(Treize heures quarante et une
minutes)
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
bonjour à toutes, bonjour à tous. Bienvenue à nos travaux de l'Assemblée. Collègues,
je vous invite à prendre place, nous allons commencer.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous sommes à
la rubrique Déclarations de députés, et, sans plus tarder, je reconnais Mme la
députée de Prévost.
Souligner le
15e anniversaire de L'Antr'Aidant
Mme Sonia Bélanger
Mme
Bélanger : M. le Président, j'aimerais saluer les
15 années d'anniversaire de l'organisme L'Antr'Aidant.
Depuis sa
création, L'Antr'Aidant ne cesse de se déployer dans sa communauté. C'est
15 ans de passion, de défis, de projets réalisés, de succès et de
réconfort pour les personnes proches aidantes.
Vous avez joué un rôle extrêmement important, et
votre dévouement et votre compassion sont inestimables. J'aimerais saluer
particulièrement l'engagement et la détermination de Mme Julie Gravel,
directrice générale et membre fondatrice, ainsi que de Mme Raymonde
d'Anjou, proche aidante, également membre fondatrice, ainsi que Mme Sylvie Voyer, présidente du
conseil d'administration.
Aujourd'hui, j'ai la chance d'être accompagnée
de nombreux citoyens de ma circonscription, de nombreux organismes qui font une différence dans la vie des personnes âgées et
des personnes qui ont des grands besoins. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Prévost. La parole
revient maintenant à M. le député de Chauveau.
Rendre hommage à
Mme Sylvie Loubier
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Dans la circonscription de Chauveau, nous avons des personnes extraordinaires qui
s'impliquent d'une façon remarquable. C'est le cas de Mme Sylvie Loubier,
que je salue, d'ailleurs, dans nos
tribunes. Elle est accompagnée de son conjoint, Réjean Daigle, sa fille,
Jacinthe Gasseau, Danielle Lavoie et Gérald Lavoie.
Impliquée depuis 20 ans dans la communauté,
Sylvie est toujours disponible pour prendre la présidence d'un organisme,
s'impliquer dans différents événements ou encore faire partie d'un comité.
Elle est
investie dans plusieurs organismes de Chauveau. Elle a présidé le Club
Optimiste de Lac-Saint-Charles, préside
celui de Loretteville depuis cinq ans et est engagée au sein des Chevaliers de
Colomb, conseil Montcalm, à titre de colombe.
Des femmes de coeur comme Sylvie font la
différence dans le milieu communautaire, et nous, nous sommes très privilégiés
de l'avoir chez nous.
Alors, chère Sylvie, merci d'être la femme que
tu es. Merci d'être là au quotidien, au profit des autres. Encore une fois, un
gros merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de Chauveau. Au tour,
maintenant, de Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Souligner le travail de la
SARTEC à l'occasion
de son 75e anniversaire
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. La Société des auteurs et
autrices de radio, télévision et cinéma, SARTEC, oeuvre depuis
75 ans à défendre les conditions de travail de ses membres ainsi qu'à
promouvoir leur rôle fondamental au sein de l'industrie culturelle.
Pendant toutes ces décennies, SARTEC aura
récolté des gains pour ces travailleurs, travailleuses, notamment la première entente avec Radio-Canada, en 1956, la
première entente aussi avec les recherchistes et documentaristes de
Radio-Canada, en 1973, l'obtention du statut d'artiste, en 1989, et, tout
récemment, une révision de la Loi sur le statut professionnel des artistes des
arts visuels, du cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d'art et de
la scène.
Alors, aujourd'hui, les
moyens de diffusion seront grandement changés, mais ce seront toujours des
personnes qui effectuent la création. Je salue chaleureusement tout le travail
de SARTEC et je leur souhaite sincèrement un joyeux 75e anniversaire.
Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques. La parole revient maintenant à
Mme la députée de Marie-Victorin.
Souligner le courage et la
détermination de Mme Romy Hamel
Mme Shirley Dorismond
Mme
Dorismond : Merci, M. le Président. Je tiens à saisir ce
moment pour applaudir le courage et la détermination exceptionnelle
d'une jeune fille de Marie-Victorin, Romy Hamel.
Malgré sa surdité profonde, elle n'a cessé de
relever les défis. Présente ici, dans les tribunes, ambassadrice du Défi sportif AlterGo, Romy a participé aux
épreuves de marathon, du soccer et de l'athlétisme. Romy voit chaque obstacle
comme une occasion d'apprendre et de grandir. Elle est persévérante, passionnée,
elle a du leadership.
Je vais remettre une Médaille de la députée à
une jeune fille exceptionnelle et inspirante qui incarne la force et la
résilience. Bravo, Romy!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Marie-Victorin. Et, sans
plus tarder, je reconnais Mme la députée de Sanguinet.
Souligner le
30e anniversaire de l'organisme La Maison du Goéland
Mme Christine Fréchette
Mme
Fréchette : M. le Président,
nous célébrons aujourd'hui les 30 ans de La Maison du Goéland. Quel
parcours incroyable! Depuis 1994, en fait, cette ressource essentielle
en santé mentale est devenue un pilier dans la région.
Pendant trois
décennies, la maison a mis en lumière l'importance du cheminement personnel en
proposant d'abord des rencontres individuelles pour se redécouvrir, avant de
s'ouvrir au collectif et de devenir des citoyens engagés et actifs.
On ne peut
pas passer sous silence que l'organisation n'aurait jamais vu le jour sans les
efforts de Mme Lise Campeau, fondatrice et ancienne directrice
générale. C'est avec fougue, engagement et détermination qu'elle a mené
différentes batailles pour la cause de la santé mentale, et nous l'en
félicitons.
Bravo et surtout merci à La Maison du Goéland
pour ces 30 années de réussite.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Sanguinet. La prochaine déclaration revient à Mme la députée
de Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner la tenue de la
17e édition de la Maison hantée de Saint-Étienne
Mme Martine Biron
Mme Biron : Merci, M. le Président.
Hier, je suis allée visiter les installations de la 17e édition de la
Maison hantée de Saint-Étienne, une activité qui accueille des milliers de
visiteurs chaque année et procure aux petits comme aux grands plaisir et effroi
en cette période de l'Halloween.
Le thème sélectionné pour la présente édition
est celui des hôtels aux histoires sombres, et j'avoue avoir été impressionnée
par la qualité des décors et la créativité des concepts explorés. Mention
spéciale pour les superbes références au film culte The Shining.
Je tiens à féliciter Marie-Lyne Beauchamp et son
équipe de bénévoles passionnés, qui procurent année après année une expérience
immersive de haut niveau à tous les amateurs d'horreur.
À Lévis, les
célébrations de l'Halloween, c'est définitivement à la Maison hantée de
Saint-Étienne que ça se passe.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière. Je reconnais maintenant M. le député de
Nicolet-Bécancour.
Rendre hommage à
M. Marc-Antoine Camirand
M. Donald Martel
M.
Martel : M. le Président, originaire de
Saint-Léonard-d'Aston, le pilote automobile Marc-Antoine Camirand nous a
fait honneur, en août dernier, en remportant pour une deuxième fois le Grand
Prix de Trois-Rivières, la course automobile la plus importante à se tenir sur
un circuit urbain en Amérique.
La carrière de Marc-Antoine s'échelonne sur une
longue période. Âgé de huit ans seulement, il lance son premier bolide sur une
piste de karting. Au fil des ans, il gravit ensuite les échelons de différentes
disciplines de course, où
il excelle dans plusieurs catégories. Il est notamment reconnu pour ses
performances au Grand Prix de Trois-Rivières avec un record de
16 victoires, faisant de lui le pilote le plus titré de l'histoire de
l'événement.
Marc-Antoine a
terminé la saison 2024 en beauté en décrochant, en septembre dernier son
second titre de champion NASCAR Canada.
Au nom de mes
concitoyens et concitoyennes, je veux te remercier, Marc-Antoine, pour la
passion qui t'anime et pour la fierté que tu nous inspires. Bravo,
Marc-Antoine!
• (13 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Nicolet-Bécancour.
Félicitations, monsieur! Et la prochaine déclaration revient à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Souligner
le 20e anniversaire de l'organisme Le Temps d'une pause
Mme Karine
Boivin Roy
Mme Boivin Roy : Merci, M. le Président.
Je profite de notre tribune aujourd'hui pour souligner le 20e anniversaire
de l'organisme Le Temps d'une pause, qui oeuvre dans l'est de Montréal pour
améliorer les dynamiques relationnelles entre les proches aidants et leurs
proches touchés par une maladie neurodégénérative de type alzheimer.
L'organisme offre
ainsi un soutien psychosocial essentiel et un répit parfois nécessaire aux
proches aidants, qui peuvent être à bout de souffle, épuisés et qui peuvent
même vivre des épisodes de détresse. Quant à la personne touchée par la
maladie, elle peut bénéficier d'un accompagnement approprié, basé sur son droit
à la considération et à la consultation, qui
favorise sa dignité et son autonomie. Notamment, les activités de l'organisme
ont pour but de reconnaître les
personnes dans leur vécu spécifique, de leur offrir des espaces sécuritaires,
de valoriser leurs savoirs et leurs compétences et de coconstruire avec elles
des expériences leur permettant de se relier à elles-mêmes, à leurs proches et
à leurs semblables.
Bravo
à Mme Judith Dorvil et son équipe pour leur créativité, leur attention et
leur empathie! Et bonne continuation.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel. Et la prochaine
déclaration revient à Mme la députée de Laporte.
Souligner
le départ à la retraite de M. Dan Lamoureux
Mme Isabelle
Poulet
Mme Poulet : Merci, M. le Président. Alors, je souligne les
52 ans de carrière de M. Dan Lamoureux, soit 26 ans à titre de pompier, ensuite 26 ans dans le
milieu de l'éducation, soit plus d'un demi-siècle de dévouement et de
leadership.
Il
a été président de l'Association des commissions scolaires anglophones du
Québec et prendra sa retraite du milieu de l'éducation le 4 novembre prochain, alors qu'il ne renouvellera
pas son mandat de président du conseil d'administration de la commission
scolaire Riverside.
Son engagement envers
les élèves et ses efforts pour favoriser un environnement d'apprentissage
inclusif et stimulant ont laissé une
empreinte indélébile sur notre communauté. Sa capacité à encourager
l'innovation a non seulement enrichi
les pratiques éducatives, mais a aussi renforcé les liens entre différentes
parties prenantes du réseau de l'éducation.
M. Lamoureux a
placé l'éducation au coeur de chaque décision. Son héritage continuera de
rayonner à travers les valeurs qu'il a transmises et les fondations qu'il a
établies.
Bonne retraite,
M. Lamoureux!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Laporte. Et je reconnais maintenant Mme la députée de
Saint-Laurent.
Rendre
hommage à Mme Ginette Lareault
Mme
Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Bonjour,
M. le Président. Je désire rendre hommage à Mme Ginette Lareault pour la
création de la collection de livres pour enfants Manège.
Cette fabuleuse série
de livres, fruit de l'imagination d'enfants, a vu le jour grâce à
Mme Lareault. Cette dernière accompagne
des jeunes filles et garçons dans leur cheminement d'écriture. En effet, tout
le narratif est inventé par ses élèves, sous la supervision de Ginette
Lareault. Cet exercice leur permet de réfléchir et leur permet aussi d'exprimer
leurs émotions, ainsi que les valeurs qui leur sont chères, et même d'affronter
leurs propres peurs.
Ces enfants de ma
circonscription ont eu la chance d'y participer et ont pu voir leurs
publications être enfin réalisées grâce à la maison d'édition de cette
dernière, Mme Lareault. Je tiens d'ailleurs à féliciter Constance-Mai Cyr et Olivia Vo-Van, les jeunes autrices de Marco
le T. rex gentil et d'Oumi et le sport. Quelle fierté ont-elles
ressentie avec la publication de leur premier livre!
Merci énormément,
Mme Lareault. En un seul mot pour vous décrire : l'émerveillement.
Merci. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Saint-Laurent. Alors,
voilà qui met fin à la rubrique Déclarations des députés. Je remercie
chacun des collègues pour votre déclaration.
Et nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 13 h 53)
(Reprise à 14 h 06
)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Vous êtes nombreux
aujourd'hui. Le parlement du Québec, c'est chez vous. Bienvenue chez
vous.
Messieurs dames les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup. Veuillez vous
asseoir.
Présence de l'ambassadeur de
la République du Sénégal,
Son Excellence M. Gorgui Ciss
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans
les tribunes, de l'ambassadeur de la République du Sénégal, Son Excellence M.
Gorgui Ciss, à l'occasion de sa visite officielle.
Présence de Mme Monique
Jérôme-Forget,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Et j'ai également le plaisir de souligner la
présence de Mme Monique Jérôme-Forget, ancienne députée de
Marguerite-Bourgeoys.
Décision de la
présidence sur la recevabilité de la demande de débat d'urgence
concernant les allégations d'inconduite sexuelle sur des enfants et des
jeunes mineurs en famille d'accueil et en centre jeunesse impliquant
la direction de la protection de la jeunesse
J'ai reçu,
conformément aux dispositions des articles 88 et suivants du règlement,
une demande de débat d'urgence de la part du leader de l'opposition officielle
concernant les allégations d'inconduites sexuelles sur des enfants et
des jeunes mineurs en famille d'accueil et en centre jeunesse qui impliquent la
direction de la protection de la jeunesse.
Le leader de l'opposition officielle allègue que
la direction de la protection de la jeunesse éprouve de grandes difficultés depuis de nombreux mois et énumère une
série d'événements et de situations survenus dans les établissements de
la DPJ au soutien de sa prétention.
Il soutient que le sujet est précis, relève de
la compétence de l'État québécois, est d'une importance particulière et qu'il
est urgent de pouvoir en discuter. Il justifie sa demande par l'addition des
événements récents suivants :
1° les révélations du 24 octobre dernier
concernant des inconduites sexuelles d'éducatrices sur des mineurs au centre de
réadaptation Cité-des-Prairies;
2° celles en date d'aujourd'hui en Montérégie et
à Laval;
3° la démission de la directrice nationale de la
protection de la jeunesse annoncée hier.
Selon lui,
ces éléments mis ensemble constituent une «crise en matière de protection de la
jeunesse» et démontrent une aggravation de la situation.
Le leader de l'opposition officielle fait
également valoir que, comme il n'y a pas d'affaire annoncée à prendre en
considération aux affaires du jour aujourd'hui, la Chambre est donc libre après
les affaires courantes et la tenue d'un débat d'urgence ne pénaliserait pas
l'agenda législatif du gouvernement.
J'analyserai maintenant la demande du leader de
l'opposition officielle à la lumière des critères qui ressortent de notre
jurisprudence parlementaire.
La
jurisprudence parlementaire a reconnu que, pour qu'une demande de débat
d'urgence soit recevable, elle doit porter sur un sujet précis, d'une
importance particulière et qui relève de la compétence de l'Assemblée. La
demande doit concerner une crise aiguë et
soudaine ou l'aggravation d'une telle situation existante. La présidence doit
également se demander si les
parlementaires ont déjà eu l'opportunité de discuter du sujet faisant l'objet
de la demande ou s'ils auront l'occasion prochaine de le faire.
À la lumière de ces critères et de l'analyse des
précédents en la matière, la demande du leader de l'opposition officielle concerne assurément un sujet précis,
d'une importance particulière et qui relève de la compétence de l'Assemblée.
• (14 h 10) •
De plus, il faut une crise ou une aggravation
d'une telle situation pour en venir à la conclusion qu'une demande de débat
d'urgence est recevable. Il serait difficile de qualifier autrement les
difficultés qu'éprouve présentement la direction
de la protection de la jeunesse. Cette situation semble d'ailleurs toujours en
cours, puisque des éléments nouveaux continuent de faire surface. En
effet, la DPJ Mauricie—Centre-du-Québec
a été mise sous tutelle le 9 octobre dernier par le ministre responsable des Services sociaux pour cause de mauvaise
gestion des dossiers d'enfants ayant été confiés en adoption sans
évaluation complète.
Depuis,
des faits troublants ont été mis au jour au centre jeunesse Cité-des-Prairies,
alors que neuf éducatrices auraient été suspendues et congédiées pour des
allégations de «proximité sexuelle» et de «trafic de drogue», selon ce qui a
été révélé par les médias. Des éducatrices seraient même enceintes d'enfants dont
les pères seraient des mineurs hébergés au centre jeunesse.
La situation, loin de
se résorber, semble prendre une ampleur considérable, avec la démission, hier,
de la directrice nationale de la DPJ,
Mme Catherine Lemay. Ajoutons également les révélations de ce matin
concernant de nouveaux cas allégués d'inconduites sexuelles, cette fois
en Montérégie et à Laval.
Comme l'a reconnu
notre jurisprudence, des développements additionnels peuvent militer en faveur
de la tenue d'un débat d'urgence lorsqu'il s'agit
d'une aggravation soudaine d'une situation existante. Devant la cascade de
révélations choquantes et
préoccupantes concernant les agissements de différents intervenants de la DPJ
oeuvrant dans les divers secteurs sous sa responsabilité, tel semble être
le cas ici.
La jurisprudence a
également établi que la présidence a le pouvoir d'interpréter l'urgence de
tenir un débat d'urgence, qui est d'ailleurs le principal critère de
recevabilité. Je considère qu'il s'agit d'une telle situation.
En effet, les
récentes révélations au sujet de la DPJ ont choqué tout le monde, incluant le
ministre responsable des Services sociaux, qui a qualifié la situation d'«intolérable»
et qui s'est plus spécifiquement dit dégoûté par les allégations visant le
centre jeunesse Cité-des-Prairies.
Considérant la
gravité de la situation, je considère que les députés doivent pouvoir
s'exprimer sur le sujet.
Pour toutes ces
raisons, et comme l'a déjà affirmé par le passé la présidence, alors qu'elle
avait à trancher la recevabilité d'une demande de débat d'urgence, je suis
d'avis qu'il s'agit de circonstances exceptionnelles et que la question devant
nous est d'une telle importance qu'elle justifie la tenue d'un débat d'urgence
et l'interruption des travaux législatifs. D'ailleurs, en l'occurrence,
permettre la tenue de ce débat aura peu d'impact sur la progression du programme législatif du gouvernement, ce dernier
bénéficiant encore de suffisamment de temps pour son menu législatif
dans les prochaines semaines.
Pour toutes ces
raisons que je viens de vous énumérer, je déclare, donc, la demande de débat
d'urgence formulée par le leader de l'opposition officielle recevable.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre des Ressources naturelles et des Forêts.
Mme Blanchette
Vézina : Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport
d'activités de l'Autorité des marchés financiers en vertu de la Loi sur les
mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière pour
l'exercice 2023‑2024. Merci.
La
Présidente : Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette :
Bonjour, Mme la Présidente. Je dépose les réponses aux questions inscrites
au feuilleton le 24 septembre 2024 par la députée de Vaudreuil et la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, le 25 septembre 2024 par la députée de
Saint-Laurent et le 8 octobre 2024 par la députée de Mont-Royal—Outremont.
Je dépose également
les réponses aux pétitions déposées en Chambre le 11 septembre 2024 par le
député de l'Acadie, le 12 et le
17 septembre 2024 par le député de Maurice-Richard et le député
de Nelligan, le 18 septembre 2024 par la députée de Sherbrooke
ainsi que le 25 septembre 2024 par le député de Saint-Jérôme. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés.
Pour ma part, j'ai
reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de demain aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à
l'article 97.1 du règlement, je dépose copie du texte de ce préavis.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission de l'aménagement
du territoire et député de Drummond—Bois-Francs.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 76
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose le rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire qui, les 22, 23, 24 octobre 2024, a tenu des
auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet
de loi n° 76, Loi visant principalement à accroître la qualité de la
construction et la sécurité du public.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales, et, pour ce faire, je cède la parole, en
question principale, au chef de l'opposition officielle.
Allégations d'inconduite
sexuelle impliquant la
direction de la protection de la jeunesse
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Vous me voyez un peu ému, parce que, dans notre rôle
d'opposition, je tiens à saluer le leader de l'opposition officielle, c'est
d'occasionner des débats, et je vous remercie, et nous prenons acte de votre
décision, basée sur la jurisprudence, de permettre, cet après-midi, un débat
d'urgence de deux heures sur ce qui se passe à la DPJ.
En 2019, la fillette de Granby, on s'était tous,
collectivement, dit : Il ne faut plus jamais que ça arrive, il faut que ça cesse. Puis collectivement avait été mis
sur pied ce qu'on appelle aujourd'hui la commission Laurent, qui a déposé
un rapport majeur, important, en mai 2021.
Puis, nous, notre rôle d'opposition officielle, bien, c'est de talonner le
gouvernement. Puis on le sait, que ça ne fait pas toujours plaisir au
gouvernement, mais c'est notre rôle, c'est notre job de faire ça. Pourquoi on
le fait? On le fait pour les mineurs vulnérables.
C'était
bouleversant, et ça l'est encore aujourd'hui, et on voit que des cas ressortent
partout au Québec, Mme la Présidente,
Salaberry-de-Valleyfield, à Laval, à Cité-des-Prairies, des cas où on a,
collectivement, abandonné nos jeunes vulnérables, où des gens en
responsabilité sont supposés être là, de les aider dans leur vie, qui est déjà
bouleversée.
Moi, j'aimerais entendre, puis on peut
considérer ça comme le début du débat d'urgence, le premier ministre sur sa
part de responsabilité.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui,
Mme la Présidente, on est tous bouleversés par ce qui est arrivé dans certaines
DPJ au Québec. Effectivement, puis je l'ai souvent dit, la première
chose qu'on devrait faire, quand on est en politique, c'est de protéger nos
enfants. Et, Mme la Présidente, c'est inacceptable, ce qui est arrivé. Et on a
beau dire : Les DPJ sont débordées de cas, il y a une explosion de cas, ce
n'est pas une excuse pour ne pas avoir un minimum d'inspections, de
supervision.
Donc, Mme la Présidente, en fin de semaine, j'ai
échangé avec le ministre des Services sociaux, je lui ai demandé s'il avait
toujours confiance dans la directrice de la DPJ. Il m'a dit non. Donc, il a
fait ce qu'il fallait faire, c'est-à-dire qu'il a demandé sa démission.
Maintenant, le travail commence. Il n'est pas
fini. Il faut s'assurer, dans toutes les DPJ, qu'il y ait un minimum de
supervision. Et je comprends qu'il y en a qui sont débordés puis qui ont
préféré, dans certains cas, transférer des gens
qui devaient superviser à donner des services directs aux enfants, mais il faut
être capable de continuer à superviser ce qui se passe dans les DPJ. Il
faut retrouver une certaine confiance.
Et on ne ménagera pas les efforts, Mme la
Présidente. Depuis que je suis premier ministre, on a augmenté le budget de la
DPJ de plus de 50 %. Donc, ce n'est quand même pas rien. Mais on va
continuer.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Puis, Mme la
Présidente, j'aimerais donner l'occasion au premier ministre de corriger ce
qu'il vient de dire. Quand il dit : Le travail commence, je ne pense pas
que c'est ça qu'il voulait dire, le travail commence. Fillette de Granby, 2019. Rapport Laurent, 2021, des résolutions, des
propositions-phares qui n'ont toujours pas été mises en application.
La directrice nationale de la DPJ a perdu sa
job, elle a été congédiée. Elle parlait, avant de quitter, d'un système en
place puis de l'implication des groupes criminalisés.
Le travail ne commence pas, j'espère.
La Présidente : ...du premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui, Mme la
Présidente, quand je dis que le travail commence, c'est que le travail commence
avec la nouvelle personnee. Puis, en
attendant, bien, il ne faut pas perdre de temps, puis le ministre va mettre en
place tout ce qu'il est capable de mettre en place pour s'assurer que la situation
est sous contrôle dans chacune des DPJ du Québec.
Et, bien, je ne peux pas être plus clair que ça,
c'est inacceptable, c'est bouleversant, il faut s'assurer que ça n'arrive plus.
Effectivement, on avait eu la fillette
de Granby. Je pense qu'il y a des gestes qui ont été posés depuis ce temps-là.
On a non seulement augmenté les ressources, mais on a augmenté les salaires,
puis on va continuer.
• (14 h 20) •
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente,
l'ex-vice-président de la commission Laurent, André Lebon, a dit, et je le
cite : «Fréquemment, le ministre arrivait devant un événement et
disait — il
le cite lui-même : "J'apprends ça aujourd'hui. Je trouve ça
inacceptable. Je suis outré. Il faut absolument corriger le tir." Il était
toujours en mode réactif, comme s'il apprenait des choses. Ça ne se peut pas,
qu'il apprenne ça aujourd'hui.»
Le
ministre a dit hier, un cri du coeur : Ceux qui ne sont pas à leur place,
quittez le réseau. Le ministre... Le premier ministre responsable, il
fait quoi aujourd'hui?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Mme la Présidente, la présidente de la commission, Régine Laurent, a
eu l'occasion à plusieurs reprises de dire qu'elle était satisfaite de la
progression puis la mise en place de plusieurs recommandations, de ses
recommandations. Entre autres, on a adopté une loi, la loi n° 15,
qui vient dire : Ce n'est pas les parents adoptifs qui sont la priorité,
ce sont les enfants. On a mis en place un poste de commissaire au bien-être. Puis
j'invite, Mme la Présidente, tout le monde qui voit des choses comme on a vu
dans les journaux dernièrement à dénoncer...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...dénoncer,
s'il vous plaît.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, le ministre, hier, a dit, je le cite : «On va
découvrir des choses à l'avenir. Et, là où
il y aura besoin de faire des enquêtes, soyez assurés qu'il va y avoir des
enquêtes.» Fin de la citation. Le premier ministre vient de lancer un
cri en disant : Dénoncez, dénoncez, dénoncez, mais, depuis 2019, 2021, on
peut voir, dans l'exécution des recommandations, des propositions, on est loin
du compte, alors que ça devrait être une priorité.
Désormais, le premier
ministre, que va-t-il changer pour protéger nos enfants vulnérables?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, quand on veut faire des changements importants, on
commence par la directrice nationale, on
commence par celle qui est chargée, dans le quotidien, de s'assurer que tout va
bien dans chacune des DPJ. Donc, cette personne-là devrait mettre en place un
système d'inspection, devrait parler régulièrement aux responsables des DPJ, devrait s'assurer que dans chacune des
DPJ il y a une façon facile de dénoncer les actes qui ne sont pas acceptables.
Donc,
c'est ce qu'on va s'assurer qui soit fait. Ça aurait dû être fait par
Mme Lemay. Malheureusement, ça n'a pas été fait suffisamment.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Robert-Baldwin.
Allégations
d'inconduite sexuelle impliquant la
direction de la protection de la jeunesse
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Mme la Présidente, en passant, le commissaire n'a pas été encore nommé.
La situation de la
protection de la jeunesse est très grave. Depuis des mois, j'interpelle le
ministre sur les enjeux du système et les
défaillances de Mme Catherine Lemay dans son rôle de directrice nationale
de la protection de la jeunesse. Vendredi dernier, nous avons appris des
faits complètement inacceptables au centre Cité-des-Prairies. En seulement deux
ans, neuf éducatrices auraient agressé sexuellement des jeunes mineurs. Du
jamais-vu. Ce scandale a mis à jour d'importantes lacunes du système. Hier,
sous pression, Mme Lemay a enfin remis sa démission, mais seulement pour
son rôle de directrice nationale. Elle est toujours sous-ministre adjointe.
Pourquoi faut-il toujours des
révélations médiatiques troublantes pour que ça bouge? Combien d'incidents
encore avant que le ministre agisse pleinement?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
Bien, merci beaucoup, Mme la Présidente. Je remercie la députée de
Robert-Baldwin pour sa question, elle va me permettre de clarifier les choses,
là.
Comme tout le monde
ici, là, j'ai été scandalisé par ce qui s'est passé, ce qui a été nommé à
Cité-des-Prairies. Puis ce que j'ai... la
décision qui a été prise, de demander la démission de Mme Lemay, ça a été
clairement pour marquer qu'il faut un changement de culture. Il faut un
changement de culture où les choses vont être transparentes et que les
personnes qui se ferment les yeux sur des événements soient congédiées, Mme la
Présidente, que les actes soient à la hauteur de ce qui s'est produit.
Maintenant, pour
Cité-des-Prairies, là, dès que j'ai su, dès que j'ai su, je me suis assuré
qu'il y avait enquête policière et que les actes qui sont notés soient
réprimandés à la hauteur de leur gravité, Mme la Présidente.
Pour Montérégie,
c'est la même chose. J'avais... Suite à l'appel à tous que j'ai fait, on a des
gens qui ont levé des drapeaux rouges, on a
vérifié, ce matin, les policiers sont déjà allés rencontrer les jeunes, et les
enquêtes policières sont en cours, Mme la Présidente.
Pour Laval, aucun
geste n'avait encore été posé. Ce matin, j'ai déclenché l'entente multi...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant :
...qui inclut une entente... une enquête policière, pour que tout soit
fait, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
Mme la Présidente, ça fait six ans que le ministre est en poste. Ça fait
combien d'années encore qu'on parle d'un changement de culture, la loi du
silence qui brime les droits de nos enfants à tous les jours? On est, en ce
moment, dans du jamais-vu, puis il n'y en a pas eu encore, de changement de
culture.
Ça va venir quand, M.
le ministre, le changement de culture pour protéger finalement nos enfants puis
qu'on arrête que ces droits soient lésés?
La
Présidente : Je vous rappelle, Mme la députée, que vous vous adressez
directement à la présidence et non à votre collègue. La réponse du ministre.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Mme la Présidente, en
fait, ce matin, j'ai clarifié les choses, j'ai renvoyé une directive
ministérielle, qu'il soit clair que, tout abus sexuel de mineurs ou
suspicion d'abus sexuel de mineurs, l'enquête multi est déclenchée de façon
systématique, Mme la Présidente. Il faut que ce soit clair.
Maintenant, de là à
dire que depuis six ans il n'y a pas eu de changement, je ne suis pas sûr que
c'est exact, Mme la Présidente. On a modifié tout ce qui... Le plan, il est
clair, là. On a agi en amont. On a diminué pour la première fois le nombre de signalements d'année en année.
On a modifié la façon dont les signalements sont traités, Mme la Présidente.
Pour la première fois, on commence à voir une diminution...
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...soutenue des délais
d'attente, incluant depuis le retour à l'école, du jamais-vu, Mme la
Présidente...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Brigitte
B. Garceau
Mme Garceau :
...combien de cas faudra-t-il, combien d'enquêtes, combien de vies
dévastées pour que le ministre prenne ses
responsabilités pleinement? Il dit être dégoûté, mais son indignation vient
tardivement à chaque fois. Ça fait
six ans qu'il est ministre. À quand une réelle imputabilité? Est-ce qu'il est
prêt à assumer une responsabilité pour tout le tort qui a été causé à
tous ces enfants et à toutes ces familles?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Mme la Présidente, j'assume totalement mes responsabilités, totalement, et
tous les jours, là... moi, je suis venu en
politique pour travailler pour les enfants et tous les jours je travaille pour
les enfants. Et, Mme la Présidente, ce qui s'est passé, je le répète,
c'est inacceptable, et on va faire les changements qui sont requis pour changer
les choses, Mme la Présidente. Et ce qui est
important, c'est que le processus continue. On a déposé le grand chantier des
centres jeunesse, Mme la Présidente. On l'a déposé cet été. On a fait
les choses en amont. On a fait les choses dans la DPJ. Maintenant, on est
rendus aux centres jeunesse. On va s'attaquer aux problèmes. On va lever toutes
les pierres puis on va régler les problèmes, Mme la Présidente.
La
Présidente : En terminant.
M. Carmant : Il faut que les centres
jeunesse soient des endroits sûrs pour nos jeunes. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le chef
de l'opposition officielle.
Révision du système de protection de la jeunesse
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, moi, je suis prêt à croire le ministre, qui à toutes les
fois, et je le cite, il dit... Dans d'autres cas, je le cite, il a déjà dit,
par le passé : Ça lève le coeur. C'est intolérable. Je suis déboussolé. Il
y a un grand ménage à faire. Je suis scandalisé. Ça, c'est des citations du
passé. Il n'y a pas deux minutes, il vient de répéter qu'il était scandalisé.
Ne réalise-t-il pas... Et je suis convaincu qu'il est de bonne foi, qu'il est
scandalisé puis qu'il est bouleversé pour de vrai, mais ça fait six ans qu'il
est là, Mme la Présidente. Qu'est-ce qu'il a fait pour ne pas être bouleversé comme nous tous à rebours, après les
faits? C'est une chose, de dire : On va faire enquête. C'est une chose, de
dire : On va faire enquête, mais
qu'est-ce qu'on fait ab initio? Qu'est-ce qu'on fait au départ pour qu'il n'y
ait pas de tels cas?
Le
ministre le répète encore, dans sa septième année, il veut mettre en place un
changement de culture, un changement de
culture. Ma question, maintenant, ultimement, pour celui qui est responsable du
ministre, c'est le premier ministre. Celui qui fait de la politique pour
protéger nos enfants vulnérables, c'est le premier ministre.
Face
à ces nombreux cas, puis on aura le débat d'urgence tout à l'heure, face à ces
nombreux cas, qui ne nécessitent pas juste des enquêtes policières après
coup, mais en amont, que ça n'arrive pas au départ, le changement de culture,
M. le premier ministre, ça va venir comment et quand?
• (14 h 30) •
La
Présidente : Et vous vous adressez à la présidence. La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Mme la Présidente, j'espère que le chef de l'opposition officielle a
confiance en Régine Laurent, Régine Laurent
qui a accepté de passer plus d'un an à temps plein à regarder le problème, elle
qui a une longue expérience dans le
réseau de la santé et des services sociaux. Et qu'est-ce que Régine Laurent a
dit? Ça va prendre 10 ans pour changer la culture. Ça va prendre 10 ans. Ce n'est pas le ministre
responsable des Services sociaux qui dit ça, c'est Régine Laurent qui
dit : Ça va prendre 10 ans.
Maintenant, Mme la
Présidente, changer une culture, là, c'est qu'il faut être capable de le faire
dans tout le réseau. Le ministre
ne peut pas être dans chaque centre jeunesse chaque jour pour être sûr de ce
qui se passe. Il faut être capable de changer la culture. Ça ne se fait
pas du jour au lendemain. Ça ne va pas assez vite, et c'est pour ça qu'on a
demandé la démission de Mme Lemay.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Quand le premier ministre dit : «Ça ne va pas
assez vite», je ne peux pas être plus d'accord que lui. Ça ne va pas
assez vite quand je regarde les recommandations du rapport Laurent.
La commissaire ou le
commissaire aux droits de l'enfant, au moment où on se parle, n'est toujours
pas nommé par le gouvernement. Pourquoi? Première des choses.
Résolution-phare.
Pourquoi on n'a toujours pas, au Québec, comme il était recommandé, une charte
des droits de l'enfant?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Ce serait tentant, Mme la Présidente, de
parler de ce qui ne s'est pas fait avec les gouvernements libéraux. On
peut bien, aujourd'hui, parler d'une charte, parler d'un projet de loi, nous,
on a déposé un projet de loi, le projet de loi
n° 15, qui a été adopté. On a créé le poste de commissaire, qui va être
comblé d'ici Noël. Et surtout, Mme la Présidente, on a commencé à mettre des
procédures pour changer la culture dans le réseau.
Mais
le chef de l'opposition officielle ne peut pas, d'un côté, dire :
Mme Laurent fait des recommandations, puis, de l'autre côté, ne pas
accepter que Mme Laurent dise : Ça va prendre 10 ans...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...pour
mettre tout ça en place.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, là j'ai posé deux questions très précises au premier ministre.
Là, il vient de nous informer que ça va être fait, la nomination du commissaire
des droits de l'enfant, d'ici aux fêtes. Pourquoi ça n'a pas été fait avant, alors que le poste était créé?
Pourquoi nous n'avons toujours pas charte des droits de l'enfant, qui est
une recommandation-phare? Puis ça, Régine
Laurent, quand elle parle de 10 ans, elle ne parlait pas de ça. Pourquoi?
Où est-ce que ça bloque?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien,
Mme la Présidente, le chef de l'opposition officielle a assez d'expérience pour
savoir qu'avant de nommer une personne il
faut faire adopter un projet de loi. On a fait adopter le projet de loi.
Maintenant, on se penche sur plusieurs C.V. de personnes pour devenir
commissaire.
Mais, Mme la
Présidente, il n'est pas question d'attendre le commissaire. Le commissaire ou
la commissaire va être là pour recevoir des plaintes, mais la direction doit
s'assurer qu'ils savent ce qui se passe dans chaque centre jeunesse. C'est ce
qu'on est en train de faire.
La
Présidente : En question principale, je reconnais à nouveau le chef de
l'opposition officielle.
Révision
du système de protection de la jeunesse
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, un peu plus tôt, le premier
ministre a dit, en point de presse, sur ce dossier-là, et à plus d'une
reprise, je le cite : «La demande augmente plus vite que l'offre.» La
demande augmente plus vite que l'offre. Fin
de la citation. Par rapport à ça, ma question au premier ministre : Que
va-t-il faire si la demande augmente plus vite que l'offre, de façon tangible? Et, la demande qui augmente plus
vite que l'offre, autrement dit, on parle de nos enfants vulnérables, on
pourrait peut-être utiliser d'autres propos que de «demande» et «offre», mais
on parle de nos enfants vulnérables qui ont des besoins et auxquels on
ne répond pas. Ça, c'est une chose. Et, dans un contexte où il y a un laisser-aller, où il y a des gens, dans le
système, dont le ministre dit : Si vous n'êtes pas là pour les bons
motifs, quittez, le ministre en est
réduit à dire ça, le premier ministre va faire quoi, de façon très claire et
tangible? Désormais, on se l'était dit en 2019, lui, il va faire quoi
désormais?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, il y a effectivement, puis
ce n'est pas seulement au Québec, c'est à peu près partout dans le monde, une
explosion de la demande pour aider des jeunes, entre autres, avec des problèmes
de santé mentale. Plusieurs
raisons : la COVID, des problèmes de drogue importants. On a aussi,
Mme la Présidente, il faut le dire, là, puis les libéraux n'ont pas de position
claire là-dessus, 160 000 demandeurs d'asile. Ça inclut des jeunes
qui ont vécu des vies assez
difficiles. Puis, les experts le disent, le pourcentage dans les demandeurs
d'asile qui ont ce genre de problèmes est plus élevé que dans la
population en général.
Maintenant, quand je
dis que la demande augmente plus vite que l'offre, il reste que, quand même,
l'offre a augmenté de 50 %, on a augmenté
le budget de 50 %, mais il faut prendre le temps de former ces
personnes-là. Si le chef de l'opposition
officielle a une suggestion concrète à faire pour former plus vite ces personnes-là,
bien, qu'il la fasse, la suggestion.
La Présidente :
Première complémentaire...
Des voix :
...
La Présidente : C'est bruyant
un peu. Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là,
Mme la Présidente, là, je n'irai même pas là, de répondre au premier ministre,
de dire que l'immigration est la cause, est
la cause de ce qui se passe au Québec présentement. Je n'irai même pas là, Mme
la Présidente, parce que c'est tellement facile de se déresponsabiliser
en accusant tout le temps quelqu'un. Là, c'est les immigrants. C'est les immigrants,
c'est la faute des immigrants.
C'est-tu
la faute des immigrants qu'il y a seulement 30 % des recommandations du
rapport Laurent qui ont été, jusqu'ici,
appliquées, qu'on n'a toujours pas de commissaire à la protection ni de charte?
C'est-tu la faute des immigrants?
La
Présidente : La réponse...
Des voix :
...
La Présidente :
S'il vous plaît! La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, encore une fois, le chef de l'opposition officielle tourne les
coins ronds. Tout le monde ici a entendu que j'ai dit : Il y a plusieurs
causes pour l'explosion de la demande. Ce n'est pas seulement au Québec, c'est partout dans le monde. Il y a eu la
pandémie, il y a des problèmes de drogue importants. Et, oui, Mme la
Présidente, je sais que le Parti libéral ne veulent rien savoir de dire :
Il y a 160 000 demandeurs d'asile. On a 45 % des demandeurs
d'asile de tout le Canada qui sont au Québec, alors qu'on est 22 % de la
population, puis on ne peut pas compter...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...sur
le Parti libéral pour parler à son siège social, pour dire : On ne peut
pas...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Des voix : ...
La
Présidente : S'il vous plaît! M. le chef.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, je ne répondrai même pas à ce que vient de dire le premier
ministre. On parle d'abus sexuels, d'enfants
vulnérables qui sont sous la responsabilité du gouvernement, de la protection
de la jeunesse, qui, ultimement,
relève de la responsabilité du ministre puis du premier ministre, puis là il
cherche des coupables. Ça fait... C'est dans sa septième année. Il crie
au secours. On ne voulait plus, au Québec, en échapper.
Y a-t-il un
«désormais» avec ce gouvernement-là?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, la semaine dernière, on a appris qu'il y avait des enfants qui
étaient maltraités dans une école qui
mettait en place des concepts religieux islamistes. Qu'est-ce qu'a dit le Parti
libéral? Qu'il fallait abolir le
financement de toutes les écoles privées religieuses. La chicane a pogné en fin
de semaine, Mme la Présidente. Selon qu'on parle à Pablo, ou à Charles,
ou à Denis, ce n'est pas la même réponse.
Donc,
Mme la Présidente, là, je commencerais par me regarder, quand il s'agit de parler
des enfants puis parler de faire de la petite politique.
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : C'est
ça qu'ils font.
Des voix : ...
La Présidente :
Je vais vous écouter, oui. Je
veux entendre les leaders. M. le leader de l'opposition officielle, je veux
vous entendre. Brièvement. Quel est votre rappel au règlement?
M. Derraji : ...
La Présidente : Et, M. le leader du
gouvernement, je veux vous entendre.
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, le leader de l'opposition
officielle, vous l'avez entendu tout comme moi, de son siège, a dit
«cheap», «petite politique». Alors, lui-même...
Des voix : ...
• (14 h 40) •
La Présidente : Bon,
alors, voilà, je me lève. Je suis levée, je suis debout. M. le leader, votre
micro est coupé. Celui qui avait le droit de parole était le premier ministre.
Ce terme n'est pas au... vous devez le retirer. Vous le retirez? Il l'a retiré.
Maintenant, nous allons poursuivre. Il reste
quatre secondes. Vous ne prenez pas les quatre secondes?
Alors, en question principale, je reconnais
maintenant le chef du deuxième groupe d'opposition.
Financement
de l'aide alimentaire dans les écoles
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Les chiffres sont tombés
hier. Au Québec, il y a maintenant près de 1 million de personnes qui ont
besoin d'aide pour manger à chaque mois, 1 million. 35 % de ces
gens-là sont des enfants, des enfants. Vous savez quoi, Mme la
Présidente? Il n'y a pas de honte à aller chercher des boîtes de conserve dans une banque alimentaire après la job. Il n'y a
pas de honte à manquer d'argent à la fin du mois. Il n'y a pas de honte
à travailler fort, mais jamais assez fort pour rattraper le coût de la vie.
Non. Ce qui est honteux, c'est que, dans une société
qui crée de plus en plus de milliardaires, bien, il y ait de plus en plus
d'enfants qui aient faim. Ça, c'est honteux. Puis ce qui est honteux
aussi, c'est que ça ne fasse pas partie des priorités du premier ministre.
Ça fait six
ans qu'il nous parle de jobs payantes. Ça fait que comment ça se fait que la
faim augmente plus vite que les salaires, au Québec? Comment ça se fait
que travailler à temps plein, ça ne paie plus l'épicerie, au Québec?
Ça va prendre combien de Québécois dans les
banques alimentaires pour que le premier ministre se réveille?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, il n'y a rien que j'aime
moins que d'entendre le chef de
Québec solidaire faire comme s'il était le seul ici, dans cette Chambre, qui se
souciait des enfants qui ont des difficultés, entre autres, qui ne sont
même pas bien nourris.
Mme la
Présidente, on a posé des gestes importants depuis qu'on est au gouvernement.
D'abord, l'aide sociale, pour le montant qui est donné à chaque mois,
là, pour les personnes qui ont des contraintes à l'emploi, on l'a augmenté de
55 %. 55 %. Les banques alimentaires, on a augmenté le financement de
150 millions. Les banques alimentaires dans les écoles, on a plus que
doublé le financement.
Mais, Mme la Présidente, il y a effectivement
beaucoup de besoins. Puis le chef de Québec solidaire n'est pas le seul à trouver ça décourageant, d'une certaine
façon, que des jeunes au Québec, en 2024, ne mangent pas à leur faim. Qu'est-ce
que suggère le chef de Québec solidaire? Il y a un enfant sur cinq qui ne mange
pas à sa faim. Qu'est-ce que suggère
Québec solidaire? De mettre 770 millions pour que cinq enfants sur cinq
mangent avec l'argent du gouvernement. 770 millions. Nous, ce qu'on
veut, c'est de s'occuper de l'enfant sur cinq qui ne mange pas à sa faim,
d'ajouter des orthophonistes, d'ajouter des aides à la classe, d'ajouter de
l'aide aux devoirs...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...d'aider ces
enfants-là, pas d'aider les enfants de riches à manger à l'école.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le premier
ministre nous fait la liste de ce qu'il fait déjà. Ça ne marche pas. Il y a de plus en plus de Québécois qui ont faim, puis,
là-dedans, il y a de plus en plus d'enfants. Nous, on propose de nourrir les
enfants à l'école comme le font les pays développés
à travers le monde. Lui, il est premier ministre, il nous dit que c'est important pour lui. Bien, qu'il fasse plus que le
dire, qu'il le prouve et qu'il me dise qu'est-ce qu'il va faire de plus pour
que les Québécois arrêtent d'avoir faim.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui.
Bien, Mme la Présidente, on a un bel exemple d'un désaccord qu'on a. Il y a un
enfant sur cinq qui ne mange pas à sa faim; notre objectif, c'est de donner à
manger à cet enfant sur cinq. L'objectif de Québec solidaire, c'est de
donner à manger à cinq enfants sur cinq, faire du mur-à-mur, 770 millions,
770 millions par année. Puis il ne nous dit pas est-ce que je vais couper des
orthophonistes, est-ce que je vais couper des aides à la classe, est-ce que je
vais réduire l'aide sociale, est-ce
que je vais enlever 2 000 $ qu'on donne aux aînés. Où va-t-il couper
pour être capable de trouver...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
...ce 770 millions?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Le seul endroit où on va
couper, Mme la Présidente, c'est dans la longueur des files des banques
alimentaires. Puis, lui, le premier ministre, la vérité, c'est que ça ne le
dérange pas. Il y a de plus en plus de gens qui ont faim, au Québec, c'est
de pire en pire à chaque année, puis il s'assoit sur ses mains, il dit :
J'en fais assez.
C'est la
responsabilité fondamentale du premier ministre de s'assurer que les besoins de
base des Québécois, des Québécoises sont remplis. Quand est-ce qu'il va prendre
ses responsabilités?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, ça, c'est la nouvelle façon de faire de la politique du chef de
Québec solidaire, dire, là, il vient de le
dire mot pour mot : Ça ne dérange pas le premier ministre que des enfants
ne mangent pas. Il vient de dire ça comme ça, là, juste ça, Mme la
Présidente, juste ça, ça ne me dérange pas que des enfants ne mangent pas. Mme
la Présidente, je n'ai même pas le goût de répondre à ça.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Révision
du système de protection de la jeunesse
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci, Mme la Présidente. À chaque nouveau scandale qui éclabousse la DPJ,
le ministre nous dit qu'il est outré, qu'il est scandalisé, mais ce qui a été
révélé à Cité-des-Prairies la semaine dernière, c'est la goutte de trop. La
directrice nationale de la DPJ devait partir, certes, mais nous l'avions
demandé vendredi.
Mais l'histoire ne
s'arrête pas là. Il y a un ministre qui est redevable devant les Québécois et
devant les Québécoises, et c'est le ministre responsable des Services sociaux,
le ministre responsable de la DPJ, et ce, depuis plus de six ans, maintenant.
C'est lui qui a des comptes à rendre publiquement à la population. Et j'ai
envoyé une demande pour qu'il soit entendu en commission parlementaire
rapidement. Je veux l'entendre sur ses solutions, sur comment il va faire pour gérer son réseau, pour que ça cesse,
pour améliorer la vie des enfants les plus vulnérables du Québec. À l'issue
de son plan, c'est le Québec tout entier qui décidera s'il est encore l'homme
de la situation.
Aura-t-il le courage,
aura-t-il le courage de venir s'expliquer?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, Mme la Présidente. Je remercie le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne. Je pense qu'en 2019 on a
lancé une grande commission qui s'appelle la commission Laurent, qui a
interpelé des centaines et des centaines de personnes, et dont, depuis le rapport, je dis sans arrêt que je vais
suivre ce rapport et qu'il ne sera pas tabletté, Mme la Présidente. Puis
ça, je suis prêt à répondre à des questions là-dessus n'importe quand.
Maintenant,
Mme la Présidente, on a fait les choses, on a mis les choses au clair. Le plan,
là, il est disponible en ligne. On a une phase I qu'on a complétée, on est
en train de faire la phase II. Ce qu'on voit depuis quelques mois, Mme la
Présidente, c'est des enjeux au niveau des centres jeunesse, des centres de
réadaptation, et on est rendus là. On vient de déposer le grand chantier
de modification des centres jeunesse, des centres de réadaptation, et on va s'y
attaquer, Mme la Présidente.
Et on a agi pour
Cité-des-Prairies. Dès que j'ai su, je me suis assuré qu'une enquête policière
était là et que les conséquences vont être
mises en place. Montérégie, même chose, les policiers ont rencontré les jeunes,
enquête va suivre. Et, à Laval, j'ai déclenché l'enquête multi ce matin,
et les conséquences vont suivre, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Bien, très bien, Mme la Présidente. On vient
d'entendre l'ouverture du ministre. Le ministre accepte de répondre aux questions des Québécois et Québécoises,
le ministre accepte de répondre aux questions des parlementaires.
Alors,
la lettre de demande de mandat d'initiative est envoyée. Quand est-ce que son
leader va l'accepter puis quand est-ce qu'on va entendre le ministre en
commission?
La Présidente : La réponse du leader
du gouvernement.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, écoutez, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne est ici depuis un
certain temps désormais, on a été heureux de l'accueillir dans le cadre d'une
élection partielle, Mme la Présidente, mais il devrait savoir que les
commissions parlementaires sont souveraines, et, lorsqu'une commission
parlementaire décide de se saisir d'un mandat d'initiative comme vous le
faites, bien, ça appartient aux membres de la commission de le faire, Mme la
Présidente.
Alors, je comprends qu'il a fait parvenir un
mandat d'initiative à une commission membre de cette Assemblée, Mme la Présidente, et, à partir de ce moment-là,
les parlementaires qui siègent sur cette commission pourront, Mme la
Présidente, décider de se saisir ou non. Alors, les commissions sont
souveraines, Mme la Présidente.
Une chose qui
est sûre, c'est que nous, on n'arrêtera pas de travailler, et le ministre va
continuer, jour après jour...
La Présidente : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...de travailler
en faveur de l'intérêt des enfants, Mme la Présidente, soyez-en assurés.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme
la Présidente, on parle des abus les plus inacceptables de notre société, puis
c'est ça, la réponse? Les commissions
sont souveraines, on verra? Les Québécois, les Québécoises regardent. Ils
jugeront à savoir si ce
gouvernement-là est à la hauteur des scandales quotidiens puis de ce qu'on fait
vivre aux citoyens puis aux enfants. Moi, je ne me cacherais pas
derrière des procédures puis je répondrais oui.
Quand est-ce
que le ministre va avoir le courage de répondre aux citoyens, de répondre aux
parlementaires puis de répondre aux Québécois?
La Présidente : Monsieur, faites
attention à vos propos, vous en avez dit un qui est dans le lexique et vous le
savez. La réponse du leader.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Mme la Présidente, on n'a pas de leçons à recevoir
de Québec solidaire, Mme la Présidente. Le ministre, il est ici, il répond aux questions à la période des
questions, Mme la Présidente. Tout à l'heure, la présidence, Mme la Présidente, a accordé un débat d'urgence.
C'est le forum approprié, Mme la Présidente, pour tenir cette question-là.
D'ailleurs, il y a un débat d'urgence.
Et je ne pense pas qu'il n'y a personne qui se
cache ici. Le ministre était devant les médias, Mme la Présidente, il a répondu à toutes les questions. Le
gouvernement fait ce qu'il a à faire, Mme la Présidente. On prend action et on
va s'assurer que, dans le réseau, Mme
la Présidente... Peut-être que ça ne fait pas l'affaire du député de
l'opposition, d'entendre les réponses
à ses questions, Mme la Présidente, mais c'est comme ça que ça fonctionne dans
notre démocratie, Mme la Présidente.
La Présidente : En terminant.
M. Jolin-Barrette : L'opposition
pose des questions, et on agit, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
• (14 h 50) •
La Présidente : S'il vous plaît! Je
reconnais maintenant le chef du troisième groupe d'opposition.
Révision du système de
protection de la jeunesse
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M.
St-Pierre Plamondon : Mme la Présidente, les dernières semaines ont été
très difficiles en matière de protection de la jeunesse au Québec. Et,
la semaine précédente, c'était une semaine difficile relativement à l'école
Bedford mais plusieurs autres écoles, dont une à Saint-Léonard. Et ces deux
réseaux ont en commun qu'ils s'occupent de nos enfants. Il y a
deux réseaux qui s'occupent de nos enfants, le réseau scolaire, la DPJ, et les
deux sont en perte de contrôle. Dans les deux cas, on voit un
gouvernement qui est dépassé par les événements. Et ce sont deux situations,
deux domaines où on a des victimes qui sont
des enfants, deux situations où le ministre responsable ne sait pas comment on
est arrivés là, deux situations où le ministre apprend ce qui se passe à
travers les médias.
Et ce gouvernement
est en place depuis 2018. Il va commencer sa septième année sous peu. Il a
passé une réforme en éducation qui donnait
plus de pouvoirs au ministre. On a passé également une réforme pour la création
des centres de services scolaires. En matière de DPJ, on a aussi fait
une réforme sur la DPJ, sur le droit des enfants.
La population a le
droit de se poser la question. À travers toutes ces annonces-là puis tous ces
pouvoirs supplémentaires au gouvernement, où sont les résultats? Qui est
responsable, ici, de cette situation, de ces situations? Y a-t-il un pilote
dans l'avion? Et je vais reprendre la question du chef de l'opposition
officielle : Est-ce que le premier ministre, après six ans, prend une part
de responsabilité, qui lui revient, dans ces échecs qui...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente, le chef du Parti québécois
vient de parler de ce qui s'est passé à l'école Bedford. Rappelons-nous
ce qui est arrivé : des enseignants qui ont mis en place des concepts
religieux islamistes, O.K., où on ne
respectait pas la science. Et qu'est-ce qu'a fait le chef du Parti québécois
face à ça? Il a détourné le débat pour mettre dans le même panier ces
écoles-là avec des écoles privées de tradition catholique.
Une voix :
...
La Présidente :
...je reconnais le député de
Matane-Matapédia. Avez-vous une question de règlement? Et laquelle?
M.
Bérubé :
...prêter des intentions.
La
Présidente : On poursuit, on revient. C'est une critique du collègue,
ce qui est possible dans cette enceinte. M. le leader, je viens de trancher. M.
le premier ministre, poursuivez.
M. Legault : Mme
la Présidente, au moment où on doit débattre d'un sujet qui touche toutes les
sociétés, aujourd'hui, le risque qu'il y ait
des concepts religieux islamistes dans nos écoles, tout ce qu'a trouvé de bon à
dire le PQ, c'est de déposer une motion pour abolir le financement des
écoles privées de tradition catholique, comme s'il fallait mettre, au Québec, dans le même panier l'islamisme
et la religion catholique. C'est gênant, gênant d'entendre le PQ. Puis
le pire, c'est que le Parti libéral est embarqué là-dedans, pour décider d'en
sortir en fin de semaine passée.
La Présidente :
En question principale... En
question complémentaire, première complémentaire, M. le chef, je veux
vous entendre, et uniquement vous.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Quel spectacle désolant,
Mme la Présidente! Quelle manière irresponsable de répondre à une
question toute simple!
La
Présidente : M. le leader du gouvernement, brièvement.
M. Jolin-Barrette : ...Mme la Présidente, ce
sont des propos blessants. On doit se respecter, dans cette Chambre. Vous-même,
vous-même, vous l'avez dit...
Des voix :
...
La Présidente : 32, 37. Demeurons
respectueux. On parle ici de critique. On parle ici de la responsabilité.
Poursuivez, chef.
M. St-Pierre Plamondon : On parle ici de la perte
de contrôle du gouvernement sur ce qui se passe à la DPJ, de la perte de
contrôle et de l'incompétence du gouvernement sur ce qui se passe en éducation.
Après
six ans, est-ce que le premier ministre est prêt à prendre sa part de
responsabilité dans ces dérives, dans ce désastre, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, revenons sur ce qui se passe à la DPJ. Il y a une explosion de
la demande à cause de la pandémie, à cause de la drogue puis à cause de
l'explosion du nombre d'immigrants temporaires. Et ce n'est pas moi qui le dis, Mme la Présidente. Le chef du PQ s'est rallié
à la CAQ. Rappelez-vous, rappelez-vous, la CAQ, on était les seuls à dire : Il faut réduire
le nombre d'immigrants, il faut en prendre moins mais en prendre soin.
Qu'est-ce que disait le PQ à l'époque? Il faudrait mettre en place un
comité d'experts pour établir combien on peut en accueillir. Mme la Présidente,
tout à coup, le PQ se réveille...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault : ...puis il se rallie à la
CAQ en disant : Il faut réduire de moitié le nombre d'immigrants
temporaires.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, je ne cacherai pas mon découragement
par rapport à ces réponses vis-à-vis de
l'importance du sujet que toutes les oppositions tentent d'aborder avec le
premier ministre. Mais je vais me reprendre.
Donc, je vais réessayer pour une troisième fois, après que le chef de
l'opposition officielle ait essayé.
Est-ce que le premier
ministre du Québec, après six ans au pouvoir, est prêt à prendre une certaine
part de responsabilité dans les événements désolants qu'on constate tant en
éducation, dans le réseau scolaire, qu'à la DPJ?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, je prends toute la responsabilité, j'ai toujours pris mes
responsabilités. Je ne suis pas comme le chef du PQ, qui change d'idée
continuellement, continuellement, puis qui a une solution, une seule solution à tout, faire un référendum sur la
souveraineté, hein? Comment on réduit l'immigration du gouvernement fédéral?
La souveraineté. C'est ça, sa seule solution, sa seule proposition.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mercier.
Financement des écoles à vocation religieuse
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. La semaine passée, la CAQ a été la seule à bloquer une
motion de Québec solidaire qui demande
d'envisager de mettre fin au financement public des écoles privées religieuses.
Pour se justifier, le premier ministre a créé de la confusion en
mélangeant les écoles privées laïques avec les écoles privées ayant des
pratiques explicitement religieuses. Plus tard, il s'est ravisé et a demandé au
ministre de l'Éducation et de la Laïcité, et
je le cite, «de n'écarter aucune option, et, si une ou des écoles ne respectent
pas les règles, vous pouvez être sûrs qu'on va agir». Fin de la
citation.
Moi, j'ai envie
d'informer le ministre de l'Éducation de ce qui se passe dans son réseau.
Chaque année, chaque année, la commission de
l'enseignement privé trouve des infractions quant au respect du programme
pédagogique dans les écoles
religieuses, mais il finit quand même par leur donner un permis. J'ai même ici
une liste de 15 écoles religieuses qui sont en infraction par
rapport au cours CCQ, Culture et citoyenneté québécoise, qui a été instauré par
la CAQ.
Pourquoi
le gouvernement de la CAQ continue à financer des écoles qui ne respectent pas
le régime pédagogique?
La
Présidente : La réponse du ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Mme la Présidente, d'abord, la
députée de Mercier parle d'un cours qui n'existe plus, hein? Éthique et
culture religieuse, ça n'existe plus. Le nouveau cours Culture et citoyenneté
québécoise a été mis en oeuvre par notre gouvernement.
Il a commencé officiellement dans toutes les écoles à la rentrée scolaire qu'on
vient de connaître. Et donc, Mme la
Présidente, on va s'assurer, effectivement, que le cours est bel et bien donné
dans les écoles québécoises, comme le prévoit le régime pédagogique.
La question de la
députée, Mme la Présidente, comment je dirais bien ça, leur ligne de conduite,
leur ligne de pensée, leur ligne de question, c'est de tirer des conclusions
avant qu'on fasse les vérifications. Mme la Présidente, on a reçu, le ministre
de la Laïcité et moi-même, un mandat du premier ministre d'évaluer la place des
religions dans les écoles, dans toutes les écoles. On va d'abord faire une évaluation
avant de tirer les conclusions.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme la Présidente,
chaque année, chaque année, il y a des écoles privées religieuses qui sont en
infraction, qui ne respectent pas le programme pédagogique. La liste de 15 que
j'ai ici, c'est un exemple par rapport au cours ECR
avant, et aujourd'hui CCQ. Le ministre de l'Éducation a renouvelé lui-même,
cette année, le permis d'une école juive, l'école Belz, malgré un avis
défavorable. Ses conseillers lui ont dit : Ne donnez pas de permis, et il
les a donnés quand même.
Pourquoi est-ce que le gouvernement continue à
financer des écoles qui sont en infraction?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Bernard
Drainville
M. Drainville : Mme la Présidente,
c'est inexact, ce qu'elle vient de dire. Oui, il y a eu un avis négatif au départ, et, par la suite, il y a eu des
corrections qui ont été apportées, et l'avis, effectivement, a été modifié en
avis favorable. Ça, elle se garde
bien de le dire, et pourtant elle le sait. Mais elle préfère faire de la petite
politique avec un enjeu qui est sensible.
La Présidente : Vous me voyez me
lever pour les mêmes motifs, tout à l'heure. Vous savez que vous ne pouvez dire ce terme, et je vous demande de le
retirer. Oui, monsieur... On avait ici une communion de pensée, M. le leader
du deuxième groupe. Je vous demande de retirer cette expression et de
poursuivre. Il vous reste 20 secondes.
M.
Drainville : Bien, de la grande politique, d'abord, Mme la
Présidente. Elle sait que c'est inexact. Pourquoi...
La Présidente : Vous retirez? Bon.
Des voix : ...
• (15 heures) •
La Présidente : Ce n'est pas drôle.
Il vous reste quelques secondes. Poursuivez.
M. Drainville : Mme la Présidente,
pourquoi pose-t-elle une question qu'elle sait factuellement incorrecte? Est-ce
qu'elle peut nous expliquer ça, pourquoi elle tripote les chiffres, les faits.
La Présidente : M. le leader...
Des voix : ...
La Présidente : Bon. Alors, deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme
la Présidente, il y a des infractions chaque année. Ici, ce que j'ai, ça, c'est
juste un exemple, 2014‑2015, une infraction d'une école qui ne donnait pas le
cours ECR, à l'époque, une autre en 2015, en 2017, en 2018, en 2020, en 2023, cette année. Il y a tout le
temps, tout le temps, tout le temps des écoles privées religieuses qui ne
respectent pas le programme pédagogique. Ce que je lui ai donné, c'est un
exemple.
Pourquoi est-ce que le gouvernement décide de
continuer à donner un permis, à donner de l'argent public pour enseigner la
religion dans une société laïque?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Mme
la Présidente, si j'étais à Québec solidaire, je serais un petit peu gêné de
poser une question sur la laïcité, eux qui ont voté contre le projet de
loi n° 21 sur la laïcité, eux qui étaient pour le
compromis, entre guillemets, Bouchard-Taylor
et qui ont fini par reculer là-dessus, hein? On se rappelle de la position du
député, là, l'ancien d'Option
nationale, là, qui était pour ça, Bouchard-Taylor, là, hein, j'ai oublié son
comté... Jean-Lesage, voilà, Jean-Lesage, il était pour ça. Ils ont
reculé là-dessus. Mme la Présidente, j'étais au congrès de Québec solidaire
quand ils ont reculé là-dessus. Savez-vous quoi? Ils sont même favorables au
visage couvert dans certaines circonstances...
La Présidente : En terminant.
M. Drainville : ...favorables
au niqab et à la burqa, Mme la Présidente, puis ils posent des questions sur la
laïcité.
La Présidente : Cela met fin à la
période de...
Des voix : ...
La Présidente : Cela met fin à la
période de questions et de réponses orales.
Des
voix : ...
La
Présidente : Est-ce que je vous dérange? Est-ce que j'ai bien entendu?
Motions
sans préavis
Comme il n'y a pas de
votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis. Pour ce
faire, je cède maintenant la place au troisième vice-président de l'Assemblée
nationale. Bonne fin de journée. À demain.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, bonjour, collègues. Bon après-midi.
Alors, en fonction de
nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais
un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci, M. le Président. Je
sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia et le député de
Saint-Jérôme :
«Que l'Assemblée
nationale réitère l'importance de la laïcité de l'État québécois;
«Qu'elle constate que
le gouvernement du Québec finance chaque année des écoles privées
confessionnelles;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de recenser les écoles
privées subventionnées ayant des pratiques explicitement religieuses
afin d'en revoir le financement public.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement. Ce qui nous amène à
la prochaine motion, qui sera présentée par le troisième groupe
d'opposition, et je reconnais M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis :
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le ministre de la Sécurité publique, la députée de Westmount—Saint-Louis, le député d'Arthabaska, le député de Saint-Jérôme et la députée
de Vaudreuil, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que le Québec est une société démocratique et
reposant sur l'État de droit qui garantit et valorise la liberté
d'expression dans l'espace public de manière pacifique;
«Qu'elle rappelle que
cette liberté d'expression doit être exercée de telle sorte à ne pas mettre la
sécurité du public à risque;
«Qu'elle
constate que le récent blocage du pont Jacques-Cartier le 22 octobre
dernier a notamment provoqué une hausse des annulations d'interventions
médicales, dont au CHUM, qui a dû annuler un total de 437 rendez-vous;
«Qu'elle
rappelle que l'application légitime des lois adoptées démocratiquement en
matière pénale et criminelle ne peut être qualifiée de répression
politique;
«Qu'elle condamne le
plus récent blocage intentionnel du pont Jacques-Cartier à Montréal.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? Allez-y, M. le leader adjoint du gouvernement.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement,
sans débat. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Leduc :
M. le Président, j'ai une question de règlement.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Oui?
Question de règlement sur la recevabilité d'une motion
sans préavis
M. Alexandre
Leduc
M. Leduc :
J'aimerais invoquer une question de règlement quant à la motion déposée à
l'instant. Vous me permettrez donc de soumettre rapidement quelques arguments.
Je vous soumets donc qu'en
vertu de l'article 35, paragraphe 3° du règlement de l'Assemblée nationale...
que la motion semble irrecevable selon la règle de sub judice.
Je vous cite
l'article en question, l'article 35 : «Paroles interdites et propos
non parlementaires — Le
député qui a la parole ne peut :
«3° parler
d'une affaire qui est devant les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire,
[et] qui fait l'objet d'une enquête, si les paroles prononcées peuvent
porter préjudice à qui que ce soit.»
En effet, quelques
éléments du texte pourraient impacter directement les procédures judiciaires en
cours. Le libellé déposé par mon collègue de Jean-Talon vise à transposer à
l'Assemblée nationale un débat judiciaire qui doit et qui sera réglé dans un
processus judiciaire en bonne et due forme.
En faisant référence à la répression politique,
la motion utilise un argument qui sera utilisé par les avocats de la défense.
En demandant de se prononcer sur cet argument, la motion ne respecte pas la
règle de sub judice.
En faisant
référence au blocage intentionnel, la motion utilise un argument qui sera
utilisé par les avocats de la couronne. En demandant de se prononcer sur
cet argument, la motion ne respecte pas la règle de sub judice.
Sur la pertinence politique de bloquer le pont
Jacques-Cartier pour une quelconque cause, Québec solidaire s'est déjà
prononcé, c'est inutile, et nous sommes contre ce genre de stratégie. Nous
sommes en train de perdre la lutte contre les changements climatiques, le
gouvernement de la CAQ n'en fait pas assez, mais de bloquer le pont n'aide rien
ni personne.
Cela étant dit, ces arguments...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je comprends, M. le
leader... M. le leader adjoint du...
M. le leader du deuxième groupe d'opposition, vous soulevez un débat sur la
recevabilité de la motion. C'est bien ça?
M. Leduc : ...je lui
demanderais de retirer ses paroles, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Écoutez,
je... Écoutez, écoutez, je veux bien, mais je ne l'ai pas entendu,
personnellement.
Donc, ce que je vous demande, collègues, ce que
je vous demande, collègues...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! Je veux bien vous entendre. Allez-y dans le respect.
Je pense que vous soulevez un débat sur la
recevabilité de la motion. C'est bien ça? Allez-y.
M. Leduc : ...cela
étant dit, ces arguments ne nous permettent pas, à nous, de nous substituer aux
juges et à commencer à commenter, d'un côté comme de l'autre, la qualité
ou la pertinence des arguments qui seront...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : M.
le leader... M. le leader du gouvernement, allez-y. Un instant.
M. Jolin-Barrette : ...premièrement,
à ce stade-ci, il ne peut pas invoquer la recevabilité, O.K., de ça ou non.
Deuxièmement, M. le Président, il est en train
de plaider.
Troisièmement,
M. le Président, je trouve ça extrêmement curieux que Québec solidaire sache
déjà c'est quoi, la défense, M. le Président, du prévenu, M. le
Président.
Des voix : ...
M. Jolin-Barrette : Laissez-moi
terminer, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : M. le leader du gouvernement, terminez... M. le leader du
gouvernement...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je suis debout. Je
suis debout. S'il vous plaît!
M. le leader,
je vais vous demander de vous asseoir. M. le leader du deuxième groupe
d'opposition, je vais vous demander de vous asseoir.
M. le leader du gouvernement, je vous donne la
parole succinctement, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : ...Québec
solidaire est en train de plaider les arguments de la défense de quelqu'un qui
a contrevenu, qui s'est fait arrêter par les policiers, qui a fait en sorte que
des centaines de Québécois n'ont pas pu aller à leur rendez-vous médical, M. le
Président...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : M. le leader, il n'y a pas de débat sur le fond de la motion. Je vais
demander à...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le leader, je vous ai entendu. Je vais demander à M. le
leader du deuxième groupe d'opposition de terminer, s'il vous plaît.
M. Leduc : Je
vais continuer mon plaidoyer. Je terminerai en vous citant un extrait de La
procédure parlementaire du Québec, à la page 648 :
«Le député qui a la parole ne peut évoquer...»
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Monsieur... M. le leader du gouvernement...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! Je suis debout. Je suis debout. M. le leader du
gouvernement, je vous demande de vous
asseoir. M. le leader du deuxième groupe d'opposition, je vais vous demander de
compléter sur la recevabilité. Allez-y brièvement, s'il vous plaît.
M. Leduc : La
page 648 de La procédure parlementaire du Québec : «Le député
qui a la parole ne peut évoquer une affaire dont un tribunal ou un
organisme quasi judiciaire est saisi ou qui fait l'objet d'une enquête si les
paroles prononcées peuvent porter préjudice à quelqu'un. C'est la règle du sub
judice. Elle s'applique à toutes les affaires dont l'Assemblée peut être
saisie, incluant le texte des motions, les interventions au cours d'un débat et
les questions orales et écrites — etc.
De même, elle s'applique au dépôt de pétitions. De plus, la règle de sub judice
s'applique aussi longtemps que dure une instance judiciaire ou quasi judiciaire
ou encore une enquête, y compris pendant le délai d'appel.
«[...]On s'attend des députés à ce qu'ils
s'abstiennent de discuter des affaires qui sont devant un tribunal criminel non
seulement pour protéger les personnes qui subissent un procès et risquent d'en
souffrir, peu importe son issue, mais aussi
pour éviter que les débats à la Chambre affectent le cours du procès. Une
application stricte de la règle du
sub judice en matière criminelle et pénale assure le respect de l'intégrité du
processus judiciaire et ne peut souffrir d'aucune exception, puisque sa
violation peut mener jusqu'à l'arrêt des procédures.»
J'aimerais donc vous entendre, M. le Président,
sur la recevabilité de la motion concernée. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
il y a un débat sur la recevabilité de la motion qui a été soulevé. M. le
leader adjoint du gouvernement... M. le leader du gouvernement, j'aimerais vous
entendre sur la recevabilité.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M.
le Président, la motion est recevable. On vient d'avoir un énoncé clair de
Québec solidaire qu'ils sont en
faveur de la désobéissance civile, qu'ils sont radicaux, qu'ils défendent, M.
le Président... Ils font tout pour bloquer quelqu'un... une motion qui
vient dénoncer le fait que quelqu'un a bloqué le pont Jacques-Cartier parce que
c'est leur ancien candidat de Québec solidaire. Les gens qui se présentent
pour...
Des voix : ...
• (15 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le leader du
gouvernement, s'il vous plaît! S'il
vous plaît! Je comprends, je vous ai bien entendu, mais ce que vous venez de
dire n'est pas sur la recevabilité de la motion. Alors, je vais
demander : Est-ce que j'ai d'autres interventions sur la recevabilité de
la motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, terminez sur la recevabilité, M. le leader.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, dans le cadre des affaires que nous entendons ici, dans le cadre des
motions, ce sont des expressions, et
l'Assemblée est souveraine et peut se prononcer sur ce genre de sujet. Et c'est
un sujet qui est connexe et qui ne
vise pas le principal, M. le Président. Alors, ce que Québec solidaire est en
train de faire, c'est d'empêcher l'Assemblée nationale d'exercer sa
souveraineté pour éviter de se prononcer, pour protéger un de leurs membres
actifs qui s'est présenté pour eux, M. le Président. C'est...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le leader du gouvernement. M. le chef du troisième groupe d'opposition, sur
la recevabilité de la motion.
M. Paul St-Pierre
Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Seulement sur la recevabilité, M. le Président, au
nom du Parti québécois, j'aimerais qu'on relise ensemble l'article 35.3°. C'est
un article qui est fait pour qu'on ne discute pas de litiges devant les
tribunaux et qu'on ne cite pas ce qui se passe devant les tribunaux. Or, la
motion, si vous la lisez, elle porte de faits qui sont de connaissance d'office et qui sont rapportés dans
les médias et elle ne se limite qu'à ça. Donc, elle ne peut pas, pour reprendre
la libellé de l'article 3°... l'alinéa 3° de 35, il n'est pas question, ici,
«si les paroles prononcées peuvent porter préjudice à qui que ce soit», on
reprend des faits qui sont de connaissance d'office dans le but de se prononcer
à titre d'Assemblée.
Donc l'article 35, paragraphe 3°, ne
s'applique pas, en l'espèce, et le point est non fondé.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci. Écoutez, j'ai entendu tout le monde sur cet
aspect-là, je vais donc... Une dernière intervention, M. le leader du
gouvernement. Brièvement.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Je vous invite, derrière votre décision, M. le Président, à réfléchir. Si
jamais ce qui vous est soulevé par le député
d'Hochelaga-Maisonneuve était fondé, ça signifie que le débat qui a été accordé
par la présidente sur le débat d'urgence touche exactement une situation
factuelle, touche exactement une situation où il y a une enquête de nature criminelle, M. le Président, où il y
aura peut-être des accusations. Alors, M. le Président, on est bien mieux de
fermer l'Assemblée, si on ne peut se
prononcer parce que Québec solidaire veut protéger ses amis qui se présentent
pour eux, pour ne pas qu'on dénonce leurs gestes.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Alors,
je vais donc suspendre les travaux quelques instants pour une décision
sur cet aspect.
Les travaux sont
suspendus.
(Suspension de la séance à 15
h 13)
(Reprise à 16 h 05)
Décision de la présidence
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Je suis maintenant prêt à rendre ma décision.
Le
leader du deuxième groupe d'opposition soulève que la motion sans préavis
présentée par le député de Jean-Talon serait
irrecevable parce qu'elle ne respecterait pas notre règlement, plus précisément
l'article 35.3° concernant la règle du sub judice.
Comme le mentionne notre
jurisprudence, «lors de la présentation d'une motion sans préavis, la
présidence ne se prononce généralement pas d'office sur sa recevabilité. [...]Toutefois,
à partir du moment où on soulève la question de
la recevabilité, la présidence a l'obligation de statuer en tenant compte des
règles du droit parlementaire.» J'ai en tête deux exemples où la
présidence a jugé que des motions sans préavis étaient irrecevables parce
qu'elles n'étaient pas conformes au
règlement. Je vous réfère aux décisions 191/5 et 35(7)/7 de notre
jurisprudence. Il est également bien établi que la recevabilité d'une motion peut être soulevée en tout temps, et, à
partir du moment où cela est fait, la présidence doit en tenir compte.
En
l'occurrence, le paragraphe 3° de l'article 35 de notre règlement prévoit
que le député qui a la parole ne peut «parler d'une affaire qui est
devant les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire, ou qui fait l'objet
d'une enquête, si les paroles prononcées peuvent porter préjudice à qui que ce
soit».
Dans le cas
particulier à l'origine de la motion présentée par le député de Jean-Talon, des
accusations de méfait ont été portées à l'égard des militants qui auraient
participé au blocage du pont Jacques-Cartier le 22 octobre dernier. De plus, certaines portions de la motion réfèrent
directement à des éléments susceptibles d'être au coeur des procès à venir.
Comme la présidence
l'a précisé en 2016, et je cite : «Un examen attentif de l'ensemble de la
jurisprudence parlementaire démontre qu'à l'Assemblée nationale, l'application
de l'article 35.3° en matière criminelle et pénale par les différents présidents qui se sont succédé
depuis 1984 est claire, constante et sans ambiguïté : il s'applique d'une manière
stricte puisque le préjudice est présumé.»
Comme l'explique La
procédure parlementaire du Québec, on s'attend des députés à ce qu'ils
s'abstiennent de discuter des affaires qui sont devant un tribunal criminel non
seulement pour protéger les personnes qui subissent un procès et risquent d'en
souffrir, peu importe son issue, mais aussi pour éviter que les débats de la
Chambre affectent le cours du procès. Une
application, et je souligne, «stricte» de la règle du sub judice en matière
criminelle et pénale assure le
respect de l'intégrité du processus judiciaire et ne peut souffrir d'aucune
exception, puisque sa violation peut mener jusqu'à l'arrêt des
procédures.
L'Assemblée nationale
est souveraine, mais elle doit également tenir compte des droits des
justiciables. Dans de tels cas, il revient à
la présidence de trouver l'équilibre entre permettre à l'Assemblée de débattre
de sujets et respecter la préservation des pleins droits des
justiciables.
Les faits de
l'affaire mentionnée dans la motion du député de Jean-Talon sont actuellement devant
les tribunaux, et il revient à ces derniers de trancher cette question.
Je rappelle que
l'Assemblée demande aux tribunaux de respecter le principe de séparation des
pouvoirs de l'État et qu'elle veille à ce que ses privilèges et ceux de ses
membres soient reconnus par les tribunaux. En contrepartie, l'Assemblée veille
à respecter le rôle des tribunaux à cet égard. C'est pourquoi la présidence
veille à préserver la liberté de parole des députés dans la mesure où,
lorsqu'ils s'expriment, cela est fait dans les limites de ce que prévoit notre
règlement et sa jurisprudence. Voilà l'essence même de ce qui est codifié à
l'article 35.3° de notre règlement.
Avant de conclure, je
répondrai à deux arguments qui ont été mentionnés plus tôt. En ce moment, ce
qui est en cause à la DPJ et ce qui fera l'objet du prochain débat d'urgence,
ce sont des enquêtes, il n'y a pas d'accusations de portées. Si la cause est portée devant les tribunaux, l'Assemblée devra
en conséquence en tenir compte. Dans le cas présent, il ne s'agit pas de
la même situation.
• (16 h 10) •
Quant à l'argument que les
faits en cause sont connus d'office et qu'ils ne seraient pas soumis à la règle
du sub judice pour cette raison, je vous
réfère à une décision rendue le 24 mars 2016, qui énonce clairement que
«[la] raison pour laquelle on ne peut
faire référence, ne serait-ce qu'indirectement, à un constat d'infraction pénale
et qu'on ne peut non plus parler d'un
acte d'accusation criminel — et
je souligne, ici — qui est public est que lorsqu'il y est fait
allusion, la discussion sur les actes visés par les accusations
s'ouvre. Il s'agit, en matière criminelle, du coeur de l'affaire.» C'est
pourquoi l'échange parlementaire et politique ne pouvait être permis, puisque
l'audition sur les faits doit se tenir devant le tribunal et non sur le parquet
de l'Assemblée nationale.
En conséquence, puisque la motion présentée par
le député cible les actes visés par les accusations criminelles de même que des arguments soulevés par des
parties, ce qui constitue le coeur de cette affaire, je me dois de déclarer
cette motion irrecevable.
Je mentionne encore, en terminant, que
l'Assemblée peut aborder des enjeux qui sont à l'étude devant les tribunaux, mais tout dépend de la manière de le
faire et du libellé des motions présentées. En conséquence, si tel est le
souhait des parlementaires, il sera possible, lors d'une autre séance,
de présenter une motion sur ces enjeux en respectant les balises dont je viens
de vous faire part.
Je suis donc
maintenant prêt à reconnaître le prochain intervenant, et ce sera un membre du
groupe parlementaire formant le gouvernement. M. le ministre responsable
de la Laïcité.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Matane-Matapédia :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que l'opposition officielle appuie le
renforcement de la Loi sur la laïcité;
«Que l'Assemblée nationale réitère son appui à
la Loi sur la laïcité de l'État.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : Pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, pour la prochaine motion, qui revient à un
membre du groupe formant l'opposition officielle, je reconnais Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme
Garceau : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne, le député des Îles-de-la-Madeleine
et la députée de Vaudreuil :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des nombreuses problématiques touchant la
protection de la jeunesse au Québec sous le présent gouvernement,
notamment des abus d'enfants et de jeunes mineurs en famille d'accueil et en
centre jeunesse, le placement erroné d'enfants, des procédures d'adoption
irrégulières, des enjeux d'hébergement non sécuritaire ainsi que la production
de documents frauduleux et trompeurs par la DPJ devant un tribunal;
«Qu'elle constate que ces problématiques graves
minent la confiance du public envers la DPJ, une institution névralgique pour
la protection de nos enfants les plus vulnérables;
«Qu'elle rappelle que des recommandations phares
de la commission Laurent telles que la nomination d'un Commissaire au bien-être et aux droits des enfants ainsi que l'adoption
d'une Charte des droits de l'enfant se font toujours attendre, et ce,
plus de trois ans et demi après la fin des travaux de cette commission;
«Qu'enfin, elle réclame la mise en place de ces
mesures de façon urgente.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement.
Toujours à la rubrique des motions sans préavis,
une motion sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire
formant le gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la
lecture d'une autre motion sans préavis. Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement. Allez-y, M. le leader adjoint du gouvernement.
Entériner
le mandat de procéder à des consultations
particulières sur le projet de loi n° 74
M. Lévesque (Chapleau) : ...M. le
Président. Donc, je demande le consentement pour déroger à l'article 84.1
de notre règlement afin de déposer une motion rétroactive de consultations
particulières donnant suite à une entente entre les leaders, la députée
indépendante de Vaudreuil, le député d'Arthabaska et le député de Saint-Jérôme.
Je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que l'Assemblée nationale entérine le mandat
donné à la Commission des relations avec les citoyens, dans le cadre de l'étude
du projet de loi n° 74, la Loi visant principalement à améliorer
l'encadrement relatif aux étudiants étrangers, de procéder à des consultations
particulières et de tenir des auditions publiques le mardi 5 novembre
2024 de 9 h 45 à 12 h 25
et après les avis touchant les travaux des commissions vers 15 h 15
jusqu'à 19 h 20, et le mercredi 6 novembre 2024, après les avis touchant les travaux des
commissions vers 11 h 15 jusqu'à 12 h 50 et de
15 heures à 18 h 15;
«Qu'à cette fin, la commission entende
les personnes et organismes suivants : Commissaire à la langue française,
Université du Québec, Université de Montréal, Université de Sherbrooke, Université
Laval et Université McGill conjointement,
Union étudiante du [cégep], Fédération des cégeps, Fédération des centres de
services scolaires, Université de
Bishop et Université Concordia conjointement, Fédération de l'enseignement collégial[...], Fédération étudiante collégiale, École de technologie supérieure, Chambre de
commerce du Montréal métropolitain, Association des collèges privés du Québec, Fédération
des chambres de commerce du Québec,
Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec[...];
«Qu'une période de
12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de la manière
suivante : 6 minutes pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 minutes 36 secondes pour l'opposition officielle,
1 minute 12 secondes au deuxième groupe d'opposition, 1 minute
12 secondes pour le député indépendant;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 35 minutes partagées ainsi :
17 minutes 30 secondes pour le [...] gouvernement,
10 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle, 3 minutes
30 secondes pour le deuxième groupe d'opposition, 3 minutes
30 secondes pour le député indépendant;
«Qu'une suspension de
5 minutes soit prévue entre les échanges avec chaque personne et
organisme;
«Que
le ministre de l'Immigration, de la
Francisation et de l'Intégration soit
membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : Consentement.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Nous en sommes
maintenant aux avis touchant les travaux des commissions, et j'avise cette
Assemblée que la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 63, la Loi modifiant la Loi
sur les mines et d'autres dispositions,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
institutions va poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le projet de loi n° 73, Loi visant à contrer le
partage sans consentement d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en matière civile des personnes victimes
de violence, aujourd'hui, après les
avis touchant les travaux des commissions jusqu'à 19 h 20, à
la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
finances publiques va entreprendre l'étude détaillée du projet de loi n° 77, la Loi modifiant principalement des lois instituant
des régimes de retraite du secteur public, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 19 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de
l'économie et du travail va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 71, la Loi visant à améliorer l'accompagnement des personnes et à simplifier le régime
d'assistance sociale,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 19 h 15, à
la salle Pauline-Marois.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Consentement.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
À la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous informe que demain, lors
des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale constate la fermeture de plusieurs dizaines
de classes de francisation partout au Québec;
«Qu'elle demande au
gouvernement du Québec de s'engager à réinstaurer les services de francisation
en milieu scolaire qui ont été interrompus
dans les dernières semaines et à prendre tous les moyens nécessaires pour
éviter de nouvelles fermetures de services dans ces milieux.»
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Débat d'urgence sur les
allégations d'inconduite sexuelle sur des enfants
et des jeunes mineurs en famille d'accueil et en centre jeunesse
impliquant la direction de la protection de la jeunesse
Aux affaires du jour,
l'Assemblée tiendra maintenant le débat d'urgence au sujet des allégations
d'inconduite sexuelle sur des enfants et des jeunes mineurs en famille
d'accueil, en centre jeunesse, qui implique la direction de la protection de la
jeunesse, demandée par M. le leader de l'opposition officielle.
Je vous informe que
la répartition du temps de parole se fera comme suit : 57 minutes
allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement,
31 min 4 s allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 20 min 34 s
allouées au deuxième groupe d'opposition, 6 min 51 s allouées au
troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s allouées à
chacun des députés indépendants.
Dans
le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces
consignes, les interventions ne sont soumises à aucune limite de temps.
Enfin, je rappelle
aux députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat,
ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau :
Merci beaucoup, M. le Président. Je comprends que cette mesure est
exceptionnelle. C'est un débat d'urgence. Je remercie Mme la Présidente pour sa
décision, plus tôt, pour qu'on puisse avoir de la transparence, je dirais, de
ce gouvernement, du ministre, concernant le système de protection de la
jeunesse.
• (16 h 20) •
Et plus
particulièrement, M. le Président, nous sommes dans une situation, je dirais,
critique, dans ce système. Nous avons des
enfants dont les droits sont lésés de nature significative. On est dans une situation
où les scandales, puis je vais les nommer des scandales, depuis au moins
les deux dernières années mais dans les dernières semaines... on est devant des
situations où, le ministre a mentionné, ça lui lève le coeur. Moi, j'avais
dit : Je suis entièrement dégoûtée. C'est des situations aberrantes,
choquantes. Et toute la population, les Québécois, les Québécoises, les
parents, les parlementaires, on se pose la question : Comment se fait-il,
comment se fait-il, M. le Président, qu'on est arrivés qu'on est encore dans cette situation où on a des
mineurs, des enfants qui sont abusés sexuellement dans des centres de
réadaptation, des centres jeunesse?
Mais
là on va parler du centre Cité-des-Prairies, en particulier, parce que, là,
c'est du jamais-vu. Là, c'est au-delà d'être choqué. C'est aberrant. Pensez-y.
On a même une éducatrice, on nous indique, qui a tombé enceinte, qui a eu un enfant,
une autre peut-être qui est enceinte. Mais nous sommes devant des situations
que le système n'est pas en train de
s'améliorer avec le temps. Là, on est dans des situations où c'est de pire en
pire. C'est un système qui est en train de se détériorer, qui est
complètement brisé. Le public a perdu la confiance dans un système de
protection de la jeunesse qui est là pour protéger nos enfants et la jeunesse.
Et donc comment se fait-il qu'après tous les travaux de la commission Laurent,
pendant deux ans, avec des centaines de témoins, des centaines de mémoires et
toutes les recommandations qui découlent de ce rapport, 65 recommandations
mais 251 pistes de solution... Et on a même le communiqué de presse d'un comité de suivi indépendant qui disait, le
1er mai 2024, donc il y a seulement quelques mois, qu'ils avaient «analysé
finement ce qui se trouve dans le peu de matériel accessible, et déjà on peut
s'inquiéter à différents égards. Par exemple, une
seule nouvelle recommandation semble avoir fait l'objet de travaux, dans les
deux dernières années. La cadence actuelle est trop lente. À ce rythme, près de 20 ans — pas
cinq, pas 10, près de 20 ans — seront
encore nécessaires pour mettre en oeuvre l'ensemble des recommandations.
Même en tenant pour acquis que toutes les mesures mises de l'avant par le gouvernement répondent convenablement aux
recommandations, les pourcentages objectifs d'état d'avancement parlent
d'eux-mêmes.» C'est quand même assez choquant.
Et
on tente d'expliquer, on tente de trouver les motifs, les explications, comment
se fait-il que ça, ça s'est produit, cette situation à Cité-des-Prairies,
pendant au-delà d'un an et demi, pendant au-delà d'un an et demi. Puis c'est ça qui
est difficile, M. le Président, à comprendre, l'aveuglement volontaire d'un
système de protection de la jeunesse...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui. Bien, en fait, c'est
un mot au lexique. Donc, on demanderait à la députée de bien vouloir le
retirer.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Je
vais vous demander, Mme la députée de Robert-Baldwin, de faire
attention, d'être prudente dans vos interventions. Poursuivez.
Mme Garceau :
O.K.Et...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Le
mot étant au lexique, donc, alors, je vais vous demander de le retirer, Mme la
députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : ...retirer,
M. le Président. Mais c'est sûr et certain qu'il n'y a pas eu de surveillance,
il y a un laxisme important qui a fait en sorte que ces enfants-là ont été
sexuellement abusés pendant plusieurs mois.
Et il y a un manque de transparence, à ce
stade-ci, M. le Président, du ministre, parce que, là, on est ici en état d'urgence. Pourquoi? Parce que la situation
s'aggrave, mais aussi le ministre le mentionne publiquement, qu'il y a des
enquêtes ailleurs. Et là je crois que
c'est le moment de rendre des comptes, c'est le moment aujourd'hui de nous
dire, de nous expliquer, dans tous
les centres de jeunesse, les centres de réadaptation, on parle de combien
d'enquêtes, en ce moment, pour n'importe quelle raison, pour quelque
motif, on parle combien d'enquêtes menées à l'interne, combien d'enquêtes
policières. Parce qu'évidemment,
aujourd'hui, il y a eu d'autres révélations, dans les médias, concernant le
centre jeunesse à Laval et en Montérégie. Et, là encore, question
d'éducatrice qui est en train d'aussi abuser un enfant, et là qui se retrouve...
qui a démissionné et qui se retrouve à
Cité-des-Prairies. Donc, comment se fait-il qu'on est dans des situations où,
d'un centre jeunesse à un autre, il
n'y a aucune information qui est transférée, concernant un dossier d'une
employée, d'un éducateur, une éducatrice, liée à des allégations, des
enquêtes, particulièrement, liées à des allégations d'abus sexuels?
On a, M. le
Président, une situation également, dans les derniers mois, où c'est
préoccupant, c'est très préoccupant, parce
qu'on a la... en Mauricie—Centre-du-Québec, ça faisait au-delà un an et demi que je demandais au ministre de
mettre sous tutelle la Mauricie, ce centre jeunesse, parce qu'il y
avait... déjà, à cette époque-là, on avait des témoignages, des gens qui nous disaient qu'il y avait... on était
en train de falsifier des documents, on était en train de... des intervenantes
qui disaient une chose aux parents et, rendu devant un tribunal, c'était
une autre histoire, et donc ils perdaient leurs enfants. On parlait de
magouilles dans le système, mais on a attendu.
• (16 h 30) •
Et là, il y a quelques semaines, encore scandale
choquant, des adoptions d'enfants qui auraient dû... qui ont... je vais le
mentionner, et choquant, parce que je ne peux pas croire qu'il y a des enfants
qui ont été adoptés sur de faux documents menés par la protection de la
jeunesse et qu'il y a des parents qui ont perdu leurs enfants. Ils ont causé
des dommages irréparables. Pensez aux parents qui ont pris connaissance, dans
les médias, un matin, il y a quelques semaines, où on fait cette grande
révélation concernant le fait qu'il y a des enfants, des bébés, après leur
naissance... et le ministre est très au
courant, il avait même émis une directive à la DPJ de ne pas retirer les bébés
après leur naissance, et cette directive n'a pas été respectée, et donc
il y a des enfants, malheureusement... et on a des témoignages, j'ai reçu des
lettres, des courriels, des appels de parents qui sont complètement démunis par
le système. Ils ont été trahis par un système qui devait les protéger et leurs
enfants. Ils ont perdu leurs enfants à jamais, ils ne pourront jamais être...
ils ne pourront jamais parenter ces enfants. C'est épouvantable, M. le
ministre... — M.
le ministre! — M.
le Président.
Et il y a eu une série, une série, M. le
Président, de situations aberrantes depuis les deux dernières années, malgré le rapport de la commission Laurent, malgré
la décision du ministère des Services sociaux de diviser les recommandations dans trois phases. Et j'ai été
dans des périodes de questions, dans des périodes de crédits, avec le projet
de loi sur la nomination du Commissaire au
bien-être et aux droits des enfants, et j'ai questionné souvent le ministre sur
plusieurs enjeux qui affectent la protection de la jeunesse, qui minent à la
crédibilité de la protection de la jeunesse, et que le système est brisé, la
population a perdu confiance. Et, même lorsque la bâtonnière, Me Claveau, avait
écrite une lettre transmise à trois
ministres, incluant le ministre de la Justice et la ministre des Services
sociaux, concernant la crise, il y avait urgence d'agir en DPJ en
raison... on avait atteint le précipice au niveau des lésions de droits des
enfants, on a répondu quand à cette lettre, à cette... le cri du coeur de la
bâtonnière? On n'a pas répondu à l'été, on n'a pas répondu non plus en septembre, c'était plusieurs mois
après. Donc, sentiment d'urgence, au niveau du ministre, n'est pas là, malgré
l'ampleur et la gravité des situations, des scandales.
Et on commence, M. le Président... les taux
fulgurants de signalements, on a des causes de... Encore une fois, combien de fois est-ce que je le répète,
concernant la violence conjugale et le manque de formation des intervenantes,
et qui fait en sorte que des mères... Et je continue à recevoir, à ce
jour, des appels des mères qui ont perdu la garde de leurs enfants parce que
les intervenantes n'ont pas bien évalué le dossier, parce qu'ils n'ont pas la
formation adéquate, nécessaire en violence conjugale. On avait commencé avec
une heure, une heure de formation. Ce n'est pas possible, une heure de
formation pour évaluer le sort de ces enfants-là. Et souvent ils vont d'une
famille d'accueil à une autre famille d'accueil, puis ça continue comme ça
pendant des années. Et, les parents, on n'offre pas aux parents les outils, les services en amont pour qu'ils puissent
reprendre leurs enfants. Parce que c'est ça, l'objectif, à un moment donné,
c'est d'aider les enfants pour que les parents puissent les reprendre et
non pas, comme la présidente... Une des premières conversations que j'ai eues,
M. le Président, quand j'ai pris ce dossier de la protection de la jeunesse
après mon élection et ma nomination, c'était
la présidente des familles d'accueil qui m'avait dit : On est en train de
créer des enfants d'État parce qu'on
les laisse trop longtemps dans un système, compte tenu des délais des tribunaux
et compte tenu du manque de formation des intervenantes. Les juges se
fient sur les rapports de ces intervenantes-là pour prendre des décisions.
Et là on le sait, et c'est le côté que je trouve
absolument incroyable et aberrant, c'est qu'on le sait, la directrice nationale
le savait, le ministre le sait aussi qu'on a des employés, des intervenantes,
des gens de la DPJ qui falsifient des documents, qui ne disent pas la vérité et
qu'il ment devant les tribunaux, et les superviseurs, les directrices sont au courant. La DPJ n'est pas au-delà de la loi. Les
tribunaux, les juges l'ont mentionné à plusieurs reprises. Mais qu'est-ce qu'on
a fait? Quelles mesures concrètes est-ce
qu'on a mises en place pour s'assurer qu'on protège l'intégrité, l'intégrité du
système qui doit protéger nos enfants?
Et je l'ai
dit et je vais le redire aujourd'hui, parce qu'il est là, le problème, M. le
Président, il y a... puis le ministre l'a mentionné à plusieurs
reprises, problème de culture, et c'est pour cette raison que la situation ne
s'est pas améliorée. Et Mme Lemay, la directrice nationale, qui... je
croyais, avec son parcours, son expérience — c'est une ancienne directrice d'un centre jeunesse — qu'elle
aurait vu... immédiatement après sa nomination en 2021, il me semble qu'elle
aurait dû faire ce qu'on a commencé,
cet été, à faire. On va faire une révision de tous les centres jeunesse, on va
constater l'état des lieux. Mais comment se fait-il qu'on
ne l'a pas fait au début de son mandat? Elle n'est même pas... elle n'a même
pas mis les pieds à Cité-des-Prairies.
En ce moment, tout le monde se dit : Mais
ça n'a pas de bon sens, ça fait un an et demi que ces enfants-là sont abusés
sexuellement, puis la directrice nationale, quoi, elle a été mise au courant au
début du mois d'octobre, puis l'enquête a été... a commencé au mois d'août.
Puis là je pense que c'est la première fois que le ministre a mentionné que, ah! il a su, il a su de cette... de qu'est-ce
qui se passait une semaine avant la sortie publique. Mais qu'est-ce qu'on fait
depuis l'année et demie? C'est ça que je
tente de comprendre. Et les Québécois et les Québécoises qui ont lu ces
révélations-là n'en croient pas... que notre système, on est rendus à ce
point-là.
• (16 h 40) •
Et il est où, notre chien de garde, monsieur...
il est où, notre chien de garde? Parce que j'ai tenté, j'ai tenté de m'assurer
qu'on ait le chien de garde que Mme Laurent voulait, qu'elle a travaillé
deux ans avec sa commission, et c'était la
recommandation-phare du rapport Laurent d'avoir un commissaire au bien-être et
aux droits des enfants et une charte
des droits. On ne peut pas avoir un commissaire puis attendre trois, quatre ans
pour une charte. Et, quand j'avais... je questionnais le ministre à ce
sujet lors de l'étude détaillée du projet de loi, ce n'était pas urgent, une
charte, on peut attendre, on peut attendre
dans la troisième phase, on peut attendre deux, trois années, puis je tentais
d'avoir un engagement pour
dire : Non, non, c'est important. Elle voulait, Mme Laurent, la commission...
d'avoir un document quasi constitutionnel pour s'assurer qu'on protège les droits des enfants, qu'on s'assure que
leurs droits ne soient pas brimés, lésés à tout prix. C'était important là puis c'est encore plus
important aujourd'hui avec tous les scandales, tous les scandales qui
démontrent clairement qu'on est en train de brimer les droits de nos
enfants.
Et donc le
chien de garde, c'était supposé d'être le commissaire, parce que, clairement,
ce n'était pas Mme Lemay, la
directrice nationale. Et moi, j'aimerais bien savoir, M. le Président, quand
est-ce que le ministre a perdu confiance en Mme Lemay, parce que, moi, ça fait longtemps que j'ai perdu confiance
en Mme Lemay, puis je l'ai dit souvent. Et je sais qu'il y a plusieurs... des avocats, des avocates
qui travaillent dans le domaine, qui dénoncent, et ils le disent souvent, que
Mme Lemay, elle était où... elle était où sur le terrain? Qu'est-ce qu'elle
a fait depuis sa nomination en 2021? Elle était supposée d'avoir un plan
d'action pour la rétention et le recrutement des employés pour augmenter...
parce qu'on sait, il y a une pénurie. Il faut aider, il faut outiller nos
intervenantes. Qu'est-ce qu'elle a fait?
Et donc il
est sûr et certain que nous avons besoin de réponses aujourd'hui, M. le
Président, du ministre concernant le
système. Quelles mesures concrètes est-ce qu'il va mettre en place pour assurer
la sécurité physique, psychologique de nos enfants, leur bien-être et
d'assurer surtout qu'on cesse de brimer leurs droits, leur droit à la sécurité,
à la protection? C'est fondamental dans
notre démocratie. Si on ne peut pas assurer ça aujourd'hui, au Québec, en 2024,
M. le Président, c'est sérieux, là.
Donc, j'espère que le ministre va nous rassurer
aujourd'hui parce que, jusqu'à date, lorsqu'on parle que, la commission
Laurent, on voulait instaurer une société bienveillante pour nos enfants et nos
jeunes, on est très loin de cet objectif. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Robert-Baldwin. Et je reconnais maintenant M. le ministre des
Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, c'est vrai que j'ai dit plusieurs fois que
j'étais choqué, et je le dis sincèrement
quand je mentionne ça. Moi, je pense que... on m'a appris une chose dans la
vie, M. le Président, dans la vie,
quand on sait où est-ce qu'on s'en va, il faut savoir d'où on vient. Puis je
pense que c'est important de comprendre que le système des services sociaux, la pire chose qui lui est arrivée,
c'est le projet... c'est la loi n° 10 et la fusion
syndicale qui a suivie. Ce n'est pas moi qui le dis, M. le Président,
c'est la commission Laurent.
Je vais vous partager certains segments de cette
commission Laurent là. Selon les commissaires, cette réforme a été le point de rupture dans la dispensation et
l'organisation des services sociaux. Je le répète, point de rupture. Je tiens
à citer le rapport Laurent : «La réforme de 2015 a accéléré la perte de
leadership dans les services aux jeunes en difficulté. Nombreux sont les
témoins qui ont évoqué les impacts de la dernière réforme et les lacunes du
leadership assumé dans les services sociaux
tant au niveau provincial que local. En 30 ans, le réseau est passé de
plus de 900 établissements à
34 établissements. Le leadership psychosocial s'est graduellement
disséminé dans des établissements multimissions de plus en plus gros,
intégrant la mission de santé au détriment des missions sociales.»
De plus, je tiens à rappeler que la réforme de
2015 a aboli l'Association des centres jeunesse du Québec, et la commission
Laurent mentionne dans son rapport, et je cite à nouveau : «La preuve nous
révèle que sa disparition a eu des impacts
majeurs sur la capacité d'améliorer et d'harmoniser les pratiques en protection
de la jeunesse.» C'est pour cela, M. le Président, qu'on a créé le
congrès de la Directrice nationale de la protection de la jeunesse.
Donc, on arrive en 2018, M. le Président,
j'arrive en 2018, et le but, c'est de rebâtir un système qui est cassé,
littéralement cassé. Premièrement, quand on demande aux directions : Qui
s'occupe du dossier de la DPJ? Personne ne répond, personne ne lève la main.
Clairement, on me dit que la DPJ se situe au deuxième sous-sol des CISSS et des
CIUSSS, M. le Président. C'était à ce point
grave. Nous, on a travaillé vraiment, puis rapidement on a mis sur pied des
mesures pour que ça réponde au comité de direction, principalement au P.D.G.
adjoint, pour s'assurer que les choses soient faites de façon appropriée, M. le
Président. En fait, il y avait des dossiers que je ne mentionnerai pas ici,
mais tout aussi graves que ceux dont on parle aujourd'hui qui étaient sur mon
bureau à mon arrivée, M. le Président. Ce que j'ai fait, la première chose que
j'ai faite, j'ai contacté toutes les DPJ puis je les ai réunies à mon bureau à
Québec pour discuter
de l'état de la situation. Et, M. le Président, la première chose qu'ils m'ont
dite, ces DPJ là, c'était... c'est que c'était la première fois qu'ils
rencontraient un ministre pour discuter de l'état de la situation, pour vous
dire à quel point on a pris ça au sérieux dès le début, M. le Président,
de rétablir l'état des services jeunesse et des services de la DPJ en particulier. Puis ce redressement, il était à
deux niveaux, M. le Président. Il y avait un problème de financement chronique
sous les précédents gouvernements. On a
investi de façon massive en jeunesse, c'est plus que 560 millions de
dollars qu'on a rehaussé les services jeunesse en général depuis le...
dans notre premier mandat, je vous dirais, 650 millions depuis notre
arrivée au gouvernement, M. le Président, des investissements massifs.
Mais le plus
important, M. le Président, c'est qu'on a aussi réorganisé les services en
général, facilité l'accès aux services
jeunesse. Donc, on a revalorisé les services sociaux dans l'organigramme du
ministère et du réseau de la santé. Premièrement,
je suis le premier ministre responsable des Services sociaux. Donc, ça, c'est
un point important. Deuxièmement, dans
les établissements, maintenant, il y a une direction générale des services
sociaux via le projet de Santé Québec. Et, au ministère également, on a une direction générale des services
sociaux. Donc, maintenant, les services sociaux ont une voix qui est
importante partout à travers le réseau, M. le Président.
Ensuite, il ne faut
pas se le cacher, là, il faut en être fiers, on a tous contribué, mais c'est
quand même notre gouvernement qui a lancé la commission Laurent, qui a donné ce
mandat à Mme Laurent de nous dire qu'est-ce qu'il fallait faire pour
régler les problèmes au niveau des services sociaux et plus particulièrement au
niveau de la DPJ. Plus d'un an et demi de
travail, les commissaires, etc., un rapport avec plus de
60 recommandations, plus de 250 points d'action, M. le
Président, et ça, on l'a accueilli à bras ouverts en disant qu'on allait
compléter ces travaux-là et ne jamais tabletter le rapport de Mme Laurent,
chose qui a été saluée de tous.
• (16 h 50) •
Maintenant, quand on
organise les choses, M. le Président, il faut faire les choses dans un certain
ordre, si on veut avoir des résultats, on ne
peut pas tout faire en même temps. On ne peut pas tout faire en même temps, il
faut faire les choses dans l'ordre.
Et ce que la commission Laurent nous demandait et ce qu'on a fait, ça a été de
régler les problématiques en amont de
la protection de la jeunesse. Il faut savoir, M. le Président, que le
principal... moi, je le dis tout le temps, là, quand je rencontre les intervenantes, le principal problème de la
protection de la jeunesse, c'est la capacité de régler les problèmes avant qu'ils se rendent à la protection
de la jeunesse. On a vu, dans les 10 dernières années, une augmentation
incroyable du nombre de signalements, la députée de D'Arcy-McGee l'a mentionné,
et ça, c'était une chose qui était prioritaire, surtout dans le contexte d'une
certaine pénurie de main-d'oeuvre, il fallait ralentir cette augmentation des
signalements. Donc, nous, on a investi en amont de la DPJ, M. le Président,
pour s'assurer que les choses soient prises en
charge dans nos CLSC. Des programmes comme Agir tôt, des programmes comme le
programme intégré en négligence, le
programme de Crise-Ado-Famille, la prise en charge des santés... de la santé
mentale de nos jeunes. Tous des programmes qui sont... qui ont servi à
ralentir cette explosion des signalements qu'on a vécue dans les dernières
années.
Et, M. le Président,
je pense qu'on commence à voir des résultats significatifs. La dernière année,
ça a été la première fois, en plus de 10 ans, que l'on voyait d'année en
année une diminution du nombre de signalements à la protection de la jeunesse, un geste significatif. On a vu, au niveau de
la santé mentale, au cours des derniers mois, une réduction importante
des listes d'attente en santé mentale. On ne peut pas me dire que ça n'a aucun
impact, M. le Président, parce que plusieurs des causes de signalement sont
justement pour avoir des services en santé mentale pour nos jeunes ou encore des services pour des problèmes
d'apprentissage qui sont pris en charge par Agir tôt. Agir tôt, on parlait...
on visait... la cible, c'était de
voir 6 000... intervenir auprès de 6 000 enfants par année. On
intervient auprès de 30 000 enfants par année. Donc, tout ça, M. le Président, c'est des choses qu'on a faites
en amont de la DPJ, dans la première phase, et qui nous avaient été
demandées par la commission Laurent.
Une chose qui est
importante aussi de dire, quand Mme Laurent et ses collègues ont déposé le
rapport, c'est qu'ils nous ont dit que c'est
un travail colossal qu'ils nous remettaient entre les mains. Ils nous ont parlé
d'un travail qui devait s'échelonner sur une période de 10 ans, M. le
Président. 10 ans, c'est long. Et ce qu'on a dit, à ce moment-là,
c'est qu'on prenait la chose tellement au
sérieux qu'on voulait faire ces changements sur une période de six ans, et
on s'est attaqué... on a pris le taureau par les cornes et on a commencé
à faire ces actions-là.
Comme je vous ai dit,
la phase I, on pense qu'elle est prise en charge et qu'elle a été faite.
D'ailleurs, le fameux comité de suivi qui se
fiait sur notre site Web, là, pour dire si les actions étaient faites ou pas,
je leur ai dit personnellement, puis je l'ai dit au dernier mandat, que
j'allais les rencontrer, que j'allais travailler avec eux en toute transparence
pour qu'on regarde qu'est-ce qui doit... qu'est-ce qui a été fait et qu'est-ce
qui reste à faire. Et d'ailleurs on a une rencontre de cédulée le 7 novembre pour relire les deux premiers
chapitres de la commission Laurent et leur confirmer que tout a été fait
au niveau... dans tous les points qui avaient été soulevés par la commission
Laurent, M. le Président. Donc, ça, ça a été fait.
Maintenant, quel est
le plan de match pour la suite des choses? Un, la première chose, comme je vous
dis, on a investi en amont pour augmenter les services sociaux, et ce que ça
s'est... ça se reflète, c'est qu'on a ajouté plus de
2 500 intervenants sur le terrain pour les programmes jeunesse en...
Jeunes en difficulté, dont 500 à la DPJ. Donc, on a rehaussé les services de façon significative, mais la demande, je
l'avoue, a, elle également, explosé. Jusqu'à l'an dernier, on a réussi à
changer la tendance. Donc, les résultats commencent à être sur le terrain.
La phase II, M.
le Président, ça a été de s'ajuster au niveau des procédures de la protection
de la jeunesse. Donc, pour ceux qui ne
connaissent pas, il y a une phase qui s'appelle le traitement des signalements.
La première phase, c'est le
traitement des signalements. Auparavant, le traitement des signalements se
faisait avec une évaluation téléphonique très courte, et l'intervenante décidait ou ne décidait pas si le
signalement était retenu, M. le Président. On a changé cette
procédure-là complètement pour s'assurer qu'il y ait une vérification terrain
qui soit faite lorsqu'un signalement est fait. Évidemment, il y en a certains
qui peuvent se régler au téléphone, mais la plupart sont associés à une
vérification terrain qui justifie le fait d'accepter ou pas ce signalement-là.
Puis non seulement on a
fait ça, M. le Président, une des choses à laquelle on croit beaucoup, c'est de
s'assurer que ce qui doit être traité par la DPJ soit traité par la DPJ, mais
ce qui peut être pris en première ligne le soit par la première ligne. Donc, on
a jumelé des intervenants du CLSC avec nos intervenants de la DPJ dans cette
vérification terrain pour s'assurer que les signalements qui étaient retenus
étaient vraiment des signalements qui allaient être dans la cour de la protection de la jeunesse et que les
parents, en plus, puissent avoir le choix, soit de dire : Bien, moi, je
vais continuer avec l'intervenant de première ligne du CLSC parce que je
ne savais pas tout ce qui... ce qui était mis devant moi avec la DPJ, ou
encore : Bien, allons avec les services de la DPJ. Donc, ça, c'est une
première phase qui a été complètement modifiée.
Même chose
avec l'évaluation des... et l'orientation, M. le Président, on fait ça de façon
beaucoup plus structurée pour permettre à nos intervenantes de prendre des
décisions beaucoup plus rapidement. Et maintenant, à l'application des mesures, une autre chose qui est importante puis
que les gens comprennent peu, c'est que la DPJ en soi n'offre pas de services,
la DPJ accompagne les parents vers des services de première ligne, vers des
services de CLSC, quand ils en ont besoin, ou vers des services spécialisés.
Donc, nous,
M. le Président, notre vision, c'est d'utiliser les intervenants du CLSC pour
interagir avec ces jeunes-là et faciliter le retour du dossier vers la
première ligne, M. le Président. Le message qu'on essaie de passer, c'est que, gardons la DPJ pour les cas les plus sévères, abus
sexuels, abus physiques, négligence importante, et, le reste, laissons-le en
première ligne. Les Québécois nous le disent, la DPJ prend trop de place dans
la vie de certains enfants qui, en fait, recherchent des services de première
ligne. Donc, ça, on a réglé ça, M. le Président.
Puis une
chose dont on ne parle pas beaucoup, c'est qu'on est en train de réussir à
diminuer l'accès... à améliorer l'accès aux services en diminuant nos
listes d'attente à la DPJ. En fait, nos listes d'attente à la DPJ,
actuellement, au jour où je parle, sont les plus basses qu'elles n'ont été
depuis la pandémie. Et en plus, un phénomène qui est important de noter, puis
la collègue le sait, en général, quand l'école reprend, les délais d'attente à
la DPJ augmentent de façon systématique, année après année, puis, pour la
première fois, je pense qu'on a une amélioration durable alors que les listes d'attente continuent à diminuer malgré le
retour à l'école. Puis, ça aussi, je pense que c'est important de le mentionner,
parce que nos intervenantes font un travail incroyable.
Bon, maintenant, M. le Président, je pense que
la phase actuelle où on est rendus, là, c'est la phase des différents cris d'alerte qui ont été poussés et qui ont été
mis en public ces derniers temps. La phase qu'on est rendus, c'est vraiment
la phase de modifier les pratiques en centre jeunesse, et c'est ce qu'on a mis
sur la table.
C'est passé sous le radar, mais, en juin, la directrice
nationale a lancé le grand chantier de révision des pratiques en centre jeunesse, qui s'accompagne également
d'une révision de l'état des lieux des centres jeunesse, parce que ça aussi,
ça a été décrié grandement, la vétusté des
centres jeunesse, et ça, on a commencé à mettre la table cet été, au mois de
juin, et les travaux vont débuter cet
automne sous le chapeau du CIUSSS de la Capitale-Nationale. C'est important de
le dire, M. le Président, parce
que... tout l'aspect clinique de l'intervention de nos intervenants avec les
jeunes en centre jeunesse, l'aspect clinique de l'intervention de nos
intervenants avec les jeunes contrevenants.
Puis il faut le mentionner encore, là, quand on
parle de Cité-des-Prairies, quand on parle de Val-du-Lac, quand on parle de la situation qui s'est passée
récemment à Québec, Le Gouvernail, c'est vraiment des situations qui sont avec
les jeunes contrevenants, et il faut regarder ça de façon spécifique. Ces
gens-là ont commis des choses qui sont parfois très, très difficiles à parler, et ça prend un encadrement spécial. On
ne peut pas mélanger ces enfants-là ou ces jeunes-là avec des enfants qui ont des problèmes
d'attachement ou d'autres problèmes différents que ce qui est là. Donc, il va
falloir vraiment avoir une approche
très systémique sur toute la façon dont les soins sont donnés dans nos centres
de réadaptation jeunesse pour s'assurer d'améliorer les choses de façon
pérenne, M. le Président.
• (17 heures) •
Plusieurs
points ont été soulevés durant l'allocution de ma collègue. Premièrement, le
projet de loi du commissaire. Ça,
c'est quelque chose qui est important, qu'on a voté au printemps dernier, sur
lequel on a collaboré de façon importante. Je pense que, des deux côtés, on a fait des... on s'est entendus sur des
points qui sont très importants, et la nomination devrait se faire, comme le premier ministre l'a dit
aujourd'hui, avant la fin de cette session, comme je l'avais promis en
commission parlementaire, M. le Président. Et je tiens à rappeler que,
si on compare à d'autres commissaires qui sont nommés par l'Assemblée nationale
et qui auront leur pleine autonomie, c'est un processus qu'on a fait de façon
accélérée, justement parce qu'on est sensible aux témoignages qu'on a tous
entendus d'avoir cette personne-là. Et, oui, elle va avoir un oeil particulier sur nos jeunes de la protection de la
jeunesse, oui, on va créer des comités pour les jeunes dans toutes les régions
et dans tous les centres jeunesse du Québec,
mais il faut que ce commissaire-là ait également un oeil sur l'avenir de tous
nos enfants au Québec, puis ça, c'était primordial pour moi, M. le Président.
On a parlé également des scandales, là, que...
qu'on a... dont on a fait face ces dernières semaines. Je pense que le
principal, puis celui qu'on... qu'il est important de rassurer les Québécois,
c'est les scandales sexuels qu'on... qui viennent de se... qui viennent
d'être... de se passer.
Premièrement, pour celui de Cité-des-Prairies,
l'important, lorsque j'ai été avisé de la situation, ça a été de m'assurer
qu'il y ait une enquête policière qui ait été faite pour que les responsables
de ces actes-là soient réprimandés à la
hauteur de la gravité de ce qu'ils ont commis. L'erreur qui s'est passée
auparavant dans certaines de ces autres situations, puis il y en a eu en
2007, il y en a eu en 2016, il y en a eu en 2014, c'était vraiment que ces
situations étaient jugées avec des... sur
des termes administratifs, des enquêtes administratives, et, pour des raisons
que... de confidentialité qui sont hors
de mon contrôle, là, qui sont en lien avec les négociations, les règles
syndicales et toutes les règles sur la confidentialité, lorsque la
personne décide de démissionner, les dossiers étaient fermés.
Donc, c'est
pour ça, M. le Président, qu'aujourd'hui j'ai lancé un signal, dans le réseau,
qu'à partir de maintenant tous les... toutes les suspicions d'abus
sexuels sur les mineurs, soit en centre jeunesse ou ailleurs, tous les abus
sexuels sur des mineurs, soit en centre jeunesse ou
ailleurs, on... J'ai rappelé au réseau qu'il... que l'entente multi, qui inclut
une enquête de... des établissements et
également une enquête policière de façon systématique, doit être lancée
immédiatement, immédiatement, et ce,
dans tous les cas. Ça, c'était... Ça, c'est pour dire que, des situations comme
ça, on n'en veut plus, et il n'en arrivera plus.
Maintenant,
M. le Président, on a également parlé de plusieurs autres modifications. On a
parlé de... du cas de la Mauricie—Centre-du-Québec. Moi, j'ai été aussi... Je n'ai pas compris qu'est-ce qui s'est passé
en Mauricie—Centre-du-Québec, dans le sens que l'enquête qui a été déclarée allait de
janvier 2021 à janvier 2023, et les cas qui nous ont été rapportés, comme l'a dit la collègue de Robert-Baldwin, sont
des alertes bébé. Bon, maintenant, il faut clarifier les choses. La directive
d'arrêter les enquêtes bébés que j'ai
envoyée, ça a été fait au printemps 2023. Donc, l'enquête est faite sur
des faits antérieurs à la directive.
Mais,
quand même, ce que... Quand j'ai décidé de mettre la DPJ sous tutelle, c'est
pour dire que nous, on a outillé les établissements au cours des dernières
années, tout le travail en amont dont je parlais, pour, justement, s'assurer
que tous les parents puissent avoir les services requis, que tous les enfants
puissent avoir accès à des services, avant qu'on leur retire leur enfant. Ça, c'est fondamental. Et ça, c'était
important, pour moi, de le... de l'affirmer en mettant cette DPJ là sous
tutelle avant que le rapport final de la CDPDJ nous soit transféré. Parce qu'il
faut bien comprendre que ce qui a été
rapporté, c'est une enquête par une directrice de la CDPDJ, un document non
officiel qui s'est retrouvé dans les médias. Donc, c'est sûr que l'enquête de la CDPDJ puis la finalité de cette
enquête étaient le point clé pour prendre des décisions définitives. Et
j'attends encore ce rapport définitif, M. le Président, pour voir qu'est-ce qui
a été corrigé ou pas par l'établissement,
qu'est-ce qu'il reste à faire et quelles seront les mesures additionnelles,
parce que c'est sûr que, s'il y a des mesures additionnelles à prendre,
M. le Président, on va être là et on va les prendre, avec courage, M. le
Président. Donc, ça, c'est vraiment un autre point qu'il était important de
dire, ce signal fort pour nos intervenants.
Pour
la suite des choses, M. le Président, je pense que ce qu'on dit, cette semaine,
et ce qu'on... le message qui veut... qu'il faut être clair, c'est que,
nous, maintenant, ce qu'on veut c'est... On va valoriser le travail de nos
intervenants. On sait qu'ils ont un travail
qui est extrêmement difficile et qui est fondamental pour le bien-être de nos
enfants. Cependant, certains jeunes ou certains de nos intervenants ont
des pratiques qui ne sont pas selon les directives ou selon la qualité des soins auxquels on s'attend. Et nous, on veut
que ces intervenants, intervenantes qui n'ont pas les meilleures pratiques
soient dénoncés et que les... et, s'il y a des gestionnaires, dans le réseau,
qui se ferment les yeux sur ces conditions-là, qu'elles, également, soient
rapportées aux plus hautes instances.
C'est
pour ça qu'on a décidé de... j'ai demandé à la directrice nationale de se
retirer des dossiers jeunesse. C'est pour ça qu'on travaille très fort pour
nommer une nouvelle personne, chez qui je cherche quelques caractéristiques importantes :
le besoin d'être beaucoup plus interactif et beaucoup plus sur le terrain, avec
nos DPJ, d'être beaucoup plus vocal et
présent dans le public pour représenter et expliquer ce qu'on est en train de
faire et les changements qu'on est en train de faire, parce que, pour que ces
changements soient acceptés, M. le Président, il faut que les gens sachent où
on s'en va. Et, oui, c'est important, pour moi, de le répéter à chaque
fois que je suis questionné, mais, M. le Président, il faut que, sur le terrain, jour après jour, notre directrice nationale
fasse ce message-là aux DPJ, aux intervenants et à tout le réseau, M. le
Président.
Donc, je vais
continuer à faire mon travail du mieux que... avec toutes mes capacités, comme
je le fais depuis le début, M. le Président.
On va achever ce grand chantier qui est celui des centres jeunesse et on va
s'assurer que nos jeunes soient en sécurité dans tous nos centres
jeunesse au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le ministre des Services sociaux. Nous poursuivons toujours sur le
débat d'urgence. Je reconnais maintenant M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M.
Cliche-Rivard : Merci, M. le Président. Vous faites bien de nous
rappeler que c'est un débat d'urgence. Et c'est la principale chose que je
n'entends pas du collègue d'en face, l'urgence.
Les Québécois et les
Québécoises nous regardent, nous écoutent. J'ai des dizaines de messages. Notre
boîte de courriel est pleine. Les gens sont
choqués, les gens sont complètement estomaqués par les révélations des derniers
jours. Et ils s'attendaient à avoir un ministre en contrôle, un ministre
qui présente un plan, un ministre qui saisit la gravité du moment, pas nous
dire qu'est-ce qui a déjà été fait. Ça ne fonctionne pas.
À chaque jour, ces
temps-ci, on a un scandale épouvantable. On ne peut plus continuer. Comment
est-ce qu'on s'est rendus là, M. le
Président? Juste de recenser les articles, les enquêtes, les révélations, juste
pour cette année, on en a des pages et des pages. Et là je passe 2023,
je passe 2022, je passe 2021, je passe tout ce qui s'est passé depuis, malheureusement, la fillette de Granby, pour qui
on a fait une promesse en cette Chambre, ici, qu'on a renouvelée récemment,
pour dire : Plus jamais.
Janvier 2024, ça
commence fort, une ado est placée en centre jeunesse de la DPJ des Laurentides,
qui ferait preuve de laxisme et d'incompétence dans le dossier. La CDPDJ ouvre
une enquête. On est au début de l'année.
Mars 2024, contention
et isolement à la DPJ. Le ministre était au courant, selon Nancy Audet. C'est
dans La Presse. Elle est notamment revenue sur les informations
dévoilées par La Presse, en début de semaine, selon lesquelles 20 %
des établissements qui accueillent des enfants sous la protection de la
jeunesse présentent des niveaux de vétusté considérables et que les
recours aux mesures de contrôle dans les centres jeunesse ont augmenté. Mars.
• (17 h 10) •
Avril, ça continue, le ministre nous dit :
Le réseau ne va pas bien, c'est son prochain chantier. À l'échelle du Québec, un millier de postes sont non pourvus,
dont 200 à l'évaluation-orientation. Je continue, M. le Président. Le même
mois, un homme de
Lanaudière qui agissait comme père de famille d'accueil a été envoyé en prison
pour neuf ans pour avoir agressé sexuellement une enfant de la DPJ à
répétition pendant quatre ans, en plus d'avoir fait d'autres victimes. Une adolescente de 12 ans neuroatypique
placée à la DPJ après des tentatives de suicide souhaite maintenant
retourner dans sa famille, mais la DPJ s'y oppose.
En mai, un agent de
sécurité est accusé d'avoir agressé sexuellement une adolescente au centre
jeunesse de Salaberry-de-Valleyfield. On n'est même pas à moitié de l'année, M.
le Président, cette année, là.
En juin, le
Protecteur du citoyen critique la façon de faire de l'unité Le Boisé, du Centre
de protection et de réadaptation pour les
jeunes en difficulté d'adaptation de Lévis. Dans son rapport, celui-ci affirme
que les jeunes y sont parfois isolés
jusqu'à 15 heures par jour, 15 heures par jour. C'est inacceptable.
Il montre, donc, du doigt le confinement excessif et les périodes
d'isolement injustifiées qui auraient cours à l'intérieur de l'établissement.
Juillet,
ça continue, un juge ordonne à la DPJ de revoir son mode d'opération après
qu'une adolescente à risque eût été
laissée en famille d'accueil, alors que le tribunal avait ordonné son placement
au centre de réhabilitation à la demande de la DPJ elle-même.
Je passe un peu.
Octobre, mise sous tutelle de la DPJ de la Mauricie et du Centre-du-Québec en
raison de nombreuses lacunes alléguées. Des intervenantes auraient notamment
brimé le droit de plusieurs enfants en les plaçant trop rapidement en banque
mixte en vue d'être adoptés. Un agent de la DPJ est reconnu coupable d'avoir
agressé une adolescente de 14 ans lors
d'un trajet entre l'hôpital et le centre jeunesse. Neuf éducatrices du centre
jeunesse Cité-des-Prairies, on en parle depuis quelques jours, ont été
suspendues ou congédiées dans le cadre d'une enquête en lien avec des
agressions sexuelles sur des mineurs. Une mère reçoit une mise en demeure de la
part de la DPJ pour avoir parlé de la détresse de sa fille à l'émission
d'Isabelle Maréchal, à Qub. L'adolescente de 14 ans a tenté de mettre fin à ses jours au Centre jeunesse de Laval après
avoir subi plusieurs mauvais traitements tels que des fouilles à nu et des
attouchements.
C'est
scandaleux, M. le Président, et c'est pour ça que la présidence a autorisé un
débat d'urgence. Il y a urgence, c'est inacceptable. Et pendant combien
de mois vont encore se cumuler ces scandales? Quelle sera la une demain? Quelle
sera la une vendredi?
M. le ministre... M.
le Président, je sollicite, je veux entendre, je veux voir l'urgence, mais je
ne la vois pas. Les Québécois et les
Québécoises veulent un plan de match. Ils veulent savoir exactement... pas ce
qu'on a dit qu'on ferait il y a trois
ans, ça ne fonctionne pas. Les gens veulent des résultats. Les citoyens du
Québec veulent que la DPJ fonctionne. Ce sont nos enfants les plus
vulnérables de notre société. Ce sont des enfants qui, pour plein de raisons,
là, n'ont pas eu la chance d'avoir des
parents disponibles et capables de leur offrir l'encadrement, l'éducation,
l'amour et le bien-être qu'ils méritaient.
Ces enfants-là, on a failli à notre mission. Le gouvernement a failli à sa
mission envers ces enfants-là, les plus vulnérables du Québec, et c'est
un scandale.
Quand on regarde ce
qui a été fait... Et, M. le Président, j'ai envie de vous dire ce qui n'a pas
été fait. Suivi des recommandations Laurent, le ministre en parlait, on a un
comité de suivi indépendant, d'experts, de gens du milieu, de gens du terrain qui ne sont pas d'accord avec
l'évaluation ministérielle, ce sont des experts, le Collectif petite enfance,
la Fondation Marie-Vincent, le comité des ex-placés de la DPJ, la Commission de
santé et de services sociaux des premières nations du Québec, les
ex-commissaires. Constat : peu ou pas de nouvelles recommandations en
chantier. C'est noir sur blanc dans leur rapport. Entre le premier bilan paru
au printemps 2022, la plus récente mention d'état d'avancement de la part
du gouvernement et le calcul que le comité fait sur la base du
bilan 2021-2023, un constat s'impose :
une seule recommandation, une seule. C'est le rapport, M. le ministre, ce n'est
pas moi qui l'invente, c'est les ex-commissaires.
Une seule recommandation aura fait l'objet des nouveaux travaux au cours des
deux dernières années. La cadence doit être accélérée.
Deuxième revendication.
Dès le dépôt du rapport, tout le monde s'attendait à ce que ce ne soit pas mis
en vigueur du jour au lendemain. Les gens le savaient. Mais le rapport a été
déposé depuis trois ans et demi, et, selon les données disponibles, seulement
neuf recommandations ont été complétées. À ce rythme-là, les experts nous
disent : Ça va prendre 20 ans de mise en chantier, le temps pour un
enfant de naître puis la quitter, la DPJ, M. le Président, une génération
d'enfants au complet. Elle est où, l'urgence?
Des recommandations
urgentes laissées de côté. Le rapport Laurent demandait que plusieurs
recommandations soient réalisées rapidement. Cependant, en réponse à ces
recommandations prioritaires, les actions indiquées au bilan sont manquantes,
incohérentes et répondent très partiellement à la recommandation.
Des chapitres entiers
délaissés. Grave, un exode de la main-d'oeuvre. Et beaucoup de choses passent
par là, M. le Président. Plusieurs actions
sont basées sur l'ajout de personnel et la création de postes. Or, il semble
peu probable que ces actions soient
complétées ou qu'elles aient les effets escomptés lorsque la directrice
nationale de la DPJ annonce qu'il manque 2 000 employés en
protection de la jeunesse. Ainsi, non seulement les services sont-ils affectés
par cette pénurie de main-d'oeuvre, mais les
solutions visant à améliorer le système pour le rendre plus attractif sont
elles-mêmes mises à mal.
Tout à l'heure, le
premier ministre du Québec parlait d'offre et la demande pour des enfants de la
DPJ, mettait la faute sur l'immigration,
comme si c'était l'immigration qui avait agressé sexuellement des enfants à
Cité-des-Prairies. Voyons donc! Comme
si c'était l'immigration qui avait mis en détention des jeunes à Laval ou qui
avait battu, ankylosé, frappé d'autres enfants atteints de déficience ou
de TSA. Voyons donc, M. le Président, l'immigration n'a rien à voir avec ça. C'est décourageant d'entendre des concepts
comme l'offre et la demande puis une responsabilisation de l'immigration, alors qu'il y a des gestes
criminels qui ont été commis, qui sont inacceptables, dans notre réseau, puis
qu'on ne devrait jamais tolérer.
Le
rapport continue de dire : «Le manque d'information et de données sur les
mesures mises en place dessert le gouvernement et ses alliés.»
Troublant, quand même, on s'assure de desservir le gouvernement et ses alliés
avant les enfants. Et le comité de suivi
constate que le gouvernement tarde à agir. Je l'ai dit puis je le redis, à ce
rythme-là, le comité estime à
20 ans la mise sur pied du chantier complet de la commission Laurent.
Posez-vous pas la question pourquoi qu'on est en débat d'urgence. On n'a
pas 20 ans. Ces enfants-là n'ont pas 20 ans.
Le commissaire au bien-être des droits de
l'enfant figure comme recommandation-phare centrale du rapport Laurent. Le projet de loi est venu trois ans
après, M. le Président. On a travaillé, ça, je félicite le ministre, on l'a
amélioré, le rapport... le projet de
loi du commissaire, certes. On nous avait dit qu'il y avait une intention, puis
j'en fais mes mots, une intention que
ce soit mis en place le plus vite possible. On est à un mois et demi de la date
butoir maximale de mise en oeuvre,
qui était à la fin de l'année, si je ne me trompe pas. Comment ça se fait? Le
chien de garde des jeunes, l'élément spécifique
et systémique, où on pourrait avoir des réponses sur l'état de vétusté du
réseau, par exemple, des lieux d'hébergement,
les chambres avec des fenêtres, les cellules d'isolement, toutes des questions
pour lesquelles on va vouloir des
réponses puis des enquêtes de la part d'un commissaire au bien-être des
enfants, qui va avoir son badge de commissaire, on en a parlé, qui va
pouvoir entrer, lui, on y reviendra...
Une voix : ...
• (17 h 20) •
M.
Cliche-Rivard : ...ou elle, dans les centres jeunesse... Vous
faites bien de me le dire. Le ministre doit nommer le plus vite possible la bonne personne pour
représenter les enfants. Et je suis certain que l'ensemble des collègues ici
vont avoir des questions sur le plan de match, sur la vision, sur
l'analyse, sur la suite.
La CDPDJ, M. le Président, qui, malheureusement,
les articles sont nombreux, répondent trop souvent aux abonnés absents quand les
avocates, quand les gens sur le terrain demandent de l'aide, de l'appui, une
implication dans les procédures judiciaires, comme la loi leur permet de le
faire.
Eh bien, on a créé une table justice... jeunesse
justice. Il est où, le résultat de cette table-là? On devait réformer la LPJ pour clarifier le pouvoir d'intervention de
la CDPDJ. Ça fait des mois qu'on en parle, que même le gouvernement reconnaît que le statu quo ne peut pas durer. Les
enquêtes de la CDPDJ, elles sont où? Il y a deux enquêtes, depuis 2019,
de disponibles sur leur site Internet. Comment les parlementaires puis la
société québécoise peuvent avoir des réponses s'il
y a deux rapports puis si ça prend le travail des journalistes pour divulguer
au grand public des informations que nous, on n'est pas capables d'avoir
ici? Comment c'est possible? Je ne veux pas avoir le nom des enfants. Ce n'est
pas de mes affaires, ça. Je ne veux pas
savoir qui, quand, quoi. Je veux savoir c'est quoi, les recommandations de ces
rapports-là. On ne peut pas, à chaque
fois, ouvrir une enquête puis pelleter ça par en avant en se disant qu'il y
aura une réponse à la CDPDJ, à un moment donné, que nous, on n'aura pas,
que la société civile n'aura pas.
Tant mieux que les journalistes soient là, une
chance que les journalistes sont là pour creuser. Ceci étant dit, qui les
appelle, les journalistes? C'est du monde qui ont à coeur le réseau, c'est du
monde qui veulent divulguer parce qu'il ne se passe rien, c'est du monde qui
disent : C'est assez. Les journalistes se font donner les informations par
du monde qui sont tannés que les choses ne
bougent pas. Quand on parle des gens qui connaissaient ou qui avaient idée de
ce qui se passait à Cité-des-Prairies, hein,
ils ne sont pas surpris de l'article. Ils n'étaient pas surpris de l'article.
Ils nous disent qu'ils savaient que ça s'en venait. Ces discussions-là
sur le terrain, elles étaient connues.
Le ministre dit qu'il ne le savait pas. Je le
crois, moi. Moi, je n'ai pas remis en question la parole du ministre, mais on a un sacré problème. Ça n'a aucun sens.
Comment ça se fait que les gens sur le terrain, les acteurs du milieu qui nous
parlent sont au courant de choses dont le ministre n'est pas au courant, qu'ils
nous informent de ça, qu'ils nous appellent en urgence pour nous le dire, mais
que ça ne se rend pas jusqu'au ministre? Le ministre a eu raison, puis on lui
demandait de demander la démission de la directrice nationale, c'était la
goutte d'eau qui faisait déborder le vase, mais
il est le ministre responsable. Il y aura un prochain ou une prochaine
directrice de la DPJ. Ça ne va jamais enlever le fait que le ministre des Services sociaux, c'est lui, le ministre
responsable de la DPJ, c'est lui, puis la seule personne qui est
imputable et redevable face aux citoyens du Québec, c'est lui.
Moi, je lui ai formulé la possibilité de se
faire entendre. Il y a un mandat d'initiative qui a été déposé. On a des
questions. Et moi, je lui ai tendu la main de la dernière chance. Je veux
savoir son plan de match d'urgence dans les prochaines
semaines. Qu'est-ce qu'il va faire pour tenter... Parce que je sais qu'il n'a
pas capacité 100 %... C'est impossible de prévenir 100 % des
scandales, je le sais, ça, mais qu'est-ce qu'il va faire, en son pouvoir, pour
tout faire pour qu'on réduise le plus de
drames possible, c'est ça que je veux entendre, qu'il
redonne confiance aux Québécois puis aux Québécoises, qu'il nous montre
qu'il est l'homme de la situation, qu'il a le gouvernail entre les mains, qu'il
sait où est-ce qui'en va, parce que, là, pour l'instant, là, moi, je n'ai pas
cette conviction-là.
Et je veux l'entendre. Je lui offre sincèrement
de se présenter devant les parlementaires avec son bilan puis son plan de match,
avec ou sans sa nouvelle directrice, puis qu'on s'assure qu'on aura tout fait
pour prévenir le prochain scandale, qu'on arrête d'être sous le choc, dévastés.
Ce n'est plus le temps, là. Là, il faut qu'on soit enragés, il faut qu'on soit déterminés. Pour que la présidence
accorde un débat d'urgence, là, c'est parce qu'il y a urgence d'agir. Mais moi,
je n'ai pas entendu de plan de match d'urgence, pas du tout, aujourd'hui.
Il y en a, des propositions, M. le ministre,
puis ma formation politique en a fait quelques-unes, M. le Président, dans les derniers mois. Mais, si nous-mêmes, comme
élus, on n'est pas capables d'aller sur le terrain, si nous-mêmes, on nous
refuse l'accès aux centres jeunesse dans lesquels on est invités, si nous-mêmes,
on ne peut pas aller constater de visu
ce qui se passe, alors que c'est notre travail d'assurer la prestation de
services gouvernementale auprès de nos citoyens, de la critiquer,
certes, puis de formuler des recommandations positives et constructives...
Juste pour visiter un CHSLD le printemps dernier, M. le Président, ça a pris
trois articles de journaux, dans ma circonscription. Quand ma collègue de Sherbrooke veut se
rendre en centre jeunesse, il faut qu'elle y aille avec le ministre, sinon,
c'est refusé. On doit ajouter de la
transparence, des moyens, un commissaire, une CDPDJ active, une directrice
nationale qui va prendre tous les moyens puis un ministre qui va piloter
cette réforme-là urgente pour que ça cesse. C'est trop important. Nos enfants
sont trop importants.
Les
agences de placement. M. le Président, il y a des gens exceptionnels à la DPJ,
des travailleurs, des travailleuses, des éducatrices, des éducateurs,
des intervenants extraordinaires, puis il y a, malheureusement, des gens qui
n'ont pas d'affaire là, des gens qui n'ont
pas de formation, des gens qui, peut-être, eux-mêmes, ont besoin d'aide, qui se
ramassent dans notre réseau et qui, malheureusement, commettent des
agressions sexuelles sur nos jeunes les plus vulnérables. Il faut mieux encadrer. Il faut sortir les agences
du réseau. Il faut que les gens soient formés pour intervenir correctement
envers nos jeunes les plus vulnérables. C'est ça qu'on leur doit.
Les Québécois et les
Québécoises vous regardent, nous regardent. On s'était promis : Plus jamais.
Moi, je veux qu'on fasse cette... qu'on
réitère ces voeux-là puis qu'on réitère cette promesse-là. Et je donne cette
chance-là, encore une fois, à M. le
ministre, parce que je ne pense pas que la situation va s'arrêter aujourd'hui,
là, puis je ne pense pas que les Québécois et Québécoises se couchent à
soir convaincus du plan présenté. Alors, moi, j'offre encore ma main tendue, j'offre encore une opportunité. On a des moyens,
on a une commission. Les gens ont des choses à dire, les gens veulent se
faire entendre. Acceptez cette main-là
tendue, M. le ministre. Sinon, je vais devoir tirer les conclusions en
conséquence. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Et la parole revient à, maintenant, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je suis très heureux de pouvoir
prendre la parole ici pour ce débat
d'urgence, parce que la situation, de toute évidence, elle est urgente. Elle
est urgente, mais, en entendant le ministre, je n'ai pas senti le
sentiment d'urgence qui devrait l'habiter, qui devrait tous nous habiter, avec
les révélations qui se font de jour en jour,
de semaine en semaine, de mois en mois sur un réseau qui s'effondre et sur une
enfance, des enfances et des potentiels de... des générations à venir
qui sont brisées, hypothéquées parce que l'État du Québec faillit à sa
responsabilité de les protéger, de les prendre en charge, de les accompagner.
Et ça, c'est absolument inacceptable.
• (17 h 30) •
Les
commentaires qu'on entend depuis les plus récentes révélations, évidemment,
sont ceux de dégoût, évidemment, d'indignation, mais c'est
l'accumulation, en fait, de toutes ces histoires qu'on nous raconte dans les
médias depuis des années, depuis au moins trois ans... en fait, depuis
avant même le rapport Laurent, mais ça a continué malgré le rapport de la
commission Laurent, et on a l'impression que ça s'accélère, même. On nous a
dit, à un moment donné, qu'on... et le ministre y a fait référence tout à
l'heure, que le réseau devait être rétabli, parce qu'il avait été brisé par la
réforme puis qu'il fallait le valoriser, et y compris ceux qui y travaillent,
et on y croit. On a parlé de pénurie de main-d'oeuvre, par exemple. Mais ce qu'on découvre jour après jour, comme une litanie,
comme l'espèce de supplice de la goutte, pour ceux qui veulent encore
croire à l'avenir du système et de la DPJ, c'est des actes qui sont absolument
inadmissibles, inacceptables dans le réseau, des conditions quasi carcérales
dans les centres jeunesse, la falsification de données ou de rapports, des faux témoignages, des abus
sexuels, bien entendu, dont on a entendu parler plus récemment, que ce soit
par des gens qui travaillent, oeuvrent à la DPJ ou encore chez les familles
d'accueil, des enfants retirés avec... retirés de leur famille sans avoir fait les analyses appropriées. Et j'en passe,
et des meilleures. On a fait un recensement en prévision de ce débat-là, et, de se remettre dans le bain de
ces révélations-là, on se rend compte à quel point le navire semble avancer
sans gouvernail.
Et, aujourd'hui,
bien, si on est réunis, c'est peut-être parce que, justement, la semaine
dernière, on a eu cette dernière révélation,
une espèce de goutte qui a fait déborder le vase. Et je pense qu'elle a fait
déborder le vase pour le ministre également
puisqu'il a décidé de sacrifier la directrice générale de la direction de la protection de la jeunesse, mais ça ne règle rien.
Mais
revenons quand même sur cet... sur ces faits-là, où on nous rapporte
véritablement une situation implantée, structurée,
où des jeunes ont, semble-t-il, accès à des téléphones cellulaires, à de la
consommation de drogue, à des faveurs sexuelles, et pas moins de neuf personnes
membres du personnel qui sont identifiées comme ayant eu des rapports
sexuels avec cinq jeunes, et des gens qui étaient dans le coup, des
intervenants ou des surveillants qui organisaient leurs rondes de surveillance en fonction de laisser tranquilles ceux qui
commettaient des actes criminels, M. le Président.
Et c'est vrai qu'on a
eu raison de demander l'intervention des enquêtes policières en plus de
l'enquête interne et de l'autre enquête externe dont on a entendu parler, mais
le problème qui est identifié et, à mon point de vue, qui est fondamental, c'est celui de la perte de contrôle
du réseau par les gestionnaires et évidemment par la directrice de la
protection de la jeunesse, la directrice générale, et, par voie de
conséquence, par le ministre.
Et
là moi, je veux ramener des éléments essentiels au débat, la question de
l'imputabilité, la question de la reddition de comptes. Une des recommandations importantes, même préliminaires,
avant le dépôt du rapport de la commission Laurent, c'était la nomination de cette... la création du
poste, d'abord, et la nomination de la directrice. Ça s'est fait en mars 2021.
Si
je reviens un peu sur le rôle qu'on lui a confié, et qu'elle admet avoir reçu,
« s'assurer que, partout au Québec, les normes de pratique sont respectées,
que chaque geste posé par la DPJ est en accord avec les plus hauts standards de protection», quel échec monumental! Comme si la
création du poste réglait le problème. Comme si la création du poste et
la nomination d'une personne responsable étaient une fin en soi.
Alors, moi, la question
que je veux poser, puis il me reste peu de temps, M. le Président, parce qu'on
pourrait discuter encore longtemps, c'est : À qui la directrice rendait
des comptes? À quelle fréquence a-t-elle fait part de ses constatations puis de ses observations au
ministre? À quand remontent les dernières communications? Je voudrais savoir à
quand remonte ce bris de confiance, qui s'est avéré comme une révélation au
cours de la fin de semaine au ministre, alors qu'évidemment une série de faits nous étaient rapportés par les
journaux depuis des mois et des mois. Comment a-t-on pu laisser la
situation dégénérer à ce point pour en arriver à cette demande de démission?
Et moi, je pense que, cet élément-là, il faut le
clarifier. Et c'est la raison pour laquelle je souscris à la proposition de mon collègue député de Saint-Henri—Sainte-Anne de pouvoir en débattre davantage en commission parlementaire, en
mandat d'initiative, parce qu'il faut comprendre comment la situation a évolué
depuis trois ans pour en arriver là et surtout
savoir si la perte de confiance, elle a été graduelle ou elle a été subite. Et,
si elle a été subite, pourquoi, à ce moment-là, le ministre n'était pas au courant de ce qui se passait dans son réseau?
À quand remonte la déconnexion en lien avec tous les éléments absolument
révoltants dont on a entendu parler ces derniers temps? L'accumulation des
situations est...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Malheureusement...
M. Arseneau : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Roberval.
Mme Nancy Guillemette
Mme Guillemette : Merci, M. le
Président. Vous savez, je pense que tout le monde ici et tout le monde au Québec, on est d'avis, là, que c'est des gestes,
qui ont été posés, inadmissibles. Il ne faut plus que ça arrive, il faut... il
ne faut pas voir ça, là, avec nos enfants. Vous savez, la protection de
la jeunesse, ce n'est pas seulement une responsabilité, c'est une mission qui touche au coeur de nos valeurs les plus
fondamentales. En tant que gouvernement, il est de notre devoir de protéger les plus vulnérables et de leur offrir
un environnement sécuritaire, d'intervenir de manière proactive pour leur
garantir un avenir serein.
C'est pourquoi, aujourd'hui, je tiens à réitérer
mon soutien indéfectible envers le ministre et à mettre en lumière les gestes qu'il a déjà posés pour entamer une
transformation en profondeur de la protection de la jeunesse. On a ici un
homme de coeur qui veut vraiment et sensiblement changer les choses pour nos
jeunes, pour notre DPJ. Il est venu en politique pour aider et soutenir les
enfants. Et je lui accorde, encore aujourd'hui, mon soutien le plus profond.
La Coalition avenir Québec, ça a toujours fait,
pour nous, partie de nos priorités, la protection de la jeunesse. On a mis l'accent sur le renforcement des services
de proximité pour les jeunes, mais pour leurs familles aussi. Cela évite
parfois des signalements qui sont toujours
en croissance. Et moi, chez... dans mon comté, dans les dernières semaines,
j'ai eu la chance d'annoncer le
programme Ma famille, ma communauté, où, par ce programme-là, on a empêché
15 placements de jeunes enfants.
C'est un programme où toute la communauté se tisse autour de la famille, autour
des enfants : le milieu communautaire, les municipalités, la Sûreté du Québec, tout le monde est aux tables, justement, pour éviter des placements.
Et, chez moi, en quelques mois seulement,
c'est 15 placements qui ont été évités. Donc, c'est des gestes comme ça
qu'il faut mettre de l'avant et qu'il faut faire de plus en plus.
C'est sûr que c'est toujours facile de souligner
les mauvais coups, surtout quand il est question de la DPJ, mais on se doit
aussi de rappeler que le gouvernement a mis en place des efforts et que ces
derniers, comme on le voit chez moi, ça a
des effets escomptés. On le sait, qu'il reste du travail à faire, c'est
certain, mais, au moins, on avance dans la bonne direction. À certains égards, c'est encourageant, M. le Président. C'est
sûr que la hausse des signalements, ça a démontré que le processus de dénonciation qui a été mis en
place, ça fonctionne. Est-ce que c'est parfait? Non, ce n'est pas parfait.
Est-ce que c'est perfectible? Assurément. Est-ce qu'il faut continuer? Très
certainement.
Dès le début de notre premier mandat, nous avons
engagé un processus de réforme ambitieux pour moderniser et renforcir la DPJ dans le but d'assumer...
d'assurer un meilleur soutien pour les enfants et leurs familles. Donc, permettez-moi de rappeler les actions concrètes
que notre gouvernement a entreprises et de vous exposer notre vision pour
les futures... pour le futur de la protection de la jeunesse au Québec.
Donc, face aux tragédies qui ont ébranlé, comme on
le sait tous, la province, il y a quelques années, avec le décès de la fillette de Granby, les témoignages
troublants des familles et des intervenants, rapidement, le ministre s'est mis
en action et a pris des mesures pour repenser nos pratiques et renforcer le
soutien offert aux enfants en situation de vulnérabilité. Bon, il y a eu la commission Laurent. Plusieurs en ont
parlé ici, c'était une initiative qui visait à écouter les témoignages
des familles, des intervenants et des enfants eux-mêmes aussi, parce qu'il faut
les impliquer dans ces changements-là, pour
comprendre les lacunes du système et identifier les pistes de solution. Donc,
le rapport de la commission Laurent a fait un bon portrait de la
situation, et tous les acteurs étaient d'accord.
• (17 h 40) •
M. le Président, les événements récemment
survenus à Rivière-des-Prairies nous rappellent avec dégoût et stupéfaction que la mission de la DPJ, c'est
essentiel et que nous devons redoubler d'efforts pour éviter que des situations
comme celles-ci se produisent à nouveau. Selon le protocole de l'entente
multisectorielle, qui est un engagement ministériel,
dès que la DPJ a une information ou des motifs raisonnables de croire qu'une
infraction criminelle a été commise envers
un enfant, elle doit impliquer la police. Donc, on a, donc, immédiatement
demandé une enquête. Le ministre s'est mis en action dès qu'il a été au
courant de ces actes-là. Il a demandé, déjà, une enquête et il a obtenu la
démission de la
directrice de la DPJ. Donc, ces gestes démontrent notre volonté d'imposer la
transparence, c'est notre engagement, là, de nous assurer que chaque
enfant bénéficie d'un suivi adéquat et d'un soutien inconditionnel.
En
2022, on a adopté une révision de la loi de la protection de la jeunesse modernisant
le cadre législatif essentiel pour
sécuriser nos enfants. Ce changement législatif visait à clarifier les
responsabilités, renforcer l'imputabilité et s'assurer que la protection
des enfants demeure au coeur de nos priorités. Ce n'est pas seulement une
réforme administrative, c'est une refonte de
la manière dont on doit aborder la protection de la jeunesse en mettant
davantage l'accent sur les droits des
enfants, leur bien-être et leur développement. On a posé des gestes qui vont
au-delà des simples ajustements administratifs. Ces actions marquent une
transformation en profondeur de notre système de protection de la jeunesse.
Il
y a des directions régionales qui ont été nommées, dédiées spécifiquement à la
protection de la jeunesse, chargées de
veiller à la mise en oeuvre des recommandations de la commission Laurent et
d'assurer des interventions adaptées à chaque réalité locale.
On
a également instauré des programmes de formation continue pour les intervenants
de la DPJ. La gestion de crise, les
compétences relationnelles et les approches thérapeutiques modernes sont au
coeur de ces programmes, car nous savons que des intervenants bien
formés et bien soutenus sont essentiels pour garantir la sécurité et le
bien-être de nos enfants.
Donc,
on travaille également à intégrer des outils de technologie pour améliorer le
suivi des dossiers, assurer une meilleure
coordination entre les intervenants et offrir des solutions rapides et
efficaces aux enfants et aux familles. C'est certain que l'innovation, c'est au coeur de notre démarche, car nous
croyons fermement que la technologie peut faciliter la prise en charge
des cas et garantir un suivi très rigoureux.
M. le Président, la
Coalition avenir Québec a posé des gestes forts et concrets pour renforcer la protection
de la jeunesse, et je pourrais vous en
nommer encore plusieurs, mais j'ai des collègues qui vont intervenir et qui
vous feront mention de d'autres actions qu'on a pris acte. Donc, depuis
2019, on a entrepris des réformes profondes, on a investi massivement et on a mis en place des initiatives
qui vont bien au-delà des simples ajustements administratifs. Nous avons
fait de la protection de la jeunesse une priorité, M. le Président, par
des actions tangibles qui aujourd'hui commencent à porter fruit.
Je
l'ai dit tout à l'heure, on est dans la bonne direction. Est-ce qu'il faut
arrêter? Non, il faut continuer, mais ça, le ministre le sait, il le fait très
bien. On est déterminés à poursuivre ce travail, à poser des gestes
nécessaires, à écouter les familles pour offrir à chaque enfant un
environnement sécuritaire mais propice aussi à leur épanouissement. Notre
gouvernement restera toujours du côté de ceux qui n'ont pas de voix au
chapitre. Et, tant que des enfants au Québec, M. le Président, auront besoin de
notre soutien, auront besoin de nous, nous dirons : Présents. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Roberval. Alors, je reconnais maintenant Mme la députée
de Châteauguay.
Mme Marie-Belle
Gendron
Mme Gendron :
Merci, M. le Président. J'aimerais saluer M. le ministre, j'aimerais
également saluer tous les intervenants qui ont parlé avant moi en ce débat
d'urgence, mais sur un sujet plutôt difficile. Premièrement, j'aimerais mentionner que ce qui s'est passé à
Cité-des-Prairies, ça me choque profondément. C'est une espèce d'omerta. Puis,
ça, il faut que ça prenne fin tout de suite. M. le ministre l'a mentionné, M.
le premier ministre également, il faut dénoncer ces actes-là quand on est au fait. Trop souvent, ces histoires-là sont
étouffées par les intervenants, puis ça, il faut que ça cesse, parce que
c'est inacceptable.
J'ai la chance, moi,
d'avoir une famille unie, d'avoir cinq enfants à la maison sous mon toit, avec
mon conjoint. Ces enfants-là, bien, les
miens, ils ont la chance de pouvoir compter sur un milieu familial sain, mais
ce n'est pas le cas pour tous les enfants. Puis certains n'ont pas la
chance que mes enfants ont puis, malheureusement, en plus de vivre une situation particulièrement difficile,
bien, ils doivent faire face à des actes comme ceux qu'on a entendus ces
derniers jours à Cité-des-Prairies. Je suis exactement sur la même page
que M. le ministre, je trouve ça aberrant, absolument épouvantable et
inacceptable.
J'aimerais aussi
prendre un moment pour souligner quelque chose d'important pour moi. J'ai une
pensée toute particulière pour tous ceux et
celles qui travaillent auprès de nos jeunes, qui aiment leur travail et qui
font une merveilleuse différence pour eux. Il y a plusieurs acteurs,
intervenants et travailleurs du milieu qui souffrent, présentement, des
agissements mis en lumière ces derniers jours. Mais je veux souligner que la
grande majorité de ces employés sont des personnes
de coeur qui font et qui continuent de faire un travail extraordinaire auprès
de nos jeunes. Il ne faut jamais les oublier.
Je veux aussi
souligner le travail incroyable du ministre. Ce sont des dossiers émotifs, des
dossiers difficiles pour notre Québec, mais
je veux souligner son leadership, oui, son calme à gérer une situation
d'urgence, mais également à mettre... J'aimerais mettre en lumière tout
le travail et les actions qu'il a mises en place.
Le
ministre, il l'a dit, il faut casser la culture du silence. On parle de santé
et de la sécurité de nos enfants, de nos petits Québécoises et Québécois qui
feront les adultes de demain. Malheureusement, tout le monde ici se souvient du
terrible drame de la fillette de Granby, ma collègue en a parlé un peu plus
tôt. La suite, on la connaît tous.
On a mis sur pied
aussi une commission spéciale pour le droit des enfants à la protection de la
jeunesse, communément appelée, bon, la commission Laurent, qui a permis de
faire la lumière sur plusieurs pans de la protection de la jeunesse mais également d'avoir un regard plus large des objectifs
et des biens communs. Notre premier ministre en a parlé un peu plus tôt, pendant la période de
questions, il a parlé de l'importance de la commission Laurent, qui change la
culture dans le réseau, qui met en place des mesures importantes pour nos
jeunes.
J'aimerais, maintenant, à ce point-ci, faire un
petit historique des actions et des mesures pour la mise en oeuvre de la
protection de nos enfants.
C'est notre gouvernement
qui a engagé à entreprendre une réflexion qui porte non seulement sur les
sévices... services de protection de la
jeunesse, mais également sur la loi qui l'encadre, la LPJ, sur le rôle des
tribunaux, des services sociaux et des acteurs concernés du réseau.
C'est pourquoi nous avons tenu à ce que la commission Laurent soit transparente et, surtout, sans partisanerie, parce
que ce qui compte, ce qui est vraiment important, ce qui est au centre de
nos actions, bien, c'est nos jeunes.
Le travail
effectué par le commissaire, sous la présidence de Mme Laurent, a été
colossal, vous vous en souviendrez peut-être, et a été accueilli avec humilité
et avec un grand respect. Son rapport de plus de 600 pages a fait état de
plus de 250 appels à l'action, comme M.
le ministre l'a nommé un peu plus tôt, ainsi que 65 recommandations, ce
que Mme Laurent appelle les recommandactions.
Dès le jour 1 suivant la réception du
rapport, le ministre s'est engagé à ce que le rapport ne soit jamais tabletté,
et il tient parole. Rapidement, M. le ministre a débuté la mise en oeuvre des
différentes phases proposées par le rapport Laurent
et a débuté. Ça a été divisé en trois phases. Ce plan de mise en oeuvre vise
avant tout de transformer les services offerts aux jeunes et aux
familles en mettant l'accent sur le continuum de services aussi. Cela comprend
également la prévention et la promotion
ainsi que la participation des acteurs clés de la communauté et de différents
secteurs. En gros, ce chantier, il vise à améliorer le système de
protection de la jeunesse mais aussi à s'assurer que le droit des enfants ne
soit jamais lésé et que les services soient au rendez-vous.
Nous avons complété la phase 1 de notre
chantier, cette phase visant la réforme du cadre législatif en renforçant le service de proximité. C'est en avril 2022, tous
les collègues parlementaires ont adopté ici même, à l'unanimité, le projet de
loi n° 15 qui venait inscrire des changements majeurs et
profonds au sein de notre société québécoise et principalement en
protection de la jeunesse. Ce projet de loi place les intérêts des enfants au
coeur de nos actions et de nos décisions.
• (17 h 50) •
M. le
Président, nous continuons et nous continuerons de travailler fort pour la mise
en oeuvre des recommandations du rapport Laurent. Nous avons mis en
place plus de 90 projets distincts à la suite du dépôt du rapport. Ce
travail se fait en étroite collaboration
avec d'autres ministères, tels que celui de la Justice, la Famille,
l'Éducation, l'Emploi, et c'est un grand chantier qu'on travaille
ensemble, sans relâche et quotidiennement.
Vous pouvez,
d'ailleurs, consulter en ligne, comme M. le ministre le disait plus tôt, sur le
site Web du ministère, le plan et les étapes de la mise en oeuvre des
recommandations de la commission Laurent... y sont. Parmi les faits saillants
de cette première phase, j'aimerais
mentionner aussi que nous avons complété le projet de loi visant à réformer la
protection de la jeunesse. Cette
pièce législative assez corsée a permis d'effectuer les grands changements,
dont la majorité sont déjà effectifs aujourd'hui.
En déposant
ce projet de loi, nous avons comme objectif, en tant que gouvernement,
plusieurs points. Le premier est de
faciliter l'interprétation et l'application de la loi de la protection de la
jeunesse. Le deuxième est de venir harmoniser et améliorer les pratiques cliniques, notamment en instituant un poste
de directrice nationale de la protection de la jeunesse. Troisièmement, on
désire assouplir les règles en matière de confidentialité et d'échange des
renseignements. On veut également assurer une meilleure protection aux
enfants exposés à la violence conjugale et aussi... et surtout un contrôle coercitif. On veut également soutenir le passage à
la vie adulte pour nos jeunes qui quittent nos centres jeunesse. Aussi, revoir
certaines règles relatives à l'intervention judiciaire et venir augmenter le
nombre de juges à la Cour du Québec et à la chambre
de la jeunesse. Et, finalement, on veut favoriser l'implication des Premières Nations, Inuits, notamment concernant l'adaptation des interventions
selon leur vision et leurs traditions.
Bien que le projet de loi fût une pièce
maîtresse de la phase 1, nous avons également complété plusieurs choses
que nous recommandons... que recommandait, pardon, le rapport de la commission
Laurent. Nous avons développé le nouvel avis de grossesse provincial
informatisé afin d'offrir des services requis de façon précoce. Nous avons
aussi mis en place, depuis septembre 2022,
un comité consultatif des jeunes recevant ou ayant reçu des services du réseau
de santé et des services sociaux, le comité des sages.
Pour les
communautés autochtones, nous avons aussi déployé une formation pour la
sécurisation culturelle et les nouvelles
dispositions autochtones en protection de la jeunesse. Elle est importante,
elle a fait déjà une grande différence sur le terrain, et cette
formation est appelée Tikinagan.
Nous avons également rehaussé le programme
Qualification des jeunes, le PQJ, notamment en doublant, lors du dernier mandat, le financement qui est annoncé.
On a doublé le financement. C'est quand même énorme. Nous avons pu y
ajouter davantage d'éducateurs et nous avons profité pour créer trois volets au
programme afin de mieux répondre aux besoins
des jeunes. Le premier programme se situe entre 16 et 19 ans. Le deuxième
est le passage adulte de 17 ans et plus. Et le troisième,
finalement, est le volet pont pour les 18 à 25 ans.
Voici
quelques mesures qui font la différence sur le terrain et qui s'ajoutent à
toutes les mesures aussi mentionnées par mes collègues et par M. le
ministre. Nous travaillons activement à la mise en oeuvre de la deuxième phase
du rapport Laurent. Nous continuons d'opérer un changement de culture.
Clairement, oui, il reste du travail à faire, mais j'ai entièrement confiance
aux compétences de notre ministre. Un immense merci. Bonne journée.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Châteauguay. Est-ce que j'ai d'autres intervenants sur le débat autour
du débat d'urgence?
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, est-ce que j'ai un
prochain intervenant? Est-ce que j'ai un intervenant? Alors...
Des
voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Donc,
écoutez... J'attends le prochain intervenant, sinon je vais devoir mettre fin
au débat.
Des voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Écoutez, je pense que le débat se déroulait
jusqu'à présent très bien. Donc, j'attends que vous vous décidiez à ce que
j'aie un intervenant, sinon le débat sera... je vais mettre fin au débat. M. le
chef de l'opposition officielle.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Oui.Alors, pour
le 8 min 43 s, M. le Président, qu'il me reste, je pense que
c'est bien ça, 8 min 43 s...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : ...
M. Tanguay :
Neuf minutes? Neuf minutes. Parfait.
Alors, M. le
Président, j'ai eu l'occasion, ce matin, de questionner le premier ministre sur
ce quie passe à la DPJ dans notre réseau public,
qui est là pour veiller auprès de mineurs vulnérables, sur ce qui se passe
quand on voit les cas d'espèce qui n'arrêtent pas de sortir
publiquement, M. le Président.
9 octobre
dernier, Mauricie—Centre-du-Québec,
la DPJ a dû être mise sous tutelle, des faux rapports déposés au
tribunal, évaluations incomplètes, droits des enfants brimés. Déjà là, on le
savait, c'était un autre exemple additionnel qu'il
ne se passait pas quelque chose de bien dans le réseau. La semaine dernière,
Cité-des-Prairies, en deux ans, neuf
éducatrices ont été soit suspendues ou congédiées parce qu'elles ont eu des
inconduites sexuelles avec des mineurs, cinq mineurs, M. le Président.
Dans... Et on voit d'autres cas qui ressortent, des cas en Montérégie, des cas
à Laval, et c'est ce qui a fait que la
présidence... force lui était de constater... et on salue la décision de la
présidence d'octroyer un débat
d'urgence sur une situation de crise, une situation pour laquelle nous n'avons
toujours pas réponse à nos questions.
Le ministre, un peu
plus tôt, je l'écoutais attentivement, disait... nous ramenait en 2015, nous
ramenait en 2015, et il disait : Écoutez, c'est de là que les problèmes
ont commencé, en 2015, et, quand nous, on est arrivés — il
parlait d'eux autres — en
2018, c'est là où on a dû ramasser les pots cassés. Et là il faisait référence,
M. le Président, à son deuxième mandat. C'était assez ironique de l'entendre
dire : Bien, dans mon deuxième mandat, on va continuer. Il venait de
cibler, de 2015 à 2018, trois ans où, selon lui, tous les problèmes, toute la
source des problèmes étaient là, exclusivement là, et, du même souffle, il
disait : Après notre premier mandat de quatre ans, on continue le travail.
Puis il était rendu dans son deuxième mandat.
Il a six ans de faits
comme ministre. C'est un des ministres, M. le Président, qui a commencé là,
puis qui est encore là aujourd'hui, et qui,
lorsqu'il y a de tels scandales qui touchent à nos mineurs vulnérables... il
sera toujours le champion dans
l'indignation, toujours le champion pour dire, je le cite, dans des cas
passés : Ça lève le coeur. Intolérable. Il y a un grand ménage à
faire. Je suis scandalisé. Je suis déboussolé. C'est le ministre de l'indignation,
alors que l'on voudrait avoir le ministre de l'action, M. le Président. Et là
ce que l'on a vu...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : M. le leader.
Une voix : ...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Je vais demander à M. le chef de l'opposition de
poursuivre. Poursuivez, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
M. le Président, y a-tu une formation qui se donne sur notre jurisprudence?
Je pense que le leader adjoint du gouvernement en aurait de besoin. J'ouvre une
parenthèse. L'autre fois, je présentais un texte, il dit : Ce n'est pas un tableau didactique, objection.
Bien non, c'était un texte. Apprenez, faites vos leçons. Vous ne viendriez pas
nous couper la parole quand on parle d'enfants vulnérables...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît, M. le chef de l'opposition, je vais... je vais vous demander...
Des voix : ...
• (18 heures) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je vais m'en occuper, merci,
M. le leader. M. le chef de l'opposition
officielle, je vous ai... je vais vous demander de retirer le dernier mot, le
qualificatif, et je vais vous demander de poursuivre. Nous avons... Nous
allons bien terminer ce débat d'urgence, dans le respect. Poursuivez, M. le
chef de l'opposition officielle.
M. Tanguay :
Alors, M. le Président, encore un autre appel au règlement qui n'a pas été
sanctionné, mais on continue parce qu'on est là pour défendre les enfants, les
mineurs vulnérables, M. le Président. Puis je le sais, que ça les choque quand
on leur dit qu'ils ne prennent pas les responsabilités, quand on leur dit
qu'ils ont une part centrale de responsabilité. C'est une chose de dire :
Ah! il y a une personne qui a été congédiée, celle qui, en 2021, était la
personne toute désignée pour être la
directrice nationale de la direction de la protection de la jeunesse, 2021, qui
avait la confiance, toute la confiance du ministre et qui aujourd'hui... À
l'époque, il disait, je le cite à l'époque de sa nomination,
Mme Lemay : «Cette nomination est un important pas pour procéder à
des changements cruciaux, et je suis persuadé que Mme Lemay, avec son
parcours impressionnant au sein de nos équipes jeunesse et de ses grandes
qualités de leadership, est la personne
qu'il nous faut pour mener à bien cette démarche, de concert avec les autres
partenaires concernés.» Il était
responsable de sa nomination. Il est responsable de sa mauvaise gestion qui l'a
mené, lui, à la congédier, M. le Président. Ce matin, le premier
ministre disait : «Quand on veut faire des changements importants, on
commence par la directrice nationale, on
commence par celle qui est chargée, dans le quotidien, de s'assurer que tout va
bien dans la DPJ. Donc, cette personne-là devrait mettre en place un
système d'inspection, d'aller parler régulièrement aux responsables. Donc,
c'est ce qu'on va assurer qu'il soit fait.» Fin de la citation.
Le premier ministre
qui dit : À partir de maintenant, oubliez le fait qu'on a perdu trois ans,
on s'est trompé en nommant la mauvaise
personne, on l'a congédiée; circulez, il n'y a rien à voir. Non, M. le
Président. Non, M. le Président. En
démocratie québécoise... Vous êtes ministre. Le ministre, il dit : Je suis
fier, il y a «responsable» dans mon titre. Bien, pour nous, il n'est pas
responsable lorsqu'il s'en lave les mains, lorsqu'il dit : Ce n'est pas
moi, ce n'est pas moi, c'est la Directrice nationale que j'avais engagée
tambours et trompettes et que j'ai congédiée aujourd'hui. Ce qui se passe...
Puis
il parle des signalements, il parle des signalements. Bien, qu'il s'occupe donc
des signalements dans son propre réseau.
Et on en a soupé, de grâce, M. le Président, d'entendre le ministre :
C'est épouvantable, je suis déboussolé, scandalisé. On a en a cure, maintenant, désormais, de comment
il se sent, on veut qu'il agisse. Et on ne veut pas qu'il soit en
réaction : J'ai demandé une commission d'enquête à droite, j'ai
demandé une enquête policière à gauche, j'ai demandé une autre enquête policière
à droite, et ainsi de suite. Il est en réaction, il n'est pas en action. Et
n'en déplaise... n'en déplaise à ce que lui,
il a comme tableau de bord, les recommandations du rapport Laurent, au
lendemain de la tragédie de la fillette de Granby, où on s'était dit,
en 2021, plus jamais, ça aussi, ça fait trois ans, M. le Président,
le trois ans qu'on n'a pas les résultats, qu'on n'a pas les résultats et qui
fait en sorte qu'aujourd'hui le débat d'urgence a été octroyé, qu'on n'a pas plus de réponses du ministre. Le ministre,
essentiellement, en substance, il dit : Ça va bien, dans ce que moi, je
fais, je n'ai aucun reproche. Il n'a aucun reproche, le ministre, lui,
aucun reproche, c'est toujours les autres.
Puis fiez-vous...
deux choses, soyez sûrs de deux choses, le prochain cas, là, le ministre, il va
s'indigner, puis le ministre va demander une
enquête de police, mais les parents des enfants, les... et les proches, les
enfants au premier titre, M. le
Président, qui sont des enfants, des mineurs vulnérables, où on peut voir des
inconduites sexuelles auprès de celles et
ceux qui sont sous la responsabilité du ministre... Quand il se vante : On
a augmenté les budgets, puis, du même souffle, le premier ministre dit : Bien, l'offre est plus basse que la demande,
la demande est plus grande que l'offre, quand il dit ça, là, puis qu'en même temps il est en train de
dire : Bien, on a mis plein d'argent, on a mis plein d'argent — c'est
eux qui les paient, ces gens-là, c'est eux qui les paient — s'ils
ont mis autant d'argent, aveu du premier ministre qu'il y a un manque. Deuxième des choses, si c'est lui qui les
paie, qui les nomme, comme la Directrice nationale, il en est responsable.
Et fut un temps où il
y avait une responsabilité ministérielle, où un ministre, M. le Président,
était capable de dire : Oui, je prends
ma part de responsabilité, et voici ce que j'ai compris, et voici ce qu'on va
faire pour ne plus que ces cas-là reviennent, M. le Président, pour ne
plus que ça arrive, pour ne plus qu'on soit en réaction, pour qu'on ne soit pas en mode «on appelle la police après s'être
indigné», qu'en amont on s'assure, notamment en appliquant... Et là les délais,
ce sera sur plusieurs années. Allez dire ça
à celles et ceux, les enfants vulnérables, qui sont sous le joug de personnes
qui sont supposées les aider, mais qui les calent encore plus avec
des... notamment des inconduites sexuelles.
Avant de quitter,
Mme Lemay, la directrice nationale de la DPJ, a dit : Je pense qu'il
y a un système en place, je pense même que le crime organisé est là. Bien, M.
le Président, là, pour les deux ans qu'il lui reste, le ministre supposément responsable peut-il prendre ses
responsabilités, arrêter de s'indigner puis de faire sa job? Puis ça, on le
fait pour les enfants vulnérables du Québec, puis on va continuer à
exiger des comptes de sa part. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le chef de l'opposition officielle. Je reconnais maintenant M. le
député de Joliette.
M. François
St-Louis
M. St-Louis : Merci, M. le Président. Permettez-moi d'abord de saluer M. le
ministre ainsi que mes collègues ici présents, en cette Chambre.
Avant toute chose, je
tiens à souligner que la situation actuelle nous interpelle tous et toutes au
plus haut point et que nous sommes très,
très sensibles à ces enjeux. C'est important d'avoir un débat comme celui que
nous avons aujourd'hui. Le ministre a
fait une excellente intervention, tout à l'heure, à ce sujet, et je vais faire
en mon possible pour bonifier sa présentation par d'autres actions
faites par notre gouvernement en la matière.
La jeunesse, notre
jeunesse, on doit en prendre soin. Certains n'ont pas tous la même chance et
vivent dans des conditions moins favorables
et qui demandent encore plus d'aide et d'accompagnement. C'est pour cette
raison que nous sommes ici
aujourd'hui. Nous avions abordé le sujet l'automne dernier, et je crois qu'il
est important de rappeler quelques points qui sont toujours aussi
pertinents sur le sujet à ce jour.
Je vais donc prendre le temps, M. le Président,
qui m'est accordé aujourd'hui pour souligner avec vous les mesures et investissements qui ont été faits aux
services sociaux au cours des dernières années. Les besoins ont grandement
augmenté depuis la période pandémique de 2020, et notre
engagement va en ce sens. Nous avons agi rapidement pour mettre en place plusieurs mesures nécessaires. En
protection de la jeunesse seulement, les montants attribués au budget sont
passés de 1,36 milliard en 2019‑2020 à près de 2 milliards en 2023‑2024,
donc, au total, c'est 43 % d'augmentation, M. le Président.
Depuis
2021, ces investissements nous ont permis de mettre sur place des programmes,
comme Agir tôt, qui vont assister les nouveaux parents et qui
instaurent un dépistage systématique chez les enfants de 18 mois, assurant
ainsi que tous les enfants soient stimulés pour leur entrée à l'école, ce qui,
pour un bon nombre, règle le problème et, pour les autres, permet au système
scolaire de prendre le relais sans avoir à faire d'évaluation de la condition
de l'enfant. Le nombre d'enfants qui ont eu accès à ce programme a dépassé
toutes nos attentes, et on va continuer à l'améliorer.
Nous
sommes en mode prévention, M. le Président. C'est un programme qui s'adresse
aux enfants âgés de 0-5 ans et à
leurs familles. On veut s'assurer de pouvoir accompagner les familles qui font
face à des défis, voire des défis éventuels en lien avec leur enfant le plus tôt possible. L'objectif du programme
est donc de... de soutenir, pardon, le développement du plein potentiel
des enfants et de faciliter leur entrée à la maternelle. Auparavant, il fallait
attendre le diagnostic. Maintenant, on se
concentre sur le développement optimal de l'enfant, car l'intervention, M. le
Président, la plus payante sera
toujours celle faite dans les premières années de la vie de nos enfants.
L'étendue du filet social au Québec, c'est une grande fierté pour notre
gouvernement, et on s'assure que ça le demeure.
Le programme
Agir tôt comporte également des équipes d'intervention qui sont composées
de spécialistes de plusieurs disciplines qui
sont à l'écoute des besoins des enfants et de leurs familles. Justement, pour
établir ces programmes jeunesse,
c'est 7 000 employés de catégorie 4 que nous avons ajoutés au
réseau de la santé comme techniciens et professionnels en services sociaux. Parmi ces
7 000 employés, c'est plus de 3 000 en services jeunesse, M. le
Président. Depuis le dernier mandat, nous avons ajouté près de
1 500 nouveaux postes à la DPJ afin de venir bonifier l'offre de
services en attente et évaluation, et ce, dans l'optique de réduire les temps
d'attente.
Aussi, afin de
limiter les délais et dans le but de réduire les signalements, nous avons mis
en place un projet pilote de médiation
jeunesse qui est présentement en cours. Il s'agit ici d'une nouvelle avenue
possible avant le recours au tribunal. Cela permet aux enfants d'éviter
certaines... répercussions, pardon, trop souvent, du processus judiciaire traditionnel. De plus, dans le cadre de ce projet,
on vient placer la famille dans le plan d'intervention avec le rôle central,
et on s'assure qu'ils puissent s'exprimer entièrement en plus de participer au
processus décisionnel.
Nous avons également
mis sur pied un programme sociojudiciaire en matière de conflits sévères de
séparation dont l'objectif est de concerter
le processus judiciaire et l'intervention des différents acteurs en protection
de la jeunesse. Nous avons... Nous
souhaitons ainsi amener les parents à une collaboration saine et fonctionnelle permettant
d'assurer la sécurité et le développement de leurs enfants dans le respect et
le droit... et leurs intérêts. Il s'agit donc d'un programme unique et
novateur s'articulant autour d'une adaptation du parcours judiciaire, tout en
ajoutant un intervenant désigné spécifiquement auprès de ces familles.
Dans la réalité du
contexte de pénurie de main-d'oeuvre, les services sociaux ont augmenté leurs
effectifs de presque 20 %, et en
jeunesse on parle de près de 30 %. Certes, il reste du travail à faire pour
diminuer le roulement si on veut que les services soient à la hauteur de
nos jeunes, que nos jeunes méritent.
Je veux aussi revenir
sur le projet de loi n° 15, que mon collègue ministre délégué aux Services
sociaux a déposé lors de la précédente législature,
Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse. Le projet inscrivait
l'intérêt de l'enfant comme étant la considération primordiale dans
toute décision prise à son endroit. La loi touche plusieurs sujets sensibles, dont ceux liés à l'exposition
des enfants à la violence conjugale, une situation qui ne devrait plus avoir
lieu de nos jours.
• (18 h 10) •
À la suite de la mise
en oeuvre des éléments du projet de loi, s'en est suivi un vaste déploiement en
formation pour bonifier le travail du personnel en protection de la jeunesse.
Nous avons donc mis sur pied une formation destinée spécifiquement aux nouveaux
intervenants et intervenants actuels en protection de la jeunesse, et ce, afin
de leur présenter les nouveautés que contenait le projet de loi et les
différents impacts de celui-ci sur leur quotidien. Grâce à celle-ci, nos
intervenants sont davantage outillés pour bien interpréter l'ensemble des
modifications législatives qui ont été mises
de l'avant. Le contenu de la formation a été élaboré et validé par des experts
cliniques et scientifiques, et je tiens
à dire que la formation accessible en ligne connaît un très haut taux de
satisfaction auprès de nos intervenants et de nos intervenantes.
Cette
formation était nécessaire, puisque l'implantation du projet de loi nécessitait
des changements de pratiques pour les
intervenants, les gestionnaires, tout comme les partenaires du réseau. On
améliore ainsi les compétences cliniques des intervenants et
intervenantes en assurant une meilleure prise en charge de nos enfants.
Vous voyez, M. le
Président, j'ai survolé différentes mesures déjà mises en place afin de donner
suite au rapport de la commission Laurent, qui démontre sans aucun doute notre
leadership et les prises d'action pour la protection de nos jeunes.
En
terminant, M. le Président, je pense que tout le monde ici, en cette Chambre,
est très sensible à tout ce qui se passe.
J'ai personnellement pu travailler auprès de gens, je dirais, défavorisés.
Donc, de voir ce qui se passe présentement à la DPJ, je pense que
personne ne peut avoir la prétention d'être plus touché l'un que l'autre.
Députés de banquette gouvernementale ou
députés d'opposition, je pense que tout le monde doit travailler dans le même
sens. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Joliette. La parole revient maintenant à M. le député de
Portneuf.
M. Vincent
Caron
M. Caron : Merci, M. le
Président. Est-ce que je peux me permettre de vous demander combien de temps
reste-t-il à ma formation politique, s'il vous plaît?
Le Vice-Président (M. Benjamin) : 9 min 52 s.
M. Caron : Merci beaucoup. Bien,
écoutez, salutations à l'ensemble de mes collègues. Très heureux, dans ces
conditions qui sont tout de même particulières, de venir soutenir mon collègue
ministre des Services sociaux. Je ne veux pas personnifier la situation, mais
j'ai tendance à dire quelle chance nous avons de pouvoir compter sur un homme de ce calibre au sein du Conseil des ministres et quel privilège j'ai, moi-même, de pouvoir
siéger aux côtés d'un homme qui est tellement dévoué à la cause de la
jeunesse, mais surtout à la cause de la protection de la jeunesse.
Je comprends et je respecte la joute politique,
mais qui peut douter, et j'entendais mon collègue ministre, tout à l'heure, s'exprimer sur le sujet qui nous
rassemble aujourd'hui, qui peut douter un seul instant de sa mobilisation de
tous les instants, justement, pour venir en aide à ceux qui en ont le
plus besoin au sein de cette communauté de la jeunesse québécoise? Le chemin est parfois très long, le chemin est parfois trop
long et compliqué, mais la conviction est là. On voudrait aller plus vite pour corriger certaines situations, on n'y
parvient pas toujours aussi rapidement qu'on le souhaite, mais je peux
vous assurer que, encore une fois, la détermination est là.
On en a parlé
tout à l'heure, et n'en déplaise au chef de l'opposition officielle, et on l'a
rappelé à de multiples reprises, on convient toutes et tous que ces
situations qui ont été portées à notre connaissance sont absolument
épouvantables, que nous avons été toutes et
tous ébranlés d'entendre tout cela, toutes ces révélations. C'est intolérable.
C'est bouleversant. On ne manque pas de qualificatifs dans ces
conditions-là tellement on est outrés et scandalisés de ce qu'on a entendu.
J'ai, bien
entendu, aussi une pensée pour ces enfants dont on ne peut, bien entendu, pas
nommer les noms, mais qui ont été...
on le suppose et, en tout cas, on verra, les enquêtes nous en diront plus, mais
j'ai vraiment une pensée pour ces enfants dont on parle aujourd'hui et
qui nous rassemblent en cette fin d'après-midi.
Bien entendu, et contrairement à ce que j'ai
entendu à de multiples reprises cet après-midi, on prend la mesure de la
gravité de la situation, et en aucun cas je n'accepterai d'entendre... ou sans
me lever, d'entendre qu'on ne prend pas nos
responsabilités, mais plutôt qu'on les fuit. C'est bien le contraire que je
constate. Et je ne trahirai, bien entendu, pas le secret du caucus, mais je peux vous assurer que le ministre
responsable de ce dossier fait preuve d'une détermination qui est
remarquable et qui est exemplaire.
La DPJ, bien entendu, a pour rôle d'assurer la
sécurité et le bien-être de nos enfants en position vulnérable. Ce mandat est
essentiel. Et on tombe, si vous me permettez l'expression, du grenier à la cave
lorsqu'on prend connaissance de ces
nouvelles qui nous parviennent, mais la réaction du ministre a été immédiate
face à cette situation. Et je suis en mesure d'affirmer que le ministre
est absolument en action, il a pris action pour qu'on puisse agir le plus
rapidement possible afin d'intervenir. Outre
ce geste qui a été posé, mes collègues ont eu l'occasion de le rappeler tout à
l'heure, un budget avec une
augmentation substantielle peut être observé dans le travail que nous cherchons
à accomplir au quotidien pour ajouter, finalement, au travail que nous
réalisons au quotidien.
Le premier ministre le disait tout à l'heure,
l'explosion des demandes est bien réelle. On ne peut pas toujours faire
référence à la COVID, mais cette situation a provoqué des moments qui sont
parfois dramatiques pour certaines familles, et forcément il y a des
conséquences dans notre société. La dépendance... et je le déplore tellement,
chaque semaine, lorsqu'on me rapporte des situations de dépendance aux drogues
et à toutes sortes de substances illicites, tout ça fait en sorte, eh bien, que notre société, malheureusement, évolue...
n'évolue pas toujours dans le bon sens. Dans ce cas-ci, eh bien, il faut
faire preuve, bien entendu, d'agilité, s'adapter et réagir du mieux que l'on
peut.
M. le Président, pour faire suite à des
mesures-phares du rapport Laurent, qui a été déposé en novembre 2020, soit celle de créer une instance entièrement
indépendante consacrée exclusivement au bien-être et à la promotion et au
respect des droits des enfants, mon
collègue ministre des Services sociaux a annoncé son projet de loi n° 37, Loi sur le commissaire au bien-être et aux
droits des enfants, le 26 octobre 2023. C'est un projet de loi très
attendu pour faire une différence, justement, pour nos enfants au Québec.
Comment est-ce qu'on peut faire cette
différence? Eh bien, en s'assurant que leurs voix, leurs opinions soient entendues et surtout soient respectées. Il est de
notre devoir de protéger leurs droits et d'entendre leurs inquiétudes, et leurs
souhaits sur leur avenir, et leurs
conditions de vie, et surtout de tenir compte de besoins... de ces besoins,
pardon, qui vont nous permettre de
prendre les bonnes décisions et de nous guider sur les bonnes... les bonnes manières
de faire sur les sujets qui nous préoccupent.
Mes collègues
de la Commission de la santé et des
services sociaux ont pris le temps
nécessaire, des mois, c'est parfois nécessaire, justement, de prendre
ces moments de recul pour poser les bons gestes, pour analyser concrètement et
sérieusement la situation, ils ont pris ces mois pour écouter les experts et
travailler tous ensemble. Et d'ailleurs on doit
souligner également l'excellente collaboration des oppositions avec le
gouvernement sur l'analyse des amendements des divers articles de ce
projet de loi. Ce fut un geste concret pour s'engager davantage à veiller sur
eux, écouter leurs besoins et assurer une société bienveillante et bien
traitante envers les enfants et les jeunes. Ils ont discuté, notamment, sur la nécessité de désigner une personne
exclusivement dédiée aux enfants. Ils ont discuté de l'importance de créer une
société bienveillante pour les enfants. Ils ont discuté de l'intérêt des
enfants dans les politiques gouvernementales et leurs impacts sur les enfants. Ils ont, bien entendu, discuté de
l'importance de la prévention et enfin du besoin d'adopter une approche
spécifique pour les enfants des Premières Nations et Inuits.
• (18 h 20) •
M. le Président, je veux
préciser que, quand on parle d'enfants et de jeunes, le ministre décide non
seulement d'entendre les enfants de zéro à
17 ans, mais également les jeunes adultes de 18 à 25 ans qui ont fait
l'objet d'une prise en charge en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse et de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
C'était primordial pour nous de nous assurer
que ces jeunes ayant vécu des situations très difficiles et de vulnérabilité,
des situations qui peuvent entraîner
des répercussions sur leur vie d'adulte continuent d'avoir un suivi et un
support constant. Le but est qu'ils
aient les moyens de s'épanouir dans leurs premières années vers l'âge adulte,
des années qui sont bouleversantes pour certains jeunes, qui peuvent
être encore plus éprouvantes pour ceux qui ont vécu des situations difficiles.
Je suis très fier, très honnêtement, M. le
Président. Il faut continuer de parler du Commissaire au bien-être et aux droits des enfants, parce que qu'est-ce que la
loi n° 37, qu'est-ce qu'elle prévoit plus précisément? Le
commissaire devra notamment mettre en place des moyens pour recueillir
les préoccupations et les opinions des enfants, entre autres en ce qui a trait aux enjeux de société. Il devra
analyser l'état de bien-être des enfants au Québec et réaliser annuellement un
portrait de la situation. Il devra analyser les impacts des politiques
gouvernementales sur le bien-être des enfants. Il devra informer le public au
sujet du bien-être et des droits des enfants et le sensibiliser aux questions
qui s'y rapportent, notamment par des programmes d'information et d'éducation.
Il devra aussi soutenir les enfants dans l'exercice de leurs droits en les
dirigeant vers les ressources appropriées.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : M. le député de Portneuf,
voilà qui met fin à votre temps de parole. Alors, cela met fin aussi au
débat d'urgence au sujet des allégations d'inconduite sexuelle sur des enfants
et des jeunes mineurs en famille d'accueil et en centre jeunesse qui impliquent
la direction de la protection de la jeunesse.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Lévesque
(Chapleau) : ...M. le Président, je vous demanderais de bien
vouloir ajourner nos travaux à demain, 9 h 40, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, en conséquence, nous
ajournons nos travaux à demain, mercredi 30 octobre,
9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 23)