, publier... publier un projet de règlement, donc, au
plus tard d'ici deux ans, la date qui suit
de deux ans celle de la sanction de la présente loi. Donc, je vous le précise
ici, M. le Président, donc,
l'article 60 du projet de loi, parce qu'en fait la Régie du bâtiment ne
devra pas adopter ce projet de loi d'ici deux ans, la Régie du bâtiment
devra publier un projet de règlement d'ici deux ans, les deux années suivant la
date de la sanction du projet de loi.
Vous
comprendrez que je viens de vous dire que les acteurs du milieu, ils sont
arrivés, donc, très préparés. Je vous ai nommé, donc, la liste des groupes que
nous avons entendus. Ils étaient plusieurs. Ils étaient même encore plus
nombreux à être intéressés à être interpelés,
donc, par ce projet de loi. Donc, ça vous dit à quel point c'est un... c'est un
sujet, donc, qui suscite énormément d'engouement ou d'intérêt de la part
des experts et des acteurs.
Donc, quand on voit,
donc, ce type de délai là, et considérant, donc, des délais qui nous ont
d'ailleurs été communiqués lors de nos... lors, donc, des consultations
particulières, donc, à d'autres fins, donc, à quel point, donc, la Régie du
bâtiment, malheureusement, n'a pas toujours été en mesure, donc, de répondre, donc,
à certaines, donc, de ses obligations, donc,
dans les délais impartis, bien, c'est certainement, donc, une question qui
soulèvera, donc, beaucoup d'attention de notre côté, M. le Président,
parce que, tout comme ces groupes, tout comme ces experts, tout comme ces acteurs, bien, nous aussi, on a hâte
d'accroître la qualité de la construction, d'assurer la qualité de la
construction puis la sécurité du
public, parce que c'est important de construire mieux, mais de construire mieux
tout de suite. Je vous l'ai dit, le milieu, il est prêt.
Aussi, ce qu'on...
une autre préoccupation qui est revenue en filigrane, donc, de nos
consultations particulières et qui est arrivée, donc, comme un enjeu, aussi,
important... Et je vous relis, donc, ce même article-là. Donc,
l'article 60, donc, du projet de loi,
dans nos dispositions transitoires et finales, donc, essentiellement, donc, la
régie, donc, devra prendre un premier
règlement en application des troisième et quatrième alinéas de
l'article 16. Donc, ça, ça veut dire que ça se peut que la Régie du
bâtiment décide d'y aller par étapes, décide d'y aller par phases. Moi, M. le
Président, je ne suis pas nécessairement
étapiste, dans la vie, puis je pense que ce n'est pas nécessairement, donc,
l'ensemble des groupes qui le sont.
Puis un des... une
des questions qui est souvent revenue, et pour laquelle je n'ai pas
l'impression qu'on a eu une réponse claire
de la part du ministre, c'est, bien, quels types de bâtiments seront couverts,
parce que, bon, le projet de loi en tant que tel ne le précise pas et, à
l'inverse, en fait, dit que ce règlement, donc, un règlement de la régie, donc,
un parmi plusieurs, donc, déterminera «les catégories de bâtiments,
d'équipements, d'installations ou [...] travaux de construction auxquelles s'applique le présent article, les étapes
charnières devant être prévues par le plan de surveillance», etc., donc,
ce qu'on retrouve au paragraphe quatre... pardon, à l'alinéa quatre, donc, de
l'article 16.
Donc,
avec... Considérant, donc, cet élément-là, M. le Président, et sachant, encore
une fois, donc, que la sécurité du public puis la qualité de la
construction... Avec tout ce qu'on a vu comme éléments étant ressortis dans
l'actualité, avec les drames humains que ça peut causer, que ça peut susciter,
puis ces drames humains là, ils nous ont été présentés, notamment, par Les
Elles de la construction, lors de nos consultations particulières, ainsi que
d'autres groupes, mais particulièrement,
donc, par celui-ci, avec plusieurs exemples, le ministre était d'ailleurs,
donc, très... je l'ai senti, donc, très sensibilisé, donc, à cette
question-là, bien, je pense que cette... je ne veux pas parler d'enthousiasme
parce qu'on parle, donc, de situations
malheureuses, mais je parle, donc, d'une vivacité, donc, face à ce que nous
avons entendu, bien, je pense que ce
serait aussi important que ça se reflète dans la capacité, donc, de pouvoir
parvenir, donc, à cette sécurité-là assez rapidement pour qu'elle ne
soit pas factice, M. le Président.
Je pense que l'ensemble des parlementaires puis
l'ensemble des groupes, que ce soient, donc, ceux qui sont, donc... bon, que ce soient, donc, les
constructeurs eux-mêmes, ceux qui les représentent ou ceux qui représentent,
donc, les consommateurs, donc, dans le milieu de l'habitation ainsi que,
bon, évidemment, donc, ceux qui, eux-mêmes, donc, sont attitrés, donc, à effectuer, donc, la surveillance, on partage tous
le même objectif, là, celui que j'ai nommé un peu plus tôt, donc, de construire
mieux. Donc, si nous le partageons, si c'est assez clair qu'ici... qu'il n'y
ait pas de dissidence face à
l'objectif même du projet de loi, bien, ce serait important que les mesures qui
permettent, donc, de mettre en place cet accroissement-là de la qualité
de la construction, bien, puissent se faire de la meilleure manière possible.
Alors, quand je vous parle des délais ou quand
je vous dis, bon, que le règlement, donc, s'occupera de déterminer, donc, les
différentes catégories de constructions, de... catégories de bâtiments, bien,
il ne faudrait pas... il ne faudrait pas
qu'on en oublie. Il ne faudrait pas que ceux qui sont les moins protégés
aujourd'hui se retrouvent à faire l'objet d'un second, ou d'un
troisième, ou d'un quatrième règlement, et qu'on... et qu'on n'arrive pas,
donc, à bien les protéger.
Et, quand je vous parle, donc, de ceux qui sont
les moins protégés en ce moment, M. le Président, je veux vous mettre en contexte, c'est qu'en fait... Bon, là on
comprend bien qu'il n'y a pas d'inspection obligatoire qui existe au Québec,
mais il y a des inspections qui se font dans
le milieu. Ça se fait particulièrement, donc, dans le cas des bâtiments publics,
donc nos écoles, nos hôpitaux, etc. Donc, de ce côté-là, habituellement, donc,
le donneur d'ouvrage, qui est la SQI, va octroyer, donc, des contrats de
surveillance. Les ingénieurs, les architectes, donc, ont l'habitude d'oeuvrer,
donc, dans ce cadre-là. On le sait aussi, le
ministre, donc, vient de parler de GCR, donc, il y a déjà, donc, un système,
donc, d'inspection pour les bâtiments
de quatre étages et moins, donc, qui seront, donc, assujettis, donc, au régime
de Garantie de construction résidentielle. Donc, il y a... Il y a déjà,
donc, un... Même si, donc, il n'y a pas, donc, de loi-cadre qui... il n'y a pas
de loi-cadre en vigueur, il y a déjà, donc,
une certaine forme, donc, de surveillance, donc, qui est opérée, donc, dans le
milieu.
Donc, quand je vous dis, M. le Président, que
le... un règlement de la régie déterminera les catégories de bâtiments puis
qu'on comprend, en lisant les dispositions transitoires et finales, qu'il
pourrait y avoir, donc, plusieurs règlements,
que ça pourrait se produire par phases, que le règlement pourrait tout
simplement être déposé dans deux ans, et on n'a aucune idée à quel
moment il serait appliqué à ce moment-là, parce qu'évidemment il devra y avoir
des consultations, c'est certain, et ça, tous les groupes nous l'ont bien
confirmé, ils voudront... ils devront... ils voudront, mais je pense qu'ils
devront être certainement, donc, consultés, donc, au coeur de ce processus-là,
bien, je pense qu'il faut qu'on soit
capables, donc, de ramasser le tout, qu'on puisse agir promptement et qu'on
puisse s'assurer que, lorsqu'on parle,
donc, des différentes catégories de bâtiments... que ceux qui sont les moins
protégés soient... fassent certainement partie... bien, en fait, s'il
fallait en avoir un, donc, d'un tout, mais disons que, s'il fallait, donc, en
avoir plusieurs, donc, à cet égard, donc...
qu'ils soient, donc, les premiers, donc, à être assujettis. Parce qu'en fait,
ici, donc, on... Le projet de loi est
agnostique face... face aux types de bâtiments. Donc, tout est référé à la
régie, et ça a certainement soulevé des inquiétudes, M. le Président.
• (11 h 40) •
Je vous ai
nommé, donc, ceux qui sont, donc, bien, donc, protégés. Donc, entre les deux,
qu'est-ce qu'il reste, hein? Bien, il reste, bien évidemment, en grande
partie, bien, les tours d'habitation de... bien, en fait, de plus de quatre
étages. C'est les quatre étages et moins,
donc de plus de quatre étages. Donc, on parle, donc, des copropriétés divises,
les condos, M. le Président, qui,
bien souvent, donc, ne sont pas... En ce moment, donc, il n'y a pas, donc,
d'inspection qui se déroule sur le marché lorsqu'il y a des nouvelles tours
d'habitation qui sont construites, et, à cet égard, quand je vous disais que
nous avons entendu plusieurs témoignages ahurissants, certainement que ces...
certainement que ces tours-là devront, donc,
être assujetties au règlement, donc, qui viendra. Et on s'assurera, donc, de
bien... Moi, je vous dirais, ma formation
politique, donc, s'assurera, donc, de bien... de disposer, donc, des balises ou
des mesures de contrôle pour que ce soit le cas, M. le Président, parce qu'il y en a eu trop, il y en a eu trop, de
dossiers où des gens, donc, ont perdu l'investissement de leur vie parce
qu'il y avait des vices de construction.
Ma collègue
des Mille-Îles elle-même posait, en cette Chambre, des questions à ce sujet au
ministre du Travail, donc, concernant
la Régie du bâtiment, donc, en cette Chambre, au salon bleu, lors de
la période de questions. J'ai moi-même questionné le ministre, donc, à
ce sujet aussi lors de nos études de crédits budgétaires, la première année et
la seconde année, pour savoir, bien, quand
est-ce qu'on s'en vient avec ça, parce que c'est attendu, donc, du milieu qu'on
puisse, donc, répondre, donc, à ce besoin de construire mieux et
d'accroître la qualité de la construction et la sécurité du public. Et donc vous comprendrez que cette préoccupation que
je soulève aujourd'hui, M. le Président, elle ne date pas d'hier, donc
on l'a, à maintes reprises... On l'a, à maintes reprises, soulevée au ministre.
On attendait, on attendait de l'action.
Là, donc, on arrive à ce qu'on nous a présenté,
puis je vais en profiter aussi parce que ça me rappelle, donc, M. le Président... vous dire, donc, en fait,
pourquoi c'est si important que ces... Au-delà, donc, des... Bon, évidemment,
ce sont, donc, des drames humains. Il
y a eu les cas qui ont été médiatisés, mais, au-delà de ceux qui ont été
médiatisés, sur la Régie du bâtiment, il y aurait des éléments de
non-conformité dans 55 %, donc, des inspections qui ont été réalisées en 2022, donc, et, selon
GCR, corriger des travaux mal exécutés coûterait de huit à 15 fois plus
cher qu'au moment de la construction. Donc, ça, ce sont, donc, des
statistiques pour ce qui est, donc, des cas médiatisés.
Par ailleurs, donc, en 2023, c'est près de
200 résidents qui ont appris... 200, M. le Président, qui ont appris
qu'ils vivaient avec des problèmes d'infiltration et de vices cachés, donc, en
raison de problèmes qui n'avaient jamais été décelés lors de la construction
15 ans plus tôt.
Donc, vous
pouvez vous imaginer ce que ça signifie. Vous pouvez imaginer comment, pour des
consommateurs, c'est... Je pense que
je vais répéter, en fait, le terme «drame humain» parce que je pense que c'est
le meilleur pour qualifier comment
des gens peuvent se sentir quand ces... bien, en fait, quand des inspections
n'ont pas été réalisées et qu'au final, donc, on arrive, donc, au
résultat d'aujourd'hui.
Donc, ça
m'amène, M. le Président, donc, à vous préciser, donc, d'autres éléments, parce
que, bon, on a compris, donc, ce qu'était le projet de loi de façon
générale, les principaux défis de fond, je vous dirais, donc un défi, donc, de
gouvernance, donc, qu'on voit, donc, avec le projet de loi, mais, encore une
fois, donc, lors, donc, des consultations, on a entendu, donc, des
préoccupations plus particulières de la part des groupes. Je vous dirais, donc,
par exemple... Et le ministre, donc, a dit,
donc, qu'il travaillerait, donc, certainement, donc, sur différents amendements
à la lumière de ce que nous avons
entendu. Je l'espère, parce que plusieurs, donc, de ces recommandations-là
faisaient consensus, notamment, je
dirais, donc, la première, donc, quand on y va, donc, dans l'ordre, donc, du
projet de loi sur... dans... bien, en fait, donc, qui, donc, devra
confier par contrat la réalisation des différentes inspections.
Donc, ici,
donc, à l'article 2 modifiant l'article 16 de la Loi sur le bâtiment,
on lit : «L'entrepreneur ou le constructeur-propriétaire doit faire
inspecter ses travaux de construction à au moins trois étapes charnières
de la construction» et, «à ces fins, il doit confier par contrat, pour toute la
durée des travaux, la réalisation de ces inspections [et] l'élaboration de ce plan de surveillance [...] à un ingénieur», un
architecte, une personne ou un organisme reconnus par la régie.
Je
reviendrai, donc, à cette deuxième partie, mais, la première ici, donc, dans le
projet de loi, comme bien des groupes, moi, ce que j'ai lu, c'est que
l'entrepreneur ou le constructeur-propriétaire doit confier par contrat la
réalisation des inspections, donc, à un surveillant, à un inspecteur
professionnel. J'y ai vu un gros enjeu, M. le Président, et à peu près tous les groupes qui sont venus, je pense qu'on en
a nommé 16, M. le Président, la quasi-totalité des groupes nous ont dit :
Il faut changer ça, il faut s'assurer que ce
ne soit pas l'entrepreneur ou, bon... bien, surtout, bon, l'entrepreneur qui
confie par contrat la réalisation de ces inspections. Vous pouvez vous
imaginer, M. le Président, ce que ça peut représenter en matière de conflit d'intérêts, pour un entrepreneur, de dire :
Bon, bien, moi, je choisis qui est mon surveillant, surtout dans la
mesure où un projet de loi... Comme je vous l'ai dit, donc, le projet de loi,
donc, ne détermine pas ce qu'on va retrouver
comme obligations précises au niveau des inspections, mais, bon, relègue ça,
donc, à un règlement, donc, qui n'est pas encore... qui n'a pas encore
été publié ni adopté.
Donc, vous
comprendrez que, dans le cas de figure, donc, un entrepreneur, donc, pourrait
dire : Bien, moi, j'ai... je réponds, donc, à des soumissions, on
est dans une politique, donc, de plus bas soumissionnaire, bien, je vais y
aller avec le strict minimum de ce qui est
prévu dans le projet de loi ou dans le règlement pour répondre... Donc, il y a
un besoin, donc, des clients. Et donc
on n'aura pas toujours, donc, les inspections qui seront jugées utiles selon le
jugement professionnel, donc, des
professionnels, donc, qui seront appelés, donc, à réaliser ces inspections-là.
Vous comprendrez ce que ça représente en
termes, donc, de manque de latitude pour réaliser ces inspections en vertu,
donc, du contrat, mais aussi, donc, le risque, donc, de nivellement par
le bas.
La question
du nivellement par le bas... La question, donc, du conflit d'intérêts est
revenue, mais c'est... il semblait encore plus difficile, donc, à
concevoir, considérant que le troisième paragraphe de l'article 16, donc,
nous indique : «L'entrepreneur ou le constructeur-propriétaire ne peut
[pas] entreprendre de travaux de construction à moins d'avoir conclu un tel contrat.» Donc, vous pouvez
imaginer, donc, si c'est l'entrepreneur qui conclut ce contrat-là, les délais
que ça pourrait occasionner, considérant, donc, ces dispositions-là qui
existent aussi, donc, dans le projet de loi.
M. le Président, je vous l'ai mentionné dès le
départ, dans... Bon, là, dans le résidentiel, il y a un énorme enjeu, mais, au niveau institutionnel, il y a déjà des
inspections qui se font, puis ce n'est pas l'entrepreneur qui conclut le
contrat, c'est le donneur d'ouvrage qui le fait, donc, puis il n'y a pas
de cadre. Donc, vous vous imaginez l'incohérence que ça viendrait soulever
alors que, techniquement, donc, le projet de loi pourrait s'appliquer à tout...
pourrait s'appliquer, donc, à tous les bâtiments. Et je vous l'ai dit, donc, qu'il
est agnostique ici. Donc, on viendrait créer deux régimes face à ce qui se déroule déjà, donc, dans le milieu et
ce que viendrait créer le projet de loi ici. Bien, heureusement, moi, je pense
que j'ai entendu une ouverture de la part du ministre à venir... à faire, donc,
des modifications ici, mais vous pouvez certainement vous attendre à ce que
moi, je dépose un projet d'amendement ici pour répondre à cette préoccupation
qui a été soulevée par tout le monde, par tout le monde.
Puis j'ai aussi posé la question, en
consultations particulières : Qu'est-ce qui se passe ailleurs au pays?
Parce qu'évidemment il y a des régimes d'inspection ailleurs. Puis on nous a
dit : Bien, ailleurs au... ailleurs, ce n'est pas l'entrepreneur qui le
fait. Donc, non seulement ce n'est pas comme ça qu'on le fait au Québec, ce
n'est pas comme ça qu'on le fait ailleurs au
Canada quand il y a des inspections qui sont, donc, réalisées de façon
obligatoire, donc, dans le secteur
résidentiel, au niveau des copropriétés, ailleurs au Canada. Donc, il n'y a
aucune raison pour laquelle, donc... qu'on soit distincts quant à cette
disposition-là.
Comme j'ai dit, j'ai bon espoir qu'on vous
arrive et que, lorsqu'on en sera, donc, au discours d'adoption du projet de loi... que je vous dise, M. le
Président, que mon amendement a été accueilli, mais je ne peux pas passer sous
silence cet élément-là qui... S'il fallait recenser, donc, les
recommandations, donc, de chacun des groupes, probablement, donc, qu'il s'agirait, donc, de celle, donc, qui
arriverait, donc, en haut de la pile en termes de nombre de fois mentionnée
dans les mémoires des groupes.
• (11 h 50) •
Un autre élément, donc,
qui est revenu très souvent, et j'arrive à un point que je vous ai déjà lu, M.
le Président, vous comprendrez qu'il y a
beaucoup de choses qui se passent à l'article 2 de ce projet de loi là,
hein, c'est pas mal, donc, le coeur de ce qui s'y déroule, c'est
qu'encore une fois... Donc là, on viendrait dire, donc, le donneur d'ouvrage,
mais le propriétaire, le bénéficiaire ultime...
Ces termes-là ont été utilisés de façon interchangeable, donc, par les
différents groupes. L'objectif, c'est que la personne qui souhaite,
donc, recevoir, donc, des inspections, donc celle qui pourra bénéficier du bien, soit celle qui se dise : Bien, voici
ce que j'ai besoin qui soit inspecté, donc que cette personne-là, donc, puisse,
donc, donner ces contrats-là, mais là à qui, hein? On dit, donc : «...la
réalisation de ces inspections, l'élaboration de ce plan de surveillance
et la production de cette attestation de conformité à un ingénieur, [...]un
architecte ou [...] une personne ou un organisme reconnus par la régie
conformément à un règlement de celle-ci.»
Ici, bon, il y a deux enjeux, M. le Président.
Bien, d'abord, évidemment, un ingénieur, c'est génial, un architecte, c'est
génial, mais il y a déjà eu un règlement, donc, qui permet aux technologues,
technologues, donc, en... bon, en
architecture, bien souvent, donc, aux technologues professionnels de pouvoir
réaliser des inspections. D'ailleurs, du côté de GCR, ils sont venus
témoigner en commission parlementaire, où ce qu'on a compris, c'est que, pour
les quatre étages et moins, la plupart du
temps, donc, ceux qui réalisent, donc, les inspections, donc, dans le petit...
le petit cadre bâti, là, dans le petit bâtiment, ce sont bien majoritairement,
donc, des technologues. Donc, on le sait, qu'ils sont, donc, pour certains types de bâtiments, donc, habilités,
donc, à réaliser toutes ces inspections. Pour d'autres types, il y aura, donc,
une certaine, donc, délégation.
Mais il y a des ententes qui existent et qui ont
été, donc, adoptées, donc, pas plus tard que cette année, et auxquelles, donc, il faut faire référence. Donc,
on comprendra, M. le Président, que l'appareil gouvernemental ne peut pas, d'un
côté, donc, avoir accordé des... certaines... certains droits ou certaines,
donc, fonctions, donc, aux technologues et, de l'autre, donc, à travers le
projet de loi n° 76, les omettre. On comprend bien
qu'avec la formule suivante... qu'ils pourraient
être reconnus par un règlement, mais on comprendra bien que ça va prendre un
moment, hein, M. le Président. Et il n'y a rien ici, donc, de coulé dans
le béton, pour employer un calembour de circonstance. Et donc tout le monde est
venu nous dire qu'il fallait les inclure, pas juste, donc, dans un éventuel
règlement mais à la loi, comme les autres.
Je vous l'ai dit, il y a déjà, donc, ce régime
d'entente là, donc, qui existe, donc ils ont le droit, donc, de réaliser, donc, certaines inspections, donc, aujourd'hui.
Donc, il n'y a aucune raison, donc, de les omettre, donc, de ce cadre légal là
d'emblée. Donc, je vous donne une autre...
une autre prédiction, M. le Président, là : que je déposerai, donc, un
amendement aussi, donc, qui permettra aux technologues, donc, de
produire, donc, de réaliser, donc, ces inspections et ces plans-là.
Maintenant,
je vous disais, il y avait deux problèmes. Le deuxième... Donc, on dit,
donc : Les inspections, donc, sont confiées à un ingénieur, un
architecte, un technologue professionnel ou une personne ou un organisme
reconnus par la régie conformément à un
règlement. «À une personne ou un organisme», M. le Président, c'est très, très,
très large. Je comprends bien, donc,
par règlement, donc, les groupes seront consultés, on l'entend, mais de
façon... en fait, d'emblée, que le cadre légal puisse ratisser aussi
large, sans balise, ça m'apparaît être un enjeu, M. le Président.
D'une part, bon, on dit : «Personne ou
organisme», hein, donc, bon, personne physique, personne morale, on comprend
bien, là, qu'il y a peut-être une volonté, donc, d'aller plus loin ici, mais ce
qui rassure la population, puis je nous
ramènerais encore, donc, au titre du projet de loi, accroître la sécurité du
public ou assurer la sécurité du public, bien, qu'est-ce qui permet d'assurer la sécurité du public, donc, bien
souvent? Bien, je veux dire, ici, donc, quand les inspections, donc, sont réalisées par des membres d'un ordre
professionnel, bien, certainement que le public, donc, a certaines assurances,
parce que, bon, ils sont assujettis à un
code de déontologie, ils ont, donc, certaines balises, donc, qui leur
permettent, donc, de... Et, s'il y a quoi que ce soit, donc, on peut,
donc... il y a un mécanisme, donc, pour pouvoir, donc, porter plainte, donc, parce qu'ils sont membres d'un ordre
professionnel. C'est le cas des technologues aussi, d'ailleurs. Donc, ici,
donc, on a un cas, donc, certainement, qui nous permet, donc, d'assurer
cette sécurité du public là.
Lorsqu'on permet à la régie de ratisser aussi
large qu'une personne ou un organisme, je pense que le projet de loi devrait certainement prévoir certaines
balises, donc, à ce point-là, afin de nous assurer, donc, de bien préserver
cette sécurité-là au final. Donc,
oui, nous assurer, donc, de pouvoir, donc, réaliser ces inspections dans des
délais raisonnables, on le souhaite. Je vous l'ai dit plus tôt, les
objectifs, ce que les Québécois, ils veulent, c'est qu'on construise mieux, plus vite et à moindre coût. Donc, oui, on veut s'assurer,
donc, de construire plus vite, mais on veut... mais on veut construire mieux et plus vite, donc, à la fois, M. le
Président. Donc, c'est bien important que ces... que le législateur puisse bien
encadrer la régie, donc, de ce
pouvoir de reconnaissance d'une personne ou un organisme, des termes, donc,
très, très, très larges ici.
Un autre élément, donc, ici, comme je dis, donc,
si on parle, donc, d'un... C'est une portion très riche du projet de loi ou
très concentrée, donc, qui est aussi revenue, dont plusieurs nous on dit... Et
moi, comme je le répète souvent, M. le
Président, donc, avec ces deux projets de loi là, je commence à connaître le
milieu de la construction, mais moi, je n'en ai pas tenu beaucoup, de marteaux, hein, dans ma vie, donc je me fie à
nos experts. Et ce qu'on a beaucoup entendu, c'est que la nomenclature
du projet de loi était importante et qu'on ne pouvait pas employer de façon
interchangeable les termes «surveillance» et
«inspection». On nous a bien précisé, ce sont les technologues qui l'ont fait,
que la surveillance est un processus en continu et que les inspections
étaient, donc, des actes ponctuels.
Le plan de surveillance, oui, donc, à certains
égards, donc, pourra ne comprendre que, bon, ces trois inspections à trois étapes charnières, dont avant la fermeture
des murs, comme le ministre vient de le mentionner, mais ce sera bien
important que l'on comprenne bien, nous, comme législateurs, dans le cadre de
la rédaction, donc, de cette disposition-là...
que l'on emploie, donc, ces termes-là distinctement et que ce soit très clair
que l'objectif, ici, c'est d'avoir, donc, un... c'est d'assurer, donc, un plan de surveillance, donc, beaucoup plus
complet qui pourra comprendre, donc, ce mécanisme, donc, d'inspection là. Donc, quand on... Quand
l'objectif, ici, donc, est d'assurer la qualité de la construction et la
sécurité du public, bien oui, ces
inspections, donc, sont les étapes... c'est le coeur, hein, c'est le coeur,
donc, de ce qui est proposé aussi, ce qui est voulu de la part des
acteurs du milieu. Mais, certainement, l'objectif de... d'abord, de faire
confiance au jugement professionnel mais aussi, donc, de
bien saisir l'importance, de bien capter l'importance, donc, du plan de surveillance dans le processus qui nous permet,
donc, d'assurer cette qualité de la construction là, ce n'est pas quelque chose
d'anodin. Donc, certainement qu'on aura,
donc, ces discussions-là avec le ministre afin, donc, de clarifier ces
points-là lors de l'étude détaillée du projet de loi.
Enfin, donc, dans les mêmes deux paragraphes, je
vous disais : «L'entrepreneur [...] doit faire inspecter ses travaux de construction à au moins trois étapes
charnières de la construction, déterminées par un plan de surveillance du
chantier, et obtenir une attestation de leur
conformité au Code de construction et, le cas échéant, aux normes de
construction adoptées par une municipalité.» Ici, M. le Président, ce qu'on a
aussi beaucoup entendu lors des consultations particulières, c'était l'importance que la conformité ne soit pas
seulement adaptée au Code de la construction, mais qu'elle le soit aux
normes, donc, adoptées par une municipalité, mais qu'il y ait aussi une
conformité aux plans et devis.
• (12 heures) •
Plusieurs groupes, donc, sont venus, donc, nous
mentionner, et principalement dans le cadre où ce soit... que ce serait, donc,
le donneur d'ouvrage, le bénéficiaire ultime, le propriétaire, donc, qui
accorde, donc, ce contrat-là de surveillance à un professionnel ou à un
inspecteur encadré, bien, ça va être bien important que le... bien, en fait,
là, que ce qu'il souhaite, ce
propriétaire-là, c'est que... ce qu'il voulait avoir, là, comme immeuble, que
ce soit bien ça qu'il obtienne au
bout de la ligne aussi, là. Donc, oui, il faut qu'il y ait cette conformité-là,
ça, c'est très clair, c'est un strict minimum, mais la question de la
conformité aux plans et devis, elle est revenue.
Puis le ministre, souvent, donc, il a
répondu : Bien oui, ici, c'est un minimum, hein, ce qui se retrouve dans
le projet de loi. Mais, comme je le
mentionnais dès le départ, il n'y a personne qui veut se retrouver avec un...
avec un certain nivellement vers le bas qui ne permette pas de répondre
aux besoins. On comprend bien qu'à certains égards... Ce strict minimum-là,
évidemment, l'objectif, en fait, il faut qu'il soit respecté, encore faut-il
qu'il faut qu'on comprenne, donc, à
quelle... en fait, quelle ligne on trace, quel est ce strict minimum-là que
nous souhaitons, donc, dans l'élaboration de ce projet de loi là. Donc, quand, donc, des groupes, donc, nous
disent : Bien, il faut que le fait... que le client, bien, il obtienne,
donc, ce qu'il veut, donc, en bout de ligne, ça, c'est un élément important qui
a été mentionné.
Je ne vous cacherai pas, c'est sûr, des préoccupations
ont été soulevées quant à la conformité même, donc, de ces plans et devis. Il
va falloir qu'on ait ces discussions-là, M. le Président. Mais ça n'empêche
pas... Et, pour avoir questionné, donc, les
groupes sur... donc, sur cette question, donc, lors des consultations, donc, en commission la semaine passée, ce qu'on comprenait, c'est
que, oui, parfois, ça, ça pouvait être une préoccupation, donc le... donc,
certains avis divergents, donc, quant à cette conformité-là, mais, si...
Ça n'empêche pas le fait que le client, donc, devra obtenir, donc, ce qu'il souhaite et qu'au final, donc, s'il
y a des arbitrages à faire, qu'ils soient faits rapidement. Il ne faut pas
oublier non plus que ceux qui les rédigent, ces plans-là, bien, ce sont,
encore une fois, les membres d'un ordre professionnel, donc ils sont imputables
aussi, donc, de cette conformité. Et il y a, donc, un processus, donc, qui
permet, bien oui, d'assurer la sécurité du
public mais aussi, donc, de garantir une forme, donc, de protection, donc,
quant à la conformité des plans et
devis. J'ai entendu, donc, les commentaires des uns et des autres là-dessus.
Mais certainement, donc, M. le Président, donc, il faudra nous assurer,
donc, d'élever nos seuils dans ce cadre-là.
Enfin, donc, un des éléments qui a été
mentionné, trouvé, donc, bien intéressant, M. le Président, c'est... bien, la
question, donc, de ce... de cette attestation, donc, de conformité, qu'est-ce
qui va se passer avec au fil du temps. Puis il y a bien des groupes qui... il y
a un des groupes qui est venu, qui nous a présenté cette idée-là. Puis d'autres
nous ont dit : Ah! on aurait aimé y
penser... Mais vous savez, parfois, M. le Président, donc, vous achetez une
propriété, donc, qui n'est pas neuve, et là, donc, vous recevez, bon, le
certificat de localisation... il y a divers éléments, donc, qui suivent, donc, cet... qui suivent afin que vous soyez aussi
informé, donc, de ce qui s'est passé précédemment. Mais souvent, donc,
quand vous faites... quand vous achetez, donc, une propriété, qui, elle,
donc... bon, elle a déjà été habitée, bien, vous allez voir, donc, il y a un inspecteur, donc, qui... que vous allez
embaucher, donc, pour faire, donc, l'inspection visuelle à ce moment-là,
mais il ne pourra ouvrir les murs et voir qu'est-ce qui s'est passé entre les
deux murs, hein? On espère qu'il n'y a rien qui s'est produit entretemps,
parfois, je veux dire, on se croise les doigts, mais l'inspection qui est réalisée à ce cadre... dans ce cadre-là, aussi
professionnelle soit-elle, et bien souvent, je veux dire, elle l'est, et les
acheteurs sont satisfaits, mais il y a des limites, il y a des limites à ce que
ces inspecteurs-là peuvent observer à travers leur expertise développée au fil
des années, d'où l'idée intéressante de s'assurer que l'attestation de
conformité, bien, puisse être transmise aux futurs acheteurs.
On nous a proposé, par exemple à travers le
moyen, donc, du registre foncier, donc, ça, ça pourrait, donc, être un mécanisme. Mais, au final, ce qu'on a compris,
au-delà, donc, du mécanisme en tant que tel, c'est de nous assurer que
l'attestation de conformité est bien... Et, encore une fois, surtout dans le
cas, donc, d'une copropriété, quand on achète, donc, une unité, donc, qui, elle, a été, donc, bâtie il y a quelques
années, donc, des promoteurs, donc, se sont assurés, donc, de monter le projet,
ont eu leurs premiers acheteurs, et là, donc, il y a une revente, donc, de
cette unité-là, donc, de s'assurer de : O.K., bien, est-ce qu'il y
a une attestation de conformité par rapport à ce qui s'est passé? Parce que,
dans les faits, en ce moment, les acheteurs
ne peuvent pas le savoir. Ils vont faire leur inspection dans leur unité, mais
ils n'auront aucune idée, s'il n'y a pas eu de... s'il n'y a pas eu,
donc, d'éléments survenus qui ont été, donc, vus des propriétaires. Ils ne pourront jamais savoir qu'est-ce qui s'est
produit entre les murs, d'où l'importance d'inspecter... que l'une des étapes
charnières d'inspection, bien, soit avant, donc, la fermeture desdits murs.
Donc, ça vous donne, donc, une bonne idée, M. le Président.
Enfin, il
faudra, donc, dans le cadre, donc, du projet de loi... l'étude détaillée, donc,
du projet de loi n° 76, nous assurer que... bon, que les
différentes, donc, dispositions soient... permettent aussi de, bon, aux
différents, donc, justiciables, donc, qui
interagissent avec le bureau des régisseurs, la Régie du bâtiment, d'avoir,
donc, tous les outils à leur disposition afin que les principes de
justice naturelle soient respectés. Notamment, Me Thibaudeau, par exemple, est
venu, donc, nous prévenir qu'il faudrait, donc, que le
cadre général d'application, donc, qui devra, donc, être créé par la Régie du bâtiment, par voie réglementaire, à
l'article 159.1, bien, qu'il soit véritablement adopté avant que les
différentes mesures sur les sanctions administratives pécuniaires, bien,
soient mises en application, ce qui nous apparaît, d'emblée... ce qui nous
apparaît, donc, être une... être un élément, donc, qui se doit, donc, d'être
bel et bien adopté. Parce qu'évidemment, malheureusement, ce qu'on constate,
c'est que, bon, la régie, parfois, donc, peut adopter, donc, certains
règlements en vertu, donc, de la loi du bâtiment, en ce moment, mais que ces
règlements n'ont pas été adoptés. Et, malheureusement, donc, ça donne, donc, un cadre, donc, très flou dans lequel se mouvoir,
d'où l'importance que ce soit bel et bien le cas ici. Donc, on est ici,
donc, dans les principes de justice naturelle, M. le Président, donc,
certainement que ça fera partie, donc, des points qui seront soulevés lors de
l'étude détaillée du projet de loi.
Enfin, M. le Président, donc, je pense que
j'aurais pu aller encore plus profondément, donc, dans différents points du
projet de loi. Je ne veux pas vous ennuyer non plus, mais, certainement, je
pense ce que... Parce que, par exemple, on
peut penser, donc, à toutes les questions, donc, des plans de garantie, des
plans de garantie qui sont optionnels, donc, pour les habitations, donc,
de plus de quatre étages, et, lorsque... On nous a dit, donc, qu'il y a des
inspections, mais là, s'il y a quand même,
donc, un litige, donc, qui survient, c'est extrêmement coûteux, donc, pour une
personne, donc, qui n'a pas bénéficié, donc, de plan de garantie privé,
lorsqu'il n'était pas assujetti à GCR, par exemple, donc, qui est l'assureur, comme l'a mentionné le ministre, donc,
pour les petits bâtiments. Donc, tout ça, donc, ce sont, donc, des éléments,
donc, qui feront l'objet... qui
continueront, donc, de faire l'objet de discussions lors de l'étude détaillée
du projet de loi.
Dès le
départ, vous m'avez entendue, M. le Président, donc, dire que... et de répéter,
donc, les termes du ministre, que la relation, donc, elle est respectueuse, et
on continuera d'avoir des échanges sur ce ton-là, lors de l'étude détaillée du
projet de loi. Mais certainement que nous, au Parti libéral du Québec, que nous,
comme opposition officielle, on sera certainement
vigilants pour nous assurer que, comme je l'ai mentionné... que le projet doit
nous permettre véritablement de construire mieux, que les drames humains
pour lesquels nous avons questionné le ministre tant en Chambre, lors de la période de questions, que lors de l'étude
des crédits budgétaires, pendant deux années consécutives, ne demeurent pas
lettre morte, que nous nous assurons que ces propriétaires-là soient bien
protégés, que des cas comme celui qu'on a vu dans le comté du ministre des
Finances, M. le Président, ne se reproduisent plus et qu'on s'assure que ce qui
est prévu ici soit bel et bien suffisant et
assure la qualité de la construction assez vite, afin qu'on construise mieux au
Québec. On en a besoin. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lévesque) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Avant de
céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'un débat de fin de
séance se tiendra demain, le
jeudi 31 octobre 2024, à 13 heures, sur une question adressée
par M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne à M. le ministre responsable des Services sociaux concernant la
gestion de la direction de la protection de la jeunesse.
Alors, comme prochain intervenant, je reconnais,
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre
Leduc
M. Leduc : Merci, M. le
Président. C'est un projet de loi important, un projet de loi intéressant,
qu'est le projet de loi n° 76 qui a été déposé par mon estimé collègue le
ministre du Travail. Je faisais la blague, pendant les audiences, je pense qu'on en est à notre 11e ou
12e projet de loi, le ministre et moi. Je pense que c'est celui qu'il a
déposé, depuis les six ans que nous sommes ici, qui est le plus
consensuel.
À peu près
tout le monde est venu en commission pour dire qu'ils soutenaient le projet de
loi, avec des propositions d'amendement, bien sûr. Mais je vous dirais que,
d'habitude, quand le projet... quand le ministre déposait des projets de
loi, assez rapidement, le téléphone sonnait,
et des groupes, en mode semi-panique, me disaient : Que c'est ça? Que c'est
ça? Je veux être invité en commission, ça n'a pas de bon sens. Cette fois-ci,
le téléphone a été très, très tranquille, M. le Président. Ça voulait dire
qu'il y avait une forme, je pense, générale d'approbation par rapport à la
démarche du ministre.
• (12 h 10) •
Beaucoup de gens l'ont dit, puis ma collègue de
l'opposition officielle l'a mentionné à l'instant, c'est un projet de loi qui était attendu depuis longtemps, cette
réforme de la construction, du RBQ en particulier. On a traité, il y a quelques
semaines, quelques mois à peine, une grosse
réforme de l'industrie de la construction, la session dernière, qui avait,
lui... Donc, cette réforme-là était
beaucoup plus, tu sais, divisive, on va le dire comme ça. Ce n'était pas tout
le monde qui était d'accord avec
l'ensemble des articles, loin de là. Mais, cette fois-ci, force est de
constater que c'est une démarche beaucoup plus appréciée.
Encore une fois, je suis convaincu qu'il y aura
des amendements. Notre collègue de l'opposition officielle en a annoncé quelques-uns. Je suis moi-même en train
de travailler à voir si j'en fais, je vais certainement en faire, mais
lesquels, quand et comment, etc. Je
souligne aussi la contribution de l'ensemble des personnes qui sont venues
présenter des mémoires, beaucoup de mémoires envoyés par courriel. Je ne
peux pas m'empêcher, étant moi-même leader du deuxième groupe d'opposition, de
souligner que les délais, par contre, de convocation étaient ridicules, là,
c'était à peine une semaine. Ça fait que
ça... Heureusement que c'était, somme toute, consensuel et que ce délai
ridicule de convocation d'une semaine n'a pas trop entaché les travaux
des audiences, mais, pour vrai, il ne faut pas que ça se répète trop souvent,
là. Une semaine, ce n'est pas prendre au sérieux,
je pense, d'un point de vue de démarche... Bien sûr, de fond, on écoute
toujours, là, quand ils sont devant nous, on écoute, on pose des
questions, on se concentre, mais, d'un point de vue de démarche, convoquer des
gens à une semaine d'avis, c'est un manque de respect, à mon avis, mais bon, je
ferme la parenthèse.
Sur
le projet de loi n° 76 qui nous intéresse aujourd'hui, je n'irai pas dans
les détails sur tout ce que ça veut dire, je pense que la présentation
de ma collègue a bien, bien fait le tour de la question. Seulement un mot de
manière plus générale... c'est important, il y a un
consensus clair que tout le monde veut construire plus vite, hein? Il y a plein
de causes sur la crise du logement. On ne
s'entend pas toujours, le gouvernement et nous, sur l'ensemble des causes de la
crise du logement. Par contre, tout
le monde s'entend qu'il faut construire davantage, plus vite. Mais le défaut,
des fois, si on veut aller trop vite, c'est de ne pas le faire bien, de
tourner les coins ronds.
Et,
bien sûr, il y a eu des cas qui ont été médiatisés, en particulier, là, des
résidences avec des tours à condos, là, pour les nommer comme ça, qui étaient
des tours de carton, finalement, et qui a causé toutes sortes de problèmes. Et ça,
ça doit être évité à tout prix parce qu'on se magasine encore plus de
problèmes.
D'ailleurs, ça me
permet de souligner que la seule ou à peu près la seule voix discordante dans
les audiences, c'était le RGCQ, le Regroupement des gestionnaires de
copropriété du Québec, qui disait, avec raison, que, là, avec la densification, qui est un phénomène, je pense, qui
va s'accentuer dans les prochaines années, à savoir qu'on va construire plus en
hauteur, plus concentré, en particulier alentour de structures de transport
collectif, des bouches de métro, des lignes
d'autobus, etc., c'est appelé à se concentrer dans le futur. Bien, si ça, c'est
le phénomène qui va venir vers nous, de ne pas intégrer les tours à
condos de plus de quatre étages dans la loi, c'est un problème.
Et,
encore une fois, la présentation du RGCQ était particulièrement éloquente à ce
sujet. Moi, c'est certainement un mémoire que je vais aller relire, une
présentation que je vais probablement réécouter, carrément, pour préparer mes
interventions lors du projet de loi. C'est bien de se concentrer sur les
maisons unifamiliales, etc., mais il ne faut pas qu'on oublie, évidemment, les grandes tours à condos, qui vont prendre
de plus en plus de place. Moi-même, dans mon quartier, un des plus gros
projets, en ce moment, résidentiel, c'est une série de quatre... cinq, même,
tours à condos qui vont nécessairement faire plus que quatre étages. Donc, de
savoir qu'on n'a pas tout à fait les mêmes règlements pour ça que pour le reste
du résidentiel, moi, ça m'inquiète pour la suite des choses.
Mais, outre cette
inquiétude-là, qui, je pense, est valide puis, je pense, sera partagée par mes
collègues des autres oppositions, je suis
convaincu que le ministre aussi, je le sentais très attentif lors de la
présentation du RGCQ, je pense que c'est une étude détaillée qui va bien se
dérouler, comme toutes les autres que j'ai faites avec M. le ministre dans
le passé. Et, sur ce, bien, évidemment, nous allons voter pour le principe du
projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
Alors, y a-t-il d'autres interventions? Il y a Mme la députée de Chomedey.
Alors, je vous cède la parole, Mme la députée.
Mme Sona Lakhoyan Olivier
Mme Lakhoyan
Olivier : Merci, M. le Président. J'ai eu le plaisir d'accompagner ma
collègue pour ce projet de loi. Et puis
c'était très intéressant de voir tous les organismes qui sont venus nous donner
leurs suggestions, leur opinion sur ce projet de loi, parce qu'en fin de
compte on est là pour s'assurer que nos citoyens sont bien traités. Et puis ce
projet de loi a de bonnes intentions, mais, d'après tout ce qu'on a entendu, il
y a des lacunes. Et puis nous, on va s'assurer
que... on va essayer d'apporter les recommandations qu'on a entendues afin que
ce soit un très bon projet de loi.
Donc, aujourd'hui, je
souhaite aborder avec vous le projet de loi n° 76 présenté par le ministre
du Travail, ce projet de loi intitulé Loi visant principalement... je me suis
trompée, oui, Loi visant principalement à diversifier les stratégies
d'acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d'agilité dans
la réalisation de leurs projets d'infrastructure... répond à des enjeux
importants dans le secteur de la construction.
Face à l'ampleur des
problématiques de qualité et de sécurité dans la construction, il était grand
temps d'agir. Nous avons tous en tête des tragédies, comme celle liée au centre
hospitalier de Lanaudière, dont les travaux ont relevé de graves défauts
structurels et ont montré la nécessité de rénovations coûteuses. Cet incident
ne doit pas être considéré comme un cas isolé. Il représente un appel urgent à
l'action. Les défauts structurels observés au centre hospitalier de Lanaudière ont
non seulement mis en péril la sécurité des patients et du personnel, mais ont
également soulevé des inquiétudes quant à l'intégrité de nos infrastructures.
De nombreux Québécois ont été victimes de telles négligences. Il est, donc,
impératif que ce projet de loi soit robuste et efficace.
Rappelons que, si ce
gouvernement se souciait réellement des besoins des nouveaux acheteurs et de la
classe moyenne, il aurait agi plus
rapidement pour proposer un projet de loi comme celui-ci. Le Parti libéral du
Québec s'engage à faire en sorte que ce texte législatif soit approfondi
et rigoureux. Nous refusons de le voir adopté au détriment des citoyens et des
consommateurs. On est en accord. On est en accord. Il ne faut pas mal
comprendre... L'objectif, c'est d'apporter des solutions afin qu'on améliore ce
projet de loi.
Donc, ce projet de
loi arrive dans un contexte où les consommateurs québécois demandent davantage
de transparence et de garanties quant à la fiabilité des constructions. Au-delà
du cas du centre hospitalier de Lanaudière, des cas récents ont mis en lumière
de nombreux cas de manquements graves aux normes de la construction, affectant les familles, les jeunes acheteurs et les couples
propriétaires. Imaginons, M. le Président, une famille qui aménage dans
son premier chez-soi, une petite maison, jusqu'à ce que les premières fissures
apparaissent. C'est pour éviter ce genre de mauvaise surprise que le projet de
loi n° 76 vise à renforcer les inspections, et donc répondre à ces
préoccupations.
C'est
pourquoi nous, au Parti libéral du Québec, reconnaissons la nécessité d'une
telle législation pour améliorer la confiance des citoyens envers le secteur de
la construction et pour protéger leurs investissements qui sont souvent
les plus importants d'une vie. Toutefois, nous devons également veiller à ce
que ce projet de loi soit équitable, efficace et réaliste dans son application. Nous serons donc attentifs aux
ajustements nécessaires pour assurer une application juste qui ne
pénalise pas les entrepreneurs ou les acheteurs et qui respectent les délais et
budgets des projets, tout en maintenant un haut niveau de sécurité et de
qualité.
En commission parlementaire, nous avons pu
entendre différents experts et parties prenantes du secteur et leurs retours
sont précieux pour bien saisir l'impact du projet de loi sur le terrain. Les
différents groupes entendus lors des consultations ont
été relativement favorables au projet de loi. Ils ont, dans l'ensemble, exprimé
un soutien pour le projet de loi en tant
qu'avancée importante vers la protection des consommateurs. Des organisations
comme l'Ordre des architectes du
Québec, l'Ordre des ingénieurs du Québec ainsi que des associations de
consommateurs et des professionnels de la construction ont partagé leurs
perspectives. Ces contributions soulignent non seulement les avancées que
propose ce projet, mais aussi des risques qu'il conviendrait d'ajuster pour
assurer son efficacité.
• (12 h 20) •
Je vais, donc, revenir sur les points clés de ce
projet de loi en mettant en lumière les aspects positifs, tout en soulevant les
points de vigilance et des ajustements à prendre en compte. Notre rôle en tant
que députés et représentants de l'opposition
officielle est de s'assurer que ce projet de loi sert réellement les intérêts
des citoyens québécois, protège les consommateurs et renforce la qualité
des constructions, tout en assurant une application pragmatique pour les
acteurs de l'industrie.
Tout d'abord,
le projet de loi introduit l'obligation de réaliser des inspections à trois
étapes clés, qu'on appelle des étapes... trois étapes charnières. Au cours des
projets de construction, on demande que, trois fois, qu'il y a de l'inspection.
Des organisations comme l'Association de la construction du Québec et l'Ordre
des architectes du Québec y voient
une réponse efficace aux besoins de
transparence et de sécurité dans l'industrie. Cette initiative est perçue comme
une manière de rétablir la confiance
des consommateurs et de renforcer les contrôles qui encadrent le secteur de la
construction du Québec.
Cependant, M. le Président, des questions
demeurent quant à ces étapes. Doivent-elles être adaptées selon la nature et la taille des bâtiments? Serait-il possible
pour chaque professionnel d'interpréter ces étapes selon son jugement ou
devra-t-on s'en tenir à une définition rigide qui serait dans la loi? Prenons
le cas d'un immeuble en hauteur. Faut-il inspecter trois étapes spécifiques de
la construction globale ou chaque étage et unité individuellement?
Sur la question des catégories de bâtiments
ciblés, le texte actuel manque de précision là-dessus. Est-ce que ce sont
seulement les petits bâtiments résidentiels qui sont concernés? Qu'en est-il
des tours d'habitation qui présentent des défis uniques de construction et de
sécurité? Ces choix auront des répercussions directes sur la qualité et la
sécurité de la construction, et il faut que ces étapes soient définies de façon
à garantir un suivi rigoureux.
Toujours dans
cette idée de contrôle, le projet de loi prévoit des inspections pour s'assurer
que les travaux respectent le Code de
construction, mais il laisse de côté un point important, les plans et les devis
spécifiques du projet qui contiennent les demandes précises du
propriétaire, comme les matériaux choisis ou les dimensions exactes. Vérifier
ces plans est essentiel pour assurer que les
travaux correspondent aux attentes précises du client, et pas seulement aux
règles générales. En négligeant cet aspect, il y a un risque de réaliser
des travaux qui seraient conformes aux normes, certes, mais qui ne répondent pas vraiment aux besoins spécifiques
du projet. Pour garantir la satisfaction du propriétaire et la qualité de
l'ouvrage, il est, donc, indispensable d'inclure la vérification des plans et
devis dans les inspections.
L'attribution du contrat de surveillance, quant
à elle, représente un enjeu éthique majeur qui a beaucoup été soulevé en
commission, notamment par l'Ordre des architectes du Québec, l'Ordre des
ingénieurs du Québec et la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec.
Dans ce projet, il revient à l'entrepreneur et non au client de le confier. Pourtant, la pratique la plus répandue
dans les secteurs industriel, commercial et institutionnel est que le client ou
le donneur d'ouvrage ait cette
responsabilité pour assurer une transparence accrue. En effet, lorsque le
client attribue le contrat de
surveillance, il peut s'assurer que les intérêts de son projet sont protégés,
que les travaux sont réalisés conformément aux spécifications et que les
normes de qualité sont respectées. Cela réduit le risque de conflits d'intérêts
et renforce la confiance entre le client et
l'entrepreneur. En revanche, si l'entrepreneur choisit le surveillant, il peut
avoir des doutes sur l'objectivité de
la surveillance, ce qui peut nuire à la transparence et à la crédibilité du
projet et créer des conflits d'intérêts.
Ces groupes
recommandent que la responsabilité de choisir les professionnels chargés des
inspections revienne au donneur
d'ouvrage ou au propriétaire. Ce point nécessiterait, donc, un ajustement pour
éviter toute confusion et querelle.
De plus, la Centrale des syndicats démocratiques
et l'Association de la construction du Québec recommandent que les nouvelles
mesures de surveillance ne se limitent pas aux constructions neuves mais soient
aussi appliquées aux rénovations majeures et aux logements multifamiliaux. Cela
permettrait d'étendre la protection des consommateurs à un plus large éventail de projets en s'assurant que tous les types de
constructions respectent les mêmes exigences de qualité. Nous, au Parti libéral du Québec, on soutient
cette recommandation pour assurer une protection uniforme dans le secteur.
Toujours concernant les contrats de
surveillance, la possibilité de retards dans les chantiers est également une préoccupation. Le projet de loi prévoit que les
travaux ne peuvent débuter sans un contrat de surveillance en place, mais
des retards dans l'attribution de ces
contrats pourraient freiner le lancement des projets. Imaginons un projet de
construction d'un nouveau bâtiment qui doit débuter en mars. Selon le
projet de loi, les travaux ne peuvent commencer sans un contrat de surveillance en place. Si l'attribution de ce contrat est
retardée en raison d'un processus d'appel d'offres compliqué, disons
jusqu'à avril, le démarrage des travaux est bloqué. Ce retard peut entraîner
des coûts supplémentaires, car le personnel
ne peut pas commencer les travaux et cela retarde la construction du bâtiment.
Cet exemple illustre comment la nécessité d'un contrat de surveillance
peut, paradoxalement, ralentir la réalisation de projets importants si les
processus d'attribution ne sont pas efficaces. Le gouvernement doit prendre en compte
ce genre de situation, qui pourrait poser de gros problèmes à l'avenir dans
l'application de ce projet de loi.
Un autre aspect fondamental est la différence
entre inspection et surveillance, comme ma collègue l'a déjà mentionné, qui pourrait créer des ambiguïtés si
elle n'est pas clarifiée. Les professionnels, notamment l'Ordre des ingénieurs
du Québec et l'Ordre des architectes du
Québec, ont souligné l'importance de clarifier les termes «inspection» et
«surveillance» dans le projet de loi. Les mots ont un sens et ne doivent
pas être employés à la légère. Bien que ces deux notions soient
complémentaires, elles n'ont ni les mêmes objectifs ni les mêmes
responsabilités. Selon l'OAQ, la surveillance est une activité proactive et continue tout au long du projet, alors que
l'inspection est ponctuelle et à des étapes charnières du projet. Il préconise l'utilisation du terme «surveillance
qui peut contenir des inspections». Sans distinction claire, les ambiguïtés pourraient nuire à l'application de la loi et entraîner des
interprétations divergentes parmi les acteurs concernés. Une définition précise
de chaque rôle garantirait une compréhension uniforme et l'atteinte des
objectifs du projet de loi.
La formation et la
qualification des inspecteurs représentent un enjeu majeur dans le cadre du
projet de loi n° 76.
Les groupes consultés soulignent l'importance d'une formation initiale solide
et d'une formation continue rigoureuse pour garantir que les inspecteurs disposent des compétences nécessaires pour
assurer la qualité et la sécurité sur les chantiers. Cependant,
certaines questions subsistent quant aux modalités de cette formation continue.
Qui en sera responsable? Quel en sera le
contenu? Et comment s'harmonisera-t-elle avec celles d'autres professions régulées?
Par ailleurs, il reste à déterminer
si les inspecteurs actuellement en poste doivent suivre une mise à niveau et,
si oui, à quel coût et pour qui. Il faut absolument que le gouvernement
instaure des exigences strictes en matière de formation pour promouvoir une
construction sécuritaire et durable, et il serait pertinent de communiquer des
précisions sur sa mise en oeuvre.
• (12 h 30) •
Toujours dans cette
question de financement, un autre enjeu soulevé est celui de l'impact financier
des nouvelles exigences d'inspection. Dans
un contexte de hausse du coût de la vie, il est légitime de se demander si ces
mesures risquent d'augmenter les prix de vente des biens immobiliers, et
donc de restreindre l'accès à la propriété. Des préoccupations ont été exprimées, notamment par l'Association des
consommateurs pour la qualité dans la construction et le Regroupement
des gestionnaires et copropriétaires du Québec, au sujet de l'impact des
nouvelles exigences sur les prix des
habitations. Le risque est que les coûts accrus d'inspection se répercutent sur
les acheteurs, rendant l'accès à la propriété encore plus difficile
qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Rappelons que le taux
d'accession à la propriété des jeunes Québécois âgés de 25 à 34 ans a
considérablement chuté. Selon Statistique Canada, ce taux était d'environ
30 % en 2021, ce qui est une baisse significative par rapport à 47 % en 2001. Cette tendance, M. le
Président, s'inscrit dans un contexte plus large où les jeunes adultes
rencontrent des défis croissants pour accéder à la propriété, souvent en
raison des prix élevés de l'immobilier et d'autres facteurs économiques. Il est
donc crucial que, par ce projet de loi, le gouvernement limite les effets
inflationnistes des nouvelles exigences et n'aggrave pas, encore une fois, les
conditions économiques des Québécois.
La RBQ, la Régie du
bâtiment du Québec, se voit attribuer de nouvelles responsabilités dans le
cadre du projet de loi n° 76, mais des préoccupations sérieuses demeurent
quant à sa capacité de gérer cette charge sans ressources supplémentaires.
Plusieurs groupes consultés estiment qu'un renforcement des effectifs et des
moyens financiers est indispensable pour que
la RBQ puisse appliquer la loi de manière rigoureuse et assurer un suivi
efficace des inspections. Actuellement, la RBQ ne dispose que de cinq
régisseurs, ce qui limite sa capacité d'action face aux nouvelles exigences du
projet de loi.
La capacité de la RBQ
à adopter des règlements supplémentaires prévus par la loi, à surveiller leur
application et à effectuer des inspections requises est également mise en
doute. Il serait alors judicieux de prévoir une augmentation des ressources
humaines et financières pour la RBQ afin de garantir une application solide,
impartiale et cohérente des nouvelles normes introduites.
Le projet de loi
prévoit des sanctions financières ou sanctions administratives pécuniaires pour
ceux qui ne respectent pas les normes
établies. Toutefois, Éric Thibaudeau, un expert juridique consulté,
recommande de créer un cadre plus flexible pour éviter un surplus de
sanctions qui pourraient ralentir les procédures. Il plaide pour l'introduction
de mécanismes de médiation afin de résoudre les conflits sans toujours recourir
aux tribunaux. Ces sanctions devraient viser à encourager des corrections
rapides tout en évitant de surcharger le système judiciaire.
Me Farley a, lui
aussi, mis en garde contre des sanctions financières abusives et
disproportionnées prévues dans le projet de
loi qui ne sont pas adaptées à la hauteur du manquement identifié. Sans exclure
complètement l'idée d'une sanction pécuniaire, il suggère de limiter
l'amende pour qu'elle n'excède pas un certain moment.
Nous
plaidons pour le... de gros ajustements afin de garantir que la loi soit
équitable et réellement protectrice pour les consommateurs. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Chomedey. Maintenant,
je suis prêt à reconnaître la prochaine intervenante, et ce sera Mme la députée
de Mille-Îles.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, c'est un plaisir de venir vous parler aujourd'hui du projet
de loi n° 76, bien que je n'aie pas
assisté — bonjour,
M. le ministre — aux
consultations parce que j'étais dans une autre commission, mais vous le
savez, M. le ministre, que c'est un... c'est un projet de loi qui m'interpelle
particulièrement. J'étais, d'ailleurs...
Oui, c'est à vous que je dois parler, je m'excuse, parce que M. le ministre me
faisait des petits signes.
Donc,
comme élue municipale, j'ai été interpelée dans le passé — j'ai
été huit ans conseillère municipale — par
des citoyens qui, malheureusement, se sont retrouvés avec des maisons mal
construites, mais généralement, au moment où
ils s'en rendaient compte, l'entrepreneur avait pris la poudre d'escampette — je
pense que c'est le bon terme, je ne suis pas certaine. Mais, bref,
malheureusement, ces gens-là se retrouvaient devant des défaillances
importantes et devaient assumer les coûts presque entièrement, et ça, ça, c'est
arrivé à plus d'une reprise.
La ministre de
l'Habitation a même... lorsque le projet de loi a été déposé, a mentionné que
ce serait la fin des entrepreneurs
cabochons. Donc, ça, c'est le terme que la ministre de l'Habitation a utilisé.
Mais je dois dire qu'elle a raison, il y en a, M. le Président, et
malheureusement des gens en ont payé le prix. Et on le sait, la... une maison,
une propriété comme ça, c'est
l'investissement d'une vie. C'est souvent le fonds de retraite des gens. On met
tout notre argent là-dedans, et malheureusement, parfois, on est pris à
devoir payer pour corriger les défauts, mais en plus d'assumer la totalité de
la facture qu'on avait initialement et sans avoir de moyens.
Et ça, des gens de
Boisbriand l'ont malheureusement vécu, et ça, c'est... à mon sens, je pense que
c'est le pire cas de vices cachés que j'ai vu dans les dernières années :
162 copropriétaires se sont retrouvés avec des copropriétés qui n'avaient plus
de valeur, tout simplement. Dans le fond, il y a eu des estimés qui ont été
faits, les rénovations pour réparer les défaillances étaient plus élevées que
la valeur des propriétés, alors ils se retrouvaient, là... j'avais parlé avec les gens du syndicat de copropriété, ils se
retrouvaient devant l'option de dire : Bien, on assume 500 000 $
par unité pour corriger ou on vend... on démolit et on vend les terrains, puis,
avec les terrains, on espère peut-être se renflouer un petit peu par
rapport à l'hypothèque qui est toujours existante. Et c'est ça qui est le pire
là-dedans, c'est que les gens ont dû quitter leurs logements qui étaient
devenus toxiques à cause des moisissures. Ils ont dû payer un nouveau loyer,
hein, pour se reloger, tout en devant
toujours assumer une hypothèque entière, là, sur les bâtiments. Eh bien, vous
comprendrez qu'il y en a plusieurs qui ont dû, malheureusement, faire
faillite, et c'est vraiment des drames humains terribles qu'on a vus là.
Et c'est
quelque chose, en fait, d'assez simple qui s'est passé. À la base, c'est un
projet où il n'y a eu aucune mesure qui a été prise pour palier au
rétrécissement de la charpente de bois. Puis ça, M. le Président, c'est un
phénomène naturel qui est toujours prévu, normalement, lors de la
construction. On sait que le bois, il a une certaine épaisseur, puis qu'au
moment de... que le bâtiment s'assèche et se rétrécit, et donc il faut toujours
prévoir ce jeu-là. Ça n'a pas été fait dans ce
cas-là. Et je ne rentrerai pas dans les détails parce que le dossier est
judiciarisé, mais c'est quelque chose qui aurait pu être décelé si on
avait fait une inspection lorsque les murs étaient ouverts.
Il y a eu une inspection dans ce cas-ci, je dois
le dire, par la Garantie de construction résidentielle, et ça, ça s'est fait après cinq ans, mais impossible à voir,
M. le Président, parce que ça, c'était à l'intérieur, et les dommages se sont
étirés, étirés, et, après 15 ans, bien, c'est là que, vraiment, là, on a
commencé à constater des défaillances visibles, parce que, dans le fond, le bâtiment était défaillant
dès le début, mais on ne le voyait pas, c'était à l'intérieur des murs. Alors,
on sait aujourd'hui que c'est quelque chose qui serait et qui aurait pu
être évité si on avait vu... eu un régime d'inspection. Donc, c'est clair, il
nous faut des inspections en cours de construction.
D'ailleurs, je dois dire... hein, on dit
souvent : Québec est une société distincte, bien, elle est vraiment
distincte dans le domaine des inspections obligatoires pour les bâtiments
résidentiels parce qu'on est la seule province qui n'a pas de... la seule
province canadienne qui n'a pas ce genre de régime là. Actuellement, seulement
les ouvrages de quatre étages ou moins sont
inspectés par la Garantie de construction résidentielle, comme je vous disais,
mais ça s'est fait un coup que la
construction est terminée, lorsqu'on ne peut plus vraiment voir les
défaillances à l'intérieur du bâtiment ou dans la structure.
• (12 h 40) •
Et donc je vais peut-être vous souligner que,
dans le mémoire du Conseil des ministres qui était présenté avec le projet de
loi — ce
sont des chiffres, donc, qui viennent du gouvernement — on
peut lire que «malgré l'obligation qu'ont les entrepreneurs de construire
conformément au Code de construction»... parce que, ça, on en a un, code de construction, comme je vous le disais, la
charpente de bois, c'est prévu dans le Code de construction, mais, malgré tout,
la Régie du bâtiment du Québec détecte chaque année des non-conformités dans
59 % des interventions effectuées sur les immeubles d'habitation. Puis ça, c'était juste sur l'année 2023‑2024,
59 %, ça, c'est... c'est ce qu'on a détecté. Imaginez toutes celles
qu'on n'a pas détectées parce qu'on ne le voit pas encore. C'est incroyable,
ces chiffres, ça fait peur. Et d'ailleurs l'Association de la construction du
Québec, en avril 2023, suggérait et demandait... puis je suis sûre que ce n'est pas la première fois qu'ils le faisaient,
mais moi, j'ai pu retrouver ça, où ils suggéraient le déploiement d'une politique provinciale en matière
d'inspection de bâtiments, et ils disaient que ce serait un élément
significatif pour garantir la qualité de
construction et surtout la protection des consommateurs québécois dans le
marché de l'immobilier. Parce que c'est
terrible, quand on regarde toutes les règles de protection qu'on a si on achète
un téléviseur, mais, pour ce qui est de notre plus grand achat de notre vie, hein, une maison, bien, on est
beaucoup, beaucoup moins protégés, c'est hallucinant.
Et présentement, donc, les mesures qui sont
proposées par la Loi sur le bâtiment, actuellement, bien, proposent des recours aux consommateurs en cas de malfaçon,
mais ça ne garantit pas la solvabilité. Donc, oui, on peut se retourner
vers l'entrepreneur, mais le problème, c'est que ces entreprises-là ne sont
peut-être plus solvables, ils ont peut-être déjà fermé boutique, puis ça, c'est
assez fréquent. On constatait, à Laval, que, pour chaque nouveau projet
immobilier, bien, il y a une entreprise qui se crée, puis après ça, à la fin,
quand les unités sont vendues, les unités de copropriété, bien, le projet... l'entreprise est fermée, et là
il n'y a plus d'actifs. Donc, même si les consommateurs ou les... en tout cas,
les propriétaires, nouveaux copropriétaires
se retrouvent pris avec... ils veulent poursuivre une entreprise, ils
poursuivent une coquille vide. Donc, ça, c'est vraiment un enjeu, et
c'est ce qui se passe aussi dans le cas de Boisbriand, notamment, mais il y en
a plein d'autres, cas comme ça.
Et effectivement, là, l'Association de la
construction du Québec notait à quel point ils reçoivent tellement de
témoignages de consommateurs qui soulignent des difficultés à faire reconnaître
et corriger les malfaçons qui affectent leur
immeuble ainsi que les coûts, la lourdeur, les délais causés par les recours
mis en place pour faire valoir leurs droits. Donc, au lieu d'avoir une
approche où on corrige, on répare, soyons plutôt d'une approche prévention,
prévenons les problèmes avant qu'ils se développent. Finalement, la même
approche qu'on devrait avoir en santé, quant à moi.
Et, quand je vous disais qu'on est une société
distincte, Québec, il n'y a pas vraiment d'inspection obligatoire en cours de construction. Et même les tours
d'habitation — ma
collègue la députée de Chomedey, je l'ai entendue parler de ça — actuellement,
ne sont pas couvertes par ça, alors que, dans le reste du Canada, bien, on
exige entre deux et sept inspections, là, selon les villes, selon les
provinces.
Moi, je voudrais vous parler de l'exemple
ontarien, parce que je m'y... j'y ai souvent fait référence dans des interventions que j'ai faites, on prévoit des
inspections lors de l'excavation, les fondations, l'ossature du bâtiment, dont
la charpente, structure du toit. C'est quelque chose qu'en Ontario ils ne
voient pas, là, des enjeux de charpente, ils les corrigent
avant que le bâtiment soit fermé, l'isolation, le système de plomberie, les finitions
intérieures, et ça marche, M. le Président,
parce que, écoutez ça, les plaintes pour vices de construction sont trois fois
moins élevées en Ontario. On pourrait dire : Ils sont trois fois
plus élevés au Québec. C'est énorme, c'est énorme.
Donc, on a intérêt à mieux construire, alors, il
y a un projet de loi qui est déposé pour ça. Et ce que je constate, c'est qu'il
propose de réaliser trois inspections à des moments charnières, mais on ne sait
pas quand, on ne sait pas où, on ne sait pas quoi. Donc, le projet de loi ne
définit pas, tout va être établi, ce que je comprends, par règlement, ultérieurement. Donc, il faudra définir la
catégorie de bâtiments qu'on veut viser, les équipements, les travaux de
construction qui vont être concernés par les obligations d'inspection. C'est
important de savoir où on s'en va. Donc, pour l'instant, on est un
peu... on navigue un peu dans le noir, puis ça, je pense que tous les groupes
l'ont mentionné, qu'ils veulent savoir à quoi s'attendre. Je comprends qu'ils seront
probablement consultés. Il faudrait s'assurer de consulter tous les groupes,
vraiment tous les groupes pour ça.
Un élément qui me chicote beaucoup avec le
projet de loi comme il est rédigé actuellement, c'est, en fait, qu'il... comment je pourrais vous dire ça, c'est
qu'actuellement on prévoit que l'entrepreneur... c'est l'entrepreneur qui va
donner le contrat d'inspection, et là c'est assez différent de ce qui se fait
dans les autres provinces. Je vous parlais de
l'exemple ontarien, où c'est une entité séparée, dans ce cas-ci, ce sont les
municipalités, dans d'autres provinces, c'est une entité distincte, là, ce n'est pas une municipalité, mais, bref,
c'est toujours séparé de l'entrepreneur, l'inspection qui est effectuée. Là, ici, on dit : Bien, c'est
l'entrepreneur qui va donner le contrat d'inspection. Et, moi, ma crainte, M.
le Président, c'est que
l'entrepreneur devienne juge et partie, parce que... puis, ah! je vous reviens
souvent là-dessus, vous m'avez entendue souvent parler de la commission Charbonneau,
que j'ai vécue de plein fouet, à Laval, bien, il y a un risque de... un risque éthique. Tu sais, on a beau faire affaire avec
des professionnels, c'est quand même des ingénieurs qui ont été
sanctionnés par la commission Charbonneau, c'est des professionnels. Il a beau
y avoir un ordre professionnel, où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie.
Donc, il faut essayer de se mettre des protections pour éviter qu'il y ait la tentation de faire des entourloupettes, là, ce
qu'on ne souhaite pas vraiment, parce qu'au bout du compte, comme je vous
ai dit, s'il y a une inspection qui se fait
puis qu'on ne détecte pas des vrais enjeux de conformité, qu'on ne les détecte
pas intentionnellement pour que... aller plus vite, pour que ça coûte
moins cher à l'entrepreneur, bien, au bout du compte, on va le payer, parce que
c'est la société qui va être prise avec ces constructions-là.
Le cas de Boisbriand que je vous mentionnais au
début, c'est 162 copropriétés, M. le Président, qui vont être démolies ou
qui ont déjà été démolies en partie, c'est effrayant. On est en crise du
logement, puis là on perd des logements, des
logements qui étaient de belle qualité, d'ailleurs, visuellement. Visuellement,
ils étaient de belle qualité, mais, à
l'intérieur, c'était une catastrophe, tu sais, dans les murs, et tout. Donc,
c'est important que les inspections soient faites avec diligence, et,
pour ça, il faut s'assurer que ce soit... c'est ça, qu'on ne soit pas juge et
partie là-dedans.
Actuellement,
dans le secteur industriel, commercial et institutionnel, c'est le donneur
d'ouvrage qui est responsable d'octroyer
le contrat d'inspection. Donc, ça, ça peut être une option, effectivement, qui
a été évoquée par plusieurs groupes, que,
si, par exemple, je ne sais pas, moi, c'est la SHQ, la Société d'habitation du
Québec, qui donne un contrat pour une construction, bien, que ce n'est
pas l'entrepreneur qui donne... excusez-moi, qui donne un contrat, c'est ça,
pour une construction, bien, ce ne serait
pas l'entrepreneur qui donnerait le contrat d'inspection, mais plutôt la SHQ.
Là, on enlève le juge et partie. Ça, ça marcherait.
L'enjeu, c'est dans le domaine des copropriétés.
Là, ça, c'est bien différent parce que, là, on a une entreprise qui est créée pour, en fait, construire ces logements-là,
mais, au fur et à mesure que la construction avance, et tout ça, les propriétés
sont vendues à des copropriétaires, et ultimement le bâtiment, il n'appartient
plus à l'entreprise qui a construit. Donc,
si cette entreprise-là est le donneur d'ouvrage, elle devient juge et partie
parce que ce n'est pas elle qui va être prise avec les problèmes à la
fin, ça va être les copropriétaires.
Et ça, ça a été mentionné par le regroupement...
je veux juste dire le bon nom, Regroupement des gestionnaires en copropriété du
Québec. Ils ont mentionné que, pour eux, là, c'était un risque, et ils
disaient, donc, que, c'est ça, le promoteur serait le premier bénéficiaire des
inspections à un moment où le syndicat, lui, il n'existe toujours pas. Donc, il est essentiel, ils nous disaient, que la loi
prévoit explicitement le transfert du bénéfice de ces attestations au syndicat.
Mais moi, j'irais plus loin, il faut
s'assurer que les inspections soient faites dans le but de protéger ce futur
syndicat de copropriétés là. Et ils disent d'ailleurs que leur situation reste
incertaine. Les copropriétaires seront-ils aussi bénéficiaires de ces inspections? Il faut s'assurer que toutes les
parties prenantes soient protégées et pleinement informées des garanties
liées à la construction de leur immeuble.
• (12 h 50) •
Il y a tellement d'enjeux avec les copropriétés,
M. le Président, qu'il faut absolument que le projet de loi vienne clarifier ça, ici, parce que, malheureusement,
c'est trop souvent le cas... Boisbriand, c'est un cas comme ça, ce sont des
copropriétaires, et ceux qui ont construit, bien, je ne sais pas s'ils sont
encore là, dans ce cas-là, mais je l'ai vu dans d'autres projets, où c'est une
entreprise qui a été créée, elle est fermée, puis là, après ça, bien, il n'y a
plus moyen de se tourner vers le constructeur, donc c'est un enjeu.
Il
me reste moins de cinq minutes, M. le Président. Je vais peut-être vous
mentionner... J'étais surprise de constater, dans le projet de loi, qu'on souhaitait... puis c'est un article, hein,
c'est le premier article du projet de loi, qu'on souhaitait assujettir
l'installation de systèmes destinés à produire ou accumuler de l'énergie,
incluant l'énergie renouvelable, à la Régie
du bâtiment du Québec. Et pourquoi j'étais surprise? Parce qu'il y a quelques
mois, en début d'année, en fait, j'étais dans un projet de loi, l'étude
du projet de loi n° 41 sur l'efficacité énergétique des bâtiments, et j'ai
eu énormément d'échanges avec le ministre de
l'Environnement là-dessus, où il est venu enlever à la Régie du bâtiment du
Québec le pouvoir de rédiger les normes environnementales qui étaient
normalement dans le code du bâtiment. Donc, le code du bâtiment, normalement,
relève de la Régie du bâtiment du Québec, mais le projet de loi n° 41,
lui, il est venu enlever tout ce qui était développement
durable, tout ce qui était efficacité énergétique des bâtiments, transition
énergétique, tout ça a été sorti pour être
mis dans un nouveau code du bâtiment durable qui relèverait non plus de la Régie du bâtiment du Québec, mais bien du ministre de l'Environnement. Tous les
groupes, tous les groupes qui sont venus en commission, à l'époque, avaient
mentionné comme quoi c'était une erreur, qu'il fallait garder ça simple et
maintenir tout ça dans le même code du bâtiment. Alors, j'étais un peu
surprise, M. le Président, de constater que, dans ce projet de loi ci, le 76,
bien là, on revenait avec l'idée de donner à la RBQ, la Régie du bâtiment du
Québec... en fait, s'assurer, là, que... je vais vous dire exactement comment on le dit, qu'on voulait «intégrer à la
juridiction de la RBQ d'établir et d'élaborer des normes de construction
et de sécurité visant les installations comme des panneaux solaires installés
sur un terrain privé», tout ce qui est... dans
le fond, ce qu'on dit, «tout système destiné à produire ou accumuler de
l'énergie». Ça, c'est sûr que c'est en
ligne directe avec la transition énergétique qu'on parlait dans le projet de
loi n° 41. Alors, j'ai de la difficulté à comprendre
comment on va s'y retrouver par la suite. Et ça, je pense que ce serait
intéressant d'entendre le ministre, le ministre du Travail à ce sujet.
Et
je vais terminer... Ah oui, c'est ça, un des éléments qui nous... quand on a
étudié le projet de loi n° 41, ce qui nous a semblé, c'est que peut-être que le ministère de l'Environnement
n'avait peut-être pas confiance en la Régie
du bâtiment du Québec pour établir ces normes environnementales là.
Donc, est-ce que ça a changé? Ça, je serais curieuse de savoir. Ou est-ce que c'est une omission, puis le ministère de
l'Environnement n'a pas remarqué cette petite ligne-là dans le projet de loi? Donc, ça, ce sera à préciser.
Et, comme je le disais, bon, la majorité des entités en construction demande le
maintien de toutes ces normes-là dans... à la Régie du bâtiment du Québec.
Puis je terminerais
en disant qu'il y a quand même des enjeux. Si le ministère de l'Environnement
avait des craintes par rapport à la capacité de la Régie du bâtiment du Québec de
mettre en place ces normes-là, bien, il y a un avocat, Me Philippe Farley, qui, lui, a soulevé des enjeux plutôt au
niveau de... est-ce qu'elle est en mesure d'assumer plus de
responsabilités. Et là il y a beaucoup d'éléments dans le projet de loi qui
concernent, par exemple, la qualification professionnelle
des inspecteurs en bâtiment, etc. Mais quelque chose que je vous soulignerais,
M. le Président, que ça fait au moins
six ans, au moins six ans, que la Régie
du bâtiment du Québec n'est pas venue
rendre de comptes à la CAP, la Commission
d'administration publique. Et, pour répondre aux questions, donc, de Me Farley,
ce serait peut-être intéressant que la Régie du bâtiment du Québec soit
convoquée et participe à ces échanges-là pour s'assurer, dans le fond, que ce projet de loi là puisse être mis en oeuvre, parce
que, là, il y aura beaucoup qui va dépendre de la Régie du bâtiment du Québec, donc il faut
s'assurer qu'ils ont les compétences et les ressources pour pouvoir le faire
entièrement.
Sur ce, M. le
Président, je vous souhaite une bonne journée, et merci de votre écoute.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mille-Îles. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Il n'y en a pas.
Mise aux voix
Alors,
le principe du projet de loi n° 76, Loi
visant principalement à accroître la qualité de la construction et la sécurité
du public, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de l'aménagement du territoire
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Donc, conformément
à l'article 243 de notre règlement, je
fais motion afin que le projet de loi n° 76, la Loi visant principalement à accroître la qualité
de la construction et la sécurité du
public, soit déféré à la Commission
de l'aménagement du territoire pour son étude détaillée et que le ministre du Travail soit membre de ladite
commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Adopté.
Alors,
compte tenu de l'heure et afin de permettre le débat sur une affaire inscrite
par les députés de l'opposition, cet
après-midi, le présent débat sur l'adoption de principe du projet de loi n° 76 est ajourné, et les travaux sont suspendus jusqu'à
15 heures.
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Lévesque) : Oui, M. le leader adjoint, oui, pardon.
M. Lévesque (Chapleau) : ...il
a été adopté.
Le
Vice-Président (M. Lévesque) : Ah oui, c'est vrai. Donc, le... Je
vais reprendre ma formulation.
Les
travaux sont ajournés, puisque le projet de loi... suspendus, les travaux sont
suspendus, mais le projet de loi, lui, est terminé. Donc, merci
beaucoup. Alors, on poursuit cet après-midi, à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12
h 56)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bonjour.
Vous pouvez vous asseoir. Et nous allons poursuivre aux affaires du
jour.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement de s'engager
à rétablir les services de francisation en milieu scolaire suspendus
récemment et à prendre les moyens nécessaires afin
d'éviter de nouvelles fermetures de classes
À l'article 58
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le
député de Saint-Henri—Sainte-Anne
présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale constate la fermeture de plusieurs dizaines de classes
de francisation partout au Québec;
«Qu'elle demande au
gouvernement du Québec de s'engager à réinstaurer les services de francisation
en milieu scolaire qui ont été interrompus
dans les dernières semaines et à prendre tous les moyens nécessaires pour
éviter de nouvelles fermetures de services dans ces milieux.»
Je vous informe que
la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion de
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne
s'effectuera de la façon suivante : 10 minutes sont réservées à
l'auteur de la motion pour sa réplique,
47 min 45 s sont allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 23 min 40 s sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 28 min 5 s sont
allouées au deuxième groupe d'opposition, six minutes sont allouées au troisième groupe d'opposition et
1 min 30 s sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans
le cadre de ce débat, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes parlementaires selon la proportion
établie précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin,
je rappelle aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir dans
le cadre de ce débat, ils ont 10 minutes pour en aviser la présidence.
Je cède immédiatement
la parole à M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente.
Merci aux collègues d'être présents aujourd'hui pour ce sujet fort important,
les coupures en francisation dans les centres de services scolaires. Vous
l'avez lue, ma motion est limpide :
«Que l'Assemblée
nationale constate la fermeture de plusieurs dizaines de classes en
francisation partout au Québec — j'y reviendrai;
«Qu'elle demande au
gouvernement du Québec de s'engager à réinstaurer les services en francisation
en milieu scolaire qui ont été interrompus
dans les dernières semaines — les
articles sont nombreux, j'y reviendrai — et
à prendre tous les moyens nécessaires pour éviter de nouvelles
fermetures de services dans ces milieux.»
Je sors à peine, Mme
la Présidente, d'un point de presse avec les centres de services scolaires, les
fédérations de syndicats d'enseignants et d'enseignantes, des étudiants et des
étudiantes qui nous interpellent, tous et toutes classes politiques, pour
assurer que ces classes ne ferment pas. Ça fera l'objet de nos discussions
aujourd'hui. Ça fait quelques semaines qu'on parle de ça. Ce n'est pas la
première fois dans cette Chambre qu'on en parle non plus.
Dès
le début de la session parlementaire, on en parlait, et les articles ont
commencé à se faire voir dès le mois d'août. Moins de classes de francisation
malgré une forte demande, c'est ce qu'on lisait, en raison d'une impasse
budgétaire. On y reviendra, ça aussi, Mme la
Présidente, sur les impasses budgétaires. Le CSS... Les CSS, les centres de
services scolaires, ferment ou
limitent l'ouverture de classes de francisation aux adultes. Les listes
d'attente s'allongent, et les intervenants s'inquiètent. Vous l'avez
tous et toutes lu dans vos revues de presse.
3 septembre,
coupures en francisation au CSS des Mille-Îles, 90 % des classes de
francisation du centre de services scolaire des Mille-Îles seront
annulées et 20 postes seront abolis. Raison invoquée : restrictions
budgétaires imposées par le MEQ. Pendant ce
temps-là, du côté gouvernemental, on tente de nous faire croire qu'il n'y a pas
de coupure, mais les faits sont
têtus, Mme la Présidente, les faits sont là, les classes sont là. Les étudiants
perdent leurs classes. Les profs perdent leurs classes, leurs groupes.
9 octobre, trois
centres de Québec fermés aux nouveaux élèves. Trois centres de francisation du
Québec n'accepteront aucun nouvel élève pour la prochaine session.
9 octobre, il n'y a pas de coupe en francisation, c'est faux, prétendait l'article. C'est le titre.
9 octobre, que se passe-t-il avec la francisation au Québec? L'institut de
la coopération pour l'éducation des adultes s'inquiète.
Ça continue,
on est seulement au début octobre, tout se déboule. 10 octobre, les
budgets du centre de francisation de Sainte-Foy amputés malgré les promesses.
Le centre d'éducation a vu son budget dédié aux cours de francisation amputé de 17 % pour
la présente année scolaire. Le nombre d'élèves admis, lui, a été réduit du
tiers. On continue de nous dire, de
l'autre côté, qu'il n'y en a pas, de coupure en francisation. Les faits sont
têtus, Mme la Présidente, les groupes nous le disent, les élèves nous le
disent, les profs nous le disent.
17 octobre, réduction des services à
Montréal, à Granby, à Sherbrooke. 500 personnes en Estrie vont perdre cette ressource. Au CSS du Val-des-Cerfs, à Granby,
l'annonce touche 21 profs et plus de 300 élèves. 23 octobre,
sortie des enseignants en
francisation, qui en ont gros sur le coeur, je cite : «Outrés, dégoûtés,
jetés à terre, en colère, les émotions sont
fortes pour les enseignants en francisation qui ont subi de nombreuses
fermetures de classes dans les dernières semaines.»
24 octobre, les fermetures de classes se
succèdent. Selon la CSQ, au moins 113 enseignants affiliés ont perdu leur emploi jusqu'ici et 46 ont subi une réduction
de tâche. On continue, de l'autre côté, de nous répondre qu'il n'y en a pas,
de coupure en francisation. L'autre grand
syndicat, la Fédération autonome de l'enseignement, la FAE, constate, de son
côté, que 73 profs ont écopé.
28 octobre,
42 % des élèves en francisation relocalisés. Selon le MIFI, 3 626 ont
vu leurs cours annulés, des milliers d'étudiants,
plus de 200 enseignants vont perdre leur emploi. 34 000 élèves
étaient déjà en attente de cours en septembre, Mme la Présidente.
29 octobre, des coupes dans la francisation
en Estrie. On apprend que le Centre Saint-Michel de Sherbrooke a
reçu 2,1 millions, pour 2023-2024, et en 2024-2025 c'est
900 000 $ de moins. Le budget du centre d'éducation aux adultes
diminue également. Mais, encore une fois, du côté ministériel, on nous
dit : Bien non, il n'y en a pas, de coupes.
29 octobre, fin ou presque fin des cours de
francisation à Lévis, le comté même du ministre de l'Éducation. Le CSS des
Navigateurs met un terme à ses cours à temps complet. Seulement 30 élèves
sur 300 pourront poursuivre une formation; 23 enseignants sur 26 perdent leur
emploi.
Les
fermetures sont partout, Mme la Présidente, surtout en région, où le MIFI n'est
pas là. Le CSS de la Riveraine songe à abolir la francisation. Le CSS de
Rouyn-Noranda a mis fin à son service, il y a 127 élèves qui vont écoper.
Le CSS de l'Or-et-des-Bois, à Val-d'Or, se
voit aussi contraint de fermer tous ses groupes à l'éducation aux
adultes : 210 élèves pénalisés, Mme la Présidente.
Le MIFI est
quasiment absent en région. Les centres d'éducation aux adultes sont vitaux, et
la CAQ n'a visiblement pas la volonté de franciser les gens en région.
Et le ministre continue de nous dire qu'il n'y a pas de coupure?
Je continue, Mme la Présidente. J'ai des
témoignages, j'en reçois par dizaines, on en reçoit par dizaines, dans nos
boîtes publiques. Je suis certain que les députés du gouvernement en reçoivent
autant. On nous dit, je cite : «J'ai déménagé au Québec, il y a six ans,
sans connaître la langue française. Actuellement, je suis des cours de
francisation à la commission scolaire
Eastern Townships, depuis 2022, et j'ai fait de bons progrès. Ce cours est très
important pour moi, car tous les services au Québec sont uniquement en
français, donc comprendre et parler le français est essentiel pour moi.» Bien oui. «La décision de fermer le
programme en francisation aura un impact sérieux sur ma vie car je ne pourrai
pas communiquer de manière basique, mais aussi, comme beaucoup d'autres
immigrants, nous ne pourrons pas nous sentir des citoyens égaux.» C'est ça, les
témoignages qu'on reçoit.
J'en lis un autre : «J'habite actuellement
dans la belle province de Québec. J'habite ici depuis deux ans et à chaque jour je sens que je m'intègre davantage à
la société québécoise. Cela a été possible grâce à votre soutien avec la
francisation. Mais maintenant je m'inquiète d'une possible fermeture de mon
cours. Mon envie est de continuer à m'intégrer dans la société, et pour cela,
la francisation est très importante. J'aimerais donc vous demander de pouvoir poursuivre mon programme en francisation. Je pense
que cela contribue beaucoup à l'intégration des nouveaux arrivants.»
Je continue, c'est tous des témoignages qu'on
reçoit dans nos boîtes, vous les recevez aussi : «J'ai commencé la
francisation à l'été 2023. Ces cours me permettent non seulement de
maîtriser la langue française, mais aussi de m'intégrer plus facilement dans la
société québécoise. Grâce aux cours de francisation, je me sens plus confiante
dans ma communauté, je peux parler avec les
gens et participer à la vie sociale. De plus, ça m'aide à la maison, car je
peux aider mes enfants avec leurs devoirs. Au travail, le français me
permet de mieux communiquer avec mes clients et de faire mon travail plus
facilement.»
Je continue : «Je suis une infirmière
péruvienne et je vis à Sherbrooke depuis un an. Depuis un an, je suis un cours
de francisation en ligne à la commission scolaire Eastern Townships les lundis
et mercredis de 9 heures à midi. J'ai
choisi cette option parce qu'elle me convient pour suivre mes études et ensuite
pour aller travailler. La francisation a une grande importance dans ma vie car
elle a facilité mon intégration dans mon milieu de travail et dans ma vie
sociale. Par exemple, grâce aux études de français, j'ai réussi à
obtenir mon premier emploi dans le milieu de la santé du Québec comme préposée aux bénéficiaires. J'ai pour
objectif de continuer à améliorer la langue pour suivre une formation afin de
devenir une infirmière au Québec.»
• (15 h 10) •
Des
témoignages comme ça, Mme la Présidente, on en a, on en a, des coupures de
presse comme celles que je vous ai
lues, on en a et on en a, mais de l'autre côté, du côté gouvernemental, on
continue à prétendre qu'il n'y a pas de coupe en francisation. C'est du
non-sens, Mme la Présidente.
On l'a vu, on
a tenu un point de presse transpartisan, ce midi, avec les CSS, les centres de services scolaires, les syndicats, et
on a vu que, dans les faits, c'est plutôt le contraire. En fait, les règles
budgétaires 2024‑2025 du ministère
de l'Éducation précisent très clairement — M. le ministre, vous
allez nous montrer votre tableau, j'en suis certain — à la
page 20 — trois
tableaux, encore mieux — à
la page 20, Mme la Présidente, que, cette année, exceptionellement, «exceptionnellement pour l'année 2024-2025,
une limite est fixée concernant le nombre d'ETP déclarés dans la catégorie
de services éducatifs en francisation. Cette limite est établie au nombre d'ETP
déclarés dans la catégorie de services éducatifs
francisation de l'année 2020‑2021.» Quelle surprise! Ça veut dire qu'en 2024, avec
le nombre de nouveaux arrivants qui veulent se franciser, ça veut dire,
avec cette ligne-là, qu'on restreint le nombre d'heures que les CSS peuvent dispenser en francisation
au Québec. Le ministre empêche... les ministres, incluant le ministre de l'Éducation, empêchent les
CSS à ne pas dépenser davantage en francisation que dans l'année 2020‑2021,
l'année de la pandémie, Mme la Présidente.
En
point de presse, quand les médias ont demandé aux syndicats pourquoi ils
pensaient que 2020‑2021 avait été la période de référence, on nous
a dit que c'était probablement la façon de couper le plus parce que c'était
l'année où il y avait eu le moins de nouveaux arrivants qui s'étaient inscrits
en francisation. Donc, le ministre restreint le nombre d'heures dispensées en
francisation par les CSS pour qu'il ne dépasse pas celui qu'on a dépensé dans
une année de pandémie, où l'immigration était à son plus bas. Comment le
ministre peut-il défendre ce choix-là?
Mme la Présidente, le
ministre joue sur les mots. Il dit qu'il n'y a pas de coupures, mais il empêche
les CSS de dépenser et d'utiliser leur plein budget en francisation. Tous les
centres de services scolaires du Québec, qui avaient promis et prévu leur budget
bien avant de recevoir les nouvelles mesures budgétaires, là, n'avaient pas eu
d'autre choix que de planifier leur offre en
francisation conformément aux besoins, aux demandes et à leurs capacités de
l'année dernière. Jamais, et ils nous l'ont dit, ils ne pensaient, et
avec raison, que le ministre leur refuserait le droit de franciser ceux et
celles qui levaient la main.
Les ministres les
accusent d'avoir dépensé l'argent d'une année au complet en quelques mois.
Mais, bizarre, Mme la Présidente, tous les
centres de services scolaires, tous, eux, ils avaient mal compris. Eux, ils
sont dans l'erreur. Tous les directeurs, toutes les directions locales,
régionales de tous les CSSDM, les CSS du Québec sont dans l'erreur. Pas le
ministre, non, non, non, pas les ministres.
Non, ça, ce n'est pas possible, ça. Vraiment? Poser la question, Mme la
Présidente, c'est y répondre. Ce n'est pas plutôt le ministre qui a changé les
règles du jeu à mauvais escient, de surcroît en plein match? Pas possible, ça? Ce n'est pas plutôt ça,
l'explication, Mme la Présidente? Sans parler du fait que d'octroyer un maximum
d'heures similaires à celui de la pandémie,
ça ne fait aucun sens. Quand on change les règles, Mme la Présidente, aussi
bien le faire pour qu'elles soient meilleures, pas pour empirer le
réseau.
Le ministre plaide,
et il va nous le montrer avec son tableau, j'en suis certain, que les budgets
de francisation ont augmenté de
217 millions à 250 millions en francisation dans la dernière année.
Par contre, Mme la Présidente, elles sont
où, ces classes-là? Ils sont où, les cours? Je viens de vous démontrer, là,
avec la revue de presse puis les témoignages, qu'il y a des milliers
d'étudiants qui perdent leurs classes. Il y a des profs qui perdent leur job.
Il y a des groupes qui ferment. Et tout ce
que le ministre peut leur offrir, c'est un tableau. Le ministre indique que ces
étudiants seront relocalisés avec Francisation Québec. C'est plus de
3 600 élèves avec des cours annulés, puis ils seraient 20 000...
2 000, pardon, à être référés par-dessus la liste d'attente actuelle de Francisation
Québec, qui a connu les malheureuses ratées qu'on connaît tous, et cela va
augmenter drastiquement dans les prochaines semaines parce que les cours tirent
à leur fin, là. La motion est aujourd'hui parce qu'on arrive à la fin de
l'enveloppe, là. Il y a des cours qui se finissent cette semaine, d'autres la
semaine prochaine, puis ils n'ouvrent pas par la suite. Donc, aux chiffres
qu'on a vus, il va y avoir une explosion phénoménale du nombre d'étudiants et
étudiantes puis de profs qui vont perdre leur accès à la francisation.
Le ministre va faire
quoi? Les profs sont virés par dizaines aux centres de services scolaires. Ils
ne sont pas embauchés par le MIFI. Les
locaux, là, ils ne sont pas loués par le MIFI. Les classes qui vont être
fermées dans les CSS ne seront pas ouvertes ou louées par le MIFI. Si,
au moins, c'était ça qui se passait, si on avait un transfert, puis que les
classes s'ouvraient de l'autre bord, les étudiants ne seraient pas par milliers
à nous dire qu'ils perdraient leur classe. Il
n'y en a pas, de nouvelle classe, Mme la Présidente. Les étudiants sont devant
rien. On a fait des recherches, les syndicats aussi ont fait des
recherches, les CSS ont fait des recherches, des dizaines et des dizaines
d'étudiants ont fait des recherches :
rien n'ouvre. C'est inacceptable, Mme la Présidente. S'il y avait des classes
qui ouvraient, là, via Francisation
Québec, on ne serait pas là aujourd'hui, on n'aurait pas toute la société civile
qui lève un drapeau rouge.
Le Commissaire à la
langue française, dans son rapport de 2023‑2024, là, il dresse un portrait
inquiétant du déploiement de Francisation Québec. Ce n'est pas comme si ça marchait très bien, malheureusement, Mme la Présidente,
Francisation Québec. Couper dans des milieux qui fonctionnent pour octroyer ou
pour renvoyer tout le monde dans la file d'attente à Francisation Québec, c'est
fortement inutile et c'est une mauvaise décision. La coupe d'un cours, c'est
tout un milieu, c'est tout un tissu qui s'effrite. Bien au-delà de la
francisation, c'est aussi une expertise qui se perd. La francisation, Mme la
Présidente, c'est aussi de l'intégration. Ce n'est pas juste enseigner la
grammaire et la langue, c'est enseigner la culture,
c'est enseigner les repères, les valeurs, les façons de vivre en société, bref,
ce qui nous façonne, ce qui façonne
le Québec. On n'apprend pas à devenir Québécois en ligne, Mme la Présidente, ça
se passe en classe, dans la
communauté, ensemble, entourés des gens qui partagent le même but et le même
espoir, celui d'apprendre notre magnifique langue. En coupant dans la
francisation, Mme la Présidente, le ministre met à mal non seulement notre
identité, il met à mal la langue française puis il met à mal le Québec.
Alors,
il a l'occasion de faire la bonne chose, aujourd'hui, là. Les cours, et on nous
l'a expliqué ce matin, il y a encore
une petite fenêtre d'opportunité, il y a encore une chance pour que ces
élèves-là, du moins pour ceux qui ne l'ont pas encore perdu, ne perdent pas tous leurs cours, puis il y a encore
une chance pour que les profs conservent leur expertise puis leurs
groupes. La fenêtre n'est pas grande. Ils nous écoutent, ils étaient là avec
nous tantôt et ils sont tous très attentifs et attentives. Le ministre va-t-il
s'engager à rouvrir et à redonner des cours à ceux et celles qui ont perdu leurs
services de francisation dans les dernières semaines et va-t-il s'engager à ce
qu'il n'y ait aucun autre étudiant qui suit actuellement
son parcours en francisation ne perde accès à leurs classes? C'est ça,
l'essence de notre demande, c'est ça, l'essence
de notre mesure, M. le ministre. Vous trouverez le chemin qu'il faut, vous
trouverez le moyen qu'il faut, mais, s'il vous plaît, ne fermons pas des
classes qui fonctionnent.
Il y a des étudiants puis des nouveaux arrivants
qui ont levé la main par milliers, qui veulent continuer. Ils sont là, là, ils sont chez nous. Ils réussissent bien.
Il y en a qui sont infirmières, il y en a qui sont préposés aux bénéficiaires,
puis il y en a qui vont le devenir, puis il y en a qui veulent
contribuer au Québec de demain. Permettez-leur de continuer, permettez-leur
de rester dans leur milieu de vie, dans leur milieu d'enseignement, avec leurs
amis, leurs profs, leur communauté.
Permettez-leur de devenir Québécois, permettez-leur de devenir Québécoises puis
d'apprendre notre langue.
• (15 h 20) •
J'espère
qu'on aura des bonnes nouvelles. J'espère que le ministre de l'Éducation puis
le ministre de la Francisation vont se parler, puis j'espère qu'ils vont
débloquer les budgets. Il n'est pas trop tard. Il n'est pas trop tard pour
bien faire, Mme la Présidente. Il y a une
fenêtre d'opportunité, elle n'est pas grande, mais on peut s'assurer que ces
gens-là conservent leur cours puis on peut s'assurer que ceux qui l'ont perdu
puissent revenir en classe. C'est là, là, pas dans trois semaines, pas dans un mois, pas dans six mois quand toutes
les équipes vont être réaffectées, quand les gens vont avoir abandonné,
quand les gens ne sont plus rejoignables. C'est là, là, qu'il faut bouger.
Donc, la motion, elle
est ouverte le plus positivement possible, elle tend la main. Accordons la
possibilité pour tous ceux qui étudient,
actuellement, de continuer et réinstaurons les cours puis les classes de ceux
qui les ont perdus. C'est ma demande pour vous, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je vais céder la parole au prochain
intervenant. Alors, M. le ministre de l'Immigration, de la Francisation et
de l'Intégration, la parole est à vous.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Merci aux collègues présents aujourd'hui
pour aborder ce débat-là. Les débats du
mercredi, des fois, sont utiles pour faire la lumière, parce que, dans le cas
des mêlées de presse ou dans le cas des périodes de questions
régulières, on fait tout en quelques secondes, puis il y a des dossiers qui
sont plus complexes, qui méritent des
explications qui durent plus que quelques secondes. Merci aux collègues, aussi,
de la partie gouvernementale qui sont ici pour participer au débat puis
qui vont contribuer tout à l'heure.
Bien, avant d'y aller
directement sur les commentaires, les questions de mon collègue, je pense qu'il
faut faire une petite mise en situation,
rappeler que Francisation Québec n'a pas toujours existé, comme organisation,
c'est assez jeune. Pendant longtemps, des années, des années, on avait
un réseau disparate d'organismes qui faisaient de la francisation. Chacun le faisait avec coeur pour aider les
nouveaux arrivants ou des gens qui sont ici depuis longtemps à apprendre la
langue québécoise, la seule langue
officielle et commune, le français. Ça se faisait dans des écoles, dans des
centres de services scolaires, évidemment, des fois dans des cégeps,
dans des organismes sans but lucratif.
Malheureusement, il
n'y avait pas de coordination, il n'y avait pas de mécanisme de répartition, il
n'y avait pas un financement qui était équitable et il n'y avait pas non plus
une échelle de niveaux de compétences qui permettait d'avoir une certaine uniformité entre la qualité des cours, garantir
aussi des progrès aux élèves, qui soient comparables, dire : Bon, bien, j'ai suivi tant d'heures de cours, où
est-ce que je suis rendu? En fonction des différents parcours qui étaient
suivis par les élèves, on avait
différents résultats, puis c'était difficile pour les gens de savoir :
Bien, est-ce que je peux maintenant converser?
Est-ce que je peux maintenant décrocher un emploi directement? Quel est mon
niveau, réellement, en lecture, etc.?
Donc,
maintenant, on a non seulement un organisme, qui est un guichet unique, qui
s'appelle Francisation Québec, pour l'inscription et la répartition des
apprenants dans les réseaux — donc
il y a des réseaux qui francisent, mais il y a un guichet unique — mais
on a aussi une uniformité, en termes de qualité, puis on a aussi une échelle de
compétences, de niveaux de compétence, pour
tous les partenaires de Francisation
Québec. Et c'est cohérent aussi avec
les barèmes qu'on se donne au ministère de l'Immigration, de la Francisation et
de l'Intégration. Quand on dit, par exemple : Pour obtenir tel, tel statut, tel certificat, pour renouveler ton
permis de séjour, tu dois atteindre le niveau 4, 5, 6, bien, ils peuvent
se référer à Francisation Québec, ils peuvent suivre des cours et, peu importe où ils sont sur le
territoire, ils vont savoir où ils en sont. Donc, ça, je pense que c'est
un acquis qui est extrêmement important.
Et ça n'a pas
toujours été comme ça, comme je le dis. En 2017, d'ailleurs, sous le
gouvernement libéral, on avait un rapport de la Vérificatrice générale, puis ça
disait : «La francisation au Québec est un fiasco.» Donc, ça ne
fonctionnait pas, c'était disparate, sous-financé, et il y avait vraiment des
failles un peu partout. Et «fiasco», ça veut dire
«échec complet». J'ai regardé dans le Larousse. Donc, c'est de là dont
on... c'est de là dont on partait quand on est arrivés au gouvernement, en
2018. Il fallait prendre acte de la situation, rebâtir ça, s'assurer d'une
uniformité pour les partenaires qui
donnent les cours, il fallait aussi rassurer tous les gens qui suivent des
cours, à l'effet qu'ils ne perdaient pas leur temps, mais qu'ils
progressaient réellement, puis il fallait financer l'offre de cours.
Pour arriver à ça,
bien, il fallait créer Francisation Québec, et on l'a fait par une loi qui est
maintenant une loi fondamentale du Québec, la loi n° 14,
on l'appelle tous la loi n° 96, mais c'était la loi n° 14, Loi sur la langue officielle et
commune du Québec, le français. Cet après-midi, deux formations
politiques qui ont voté contre cette loi nous disent qu'on n'en fait pas assez.
Ils ont voté contre la création du ministère de la Langue française, ils ont
voté contre la création du Commissaire à la
langue française, ils ont voté contre la création de Francisation Québec, ils
ont voté contre le fait qu'on a une
seule langue officielle et commune au Québec, le français, ils ont voté contre
le resserrement des exigences en français au cégep, ils ont voté contre un
élément qui fait ma fierté, quelque chose qui fait que maintenant, au
Québec...
Je vais vous montrer
ce graphique-là. On ne le voit pas souvent. Ça, ici, c'est la répartition des
étudiants dans nos cégeps. Certains disent : Ah! il faudrait donc
appliquer la Charte de la langue française dans les cégeps. Je vous invite, si
vous faites Ctrl+F, Ctrl+F5, quelque chose comme ça, avec l'ancienne mouture de
la Charte de la langue française, vous ne
trouverez pas le mot «cégep» ou «collège» avant la loi n° 96.
Avec la loi n° 96, on a complètement changé la donne. Et on voit qu'avant 96, ici, en rouge,
ça, c'était le pourcentage d'étudiants qui fréquentaient des cégeps
anglophones. Ça montait jusqu'à la sanction de la loi n° 96.
Et maintenant, voici les projections du pourcentage d'étudiants qui vont
fréquenter des cégeps anglophones à l'avenir.
Ici, en bleu, ça, c'est le
pourcentage d'étudiants qui fréquentaient des cégeps francophones. Ça
descendait, ça descendait, ça descendait. Nous avons adopté la loi n° 96. Et voici les projections pour le pourcentage
d'étudiants qui fréquenteront maintenant les cégeps francophones. Nos amis de
Québec solidaire et du Parti libéral ont aussi, donc, voté contre ces mesures
lorsqu'ils ont voté contre la loi n° 96. Mais, pour
ceux qui ne faisaient rien, nous n'en faisons pas assez aujourd'hui. C'est
particulier.
Donc, avec la loi n° 96,
on s'est donné une structure qui fonctionne, un guichet unique, des normes de
qualité. Mais après, il fallait financer,
bien sûr, pour que l'offre de services soit déployée. Alors, ici, j'ai des
tableaux qui montrent que le financement est au rendez-vous. Donc, ici,
c'est le nombre d'élèves qui ont participé à l'offre de services de francisation du ministère de l'Intégration et de
la Francisation et... de l'Intégration et de l'Immigration, pardon, au cours
des 10 dernières années. Donc, on voit
qu'il y a une stagnation jusqu'à ce qu'on arrive en 2018‑2019.
Et après, eh bien, ça augmente. Ça, c'est le nombre d'élèves.
Pourquoi le nombre d'élèves augmente? On le voit
ici, parce qu'ici c'est le nombre de groupes qui sont ouverts, donc on voit qu'il y a une progression en termes
du nombre de groupes. Et ici, oui, malgré mon collègue qui dit qu'on a
des coupures, là, terribles, l'année 2024‑2025 est une année où on voit
qu'il y a une progression qui continue pour le nombre de groupes qui sont ouverts. Donc, dans une année où mes
collègues dénoncent des coupures, bien, il y a plus de groupes qui sont
ouverts puis il y a plus d'élèves qui font de la francisation.
Et pourquoi on arrive à ça? Bien, parce que le
financement est au rendez-vous. Donc, le nombre de groupes est plus élevé, le nombre d'élèves est plus élevé
parce que les dollars sont là. Donc, plus de dollars, plus d'élèves, plus de
groupes, meilleure coordination, guichet
unique, critères de qualité, tout ça dénoncé par des gens qui ont voté contre
ces améliorations. Trouvez l'erreur, Mme la Présidente. Je les ai devant
moi.
Alors, une fois que ceci est dit, on peut
toujours faire mieux, on peut toujours faire mieux. Il faut s'en assurer comme gouvernement. Il faut s'assurer de toujours,
d'une année à l'autre, déployer les services et le redéployer. L'amélioration
gouvernementale, ce n'est pas de tout le temps ajouter une couche par-dessus
une autre. S'il y a des choses qui fonctionnent moins bien, il faut les corriger. Mario Dumont, il dit : C'est
une erreur de faire plus de ce qui ne marche pas. J'aime assez cette image-là. Voilà pourquoi, lorsqu'on déploie
un service, qu'on est à l'an 2 d'un service qui est nouveau, Francisation
Québec, c'est la deuxième année en ce
moment, on s'assure de ne pas faire de coupure dans les budgets, mais on
s'assure aussi de déployer l'offre en mesurant comment ça fonctionne.
• (15 h 30) •
Donc, l'an passé, les centres de services
scolaires ont reçu 104 millions de dollars. Dans certains cas, ils
ont dépensé davantage. Cette année, ils
reçoivent 104 millions. On leur dit de respecter les budgets. Certains
vont dire que c'est une coupure. Je ne suis pas d'accord. Au début de l'année,
ils savaient qu'ils auraient 104 millions. Et c'est une règle de base, là, quand tu reçois un budget, tu planifies
ton budget sur 12 mois en présumant que tu as ce budget-là.
Ce n'est pas l'idée du siècle d'aller dépasser
100 % de ton budget dans les quatre, dans les six, dans les huit premiers
mois. Malheureusement, c'est arrivé dans certains cas.
Mais, qu'à
cela ne tienne, mes collègues disent : Bien, il faudrait qu'ils puissent
faire cette année ce qu'ils ont fait l'an
passé. On voit que plusieurs centres de services scolaires ne font pas cette
année ce qu'ils ont fait l'an passé. Cette année, ils ont fait beaucoup
plus que l'an passé, dans les premiers mois.
Mes collègues
l'expliqueront peut-être, mais, écoutez, entre le 1er juin et le
30 septembre 2023, dans les centres de services scolaires, on a francisé 13 591 personnes. Cette
année, entre le 1er juin et le 30 septembre 2024, dans les centres de
services scolaires, on a francisé 32 040 personnes, une hausse d'autour de
235 % pour la même période. On leur a donné les mêmes budgets puis, dans les premiers mois, ils ont choisi de
franciser 235 % plus d'élèves que l'an passé, pour les mêmes mois,
mois pour mois. Ils nous arrivent maintenant en novembre, en décembre puis ils
disent : Bien là, je ne peux pas continuer à ce rythme-là, je suis obligé,
là, de mettre des gens à pied. Bien, c'était effectivement difficile de
maintenir cette cadence de 236 % de plus que l'an passé pendant
12 mois si ton budget est équivalent.
Ceci dit,
est-ce que ça veut dire que cette année il va y avoir moins d'élèves, moins de
personnes francisées? Bien, pas du tout, pas du tout, parce que non
seulement il n'y a aucune coupure, mais il y a une bonification de Francisation
Québec, parce que, mon Dieu, les centres de services scolaires ont donné tout
un coup en début d'année. Ces gens-là sont francisés, là, ils ne
désapprendront pas le français en novembre, décembre, janvier, là, des gens ont
reçu des services.
L'an passé,
record absolu, record de tous les temps, jamais le Québec n'avait francisé
autant de gens : 76 000 personnes;
du temps du Parti libéral, c'étaient 20 000 personnes par année. L'an
passé, nous avons francisé 76 000 personnes,
mais tantôt les gens du Parti libéral vont dire qu'on n'en fait pas assez.
Encore une fois, trouvez l'erreur. Et
cette année, même si on suit l'année record, je vous le dis, là, ça ne baissera
pas. On risque de faire un peu mieux encore que l'an passé. Sur une
année, on va franciser encore davantage, plus de monde que
76 000 personnes.
Mais là mes collègues vont dire : Oui, mais
ce n'est pas assez, il y a des listes d'attente. La liste d'attente ne témoigne
pas du fait qu'on ne francise pas assez, la liste d'attente témoigne du fait
qu'il y a trop de personnes sur le territoire québécois qui sont des immigrants
temporaires qui ne parlent pas le français. Et là ne demandez pas à mes collègues de Québec solidaire et du Parti libéral
de réduire, ils ne sont pas d'accord avec les réductions. Québec solidaire,
peut-être qu'ils voudraient hausser les
taxes, mais, même si on augmentait les taxes, si on avait cette mauvaise idée,
bien, on n'aurait pas les profs. À un moment donné, ça ne s'achète pas,
un prof qui n'existe pas.
Malgré tout,
Mme la Présidente, on continue de déployer et de redéployer en cours d'année,
parce que, oui, il y a les centres de services scolaires, mais il y a
tous nos autres partenaires.
Alors, pour ceux qui disent que, des cours, là,
il n'y a personne qui en ouvre nulle part, là, ça n'existe pas, des ouvertures
de cours ou de groupes, bien, laissez-moi vous dire que le 30 septembre — ça ne
fait pas longtemps, le 30 septembre — le
MIFI a ouvert plusieurs groupes à temps partiel, 930 groupes. Mais, quand
un centre de services scolaire, après avoir dépassé son budget en début d'année,
ferme un groupe, ça fait la une. Mais, quand le MIFI ouvre 930 groupes,
cherchez sur Google, on n'en parle pas, puis
mes collègues n'en parlent pas, ils font comme si ça n'existait pas. 930
groupes, 16 000 personnes débutaient des cours le
30 septembre. Il y avait des cours à Montréal, il y avait des cours,
27 groupes, en Estrie, 38 groupes dans la Capitale-Nationale,
35 groupes, notamment, dans les Laurentides, en bonification.
Puis on ne s'arrête pas là, on travaille sur un
deuxième calendrier, qu'on appelle le calendrier B, qui va nous permettre d'ajouter encore d'autres groupes de
plus, qui sont confirmés, 49 groupes confirmés, 1 100 places de
plus, qui vont commencer, eux, le 18 novembre. J'ai hâte que mes collègues en
parlent, fassent des X, fassent des tweets, disent : Ah! Ah! Ah!
bravo, nouvelle offre de cours! J'ai hâte de lire tout ça — j'ai
des doutes — voir
si mes collègues auront l'honnêteté intellectuelle de souligner ça aussi. En
tout cas, ils n'ont pas souligné les 16 000 groupes du
30 septembre, peut-être souligneront-ils les groupes du 18 novembre.
Et il va y en avoir d'autres en décembre, il va y en avoir d'autres en janvier. On va faire des partenariats. On va
s'assurer que, dans des endroits où des centres de services scolaires se sont
retirés, malheureusement, bien, on déploie de nouveaux groupes dans ces
régions-là précisément, parce que les gens qu'on a à coeur, c'est les
apprenants.
Et, Mme la
Présidente, malgré tous mes efforts, malgré tous les millions, malgré la
coordination inégalée qu'on a, on ne peut pas franciser 200 000,
300 000, 400 000 personnes par année. Ce n'est pas raisonnable
de penser ça. Ce n'est pas raisonnable de financer ça à coups de milliards. Il
faut réduire le nombre d'immigrants temporaires sur le territoire québécois. Puis évidemment, dans toute leur
sagesse, j'imagine que les collègues vont nous appuyer, dans les prochaines
semaines, quand nous poserons des gestes en ce sens. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
suis prête à entendre un autre intervenant. Ce sera une intervenante. Mme la
députée de... Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet : Bourassa-Sauvé.
Merci, Mme la Présidente.
Mme la
Présidente, vous avez souvent entendu ma formation politique dénoncer les
différents échecs en matière de
francisation, et, manifestement, aujourd'hui ne fait pas exception à la règle.
Sans surprise, donc, nous appuyons la motion, donc, déposée par le collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne. Vous avez... Vous l'avez d'ailleurs entendu
déclamer, donc, la liste des
différents articles qui ont fait état de la détresse des apprenants et d'à quel
point les différents enseignants en matière
de francisation ont été choqués des différentes coupures — et,
oui, il s'agit de coupures — en
matière de francisation qui empêchent
ces apprenants d'accéder à leur droit à l'apprentissage du français, qui est
enchâssé dans la Charte de la
langue française.
Mme la Présidente, cette situation est si
choquante que vous nous avez entendus la dénoncer ici, oui, au salon rouge, en
période de questions, mais également mon collègue le député de l'Acadie et moi,
nous avons demandé au Commissaire à la langue française d'enquêter sur le bris,
donc, du... en fait, à quel point, donc, le droit à l'apprentissage du français
a été bafoué par ce gouvernement, et ce, en vertu de l'article 195 de la Charte
de la langue française.
Les bris de service, Mme la Présidente, je pense
que, chaque matin, vous, comme les collègues ici présents, vous vous êtes levée puis vous avez lu... vous
avez fait votre revue de presse, vous avez lu vos journaux puis vous avez
vu qu'à Granby, qu'à Longueuil, qu'à Sherbrooke, qu'à Magog, à Val-d'Or, à Rouyn-Noranda,
à Montréal, à Laval, en Mauricie, dans les Laurentides, à Québec, c'est partout
pareil, des classes ferment, puis ça, ça affectera des milliers d'étudiants au Québec. Juste ce matin, il y avait
un dernier gazouillis de Sébastien Desrosiers, à 10 h 23, pendant
qu'on était ici tous ensemble, qui disait : «Après Lévis mardi — Lévis,
donc on parle, donc, du comté du ministre de l'Éducation, le père de la charte des valeurs — c'est à Québec qu'on met
la hache en francisation. Le centre de services scolaire des Découvreurs
indique que la plupart des cours cesseront dès lundi prochain. La fermeture de
classes touche 449 élèves et
21 enseignants qui perdent leur emploi.» Ça, c'est juste aujourd'hui. Puis
ça, Mme la Présidente, je pense qu'il n'y a personne qui se surprendra,
là, si demain matin on se réveille puis qu'on a encore des nouvelles du même
type. Bien, on aura encore la mine basse
parce qu'on se dira : Ce gouvernement est encore en train de faillir à sa
tâche, ce gouvernement est encore en train de briser son contrat moral
avec les personnes immigrantes.
• (15 h 40) •
Le ministre
nous dit : Ah! bien, regardez, là... Il vient de nous en faire, donc,
l'exposé, et on le prend au mot, on espère,
bien évidemment, donc, entendre, donc, ces nouvelles, donc, de personnes, donc,
déplacées, donc, dans des classes, mais
l'enjeu, c'est qu'on a besoin que ça se passe maintenant parce qu'il y a des
enseignants qui perdent leur emploi, puis, à un moment donné, s'ils
quittent le réseau, bien, si on attend des mois et des mois avant d'être
capables, donc, de réaffecter des étudiants, bien, ça va être bien difficile
d'être capables, donc, de réintégrer, donc, ces mêmes enseignants. Mais
d'autant plus que, bien, quand on nous dit : Bien, c'est correct, on va les
enlever de la file, donc, des centres de services scolaires, puis on va
s'assurer qu'ils puissent suivre, donc, ces cours-là, donc, à travers, donc, le
magique Francisation Québec, bien, quand les gens sont déplacés, on voit des
situations inexplicables, comme la personne qui habite à Sept-Îles qui s'est vue offrir une place : Oui,
regardez, vous allez avoir une place, c'est bien beau, vous n'irez pas au
centre de services scolaire, vous allez avoir une place dans un... il s'est
fait offrir une place dans un cours à Baie-Comeau, à
237 kilomètres de son domicile. Mme la Présidente, vous, là, est-ce que
vous pensez que c'est logique, que c'est acceptable que l'État québécois fasse ce type d'offre là
ridicule à un être humain qui est en quête de francisation? Nous, on ne le
pense pas.
Mme la Présidente, si le gouvernement était
sérieux en matière de francisation... le ministre nous a montré son beau tableau qu'il nous présente tout le temps, si
le gouvernement était sérieux en matière de francisation, bien, d'une part,
bien, il utiliserait toutes les sommes qu'il
reçoit du fédéral. Parce qu'on comprend qu'il y a eu des augmentations, donc, des augmentations de près de 40 % depuis 2018‑2019,
puis l'an dernier, c'est 775 millions qui ont été reçus, bien, le gouvernement utiliserait toutes ces sommes-là pour
être capable de franciser à la place de nous dire qu'il fait des coupes,
alors que ces coupes-là sont issues de sa mauvaise planification budgétaire,
parce qu'il préfère mettre de l'argent... donner
7 millions aux Kings de Los Angeles, puis de se péter les bretelles, puis
de voter contre notre motion ici, à l'Assemblée nationale, puis de dire : Oui, oui, c'était une bonne décision.
Donc, le gouvernement préfère se targuer de prendre ce type de décision
là plutôt que de réinvestir, donc, les sommes en matière de francisation.
Puis, si le gouvernement était sérieux en
matière d'augmentation de la demande, parce qu'on a bien entendu le ministre nous étayer à quel point c'est
toujours un peu son bouc émissaire, bien, j'espère que, si le gouvernement est
sérieux là-dessus, que demain, là, on... que l'immigration temporaire, bien,
serait incluse au plan annuel de l'immigration, comme mon collègue de
l'Acadie le demande depuis près d'un an aujourd'hui.
Avec tout ça, Mme la Présidente, après avoir
entendu tous ces faits... La semaine dernière, je me suis levée ici, en
Chambre. Mon collègue de l'Acadie et moi, on s'est levés l'un après l'autre
pour questionner, lui, le ministre de l'Immigration,
mais, moi, le ministre de la Langue
française, parce que moi, je me pose
cette question-là, parce que, là, on
vient d'entendre le ministre de l'Immigration, donc, nous parler à quel point
il est fier de son bilan, mais moi, je me demande si le ministre de la Langue française, il est fier de son bilan.
Est-ce que le ministre de la Langue française, quand il se regarde dans
le miroir puis qu'il parle à son alter ego, est-ce qu'il est satisfait du
travail qui est fait pour s'assurer que les
droits qui sont conférés à la Charte
de la langue française soient
respectés, mais aussi pour s'assurer que notre langue officielle, que
notre langue commune puisse être partagée avec ceux et celles qui souhaitent
tant l'apprendre?
Je ne sais pas si le ministre de la Langue
française comprend ce que ça représente, lui qui a dit il y a à peu près un an qu'il ne pouvait pas tolérer, ce sont ses
termes, qu'il ne pouvait pas tolérer que des immigrants temporaires ne parlent
pas français. Bien, ce même ministre là empêche ces immigrants temporaires là
d'avoir accès à des cours, alors qu'il ne pouvait pas tolérer ça.
Puis il nous a parlé, donc, de plein d'éléments
du projet loi n° 96, en passant, pour lesquels...
ceux qu'il a énumérés, là, c'étaient des éléments en grande partie pour
lesquels on a voté en faveur. Mais ce à quoi on a certainement voté contre, c'est le fait d'obliger des personnes
immigrantes à communiquer avec l'État à l'intérieur d'un délai de six mois,
parce que, là, ce qu'on voit, c'est que non
seulement, donc, le ministre, il coupe dans l'offre de francisation dans les
centres de services scolaires, mais il
y a des gens qui agonisent sur les listes d'attente de Francisation Québec,
alors que ce gouvernement, donc, oblige ces personnes à interagir avec
l'État en français au bout de six mois, quand on est rendu à quatre mois, quatre mois d'attente avant d'avoir
accès à des services de francisation, quatre mois d'attente, des délais qui
ont augmenté de 80 % depuis un an.
Donc, Mme la Présidente, on a des fermetures de
classes qui se comptent par centaines dans l'ensemble du Québec, je vous ai énuméré les régions plus tôt.
Puis le ministre, en ce moment, plutôt que de se dire : Comment est-ce
qu'on règle ce problème, comment est-ce qu'on s'assure qu'on soit capable,
nous, comme État québécois, de prendre nos
responsabilités?, bien, lui, il préfère pelleter ça dans la cour des centres de
services scolaires plutôt que de se dire : Bien, moi, je suis imputable de ça, puis je vais me
lever, puis on va voir comment est-ce qu'on peut travailler ensemble. Ça, c'est
avoir le sens des responsabilités, Mme la Présidente.
Puis, pendant ce temps-là, pendant qu'on nous
présente, donc, des beaux tableaux puis qu'on nous transmet un discours qui
n'est pas à la hauteur des responsabilités du ministre, je ne sais pas si,
pendant ce temps-là, il réalise qu'est-ce que ça représente pour un être humain
qui attend, là, qui nous regarde... parce que les gens nous regardent
aujourd'hui, Mme la Présidente... donc, un être humain qui nous regarde puis
qui se dit... qui voit sa classe fermer du jour
au lendemain, qu'est-ce que ça représente pour lui d'avoir à poursuivre ce
parcours du combattant pour pouvoir se franciser et s'intégrer à la
société québécoise.
Il y a des gens, puis c'est factuel, Mme la
Présidente, qui travaillent la nuit, à temps plein, dans des entrepôts puis
qui, en même temps, suivaient des cours de francisation dans des centres de
services scolaires à temps plein. Vous comprenez,
il y a 24 heures dans une journée. La nuit, ils travaillent à temps plein,
le jour, ils étudient à temps plein parce qu'ils veulent s'intégrer,
qu'ils veulent s'assurer de se déployer à leur plein potentiel au sein de la
société québécoise, puis ces gens-là,
aujourd'hui, se retrouvent abandonnés par l'État québécois. Ils ne sont pas une
statistique, là, ils ne sont pas des
chiffres, ce sont des vrais êtres humains, qui sont ici, qui ont parfois été
sélectionnés par l'État québécois, qui ont parfois été accueillis et acceptés
comme immigrants par l'État québécois et qui, aujourd'hui, se retrouvent à ne
pas pouvoir... à ne pas voir l'État remplir sa part de responsabilité dans le
dossier de la francisation. Pour ces gens-là, ne pas pouvoir apprendre
la langue, ça les précarise.
Puis, en passant, là, de demander, donc, des
cours de français pour tous, bien, c'est le Parti libéral du Québec qui l'a demandé. C'est le député de
Jacques-Cartier, au cours du dernier mandat, qui s'est levé puis qui s'est
assuré que, dans toute réforme...
dans toute réforme, donc, sur la langue française, bien, qu'on puisse s'assurer
qu'un élément comme celui-là ce soit intégré.
Donc, ici, on limite les opportunités d'emploi
puis la capacité de ces gens-là à vouloir... à pouvoir créer de la richesse,
parce que croyez-moi qu'ils le veulent. Si on le voit, donc, ces listes
d'attente là qui se... qui s'allongent et qui
se multiplient, c'est parce que les gens veulent apprendre le français. Je
rencontrais des groupes la semaine dernière, puis à chaque fois, on nous
répète la même chose. Il n'y a personne, Mme la Présidente, qui nous dit :
Moi, ça ne me tente pas d'apprendre le
français. Tout le monde sait, tout le monde comprend que c'est notre langue
officielle, que c'est notre langue commune, que c'est absolument
important, pour pouvoir... pour pouvoir faire société au Québec, de pouvoir
maîtriser cette langue si riche, cette langue si importante pour nous.
Donc,
aujourd'hui, ce qu'on constate, c'est l'incurie du gouvernement du Québec en
matière de francisation, et j'espère
que le ministre de la Langue française, quand il aura fini, donc, de nous
écouter, bien, il pourra parler avec son homologue
ministre de l'Immigration puis lui dire : Vous savez quoi, M. le
ministre... donc, parler à son alter ego, dire : Vous savez quoi, M. le ministre, il faut qu'on
agisse, puis il faut qu'on agisse maintenant. Vous savez quoi, M. le ministre,
il y a péril en la demeure. Parce que j'aimerais rappeler au ministre de la
Langue française sa mission : promouvoir, valoriser et protéger la langue française et son statut au Québec. Donc,
aujourd'hui, moi, j'invite le ministre de la Langue française à
promouvoir, valoriser et protéger la langue française et son statut au Québec
en maintenant les services de francisation sur le territoire. Merci, Mme la
Présidente.
• (15 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant,
nous poursuivons le débat avec M. le député de Jean-Talon.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Mme
la Présidente, ce matin très tôt, j'étais devant le centre de francisation
Louis-Jolliet, à Québec, comme je l'étais vendredi dernier, tôt le
matin, devant le centre de francisation Le Phénix, dans ma circonscription de Jean-Talon, il y avait là de vrais êtres humains,
des enseignants, des membres du personnel de ces centres de francisation,
qui ont comme travail de franciser, d'aider à l'accueil, à l'intégration, qui
ont l'expertise, qui le font, certains, depuis longtemps, qui viennent de perdre leur emploi en raison des coupures
effectuées par le gouvernement. Il y avait là des étudiants, des gens
qui arrivent à Québec, qui veulent être francisés et qui disent : Mes
cours ont été coupés, parce qu'à Québec il
n'y a plus de cours d'entrée pour les nouvelles personnes qui arrivent et qui
veulent se franciser, de vraies personnes, qui donnent de vrais cours de
francisation, en personne, à des... à des immigrants et qui disent : Il y
a eu des coupures.
Le ministre,
le gouvernement, le ministre de l'Éducation aussi, continuent à nier cette
réalité, qui s'est reproduite à
Granby, à Sherbrooke, à Montréal, à Rouyn, partout au Québec. On a reçu des
lettres. J'ai reçu une lettre de 200 professeurs,
200 enseignants qui dit : On est stupéfaits, on vient de nous
annoncer que nous avons perdu notre emploi.
Les règles
budgétaires du gouvernement du Québec, sur lesquelles j'ai interpelé le
ministre de la... de l'Immigration et
de la Francisation la semaine dernière, je les ai déposées ici, le disent
clairement : exceptionnellement, pour cette année, les règles ont
été changées. On ne prend plus l'année de référence, la précédente et celle
d'avant pour déterminer le budget, mais on annonce, en plein milieu de l'année,
à tous les centres de services que, là, ils vont avoir moins d'argent. Je les ai vus, les chiffres de plusieurs centres
de services scolaires, c'est moins d'argent. Là, on a coupé 1 million.
Là-bas, on a coupé 700 000 $. Là-bas, on a coupé
600 000 $. C'est ça, les vrais chiffres, et le gouvernement continue
à le nier.
Et le ministre, aujourd'hui, nous produit des
tableaux, puis il dit : Au MIFI, on n'a pas coupé. On est en train de parler des budgets des centres de services
scolaires du ministère de l'Éducation, et là, ici, on joue sur les mots. Ça, on
n'a pas eu la réponse, parce que c'est dur de contredire les propres
documents du gouvernement. C'est ça qui est en train de se passer : les
budgets de cours qui fonctionnent ont été coupés par un gouvernement qui dit
que la francisation, c'est important. Mais
là c'est le festival de «c'est la faute à», c'est la faute à l'immigration, un
gouvernement qui vient de se faire dire encore par un rapport
indépendant déposé ce matin qu'il a perdu le contrôle de l'immigration, qu'il y
a eu des seuils d'immigration stratosphériques et donc plus de monde à
franciser.
D'abord,
donc, c'est la responsabilité du gouvernement, mais qu'il rejette tout le
temps : c'est la faute au fédéral. Le rapport, encore ce matin, confirme... d'abord, le rapport que le
Parti québécois a déposé lundi : c'est une responsabilité partagée du
gouvernement fédéral et du gouvernement de la CAQ, perdu le contrôle, beaucoup
de monde à franciser. Puis là on dit : On va franciser. Qu'est-ce
qui se passe? On coupe les ressources de francisation. Ah! c'est la faute aux centres de services scolaires, ils ont trop
dépensé. On l'a encore entendu aujourd'hui. Leur budget a été coupé. Ce n'est
pas qu'ils l'ont trop dépensé vite, leur budget a été coupé. Les
gouvernements... Les documents du gouvernement le confirment.
Qu'est-ce qui se passe, donc? Alors, moi, j'ai
interpelé, la première fois, sur les cours à Québec, parce que les cours à Québec, à Sainte-Foy, à Québec, c'est
sorti le 9 octobre. Les gens ont dit : Il n'y en a plus, de cours, on
n'a pas d'argent. Depuis ce temps-là,
on a lancé un concours, hein, de type Où est Charlie?, mais il n'y a pas de
Charlie. Où sont les cours de
francisation? Le gouvernement continue à nous montrer des tableaux. Là, il nous
parle de 930 groupes ouverts. Moi, j'ai demandé : Donnez-moi une
place à Québec où il y a des nouveaux cours. Je l'ai encore demandé ce matin,
j'étais avec toute la communauté de
la francisation, les organisations communautaires, les centres de francisation,
je demande : Où sont les
nouveaux cours? Personne n'est capable de m'identifier un lieu physique où il y
a des cours. Personne n'est capable de me nommer une institution où il y a un
nouveau cours de francisation. Pourquoi? Parce que les cours ont été
coupés.
Et là
qu'est-ce qui se passe? On dit : On a mis de l'argent. Qu'est-ce qui se
passe encore? Typique de ce gouvernement, on a fait de la structurite, de la bureaucratie, on a créé de la
paperasse, on a créé une nouvelle patente, Francisation Québec, avec plus de
30 000 noms sur les listes d'attente, aujourd'hui. J'ai essayé d'y
aller moi-même. Actuellement, on dit : Les délais augmentent, on
n'est pas capables de vous répondre, désolés.
Donc, c'est
ça, la situation. Il y a peut-être de l'argent, on ne le sait pas, il n'y a pas
de transparence. Mais, s'il y a de
l'argent, en tout cas, ça va dans une patente administrative qui ne donne pas
de cours, qui ne permet pas de franciser les immigrants qui arrivent.
C'est de la liste d'attente, c'est de la structurite, c'est de la bureaucratie.
On nous parle de chiffres, on nous montre les
tableaux, ça ne contribue pas à l'intégration, ça ne contribue pas à l'accueil. Est-ce qu'on est en train d'aller
vers un virage vers des cours en ligne? Beaucoup nous parlent de ça. Si c'est
ça, la situation, que le gouvernement nous l'indique. En attendant,
c'est soit des cours qui fonctionnent, soit une patente administrative qui ne donne pas de résultat, comme ça arrive souvent
avec ce gouvernement. Qu'on rétablisse immédiatement le financement des
centres de services scolaires pour la francisation.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de Vimont.
Mme Valérie
Schmaltz
Mme Schmaltz : Oui, merci, Mme la
Présidente. Maintenant que nous savons tous qu'il n'y a pas eu de coupure
en francisation, j'aimerais revenir sur le fait qu'au Québec, principalement
pour notre gouvernement, la protection du français est un enjeu capital. Depuis
notre arrivée au pouvoir, nous avons déployé plusieurs démarches pour garantir non seulement sa pérennité, mais aussi pour
intégrer dans la vie quotidienne de tous les nouveaux arrivants la facilité ou
du moins leur donner des outils pour apprendre le français.
Le français, c'est
l'un des plus beaux héritages que nous pouvons léguer à nos enfants, aux
générations futures, mais aussi aux nouveaux Québécois qui choisissent de
vivre... de choisir le Québec pour un nouveau chez-soi.
En vertu de la Charte
de la langue française, tous les Québécois, peu importe leur origine, ont droit
à des services et à un apprentissage en
français, tout ça pour préserver et promouvoir l'usage du français au Québec.
La charte reconnaît également que l'apprentissage du français est
crucial pour l'intégration dans le milieu du travail, mais aussi pour
pouvoir... participer, pardon, pleinement à la vie, à la société du Québec.
Francisation
Québec, en tant que portail unique, coordonne la majorité de ces services en
assurant, naturellement, l'accessibilité et la cohérence. L'organisation
offre une vaste gamme de formations qui sont adaptées aux besoins particuliers de chaque nouvel arrivant. Que ce
soit en classe, que ce soit dans le milieu du travail, que ce soit en ligne,
peu importe, tous les services sont diversifiés et surtout ils sont
accessibles.
Francisation Québec
détermine aussi les modalités d'admission, le classement des apprenants, mais
aussi le suivi des progrès. Il développe des
programmes, des supports pédagogiques, des outils adaptés qui visent à
encourager l'usage actif du français dans le quotidien des nouveaux
arrivants. Des initiatives, aussi, ont été mises en place pour les jeunes
enfants dans les services de garde.
Notre gouvernement
souhaite faciliter le parcours d'apprentissage du français avec plusieurs
options. On parle de cours généraux ou
encore spécialisés qui sont à temps complet, qui sont à temps partiel, en
présentiel ou en ligne, peu importe, on en a pour tous les goûts, pour
tous les niveaux. Les besoins diversifiés des étudiants ont été pris en compte aussi dans l'élaboration des programmes en francisation.
Ce sont des ressources en ligne gratuites qui vont compléter cette offre
et qui vont soutenir l'intégration linguistique.
Par ailleurs,
j'aimerais aussi souligner l'importance des petites et des moyennes entreprises
dans la réussite économique du Québec et dans l'intégration linguistique. Dans
le cadre des consultations sur les seuils d'immigration, la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante a publié un sondage qui révèle que
quatre PME sur cinq appuient activement les services de francisation, tant pour
leurs retombées économiques que pour l'intégration des nouveaux employés.
Les données sont
parlantes : on a 80 % des dirigeants de PME qui considèrent que la
francisation des employés immigrants est
bénéfique pour l'économie du Québec, 79 % estiment que ces mesures
renforcent l'intégration en milieu de
travail et 84 % soutiennent que l'accès aux services de francisation
encourage l'établissement des nouveaux arrivants en région.
Comme l'a souligné
François Vincent, vice-président, donc, de la FCEI du Québec, pour les
entrepreneurs du Québec, les services de
francisation sont essentiels pour l'intégration des nouveaux arrivants et, dans
un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, les actions gouvernementales en
immigration et francisation sont cruciales pour notre économie.
• (16 heures) •
Dans un contexte de
pression fiscale, de coûts élevés, il est essentiel que Francisation Québec
soutienne les PME dans leurs efforts de
francisation, notamment par des cours de français de base pour les petites
entreprises, des formations courtes et ciblées, c'est-à-dire entre 60 et
80 heures pour le personnel salarié, des formations qualifiantes en milieu
de travail qui permettent une progression des compétences en français. Des
aides financières adaptées sont également disponibles pour soutenir les
entreprises en fonction de leur taille et de leurs besoins.
Parmi nos principaux
partenariats, nous avons J'apprends le français, qui est un programme de la
Chambre de commerce du Montréal
métropolitain, qui jumelle des commerces de quartiers plurilingues à des
étudiants. On a DIALOGUEFR,
qui est un service d'apprentissage du français pour les employeurs et les
employés issus de la restauration. Et
on a également Développer des affaires en français, qui est un projet pour les
PME en Estrie, Outaouais et Montérégie.
On
reconnaît que l'apprentissage du français peut aussi poser des... quelques
défis, disons, pour certaines familles. C'est pour ça qu'on a mis en place le volet Famille qui... avec des
initiatives pour faciliter l'apprentissage du français dès le plus jeune
âge, notamment par le jeu, ce qui est essentiel pour le développement des
enfants. Les projets familiaux comprennent
Komm, qui est une application gratuite pour aider les familles allophones à
communiquer avec les éducatrices en service de garde. On a Passe-Partout,
naturellement, on en a parlé, une initiative de Télé-Québec pour initier les
jeunes enfants de familles immigrantes au français. On a également un programme
pour améliorer l'accès aux cours de français
pour les femmes immigrantes, en partenariat avec le ministère de la Famille et
le Secrétariat à la condition féminine. Alors, ce sont des initiatives qui
offrent aux familles des moyens ludiques, conviviaux pour encourager la
francisation dans un cadre familial.
En somme, la
francisation est essentielle pour préserver et promouvoir la langue française
au Québec. Elle favorise l'intégration des nouveaux arrivants sur le plan académique,
sur les plans professionnels, sociaux, tout en partageant avec eux, encore une
fois, notre culture et nos valeurs. Alors, merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée.
Maintenant, pour poursuivre le débat, je cède la parole à M. le député de
Jean-Lesage.
M.
Sol Zanetti
M. Zanetti :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Le dossier de la francisation, ce qui
se passe en ce moment, c'est un peu une rupture de promesse du gouvernement de la
CAQ. C'est un gouvernement qui avait dit : On va défendre l'identité québécoise. Comment voulez-vous défendre l'identité
québécoise quand vous coupez en francisation? Et là débat sémantique : Il n'y a pas de coupe en francisation. On
a augmenté les... on a augmenté les budgets, disent-ils. Comment ça se fait que les cours ferment? Comment
ça se fait qu'au centre Louis-Jolliet, dans ma circonscription, dans Jean-Lesage, bien, il y a une session qui va se
terminer ce vendredi et qu'aucun nouveau... aucun nouvel étudiant n'a été
accepté pour la prochaine session? Comment
ça se fait que, pour les sessions suivantes, ils ne savent pas à quoi s'en
tenir? Comment ça se fait qu'il y a
des postes puis des classes qui se ferment partout au Québec, s'il n'y a pas de
coupe? Ah non, mais c'est parce qu'on n'a pas coupé, mais c'est parce
qu'il y a une hausse de la demande, puis on leur demande de respecter leur
budget.
Ça, ce que ça veut
dire, là, c'est un choix gouvernemental de passer à la trappe la francisation.
C'est un choix gouvernemental de dire :
Ce n'est pas assez important. Et, ce choix-là, là, ils ont beau dire :
C'est à cause de l'augmentation de l'offre et c'est à cause qu'il y a
trop d'immigrants, bien, ça, là, ça ne marche pas, parce que c'est eux qui sont
responsables des revenus de l'État. C'est
eux qui sont responsables du déficit de 11 milliards de l'État du Québec
actuellement. C'est eux qui sont responsables de ça. Et là, ça, ça fait des
décennies au Québec, quand on a un déficit, on dit : Ah! mais alors
il faut couper quelque part. On n'a pas le choix, il faut qu'on coupe en
francisation. Et, quand on coupe en francisation, on coupe dans l'identité québécoise. On coupe dans notre capacité à
intégrer des gens ici, à faire en sorte qu'ils partagent notre langue commune, qu'ils peuvent fraterniser
avec leurs voisins, obtenir un emploi plus qualifiant, comprendre comment
défendre leurs droits, savoir qu'est-ce qui se passe en ce pays. C'est
là-dedans qu'on coupe quand on coupe en francisation. Est-ce qu'il y a
quelque chose de plus important que ça pour l'identité québécoise? Je ne pense
pas. Est-ce que c'était plus important...
est-ce que c'était plus important de baisser les impôts des plus nantis? La
CAQ, elle a elle-même fait des baisses
d'impôt qui ont réduit les revenus de l'État de 1,7 milliard de
dollars, Mme la Présidente. Et ils ont fait ça, et c'était sûr qu'après ça ils allaient couper dans les
services. Et c'était sûr qu'après ça ils allaient couper en francisation.
Pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça?
Là, je ne referai pas
l'historique de toutes les coupures de revenu de l'État qu'il y a eu depuis les
années 2000, mais, si on n'avait pas
baissé les impôts et taxes, et le plus souvent des plus riches et de ceux qui
ont le plus d'argent, depuis 24 ans, bien, aujourd'hui, là, il n'y
en aurait pas, de déficit. On aurait des surplus budgétaires avec les mêmes
choix que fait le gouvernement caquiste
actuel. Mais on n'est pas revenu sur les décisions passées, à la CAQ. On a
continué à creuser le trou des
revenus. Et ça, c'est irresponsable. La responsabilité du gouvernement, c'est
d'aller chercher les revenus nécessaires pour nos besoins fondamentaux.
Est-ce que le gouvernement est en train de dire essentiellement aux Québécoises et aux Québécois : La
francisation, ce n'est pas fondamental? Les immigrants qui arrivent ici, là,
s'ils ne parlent pas le français,
c'est plate, mais ce n'est pas si pire que ça, c'est plus important de
s'assurer que les gens qui gagnent plus de 100 000, $ ils paient, je
ne sais pas, 800 $ de moins d'impôt par année. C'est un drôle de choix.
C'est un choix qui va à l'encontre de la défense de l'identité
québécoise. C'est un choix qui mérite d'être condamné.
Et, toute la
rhétorique d'«on ajoute des cours», bien, si vous ajoutez des cours, pourquoi
vous en laissez, des cours, se fermer? Pourquoi est-ce qu'en ce moment on a des
professeurs, partout au Québec, superqualifiés, qui ont de l'expérience, qui
sont en train de réfléchir à changer de carrière à cause de l'incertitude que
le gouvernement laisse planer au-dessus des services de francisation au Québec?
Est-ce que c'est responsable de faire ça en pleine pénurie de main-d'oeuvre? En
pleine pénurie de main-d'oeuvre, on fait ça.
Puis
évidemment on ne dit jamais que c'est de la... Le gouvernement dit... ne va
jamais dire que c'est de sa faute. Le gouvernement ne va jamais assumer
les conséquences de ses choix fiscaux. Le gouvernement va mettre ça sur la faute des immigrants. Il va dire : Il y en a
trop, il y en a trop. C'est lui qui les a accueillis, c'est lui qui leur a
ouvert les portes, et aujourd'hui, parce qu'il a fait des choix fiscaux
irresponsables, c'est eux qu'on blâme, c'est eux les boucs émissaires, c'est à
cause d'eux autres si, en ce moment, on coupe les services puis qu'on réduit
notre capacité à faire en sorte que tout le
monde parle français au Québec. Je trouve ça complètement irresponsable. Et je
pèse mes mots parce que je dirais des mots qui sont pires, mais là je
me... je crains que vous ne me le permettriez pas en cette salle. Mais ça le
mériterait, ça le mériterait.
Là,
on est dans une situation qui est extrêmement difficile. Et l'austérité qu'on
voit se pointer dans le milieu de la francisation, là, bien, c'est une
austérité qui fonctionne un peu de la même façon dans toutes les autres sphères
où le gouvernement est en train de couper.
On dit : On ne coupe pas, on limite, on demande aux gens de ne pas
dépasser. Ou, même, c'était pire en
enseignement supérieur, on dit : Ah! vous avez tant d'argent à dépenser,
mais on ne vous autorise pas à le dépenser au complet, on vous autorise à en
dépenser une fraction, à cause des choix qu'on a faits sur les revenus
de l'État. Mais jusqu'où est-ce qu'on va
s'enfoncer comme ça? Jusqu'où est-ce qu'on va couper les services essentiels au
Québec à cause de ces choix fiscaux là?
Est-ce
qu'en ce moment, là, le plus grave au Québec, là, ce serait que quelqu'un qui
gagne 100 000 $ et plus, là, il
économise, mettons, 800 $ d'impôt? Aïe, ça, ce serait, là... le Québec
s'effondrerait. Ah, par contre, ce n'est pas grave qu'il y ait presque 1 million de Québécois
qui aient recours à l'aide alimentaire, ah, ça, ce n'est pas si pire. Ah,
tiens, les enfants de la DPJ, là, qui sont dans des situations
terribles, bien, ça, c'est moins grave. Il ne faudrait surtout pas aller demander aux gens qui gagnent 100 000 $
et plus par année de payer 800 $ de plus d'impôt. Aïe! Là, le Québec
s'effondrerait.
• (16 h 10) •
Mme
la Présidente, le Québec, il est en train de s'effondrer. Et ça va prendre des
revenus pour empêcher ça. La francisation,
là, c'en est un, facteur tellement important, parce qu'il touche à notre
identité. Je comprends qu'il y ait beaucoup
de monde, au gouvernement, là, qui avait comme projet, rêve de jeunesse de
faire du Québec un pays et qu'ils l'ont
abandonné. Je comprends, ça arrive, ils ne sont pas les seuls. Mais au moins
ils faisaient semblant de dire : On va défendre les valeurs
québécoises et l'identité québécoise. Mais là on voit que ça, là, ce n'était
pas vrai.
Ce n'est pas ça qui
s'est passé avec la CAQ. À chaque fois qu'on a réduit nos revenus, on a réduit
notre capacité à faire en sorte que les gens
qui arrivent ici, ils parlent français, puis qu'on forme une communauté avec
eux qui soit soudée, tissée serré. Là, ce qu'on prépare, c'est une
recette pour le contraire de l'inclusion, Mme la Présidente. On est en train...
La CAQ est en train de mettre en place tout
ce qu'il faut pour qu'il y ait plus d'exclusion dans notre société. Et on ne
peut pas tolérer ça.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Maintenant, je suis prête à entendre un autre
intervenant ou intervenante. Est-ce qu'il y
a quelqu'un qui veut prendre la parole? Il faut se lever si on veut prendre la
parole. Alors, Mme la députée d'Iberville, la parole est à vous.
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, je parle au nom de mon gouvernement pour
répondre à la motion qui est déposée par les partis de l'opposition, une motion
qui nous accuse de faire un manque d'initiative et de faire des coupures
concernant les classes de francisation au Québec.
Premièrement, je
voulais rappeler l'importance qu'on accorde en tant que gouvernement à la
francisation et à l'intégration de tous les immigrants au Québec. Notre mission
est au coeur même de nos engagements en tant qu'élus parce qu'on veut un Québec
qui est plus fort, un Québec nationaliste, fier, unifié par notre langue, le
français.
L'importance de
franciser les nouveaux arrivants est essentielle pour l'avenir de notre nation
puis c'est un outil clé pour avoir une
intégration réussie. C'est pourquoi, en 2023, bien, on a créé Francisation
Québec, et, déjà la première année, on
a francisé plus que 76 000 personnes. Ça, c'est environ la population
de Granby. Ensuite, du 1er avril au 30 septembre cette année,
donc à peu près six mois dans notre deuxième année, c'est
70 000 personnes supplémentaires qu'on a formées, puis ça, c'est à peu près la population de la ville de Mirabel
qu'on a formée cette année. On y est arrivés parce qu'on a mis sur pied un guichet unique qui
regroupe toute l'offre de formation en francisation au Québec. Ça, si ce n'est
pas prendre la francisation à coeur, Mme la Présidente, je ne sais pas ce
que c'est. On a organisé une structure qui respecte
la priorité des gens, qui donne une chance égale à tous à l'accès à la
francisation, qui standardise l'inscription pour pouvoir mieux accompagner,
mieux desservir et qui uniformise la qualité de l'enseignement partout au
Québec.
On maximise
l'utilisation des ressources en francisation de tout notre territoire, et c'est
la première fois que ça se fait dans
l'histoire du Québec, Mme la Présidente, et c'est arrivé en 2023. On offre des
cours à temps complet, à temps partiel,
de jour, de soir, de fin de semaine, en présentiel, à distance. Il ne faut pas
se le cacher, ça, ça aide l'intégration aux cours de francisation d'une
clientèle beaucoup plus diversifiée que par le passé, puis je pense, entre
autres, aux femmes, qui ont de plus
en plus accès aux cours de francisation, parce qu'on sait que c'est plus
difficile pour elles d'avoir accès, par exemple, à un véhicule, ou elles
ont des enfants en charge à la maison.
En
plus, en 2023, on a mis sur pied un programme intensif de francisation, encore
quelque chose de nouveau, pour répondre
aux besoins des élèves allophones de partout au Québec. C'est loin d'être
anecdotique et ça témoigne de notre engagement
ferme à avoir un apprentissage de qualité pour l'ensemble de la clientèle,
parce qu'on répond aux besoins qu'on a entendus sur le terrain. Parce
que c'est vrai que ça prend du courage pour unifier l'ensemble des forces en
francisation québécoise de tous horizons, pour créer une structure qui est
maintenant transparente, qui vise à concerter l'ensemble des acteurs, parce que, comme disait le ministre
tout à l'heure, le Québec, la francisation, c'est carrément un réseau de divers
réseaux. On a réussi à réunir et à
développer des partenariats dans l'ensemble des régions du Québec. Avec eux, on
continue de diversifier l'offre aux services à la clientèle et ensemble
on partage une volonté ferme d'aider les nouveaux arrivants à s'intégrer chez nous. Et déjà, à la fin de la
première année d'opération de Francisation Québec, on comptait déjà 140 partenaires institutionnels et
communautaires. C'est 264 points de service, partout au Québec en un an,
qui ont été mis en service et qui
passent directement par Francisation Québec. Donc, en détail, c'est
48 OBNL, 18 cégeps, quatre universités, 70 centres de
services scolaires. On reste ouverts à inclure de nouveaux partenaires en tout
temps.
Puis ces données
dépeignent bien que, la francisation, bien, on est fort, au Québec, de
l'ensemble des liens qu'on crée partout, et
notre vision a toujours été plus large qu'exclusivement des cours qui passent
par les centres de services scolaires, mais ils sont bien un partenaire,
parmi tant d'autres, très important pour Francisation Québec. On gagne
toujours, comme société, à la pluralité et à la diversité des offres pour
répondre aux besoins, qui sont variés déjà parce que la vraie vie implique une
diversité qui... parce que c'est la diversité des parcours. On sait très bien
que, quelqu'un qui va se franciser, ce n'est
pas une ligne droite puis ce n'est pas des parcours qui sont tous comparables.
Les gens arrivent ici avec un bagage qui leur appartient, avec une
histoire différente, et c'est là-dessus qu'on fonde notre travail, sur le pouls et les gens, la vraie vie. Et c'est pour ça
que nos actions résonnent puis mobilisent vers Francisation Québec, puis
c'est pour ça que nos actions répondent tant que ça aux besoins sur le terrain.
On est ralenti
actuellement parce que notre service est soumis à des contraintes logistiques,
à la disponibilité des ressources. Parce que le service qu'on a mis sur pied,
bien, il fonctionne puis il répond aux besoins des nouveaux arrivants. C'est
vrai que la flexibilité des formules d'apprentissage puis la diversité des
formules de participation sont appréciées
pour tous... pour tous les élèves, parce qu'on les a écoutés, parce qu'on a
fait des cours pour eux. À la CAQ, on a toujours été connecté sur le
terrain. On est conscients que le parcours de francisation est différent pour
chacun. C'est pour ça qu'on a autant de variétés, c'est pour ça qu'on travaille
avec autant de partenaires.
On
a investi 104 millions dès la création de Francisation Québec,
l'année 1. On reconduit le 104 millions cette année. Et, pour l'ensemble du réseau de francisation au Québec, c'est
40 millions additionnels qui sont mis. C'est une hausse de
15 % de financement juste pour 2024.
Alors,
Mme la Présidente, permettez-moi de vous rappeler que notre gouvernement doit
faire preuve de pragmatisme dans
l'ensemble de nos décisions. Notre gouvernement reconnaît le besoin croissant,
mais, Mme la Présidente, c'est crucial de rappeler que ces efforts
s'inscrivent dans un monde où les besoins sont juste infinis, et la situation
est particulière, nos ressources, elles,
sont limitées. La réalité, la demande, c'est qu'elle est trop importante. La
demande explose, et c'est attribuable
à la hausse fulgurante des immigrants temporaires sur notre territoire.
Aujourd'hui, c'est 600 000 immigrants temporaires en sol
québécois.
Nous
balançons chaque action en fonction de la priorité éducative pour garantir un
système équitable. On vise la performance de notre système pour garantir
une offre à tous les élèves, qu'ils soient allophones, francophones, les
Premières Nations, dans l'ensemble de notre système éducatif. En deux ans,
c'est 146 000 personnes que nous avons francisées. C'est un exploit, un record pour la province. Et le ministre
veut... il vient d'affirmer qu'on va faire encore davantage pour 2025.
Donc, on est loin d'arrêter notre travail. L'enjeu, c'est qu'on a l'équivalent
de la population de la ville de Québec de plus, en sol québécois, qui sont
issus de l'immigration temporaire. C'est trop pour notre capacité d'agir.
L'opposition nous
accuse de ne pas en faire assez, mais elle se garde de prendre en compte et de
nommer la réalité du terrain, les enjeux logistiques, les contraintes réelles
que toute personne qui gère un budget est à même de comprendre. Nous avons le
courage d'avoir mis sur pied Francisation Québec, une organisation unique en
son genre, qui répond actuellement aux besoins de la clientèle visée. On avance
avec détermination, Mme la Présidente. On agit avec... en la matière plus que
n'importe quel parti dans le passé. Et actuellement on reconnaît les défis
auxquels on est confronté. On prend nos décisions de manière éclairée pour
maximiser l'impact de chaque dollar investi. C'est déjà la moitié des 3 000 élèves qui sont
redirigés vers le MIFI par les centres de services scolaires qui sont replacés
en classe. On agit pour l'uniformité
et la conformité, en termes de qualité, pour tous les cours de francisation au
Québec. Notre gouvernement est dans la démarche proactive pour améliorer
les initiatives actuelles, tout en répondant à un Québec qui est en pleine évolution. Et d'ailleurs on est en contact
permanent avec tous les élèves qui sont référés par les centres de services
scolaires au ministère.
• (16 h 20) •
Les
changements sont réels dans notre société, et le changement démographique et
linguistique, pour notre nation, est réel. J'ai sillonné tout le Québec
avec le ministre de l'Immigration et ma collègue de Vimont pour rencontrer les partenaires du secteur éducatif. Là, on parle des
universités, de cégeps, des écoles, des secteurs économiques, tous les milieux,
encore une fois, que ce soit la
restauration, l'agriculture, l'industrie, le commerce de détail, touristique,
le communautaire, que ce soient des
associations, des syndicats, des services en immigration directement, des
services pour les entreprises, les partenaires
du municipal, les MRC, on a rencontré même l'ensemble des directions régionales
du MIFI, qu'on a réouvert, et ils
participent actuellement à l'ensemble de nos démarches. Dès le début de mandat,
c'est ce contact avec ces gens-là qui
fait la différence. Et, dès son arrivée en poste, le député de Chambly et
ministre de l'Immigration est venu dans mon comté, il a rencontré l'ensemble
des acteurs intéressés, parce qu'on est encore dans la même démarche d'être
près de notre monde, nous, à la CAQ.
Je conclus en disant
que c'est sérieux pour nous, la francisation au Québec, on reconnaît qu'on a du
travail à faire. On a vraiment déjà les
manches bien relevées pour trouver une solution à la situation. On est
déterminé dans notre volonté d'agir et d'offrir à chaque nouvel arrivant
les outils nécessaires pour permettre sa pleine intégration au Québec. La francisation, c'est bien plus qu'un problème de
gestion de classe. La francisation, c'est un projet de société, parce que
ça exige des ressources, ça exige de la
patience, une collaboration active avec l'ensemble des acteurs du milieu si on
veut que ce soit réussi.
Mme la Présidente, le
Québec, c'est une terre d'accueil de choix. La francisation, c'est au coeur de
la protection même de l'identité collective
des Québécois. Et, comme gouvernement, je pense qu'on est gardien du trésor que
les ancêtres nous ont laissé, une nation distincte tant en langue, en
culture, grâce à notre patrimoine. Mme la Présidente, on prend la francisation
au sérieux, et je suis fière de faire partie du gouvernement qui a le courage
de l'avoir fondée, qui a le courage de
continuer de l'améliorer. Je suis certaine qu'on va pouvoir faire respecter
notre langue et nos valeurs et de donner une chance égale à chaque
nouvel arrivant de s'intégrer pleinement à notre belle société. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente. Vous comprendrez que, comme porte-parole de
l'opposition officielle en matière
d'immigration, d'intégration et de francisation, il est important pour moi de
prendre la parole cet après-midi dans le cadre de cette motion déposée
par le député de Saint-Henri-Sainte-Anne. Dans mon allocution, il va y avoir un
mot-clé, Mme la Présidente, «incohérence», incohérence de ce gouvernement du
début jusqu'à la fin dans ce dossier.
Permettez-moi de
rappeler les mots de notre premier ministre, qui disait : Écoutez, c'est
incroyable, ça n'a pas de bon sens, il faut
s'occuper du français au Québec. Ça tombe bien, on parle de francisation, mais
moi, je vais vous parler de coupures en francisation.
Le
ministre de la Langue française et de l'Immigration, qui disait : Moi, là,
je ne peux pas tolérer qu'un immigrant ne
parle pas français, bien, j'aimerais ça qu'il m'explique pourquoi il coupe
partout en francisation dans l'éducation aux adultes, parce que, là, il va avoir un problème, de tolérance ou
d'intolérance, je ne le sais pas, mais il va avoir un problème sérieux
parce que, des coupes, il y en a partout, partout, partout.
Le ministre de
l'Éducation, qui disait : «Les demandes en francisation atteignent des
sommets — et
je le cite — mais, comme gouvernement, nous devons être
responsables et respecter notre capacité de payer», bien, c'est sûr que ça atteint des sommets, parce que ce gouvernement
est incapable de contrôler l'immigration temporaire. Ce gouvernement, alors qu'on lui demande de tenir compte des
temporaires, des travailleurs temporaires étrangers dans sa planification, ne
le fait pas. C'est lui qui les invite, puis
après il nous dit : Il y en a trop. Je vous le disais au départ :
«incohérence», c'est le mot-clé.
Mais ce n'est
pas juste ça. Après ça, on nous dit : Il faut respecter notre capacité de
payer. Bien, ce gouvernement-là envoie de l'argent par les fenêtres à
gauche et à droite, puis après ça ils n'ont plus de capacité de payer.
Incohérence, incohérence, incohérence. Et ça a un épais... ça a un impact
important, important sur la francisation au Québec.
Moi, dans mes
questions, je posais parfois... je faisais une image en disant : Écoutez,
ils ont passé la tronçonneuse dans la francisation. Bien, ce matin, dans
Le Soleil, on utilisait un autre outil : la hache. On passe la
hache à Lévis. Bien, dans les deux cas, Mme la Présidente, ça coupe.
Tronçonneuse ou hache, c'est coupant.
Et ils ont
coupé où? Basses-Laurentides, Abitibi, Québec, Estrie, Sherbrooke, commission
scolaire Eastern Townships, Beauce, Montréal, centre scolaire
Marguerite-Bourgeoys, dans ma circonscription. C'est fascinant. Je ne sais pas
où le ministre prend ses chiffres, mais moi, je l'invite, le ministre, qu'il
vienne s'asseoir avec moi, on va aller rencontrer le centre scolaire
Marguerite-Bourgeoys, puis on va parler, et puis là il va se rendre compte...
Ça a l'air qu'il augmente ses budgets puis
il ne coupe pas, bien, il va se rendre compte qu'il y a du monde là, là, qui
n'ont plus de classe de francisation.
Bien, ce n'est pas étonnant, parce que, dans
leur planification budgétaire, la CAQ a déterminé des budgets en fonction de la
clientèle de 2020-2021, tu sais, c'était à l'époque de la pandémie, donc c'est
sûr qu'il y a plus de monde maintenant. Parce
qu'ils ne sont pas capables de planifier parce qu'ils font rentrer trop de
temporaires, puis après ça ils nous disent : Il y en a trop.
Cherchez l'erreur.
Alors, c'est
sûr que ça crée un problème. C'est sûr qu'ils ne sont plus capables de
franciser. Mais ça a un impact réel,
cependant, et ça, on ne peut pas l'ignorer. C'est des élèves qui vont perdre
leurs classes chez les adultes. C'est des enseignants qui vont perdre
leur emploi. Et ça, j'en ai parlé lors de périodes de questions précédentes en
cette Chambre, Mme la Présidente. Et ça, il
y a un impact réel, des enseignants qui n'auront plus d'emploi. Ce que je leur
souhaite, à ces enseignants-là, à cause
de l'absence de planification du gouvernement, c'est qu'ils puissent se trouver
des postes ailleurs le plus rapidement possible. Mais, à cause de
l'absence de planification, bien, ce qui va arriver, c'est que, si jamais le
ministre décide de redonner du budget en francisation, bien là, il va avoir de
la difficulté à trouver des enseignants. Ils vont s'être trouvé des postes
ailleurs.
On nous a
parlé beaucoup de francisation au Québec. Eh oui! Quand des classes se ferment,
les élèves retournent sur des listes d'attente. Francisation Québec,
c'est très centralisé, ils sont très efficaces. C'est pour ça que, récemment, ils ont offert à un étudiant de Sept-Îles d'aller
se former en français à Baie-Comeau, 237 kilomètres plus loin. Et, quand
ils retombent sur une liste d'attente, Mme la Présidente... Je peux vous
en faire la nomenclature assez rapidement parce qu'il y avait un article, dans Le Soleil, exactement là-dessus ce
matin, liste d'attente : Montréal, 19 296; Montérégie, 5 361;
Capitale-Nationale, 1 839; Laval, 1 612; Outaouais, 930. Quand est-ce
que vous pensez que ces gens-là vont avoir une place, à cause de ce
gouvernement qui est totalement incapable de planifier? C'est un enjeu réel,
parce que, je l'ai dit à plusieurs reprises,
une façon excellente de s'intégrer au Québec, c'est d'apprendre le français, et
plus ces gens-là attendent, plus ils sont pénalisés. Donc, l'impact, il
est réel. C'est loin d'être hypothétique, bien au contraire, bien au contraire.
Je vous
parlais des immigrants temporaires. Un organisme indépendant nous apprenait
aujourd'hui que ce gouvernement est responsable de 55 % des
167 000 permis de travail accordés à des immigrants temporaires. Là, maintenant, on assiste à une guerre de chiffres.
Il n'en demeure pas moins qu'il y a des gens qui sont ici et qui voudraient
se franciser. La situation est tellement importante que ma collègue la députée
de Bourassa-Sauvé et moi-même avons demandé au Commissaire à la langue
française d'enquêter sur le sujet. Parce que, pour un gouvernement qui se dit
être capable de défendre le français au
Québec et qui est incapable de s'assurer que des gens qui viennent ici vont
apprendre le français... je le répète à nouveau : De l'incohérence,
incohérence. Les nouveaux arrivants, Mme la Présidente, veulent apprendre le
français.
Il y a des coupures dans la circonscription du
ministre de l'Éducation. J'espère qu'il parle à son collègue le ministre de la
Francisation parce que, d'après ce que je peux comprendre, bien, il y en
aurait, des coupures à Lévis. Alors, le
ministre qui nous dit qu'il n'y a aucune coupure, bien, j'espère qu'au Conseil
des ministres, ils peuvent se parler. Le ministre de l'Éducation nous le
disait, et je le cite : «On doit respecter notre capacité de payer. C'est
une période d'adaptation et de changements.»
Bien, si c'est une période d'adaptation et de changements, ce n'est
probablement pas parce qu'il rouvre
trop de postes. C'est probablement parce qu'il n'y en a pas assez, d'où la
notion de coupure. Et c'est ça, la réalité, Mme la Présidente.
• (16 h 30) •
Je lisais ce matin, dans Le Soleil, un
article où on nous parle de deux Colombiennes, Esperanza Sepulveda et Mayra
Florian, les deux sont au Québec, et on nous apprend... et c'est le titre, Esperanza
au bord du désespoir, parce qu'elle attend. Elle attend, elle ne sait pas
quand elle pourra commencer ses cours en francisation. J'espère juste que
Francisation Québec ne l'enverra pas à Trois-Rivières suivre ses cours, parce
qu'elle, elle est dans la région de Québec, Mme la Présidente, et c'est un
enjeu de taille et c'est un enjeu qui est très sérieux.
Nous, au Parti libéral du Québec, la
francisation, on prend ça très au sérieux. D'ailleurs, il y a quelque temps, mon collègue le député de Jacques-Cartier disait
même que ces cours-là devraient être gratuits. Si ça fait partie de l'essence
même de ce qu'on est au Québec, de parler
français, notre langue officielle, bien, il faut être capable de mettre en
place des mesures qui vont permettre à toutes ces personnes d'être
francisées, et ce, le plus rapidement possible.
On ne peut pas ignorer le
cri du coeur de ces gens qui sont au Québec et qui souhaitent apprendre le
français. Moi, je travaille avec ces gens-là
sur le terrain, Mme la Présidente, et je peux vous assurer qu'elles veulent
apprendre le français. Et, à cause des délais, j'ai une collègue, la
députée de La Pinière, qui partageait une information avec moi aujourd'hui qui
disait que, dans son comté, il y a un des citoyens qui ne parle pas français,
il voudrait apprendre le français. Les délais sont passés, le six mois. Donc
là, Francisation Québec va communiquer avec lui. Ils communiquent avec lui en français. C'est pratique, il ne
comprend pas le français. Puis là, bien, ils lui disent : Vous allez
manquer votre rendez-vous, vous ne
nous répondez pas. Mais oui, mais comment vous voulez qu'il réponde? Et ça, là,
ça, là, bien, c'est l'incohérence du gouvernement de la CAQ qui entraîne
ce genre de situation là, Mme la Présidente.
Motion d'amendement
En terminant,
je vous dirai que je veux proposer un amendement à la motion du député de Saint-Henri—Sainte-Anne, et ça se lit comme suit :
Que la motion du député de Saint-Henri—Sainte-Anne
soit amendée de la manière suivante :
À la quatrième ligne, ajouter, après le mot «scolaire»,
les mots «pour adultes», afin de préciser le tout.
Donc, ça se lirait : «Qu'elle demande au
gouvernement du Québec de s'engager à réinstaurer les services de francisation
en milieu scolaire pour adultes qui ont été interrompus dans les dernières semaines
et à prendre tous les moyens nécessaires pour éviter de nouvelles fermetures de
services dans ces milieux.»
Évitons des coupes additionnelles, ajustons les
budgets, c'est ce que je demande au ministre, et assurons-nous qu'il n'y aura plus de coupes en francisation. Ça
permettrait, Mme la Présidente, à ce gouvernement incohérent de redevenir
un tantinet cohérent et à rendre des services pour la population du Québec.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M.
le député, votre motion présentée... une motion présentée aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition ne peut pas être amendée, sauf avec
la permission de son auteur. Donc, lorsque vous allez reprendre la parole, vous
nous direz si vous l'acceptez.
Maintenant, je suis prête à entendre un autre
intervenant ou intervenante. Mme la députée de Hull.
Mme Suzanne Tremblay
Mme Tremblay : Alors,
bonjour, Mme la Présidente. Alors, le contexte migratoire au Québec, à l'heure
actuelle, il est historique. Les
chiffres ont déjà été mentionnés, mais je pense que c'est important de les
redire, là : Près de 600 000 résidents non permanents sur
le territoire québécois à l'heure actuelle. C'est près de
60 000 personnes qui ont participé à des cours de francisation entre
le 1er juin et le 30 septembre 2024. C'est 54,6 qui ont déclaré avoir
un statut de travailleur temporaire.
La pression,
vous comprenez, elle est énorme sur le système d'éducation, à l'heure actuelle,
puis notre gouvernement, oui, met effectivement de la pression sur le
gouvernement fédéral, parce que c'est lui principalement qui a un effet sur l'immigration. Il y a des avancées majeures qui
ont été faites, puis je pense, c'est important de les souligner. Il y a eu la
fermeture du chemin Roxham, on a le retour
des visas mexicains puis il y a eu une récente baisse des seuils d'immigration
fédérale aussi, parce que le Québec a mis ces pressions-là sur le gouvernement
fédéral.
Sur un autre sujet, puis ça, c'est très, très
important, ça me touche beaucoup, moi, je vais vous parler de la francisation
dans les écoles, les écoles primaires puis les écoles secondaires, Mme la
Présidente. On a investi comme jamais auparavant pour mieux intégrer, franciser
les nouveaux arrivants dans nos écoles. Dans toutes les régions du Québec, le nombre d'élèves allophones, cependant,
explose, et on a de la difficulté à répondre à la demande. Il ne faut pas
oublier tout le travail qui se fait, par exemple, dans ces écoles-là, primaires
et secondaires, parce que c'est important de
franciser les jeunes élèves. Ça a un impact important. J'ai travaillé longtemps
dans les écoles, vous le savez, je connais bien le milieu de l'éducation. La vitesse à laquelle ces jeunes-là sont
capables d'apprendre le français, c'est incroyable, dans nos classes,
ici, dans notre réseau.
Le français, notre langue commune, c'est la
responsabilité de la transmettre à nos jeunes au Québec, puis on le fait bien dans nos classes. Mon collègue de
l'Éducation effectue un travail colossal à ce niveau-là, puis je pense, ça
mérite de le souligner, parce que les
classes de francisation ne cessent de s'ajouter dans le réseau. Entre septembre
2022 et septembre 2024, le nombre
d'élèves en classe d'accueil a pratiquement doublé. En un an et demi, il y a eu
une hausse de plus de 530 classes d'accueil, environ. On est passé
d'un total de 104... 700, pas 100, 704 classes ouvertes, en juin... 2022,
à un total de 1 338 classes
ouvertes à la fin juin 2024. C'est
21 000, presque 22 000 élèves de plus. Ce n'est pas marginal,
c'est énorme, Mme la Présidente.
C'est pratiquement plus de 50 écoles, nouvelles écoles qu'il nous faudrait
construire pour répondre à cette demande-là. Pour le ministre de l'Éducation,
évidemment que c'est... qu'il fait un bon travail puis que c'est important pour
lui.
Je tiens à souligner que, par ailleurs, dans les
nouvelles ententes nationales qui ont été signées en juin dernier, on prévoit aussi des mesures pour venir soutenir
les élèves issus de l'immigration ou allophones. Ces montants-là, ça va jusqu'à
près de 10 millions, puis ça permet... puis je l'ai ici, l'entente, là, de
la convention collective, ça permet justement d'ouvrir des classes d'accueil. Ça
peut être des modèles hybrides aussi, ça peut être l'intégration en classe
ordinaire, parce que c'est un modèle
qui fonctionne aussi, mais avec des services, bien évidemment, donc selon les
besoins du centre de services
scolaire, selon les besoins des élèves. Ça, c'est le travail que le ministre de
l'Éducation fait, mais c'est sûr que la pression, elle est énorme, mais
c'est important de scolariser ces enfants-là. Mais ce n'est pas facile, il y a
des défis.
D'ailleurs, prenons
l'exemple du centre de services scolaire de Montréal, qui a ouvert, depuis
septembre 2023, l'équivalent de trois écoles
primaires pour franciser des élèves. Le travail est là, on le fait, le travail
de francisation, mais la situation, elle est aussi difficile en région, parce que le nombre est
excessivement important de nouveaux élèves que nous devons franciser. Mais les jeunes l'apprennent
rapidement dans nos écoles primaires, nos écoles secondaires, puis il y a un
travail important qui se fait. Puis moi, je tiens à remercier les enseignants
puis les enseignantes pour la qualité du travail
qui est fait au niveau de la francisation dans nos écoles, parce que, si nos
élèves font en sorte qu'ils apprennent aussi bien le français, c'est parce que, dans ces écoles-là, il y a des
enseignants et des enseignantes qui transmettent cette passion-là, cette
éducation-là pour la langue française.
J'aimerais ça aussi
vous dire que notre gouvernement est intervenu à plusieurs reprises, a même
passé un projet de loi important, projet de
loi dans lequel, encore une fois, notre objectif était d'arrêter le déclin du
français au Québec et d'inverser la
tendance à long terme. On doit prendre tous les moyens possibles pour y
arriver, Mme la Présidente, parce que, la langue française, c'est la
base de notre identité comme nation.
Ici, ce qu'on a fait,
le projet de loi n° 96, Mme la Présidente... C'est un
moment important, mais moi, j'aimerais rappeler que tous les partis de
l'opposition ont voté contre la loi n° 96. Les
libéraux également ont voté contre ce projet de
loi là. Pas plus tard que tantôt, aujourd'hui, il y a une intervenante de ce
parti qui disait : La langue française, si riche et si importante pour nous. Pourtant, c'est ce
même parti qui a voté contre la loi n° 96, loi qui venait
protéger notre langue française.
C'est la même chose pour le Parti québécois, qui a choisi le même camp que le
Parti libéral et qui a voté contre le projet de loi n° 96,
projet de loi, hein, qui est venu reconnaître le... est reconnu, le français
est maintenant reconnu dans la Constitution
canadienne comme étant la seule langue officielle du Québec. Le français est
également reconnu comme étant la langue commune de la nation québécoise,
Mme la Présidente. On a voté contre ça.
• (16 h 40) •
Tantôt, on a lancé
une invitation au ministre de l'Éducation, hein, on a dit : Moi, je
l'invite à promouvoir et à valoriser la
langue française. Moi, maintenant, je vais en lancer une, invitation, aux
partis de l'opposition. La prochaine fois qu'on va mettre en place une loi ou
des mesures pour protéger notre langue française, je vais les inviter à voter
en faveur de ces mesures-là.
Mme
la Présidente, j'aimerais maintenant déposer un amendement à la motion
présentée aujourd'hui. Donc, je vais procéder à la lecture :
Au premier alinéa,
remplacer les mots «la fermeture de plusieurs dizaines de classes de
francisation partout au Québec» par «l'engouement pour les services de
Francisation Québec».
Supprimer le dernier
alinéa.
Ajouter les cinq
alinéas suivants à la fin de la motion :
«Qu'elle souligne que
Francisation Québec a été lancé le 1er juin 2023;
«Qu'elle
rappelle que les 76 000 personnes francisées pendant sa première
année d'opération constituent un record;
«Qu'elle réitère que
le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration n'a pas
coupé dans son budget en francisation, alors qu'il est passé de 170,3 M$
en 2019 à 251,3 M$ en 2024;
«Qu'elle reconnaisse
que les 600 000 résidents non permanents au Québec mettent la
pression sur les services publics, dont celui de la francisation;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec de poursuivre ses efforts dans le déploiement
de Francisation Québec.»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme
la députée, vous savez que votre amendement est déposé sous réserve de
la permission de l'auteur de la motion.
Donc, je suis prête à
entendre un autre intervenant. M. le député de Saint-Jean, la parole est à
vous.
M. Lemieux :
Pour combien de temps, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Pour 6 min 30 s, M. le député.
M. Louis
Lemieux
M. Lemieux :
Vous êtes trop bonne pour moi. Merci, Mme la Présidente. Question
d'intendance réglée. Donc, salutations à tous les collègues.
Un petit aveu à vous faire :
je ne comprends pas ce débat ni cette motion du deuxième groupe de l'opposition
inscrite aujourd'hui par les députés de
l'opposition, en l'occurrence le deuxième groupe d'opposition. Je ne comprends
pas ce que les oppositions ne
comprennent pas dans les services de francisation qui, comme on a dit qu'on le
ferait et comme on l'a fait, sont
maintenant regroupés sous un guichet unique, Francisation Québec, pour pouvoir
franciser le plus possible, puisque
le français, la langue officielle et commune du Québec, est une des grandes
priorités de notre gouvernement et que nous avons tout avantage à franciser
ceux et celles de la communauté anglophone qui le veulent et les nouveaux
arrivants pour mieux les intégrer à notre société, à nos valeurs, à
notre culture, pour pouvoir véritablement vivre ensemble.
Je ne comprends pas ce qui n'est pas compris. Le
collègue de Saint-Henri-Sainte-Anne disait, en ouverture, si j'ai bien entendu
de l'autre côté de la porte, que les faits sont têtus, qu'il a dit. Bien, les
chiffres aussi sont têtus, et le ministre les a représentés pour la ixième fois encore aujourd'hui à ce débat, on
n'a jamais autant financé la francisation au Québec et on n'a jamais
autant eu de nouveaux arrivants en classe de francisation que cette année.
Les
oppositions continuent de critiquer vivement nos efforts en matière de
francisation, c'est pour ça qu'on est ici aujourd'hui, mais je considère
que les explications de nos ministres sont éloquentes. Et peut-être que c'est
parce qu'on ne parle pas de la même chose que je ne comprends pas.
Parce
que c'est un fait qu'un peu moins de la moitié des cours de francisation qui
sont assumés par les centres de services scolaires sont en cause dans la mesure
où leur offre de services a été réduite ces derniers temps, pas leur financement, leur calendrier. Le fait est que
plusieurs ont épuisé les fonds qui leur avaient été affectés. J'imagine que la
bonne nouvelle, c'est qu'ils ont pu faire
beaucoup de travail cet été, pendant les vacances scolaires, mais que, ce
faisant, ils ont utilisé une large
part de leur budget. Certains ont tout pris l'enveloppe. Certains appellent ça
des coupures, que j'ai entendu toute
la journée et une partie de la semaine, mais non, ce ne sont pas des coupures,
qui seraient des réductions de budget.
Il s'agit, comme l'a dit la ministre du Conseil du trésor, de ne pas tolérer de
dépassements budgétaires après une augmentation de budget, justement
parce que les budgets ont été augmentés. Il me semble que c'est assez clair.
Je vous ai dit que je
ne comprenais pas, mais ce que je commence à deviner, par contre, c'est que
personne ne parle de la vraie question, du
coût de la francisation, même si on tient à en faire le maximum, le plus
possible. Dans un de ses premiers
rapports thématiques, le nouveau commissaire à la langue française expliquait,
au printemps, qu'il était techniquement
impossible de franciser tous ceux qui levaient la main. Ils sont tout
simplement trop nombreux, et il n'y a
juste pas assez de professeurs. Et,
bien sûr, même si on arrivait théoriquement à pouvoir, ça coûterait, devinez
combien, Mme la Présidente? 11 milliards de dollars. Parce que, oui,
c'est une question d'argent, quelque part, parce que, comme le ministre
de l'Éducation le rappelait hier, nous devons respecter la capacité de payer
des contribuables. On ne peut pas affirmer que le Québec a réduit les budgets
consacrés à la francisation, mais on peut affirme que Québec fait tout ce qu'il
faut pour que les budgets soient respectés. C'est tout le contraire, Mme la
Présidente.
Mais ceux qui
demandent, comme dans cette motion, de restaurer le service de francisation en
milieu scolaire veulent quoi, au juste? Qu'on dépense sans compter, par
principe, parce que c'est bon pour tout le monde et qu'il faut franciser pour combattre le déclin du français?
J'en suis. Je suis debout et je vais le rester pour continuer de le dire, il
faut combattre le déclin du français et il faut franciser. Mais, dans la
vraie vie, il faut passer à la caisse aussi.
Depuis
notre arrivée au gouvernement, le budget alloué à la francisation dans le
réseau scolaire, et juste le réseau scolaire,
dans les centres de services scolaires, est passé de 57 millions à
104 millions de dollars. Mais ce n'est, comme je le disais plus tôt, qu'un peu moins de la moitié des
budgets de francisation puisque Francisation Québec a d'autres partenaires.
Alors, la question,
c'est : Combien est-ce qu'il faut investir dans la francisation? Mais ce
n'est pas ce qu'on nous parle, ce n'est pas
ce qu'on nous dit, ce n'est pas ce qu'on nous demande, mais c'est la question,
combien. Nous, on a budgété, dans le budget courant, 2024‑2025,
251,3 millions de dollars pour la francisation, et ça, Mme la
Présidente, c'est 15 % de plus que l'année budgétaire précédente. Donc, oui,
on va franciser plus, autant que faire se peut, autant qu'on a les moyens de le faire et autant qu'on a le personnel pour le
faire, cette année, plus de 75 000 personnes, comme le disait
le ministre un peu plus tôt.
Et d'ailleurs, je
vais terminer en citant le ministre, parce que ça m'a impressionné. J'étais de
l'autre côté de la porte, j'écoutais en
cachette. Les files d'attente en francisation ne sont pas le résultat du fait
qu'il manque de moyens, elles sont le résultat du fait qu'il y a trop
d'immigrants temporaires sur le territoire québécois. Et il a ajouté :
J'imagine que les collègues de l'opposition
vont nous appuyer auprès du fédéral dans nos demandes de réduire ce nombre au
cours des prochains mois. Vous êtes patient, M. le ministre. Je pense
qu'ils... on aurait dû entendre tout cet appui au cours des dernières semaines,
des derniers mois. Mais moi, voulez-vous que je vous dise, M. le ministre, au
cours des dernières semaines et des derniers mois, je pense sincèrement que les
Québécois comprennent que les Québécois ont suivi les...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le... Allez-y. C'est 30 secondes. Allez-y.
Excusez-moi.
M. Lemieux :
Merci beaucoup. Alors, les Québécois ont suivi pas juste l'actualité, puis
les nouvelles, puis les commentaires, puis tout ça, ils ont suivi le
gouvernement, qui, avec le premier ministre, a imposé cet agenda dans le
discours public, que 600 000 nouveaux arrivants, en ce moment... pas
nouveaux arrivants mais...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Et là votre temps est terminé. Alors, merci, M. le
député de Saint-Jean.
Maintenant,
bien, je vais céder la parole à M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne. Et je
vous rappelle, M. le député, que vous devez nous dire si vous acceptez
les amendements déposés. Et je vous rappelle qu'il y a un amendement du
gouvernement et un amendement de l'opposition officielle. Alors, voilà. La
parole est à vous.
M. Guillaume
Cliche-Rivard (réplique)
M. Cliche-Rivard : Merci, Mme la Présidente.
D'intendance, d'abord, comme vous le soumettez, là, j'accepterai l'amendement du député d'Acadie. Évidemment, ils
l'auront compris, je refuserai l'amendement du gouvernement. Ils n'en
seront même pas surpris. Bel essai, c'est ce que je leur dirai, bel essai.
Et
j'en profite pour demander à M. le ministre de nous déposer ses magnifiques
tableaux. Il aime si bien les brandir, alors je ne voulais pas l'interrompre
tout à l'heure, je le fais à l'intérieur de mon intervention. Ça nous fera
plaisir de lire vos tableaux et de les regarder, M. le ministre.
Immense
détour, Mme la Présidente, immense détour, mais bien peu à offrir. Les
étudiants et les étudiantes n'ont pas
demandé un cours sur l'héritage du ministre de l'Immigration et de la
Francisation. Ils ont demandé des cours de français.
• (16 h 50) •
Je
vais rappeler l'histoire, pendant qu'on y est, aux collègues. On n'a pas voté
contre la 96, on a voté pour. On a évidemment
dit qu'il y a plein d'éléments qu'on enlèverait là-dedans, mais, à un moment
donné, se lever puis prétendre le contraire, il ne faut pas exagérer. Il
ne faut pas réécrire l'histoire.
Pas moins de
francisation, elle est bonne, celle-là, Mme la Présidente. Voyons donc. On a
regardé un des tableaux soumis,
automne 2023, 772 classes, on passe à 936 en automne 2024. Plus 164,
certes, mais ce qu'on apprend depuis des semaines, c'est la fermeture de dizaines, et des
dizaines, et des dizaines de classes. Aussi bien soit-il, Mme la Présidente,
qu'on passe à moins 200 et plus, et donc que le bilan d'ouvertures de classe,
il n'est pas dans le vert, Mme la Présidente, il est dans le rouge. Donc, ce serait intéressant que le ministre
intègre à ses chiffres les fermetures de classes en CSS, en centre de services scolaire, pour qu'on ait au net l'ouverture et la
fermeture des classes. Ce sera pour un prochain tableau.
3 600 étudiants ont déjà perdu leur cours
de francisation. De ceux-là, environ 2 000 attendent encore d'être localisés et relocalisés à Francisation Québec, et
ça s'ajoute aux dizaines de milliers de personnes qui attendent un cours
de français. Des milliers vont les rejoindre dès la semaine prochaine, des
dizaines de profs vont perdre leur job dans quelques jours, des milliers
d'étudiants vont perdre leur groupe, leur classe. Ça, c'est une tragique perte
d'expertise, puis ces gens-là, ils ne passent pas à Francisation Québec. Quel
échec!
Le ministre critique les CSS encore. Semble-t-il
que c'est plus facile à faire en francisation qu'en laïcité. Les CSS n'ont rien compris. L'ensemble d'entre eux,
Mme la Présidente, tous les centres de services scolaires n'ont rien compris
sur leur budget. Ils ont les fonds, mais on
les empêche de les utiliser. Par contre, ce serait leur mauvaise gestion. Bien
sûr. Bien sûr, c'est sûrement plus
simple de couper dans le budget des CSS et dans le budget d'un collègue que
dans le sien. Au final, le constat
est là : le gouvernement ne donne pas le budget nécessaire et ne permet
pas au CSS de dépenser son budget en francisation.
Puis, Mme la Présidente, le ministre n'a rien
nié. Il a restreint les budgets pour limiter au nombre d'heures... le nombre d'heures à celui de 2020 et 2021. Il a
bel et bien utilisé l'année de la pandémie comme année de référence pour
établir le nombre d'heures dispensées en
francisation. Il ne l'a pas nié. C'est noir sur blanc dans ses documents, Mme
la Présidente. Et je réitère, la seule explication plausible des
syndicats ce matin, c'est parce que c'était la meilleure année pour couper
davantage.
Il nous dit que des classes sont disponibles.
Essayez de trouver des classes disponibles. On a cherché les classes
disponibles. L'ensemble des milliers d'étudiants qui cherchent à se franciser
ont cherché des classes disponibles. Les syndicats
et les étudiants ont cherché des places disponibles. Tous les partis
d'opposition ont cherché des places disponibles. Où sont-elles ces classes-là? Trop de personnes au Québec. Aïe!
celle-là, elle m'a fait rire, Mme la Présidente. Ça vient de la bouche
du ministre de l'Immigration. Le ministre de l'Immigration accuse les
oppositions, mon parti de surcroît, d'être responsable de la hausse fulgurante
du nombre d'immigrants au Québec. Non, mais quand même, il faut le faire. S'il y a trop de temporaires au Québec, ce n'est
pas de sa faute. PTET, M. le ministre. Vous émettez 100 % des CAQ dans
le PTET. Les étudiants... vous émettez
100 % des CAQ pour les étudiants. Oui, oui. PRTQ, vous admettez toutes les
sélections dans le programme
économique, dans le PEQ aussi, M. le Président... Mme la Présidente.
Revendiquer le PMI, renégocier l'accord Canada-Québec, introduire
l'immigration temporaire dans la planification pluriannuelle, c'est tous des
non, ça, de votre côté. Cela dit, vous
n'êtes pas responsable de l'augmentation de l'immigration. Quand même, je
répète que ce sont les mots du ministre de l'Immigration.
Ces temps-ci,
je me demande vraiment : Qu'est-ce qui n'est pas de la faute des
immigrants avec ce gouvernement-là? J'ai presque envie de leur lancer un
défi, là. Nommez trois choses qui ne sont pas de la faute des immigrants au
Québec. Parce que, même récemment, les
déboires en DPJ, les agressions sexuelles commises, c'était de la faute des
immigrants. Si le ministre ne veut pas écouter le PQ, si le ministre ne
veut pas écouter le Parti libéral, si le ministre ne veut pas écouter QS, c'est
son affaire. Mais il doit écouter les profs, il doit écouter les directions, il
doit écouter les étudiants, puis les
étudiantes, puis les nouveaux arrivants. Bien non, tout le monde a tort :
des milliers d'étudiants, des dizaines de profs, des syndicats, des
directions, des journalistes à la pelletée qui écrivent là-dessus, la société
civile, les trois partis d'opposition. Le
député de Saint-Jean disait qu'il ne nous comprend pas. Bien oui, c'est sûr,
Mme la Présidente, ce n'est certainement
pas le ministre, ce n'est certainement pas le gouvernement qui sont dans
l'erreur. C'est tout ce monde-là. Tout ce monde-là n'ont rien compris,
bien sûr.
En terminant,
Mme la Présidente, la francisation, c'est aussi l'intégration. Ce n'est pas
juste enseigner la grammaire, la
langue, c'est enseigner la culture, les repères, les valeurs, les façons de
vivre en société. C'est apprendre ce que c'est, être Québécois. En coupant en francisation, le ministre
met à mal non seulement notre identité, il met à mal la langue française,
il met à mal le Québec.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Monsieur...
Je vous cède la parole. Vous avez un appel au règlement?
M. Lévesque (Chapleau) : Article 35.
Ce sont des propos blessants, et on prête des intentions au ministre et au
gouvernement.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci. M. le leader de la
deuxième opposition, vous avez un appel au règlement, j'imagine, une
réplique.
M. Leduc : Bien
oui. Mon collègue fait des critiques parfaitement légitimes en cette Chambre,
les mêmes qu'on fait à la période des questions. Alors, je ne vois pas pourquoi
on l'interrompt, là. Qu'on le laisse terminer, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, le temps file, il faut terminer le débat.
Alors, continuez, M. le député.
M. Cliche-Rivard : Et, voilà,
si le gouvernement a de la misère à vivre avec son bilan, c'est leur affaire.
Ce sera dit.
Il me reste deux minutes.
Mes derniers mots, Mme la Présidente, vont aller aux étudiants et aux
étudiantes en francisation, aux nouveaux arrivants qui ont levé la main pour
apprendre le français, qui sont abandonnés par le gouvernement, ainsi qu'envers
leurs profs. Ne lâchez pas, votre cause finira par être entendue. Il faut
garder espoir. L'amour de la langue aura raison du gouvernement. Je le souhaite
plus que tout. Je nous le souhaite plus que tout. Mme la
Présidente, le ministre a encore le temps de faire la bonne affaire, le
gouvernement a encore le temps de faire la bonne affaire. J'espère qu'il
entendra raison. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Le débat est terminé.
Alors,
conformément au règlement, je dois d'abord mettre aux voix la motion
d'amendement présentée par M. le député
de l'Acadie, avant de procéder au vote sur la motion principale. Alors, je vais
vous faire la lecture de ces deux motions.
La motion principale de M. le député de
Saint-Henri-Sainte-Anne se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale constate la fermeture de
plusieurs dizaines de classes de francisation partout au Québec;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de
s'engager à réinstaurer les services de francisation en milieu scolaire qui ont
été interrompus dans les dernières semaines et à prendre tous les moyens
nécessaires pour éviter de nouvelles fermetures de services dans ces milieux.»
La motion d'amendement de M. le député de
l'Acadie se lit comme suit :
Que la motion du député de
Saint-Henri-Sainte-Anne soit amendée de la manière suivante :
À la quatrième ligne, ajouter... le mot
«scolaires», les mots «pour adultes».
Je mets d'abord aux voix la motion... Oui,
monsieur...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, il y a une demande de vote
électronique. M. le leader du gouvernement.
• (17 heures) •
M. Lévesque
(Chapleau) : Vous vous doutez sûrement de ce que... de ma
demande. Donc, on va reporter ce vote à demain, s'il vous plaît. Merci.
Votes reportés
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Je m'en doutais fortement, mais je devais quand même vous céder la parole.
Alors, conformément à la demande du leader du gouvernement, le vote sur la
motion de M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne et sur la motion d'amendement du
député de l'Acadie seront tenus à la période des affaires courantes de demain.
Merci.
Alors, je vous cède la parole, M. le leader,
pour nous indiquer la suite de nos travaux.
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Exactement.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir ajourner
nos travaux à demain, 9 h 40, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté.
Donc, en conséquence, nous ajournons nos travaux
à demain, jeudi le 31 octobre 2024, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 17 h 01)